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Full text of "Histoire naturelle des crustacés : comprenant l'anatomie, la physiologie et la classification de ces animaux"

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BIBLIOTHEEK 


7 7496  00011322  3 

NATIONAAL  NATUUflHISTOBISCH  MUSEUM  Postbus  9517  2300  RA  Leldon  N«dsrLand 


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PAlilS. 


IMPRIMEr»!'-  ET  EONDERIE  DE  EAIN  , 
F,  r.AC[5E,  IS».  4,  '■■•Acr.  nE  I.’ODÉon. 


HISTOIRE  NATÜRELLE 


DES 


CRUSTACÉS, 


COMPRENANT 

L’ANATOMIE,  LA  PHYSIOLOGIE  ET  LA  CLASSIFICATION 
DE  CES  ANIMAUX  ; 


Par  M.  MILNE  EDWARDS, 

Docteur  en  médecine,  proeeiskur  d’histoire  naturelle  au  COLLÉos 

ROYAL  DE  HENRI  IV  ET  A L’ÉcOLE  CENTRALE  DES  ARTS 


ET  MANUFACTURES. 


TOME  PREM 


OUVRAGE  ACCOMPAGNÉ  DE  PL 


PARIS- 


librairie  ESrC-rCLOFÉDIQUE  DE 

RUE  HAUTEFEUILLE , lO  BIS. 


nORET, 


1834, 


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INTRODUCTION. 


L’Entomologie , ou  l’histoire  des  animaux  articu- 
les, est  sans  contredit  une  des  sciences  dont  les  na- 
turalistes se  sont  le  plus  occupés;  mais  toutes  les 
hranches  dont  elle  se  compose  n’ont  pas  été  culti- 
vées avec  le  même  soin.  Les  Insectes  ont  été  le  sujet 
des  travaux  les  plus  nombreux  et  les  plus  minu- 
tieux; les  Crustacés,  au  contraire,  n’ont  fixé  l’at- 
tention que  d’un  petit  nombre  d’observateurs,  et 
c’est  de  nos  jours  seulement  que  datent  la  plupart 
des  recherches  suivies  qui  ont  été  faites  sur  cette 
classe  d’animaux. 

Divers  Crustacés,  reconnaissables  par  leur  forme, 
ont  été  représentés  par  les  anciens  sur  leurs  mé- 
dailles, sur  leurs  pierres  gravées;  ces  animaux 
jouent  aussi  un  rôle  dans  les  Mythes  des  Grecs. 
Mais,  bien  que  plusieurs  espèces  communes  dans 
la  Méditerranée  fournissent  un  aliment  agréable,  et 
que  d autres  présentent  des  particularités  de  struc- 
ture et  d habitudes  également  curieuses,  on  ne 
trouve  dans  les  écrits  des  anciens  que  peu  de  lu- 
mière sur  leur  histoire.  Hippocrate  , qui  vivait  cinq 
cents  ans  avant  Jésus-Christ , fait  mention  de  cer- 
tains Crustacés  qu’il  regardait  comme  pouvant  être 
employés  avec  succès  dans  le  traitement  de  di- 

CRCSTACÉS,  TOME  I.  a 


ij  INTKODÜCTIOK. 

verses  maladies  ; mais  c’est  tout  au  plus  si  on  peut 
se  former  une  opinion  arrêtée  sur  les  espèces  dont 
il  voulait  parler  (i).  Aristote,  au  contraire , nous  a 
laissé  sur  ces  animaux  plusieurs  pages  remplies  de 
faits  importans , et  pour  la  plupart  très-exacts;  un 
des  chapitres  du  quatrième  livre  de  son  Histoire  des 
animaux  leur  est  consacré , et  on  y trouve  des  dé- 
tails sur  leur  anatomie,  aussi  bien  que  sur  leurs 
formes  et  sur  leurs  mœurs. 

Ce  grand  zoologiste  distingue  les  Langoustes, 
les  Homards  et  quelques  autres  espèces  de  Déca- 
podes Macroures,  ainsique  les  Décapodes  à courte 
queue;  mais  il  ne  donne  pas,  des  diverses  espèces 
qu’il  mentionne  , une  description  assez  précise 
pour  qu’il  ait  été  toujours  possible,  même  à un 
des  naturalistes  et  des  critiques  les  plus  habiles, 
M.  Cuvier  , de  les  reconnaître  avec  quelque 
certitude  (2).  Dans  un  autre  chapitre  du  même 


(1)  Dans  son  traité  de  Morbis  mulientm,  livre  1°'. . par  exemple, 
il  recommande  l'usage  des  Cancres  jlnmntihs  { qui  sont  probablement 
des  Telpbeuses) , comme  facilitant  l’accouchement  dans  le  cas  où  le 
foetus  serait  déjà  mort.  (Tei.  128 , p.  Sig , vol  2 de  l'édition  de  Van- 
der  Linder.  ) 

(2)  Aristote  divise  ses  Malacostracés  ou  Crustacés  ( 

en  quatre  genres  principaux,  savoir  ; les  Girabns  les  jfs- 

tacos  (aV«o<“*)i  1**  Karides  (xa/niTiâï),  elles  Carcinons  {xaLixisait)  Les 
Carahos,  qui  dans  la  traduction  de  Gaza  prennent  le  nom  de  Lo- 
ciista,  .sont  évidemment  <les  Langoustes,  et  ses  dstacos  (ou  Gam- 
mariis  de  Gaza)  des  Homards.  Quant  aux  Karides , il  les  divise  à leur 
tour  en  trois  groupes  : les  Bossues,  les  Granges  et  les  Karides  de 
la  petite  espèce!  leur  synonymie  est  plus  difficile  à établir  ; mais, 
d’après  les  recherches  critiques  de  M.  Cuvier,  il  paraît  très-pro- 
bable que  les  premiers  sont  des  Palémons  ou  des  Pénées , et  les 


INTRODUCTION.  jjj 

livre,  Aristote  décrit  sous  le  nom  de  Karcinion,  ou 
petit  CraLe,  le  Bernard  rErmite,  qu’il  regarde 
comme  appartenant  en  meme  temps  aux  Crustacés 
et  aux  Testaces , à cause  de  la  coquille  dans  laquelle 
ce  smguliei  Crustacé  établit  sa  résidence,  mais  qui 
ne  lui  appartient  réellement  pas.  Enfin,  il  parle 
ailleurs  d’une  espèce  de  Crabe  de  la  Phénicie,  qui 
marche  si  vite  qu’on  l’appelle  flippœ,  ce  qui  paraît 
indiquer  qui!  est  question  del’Ocjpode. 

Pline  ne  nous  apprend  rien  de  plus  sur  l’histoire 
de  ces  animaux,  ce  qu’il  en  dit  étant  copié  des  écrits 
d’Aristote.  Un  passage  de  la  vaste  compilation 
dÆuiEN  montre  que  l’espèce  de  Scyllare,  que 
dans  le  Languedoc  on  nomme  Cigale  de  mer,  était 
connue  des  anciens  et  appelée  de  même  qu’auiour- 
lui  Cicada.  11  est  probable  que  c’est  aussi  à cer- 
taines Scy  llares  que  doit  être  appliqué  ce  qu’Athénée 


petites  Doiir  communes  dans  ces  mers,  mais  trop 

Caranol  sont  le"  CrÎw.ron  o'' ''  ‘'°"'“Si-stes.  Enfin,  les 

observe  que  les  Occapodos  a courte  queue.  Aristote 

nombreuses  et  en  «division  sont  trés- 

HéracléotiqJes  ilnlV'T 

Héracléolioues  n p'®*-'  quelque  certitude.  Les  Crabes 

souvent  sur  les  roéduTl'e***”*  , qu'on  reconnaît 

penser  que  Jes  T.f  , .^''r SMcndement  à 
ce  nom  'eî  , P ‘1"*  “ujonrd  hui  encore  por- 

"o*  côtes,  f Vot  e,  figures  sont  probal, lement  les  Tourteaux  de 
les  espic-s  ,l' Æ ^ ^ détails  , la  VisserliUkm  critiiiue  sur 

donné,  pjr  M p"*"'  des  auoiens , cl  sur  les  noms  yuits  le„r  ont 

servir  à P Histoire  desAWoir''’*"  Mémoires  pour 

”‘ologie,  placé  en  têm  7 cMcau  de  I histoire  de  Lto. 

a ctttowologie,  par  M.  Latrpüle.  "i 


(l. 


dit  des  grandes  Karides.  Enfin , il  est  aussi  question 
du  Pinnotère  dans  les  ouvrages,  non  seulement  des 
naturalistes,  mais  aussi  dans  ceux  des  littérateurs 
anciens , car  Cicéron  en  parle  aussi  bien  que  Pline 
et  Apien;  mais  c’est  en  général  pour  prêter  à ce 
petit  Crabe,  qui  vit  entre  les  valves  des  Pûmes  et 
des  Moules,  des  ruses  et  des  usages  qu’il  est  loin 
d’avoir. 

En  résumé,  nous  voyons  que  la  branche  de  la 
zoologie,  qui  a pour  objet  les  Crustacés,  était  tres- 
peu  avancée,  chez  les  -ciens,  et  que  ce  n est  guères 
que  dans  les  ouvrages  d’Aristote  quon  trouve  une 
ébauche  de  l’histoire  de  ces  animaux. 

Pendant  les  siècles  d’ignorance  et  de  barbarie  qui 
précédèrent  immédiatement  et  qui  suivirent  la 
destruction  de  l’empire  romain,  l’histoire  des  Crus- 
tacés, comme  toutes  les  branches  de  la  zoologie, 
resta  stationnaire,  car  Albert  le  Grand , et  les  autres 
écrivains  (en  très-petit  nombre)  qui,  à cette  épo- 
que , consacrèrent  leur  plume  aux  sciences  natu- 
relles , ne  firent  que  copier  et  commenter  les  an- 
ciens. Mais,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  on 
commença  de  nouveau  à observer  et  à acquérir  par 
conséquent  des  connaissances  positives  ; trois  na- 
turalistes célèbres,  Belon,  Boudelet  et  Salviam, 
publièrent  alors  sur  l’ichtyologie  des  ouvrages  juste- 
ment estimés , et  les  deux  premiers  s’occupèrent  en 
même  temps  des  Ci’ustacés. 

Belon,  né  en  i 5 i 7,  dans  un  village  près  du  Mans, 
employa  une  partie  de  sa  vie  à voyager  en  Italie , en 


INTRODUCTION. 


V 


Grèce , dans  l’Asie , etc. , et  sut  profiter  de  cette  cir- 
constance heureuse  pour  recueillir  de  grandes  ri- 
chesses scientifiques,  qu’il  publia  ensuite,  soit  dans 
ses  ouvrages  sur  les  animaux  aquatiques  ou  sur  les  oi- 
seaux , soit  dans  la  relation  de  ses  voyages.  Son  livre 
de  ylquatiübus , imprimé  en  i553,  et  traduit  en 
français  deux  ans  après , renferme  des  figures  gros- 
sières, mais  cependant  reconnaissables,  de  douze 
espèces  de  Crustacés,  à la  plupart  desquels  sont  rap- 
portés, avec  plusoumoins  de  bonheur,  les  noms  don» 
nés  par  les  anciens,  plus  spécialement  par  Aristote, 
à celles  dont  il  avait  fait  mention.  Aces  planches,  gra- 
vées sur  bois,  Belon  a ajouté  aussi  les  noms  vul- 
gaires employés  tant  en  France  qu’en  Italie,  et 
quelques  détails  sur  les  formes,  les  mœurs  ou  les 
usages  de  ces  animaux , mais  sans  les  décrire  et 
sans  indiquer  les  caractères  à l’aide  desquels  on  peut 
les  distinguer.  Les  espèces  qu’il  a le  mieux  repré- 
sentées sont  la  Squille  mante , qu’il  nomme  Cigale 
de  mer , la  Langouste,  le  Homard,  l’Écrevisse  et  le 
Scyllare;  on  reconnaît  aussi  les  figures  d’un  Palé- 
nion,  de  la  Telpheuse  ou  Cancre  de  rivière,  du 
Maïa  squinade,  etc. 

Rondelet,  professeur  d’anatomie  à Montpellier, 
6t  contemporain  de  Belon,  consacra  aussi  à l’his- 
^ire  des  Crustacés  une  partie  de  son  livre  sur  les 
oissons,  publié  en  i554  et  55.  Les  figures  qui 
ornent  cet  ouvrage  sont  gravées  en  bois  comme 
celles  de  Belon,  mais  elles  sont  beaucoup  plus 
exactes,  et  donnent  en  général  une  idée  assez  pré- 


INTRODIJCTIOX. 


xi 

cise  des  espèces  qu’ elles  sont  destinées  à faire  con- 
naître; plusieurs  des  Crustacés,  représentés  par 
Rondelet,  l’avaient  déjà  été,  quoique  beaucoup 
moins  bien,  par  Belon;  de  ce  nombre  sont  la 
Langouste , le  Homard,  leScyllarelarge,la  Squille 
mante,  leMaïa  squinade,  etc.;  mais  d’autres,  tels 
qne  le  Scjllare  ours,  la  Galatbée  rugueuse , le  Penée 
caramote , le  Bernard  l’Ermite,  le  Homole  front  épi- 
neux, le  Platyonique  dépurateur , l’Inachus,  etc., 
étaient  complètement  nouveaux  pour  la  science  ; 
le  nombre  total  des  espèces  qu’il  figure  est  de  26; 
les  noms  anciens  qu’il  y rapporte  sont  quelquefois 
mal  appliqués , et  les  descriptions  aussi  incomplètes 
que  celles  de  Belon  ; mais  néanmoins  on  est  encore 
obligé  de  consulter  son  ouvrage,  et  on  y trouve, 
ainsi  que  dans  celui  de  son  contemporain,  des  dé- 
tails qui  ont  été  souvent  négligés  par  les  auteurs 
les  plus  modernes. 

Peu  de  temps  après  l’époque  où  parurent  les 
ouvrages  dont  nous  venons  de  parler , Conrad 
Gesner  publia  une  espèce  d’encyclopédie,  dans 
laquelle  il  rassembla  tout  ce  qu’on  savait  de  son 
temps  sur  l’histoire  naturelle  des  animaux,  et 
consigna  plusieurs  observations  nouvelles  (i).  On 
y trouve  un  assez  grand  nombre  de  figures  de 
Crustacés,  mais  la  plupart  d’entre  elles  sont  co- 
piées d’après  celles  dont  Belon  et  Rondelet  venaient 


(l)  Gesneri  , ffisloria  aiiimalium  , liber  JP'',  de  Aquatilibui  , in-fol. 


I NTROnUCTIOFf. 


vij 

d’enrichir  la  science.  L’ouvrage  de  même  nature , 
que  l’on  doità  Aldrovakde  (i),  est  en  général  moins 
estimé  sous  le  rapport  de  l’érudition  et  de  la  mé- 
thode. Le  volume  qui  renferme  l’histoire  des  Crus- 
tacés ne  parut  qu’en  1 606 , après  la  mort  de  son 
auteur.  La  plupart  des  figures  sont  grossières  et 
hien  plus  inexactes  que  celles  de  Rondelet;  mais 
deux  d’entre  elles  étaient  très-intéressantes,  car 
elles  faisaient  connaître  une  espèce  géante  de  Crabe 
qui  habite  la  Méditerranée,  et  que  M.  Risso  a dé- 
crite dernièrement  comme  nouvelle  sous  le  nom 
de  Homole  de  Cuvier. 

Pendant  le  cours  du  dix -septième  siècle,  des 
voyageurs  et  quelques  anatomistes  contribuèrent 
aussi  à étendre  nos  connaissances  relatives  aux 
animaux  dont  nous  faisons  ici  l’histoire.  Parmi  les 
premiers  on  doit  d’abord  citer  Marggraf,  natura- 
liste plein  de  zèle  pour  la  science , qui  accompagna 
Pison  au  Brésil,  et  qui  y mourut  avant  que  d’a- 
voir publié  le  résultat  de  ses  observations;  il  nous 
a laissé  la  description  succincte  et  les  figures  d’un 
assez  grand  nombre  de  Crustacés  du  nouveau  con- 
tinent, et  entre  autres  des  Crabes  terrestres  ou 
Tourlouroux,  qui  vivent  loin  de  la  mer,  et  font 
chaque  année  un  long  voyage  pour  venir  y dé- 
poser leurs  œufs  (2).  L’ouvrage  sur  les  Antilles, 


(U  ÜLYssis  Albrovasdi,  ch  Jieliquis  aulmalihus  exsanguibus , libri 
Bononia,  iGo6,  in-fol. 

(2)  Les  observations  que  Marggraf  a laissées  sur  l'histoire  naturelle 
ont  ete  publiées  par  J . de  Laet , dans  le  même  volume  que  celles  de 


INTRODUCTION. 


VIIJ 

publié  vers  la  même  époque , par  Rochefort , fit 
aussi  connaître  quelques  particulai’ités  nouvelles 
des  mœurs  de  ces  Crustacés  curieux  (i). 

Deux  ouvrages  de  pure  compilation,  dans  les- 
quels on  traite  de  l’iiistoire  naturelle  des  Crus- 
tacés, parurent  encore  pendant  le  dix-septième  siè- 
cle ; l’un  est  spécialement  consacré  à ces  animaux, 
sous  le  triple  rapport  de  la  zoologie,  de  la  phy- 
siologie et  de  la  pharmacologie  (2).  L’autre  (3)  em- 
brasse tout  le  règne  animal , et  a eu  pour  modèle 
les  recueils  de  Gesner  etd’Aldrovande;  mais,  ainsi 
que  le  premier,  il  n’ajoute  rien  aux  connaissances 
déjà  acquises  à ce  sujet. 

Les  premières  recherches  suivies  que  les  anato- 
mistes modernes  aient  faites  sur  l’organisation  des 
Crustacés,  sont  dues  au  savant  et  laborieux  Swam- 
merdam  ; cet  habile  observateur  disséqua  avec  soin 
le  Pagure  ou  Bernard  l’Ermite,  qui  vit  en  para- 
site dans  les  coquilles  de  diverses  mollusques;  il 
reconnut  l’existence  d’un  cœur  et  de  vaisseaux  san- 


Pison,  sous  ce  titre  : G.  Pisonis  de  Medicina  Brasilieusis,  lihri  quatuor'^ 
G.  Maggravh  , Hist.  rerum  naturaliitm  Brasiliœ,  lihri  octo,  in-fol. 
Amsterd.  1648.  Pison  fondit  ensuite  l’ouvrage  de  Marggraf  avec  le 
sien.  (Voyez  de  Indice  ulriusqiie , etc.  in-fol.  i658.) 

(1)  Kochefort,  Histoire  naturelle  des  Antilles,  etc.  in-4-  Rotter- 
dam, i665,  liv.  !•'.  ch.ap.  2a. 

(2)  Sachs  jl  Lewenheimb  , Gammarologia  sive  gammarorum  vulgo 
cancrorum  consideratio physico-philologico-historico-medico-chimica.  Un 
vol.  petit  in-S.  Franckf.  i665.  (Les  planches  qui  l’accompagnent 
sont  très-mauvaises , et  copiées  pour  la  plupart  d’après  Marggraf  et 
Selon.) 

(3)  JoNSTON,  Htstorîa  naturalis  de  exsanguihus  aquatîcis,  lihri  qua- 

(uor,  in-fol.  Amsterd.  n65 , fig.  en  bois. 


INTRODUCTION. 


IX 


guins  chez  les  animaux  que  l’on  rangeait  parmi 
les  Exsangues,  parce  qu’ils  n’ont  pas  de  sang  rouge 
semhlahle  à celui  de  l’homme  ; il  ht  aussi  plu- 
sieurs autres  remarques  importantes  ; mais  la 
science  n’en  proh  ta  pas  de  suite , car  lors  de  sa  mort, 
en  1 680 , ses  principaux  écrits  étaient  encore  ma- 
nuscrits, et  peut-être  auraient-ils  été  perdus  si  le 
célèbre  médecin  hollandais  Boerhave  n’eût  géné- 
reusement consacré  une  partie  de  ses  richesses  à la 
publication  des  ouvrages  qu’il  jugeait  devoir  être  les 
plus  utiles;  le  vaste  recueil  d’obsei’vations  de  Swam- 
merdam,  sur  l’anatomie  des  Insectes , etc. , fut  de 
ce  nombre,  et  vit  le  jour  en  178'^  et  38  (i). 

Un  médecin  anglais,  Willis,  ht  vers  la  même 
époque  des  recherches  semblables  sur  l’Écrevisse 
commune,  et,  comme  elles  parurent  long-temps 
avant  celles  de  Swammerdam,  il  a également  le 
mérite  de  la  découverte  pour  plusieurs  points  qu’il 
a signalés , aussi  bien  que  son  devancier,  à l’atten- 
tion des  anatomistes  (3).  Enfin,  un  autre  médecin, 
Porzio  ou  Portius,  de  Naples,  étudia  avec  plus  de 
soin  qu  on  ne  l’avait  fait  encore  l’appareil  de  la 
génération  chez  le  Homard  (3). 

Pendant  la  première  moitié  du  dix-huitième 


2 vol.  iu-fol.  latin  et  hollandais,  1787  et  1788  ; 

jypria  + daus  la  Collection  académique  ^ partie  étran- 

gère ÿ t.  V ^ 

(31  ^rutornm.  Oxford,  1672. 

tur  las  parties  de  la  génération  des  Ecrevisses  d'eau 
louce.  ~ tollectiou  académique , t.  IV. 


X 


INTRODUCTION. 


siècle , on  ajouta  beaucoup  à nos  connaissances  sur 
les  Crustacés  des  pays  lointains;  mais  les  zoologistes 
ne  suivirent  pas , dans  l’étude  de  ces  animaux , une 
marche  meilleure  que  celle  adoptée  par  leurs  devan- 
ciers; ils  publièrent  des  espèces  nouvelles  et  en  don- 
nèrent des  figures  plus  ou  moins  exactes;  mais  ils 
continuèrent  à les  décrire  d’une  manière  trop  super- 
ficielle pour  les  faire  reconnaître , et  ils  n’indiquè- 
rent jamaisles  particularités  d’organisation  ou  carac- 
tères zoologiques  propres  à les  distinguer  des  autres 
espèces.  Il  en  résulta  que  ces  travaux  ne  contri- 
buèrent pas  autant  aux  progrès  de  la  science  qu’on 
aurait  pu  s’y  attendre , et  qu’aujourd’hui  la  plupart 
d’entre  eux  ne  sont  de  presque  aucune  utilité  pour 
l’entomologiste.  Nous  ne  pouvons  cependant  les 
passer  sous  silence. 

Rümph,  qui  habita  Java  pendant  une  longue 
suite  d’années , et  qui  y perdit  la  vue  en  se  livrant 
sans  ménagement  à l’étude  de  l’histoire  naturelle , 
publia  en  l'ÿoS  un  ouvrage  assez  étendu  sur  la  zoo- 
logie et  la  minéralogie  de  cette  partie  des  grandes 
Indes.  Il  y figura  une  trentaine  de  Crustacés  que 
l’on  peut  en  général  très-bien  reconnaître,  et  qui, 
pour  la  plupart,  étaient  tout-à-fait  nouveaux  pour 
les  naturalistes  ; de  ce  nombre  était  le  Birgus  latro 
des  zoologistes  modernes  et  plusieurs  autres  espèces 
curieuses  (i). 


(:)  D'Amhoinsche  Rariteitkamer , etc.  (Cabinet  de  curiosités d’Am- 
boiiie),  par  G.-E.  Rumphios,  i vol.  in-fol.  Amster.  1705. 


INTRODliCTIOiX. 


Petiver  reproduisit  bientôt  après  les  figures  pu- 
bliées par  Rumpb,  et  fit  connaître  aussi  plusieurs 
Crustacés  des  Antilles  (i).  Sloane  , dans  son  voyage 
à Madère , a donné  la  figure  de  quelques  autres  es- 
pèces du  même  pays,  et  notamment  de  la  petite 
Grapse  qu’on  voit  si  fréquemment  en  mer  flottant 
sur  des  fucus,  et  dont  la  rencontre  a été  pour 
Colomb  un  indice  utile  du  voisinage  des  terres 
lorsque  son  équipage  était  sur  le  point  de  le  for- 
cer de  retourner  en  Espagne  et  de  renoncer  à la 
découverte  du  nouveau  monde  (a). 

Ou  voit  aussi  des  figures  assez  bonnes  de  plu- 
sieurs animaux  de  cette  classe  dans  le  grand  ou- 
vrage de  Catesby  sur  l’histoire  naturelle  de  la  Ca- 
roline du  sud  (3). 

Un  recueil  de  figures  d’animaux  divers,  bien 
plus  riche  que  ceux  dont  il  vient  d’être  question,  fut 
publié,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  par 
Seba , pharmacien  hollandais  , qui  employa  de 
grandes  richesses  k former  des  collections  immenses 
tît  a en  donner  la  description.  Cet  ouvrage  forme 
quatre  gros  volumes  in-folio  et  renferme  un  très- 


texi^*  !**  **’°’^*  on  publia  les  mêmes  planches  avec  un 

I î ^t)régé,  en  latin,  sous  le  titre  de  T'hesaitrus  imai>/num,  etc. 
■ in-fol.  Leyde,  i,ii,  et  La  Haye,  ijSg. 

t fiaiurce  et  artis.  — Musei  Petiveriani  ; de  aiùmali~ 

DUS  Uustaceis  , etc. 

(2)  ./</  i _ 

-ff.i  r _ 

lires  1707-1727. 


2 vol.  Barbadoes  Janiaica,  etc.  by  Hans  Sloane, 

• "loi.  Londr  ' 


,0\  J'i.  “*'**ÇB  t y Uy*  *ÿ  Jly . 

a vol  ftittory  ofCarolina,  Florida  and  the  Bahama  Islaiids, 

a vol.  in-lol.  Londres,  ,73, .,743, 


Xlj  INTRODUCTION, 

grand  nombre  de  belles  planches , mais  le  texte  qui 
les  accompagne  ne  peut  être  consulté  avec  fruit,  car 
non-seulement  il  est  écrit  sans  jugement  et  sans 
critique,  mais  aussi  il  donne  quelquefois  sur  la 
patrie  des  espèces  figurées  les  renseignemens  les 
plus  erronés^  Dans  le  troisième  volume  on  trouve 
un  assez  grand  nombre  de  Crustacés,  dontquelques- 
uns  n ont  encore  été  représentés  que  là  ; aussi  ne 
peut- on  se  dispenser  d’y  avoir  quelquefois  re- 
cours. 

Tel  était  l’état  de  nos  connaissances  relativement 
aux  animaux  dont  nous  faisons  Thistoire,  lorsque  le 
célèbre  Linné  (ï)  imprima  une  nouvelle  impulsion 
aux  études  zoologiques,  et  changea,  sous  certains 
rapports,  la  marche  qu’on  avait  suivie  jusqu’alors. 
Comprenant  toute  l’utilité  des  classifications,  il  fixa 
l’attention  sur  les  caractères  propres  à faire  distin- 
guer les  dilférens  groupes  formés  par  les  animaux , 
et  à faire  reconnaître  chacune  des  espèces  qui  s’y 
rapportent.  Le  service  qu’il  rendit  ainsi  à la  science 
fut  immense,  car,  lorsqu’on  ne  possède  pas  de 
moyens  pour  arriver  facilement  à la  détermination 
des  êtres  que  l’on  veut  étudier , l’histoire  naturelle 
devient  presque  inabordable,  et  une  foule  d’observa- 
tions curieuses  se  trouvent  perdues , parce  qu’il 


(i)  Seba  Lociiplet’issimi  reriim  naCuralium  Thesauri  accurata  des- 
cription 4 vol.  grand  in-fol.  Amsterd.  1734-1765.  C’est  le  troisième 
volume  qui  renferme  les  Crustacés.  Une  nouvelle  édition  de  cet 
ouvrage  se  publie  actuellement  à Paris  par  les  soins  de  M»  Guérin. 


INTRODUCTION. 


xiij 

est  souvent  impossible  de  connaître  avec  certitude 
quelle  est  l’espèce  qui  y a donné  lieu.  La  classifica- 
tion de  Linné  était  artificielle , c’est-à-dire  fondée 
seulement  sur  certains  caractères  choisis  arbitrai- 
rement, et  n’ayant  point  pour  base  l’ensemble  de 
l’organisation  et  les  affinités  naturelles  des  ani- 
maux , aussi  a-t-elle  subi  de  grandes  et  d’heu- 
reuses modifications;  mais  il  n’en  est  pas  moins 
vrai  qu’on  doit  y attribuer  en  majeure  partie  les 
progrès  immenses  que  la  zoologie  a faits  depuis  un 
demi-siècle. 

C’est  principalement  sous  ce  rapport  que  Linné 
contribua  à l’avancement  de  la  Carcinologie;  dans 
son  catalogue  systématique  des  animaux , il  indiqua 
les  traits  distinctifs  les  plus  remarquables  de  la  plu- 
part des  espèces  de  Crustacés  alors  connus , et  cet 
exemple  fut  suivi  par  presque  tous  les  naturalistes 
qui,  depuisla  publication  du  Sjstema  nalurœ  (i), 
ont  éci’it  sur  ce  sujet.  Quant  à la  manière  dont  il 
classa  ces  animaux , elle  était  très-défectueuse;  mais, 
comme  nous  aurons  l’occasion  d’en  parler  dans  la 
suite  de  cet  ouvrage,  nous  ne  nous  y arrêterons 
pas  ici. 

Les  travaux  de  Linné  sur  les  Crustacés  ne  furent 


P''emière  édition  du  Systema  nalurœ  de  Linné  parut  à 
M V ^ P‘^"dant  la  vie  dé  l’auteur,  cet  ouvrage  eut  douze 

e 1 ions,  dont  la  dernière  fut  imprimée  à Holme  en  1^66. 

près  la  mort  de  Linné , Graelin  en  publia  une  treizième  édition 
iLeipsic,  1-88). 


Xiv  INTHODVCTIOM. 

pas  bornés  k la  classification  de  ces  animaux  ; ou  lui 
doit  aussi  la  description  détaillée  d’un  assez  grand 
nombre  d’espèces,  soit  nouvelles , soit  peu  con- 
nues ( I ). 

Un  autre  naturaliste,  dont  les  travaux  généraux 
sur  riiistoire  naturelle  des  Crustacés  contribuèrent 
aussi  d’une  manière  puissante  aux  progrès  de  cette 
branche  de  la  zoologie,  fut  Jean-Chrétien  Fabri- 
cius,  élève  et  émule  de  Linné.  Ses  travaux  sur 
l’organisation  de  la  bouche  des  Crustacés  et  des 
Insectes  enrichirent  la  science  d’une  foule  de  faits 
importaus,  et  fournirent  un  des  élémens  dont  on 
s’est  servi  plus  tard  pour  la  classification  naturelle 
de  ces  animaux.  Enfin,  c’est  à lui  que  l’on  doit 
l’établissement  de  la  plupart  des  divisions  encore 
admises  aujourd’hui  parmi  les  Crustacés,  soit 
comme  genres,  soit  comme  tribus  ou  familles. 
Divers  de  ses  ouvrages  traitent  de  la  classification 
de  ces  animaux , et  renferment  l’indication  des  ca- 
ractères d’un  grand  nombre  d’espèces  nouvelles, 
mais  elles  ne  sont  désignées  que  par  une  phrase 
linnéenne  dont  l’application  est  souvent  très-incer- 
taine , comme  nous  aurons  plus  d’une  fois  l’occa- 
sion de  le  montrer  (a). 


(1)  Muséum  Ludovicœ  ülricœ  regiiue  ( in-S».  1764)!  Museu'^ 
Adolphi  Frederici  regis  ( in- fol.  1754  ) ; etc. 

(q)  V oici  la  liste  de  ces  ouvrages  : 

Systemn  eutomologiœ ^ un  vol.  in-8.  177^* 

Specics  insectorum  , un  vol.  in-8.  1781. 


INTRODUCTION,.  XV 

Pendant  que  Linné  et  Fabricius  s’occupaient 
ainsi  de  l’ensemble  de  la  science,  d’autres  natu- 
ralistes avançaient  également  nos  connaissances 
sur  divers  points  plus  ou  moins  spéciaux  de  l’bis- 
toire  naturelle  des  Crustacés. 

Pallas , qui  s’est  occupé  avec  succès  de  toutes  les 
lirancbes  de  la  zoologie , étudia  en  détail  quelques 
espèces  nouvelles  de  cette  classe  propres  à l’Asie  ou 
à la  Baltique  (i). 

Le  célèbre  entomologiste  Degeer  consacra  aussi 
quelques  chapitres  de  son  grand  ouvrage  sur  les 
Insectes  a 1 histoire  de  l’Écrevisse  et  de  quelques 
autres  Crustacés  (2). 

Forskal,  ayant  voyagé  en  Égypte  et  en  Syrie, 
fit  connaître  avec  assez  de  détail  la  plupart  de  ceux 
propres  à ces  pays  (3). 

Pennant , zoologiste  laborieux , donna  d’assez 
bonnes  figures  d’un  certain  nombre  des  Crustacés 
des  cotes  de  l’Angleterre  (4). 

Otbon  labricius,  excellent  naturaliste,  qui  ré- 


enttssa  iusectonim , a vol.  iu-8.  Copeiiliagne,  1787. 

lun  Copenliague,  l'jgS,  et  un  vo- 

‘6  e supplément  publié  en  1 798,  d aprè,s  le.s  travaux  de  Daldorlï'. 
cet  O ^^«logicn,  un  vol.  in-4.  Berlin.  Le  9'.  fascicule  de 

renfermant  les  Crustacés,  etc.  parut  en  177^. 

pour  servir  h l'histoire  des  Insectes.  7 vol.  in-4  ' 
de  i diiDs  le  7".  volume  que  se  trouve  Thistoire 

(3)  ^elcr**’ 

Forskæl  animalium  quee  in  itinere  orientali  observavit  P. 

vol.  in-4  "'«'(eni  auctoris  edidit  G.  Niebdil.  Havnicfi , 1776  , un 

volrnnJ'mm  4 *"‘4'  Londres,  1777.  C’est  dan.s  le  dernier 

trouvent  le.s  Crustacés. 


XVJ  INTRODUCTION. 

sida  pendant  long  - temps  dans  le  Groenland , 
comme  pasteur,  publia  en  l'jSo  une  Faune  de  ces 
régions  glaciales,  et  décrivit  avec  soin  les  Crus- 
tacés c[u’on  y rencontre  (i). 

Olivi  entreprit,  sur  les  bords  de  la  mer  Adria- 
tique, une  tâche  analogue,  et  accompagna  ses  des- 
criptions de  quelques  bonnes  ligures , chose  dont 
on  regrette  l’absence  dans  l’ouvrage  d’Othon  Fa- 
bricius  (2). 

Muller  fit  connaître  quelques  espèces  de  Décapo- 
des et  d’Amphipodes  des  mers  de  la  Norwège  (3)  ; 
mais  son  principal  titre  à la  reconnaissance  des 
entomologistes  est  son  ouvrage  sur  les  Entomos- 
tracés  (4) , animaux  de  la  même  classe , qui  sont 
d’une  petitesse  microscopique,  et  qui  néanmoins 
ont  été  étudiés  par  ..e  savant,  non-seulement  sous 
le  rapport  de  leur  forme  et  de  leur  caractère  zoo- 
logique,  mais  aussi  sous  celui  de  leurs  moeurs  et 
de  leurs  habitudes. 

La  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle  vit 
aussi  paraître  plusieurs  autres  ouvrages  d’une 
moindre  importance  pour  la  branche  de  la  zoo- 
logie dont  l’histoire  nous  occupe  ici.  Les  opuscules 
de  Baster  (5) , le  voyage  de  Phipps  (6) , l’ouvrage 


(1)  Fattna  Grceiilandica,  Hafniæ  et  Lipsiæ,  1580,  un  vol.  in-8. 

(2)  Zoologia  Adriatica.  Bassano,  159a  , un  vol.  in-4. 

(3)  Zoologia  Daiiica.  4 vol.  in-fol. 

(4)  Fntoniostraca  , seu  Insccta  iestacea  quœ  in  aquis  Daniœ  et  Norwe- 

gicc  reperit.Vii  vol  in-4.  i 

(5)  OpusciUa  Subccsiva.  3 vol.  m-4  ; Harlem,  1^62-1765. 

(6)  Phipps,  Foyage  au  pôle  boréal  fait  en  ï’JjS.  Un  vol.  in-4.' 


I NTRODUCTION. 


XV]  j 


imprimé  à la  Havane  par  Parra  (i),  sont  de  ce 
nombre;  mais  le  travail  purement  descriptif  le  plus 
utile  pour  la  science,  qu’on  ait  publié  pendant 
ue  laps  de  temps,  est  sans  contredit  celui  de 
Herbst  (a)  ; cet  auteur  n’aborde  aucune  des  ques- 
tions élevées  de  la  zoologie , il  ne  s’occupe  pas 
de  la  classification  des  Crustacés,  comme  le  fai- 
saient Linné  et  Fabricius,  mais  il  donne  des  fi- 
gures assez  exactes  de  plus  de  deux  cent  cinquante 
espèces , et  son  recueil  est  indispensable  pour  l’in- 
telligence de  la  plupart  des  ouvrages  méthodiques; 
plusieurs  des  planches  de  Herbst  sont  copiées  d’a- 
près celles  de  ses  prédécesseurs;  mais  il  possédait 
lui-même  une  belle  collection  de  Crustacés,  et  a 
fait  connaître  un  grand  nombre  d’espèces  nou- 
velles. 

Les  naturalistes,  qui  ont  étudié  les  Crustacés  sous 
le  rapport  de  l’anatomie  ou  de  la  physiologie,  sont 
Ijîen  moins  nombreux  que  ceux  dont  l’attention 
s est  portée  presque  exclusivement  sur  les  formes 
extérieures  de  ces  animaux.  Pendant  le  dix-sep- 
Pème  siècle  nous  avons  vu  Swammerdam , Willis 

quelques  autres  anatomistes  se  livrer  à des  re- 
^ erches  de  cette  nature  ; le  siècle  suivant  ne  pro- 
également  qu’un  petit  nombre  de  travaux 


(O  leurra  /} 

Havana  " o de  differentes  piezas  de  historia  natural , etc. 

(2)  Hcrb 

3 vol.  111-4  einer  nnturgeschichle  der  Krabben  uiid  Krebsg, 

1804.  ’ un  atlas  in-lbl.  de  62  planches;  Berlin,  ijgo. 


CnvSTACÉS 


5 l’OMi;  1. 


XViij  INTRODICTION. 

entrepris tlaus  la  vue  de  mieux  laire  connaître  la  struc- 
ture  intérieure  des  Crustacés,  le  jeu  de  leurs  orga- 
nes, on  les  particularités  de  leur  manière  de  vivre; 
et  encore  est-il  arrivé  que  quelques-unes  des  décou- 
vertes qui  en  ont  résulté  sont  restées  ignorées  de 
la  plupart  des  naturalistes,  et  n’ont  pas  profité  à 
la  science. 

Vers  le  commencement  de  l’époque  dont  nous 
faisons  ici  l’iiistoire , l’habile  et  inlatigable  obser- 
vateur Réaumur  publia  une  série  d’expériences 
curieuses  sur  la  mue  des  Écrevisses  et  sur  la  repro- 
duction des  membres  de  divers  Crustacés  (i). 
Rœscl  étudia  avec  beaucoup  plus  de  détails  qu’on 
ne  l’avait  fait  encore  les  parties  internes  de  l’Écre- 
visse; son  travail  renferme,  quant  à la  détermi- 
nation des  organes,  quelques  erreurs  graves;  mais 
ses  descriptions  et  ses  figures  sont  très-exactes  (2). 
Schœllérs  publia  vers  la  même  époque  des  détails 
intércssans  sur  l’anatomie  des  Apus  (3).  Enfin  un 
naturaliste  très-habile  de  Naples,  Cavolini , donna 
un  traité  sur  la  génération  des  Crustacés , dans  le- 


(i)  Sur  les  diverses  reproductions  qui  se  font  dans  les  Écrevisses, 
lesHomar  ls,  les  Crabes,  etc...  et  entre  autres  sur  celles  de  leurs 
jambes  et  de  leurs  écailles;  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences 
de  Paris , 1713. 

Addition  aux  observations  sur  la  mue  des  Écrevisses;  mémoires 
de  l'Académie  des  sciences  de  Paris  , 1718, 

(3)  Die  lusecleit  Tielustigung , in-4. 

Ses  observations  sur  les  Crustacés  se  trouvent  dans  le  troisième 
volume  de  ce  recueil,  publié  à Nuremberg  en  1755. 

(3)  Scbœll'ers,  Mliaudliwgen  voit  Insecteii , in-4.  Kegensburg, 
1764,  2*.  volume. 


iNTuontJCTiOiv.  xix 

fluel  on  trouve  une  foule  d’observations  <le  bi  plus 
haute  importance  sur  l’organisation  de  ces  animaux 
général , mais  qui  n’a  point  iixé  l’attention  des 
auteurs  plus  récens  (i). 

A la  fin  du  dix-huitième  et  au  commencement 
du  dix-neuvième  siècle,  il  s’opéra  dans  toutes  les 
branches  de  la  zoologie  une  réforme  importante 
dont  les  effets  contribuent  puissamment  aux  pro- 
grès de  la  science.  Au  lieu  de  n’employer  pour  la 
classification  des  animaux  que  des  divisions  pure- 
ment artificielles  et  basées  sur  tel  ou  tel  caractère, 
choisi  arbitrairement,  on  clierclia  à établir  des 
méthodes  sur  l’ensemble  de  l’organisation,  et  à 
mettre,  autant  que  possible,  ces  mêmes  divisions 
en  harmonie  avec  les  divers  types  autour  desquels 
les  êtres  divers  semblent  se  grouper  dans  la  nature. 
Cest  a M.  Cuvier  que  l’on  doit  en  majeure  jjartie 
cette  innovation  heureuse;  mais,  pour  ce  qui  con- 
cerne les  Insectes  et  les  Crustacés,  il  a été  devancé 
par  M.  Latreille. 

Dès  l’année  l 'jgQ , ce  dernier  savant  avait  publié 
CS  premiers  essais  d’une  classification  naturelle  de 
dont  il  a depuis  lors  poursuivi  sans  re- 
e 1 étude  (2).  Quelques  années  après,  M.  Cuvier 
apprécier  les  difierences  qui  éloignent  les  Crus- 


vol.  iii-4  TVf  ^ sul/a  genernzione  die  pesci  e (Ici gi'aftchi.  Vil 
m vol.  iu-S.  Brive  .*'**”^‘’*  génériques  des  Insectes  pur  M.  Lalreille, 

b. 


XX  introduction. 

tacés  des  Insectes,  parmi  lesquels  Linné  les  avait 
placés,  et  en  forma  deux  classes  distinctes,  dont  les 
caractères  sont  puisés  dans  une  organisation  difi'é- 
rente  des  organes  les  plus  importans  de  1 éco- 
nomie. Par  la  suite  nous  aurons  l’occasion  de  reve- 
nir sur  ce  sujet;  mais  il  nous  faut  ajouter  ici  que  les 
observations  de  M.  Cuvier,  sur  la  structure  interieuie 
des  Crustacés,  dévoilèrent  une  foule  de  particulaii- 
tés  curieuses  qui  n étaient  pas  encore  entrées  dans 
la  science  (i). 

Depuis  l’époque  dont  nous  venons  de  parler , la 
carcinologie  a été  enrichie  d’un  assez  grand  nombre 
d’ouvrages  plus  ou  moins  généraux , et  de  plusieurs 
écrits  sur  des  points  spéciaux  de  zoologie , d anato- 
mie et  de  physiologie. 

Parmi  les  premiers  viennent  se  ranger  le  petit 
traité  de  Y Histoire  naturelle  des  Crustacés, 
par  Pose , ouvrage  que  1 on  regarde  avec  raison 
comme  étant  au-dessous  de  la  réputation  de  son 
auteur  (2)  , et  le  Système  des  animaux  sans  ver- 
tèbres de  Lamarck  (3) , dans  lequel  ce  savant  pro- 
posa quelques  modifications  dans  la  classification  des 


(i)  Tableau  élémentaire  de  l’histoire  naturelle  des  animaux,  par 
M Cuvier,  un  vol.  in-8.  Pans,  1798. 

Leçons  d’anatomie  comparée  de  M . Cuvier,  rédigées  par  MM.  Du- 
luérii  et  Duvernoy.  5 vol.  in-8.  Paris,  1799-1805. 

CD  Hi-stoire  naturelle  des  Crustacés,  par  Bosc,  2 vol.  in-i8,  faisant 
suite  à l'édition  de  Buffon  de  Castel.  Pans , an  X. 

(3)  Système  des  animaux  .sans  vertèbres,  par  de  Lamarck,  un  vol. 
in-8.  Paris,  1801. 


INTRODUCTION.  Xxj 

Crustacés.  Peu  de  temps  après  la  publication  de  ces 
tïeux  traites,  M.  Latreille  lit  paraître , sur  l’histoire 
naturelle  des  Crustacés  et  des  Insectes , un  ouvi'age 
très-étendu  et  justement  estimé,  où  l’on  trouve 
exposé  avec  méthode  l’ensemble  des  connaissances 
c^éjà  acquises  sur  ces  deux  classes  d’animaux  ( i ).  D’au- 
tres écrits  généraux  du  même  auteur  succédèrent 
à eelui-ci;  mais  nous  aurons  trop  souvent  occasion 
en  parler  dans  la  suite  de  cet  ouvrage , pour  qu’il 
soit  nécessaire  de  nous  y arrêter  dans  ce  moment , 
ot  nous  nous  bornerons  à les  indiquer  nominative- 
ment. Le  premier  fut  publié  en  1807,  et  est  devenu 
extrêmement  rare;  il  est  en  latin,  et  a pour  titre - 
Généra  Crustaceorum.  et  Insectorum  (2).  En  1810 
M.  Latreille  publia  un  volume  de  Considérations 
générales  sur  l’ordre  naturel  des  animaux  com- 
posant les  classes  des  Crustacés,  des  Arachnides 
des  Insectes  (3);  et  en  1817  il  donna,  dans  le 
l'ègne  animal  de  M.  Cuvier  (4),  un  tableau  des  grou- 
pes naturels  formés  par  ces  différens  êtres,  avec  l’in- 
ication  des  principales  espèces  qui  se  rapportent 


Insectes  * naturelle  générale  et  particulière  des  Crustacés  et 
cours  aux  œuvres  de  Buflon,  et  partie  du 

tfeille,  nt  d histoire  naturelle  rédigé  par  Sonnini,  par  M.  La- 
trouve'^*’  i8oa-5,  avec  fig.  (L'histoire  des  Crustacés 

voluineg  ^ troisième,  quatrième,  cinquième  et  sixième 

(3)  Un  1806-1807,  avec  üg. 

(4)  Le  règne  ■ 

M.  Cuvier,  4 vol  distribué  d’après  son  organisation , par 

tn^uit  l’histoire  de  ’r  L®  troisième  volume,  renfer- 

® Crustacés,  Insectes,  etc.,  est  de  M.  Latreille. 


intkodlction. 


xxij 

à chacune  de  ces  divisions;  à une  époque  plus  ré- 
cente, il  a enrichi  la  science  d’un  ouvrage  général 
sur  la  zoologie,  dans  lequel  il  propose  plusieurs 
modifications  heureuses  dans  la  classification  natu- 
relle des  Crustacés  (i)  ; en  1829  il  fit  paraître,  con- 
jointement avec  M.  Cuvier,  une  nouvelle  édition  du 
Règne  animal  (2);  enfin,  en  i83i,  il  revint  encore 
sur  le  même  sujet  (3),  et,  outre  ces  écrits  nom- 
breux , il  a donné  dans  divers  recueils  une  foule 
d’articles  détachés  sur  l’histoire  naturelle  des  ani- 
maux qui  nous  occupent  ici  (4). 

La  classification  des  Crustacés  a été  également 
traitée,  dans  ces  dernières  années,  par  MM.  Du- 
méril,  Leach,  Risso,  de  Blainville,  Lamarck  et 
Desmarest.  Le  premier  de  ces  zoologistes  ne  s’en 
est  occupé  que  dans  des  ouvrages  généraux  d’his- 
toire naturelle  (5);  mais  M.  Leach  en  a fait  l’ob- 
jet d’une  étude  spéciale.  Sa  méthode  de  classifi- 
cation, comme  nous  le  verrons  par  la  suite,  est  loin 


(1)  Familles  naturelles  du  règne  animal,  par  M.  Latreille,  un 
vol.  in-8.  Paris , i8a5. 

(2)  Le  règne  animal,  par  M.  Cuvier,  2«.  édition,  5 vol.  in-8. 
Paris,  1829,  avec  (ig.  La  partie  entomologique , par  M.  Latreille, 
occupe  le  quatrième  et  le  cinquième  volumes. 

(3)  Cours  d'Entoinologie. 

(4)  Voyez  la  seconde  édition  du  Dictionnaire  d’Iiistoire  naturelle  , 
publiée  par  Déterville , et  l'Histoire  naturelle  des  Crustacés, 
Arachnides  et  Insectes  de  l’Encyclopédie  méthodique;  les  premiers 
volumes  de  cet  ouvrage  (jusqu'à  la  lettre  P)  sont  d’Olivier,  et  la 
rédaction  d’une  partie  des  articles  carcinologiques  du  dernier  vo- 
lume a été  conüée  à M.  Guérin. 

(5)  Zoologie  analytique , l vol.  in-S»,  Paris,  iSeo. 


I iVÏROüljCTlOM.  XXllJ 

d’être  à l’abri  de  la  critique  ; néanmoins  il  a intro- 
duit clans  l’arrangement  systématique  des  Crus- 
tacés une  foule  de  modifications  réellement  utiles , 
®t  dont  les  naturalistes  lui  sauront  toujours  gré. 
Ses  premiers  écrits  à ce  sujet  parurent  dans  l’En- 
cyelopédie  d’Ecliubourg  (i),  et  plus  tard  il  donna, 
dans  un  recueil  scientifique  puHié  à Londres , un 
niémoire  très-étendu  sur  les  mêmes  questions  (2). 
M.  Leacb  a été  chargé  de  la  rédaction  des  articles 
carcinologiques  insérés  dans  les  premiers  volu- 
mes du  Dictionnaire  des  Sciences  naturelles , et 
On  trouve  dans  ses  M élanges  zoolvgiques  la  des- 
cription et  la  figure  de  cjuelques  espèces  curieu- 
ses (3);  mais  l’ouvrage  le  plus  important  qu’il 

ait  publié  sur  1 histoire  naturelle  des  Crustacés 
est  sans  contredit  sa  description  des  Malacostracés 
podophthalnies  de  la  Grande-Bretagne , qui  est 
accompagné  d’un  grand  nombre  de  belles  plan- 
ches; malheureusement  la  publication  en  a été 
interrompue  à cause  de  la  mauvaise  santé  de 
l’auteur  (4). 


fi)  Article  CttusTACEOLOG Y,  clans  Pirev/sler’s , Ëdhiburgh  encyclope- 

“>  7 vol.  iu  8.  Edeuburgh  , iSlS-i.t. 

arrniigement  of  the  classis  Crastacea,  Afyriapoda  and 

Leach”*  7’^’ o/some  new  généra  and  spccies , by  W.  E. 

(Voyè,,  0/ ‘he  JLinnean  Society,  vol.  XI,  Londres,  1814. 

le  Bulletin  do  la  .société  pliilomatique  de  Paris  , 1816  ) 

1817.  (Get'^  '’''^  ntiscellany,  by  W.  E.  Lcacli , 3 vol.  in  8.  Londres 

turnii.r.  .“‘‘''‘■“ge  feit  suite  au  recueil  de  Shaw,  intitulé  The  ««■ 
luralist  s miscellany.) 


(4)  Malncostr, 


P°dophlhalma  Britannice , or  Description  qf  the 


XXIV 


T N T R O 1)  ü C T 1 O N. 


Dans  un  Prodrome  d’une  nouvelle  distribution  i 

systématique  du  Règne  animal,  M.  de  Blain- 
ville  a proposé  quelques  modifications  dans  la 
classification  générale  des  Crustacés , mais  il  ne 
s’y  occupe  que  des  grandes  divisions  (i).  M.  Risso 
aborda  en  i8i6  le  même  sujet;  mais  le  but  de  son 
ouvrage  était  seulement  de  fidre  connaître  les  Crus- 
tacés qui  habitent  le  voisinage  de  Nice  (2);  il  a ap- 
pelé l’attention  des  zoologistes  sur  plusieurs  espèces 
très-curieuses  ; mais  on  regrette  en  général  de  ne 
pas  trouver  dans  ses  descriptions  plus  de  détails, 
plus  de  précision;  c’est  aussi  un  défaut  que  l’on 
reproche  à Y Histoire  naturelle  de  Y Europe  mé- 
ridionale qu’il  vient  de  publier , et  dans  laquelle 
il  a fait,  pour  ce  qui  concerne  les  Crustacés,  quel-  ^ 

ques  additions  à ce  qu’il  avait  déjà  dit  dans  son 
premier  ouvrage  (3). 

Peu  de  temps  après  la  publication  du  Règne  ani- 
mal de  M.  Cuvier,  Lamarck  fit  paraître  le  cin- 
quième volume  de  son  Histoire  des  animaux  sans 
vertèbres  , dans  lequel  il  traite  des  Crustacés.  On 


bretishspecies qfCrabs,  etc.  by  W.  E.  Lcach,  m-4-  Londres,  iSiS-iSiy. 
(11  n’a  paru  que  ly  livraisons  renfermant  4^  planches  coloriées.  ) 

(1)  Essai  sur  une  nouvelle  classification  des  animaux,  par  M.  de 
Blainville  : Bulletin  de  la  société  philomatique  , iSi6,  et  Principes 
d’anatomie  comparée,  1. 1.  Paris,  i8a3. 

(2)  Histoire  naturelle  des  Crustacés  des  environs  de  Nice,  par 
M.  Risso,  un  vol.  in-8.  Paris  1816  (3  planches). 

(3)  Histoire  naturelle  des  principales  productions  de  l’Europe 
méridionale,  par  M.  Risso,  5 vol.  in-8.  Paris  182O. 

C’est  dans  le  cinquième  volume  qu’il  est  question  des  Crustacés 
auxquels  l'auteur  consacre  cinq  planches. 


i 


INTIIODUCTION. 


XXV 


y retrouve , à quelques  changemens  près , la  clas- 
sification de  M.  Latreille , et  à la  description  de 
chaque  genre  est  jointe  l’indication  des  caractères 
distinctifs  d’un  certain  nombre  d’espèces  (i). 

Enfin , M.  Desmarest  a eu  l’heureuse  idée  de 
rassembler  en  un  corps  d’ouvrage  les  divers  ar- 
ticles de  carcinologie  qu’il  avait  insérés  dans  le 
Dictionnaire  des  Sciences  naturelles , et  d’en 
foi’mer  une  espèce  de  manuel  (2).  Dans  ce  traité 
il  adopte  les  mêmes  bases  de  classification  que 
M.  Leach,  dont  la  méthode,  comme  nous  l’a- 
vons déjà  dit , est  complètement  artificielle  , et 
il  ne  donne  pas  un  catalogue  complet  des  es- 
pèces connues;  mais  ses  descriptions  sont  claires  et 
précises , les  ligures  qui  les  accompagnent  sont  co- 
piées d après  de  bonnes  gravures  de  M.  Leach , etc., 
ou  faites  d’après  nature  par  des  artistes  habiles , et 
1 ouvrage  est,  somme  toute , un  des  meilleurs  qu’on 
^>it  publiés  sur  ce  sujet. 

Les  travaux  qui  ont  été  faits  sur  des  points  spé- 
ciaux de  carcinologie  sont  bien  plus  nombreux.  Les 
Voyages  lointains  ont  grossi  considérablement  le  ca- 


de  T istoire  naturelle  des  animaux  sans  vertèbres,  par  DeMonet 
''ol-  in-8.  Paris,  iSiS-jSaa. 

'^uption générales  sur  la  classe  des  Crustacés,  et  des- 
côtes et'a*  espèces  de  ces  animaux  qui  vivent  dans  la  mer,  sur  les 
■vol.  in.g  p"®.  C'tux  douces  de  la  France . par  M.  Desnjarest,  un 
ment  partie^  (•'Accompagné  de  56  planches , qui  font  égale- 

Primé  nar  T ^ ^“tlas  du  Dictionnaire  des  sciences  naturelles,  im- 

r“me  par  Uevrault.  ) 


I NTUODlJ  CTION. 


xxvj 

talogue  des  espèces,  et  des  reclierches  sur  ranatomie 
et  la  physiologie  ont  jeté  de  nouvelles  lumières  sur 
la  structure  et  l’histoire  des  Crustacés.  Lors  de 
l’expédition  de  l’armée  française  en  Egypte,  M.  Sa- 
vigny  recueillit  dans  ce  pays  un  grand  nombre  de 
ces  animaux  dont  il  a étudié  l’organisation  exté- 
rieure avec  le  plus  grand  soin;  les  planches  du 
grand  ouvrage  sur  l’Egypte,  où  il  les  a fait  représen- 
ter, sont  admirables,  mais  malheureusement  la  sauté 
de  ce  savant  ne  lui  a pas  permis  d’en  publier  la 
description  (i).  Du  reste,  cette  perte  a été  réparée 
en  pai'tie  par  un  autre  naturaliste , M.  Ruppell , qui 
a visité  les  mêmes  parages,  et  cpii  vient  de  publier 
un  fascicule  sur  les  Crustacés  de  la  mer  Rouge  (3). 
Les  Crustacés  de  l’Amérique  du  nord  ont  été  étu- 
diés par  M.  Say(3);  Montagu  a fait  connaître  un  assez 
grand  nombre  de  ceux  qui  habitent  les  côtes  d’An- 
gleterre (4) , et  M.  Roux , dont  les  travaux  ont  été 
interrompus  par  sa  mort  prématurée,  a décrit  et 


(1)  Voyez  le  deuxième  volume  de  Vliistoire  naturelle  du  grand 
ouvrage  sur  l’Égypte , grand  in-1'ol.  ; on  doit  une  explication  som- 
maire de  ces  planches  à M.  Audouin. 

(2)  Besdireihun^  und  abhilditng  von  2^  ttrlen.  Kurzschv^ditzi^en 
Krnhhvn  nls  beitrng  snrnaturgcsvhichte  dcr  rotheu  meeres  , von  E.  Rup- 
pell , in-4 , Franck.  i83o , avec  6 pl. 

(3l  accoimt  nf  the  Crustacca  of  the  United  States,  by  T,  Say  ; 
Journal  of  the  ncadeniy  qf  natural  Sciences  of  Philadelphia,  vol.  i, 
1817. 

f4)  Description  of  sevcral  marine  animales,  etc.,  by  G.  Montagu. 
J.inn.  Trans.  vol.  IX  and  vol  XI  ( i8o8-i8i3  ). 


I lNTRODLCTIOS.  SXVIJ 

figuré  uue  partie  de  ceux  de  la  Méditerranée  (i).  Les 
voyages  de  MM.  Freycinet  (2),  Marion  de  Procé(3). 
Cranck  (4) , Parry  (5)  Reynaud  (6) , etc.,  ont  égal  e- 
nient  conti'ibué  à étendre  nos  connaissances  sur 
cette  classe  d’animaux , et  lorsque  les  belles  collec- 
tion rapportées  par  MM.  Lesson  et  Garnot,  Quoy 
et  Gaymard , Mertens , Dorbigny , auront  été  pu- 
bliées , il  est  probable  qu’ elles  procureront  à cette 
brandie  de  la  zoologie  de  nouvelles  richesses. 

Les  petits  Crustacés  qui  habitent  les  eaux  douces, 
et  que  l’on  connaît  sous  le  nom  d’Entomostracés , 
ont  aussi  été  le  sujet  des  recherches  les  plus  curieu- 
ses; Ramd’hor(7),  Herman  (8),  les  deux  Jurine  (9), 


(1)  Crustacés  de  lu  Méditerranée , in  4 avec  figures  II  n'en  a paru 
que  les  cinq  premières  livraisons. 

(2)  Description  des  animaux  recueillis  dans  Vexpédition  autour 
du  monde,  commandée  par  M.  de  Freycinet,  par  iVIM,  Quoy  et 
Gairaard,  in-fol.  Paris,  iSaS. 

(3)  Note  sur  plusieurs  espèces  nouvelles  de  Poissons  et  de  Crus> 
^cés  observés  dans  un  voyage  à Manille,  par  M,  Marion  de  l’rocé. 

ulletiri  de  la  société  philomatique,  j8aa. 

(4)  -Appendice  n®.  X ; a general  notice  of  the  animais  taken^  hy  M.  G. 
, durittg  the  expédition  Co  explore  the  sources  of  the  Zaïre  ^ by 

Lcach.  br.  in-4.  Londres. 

P J*  occ*OM/if  of  the  animais  seen  by  the  lato  northern  expédition  ^ etc» 
in-4-  Londres,  i8ui. 

^^iinales  des  sciences  naturelles , t.  XIX,  etc. 
l’An  pour  servira  l’iiistoirc  de  quelques  Monocles  de 

(8)  M?"®;  “'■4'  Halle,  i8o5. 

Strasboup'””"^'^®  aptérologiques , par  Hermann,  un  vol.  in-fol. 

(9'  His*’  ’ *^°4'  avec  figures  coloriées, 
nève  ] ar'^L^^  Monocles  c{ui  se  trouvent  aux  environs  de  Ge- 
v.olorfe  I“Hne,  un  vol.  in-4.  Genève,  1820,  avec  figures 


1 NTÏIODUCTION. 


XXVllJ 

Benedict  Prévost  (i),  M.  Straus  (2),  et  M.  Ad. 
Brongniart  (3),  ont  publié  sur  les  Cyclops,  les 
Daphnis,  les  Cypris,  les  Branchippes,  etc.,  des 
mémoires  pleins  d’intérêt , et  ont  porté  cette  partie 
de  riiistoire  naturelle  des  Crustacés  à un  degré  de 
perfection  tel  qu’on  n’aurait  pu  d’abord  l’espérer. 
Enfin  M.  Wordmann  vient  d’enrichir  la  science 
d’une  foule  de  découvertes  importantes  relatives 
aux  Lernées  (4). 

M.  Savigny  a étudié  avec  autant  de  précision 
que  de  philosophie  le  système  buccal  des  Crus- 
tacés des  ordres  supéi’ieurs,  et  a fait  voir  com- 
ment certains  membres  se  modifient  pour  servir 
tantôt  comme  instrumens  de  mastication,  tantôt 
comme  organes  de  locomotion  (5).  Quelques  lu- 
mières nouvelles  ont  été  jetées  sur  l’organisation 


Kote  snv  \e  Manoculus  castor,  etc.,  p.tr  le  même;  Bulletin  de  la 
Société  philomatique , t.  I et  II. 

Mémoire  sur  l'Argule  foliacée,  par  Jurine  fils,  Annales  du  mu- 
séum d’histoire  naturelle  de  Paris,  t.  VII,  p.  ^3i. 

(1)  Mémoire  sur  le  Chirocéphale , par  M.  Prévost;  Journal  de 
Physique , t.  54- 

(2)  Mémoire  sur  les  Daphnies,  par  M.  Straus;  Mémoires  du 
muséum,  t.  V. 

Mémoire  sur  le  genre  Cypris,pat  le  même,  même  recueil,  t.  VU- 

(3)  Mémoire  sur  le  I.imnadia,  nouveau  genre  de  Crustacé,  par 
M.  Ad.  Brongniart;  même  recueil,  t.  VI. 

(4)  MihographiscUe  heitrage  zur  nalurgeschichte  der  fVirbellosen 
thiere.  In-4,  second  volume.  Berlin,  i832. 

(5)  Mémoire  sur  le  système  de  la  bouche  ; Mémoires  sur  les  ani- 
maux sans  vertèbres,  par  M,  Savigny,  P»,  partie,  fascicule, 
in-8.  Paris,  181G. 


INTRODUCTION.  xxix 

intérieure  de  ces  animaux , par  les  reclierclies  que 
nous  avons  faites,  soit  en  particulier,  soit  en  commun, 
avecM.  Audouin,  sur  divers  points deleur  anatomie 
nt  de  leur  physiologie  (i).  Un  naturaliste  allemand, 
^1-  Rathkie , vient  de  publier,  sur  le  développement 
de  1 oeuf  des  Écrevisses,  etc.,  plusieurs  ouvrages  di- 
gnes des  plus  grands  éloges  (a).  Enfin,  les  débris  que 
les  Crustacés  ont  laissés  dans  diverses  couches  de  l’é- 
corce du  globe , et  qui  s’y  conservent  à l’état  fossile , 
ont  été  étudiés  d’une  manière  spéciale  par  MM.  Al. 
Brongniart  et  Desmarest  (3). 

Tels  sont  les  principaux  ouvrages  dont  se  com- 
pose la  bibliothèque  carcinologique.  La  science  a 
été  enrichie  depuis  peu  d’un  grand  nombre  de  tra- 
vaux spéciaux  dont  il  n’a  pas  été  fait  mention  ici , et 
dont  nous  aurons  occasion  de  parler  par  la  suite  ; 
maisles  limites  de  ce  traité  élémentaire  ne  nous  per- 
mettent pas  de  nous  arrêter  davantage  sur  ce  sujet; 
et  ce  que  nous  en  avons  dit  suffira,  à ce  que 
nous  croyons , pour  atteindre  le  but  que  nous  nous 
étions  proposé  , c’est-à-dire  pour  donner  une  idée 
exacte  de  la  marche  de  cette  branche  de  l’histoire 


(a)  Annales  des  sciences  naturelles , etc. 

bitduug  und  entwickeliiiig  devFluss- 


und  der  n ■ BUdiingi  mit  eiitwicklung  geschichle  der  meiischeii 

f'iscicuies.  Leipzig,  i83a  et  :833. 

par  M.  Crustacés  fossiles , savoir  : les  Trilobites, 

AI.  Desmare>:r'^'iT^"“®*- > et  les  Crustacés  proprement  dits  , par 

Un  vol.  in./j  paj.jj  ^ 


XXX 


INTRODUCTION. 


naturelle,  depuis  sou  origine  jusqu’à  l’époque  ac- 
tuelle. 

D’après  cette  esquisse,  on  a pu  voir  que  l’étude 
des  Crustacés  a fait,  depuis  quelque  temps,  des 
progrès  rapides.  Il  y a peu  d’années  encore , cette 
branche  de  la  zoologie  était  dans  sa  première  en- 
fance; on  ne  connaissait  qu’un  très-petit  nombre 
de  ces  animaux;  leur  classiücation  manquait  de  ce 
cachet  de  précision  si  nécessaire  pour  la  détermi- 
nation des  espèces  , et  on  ne  possédait  sur  leur  ana- 
tomie et  leur  physiologie  que  des  notions  vagues 
et  incomplètes.  Aujourd’hui  il  en  est  tout  autre- 
ment; mais  les  travaux  auxquels  on  doit  ce  résul- 
tat heureux  sont  épars , et  l’état  actuel  de  la  science 
ne  se  trouve  exposé , avec  les  développemens  né- 
cessaires , dans  aucun  ouvrage  général.  Là , où  la 
partie  méthodologique  a été  traitée  avec  plus  de 
soin  et  de  talent,  on  ne  trouve  guères  qu’un  catalo- 
gue de  genres;  celui  des  espèces  n’est  qu  ébauché , 
et  l’examen  de  l’organisation  a été  presque  entière- 
ment négligé  : ailleurs  on  a consacré  quelques  pages 
de  plus  à fanatomie  et  à la  physiologie  , mais  ces 
esquisses  sont  loin  d’être  au  niveau  de  l’état  actuel 
de  nos  connaissances  et  dans  la  partie  méthodo- 
logique , ou  y cherche  en  vain  ce  qui  fait  le  prin- 
cipal mérite  des  ouvrages  de  pure  compilation, 
savoir,  un  tableau  complet  de  toutes  les  iichesses 
de  la  science. 

Occupé  depuis  long-temps  d’une  manière  spéciale 


TNTKODVr.TION.  XXxj 

de  l’étude  des  Crustacés , j’ai  senti,  plus  peut-être 
que  tout  autre,  le  Iresoiu  d’un  traité  complet  sur 
cette  Lranche  de  la  zoologie,  et,  encouragé  par  les 
conseils  d’un  de  nos  plus  habiles  entomologistes , 
M.  Latreille  , je  me  suis  décidé  à chercher  à com- 
bler la  lacune  que  je  viens  de  signaler.  Dans  cette 
vue,  je  me  suis  appliqué  à rassembler  des  maté- 
iiaux  pour  servir  à une  histoire  générale  et  parti- 
culière des  Crustacés  ; j’ai  étudié  , soit  isolément , 
soit  eu  commun  avec  mon  ami  M.  Audouiu , tous 
les  points  les  plus  importans  de  l’organisation  de 
ces  animaux;  et  afin  de  compléter,  autant  qu’il  m'é- 
tait possible,  le  catalogue  des  espèces  indigènes,  j’ai 
exploré  avec  soin  diverses  parties  de  nos  côtes  : plu- 
sieurs des  résultats  obtenus  par  cette  investigation 
de  la  nature  sont  déjà  connus  des  zoologistes , mais 
ces  travauxpréliminaires  étaient  loin  de  suliirc;  pour 
atteindre  le  but  que  je  me  proposais , il  me  fallait 
aussi  connaître  les  Crustacés  c[ui  peuplent  les  mers 
éloignées,  et,  pour  cela , je  ne  pouvais  mieux  m’a- 
^lesser  qu’à  la  riche  collection  du  Muséum  du 
ardiu  du  Roi , fruit  d’une  multitude  de  voyages 
ointains,  et  l’un  des  plus  beaux  monumens  de  la 
^munificence  nationale.  Elle  m’a  été  ouverte  de  la 
^ plus  généreuse  par  M.  Audouiu , profes- 
établissement;  et,  ce 
uous  ^ seulement  à l’amitié  qui 
ulierche*'^’^^^  “ fournir, à tous  ceux  qui 

à approfondir  une  partie  de  la  science 


XXXIJ  INTRODUCTION. 

que  lui-même  cultive  d’une  manière  si  distinguée , 
tous  les  matériaux  de  travail  dont  sa  position  lui 
permet  de  disposer.  Pi’ofitant  de  cette  circonstance 
heureuse , je  me  suis  livré  à une  révision  générale 
de  la  classification  des  Crustacés  ; j’ai  examiné  tou- 
tes les  espèces  accumulées,  sans  examen,  depuis 
Lien  des  années  dans  les  magasins  du  Muséum  , et 
je  les  ai  distribuées  dans  les  galeries  de  cet  établis- 
sement d’après  la  méthode  qui  m’a  paru  la  plus 
naturelle.  Enfin,  pendant  que  je  me  livrais  à ce 
travail , qui  n’est  pas  encore  complètement  terminé , 
la  série  déjà  si  belle  des  Crustacés  du  Muséum  a été 
successivement  augmentée  par  les  nombreuses  col- 
lections deM.Rcynaud,  aujourd’hui  professeur  d’a- 
natomie à Toulon , de  MM.  Quoy , Gaymard  et  de 
quelques  autres  voyageurs,  et  ces  naturalistes  ont 
bien  voulu  mettre  à ma  disposition  ces  nouvelles 
richesses , service  dont  je  les  prie  de  recevoir  le  té- 
moignage public  de  ma  sincère  reconnaissance. 

Grâce  à ce  concours  de  cir  constances , j’espère 
pouvoir  compléter  un  traité  général  sur  l’histoire 
de  ces  animaux,  dont  je  me  propose  de  figurer  en 
totalité  ou  en  partie  presque  toutes  les  espèces.  Mais 
un  ouvrage  de  ce  genre  est  un  long  et  pénible 
travail , et  je  vois  encore  trop  de  points  qui  néces- 
sitent des  recherches  approfondies  pour  que  je 
puisse  songer  à en  commencer  déjà  la  publication. 
Mes  projets  ne  pourront,  par  conséquent,  recevoir 
leur  exécution  qu’à  une  époque  plus  ou  moins  éloi- 


INTRODUCTION.  XXXÜj 

guee,  etj  ai  pensé  qu’en  attendant  il  ne  serait  pas  inu- 
tile de  donner  au  public, sousla  forme  d’un  manuel, 
un  résumé  de  mon  travail  : cela  aura  pour  moi  l’a- 
vantage d appeler , en  temps  utile , la  critique  des 
naturalistes  sur  les  innovations  que  je  propose , et 
peut-être  aussi  de  fixer  l’attention  des  observateurs 
sur  quelques  points  obscurs  de  la  science , et  de 
provoquer  des  recherches  dont  plus  tard  je  profite- 
rai à mon  tour. 

Pour  donner  à ce  Prodrome  le  genre  d’utilité 
que  je  viens  de  signaler,  il  m’a  fallu,  tout  en  me 
restreignant  dans  des  limites  très-étroites , le  ren- 
dre aussi  complet  que  possible,  et  en  faire , non  pas 
un  généra  seulement , mais  un  species. 

Dans  la  première  partie , je  traite  de  l’anatomie 
et  de  la  physiologie  des  Crustacés  ; on  y trouvera 
exposé  succinct  de  toutes  les  recherches  les  plus 
recentes  sur  1 organisation  de  ces  animaux , ainsi 
que  les  résultats  de  plusieurs  travaux  encore  inédits 
sur  le  même  sujet. 

n second  livre,  je  m’occupe  de  la  partie 

cris^  i*^-  l’histoire  des  Crustacés  ; je  dé- 
tout f espèces , en  me  restreignant 

dans  caractères  les  plussaillans  de  celle-ci; 

^Ucune*^*^*^  c numération , j’ai  cherché  à n’omettre 
pour  ét  publiée  avec  assez  de  détails 

déternii^ap^^°^'^^*^®®’‘^^®  ’ faciliter  les 

avantages  cherché  aussi  à combiner  les 

crustacés^^  ^^^ssifications  artificielles  à celles  que 


XXXiv  IJNTIIÜDUCTION. 

présentent  les  métliodes  naturelles.  Dans  cette  vue, 
j’ai  présenté,  sous  la  forme  de  tableaux  synopti- 
ques , les  caractères  comparatifs  à l’aide  desquels 
on  jîeut,  dans  l’état  actuel  de  la  science , recon- 
naître tous  les  genres  dont  se  compose  cette  classe 
d’animaux  articulés  : j’ai  établi , dans  les  groupes  gé- 
nériques un  peu  nombreux  en  espèces , des  divisions 
etdes  subdivisions;  enfin,  dans  la  description  des  es- 
pèces , j’ai  indiqué  en  lettres  italiques  les  caractères 
comparatifs  qui  suffisent  pour  la  distinction  de 
toutes  celles  actuellement  connues.  Je  n’attache  à 
ces  tableaux  d’autre  importance  que  celle  d’une 
utilité  pratique;  et,  à mesure  que  l’on  découvrira 
de  nouvelles  espèces,  il  faudra  nécessairement  les 
modifier;  mais  1 expérience  m’a  appris  qu’elles  fa- 
cilitent considérablement  le  travail  des  détermi- 
nations. 

Afin  de  rendre  plus  facile  la  comparaison  des 
phrases  caractéristiques  des  espèces , j’ai  rejeté  en 
notes  les  synonymies , innovation  qui  ne  me  sem- 
ble avoir  aucun  inconvénient.  Enfin,  j’ai  eu  soin 
d’indiquer  par  les  lettres  ( G.  M.  ) toutes  les  espèces 
qui  existent  au  Muséum  d’histoire  naturelle,  où  l’on 
pourra  les  trouver  rangées  dans  le  même  ordre  que 
dans  ce  traité. 

Dans  les  planches  qui  accompagnent  cet  ouvrage, 
j’ai  représenté  quelques  types  qui  pourront  servir 
de  points  de  comparaison  ; et , afin  de  les  rendre 
aussi  utiles  que  possible , je  me  suis  attaché  à ne  fi- 


INTRODUCTION. 


XXXV 

gurer  sui’tout  que  des  espèces  qui  jusqu’alors  ne 
avaient  pas  été , et  à multiplier  les  détails  de  par- 
ties  caractéristiques.  Je  regrette  que  la  nature  de 
a CO  ection,  dont  ce  résumé  fait  partie,  ne  m’ait 
point  permis  d en  augmenter  le  nombre. 


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histoire  naturelle 


DES 

CRUSTACÉS. 


première  partie. 

AKTATOBns;  ET  FHTSIOEOGIE. 


CHAPITRE  PREMIER. 

CONSIDÉnATIONS  GÉNÉRALES.  — TÉGUMENS,  — SQUELETTE 
TÉGÜMENTAIRE. 

§ I®''.  Considérations  générales. 

le  que  les  naturalistes  désignent  sous 

les  Crustacés  sont  tous  ceux  qui  présentent 

les  ‘^''iractères  généraux  d’organisation  que 

uaturd  Écrevisses,  et  qui  forment  un  groupe 

d’un  ^ ceux-ci  constituent  Je  tjjje.  L’absence 
îette  nerveux  cérébro-spinal,  et  d’un  sque- 

des  Marti  place  à une  distance  considérable 

vertébrés  - ' Oiseaux,  et  des  autres  animaux 

nnsflpcM  u”^*  rapport,  les  Crustacés  ne  diffèrent 

JesZoophyles,elc., 

CRüSTACES  , TOME  i.  I J ^ 


2 


mSTOIBE  NATÜEELLE 


mais  il  suffit  fl’iin  examen  superficiel  pour  ne  pas  les 
confondre  avec  eux.  Leur  corps,  entouré  par  une  sorte 
de  squelette  extérieur , se  compose  d’un  certain 
nombre  de  sepmens  ou  d’anneaux  placés  bout  à bout, 
et  présente  toujours  une  double  série  de  membres 
articulés;  une  disjiosition  semblable  ne  se  rencontre 
que  chez  les  Insectes  , les  Arachnides  ou  les  Mj^ria- 
podes  , et  caractérise , dès  le  premier  abord,  la  grande 
division  du  règne  animal  qui  renferme  ces  divers 
animaux,  cpie  l’on  appelle  Gondylopes  (i).  Enfin  les 
Insectes , les  Myriapodes  et  les  Arachnides , s’éloi- 
Eiient  à leur  tour  des  Crustacés  par  la  nature  de  leur 
appareil  l’cspiratoire ; ils  sont  constitués  pour  vivre 
dans  l’air,  etles  organes  destinés  à agir  sur  ce  fluide  ont 
la  forme  de  canaux  rameux  qui  se  distribuent  dans 
toutes  les  parties  du  corps,  et  cj[ui  portent  l’oxigène 
jusque  dans  le  tissu  des  viscères  les  plus  éloignés  de 
la  surface  du  corps,  ou.  bien  cellede  petites  poches  pul- 
monaires. Les  Crustacés,  au  contraire,  sont  presque 
tous  essentiellement  aquaticpies , et  ils  ne  présentent 
jamais  ni  trachées,  ni  poumons;  leurs  organes  respi- 
ratoires, au  lieu  d’avoir  la  form.e  de  cavités  internes, 
sont  toujours  en  relief;  et  à moins  qu’il  n’y  ait  pas 
d’appareil  spécial  destiné  à agir  sur  l’oxigène , et  que 
la  surface  généi-ale  du  corps  n’en  remplisse  les  fonc- 
tions, ces  organes  consistent  en  branchies  plus  ou 
moins  nombreuses.  Ces  animaux  ne  présentent  aussi 
aucun  instrument  de  locomotion  aérienne , ils  sont 
toujours  dépourvus  d’ailes,  et  leurs  pâtes  ambula- 
toires sont  presque  toujours  au  nombre  de  cinq  ou  de 


(i)  Picfls  à jointui-fis  , LatreiUo , Familles  naturelles  , page 


DES  CliUSTACÉS.  3 

sept  paires  ; leur  tète  est , à un  petit  nombre  d’excep- 
tions près , munie  d’appendices  nommes  antennes  ; leur 
sang  circule  dans  des  vaisseaux  plus  ou  moins  com- 
I e s , et  est  mis  en  mouvement  par  un  cœur  artériel  ; 
s sexes  sont  séparés,  et  les  organes  de  la  généra- 
OQ  sont  doubles  ; enfin,  la  reproduction  s’eiiéctue  au 
™oyen  œufs  qui  éclosent  après  la  ponte,  et  les 
J unes  qui  sortent  ont,  en  général,  la  forme 
fils  oivent,  à quelcjues  modifications  près , con- 
seiver  pendant  toute  la  durée  de  leur  existence; 

• is  quelquefois  iis  subissent  des  changemens  des 
plus  remarquables. 

Les  Crustacés,  comme  on  a pu  le  voir  d’après  le 
peu  de  mots  que  nous  venons  d’en  dire,  ressemblent 
aux  Poissons  par  leur  manière  de  vivre  et  par  la  na- 
ture de  leur  appareil  respiratoire  ; mais,  sous  tous  les 
autres  rapports,  ils  se  rapprochent  bien  davantage 
des  Insectes  ; aussi , dans  les  classifications  naturelles 
ou  ta  place  assignée  à chaque  être  est  destinée  à faire 
cmnnaiüe  les  caractères  les  plus  importuns  de  son  or- 
ganisation, et  à indiquer  les  divers  degrés  d’affinité 
pu  unissent  a tous  les  autres  animaux  ; dans  ces  clas- 
oe  n est  pas  à côté  des  Poissons 
^ lange  les  Gz’ustacés,  mais  bien  auprès  des 
“Arachnides  et  des  Myriapodes , dans  le 

^'■ostacéf*'''^^  compose  la  vie  des 

’^Pporiés  autres  animaux  peuvent  être 

but  la  *-1018  grandes  divisions;  les  uns  ont  pour 
Jaulrc”"'"”'"»"  de  l’espèce,  ou  la  génération; 
licsquelles^pQj*^®’^''  fonctions  de  nutrition  à l’aide 
étran<mrs  i'°  assimile  à sa  substance  les  corps 
‘ccessiiives  à l’entretien  de  sa  vie,  et 


4 HISTOIRE  NATURELLE 

rejette  au  cleliors  les  particules  que  ceux-ci  viennent 
remplacer;  enfin,  ilest  aussi  d’autres  fonctions  qui  ne 
se  lient  d’une  manière  directe  nia  la  reproduction,  nia 
la  nutrition , et  qui  servent  seulement  à établir  des  rap- 
ports entrel’animal  et  tout  ce  qui  l’entoure.  Ce  dernier 
ordre  de  phénomènes,  qui  appartient  exclusivement 
au  règne  animal , constitue  ce  que  les  physiologistes 
appellent  la  vie  sensitive  ou  les  fonctions  de  relation  ; 
les  premiers,  que  l’on  retrouve  aussi  dans  le  régné 
végétal,  ont  été  désignés  sous  le  nom  collectif  de  vie 
végétative.  Il  n’existe  pas  toujours  une  ligne  de  dé- 
marcation bien  tranchée  entre  ces  diverses  fonctions 
et  tel  acte  ou  telle  faculté  : ainsi  l’organe  qui  en 
est  le  siège  peut  tour  à tour  servir  a chacune 
d’elles  ; mais  cette  classification  des  phénomènes  vi- 
taux permet  d’introduire  dans  les  études  physiolo- 
giques et  anatomiques  une  méthode  qui,  lorsqu’on 
n’y  attache  pas  trop  d’importance  , est  réellement 
utile  ; aussi  l’adopterons-nous  dans  la  description  que 
nous  cillons  donner  de  la  structure  des  Crust<acés  et  du 
jeu  de  leurs  organes.  Seulement,  nous  croyons  utile 
de  présenter  d’abord  quelques  considérations  sur  la 
forme  extérieure  de  ces  animaux  et  sur  leur  squelette 
tégumentaire , appareil  dont  les  usages  se  rattachent 
plus  ou  moins  intimement  à presque  toutes  les  fonc- 
tions. 

§ II.  Des  têgumeiis. 

Chez  les  êtres  dont  la  structure  est  la  plus  simple,  la 
texture  delà  surface  extérieure  du  corps  ne  paraît  pas 
différer  de  celle  des  autres  parties  qui  le  constituent  ; 
leur  composition  est  partout  homogène,  et,  l’identitéde 
l’organisation  entraînant  un  mode  d’action  semblable, 


DES  CRUSTACÉS.  5 

1 économie  intérieure  de  ces  animaux  peut  etre  com- 
parée a un  atelier  où  chaque  ouvrier  serait  employé  à 
1 exécution  de  travaux  semblables , et  où  , par  consé- 
quent, leur  nombre  influerait  sur  la  somme  , mais  non 
sur  la  nature  des  produits  ; chacune  des  parties  de 
leur  corps  concourant  à l’entretien  de  la  vie,  à la 
maniéré  de  toutes  les  autres,  la  perte  de  l’une  d’elles 
n entraîne  la  cessation  d’aucun  des  résultats  produits 
par  1 ensemble  de  toutes  ; la  vie  générale  de  l’individu 
ne  se  compose  que  d’un  nombre  plus  ou  moins  grand 
de  séries  semblables  de  phénomènes  plus  ou  moins 
Varies  ; aussi  l’expérience  a-t-elle  démontré  qu’en  di- 
visant un  de  ces  êtres  on  ne  change  point  sa  manière 
d’agir,  et  que  chaque  fragment  de  son  corps  continue 
de  vivre  comme  auparavant. 

Les  polypes  d eau  douce  , devenus  célèbres  par  les 
expériences  de  Trembley  et  de  quelques  autres  phy- 
siologistes , nous  offrent  des  exemples  de  ce  mode  de 
structure  homogène  ; mais  à mesure  que  l’on  s’élève 
dans  l’échelle  des  êtres , on  voit  lorganisation  se 
compliquer  davantage  : le  corps  de  chaque  être  se 
compose  de  parties  de  plus  en  plus  dissemblables  entre 
elles , tant  par  leurs  formes  et  leur  structure  que  par 
es  fonctions  dont  elles  sont  le  siège , et  la  vie  de  l’in- 
ividu  résulte  de  l’ensemble  d’élémens  hétérogènes 
^us  plus  ou  moins  dépendans  les  uns  des  autres. 
®st  d abord  le  même  organe  qui  sent , qui  se  meut, 
qui  absorbe  du  dehors  les  subst: 


;ances  nu- 


qui  assure  la  conservation  de  l’espèce  ; mais 
strum  fonctions  ont  chacune  des  in- 

tlont  ell  * propres  , et  les  divers  actes 

distin  t *^®*^posent  s’exécutent  dans  des  parties 
Qctes.  En  un  mot , le  principe  suivi  par  la  nature 


HISTOIRE  N AT  OREE EE 


6 

ilims  le  perfectionnement  des  êtres  est  le  même  que 
celui  si  bien  développé  par  les  économistes  modernes, 
et,  dans  ses  œuvres  aussi  bien  que  dans  les  produits 
de  Fart,  on  voit  les  avantages  immenses  qui  résultent 
de  la  division  du  travail  (i)- 

La  surface  extérieure  du  corps  , de  même  que  les 
parties  situées  plus  profondément,  présentent  une 
série  de  modifications  dont  la  clef  nous  est  fournie  par 
le  principe  dont  nous  venons  de  parler.  Ainsi  que 
nous  l’avons  déjà  dit , elle  est  d’abord  semblable  au 
reste  du  jiarenchymc , mais  bientôt  elle  acquiert  des 
propriétés  différentes  et  constitue  une  membrane  dis- 
tincte dont  la  face  interne  donne  attache  à tous  les 
organes  actifs  de  la  locomotion,  et  dont  la  superficie 
estle  siège  des  sens,  de  la  respiration  et  de  plusieurs 
autres  fonctions. 

Dans  les  classes  plus  élevées  , la  faculté  de  perce- 
voir la  lumière  se  localise  davantage  et  devient  en 
meme  temps  plus  parfaite , la  respiration  devient  aussi 
l’apanage  d’une  partie  spéciale  de  l’appareil  tégumen- 
taire  ; il  en  est  de  même  pour  les  sens  de  l’ouïe  et  de 
l'odorat  ; maisl’enveioppc  générale  sert  encore  comme 
organe  du  mouvement  et  du  tact,  en  même  temps 
qu’elle  détermine  la  forme  du  corps  et  protège  les 
organes  internes  de  l’influence  nuisible  des  aeens  ex- 
térieurs.  Enfin  , vers  le  sommet  de  la  séi’ie  des  ani- 
maux, cette  division  du  travail  est  portée  encore 
plus  loin;  un  système  particulier,  destiné  spéciale- 
ment àla  défense  des  parties  molles  aussi  bien  qu’aux 


(i)  Voyez  lc3  articles  organisation  , nerfs , etc,,  du  Dictionnaire 
cKrssique  d’iiistoire  naturelle,  et  nos  Elcmeus  de  Zoologie , où  nous 
avons  développé  ce  principe. 


niis  ciirsTACÉs.  n 

foiiclioiis  locomotrices,  se  montre  dans  l’économie, 
et  Ja  membrane  tégumentaire  , an  lieu  de  servir  à des 
usages  si  divers  , n’est  plus  appelée  qu’à  agir  comme 
organe  du  tact,  à s’opposer  à l’évaporation  des  liquides 
renfermés  dans  le  corps  etàrenqdir  un  petit  nombre 
d’autres  fonctions. 

Les  Crustacés  occupent  pour  ainsi  dire  le  milieu  de 
cette  chaîne.  Chez  les  uns,  l’enveloppe  générale  du 
corps  sert  à en  déterminer  la  forme,  à en  protéger  les 
parties  intérieures , et  à fournir  aux  muscles  de  loco- 
motion des  leviers  et  des  points  d’appuis,  en  même 
temps  qu’elle  remplit  les  fonctions  d’organe  de  respi- 
ration et  du  tact  ; chez  d’autres,  des  organes  spéciaux 
sont  chargés  de  l’absorption  de  l’oxigène  et  de  l’exha- 
lation de  l’acide  carbonique,  ou,  en  d’autres  mots  , des 
actes  respiratoires , et  on  trouve  dans  l’intérieur  du 


corps  certaines  parties  solides  auxquelles  viennent  se 
lixer  les  muscles  de  la  locomotion  ; mais  ces  organes  ne 
sont  que  des  dépendances  de  l’appareil  tégumentaire  , 
et  c est  lui  qui  remplit  encore  toutes  les  fonctions 
dont  le  squelette  intérieur  devient  le  siège  chez  les 
animaux  vertébrés. 


La  nature  de  l’enveloppe  extérieure  des  Crustacés 
est,  comme  on  le  pense  bien,  en  rapport  avec  les 
usages  qu  elle  est  appelée  à remplir  ; devant  détermi- 
ucr  1.1  forme  du  corps,  protéger  les  organes  intérieurs 
^ fournir  des  points  d’attache,  ainsi  que  des  leviers, 
^ muscles  de  la  locomotion  , sa  consistance  est  né- 
côlé  toujours  assez  grande.  Mais,  d’un  autre 

et  s’'^  /®‘^iue  la  rcs])iration  n’est  pas  encore  localisée , 
cor  hur  tous  les  points  de  la  superficie  du 

, I ’ '•''Oh  d épaisseur  et  de  dureté  dans  les  témiraens 

s oiiposeraieut  ■’>  u • i r ■ 

a 1 exercice  de  celte  ionction  ; aussi, 


H i s T O I R E NATURELLE 


8 

clans  les  Crustacés  qui  ne  sont  pas  pourvus  d’oraancs 
respiratoires  spéciaux , tels  cjue  les  PLyllosomes  et  les 
Mysis,  la  j>eau  est-elle  seulement  semi-cornée,  tandis 
que  dans  les  espèces  dont  l’apjiareil  branchial  est  très- 
développé,  comme  les  Crabes  et  les  Écrerdsses , elle 
s’encroûte  de  matière  calcaire  et  constitue  un  test 
d’une  solidité  remarc|uab1e  qu’on  peut  comparer  aux  os 
des  animaux  supérieurs. 

Pour  se  former  une  idée  exacte  de  la  composition 
anatomique  de  ces  téguinens,  il  faut  les  étudier  d’a- 
bord à i’époquede  la  mue  sur  des  individus  qui  sont  sur 
le  point  de  sc  dépouiller  de  leur  enveloppe  extérieure. 
On  voit  alors  c[ue  la  péau  de  ces  animaux  se  compose  de 
trois  couches  membraneuses  principales.  La  plus  pro- 
fonde ressemble  aux  tuniques  séreuses  des  animaux 
supérieurs;  dans  certaines  parties  du  corps,  dans  les 
membres  par  exemple , elle  est  à peine  visible;  mais 
autour  des  grandes  cavités  du  tronc,  elle  constitue  une 
membrane  bien  distincte  et  se  continue  sur  tous  les 
viscères  de  manière  à foi’mer  autour  de  chacun  d'eux 
une  gaine  particulière,  en  même  temps  qu’elle  leur 
fournit  une  enveloppe  commune.  La  face  interne  de 
cette  tunique  mince  et  transparente  est  libre  et  lisse, 
mais  sa  face  externe  est  au  contraire  unie  à la  couche 
tégumentaire  moyenne.  Cette  dernière  membrane  est 
molle,  plus  ou  moins  spongieuse,  en  général  assez 
épaisse  et  très-vasculaire  ; sa  surface  est  ordinaire- 
ment colorée  et  on  pourrait  la  comparer  au  Chorion 
ou  Derme.  Enfin,  la  couche  la  plus  externe  est  for- 
mée par  une  membrane  mince , mais  dense  et  con- 
sistante , qui  ne  présente  pas  de  ramifications  vascu- 
laires; elle  enveloppe  le  corps  de  toute  part  et 
forme  dans  divers  endroits  des  replis  qui  pénétrent 


DES  CRDSTACÊS.  9 

plus  OU  moins  profondément  entre  les  organes  in- 
térieurs. 

Cette  tunique  superficielle  se  trouve  , entre  le  clio- 
iion  et  la  carapace,  prête  à tomber,  et  elle  est  évidem- 
ment sécrétée  par  la  première  de  ces  enveloppes  , car 
U toute  autre  époque  qu’à  celle  de  la  mue  on  n’en  voit 
aucune  trace;  et  en  effet  c’est  elle  qui  doit  former  le 
nouveau  test.  Bientôt  après  la  cluitc  de  l’ancienne 
carapace , on  la  voit  accjuérir  une  consistance  plus 
grande  ; dans  certaines  espèces  elle  reste  toujours  dans 
un  état  semi  - corné  ; mais  dans  d’autres  elle  s’épaissit 
davantage  et  s’encroûte  de  particules  calcaires,  de  fa- 
çon à devenir  très-solide  et  très-dure.  Lorsqu’on  l’ex.a- 
niine  là  où  elle  a déj<à  jiris  cette  consistance  osseuse, 
on  voit  que  son  épaisseur  est  assez  grande , et  que  sa 
surface  interne  est  revêtue  d’une  couclie  mince  de  tissu 
cellulaire  membraneux  ; dans  une  partie  de  son  épais- 
seur , et  a sa  face  externe  , elle  est  en  général  plus  ou 
moins  colorée  ; enfin  , on  y remarque  souvent  des  pro- 
longemens  piliformes  , c|u  au  premier  abord  on  pren- 
drait pour  des  poils  semblables  à ceux  des  Mamrai- 
cres,  mais  qui  en  diffèrent  entièrement  par  leur 
structure , et  qui  ne  sont  autre  chose  que  des  appen- 
ices  de  cette  tunique  épidermoïde. 

La  nature  chimique  de  ce  scjuelette  tégumentaire 
rie  suivant  quil  présente  une  consistance  semi-cor- 
^ ou  osseuse.  Dans  le  premier  cas,  cette  tunique  est 
posée  presque  en  entier  d’albumine  et  d’une  sub- 
ment  la  1 *^**^'^  nommée  chitine  ^ qui  forme  égale- 
secoud'  parties  dures  des  Insectes  ; dans  le 

de  1 ' ^ trouve  aussi  beaucoup  de  carbonate  et 

P îa  e de  chaux,  etc.,  sels  qui  entrent  aussi 


to 


IIISTOIKIÎ  NAïUIîELLE 


clans  la  composition  des  os  formant  le  squelette  inté- 
rieur des  animaux  vertébrés  (i). 


(i)  Pendant  long  temps  on  croyait  que  l’enveloppe  tégumentaù-e 
des  Insectes  était  fournie  par  une  substance  analogue  à la  corne  ; et 
en  efi'et,  d'après  l’analyse  qui  en  avait  été  faite  par  Hachette,  elle 
paraissait  être  composée  principalement  d'albumine  modifiée;  mais 
M A.  Odicr  a fait  voir,  il  y a quelques  années,  qu'il  existait  dans 
ces  tuniques  une  substance  particulière  qui  paraît  en  former  la  base, 
et  qui  possède  des  propriétés  toutes  différentes  de  celles  de  la  corne. 
Il  lu  nommée  chitine,  et  eu  a constaté  la  présence  dans  le  test  des 
Crustacés.  {Mém.  de  la  Soc.  d'hist.nat.  de  Paris,  t.  1.) 

Ayant  également  soumis  le  test  des  Crustacés  à un  examen  clii. 
mique,  je  me  suis  assuré  qu'effeclivemeut  il  y existe  une  matière 
p.articulière  que  les  alcalis  ne  dis.sol  vent  pas,  ctquijouit  delà  plupart 
des  propriétés  indiquées  par  M.  Odier,  comme  étant  caractéristiques 
de  la  chitine.  Elle  constitue  en  quelque  sorte  la  charpente  de  la  mem- 
hrane  tégumeutaire  externe;  car  celle-ci  coinserve  sa  forme  lorsqu'elle 
a été  dépouillée  de  toute  autre  substance  ; mais  cependant  sa  propor- 
tion est  souvent  assez  faillie.  Dans  la  carapace  du  Carcin  mciiadc,  par 
exemple,  j'ai  trouvé  environ  iipour  loo  de  chitine,  i8  d'eau,  63  de 
sels  mêlés  à un  peu  de  matière  animale  soluble  à froid  dans  l'acide 
hydrocliloriquc  faible,  et  environ  8 d'albumine.Hans  les  segraens 
dorsaux  des  anneaux  abdomiiuiux  du  même  animal , j’ai  trouvé 
uo  pour  100  de  chitine  et  S.j  de  matières  salines.  Dans  la  carapace  du 
Homard,  M.  Chevreuil  a trouvé  : eau  et  matière  organique , 44  > 7^  ; 
sels , 5.5 , 24  pour  100  ; et  dans  celle  du  tourteau , seulement  28 , 60 
de  matière  aidnialc  et  d'eau  pour  77,  4®  és  sels. 

D’après  le  même  chimiste , ces  sels  sont  principalement  du  car- 
bonate de  chaux  ; voici  les  résultats  de  son  analyse  faite  sur  100 
parties  de  test. 

Carapace  de  Homard.  Car.apace  de  Tourteau. 

Carbonate  de  chaux 47j26 62,80 

Phosphate  de  chaux 5,22 6,00 

Pho.sphate  de  m.ignésie  et  de  fer.  1,20 1,00 

Clilorure  de  sodium  etselsdesoude  i,5o i,6o 

l’armi  les  sels  de  soude  , il  aparfaitement  bien  reconnu  une  petite 
quantité  d'hydriodate , tandis  que  l'Ecrevisse  de  rivière  n’en  a pré- 
senté aucune  trace;  différence  rcraarquahle  en  ce  quelle  tend  à 
montrer  l'influence  que  la  nature  du  lieu  habité  par  ces  aiiim.aux 
exerce  sur  la  composition  cliimique  do  leur  enveloppe  tégumentairc. 
(Voyez  Troisième  mémoire  sur  une  colonne  vertébrale  et  ses  côtes  dans  les 
Insectes  apiropodes , par  M.  Geoff'roy-Saint-Hilaire.  Journal  complé- 
mentaire^du  Dictionnaire  des  sciences  médicales,  avril  1820  ) 


DES  CRUSTACÉS.  11 

Les  couleurs  qu’offrent  ces  parties,  sont  souvent 
tres-remarquables  et  dépendent  de  l’existence  d’un 
pigment  de  nature  particulière  qui  paraît  avoir  beau- 
La  matière  colorante  des  pâtes 
es  igeons  et  du  bec  des  Oies;  elleest  soluble  dans 
Il  cool  et  dans  1 éther;  quelquefois  elle  est  rouge, 
lais  le  plus  ordinairement  elle  est  brune  ou  verdâtre , 
^ '*  passe  au  rouge  à une  température  d'envi- 

ron ^0“ , ainsi  que  par  l’action  des  acides  ou  même  de 
cool  (i).  Ou  reste  ^ nature  paraît  varier  suivant 
les  espèces  , car  il  est  des  Crustacés  dont  la  couleur  ne 
an^je  point  par  la  cuisson.  Cette  matière  colorante 
est  sécrétée  parle  derme,  et  s’y  montre  souvent  avec 
une  teinte  différente  de  celle  qu’elle  présente  dans  le 
test , dans  la  couche  superficielle  de  laquelle  on  la 
trouve  en  plus  grande  abondance  que  partout  ailleurs. 

-n  general  la  face  dorsale  du  corps  des  Crustacés 
est  a seule  colorée;  en  dessous,  leur  test  est  ordinai- 
rement blanchâtre  ; mais  quelquefois  cependant  on  ne 
remoique  à cet  égard  aucune  dillérence. 

^ La  lumière  et  le  climat  paraissent  exercer  une  in- 
^ ence  sur  la  vivacité  des  couleurs  que  présente  l’en- 
hi  *-UoUmen taire  de  ces  animaux,  et  même  sur 
aux^  leurs  teintes.  Ce  sont  les  espèces  propres 

et  le\  les  nuances  les  plus  variées 

Sffil  v^  T 5 e^-  nous  avons  cru  remarquer 

rl’une  mé'  '^^tfférences  analogues  entre  les  individus 

ftu'ils  espèce,  suivant  la  latitude  ou  les  localités 
^ ‘auitent  (a).- 


(1)  Yoyi 
Pharmacia . 

(2)  Ce  cj 


les  recherches  de  M.  Lasseigne , Journal  de 
Appelé  notre  attentiou  sur  ce  sujet,  est  la 


12 


HISTOIRE  NATURELLE 


Enfin  lorsqu’on  fait  liouillir  dans  une  dissolution 
alcaline  une  cara[  acede  Crabe  préalablement  dépouil- 
lée des  sels  dont  sa  substance  était  encroûtée , on  voit 
qu’elle  se  compose  de  trois  couches  bien  distinctes, 
dont  la  moyenne  est  de  beaucoup  la  plus  épaisse,  et 
dont  l’externe  paraît  contenir  la  majeure  partie  de  la 
matière  colorante. 

Le  système  tégumentaire  des  Crustacés  constitue  la 
charpente  du  corps  de  ces  animaux  et  peut,  ainsi 
que  nous  l’avons  déjà  dit,  être  regardé  comme  une 
espèce  de  squelette  extérieur  ; mais  il  n’est  pas  égale- 
ment dur  et  épais  dans  tous  ses  points  et  présente 
toujours  une  série  de  parties  alternativement  solides 
et  flexibles.  Il  en  est  de  même  pour  les  Insectes,  les 
Arachnides  , etc. , et  l’on  comprend  facilement  la  né- 
cessité de  cette  disposition  au  défaut  de  laquelle  tout 
mouvement  aurait  été  impossible.  La  dilféicnce  entre 
ces  parties  molles  et  dures  de  la  peau  est  en  général 
très-grande,  et  les  dernières  forment  toujours  des 
pièces  assez  bien  circonscrites  qui  sont  unies  entre 
elles  soit  par  soudure , soit  par  l’intermédiaire  d’une 
portion  de  peau  qui  a conservé  sa  rouplesse  primi- 
tive. Leur  étude  semble  au  premier  abord  extrême- 
ment diüicile  à cause  de  leur  nombre  et  de  leur  diver- 
sité ; mais  en  la  rendanlcomparative  et  en  y appliquant 
les  principes  suivis  par  M.  Audouin,  dans  l’examen 


difFérence  de  couleurs  que  nous  .Tvons  rcm.irqu(ie  dans  les  Éripliies 
front  épineux  que  nous  avions  observées  sur  les  côtes  delà  Bretagne, 
et  celles  que  nous  avions  recueillies  dans  la  baie  de  Naples  ; les  pre- 
mières étaient  toutes  d’une  teinte  olivâtre  , taudis  que  les  dernières 
étaient  d’une  couleur  tirant  sur  le  rouge.  En  général,  il  y a aussi 
beaucoup  de  différence  pour  la  vivacité  des  couleurs  entre  les  Clo- 
portes qui  vivent  sur  les  toits  et  ceux  qui  habitent  les  caves. 


DES  CRUSTACÉS.  l3 

du  thorax  des  Insectes  et  des  autres  animaux  articu- 
es,  nous  espérons  en  aplanir  considérablement  les 
difficultés. 

S III-  De  la  composition  anatomique  du  squelette 
le.gumentaire  des  Crustacés. 

he  corps  des  Crustacés , de  même  que  celui  de  tous 
es  autres  animaux  articulés , se  compose  d’une  série 
f e segmens  homologues  qui  sont  tous  la  répétition 
P us  ou  moins  exacte  les  uns  des  autres,  mais  qui 
peuvent  etre  plus  ou  moins  modifiés  dons  leur  struc- 
ture , suivant  que  la  division  du  travail  pliysiologi- 
f{ue  a été  portée  plusloin,  et  que  les  diverses  fonctions 
se  sont  localisées  davantage.  Chez  les  Annélides  elles 
larves  de  beaucoup  d’insectes  , un  mode  de  confor- 
mation analogue  se  reconnaît  dans  la  plupart  des  ap- 
pareils de  l’économie  ; mais  chez  les  Crustacés  il  n’est 
^ len  évident  que  pour  les  divers  systèmes  appartenant 
^ a vie  animale,  tels  que  les  systèmes  nerveux, 
luusculaire , appendiculaire  , etc. 

Chaque  segment  du  corps  de  ces  animaux  ne  se 
tj.  ^l'^'^I'îuefois  que  d’une  portion  centrale  ou 

One,  qui  est  renfermée  dans  un  anneau  solide,  mais 
lair"  ” pî’t’sente  aussi  des  parties  ajipendicu- 

ïicau  • ’^^uibres.  Un  certain  nombre  de  ces  an- 
parfait**^^*^  loujours  mobiles  les  uns  sur  les  autres  et 
fl'slincts  entre  eux  , mais  il  n’eu  est  pas 
étude  su  ot , si  l’on  se  contentait  d’une 

pourrait  squelette  tégumentaire , on 

nombre  variable  que  le 

appartenant-'*  “nneaux,et  le  nombre  des  membres 
a chacun  d’eux. 


Kn  effet , si  1 


®^'aniinait  ainsi  un  Crabe  ordinaire 


HISTOIRE  NATÜEELEE 


>4 

ou  une  Langouste  (i),  on  reconnaîtrait  bien  que  la 
portion  postérieure  de  leur  corps  se  compose  de  cinq  ou 
six  anneaux  portant  chacun  une  paire  de  membres , mais 
on  croirait  certainement  que  toute  la  partie  antérieure, 
qui  est  recouverte  par  une  carapace  épaisse , n’est 
formée  que  d’un  seul  segment  dont  les  membres  seraient 
eu  nombre  extrêmement  considérable.  Observée  d’une 
manière  également  superficielle , une  Crevette  (2) 
ne  paraîtra  composée  que  de  quatoze  segmens , dont 
l’antérieur  aurait  encore  un  grand  nombre  de  mem- 
bres , tandis  que  dans  la  Squille  (3)  on  en  distin- 
guerait aisément  quinze,  dont  les  deux  premiers 
n’ont  chacun  qu’une  seule  paire  de  membres  ou  ap- 
pendices, tandis  que  le  troisième  en  porte  neuf  paires. 

Il  en  est  cependant  tout  autrement  : car  ces  dillé- 
rences  apparentes  ne  dépendent  que  de  la  réunion 
d’un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de  segmens 
en  un  seul  tronçon,  et  il  nous  paraît  facile  de  démon- 
trer que,  chez  les  Crustacés,  le  même  segment  ne 
porte  jamais  plus  d’une  paire  de  membres.  Sous  ce 
rapport , ils  s’éloignent  extrêmement  des  insectes  qui , 
pour  la  plupart , ont  un  ou  deux  segmens  de  leur 
corps  pourvus  chacun  de  deux  paires  de  membres , 
les  ailes  et  les  pâtes. 

On  peut  poser  en  principe  que  le  nombre  normal 
de  segmens , dont  le  corps  des  Crustacés  se  compose , 
est  de  vingt  et  un  ; on  connaît,  il  est  vrai , deux  ou 
trois  de  ces  animaux  où  il  en  existe  un  plus  grand 
nombre,  et  souvent  il  n’a  pas,  à beaucoup  près. 


(1)  Voyez  PI.  3 , Kg,  1 et  5 ; PI.  23,  11g.  i. 

(2)  PI.  I,  % 2. 

C3)  PI.  I,  fig.  I. 


DES  CRUSTACÉS. 


i5 


autant  d anneaux  distincts  ; mais  dans  l’immense  raa- 
jouté  des  cas,  à moins  qu’une  portion  du  corps  ne 
soit  réduit  à 1 état  rudimentaire , comme  cela  a lieu 
c lez  les  Locmipodes,  on  retrouve  toujours  des  signes 
J ® "‘"^ture  à révéler  l’existence  de  vingt  et  un  segmens. 

etuc  e que  nous  allons  faire  du  squelette  tégumen- 
‘ iro , dans  les  différens  groupes  de  Crustacés  , nous 
en  fournira  la  preuve.  Du  reste,  la  soudure  des 
anneaux  entre  eux  est  souvent  facile  à constater  de  la 
nanière  la  plus  irrécusable  ; lorsque  celte  union  n’est 
pas  tres-intime , elle  est  indiquée  par  des  lig’nes  , et 
orsquon  traite  le  squelette  tégumentaire  par  de  l’a- 
e hydroclîlorique  faible  pour  en  retirer  les  sels  cal- 
caires , on  désunit  de  ces  diverses  pièces  long-temps 
avant  que  de  les  avoir  rendues  à leur  état  membraneux 
primitif. 

La  Squille  est,  de  tous  les  Crustacés,  celui  oùles  vingt 
et  un  segmens  du  corps  sont  les  plus  distincts  (i). 
Le^premier  anneau , que  nous  appellerons  Yophtalnii- 
parce  quil  porte  les  pédoncules  oculaires,  est 
parfaitement  séparé  du  second,  et  celui-ci  est  sim- 
P ement  articulé  avec  le  troisième.  Le  troisième  et  le 
vans*^*^^^  segmens  sont  confondus,  et  les  anneaux  sui- 
tes sé  *'^^®“iiieomplets  ; mais  on  peut  néanmoins 
eontr^'  dissection.  Les  onze  derniers  sont  au 

des  aùt  ^ et  parfaitement  séparés  les  uns 

dernie/^^'-  ' anneaux , à l’exception  du 

pai^*^j  toujours  privé  d’appendices  , portent 
les  usasre^  dont  les  formes  varient  suivant 

*^u.xquels  ils  sont  destinés. 


Cl)  PI, 


fig. 


, et  Pl_ 


a,  %.  1-8. 


HISTOIRE  NATURELLE 


i6 

Dans  les  autres  Crustacés  , la  soudure  des  premiers 
anneaux  du  corps  augmente  de  plus  en  plus,  et  quel- 
quefois on  voit  une  fusion  analogue  s’effectuer  égale- 
ment vers  l’extrémité  opposée  du  corps.  Ainsi , dans 
la  plupart  des  amphipodes,  les  sept  premiers  segmens 
sont  confondus  en  un  seul  tronçon  , et  chez  quelques- 
uns  de  ces  petits  Crustacés  le  huitième  anneau  ne  se 
distingue  plus  des  suivans.  Chez  quelques  Isopodes , 
plusieurs  des  .anneaux  de  l’abdomen  sont  également 
unis  entre  eux  (i)  ; et  enfin  , dans  la  plupart  des  Déca- 
podes, les  quatorze  premiers  segmens  ne  forment  plus 
qu’un  seul  tronçon,  et,  dans  quelques  Bracbyures, 
trois  des  anneaux  delà  portion  postérieure  du  corps, 
présentent  une  union  non  moins  intime. 

Chacun  des  anneaux  de  ce  squelette  paraît  se  com- 
poser de  deux  moitiés  latérales,  semblables  entre 
elles  ; on  peut  aussi  y distinguer  deux  arceaux  , l'un 
supérieur  et  l’autre  inférieur  (2).  Le  premier  résulte  de 
l’assemblage  plus  ou  moins  intime  de  quatre  pièces  , 
disposées  par  paires  de  chaque  côté  de  la  ligue  mé- 
diane; les  pièces  mitoyennes  portent  le  nom  de  ter- 
gurn , et  les  latérales  celui  de  flancs  ou  à’épimères. 
L’arceau  inférieur  se  compose  du  même  nombre  de 
pièces  ; les  deux  médianes  se  réunissent  pour  former 
le  sternum,  et  les  latérales  peuvent  porter  le  nom 
à’Épisternum,  à raison  de  leur  analogie  avec  celles  que 
M.  Audouin  a désignées  sous  le  même  nom  chez  les  Tn- 


(1)  PI.  I,  fig.  4- 

(2)  la  figure  théorique  de  la  composition  de  l'anlicau 
tégumentaire  des  Crustacés,  PI.  I.  fig-  3:  — t,  t,  pièces  tei-gales : 
— cm,  eniy  pièces  épimérieniies  ; — es,  er, pièces  épisternales;  s,  s, 
pièces  sternales. 


DES  CRUSTACÉS. 

sectes  (i)  ; elles  s’unissent  toujours  au  sternum , mais 
* existe  en  général,  entre  l’arceau  inférieur  et  l'épi- 
re  placé  au-dessus , un  espace  vide  destiné  à l’arti- 
cu  ation  du  membre  correspondant. 

ous  ne  connaissons  pas  d’exemple  d’un  anneau  où 
I uisse  distinguer  a la  fois  toutes  les  pièces  que 
ous  venons  d énumérer  ; tantôt  les  unes  manquent 
*up  etement,  et  il  existe  un  vide  à la  place  quelles  de- 
vraient occuper  (2)  ; tantôt  elles  sont  soudées  entre  elles 
maniéré  si  intime , qu’on  ne  voit  aucune  trace 
e eur  séparation;  mais,  en  étudiant  chacune  d’elles 
ou  elle  est  le  plus  distincte,  on  peut  s’en  former 
ne  idee  précise  et  la  reconnaître  ensuite  malgré  son 
union  avec  les  pièces  voisines.  Du  reste , quoique  cette 


du 

1820 


‘"“vaU  approfondi  et  comparatif  sur  la  structura 
et  imprimê’éTpartie  dan***?  “ l'Académie  des  sciences  le  i5  mai  1830 
M Audouin  Annales  des  sciences  naturelles,  t.  I, 

tuantes  d'un’an^  * déterminé  quelles  sont  les  parties  consti- 
sont  les  lois  du  corps  de  ces  animaux,  et  quelles 

Ofqanioups  "f  ! “ 1 arrangement  de  ces  mêmes  élémens 

au  smXnL  , ■ ^ «“e  «uniere  générale  l’application  de  sa  théorie 

'•lerches  n’n  ‘®S“'"entaire  des  crustacés.  Cette  partie  de  ses  re- 
M-  Cuvier  on^*  été  publiée;  mais,  d’après  le  rapport  de 

tuantes  du’soneîT.f  ’a  “ Principe  que  les  pièces  consti- 

lusectes  mi;.  ‘"'["stucés  se  retrouvent  toutes  dans  les 

uiicrs  ne' présen't''^f'^*^*  derniers  ont  de  plus  des  pièces  que  les  pre- 
•‘««■ale,  qie  „ , • , ^*0  “®“'  “"'^®  * conclusion  gé- 

“^smens , de  la  réw,'  j ^ ‘emblabU  ou  dissemblable  des 

rfe  division  des  pièces  qui  les  composent , du 

Que  dépendent  toui°^^l"'’‘j‘‘  ^ rudimentaire  des  autres, 

““'■«au*  articulés  ‘‘r  î'"  se  remarquent  dans  la  série  des 

U n’est  pas  . ®®  ‘1®®  sciences  naturelles,  t.  1,  p.  u6.) 

Vsi  existe  entre  ‘^®  démontrer  ici  l'analogie  de  structure 

Insectes  : nmjj  J.  ® squelette  extérieur  des  Crustacés  et  celui  des 
pareil  dans  Icsprem  *^  comparative  que  nous  allons  faire  de  cet  ap- 
de  ce  corollaire  fournit  un  grand  nombre  de  faits  à l’appui 

3,  et  PI  ,3  , , 
crustacés,  tome,  " ■ 


l8  histoire  tfATURElLE 

analyse  de  l’anneau  ne  soit  pas  toujours  praticable,  il 
n’en  est  pas  moins  vrai  quelle  facilite  beaucoup  l’é- 
tude du  squelette  extérieur  des  animaux  articulés, 
et  quelle  nous  permettra  souvent  de  constater  des 
analogies  frappantes  dans  ce  qui  semblait  au  pre- 
mier abord  n’ofirir  que  des  dissemblances. 

Pour  terminer  l’énumération  des  parties  consti- 
tuantes des  anneaux  tégumentaires  des  Crustacés , il 
nous  reste  encore  à parler  des  lames  que  l’on  voit  sou- 
vent s’élever  de  leur  face  interne  et  former  dans  leur 
intérieur  des  cellules  et  des  canaux.  Ces  cloisons  nais- 
sent toujours  des  points  de  soudure  de  deux  anneaux , 
ou  de  deux  pièces  voisines  d’un  même  segment,  et  cette 
disposition  leur  a valu  le  nom  ^npodèmes  ( Audouin  1. 
Elles  résultent  d’un  repli  de  la  membrane  tégumen- 
taire  qui  plonge  plus  ou  moins  profondément  entre  les 
orcanes  et  qui  s’encroûte  de  matière  calcaire  comme 
le  reste  du  test;  aussi  sont-elles  toujours  formées  de 
deux  lames  adossées  et  soudées  entre  elles  (i). 

^ JY.  De  la  portion  centrale  ou  annulaire  du  squelette 
tégunientaire. 

Voyons  maintenant  quelles  sont  les  principales  mo- 
difications que  subit  l’anneau  tégunientaire  du  Crus- 
tacé, soit  dans  les  espèces  dilïérentes,  soit  dans  les 
diverses  parties  du  corps  d’un  même  individu. 

On  distingue  en  général  chez  ces  animaux  une  tête^ 
un  thorax , et  un  abdomen  (2)  ; mais  les  limites  de  ces 


(1)  Voyez  la  figure  théorique  des  apodèmes  , PI.  1 , fig.  6 : et 

leur  disposition  chez  le  Blaïasquinado,  PI.  2,  fig.  g-iisetchezla 

Langouste,  PI.  23,  fig.  3. 

(2)  Quelquefois  on  désigne  cette  dernière  partie  du  corps  sous  le 


DES  CKUSTACÉS. 


19 

^■Djjions  ne  sont  pas  toujours  bien  fixées  par  U nature, 
c L 1 ne  convient  pas  d’attacher  à ces  distinctions  une 
op  scande  importance,  car  elles  ne  correspondent  pas, 
^jnnie  chez  les  Mammifères,  les  Oiseaux,  etc.,  à autant 
^ ca.iies  islinctesj  destinées  à loger  des  organes  dif, 
ens  , intérieur  du  corps  des  Crustacés  n’est  occupé 
seule  grande  cavité  viscérale,  et  les  organes 
1 s y trouvent  s’étendent  ordinairement  dans  toute 
sa  longueur.  Quoi  qu’il  en  soit , la  tête  est  la  partie  du 
lp!r*  porleles  yeux,  les  antennes  et  la  bouche (i); 

‘1'^'  ^onne  naissance  aux  pâtes  ambu- 
rcs  et  qui  lonferme  la  plus  grande  portion  des  vis- 
cres  ; il  est  souvent  confondu  avec  la  tête  (3)  et  ne 
^®lingue  quelquefois  de  l'abdomen  que  par  la  posi- 
tion des  organes  générateurs  qui  chez  le  mâle  en  occu- 
pent ordinairement  le  dernier  segment.  Enfin,  l’abdo- 
men fait  suite  au  thorax  pour  se  terminer  par  l’anneau 
qui  porte  1 anus  (4)  ; celte  partie  du  corps  est  aussi , 
■ ns  la  plupart  des  cas , pourvue  de  membres  comme 
e thorax  , mais  leur  forme  est  presque  toujours  très- 
uilierente. 


Pfolongeniens’  aT„  “ ’ “"'^1  q»®  les 

‘“«ion  desprinr  « l’anus.  Guidés  par  la  si- 

‘‘'“fdomenL  «sceres,  quelques  auteurs  ont  donné  le  nom 

“l>domcn-  mais  a -*’  f * post-abdomen  à ce  que  nous  appelons 

‘été  comme  un  f®  P"‘*e‘Pes,  il  faudrait  considérer  aussi 
le  thorax  et  l’al^**'  ‘iomen  ; car  elle  loge  les  mêmes  viçcéres 
««ployées , pourvu  l'l’“  les  dénominations 

“^yes  diverses  ^ ^“e  le»  limites 

q“i  “Ppartiennenr  1*“®  eoiistantes,  et  que  des  anneaux 

a composijiij^  I ‘‘‘orax  de  telle  espèce  peuvent  entrer  dans 
(G  1*1.  1,  liç.  . ® ‘*1®  de  telle  autre,  et  vice  versa. 

14)  PI.  I,  lig,  ^ 

’ 'S'  2,  i,  O ; PI.  3,  fig.  2,  k,  et  lig.  5 et  G. 


a. 


•0  RtSTOlRS  NATURRtLE 

D’après  ce  que  nous  avons  dit  au  commencement  de 
ce  chapitre,  relativement  à la  marche  suivie  par  la 
nature  dans  le  perfectionnement  des  êtres,  on  pour- 
rait s’attendre  à trouver,  à l’extrémité  inférieure  de  la 
série  formée  par  les  animaux  dont  nous  nous  occupons 
ici,  des  espèces  dont  tous  les  anneaux  constituans  du 
corps  seraient  semblables  entre  eux,  tant  par  leur 
forme  et  leur  structure  que  par  leurs  fonctions  ; puis 
à les  voir  devenir  de  plus  en  plus  disparates , et  servir 
chacun  à des  usages  particuliers.  C’est,  en  effet,  la 
tendance  que  l’on  remarque  lorsqu’on  compare  entre 
eux  les  divers  Crustacés;  mais  ces  animaux  ne  nous 
offrent  d’exemple , ni  de  cette  extrême  uniformité,  ni 
de  ce  maximum  de  complication. 

Les  Edriophthalmes  sont  du  nombre  de  ceux  dont 
les  divers  anneaux  du  corps,  en  même  temps  que  leur 
volume  et  leur  texture  nous  permettent  de  les  étu- 
dier facilement , présentent  le  plus  de  similitude  et 
de  simplicité.  Si  l’on  examine  certaines  espèces  de 
Crevettes  (i) , on  voit  à l’extrémité  antérieure  du  corps 
une  tête  que  l’analogie  nous  porte  à regarder  comme 
étant  formée  de  plusieurs  anneaux  soudés  et  confon- 
dus en  un  seul  tronçon,  puis  une  série  de  quatorze  seg- 
mens,  articulés  bout  à bout  de  manière  à pouvoir  exé- 
cuter certains  mouvemens,  assez  semblables  entre  eux, 
et  portant  tous,  à l’exception  du  dernier,  qui  est  rudi- 
mentaire, une  paire  de  membres.  Les  sept  anneaux 
qui  suivent  la  tête  constituent  ici  le  thorax , et  les 
sept  derniers  l’abdomen  ; tous  sont  étroits  d’avant  en 
arrière,  un  peu  comprimés  latéralement,  et  formés 


■ (I)  PI.  I,  fig.  2. 


21 


SES  CRUSTACÉS. 

dun  arceau  supérieur  et  d’un  arceau  inférieur  sé- 
pares par  l’insertion  des  membres.  L’arceaxi  ventral 
est  peu  développé,  et  ne  montre  aucune  trace  de 
ivision  ; mais  le  dorsal  est  plus  grand , et  on  y dis- 
tingue en  général , trois  pièces , l’une  médiane  formée 
par  a réunion  des  deux  pièces  tergales,  et  deux  latérales 
qui  constituent  des  espèces  de  lames  clypéiformes,  et 
ne  sont  autre  chose  que  les  épimèrcs{i).  Enfin , à l’in- 
terieur , ces  aimeaux  ont  une  structure  aussi  simple 
qua  1 extérieur,  et  ne  présentent  aucune  trace  d’apo- 
èmes.  Quant  à la  tète,  elle  ne  constitue  qu’un  seul 
tronçon  et  ne  laisse  apercevoir  aucune  trace  de  divi- 
sion ; mais  néanmoins  on  doit , ainsi  que  nous  espé- 
rons le  démontrer  plus  tard,  la  considérer  comme  com- 
posée de  sept  anneiiux  confondus  entre  eux,  de  m.anière 
« n’étre  reconnaissables  que  par  les  membres  qui  en 
naissent. 

Dans  tous  les  autres  Édriophthalmes  la  structure  de 
I enveloppe  tégumentaire  du  corps  est  essentiellement 
3 meme  que  chez  les  Crevettes  ; les  divers  anneaux 
qui  la  composent  présentent  la  même  uniformité  et 
autant  de  simplicité  ; mais  leur  nombre  apparent  et 
^aur  orme  varient  un  peu.  Ainsi , chez  la  plupart 
et  septième  segment  de  l’abdomen  disparait 

^ inanquer  plutôt  que  d’être  confondu  avec 

ce  sbT  ““  grand  nombre  d’Isopodes 

®uneau  abdominal  prend  un  grand  déve- 
lient  entr  * ceux  qui  sont  situés  au  devant  se  sou- 
trois,  deux  ® u®  paraître  constituer  que 

uu  meme  un  seul  segment  (2)  ; chez  les  Læ- 


22  IHSTOtRE  NATURELLE 

mipodes  tous  les  anneaux  tle  l’abdomen  deviennent  ru- 
dimentaires et  neforment  plus  qu’une  espèce  de  tuber- 
cule , tandis  que  les  six  derniers  segmens  thoraciques 
sont  grands,  semblables  entre  eux  et  bien  distincts  ; 
mais  l’anneau  qui  chez  la  plupart  des  Amphipodes  et 
des  Isopodes  s’articulait  avec  la  tête  , se  soude  ici  com- 
plètement avec  elle  et  ne  peut  plus  en  être  distingué. 
Chez  quelques  Isopodes  et  Amphipodes  on  ne  trouve 
aussi  que  six  anneaux  thoraciques  distincts  ; et  la  tête, 
qu’on  peut  regarder  alors  comme  étant  formée  parles 
huit  premiers  anneaux,  porte  tous  les  membres  qui 
leur  correspondent.  Enfin  il  est  des  Cyclopes  et  quel- 
ques autres  Crustacés  où  cette  fusion  est  portée  en- 
core plus  loin,  et  où  le  thorax  ne  semble  être  formé 
que  de  cinq , quatre  ou  même  trois  tronçons  , tous  les 
anneaux  qui  les  précèdent  étant  confondus  dans  la 
tête  ou  unis  entre  eux. 

Quant  à la  forme  et  la  structure  des  anneaux  , ces 
divers  Crustacés  ne  présentent  rien  de  tres-remarqua- 
ble;  chez  les  Læmipodes , toutes  les  pièces  qui  les  com- 
posent sont  confondues  au  point  de  ne  pouvoir  être 
distinguées  , et  chaque  segment  a la  forme  d’un  cylin- 
dre ; chez  les  Isopodes  et  les  Amphipodes  le  corps  est 
tantôt  déprimé,  tantôt  aplati  latéralement,  et  les  an- 
neaux qui  en  forment  la  partie  abdominale  laissent 
apercevoir  seulement  des  traces  de  l’union  des  deux 
arceaux  dont  ils  sont  composés,  tandis  que  dans  les 
anneaux  thoraciques  on  distingue  aussi  le  tergum 
des  épimères. 

Enfin  nous  ajouterons  que  dans  certaines  espèces 
d’ Amphipodes  les  deux  moitiés  latérales  du  septième 
anneau  abdominal  ne  se  réunissent  pas  sur  la  ligne 
médiane  comme  dans  les  autres  segmens  du  corps,  et 


DES  GnUSTAGÉS. 

quil  prend  alors  la  forme  de  deux  petites  lames  cors 
nees  ou  de  deux  appendices  styliformes,  disposition 
tres-curieuse  en  ce  qu’elle  offre  un  exemple  frappant 
de  la  division  d’un  anneau  en  deux  moitiés  symétri- 
ques et  latérales (i). 

Telles  sont  les  principales  modifications  de  l’enve- 
oppe  tégumentaire  du  corps  dans  les  Crustacés  où 

e présente  en  même  temps  le  plus  de  simplicité  et 
d uniformité.  Si  nous  allons  maintenant  à l’extrémité 
opposée  de  la  série  formée  par  ces  animaux  , nous 
rencontrerons  une  disposition  toute  différente,  et  au 
premier  abord  on  pourra  croire  que  le  squelette  tégu- 
uientairedes  espècesles  plus  élevées  est  composé  d’élé- 
mens  tout  autres  que  ceux  que  nous  venons  de  signa- 
ler ; mais  une  étude  plus  approfondie  de  ces  parties 
conduit  à l’opinion  contraire  , et  montre  que  les  prin- 
cipales difiérences  dépendent  du  développement  ex- 
cessif de  quelques-unes  de  ces  pièces,  tandis  que  d’au- 
tres sont  devenues  rudimentaires. 

Dans  les  Grâbes  , par  exemple  , le  corps,  au  lieu 
dêtre  formé  par  une  longue  série  d’anneaux  assez 
semblables  entre  eux  , mais  bien  distincts  et  articulés 
^|out  à bout , ne  paraît  composé,  presqu’en  entier,  que 
^ une  seule  masse  céphalo-thoracique , recouverte 

une  grande  voûte  qui  descend  jusqu’à  la  hase  des 
P®tes,  et  qui  constitue  une  espèce  de  carapace  (2)  ; l’ab- 
Fd  ■ divisé  en  segmens  , comme  chez  les 

®phthalmes  (3),  tandis  qu’au  premier  ahord  le  reste 

(■)  Cela  SB  V ■ 

custeL,  etc  • Crevette  d'Othon  E,  la  Crevette  lo- 

3es  Septièra'eiT'^s**  ’ plupart  des  Amphipodes , ces  rudimens 

( PI.  I,  lie  abdomitiaui  manquent  complètement. 

(2)  PI,  3,  fiff. 

(3) P1.3,fig.5. 


HISTOIRE  naturelle 


du  corps  ne  semble  former  qu’un  seul  tronçon  ; mais, 
si  on  l’examine  avec  plus  de  soin,  on  s’aperçoit  que  ces 
différences  sont  moins  grandes  qu’on  ne  l’avait  pensé , 
car  au-dessous  de  cette  enveloppe  clypéiforme  on 
distingue  une  série  d’anneaux  thoraciques , à la  vérité 
soudés  entre  eux,  mais  néanmoins  bien  distincts  et 
visibles  à la  face  inférieure  des  corps  (i).  Ces  anneaux 
sont  en  grande  partie  recouverts  par  la  carapace,  et 
leur  paroi  supérieure  est  complétée  par  elle  au  lieu 
d’être  fermée  par  le  tergum  qui  viendrait  se  souder 
aux  bords  supérieurs  des  épimères  , comme  cela  a 
lieu  dans  l’abdomen  de  ces  animaux  et  dans  toutes  les 
parties  du  corps  chez  les  Edriophthalmes  (2). 

Lorsqu’on  étudie  d’une  manière  comparative  le 
squelette  extérieur  des  Crustacés,  on  doit  donc  se 
demander  si  ce  grand  bouclier  dorsal , dont  on  n’a- 
perçoit aucune  trace  chez  les  Amphipodes,  les  Iso- 
podes,  etc. , est  un  organe  particulier  aux  Décapodes 
et  à quelques  autres  Crustacés , et  une  création  toute 
nouvelle,  ou  bien  si  les  pièces  dont  il  est  formé  exis- 
tent, mais  moins  développée  chez  tous  les  animaux 
de  cette  classe  ; et , dans  ce  dernier  cas , on  devra 
chercher  si  la  carapace  est  le  résultat  de  la  soudure 
et  de  l’extension  latérale  des  pièces  dorsales  de  tous 
les  anneaux  qu’elle  recouvre  , ou  si  elle  n’est  composée 
que  de  l’arceau  supérieur  des  anneaux  céphaliques  , 
qui  aurait  acquis  un  développement  extraordinaire , 
et  se  serait  prolongé  jusqu’à  l’origine  de  l’abdomen. 

D’après  l’étude  des  Crabes  et  des  autres  Décapodes, 
il  serait  peut-être  impossible  d’arriver  avec  quelque 


(1)  Pl.  3,  fig.  2/. 

(2)  Pl.  3,  iig.  3. 


DES  CnUSTACÉS.  2$ 

certitude  à la  solution  de  cette  question  ; mais  l'exa- 
men comparatif  de  quelques  autres  Crustacés  nous 
paraît  y conduire. 

En  effet , chez  les  Nébalies  et  les  Apus,  par  exem- 
ple , on  voit  aussi  im  grand  bouclier  dorsal  qui  recou- 
vre toute  la  partie  antérieure  et  moyenne  du  corps  , 
de  maniéré  à confondre  la  tête  avec  le  thorax  ; mais 
ICI , bien  que  la  carapace  s’étende  sur  les  anneaux  tho- 
raciques , ceux-ci  n’en  sont  pas  moins  parfaitement 
distincts  d elle  et  clos  en  dessus  comme  chez  les  Édrio- 
phthalmes,  etc.  L’existence  de  cette  grande  lame  cly- 
péiforme  est  entièrement  indépendante  de  celle  des 
segmens  qui  composent  le  thorax , et  elle  n’est  évidem- 
ment qu’un  prolongement  de  la  partie  dorsale  de  la 
tête. 


Dans  les  Alimes  et  les  Ericlithes,  la  carapace  recou- 
vre aussi  la  presque  total!  té  du  thorax;  mais  elle  se  soude 
avec  les  anneaux  thoraciques  antérieurs , de  manière  à 
compléter  supérieurement  leurs  parois,  et  les  trois 
derniers  segmens  seulement  conscrvcntleür  intégrité  et 
leurindépendance.  Dans  le  genre  Mysis,  cette  union  du 
bouclier  céphalique  avec  le  thorax  est  portée  encore 
plus  loin , et  il  n’existe  plus  dans  cette  dernière  partie 
U corps  que  deux  anneaux  qui  en  soient  distincts.  En- 
D5  chez  les  Décapodes,  le  développement  delà  cara- 
pace est  tel  que  la  voûte  qu’elle  forme  recouvre  tout  le 
hoîte^  ' *icscend  en  dehors  des  flancs  de  manière  à l’em- 
complètement  -,  et  tient  lieu  de  parois  supé- 


rieures à 1 ’ 

comi  anneaux  dont  cette  partie  du  corps  se 


compose. 
D’après 


les  An  ^^^amen  comparatif  de  la  carapace  chez 

podes  on  , les  Stomapodes  et  les  Déca- 

’ peut  donc  conclure  que  ce  grand  bouclier 


ai6  HISTdlRB  NATUHEBLE 

dorsàl  est  un  prolongement  de  r.irceau  supérieur  d’un 
ou  de  plusieurs  anneaux  céphaliques  qui  aura  chevau- 
ché sur  le  thorax  , et  que  la  grande  difîerence  que  l’on 
remarque  d’abord  entre  la  structure  d’un  Crabe , par 
exemple  , et  d’un  Édriophlhalrae,  dépend  en  majeure 
partie  de  ce  que  cette  dernière  partie  du  corps,  au  lieu 
d’étre  libre  et  indépendante  des  anneaux  qui  le  précè. 
dent  a été  pour  ainsi  dire  entraînée  dans  l’intérieur  de 
la  tête , où  tousses  élémens  constituans  se  sont  soudés 
ensemble. 

Si  l’on  pousse  celte  investigation  plus  loin , et 
si  l’on  cherche  , soit  à connaître  la  composition  ana- 
tomique de  cette  carapace,  soit  à déterminer  si  elle 
appartient  à l’ensemble  de  la  tête  ou  bien  à une  partie 
spéciale  de  cette  portion  du  corps,  c’est  encore  à l’é- 
tude comparative  d’un  certain  nombre  de  Crustacés 
difiérens  qu’il  faudra  avoir  recours. 

Dans  les  Crabes , les  Écrevisses  et  les  autres  Déca- 
podes , presque  tous  les  anneaux  céphaliques  sont  sou- 
dés entre  eux  de  manière  à ne  pouvoir  être  distingués, 
et  à ne  former  avec  la  carapace  qu’un  seul  tronçon. 
Mais  chez  certains  Stomapodes,  tels  que  les  Squilles, 
la  tête  est  divisée  en  plusieurs  segmens  distincts  (i)  ; 
les  deux  premiers,  anneaux  Vophlalmique  et  \’an- 
tennulaire , sont  mobiles  et  peu  développés  ; le  troi- 
sième et  le  quatrième  anneaux  sont  au  contraire 
très-grands , et  confondus  entre  eux  en  un  seul  seg- 
ment que  nous  appellerons  antenno-maxillaire.  Or, 
la  carapace  occupe  la  portion  dorsale  du  tronçon 
formé  par  cette  soudure,  et  se  prolonge  au-dessus 
des  six  anneaux  suivans  ; mais  ces  derniers  segmens 


tl)  PI.  1 , lig.  I ; et  PI.  a,  fig.  1-8. 


DES  crustacés; 


sont  presque  rudimentaires  , et  bien  qu’ils  se  soudent 
au  bouclier  céphalique , ils  en  paraissent  encore  assez 
distincts.  Enfin , les  quatorze  anneaux  suivans  n’ont 
plus  rien  de  commun  avec  la  carapace  ou  avec  la  tète, 
et  appartiennent  au  tborax  et  à l’abdomen.  11  en  ré- 
sulte que  chez  ces  animaux , cette  espèce  de  bouclier 
dorsal  est  évidemment  une  dépendance  du  troisième 
ou  quatrième  anneau  céphalique  ■;  et,  par  analogie,  on 
peut  conclure  qu’il  en  est  de  même  pour  les  autres 
Crustacés.  En  eflét,  chez  les  Alimes  , où  la  carapace 
s étend  sur  la  portion  antérieure  de  la  tète  en  forme 
de  rostre,  on  voit  néanmoins  que  les  deux  premiers 
anneaux  céphaliques  en  sont  parfaitement  distincts, 
et  chez  certains  Décapodes  le  premier  anneau  ne  s’est 
pas  encore  complètement  confondu  avec  elle.  Quant  à 
la  question  de  savoir  si  la  carapace  est  un  pro- 
longement de  l’arceau  supérieur  du  troisième  ou  du 
quatrième  anneau,  nous  ne  connaissons  aucun  fait 
qui  en  fournisse  la  solution;  mais,  d’après  sa  com- 
position, on  est  porté  à croire  que  c’est  à l’un  de 
ces  anneaux  seulement,  et  non  aux  deux  qu’elle  ap- 
partient. 


En  eflet , dans  l’œuf  de  l’Écrevisse , comme  l’a  fait 
■ Eatbke , elle  est  d’abord  formée  de  trois  parties 
inctes , qui  viennent  se  réunir  entre  elles  pour  con- 
^Jtuer  une  seule  lame  continue  ; une  de  ces  pièces 
deixx^*^  médiane,  et  représente  évidemment  les 

dans  réunis  qui  occupent  la  même  place 

Édri  supérieur  des  anneaux  thoraciques  des 

fl  ' les  autres  sont  latérales  et  doivent  être 

ces  comme  les  analogues  des  épimères.  Dans  l’É- 
. P ’ ces  pièces  sont  complètement  soudées 

.c  es , mais  pn  peut  encore  les  distinguer  par  les 


HISTOIKE  NATURELLE 


28 

sillons  qui  occupent  leur  point  de  jonction  (i)*  Les 
deux  pièces  latérales  sont  très-développées , et  se  réu- 
nissent sur  la  ligne  médiane  dans  la  moitié  posté- 
rieure de  la  carapace , tandis  qu’antérieurement  elles 
sont  séparées  par  le  tergum.  Enfin , à sa  partie  anté- 
rieure et  inférieure,  la  carapace  est  complétée  par  les 
arceaux  inférieurs  des  divers  anneaux  qui  constituent 
la  portion  céphalique  du  corps  ; mais  en  général  ces 
pièces  sont  rudimentaires  et  entièrement  confondues 
entre  elles. 

Chez  d’autres  Décapodes  de  la  famille  des  Bra- 
chyurcs,  la  disposition  qui  est  transitoire  dans 
l’Ecrevisse,  devient  permanente , et  la  carapace  reste 
toujours  formée  de  trois  pièces  distinctes  ; mais,  chez 
tous  ces  Crustacés,  les  épimères  sont  très-peu  dé- 
veloppées, tandis  que  le  tergum  prend  une  exten- 
sion énorme  (2)  ; il  s’étend  jusqu’à  l’abdomen , re- 
couvre les  épimères  dans  toute  leur  longueur,  et  con- 
stitue la  presque  totalité  de  la  carapace.  On  peut 
même  dire  que  les  principales  difi'érences  qu’on  ren- 
contre dans  la  forme  et  la  disposition  de  ce  grand 
bouclier  dorsal  chez  les  Brachyures  et  les  Macroures, 
dépendent  des  variations  dans  la  grandeur  relative  de 
ces  trois  pièces  constituantes. 

En  étudiant  ainsi  la  carapace , dans  son  ensemble , 
aussi  bien  que  dans  ses  élémens,  on  parvient  à rap- 
porter aux  règles  de  l’organisation  normale  des  Crus- 
tacés , non -seulement  les  dernières  modifications 


(O  PI.  I,  fig.  8,  carapace  d'Écrevisse:  a,  pièce  tergale  ; — 
b , épiraère. 

(2)  PI.  I,  fig.  9,  carapace  d’un  Atélécycle  : a,  pièce  tergale; 
— b,  b,  pièces  épiinériennes  : — c,  arceau  inférieur  des  premiers  an- 
neaux céphaliques  unis  en  avant  et  sur  les  côtés  avec  la  carapace 


DES  CRUSTACÉS.  2Q 

plus  OU  moins  remarquables  dont  nous  venons  de 
parler,  mais  aussi  la  structure  en  apparence  si  bi- 
zarre de  certains  Entomostracés  dont  tout  le  corps 
ci  dans  une  espèce  de  coquille  bivalve. 

ez  les  Daphnies  , par  exemple,  la  portion  occipi- 
^a  e e a tete,  distincte  de  la  frontale,  est  confondue 
vec^  e reste  du  corps , et  la  carapace  qui  en  naît  pa- 
t etre  réduite  aux  epimères,  dont  le  développement 
serait  excessif,  car  ces  pièces  se  joignent  au-dessous 

commeau-dessusducorps,  et  constituent  deux  valves, 
entre  lesquelles  celui-ci  est  renfermé.  Enfin  , chez  les 
ypns,  cette  disposition  est  portée  encore  plus  loin, 
es  âmes  épimeriennes  de  la  carapace , réunies 
la  téU  charnière , cachent  aussi 

Dans  les  Crustacés  où  le  corps  présente  le  moins 
uni  ormite,  tels  que  le  Crabe  commun,  le  thorax  (i) 
dit.  visible  i l-evléHeu" 

ureraent,  et  se  trouve  comme  englobé  dans  le 
S'rand  bouclier  dorsal,  résultant  du  développement 
excessif  de  l’arceau  supérieur  du  segment  céphalique 


qae  j'ai  publié  en  commun  avec  M.  Audouin, 

«iptL'romSe  rr 

^liyures  et  Mari-  “®^''“‘^^“reduthoraxchezlesDêcapodes,Bra- 

Audouin  ^in  * da»s  «ne  note  de 

‘Comparée  i dans  la  traduction  française  de  l'Anatomie 

^wre  naturell^  à (t-  2,  p.  i36)  , et  dans  le  llésumé  del'his- 

tativc  (p^  1021*  M*  > faisant  partie  de  l’Encyclopédie  por  ■ 

longue  de  cett  avait  déjà  donné  une  description  assez 

formant  un  seul  t ''^***' ' savant  considère  le  thorax  comme 

culiers.lesdiverrv’  distingue  pas,  sous  des  noms  parti- 

énumère sont-ils  tr'7-n"*  constituent  : aussi,  les  détails  qu’il 

d’anatomie  comnaX  * comprendre.  (Voyez  son  Traité 

t.  a,  p.  i36.) 


HISTOIRE  NATURELLE 


3(J 

antenno-maxillaire  ; mais,  si  on  le  dépouille  de  cette  en- 
veloppe, on  voit  qu’il  est  formé  par  une  série  d’anneaux 
comme  chez  les  Edriophthalmes,  seulementcessegmens 
thoraciques  sont  incomplets  et  tous  soudés  entre  eux  : 
ils  sont  dépourvus  de  pièces  ter^ales,  et  il  existe  un 
espace  vide  entre  les  bords  supérieurs  des  épimères. 
Enfin , chez  les  Crustacés  des  ordres  inférieurs , la  face 
intérieure  de  ces  anneaux  ne  donne  naissance  à aucune 
apodème,  tandis  qu’ici  il  s’en  élève  un  nombre  con- 
sidérable de  lames  cornées , qui  se  réunissent  entre 
elles  de  diverses  manières  , et  en  compliquent  singu- 
lièrement la  structure  ; aussi,  pour  les  décrire  avec 
exactitude  , serons-nous  obligés  d’entrer  dans  quel- 
ques détails  qui  pourront  paraître  minutieux. 

Les  anneaux  thoraciques  des  Crabes  présentent  un 
développement  considérable;  ils  sont  au  nombre  de 
cinq  (•),  et  leurs  arceaux  inférieurs  constituent,  par 
leur  réunion,  une  espèce  de  ])Ouclier  ventral  qui  pro- 
tège la  partie  inférieure  du  corps,  comme  la  carapace  en 
protège  la  face  supérieure  (2).  Ce  plastron  sternal  est 
à peu  près  horizontal  et  presque  circulaire;  de  chaque 
côté  de  ses  bords  on  voit  une  série  d’ouvertures  oui 

X 

donnent  insertion  aux  membres,  et  qui  le  séparent 
des  flancs  ainsi  que  du  bord  inférieur  de  la  carapace  ; 
en  avant  il  se  termine  presqu’en  pointe,  à peu  de 
distance  de  la  bouclie , et  en  arrière  on  y remarque 
une  grande  échancrure  où  s’insère  l’abdomen.  Les 


(1)  La  portion  du  corps  appelée  thorax  est,  comme  nous  l’avons 
déjà  dit,  celle  qui  porte  les  pâtes  ambulatoires.  Or,  le  nombre  de 
ces  membres  étant  chez  les  Crabes  de  cinq  paires , on  ne  doit 
compter  que  cinq  anneaux  thoraciques  ; mais  cette  division  entre 
le  thorax  et  la  tête  est  tout-à-fait  arbitraire. 

(2)  PI.  3,  fig.  2,  3 et  4 : éT'  pièces  sternales  des  quatre 

derniers  anneaux  ; b,  d,  f,  h,  pièces  épisternales. 


»ES  CRUSTACÉS.  3l 

cinq  ahûeaüx  du  thorax  forment  à eux  seuls  la 
presque  totalité  du  plastron,  et  un  petit  sillon  li- 
néaire dirigé  transversalement  indique  le  point  de 
eur  soudure  ; sur  un , deux  , ou  même  trois  des  plus 
postérieurs,  on  aperçoit  aussi  une  ligne  longitudi- 
na  e qui  les  divise  en  deux  parties  égales , et  qui 

resu  te  e a soudure  des  deux  pièces  sternales  du  même 
anneau;  mais  sur  les  autres  segmens  on  ne  distingue 
ucune  trace  de  leur  division  médiane.  Ces  pièces  s ter- 
nales  occupent  toute  la  largeur  du  plastron;  cependant 

«l'autJ  ■l'rox,  onvoildel’un 

V'  • ^ petite  pièce  triangulaire  oui  est 

lepisternum.  L’arceau  inférieur  des  trôL  J 

ils  sont  peu  dévpln«^.i„  . i steinal;  mais 

qu’on  a de  la  neine^M  ’ 

premier  des  huit  an  ‘^^uiguer.  Enfin , entre  le 

tion  et  le  >>  “°eaux  dont  il  vient  d’être  ques- 

on  tron  Posteneur  de  l’ouverture  bucLle, 

sont  s '’^/ticore  les  vestiges  de  deux  anneaux  qui 

» la  formT-  "‘"'j  mais  ne  concourent  pas 

formation  du  plastron.  ^ 

on  irvtd 

oinq  del  ’ entre  eux,  et  si  les 

>^yan  t des  7 P“«  “«ertion  à des  membres 

premier^t’*^*''  différens  de  ceux  des 

distino-op  ’ ^ aurait  aucune  raison  pour  les 

partenant  i regarder  les  premiers  comme  ap- 

L’arc.™  1“  ■ '*  ttora.. 

pWiques  et  th  P»s‘-I>“ccaM,  cé- 

médiane  et  interrompu  sur  la  ligne 

lormé  que  par  les  deux  épimères  ; 


HISTOIKE  NATURELIiE 


3a 

mais  ces  pièces  sont,  pour  la  plupart,  très-déve- 
loppées,  et  se  soudent  entre  elles  de  manière  à con- 
stituer de  chaque  côté  une  voûte  oblique  dont  le 
bord  supérieur  est  fixé  à la  carapace  au  moyen  de 
fibres  charnues,  et  dont  le  bord  inférieur  est  semi- 
circulaire,  et  séparé  du  plastron  sternal  par  les  mem- 
bres correspondans  (i).  Dans  l’état  naturel  la  face 
supérieure  et  externe  de  la  voûte  des  flancs  est 
recouverte  par  les  branchies , et  cachée  sous  les  par- 
ties latérales  de  la  carapace;  on  y distingue  des  lignes 
transversales  dans  les  points  où  les  huit  segmens  qui 
la  constituent  se  sont  soudés  entre  eux;  et  à la  partie 
antérieure  et  inférieure  de  l’épimère  de  l’anté-pénul- 
tième  anneau  et  du  segment  précédent , il  existe  un 
grand  trou  circulaire  qui  sert  à l’implantation  des 
branchies  correspondantes  (2). 

A la  face  inférieure  et  interne  des  flancs , entre  cette 
voûte  et  le  plastron  sternal , on  trouve  un  grand  nom- 
bre de  lames  verticales  qui  se  réunissent  entre  elles 
de  manière  à former  deux  rangées  de  cellules  transver- 
sales placées  l’une  au-dessus  de  l’autre  ; l’ouverture 
interne  de  ces  loges  est  située  sur  les  côtés  de  la  grande 
cavité  viscérale  qui  occupe  le  milieu  du  thorax,  et  l’ex- 
terne placé,  entre  les  flancs  et  le  sternum,  donne  inser- 
tion aux  membres  (3).  Si  l’on  examine  ces  lames  verti- 
cales avec  plus  d’attention,  on  verra  que  leur  forme 
])eut  varier , mais  que  leur  position  est  constante  ; elles 
naissent  toutes  des  lignes  de  soudure  des  diverses  pièces 
constituantes  du  thorax , et  sont  ce  qu’on  a])pelle  des 


(1)  PI.  a,  fig.  1 1 , e ; et  PI.  3,  fig.  3. 

(2)  PI.  2 , fig.  g,  ft  J Pi.  3 , fig.  3 , hh. 
(3j  Pi.  a,  fig.  ji,  c. 


DES  CRUSTACÉS.  33 

<^podèmes.  Les  unes  ont  leur  origine  sur  le  point  de 
reunion  des  épimères  entre  elles , et  peuvent  être  dé- 
signées sous  le  nom  (L’apodèmes  épimeriens  ; les 
autres  appartiennent  à l’arceau  inférieur  et  s’élèvent 
es  soudures  des  sternums  ; nous  les  appellerons  par 
coméquent  des  apodètnes  sternaux. 

est  entre  le  dernier  et  l’avant-dernier  ou  quatrième 
anneau  du  thorax  que  la  disposition  de  ces  cloisons  est 
a plus  simple.  L’apodèrae  sternal  se  porte  directe- 
ment en  haut , pour  se  réunir  à l’apodème  épimérien 
correspondant  ( i)  ; son  extrémité  supérieure  et  externe 
( >■)  se  joint  a l’angle  externe  de  l’épimère  située  au-des- 
sus (e) , de  manière  à compléter  dans  ce  point  les  cadres 
articulaires  où  s’insèrent  les  deux  dernières  pâtes  (2)  ; 
enün  son  bord  supérieur  estlibre  vers  l’angle  externe  (tj* 
mais  dans  le  reste  de  son  étendue  il  est  soudé  au  bord 
inferieur  de  l’apodème  épimerien  placé  au-dessus  (e). 
Lette  dernière  lame  osseuse  présente  à peu  près  la 
même  disposition  ; seulement  elle  ne  concourt  pas  à la 
formation  du  cadre  articulaire , et  ne  descend  pas  au- 
dessous  du  niveau  du  bord  inférieur  de  la  voûte  des 


l'aciniio  ,1  !■  > doison  qui  sépare  le  dernier  anneau  tho- 

paroi  TinQt  ; dans  le  Maïa  squinado  ; de  ce  côté , la 

pour  la  cellule  de  la  dernière  pâte  a été  enlerce 

Oî.  flanc  • _!'/  de  cette  cloison.  — b , sternum  ; — 

rienue  alVm/  ' j Inrcique  postérieure;  — e,  apodème  épimé- 
oorrespondan  ® l®  selle  turcique  et  à l’apodéme  sternale 

sonnaire.  ' d > apodème  sternale; — g,  trou  intercloi- 

(a)  Pl,  £j 

sternales  dont  latérale  du  thorax  du  Maïa.  — a"  -a^,  pièces 

épisternales- * ■'éunion  constitue  le  plastron;  — 4-4,  pièces 

flancs,  — rfs’,  .J  ^l’^ooeres  dont  la  réunion  forme  la  voûte  des 
dernier  anneau  'tho™*^  ,®*emale  s’élevant  entre  le  dernier  et  l’avant- 
sertiondes  pâtes  cadre  articulaire  destiné  à l’in- 


cRüstacés  , tome  1. 


3 


HISTOinE  NATURELLE 


34 

flancs  ; son  extrémité  externe  vient  se  joindre  à l’apo- 
dème  sternal  dans  le  point  où  celle-ci  s’unit  à l’épi- 
mère  ; sa  partie  moyenne  est  également  soudée  à cette 
apodème;  mais,  entre  cette  partie  de  son  bord  et  son 
angle  externe,  il  reste  libre  de  toute  adhérence,  et 
donne  ainsi  naissance  à un  trou  (§■)  qu’on  a nommé  in- 
tercloisonnaire  (i);  enfin  l’extrémité  interne  de  cette 
apodème  s’unit  à la  selle  turcique  postérieure  (</). 

Les  cloisons  qui  séparent  entre  eux  les  autres  an- 
neaux thoraciques  ne  présentent  pas  exactement  la 
même  disposition. 

L’apodème  sternal  qui  naît  du  bord  postérieur  du 
dernier  segment  du  thorax  (3)  s’élève  comme  celle  dont 
nous  venons  de  parler,  et  va  se  confondre  avec  l’épimère 
correspondant  ; mais,  au  lieu  de  se  porter  transversale- 
ment en  dedans  ctde  s’arrêter  à une  certainedistance  de 
la  ligne  médiane,  elle  se  dirige  obliquement  en  dedans  et 
en  avant,  se  réunit  à celle  du  côtéopposé,  devient  en- 
suitehorizontale,  et  constitue  une  petite  voûte  transver- 
sale qui  a reçu  le  nom  de  selle  turcique  postérieure  (a)  ; 
la  portion  externe  du  bord  supérieur  de  cette  lame  est 
toujours  en  partie  libre  , et  forme  , en  se  réunissant 
avec  l’épimère,  un  trou  triangulaire  (fig.  g,  A)  ; son  ex- 
trémité antérieure  et  externe  se  soude  au  bord  interne 
des  cloisons  des  anneaux  précédons , et  k sa  face  infé- 
rieure est  unie,  sur  la  ligne  médiane,  à une  apodème 
impair  qui  naît  de  la  ligne  de  soudure  des  deux  moi- 


(1)  Voyez  les  Recherches  sur  la  circulation  dans  les  Crustacés , déjà 
citées. 

(2)  Audouin  et  Edwards,  op.  cil.  ( Foyez  PI.  2,  fig,  9,  d ; PI-  3, 
Cg.  3,  c,  ) 

(3;  PI.  2,  fig.  ÿj. 


UES  CRUSTACÉS.  35 

ties  du  sternum  du  dernier  segment  tlioracique  (i).  H 
n existe  point  sur  cet  anneau  d’apodèmes  épimériens 
istincis  , et , comme  nous  l’avons  déjà  dit,  l’apodème 
' se  réunit  immédiatement  à l’épimère  elle- 
une.  Enfin  1 espace  compris,  d’une  part,  entre  les 
eux  c oisons  dont  nous  venons  de  parler , et , de  l’au- 
be , entre  le  sternum  et  les  flancs  du  dernier  segment 
t orax  , ne  constitue  de  chaque  côté  du  corps 

qu  une  seule  cellule  (m). 

Dans  les  autres  anneaux  thoraciques,  il  existe  au 
ontraire  de  chaque  côté  deux  cellules  superposées 
>en  cistinctes;  voici  d où  dépend  cette  dispo- 
sition. Les  apodèmes  épimériens  (a),  au  lieu  d’aller 
se  souder  aux  apodèmes  sternaux  correspondans  , 
se  portent  un  peu  obliquement  en  arrière  et  vont  s’u- 
nir à la  partie  moyenne  de  la  cloison  suivante,  tandis 
quelapodeme  sternal  se  soude  à l’apodème  épimé- 
nen  de  1 anneau  précédent  (o) -.  enfin,  de  chacun  de 
i-es  points  de  soudure , naît  un  petit  prolongement  ho- 
montal  qui  unit  entre  elles  ces  diverses  cloisons.  Il  en 
"Suite  que,  dans  chacun  des  espaces  compris  entre  ces 
tr^Tr  y a deux  cellules  qui  sont  séparées  en- 

don!  Ptir  le  prolongement  lamelleux 

comm..”^-*  parler , tandis  qu’en  dehors  elles 

Descell”  eusemlde  par  le  trou  intercloisonnaire. 

s,  comme nousl  avons  déjà  dit,sont  superpo- 

Pt.  2 r ' 

(a)  Pl.  (IS-S'LetPl.  3,i;g.  3. 
pénuliième  etf'm'?.’ épiméiien  naissant  entre  le 
a la  punie  anneau  du  thorax,  et  allant  se  sou- 

suiv.ant  (f  -)  ^ supérieur  de  l’apodème  sternal 

dans  la  fig.  9.  ^ externe  a été  ici  enlevée  , rouis  se  voit 

* spodème  épimérien  , soudure  de  cette  apodème  sternal  avec 

«orrespondant. 


3. 


36  HISTOIRE  KATURELLE 

sées , mais  elles  ne  sont  pas  situées  exactement  i'nne 
au-dessus  de  l’autre  (i)  •,  et  en  dehors  les  supérieures 
manquent  de  plancher,  et  les  inférieures  de  voûte,  de 
façon  que  dans  ce  point  chacune  d’elles  communique 
avec  deux  de  celles  île  l’autre  rangée. 

Cette  disposition,  qui  est  commune  aux  apodè- 
mes  qui  séparent  entre  eux  les  quatre  premiers 
anneaux  thoraciques  ( c’est-à-dire  les  quatre  seg- 
mens  qui  précèdent  le  dernier,  et  portent  les  huit 
premières  pâtes  ambulatoires  ) , se  retrouve  aussi  en 
partie  dans  les  trois  derniers  anneaux  céphaliques; 
mais  ici  les  cloisons  deviennent  de  plus  en  plus  petites 
et  ne  présentent  plus  de  prolongement  horizontal  qui 
les  unisse  entre  elles  ; l’apodème  épimérien  se  com- 
porte exactement  comme  dans  les  anneaux  thoraci- 
ques; l’apodème  sternal,  au  contraire,  ne  se  soude 
pas  au  plastron  dans  toute  la  longueur  de  son  bord 
inférieur  ; il  ne  s’y  fixe  que  par  son  angle  externe  et 
inférieur,  tandis  que  son  angle  externe  et  supérieur 
se  soude  comme  d’ordinaire  à l’épimère  placée  au- 
dessus  ; après  cette  jonction , il  se  porte  directe- 
ment en  haut,  reçoit  l’insertion  de  l’apodème  épi- 
mérien , et  va  se  fixer  par  son  angle  supérieur 
et  externe  à la  voûte  des  flancs  ; enfin  son  angle  in- 
terne et  inférieur,  ainsi  que  les  deux  côtes  qui  vien- 
nent y aboutir,  sont  libres. 

Quant  au  second  anneau  post-buccal,  il  est  rudi- 
mentaire, refoulé  sur  les  côtes  et  ne  consiste,  pour 
ainsi  dire,  que  dans  les  deux  cadres  articulaires,  où 
viennent  s’insérer  les  mâchoires  externes  ; la  portion 
sternale  en  est  linéaire  et  confondue  avec  l’anneau  sui- 


(l)  PI.  2,  flg.  Jl, 


DES  CRUSTACÉS.  37 

vant  ; et  celle  qui  répond  à 1 epimère  est  horizontale , 
et  se  prolonge  en  manière  d’ailerons  (i).  Enfin , à l’ex- 
tremité antérieure  du  plastron,  on  voit  une  espèce  de 
Imuch  ^ constitue  le  bord  postérieur  de  la 

^ ‘luon  a nommée  la  selle  turcique  anté- 
^ure  (a^  ; elle  est  soudée  au  premier  anneau  thoraci- 
que et  nous  parait  être  le  premier  segment  post-buccal 
réduit  à l’état  de  vestige 

Tels  sont  les  principaux  caractères  de  l’organisa- 
lon  compliquée  du  thorax  du  Crabe  commun,  Onre- 
ouve  la  meme  disposition  , à quelques  légères  dilTé- 
rences  près,  dans  la  plupart  des  autres  Décapodes 
hrachyuresj  mais  chez  les  Macroures  cette  partie  du 
corps  présente  d’autres  modifications  qu’il  importe 
également  de  signaler. 


Dans  la  Langouste , par  exemple , on  retrouve  en- 
core un  plastron  sternal , mais  il  a perdu  beaucoup  de 
sa  largeur  , et  les  flancs  , au  lieu  d’être  fortement  in- 
clinés et  de  former  des  espèces  de  voûtes  au-dessus  de 
ce  bouclier,  deviennent  à peu  près  horizontaux  (3).  Il 
en  résulte  que  les  deux  rangées  de  cellules  qu’on  y voit 
echaquecôté,  au  lieu  d’être  superposées,  sont  placées 
neà  coté  del  autre  sur  le  même  plan.  La  disposition 
apodèmes  est  aussi  un  peu  différente  de  ce  que 
se  chezles  Crabes.  Lesapodèmes  sternaux 

suné  inférieur  des  flancs  par  leur  angle 

et  externe  qui  est  très-allongé , puis  reçoi- 
précéd^^*^"^^'*^^  l’apodème  épimérien  de  l’anneau 
ent  et  donnent  souvent  naissance  dans  ce  point 


HISTOIRE  NATURELLE 


38 

à une  petite  lame  qui  se  recourbe  en  haut  et  en  arrière 
pour  se  souder  à la  cloison  suivante  ; enfin  , leur  angle 
supérieur  et  interne  se  recourbe  en  avant  et  s’allonge 
au  point  d’aller  rejoindre  la  cloison  précédente  , et  on 
voit  vers  la  ligne  médiane  un  petit  prolongement  qui 
se  soude  à celui  du  côté  opposé  de  manière  à former  la 
voûte  d’une  espèce  de  canal  longitudinal.  Ce  conduit 
osseux  s’étend  dans  presque  toute  la  longueur  du 
thorax  entre  les  lames  montantes  des  deux  rangées 
d’apodèmes  sternaux  , et  a pour  paroi  inférieure  le 
plastron  : aussi  l’a-t-on  nommé  le  canal  sternal  (i)  ; 
entre  le  pénultième  et  l’antépénultième  segment  il  est 
interrompu  par  un  petit  apodème  qui  s’élève  de  la 
ligne  médiane  du  sternum , et  au  delà  de  ce  point  on 
n’en  voit  plus  de  trace.  Une  autre  particularité  remar- 
quable dans  le  thorax  de  la  Langouste , est  l’absence 
d’une  selle  turcique  postérieure  ; les  cellules  des 
derniers  anneaux  sont  éloignées  de  la  ligne  médiane 
et  séparées  par  un  espace  vide  au  lieu  d’une  cloison 
verticale.  Enfin  la  disposition  des  derniers  anneaux 
céphaliques  est  exactement  la  même  que  celle  des 
animaux  thoraciques. 

La  structure  du  thorax  est  essentiellement  la  même 
chez  la  plupart  des  autres  Macroures;  mais  quelque- 
fois , comme  dans  l'Ecrevisse,  les  sternums  ne  forment 
point  de  plastron  et  sont  réduits  à une  espèce  de  carène 
linéaire.  Cette  disposition  se  rencontre  aussi  chez  les 
Palémons  et  plusieurs  autres  Salicoques  ; mais  chez 
ces  derniers  Crustacés  on  ne  trouve  pas  d’apodèmes 
solides  à l’intérieur  du  thorax , tandis  que  chez  tous 


(i)  PI-  Il  fig.  7,  cî , et  PI.  23,  fig.  3,  e,  ti. 


DES  CRUSTACÉS.  Sg 

les  autres  Décapodes  l’existence  de  ces  lames  cloison- 
naires  est  constante.  Il  est  aussi  à noter  que  cliez  un 
ceitain  nombre  de  Macroures,  et  chez  beaucoup  de 
ecapo  es  anomoures , le  dernier  anneau  thoracùjue 
e soude  pas  an  précédent,  et  conserve  un  peu  de 
1 lté.  Chez  ees  derniers  Crustacés,  il  existe  aussi 
™ canal  sternal. 

^ ez  certains  Crustacés  des  autres  ordres,  le  thorax 
P esente  aussi  quelques  modifications  remarquables, 
us  es  ])arasites  du  genre  Pandarus,  par  exemple, 
uvant-dernier  anneau  de  cette  partie  du  corps  pré- 
ute  deux  lames  dorsales  qui  sont  dirigées  en  arrière, 
recouvrent  une  grande  partie  du  segment  suivant,  et 
ressemblent  beaucoup  aux  élytres  des  Insectes  co- 
léoptères. Ces  lames  cornées  paraissent  au  premier 
abord  ne  pouvoir  être  rapportées  à aucune  des  parties 
du  squelette  tégumentaire  chez  les  autres  Crustacés  ; 
mais,  comme  elles  occupent  la  place  des  épimères , on 
peut  les  regarder  comme  résultant  d’un  développe- 
ment excessif  et  anomal  de  ces  pièces  qui  se  prolon- 
geraient au-dessus  des  anneaux  suivans,  de  même  que 
nous  avons  déjà  vu  tout  l’arceau  supérieur  du  tronçon 
Dntenno-maxiliaire  des  Décapodes  et  des  Slomapodes 

thorax  pour  former  la  cara- 
e.  ette  disposition  anomale  peut  donc  encore  s’ap- 
^ de  l’analogie, 

un  Gr"  même  pour  celle  qu’on  rencontre  dans 

le  nom  singuliers  qu’on  a désigné  sous 

est  recou  ! lu  partie  antérieure  de  son  corps 

cher  dorslr*^*  ^ earapace , et  en  arrière  de  ce  bou- 
uoir  du  espèce  de  cornet  ou d’enton- 

eorps.  Cette  l’extrémité  postérieure  du 

U lucation  des  formes  du  squelette  té- 


IIISTOinE  NATURELLE 


4o 

gumenlaire  dépeod  aussi  du  développement  excessif 
de  deux  ou  trois  des  anneaux  thoraciques  qui  ont 
chevauché  sur  les  segmens  suivans  à la  manière  de 
la  carapace  des  Décapodes;  mais  seulement  ici  ce  dé- 
veloppement a eu  lieu  dans  l’arceau  inférieur  aussi 
bien  que  dans  l’arceau  supérieur,  et  il  en  est  résulté 
une  espèce  degaîne  au  lieu  d’un  simple  bouclier. 

Quant  à l’abdomen  des  Crustacés  dont  le  thorax 
présente  une  structure  très-compliquée  , comme  cher, 
les  Décapodes , il  est  en  général  jreu  développé,  on 
Il  Y voit  jamais  d’apodèmes  ; et  tantôt  ilest  composé 
de  se|)t  anneaux  semblables  à ceux  des  Amphipodes, 
tandis  que  d’autrefois  plusieurs  de  ces  pièces  se  sou- 
dent entre  elles  et  ne  forment  plus  qu’une  espèce  de 
queue  aplatie. 

§ V.  De  la  portion  appendiculaire  du  squelette 
extérieur,  ou  membres. 

Ayant  passé  en  revue  les  principales  modifications 
de  la  portion  du  squelette  tégumentaire  des  Crustacés 
qui  enveloppe  le  corps  de  ces  animaux,  nous  devons 
maintenant  nous  occuper  des  membres  ou  des  appen- 
dices qui  y sont  fixés.  La  forme  et  les  usages  de  ces 
organes  varient  suivant  la  partie  du  corps  à laquelle 
ils  appartiennent , suivant  les  espèces  et  même  suivant 
l’âge  de  ces  animaux  ; mais  ils  ont  toujours  certains 
caractères  communs  : ils  sont  unis  au  corps  à l’aide 
d’une  articulation , et , à quelques  exceptions  près , 
ils  sont  mobiles  et  formés  eux-mêmes  de  plusieurs 
pièces  (i). 


(i)  M.  Audouin  emploie  le  mot  d’ appendice  pour  désigner  tous 
les  organes  qui  sont , pour  ainsi  dire , ajoutés  aux  divers  anneaux 


DES  CRUSTACÉS. 

IjCs  membres  des  animaux  articulés  peuvent  appar- 
tenir , ainsi  que  la  démontré  M.  Audouin , soit  à 
1 arceau  supérieur,  soit  à l’arceau  inférieur  de  chacun 
des  anneaux  du  corps  ; les  premiers  constituent  les  ailes 
des  Insectes , les  seconds  les  pâtes  de  ces  animaux  , 
ainsi  que  celles  des  Arachnides  et  des  Crustacés.  Les 
autres  sont  disposés  par  paires  sur  les 
cotes  de  la  ligne  médiane , et  chacune  de  ces  paires 
correspond  à l’un  des  arceaux  dont  nous  venons  de 
parler  ; de  sorte  qu’un  seul  anneau  ne  porte  jamais 
plus  de  quatre  de  ces  organes.  Au  premier  abord  , 
ou  pourrait  croire  que,  dans  quelque  cas,  le  même 
arceau  donne  attache  à deux  paires  de  membres , ou 
même  un  plus  grand  nombre  de  ces  organes  ; mais 
il  est  en  général  facile  de  prouver  que  cette  anomalie 
apparente  tient  à l’union  de  deux  ou  de  plusieurs  an- 
neaux  entre  eux. 

Les  membres  de  l’arceau  inférieur  sont  les  plus  im- 
portans , sinon  les  seuls  qui  existent  chez  les  Crusta- 
cés. Si  on  les  examine  au  moment  de  leur  première  ap- 
parition dans  l’embryon  d’une  Écrevisse, par  exemple, 
on  voit  quils  ont  tous  la  même  forme;  mais  bientôt 
après  ils  deviennent  dissemblables  entre,  eux,  et  ces 
1 érences  augmentent  de  plus  en  plus , jusqu’à  ce 


aiiimiiux  articulés,  et  il  range,  sous  cette  dcnomin.itîoii , 
P*ite.s , les  ailes , les  mâchoires , eu  un  mot , tout 
ticle  ® ’nembrcs,  mais  au.ssi  les  branchies.  (Voyez  l'ar- 

■ieux  moitç,  a*  Dictionnaire  classic[ue  d’histoire  naturelle.)  Ces 
différentes''  paraissent  être  régis  par  des  lois  tout-à-fait 

tementilesif.*”  * semble  nécessaire  de  les  distinguer  coinplé- 
moïdes,  sembrai  dites  sont  des  prolongemens  der- 

des  Crustacés,  etc*'*  nature  à ceux  qui  constituent  les  poils 

que  les  membres  ’ n’oB're  rien  de  constant  ; tandis 

lucnt  aux  divers  mêmes  rapports  relative- 

uuiens  constituans  des  anneaux  dont  ils  dépendent. 


HISTOIRE  NATURELLE 


42 

que  l’animal  ait  atteint  l’état  parfait.  En  jetant  les 
yeux  sur  la  série  des  Crustacés,  depuis  les  Bran- 
chipes  et  les  Limnadies  jusqu’aux  Crabes,  on  aper- 
çoit dans  les  membres  des  divers  anneaux  du  corps 
des  modifications  semblables  j dans  les  espèces  où 
ces  organes  présentent  entre  eux  le  plus  de  simili- 
tude , tous , à l’exception  de  trois  ou  quatre  paires  si- 
tuées à l’extrémité  antérieure  du  corps  et  de  celle  que 
supporte  le  dernier  anneau,  ont  essentiellement  la 
même  forme  et  la  même  composition.  Dans  d’autres 
Crustacés , les  membres  thoraciques  commencent  à 
différer  de  ceux  de  l’abdofcen  , puis  un  nombre  déplus 
en  plus  grand  des  premiers  éprouve  des  modifications 
particulières  ; il  en  est  de  même  pour  ceux  de  l’abdo- 
men , et , en  changeant  ainsi  de  forme , ces  organes 
changent  aussi  de  fonctions. 

Le  nombre  de  ces  membres  est  quelquefois  très- 
considérable  ; il  est  des  Crustacés  où  l’on  en  compte 
plus  de  soixante  paires,  tandis  que  dans  d’autres  espè- 
ces il  n’en  existe  que  quatre  ou  cinq  ; mais,  dans  l’im- 
mense majorité  des  cas,  on  en  trouve  une  série  de  vingt 
paires. 

Les  membres  de  la  première  paire  n’existent  que 
chez  les  Crustacés  des  ordres  élevés , tels  que  les 
Crahes  et  les  Écrevisses , et  ont  la  forme  de  tiges  mo- 
biles et  articulées  qui  s’insèrent  à la  partie  antérieure 
de  la  tête , et  portent  à leur  extrémité  libre  les  yeux. 
Lorsqu’ils  commencent  à se  former , ils  ne  diffèrent 
en  rien  des  membres  suivans , mais  leur  développe- 
ment s’arrête  plus  tôt , et  leur  structure  est  toujours 
très-simple  (i). 

« 


(l)  PI.  2,  fig,  I,  i ; PI.  17,  lig.  5,  etc. 


DES  CRUSTACÉS.  ^3 

Les  membres  de  la  seconde  et  de  la  troisième  paire 
ont  reçu  le  nom  d’ajitennes  (i),  et  paraissent  faire  en- 
core partie  de  l’appareil  spécial  des  sens.  En  les  étu- 
lant  seulement  chez  les  Crustacés  ou  les  Insectes 

de  d*^*^*' ^^téte,  qui  les  porte,  ne  présente  point 
ivisions  , on  pouvait  être  porté  à croire  que  ces 
organes,  ainsi  que  les  tiges  oculaires , étaient  des  np- 
pen  ices  de  1 arceau  supérieur  des  trois  premiers  an- 
caux  céphaliques , et  que  les  membres  suivans  re- 
présentaient les  appendices  de  l’arceau  inférieur  des 
^êmes  segmens.  C’est  en  eü'et  l’opinion  adoptée  par 
^ I-  Audouin  (2)  ; mais  l’examen  de  la  tête  des  Squilles, 
ainsi  que  les  observations  récentes  de  M.  Rathke,  sur 
le  développement  de  l’œuf  des  Écrevisses , prouvent  le 
contraire.  Enefiet,  chez  les  Squilles,  chaque  paire  de 
ces  organes  s insère  à un  anneau  distinct  à la  manière 
des  autres  membres,  et  chez  les  Écrevisses , lorsqu’ils 
commencent  à se  former , ils  se  présentent  exacte- 
ment delà  même  manière  que  les  membres  suivans 
feest-à-dire  les  mandibules , les  mâchoires,  les  pâ- 
tes , etc.),  et  occupent  comme  eux  la  face  inférieure  de 
embryon.  Enfin , nous  ajouterons  encore  que  les  nerfs 
fioi  s reçoivent  naissent  de  ganglions  qui  leur  sont 
propres  ; tandis  que,  s’ils  appartenaient  aux  mêmes 
trois  paires  d’appendices  suivans, 
^s  ner  s auraient  une  origine  commune. 

de  ces  Crustacés  , les  plus  inférieurs  dans  l’échelle 
vivent  *^t)tamment  dans  la  plupart  de  ceux  qui 

.. P‘*rasites,  il  arrive  souvent  que  les  antennes 

(0  

la  seconde  paire  ’ ^ ’ ®®''®DDes  de  la  première  paire  ; q , antennes  de 

Ka)  Article  Asteüs*  J 

au  Diction,  classique  d'histoire  naturelle. 


HISTOIKE  NATURELLE 


44 

de  la  première  paire  , et  même  les  suivantes,  man- 
quent complètement  ou  n’existent  qu’à  l’état  de  ves- 
tiges. Quant  à leur  forme  et  leur  structure , nous  au- 
rons l’occasion  d’en  parler  par  la  suite. 

Les  membres  de  la  quatrième  paire  sont  toujours 
placés  sur  les  côtés  del’ouverturebuccale  et  constituent 
ordinairement  les  organes  de  mastication  appelés  man- 
dibules (i). 

Les  membres  des  deux  paires  suivantes,  qu’on  a 
nommés  mâchoires , sont  également  presque  toujours 
affectés  à l’appareil  de  la  mastication  (2).  Les  huit  paires 
qui  y succèdent  sont  moins  constantes  dans  leurs  usai^es 
et  dans  leurs  formes.  Chez  les  Nébalies,  par  exemple, 
elles  sont  fixées  chacune  à un  seement  distinct  du  tho- 

O 

rax,  et  constituent  autant  de  pâtes  natatoires.  Chez 
presque  tous  les  Edriopthalmes,  la  première  paire  de 
ces  appendices  entre,  comme  les  trois  précédentes , 
dans  la  composition  de  l’appareil  buccal , et  l’anneau 
qui  la  supporte  fait  partie  constituante  de  la  tête  ; 
aussi,  dans  cet  ordre,  la  portion  thoracique  du  corps 
n’est-elle  formée  que  de  sept  anneaux  , et  le  nombre 
des  pâtes  ambulatoires  est  de  quatorze.  Enfin  -,  chez 
trois  ou  quatre  Crustacés  de  l’ordre  des  Décapodes,  on 
rencontre  une  disposition  assez  semblable  ; mais,  chez 
presque  tous  ces  animaux  , les  trois  premières  paires 
de  membres  qui  suivent  les  mâchoires  appartiennent 
toutes  à l’appareil  masticateur , et  le  nombre  des  mem- 
bres thoraciques  qui  servent  à la  locomotion  est  réduit 
à dix. 

Les  membres  de  la  quinzième  paire , et  des  paires 


(1)  PI.  3,  fig.  i3,  mandibules  du  Maïa  sqninod.i. 

(2)  PI.  3,  fig.  Il  et  12,  mâchoires  du  même  animal. 


DES  CRUSTACÉS. 

suivantes , appartiennent  presque  toujours  à l’abdomen 
et  sont  ordinairement  au  nombre  de  douze.  On  les  dé- 
si^ne  conimunément  sous  le  nom  de  fausses  pâtes , car, 
n gener:d,  ils  servent  à la  locomotion  et  sont  bien 
oins  développés  que  les  pâtes  thoraciques  ; mais 
î e quefois , comme  chez  l’Apus  et  la  Limnadie , tous 
oi’j^anes  ont  la  même  forme  et  à peu  près  les  memes 

dimensions. 


O serait  nous  éloigner  de  notre  sujet , que  de  par- 
or  es  diverses  modifications  que  les  membres  des 
rustacés  subissent  suivant  qu’ils  sont  destinés  àrem- 
p ir  telle  ou  telle  fonction  ; ces  détails  trouveront  leur 
place  ailleurs  ; mais  nous  devons  dire  ici  rjuelques  mots 
de  leur  composition. 

Lorsqu’un  de  ces  organes  a atteint  son  maximum 
de  développement , il  présente  trois  parties  qu’il  im- 

porte  de  distinguer  (i).  La  première,  que  nous  désigne- 
rons sous  le  nom  de  fige , constitue  la  partie  essentielle 
du  membre,  supporte  les  deux  autres  et  se  compose 
presque  toujours  de  plusieurs  articles  placés  bout  à 
mut  (2).  La  seconde  partie  constituante  du  membre , ou 
^palpeih)^  est  un  appendice  de  la  tige  sur  le  côtéex- 

me  de  laquelle  il  naît  presque  toujours  ; dans  la  plu- 
l’a  I'  ’ cette  espèce  de  branche  a son  origine  à 

sén  ^ ^ t’gc  ; mais  quelquefois  il  ne  s’en 

ticle  ^ ^ c-'^Lémité  du  second  ou  du  troisième  ar- 
ment ^ ^ Loisieme,  qu’on  désigne  au  commeuce- 
sur  la  de jfbiief  (j  ) , a également  son  origine 

externe^  ’ ® sépare  toujours  au-dessus  et  du  côté 


(l)  f ore^  Pl 

(■")  Pl.  3,  flg 


^’%9.  etc. 
■ 9>  '‘—g. 


46  HISTOIRE  NATURELLE 

Ces  diverses  parties  constituantes  des  membres  ne 
se  rencontrent  pas  toujours;  tantôt  le  fouet  n’existe 
pas,  tantôt  c est  le  palpe  qui  manque,  et  d’autres  fois 
la  tiffe  est  réduite  à un  état  rudimentaire  ; leur  forme 
et  leur  grandeur  varient  aussi  beaucoup  ; et , de  toutes 
ces  différences , résultent  les  modifications  nombreuses 
que  Ion  observe  dans  les  membres  des  divers  Crusta- 
cés. Pour  en  donner  une  preuve,  il  suffira  de  passer  en 
revue  ces  organes  dans  quelques-unes  des  espèces  où 
ils  paraissent  être  le  plus  dissemblables. 

Dans  le  groupe  des  Décapodes  bracbyures , les 
membres  qui  constituent  les  trois  paires  de  pates- 
maeboires  sont  les  seuls  qui  présentent  en  même 
temps  une  tige,  un  palpe  et  un  fouet  (i).  Ce  dernier 
appendice  a la  forme  d’une  lame  cornée,  longue  et 
étroite,  qui  remonte  dans  la  cavité  branchiale;  le 
palpe  est  allongé  et  composé  de  plusieurs  pièces  ar- 
ticulées bout  a bout;  enfin  la  tige,  qui  constitue  la 
partie  principale  du  membre,  est  simple  et  formée 
de  six  articles  placés  à la  suite  les  uns  des  autres , 
ou  bien  présente  du  coté  externe  un  prolongement 
qui  la  fait  paraître  comme  divisée  en  deux  bran- 
ches (2).  Les  mâchoires  proprement  dites  de  la  se- 
conde paire  (3)  ne  présentent  plus  de  fouet , et  leur 
palpe  prend  la  forme  d’une  grande  lame  ovalaire, 
tandis  que  leur  tige  se  racourcit  et  présente  diverses 
modifications  qu’il  serait  trop  long  d’énumérer  ici. 


(1) Pl.  3,  fig.  8,  9 et  10:  -a-g,  fige;  — A,  palpe;  —7,  fouet. 

(2)  C’est  ce  qui  a lieu  pour  la  pâte  mâchoire  de  la  première  paire, 
(PI.  3 , fig.  10 ) , tandis  que  celles  des  deux  paires  suivantes  ont 

la  tige  simple  ( lig.  8 et  9 ). 

(3)  PI.  3,  fig.  I,. 


_à 


UES  CRUSTACÉS. 

Les  mâchoires  de  la  première  paire  (i)  n’ont  plus  ni 
ouet,  ni  palpe,  et  les  mandibules  peuvent  être  con- 
sidérées comme  formées  seulement  d’une  tige  dontl’ar- 
tic  e basilaire  serait  très-dévcloppé  , et  dont  les  autres 
pièces  seraient  plus  ou  moins  rudimentaires , et  con- 
itueraient  un  prolongement  palpiforme  (2).  Les  dix 
pâtes  ambulatoires  de  ces  Crustacés  se  composent 
lacune  seulement  d’une  tige  simple  divisée  en  six 
artic  es , comme  aux  pâtes -mâchoires.  Enfin,  les 
membres  abdominaux  varient  dans  leur  composition 
et  présentent,  tantôt  une  tige  rudimentaire,  tantôt 
une  tige  et  un  palpe  td).  Quant  aux  antennes,  elles  sont 
aussi  presque  toujours  réduites  à une  tige,  et  lors- 
qu’elles présentent  un  palpe,  cet  appendice  ne  se 
présente  qu’à  l’état  de  vestige  (4). 

Dans  le  groupe  des  Décapodes  macroures,  nous 
trouvons,  au  contraire,  des  exemples  de  l’existence 
simultanée  des  trois  parties  constituantes  des  mem- 
bres, non-seulement  aux  pates-mâcboires,  mais  aussi 
a tous  les  pieds  ambulatoires.  Les  Pénées  sont  dans 
ce  cas  (5) , mais , en  général , les  pieds  proprement  dits 
Manquent  de  palpe , et  souvent  ils  sont  également 
cpourvus  de  fouet.  Ce  dernier  appendice  devient  de 
1 us  en  plus  membraneux,  et  chez  les  Crangons,  ainsi 
*1  e chez  plusieurs  autres  Salicoques , il  ne  forme  plus 


SJ’Mh'-'î 

pendice  La  plupart  des  naturalistes  appellent  cet  ap- 

palpe  ^ dibule  ; mais  il  ne  nous  paraît  ressembler 

aussi  bien  do  uicmbres  que  par  sa  forme  ; on  pourrait  tout 

le  nom  de  palpe  à la  partie  terminale  de  la  tige 

(3)  PI,  3 P des  Décapodes  bracliyures  (lîg.  8,  efg). 

(4)  PI.  3,’  fij:  '5  et  16. 

(5)  Pb25,fig:  1,4,  5 et  6. 


48  HISTOIRE  NATURELLE 

à la  pate-mâchoire  de  la  première  paire  une  longue 
lame  cornée,  comme  chez  les  Crabes, mais  constitue 
une  grande  vésicule  molle  et  aplatie,  tandis  que  le 
palpe  ou  la  tige  elle-même  se  transforme  en  une  grande 
lame  semi-cornée  (i).  Quant  aux  fausses  pâtes  abdomi- 
nales, elles  se  composent  d’nne  pièce  basilaire  portant 
deux  appendices  que  l’on  peut  considérer  comme  étant 
de  simples  modifications  de  la  tige  et  du  palpe  des  mem- 
bres en  général. 

Si  l’on  compare  les  Mysis  aux  Crustacés  dont  nous 
venons  de  parler , on  verra  la  plus  grande  similitude 
tians  la  sti’ucture  de  leurs  membres  thoraciques  , bien 
qu’au  premier  abord  elle  paraisse  très-différente,  car, 
au  lieu  d’être  simples , ces  organes  sont  bifides  (2)  ; mais 
cette  disposition  ne  dépend  que  d’un  développement 
plus  grand  du  palpe. 

Chez  les  Alimes  et  les  Squillcs  on  trouvée  à la  base 
de  plusieurs  des  pâtes  une  espèce  de  disque  membra- 
neux supporté  par  un  pédoncule  (3) . D’après  un  examen 
superficiel  des  membres  des  autres  Crustacés,  on  serait 
porté  à croire  que  ces  poches  déprimées  sont  des  or- 
ganes particuliers  aux  Stomapodes , mais  il  n’en  est 
pas  ainsi , et  en  les  comparant  aux  fouets  membraneux 
des  pates-mâchoires  antérieures  des  Crangons , des 
Mysis,  etc. , on  voit  qu’ils  ne  sont  autre  chose  que  ces 
mêmes  appendices  légèrement  modifiés. 

Dans  le  groupe  naturel  des  Ampbibodes,  les  mem- 
bres thoraciques  présentent  presque  toujours  chez  la 
femelle  le  maximum  de  composition  que  nous  venons 


(1)  PI.  3,  fig.  12  et  i3a. 

(2)  PI.  2 , fig.  14. 

(3)  PI.  29,  fig.  3. 


DES  CRUSTACÉS. 

de  signaler  ; la  tige  sert  à la  locomotion  ; le  fouet  de- 
vient membraneux  et  sert  à la  respiration  ; enfin  ^ le 
forme  du  fouet  des  pates-mâchoires  des 
il  ^ ^ “ pour  usage  de  retenir  les  œufs  dans  le 

^ elamère(i).  Chez  les  Isopodes , ces  derniers 

P*‘®unent  souvent  un  développement  ex- 
et  constituent  par  leur  réunion  l’espèce  de 
IC  ovifere  dans  laquelle  les  œufs  éclosent.  Les 
m res  abdominaux  des  Amphipodes  ressemblent 
^ eaucoup  à ceux  des  Décapodes  macroures  ; mais  chez 
sopodes  les  deux  appendices  qui  les  terminent, 
leu  detre  cornés,  deviennent  membraneux  et  ser- 
vent à la  respiration. 

Au  premier  abord , les  pâtes  branchiales  des  Apus 
et  de  plusieurs  autres  Entomostracés  paraissent  aussi 
n avoir  presque  rien  de  commun  avec  les  pâtes  am- 
bulatoires ou  avec  les  membres  buccaux  des  Déca- 
podes ; mais  néanmoins  on  y retrouve  encore  les 
memes  parties.  En  elfet , dans  ces  grandes  lames 
oliacees  dont  la  structure  paraît  aussi  compliquée 
qu anomale,  on  retrouve  facilement  les  analogues 
U fouet,  du  palpe  et  de  la  tige  (2).  Le  premier  de  ces 
jPl'en  ices  constitue  la  vésicule  aplatie  qui  occupe 
J paitie  basilaire  et  externe  de  la  pâte  ; sa  forme 

■venon  Stomapodes  dont  nous 

ce  ri  ^ Parler,  et  sa  structure  confirme  encore 
seule^ip™^  cment.  Le  palpe  est  réduit  ici  à une 
assez  sembl’l^^^*  celle-ci  est  grande,  lamelleuse  et 
mâchoires  ^ ^ forme  au  palpe  vésiculaire  des 

externes  chez  plusieurs  Décapodes  bra- 

t-'OPl.  2,Iig.i6ét  üabelliforme  ; c,  fouet  vésiculaire. 

Criist  » pa'pe  vésiculaire:  c,  fouet  vésiculaire. 

"USIACI.S,  tome  1.  ^ 


5o  HISTOIRE  NATURELLE 

cliyures  ; enfin  la  tige  a la  plus  grande  analogie  avec 
celle  qui  constitue  les  mâchoires  externes  des  Mysis,  des 
Squilles,  sur  laquelle  on  retrouve  jusqu’aux  petites 
lames  cornées  qui  en  garnissent  le  bord  interne. 

Ainsi,  malgré  la  diversité  extrême  qui  existe  dans 
les  formes  aussi-bien  que  dans  les  fonctions  des  mem- 
bres appartenant  aux  dillérens  anneaux  du  corps  d’un 
même  Crustacé , ou  au  même  anneau  dans  des  espèces 
diverses  , il  n’en  est  pas  moins  vrai  que,  sous  le  rap- 
port de  leur  mode  de  formation,  ces  organes  pré- 
sentent en  général  une  tendance  remarquable  vers 
Tuniformité  de  composition  ; les  mêmes  élémens  s’y 
retrouvent  toujours  en  totalité  ou  en  partie,  et  c’est 
de  la  présence  ou  de  l’absence  du  développement , ou 
de  l’état  rudimentaire,  de  la  texture  cornée  ou  mem- 
braneuse, ainsi  que  des  autres  particularités  que  peu- 
vent présenter  la  tige,  le  palpe  et  le  fouet,  que  dé- 
pendent toutes  les  différences  qu’on  rencontre  dans  la 
Structure  de  ces  organes. 

D’après  les  divers  faits  que  nous  avons  passé  succes- 
sivement en  revue,  il  nous  paraît  évident  que  l’or- 
ganisation du  squelette  tégumentaire  des  Crustacés  est 
bien  plus  uniforme  qu’on  ne  l’aurait  pensé  avant  que 
d’en  avoir  fait  une  éludeapprofondie  et  comparative. 

La  théorie  des  analogues , devenue  célèbre  par  les 
travaux  de  son  auteur,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  et 
par  la  tendance  nouvelle  quelle  a imprimée  à l’anato- 
mie comparée , aplanit , comme  on  le  voit , la  plupart 
des  difficultés  qu’avait  présentées  juscpi’ici  l’étude  du 
squelette  tégumentaire  des  Crustacés  ; et  si  l’utilité 
de  l’application  à l’Entomologie  des  vues  philosophi- 
ques formant  la  base  de  cette  doctrine  n’était  déjà  dé- 
montrée par  les  recherches  de  MM.  Savigny,  Au- 


DES  CRUSTACÉS. 


5i 


1 • 

iQ , etc. , on  pourrait  en  donner  comme  preuve 
<i  simplicité  des  corollaires  cjui  résument  les  causes 
i érences  innombrables  oflerles  par  le  squelette 
Crustacés. 

^ Partie  <]eg  modiûcations  nu’oii  y observe  en 

paicourant  la  série  il  « • ^ i ' -j 

ment  1 ces  animaux,  dépend  evidem- 

^ soudure  et , pour  ainsi  dire,  de  la  fusion  de 

leurs  anneaux  en  un  tronçon  unique  dont  la  com- 

Posi  ion  binaire,  ternaire  , quaternaire , etc.,  ne  se 

qid*^  ^ nombre  des  ])aires  de  membres 

I » y sont  attachés , nombre  qui  iiaraît  corrcsiiondre 

toujours  à celui  des  anneaux. 

Les  dillérences  qu’on  rencontre  dans  la  structure  des 
anneaux  tégumentaires  du  corps  dépendent  en  t^énéral 
de  là  soudure  ou  delà  simple  articulation  des  diverses 
pèces  qui  les  composent  ou  bien  de  l’existence  ou  de 
absence  des  npodèmes  qui  en  hérissent  l’intérieur. 

.nün,  d autres  modifications  non  moins  crandes 
tiennent  au  développement,  à l’état  rudimentaire  ou 
même  à la  disparition  d’un  ou  de  plusieurs  tles  élé- 
mens  conslituans  de  tel  ou  tel  anneau  du  corps  : tantôt 
ces  pièces  en  se  développant  refoulent  les  pièces  voi- 

au  ‘^'‘'^'^trefois  elles  glissent  pour  ainsi  dire 

Pendent”^"'^*-  qu’affectent  les  membres  dé- 

difiérene  causes  analogues  ; c’est-à-dire  des 

leurs  tel  ou  tel  de 

nombre  .1  ‘^°°®Ltuans,  ou  de  l’absence  d’un  certain 

etude  du  = i 

conduit  à des  r tégumentaire  des  insectes 

de  la  cliarpentrrpT*  comparaison 

oiide  de  ces  animaux  avec  celle  des 

4* 


s?. 


HISTOIRE  NATURELLE 


Crustacés  est  un  sujet  qui  aurait  mérité  d’occuper 
notre  attention , si  Je  cadre  resserré  de  cet  ouvrage  ne 
nous  interdisait  pas  toute  digression. 

La  même  raison  nous  empécJie  de  traiter  ici  d’une 
des  hautes  questionssoulevées  depuis  queJcpies  années 
par  l’auteur  de  l’Anatomie  philosopliiquc  : l’analogie 
qu’il  peut  y avoir  entre  le  squelette  tégumcntairc  des 
Crustacés  et  le  squelette  intérieur  des  animaux  ver- 
tébrés. M.  Geoffroy  Saint-Hüaire  considère  les  an- 
neaux dans  lesquels  le  corps  des  Crustacés  est  renfermé 
comme  étant  les  analogues  des  vertèbres,  et  leurs  ap- 
pendices comme  représentant  les  côtes.  Peut-être  arri- 
verait-on à des  rapprochemens  plus  naturels  si  on  com- 
parait le  canal  sternal  des  Décapodes  à la  colonne 
vertébrale , les  épimères  et  les  appendices  aux  os 
inter-épineux  et  aux  rayons  des  nageoires  médianes 
des  poissons  (i). 


§ VI.  De  la  mue. 

Pour  terminer  ce  que  nous  avions  à dire  du  système 
tégumentaire  des  Crustacés,  il  nous  reste  à parler  des 
mues.  Lorsqu’on  considère  la  solidité  de  l’enveloppe 


(l)  Ponr  plus  tle  Uétuils  à cfî  sujet,  voyez  Trois  mémoires  sur  l’or- 
gunisntion  lies  Insectes,  par  M.  Geotiroy  Saint-Hilaire  (Journal 
complémentaire  du  Dictionnaire  des  sciences  médicales , 1820  ; et 
Considérations  philosophiques  sur  la  détermination  du  système  solide  et 
du  système  nerveux  des  animaux  articulés  , par  M.  Ampère  (Annales 
des  sciences  naturelles,  t.  2,  p.  295). 

AI.  Robineau  Dosvoisy  a présenté  aussi  de  nouvelles  vues  sur  les 
.malogues  des  diftérentes  parties  du  système  tégumentaire  des  Crus- 
tacés, mais  ses  spéculations  ne  nous  paraissent  appuyées  sur  aucune 
base  solide,  ou  même  plausible,  et  elles  ne  ressemblent  en  rien 
a de  l'anatomie  réellement  pliilosopliique. 


des  crustacés.  53 

un  Crabe  ou  d’un  Écrevisse,  par  exemple  , on  est 
onne  qu  Us  puissent  s’en  débarrasser , et  cet  éton- 
les  • encore  lorsqu’on  sait  que  toutes 

jgg  ‘lélicates,  telles  que  les  antennes  , 

uue^le  ^ ^^^ncbies , se  dépouillent  ainsi  sans 

bris'  tégumentaire  dont  ils  sortent  soit 

con  ^ ‘^*^formé  ; mais,  d’nn  autre  côté  , on 

ement  la  nécessité  de  ce  phénomène  sin- 
i ei  V 1 animal  ne  changeait  souvent  de  peau 

e oppe  solide  qui  le  renferme  opposerait  bientôt 
O Stac  es  invincibles  a son  accroissement. 

petits  Crustacés  , dont  la  croissance  est  très- 
rapide , changent  ainsi  de  peau  à des  époques  très- 

rapprochées.  J urine  aobservé,cbezdcjeunesDaphnics, 

mit  mues  dans  l’espace  de  dix-sept  jours  , mais  chez 
es  grosses  espèces,  tels  que  les  écrevisses  et  les  autres 
iJecapodes  , on  n’en  compte  qu’une  par  an. 

Réaumur,  qui  a enrichi  l’entomologie  d’un  si  grand 
nombre  d’observations  intéressantes,  a étudié  avec 
soin  ce  phénomène  curieux  sur  les  écrevisses  de  rivière, 
tenait  prisonnières  dans  des  vases  percés  de 

ceo  r commencement  de  l’automne,  que 

diL  p“““'  P™'-  ”>■“* 

de  corn  ^ epidermique.  On  assure  qu’avant 

PendanT^^^r  opération , l’ticrevisse  s’abstient 
cfuelques  jours  de  toute  nourriture  solide,  et 


Voyez  les  . 

^^productions  qui  jg  de  Piéaumur  intitules  : Sur  les  diverses 

■ cm } fi  ^ c » A 1 - J U dciîi  s /fie  fi  • s ^ e a4‘  fi  t J ^ F*  j4  - 


- qui  se  f de  neaumur  intitules  : Sur  les  diverse, 

demie  des  sciences  dans  les  Écrevisses  , etc.  ( Mémoires  de  l’Aca- 

des  Écrevhsel^liy  • ‘^23.);  et  additions  aux  Observations  sur 
un  extrait  presque  texta^  ' ‘ 7 ’ 8 . 

t'n^iucéi.parBosc.t.I.Jf.j^g* 


- -F  '/  — ) V-  2()3.)  On  trouve 

écrits  dans  1 Histoire  uaturelle  des 


HÏSTOIIIE  NATURELLE 


54 

qu’on  peut  alors  reconnaître  facilement  l’approclic 
de  la  mue  ; car,  si  l’on  presse  avec  le  doiet  sur  la 
carapace  de  l’animal  ou  sur  un  des  segmens  de  son 
abdomen,  on  s’aperçoit  que  la  croûte  calcaire  cède 
un  peu  et  n’olFre  pas  la  résistance  qui  lui  est 
habituelle.  Bientôt  après,  l’Ecrevisse  paraît  in- 
quiète, et  commence  à se  frotter  les  jambes  les  unes 
contre  les  autres  ; elle  se  renverse  ensuite  sur  le 
dos,  agite  tout  .son  corps,  se  gonfle  tout  à coup, 
brise  la  membrane  qui  unit  la  carapace  à l’îdidômen  , 
et  soulève  ce  grand  bouclier  dorsal.  Un  rej)OS  plus  ou 
moins  long  succède  à ces  premières  tentatives:  l’Écre- 
visse recommence  ensuite  à agiter  ses  pâtes  et  à mou- 
voir toutes  les  parties  de  son  corps  ; alors  on  ne  tarde 
pas  à voir  la  carapace  se  soulever  de  plus  en  plus  en 
s’éloignant  de  la  base  des  pâtes,  et  dans  moins  d’une 
demi-bcure  l’Écrevisse  se  débarrasse  complètement  de 
sa  dépouille.  Elle  relève  d’abord  sa  tète  en  arrière, 
dégage  ses  yeux  et  ses  antennes , puis  sort  ses  jambes 
de  l’espèce  d’étui  formé  par  les  anciens  tégumens. 
Cette  dernière  opération  ne  se  fait  qu’avec  bien  de  la 
peine,  et  quelquefois,  en  essayant  de  se  déjjouiller  de 
la  sorte , 1 animal  brise  une  ou  plusieurs  de  ses  pâtes  ; 
on  en  voit  même  qui  y succombent,  et  si  les  espèces  de 
tubes  qui  renferment  les  memlu'es  ne  se  fendaient  lon- 
gitudinalement, on  ne  comprend  pas  comment  ils 
pourraient  s’en  retirer  (1)  ; mais  lorsque  l’Écrevisse  est 


(i)  Diin.s  l’ctat  ordinaire,  les  .irtictes  des  pâtes  ne  parais.sent 
formes  cliacun  que  d’une  seuic  pièce  tubulaire  ; mais  Réaumur  a 
constaté  qu’ils  sont  composés  de  doux  moitiés  longitudinales  à peu 
près  égales,  qui  .s’entr’ouvrent  pour  laisser  passer  la  jambe  et  se 
rapprochent  ensuite  de  manière  à devenir  de  nouveau  difficiles  à 
distinguer.  {Mémoires  de  l'Académie , 1718,  p.  270  ) 


BES  CRUSTACÉS.  55 

parvenue  à terminer  ce  travail  pénible,  elle  sc  débar- 
rasse bien  vile  de  tout  le  reste  de  son  enveloppe  ; elle 
retire  sa  tête  de  dessous  la  carapace , se  porte  en  avant, 
elen^  brus(juement  sa  queue  et  la  retire  aussitôt  de 
son  etiu.  La  carapace  retombe  alors  dans  sa  position 
naturelle  ; elle  vient  de  nouveau  rejoindre  l’abdomen, 
épouille  ainsi  abandonnée  présente  exactement 
e meme  .tspect  qoe  lorsqu’elle  recouvrait  l’animal  à qui 
appartenait.  Rien  ne  manque  à ce  squelette  téau- 
taire,  tant  extérieurement  qu’intérieurement , et 
on  le  prendrait  facilement  pour  une  Écrevisse  entière. 

La  nouvelle  peau  de  l’Écrevisse  qui  vient  de  muer 
est  molle  et  membraneuse  ; mais  dans  l’espace  de  deux 
ou  trois  jours  , ou  même  de  vingt-quatre  heures,  elle 
s’encroûte  de  matière  calcaire , et  devient  aussi  dure 
que  l’ancienne  enveloppe. 

Les  autres  Crustacés  des  ordres  supérieurs  chan- 
gent de  peau  a peu  près  de  la  même  manière.  Si 
Ion  ouvre  un  Maja  quelque  temps  avant  qu’il  ne 
commence  cette  opération,  on  trouve  entre  le  test 
et  le  chorion  une  couche  membraneuse  qui  res- 
semble d abord  à du  tissu  cellulaire  à peine  condensé, 
et  qui  devient  de  plus  en  plus  solide  et  épaisse  à mesure 
riue  1 on  se  rapproche  de  l’époque  de  la  mue  ; elle  est 
emment  sécrétée  par  le  chorion,  et  semoule  sur 
CTu’eli*^ recouvre,  On  y retrouve  jusqu’aux  poils 
ne  s ^ *^*^^*'  présenter  plus  tard  ; mais  ces  appendices 
Réaumn^'^*  renfermés  dans  les  poils  du  test , comme 
°'énéral  observé  chez  l’Écrevisse  : en 

ri.»  même  aucune  saillie  à la  surface 

ne  ta  nouvelle  n,...  .''u- 

1 . '*^'^pace,  et  sont  rentres  a linteneur, 

comme  le  doi<Tt  d’  ’ 

® ^ *^ri  gant  qui  serait  retourné  sur  lui- 


56 


in  S T O I Jt  E NATURELLE 

D’après  les  observations  de  Collinson  (i),  il  paraî- 
trait que  le  moyen  par  lequel  le  Tourteau  se  débarrasse 
de  son  test,  n’est  pas  exactement  le  même  que  celui 
que  Rcaumur  a vu  employé  par  l’Écrevisse.  La  cara- 
pace, au  lieu  de  se  soulever  en  entier,  se  divise  dans 
le  point  où  les  pièces  latérales  ( ou  épimères  ) viennent 
se  souder  à la  pièce  dorsale , en  décrivant  de  chaque 
côté  du  corps  une  ligne  courbe  qui  s’étend  latérale- 
ment de  la  bouche  à l’origine  de  l’abdomen  ; ce  phé- 
nomène paraît  commandé  par  la  forme  de  la  carapace, 
et  se  présente  probablement  chez  tous  les  Brachyiires 
voisins  du  genre  Cancer;  car,  chez  ces  animaux  , il  est 
souvent  difficile  de  séparer  cette  partie  du  thorax  sans 
opérer  une  division  semblable.  Mais  pour  les  Bra- 
chyuresdontla  carapace  ne  présente  pas  de  dilatation 
latérale  semblable,  nous  sommes  porté  à croire  que 
tout  se  passe  comme  chez  l’Écrevisse  ; car  les  pièces 
dont  il  vient  d’être  question  paraissent  être  trop  soli- 
dement unies  pour  se  disjoindre  à la  manière  de  celles 
qui  composent  la  carapace  des  Tourteaux  (2). 

Lenouveau  squelette  tégumen taire  des  Crabes  reste 
dans  un  état  de  mollesse  bien  plus  long-temps  que  ce- 
lui des  Écrevisses , et  la  mue  est  pour  ces  animaux 
une  époque  de  malaise , pendant  laquelle  ils  se  tien- 
nent cachés  dans  quelque  réduit  qui  les  protège  de 


(1)  Observations  on  the  Cancer  major.  Transactions  of  the  Philoso~ 
pliical  Societjr,  1^46  et 

(2)  Si  l’on  examine  le  thorax  d'un  Crabe  qui  vient  de  se  revêtir 
.ainsi  d’une  peau  nouvelle,  on  voit  que  les  divers  segmens,  qui  dans 
l’etat  ordinaire  se  trouvent  soudés  entre  eux  de  manière  à former 
une  seule  pièce , sont  alors  parfaitement  distincts  ; fait  qui  est  de 
nature  à conllrmer  les  vues  que  l'analogie  porte  à avoir  sur  la  théorie 
du  squelette  téguraentaire  dos  Crustacés. 


UES  CRUSTACÉS.  ^rj 

leurs  ennemis , dont  ils  deviendraient  sans  cela  une 

sitT'd^*^'"^^*^'  tapissent  dans  les  anfractuo- 

es  rochers  ou  sous  des  pierres  ; d’autres  se  reti- 
rent dans  de'  i • ^ 

, “ '■^rriers.  Quelques  voyageurs  assurent 

est  orsqueles  Crabes  de  terre  muent , crue  leur 
même  estimée  (1)  ; mais  il  n’en  est  pas  de 

so  ^ espèces  de  nos  côtes  , leurs  muscles 

n a ors  llascjues  et  aqueux  ; aussi  les  pêcheurs  n’en 
tont-ils  aucun  cas. 


CHAPITRE  II. 


DE  LA  NUTRITION  DES  CRUSTACES. 

§ I.  7)0  la  Digestion. 

Les  divers  actes  qui  ont  pour  but  le  renouvelle- 
ment continuel  des  molécules  constituantes  du  corps 
es  animaux,  ou  la  nutrition,,  se  rapportent  à trois 
onctions  principales , savoir  : la  digestion  des  ali- 
^tOnsouleur  transformation  en  chyle  , la  respiration 
a ciiculation.  Le  principe  que  la  nature  a adopté 
aux  ■ successives  r|u’clle  a fait  subir 

les  ^ 

pjyg  f ont  elle  a voulu  rendre  les  facultés  de 
travail parfaites,  est  celui  de  la  division  du 
sent  et  '*aimaux  les  plus  simples  se  nourris- 
Lition  o seulement  par  une  espèce  d’imbi- 

^ se  fait  également  par  tous  les  points  de  la 


'i)  Latreille  If  in  ■ 

naturcUedes  Cruslach  ^ t.  V,  p.  1^2. 


58 


HISTOIRE  NATURELIE 


superficie  rie  leur  corps,  et  on  ne  voit  dans  leur  inté- 
rieur aucun  organe  destiné  spécialement  au  transport 
des  substances  absorbées;  mais  bientôt  la  digestion 
se  localise  dans  une  partie  déterminée  de  l’économie  ; 
on  voit  alors  une  portion  de  l’enveloppe  tégumen- 
taire  se  reployer  en  dedans,  de  manière  à former 
une  cavité  en  communication  avec  le  dehors,  dans 
l’intérieur  de  laquelle  les  alimens  subissent  cer- 
tains changemens  qui  les  t'endent  propres  à être 
absorbés,  ou,  en  d’autres  mots,  sont  digérés.  La 
cavité  alimentaire  acquiert  ensuite  une  structure 
plus  compliquée,  et  s’entoure  de  divers  organes 
destinés  à y faire  pénétrer  les  substances  nutritives , 
ou  à les  modifier  de  telle  ou  telle  manière.  Le  même 
orifice  sert  d’abord  à l’entrée  des  alimens  et  <à  l’ex- 
pulsion du  résidu  de  la  digestion;  mais  bientôt  nous 
voyons  ces  deux  phénomènes  avoir  lieu  par  des  ori- 
fices distincts  : la  bourse  stomacale  se  transforme 
en  un  tube  dont  l’ouverture  antérieure  constitue  la 
bouche,  et  l’ouverture  postérieure  l’anus.  Les  divers 
liquides  qui  servent  à modifier  ou  à dissoudre  les  ali- 
mens, au  lieu  d’être  sécrétés  seulement  parles  parois 
delà  poche  dans  laquelle  ils  sont  appelés  à agir,  ont  leur 
source  principale  dans  des  organes  particuliers  dont 
le  nombre  augmente,  et  la  structure,  ainsi  que  les  fonc- 
tions, varient  de  plus  en  plus.  Lorsque  la  division  du 
travail  est  portée  encore  plus  loin , chacune  des  mo- 
difications que  subissent  les  alimens  avant  que  d’être 
absorbés,  a lieu  dans  une  portion  déterminée  du  tube 
digestif.  Enfin,  les  instrumens  employés  à saisir  les 
corps  dont  l’animal  se  nourrit , et  à les  diviser  avant 
qu’ils  ne  soient  avalés , deviennent  aussi  de  plus  en 
plus  spéciaux.  Quantaux  phénomènes  de  larespiration 


i 


DES  CRUSTACES. 


59 

et  aux  actes  au  moyen  desquels  les  sucs  nutritifs  sont 
portes  de  la  cavité  digestive  dans  toutes  les  parties 
eorps,  nous  verrons  aussi,  par  la  suite,  qu’ils  se 
- n'i^nt  et  se  localisent  davantage,  à mesure  que 

Ion  s eleve  dans  l’échelle  des  êtres. 

es  rustacés  se  trouvent  placés  vers  le  milieu  de 
a sene  ont  nous  venons  de  parler.  Tous  sont  pour- 
s un  appareil  spécial  de  digestion  communic[uant 
■ ^ eliors  par  deux  ouvertures  distinctes,  et  composé 
un  nombre  assez  considérable  d’instrumens  divers 
ne  partie  de  ce  système  coinpliqué  sert  h la  préhen- 
sion des  alimens,  à la  mastication  et  à divers  actes  du 
même  ordre  ; d’autres  organes  sont  spécialement  des- 
tinés a la  formation  de  certains  liquides  nécessaires  à 
la  digestion;  enfin,  une  troisième  partie  du  même 
appareil  reçoit  les  alimens  et  leur  fait  subir  les  modi- 
bcatmns  qui  les  rendent  propres  à être  ,-ibsorbés  et  à 
seivii  aux  besoins  de  la  nutrition.  La  composition  de 
ce  système  et  la  disposition  de  chacun  des  instrumens 
dont  il  se  compose  varie  beaucoup  chez  les  divers 
Crustacés  ; mais  la  plupart  de  ces  difïérences  corres- 
I ondent  à une  spécialité  plus  ou  moins  grande  dans 
^e  mode  d action  de  ces  organes,  et  dépendent  du  degré 
nature  s est  avancée  dans  la  division  du  tra- 
^ ^ ^*^®cmble  constitue  la  digestion, 

diiï  * ‘^®lacés  se  nourrissent  de  deux  manières  très- 

’i^aux  vivent  en  parasites  sur  des  ani- 

senlo  sucent  le  sang  ; les  autres  recherchent 

leur  ri  ahniens  solides  et  n’établissent  ianiais 

leur  uenieure  « 1 * 

pcoie  Le  êtres  vivans  qui  leur  servent  de 

reni  r..,’  sont  en  petit  nombre  et  n’acquiè- 

ceni  qu  une  lailU  • ■ 1 . . ^ . 

tuent  la  n 1 ^ minime;  les  derniers  consti- 

.j*ant  e majorité  des  espèces  de  cette  classe  et 


6o 


HISTOIRE  NATURELLE 

acquièrent  souvent  un  volume  très-considérable  : on 
assure  c[ue  quelques-uns  de  ces  animaux  se  nourris- 
sent, aumoinsunepartie,  de  substances  végétales  ; mais 
en  général  ils  sont  carnivores  et  d’une  voracité  remar- 
quable ; ils  dévorent  avec  avidité  les  cadavres  dont  ils 
peuvent  s emparer  ; et,  quand  la  faim  les  presse , ils 
se  mangent  entre  eux.  Lorsque  l’on  conserve  long’- 
temps  des  Homards  dans  des  casiers(i),  par  exemple, 
et  qu  on  n a pas  le  soin  d’enfoncer  une  petite  cheville 
dans  1 articulation  de  leurs  pinces  afin  de  les  empê- 
cher de  se  servir  de  ces  organes , on  voit  les  plus  gros 
détruire  les  faibh^s  et  s’en  nourrir. 

Chez  presque  tous  les  Crustacés  il  existe  un  certain 
nombre  d’organes  extérieurs  destinés  spécialement  à 
porteries  alimensdans  la  cavité  buccale,  et  aies  diviser 
mécaniquement  avant  qu’ils  ne  pénètrent  dans  le  tube 
digestif;  mais  il  en  est  aussi  chez  lesquels  la  division 
du  travail  n’est  pas  poussée  aussi  loin , et  où  ces  fonc- 
tions sont  remplies  uniquement  par  les  membres  qui 
servent  aussi  à la  locomotion.  Les  Limules  sont  dans 
ce  cas  ; chez  ces  animaux  singuliers , la  bouche , qui 
occupe  la  face  inférieure  du  corps,  est  entourée  par 
un  certain  nombre  de  pâtes  ambulatoires,  et  c’est  l’ar- 
ticle basilaire  de  ces  membres  qui  remplit  les  fonc- 
tions de  mandibules. 

Chez  tous  les  autres  Crustacés,  un  certain  nombre 
des  membres  de  la  portion  céphalo-thoracique  du  corps, 
au  lieu  d’agir  à la  fois  à la  manière  de  pâtes  et  de  mâ- 


(i)  On  (tonne  ce  nom  à des  espèces  de  paniers  à claire-voies 
qui  servent  de  pièges  dans  certaines  pêches,  et  qui  sont  em- 
ployé.s  plus  fréquemment  encore  pour  emprisonner  des  Homards 
sous  l’eau. 


J 


np.  s en  XJ  ST  ACÉs.  gj 

clmlrcs  5 sont  spécialement  aiîectés  à l’appareil  diges- 
ti  et  présentent  des  modifications  eu  rapport  avec  les 
onctions  c[u  ils  sont  appelés  à remplir. 

ous  ces  animaux , comme  nous  l’avons  déjà  dit , 
en  pas  de  la  même  manière  ; les  uns , 

“ombre,  vivent  en  suçant  seulement  des 
Lis  t'  toujours  parasites;  les  autres  font 

^o'o  a unens  solides  et  mènent  une  vie  errante. 

sont  ceux  dont  la  bouche  présente  en 
b 1er.)  a structure  la  plus  simple;  mais,  pour  en 
^^P^ondre  la  composition,  il  importe  de  con- 
adre  d abord  celle  du  même  appareil  chez  les  Crus- 
i^ïces  broyeurs. 

Chez  tous  ces  animaux  l’ouverture  buecale  occupe 
la  face  inférieure  de  la  portion  céph.alique  des  corps 
et  se  trouve  bondée  en  avant  et  en  arrière  par  une 
pièce  tegumentaire  impaire  cpai  occupe  la  ligne  mé- 
diane ; 1 une  de  ces  pièces,  située  au  devant  de  la  bou- 
c e,  a en  général  la  forme  d’une  petite  lame  cornée 
ou  osseuse , et  constitue  ce  cpie  l’on  nomme  le  labre  ou 
l’autre,  également  lamellcuse,  m.ais 

or  inairemenl  bifide,  porte  le  nom  de  languette;  mais  il 

Fng  mieux  de  1 appeler  l.a  Ihvve  inférieure. 

les  rTèmbrrtle  T P“^’ 

tonnes  ^ premiere  paire  située  après  les  an- 
antes'/-  oiganes  sont  modifiés  de  manière  à être 
^0  aussi  ont-ils  reçu 

assez  semKI  leur  forme  est  en  général 

bres  quj  ^ ® celle  de  l’article  basilaire  des  mem- 
icz  es  Liinules  servent  en  même  temps  de 


02 


HISTOIKE  NATURELLE 
pâtes  et  de  mâchoires  ; enfin , ils  portent  souvent  un 
appendice  articulé  qu’on  a nommé  palpe  mandibu- 
/ttù-e(i),  mais  qui  paraît  être  la  continuation  de  la  tige 
du  membre , et  non  1 analogue  de  la  partie  que  nous 
avons  appelée  ^a^e. 

Telles  sont  les  parties  c|ui  entourent  immédiate- 
ment la  bouche  des  Crustacés  broyeurs;  mais  elles  ne 
sont  pas  les  seules  qui  appartiennent  à l’appareil  de  la 
mastication , et  il  existe  toujours  une  ou  plusieurs 
paires  de  membres  qui  font  suite  aux  mandibules , et 
qui  ont  pour  fonction  principale  de  porter  les  alimcns 
dans  le  tube  digestif,  et  de  les  empêcher  de  s’échap- 
per d entre  les  mandibules  lorsqu’ils  viennent  à être 
comprimés  entre  ces  organes.  Le  nombre  de  ces  instru- 
mens  accessoires  de  la  mastication  varie  beaucoup  ; 
chez  les  Phyilasomes , par  exemple,  il  n’y  en  a c|u’une 
seule  paire,  tandis  que  chez  les  Crabes  et  les  Écre- 
visses on  en  compte  cinq  de  chaque  côté  (2).  Chez  tous 
ces  Crustacés  , les  deux  premières  paires  de  membres 
qui  suivent  les  mandibules  paraissent  être  spéciale- 
ment destinées  a entrer  dans  la  composition  de  l’ap- 
pareil buccal, et,  lorsque  Tune  d’elles  ne  sert  plus  à des 
usages  de  ce  genre,  elle  devient  rudimentaire;  mais 
les  autres,  au  nombre  d’une,  de  deux  ou  de  trois  paires, 
suivant  les  especes , jirennent  tantôt  la  forme  de  mâ- 
choires, tantôt  celle  de  pâtes  ambulatoires,  ou  pré- 
hensiles , et  remplissent  quelquefois  en  même  temps 
les  fonctions  de  ces  deux  organes  (3)  ; aussi  distingue- 


(1)  PI.  3,  fig.  i3,  c,  d. 

(2)  PI.  3 , fig.  9-i3. 

(3)  Voyez  à ce  sujet  lei  belles  recherches  de  M.  Sayigny,  sur 


63 


DES  CRUSTACÉS. 

t on  les  premiers  sous  le  nom  de  mâchoires  proprc- 
nient  dites  , et  les  derniers  sous  celui  de  mâchoires 
‘^^^^htircs  oupatesmiâchoires. 

"an  modifiés  ainsi,  pour  servir  d’or- 

d - , se  meuvent  latéralement  comme 

osectes  et  les  autres  animaux  articulés , tan- 
^ <1  le  ans  1 embranchement  des  animaux  vertébrés 

ûstrumens  destinés  aux  mêmes  usages  se  meuvent 
ans  a irection  de  l’axe  du  corps.  Ils  sont  toujours 
* PP  l'iués  sur  la  bouche,  et  les  anneaux  auxcjuels  ils 
‘ Ppartiennent  sont  soudés  aux  prccédens , de  manière 
a entrer  dans  la  composition  de  la  tête.  Leur  nombre, 
^mmenous  l’avons  déjeà  dit,  varie  beaucoup;  chez  les 
Ihysanopodes  et  plusieurs  autres  Storaapodes  , de 
même  que  chez  les  Nébalies  , etc. , les  mâchoires  seules 
entrent  dans  la  composition  de  l’appareil  buccal,  et 
tous  les  membres  qui  leur  succèdent  ont  la  forme  et 
es  lonctions  de  pâtes  locomotriccs(0  ; chez  les  Édrio- 

phthalmes  le  nombre  des  organes  de  manducation  est 
augmenté  d’une  paire  de  pâtes -mâchoires  (a;  ; chez 
certains  Salicoques,  que  j’ai  désignés  sous  le  nom  de 
aergeste , une  seconde  paire  de  pâtes -mâchoires  vient 
s ajouter  aux  derniers  membres  déjà  groupés  autour  de 
a louche  (3)  ; et  enfin,  chez  tous  les  autres  Décapodes, 
n compte  trois  paires  de  ces  pates-mâchoires  ; de  sorte 

ser  total  des  membres  modifiés  pour 

c a a manducation  est  de  six  paires. 


^«■•Sanisation  , , 

ses  mémoires  s i insectes  , des  Crustacés , etc. , dans 

(0  Ï'I.  a6  ^ïiimauxsans  vertèbres,  Fascicule. 

(2)  PI.  ag. 

(3)  Voyez  Annales  r).  ■ 

“‘«î  des  sciences  nalwellcs  , t.  19,  PI.  lo. 


G4 


HISTOIRE  NATURELEE 

La  forme  de  ces  diverses  mâchoires  varie  encore  plus 
fjue  leiii  nombre  ; celles  ijui  suivent  immédiatement 
les  mandibules  ressemblent  en  général  à de  petites 
lames  cornées , dont  le  bord  est  découpé  en  lobes  et 
garni  d’épines  et  de  soies;  disposition  dont  le  but  est 
évident  (i).  Les  pates-mâchoires , au  contraire,  sont 
presque  toujours  allongées  et  ont  la  forme  de  tiges 
recourbées  sur  elles-mêmes  (2)  ; enfin , celles  de  la  der- 
nière paire  sont  souvent  élargies  vers  leur  base  de  ma- 
nieiea  constituer  une  espece  d’opercule  qui  recouvre 
tout  l’appareil  buccal  (3). 

Chez  les  Crustacés  qui  vivent  en  parasy  tes  sur  d’au- 
ties  animaux^  et  se  nourrissent  en  suçant  leur  san"', 
la  disposition  de  l’appareil  buccal  est  très-différeme 
de  ce  que  nous  venons  de  voir  chez  les  Crustacés 
broyeurs  , mais  on  y retrouve  toujours  les  mêmes  élé- 
mens  (4)-  Les  pièces  médianes,  c£ui,  d’après  leur  po- 
sition , sont  évidemment  les  analogues  du  labre  et  de 
la  languette,  s’allongent  excessivement  et  se  réunissent 
pour  lormer  un  tube  conique  destiné  à agir  à la  ma- 
niéré dune  pipette  ou  suçoir  (5);  les  membres  qui , 
chez  les  broyeurs,  s élargissent  et  se  raccourcissent  pour 
constituer  les  mandibules  , éprouvent  ici  des  change- 
mens  inverses , et  se  transforment  en  deux  tiges  grêles 
et  acérées  qui  se  logent  dans  l’intérieur  du  tube  dont 
nous  venons  de  parler , et  se  montrent  à son  extrémité 
comme  deux  petites  lancettes  destinées  à perforrerlc 


(1)  PI.  3,  %.  12. 

(2)  PI. 3 , fig-,  y,  10,  etc. 

(3)  PI.  3,  lig.  2,4;  et  fig.  8. 

(4)  Voyez  nos  recherches  sur  l'organisation  de  la  bouche  des 
Cru.stacés  suceurs,  Annales  des  sciences  naturelles , t.  xxvin. 

(5;  PI.  38,  fig.  2,  etc. 


DES  CnUSTACÉS.  05 

lequel  il  doit  s’introduire  pour  en  pomper 
umeurs.  Les  membres  des  deux  paires  suivantes 

inutiles,  et 

bie  ^ ‘^°®®éqnent  réduits  à l’état  rudimentaire  ou 
nui  r complètement.  Enfin , les  membres 

et  les  Jï’c  pâtes  - mâchoires  chez  les  Crabes 

dp  1’..  encore  ici  des  parties  accessoires 

durtirf  l^uccal  ; mais , au  lieu  de  servir  à l’intro- 
transfm  dans  le  tube  digestif,  ils  sont 

fixer  V ^^erocliets  acérés,  et  ont  pour  usage  de 
animal  a la  proie  sur  laquelle  il  doit  vivre. 

1 ‘^Sne  droite  depuis  la 

ne  e jusqu  à l’anus , qui  occupe  toujours  le  dernier 
anneau  du  corps  ( i ) . Près  de  son  extrémité  antérieure  on 
y remarque  en  général  un  renflement  très-considérable 
auquel  succède  un  tube  grêle  et  cylindrique , defacon 
que  cet  organe  se  compose  de  trois  parties  distinctes 
qui  constituent  Pœsophage,  l’estomac  et  l’intestin. 
L œsophage  (a)  ne  présente  rien  de  remarquable;  il  est 
res-court,  et  dirigé  verticalement  entre  la  bouche  et 
la  lace  inférieure  de  l’estomac , dans  la  cavité  duquel  il 
intérieure  présente  plusieurs 
terne  ’ ^ deux  tuniques , l’une  ex- 

séreule  P"”"  “ prolongement  de  la  membrane 
-lucu»  de  s.rucl„ree,u- 

tégume’ns  T avec  les  couches  externes  des 

nombre  de’ fiV^''^  se  trouvent  un  assez  grand 

entourent  ce  conduit 
substances  ’ par  leur  contraction,  à la  sortie  des 
^'^^'■nnues  dans  l’estomac. 


(0  Pl,4, 


cnesTAcÉs 


J Tome 


5 


G6  HIsrOlfiÈ  NATURELLE 

Ce  dernier  viscère  est  en  général  très-grand  et  oecupe 
la  majeure  partie  de  la  tête.  Chez  la  plupartdes  Crusta- 
cés il  paraît  à peu  près  globuleux  lorsqu’on  le  regarde 
en  dessus  (i);  sa  face  supérieure  est  aplatie,  son  bord 
antérieur  très-large,  et  son  extrémité  postérieure  fort 
rétrécie;  enfin,  sur  les  côtés  et  au-dessous  , ses  parois 
sont  bombées  fi).  Dans  les  Déeapodes , où  sa  structure 
est  la  plus  facile  à étudier,  l’estomae  occupe  toute  l’é- 
paisseur du  corps,  et  correspond  à la  portion  médiane 
et  antérieure  de  la  carapace  désignée  par  M.  Desiaa- 
rests  sous  le  nom  de  région  stomacale.  Sa  face  anté- 
rieure correspond,  au  cerveau  et  à l’origine  des  yeux  et 
des  antennes  ; enfin  , sur  ses  côtes  se  voit  une  partie 
du  foie  et  des  organes  de  la  génération  (3).  Ses  parois , 
comme  celles  de  l’œsophage,  sont  formées  de  deux  tu- 
niques membraneuses  fines  et  transparentes , séparées 
par  des  fibres  musculaires  ; mais  on  y voit  aussi  un 
appareil  osseux  ou  cartilagineux,  dont  la  structure  est 
très-remarquable.  Chez  tous  ces  Crustacés  l’estomac 
est  divisé  en  deux  portions  bien  distinctes,  que  l’on 
pourrait  désigner  sous  les  noms  de  portion  cardiaque 
et  de  portion  pylorique  (4).  La  première  est  très-vaste 
et  se  trouve  immédiatement  au-dessus  de  l’œsophage  ; 
la  seconde  est  au  contraire  très-petite  et  dirigée  di- 
rectement en  arrière,  de  façon  à former  un  angle  droit 
avec  l’axe  de  l’œsophage  et  de  la  portion  cardiaque  à 
la  partie  postérieure  et  supérieure  de  laquelle  elle  est 


(1)  Pl.  4,  %.  I,  C. 

(2)  Pl.  4i  lig.  Ij  “• 

Î3)  Pl.  4,  fig.  i,m. 

(4)  fl-  4,  fig.  1 : G , portion  cardiaque;  P,  portion  pylorique  ; 
fig.  6 , mêmes  lettres. 


vi'  partie  de  l’appareil  cartilagineux  dont  il 

ri  mention  , occupe  laportion  cardiaque 

à paraît  servir  à soutenir  ses  parois,  et 

<le  cetT^^  ’^^toiiiber  dansPiBsophage  ; le  reste 

un  ''”'^°'^re  la  portion  pyloricrue  et  soutient 

inti  eut  ‘I-  dans  son 

très-eomnt  Cuvier  (i) , est 

sera  n ^ PO^^'’  ^^faire  liien comprendre , il 

1 etuditr  quelques  dét.ails  , et  de 

CO innl  déterminée,  le  Crabe 

commun , par  exemple. 

On  remarque  d’abord  à la  face  supérieure  de  la  por- 
bon  cardiaque  de  l’estomac  une  arête  transversale 
qui  est  situee  immédiatement  au-dessus  de  l’ouver 
ture  œsophagienne  ; en  examinant  avec  plus  d’  it- 
tcnt.on  cette  bande  osseuse,  on  voit  qu’elle  est  com- 
posée de^  trois  pièces,  une  médiane  et  deux  latérales  • 
a première,  que  nous  appellerons  cardiaque  (2)  es! 
pe.  te  et  a peu  près  quadrilatère,  tandis  que  les  deux 
ces , que  nous  désignerons  sous  le  nom  de  ptérocar^ 

Sn^D  r - 

«ne  postérieur  du  cartilage  cardiaque  part 

sup&ieJîe im  1 

son  extrémi  té  Py^sente  rien  de  remarquable,  mais  à 
b‘'osse  tubérn  e elle  porte  en  dessous  une 

site  osseuse  qui  fait  saillie  dans  la  c.avité 

(*)  Leçons  d’a 

4,  t.  IV,  p.  126. 

(3)  PM,%  : 7, «. 


HISTOIRE  NATURELLE 


68 

fie  l’estomac,  et  constitue  une  des  dents  dont  cet  or- 
canc  est  armé.  Au-dessus  de  cette  dent  s’articule  une 
petite  pièce  osseuse  que  nous  appellerons  la  pjloriquc 
antérieure  ( i ) ; elle  se  trouve  en  haut , et  présente  à son 
extrémité  supérieure  deux  branches  latérales,  de  ma- 
nière à représenter  assez  exactement  la  lettre  T. 
Chacune  de  ces  branches  s’articule  à son  tour  avec 
une^ièce  cardiaque  latérale  supérieure  (2)  qui  se  dirige 
en  avant  en  décrivant  une  ligne  courbe,  et  va  s’unir 
à l’extrémité  latérale  de  la  pièce  ptérocardiaque  cor- 
respondante (é)  ; sa  portion  antérieure  est  grêle  et  li- 
néaire, mais  vers  son  extrémité  postérieure  elle  s’élargit 
beaucoup , et  porte  à sa  face  intérieure  un  gros  tuber- 
cule qui  se  prolonge  dans  l’intérieur  de  l’estomac,  et 
constitue  de  chaque  côté  du  pylore  une  dent  placée 
immédiatement  au-dessous  de  celle  appartenant  à la 
pièce  urocardiaque , et  semblable  à elle.  Il  résulte  de 
cette  disposition  des  pièces  qui  garnissent  la  face 
supérieure  de  l’estomac,  que , lorsqu’on  les  regarde  en 
dessus , elles  ressemblent  assez  à une  petite  arbalète 
tendue,  dont  l’arc  serait  formé  par  les  pièces  ptéro- 
cardiaques, (ô)  le  manche  par  le  cartilage  urocardia- 
que (c?)  et  toute  la  portion  pylorique  de  l’estomac  (P), 
et  la  corde  par  les  cartilages  cardiaques  latéraux 
supérieurs  [f).  A laface  postérieure  de  la  portion  car- 
diaque de  l’estomac,  on  voit  sur  la  ligne  médiane  une 
plaque  cartilagineuse  (3)  qui  se  porte  obliquement  du 
pylore  vers  l’œsophage  (pièce  cardiaque  postérieure  ) , 
et  s’articule  de  chaque  côté  avec  une  arête  qui  suit  la 


(1)  PI.  4.  fig.  I,  e. 

(2)  PI.  4,  fig.  I,  /,  et  iig.  7,/- 

(3)  PI.  4,  fig.  7,  O, 


DES  CRUSTACÉS.  69 

ïTTcme  direction  ; par  leur  extrémité  supérieure^  ces 
lûèces  cardiaques  latérales  inférieures  (i)  s’articu- 
avec  un  petit  osselet  {pièce  cardiaque  latéro- 
^e  l’unit  au  bord  inférieur  et  postérieur 

de  ^^Ddiaque  latéro-supcrieure  ip)  -,  au  devant 

tifoT^*^^  ^''llculation  se  trouve  un  petit  tubercule  den- 
de  <^ardiaque  latérale  ) qui  occupe  le  côté 

ouverture  pylorique,  et  se  voit  immédiatement  au- 
essous  des  dents  appartenant  aux  pièces  cardiaques 
atéro-supérieures  (2).  De  chaque  côté  de  l’estomac  il 
existe  encore  une  grande  plaque  cartilagineuse  (s)  qui 
se  soude  au  bord  inférieur  des  pièces  cardiaques  laté- 
rales , et  porte  à sa  face  interne  un  grand  nombre  de 
poils  courts  et  raides  qui  font  saillie  dans  la  cavité  de 
ce  viscère , et  constituent  deux  espèces  de  brosses  ou 
de  râpes  situées  au  devant  et  au-dessous  du  pylore. 
Enfin,  une  arête  osseuse  [pièce  cardiaque  latérale 
accessoire) , recourbée  sur  elle-même,  se  porte  de  la 
partie  antérieure  de  ces  petites  dents  vers  le  point  de 
réunion  des  tiges  cardiaques  latéro-supérieures  avec 
les  ptérygo-cardiaques  (g^). 

Les  parois  de  la  portion  pylorique  de  l’estomac  sont 
egalement  garnies  d’un  nombre  assez  considérable  de 
pièces  cartilagineuses  ou  calcaires  : on  y distingue 
abord  deux  petites  plaques  qui  font  suite  à la  pièce 
Py  orique  antérieure,  et  s’articulent  aussi  avec  le  bord 
nous^l*^*^'^  ‘^es  pièces  cardiaques  latéro-supérieures; 
appellerons  pièces  pj^/o7't^Mes  (3).  En  arrière 


70  HISTOIKE  NATURELLE 

d’elles,  la  cavité  Stomacale  se  rétrécitassez  brusquement, 
et  présente  à sa  face  supérieure  quatre  ou  cinq  petits 
osselets méso-pyloriques  ( i),  puis  unearête  transversale 
qui  semble  donner  attache  à l’intestin,  et  que  l’on  peut 
nommer  uro-pjlorique  (a).  De  chaque  côté  des  osselets 
méso-pyloriques , on  remarque  l’insertion  des  conduits 
biliaires  (3),  et,  au-dessous  de  cette  ouverture,  une 
petite  arête  {pièce  pylorique  latérale)  qui  vase  joindre 
à une  plaque  cartilaginéuse  qui  occupe  la  portion  an- 
térieure et  inférieure  du  pylore  ; le  bord  supérieur  et 
antérieur  de  cette  pièce  pylorique  inférieure  s’élève 
dans  l’intérieur  de  la  portion  correspondante  de  la  ca- 
vité stomacale,  et  y constitue  une  espèce  de  cloison 
garnie  de  poils,  au-dessus  de  laquelle  se  voient  deux 
prolongemens  membraneux  qui  paraissent  remplir  l’of- 
fice de  valvules,  et  qui  naissent  de  la  face  interne  des 
pièces  pyloriques  latérales.  Enfin , en  arrière  de  la 
plaque  pylorique  inférieure,  il  existe  encore  deux  am- 
poules cartilagineuses  assez  grosses  cjui  occupent  la 
partie  inférieure  et  postérieure  du  pylore  (ij). 

Divers  faisceaux  musculaires  se  fixent  à cet  appareil 
compliqué, et  en  font  mouvoir  les  pièces  les  unes  sur  les 
autresde  inani  ère  à broy  er  en  tre  1 es  den  t s qui  garn  i ssen  t 
l’entrée  du  pylore  les  alimen  s qui  s’y  présentent.  Uncer- 
tain  nombre  de  muscles  s’étendent  d’une  pièce  à l’au- 
tre entre  les  deux  tuniques  membraneuses  de  l’estomac, 
et  concourent  ainsi  à fortifier  les  parois  de  ce  viscère; 
mais  d’autres  ne  s’y  fixent  que  par  une  de  leurs  extré- 
mités, et  prennent  leur  point  d’appui  sur  la  partie 


(I)  PI.  4,  fig.  1,  i. 
(2}  Pt.  4,  fig.  i,j. 

(3)  PI.  4,  fig.  I,  l. 

(4)  PI  4.  %•  8,  c. 


DES  CRUSTACÉS. 

voisine  de  la  carapace.  Ces  derniers  muscles  sont  les 
plus  puissans , et  servent  à mouvoir  la  totalité  de 
1 estomac  aussi  bien  qu’à  le  fixer  au  squelette  tégumen- 
taire.  Deux  d’entre  eux , qu’on  peut  appeler  les  mus- 
c es  antérieurs  de  l’estomac,  s’insèrent  d’une  part  à la 
partie  antérieure  des  pièces  ptérocardiaques  ou  à la 
piece  cardiaque  elle-même,  et  de  l’autre  à la  partie  an- 
ferieure  de  la  carajiace  immédiatement  au-dessus  des 
jeux  ( I ) . Deux  autres  muscles , qui  sontles  antagonistes 
es  premiers , s’étendent  de  la  partie  supérieure  de  la 
caiapace  à la  portion  postérieure  des  jiièces  cardiaques 
latéro-supérieures  et  aux  parties  voisines  de  l’esto- 
ruac(2).  Enfin,  une  troisième  paire  de  muscles  très- 
grêles  se  porte  de  la  pièce  pylorique  inférieure  au 
bord  postérieur  de  la  bouche,  en  s’appuyant  sur  la  face 
extérieure  de  la  pièce  cardiaque  postérieure. 

La  disposition  de  l’appareil  osseux  de  l’estomac  est 
essentiellement  la  même  chez  tous  les  autres  Crustacés 
décapodes  que  nous  avons  examinés  ; mais  souvent  son 
aspect  change  beaucoup  à cause  des  différences  que  les 
pièces  présentent  dans  leur  grandeur  relative.  Ainsi , 
chez  l’Écrevisse  (3)  ^l’arête  transversale,  formée  par  les 
pièces  cardiaques  et  ptérocardiaques,  qui  occupe  la  face 
supérieure  de  l’estomac,  au  lieu  d’être  située  à une  dis- 
tance assez  considérable  de  la  pièce  pylorique  anté- 
rieure, n en  est  éloignée  que  de  quelques  lignes , par 
^unséquent  la  pièce  urocardiaque,  au  lieu  d’être  très- 
oue  comme  chez  le  Crabe,  est  réduite  presque  à 
il  en  est  de  même  des  pièces  ptérocardiaques , 


lUSTOIRE  NATURELLE 


72 

taudis  que  les  pièces  cardiaques  et  pyJoriques  pren- 
nent un  accroissement  considérable.  Ces  clilFérences 
sont  quelquefois  assez  grandes  pour  faire  méconnaî- 
tre au  premier  abord  l’identité  de  certaines  parties  de 
cet  appareil  chez  les  Brachyures  et  les  Macroures  ; 
mais , par  une  étude  attentive  de  ces  pièces , nous  som- 
mes toujours  parvenus  à reconnaître  leurs  analogies. 
La  forme  des  dents  qui  entourent  l’ouverture  pyloi’ique 
varie  aussi  ; tantôt  elles  sont  arrondies,  tantôt  bosselées 
ou  striées  ; d’autres  fois  garnies  de  côtes  saillantes  (i). 

Dans  l’ordre  des  Édriopbtbalmes , on  rencontre  en- 
core dans  l’estomac  des  parties  analogues  à celles  que 
nous  venons  de  décrire,  mais  elles  sont  peu  dévelop- 
pées, et  au  lieu  d’étre  osseuses  elles  n’ont  qu’une 
consistance  cartilagineuse  ; leur  structure  ne  nous  a 
paru  offrir  rien  de  remarquable,  si  ce  n’est  que  la  face 
intérieure  de  plusieurs  de  ces  lames  mobiles  est  re- 
couverte de  j)oils.  Chez  l’Orcbestie,  par  exemple,  il 
existe  à la  partie  antérieure  de  l’estomac , près  de  sou 
ouverture  œsophagienne,  deux  petites  dents  ciliées, 
et  chez  la  Lygie  océanique  on  trouve  à la  partie  pos- 
térieure de  ce  viscère  des  pièces  analogues,  mais  beau- 
coup plus  minces  et  moins  saillantes. 

Enfin,  dans  les  Squilles  on  voit  aussi,  à la  partie 
postérieure  de  la  portion  cardiaque  de  l’estomac , deux 
petites  pièces  semi-cornées  très-minces,  dont  la  face 
interne  est  armée  d’une  série  verticale  de  petits  ma- 
melons coniques.  Il  n’existe  point  ici  de  grosses  dents 
stomacales  capables  de  bi’oyer  les  alimens;  mais  le 
même  résultat  est  obtenu  au  moyen  d’une  branche  de 


(I)  PI.  4,  fig.  9. 


UES  CRUSTACÉS.  ^3 

l<i  mandibule  qui  pénètre  dans  l’intérieur  de  cette  ca- 
'''ite,  et  s’y  voit  à peu  de  distance  du  pylore;  car, 
cîez  ces  Crustacés,  l’œsophage,  au  lieu  d’occuper  le 
mi  ieu  de  la  portion  cai’diaque  de  l’estpmac , est  placé 
près  e son  extrémité  postérieure,  et  immédiatement 

au-dessous  de  l’entrée  du  pylore. 

^ intestin  qui  fait  suite  hl’cstomac,  etqui  s’étend  en 
droite  jusqu’à  l’anus , est  grêle  et  très-allongé  (i). 

‘ - parois  sont  très-minces  et  composées  comme  dans 
<^s  autres  parties  du  tube  digestif  de  deux  tuniques  ; 
r e ebaque  côté  il  est  en  rapport  avec  le  foie  (a)  et  les 
organes  de  la  génération  ; sa  face  supérieure  est  re- 
couverte, en  majeure  partie,  par  le  cœur  et  l’artère 
abdominal  supérieur , et  sa  face  inférieure  repose  sur 
une  portion  du  foie  et  sur  les  muscles  fléchisseurs  pro- 
fonds des  anneaux  correspondans  (3).  Chez  les  Crusta- 
cés des  ordres  inférieurs,  il  présente  dans  toute  son 
étendue  la  même  largeur,  et  son  aspect  ne  change  pas  ; 
mais  chez  la  plupart  des  Décapodes  on  peut  y distin- 
guer deux  parties.  La  longueur  relative  de  ces  deux 
portions  du  tube  intestinal  varie  beaucoup  suivant 
les  espèces  ; la  première,  que  l’on  pourrait  appeler  le 
duodénum,  est  très-court  chez  le  Maja  (4),  tandis  que 
Cîez  le  Homard  elle  constitue  les  sept  huitièmes  de 
^ otestin;  elle  est,  en  général,  beaucoup  moins  mus- 
ire  que  la  seconde,  que  nous  distinguerons  sous 
(5),  et  sa  limite  postérieure  nous  a 
paru  facile  à reconnaître , d’après  la  position 


1 1-  4,  fiq.  X I 
P'-  4.  lig.  2 F 

'3)  PI-  7. 4 ; V 

(4)  l’i-  4,  fiç.  J,  J) 


HISTOIRE  NATURELLE 


74 

d’un  appendice  sécrétoire  dont  nous  parlerons  par  la 
suite.  Chez  le  Homard,  la  face  interne  du  duodénum 
est  lisse,  tandis  que  celle  du  rectum  est  froncée  ; en- 
fin, une  espèce  de  valvule  circulaire  sépare  la  pre- 
mière cavité  de  la  seconde,  et  correspond  à un  petit 
bourrelet  qui  se  voit  au  dehors.  Dans  l’Écrevisse,  la 
première  portion  du  duodénum  présente  à l’intérieur 
un  grand  nombre  de  petites  villosités,  et  il  n’y  a pas  de 
limite  tranchée  entre  le  duodénum  et  le  rectum. 

L’anus  est  situé,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  au 
dernier  anneau  de  l’abdomen-,  c’est  une  fente  longitu- 
dinale qui  en  occupe  la  face  inférieure,  et  dont  les 
bords  sont  garnis  de  deux  replis  .ayant  la  forme  de 
lèvres.  Immédiatement  au-dessous  des  tégumens,  on 
trouve  de  chaque  côté  de  cette  ouverture  un  faisceau 
de  fibres  musculaires  longitudinales  qui  appartient 
au  fléchisseur  du  dernier  anneau,  et  qui  paraissent 
remplir  ^ussi  les  fonctions  de  sjihincter. 

Telle  est  la  disposition  du  canal  alimentaire  chez 
presque  tous  les  Crustacés , mais  quelquefois  sa  forme 
est  très-diflérente.  Dans  un  petit  animal  de  cette  classe 
qui  vit  en  parasite  sur  les  branchies  du  Homard,  au 
lieu  de  présenter  un  seul  renflement  stomacal,  il  oflre 
de  chaque  côté  une  énorme  poche  qui  communique 
avec  sa  cavité  (i).  Ce  mode  d’organisation  rappelle 
celui  de  l’appareil  digestif  de  la  plupart  des  sangsues^ 
et  il  est  à noter  que  les  Crustacés  dont  nous  venons 
de  parler  se  nourrissent  delà  même  manière  que  ces 
Annélides. 

Divers  organes  de  sécrétion  viennent  se  grouper  au- 


(i)  Voyez  Mémoire  sur  le  Nicothoc  du  Homard ^ par  JVl.  Audouiu  et 
moi , Annales  des  sciences  naturelles,  t«  p.  3^5,  PI.  49* 


tour  du  canal  digestif,  et  y versent  les  humeurs  né- 
cessaires à l’exercice  de  ses  fonctions.  L’appareil  bi- 
laire  est  le  plus  important  et  le  plus  volumineux  de 
parties  accessoires  du  tube  alimentaire. 
btb°r  et  quelques  autres  Crustacés  Édrio- 

r>  structure  est  essentiellement  la  même 

J-ie  c ez  es  insectes  ; car  il  est  composé  de  trois  paires 

0 vaisseaux  biliaires  qui  s’ouvrent  dans  l’estomac,  et 
cotoyentl  intestin  dans  toute  la  Ion  gueur  du  corps  (i)  ; 
niais,  en  général,  la  disposition  de  cet  appareil  de 
secrétion  est  tout-à-fait  différente.  Chez  tous  les  Dé- 
capodes , par  exemple , il  est  formé  de  deux  grandes 
niasses  glandulaires  qui  occupent  la  majeure  partie  de 
la  cavité  viscérale  (a),  et  sont  souvent  réunies  entr 'elles. 
La  couleur  jaune  de  ces  organes  se  distingue  à tra- 
vers la  membrane  mince  et  transparente  qui  les  recou- 
vre et  qui  s enfonce  entre  les  lobes  qui  les  composent. 
Au  premier  abord  on  pourrait  croire  que  chez  ces 
animaux  le  tissu  du  foie  est  spongieux  ; mais,  lorsqu’on 

1 a dépouillé  de  sa  tunique  externe , on  trouve  qu’il  est 

fermé  par  l’agglomération  d’un  nombre  immense  de 
petites  vésicules  plus  ou  moins  allongées  et  semblables 
^ f es  vaisseaux  bornes.  En  poursuivant  (dans  de  l’eau) 
^J;te  dissection  délicate,  on  voit  aussi  que  ces  espèces 
Iç  vont  aboutir  à des  canaux  membraneux  sur 

6X0^^*^*^*  desquels  ils  s’implantent,  et  que  ces  conduits 
nière*^^*^'*  ^ ^^our  entre  eux  de  ma- 

partie^l  former  un  gros  tronc  qui  va  s’ouvrir  sur  la 
et  y (Jortion  pylorique  de  l’estomac  (3) , 

bile  qui  est  d’une  couleur  jaune  verdâ- 


(I)  PI.  4 


^6  HISTOIRE  NATURELLE 

fre,  La  forme  elle  volume  du  foie  varient  beaucoup, 
ainsi  que  le  nombre  de  ses  lobes  et  la  longueur  des 
vésicules  cœcales  qui  le  composent  ; mais  ces  détais 
ne  sont  pas  assez  importuns  pour  nous  arrêter  ici. 
Fous  ajouterons  seulement  que,  chez  les  Squilles , ce 
viscère  a une  structure  granuleuse  et  présente,  comme 
1 a observé  M.  Cuvier,  deux  rangées  de  lobes  qui 
s étendent  dans  toute  la  longueur  de  l’intestin  (i).  11 
est  aussi  à remarquer  que  chez  les  Crustacés  suceurs 
le  foie  paraît  être  remplacé  par  un  tissu  spongieux 
et  réticulé  qui  forme  autour  du  tube  digestif  une 
sorte  de  lacis  (2). 

Chez  les  Décapodes  brachyures , la  portion  pylo- 
rique  de  l’estomac  présente  d’autres  annexes  qui  pa- 
raissent être  aussi  des  organes  de  sécrétion  (3);  ce  sont 
deux  longs  tubes  membraneux  très-étroits  , terminés 
en  cul-de-sac  et  entortillés  sur  eux  - mêmes  , qui  se 
voient  au-dessus  du  foie  ; ces  vaisseaux  renferment  un 
liquide  blanchâtre,  et  viennent  s’ouvrir  à la  partie  su- 
périeure de  la  cavité  pylorique,  immédiatement  en  ar- 
rière des  espèces  de  valvules  que  nous  avons  signalées 
dans  son  intérieur.  Ces  appendices  se  rencontrent  aussi 
chez  quelques  Macroures.  Swammerdam  en  a signalé 
1 existence  chez  le  Bernard  - l’Hermite  ; mais  dans  le 
Homard,  etc.,  on  ne  les  voit  pas,  et  ils  paraissent  être 
remplacés  par  deux  ampoules  qui  ressemblent  à des 
cornes  (4). 

Chez  presque  tous  les  Crustacés  décapodes  que  nous 


(1)  Leçons  d'anatomie  comparée,  t.  IV,  p,  lâa. 

(2)  PÎ.  4,  «g.  4, 

(3)  PI,  4,  iig.  I,  m. 

^4)  PÎ-  4’  %•  10- 


DES  CKUSTACÉS. 

>>vons  disséqués , il  existe  aussi  un  point  de  réunion  du 
t uodénum  avec  le  rectum,  un  autre  vaisseau-borne, 
ont  la  structure  est  exactement  semblable  à celles  des 
b^bl^  *^*^^'^*  nous  venons  de  parler,  et  qui  est  pro- 
ement  encore  un  organe  de  sécrétion  (i).  Sa  posi- 
tesd  suivant  que  la  portion  duodénaie  de  l’in- 
cbe  ] ou  moins  vers  l’anus  ; ainsi, 

e Tourteau,  on  le  trouve  immédiatement  en 
et  chez  le  Homard  h l’extrémité  de 
yj  omen;  mais  il  s’ouvre  toujours  immédiatement 
au  t cvant  des  valvules  qui  séparent  le  duodénum  du 
rectum;  dans  l’Écrevisse  il  manque. 

Enfin  , on  voit  de  chaque  côté,  et  un  peu  en  arrière 
de  Tœsophage  des  grands  Crustacés,  une  petite  masse 
spongieuse  de  couleur  verdâtre,  qui  pourrait  bien  être 
un  appareil  salivaire  ; son  aspect  est  semblable  h celui 
de  l’organe  sécréteur  qui  recouvre  l’appareil  auditif. 


II.  De  la  respiration. 


Une  fonction  dont  l’exercice  est , chez  tous  les  ani- 
uiaux  , non  moins  importante  que  la  digestion , mais 
qui  ne  devient  pas  aussitôt  l’apanage  d’un  appareil 
P-irliculier , c’est  la  respiration.  On  donne  ce  nom  à 
isoiptionde  certaines  parties  constituantes  de  l’at- 
gaze^  ure , et  à 1 exhalation  de  produits  également 
des^m  ’ lu  formation  paraît  dépendre  de  l’action 
sur  uériformes  dont  nous  venons  de  parler 

règne  organiques  doués  de  vie.  Dans  le 

cgetal  , le  gaz,  ainsi  idasorbé,  est  de  Tacide 


%.  I, 


n. 


Histoire  naturelle 

carbonique , et  le  produit  de  la  respiration  est  del’oxi- 
gène  ; mais  chez  les  animaux  , comme  chacun  le  sait , 
c’est  l’inverse  qui  a lieu  , et  lorsqu’on  prive  ces  êtres  de 
l’influence  vivifiante  del’oxigène  ils  ne  tardent  pas  à pé- 
rir. Cette  absorption  et  cette  exhalation  ont  d’abord  leur 
siège  dans  toutes  les  parties  du  corps  qui  se  trouvent 
en  contact  avec  le  fluide  dans  lequel  l’animal  vit  ; 
mais,  lorsf£u’on  s’élève  dans  la  série  zoologique,  on  voit 
que  la  peau  ne  tarde  pas  à être  plus  ou  moins  com- 
plètement privée  de  ces  fonctions  , et  cjue  la  respira- 
tion se  concentre  dans  un  appareil  particulier  dont  la 
structure  varie. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  , en  thèse  générale,  est 
entièrement  applicable  aux  Crustacés  en  particulier. 
Le  fluide  cju’habitent  ordinairement  ces  animaux 
pourrait  faire  croire,  au  premier  abord,  qu’ils  étaient 
soustraient  à l’influence  de  l’air,  et  que  s’ils  absorbent 
de  l’oxigène,  c’est  en  décomposant  l’eau  ambiant  qu’ils 
se  le  procurent  ; c’est  elFectivement  l’opinion  que  plu- 
sieurs savans  se  sont  formés  de  la  respiration  des 
poissons  et  des  autres  animaux  aquatiques  ; mais  des 
expériences  précises  ont  prouvé  que  ces  êtres  ne 
sont  pas  soustraits  à la  loi  générale,  et  que  c'est  en 
s’emparant  de  l’oxigène  de  l’air,  tenu  en  dissolution 
dans  l’eau,  qu’ils  pourvoient  aux  besoins  delà  res- 
piration (i). 

Chez  un  certain  nombre  de  Crustacés , tels  que 
les  Pliyllosomes , les  Cyclopes  , etc.,  on  ne  voit  au- 
cune partie  du  corps  qui  soit  spécialement  destinée 


(I)  Voyez  les  recherches  de  MM.  de  llumboldt  et  Provençal,  sur 
la  respiration  des  poissons,  dans  les  Mémoires  de  la  société  d’Ar- 
cueil,  t.  II. 


ms  CRUSTACÉS.  ^gi 

^ l-i  respiration , et  c’est  par  la  surface  tégumen- 
taire  générale  que  cette  fonction  parait  s’exécu- 
ter, mais  chez  la  plupart  d’entre  eux  elle  devient 
apanage  d un  appareil  particulier  plus  ou  moins 

P sque  , et  formé  essentiellement  d’oreanes  appe- 
lés branchies. 

Ce  sont  d abord  un  certain  nombre  des  membres  qui 
se  modifient  pour  servir  plus  spécialement  à la  respi- 
ration , en  même  temps  qu’ils  agissent  encore  comme 
^strumens  de  locomotion.  Dans  les  Apus  et  les  Bran- 
e iipes  , par  exemple , tous  les  membres  qui  suivent 
appareil  buccal  ont  une  forme  foliacée  , et  les  parties 
fini  p.araissent  représenter  le  fouet  et  le  pulpe  de  ces 
organes  sont  complètement  membraneuses,  ou  plus 
ou  moins  vésiculaires  (i)  ; aucune  expérience  directe  ne 
prouve  que  ces  parties  remplissent  réellement  les 
fonctions  de  branchies,  mais  tout  porte  à le  croire, 
et  pendant  la  vie  de  l’animal  on  les  voit  dans  un  mou- 
vement continuel,  lors  même  qu’il  ne  change  pas  de 
place  : .aussi  les  natunalistes  ont-ils  donné  aux  mem- 
l^res  ainsi  modifiés  le  nom  de  pâtes  branchiales. 

Dans  le  groupe  naturel  des  Isopodes  , ce  sont  encore 
I es  membres  qui  paraissent  être  plus  particulièrement 
^ siège  de  la  respiration;  mais  ceux  qui  sont  alïectés 
n agissent  plus  comme  organes  de  locomo- 
eom  ' 1*^  0“  peut  considérer  cet  état  de  choses 

Les''^*^  degré  de  plus  dans  la  division  du  travail, 
tenu”^^”^  uiodifiés  ainsi , pour  agir  sur  l’oxigène 
cinq  J.  ’®^*^lution  dans  l’eau,  appartiennent  aux 
premiers  anneaux  de  l’abdomen,  et  se  composent 


(I)  PI. 


HISTOIRE  NATUREELE 


8o 

chacun  d’un  petit  article  basilaire  auquel  sont  suspen- 
dues deux  lames  membraneuses  molles,  et  plus 
ou  moins  vésiculaires  (i);  souventonleur  voitaussi  du 
côté  intérieur  un  petit  appendice  qu’on  peut  regarder 
comme  l’analogue  de  la  tige  des  autres  membres,  tandis 
que  les  deux  lames , dont  il  vient  d’étre  fait  mention , 
représenteront  le  fouet  et  le  pulpe  ; enfin  , il  est  des 
Crustacés  chez  lesquels  ces  membres,  qu’on  peut  ap- 
peler des  fausses  pâtes  branchiales au  lieu  d’étre 
complètement  externes,  comme  cela  a lieu  en  général, 
sont  renfermés  dans  une  cavité  formée  par  le  dernier 
segment  de  l’abdomen  (2). 

Dans  un  autre  groupe,  voisin  des  Crustacés  dont 
nous  venons  de  parler,  celui  des  Amphipodes  (3)  et 
des  Lamipodes , ce  sont  les  fouets  des  membres  thora- 
ciques qui  paraissent  spécialement  afiéctés  à l’exercice 
des  fonctions  respiratoires;  ces  organes,  au  nombre  de 
huit  à douze,  prennent  la  forme  de  grandes  vésicules 
membraneuses  , suspendues  au-dessous  du  thorax  en- 
tre les  pâtes  ambulatoires  et  im  coui’ant  d’eau  mis  en 
mouvement  par  les  pâtes  natatoires  de  l’abdomen, vient 
les  baigner  continuellement.  Chez  plusieurs  Stomapo- 
des , et  chez  quelques  Décapodes,  le  fouet  d’un  certain 
nombre  des  membres  thoraciques  présente  une  modi- 
fication analogue  et  constitue  un  vésicule  ou  une  es- 
pèce de  galette  membraneuse  ; mais,  chez  ces  animaux, 
il  existe  aussi  des  branchies  proprement  dites,  et  ces 
organes  ne  sont  plus  de  simples  modifications  de  par- 
ties déjà  existantes  dans  l’économie,  comme  cela  a lieu 


(i)  PI.  10,  %.  0. 

(a)  pi.  10,  tig.  7. 
(3)  PI.  2,  (ig.  i5,  e. 


•>ES  CKUSTACÉS. 


8i 


pour  es  pâtes  branchiales,  mais  paraissent  être  une 
création  nouvelle,  commandée  par  la  division  toujours 

roissante  dans  le  travail  dont  le  corps  de  ces  animaux 
est  le  siège  (i). 

Cvnth'  ^toffiapodes,  dont  on  a formé  le  genre 

l’artirl^'^l  l'ranclnes  sont  fixées  à l’extrémité  de 
prem'  membres  abdominaux  des  cinq 

];  1 * paires , et  consistent  en  une  espèce  de  cy- 

^ un  petit  pé- 

]„  Squilles , la  position  des  branchies  est 

meme  que  chez  les  Cyntbia;  elles  sont  toujours 
uxees  a 1 article  basilaire  des  membres  abdominaux  des 
cinq  premières  paires , et  flottent  librement  dans  l’eau 
ambiante  ; mais  leur  structure , qui  a été  décrite  avec 
soin  par  M Cuvier  (3),  est  beaucoup  plus  compli- 
quée; car  chacun  de  ces  organes  est  formé  d’un  long 
tube  conique  sur  un  des  côtés  duquel  naît  une  série 
tic  petits  tubes  disposés  parallèlement  entre  eux 
t orgue  ; et,  à leur  tour , ces  tubes  por- 

ent  chacun  une  rangée  de  longs  filamens  cylindriques 

très-nombreux  (4).  ^ 

nonor  même  ordre,  celui  des  Thysa- 

les^  S ni  ont  la  même  structure  que  chez 

sont  ressemblent  à des  panaches  rameux  ; 

nient  da^'^T’^  Procès  à l’extérieur  et  flottent  libre- 
cau  ambiant  ; mais , au  lieu  d’occuper 

11)  Pl.  JO  !> 

Pl.  10.  fig.  >'■ 

(3)  Leçons  dt  ' • 

(4)  Pl.  10,  lig!  4°4"'  t.  IV, 

oimsTAcrs,  tomei. 


6 


histoire  tfAtURËtRE 


8 T. 

l’abdomen,  ils  sont  fixés  aux  pâtes  thoraciques  (i). 

Enfin , dans  l’ordre  des  Crustacés  Décapodes,  l’ap- 
pareil respiratoire  est  encore  plus  compliqué,  car 
les  branchies  sont  renfermées  dans  des  cavités  bien 
formées,  et  il  existe  un  mécanisme  particulier  destiné 
à opérer  le  renouvellement  de  l’eau  qui  les  baigne. 
Ces  cavités  branchiales , au  nombre  de  deux , occupent 
les  côtés  de  la  portion  thoracique  du  corps  et  sont  si- 
tuées au-dessous  de  la  partie  latérale  de  la  carapace  (2). 
Leur  paroi  interne  est  formée  par  la  voûte  des  flancs 
qui  s’étend  depuis  la  base  des  pâtes  jUsqu’à  la  face 
dorsale  du  thorax,  et  l’externe  par  repli  tégumen- 
taire  qui  se  porte  en  décrivant  une  ligne  courbe  du 
bord  supérieur  des  flancs  à leur  bord  inférieur , où  il 
se  continue  avec  le  bord  latéral  de  la  carapace  (3).  On 
y distingue  une  espèce  d’épiderme  qui  est  le  prolonge- 
ment de  la  couche  dermoïde  qui  constitue  le  test  lui- 
même  , et  une  membrane  épaisse  et  tomenteuse  qui 
fait  partie  de  l’enveloppe  générale  que  nous  avons 
comparée  au  chorion  ; en  arrière,  l’espèce  de  voûte  for- 
mée par  ce  prolongement  tégumentaire  est  accolée  à la 
portion  correspondante  de  la  carapace;  mais  antérieu- 
rement elle  en  est  séparée  par  une  partie  des  viscères. 
Entre  son  bord  inférieur  et  la  base  des  pâtes , il 
existe  un  espace  plus  ou  moins  grand  au  moyen 
duquel  la  cavité  branchiale  communique  librement 
avec  le  dehors  ; enfin , à son  extrémité  antérieure , est 


(1)  Voyez  le  Mémoire  sur  une  disposition  particulière  de  l’appareil 
branchial  chez  quelques  Crustacés,  que  j’ai  publié  dans  le  19'.  vol. 
Aes  Annales  des  sciences  naturelles.  Ces  branchies  sont  représentées 
aussi  PI.  10,  Kg.  3. 

(2)  PI.  10,  lig.  I et  2. 

(3)  PI.  10,  lig.  10. 


DES  en  U S T AGÉ  S.  83 

ne  sorte  de  gouttière  qui  vient  s’ouvrir  sur  les  côtés 
J ouche  et  sert  également  au  passage  de  l’eau  em- 

posent  suTf cavités , re- 
flue par  * lianes,  et  ne  tiennent  au  corps 

J extrém ■ f oncule  qui  en  occupe  ordinairement 
d’unen  ' ^ ^^^•'^oun  de  ces  organes  a la  forme 

est  dir^  1 ■'*'^^°“Sée  et  quadrilatère  dont  le  sommet 
extrii  verticale  s’étend  d’une 

moû."r  r5®  et  la  divise  en  deux 

d’nn  ^ ‘'^orales  qui  sont  formées  par  l’assemblaee 
^ titudc  de  lamelles  ou  de  filamens  placés  paral- 

cJement  les  uns  aux  autres,  et  forment  un  angle  droit 
avecl  axe  de  la  pyramide.  Deux  gros  vaisseaux  régnent 
I ans  toute  la  longueur  de  cette  cloison  médiane;  l’un 
d eux  occupe  toujours  la  face  interne  de  la  brancliie,  et 
sert , comme  nous  le  verrons  par  la  suite , à recevoir  le 
sang  apres  qu’il  a subi  l’influence  de  l’air  dissout 
oans  1 eau  ; 1 autre , qui  est  au  contraire  le  vaisseau  af- 
erent , est  quelquefois  accolé  au  côté  externe  du  pre- 
général  il  en  est  assez  éloigné,  et  se 
it  ala  face  externe  des  branchies  (2).  Une  infinité  de 

l'autTr  partent  des  deux  côtés  de  l’un  et 

latéral  canaux,  et  se  distribuent  dans  les  parties 
Chez  tous  les  Braebyures,  chez 
grand  nombre  de  Macroures 
Cfues  ) agures,  les  Galalhées  et  tous  les  Salico- 

sont  fornii  latérales  des  pyramides  branchiales 

’-'r»  grand  nombre  de  ])clitcs  lamelles 


(J)  M. 


10,  fi„ 


6. 


HISTOIRE  NATüRELtE 


84 

semi-membraneuses  empilées  les  unes  sur  les  autres, 
et  fixées  par  un  de  leurs  bords  à la  cloison  médiane 
comme  les  feuillets  d’un  livre.  Enfin,  chez  les  Écre- 
visses, les  Langoustes  et  quelques  autres  Macroures , 
voisins  du  genre  ces  lamelles  sont  remplacées 

par  une  multitude  de  petits  cylindres  qui  sont  fixés 
sur  la  cloison  verticale  par  leur  extrémité  interne, 
comme  les  poils  d’une  brosse , et  recouvrent  toute  la 
face  externe  de  la  branchie  aussi  bien  que  ses  deux 
côtés  (i). 

On  voit  donc  que  les  branchies  des  Crustacés  Dé- 
capodes diffèrent  de  celles  de  la  Squille  et  des  Tby- 
sanopodes,  non -seulement  par  leur  situation  dans 
l’intérieur  d’une  cavité  spéciale,  mais  aussi  par  leur 
structure;  car,  cbez  les  Stomapodes,  la  partie  de  ces 
organes,  qu’on  peut  comparer  à leur  tige,  porte  des 
cylindres  garnis  à leur  tour  de  filamens  nombreux , 
tandis  que  cbez  les  Décapodes  les  lamelles  ou  les  cy- 
lindres fixés  sur  cette  même  tige  sont  toujours  simples 
et  sans  divisions. 

Le  nombre  des  branchies  et  leur  mode  d’insertion 
varient  beaucoup  chez  les  divers  Crustacés  Décapodes. 
Dans  le  Crabe  commun,  par  exemple,  on  trouve  de 
chaque  côté  du  corps  neuf  tle  ces  organes.  Les  deux 
premières  pyramides  branchiales  , rudimentaires  , et 
cachées  sous  la  base  des  suivantes,  s’insèrent  au  pre- 
mier article  de  la  seconde  et  de  la  troisième  pate- 
mâchoire(2) , tandis  que  les  autres  s’insèrent  immédia- 
tement au-dessous  des  épimères  correspondantes , ou 
bien  au  pourtour  de  trous  qui  occupent  la  partie  in- 


“ES  CRUSTACÉS.  85 

la  pièces  osseuses  (i)  ; ils  sont  couchés  sur 

^^Dcs,  et  vont  en  convergeant  vers  le 
branchies*^  E-avité  respiratoire;  la  première  de  ces 
conde  *"°^*'^spond  à l’anneau  que  porte  la  se- 
sur  un^*'8  deux  suivantes  sont  réunies 

la  mt  ‘^^^oiun,  et  s’insèrent  au-dessus  de 

quatri''"'^*'^®'''® 

ciaup^*^°^^'  ‘cinquième  de  ces  branchies  thora- 
co  * ^ attachent  au  bord  inférieur  de  l’épimère 

la  première  pâte  ambulatoire  ; enfin 

d’un  l septième  branchies  naissent  chacune 

an  A "^aiicliial pratiqué  dans  la  voûte  des  flancs, 
lat"o“®®®“®^^®  1“  seconde  et  de  la  troisième  pâte  ambu- 

Chez  la  plupart  des  Brachyures , le  nombre  et  la 
disposition  des  branchies  sont  les  mêmes  que  chez  le 
Crabe  commun;  mais  il  arrive  quelquefois  qu’une  ou 
deux  de  ces  pyramides  disparaissent.  Chez  la  plu- 
part des  Crabes  terrestres,  par  exemple,  on  n’en 
<^ompte  de  chaque  côté  du  corps  que  sept,  dont  cinq 
seulement  sont  fixées  au  thorax  et  couchées  sur  la 
ate  des  flancs,  et  les  deux  autres  sont  rudimentaires, 
co  ^ autres  cas , le  nombre  de  ces  organes  est , au 
eonstq'^*'’  Beaucoup  plus  considérable,  et  au  lieu  de 
eu  troi^^^  seule  série , ils  sont  placés  sur  deux 
*^haqu  forment  une  espèce  de  faisceau  sur 

ParVi^^T  disposition  del’ap- 

croures  presque  universelle  chez  les  Ma- 

înoures  ' *'®ocontre  aussi  chez  plusieurs  Ano- 

’ a que  les  Dromies  et  les  Homoles  ; mais 


(OPl. 
(2)  PI, 


fig-  3,  M. 

*0)  fig.  2. 


HISTOIRE  NATURELLE 


86 

c’est  dans  le  Homard  et  les  genres  voisins  qu’elle 
est  portée  à son  maximum  (i).  Chez  ces  Crustacés  on 
en  compte  de  chaque  côté  du  corps  vingt- deux. 

Dans  les  Langoustes , les  Scyllares , les  Penées , il 
n’existe  que  dix-huit  branchies  de  chaque  côté  du 
corps  ; les  Gebies  n’en  ont  que  quinze  ; les  Pandales, 
douze  ; les  Sicyonies , onze  ; les  Callianasses,  dix  ; les 
Palmons,  huit;  et  les  Crangous,  ainsi  que  les  Egéons, 
les  Lysianasses,  les  Hippolytes,  les  Sergestes,  etc., 
sept.  Chez  les  Salicoques,  dont  nous  venons  de  parler, 
ces  organes  sont  placés  sur  une  seule  ligne  comme 
chez  les  Crabes  ; mais , chez  ces  derniers , on  n’en 
voit  jamais  sur  les  deux  derniers  anneaux  du  tho- 
rax, tandis  que  chez  les  Macroures  il  en  existe  tou- 
jours sur  Pavant -dernier  segment  thoracique,  et  il 
n’en  manque  presque  jamais  sur  le  dernier. 

Nous  avons  déjà  vu  que  chez  un  assez  grand  nom- 
bre de  Crustacés  dépom-vus  de  branchies  propre- 
ment dites,  l’apjjendice  flabelliforme  d’une  ou  de 
plusieurs  paires  des  membres  thoraciques  sert  à la 
respiration.  Chez  les  Décapodes,  ces  organes  ne  pa- 
raissent plus  destinés  aux  mêmes  usages , mais  néan- 
moins nous  les  voyons  encore  entrer  presque  toujours 
dans  la  composition  de  l’appareil  respiratoire  ; ils 
affectent  en  général  la  forme  de  lames  cornées,  lon- 
gues et  étroites,  qui  s’élèvent  tians  la  cavité  respira- 
toire , et  se  placent  tantôt  entre  les  pyramides 
branchiales,  tantôt  sur  la  surface  de  la  masse  formée 
par  la  réunion  de  ces  orgagnes.  Dans  le  Homard,  par 
exemple,  il  existe  un  fouet  très-développé  à tous  les 


(i)  Pi.  10,  fig.  1 ; et  PI.  8,  tig.  2 et  3. 


i 


DES  CHDSTACÉS.  87 

membres,  depuis  la  pate-mâchoire  externe  jusqu’à 
quatrième  pâte  amWlatoire  inclusivement , et  ces 
appendices  montent  verticalement  entre  les  faisceaux 
tes  branchiales  correspondan- 

®liez  presque  tous  les  Braebyures  on  n’en 
paires  de  pâtes -mâchoires  (a)  ; deux 
eux  se  portent  obliquement  sur  la  face  externe 
J ‘ enies,  et  la  troisième  passe  entre  ces  organes 
U loute  des  flancs.  Lorsque  les  membres  auxquels 
s appendices  flabelliformes  sont  fixés  se  meuvent , 

1 s montent  et  descendent  dans  la  cavité  respiratoire, 
et  balaient  pour  ainsi  dire  la  surface  des  branchies. 
Letle  disposition  les  avait  fait  regarder  comme  étant 
les  agens  employés  pour  opérer  le  renouvellement  de 
l’eau  qui  baigne  les  organes  spéciaux  de  la  respira- 
tion (3)  i mais  des  observations  et  des  expériences  di- 
rectes , que  j’ai  faites  en  commun  avec  M.  Audouin 
nous  ont  convaincus  que,  s’ils  contribuent  à entre- 
tenir le  courant  continuel  qui  traverse  la  cavité 
branchiale,  c’est  d’une  manière  tout-à-fait  secon- 
daire. Voici  par  quel  mécanisme  ce  résultat  est 
obtenu. 

La  cavité  respiratoire  communique  au  dehors,  comme 
oous  lavons  déjà  dit,  par  une  gouttière  qui  vient  se 
miner  sur  les  cotés  de  la  bouche,  et  par  un  espace 
inf “^oins  grand  que  laissent  entre  eux  le  bord 
Pond^^'^'^  voûte  des  flancs  et  la  partie  corres- 

derniè^*^^  carapace.  Chez  les  Macroures  cette 
ouverture,  cjui  se  voit  immédiatement  au- 

l’I-  10,  tig 

(2)  PI.  3,  fi».  8 

(3)  Ccstropinin^®‘  J- 

tomie  comna,  ' . adoptée  par  M.  Cuvier,  dans  ses  Lccoits  d’ana- 

^ ‘"'t'  IV,  p.  43a. 


88  IIISTOIiiE  NATURELLE 

dessus  de  la  base  des  pâtes , règne  dans  toute  la  lon- 
gueur du  thorax , et  reste  toujours  béante.  L’expé- 
rience nous  a démontre  que  c’est  par  cette  voie  seu- 
lement que  l’eau,  nécessaire  pour  l’entretien  de  la 
respiration,  pénètre  dans  la  cavité  branchiale,  et 
nous  avons  constaté  que  c’est  par  l’espèce  de  gouttière 
située  à l’extrémité  antérieure  de  la  cavité  que  ce  li- 
quide est  ensuite  rejeté  au  dehors.  Le  mécanisme,  au 
moyen  duquel  s’établit  le  courant , est  très-simple. 
La  portion  de  la  mâchoire  de  la  seconde  paire , qni 
correspond  au  palpe , acquiert  un  développement  très- 
considérable,  et  forme  une  grande  lame  cornée  fixée  par 
sa  partie  moyenne  comme  sur  un  pivot  (i)  ; ce  disque 
est  renfermé  dans  le  canal  eüérentdela  cavité  respi- 
ratoire , et  agit  à la  manière  d’une  valvule  à registre  ; 
il  exécute  des  mouvemens  de  rotation  continuels  et 
rejette  au  dehors  1 eau  qui  le  baigne.  Lorsqu’on  inter- 
rompt ses  mouvemens,  le  courant,  formé  par  l’eau  qui 
s’échappe  des  branchies , s’arrête  aussitôt , et  l’animal 
ne  tarde  pas  à s’asphyxier  : il  est  donc  évident  que  c’est 
à son  action  qu’est  dû  le  renouvellement  de  l’eau  dans 
la  cavité  branchiale. 

Les  mâchoires  de  la  seconde  paire  remplissent  les 
mêmes  fonctions  chez  tous  les  Décapodes , et  partout 
où  les  branchies  sont  renfermées  dans  une  cavité  tho- 
racique , ces  membres  présentent  dans  leur  structure 
la  modification  dont  nous  venons  de  parler,  tandis 
que  chez  les  autres  Crustacés  ils  ne  portent  jamais 
à leur  côté  externe  un  grand  appendice  valvulaire. 

La  disposition  du  canal  allèrent  de  l’appareil  bran- 


(i)  PI.  3 fig.  Il,  y';  et  PI.  10,  fig.  I. 


BES  CRUSTACÉS.  89 

chiai  ne  varie  que  peu  , mais  celle  de  l’ouverture 
par  laquelle  1 eau  pénètre  dans  la  cavité  respiratoire 
res  11^  constante.  Chez  la  plupart  des  Brachyu- 
dela  qu’au  devant  de  la  pale  ambulatoire 

(fui  et  ala  forme  d’unefente  allongée 

laire  d prolongement  de  l’article  basi- 

bre  ^ P^*'^~iuâcboire  externe  ( i ) . Lorsque  ces  mem- 

cent  appliqués  sur  la  bouche , l’ouverture  aflé- 
de  1^  *'^'^^*^®^canchialeestferraée  par  cette  espèce 
obl’^^^T*  pour  y faire  entrer  l’eau,  l’animal  est 
e les  écarter  ; aussi  voit-on  ces  organes  dans 
cui  luouvement  continuel  ; mais  ces  mouvemens  ne  sont 
pas  la  cause  active  du  renouvellement  de  l’eau  qui  bai- 
gne les  branchies,  car  c’est  toujours  du  jeu  des  mâ- 
choires de  la  seconde  paire  qu’elle  dépend. 

Chez  quelques  Brachyures,  cette  ouverture  est  sé- 
parée de  la  base  de  la  pâte  ambulatoire  de  la  première 
paire  par  un  petit  prolongement  delà  carapace,  et  au 
heu  de  n’étre  qu’une  fente,  se  convertit  ainsi  en  trou  ; 
c est  ce  que  l’on  voit  chez  les  Dorripes  (a).  D’autres 
ois,  chez  Illia,  par  exemple,  le  bord  inférieur  delà 
carapace  est  soudé  aux  épinières  tout  le  long  du  coté 
thorax,  et  e’est  sur  les  côtés  de  la  bouche,  au- 
pa/b'^*  allèrent,  que  se  trouve  l’ouverture 

Enfîn'^8  ^ ^ pénètre  dans  la  cavité  branchiale, 
que  ri  . Ranine,  c’est  à la  racine  de  l’abdomen 

La 

tiellem^'I?^''*'  Crustacés  sont  des  ; 


lement  - animaux  essen- 

aquatiques,  et  un  grand  nombre  d’entre 


9^  HISTOIRE  NATURELLE 

eux  périssent  en  très-peu  de  temps  lorsqu’on  les  re- 
tire de  Teau  pour  les  exposer  à l’action  de  l’air  ; mais 
d’autres  espèces  sortent  volontairement  de  l’élément 
qu’ils  habitent,  et  vivent  autant  à l’air  que  dans  l’eau; 
enfin,  on  en  connaît  qui  sont  terrestres  dans  toute 
l’étendue  de  ce  mot,  car  ils  ne  viennent  guères  à l’eau 
que  pour  s’y  baigner.  Dans  les  autres  classes  du  règne 
animal , la  respiration  aérienne  coïncide  presque  tou- 
jours avec  l’existence  d’une  cavité  intérieure  destinée 
à 1 exercice  de  cette  fonction,  et  connue  sous  le  nom 
de  poumon  ou  de  trachée,  tandis  que  là  où  la  res- 
piration se  fait  par  l’intermédiaire  de  l’eau,  c’est  la 
surface  d’organes  saillans  appelés  branchies  qui  en 
est  le  siège.  Pour  expliquer  les  différences  que  nous 
venons  de  signaler  dans  la  manière  de  vivre  des  Crus- 
tacés, on  pouvait  donc  supposer  que  les  espèces  réel- 
lement amphibies  seraient  pourvues  en  même  temps 
de  poumons  et  de  branchies,  et  tjue  les  espèces  qui 
s’asphyxient  dans  l’eau,  ou  qui  meurent  lorsqu’on  les 
expose  à l’air , étaient  privées  de  l’iin  ou  de  l’autre 
de  ces  organes  respiratoires.  C’est  en  efïet  l’opinion 
que  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire  paraît  avoir  adop- 
tée (i) , mais  elle  ne  nous  semble  p.is  compatible  avec 
le  résultat  de  plusieurs  observations  postérieures  à 
celles  sur  lesquelles  elle  est  fondée  ; et  en  admettant 
même  que  la  modification  curieuse  des  parois  de  la 
cavité  branchiale , signalée  par  ce  savant  dans  le 
Birgus  Latro , puisse  servir  à la  respiration,  nous 
ne  croyons  pas  qu’on  doive  la  regarder  comme  con- 
stituant un  véritable  poumon. 


(i)  Les  observations  de  ce  savant  turent  communiquées  à l’Aca- 
demic  des  sciences  le  12  et  le  39  septembre  1825  ; paais  elles  sont 
restées  inédites. 


DES  CRUSTACÉS.  Qt 

tiu  efl’et,  on  donne  le  nom  de  poumons  ou  de  bran- 
c lies  a des  organes  particuliers  creusés  d’un  grand 
^ot^Vt^  vaisseaux  dans  lesquels  le  sang  passe  en 
oa  en  majeure  partie  avant  que  de  se  distri- 
]’  *iifférentes  parties  du  corps  , et  y porter 

ces  absorbe  pendant  son  passage  à travers 

de  q^ue  cette  absorption  et  l’exhalation 

‘"^^^oaique,  qui  en  est  une  suite , puisse 
cctuer  , il  fallait  que  le  sang  ne  fût  séparé  du  mi- 
eu  t ans  lequel  l’animal  est  plongé  que  par  une  inein- 
rane  mince  et  très-perméable  ; dans  l’eau  une  telle 
membrane  pouvait  se  trouver  à la  surface  extérieure 
du  corps  sans  que  ses  qualités  soient  nécessairement 
altérées  ; mais  à l’air  il  n’en  est  pas  de  même , et  placée 
ainsi,  onia  vcrraiten  général  se  dessécher  bientôt  et  per- 
dre, par  l’effet  de  l’évaporation,  toutcsles  propriétés  né- 
cessaires a l’exercice  de  ses  fonctions.  Il  en  résulte  que 
chez  les  animaux  destinés  à vivre  dans  l’eau,  ou  l’éva- 
poration est  nulle,  la  nature  n’a  prise  aucune  précau- 
tion pour  empêcher  la  dessiccation  de  la  surface  respi- 
ratoire , et  qu’elle  l’a  laissée  à l’extérieur,  tandis  que 
chez  les  etres  qui  habitent  l’atmosphère  elle  l’a  re- 
P oyée  en  dedans  du  corps,  et  en  a tapissé  des  ca- 
vités où,  1 air  ne  se  renouvelant  qu’autant  c[ue  cela  est 
ecessaire  pour  la  respiration , l’évaporation  est  ré- 
à son  minimum. 

des  essentielle  qui  distingue  les  ])Oumons 

[gg  ''■'acliies  réside  dans  cette  moditic.ation  ; dans 
cavités'^*^'^*  ’ ^a  respiration  se  fait  par  les  parois  de 
^ la  que  dans  les  seconds  c’est 

viico  organes  saillans  que  se  distribuent  les 

'aisseaux  dans  m ^ . 

1)  . , desquels  le  sang  est  soumis  al  action 

oe  1 oxigène.  ® 


9^  HISTOIRE  NATURELLE 

Or  , dans  le  Birgus,  la  partie  de  l’appareil  respira- 
toire, que  M.  Geoffroy  regarde  comme  l’analogue  du 
poumon,  n’est  autre  cbose  qu’une  portion  des  tégu- 
mens  communs  sur  laquelle  on  ne  distingue  pas  de 
tunique  épidermique,  mais  dont  la  surface  est  hérissée 
d un  nombre  immense  de  végétations  saillantes.  En 
admettant  que  cette  portion  de  la  peau  qui  tapisse  la 
paroi  supérieure  de  la  cavité  respiratoire  et  recouvre 
les  branchies , puisse  servir  à la  respiration  , ce  serait 
donc  plutôt  comme  une  hranchie  supplémentaire  que 
comme  un  poumon  qu’il  faudrait  la  considérer  , et 
son  existence  ne  lèverait  aucune  des  difficultés  qu’on 
rencontre  dans  1 explication  des  phénomènes  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut. 

Pour  jeter  de  nouvelles  lumières  sur  ce  sujet , j’ai 
fait , conjointement  avec  M.  Audouin , une  série  d’cx- 
periences  sur  la  respiration  aérienne  des  Crustacés(i), 
et  nous  avons  constaté  d’abord  que  chez  tous  ces  animaux 
les  branchies  peuvent  servir  à la  respiration  aérienne, 
comme  elles  servent  à la  respiration  aquatique , mais 
qu  en  général  le  dessèchement  qu’ils  éprouvent  à l’air 
agit  comme  une  cause  puissante  de  mort  : aussi , en 
plaçant  dans  de  1 air  chargé  d’humidité  des  Homards 
et  d autres  especes  qui,  en  général,  meurent  peu 
d’heures  après  qu’on  les  a retirés  de  la  mer , sommes- 
nous  parvenus  à en  conserver  en  vie  pendant  très- 
long-temps.  H nous  a donc  paru  probable  que  l’un  des 
moyens  employés  par  la  nature , pour  faire  vivre  dans 


(i)  Mémoire  sur  la  respiration  aérienne  des  Crustacés , et  sur  les 
modifications  que  l’appareil  branchial  éprouve  dans  les  Crabes  ter- 
restres, lu  à l’Académie  des  sciences  le  21  juillet  1828.  (Voyez  les 
Autiales  des  sciences  naturelles  , t.  5,  p.  85.  ) 


OES  CEUSTACÉS.  g3 

atmosphère  les  Crustacés,  pourvus  seulement  de 
^r.,nc  lies,  était  d’empêcher^  par  des  moyens  quel- 
'^^^^^‘^cation  de  ces  organes, 
d’appui  d Crabes  terrestres  venaient  à 

Tiers  f *^?*^*^^  opinion,  car  ils  se  creusent  des  ter- 
niides^*^'^  ^ ^’oeherchent  toujours  des  lieux  liu- 
^pgnjrg  ^ons  avons  constaté  que  chez  plusieurs 
mrc  1-^,*^^’  Tnoins,  il  existait  une  disposition 

particulière  d^  i • • r 

être  1 • ' . t appareil  respiratoire  qui  semble 

l>rancK**^'°'^^  ^ niaintenir  de  l’humidité  autour  des 
pis^V*^^  ' niembrane  tégumen taire,  qui  ta- 

a cavité  où  sont  placés  ces  organes , présente  à 
a partie  inférieure  un  large  repli  qui  en  recouvre  la 
ase  et  forme  une  espèce  d’auge  propre  à contenir  une 
certaine  quantité  d’eau;  tantôt  elle  offre  une  texture 
spongieuse,  analogue  à celle  que  M.  Geoffroy  a décou- 
verte chez  le  Birgus. 

Une  autre  circonstance  qui  peut  contribuer , aussi 
len  que  la  dessiccation , a faire  périr  la  plupart  des 
Crustacés  qu’on  retire  de  l’eau,  c’est  l’affaissement  des 
iamelles  branchiales  les  unes  sur  les  autres,  etladi- 
•ninution  qui  en  résulte  dans  l’étendue  de  la  surface 
contact  avec loxigène.  M.  Flourensafait  voirque, 

l’eau,  les  filamens 
Il  . branchies  ne  se  touchent  pas  et 

l’air liquide  qui  les  baigne,  tandis  qu’à 
TéunU*^"^  pesanteur  spécifique  les  fait  retomber  et  les 
^espirau^  dernier  cas,  l’étendue  de  la 

de  beauco^  unimaux  se  trouve  donc  diminuée 

nuer  à s’  1^  ’ que  cette  fonction  puisse  conti- 

tact  avei^l’^^-^^*^  portion  des  branchies  en  con- 

vie,  et  l’as^r’  l’entretien  de  la 

P lyxie  ne  tarde  pas  à commencer.  11  en  est 


HISTOIRE  NATURELLE 


94 

de  même  diez  les  Crustacés,  et  probablement  c’est 
également  une  cause  de  mort  pour  beaucoup  de  ces 
animaux. 


§ III.  Circulation. 

Chez  les  animaux  dont  la  structure  est  la  plus  sim- 
ple, les  sucs  nutritifs,  fournis  par  les  alimens,  et  l’oxi- 
gène  absorbé  par  le  travail  respiratoire,  ne  parviennent 
aux  différentes  parties  intérieures  du  corps  que  par 
une  espèce  d’imbibition  ou  d’endosmose;  mais,  lors- 
qu’on s’élève  dans  la  série  des  êtres,  on  voit  bientôt 
un  appareil  particulier  être  destiné  à effectuer  ce 
transport,  et  chacun  des  actes  qui  y concourent  de- 
venir successivement  l’apanage  d’un  instrument  spé- 
cial. Lorsque  la  division  du  travail  ne  commence 
qu’à  peine  , cet  appareil  est  une  simple  dépendance 
de  la  cavité  digestive,  disposition  dont  les  Méduses 
nous  offrent  des  exemples  ; mais  il  ne  tarde  pas 
à en  devenir  distinct.  Bientôt  la  route  que  les 
liquides  parcourent  pour  se  distribuer  aux  dillërens 
organes , et  celle  par  laquelle  ils  en  reviennent , cesse 
aussi  d’être  la  même , et  ils  décrivent  dans  leur  marche 
un  cercle  complet.  Les  canaux  dans  lesquels  cette  cir- 
culation s’efléctue  consistent  d’abord  en  une  série  de 
cavités  ou  de  lames  que  les  parties  solides  de  l’écono- 
mie laissent  entre  elles;  mais  ensuite  elles  acquièrent 
des  parois  qui  leur  appartiennent  en  propre,  et  un 
organe  musculaire  particulier  leur  est  adjoint  pour 
déterminer  un  courant  dans  le  liquide  qu’ils  renfer- 
ment. Enfin,  dans  les  animaux  supérieurs,  la  division 
du  travail  est  portée  h un  plus  haut  degré,  et  on  voit 
l’apjiarcil  circulatoire  se  compliquer  de  plus  en  plus. 


OES  CRUSTACÉS.  q5 

Chez  les  Crustacés  , la  tlistrihution  du  liquide 
nourriciei  dans  les  différentes  parties  du  corps  , et 
son  retour  vers  un  point  central , s’elïéetue  au  moyen 
cl  un  système  particulier  de  vaisseaux  ; il  existe 
aussi  un  réservoir  musculaire  , nommé  cœur,  qui 
CS  estiné  à déterminer  le  mouvement  du  sang  ; et, 
<ns  un  point  déterminé  du  cercle  circulatoire,  ce 
iqui  e passe  à travers  les  branchies  ^ où  il  reçoit  l’in- 
uence  de  l’air.  Il  y a donc , dans  cette  classe  d’ani- 
n^aux,  une  circulation  complète,  mais  elle  est  plus 
simp  e que  chez  la  plupart  des  animaux  vertébrés , et 
I parait  que  c’est  encore  par  imbibition  que  les 
sucs  nutritifs , produits  par  la  digestion  , parviennent 
de  la  cavité  alimentaire  dans  les  vaisseaux  san- 
guins ; car  il  n’y  a point  de  système  chylifère  parti- 
culier comme  chez  les  animaux  supérieurs , et  on 
n aperçoit  aucun  autre  moyen  de  communication  entre 
ces  deux  appareils. 

Le  sang  des  Crustacés,  de  même  que  celui  de  tous 
les  autres  animaux  articulés  et  celui  des  Mollus- 


ques , ne  présente  point  la  couleur  rouge  qui  est 
propre  à ce  liquide  chez  les  Annelides  et  chez  tous 
animaux  vertébrés  ; aussi  pendant  long-temps 
J -on  cru  que  ces  animaux  en  étaient  dépourvus, 
^^est  un  liquide  albumineux  c|ui , dans  l’état  natu- 
qu’o  lliupide  et  presque  incolore  ; mais  , lors- 
tarde  ^ vaisseaux  qui  le  renferment , il  ne 

hlanch^^n^  devenir  opaque , et  à prendre  une  couleur 
d se  coacr  légèrement  rosée  ; exposé  à l’air , 

lée  assez°  ^ d’abruptement  et  se  transforme  en  une  ge- 

dparaîUorm'^v''^®'  microscope, 

sion  U ^ ^ espèce  de  sérum  tenant  en  suspen- 

quantité  de  globules  albumineux. 


HISTOIRE  NATURELLE 


96 

11  a régné  pendant  long-temps  une  grande  dissi- 
dence d’opinions  relativement  à la  marche  suivie  par  le 
sang  dans  le  cercle  circulatoire  qu’il  parcourt  chez 
les  Crustacés  ; mais  les  expériences  nombreuses  que 
nous  avons  faites , conjointement  avec  M.  Audouin  , 
paraissent  avoir  décidé  complètement  la  ques- 
tion. 

D’après  les  écrits  de  Willis  (i) , on  croirait  que  le 
sang  veineux  arrivant  de  toutes  les  parties  du  corps , 
et  le  sang  artériel  venant  des  branchies,  se  mêlent 
dans  la  cavité  du  cœur,  et  que  cet  organe , en  se  con- 
tractant, enverrait  une  portion  du  mélange  aux  divers 
organes,  et  chasserait  le  reste  dans  l’appareil  res- 
piratoire , où  il  subirait  une  seconde  fois  l’action  de 
l’air.  Dans  les  Leçons  d’anatomie  comparée , M.  Cu- 
vier dit  que  le  sang  se  porte  des  branchies  au  cœur , 
puis  de  cet  organe  à toutes  les  parties  du  corps , d’où 
il  retourne  directement  aux  branchies  (u).  Mais , 
dans  un  ouvrage  plus  récent , ce  savant  fait  suivre  à 
ce  liquide  une  marche  absolument  inverse , car  il  décrit 
son  trajet  comme  ayant  lieu  du  cœur  aux  branchies , 
de  celles-ci  à un  vaisseau  central  qui  le  distribue  à 
toutes  les  parties  du  corps , et  de  là  il  le  fait  revenir  au 
cœur  (3).  Cette  dernière  opinion  était  assez  générale- 
ment adoptée  (4)  ; cependant,  d’après  la  théorie  la 
plus  récente , il  n’y  aurait  pas  de  circulation  complète 


(1)  Willis,  De  anima  brutorum^  t.  HI,  p.  i6. 

(2)  M.  Cuvier.  Leçons  d'anatomie  comparée  ^ t.  IV,  p.  407-  (i8o5.) 

(3)  M.  Cuvier.  Le  Lègne  animal  distribué  d’après  son  organisation. 
ire.  édition,  1817,  P-  5l2. 

(■4)  M.  Latreille.  Môme  ouvrage  , 1. 111,  p.  5. 

M.  Desmarest.  Considérations  sur  les  Crustacés , p.  Sj,  (iSaS). 


BES  CRUSTACÉS.  gy 

hez  ces  animaux , et  le  sang  ne  traverserait  pas  les 
organes  respiratoires  (i). 

Le  petit  nombre  des  observations  directes  rappor- 
tr  autres  dont  nous  venons  de  parler , la  con- 

rnrp  1 ^PP^^ente  des  faits , et  les  divergences  en- 
noTïvri/**  8>'«'^cles  dans  les  opinions,  appelaient  de 
mes  orches  sur  ce  sujet.  Nous  nous  en  som- 

■^^‘^“oin  et  moi , et  les  expériences 
Jreuses  que  nous  avons  faites  sur  des  Crustacés 
Pf™i®sont  avoir  décidé  complètement  la 
q ion  (2) . Elles  prouvent , d’une  manière  indubita- 

; 'ait  d abord  enseigné  ) du  cœur  dans  toutes  les  par- 
ies du  corps,  au  moyen  d’un  système  de  vaisseaux 
artériels  très-développés  ; qu’après  avoir  servi  à la 
nutrition  clés  organes,  il  se  dirige  vers  des  réservoirs 
veineux,  desquels  il  passe  dans  les  branchies;  et 
qu  en  n , après  avoir  traversé  ces  organes , il  revient 
ii  ectement  au  cœur,  pour  parcourir  de  nouveau  le 
cercle  que  nous  venons  d’indiquer. 

Dans  tous  les  Crustacés  Décapodes,  le  cœur  (3)  est 
lèsP*^  ^ * partie  médiane  et  supérieure  du  thorax,  entre 
il  p.u””'^*  ™“icdiatcment  au-dessous  de  la  carapace  ; 
sûr  téguinens  communs,  et  il  repose 

Uneesi  les  organes  de  la  génération. 

^péi  icarde^  formé  par  des  prolongemens 

les  Crustacés  r,  .°*ites  sur  l'existence  du  système  circulatoire  dans 
_ C'-i)  Voyez' 1825. 

circulation  dans  anatomiques  et  physiologiques  sur  la 

037.)  Lgg  principe,  "“fl^eés.  {Annales  des  sciences  naturelles,  t.  xi, 
' «tes  dans  notre^  n,i!  accompagnant  ce  travail  sont  repro-’ 

(3)P1.  5,fig.  ^’Pl-Sàq. 

ciustacA  ’ * ’ " ’’ 

'ACLS,  tome  I. 


7 


q8  HISTOIRE  NATüRE-tlE 

(le  la  tunic^ue  séreuse  qui  tapisse  toute  la  cavité  vis- 
cérale, lui  sert  d’enveloppe,  et  des  faisceaux  muscu- 
laires, ainsi  que  les  vaisseaux  qui  en  partent , serv'cut 
à le  fixer  aux  parties  voisines  ; sa  couleur  est  blanchâ- 
tre, et  sa  forme  est  très  - remarquable  , car  elle  est 
rayonnée  et  semble  résulter  de  la  superposition  de 
plusieurs  étoiles  dont  les  branches  ou  rayons  ne  se 
correspondraient  pas.  Chez  les  Braebyures , sa  lar- 
geur est  au  moins  égale  h son  diamètre  antéro-posté- 
rieur J mais , chez  les  IVlacroures , il  devient  un  peu 
plus  étroit  et  prend  la  forme  cl’im  carré  long  ( i) . Enfin , 
dansles  Stomapodes  (2)  et  les  Édriopbtbalmes , il  con- 
stitue un  long  vaisseau  cylindricjue  ; et,  au  lieu  de  n oc- 
cuper cju'une  petite  portion  du  thorax,  il  s etend  dans 
toute  la  longueur  de  l’abdomen. 

Le  système  artériel  des  Crustacés  Décapodes  se  com- 
pose de  six  troncs  vasculaires  dont  les  ramifications 
nombreuses  s’étendent  dans  toutes  les  parties  du  corps. 
Trois  de  ces  vaisseaux  naissent  de  l’extrémité  anté- 
rieure du  cœur , deux  de  la  partie  antérieure  de  sa 
face  inférieure  et  un  de  sa  partie  inferieure  et  posté- 
rieure. Enfin,  au-devant  de  l’ouverture  de  chacun 
d’eux , on  voit  un  petit  appareil  valvulaire  composé 
d’un  ou  de  deux  replis  membraneux  et  servant  à 
empêcher  le  sang  de  refluer,  de  leur  intérieur,  dans  la 
cavité  du  cœur. 

Les  trois  vaisseaux  qui  ont  leur  origine  à la  partie 
antérieure  du  cœur  ont  reçu  les  noms  à’ artère  ophlhal- 
mique  et  iVartères  antennaires. 


(I)  PI-  7-  %•  O '■ 
(9.)  PI,  9,  tig.  2,  r, 


BES  CRUSTACÉS.  gq 

La  première  de  ces  artères  (i)  occupe  la  ligne  mé- 
lane , se  dirige  directement  en  avant,  passe  au- 
t essLis  del  estomac,  et  gagne  l extréniité  antérieure  de 
a^  carapace  oii  elle  se  divise  en  deux  branches  qui  pé- 
nètrent dans  les  pédoncules  oculaires  et  se  distribuent 
aux  yeux. 

Les  arteres  antennaires  (2)  se  portent  également 
en  avant,  mais  en  suivant  une  ligne  oblique  et  en 
s écartant  de  plus  en  plus  de  l'artère  opbtbalmique  ; 
e es  sont  d abord  logées,  de  même  que  cette  der- 
nière , dans  1 épaisseur  des  membranes  tégumen- 
taires , et  reposent  sur  la  face  supiérieure  du  foie  ; 
mais  sur  les  côtés  de  l’estomac  elles  deviennent  plus 
profondes  et  passent  entre  ce  viscère  et  une  portion 
des  organes  de  la  génération.  Les  branches  quelles 
fournissent  pendant  ce  trajet  sont  très-nombreuses  et 
se  distribuent  aux  tégumens  qui  tapissent  toute  la  ca- 
rapace, a l’estomac,  à ses  muscles,  aux  organes  de  la 
génération,  etc.  Enfin,  elles  fournissent  un  rameau  aux 
antennes  internes  et  pénètrent  dans  la  tige  des  anten- 
nes externes  pour  s’y  terminer. 

Les  deux  vaisseaux  qui  naissent  de  la  partie  ip, 
eneure  et  antérieure  du  cœur,  sont  les  artères 
^^patiques  (3).  Ils  se  divisent  en  une  infinité  de  ra- 
les^^  ’’  *Lstribuent  au  foie.  Dans  les  espèces  où 
nren^*^^  ee  viscère  restent  séparées  et  for- 

‘^omm  ^ *^010  du  corps  une  masse  distincte 

nie  chez  le  Homard,  etc.  , les  artères  hépatiques 


Pl.  5,  ®tP'-  7-  fig'  I’  «■ 

(3)  Pl.  G,  li.f',  ; et  Pl.  (ig.  I,/. 
les  ouYenurer/  ””  ’ fond  du  c( 

^ c ces  deux  avièves. 


100 


HISTOIRE  naturelle 


ne  se  réunissent  pas  ; mais  lorsque  les  deux  foies  ne 
forment  qu’un  seul  organe , comme  chez  le  Maïa , on 
voit  ces  vaisseaux  s’anastomoser  et  présenter  une  dis- 
position très-remarquahle. 

Enfin,  le  sixième  et  dernier  tronc  artériel  qui  est 
fourni  par  le  cœur,  et  qui  se  sépare  de  la  partie 
postérieure  et  inférieure  de  ce  viscère,  a reçu  le 
nom  ^artère  sternale  [i]  ; c’est  le  plus  volumineux 
de  tous  , et  c’est  lui  qui  porte  le  sang  dans  l’ahdo- 
men , dans  toutes  les  pâtes , aux  ajTpendices  de  la 
bouche,  etc.  Sa  direction  est  d’abord  verticale,  et  il 
passe  à côté  de  l’intestin,  puis  entre  les  deux  foies 
jiour  gagner  la  face  inférieure  du  thorax  ; il  se  recourbe 
ensuite  en  avant  et  ne  se  termine  que  lorsqu’il  rencontre 
l’œsophage.  Dans  les  Décapodes  à longue  queue,  l’artère 
sternale  présente  souvent , aussitôt  après  son  origine, 
un  renflement  pyriforme  très-considérable  ou  Ôm/ôc  que 
Willis  a considéré  comme  l’oreillette  du  cœur  (2),  et  il 
donne  ensuite  naissance  à une  grosse  branche  qui  se 
porte  directement  en  arrière.  Ce  dernier  vaisseau , que 
nous  avons  appelé  artère  abdominale  supérieure  (3) , 
suit  la  face  supérieure  de  l’intestin  jusqu’à  l’extrémité 
de  l’abdomen  , et  fournit  au  niveau  de  chaque  anneau 
deux  branches  principales  destinées  aux  muscles  puis- 
sans  de  cette  partie  du  corps.  Parvenu  à la  face  infé- 
rieure du  thorax,  l’artère  sternale  donne  naissance  à 
une  autre  branche  postérieure  ( aitère  abdominale 
inférieure  ) , c[ui  fournit  les  artères  des  dernières 
pâtes  thoraciques , avant  que  de  pénétrer  dans  l’ab- 


(1)  PI-  5,  fig.  1,  l,  et  lig-  2,  d-,  PI.  ilg.  i,  I ^ etlig.  a,  n. 

(2)  Pt.  7,  tig.  I,  l. 

(3)  PI.  7,  (ig.  i^g. 


DES  CRUSTACÉS.  lOt 

domen  dont  elle  occupe  la  face  inférieure  (i).  L’artère 
sternale  se  recourbe  ensuite  en  avant , s’engage  dans 
le  canal  sternal , et  donne  à chaque  paire  de  pieds  tho- 
raciques, ainsi  qu’aux  pâtes -mâchoires  et  aux  mâ- 
choires proprement  dites  , un  rameau  dont  le  calibre 
varie  suivant  le  degré  de  développement  de  ces  divers 
membres  (2).  Enfin,  parvenu  à la  selle  turciqueanté- 
Tieure , elle  se  bifurque  pour  passer  de  chaque  côté 
de  1 œsophage  ; elle  donne  ensuite  des  branches  aux 
mandibules , et  se  termine  à la  partie  antérieure  et 
inférieure  de  la  tête.  Dans  les  Crabes  et  tous  les 
Décapodes  brachyures,  la  disposition  de  l’artère  ster- 
nale est  un  peu  dillérente , car  elle  n’est  pas  logée 
dans  un  canal  osseux , et  elle  n’envoie  à l’abdomen 
que  des  rameaux  très-déliés  (3). 

Dans  les  Squilles  (4),  on  distingue  aussi  une  artère 
ophthalmique  et  deux  artères  antennaires  qui  naissent 
de  la  partie  antérieure  du  cœur  ; mais,  du  reste,  la  dis- 
position du  système  artériel  est  très-difi’érente  de  ce 
que  nous  venons  de  voir , car  on  ne  retrouve  les  ana- 
logues , ni  des  artères  hépatiques , ni  de  l’artère  ster- 
nale , et  il  naît  immédiatement  du  cœur  un  grand 
nombre  de  branches  qui  sont  destinées  à porter  le 
sang  aux  viscères,  aux  membres , etc.  ; chaque  anneau 
du  corps  présente  une  paire  de  ces  vaisseaux. 

Les  canaux  par  lesquels  le  sang  revient  des  di- 
verses parties  du  corps  vers  les  branchies , sont  plu- 
tôt des  lacunes  situées  entre  les  divers  organes. 


( I)  PI.  7,  fig.  2 , c. 

(2)  PI.  iig.  a,  i,  i, 

(3)  PI.  5,  %.  2,  k. 

(4)  PI.  9 , %.  I. 


lO'i  iiiltoiru  naturelle 

que  des  canaux  à parois  bien  formées.  Quoi  (ju’il  en 
soit,  ces  veines  informes  aboutissent  toutes  à des  es- 
pèces de  réservoirs  sanguins  que  nous  avons  nommés 
sinus  veineux. 

Chez  le  Maïa  (i)  et  les  autres  Brachyures,  ces  si- 
nus occupent  les  côtés  du  iborax  et  sont  renfermés 
dans  les  cellules  des  flancs,  immédiatement  au- 
dessous  de  l’espèce  d’arcade  qui  surmonte  l’articu- 
lation de  chaque  pâte.  Le  nombre  de  ces  golfes  vei- 
neux est  égal  à celui  des  cellules  de  la  rangée  supé- 
rieure; ils  sont  renflés,  recourbés  sur  eux-mêmes,  et 
en  communication  les  uns  avec  les  autres  , leurs  pa- 
rois, d’une  ténuité  extrême,  ne  sont  formées  que  par 
une  lame  de  tissu  cellulaire  qui  est  intimement  unie 
aux  parties  voisines;  aussi  leur  forme  et  leur  gran- 
deur sont-elles  déterminées  par  la  disposition  de 
ces  parties,  et  doit-on  regarder  ces  réservoirs  comme 
étant  de  grandes  lacunes  plutôt  que  des  poches  à 
parois  propres.  Chacun  d’eux  reçoit  plusieurs  veines 
qui  y versent  le  sang  venant  de  toutes  les  parties 
du  corps,  et  à leur  partie  externe  et  supérieure 
naît  un  gros  vaisseau  qui  se  dirige  en  dehors  et  en 
haut,  pénètre  dans  la  branchie  correspondante,  et 
suit  le  bord  externe  de  sa  cloison  médiane  (2)  ; c’est  le 
vaisseau  axèrent  de  la  branchie,  qui  fournit  des  ra- 
meaux à chacune  des  lamelles  dont  ces  organes  sont 
garnis  , et  y verse  le  sang  qui  doit  y suhir  l’influence 
de  l’air. 

Dans  les  Homards  et  les  autres  Décapodes  ma- 
croures que  nous  avons  examinés , la  disposition  du 


(1)  PI.  6,  lig.  2,  d d,  et  %.  4;  r. 

(2)  PI.  6,  fig.  2 , c,  et  üg.  4> 


DES  CRDS  T AGÉS.  IOj 

système  A'eineiix  n’est  pas  exactement  la  mêmë  que 
chez  les  Bracbyures.  Indépendamment  des  golfes  vei- 
neux situés  de  chac[ue  côté  du  thorax , et  en  com- 
munication avec  les  branchies  (i),  il  existe  sur  la  ligne 
médiane  un  sinus  longitudinal  qui  occupe  le  canal 
sternal,  et  reçoit  le  sang  venant  de  l’ahdomen  et  de 
la  plupart  des  viscères  (a).  La  structure  des  cellules 
thoraciques  ne  permet  pas  aux  sinus  latéraux  de  com- 
muniquer directement  entre  eux  comme  chez  les 
Crabes,  mais  ils  s’ouvrent  tous  dans  le  sinus  médian  , 
et  une  communication  facile  s’établit  ainsi,  non-seu- 
lement entre  les  réservoirs  veineux  places  a la  hase 
de  chaque  pâte,  d’un  môme  côté  du  corps,  mais  aussi 
entre  ceux  des  côtés  opposés.  Enfin,  chez  les  Squilles, 
c’est  presqu’exclusivement  le  sinus  médian  qui  sert 
de  réservoir  au  sang  veineux. 

vaisseau  efférent  des  branchies,^  c est-a-direle  ca- 
nal qui  reçoit  le  sang  après  qu’il  a traversé  le  réseau 
capillaire  respiratoire,  et  que,  de  veineux,  il  est  de- 
venu artériel  ; ce  vaisseau,  disons-nous,  occupe  la  face 
interne  de  la  hranchie , et  augmente  de  volume  à me- 
sure qu’il  s’approche  de  la  hase  de  cet  organe  (3)  ; parve- 
nu au  point  d’insertion  des  pyramides  branchiales  sur  la 

voûte  des  flancs,  il  pénètre  dansla  cellule  située  immé- 
diatement au-dessous , puis  se  recourbe  en  haut  et  en 
dedans  et  se  dirigeversle  cœur  (4)-  Le  nombre  et  la  dis- 
position de  ces  canaux  branchio-cardiaques  varie  un 
peu  suivant  les  espèces,  mais  ils  sont  toujours  accolés 


(1)  PI.  8,  lig.  2,  e. 

(2)  PI.  8,  lig.  I,  b. 

(3)  PI.  6.  lig.  3,  d,  cl  lig  4,  e ; PI.  8,  Kg-  a et  3,  c. 

(4)  PI.  6.  lig.  3,  c,  et  lig.  4,/i  PI.  8,  lig.  3,/:  et  PI.  g,  hg.  i,  d- 


IIISTOIUE  NATURELLE 


io4 

a la  voûte  des  flancs,  et  débouchent  en  une  espèce  de 
golfe  sanguin  c[ui  occupe  l’espace  compris  entre  le 
bord  interne  des  flancs  et  les  côtes  du  cœur;  les  parois 
de  ce  sinus  commun  se  continuent  avec  la  membrane 
qui  enveloppe  le  cœur  et,  immédiatement  au  devant 
du  point  où  les  canaux  branchio-cardiaques  y aboutis- 
sent, il  existe  dans  les  parois  de  ce  viscère  une  grande 
ouverture  ovalaire  garnie  de  valvules  et  servant  à li- 
vrer passage  au  sang  (i). 

Telle  est  la  disposition  du  système  circulatoire 
ebez  la  plupart  des  Crustacés  ; mais,  chez  quelques- 
uns  de  ces  animaux,  il  est  bien  moins  développé, 
et  les  artères  , aussi  bien  que  les  veines , ne  paraissent 
être  que  des  lacunes  formées  par  les  interstices 
tfue  les  divers  organes  laissent  entre  eux;  c’est  en 
elïet  ce  que  Jurine  a observé  chez  les  Argules,  où  le 
sang  paraît  répandu  dans  le  parenchyme  même  des 
organes  ; néanmoins,  il  existe  toujours  un  cœur,  et  les 
courans  cju’il  détermine  ont  toujours  une  direction 
constante.  Enfin , chez  quelques  animaux  les  plus 
simples  de  cette  classe , tels  que  les  Nicothoés  et  d’au- 
tres parasytes,  ce  dernier  vestige  d’un  système  spé- 
cial de  circulation  nous  paraît  aussi  avoir  disparu. 


(i)  Suivant  M.  Strauss,  ce  ne  serait  pas  à travers  ces  ouvertures 
branchio-cardiaques  ( dont  il  ne  fait  aucune  mention)  que  le  sang 
parviendrait  dans  le  cœur;  ce  liquide  s’épancherait  d'abord  entre  les 
X)arois  externes  de  ce  viscère  et  la  membrane  péricardiale  ( nommée 
par  M.  Strauss  oreillette  iln  cœur),  et  ne  pénétrerait  dans  sou  inté- 
rieur qu'à  travers  les  fentes  que  ses  fibres  musculaires  laisssent 
entre  elles  à sa  face  supérieure,  fentes  que  cet  auteur  appelle  ouver- 
tures auriculo-ventriculaircs.  (Voyez  Anatomie  comparée  des  animauæ 
articulés.  ) Mais  M.  Strauss  ne  rapporte  aucune  expérience  à l'ap- 
pui de  cette  opinion;  et,  d’après  celles  que  nous  avons  faites, 
M.  Audouin  et  moi , nous  nous  sommes  convaincus  que  le  sang  suit 
une  route  plus  directe. 


DES  CRUSTACÉS.  I o5 

En  résumé , nous  voyons  donc  que  dans  la  classe  des 
Crustacés  le  mode  de  circulation  est  analogue  à celui 
cju’on  observe  chez  les  Mollusques,  et  dillcre  prin- 
cipalement de  ce  qui  existe  chez  les  Poissons , ]iar 
la  position  du  cœur  qui  est  aortique  au  lieu  d être 
branchial . 


§ IV.  Des  sécrétions. 

Nous  avons  déjà  eu  l’occasion  de  parler  des  ])rinci- 
paux  organes  sécréteurs  des  Crustacés,  et  nous  devons 
renvoyer  a l’histoire  de  1 appareil  reproducteur  la 
description  de  quelques  autres  glandes  ; aussi  ne  nous 
reste— t“il  que  peu  de  chose  a en  dire  ici. 

Ces  organes , comme  on  a pu  le  voir , ont  en  gé- 
néral une  structure  peu  compliquée  ; et,  sous  ce  rap- 
port, ils  ressemblent  beaucoup  h ceux  des  Insectes. 
En  général,  ce  sont  des  tubes  capillaires  très-longs  et 
entortillés;  d’autres  fois  de  petits  appendices  bor- 
gnes qui  entourent  un  canal  excréteur,  et  s y ouvrent. 

Chez  les  Crustacés  Décapodes,  il  existe  à la  partie 
postérieure  de  la  cavité  branchiale  un  organe  dont 
les  fonctions  ne  nous  sont  pas  connues , mais  dont 
la  structure  nous  paraît  glandulaire  ; c est  une  masse 
spongieuse  et  blanchâtre  qui  est  enveloppée  dans  un 
repli  de  la  membrane  légumentaire , et  qui  repose  sur 
la  voûte  des  flancs  immédiatement  en  arrière  des 
branchies  (i)  ; elle  se  prolonge  en  .arriéré  jusqu  à 1 ori- 
gine de  l’abdomen , et  nous  a p.aru  s ouvrir  au  dehors  a 
l’aide  d’un  can.al  excréteur , entre  le  plastron  sternal 
et  le  premier  anneau  abdominal.  Scrait-ce  le  siège  de 


(i)  PI.  10,  fig.  1,  1. 


iü6  HISTOIRE  NATURELLE 

quelque  excrétion  analogue  à la  sécrétion  urinaire  ? 
C’est  ce  que  nous  ne  pouvons  décider  dans  l’état 
actuel  de  la  science. 


CHAPITRE  III. 

DES  PHÉNOMÈNES  UE  LA  VIE  DE  RELATION. 

On  désigne  généralement  sous  le  nom  de  sensation 
1 acte  par  lequel  un  animal  acquiert  la  conscience  d’une 
imjiression  éprouvée  par  une  partie  quelconque  de 
son  corps.  Tantôt  ces  perceptions  sont  la  suite  de 
1 action  de  ses  organes  et  avertissent  l’animal  de  ce 
qui  se  passe  dans  l’intérieur  de  l’économie  ; tantôt, 
au  contraire,  elles  sont  produites  par  des  causes 
extérieures  , telles  que  le  contact  d’un  corps  étranger  ; 
et , d’après  cette  différence  dans  leur  origine  , on  les 
distingue  en  sensations  internes  et  externes.  Les  pre- 
mières se  rattachent  principalement  à ce  que  l’on  peut 
appeler  la  vie  organique,  c’est-à-dire  l’ensemble  des 
fonctions  qui  ont  pour  but  la  nutrition  et  la  généra- 
tion ; les  secondes  constituent  en  partie  la  vie  de  re- 
lation ou  les  actes  par  lesquels  l’étre  se  met  en  rapport 
avec  les  objets  qui  l’environnent. 

Chez  les  végétaux , rien  ne  décèle  la  faculté  de  per- 
cevoir les  impressions  produites  par  les  corps  étran- 
gers. Il  en  est  de  même  pour  un  petit  nombre 
d’êtres  qu’on  range  dans  le  règne  animal,  les  épon- 
ges, ])ar  exemple;  et  chez  tous  les  autres  il  existe 
des  parties  qui  ne  jouissent  pas  de  la  faculté  d’ex- 
citer des  sensations , mais  la  j)lupart  des  organes 


DES  CHtSTACÉS.  10'] 

sont  doués  d’une  sensibilité  plus  ou  moins  exquise  , 
c’est-à-dire  réagissent  avec  plus  ou  moins  d énergie 
sur  les  parties  destinées  à la  perception  de  ces  sensa- 
tions, de  manière  à donner  à l’animal  la  conscience  des 
impressions  quils  reçoivent  eux— memeSi 

Chez  les  animaux  dont  la  structure  est  la  plus  sim- 
ple et  la  plus  uniforme  , la  similitude  des  fonctions 
est,  dans  toutes  les  parties  du  corps,  non  moins  grande 
que  la  similitude  d’organisation  ; chacune  d elles  agit 
à la  manière  de  toutes  les  autres,  et  paraît  être  le 
siéce  de  la  perception  du  petit  nombre  d impressions 
qu’elle  reçoit  : mais  bientôt  la  nature  tend  a perfec- 
tionner ces  fonctions,  et , fidèle  au  principe  de  la  di- 
vision du  travail,  elle  les  sépare  et  les  confie  à des 
parties  diflerentes  de  l’économie  animale.  La  faculté 
d’exciter  les  sensations  à la  suite  d’impressions  reçues , 
ou,  en  d’autre  mots , la  sensibilité  reste  commune  à la 
plupart  des  organes  ; mais  celle  de  percevoir  ces  mêmes 
impressions  ou  d’en  acquérir  la  conscience  devient  1 a- 
panage  exclusif  d’un  appareil  spécial  appelé  le  système 
nerveux . 

Les  Crustacés  sont  dans  ce  cas  ; aussi,  pour  étudier 
les  actes  par  lesquels  ces  animaux  se  mettent , pour 
ainsi  dire,  d’une  manière  passive  en  rapport  avec  les 
objets  qui  les  environnent , aurons  - nous  successivfe- 
ment  à nous  occuper  des  parties  sensibles  et  de  celles 
destinées  à la  perception  des  impressions. 

§ 1.  Des  sens. 

D’après  la  division  du  travail  que  nous  venons  de 
signaler,  il  est  évident  que  la  principale  condition  de 
l’existence  de  la  sensibilité  dans  une  partie  quelconque 


HISTOIRE  NATURELEE 


io8 

ducor])s,  est  sa  connexion  avec  le  système  nerveux  ; 
aussi  peut-on  poser  en  principe  que , toutes  choses 
égales  d’ailleurs , un  organe  sera  en  général  d’autant 
plus  sensible  qu’il  recevra  plus  de  nerfs . La  plupart  des 
organes  intérieurs  des  Crustacés  jjaraisscnt  doués  de 
sensibilité  ; mais  c’est  à la  surface  du  corps  que  l’étude 
de  cette  fonction  présente  le  plus  d’intérêt , car  c’est 
là  que  sont  produites  toutes  les  impressions  détermi- 
nées par  les  objets  environnans. 

Le  premier  efièt  de  toute  sensation  externe  est  de  don- 
ner à l’animal  qui  l’éprouve  la  consciencede  l’existence 
du  corps  qui  l’occasione  ; mais , en  général,  les  résul- 
tats de  l’impression  produite  par  ce  dernier  ne  se  bor- 
nent pas  là  ; l’animal  qui  la  perçoit  acquiert  aussi  la  con- 
naissance d’un  certain  nombre  des  propriétés  del’objet 
qui  agit  sur  ses  organes,  et  la  faculté  déjuger  ainsi  des 
qualités  des  corps  constitue  ce  que  l’on  nomme  les  sens. 
Ces  propriétés  ou  qualités  sont  de  dilïérens  ordres  ; 
aussi,  à mesure  que  la  vie  de  relation  se  perfectionne, 
voyons  - nous  un  nombre  de  plus  en  plus  grand 
d’instrumens  spéciaux  aflectés  à leur  investigation  ; 
la  faculté  de  percevoir  la  lumière  et  de  j uger,  par  l’in- 
termédiaire de  cet  agent,  des  propriétés  des  corps  situés 
à distance  , ou , en  d’autres  mots , le  sens  de  la  vue, 
devient  l’apanage  d’une  portion  déterminée  de  la 
surface  du  corps,  dont  la  structure  est  modifiée  d’une 
manière  particulière  ; celle  de  distinguer  les  mouve- 
mens  vibratoires  d’où  naissent  les  sons,  se  concentre 
également  dans  un  a]îpareil  particulier  ; il  en  est  de 
même  de  l’odorat  et  du  goût  ; enfin  , la  sensibilité  gé- 
nérale de  la  surface  des  corps  devient  aussi  plus  ex- 
quise dans  certaines  parties,  et  permet  à l’animal  de 
reconnaître,  par  le  contact,  la  forme  des  objets  exté- 


DES  CRUSTACÉS.  IO9 

rieurs  .lin si  que  plusieurs  autres  qualités  qu’on  pour- 
rait appeler  des  propriétés  mécîiniques. 

Ce  dernier  sens , qu’on  appelle  le  loucher^  est  le  plus 
universellement  répandu  dans  le  règne  animal , et  ré- 
side ordinairement  dans  toutes  les  partiesdel’enveloppe 
tégumentaire;  mais  souvent,  bien  qu’il  existe  encore 
dans  toute  l’étendue  de  la  surface  du  corps , il  se  déve- 
loppe ])lus  particulièrement  dans  certains  points  de 
l’organisation,  et  acquiert  des  instrumens  spéciaux 
qu’on  nomme  les  organes  du  tact. 

Chez  les  Crustacés , la  plus  grande  partie  de  la 
surface  du  corps  est  ordinaii’ement  encroûtée  de 
matière  calcaire , et  présente  un  degré  de  dureté  in- 
compatible avec  l’exercice  de  cette  fonction  : aussi 
le  sens  du  toucher  est-il  en  général  très-obtus  chez 
tous  ces  animaux.’  La  nature  de  leur  enveloppe  té- 
gumentaire exclut  également  l’existence  d’organes 
du  tact  proprement  dits,  car  la  rigidité  et  l’épais- 
seur de  leur  peau  ne  lui  permet  jias  de  s appliquer 
en  même  temps  sur  les  diverses  sift'laces  dun  objet. 
Le  loucher  ne  peut  donc  guères  servir  qu’à  avertir  ces 
animaux  de  l’existence  des  corps  avec  lesquels  ils  sont 
en  contact,  à leur  faire  juger  de  leur  température, 
de  leur  dureté , et  quelquefois  de  leur  volume , mais 
ne  peut  en  révéler  la  forme.  Néanmoins,  tout  im- 
parfait qu’il  est,  ce  sens  montre  déjà  une  tendance  a 
se  localiser,  et  réside  principalement  dans  certains 
appendices  de  l’extrémité  céphalique. 

De  ce  nombre  sont  les  antennes  ; il  existe  souvent  à 
leur  base  des  organes  destinés  à d’autres  usages;  mais 
une  de  leurs  principales  fonctions  pai'aît  être  le  tou- 
cher. Leur  sensibilité  est  ordinairement  très-vive,  et  au 
moindre  attouchement  elles  donnent  en  général  des  si- 


UD  HISTOIRE  NATURELLE 

gnes  indiquant  la  pei'ception  d’une  sensation , tandis 
que  dans  la  majeure  jiartie  de  la  surface  de  son  corps 
l’anima!  ne  manifeste  aiicime  sensibilité.  Dans  laplu- 
jiartdesCrustacés  des  ordres  inférieurs,  tels  que  les 
Caliges,  les  Gécrops,  etc.,  on  ne  voit  pas  detracedeces 
organes,  ou  bien  on  ne  les  trouve  qu’à  l’état  de  vesti- 
ges : dans  d’autres  espèces  on  n’en  compte  qu’une  seule 
paire  ; mais  le  nombre  normal  des  antennes  est  de  qua- 
tre. filles  sont  toujours  situées  immédiatement  après 
les  yeus  lorsr£ue  ces  organes  sont  portés  sur  des  tiges 
mobiles  et  au  devant  de  l’appareil  buccal  (i)  : celles  de 
la  première  paire  sont  presque  toujours  situées  près  de 
la  ligne  médiane  , tandis  que  les  deux  autres  en  sont 
souvent  très-écartées  ; et  il  en  résulte  que  tantôt  ces 
dernières  sont  placées  derrière  les  premières,  et  c[ue 
d’autres  lois,  en  s’avançant  un  peu,  elles  se  placent 
sur  la  même  ligne  C[u’e'les,  et  à leur  côté  externe  (a). 
Ces  différences  importent  peu  à l’anatomiste;  mais 
elles  fournissent  au  zoologiste  des  caractères  pré- 
cieux pour  la  dj^tinction  facile  des  espèces.  Il  en 
est  de  même  déjà  position  des  antennes,  relative- 
ment à l’arceau  supérieur  de  la  portion  antérieure 
de  la  tête  ou  à la  carapace  ; tantôt  cette  partie  du 
squelette  tégumen taire  se  prolonge  antérieurement 
en  forme  de  rostre  ou  de  chaperon , recouvre  les 
antennes  et  ne  leur  permet  pas  de  quitter  la  face 
inférieure  du  corps  ; tantôt  le  segment  inférieur  se 
développe  aux  dépens  du  supérieur , et  entraîne  ces 
appendices  avec  lui,  de  manière  que  leur  insertion 
alicuàlafaceantérieurede  la  tête;  enfin,  d’autresfois, 


(:)  PI.  I , fig.  2. 

(a)  PI.7,  lig.  2,  etc. 


1 1 1 


DES  C r.  t ST  ACÉS. 

cette  modiQcation  étant  portée  encore  plus  loin , les 
antennes  en  occupent  la  face  supérieure. 

La  forme  et  la  composition  des  antennes  varient 
Leaucoup  ; dans  l’état  de  simplicité  la  plus  grande , ces 
organes  ne  sont  formés  chacun  que  d’une  seule  tige  ar- 
ticulée, mais  d’autres  fois  on  voit  s’y  ajouter  un  ou  deux 
appendices  qui  paraissent  être  les  analogues  du  palpe 
et  du  fouet  des  autres  membres.  En  général  la  tige  dont 
nous  venons  de  parler  est  composée  d’une  partie  plus 
grosse  qu’on  appelle  le  pédoncule  ^ et  d’une  partie  ter- 
minale plus  ou  moins  allongée  (i)  : le  pédoncule  est 
Ibrmé  à son  tour  d’un , de  deux  ou  de  trois  articles , et 
le  prolongement  terminal  d’un  nombre  de  segmens 
beaucoup  plus  grand  ; enfin , chacune  de  ces  pièces  est 
plus  ou  moins  mobile  et  renferme  dans  son  intérieur 
des  muscles  destinés  à mouvoir  l’article  suivant.  L’ap- 
pendice que  l’on  peut  regarder  comme  une  espèce  de 
palpe  se  présente  en  général  sous  la  forme  d’un  second 
fdet  terminal  multi-articulé,  bxé  à l’extrémité  du  pé- 
doncule ; mais  d’autres  fois  il  constitue  une  grande 
lame  cornée  qui  s’insère  à la  base  de  l’antenne.  Enfin , 
la  seconde  partie  accessoire  de  l’antenne , lorsc£u’el]e 
existe , constitue  aussi  un  filet  terminal , de  façon 
qu’alors  le  pédoncule  porte  trois  de  ces  prolongemens 
sétacés  (2). 

Les  organes  dont  nous  venons  de  parler  peuvent 
servir  à avertir  l’animal  delà  présence  des  corps  qu’il 
touche  ; mais  ils  ne  peuvent  donner  que  des  idées 
très-incomplètes  de  leur  dureté , et  surtout  de  leur 
volume.  Chez  la  plupart  des  Crustacés  , il  existe  d’au- 


(i)  PI.  I , fig.  3,  pédoDciitc,  b,  tige  teriniuale. 
{■>.)  PI.  I , tig.  i,j,  A-,  /, 


1 12 


HISTOIRE  NATURELLE 


très  parties  qui  peuvent  également  remplir  ces  fonc- 
tions, et  qui  sont  en  raêmeitemps  des  instrumens  de  pré- 
hension ; ce  sont  en  général  des  membres  de  la  portion 
thoracique  du  corps , dont  l’extrémité  prend  la  forme 
d’une  espèce  de  pince.  Tantôt  cette  disposition  dé- 
pend seulement  de  ce  que  le  dernier  article  constitue 
une  sorte  de  griffe  rjui  peut  s’ajipliqucr  sur  l’article 
précédent  (i)  ; tantôt  de  ce  que  le  pénultième  ou  l’anté- 
pénultième pièce  se  prolonge  sur  le  côté  de  l’article 
suivant , et  forme  une  espèce  de  doigt  immobile  sur 
lequel  ce  dernier  s’applique  fa).  A l’aide  de  ces  modi- 
fications, les  pâtes  peuvent  agir  jusqu’à  un  certain  point 
à la  manière  d’organes  du  toucher  : mais  leur  principal 
usage  est  alors  de  saisir  la  proie  dont  l’animal  se  nour- 
rit, ou  de  le  défendre  contre  ses  ennemis.  Enfin,  les 
diverses  jiarties  de  l’appareil  buccal  peuvent  aussi  ser- 
vir d’une  manière  accessoire  au  toucher , mais  ce  n’est 
pas  leur  principal  usage. 

Le  sens  qui , après  celui  du  toucher,  paraît  être  le 
plus  généralement  répandu  jiarmi  les  animaux,  est 
celui  du  goût-,  ce  sont  les  sensations  perçues  par  lui 
qui  déterminent  le  choix  de  la  nourriture,  et  nous 
voyons  presque  tous  les  animaux  rechercher  certaines 
Substances  alimentaires  et  en  refuser  d’autres  ; on  peut 
donc  conclure  qu’ils  possèdent  presque  tous  ce  sens. 
D’après  quelques  expériences  que  nous  avons  faites 
à ce  sujet,  M.  Audouinet  moi , il  paraîtrait  que  chez 
les  Crustacés  la  faculté  de  distinguer  les  difierentes 
saveurs  est  même  assez  développée,  et  qu'elle  réside  à 
l’entrée  de  l’oesophage , ou  plutôt  dans  la  cavité  huc- 


(l'j  Voyez  les  mains  subclicllformcs  des  Crevettines,  fl.  i,  lig.  2, 
(2)  Pinces  ou  mains  chéliferes,  PI.  3,  fig.  etc. 


DES  CRUSTACÉS.  Il3 

cale  proprement  dite  ; on  ne  voit  aucun  organe  qui  y 
paraisse  destiné  d’une  manière  spéciale. 

La  faculté  d’apercevoir  les  corps  placés  à distance , 
par  l'intermédiaire  des  particules  odorantes  qui  s’en 
dégagent,  existe  aussi  chez  les  Crustacés.  Un  des 
procédés  de  pêche  le  plus  employé  pour  prendre  les 
Homards  en  donne  la  preuve  ; car  c’est  en  plaçant  des 
fragmens  de  Crabes  ou  de  Poissons  dans  des  espèces 
de  pièges  nommés  casiers , qu’on  les  y attire  ; et  non- 
seulement  il  est  bien  difficile  de  voir  ce  qui  est  dans 
l’intéi'ieurdeces  paniers , mais  encore  les  Homards  y 
viennent  souvent  pendant  les  nuits  les  plus  obscures. 
Un  fait  analogue  prouve  l’existence  du  sens  de  l’odo- 
rat chez  d’autres  Crustacés , connus  sous  le  nom  de 
Talitres  ou  de  Puces  de  mer.  Si  dans  un  lieu  fréquenté 
par  ces  animaux  , l’on  enterre  dans  le  sable  du  rivage, 
ou  que  l’on  cache  sous  un  monceau  de  pierres  un  Ho- 
mard mort  ou  le  corps  de  tout  autre  animal , on  est 
sûr  de  le  trouver  au  bout  de  quelques  jours  plus  ou 
moins  complètement  dévoré  par  les  Talitres  qui  se 
sont  rassemblés  en  foule  autour,  et  qui  ne  peuvent  y 
avoir  été  attirés  que  par  son  odeur.  Quant  au  siège 
de  ce  sens,  on  ne  sait  rien  de  positif. 

Guidé  par  la  position  des  antennes  et  par  quelques 
autres  considérations,  M.  de  Blainville  a été  conduit  à 
penser  que  chezlesCrustacés,  les  Insectes,  etc.,  le  sens 
de  l’odorat  résidait  dans  la  portion  de  l’enveloppe  tégu- 
mentaire  qui  revêt  l’extrémité  libre  des  antennes  (i); 
mais  cette  partie  ne  nous  paraît  offrir  aucunedes condi- 
tions qui  semblent  les  plus  nécessaires  pour  la  percep- 
tion des  odeurs,  et  leur  ablation  ne  paraît  porter  aucun 


(I)  Principes  d'anatomie  comparée  ■,  t.  1,  p.  338  et  339- 
CRUSTACÉS,  TOME  I. 


8 


lUSTOinE  SfATUREtLE 


"4 

trouble  sensible  cl:ins  l’exercice  de  cette  fonction  { i ) . Des 
recberches  qui  me  sont  communes  avecM.  Audouin, 
nous  ont  porté  à croire  que  le  siège  do  cette  fonction 
pouvait  bien  se  trouver  dans  deux  poches  membraneu- 
ses qu’on  rencontre  au  devant  de  la  bouebe  etau-des- 
susdes  organes  auditifs.  Dans  quelques  Crustacés , tel 
que  la  Langouste,  leur  ouverture  est  assez  grande 
et  occupe  le  milieu  du  tubercule  auditif  ; mais  chez 
d’autres  elle  devient  difficile  à distinguer.  Enfin  , un 
anatomiste  allemand,  Rosentbals , regarde  comme 
l’organe  de  l’odorat  une  cavité  particulière  qu’il  a dé- 
couverte à la  base  des  antennes  de  la  première  paire,  et 
dont  l’ouverture  extérieure  se  voit  k la  face  supérieure 
de  ces  organes.  Chez  les  Homards  , cette  cavité  est 
formée  par  une  espèce  d’ampoule  semi-cornée  dans  les 
jjarois  de  laquelle  aucun  nerl  ne  paraît  se  ramifier  (2)  ; 
et  chez  les  Edrioplilïialmes  on  ne  voit  rien  qui  puisse 
y être  rapporté.  Ainsi,  l’opinion  de  Rosentbals  , qui 
dernièrement  a été  reproduite  comme  une  découverte 
nouvelle  par  M.  Robineau,  ne  nous  paraît  pas  encore 
étayée  de  faits  assez  décisifs  pour  êti’e  généralement 
adoptée  (3). 

Le  sens  de  la  vue  manque  chez  un  petit  nombre  de 
Crustacés  qui  vivent  en  parasites  ; mais  en  général 
il  existe,  et  a son  siège  dans  des  organes  d’une  structure 
assez  compliquée,  qui  occupent  tantôt  la  face  supé- 
rieure ou  antérieure,  tantôt  les  côtés  de  la  tête.  On 


(1)  Voyez  l'article  0(/or«i,  Dictionnaire  classique  d'histoire  natu- 
relle. 

(2)  PI.  12 , lig.  1. 

(3)  jirchives  pour  la  physiologie  de  Riel  et  Autenreith,  et  Mé- 
langes d anatomie , par  Treviranus,  2'.  vol.,  21:.  partie,  2®.  mé- 
moire, i8i8. 


DES  CRÜSTACÉS.  Il5 

admet  généralement  que  chez  ces  animaux,  de  même 
cfue  chez  les  Insectes,  les  yeux  sont  de  deux  sortes, 
savoir  : des  stemmales  et  des  yeux  à facettes;  il  est 
cependantfacilc  de  démontrer  que  ces  organes  présen- 
tent unesériede  modifications  bien  ]dus  nombreuses. 

La  structure  des  steramates,  qu’on  ajjpelle  encore 
des  yeux  lisses  ou  yeux  simples,  se  rapproche  un 
peu  de  celle  des  yeux  des  Poissons,  et  diffère  nota- 
blement de  celle  des  yeux  à facettes.  Ainsi  que  vient 
de  le  démontrer  un  observateur  très-habile  , M.  Mul- 
ler ( i) , on  y distingue  d’abord  une  cornée  transparente 
plus  ou  moins  bombée,  et  parfaitement  lisse  , qui  sé 
continue  sans  interruption  avec  la  couche  tégumen- 
taire  externe  dont  elle  fait  partie.  Immédiatement 
derrière  celte  cornée,  et  en  contact  avec  sa  face  in- 
terne , se  trouve  un  cristallin  en  général  sphérique  , 
dont  la  face  postérieure  est  logée  dans  une  masse  gé- 
latineuse que  l’on  a comparée  au  corps  vitré.  La  base 
de  cette  masse  vitrée  est  à son  tour  en  contact  avec  le 
nerf  optique  ; enfin,  une  couche  de  pigment  fort  épais 
l’entoure  et  se  prolonge  en  avant  jusqu'à  la  périphérie 
du  cristallin  et  au  bord  de  la  cornée.  En  général , les 
stemmates  des  Insectes , des  Arachnides  et  des  autres 
animaux  articulés  , sont  en  petit  nombre  et  bien  dis- 
tincts entre  eux  ; il  en  est  de  même  chez  quelques 
Crustacés , tels  que  les  Apus , les  Limules  et  les 
Cyames  , où  l’on  observe  deux  ou  trois  de  ces  organes. 
Mais,  du  reste,  ces  yeux  simples  ne  se  rencontrent  que 
chez  un  très-petit  nombre  d’animaux  de  cette  classe. 


(4)  Zuv  vergleickenden  Physiologie  des  Gesichîssinncs  , un  vol. 
Leipzig,  i8'.26.  L analyse  de  ce  travail  remarquable  a été  insérée  dans 
Annales  des  sciences  nalurcllcs  , t-  XV 11  p-  , etc- 


8. 


IlG  HISTOIRE  NATÜRELEE 

Chez  (l’auLres  Cruslacés  il  existe  des  yeux  d’une 
structure  plus  compliquée  , que  nous  appellerons  des 
yeux  composés  lisses , et  qu’on  peut  considérer  comme 
une  agglomération  de  stemmates  sous  une  cornée 
commune.  En  effet , ils  sont  formés  par  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  petits  cristallins  placés 
derrière  une  cornée  commune,  enchâssés  et  dans  un 
corps  vitré  qui  est  enduit  de  pigment  et  qui  se  conti- 
nue avec  le  nerf  optique.  Ces  yeux  composés  lisses  se 
rencontrent  chez  les  Néhalies,  les  Apus  (où  il  en 
existe  un  placé  à quelque  distance  en  arrière  des  deux 
stemmates  ),  les  Daphnies,  les  Branchipes,  etc.,  et 
établissent  en  quelque  sorte  le  passage  entre  les  stem- 
mates  et  les  yeux  composés  à facettes  (i). 

Une  nouvelle  modification  de  l’appareil  oculaire 
nous  a été  olferte  par  l’Amphitoé  de  Prévost  et  un 
petit  nombre  d’autres  Édriophthalmes.  Chez  ces  ani- 
maux on  trouve  d’abord  pour  chaque  œil  composé  une 
cornée  lisse  sans  division;  niais  immédiatement  der- 
rière cette  lame  tégumentaire  il  existe  une  seconde 
tunique,  de  même  nature  et  également  transparente  , 
qui  y adhère  intimement , et  qui  est  divisée  en  une 
multitude  de  facettes  hexagonales  ; derrière  chacune 
de  ces  facettes  ou  cornéules  est  situé  , comme  d’ordi- 


(i)  Voyez  à ce  sujet  un  travail  que  j'ai  présenté  à la  Société 
(l'histoire  naturelle  de  Paris  , le  7 juin  i83o,  et  qui  paraîtra  dans 
un  des  prochains  cahiers  des  Annales  des  sciences  nalurelles  ; 
ainsi  que  l’ouvrage  déjà  cité  de  M.  Muller  ; les  observations  de 
Cavolini,  sur  les  yeux  des  Lygies,  Memoria  sulla  srenerazioni  dei 
Pescie  dei  Granchi  1787;  celles  de  M.  Strauss,  sur  les 

yeux  des  Daphnies,  etc.,  dans  les  inénaoires  du  Muséum  d'histoire 
n.iturelle , t.  Y,  p.  SgS  ; et  la  description  desyeux.de  la  Nebalie, 
clans  un  de  mes  mémoires  sur  des  Crustacés  nouveaux,  inséré  dans 
les  Annales  des  sciences  naturelles,  t.  xiii,  etc. 


DES  CRUSTACÉS.  Iiy 

naire,  un  cristallin  dontla  face  antérieure  est  convexe 
et  dont  la  face  postérieure , qui  se  prolonge  en  un 
cône  à sommet  obtus,  est  contiguë  à un  petit  cylin- 
dre gélatineux,  avec  lequel  le  filet  correspondant  du 
nerf  optique  se  confond. 

De  cette  disposition  au  mode  de  conformation  des 
yeux  composés  à facettes  simples  il  n'y  a qu’un  pas  ; 
caria  principale  différence  consiste  dans  la  soudure 
intime  des  deux  cornées  superposées  dont  nous  ve- 
nons de  parler  et  l’existence  d’une  espèce  de  cloison 
formée  par  du  pigment  entre  chacun  des  élémens  ocu- 
laires 

Dans  ces  organes,  de  même  que  dans  les  stemmales, 
la  tunique  externe  est  dure  et  translucide;  elle  se 
continue  avec  les  tégumens  et  constitue  une  cornée 
transparente;  mais,  au  lieu  d’être  lisse  et  sans  divi- 
sion, elle  présente  une  multitude  de  petites  facettes 
distinctes,  qu’on  peut  regarder  comme  autant  de  cor- 
nées, car  chacune  d’elles  correspond  à une  loge  ocu- 
laire qui  lui  est  propre.  Chez  les  Insectes  ces  facettes  , 
ou  cornéules , sont  toujours  de  forme  hexagonale, 
mais  chez  les  Crustacés  elles  sont  souvent  carrées  ; 
dans  les  Écrevisses  , les  Pénées , les  Galathées , les 
Scyllares,  par  exemple,  elles  présentent  cette  dis- 
position , tandis  que  chez  les  Pagures , les  Phyl- 
losomes , les  Squilles,  les  Gebhies,  les  Callianases, 
les  Crabes,  etc.,  elles  sont  hexagonales  (i).  Der- 
rière chacune  de  ces  petites  cornées  on  trouve  un 
corps  transparent  et  de  forme  conique  (a),  qui  est 


(O  PI.  la,  fig.  a et  3. 

(2)  L’existence  de  ces  corps  coniques,  de  consistance  gélatineuse , 
avait  été  signalée  depuis  long-temps  dans  les  yeux  à facettes  des  Li- 


HISTOIllE  NATOllEXiLE 


ii8 

entouré  par  une  sorte  de  gaine  composée  de  matière 
colorante,  et  se  continue  intérieurement  avec  un  fila- 
ment gélatineux  dont  la  hase  adhère  au  hulhe  du 
nerf  optique  (i)  j le  pigment  se  prolonge  aussi  en- 
tre les  espèces  de  colonnes  formées  par  ces  fila- 
mens,  de  manière  à les  isoler  entre  elles,  et  se  re- 
ploie entre  leur  hase  et  le  hulhe  du  nerf  optique. 
Enfin , derrière  la  masse  formée  par  ces  diverses 
parties , on  trouve  une  tunique  membraneuse  qui  est 
percée  dans  son  milieu  pour  livrer  passage  au  nerf , 
et  qui  n’est  qu’un  prolongement  de  la  membrane 
tégumentaire  moyenne,  de  sorte  que  c’est  entre  les 
deux  couches  externes  de  la  peau  qu’est  creusée  la 
chambre  oculaire  (a).  Les  cônes  transparens  dont 
nous  venons  de  parler,  et  dont  l’existence  a été 
signalée  par  M.  Muller , dans  tous  les  yeux  à fa- 
cettes des  Insectes  aussi  bien  que  des  Crustacés, 
paraissent  remplacer  les  cristallins  des  yeux  simples, 
ou  plutôt  n’en  être  qu’une  modification  (d).  Quant  aux 
filamens  vitrés  gélatineux  qui  se  trouvent  derrière  ces 
cônes,  ils  occupent  la  majeure  partie  de  chacune  des 
longues  cellules  oculaires  , et  on  les  regarde  générale- 


mules  par  André.  (Voyez  A mhroscopiral  description  af  the  eyes  of  lhe 
31oiiocuhis  Polyphemus.PhWos.  Trans.,  178a!,  vol.  7'Z,  p.  4/|0,  tab.  16). 
Swammerdani  paraît  aus.si  le.s  avoir  .aperçus  dans  le  Pagure  (Voy..ses 
observations  sur  le  Bcrnard-rHermite.  Collection  académitiue  , partie 
étrangère,  t.  V,  p.  i3o)  ; et  Cavoliui,  dans  l'Éerevisse  (A/emonn  siiUa 
generazione  ilci  Pesci  e ilci  Granchi  )-  Mais  c’est  à M.  Muller  qu’on  eu 
doit  une  connaissance  plus  approfondie  ( Op,  cit. , et  Ann.  des  sc. 
nat.  , t.  XVII.) 

(l)  PI.  12,  lig.  7,  n,  et  lig.  8. 

(a)  PI.  12,  lig.  8,  i. 

(3)  M.  Strauss  pense,  au  contraire,  que  dans  les  yeux  à facettes  ce 
sont  les  cristallins  qui,  en  se  réunissant,  forment  la  cornée;  mais 
il  ne  paraît  pas  avoir  aperçu  les  corps  coniques.  ( Op.  cit, , p.  4i  O- 


DES  CRUSTACES. 


» ‘9 

ment  comme  étant  des  brandies  terminalesdu  nerf  opti- 
que; mais  un  examen  attentif  de  l’œil  du  Homard  m’a 
fait  concevoir  quelques  doute  sur  cette  détermination  ; 
le  bulbe  du  nerf  optique  ne  m’a  paru  présenter  réelle- 
ment aucune  division  ; il  m’a  semblé  se  terminer  par 
une  surface  offrant  une  multitude  de  petites  facettes 
tapissées  de  matière  colorante  et  en  rapport  avec  la 
substance  vitrée  qui  remplit  toute  la  portion  infé- 
rieure des  cellules  oculaires.  C’est  aussi  l’opinion  que 
M.  de  Blainville  paraît  s’étre  formée  d’après  la  dissec- 
tion des  yeux  de  la  Langouste  (i)  ; mais,  pour  résou- 
dre complètement  ce  point  délicat  de  l’anatomie  des 
Crustacés , il  faudrait  peut-être  des  observations  plus 
décisives. 

Chez  d’autres  Crustacés,  tels  que  les  Idotées,  le 
mode  d’organisation  des  yeux  paraît  dépendre  d’une 
modification  différente  des  yeux  composés  à cornée 
lisse  ; la  disposition  de  la  masse  oculaire  est  essentiel- 
lement la  même  que  dans  les  yeux  à facettes,  seule- 
ment la  cornée  commune  présente  au  devant  de  cha- 
que cristallin  ( ou  cône  transparent  ) un  renflement 
circulaire  qui  ressemble  un  peu  à une  lentille  qui  se- 
rait enchâssée  dans  cette  tunique.  Ces  renflemcns  sont 
bien  distincts,  et  dans  l’espace  qui  les  sépare  on  n’a- 
perçoit aucune  ligne  qui  correspondrait  aux  cellules 
tubiformes  placées  au-dessous  (2). 

Au  premier  abord  on  pourrait  croire  que  ces  renlle- 
mens  lenticulaires  sont  les  analogues  des  cornéules 
des  yeux  à facettes , qui , dans  ces  derniers  organes , 
se  seraient  élargis  de  façon  à se  toucher  et  à prendre 


(l)  Principes  d’anatomie  comparée,  t.  ni,p.  434)- 
(•2)  PI.  12,  fig.  4- 


120  HISïOniE  NATO  K ELLE 

une  forme  hexagonale  ; mais  il  n’en  est  pas  ainsi  , car 
si  l’on  poursuit  cette  étude  de  l’appareil  optique  chez 
d’autres  Crustacés , on  ne  tarde  pas  à rencontrer  des 
exemples  de  l’existence  simultanée  de  cornéules  et  de 
renflemens  lenticulaires  bien  distincts.  Les  yeux  des 
Callianasses  nousont  présenté  cette  structure  de  la  ma- 
nière la  plus  facile  à constater , car  les  renflemens  len- 
ticulaires et  les  cornéules  sont  tous  parfaitement  visi- 
bles, et  les  premiers , qui  sont  assez  petits , n’occupent 
que  le  centre  du  cadre  formé  par  les  bords  des  se- 
conds (i).  On  les  retrouve  chez  un  grand  nombre  de 
Brachyures,  mais  en  général  les  renflemens  lenticu- 
laires occupent  presque  toute  l’étendue  de  la  cor- 
néule,  de  façon  que  leur  contour  se  confond  un  peu 
avec  les  bords  de  celle-ci  (2). 

Dans  la  plupart  des  cas  ces  renflemens  lenticulaires 
paraissent  s’étre  développés  dans  la  substance  de  la 
cornéule,  mais  quelquefois  on  peut  l’en  distinguer: 
dans  les  yeux  d’un  Crabe  maculé  nous  avons  trouvé 
au-dessous  des  facettes  de  la  cornée  une  couche  assez 
facile  à détacher,  et  formée  par  une  réunion  de  ces 
lentill  es,  qui  a leur  tour  recouvraient  les  cristallins 
coniques  (3). 

Nous  voyons  donc  que  la  structure  des  yeux  des 
Crustacés  se  complique  déplus  en  plus  à mesure  qu’on 
s’élève  dans  la  série  de  ces  êtres,  et  que  ces  modifica- 
tions dépendent  principalement  : i®.  de  l’aggloméra- 
tion d’un  nombre  plus  ou  moins  considérable  d’yeux 
simples  en  une  seule  masse  ; 2°.  de  la  formation  d’une 


(I)  PI.  12  , fig.  5. 
(a)  PL  12,  lig.  6. 
(3)  PI.  12,  fig.  6,  a. 


131 


DES  CRUSTACÉS. 

cornée  particulière  pour  chaque  œil  ; 3".  de  la  forma- 
tion d’un  renflement  lenticulaire  entre  la  cornée  com- 
mune et  le  cristallin  ; de  l’existence  simultanée 
d’une  cornée  propre  et  d’un  renflement  lenticulaire. 

Les  yeux  simples  et  les  yeux  composés  existent 
quelquefois  chez  le  même  Crustacé  ; dans  le  Cyame , 
par  exemple,  on  trouve  deux  yeux  lisses  et  deux 
yeux  composés  à facettes , et  dans  la  Limule  trois 
ste-  .mates  et  deux  yeux  composés  à facettes.  Dans 
l’Apus  il  existe  deux  stemraatcs  et  un  œil  composé  .à 
cornée  lisse  ; mais  , dans  l’immense  majorité  des  cas  , 
il  n’y  a que  des  yeux  composés , dont  la  disposi- 
tion varie.  Leur  nombre  est  en  général  de  deux  , quel- 
quefois ils  ne  forment  qu’une  seule  masse  , de  façon 
que  l’animal  ne  paraît  avoir  qu’un  seul  œil.  Dans 
les  Daphnies  , par  exemple,  les  stemmates  agglomé- 
rés forment  d’abord  deux  masses  oculaires,  ou  yeux 
composés  à cornée  lisse , mais  par  les  progrès  de 
l’âge  ces  deux  yeux  s’unissent  et  ne  forment  plus 
qu’un  seul  œil.  Les  stemmates  sont  immobiles  et 
sessiles,  c’est-à-dire  implantés  immédiatement  sur 
la  surface  du  corps  et  peu  élevés  au-dessus  au  moyen 
d’un  pédoncule  ou  d’une  tige  cornée  ; il  en  est  en  gé- 
néral de  même  pour  les  yeux  composés  à cornée  lisse  ; 
mais  quelquefois  la  masse  oculaire  formée  par  chacun 
de  ces  organes  est  mobile,  et  il  arrive  même  quelle  est 
placée  à l’extrémité  d’une  saillie  également  mobile;  les 
Daphnies  sont  dans  le  premier  cas  ; leur  œil  ne  fait  pas 
saillie  au  dehors,  mais  est  pourvu  de  muscles  desti- 
nés à le  mouvoir;  et  chez  lesNébalies,  ces  organes 
sont  saillans  et  ne  tiennent  au  reste  du  corps  que  par 
un  pédoncule  articulé  de  manière  à permettre  leurs 
mouvemens.  11  en  est  de  même  pour  les  yeux  à facettes, 


HISTOIRE  NATURELLE 

dont  le  nombre  est  toujours  de  deux  ; chez  les  Edrioph- 
thalmes  ils  sont  sessiles  et  immobiles  (i) , tandis  que 
chez  tous  les  Décapodes  (2)  et  les  Stomapodes  (3) 
ils  sont  placés  sur  deux  tiges  mobiles  qu’on  peut  re- 
garder comme  les  membres  du  premier  anneau  cé- 
phalique. Enfin  , chez  un  grand  nombre  de  ces  ani- 
maux , il  existe  entre  le  bord  de  la  carapace  et  la  base 
des  antennes  externes  une  cavité  orbitaire  dans  la- 
quelle l’œil  se  reploie  de  manière  à se  mettre  à l’abri 
de  toute  injure.  Quant  à la  forme  générale  des  yeux 
a facettes,  elle  est  en  général  légèrement  convexe 
et  à peu  près  circulaire  chez  les  Édriophthalmes , tan- 
dis que  chez  les  Décapodes  elle  se  rapproche  le  plus 
souvent  d’un  sphéroïde  ; leur  couleur  varie  aussi  sui- 
vant les  espèces. 

Le  mécanisme  de  la  vision  a été  peu  étudié  chez 
les  animaux  articulés.  Dans  les  yeux  lisses  ou  stem- 
mates  , la  marche  de  la  lumière  doit  être  à peu  près 
la  même  que  dans  les  yeux  des  animaux  vertébrés , et 
surtout  des  Poissons , où  le  cristallin  agit  à la  manière 
d une  lentille,  et  rassemble  les  rayons  lumineux  dans 
un  point  donné  delà  surface  du  nerf  situé  derrière  lui  ; 
il  en  est  probablement  à peu  près  de  même  dans  les 
yeux  comjiosés  à cornéules lentifères;  mais,  dans  les 
yeux  à facettes  simples  ( ceux  où  il  n’y  a point  de 
renflement  lenticulaire),  il  paraîtrait  que  les  cônes 
transparens  formés  par  les  cristallins  et  les  cellules 
tubiformes  situées  au  devant  du  nerf,  n’agissent  ni 
comme  un  instrument  de  dioptrique,  ni  comme  un 


(1)  PI.  I , fig.  2. 

(2)  PI.  3,  fig.  I. 
{3)Pl.;i,fig.  I. 


DES  CUD5TACES. 


123 

iipp.'ireil  de  catoptrique , et  ne  servent  qu’à  rendre 
l’impression  de  la  lumière  jaIus  nette,  en  isolant  les 
rayons  perpendiculaires  de  ceux  qui  arrivent  dans 
d’autres  directions. 

Les  Crustacés,  ou  du  moins  ceux  des  ordres  su- 
périeurs , jouissent  aussi  du  sens  de  l’ouïe  ; les  expé- 
riences de  Minasi  (ij,  ainsi  qu’une  foule  d’observa- 
tions journalières,  en  fournissent  la  preuve,  et  cliez 
un  grand  nombre  de  ces  animaux  il  existe  un  petit 
appareil  qui  paraît  être  le  siège  de  cette  faculté. 
Cet  organe  est  placé  à la  face  inférieure  de  la  tête, 
au  devant  de  la  bouebe,  et  en  arrière  des  an- 
tennes de  la  seconde  paire,  ou  bien  dans  le  pre- 
mier article  basilaire  de  ces  antennes  elles -memes. 
Dans  l’Ecrevisse,  comme  on  le  voit  d’après  les  re- 
cberclies  de  Scarpa , il  existe  dans  ce  point , de 
chaque  côté  du  corps , un  petit  tubercule  osseux 
dont  le  sommet  présente  une  ouverture  circulaire  qui 
est  fermée  par  une  membrane  mince,  élastique  et 
tendue , qu’on  a comparée  au  tympan , ou  à la  mem- 
brane de  la  fenêtre  du  vestibule  des  animaux  supé- 
rieurs (2);  derrière  cette  membrane,  et  dans  l’épaisseur 
du  tubercule,  on  trouve  une  petite  vésicule  membra- 
neuse qui  est  remplie  d’un  liquide  aqueux , et  reçoit  du 
côté  interne  et  supérieur  un  filet  nerveux  provenant  du 
nerf  antennaire. Enfin,  le  tout  est  recouvert  d’une  es  pèce 
degâteau  tommenteuxdont  Scarpane  fait  pasmention, 
et  dont  les  usages  pourraient  bien  n’avoir  aucun  rapport 
avecl  ouïe,  quoique  des  liens  étroits  l’unissent  a l’or- 


(1)  Disseytazîone  di  timpatictti  dell'udito  scoverti  net  Grnnchio  Paguro^ 
etc.  , in-8<>.,  NapoH,  1775. 

(2)  lu.  12,  fig.  II. 


124  HISTOIRE  NATURELLE 

gane  dont  nous  venons  de  parler  (i).  Chez  la  Langouste, 
le  milieu  de  la  membrane  qui  bouche  l’ouverture  ex- 
terne du  tubercule  auditif,  est  occupé  par  une  ouver- 
ture qui  communique  avec  l’organe  en  forme  de  galette, 
dont  il  vient  d’être  question , et  chez  la  plupart  des 
Brachyures  elle  est  remplacée  en  totalité  par  un  petit 
disque  osseux  plus  ou  moins  mobile.  Dans  le  Mîiïa 
et  quelques  autres  Crustacés  à courte  queue,  la  dis- 
position de  cette  espèce  d’opercule  est  très-curieuse  (2)  j 
nous  avons  constaté  , M.  Audouin  et  moi , que  de  son 
bord  antérieur  il  naît  une  lame  osseuse  assez  large , 
qui  s’en  sépare  à angle  droit,  se  dirige  en  haut  vers 
l’organe,  en  forme  de  galette,  et  se  termine  en  pointe; 
près  de  sa  base,  ce  prolongement  lamclleux  est  percé 
par  une  grande  ouverture  ovalaire,  et  cette  espèce  de 
fenêtre  est  bouchée  par  une  membrane  mince  et  élas- 
tique, que  nous  appellerons  la  membrane  auditive  in- 
terne , et  près  de  laquelle  le  nerf  auditif  paraît  se 
terminer;  de  petits  faisceaux  musculaires  se  fixent  au 
sommet  de  la  lame  osseuse , qui  naît  ainsi  du  disque 
operculaire  du  tubercule  auditif,  et  qui , par  sa  forme, 
rappelle  un  peu  l’étrier  de  l’oreille  humaine  ; enfin , 
sur  le  bord  antérieur  de  la  fenêtre  extérieure  qui  est 
bouchée  par  ce  disque,  il  s’élève  aussi  une  petite  la- 
melle osseuse  qui  est  parallèle  à la  membrane  auditive 
interne  ; et,  lorsque  le  muscle  antérieur  de  l’osselet  se 
contracte  de  manière  à renverser  légèrement  tout  ce 
petit  appareil  en  avant , la  membrane  dont  nous 
venons  de  parler  s’appuie  sur  ce  prolongement  et 
se  tend  de  plus  en  plus.  D’après  les  recherches  faites 


(i)  PI.  13 , lig.  9 , n.  C’est  cet  organe  dont  il  a déjà  été  question 
à l’occasion  de  l'odorat. 

(3)  PI.  12,  Kg.  10. 


DES  CRUSTACÉS.  laG 

p-nr  M.  Savart,  sur  la  transmission  des  sons,  on  sait 
que  l’existence  d’une  ouverture  bouchée  par  une  mem- 
brane mince  et  élastique,  est  une  des  circonstances 
les  plus  propres  à augmenter  la  finesse  de  louïe  ; ce 
savant  a observé  que  des  lames  de  carton  qui  n’étaient 
pas  susceptibles  de  vibrer  par  influence,  de  maniéré 
à déterminer  la  formation  de  figures  régulières  dans 
le  sable  répandu  sur  leur  surface,  devenaient  aptes  .à 
en  produire  lorsqu’elles  étaient  armées  d’un  disque 
membraneux.  Il  est  donc  à présumer  que  l’espèce  de 
tambour  que  nous  venons  de  décrire,  ainsi  que  la 
membrane  auditive  externe  de  l’Ecrevisse,  servent  à 
communiquer  au  nerf  auditif  les  vibrations  qui  leur 
sont  transmises , et  qui  n’affecteraient  que  peu , ou 
même  point,  les  parties  voisines,  si  elles  n’étaient  pas 
en  communication  directe  avec  ces  membranes.  Le 
mécanisme  au  moyen  duquel  la  membrane  auditive  in- 
terne peut  être  alternativement  relâchée  ou  tendue,  est 
analogue  à celui  qui  est  produit  dans  l’oreille  humaine 
par  l’action  de  la  chaîne  d’osselets  qui  traverse  la  caisse 
du  tympan  , et  ses  effets  doivent  être  aussi  de  même 
nature  ; il  doit  servir  à augmenter  ou  à diminuer 
l’étendue  des  ondulations  qu’exécute  la  membrane  vi- 
brante, et  à modérer  l’intensité  des  sons  qui  viennent 
frapper  l’oreille. 

L’existence  de  la  longue  tige  rigide,  formée  parles 
antennes  de  la  seconde  paire  et  en  communication 
avec  l’organe  auditif,  paraît  être  une  autre  circon- 
stance de  nature  à faciliter  la  perception  des  sons  ; 
cette  opinion  avait  déjà  été  émise  par  M.  Strauss  (i), 


fl)  Considérations  générales  sur  l'anatomie , etc. , p.  419' 


126 


HISTOinE  NATURELLE 


et  nous  pnraît  s’accorder  très-bien  avec  divers  résul- 
lats  obtenus  par  M.  Savarl.  En  effet,  ce  ])liysicien  a 
constaté  tjue,  ])Our  faire  vibrer  par  influence  des 
corps  qui  n’en  paraissent  pas  susceptibles  , il  suffirait 
souvent  d’y  ajouter  une  tige  très-élastique  qui  agît 
alors  à la  manière  du  disque  membraneux  dont  il  a 
déjà  été  cjuestion. 

D’après  ces  détails , on  voit  que  la  structure  de  l’ap- 
pareil auditif  des  Crustacés  est  très-simple.  Le  nerf 
destiné  à transmettre  au  cerveau  l’impression  pro- 
duite par  les  son  s,  se  termine  près  de  la  surface  du  corps, 
dans  une  petite  cavité  remplie  de  liquide , et  les  on- 
dulations sonores,  venant  du  dehors , sont  transmises 
à ce  liquide  par  l’intermédiaire  d’organes  dont  les  vi- 
brations sont  faciles  àexciter.Tantôtla  nature  emploie 
à cet  usage  des  instrumens  spéciaux,  tels  que  les  dis- 
ques membraneux  ; mais  d’autres  fois  elle  ne  semble  pas 
avoir  divisé  ainsi  le  travail , et  paraît  confier  ces  fonc- 
tions à des  parties  qui  servent  en  même  temps  à 
d’autres  usaires. 

O 

§ II.  Bu  système  nerveux. 

En  etudiant , dans  la  longue  série  des  animaux , 
les  parties  au  moyen  desquelles  ces  êtres  perçoivent 
les  impressions , on  y remarque  une  suite  de  modifi- 
cations analogues  à celles  que  nous  avons  déjà  signalées 
en  traitant  de  l’appareil  tégumentaire  et  des  organes 
de  la  vie  organique.  Le  système  nerveux  se  présente 
d’abord  stius  la  forme  d’un  cordon  qui  s’étend  dans 
toute  la  longueur  du  corps  ; chacune  de  ces  parties 
agit  alors  à la  manière  du  tout,  et  , lorsqu’on  divise 
l’animal  en  plusieurs  tronçons , chacun  d’eux  continue 


DES  CHUSTACÉS.  lay 

à sentir  et  à se  mouvoir  comme  il  le  faisait  lorsque 
le  corps  était  entier.  Un  degré  de  plus  dans  Ja  divi- 
sion du  travail  amène  la  localisation  de  la  faculté  de 
percevoir  la  sensation,  et  de  plusieurs  autres  actes 
dans  des  parties  déterminées  de  ce  système,  dont 
l’existence  devient  alors  nécessaire  à l’intégrité  des 
fonctions  auxquelles  l’appareil  en  entier  préside.  Enfin, 
chez  des  animaux  plus  parfaits,  la  sensibilité  devient 
plus  particulièrement  l’apanage  de  certains  fibres  mé- 
dullaires ; la  faculté  de  produire  les  mouvemens  sous 
l’empire  de  la  volonté  se  concentre  en  quelque  sorte 
dans  d’autres  fibres  du  même  système  ; celle  d’exciter 
l’action  de  ces  diverses  parties  se  localise  également 
dans  certains  points  de  l’appareil  nerveux  , et  celle  de 
coordonner  les  mouvemens  est  exercée  par  d’autres 
instrumens.  En  un  mot,  toutes  les  parties  de  l’appa- 
reil sensitif  finissent  par  concourir  d’une  manière  dif- 
férente à la  production  des  phénomènes  dont  l’ensem- 
ble résultait  d’abord  de  l’action  de  chacune  d’elles. 

Plus  cette  division  du  travail  est  portée  à un  haut 
degré , plus  les  divers  actes  de  la  vie  de  relation  se 
perfectionnent,  et  en  même  temps  plus  la  structure 
de  l’appareil  nerveux  devient  compliquée  ; car  la  di- 
versité dans  les  fonctions  de  chacune  de  ses  parties 
coïncide  avec  une  diversité  non  moins  grande  dans  leur 
organisation.  Aussi,  d’après  la  perfection  ou  l’imper- 
fection des  fonctions,  on  peut  juger  à priori  du  degré 
de  simplicité  ou  de  complication  des  organes  qui  en 
sont  le  siège  ; et , d’après  la  structure  plus  ou  moins 
uniforme  des  diverses  parties  de  l’appareil  nerveux , on 
peut  deviner  le  degré  de  perfection  ou  d’imperfection 
des  actes  quil  est  destiné  à exécuter. 

Les  diverses  formes  sous  lesquelles  se  montre  le 


128  HISTOIRE  NATURELLE 

système  nerveux  des  Crustacés,  sont  autant  d’anneaux 
de  la  chaîne  de  modifications  dont  nous  venons  de 
parler.  Sa  structure  est  d’abord  semblable  dans  toute 
la  longueur  du  corps , et  chacun  des  segmens  est 
jiourvu  des  mêmes  parties  médullaires  ; mais  peu  à peu 
les  divers  centres  nerveux  se  réunissent  entre  eux , et 
certains  anneaux  du  corps  ne  présentent  plus  que  des 
filamcns  conducteurs  de  la  sensibilité  et  de  l’influence 
nerveuse , tandis  que  les  organes , qui  perçoivent  les 
sensations  et  réagissent  sur  tous  les  autres  organes , 
se  rencontrent  dans  un  point  assez  circonscrit.  Si  l’on 
se  bornait  à comparer  entre  eux  les  deux  extrémités 
de  cette  série,  on  pourrait  croire  que  le  système  ner- 
veux d’un  Mata , par  exemple  (i) , et  la  longue  chaîne 
ganglionnaire  de  l’Ecrevisse  ou  du  Homard  (2) , sont 
formés  de  parties  dissemblables  ; mais , en  suivant  les 
degrés  intermédiaires  qui  établissent  pour  ainsi  dire 
le  passage  entre  ces  deux  modes  d’organisation,  on 
voit  qu’il  n’en  est  ])as  ainsi , et  que  ces  difierences 
dépendent  presque  uniquement  de  la  centralisation 
plus  ou  moins  grande  des  divers  élémens  de  certaines 
parties  du  système  nerveux. 

De  même  que  chez  les  Annélides,  les  Arachnides 
et  les  Insectes , le  système  nerveux  des  Crustacés  se 
compose  d’un  certain  nombre  de  nerfs  qui  viennent , 
de  toutes  les  parties  du  corps , aboutir  à des  ganglions 
ou  masses  médullaires  qui  sont  liés  entre  eux  par  des 
cordons  de  même  nature.  Ces  ganglions  occupent  la 
ligne  médiane  de  la  face  ventrale  du  corps  et  forment 
une  chaîne  plus  ou  moins  longue.  Enfin , on  peut  éta- 


(I)  PI.  n,  fis-  1- 
;•-!)  PI.  U,  fi  g.  2. 


DES  CKUSTACiS.  I2g 

blir  en  principe,  que  la  tendance  générale  de  la  na- 
ture est  de  donner  à chacun  des  anneaux  du  corps 
une  paire  de  ces  ganglions;  mais  souvent  leur  nom- 
bre apparent  est  moins  grand , à cause  de  la  réunion 
de  plusieurs  en  une  seule  masse , ou  bien  du  développe- 
ment excessif  de  quelques-uns  d'entre  eux  , dévelop- 
pement qui  coïncide  toujours  avec  l'état  rudimentaire 
ou  même  l’absence  d’un  certain  nombre  d’autres  gan- 
glions. 

Parmi  les  Crustacés  des  ordres  inférieurs  que  nous 
avons  examinés  (i) , ce  sont  les  Talitres  qui  nous  ont 
offert  le  système  nerveux  le  plus  simple  et  le  plus  uni- 
forme. Le  corps  de  ces  animaux  se  divise  en  trois  par- 
ties assez  distinctes,  la  tète,  le  thorax  et  l’abdomen  ; 
mais  chacune  d’elles  est  formée  d’anneaux  ou  de  tron- 
çons qui  ont  entre  eux  la  plus  grande  ressemblance,  et 
dont  le  nombre  total  est  de  treize.  Ces  divers  segmens 
présentent  à leur  face  inférieure  deux  ganglions  nerveux 
placés  sur  les  côtés  de  la  ligne  médiane,  et  réunis  entre 
eux  par  une  petite  commissure  transversale  (2)  : chacun 
de  ces  petits  noyaux  communique  aussi  avec  celui  du 
segment  qui  le  suit  et  qui  le  précède,  à l'aide  d’un  cor- 
don médullaire , et  fournit  un  certain  nombre  de  nerfs 
qui  vontse  distribuer  aux  dilï’érentes  parties  du  corps. 
Le  volume  de  ces  ganglions  diflère  peu  dans  les  divers 
segmens  ; au  thorax  , cependant,  ils  sont  un  peu  plus 


(1)  Ces  recherches  sont  communes  à M.  Audouin  et  à moi,  et 
forment  le  sujet  d’un  mémoire,  lu  à l’Académie  des  sciences,  en 
septembre  1827,  et  imprimé  dans  les  Annales  des  sciences  naturelles , 

. XI. 

(1)  Voyez  le  mémoire  déjà  Cité,  Annales  des  sciences  naturelles  , 
t.  XI,  Pl.  Il,  (ig.  I ; reproduit  dans  notre  atlas,  PI.  ii,  fig.  i. 

CnuSTACÏS  , TOME  I.  g 


l3o  HISTOIRE  NATURELLE 

gros  que  dans  l’abdomen.  Enfin  , ils  sont  tous  un  peu 

aplatis  et  ont  à peu  près  la  forme  d’un  losange. 

Il  existe  donc  dans  le  Tiditre  deux  chaînes  ganglion- 
naires parfaitement  symétriques,  distinctes  dans  toute 
leur  longueur,  réunies  entre  elles  par  des  commissures 
transversales,  et  ollrant  partout  une  disposition  essen- 
tiellement la  même.  La  première  paire  de  ganglions  , 
ou  la  céphalique,  est  remarquable  par  sa  simplicité , 
et  ne  dilîère  pas  essentiellement  des  ganglions  qui  sui- 
vent; elle  est  située,  comme  dans  tous  les  autres  ani- 
maux articulés,  au-dessus  de  Tcesophage,  et  fournit  des 
nerfs  aux  yeux  et  aux  antennes  : ces  ganglions , que 
l’on  a désignés , mais  peut-être  à tort , sous  le  nom’de 
cerveau,  se  continuent  postérieurement  avec  les  cor- 
dons médullaires  qui  les  unissent  aux  deux  ganglions 
du  premier  anneau  thoracique,  en  passant  sur  les  côtés 
de  rœsopliage,  qu’ils  embrassent.  Ces  derniers  gan- 
glions fournissent  en  dehors  deux  nerfs  , dont  l’un  pé- 
nètre dans  la  pâte  correspondante,  et  dont  l’autre 
paraît  se  distribuer  principalement  aux  muscles  et 
aux  tégumens  des  parties  latérales  du  corps.  Les  gcin- 
glions  des  autres  segmens  présentent  la  même  dispo- 
sition ; seulement  la  distance  qui  les  sépare  nous  a 
paru  plus  grande  dans  l’abdomen  qu’au  thorax. 

Dans  le  Cloporte , ainsi  que  l’a  observe  M.  Cuvier(i), 
la  partie  moyenne  du  système  nerveux  est  également 
formée  de  deux  cordons  ganglionnaires  qui  sont  encore 
distans  l’un  de  l’autre,  mais  qui  ne  présentent  pas 
dans  tous  les  segmens  du  corps  la  même  uniformité 
que  nous  venons  de  signaler  chez  le  Talitre.  En  elïet , 


(i)  Leçons  (Vandiomic  cümpavlic  i t.  H,  p. 


DES  CRUSTACÉS.  l3l 

oulre  la  paire  de  ganglions  céphaliques , on  n’en 
compte  que  neuf,  dont  les  deux  premières  et  les  deux 
dernières  sont  presque  confondues  ; et , comme  chacun 
le  sait,  les  tronçons  du  corps  de  cet  animal  sont  au 
nombre  de  quatorze  , dont  six  appartiennent  à l’abdo- 
men. Il  en  est  à peu  près  de  même  dans  le  Cyame  de 
la  baleine.  Treviranus  (i)  a fait  voir  que  chez  cet  ani- 
mal singulier  la  partie  moyenne  du  système  nerveux 
était  formée  de  deux  chaînes  de  ganglions,  parallèles 
et  distinctes  l’une  de  l’autre,  tandis  qu’aux  extrémités 
antérieure  et  postérieure,  les  deux  noyaux  latéraux 
étaient  unis,  et  que  même  en  arrière  ils  formaient  un 
ganglion  impair  situé  sur  la  ligne  médiane  et  pour 
ainsi  dire  accolé  aux  deux  ganglions  précédens. 

Le  système  nerveux  , examiné  dans  deux  genres  de' 
Crustacés  assez  voisins  (le  Talitrc  et  le  Cloporte),  pré- 
sente donc  déjà  deux  modifications  importantes  : il  s’est 
raccourci  et  s’est  rétréci , ou , en  d’autres  termes , il  a 
éprouvé  un  yrremicr  degré  de  centralisation.  Cette 
sorte  de  tendance  à diminuer  en  même  temps  de  lar- 
geur et  surtout  de  longueur  pour  se  grouper  vers  la 
partie  centrale  du  thorax  de  l’animal , est  plus  mani- 
feste dans  les  Cimothoés  (2)  et  dans  les  Phyllosomes. 

Dans  les  Phyllosomes,  on  trouve,  à la  partie  an- 
térieure de  la  grande  lame  ovalaire  qui  porte  les  yeux , 
deux  petits  ganglions  nerveux  à peu  près  triangulaires, 
et  réunis  entre  eux  par  leur  angle  interne;  ces  petits 
noyaux  céphaliques  fournissent  en  dehors  les  nerfs  des 
yeux  et  des  antennes,  et  se  continuent  postérieure- 


(1)  f^crmtschlc  schi-i/icn  anntomiscltcK  und  phystologischi  n îiihnlts  ^ 
2 , B , I , [lalft. 

(2)  B).  Il,  iifc'.  2 

9 


iSa  HISTOIRE  NATURELLE 

ment  avec  deux  filamens  nerveux  très-fins  et  d’une 
longueur  remarquable  ; ces  filamens  sont  éloignés  l’un 
de  l’autre  d’environ  deux  lignes;  ils  se  portent  directe- 
ment en  arrière,  embrassent  l’œsopliage  et  vont  se 
réunir  à la  première  paire  de  ganglions  thoraciques  ; 
ceux-ci , de  forme  ovalaire  et  réunis  entre  eux  sur  la 
ligne  médiane  , sont  placés  assez  loin  derrière  la  bou- 
che , et  fournissent  deux  paires  de  nerfs  qui  se  dirigent 
en  avant.  La  seconde  paire  de  ganglions  est  tout-à-fait 
rudimentaire  et  accolée  aux  précédens  ; ceux  de  la  troi- 
sième paire,  au  contraire  , assez  gros  , fournissent  des 
nerfs  qui  vont  aux  appendices  de  la  bouche  ; ils  sont 
encore  accolés  l’une  à l’autre.  A ceux-ci  succèdent  six 
paires  de  noyaux  médullaires , semblables  aux  précé- 
dens par  leur  forme  et  leur  disposition  ; mais,  au  lieu 
de  se  confondre  sur  la  ligne  médiane , ils  sont  distans 
entre  eux , et  ceux  d’un  côté  du  corps  ne  paraissent 
communiquer  avec  ceux  du  côté  opposé  qu’à  l’aide  de 
la  commissure  transversale , comme  cela  a lieu  dans  le 
Talitre.  Les  cordons  inter-ganglionnaires  sont  assez 
gros  et  extrêmement  courts , en  sorte  que  les  masses 
nerveuses  qu’ils  unissent  se  touchent  presque  ; enfin 
chacun  de  ces  ganglions  fournit  deux  nerfs  qui  vont  se 
rendre  à la  pâte  correspondante.  Aux  ganglions  tho- 
raciques succède  une  série  de  six  paires  de  noyaux 
nerveux  unies  par  des  filamens  inter-ganglionnaires 
très- grêles,  et  d’autant  plus  courts  qu’ils  sont  plus 
postérieurs  : ces  ganglions  sont  arrondis , très-petits, 
accolés  l’un  à l’autre  sur  la  ligne  médiane , et  ils  en- 
voient chacun  deux  nerfs  aux  appendices  de  l’ab- 
domen. 

Le  Phyllosome  nous  présente  donc  un  système  ner- 
veux dont  les  élémens  sont  «en  partie  rajiprochés  les 


DES  CRUSTACÉS.  l33 

uns  des  autres  ; c’est  une  sorte  de  centralisation  plus 
grande  que  dansles  animaux  dont  nous  avons  déjà  par- 
lé ; car  les  ganglions  de  droite  et  de  gauche  ne  restent 
distans  que  dans  une  portion  du  thorax , tandis  qu  a 
la  tète  et  dans  toute  l’étendue  de  l’abdomen  ils  sont 
réunis  sur  la  ligne  médiane. 

En  examinant  le  système  nerveux  du  Cimothoé,  on 
trouve  que  les  deux  chaînes  de  ganglions  ne  sont  plus 
distinctes  comme  dans  les  Crustacés  précédemment 
étudiés  (i).  Les  deux  ganglions  céphaliques  sont  unis 
entre  eux  parleur  angle  interne  , de  manière  a consti- 
tuer une  seule  masse  ; mais  la  forme  quelle  présente 
indique  évidemment  son  origine.  A.ux  autres  anneaux 
du  corps  les  deux  noyaux  médullaires  sont  au  contraire 
entièrement  confondus,  et  constituent  autant  de  pe- 
tites masses  circulaires  situées  .sur  la  ligne  médiane  du 
corps  ; mais  les  cordons  de  communication  qui  servent 
à les  unir  entre  eux  pour  former  une  chaîne  continue, 
restent  isolés  ; en  sorte  qu’entre  chaque  noyau  médul- 
laire il  existe  deux  troncs  de  communication  parallèles 
et  accolés  l’un  à l’autre.  Du  reste,  le  système  nerveux 
de  ce  Crustacé  ne  présente  rien  de  remarquable , si  ce 
n’est  le  rapprochement  et  la  petitesse  comparative  des 
cinq  derniers  ganglions  ; état  qui  correspond  au  peu  de 
développement  des  segmens  correspondans  de  l’abdo- 
men. L’Idotée  présente  une  disposition  semblable. 

Le  système  nerveux  du  Cymothoé  et  de  l’Idotée 
offre  donc  déjà  de  grandes  différences  lorsqu’on  le  com- 
pare à celui  des  Talitres  •,  mais  nous  allons  voir  qu  à 
mesure  que  nous  examinerons  des  espèces  d’une  orga- 


(I)  PI.  U,  fig.  a. 


HlSTOÏhE  SATUBELLE 

nisatioii  plus  compliquée,  ces  tliflérences  deviendront 
encore  plus  grandes , et  que  la  tendance  des  ganglions 
à se  grouper  et  à se  confondre  sera  de  plus  en  plus  sen- 
sible. 

Le  système  nerveux  du  Homard  semble  établir  le 
passage  entre  les  Crustacés  des  ordres  inférieurs  et 
ceux  dont  la  structure  est  plus  compliquée.  Ici  (i),  de 
même  que  dans  les  Ampbipodes  et  les  Isopodes  précé- 
demment décrits,  le  système  nerveux  consiste  en  une 
chaîne  de  ganglions  qui  occupe  toute  la  longueur 
du  cor])s  ; les  masses  ganglionnaires  sont  au  nombre 
de  treize,  et  chacune  d’elles  laisse  apercevoir  sur  la 
ligne  médiane  des  traces  de  divisions  plus  ou  moins 
distinctes  ; les  cordons  qui  les  unissent  sont  doubles 
dans  toute  l’étendue  du  thorax  ; mais  dans  l’abdomen 
ils  sont  unis  de  manière  à ne  former  qu’un  seul  tronc 
qui  occupe  la  ligne  médiane. 

Le  ganglion  céphalique , dont  la  forme  est  presque- 
quadrilatère  , est  situé  immédiatement  en  arrière  et 
au-dessous  des  yeux  (2).  Presque  toute  l’étendue  du 
bord  antérieur  decette  masse  médullaire  est  occupée  par 
1 insertion  des  nerfs  optiques;  leur  volume  est  assez 
tonsidérable , et  iis  se  portent  obliquement  en  dehors 
et  en  avant  pour  pénétrer  dans  les  pédoncules  ocu- 
laires. Là  , ils  se  renflent  bientôt,  de  manière  à former 
une  espèce  de  ganglion  ovoïde  , assez  gros , dont  l’ex- 
trémité antérieure  passe  à travers  le  trou  situé  au 
centre  d’un  diaphragme  membraneux  que  l’on  pour- 
rait comparer  à la  sclérotique  (3). 


(1)  PI.  Il,  llg.  3 et 4. 

(!)  PI.  Il,  fig.  3 : — ft,  gMiiglion  cépliaiiqne;  — b,  nerf  optique; 
— c , nerf  auteniiaire  ; — d,  nerfs  aiUeiinulaires. 

(3;  PI.  12,  lig.  8. 


DES  CBUSTACÉS.  l35 

Immédiatement  derrière  l’origine  des  nerfs  opti- 
ques , on  voit  naître  du  ganglion  céphalique  deux  au- 
tres filets  nerveux  très-grêles  qui  sont  accolés  aux 
premiers , pénètrent  avec  eux  dans  les  pédoncules  des 
yeux , et  vont  se  distribuer  principalement  aux  mus- 
cles de  ces  oi’ganes. 

En  arrière  et  au-dessous  de  cette  seconde  paire  de 
nerfs,  qu’on  pourrait  par  analogie  appeler  moteurs 
oculaires , naissent  ceux  qui  vont  aux  antennes  in- 
ternes ; ils  se  portent  d’abord  en  dehors,  puis  se  re- 
courbent en  avant,  pénètrent  dans  le  pédoncule  de  ces 
antennes , et  fournissent  un  rameau  assez  considérable 
qui  marche  en  dehors  pour  se  rendre  aux  muscles 
moteurs  de  ces  appendices.  Ces  troncs  nerveux,  qu  on 
pourrait  appeler  antennulaires , pénètrent  ensuite 
dans  le  second  article  de  l’antenne , puis  dans  le  troi- 
sième, et,  après  avoir  envoyé  des  branches  auxmuscles 
renfennés  dans  chacun  d’eux,  sedivisent  en  deux  ra- 
meaux qui  s’introduisent  dans  les  filets  terminaux  de 
ces  appendices. 

La  quatrième  paire  de  nerfs  céphaliques  naît  au- 
dessus  des  précédens,  sur  les  parties  latérales  du  gan- 
glion; le  volume  de  ces  troncs  nerveux  est  assez  con- 
sidérable; ils  se  portent  en  dehors  et  en  haut,  se 
divisent  en  plusieurs  branches  et  paraissent  se  distri- 
buer uniquement  aux  membranes  tégumentaires  de 
l’extrémité  antérieure  de  l’animal. 

Enfin  une  cinquième  paire  de  nerfs  , plus  gros  que 
ces  derniers,  naît  en  arrière,  et  un  peu  au-dessous 
d’eux.  Ces  nerfs  antennaires  se  dirigent  d abord  en 
bas  , en  dehors  et  en  arrière , fournissent  une  branche 
externe  qui  se  rend  à l’appareil  de  1 ouïe  apres  avoir 
donné  un  rameau  à im  organe  particulier  en  forme 


l36  JlISTOlr.E  NATÜUELLE 

de  gâteau  qui  recouvre  loreillc.  Bientôt  après  la 
naissance  de  cetle  branche  auditive , le  tronc  ner- 
veux lui-même  se  contourne  en  avant , pénètre  dans 
l’antenne  externe , envoie  des  rameaux  aux  divers 
muscles  qui  y sont  logés,  et  ne  se  termine  que  dans 
le  prolongement  corné  qui  constitue  le  dernier  article 
de  ces  appendices. 

Les  deux  cordons  de  communication  qui  unissent  le 
ganglion  céphalique  au  premier  ganglion  thoracique , 
naissent  du  bord  postérieur  du  premier,  s’écartent  un 
peu  1 un  de  1 autre,  passent  sur  les  côtés  de  l’œso- 
phage,  en  l’embrassant,  pénètrent  dans  le  canal  ster- 
nal , et,  après  un  trajet  assez  long,  arrivent  au  pre- 
mier ganglion  thoracique.  Sur  les  parties  latérales  de 
l’œsophage,  chacun  de  ces  cordons  médullaires  pré- 
sente un  petit  renflement  d’où  naît  un  nerf  qui,  ainsi 
que  M.  Cuvier  l’avait  observé  dans  l’Écrevisse,  se 
porte  directement  en  dehors , et  se  rend  aux  muscles 
des  mandibules  ; mais  une  chose  qui , jusqu’ici , paraît 
avoir  échappé  aux  anatomistes,  c’est  l’existence  des 
nerfs  gastriques  qui  sont  également  fournis  par  ces 
cordons  de  communication  dans  le  même  point  que 
les  précedens.  Aussitôt  après  leur  origine,  ces  nerfs 
gastriques  se  courbent  en  bas  et  en  dedans , passent 
sous  le  cordon  inter-ganglionnaire  , remontent  sur  les 
parties  latérales  de  l’œsophage,  fournissent  un  grand 
nombre  de  rameaux  qui  s’anastomosent  entre  eux , et 
forment  un  lacis  sur  les  parois  de  l’estomac;  enfin  ils 
se  recourbent  en  avant  et  vont  s’unir  entre  eux  sur 
la  ligne  médiane;  le  tronc  unique  qui  en  résulte  passe 
entre  les  deux  muscles  antérieurs  de  l’estomac,  se 
dirige  en  arriéré  et  se  ramifie  sur  ce  viscère,  sur  ses 
muscles  et  sur  les  parois  du  canal  intestinal. 


DES  CnUSTACÉS.  1 Sj 

Immédi.atement  en  arrière  de  l’œsophage , les  deux 
cordons  inter-ganglionnaires  sont  unis  entre  eux  par 
une  sorte  de  bride  fort  curieuse  , et  dont  l’existence 
n’a  été  mentionnée  dans  aucun  Crustacé.  A l’origine 
des  nerfs  gastriques,  on  aperçoit  dans  ces  cordons  un 
petit  renflement  que  l’on  peut  considérer  comme  le 
vestige  d’une  paire  de  noyaux  médullaires  aptparte- 
nant  au  segment  rnandibulaire  du  corps,  et,  si  cela 
était , le  barage  dont  nous  venons  de  parler  serait  la 
commissure  de  ces  ganglions. 

Le  premier  ganglion  thoracique  est  évidemment  for- 
mé de  plusieurs  noyaux  médullaires (i) ; ilfournit,  par 
son  extrémité  antérieure,  i“.  un  cordon  assez  gros  qui  se 
div  ise  en  deux  branches  ; l’une,  interne , pénètre  dans 
la  mandibule  ; l’autre  se  rend  aux  muscles  de  cet  ap- 
pendice, situés  sur  les  côtés  de  l’estomac;  2°.  un  ra- 
meau assez  grêle  qui  se  rend  à l’organe  que  nous  avons 
mentionné  comme  recouvrant  l’appareil  auditif,  et  aux 
tégumens  voisins  ; 3".  un  rameau  C£ui  pénètre  dans  la 
première  mâchoire;  4°-  un  nerf  qui , après  s’être  divisé 
en  deux  branches,  se  rend  à la  deuxième  mâchoire  ; 
et  5°.  un  nerf  assez  gros  qui  se  porte  en  haut,  passe 
dans  les  cellules  des  flancs , puis  se  divise  en  deux 
branches  qui  longent  le  bord  supérieur  de  la  voûte  des 
mêmes  parties,  et  se  distribuent  aux  muscles  et  aux 
tégumens  voisins.  De  la  face  inférieure  de  ce  ganglion 
naissent  deux  paires  de  nerfs  appartenant  aux  deux 
premières  paires  de  pates-mâchoires  ; enfin  sa  portion 
postérieure  et  latérale  fournit  une  paire  de  nerfs  très- 
grêles  qui  se  distribuent  aux  muscles  logés  dans  le 


(:)  PI.  n,  fig.  3,  g. 


UISTOIBE  WATURELLE 


138 


thorax , et  deux  paires  de  nerfs  qui  se  divisent  en  un 
grand  nombre  de  branches,  et  appartiennent  aux  troi- 
sièmes pates-mâchoires. 

Vers  le  milieu  des  cordons  qui  unissent  ce  premier 
ganglion  thoracique  au  suivant,  naissent  deux  fîla- 
mens  nerveux  qui  se  portent  directement  en  haut , 
sortent  du  canal  sternal,  et  vont  se  perdre  dans  les 
muscles  du  thorax  (i).  j 

Le  second  ganglion  thoracique  (2)  correspond  à la 
première  paire  de  pâtes  ambulatoires,  et  fournit  de 
chaque  côté  deux  cordons  nerveux.  Il  en  est  de  même 
des  quatre  ganglions  suivons,  en  sorte  que  chaque  pâte 
est  pourvue  de  deux  branches  nerveuses  ; mais  il  est 
à remarquer  que,  vers  l’extrémité  de  l’article  basi- 
laire de  ces  appendices , ces  deux  nerfs  se  réunissent 
en  un  seul  tronc.  De  ces  deux  nerfs  , le  postérieur 
est  le  plus  gros  , et  fournit  des  rameaux  aux  tégumens 
et  aux  muscles  de  l’article  basilaire  des  pâtes  -,  l’anté-  1 
rieur  paraît  envoyer  principalement  des  filets  aux 
muscles  situés  dans  les  cellules  des  flancs.  Après  , 

s’être  réunis  en  un  seul  tronc  , ils  pénètrent  jusqu’à  ' 

l’extrémité  des  pâtes,  en  fournissant  un  grand  nom- 
bre de  rameaux  aux  muscles  de  chacfue  article. 

Les  g.anglions  abdominaux  (3)  sont  beaucoup  moins 
gros  que  ceux  du  thorax  j chacun  d eux , a l’exception 
du  dernier , fournit  deux  paires  de  nerfs  : l’une  se 
porte  directement  en  dehoi’s  , et  pénètre  dans  les  ap- 
pendices correspondons;  l’autre  se  distribue  aux  mus- 
cles de  l’abdomen.  Les  cordons  qui  unissent  les  gan-  1 


(O  PI.  i3,  (ig.  3,  /. 

(2)  PI.  Il,  lig.  I , h. 

(3)  PI.  11,  fig.  4. 


I 


DES  GBÜSTACÉS. 

glions  abdotniDaux  sont  simples,  ainsi  que  nous  la- 
vons déjà  dit  ; et,  de  même  qu’au  thorax , chacun 
d’eux  fournit  deux  petits  filets  nerveux  qui  se  portent 
en  dehors  et  en  haut,  pour  se  ramifier  dans  les  mus- 
cles de  la  partie  médiane  et  supérieure  de  l’abdomen. 

Enfin  le  dernier  ganglion,  situé  au  niveau  des  ap- 
pendices de  la  queue , donne  naissance  à quatre  paires 
de  nerfs  qui  se  rendent  au  dernier  article  de  l’abdo- 
men et  aux  diverses  parties  de  la  queue. 

D’après  les  détails  que  nous  venons  de  rapporter, 
on  voit  que  le  système  nerveux  des  Talitres,  des 
Cloportes,  des  Phyllosomes  et  des  Cimothoés,  ainsi 
que  celui  du  Homard , est  formé  de  parties  essentiel- 
lement les  mêmes,  mais  qu’il  présente  cette  différence 
remarquable  que  les  deux  moitiés  latérales  delà  chaîne 
ffandionnaire  sont  d’abord  distantes  l’une  de  l’autre  ; 
quelles  se  réunissent  ensuite  sur  la  ligne  médiane, 
de  telle  sorte  que  les  ganglions  forment  des  masses 
impaires  , tandis  que  les  cordons  inter-ganglionnaires 
ou  de  communication  restent  encore  distincts,  c[u  en- 
fin ces  cordons  eux-mêmes  s’accolent  l’un  à 1 autre, 
puis  SC  confondent  pour  ne  former  qu  un  taisceau 
unique  ; et  que  dans  certaines  espèces  ces  deux  états 
des  cordons  inter-ganglionnaires  s’observent  chez  le 
même  individu,  suivimt  qu’on  étudie  son  thorax  ou 
son  abdomen. 

11  nous  reste  à prouver  maintenant  que  cette  soi  te 
de  centralisation  du  système  nerveux  na  ]ias  lieu 
seulement  dans  le  sens  transversal  ; mais  (ju  elle  se  fait 
aussi  suivant  la  loneueur  de  l’animal , de  telle  sorte 
que  la  ligne  , souvent  très-longue  , que  forme  le  cor- 
don nerveux  , se  raccourcit  successivement , et  qu  un 
plus  ou  moins  grand  nombre  de  noyaux  ganglionnai- 


ï4o  H/STOIRE  NATURELLE 

res  se  réunissent  pour  constituer  en  dernier  lieu  une 
seule  masse  médullaire. 

Nous  avons  vu  que,  dans  le  Talitre,  tous  les  gan- 
glions étaient  situés  à des  distances  égales,  et  for- 
maient une  chaîne  étendue  d’une  extrémité  du  corps 
à l’autre.  Il  en  est  encore  à peu  près  de  même  dans  le 
Homard;  mais  si  Ion  examine  le  Palémon,  on  y 
trouve  sous  ce  rapport  des  différences  qu’il  importe 
de  noter. 

La  disposition  du  ganglion  céphalique  et  des  gan- 
glions abdominaux  , est  essentiellement  la  même  chez 
le  Palémon  (i)  que  dans  le  Homard  ; mais  au  thorax, 
les  ti'ois  dernières  paires  de  ganglions  sont  rappro- 
chées au  point  de  sc  confondre  et  de  former  une  seule 
masse  médullaire  allongée,  et  divisée  sur  la  ligne  mé- 
diane par  une  petite  fente.  11  en  résulte  que  les  nerfs 
des  trois  dei’nieres  pâtes,  au  lieu  de  se  porter  direc- 
tement en  dehors,  se  dirigent  très-ohliquement  en 
arrière  , et  représentent  une  sorte  d’éventail.  Le  gan- 
glion qui  correspond  à la  seconde  paire  de  pâtes, 
est  distinct  et  lié  a la  masse  dont  nous  venons  de 
parler,  ainsi  quau  ganglion  qui  le  précède,  par  un 
cordon  de  communication  assez  gros  et  impair.  En- 
fin, les  ganglions  qui  correspondent  à la  première 
paire  de  pâtes  ambulatoires  et  aux  pates-mâchoîres , 
sont  confondus  en  une  seule  masse  nerveuse.  Ces  dé- 
tails seraient  difficiles  à apercevoir  sur  les  petits  Pa- 
lémons  de  nos  côtés  , mais  nous  les  avons  observés  sur 
une  espèce  de  grande  taille  de  l’Océan  indien. 

Le  rapprochement  des  ganglions  nerveux  est  porté 


(i)  jànnalcs  des  sciences  naturelles , t.  XI,  PI.  4i  tig.  3. 


DES  CRUSTACÉS.  l4l 

encore  plus  loin  clans  la  Langouste  ; car  tous  les  noyaux 
médullaires  du  thorax  sont  comme  soudés  ensemble  : 
la  masse  c[ui  en  résulte  est  allongée  et  perforée  posté- 
rieurement sur  la  ligne  médiane  pour  le  passage  de 
l’artère  sternale  ; on  peut  encore  y distinguer  la  trace 
des  divers  ganglions  qui  la  constituent.  Enfin , les  nerfs 
f|ui  naissent  soit  de  la  partie  antérieure  , soit  de  l’ex- 
trémité postérieure  de  ce  centre  nerveux , se  dirigent 
obliquement  en  dehors  pour  gagner  les  appendices 
correspondans.  Du  reste,  la  disposition  du  ganglion 
céphalique , des  ganglions  abdominaux  et  de  tous  les 
nerfs  est  essentiellement  la  même  que  dansle  Homard . 

Dans  les  Homoles  , et  quelques  autres  Anomoures, 
la  centralisation  du  système  nerveux  est  portée  encore 
plus  loin  que  dans  les  Langoustes , et  s’accompagne 
de  l’état  presque  rudimentaire  de  toute  la  portion 
abdominale  de  la  chaîne  ganglionnaire;  dans  le  tho- 
rax, on  voit  une  masse  nerveuse  ovalaire  et  allongée, 
de  la  partie  postérieure  de  laquelle  part  un  tronc 
médian  qui  ne  présente  pas  de  ganglions  (i). 

Le  mode  d’organisation  que  nous  venons  de  décrire 
établit  évidemment  le  passage  entre  le  système  ner- 
veux du  Homard  et  du  Carcin  ( Cancer  mœnas  L.  ). 
Dans  ce  dernier , comme  l’a  observé  M.  Cuvier  (2) , les 
cordons  nerveux  venant  du  ganglion  céphalique  se 
continuent  jusqu’au  milieu  du  thorax,  où  ils  rencon- 
trent une  masse  médullaire,  ovale,  évidée  au  centre, 
et  ayant  la  forme  d’un  anneau,  du  pourtour  duquel 
partent  tous  les  nerfs  des  appendices  du  thorax , ainsi 


(l)  Recherches  sur  l'orgauisutiou  et  la  clnssijlcatioa  des  Crustnees 
Décapodes.  Ann.  des  sc.  nat. , t.  XV. 

(’.i)  Leçons  d’analomie  comparée,  t.  Il,  p.  3i4’ 


IIISTOIIIE  NATITREELE 


142 

qu  un  cordon  unique  qui  occupe  la  ligne  médiane  de 
l’abdomen.  En  comparant  cette  disposition  à celle  que 
nous  avons  signalée  dans  les  Homoles,  on  voit  que 
les  diliérences  dépendent  seulement  d’un  degré  de  rap- 
prochement de  plus  entre  les  divers  noyaux  médul- 
laires du  thorax  : ces  ganglions  ont  acquis  ici  un  déve- 
loppement plus  considérable  et  se  sont  unis  plus  inti- 
mement entre  eux;  quelquefois,  cependant , on  peut 
encore  distinguer  des  traces  légères  de  leur  jonction. 
Enfin , le  tronc  nerveux  impair  de  l’abdomen  ne  pré- 
sente ]>oint  de  renllemens  ganglionnaires  comme  dans 
les  Décapodes  macroures,  et  cette  disposition  est  en 
rapport  avec  l’état  presque  rudimentaire  de  cette 
partie  du  corps. 

Dans  le  Maïa  (i),  la  centralisation  du  système  ner- 
veux est  portée  à son  plus  haut  degré;  car  il  n’existe 
plus  que  deux  masses  nerveuses  : le  ganglion  céphali- 
(pie  et  le  ganglion  thoracique , dont  tous  les  élémens 
sont  entièrement  confondus.  Le  ganglion  céphalique 
ne  difière  guères  de  celui  du  Homard;  il  est  ova- 
laire, et  fournit  cinq  paires  de  nerfs  ; les  deux  pre- 
mières paires  pénètrent  dans  les  pédoncules  oculaires  ; 
le  nerf  optique  est  beaucouj)  plus  long  que  dans  le 
Homard;  le  moteur  oculaire  ne  présente  rien  de  re- 
niarc|uahle.  11  en  est  de  même  des  nerfs  qui  se  ren- 
dent aux  antennes  internes  et  qui  naissent  de  la  face 
inférieure  du  ganglion  céphalique , près  de  son  bord 
externe  : la  quatrième  paire,  plus  grosse  que  les  au- 
tres, se  ramifie  dans  les  membranes  tégumentaires. 
Enfin  la  cinquième,  qui  appartient  aux  antennes 


(I)  l’I.  Il,  tig.  5:  — a,  ganglion  céphalique:  — i,  ganglion 
thoracique  ; — c , cordon  ncrvcnix  de  l'abdomen. 


DES  CRUSTACÉS. 

externes , est  assez  grêle.  Les  deux  cordons  nerveux 
t[ui  naissent  tlu  bord  postérieur  du  ganglion  céphali- 
que et  qui  l’unissent  à la  masse  médullaire  du  tlrorax  , 
fournissent  des  nerfs  qui  se  distribuent  aux  muscles 
des  mandibules  et  aux  parois  de  l’estomac.  L’un  de 
ceux-ci  est  remarquable;  car,  en  se  réunissant  avec 
celui  du  côté  opposé , au  devant  de  l’estomac , il  pré- 
sente un  petit  renflement  ganglionnaire  d’où  part  un 
long  nerf  récurrent , impair , qui  se  porte  sur  la  face 
supérieure  du  tube  digestif(i).  Cette  disposition  rap- 
pelle celle  du  système  nerveux  de  certains  Insectes , 
où  il  existe , au-dessus  de  l’estomac , une  petite  chaîne 
de  ganglions  formée  par  la  réunion  de  deux  nerfs  ré- 
currens.  Après  avoir  embrassé  l’œsophage , les  deux 
cordons  inter-ganglionnaires  sont  réunis  de  même  que 
dans  le  Homard , la  Langouste , etc.  , par  une  com- 
missure transversale  ; eitün  vers  le  milieu  du  thorax 
ils  rencontrent  la  seconde  masse  médullaire  et  s’y  in- 
sèrent. Celle-ci  ne  représente  plus  un  anneau  ; jjiais 
elle  constitue  un  noyau  solide,  circulaire  et  un  peu 
aplati,  d’où  partent  en  rayonnant  tous  les  nerfs  du 
thorax  et  de  l’abdomen  : ces  faisceaux  médullaires  sont 
au  nombre  de  neuf  de  chaque  côté,  et  de  plus  il  en 
existe  un  placé  sur  la  ligne  médiane.  La  première 
paire , assez  grêle  et  accolée  aux  cordons  de  commu- 
nication qui  forment  une  sorte  de  collier  autour  de 
l’œsophage,  se  divise  en  plusieurs  rameaux  , et  se  dis- 
tribue aux  mandibules  et  aux  mâchoires  proprement 
dites.  La  seconde  paire  de  nerfs  thoraciques  se  rend 
aux  deux  premières  pates-mâchoires , et  la  suivante  a 
la  troisième.  La  c[uatriènie  paire,  assez  grosse,  se 


(I)  PI.  Il  , fig.  5,  d. 


*44  HISTOIRE  naturelle 

porte  obliquement  en  dehors  et  en  avant , passe  dans 
1 échancrure  situee  à la  hase  de  l’aileron  des  flancs , et 
va  se  ramifier  sur  les  nicmhranes  tégumentaires  qui 
tapissent  la  voûte  de  la  cavité  respiratoire  : les  cinq 
paires  suivantes  se  distribuent  aux  pâtes  ambulatoires 
correspondantes.  Presque  aussitôt  après  leur  origine, 
ces  nerfs  pénètrent  dans  les  cellules  inférieures  des 
flancs,  et  s’y  divisent  en  deux  branches  ; l’une  conti- 
nue de  se  porter  en  dehors  et  peut  être  suivie  jusqu’à 
l’extrémité  de  la  pâte;  l’autre  traverse  le  trou  inter- 
cloisonnaire,  pénètre  dans  la  cellule  des  flancs  située 
au-dessus,  se  recourbe  en  dedans  , et  va  se  distribuer 
aux  muscles  de  cette  partie.  Quant  au  nerf  impair  ou 
ahdomin.al,  il  ne  présente  rien  de  remarquable. 

11  nous  serait  facile  maintenant  de  multiplier  les  faits 
relatifs  au  système  nerveux  des  Crustacés,  en  citant 
le  très-grand  nombre  d’espèces  que  nous  avons  eu  oc- 
casion d observer  (i)  ; ra.iis  ces  travaux  de  détails  n’a- 


(1)  On  Woilverii  .lussidaiis  les  écrits  de  divers  .anatomistes  une  des- 
cription plus  ou  moins  complète  du  système  nerveux  dans  quelques 
autres  Crustacés.  Willisa  dit  quelques  mots  de  ce  sy.stcme  chez  LK- 
ctevisse  ( Ve  anima  hrtuontni , eap.  III  ) , et  Swammcrdam  l’a  étudié 
avec  soin  chez  le  Pagure  ( Description  du  coquillage  nommé  Bct- 
nard-1  Hcrmite . dans  la  Collection  académique , partie  étrangère , 
t.  V,  et  dans  la  SMia  naturœ  ).  On  voitaussi,  dansune  des  planches 
de  Kœscl , la  portion  abdominale  du  cordon  ganglionnaire  de  l’Écre- 
visse ; mais  cet  auteur  l’a  considéré  comme  un  vaisseau  sanguin. 
(Ver  hisectcn  belusUgung.  3 t/i.,  p.  Sa.'}  ).  Plus  tard  , le  célèbre  Scarpa 
a examine  le  mode  de  distribution  des  nerfs  de  1 Ecrevisse,  à l’oc- 
casion des  recherches  importantes  qu'il  a faites  sur  l’organe  auditif 
de  ces  animaux  ; et,  il  y a quelques  années  , M.  Cuvier  a décrit, 
avec  bien  plus  de  précision  et  de  détails  qu’on  ne  l'avait  fait  avant 
lui , la  disposition  du  système  nerveux  des  Crustacés , tel  qu’on  le 
voit  dans  l’Écrevisse,  la  Squille,  l’Apus,  et  quelques  autres  espèces 
dont  il  a déjà  été  question  (Lee.  d'anat.  camp.  , tom.  II,  p.  3i4). 
Énlin  Treviranus,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  s’est  occupé  der- 


DES  CRUSTACÉS.  l4f» 

jouteraient  que  peu  de  chose  à la  connaissance  générale 
que  nous  avons  acquise. 

En  eflet,  nous  croyons  avoir  donné  des  exemples 
bien  choisis  qui  montrent  les  changemens  principaux 
qu’éprouve  le  système  nerveux  dans  cette  grande  classe 
d’animaux , et  les  résultats  qui  en  découlent  sont  fa- 
ciles à saisir. 

Nous  voyons  que  le  système  nerveux , dont  la  dis- 
position est  si  différente  aux  extrémités  de  la  série  de 
ces  Crustacés  , présente  réellement  dans  tous  ces  ani- 
maux la  plus  grande  analogie.  Partout  il  est  formé , 
pour  ainsi  dire,  des  mêmes  élémens  qui,  isolés  et 
uniformément  distribués  dans  toute  la  longueur  du 
corps  chez  les  uns , présentent  chez  les  autres  divers 
degrés  de  centralisation , d'abord  de  dehors  en  dedans, 
ensuite  dans  la  direction  longitudinale.  Enfin  ce  rap- 
prochement dans  tous  les  sens  est  porté  à son  extrême 
lorsqu’il  n’existe  plus  qu’un  noyau  unique  au  thorax. 

En  dernier  résultat , le  système  nerveux  des  Crus- 
tacés nous  présente  partout  une  uniformité  de  com- 
position remarquable  , et  toutes  les  difîérences  impor- 
tantes que  nous  avons  rencontrées  en  parcourant  la 
série  de  ces  animaux,  ne  sont  évidemment  que  des 
modifications  dépendantes  d’un  degré  plus  ou  moins 
grand  de  rapprochement  et  de  centralisation  de  parties 
similaires , ou  de  la  disparition  d’un  certain  nombre 
des  noyaux  médullaires  primitifs , lorsque  d’autres 
prennent  un  grand  développement. 

Ces  résultats  s’accordaient  parfaitement  avec  les 
principes  queM.  Serres  avait  déduits  de  ses  recher- 


nièrement  du  même  appareil  dans  le  cyame  de  la  Baleine.  Tels  sont 
le.s  principaux  travaux  nue  nous  croyons  davoir  rappeler. 

CRUSTACÉS,  TOME  I.  lO 


HISTOIRE  naturelle 


146 

tlics  silr  le  système  nerveux  d’autres  animaux , et 
sur  l’embryogénie  en  générale.  Ce  savant  avait  été 
conduit  à conclure  que  cette  tendance  à la  centralisa- 
tion était  une  des  lois  de  l’organisation  , et  que  le 
système  nerveux  , en  se  développant,  devait  présenter 
des  modifications  analogues  à celles  qu’on  rencontre 
en  l’observant  dans  la  série  des  animaux  (i). 

Ce  que  nous  avions  constatéchez  les  divers  Crustacés 
se  présente  en  partie  chez  le  même  insecte,  lorsqu’on 
l’étudie,  comme  l’a  fai  tM.  Serres,  aux  diverses  époques 
de  la  vie  ; il  était  donc  probable  que  des  observations 
sur  le  développement  des  œufs  des  Crustacés  nous  mon- 
treraient le  système  nerveux  de  ces  animaux  passant 
par  un  certain  nombre  des  états  que  nous  avons  si- 
gnalés plus  haut,  et  c’est  elléctivement  ce  qui  a lieu. 

D’après  les  belles  recherches  que  M.  Rathke  vient 
de  publier  en  Allemagne,  sur  la  génération  des  Ecre- 
visses, on  voit  que  chez  ces  animaux  le  système 
nerveux  se  présente  d’abord  sous  la  forme  de  deux 
séries  de  ganglions  parfaitement  distinctes  entre  elles, 
et  que  le  nombre  de  ces  noyaux  médullaires  est  égal 
à celui  des  membres  (2).  Cet  état,  qui  n’est  que  tran- 
sitoire chez  l’Ecrevisse,  rappelle  ce  que  nous  avons 
trouvé  d’une  manière  permanente  chez  le  Tilitre  ; 
à une  époque  plus  avancée  de  l’ineuhation  , ces  gan- 
glions nerveux  se  rapprochent  de  la  ligne  médiane  et 


(ï)  Anatomie  comparée  du  système  nerveux , t,  IL 
éj)  M Kathke  ne  paraît  pas  avoir  eu  connaissance  des  recherclies 
de  M.  Audouin  et  moi,  sur  le  système  nerveux  des  Crustacés,  ni 
des  tr.avaux  généraux  de  M.  Serres  ; car,  s'il  eu  eût  été  autrement, 
il  est  probable  qu’il  aurait  été  conduit  aux  rapprocbeineus  que  nous 
venons  d’exposer,  et  que  nous  avons  établis  dans  une  note  imprimée 
dans  les  Annales  des  sciences  naturelles , t.  un. 


DES  CBUSTÀCÉSi 

s’y  réunissent , comme  cela  se  voit  clicz  le  Cymôtboe 
adulte.  Le  système  nerveux  des  fœtus  de  FLcrevisse 
subit  ensuite  des  modifications  analogues  a celles  que 
nous  avons  signalées  en  comparant  entre  eux  les  Cymo- 
tboés,  les  Homards,  les  Palemons  , la  Langouste  , le 
Carcin  et  le  Maja , c’est-à-dire  une  centralisation  qui 
s’opère  suivant  le  sens  de  l’axe  du  corps  ; en  efiet , les 
ganglions , qui  correspondent  aux  appendices  de  la 
bouebe  , se  rapproebent  entre  eux  et  finissent  par  for 
mer  une  seule  masse  nerveuse  (i). 

On  voit  donc  qne  chez  les  Grustacésle  système  ner- 
veux se  développe  de  la  circonférence  vers  le  centre, 
et  présente  pendant  la  vie  fœtale  une  suite  de  modifi- 
cations anjilogues  a celles  que  nous  avons  trouvées  en 
étudiant  la  série  de  ces  animaux  à l’état  adulte.  Enfin^ 
en  combinant  les  observations  de  M.  Rathke  avec 
celles  qui  nous  sont  propres,  à M.  Audouin  et  à moi , 
on  peut  conclure  que  le  système  nerveux  des  Crustacés 
se  compose  toujours  de  noyaux  médullaires  dont  le 
nombre  normal  est  égal  h celui  des  membres  , et  que 
toutes  les  modifications  qu’on  j rencontre , soit  à di- 
verses époques  de  l’incubation,  soit  dans  différentes 
espèces  de  la  série , dépendent  principalement  des 
rapprochemens  plus  ou  moins  complets  de  ces  noyaux, 
agglomération  qui  s’opère  des  côtés  vers  la  ligne  mé- 
diane, en  même  temps  que  dans  la  direction  longitudi- 
nale; mais  peuvent  tenir  aussi  en  partie  à un  arrêt  de 
développement  dans  un  certain  nombre  de  ces  noyaux. 

On  ne  possède  encore  aucune  connaissance  di- 
recte sur  les  fonctions  du  système  nerveux  des 
Crustacés  ; mais  d’après  la  coïncidence  qui  existe 


(i)  PI  n,  fiï.  ()  et  7. 

10. 


HISTOIRE  NATURELLE 


i48 

toujours  entre  la  complication  plus  ou  moins  grande 
de  l’oi'ganisation,  et  la  localisation  des  divers  actes 
dont  se  compose  la  vie,  on  pourrait  avancer,  sans 
crainte  de  se  tromper,  que  chez  ces  animaux  la  fa- 
culté de  percevoir  les  sensations  et  de  produire  les 
moLivemens,  au  lieu  d'étre  également  répartie  dans 
toutes  les  parties  du  corps,  comme  chez  les  Hydres , 
s’est  concentrée  dans  le  système  nerveux.  L’expé- 
rience est  venue  à l’appui  de  cette  opinion , car  si 
l’on  sépare  de  la  masse  générale  une  portion  du  corps 
dépourvue  de  nerfs , elle  cesse  aussitôt  de  sentir  et 
de  se  mouvoir. 

L’appareil  nerveux  des  Crustacés  n’est  pas  composé 
en  entier  d’élémens  semblables  ; nous  avons  vu  qu’on 
y trouvait , d’une  part , des  cordons  médullaires , et 
de  l’autre  des  ganglions  ou  centres  nerveux  ; il  était 
donc  pei'inis  de  conclure  encore  que  ces  parties  di- 
verses ne  concouroient  pas  de  la  même  manière  à la 
production  des  phénomènes  dont  l’ensemble  du  sys- 
tème était  devenu  le  siège.  Des  recherches  de  physio- 
logie expérimentale,  que  j’ai  commencées  sur  ce  sujet 
pendant  mon  séjour  sur  les  bords  delà  Méditerranée, 
et  que  j’ai  continuées  conjointement  avec  M.  Audouin 
pendant  notre  voyage  aux  îles  Chausay,  conduisent 
aussi  à ce  résultat,  et  prouvent  que  dans  ces  ani- 
maux , de  même  que  dans  ceux  des  classes  plus  éle- 
vées, la  faculté  de  recevoir  les  impressions  venues  du 
deliors  et  de  les  transmettre  à l’organe  destiné  à les 
percevoir,  réside  spécialement  dans  les  nerfs,  tandis 
que  cette  dernière  propi’iété  est,  ainsi  que  la  faculté 
d’exciter  les  mouveinens  et  de  les  coordonner,  de- 
venue l’ajianagc  exclusif  des  ganglions.  En  ell'et , si 
l’on  interrompt  la  communication  entre  une  des  pales. 


D£S  CKÜSÏACÉS.  l49 

par  exemple , et  le  système  ganglionnaire , par  la  sec- 
tion du  nerf  qui  les  unissait , on  détruit  aussitôt  dans 
ce  membre  la  sensibilité  etla  contractilité  volontaire. 

Les  anatomistes , guidés  par  la  position  de  la  masse 
médullaire  située  dans  la  tête,  au  devant  et  au-dessus 
de  l’œsophage , donnent  communément  à cette  partie 
le  nom  de  cerveau;  mais  aucun  fait  physiologique 
connu  ne  prouve  qu’elle  soit  le  siège  exclusif  des 
fonctions  qui,  chez  les  animaux  des  classes  supérieu- 
res, sont  propres  à cet  organe  et  l’anatomie  devait 
même  conduire  à l’opinion  contraire , car  les  divers 
ganglions  nerveux  des  Crustacés  ne  présentent,  dans 
leur  structure,  aucune  dilférence  appréciable,  d’où  il 
était  à présumer  que  leurs  propriétés  étaient  aussi  les 
mêmes.  Voulant  décider  cette  question  à l’aide  de 
l’expérience,  je  fis  sur  une  Squillc  vivante  la  section 
des  cordons  nerveux- qui  embrassent  l’œsophage,  pour 
unir  les  parties  du  système  ganglionnaire  situés  au  de- 
vant et  en  arrière  de  ce  conduit.  Cette  opération  affai- 
blit beaucoup  l’animal,  mais  n’en  trama  pas  la  paraly- 
sie complète ni  de  l’extrémité  antérieure , ni  de  la  por- 
tion postérieure  de  son  corps  ; il  continua  à mouvoir  les 
antennes , ainsi  que  les  pâtes  natatoires  de  son  abdo- 
men , et  donnait  surtout  des  signes  de  sensibilité.  En 
répétant  .avec  M.  Audouin  la  même  expérience  sur 
le  Homard,  nous  obtînmes  un  résultat  analogue  ; 1 hé- 
morragie et  la  lésion  du  système  nerveux  produites 
par  l’opération , firent  périr  l’animal  dans  un  assez 
court  espace  de  temps,  mais  il  conserva  après  la  sec- 
tion la  faculté  de  sentir  d.ans  toute  la  longueur  du 
corps,  et  fit  mouvoir  comme  aupai’avant,  mais  avec 
moins  de  force,  les  antennes,  les  aiipcndices  de  la 
bouche , les  pales  et  l’abdomen. 


HISTOIBJi  NArüKEJULE 


1 5o 

Il  nous  paraît  donc  évident  que  cheï  ces  animaux 
les  ganglions  céphaliques,  ou  si  Ton  aime  mieux  le 
cerveau,  n’est  pas  encore  devenu  le  siège  exclusif  de 
la  faculté  de  percevoir  les  sensations  et  d’exciter  les 
mouvemens , mais  que  les  ganglions  situés  en  ai’rière 
de  l’œsophage  et  au-dessous  de  l’intestin  remplissent 
les  mêmes  fonctions. 

La  division  du  travail  est  donc  peu  avancée  dans 
l’appareil  nerveux  des  Crustacés  ; mais  cependant , 
chez  ces  animaux,  chacun  des  anneaux  de  la  chaîne 
ganglionnaire  n’est  pas  aussi  indépendant  des  autres 
que  chez  le  Lombric,  par  exemple,  où  chaque  tron- 
çon du  corps  continue  à se  mouvoir  et  à sentir  après 
avoir  été  séparé  de  la  masse  générale.  Nous  avons 
déjà  vu  que  la  nature  tendait  à centraliser  le  système 
nerveux  dans  la  portion  céphalo-thoracique  des  corps 
des  Crustacés  ; et , à l’aide  des  expériences  physiolo- 
giques , on  observe  une  tendance  analogue  vers  la  loca- 
lisation des  deux  fonctions  principales  de  ce  .système 
dans  la  même  partie.  Dans  les  diverses  vivisections  que 
nous  avons  faites,  nousavons  constaté  que,  toutes  cho- 
ses égales  d’ailleurs , la  portion  antérieure  de  la  chaîne 
ganglionnaire  remplissait  mieux  et  pendant  plus  long- 
temps ses  fonctions  que  la  portion  postérieure.  Si,  chez 
le  Homard,  par  exemple , on  divise  le  système  nerveux 
dans  le  point  où  le  thorax  se  joint  à l'abdomen,  on 
paralyse  presque  complètement  tout  ce  qui  est  situé 
en  arrière  de  la  section,  tandis  que  les  membres  tho- 
raciques et  les  appendices  de  la  tête , conservent  pen- 
dant assez  long-temps  la  faculté  de  sentir  et  de  se 
mouvoir.  Le  résultat  de  cette  expérience  est  en  accord 
avec  l’état  presque  rudimentaire  des  ganglions  abdo- 
minaux du  Homard,  et  pn  pourrait  en  trouver,  jus- 


DES  CRUSTACÉS.  l5l 

qua  un  certain  point,  l’explication  dans  linlluence 
de  la  masse  de  la  substance  médullaire , qui  est 
tite  dans  l’abdomen  et  considérable  dans  la  portion 
céphalo-thoracique  du  corps  ; mais  si  on  coujm  la 
chaîne  ganglionnaire  entre  les  pâtes  de  la  première  et 
de  la  seconde  paire,  on  le  divise  en  deux  parties  à peu 
près  ég-ales  ; et , néanmoins , c’est  dans  la  moitié  pos- 
térieure du  corps  que  les  effets  de  cette  opération 
sont  les  plus  marqués , surtout  en  ce  cjui  concerne  la 
sensibilité. 

Ainsi , chez  les  Crustacés  où  la  chaîne  ganglion- 
naire occupe  encore  toute  la  longueur  du  corps , nous 
voyons  déjà  une  tendance  vers  une  localisation  plus 
précise  de  certaines  de  ses  fonctions  dans  une  partie 
déterminée  de  son  ensembio,  et  vers  un  degré  de  plus 
dans  la  division  du  travail  dont  il  est  le  siège. 

§ III.  Des  mouvemens  en  général. 

Dans  les  divers  actes  de  la  vie  animale,  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  les  animaux  ne  semblent  jouer  qu’un 
rôle  passif  ; mais  les  rapports  qu’ils  ont  avec  le  monde 
extérieur,  ne  se  bornent  pas  là;  ils  ont  aussi  la  fa- 
culté de  réagir  à leur  tour  sur  les  objets  qui  les  en- 
vironnent, et  de  s’en  rapprocher  ou  de  s’en  eloi- 
oner  à volontéà  l’aide  des  divers  mouvemens  c£Uils 

O 

exécutent. 

C’est  le  système  nerveux  tpi  détermine  ces  mouve- 
mens , mais  ce  sont  les  muscles  et  les  parties  cluies  e 
l’enveloppe  tégumentairc  qui  en  sont  le  siège.  Les 
muscles  qui  constituent  ce  que  l’on  nomme  vulgaire- 
ment la  chaire  des  animaux,  sont  des  organes  composés 
de  tibres  réunis  en  faisceaux  et  susceptibles  de  se  rac- 


ii>2  HISTOIKE  NATURELLE 

courcir  et  de  s’allongeT  alterDativement  sous  l’influence 
de  l’excitation  nerveuse  ; une  de  leurs  extrémités 
se  fixe  sur  une  partie  de  l’économie  c[ui  est  plus  ou 
moins  immobile  et  qui  leur  sert  de  point  d’appui , 
tandis  que  l’autre  extrémité  s’insère  à l’organe  qu’ils 
sont  appelés  à mouvoir  j et  qu’en  se  contractant  ils 
rapprochent  en  totalité  ou  en  partie  de  leur  point 
d’appui.  Ce  sont  les  puissaTices  motrices  ou  instru» 
mens  actifs  de  tout  mouvement. 

Les  muscles  des  Crustacés  sont  d’une  blancheur 
parfaite,  et  ne  présentent  dans  leur  structure  rien 
de  particulier;  tantôt  ils  s’insèrent  directement  aux 
légumens,  d’autres  fois  ils  se  fixent  sur  des  pro- 
longemens  qui  naissent  de  ceux-ci , et  qui  remplis- 
sent les  fonctions  de  tendons.  Ces  tendons  sont 
semblables  au  test,  et  naissent  ordinairement  du 
bord  de  1 article  mis  en  mouvement  par  le  muscle 
auquel  chacun  d’eux  appartient;  il  est  rare  d’en 
trouver  à l’extrémité  immobile  du  muscle,  à moins 
qu’on  ne  regarde  comme  des  organes  analogues  les 
apodèmes.  La  forme  de  ces  tendons  rigides  varie; 
tantôt  ils  sont  presque  filiformes , d’autres  fois  lamel- 
leux  et  très-larges. 

Les  parties  sur  lesquelles  les  muscles  agissent , 
ou  les  instrumens  passifs  du  mouvement , sont  di- 
verses pièces  du  squelette  tégumentaire  qui  repré- 
sentent ce  qu’on  appelle  en  mécanique  des  leviers, 
c’est-à-dire  des  lignes  inflexibles  qui  tournent 
sur  un  point  fixe.  La  disposition  de  ces  leviers  est 
tres-simple  ; ils  ne  peuvent  jamais  se  mouvoir  que 
dans  un  même  pdan,  et  en  décrivant  une  ligne  dont  la 
direction  ne  change  pas  ; l’articulation  qui  les  unit  à 
la  pièce  sur  laquelle  ils  tournent  représente  une  char- 


UES  CllESTAGÉS.  I o3 

nière , et  constitue  ce  que  les  anatomistes  nomment 
gin glyme  angulaire  : elle  a toujours  lieu  à 1 aide  de 
deux  jointures  situées  Tune  de  chaque  coté  de  1 ex- 
trémité articulaire , et  placées  de  manière  à ce  qu’une 
ligne  qui  les  réunirait  coupe  à angle  droit  le  plan 
suivant  lequel  leurs  mouveniens  s’exécutent.  Enfin , 
l’espace  compris  entre  ces  deux  points  , et  qui  corres- 
pond aux  côtés  sur  lesquels  la  llexion  ou  1 extension 
s’opère , est  occupé  par  une  portion  de  l’enveloppe 
tégunientairc  qui  ne  s’encroûte  pas  de  matière  calcaire 
et  qui  remplit  les  fonctions  d un  ligament  articulaire. 

11  résulte  de  ce  mode  d’articulation,  que  les  muscles 
ajjpartenant  a chaque  article  ne  peuvent  etic  que  de 
deux  ordres,  savoir:  des  extenseurs  et  des  fléchis- 
seurs. Ces  organes  s’insèrent  toujours  dans  le  sens 
contraire  de  la  jointure , et  chacun  d eux  se  fixe  ainsi 
entre  le  point  sur  lequel  roule  l’article  qu’il  meut  et  la 
résistance  qu’il  est  destiné  à vaincre  ; disposition 
qui,  en  mécanique,  caractérise  les  leviers  du  troisième 
"enre , et  qui  est  la  plus  lavorahle  a 1 etendue  et  a la 
rapidité  des  mouvemens , mais  qui  nécessite  1 emploi 
de  forces  considérables. 

D’après  ce  que  nous  venons  de  dire  de  la  nature  des 
articulations  du  système  tégumentaire  des  Crustacés  , 
on  voit  que  les  mouvemens  que  ces  animaux  exécutent 
doivent  être  très-simples  , à moins  d’une  multiydica- 
tion  extrême  de  ces  espèces  de  charnières , et  d’une 
grande  diversité  dans  leurs  directions.  Les  mouve- 
mens des  divers  segmens  du  tronc  se  font  tous  sui- 
vant la  mémo  direction  et  dans  le  plan  vertical  ; aussi 
est-ce  sur  les  côtés  du  corps  que  ces  anneaux  mobiles 
s’articulent  entre  eux,  et  à leurs  faces  dorsale  et  ven- 
trale qu’ils  donnent  insertion  à leurs  muscles.  En 


1^4  IIISXOIilE  WATUKEELE 

!>énéral , l’anneau  mobile  présente  sur  le  bord  anté- 
rieur de  l’arceau  dorsal  deux  petites  cavités  articulai- 
res qui  embrassent  cbacune  une  éminence  arrondie  ou 
un  tubercule  du  bord  postéi-ieur  du  segment  précédent. 
Les  mouvemens  d’extension  ne  consistent  que  dans 
le  redressement  du  corps  , dont  les  divers  segmens  ne 
peuvent  s’élever  que  peu  ou  point  au-dessus  de  la 
ligne  horizontale;  car,  pour  parvenir  dans  cette  der- 
nière position,  une  portion  de  leur  arceau  supérieur 
glisse  presque  toujours  au-dessous  du  segment  pré- 
cédent , et  le  bord  de  celui-ci  oppose  un  obstacle 
invincible  à tonte  courbure  en  dessus.  A la  face 
ventrale  du  corps  il  existe  au  contraire , entre  chaque 
segment  mobile,  un  espace  assez  grand  qui  n’est  oc- 
cupé que  par  une  membrane  articulaire  , et  qui  per- 
met des  mouvemens  de  flexion  plus  ou  moins  éten- 
dus. 

Les  muscles  moteurs  des  anneaux  du  corps  en  occu- 
pent les  faces  supérieures  et  inférieures.  Leur  dispo- 
sition est  en  général  très-simple;  chaque  segment, 
lorsqu’il  est  distinct , est  pourvu  d’un  certain  nombre 
de  faisceaux  charnus  qui  se  portent  directement  du 
bord  antérieur  ou  postérieur  d’un  anneau  au  bord 
semblable  de  l’anneau  suivant  et  qui  remplissent  les 
fonctions  de  fléchisseurs  ou  d’extenseurs,  suivant  qu’ils 
sont  placés  au-dessous  ou  au-dessus  du  niveau  de  l’ar- 
ticulation de  ces  pièces  solides  entre  elles.  Dans 
l’homme  et  les  autres  mammifères,  on  a observé  que 
les  muscles  extenseurs  étaient  beaucoup  plus  forts  que 
les  fléchisseurs  ; ici  c’est  le  eontraire. 

Dans  les  Décapodes  Braebyures  dontle  corps  est  peu 
mobile  et  dans  les  Edrioplithalmcs , les  muscles  du 
tronc  présentent  tous  la  disposition  que  nous  verrons 


CKUSTACÉS»  1 55 

de  sign.iler  ; mais  dans  les  Décapodes  Macroures,  où 
l’abdomen  devient  un  organe  moteur  très-puissant , le 
système  musculaire  prend , dans  cette  partie  du  corps, 
un  développement  extrême  et  présente  des  disposi- 
tions très-remarquables.  La  structure  de  ces  muscles 
a été  étudiée  par  plusieurs  anatomistes  ; mais  la  des- 
cription qu’ils  en  ont  donnée  ne  nous  paraît  pas  etre 
entièrement  exacte.  Voici  ce  que  nous  avons  observé, 
conjointementavecM.  Audouin,  sur  le  Homardde  nos 
côtes. 

Les  muscles  extenseurs  de  l’abdomen  de  ce  Crustacé 
occupent  l’arceau  dorsal  des  anneaux,  et  constituent 
deux  coucbcs,  l’une  superficielle,  1 autre  profonde. 
L’espèce  de  panicule  charnue  qui  forme  la  couche 
supérieure  est  très-mince , et  se  compose  de  fibres  lon- 
gitudinales qui  naissent  dubord antérieur  d’un  anneau 
et  se  terminent  au  bord  antérieur  de  l’anneau  suivant  ; 
de  façon  que  le  bord  postérieur  du  premier  reste 
libre,  et  peut , lors  de  leur  contraction  , glisser  sur  le 
segment  suivant  (i).  De  chaque  côté  de  la  ligne  mé- 
diane on  distingue  deux  faisceaux  de  ces  fibres  char- 
nus ; l’un,  interne,  est  droit  ; l’autre , situé  plus  en 
dehors  , se  porte  obliquement  d’avant  en  arrière  et  de 
dehors  en  dedans.  Les  muscles  extenseurs  de  la  cou- 
che profonde  sont  plus  puissans;  ils  sont  recouverts 
par  la  couche  superficielle  dont  nous  venons  de  par- 
ler, et  reposent  sur  l’intestin  et  les  muscles  fléchis- 
seurs (a).  De  même  que,  dans lacouche  supérieure , on 
distingue  ici  deux  faisceaux  princi|)aux  ; mais  la  dis- 
position des  fibres  C£ui  les  composent  est  1 inverse  de 


(I)  PI-  i:>>  tig- 
(•.!)  PI  iJ,  (ig-  1,  H). 


mSTOIKE  NATURELLE 

celle  signalée  plus  haut,  car  ce  sont  les  externes  gui 
sont  droites  ; tandis  que  celles  de  la  bande  charnue 
interne  sont  obliques,  et  offrent,  comme  M.  Cuvier 
lavait  déjà  observé , l’aspect  d’une  corde  tordue.  Les 
points  d insertion  de  ces  muscles  sont  les  mêmes  que 
ceux  des  faisceaux  suyierficiels  ; ces  organes  se  fixent 
au  bord  antérieur  de  chaque  anneau , mais  , au  lieu  de 
s’y  terminer  complètement,  ils  y envoient  seulement 
des  expansions  aponévrotiques,  et  la  majeure  partie  de 
leurs  fibres  se  continuent  avec  ceux  de  l’anneau  sui- 
vant. Au  sixième  anneau  de  l’abdomen  on  ne  trouve 
point  démuselés  extenseurs  superficiels,  et  la  couche 
profonde  n’est  reymésentée  que  par  une  paire  de  fais- 
ceaux obliques  qui  occupent  les  parties  latérales  de 
1 arceau  supérieur.  Les  autres  segmens  de  l’abdomen 
ne  présentent,  sous  ce  rapport , rien  de  reniai'quable. 
Lnfin , les  muscles  extenseurs  du  premier  de  ces  an- 
neaux sont  plus  puissans  que  les  précédens  , et  vont 
prendre  leur  point  d’appui  sur  le  thorax  ; ils  se  fixent 
à la  face  interne  des  flancs  , et  circonscrivent  de  cha- 
que coté  1 espace  qui  loge  le  cœur,  etc.  Les  derniers 
anneaux  qui  composent  le  thorax  sont  soudés  entre 
eux  de  maniéré  a ne  pouvoir  exécuter  des  mouve- 
mens  : aussi  n’y  trouve- t-on  point  de  muscles  exten- 
seurs , mais  l’espèce  de  carapace  formée  par  le  prolon- 
gement de  l’arceau  supérieur  de  la  tête  n’est  pas 
complètement  immobile , et  on  trouve  quelle  est  fixée 
à la  voûte  des  flancs  par  un  grand  nombre  de  fibres 
charnues  verticales , qui  paraissent  être  les  analogues 
de  celles  dont  nous  venons  de  parler  : ce  sont  ces  es- 
pèces de  colonnes  charnues  qui , tapissées  par  un  repli 
tégumeutaire , établissent  la  séparation  entre  les  ca- 
vités respiratoires  et  la  cavité  viscérale. 


nr.s  CRUSTACÉS.  15^ 

Les  muscles  llécliisseurs  se  tlistinguent  aussi  en  su- 
perficiels et  en  profonds. 

La  couclie  superficielle  est  extrêmement  mince , et 
n’est  formée  que  par  quelques  fibres  longitudinales 
({ui  vont  d’un  anneau  de  l’abdomen  à l’autre.  L’extré- 
mité antérieure  de  chacun  de  ces  muscles  s’insère 
sur  la  membrane  inter-articulaire  près  du  bord  posté- 
rieur de  l’arceau  inférieur,  et  leur  extrémité  opposée 
se  fixe  sur  le  bord  postérieur  de  l’anneau  suivant. 
Dans  les  premiers  segmens  de  l’abdomen , ces  rubans 
charnus  s’étendent  dans  toute  la  largeur  de  l’anneau  ; 
mais  dans  le  cinquième  segment  on  ne  retrouve  plus 
que  quelques  fibres  près  de  la  ligne  médiane  , et  dans 
le  sixième  on  n’en  voit  plus  de  traces.  Entre  le  thorax 
et  l’abdomen,  ces  muscles  forment  deux  petits  fais- 
ceaux ; enfin , chose  remarquable , on  en  retrouve 
encore  des  vestiges  dans  toute  la  longueur  du  thorax 
•à  la  partie  supérieure  du  canal  sternal. 

La  couche  profonde  des  muscles  fléchisseurs  de  l’ab- 
domen est  extrêment  puissante , et  remplit  à elle  seule 
la  majeure  partie  de  l’anneau  tégumentaire.  La  masse 
commune  formée  par  toutes  ces  fibres  charnues  est  d’une 
structure  extrêmement  compliquée , et  ressemble  un 
peu  à une  grosse  tresse  serrée.  Lorsqu’on  l’examine  par 
sa  face  inférieure,  on  distingue  d’abord  des  faisceaux 
longitudinaux  et  des  faisceaux  obliques  qui  reposent 
sur  les  muscles  de  la  couche  superficielle  ; et , en  les 
écartant  légèrement  sur  la  ligne  médiane , on  aperçoit 
un  peu  plus  profondément  des  bandelettes  transversa- 
les qui  paraissent  être  parfaitement  distinctes  des  pre- 
miers faisceaux  (i).  Mais,  si  on  porte  l’examen  plus 


(1)  n iS,  tig.  3. 


î?8  histoire  natürélle 

îsirij  Oïl  ne  tarde  pas  à se  convaincre  que  la  struc- 
ture de  cette  niasse  charnue  est  bien  plus  compli- 
quée; à moins  d’y  porter  une  attention  très-grande, 
elle  est  même  difficile  à comprendre.  En  étudiant 
le  premier  segment  de  l’abdomen,  on  voit  qu’il 
reçoit  du  thorax  un  certain  nombre  de  faisceaux 
ci'arnus  qui  prennent  leur  point  d’appui  sur  le  fond 
delà  cavité  viscérale  dè  cette  partie  du  corps,  et 
qui  forment  de  chaque  côté  trois  muscles  distincts  : le 
premier,  que  nous  appellerons  le  muscle  droit  du  pre- 
mier anneau  abdominal  , est  situé  près  de  la  ligne 
médiane  (i)  ; il  repose  immédiatement  sur  la  couche  des 
fléchisseurs  superficiels , et  va  s’inséter  sur  le  mi- 
lieu de  l’arceau  inférieur  de  l’anneilu  auquel  il  appar- 
tient. Le  second  (a) , également  superficiel,  est  situé 
plus  en  dehors  , et  se  porte  en  arrière  et  en  dehors  : 
aussi  le  désignerons-nous  sous  le  nom  de  muscle 
oblique.  Parvenu  près  de  la  partie  latérale  de  l’anneau, 
ce  muscle  y envoie  quekjues  fibres  , et  s’y  fixe  aussi  à 
l’aide  d’une  intersection  aponévrotique  ; mais  la  ma- 
jeure partie  des  faisceaux  charnus  qui  le  forment  se 
portent  au  delà,  et  se  contournent  en  haut  et  en  arrière  ; 
Là  ils  se  divisent  en  deux  parties  : l’une  se  fixe  sur  la 
masse  charnue  commune  à l’aide  d’intersections  apo- 
névrotiqiies  ; l’autre  se  joint  au  muscle  central  du 
second  anneau , et  se  comporte  comme  nous  le  dirons 
plus  tard.  E.ifin,  le  troisième  muscle  qui  vient  du 
thorax  est  situé  au-dessus  des  deux  précédons,  et  pa- 
raît s’enfoncer  dans  la  masse  charnue  commune  ; aussi 


(1)  l'I.  i3,  fig.  3,  cl. 

(•■i)  PI.  i3,  3,  (t,  et  (ig;.  /j,  o. 


nES  CRUSTACÉS.  1 5cj 

le  nommons-nous  muscle  central  (i).  Quant  à sa  termi- 
naison, nous  aurons  Toccasion  d’en  parler  par  la  suite. 

Au  - dessus  des  muscles  droits  et  obliques  du  pre- 
mier anneau  on  aperçoit  les  muscles  analogues  du  se- 
cond anneau,  et  plus  profondément  encore  un  muscle 
irunsuersal  (2)  dont  la  disposition  est  très-curieuse,  car 
ce  n’est  autre  chose  que  l’origine  des  muscles  droits  et 
obliques  de  l’anneau  suivant.  En  ellet,  ce  ruban 
charnu,  parvenu  sur  les  parties  latérales  de  l’abdo- 
men , ne  s’y  termine  pas  comme  on  pouri'ait  le  croire 
au  premier  abord,  mais  se  recourbe  en  haut,  forme 
une  espèce  de  boucle  autour  du  muscle  central  dont 
nous  venons  de  parler,  s’accolle  à son  congénère,  plonge 
vers  la  face  inférieure  de  l’anneau^  redevient  longitu- 
dinal , se  dirige  en  arrière  et  constitue  ainsi  les  muscles 
droits  et  obliques  du  second  anneau  (.^).  Dans  le  point 
où  le  muscle  transversal  commence  à remonter  du  coté 
externe  du  muscle  central , il  donne  attache  à un  fais- 
ceau charnu  assez  gros,  qui  se  porte  en  arrière  et  en 
dedans  , se  confond  avec  le  muscle  central  du  premier 
anneau,  puis  se  réunit  avec  l’une  des  portions  tei'mina- 
les  du  muscle  oblic^ue  du  même  anneau , dont  il  a déjà 
été  question , et  constitue  ainsi  le  muscle  central  du  se- 
cond anneau  (4),  qui  est  embrassé  à son  tour  par  le  mus- 
cle transversal  de  ce  segment , et  se  comporte  comme  le 
précédent.  Dans  le  point  où  la  portion  supérieure  du 
muscle  transversal  rencontre  la  portion  inférieure  du 
même  muscle , après  avoir  formé  de  chaque  côté  Un 


(I)  PI.  i3,  fig,  3,  c, 

{•!)  PI.  i3,  fig.  3,  t,  et  %.  4,  t. 

(3)  PI.  i3,  fig.  3,  d\  o',  et  lig.  4. 

(4)  PI  i3,  fig.  4,  c.'. 


t Go  HISTOIRE  NATURELLE 

anneau  autour  du  muscle  central,  et  où  elle  plonge  sous 
elle  pour  former  les  muscles  droits  et  obliques  du  second 
segment , elle  donne  naissance  à quelques  faisceaux 
charnus  qui  se  portent  directement  en  arrière  en  pas- 
sant au-dessus  de  la  bandelette  transversale,  et  vont 
se  confondre  avec  les  muscles  droits  et  obliques  du  seg- 
ment  suivant  (i).  Enfin,  les  muscles  droits  et  obliques 
formées  par  la  terminaison  de  la  bande  charnue  trans- 
versale vont  se  fixer  au  second  anneau , et  présentent 
exactement  la  même  disposition  que  ceux  de  l’anneau 
précédent. 

Ainsi , les  muscles  fléchisseurs  jirofonds  du  premier 
anneau  de  l’abdomen  ])rennent  leur  point  d’appui  sur 
le  thorax  ; mais  la  charpente  osseuse  n’en  fournit  pas 
à ceux  du  second  segment  ; les  deux  extrémités  de  ces 
muscles  sont  fixées  à la  partie  qu’ils  sont  destinés  à 
mouvoir , et  c’est  le  double  anneau  qu’ils  forment  au- 
tour du  muscle  central  du  segment  précédent  qui  leur 
en  tient  lieu. 

Les  muscles  fléchisseurs  profonds  du  troisième  et 
du  quatrième  anneaux  ne  diflèrent  pas  de  ceux  du 
second  (2)  : la  partie  moyenne  du  ruban  charnu  qu’ils 
forment,  constitue  le  muscle  transversal  de  l’anneau 
precedent , et  présente  une  espece  d’anse  pour  rece- 
voir le  muscle  central  fourni  parles  muscles  transversal 
et  oblique  de  l’anneau  précédent.  La  disposition  du 
muscle  transversal  du  quatrième  anneau  est  encore  la 
même  ; mais  le  mode  de  terminaison  des  muscles  obli- 
ques qui  en  proviennent  n’est  pas  exactement  sem- 
blable à ce  que  nous  avons  vu  jusqu’ici  : en  ollet , 


(1)  PI.  i3,  fig.  4, 

(2)  PI.  i3,  (ig.  4, 


DES  CRUSTACÉS.  l6l 

après  avoir  envoyé  des  fibres  et  des  expansions 
aponévrotiques  à la  partie  latérale  et  inférieure  du 
cinquième  anneau , ils  se  recourbent  en  haut  comme 
d’ordinaire;  mais,  au  lieu  de  se  fixer  sur  le  muscle 
transversal  suivant , ils  donnent  naissance  à des  fais- 
ceaux charnus  qui  se  portent  en  arrière  pour  s’insérer 
à la  partie  dorsale  du  cincjuième  anneau , puis  ils  ga- 
gnent la  ligne  médiane  , et  sy  réunissent  entre  eux  à 
l’aide  d’une  intersection  aponévrotique  (i). 

Les  muscles  centraux  fournis  par  le  muscle  trans- 
versal du  quatrième  anneau  présentent  également  des 
anomalies  ; car , au  lieu  de  s’enfoncer  dans  des  anses 
formés  par  le  muscle  transversal  de  l’anneau  suivant , 
ils  viennent  seulement  le  fortifier  ; ils  se  recourbent 
en  dedans , et  se  réunissent  ainsi  avec  la  bande  trans- 
versale du  cinquième  anneau.  Enfin  ce  dernier  muscle 
se  recourbe  seulement  sur  lui-méme. 

Dans  les  Décapodes  Bracbyures  , et  dans  les 
Edriophthalmes  , on  ne  retrouve  pas  cette  disposition 
curieuse  des  muscles  fléchisseurs  profonds  ; la  couche 
superficielle  est  même  la  seule  qui  paraisse  exister. 

Les  membres  des  Crustacés  sont  en  général  desti- 
nés à exécuter  des  mouvemens  beaucoup  plus  variés 
que  le  tronc  de  ces  animaux , aussi  y remarque-t-on 
des  différences  beaucoup  plus  grandes  dans  la  direction 
des  points  articulaires.  Souvent  il  existe  une  série  de 
six  jointures  en  charnières  , ayant  chacune  un  usage 
spécial  ; celles  qui  servent  à changer  la  direction  de 
l’ensemble  du  membre  en  occupent  la  base,  et  celles 
qui  sont  principalement  destinées  à déterminer  son 


1 1 


{i)  PI.  i3 , flg.  4. 

CRUSTACÉS  , TOME  I. 


HISTOIRE  NATURELLE 


162 

raccourcissement  ou  son  allongement  sont  placées  vers 
sa  partie  moyenne. 

Les  muscles  servant  à mouvoir  l’un  des  articles  d’un 
membre  s’y  fixent  presque  toujours  à son  bord  supé- 
rieur, et  se  logent  dans  l’article  précédent , à moins 
que  celui-ci  ne  soit  très-court , et  alors  on  les  trouve 
ordinairement  dans  la  pièce  précédente  (i).  Les  plus 
forts,  et  par  conséquent  les  plus  gros  de  ces  muscles, 
sont  en  général  ceux  qui  servent  à changer  la  direction 
totale  du  membre,  et  qui  appartiennent  à ses  deux  pre- 
miers articles  ; ils  sont  logés  dans  les  parties  latérales 
du  tronc , et  prennent  leur  point  d’appui , soit  aux  an- 
neaux correspondans , soit  aux  apodèmes  dont  l’inté- 
rieur de  ceux-ci  peut  être  hérissé.  Dans  le  thorax  des 
Crustacés  Décapodes,  par  exemple , ces  muscles  rem- 
plissent la  double  rangée  de  cellules  située  de  chaque 
côté  du  thorax  (2;.  Leur  disposition , du  reste , ne  pré- 
sente rien  d’assez  remarquable  pour  mériter  de  nous 
arrêter  ici. 

Les  Crustacés  vivent  presque  tous  dans  l’eau , aussi 
est-ce  principalement  au  moyen  de  la  natation  qu’ils 
changent  de  place  ; mais  la  plupart  d’entre  eux  peuvent 
aussi  marcher,  et  présentent  un  certain  nombre  d’or- 
ganes allectés  spécialement  à cet  usage.  Il  en  est  même 
dont  la  course  est  si  rapide  qu’un  homme  peut  à peine 
les  suivre , et  on  en  connaît  qui  font  à certaines  épo- 
ques des  voyages  terrestres  de  plusieurs  lieues. 

La  natation  a lieu  tantôt  par  les  mouvemens  des 
membres,  tantôt  par  ceux  de  l’extrémité  postérieure 
du  corps;  à l’aide  des  premiers,  l’animal  se  porte  en 


(i)  PI.  fig.  5. 
(■.2)  PI.  i3,  (ig.  G . 


DES  CRUSTACÉS.  1 63 

avant  OU  de  côté , et  par  le  moyen  des  seconds  il  recule 
avec  une  ra])idite  extrême.  Ces  deux  manières  de  na- 
ger se  voient  souvent  lorsc[u’on  observe  les  Palémons, 
connues  sur  nos  côtes  sous  les  noms  de  Crevettes , de 
Salicoqucs,  de  Bouquets,  etc.  ; mais,  quand  ces  animaux 
cberchent  à échapper  à quelque  danger,  c’est  toujours 
en  recourbant  brusquement  leur  queue  qu’ils  s’en  éloi- 
gnent. Les  Écrevisses  nagent  presque  toujours  en 
arrière  de  la  même  manière  ; mais  les  Crabes , dont 
l’abdomen  est  rudimentaire , sont  en  général  privés^de 
ce  moyen  de  progression , et  nagent  seulement  à 1 aide 
de  leurs  pâtes. 

Cbezles  Crustacés , dont  l’extrémite  postérieure  du 
corps  sert  comme  organe  de  natation,  1 abdomen  se 
compose  toujours  d’un  certain  nombre  de  segmens 
mobiles  les  uns  sur  les  autres,  et  sc  termine  par  une 
espèce  de  nageoii'e  formée  du  dernier  anneau  devenu 
lamelleux  et  des  membres  du  segment  précédent,  qui 
prennent  alors  un  grand  dcvelop])cmcnt  (i). 

Le  nombre  des  membres  alîectes  a la  locomotion 
varie  beaucoup  , et  est , en  general , plus  considérable 
chez  les  Crustacés  nageurs  que  chez  les  Crustacés 
marcheurs.  Tous  les  membres  qui  suivent  les  a])pen- 
dices  de  la  bouche  peuvent  constituer  des  organes 
de  natation  ; mais  il  n’y  a jamais  que  ceux  delà  ])artie 
moyenne  du  corps  qui  affectent  la  forme  de  pâtes  am- 
bulatoires. Les  membres  abdominaux  sont  souvent 
employés àla  respiration,  d’autresfois  ils  peuvent  etre 
considérés  comme  des  dépendances  de  l’appareil  respi- 
ratoire , et  quelquesfois  aussi  un  certain  nomhred  entre 
eux  deviennent  des  organes  du  saut.  Dans  ce  dernier 


I I . 


(i)  PI.  a3,  lig.  I,  Ote. 


HISTOIRE  NATDRELLE 


i64 

cas,  les  pièces  terminales,  que  supporte  leur  article 
basilaire,  sont  raides,  courtes,  et  en  général  s tylifor- 
mes  [i)  ; mais,  lorsque  ces  membres  servent  à la  nata- 
tion, lesjnèccs  dont  nous  venons  de  parler  prcnnentla 
forme  de  longues  lames  ciliées  sur  les  boi’ds,  et  parais- 
sent en  général  composées  d’une  série  d’articles  plus 
ou  moins  nombreux  (2). 

Dans  les  Crustacés  essentiellement  nageurs , les 
pâtes  thoraciques  sont  souvent  llabelliformes  (3)  ; mais 
d’autres  fois  elles  se  terminent  par  un  article  lamelleux 
et  plus  ou  moins  large  (4)  ; cette  dernière  disposition  se 
rencontre  surtout  aux  pales  postérieures  et  se  voit 
chez  les  Crustacés  fouisseurs  aussi  bien  que  chez  les 
espèces  pélagiques.  Lorsque  ces  membres  sont  destinés 
à servir  à la  marche  , ils  sont  à peu  près  cylindriques , 
et  se  terminent  par  un  article  styliforme  dont  l’extré- 
mité est  souvent  armée  d’une  sorte  d’ongle  pointu  (5). 

Enfin  , les  membres  thoraciques  des  Crustacés  peu- 
vent aussi  être  transformés  en  organes  de  préhension , 
et  pour  cela  il  leur  suffit  d’une  modification  très-légère  ; 
tantôt  c’est  le  dernier  article  qui  se  reploie  sur  l’article 
précédent , d’autres  fois  c’est  celui-ci  qui  se  prolonge 
au-dessous  du  suivant , de  façon  à former  avec  lui  une 
véritable  pince.  Dans  les  deux  cas,  le  pénultième  ar- 
ticle est  plus  ou  moins  élargi  et  porte  alors  le  nom  de 
main.  Ijorsque  ces  organes  de  préhension  doivent 
servira  l’alimentation  ou  à la  défense , ils  sont  formés 
par  les  pâtes  thoraciques  des  premières  paires  ; mais , 


(1)  PI.  1,  %.  a. 

(2)  PL  a3,  lig.  2,  d,  5,  7 et  8. 

(3)  PL  26. 

(4)  PI.  17,  lig.  1,  7 et  i3. 

(5)  PL  3,  fig.  I,  etc. 


DES  CRUSTACES. 


l65 

lorsqu’ils  sont  destinés  à maintenir  l’animal  dans  l’in- 
térieur de  quelque  cavité , ou  a fixer  sur  son  dos  des 
corps  étrangers,  ils  appar  tien  eut  aux  derniers  segmens 
du  thorax. 


CHAPITRE  IV. 

DE  LA  GÉNÉRÀTION  DES  CRUSTACÉS  ET  DE  LEUR 
DÉVELOPPEMENT. 

Les  Crustacés , de  même  que  tous  les  autres  ani- 
maux articulés  , se  reproduisent  au  moyen  d’œufs , et , 
de  même  aussi  que  chez  la  plupart  de  ces  êtres,  ils 
n’ont  jamais  les  deux  appareils  sexuels  , de  production 
et  de  fécondation , réunis  chez  un  seul  individu  ; les 
sexes  sont  toujours  distincts , et  chez  un  grand  nombre 
de  Crustacés , sinon  chez  tous , les  œufs  sont  fécon- 
dés avant  la  ponte  dans  l’intérieur  du  corps  de  la  fe- 
melle. 

L’appareil  de  la  reproduction  , soit  chez  le  mâle  , 
soit  chez  la  femelle,  se  compose  toujours  de  deux 
séries  d’organes  parfaitement  similaires  et  placés  de 
chaque  côté  de  la  ligne  médiane  du  corps  , ou  plutôt  il 
y a chez  le  même  individu  deux  appareils  semblables, 
l’un  adroite,  l’autre  à gauche,  parfaitement  indépen- 
dans  l’un  de  l’autre  , et  n’ayant  souvent  entre  eux  au- 
cune connexion , tant  à l’intérieur  du  corps  qu’à  sa 
surface.  Cette  indépendance  des  deux  moitiés  de  l’ap- 
pareil de  la  génération  est  si  complète  qu’on  a vu  un 
cas  où  l’un  des  côtés  était  mâle  et  l’autre  femelle,  sans 
que  cette  monstruosité  eût  entraîné  aucune  autre  per- 


l66  HISTOIRE  NATURELLE 

turbation  sensible  dans  la  conformation  de  ces  or- 
ganes. 

C’est  principalement , et  on  pourrait  dire  exclusi- 
vement dans  la  partie  thoracique  du  corps , qu’est  logé 
l’appareil  de  la  génération.  Sa  structure  est  assez  sim- 
jile  et  ne  paraît  différer  que  peu  suivant  les  sexes. 
Chez  la  femelle  il  se  compose  essentiellement , pour 
chaque  moitié  du  corps,  d’un  ovaire,  d’un  oviducte, 
d’une  vulve,  et  de  quelques  parties  accessoires  ser- 
vant, soit  à mieux  assurer  la  fécondation  des  œufs  , 
soit  aies  soutenir  ou  à les  renfermer  après  la  ponte. 
Chez  le  mâle  , chaque  moitié  de  l’appareil  générateur 
consiste  en  un  testicule,  un  canal  efférent  dont  la 
partie  inférieure  peut  en  général  saillir  au  dehors  de 
façon  à constituer  une  verge  , et  en  certains  appen- 
dices servant  d’une  manière  moins  directe  à la  copu- 
lation. 

Dans  la  plupart  des  Crustacés  les  plus  élevés  dans 
la  série,  l’appareil  mâle  est  très-développé. 

Dans  le  Tourteau  par  exemple,  ces  organes  recou- 
vrent la  plus  grande  partie  de  la  face  supérieure  du 
foie,  s’enfoncent  sous  le  cœur,  et  se  tiennent  dans  la 
cellule  delà  dernière  pâte.  On  peut  y distinguer  trois 
portions  : l’une  située  sur  les  masses  latérales  du  foie 
et  recouverte  par  les  tégumens,  s’étend  depuis  le  ni- 
veau du  bord  antérieur  de  l’avant-dernière  branchie, 
jusfju’au  niveau  du  bord  externe  des  mandibules,  en 
décrivant  une  courbure  dont  la  convexité  est  pa- 
rallèle au  bord  de  la  carapace,  et  en  augmentant  de 
largeur  de  son  extrémité  externe  vers  l’interne.  Cette 
portion  que  l’on  peut  regarder  comme  étant  l’analogue 
du  testicule,  présente  l’aspect  d’une  espèce  de  grappe 
formée  de  quatre  lobes  principaux , qui  à leur  tour 


DES  CRUSTACÉS.  167 

sont  composés  de  vaisseaux  vermiculaires,  d’une  grande 
ténuité,  entortillés  de  manière  à former  des  espèces  de 
pelottes.  Ces  vaisceaux  dont  la  couleur  est  Liane  de 
lait , sont  renfermés  dans  une  membrane  très-fine  et 
diaphane , et  ils  sont  évidemment  les  organes  secre- 
tum  de  la  liqueur  fécondante.  Ils  se  continuent  avec 
la  seconde  partie  de  l’appareil  qui  est  situé  sur  les 
côtés  de  l’estomac , et  qui  consiste  en  un  gros  vaisceau 
entortillé  sur  lui-même,  et  d’un  blanc  laiteux.  Enfin  , 
un  peu  plus  en  arrière  se  trouve  la  troisième  partie 
de  l’organe  générateur,  que  l’on  peut  appeler  le  ciinal 
efi'erent.  C’est  un  gros  tube  contourné  sur  lui-memc , 
ayant  la  même  teinte  que  les  parties  dont  nous  ve- 
nons de  parler,  faisant  suite  avec  elles , et  présentant  à 
peu  près  l’aspect  des  circonvolutions  de  l’intestin  grêle 
de  l’homme  ; ce  tube  contourne  le  muscle  de  la  tige  des 
mandibules,  et  s’enfonce  sous  le  cœur  où  il  diminue 
de  volume,  et , après  avoir  fait  plusieurs  circonvolu- 
tions, se  porte  en  arrière  sur  les  parties  latérales  de 
l’espace  compris  entre  les  cellules  des  ILincs , puis 
s’enfonce  dans  la  cellule  de  la  dernière  pâte,  pour  aller 
traverser  la  partie  postérieure  et  interne  de  la  base  de 
cette  pâte,  et  s’ouvre  à l’extérieur. 

Dans  d’autres  Crustacés  il  n’y  a pas  de  ligne  de  dé- 
marcation aussi  tranchée  entre  les  differentes  portions 
de  l’organe  mâle  ; dans  le  Maïa , par  exemple  , il  pa- 
raît formé  d’un  seul  tube  dont  la  longueur  est  extrême, 
et  dont  le  calibre , d’abord  capillaire , augmente  insen- 
siblement vers  son  extrémité  postérieure.  Mais,  dun 
autre  côté , il  existe  quelquefois  aussi  des  dilfércnces 
bien  plus  considérables  que  celles  signalées  ci-dessus  ; 
dans  l’Écrevisse  de  rivière , par  exemple , les  vais- 
seaux sécréteurs  capillaires  qui  composent  le  testicule 


i68 


llISrOIKE  WATUr.ELLE 

sont  agglomérés  de  façon  à former  une  masse  glan- 
dulaire très-nettement  limitée,  et  présentant  trois 
branches  , dont  deux , dirigées  en  avant , se  placent 
sur  les  cotés  de  1 estomac  , et  un  se  porte  en  arrière 
sous  le  cœur;  du  point  de  réunion  de  ces  trois  por- 
tions , il  naît  de  chaque  côté  un  canal  excréteur  qui 
est  long  et  étroit , se  contourne  sur  lui-même,  et  se 
termine  enfin  dans  1 article  basilaire  de  la  dernière 
pâte  (i).  Dans  le  Homard,  les  testicules  sont  au  con- 
traire tres-allongées  , et  s’étendent  depuis  la  tête  jus- 
que vers  le  milieu  de  l’abdomen.  Mais  c’est  surtout 
dans  les  hidriophthatmes  que  ces  organes  présentent 
des  particularités  remarquables;  ils  consistent  en  un, 
deux  ou  trois  vésicules  pyriformes  et  allongés  qui 
tiennent  par  un  pédoncule  grêle  à un  canal  excréteur 
commun  (2). 

Du  reste,  1 aspect  des  organes  sécréteurs  de  la  se- 
mence varie  beaucoup  suivant  les  saisons:  à l’époque 
de  la  reproduction  elles  sont  gonflées  et  gorgées  d’un 
suc  laiteux,  tandis  qu’après  elles  tombent  presque  dans 
un  état  d atrophie  passager,  qui  ne  permet  pas  de  bien 
distinguer  les  différences  qui  peuvent  réellement  exis- 
ter entre  elles. 

L’ouverture  extérieure  de  l’organe  mâle  est  ordi- 
nairement pratiquée  dans  l’article  basilaire  des  pâtes 
de  la  dernière  paire  (3);  mais  quelquefois  elle  est  placée 
sur  le  plastron  sternal  lui-même,  dans  la  portion  for- 
mée parle  dernier  anneau  thoracique  (4).  Cette  disposi- 


(1)  PI.  la,  fig.  14, 

(2)  PI.  12,  fig.  i3. 

(3)  PI.  12,  fig.  14,  et  PI.  23,  fig  2. 

(4)  H.  18,  fig.  6.  a,  b. 


DES  CBUSTACÉS.  *69 

lion  se  remarque  dans  plusieurs  Décapodes  Brachyures 
de  la  famille  des  Galométopes  ; et , dans  d’autres  Crus- 
tacés appartenant  au  même  groupe,  bien  que  les  canaux 
éjaculateurs  traversent  l’article  basilaire  des  pâtes  pos- 
térieures pour  se  porter  au  dehors  , ils  ne  se  terminent 
encore  que  sur  le  plastron  sternal , car  ils  pénètrent 
dans  un  petit  canal  ou  gouttière  transversale,  c|ui 
les  cache  jusqu’à  ce  qu’ils  soient  parvenus  à la  partie 
dù  thorax  recouverte  par  l’abdomen.  Dans  1 état  ordi- 
naire, les  canaux  elFérens  se  terminent  aux  bords  de 
l’ouverture  externe  dont  nous  venons  de  parler;  mais 
lors  de  la  copulation  ils  se  prolongent  au  delà  en  se 
renversant  comme  un  doigt  de  gant , deviennent  tur- 
gides , et  constituent  de  véritables  verges. 

Chez  la  plupart  des  Crustacés  de  l’ordre  des  Déca- 
podes, les  membres  abdominaux  de  la  première  et  de 

la  seconde  paires  ( i)  ont  uneforme  très-différente  de  ceux 
qui  suivent  (lorsqu’il  en  existe  d’autres),  ou  de  ceux 
delà  femelle  , et  paraissent  servir  comme  des  organes 
excitateurs  dans  l’acte  de  la  reproduction  ; mais  c’est  à 
tort  que  beaucoup  de  naturalistes  les  ont  considérés 
comme  étant  des  verges.  Chez  plusieurs  de  ces  ani- 
maux (les  Gécarcins,  par  exemple)  leur  grosseur  est 
telle , qu’ils  ne  peuvent  jamais  pénétrer  dans  les  vul- 
ves , et  nous  avons  constaté , par  l’observation  directe , 
que  cbez  d’autres  c’est  l’extrémité  inférieure  du 
canal  elïérent  qui  seule  s’introduit  dans  le  corps  delà 
femelle.  Ces  appendices  paraissent  devoir  servir  à 
diriger  les  verges  vers  les  vulves,  et  peut-être  aussi  a 
exciter  ces  derniers  organes.  Ils  ont  ordinairement  la 


(i)  in.  3,  fig.  6,  t5  et  i6. 


J 70  HISTOIRE  ffATüllELLE 

forme  de  stylets  tubulaires , et  sont  formés  par  une 
lame  cornée  enroulée  sur  elle-même;  ceux  de  la  pre- 
mière paire  sont  grands , et  renferment  dans  leur  in- 
térieur les  seconds  qui  sont  rudimentaires. 

On  ne  sait  que  peu  de  choses  sur  la  structure  de 
1 appareil  mâle  des  Crustacés  les  plus  inférieurs,  et  il 
est  même  plusieurs  de  ces  animaux  dont  on  ne  connaît 
encore  que  les  individus  femelles. 

C est  dans  la  famille  des  Décapodes  Brachyures  que 
les  organes  internes  de  la  reproduction  sont  les  plus 
compliques  chez  la  femelle  (i).  Outre  les  ovaires  et  les 
oviductes,  on  trou  ve  encore  chez  ces  animaux  des  po- 
chescopulatrices  très-développées.  Lorsqu’on  ouvre  un 
de  ces  animaux  vers  la  fin  de  l’automne,  on  ne  trouve 
])oint  d’œufs  dans  les  ovaires,  et  ces  organes  ont  l’aspect 
de  grosses  cordes  blanchâtres , creusées  à l’intérieur  par 
un  canal  longitudinal,  étayant  des  parois  épaisses  et 
coriaces  (a).  Ces  tubes,  au  nombre  de  quatre,  sontcylin- 
driques,  de  la  même  grosseur  dans  toute  leur  longueur, 
et  terminés  en  cul-de-sac  ; ils  sont  placés  longitudina- 
lement, deux  de  chaque  côté  du  corpS;  l’un  dirigé 
en  avant , l’autre  en  arrière.  Les  tubes  ovariens  an- 
térieurs reposent  sur  le  foie;  leur  extrémité  est  située 
vers  la  partie  extérieure  et  antérieure  de  la  région 
branchiale  ; de  là  ils  se  portent  en  avant , puis  se  re- 
courbent en  dedans,  gagnent  les  côtés  de  l’estomac,  et 
se  dirigent  ensuite  en  arrière , en  passant  sous  le  cœur, 
pour  se  terminer  chacun  dans  l’oviducte  du  côté  cor- 
respondant , près  de  la  cellule  des  flancs  située  au-des- 


(1)  PI.  12  , fig.  12. 

(2)  P1.5,  Kg.  I,  e,  et  PI.  12,  Kg.  12. 


DES  CRUSTACÉS.  171 

SUS  de  la  troisième  paire  de  pieds.  Entre  1 estomac  et  le 
cœur,  ces  deux  portions  de  l’ovaire  sont  unies  par  un 
tube  transversal , long  de  quelques  lignes,  qui  a la 
même  grosseur  et  le  même  aspect  qu’eux  (i).  Les  deux 
tubes  postérieurs  (2)  sont  d’abord  intimement  unis  entre 
eux,  et  reposent  alors  sur  l’intestin  dans  la  partie  an- 
térieure de  l’abdomen  ; mais  bientôt  ils  se  séparent , 
et  vont  sous  le  cœur  se  joindre  aux  oviductes  dans  le 
même  point  oii  se  terminent  les  deux  tubes  antérieurs. 
Les  oviductes  (3)  ont  le  même  aspect  que  les  ovaires, 
dont  ils  sont  la  continuation  ; ils  se  ^Jortent  directe- 
ment en  bas,  et,  après  quelques  lignes  de  trajet, 
s’unissent  chacun  à une  grande  poche  logée  entre  les 
muscles  des  flancs  et  le  foie  , et  placés  verticalement 
avec  son  fond  dirigé  en  haut  (4)  ; enfin,  le  conduit  formé 
par  le  col  de  cette  poche  et  par  l’extrémité  de  l’ovi- 
ducle  se  fixe  à la  face  supérieure  du  plastron  sternal , 
au  pourtour  d’une  ouverture  creusée  dans  le  segment 
qui  porte  les  pâtes  ambulatoires  de  la  troisième  paire. 
Les  ovules  paraissent  se  former  dans  les  parois  des 
ovaires , et  lorsque  ces  organes  en  sont  remplis  ils 
acquièrent  une  grosseur  considérable  et  deviennent 
comme  bosselés  ; leurs  parois  deviennent  en  même 
temps  minces  et  presque  transparentes. 

La  disposition  de  l’appareil  femelle  de  la  génération 
est  essentiellement  la  même  chez  tous  les  autres  Dé- 
capodes Brachyures  ; mais , chez  les  Décapodes  Ano- 
moures  et  Macroures , il  n’existe  point  de  poche  co- 


(1)  n.  12,  fig.  12,  d. 

(2)  PI.  12,  %•  12,  h. 

(3)  PI.  12,  fig.  12,  e. 

(4)  PI.  12,  fig.  12,/. 


172  HISTOIRE  WATURELLE 

pulatrice , et  on  remarque  plus  de  différence  entre  les 
ovaires  et  les  oviductes , qui , en  général , nous  ont 
paru  plus  longs  et  plus  étroits.  Chez  ces  Crustacés , 
les  vulves , au  lieu  d’étre  creusées  dans  le  plastron 
sternal,  occupent  l’article  basilaire  des  pâtes  de  la 
troisième  paire  (i). 

Chez  la  plupart  des  Crustacés  inférieurs , la  dis- 
position des  parties  intérieures  de  cet  appareil  est 
encore  plus  simple  ; les  ovaires  forment  de  chaque 
côté  de  l’intestiu  deux  masses  d’apparence  spongieuse , 
dont  l’extrémité  postérieure  aboutit  aux  vulves;  quel- 
quefois cependant  ces  organes  ressemblent  presque  à 
des  glandes  conglomérées , et  sont  très-distinctes  des 
oviductes.  Enfin,  c’est  ordinairement  sur  le  dernier 
anneau  thoracique  que  sont  pratiquées  les  ouvertures 
extérieures  de  la  génération. 

Les  parties  accessoires  de  l’appareil  femelle  varient 
davantage  et  sont  plus  compliquées  que  celles  des 
mâles  ; ce  sont  tantôt  les  membres  abdominaux  qui 
sont  modifiés  dans  leur  structure  pour  former  des 
points  d’attache  aux  œufs , tantôt  des  appendices  des 
membres  thoraciques  qui  servent  au  même  usage , ou 
qui , en  se  réunissant , constituent  une  espèce  de 
poche  ovifère;  enfin,  d’autres  fois  encore  il  existe, 
suspendus  aux  vulves,  des  tubes  semi-cornés  ou  des 
espèces  de  poches  membraneuses  qui  renferment  éga- 
lement les  œufs  et  que  la  femelle  traîne  avec  elle.  La 
première  de  ces  dispositions  est  propre  à tous  les  Déca- 
podes , la  seconde  existe  chez  les  Edriophthalmes , et 
la  troisième  chez  la  plupart  des  Crustacés  auxquels 


(I)  PI.  21,  fig.  8 et  18. 


DES  CnUSTACÉS.  lyS 

on  donne  ordinairement  les  noms  d Entomostracés , 
de  Lernées , etc. 

Chez  un  grand  nombre  de  Crustacés,  les  différences 
sexuelles  ne  consistent  pas  seulement  dans  le  mode  de 
conformation  de  l’appareil  générateur  et  de  ses  an- 
nexes, et  on  peut  souvent  distinguer  les  mâles  des  fe- 
melles par  d’autres  particularités  d’organisation.  Chez 
les  Décapodes  Brachyures,  par  exemple,  l’ahdomen  est 
toujours  étroit  chez  le  mâle,  tandis  que  chez  la  fe- 
melle il  est  très-large,  et  recouvre  en  général  presque 
tout  le  plastron  sternal  dont  la  forme  est  en  rapport 
avec  ces  différences.  Chez  les  Cyclopes,  les  males  sont 
beaucoup  plus  petits  que  les  femelles,  et  ont  leurs  an- 
tennes et  quelquefois  leurs  pâtes  d’une  forme  parti- 
culière. Enfin , chez  les  Bopyres  et  les  Jones , les  diffé- 
rences sexuelles  sont  si  grandes,  quau  premier  abord 
on  serait  porté  à regarder  le  mâle  et  la  femelle  comme 
appartenant  à des  genres  distincts.  Il  y a lieu  de  croire 
que  chez  la  plupart  des  Crustacés  parasites  il  y a 
ordinairement  moins  de  ressemblance  entre  les  deux 
sexes  que  chez  les  Crustacés  qui  mènent  une  vie  er- 
rante, et  c’est  peut-être  pour  cette  raison  que  les 
mâles  de  beaucoup  de  ces  petits  animaux  sont  encore 
inconnus  (i). 

A une  époque  déterminée  de  l’année  qui  varie  sui- 
vant les  espèces,  les  sexes  se  rapprochent  et  les  œufs 
sont  fécondés.  Le  mécanisme,  à l’aideduquel  lanature 
assure  le  contact  de  la  liqueur  spermatique  du  mâle 
avec  les  germes  fournis  par  la  femelle,  est  tres-facile 
à comprendre  chez  les  Décapodes  Brachyures.  Chez 


(l)  Voyez  Mémoire  sur  le  Nicothoéj  p^ii'  Audouin  el  l’-d- 

"Wards.  ( .4itnales  drs  Selences  naturelles  , t.  Xï-  ) 


174  HISTOIRE  NATURELLE 

ces  Crustacés  il  y a une  véritable  copulation  ; les  ver- 
ges du  mâle  pénètrent  dans  les  poches  copulatrices  si- 
tuées au-dessus  des  vulves  de  la  femelle , et  y déposent 
la  liqueur  spermatique , qui  est  ainsi  tenue  en  réserve 
de  manière  à pouvoir  être  versée  sur  les  œufs  au  fur  et 
à mesure  de  leur  passage  au  dehors. 

Afin  de  nous  assurer  si  les  choses  se  passaient  réelle- 
ment ainsi,  nous  avons,  conjointement  avec  M.  Au- 
douin , injecté  des  liquides  colorés  dans  les  vulves  d’un 
Maïa  femelle,  et  nous  avons  vu  l’injection  pénétrer 
directement  dans  la  poche  copulatrice.  J’ai  observé 
aussi  qu’à  l’époque  de  la  ponte,  ces  poches  sont  dé- 
tendues par  un  liquide  opaque  et  laiteux,  tandis  que 
pendant  le  reste  de  l’année  elles  sont  vides  et  con- 
tractées. Enfin,  dans  une  de  mes  excursions  zoologiques 
sur  les  côtes  delà  Bretagne,  j’ai  trouvé  un  Tourteau 
femelle  qui  venait  d’être  fécondée,  et  chez  laquelle 
l’extrémité  des  verges  du  mâle  s’étaient  rompues  après 
la  cojmlation,  comme  cela  a lieu  chez  beaucoup  d’in- 
sectes; ces  organes  étaient  restés  enfoncés  dans  la 
poche  copulatrice. 

Chez  les  Décapodes  Bi’achyures  la  fécondation  des 
œufs  doit  donc  s’opérer  de  la  même  manière  que  dans 
les  Insectes,  chez  lesquels  M.  Audouin  a fait  depuis 
long-temps  des  observations  analogues,  et  dans  les 
Mollusques  Gastéropodes,  chez  lesquelles  la  vésicule  à 
long  col  remplit,  d’après  les  observations  récentes  du 
docteur  Prévost , les  fonctions  d’une  poche  copula- 
trice. Mais  chez  les  Décapodes  Macroures,  et  chez  les 
autres  Crustacés  où  il  n’existe  pas  de  réservoir  sem- 
blable pour  laliqueur  spermatique,  lafécondation  des 
œufs  est  moins  facile  à comprendre.  On  admet  géné- 
ralement que  chez  tous  ces  animaux  il  y a une  véri- 


DES  CRUSTACÉS.  1^5 

table  copulation , et  que  par  conséquent  la  liqueur 
fécondante  est  introduite  dans  l’intérieur  de  1 appa- 
reil générateur  de  la  famille.  Or,  s’il  en  était  ainsi,  il 
serait  difficile  de  comprendre  comment  les  œufs  qui 
remplissent  tout  l’oraire,  et  dont  les  premiers  sont 
pondus  long-temps  avant  que  les  derniers  ne  soient 
développés,  recevraient  le  contact  de  cette  liqueur, 
condition  qui  est  nécessaire  à leur  fécondation;  mais 
il  n’y  a pas  , que  je  sache,  d’observation  directe  qui 
prouve  l’existence  d’une  copulation  semblable , et  1 ab- 
sence d’une  poche  copulatrice  nous  porte  a penser  que 
chez  ces  animaux  les  œufs  ne  sont  fécondés  par  le 
mâle  qu’au  fur  et  à mesure  de  leur  ponte,  comme  cela 
a lieu  chez  les  Grenouilles  , ou  bien  après  qu  ils  sont 
tous  sortis  du  corps  de  la  mère , et  cju’ils  sont  suspen- 
dus aux  appendices  de  son  abdomen  ou  renfermés 
entre  les  lames  ovifères  de  son  thorax. 

Quoi  qu’il  en  soit,  c’est,  comme  nous  l’avons  déjà 
dit,  dans  les  parois  de  l’ovaire  que  les  ovules  se  for- 
ment d’abord,  et,  lorsqu’ils  sont  parvenus  à une  cer- 
taine grosseur,  ils  se  détachent  et  tombent  dans  la 
cavité  de  cet  organe  pour  être  ensuite  expulsés  au  de- 
hors. La  manière  dont  ce  phénomène  a lieu  a été  ob- 
servée avec  beaucoup  de  soin  chez  l’Ecrevisse  lluvia- 
tile , par  un  naturaliste  habilè , M.  Eathke , a qui  l’on 
doit  aussi  des  recherches  pleines  d’intérêt  sur  le  déve- 
loppement de  l’embryon  des  Crustacés. 

L’œuf  de  l’Écrevisse  Iluviatile,  dit  M.  Rathke  (i), 
se  présente  d’abord  sous  la  forme  d’une  vésicule  tran- 
sparente, à parois  memliraneuses  très-minces,  plutôt 


(i)  Uiitersuchungen  uler  die  Bilduiig  uiid  eulwicheltieg  der  Pluss- 
hrebscn  , in-folio  ; Leipzig , iSag. 


Ij6  HISTOinE  NATURELLE 

lenticulaire  que  spliérique,  et  remplie  d’un  liquide 
aqueux.  Plus  tard  il  se  forme  autour  de  cette  vésicule 
une  seconde  tunique  beaucoup  plus  ténue,  c[ui  est  la 
meïnbrane  du  jaune,  et  entre  ces  deux  enveloppes  il 
se  dépose  un  liquide  transparent , qui  bientôt  devient 
blanchâtre , opaque  et  visqueux  ; c’est  le  premier  rudi- 
ment du  jaune;  et,  en  même  temps  que  sa  masse 
augmente,  on  aperçoit  dans  son  intérieur  une  grande 
quantité  de  globules  très-petits  et  blancs  comme  la 
neige.  La  vésicule  intérieure,  que  l’auteur  nomme 
vésicule  de  PurMnje^  reste  transparente  et  s’accroît  à 
peine,  de  sorte  quelle  est  d’autant  plus  petite,  rela- 
tivement à la  membrane  du  jaune , que  le  développe- 
ment de  l’œuf  est  plus  avancé.  Elle  occupe  d’abord  le 
centre  de  la  vésicule  externe  ; mais  plus  tard  elle  s’ap- 
proche de  plus  en  plus  de  l’un  des  côtés  de  cette  der- 
nière, et  finit  par  la  toucher  presque  dans  un  point 
de  sa  circonférence,  tandis  que  du  côté  opposé  elle  en 
est  séparée  par  un  espace  très-considérable. 

Lorsque  l’œuf  existe  depuis  six  mois,  le  liquide 
contenu  dans  la  vésicule  extérieure , ou  la  membrane 
du  jaune,  prend  une  couleur  Isabelle,  s’épaissit,  et 
présente  un  plus  grand  nombre  de  globules.  Plus 
tard,  sa  couleur  devient  d’un  jaune  orangé,  et  finit 
par  passer  au  brun  foncé.  Pendant  qu’il  éprouve  ces 
changemens , il  s’en  opère  d’autres  dans  sa  consistance, 
car  le  nombre  de  globules  qu’il  tient  en  suspension 
augmente  au  point  de  le  transformer  en  une  masse 
visqueuse. 

Les  derniers  changemens  qui  ont  lieu  dans  l’œuf 
pendant  son  séjour  dans  l’ovaire  sont  les  plus  impor- 
tuns, et  consistent  d’une  part  dans  la  disparition  de 
la  vésicule  de  Purkinje,  et  de  l’autre  dans  l’apparition 


DES  CHUSTACÉS. 

du  germe.  Ces  deux  phénomènes  paraissent  avoir  lieu 
à peu  près  simultanément,  et  il  serait  possible  que  le 
germe  fût  produit  par  répancheraonl  du  liquide  con- 
tenu dans  la  vésicule  interne  ; il  se  présente  d’abord 
sous  la  forme  d’un  léger  nuage  blanchâtre,  répandu  sur 
une  partie  de  la  surface  du  jaune.  Peu  à peu  il  se 
transforme  en  une  tache  blanche,  opaque,  et  s’étend 
de  manière  à occuper  cà  peu  près  la  sixième  partie  de 
la  superficie  du  jaune  : ses  limites  ne  sont  pas  bien 
tranchées , et , lorsqu’on  détache  la  membrane  qui  le 
recouvre , on  voit  qu’il  a beaucoup  d’analogie  avec  du 
blanc  d’œuf  coagulé.  Enfin , le  tégument  externe  de 
l’œuf,  ou  la  membrane  du  jaune,  n’a  que  peu  d’é- 
paisseur; mais  le  jaune  lui-même  prend  un  grand  dé- 
veloppement. 

Après  être  parvenu  dans  la  cavité  de  l’ovaire  , l’œuf 
se  dirige  peu  à peu  vers  l’orifice  externe  de  l’un  des 
oviductes , dont  les  parois  sécrètent , à l’époque  du 
printemps,  un  liquide  albumineux  assez  épais  qui 
entoure  cet  œuf,  et  qui,  en  seconcrétant  après  la  ponte, 
constitue  une  deuxième  enveloppe  extérieure. 

Lorsque  les  œufs  sont  pondus , on  y distingue  les 
parties  suivantes  : 

i”.  Le  jaune  ou  vitellus  , qui  forme  la  majeure  par- 
tie de  la  masse  de  l’œuf  (i);  sa  couleur  est  noirâtre,  et 
il  se  compose  de  globules  gélatineux  de  diverses  gran- 
deurs, agglutinés  entre  eux.  2”.  Le  germe  lors  de  la 
ponte  de  l’œuf;  la  tache  que  nous  y avons  vue  aupa- 
ravant, et  qui  constituait  le  germe,  a tout-à-fait  dis- 
paru ; mais  la  surface  du  jaune , au  lieu  d’être  unifor- 


(2)  PI.  l-i,  iig.  I,  n. 
CRüSTACj's  , I TOMT.  I. 


12 


HISTOIRE  XATUREÈLE 


1^78 

inément  colorée  en  noir,  présente  maintenant  un 
aspect  marbré,  dépendant  de  la  présence  d’une  cou- 
che blanchâtre  qui  est  répandue  sur  elle,  et  qui  n’est 
autre  chose  qu’une  transformation  de  ce  même  germe. 
3".  La  membrane  du  jaune{i),  qui  enveloppe  le  jaune 
ainsi  que  le  germe  , et  y adhère  de  toutes  parts.  Elle 
est  parfaitement  transparente , très-mince  , mais  pré- 
sente assez  de  consistance.  4'’-  he  chorion  {'i) , tuni- 
que qui  enveloppe  la  membrane  du  jaune,  et  est 
transparente  comme  elle,  mais  beaucou|i  plus  épaisse. 
5“,  Le  blanc  (3) , liquide  transparent  et  aqueux  qui 
remplit  l’espace  que  laissent  entre  eux  la  membrane 
du  jaune  et  le  derme.  Il  est  peu  abondant , et  diminue 
progressivement , de  manière  que  les  deux  membra- 
nes dont  nous  venons  de  parler  finissent  par  se  tou- 
cher. 6“.  La  membrane  externe  (4),  qui  enveloppe  le 
derme,  et  qui  sert  à fixer  les  œufs  aux  fausses  pâtes 
abdominales  de  la  mère.  Elle  est  peu  épaisse,  et  sa 
surface  est  inégale. 

Afin  de  rendre  plus  méthodique  la  description  des 
phénomènes  nombreux  et  variés  que  l’œuf  de  l’Ecre- 
visse présente  pendant  son  développement , M.  Rathke 
y distingue  cinq  périodes.  La  première  est  celle  com- 
prise entre  la  ponte  de  l’œuf  et  l’apparition  des  pre- 
mières traces  d’organes  spéciaux. 

Avant  l’apparition  de  l’embryon,  on  observe  à la 
surface  de  l’œuf  plusieurs  changemens  très-remarqua- 
bles. Le  premier  de  ces  phénomènes  consiste  dans  la 


(I)  PI.  14,  fig.  i,y. 
(3)  PI.  i4,  fig.  I,  h. 

(3)  PI.  i4,  lig,  I,  C. 

(4)  PI.  14.  lig.  I,  «• 


DES  CBUSTACÉS.  1^9 

form.ition  d’un  grand  nombre  de  taches  de  couleur 
grise  blancliâtre  et  isolées  entre  elles,  qui  apparais- 
sent sur  la  surface  du  jaune  (i)  ; elles  sont  formées  par 
la  substance  du  germe,  qui  était  d’abord  répandue  en 
une  couche  uniforme  ; peu  à peu  elles  deviennent 
blanches  comme  la  craie,  et  présentent  chacune  un 
point  central  obscur,  ce  qui  leur  donne  l’aspect  d’au- 
tant d’anneaux  irrégulièrement  dentelés  sur  les  bords. 

Après  avoir  persisté  dans  cet  état  pendant  quelque 
temps , les  taches  dont  nous  venons  de  parler  de- 
viennent uniformément  blanches , et  diminuent  en 
grandeur  et  en  nombre , puis  disparaissent  complè- 
tement. En  même  temps  la  membrane  du  germe  se 
répand  presque  uniformément  sur  la  surface  du  jaune, 
et  l’enveloppe  comme  un  nuage  léger,  qui  s’épaissit 
dans  un  point  de  la  superficie  de  l’œuf,  et  finit  par  s’y 
rassembler  en  entier,  de  manière  à y former  de  nou- 
veau une  tache  blanche,  pendant  (jue  le  reste  de  la 
surface  du  jaune  rejn  end  sa  couleur  noire  uniforme. 

La  tache  du  germe,  ou  blasloderute , diminue  da- 
bord  d’étendue,  et  se  colore  uniformément  en  blanc; 
mais  bientôt  elle  commence  à s’accroître  en  largeur 
par  l’addition  d’une  substance  plasticjue  formée  par 
le  jaune,  elle  devient  en  même  temps  elliptique , et 
l’on  voit  apparaître  dans  son  milieu  un  petit  sillon  en 
forme  de  fer  à cheval.  Peu  à peu,  et  quelquefois 
dans  l’espace  de  peu  de  jours,  ce  sillon  augmente 
beaucoup  de  longueur,  et  les  extrémités  se  réunissent 
de  manière  à former  une  ellipse.  Bientôt  après  le  cen- 
tre de  ce  sillon  annulaire  s’enfonce , devient  de  plus 


(!)  PI.  i4,  ('S- 


l8o  HISTOIRE  NATURELLE 

en  plus  profond,  et  prend  la  forme  d’un  petit  sac, 
dont  les  parois  sont  assez  épaisses , et  dont  le  fond 
est  beaucoup  plus  large  (jue  l’ouverture  (i). 

Pendant  cjue  ce  petit  sac  se  forme , la  tache  du 
germe  s’accroît  beaucoup  par  l’addition  sur  ses  bords 
d’une  substance  plasti(£ue , et  devient  cordiforme. 
Lorscjue  l’œuf  a subi  ces  diverses  modifications , on 
commence  à y voir  paraître  les  premiers  rudimeus 
d’organes  ; ils  prennent  naissance  du  fond  du  sac  ou 
de  la  portion  du  blastoderme  qui  l’entoure,  et  plus 
particulièrement  de  celles  qui  constituent  la  tache 
grise  cordiforme  dont  nous  venons  de  parler.  Pour 
éviter  les  circonlocutions,  M.  Rathke  appelle  cette 
partie  du  blastoderme,  portion  centrale;  il  donne  le 
nom  de  partie  corticale  à la  portion  externe  du  blasto- 
derme qui  en  constitue  la  circonférence , et  qui  est 
plus  ou  moins  complètement  transparente  : enfin , il 
ajipelle  ligne  médiane  de  l’œuf  celle  qui  correspond  au 
grand  diamètre  de  l’ouverture  du  sac. 

Peu  à peu  l’ouverture  du  sac  s’agrandit  beaucoup  , 
et , dans  le  point  où  elle  présente  le  moins  de  largeur , 
le  fond  de  sa  cavité  se  rapproche  de  la  surface , de 
manière  à se  confondre  peu  à peu  avec  les  parties  voi- 
sines du  blastoderme,  tandis  que  le  reste  du  pourtour 
de  cette  ouverture  persiste , etjjrésente  l’aspect  d’uu 
pli  semi-lunaire , dont  les  extrémités  s’écartent  de  plus 
en  plus  entre  elles.  Lorsque  le  sac  a subi  ces  modifica- 
tions , et  que  le  fond  de  sa  cavité  s’est  avancé  vers  la 
superficie  de  l’œuf,  on  y voit  apparaître  une  petite 
éminence  en  forme  de  mamelon  , dont  le  sommet  pré- 


(i)  PI.  i4,  tig.  3 et  6. 


DES  CRUSTACÉS.  loi 

sente  une  petite  dépression.  Ce  tubercule  est  en  partie 
recouvert  par  la  portion  persistante  du  rebord  du  sac, 
et  n’est  autre  chose  que  le  rudiment  de  la  portion  pos- 
térieure du  corps  ( i). 

Dans  la  moitié  antérieure  de  la  portion  médiane  du 
blastoderme , et  dans  le  point  où  existait  la  partie  du 
rebord  du  sac  que  nous  avons  vu  disparaître  plus  haut, 
il  se  forme  en  même  temps  deux  petites  lanières  qui 
sont  situées  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  et 
laissent  entre  elles  un  interv.alle  assez  considérable; 
elles  se  dirigent  obliquement  eu  avant  et  en  dehors  , 
et  constituent  les  premiers  vestiges  des  mandibules  (s) . 
Quelque  temps  avant  l’apparition  de  ces  organes , il  se 
forme  un  peu  plus  en  avant  deux  autres  paires  de  la- 
nières semblables,  qui  représentent  les  rudimens  des 
antennes.  Enfin , en  même  temps , on  voit  se  dévelop- 
per un  petit  point  qui  représente  le  labre  , et  qui  oc- 
cupe le  milieu  de  l’espace  qui  existe  entre  les  deux 
antennes  antérieures  (3). 

A cette  époque,  M.  Rathke  n’a  pu  découvrir  au- 
cune trace  de  tissus  nerveux  ou  vasculaire  ; mais  le 
blastoderme  a pris  tant  d’accroissement,  qu’il  entoure 
le  quart  de  la  siuface  du  jaune. 

Au  commencement  de  la  seconde  période  , qui  s é- 
tend  depuis  la  première  apparition  d organes  spéciaux 
jusqu’à  la  formation  du  cœur,  la  portion  moyenne  du 
blastoderme  s’épaissit  et  s’étend  au  point  de  recouvrir 
environ  la  huitième  partie  de  la  surface  du  jaune  5 
mais  la  portion  corticale  s’accroît  encore  plus  rapide- 


(1)  PI.  14  ■ fis-  3,  4 et  12, n. 
pj)  PI.  l4>  fis-  4 et  12,  m. 
(3)  PI.  14,  fis-  4 et  12,  l. 


i82 


HISTOIRE  NATURELLE 


ment.  Quelque  temps  avant  la  fin  de  cette  période , 
elle  recouvre  toute  la  surface  du  jaune,  et  paraît  se 
confondre  avec  elle  dans  le  point  opposé  à celui  occujié 
parla  portion  centrale.  11  en  résulte  que  le  blastoderme 
constitue  alors  autour  du  jaune  une  enveloppe  com- 
plète, mais  elle  est  si  ténue  et  si  transparente,  que 
l’on  a de  la  peine  à la  découvrir. 

Nous  avons  dé  jà  vu  qu’il  se  forme  à la  partie  externe 
et  antérieure  de  la  portion  centrale  du  blastoderme 
trois  paires  de  lanières  séparées  par  un  espace  assez 
considérable.  Celles  qui  constituent  la  paire  anté- 
rieure, et  qui  représentent  les  antennes  internes, 
sont  d’abord  peu  distinctes  , très-petites , et  confon- 
dues dans  tonte  leur  longueur  avec  la  surface  du  blas- 
toderme, dont  ils  paraissent  être  un  épaississement.  A 
mesure  que  ces  lanières  s’accroissent , leur  contour 
devient  plus  distinct,  et  elles  prennent  peu  à peu  la 
forme  de  demi-cylindres  ; leur  extrémité  externe  , en 
se  développant , se  sépare  complètement  de  la  surface 
du  blastoderme,  et  enfin,  vers  le  commencement  de  la 
période  suivante , elle  se  fend  et  devient  bifide  (i). 

Les  lanières  de  la  deuxième  paire  , ou  les  antennes 
externes , présentent  la  même  forme  que  les  internes, 
et  se  développent  d’une  manière  semblable , mais  plus 
rapidement;  et  lorsque  ces  quatre  appendices  se  sont 
séparées  du  blastoderme,  au  lieu  de  se  diriger  trans- 
versalement, ils  se  portent  obliquement  en  dehors  et 
en  avant. 

Les  lanières  de  la'  troisième  paire,  ou  les  mandi- 
bules , sont  d’abord  courbées , dirigées  un  peu  en 


(I)  PI.  i4i  tîg.  5 et  i5. 


DES  CUUSTACÉS.  «83 

arrière , et  plus  petites  que  les  antennes  ; elles  se  di- 
visent bientôt  comme  celles-ci , mais  moins  profondé- 
ment, et  leurs  deux  moitiés  se  développent  inégale- 
ment. 

Le  labre  apparaît  d’abord  sous  la  forme  d’une  verrue 
extrêmement  petite , située  dans  le  milieu  de  l’espace 
que  laissent  entre  elles  les  deux  antennes  antérieures , 
mais  bientôt  il  se  dirige  en  arrière,  et  vient  se  placer 
entre  les  antennes  postérieures.  Dans  le  principe , on 
voit  autour  de  sa  base  un  enfoncement  annulaire  assez 
profond,  dont  la  moitié  antérieure  est  promptement 
remplie  par  une  substance  albumineuse.  Bientôt 
après  , une  substance  plastique  se  dépose  aussi  clans 
la  moitié  postérieure  de  ce  sillon  ; mais  il  y reste  tou- 
jours sur  la  ligne  médiane  une  petite  cavité  qui  se 
creuse  de  plus  en  plus,  et  qui  est  le  premier  ludi- 
ment  de  l’ouverture  qui,  plus  tard,  constitue  la 
bouche  (i). 

Après  que  les  antennes  antérieures  se  sont  mon- 
trées , on  voit  apparaître  au  devant  d’elles  les  rudi- 
mens  des  jewx;  ils  se  présentent  d’abord  sous  la 
forme  de  deux  petits  renflemens  qui  s allongent , s ar- 
rondissent à l’extrémité , et  ressemblent , après  quel- 
que temps  , à de  petites  massues  étroites  (a).  Us  se 
séparent  du  blastoderme , comme  l’ont  fait  les  an- 
tennes , et , <à  la  fin  de  cette  période , leur  extrémité 
externe  devient  tout-à-fait  libre , et  est  séparée  de  la 
partie  basilaire  par  une  légère  incision  transversale. 
Cette  portion  externe  représente  l’œil , et  1 interne 
constitue  son  pédoncule. 


l84  IlISTOIfiE  NATUBELEE 

Nous  avons  VU  ci-dessus  qu’il  se  formait,  au  fond 
du  sac  du  Mastoderme , un  petit  lutercule  dont  la 
partie  postérieure  est  recouverte  par  un  sillon  trans- 
versal que  forme  le  bord  postérieur  de  l’ouverture  de 
ce  sac^i).  Ce  tubcrculG  cihdoïîiificil dirige  en  avant, 
et  prend  la  forme  d’une  lame  plus  longue  que  large  , 
dont  l’extrémité  antérieure  est  libre  et  arrondie,  tan- 
dis que  l’extrémité  postérieure  reste  unie  à la  portion 
moyenne  du  blastoderme.  Elle  s’avance  jusqu’auprès 
du  labre  et  grossit  beaucoup;  sa  face  externe,  en  rap- 
port avec  la  membrane  du  jaune , est  convexe  ; tandis 
que  la  face  supérieure,  qui  est  en  contact  avec  le 
blastoderme,  est  concave.  Enfin,  le  petit  enfonce- 
ment qui  représente  Vanus  , et  qui  occupe  l’extrémité 
de  cette  lame , se  creuse  rapidement , et  finit  par  s’ou- 
vrir dans  la  cavité  de  l’intestin  qui  occupe  l’intérieur 
de  cette  portion  du  corps  (2).  11  est  à remarquer  qu’à 
cette  époque  l’ouverture  anale  occupe  la  face  infé- 
rieure ou  externe  de  l’abdomen , tandis  que  plus  tard 
il  doit  occuper  la  face  opposée. 

Lorsque  l’appendice  caudal  dont  nous  venons  de 
parler  est  parvenu  à ce  degré  de  développement , les 
mâchoires  proprement  dites  et  les  pates-mâchoires 
commencent  à se  former.  Dans  l’Écrevisse  adulte , ces 
organes  sont  au  nombre  de  cinq  paires,  mais  ici  on 
n’en  voit  d’abord  que  trois  paires  qui  se  montrent 
sous  la  forme  de  petites  lanières  placées  de  chaque 
côté  de  la  ligne  médiane , dirigées  transversalement 
en  dehors,  et  semblables  à ce  qu’étaient  d’abord  les 


(i)  PI.  14,  (ig.  3 et  7. 

(a)  PI.  14,  %.  5,  8,  9,  12,  i3,  24,  i5  et  18,  a. 


DES  CRUSTACES. 


l85 

mandibules  et  les  antennes.  Peu  de  temps  après  la 
formation  de  ces  trois  paires  d’appendices,  les  mâ- 
choires de  la  quatrième  paire,  ou  secondes  pates-mâ- 
choires , commencent  à se  montrer  dans  le  point  tie 
courbure  qui  sépare  la  partie  antérieure  du  corps  de 
la  portion  postérieure,  qui  est  formée  par  le  tubercule 
abdominal.  Les  mâchoires  de  la  cinquième  paire,  ou 
pates-mâchoires  externes,  apparaissent  vers  la  même 
époque;  mais,  au  lieu  d’être  situées,  comme  les  or- 
ganes précédons  , sur  la  portion  de  l’embryon  qui  fait 
suite  au  blastoderme,  elles  occupent  la  face  supé- 
rieure du  tubercule  abdominal;  la  forme  de  ces  mâ- 
choires est  exactement  semblable  à celle  des  autres(i). 

Lorsque  les  mâchoires  ont  commencé  à se  dévelop- 
per de  la  sorte , la  base  du  prolongement  abdominal 
se  porte  en  arrière  et  se  redresse  de  manière  à se  placer 
sur  le  même  plan  que  le  reste  du  blastoderme  , tandis 
que  la  portion  postérieure  de  ce  prolongement  reste 
couchée  au-dessous,  dans  la  position  que  nous  lui 
avons  déjà  assignée.  11  en  résulte  que  toutes  les  mâ- 
choires se  trouvent  alors  sur  le  même  plan , et  que  la 
courbure  du  corps  est  placée  en  arrière  de  celles  de  la 
cinquième  paire  (2). 

A mesure  que  ces  divers  organes  masticateurs  se 
développent , leur  forme  change  considérablement  : au 
lieu  d’être  semblables  entre  elles,  comme  dans  les 
premiers  temps,  ils  deviennent  de  plus  en  plus  diflé- 
rens  entre  eux  et  leur  grandeur  relative  change  très- 
promptement  ; elles  deviennent  d’autant  plus  grosses 
qu’elles  sont  plus  postérieures. 


(1) Pl.  14,  fig.  17- 

(2)  PI.  14,  fig.  18. 


inSTOIHE  NATÜRELEE 

Vers  lepocjue  de  l’apparition  des  mâchoires  de  la 
cinquième  paire  ou  pieds-mâchoires  externes,  on  voit 
apparaître  les  premières  traces  de  pâtes  ambulatoi- 
res (i).  Les  antérieures  naissent  les  premières,  et  les 
postérieures  les  dernières.  De  même  que  tous  les  au- 
tres membres  dont  nous  avons  déjà  parlé , elles  se  pré- 
sentent d’abord  sous  la  forme  de  petites  lanières,  et 
naissent  dans  le  point  où  nous  avons  vu  se  former  les 
deux  dernières  paires  de  mâchoires , c’esL-à-dire  à 
la  lace  supérieure  du  prolongement  caudal , là  où 
il  se  courbe  en  avant  pour  devenir  inférieur  et 
laiie  suite  au  reste  du  corps.  Aussi,  à mesure  que 
les  diilérentes  paires  de  pâtes  ambulatoires  se  for- 
ment , cette  courbure  s’avance-t-elle  vers  la  partie  pos- 
térieure de  1 œuf  où  se  trouve  le  tubercule  abdominal; 
on  voit  en  même  temps  la  portion  réfléchie  de  ce 
prolongement  s accroître  beaucoup,  et  présenter  à son 
extrémité  les  rudimens  de  la  nageoii'e  caudale;  sa  face 
inférieure,  qui  deviendra  supérieure  lorsque  l’abdo- 
men se  redressera , oll're  en  même  temps  les  traces 
des  six  anneaux  transversaux  qui  la  composent  (2). 

Quant  au  repli  transversal  que  nous  avons  vu  re- 
couvrir la  base  du  prolongement  caudal , il  s’amincit 
de  plus  en  plus  et  finit  par  disparaître;  mais,  vers  le 
milieu  Je  cette  période,  il  se  montre  de  nouveau, 
augmente  beaucoup  de  volume,  et  constitue  le  rudi- 
ment des  pièces  latérales  de  la  carapace.  En  même 
temps  la  portion  périphérique  du  blastoderme  , 
située  entre  les  yeux,  s’épaissit  aussi  et  forme  une 
lame  triangulaire  qui  constitue  la  portion  anté- 


(1)  PI.  14,  fig.  ly. 

(2)  PI.  14,  fig.  20  et  21. 


DES  CRU  STAGES.  l8y 

rieiire  de  la  carapace  et  représente  le  rostre  (i). 

Pendant  la  durée  de  cette  époque,  on  voit  appa- 
raître les  premières  traces  du  canal  intestinal.  Mais, 
afin  de  pouvoir  exposer  avec  plus  de  clarté  la  manière 
dont  cet  appareil  se  développe  , nous  n’en  parlerons 
que  lorsque  nous  pourrons  le  suivre  sous  toutes  ses 
phases. 

Le  cœur  commence  aussi  à se  former  à la  (in  de  celte 
époque.  11  naît  à la  partie  dorsale  du  corps  , à pende 
distance  du  ])oint  où  le  tliorax  et  l’abdomen  se  réu- 
nissent, et  p.araît  produit  jjarla  portion  ])rofondc  du 
blastoderme  ('2).  A l’aide  d’un  bon  microscope  , on  dis- 
liniïue  dans  cette  partie  du  blastoderme  deux  feuiliets 
distincts,  mais  très-intimement  unis  entre  eux  ; l’ex- 
terne, très- ténu,  transparent,  est  semblable  à l’épi- 
derme des  animaux  vertébrés;  l’interne,  au  contraire, 
pulpeux , épais  et  granuleux  vers  la  fin  de  cette  épo- 
que ; et  ce  dernier  présente  , sur  la  ligne  médiane 
dorsale,  un  épaississement  dont  le  milieu  se  creuse 
d’une  petite  cavité , qui  est  le  premier  rudiment  du 
cœur.  Cet  organe  ressemble  alors  à une  petite  vessie 
plus  longue  que  large,  obtuse  en  arrière , pointue  eu 
avant , et  aplatie  de  haut  en  bas. 

Les  premiers  rudimens  des  vaisseaux  sanguins  se 
montrent  à la  meme  époque,  et  apparaissent  sous  la 
forme  de  canaux  creusés  dans  ce  feuillet  interne  delà 
portion  tlu  blastoderme  qui  représente  la  carapace  ; 
l’un  d’eux  se  porte  de  la  partie  postérieure  du  cœur  en 
bas , vers  la  paroi  inférieure  du  corps  ; un  autre , de 
l’extrémité  antérieure  de  cet  organe,  va  se  perdre  près 


(i)  fl.  14.  lig.  19,  20,  ai,  etc. 
(a)  Pt.  14.  fig'  10,  c. 


niSTOIHE  NATURELLE 

du  sommet  de  la  tête,  cestl’artère  ophtalmique.  Enfin, 
à quelque  distance  de  ce  vaisseau,  et  de  chaque  côté  du 
cœur,  on  voit  une  autre  artère  qui  se  dirige  en  avant 
et  se  termine  en  cul-de-sac  vers  le  milieu  de  la  cara- 
pace ; ce  sont  les  arteres  antennaires.  Ces  divers  vais- 
seaux naissent  si  près  du  cœur,  qu^on  pourrait  croire 
qu’ils  n’en  sont  que  les  prolongemens  ; mais  1\I.  Rathke 
professe  l’opinion  contraire.  Quoi  qu’il  en  soit , ils 
restent  pendant  long-temps  très-simples , et  acquièrent 
un  développement  considérable  avant  que  de  présen- 
ter aucune  ramificatiou.  Presque  aussitôt  après  sa 
formation  le  cœur  commence  à battre  avec  vivacité; 
mais  il  ne  renferme  encore  qu’un  liquide  aqueux  dans 
lequel  on  ne  voit  aucune  trace  de  globules. 

M.  Rathke  n’a  pu  se  former  que  des  idées  assez  im- 
parfaites relativement  au  dévelopjiement  du  système 
nerveux  , a cause  de  la  situation  profonde  de  la  chaîne 
ganglionaire.  Voici  ce  qu’il  a observé  à cet  égard  : à la 
face  supérieure  de  la  portion  du  blastoderme  qu’il 
appelle  lame  ventrale^  et  que  nous  avons  déjà  vu 
donner  naissance  aux  membres,  il  se  forme  un  renfle- 
ment longitudinal , de  chaque  côté  duquel  se  trouve 
une  série  de  petits  tnbercules  qui  représentent  les 
muscles  des  membres , tandis  que  dans  son  milieu  il 
règne  une  espèce  de  gouttière  longitudinale  (i)  ; c’est 
sur  la  portion  moyenne  de  ce  renflement , qui  n’est 
autre  chose  que  le  canal  sternal  décrit  par  M.  Au- 
douin  et  moi , que  se  forme  le  cordon  nerveux  thora- 
cique. Cette  partie  du  système  ganglionaire  se  com- 
pose d’abord  de  onze  paires  de  petits  points,  qui  se 
distinguent  par  leur  couleur  blanchâtre , et  qui  sont 


(i)  PI.  I),  fig.  0. 


DES  CRUSTACÉS.  189 

situés  en  séries  les  uns  au  devant  des  autres.  Ces 
taclies  paraissent  être  réunies  par  paires;  mais  elles 
sont  cependant  assez  éloignées  entre  elles.  La  première 
paire  correspond  aux  mandibules , les  cinq  suivantes 
aux  mâchoires , et  les  cinq  dernières  aux  pâtes  ambu- 
latoires. Au  devant  de  cette  double  chaîne,  on  distin- 
gue les  cordons  œsophagiens  et  des  ganglions  céphali- 
ques; mais,  à cette  époque,  ils  sont  encorepeudistincts. 
Quant  à la  portion  abdominale  du  système  nerveux  , 
l’auteur  n’a  pu  rien  découvrir  relativement  à son  mode 
de  développement. 

La  troisième  période  que  M.  Rathke  distingue  dans 
le  développement  de  l’œuf  s’étend  depuis  la  formation 
du  cœur  jusqu’à  l’apparition  des  organes  qu’il  ap- 
pelle glandes  salivaires.  Pendant  sa  dui'ée,  on  voit  la 
pièce  abdominale  du  blastoderme  s’agrandir  beau- 
coup et  prendre  peu  à peu  la  forme  d’un  segment  de 
sphère.  Les  yeux  grossissent  beaucoup  sans  présenter 
aucun  changement  remarquable  ; les  antennes  externes 
s’allongent;  la  petite  fissure  qui  existait  à leur  extré- 
mité devient  plus  profonde , de  façon  que  ces  organes 
se  terminent  par  deux  appendices  flabellifonnes  ; en- 
fin , elles  présentent  deux  lignes  transversales  qui  les 
divisent  en  trois  «articles  placés  bout  à bout  ; les  an- 
tennes externes  croissent  plus  rapidement  et  devien- 
nent beaucoup  plus  longues  que  les  internes.  Quant 
aux  cbangemens  que  subissent  le  labre,  les  mandi- 
bules , les  mâchoires  et  les  pâtes , il  serait  trop  long 
de  les  exposer  ici.  L’ahdomen  grossit  beaucoup,  prend 
une  forme  conique,  et  présente  à la  face  supérieure 
six  bandes  transversales  semblables  à celles  que  nous 
avons  déjà  vues  se  former  à sa  face  inférieure;  enfin  , 
vers  le  milieu  de  cette  période , il  se  développe  à ciia- 


'9®  HISTDini:  NATURELLE 

cun  «le  ces  anneaux,  excepté  au  premier  et  au  dernier, 
deux  petits  proiongemens  styliformes  qui  sont  les  ru- 
ilnnens,  défaussés  pâtes  abdominales  (f). 

Un  des  phénomènes  les  plus  importans  dont  nous 
avons  a parler  maintenant  est  le  développement  des 
Lranchies  «pii  avaient  déjà  commencé  à paraître  avant 
la  lormalion  du  cœur.  Ces  organes  consistent  d’abord 
en  un  certain  nombre  de  proiongemens  en  forme  de 
platpes  triangulaires , fixées  par  leur  bout  au-dessus 
des  trois  paires  de  pâtes  antérieures;  ceux  apparte- 
nant aux  pates-machoires  paraissent  les  premiers,  et 
le  dévCiOppement  de  tous  a lieu  par  le  sommet , de 
manière  que  bientôt  ils  s’allongent  beaucoup.  Vers  le 
milieu  de  cette  période , on  remarque , sur  chacune 
de  ces  espèces  de  lambeaux  , une  fente  qui  pénètre  de 
leur  bord  extérieur  jusqu’auprès  de  leur  base,  et  qui 
les  divise  en  «leux  moitiés  inégales  ; la  plus  petite  «le 
ces  deux  portions  est  cylintlrique  et  dirigée  en  «lehors  ; 
l’autre  , au  contraire  , a la  forme  d’une  feuille  trian'ni- 
Jaire.  bientôt  après  il  se  forme , sur  le  cylindre  dont 
nous  venons  de  parler,  deux  rangées  de  stries  simples 
et  arrondies , qui  constituent  plus  tard  les  filamens 
branchiaux.  Peu  de  temps  après  la  formation  de  ces 
branchies,  et  vers  la  fin  de  la  période  précédente , il 
se  développe  au  bout  externe  de  chacune  des  pâtes 
des  quatre  premiers  pieds  deux  tubercules  qui  s’allon- 
gent et  prennent  la  forme  de  stylets  lisses  et  arrondis  ; 
mais , à la  fin  de  eette  période , leur  surface  devient 
inégale  et  se  couvre  d’une  multitude  de  petites  ver- 
rues qui  se  transforment  plus  tard  en  filamens , car 
ces  organes  sont  aussi  des  branches. 


Cl)  PI.  «4,  fio.. 


cti,  îT  rt 


DES  CRUSTACÉS. 


'9‘ 

A la  base  Je  la  pale  Je  la  cinquième  paire  il  ne  se 
forme  qu’un  seul  de  ces  organes  qui  se  développe 
vers  la  même  époque;  la  pale-mâchoire  exlerne  en 
présente  aussi  un  seul , et  i!  en  naît  deux  au-dessus 
des  pates-mâcboires  externes , comme  sur  les  pâtes 
dont  nous  venons  de  parler.  Dans  le  principe  ils  sont 
tous  appliqués  contre  la  face  inférieure  de  l’embryon; 
mais  bientôt  ils  se  redressent  et  se  rendent  sous  la  ca- 
rapace , de  façon  qu’à  la  fin  de  cette  période  on  ne  les 
aperçoit  plus  à l’extérieur  (i). 

Nous  avons  déjà  dit  que  la  portion  périphérique 
du  blastoderme  qui  recouvre  toute  la  partie  supé- 
rieure du  jaune , et  qui  est  destinée  à former 
la  carapace,  présente  d’abord  un  épaississement 
de  chaque  côté , près  de  la  lame  ventrale  ; ces  deux 
épaississemens , qui  ne  sont  autre  chose  que  le  rudi- 
ment des  portions  latérales  de  la  carapace,  s’étendent 
beaucoup  pendant  cette  période , de  façon  que  leur 
extrémité  antérieure  se  montre  en  avant,  près  des 
yeux,  tandis  que  la  postérieure  se  juolonge  au-dessus 
de  la  base  dos  dernières  pales  , et  va  sc  joindre  à celui 
du  côté  opposé.  Dans  le  point  où  ces  pièces  latérales 
de  la  carapace  passent  au-dessus  de  la  lame  ventrale, 
il  existe  un  sillon  qui  est  d’abord  très-petit,  mais  qui 
acquiert  bientôt  une  largeur  considérable.  L’un  des 
bords  de  cette  gouttière  longitudinale  se  soude  à 
l’épaississement  ou  pièce  latérale  dont  nous  venons 
de  ‘parler,  tandis  que  l’autre  se  confond  avec  la  portion 
de  la  membrane  dublastoderme  située  vis-à-vis  d’elle , 
il  en  résulte  de  chaque  côté  de  l’embryon  une  cavité 


(I)  PI,  l4,  lig-  22,  h. 


HISTOIRE  naturelle 


192 

fermée  par  en  haut  et  ouverte  par  en  bas  dans  le  sens 
de  sa  longueur,  qui  devient  de  plus  eu  plus  profonde 
et  plus  étroite.  Sa  paroi  externe  est  formée  par  la  por- 
tion latérale  de  la  carapace,  et  c’est  dans  son  inté- 
rieur que  viennent  se  placer  les  branchies. 

Suivons  maintenant  le  développement  de  l’intestin 
dont  les  premières  traces  se  montrent  à l’époque  où 
les  antennes  et  les  autres  appendices  ont  commencé  à 
SC  former.  On  voit  alors  une  membrane  extrêmement 
mince  et  gélatineuse  apparaître  sur  la  face  interne 
de  la  portion  moyenne  du  blastoderme,  entre  elle  et 
le  jaune  (1).  Bientôt  cette  production  nouvelle  s’accroît 
beaucoup  et  prend  une  consistance  assez  considéra- 
ble ; elle  s’épaissit  surtout  dans  deux  points  peu  éloi- 
gnés l’un  de  l’autre,  c’est-à-dire  vis-à-vis  de  l’enfonce- 
ment situé  à la  lèvre  (ou  la  bouche  ) , et  du  tubercule 
caudal.  On  voit  ensuite  se  former  dans  chacun  de  ces 
points  un  renflement  qui  est  diiigé  en  dehors,  sc 
creuse  d’une  cavité,  se  rétrécit  et  sc  transforme  en  un 
petit  canal  perpendiculaire.  L’un  de  ces  petits  canaux 
est  l’origine  de  l’estomac  et  de  l’œsophage;  l’autre,  le 
rudiment  de  l’intestin,  et  c’est  dans  leur  cavité  que 
s’ouvrent  la  bouche  et  l’anus  (2).  Quant  au  reste  de  la 
membrane,  dont  nous  avons  parlé  ci-dessuS  , il  gran- 
dit beaucoup,  et  constitue  une  espèce  de  calotte  qui 
entoure  le  jaune  et  qui  présente  dans  son  fond  deux 
espèces  d’entonnoirs,  lesquels  s’ouvrent  dans  l’esto- 
mac et  l’intestin.  Enfin , cette  membrane  s’étend  au 
point  d’envelopper  le  jaune  de  toutes  parts , et  de 


(I)  PI.  j/j.  fig.  5,  d. 
(••*)  PI.  14,  lig.  <),  h,  d. 


DES  CRUSTACÉS.  1 03 

former  une  tunique  qui  l’entoure  et  qui  est  recouverte 
elle-même  par  le  blastoderme. 

Vers  la  fin  delà  troisième  période , lorsque  le  sac 
dont  nous  venons  de  parler  s’est  lormé , il  se  déve- 
loppe sur  la  ligne  médiane  de  l’embryon  une  feuille 
mince  et  falciforme,  qui  occupe  la  face  interne  de  la 
portion  dorsale  du  blastoderme , et  s’étend  dans  toute 
sa  moitié  antérieure.  L’extrémité  la  plus  large  de  cette 
feuille  est  fixée  à la  face  antérieure  de  1 estomac , qui, 
à cette  époque , a déjà  acquis  un  développement  plus 
considérable  ; son  extrémité  opposée  se  perd  vers  le 
sommet  de  la  tête  de  l’embryon.  A mesure  qu  elle  s ac- 
croît , son  bord  concave  presse  de  plus  en  plus  sur  le 
sac , et  y détermine  la  formation  d un  repli , dans  le- 
quel elle  s’enfonce. 

Quelque  temps  avant  le  commencement  de  la  troi- 
sième période , il  se  forme  un  repli  semblable  de  cha- 
que côté  du  sac , de  façon  que  cette  membrane  vési- 
culaire présente  alors  trois  replis , un  antérieur  sur  la 
ligne  médiane,  et  deux  latéraux  ; ses  parois  s épais- 
sissent aussi  beaucoup,  etle  volume  du  jaune  diminue 
considérablement. 

La  petite  cavité  perpendiculaire  qui  est  située  à la 
partie  inférieure  et  antérieure  de  ce  sac , et  qui  con- 
stitue le  rudiment  de  l’estomac , s’allonge  beaucoup 
vers  la  fin  de  la  seconde  période , et  se  recourbe  en- 
suite en  arrière , de  manière  à prendre  la  forme  dun 
crochet.  A mesure  que  ce  viscère  grandit,  la  membrane 
fiilciforme  dont  il  vient  d’être  question  , et  dont  1 ex- 
trémité inférieure  y est  fixée  , l’entraîne  en  haut  et  en 
arrière , et  le  fait  pénétrer  entre  les  deux  lèvres  du 
repli  antérieur  du  sac.  La  forme  de  la  cavité  stoma- 

CRUSTACFS,  TOME  I. 


histoire  katuhelle 

calé  éprouvé  et»  même  temps  des  modifications  assez 
grandes. 

L’autre  cylindre  que  nous  avons  vu  se  former  en  ar- 
rière de  l’estomac  pour  constituer  l’intestin  s’accroît 
en  même  temps , et  la  portion  du  sac  situé  entre  son 
extrémité  antérieure  et  l’estomac  se  rétrécit  beaucoup, 
tTe  façon  à rapprocher  les  deux  moitiés  du  tube  di- 
gestif. 

Peu  après  la  première  apparition  du  cœur,  le  foie 
commence  à se  former.  Dans  le  point  où  l’intestin  se 
joint  au  sac,  on  voit  deux  petits  épaississemens  qui 
prennent  bientôt  la  forme  d’appendices , dont  la  sur- 
face se  couvre  de  petits  renflemens  véruqueux.  Le 
nombre  et  le  volume  de  ces  élévations  augmentent  de 
plus  en  plus , et  elles  constituent  les  lobules  et  les  vais- 
seaux borgnes  du  foie.  Enfin  , dans  la  quatrième  pé- 
riode , ces  organes  prennent  une  couleur  jaunâtre , et 
deviennent  irrégulièrement  triangulaires. 

Pendant  la  troisième  période  de  l’incubation,  le 
système  nerveux  éprouve  des  modifications  très-remar- 
quables ; les  douze  ganglions  post-œsophagiens  qui 
correspondent  aux  mandibules , aux  mâchoires  et  aux 
pates-mâcboires,  se  rapprochent  les  uns  des  autres 
par  paires , jusqu’à  ce  que  ceux  des  deux  côtés  se 
soient  confondus  entre  eux(i);  il  en  résulte  qu’alors  la 
chaîne  eanglionaire  est  unique  dans  la  partie  cor- 
respondante à ces  organes , tandis  qu’elle  est  encore 
double  dans  la  portion  qui  répond  aux  pâtes  thoraci- 
ques. On  voit  en  même  temps  le  canal  sternal  se  for- 
mer et  venir  pour  ainsi  dire  engaîner  le  système 
nerveux. 


(l)  PI.  lO,  flÿ. 


DES  CRUSTACÉS.  IQB 

A la  fin  (le  cette  troisième  période  , les  rudimens 
des  organes  (jue  M.  Rathke  appelle  glandes  salivaires, 
commencent  à se  montrer  ; elles  naissent  sur  les  côtés 
du  sac  du  jaune  , et  ont  la  forme  de  petites  feuilles, 
en  contact  avec  la  carapace  par  leur  face  externe. 

La  quatrième  période  du  développement  de  1 œuf 
date  de  l’apparition  de  ces  organes,  et  continue  jus- 
qu’à ce  que  la  jeune  Écrevisse  soit  sortie  de  ses  mem- 
branes. Pendant  ce  laps  de  temps,  l’estomac  s accroît 
beaucoup  plus  que  tous  les  autres  organes , et  il  finit 
par  occuper  la  majeure  partie  de  la  cavité  viscérale. 
C’est  surtout  dans  sa  moitié  antérieure  que  ce  dévelop- 
pement a lieu  ; et , en  même  temps  que  la  paroi  su- 
périeure se  rapproche  de  la  carapace , le  jaune  est 
en  partie  absorbé.  La  membrane  qui  unit  1 extrémité 
pylorique  de  l’estomac  à l’intestin  se  raccourcit  beau- 
coup, s’épaissit,  et  acquiert  la  même  conformation  que 

l’intestin  lui-même.  Enfin  , à cette  époque , le  sac  du 
jaune  ne  communique  plus  avec  le  commencement 
de  l’intestin  que  par  un  ])etit  trou,  qui  persiste  jus- 
eju’à  la  fin  de  la  vie  fœtale  ; mais  ce  sac  est  encore  si 
gros  qu’il  environne  l’estomac  , et  le  cache  pour  ainsi 
dire  dans  un  de  ses  replis. 

Pendant  la  durée  de  la  période  dont  nous  parlons, 
la  forme  des  diverses  parties  extérieures  de  1 Écre- 
visse se  rapproche  de  plus  en  plus  de  celle  qu  on  leur 
voit  lorsqu’elles  sont  arrivées  a 1 état  parlait. 

Si  l’on  compare  les  phénomènes  dont  nous  venons 
de  présenter  l’esquisse  avec  ce  qui  se  passe  pendant 
le  développement  de  l’œuf  des  Arachnides , on  y verra 
la  plus  grande  analogie  ; les  lois  générales  qui  prési- 
dent à la  formation  de  tous  ces  animaux  paraissent 
même  ne  pasdifi'érer  essentiellement  de  celles  qui  ré- 


196  HISTOIRE  NATURELLE 

gissent  le  développement  de  l’embryon  d.ins  les  ovi- 
pares vertébrés  ; mais  , chez  les  animaux  articulés,  le 
vitellus  occupe  la  partie  supérieure  ou  dorsale  du 
corps,  tandis  que  chez  les  animaux  vertébrés  cette 
poche  communique  avec  l’intestin  par  la  face  infé- 
rieure ou  ventrale  du  corps.  Du  reste , cette  différence 
serait  seulement  apparente  si  les  Crustacés,  les  Arach- 
nides et  les  autres  animaux  analogues  avaient  réel- 
lement  une  position  renversée , ainsi  que  le  pense 
M.  Ampère  (1)^  car  alors  ce  que  l’on  nomme  ordinai- 
rement la  face  dorsale  de  leur  corps  correspondrait 
à la  face  ventrale  de  celui  des  animaux  supérieurs. 

Les  jeunes  Crustacés,  au  moment  de  leur  sortie  de 
l’œuf,  ressemblent  souvent  presque  entièrement,  sauf 
le  volume , à ce  qu’ils  deviendront  par  les  progrès  de 
l’âge;  mais  d’autres  fois  ils  diffèrent  alors  tellement 
des  adultes,  qu’on  pourrait  les  croire  appartenir  à 
une  autre  race , et  que  pour  arriver  à l’état  parfait 
ils  doivent  subir  de  véritables  métamorphoses.  'Tantôt 
ces  différences  portent  sur  une  partie  du  corps , tan- 
tôt sur  une  autre  ; par  les  progrès  de  l’âge  on  voit  les 
mêmes  organes  prendre  chez  les  uns  un  développement 
extraordinaire,  tandis  que  chez  d’autres  ces  mêmes  par- 
ties , tout  en  grandissant , deviennent  plus  petites 
proportionnellement  aux  organes  voisins;  et,  ce  qu’il 
y a de  plus  singulier,  c’est  que  la  nature  de  ces  chan- 
gemens  varie  non-seulement  d’une  famille  à une 
autre, mais  quelquefois  aussi  entre  les  genres  les  plus 
voisins. 


(i)  Voyez  à ce  sujet  un  mémoire  de  ce  savant,  intitulé  : 
Considérations  philosophiques  sur  la  détermination  du  système  solide  et 
du  système  nerveux  des  animaux  articulés.  Annales  des  sciences  na- 
turelles, t.  lï,  p.  2fl5. 


DES  CRUSTACÉS.  1 97 

Au  premier  abord,  ces  diverses  modifications  ne 
paraissent  dépendre  d’aucune  tendance  constante  de 
l’organisme , et  l’on  pourrait  croire  que  le  développe- 
ment de  chacun  de  ces  animaux  se  fait  d’après  des  lois 
différentes;  mais  il  n’en  est  pas  ainsi,  car,  en  étudiant 
avec  attention  ces  changemens , on  voit  qu’ils  peuvent 
se  classer  tous  de  manière  à satisfaire  l’esprit , et  se 
rapporter,  malgré  leur  diversité , à un  petit  nombre 
de  principes  régulateurs,  principes  qui,  du  reste,  se 
révèlent  aussi  dans  les  espèces  de  métamorphoses  dont 
nous  venons  d’être  témoin  chez  l’embryon  de  ces  ani- 
maux. 

Les  changemens  que  les  jeunes  Crustacés  éprouvent 
après  leur  sortie  de  l’œuf  peuvent  être  considérés 
comme  étant  le  complément  des  métamorphoses  de 
l’embryon  ; tantôt  ces  métamorphoses  ont  lieu  presque 
entièrement  avant  que  le  jaune  ait  quitté  les  mem- 
branes de  l’œuf  ; mais  d’autres  fois  il  naît  en  quelque 
sorte  avant  terme  , et  continue  encore  apres  sa  nais- 
sance à présenter  des  changemens  de  structure  analo- 
gues à ceux  que  les  premiers  éprouvent  pendant  leur 
vie  embryonnaire. 

Ces  modifications  sont  de  deux  ordres  (i)  : les  unes 
consistent  dans  l’apparition  d un  ou  de  plusieurs  an- 
neaux du  corps  et  des  membres  qui  en  dépendent  ; 
les  autres  dans  des  changemens  qui  s’opèrent  dans  la 
forme  et  les  proportions  de  parties  qui  existent  déjà 
à l’époque  de  la  naissance , et  qui  persistent  pendant 
toute  la  durée  de  la  vie , ou  disparaissent  plus  ou 
moins  complètement. 


(i)  Voyez  mon  Mémoire  sur  les  changemens  de  iorine  que  les 
Crustacés  éprouvent  dans  leur  jeune  Annales  des  sciences  natu- 
relles, t-  XXX). 


lyS  HISTOIRE  NATURELtE 

Les  Décapodes  paraissent  tous  naître  avec  la  série 
complète  de  leurs  anneaux  et  de  leurs  membres;  Il  en 
est  de  même  pour  certains  Edriophthalmes  ; les  Am- 
phitoés  et  les  Phronimcs , par  exemple  ; mais  d’autres 
animaux  du  même  groupe  ne  présentent  à la  sortie  de 
l’œuf  que  six  paires  de  pâtes  ambulatoires  , au  lieu  de 
sept;  c’est  le  cas  pour  les  Cymothés,  les  Anilocres,  etc. 
Dans  le  groupe  des  Entomastracés , les  jeunes  sont 
bien  moins  avancés  dans  leur  développement  ; en  gé- 
néral, on  n’y  distingue  encore  que  les  membres  cé- 
phaliques , et,  sous  ce  rapport , ils  ressemblent  à l’em- 
bryon de  l’Écrevisse  vers  le  commencement  de  la 
seconde  période  d’incubation  ; les  anneaux  tboraciques 
et  abdominaux , ainsi  que  les  membres  qui  en  dé- 
pendent, n’apparaissent  que  successivement,  et  ce 
n’est  qu’après  avoir  changé  de  peau  une  ou  plusieurs 
fois  que  ces  animaux  parviennent  à l’état  parfait. 

Les  changemens  de  forme  que  les  jeunes  Crusta- 
cés éprouvent  dans  les  parties  déjà  existantes  lors  de 
la  naissance,  varient  suivant  les  espèces,  mais  ont 
cela  de  commun  qu’elles  tendent  presque  toujours  à 
éloigner  de  plus  en  plus  l’animal  du  type  normal  du 
groupe  auquel  il  appartient , et  à l’individualiser  da- 
vantage: aussi,  au  moment  de  la  naissance , ces  ani- 
maux se  ressemblent-ils  bien  plus  entre  eux  qu’à 
l’âge  adulte,  et  en  général  plus  ils  présentent  d’ano- 
malies étant  à l’état  parfait , plus  ils  éprouvent  de 
modifications  pendant  les  premiers  temps  de  leur  vie. 

Dans  le  groupe  des  Décapodes  Macroures  ces  chan- 
gemens de  forme  ne  paraissent  être  que  très-légers  ; 
ils  ne  consistent  guères  que  dans  un  développement 
proportionnel  plus  rapide  de  l’abdomen , et  dans 
l’augmentation  des  différences  qui  existent  déjà  dans 


DES  CRUSTACÉS.  *99 

la  forme  des  diverses  pâtes.  Chez  les  Brachyures, 
l’abdomen  est  au  contraire  plus  développé  , propor- 
tionnellement, au  moment  de  la  naissance  que  chez  1 a- 
dulte , et  ne  diffère  pas  sensiblement  dans  les  deux 
sexes  ; l’article  basilaire  des  antennes  externes  est  en- 
core libre,  comme  chez  les  autres  Crustacés , et  lefrout 
ne  se  soude  à l’anneau  antennulaire  de  façon  à recou- 
vrir l’anneau  ophthalmique  que  par  les  progrès  de 
l’âge  (i). 

Dans  la  division  des  Édriopbthalmes,  la  tête  , qui  se 
compose  d’autant  d’anneaux  que  le  thorax , mais  dont 
toutes  les  pièces  sont  soudées  en  une  seule,  est  beau- 
coup plus  grosse  chez  les  jeunes  que  chez  les  adultes  ; 
l’abdomen  présente  fréquemment  des  dillerences  aii.r- 
logues,  et  lorsque  chez  l’adulte  l’une  des  paires  de 
pâtes  offre  quelque  particularité  de  structure,  cette 
anomalie  n’existe  pas  encore  chez  le  jeune,  ou  du 
moins  n’est  encore  que  peu  apparente . 

Chez  les  Copépodes  , etc. , les  métamorphoses 
sont  bien  plus  complètes;  les  jeunes  sont  en  général 

presque  sphériques,  et  ressemblent  beaucoup  a l’em- 
bryon des  Crustacés  supérieurs  dont  les  membres 
de  la  portion  céphalique  du  corps  seraient  très 
développés  etles  autres  encore  nuis  (a).  La  plupart 
de  ces  petits  imimaux  ont  alors  entre  eux  la  plus 


(I)  Suivant  M.  Thompson,  les  Décapodes  ^ 

tables  métamorphoses , car  ce  naturaliste  regarde  anima 
sous  le  nom  de  Zoé  comme  étant  le  jeune  du  Cra  e nccp» 

nos  côtes.  Mais  cette  opinion  n’est  pas  étayee  d observa  ' 
précises  pour  entraîner  la  conviction.  (Voyez  larice 
Dictionnaire  classique  d'histoire  naturelle.  ) . 

fa)  Voyez  L.  Jurine,  Hist.  des  Monocles.  Nordmann,  Mihogra- 
phische  Beitrcege  znr  naturgeschichte  der  wirbellosen  t icre.  wei  es 
hclft,  etc. 


200 


HISTOIilE  NATUrîELLi; 

grande  analogie , et  c’est  en  vieillissant  qu’ils  se  mo- 
difient, comme  nous  le  verrons  en  traitant  des  Gyclo- 
pes  , des  Argules , etc. 

itnfin , dans  le  groupe  des  Crustacés  siphonostomes, 
et  surtout  chez  les  Lernées , ces  changcmens  sont  por- 
tés au  plus  haut  degré,  et  dépendent  non-seulement 
du  développement  monstrueux  de  certaines  parties 
du  corps , mais  aussi  de  l’atrophie  d’autres  organes 
devenus  inutiles  à cause  du  mode  d’existence  de  ces 
parasytes.  Les  observations  intéressantes  de  M.  JVord- 
mann  nous  fourniront  plus  d’un  exemple  de  ces  méta- 
morphoses, lorsque  nous  reviendrons  sur  ce  sujet  en 
faisant  l’histoire  des  Crustacés  suceurs. 

Ces  changcmens  de  forme  ne  sont  pas  les  seuls  que 
les  Crustacés  subissent  pendant  les  premiers  temps 
de  leur  vie.  D’après  les  recherches  de  M.  Rathke , on 
voit  que  lors  de  la  naissance  les  organes  de  la  géné- 
ration ne  sont  pas  encore  formes  chez  l’Écrevisse,  et 
que  les  ganglions  nerveux  correspondans  aux  anneaux 
qui  portent  les  mandibules , les  mâchoires  et  les  pates- 
machoires , sont  encore  distinctes,  tandis  que  plus 
tard  ils  se  reunissent  en  une  seule  masse  médullaire. 
La  charpente  corneo-calcaire  de  l’estomac,  qui  n’existe 
gueres  que  chez  les  Décapodes , ne  se  formera  aussi 
que  très-tard  ; enfin,  cest  seulement  lorsque  la  jeune 
Ecrevisse  a environ  un  pouce  de  long  que  les  ouver- 
tures externes  de  la  génération  se  montrent. 


HISTOIRE  NATURELLE 


DES 


CRUSTACÉS. 


DEUXIÈME  PARTIE. 

CIiASSU’ICATIOKT  ET  BESCRIPTIOBiT  DES 
CRUSTACÉS. 


CHAPITRE  PREMIER. 

DE  LA  CLASSIFICATION  GÉNÉRALE  DES  CRUSTACÉS. 

§ P'.  Des  divers  systèmes  et  méthodes  employés 
jusqu’à  ce  jour  pour  la  classification  des 
Crustacés. 

Les  rapports  intimes  qui  lient  entre  eux  la  plupart 
ries  Crustacés  n’échappèrent  jioint  au  génie  d’Aristote, 
et  c’est  aux  écrits  de  ce  grand  naturaliste  qu’il  faut  re- 
monter pour  trouver  les  premières  notions  sur  la  clas- 
sification de  ces  animaux.  11  les  réunit  sous  le  nom 
de  Malacostracés  (twv  fj.aW/.otyrpxy-oi-j  ) , et  les  plaça 
dans  la  grande  division  des  animaux  exsangues  , qui 
correspond  à [leu  près  à celle  des  animaux  sans  ver- 


202 


HISTOIRE  NATURELLE 

tèbres  des  zoologistes  modernes  ; mais  il  ne  reconnut 
pas  les  liens  étroits  qui  unissent  ces  êtres  aux  Insectes, 
aux  Arachnides  , etc. , et  il  les  rangea  entre  ses  Mol- 
lusques et  ses  Testacés. 

Cette  classification  fut  adoptée  par  les  successeurs 
d Aristote  ; on  la  retrouve  dans  les  ouvrages  de  Gesner, 
d’Aldrovande,  de  Ruisch , etc.,  et  elle  ne  fut  complète- 
ment rejetée  que  lorsque  Linné  eut  fait  prévaloir  son 
nouveau  Système  de,  la  nature.  Prenant  pour  guide  les 
formes  extérieures  des  Crustacés,  plutôt  que  leur 
organiSiition  intérieure  ou  leur  manière  de  vivre,  il 
évita,  il  est  vrai,  le  défaut  dans  lequel  était  tombé 
Aristote;  il  ne  les  rangea  plus  au  milieu  des  Mollus- 
ques , et  il  les  rapprocha  des  autres  animaux  articulés  ; 
mais,  en  opérant  cette  réforme,  il  dépassa  le  point 
auquel  il  aurait  dû  s’arrêter,  car  il  confondit  ensem- 
ble les  Crustacés,  les  Araignées,  et  les  Insectes 
aptères. 

Quant  aux  genres  établis  par  le  zoologiste  suédois 
pour  recevoir  les  Crustacés  , ils  furent  au  nombre  de 
trois  , et  décélèrent  le  tact  admirable  que  possédait  ce 
savant  observateur.  En  effet,  deux  de  ces  groupes, 
auxquels  il  donna  les  noms  de  Cancer  et  (ÏOniscus,^ 
correspondent  a peu  près  a deux  des  grandes  divisions 
les  plus  naturelles  que  l’on  puisse  établir  parmi  les 
Crustacés  connus  du  temps  de  Linné  ; savoir  ; les 
Podophthalmes , les  Edriopbthalmes  ; et  son  troi- 
sième genre,  celui  des  Monocles,  se  compose  essen- 
tiellement des  espèces  réunies  par  la  plupart  des 
auteurs  les  plus  récens  sous  le  nom  collectif  d’Ento- 
mostracés. 

F abricius  adopta  en  partie  la  marche  suivie  par 
Linné;  il  continua  à regarder  les  Crustacés  comme 


des  crustacés. 

étant  des  Insectes  ; mais,  ayant  pris  pour  base  de  la 
classification  de  ces  animaux  la  structure  de  1 appareil 
buccal,  il  changea  la  place  c[ue  son  maître  avait  assi- 
gné à ces  animaux.  Dans  sa  première  classification  (i), 
ies  Monocles  et  les  Cloportes  forment  avec  des  Ne- 
vroptères , des  Hyménoptères  et  d’autres  Insectes , la 
chsse  AesSynistala , et  les  Scorpions,  réunis  au  genre 
Cancer  de  Linné,  composent  celle  des  ^gonata.  Cetle 

modification  ne  présentait  aucun  avantage,  mais  Fa- 

bricius  commença  dès  lors  à distinguer  dansles  Ciabes 
de  Linné  plusieurs  genres  qui  sont  autant  de  divisions 
naturelles. 

Dans  sa  seconde  méthode  (/a)  , ce  naturaliste  retira 
les  Scorpions  de  la  classe  des  Agonates,  et  y plaça  les 

Monocles , ainsi  que  les  genres  nouveaux  Lunule  et 
Gymothoé.  Ce  changement  rendait  le  groupe  bien  plus 
naturel , et , pour  qu’il  correspondît  a la  classe  des 
Crustacés,  telle  qu’on  l’admet  aujourdhui,  il  au- 
rait fallu  seulement  y joindre  les  Cloportes  que  Fa- 
bricius  rangeait  alors  avec  les  Jules  et  les  Scolopen- 
dres dans  sa  classe  des  Mitosata. 

Enfin  , dans  une  troisième  méthode  de  classification, 
publiée  en  1798  (i) , ce  savant  entomologiste  divise  les 
Insectes  en  treize  classes , dont  trois  comprennent  les 
Crustacés,  et  ne  renferment  ni  Insectes  , ni  Myriapo- 
des, ni  Arachnides.  Le  tableau  suivant  en  donnera 
une  idée  ex<‘icte. 


(l)  Systema  enlomologiœ  , 

(12)  ErUomotogia  systematica  II.  ( 179^' ) 

(3)  Supplcmentum  entomologiœ  systematicev.  Hafnlce  ^ ^79”‘ 


^^4  HISTOIBE  NATURELLE 

A.  Insectes  pourvus  de  mâchoires. 

B.  Ayant  deux  mâchoires. 

I".  classe.  JS/eut/ierata.)  Comprenant 
2”.  classe.  Ulonata.  1 Iss  Coléoptères, 

3”.  classe.  Srnistata.  1 Orthoptères, 
/o  1 A 7 I JNevropteres, 

4”.  classe.  Odonata.  \ et  les 

5°.  classe.  Pietata.  j Hyménoptères. 

BB.  Ayant  plusieurs  mâchoires. 

I Correspondant 
6”.  classe.  Mûosata,  J à la  classe  des 

I Myriapodes. 

classe.  Unognata.  l , Comprenant 
^ j les  Arachnides. 

8'.  classe.  Po^gonata.  j 

9'.  classe.  Kleistasnata.i  Comprenant 
-,  _ - \ les  Ijrustaces, 

10.  Classe.  J5;xoc/^7^a^a.  | 

AA.  Insectes  dépourvus  de  mâchoires. 


Il”,  classe.  Gloss  ata. 
12”.  classe.  Rlijngota 
i3”.  classe.  Antliata. 


Comprenant 
les  Lépidoptères, 
les  He'miptères , 
et  les  Diptères, 


La  classe  des  Poljrgonata.,  ayant  pour  caractère 
plusieurs  mâchoires  placées  en  dedans  de  la  lèvre, 
renfermait  les  genres  Ligia,  Idotéa,  Cymothoa  et 
Monoculus . La  division  des  Kleistagnatha  était  carac- 
térisée de  la  manière  suivante  : plusieurs  mâchoires 
situées  en  dehors  de  la  lèvre  et  fermant  la  bouche; 


DES  CRUSTACÉS.  2o5 

elle  contenait  les  Crabes  à courte  queue,  les  Limu- 
les,  etc. , dont  Fabricius  formait  quatorze  genres,  sa- 
voir : les  genres  Cancer,  Calappa , Leucosia  , Par- 
thenope , Inachus  , Ocjpoda  , Dromia  , Dorjpe  , 
Orithyia  , Portunus  , Matuta  , Ifippa , Sjmètiies  et 
Limidus.  Enfin,  les  Exochnata  avaient  pour  carac- 
tère l’existence  de  plusieurs  niâclioires  en  dehors  de 
la  lèvre,  et  recouvertes  par  des  palpes  ; on  y trouvait 
les  genres  Albwiea,  Scjllarus,  Palinurus , Palœmon, 
Alpheus , Aslacus , Periœus , Crangon , Pagurus  , 
Galathca,  Squilla,  Posjdon  ei  Gammarus. 

Quelque  temps  avant  la  publication  du  dernier  ou- 
vrage de  Fabricius  , M.  Latrcille  commença  une  révo- 
lution importante  dans  les  classifications  entomologi- 
ques.  Ce  savant  eut  l’heureuse  idée  d’appliquer  à la 
zoologie  les  principes  que  le  célèbre  Bernard  de  Jus- 
sieu avait  employés  avec  tant  de  succès  pour  la  distri- 
bution méthodique  des  plantes,  et  de  ranger  les  In- 
sectes d’après  leiu’s  rapports  naturels. 

Les  méthodes  dont  les  naturalistes  se  sont  servies 
pour  classer  les  divers  objets  qui  font  le  sujet  de  leurs 
études  ont  été  fondées  tantôt  sur  les  modifications  que 
présente  un  seul  organe,  considéré  dans  toute  la  série 
de  ces  êtres;  tantôt,  au  contraire,  sur  l’ensemble  de 
tous  les  caractères  tirés  de  leur  mode  d’orrranisation , 
tant  extérieurs  qu’intérieurs.  Les  premières,  qu’on 
nomme  méthodes  artificielles,  sont,  en  général,  d’une 
application  très-facile  dans  la  pratique;  mais  elles 
éloignent  souvent  les  animaux  qui  ont  entre  eux  la 
plus  grande  analogie  de  structure  et  de  mœurs , et 
elles  ne  font  rien  connaître  de  ces  êtres  que  les  modifi- 
cations des  organes  d’où  l’on  tire  leurs  caractères  dis- 
tinctifs, Les  secondes , ou  méthodes  naturelles , étant 


ao(î  HISTOIRE  naturelle 

au  contraire  fondées  sur  l’ensemble  des  caractères  tirés 
de  l’organisation , il  est  évident  que  tous  les  animaux 
rassemblés  daus  une  même  division  doivent  se  ressem- 
bler au  moins  sous  les  rapports  les  plus  importans,  et 
(fue , si  les  classiücations  de  ce  genre  ollrent  quelque- 
fois des  dillicultés  pratiques,  ces  inconvéniens  sont 
bien  contre-balancés  par  l’avantage  immense  de  nous 
faire  connaître,  par  la  seule  place  que  l’animal  oc- 
cupe, tous  les  points  les  plus  importans  de  son  liis- 
toire,  considérée  sous  le  rapport  de  l’anatomie,  de  la 
physiologie  et  de  la  zoologie.  En  suivmit  une  méthode 
artificielle  , on  n’arrive  qu’à  la  connaissance  du  nom 
de  l’animal  que  l’on  veut  classer , tandis  que  les  mé- 
thodes naturelles  nous  enseignent  en  même  temps  sa 
nature,  si  l’on  peut  s’exprimer  ainsi,  et  nous  le  font 
réellement  connaître.  Aussi , les  méthodes  artificielles 
sont-elles  généralement  abandonnées  de  nos  jours  , et 
en  entomologie  , de  même  que  dans  toutes  les  autres 
branches  de  l’histoire  naturelle,  emploie-t-on  unique- 
ment les  classifications  naturelles. 

Les  classifications  de  Linné  et  de  Fabricius  sont, 
comme  on  a pu  le  voir,  complètement  artificielles  et 
les  premiers  essais  d’une  classification  naturelle  en 
entomologie  datent  de  1 796,  époque  à laquelle  M.  La- 
treille  publia,  à Brives,  son  premier  ouvrage,  inti- 
tulé : Précü  des  caractères  génériques  des  Insectes. 
Ce  savant  y range  les  Crustacés  parmi  les  Insectes 
aptères , et  ne  sépare  pas  les  Aselles , les  Cyames  et 
les  Cloportes  des  Myriapodes  ; mais  il  place  tous  les 
autres  animaux  de  ce  groupe  naturel  dans  deux  classes, 
les  Entoraostracés  et  les  Crustacés,  divisions  qui  sont 
encore  adoptées  par  plusieurs  zoologistes. 

En  1798,  M.  Cuvier  s’occupa  du  même  sujet , et  il 


DES  CRUSTACES. 


207 

introduisit  dans  cette  partie  de  la  zoologie , comme 
dans  toutes  les  autres  Lranclies  de  la  même  science , 
des  modifications  importantes.  Il  laissa  encore  les 
Crustacés  parmi  les  Insectes , mais  il  les  réunit  en  un 
seul  groupe  (i). 

Peu  de  temjis  après,  M.  Cuvier  sentit  la  nécessité 
de  séparer  complètement  les  Crustacés  des  Insectes  ; 
Brisson  (2)  etLefrancqde  Berkley(3)  avaient  déjà  pro- 
posé de  suivre  cette  marclie  ; mais  leurs  classifications, 
n’étant  pas  fondées  sur  des  caractères  d’organisation  as- 
sez importans,  n’entraînèrent  pas  l’assentiment  des  na- 
turalistes, et  c’est  seulement  depuis  la  publication  des 
travaux  anatomiques  de  M.  Cuvier  que  cette  division 
a été  établie  sur  des  bases  solides.  Dans  le  premier  vo- 
lume des  Leçons  d’anatomie  comparée  de  ce  savant, 
rédigées  par  M.  Duméril  (3) , la  classe  des  Crustacés 
est  définie  de  la  manière  suivante  : « Animaux  inver- 
tébrés, ayant  des  vaisseaux  sanguins,  une  moelle  épi- 
nière noueuse  et  des  membres  articulés , » taudis  que 
les  Insectes  sont  dépourvus  de  vaisseaux  sanguins. 
Les  progrès  de  la  science  ont  fait  rentrer  dans  le 
groupe  naturel  des  Crustacés  ainsi  circonscrits , les 
Aselles,  les  Cloportes  et  les  Cymotboés  que  M.  Cuvier 
laissa  parmi  les  Insectes,  et  ont  nécessité  l’emploi  de 
quelques  autres  caractères,  pour  distinguer  ces  ani- 
maux des  Araignées  qui  ont  aussi  des  vaisseaux  san- 


(l)  Voyez  T’ablcau  élémentaire  de  l’histoire  naturelle  des  animaux, 
(a)  Le  ilègne  animal  divisé  en  IX  classes.  Un  vol.  in-4°-  j 

Paris,  1756.  ^ 

(3)  Cité  par  Latreille  dans  son  Histoire  naturelle  des  Crustacés  et 
des  Insectes,  t.  V,  page  )i. 

(3)  Leçons  d'anatomie  comparée  , t.  1,  talilcau  septième;  Paris, 
an  Vin. 


208 


HISTOIRE  NATURELLE 


guins  ; mais  néanmoins  on  doit  considérer  les  modi- 
fications projiosées  par  M.  Cuvier  comme  un  pas 
immense  vers  le  perfectionnement  de  cette  partie  de 
nos  classifications  naturelles. 

Presc[ue  tous  les  naturalistes  qui  depuis  lors  se  sont 
occupés  de  la  distribution  méthodique  des  animaux 
articulés , ont  sanctionné  la  séparation  des  Insectes  et 
des  Crustacés , et  ont  reconnu  en  même  temps  les 
liens  étroits  qui  unissent  entre  eux  ces  divers  animaux  ; 
aussi  s’accorde-  t-on  assez  généralement  à en  former  une 
classe  distincte.  Nous  devons  dire  cependant  que  M.  de 
Blainville  ne  partage  pas  cette  manière  de  voir,  car 
il  divise  les  animaux  articulés  qu’il  nomme  Entomo- 
zortûeA , d’après  la  structure  ouïe  nombre  de  leurs 
pieds , en  huit  classes  , dont  trois  sont  formées  par  les 
Crustacés  (i). 

En  i8o  I,  Lamarck  (2)  fit  faire  quelques  progrès  nou- 
veaux à cette  branche  des  classifications  zoologiques  ; 
car  il  caractérisa  les  Crustacés  de  manière  à les  distin- 
guer des  Arachnides  aussi  bien  que  des  Insectes. 
D’après  lui,  ce  sont  des  animaux  ayant  « le  corps  et 
les  membres  articulés , la  peau  crustacée  qui  tombe 
et  se  renouvelle  à certaines  époques;  un  cerveau  et 
des  nerfs  ; des  branchies  pour  la  respiration  ; un  cœur 
musculaire  et  des  vaisseaux  pour  la  circulation . 

Quant  aux  limites  assignées  à ce  groupe  naturel  par 
ce  savant , ainsi  que  par  les  auteurs  plus  récens , nous 
aurons  l’occasion  d’en  parler  bientôt  ; mais  nous  de- 
vons maintenant  voir  quelles  sont  les  modifications 


(1)  Voyez  les  tableaux  joints  au  premier  volume  des  Principes 
d'anatomie  comparée,  par  M.  de  Blainville. 

(2)  Système  des  animaux  sans  vcitèbres  ,\t.  i^3. 


DES  CRUSTACÉS.  QOg 

successives  apportées  dans  la  distribution  de  ces  ani- 
maux entre  eux. 

Lamarck  rangea  les  Crustacés  de  la  manière  sui- 
vante. 

A.  Crustacés  pediocles.  Deux  yeux  distincts  élevés  sur  des 
pédicules  mobiles. 

B.  F'.  section.  ( Cancri  brachyuri.  ) Corps  court , 
ayant  une  queue  nue  , sans  feuillets , sans  appendices 
latéraux,  et  appliquée  sur  l’abdomen. 

Genres.  Crabe , Calappe  , Ocypode  , 
Grapse,  Dorippe,  Fortune,  Podoph- 
thalme , Matute  , Porcellane , Leu- 
cosie , Maïa , Arctopsis. 

BB.  2°.  section.  {Cancri  maerouri.)  Corps  oblong, 
ayant  une  queue  allongée , garnie  d’appendices , de 
feuillets  ou  de  crochets. 

Genres.  Albunée , Hippe  , Ranine  , Scyl- 
lare , Ecrevisse  , Pagure , Galathée , 
Palinure , Crangon , Palémon,  Squille, 
Branchiopode. 

AA.  Crustacés  sessiliocles.  Deux  yeux  distincts  ou  réunis 
en  un  seul , mais  constamment  fixes  et  sesslles. 

D,  i'®.  section.  Corps  couvert  de  pièces  crustacées 
nombreuses,  soit  transversales,  soit  longitudi- 
nales. 

Genres.  Crevette,  Aselle,  Chevrolle,  Cya- 
me , Ligie , Cloporte , Forbicine  , Cy- 
clope. 

DD.  2”.  section.  Corps  couvert  par  un  bouclier 
crustacé  d’une  seide  pièce  ou  de  deux  pièces. 

Genres.  Polyph'eme , Limule  , Daphnie 
Amymone,  Céphalocle. 

CRUSTACÉS  , tome  T.  l4 


atio 


HISTOIRE  NATURELLE 


Vers  la  même  époque,  M Latreille  fit  fie  nouveaux 
changemens  fians  la  distribution  méthodique  des 
Crustacés  (3)  ; il  continua  à laisser  parmi  les  Insectes 
les  espèces  dont  se  compose  aujourd’hui  l’ordre  des 
Crustacés  Isopodes  ; mais  il  fit  une  chose  importante 
pour  la  science  en  établissant  parmi  ses  Malacostra- 
cés  et  ses  Entomostracés  des  ordres  et  des  familles 
dont  plusieurs  sont  très-naturelles. 

Voici  le  tableau  de  cette  seconde  méthode  de  M.  La- 
treille . 

A.  i'“.  sous-classe.  Entomostracés  : mandibules  nues  ou 
milles  J bouche  forme'e  au  plus  de  deux  rangées  d’autres 
pièces  ; antennes  et  pâtes  à forme  branchiale  ; tarses 
sans  onglet  corné  au  bout  ; test  cljpéacé  univalve  ou  bi- 
valve , ou  segmens  annulaires  du  coi-ps  cornés  ou  mem- 
braneux ; yeux  sessiles , souvent  même  réunis  en  un. 

B.  Test  univalve  ou  bivalve.  ( i’’”.  section.  Operculés.) 

G.  Test  univalve  (Clypéacés). 

i".  ordre.  Xyhosures.  { Genre  Limule.  ) 

2'.  ordre.  Pneumonures.  (G.  Calige  Binocle, 

Ozole.  ) 

3'.  ordre.  Phyllopodes.  ( Genre  Apus.) 

CG.  Test  bivalve.  { Ostracrodes.  ) 

4“.  ordre.  Ostrachodes.  (Genres  Lyncè,  Cypris, 
Daphnie,  Cythérée.) 

BB.  Corps  annelé  dans  toute  sa  longueur.  ( 2'.  sect.  N ues.) 
5“.  ordre.  Pseudopodes.  ( G.  Cyclope , Ar- 

gulc.  ) 

6®.  ordre,  Céphalotes,  ( G.  Polypheme , Zoé  , 

Branchiopode.  ) 


(3)  Histoire  naturelle  des  Crustacés  et  des  Insectes,  t.  V,  p-  i83 
ÜLinMi^e  f.ûs  uit  suite  aux  Œuvres  de  lîud'on,  édition  de  Sonnini;  • 


21  I 


DES  CRUSTACÉS. 

AA..  2'.  sous-classe.  Malocostracés  : mandibules  palpigers , 
plusieurs  rangs  de  pièces  en  forme  de  palpes  ou  de  mâ- 
choires articulées  à la  bouche  ; 4 antennes  , point  bran- 
chiales ; 10  à i4  pâtes  uniquement  propres  au  mouve- 
ment ; tarses  ayant  un  onglet  corné  au  bout  ; test  ou 
segmens  annulaires  du  corps  calcaires  ; yeux  souvent 
pédoncules  et  toujours  au  nombre  de  deux. 

D.  Test  confondu  avec  le  corselet  j branchies  cachées  ; 
dix  pâtes. 

i®".  ordre.  Décapodes. 

I section.  Brachyures. 

famille.  Cancérides. 

X Platymatiens. 

+ Littoraux.  (Genres  Calappe, 
Hèpate,  Dromie,  Crabe.) 
-f-h  Pclagieus.  ( G.  Matute  , 
Portune,  Podophthahne.) 
XX  V'gdans.  (Genres  PorceZ/rtne, 
Ocypode , Grapse , Pinno- 
tlihrc.  ) 

2*.  famille.  Oxyrynrjues. 

( Genres  Orithie  , Ranine , 
Dorippe,  Coryste,  Leuco- 
sie,  Macropodc,  Ma'ia.) 
2'.  section.  Macroures. 

3®.  famille.  Paguriens. 

( Genres  Pagure,  Albunée  , 
Hippc.  ) 

4‘.  famille.  Langoustines. 

^GenresScyPare,  Langouste, 
Galathée.  ) 

5°.  famille.  Homardiens. 

(Genres  Écrevisse,  Alphée , 
Penéc,  Palèmon,  Crangon.) 

'4' 


212  HISTOIRE  NATURELLE 

2®.  ordre.  Brakchiogastres. 

i'®.  famille.  Squilliaires. 

( Genres  Squille,  Mysis.  ) 
2“.  famille.  Crevettines. 

{ Genres  Phronime  , Che- 
vrette, Talitre,  Chevrolle, 
Cyame.  ) 

En  1806,  M.  Dinnéril  donna,  dans  sa  Zoologie 
analytique,,  une  nouvelle  dislribution  systématique  de 
la  classe  des  Crustacés,  dont  il  exclut  les  Cloportes,  etc. 
En  voici  le  résumé. 

A.  Crustacés  mis  ou  à disque  de  corne,  (r''.  ordre  Ewtomo- 

STRACÉS.) 

B.  Un  test. 

G.  Test  en  forme  de  bouclier. 

r®,  fam.  Aspidiotes  onClypéacés. 
(Genres  Lîmule,  Calige  , Bi- 
nocle, Ozole,Apus.) 

CG.  Test  en  forme  de  valves. 

2®.  fam.  Ostracins  ou  Bitesta- 
cés. 

( Genres  : Lyncé,  Daphnie, 
Cypris  , Cythérée.  ) 

BB.  Point  de  test. 

3®.  fam.  Gymnonectes  , ou 
Dénudés. 

(Genres  Argule , Cyclope, 
Polyph'eme,  Zoe,  Bran- 
chipe.) 

AA.  Crustacés  à croûte  calcaire.  { 2®.  ordre.  Astacoïdes.  ) 

D.  Tête  unie  au  corcelet. 

E.  Queue  courte. 

F,  Corps  plus  large  que  long. 


DES  CRUSTACÉS.  2l3 

4®.  fam.  Carcinoïdes  ou  Cancé- 
rlformes. 

(Genres  Calappe  , Hépate  , 
Dromie  , Crabe , Matute , 
Fortune , Podophthalme , 
Porcellane,  Ocypode, 
Grapse  , Pinnothere,  ) 

FF.  Corselet  plus  long  que  large. 
5®.  fam.  Oxyrhynques  ou 
Mucronés. 

{Genres  Maîa,  Leucosie , 
Dorippe,  Orylhie,  Ra- 
niiie.  ) 

EE . Queue  longue  enpvoporllon  du  corps. 

6®.  fam.  Macroures  ou  Longi- 
caudes. 

(Genres  Pagure , Alhunie, 
flippe  , Scyllarc  , Pali- 
nure , Galathée  , Ecre- 
visse, Penée,  Palémon, 
Crangon.) 

DD'  Tète  se’parée  du  corselet. 

■J®,  fam.  Arthocéphales  ouCapités. 
(Genres  Squille  , Mysis  , 
Phronime,  Talitrc,  Cre- 
vette. ) 

La  classification  adoptée  parM.  Latreille  dans  son 
Généra  Crustaceorum  et  Insectorum,  publie  en  1 8o'^ , e t 
danssesConsidérations  générales  sur  les  Crustacés^  etc. 
(iSio),  ne  diffère  f(ue  pende  celle  exposée  par  ce  savant 
dans  son  Histoire  naturelle  des  Crustacés  et  des  Insec- 
tes ; il  est  par  conséquent  inutilede  nous  y arrêter  ici. 


2.1^.  HISTOIRE  NATURELEE 

Il  en  est  encore  de  même  de  la  méthode  présentée  par 
M.  Leach , dans  \ Encyclopédie  d’Édimbourg  : seule- 
ment, aulieude  placer  les  Myriapodes  avec  les  Insectes, 
il  en  fait  des  Crustacés  ; il  change  aussi  les  noms  de  quel- 
ques-unes des  divisions  de  M.  Latreille , et  établit 
plusieurs  genres  nouveaux  ; dans  la  famille  des  Cancé- 
rides,  par  exemple , il  en  ajoute  huit  aux  genres  déj.à 
admis,  etles  désigne  par  les  noms  de  Lupa,  Caremus^ 
Portumnus  , Xanlho,  Atelecyclus,  Uca,  Gonoplax  et 
Gecai'cinus  ; il  augmente  la  famille  des  Oxyrhynques 
des  genres  Me  galop  a , Hyas  , Eurynoma,  B las  tus  , 
Pisa  et  Leplopodia  ; et  place  dans  celle  des  Astaciens 
les  senr RS  Blippoly te , Gebia  , Callianassa  , Mysis  , 
Pandalus  et  Alhanas.  Les  Squilliaires  sont  pour 
M.  Leach  des  Macroures,  et  il  divise  ses  Gasteroures 
en  cinq  familles , les  Gnathonii , formées  par  le  genre 
Gnathia^  qui  est  plus  généralement  connu  sous  le  nom 
A’Ajiceus  : les  Gamniarini ^ comprenant  les  genres 
Phronima,  Talitms  , Gammarus,  Orchestia,  Dexa- 
mine,  Leucothoé,  Melita,  3Iœra,  Amphithoeet  Phe- 
rusa  ; les  Corophionii , formées  par  les  genres  Coro- 
phia,  PodoceruselJassa:  \es  Caprellini^  comprenant 
les  genres  Caprella,  Cyamus  et  Proto;  enfin  les 
Apseudii  qui  correspondent  à un  nouveau  genre  éta- 
bli pour  recevoir  un  Crustacé  singulier  et  mal  connu  , 
décrit  par  Montagu.  Dans  un  appendice  (i)à  ce  tra- 
vail, M.  Leach  modifie  cette  classification  ; il  sépare 
les  Myriapodes  proprement  dits  des  Crustacés,  et 
place  les  familles  des  Asellides  et  des  Oniscides  dans 


(ï)  A Tnhular  view  of  lhe  externat  characters  of  four  classes  of 
animnls  wbich  Linneus  urranired  under  Insecia,  etc.  ; by  W.  K.  Leucli. 

( Transactions  of  the  Linnean  Society  of  London,  vol.  XI;  i8i5.) 


DES  CRUSTACÉS.  2i5 

la  division  des  Gastemri.  Enfin,  dans  une  troisième 
méthode  (i),  publiée  par  ce  savant  en  i8i5,  il  s éloi- 
gne encore  davantage  de  la  classification  de  M.  La- 
treille  ; car,  au  lieu  de  diviser  les  Décapodes  Brachyures 
en  deux  familles  d’après  la  forme  de  leur  test , il  les 
range  d’après  le  nombre  des  segmens  mobiles  de  leur 
abdomen , en  trois  groupes , qu’il  regarde  comme 
étant  très-naturels  , mais  qui , ainsi  que  nous  le  ver- 
rons par  la  suite , sont  loin  d offrir  cet  avantage. 

Vers  la  même  époque,  M.  Ris.so  apporta  quelques 
cbangemens  dans  l’arrangement  des  diverses  familles 
établies  parM.Latrcilledansla  classe  des  Crustacés  (a), 
et  M.  de  Blainvüle  proposa  de  ranger  ces  animaux  en 
trois  groupes  : les  Décapodes,  les  Hétéropodes  et  les 
Tétradécapodes  (a)  ; la  première  de  ces  divisions  com- 
prend les  Décapodes  des  autres  auteurs  , plus  les  Li- 
mules  ; les  Hétéropodes  sont  les  Squilles,  les  Entômos- 
tracés  , etc.  ; enfin  les  Tétradécapodes  corrc.spondent 
à peu  près  aux  Gastéruri  de  M.  Leach. 

Bientôt  après  la  publication  des  travaux  dont  nous 
venons  de  parler,  M.  Latreille  s’occupa  de  nouveau 
de  la  classification  naturelle  des  Crustacés,  et  y fit 
faire  encore  cjuelques  progrès.  Dans  le  troisième  vo- 
lume du  Règne  animal  de  M.  Cuvier  , ce  savant  as- 
signe au  groupe  des  Crustacés  les  mêmes  limites  que 
M.  Leacb , et,  sans  attacher  à la  distinction  des  Mala- 
costracés  et  des  Entomostracés  une  importance  que 


/’i)  Histoire  naturelle  des  Crustacés  des  environs  de  Nice , par 

M.  Risso.  1816.  , 

(2)  Essai  sur  une  nouvelle  classification  des  ammaui , par  1 . 
Blainville.  ( Bulletin  des  Sciences  , par  la  Société  philomatique  de 
Paris,  181G;  et  Principes  d'anatomie  comparée , t.  1;  Paris,  loaa.) 


2(6  HISTOUIE  naturelle 

ces  divisions  ne  méritent  pas,  il  établit  dans  cette 
classe  cinrr  ordres  qui  pour  la  plupart  se  subdivisent 
à leur  tour  en  plusieurs  familles  et  tribus.  Voici  en 
peu  de  mots  les  principales  dispositions  de  cette  mé- 
thode. 

CLASSE  DES  CRUSTACÉS. 

ORDRE.  Décapodes. 

Un  palpe  aux  mandibules  , yeux  mobiles,  tête  confondue 
avec  le  tronc  ; branchies  pyramidales,  feuilletées  ou  en  plumes, 
situées  à la  base  extérieure  des  pieds-màchoires  et  des  pieds 
proprement  dits,  et  caehés  sous  les  bords  latéraux  du  test. 

FAMILLE.  BrACHYURES. 
i‘'“.  section.  Nageurs. 

Genres.  Fortune,  Podophthalme  , Matute,  Orythie. 

2'.  section.  Arqués. 

Genres.  Crabes,  Hépate. 

3'.  section.  Quadrilatères. 

Genres.  Palgusie,  Grapse,  Ocypode,  Gonoplace,  Gecarcin, 
PotamophLle  , Eriphie. 

4.  section.  Orhiculaires. 

Genres.  Pinnothère,  Atétécycle,  Thia,  Goryate , Leucosie, 
Ixa,  IVIictyre. 

5«.  section.  Triangulaires. 

Genres.  Inachus,  Lithode,  Macropode,  Pactole,  Docléo, 
Mithrax,  Parthenope. 

6°.  section,  Cryptopodes . 

Genres.  Migrane  , OEthre. 


PES  CRUSTACÉS. 


aiy 


7®.  section.  Notopodes. 

Genres,  Dromie,  Dorippe,  Homole,  Ranine. 

3®'  FAMILLE.  MacROURES. 

i®®.  section.  Anomaux. 

Genres.  Albune'e,  Hippe,  Remipède,  Pagure,  Porcellane, 
Galathée. 

2®,  section.  Homards. 

Genres.  Scyllare,  Langouste,  Ecrevisse,  Thalassino. 

3®.  section.  Salicoques. 

Genres.  Processe , Penée  , Alphée  , Crangon  , Pandale  , 
Palémon,  Pasiphe'e. 

4®.  section.  Schizopodes. 

Genres.  Mysis , Nebalie. 

^2®,  ORDRE.  StOMAPODES. 

Un  palpe  aux  mandibules  ; des  yeux  mobiles  ; tète  distincte 
du  tronc,  divise'e  en  deux  parties,  dont  l’ante'rieure  porte  les 
antennes  et  les  yeux  ; branchies  en  forme  de  panaches  suspen- 
dues sons  la  queue  , etc. 

Genres,  Squille,  Erichthe. 

3®.  ORDRE.  AmPIIIPODES. 

Un  palpe  aux  mandibules  ; yeux  immobiles  ; tète  distincte 
du  tronc  et  d’une  seule  pièce  ; branchies  vésiculeuses  situées 
à la  face  intérieure  des  pieds,  etc. 

Genres.  Phronime  , Crevette  , Talitre  , Corophie. 

4®.  ORPRE.  IsOPODES. 

Mandibules  sans  palpe  ; bouche  composée  de  plusieurs 
mâchoii’cs,  dont  les  deux  inférieures  imitent , soit  deux  petits 
pieds  réunis  à leur  base , soit  une  lèvre  avec  deux  palpes  ; bran- 
chies ordinairement  situées  sous  l’abdomen  ; tous  les  pieds 
simples  et  locomotiles  ou  préhensiles. 


2i8 


HISTOIRE  NATDREIiLE 


i"'®.  section.  Cystibr anches. 

Genres.  Leptomère  , Proton  , Ghevrolle,  Cyame. 

2“.  section.  Phytibranches. 

Genres.  Typhis  , Ancée  , Pranize  , Apseude  , Joue. 

3®.  section.  Pierygibranches. 

Genres.  Cymothoé  , Sphérome  , idotee  ; Aselle  , Llgie, 
Philoscie,  Cloporte,  Porcellion  , Armadille,  Bopyre. 

5“.  ORDRE.  BrANCHIOPODES. 

Point  de  palpe  aux  mandibules  lorsque  celles-ci  existent  ; 
bouche  tantôt  en  forme  de  bec  , tantôt  composée  de  plusieurs 
nairhoires  , mais  dont  les  deux  inférieures  n’ont  pas  l’appa- 
rence d’une  lèvre  aux  deux  palpes  ; pieds  en  forme  de  na- 
geoires avecles  branchies  attachées  à une  partie  d’entre  eux;  etc. 

section.  Pœcilops. 

Genres.  Limule  , Calige  , Argule  , Cécrops  , Dichclestion. 

2“.  section.  Phyllopes. 

Genres.  Apus  , Branchipe  , Eulimène. 

3.  section.  Lophyropes. 

Genres.  Cythérée  , Cypris  , Daphnie  , Lynée  , Cyclope, 
Polyphème,  Zoé. 

Cette  classification,  qui  repose  sur  des  bases  bien 
plus  solides  rjue  la  plupart  des  autres  méthodes , fut 
adoptée  avec  quelques  changemens  par  M.  Lamark  (i), 
et  a reçu  de  nouveaux  perfectionnemens  dans  les 
écrits  plus  récens  de  M.  Latreille.Dansl’un  des  articles 
du  Dictionnaire  d’ Histoire  naturelle  , ce  zoologiste 


(l)  Histoire  naturelle  des  animaux  sans  vertèbres ^ t.  V. 


des  crustacés.  219 

établit , sous  le  nom  de  Læmipodes  , un  sixième  ordre 
pourrevoirlesisopodes  Gystibranches,  et  dans  son  ou- 
vrage sur  les  Familles  naturelles  du  règne  animal, 

il  modifia  encore  davantage  la  classification  des  Crus- 
tacés en  général,  comme  on  pourra  en  juger  par  le  ta- 
bleau suivant  ; 

A.  Bouche  composée  d’un  labre  , d’une  languette  , de  deux 
mandibules  et  de  quatre  mâchoires.  ( ]\îii.xillosa>  ) 

B.  Huit  paires  de  pieds  au  plus  places  entre  la  tete  et 
l’abdomen,  en  comprenant  les  pates-niachoircs.(Pûui' 
cip'edes.) 

yeux  portés  sur  un  pédoncule  inobde,  (^Di- 

nocles.  ) 

D.  Branchies  en  forme  de  languettes  pyramidales, 
situées  près  la  base  des  pieds  et  cachées  sous 
les  côtés  du  thoracido,  qui  se  prolonge  de 
l’extrémité  antérieure  de  la  tête  jusqu’à  1 ori- 
gine de  l’abdomen  , etc. 

i"’’.  ordre.  Décapodes. 

DD.  Branchies  en  forme  de  houppes  ou  de  pana- 
ches suspendus  sous  l’abdomen  , etc. , etc. 

2'.  ordre.  Stomapodes. 

CC.  Yeuxsessiles  et  immobiles. 

E.  Deux  veux  ; corps  annelé  dans  toute  sa 
lonuueur  , tête  distincte  , etc. 

F.  Tête  confondue  avec  le  segment  qui 
porte  les  secondes  patcs-machoires  ; 
point  d’appendices  abdominaux  nota- 
Lies , etc. 

3*^-  ortlre.  Læmipodes. 


U20 


HISTOIRE  ^AÏÜRELEE 


FF.  Tête  séparée  du  segment  qui  porte 
les  secondes  pates-mâchoires , etc.  ; 
mandibules  palpigères  ; des  corps 
vésiculeux  à la  base  des  pieds. 

4“.  ordre.  Amphipodes. 

FFF.  Tête  séparée  du  segment  qui  porte 
les  secondes  pates-mâchoires  , etc.  ; 
mandibules  dénuées  de  palpes  ; point 
de  corps  vésiculeux  à la  base  des  pâtes; 
appendices  inférieures  du  post-abdo- 
men lamellaires  ou  vésiculeux. 

5®.  ordre.  Isopodes. 

EE.  Un  seul  œil;  tête  confondue  avec  le  tho- 
rax , etc. 

6°.  ordre.  Lophyropodes. 

BB,  Onze  paires  de  pieds  entre  l’appareil  buccal  et  l’o- 
rigne  de  l’abdomen  , ou  le  point  où  sont  placés  les 
œufs  {Multipedes), 

7®.  ordre.  Phïllopodes. 

AA.  Bouche  entourée  de  2Meds  ou  ayant  la  forme  d’un  siphon. 

( Edentata.  ) 

G.  Point  de  siphon. 

8®.  ordre.  Xyphosures, 

GG.  Un  siphon. 

9®.  ordre.  Siphonostomes. 

En  1823,  M.  Desniarest  publia  aussi  un  ouvrage 
sur  les  Crustacés,  et  bien  qu’il  appréciât  à leur  juste 
valeur  plusieurs  des  défauts  delà  méthode  de  M.  Leach, 
il  crut  devoir  l’adopter,  afin  de  mettre  son  traité  en 


DES  CRUSTACÉS.  22  1 

harmonie  avec  le  dictionnaire  dont  il  l’a  extrait.  Il  fit 
à cette  classification  rjuelques  modifications  nécessitées 
par  les  progrès  de  la  science , mais  elles  ne  sont  pas 
assez  importantes  pour  nous  arrêter  ici. 

A l’occasion  d’un  travail  sur  les  Amphipodes  , pré- 
senté à l’Académie  des  sciences  en  mars  i83o  (i) , nous 
nous  sommes  occupés  également  de  la  classification 
des  Crustacés,  et,  tout  en  adoptant  la  plupart  des  di- 
visions établies  par  M.Latreille,  nous  avons  cru  devoir 
y porter  quelques  changemens.  Cette  méthode  nou- 
velle est  fondée  sur  l’ensemble  des  modifications  que 
nous  offre  l’organisation  de  ces  animaux,  et  diffère  de 
celle  de  M.Latreille,  non-seulement  par  le  nombre  des 
ordres  dans  lesquels  les  divers  Crustacés  sont  rangés, 
mais  aussi  par  les  limites  assignées  .à  plusieurs  de  ces 
divisions.  On  pourra  en  juger  par  le  résumé  suivant  : 

A.  Bouche  dèpouivue d’ organes  spèciaux  de  mastication. 

Ordre  des  Xyphosures. 

llûucbe  entourée  do  pâtes  ambulatoires,  dont  les  bases  renl- 
plissent  l’office  de  mandibules  ; corps  formé  de  deicc  portions 
distinctes  , Tune  céphalo-thoracique  portant  la  bouche  , etc.  , 
1 autre  abdominale  garnie  en  dessous  d’une  se'rie  de  pâtes  la- 
mclleusos  et  branchiales. 

Ordre  des  Siphojvostomes. 

Bouche  en  forme  de  suçoir  , et  entourée  de  membres  pré- 
hensiles qui  sont  suivis  dun  certain  nombre  de  pâtes  lamel- 
leiises. 


(»)  Ce  travail  a été  imprimé  en  partie  dans  le  tome  V des  Mé- 
moires clc^  la  Sodé'.e  d histoire  naturelle  de  Paris,  dont  la  publication  a 
été  empccliée  par  des  cmliarras  de  librairie.  Il  eu  a paru  un  extrait 
dans  les  Annales  des  sciences  nninrelles , t.  XX  ; mars  i33o. 


222 


HISTOIRE  NATURELLE 


]?.  Bouche  armée  d'organes  spéciaux  de  mastication, 
savoir  d’une  paire  de  mandibules  et  d’une  ouplusieurs 
paires  de  mâchoires. 

Ordre  des  Ostrapodes, 

Corps  sans  divisions  annulaires  distinctes  et  renfermé  en  en- 
tier sous  un  grand  bouclier  doi-sal  ayant  la  forme  d’une  coquille 
bivalve;  pâtes  thoraciques  cornées  , non  branchiales  , verglfor- 
mes  et  au  nombre  de  quatre  paires  au  plus. 

Ordre  des  Gladocères. 

Corps  divisé  en  un  certain  nombre  d’anneaux  bien  distincts  ; 
pâtes thoraciquesaplatiesjlamelleuses,  membraneuses  en  totalité 
ou  en  partie , paraissant  servir  à la  respiration,  (pâtes  branchiales) 
et  au  nombre  de  cinq  paires  ; point  de  pâtes  abdominales  ; tète 
distincte  du  reste  du  corps , qui  est  divisé  en  huit  segmens  et 
renfermé  dans  un  test  bivalve. 

Ordre  des  Piiyllopodes. 

Corps  articulé  ; pâtes  thoraciques  branchiales  au  nombre 
de  huit  paires,  et  souvent  suivies  de  plusieurs  paires  de  pâtes 
abdominales  ; tête  distincte  du  reste  du  corps,  et  donnant  en 
général  naissance  à une  carapace  qui  recouvre  l’animal  en  tota- 
lité ou  en  partie  ; thorax  et  abdomen  formés  par  une  série  de 
quatorze  anneaux  ou  plus. 

Ordre  des  Cofépodes, 

Pâtes  thoraciques  vergifoi’mes  , cornées  et  ne  jiaraissaut  en 
aucune  façon  propres  à remplir  les  fonctions  de  blanchies  ; 
point  de  branchies  proprement  dites , de  vésicules  bran- 
chiales , ou  de  fausses  pâtes  abdominales  branchiales  ; yeux 
immobiles  et  non  pcdonculés  ; thorax  complètement  à décou- 
vert , di\  isé  en  plusieurs  .segmens  et  portant  cinq  paires  de 
pâtes  en  général  natatoires  etliiramées.  Abdomen  composé  de 


DES  CRUSTACÉS.  223 

deux  segmeiis  au  moins  et  terminé  par  une  nageoire  caudale, 
mais  ne  portant  jamais  de  fausses  pâtes. 

Ordre  des  Læmipodes. 

Pâtes  thoraciques,  vergiformes  et  non  branchiales  ; point 
de  branchies  proprement  dites;  palpes  des  moinlires  thora- 
ciques transformés  en  vésicules  branchiales  ; jeux  sessiles  ; 
thorax  à découvert  et  divisé  en  six  seginens  ; abdomen  rudi- 
mentaire ayant  la  forme  d’un  petit  tubercule  sans  appendices 
distincts. 

Ordre  des  Isopodes. 

Pâtes  thoraciques  , vergiformes  et  non  branchiales,  en  gé- 
néral point  de  branchies  proprement  dites  ; fausses  pâtes  ab- 
dominales ; les  cinq  premières  paires  homomorphes  et  bran- 
chiales ; yeux  sessdes  ; thorax  à découvert  et  divisé  ordinaire- 
ment en  sept  anneaux  ; abdomen  bien  développé. 

Ordre  des  Amphipodes. 

Pâtes  thoraciques  , vergiformes  et  non  branchiales  ; poiirt 
de  branchies  proprement  dltes;palpes  dos  membres  thoraciques 
vésiculaires  et  bi’anchiaux  ; mémbres  abdominaux  des  cinq  pre- 
mières paires  hétéroinorphes,  locomoteurs  et  non  branchiales; 
yeux  sessiles;  thorax  à découvert  et  ordinairement  divisé  en 
sept  segmens  ; abdomen  bien  développé. 

Ordre  des  Stomapodes. 

Pâtes  thoraciques,  vergiformes,  et  ordinairement  au  nombre 
de  sept  à huit  paires  ; en  général  des  branchies  proprement  dites; 
rameuses  et  extérieures,  ou  des  palpes  thoraciques  branchiales, 
yeux  pédoncules  et  mobiles  ; thorax  caché  en  totalité  ou  en 
partie  sous  un  grand  bouclier  céphalique  ou  carapace. 

Ordre  des  Décapodes. 

Des  branchies  proprement  dites  et  non  ramenées  , fixées 


3^4  HISTOIRE  NATURELLE 

aux  flancs  thoraciques  et  renfermées  dans  des  cavités  respira- 
toires spéciales  ; pâtes  thoraciques  , vergiformes  et  en  général 
au  nombre  de  cinq  paires;  carapace  recouvrant  la  tête  et  la  to- 
talité ou  la  majeure  partie  du  thorax  ; yeux  pédonculés  et 
mobiles. 


Dans  la  seconde  édition  du  Règne  animal  de  M. 
Cuvier,  publiée  peu  de  temps  après  la  lecture  du  tra- 
vail dont  il  vient  d’étre  question  , M.  Latreille  modifia 
la  classification  qu’il  avait  employée  dans  la  première 
édition  de  cet  ouvrage,  de  manière  à la  rapprocher 
davantage  de  celle  proposée  dans  ses  Familles  natu- 
relles. Enfin  , peu  de  temps  avant  sa  mort , ce  savant 
et  habile  entomologiste  s’est  encore  occupé  du  même 
sujet , et  a introduit  dans  sa  méthode  de  classifications 
plusieurs  modifications  qui  la  rapprochent  beaucoup 
de  celle  déjà  proposée  par  nous  (i). 

En  effet,  il  a admis  dans  la  classe  des  Crustacés  douze 
ordres,  savoir  : i“.  les  Décapodes,  2".  les  Stomapodes, 
3o'  les  Lœmipodes,  4“-  les  Amphipodes,  f)®.  les  Isopo* 
des,  6“.  les  Dicladopes,  les  Lophyropes,  8»,  lesOs- 
trapodes,9MesPhyllopoJes,  loMesTrilohites,  i iMeS 
Xyphosures,  et  12°.  les  Siphonostomes.  Les  Dicla- 
dopes correspondent  à peu  près  à notre  ordre  des 
Copépodes. 

On  remarque  aussi , dans  la  dernière  classification 
de  ce  grand  entomologiste,  plusieurs  modifications 
dans  les  coupes  secondaires  et  dans  la  manière  de  dis- 
tribuer les  genres  ; mais  ces  détails,  dont  nous  aurons 


(j)  Voyez  Cours 
183t. 


d' Entomologie^  pav  M,  Latreille;  iii-8, 


Paris, 


DES  CRUSTACÉS.  225 

l’occasion  clc  parler  parla  suite  , sont  inutiles  à indi- 
quer ici. 

D’après  ce  coup  d’œil  sur  les  principales  méthodes 
employées  pour  la  classification  des  Crustacés,  on  voit 
que  certaines  divisions  n’ont  subi  que  peu  de  chan- 
gemens  , et  qu’une  fois  établies  elles  ont  été  adoptées 
par  tous  les  entomologistes  ; ce  sont  les  groupes  dont 
les  caractères  sont  les  plus  tranchés  et  la  composition 
la  plus  naturelle;  mais  d’autres  n’ont  pas  joui  de  la 
même  stabilité,  et  en  voyant  chaque  auteur  y porter 
quelques  modifications  on  doit  en  conclure  qu’elles 
sont  peu  naturelles , et  ne  répondent  pas  aux  besoins 
de  la  science.  On  peut  donc  s’attendre  à voir  cette 
partie  des  classifications  varier  encore  avant  que 
d’être  établie  sur  des  bases  solides.  La  découverte  des 
nouveaux  types  d’organisation,  et  l’investigation  plus 
approfondie  de  la  structure  de  certaines  espèces  déjà 
connues,  peuvent  également  amener  des  modifications 
dans  la  distribution  méthodique  des  Crustacés.  Ces 
motifs  nous  ont  effectivement  engagés  à en  propo- 
ser ; mais  dans  la  révision  que  nous  avons  été  con- 
duits à faire  de  la  classification  de  ces  animaux  , nous 
avons  toujours  cherché  à être  autant  que  possi- 
ble sobre  d’innovations,  car  l’instabilité  des  systèmes 
est  um  obstacle  puissant  aux  progrès  de  la  science. 
L’anatomie  nous  a constamment  servi  de  guide  dans 
ce  travail , et  nous  avons  cherché  autant  que  possible 
à prendre  l’oiganisation  intérieure  aussi  bien  qu’exté- 
rieure des  Crustacés  comme  base  de  la  division  de  ces 
animaux , en  ordres  , en  familles  et  en  genres. 


CRUSTACÉS 


i5 


1 


TOME  I. 


226  HISTOIRE  NATURELLE 

/ 

§ II.  Des  limites  naturelles  et  de  la  classe  des 
Crustacés. 

Dans  la  classification  naturelle  du  règne  animal,  on 
a cherché,  avons-nous  dit,  à représenter  par  des  di- 
visions et  des  subdivisions  successives  les  dilFérences 
plus  ou  moins  nombreuses  et  plus  ou  moins  importan- 
tes que  nous  présente  Torganisation  des  animaux  et  à 
distribuer  ces  êtres  de  telle  sorte,  que  ceux  dont  se 
compose  chaque  groupe  se  ressemblent  entre  eux 
d’autant  plus  que  ce  groupe  lui-même  est  d’un  rang 
moins  élevé  dans  la  hiérarchie  méthodologique.  Sou- 
ventles  coupesà  établir  sont  clairement  indiquées  par 
la  nature  ; cela  a lieu  , lorsque  les  modifications  de 
structures  qui  les  motivent  se  sont  opérées  brusque- 

I ment  ; mais  quand  la  transition  d’un  mode  d’organi- 
sation à un  autre  s’est  fait  par  degrés  presque  insen- 
sibles, et  a lieu  en  même  temps  par  plusieurs  séries 
différentes  de  modifications  successives , il  en  est 
tout  autrement  ; les  types  des  divers  groupes  naturels 
peuvent  être  encore  faciles  à distinguer,  mais  il  peut 
régner  une  grande  diversité  d’opinion  sur  les  limites 
qu’il  convient  de  leur  assigner. 

On  peut  alors  suivre, dans  la  distribution  méthodique 
des  animaux  , deux  marches  très-différentes,  qui  cha- 
cune ont  leurs  avantages  et  leurs  inconvéniens  : on 
peut,  en  prenant  pour  guide  le  principe  de  la  subor- 
dination des  caractères  , si  bien  développé  par  un  de 
nos  plus  grands  naturalistes  , établir  les  divisions  suc- 
cessives, d’abord  sur  les  modifications  que  présen- 
tent les  grands  appareils  de  l’organisation,  puis  sur 
les  différences  qui  existent  entre  des  parties  dont  le 


DES  CRUSTACÉS.  22J 

rôle  est  ordinairement  d’une  importance  plus  minime; 
ou  bien  on  peut  chercher  à ranger  ces  êtres  en  autant 
de  groupes  qu’il  y a de  séries  bien  reconnaissables , 
formées  par  la  dégradation  ou  la  simplification  de  plus 
en  plus  grande  de  chac[ue  type  d’organisation. 

Les  limites  à assigner  à la  classe  des  Crustacés  va- 
rient suivant  que  l’on  adopte  l’une  ou  l’autre  de  ces 
méthodes.  En  su  ivant  la  première,  que  l’onpourrait  ap- 
peler une  méthode  naturelle  physiologique^  il  ne  faudra 
grouper  autour  des  Crabes  et  des  Ecrevisses,  qui  peu- 
vent être  considérés  comme  le  type  de  ce  groupe , 
que  les  êtres  ayant  une  structure  intérieure  essentiel- 
ement  semblable  à la  leur,  et  il  faudra  rejeter  dans 
une  classe  inférieure,  dans  la  division  des  zoophytes, 
par  exemple,  tous  les  animaux  qui  n’ont  point,  comme 
les  premiers  , un  cœur , des  branchies , un  système 
ganglionnaire  longitudinal  bien  distinct  , etc.  En 
adoptant  la  seconde  méthode , c[ui  nous  paraît  être 
éminemment  zoologique , ou  ne  s’arrêtera  pas  à ces 
dilférences  de  structure , et  on  rattachera  au  groupe 
des  Crustacés  tous  les  animaux  dont  l’organisation  gé- 
nérale, bien  quelle  soit  moins  compliquée,  se  lie  à 
celle  des  types  de  la  classe,  et  dont  la  conformation 
rappelle  les  états  transitoires  par  lesquels  les  êtres  les 
plus  parfaits  de  la  série  ont  passé  pendant  la  durée  de 
leur  vie  embryonnaire. 

Au  premier  abord  on  pourrait  croire  cette  marche 
contraire  aux  principes  fondamentaux  des  métho- 
des naturelles,  et  l’on  pourrait  s’étonner  de  voir 
rassemblés  dans  une  même  classe  des  animaux  qui 
respirent  par  des  branchies,  et  d’autres  qui  n’ont  pour 
l’exercice  de  cette  fonction  importante  aucun  organe 
spécial  et  sont  réduits  à respirer  par  la  peau  ; des  êtres 

i5. 


H I s T O ( R r 


.V  A T i;  R K L r,  r 


([ui  ont  un  ccpur  et  un  systèuic  vésiculaire  Irès-cnm- 
plicpié,  et  d’autres  (jui  ii’ont  point  de  vaisseaux  dis- 
tincts, etc.  ; niaisces  diflicul  tés  disparaissent  lorsqu’on 
voit  comment  ces  organes,  si  importanschezlesanimaux 
supérieurs,  sont  modifiés  avant  que  de  disparaître  com- 
plètement chez  les  êtres  moins  parfaits;  avant  que 
d’être  éliminés  ces  parties  deviennent  peu  à peu  ru- 
dimentaires , et  dès  lors  leur  perte  est  peu  sentie  , et 
n’entraîne  aucun  changement  essentiel  dans  l’ensemble 
de  1’  organisation.  Des  branchies , par  exemple,  devien- 
nent rudimentaires  et  disparaissent  pour  être  rem- 
jdacées  par  les  tégumens  communs  chez  des  Crustacés, 
presque  entièrement  semblables,  du  reste,  à d’autres 
espèces  qui  sont  pouvues  de  ces  organes  três-dévelop- 
pés,  et  cela,  sans  que  les  autres  grands  appareils  aient 
subi  aucune  modification  notable.  Les  vaisseaux  san- 
guinscessent  d’avoir  des  parois  distinctes,  et  ne  consis- 
tent plusquedans  de  simples  lacunes,  chez  des  Crusta- 
cés^ qu’il  est  impossible  d’éloigner  des  autres  animaux 
de  la  même  classe,  ayant  un  système  vasculaire  bien 
complet,  et  le  cœur  devient  rudimen t.iire  et  paraît 
même  di.spa paître  complètement  sans  que,  dans  les 
autres  parties  du  corps  , rien  ne  révèle  son  absence. 

11  en  résulte  que  non-seulement  la  méthode  , que 
nous  avons  appelée  zoologique ^ ne  mérite  pas  les  re- 
proches qu’on  pourrait  lui  adresser  ; mais  que  , dans 
la  pratique,  la  méthode  physiologique  est  réellement 
impraticable  et  se  trouve  violée  même  dans  les  classi- 
fications dont  elle  forme  la  base. 

Ces  motifs  nous  ont  conduits  à placer  dans  la  classe 
des  Crustacés,  non-seulement  les  animaux  articulés, 
à pieds  articulés , ayant  une  circulation  complète  et 
des  branchies , caractère  que  l’on  assigne  généralement 


DES  CRUSTACÉS.  229 

à cette  division , mais  aussi  tous  ceux  qui,  étant  for- 
més d’après  le  même  plan  général,  sont  plus  ou  moins 
imparfaits , et  en  quelque  sorte  dégradés.  Le  groupe 
formé  par  ces  êtres  sera  plus  difficile  à bien  défi- 
nir ; mais  au  moins  il  ne  sera  pas  limité  arbitraire- 
ment. 

Plusieurs  de  ces  animaux  sont  d’une  structure  très- 
simple  ; les  uns  ont  encore  des  membres  articulés 
plus  ou  moins  rudimentaires,  et  le  corps  divisé  en 
anneaux  bien  dictincts  ; mais  il  en  est  dont  les  mem- 
bres se  déforment  tellement,  qu’on  ne  peut  rjue  diffici- 
lement les  reconnaître,  et  dont  la  peau  conserve  partout 
la  même  texture;  il  paraîtrait  aussi  que,  dans  cette 
famille,  le  cœur  disparaît  également,  et  que  le  système 
nerveux  devient  rudimentaire  ou  nul  ; aussi,  dans 
une  méthode  physiologique,  telle  que  celle  de  M.  Cu- 
vier, prendront-ils  place  parmi  les  zoopbytes;  mais, 
du  reste,  il  s ne  ressemblent  en  ri  en  à des  animaux  rayon- 
nés, et  desliens  si  étroitsles  unissent  aux  Crustacés  infé- 
rieurs, qu’on  ne  peut  les  en  distinguer  que  par  des  li- 
mites purement  conventionnelles. 

Pour  nous,  les  Lernées  et  les  Condrocantbes  seront 
donc  des  Crustacés  aussi  bien  que  les  Argules  et  les 
Cypris;  et  en  effet,  c’est  par  des  nuancespresque  insen- 
sibles que  la  nature  a établi  le  passage  entre  ces  para- 
sytes  et  d’autres  animaux  , que  tous  les  naturalistes 
s’accordent  à ranger  dans  cette  classe;  dans  le  jeune 
âge , il  est  même  difficile  de  distinguer  les  Lernéens 
des  Cyclopes  et  de  quelques  autres  Crustacés,  car 
c’est  en  vieillissant  seulement  que  leurs  formes  exté- 
rieures deviennent  essentiellement  differentes.  M.  Des- 
marest  avait  d<qà  appelé  l’attention  des  zoologistes 
sur  l’analogie  ([iii  e.xistc  entre  ces  êtres;  mais  jus- 


23o  histoire  naturelle 

qu’ici  les  auteurs  systématiques  ont  relégué  les  Ler- 

nies  parmi  les  Zoophytes,  ou  en  ont  fait  une  classe 

distincte. 

Les  Pycnogonides  nous  paraissent  avoir  Leaucoup 
plus  d’analogie  avec  les  Crustacés  qu’avec  les  Arach- 
nides , parmi  lesquels  on  les  range  aujourd’hui  ; aussi 
croyons-nous  devoir  les  ranger  dans  la  classe  dont 
nous  faisons  ici  l’histoire,  bien  que  l’opinion  que  l’on 
a généralement  sur  la  nature  des  organes  respiratoi- 
res de  ces  animaux  devrait  peut-être  nous  faire  lais- 
ser encore  la  question  en  litige. 

Par  la  suite  il  faudra  peut-être  réunir  aussi  aux  Crus- 
tacés les  Anatifs  et  les  autres  animaux  singuliers  dont 
se  compose  la  classe  des  Cirripèdes;  mais,  dans  l’état 
actuel  de  la  science , on  ne  possède  pas  les  données 
nécessaires  pour  se  prononcer  à cet  égard. 

La  classe  des  Crustacés , étendue  comme  nous  ve- 
nons de  le  dire , se  compose  essentiellement  des  ani- 
maux sans  squelette  intérieur  semblable  à celui  des 
animaux  vettébrés,  dont  le  corps  est  articulé  [c’est-à- 
dire , formé  d’ une  série  de  tronçons  ou  d’ anneaux  plus 
ou  moins  distincts)  ; dont  le  système  nerveux  est  gan- 
glionnaire et  longitudinal-,  dont  le  système  respira- 
toire est  aquatique  , et  les  organes  respiratoires  con- 
sistent en  branchies  ou  sont  remplacés  par  la  peau  ; 
dont  le  sang  est  mis  en  mouvement  par  un  cœur  aor- 
tique ; dont  les  sexes  sont  distincts  et  les  organes 
générateurs  doubles;  enfin,  dont  les  membres  sont 
articulés  et  constituent  une  ou  deux  paires  d’antennes, 
plusieurs  mâchoires  ou  autres  organes  servant  à la 
préhension  des  alimens  , et  jdusieurs  paires  de  pâtes 
natatoires  ou  ambulatoires , ( en  général  cinq  ou  sept 
paires);  mais  nous  y rangeons  aussi  les  êtres  qui. 


DES  CRUSTACÉS.  231 

semblables  du  reste  au  type  dont  nous  venons  de 
parler,  ont  l’organisation  moins  compliquée , de  sorte 
que  pour  donner  à ce  groupe  naturel  une  déGnition 
applicable  à tous  les  animaux  dont  il  se  compose,  il 
faut  rendre  cette  phrase  caractéristique  moins  absolue 
et  la  modifier  de  la  manière  suivante  : 

Crustacés.  jLnimaux  ayant  le  corps  divisé  en  an~ 
neaux^  en  général  très-distincts,  rnobiles^etd  une  consis- 
tance assez  grande  {^cornés  ou  calcaires) , sans  squelette 
intérieur  proprement  dit , et  portant  uue  double  séi  ie 
de  membres , presque  toujours  bien  distinctement  articu- 
lés, et  constituant  des  antennes , des  mâchoires,  etc., 
et  des  pales  dont  le  nombre  est , le  plus  ordinairement , 
de  cinq  ou  de  sept  paires  ; le  système  nerveux,  en  gé- 
néral bien  distinct,  ganglionnaire  et  longitudinal  ; la 
respiration  en  général  aquatique  ■>  et  se  faisant  tou- 
jours à l’aide  de  branchies  ou  de  la  peau  ; la  cit  cula- 
tion , en  général  bien  distincte  ; presque  toujours  un 
cœur  aortique  et  des  vaisseaux  sanguins  propres , les 
sexes  séparés. 

^ III.  De  la  division  de  la  classse  des  Crustacés  en 
légions  et  en  ordres . 

Les  difiérences  les  plus  grandes  qui  se  remarquent 
lorsqu’on  compare  entre  eux  les  divers  Crustacés , dé- 
pendent des  modifications  de  leur  appareil  digestif , 
de  leur  a])pareil  respiratoire,  deleurs  organes  locomo- 
teurs , et  du  degré  plus  ou  moins  avancé  de  leur  dé 

veloppement  au  moment  de  leur  naissance. 

Dans  l’immense  majorité  des  cas,  plusieurs  des 
membres  de  la  portion  antérieure  du  corps  sont  a ec 
tés  d’une  manière  spéciale  à la  fonction  de  la  préhen- 
sion des  alimens , et  constituent  soit  des  mâchoires  ou 


lilSlOlliK  XATUr.LLliE 

des  mandibules  , soit  des  organes  de  succion , tandis 
que  la  locomotion  est  confiée  à d’autres  instrumens. 
Mais  il  est  des  Crustacés  dans  l’organisation  desquels 
la  nature  n a pas  encore  introduit  une  pareille  division 
de  travail , et  dont  les  organes  masticateurs  sont  les 
mêmes  que  les  organes  de  la  locomotion. 

Ces  dei’niers,  dont  on  a formé  l’ordre  des  Xyphosu- 
REs,  dilïerent  aussi  des  Crustacés  ordinaires  par  plu- 
sieurs particularités  de  leur  organisation,  c[ue  nous 
indiquerons  ailleurs,  et  ils  doivent  évidemment  former 
un  gioupe  bien  distinct.  Un  anatomiste  distingué, 
M.  Strauss,  a même  proposé  de  les  séparer  des  Crus- 
tacés afin  de  les  réunir  au  x Arachnides  ; mais  cette 
opinion  ne  nous  paraît  pas  devoir  être  adoptée. 

La  longue  série  des  Crustacés,pourvusd’un  appareil 
spécial  pour  la  préhension  des  alimens,  se  divise  d’a- 
bord en  deux  groupes  naturels , les  maxillés  et  les 
suceurs  , suivant  cjue  leur  boucbe  est  organisée  pour 
la  mastication  , et  que  leurs  alimens  consistent  en  sub- 
stances solides  , ou  bien  que  cette  ouverture  se  pro- 
longe en  un  suçoir  disposé  de  façon  à ne  donner  passage 
qu’à  des  licjuides. 

La  légion  peu  nombreuse  des  Crustacés  suceurs  , 
c[ui  se  compose  jJresque  uniquement  d’animaux  pa- 
rasytes,  peut  être  subdivisée  en  trois  ordres  : les 
Aranêiformes , dont  les  pâtes  sont  longues,  vergi- 
formes  et  ambulatoires  , les  Siphonostomes  dont  le 
corps  est  pourvu  de  membres  articulés  bien  distincts, 
mais  non  de  pâtes  ambulatoires , et  les  Lernéens  dont 
les  membres  sont  rudimentaires  ou  tellement  déformés, 
qu’on  ne  peut  que  difficilement  les  reconnaître. 

La  grande  division  des  Crustacés  maxillés,  déjà 
établie  par  M.  Latreille,sc  compose  d’élcmens  moins 


DKS  CKtSTACliS.  233 

homogènes.  On  y trouve  d'abord  plusieurs  séries  d’a- 
nimaux qui  tiennent  aux  Siphonostomes  par  des  liens 
plus  ou  moins  étroits,  et  qui  conduisent  vers  les  | 
groupes  formés  par  les  espèces  dont  la  structure  est  la  \ 
plus  compliquée. 

L’une  de  ces  séries  se  compose  des  Crustacés  maxil- 
laires’abranches  ou  Entomostracés,  chez  lesquels  il 
n’existe  point  de  branchies  proprement  dites , ni 
d’organe  modifié  de  façon  à paraître  en  tenir  lieu; 
chez  lesquels  les  pâtes  sont  vergiformes,  mais  essen- 
tiellement natatoires , et  les  yeux  sessiles  à cornée 
simple  et  ordinairement  réunis  en  une  seule  masse 
oculaire , et  chez  lesquels  la  naissance  a en  général 
lieu  long- temps  avant  que  l’animal  ait  acquis  les 
formes  et  les  organes  qu’il  aura  à l’âge  adulte.  Elle 
se  compose  de  deux  ordres , peu  nombreux  en  es- 
pèces ; celle  des  Üstrapodes,  dont  le  corps  ne  pré- 
sente pas  de  divisions  annulaires  bien  distinctes,  et 
se  trouve  renfermé  en  entier  sous  un  grand  boucâer 
dorsal  ayant  la  forme  d’une  coquille  bivalve  et  dont 
les  membres  sont  en  très-petit  nombre  ; et  celui  des 
CopÉPODES,  dont  le  corps  est  divise  en  un  certain 
nombre  d^anneîiux  bien  flislincts,  et  ne  présente  ni 
carapace,  ni  enveloppe  valvulaire,  et  dont  les  mem- 
bres sont  en  nombre  assez  considérable. 

Une  série  à peu  près  parallèle  à celle  des  Enlomos- 
tracés,  ainsi  circonscrite,  se  compose  des.  animaux  de 
la  même  classe,  qui,  également  privés  de  branchies 
proprement  dites,  ont  les  pâtes  thoraciques  lamel- 
leuses,  membraneuses  et  conlormées  de  façon  à pouvoir 
servir  évidemment  d’organes  respiratoires.  Nous  y 
conservons  le  nom  de  Brancuiopodes,  déjà  employé 
par  Latreille,  pour  une  division  renlerniant  la  plupart 


HISTOIRE  NATURELLE 


234 

de  ces  animaux , qui , du  reste , doivent  constituer 
deux  ordres  distincts  ; celui  des  Cladocères,  qui  cor- 
respond à peu  près  à la  première  division  des  Ento- 
mostracés  (les  Ostrapodes),  et  se  distingue  par  le 
petit  nombre  des  pâtes  thoraciques  et  par  l’existence 
d’une  carapace  ayant  la  forme  d’une  coquille  bivalve  ; 
et  celui  des  Phyllopodes,  qui  conduit  évidemment  vers 
les  Crustacés  su])érieurs , et  se  distingue  des  précé- 
dens  par  un  nombre  plus  considérable  de  pâtes  tho- 
raciques , par  l’absence  d’un  test  bivalve  et  par  plu- 
sieurs autres  caractères  plus  ou  moins  importuns. 

Une  troisième  série , qui  semble  aussi  se  lier  par 
son  extrémité  inférieure  à la  grande  division  des  Crus- 
tacés suceurs  , mais  dont  le  sommet  s’élève  davantage 
dans  la  série  des  Crustacés  , est  celui  des  Edriophthal- 
MEs.  De  même  que  dans  les  légions  précédentes,  les 
branchies  proprement  dites  manquent  , sinon  tou- 
jours, du  moins  dans  l’immense  m.ajorité  des  cas,  et 
sont  remplacées  par  d’autres  appendices  modifiés  dans 
leur  structure,  de  telle  sorte  qu’ils  peuvent  évidem- 
mentservirà  la  respiration  ; mais  quelles  quesoientles 
parties  destinées  à remplacer  ainsi  les  branchies , la 
tige  des  membres  thoraciques  prend  ici  la  forme  d’une 
pâte  ambulatoire  ; les  yeux  sont  en  même  temps  ses- 
siles  , et  il  n’existe  jamais  de  carapace  quelconque. 

Les  Edriophthalmes  forment  trois  ordres  j savoir  : 
les  Læmipodes , les  Isopodes  et  les  Amphipodes. 

Dans  l’ordre  des  Læmipodes,  l’abdomen  n’existe  qu’à 
l’état  de  vestige,  et  c’est  le  palpe  des  membres  thora- 
ciques qui  devient  vésiculaire  pour  servir  à la  res- 
piration. 

Dans  l’ordre  des  Isopodes,  l’abdomen  est  au  contraire 
bien  développé , et  ce  sont  les  membres  de  cette  por- 


DES  CRUSTACÉS.  a35 

tion  du  corps  qui  se  modifient  de  façon  à pouvoir 
remplir  les  fonctions  de  branchies. 

Dans  l’ordre  des  Amphipodes,  l’abdomen  se  déve- 
loppe encore  davantage  et  sert  à la  locomotion , tandis 
que  la  respiration  s’ell'ectue  à l’aide  des  palpes  thora- 
ciques devenues  vésiculaires. 

Enfin , la  dernière  série  , celle  des  Podophthal- 
MiENS,se  compose  de  tous  les  Crustacés  supérieurs, 
dont  la  plupart  sont  pourvus  de  branchies  propre- 
ment dites  , dont  les  yeux  sont  pédonculés  et  mobiles, 
dont  les  pâtes  thoraciques  sont  toujours  vergifornies , 
et  en  général  en  partie  ambulatoires  et  eu  partie  pré- 
hensiles, et  dont  le  thorax  est  recouvert  par  une  ca- 
rapace. 

Celte  division  se  compose  de  deux  ordres  ; 

Les  Stomapodes,  chez  lesquels  les  branchies,  n’ayant 
pas  encore  acquis  toute  l’importance  qu’ elles  auront 
parla  suite,  sont  encore  extérieures  et  manquent  quel- 
quefois, et  chez  lesquels  l’appareil  buccal  ne  se  compose 

en  général  que  de  trois  paires  de  membres  ; 

Les  Décapodes,  dont  les  branchies  sont  fixées  sur  les 
côtés  du  thorax  et  renfermées  dans  des  cavités  respira- 
toires spéciales,  et  dont  l’appareil  buccal  se  compose  de 
six  paires  de  membres , de  façon  que  le  nombre  des 
pâtes  thoraciques  se  trouve  réduit  à cinq  paires. 

Quant  aux  Trtlobites,  ils  prennent  évidemment 
place  auprès  des  Edriophthalmes  ; mais  jusqu  a ce 
qu’on  connaisse  le  mode  de  conlorraation  de  leurs 
membres  , ou  ne  pourra  leur  assigner  une  place  défi- 
nitive dans  la  classification  naturelle  des  Crustacés. 

Le  tableau  synoptique  suivant  présente  1 ensemble 
de  la  classification  dont  nous  venons  d indiquer  les 
principales  bases. 


236 


HISTOIRE  NATURELLE 


CLASSE  DES  CRUSTACÉS. 

SOUS -CLASSE  DES  CRUSTACÉS  MAXILLÉS, 


LÉGION  DES  PODOPHTHALMIENS. 

Ordre  des  Décapodes. 

Ordre  des  Stomapodes. 


LÉGION  DES  ÉDRIOPHTHALMES 
Ordre  des  Amphipodes. 

Ordre  des  Isopodes.  Ordre  des  Læmipodes. 


Légion  des  Rranchiopodes. 
Ordre  des  Ostrapodes. 
Ordre  des  Phyllopodes. 


Légion  des  Entomostracés. 
Ordre  des  Copépodes. 
Ordre  des  Cladocères. 


LÉGION  DES  TRILOBITES. 

SOUS-CLASSE  DES  CRUSTACÉS  SUCEURS. 
LÉGION  DES  PARASYTES  MARCHEURS. 
Ordre  des  Aranéiformes. 


LÉGION  DES  PARASYTES  NAGEURS. 

Ordre  des  Siphonostomes. 

Ordre  des  Lernéens. 

SOUS-CLASSE  DES  CRUSTACÉS  XYPHOSURIENS. 
Ordre  des  Xyphosures. 


CHAPITRE  II. 


CONSIDÉRATIOMS  GÉNÉRALES  SUR  l’ ORGANISATION  ET  LA  CLAS- 
SIFICATION DES  FODOPHTHALMIENS  , DES  DÉCAPODES  ET  [DES 
BRACHYUaES. 


SOUS-CLASSE  DES  CRUSTACÉS  MAXILLÉS. 

PKEMIÈRE  LÉGION. 

PODOPHTHAI.MZENS. 

Les  Crustacés  dont  se  compose  la  grande  division 
des  Podophthalmiens  ont  entre  eux  des  rapports  si 
multipliés  , que , dans  une  méthode  naturelle  , on  ne 
peut  se  refuser  de  les  réunir  dans  un  meme  groupe. 
Ils  sont  également  faciles  à distinguer  des  autres  ani- 
maux de  cette  classe,  et  cependant  presque  aucun 
des  caractères  qui  leur  sont  propres  ne  peut  être 
assigné  d’une  manière  absolue  à toute  la  légion  , car 
ils  peuvent  tour  à tour  manquer. 

Cette  division  correspond  à peu  près  à l’ordre  des 
Crustacés  Pédioclcs  , proposé  par  Lamark  ( i ) , et  à la 
légion  des  Malacostracés  Podophthalmes , établie  plus 
récemment  par  M.  Leach  (a)  ; mais  elle  repose  sur  des 


(l)  Système  des  nnimaux  sans  vertèbres-,  1802. 
(2}  Article  Crustacés  , Encyc.  Brit,  Supplem. 


HISTOIRE  NATURELLE 


238 

hases  difierentes  et  ne  peut  conserver  les  limites  que 
ces  auteurs  y avaient  assignées. 

Le  trait  le  plus  remarquable  de  l’organisation  des 
Podoplithalmiens  consiste  dans  la  disposition  de  leur 
appareil  respiratoire.  Dans  les  autres  Crustacés,  c’est 
l’enveloppe  générale  du  corps,  ou  bien  une  portion 
des  membres  thoraciques  ou  abdominaux  qui  servent 
à la  respiration;  mais  ici  cette  fonction  importante 
est  presque  toujours  confiée  à des  organes  spéciaux 
qui  ne  sont  pas  de  simples  modifications  de  quel- 
ques-uns des  appendices  ordinaires  des  membres. 
L’existence  de  hranchies  proprement  dites  est  un 
des  caractères  les  plus  importuns  de  ce  groupe  natu- 
rel ; mais  chez  quelque.s-uns  des  derniers  Podophthal- 
miens,  ces  organes  deviennent  rudimentaires  et  même 
disparaissent  complètement,  et  sont  remplacés  par 
l’enveloppe  tégumentairegénérale  (i).  D’un  autre  coté, 
on  connaît  des  Crustacés  qui  sont  pourvus  d'organes 
analogues  et  qui  évidemment  n’appartiennent  pas  à 
ce  groupe  (2). 

Un  autre  caractère  qui  ne  manque  chez  aucun  Po- 
dophthalmien  , mais  qui  n’a  pas  la  même  importance 
physiologique  , nous  est  fourni  par  l’anneau  ophthal- 
mique  de  la  tête  , qui  est  toujours  pourvu  d’une  paire 
de  membres  mobiles  à l’extrémité  desquels  se  trouvent 
les  yeux  (3) . Du  reste,  ces  Crustacés  ne  sont  pas  les  seuls 


(1)  Exemples  : Genres  Cynthia,  Mysis  et  Phyllosome. 

(2)  Les  femelles  des  Jones  portent , fixés  aux  membres  abdomi- 
naux des  branchies  rameuses  trés-développées  ; ce  sont  les  seuls 
Crustacés  actuellement  connus  qui , sans  appartenir  au  groupe  na- 
turel des  Podoplithalmiens  sont  pourvues  de  branchies  proprement 
dites , et  encore  ces  organes  n' existent-ils  pas  dans  les  deux  sexes  ; 
les  mâles  en  sont  privés. 

(3)  PI.  I,  lig.  9,  et  PI.  3^  fig.  I. 


DES  CRÜSTACÉS.  289 

qui  aient  des  yeux  pédonculés  et  mobiles  ; les  Néba- 
lies,  qui  appartiennent  indubitablement  à un  autre 
iiroupe,  en  sont  également  pourvus. 

L’appareil  buccal  des  Podophtbalmiens  est  disposé 
pour  la  mastication,  et  se  compose  toujours  d’un  labre 
peu  développé,  d’une  paire  de  mandibules  et  au  moins 
d’une  paire  de  mâcboires.  Les  mâchoires  de  la  seconde 
paire,  à moins  d’être  rudimentaires,  entrent  aussi  dans 
la  composition  de  l’appareil  masticateur  et  il  en  est 
presque  toujours  de  même  pour  les  membres  post-buc- 
caux de  la  quatrième  paire  ; mais  ces  organes  ne  sont 
jamais  élargis  et  réunis  de  manière  à constituer  une  es- 
pèce de  lèvre  inférieure  ou  d’opercule  buccal , ainsi 
que  cela  se  voit  chez  les  Édriophtlialmes  ; enlîu,dans 
la  plupart  descas,  les  membres  des  deux  paires  suivantes 
sont  également  transformés  en  pâtes  - mâcboires,  et 
quelquefois  même  le  nombre  de  ces  organes  est  encore 
plus  considérable , car  dans  certaines  espèces  on  peut 
regarder  comme  tels  tous  membres  thoraciques,  à 
l’exception  de  ceux  des  trois  deruieres  paires.  (Lx.  : 
Squilles.  ) 

Les  membres  thoraciques  aliectés  à la  locomotion 
sont  presque  toujours  au  nombres  de  cinq  ou  de  six 

paires;  leur  tige  est  toujours  vergiforme,etconstitue  une 

pâte  grêle,  allongée  et  ordinairement  ambulatoire,  qui 
porte  quelquefois  en  même  temps  un  fouet  ou  bien 
un  palpe,  mais  ne  présente  presque  jamais  en  même 
temps  deux  espèces  d’appendices.  Ce  mode  de  confor- 
mation des  organes  locomoteurs  sépare  nettement  les 
Podophtljalmiens  de  tous  les  Crustacés  dont  les  pâtes 
thoraciques  sont  lamelleuses,  comme  les  Nébaües , 
dont  il  a été  question  ci-dessus,  mais  se  retrouve  dans 
plusieurs  autres  divisions  de  la  même  classe. 


HISTOIRi;  NATURELLE 


240 

Enfin  les  animaux  de  celte  légion  peuvent , au  pie- 
mier  coup  d’œil_,  être  distingués  de  presque  tous  les 
autres  Crustacés  par  l’existence  d’un  grand  bouclier 

céphalique  qui  occupelaf'acedorsaledu  corps,  et  s’étend 

plus  ou  moins  loin  au-dessus  du  thorax.  Certains 
Branchiopodes  ont  aussi  une  carapace  semblable  ; mais 
ils  difîèrent  alors  des  Podophthalmiens  par  quelques- 
uns  des  caractères  , d’une  importance  encore  plus 
grande,  déjà  signalée. 

Si  l’on  prend  pour  base  de  la  classification  des  Crus- 
tacés l’ensemble  de  leur  organisation  , ainsi  c[ue  nous 
avons  clierché  à le  faire  , on  devra  donc  caractériser 
de  la  manière  suivante  la  légion  des  Podophthal- 
miens. 

Bouche  armée  de  viandihules  et  de  mâchoires  pro- 
pres à la  mastication  ; en  général  des  Branchies  pro- 
prement dites  ; yeux  pédoncules  et  mobiles  ; pâtes 
thoraciques  oergiforrnes  ; une  carapace. 

Les  Padophthalmiens  forment , comme  nous  l’avons 
déjà  dit,  deux  ordres,  savoir  : les  Décapodes  et  les  Sto- 
mapodes.  Cette  division  est  généralement  adoptée  ; 
mais  la  plupart  des  auteurs  l’établissent  sur  le  nom- 
bre des  membres  thoraciques  qui  constituent  l’appa- 
reil locomoteur,  tandis  que,  suivant  nous,  c’est  dans 
la  disposition  de  l’appareil  respiratoire  qu’il  faut  en 
chercher  les  principales  bases  (i). 


(I)  Voyez  Mémoires  sur  une  nouvelle  disposition  de  l’appareil  bran 
chiai  chet  les  Crustacés.  ( Anu.  des  sc.  nat.  , t.  XIX.  ) 


DES  CRUSTACES. 


2,41 


l”’’.  ORDRE. 

DÉCAPODES. 

L’ordre  des  Décapodes,  établi  par  M.  Latreille  pour 
recevoir  la  plupart  des  espèces  du  grand  genre  Cancer 
de  Linné,  renferme  tous  les  Crustacés  qui  viennent  se 
grouper  immédiatement  autour  des  Crabes  et  des  Écre- 
visses ; c’est  la  division  la  plus  nombreuse  en  espèces , 
et  une  de  celles  dont  les  limites  sont  les  plus  tranebées 
et  la  composition  la  plus  homogène.  Il  comprend  tous 
les  Crustacés  dont  l’organisation  est  laplus  compliquée, 
et  dont  les  facultés  paraissent  être  les  plus  parfaites; 
aussi  est-ce  indubitablement  en  tête  de  la  série  qu’il 
doit  prendre  place. 

LesCrustacés  del’ordre  des  Décapodes  se  ressemblent 
tous  par  la  forme  générale  de  leur  corps  ; les  divers  an- 
neaux de  la  tête  et  du  thorax  sont  en  général  complè- 
tement soudés  entre  eux  , et  ils  sont  toujours  cachés 
sous  un  énorme  carapace  que  nous  avons  démontrée 
ailleurs  être  formée  par  le  développement  extrême  de 
l’arceau  dorsal  du  troisième  ou  du  quatrième  anneau 
céph.alique.  11  résultede  cette  disposition,  que  la  tête 
des  Décapodes  n’est  pas  distincte  du  thorax , et  qu’en 
dessus  , tout  le  corps  , à l’exception  de  l’abdomen , pa- 
raît formé  d’une  seule  jrièce  ; mais  lorsqu’on  l’examine 
en  dessous  , on  y reconnaît  toujours  un  certain  nombre 
de  divisions  annulaires.  Quant  à l’abdomen,  sa  forme 
varie  beaucoup.  Les  jeux  des  Décapodes  sont  portés 
sur  des  pédoncules  mobiles  et  recouverts  d’une  cornée 
réticulée.  Les  antennes  sont  toujours  au  nombre  de 
quatre;  elles  ont  en  général  ha  forme  de  petites  tiges 

CRUSTACÉS,  TOME  I.  16 


24a  HISTOIP.  K NATURELLE 

articulées  et  s’insèrent  entre  les  jeux  et  la  houclie  (i) 
h’ appareil  buccal  est  extrêmement  compliqué,  et,  à une 
ou  deux  exceptions  près , se  compose  d’un  labre,  d’une 
languette  et  de  six  p.aires  de  membres , savoir  : une 
paire  de  mandibules , deux  paires  demâchoires  et  trois 
pairesdepates-mâchoires.  Lelabre  se  confond  en  général 
avec  la  partie  voisine  du  test,  et  les  mandibules  portent 
presque  toujours  une  tigepalpiforme  (a)  ; mais  ce  der- 
nier caractère  n’est  pas  invariable , comme  Fabricius  et 
la  plupart  des  autres  entomologistes  paraissent  le  pen- 
ser(3).  Les  mâchoires  de  la  première  paire  se  composent 
de  plusieurs  petites  lames  cornées,  dont  le  bord  in- 
terne est  épineux  ou  garni  de  poils  (4).  Celles  de  la  se- 
conde paire  présenten  t toujours  au  coté  ex  terne  un  grand 
appendice  lamelleux  cj^ui  se  loge  dans  le  canal  efiérent 
de  la  cavité  branchiale  , et  qui  est  destiné  à expulser 
l’eau  qui  a servi  à la  respiration  (5).  Tous  les  Décapodes 
présentent  cette  disposition  ; mais  on  ne  l’a  encore 
rencontrée  chez  aucun  autre  Crustacés,  et  cela  se  com- 
prend facilement , car  elle  tient  essentiellement  à la 
structure  particulière  de  l’appareil  respiratoire  des 
Crabes , des  Ecrevisses , etc.  Les  pates-mâchoires  de 
la  première  paire  (6)  sont  également  presque  toujours 
lamelleuses;  mais,  au  lieu  d’avoir  en  dehors  une  grande 
valvule , elles  portent  un  palpe  et  souvent  un  appen- 
dice flabelliforme  , ou  vésiculeux.  Les  pates-mâchoires 


(0  Pt-  3,  fig.  a,  ji  PI.  23,  fig.  î,  2,  etc. 

(2)  PI.  3,  %.  i3. 

(3)  Je  me  suis  assuré  que,  chez  les  Crangons,  les  mandibule.? 

ne  portent  point  de  tige  palpiforme.  PI.  25,  fig.  i5. 

(4)  PI.  3,  iig.  12. 

(5)  PI.  3,  fig.  jij  et  PI.  lo,  fig.  i. 

((!)  PI.  .3,  llg.  in. 


UES  CRUSTACÉS. 

tle  la  seconde  paire  { i)  ne  sont , au  contraire , presque  ja- 
mais lamelleuses,  et  se  composent  ordinairement  d’une 
tige  formée  de  plusieurs  articles,  d’un  palpe  et  d’un 
louet.  Enfin,  les  pates-mâclioires  de  la  troisième  et 
dernière  paire  recouvrent  toute  la  bouclie  (a)  ; leur  por- 
tion interne , ou  tige , présente  une  série  d’articles  dont 
le  nombre  est  ordinairement  de  six , et  dont  le  second 
et  le  troisième  sont  souvent  très  - élargis  ; le  palpe 
est  presque  toujours  assez  développé  ; enfin , il  existe 
en  général  un  fouet  fixé  à la  base  de  ces  membres, 
qui,  dans  un  très-petit  nombre  de  cas,  n’appartiennent 
plus  à l’appareil  buccal,  mais  ont  la  forme  des  pâtes 
ambulatoires  (3).  Les  cinq  paires  de  membres  qui  font 
suite  aux  organes  masticateurs  sont  beaucoup  plus 
développés  que  ceux-ci,  et  constituent  les  pales  pro- 
prement  dites  , qu’on  désigne  aussi  sous  le  nom  de  pâ- 
tes thoraciques  ou  ambulatoires.  Dans  unpetit  nombre 
de  ces  Décapodes  , ces  membres  présentent  un  palpe 
trés-développé , et  paraissent  par  conséquent  bira- 
més  ; mais  dans  l’immense  majorité  de  ces  animaux  , 
les  pâtes  sont  complètement  dépjourvues  de  cet  appen- 
dice , et  ne  se  composent  que  d'une  tige  plus  ou  moins 
cylindrique  formée  ordinairement  de  six  articles,  que 
l’on  désigne  souvent  par  les  noms  ; i“.  de  hanche^ 
2°.  de  trochanter , 3°.  de  cuisse  ou  de  bras  , de 
jambe  ou  de  carpe  ^ 5“.  de  métatarse  et  6”.  de  tarse 
ou  de  doigts  (4).  En  général , les  pâtes  de  la  première 
paire  sont  terminées  par  une  main  composée  des  deux 


(0  PI.  3,  fig.  g. 

(2)  PI.  3,  tig.  2,  h et  8;  PI.  21,  %.  2;  PI.  3,3,  %.  2 Ct  j,  Otc. 

(3)  Dan.s  les  genre.s  Sergeste  et  Aeètc,  par  exemple. 

'4)  PI*  3,  lig.  i. 


6, 


^44  HISTOIRl;  NATURKLLK 

ilerniei’s  articles  disposés  en  manière  de  pince  \ il  en 
est  quelquefois  de  même  pour  une  ou  deux  des  pâtes 
suivantes  ; mais  en  général  les  membres  thoraciques 
des  quatre  dernières  paires  ne  servent  qu’eà  la  locomo- 
tion et  se  terminent  par  une  espèced’ongle  pointu.  La 
disposition  et  la  forme  des  membres  abdominaux  va- 
rient trop  pour  que  nous  en  parlions  ici , mais  nous 
rappellerons  que  chez  les  femelles  ces  organes  servent 
ordinairement  à retenir  les  œufs. 

L organisation  intérieure  des  Décapodes  est  aussi 
caractéristique  que  la  structure  de  leurs  parties  exté- 
rieures. Le  tube  digestif  présente  toujours  à sa  partie 
antérieure  un  estomac  très-développé,  dont  les  parois 
sont  soutenues  par  une  sorte  de  charpente  cartila- 
gineuse ou  osseuse,  et  armées  de  dents  (i).  Les  orga- 
nes hépatiques  forment,  de  chaque  côté  de  l’in- 
testin , une  masse  volumineuse  composée  d’une  infi- 
nité de  petits  cæcums  qui  s’insèrent  sur  les  rameaux 
du  conduit  biliaire  (2).  Le  cœur,  presque  quadrilatère, 
occupe  la  partie  moyenne  du  thorax,  et  donne  nais- 
sance à six  artères  principales  d’où  sortent  tous  les 
vaisseaux  qui  portent  le  sangdans  les  diverses  parties  du 
corps  (3).  La  respiration  s’effectue  au  moyen  d’un  cer- 
tain nombre  de  branchies,  dont  les  lamelles  ou  les  fila- 
mens  sont  toujours  simples, et  ces  organes  s’insèrent  à la 
paroi  interne  d’une  cavité  spéciale  située  de  chaque  côté 
du  thorax,  et  formée  parle  prolongement  de  la  carapace 
au-dessus  des  flancs  (4).  Les  organes  de  la  génération 


(O  PI.  4,  fig.  I,  6 , etc. 

(2)  PI.  4,  %.  2 et  5. 

(3)  P).  5,  fig.  1,  et  PI.  7,  tig.  i. 

(4)  PI.  10  , , fig.  I,  2 et  S. 


B£S  GUbSï'AOKS. 


245 

cojnnmniquent  toujours  au  cleliors  par  deux  ouver- 
tures ; chez  la  femelle,  les  vulves  occupent  toujours 
rantépénul  tiéme  anneau  thoracique  et  sont  si  tuées  tan- 
tôt sur  le  sternum,  tantôt  sur  le  premier  article  des 
pâtes  correspondantes  (i) , tandis  que,  chez  le  mâle, 
les  organes  externes  delà  génération  sont  situés  de  la 
même  manière  sur  le  dernier  anneau  du  thorax  (2).  En- 
fin , nous  ajouterons  encore  que,  chez  presque  tous 
les  Décapodes,  il  existe  dans  l’extérieur  du  thorax 
un  nombre  considérable  de  lames  apodémiennes  qui 
forment  de  chaque  côté  une  double  rangée  de  cellules, 
disposition  qui  est  particulière  à ces  Crustacés  (3). 

Voici,  du  reste,  le  résumé  des  caractères  les  plus 
saillans  qui  distinguent  les  Décapodes  non-seulement 
des  Stomapodes,  mais  aussi  de  tous  les  autres  Crus- 
tacés. 

C,  Ayant  des  branchies  proprement  dites , et  non  ra- 
meuses^ fixées  sur  les  côtés  du  thorax  et  renfermées 
dans  une  caoité  ; La  tète  soudée  au  thorax  et  re- 
couverte par  une  carapace  qui  s’étend  jusqu’il  l’ab- 
domen ; les  YEUX  pédonculès  et  mobiles  ; les  paies 
ambulatoires  ou  préhensiles  et  presque  toujours  au 
nombre  de  einq  paires. 

La  plupart  des  classificateurs  divisent  les  Crustacés 
Décapodes  en  deux  sections,  suivant  que  l’abdomen, 
qu’ils  nomment  communément  la  ejueue,  est  grand  ou 
petit.  En  effet,  il  existe  parmi  ces  animaux  deux 


(1)  PI.  3,  %.  'i,  /,  et  PI.  9.1,  (Ig.  8 et  18. 

(2)  PI.  18,  fig.  6,  et  l’t.  23,  lig.  3,  c. 

(.3)  PI.  1,  iig.  f),  10,  n ; PI.  3,  fig.  3,  et  PP  aS,  lig.  3. 


^4^  HISTOIRE  NATURELLE 

groupes  ])aifuiteiiient  naturels  (£ui  ont  les  Crabes  et 
les  Écievisses  pour  types;  niais  il  est  d’autres  Déca- 
podes qui  ne  paraissent  appartenir  ni  à l’une,  ni  k 
1 autie  de  ces  sections  ; ils  établissent  le  passage  entre 
les  Brachyures  et  les  Macroures , et  ne  peuvent  être 
rangés  parmi  eux  sans  violer  l’esprit  de  toute  mé- 
thode naturelle  ; aussi  avons-nous  cru  nécessaire  d’en 
former  un  groupe  distinct  (i),  pour  lequel  nous  avons 
proposé  le  nom  dAnomoure.  Cette  innovation  ne 
nous  parait  offrir  aucun  inconvénient,  et  nous  per- 
met de  rendre  les  deux  autres  groupes  du  même 
ordre  parlaitement  homogènes.  L’organisation  inté- 
rieure des  Décapodes  fournit  les  principales  bases  de 
ces  divisions;  mais  les  caractères  suivans  suffiront 
pour  faire  reconnaître  les  espèces  qui  se  rapportent 
à chacune  d’elles. 


(l)  Vo3'ez  Considérations  sur  l’organisaliou  et  la  classification  des 
Crustacés  Décapodes.  ( Ann.  des  sc.  nat. , t.  XXV,  p.  398.  ) 


DliS  CRUSTACES. 


■47 


Abdomen  ti'ès- 
■peu  développé , 
Ineservantpves 
(pue  jamais  à la 
natation  , ne 
portant  jamais 
(le  fausses  pâtes 
oi'.DKE  natatoires , et 
/ ne  se  terminant 
DES  / presque  jamais 
\ par  une  nageoi- 
UÉCAl'ODES.  \ i-e  en  forme  d'é- 
Iveiitail. 


B.  Abdomen  reploy(j' 
sous  le  corps  et  n’ayant 
j.amais  de  traces  d’appen- 
dices à l’avant-dernier 
segment;  plastron  sternal 
assez  large  entre  toutes 
les  pâtes , et  jamais  li- 
néaire ; vulves  .situées  y bkachïckeS' 
toujours  sur  le  plastron! 

[sternal.  Une  selle  tnrci-\ 
que  postérieure  soutenue  I 
Ipar  un  apodème  médian  | 
qui  correspond  a une 
suture  longitudinaledu  ) 
sternum. 


B.  Abdomen  tantôt  re-’ 
Iployé  sous  le  corps,  tan- 
Itôt  étendu,  et  portant 
Ipresque  toujours  sur  l'a- 
Ivant- dernier  segment 
jdes  appendices  assez  dé- 
Ivelojipés  on  à l'état  de 
'vestiges  ; plastron  sternal 
en  général  linéaire  entre 
les  trois  dernières  pâtes, 
et  élargi  en  avant;  vulves 
occupant  ordinairement 
la  base  des  pâtes  ; en  gé- 
néral point  de  selle  tur- 
cique  postérieure , ni  d’a- 
podeme  médian. 


ANOMOCRES. 


•’i 


A.  Abdomen  trés-développé[,  en  géné-^ 
ral  plus  long  que  la  portion  céphalo  tho- 
racique du  corps , étendu  en  arrière , ser- 
vant à la  natation , portant  toujours  en 
dessous  des  fausses  pâtes  lamêlUuses , 

I et  à son  extrémité  une  nageoire  en  forme 
I d’éventail.  j 


MACROURES. 


sectiod;  des  décapodes  BRACHTITBSS. 

Les  Crabes  et  tous  les  autres  Décapodes  qui  rentrent 
dans  la  section  des  Brachyures  présentent  dans  leur 
organisation  extérieure  des  particularités  très-remar- 
quables. La  Cfl/a/iuce  qui  recouvre  la  portion  céphalo- 


^4^  ilISlÜlli):  NATÜlitl.LE 

thoracique  de  leur  corps  cache  aussi  la  majeure  partie 
de  leur  abdomen,  et  présente  en  général  une  forme 
carrée,  ovalaire  ou  circulaire  ; le  diamètre  transversal 
de  ce  bouclier  dorsal  est  presque  toujours  égal  ou  su- 
périeur à son  diamètre  antéro-postérieur,  et  il  s’étend 
plus  ou  moins  de  chaque  côté  au-dessus  des  [pâtes. 
On  y distingue  une  face  supérieure  dont  les  contours 
sont  ordinairement  bien  marqués  et  une  portion  infé- 
rieure. La  partie  antérieure  du  bord  de  la  face  supé- 
rieure de  la  carapace  comprise  entre  les  deux  yeux , 
porte  le  nom  de  front  ou  de  rostre,  suivant  qu’elle  est 
tronquée  ouprolongéeen  forme  de  bec  (i);  le  bord  pos- 
térieur est  celui  qui  correspond  à l’origine  de  l’abdo- 
men et  se  trouve  placé  entre  les  pâtes  postérieures; 
enfin  les  bords  latéraux  s’étendent  de  ce  dernier  à l’an- 
gle externe  des  orbites  , et  se  composent  souvent  de 
deux  portions  qui  ont  des  directions  différentes  et  que 
nous  désignerons  sous  lesnoms  de  bord  latéro-anté- 
rieui,  etde bordlatero-posterieur(2). Laface  supérieure 
de  la  carapace  est  ordinairement  divisée  par  des  sil- 
lons qui  correspondent  pour  la  plupart  à des  insertions 
musculaires,  et  qui  circonscrivent  des  régions  sur  les- 
quelles M.  Desmarest  ale  premier  fixé  l’attention  des 
zoologistes  (3) , et  dont  la  considération  ne  peut  être 
négligé  sans  inconvénient.  Quatre  de  ces  régions  occu- 
pent la  ligne  médiane  de  la  carapace  (4)  ; la  plus  anté- 


(i)  PI.  i4  iis,  %.  1,  2,  3,  etc.  — r,  rostre;  — /,  front. 

(a)  PI.  i4  bis  , fig.  I,  2,  etc  : a,  Lord  anterieur  de  la  carapace  ; 
— l.a,  bord  latéro-antérieiir  ; — / , bord  latéral  ; — l.p , bord 
iatéro-postérieur  ; — ^ , bord  postérieur. 

(3)  Voyez  Hist.  nat.  des  CrusLacès  fossiles^  p.  -jS. 

(4)  iM-  i'\  bis,,  fil,".  J,  3,  cto  : — s,  rcgioi!  stomacale  ; — 


DES  CUUS'l'ACÉS. 

lérieure,  qui  a reçu  le  nom  de  région  slomacalo,  parce 
qu’elle  comprend  la  portion  du  lest  située  au-dessus  de 
l’estomac,  âiit  suite  au  front  et  présente  toujours  imo 
étendue  assez  considéralde  ; la  seconde  rej^ion  médiane 
est  beaucoup  plus  petite  et  se  prolonge  ])resque  tou- 
jours en  pointe  antérieurement , tandis  qu’en  arrière, 
et  sur  les  côtés,  elle  se  termine  par  des  bords  droits  ; 
une  erreur  anatomique  lui  a fait  donner  le  nom  de  l é- 
gion génitale  (i)-  La  région  cordiale,  qui  succède  à la 
génitale,  correspond  au  cœur,  et  a en  général  une 
forme  hexagonale  assez  régulière;  la  ligne  transversale 
qui  la  sépare  de  la  région  génitale,  et  les  deux  lignes 
longitudinales  formées  par  les  bords  latéraux  de  ces 
deux  régions,  sont  souvent  plus  marquées  que  tous  les 
autres  sillong  analogues , et  ont  quelque  ressemblance 
avec  un  H qui  serait  gravé  sur  le  milieu  de  la  cara- 
pace. Enfin,  la  quatrième  et  dernière  région  médiane 
est  située  entre  la  cordiale  et  le  bord  postérieur  de  la 
carapace;  elle  est  souvent  à peu  près  quadrilatère, 
mais  souvent  aussi  elle  ne  se  distingue  ([u’a  peine  ; 
M.  Desmarest  l’appelle  région  hépatique  postérieure  ; 
mais, afin  delà  mieux  distinguer  des  autres  régions  hépa- 
tiques , nous  préférons  la  désigner  sous  le  nom  de  ré- 
gion intestin  ale.  Les  portions  latérales  de  la  face  supé- 


région  génitale  ; — c , i-égion  cordiale  ; — / , région  intestinale  ; — 
A,  A.  régions liépatiques ; — A.  6,  régions  hraucliiales. 

(i)  D’après  la  ligure  que  M.  Desmarest  a donné  de  l’intérieur 
d’un  Carcin  Ménade,  on  croirait  que  les  organes  intérieurs  de  la 
génération  sont  circonscrits  dans  l’espace  coricspomlant  à la  région 
qui  en  porte  le  nom  , et  c’est  probablement  d’après  cela  que  ce  na- 
turaliste Va  désignée  de  la  sorte  ; mais  cette  ligure  est  très-inexacte, 
et  les  testicules,  aussi  bleu  que  les  ovaires,  s’étendent  ]>icn  au 
delà,  comuio  ou  peut  s’eu  couvaiiicrc  iwr  l’iuspcctiou  de  uos  plau- 
clies  5ct  ! !. 


Heure  cleJa  carapace  sont  composées  chacune  de  deux 
régions  souvent  très-difficiles  à distinguer  et  dont  les 
hmites  sont  en  général  un  peu  arbitraires  ; l’une,  an- 
térieure , est  placée  sur  les  côtés  de  la  région  stomacale, 
et  recouvre  la  majeure  partie  du  foie  et  des  organes 
intérieurs  de  la  génération  : c’est  la  régioji  hépatique; 
l’autre,  située  en  arrière  de  la  première  et  sur  les  côtés 
des  régions  cordiale  et  intestinale  correspond  à la 
voûte  (le  la  cavité  respiratoire,  et  est  appelée  région 
hranchiale . 

Le  front  se  prolonge  au-dessus  de  l’anneau  epi 
perte  les  yeux.  Dans  le  jeune  âge,  cet  anneau  reste 
à découvert  antérieurement,  et  les  yeux  ne  sont  pas 
logés  dans  des  cavités  orbitaires  complètes  ; mais, plus 
lard,  la  partie  inférieure  du  front  se  réunit,  sur  la 
ligne  médiane,  a un  prolongement  de  l’arceau  inférieur 
du  second  anneau , de  façon  à entourer  complètement 
le  segment  oculaire  cjuon  n’aperçoit  plus  qu’à  l’inté- 
rieur de  la  carapace  (i)  ; il  arrive  aussi  que  l’angle  ex- 
terne du  front  s’unit,  soit  à l’article  basilaire  des  an- 
tennes extérieures,  soit  a un  prolongementdela  portion 
latérale  et  inférieure  de  la  carapace , et  il  se  forme  ainsi 
une  cavité  dans  laquelle  les  yeux  s’insèrent  et  peuvent 
en  général  se  reployer  plus  ou  moins  complètement. 
Mais,  nous  le  répétons,  cette  disposition  n’existe  pas 
encore  aux  premières  époques  de  la  vie,  et,  en  cela 
les  jeunes  Braebyures  se  rapprochent , comme  nous  le 
verrons  ailleurs  , des  Macroures  adultes. 

Chez  tous  les  Crustacés  de  cette  section , les  an- 
termes  de  ta  première  paire  sont  placées  sur  les  côtés 


(I)  PI.  14  bis,  üg.  4 


DES  CUUSTACES. 


2;)I 


clclalipiemédiane(i);  elles  sont  très-coiiileset  peuvent 
sereploycr  dans  la  cavité  qui  loge  leur  article  basi- 
laire ; CCS  cavités , rjue  nous  appelons  Jbssetles  anteri- 
n aires , sont  placées  entre  les  orbites  avec  lesquelles 
elles  communiquent  quelquefois  , et  sont  séparées 
entre  elles  par  un  prolongement  inter- antennaire  qui 
naît  de  l’arceau  qui  porte  ces  appendices  et  se  soudent 
au  front  commenous  v enons  de  le  dire.  Le  premier  arti- 
cle de  ces  antennes  est  toujours  renflé  et  ]dus  ou  moins 
globuleux  , tandis  c£ue  les  deux  suivans  sont  courts  , 
grêles  et  cylindriques  ; enfin,  à l’extrémité  de  ce  jietit 
pédoncule,  se  trouvent  deux  ligelles  annelées  très-cour- 
tes et  dont  l’une  est  ciliée.  Les  antennes  de  la  seconde 
pairc(p)  s’insèrent  constamment  en  dehors,  etun  peuau- 
dessousdespreinières;  elles  n’acquièrent  également  que 
peu  de  développement,  et  présentent,  dans  les  difïérens 
groupes  de  Brachyures,  des  variations  assez  grandes  : à 
leur  base,  on  voit  toujours  un  petit  tubercule  circulaire 
c[ui  constitue  l’enveloppe  de  l’oi’gane  spécial  de  l’au- 
clition^  et  qui  est  situé  au  devant  de  la  bouche;  les 
trois  et  quatre  premiers  articles  des  antennes  consti- 
tuent un  pédoncule  qui  supporte  une  tige  terminale  ; 
enfin  il  arrive  souvent  que  la  première  de  ces  pièces  soit 
plus  ou  moins  entièrement  soudée  aux  parties  voisi- 
nes de  la  carapace,  et  alors  on  pourrait  facilement 
croire  ejue  les  antennes  extérieures  s’insèrent  au  de- 
vant des  internes  ; car,  en  effet,  leur  portion  mobile 
naît  alors  en  avant  de  ces  organes. 

En  arrière  des  fossettes  antennaires,  on  voit  une 
surface ])Iane,  plus  ou  moins  étendue, qui  rcprésentele 


(:)  PI.  3,  lig.  2 et  7. 

(2)  PI.  3,  (ig.  2,  cl;  PI.  1^,  lig.  2,  b,  etc. 


25.1 


ursroiiic  NAruni:LL,£ 
troisième  niineau  cépliiilic£ue  et  qui  porte  le  nom  d.  e- 
pistome  (i).  L’espace  occupé  par  l’épistomc,  les  fos- 
settes antennaires  et  la  base  des  antennes  externes 
constitue  ce  que  nous  appelons  la  région  anlennaire ; 
ses  proportions  varient,  et  on  peut  tirer  parti  de  ces  dif- 
férences pour  la  classification  de  ces  animaux . Les  par- 
ties latérales  et  inférieures  de  la  carapace , que  nous 
appellerons  régions  ptérjgostomieimes  (a) , sont  tou- 
jours dirigées  plus  ou  moins  obliijuement  en  dehors  et 
en  haut,  et  sur  la  lignemédiane  elles  laissent  entre  elles 

un  espace  vide  qui  est  occupé  par  l’appareil  masticateur 

et  que  nous  désignerons  sous  le  nom  de  cadre  buccal  (3)  ; 
tantôt  ce  cadre  buccal  a la  forme  d un  quadrilatère 
assez  régulier,  tantôt  il  est  triangulaire,  et  c’est  tou- 
jours à sa  partie  antérieure  que  viennent  se  terminer 
les  conduits  efferens  des  cavités  branchiales.  Enfin, 
le  bord  postérieur  et  interne  de  ces  régions  ptéry- 
gostomiennes  supplique  exactement  contre  la  voûte 
des  flancs  immédiatement  au-dessus  de  l’insertion  des 
pâtes  ; quelrjuefois  ces  parties  ne  laissent  entre  elles 
aucun  intervalle  ; mais , en  général , on  remarque 
de  chaque  côté  de  la  bouche  et  en  avant  des  pâtes 
antérieures  une  lacune  qui  communique  dans’ la  ca- 
vité branchiale  (4),  et  il  arrive  quelquefois  qu’un  pro- 
longement de  la  earapace  entoure  cette  ouverture  de 
façon  à la  transformer  en  un  véritable  trou  à travers 
lequel  l’eau  nécessaire  à la  respiration  pénètre  jus- 
qu’aux branchies  (5). 


(i)  Pi.  3,  fig'.  2,  e. 
(‘.I)  PI.  3,  lig.  2,  g. 
(3)  PI.  20,  iig.  2. 

PI.  3.  lig'.  •.!. 

(à)  Pi.  au,  fig.  13. 


« 


DES  CRUSTACÉS.  253 

En  arrière , le  cadre  Luccal  est  borné  par  le  plas- 
tron sternal  dont  nous  parlerons  plus  en  détail  par 
la  suite;  et,  dans  l’espace  ainsi  circonscrit,  se  trou- 
vent entassés  les  uns  sur  les  autres  les  six  paires  de 
membres  qui  sont  spécialement  aflectés  à l’appareil 
digestif.  Celle  qui  s’insère  le  plus  en  arrière,  et  qui  est 
par  conséquent  la  dernière  de  la  série,  recouvre  toutes 
les  autres  ; aussi  en  parlerons-nous  d’abord.  Ces  or- 
ganes, qui  sont  ordinairement  désignés  sous  le  nom 
de  troisièmes  pales -mâchoires  ovl  pates-mâchoires  ex- 
ternes ^ sont  très-larges , et  constituent  deux  espèces 
d’opercules  qui  ferment  le  cadre  buccal  à peu  près 
comme  les battans  d’une  por te  ( i ) . Ils  s’ânsèren  t touj ours 
assez  loin  de  la  ligne  médiane  par  leur  angle  posté- 
rieur et  extérieur  ; leur  article  basilaire  envoie  ordi- 
nairement en  dehors  un  prolongement  qui  sert  de 
valvule  à l’ouverture  allèrent  de  la  cavité  branchiale , 
et  qui  porte  un  long  appendice  flabclliformc , ainsi 
qu’une  petite  branchic  rudimentaire  cachée,  comme  le 
fouet,  dans  la  cavité  respiratoire;  enlinilnaît  encore 
de  cet  article  basilaire  un  palpe  et  une  série  d’arti- 
cles que  représentent  la  tige  ou  pâte  proprement  dite 
des  membres  thoraciques.  Les  deux  premiers  articles 
de  cette  tige  sont  lanielleux  , articulés  à la  suite  l’un 
de  l’autre,  et  très-développés;  ils  constituent  la  ma- 
jeure partie  de  lapate-mâchoire,  et  portent  à leur  ex- 
trémité une  petite  tigelle  formée  presque  toujours 
])ar  les  trois  derniers  articles  de  ces  organes , qui  sont 
grêles  et  cylindriques  ; quant  au  palpe  , il  ne  manque 
presque  jamais,  et  consiste  en  une  longue  tige  qui  se 
place  au  côté  externe  du  deuxième  et  du  troisième  ar- 


(!)  VI.  (ipr,  3.  h,  et  fig.  8,  eic, 


‘■*•^4  HISTOIRE  naturelle 

licles  de  la  pate-mâchoire,  et.  qui  porte  à son  extrémité 
un  petit  appendice  annelé , et  reployé  sous  le  troi- 
sième article  dont  il  vient  d’étre  question. 

En  écartant  les  pates-mâchoires  externes on  aper- 
çoit au-dessous  d elles  les  deux  autres  paires  de  pates- 
mitchoires  , les  deux  paires  de  mâchoires  proprement 
dites , les  mandibules  et  la  bouche. 

Ea  structuic  des  pates-mnchoires  de  la  seconde 
paire  (i)  est  à peu  près  la  même  que  celle  des  pates- 
mâchoires  externes,  si  ce  n’est  que  leur  branche  in- 
terne est  grêle  et  cylindrique  dans  toute  sa  longueur, 
au  lieu  d’étre  large  etlamelleuse.  On  y distinauc  éo-a- 
lement  une  série  de  six  articles  dont  le  premier  porte , 
du  coté  externe,  un  fouet  et  un  palpe  semi-corné  et 
semblable  à celui  des  pates-mâchoires  externes;  les 
deux  articles  suivans  sont  vergiformes  et  dirigés  en 
avant;  les  trois  derniers,  aussi  larges  que  les  précé- 
deus  , mais  Ires-courts , se  recourbent  en  dedans  et  en 
arrière  ; enfin  il  est  à noter  que  la  dernière  de  ces  pièces 
est  toujours  très-petite. 

Les  pates-mâchoires  antérieures  (3),  (|ui  sont  ca- 
chées par  celles  dont  nous  venons  'de  parler,  ont 
beaucoup  moins  de  consistance  quelles , et  sont  moins 
distinctement  articulées  ; elles  portent  encore  un  long 
appendice  flabelliforme  et  un  palpe  qui  ressemble 
beaucoup  à celui  des  pates-mâchoires  de  la  seconde 
paire  ; mais  la  tige  ou  portion  interne  de  ces  mem- 
bres est  réduite  à un  gros  tubercule  supportant  une 
seule  pièce  ovalaire,  en  dehors  de  laquelle  on  voit 
s’avancer  un  prolongement  lamelleux  et  semi-membra- 


(I)  PI.  3,  fig.  9. 
(5)  PI.. 3,  fig.  10. 


DES  CRUSTACES. 


o.r)r) 

neux , qui  naît  entre  la  [jiècc  ovalaire  dont  nous  ve- 
nons de  parler  et  le  palpe , et  qui  sert  à diriger  au  de- 
hors l’eau  expulsée  de  la  cavité  branchiale. 

Après  avoir  enlevé  ces  derniers  organes , on  décou- 
vre les  mâchoires  externes  (i),  dont  la  consistance 
est  toujours  semi-cornée;  à leur  coté  externe,  il 
existe,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  une  grande 
lame  valvulaire  , qui  est  l’analogue  du  fouet , et  qui 
sert  au  mécanisme  de  la  respiration  ; cette  lame  est 
irrégulièrement  ovalaire  et  toujours  tronquée  à sa 
partie  postérieure.  La  poHÉon  de  ces  organes  , que 
représente  la  tige  , est  réduite  à deux  ou  trois  petites 
lames  qui  recouvrent  une  portion  de  la  bouche  ; et , 
entre  elle  et  le  fouet,  on  distingue  un  petit  appendice 
qui  peutêtre  considérécommelereprésentaut  dupalpe. 

'Les pates-mâchoires  antérieures , ou  de  la  première 
paire  (2),  sont  très-petites  et  en  majeure  partie  cachées 
parles  externes;  comme  elles,  ces  organes  sontlamel- 
leux  et  appliqués  sur  les  mandibules , mais  on  ne  leur 
voit  pas  d’appendice  valvulaire.  Leur  bord  interne  est 
garni  de  poils  et  d’épines,  et  ils  paraissent  devoir  ser- 
vir principalement  â retenir  les  alimens  pendant  qu’ils 
sont  broyés  par  les  mandibules. 

L’ouverture  buccale  elle-même  occupe  en  général 
le  milieu  de  l’espace  entouré  par  le  cadre  buccal  ; à son 
bord  antérieur  on  aperçoit  le  labre,  qui  a la  forme 
d’un  tubercule  semi-membraneux;  son  bord  postérieur 
est  garni  d’un  repli  lamelleux  et  bilobé  que  l’on  ap- 
pelle languette , et  sur  ses  cotés  sont  placés  les  man- 
dibules. 


(I)  PI.  3,  fig.  11. 
(a)  PI.  3,  (ig.  la. 


HISTOIRE  NATURELLE 


0,5  G 

Ces  derniers  organes  se  composent  de  deux  parties 
distinctes,  un  corps  et  une  tige  palpifonnc  (i).  Le  corps 
do  la  mandibule  paraîll’onnéparrunion  intimedes  trois 
])remiers  articles  du  membre,  et  présente  des  traces  as- 
sez visibles  de  ces  soudures  transversales;  il  s’articule 
îîvec  le  tronc  par  sa  face  supérieure,  et  ressemble  un  peu 
par  sa  forme  à une  pyramide  à trois  faces,  très-irrégu- 
lière, qui  serait  placée  transversalement  avec  sons  om- 
met  en  dehors  et  sa  base  en  dedans  ; cette  dernière 
partie  de  la  mandibule  est  très-grosse  et  d’une  tex- 
ture extrêmement  compacte;  elle  s’applique  contre  la 
mandibule  du  coté  opposé,  et  sert  à la  mastication; 
aussi  son  bord  intérieur  est-il  en  général  tranchant. 
L’appendice  palpiforme  des  mandibules  s inséré  a la 
partie  antérieure  et  interne  de  leur  corps;  il  a la  forme 
d’une  petite  tige  composée  de  trois  articles  mobiles, 
dont  le  premier  est  extrêmement  petit  ; il  se  dirige  en 
dedans,  puis  en  arrière,  en  suivant  le  contour  du 
corps  de  la  mandibule. 

En  arrière  de  l’appareil  buccal  on  aperçoit  à la  face 
inférieure  du  corps  des  Bracliyures  un  grand  plastron 
sternal {q.)  qui  est  formé  parla  soudure  de  l’arceau  in- 
férieur des  divers  anneaux  thoraciques  du  tronc.  Ce 
plastron , sur  les  côtés  duquel  s’insèrent  les  pâtes , 
s’étend  jusqu’à  l’origine  de  l’abdomen , et  présente  en 
général  la  forme  d’un  ovale  tronqué  et  même  échancré 
postérieurement.  Sa  largeur  est  toujours  assez  consi- 
dérable, et  il  ne  devient  nulle  part  linéaire.  On  y dis- 
tingue toujours  quatre  sutures  transversales  qui  indi- 
quent le  point  d’union  des  cinq  derniers  anneaux  du 


(i)  PI.  3.  fig.  i3. 

(s)  PI,  3,  tig.  J,  et  tiS'  i- 


DES  CRUSTACÉS,  267 

thorax  , et  sur  la  ligne  médiane  il  règne  presque  tou- 
jours aussi  une  soudure  longiludinale  qui  occupe  les 
deux  ou  trois  derniers  anneaux,  et  correspond  à l’origine 
de  l’apodèmc  médian  du  sternum  dont  il  sera  question 
plus  tard.  La  ])artie  médiane  du  plastron  sternal  est 
plus  ou  moins  concave,  et  forme  souvent  une  espèce 
de  gouttière  longitudinale  très-large  qui  loge  l’ahdo- 
men.  Entre  les  pâtes  de  la  troisième  paire , on  y dis- 
tingue toujours , chez  la  femelle , deux  petits  trous 
qui  sont  situés  à quelque  distance  de  la  ligne  médiane 
et  qui  sont  les  ouvertures  de  l’appareil  de  la  généra- 
tion. Enfin,  chez  quelques  Brachyures,  les  ouver- 
tures qui  donnent  passage  aux  organes  mâles  sont 
également  creusées  sur  le  plastron  lui- même , près  de 
la  hase  des  pâtes  de  la  cinquième  paire,  et  chez 
quelques  autres  où  les  verges  sortent  comme  d’ordi- 
naire à travers  l’article  basilaire  de  ces  pâtes , il  existe 
de  chaque  côté  du  plastron  un  petit  canal  transversal 
destiné  à loger  ces  organes. 

Les  membres  qui  font  suite  à l’appareil  buccal,  et 
qui  constituent  les  pâtes  proprement  dites,  sont 
toujours  au  nombre  de  cinq  paires , et  ne  présentent 
jamais  ni  palpe  ni  fouet.  Ils  sont  dirigés  transversale- 
ment en  dehors  ; ceux  de  la  première  paire  sont  tou- 
jours préhensiles  et  terminés  par  une  main  didactyle 
bien  formée  ; en  général  les  pâtes  des  quatre  paires 
suivantes  sont  toutes  simplement  ambulatoires  ou  na- 
tatoires ; elles  ne  sont  jamais  didactyles  ; celles  de  la 
dernière  paire  sont  toujours  assez  développées. 

L’abdomen  est  très  - peu  développé  ; sa  largeur 
est  tout  au  plus  égale  à environ  les  trois  quarts  de 
celle  de  la  carapace  (le  rostre  excepté)  ; son  épaisseur 
n’est  égale  qu’au  cinquième  ou  même  au  dixième  de 

CRUSTACÉS,  TOME  I.  Ij, 


HISTOIRE  NATURELLE 


2 58 

celle  du  thorax , aussi  est-il  presque  lamelleux , et  est- 
il  toujours  reployé  sous  le  plastron  sternal  (i).  Il  se 
compose  essentiellement  de  sept  anneaux , mais  sou- 
vent un  certain  nombre  d’entre  eux  s’unissent  plus 
ou  moins  intimement,  et  alors  cette  partie  du  corps  ne 
présente  plus  que  cinq,  quatre  ou  même  trois  pièces 
Lien  distinctes  ; ce  nombre  varie  suivant  les  sexes  et 
les  genres, et,  dans  plusieurs  cas , on  voit  qu’il  diffère, 
meme  dans  les  espèces  les  plus  voisines  (2),  En  géné- 
ral , l’abdomen  est  beaucouji  plus  laree  chez  les 
femelles  que  chez  les  mâles  ; chez  les  premières  il 
est  ordinairement  de  forme  ovalaire  et  chez  les  der- 
niers plus  ou  moins  triangulaire.  Les  membres  qui  s’y 
insèrent  sont  également  peu  développés  ; l’avant- 
dernier  anneau  n’en  porte  jamais,  même  à l’état  de 
vestiges,  et  chez  le  mâle  on  n’en  voit  que  sur  les  deux 
premiers  segmens  (3).  Ces  organes  ont  toujours  la  forme 
de  stylets  simples  et  plus  ou  moins  aigus  (4)  ; ceux  de  la 
première  paire  sont  plus  grands  que  ceux  de  la  se- 
conde , et  présentent  en  général  ime  gouttière  desti- 
née à recevoir  ces  derniers  ; enfin,  leur  base  est  en  rap- 
port avec  les  verges  , et  ils  paraissent  servir  unique- 
ment à la  copulation.  Chez  les  femelles  il  existe  , au 
contraire,  toujours  quatre  paires  de  membres  abdo- 
minaux insérés  aux  quatre  segmens  qui  suivent  le  pre- 
mier anneau  (5)  ; ces  organes  se  composent  chacun  d’une 
tige  longue,  grêle  et  articulée,  et  d’un  appendice  flabelli- 
forme  à peu  près  de  même  longueur  qui  naît  du  côté  ex- 


(1)  PI.  3,  fig.  2,  5 et  0. 

(2)  Dans  le  gera  e Doclce , par  exemple . 

(3)  PI.  3,  fig.  6. 

(4)  PI.  3,  lig.  i5  et  16. 

(5)  PI.  3,  %.  5 et  14. 


BES  CRUSTACÉS.  9.69 

terne  de  l’article  basilaire  de  la  tige  ; l’une  et  l’autre  de 
ces  espèces  de  branches  sont  garnies  de  poils , et  leur 
usage  est  de  maintenir  les  œufs  sous  l’abdomen  ; 
jamais  ces  membres  n’ont  la  forme  de  fausses  pâtes 
natatoires. 

A l’intérieur,  le  système  tégumentaire  des  Bra- 
chyures  présente  aussi  plusieurs  particularités  qu’il 
est  essentiel  de  noter.  La  voûte  des  flancs  est  toujours 
dirigée  très-obliquement  en  haut  et  en  dedans , de 
manière  à former  avec  le  plastron  sternal  un  angle  qui 
n’excède  guères  45  degrés  (i).  Les  cellules  situées  au- 
dessous  sont  dirigées  transversalement-,  les  deux  ran- 
gées qu’elles  forment  sont  superposées  ^ et  leur  ouver- 
ture, qui  donne  insertion  à la  pâte  correspondante,  est 
dirigée  en  dehors.  La  cavité  viscérale,  que  les  flancs  et 
leurs  cellules  laissent  entre  eux,  est  toujours  bornée  en 
arrière  par  une  selle  turcique  sur  laquelle  s’insère 
l’abdomen , et  cette  espèce  de  voûte  est  soutenue  par 
un  apodème  médian.  Enfin,  il  n’existe  jamais  de  canal 
sternal  proprement  dit. 

La  centralisation  du  système  nerveux  ganglionnaire 
des  Brachyures  est  porté  très-loin;  ce  système  consiste 
toujours  en  deux  masses  médullaires  seulement,  l’une 
céphalique,  et  l’autre  thoracique  (2).  Ce  dernier, 
qui  se  compose  de  tous  les  ganglions  thoraciques , 
présente  tantôt  la  forme  d’un  anneau,  tantôt  celui 
d’un  disque  solide  , et  tient  au  premier  par  le  collier 
œsophagien  ; enfin,  la  portion  abdominale  de  cet  appa- 
reil n’est  représentée  que  par  un  nerf  impair  qui  naît, 
comme  tous  ceux  du  thorax  , du  centre  médullaire 


(:)  PI.  U,  fig.  9,  10,  et  PI.  3,  fig.  3. 

(2)  PI.  TI,  fig  5. 

'7- 


26o  HISTOIBE  NATüRELLE 

dont  nous  venons  de  parler,  et  qui  n’olïre  aucune 
trace  de  renflemens  ganglionnaires. 

L appareil  digestif  de  ces  Décapodes  ne  présente 
aucune  particularité  très-remarquable  : nous  rappelle- 
rons seulement  que  les  appendices  cœcales  qui  nais- 
sent derrière  le  pylore  sont  longs  et  filiformes  , que 
1 appendice  situe  entre  1 intestin  grêle  et  le  gros  in- 
testin naît  a peu  de  distance  de  l’estomac  (i),  et 

que  les  deux  foies  sont  souvent  réunis  par  un  lobe 
médian  (a). 

Le  cœur  est  presque  quadrilatère  ; et  l’artère  ab- 
dominale, qui  naît  à l’origine  de  la  sternale,  est  ex- 
trêmement grêle  (3).  Le  système  des  sinus  veineux , si- 
tués près  de  la  base  des  pâtes,  est  très-développé  ; et, 
sur  la  ligne  médiane  du  corps,  il  n’existe  pas  de  réser- 
voirs semblables  (4). 

Les  branchies  ont  toujours  la  forme  des  pyramides 
llxees  jiar  leur  base , et  composées  d'une  double  série 
delamelles  empiléesles  unes  sur  les  autres  (5).  On  n’en 
compte  jamais  plus  de  neuf  de  chaque  côté  du  corps, 
et  quelquefois  il  n’en  existe  que  sept  ; une  ou  deux 
des  premières  , fixées  aux  pates-màchoires  externes , 
sont  toujours  rudimentaireset  cachées  sousles  autres(6)  ; 
mais  les  cinq  ou  sept  dernières  sont  très-développées, 
couchées  sur  la  voûte  des  flancs , et  constamment  in- 
sérées sur  une  même  ligne;  les  trois,  quatre  ou  cinq 
premiers  naissent  de  l’articulation  des  membres  cor- 


(1)  PI.  1, 

(2)  PL  4,  fig.  5. 

(3)  PL  5,  fig.  I. 

(4)  PL  6,  fig.  2 et  4. 
(5f  PI.  10,  fig.  2 et  8. 
(6)  PL  3,  fig.  8 et  g, 


DES  CRUSTACES. 


261 

respondans  ; savoir  : un  au-dessus  de  la  pate-mâchoire 
de  la  seconde  paire , deux  au-dessus  de  la  pate-mâ- 
choire externe , et  deux  au-dessus  de  la  pâte  thoraci- 
que de  la  première  paire.  Les  deux  dernières  branchies 
naissent  au  contraire  d’une  ouverture  pratiquée  dans 
la  voûte  des  flancs  (i)  et  correspondent  ordinairement 
aux  pâtes  de  la  seconde  et  de  la  troisième  paire  ; 
quelquefois  il  n’existe  pas  de  hranchie  au-dessus  de 
la  troisième  paire  de  pâtes  ; enfin  les  deux  derniers 
anneaux  du  thorax  n’en  portent  jamais.  Le  fouet,  qui 
naît  de  la  pate-mâchoire  externe,  et  celui  de  la  seconde 
pate-mâchoire  passent  entre  ces  organes  et  la  voûte 
des  flancs,  et  l’appendice  analogue,  appartenant  à 
la  pate-mâchoire  de  la  première  paire,  se  recourbe 
sur  la  face  supérieure  et  externe  des  branchies  ; 
mais  jamais  ces  derniers  organes  ne  sont  séparés 
entre  eux  par  des  fouets.  Enfin,  la  cavité  respira- 
toire n’est  ouverte  qu’à  sa  partie  antérieure  ; et  la 
partie  latérale  de  la  cara])ace  vient  s’appliquer  exac- 
tement contre  le  bord  inférieur  de  la  voûte  des  flancs; 
aussi  l’eau  ne  parvient-elle  aux  branchies  que  par 
une  ouverture  spéciale  qui  se  voit  en  général  au 
devant  de  la  hase  des  pâtes  de  la  première  paire , 
mais  qui  est  quelquefois  remplacé  par  un  canal  qui 
s’ouvre  dans  le  cadre  buccal  à côté  du  conduit  efférent 
du  même  appareil. 

L’appareil  de  la  génération  présente , chez  les  fe- 
melles , une  disposition  particulière  qui  est  très-re- 
marquable,et  qui  consiste  dans  l’existence  d’une  grande 
poche  copulatrice  placée  près  de  l’ouverture  de  chacun 
des  oviductes.  Ces  poches  reçoivent  les  verges  du  mâle 


(1)  PI.  3,  fig.  3. 


V 


HISTOIRE  NATURELLE 

pendant  la  copulation,  et  servent  évidemment  comme 
des  réservoirs  pour  la  liqueur  destinée  à féconder  les 
œufs  à fur  et  à mesure  de  leur  passage  vers  le  dehors. 
Les  vulves,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  occupent 
toujours  le  plastron  sternal;  elles  sont  situées  sur 
l’anneau  qui  porte  les  pâtes  de  la  troisième  paire,  et 
sont  cachées  par  1 abdomen.  Les  organes  de  la  géné- 
ration du  mâle  viennent  en  général" aboutir  à une  ou- 
verture creusée  dans  1 article  basilaire  des  pâtes  de  la 
cinquième  paire;  mais  dans  la  famille  des  Catomètopes, 
les  verges  sortent  presque  toujours  par  des  trous  pra- 
tiqués sur  le  plastron  sternal  lui-même. 

La  section  des  Brachyures  comprend  un  très-grand 
nombre  de  Crustacés  sur  la  classification  desquels  les 
auteurs  ne  sont  pas  d’accord.  MM.  Leach  et  Desma- 
rest  les  ont  rangé  d’après  le  nombre  des  pièces  dis- 
tinctes dont  1 abdomen  se  compose  , soit  chez  le  mâle, 
soit  chez  la  femelle.  Cette  méthode  est  très-simple  et 
d’une  application  extrêmement  facile  ; mais  elle  a le 
grand  inconvénient  d’être  tout-à-fait  artificielle  et  d’é- 
loigner souvent  les  Brachyures  qui  ont  entre  eux  le 
plus  ti analogie  ; il  est  des  cas  où,  d’après  ce  système, 
des  espèces  appartenant  à un  même  genre  naturel  se- 
raient dispersées  dans  des  familles  differentes  ; nous 
ne  pouvons  par  conséquent  l’adopter, 

M.  Latreille  a eu  recours  à deux  méthodes  principa- 
les pour  la  distribution  des  Brachyures  ; l’une  fondée 
sur  la  forme  générale  du  corps  et  la  disposition  des 
pâtes,  l’autre  basée  sur  ces  mêmes  considérations, 
ainsi  que  sur  la  forme  de  la  bouche  et  quelques  autres 
caractères.  Dans  la  première  de  ces  classifications  , ce 
célèbre  entomologiste  divise  les  Brachyures  en  sept 
familles  ; savoir  : les  Nageurs , les  ylrqués , les  Quadri- 


DES  CaUSTACÉS.  26.5 

latères,  les  Orbiculaires , les  Triangulaires,  les  Crypto- 
podes  et  les  Natopodes  ; et,  dans  la  seconde  , il  réunit 
les  Nageurs  aux  Arqués , et  modifie  un  peu  la  compo- 
sition de  ces  groupes , ainsi  que  de  celui  des  Orbicu 
] aires. 

Cette  dernière  classification  m’a  paru  bien  plus 
naturelle  que  toutes  celles  qu’on  avait  proposées  jus- 
qu’alors ; mais  une  étude  approfondie  de  la  structure 
des  divers  Bracbyures  et  de  la  valeur  des  caractères 
employés  pour  leur  distribution  méthodique , m a con- 
duit à en  modifier  quelques  points,  et  à diviser  la  sec- 
tion des  Bracbyures  seulement  en  quatre  grandes  fa- 
milles f£u’on  peut  distinguer  à l’aide  des  caractères 
suivans  : 


FAMILLE  DES  OXYRHINQUES. 

Orifices  génitaux  du  mâle  creusés  dans  l’article  ba- 
silaire des  pâtes  postérieures  et  ne  se  continuant  pas 
avec  un  canal  transversal  du  sternum.  — Canal  affé- 
rent de  la  cavité  branchiale  s’ouvrant  en  arrière 
des  régions  ptérygostomiennes.  — Branchies  au  nom- 
bre de  neuf  et  remplissant  presque  entièrement  la 
cavité  respiratoire.  — Cadre  buccal  à peu  près  qua- 
drilatère , très -large  en  avant  et  très -éloigné  du 
front. — Bégion  antennaire  occupant  un  espace  pres- 
que aussi  long  que  le  cadre  buccal. — Épistome  très- 
grand,  presque  carré.  — Carapace  rétrécie  anté- 
rieurement; régions  branchiales  très -développées  et 
occupant  presque  toute  la  partie  latérale  du  thorax  ; 
régions  hépatbiques  rudimentaires;  front  avancé  et 
formant  en  général  un  rostre  très-saillant  ; orbites  di- 
riiïées  au  dehors.  — Abdomen  du  mâle  occupant  tout 

O 


^^4  MISTOIJiE  NATURELLE 

l’espace  compris  entre  la  base  des  pâtes  postérieures. 
— Quatrième  article  des  pâtes  - mâchoires  externes 
s’insérant  le  plus  ordinairement  à l’angle  interne  de 
l’article  précédent. 


FAMILLE  DES  CYCLOMÈTOPES. 

Orifices  génitaux  du  mâle,  canaux  ajfférens  des 
cavités  respiratoires , et  branchies  disposées  de  même 
que  dans  la  famille  précédente.  — Cm/, e buccal  très- 
large  en  avant  et  fort  éloigné  du  front.  - Bégion 
antennaire  n’occupant  pas  un  espace  moitié  aussi 
long  que  le  cadre  buccal. — Épistome  très-court,  beau- 
coup plus  large  que  long,  et  n’atteignant  pas  à beau- 
coup prés  le  niveau  du  bord  inférieur  des  orbites. 
— Carapace  très-large  et  régulièrement  arquée  anté- 
rieurement, rétrécie  postérieurement  ; régions  hépa- 
tiques tres-developpées  et  occupant  presque  toujours 
au  moins  la  moitié  de  la  portion  latérale  du  test  ; front 
transversal  en  général  peu  ou  point  rabattu  ; orbites 
dirigées  obliquement  en  haut  et  en  Abdomen 

du  male  occupant  tout  l’espace  compris  entre  la  base 
des  pâtes  postérieures.  — Quatrième  article  des  pafeA- 
rnachoires  externes  s’insérant  toujours  à l’angle  interne 
de  1 article  précédent. 

FAMIILE  DES  CATOMÈTOPES. 

Orifices  génitaux  du  mâle  placés  presque  toujours 
sur  le  plastron  sternal  lui -même,  ou  se  continuant 
avec  une  gouttière  transversale  creusée  dans  le  plastron 
et  renfermant  les  verges.  — Canaux  ajférens  des  cavi- 
tés branchiales  et  cm/re  buccal  disposés  comme  dans  la 


DES  CRL’STACES. 


205 


famille  précédente.  — Branchies  souvent  moins  nom- 
breuses que  dans  les  familles  précédentes,  et  n’occupant 
en  général  qu’une  petite  portion  de  la  cavité  respira- 
toire. — Jiégion  antennaire  n’ayant  en  général  guères 
plus  du  tiers  ou  du  quart  de  la  longueur  du  cadre 
buccal. — Épistome  très-court,  presque  linéaire  et  at- 
teignant presque  toujours  le  niveau  du  bord  orbitaire 
inférieur,  avec  lequel  il  semble  se  continuer.  — Cara- 
pace en  général  quadrilatère  ou  ovoïde  ; régions  hépa- 
tiques rudimentaires;  régions  branchiales  très-déve- 
loppées  ; front  transversal  et  ordinairement  rabattu  ; 
orbites  dirigés  en  avant  ou  obliquement  en  bas. — Ab- 
domen du  mâle  souvent  beaucoup  moins  large  que 
l’epace  compris  entre  la  base  des  pâtes  postérieures. 
— Quatrième  article  des  pâtes  - mâchoires  externes 
s’insérant  presque  toujours  au  milieu  ou  vers  l’angle 
externe  du  précédent. 

FAMILLE  DES  OXY6TOMES. 

Orifices  génitaux  du  mâle  occupant  l’article  basi- 
lairedes  pâtes  postérieures  et  ne  se  continuant  pas  avec 
une  gouttière  sternale.  — Cadre  buccal  triangulaire 
très -étroit  en  avant  et  arrivant  en  général  jusqu’au- 
près du  front.  — Canaux  affèrens  de  la  respira- 
tion s’ouvrant  ordinairement  au  devant  de  la  bouche 
à côté  des  canaux  efïérens.  — Branchies  souvent 
moins  nombreuses  que  dans  les  deux  premières  fa- 
milles , mais  disposées  de  meme.  — Région  anten- 
naire d’une  petitesse  extrême.  — Épistome  pres- 
que toujours  rudimentaire.  — Carapace  en  général 
orbiculaire  ou  arquée  en  avant;  front  peu  ou  point 
saillant. 


266 


HISTOIRE  NATURELLE 


CHAPITRE  III. 

FAnEII.I.E  SES  OXYRHINQUES. 

Le  nom’d’Oxyrhinque  a été  donné  par  M.  Latreille 
à une  grande  division  de  Brachjures  renfermant  les 
Mïiïa , nos  Oxystomes  et  plusieurs  de  nos  Anoraou- 
res  (i);  mais  comme  la  classification  dans  laquelle  on 
1 employait  a été  abandonnée  depuis  long-temps,  même 
par  son  auteur,  nous  avons  pensé  qu’il  n’y  aurait  au- 
cun inconvénient  à l’appliquer  à la  famille  dont  nous 
faisons  ici  l’histoire,  et  en  agissant  de  la  sorte  nous 
avons  été  dispensés  de  charger  d’un  nom  nouveau  la 
nomenclature  zoologique  qui  déjà  est  si  vaste. 

C’est  dans  ce  groupe  naturel  que  le  système  uerveHar 
présente  le  degré  de  centralisation  le  plus  grand  que 
nous  ayons  rencontré  parmi  les  Crustacés,  et  c’est 
principalement  pour  cette  raison  que  nous  le  plaçons 
àla  tête  de  la  série  formée  par  ces  animaux.  En  effet,  les 
divers  ganglions  médullaires  du  thorax  ne  constituent 
plus  ici  qu’une  seule  masse  solide  en  forme  de  disque  (2), 
tandis  que  chez  les  autres  Décapodes,  dont  on  connaît 
l’anatomie  intérieure,  ces  mêmes  ganglions  restent 
toujours  plus  ou  moins  distincts  et  ne  se  réunissent 
que  de  manière  à former  un  anneau  circulaire.  Chez 
plusieurs  Oxyrhinques  nous  avons  aussi  remarqué  que 
les  deux  moitiés  du  foie,  au  lieu  d’être  complètement 


(1)  Hist.  nat.  des  Criislncès  et  des  Insectes  , faisant  suite  à l’édition 
du  Buftbn  de  Soiinini.  Paris,  an  IX. 

(2)  PI.  9,  fig.  5. 


DES  CRUSTACÉS.  aÔ^ 

séparées  comme  chez  les  autres  Décapodes , sont  réu- 
nies sur  la  ligne  médiane  par  un  lobe  impair  (i)  ; ce 
viscère  est  assez  développé  et  s’étend  sur  une  grande 

partie  delà  voûte  de  la  cavité  branchiale. Lenombre  des 

hranchies  est  toujours  de  neuf  de  chaque  côté  du  tho- 
rax; sept  de  ces  organes,  dont  le  dernier  est  inséré 
au-dessus  de  la  troisième  pâte,  sont  très-développés 
et  couchés  sur  la  voûte  des  flancs , tandis  que  les  deux 
autres  se  trouvent  réduits  à l’état  rudimentaire  et  sont 
cachés  à la  hase  des  premiers.  Enfin  , la  voûte  de  la 
cat’lté  respiratoire  est  peu  élevée,  et,  dans  toute  son 
étendue,  presqu’en  contact  avec  la  face  supérieure  des 
hranchies.  Du  reste,  l’organisation  intérieure  des  Oxy- 
rinques  ne  nous  a offert  rien  de  particulier. 

11  n’en  est  pas  de  même  de  l’organisation  extérieure 
de  ces  animaux.  La  forme  générale  de  leur  corps  se 
rapproche  en  général  de  celle  d’un  triangle  dont  la 
base  serait  arrondie  et  tournée  en  arrière.  L,n  carapace 
est  presque  toujours  très-inégale  et  hérissée  d épines  ou 
de  poils,  et  notablement  plus  long  que  large;  les  lé- 
gions (a),  à l’exceptiondes  hépatiques,  sont  ordinaire- 
ment assez  distinctes;  la  stomacale  est  presque  tou- 
jours plus  longue  que  large,  bien  quelle  occupe  toute 
la  largeur  de  la  partie  post-orbitaire  de  la  carapace,  et 
elle  n’est  jamais  divisée  en  deux  , sur  la  ligne  médiane , 
par  un  prolongement  presque  linéairede  larégiongé- 
nitale,  comme  cela  se  voit  chez  la  plupart  des  Cyclo- 
métopes et  des  Gatomètopes.  Cette  dernière  région  est 
en  général  peu  développée,  et  confondue  plus  ou  moins 


(1)  PI.  4,  %•  5. 

(2)  PI.  3,  üg.  I,  et  PI.  fig.  I et  2. 


268 


histoire  natureele 
complètement  avec  la  stomacale,  ou  bien  tronquée 
en  avant.  Les  régions  hépatiques , comme  nous  l’avons 
déjà  dit,  sont  rudimentaires  et  peu  distinctes;  mais 
les  branchiales  sont  très- développées  et  s’étendent  au 
delà  du  niveau  du  bord  antérieur  du  plastron  sternal  ; 
elles  sont  bombées , et  c’est  toujours  vers  leur  milieJ 
que  la  caparace  présente  le  plus  de  larifeur.  Quant 
aux  régions  cordiale  et  intestinale,  elles  n’ollrent  rien 
de  particulier.  Le  front  est  toujours  assez  étroit,  et 
en  général  il  s avance  de  façon  à constituer  un  rostre 
très-saillant.  Les  orbites  sont  dirigées  plus  ou  moins 
obliquement  en  dehors,  et  souvent  elles  sont  si  petites 
et  si  peu  en  rapport  avec  la  longueur  des  tiges  oculaires, 
cpie  ces  organes  ne  peuvent  s’y  reployer  ; d’autres  fois 
la  portion  post-foraminaire  de  ces  cavités  est  assez  pro- 
fonde et  s étend  comme  d’ordinaire  assez  loin  en  dehors 
pour  que  les  yeux  puissent  s’y  cacher  en  entier.  Les 
flratennei  de  la  première  paire  n’oflrent  rien  de  particu- 
lier quant  à leur  forme;  mais  leur  tige  mobile  est  assez 
développée;  elles  se  reploient  presque  toujourslongitu- 
dinalement , et  sont  logées  dans  des  fossettes  également 
longitudinales  et  complètement  séparées  des  cavités 
orbitaires(i).  Chez  presque  tous  ces  Bracbyures  le  pre- 
mier article  des  antennes  externes  est  extrêmement 
développé  et  complètement  soudé  au  front  et  aux 
parties  voisines  des  régions  ptérygostomiennes  ; il 
constitue  une  portion  considérable  de  la  paroi  in- 
férieure de  l’orbite  (2),  et  présente  àsabaseune  ou- 
verture circulaire  qui  est  remplie  par  un  disque  cal- 
caire appartenant  à l’appareil  auditif;  les  deux  arti- 


(OPl.  3,  %.  a,/. 
(3)  PI.  3,  fig.  2,  U. 


DES  CRUSTACÉS.  269 

des  suivans  sont  en  général  parfaitement  libres,  et 
supportent  une  tige  terminale  qui  est  assez  longue. 
Uépistome  est  en  général  presque  carré;  la  région  an- 
tetmaire^  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  est  très- 
développée,  et  le  bord  du  cadre  buccal  qmXaiievmïne 
postérieurement  est  presque  droit  et  très  - saillant. 
Les  régions ptérjgostoiniennes  sont  au  contraire  peu 
étendues,  et  sont  en  général  assez  nettement  divisées 
en  deux  portions  ; l’une  correspondante  au  canal  effé- 
rent de  la  cavité  respiratoire , et  l’autre  située  au  devant 
et  en  dehors  de  la  première  (i)  ; enfin  la  ligne  courbe, 
qui  indique  le  point  de  soudure  de  la  pièce  dorsale  de 
la  carapace  avec  les  pinces  latérales  , se  termine  vers 
la  base  de  la  troisième  pâte,  hes  pâtes -mâchoires  ex- 
ternes ne  dépassent  jamais  le  bord  antérieur  du  cadre 
buccal  (2)  ; leur  premier  article  est  grand  et  sert  de  val- 
vule pour  clore  l’ouverture  qui  se  voit  immédiatement 
au  devant  des  pâtes  antérieures  et  qui  conduit  dans 
la  cavité  branchiale  (3)  ; il  supporte  à son  extrémité  in- 
terne un  palpe  et  une  tige  don  t les  deux  premiers  articles 
sonttrès-largesctrecouvrcnt  lereste  de  l’appareil  buc- 
cal , et  dont  les  trois  dernières  pinces  le  sont  beaucoup 
moins  (4)  ; quant  à la  forme  générale  de  ces  espèces  d’o- 
percules, elle  varie,  mais  n’est  jamais  triangulaire.  Les 
pates-mdchoires  de  la  seconde  paire  ne  présentent  rien 
de  remarquable  ; le  premier  article  du  palpe  de  celles 
des  troisièmes  est  toujours  plus  long  que  lalame  cornée 


(i)  PI.  3j,  fig.  a. 

(a)  PI.  i5,  fig,  2,  10,  12,  i4,  1(5. 

(3)  Pi.  3,  fig.  2,  »,  et  fig.  8,  O. 

(4)  PI.  3,  fig.  8 ! c,  t/,  deuxième  et  troisième  articles  formant 
1 opercule  buccal;  — e , f,  g-,  trois  derniers  articles  formant  un 
appendice  palpiforme. 


270  mSTOTRK  NATURELLE 

qui  représente  la  portion  externe  de  la  tige  (i).  Les 
autres  appendices  de  la  bouche  n’offrent  rien  de  par- 
ticulier. En  général  le  plastron  sternal  (2)  est  presque 
circulaire,  et  l’espace  qui  sépare  les  pâtes  postérieures 
est  jjeu  considérable.  L’apodème  médian  du  thorax 
n’occupe  ordinairement  que  le  dernier  anneau , la  selle 
turcique  postérieure  (3)  est  peu  élevée  et  les  apo- 
dèmes  sternaux , qui  séparent  les  cellules  correspon- 
dans  aux  pates-mâchoires  externes  et  aux  pâtes  thora- 
ciques des  trois  premières  paires,  sont  loin  de  s’étendre 
jusqu  auprès  de  la  ligne  médiane  du  corps.  \j.es  pâtes 
de  la  première  paire  sont  en  général  à peu  près  de 
même  grandeur  des  deux  côtés  du  corps  , mais  offrent 
des  dimensions  très-différentes , suivant  les  espèces  et 
les  sexes.  Les  pâtes  suivantes  sont  souvent  d’une  lon- 
gueur démesurée,  et  sont  presque  toujours  grêles  et 
cylindriques  ; cette  disposition  est  même  portée  si 
loin  chez  quelques  Oxyrhinques,  qu’elle  leur  a fait 
donner  le  nom  à’ Araignées  de  mer.  Les  pâtes  des 
deux  ou  trois  dernières  paires  sont  quelquefois  pres- 
que subchéliformes  ; jamais  ces  organes  ne  prennent 
la  forme  de  rames  natatoires,  et  en  général  ceux  des 
trois  dernières  paires  diminuent  graduellement  de 
longueur.  Enfin,  c’est  toujours  dans  l’article  basi- 
laire des  pâtes  postérieures  que  sont  pratiqués  les 
trous  qui  livrent  passage  aux  verges,  lesquelles  se 
trouvent  immédiatement  en  rapport  avec  les  mem- 
bres abdominaux,  et  ne  sont  jamais  logés  dans  un 


(1)  PI.  3,  tlg.  10. 

(2)  PI.  3,  lig.  2 et  4 = 7 ) suture  correspondante  à Vapodème  mé- 
dian du  sternum. 

(3)  PI.  3,  fig.  3,  c. 


DES  CRUSTACÉS.  CS^t 

canal  transversal  du  sternum.  La  disjiosilion  del’rtô- 
domen  varie  beaucoup  ; tantôt  ony  voit,  danslesdeux 
sexes , sept  pièces  distinctes  ; tantôt  celui  des  femelles 
n’en  présente  que  six,  cinq  ou  même  quatre,  tandis 
que  celui  des  mâles  reste  composé  de  sept  anneaux 
séparés;  enfin,  d’autres  fois  encore  on  ne  compte  cliez 
ces  derniers  que  six  segmens  (i).  Il  est  aussi  à noter  que 
cliez  les  mâles  l’espace  compris  entre  les  pâtes  posté- 
rieures est  entièrement  recouvert  par  l’abdomen. 
Quant  aux  appendices  de  cette  partie  du  corps,  ils  ne 
présentent  rien  de  particulier  cbez  les  femelles , et 
chez  le  mâle  , ceux  de  la  première  paire  sont  en  géné- 
ral grêles,  styliformes  , tronqués  au  bout,  presque 
droits  et  assez  longs , tandis  c[ue  ceux  de  la  seconde 
paire  sont  rudimentaires  (2). 

Les  Oxyrhinques  paraissent  être  tous  des  Crustacés 
essentiellement  maritimes;  on  n’en  connaît  pas  qui 
vivent  dans  l’eau  douce , ou  qui  fréquentent  les  rivages 
de  la  mer;  tous  habitent  à des  profondeurs  considé- 
rables, et  on  se  les  procure  en  général  à l’aide  des 
filets  traînans , dont  les  pêcheurs  se  servent  pour  pren- 
dre diverses  espèces  de  gros  poissons.  Malgré  la  lon- 
gueur souvent  excessive  de  leurs  pâtes , leurs  mou- 
vemens  sont  en  général  lents,  et  lorsqu’on  les  retire 
de  l’eau  ils  ne  tardent  pas  à périr;  on  n’en  connaît 
aucun  qui  soit  nageur. 

Jusqu’ici  nous  ne  connaissons  aucun  Crustacé  fos- 
sile que  l’on  puisse  regarder,  avec  quelque  certi- 
tude comme  appartenant  à la  famille  des  Oxyrhinques. 
M.  Desmarets rapporte , il  est  vrai,  au  genre  Inachus, 


(1)  PI.  i5,  üg.  3,  8 et  i3. 

(2)  PI.  3,  fig.  6,  i5  et  iG. 


272  HISTOIRE  NATURELLE 

une  espece  de  Brachyure  dont  le  gisement  n’est  pas 
connu;  mais  des  raisons,  que  nous  exposerons  plus 
loin , nous  portent  à rejeter  cette  détermination. 

La  famille  des  Oxyrliinques  renferme  un  nombre 
très  - considérable  de  genres,  et  on  peut  la  diviser  en 
trois  tribus  caractérisés  de  la  manière  suivante. 

I.  TRIBU  DES  MACnOPODIENS. 

Pâtes  greles  et  très  - longues  ; celles  de  la  seconde  ou 
ti  oisième  paire  toujours  beaucoup  plus  longues  que  les  pâtes 
anteiieures,  et  plus  de  deux  fois  aussi  longues  que  la  por- 
tion post-frontale  de  la  carapace. 

2.  TRIBU  DES  MAÏENS. 

PatesAe,  grandeur  médiocre  ; celles  de  la  seconde  et  de  la  troi- 
sième paire  n’ayant  jamais  deux  fois  la  longueur  de  la  poi’tion 
post-frontale  de  la  carapace  (ordinairement  moins  d’une  fois 
et  demie  cette  longueur)  ; celles  de  la  première  paire  souvent 
plus  longues  et  plus  grosses  que  les  suivantes , mais  n’ayant 
jamais  plus  de  deux  fois  la  longueur  de  la  portion  post-fron- 
tale de  la  carapace.  Article  basilaire  des  antennes  externes 
très  - développé , constituant  la  majeure  partie  de  la  paroi 
inférieure  de  1 orbite , et  allant  toujours  se  souder  avec  le 
front  au  devant  du  canthus  intei-nc  des  yeux. 

3.  TRIBU  DES  PARTH^NOPIENS. 

Pales  des  quatre  dernières  paires  beaucoup  plus  courtes 
que  les  pâtes  antérieures  ; celles  de  la  deuxième  paire  ayant 
en  général  moins  d’une  fois  et  demie  la  longueur  de  la  por- 
tion post-frontale  de  la  carapace  ; celles  de  la  première  paire 
au  contraire  très-grosses,  et  ayant  chez  le  mâle,  sinon  dans 
les  deux  sexes,  deux  ou  trois  fois  cette  longueur.  Article  basi- 
laire des  antennes  externes  presque  toujours  peu  développé. 


DES  CRUSTACÉS.  2^3 

point  soudé  au  front , et  ne  contribuant  que  peu  ou  point 
à constituer  la  paroi  inférieure  de  l’orbite. 


PREMIÈRE  TRIBU. 

MACROPODIENS. 

Les  Crustacés  de  cette  tribu  (i)  qui  correspond  à 
peu  près  au  genre  Macrope , tel  que  M.  Latreille  l’avait 
d’abord  établi  {Hist,  nat.  des  Crustacés  , etc.,  t.  VI, 
p.  io8),  sont  remarquables  par  la  longueur  démesu- 
rée de  leurs  pâtes  ; aussi  les  désigne-t-on  souvent 
par  le  nom  vulgaire  à! Araignées  de  mer.  La  forme  de 
leur  carapace  varie,  mais  en  général  elle  est  trian- 
gulaire, et  en  quelque  sorte  rejetée  en  avant;  très- 
souvent  elle  ne  s’étend  pas  sur  le  dernier  anneau  tho- 
racique. Les  pâtes  antérieures  sont  courtes  et  presque 
toujours  très -grêles  ; celles  des  paires  suivantes  sont 
toujours  plus  ou  moins  filiformes  ; la  longueur  de  celles 
de  la  seconde  paire  égale  quelquefois  neuf  ou  dix  fois 
la  longueur  de  la  portion  post-frontale  de  la  carapace, 
et  excède  toujours  de  beaucoup  le  double  de  cette 
dernière  mesure  ; en  général  les  pâtes  suivantes  sont 
également  très-longues.  Presque  toujours  l’article  ba- 
silaire des  antennes  externes  constitue  la  majeure  par- 
tie’de  la  paroi  inférieure  de  l’orbite , et  va  se  souder 
au  front  (2).  Enfin,  chez  la  plupart  des  Macropodiens, 
le  troisième  article  des  pates-mâchoires  externes  (3) 
est  ovalaire  ou  triangulaire , plus  long  que  large,  et  ne 


(1)  Exemple  PI.  i5,  fig.  i5,  et  PI.  i^his,  %•  3. 

(2)  PI.  i5,  fig.  14  et  16. 

(3)  PI.  i5,  fig.  14  et  16. 

CRUSTACÉS,  TOME  I.  l8 


inSTOIP.E  NATURELLE 


274 

porte  pas  l’article  suivant  à son  angle  antérieur  et  in- 
terne , comme  chez  les  autres  Oxyrhinques. 

Ces  Crustacés  vivent  ordinairement  à d’assez  gran- 
des profondeurs  dans  la  mer,  et  s’y  cachent  parmi  les 
algues;  on  en  trouve  souvent  sur  les  bancs  d’huîtres. 
Leur  démarche  et  lente  est  paraît  mal  assurée.  La  fai- 
blesse de  leurs  pinces  doit  les  rendre  peu  redoutables 
aux  autres  animaux  marins,  et  il  nous  paraît  probable 
qu’ils  vivent  principalement  d’Annelides,  de  Planaires 
et  de  petits  Mollusques. 

A l’aide  des  caractères  comparatifs  présentés  dans 
le  tableau  suivant , on  pourra  facilement  distinguer 
entre  eux  les  divers  genres  qui,  dans  l’état  actuel  de 
la  science,  composent  la  tribu  des  Macropodiens. 


TARLEAU 


p.  274. 


TABLEAU  SYNOPTIQUE  DES  PRINCIPAUX  CARACTÈRES  GÉNÉRIQUES  DES  MACROPODIENS. 


Troisième  article 
Ides  patcs-niàchoires 
Icxtcrnes  ovalaire  ou 
jtriançulaire , etpor- 
Itant  1 article  suivant 
à son  sommet  ou  à 
son  angle  externe. 


TRIBU 


des 


MtCROPODlKISS. 


Yeux  non  rétraC' 
Itiles,  et  ne  pouvant 
I pas , en  général , se' 
reployer  en  arrière. 


Troisième  article 
i des  pâtes  -mâchoires 
1 externes  à peu  près 
1 ovalaire  , et  plus\ 
Id’une  fois  et  demie 
laussi  longue  que 
llarge. 


[ Tige  mobile  des  antennes  externesi 
insérée  au  devant  du  niveau  des  yeux , > 
donf  le  pédoncule  est  très-court.  ) 

Tige  mobile  des  antennes  externes  1 
insérée  en  arrière  du  niveau  des  yeux , I 
qui  sont  portés  sur  des  pédoncules  grêles  j 
et  extrêmement  longs.  J 

Pâtes  de  la  seconde  paire  notablement  plus  courtes  que  les  | 
^suivantes.  J 


Pâtes  de  la  se 
conde  paire  nota- 
blement plus  lon- 
gues que  toutes  les 

autres. 


Genres. 
Stésorïsqoe. 

Laxreillie. 

Camposcie. 


Rostre  extrêmement  long  , et  recou- 
vrant l’insertion  de  la  tige  mobile  des! 
antermes  externes  , qui  a lieu  assez  loin!  LePtopodie. 
Troisième  article  Re®  Putes-mâchoires  \au  devant  des  yeux  ; pédoncules  oculaires 
triangulaire , forte-  ) courts. 


externes  presque 
ment  tronqué  en  avant  guère  plus 
long  que  large , et  portant  1 article  sui- 
vant à son  angle  externe. 


Rostre  médiocrement  long , et  laissant! 
là  découvert,  de  chaque  côté,  le  point 
d'insertion  de  la  tige  mobile  des  antennes  j 
externes.  (Tarse des  pâtes  des  deux  der- 
inières  paires  presque  falciforme.  ) 


Acuée 


Yeux  parfaitement  rétractiles,  pouvant  se  P oyer  en  arriéré  , et  se  loger  c P «nire  eux-  ivant- 

cavités  orbitaires.  (Tarses  des  guatre  dernières  paires  de  pieds  styliformes  et  sem  «artie  nost-fi-'ontale 

dernier  article  cylindrique  ; pâtes  de  la  secon  e paire  trois  fois  aussi  longues  qu  p p 

de  la  carapace.) 


|lsACHUE. 


Troisième  article 
Ides  pates-mâchoires 
lexteriies  presque 
I carré,  à peu  près 
I aussi  large  que  long, 
[ et  donnant  iiiser- 
I tion  à l'article  sui- 
v.ant  par  son  angle 
interne. 


Yeux  non  rétractiles  et  peu  saillans  j carapace  triangulaire. 


I Pâtes  des  quatre  dernières  paires  (ili-'| 
formes,  cylindriques,  et  sans  élargisse- 5 Amathie. 

\ ment  vers  le  bout. 

Pâtes  des  quatre  dernières  paires  com- 1 
! primées,  ayant  leur  dernier  article  élargi  IEorypode. 
I en  dessous,  et  presque  subehéliformes.  j 


1 Pâtes  de  la  seconde  paire  ayant  plus  del 
six  fois  la  longueur  de  la  portion  post- VEceeie. 
frontale  de  la  carapace.  J 

Pâtes  de  la  seconde  paire,  ayant  envi- Y 
ron  trois  fois  la  longueur  de  la  portion  Dociée. 
\ post-frontale  de  la  carapace.  T 


Crustacés,  tome  i. 


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DES  CRUSTACÉS. 

I.  GESRE  LEPTOPODIE.  — Leplopodia  (i). 

Ce  genre,  établi  par  M.  Leach  aux  dépens  des  Inachus 
de  Fabricus  et  des  Macropes  de  B'I.  Latreille,  est  très-remar- 
quable par  la  forme  générale  du  corps  et  par  la  longueur 
excessive  des  pâtes  ; il  présente  d’une  manière  exagérée  tous 
les  caractères  distinctifs  de  la  famille  et  de  la  tribu  aux- 
quelles il  appartient.  La  carapace  est  à peu  près  triangu- 
laire, et  ne  recouvr'e  pas  le  dernier  anneau  du  thorax  ; le 
rostre  est  stylifonne  et  d’une  longueur  démesurée  (PI.  i5, 
fig.  ; ies  j'eux  sont  gros  et  non  rétractiles;  les  an- 

tennes internes  , en  se  reployant,  suivent  exactement  la 
direction  longitudinale  du  corps.  Le  premier  article  des 
antennes  externes  est  très-long,  et  complètement  con- 
fondu avec  les  parties  voisines  du  test  ; le  second  s’in- 
sère assez  loin  au  devant  des  orbites  et  au-dessous  du 
rostre.  L’ èpistome  ( c ) est  beaucoup  plus  long  que  large. 
Le  troisième  article  des  pates-mâchoires  {b)  est  presque 
triangulaire , et  porte  à son  angle  externe  l’article  suivant , 
qui  est  assez  développé.  Le  plastron  sternal  est  aussi  long 
que  large,  mais  ti’ès-rétréci  entre  les  premières  pâtes  ] ces 
organes  sont  très-gréles  et  extrêmement  longs  , mais  cepen- 
dant moins  que  toutes  les  pâtes  suivantes;  la  longueur  de 
celles  de  la  seconde  paire  égale  neuf  ou  dix  fois  la  longueur 
de  la  portion  post-frontale  de  la  carapace.  Enfin , ï abdo- 
men se  compose  dans  les  deux  sexes  de  six  articles , dont  le 
premier , très-développé  et  aussi  long  que  large , occupe  la 
face  dorsale  du  corps , et  dont  la  dernière  est  formée  par  la 


(i)  Inachus.  Fabr.  Supjj.  Eut.  Syst. , p.  35g.  Cancer.  Herbst,  t.3, 
3p.  partie , p.  ay.  Maîa.  Bosc,  t.  i,  p.  253.  Macrope.  Latr.  Hist.  liât, 
des  Crust. , t.  6,  p.  io8.  Stènorynque.  LauiE.  Hist.  des  an.  sans 
vert-,  t.  5,  p-  236.  Leptojmdia.  Leach.  Zool.  mise.  t.  2:- — Say,  Acad. 
dePliilad.,  t.i,  p 4^5; — Desm.,p.  i55.  Latr-  fieg-  Anim.2«.  éd., 
t.  4,  p,  64. 


ifi. 


i 


276  HISTOIRE  NATURELLE 

soudure  du  dixième  et  du  septième  anneau  abdominal. 

Le  genre  Leptopodie  paraît  appartenii-  en  propre  au  JVou- 
veau-Monde. 

1.  LEfTOPODiE  SAGITTAIRE. — Lcptopodiu  sagiUaria  (i). 

Epines  du  bord  terminal  du  troisième  article  des  huit 
dernières  pâtes  très-courtes  ; pédoncules  oculaires  parfai- 
tement cylindriques . Rostre  presque  deux  fois  aussi  long  que 
la  portion  post-frontale  de  la  carapace  {PI.  i5,  fîg.  i4  )j  entier, 
styllforme  et  armé  de  chaque  côté  d’une  série  de  pointes  ; une 
épine  à la  face  inférieure  de  l’article  basilaire  des  antennes  ex- 
ternes, près  de  l’insertion  des  yeux,  et  une  de  chaque  côté  de  la 
carapace  à quelque  distance  en  arrière  des  orbites  ; pâtes  ai’mées 
d’épines,  surtout  sur  le  troisième  article;  mains  finement  gra- 
nulées. Longueur  totale  du  corps  (y  compris  le  rostre)  deux 
à trois  pouces. 

Habite  le  golfe  du  Mexique  et  la  mer  des  Antilles.  ( Col.  du 
Muséum.  ) 

2.  Leptopodie  a éperons.  — Leptopodia  calcarata  (2). 

Troisième  article  des  huit  dernières  pâtes  arme  a son 
extrémité  de  trois  épines,  dont  la  médiane,  grosse  et 
obtuse,  est  moitié  aussi  longue  que  l’article  suivant;  pé- 
doncules oculaires  présentant  au  devant  de  la  cornée 
une  légère  éminence  spiniforme. 

Habite  la  baie  de  Charlestown. 


(1)  laachus  sagiUarias.  Fabr.  Supp.  ent.  syst. , p.  ôSg.  Cancer 
seticornis.  H«rb.  3,  PI.  55,  fig.  2;  Leptopodia  sagiUaria.  Leach. 
Zool.  mis.  t.  2,  PI.  67;  — Latr.  Encyc. , PI.  299,  fig.  i.  ( d’après 
Leach.).  — Desm. , PI.  16,  fig.  2-  — Guérin.  Iconog.  Cr.,  pl.  ii, 

fig.  4. 

(2)  Say.  Journ.  de  Philad, , t.  i,  p.  455. 


DES  CRUSTACES. 


277 


II.  GENRE  hkTKE\U.m.  — Latreilüa  (i). 

M.  Roux,  de  Marseille,  a fait  connaître , sous  le  nom  de 
Latreillic,  un  Crustacé  très-remarquable  qui  se  trouve  dans 
la  Méditerranée , et  qui  ressemble  assez,  par  la  forme  générale 
du  corps,  à une  Leptopodie  qui  serait  privée  de  son  rostre,  et 
qui  sei’ait  munie  de  pédoncules  oculaires  d’une  longueur 
extrême. 

La  carapace  est  triangulaire , tronquée  en  avant , et  ne 
recouvre  pas  le  dernier  anneau  du  thorax  ; 1 épistome  est 
beaucoup  plus  long  que  large  ; le  second  et  le  troisième 
articles  des  pâtes  - mâchoires  externes  sont  très  - étroits  ; 
les  pâtes  sont  filiformes  et  extrêmement  longues;  enfin, 
\ahdomen  de  la  femelle  ne  se  compose  que  de  cinq  arti- 
cles, mais  on  y distingue  les  sutures,  des  deux  autres  ; quant 
à l’abdomen  du  mâle  on  ne  connaît  pas  sa  structure. 

1.  LATREiELiE  ÉLÉGANTE.  — LatreilHa  clcgaiis 

Caparace  glabre,  lisse,  front  armé  en  dessus  de  deux 
grandes  cornes  divergentes  et  d’une  épine  dirigée  en  avan 
entre  les  antennes  ; pâtes  des  quatre  dernières  ayant  le  troi- 
sième article  épineux,  l’avant- dernier  article  un  peu  dilaté  en 
dessous , vers  son  extrémité  , et  le  tarse  très-court  ; abdomen 
armé  de  six  épines , dont  deux  situées  sur  la  ligne  médiane , et 
quatre  près  des  bords  ; longueur  environ  im  pouce  ; couleur 
jaunâtre,  une  des  bandes  rouges  sur  les  jambes. 

Habite  les  côtes  de  Sicile. 


Nous  sommes  portés  à croire  que  c’esi 
qu’il  faudrait  placer  le  Maïa  seticornis 


est  à côté  de  ce  Crustacé 
fisdeBosc;  cet  animal, 


(1)  Latreillia.  Roux,  Crust.,  5«.  livraison. 

(2)  Roux,  Crust.,  pl.  ri. 


^■yS  HISTOIRE  NATURELLE 

qu’on  dit  habiter  aussi  la  Méditerranée , n’est  connu  que  par 
une  figure  de  Slabber  {Obs. Micros,  tab.  i8,  fig  2) , reproduite 
par  Herbet  { pl.  i5,  %•  9 1 ),  par  Bosc  (t.  1 , pl.  7 , fig.  2 ) , et 
parM.  Latreille  [Encj.  pl.  281,  fig.  5 );  Herbst  le  confond 
avec  la  Leptopodie  sagittaire;  et,  en  effet,  il  est  représente' 
avec  un  rostre  stylifornie  très -allongé;  mais  ce  prolongement 
ne  paraît  être  qu’une  espèce  de  soie , et  pourrait  bien  ne  pas 
faire  réellement  partie  de  l’animal. 

III.  GENRE  STÉJNORYNQUE. — Slenorynchus  {i). 

Ce  genre,  dont  l’établissement  est  dû  à M.  Latreille,  a 
changé  plusieurs  fois  de  nom,  parce  que  ceux  de  Macrope 
et  de  Macropode,  qu’on  luiavait  d’abord  donnés,  étaient  déjà 
employés  pour  désigner  d’autres  animaux.  Les  Macropodiens, 
dont  ilse compose,  ontla  carapace  (Pl.  i4  bis,  fig.  3)  triangu- 
laire, très-retirée  en  avant,  et  ne  se  prolongeant  pas  au-dessus 
du  dernier  anneau  thoracique.  Le  rostre  est  avancé,  bifide  et 
aigu  ; les  orbites  sont  circulaires,  et  les  yeux,  assez  saillans , ne 
sont  nullement  rétractiles.  Les  antennes  internes  se  reploient 
longitudinalement,  et  les  fossettes  qui  les  logent  ne  sont  pas 
complètement  séparées  entre  elles.  Le  premier  article  des  an- 
tennes externes , confondu  avec  les  parties  voisines,  est  très- 
étroit  ; le  second  s’insère  sur  les  côtés  du  rostre  ; et  le  troi- 
sième est  beaucoup  plus  long  que  le  second,  h’épistome  est 
plus  long  que  large  , et  les  régions  ptérygostomiennes  rudi- 
mentaires ; le  cadre  buccal  est  également  beaucoup  plus 
long  que  large  ; les  pates-mâchoîres  externes  sont  étroites  ; 
leur  troisième  article  est  ovalaire , et  le  quatrième  est  assez 


(1)  Cancerhin.  ; — Pennant. — Herb.  ; Innchiis  Fahr.  ; MaïnBosc  ; 
Macropus  Latr.  Hist.  nat-  des  Crust. , t.  6 , pag.  108  ; Macropodia 
Leacli  Edimb.  Eiicyc. , t.  7,  p.  SyS , etc.; — Desm. , p.  154. — 
Risso,  Hist.  nat.  de  l’Europe  merid. , t.  5,  p.  27.  Stènorynque , 
Lamk.  Hist-  des  an.  sans  vert.,  t.  5,  p.  236;  — Latr.  R.  An., 
2».  éd.,  t.  4>  p-  64. 


DES  GHUSTACÉS.  279 

long.  Le  plastron  sternal  est  étroit  entre  les  pâtes  anté- 
rieures , mais  devient  ensuite  très-large , et  présente  sur  la 
ligne  médiane  une  suture  qui  en  occupe  le  dernier  segment. 
Les  pâtes  de  la  première  paire  sont  plus  courtes , mais  beau- 
coup plus  grosses  que  les  suivantes  ; la  main  qui  les  termine 
est  renflée,  et  les  doigts  un  peu  courbés  en  dedans.  Les 
pâtes  des  quatre  dernières  paires  sont  filiformes  et  extrême- 
ment longues  j la  longueur  de  celles  de  la  seconde  paire  égale 
cinq  ou  six  fois  la  largeur  de  la  carapace  ; les  autres  devien- 
nent progressivement  plus  courtes;  leur  pénultième  article 
est  un  peu  dilaté  vers  le  bout,  et  le  dernier  est  styliforme  et 
un  peu  recourbé.  Enfin,  Vabdornen  est  compose  dans  les 
deux  sexes  de  six  articles , dont  le  dernier  est  formé  par  la 
soudure  du  sixième  et  du  septième  anneau. 

On  n’a  encore  trouvé  de  Sténorynques  que  dans  la  Mé- 
diterranée et  les  autres  mers  d’Europe.  Tous  sont  de  très- 
petite  taille. 

I.  sïénorykque  faucheur.  — Stenorynclms  phalan- 

giuni  (i). 

Rostre  n atteignant  pas  à beaucoup  près  V extrémité 
du  pédoncule  des  antennes  externes-,  épistome  armé  de 
chaque  côté  d’une  seule  petite  épine  située  près  de  l or- 
gane auditif;  région  stomacale  armée  de  trois  pointes  , dont 
les  deux  antérieures  sont  très-écartées  entre  elles  ; une  épine  sur 
la  région  cordiale  , deux  sur  chaque  région  branchiale , etc.  ; 
troisième  article  des  pâtes  - mâchoires  externes  sans  dentelures 
notables  sur  le  bord  externe. 

Très-commun  sur  les  côtes  de  la  Manche  et  de  1 Océan. 

( G.  M.  ) 


(l)  Cancer  phalangium,  Penn. , t.  /( , pi-  9,  fig-  '7  i rosiratus  , 
Lin.  Fanna  Suecica , n».  2037;  — Hevh.,  pL  lô,  tig-  90.  Inachus 
phatangium.  Fabr.  snp.,  p.  358:  Macropus  phalangium.  Latr.  Hist. 
nal.  des  Crust.  t.  6,  p.  110.  Macropodia  phalangium.  Leach,  Zool. 
mis. , t.  3 , p.  18:  et  Malac,  pl.  28  , hg.  6 ; — Latr.  Itricyc. , pl.  278 , 


28o 


HISTOIliE  NATURELLE 


2.  STÉNORYKQUE  iQyvTim.  ■— Stenorynchus  égyptius  (i). 

Rostre  n' atteignant  pas  tout-à-fait  l’extrémité  du  pé- 
doncule des  antennes  externes;  épislome  armé  de  chaque 
côté  de  deux  épines  placées  l'une  au  devant  de  l’autre.  La 
forme  générale  du  corps  est  Leaucoup  plus  allongée  que  dans 
l’espèce  précédente  ; les  deux  tubei-cules  antérieurs  de  la  ré- 
gion stomachale  se  touchent  presque , et  le  bord  externe  du 
troisième  article  des  pâtes  - mâchoires  externes  est  armé  de  deux 
ou  trois  épines. 

Habite  les  cotes  de  l’Egypte  et  de  la  Sicile.  ( G.  M.  ) 


3. 


STÉNORYNQUE  LONGiROSTRE.  — Stenoiyiichus  longi- 
rostris  (2). 


Rostre  dépassant  de  beaucoup  le  pédoncule  des  an- 
tennes externes. 

Habite  la  Manche  et  la  Méditerranée.  ( G.  M.  ) 


Le  CANCER  DODEcos  de  Linné  [Syst.  nat.  XII.  2.p.  io46, 
n“.  38  ) appartient  probablement  à ce  genre  ; mais  il  serait 
diflîcile  de  déterminer  à quelle  espèce  il  faudrait  la  rapporter  , 
Fabricus  le  regarde  comme  étant  sou  I.  longirostris. 

L’araignée  de  mer  de  Rondelet  (Poissons,  t.  II,  p.  ^it) 
est  aussi  une  Sténorynque. 


Kg.  2 ( copiée  d’après  Pennant  ),  etpl.  298 , fig.  6 (d’après  Leach); 
— Desm.,  pl.  23,  fig.  3.  — Guérin.  Iconogr.  Crust. , pl.  21,  fig.  2. 

(1)  Stenorynchus  phalangium,  Andouin.  Explic.  des  planches  du 
grand  ouvrage  sur  l’Égypte  ; Savigny,  loc.  cit.  pl.  6 , fig.  6, 

(2)  Inachus  longirostris.  Fabr.  sup.  p.  358;  Macropus  longirostris. 
Latr.  Hist.  nat.  des  Crust.,  t.  8,  p.  no;  — Macropodia  tenuirostris. 
Leach,  Malac,  pl.  23,  fig.  i — 5 ; — Latr.  Encyc.  pl.  298,  fig.  j — 5 
(d’après  Leach)  — Desm.,  p.  l54  ; M.  longirostris,  flisso.  Hist. 
nat.  de  l’Europe raérid.,  t.  5, p.  27. — Blainville,  Faune  française, 
pl.  8,fig.  1. 


DES  CRUSTACES. 


281 


IV.  GEHRE  AGHÉE.  — Achcsus  (i). 

M.  Leach  a désigné  sous  ce  nom  de  petits  Macropodiens 
qui  ressemblent  beaucoup  aux  Sténorynques  et  aux  Ina- 
chus  , mais  qui  se  distinguent  de  tous  les  autres  genres  de 
cette  famille  par  la  forme  des  pâtes  postérieures  et  par  quel- 
ques autres  caractères  ; \a.  carapace  de  ces  Crustacés,  comme 
celle  de  la  plupart  des  Macropodiens  , ne  s’étend  pas  sur  le 
dernier  segment  du  thorax  ; elle  est  à peu  près  triangulaire  et 
renflée  sur  les  réglons  branchiales.  Le  rostre  est  presque  nul  ; 
les  yeux  non  rétractiles  et  portés  sur  des  pédoncules  assez 
longs  ; le  premier  article  des  antennes  externes  est  soudé  au 
front  et  s’avance  au  delà  du  niveau  du  canthus  interne  des 
yeux  ; l’insertion  du  second  article  se  fait  sur  les  côtes  du  rostre 
et  reste  complètement  à découvert  en  dessus,  h’épistonie  est  à 
peu  près  carré;  le  troisième  article  des  pâtes  - mâchoires 
externes  est  plus  long  que  large  et  presque  triangulaire  ; 
il  donne  attache  à l’article  suivant  près  de  son  angle  anté- 
rieur et  externe.  Le  plastroti  sternal  se  rétrécit  brusque- 
ment entre  les  pâtes  antériçures,  qui  sontgrcles  et  courtes; 
celles  des  quatre  paires  suivantes  sont  filiformes  ; les  secondes 
ont  à peu  près  deux  fois  et  un  quart  la  longueur  de  la  por- 
tion post-frontale]  de  la  carapace,  et  se  terminent  par  un 
article  styliforme  et  tout-à-fait  droit;  les  pâtes  suivantes 
sont  beaucoup  moins  longues,  et  l’article  terminal  des  quatre 
dernières  est  grand , comprimé  et  falciforme.  Enfin  1 ab- 
domen esX  composé  de  six  articles  dans  les  deux  sexes. 

Les  Achées  n’ont  encore  été  rencontrées  que  dans  la 
Manche. 

I.  AcnÉE  DE  Crancu.  — Achevas  cranchii  {2). 

Eoslre  formé  de  deux  petites  dents  triangulaires  , et  no  dé- 


( 1 ) Lcach , Malac , iG'.  liv.  — Desin. , P’  i53.  — Latr.  ü.  anim, 

a*,  éd. , t.  4,  p.  64. 

(2)  Leacli,  Malac , p.  aa  C — ; Desm. , P'  i54. 


IIISXOIIIE  NATURELLE 

passant  pas  le  second  article  des  antennes  externes  ; une  épine 
sur  la  face  anterieure  des  pédoncules  oculaires;  régions  génitale 
et  cordiale  élevées  en  forme  de  tubercides  ; pâtes  garnies  de 
quelffues  poils  très-longs , et  crochues.  Longueur  6 à 8 lignes. 
Couleur  hrime. 

Habite  la  baie  de  Falmoullh  en  Angleterre  , et  l’embouchm-e 
de  la  Eance , près  Saint-Malo.  Vit  parmi  les  Algues  et  les 
Huîtres. 


y.  GEJVRE  CAMPOSCIE.  ■ — Camposcia  (i). 

Dans  le  genre  Camposcie,  que  M.  Latreille  a adopté  d’a- 
près M.  Leach,  la  carapace  (PI.  i5,  fig.  i5)  est  bombée 
et  presque  pyriforme,  mais  tronquée  en  avant  ; le  rostre  est 
rudijnentaire  et  dépasse  à peine  le  canthus  interne  des  orbites. 
Les sont  portéssur  des  pédoncules  assez  longs,  recour- 
bés en  avant  et  très-gros  à leur  base  ; ils  peuvent  se  replier 
en  arrière,  mais  ils  ne  sont  pas  rétractiles,  car  il  n’existe 
pas  de  cavité  orbitaire  post-foraminaire  pour  les  loger; 
seulement  leur  extrémité  est  alors  protégée  par  une  épine 
de  la  partie  latiVale  de  la  carapace.  Les  antennes  internes 
se  reploient  un  peu  obliquement  en  avant  (fig,  i6)  ; les  fos- 
settes qui  les  logent  présentent  cela  de  particulier  quelles  ne 
sont  pas  séparées  comme  d’ordinaire  par  une  cloison  longitu- 
dinale et  ne  forment  qu’une  seule  cavité  quadrilatère.  Le 
preznier  article  des  antennes  externes  est  long  et  mince  ; il 
se  prolonge  presque  aussi  loin  que  le  rostre,  et  porte,  à son 
extrémité,  une  tige  mobile  qui  est  par  conséquent  complète- 
ment à découvert,  h’épistonie  est  à peu  près  cari  é , et  les 
pâtes -mâchoires  externes  sont  très -allongées  et  ne  closent 
qu’imparfaitement  la  bouche.  Les  pâtes  sont  grêles  et  assez 
longues  ; chez  la  femelle  les  premières  sont  les  plus  courtes 
et  ne  sont  pas  plus  fortes  que  les  suivantes  ; celles  de  la  troi- 


(i)  Lati'.  R,  anim.  a',  éd.,  t.  4t  p.  Go. 


des  crustacés.  283 

sième  , de  la  quatrième  et  de  la  cinquième  paire  sont  un  peu 
plus  longues  et  se  terminent  aussi  par  un  ongle  cylindrique 
légèrement  recourbé  en  bas.  On  ne  connaît  pas  leur  forme 
chez  le  mâle , et  on  ignore  également  la  disposition  de  1 ab- 
domen de  ces  Crustacés. 

Ils  habitent  les  mers  de  l’Asie. 

I.  CAMPosciE  RÉTUsE.  — Cauiposcici  retusa  (i). 

(PI.  i5,  fig.  i5,  i6.  ) 

Corps  couvert  de  poils  laineux , qui  sont  les  pltislongs  et  les 
plus  abondans  sur  les  pâtes.  Carapace  environ  une  fois  et  demie 
aussi  longue  que  large , bombée  et  présentant  des  réglons  assez 
distinctes;  rostre  très-large,  tronque  et  terminé  par  deux  pe- 
tits tubercules  qui  dépassent  à peine  rextrémité  de  l’article  ba- 
siliaire  des  antennes  externes.  Une  dent  assez  forte  sur  la 
partie  latérale  de  la  carapace , à quelque  di.stance  en  arrière  des 
yeux.  Pâtes  de  la  première  paire  cylindriques  et  terminées  par 
une  pince  faible , légèrement  recourbée  en  dedans , dentelée 
sur  les  bords,  et  points  creusés  en  gouttière.  Pâtes  de  la  troi- 
sième paire  à peu  près  deux  fois  aussi  longues  que  le  corps. 
Couleur  brune  jaunâtre.  Patrie  inconnue. 

VI.  GENRE  EURYPODE.  — Eurypodiiis  (2). 

Ce  genre,  nouvellement  fondé  par  M.  Guérin,  établit,  sous 
quelques  rapports,  un  passage  entre  les  Macropodiens  dont 
il  a déjà  été  question  et  certains  Maïens,  tels  que  le  Ilalime 
Oreillard,  etc.  ; en  effet,  il  se  rapproche  un  peu  de  ces  der- 
niers par  la  forme  des  pâtes , et  ressemble  aux  précédens  par 
la  longueur  de  ces  organes  et  par  la  disposition  des  yeux.  La 
ceirapaca  est  triangulaire,  deux  fois  aussi  longue  que  large,  ar- 


(1)  Camposcia  retusa.  Latr.  R.  Auliu.  a',  éd. , t.  /(.j  P’ 

Guérin.  Iconog.  Gr.  pl.  9,  %.  1.  t,  . . 

(2)  Guérin , Mém.  du  Muséum , t.  16 , p-  34^  ! — Latr.  R.  Amm, 
2'.  éd.  , t.  4.  P'  583. 


284  HISTOIRE  NATURELLE 

rondie  posterieurement , étroite  en  avant , bombée  et  inégale 
en  dessus;  le  rostre  est  formé  de  deux  cornes  longues  et 
horizontales  ; les  yeux  sont  portés  sur  des  pédoncules  de 
longueur  médiocre  et  non  rétractiles;  la  disposition  des  an- 
tennes internes  et  externes  est  à peu  près  la  même  que  dans 
les  genres  Sténorynques , Inachus,  etc.;  ïépistome  et  plus 
large  que  long;  le  troisième  article  des  pâtes -mâchoires 
externes  est  presque  carré , aussi  large  que  long , et  pro- 
fondément échancré  à son  antérieur  et  interne,  pour  donner 
insertion  à l’article  suivant.  Les  pâtes  antérieures  sont  de  la 
longueur  du  corps  chez  le  mâle  et  beaucoup  plus  courtes  chez 
la  femelle  ; elles  sont  peu  renflées  et  les  doigts  sont  légère- 
ment recourbés  en  dedans.  Les  pâtes  suivantes  sont  très- 
longues;  leur  troisième  article  est  cylindrique,  mais  le  cin- 
quième est  comprimé  et  dilaté  inférieurement  ; sa  plus  grande 
largeur  se  trouve  au  delà  du  milieu  ; le  doigt  est  grand  , re- 
courbe, très -aigu  et  susceptible  de  se  reployer  contre  le 
bord  inférieur  de  l’article  précédent,  en  manière  de  pince 
subehéliforme  ; enfin , la  longueur  des  pâtes  de  la  seconde 
paire  égale  presque  deux  fois  et  demie  celle  de  la  portion 
post-frontale  de  la  carapace,  et  les  suivantes  diminuent  suc- 
cessivement de  longueur,  mais  très-peu.  abdomen  se  com- 
pose dans  les  deux  sexes  de  sept  articles. 

Ce  genre  appartient  à la  mer  des  Indes. 

I.  Eurypode  de  Latreille.  — Erypodius  Latreillia  (i). 

Carapace  velue , bosselée , tuberculeuse  en  dessus  ; quelques 
épines  sur  scs  bords  latéraux  ; cornes  du  rostre  légèrement  con- 
vergentes ; second  article  des  antennes  externes  grêle , cylin- 
di’ique  et  à peu  près  de  même  longueim  que  le  troisième  ; 
pâtes  velues,  surtout  en  dessous.  Longueur,  trois  pouces. 

Habite  les  îles  Malouines.  ( C.  M.  ) 


( I)  Guérin,  Mém.  du  Muséum,  t.  l6,  PI.  14,  et  Iconog.  Cr  , 
PI.  ii.Hg.  I. 


DES  CRDSTACÉS. 


285 


Vil.  GENRE  AMATHIE. — Amathia  [\). 

Le  genre  Amatliie  de  M.  Roux  a quelques  l’apports  avec 
les  Péricères  de  M.  La  treille;  leur  aspect  est  le  meme; 
mais  leurs  antennes  externes  ne  présentent  pas  la  disposi- 
tion particulière  qu’on  remarque  chez  ces  derniers,  et 
l’espace  que  les  oi’hites  laissent  entre  eux  n’est  guères  plus 
large  que  la  hase  du  rostre , tandis  que  chez  les  Péricères 
elle  a plus  du  double.  La  carapace  des  Amathies  a la  forme 
d’un  triangle  allongé  et  à base  arrondie  ; sa  face  supérieure 
et  ses  bords  sont  hérissés  d’énormes  épines  ; le  rostre , qui  se 
termine  par  deux  grandes  cornes  divergentes,  est  presque  aussi 
long  que  la  portion  post  - orbitaire  de  la  carapaee.  Les 
yeux  sont  petits  et  en  partie  protégés  par  une  épine  qui 
occupe  leur  canthus  externe,  mais,  de  même  que  dans 
les  genres  pi’écédens  , ils  ne  sont  pas  rétractiles  et  restent 
toujours  saillans.  Les  antennes  externes  ne  présentent  rien 
de  remarquable;  l’article  basilaire  des  externes  est  long, 
très-étroit  et  soudé  au  front;  la  tige  s’insère  sous  le 
rostre,  à quelque  distance  au-devant  du  niveau  des  yeux, 

. elle  est  très  - grêle , et  ses  deux  premiers  articles  sont  d’égale 
longueur.  Vépistonie  est  grand  et  à peu  près  aussi  long  que 
large  ; le  troisième  article  des  pates-rnâchoircs  externes  est 
dilaté  en  dehors  et  tronqué  à ses  deux  angles  internes.  Les 
pâtes  de  la  première  paire  sont  plus  courtes  que  les  suivantes  ; 
elles  sont  filiformes  chez  la  femelle  et  un  peu  renflées 
chez  le  mâle.  Les  pâtes  suivantes  sont  longues  et  filiformes  ; 
celles  de  la  seconde  paire  ont  plus  de  trois  fois  la  longueur 
de  la  portion  post-orbitaire  de  la  carapace  (l’épine  posté- 
rieure non  comprise)  ; les  autres  sont  beaucoup  plus  courtes  ; 
enfin  leur  article  terminal  est  long , aigu  et  sans  épines  ni 


( 1)  Roux,  Crust.  de  la  Méditer.,  5'.  livi'- 


HISTOIRE  NATURELLE 


a 86 

dents  à sa  face  inférieure,  h' abdomen  se  compose  de  sept 
articles  dans  les  deux  sexes. 

Amatrie  de  Risso.  — Amathia  Rissoana  (i). 

Carapace  hérisse'e  de  treize  e'nornes  épines , dont  trois  s’élè- 
vent de  la  région  stomacale , une  de  la  cordiale,  et  les  autres 
occupent  le  bord  de  ce  bouclier , savoir  : une  sm'  la  région  in- 
testinale , trois  de  chaque  côté  sur  la  région  branchiale  et  une 
sur  chaque  région  hépatique;  une  petite  épine  devant  les  yeux 
et  une  plus  forte  aux  angles  antérieurs  du  cadre  huccal.  Pâ- 
tes couvertes  ( comme  la  carapace  ) d’une  sorte  de  duvet.  Lon- 
gueur environ  deux  pouces  ; couleur  jaunâtre  avec  deux  taches, 
rouge  sur  le  front. 

Habite  la  rade  de  Toulon.  ( C.  M.  ) 

VIII.  GENRE  INACHUS.  — Inachus  (2). 

Le  genre  Inachus,  tel  que  Fabricius  l’avait  établi , com- 
prenait presque  tous  les  Oxyrhinques , les  Parthénopiens  ex- 
ceptés ; mais  aujourd’hui  il  a des  limites  bien  plus  restreintes 
et  ne  renferme  plus  qu’un  petit  nombre  de  Macropodiens. 
La  carapace  de  ces  animaux  est  presque  triangulaire , pas 
beaucoup  plus  longue  que  large,  et  fortement  bosselée  en 
dessus.  Le  rostre  est  très-court  ; la  disposition  des  yeux  est 
differente  de  ce  que  nous  avons  vu  jusqu'ici , car  les  pédon- 
cules de  ces  organes  peuvent  se  reployer  en  arrière , et  se  lo- 
ger dans  une  cavité  orbitaire  peu  profonde , il  est  vrai , 
mais  bien  distincte.  Les  antennes  internes  ne  présentent 


(1)  Roux,  Crust.  de  la  Méditer. , PI.  3. 

(2)  Cancer.  Peuii.  Herb.,  etc.  Inachus.  Fabr.  Supp.  p.  355;  — 
Maia.  Lamk.  Syst.  des  an.  sans  vert.  , p.  i54; — Macrope.  Latr. 
Hist.  des  Crust.,  t.  6,  p.  log:  Inachus.  Leach,  Edimb.  Encyc. , 
t.  7 , p.  43i  , etc.  ; — Latr.  R.  Aniru. , t.  3 , p.  ai  et  a",  édit.,  t.  4, 
/).  63,etc.  ; — Desm. , p.  ; — Roux,  Crust.  delà  Méd..;  Doclca 
Risso,  Hist.  nat.  de  l'Europe  IMcrid.  t.  5,  p.  a8. 


DES  CRUSTACÉS.  987 

rien  de  remarquable  ; le  premier  article  des  externes  va 
se  souder  au  front  au  devant  du  canthus  interne  des 
yeux , et  le  second  article  s’avance  sur  les  côtés  du  rostre. 
\i’èpistome  est  un  peu  plus  large  que  long  j le  troisième 
article  des  pâtes -mâchoires  est  au  contraire  beaucoup 
plus  long  que  large  ; il  a à peu  près  la  forme  d’un  triangle 
dont  la  base  serait  tournée  en  avant,  et  donne  attache  à 
l’article  suivant  près  de  son  angle  antérieur  et  externe.  Le 
plastron  sternal  se  rétrécit  assez  brusquement  entre  |les 
pâtes  de  la  première  paire,  et  sa  longueur  n’égale  pas  tout-à- 
fait  sa  plus  grande  largeur.  Les  pâtes  de  la  première’  paire 
sont  très-petites  chez  la  femelle  ; chez  le  mâle  elles  sont 
assez  grosses  et  ont  quelquefois  jusqu’à  trois  fois  la  lon- 
gueur du  corps  ; les  pinces  sont  toujours  pointues  et  re- 
courbées en  dedans.  Les  pâtes  suivantes  sont  cylindriques , 
grêles  et  plus  ou  moins  filiformes  ; celles  de  la  seconde  paire , 
toujours  plus  longues  que  les  antérieures , ont  trois  ou  quatre 
fois  la  longueur  de  la  portion  post-frontale  de  la  carapace  ; 
les  autres  diminuent  successivement  de  longueur,  et  toutes 
se  terminent  par  un  article  cylindrique  très-long , pointu  et 
peu  ou  point  courbé.  V! abdomen  ne  se  compose  que  de  six 
articles  distincts. 

Les  Inachus  sont  des  Crustacés  de  petite  taille  qui  habi- 
tent nos  côtes  et  se  tiennent  ordinairement  dans  des  eaux 
assez  profondes  ; on  en  trouve  souvent  sur  les  bancs 
d’huîtres  situés  dans  des  lieux  abrités.  Ils  ont  tout  le  corps 
couvert  de  duvet  et  de  poils  auxquels  s’attachent  sou 
vent  des  éponges  et  des  corallines  ; leur  couleur  est  bru- 
nâtre. 


288 


HISTOIRE  NATUREELE 


A.  Espece  ayant  la  région  stomacale  garnie  de  cinq 
épines  ou  tubercules , dont  une  médiane  et  postérieure 
tres-forte,  et  quatre  petites  placées  antérieurement 
sur  une  ligne  transversale. 

I.  Inachus  scorpion.  — Inachus  scorpio  (i). 

Rostre  large , très-conrt  et  profondément  échancré  au  mi- 
lieu ; carapace  armée  de  quatre  épines  aiguës , une  sur  la  ré- 
gion stomacale , une  sur  la  cordiale  et  une  sur  les  branchiales; 
un  tubercule  situé  de  chaque  côté , un  peu  au  devant  de  ces  der- 
nières épines  : une  forte  épine  entre  les  fossettes  antennaires , et 
une  série  de.petites  pointes  sur  l’article  basilaire  des  antennes  ex- 
ternes. Point  de  disques  calcaires  sur  le  sternum  du  mâle  ; 
les  pâtes  antérieures  de  ceux-ci  sont  fort  renflées,  et  deux  fois 
aussi  longues  que  la  portion  post-frontale  du  thorax , mais  ne 
dépassent  que  de  peu  l’antépénultième  article  des  pâtes  de  la 
seconde  paire.  Abdomen  du  mâle  presque  aussi  large  que  long. 

Habite  les  côtes  de  la  Manche  et  de  l’Océan.  ( C.  M.  ) 

AA.  Espece  dont  la  région  stomacale  est  armée  seule- 
ment de  trois  ou  quatre  pointes  disposées  en  triangle. 
B.  Pâtes  antérieures  du  mâle  ne  dépassant  pas 
l’avant- dernier  article  des  pâtes  de  la  seconde 
paire. 

2.  Inachus  dorinque.  — Inachus  dorynçhus  (2). 

Rostre  avancé,  hastiforme,  divisé  par  une  fissure,  mais 
sans  échancrure  au  bout  et  se  terminant  en  pointe  ^ cara- 


(1)  Cancer  seorpio , Fabr.  Ent.  syst.  t.  2,  p.  462.  Cancer  dor- 

seltensis.  Penn.  t.  4.  P-  9-  A.  %■  18.  — Inachus  scorpio . Fabr.  Supp. 
P- 358;  Macropus  scorpio,  Latr.  Hist.  nat.  desCrust.  t.  6,  p.  109. 
Inachus  dorsetlensis , Leach , Malac.  PI.  22 , fig.  i — G ; — Latr.  Encyc. 
méth. , PI.  281,  fig.  3 (copiée  d’après  Pennant  ) , et  PI.  3oo  , fig. 
I — 6 (copiée  d'après Leacli)  ; scorpio,  Desm.,Pl.  24,  fig- i- 

(2)  Leach,  Malac.,  PI.  22,  fig.  7-8;  — Latr.,  Eiicyc, , PL  3o, 
p.  ;-8.  (copié  d'après  Leach)  ; Desm. , PI,  24,  fig-  2. 


pace  garnie  de  tubercules  disposés  comme  les  épines  de  l’Ina- 
chus  scorpion , si  ce  n’est  qu’on  n’en  compte  que  trois  sur  la 
région  stomacale , et  qu’il  en  existe  deux  petites  près  du  bord 
postérieim  de  la  carapace  ; pâtes  antérieures  du  mâle  courtes , 
la  longueur  de  la  mam  étant  moins  grande  que  la  longueur  de 
de  la  carapace.  Femelle  inconnue. 

Habite  les  côtes  de  l’Angleterre. 

3.  Inachus  thoracique,  — Inachus  thoracicus  (i). 

Rostre  court  et  échancrê  ,•  région  stomacale  armée  de 
quatre  pointes , savoir  : une  de  chaque  côté  et  deux  sur  la  ligne 
médiane , dont  la  postérieure  très  - grande  ; une  épine  sur  la 
légion  cordiale,  et  une  de  chaque  côté  sm' les  régions  bran- 
chiales ; enfin , deux  près  du  bord  postérieiu'  de  la  carapace. 
Sternum  du  mâle , garni  en  avant  de  deux  plaques  calcaires 
ovalaires  réunies  par  une  pièce  médiane.  Pâtes  antérieures  du 
mâle  grandes,  surtout  chez  l’adulte,  mais  la  longueur  de  la 
main  ne  dépasse  pas  la  largeur  de  la  carapace.  Abdomen  du 
male  aussi  large  que  long.  Longueur  du  corps  un  pouce. 

Habite  les  côtes  de  la  Méditerranée , et  se  tient  au  milieu 
des  algues  et  des  fucus.  La  femelle  pond  en  avril  des  œufs 
rouges  qu’elle  porte  sous  l’abdomen  jusqu’en  juillet. 

BB.  Pâtes  antérieures  du  mâle  dépassant  t avant-der- 
nier article  des  pâtes  de  la  seconde  paire. 

4-  Inachus  LEPTORiNQUE.  — Inachus  leptorinchus  (2). 

Rostre  étroit  et  échancré  ; carapace  armée  comme  celle  de 
1 Inachus  dorynque , si  ce  n’est  qu’il  n’y  a point  de  tubercules 
près  de  sou  bord  postérieur.  Pâtes  antérieures  du  mâle  cybn- 


( t ) Roux , Ciust,  de  la  Méditer.  PI.  26  et  27  — Guérin  , Iconog. 
Grust. , PI.  1#,  fig.  2. 

(2)  Leach,  Malac. , PI.  22.  B Desra..  p.  162. 

CRUSTACÉS  , TOME  I, 


'9 


2go  HISTOIRE  HATURELLE 

driques  et  très-longues  ; la  longueiu-  de  la  main  e'gale  presque 
à une  fois  et  demie  la  longueur  de  la  carapace  ; sternum  du 
mâle  garni  en  avant  d’une  petite  plaque  calcaire,  de  forme 
ovalaire  ; abdomen  du  mâle  beaucoup  plus  long  que  laige. 
Femelle  inconnue.  Grandeur  environ  un  pouce. 

Habite  les  côtes  ouest  de  l’Angleterre. 


Le  Catîcro  BRAciiicHELO  coNGEîfER,  figuré  par  Aldrovande, 
p.  io\ , appartient  évidemment  au  genre  Inachus , mais  ne 
peut  être  déterminé  spécifiquement.  Il  en  est  de  même  du 
Cakcre  a court  bras  de  Rondelet  (liv.  i8,  cbap.  20,  p.  io8) 
et  de  la  Doclea  FabRICIAKA  de  M.  Risso  ( Ilist.  nat.  de 
VEur.  mérid.  . t.  5,  p.  28  ) , que  cet  auteur  avait  d’abord 
décrit  sous  le  nom  de  Macropus  paruirostris  ( Crust.  de 
JSice,  p.  89,  et  Blalnville , Faune  française  , PI.  8,  fig.  2), 
et  à llquclle  il  rapporte  les  figures  précitées  d’ Aldrovande  et  de 
Rondelet. 

IX.  GENRE  ÉGÉRIE.  — {1). 

Les  Macropodiens,  dont  on  a formé  les  genres  Leptope  et 
Égérie,  composent  un  petit  groupe  facile  à distinguer  de  tous 
les  précédons  par  la  longueur  excessive  des  pâtes  et  par  la 
forme  presque  globulaire  de  la  carapace,  qui  est  bosselée 
en  dessus  et  se  prolonge  eu  un  rostre  court,  étroit  et  di- 
rigé très  - obliquement  en  haut  et  en  avant.  Les  pédoncules 
oculaires  sont  très-courts  et  les  orbites  presque  circulaires; 
les  antennes  internes  sont  dirigées  longitudinalement,  et 
l’article  basilaire  des  antennes  externes , qui  est  étroit  et  se 
termine  presque  en  pointe,  s’avance  beaucoup  au  delà  du 


(i)  Cancer.  Huinpli.  Amlioiii.  —hinchns.  Fabr.  Supp.  p-  358.— 
Macvoÿm.  Lalr.  Ilist.  lUlt.  îles  Crust.,  X.'SX.— Eÿcria.  Latr.  Euoyc. 
atlas.  — Leacli , Sîool.  mis. , t.  \\.—Lcptopas . Lamk.  Hist.  des  Amm. 
sans  vert. , t.  V,  p.  a35.  Egcria  eiLeplopus.  Desm  , p.  i56  et  u». 
lihimu.  Latr.  11.  Anim.  ur.  cd.  t.  IV  , p.  «I- 


DES  CRÜSTACÉS. 


291 

canthus  interne  des  yeux,  h’épistonie  est  peu  développé  et 
le  troisième  article  des  pates-wâchoires  externes  à peu  près 
carré  et  légèrement  dilaté  à son  angle  antérieur  et  externe. 
Le  plastron  sternal  est  presque  circulaire.  Les  pâtes  sont 
toutes  lilil'ormes  chez  le  mâle  aussi  bien  que  chez  la  femelle  ; 
celles  de  la  première  paire  ne  présentent  rien  de  remarquable; 
elles  n’ont  pas  plus  d’une  fois  et  demie  la  longueur  de  la 
portion  post-frontale  de  la  carapace  ; celle  de  la  seconde  paire, 
quisontles  plus  longues  de  toutes,  ontau  contraire  plus  de  dix 
fois  et  celles  de  la  dernière  paire  plus  de  six  fois  cette  même 
longueur.  Enfin,  Validomenue  présente  chez  les  femelles  que 
cinq  articles  distincts  ; les  trois  anneaux  qui  précèdent  ce 
dernier  étant  soudés  entre  eux. 

Ces  Crustacés  habitent  les  mers  d’Asie. 

A.  Especes  dont  le  troisième  article  des  pales-mâchoires 
externes  est  profondément  échancré  à son  angle  an- 
térieur et  externe  (i). 

I.  Egérie  arachnoïde. — Egeria  arachnoides  (2). 

Rostre  extrêmement  court  ( moins  long  que  large  ). 
Carapace  année  en  dessus  de  longues  épines , dont  cinq  sur 
la  région  stomacale , une  sur  la  cordiale,  une  sur  l’intestinale , 
et  deux  ou  trois  sur  la  branchiale  ; rostre  avancé  et  terminé 
par  deux  petites  cornes;  bords  latéraux  de  la  carapace  armés 
de  deux  à trois  épines.  Orbites  avec  trois  fisstu-es  eu  dessus 
et  une  en  dessous.  Pâtes  antérieures , filiformes  dans  les  deux 
sexes  ; celles  des  quatre  dernières  paires  également  filiformes 
et  années  d’une  petite  épine  à l’extrémité  du  troisième  article. 


( I Cette  division  correspond  au  genre  Leptope  de  Latrcille. 

(2)  Cancer  arachnoides.  Kunipli.  Pl.VlIl,  llg-4î  C./o/iirTîCj.Lin.Miis. 
Lud-  Ulr.  p.  44fi; — lanchtis  toagipes.  Falu'.  .Supp-  p.  358;  — Macro- 
pus  toagipes.  Latr.  Hist.  nat.  des  Crust.,  t.  VI,  p.  i;:;  Cgeria  arach- 
noïdes. Latr.  Encyc. , PI.  agi,  fig.  i (copiée  d’après  Ruinph). 
Leptopus  toagipes.  Lanik.  lILst.  des  Anini.  sans  vert  , t-  V,  p.  235. 
— Latr.  R.  Anini.,  2'.  cd.  , t.  IV  , p.  62. 


'9’ 


HISTOIRE  NATURELLE 


292 

Corps  couvert  d’un  duvet  brunâtre;  longueur,  environ  un 
pouce. 

Habite  la  côte  de  Coromandel,  (C.  M.  ) 

2.  Égérie  de  Herbst." — JSgei'ia  Herbstii  {t). 

Rostre  tr'es-dèveloppé  ( environ  trois  fois  aussi  long  que 
ar^e).  Du  reste,  semblable  à l’espèce  précédente  avec  la- 
quelle on  l’avait  jusqu’ici  confondue. 

Habite  les  mers  d’Asie.  ( C.  M.  ) 

AA.  Especes  dont  le  troisième  article  des  pâtes -mâchoires 
externes  n’est  pas  échancré  à son  aiigle  antérieur  et 
interne  (2). 

6.  Egérie  indienne.  — Egeria  indica  ( 3 ). 

Cette  espèce  paraît  être  si  voisine  de  la  précédente , que , si 
M.  Eeach  n’avait  pas  dit  expressément  que  le  second  article 
de  la  tige  interne  des  pates-màchoires  externes  (c’est-a-dire 
le  troisième  article  de  ces  membres) , est  droit  sur  le  bord 
interne  et  proéminent  à son  angle  externe , nous  aurions  été 
porté  à la  regarder  comme  ne  devant  pas  en  être  distnguée. 
Habite  l’Océan  indien. 

X.  GENRE  DOGLÉE.  — Doclea  {4)- 

Les  Doclées  ont  la  plus  grande  analogie  avec  les  Egéries, 
et  établissent  le  passage  entre  ces  Macropodiens  et  les  Li. 
binies  qui  appartiennent  à la  tribu  suivante. 


(I)  C.lougipes  Herbst.  Hb  16,  fig.  ;)3  — longipes.  Latr. 
Coll,  du  Mus.  — Guérin.  Icor.og.  Cr.  PI.  10,  fig-  3. 

(9.)  Cette  division  correspond  au  genre  Egeria  de  IVÇ  Leacli. 

(3)  Egeria  indica.  Lcacii , Zool.  mis.,  t.  II , PI.  ^3  ; Desin., 
PI.  2(),  lig.  2. 

(-})  Infichus.  Fabr.  Supp.,  p 355;  Mdia.  Latis  Hist.  nat.  des  Giust., 


DES  CRUSTACES. 


293 

Chez  ces  Crustacés  la  carapace  est  presque  globuleuse , 
velue  et  plus  ou  moins  hérissée  d’épines  ; \c  front  est  relevé , 
et  les  bords  latéraux  de  la  carapace,  au  lieu  de  venir  joindre 
les  orbites , se  dirigent  vers  le  bord  antérieur  du  cadre  buccal  ; 
le  rostre  est  court  et  très  - étroit  ; les  orbites  sont  dirigées 
obliquement  en  avant , et  ils  logent  en  entier  les  yeux  qui 
sont  très-petits , et  ne  présentent  aucune  trace  d’épine  à l’an- 
gle antérieur  de  leur  bord  supérieur , caractère  qui  les  rend 
faciles  à distinguer  des  Libinies.  L'article  basilaire  des  an- 
tennes externes  avance  beaucoup  au  delà  du  canthus  interne 
des  yeux,  et  se  termine  presque  en  pointe  sous  le  front  auquel 
il  est  intimement  uni;  le  second  article  de  ces  antennes  est 
court  et  placé  près  du  bord  du  rostre  ; enfin  le  troisième  et 
le  quatrième  sont  très-petits.  L’épistome  est  très-peu  déve- 
loppé et  beaucoup  plus  large  que  long.  Le  troisième  article 
des  pates-mâchoires  externes  est  à peu  près  carré , légèrement 
dilaté  en  dehors , et  assez  profondément  écliancré  à l’angle  in- 
terne et  antérieur  ; le  plastron  sternal  est  presque  circulaire  ; 
les  pâtes  antérieures  sont  faibles  et  très-petites  ; elles  n’ont 
guères  plus  d’une  fois  et  demie  la  longueur  de  la  carapace , et 
la  main  est  presque  cylindrique.  Les  pâtes  suivantes  sont  au 
contraire  très-longues , sans  égaler  toutefois  celles  des  Egé- 
ries  ; elles  sont  grêles  et  cylindriques  ; l’article  qui  les  ter- 
mine est  long  et  styliforme  ; enfin,  celles  de  la  seconde  paire 
ont  deux  à trois  fois  la  longueur  de  la  portion  post-frontale 
de  la  carapace , et  les  suivantes  diminuent  progi'essivement. 
Quant  à ï abdomen , sa  disposition  varie  : tantôt  il  ne  pré- 
sente chez  la  femelle  que  cinq  articles  distincts  , tantôt  on  y 
compte  sept  segmens  comme  chez  le  mâle. 

Les  Doclées  sont  des  Crustacés  de  moyenne  taille  ; toutes 
les  espèces  connues  habitent  les  mers  des  Indes. 


t.VI.  Doclea.  Leach , Zool.  Miscel , t.  II , p.  4li  — Desin. , p.  i56 . 
Libinia.  Latr.  R.  Anim.,  a*,  éd. , t.  IV . p-  • 


294 


HISTOIRE  NATURELLE 


I.  Doclée  brebis.  — D.  ovis  (i). 

Point  d’épine  médiane  sur  le.  bord  postérieur  de  la  ca- 
rapace. Une  .série  de  petites  pointes  sur  la  ligne  médiane  de 
la  région  stomacale  ; rostre  creusé  en  dessus  d’un  léger  sillon 
longitudinal,  et  bifurqué  au  bout.  Bords  latéro-antérieurs  de  la 
carapace  armés  de  quatre  dents  spiniformes , médiocrement 
saillantes,  dont  la  dernière  n’est  pas  plus  grosse  que  les  autres, 
et  occupe,  ainsi  que  la  pénultième,  la  région  branchiale.  Les  pâtes 
delà  première  paire  sont  un  peu  plus  grosses  tpe  les  secondes, 
et  celles-ci  ont  presque  deux  fois  et  demie  la  longueur  de  la  por- 
tion post-frontale  de  la  carapace.  L’abdomen  de  la  femelle  se 
com2)ose  de  sept  articles  parfaitement  distincts  , dont  le  second 
est  surmonté  d’un  gros  tubercule  médian  ; enfin  tout  le  corps , 
les  mains  etles  doigts  exceptés , est  recouvert  d’un,  duvetlaineux, 
très-long,  très-serré  et  brunâtre.  Longueur,  environ  deux  pouces. 

Habite  les  mers  de  l’Inde.  ( G.  M.  ) 

2.  Doclée  hybride.  — D.  hybrida  (2). 

Bord  postérieur  de  la  carapace  armé  sur  la  ligne  mé- 
diane d'une  petite  épine;  bords  latvro-anterieurs  de  la  ca- 
rapace armés  de  quatre  épines,  courtes,  dont  la  postérieure 
n'est  pas  plus  grande  que  les  autres;  pâtes  de  la  seconde 
paire  moins  de  deux  fois  aussi  longues  que  la  carapace. 
Rostre  plus  court  que  dans  l’espèce  précédente  ; quelques  pe- 
tites pointes  sur  la  ligne  médiane  des  régions  génitale , cor- 
diale et  intestinale,  aussi  bien  que  sur  la  stomacale.  Abdomen 
de  la  femelle  formé  seulement  de  cinq  pièces  distinctes  (les  qua- 
r ième  , cinquième  et  sixième  segmens  étant  soudés  entre  eux  ) , 


(1)  Cancer  avis.  Herb.,  t.  I,  p.  210,  PI.  l3,  tig-  82  ; Inachnsovis. 
Fabr.  Supp.,  p.  355.  Mata  ovh.  Bosc  , t.  I,  p-  256;  — Latr.  Hist. 
nat.  des  Crust.,  t.  VI,  p.  100. 

(2;  Inachiis  hybridus.  Fabr.  Supp.,  p.  355.  Maîa  hybrida.  Bosc , 1. 1, 
p.  256;  - Latr.  Hist.  nat.  des  Crust.,  ti-  VI,  p.  9S) 


DES  CRUSTACÉS.  SgS 

et  116  portant  pas  de  tubercule  notable  au  milieu  du  second  an- 
neau. Plastron  sternal  du  mâle  armé  de  deux  epines  entre  les 
pâtes  de  la  deuxième  paire.  Longueur,  deux  à trois  pouces  ; 
corps  couvert  de  poils  courts  et  très-serrés , à peu  près  de  meme 
couleur  cpie  dans  l’espèce  précédente,  mais  d’un  aspect  beau- 
coup moins  laineux  j mains  et  tarses  nus. 

Habite  la  côte  de  Coromandel.  (C.  M.) 

3.  Doclée  de  Risso.  — D.  RissoJid  (i). 

Bord  postérieur  de  la  carapace  armé  d'une  petite  épine 
médiane  j bords  laléro -antérieurs  armés  de  trois  petites 
dents,  dont  la  postérieure  n'est  pas  plus  longue  que  les 
autres  } pâtes  de  la  seconde  paire  trois  j'ois  aussi  longues 
que  la  carapace.  Corps  pubcsceiit  et  brunâtre. 

Patrie  inconnue. 

4.  Doclée  hérissée.  — D.  muricata  (2). 

Bord postérieur  de  la  caparace  armé  d’une  grande  épine 
médiane;  bords  latéro-antérieurs  armés  de  quatre  épines, 
dont  ta  postérieure  est  beaucoup  plus  grande  que  les 
autres.  Quelques  pointes  sur  la  ligne  médiane  do  la  carapace  et 
sur  les  réglons  branchiales.  Du  reste,  semblable  à la  Doclée  bÿ- 
bridc,  mais  beaucoup  plus  petite. 

Habite  les  Indes  orientales.  ( C.  M.  ) 

2*.  Tribu.  MAIENS. 

Cette  tribu  se  compose  de  Crustacés  dont  la  cara- 
pace, presque  toujours  très-épineuse,  est,  à quelques 


(1)  Cancer  araneus . Hevb.,  PI.  i3  , lig.  8li  Doctea  Bissonii.  Leach, 
Zool-  mis.  t.  11,  PI.  74. 

(2)  Cancer  muricatus.  Herb. , t I , p.  2II,  Pt.  i4)  hg-  83  ; Inachus 
muricatus,  Fabr.  Supp.  p.  355;  Alaia  muricata.  Bosc,  t.  1,  p.  255. 


2y6  HISTOIRE  IfATÜRELLE 

exceptions  près,  beaucoup  pluslongue  que  large,  et  plus 
ou  moins  triangulaire  (PI.  i5,  fig.  i,  6,  9,  1 1,  etc.). 
Le  rostre  c&l  en  général  formé  de  deux  cornes  allongées. 
Le  premier  article  des  antennes  internes  est  peu  dé- 
veloppé ; celui  des  antennes  externes , au  contraire,  est 
extrêmement  grand  , et  soudé  avec  les  parties  voisines 
de  manière  à se  confondre  presque  avec  elles  ; son  bord 
externe  constitue  toujours  une  portion  considérable  de 
la  paroi  inferieure  de  l’orbite , et  son  extrémité  anté- 
rieure s’unit  au  front  au  devant  du  niveau  du  cantbus 
interne  des  yeux  ( PI.  3 , fig.  a , è , et  PI.  i5 , fig.  2’, 
7,  12).  Quant  à la  tige  mobile  de  ces  antennes  elle 
est  toujours  assez  longue.  En  général , l’eÿwtome  est 
notablement  plus  large  que  long,  tandis  que  le  cadre 
buccal  est  plus  long  que  large.  Le  troisième  article  des 
pntes-mdchoires  externes  est  aussi  lai’ge  que  long,  plus 
ou  moins  dilaté  du  côté  externe,  et  tronqué  ou  écban- 
cré  à son  angle  antérieur  et  interne , par  lequel  il  s’ar- 
ticule avec  le  quatrième  article  qui  est  très-petit  (PI.  3, 
fig.  8,  etc.).  Les  pâtes  antérieures  de  la  femelle  ne 
sont  en  général  guères  plus  grosses  ni  plus  longues 
que  les  suivantes  ; quelquefois  elles  sont  plus  courtes: 
il  en  est  de  même  chez  quelques  mâles;  mais  en  gé- 
néral chez  ces  derniers  elles  sont  plus  longues  et  beau- 
coup plus  grosses  que  celles  de  la  seconde  paire  ; leur 
longueur  égale  quelquefois  deux  fois  celle  de  la  cara- 
pace, et  elles  se  dirigent  obliquement  en  avant  et  en 
dehors  ; la  main  n’est  jamais  triangulaire , et  le  doigt 
immobile  de  la  pince  n’est  pas  incliné  en  bas  de  manière 
à former  un  angle  notable  avec  le  bord  inférieur  de  la 
main.  Les  pâtes  suivantes  sont  en  général  de  longueur 
médiocre;  celles  de  la  seconde  paire  ont  le  plus  sou- 
vent une  fois  et  demie  la  longueur  de  la  portion  post- 


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TRIBU 

DES 

MAIEJYS. 


tableau  SïNOPTIQUE  oes  pb,;,cipaux  cabactères 


GENERIQUES  DES  MAIENS. 


P-  297 


Espèces  dont  les 
yeux  peuvent  se 
reployer  en  arrière 
et  se  cacher  dans 
une  fossette  orbi- 
taire post-foraini-| 
naire  plus  ou  moins 
complète. 

(Ma-ïens  crypoph- 

THALMES.  ) 


Ro**'®  fort  pe-, 

tres.pf-__-. 


tit,  «‘^“•étroit  et 

guères  plus 


latff 


loua 


Rostre  échancré  à son  extrémité  seulement.  Carapace  I 
bombée  et  relevée  en  avant  ; pinces  médiocres  et  fermant!  Limsir.. 
1 complètement.  ) 


SK  S 

lies  externes  ^ 

couvert). 


Rostre  divisé  jusqu’à  sa  base  en  deux  cornes  lamelleuses  ; j 
carapace  pas  notablement  relevée  en  avant  ; pinces  assez  ( 
fortes  et  laissant  entre  elles  un  vide  lorsqu’elles  sont  fer-  / IlERBsiit 
“‘ées.  1 


tnces 


OU  du 


Tige  mobile  des  'niucissa®”*"' 

/antennes  externes  /bo 
/insérée  sous  le/  bR 

B„„  h.  w KRr  “ 'SiU' 

1 , ou  a peiB®  \ 


pointues 
s’a- 


pas  nota-\ 
oot  creusées 


Ital 

cliné 


Tige  mobile  des  Orbites  presque  circulaires,  profon- 
antennes  externes  Ides  et  sans  hiatus  à leur  partie  infé- 
insérée  sous  le  ros-  ! ricure. 
tre , et  en  grande  j 

partie  cachée  par  I Orbites  très-incomplètes  : leur  paroi 
lui.  inférieure  presque  nulle  ou  iiiterrom- 

\ pue  par  un  large  hiatus. 


Naxie. 


ChoriSB 


longeant  antérieii-  | niques, 
rement  sons  la 


coup  ( Tige  mobile  des  [forme  Aune  forte  | 


Rostre  ttè»,,.; 

de/ 

Snes\  antennes  externes l épine  ou  d’une 
js'insérant  au  ni- |très-grosse  dent 
jveau  du  rostre,  ou 
même  plus  en  de- 
hors , de  façon  à 
être  à découvert 
dès  son  origine. 


/ Bord  orbitaire  ( Cornes  du  rostre 
supérieur  se  pro-  i très-longues  et  co- 


PlSE. 


Cornes  du  ros- 


|que 


larges. 


tronquéesaubout. 


(“Lissa. 


Bord  orbitaire 
supérieur  voûté  en 
avant,  et  ne  for- 
mant sur  les  côtés 
du  rostre  ni  épine 
ni  dent. 


Deuxième  arti- 
cle des  antennes  | 
externes  aplati  etjHïADE. 
I dilaté  du  côté  ex-^ 

I terne. 


fronurètlargf/®  . et  profondément  creusées  en  cuillère.  ( Rostre  court  ; 


ileîrom. 


Deuxième  arti-1 
cle  des  antennes  | 
externes  cylindri- 
que. 


PaeamiiH*! 


t 


Tige  mobile  des  antennes 
pointues. 


antennes  externes  à découvert.  ) 
externes  in®  ® dans  le  canthus  interne  de  l'orbite,  et  à découvert.  Pinces 


MithraX. 
Mai  A. 


Rostre  p, 

presque  perpendiculaire,  reployé  en  bas,  et  formant  avec  du  corps  un. angle 


Orbites  bien  formées,  pédoncules | 
oculaires  de  longueur  ordinaire.  ^ - tmmf 


Orbites  très-incomplètes  en  dessous  ; ( 
pédoncules  oculaires  très-longs.  J CRiocAf 

Rostre  presque  vertical  ; pédoncules  oculaires  de  1°“"  î 
gueur  ordinaire.  ^ 


Yeux  très-s  ■], 

s , dépassant  de  beaucoup  les  bords  de  l’orbite- 

j Article  basilaire  des  antennes  externes  extrêmement  large  en  avant  C le  A 
serond  R msorant  l.eancoup  plus  près  de  Va  fossette  antennairo  que  de  l'or-  5 

I bite;  rostre  très-grand  y ’ euetor-  j 


^ Rostre  horizontal  ; pédoncules  oculaires  d’une  longueur  | g.j,^j,Qg 


Pericè 


I Pâtes  des  quatre  dernières  paires  cy- } ,, 

I Imdrique  ; rostre  très-étroit.  ^ f Menati 


Espèces  dont  les 
yeux  sont  peu  ou 
point  mobiles,  et 
ne  pouvant  se  re- 
ployer en  arrière  ; 
point  de  portion 
post  - foraminaire 
de  l’orbite. 

(Maïebs  phane- 

ROPHTHAIMES.  ) 


Pâtes  des  qna-| 
Itre  dernières  pai- 


Avant -dernier  1 
article  des  pâtes 
des  quatre  derniè- 
res paires  tronqué  1 
en  dessous  , pré; 
de  son  extrémité 
mais  ne  portant! 
pas  de  tubercule 
vestige  d’uii  doigt 


H A 


Yeuxpeusaillans,  ne  dépassant  qu’à 
bitaire. 


peine  le  bord  or-  / 


,'^''Utle  basilaire 
antennes  ex- 
étroit en 


ternes 

avant 


Tige  mobile  des 

antennes  externes  . - - .1 

insérée  eu  dehors/ comprimées  et  1 jjj,mobile 

du  niveau  du  bord(  ®**vgies  en  des- \ 

du  rostre,  et  à dé- Rostre  très- ^ Avant-dernier 


couvert. 


1 large. 


article  des  pâtes 
des  quatre  derniè- 
res paires  tronqué 
en  dessous,  près  du 
bout,  et  portant 
un  tubercule  den- 
té , vestige  d’un 
doigt  immobile, 
contre  lequel  le 
tarse  vient  se  re-/ 
plier- 


Acantho] 


Pâtes  cvlindriqne®  sans  crête  en  j i 

dessus:  cJlles  fllTde 

paires  ne  portant  au  bm  “ pstio-e  1 Evialtr  i 
favant-dernier  article  qu  T^t  ge/ 
de  tubercule  ( rostre  tres-etroit , au  1 

tracTde  portion  post-forammaire  j 


Tige  mobile  des 
antennes  externes 
insérée  sous  le  ( de  l’orbitaire  ) 
rostre  et  en  gran- 
de partie  cachée 
par  lui. 


Pâtes  “'^Yo^neitudinale.  Rostre  trés- 

amelleuselon|it  , 

large.  Des  pédoncules 

toramuiair»  de  ^ ' 

oculaires  un  peu  mobiles. 


dessus  d’une  crête  \ 


LeüCIPp^. 


CRUSTACÉS,  tome  1. 


# 


DES  CRUSTACÉS.  agj 

frontale  de  la  carapace,  et  jamais  elles  n’ont  plus  de 
deux  fois  cette  longueur  ; celles  de  la  troisième  paire 
n’ont  presque  jamais  plus  d’une  fois  et  quart  la  lon^ 
giieur  de  la  portion  post-frontale  de  la  carapace,  et 
les  pâtes  suivantes  se  raccourcissent  successivement. 
Enfin  , Yabdomen  se  compose  ordinairement  de  sept 
articles  distincts  dans  l’un  et  l’autre  sexe , mais  quel- 
quefois ce  nombre  varie  dans  les  différentes  espèces 
d’un  même  ffenre. 

Nous  croyons  devoir  admettre  dans  celte  tribu  20 
divisions  génériques , fondées  sur  les  modifications 
diverses  de  l’ensemble  de  l’organisation , mais  pou- 
vant être  distinguées  à l’aide  des  caractères  indiqués 
dans  le  tableau  ci-joint. 


298 


HISTOIRE  HATUREiLE 


I.  GEKRE  LTBINIE.  — Lihinia  (i). 

Le  gem'e  Libinie  a les  plus  grands  rappoi’ts  avec  les  Do- 
clécs  et  les  Pises,  entre  lesquelles  il  établit  un  passage  près- 
que  insensible.  En  effet , la  forme  générale  du  corps  des 
Libinies  se  l’approche  beaucoup  de  celle  des  Doclées;  de 
même  que  cbez  ces  animaux , la  carapace  est  très-bombée 
en  dessus,  en  giâiéral  presque  circulaire,  et  sa  portion  or- 
bito-frontalc  est  placée  sensiblement  au-dessus  du  niveau  de 
ses  bords  latéraux  qui  se  prolongent  vers  la  bouche  plutôt 
que  vers  le  canthus  externe  des  yeux.  Quelquefois  la  carapace 
se  retient  davantage  dans  sa  moitié  antérieure , s’allonge  un 
peu  , et  ressemble  assez  à.  celle  de  certaines  Pises  (PI.  i4  ôis  , 
lig.  2 ).  Le  roslre  est  petit , étroit  et  échancré  au  milieu;  le 
front,  mesuré  entre  les  orbites  , est  beaucoup  plus  étroit  que 
l’extrémité  antérieure  du  cadre  buccal  ; l’angle  antérieur  du 
bord  orbitaire  supérieur  est  saillant , mais  ne  dépasse  ja- 
mais l’article  basilaire  des  antennes  externes  ; les  orbites  sont 
presque  circulaires  et  dirigées  très-obliquement  en  avant  et 
en  dehors  ; leur  angle  externe  est  formé  par  une  grosse  dent 
comprimée  qui  est  séparée  du  reste  des  parois  de  cette  cavité 
par  deux  fissures , l’une  supérieure  très-étroite  , et  une  infé- 
rieure plus  ou  moins  ouverte.  La  région  stomacale  de  la  cara- 
pace est  peu  développée , mais  les  régions  branchiales  le  sont 
beaucoup,  et  leur  bord  latéral , qui  est  armé  d'épines  et  très- 
coui’be,  se  dirige  vers  l’angle  antérieur  de  la  bouche.  Lesj'eux 
sont  petits  et  très-courts  ; l’article  basilaire  des  antennes  exter- 
nes est  court,  mais  très-développé,  et  présen  te  toujours  en  avant 
assez  de  largeur , disposition  qui  se  rencontre  chez  les  Pises, 
tandis  que  chez  les  Doclées  le  contraire  se  remarque  ; le  second 
article  de  ces  antennes  est  gros , court , cylindrique  et  inséré 


(i)  Libinia.  Leach,Zool.  mis.  t.  II  ; — Say,  Journ.  of  Philad.  t.  I, 
p.  — Desm  p.  161.  — Latr.  R.  Anim.  a'.'éd.  t.  IV  , p.  61. 


DES  CRUSTACÉS.  209 

sur  les  côtés  du  rostre  à distance  à peu  près  égale  de  l’orbite 
et  de  la  fossette  antennaire  ; le  troisième  article  est  un  peu 
plus  petit  que  le  second , et  le  quatrième  est  très-grêle  et 
très-court.  \Icpistome  est  très-petit , et  toute  la  région  an- 
tennaire n’a  guères  plus  de  la  moitié  de  la  longueur  du 
cadre  buccal.  Les  pates-mâclioires  externes  ont  la  meme 
forme  que  chez  les  Fiscs;  il  en  est  de  même  pour  le  plas- 
tron sternal.  Les  pâtes  antérieures  sont  beaucoup  plus 
longues  que  chez  les  Doclées,  mais  moins  développées 
que  chez  les  Fiscs  ; elles  sont  toujours  à peu  près  de  la 
grosseur  de  celles  de  la  seconde  paire , et , en  général , 
sont  beaucoup  moins  longues , même  chez  les  mâles  ; la 
main  est  à peu  près  cylindrique  et  peu  renQée  ; eulin  les 
pinces  sont  arrondies  ou  tranchantes  et  finement  den- 
telées , et  elles  se  joignent  dans  presque  toute  leur  lon- 
gueur, disposition  qui  est  rare  chez  les  Fiscs.  Les  pâtes  sui- 
vantes ressemblent  beaucoup  à celles  des  Fiscs , seulement 
leur  dernier  article  est  plus  long  et  n’est  jamais  armé  en 
dessous  d’épines  cornées  comme  chez  la  plupart  de  ces  der- 
nières; leur  longueur  diminue  progressivement,  et  celles  de 
la  seconde  paire  n’ont  au  plus  qu’environ  une  fois  et  demie 
la  longueur  de  la  portion  post-frontale  de  la  carapace  ; en 
générai,  elles  sont  beaucoup  plus  courtes,  et  ce  caractère 
suffirait  à lui  seul  pour  faire  distinguer  les  Libinies  des  Do- 
clées. Enfin , \ abdomen  se  compose  de  sept  articles  dans  les 
deux  sexes. 

Le  genre  Libinie  paraît  appartenir  en  propre  aux  mers 
d’Amérique. 


3oo 


HISTOIRE  HA.ÏURELI.E 


§ I.  Espects  ayant  V angle  antérieur  et  externe  de  t ar- 
ticle basilaire  des  antennes  externes  obtus,  et  ne  se  pro- 
longeant pas  au  delà  du  niveau  de  t interne;  la  fente 
du  bord  orbitaire  inférieur  tr'es-étroite. 

I.  Libirie  CANNELÉE.  —L.  canaliculata  (i). 

Pâtes  de  la  seconde  paire  une  fois  et  demie  aussi  lon- 
gues que  la  carapace , et  un  peu  moins  longues  que  les 
pâtes  anterieures  du  mdle.  Portion  post-orbitaire  de  la  cara- 
pace circulaire , hérissée  en  dessus  d’un  assez  grand  nombre 
de  petits  tubercules  spini formes,  et  bordée  latéralement  par 
SIX  ou  sept  épines  assez  fortes  ; une  épine  médiane  très-courte 
sur  la  région  intestinale;  une  dépression  en  forme  de  losange 
au  milieu  du  front  ; pâtes  antérieures  légèrement  granuleuses  ; 
corps  couvert  de  poils  courts  et  très-serrés.  Longueur,  en\'ii-on 
deux  pouces  et  demi.  ( C.  M.  ) 

Habite  les  côtes  des  Etats-Unis  ; les  pêcheurs  prennent  sou- 
vent de  ces  Crustacés  dans  leurs  filets,  mais  on  ne  les  mange  pas. 

2.  Libinie  douteuse.  — L.  dubia. 

Pâtes  de  la  seconde  paire  seulement  une  fois  et  quart 
aussi  longues  que  la  carapace , mais  cependant  beaucoup 
plus  longues  que  celles  de  la  première  paire.  Cette  espèce 
ressemble  beaucoup  à la  précédente,  et  il  ne  serait  pas  impossible 
qu’elle  n’en  fût  que  le  jeime;  cependant  la  carapace  est  beau- 
coup plus  pyi’iforme  et  moins  épineuse  en  dessus  (PI.  il^bis, 
fig.  a).  Tout  le  corps  est  couvert  d’un  duvet  brunâtre  , et  la 
longueur  de  la  carapace  est  d’environ  dix-huit  lignes. 

Ce  Crustacé  se  trouve  sur  les  côtes  des  États-Unis.  ( C.  M.  ) 


(i)  Say,  Journ.  of'Philad.  t.  I,  PI.  4.  fig-  !■ 


DES  CRUSTACÉS, 


3oi 


§ 2.  Especes  ayant  V angle  antérieur  et  externe  de  t article 
basilaire  des  antennes  externes  spiniforme , et  se  pro- 
longeant beaucoup  au  delà  du  niveau  de  l’angle  in- 
terne,-Jente  du  bord  orbitaire  inférieur  tres-large, 

3.  LiBiniE  ÉriHEusE.  — L.  spinosa  (i). 

Carapace  presque  circulaire  et  hérissée  d’une  trentaine  de 
grosses  épines , dont  cinq  sur  la  région  stomacale  ( trois  sur  la 
ligne  médiane , et  deux  sur  les  côtes  ) , trois  sur  la  région  cor- 
diale , une  sur  la  région  intestinale , deux  sur  chaque  région 
hépatique,  trois  sm’  le  bord  de  la  région  branchiale  , et  les  au- 
tres sur  la  face  supérieure  de  ces  mêmes  régions.  Une  épine 
médiane  sur  les  deux  premiers  seginens  de  l’abdomen  du  mâle  ; 
pâtes  de  la  seconde  paire  ayant  une  fois  et  quart  la  longueur 
de  la  caparaee  , et  notablement  plus  longues  que  celles  de  la 
première  paire , même  chez  le  mâle.  Corps  couvert  en  entier 
d’un  duvet  court  et  brunâtre.  Longueur,  environ  quatre  pouces. 
Habite  les  côtes  du  Brésil.  ( G,  M.  ) 

La  Libinie  échanceée  ( L.  emarginaia  Leach.  Zool.  mis. 
t.  2,  PI.  io8,  et  Desm.  p.  162)  paraît  être  très-voisin  de  la 
L.  cannelée,  et  n’en  est  peut-être  que  la  femelle  ; mais  la  des- 
cription que  M.  Leach  en  a donnée  est  trop  succincte  pour  que 
nous  puissions  avoir  une  opinion  arrêtée  à cet  égard,  ou  indi- 
quer des  caractères  propres  à distinguer  l’espèce  en  question 
des  précédentes. 

IL  GENRE  HERBSTIE.  — Herbstia  (2). 

Nou.s  dédions  à l’infatigable  Herbst  cette  petite  division 
générique,  fondée  pour  recevoir  quelques  Crustacés  qui 


(i)  L.  spinosa.  Édwards , Guérin,  Icoii.  Cr.  PI.  9,  lig.  3. 

(li)  Cancer,  Herbst. — Innchns  Fabr.  ; Maïa.  Latr.  Hist.  nat.  des 
Crust.  ; Milhvnx.  Risso,  Hist  nat.  de  l’Eur.  mérid. , t.  V. 


HISTOIRE  JIATUREELE 


3oa 

tiennent  pour  ainsi  dire  le  milieu  entre  les  Libinies , les 
Pises  et  les  Mithrax  triangulaires.  Ces  Crustacés  ont  la  ca- 
rapace ( PI.  i4  triangulaire  que  celle  des  Li- 

binies; la  région  stomacale  est  presque  aussi  développée  que 
les  régions  branchiales.  Le  rostre  est  petit , guères  plus  long 
que  large , et  formé  de  deux  cornes  aplaties , pointues  et  diver- 
gentes , dont  la  base  occupe  presque  toute  la  largeur  du  front. 
Les  orbites  sont  ox  alaires  et  dirigées  obliquement  en  avant,  en 
dehors  et  en  haut;  leur  bord  supérieur  présente  deux  petites 
fissures , et  se  termine  antérieurement  par  une  petite  épine 
moins  saillante  que  celle  située  au-dessous  et  appartenant  à 
l’article  basilau-e  des  antennes  externes  ; leur  bord  inférieur 
est  complet  et  ne  présente  qu’une  petite  fissure.  Les  yeux 
sont  gros  et  rétractiles.  La  disposition  de  la  région  anten- 
naire , des  antennes  externes,  des  pates-mdchoires , du 
plastron  sternal  et  des  pâtes,  est  essentiellement  la  meme 
que  dans  le  genre  Pise.  Il  est  seulement  à noter  que  les  tarses 
des  quatre  dernières  pâtes  ne  présentent  que  quelques  pe- 
tites épines  cornées  placées  irrégulièrement. 

IIerbstie  noueuse.  — IJ.  condyliata  ( i). 

Carapace  ( PI . iu's,  fig.  6 ) environ  un  quart  plus  longue  que 
largo , arrondie  en  arrière,  rétrécie  en  avant  et  hérissée  eudessus 
d’mi  assez  grand  nombre  d’épines  obtuses  et  peu  saillantes  ; son 
bord  latéro-antérieur  armé  de  quatre  a six  épines  pointues  ; son 
bord  postérieur  surmonté  d’une  petite  crete  transversale  formée 
par  quatre  à cinq  épines.  Article  basdaire  des  antennes  exter- 
nes étroit  antérieurement  et  armé  en  dehors  de  deux  épines  ; 
deuxième  article  un  peu  renflé  en  avant  et  guères  plus  long  que 
le  troisième  article.  Régions  ptérygostomiennes  très-épmeusesg 


(I)  C.  Cmulylialus.  Herb.  PI.  i8,  fig.  99  A ; -Inachus  couJyliaUa. 
Fab.  Supp.  ,p.  35Ü;  Mata  condyliata,  Latr.  Hist.  nat.  des  trust, 
t.  \’I , p.  95  ; — Itisso  , CrusK  de  Nice,  p.  42  ; Mithrax  UerbiU  , 
Kisso  , Hist  liât,  de  1 Eur.  niérid.  t.  V,  p-  iS. 


DES  CRÜSTACÉS.  3oïî 

Pâtes  do  la  première  paire  dji  mâle  atteignant  quelcpiefois  pres- 
que deux  fois  la  longueur  de  la  carapace  ; bras  et  carpe  tres- 
épineux;  mains  renflées,  tuberoiileuses  en  dessus  ; pmees dente- 
lées et  légèrement  creusées  en  gouttière  vers  le  bout.  Pâtes  de 
la  seconde  paire  une  fois  et  demie  aussi  longues  que  la  portion 
post-orbitaire  delà  caparace;  de  même  que  les  suivantes,  grêles, 
cylindriques , armées  d’une  épine  médiocre  à l'extrémité  du  troi- 
sième article , et  pourvues  de  quelques  pointes  cornées  à la  face 
inférieure  du  tarse.  Corps  couvert  d’un  duvet  rare  et  lin.  Lon- 
gueur, environ  deux  pouces  ; couleur  rougeâtre. 

Habite  la  Méditerranée.  { C.  M.  ) 

III.  GENEE  PISE. — Pisa  (l). 

Le  genre  Pise,  établi  par  M.  Lcach,  se  compose  d’un  certain 
nombre  de  Maïens  remarquables  par  leur  forme  triangulaire 
et  par  la  longueur  de  leur  rostre  (PI.  i4  bis,ï\g.  i).  Chez 
tous  ces  Crustacés  la  carapace,  serétrccit  graduellement  dans 
ses  trois  quarts  antérieurs , et  ses  bords  latéro-antérieurs  se 
prolongent  obliquement  en  ligne  presque  droite  jusqu’à  une 
petite  distance  de  son  bord  postéi'ieur;  ses  bords  latéro- 
postérieurssont  dirigés  presque  transversalement,  et  sa  surface 
est  très-bombée  ; enfin  scs  régions  sont  en  général  assez  dis- 
tinctes, la  stomacale  surtout  est  très-dé veloppée.  Le  front 
est  plus  large  que  le  cadre  buccal , et  armé  de  quatre  cornes 
dirigées  en  avant,  dont  les  deux  externes  occupent  l’extrémité 
antérieure  du  bord  orbitaire  supérieur  et  les  deux  moyennes 
forment  le  rostre,  qui  est  toujours  au  moins  une  fois  et  demie 
aussi  long  que  large.  Les  yeux  sont  portés  sur  des  pédon- 


(4)  Cancer.  Penn,  Herb.,  etc.  ; Inachits.  Fabr.  Siip.  ; Mrda.  llo.se, 
t.  i; — Latr.  lli.st.  iiat.  des  Cnist.  t.Vl;  — llis.so,  Cru.st.  de  Nice; 
Blaslus,  /’/sK.Leacb,  Ediiiib.  Evicyc.  t.  VIX;  — Fisn,  Leach,  Liun. 
Trans. , t.  II, — Uesm.,  p.  1.45  ; — Latr.  il.  Aidm.  2‘'.  éd.,t.  ÏV, 
p.58:  Pisa,  MUhra.v  etlnnchus.  Ilisso,  HLst.  liât,  de  l'Europe  mérid. 
t.  V,  p.  u(i. 


HISTOIRE  NATURELLE 


3o4 

cules  très-courts  et  se  reploient  en  arrière  dans  les  orbites , 
qui  sont  ovalaires  et  dirigées  directement  en  dehors  et  en 
bas  ; le  bord  supérieur  de  ces  cavités  présente  deux  fentes , 
séparées  entre  elles  par  une  dent  triangulaire,  et  leur  angle 
externe  est  situé  plutôt  au-dessous  qu’au-dessus  du  bord 
latéral  de  la  carapace  qui  vient  s’y  terminer.  En  dessous , le 
bord  orbitaire  est  interrompu  par  une  large  échancrure.  Les 
antennes  internes  ne  présentent  rien  de  remarquable.  L’ar- 
ticle basilaire  des  antennes  externes  est  beaucoup  plus  long 
que  large  ; il  n’cst  que  peu  rétréci  en  avant , et  dépasse  le 
niveau  du  canthus  interne  des  yeux , mais  est  complètement 
caché  en  dessus  par  le  prolongement  spiniforme  du  bord 
orbitaire  supérieur;  le  second  article  de  ces  appendices  est 
grêle  et  cylindrique , et  s’insère  à distance  à peu  près  égale 
de  la  fossette  antennaire  et  de  l’orbite , un  peu  en  dehors  du 
niveau  du  bord  externe  ilu  rostre,  de  façon  à se  montrer 
entre  ce  prolongement  et  les  cornes  latérales  du  front  ; le 
troisième  article  est  petit  et  cylindrique  ; enfin , le  quatrième 
est  assez  long.  La  réa^ion  antennaire  est  à peu  près  de  la  gran- 
deur du  cadre  buccal , et  Vépistome  est  grand  et  presque 
carré.  Le  second  article  des  pates-mdchoires  externes  se 
prolonge  du  côté  interne  beaucoup  au  devant  du  niveau 
de  son  angle  externe , et  le  troisième  article , notablement 
plus  long  que  large  et  fortement  dilaté  en  dehors,  est  profon- 
dément échancré  à son  angle  antérieur  et  interne.  Le  plas- 
tron sternal  est  plus  long  que  large.  Chez  la  femelle  les  pâtes 
antérieures  sont  en  général  à peu  près  de  même  longueur 
que  celles  de  la  seconde  paire  ; mais  chez  le  mâle  elles  sont 
notablement  plus  longues  et  plus  grosses  ; la  main  est  renflée , 
et  les  doigts  tranchans  et  finement  dentelés  dans  leur  moi- 
tié terminale.  Les  pâtes  suivantes  sont  cylindriques  et  de  lon- 
gueur médiocre  ; celles  de  la  seconde  paire  ne  sont  pas  beau- 
coup plus  longues  que  la  portion  post-frontale  delà  carapace; 
la  longueur  des  autres  pâtes  diminue  successivement , et  chez 
presque  tous  ces  Crustacés  leur  dernier  article  ( PI.  i5,  %.  5) 
est  garni  en  dessous  de  petites  pointes  cornées,  qui  sont  pla- 


DES  CBUSTACÉS.  3o5 

cées  tres-régiilièremcnt  sur  une  ou  deux  lignes  longitudi- 
nales , comme  les  dents  d’un  peigne.  Enfin , V abdomen  se 
compose  de  sept  articles  distincts,  et  tout  le  corps  des  Pises 
est  ordinairement  couvert  de  poils  ; souvent  ces  poils  sont 
recourbes  au  bout  et  accrochent  les  coi’ps  qu’ils  touchent  • 
aussi  n’est-il  pas  rare  de  voir  ces  animaux  couverts  d’herbes 
marines,  d’éponges,  etc. 

Les  Pises  appartiennent  presque  toutes  aux  mers  d’Europe, 
et  vivent  en  général  dans  des  eaux  assez  profondes;  on  en 
prend  souvent  dans  les  filets  traînans  des  pêcheurs  et  à mer 
basse,  lors  des  marées  très-fortes , on  en  trouve  cachées  sous 
des  pierres , mais  on  ne  les  emploie  pas  comme  aliment. 

A..  Jsisjyeces  dont  les  pâtes  des  fj^xtcttï*e  devmeves pâmes 
sont  dépourvues  de  dents  spiniformes  sur  le  bord 
supérieur  des  troisième  et  quatrième  articles,  et  dont 
V angle  antérieur  du  bord  orbitaire  supérieur  forme 
une  grosse  dent  spiniforme  qui  se  prolonge  beau- 
coup au  delà  de  l article  basilaire  des  antennes 
externes. 

a.  Espèces  dont  la  portion  postérieure  de  la  ca- 
rapace est  régulièrement  arrondie,  et  les  régions 
intestinale  et  cordiale  peu  saillantes  et  à peine 
distinctes. 

I.  PisE  TÉTRAODOif.  ■ — P.  tetraodoji  (i). 

Carapace  d un  quart  jdus  long  que  large  ( PI.  bis , 
fig.  i),  légèrement  bosselée  en  dessus , à régions  peu  distinctes  ; 
scs  bords  latéraux  un  peu  arrondis  et  armés  de  quatre  épines 


(i)  C.  héracléotique.  Rondelet,  t.  2,  p.  4o3  ; — Aldrov , i85. 
C.  pagiirus  fcm.  Jonstoii  Exs.  PI,  5,  lig.  i3.  Cancer  tetraodon, 
Penn.  t.  4,  PI.  8,  lig.  i5.  C.  prœf/o,  Herb.  PI.  4^,tig.2,  Mainte, 
traodon  elM.  prœdo.  Bosc.  1. 1 , p.  254  et  256  ; Hiatus tetraodon.  Leach. 
Edimb.  Encyc.  t.  y , p.  43 1 : Pisa  tetraodon.  Lcach,  Malac.  PI.  20. 

Desm.  PI.  22,iig.  i. — Latv.  Encyc.  t.  10,  p.  142;  Main  hir- 
tkorne.  Blainvillc  , Faune  , PI.  9.  _ Rijso  , Crusl.  de  «ice,  p.  46, 

cnnsTACÉs  , tome  t.  20 


3o6 


HISTOIRE  NATURELLE 


assez  fortes  ; savoir  : une  sur  la  région  hépticpie  et  trois , dont 
la  postérieure  n’est  pas  plus  grande  que  les  autres , sur  la  région 
branchiale  ; une  petite  pointe  sur  la  région  intestinale  et  quel- 
ques petits  tubercules  sur  la  stomacale.  Rostre  tm  peu  incliné  et 
foi-mé  par  des  cornes  assez  grosses , dont  la  longueur  égale  à peu 
près  la  largeur  du  front , et  dont  l’extrémité  est  fortement  cour- 
bée en  dehors  ; épines  de  l’angle  orbitaire  antérieur  très- 
grandes  et  divergeant  obliquement  en  dehors.  Troisième  et 
quatrième  articles  des  pâtes  antérieures  tuberculeux;  mains 
renflées  et  pinces  arrondies  en  dessus  ; tarse  des  pâtes  sui- 
vantes armé  en  dessous  d’une  rangée  de  dents  spiniformes 
assez  grosses.  Corps  presque  entièrement  couvert  d’ime  espèce 
de  duvet  et  de  quelques  poils  crochus;  longueur,  2 ou  3 pou- 
ces ; couleur  brunâtre.  ( C.  M.  ) 

Très-commun  sur  les  côtes  de  la  France  et  de  l’Angleterre. 

3.  PtsB  coHALLiN.  — P.  CQrallma  (i). 

Carapace  presque  deux  J'ois  aussi  longue  que  large,  a 
peine  bosselée  en  dessus;  régions  peu  distinctes;  bords  laté- 
raux armés  sur  la  région  branchiale  de  deu.x  ou  trois  épines 
semblables  entre  elles,  et  sur  la  région  hépatique  d’une  petite 
pointe  plus  ou  moins  distincte.  Une  petite  épine  sur  la  région 
intestinale;  rostre  horizontal  formé  de  deux  cornes  styliformes 
très  grêles,  contiguës  jusque  vers  leur  extrémité,  presque 
droites,  et  dont  la  longueur  excède  de  beaucoup  la  largeur 
du  front;  épines  des  angles  orbitaires  antérieures,  grandes  et 
dirigées  en  avant.  Pâtes  presque  entièrement  lisses  ; pinces 
arrondies  en  dessus;  tarses  armés  en  dessous  de  petites  dents 
jrointues  et  de  poils  raides.  Corps  parsemé  de  touffes  de  pods 
assez  longs  et  renflés  vers  le  bout  ; longueur,  environ  1 5 ligues  ; 
couleur  rouge. 

Habite  les  côtes  de  la  Provence.  ( C.  M.  ) 


(I)  Maïa  cornlliiia.  Ri.sso,  Ci’ust.  de  Nice,  p.  /(S  , PI.  i , fig.  6. 
Jnachus  comlliniis.  lîisso  , Hi.st.  nat.  de  l’Europe  mérid.  t.  5,  p.  u6. 


«ES  CRDSTACÉS. 


3o7 

aa.  Especes  dont  la  portion  postérieure  de  la  carapace 
est  triangulaire,  et  les  régions  intestinale  et  cor- 
diale extrêmement  saillantes. 

PisE  DE  Gibbs.  — Gïbsii  (i). 

Région  intestinale  surmontée  d’un  gros  tubercule  obtus 
et  arrondi.  Carapace  une  fols  et  demie  aussi  longue  que  lart-e 
ayant  i peu  près  la  forme  d.’un  losange  dont  le  triangle  In- 
térieur serait  trois  fois  aussi  grand  que  le  postérieur.  lien-ions 
stomacale , brauchiale , cordiale  et  intestinale  très-rentléL  et 
séparées  par  des  dépressions  profondes  ; rostre  un  peu  plus 
long  que  le  front  n’est  large , notablement  incliné  et  formé 
de  deux  cornes  styliformes  presque  droites  et  contiguës  jus- 
qu’auprès de  leur  sommet;  dents  de  l’angle  orbitaire  anté- 
terieur  médiocres  et  dirigées  en  avant;  bords  latéro-anté- 
rieurs  de  la  carapace,  peu  ou  point  épineux,  et  se  terminant 
par  une  grosse  dent  spiuiforme  dirigée  en  dehors;  bords  laté- 
raux postérieurs  s’étendant  du  sommet  de  ces  épines  latérales 
au  sommet  de  la  région  intestinale,  en  décrivant  une  courbure 
dont  la  convexité  est  tournée  en  avant.  Second  article  des 
antennes  externes  assez  gros,  environ  une  fois  et  demie  aussi 
long  que  le  suivant , et  notablement  plus  court  que  la  fossette 
antennaire.  Plastron  sternal  brusquement  rétréci  entre  les 
ptes  de  la  première  paire , qui  sont  légèrement  tuberculeuses  sur 
les  troisième  et  quatrième  articles.  IVIains  comprimées,  mais  assez 
ortes;  doigts  mobiles  aplatis  en  dessus  et  triangulaires.  Pâtes 
de  la  seconde  paire  beaucoup  plus  longues  que  les  suivantes; 
leur  troisième  article  point  noduleux  et  leurs  tarses  armés 
en  dessous  de  quelques  pointes.  Corps  entièrement  couvert 


il)  C tinculeatus.  Moutagu,  Lin.  Trans,  t.  ii,  PI.  i.  fe.  3. 
■r/jrt  Gtbsii.  Leach.  Malar  Pl  , t\  ^ ’ 

P n,  n 19;  — Desm.  p.  146;  _ Latr. 

tncyc.  PI.Soi,  fag,  1 (copiée  d'après  Leacli  }. 


2G. 


3o8  nisToinE  naturelle 

de  poils  claviformes  ; couleur  rouge  brunâtre  ; longueur,  en- 
viron 2 pouces. 

Habile  les  côtes  de  l’Angleterre,  et  de  la  France.  (C.  M.  ) 
PisE  ARMÉE.  — P,  armata  (i). 

Région  intestinale  se  prolongeant  en  une  grosse  épine 
ires -aiguë;  épines  latérales  egalement  longues  et  aiguës; 
cornes  du  rostre  séparées  jusqu’à  leur  base  par  une  fente  assez 
large , plus  divergentes  et  plus  longues  que  dans  l’espèce  pré- 
cédente; second  article  des  antennes  externes  très-grêle,  en- 
viron deux  fois  aussi  long  que  le  suivant , et  notablement  plus 
long  que  la  fossette  antennaire.  Du  reste , semblable  à la  Pise 
de  Gibbs. 

Habite  les  côtes  de  la  Provence  et  de  l’Italie.  (C.  M.  ) 

B.  Espèces  dont  les  pâtes  des  quatre  dernières  paires 
sont  armées  de  dents  spinijbrmes  sur  le  bord  su- 
périeur de  leur  troisième  article , et  dont  V épine  ter- 
minale de  V article  basilaire  des  antennes  externes 
n’est  point  dépassé  par  V angle  du  bord  orbitaire 
supérieur. 

5.  Pise  styx.  — P.  styx  (2). 

La  forme  générale  de  ce  petit  Crustacé  ne  diffère  cpie  peu  de 
celle  de  la  Pise  télraodon,  seulement  la  carapace  est  plus  allon- 
gée , plus  fortement  bosselée , et  ses  bords  latéro-antérieurs , au 


(1)  Cancer  longirostris.  llerb.  PI.  16,  fig.  92  ; Inaclms  opelio.  Fabr. 
Sup.  p.  356  ; Ma'ia  rostrata.  Bosc.  t.  1 , p.  255.  Maïa  armata.  Latr. 
Hist.  nat.  des  Crust.  t.  6,  p.  98  ; — Risso,  Crust.  de  Nice,  p.  47; 
armata.  Latr.  Encyc.  t.  10 , p.  i43  : — Risso,  Hist.  nat.  de  l'Europe 
mérid.  t.  5,  p.  24.  Inachus  musiviis.  Otto.  Mém.  del'Acad.  de  Bonn, 
t.  14,  PI.  20,  fig.  12  et  12.  Maïa  goutteux.  JHainsMe,  Faune.  PI.  10, 
lig.  I.  (Le  genre  Arctopsis , deLamarck  ( syst.  p.  i55  ) parait  avoir 
été  fondé  d’après  un  individu  de  cette  espèce  qui  portait  des  corps 
étrangers  attachés  au  rostre.  ) 

(2)  Ginccr  Hecb.  PL  58,  fig.  6;  Pisa  styx.  Latr.  Encyc., 
t.  10,  p,  i4i. 


DES  CnUSTACES. 


3o9 

lieu  d’être  armés  de  grosses  épines , ne  présentent  cpie  quelques 
pointes  à peine  saillantes  ; enfin  le  Lord  orbitaire  supérieur 
ne  présente  qu’une  fissure  très-étroite.  Les  dents  splniformes, 
dont  sont  armées  les  pâtes  de  la  seconde  paire , sont  aiguës  et  as- 
sez nombreuses  ; sur  les  pâtes  suivantes  elles  deviennent  plus 
courtes  et  plus  rares.  Longueur,  environ  dix  lignes  j couleur 
jaune  roussâtre. 

Habite  l’Ile-de-France.  ( G,  M.  ) 


La  PisA  NODiPEs  de  M.  Leach  ( ZooL  mis. , t.  II,  PI.  ^8  ) \ 
paraît  être  très-voisine  de  P.  armée , et  peut-être  ne  devrait 
pas  en  être  séparée;  d’après  M.  Leach,  elle  se  distinguerait 
de  la  Pise  de  Gibles,  en  ce  que  le  rostre  est  horizontal  et  le 
troisième  article  des  pâtes  noduleux  à son  extrémité.  Sa  patrie 
est  inconnue. 

Le  Cancer  mirticornis  de  Herbst  (i)  appartient  également 
au  genre  Pise  ; la  forme  de  sa  carapace  est  la  même  que  dans 
la  Pise  coralline,  mais  scs  pâtes  sont  épineuses , comme  dans 
la  Pise  styx , dont  elle  se  distingue  facilement  par  la  longueur 
de  son  rostre.  Cette  espèce,  d’après  Herbst,  habite  les  Indes 
orientales,  et,  d’après  M.  Rlsso,  la  Mediterranée. 

Le  Cancer  pujone  du  même  auteur  (Herbst,  PI.  58,  fig.  5) 
me  paraît  aussi  appartenir  à ce  genre  ; il  ressemble  à la  Pise  • 

eoraUlne,  seulement  sa  carapace  est  plus  renflée  sur  les  côtés 
et  plus  épineuse  en  dessus  ; les  cornes  du  rostre  sont  plus 
divergentes  et  la  région  intestinale  se  prolonge  en  forme  de 
tubercule  au-dessus  de  l’abdomen.  Il  habite  les  Indes  orien- 
tales. 

Quant  à la  PisE  de  Duméril  (2) , elle  n’est  pas  décrite  avec 


(1)  Herb  . PI.  5y , tig.  5.  luachus  herticorne.  Risso.  Hist.  nat.  de 
l'Europe  mérid.  t.  V,  p.  26. 

(2)  Risso.  Hist.  nat.  de  l’Europe  mérid.  t.  V,  p.  23.  Maîa  Dume- 
riti.  Risso.  Crust.  de  Nice  , p.  43. 


HISTOIRE  NATURELLE 


3io 

assez  de  détail  pour  que  nous  puissions  avoir  à son  égard  une 
opinion  arrêtée. 


IV.  GENRE  i.ISSA.  — (l). 

Le  genre  Lissa  de  M.  Leach  a la  plus  grande  ressem- 
blance avec  le  genre  Pise  du  même  auteur,  et  n’aurait  peut- 
être  pas  dû  en  être  séparé.  Les  caractères  distinctifs  des 
Lissas  consistent  dans  la  disposition  du  rostre , qui  est  formé 
par  deux  cornes  lamelleuses,  tronquées  antérieurement,  et 
même  plus  lai'ges  en  avant  qu’à  leur  base,  et  dans  l’absence 
d’épines  sous  les  tarses.  Du  reste,  ces  Crustacés  diffèrent 
à peine  des  Pises.  On  n’en  connaît  encore  qu’une  seule 
espèce. 

10.  Lissa  goutteuse.  — L.  chiragra  (2). 

Carapace  presque  hexagonale  , environ  un  quart  plus  longue 
que  large,  rétrécie  en  avant,  très -fortement  bosselée  et  no- 
duleuse  en  dessus  ; rostre  très-large  et  armé  en  avant  de  deux 
dents  duagées  en  dehors;  angle  antérieur  du  bord  orbitaire  su- 
périeur , se  prolongeant  en  avant  sous  la  forme  d’mi  gros  tu- 
bcicule arrondi;  deuxième  article  des  antennes  externes  grêle , 
cylindrique , et  deux  fois  aussi  long  que  le  troisième  ; pâtes  de 
la  première  paire  petites  et  tuberculeuses;  celles  de  la  seconde 
paiie  moins  longues  que  la  carapace  et  fortement  nodulenses 
comme  les  suivantes.  Tronc  înerme.  Pâtes  garnies  de  <piel- 
ques  poils  en  massue.  Longueur,  environ  2 pouces  ; couleur 
rouge  intense. 

Habite  la  Méditerranée.  ( C.  M.) 


(1)  Cancer.  Herb.  Inachus.  Fabr.  Maïa.  Bosc  , etc.  Lissa.  Leach. 
Mise.  Zool.  — Desin.  p.  i.'}^-  Pisa.  Latr.  Reg.  Anim.  2'.  éd.  t.  IV, 
p.  58 

(2)  C.  chiragra.  Herb.  PI.  17  , lig.  96.  Inachus  chiragra.  Fabr.  Sup. 
p.  357.  Lissa  chiragra.  Leach,  Zool.  mise.  t.  2,  PI.  83.  — Desni. 
p.  147.  — Risso , Hist.  liât,  de  füurope  mérid.  t.  V,  Pisa  chi- 
ragra. Latr.  Encyc.  t.  10,  p.  i43- 


DES  CRUSTACÉS.  il  £ 

» 

Le  Lissa  fissirostre  de  M.  Say  {Jour,  de  l’ Acad,  de 
Philadelphie,  1. 1,  p.  ^9)  paraît  avoir  beaucoup  d’analogie  avec 
la  Hyade  araignée  , mais  nous  ne  pouvons  assurer  qu’il  so  rap- 
porte au  même  genre , car  l’auteur  note  bien  que  le  second  ar- 
ticle des  antennes  externes  est  plus  gros  que  le  second , mais  no 
dit  pas  s’il  est  élargi  en  dehors  ou  parfaitement  cylindrique. 
Le  rostre  est  déprimé  et  les  pinces  ponctuées  en  dessus  et  sur 
leurs  trois  faces  ; enfin , il  existe  sur  le  corps  et  les  pâtes  un 
grand  nombre  de  poils  assez  forts  et  reootirbés  qui  accrochent 
les  plantes  marmes , etc.  Longueur,  un  pouce  trois  quarts,  lar- 
geur, un  pouce  et  un  cinquième.  Habite  l’Amérique  septentrio- 
nale. 


V.  GENRE  HYADE.  — Hyas  (i). 

Le  genre  Hyade  de  M.  Leach  est  extrêmement  voisin  du 
genre  Pise,  et  surtout  dn  genre  Herbstie;  mais  il  est  facile 
de  le  distinguer  par  la  forme  du  premier  article  de  la  tige 
mobile  des  antennes  externes,  qui,  au  Heu  d’être  cylindri- 
que comme  chez  presque  tous  les  Oxyrhinques,  est  aplati  et 
élargi  du  côté  externe.  La  carapace  est  assez  large,  surtout 
antérieurement , peu  bombée , et  arrondie  en  arrière  ; le 
rostre , formé  de  cornes  triangulaires , aplaties  et  convergen- 
tes , est  médiocre , et  laisse  complètement  à découvert  l’inser- 
tion de  la  tige  mobile  des  antennes  externes  ; le  front  est 
large,  et  les  orbites  dirigées  un  peu  en  avant  ; leurs  boi'ds  ne 
sont  pas  épineux,  et  on  n’y  rencontre  en  dessus  qu’une  seule 
fissure.  Le  bord  externe  de  l’article  basilaire  des  antennes  ex- 
ternes est  droit  et  séparé  de  la  portion  externe  de  l’orbite 
par  une  échancrure  très-large.  Le  troisième  article  des  pates- 
mâchoires  externes  est  peu  dilaté  en  dehors.  Enfin,  les  pâtes 
sont  disposées  comme  dans  les  Pises  , si  ce  n’est  que  celles 


(i)  Cancer.  Herb.  Inachus.  Fabr.  — Main.  Bosc , etc.  Hyas.  I.each, 
Malac.  — Desm.  p.  147-  — Pise.  Latr.  Reg.  A.nim.  a',  éd.  t.  IV^ 
p.  58. 


HISTOIRE  NATURELLE 


Jl2 

des  quatre  dernières  paires  sont  plus  longues , et  ne  présen- 
tent pas  d’épines  à la  face  inférieure  du  tarse. 

I.  Hyade  araignée.  — if.  aranea  (i). 

Carapace  n'qffrant  pas  de  rétrécissement  notable  der- 
rière les  orbites , resserrée  en  avant , arrondie  en  arrière , à ré- 
gions peu  distinctes  et  tuberculeuses  en  dessus  ; angles  orbitaires 
externes  comprimés  et  très-gros,  mais  ne  se  prolongeant  pas 
au  delà  du  niveau  de  la  portion  voisine  du  bord  de  la  carapace  ; 
pâtes  de  la  première  paire  plus  grosses,  mais  un  peu  plus 
courtes  que  les  suivantes , armées  de  quelques  tubercules  ; pâ- 
tes de  la  seconde  paire  presque  deux  fois  aussi  longues  que  la 
portion  post-frontale  de  la  carapace , cylindriques  comme  les 
suivantes  ; corps  inerme.  Longueur,  environ  3 pouces;  cou- 
leur jaune  rougeâtre. 

Habite  les  côtes  d’Angleterre  et  de  la  France.  (G.  M.  ) 

2.  Hyabe  contractée,  — H.  coarctata  (a). 

Carapace fortement  resserrée  derrière  lesan^les  orbitaires 
externes  , cpii  sont  très-grands , comprimés  en  forme  d’orcUle, 
et  beaucoup  plus  saillans  que  la  partie  voisine  du  bord  latéral  de 
la  carapace.  Carapace  très-lai-ge  en  avant , arrondie  postérieure- 
ment et  verruqueuse  en  dessus;  pâtes  antérieures  médiocres; 
les  suivantes  un  peu  moins  longues  que  chez  la  H.  araignée. 
Corps  inerme.  Longueur , environ  2 pouces  ; couleur  jaunâtre. 

Habite  les  côtes  de  la  Manche.  { C.  M.) 


(1)  C.  araneus.  Linn.  Mus.  Lud.  Ulr.  p.  43g  ; — Penn.  op.  cit.  t.  4 » 
PI.  9,  %.  16;  C.  hnffo  , Herb.  PI,  fig.  ()5.  Inachus  araneus. 
Fabr.  Sup.  p.  356.  Hyas  araneus.  Leach,  Malac-  PI.  21,  a;  — - Desm. 
P 148.  — Latr.  Encyc.  PI.  278,  fig.  3 ( copiée  d’après  Pennant). 

(2)  Hyas  coarctata.  Leach,  Malac.  PL  21 , b.  — Desiu.  p.  148. 


DES  CRUSTACÉS. 


3i3 


VI.  GENRE  NAXIE.  — Naxia. 

Cette  petite  division  générique  établit  le  passage  entre  les 
Lissas  et  les  Chorines  de  M.  Leach.  La  forme  générale  du 
corps  est  ici  la  même  que  chez  les  Pises  et  les  Lissa,  et  la 
disposition  du  rostre  a beaucoup  d’analogie  avec  celle  qui  est 
propre  à ces  dernières  ; mais  les  Naxies  se  distinguent  des 
genres  précédens  par  la  disposition  des  antennes  et  des  or- 
bites. La  carapace  de  ces  Crustacés  est  presque  pyriforme , 
et  le  rostre,  quoiqu’il  ne  soit  pas  lamelleux  , ressemble  beau- 
coup à celui  des  Lissa.  Les  orbites  sont  très-petites,  presque 
circulaires,  profondes,  et  marquées  d’une  fissure  en  dessus 
et  en  dessous , mais  sans  hiatus  à leur  bord  inférieur.  L’arti- 
cle basilaire  des  antennes  externes  est  grand , mais  étroit 
en  avant,  très-avancé  et  complètement  caché  par  le  l’ostre 
et  par  l’angle  antérieur  du  bord  orbitaire  supérieur  ; enfin  , 
la  tige  mobile  de  ces  appendices  s’insère  sous  le  rostre , tout 
près  de  la  fossette  antennaire  et  non  au  delà  du  niveau 
du  bord  externe  de  ce  prolongement  comme  chez  les  Pises  ; 
l’épistome  est  très-grand.  Du  reste  , ces  Crustacés  ne  pré- 
sentent rien  de  remarquable. 

II.  Naxie  serpulifère.  — iV.  serpulifera  (i). 

Carapace  fortement  bosselée  et  tuberculeuse  en  dessus  , ar- 
rondie postérieurement,  et  trcs-rétrécie en  avant.  Rostre  grand 
et  formé  de  deux  coi’nes  cylindriques , tronquées  au  bout , et 
terminées  chacune  par  deux  grosses  dents  spiniformes.  Angle 
antérieur  du  bord  oibitaire  supérieur  occupé  par  une  grosse 
dent  triangulaire  ; une  dent  semblable  sur  chacune  dos  réglons 
ptérygostomiennes  et  branchiales  ; le  deuxième  article  des  an- 
tennes externes  grêle  , cylindriques  et  une  fois  et  demie  aussi 
long  que  le  troisième.  Pâtes  delà  première. paire  du  mâle  plus 
grosses  et  aussi  longues  que  celles  de  la  seconde  paire , qui  ont 


(I)  Pisa  serpulifera  Edwards  ; Guérin,  Cr.  Icon.  PI.  8 , fig.  2. 


HISTOIilJS  NATURELLE 


3i4 

elles-mêmes  environ  une  fois  et  demie  la  longueur  des  suivantes  ; 
chez  la  femelle , au  contraire , les  pâtes  antérieures  sont  nota- 
blement plus  courtes  que  celles  de  la  seconde  paire,  et  ces  der- 
nières ne  sont  guères  plus  longues  que  celles  de  la  troisième 
paire.  Tarses  sans  dentelures  en  dessous.  Longueur  , environ 
4.  pouces  ; corps  couvert  d’un  duvet  brunâtre  , et  carapace  sou- 
vent incrustée  deflustres,  de  serpules,  d’éponges,  etc. 

Habite  la  Nouvelle-Hollande.  ( C.  M.  ) 

VII.  Genre  CHORINE.  — Chorinus  (i). 

M.  Leacb  a donné  ce  nom  à des  Crustacés  qui  ressemblent 
extrêmement  aux  Pises,  mais  qui  sont  remarquables  par  la 
grande  disproportion  qui  existe  ordinairement  chez  le  mâle 
entre  les  pâtes  de  la  seconde  et  de  la  ti'oisième  paires , et  par 
la  position  de  la  tige  mobile  de  leure  antennes  externes.  La 
carapace  des  Chorines  est  plus  longue  et  plus  étroite  que 
celle  de  presque  tous  les  Maïens  ; mais  sa  forme  générale  dif- 
fère peu  de  celle  de  quelques  Pises.  Le  rostre  est  formé  de 
deux  grosses  cornes  pointues  et  horizontales-  Les  yeux  sont 
rétractiles,  et  les  orbites  sont  dirigées  en  dehors  et  en  bas  ; 
mais  la  paroi  inférieure  de  ces  cavités  est  très  - incomplète. 
L’article  basilaire  des  antennes  externes  est  étroit  et  sans 
épines  notables  à son  extrémité  ; la  tige  mobile  de  ces  appen- 
dices s’insère  sous  le  rostre , et  est  en  grande  partie  cachée 
par  lui.  \Jèpistome,  les pates-mâchoires,  le  plastron  sternal 
et  Vabdomen  sont  disposés  à peu  près  comme  dans  le  genre 
Pise.  Les  pâtes  antérieures  sont  plus  longues , surtout  chez 
les  mâles,  et  la  pince  qui  les  termine  est  assez  fortement 
courbée  en  dedans , dentelée  et  pointue  , mais  un  peu  creu- 
sée en  gouttière.  Les  pâtes  suivantes  sont  cylindriques;  celles 
des  trois  dernières  paires  sont  de  longueur  médiocre,  mais 
les  secondes  sont  très-longues  ; chez  le  mâle  , elles  sont  en  gé- 
néral une  fois  et  demie  ou  même  près  de  deux  fois  aussi  lon- 
gues que  celles  de  la  troisième  paire. 


(1)  Cancer.  Herb.  Pisa.  Latr.  etc.  Chorinus  Leacli- 


DES  CRUSTACES. 


3i5 


A.  Especes  ayant  le  bord  orbitaire  supérieur  à peine 
marqué,  et  formé  par  trois  épines  dont  une  anté- 
rieure tres-grande  et  deux  postérieures  rudimen- 
taires. 

1.  CnoKiNE  HÉROS.  — C.  héros  (i). 

Carapace  presque  deux  fois  aussi  longue  que  large  et  convexe 
en  dessus;  région  stomacale  très-grande,  renflée  et  tubercu- 
leuse dans  sa  moitié  antéi-ieure  ; régions  brancliiales  peu  dé- 
veloppées et  presque  entièreincut  lisses.  Rostre  très-allongé  ; 
angle  antérieur  et  supérieur  de  l’orbite  surmonté  d’une  grande 
épine  liorizontale  ; bords  latéro-antérieurs  armés  en  avant  de 
deux  dents  arrondies.  Pâtes  antérieures  du  mâle  deux  fois 
aussi  longues  que  la  portion  post-frontale  de  la  carapace , cylin- 
driques et  avec  les  doigts  fortement  recourbés  en  dedans  ; celles 
de  la  seconde  paire  une  fois  et  demie  aussi  longues  que  la 
portion  post-frontale  de  la  carapace , et  deux  fois  aussi  longues 
que  celles  de  la  troisième  paire  ; tarses  armés  en  dessous  d’une 
rangée  de  petites  pointes  cornées . Longueur,  2 à 3 pouces  ; 
rostre , côtes  de  la  carapace  et  pâtes  des  quatre  dernières  paires 
garnies  de  poils  ; coulem’  jaune  rougeâtre. 

Habite  les  Antilles.  (C.  M ) 

B.  Especes  ayant  le  bord  orbitaire  supérieur  laniel- 
leux  et  avancé. 

2.  Chorine  BELIER.  — C.  aries  {2). 

Carapace  presque  pyriforme , lisse  et  armée  de  quatre 
épines  courtes  et  grosses^  savoir  : deux  sur  la  région 


(1)  Cancer  héros.  Herb.  PI.  ^ Jig,  j ; Màia  héros.  Bosc.  t.  1 , 
P uSi.  Pisn,  héros.  Latr.Eucyc.  t.  io,p.  lây  : Chorinus  héros.  Leach, 
Latr.  toc.  cit. 

(2)  Pisa  aries.  Latr.  Encyc.  t.  X,  p.  l4o. 


HISTOIRE  NATURELLE 


3 16 

stomacale  et  une  sur  chaque  région  branchiale’,  cornes 
du  roslre  dirige'es  en  avant;  bord  supérieur  de  l’orbite  obtus 
à son  angle  antérieur  et  présentant  une  seule  fente  ; son  bord 
inférieur  peu  saillant  et  marqué  d’une  fissure.  Pâtes  de 
la  première  paire  du  mâle  grosses,  mais  moins  longues  que 
celles  de  la  seconde  paire , qui  ont  environ  ime  fois  et  demie 
la  longueur  des  suivantes  ; toutes  sont  cylindriques , dépour- 
vues d’épines , et  ont  les  tarses  lisses.  Corps  couvert  de  poils 
courts,  serrés  et  crochus;  longueur,  environ  3 pouces. 

Habite  la  côte  de  Coromandel.  ( C.  M.  ) 

3.  CiiOEiNE  HÉRISSÉE. — C.  aculcata. 

Carapace  armée  de  cinq  épines  tres-longucs  sur  la 
ligne  médiane,  et  de  deux  sur  chaque  région  branchiale ^ 
cornes  du  rostre  fortement  recourbées  en  dehors  ; bord  orbitaire 
supérieur  armé  d’une  forte  épine  à son  angle  antéiieur,  et 
présentant  deux  fentes  séparées  par  une  dent  triangulaire  ; bord 
inférieur  de  l’orbite  presque  nul , et  son  angle  externe  affectant 
la  forme  d’une  forte  dent  aplatie;  pâtes  de  la  première  paire 
armées  en  dessus  d’une  crête  tranchante  sur  le  quatrième  ar- 
ticle et  dentelée  sur  le  troisième  ; pâtes  suivantes  cylindriques 
et  garnies  d’une  forte  épine  à l’extrémité  des  troisième  et  qua- 
trième articles  ; celles  de  la  seconde  paire  guères  plus  longues 
que  les  suivantes  ; tarses  lisses  en  dessous  ; corps  légèrement 
pubescent;  longueur,  environ  2 pouces. 

Habite  les  mers  d’Asie.  (C.M.  ) 

4.  CiiORiNE  DE  Duméril.  — C.  DumcrilU. 

Carapace  lisse  en  dessus  et  sans  épines  notables.  Bord 
orbitahe  supérieur  armé  en  avant  d’une  forte  épine , et  divisé 
en  arrière  par  une  fissure.  Une  foi  te  épine  à l’extrémité  de 
l’article  basilaire  des  antennes  externes.  Longueur,  6 lignes. 

Trouvée  à l’îlcdc  Vanicoro  par  MM.  Quoi  et  Gaimard. 


DES  CRUSTACÉS. 


3i7 


VIII.  genre  MITHRAX.  — 

Le  genre  Mithrax  établit  quelques  liaisons  entre  les 
Oxirhynques  et  certains  Crustacés  de  la  famille  suivante  ; car 
on  y range  des  Maïens  dont  la  carapace  est  notable- 
ment plus  large  que  longue , le  rostre  à peine  distinct , les  bords 
latéro-antérieurs  ai’qués  et  les  bords  latéro -postérieurs  obli- 
ques, dispositions  qui  constitue  un  des  traitscaractéristiques  de 
plusieurs  Cyclométopes  ; mais  le  plus  ordinaii-ement  la  forme 
générale  des  Mithrax  s’éloigne  moins  de  celle  des  autres 
genres  de  la  même  tribu.  La  carapace  de  ces  Crustacés 
(PI.  l5  , lig.  a)  est  toujours  très-peu  bombée  en  dessus 
et  assez  fortement  rétrécie  en  avant;  la  disposition  de 
ses  diverses  régions  est  du  reste  la  même  que  chez  les 
autres  Oxirhynques.  Le  rostre  est  bifide , en  général  très- 
court  , et  séparé  du  canthus  intei’ne  des  yeux  par  un  espace 
assez  considérable;  les  orbites  sont  presque  toujours  armées 
de  deux  ou  ti'ois  épines  à leur  bord  supérieur  , d’une  à leur 
angle  externe  et  d’une  ou  deux  à leur  bord  inférieur.  Les 
bords  latéro-antérieurs  de  la  caparace  sont  épineux  ou  du 
moins  dentés.  Les  antennes  internes  se  reploient  un  peu 
obliquement  en  dehors , et  la  portion  frontale  de  la  cloison 
qui  les  sépare  est  armée  d’une  épine  recourbée  en  avant 
(Pi.  i5,  fig.  2).  L’article  basilaire  des  antennes  externes  est 
grand  et  presque  toujours  armé  en  avant  de  deux  fortes  épi- 
nes. Le  second  article  de  ces  appendices  est  au  contraire  grêle 
et  cylindrique  ; il  s’insère  sur  les  côtes  du  rostre,  plus  près 
de  la  fossette  antennaire  que  de  l’orbite  ; le  troisième  article 
est  presque  aussi  gros  et  aussi  long  que  le  deuxième  ; enfin 
la  tige  terminale  et  articulée  est  en  général  assez  courte. 


(1)  Cancer.  Hcrb.,  etc.  Maia.  Bosc.  t.  1;  — Latr.  Ilist.  nat.  des 
Cfust.  t,  VI;-— Lamk.  Histoire  des  A.  sans  vert,  t.  V,  p.  aji; 
Mithrax.  Leach;  — Latr.  Reg.  anim.  2'.  éd.,  t.  lY,  p.  ^7  ; Desin. 
p.  149.  Edvrards  Magasin  zoologiquc.  i83i. 


■J'o  HISTOIRE  NATUREtLE 

Les  P aies -mâchoires  externes  ne  présentent  rien  de  remar- 
quable ; \e  plastron  sternal  est  presque  circulaire.  Les  pâtes 
antérieures  sont  en  général,  chez  le  mâle,  beaucoup  plus 
longues  et  plus  grosses  que  celles  de  la  seconde  paire;  elles 
ont  quelquefois  le  double  de  la  longueur  et  de  la  portion 
post- frontale  de  la  carapace,  et  la  main  qui  les  termine  est 
presque  toujours  forte  et  renflée  ; enfin  les  pinces  sont 
écartées  à leur  base,  élargies  au  bout,  profondément 
creusées  en  cuillère  et  terminées  par  un  bord  tranchant 
semi-circulaire.  Les  pâtes  de  la  seconde  paire  ont  environ 
une  fois  et  quart  la  longueur  de  la  portion  post-lrontale  de 
la  carapace,  et  les  suivantes  se  raccourcissent  graduellement  ; 
les  tarses  sont  courts , crochus  et  souvent  armés  de  quel- 
ques pointes  à leur  face  inférieure  ; enfin  l’abdomen  est  en 
général  formé  de  sept  articles  distincts  dans  les  deux  sexes; 
mais  quelquefois  on  n’en  voit  chez  les  femelles  , pendant  le 
jeune  âge  , que  quatre , les  second , troisième  , quatrième  et 
cinquième  segmens  étant  soudés  entre  eux. 

Les  JVIitbrax  appartiennent  pour  la  plupart  aux  mers  d’A- 
mérique , et  quelques-uns  d’entre  eux  parviennent  à une 
grosseur  très-considérable.  On  peut  établir  dans  ce  genre 
trois  subdivisions  basées  sur  les  caractères  suivans  : 

A.  Bord  supérieur  de  l’orbite  armé  de  fortes  épines. 

a.  Pâtes  des  quatre  dernières  paires  non  épineuses. 

i'^''.  sous-geure.  Mithrax  triangulaires. 

aa.  Pâtes  des  quatre  dernières  paires  hérissées  d’épines. 

2'.  sous-genre.  Mithrax  transversaux. 

B.  Bord  supérieur  de  l’orbite  dépourvu  d’épines. 

3'.  sous-genre.  Mitrax  déprimés. 

1"'.  sous-genre.  Mithrax  triasgülaires. 

Dans  les  espèces  qui  composent  ce  premier  groupe  naturel , 
la  forme  générale  du  corps  {PI.  i5,  fig.  i ) se  rapproche  beau- 


DES  CRUSTACES. 


819 

coup  de  celle  des  Herbsties  ; la  carapace  est  au  moins  une  fois 
et  un  quart  aussi  longue  que  large,  triangulaire  dans  ses  deux 
tiers  antérieurs , arrondie  postérieurement , et  armée  d’un  rostre 
formé  de  deux  cornes  assez  grosses  et  bidentées  ; le  bord  or- 
bitaire inférieur  n’est  pas  épineux  (PI.  l5,  %•  2)  , mais  les 
côtes  de  la  carapace  sont  garnies  d’épines  très-fortes  ; enfin , 
les  pâtes  antérieures  sont  moins  longues  et  moins  fortes  que 
cbez  les  autres  Mithrax  , et  les  tarses  ne  sont  ni  dentées  ni 
épineuses  en  dessous  ( fig.  4 )• 

I. Mithrax  DicoTOME.  — M.  dicolomus  (i). 

(PI.  i5,fig.  1-4- ) 

Carapace  granuleuse  et  sans  épines  en  dessus;  cornes 
du  rostre  très -divergentes  , gu'eres  plus  longues  que  lar- 
ges , et  terminées  par  deux  dents  presque  égales  ; bord 
supérieur  de  l’orbite  armé  de  deux  épines  triangnlaires  ; bords 
latéraux  de  la  carapace  armés  de  sept  grosses  dents  spiniformes , 
dont  une  formant  l’ongle  orbitaire  externe , et  cinq  situées  sur 
la  région  branchiale  ; deux  petites  pointes  sur  le  bord  postérieur 
de  la  carapace.  Fossettes  antennaires  très-larges  en  avant , sans 
tubercule  saillant  sur  leur  bord  postérieur.  Bord  orbitaire  in- 
férieur parfaitement  lisse.  Pâtes  antérieures  médiocres,  héris- 
sées de  pointes  sur  les  troisième  et  cpiatriènie  articles  ; la  main, 
chez  la  femelle , aussi  grosse  que  le  bras  ; pinces  faibles  ; pâtes 
suivantes  munies  d’une  petite  dent  à l’extrémité  du  troisième 
article,  et  garnies  de  poils  crochus.  Couleur  jaunâtre.  Gran- 
deur, 1 pouces. 

Habite  les  côtes  des  îles  Baléares.  (C.  M.) 

2.  Mithrax  daiw.  — M.  dama  (2). 

Carapace  granuleuse  et  sans  épines  en  dessus  ; cornes 


(1)  Latr.  Desm.p.  i5o.  — Edw.  Mag.  Entom  i83i.  cl.  7 , pl.  i 

(2)  Cancer  dama  ^ Herh.  pl.  5i) , fig- 5.  — Mithrax  dama.  Ldw, 
loc.  cit. 


320  HISTOIRE  NATURELLE 

du  rostre  tres-dwergentes , plus  de  trois fois  aussi  longues 
que  larges , et  armées  de  trois  dents  spinf ormes,  dont 
une  terminale  et  deux  externes.  Du  reste , cette  espèce 
ne  paraît  guères  diflërer  de  la  précédente  j seulement  elle  est 
plus  grande. 

Patrie  inconnue. 


3.  Mithrax  rude.  — d/.  asper  (i). 

Carapace  granuleuse  hérissée  de  petites  pointes  en 
dessus  y cornes  du  rostre  deux  fois  aussi  longues  cpie  larges  ^ 
terminées  par  une  grosse  épine  aiguë,  et  arme'es  en  dehors 
d’une  seconde  épine  beaucoup  plus  petite.  Une  petite  dent 
triangulaire  au  milieu  du  bord  orbitaire  inférieur.  Du  reste,  ne 
diffère  que  peu  du  Mithrax  dicotome. 

Patrie  inconnue.  ( C.  M.  ) 


ae.  sous-genre.  Mithrax  transversaux. 

Dans  ce  groupe,  caractérisé  comme  nous  l’avons  déjà  dit, 
la  carapace  est  presque  aussi  large,  ou  même  plus  large  que 
longue;  mais  cependant  elle  est  toujours  notablement  rétrécie 
en  avant.  Le  rostre  est  formé  de  deux  petites  cornes  spi- 
niformes,  en  dehors  desquelles  on  remarque  d’autres  épines 
presque  aussi  fortes,  appartenant  à l’article  basilaire  des  an- 
tennes externes  ou  à l’angle  orbitaire  antérieur.  Les  bords 
latéraux  de  la  carapace  divergent  beaucoup , et  sont  armés  de 
fortes  épines  souvent  bifurquées.  Enfin  la  grosseur  des  pâtes 
antérieures  varie  suivant  l’âge  et  les  sexes,  mais  les  pinces  sont 
toujours  très-fortes  chez  le  mâle  adulte.  Toutes  les  espèces 
de  ce  groupe  appartiemient  aux  mers  des  Antilles. 


(I)  Edw.  lac.  cit. 


DKS  pKUSTACÉS. 


39.1 

4-  Mithrax  très-épiiîeux.  — M.  spinosissirnns  (i). 

Bord  supérieur  de.  la  main  armé  de  tubercules  spini- 
forrnes  ; carapace  couverte  d! épines  plus  ou  moins  allon- 
gées, mais  lisse  dans  l’espace  que  ces  pointes  laissent 
entre  elles,  et  garnie,  ainsi  que  les  pâtes,  d’une  multitude 
de  poils  raides^  par  les  progrès  de  l’âge,  une  partie  de  ces 
épines  disparaissent  presque  entièrement.  Rostre  forme  de  deux 
épines  très-écartées  entre  elles,  mais  dirigées  en  avant;  bord 
orbitaire  supérieur  anné  de  trois  ou  quatre  épines,  dont  l’an- 
térieure est  très-forte  et  se  diiige  en  avant;  bords  latéro-anté- 
iieuis  de  la  caiapacc  armes  cbacun  de  cinq  ou  six  grosses  épi- 
nes, dont  les  deux  premières  sont  bifurquées.  Article  basilaire 
des  antennes  externes  terminé  par  deux  épines , dont  l’interne 
est  très-longue  ; troisième  article  de  ces  appendices  très-court. 
Pâtes  très-épineuses.  Atteint  4 à 5 pouces  de  long. 

Habite  les  Antilles.  (G.  M.) 

5.  Mithrax  aiguillonné,  — M.  aculeatus  (a). 

Bord  supérieur  des  mains  armé  comme  dans  Vespece 
précédente;  carapace  ayant  un  aspect  framhoisé,  due 
à une  foule  de  petites  granulations  circulaires  et  aplaties 
placées  entre  les  épines.  Très-voisine  de  la  précédente,  mais 
s’en  distinguant  aussi  par  des  proportions  différentes.  Taille  de 
4 à 5 pouces. 

Habite  les  Antilles.  (G.  M.) 

6.  Mithrax  verruqueux.  — il/,  verrucosus  (i). 

Bord  supérieur  des  mains  parfaitement  lisse-,  carapace 


(1)  Congrejo  denton,  Parra.  Desc.  de  ditfer.  piezas  de  Hist.  nat. 
P].5i,  tig-  I. — Maia  spinosissima,  Larak.  Hist.  uat.des  A.  sans  vert, 
t.  V,  p.  . ' — Mithrax  sptuosissimus.  Edw.  loc.  cit.  PI.  a et  3. 

(2)  Cancer  aculeatus.  Herb.  PI,  jg,  fig.  lo/;.  Mithrax  aculeatus. 
Edw.  loc.  cit. 

(3)  Crangrcjo  Santoya?  Pai  ra  op.  cit.  tab.  44- — Mithrax  verrucosus . 
Edw.  loc.  cit.  PI,  4. 

CRUSTACÉS,  TOME  I.  I 


322  KISTOIRE  NATÜPEELE 

couverte  de  granulations.  Rostre  dépassant  à peine  les  épines 
terminales  de  l’article  basilaire  des  antennes  externes  ; pinces 
armées  de  huit  à dix  petites  dents  marginales  et  d’un  bouquet 
de  poils  uoù’s  inséré  au  fond  de  la  cuillère  formée  par  l’excava- 
tion de  leur  bord  préhensile  ; à peine  quelques  traces  d’épines 
à la  face  inférieure  des  tarses  des  autres  pâtes.  Taille , environ 
2 pouces. 

Habite  les  Antilles.  ( C.  M.) 

•J.  Mithrax  hispide.  — M.  hispidus  (i). 

Bord  supérieur  des  mains  lisse-,  carapace  non  verru- 
queuse,  mais  armée  de  quelques  épines.  Rostre  ne  dépas- 
sant pas  l’article  basilaire  des  anteimes  externes , qui  n est  armé 
que  de  deux  épines  ; troisième  article  de  ces  antennes  notable- 
ment plus  long  que  le  second.  Environ  vingt  dentelures  sur  le 
bord  des  pinces  ; point  de  bouquet  de  poils  dans  la  cuillère. 
Une  rangée  de  petites  pointes  sous  le  tarse  des  pâtes  des  quatre 
dernières  paires. 

Habite  les  Antilles.  { G.  M.) 

3".  sous-genre.  Mithrax  déprimé. 

Dans  cette  subdivision,  la  carapace  est  encore  plus  large  que 
dans  les  groupes  précédons. 

8.  Mithrax  sculpté.  — M.  sculptas  (2). 

Carapace  couverte  de  petites  bosselures  lisses.  Rostre  formé 
de  deux  petites  dents  arrondies,  et  n’occupant  qu’ environ  le 


(1)  C.  Hispidus.  Herb.  PI.  18,  fig-  100.  — Maia  spinicincta.hamk. 
Hist.  liât,  des  A.  sans  vert.  t.  V,p.  241. — Mithrax spinicinclus.  Desm. 
p.  i5o,  PI.  23,  tig.  1 et  2. — Mithrax  hispidus.  Edw.  loc.  cit. 
Guérin.  Icon.  Cr.  PI.  7,  lig  5.  ? 

(2)  C.  rugosus.  Petiver.  Petrigr.  amer.  tab.  20,  fig.  6.  — Seba. 
t.  IIÏ,  PI.  19,  tig.  22.  — Mata  sculpta.  Lanik.  Hist.  des  A.  sans  vert, 
t.  V,  p.  242. — Mithra.v  sculptas.  Edw'.  loc.  cit. PI.  5. 


Di:s  OfiBSTACKS, 

tiers  de  la  larareur  du  Iront  ; bord  latéro-antéricur  de  la  cara- 
pace comme  festonné,  garni  de  quatre  à cinq  tubercules  arron- 
dis. Carpe  et  mains  parfaitement  lisses  ; point  de  dentelures  à 
rextrcmité  des  pinces;  pâtes  des  quatre  dernières  paires  très- 
épineuses  en  dessus  et  très-poilues.  Taille , environ  lo  lignes. 
Habite  les  Antilles.  ( C.  M.  ) 


Le  Cancer  spikipes  de  Herbest  (PI.  19,  fig.  g/f)  paraît 
être  très-voisine  du  Mithrax  hispide , mais  en  diffère  par  l’exis- 
tence de  tubercvdes  assez  nombreux  sur  la  face  interne  des 

mains.  1 , . 

, 4» 

Le  Cancer  iiiÊiis  de  Fabricius  ( Ent.  syst.  tome  H, 
page%8  , etc.)  pourrait  bien  être  rime  des  e.spèccs  de  Bî^tbrax 
transversales  décrites  ci-dessus. 


IX.  genre  PAHAMITHRAX.  — Paramithrax. 

Ces  Crustacés  établissent  le  pa.ssage  entre  les  Blitbrax  et 
les  Maïas.  La  forme  générale  de  leur  carapace  se  rapfu-oche 
beaucoup  de  celles  des  Mithrax  triangulaires.  Le  rostre  est 
formé  de  deux  grosses  cornes  et  notablement  moins  large 
que  le  front , qui  à son  tour  a presque  autant  d eleudue  que 
le  cadre  buccal.  Les  orbites  sont  ovalaires;  leur  liord  supé- 
rieur arqué  en  avant  comme  cliez  les  Maïas  , présente  pos- 
térieurement trois  fortes  épines  séparées  par  deux  échancrures 
plus  ou  moins  profondes  ; leur  bord  inférieur  est  largement 
écbaucré  ou  incomplet.  Les  JTcMxsont  rétractils,  à pédoncules 
grêles , assez  longues  et  un  peu  courbées  comme  dans  les  iVIaïas. 
La  région  antennaire  et  les  fossettes  antenuaires  sont  sembla» 
blés  à celles  des  Maïas.  L’article  basilaire  des  antennes  externes 
est  grand  et  armé  d’épines  , dont  une  (l’externe)  s’avance  en 
général  au  delà  du  bord  du  front , et  sépare  l’orbite  de  l’inser- 
tion de  la  tige  mobile  qui  n’est  pas  recouvert  par  le  front. 
Patcs-tnachoires  externes eX stermunA^eM  près  comme  chez 


32/f  HISTOIRE  NATURELLE 

les  Maïas.  Pâtes  antérieures  de  force  médiocre , et  terminées 
par  des  pinces  pointues  et  arrondies  qui  ne  pressent  pas  de 
dentelures  comme  chei  lesPises  et  ne  sont  pas  creusées  en 
cuillère  comme  chei  les  Mithrax.  Les  pâtes  suivantes  sont 
eylindriques  , peu  ou  point  épineuses , et  de  longueur  va- 
riable suivant  les  espèces  ; on  n’y  trouve  pas  de  petites  pointes 
cornées  à la  place  inférieure  du  dernier  article  comme  chez  la 
plupart  des  Mithrax. 

Ces  Crustacés  appartiennent  à l’Australasie. 


J A.  Especes  ayant  les  orbites  tr'es-incoinpletes  en  des- 
sous , et  dont  les  yeux  u’arrivent  pas  à beaucoup 
. près  jusqu’à  V angle  externe  de  ces  cavités. 


I . Paramithrax  du  Péron. — P.  Peronii. 


Carapace  tuberculeuse  et  épineuse  en  dessus-,  régions 
hépatiques  plus  renflées  que  chez  la  plupart  des  Maïens  ; front 
de  largeur  médiocre;  épine  formant  l’angle  orbitaire  externe 
très-saillante  , et  suivie  d’une  série  de  cinq  à six  épines  plus  ou 
moins  fortes.  Article  basilaire  des  antennes  externes  peu  élargi 
en  avant,  et  portant  à son  angle  externe  une  épine  (pii  ne  dé- 
passe cpie  de  très-peu  le  bord  orbitaire.  Pâtes  antérieures  du 
mâle  longues  et  garnies  en  dessus  d’une  crête  tranchante  sur 
l’antépénultième  article. 

Habite  l’Océan  indien.  (C.  M.  ) 


2.  Paramithrax  barbicorke. — P.  barbicornis  (i). 

Carapace  assez  lisse  en  dessus,  ayant  seulement  quelques 
petites  épines  marginales  sur  les  régions  branchiales;  régions 
hépatiques  dilatées.  Corps  couvert  de  longs  poils.  Longueur, 
un  pouce. 

Habite  la  Nouvelle-Hollande. 


(i)  Piw  barbicornis.  Latr. , Encyc.  t.  X,  p.  l4l- 


DI.S  CRUSTACÉS. 


§ B.  Especes  dont  les  orbites  ne  présentent  en  dessous 
qiCune  échancrure , et  dont  les  yeux , en  se  re- 
ployanl,  touchent  P angle  orbitaire  externe. 

Paramitürax.  de  Gaimard.  — P.  Gaimardii. 

Carapace  renflée  snr  les  parties  latérales  des  régions  hépati- 
ques ; orbites  très-profondes;  article  basllahe  des  antennes  ex- 
ternes très-large , et  terminé  par  deux  fortes  épines , dont  Fune 
occupe  le  canthus  interne  de  Forbite , et  sépare  cette  cavité  de 
l’insertion  de  la  tige  mobile  de  ces  appendices  qui  se  voit  sur 
les  côtés  du  rostre.  Corps  couvert  de  proils  très-serrés  et  cro- 
chus. Longuem-,  environ  4 pouces. 

Trouvée  p>ar  MM.  Quoi  et  Gaimard  à la  Nouvelle-Zélande. 
(C.M.) 


Nous  sommes  jrortés  à croire  que  le  Cancer  ursus  de  Herbst 
( PI.  14,  fig.  86  ) , et  le  Cancer  pipa  du  même  auteur  ( Seba, 
t.  111,  PI.  18,  fig.  7,  et  Hei'b.  PL  17;  fig.  97  ),  piourraient 
bien  appartenir  au  genre  Paramilhrax  ; ce  sont  évidemment  des 
Maïens  voisins  do  ceux  dont  nous  venons  do  piarler,  mais  ils 
sont  trop  imparfaitement  connus  pour  que  nous  puissions  nous 
prononcer  avec  quelque  certitude  à leur  égard. 

X.  GENRE  MA.IA.  — Maïa  (1). 

Le  genre  Maïa , établi  par  Lamarck  pour  recevoir  les 
Inachus  et  les  Parthenopes  de  Fabrinus , c’est-à-dire  tous 
les  Oxirhnyques  proprement  dits , n’a  été  consei’vé  qu’en  res- 
treignant singulièrement  ses  limites,  et  ne  renferme  plus 
aujourd’hui  qu’un  très-pietit  nombre  d’espèces  qui  viennent 


(i)  Cancur  lAn.  llerb-  ; Lmc/z/is.  Fabr.  ; Maïa,  Liimk.  Syst.  des  A. 
sans  verteb.  t.  V.,  p.  iS-j;  — Latr.  Hist.  nat.  des  Crust.  t.  VI, 
p.  87,  etc.,  etc.  — LcacU.  lidimb.  Encyc.  7,  p.  a/jy,  et;;.,  etc.: 
— üesm.  pi.  143. 


S'îG  HISTÜIKE  NAÏURELIiE 

se  grouper  autour  du  Maïa  Scpiiuado  de  nos  côtes.  La  ca- 
rapace de  ces  Crustacés  ( PI.  3 , fig.  i ) , est  d’environ  un 
quart  plus  long  que  large  et  assez  fortement  rétrécie  en  avant  ; 
sa  face  supérieure  est  liérissi'e  d’une  infinité  de  tul)erculcs 
ou  d’épines , et  ses  régions  sont  peu  distinctes;  le  rostre. 
est  lioi'izontal  et  formé  de  deux  cornes  divergentes  ; le 
bord  latéro-antérieur  de  la  carapace  est  armé  de  fortes  épines 
et  SC  continue  sans  eliangenient  de  direction  brusque  avec  le 
liord  latéro-postérieur  ; les  orbites  sont  ovalaires , assez  pro- 
fondes , et  leur  bord  supérieur,  élevé  et  arrondi  en  avant , 
est  divisé  en  arrière  jxir  deux  fissures.  Les  antennes  internes 
ne  présentent  rien  de  remarquable  ; mais  la  portion  du  front 
qui  sépare  leurs  fossettes,  se  prolonge  à une  forte  épine 
courbe,  cpii  se  dirige  eu  bas  (PI.  3,  fig.  3).  Le  premier 
article  des  antennes  externes  ( fig.  1,  d.)  est  très-grand , et 
constitue  plus  de  la  moitié  de  la  paroi  inlérieure  de  l’orbite 
qu’il  ne  dépasse  que  peu  antérieurement  ; son  extiximité  est 
armée  de  deux  grosses  é’pines  et  porte  farticle  suivant  à sou 
bord  supérieur  et  externe  , de  sorte  que  la  tige  mobile  de  ces 
appendices  naît  dans  le  canthus  interne  des  yeux.  L’épistome 
est  plus  large  que  long  ; il  en  est  de  même  pour  le  cadre  buc- 
cal. Le  second  article  des  patcs-indclioires  externes  se  pro- 
longe assez  loin , du  côté  interne , au  devant  du  niveau  de  son 
articulation  avec  la  pièce  suivante  , et  celle-ci,  notablement 
plus  large  que  longue , est  dilatée  en  dehors  et  fortement 
tronquée  à ses  deux  angles  internes  (PI.  3,  %.  8).  Le  jdaslron 
sternal  est  presque  circulaire  , et  sa  suture  médiane  , quoi- 
que assez  longue,  n’occupe  que  le  dernier  anneau  thoracique, 
(fig.  14 } hes, pâtes  de  la  première  paire  ne  sont  guères  plus 
grosses  que  les  autres  ; elles  sont  assez  grêles',  à peu  près  cy- 
lindriques, et  terminées  par  une  pince  dont  les  doigts,  pres- 
que stylilbrmes,  ne  sont  jamais  creusés  en  cuillère  ni  dilatés 
vers  le  bout,  et  ne  présentent  que  peu  ou  point  de  dente- 
lui  ■es.  La  longueur  des  pâtes  de  la  seconde  paire  ne  dépasse 
guères  une  fois  et  demi  la  largeur  de  la  carapace,  et  les  pâtes 
suivantes  deviennent  suecessivement  plus  courtes  ; l’article  qui 


DES  CKESÏACÉS. 

les  termine  est  styllforme,  et  ne  présente  ni  épines  ni  dente- 
lures à son  bord  inférieur.  Enfin  {'abdomen  se  compose  dans 
les  deux  sexes  deseptarticlesdistincts.  (fig-^)  A-,fig.  5etfig.6.) 

Le  genre  Maïa  paraît  être  propre  aux  mei-s  d’Eui-ope  , 
et  se  compose  des  Décapodes  les  plus  grands  que  nous  ayons 
sur  nos  côtes. 

I.  Maïa  sQuiNADE.  — M.  squinado  (i). 

Carapace  couverte  d’épines  aigues,  assez  bomhee , et 
fortement  rétrécie  en  avant.  Angle  antérieur  du  bord  orbitaire 
supérieur  trés-arrondi  ; deux  épines  sur  la  moitié  postérieure  de 
ce  même  bord,  savoir  : une  très-grosse  et  reconrbee  en  haut , et 
mie  petite  située  derrière  la  précédente  ; bords  latéro-aiitéricurs 
de  la  carapace  armés  de  cinq  ou  si.x  épines  très-grosses  et  très- 
aiffuës , dont  la  première  constitue  l’angle  orbitaire  externe. 
Face  inférieure  du  front  armée  de  cinq  gi’osscs  épines,  dont 
une  médiane  inter- antennaire,  recourbée  en  avant,  et  deux 
placées  de  chaque  côté  et  appartenant  a 1 article  basilaire  des 
antennes  externes  ; second  article  de  ces  antennes  cylindrique 
et  de  même  longueur  que  le  troisième.  Pâtes  antérieures  du 
mêle  un  peu  plus  fortes  que  celles  de  la  seconde  paire,  et 
armée  d’épines  sur  les  troisième  et  quatrième  articles.  Corps 
couvert  de  poils  crochus;  longueur,  4 ou  5 pouces;  couleur 
rougeâtre. 

Habite  la  Manche , l’Océan  et  la  Méditerranée.  ( G.  M.  ) 

On  prend  ce  Crustacé  dans  les  filets  trainans , et  les  pécheurs 
le  mangent,  mais  sa  chair  est  peu  estimée.  Les  anciens  le  regar- 
daient comme  doué  de  raison  et  le  représentaient  suspendu  au 
cou  de  la  Diane  d’Éphèse  , comme  un  emblème  de  la  sagesse. 
On  le  voit  aussi  figuré  sur  quelques-unes  de  leurs  médailles. 


{l)  Cancer  i^a/norfo.  Rond.  liv.  i8,  p.  4o>-  renetorum. 

Aldrov  p.  182,  i83  ; Cancer  maïa.  Seba , t.  III,  PL  i®,  fig-  2 et  3 ; 

Cancer sqmnado.Vievh..V\.  56;  C.  Spinosus ,'Penu.  Brit.  Zool.  t.  IV, 
PI  8 lig-  l4’ — /«ocAms  corrtutm  Fabr.  suppL  p.  356.  Maïa  squinado. 
Latr.’Hist.nat.  desCrust.t.  VI,  p-qS;  Encyc.  PL  2771  hg-  iet2(dV 


328 


lllSTÜinii  NATUKIiLLE 


2.  MAÏA  VEERUQUEUX.  —M.  vemicosa  (i). 
( Planche  3 , fig.  i — i^.  ) 


Carapace  à peine  bombée , couverte  de  petits  tubercules 
arrondis  et  armés  de  quelques  petites  épines  sur  la  ligne 
médiane.  CeCte  espece,  qui  a été  confondue  avec  la  précédente 
par  presque  tous  les  naturalistes,  et  qui  en  est  effectivement 
très-voisine , m’a  paru  devoir  en  être  distinguée  à cause  de 
l’absence  d’épines  sur  la  face  supérieure  de'  la  carapace  , de  la 
forme  plus  ovalaire  et  beaucoup  moins  bombée  de  ce  bouclier 
céphalo-thoracique,  et  de  la  petitesse  des  pâtes  antérieures  qui, 
chez  le  male  , sont  plus  grêles  que  celles  de  la  seconde  paire.  La 
longueur  de  ce  Maïa  est  de  2 à 3 pouces , et  sous  tous  les  au- 
tres rapports  il  ressemble  au  Squinade.  Habite  la  Méditer 
ranée.  (G.  M.  ) 


Il  serait  possible  que  le  Maïa  crépu  de  M.  Risso  [Hist. 
nat.  de  tEur.  mérid  , t.  V,  p.  23  ) ne  fut  autre  que  le 
M.  verruqueux , mais  les  caractères  que  cet  auteur  y assigne 
ne  sont  pas  suflîsans  pour  résoudre  la  question. 

Si  le  Maïa  Rosselii  ( Audouin,  Crust.  de  l'Egypte , par 
M.  Savigny  , PI.  6,  fig.  5)  appartient  réellemeutà  ce  genre, 
il  se  distinguera  facilement  des  précédons  par  l’existence  de 
deux  grandes  cornes  sur  la  partie  antérieure  de  la  région  sto- 
macale , mais  nous  avons  quelques  doutes  à cet  égard. 

La  description  que  Bosc  a donnée  de  Maïa  erixacea  ( t.  , 


près  Seba),  etc.  ; — Lnach.  Malac.  PI.  i8:  — Desm.  PI.  ai  ; — Ris.so, 
Hist.  nat.  de  l'Europe  mérid.  t.  V,  p.  a3, 

(l)  C.  mdia.  Beloii;  — Cancer  sqtiinadu.  Ilcrb.  t.  I,  PI.  l5,  iig  ; 
84  et  85;  Milia  squinado.  Bosc.  t.  I,  PI.  7,  8;-.  j?  _ A.udouiu , 
Crust.  de  l’Égypte,  par  M.  Savigny,  PI.  6,  fig.  4. 


ULS  CRUSTACES. 


3a() 

p.  253  , PI.  8 , lig.  1 ) est  si  incomplète  , et  la  figure  f[ui  l’ac- 
compagne si  mauvaise,  qu’il  est  impossible  de  déterminer  si  ce 
Crustacé  doit  se  rapporter  à l’une  des  especes  précédentes  ou  en 
être  distingué. 

XI.  GENRE  MICIPPE.  — Micippo  (i). 

Le  genre  établi  par  M.  Leach , sous  le  nom  de  Micippe , 
est  très-remarquable  par  Ja  disposition  singulière  du  rostre. 
La  portion  post-frontale  de  la  carapace  de  ces  Crustacés 
est  presque  quadrilatère  , légèrement  bombée , arrondie  en 
arrière,  et  à peine  rétrécie  antérieurement;  son  bord  fronto- 
orbitaire  est  droit  et  très-large  , et  ses  bords  latéraux  sont 
armés  d’épines.  Le  rostre  est  lamelleux  et  dirigé  verticale- 
ment en  bas  de  façon  à former  un  angle  droit  avec  l’axe  du 
corps  et  avec  l’épistome.  Les  orbites  sont  placés  au-dessus  et 
sur  les  côtés  du  rostre  , et  on  remarque  à leur  bord  supé- 
rieur une  fente  profonde;  les  pédoncules  oculaires  sont  ré- 
tractiles, assez  longs,  rétréciesau  milieu  et  se  prolongent  jusqu’à 
l’extrémité  de  la  cornée.  La  tige  des  antennes  internes , en 
se  reployant,  reste  verticale  au  lieu  de  devenir  horizontale 
comme  chez  presque  tous  les  autres  Crustacés  brachyures. 
L’article  basilaire  des  antennes  externes  est  très-grand  et 
plus  large  en  avant  qu’en  arrière  ; le  second  article  de  ces 
appendices  s’insère  contre  le  bord  du  rostre  à une  assez 
grande  distance  de  l’orbite.  Le  troisième  article  des  pates- 
inâchoires  externes  est  extrêmement  dilaté  du  côté  externe  , 
et  très-profondément  échancré  dans  le  point  où  il  s’articule 
avec  la  ])ièce  suivante.  Le  plastron  sternal  est  à peu  près 
circulaire.  Les  pales  sont  cylindriques  et  de  longueur  mé- 
diocre ; celles  de  la  première  paire  ne  sont  guères  plus  gros- 
ses ni  plus  longues  que  les  suivantes  , même  chez  le  mâle , et 


(i)  Cancer.  Lin.  âliis.  Lud.  ülr.  p.  — Fal)'.'.  Eut.  Syst.  t.  II, 
p.  .■jtio;' — Mnïa.  Viosc.  t.  I ; — Latr.  ilist.  iiat  des  Cru.st.  t.  VI , 
p.  loj  ; — Alicipiin.  î.each.  Zool.  mis.  t.  III;  — Desra.  p.  ijH  ; — 
Lalr.  !leg.  Aiiim  a',  éd.,  t.  IV,  p,  ,â<). 


HISTOIKE  NATURELLE 


33o 

les  pinces  sont  effilées  vers  le  bout,  tranchant,  et  pas  sensible- 
ment creusées  sur  leur  face  préhensile.  Les  pâtes  de  la  se- 
conde paire  ont  à peu  près  une  fois  et  demie  la  longueur  de 
la  portion  post-frontale  de  la  carapace,  et  les  tarses  ne  sont 
pas  donteb's  en  dessous.  Enfin  \abdomen  se  compose  de 
sept  articles  distincts  dans  les  deux  sexes. 

Les  Micippes  appartiennent  à l’Océan  indien. 

y I-  Micippe  a Crête.  — M.  cristata  (i). 

Carapace  hérissée  en  dessus  d’un  grand  nombre  d’épi- 
nes longues  et  aiguës  , dont  deux  sont  placées  sur  le  fi-ont  et 
deux  autres  occupant  le  milieu  du  bord  postérieur  ; bords  laté- 
raux du  rostre  armés  de  4 ou  5 dents  ; angle  antérieur  du  bord 
orbitaire  supérieur  armé  d’une  foi’te  épine  ; bords  supérieurs 
de  l’orbite  et  bords  latéraux  de  la  carapace  garnis  de  longues 
épines  très-aiguës.  Article  basilaire  des  antennes  exteraes  beau- 
coup plus  long  que  large.  Pâtes  couvertes  de  petites  granula- 
tions ; longueur,  2 à 3 pouces  ; couleur  blanchâtre. 

Habite  lescôtes  de  Java.  ( G.  M.) 

2.  Micippe  piiilyre,  — M.  philyra  {2). 

Carapace  couverte  de  tubercules  granuleux , mais  non 
epineuse  en  dessus.  Rostre  terminé  par  4 dents  dont  les  2 
externes  crochues  et  dirigées  en  dehors  ; angle  antérieur  du 
bord  orbitaire  supérieur  arrondi , non  spiniforme  ; bords  laté- 
raux de  la  carapace  armés  de  quelques  épines  courtes  et  peu 
acérées.  Article  basilaire  des  antennes  externes  beaucoup  plus 


' (i)  Cancer  spinosus.  Rumph,  PI.  8,  fig.  i.  Cancer  crislatus.  Linn. 
Mus.  Lud.  Ulr.  p.  443-  Cancer  hitobus.  Herb,  PI.  l8,  lig.  98.  Maïa 
cristata.  Latr.  Encyc.  PI.  28,  fig.  i.  (d'après  Runiph  ) ; Micippa 
cristata.  Leach.  Zool.  mis.  t.  III,  PI.  128;  — Desm.  p.  149- 

(2)  Cancer  philyra.  Herb.  t.  III,  PI.  58,  fig.  4 ; — Micippaphi- 
lyra.  Leach  ; — Desm.  PI.  22 , fig.  2 ; — Guérin.  Icon.  Cr.  PI.  ibis, 
fig.  1. 


DES  CRUSTACÉS.  33l 

large  que  long.  Pâtes  peu  ou  point  granuleuses  ; longueur  , 
environ  2 pouces.  Couleur  jaunâtre. 

Habite  l’Occau  indien  et  les  côl^s  de  rilc-de-Ii  rance.  (C.  M.) 

D’après  la  description  que  Linncc  a donnée  de  son  Cakcer 
CORNATES  {Mus.  Lud.  UL,  p.  445) , cc  CrusUcé  me  paraît 
devoir  appartenir  an  genre  Micippe  , et  avoir  beaucoup  d ana- 
logie avec  la  31.  Cristata  ; car  le  rostre  est  recourbé  en  bas 
entre  les  yeux  et  le  front , est  armé  de  chaque  côté  d’une  forte 
épine.  Cette  espèce,  qu’il  ne  faut  confondre  ni  avec  le  C.  cor- 
7infu.5' de  Fabricius  , niar^eclcC.  coi'uudo  àe  Herbst,  habite 
l’Océan  indien. 

XII.  GENRE  CIUOCAllIN.  — Criocarcinus  (i). 

M.  Guérin  a désigné  sous  ce  nom  dans  la  collection  du  Mu- 
séum un  Crustacé  très-singulier  qui  avait  déjà  été  figuré  par 
Ilei-bst,  mais  qui  était  très-imparfaitement  connu,  et  qui  a 
beaucoup  d’analogie  avec  les  Micippes,  soit  par  la  forme  gé- 
nérale du  corps  , soit  par  la  disposition  du  front,  (.e  qui 
caractérise  principalement  ce  nouveau  genre  , est  la  disposi- 
tion des  orbites  et  des  yeux.  Les  cavités  ocbitaircs  ont  pies- 
que  la  forme  d’un  tube  dirigé  eu  dehors  , long  et  tronqué 
à son  extrémité  ; mais  elles  n’engaînent  pas  les  yeux  comme 
chci  les  Péricères,  car  l’anneau  ophthalraique  s’avance  jus- 
qu’auprès de  leur  extrémité , et  le  pédoncule  oculaire , 
qui  est  long  , grêle  et  semblable  à celui  des  Maïas  , s’y  in- 
sère de  façon  à être  complètement  à découvert  et  à pouvoir 
se  reploycr  en  arrière,  et  à s’appliquer  dans  toute  sa  lon- 
gueur contre  le  bord  extérieur  de  l’article  basilaire  des  an- 
tennes externes , position  dans  laquelle  il  est  caché  sous  les 
épines  post-orbitaires  de  la  carapace. 


(i)  Guérin.  Gollection  du  Muséum. 


333 


inSTOIRE  NATUKEELE 


I.  CniocARciN  A SOURCILS. 6’.  supercUio SUS  (i). 

Carapace  bombée,  inégale,  et  à Lords  latéro  - antérieurs 
presque  parallèles.  Rostre  vertical  et  armé  de  deux  cornes 
recourbées  en  dehors  j bord  orbitaire  supérieur  lamelleux  ex- 
trêmement saillant  et  armé  de  trois  fortes  épines  ; trois  ou 
quatre  fortes  épines  sur  les  bords  latéro-antéricm-s  de  la  cara- 
pace , deux  sur  la  région  stomacale , et  une  sur  la  région  intes- 
tinale ; longueur  , dix-huit  lignes. 

Patrie  inconnue.  ( C.  M.  ) 

XIII.  GENEE  PARAMICIPPE.  — Paramicippa. 

Par  leur  aspect  général,  ces  Crustacés  ressemblent  beau- 
coup aux  Micippes;  comme  elles,  ils  ont  la  carapace  à 
peu  près  aussi  large  que  longue , le  rostre  reployé  en  bas , 
et  les  bords  latéro -antérieurs  armés  de  dents.  La  dis- 
position des  antennes  externes  est  aussi  à peu  près  la 
meme  que  chez  les  Micippes  , seulement  leur  second  arti- 
cle, qui  est  placé  sur  le  même  niveau  que  la  face  supéi  ieure 
du  front , est  aplati , élargi , très-court  et  triangulaii  e ou 
cordiforme;  mais  celle  de&ycux  est  très-différente  , car  ces 
organes  ne  peuvent  se  reployer  en  arrière , et  il  n’existe  pas 
de  cavité  orbitaire  post-foraminaire  ; leur  pédoncule  dé- 
passe de  beaucoup  les  bords  de  l’orbite , et  présente  la  même 
disposition  que  chez  les  Criocarcins , si  ce  n’est  qu’ils  sont  im- 
mobiles. La  forme  des  pâtes -mâchoires  externes  est  la 
même  que  chez  les  Pises;  mais  Vépistome  est  extrêmement 
court.  Les  pâtes  sont  courtes  ; celles  de  la  seconde  paire 
ne  sont  guères  plus  longues  que  la  portion  post  - fron- 
tale de  la  carapace  j et  les  suivantes  se  raccourcissent  pro- 
gressivement ; enfin  Y abdomen  de  la  femelle  se  compose 
de  sept  articles  distincts.  Nous  n’avons  pas  eu  l’occasion 
d’observer  des  individus  de  l’autre  sexe. 


(i)  Sel)u.  t.  Ilï  , tab.  i8  , 1 1.  --  C.  supcrciliosus-  Hei'b.  PI. 

bg.  89.  C ’n'ocarcinus  superdlioms.  Guérin.  Coll,  du  Mus- 


nES  CRUSTACÉS. 


333 


I.  Paramicippe  tuberculeux.  — P.  tubcrculosa. 

Pales  des  quatre  dernières  paires  cylindriques  et  épi- 
neuses en  dessus.  Carapace  légèrement  bombée,  à réglons 
peu  distinctes , et  couverte  de  petits  tubercules  arrondis  ou 
pointus.  Rostre  formé  de  deux  cornes  aplaties  et  reployées  eu 
bas  vers  la  moitié  de  leur  longueur  ; bords  latéro-antérieurs  de 
la  carapace  armés  de  six  ou  sept  dents  à bords  granuleux. 
Pédoncules  oculaires  élargis  à leur  base , rétrécis  vers  le  bout , 
et  dépassant  l’orbite  dans  une  étendue  à peu  près  égale  à la 
largeiu"  de  la  base  du  rostre.  Article  basilaire  des  antennes 
externes  peu  élargi  en  avant  ; le  second  article  de  ces  appendices 
inséré  entre  le  bord  du  rostre  et  le  canthus  interne  de  l’œil, 
tout  près  de  l’orbite;  troisième  article  grele,  cylindrique,  et 
plus  long  que  le  second.  Troisième  article  des  patos-màchoires 
externes  très-dUaté  vers  l’angle  antérieur  et  externe.  Quelques 
pods  sur  les  pâtes , et  même  sur  la  carapace.  Couleur  brunâtre. 

Patrie  inconnue.  (C,  M.) 

2.  Paeamicippe  platipède. — P.  platipes  (i). 

Pâtes  des  quatre  dernières  paires  déprimées  et  lisses  en 
dessus.  Carapace  légèrement  tuberculeuse  en  dessus;  rostre 
lortement  inlléclii  et  terminé  par  deux  dents  triangulaires; 
bords  latéraux  granuleux;  troisième  article  des  pates-mâchoires 
externes  peu  ou  point  élargi  vers  l’angle  antérieur  et  externe. 
Longuem  environ  un  pouce. 

Habite  la  mer  Rouge. 

Le  Cancer  thalia  de  Herbst  ( PI.  58 , lig.  3 ) , parait  ap- 
partenir aussi  à ce  genre. 


(i)  Micippe  platipes.  Ruppcll.  Cnist.  de  la  mer  Rouge  , PJ.  i, 
fig.  4. 


ITîSTOIRK  NATURELLK 


?>u 

XIV.  GENKE  PÉRICÈRE. — Pericera  (i). 

Les  Péricères  ressemblent  beaucoup  par  leur  forme  géné- 
rale aux  Pises,  mais  s’en  distinguent  par  divers  caractères, 
et  surtout  par  la  disposition  des  orbites.  Leur  carapace 
( PI.  \^bis  . fig.  5 ),  très-allongée  et  plus  ou  moins  ti-ian- 
gulaire,  est  un  peu  bombée  et  inégale  en  dessus.  Le  rostre 
est  horizontal  et  formé  par  deux  grandes  cornes  coniques  , 
acérées  et  ordinairement  divergentes.  Le  front  est  très-large 
et  occupe  à peu  près  deux  fois  autant  d’espace  que  la  base 
du  rostre.  Les  orbites  sont  circulaires , très-petits  et  extrê- 
mement profonds;  ils  sont  dirigés  directement  en  dehors, 
et  remplis  en  entier  par  les  pédoncules  oculaires  , qui  y 
sont  renfermés  comme  dans  une  gaine,  les  dépassent  à peine, 
et  ne  peuvent  se  reployer  ni  en  avant  ni  en  arrière  { fig.  4-  ) ! 
leur  bord  supérieur  est  très-avancé  et  présente  une  fissure. 
L’article  basilaire  des  antennes  externes  est  extrêmement 
grand  , et  présente  à peu  près  les  mêmes  dispositions  que 
chez  les  Micippes  ; car  il  est  beaucoup  plus  large  en  avant 
qu’en  arrière  , et  se  termine  par  un  bord  transvei-sal  très- 
étendu  , qui  se  soude  au  front  sur  les  côtés  du  rostre  ; la  po- 
sition de  la  tige  mobile  des  antennes  externes  varie  un  peu  , 
tantôt  elle  s’insère  sous  le  rostre  , tantôt  un  peu  en  dehors 
du  bord  latéral  de  ce  prolongement  , mais  toujours  très- 
près  de  la  fossette  antennaire  et  très-loin  de  l’orbite.  La  dis- 
position des  pates-mâchoires  externes  , ainsi  que  celle  du 
plastron  sternal,  des  pâtes  et  de  V abdomen , est  à peu 
près  la  même  que  chez  les  Pises. 


(l)  Cancer.  Herl).  Mina.  15o.se,  t.  1;  — Latr.  Hist.  liai.  îles  Grust. 
t.  yi  ; — Pisa.  Latr.  Encyc.  t.  X; — Pericera.  Latr.  K.  Anim. 
2».  éd,  , t.  IV , P 58. 


DES  cntlSTACÉS. 


335 


A.  Especes  dont  les  angles  antérieurs  dit  bord  orbitaire 
supérieur  se  prolongent  en  une  forte  épine  qui  dépasse 
de  beaucoup  l’article  basilaire  des  antennes  externes. 


1. 


pÉRicÈRE  coRMUE. — P.  comiita 


Cornes  du  rostre  styli formes,  tr'es-dioergentes , et  égales 
en  longueur  àlalargeui-dn  fi'ont.  ( PI.  i4  Ws  , fig.  5.)  Carapace 
illégale  et  sans  épines  notables  à sa  face  supérieure,  mais  armée 
sur  les  bords  d’une  ceinture  d’épines  grosses  , très-longues  et 
aiguës,  dont  une  est  placée  sur  les  régions  bépatiijues  , trois  sur 
lesbrancbiales,  et  une,  impaire,  sur  la  région  intestinale.  Article 
basilaire  des  antennes  externes  armé  en  avant  d’une  petite  épine 
cfui  ne  dépasse  pas  le  front  ; deuxième  article  cylindrique  grêle, 
allongé  et  inséré  sous  le  rostre  ; troisième  article  n’ayant  pas  la 
moitié  de  la  longueur  du  second.  Pâtes  antérieures  cylindri- 
ques , de  la  grandeur  ou  un  peu  plus  fortes  et  plus  grosses 
que  les  suivantes;  bras  épineux;  pinces  très-gréles.  Pâtes 
suivantes  médiocres,  celles  de  la  seconde  paire  n’ayant  pas 
une  fois  et  demie  la  longueur  de  la  portion  post-frontale  de 
la  carapace.  Corps  couvert  d’un  duvet  brunâtre.  Longueur , 
3 à 4 pouces. 

Habite  les  mers  des  Antilles.  (C,  M.  ) 

2.  Péricère  cornigère.  — P.  cornigera  {2). 

Cornes  du  rostre  styliforines , parallèles  et  contiguës 
dans  toute  leur  longueur.  Carapace  couverte  sur  les  bords , 
comme  en  dessus , de  tubercules  plus  ou  moins  pointus , ren- 


(1)  Ilorned  Crab.  Griflilh  Hughes.  Hist.  n.at.  of  barbados , 
IM.  a.5,  fig.  3.  Congrejo  corniUo.  Parra.  Dcscripcion  de  differentes 
piezas  de  Historia  natural,  PI.  5o,  tig.  3 Cancer  cornudo.  Hevh. 
PI.  5g,  ilg.  6:  Ma'ia  taunis.  Laiiik.  Hist.  des  Anini.  sans  vert.  , t.  V, 
p.  3.42. 

(2)  Pisn  cornigera.  Latr.  Kncyc.,t.  X,  p.  i4'- 


HISTOIRE  NATURELLE 


336 

fle'e  et  arrondie  en  arrière.  Dents  de  l’angle  antérieur  du  bord 
orbitaire  supérieur,  petites,  pointues  et  recourbées  en  haut.  Ar- 
ticle basilaire  des  antennes  externes  amié  d’une  épine  termi- 
nale ; deuxième  article  élargi  vers  le  bout  et  guères  plus  long 
fpiele  troisième.  Pâtes  garnies  de  tubercules  ou  d’épines  sur 
leur  troisième  article.  Celles  delà  seconde  paire,  chez  le  mâle, 
une  fois  et  demie  aussi  longues  que  les  suivantes,  mais  n’ayant 
cependant  qu’une  fois  et  demie  la  longueur  de  la  portion  post- 
frontale de  la  carapace.  Tarses  gai'nis  en  dessous  de  pointes 
cornées.  Longueur,  environ  2 pouces. 

Habite  l’Océan  indien.  ( C.  M.  ) 

E.  Especes  dont  la  dent  terminale  de  l’article  basi- 
laire des  antennes  externes  dépasse  de  beaucoup 
l’angle  antérieur  du  bord  orbitaire  supérieur. 

3.  Prricère  a trois  épines. — P,  trispinosa  (i). 

Portion  postérieure  de  la  carapace  triangidaire , et 
armée  de  trois  fortes  épines , dont  deux  latérales  et  une 
médiane  dirigée  en  arriére.  La  forme  générale  de  ce  Crus- 
tacé dillère  peu  de  celle  de  la  Pise  armée , seidcmcnt  les  bos- 
selures de  la  carapace  sont  moins  élevées,  le  front  est  plus  large 
et  le  rostre  plus  court,  les  angles  antérieur  et  extérieur  des  or- 
bites sont  très-obtus  ; la  tige  mobile  des  antennes  externes 
s’insère  Immédiatement  au-dessous  du  bord  latéral  du  rostre  ; 
enfin  les  pâtes  de  la  seconde  paire  sont  de  la  longueur  de  la 
j)ortion  post-frontale  de  la  carapace  seulement , et  leur  troi- 
sième article  est  un  peu  noduleux  vers  le  bout.  Longueur,  en- 
viron I pouce  et  demi  ; corps  couvert  d’un  duvet  jaunâtre  très- 
court. 

Ilaltite  les  Antilles.  (C.  M.) 


(1)  Pisa  trispinosa.  Latr.  Eiicyc.  t.  X,  p.  142.  Pericera  trispinosa. 
EcUv.  Guérin,  Icon.  Cr.  PI.  8,  lig.  3. 


np.s  GTt  USTAC  l's. 


4-  PÉEinKiiE  BICORNE.  — P.biconia  (tj. 

Carapace  arrondie  posléricurement  et  sans  épine  mé- 
diane au-dessus  de  l'insertion  de  ï abdomen;  cornes  du 
rostre  très- divergentes.  Carapace  couverte  de  tubercules  ar~ 
ï ondis  , armée  d une  petite  épine  transversale  sur  chaque  ré- 
gion branchiale  , mais  du  reste  peu  ou  point  épineuse  ; bord 
supérieur  de  1 orbite  a angles  peu  saUlans  et  marqué  de  2 fissu- 
res, lige  mobile  des  antennes  externes  insérée  entre  le  bord 
du  lostre  et  la  dent  terminale  de  l’article  basilaire  de  ces  appen- 
dices ; son  premier  article  élargi  et  presque  aussi  long  que  le 
second.  Pâtes  a peu  près  comme  dans  l’espèce  précédente. 
Longueur,  environ  i pouce  ; couleur  jaunâtre  ; légèrement  pu- 
bescent. 

Habite  les  Antilles.  ( G.  M.  ) 

XV,  GENRE  STÉNOCINOPS.  — Sténocinops  (2). 

Ces  Crustacés  sont  très-voisins  des  Péricères;  leur  forme 
générale  est  à peu  près  la  même  , et  ils  n’eu  diffèrent  guères 
que  par  la  disposition  des  yeux.  La  carapace  est  étroite , 
très-inégale  et  garnie  en  arrière  d’un  grand  prolongement 
triangulaire  qui  recouvre  l’insertion  de  l’abdomen  ; le  rostre 
est  forme  de  deux  cornes  styliformes  et  divergentes  ; le 
bord  supéi  leur  de  1 orbite  est  ai'mé  d’une  corne  analogue  à 
celles  du  rostre  , mais  dirigée  plus  obliquement.  Les  tiges 
oculaires  sont  minces  , immobiles  et  extrêmement  saillantes  ; 
leur  longueur  égale  la  moitié  de  la  plus  plus  grande  lar- 
geui  du  corps  ; les  antennes  internes  ne  présentent  l’ien 
de  lemarquablc;  le  premier  article  des  externes  est  beau- 
coup plus  long  que  large,  le  second  est  grêle  et  s’insère  sous 


(1)  Pisa  licornnta.  Latr.  Encyc.  t.  X,  p.  i4i. 

(2)  Cancer.  Heib.,  ; Sténocinops.  Latr.  R.  Auim.,  2'  ëd. , t-  IV, 
p.  êg. 

CRUSTACÉS,  TOAIE  I.  22 


histoire  Naturelle 


338 

le  rostre  un  peu  au  devant  du  niveau  des  yeux  , et  à une  dis- 
tance à peu  près  égale  des  orbites  et  des  fossettes  antennaires. 
AJèpislome  estpresque  carré,  et  le  troisième  article  des  pates- 
màchoires  externes  extrêmement  dilaté  vers  l’angle  externe 
et  antérieur;  en  dedans  et  en  avant  il  présente  une  échan- 
crure étroite  et  profonde,  hes  peites  sont  greles  et  cylindi  i- 
ques;  chez  la  femelle,  celles  delà  première  paire  ne  sont 
cuères  plusgrossesque  les  autres  et  sont  beaucoup  plus  cour- 
tes que  les  secondes  ; la  longueur  de  celle-ci  dépasse  un  peu 
celle  de  la  carapace  (le  rostre  compris  ) , et  les  suivantes  de- 
viennent progressivement  pins  courtes  ; l’article  qui  les  tei-- 
mine  est  acéré  et  recourbé.  Enfin  Y abdomen  de  la  femelle 
n’est  composé  que  de  cinq  articles,  les  trois  anneaux  qui 
précédent  le  dernier  étant  soudés  entre  eux  ; quant  à celui 
du  mâle , nous  n’en  connaissons  pas  la  disposition. 

1.  Stenocekops  cervicobne.  — S.  cen^icornis  {i ]• 

Carapace  bosselée  et  garnie  de  tubercules  ; cornes  du  rostre 
et  du  bord  orbitaire  supérieur  grêles , tres-longues  et  à peu  près 
égales  entre  elles  ; deux  grosses  élévations  coniques  sur  les  côtés 
de  chaque  région  hépatique  ; antennes  externes  moins  longues 
que  le  rostre  f pinces  ftnement  dentées  et  un  peu  courbées  en  de- 
dans; pâtes  lisses  ; longueur,  l ou  3 pouces. 

Habite  rtle-de-Frauce.  { C.  M.  ) 

XVI.  G^EWRE  MEj^^ÆTIlIE.  — JkfenŒtkius  (2). 

Les^  Crustacés  de  cette  petite  division  générique  ont  le 
port  des  Pisés,  et  établissent  le  passage  enti-e  ces  animaux 
et  les  Ilalimes.  Leur  carapace , environ  une  fois  et  demie 
aussi  longue  que  large , est  extrêmement  rétrécie  antcrieu- 


(i;  Cancer  cctvicornis.  Hcrb.  PI.  58,  fig.  2.  Stcnocinops  cervicor- 
nis.  Latr.  Cuériu  Icon.  Cr-  PI-  8 bis , üg.  3; 

(li)  Pisa.  Liitr.  lincyc.  t.  X,  p.  iSg. 


DES  CfttSTACES. 


339 

rement , et  a la  forme  d’un  triangle  allongé  et  arrondi  à sa 
base.  Le  rostre  (PI.  i5,fig.  12)  est  formé  par  un  grandstylet 
pointu  , qui  est  placé  sur  la  ligne  médiane  du  corps  , et  oc 
cupe  environ  le  tiers  de  la  longueur  totale  de  la  carapace.  Les 
angles  antérieursdes  sont  surmontés  d'une  grande  dent 

pointue  et  horizontale  qui  se  dirige  en  avant  ; les  bords  de 
ces  cavités  ne  présentent  pas  de  fissures  et  entourent  exacte- 
ment la  base  du  pédoncule  oculaire  qui  est  court  et  peu 
mobile,  l^a  disposition  des  (miennes  externes , des  pates- 
mdchoires  externes  , et  des  pales  thoraciques  , est  la  même 
que  dans  les  Pises  , seulement  il  existe  à la  face  inférieure 
des  tasses  deux  rangées  de  pointes  coi'nées.  \I abdomen  du 
mâle  se  compose  de  sept  articles  distincts  ; mais  chez  la 
femelle  on  n’en  compte  que  cinq,  dont  l’avant-dernier 
est  formé  par  la  soudure  de  trois  anneaux.  ( PI,  16,  fig.  i3.  ) 

I.  Mencetiue  licokhe. — M.  monoceros  (1). 

Face  supérieure  de  la  carapace  bossele'e,  mais  presque  horizon- 
tale ; 3 petits  tubercules  disposés  en  triangle  sur  la  région  sto- 
macale et  I sur  chaque  région  branchiale;  Lords  latéro-autérieurs 
divisés  en  trois  dents  irrégulières,  triangulaires  et  peu  saillantes; 
troisième  article  de  toutes  les  pâtes  armé  de  quelques  épines; 
celles  de  la  deuxième  paire  beaucoup  plus  longues  que  les  sui- 
vantes. Longueur,  environ  10  lignés  ; rostres  garnis  de  poils,  cou- 
leur brunâtre. 

Habite  les  côtes  de  l’Ile-de-Fiance  , la  mer  Rouge  et  l’Océan 
indien.  ( G.  M.  ) 

Le  PtsE  ESPADON  de  M.  Latreille  [P.  xyphias , Eneje. 
t.  X,  p.  i4o)  paraît  être  très-voisin  de  l’espèce  précédente.  Il 
en  est  probablement  de  même  de  I’Ikaciius  anoustatus  de 
Fabricius  ( Suppl.  Ent.  Sept.  p.  357  ). 


(i)  Pisa  monoceros.  Latr.  Encyc.  t X,  p.  'Sp.  Inachus  arnbicus, 
Ruppell.  Cmst.  de  la  mer  Rouge,  P).  5,tig  4- 


a a 


34o 


IFISTOIP.E  NATURELLE 


XVII.  GENRE  HALIME.  — Halimus  (i). 

Les  Halinies  établissent  le  passage  entre  les  Eurypodes , 
les  Pises,  les  Menœthies  et  les  Acanthonyx.  Ils  ne  s’éloignent 
guères  des  premiers  que  par  la  longueur  beaucoup  moins 
grande  de  leurs  pâtes,  par  la  forme  du  troisième  article  des 
pates-mâchoires , etc.  ; ils  ressemblent  aux  Pises  par  la  forme 
générale  de  leurs  corps , et  la  disposition  de  leurs  yeux  les 
rapproche  des  Menœthies  et  des  Acanthonyx. 

Ces  Crustacés  ont  la  carapace  ( toujours  le  rostre  com- 
pris ) environ  une  fois  et  demie  aussi  longue  que  large , 
et  bombée  en  dessus.  Le  rostre  est  avancé  et  formé  de  deux 
gi-andes  cornes  divergentes  ; le  bord  orbitaire  supérieur  est 
saillant , et  les  bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  sont 
presque  toujours  droits  et  portent  des  épines  très-fortes. 
Les  yeux  ne  sont  pas  rétractiles , et  dépassent  notablement 
les  bords  de  l’orbite,  qui  se  prolonge  en  arrière  avec  un 
sillon  qui  en  représente  la  portion  post-foraminaire.  Le  pre- 
mier article  des  antennes  externes  et  très-long , di'oit  et  à 
peu  près  de  même  largeur  à son  extrémité  qu’à  sa  base  ; 
l’insertion  de  la  tige  mobile  de  ces  appendices  n’est  pas 
recouverte  par  le  rostre.  Uépistome  est  très-grand  et  à peu 
près  carré.  Le  troisième  article  des  pates-mâchoires  est 
fortement  dilaté  en  dehors.  Les  régions  ptéry gostomiennes 
très-petites.  Lestâtes  antérieures  grêles],  et  de  longueur  mé- 
diocre chez  le  mâle  aussi  bien  que  chez  la  femelle.  Les  pâtes 
suivantes  sont  longues , grêles  et  comprimées  ; leur  avant- 
dernier  article  est  élargi  en  dessous  et  tronqué  en  manière 
de  pince  subchelifbrme , à peu  près  comme  chez  les  Euri- 
podes  J enfin  l’abdomen  du  mâle  se  compose  de  sept  seg- 


(i)  Cancer,  Herbst.  — Maia.  Bosc. — HaVmiiSf  Latr.  Fam.  nat. 
p.  aja,  etReg.  Anim.  a',  éd.  t.  IV,  p.  6o. 


DES  CKUSTACÉS.  34^ 

mens  chez  le  mâle  et  de  cinq  seulement  chez  la  femelle 
adulte. 

Ces  Crustacés  habitent  l’Océan  indien. 

I.  Halime  BELIER.  — H.  avies  (i). 

Bord  postérieur  de  la  carapace  armé  sur  la  li/rne  mé- 
diane d'une  forte  épine  dirigée  en  arriére',  une  petite  épine 
placée  en  arrière  de  l’ orbite  et  suivie  d’un  prolongement  lamel- 
leux  armé  de  deux  grosses  épines  ; 3 grosses  épines  dirigées  en 
dehors  sur  chaque  région  branchiale  ; 5 petites  pointes  sur  la  ré- 
gion stomacale,  i sur  la  génitale  et  une  grosse  épine  sur  l’intes- 
tinale immédiatement  en  avant  de  la  postérieure  déjà  mention- 
née. Pâtes  peu  élargies  en  dessus  et  portant  une  multitude  de 
petites  pointes  sur  la  portion  tronquée  du  bord  inférieur  de  leur 
avant-dernier  article.  Taille,  i pouce. 

Habite  l’Océan  indien.  ( C.  M.  ) 

3.  IIalime  oreillard.  — - II.  auritus  (2). 

Point  d’épine  notable  sur  le  bord  postérieur  de  la  cara- 
pace, ni  sur  la  région  intestinale.  On.  retrouve  du  reste  les  me- 
mes épines  que  dans  l’espèce  précédente,  seulement  elles  sont 
beaucoup  plus  petites,  et  les  deux  qui  occupent  le  bord  de  la 
région  hépatique  ne  se  confondent  jias  à Icui-  base  de  manière 
à former  un  petit  prolongejneut  îanielleux.  Pâtes  des  4 derniè- 
res paires  beaucoup  plus  comprimées  que  dans  l’espèce  précé- 
dente et  garnies  de  longs  poils.  Longueur,  environ  2 pouces  et 
demi. 

Habite  l’Océan  indien.  (C.  M.) 


(i)  Latr.  Coll,  du  Mus.  — Guérin.  Iconog.  Cr.  PI.  9,  lig  2. 
(a)  Pisa  niirita.  Latr.  Eucyc.  t.  X,  [i.  i jo. 


3^2  HISTOIRE  NATÜKELEE 

XVIII.  GEKRE  ACAINTHONYX.  — Acanthonyx  {i]. 


LesAcanthonyx  ont  avec  les  Halimes  beaucoup  plus  derap. 
port  qu’on  ne  le  croit  généralement  ; car  c’est  à tort  que  M.  La- 
treille  leur  assigne  pour  caractère  des  yeux  rétractiles  ; à cet 
égard,  ils  ne  diffèrent  pas  des  Halimes,  et  ils  s’en  rapprochent 
aussi  par  la  disposition  presque  subcheliforme  de  leurs  pâtes. 
La  carapace  de  ces  Crustacés  (PI.  i5,  fig.  6),  est  aussi 
allongée  que  celles  des  Halimes,  mais  elle  est  moins 
bombée  et  bien  moins  épineuse.  Le  rostre  est  horizontal  et 
formé  de  deux  cornes  aplaties  et  divergentes  ; les  orbites 
sont  circulaires  et  occupées  en  entier  par  la  base  du  pédon- 
cule oculaire  qui  les  dépasse  d’une  manière  très-notable 
( fig.  7 ).  La  disposition  des  antennes,  de  Yépistoine  et  des 
pates-mdchoires  est  à peu  près  la  même  que  chez  les  Ha- 
limes; enfin  les  pales  sont  courtes  , assez  grosses  ; et  celles 
des  quatre  dernières  paires  sont  très-comprimées  ; leur  cin- 
quième article  est  élargi  en  dessous,  échancré  près  du  bout , 
et  armé  d’une  dent  pilifère  contre  laquelle  le  doigt  vient 
se  replier  en  manière  de  pince  ; celles  de  la  seconde  paire 
présentent  cette  disposition  particulière  d’une  manière  en- 
core plus  marquée  que  les  postérieures. 

3.  Acanthohyx  lunule.. — A.  lunulatus  {i). 

(PI.  i5 , lig.  6-8.  ) 

Point  d’épines  à l’angle  orbitaire  externe ^ bords  laté- 
raux de  la  carapace  armés  de  trois  dents,  dont  l’anté- 
rieure est  recourbée  en  avant.  Carapace  légèrement  convexe 
et  presqu’une  fols  et  demie  aussi  longue  que  large;  rostre  ter- 


(1)  Maïa.  Risso-  — Libinia.  Desm — Acanthonyx,  Latr.  R.  Anim. 
28.  éd.  t.  IV  , p.  58. 

(2)  Main  fartflta. Risso , Crust.  de  Nice , PI.  i , fig.  4 ! — Acantho- 
nyx lunulatns.  Latr.  Reg.  Anim.  a',  éd. , t.  IV , p.  58  ; — Guérin, 
Icon.  Cr.  PI.  8,  fig.  i. 


des  crustacés.  343 

miné  par  deux  cornes  séparées  par  une  échancrure  semi-circu- 
laire ; angle  antérieur  des  orbites  surmonté  d une  dent  assez 
forte’ et  dirigée  en  avant;  les  deux  dents  postérieures  du  bord 
latéral  de  la  carapace  petites,  arrondies  et  obtuses.  Pâtes  anté- 
rieures du  mâle  beaucoup  plus  grosses , mais  pas  plus  lonpes 
que  les  suivantes  ; quatrième  article  de  celles-ci  arrondi  en 
dessus;  leur  cinquième  article  garni  de  poils  sur  la  portion 
tronquée  de  son  bord  inférieur,  et  les  tarses  armés  en  dessous 
de  deux  rangées  de  pointes.  Abdomen  du  mâle  compose  de 
six  articles , le  quatrième  et  le  cinquième  anneaux  étant  soudes 
entre  eux.  Longueur,  8 lignes;  corps  lisse,  avec  quelques  fais- 
ceaux de  poils  sur  le  front,  etc.  ; couleur  vert  foncé,  passant  au 

jaune  par  l’action  de  l’alcool.  . . , , ■ 1 

Habite  les  côtes  de  la  Provence  et  la  baie  do  JNaples,  ou  il 
se  trouve  dans  les  fentes  des  rochers  tapissés  d’algues. 


4.  Acanthonyx  de  petiver.  — A.  petweril  (1). 

Point  Æ épines  à l’angle  externe  des  orbites^  bords  la- 
téraux de  la  carapace  armés  de  trois  dents,  dont  l’ante- 
rieure tr'es-grande,  aplatie  et  arrondie,  n’est  pas  recourbee 
en  avant , et  dont  les  deux  postérieures  sont  Ires-pelUes 
et  obtuses.  Cette  espèce  ressemble  du  reste  à la  précédente, 
seulement  la  carapace  est  moins  convexe  , les  dents  des  angles 
orbitaires  airtérieurs  sont  plus  fortes  et  plus  élevées  ; les  pâtes 
antérieures  sont  un  peu  plus  fortes,  et  lem-  quatrième  article 
est  caréné  en  dessus.  Lougueiu-,  8 lignes. 

Habite  les  Antilles. 


5.  Acahthomyx  dentée.  — A.  dentatus. 

Une  dent  spiniforme  à l’angle  externe  des  orbites 

Bords  latéraux  de  la  carapace  armés  de  deux  dents  ties 


(i)  Cancer  muricalus  compressum 
PI.  20,  fig.  8. 


.Petiver.  Petrogvaphia  americana, 


^44  lUS  l OJK E N AT  U BELLE 

grandes,  aplaties,  triangulaires  et  pointues.  Pâtes  des  quatre 
dernières  paires  en  carène  sur  le  bord  supérieur.  Abdomen  du 
male  formé  de  sept  articles  distincts;  du  reste,  semblable  aux 
especes  précédentes. 

Habite  le  cap  de  Bonne-Espérance.  (G.  M.  ) 


XIX.  genre  ÉPIALTE.-^;;m//„,. 

Les  Crustacés  dont  nous  formons  le  genre  Épialte , éta- 
blissent a quelques  égards  le  passage  entre  les  Hoclées  et 
les  Acanthonyx,  mais  se  rapproehent  bien  plus  de  ces 
clern,eres.Leurc«r.a;Tace  (PI.  ,5,fig.  „)  est  presque  cireu- 
laiie  ou  plutôt  hexagonale , guères  plus  longue  que  large, 
reguherement  bombée  et  lisse  en  dessus.  Le  rostre  est  étroit , 
triangulaire,  et  peu  ou  point  divisé;  les  bords  latéro- 
anteneurs  de  la  carapaee  sont  très -courts,  et  forment 
avec  les  bords  latéraux  un  angle  très-ouvert.  Les  j-eux 
sont  extrêmement  courts  et  ne  dépassent  pas  notable- 
ment l orbite,  qui  est  circulaire  et  à bords  entiers  ; cepen- 
dant ils  paraissent  susceptibles  de  s’y  recourber  un  peu  en 
arriéré.  La  région  antennaire  est  très-petite  : la  tige  mo- 
bile des  antennes  externes  s’insère  sous  le  rostre,  assez  loin 
au  devant  de  l’orbite,  et  l’article  basilaire  de  ces  appendices , 
qui  latéralement  ne  se  distingue  pas  des  parties  voisines 
U teste , est  presque  triangulaire  et  très-étroit  à son  ex- 
tremue;  il  paraît  foi-mer  la  totalité  de  la  paroi  orbitaire 
inferieure;  le  second  article  de  ces  antennes  est  un  peu 
élargi  et  presque  deux  fois  aussi  long  que  le  troisième.  L’é- 
pistomeest  petit  et  carré;  pates-mdchoires  externes 
sont  grandes,  et  leur  troisième  article  est  presque  carré;  il 
n est  pas  sensiblement  élargi  en  dehors , et  seulement  un  peu 
echancre  a son  angle  antérieur  et  interne , dans  le  point  où 
Il  se  joint  al  article  suivant.  Le  plastron  sternale^  à peu 
près  circulaire,  et  sa  suture  médiane  anticipe  sur  l’avant-der- 
nier  segment.  Les  pâtes  antérieures  sont  assez  fortes  et  les 
pinces  Icgercment  creusées  en  cuillère.  Les  pâtes  suivantes 


UES  CRUSTACES, 


345 


sont  cylindriques , et  on  remarque  au  bord  inférieur  de 
leur  avant-dernier  article , un  petit  tubercule  setifère  plus 
ou  moins  saillant  ; mais  leur  dernier  article , qui  est  garni  en 
dessous  de  deux  rangées  de  petites  épines , est  peu  flexible , 
de  façon  que  ces  organes  ne  peuvent  agir  qu’en  manière  de 
pince  ; ce  tubercule  ne  devient  bien  apparent  qu’aux  pâtes 
postérieures.  Les  pâtes  de  la  seconde  paire  sont  beaucoup 
plus  longues  que  toutes  les  autres.  Enfin , le  nombre  des  ar- 
ticles de  Yabdomen  varie  chez  le  mâle  de  six  à sept. 

Ces  Crustacés  habitent  les  côtes  du  Chili. 

3.  Epialte  BiTUBERCui.É.  — JS.  bituberculatus. 


Rostre  entier,  deux  angles  saillans  de  chaque  côté  de 
la  carapace  et  deux  tubercules  sur  la  région  stomacale. 
Dans  cette  petite  espèce , dont  la  longueur  n’est  que  de  trois  ou 
quatre  lignes,  les  pâtes  sont  courtes,  l’abdomen  du  mâle  com- 
posé seulement  de  six  articles,  et  la  couleur  générale  d’un  brun 
jaunâtre. 

Habite  les  côtes  du  Chili.  ( C.  M.) 


3.  Epialte  deîïté.  — JS.  dentatus. 


Rostre  bifide  ^ une  petite  dent  au  devant  de  chaque  or- 
bite, et  trois  dents  spiniformes  de  chaque  côté  de  la  cara- 
pace sur  son  bord  latéro-antérieiir  ; carapace  tres-bonibée. 
Pâtes  longues,  ayant  sur  le  bord  inférieur  du  métatarse  im  pe- 
tit tubercule  pilifère  et  le  tarse  garni  en  dessus  de  deiux  ran- 
gées de  petites  épines.  Abdomen  du  mâle  composé  de  7 an- 
neaux distincts.  Longueur,  3 à 4 pouces. 

Habite  les  côtes  du  Chili,  (C.  M.) 

XX.  GENRE  LEÜCIPPE.  — Lcucippa  (i). 

Les  Lcucippes  ont  beaucoup  d’analogie  avec  les  Acantho- 


(i)  Leudppn.  Lihv.  Anu.  de  la  Soc  entomologique,  t-  HI. 


HISTOIRE  NATURELLE 


3|6 

nyx,  et ellesétablissentsous  quelques  rapports  un  passage  entre 
les  Maïens  et  les  Parthc'nopiens.  La  forme  de  leur  carapace 
est  assez  semblable  à celledes  Eurynomes,  seulement,  aulieu 
d’être  inégale  et  hérissée  de  tubercules  comme  chez  ces  Crus- 
tacés, sa  surlace  est  parfaitement  lisse  (PI.  i5,  fig.  9)  ; sa  lon- 
gueur n’excède  que  de  peu  sa  largeur,  sa  portion  antérieure 
est  à peu  près  triangulaire  , et  ses  bords  latéro-antérieurs 
avancés  et  tranchans.  he rostre  est  horizontal,  avancé,  très- 
large,  etformé  de  deux  cornes  lamelleuses.  Les  orbites  sont  in- 
complets, et  l’œil  ne  peut  pas  s'y  cacher  en  entier;  le  bord 
supéi'ieur  de  ces  cavités  est  droit , et  va  rejoindre  la  base  de  la 
première  dent  du  bord  latéro-antérieur  de  la  carapace,  de  fa- 
çon à former  une  échancrure  triangulaire  ; le  bord  externe  de 
l’article  basilaire  des  antennes  externes  constitue  la  portion 
interne  de  leur  paroi  inférieure  ; mais  en  arrière  et  en  bas 
elles  ne  sont  limitées  par  rien  , et  on  pourrait  dire  avec  raison 
qu’il  n’existe  pas  de  portion  post-foraminaire  de  l’orbite 
(fig.  10).  hesyeux  sont  petits  et  portéssur  un  pédoneule  très- 
court  ; lorsqu’ils  se  reploient  en  arrière,  ils  ne  dépassent  que 
de  peu  la  ligne  transversale,  et  ils  s’appliquent  sur  l’angle 
du  bord  latéro-antérieur  de  la  carapace.  Le  premier  ar- 
ticle des  antennes  externes  est  étroit  dans  toute  sa  lon- 
gueur ; le  second  et  le  troisième  sont  complètement  ca- 
chés sous  le  rostre , et  ce  dernier  est  presque  deux  fois 
aussi  long  que  celui  qui  le  précède.  Uépislome  n’est  pas 
très-développé  , et  les  pates-mâchoires  externes  ont  leur 
troisième  article  très-dilaté  en  dehors  , et  légèrement  tron- 
qué à son  angle  antérieur  et  interne.  Les  pâtes  sont  courtes , 
comprimées,  et  suianontées  dans  presque  toute  leur  lon- 
gueur d’une  crête  tranchante.  Enfin,  ï abdomen  des  femelles 
est  composé  de  sept  articles , et  couvre  tout  le  plastron  ster- 
nal ; quant  à celui  du  mâle  , on  ne  le  connaît  pas. 

Ce  genre  appartient  à l’Océan  Pacifique. 


DES  CRUSTACES, 


Uy 


I.  Leucifpe  pantagoke.  — L.  pentagona  (i). 

(Pl  i5,  fig.  9-10.) 

Rostre  arrondi  en  avant  et  divisé  par  une  fissure  étroite  ; bords 
latéro  antérieurs  de  la  carapace  tranchans  et  découpés  en  trois 
grandes  dents  , dont  l’antérieure  constitue  l’angle  orbitane 
externe  ; article  basilaire  des  antennes  externes  armé  en  dehors 
d’une  crête  longitudinale  très-saillante  ; région  ptérygostomienne 
garnie  d’une  série  do  dentelures  ; pinces  , petites  et  dentées  ; 
pâtes  des  quati'e  dernières  paires  pubcsceules  en  dessous.  Lon- 
gueur, 4 ligues;  couleur  gris  pâle;  mâle  inconnu. 

Habite  les  côtes  du  Chili.  (G.  M.) 


TRIBU  DES  PARTHENOPIENS. 

Ce  groupe  naturel  correspond  à peu  près  au  genre 
Parthenope,  tel  que  Fabrici us  l’avait  créé,  et  éta- 
blit le  passage  entre  les  Maïens  et  les  Cyclomê- 
topes.  La  carapace  de  ces  Crustacés  est  ordinaire- 
ment triangulaire,  et  guères  plus  longue  que  large; 
en  général,  ses  bords  latéro  - postérieurs  sont  presque 
transversaux , et  les  latéro-autérieurs  suivent  la  meme 
direction  que  les  bords  du  rostre  ; mais  quelquefois 
les  parties  latérales  de  la  carapace  sont  arrondies  ; sa 
surface  est  presc[ue  toujours  bosselée  et  tuberculeuse. 
Le  rostre  est  en  général  petit  et  entier,  ou  seulement 
écliancré  au  bout;  les  jeux  sont  presque  toujours 
parfaitcmentrétractiles  ; l’article  basilaire  des  antennes 
externes  présentequelquefoisla  même  disposition  que 
chez  les  Maïens  ; mais,  dans  la  grande  majorité  des 


(0  Ann.  de  la  Soc.  Entom. , t.  3,  pl- 


34^  llISroll’vE  NAÏUUELLE 

cas  , il  en  est  tout  autrement  : cet  article  est  petit , et 
ne  se  soude  pas  aux  parties  voisines  du  test  ; son  tord 
externe  ne  concourt  pas  à former  la  paroi  orbitaire 
inférieure,  et  son  extrémité  n’atteint  pas  le  front; 
enfin,  la  tige  mobile  de  ces  antennes  est  courte,  et 
prend  naissance  dans  un  hiatus  de  l’angle  orbitaire 
interne.  Uépistonie  est  beaucoup  plus  large  que 
long,  et  la  forme  des  pates-mâcboires  externes  est  à 
peu  près  la  même  que  chez  les  Maïens.  Les  pâtes  an- 
térieures sont  très-développées,  et  s’écartent  presqu’à 
angle  droit  du  corps;  chez  le  mâle  elles  sont  toujours 
plus  de  deux  fois  aussi  longues  que  la  portion  post- 
frontale  de  la  carapace , et  quelquefois  elles  ont  quatre 
fois  cette  longueur  ; la  main  est  presque  toujours  trian- 
gulaire , et  la  pince  brusquement  recourbée  en  bas , 
de  façon  que  son  axe  forme  un  angle  très-marqué  avec 
celui  de  la  main.  Les  pâtes  suivantes  sont  au  contraire 
courtes;  en  général,  celles  de  la  seconde  paire  ont 
moins  d’une  fois  et  demie  la  longueur  de  la  portion 
post-frontale  de  la  carapace,  et  les  autres  diminuent 
progressivement.  Enfin , Vabdomen  présente  encore 
des  différences  assez  grandes  dans  le  nombre  des  ar- 
ticles distincts  que  l’on  compte  chez  le  mâle,  tandis 
que  chez  la  femelle  leur  nombre  est  toujours  de  sept. 

Les  Partlienopiens  habitent  des  parages  très-variés; 
on  en  trouve  dans  la  Manche , dans  la  Méditerranée , 
dans  l’Océan  indien,  etc.  On  ne  sait  que  peu  de  choses 
sur  leurs  mœurs. 

Cette  tribu  se  compose  de  cinq  genres  pouvant 
être  distingués  par  les  caractères  indiqués  dans  le  ta- 
bleau ci-joint. 


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TABLEAU  SYNOPTIQUE  DES  PRINCIPAUX  CARACTÈRES  GÉNÉRIQUES  DES  PARTHÉNOPIENS. 


DES  CRUSTACÉS. 


349 


I.  GENRE  EUMEDON.  — Eumedoniis. 

Les  Euniédons  établissent  en  quelque  sorte  le  passage  entre 
les  Sténorhynques , les  Acliées,  d’une  part,  et  les  Eury  nomes, 
lesLambres  et  les  Panthenopes  de  l’autre.  En  effet,  la  forme  de 
la  carapace  {T?\.  i5,fig.  17  ) est  presque  pentagonale  comme 
chez  ces  derniers,  mais  ce  bouclier  dorsal  est  en  même  temps 

comme  rejeté  en  avantetellenedépasseguèresleniveau  des  pâ- 
tes delà  troisième  paire  , disposition  qui  rappelle  et  qui  existe 
chez  les  premiers.  Le  corps esX  déprimé;  le  rostre  , très-large 
et  très-avancé,  n’est  divisé  que  vers  son  extrémité  ; \e&yeu.v 
sont  très-courts,  et  leur  pédoncule  remplit  entièrement  les  or- 
bites qui  sont  circulaires  , caractère  qui  rapproche  encore  ces 
Crustacés  des  Sténorhynques;  les  antennes  internes  se  re- 
ploient très-obliquement  en  dehors , et  les  externes  sont  peu 
développées  ; leur  premier  article  ne  concourt  pas  notablement 
à la  formation  de  la  paroi  inlérieure  de  l’orbite  ; leur  tige 
mobile  naît  dans  la  fente  que  laissent  entre  eux  les  deux  angles 
internes  de  cette  cavité,  à peu  près  comme  cela  a lieu  chez  les 
Parthénopes  , et  leur  article  terminal  est  très-court.  JJépi- 
stome  est  moins  long  quechez  la  plupart  dcsOxyrbynques.  Les 
pates-mâchoires  ea;’ier72cs  ne  présentent  rien  de  remarquable. 
Chez  le  mâle  les  pâtes  thoraciques  de  la  première  paire  sont 
grosses  et  beaucoup  plus  longues  que  les  suivantes  ; toutes 
celles-ci  sont  un  peu  comprimées;  et  leur  troisième  article 
est  surmonté  d’une  crête  qui  ne  se  voit  pas  distinctement 
sur  les  autres  articles  ; les  pâtes  de  la  seconde  paire  sont  un 
peu  plus  courtes  que  celles  de  la  troisième  et  celles  de  la  cin- 
quième paire , qui  sont  presque  aussi  longues  que  les  qua- 
trièmes, au  lieu  d’être  placées  sur  le  même  niveau,  qu’elles  sont 
insérées  au-dessus  de  manière  aies  recouvrir  en  partie.  Enfin 
t abdomen  du  mâle  se  compose  de  sept  articles  , dont  les  deux 
premiers  se  voient  à la  face  dorsale  du  corps  en  avant  de  la 
carapace.  Quant  à celui  de  la  femelle , nous  n avons  pas  eu 
l’occasion  de  l’examiner. 

Ce  genre  appartient  aux  mers  d’Asie. 


35o 


HISTOIRE  NAttREtlE 


I.  Eumédon  mègre.  — K.  niger. 

( PI.  i5,  fig.  17  ) 

Cette  petite  espèce  d’Enméclon , la  seule  que  nous  connais- 
sions , se  fait  remarquer  par  le  grand  prolongement  qu’on  lui 
voit  de  chaque  côté  de  la  carapace  ; ces  pointes  sont  dirigées  en 
dehors  et  leur  hase  occupe  toute  la  région  hépatique.  La  face 
snpéricure  de  la  carapace  présente  quelques  dépressions  et  est 
recouverte,  comme  tout  le  reste  du  corps,  de  petites  granulations 
miliiaires;  le  rostre  est  très-large,  plat,  largement  échancré an 
bout,  et  d’environ  le  tiers  de  la  longueur  de  celle  de  la  carapace 
en  entier;  les  pâtes  antérieures  sont  années  d’une  forte  épine 
qui  occupe  le  bord  inférieur  du  carpe  , et  de  deux  petites  pointes 
placées  sur  le  bord  supérieur  de  la  main  qui  est  un  peu  ren- 
flée ; les  pinces  sont  garnies  de  quelques  dents  ai-rondies , et  elles 
ne  sont  pas  sensiblement  recourbées  en  dedans  ; les  autres  pâtes 
sont  légèrement  poilues  ; enfin  la  couleur  générale  de  l’animal 
est  d’un  noir  bronzé. 

Habite  les  côtes  de  la  Chine.  (C.  M.  ) 

IL  GENRE  EURYNOME.  — Eurynome{\). 

Le  genre  Eurynome  de  M.  Leach  établit  le  passage  entre 
les  Parthénopes  ou  les  Laïubres  et  les  autres  Oxyrhinques.  En 
efl'et,  la  forme  générale  ducorps et  son  aspect  (PI.  i5,fig.  18) 
rapprochent  ces  Crustacés  des  Parthénopes  , tandis  que  la 
disposition  de  leurs  antennes  externes  est  semblable  à ce  que 
1 on  voit  chez  les  Maia , etc.  La  carapace  a presque  la  forme 
d’un  triangle  à base  arrondie;  elle  est  fortement  bosselée 
et  couverte  d’aspérités.  Le  rostre  est  horizontal  et  divisé  en 
deux  cornes  triangulaires  Les,  yeux  sont  petits;  les  orbites 
sont  profondes  ; leur  bord  supérieur  est  très-saillant , et  sé- 


(t)  Cancer.  Penii  ; Æuryiiome.  Leach.  Edimb.  Ency.  7,  p.  /fil, 
etc.  ; — Desm.  p.  i4i  ; Pnithenope.  Latr.  Reg.  anim.  2e,  édit.,  t.  IV, 
p.  57. 


DES  CRUSTACÉS.  35l 

paré  de  l’angle  externe  par  une  fente.  Les  antennes  internes 
se  reploient  longitudinalement  ; le  premier  article  des  ex- 
ternes se  termine  à l’angle  interne  de  l’orbite , et  porte 
l’article  suivant  au  bord  supérieur  de  son  exti'émité , de  sorte 
que  la  tige  mobile  de  ces  antennes , qui  se  prolonge  sous  le 
rostre  , paraît  naître  du  canthus  interne  des  yeux.  L’épistome 
est  à peu  près  carré , et  le  troisième  article  des  pates-niâchoi- 
res  externes  fortement  dilaté  en  dehors.  ILe,  plastron  sternal 
est  à peu  près  ovalaii-e , et  sa  suture  médiane  occupe  les  deux 
derniei’s  anneaux  thoraciques.  Les  pâtes  de  la  première 
paire  ne  sont  guèi'cs  plus  grosses  que  les  suivantes  ; chez  le 
mâle  elles  sont  assez  longues  , tandis  que  chez  la  femelle  elles 
sont  très-courtes,  mais  moins  cependant  ([ue  celles  de  la  se- 
conde paire  j les  pâtes  suivantes  diminuent  progressivement 
de  longueur.  Enfin , \ abdomen  se  compose  dans  les  deux 
sexes  de  sept  articles. 

I.  Eurynome  rugueux.  — E.  aspera  (i). 

(PI.  i5,  fig.  i8.) 

Carapace  à régions  très-distinctes,  rugueuse,  avec  une  grosse 
dent  triangulaire  à l’angle  externe  de  l’orbite  et  trois  ou  quatre 
plus  petites  le  long  du  bord  latéral  sui-  la  région  branchiale; 
lige  mobile  des  antennes  externes  très-courte , ses  deux  pre- 
miers articles  ti'ès-petits.  Pâtes  antérieures  tuberculeuses  et  un 
peu  comprimées  , presque  droites  chez  la  femelle  , et  avec  la 
pince  recomhée  en  dedans  chez  le  mâle  ; pâtes  suivantes  ru- 
gueuses et  garnies  d’une  crête  qui  est  le  plus  marquée  sur  le 
troisième  article.  Longueim,  environ  un  demi-pouce  ; couleur 
rosée  avec  des  teintes  bleuâtres. 

Habite  les  côtes  de  Noirmoutier(et  de  la  Manche , a d assez 
grandes  profondeurs.  (C.  M.) 


(l)  Cancer  aspera.  Penn.  t.  IV,  PI.  9,  %■  -20.  Earynome  aspera. 
Leacli,  Mulac.  PI. 17;  — Latr.  Eiicy-  métli.  PI.  281,  tig.  4 .copiée 
(le  Peuiiaut),  et  PI.  3oi,  fig.  i,  5 (copiée  de  Leacli).  — Uesm.  PI.  20, 
fig.  2.  — Guérin,  Icon.  Cv.  PI.  7,  iig.  4' 


■^>52  niSTOIRE  NATCREtr.E 

M.  Risso  a donné  dernièrement  le  nom  d’EuRYwOME  ecus- 
sONNÉ  { Higt.  nat,  de  FEur.  inérid.  t.  V,  p.  21)  à un  Crustacé 
de  la  Sléditerranée , rjui  parait  avoir  beaucoup  de  rapport  avec 
l’espèce  que  nous  venons  de  décrire  ; mais  il  ne  Ta  pas  fait  con- 
iiaiti’e  avec  assez  de  détails  pour  que  nous  jmissions  le  rapporter 
avec  certitude  à ce  genre  , ou  le  distinguer  de  l’Eurynome  ru- 
gueux. 


m.  GEKRE  LAMBRE. — Lambrus  (i). 

Les  Parthénopiens , dont  M.  Leach  a formé  le  genre  Lam- 
Irre , sont  remarquables  par  la  longueur  excessive  de  leurs 
pâtes  antérieures  et  par  la  forme  de  leur  carapace  ; elle  est 
en  général  à peu  près  aussi  longue  que  large , arrondie  sur 
les  côtés  , et  rétrécie  en  avant  ,•  les  régions  branchiales  sont 
très-développées , renflées  et  séparées  de  la  portion  moyenne 
de  la  carapace  par  un  sillon  profond  ; la  région  stomacale 
au  contraire  est  très-étroite  ; enfin  la  face  supérieure  et 
les  bords  du  test  sont  toujours  plus  ou  moins  tubercu- 
leux ou  épineux.  Le  rostre  est  petit , mais  assez  avancé. 
Ijesyeux  sont  parfaitement  rétractiles , et  les  orbites  presque 
circulaires  ; les  parois  de  ces  cavités  présentent  une  fissure 
sur  leur  supérieur  et  un  hiatus  large  et  profond  au-dessous 
du  cantbus  interne  de  l’œil.  Les  antennes  internes  se  re- 
ploient obliquement , et  les  fossettes  qui  les  logent  se  con 
tinuent  en  général  sans  interruption  avec  les  orbites  , car 
l’espace  qui  sépare  du  front  l’angle  interne  du  Imrd  orbi- 
taire inférieur  est  loin  d’êti'e  remplie  par  le  pédoncule  des 
antennes  externes»  Le  premier  article  de  ces  appendices  est 
extrêmement  petit  et  guères  plus  long  que  large  ; le  second 
est  plus  allongé /mais  il  n’atteint  presque  jamais  le  front , et 
s avance  entre  l’article  basilaire  de  l’antenne  interne  et  le 
bord  interne  de  la  paroi  inférieui;e  de  l’orbite;  enfin  le 


(1)  Cancer-  Ilerb.  etc.  Parlhenope.  Fabr.  Supp.  p.  352.  il/nia.  Boso. 
etc.  Lambrus»  Leach.  — Desni.  p.  58;  Parthenope.  Latr.  Reg.  Aniïn. 
2".  é(l.  t.  IV,  p.  .56. 


DKS  CRUSTACÉS.  353 

troisième  article  naît  dans  l’hiatus  qui  occupe  l’angle  in- 
terne de  cette  cavité , et  le  quatrième  ou  filet  terminal  est 
très-court.  L’épistome  est  peu  développé,  et  beaucoup  plus 
large  que  long  ; les  régions  ptérigostomiennes  sont  petites 
et  presque  triangulaires.  Les pates-mâchoires  externes  ne 
présentent  rien  de  remarquable  ; le  plastron  sternal  est 
beaucoup  plus  long  que  large.  Les  pâtes  de  la  première 
paire  sont  au  moins  deux  fois  et  demie  aussi  longues  que  la 
portion  post-frontale  de  la  carapace , et  souvent  elles  ont  plus 
de  deux  fois  cette  longueur  ; elles  s’étendent  à angle  droit  de 
chaque  côté  du  corps,  ne  diffèrent  pas  sensiblement  entre  elles 
et  sont  toujours  plus  ou  moins  triangulaires  ; enfin  , la  pince 
qui  les  termine , est  petite  et  brusquement  recourbée  en 
bas  et  en  dedans , de  manière  à former  un  angle  avec 
le  reste  de  la  main . Les  pâtes  suivantes  sont  courtes  et 
grêles  ; leur  longueur  diminue  progressivement , et  celles  de  la 
seconde  paire  ne  sont  jamais  plus  de  moitié  aussi  longues  que 
les  premières.  V abdomen  de  la  femelle  ne  présente  rien  de  re- 
marquable , mais  quelquefois  on  n’y  compte  que  six  articles 
au  lieu  de  sept  ; chez  le  mâle , les  troisième , quatrième  et 
cinquième  anneaux  sont  plus  ou  moins  intimement  soudés 
entre  eux  , de  façon  que  cette  partie  du  corps  ne  se  compose 
que  de  cinq  articles  distincts  ; quelquefois  il  n’en  existe  même 
que  quatre. 

Les  Lambres  habitent  la  Méditerranée  et  l’Océan  indien  ; 
ils  vivent  parmi  les  rochers  à d’assez  grandes  profondeurs } 
on  ne  sait  rien  de  précis  sur  leurs  mœurs. 


CRUSTACÉS,  . TOME  I. 


ad 


354 


histoire  naturelle 


§ A.  Especes  dont  la  carapace  est  à peu  près  aussi 
longue  que  large. 

a.  Carapace  rugueuse,  couverte  en  dessus  de- 
pines  ou  de  tubercules, 
a*.  Pâtes  des  quatre  derni'eres  paires , 
ayant  le  troisième  article  armé  cT é- 
pines. 

i.  Lambre  longimake. — h.  longimanus  (i). 

Rostre  extrêmement  petit,  à peine  saillant , horizontal 
et  formé  de  trois  dents.  Carapace  presque  circulaire  , garnie 
en  dessus  d’épines  simples  et  de  tubercules  ; bords  latéraux  ar- 
més d’épines  très-longues  et  légèrement  rameuses  ; mains 
triangulaires  , presqqe  lisses  sw  la  face  supérieure , garnies  d’é- 
pines rameuses  sur  le  bord  supérieur , et  de  grosses  dents  poin- 
tues, çt  à bords  dentelés  sur  le  bord  externe.  Queb[ues  épines 
très-courtes  sur  les  bords  supérieurs  et  inférieurs  du  troisième 
article  des  pâtes  des  4 dernières  paires.  Longueur , environ 
I pouce. 

Habite  Pondichéry,  Amboine,  etc.  (C.  M.  ) 

3.  Lambre  répugnant.  — Z.  contrarias  (2). 

Rostre  grand,  très- avancé,  fortement  incliné  et  dentelé 
sur  les  bords.  Carapace  très-rétrécie  antérieurement  et  cou- 
verte de  petites  épines  ; bords  latéraux  armés  de  dents  courtes 


(1) C.  mncrochclos.  Seba.  t.  III , pl.  19,  lig.  8 , 9 et  lo.  — Rumph. 
PI.  8,  fi".  2;  Cancer  longinianns  femiiia.  Lin.  Mus.  Lud.  Ulr.  p.  bf\\  ; 
Herb.  Pl.  19,  fig.  io5  (copiée  d'après  Ruinpb).  Parthenope  longimana. 
Fabr.  Supp.  p.  353.  Lambras  longimanus.  Leaoh.  Linn.  Trans.  t.  II, 
p.  3io;  — Desm.  p.  85. 

(2) C.  contmrhis.  Herb. PL  bo,  fig.  3.  Parthenope  spinimana.  Lamk. 
Hist.  des  an.  sans  vert.  t.  V,  p.  289.  Lambrns  spinimanns.  Desm. 
PL  3,  fig.  I. 


c f.  U ST  A et  s.  iJ5è 

et  compi’imées.  Pâtes  antérieures  longues  et  grosses  ; les  épi- 
nes de  sa  face  supérieure  et  de  ses  bords  supérieur  et  externe 
grosses,  courtes  et  à peine  rameuses  ; face  intérieure  de  la  main 
garnie  de  tubercules  simples  qui  se  continuent  jusque  sur  l’ex- 
trémité des  doigts.  Troisième  article  des  pâtes  des  4 dernières 
paires  , armé  de  quelques  épines  courtes  et  disposées  irrégu- 
lièrement. Longueur , environ  a pouces. 

Patrie  inconnue.  (C.  M.  ) 

a”.  Pâtes  des  quatre  dernières  paires  sans  Opines. 

3,  Lambre  front-anguleux. — Z.  angulifrons  (i). 

Face  supérieure  des  mains  tr'es-épiueuse.  Carapace  cou- 
verte do  tubercules  arrondis;  front  triangulaire,  horizontal  et 
creusé  eu  dessus  eu  une  gouttière  longitudinale  ; pâtes  anté- 
rieures dentées  sur  les  bords  externes  et  supérieurs , lisses 
en  dessous  et  eu  dedans  ; bords  de  la  carapace  et  pâtes  de  la 
cinquième  paire  garnis  de  poils  ; deuxième  et  troisième  articles 
de  fabdomen  carénés.  Longueur,  près  d’un  pouce. 

Habite  le  golfe  de  Kaples  et  les  côtes  de  la  Sicile.  (G.  M ) 

4.  Lambre  pélagique.  — L,  Pelagicus  (2). 

Face  supérieure  des  mains  lisse.  Carapace  couverte  de 
tubercules  arrondis  ; rostre  triangulaire  et  très-large  ; troisième 
article  des  pâtes  antérieures  verniqucux,  ainsi  que  les  bords 
supérieur  et  externe  des  mains.  Longueur,  environ  10  lignes. 

Habite  la  mer  Ronge. 


(i)  C.  nuicrocfielos  alius.  Aklrov.  de  Crusr.  p.  aoSP  ; Paythenope 
augnUfrons.  Latr.  Ency.  inétli.  t.  X,p.  lü.  Lnmbrus  monlgrnndis. 
Koux  , PI.  23,  hg.  I,  6. 

(■2)  Piuppell.  Crust.  de  la  mer  Rouge.  Pt.  4> 


23, 


356 


HISTOIRE  NATURELLE 


a.  a.  Carapace  presque  entièrement  lisse  en  dessus. 

5.  Lambre  Massena.  — Z.  massena  (i). 

Carapace  presque  lisse , à peine  tuberculeuse  en  dessus , et 
dente'e  sur  les  bords  latéraux  ; rostre  presque  horizontal , large , 
triangulaire  , entier  sur  les  bords , et  creusé  en  gouttière  supé  • 
lieurement  ; pâtes  antérieures  inégales , de  longueur  médiocre  ; 
l’une  d’elles  très-renflée  vers  le  bout;  mains  quadrangulaires , 
plus  ou  moins  dentelées  sur  les  bords , et  à peu  près  lisses  sur 
leurs  diverses  faces  ; quelques  épines  sur  le  troisième  article 
des  pâtes.  Abdomen  du  mâle  composé  seulement  de  quatre 
articles  distincts;  femelle  inconnue.  Longueur,  environ  un 
pouce;  couleur,  rouge-brun. 

Habite  les  rochers  volcaniques  des  côtes  de  la  Sicile. 

§ B.  Especes  dont  la  carapace  est  beaucoup  plus  large 
que  longue. 

b.  Face  supérieure  des  mains  hérissée  d’épines 
plus  ou  moins  rameuses,  et  leurs  bords  supé- 
rieur et  interne  armés  d’epines  semblables  en- 
tre-elles  et  ni  comprimées  ni  réunies  en  crête. 

6.  Lambre  hérissonne.  — L.  echinatus  (a). 

Pâtes  des  quatre  dernïcres paires  hérissées  d’épines  sur  les 
troisième  , quatrième  et  cinquième  articles.  Rostre  triangu- 
laire légèrement  denté  sur  les  bords  ; front  déprimé  sur  la  ligne 
médiane.  Carapace  divisée  en  trois  portions  très-bombées , 
couverte  de  tubercules  déprimés  et  étoilés,  et  armée  sur  les 


(0  Roux,  Crust.  de  la  Médit  PI.  aS,  fig.  7, 

(2)  Cancer  echinatus.  Herb.  t.  1 PI.  19,  fig.  108,  lOÇ) -.  Parthenope 
girajfa.  Fabr.  Supp.  p.  352;  Màia  echinatus  et  Mata  giraffa.  Bosc. 
t.  i , p.  aSo  ; Lambrus  giraffa.  Desm.  p.  85.  Lambrus  tomentosus, 
Lam.  Collect.  du  muséum. 


DES  CEUSTACÉS.  35^ 

côtés  d’épines  rameuses.  Pâtes  de  la  première  paire  au  moins 
trois  fois  et  demie  aussi  longues  que  la  portion  pqgt-frontale 
de  la  carapace,  triangulaires,  garnies  de  tubercules  à leur  face 
inférieure , et  armées  en  dessus  d’épines  rameuses.  Corps  cou- 
vert d’un  duvet  brunâtre.  Longueur,  i8 lignes. 

Habite  la  côte  de  Pondichéry.  (C.  M.  ) 

7.  Lambre  de  la  Méditerranée.  — L.  mediterraneus  ( i). 

Pâtes  des  quatre  der-nieres paires  garnies  d’épines  sur  les 
bords  supérieur  et  inférieur  du  troisième  article.  Carapace 
rugueuse,  comme  cariée  et  garnie  de  tubercules  et  d’épines 
simples;  rostre  très-petit  et  denté  sur  les  côtés.  Mains  trian- 
gulaires et  renflées  vers  le  bout;  leur  bord  supérieur,  leur 
bord  externe  et  leur  face  supériem-e  armés  d’épines  dont  plu- 
sieurs sont  légèrement  rameuses , et  leur  face  inférieure  cou- 
verte de  petits  tubercules  granulés  qui  cessent  à l’origine  des 
doigts.  Couleur  rougeâtre.  Longueur,  près  de  1 pouces. 

Habite  les  eaux  de  Toulon  et  de  JNice,  parmi  les  rochers 
coralligènes. 

b.b.  Face  supérieure  des  mains  plus  ou  moins  lisse  , et 
ne  portant  jamais  d’épines  rameuses;  leurs  bords 
supérieur  et  externe  armés  de  dents  comprimées 
et  disposées  de  manière  à former  une  crête. 

8.  Lambre  scie.  — L.  serratus  (2). 

Bords  latéro-postérieurs  de  la  carapace  armés  d'une 
série  de  trois  petites  épines  semblables  entre  elles.  Cara- 
pace déprimée  et  rugueuse;  bords  latéro-antériem’s  ai'més  de 


(\)  Cancer  macrochelos . Herb.  t.  I,  Pb  ^9>  bg.  10^?;  Bnry- 
nome  Aldrovandi . Ri.sso,  Hist.  nat.  de  l'Eiir.  inéri.  t.  V,  p.  22.  Lam- 
brus  Mediterraneus.  Houx.  Crust.  de  la  Médit.  PI.  1. 

(2)  C.  macrochelos.  Seba,  t.  III,  PI.  ao,  fig-  12.  C.  longimanus  mas. 
Linn.  Mus.  Lud.  Lit.  p.  4'ii- 


HISTOIRE  NATüREliLE 


358 

huit  à neuf  dents  triangulaires , dont  la  dernière  est  dirigée  en 
dehors  el,extrèmeinenl  longue;  rostre  triangulaire,  dépriiim 
aü  milieu  et  à bords  entiers.  Mains  granuleuses  sur  le  bord 
inférieur  et  lissés  sur  leurs  trois  faces.  Longuem-,  près  d’un 
pouce. 

Habite  l’Océan  indien.  { G.  M.  ) 

g.  Lambre  saisisseur.  — L.  prcnsor  (i). 

Bords  latéro-postérieurs  de  la  caràpace  armés  de  deux 
petites  épines  et  d’une  üvisihme  épine  extréjnenient 
grande , semblable  à celle  qui  termine  le  bord  latéro-anté- 
rieiir.  Carapace  déprimée  et  rugueuse , dentée  en  avant  ; mains 
dentées  sut  les  bords  et  légèi-emeut  épineuses  à leur  face  supë- 
rieiu-e. 

Habite  les  Indes  orientales. 

8.  Lambre  caréxé.  — L.  carenatus. 

Bords  latéro-postérieurs  de  la  carapace  armés  de 
chaque  côté  de  deux  petites  dents  et  d’une  dent  triangu- 
laire très-forte  , et  semblable  à celle  qui  termine  le  bord 
latéro-antéricur.  Face  supérieure  des  mains  lisses  et  bor- 
dée par  des  dents  qui  ne  laissent  entre  elles  aucun  inter- 
valle. Carapace  très-inégale  , élevée  en  carène  sm-  les  régions 
branchiales  et  armée  de  trois  dents  en  forme  de  crête  sur  la 
ligne  médiane  ; rostre  large,  triangulaire  et  non  dentelé  ; bords 
latéro-antérieurs  finement  dentelés.  Troisième  article  des  4 
dernières  paires  de  pâtes  épineux.  Longueur  , 8 lignes. 

Habile  la  eâte  de  Pondichéry.  (C  M.) 

Si  le  Lambbe  lar.  {Parthenope  lar.  Fabr.  Supp.  p.  354) 
appartient  réellement  à la  tribu  des  Parthénopiens,  il  paraît  de- 


(l)  Cancer preusnr.  Hei'b.  t.  11,  PI.  4i,  üg  3 et  23.  30  partie,  p.  33. 
Partenope  ravina,  Fabr.  Supp-  p-  353* 


DES  CRUSTACÉS.  JO? 

voir  se  ranger  parmi  les  Lambres,  et  il  se  distinguerait  facile- 
ment de  mutes  les  autres  espèces  par  ses  pinces  qui  sont  tout-a- 
fait  lisses.  Il  habite  la  mer  des  Indes. 

1 Le  Cancer  longimanus  miwor,  de  Rmnph  { Amb.  PI.  8 , 
% 3,  reproduite  par  Herbst,  pl.  19,  H’  >«S),  est  évidem- 
ment une  espèce  de  Lambre  , distincte  de  toutes  lespreoeden 
tes.  Linné  l’a  confondu  avec  le  Lambre  longimane.  dont  il  dit- 
fère  , entre  autres  caractères  , par  la  disposition  des  mains  , qu 
sont  garnies  de  tubercules  arrondis  au  lieu  de  grosses  dents 
pointues. 

Le  Cancer  macrocuelus  albicans  d’Aldrovande  (Pl.  2o3), 
est  encore  mi  Lambre,  mais  il  est  trop  mal  dessiné  pour  être 

reconnaissable 


IV.  GENRE  PARTHÉNOPE.  - Parthenope  (1). 

Le  genre  Parthenope  , tel  que  les  auteurs  modernes  l’ont 
limité  , ne  renferme  qu’une  seule  espèce  , et  ne  diffère  que 
très-peu  des  Lambres.  Ce  qui  l’en  distingue  principalement 
est  la  disposition  des  a,ite,mcs  externes  , dont  1 article  basi- 
laire ne  se  soude  pas  aux  parties  voisines  , mais  atteint 
presqu’au  front , et  dont  le  second  article , plus  de  moitié 
plus  court  que  le  premier  , se  loge  dans  l’iiiatus  de  1 angle 
orbitaire  inférieur  ; la  petitesse  de  cet  hiatus  qui  fait  coin- 
muniquer  l’orbite  avec  la  fossette  antennaire;  la  forme  ré- 
gulièrement triangulaire  de  la  carapace  et  l’existence  de 
sept  articles  distincts  dans  l’abdomen  des  deux  sexes. 


[l)  Cancer.  Parthenope.  Fabr.  Suppl- p.  .Ma*  Latr' 

t.  -Latr.  Hist.  liât,  dos  Cvust-,  t.  VI.  P-  87  * 

Reg.  Auim.  éd.  t.  III,  p.  a3  ; Encyc.  t.  X,  p.  H. 

Qesin.  p.  143. 


36o 


HISTOIRE  «ATUREELE 


I.  Parthénope  HORRIBLE P,  hotrida  (i). 

Carapace  pentagonale  beaucoup  plus  large  que  longue,  ho- 
rizontale , fortement  bosselée , et  tuberculeuse  en  dessus  ; rostre 
court,  triangulaire,  et  armé  en  dessous  d’une  forte  dent  inter- 
antennaire;  orbites  circulaires,  avec  une  fissure  sur  le  bord 
supérieur  j bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  très-obliques 
et  armés  d’épines;  pâtes  antérieures  très-grandes,  de  grosseur 
inégale,  et  couvertes  de  gros  tubercules  spinifères;  pinces 
moins  comprimées  et  moins  infléchies  que  chez  les  Lambres. 
Pâtes  des  quatre  paires  suivantes  hérissées,  jusqu’à  l’origine 
du  tarse , d épines  aiguës  et  très-grandes  , formant  une  rangée 
en  dessus  et  deux  en  dessous.  Longueur,  2 ou  3 pouces  ; couleur 
grisâtre  j test  ayant  1 aspect  d^une  pien’e  caiTiée, 

Habite  Focean  Indien  et  Atlantique.  (G.  M.  ) 

GENKE  CRYPTOPODIE.  — Ctyptopodia  (2). 

Ce  genre  singulier  établit,  sous  quelques  rapports , le  pas- 
sage des  Lambres  aux  OEthres  ; en  effet , la  forme  de  ses  pâtes 
est  la  meme  que  chez  les  premiers,  et  la  carapace  présente, 
comme  chez  les  derniers , des  expansions  latérales  qui  s’éten- 
dent au-dessus  de  ces  organes  et  les  cachent.  Aussi  Fabricius 


(l)  Cancer  sphiosus  vel  Rotshrahhe.  Rutnph,  PI.  p;  Scba  t.  III 
PI.  22,  fig.  3 et  3 ; Lazy  Crab.  Griffeth  Hughes , Nat.  Hist.  of  Bar- 
bades, PI.  3.3,  fig.  1.  Cancer  horridus.  Linn.  Musc.  Lud.  Ulr. 
p.  44^ î Herb.  PI.  14,  fig.  88.  Parthenope  horrida,  Fabr.  Supp, 
p.  353  ; Jdaïa  horrida.  Bosc,  t-  I,p.  a5i  ; Parthenope  horrida,  Fatr. 
Encyc.  t.  X,  p.  14  ; PI.  279.  fig.  3 ( d’.aprés  Seba),  et  PI.  280, 
fig.  2 (d’après  Rumpb);  — Leach,  Zool.  Mis.  t.  Il,  PI.  98  ; — 
Desm.  PI.  20,  fig.  1.  — Guérin,  Icon.  Cr.  PI.  7,  fig.  2. 

(a)  Cancer.  Herb.  : Parthenope.  Fabr.  Suppl,  p.  352;  Calappa. 
Bosc , 1. 1,  p.  i83  ; ilfa'ia.  Bosc,  t.  I , p.  25o  ; — Latr.  Hist.  nat. 
des  Crust.  t.  VI,  p.  io4:  OEthra,  Latr.  Reg.  Anim.  t.  III,  p.  20. 
'■  Lamk.  Hist.  des  Anim.  sans  vert.,  t.  V,  p.  afij;  — Desm. , 
p.  110. 


I 


DÈS  CUÜSTACÉS.  36t 

plaçait-il  ces  Crustacés  parmi  ses  Parthénopes  ; Lamarck  en 
a fait  des  OEthres , et  Bosc,  par  un  double  emploi,  les  a 
rangés  en  même  temps  parmi  les  Calappes  et  parmi  les 
Maïas. 

La  carapace  est  légèrement  bombée  et  a la  forme  d’un 
triangle  tiès-large,  très-court  et  à base  arrondie;  elle  est 
presque  deux  fois  aussi  large  que  longue  , mais  cette  grande 
largeur  ne  dépend  pas  de  celle  du  corps  lui-meme  ; elle 
est  due  à l’existence  d’un  prolongement  lamelleux  qui  en- 
toure les  trois  quarts  postérieurs  du  bouclier  dorsal  ; en 
arrière  ce  prolongement  s’étend  très-loin  au  delà  de  l’in- 
sertion de  l’abdomen  ; mais  c’est  surtout  sur  les  parties  la- 
térales qu’il  est  considérable  , car  il  y forme  de  chaque  côté 
une  énorme  voûte  qui  cache  complètement  les  pâtes  des 
quatre  dernières  paires.  Le  rostre  est  triangulaire,  hori- 
zontal et  assez  avancé.  Les  yeux  sont  tres-petits  et  complè- 
tement rétractiles-  Les  antennes  internes  ont  la  meme 
forme  que  chez  les  OEthres  ; leur  premier  article  est  qua- 
drilatère et  plan,  et  leur  tige  se  reploie  presque  longi- 
tudinalement. Le  premier  ai'ticle  des  antennes  externes 
est  très-petit  ; le  second  est  un  peu  plus  long  et  atteint  jus- 
qu’au front;  le  troisième  est  logé  presqu’en  entier  dans 
la  fente  qui  existe  entre  le  Iront  et  l’angle  interne  du  bord 
orbitaire  inférieur  ; enfin  la  tige  terminale,  qui  naît  ainsi  du 
canthus  interne  des  yeux , est  extrêmement  courte.  épis- 
tome  est  un  peu  plus  large  que  long  ; le  second  article  des 
pates-mâchoires  externes  se  termine  antérieurement  par 
un  bord  presque  droit;  et  le  troisième,  qui  est  carré,  pré- 
sente en  avant  une  échancrure  qui  occupe  plutôt  son  bord 
interne  que  son  angle  interne  et  antérieur  , et  qui  donne  in- 
sertion à l’article  suivant.  Le  plastron  sternal  est  beaueoup 
plus  long  que  large.  Les  pâtes  de  la  première  paire  sont 
très-grandes  et  à peu  près  prismatiques;  leur  direction  et 
leur  forme  sont  presque  les  mêmes  que  chez  les  Lambres. 
Les  pâtes  des  quatre  dernières  paires  sont  tres-petites  et 
presque  de  même  longueur  ; elles  dépassent  à peine  la  voûte 


HISTOIRE  NATURELLE 


36a 

qui  les  recouvre  ; enfin  ï abdomen  se  compose  chez  la  fe- 
melle de  sept  articles  ; noüs  ne  connaissons  pas  sa  disposi- 
tion chez  le  mâle. 

I.  Cryptopodie  voûtée.  — C.  fornicata  (i). 

Carapace  lisse  en  dessus  et  dentelée  sur  les  bords;  rostre 
entier,  aussi  long  que  large  ; pâtes  antérieures  environ  une  fois 
et  demie  aussi  longues  que  la  carapace  ; leur  troisième  article 
très-dilaté  postérieurement  et  armé  d’épines  sur  le  bord  auté- 
riem-  ; mains  armées  en  dessus  d’une  forte  rangée  d’épines. 
Pâtes  des  quatre  dernières  paires  garnies  en  dessus  et  en 
dessous  d’une  crête  dentelée  presque  tout  le  long  de  leur 
troisième  article. 

Habite  l’Océan  indien.  (C.  M.  ) 


Les  zoologistes  ont  mentionné  plusieurs  autres  Crustacés  qui 
appartiennent  évidemment  à la  femille  des  Oxyrhinques  , mais 
qui  ne  nous  sont  pas  assez  bien  connus  pour  que  nous  puissions 
leur  assigner  une  place  précise.  De  ce  nombre  sont  : I’Iwachus 
AN’GUSTATUS  de  Fabricius  ( Suppl.  Ent.  Syst. , p.  867  ) , qui , 
par  sa  forme  générale , se  rapproche  beaucoup  de  la  Ménœthle 
licorne,  mais  qui  s’en  distingue  par  ses  pâtes  épineuses; 
risACiius  KASUTus  du  même  auteur  { op.  cit, , p.  307  ) qui  est 
un  Maïen  des  mers  de  la  Norwége , et  qui  pourrait  bien  n’être 
qu’un  jeune  Pise  ; et  le  Cancer  cuieragonus  de  Tilésius  ( Méin. 
de  l’Acad.  de  Pétersboui^,  t.  V,  PI.  7,  lig.  i ) , dont  on  devra 
probablement  former  un  genre  distinct. 


(l)  Cancer foriiicatus.  Fabr.  Ent.  Syst.  t.  II,  p.  453;  — Herb 
PI.  l3,  lig.  79-80  : Parthenope  fornicata.  Fabr.  Suppl,  p.  35'2:  Ca 
lappa  albicans.  Bosc , t-  L P-  l85  ; Maiia  fornicata.  Bosc,  t.  I 
p.  aSo:  — Latr.  Hist.  nat.  des  Crust.  t.  VI,  p.  104.  OEihra  for 
nicata.  Lamk.  Hist.  des  An,  sans  vert.  t.  VI , p.  265;  — Desm. 
p.  110. 


DES  CRUSTACÉS. 


363 


CHAPITRE  IV. 

FAMlX-IiE  DES  CYCEOMÉTOPES. 

La  l'amille  des  Cyclômétopes  corres])ond  a peu  près 
à la  section  des  Arqués  telle  que  M.  Latreille  lavait 
établie  dans  ses  Familles  naturelles  ; vains  les  limites 
de  cecroupe  ne  sontpas  tout-à-fait  les  mêmes  ; et,  afin 
de  ne  pas  aujimenter  la  confusion  qui  règne  déjà  dans 
la  science , nous  n avons  pas  cru  devoir  y conserver  le 

même  nom. 

Les  Crustacés  qui  s’y  rapportent  nous  paraissent 
occuper  un  degré  moins  élevé  dans  1 échelle  des  êtres 
que  les  Oxirhynques , car  la  centralisation  de  leur 
système  nerveux  ganglionnaire  est  porté  moins  loin, 
et  la  disposition  de  cet  appareil  se  rapproche  davan- 
tage de  ce  qui  existe  chez  les  Macroures  et  chez  l’em- 
bryon des  Crustacés  en  général.  En  elFet,  les  divers 
ganglions  thoraciques,  au  lieu  dêtre  soudés  en  une 
seuie  masse  solide,  comme  cirez  le  Maïa,  ne  forment 
plus  qu’une  sorte  d’anneau  ciixulaire  dont  il  est  sou- 
vent facile  de  distinguer  les  élémens  constituans.  Ici 
les  deux  moitiés  An  foie  restent  distincts  et  il  n’existe 
pas  à ce  viscère  de  lobe  médiane;  il  s étend  beaucoup 
en  longueur,  et  recouvre  une  grande  partie  de  la  voûte 
de  la  cavité  branchiale,  mais  ne  se  prolonge  pas 
autant  vers  l’ab  Jomen  que  dans  la  famille  précédente. 
La  disposition  de  l’appareil  respiratoire  est  la  meme 
que  chez  les  Oxirhynques;  on  compte  toujours  de 
chaque  côté  sept  branchies  thoraciques  et  deux  maxil- 


HISTOIRE  HATUREIEE 


364 

laires  réduites  à l’état  rudimentaire.  Enfin,  le  système 
générateur  ne  s’éloigne,  sous  aucun  rapport  impor- 
tant, de  ce  qui  existe  chez  ces  derniers  Crustacés. 

La  carapace  est  presque  toujours  beaucoup  plus 
large  que  longue;  quelquefois  elle  est  à peu  près  cir- 
culaire ( 0 , mais  en  général  elle  est  beaucoup  plus  large 
en  avant  qu’en  arrière,  régulièrement  arquée  dans  la 
moitié  antérieure  de  son  contour,  et  fortement  tron- 
quée de  chaque  côté  dans  sa  portion  postérieure  (u).  La 
région  stomacale  est  de  grandeur  médiocre,  et  en  arriére 
elle  est  ordinairement  divisée  en  deux  parties  latérales 
par  un  prolongement  jiresque  linéai  re  de  la  région  géni- 
tale, qui  s’avance  très-loin  vers  le  front.  Les  régions 
hépatiques  sont  au  contraire  très-développées  et  s’éten- 
dent au  loin  de  chaque  côté  delà  stomacale  ; elles  occu- 
pent presque  toujours  au  moins  la  moitié  de  la  portion 
latérale  de  la  carapace,  etne  sont  pas  dépassées  parles 
régions  branchiales,  dont  la  grandeur  est  médiocre. 
Le  front  est  transversal  et  ne  s’avance  jamais  en  forme 
de  rostre;  en  général  il  est  assez  large,  lamellcux  et 
horizontal.  Les  bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace 
se  dirigent  très-obliquement  en  dehors  et  en  arrière, 
de  manière  à former  avec  le  front  un  arc  de  cercle, 
et  en  général  ils  sont  minces  et  tranchans.  Les  bords 
latéro-postérieurs  de  la  carapace  forment  presque  tou- 
jours un  angle  bien  marqué  avec  le  bord  latéro-anté- 
rieur  et  avec  lebord  postérieur,  et  il  en  résulte  que  la 
forme  générale  du  bouclier  céphalo-thoracique  peut, 
le  plus  ordinairement,  être  rapportée  à un  hexagone 
dont  la  moitié  antérieure  serait  arrondie,  et  dont  le 


(0  PI.  l4  his  , fig.  7,  et  PI.  17,  flg.  7. 

(2)  PI.  16,  ftg.  1,  (i,  9,  16,  et  PI.  17  , fig,  1 et  i3. 


BES  CRUSTACÉS,  365 

diamètre  transversal  excéderait  en  longueur  le  diamètre 
antéro-postérieur  .Les  orbites  sont  profondes  et  dirigées 
en  avant  et  en  haut,  leur  bord  supérieur  étant  presque 
toujours  moins  saillant  que  Tinférieur.  l^e&jreux  sont 
toujours  parfaitement  mobiles  et  se  reploient  en  ar- 
rière dans  une  portion  post-foraminaire  de  1 orbite 
qui  est  assez  profonde.  Les  antennes  internes  sont 
toujours  logées  dans  des  fossettes  creusées  sous  le 
front{i);  leurarticlebasilaire  s’étend  presque  toujours 
au  moins  autant  en  largeur  qu  en  longueur  ou  en  hau- 
teur, et  ne  se  montre  pas  sur  les  côtés  du  front,  mais 
reste  toujours  bien  visible  au-dessous  de  son  bord  in- 
férieur ; enfin , leur  tige  mobile  est  toute  aussi  longue 
que  chez  les  Oxirbynques.  La  disposition  des  an- 
tennes externes  varie;  leur  article  basilaire  sépare 
toujours  la  fossette  antennaire  de  1 orbite,  mais  quel- 
quefois reste  complètement  libre,  tandis  que  d autres 
fois  il  se  soude  au  front,  h’épistoine,  comme  nous  1 avons 

déjà  dit,  est  très-étroit;  l’espace  qu’il  occupe  conjointe- 
ment avec  les  fossettes  anlennaires  (ou  région  anten- 
naire) n’a  pas  plus  de  la  moitié  de  la  longueur  du  cadre 
buccal , et  son  bord  antérieur  n’atteint  pas,  àbeaucoup 
près,  leniveaudubord orbitaire  inférieur .Lecm^re  b c- 
ca/ est  au  moins  aussi  large  en  avant  qu  en  arriéré,  et 
est  complètement  fermé  par  les  pates-mâcboires  exter- 
nes, qui  ne  dépassent  pas  notablement  son  bord  an- 
térieur. Les  ri''gio7is  ptérjgostomiennes  de  la  carapace 
sont  très-développées  ; il  n’y  a point  de  division  bien 
distincte  entre  la  portion  qui  correspond  au  conduit 
afférent  de  la  cavité  respiratoire  et  celle  qui  est  située 


(OPl.  i6,  fig.  10,  II,  i5,  etc. 


Hl  Slot  RE  N A TE  K Et  LE 


3G6 

en  avant  et  en  dehovs  d’elle,  ainsi  que  cela  se  remarque 
chez  la  plupart  des.  Oxirlivnques , et  la  ligne  courbe , 
qui  résulte  de  la  suture  des  pièces  épémériennes  et  ter- 
gales  de  ce  bouclier,  se  prolonge  jusqu’au-dessus  de  la 
cinquième  pâte  au  lieu  de  s’arrêter  près  de  la  troisième. 
Les pates-mâchoires  externes  ( i)  présentent  en  général 
la  même  disposition  et  la  même  forme  que  chez  les 
Maïens  et  les  Partbénopiens  ; le  bord  interne  de  leur 
portion  valvulaire  est  droit  et  vient  se  joindre  à celui 
du  côté  opposé;  entin,  leur  troisième  article  se  termine 
en  général  par  un  bord  droi  t , et  donne  attache  à l’article 
suivant  parsonangleinterne,  qui  esttronquéou écban- 
cré;  mais  quelquefois  il  se  prolonge  un  peu  au  devant  du 
point  d’insertion  du  quatrième  article.  Les  autres  pièces 
de  la  bouche  ressemblent  aussi  à celles  desOxirbjnques. 
Le  plastron  sternal  varie  dans  sa  forme  et  dans  ses 
dimensions;  la  suture,  qui  correspond  à son  apodème 
médiane,  occupe  au  moins  les  deux  derniers  anneaux 
du  thorax  , et  s’étend  souvent  sur  trois  ou  quatre  de 
ces  segmcns  ; la  selle  turcique  postérieure  est  gr.ande 
et  élevée  ; enfin  les  apodèmes  sternales  qui  séparent  les 
cellules  correspondantes  aux  pates-mâchoires  externes 
et  aux  pâtes  thoraciques  s’avancent  au  point  d’arriver 
presque  sur  la  ligne  médiane  du  corps.  Les  pat.es  de 
la  première  paire  sont  très- développées  ; elles  sont 
toujours  beaucoup  plus  grosses  que  les  suivantes,  et 
en  général  plus  longues  qu’elles  ; presque  toujours 
elles  ont  au  moins  une  lois  et  demie  la  longueur  de  la 
portion  post-frontale  de  la  carapace.  Celles  de  la  se- 
conde paire  ont  depuis  une  fois  jusqu’à  deux  fois  et 


(I)P1.  i6,  fig.  3,4,  17,  et  Pt.  17,  fig.  3,  fi,  12  et  9- 


DES  CRUSTACÉS.  36y 

quart  de  la  longueur  de  la  carapace,  et  les  suivantes 
sont  en  général  plus  courtes;  l’article  basilaire  des 
postérieures  est  toujours  percé  chez  le  mâle  pour 
livrer  passage  aux  verges.  Enfin,  \ abdomen  se  com- 
pose ordinairement  de  sept  articles  distincts  caez  la 
femelle,  et  seulement  de  cinq  chez  le  mâle,  mais 
quelquefois  on  y compte  aussi  sept  pièces  chez  ces 
derniers.  Quant  aux  appendices  de  cette  partie  du 
corps,  ils  ne  dilfèrent  guères  de  ce  que  nous  avons  vu 
dans  la  famille  précédente. 

Les  mœurs  des  Cyclométopes  varient  beaucoup. 
Les  uns  sont  essentiellement  nageurs  et  se  rencon- 
trent en  pleine  mer;  d’autres  vivent  près  des  côtes, 
mais  ne  sortent  jamais  de  l’eau  ; et  d’autres  encore 
vivent  presque  autant  a 1 air,  sur  le  rivage,  que  dans 
l’eau,  et  se  cachent  habituellement  sous  les  pierres; 
enfin , il  en  est  aussi  qui  se  creusent  dans  le  sable  une 
retraite  souterraine.  On  en  connaît  un  assez  grand 

nombre  d’espèces  fossiles. 

Cette  famille  renferme  deux  tribus  naturelles  qu  on 
peut  distinguer  de  la  manière  suivante  : 

1.  TRIBU  DES  CANCÉRIEKS. 

Pâtes  postérieures  semblables  aux  précédentes , terminées 
par  un  article  styliforme  , et  par  conséquent  non  natatoires. 

2.  TRIBU  DES  PORTUWENS. 

Pâtes  postérieures  plus  élargies  que  les  précédentes , tei  - 
minées  par  un  article  lamelleux  et  cilié  sur  les  bords , et  par 
conséquent  natatoires. 


368 


HISTOIRE  NATUREEtl 


PREMIÈRE  TRIBU. 

CANCÉRIENS. 

Carapace  (PI.  i4  Us,  fig.  lo,  et  PI.  i6,  fig.  i,  6 
et  9)  en  général  assez  fortement  bombée  en  dessus 
(d avant  en  arrière,  sinon  dans  tous  les  sens),  élevée 
et  arrondie  sur  les  bords  ; sa  face  supérieure  ne  for- 
mant qu’un  angle  peu  aigu  en  se  réunissant  avec  sa 
portion  inférieure  et  latérale.  Plastron  sternal  pres- 
que toujours  au  moins  aussi  long  que  large;  der- 
nier segment  thoracique  beaucoup  plus  petit  que 
les  précédens,  et  séparé  d’eux  par  une  suture 
presque  droite  et  transversale;  anneau  thoracique 
correspondant  aux  pâtes  antérieures  très-développé ; 
voûte  des  flancs  très-oblique;  selle  turcique  posté- 
rieure très -large.  Pâtes  antérieures  ordinairement 
très-grosses,  renflées,  et  assez  longues;  les  suivantes 
courtes  et  ambulatoires;  celles  de  la  seconde  paire 
ayant  en  général  moins  d’une  fois  et  demie  la  lon- 
gueur de  la  carapace.  Enfin,  le  troisième  article  des 
pâtes  - mâchoires  externes  ordinairement  presque 
quadrilatère,  et  peu  ou  point  tronqué  à son  angle 
interne  et  postérieur. 

Cette  tribu , qui  est  tres-nombreuse , peut  se  subdi- 
viser en  trois  groupes  naturels  ayant  pour  type  les 
OEthres , les  Crabes  et  les  Eriphies , et  caractérisés  de 
la  manière  suivante  : 

I.  CAÎfCÉRIENS  CRYPTOPODEs. 

Bord  externe  des  re'gions  branchiales  se  prolongeant  de  ma- 
niéré a former  de  chaque  côté  du  corps  une  espèce  de  bouclier 


* t 


i:,. 


« 

r- 


; ' 


•i 


TRIBU 

DES 

CANCÉRIENS. 


TABLEAU  SYNOPTIQUE  DES  PRINCipAt^^  CARACrÈRES  GÉNéRiqueS  DES  CAî^^ÉRiens. 


page  369. 


Genr 


5 I.  Gakcériens  cryptopodes. 


Bords  latéraux  et  postérieurs  de  la  carapace  se  prolon^®' 
horizontale.) 


au-dessus  des  pâtes  des  quatre 


dernières  paires , de  f*?®®  a les  cacher  presque  entièrement.  ( Carapace  ovalaire  et  | oEthres. 


( 


Xiqe  mobile  des 
antennes  internes 

naissant  de  1 angle 
interne  de  1 orbite, 
dontelleirest.se- 

par  «en. 


Premier  article 

I^des  antennes  ex- 
ternes en  général 
très -grand,  tou- 


id,  et  se  ioi-\  frètes 


§ 2.  Cancériens  arqués. 

Point  de  prolongement  de  la  cara- 
pace recouvrant  les  pâtes  des  quatre  J 


tableraent,  s’appli- 
I dernières  paires.  Carapace  beaucoup'\  quant  exactement 
Iplus  large  que  longue , arquée  en  contre  le  bord  an- 
' avant  et  tronquée  en  arrière;  bord  térieur  du  cadre 
Ifronto-orbitaire  étroit.  buccal. 


Troisième  arti- 
cle des  pates-mâ- 
choires  externes 
portant  l’article 
suivant  à son  an- 

gle  interne,  ne  le/ ne  de  cette  cavité\  quement  î 
dépassant  pas  no-^un  hiatus  qui  est 


antérieur 

externes 


parée  . 7 «u  tro^'^--  j-' 

Bord  inférieur  ( ^«.xternes 

de  l’orbite  ne  se  Ks  se  thoires 

joignant  pas  au  / transversal  entier, 

front,  et  laissaut/en  deliois^i^^^j^j.^ 

fosset- 


..  .V.. ....... 

sous  l’aiigle  inter-/  moins 


rempli  par  la  por- 
tion basilaire  de 
l’antenne  externe. 


tes  anteniiaires  au 

moins  aussi  larges 

que  longue®'  ; 


Espace  prélabial 
, -‘.-  ^“■‘‘““dutesî 

jours  au  luoius  bm,!  «“tw  k 
deux  ou  trois  fois  ' et 

aussi  ’ 

second,  ce  se  joi-.n,  - 

gnant  au  front;  (la  lblp«  "°ta-  Jrnilieu  , 

tige  mobile  de  ces  . 

appendices  très- 
courte,  et  s’insé- 
rant dans  l'iiiatns 
de  l’angle  interne 
de  l’orbite.) 


Carapace  très- 
élevée  vers  ’e  nii- 1 
lieu,  foi’t^'aent] 
bombée  dau®  tous, 
les  sens,  P'®, '«'ge 
et  en  général  pres- 
que ovoide- 


Pâtes  courtes,  comprimées,  etj 
garnies  en  dessus  d’une  crête  élevée  | 
ou  d'une  série  d’épines  j tarse  très-l 


Crabe. 


Pinces  point  cre  u- 
sées  eu  cuillère. 


1 court. 


1 

Carapace  P«U  ou  j 
point  élevee 

- , Pî>e 

plane  traiis 
jlement , pea  ooni- 
I bée  d'a vaut  eujj. 

9 riére  et  forteHejjj, 

[ tronquée  de  dja- 

• ' dans  s^ 
moitié  ou  sui'Hets  1 
I postérieur.  (Ei»tej 
\ médiocres.  ) 


Pâtes  assez  longues  et  cylindriques  j 
pas  notablement  comprimées,  et  nel 
présentant  en  dessus  ni  crête  ni/CARPiLiE. 
épines  ; tarse  grêle  et  allongé.  | 

Pinces  creusées  en  cuillère;  pâtes  en  général  courtes.  jzozYME. 

Point  d’iiiatus  au-dessous  de  1 an-  \ 
gle  externe  de  l’orbite.  Bords  latéro-j 
1 antérieurs  de  la  carapace  se  proion- ) Xanthe. 

) géant  presqu’au  niveau  de  la  région  | 
cordiale.  ' 


Pinces  tranchan- 
tes ou  arrondies 
et  jamais  creusées 
en  cuillère. 


Un  hiatus  au-dessous  de  l'angle 
externe  de  l’orbite.  Bords  latéro- 
antéricurs  de  la  carapace  très-courts. 


Pinces  élargies  vers  le  bout,  arrondies  et  profondé- 
ment creusées  en  cuillère.  (Carapace  peu  élargie,  et  à 
bords  latéro-antérieurs  assez  courts.) 


Panopé. 


Chlorode. 


lT4"’r^ï par  deux  crêtes  tranchantes  et  obliques  , qui  cir- 1 
r iH  1 de  la  respiration  assez  profonde  , laquelle  se  continue  en  arriéré  avecj  Qzie. 

•-aare  Jjuccjjj  fc'  ’ Se  termine  antérieurement  à une  échancrure  bord  dul 


Premier  article  des  antennes  exter- i 

/ nés  petit  ou  médiocre,  et  ne  se  joignant 
pas  au  front  ; le  second  article  presque 
aussi  long  que  le  premier,  et  occupant 
presque  toute  son  extrémité  anté-| 
rieure. 


Second  av 


---tirt 

romme  le  pre^J?  des  antennes  externes  logé  dans  la  fossette  autennaire  j Pseüdocahcin 


et  atteignant  à peine  le  front. 


i>  1 intérieur  du  troisième  article  des  pates-machoires  externes  intetj 
Bord  /“terieui_^_  „^,t;nrre  : carapace  tres-bombee.  ) 


Second  article  j 

et  dépassant  antennes  externes  logé  dans  le  canthus  orbitaire  interne, 


, des  antennes  externes  médiocre  ; 


atticle 

longitttdinal®“>®«e7,';‘„;t 


Pa  par  une  échancrure  étroite  et  profonde.  ( Premier 


I PlLDMKE. 
Lagostome. 


a-,  ai-,  "'Hii 


Etise. 


■ ) 


Bord  inférieur  de  l’orbHe  f .3° W f,ont,.de  façon  a exclure  celle 

orbites  et  l’article  basilaire  de  1 antenne  externe  très-conrt  ; forme  generale  a peu  près  toi 


de  façon  à exclure  ^ i 


Pinces  profondément  creusées  en  cuillère. 

Pinces  obtuses  ou  pointues  et  jamais  creusées  en  ) _ 
cuillère.  ^ PlATÏCAB 


internes  transversales  ; espace  compris  entre  les 


Troisième  article  des  pates-màchoires  externes  ^^msertion  à 1 article  suivant  par  son  bord  interne,  se  p . ^mjinalémeBt  devant  de 

a'  ’ • - ’•  ■ . A peu  P*®®  votanie  cliez  les  Xanthes  ; antennes  internes  se  reployant  lo  n.  le  i.. — - 


Rbppe 


( Orbites  et  antennes  externes  disposées 
presque  aussi  longue  que  large.  ) 


® front  ; la 


lui,  et  s’avançant  notablement  sur  l’épistome.  ' 


carapace  fortement  tronquée  en  arrière  et  | Périmèle. 


S 3.  Cakce'hiems  quadrilatères. 


Bord  orbitaire  inférieur  se  joignant  au  froir  maniéré  à séparer  complètement  les  fossettes  j Front  rab-  “ peu  près  sur  la  même  ligne  que  le  front.  1 Eriphie 

Poiutdeprolongementchypéiformelarjtenjjaires  des  orbites,  et  à exclure  de  e®®  “®™mres  cavités  la  portion  basilaire  de  l’antenne  { .o  1 ■ bord  orbitaire 

sur  les  côtés  delà  carapace;  celle-ci I externe.  ( Front  horiïonta  , “e  dépa.ss.i 

terminée  antérieurement  par  un  bord 
fronto-orbitaire  très-large  et  étroit , 


saut 


que  de  peu  le  niveau  de  l’épistome.  j Trapézie. 


peu  ou  point  arqué  sur  les  côtes  , a 

Ïieine  tronqué  en  arriére  et  pas  très- 
arge. 


Bord  orbitaire  inférieur  ne  se  joignant  pas  au  front , et  laissant  à l’angle  interne  de  l’orbite  un  hiatus  qui  est  remp 


liparl’aiitemie  enter  ne.  ; c», 


••“Pace  presque  circulaire.) 


I Mélie. 


Crustacés,  tome  i. 


DES  CRUSTACÉS. 

qui  recouvre  les  pales  et  les  cache  en  grande  partie  ; 
ovalaii’e. 


369 

carapace 


2.  CAiyCÉRIEIis  ARQUÉS. 

Point  de  prolongement  elypéiforme  sur  les  côtés  de  la  cara- 
pace ; qui  est  beaucoup  plus  large  que  longue  , arquée  en  avant 
et  fortement  tronquée  de  chaque  côté  dans  sa  portion  posté- 
rieure. 


3.  CANCÉRIEWS  QUADRILATÈRES. 

Point  de  prolongement  elypéiforme  sur  les  côtés  de  la  cara- 
pace, celle-ci  terminée  antérieurement  par  un  bord  fronto- 
orbitaire  très-large  et  droit,  peu  ou  point  arquée  sur  les  côtés, 
et  à peine  tronquée  en  arrière. 

On  trouvera  dans  le  tableau  ci-joint  l’indication  des  caractères 
comparatifs  les  plus  propres  à faciliter  la  détermination  des  genres 
nombreux  dont  cette  tribu  se  compose. 

I.  CANCÉRIENS  CRYPTOPODES. 

Celte  première  division  de  la  tribu  des  Cancériens 
ne  se  compose  que  d’un  seul  genre,  celui  des  OEthres , 
qui  à son  tour  est  formé  d’une  espèce  unique.  Dans 
la  classification  de  M.  Latreille,  ces  Crustacés  for- 
ment , avec  les  Calappes , la  famille  des  Gryptopodes  ; 
mais  le  seul  caractère  important  qu’ils  aient  en  com- 
mun avec  ces  derniers,  est  l’existence  de  prolonge- 
mens  lamelleux  sur  les  côtés  de  la  carapace,  disposi- 
tion qui  se  retrouve  aussi  chez  certains  Leuosiens , 
tandis  que  tout  le  reste  de  leur  organisation  les  rap- 
proche des  Crabes. 

CRU.STACÉS  , TOÎIE  I. 


24 


370 


inSTOIRE  NATUREI4LE 


Genre  OEÏHRE.  — OEthra{i). 

Ce  petit  groupe  générique  a de  grandes  affinités  avec  le 
genre  Cryptopodie  de  la  famille  des  Oxirhynques  , et  établit 
le  passage  entre  ces  Crustacés  et  les  autres  Cancériens , en 
même  temps  qu’il  se  rapproche  des  Calappes , dont  la  place 
naturelle  est  dans  la  famille  des  Oxistomes.  Toute  la  surface 
du  coips  des  OEthresest  raboteuse  et  paraitcomme  cariée.  La 
carapace  est  d’un  tiers  plus  large  que  longue , et  a la  forme 
d’un  ovale  assez  régulier  ; elle  est  fortement  bosselée  en  dessus, 
et  ses  bords  latéraux  sont  dentelés  et  recourbés  un  peu  en 
haut.  Le.  front  est  entier  et  un  plus  saillant  au  milieu  que 
sur  les  côtés;  on  y distingue  les  traces  d’une  fissure  mé- 
diane. Les  yeux  sont  très-petits  et  les  orbites  presque  cir- 
culaires ; leur  bord  supérieur  présente  deux  petites  fissures , 
et  le  bord  inferieur  est  séparé  du  front  par  un  hiatus  très- 
large.  Les  fossettes  anlennaires  sont  presque  carrées,  et  l’ar- 
ticle basilaire  des  antennes  internes  les  remplit  presqu’en 
entier  ; enfin  la  tige  mobile  de  ces  appendices  esv  extrêmement 
petite  et  se  replie  longitudinalement  en  avant.  L’article  basi- 
laire des  antennes  externes  est  très-grand,  et  s’avance 
jusqu'au  bord  inférieur  du  front,  de  façon  à remplir  l’hiatus 
qui  sans  cela  ferait  communiquer  l'orbite  avec  la  fossette  an- 
tennaire  ; son  extrémité  antérieure  est  étroite,  et  se  trouve 
sur  le  niveau  du  bord  orbitaire  inférieur  ; le  second  article 
des  antennes  externes  est  très-petit  ; il  occupe  le  canthus 
interne  des  yeux  et  supporte  une  tigelle  rudimentaire  et 
très-difficile  à distinguer.  Les  pâtes  - mâchoires  externes 
closent  complètement  le  cadre  buccal  ; le  bord  interne  de 
leur  second  et  troisième  articles  est  droit  ; cette  dernière  pièce 
est  fortement  tronquée  à son  angle  postérieur  et  interne,  et 
cache  presqu’en tièrement  la  tigelle  palpiforme  qui  naît  sous 
son  angle  antérieur  et  interne.  Le  plastron  sternal  est  beau- 


( I ) Cancer.  Linn.  Herl).  etc.  — OEthra.  Leach  ; — Lamk.  Hist.  des 
An.  sans  vert.  t.  V,  p.  6^4.  — Latr.  Reg.  Anim.  éd.  t.  IVI , 
p.  24  ; — Dc.sm.  p.  iio. 


coup  plus  long  que  large,  et  les  pales  antérieures  ont  environ 
une  lois  et  quart  la  longueur  île  la  portion  post-frontale  de  la 
carapace  ; leur  forme  est  à peu  près  la  même  que  chez  les 
Parthénopes  , seulement  leur  face  supérieure  et  interne  est 
légèrement  concave,  de  manière  à pouvoir  s’appliquer  exacte- 
ment contre  la  portion  inférieure  et  antérieure  du  tronc. 
Les  pâtes  de  la  seconde  paire  sont  beaucoup  plus  courtes 
que  la  portion  post-frontale  de  la  carapace,  et  les  suivantes 
diminuent  successivement  de  longueur;  toutes  sont  sur- 
montées il’une  crête  tranchante  et  inégale,  et  leur  tarsç 
est  court  et  stj  lifornie.  Enfin  , Viibclomcn  se  compose  de 
sept  articles  chez  la  femelle  et  de  cinq  seulement  chez  le  mâle. 

J^cs  üEthres  habitent  l’Océan  indien  et  les  mers  cl  Afri- 
que; nous  ne  savons  rien  sur  leurs  mœurs, 

I.  OEture  rude.  — OE.  scruposa  (i). 

Région  stomacale  renflée  et  creusée  en  avant  d’une  gouttière 
longitudmale  qui  se  prolonge  jusqu’au  front;  dix  à douze  den- 
telures , en  forme  de  plis,  de  chaque  côté  do  la  carapace;  bord 
inférieur  des  pâtes  de  la  première  paire  aimé  de  dents  splni- 
formes,  plus  distinctes  que  celles  qu’on  voit  aux  pâtes  sui- 
vantes. Longueur,  2 à 3 pouces;  couleur  grisâtre.  ( C.  M.  ) 

Habite  les  eaux  de  file  de-Erauce  et  de  l’archipel  Indien. 

2.  CANCÉRIENS  ARQUÉS. 

Dans  cette  division  de  la  tribu  des  Maïens  , carac- 
térisée, comme  nous  l’avons  déjà  dit,  par  la  forme  gé- 
nérale de  la  carapace,  les  pâtes  antérieures  sont  en 
général  de  longueur  médiocre,  mais  remarquables  par 
leur  grosseur  et  par  la  forme  renflée  de  la  main  ; enfin 
le  second  arficle  des  pates-mdchoires  externes  se  ter- 


(i)  Cnneer  sc'i  H/iosas- Linn.  Mus.  Lud-  Llr.  p.  45d>'  Cancci' poly~ 
nome,  llerb.  t.  lit,  PL  53,  lig.  4 et  5 : OEthra  cleprcssa.  t.amk.  llist. 
des  Anini  .sans  vert.  t.  V,  p.  ^65;  — Desin.  p.  iio,  PI.  10,  tig,  :>. 


3j2  histoire  N a T DR El le 

mine  antérieui'ement  par  un  bord  droit  ou  presque 
droit,  et  l’article  suivant  est  tronqué  ou  cchancré  à 
son  angle  antérieur  interne , de  façon  à laisser  à dé- 
couvert la  tigelle  palpiforme  qui  s’y  insère.  La  couleur 
de  ces  Crustacés  varie  beaucoup^  mais  presque  tou- 
jours ils  ont  les  pinces  noires. 

Ce  groupe  est  très-nombreux,  et  peut  se  subdiviser 
en  genres  dont  la  détermination  sera  facile  à l’aid&des 
caractères  indiqués  dans  le  tableau  placé  ci-dessus 
{ voyez  page  dôg  ). 

I.  GENRE  CPvABE.  — Cancer  (i). 

Le  genre  Crabe  renfermait  jadis  tous  les  Décapodes 
Brachyures , mais  on  en  a successivement  resserré  les  limites , 
et  afin  de  faciliter  l’étude  de  ces  animaux  , nous  avons  été 
conduits  à pousser  plus  loin  cette  réforme. 

Le  groupe  auquel  nous  conservons  ce  nom  se  compose 
d’un  assez  grand  nombre  d’espèces  faciles  à reconnaître  à 
leur  forme  gt  nérale  et  à la  disposition  de  leurs  pâtes.  La 
carapace {V\.  i6,  fig.  i)  de  ces  animaux  est  très-large  (pres- 
que toujours  au  moins  une  fois  et  demie  aussi  large  que  lon- 
gue) , assez  régulièrement  ovalaire  et  très-convexe  en  dessus  ; 
ses  bords  antérieurs  et  latéraux  forment  une  ligne  courbetrès- 
régulière,  qui  de  chaque  côté  se  recourbe  en  ai'rière  et  en  de- 
dans, de  façon  à déex-ire  plus  que  la  moitié  d’une  ellipse 
dont  le  contour  semble  se  continuer  sur  la  partie  posté- 
rieure des  régions  branchiales  pour  aller  gagner  le  niveau 
de  la  région  intestinale.  Le  front  est  large , très  incliné  et 
peu  saillant  ; toujours  il  est  divisé  sur  la  ligne  médiane  par  une 
fissui-eou  une  petite  échancrure  , et  souvent  il  paraît  quadri- 
lobé  à cause  de  la  saillie  que  forme  sa  partie  moyenne , ainsi 
que  les  angles  externes.  Les  bords  latéro-anti  rieurs  de  la  cara- 


(l)  Cancer.  Linn.  — F.ibr.  — Latr.  — Desm.  — Carpilius;  Leacli. 
Ruppell.  op.  cit. 


DES  CRUSTACÉS.  3^3 

pace  sont  très-longs  et  en  général  tranchans  ; ils  se  dirigent 
presque  directement  en  dehors  , puis  se  recourbent  en  arrière, 
et  enfin  reviennent  en  dedans  vers  leur  extrémité  postérieure; 
les  bords  latéro-postérieurs  sont  très-courts  et  forment 
avec  le  bord  postérieur  un  angle  très-ouvert  ; en  général 
ils  sont  un  peu  concaves.  Les  diverses  régions  de  la  carapace 
sont  ordinairement  peu  distinctes.  Les  orbites  sont  pi'esque 
circulaires  : on  n’y  distingue  pas  d’angle  externe , mais  la  por- 
tiomexterne  de  leur  contour  paraît  comme  froncé  par  1 exis- 
tence de  trois  fissures  linéaires  et  presque  parallèles , dont  deux 
sont  placées  en  haut  et  une  au-dessous  du  niveau  du  bord 
latéral  de  la  carapace  ; enfin  au-dessous  de  leur  angle  in- 
terne , les  parois  de  ces  cavités  sont  interrompues  par  un  i 

hiatus  que  remplit  l’antenne  externe.  La  région  antennaire 
est  lariîe,  mais  très-courte;  ]es  fossettes  antennaires  sont 
transversales,  et  lepistome  presque  linéaire  (PI.  i6,  fig- a). 

L’article  basilaire  des  antennes  externes  est  presque  droit 
et  ne  touche  au  bord  inférieur  du  front  que  par  son  angle 
antérieur  et  interne  ; la  tige  mobile  de  ces  appendices  est 
extrêmement  courte , et  s’insère  dans  l’hiatus  du  bord  or- 
bitaire , de  façon  à pouvoir  se  reployer  dans  1 orbite.  Le 
troisième  article  des  pates-nidchotres  externes  ( fig.  3 ) 
est  plus  large  que  long  , et  presque  carre , son  angle  an- 
térieur et  interne  est  à peine  tronqué , et  son  bord  anté- 
rieur est  entier.  Le  plastron  sternal  est  presqu’une  fois  et, 
demie  aussi  long  que  large , et  ses  bords  latéraux  sont  pi'cs- 
que  droits  ; le  sillon  qui  loge  l’abdomen  du  mâle  est  très- 
profond  , et  les  sutures  qui  séparent  les  derniers  anneaux 
thoraciques  sont  presque  transversales,  hesjxiies  antéi’ieures 
sont  grosses,  courtes  et  disposées  de  façon  a pouvoir  s ap- 
pliquer exactement  contre  les  régions  ptérygostomiennes  ; 
la  main  présente  en  dessus  une  crête  plus  ou  moins  tran- 
chante , et  les  pinces  sont  cannelées  en  dehors  et  en  dessus  , 
armées  dans  toute  leur  longueur  de  dents  comprimées  et  tran- 
chantes, et  pointues  à leur  extrémité.  Les  pâtes  suivantes  sont 
très-courtes,  très-comprimées,  et  garnies  en  dessus  d une  crête 


^74  HISTOIKE  naturelle 

tranchante  ou  d’une  rane;ée  de  fortes  épines  qui  s’étend  jusqu’à 
l’insertion  du  tarse,  lequel  est  court,  renflé  et  armé  d’un  petit 
ongle  corné.  Enfin  \ abdomen  ne  présente  rien  de  parti- 
culier, si  ce  n’est  que  chez  le  mâle  les  appendices  de  la 
première  paire  sont  très-longs  et  filiformes  à leur  extrémité, 
et  que  l’on  n’y  distingue  ordinairement  que  cinq  articles.  La 
plupart  des  espèces  de  ce  genre  habitent  l’Océan  indien,  et 
il  n’est  pas  rare  d’en  trouver  à l’état  fossile. 

§ A.  Especes  dont  la  carapace  est  lisse,  sans  bosselures 
ni  sillons  distincts. 

I.  Lhabe  BosÉ. — Cancer roseus  [t). 

fl'  Carapace  à bords  mousses,  ouoïde,  une  fois  et  deux 

lier.s  ans.si  large  que  longue  ; très-homhce  et  piquetée  partout  ; 
ni  repli  ni  tubercule  à l’extrémité  de  ses  bords  latéro-anté- 
rieurs.  Crêtes  des  pâtes  très-élevées,  tranchantes  et  inégales; 
une  crete  au  bord  inférieur  de  leur  pénultième  article.  Longueur, 
environ  i8  lignes;  couleur  rougeâtre,  avec  les  pinces  noires. 

Habite  la  mer  Rouge.  (C.  M.) 

2.  Grade  TflÈs-EHTiER.  — C.  integcrrirnus  [i). 

Carapace  entourée  en  avant  et  sur  les  côtés  d’un 
rebord  mince  et  tranchant,  ovoïde  comme  chez  le  précédent, 
mais  ayant  sur  les  régions  branchiales  un  repli  courbe  qui 
se  continue  avec  les  bords  latéro-antérieurs  ; un  peu  piquetée 
antérieurement  ; pâtes  comme  dans  f espèce  précédente  ; une 
crête  sur  le  bord  inférieur  de  t avant-dernier  article  des 
postérieures.  Ce  Crustacé  se  distingue  de  tous  les  autres  Crabes 
par  la  disposition  des  régions  ptérygostomiennes , qui,  au 
heu  d’être  conve.Tcs , sont  ici  concaves  d’ arriére  en  avant, 
et  présentent  ainsi  une  large  gouttière  transversale  dans  laquelle 
vient  se  replier  la  main.  Longueur,  environ  a pouces. 

Habite  l’océan  Indien.  (C.  M.) 

(I)  Cr.rpilhis  roscus.  Rupijell.op.  cit.  p.  i3,  PI.  3,  fig.  3 C.  orieii- 
Lalis'i  Herl).  P!.  20,  lig.  117. 

(a;  Liimk.  Ilist,  des  Au.  sans  vert.  t.  V,  p 2^3. 


3.  Crabe  marginal.  — C.  marginatus  (i). 


Carapace  à limbe  latéro- antérieur  lamelleux  et  tran- 
chant , ovoïde , sans  repli  ni  tubercule  à l'extrémité  du 


bord  latéro-antérieur une  crête  au  bord  inférieur  des 


pâtes  des  quatre  dernières  paires.  Longueur,  environ  lo  li- 
gnes. Carapace  marron  avec  une  bordure  blanchâtre;  pâtes 
couleur  de  chair;  pinces  noires. 

Habite  la  mer  Rouge. 


4.  Crabe  ocyroé.  ■ — C.  ocyroc  (2). 


Carapace  à limbe  latéro-antérieur  lamelleux  et  tran- 
chant, ovoïde,  mais  moins  large  que  dans  les  espèces  pré- 
cédentes et  un  peu  bosselée;  une  ou  deux  fissures  au  bord 
latéro-antérieur  qui  se  terminent  par  une  petite  dent  arrondie  ; 
crête  des  pales  élevée  ; point  de  crête  au  bord  inférieur 
de  leur  pénultième  article.  Longueur,  environ  2 pouces; 
couleur  blanchâtre,  avec  une  multitude  de  petites  tachesjaunes. 

Habite  les  mers  d’Asie.  (C.  M.) 

B.  Espèces  ayant  la  carapace  lisse  ou  à peine  granu- 
leuse , mais  bosselée  et  creusée  de  sillons, 
b.  Régions plérygostomiennes  légèrement  convexes. 


6.  Crabe  lobé.  — C.  lobalus. 


Bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  J'ormant  une 
crête  horizontale , tranchante , et  divisée  seulement  en 
quatre  lobes  séparés  par  des  sdlons  linéaires.  Carapace 
ovoïde,  fortement  bosselée  en  dessus,  excepté  dans  son  tiers 


(I)  Carpilius  marginatus.  Ruppell.  op.  cit.  p.  i5,  PI.  3.  fig.  4- 
(3)  Herbst,  t.  111,  PI.  5/;,  fig-  2- 


•^7^  histoire  N a T C R E L 1 E 

postérieur,  qui  est  très- rétréci.  Mains  presque  lisses,  garnies 
en  dessus  d’une  crête  tranchante  très-élevée  et  de  quelques 
lignes  saillantes  sur  la  face  externe , pinces  très-pointues  et 
cannelées  en  dehors;  pâtes  suivantes  courtes,  comprimées, 
lisses,  et  garnies  en  dessus  d’une  crête  tranchante.  Longueur, 
environ  9 lignes. 

Habite  les  Antilles.  (G.  M.  ) 

I ■ ivJ  7-  Crabe  mameloxnê.  — C.  Mamillaïus. 

Bords  latèro-anténeurs  de  la  carapace  découpés  en  six 
dents,  arrondis  et  obtus.  Carapace  ovoïde,  entièrement 
couverte  de  bosselures  élevées,  lisses,  très- nombreuses  ; 
front  et  orbites  beaucoup  plus  élevés  que  la  terminaison  des 
bords  latéro-antériem's  de  la  carapace  ; pâtes  toutes  couvertes 
de  bosselures;  bord  supérieur  des  mains  presque  tranchant. 
Longueur,  2 pouces. 

Habite  l’Australasie.  (C.  M.) 

b.  b.  Une  grande  cavité  ovalaire  sur  chaque  région 
ptérygostomienne.  (Disposition  dont  nous  ne  connaissons 
pas  d’autre  exemple  chez  les  Crustacés.  ) 

8.  Crabe  sculpté.  — C.  sculptas  (i). 

■ Carapace  ovalaire,  bombée,  fortement  bosselée,  et  garnie 
en  dessus  de  quelques  granulations  miliaires.  Front  formé  de 
quatre  lobes  arrondis , dont  les  deux  médians  sont  inclinés  et 
très-avancés.  Hords  latéro -antérieurs  ti’ès -courbes , granuleux, 
ne  présentant  ni  dents  ni  lobes  bien  distincts , et  se  prolon- 
geant jusqu’au  niveau  du  milieu  de  la  région  cordiale  ; bords 
latéro-postérieurs  très-concaves  ; mains  surmontées  d’une  crête 


(1)  C.  esculptus.  Herb.  t.  I,  p.  265,  PI.  21,  fig.  121.  Savigny 
Egypt.  Hist.  nat.  t.  II,  Cr.  PI.  6,  fig,  3. 


DES  CRUSTACES. 


^77 

U-iaugiilaire  contournée  sur  elle-même , et  d’un  aspect  ver- 
moulu en  dehors  ; pinces  granuleuses  sillonnées  en  dehors  et 
légèrement  creusées  sur  leur  hord  préhensile.  Pâtes  des 
quatre  dernières  paires  comprimées,  surmontées  d’une  petite 
crête , et  garnies  en  dehors  de  beaucoup  de  tubercules  arrondis 
ou  pointus.  Face  inférieure  du  coi’ps  granuleux.  Longueur,  2 
ou  3 pouces  ; couleur  blanchâtre  ; quelques  poils  sur  les 
pâtes. 

' Habite  la  mer  Rouge.  (C.  M.) 

G.  Especes  dont  la  carapace  est  bosselée  et  couverte  de 
granulations,  mais  non  épineuse. 

C.  Un  bord  lamclleux  et  tranchant  autour  de  la 
moitié  antérieure  de  la  carapace. 

9.  Crabe  bordé.  — C.  lirnbatus  (1). 

(PI.  16,  iig.  i\.) 

Carapace  ovoïde,  bosselée,  et  couverte  de  petites  granula 
tions  miliaires  j front  peu  saillant  et  a peine  sinueux  j bord  la- 
téro-antérleiir  de  la  carapace  garni  d’une  crête  horizontale , 
très-sallante  , mince,  tranchante,  divi.sée  par  deux  ou  trois 
tissures,  et  se  continuant  jusqu’au  niveau  du  milieu  de  la  région 
cordiale  ; bords  latéro-postérieurs  courts  et  concaves.  Pâtes  an- 
térieures granuleuses  en  dehors  ; doigts  courts  et  pointus  ; le 
supérieur  garni  de  trois  crêtes  tranchantes.  Pâtes  des  quatre 
dernières  paires  lisses  et  surmontées  d’une  crête  tranchante  qui 
s’étend  jusqu’à  l’origine  du  tarse.  Longueur,  environ  un  pouce  ; 
couleur  jaune. 

Habite  l’océan  Indien  et  la  mer  Rouge.  ( C.  M.  ) 


(i)  Xantho  graniitosiis-  Riippel!.  Ci’ust.  PI-  5,  fig.  3.  ( Ce  nom  spé- 
cifique étant  un  double  e mploi , nous  avons  préféré  celui  sous  le- 
quel nous  avions  depuis  longtemps  désigné  cc  Crustacé  dans  la  col- 
lection du  Muséum.  ) 


IIISTÜIKE  t»\ïUl\  ELLE 


c.  c.  Point  de  rebord  lamelleux  et  tranchant  autour  de 
la  moitié  antérieure  de  la  carapace. 


10.  Crabe  de  Savigny.  — C.  Savignii  (i). 


Carapace  très -bombée,  d’un  aspect  comme  fram- 
broisé  , et  bien  moins  élargie  que  dans  les  espèces  inécé- 
dentes.  Les  granulations  dont  elle  est  couverte  sont  entassées 
les  unes  sur  les  autres  , et  subdivisées  en  une  foule  de  points 
arrondis.  Ses  bords  latéro-antérieurs  sont  granuleux  et  pas 
distinctement  divisés  en  lobes  ou  dents,  et  ses  bords  latéro- 
postérieurs  sont  très-concaves.  Les  pâtes  sont  courtes  et  toutes 
couvertes  de  granulations.  Longueur,  environ  lo  lignes,  cou- 
leur rougeâtre  avec  des  taches  brunes  et  blanches;  pinces 
brunes. 


Habite  la  mer  Rouge  et  l’océan  Indien.  (G.  M.  ) 


II.  Crabe  graveleux.  — C.  calculosus. 

S y 

Carapace  peu  bombée  et  garnie  de  granulations  assez 
grosses , peu  saillantes  , et  non  réunies  en  groupe  , peu 
bosselée  ; bords  latéro-antérieurs  obscurément  diuisés  en 
quatre  lobes  un  peu  arrondis.  Pâtes  courtes;  les  antérieures 
gianulcuses  et  sans  crête;  les  autres  comprimées  et  surmqptées 
d’une  crête  dentelée.  Longueur , 6 ligues. 

Habite  la  IVouvelle-Holloude.  (C.  M. ) 


12.  Crabe  spimimane. — C.  spinimanus. 

j-.  î Carapace  peu  bombée  , médiocrement  granuleuse , pres- 

' que  circulaire , tronquée  en  arrière  et  bosselée  ; bords  la- 

téro-antérieurs armés  de  quatre  dents  triangulaires , entre 


(I)  Cancer.  Savigny,  Egypt.  Hist.  iiat.  t.  II.  Crust.  PI.  6,  fig.  2. 
C.  granulatus.  Audouiii , Explic.  des  PI.  de  Savigny. 


DES  CRUSTACÉS.  3^9 

lesquelles  on  remarque  des  séries  de  petites  especes.  Mains 
suruionlées  d’une  crête  élevée  formée  par  cinq^  grosses  dents  ; 
pâtes  suivantes  épineuses.  Longueur , environ  xm  pouce  et  demi  ; 
couleur  Llanchàtre  avec  les  pinces  brunes. 

Pati’ie  inconnue.  (G.  M.) 

§.  D.  Especes  dont  la  carapace  est  couverte  cC épines, 

i3.  Crabe  acanthe.  — C.  acanthus.  i- 

Cai’apace  ovalaire  , très-élargic , fortement  bosselée  et  cou- 
verte d’épines  ; front  peu  incliné  et  divisé  en  cpiatre  dents  ; 
Ijords  latéro-antérieurs  fortement  courbés  , se  prolongeant  jus- 
qu’au niveau  du  milieu  de  la  région  cordiale  et  armés  de  cimj 
à six  dents,  hérissés  d’épines;  bords  latéro-postéi'ieurs  très-con- 
caves. Pâtes  couxertes  d’épines;  celles  de  la  première  paire  ne 
présentent  pas  en  dessus  de  crête  élevée.  Corps  finement 
granulé  en  dessous,  couvei’t  en  dessus  de  poils  raides.  Longueur, 
environ  un  pouce. 

Patrie  inconnue.  ( G.  M.  ) 


Le  Cancer  pitho  de  Herbst  (PI.  5i , bg.  2)  me  paraît  de- 
voir se  rapporter  à la  subdivision  A de  ce  genre  ; mais  cepen- 
dant la  longueur  de  ses  pâtes  le  rappi-oche  des  Carpllies.  Le 
Cancer  spectabilis,  du  même  auteur  (PI.  87,  Cg.  5),  y ap- 
partient pi-obablement  aussi.  Enfin , c’est  dans  la  division  C que 
devrait  prendre  place  le  Cancer  meli.ssa  de  Herbst  ( PI.  5 1, 
lig-  i))  ‘î™  ne  paraît  pas  devoir  être  confondu  avec  le  C. 
sculpté,  comme  cet  auteur  semble  le  penser. 


On  connaît  plusieurs  Crustacés  fossiles  qui  paraissent  égale- 
ment appartenir  à ce  genre.  De  ce  nombre  sont  le  Crabe  de 
Bosc , décrit  par  M.  Desinarest  (Crust.  foss.  p.  g4>  PC  8, 


HISTOIRE  NATURELLE 


38o 

fig.  3 et  4 ) , et  trouvé  dans  un  banc  de  calcaire  grossier  à Vé- 
rone ; sa  forme  générale  le  rapproche  du  Crabe  ocjtob  , mais  il 
se  distingue  de  toutes  les  especes  vivantes  par  la  forme  de  son 
front,  etc.:  le  Crabe  de  Leach  , du  même  auteur  (p.  g5 , 
PI.  8 , fig.  5 et  fi) , qui  se  rencontre  dans  les  argiles  plastiques 
de  nie  Shepy  : le  Crabe  pointillé,  Desm.  ( Rnorr  et  Walcli, 
Monum,  du  déluge , t.  I , Pl.  i6  A,  fig.  2 et  3 ; — Desm.  op. 
cit.  Pl.  '7,  f;g.  S el4),  qui  provient  des  environs  de  Viceuce  : 
le  Crabe  QUADRiLOBÉ  (Desmarest,  Pl.  8 , fig.  i et  2 } , très- 
commun  dans  les  dépôts  coquilliers  des  environs  de  Dax  ; une 
espece  inédite  de  la  collection  de  M.  Deshajcs,  remarquable 
par  les  bosselures  de  sa  carapace  , mais  dont  ce  naturaliste 
Ignore  le  gisement , etc  Nous  sommes  portés  à considé- 
rer le  Crabe  aux  grosses  PINCES , Desm.  (llhuiuph,  Pl.  Go, 
3;  — Desm.  Pl  fig  i et  2 ),  comme  se  rajjportant  au 
genre  Carpilie  plutôt  qu’à  la  division  des  Crabes  proprement 
dits. 


II.  GENEE  CARPILIE.  — Carpillus  (i). 

Le  genre  Carpilie , établi  par  M.  Leach , a les  rapports  les 
plus  intimes  avec  le  genre  Crabe.  La  forme  générale  du  corps 
(Pl.  16,  fig.  g)  est  absolument  la  même  que  chez  la  plupart  de 
ces  Crustacés  ; la  carapace  est  ovoïde  très-bombée  ; ses  bords 
latéro-aiitérieurs  sont  obtus  et  terminés  en  arrière  par  une 
espèce  de  tubercule  arrondi.  Les  pâtes  sont  plus  longues  que 
chez  la  plupart  des  Crabes,  et  ne  sont  ni  comprimées  ni  garnies 
en  dessus  d’une  crête  ; leur  dernier  article  est  grêle , très- 
allongé  et  styliforme;  les  mains  sont  plus  renflées  et  d’iné- 
gale grosseur,  et  les  doigts,  plus  gros,  plus  arrondis,  sans 
cannelures  , et  obtus  au  bout , sont  armés  (au  moins  d’un 
coté  ) de  deux  ou  trois  gros  tubercules  arrondis  seulement. 


(i)  Cancer.  Liiin.  Fabr.  Latr.  Desm.  etc.  Carpilius.  Leach  (Desiii- 
P-  *c4  ).  — Ruppell.  op.  cit. 


nES  CRDSTACÉS,  38 1 

Il  est  aussi  à noter  que  l’article  basilaire  des  antennes  ex- 
ternes (PL  i6,  fig.  10  ) est  plus  long,  plus  oblique  et  en 
contact  avec  le  front  dans  le  tiers  de  sa  longueur  , et  que 
le  bord  antérieur  du  troisième  article  des  pâtes-mâchoires 
externe  est  très-oblique. 

§ A.  Especes  dont  la  carapace  est  parfaitement  lisse  en 
dessus,  ne  présentant  pas  de  sillons , et  n’étant  point 
dioisée  en  lobes. 

1.  Garpilie  corallijî.  — C.  corallinus  (i). 

Front  étroit  {sa  largeur  d excédant  pas  la  longueur 
de  l'espace  compris  entre  le  plastron,  sternal  et  le  bohl 
antéiicur  des  fossettes  antennaires) , et  dioisé  en  quatre 
lobes,  dont  les  deux  latéraux  sont  arrondis  et  séparés  des 
médians  par  une  échancrure  profonde , et  dont  les  deux 
médians  sont  à peine  distincts  l’ un  de  l’autre  et  très- avan- 
cés-, un  petit  tubercule saillantàraugleexternederorbite  jbords 
latéro- antérieurs  arrondis  , obtus , non  carénés , et  terminés  par 
un  gros  tubercule  arrondi  situé  au  niveau  de  l’augle  rentrant  du 
bord  latéral  de  la  région  cordiale.  Cloison  inter-antcunaire  tres- 
large  ; article  basilaire  des  antennes  externes  très-oblique  ; 
épistome  lisse  ; bord  antérieur  du  cadre  buccal  à peine  saillant 
et  sans  tubercule  à ses  extrémités  ; bord  antérieur  du  troisième 
article  des  pates-màchoires  externes  très-oblique , et  son  bord 
postérieur  presque  droit.  Pâtes  antennes  très-grosses,  renflées, 
et  n’ajaut  pas  deux  fois  la  longueur  de  la  carapace.  Pâtes  de  la 
seconde  paire  un  peu  plus  courtes  que  celles  de  la  troisième 
paire,  lisses  et  arrondies;  leur  troisième  article  dépassant  de 
beaucoup  le  bord  latéi'al  de  la  carapace  ( tandis  que  dans  les  es- 


(i)  C.  Jlortdus.  Rumph,  PI.  8,  C.flosailoms.  Seba , t.  III, 

PI.  19 , fig.  2 et  5 ? f’.  cornlliutis.  Fabr.  Eut.  Syst.  t.  II , p.  445  ; — 
Herb.  PI.  5,  fig.  /|o;  — C.  adspersus.  Herb.  PI.  ai,  lig.  119?  C. 
mnculnliis.  Latr.  Hist,  des  Cnist,  t.  VI  ; — Desra.  p.  in'[. 


•^8a  HISTOIRE  haturelle 

pùccs  suivantes  11  ne  le  dépasse  qu’à  peine  ) . Tarses  cylindriques 
et  plus  longs  que  l’article  qui  les  précède.  Longueur , 4 à 
5 pouces  ; couleur  rouge  jaunâtre  avec  des  vergettures  jaunes  ; 
pinces  et  ongles  bruns. 

Habite  les  Antilles.  ( G.  M.  ) 

?..  Girvile  maculé.  — C.  rnaculatus  (i). 

Front  tr'es-lfirge  {aa  largeur  excédant  notablement  la 
longueur  de  l'eupace  compris  entre  le  bord  antérieur  du 
front  et  le  plastron  sternal),  et  formé  de  quatre  lobes , dont 
les  deuxlateraiix  sont  arrondis  et  séparés  des  médians  par 
une  échancrure  profonde,  Epistome  divisé  transversalement 
par  un  sillon  très- profond.  l)u  reste,  semblable  au  précédent. 
Longueur,  environ?  pouces:  couleur  jaune  pâle,  avec  quelques 
grosses  taches  circulaires  d’un  rouge  intense  sur  la  carapace. 

Habite  l’océan  Indien.  { G M.) 

3.  Garpilie  convexe.  — C.  convexus  (?). 

( PI.  i6,  fig.  9 et  lo.  ) 

Front  assez  large  et  formé  de  quatre  lobes , dont  les 
deux  latéraux  sont  presque  droits  et  les  deux  médians 
presque  confondus  et  peu  saillans.  Garapace  beaucoup  plus 
convexe  que  dans  le  G.  corallin;  région  hépatique  et  portion 
antérieure  de  la  région  stomacale  piquetées.  Du  reste  , ne  diffère 
pas  notablement  de  la  précédente.  Longueur,  ? à 3 pouces  ; 
couleur  jaune,  avec  un  grand  nombre  de  taches  irrégulières 
de  couleur  orange. 

Habite  la  mer  Rouge.  (G.  M.) 


(1)  C.  rttber.  Runiph  , PI.  lO,  lig,  j ; C.  sexatUis.  Seba,  t.  III, 
Pt.  19,  fig.  8.  C.  macitiaUts.  Lion.  Mus.  Lud.  UI.  p.  4^3;  — Fabr. 
Ent.  Syst.  t.  II,  p.  447  ; — Herb.  Pt,  6,  lig.  4i,  PI.  21,  %-  J 18  , 
et  Pt.  60,  fig.  2 ; — Lutr.  Hist-  des  Crust.  t.  V ; — Desm  p lo  j. 

(2)  Cancer  convexus.  Forskal  Pescript.  Aniiu.  p.  88  ; Carpitius 
coHre.rMs.Kuppcll.  Crust.  de  i Kgypte,  PI.  3,  fig.  2. 


BES  CRUSTACES. 


§ li.  Especes  dont  la  carapace  est  lisse  en  dessus , mais 
divisée  en  lobes  par  de  petits  sillons  linéaires. 

4-  Garpilie  veineux.  — C.  venosus. 

Cette  petite  espèce  établit  le  passage  entre  les  précédentes  et 
dlvei's  Crabes  dont  la  carapace  est  fortement  bosselée.  Les 
bords  latéro- antérieurs  de  la  carapace  sont  divisés  par  des 
replis  en  quatre  lobes  larges,  arrondis  et  peu  saillans;  la 
région  stomacale  est  divisée  en  cinq  bandes  longitudinales  par 
des  sdlons,  et  les  hépatiques  en  trois  portions  2n'innipales  jaar 
deux  sillons  obliques  qui  partent  des  deux  dernières  échan- 
crures du  bord  latéro-antéricur.  EnOn , dans  sa  moitié  posté- 
rieure , la  carapace  est  lisse.  Les  pâtes  sont  un  peu  comprimées. 
Longueur,  six  lignes. 

Habite?.  (G.  M.) 


Le  Cancer  marmarinus  de  Herbst  (PI.  6o,  lîg.  i),  et  le 
Cancer  PETRACA,  du  même  auteur  (PI.  5i,  lîg.  4),  ajipartiennent 
évidemment  à cette  division  générique  ; le  premier  a beaucoiijp 
d’analogie  avec  le  Garpilie  corallin,  le  second  avec  le  C.  convexe. 

III.  GENEE  ZOZYME.  — Zozyrnus  (i). 

Cette  petite  division  générique  , extrêmement  voisine  des 
deux  précédentes,  ne  s’en  distingue  guères  que  parla  Ibrmedes 
pinces  , dont  l’extrémité  est  élargie  et  profondément  creusée 
en  cuillère  , disposition  qui  doit  influer  sur  la  manière  de  vi- 
vre de  ces  animaux.  Elle  tend  aussi  à établirle  passage  entre  le 
genre  Crabe  et  le  genre  Xanthe,  car  nous  ne  trouvons  aucun 


(i)  6'nacer.  Linn.  Fabr.  Latr.  Desin.  Zozymus.  Leacli  (Desm. 

p.  104.) 


mSTOIIîE  NATTIREEtE 


384 

caractère  bien  précis  pour  en  séparer  quelques  espèces,  dont 


la  forme  générale  est  un  peu  moins  ovalaire  que  chez  les 
Crabes  , et  dont  les  bords  latéro-postérieurs  de  la  carapace 
sont  presque  aussi  longs  que  les  bords  latéro- antérieurs , 
qui  eux-mêmes  deviennent  fortement  dentelés. 

§ A.  JEspeces  ayant  la  carapace  lisse  et  sans  bosselures 
notables. 

1.  ZoZYME  TRÈS-LARGE.  Z . latissimUS  (l). 


Carapace  ovoïde  extrêmement  large , assez  bombée  ; son 
bord  latéro-antérieur  très-long , et  bordé  d’une  crête  lame’leuse 


et  entière  qui  ne  se  termine  point  par  un  tubercule , mais  se 
recourbe  brusquement  sur  la  région  branchiale.  Lobes  médians 
du  front  courbes  et  très-avancés;  pâtes  antérieures  fortes; 
pinces  sans  crête  ni  cannelures  sur  leur  face  externe  ; une 
crête  élevée  tant  sur  le  bord  supérieur  que  sur  le  bord  inférieur 
des  huit  dernières  pâtes.  Longueur,  3 pouces;  couleur  rou- 
geâtre. 

Habite  la  Nouvelle-Hollande.  ( C.  M.  ) 

5 B.  Especes  dont  la  carapace  est  granuleuse , mais  sans 
bosselures. 

b*  ZozYME  PUBESCEKT. — Z . pubesccns. 

Carapace  régulièrement  ovoïde,  bombée  , très-large  , et  cou- 
verte de  petites  granulations  pointues.  Fi’ont  très-étroit,  in- 
cliné; bords  latéro-antérieurs  très-courbes,  épais,  granuleux, 
sans  crête  ni  dentelures,  et  se  prolongeant  jusqu’au  niveau  de 
la  région  cordiale.  Pâtes  des  quatre  dernières  paires  arrondies 
dans  leur  moitié  externe , mais  ayant  le  troisième  article  com- 


(I)  C.  let’is  latipes?  Seba , t.  IH,  PI,  ig,  £ig.  6,  a. 


nES  CRÜSTACÉS.  d85 

primé  et  tranchant.  Longueur,  envh'on  lo  lignes;  corps  garni 
d’un  duvet  ti’ès-fin  ; coulem-  blanchâtre. 

Habite  l’ile-de-rrance.  (G.  M.) 

§ B.  Especes  dont  la  carapace  est  granuleuse  et  bosselée. 

3.  ZoZYME  TOMENTEUX.  Z . tOVientOSUS.  (/■ 

Carapace  ovoïde , très-large , très-bombée , fortement 
bosselée  en  dessus  et  divisée  par  un  grand  nombre  de  sil- 
lons linéaires  ; région  génitale  divisée  en  trois  portions 
par  des  sillons  nombreux.  Ses  bords  latéro-antcrieurs  gra- 
nuleux et  divisés  par  quatre  fissures  qui  se  prolongent  en  forme 
de  sillons  sur  la  région  ptérygostomienne  , laquelle  n’est  point 
granuleuse  ; ses  bords  latéro-postérieurs  concaves  et  très- 
courts.  Pâtes  courtes  et  couvertes  de  granulations  ; corps  cou- 
vert d’un  duvet  noirâtre.  Longueur,  environ  8 lignes. 

Habite  l’océan  Indien.  (G.  M.  ) 

4.  ZozYME  RIDÉ.  — Z.  rugatus  (i). 

Gette  petite  espèce , dont  je  n’ai  observé  qu’un  individu  mu- 
tilé, ressemble  beaucoup  à la  précédente,  mais  les  granulations 
de  la  carapace  sont  plus  fines  et  plus  serrées , et  la  région  géni- 
tale n’est  pas  divisée  ; les  bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace 
sont  divisés  en  quatre  lobes  arrondis  et  bien  distincts  ; peu  ou 
point  de  duvet;  pinces  lisses.  Longueur,  4 lignes. 

Habite?  (G.  M.) 

$ D.  Espèces  ayant  la  carapace  fortement  bosselée, 
mais  non  granuleuse. 

y 

5.  ZoZYME  BRONZÉ. Z.  ÆueUS  (l). 

Garapace  médiocrement  large,  convexe,  très-inégale,  forte- 


(1)  Cancer  cochlearis  ? Herb.  t.  II,  p.  266,  PI.  21,  fig.  laS.  Can- 
cer rugatus . Latr.  Collect.  du  Muséum* 

(3)  C.  incompnrahilis-  Seba , t.  III,  PI19,  fig*  1®  G.  ceneus.  Linn. 
CRUSTACÉS,  TOME  I.  25 


HlSTOiaE  NATURELLE 


38G 

menl  bosselée , et  presque  tuberculeuse  à sa  partie  postérieure  ; 
front  peu  avancé  et  indistinctement  divisé  eu  quatre  lobes; 
bords  laléro-autérieurs  de  la  carapace  ne  se  prolongeant  pas 
au  delà  du  niveau  de  la  région  génitale,  et  armés  de  quatre 
dents  très-larges , comprimées  et  réunies  en  manière  de  crête. 
Pâtes  antérieures  tuberculeuses  en  dehors  ; les  suivantes  creu- 
sées de  sillons  siu’  leur  face  externe.  Longueur,  2 à 3 pouces  ; 
couleur  jaune , avec  des  taches  rougeâtres. 

Habite  l’océan  Indien.  (C.  M.) 

IV.  Genre  LAGOSTOME.  — Lagostoma  (1). 

Les  Cancériens  , dont  se  compose  ce  genre  , ressemblent 
beaucoup  à certains  Zozymes  ; niais  ce  qui  les  en  distingue  , 
ainsi  que  de  tous  les  autres  Crustacés  de  la  même  tribu , est 
l’existence  d’une  échancrui'c  large  et  profonde  vere  le  milieu 
du  bord  antérieur  du  troisième  article  des  pates-mâchoires 
externes  (PI.  j6 , fig.  4)-  Leur  carapace  est  un  peu  ovoïde  et 
bombée  dans  tous  les  sens  ; le  front  est  incliné  et  les  bords 
la téro-antérieurs  très -recourbés  en  arrière.  L’ai’ticle  basilaire 
des  antennes  internes  est  remarquablement  saillant , et  l’article 
basilaire  des  antennes  externes  n’arrive  pas  tout-à-fait  jus- 
qu’au front.  Les  pâtes  antérieures  sont  comprimées,  iné- 
gales , et  leui-s  pinces  sont  creusées  en  cuillère  ; enfin , 
les  pâtes  suivantes  sont  courtes , comprimées  et  épineuses  en 
dessus. 

Nous  ne  connaissons  encore  qu’une  seule  espèce  ayant  ce 
mode  d’organisation. 

O 


Mus.  Lud.  Ulr.  p.  451;  C.  Jloridus.M.eth.  t I,  p.  i32,  PI.  3, 
fig.  39,  PI.  21,  fig.  120  ; C.  amphitrite.  Herb.  t.  HI , PI.  53,  fig.  l; 
C.  Jloridus  et  C.  æneiis.  Fubr.  Suppl,  p.  388  (et  335.  C.  ceneiis. 
Latr.  Hist.  des  Cru.st.  t.  V , p.  3-5  ; — Lamk.  Hist.  des  An. 
sans  vert.  , t.  V,  p.  271  ; — t>esm,  p.  104  ; — Quoy  et  Gaimard. 
Voyage  de  fUranie,  PI.  yd)  hg-  i. 

{1)  Cancer.  Fabr.  Suppl,  p.  3.34. 


DES  CnUSTACÉS. 


387 


Lagostome  perlée.  — L.  perlata  (i). 

Carapace  ovalaire,  très-bomhéc , et  couverte  de  gros  tuber- 
cules pisiformes;  lobes  médians  du  front  petits,  saillans  et 
arrondis;  bords  latéro-anléricurs  de  la  carapace  garnis  d’une 
douzaine  de  tubercules  dentiformes , et  se  prolongeant  juscpi’an 
niveau  de  la  partie  postérieure  de  la  région  cordiale.  Pâtes 
antérieures  tuberculeuses  ; les  .suivantes  garnies  en  dessus  de 
poils  assez  longs , et  hérissées  d’épines , excepté  sur  le  tarse , 
qui  ne  présente  point  de  dentelures  notables.  Face  inférieure 
du  corps  lisse.  Longueur,  environ  i5  lignes;  couleur  brunâtre . 

Habite  l’océan  Atlantique , et  paraît  se  rencontrer  quelque- 
fois sur  les  côtes  de  la  Bretagne.  ( C.  M.  ) 

V.  Genre  XANTHE.  — Xdntho  (■2). 

Le  genre  Xanthe , établi  par  M.  Leach  pour  recev'oir 
quelques  Crustacés  de  nos  côtes , a les  l'apports  les  plus 
intimes  avec  les  genres  Crabe  et  Zozyme  , surtout  lorsqu  on 
étend  ses  limites  comme  nous  avons  été  oblige  de  le  faire  , 
afin  ne  pas  multiplier  outre  mesure  les  divisions  génériques. 
Presque  tous  les  points  de  l’organisation  extérieure  de  ces 
divers  cancérieus  sont  les  mêmes  ; mais  cependant  les  Xanthes 
sont  faciles  à distinguer,  et  ont  pour  la  plupart  un 
aspect  particulier  qui  les  fait  reconnaître  au  premier  coup 
d’œil.  Leur  carapace  est  encore  très-large,  niais  n’est  ja- 
mais régulièrement  ovoïde,  et  n’est  que  peu  ou  point  bomliée  ; 
sa  surface  est  en  général  tout-à-fait  horizontale  transversa- 
lement , et  n’est  courbée  dans  le  sens  de  sa  longueur  que 
dans  sa  portion  antérieure.  Le  front  est  ordinairement 


(1)  Cancer  perlalus.  Hevb.  t.  I ,-p.  < fig-  12=  : C.  daira. 

Herb.  t.  III,  PI.  ?3,  fig.  2.  C.  vaimosus.  Fabr.  Suppl,  p.  338. 

(2)  Cancer.  Linn.  Fabr.  etc.  — Aoudic.  Leach.  Malac.  — Desm. 

p.  lO/f. 


HISTOIRE  NATURELLE 


388 

avancé , lamelleux  et  presque  horizontal  ; une  fissure 
étroite  la  divise  en  deux  lobes  dont  le  bord  est  plus  ou 
moins  échancré  au  milieu.  Les  orbites  ne  présentent  rien 
de  remarquable , et  ressemblent  à eelles  des  Crabes  et  des 
Zozymes;  les  bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  se 
prolongent  en  général  bien  moins  en  arrière  que  dans  les 
genres  précédons  , et  n’arrivent  ordinairement  qu’au  niveau 
dû  milieu  de  la  région  génitale , de  façon  que  la  portion  anté- 
rieure de  la  carapace  n’est  guères  plus  étendue  que  la  portion 
postérieure  ; les  bords  latéro-postérieurs  sont  presque  tou- 
jours longs,  droits,  et  dirigés  beaucoup  moins  oblique- 
ment en  dedans  que  dans  les  genres  précédons.  Les  fos- 
settes antennaires  sont  étroites,  transversales  et  séparées 
par  une  cloison  mince.  L’article  basilaire  des  antennes 
externes  est  placé  comme  chez  les  Zozymes  , mais  est  en 
général  plus  court.  Les  pâtes  - mâchoires  externes  ne 
présentent  rien  de  particulier.  Le  plastron  sternal  est 
ovalaire.  Les  pâtes  antérieures  sont  fortes  et  en  général 
inégales  chez  le  mâle;  les  pinces  sont  tantôt  pointues, 
tantôt  arrondies , mais  jamais  creusées  en  cuillère  comme 
chez  les  Zozymes;  de  même  que  dans  tous  les  genres  pré- 
cédens , elles  sont  noires  ou  brun  foncé.  Les  pâtes  suivantes 
sont  médiocres , plus  ou  moins  comprimées , et  terminées  par 
un  tarse  très-court  et  armé  d’un  petit  ongle  corné.  Uab- 
domen  présente  sept  segmens  chez  la  femelle  et  en  général 
cinq  chez  le  mâle. 

Ce  genre , assez  nombreux  en  espèces , est  répandu  dans 

toutes  les  mers , et  se  trouve  aussi  à l’état  fossile. 


DES  CRUSTACÉS,  889 

§ A.  Especes  dont  la  carapace  est  granuleuse  ou  tubercu- 
leuse en  dessus. 

a.  Pâtes  des  quatre  dernières  paires  ni  épineuses  ni 
dentées. 

a*.  Carapace  couverte  de  granulations  arron- 
dies et  isolées. 

1.  Xantde  très-poilu.  — X.  hirtissimus  (i). 

Carapace  granuleuse  et  très-fortement  bosselée  dans 
toute  son  étendue  (la  région  cordiale  et  la  portion  postérieure 
des  régions  branchiales  bosselées  et  sillonnées  comme  les  par- 
ties antérieures  de  la  carapace),  forme  générale  presque 
ovoïde  ( se  rapprochant  beaucoup  de  celle  du  Zozyme  tomeii- 
teux  ).  Bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  très -courbes 
et  divisés  en  quatre  lobes  obtus.  Bords  latéro-postérieurs 
très  - concaves.  Régions  ptérygostoiniennes  granuleuses  et 
creusées  de  petits  sillons  qui  se  continuent  avec  les  échan- 
crures des  bords  latéro-antériem-s.  Pâtes  médiocres  et  compri- 
mées. Corps  entièrement  couvert  de  petits  poils  raides.  Lon- 
gueur, environ  7 lignes. 

Habite  la  mer  Rouge.  (C.  M.  ) 

1.  Xahthe  a poiMTS  ROUGES.  — Z.  rufopujictatus.  [ 

Carapace  granuleuse  et  bosselée  partout,  comme  dans 
l’espèce  précédente , mais  beaucoup  moins  ovoïde;  sillons 
de  la  carapace  très-profonds,  très-larges  et  lisses;  bords  la- 
téro-antérieurs divisés  en  cinq  dents  grosses  et  arrondies  ; 
bords  latéro-postérieurs  presque  di'oits.  Réglons  ptérygosto- 
miennes  granuleuses , mais  sans  sdlons  notables  j pâtes  extrê- 
mement noduleuses  et  granuleuses.  Blanc  , avec  des  taches 
rouges.  Longueur,  près  d’un  pouce. 

Habite  l’Ile-de-France.  (C.  M.  ) 


(1)  Ruppell,  op.  cit.  p.  21,  PI,  fig.  8. 


HIST01K£  NATUHKliLE 


3c)o 

3.  Xahïue  piquant.  — X asper  (i). 

Carapace  granuleuse  et  bosselée  partout  (comme  dans 
les  espèces  precedentes  ) , mais  beaucoup  moins  large  ; ses 
bords  latéro-antérieurs  très-courts  et  divisés  en  quatre 
dents  hérissées  à leur  extrémité  d’une  série  et  épines 
acérées.  Pâtes  antérieures  comprimées  et  garnies  de  plusieurs 
rangées  de  tubercules  grimuleux;  les  suivantes  lisses.  Lon- 
gueur, 4 à 5 lignes. 

Habite  la  mer  Rouge. 


4.  Xanthe  setigeb,  — X.  setiger. 

Carapace  très- granuleuse  partout  et  fortement  bosselée 
en  avant , mais  sans  bosselures  ni  sillons  notables  sur  la 
région  cordiale  et  la  portion  correspondante  des  régions 
branchiales  ; moins  ovoïde  que  chez  le  X.  très-poilu.  Bords 
latéro-antérieurs  très-courbes  et  divisés  en  quatre  lobes  à peine 
distincts;  bords  latéro-postérieurs concaves  ; régions  ptérygosto- 
miemies  comme  dans  le  X.  très-poilu  ; pâtes  antérieures  assez 
grosses  et  très-granuleuses  ; pinces  pointues , tranchantes  et 
cannelées  en  dehors;  corps  couvert  de  poils.  Longueur,  en- 
viron 9 lignes. 

Habite  les  Antilles.  (G.  M.) 


5.  Xanthe  raboteux.  — X.  scaber  [i). 


Carapace  comme  dans  l’espece  précédente , mais  moins 
large,  étayant  ses  bords  latéro-postérieurs  droits.  Mains 
plus  grosses,  et  pinces  sans  cannelures  distinctes  ; du  reste  ne 
différant  qu’à  peine  du  X.  setiger.  Longueur,  environ  10 
lignes. 

Habite  les  îles  de  la  Sonde.  (GM.) 


(1)  Ruppell.  op.  cit.  PI.  5 , fig.  6. 

(2)  Cancer  scaber,  Fabr,  Suppb  p.  336. 


6.  Xanthe  de  Lamarck.  — -3^-  I^cimarckii. 


Carapace  presque  lisse  dans  sa  moitié  postérieure  , et 
un  peu  plus  large  que  dans  l’espèce  précédente.  Dents  latéro- 
antérieures  plus  pointues  ; mains  très-granuleuses  et  creusées  en 
dehors  de  deux  sillons  longitudinaux  très-profonds.  Longueur, 

4 lignes. 

Habite  l’Ile-de-France.  (C.  M.  ) 

Carapace  couverte  de  petits  tubercules  soudes  entre 
eux  par  doubles  rangées , et  ayant  l'aspect  ver- 
moulu, 

q.  Xauthe  vermoulu.  — iX.,  vermiculatus  (i). 

Carapace  à peine  bombée  , fortement  bosselée , et  présentant 
sur  chaque  bosselure  un  grand  nombre  de  tubercules  i-éunis 
entre  eux , de  manière  à former  des  ligues  élevées  et  découpées 
de  chaque  côté,  qui  s’unissent  à leur  tour  et  donnent  à la  ca- 
rapace l’aspect  d’une  substance  vermoulue.  Bords  latéro-anté- 
rieurs  divisés  en  quatre  lobes  à dents  triangulaires  dont  les 
bords  sont  dentelés  ; bords  latéro-postérleurs  concaves.  Le  front 
très-mcllné;  une  échancrure  étroite  et  profonde  vers  le  milieu 
du  bord  antérieur  du  troisième  article  des  pate.s-macboires  ex- 
ternes. Pâtes  comme  vcrmoidues  en  dessus  et  en  dehors  ; 
celles  de  la  première  paire  médiocres  et  arrondies  en  dessus  ; 
pinces  sdlonnées;  pâtes  des  quatre  dernières  paires  à bord 
supérieur  tranchant  et  poilu.  Longueur,  environ  deux  pou- 
ces. Couleur  blanchâtre. 

Habite?  (C.  M.  ) 


(i)  Cancer  vermiculatus.  Lamarck,  Hist.  des  An.  s.  vert-  t.  V, 

p.  uqi. 


392 


HIST  O I li  E NATURELLE 


a.a.  Pâtes  des  quatre  dernieres  paires  ni  épineuses  ni 
dentées.  [Carapace  tuberculeuse.) 

7.  Xanthe  de  Reynaud.  — X.  Reynaudii. 

Carapace  à régiotis  bien  distinctes  et  bosselées , tuber- 
culeuse dans  toute  son  etendue , peu  convexe , fortement 
tronque'e  en  arrière  et  couverte  de  tubercules  peu  saillans. 
Front  divise'  en  deux  lobes  sinueux  et  tronqués  ; bords  latéro- 
antérieurs  ne  dépassant  que  de  peu  le  niveau  de  la  région  sto- 
macale , et  armés  de  quatre  grosses  dents  triangulaires  et  tu- 
berculeuses ; bords  latéro-postérieurs  un  peu  concaves  et  très- 
longs  ; pâtes  antérieures  renflées  et  couvertes  en  dedans  comme 
en  dehors  do  gros  tubercules  ari'ondis  ; pinces  pointues  ; pâtes 
suivantes,  grêles,  assez  longues,  et  portant  sur  le  bord  supérieur 
de  leur  troisième  article  mie  série  de  six  à sept  grosses  dents. 
Face  inférieure  du  corps  granuleuse.  Longueur , environ 
3 pouces  et  demi  ; couleur  rouge  mêlé  de  jaune  et  de  blanc. 

Habite  l’océan  Indien.  ( G.  M.  ) 

8.  Xanthe  de  Péron.  — • X.  Peronii. 

Carapace  à régions  peu  distinctes , et  peu  ou  point  tu- 
berculeuse dans  sa  moitié  postérieure.  Forme  générale  à 
peu  près  de  même  que  dans  l’espèce  précédente.  Pâtes  anté- 
rieures grosses  et  couvertes  en  dehors  de  tubercules  pointus  ; 
celles  des  quatre  dernières  paires  hérissées  d’épines.  Longueur, 
environ  4 lignes. 

Habite  la  Nouvelle-Hollande.  (G.  M.  ) 


DES  crustacés. 


393 

S B.  Espèces  dont  la  carapace  n’est  couverte  7ii  de  granu- 
lations ni  de  tubercules. 

b.  Mains  et  pâtes  des  quatre  dernieres  paires  dé- 
pourvues  de  crête  tranchante  sur  leur  bord  su- 
périeur. 

b*.  Carapace  bosselée  dans  toute  son  étendue  et 

piquetée  (ses  bords  latéro-antérieurs fortement 

dentés). 

8.  Xanthe  imprimé.  — X.  impressus  (i). 

Carapace  à peine  bombée  et  couverte  de  bosselures  dont  la 
surface  est  inégale  et  piepetée  ; front  peu  incliné  et  divisé  en 
quatre  lobes  arrondis,  dont  les  deux  médians  sont  grands  et 
saillans,  et  les  deux  latéraux  très-petits.  Bords  latéro-antérieurs 
prenant  naissance  beaucoup  au-dessous  du  niveau  de  1 orbite , 
ne  se  prolongeant  pas  au  delà  du  niveau  du  milieu  de  la  région 
génitale , et  divisés  en  quatre  gros  lobes  arrondis.  Pâtes  anté- 
rieures courtes , gi'osses  et  piquetées  ; un  gros  tubercule  bilobe 
sur  le  bord  interne  du  carpe  ; «nains  ne  présentant  111  tiibercu  es 
ni  épines  ; pinces  pointues  et  arrondies  au  bout  ; pâtes  des  quatre 
dernières  paires  arrondies  en  dessus.  Longueur,  2 ou  3 pouces; 
couleur  jaune  lavé  de  rouge. 

Habite  rile-de-France.  ( G.  M.  ) 

Zi**.  Carapace  bosselée  antérieurement , mais  plane 
dans  sa  moitié  postérieure  (ses  bords  latéro-ante- 
rieurs  fortement  dentes  ). 

g.  Xanthe  livide.  — X.  lividus  (2). 

Face  supérieure  de  la  carapace  notablement  bombée  ,• 
bord  inférieur  du  hiatus  de  l’angle  interne  de  l’orbite  s’a- 


(1)  Cancer  impress  tes.  Lamk.  op.  cit-  t.  V,  p.  272. 

(2)  Cancer  liridus.  Lamk.  op,  cit.  t.  X,  p.  273. 


HISTOIRE  NATtRELLE 


3y4 

vançant  jusqu’au  niveau  du  quatrième  article  de  l'an- 
tenne externe.  Bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  divises 
en  quati’e  dents  ; pâtes  antérieures  médiocres  j main  arrondie 
en  dessus  ; bord  supérieur  des  pâtes  des  quatre  dernières  paires 
arrondi,  garai  d’un  gi-and nombre  de  petits  tubercules,  et  très- 
poilu.  Longueur,  environ  3 pouces;  couleur jaune-rougedtre. 

Habite  les  mers  de  l’Ue-de-France.  (G.  M.  ) 

lo.  Xanthe  floribe X.  floridus  (i). 

Face  supérieure  de  la  carapace  horizontale  transver- 
salement et  à peine  courbée  d avant  en  arrière  ^ bords  la- 
tero -antérieurs  armés  de  quatre  gros  tubercules  denti- 
f ormes  et  presque  triangulaires;  pinces  arrondies  et  ne 
présentant  aucune  trace  de  cannelures.  Carapace  large  et 
assez  fortement  bosselée  dans  toute  sa  moitié  antérieure  ; front 
légèrement  incliné,  peu  saillant  et  presque  droit;  bords  latéro- 
antérieurs  courbes , et  atteignant  presque  le  niveau  du  bord 
antérieur  de  la  région  eordiale.  Pâtes  antérieures  renflées  et 
très-grosses  : les  suivantes  courtes , arrondies  et  garnies  de 
poils  sur  le  bord  supérieur  de  leiu-  troisième  article.  Longueur, 
environ  a pouces  ; couleur  brun  rougeâtre , avec  les  pinces 
noires. 

Très-commun  sm-  nos  côtes.  (G.  M.) 

II.  Xanthe  hivuleux.  — X.  rivulosus  (2). 

Cette  espèce  est  extrêmement  voisine  de  la  précédente , mais 
s’en  distingue  en  ce  que  les  pinces  sont  cannelées  en  dessus 


(1)  Montagti,  Limi.  Trans.  t.  IX.  PI.  2 , tig.  11  Xantho  Jlorida. 
Leach.  Malac.  PI.  ii;  — üesm.  PI.  8,  flg.  2.  Nous  ne  voyons 
aucune  raison  valable  pour  distinguer  de  cette  espèce  le  Cancer 
paressa  d'Olivi  ( üool.  adriat-  Pi.  2 , fig.  3 : Xantho  paressa.  Leach , 
Desm.  p.  io5  ). 

(2)  Risso,  Crust.  de  Nice,  p.-i4i  Savigny,  Egyp.  Cr.  PI.  5, 
lig.  8.  C.  hyUrophilius.  PI.  21,  üg.  '124? 


DES  CttUSïACÉS.  395 

et  en  dehors  ; les  bosselures  de  la  carapace  sont  moins  élevées  ; 
le  front  est  plus  saillant  et  plus  horwoutal;  le»  bords  latéro- 
antérieurs  de  la  carapace  dépassent  à peine  le  niveau  do  la  partie 
postérieure  de  la  région  stomacale  , et  les  pâtes  des  quatre  der- 
nières paires  sont  garnies  de  poils  dans  toute  la  longueur  de 
leur  bord  supérieur.  Longueur,  1 è a pouces;  couleur  jaunâtre 
maculé  de  rouge,  et  avec  les  pinces  brunes. 

Habite  la  Méditerranée  et  nos  côtes  de  l’ouest.  (G.  M.  ) 

13,  Xaktiie  parvule.  — X.  parvulns  (i). 

Espèce  très-voisine  des  deux  précédentes  , mais  dont  les 
bords  latéro-anlérieurs  de  la  carapace  sont  minces  , tran- 
chans  et  dioisés  en  quatre  lobes  tronqués  et  dentif ormes  , 
et  dont  la  face  supérieure  de  la  carapace  est  simplement  ridee 
et  non  bosselée  en  avant.  La  main  du  côté  droit  est  beaucoup 
plus  large  que  l’autre,  et  on  remarque  à la  base  de  son  doigt 
mobile  une  dent  tuberculeuse  extrêmement  forte.  Longueur , 
4 lignes  ; couleur  brunâtre. 

Habite  les  Antilles  et  le  Brésil,  (G.  M.  ) 

i3.  Xanthe  pieds  velus.  — X.  hirtipes  (3). 

Espèce  très-variée  du  Xantbe  rivuleux , mais  ayant  la  ca- 
rapace un  peu  plus  bombée  , le  front  marqué  (tun  léger 
sillon  transversal , et  la  face  externe  des  mains  garnie 
de  plusieurs  rangées  de  petits  tubercules  perlés.  Longueur, 
environ  5 lignes. 

Habite  la  mer  Rouge.  (G.  M.) 


(1)  Caneer  parviUus.  Fabr,  Ent.  Syst.  t-  U,  p-  40* 

(2)  Cancer  hirtipes.  Latr.  Coll,  du  Mus.  - Savigny,  Egypte , PI.  6, 
tig.  if 


b*'**.  Carapace  sans  bosselures  notables,  même  à sa 
partie  antérieure. 

b Bords  latéro  - anterieurs  minces  et  proj^on- 
dément  découpés. 

• CRÉNELÉ.  — X,  crenatus. 

Carapace  très-élargie  et  lisse  ; front  divisé  en  deux  lobes  la- 
mellem  tres-larges , tronqués , et  à bords  presque  droits  ; bords 
latéro-antérieurs  divisés  en  trois  lobes  minces  et  presque  carrés, 
suivies  d une  quatiàeme  dent  triangulaire  j pâtes  antérieures 
tres-inégales  et  médiocres  ; pinces  un  peu  comprimées  et  cour- 
bées en  dedans  et  au  bas  ; pâtes  suivantes  à peu  près  comme 
dans  les  espèces  précédentes,  mais  plus  grêles.  Longueur, 

1 0 lignes. 

Habite  les  côtes  du  Pérou.  (C.  M.  ) 

Bords  latéro -antérieurs  épais  et  entiers,  ou  ne 
présentant  que  deux  ou  trois  tubercules  à peine 
saillans. 

i5.  Xanthe  de  Gaudichaud.  — X.  Gaudichaudii. 

Front  peu  avance,  très-étroit,  et  profondément  divisé 
en  quatre  lobes  arrondis  et  très-saillans . Forme  générale , 
très-semblable  à celle  du  Xanthe  floride,  Longueur,  environ 
2 pouces. 

Habite  le  Chili.  (C.  M.  ) 

, (J  i6.  Xanthe  ponctué.  — X.  punctatus. 

Front  peu  avancé  , large,  sinueux , divisé  obscurément 
en  quatre  lobes  arrondis  et  peu  saillans  j carapace  ovoïde, 
peu  large,  divisée  sur  la  région  hépatique  par  deux  sillons  qui 


DES  CRUSTACÉS.  397 

se  continuent  avec  des  échancrures  des  bords  latéro-antérieurs  ; 
mains  amples  et  lisses.  Longueur,  i pouce. 

Habite  l’Ile-de-France.  (G.  M.) 

1^.  Xanthe  plan.  — X. planas. 

Front  tres-avanck , droit,  horizontal , et  divisé  en  deux 
lobes  par  une  petite  fissure  médiane  ,•  carapace  plane  en 
dessus  sans  régions  distinctes;  bords  latéro-antérieurs  épais, 
obtus , très-courbes , se  prolongeant  jusqu’au  niveau  du  milieu 
de  la  région  génitale , et  présentant  en  arrière  deux  tubercules 
arrondis  dont  l’antérieur  à peme  distinct.  Pâtes  a peu  près 
comme  dans  le  X.  floride,  seulement  il  y existe  une  dent  à 
l’extrémité  du  bord  supérieur  du  troisième  article.  Longueur, 
I pouce  et  demi  ; couleur  jaunâtre.  ^ 

Habite  les  côtes  du  Chili.  (G.  M.) 

i8.  Xanthe  front  rond.  — X.  rotundifrons. 

Front  extrêmement  avancé  , semi-circulaire , sans  fis- 
sure médiane  et  inclinée  ; carapace  ovoïde , presque  plane  ; 
bords  latéro-aiilérleurs  épais,  obtus,  entiers,  tres-coiu"bes , et 
se  prolongeant  jusqu’au  niveau  de  la  région  coi'diale  ; pales 
comme  chez  le  X.  floride.  Longueur , environ  lo  lignes. 

Habite  ? ( G.  M.  ) 


bb.  Mains  et  pâtes  des  quatre  dernières  paires  garnies  en 
dessus  d’une  crête  longitudinale. 

ig.  Xanthe  incisé.  — X,  incisas.  ' 


Face  externe  des  mains  garnie  de  plusieurs  rangées 
horizontales  de  petits  tubercules;  carapace  très-large,  peu 
bombée , fortement  bosselée , et  présentant  sur  les  réglons  sto- 
macale et  hépatique  plusieurs  petites  crêtes  transversales  ; 
front  à peine  incliné  et  divisé  en  quatre  lobes  arrondis , dont 
les  deux  externes  très-petits  ; bords  latéro-antérieurs  de  la  ca- 


HISTOIRE  NATURELLE 


39^ 

rapace  divisés  en  quatre  dents , dont  les  deux  premières  arron- 
dies et  comprimées , et  les  deux  dernières  triangulaires  et 
carénées  en  dessus.  Pâtes  antérieures  granuleuses.  Longueur, 
environ  i ponce;  quelques  poils  sur  la  carapace  et  sur  les 
pâtes. 

Habile  l’Australasie.  (G.  M.) 


ao.  Xahthe  a huit  dints.  — X.  octodentatus  (1). 


Face  externe  des  mains  ne  présentant  pas  de  petits  tu- 
bercules disposés  par  rangées  horizontales  ; bords  latéro- 
antérieurs  de  la  carapace  armés  de  dents  très -fortes  et 
séparées  entre  elles  par  des  échancrures  très-profondes  ; 
carapace  légèrement  bombée , assez  fortement  bosselée  près  du 
bord  antérieur  et  lisse  dans  sa  partie  postérieure  ; front  à peine 
saillant  et  divisé  en  deux  lobes  ; pâtes  antérieures  médiocres  ; 
carpe  garni  en  dedans  de  deux  gros  tubercules  ; pinces  légère- 


ment cannelées  ; pâtes  suivantes  très.comprbnées  et  bordées  de 
poils.  Longueur,  a pouces  et  demi. 

Habite  (G.  M.  ) 


21.  Xantbe  rayonné.  — X.  radiatus  (2). 

Face  externe  de  la  main  granuleuse , mais  ne  présen- 
tant pas  de  rangées  de  tubercules  ; bords  latéro-antérieurs 
de  la  carapace  comme  festonnés,  armés  de  trois  ou  quatre 
petites  dents  pointues  réunies  entre  elles  par  une  crête 
mince  ; face  supérieure  de  la  carapace  presque  plane , lisse , à 
régions  assez  distinctes  et  légèrement  bosselée  en  avant  ; ses 
bords  latéro-postérieurs  droits  ; front  presque  droit  divisé  par 


(i)  C.  marhms  lœvis,  Rumph.  PI,  5,  fig  — C.  Jloriâus  ? Lati'. 
Encyc.  PI.  283,  fîg.  a.  ( JVÏiil  copiée  d'après  Rumpli. )t^’nKcer 
Goérin , Icon.Cr.,Pl.  3,  fig-  i- 

fa)  C.  clodone'i  Herhst , t.  HI,  p.  37,  Pi.  Sa,  fig.  5.  * 


DES  CRUSTACÉS.  .^99 

une  fissure  médiane  à peine  visible  ; pâtes  antérieures  assez 
grosses  ; carpe  armé  en  dedans  de  deux  tubercules  pointus  ; 
main  bordée  en  dessous  comme  en  dessus  d une  crete  tran* 
chante  ; pales  suivantes  très-comprimées.  Longueur , environ 
4 lignes. 

Habite  l’Ile-de-France.  (G.  M.) 


Plusieurs  Crustacés,  qui  ne  nous  sont  connus  cpie  d après 
les  figures  que  Herbst  en  a donné,  et  qui  nous  paraissent  dis- 
tincts des  précédons,  devront  probablement  prendre  également 
place  dans  le  genre  Xanthe.  De  ce  nombre  sont  : 

Le  G.  ACASTE  ( PI.  54 , fig.  4)  > 1®  carapace  paraît  être 

lisse  et  les  mains  armées  en  dessus  d’une  crete  tranchante. 

Le  G.  CLYMÈNE  (PI.  53  , fig.  6) , qui  ressemble  beaucoup  an 
Xanthe  rivuleux. 

Le  G.  MÉTIS  (PI.  54,  fig-  3),  dont  la  carapace,  fortement 
bosselée  en  avant , est  beaucoup  plus  étroite  et  le  front  plus 
avance  que  chez  les  autres  Xanthes. 

Le  Cancer  mErcenaria  , décrit  parM.  Say  {Journ.  of  the 
Acad,  of  Philad. , t.  I , p.  448  ) , paraît  être  aussi  un  Xante. 
Le  front  de  ce  Cancérien  est  divisé  par  une  fissuie  médiocre  et 
légèrement  sinueuse  ; les  bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace 
sont  divisés  par  des  sinus  en  quatre  dents  obtuses,  réticulées  au 
bout  et  à peine  saillantes  ; enfin , ses  pâtes  sont  très-poilues. 
On  l’emploie  comme  aliment  à Charlestown. 

VI.  Genre  CHLOHODE,  — - Chlocodius  (i). 

Les  Crustacés  dont  nous  formons  ce  groupe  ont  une 
très-grande  analogie  avec  les  Xanthes  ; mais  ils  ont  la  c<a- 


(I)  Cnacer For.skSl , Herbst.  etc.  Chlororliiis.  Tipach. — Ruppelî, 
np.  cit  p.  30. 


HISTOIRE  NATURELEE 


4oo 

rapace  en  général  moins  large,  et  ce  qui  les  distingue  sur- 
tout ,‘c’estla  disposition  de  leurs  pinces  , dont  l’extrémité  est 
élargie  et  profondément  creusée  en  cuillère. 


§ A.  Especes  dont  la  carapace  est  tres-bosselée. 
a.  Carapace  peu  ou  point  granuleuse. 


'O 


I.  Ghlorode  ONGULÉE.  — C.  uugulatus  (l). 

(PI.  i6,  fîg.  6-8.) 


Carapace  à peine  bombée,  fortement  bosselée  dans  toute 
son  étendue , et  peu  élargie  ; front  divisé  en  quatre  lobules , 
mais  cependant  presque  droit  et  assez  large  j bords  latéro-anté- 
rieurs  armés  de  cmq  dents  triangulaires  et  très-épaisses  ; pâtes 
antérieures  très-longues , leur  troisième  article  dépassant  les 
bords  de  la  carapace  dans  plus  de  la  moitié  de  leur  étendue; 
mains  très-fortes , inégales  et  couvertes  de  tubercules  arron- 
dis; pâtes  suivantes  épineuses  et  poilues . Longueur , environ 
I o lignes  ; couleur  brun-rouge  , avec  les  pinces  noires  et  bor- 
dées de  blanc. 

Habite  l’Australasie.  ( C.  M.  ) 


a.a.  Carapace  granuleuse. 


3.  Cblorode  aréole.  — C.  areolatus. 


^ Carapace  fortement  bosselée  et  perlée  ; front  large  et  divisé 
en  quatre  lobes  bien  distincts  ; bords  latéro-antéi-ieurs  courts , 
presque  droits  et  divisés  en  quatre  dents  triangulaires  ; hiatus 
de  l’angle  orbitaire  interne , étroit  et  pouvant  à peine  loger  la 
tige  mobile  de  l’antenne  externe.  Pâtes  antérieures  granuleuses  ; 
les  suivantes , ainsi  que  la  face  inférieure  du  corps , presque 
lisses.  Longueur , environ  4bgnes. 

Habite  la  Nouvelle-Hollande.  (G.  M.) 


(i)  Dans  la  planche  i6,  où  ce  Crustacé  est  figuré,  le  numéro 
qui  s’y  rapporte,  ainsi  que  celui  du  Carpilie  convexe,  ont  été  jiar 
erreur  désignés  comme  appartenant  au  genre  Crabe. 


SES  CF,  WSTACKS. 


4<>  I 

§ B.  ÆJ^pèces  ayant  la  carapace  peu  bosselée  , si  ce  n’est 
tout-à-fait  PII  avant , et  les  mains  dépourvues  de  tu- 
hercules. 

3.  CttLoaODE  LOifGiMAH^E.  — C.  loiigimanus. 

Troisième  article  des  pales  des  quatre  dernières  paires 
armé  d'épines  sur  le  bord  supérieur  ; carapace  aplatie,  un 
peu  bosselée  en  avant , unie  à sa  partie  postérieure  et  à régions 
peu  marquées;  front  très-large,  presque  horizontal,  épais, 
creusé  en  avant  d’un  sillon  transversal  et  divisé  en  deux  lobes 
tronqués;  bords  latéro-antcrieurs  à peine  courbés,  ne  dépas- 
sant pas  le  niveau  du  milieu  de  la  région  génitale  , et  divisés  en 
cinq  dents  pointues,  dont  la  première  constitue  l’angle  orbitaire 
externe  Une  échancrure  arrondie  au  milieu  du  bord  anterieur 
du  troisième  article  des  pates-mâcboires  externes.  Pâtes  anté- 
rieures {du  mâle)  grêles  et  exirêmement  longues;  leur  troi- 
sième article  plus  long  que  la  carapace , et  armé  sur  le  bord 
antérieur  de  quatre  épines  mousses;  une  épine  sur  le  car|ie; 
mains  très-longues  et  s’élargissant  vers  le  bout  ; pâtes  suivantes 
courtes,  arrondies  et  couvertes  de  poils  dans  leur  moitié  ex- 
terne. Longueur  , environ  6 lignes. 

Habite  les  côtes  de  Portorico.  ( C.  M.  ) 

4.  Chloeode  HAiN.  — C.  niger  (1). 

Troisième  article  des  pâtes  des  quatre  dernières  paires 
non  épineux;  pâtes  antérieures  très -longues , leur  troi- 
sième article  dépassant  de  beaucoup  les  bords  de  la  cara- 
pace ; carapace  presque  plane  en  dessus,  à régions  peu  distinctes  ; 
front  très-large  et  presque  droit  ; bords  latéro-autérieurs  armés 
de  quatre  dents , à peuie  eourbés , et  se  dirigeant  presque  di- 


(I)  loger.  Forsk.  op.  cit.  p.  89;  Chhrodins  niger.  Kuppell, 

op.  cit.  p.  20,  pi.  4i  %■  7- 

«RrST.ACÉS  , TOME  I. 


î>,6 


/fo'j  lIlSTOrRi;  NATÜliELtE 

rectement  en  arrière  , le  grand  diamètre  latéral  de  la  carapace 
n’étant  guères  plus  long  quele  bord  fronto-orbitaire.  Pâtes  lisses. 
Longueur,  environ  4 lignes  ; couleur  de  la  carapace,  noirâtre; 
pinces  noires  avec  une  bordur  e blanche  à leur  extrémité. 

Habite  la  mer  Rouge. 

5.  Chlobode  laboubée.  — C.  exaratus. 

Troisième  article  des  pâtes  non  épineux  ; celles  de  la 
première  paire  courtes , leur  troisième  article  dépassant  à 
peine  les  bords  de  la  carapace  ; carapace  à peine  bombée 
et  tr'es-inégale  dans  sa  moitié  antérieure  bords  latéro- 
antérieurs  armés  de  quatre  dents  triangulaires , courbes 
et  obliques  ; front  étroit  et  formé  de  deux  lobes  mbices  et  tron- 
qués , le  bord  fronto-orbitaire  n’occupant  qu’environ  la  moitié 
du  diamètre  transversal  de  la  carapace,  Pales  courtes  j celles  de 
la  première  paire  grosses  , renflées  et  lisses.  Longueur,  environ 
6 lignes  ; couleur  jamie  rougeâtre,  avec  les  pinces  noires. 

Habite  les  cotes  de  l’Inde.  (C.  M.  ) 

6.  Cni.ORODE  SANGUINE,  — C.  satiguitieus. 

Mêmes  caractères  que  pour  l’espèce  précédente , si  ce  n’est 
que  les  bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  sont  armés 
de  six  ou  sept  dents.  Longueur,  environ  4 lignes;  couleur 
blanchâtre  mêlée  de  rouge . 

Habite  les  mers  de  l’Ile-de-France.  (C.  M.) 

y,  Chuopode  ecdore.  — C.  eudorus  (i). 

Ne  diffère  guères  de  l’espèce  pi'écédente  que  par  des  bosse- 
lures plus  élevées  et  plus  nombreuses , et  par  la  forme  du  front , 
dont  les  lobes  moyens  sont  étroits  et  profondément  échancrés  , 
de  façon  à présenter  chacun  deux  petites  dents  arrondies. 

Habite  la  Nouvelle-Zélande,  (C.  M.  ) 


(i)  ('aitccy  eiutorn.  lîerli,  t.  III,  PI.  5l,  lig.  3. 


nl;s  C fi  t:  STACJ-S. 


4o3 


,« 


VII.  Geivke  PxVNOPÉ.  — Panopeiis  (il. 

Dans  ce  petit  groupe  , qui  semble  concluu’e  vers  le  genre 
Carcin  , la  carapace  est  bien  moins  ovalaire,  même  que 
clans  les  genres  Xanthe  et  Chlorocle  ; les  bords  latéro-anté- 
rienrs  sont  minces,  dentelés,  peu  courbés,  et  ne  se  prolon- 
gent que  peu  en  arrière  ; les  bords  latéro-postérieurs  sont 
au  contraire  très-longs  et  forment  avec  le  bord  postérieur 
un  angle  presque  choit.  Ces  Cancériens  se  distinguent  aussi 
de  tous  les  précédens , par  l’existence  d’un  hiatus  au  boi'd 
inférieur  de  l’orbite , au-dessous  de  l’angle  extei'ne  de  cette 
cavité.  Du  reste , les  Panopés  ressemblent  Iteaucoup  aux 
Xanthes. 

Ges  Crustacés  appartiennent  à l’Amérique. 

§ A.  Bord  latéro- antérieur  de  la  carapace  atteignant  le 
niveau  du  bord  antérieur  de  la  région  génitale. 

i.  Panopé  de  Hekbst.  — P.  [Terbstii  (2). 

Carapace  à peine  bombée  et  légèrement  bosselée  en  avant; 
front  comme  dans  le  Xanthe  rivuleux.  Une  petite  dent  à l’angle 
orbitaire  externe  au-dessus  de  l’hiatus  ; bords  latéro-antérieurs 
armés  en  outre  de  quatre  dents  triangulaires,  comprimés  et 
saillans  ; un  petit  tubercule  au-dessous  delà  base  delà  première. 
Pâtes  antérieures  grosses  et  renflées;  un  petit  tubercule  pointu 
au  bord  interne  du  carpe  ; pinces  courtes  , fortes  et  arrondies  ; 
pâtes  suivantes  assez  minces,  lisses,  et  de  longueur  médiocre; 
enfui  le  second  segment  de  l’abdomen  du  mâle  à peu  près 
de  même  longueur  que  les  deux  segmens  qui  1 avoisinent.  Lon- 


(1)  Cancer.  Herbst.  Say. 

(2)  Cancer  panope.  Herb.  PI,  54,  fig-  ^ ' — Say.  loc,  cit.  Pl.  4 , 
fig.  3. 

26. 


HISTOIRE  WATÜRELEK 


4o4 

gueur,  environ  ■>,  pouces  ; couleur  jaunâtre  mêlée  de  vert , avec 
les  pinces  noires. 

Habite  les  côtes  de  l’Amérique  septentrionale.  (C.  Î\I.  ) 

§ B.  Bords  latér O- antérieurs  de  la  carapace  ne  dépassant 
gu'eres  le  niveau  du  milieu  de  la  région  stomacale. 

2.  Panope  vaseux.  — P.  limosus  (i). 

Cette  espèce  est  très-voisine  de  la  précédente , mais  sa  eara- 
pace  est  beaucoup  plus  large , et  ses  bords  latéro  antérleurs 
sont  dirigés  moins  obliquement  en  arrière.  Enfin , l’épine  placée 
sur  la  région  ptérjgostoinienue  est  rudimentaire , et  chez  le  mâle 
le  deuxième  segment  de  l’abdomen  est  beaucoup  moins  long 
que  les  deux  seginens  qui  l’avoisinent , et  ses  bords  latéraux 
sont  droits-  Longueur,  environ  2 pouces. 

Habite  les  côtes  de  l’Amérique  septentrionale.  (C.  M.  ) 


Le  Cancer  trispinosus  de  Herbst  (PI.  S’],  fig.  4)  "le  paraît 
devoir  être  rapporté  à cette  division  générique. 

Le  Cancer  ochtodes  du  même  auteur  (PI.  8,  lig.  54) 
pourrait  bien  y appartenir  aussi. 

VIII.  Genre  OZIE.  — Ozius. 

Ces  Cancériens  ont , de  même  que  les  précêdens , les 
plus  grands  rapports  avec  les  Xanthes  ; en  général , cepen- 
dant, leur  carapace  est  moins  large  et  les  bords  latéro-an- 
téi’ieurs  moins  courbes,  ne  se  prolongent  pas  aussi  loin  en 
arrière,  et  n’attaquent  que  le  niveau  du  milieu  de  la  ré- 
gion gc'nitale  ; la  carapace  n’est  bosselée  qu’à  sa  partie  an- 
térieure, et  ses  bords  latéro- postérieurs  sont  ordinairement 


(i)  Cancer  limosa.  Say.  loc.  cit.  p.  ^/|6. 


BES  CRUSTACES. 


4o5 

un  peu  convexes  ; mais  ce  qui  caractérisé  surtout  les  Ozies , 
est  la  disposition  de  l’espace  compris  enlre  le  bord  antérieur 
du  cadre  buccal  et  la  bouche  elle-même  ; dans  tous  les  Can- 
cérieus  dont  nous  nous  sommes  occupés  jusqii’ici , cette 
espece  pré!  abiiile  est  lisse  (Pi.  i6  , lig-  lo),  et  le  canal 
elFérent  de  la  cavité  branchiale  ne  s’y  distingue  pas , tandis 
que  chez  les  Ozies  il  existe  de  chaque  côté  de  l’espace  pré- 
labiale , une  gouttière  profonde  qui  fait  suite  à ce  canal , et 
dont  le  bord  interne  est  très-saillant,  et  vient  se  réunir  au 
bord  antérieur  du  cadre  buccal.  ( oj'e-z  PI.  i6  , flg.  ni) 
La  disposition  des  antennes . des  orbites , des  pates-mâ- 
choires  et  des  pâtes  , est  à peu  près  la  même  que  chez  les 
Xanthes.  Enfin,  dans  l’abdomen  du  mâle  ainsi  que  dans  celui 
de  la  femelle,  les  sept  anneaux  restent  parfaitement  dis- 
tincts et  nese  soudentpas  entre  eux,  comme  cela  a lieu  pour 
trois  de  ces  segmens  chez  la  plupart  des  Cancériens  déjà 
décri  t-s. 

§ A.  Especes  ayant  les  bords  latéro-antérieurs  de  la  cara- 
pace armés  de  cinq  ou  six  dents  aiguës. 

I.  OzlE  TUUEKCULEüX.  O.  tubcrCulosUS . 

Carapace  peu  convexe , bosselée  et  granuleuse  à sa  partie 
antérieure  ; front  armé  de  cjuatre  dents  arrondies  ; orbites  diri- 
gées très-obliquement  eu  haut;  bords  latéro-antérieurs  de  la 
carapace  ne  dépassant  pas  le  niveau  du  milieu  de  la  région 
génitale;  bords  latéro-postérieurs  convexes;  article  basilaii  e des 
antennes  externes  très-oblique  ; leur  tige  mobile  rudimentaire  , 
et  l’hiatus  qui  la  renferme  très-étroit.  Régions  pterygosto- 
miennes  granuleuses  ; troisième  article  des  patc.s  • mâchoires 
externes  échancré  a son  bord  antérieur.  Pâtes  antérieures  trè.s- 
fortes,  renflées  et  granuleuses;  les  suivantes  courtes,  cylin- 
driques et  légèrement  granulées.  Longueur,  environ  i pouces  ; 
coideur  brunâtre. 

Paraît  habiter  l’océan  Indien.  (C.  M-  ) 


4o6 


H I s T O 1 K E N A T U R £ E L E 


5 B.  Especes  ayant  les  bords  latéro-antérieurs  de  la  cara- 
pace divisés  en  quatre  ou  cinq  lobes  plus  ou  moins 
dcntif ormes , mais  toujours  larges  et  obtus, 
b.  Front  ne  présentant  pus  eu  avant  un  sillon  trans- 
versal. 

b*.  Front  presque  droit , légèrement  sinueux. 

a.  OziE  TRONQUÉ. — O.  truncatus. 

Carapace  peu  élargie,  presque  plane  en  dessus,  et  légère- 
ment bossele'e  en  avant;  front  très-large;  orbites  sans  fissures 
distinctes  ; bords  latéro-antérieurs  courts.  Régions  ptérygosto- 
miennes  , antennes  externes,  et  pates-mâchoires  externes  à 
peu  près  comme  dans  l’espèce  précédente  (PI.  i é,  fig-  > > ) j 
pâtes  moins  fortes.  Longueur,  un  pouce  et  demi  ; couleur  bru- 
nâtre. 

Habite  l’Australasie.  (C.  M.  ) 

b'*.  Front  armé  de  quatre  tubercules  arrondis  {les 
angles  internes  du  bord  orbitaire  supérieur  non 
compris.  ) 

3.  OziE  MOUCHETÉ.  — O.  guttatus. 

Carapace  ovalaire , à peine  bombée , lisse  en  dessus  ; front 
presque  droit  ; orbites  avec  une  tissure  en  dessus  et  une  petite 
dent  à l’angle  externe  ; bords  latéro-antérieurs  à peine  décou- 
pés; du  Teste,  à peu  près  comme  les  espèces  précédentes.  Lon- 
gueur, 2 pouces  ; couleur  jaunâtre  piquetée  de  rouge. 

Habite  la  Nouvelle-Hollande.  ( C.  M.  ) 

bb.  Front  creusé  en  avant  d’un  sillon  transversal. 

54-  OziE  FRONTAL O.  froutalis. 

Carapace  ovalaire , très-élargie  , presque  entièrement  plane 
en  dessus , un  peu  rugueuse  à sa  partie  antérieure  ; front 


Di:s  ckxjstacés.  4‘^'“ 

cannelé  et  obscurément  divisé  en  quatre  dents.  Orbites  sans 
dent  à l’angle  externe;  bords  latéro-anlérieurs  longs,  très- 
courbes,  et  divisés  en  quatre  lobes  fort  larges,  tronqués  et  à 
peine  saillaiis.  Article  basilaire  des  antennes  externes  droit  et 
très-petit;  point  d’échancrure  au  bord  antérieur  du  troisième 
article  des  pates-màchoires  externes.  Pâtes  antérieures  tres- 
inégales,  fortes  et  lisses;  les  suivantes  petites  et  arrondies. 
Longueur,  environ  un  pouce;  couleur  brun  jaunâtre , avec  les 
pinces  d’un  brun  noirâtre. 

Habite  la  côte  de  Tranquebar.  ; (j.  M.  ) 

IX.  GEmiEPSEUDOCARCm.  — Pseiidocarcinus  (i;. 

La  forme  générale  des  Pseudocarcins  est  la  môme  que 
celle  de  plusieurs  Xanthes  ; la  carapace  (PI.  bis,  fig.  lo) 
est  légèrement  bombée  et  un  peu  bosselée  près  i\n  front  qui 
est  presque  horizontal  ; les  bords  latéro-anterietirs  sont  mé- 
diocrement courbés  et  armés  de  dents  plus  ou  moins  saillantes  ; 
enfin  la  portion  postérieure  de  la  carapace  est  à peu  près  de 
même  étendue  que  l’antérieure  , et  ses  bords  latéraux  sont 
droits  et  dirigés  très-obliquement  en  arrière.  La  pi  incipale 
différence  qui  distingue  ces  Crustacés  des  genres  precedens  , 
consiste  dans  la  disposition  des  antennes  externes  ( ooyez 
PI.  i6  , fig.  12  ) , dont  l’article  basilaire  est  très-petit,  dont 
le  second” article  atteint  à peine  le  front , et  dont  le  troi- 
sième , qui  est  logé  dans  l’hiatus  orbitaire , ne  le  remplit  pas  , 
de  sorte  que  la  fossette  anteniiaire  n’est  pas  complète- 
ment séparée  de  Y orbite;  enfin  la  tige  terminale  de  ces  ap- 
pendices, au  lieu  d’être  très-courte  , est  plus  de  deux  fois 
aussi  longue  que  .son  pédoncule.  L’espace  prélabial  n’est 
pas  canaliculé  comme  chez  les  Ozies,  et  les  pâtes -mâ- 
choires externes  ne  présentent  rien  de  particulier.  Les 
pâtes  de  la  première  paire  sont  remarquables  par  leur  gros- 
seur , chez  le  mâle  surtout;  elles  ont  à peu  près  la  meme 


.(1)  CaiLcer.  Fabr.  — Herbst,  — Lamarck.  etc 


UISÏ01HJÏ  NATURELLE 

forme  que  chez  les  Carpilies , mais  sont  encore  plus  fortes  ; 
les  pinces  sont  également  arrondies  et  obtuses  au  bout , 
inégales  et  armées  de  gros  tubercules  arrondis,  lesquels,  d’un 
coté  (en  général  le  droit  ) , ne  sont  qu’en  très-petit  nombre 
et  d’un  volume  remarquable;  les  pâtes  suivantes  sont 
assez  longues  et  ressemblent  beaucoup  à celles  des  Xanthes 
de  la  section  A . si  ce  n est  qu'elles  sont  p'us  étroites  , 
et  que  leur  dei  uier  ai'ticle  est  plus  long.  L’abdomen  du  mâle 
est  divisé  en  sept  articles  bien  distincts.  { Foyez  PI.  i4, 
fig.  i3. ) 

Ce  genre  appartient  à l’Océan  indien. 


A.  Lspeces  ayant  les  bonis  latéraux  de  la  carapace 
armés  de  quatre  ou  cinq  dents. 

a.  l'ace  supérieure  de  la  carapace  bosselée  antérieur 
renient» 

I.  PsEUDOCARCIN  DE  RuMPH.  P.  RumpllÜ  {l). 

Bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  armés  de  quatre 
dents  triangulaires  profondément  découpées  ( l’angle  orbi- 
taire externe  non  compris);  face  supérieure  de  la  carapace  lé- 
gèrement bosselée , presque  entièrement  lisse,  à régions  peu 
distinctes , et  présentant  près  du  front  quatre  tubercules  raa- 
millaires.  Front  profondément  divisé  en  deux  dents  arrondies 
et  saillantes,  en  dehors  desquelles  on  remarque  de  chaque 
côté  deux  petits  tubercules  ; orbites  marquées  d’une  fissure  au 
bord  supérieur  et  présentant  deux  tubercules  arrondis  à leur 
angle  externe.  Pâtes  auterieures  extrêmement  grosses,  ren- 
flées et  lisses  ; le  hias  court,  le  carpe  très-développé  et  pres- 
que globuleux  ; enfin  la  main  ayant  à peu  près  la  longueur 
du  diamètre  transversal  de  la  carapace  ; les  pâtes  suivantes  de 


(0  Cance,  Rumphii.  Fabr.  Suppl,  p.  335  ; _ Herb.  t.  III,  PI.  49, 


des  crustacés.  4og 

longueur  médiocre , arrondies  et  poilues  vers  le  bout.  Lon- 
gueur, 2 à 3 ])ouces. 

Habite  la  mer  des  Indes.. (G.  M. ) 

2.  PsEUuocARüiw  DE  Bellahgek.  — P-  PellangerU. 

Bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  armés  de  quatre 
dents  à peine  découpées  et  ayant  la  forme  de  lobes  tron- 
qués (PI  14  bis,  lig.  10).  Les  tubercules  de  l’angle  orbi- 
taire externe  sont  moins  gros  et  moins  saillans  que  dans  l’espece 
précédente,  et  la  tige  terminale  des  antennes  externes  est  plus 
longue;  du  reste , ses  caractères  sont  les  mêmes.  Longueur, 

2 pouces;  couleur  de  la  cara^iace , brunâtre  mêlée  de  jaune; 
pâtes  jaunâtres  et  pinces  noires. 

Habite  la  mer  des  Indes.  (G.  M.  ) 

aa.  Carapace  lisse , sans  bosselures  notables  à sa  partie 
antérieure. 

3.  PsEUDOGARCIN  OCELLÉ.  P . OCellatUS. 

Gette  espèce  est  très-voisine  du  P.  de  Rumph  , mais  le 
front  est  plus  saillant  et  divisé  en  deux  lobes  tronqués  assex 
larges  ; la  disposition  des  bords  latéi'O-antérieius  de  la  cara- 
pace est  la  même  que  dans  le  P.  do  Bcllanger.  Longueur,  en- 
viron 3 pouces  ; couleur  de  la  carapace  , jaunâtre , avec  une 
multitude  do  tacbes  circulaires  rouges  ; pinces  noires  ; pâtes 
dos  quatre  dernières  paires  ornées  de  bander  rouges  et  jaunes. 

Patrie  Inconnue.  ( G.  M.  ) 

§ B.  Especes  ayant  les  bords  latéro-antérieurs  de  la  ca- 
rapace ai’inés  de  neuf  ou  dix  dents  spiniformes. 

4.  PsEUDOCAKCIK  GÉANT.  P-  (0' 

Carapace  légèrement  bombée  et  renflée  sur  les  cotés  ; front 


(1)  Cancer  gigas,  Lamk,  Hist  des  An-  sans  vert.  t.  V,  p*  3^2. 


HISTOIRE  .lATUREELE 


4lO 

armé  de  quatre  grosses  dents  pointues , près  de  la  base  des- 
quelles on  distingue  sur  la  région  stomacale  autant  de  tuber- 
cules arrondis  ; bords  latéro-autérleurs  obscurément  divisés  en 
quatre  lobes , armés  chacun  de  deux  ou  ti-ois  dents  spini- 
formes;  orbites  divisées  par  quatre  fissures  comme  chez  les 
Xanthes  ; pâtes  antérieures  très  - grosses  ; bord  postérieur 
du  bras  épineux  ; carpe  armé  en  dedans  de  deux  dents  ; 
mains  comme  dans  les  espèces  précédentes  ; pâtes  des  cpatre 
dernières  paires  arrondies,  armées  d’épines  sur  le  Lord  supé- 
rieur du  troisième  article , et  recouvertes  d’un  duvet  épais  sur 
les  articles  suivans.  Longueur,  environ  j pommes  ; couleur 
jaunafre  marbrée  de  rouge  ; pinces  noires. 

Habite  les  mers  de  la  Nouvelle-Hollande.  ( G.  M.  ) 

X.  Genre  ÉTISE.  — Etisus  (i). 

Ce  petit  groupe  établit  le  passage  entre  les  Xanthes  et 
les  Platycarcips.  La  carapace  des  Etiscs  est  moins  ovalaire  et 
moins  large  que  chez  la  plupart  des  Cancériens  arqués.  Le 
front  est  large , lamelleux  et  divisé  sur  la  ligne  médiane 
par  une  fissure  comme  chez  les  Xanthes  ; mais  les  deux 
lobes  , larges  et  tronqués  , qui  en  forment  la  partie  princi- 
pale , sont  séparés  par  une  échancrure  profonde  de  l’angle 
antérieur  et  supérieur  de  l’orbite  , qui  est  arrondi  et  sail- 
lant ; les  bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  sont  for- 
tement dentés.  Les  antennes  internes  se  rcploient  presque 
longitudinalement , et  l’article  basilaire  des  antennes  ex- 
ternes qui  est  très-grand , se  réunit  au  front , et  présente  du 
côté  externe  un  prolongement  qui  remplit  l’hiatus  de  l’angle 
orbitaire  interne  ; enfin  la  tige  mobile  de  ces  antennes,  qui  est 
très-courte,  s’insère  complètement  hors  de  ce  hiatus,  au-des- 
sous du  front  et  plus  près  de  la  fossette  antennaire  que  de 
l’oi’bite.  Les  pâtes- mâchoires  externes  ne  présentent  rien  de 


(l)  Cancer.  Herbst. 


DKS  eut  STAGES. 


4'  ' 

remarquable  ; les  pâtes  de  la  première  paire  sont  assez 
grosses  , et  les  pinces  , très-éiargies  au  bout  et  arrondies  , 
sont  profondément  creusées  en  cuillère. 


A.  Carapace  à peine  bosselée  en  dessus. 
3.  Etise  denté.  — dentaliis  (i). 


Carapace  bombée  et  à régions  distinctes  ; front  avancé  et 
formé  de  deux  grands  lobes  aplatis  et  tronqués , en  dehors  des- 
quels est  un  gros  tubercule  arrondi  qui  occupe  l’angle  orbitaire 
interne.  Orbites  armées  de  (|unLi-o  dents,  savoir  : une  en  dessus, 
une  à l’angle  externe  et  deux  en  dessous.  Bords  latéro-antérieui  s 
assez  fortement  courbés  , atteignant  le  niveau  de  la  région  cor- 
diale, et  obscurément  divisés  eu  quatre  lobes  garnis  chacmi 
d’une  forte  dent  arrondie  et  recourbée  en  avant;  les  deux 
lobes  moyens  présentent  en  outre  doux  ou  trois  dents  plus  pe- 
tites , de  façon  que  leur  nombre  total  est  au  moins  de  huit  de 
chaque  côté.  Fossettes  antennaires  plus  larges  que  longues; 
article  basilaire  des  antennes  externes  n’envoyant  qu’un  prolon- 
gement très-étroit  dans  l’iiiatus  orbitaire  ; pâtes  antérieures  mé- 
diocres ; mains  un  peu  comprimées  ; pâtes  des  quatre  dernières 
paires  hérissées  en  dessus  d’épines.  Longueiu-,  3 ou  4 pouces; 
couleur  rougeâtre. 

Habite  l’archipel  Indien.  ( C.  M.) 

B.  Carapace  couverte  de  bosselures  séparées  entré  elles 
par  des  sillons  profonds. 

\ I 

4.  Etise  bosselé.  — E.  anaglyptus. 

Carapace  à peine  bombée  et  n’étant  pas  une  fois  et  demie 
aussi  large  que  longue  ; front  et  orbites  à peu  près  comme  dans 
l’espèce  précédente  ; bords  latéro-antérieurs  peu  courbes  , à peu 


.;i)  Cancer  dentatus.  Herb.  t.  I,  p.  186,  PI-  11  > hg.  66. 


4'^  UISÏOIBE  NATURELLE 

près  de  meme  longueur  que  les  latéro-postérîeurs , et  armés  de 
quatre  grosses  dents  triangidaires  et  saillantes  (l’angle  orbitaire 
externe  non  compris  ).  Antennes  comme  dans  TE.  denté  ; pâtes 
antérieures  fortes  et  garnies  de  tubercules  j celles  des  quatre 
dernières  paires  comme  chez  1 E.  denté  , seulement  garnies  de 
jdus  de  poils.  Longueur,  environ  un  pouce  et  demi;  couleur 
blanchâtre  ? 

Habite  FAustralasie.  (G.  M. ) 


Le  Crustacé  ligure  par  M.  Savigny  ( Egypte,  PL  5 , fig.  7 ) , 
et  rapporté  avec  doute  parM.  Audouiu  au  G.  in.equalis  d’Oli- 
vier [Eticyc.,  t.  VI,  p.  166),  parait  très  voisin  de  l’Etisc 
bosselé,  et  devra  probablement  être  rangé  dans  le  même 
genre  ; il  s en  distingue  par  l’absence  d’épines  sur  les  huit  der- 
nières pâtes.  Habite  les  côtes  d’Afrique. 

M.  Savigny  a figuré  (PL  5,  lig.  6)  un  autre Gaucérien  qui  se 
distingue  facilement  de  l’espèce  précédente  par  l’existence  de 
petits  tubercules  granuleux  sur  toute  la  surlàce  de  la  carapace, 
ainsi  que  sur  les  pâtes  antérieures. 

Le  Cancer  ei.ectra  , de  Herbst  (PL  5i , 11g.  6 ) , me  paraît 
se  rapporter  aussi  à ce  genre  ; il  se  distingue  facilement  des 
espèces  précédentes  par  la  disposition  du  front. 

XI.  Genre  PLATYCARCIN.  Platycarcinus  (i). 

Ce  genre , de  même  que  les  deux  précédens  , est  ex- 
trêmement voisin  des  Crabes  et  des  Xanthes,  aussi  ont-ils  été 
pendant  long-temps  tons  réunis  en  une  seule  division  gé- 
nérique. En  ell’et , la  forme  générale  des  Platycarcins  ne 
difiert  que  peu  de  celle  des  Xanthes  ; la  carapace  est  un 
peu  bombée  et  très-élargie  ; le/êo/iiest  étroit,  presque  bori- 


(i)  Cancer.  Linn.  Fahr.  Latr.  Leacli.  Desm.  etc-  Tourteau.  Latr. 
Film-  liât.  p.  2701  Cintycarcinus  Latr.  Collect.  du  .Muséum. 


PES  CRUSTACÉS.  4'^ 

zoiital  et  divisé  en  plusieurs  dents  , dont  une  occupe  la  ligne 
nii'diane.  Les  bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  sont 
divisés  par  des  fissures  en  un  grand  nombre  de  lobes  den- 
tiformcs  ; leur  extrémité  postérieure  atteint  le  niveau  du  bord 
antérieur  de  la  région  cordiale , et  se  continue  avec  une 
ligne  éicx'ée  qui  surmonte  le  bord  latéro-postérieur.  Les 
antennes  internes  ( uoj  es  l’I.  i6,  %■  '5),  au  lieu  de  se 
reployer  obliquement  en  dehors , se  dirigent  presque  direc- 
tement en  avant.  Les  antennes  externes  sont  disposées  à 
peu  près  comme  dans  le  genre  précédent , leur  article  ba- 
silaire est  très-développé , et  se  loge  en  partie  dans  l’espace 
qui  existe  entre  l’angle  interne  du  bord  orbitaire  inferieur 
et  le  front  ; mais  le  second  article  de  ces  appendices  , au 
lieu  de  naître  près  du  bord  externe  du  premier  dans  le 
canthus  orbitaire  interne,  s’insère  à peu  de  distance  de 
la  fossette  antenuairc  , complètement  hors  de  1 orbite  ; du 
reste , il  est  petit , cylindrique , et  ne  présente  rien  de  re- 
marquable. La  disposition  des  pièces  de  la  bouche , des 
pâtes  et  de  l’abdomen  , est  à peu  près  la  même  que  dans  les 
Xanthes. 

A.  Especes  ayant  Vangle  orbitaire  externe  beaucoup 
ynoitis  aoancè  cpie  la  portion  ooisine  du  bord  laterO“~ 
antérieur  de  la  carapace. 

I . Platycaecin  pagure.  — P.  pagurus  (i). 

Carapace  plus  d’une  fois  et  demie  aussi  large  que  longue , à 
réglons  peu  distinctes,  légèrement  bombée  et  très-finement 
granulée  on  dessus.  Front  très-étroit , peu  saillant,  et  garni  de 


(i)  Cnneer  mænns  Rond.  t.  It,p  '^0®*  Linn.  Syst. 

liât.  ; — Mus.  Adolph.  Fred.  t.  I,  p 85.  — Sixpp-  p 334,  etc..- 
— Penn.  t.  IV,  PI.  3,  lig-.  n.  fimbrialus.  Olivi , ZooS.  adr. 
C.  pagurus.  Herb.  t.  I,  JM.  g,  fig.  5().  — Lcacli . Malac.  PI.  lo; 
Desm.  p.  io3,  1^1.8,  fig.  i 


4>  ( HlSTOIlîE  NATUP,  ELLE 

cinq  dents  arrondies,  dont  les  externes  constituent  l’angle  orbi- 
taire supérieur  et  interne.  Orbite  pi-ésentant  deux  fissures  à son 
bord  supérieur,  et  ni  dent  ni  tubercule  à son  angle  externe. 
Bords  latéro-antérieiirs  se  dirigeant  d’abord  en  dehors  et  en 
avant , puis  se  recourbant  en  arrière , se  continuant  presque  sans 
interruption  avec  les  bords  latéro-postérieurs , minces  et  divisés 
en  neuf  lobes  légèrement  dentiformes , très-larges  , à peine  sad- 
lans  et  s(‘parés  par  des  plis  ; un  lobule  semblalde,  niais  arrondi, 
à la  partie  antérieure  du  bord  latéro-postérienr  ; fossettes  an- 
tennaires  beaucoup  plus  longues  que  larges  ; un  tubercule  tres- 
saillant à l’extrémité  de  l’article  basilaire  des  antennes  externes 
en  dehors  du  point  d’insertion  de  l’article  suivant;  pâtes  anté- 
rieures fortes , arrondies  , et  ne  présentant  ni  épines  ni  dents  ; 
pinces  pointues,  garnies  de  dents  arrondies;  pâtes  suivantes 
un  peu  comprimées  et  irrégulièrement  anguleuses  ; un  sillon 
profond  de  chaque  côté  du  tarse.  Longueur,  5 à 6 pouces; 
couleur  rouge- brun  en  dessus,  blanchâtre  en  dessous,  et  avec 
les  pinces  noires  ; des  faisceaux  de  poils  bruns  , raides  et  courts 
sur  les  pâtes  des  quatre  dernières  paires. 

Ce  Crustacé,  qui  est  très-commun  sur  nos  côtes , et  qui  pèse 
quelquefois  plus  de  cinq  livres,  est  très-estimé  comme  aliment, 
On  le  connaît  vulgairement  sous  les  noms  de  Tourteau  , de 
Poupart,  de  Hoiwet , etc.  (C.  M.) 

B.  Especes  ayant  V angle  orbitaire  externe  plus  avancé 
que  la  portion  voisine  du  bord  latéro-antérieur  de  la 
carapace. 

3.  Platycabcin  amosé.  — P.  irroratus  (i). 

Carapace  légèrement  convexe  , finement  chagrinée  en  dessus 
et  presque  une  fois  et  demie  aussi  large  que  longue  ; front  plus 
large  et  armé  de  dents  moins  saillantes  que  dans  l’espèce  pré- 


(l)  Cancer  irroratus,  Say.  op*  cit.  p.  5(),  PI.  4,  tig-  2.  Cancer  amee. 
liens.  Herh.  t.  III,  PI.  49,  bg- 


DF.S  CHL-STACrS. 

céclcnle  ; bord  latéro-antérieur  se  portant  île  suite  en  dehors  et 
en  arrière , décrivant  une  courbure  assez  forte  , et  armé  de  neuf 
dents  plus  ou  moins  distinctes,  tronquées,  peu  saillantes  et 
granulées  J une  dixième  dent  plus  petite  au  commencement  du 
bord  latéro  postérieur.  Pâtes  antérieures  comprimées  et  de  gran- 
deur médiocre  ; carpe  armé  en  dedans  d’une  forte  dent  ; mains 
élevées  et  garnies  en  dehors  de  quatre  ou  cinq  lignes  longitu- 
dinales et  élevées  ; pâtes  suivantes  comprimées  et  dépourvues 
de  dents  ou  épines.  Longueur,  environ  3 pouces;  couleur  rou- 
geâtre , des  poils  assez  longs  sur  les  bords  des  pâtes. 

Habite  les  cotes  de  l’Amérique  du  Nord.  (G.  M.) 

Xll.  Genre  PILUMNE.  Pilumnus  (i). 

Ce  genre  est  extrêmement  rapproche  des  Xanthes  et  des 
Pseudocarcins  ; le  seul  caractère  bien  précis  que  len  dis- 
tingue réside  dans  la  disposition  des  antennes  externes  ; 
mais  l’aspect  général  de  ces  animaux  offre  aussi  quelque 
chose  de  particulier  et  ne  permet  pas  de  les  confondre  avec 
ceux  dont  nous  venons  de  faire  l’histoire. 

La  carapace  des  Pilumnes  est  toujours  assez  elevée,  lé- 
gèrement bombée  et  sans  bosselures  ou  lignes  de  démarca- 
tion bien  notables  entre  ses  diverses  régions;  son  diamètre 
antéro-postérieur  égale  en  longueur  les  trois  quarts  de 
son  diamètre  transversal  ; le  contour  de  sa  moitié  anté- 
rieure est  assez  régulièrement  arqué  et  se  joint  aux  bords 
latéro-postérieui's  vers  le  niveau  du  bord  postérieur  de  la 
région  stomacale  ; enfin , les  régions  branchiales  sont  très- 
développées  , et  on  remarque  entre  elles  et  les  régions  hé- 
patiques une  petite  rainure  courbe  dont  la  convexité  est 
dirigée  en  avant , disposition  qui  est  directement  contraire 
à ce  qui  se  voit  chez  la  plupart  des  Cancerlens.  hc  front , 


(i)  Linn.  Penn.  Herb  etc.  Pilumnus . Leacli,  Trans.  I-tiim.  Soc. 
t.  XI , p.  biitr.  r.ncye.  t.  X , p.  m j > P-  ' " ■ 


4 • H I s r O I a K îf  A T tr  K E L J,  e 

est  lanielleux  , assez  avancé  et  peu  incliné.  Les  orbites  sont 
en  général  plus  ou  moins  dentelées,  et  les  boi-ds  latéro-an- 
térieurs  de  la  carapace  sont  courts  et  armés  d’épines  aiguës. 
L article  basilaire  des  antennes  e.xlenies  n’atteint  pas  lOut- 
à fait  le  front,  et  n’est  guères  plus  large  à son  extré- 
mité que  le  second  ai'ticle,  qui  est  presque  aussi  long  que 
le  premier , dépasse  le  front,  et  n’est  pas  encaissé  dans  l’hia- 
tus orbitaire  , mais  complètement  mobile  (PI.  i6,fig.  i4); 
le  troisième  article  est  egalement  assez  long  et  la  tige 
terminale  est  très-allongée  , elle  atteint  en  général  le  mi- 
lieu du  bord -antérieur  de  la  carapace.  U espace  prèla- 
bial  est  presque  toujours  légèrement  canaliculé  ; mais 
les  crêtes  qu’on  y remarque  sont  bien  moins  saillantes 
que  chez  les  Ozies.  Les  pat.es  - mâchoires  externes  ne  pré- 
sentent rien  de  remarquable  ; les  pâtes  antérieures  sont 
fortes  , renflées,  assez  longues  et  un  peu  inégales  ; celles  des 
paires  suivantes  sont  médiocres  et  arrondies  ; les  secondes 
sont  en  générai  un  peu  moins  longues  que  les  troi- 
sièmes, et  celles-ci  n’ont  guères  plus  d’une  fois  et  demie 
la  longueur  de  la  carapace;  quelquefois  ce  sont  les  pâtes  de 
la  quatrième  paire  qui  sont  les  plus  longues.  Enfin  \'ab- 
domen  se  compose  de  sept  articles  distincts  clans  les  deux 
sexes.  Nous  ajouterons  encore  que,  dans  toutes  les  espèces 
connues  , les  cjuatre  dernières  paires  de  pâtes  et  la  partie 
antérieure  de  la  carapace,  sinon  toute  sa  surface,  sont  poilues. 

Ce  genre  est  un  des  groupes  les  plus  naturels,  et  cepen- 
dant il  est  répandu  dans  presejue  toutes  les  mers. 

§ A.  Especes  ayant  les  bords  latéro- antérieurs  de  la  cara- 
pace sans  épines. 

I.  PiLüMWE  FKAacÉE P.  fimbriatus. 

Carapace  peu  bombée  et  a régions  plus  distinctes  que  dans 
les  espèces  suivantes,  à peine  poilue  en  dessus,  mais  garnie 
tout  autour  d’une  bordure  de  poils  longs  et  soyeux.  Pâtes 


ÏJF.S  CRUSTACÉS.  417 

g.Arnies  de  longs  poils , mais  sur  leurs  bords  seulement.  Bord 
orbitaire  inférieur  faiblement  échancré  en  dehors  ; troisième 
article  des  pates-màcholres  externes  à peine  tronqué.  Lon- 
gueur, 5 lignes.  Cette  espèce  se  rapproche  beaucoup  des 
Xanthes, 

Rapporté  de  la  Nouvelle-Hollande  par  MM.  Quoy  et  Gai- 
mard.  (C.  M.) 


§ B.  Especes  ayant  les  bords  latéro-antérieurs  de  la  ca- 
rapace épineux. 

b.  Bord  orbitaire  supérieur  dépourvu  dé  épines. 

b*.  Bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  armés 
de  quatre  épines  placées  sur  la  même  ligne 
[l'angle  orbitaire  externe  non  compris). 

I.  PlLUMKE  HÉRISSÉ.  — P.  hirtcllus  (l). 

Carapace  lisse;  front  légèrement  dentelé  sur  le  bord,  divisé 
par  une  fissure  médiane  très-profonde  et  assez  large;  bords 
orbitaires  marqués  d’une  petite  fissure  en  dessus,  et  armés  en 
dessous  d’épines  ; bords  laféro  - antérieurs  armés  de  quatre 
épines  acérées  assez  fortes  et  dirigées  en  avant  (celle  de  l’angle 
orbitaire  externe  non  compris);  une  petite  épine  sur  la  région 
ptérygostomienne  près  de  l’angle  orbitaire  externe.  Pâtes  anté- 
rieures fortes  , renflées  et  très-hiégales  ; mains  légèrement  tu- 
berculeuses en  dessus  et  en  dehors,  mais  ne  présentant  point 
d’épines  acérées.  Longueur,  environ  10  lignes  ; un  peu  de  duvet 
sur  les  réglons  hépatiques,  et  quelques  poils  assez  longs  sur 
les  huit  dernières  pâtes.  Couleur  brun  rougeâtre  mélé  de 
jaune;  pinces  brunes. 

Habite  les  mers  d’Europe.  (C.  M.) 


(0  Cancer  hirtellus.  Penn.  t.  IV,  PI-  6-  bg-  >5;  — Hetb.  t.  I, 
PI,  7,  fig.  5i  ; Pilumnus  hirlellus.  Leach.  Malac.  PI.  la;  — Desm 
p.  III,  PI.  Il,  fig.  I ! — Latr.  Encyc.  t.  X,  p.  laS. 

CRUSTACÉS,  TOME  I.  ?, 


histoire  naturelle 


4.8 

b**.  Bords  latéro-antèrieurs  armés  seulement  de  trois 
épines  placées  sur  la  même  ligne.  ( L’angle  orbi- 
taire non  compris.  ) 

b ’ Face  externe  de  la  main  la  plus  grosse 
granuleuse  ou  tuberculeuse , mais  ne  pré- 
sentant pas  des  rangées  horizontales  d’é- 
pines. 

3.  Pilumne  chauve-souris.  — P.  uespertilio  (i). 

Bords  latéro-antèrieurs  de  la  carapace  armés  de  trois 
grosses  épines  placées  sur  la  même  ligne , et  présentant  au 
devant  d’elles  une  quatrième  épine  plus  petite  qui  est 
située  plus  bas  et  appartient  à la  région  ptér^gostomienne; 
bord  inférieur  des  mains  lisse.  Troisième  article  des  pates- 
niâcholres  externes  profondément  échancrc  à son  angle  anté- 
rieur et  interne.  Corps  entièrement  couvert  de  longs  poils 
bruns  et  d’un  aspect  laineux  ; du  reste , tres-seinblable  a 1 es- 
pèce précédente. 

Habite  les  Indes  orientales.  (C.  M.  ) 

4.  PiLUMHE  DUVETÉ. — P.  tomeutosus  (2). 

Ne  diffère  guères  de  la  précédente,  si  ce  n est  pari  existence 
de  granulations  sur  toute  la  partie  inférieure  de  la  main,  et 
par  la  nature  des  poils  fjui  constitue  une  sorte  de  duvet  très-court  ; 
le  corps  est  d’une  couleur  brun  noirâtre , et  les  pinces  sont 
noirâtres. 

Habite  la  Nouvelle-Hollande.  ( C.  M.  ) 

5.  PiLUMNE  DE  Quoi.  — P.  Quoii. 

Épines  latérales  de  la  carapace  et  front  comme  dans  l’espèce 


(1)  C.  vespertilin.  Fabr.  Supp  P-  338;  Pititmnus  vespertilio.  Lesch, 
Trans.  Linn.  Soc.  t.  XI-  — Desm.  , p im;  — Latr.  Encyc. 
t X , p.  laS. 

(2)  Latr.  Encyc.  t X,  p.  ia->-. 


nES  CKUSTACKS. 


4 '9 

pi  écédenle  ; troisième  article  des  pates-màchoires  externes  sim- 
plement tronqué  à son  angle  antérieur  et  interne , et  non  échan- 
cré  comme  dans  les  espèces  piéccdentes  ; pâtes  antci'ieures 
très-fortes  ; carpe  et  mains  armés  en  dessus  d’épines  assez 
o-rosses;  toute  la  face  supérieure  de  l’animal  couverte  de  poils 
roux,  courts,  très-raides  et  espacés.  Longueur,  environ  un 
pouce. 

Trouvé  à Rio-Janeiro,  par  MM.  Quoi  et  Gàimard.  (G.  M.) 

6.  PiLUMNÈ  de  Pénoiî.  — P.  Peronii. 

Point  d’épine  située  au-dessous  et  en  aoant  des  trois 
épines  du  bord  latéro-antérieiir  de  la  carapace , qui  sont 
tres-petites  ; carapace  assez  bombée  et  presque  lisse  ; très-peu 
de  duvet.  Longueur,  4 lignes. 

Mers  d’Asie.  (G.  M.  ) 

b*'^++.  Face  externe  de  la  main  la  plus  grosse  armée 
de  plusieurs  rangées  horizontales  d’épines. 

6.  PiLUMKE  DE  Foeskal.  — P-  ForskalU  (i). 

Carapace  couverte  de  poils  très -longs,  gros,  durs  et 
insérés  loin  les  uns  des  autres  ; assez  bombée  et  un  peu 
granuleuse  en  dessus  ; du  reste,  ressemblant  beaucoup  ait  P. 
hérissé. 

Habite  l’Égypte.  (G.  M.) 

J.  PiLUMNE  laineux.  — P,  lanatus  (i). 

Carapace  et  pâtes  couvertes  d’un  duvet  fin , serré  et  très- 
court;  carapace  peu  ou  point  granuleuse;  épines  latérales  assez 
fortes.  Longueur,  4 lignes. 

Habite  l’Australasie.  (G.  M.) 


(1)  Cancer  incaniis.  Forsl.  p.  92. 

(2)  Latr.  Encyc.  t.  X,  p.  125. 


420 


histoire  naturelle 


hh.  Bord  orbitaire  supérieur  armé  Æépiivcs. 

8.  PiLUMHE  A PIQUANS.  — P.  aculeatus  (i). 

Carapace  armée  en  dessus  de  deux  petites  épines  très- 
acérées  sur  chaque  région  hépatique , près  du  bord  latéro- 
antéricur,  qui  est  lui-même  armé  de  trois  épines  placées  sur 
la  même  ligne , et  d’une  quatrième  placée  plus  bas  sur  la  région 
ptérygostomienne , près  de  l’angle  orbitaire  externe. 

Habite  l’Amérique  septentrionale.  (G.  M. } 

9.  PiLUMNE  SPINIFÈRE.  — P.  spinijèr  (3). 

Point  cl  épines  sur  la  j'ace  supérieure  de  la  carapace  ; 
celles  des  bords  latéro-antérieurs  fortes  et  tres-aiguës  ; pâtes  an- 
térieures très-épineuses;  les  suivantes  beaucoup  plus  longues 
et  plus  grêles  que  dans  toutes  les  espèces  précédentes;  poils 
longs , fins  et  rares.  Longueur,  environ  un  pouce. 

Habite  la  Méditerranée.  (C.  M.) 


Le  Pilumniis  oilosus , de  M.  Risso  { Ilist.  nat.  de  1 Europe 
mérid.  t.  V,  p.  10),  paraît  avoir  les  bords  latéraux  de  la  cara- 
pace armés  de  cinq  dents  bifides  ou  trifîdes , ce  qui  ne  se  voit 
chez  aucun  autre  Pilumne. 

XIU.  GENRE  RUPPELLIE.  —Riippellia  (3). 

Un  Crustacé  nouvellement  décrit  par  le  savant  natura- 
liste*voyageur  M.  Ruppell , est  le  type  de  ce  petit  groupe 


(1)  Cancer  aculeatus.  Say,  loc.  cit.  p.  449.  Pilumnus  aculeatus. 
Edw.  Guérin,  Icon.  Cr.  PL  3 , fig.  92. 

(2)  Cancer  ve/ii.  Rond.  t.  II , P-  4o8  ; Savigny,  Egyp.  PL  5,  fig-  4- 

(3)  Cancer.  Ruppell , Crust-  de  la  mer  Rouge. 


DES  C BEST  A CE  S. 


4il 

qui  conduit  des  Ozies  aux  Eri  plues.  La  forme  de  la  cara- 
pace se  rapproche  beaucoup  de  celle  des  X.anthes  et  d Ozies  ; 
le  bouclier  dorsal  est  un  peu  courbé  et  environ  une  fois 
et  demie  aussi  large  que  long.  "Le  front  est  beaucoup  plus 
large  que  le  cadre  buccal  ; mais  il  n’occupe  pas  avec  les 
orbites  la  moitié  du  diamètre  transversal  de  la  carapace. 
Les  bords  latéro  - antérieurs  de  la  carapace  sont  moins 
longs  que  ses  bords  latéro-postérieurs  avec  lesquels  ils  se 
continuent  sans  former  d’angle  notable  ; ils  se  termi- 
nent vers  le  niveau  du  milieu  de  la  région  génitale  et  sont 
armés  de  dents  larges  et  peu  saillantes.  Les  orbites  sont 
presque  circulaires  et  sont  dirigées  en  haut  et  en  avant  ; 
leur  bord  inférieur  vient  se  réunir  à i’augle  externe  du 
front , de  façon  à ne  laisser  dans  ce  point  qu’une  simple 
fissure  et  non  un  espace  assez  considérable  comme  dans 
tous  les  Cancériens  dont  il  a déjà  été  question.  Il  ré- 
sulte de  cette  disposition  que  les  antennes  externes  sont 
complètement  exclus  des  orbites  ; leur  article  basilaire , 
grand  et  placé  obliquement , arrive  cependant  à très-  peu 
de  distance  du  cantbus  interne  des  yeux  ; il  sc  soude  au 
front  par  son  bord  supérieur  qui  est  très-large,  etijui  jmrte 
vers  son  milieu  la  tige  mobile  de  ces  appendices , qui  est 
d’une  petitesse  extrême.  Les  antennes  internes  se  reploient 
directement  en  dehors  comme  chez  les  Xantbes,  etc.  L espace 
prélabial  est  canaliculé  comme  chez  les  Ozies , et  le  troi- 
sième article  des  pates-uiàchoires  laisse  , entre  son  bord  an- 
térieur qui  est  Irès-obliiiue  et  le  bord  du  cadre  buccal , un 
espace  qui  correspond  à 1 extrémité  du  canal  efférent  de  1 ap- 
pareil respiratoire.  Du  reste,  ces  Cancériens  ne  diffèrent 
pas  notablement  des  Xantbes  et  des  Ozies. 

I.  RuPrELLIE  OPINIATRE.  — ü-  tCliaX  (l). 

Bord  supérieur  de  P orbite  marqué  de  deux  fissures 


(l)  Cancer  tenax.  Ruppcll , op.  cit.  PL  a,  fig-  I 


HISTOIRE  NATURELLE 


423 

séparées  par  une  petite  dent;  une  lissvu-e  à son  angle  externe 
et  deux  dents  à son  Lord  inférieur.  Carapace  bosselée  et  légè- 
rement granuleuse  en  avant , lisse  et  légèrement  bombée  en 
arrière.  Front  armé  de  six  dents  arrondies  et  à peu  près  équi- 
distantes , dont  les  externes  sont  moins  saillantes  que  les  autres 
et  occupent  l’angle  du  bord  orbitaire  supérieur.  Bords  latéro- 
antérieurs  de  la  carapace  armés  de  4 ou  5 dents  aplaties , très- 
larges  et  à peine  saillantes.  Bord  antérieur  du  troisième  article  des 
pâtes -mâchoires  externes  échaneré  au  milieu.  Pâtes  antérieures 
grosses , arrondies  et  très-inégales  dans  les  deux  sexes  ; mains 
granuleuses;  pinces  comme  chez  les  Carpüies.  Longueur,  en- 
viron 2 pouces. 

Habite  la  mer  Rouge.  (G.  M.  ) 

3.  Ruppeilie  pates-annelées.  — /?.  annulipes. 

Point  de  fissures  ni  de  dents  aux  bords  orbitaires  su- 
périeur et  inférieur.  Front  tr'es-incliné , moins  profondé- 
ment denté  que  dans  l’espèce  précédente. , et  creusé  d’im 
petit  sillon  transversal  ; une  petite  crête  horizontale  sur  les 
dents  des  bords  latero-antéricurs  de  la  carapace;  pâtes  anté- 
rieures lisses.  Longueur,  10  lignes;  couleur  blanchâtre,  avec 
des  bandes  rosées  sur  les  pâtes.  Patrie  inconnue.  ( C.  M.  ) 

3.  Ruppei.lie  visEux.  — /{.  vinosa 

Point  de  fissures  ni  de  dents  aux  bords  orbitaires  supé- 
rieur et  inférieur.  Front  trcs-large , horizontal  et  entier; 
carapace  sans  bosselures,  plane  transversalement  et  un  peu 
granuleuse;  ses  bords  latéro-antéricurs  découpés  en  cinq  dents, 
lamelleiix , dont  le  premier,  formant  l’angle  externe  de  l’orbite  , 
est  peu  saillant. 

Patrie  inconnue.  ( C.  M.  ) 

Peut-être  faudi’ait-il  rapporter  aussi  à ce  genre  le  Cancer 
calypso  de  Herbst  (PI.  52,  %.  4)- 


DES  CB  ü ST  ACES. 


4'a3 


XIV  GENRE  PIRIMÈLE.— /'iz-ime/a  (i). 

La  forme  générale  des  Pirimèles  ne  diffère  que  peu  de 
celle  de  plusieurs  Gancériens  ; mais  sous  les  autres  rapports 
elle  s’en  éloigne  beaucoup.  La  carapace  est  régulièrement 
arquée  dans  sa  moitié  antérieure  et  fortement  tronquée 
de  chaque  côté  de  sa  moitié  postérieure  ; elle  est  un  peu 
plus  large  que  longue  , bombée  et  fortement  bosselee  ; le 
front  est  étroit  et  armé  de  trois  dents  pointues  ; les  bords 
latéro-antérieurs  se  dirigent  très-obliquement  en  arrière  et 
en  dehors  , et  sont  armés  de  quatre  fortes  dents  compri- 
mées et  triangulaires.  Les  orbiies  présentent  deux  dents 
et  deux  üssures  en  dessus , une  dent  aiguë  à 1 angle  ex- 
terne et  une  quatrième  à l’angle  interne  et  inférieui  , les 
antennes  internes  se  reploient  longitudinalement  comme  chez 
les  Platycarcins.  Les  antennes  externes  sont  très-longues  ; 
mais  leur  premier  article , qui  est  logé  dans  un  hiatus  de  1 an- 
gle orbitaire,  est  très-court  et  ne  se  prolonge  pas  à beaucoup 
près  aussi  loin  que  l’article  basilaire  de  l’antenne  interne,  la 
tige  mobile  de  ces  appendices  naît  par  conséquent  dans  le  can- 
thus  orbitaire  interne  comme  chez  les  Xantes , etc.  hespates- 
viâchoires  externes , au  lieu  de  s’emboîter  dans  le  cadre  buc- 
cal comme  dans  tous  les  genres  précédons  , s’avancent  sur 
épistome,  et  au  lieu  déporter  l’article  suivant  cà l’angle  an- 
térieur et  intérieur  de  leur  troisième  article  , elles  y donnent 
insertion  vers  le  tiers  antérieur  du  bord  interne  de  cet  article. 
Le  plastron  sternal  présente  la  même  disposition  que 
chez  les  Crabes , etc.  ; sa  longueur  n’excède  sa  largeur  que 
de  moitié , et  sa  suture  médiane  occupe  ses  trois  derniers 
se^mens.  Les  pâtes  antérieures  sont  petites  et  comprimées; 
les  suivantes  ne  présentent  rien  de  remarquable.  Enfin  1 ab- 
domen du  mâle  ne  se  compose  que  de  ciuq  articles. 


(I)  Cancer.  Montugu , Trans.  Linu-  Soc.  t.  IX  ■ Pin mela.hench. 
Malac.  — Desra.  p.  io5.  — Latr.  lleg.  Anim  a®,  edit.  t.  IV,  p.  sa. 


4^4  HISTOIRE  NATURELLE 

t Ce  genre  ne  rentérme  encore  qu’une  seule  espèce  qui  ap- 
partient aux  mei’s  d’Europe. 

I.  PiRiMÈLE  denticulée.  — P.  deJiHculata  (i). 

Carapace  lisse , mais  fortement  bosselée  sur  les  régions  sto- 
macale, génitale  et  branchiale,  concave  sur  les  régions  hé- 
patiques ; bords  latéro-antérieurs  minces  , et  ne  dépassant  pas 
le  niveau  du  milieu  de  la  région  génitale.  Mains  garnies  d’une 
petite  crête  en  dessus,  et  d’une  ou  deux  lignes  cai-énées  sur  leur 
face  externe.  Longueur  , environ  6 lignes.  Couleur  verdâtre. 

Habite  les  côtes  de  la  Manche  , de  la  Vendée , etc.  (G.  M.) 

3.  CANGÉRIENS  QUADRILATÈRES. 

Le  petit  groupe  des  Cancériens  quadrilatères  éta- 
blit le  passage  entre  les  précédens  et  divers  Crustacés 
de  la  famille  des  Caloinétopes , aussi  les  genres  dont 
il  se  compose  ont-ils  été  placés  par  M.  L .treille,  tan- 
tôt dans  la  section  des  Arqués , tantôt  dans  celles  des 
Qundrilatères,c\\x\,  dans  sa  méthode,  correspond  à peu 
près  à notre  famille  des  Catométopes.  Ainsi  que  nous 
l’avons  déjà  dit  (p.  869),  il  se  distingue  des  Cancériens 
arqués  par  la  forme  générale  du  corps  ; le  bordfronto- 
orbitaire  de  la  carapace  est  ici  très-large,  ses  bords 
latéraux  sont  peu  courbés  ou  même  presque  droits, 
et  sa  portion  postérieure  n’est  que  peu  rétrécie;  il  en 
résulte  que  ce  bouclier  cépbalo-thoracicfue  n’est  pas 
régulièrement  arqué  en  avant,  ni  fortement  tronqué 
en  arrière,  comme  chez  les  Crabes , les  Xantbes,  etc.; 
mais  se  rapproche  par  sa  forme  d’un  Quadrilatère 


(1)  Cancer  denliculaltis . Montagu , Trans.  Liiin.  Soc.  vol.  IX, 
Pt.  '2,  tig.  2.  ; Pirimeln  denticulata.  Leach  , Malac.  Pt.  3;  — Desm. 
p.  106,  PI.  9,  lig.  i;  Latr.  Eiicyc.,  t.  X p.  l38, 


DES  CRUSTACÉS,  4-''^ 

équilnléral  ; quelquefois  il  est  même  plus  long  que 
large.  Du  reste,  la  structure  de  ces  Crustacés  ne  pré- 
sente rien  de  remarquable  ; par  la  disposition  des  an- 
tennes les  uns  se  rapprocbent  des  Ruppellies , les  au- 
tres des  Pilumnes.  Pour  les  distinguer  entre  eux  il 
suffit  d’avoir  égard  aux  caractères  indic[ués  dans  le  ta- 
bleau placé  ci-dessus  (p.  869). 

1.  GENRE  ERIPHIE.  — Eriphia  (i). 

Les  Eriphies  se  rapprochent  beaucoup  des  Ruppellies  ; 
mais  ils  tendent,  par  la  forme  générale  de  leur  corps,  à 
établir  le  passage  vers  les  Tlielphuses.  Leur  carapace  (PI.  16 , 
fig.  1 6 ) est  bien  moins  élargie  et  plus  quadrilatère  que  chez  les 
autres  Cancériens  ; sa  longueur  dépasse  de  beaucoup  les  deux 
tiers  de  sa  largeur , son  bord  tronto-orbitaire  occupe  plus 
de  la  moitié  et  quelquefois  même  plus  des  trois  quarts  de 
sa  largeur,  et  ses  bords  latéro-antérieurs,  dirigés  presque 
directement  en  arrière , ne  décrivent  qu’une  faible  cour- 
bure et  ne  se  prolongent  que  peu.  Les  orbites  sont  con- 
formés comme  dans  le  genre  Ruppcllic  ; mais  1 espace  qui  sépai  e 
leur  bords  de  l’article  basilaire  des  aiiteitiies  eoLternes  est 
très-considérable  (PI.  16,  fig.  17);  cet  article  est  peu  déve- 
loppé, et  n’occupe  pas  le  quart  de  l’espace  compris  entre  la 
fossette  antennaire  et  le  canthus  interne  des  yeux  ; au  con- 
traire, la  tige  mobile  des  antennes  externes  est  beaucoup 
plus  développée  que  chez  les  Ruppellies , et  s’insère  à peu 
de  distance  de  la  fossette  antennaire.  Du  reste , les  Eriphies  ne 
dilïèrcnt  pas  essentiellement  de  ces  derniers  Cancériens. 


(i)  Cancer.  Fabr.  Herb.  etc.  Eriphia.  Latr.  Iteg.  Anim.  1".  édit 
t.  III,  P-  18,  etc.  — Desm.  p.  ni. 


426 


HISTOIRE  NATURELLE 


5 A.  Especes  ayant  les  mains  tuberculeuses, 
a.  Front  armé  d’épines. 

I.  Eripiiie  FRONT  ÉPINEUX.  — E.  spiiiifroiis  (1). 

Carapace  à régions  peu  distinctes , garnie  en  avant  de  quel- 
ques petites  lignes  transversales  de  dentelures.  Front  divisé 
en  quatre  lobes  hérissés  d’épines  ; bords  orbitaires  épineux; 
bords  latéro-antérleurs  de  la  carapace  armés  d’une  série  de 
cinq  ou  six  dents,  dont  les  trois  ou  quatre  antérieui-es  sont 
grosses  et  dentelées  sur  le  bord.  Mains  couvertes  en  dessus 
et  en  dehors  de  gros  tubercules  arrondis;  pinces  à dentelures 
tranchantes.  Longueur,  2 à 3 pouces  ; couleur  verdâtre  ou  d’un 
rouge  vineux  très-foncé. 

Habite  toutes  nos  mers.  (G.  M.) 

aa.  Front  dépourvu  d’épines. 

1.  Ebiphie  gonagre.  — E.  gonagra  (3). 

(PI.  16,  fig.16  et  17.  ) 

Carapace  à l'égions  bien  distinctes  , inégale  et  armée  de  tu- 
bercules pointus  en  avant  ; le  bord  fronto-orbi taire  occupant 
plus  des  trois  quarts  de  son  diamètre  transversal.  Front  divisé 
en  quatre  lobes , dont  les  deux  médians  sont  avancés  et  tronqués  ; 
deux  fissures  sur  le  bord  supérieur  de  l’orbite,  et  ime  dent 
aiiruë  à son  anffle  externe  ; bords  latéro-antérieurs  armés  de 
cinq  ou  six  dents  spiniformes  ; pâtes  antérieures  garnies  de  tu- 
bercules arrondis  et  déprimés.  Longueur,  environ  i pouce  ; 
couleur  jaunâtre  mêlée  do  rouge  et  de  violet , pinces  brunâtres. 

Habite  les  côtes  de  l’Amérique  du  Sud.  (C.  M.  ) 


(1)  Cancer  spUlij vous.  Hcrb-  Pi-  U.  fig.  65  — Fabr.  Suppl,  p. 

— Eriphia  spinifrons ■ — Saviguy,  Egypte,  Cr.  PI- 4»  hg.  7 — Desm. 
PI.  14,  lig.  I. 

(2)  Cancer  gonagra.  Fabr.  Suppl,  p,  SSy. 


DES  CRESTACES. 


4'a7 


§ B.  Especes  ayant  les  tnains  lisses  , non  tuberculeuses. 

3.  Eripdie  mains  lisses.  — leevimana  (i). 

Cette  espèce  ressemble  beaucoup  à l’Eripbie  front  épineux  ; 
mais  la  carapace  est  moins  élargie  ; le  front  est  plus  Incliné  et  armé 
d’épines  moins  longues;  les  bords  latéro-antérieurs  sc  diligent 
presque  directement  en  avant,  et  ne  présentent  qu’une  sene  de 
cinq  ou  six  petits  tubercules  pointus  et  isolés  ; enlln  , il  n’ existe 
à la  face  supérieure  et  externe  clos  pâtes  anterieures  ni  épines 
ni  tubercules. 

Habite  l’Ile-de-France.  (C.  M.) 


L’Eiupdie  , iigurée  par  M.  Savigny  {Egyp. , PI-  5,  %.  i ) , 
et  rapportée  avec  doute  par  M.  Audouin  à l’Eripbie  front  epi- 
lieux , me  parait  être  une  espèce  distincte. 

JÆrxphie  prismatique  de  M.  Risso  ( natiir.  de  l hur, 
mérid.  , t.  Y,  p.  351  n’a  pas  été  décrite  avec  assez  de  détails 
pour  que  l’on  puisse  la  rapporter  avec  certitude  à ce  genre. 
D’après  M.  Risso  , cette  espèce  aurait  pour  caractères  : front 
armé  de  huit  dents  ; bords  latéraux  armés  de  quatre  épines  ; 
mains  prismatiques. 

Le  Cancer  euryhome  de  Herbst  (t.  III,  PI.  Sa  , lig.  7 ) me 
paraît  être  aussi  une  Eripliie. 

II.  GENRE  TRAPÉZIE.  — Trapezia  (2). 

M.  Latreillea  établi  dernièrement  le  genre  Trapézie  pour 
recevoir  qucl([ues  petits  Crustacés , qui  ressemblent,  sous 
beaucoup  de  rapports,  aux  Eriphies,  mais  qui  conduisent 
en  même  temps  vers  les  Grapses.  Leur  corps  est  déprimé. 


(1)  Latr.  Coll,  du  Mus.  — Guérin-  Iconog.  Cr.  PI.  3,  lig  i. 

(2)  Latr.  Fam.  nat.  p.  269 , Encycl. t.  X,  p.  695,  etc. 


4^^  HISTOIUE  NATURELLE 

la  carapace  à peu  près  aussi  longue  que  large , presque 
carre'e,  à peine  bombe'e,  et  sans  régions  distinctes;  son 
bord  fronto-orbitaire  occupe  presque  toute  sa  largeur; 
ses  bords  latcro-antérieurs  sont  courts,  piesque  droits  et 
dirigés  directement  en  arrière  ; enfin  les  latéro-postérieurs 
sont  obliques  et  très-longs.  La  disposition  des  jeux  et  des 
antennes  est  à peu  près  la  même  que  chez  les  Eriphies  ; 
mais  dans  quelques  espèces  de  Trapézies  , les  pates-md- 
choires  ressemblent  un  peu  à celles  des  Grapses  , car  le 
bord  interne  de  leurs  second  et  troisième  articles,’  au  lieu 
de  suivre  une  ligne  droite , forme  un  angle  rentrant , de 
façon  que  ces  organes  ne  ferment  pas  complètement  la 
bouche  , et  laissent  entre  eux  un  espace  vide  ayant  la  forme 
d un  losange  ; d’auti'es  fois  les  pates-mâchoires  ne  présentent 
rien  de  particulier , et  l’iusertion  du  quatrième  article  a 
lieu  toujours , comme  dans  la  plupart  des  genres  precedens , 
par  l’angle  du  troisième  article.  Les  pales  antérieures  sont 
très-longues  et  fortes  , le  bras  dépasse  de  beaucoup  la  cara- 
pace , et  son  bord  antérieur  est  comprimé  et  dentelé  ; la 
main  est  plus  longue  qu’elle  , et  les  pinces  sont  pointues  ; 
les  pâtes  suivantes  sont  de  longueur  médiocre  et  arrondies. 
Enfin  l’abdomen  du  mâle  présente  en  général  ( sinon  tou-' 
jours  ) seulement  cinq  articles. 

Les  Trapézies  sont  tous  de  petite  taille,  et  habitent  les 
mers  des  pays  chauds. 

A.  Jdjsp'eces  ayant  la  carapace  arniee  de  chaejue  cote 
d'une  dent  située  à quehiue  distance  derrière  celle 
qui  constitue  l'angle  orbitaire  externe, 
a.  Pates-mâchoires  externes  fermant  complètement 
la  bouche. 

I.  Trapézie  front  denté.  — X,  dentifrons  (i). 

Carapace  aussi  longue  que  large  ; front  armé  de  quatre  deuts 


(i)  Latr.  Eutyc.  t.  X,  p.  696. 


séparées  par  des  fissures;  les  deux  médianes  courtes  et  poin- 
tues, les  externes  larges  et  tronquées;  orbites  dirigées  très- 
obliqi’.enrent  en  ai-rière  ; pinces  garnies  de  grosses  dents  et  se 
joignant  dans  toute  leur  longueur.  Longueur-,  environ  5 lignes; 
couleur  jaune  rougeâtre  uni;  pinces  noirâtres. 

Habite  l’Australasie.  (C.  M.) 

aa.  Pates-mâchoires  externes  laissant  entre  elles  un 
espace  vide  en  forme  de  losange. 

2.  Trapézie  i-erhugineuse.  . — T.  ferruginea  (i). 

Cette  espèce  ressemble  beaucoup  à la  précédente;  le  front 
est  inégalement  dentelé;  on  y distingue  eu  général  six  petites 
dents  arrondies  ; le  liord  antérieur  des  bras  est  fortement  dilaté  et 
dentelé;  les  pinces  sont  faiblement  dentées  et  ne  se  joignent 
pas  dans  toute  leur  longueur.  On  remarque  quelques  poils 
sur  le  bord  supérieur  des  pâtes.  Enfin,  l’abdomen  du  mâle  ne 
parait  composé  que  de  cinq  articles  distincts.  Longueur,  environ 
1 0 lignes  ; couleur  jaune  ferrugineux. 

Habite  la  mer  Rouge. 

§ JJ.  Especes  dont  la  carapace  ne  présente  point  de 
dent  en  arriéré  de  l’angle  orbitaire  externe. 

3.  TaApiziEDiGtxAiRE. — T.  digitatis. 

Front  armé  au  milieu  de  doux  petites  dents  pointues , et 
finement  dentelé  en  dehors;  mains  comprimées,  à bords  tran- 
chans,  pinces  courtes.  Très-petite;  carapace  d’un  brun  noi- 
râtre , et  pâtes  d’uu  brun  jaunâtre. 

Habite  la  mer  Rouge.  ( C.  M.  ) 


(I)  Trapezia  cymodoce.  Audouin,  Savigny,  op  cit  PI.  5,  fig.  2 ; 
— T.  ferruginea.  Latr.  Encyc.  t.  X,  p. 


IfISTOIRF  NATURELLE 


43o 

La  Trapézie  rletik  de  M.  Riippeil  (i)  a la  plus  grande  ana- 
Jogle  avec  la  T,  ferrugineuse;  elle  iic  paraît  en  dllférer  que  par 
la  forme  un  peu  plus  orbiculaire  de  la  carapace,  et  peut-être  ne 
devrait  être  considérée  que  cumine  une  variété  de  cette  espèce. 

Le  Cawcer  oymodocé  de  Herbst  (t.  III,  PL  5i,  lig.  5)appar- 
tient  aussi  à ce  genre,  et  paraît  avoir  beaucoup  d’analogie  avec 
la  Trapézie  front  denté  ; mais  si  la  figure  que  Herbst  en  a 
donnée  est  exacte , elle  s'en  distinguerait  par  sa  carapace  qui  est 
beaucoup  plus  large. 

La  Teapézie  cymodocé  de  M.  Guérin  (Voyez  la  Coquille, 
Crust.  PI.  I,  fig,  4)  ne  peut,  par  la  meme  raison,  être  con- 
fondue avec  le  Cancer  cymodocé  de  Herbst.  Elle  ressemble 
beaucoup  à la  T.  front  denté  et  à la  T.  ferrugineuse  ; cepen- 
dant sou  front  est  seulement  sinueux  et  non  garni  de  dents, 
ses  pâtes -mâchoires  externes  ne  laissent  pas  entre  elles  un 
espace  vide  en  forme  de  losange;  l’abdomen  du  mâle  paraît 
composé  de  six  articles , etc. 

Le  Cancer  rufopun’ctatus  de  Herbst  {2)  est  bien  certaine- 
ment une  Trapézie , et  se  reconnaîtra  à la  grande  longueur  des 
pâtes  antérieures  et  aux  six  dents  pointues  dont  son  front  est 
armé. 

M.  Latreille  rajiporte  aussi  à ce  genre  le  Cancer  glaberimus 
de  Herbst  (PI.  20,  fig,  11 5),  mais  nous  sommes  portés  à 
croire  que  ce  petit  Crustacé  appartient  plutôt  au  genre  Grapse  ; 
sa  forme  générale  est  à peu  près  la  même  que  celle  du  G-,  mi- 
niitus. 


(l)  Trnpezia  cœriilca.  Ruppell,  op.  cit.  PI.  5,  fig. 

(^)  C.  liufo-piinctnliis.  llerb.  PI.  47,  fig.  6;  7'rapesia  Rufo~puno* 
tala.  Latr.  Encyc.  t.  X,  p.  6g5. 


DES  CRUSTACÉS. 


43. 


III.  GENEE  MEIjIE.  Melid  (l). 

Ce  petit  groupe  générique , étaljli  dernièrement  par 
M.  Latreille  , est  assez  voisin  des  Püumnes  , mais  a aussi  de 
l’analogie  avec  les  Grapses.  La  carapace  des  Mélies  (PJ.  .8, 
fig.  8.  ) est  légèrement  bombée  et  presque  carrée  ; le  bord 
fi'onto-orbitaire  en  occupe  presque  toute  la  largeur,  et  les 
bords  latéraux  sont  peu  coui-bes.  Le  front  est  large  et  légère- 
ment incliné  ; les  orbites  sont  dirigées  obli.juement  en  dehors 
et  ne  présentent  à leur  bord  supérieur  qu’une  petite  fissure 
à peine  visible.  Les  antennes  internes  se  i-eploient  presque 
transvensaleraent  , ( fig.  g.  ) et  l’article  basilaire  des  antennes 
externes  vient  se  terminer  dans  l’hiatus  qui  existe  entre  le 
front  et  le  bord  orbitaire  inféi'ieur  ; le  deuxième  article  de 
ces  appendices  est  complètement  libre  et  dépasse  un  peu  le 
front.  Les, pates-mâchoires  externes  etle  plasti'onslei'nal  ne 
présentent  rien  de  remarquable.  Les  /tato  antérieures  chez  la 
femelle  sont  plus  grêles  et  plus  courtes  que  les  suivantes , 
qui  a leur  tour  sont  beaucoup  moins  longues  que  celles 
de  la  troisième  paire  ; les  pâtes  de  la  quatrième  paire  sont 
les  plus  longues  de  toutes,  et  ont  plus  de  deux  fois  la  lon- 
gueur de  la  carapace  ; toutes  sont  cylindriques.  Quant  à 
leur  disposition  chez  le  mâle , nous  ne  la  connaissons  pas , 
n’ayant  pas  eu  l’occasion  d’observer  d’individu  de  ce  sexe. 

I.  Mélie  damier. — M.  trcsselata  (a). 

(PI.  i8,  11g.  8 etg.  ) 

Carapace  unie  et  lisse  en  dessus  j front  divisé  eu  deux  lobes 
tronqués;  une  petite  dent  occupant  l'angle  externe  do  l’or- 


(1)  En  classant  les  Crustacés  de  la  colle,  tioii  du  Muséum  , j’avai.s 
donné  à ce  genre  le  nom  de  Lylie , et  la  planche  ou  j'ai  représenté 
le  Crustacé  qui  en  iorme  le  type  était  gravée  lorsque  j’ai  appris  de 
M.  Latreille  que  lui-même  avait  déjà  fondé  cette  division  sous  le 
nom  de  Mélie  , que  dès  lors  je  me  suis  empressé  d’.idoptcr. 

(2)  Grapsus  tresselntus.  Latreille  , Eneve.  i'I.  3o5,  lig-.  2.  Lyhta 


HISTOinE  NATURELLE 

bile  et  une  seconde  située  sur  le  bord  latéral , vers  le  niveau 
du  Ijord  postérieur  do  la  région  stomacale.  Longueur,  environ 
5 lignes  ; coideiu'  blanchâtre  avec  des  lignes  rouges  ; quelques 
poils  sur  les  pâtes. 

Habite  l’Ile-de-France.  (C.  M.  ) 

II.  TRIBU  DES  PORTÜNIENS. 

Cette  tribu  correspond  à peu  près  au  genre  Fortune, 
tel  que  Fabrictus  l’avait  d’abord  établi,  et  renferme 
la  plupart  des  Crustacés  que  M.  Latreille  a rangés 
dans  sa  division  des  Brachjiires  nageurs.  L’analogie 
la  plus  étroite  unit  ces  animaux  aux  Cancériens,  dont 
ils  ne  se  distinguent  guères  que  par  la  conformation 
particulière  de  leurs  pâtes  postérieures;  caractère  qui 
a beaucoup  d’importance,  puisqu’il  influe  sur  la  ma- 
nière de  vivre,  mais  qui  se  retrouve  d’ime  manière 
plus  ou  moins  marquée  dans  des  espèces  appartenant 
à la  plupart  des  autres  groupes  naturels  de  la  section 
ées  Brachyures. 

La  forme  générale  des  Portuiiiens  est  ordinaire- 
ment peu  différente  de  celle  de  la  plupart  des  Can- 
cériens; mais  la  carapace  est  toujours  très-peu  éle- 
vée, et  ellea  quelquefois  la  forme  d’un  losange  (PI.  17, 

fig.  I ).  Les  orbites  sont  dirigées  en  haut  et  en  avant; 
les  antennes  internes  se  reploient  transversalement 
ou  du  moins  très-obliquement  en  dehors  ( fig.  1 1 ) , 
et  l’article  basilaire  des  antennes  externes  est  logé  en 
partie  dans  un  hiatus  de  l’angle  orbitaire  interne;  le 
troisième  article  des  pâtes -mâchoires  externes  est  tou- 


tresselata.  Edw.  Collection  du  Miiaeum  et  Atlas  de  cet  ouvrage  , 
PI.  18,  iig.  8 ( ^ oyez  la  note  de  la  page  précédente.  Mclia  trcssclnla. 
Lalr.  Encyl,  t X,  p.  -joS. 


m 


tableau  ûes  principaux  caractères  génériques  des  portuniens. 


page  433 


TRIBÜ 

ots 

PORTÜINIEiNS. 


Tarse  des  P*!'î*p(;alés'oculaires  courts.)  lancéolée.  (Carapace  presque  aussi  longue 

antérieures  ; 


Genres. 


que 


large,  front  avancé,  cinq  dents  latéro- 1 


Tarse  des  P' 


lates 


Pédoncules  ocu- 
llaires  très-courts, 
linsérés  loin  l’un  de 
V' autre,  sur  la  mè- 
1 me  ligne  que  les 
antennes  internes. 


Tige  mobile  des  antennes  externes 
Sutur  ■'  ( composée  de  trois  articles  pédonculai- 

du  si:  . res  (le  premier  article  de  ces  appen- 
''“m  n’oc-l  dices  étant  mobile  et  de  même  forme 
que  les  suivans,  et  inséré  au-dessous  des 
lyeux  et  des  antennes  internes  au  bord 
'inférieur  d’un  grand  hiatus,  par  le- 
quel l’orbite  communique  arec  la  fos 


.mens 

Mlatf®  des 

rieutes  ^‘■«-“nté- 

Idans 


Pâtes  des  deuxième,  troisième  et' 
quatrième  paires  point  natatoires,  le 
tarse  qui  les  termine  étant  étroit , sur- 
tout celui  des  pâtes  de  la  quatrième 
paire. 

Pâtes  des  deuxième,  troisième  etl 
quatrième  paires  natatoires , les  tarses  | 


PLATÏOMIQOE. 


et  logC' 


s dans  des 


que 


i^f^rpinrS\zÏY‘^'Ï7 

„oins  ovalaire.  J^rVr 

dc'lacarap“c«’ 


, “ne 
ri’cii 
quatre) 


existe 


sette  aiitennaire.  Carapace  presque  cir-  qui  les  termine  étant  a toutes  tres-j 
culairc).  ^arge  et  lancéolé.  ) 

Tige  mobile  des  antennes  externes  composée  seulement  de  deux  articles  pe- 
donculaires,  et  insérée  sur  la  même  ligne  que  les  yeux  et  les  antennes  in- 
ternes : leur  article  basilaire  étant  soudé  au  front  et  séparant  complètement  ; 
l’orbite  de  la  fossette  antennaire.  (Tarse  des  pâtes  des  deuxième,  troisième  et 
\ quatrième  paires  styliforme.) 


du  stern  ®“®diane 

punt  les  I àe  nTanière  à occuper  l’angle 

nicrç  der- 


Tige  tnobile  de»  antennes  externes  insérée  sur  le  bord  de  1 article  basilaire, 
ud  manière  à occuper  l’angle  interne  de  l’orbite,  et  à pouvoir  se  leployer 
îiicrs  <tcr-l  dans  cette  cavité  (front  en  général  beaucoup  moins  saillant  que  le  bord  inlc- 

du  I rieur  ou  l'angle  externe  de  i’orbite;  carapace  très-élargie,  dents  latero- 

I antérieures). 


our’f^'^'I'îctou: 


pédoiic“^®® 


'Cures). 

c*trêiu( 


Tige  mobile  des  antennes  externes  insérée  sur  la  face  inférieure  de  1 article  j 
basilaire,  et  non  sur  le  bord  de  l’orbite  dans  lequel  elle  ne  peut  pas  se  re- 
nlorer  ( front  au  moins  aussi  saillant  que  le  bord  inférieur  et  1 angle  externe 
de  l’orbite  ; carapace  très-large  ; quatre  à sept  dents  latero-anterieures  ).  ] 


THALÂMITX. 


• ï^nes,  et  ''eploÿauTHf'®®“'ent  longs,  insérés  très-près  de  la  ligne  médiane  dii  corps,  au-dessus  des  antennes n 
'eegueur  rainures  orbitaires  creusées  dans  le  bord  antérieur  de  la  carapace  dont  elles  j 


PODOPHTUALMX» 


Crustacés,  tome  i- 


des  crustacés,  4ài 

jours  plus  large  r[uc  long,  et  fortement  tronqué  ou 
écbancré  à son  angle  antérieur  et  externe  pour  l’in- 
sertion du  quatrième  article  ( fig.  6 , 12  , etc.  ) ; le 
plastron  sternal  est  toujours  très-large,  et  en  général 
le  dernier  segment  tlioracique  est  beaucoup  plus  dé- 
veloppé que  tous  les  autres , même  que  celui  portant 
les  pâtes  antérieures  -,  la  suture , qui  sépare  ce  segment 
du  précédent , se  dirige  très-obliquement  en  avant  et 
en  dedans  (fig-  4 voûte  des  flancs  est  en 

général  presque  horizontale , et  la  selle  turcique  posté- 
rieure très-étroite.  Les  pâtes  antérieures  sont  en  gé- 
néral très-allongées;  les  suivantes  sont  quelquefois 
natatoires  et  les  postérieures  le  sont  toujours,  leur 
tarse  étant  lamelleux;  enfin  , celles  de  la  seconde  paire 
ont  ordinairement  plus  d’une  fois  et  demie  la  longueur 
de  la  carapace. 

Cette  tribu  renferme  des  Crustacés  qui  sont  pour 
la  plupart  essentiellement  nageurs , et  qui  vivent  sou- 
vent en  pleine  mer.  On  la  divise  en  sept  g-enres, 
faciles  à distinguer  par  les  caractères  indiqués  dans 
le  tableau  ci-joint. 

I.  GEKRE  CARGÏN. —Carcinus  (1). 

Ce  petit  genre  établit  le  passage  entre  les  Cancériens 
et  les  Portunes , et  se  distingue  des  uns  et  des  autres 
par  la  forme  du  dernier  article  des  pâtes  postérieures  qui 
est  aplati  et  lancéolé,  mais  cependant  très-étroit  ( PI.  17, 
f]<T.  i6).  La  carapace  se  rapproche  par  sa  forme  géné- 
rale de  celle  des  Panopés.  Elle  est  peu  bombée  , mais  assez 
élevée  et  notablement  plus  large  que  longue.  Les  bords 
latéro-antérieurs  , qui  sont  profondément  dentes , forment 


(1)  Cancer.  Fab.  etc  Carcàms.  Lea-.h , Malac.  - Desm.  p.90. 
CRUSTACÉS,  TOME  I. 


HISTOIRE  NATURELLE 


434 

avcü  !c  ])ord  ovlihaire  niin  courbure  régulière  qui  ne  dé- 
passe pas  le  niveau  du  iiiilieu  de  la  région  génitale  ; les 
bords  latéro-poslérieurs  sont  très-longs  et  médiocrement 
obliques.  Les  régions  bi’anchiales  sont  très-développées  et 
arrondies  antcricurement.  htî front  est  avancé , horizontal 
et  de  largeur  médiocre.  Les  orbites  sont  ovalaires  et  diri- 
gées en  avant  j on  remarque  une  fissure  a leur  bord  su- 
périeur et  une  à leur  bord  inférieur  ; l’hiatus , qui  existe 
à leur  angle  interne , loge  la  base  de  \ antenne  externe 
dont  le  premier  article  , étroit  et  cylindrique , arrive  jus- 
qu’au front;  la  tige  mobile  de  ces  appendices  est  très- 
longue  et  s’insère  dans  l’iiiatus  orbitaire.  Les  antennes 
internes  se  reploient  obliquement  en  dehors  dans  leurs  fos- 
settes, qui  sont  presque  circulaires.  Le  cadre  buccal  est  un  peu 
plus  large  en  arrière  qu’en  avant,  et  le  troisième  article 
des  pates-mâchoircs  est  fortement  dilaté  en  dehors  et 
échancré  à ses  deux  angles  internes.  Le  plastron  sternal  est 
semblable  à celui  des  Fortunes  ; il  en  est  de  même  des 
pâtes,  si  ce  n’est  que  le  tarse  des  postéi'ieures  est  peu 
élargi  et  de  forme  lancéolée  , tandis  que  celui  des  pâtes  pré- 
cédentes est  styliforme  (Fl.  17  , fig-  i5  et  16).  L’abdomen 
du  mâle  ne  se  compose  que  de  cinq  segraens.  On  ne  connaît 
encore  qu’une  seule  espèce  de  ce  genre. 

Carcin  mekaue.  — C.  mcEilas  (1). 

Carapace  à régions  bien  distinctes , légèrement  granuleuse 
en  avant.  Front  terminé  par  trois  lobes  arrondis.  Dents  latéro- 
aiitérieures  très-larges  et  aplaties.  Une  forte  épine  sur  le  bord 
interne  du  carpe  ; mains  présentant  en  dessus  un  rebord  longi- 
tudinal arrondi  ; pinces  assez  finement  dentées.  Tarses  des  trois 


(I)  Cancer  mœiioj.  — Baster  op.  subs.  2,  p.  19,  PI-  2.  — Pennant, 
Br.  Zool.  t.  IV,  PI.  2,  fig.  3 ( reproduit  dansl’Encyc.  PI-  278,  lig.  i). 
— Linn.  Mus.  Lud.  Ulr.  436*.  — Ilerbst,  PI.  7,  fig-  46-  Cnreinns 
niænai,  Leach  , M.alaç.  PI.  5. 


DES  G nUST  AC  ES. 


4.35 

paires  de  pieds  suivantes  .stylilonuos , gros  et  très-longs  (envi- 
ron une  foi.s  et  demie  aussi  longs  que  l’article  précédent).  Lon- 
gueur, environ  2 pouces.  Couleur  verdâtre.  (C.  Bl.  ) 

Ces  Crustacés  sont  très-communs  sur  nos  côtes  j à marée 
Lasse  ou  les  trouve  entre  les  pierres  ou  enfoncés  dans  le  sable  ; 
ils  courent  sur  la  plage  avec  rapidité,  et  peuvent  être  conservés 
hors  de  l’eau  pendant  très-iong-lemps  sans  périr.  On  les 
mange , et  pendant  l’été  on  en  apporte  beaucoup  à Paris.  Sur 
les  cotes  de  la  Normandie  on  les  appelle  des  Crabes  enragés. 

II  GEHRE  PLATYOJNIQUE. — Platyonichm  [i). 

Les  Pliityonicjues  ont  la  carapace  plus  étroite  et  plus 
régulièrement  convexe  que  celle  des  autres  Portuniens  ; 
souvent  elle  est  beaucoup  plus  longue  <{ue  large  et  d autres 
fois  elle  est  circulaire.  (PI.  , lig.  j.)  Le  front  est  très- 
étroit  et  denté  ; les  bords  latéro-autérieurs  sont  peu  courbés 
et  se  dirigent  pircsque  directement  en  arrière  j de  même  que 
cheï  les  Carcins , les  Polybies  et  la  plupart  des  Portunes  , ils 
sont  divisés  en  cinq  dents  ; les  orbites  sont  peu  profondes 
et  dirigées  e»  avant.  Les  antennes  internes  se  reploient 
obliquement  en  avant , et  leurs  fossettes  ne  sont  que  très-im- 
parfaitement séparées  des  orbites,  { PL  17  , fig.  8.  ) En  effet , 
la  disposition  des  antennes  externes  est  dillérente  de  celle 
qui  se  remarque  chez  les  Carcins , les  Portunes , les  Thala- 
mites  et  les  Lupées  ; leur  premier  article  qui  est  très-petit 
ne  se  soude  pas  au  front , mais  reste  mobile  comme  les  sui- 
vantes , et  s’insèi’e  entre  le  bord  orbitaire  inférieur  et  la 
fossette  antennaire.  Les  pâtes- mâchoires  externes  ( bg-  9 ) 
ne  présentent  rien  de  remarquable , si  ce  n’est  que  leur  troi- 
sième article  est  plus  étroit  que  chez  la  plupart  des  Portu- 
niens , et  s’avance  obliquement  jusqu’au  noyau  des  fossettes 


(1)  Cancer,  biiiii  Fabr.  etc.  Porinnus.  beacli,  Malac.  — DesiJi. 
p.  8y.  PlaLyonichns.  Lali'.  Eneyc.  t.  X,  p.  i5i  ; Ueg.  Aiiini.  2“.  éd. 
t IV,  p.  30. 


28 


HISTOIRE  NATURELLE 


436 

antennaires.  Le  plastron  sternal  est  ovalaire  , étroit  et 
très-rétréci  postérieurement  ( fig.  lo  );  de  même  que  chez 
les  Fortunes , sa  suture  médiane  n’occupe  que  ses  deux 
derniers  segmens.  Les  pâtes  antérieures  sont  médiocres  et 
peu  inégales  ; elles  s’appliquent  exactement  contre  la  région 
buccale , et  ressemblent  en  tout  à celles  des  Fortunes  ; celles 
de  la  seconde  paire  sont  assez  longues  et  ont  le  tarse  aplati , 
un  peu  élargi , et  de  forme  presque  lancéolée  ; le  tarse  des 
pâtes  suivantes  est  également  un  peu  aplati , mais  plutôt  sty- 
liforme  que  lamelleux.  Enfin  , les  pâtes  de  la  cinquième  paire 
sont  complètement  natatoires. 

5 A.  Especes  ayant  les  dents  frontales  en  nombre  im- 
pair {l’une  d elles  occupant  la  ligne  médiane),  et 
une  seule  fissure  au  bord  orbitaire  supérieur, 
a.  Tarse  des  pâtes  postérieures  de forme  lancéolée. 

J.  Flatyohique  latipède. — P.  latipes  (i). 

Carapace  cordiforme , presque  aussi  longue  que  large , et  for- 
tement rétrécie  postérieurement;  dents  frontales  très-petites; 
bords  latéro-antéricurs  dirigés  presqpie  directement  en  arrière 
et  armés  de  dents  très-petites.  Fates  antérieures  comtes;  le 
bras  dépassant  à peine  la  carapace  ; une  seule  épine  sur  le 
carpe;  mains  sans  dents  ni  carène  marquées.  Tarses  des  pâtes 
de  la  deuxième  paire  un  peu  élargis  ; les  suivans  presque 
styliformes  ; abdomen  du  mâle  composé  de  cinq  segmens.  Lon- 
gueur, environ  i pouce. 

Habite  nos  côtes.  { G.  M.  ) 


(l)  Cancer  latipes.  Pennant , op.  cit.  IV,  PI.  I,  fig.  /(.  — Herb. 
PI.  31,  fig.  vj.6.  Porlumis  variegatus.  Leach,  Malac.  PL  ^ ( repro- 
duite par  M.  Desmarest,  PI.  4>  bg.  "X).  Piatyonichus  depurator.  Latr, 
Encyc.  t.  X,  p.  i5i . 


DES  CKUSTACÉS. 


437 


aa.  Tarses  des  pales  postérieures  ovalaires  et  obtus  au 
bout. 

Peatyokiqüe  ocellé. — P.  ocellatus  (i). 

Carapace  presque  circulaire , beaucoup  plus  large  que  longue  ; 
dents  frontales  et  latéro-antérieures  très-grandes.  Pâtes  anté- 
rieures grandes , le  bras  dépassant  de  beaucoup  la  carapace  ; 
carpe  bidenté.  Longueur,  environ  3 pouces. 

J B.  Especes  ayant  les  dents  frontales  paires  {n’en 
ayant,  par  conséquent,  point  sur  la  ligne  mé- 
diane ) , et  deux  fissures  au  bord  orbitaire  supé- 
rieur. 

Platyoniqüe  BirusTULÉ. — P.  bipustulatus. 

(PL  17,  fig.  7-10.) 

Carapace  presque  circulaire , bombée  et  très-finement  gra- 
nulée ; front  très-reculé  et  armé  de  quatre  petites  dents  : dents 
des  bords  latéro-antérieurs  arquées  et  très-grandes.  Une  dent 
plus  ou  moins  saillante  vers  le  milieu  du  bord  orbitaire  supé- 
rieur. Pâtes  antérieures  médioeres  et  à peu  près  de  même  forme 
que  chez  le  P.  latipède.  Tarse  des  pâtes  de  la  seconde  paire 
lamelleux,  lancéolé  et  un  peu  falciforme  ebez  le  mâle.  Ceux 
des  deux  paires  de  pâtes  suivantes  lamelleux,  mais  de  plus 
en  plus  étroits.  Tarses  des  pâtes  postériemes  ovalaires.  Ab- 
domen du  mâle  composé  de  sept  seguiens  distincts.  Longueur, 
de  3 à 5 pouces. 

Habite  l’océan  Indien.  (C.  M.) 


(i)  Cancer  ocellatus.  Herb.  PI.  49,  fig.  — Porlimus  pictus.  Say, 
Acad.de  Philad.  t.  I,  PI.  i,  lig.  C\.  Platyonichus  ocellatus.  Latr. 
Encyc.  t,  XVI , p.  iSs- 


438 


HISTOIRE  NATURELLE 


S G.  Especes  ayant  le  front  avancé  en  manière  de 
museau  triangulaire  et  simplement  ondulé  sur 
ses  bords. 


Platyonique  muselier.  — P.  nasutus  (i). 

Carapace  bombée  au  mibeu  et  inégale  ; une  fissure  au  bord 
orbitaire  supérieur  ; serres  petites  ; tarse  des  pâtes  postérieures 
presque  elliptique  et  accumulé  ; très-petit. 

Habite  les  côtes  de  l’Océan  et  de  la  Méditerranée. 


M.  Leach  a donné  le  nom  de  P.  monodon  (Lin.  Trans. 
t.  XI,  p.  3i4)  à une  espèce  qui  diilère  de  toutes  les  précé- 
dentes par  l’existence  d’une  seule  dent  de  chaque  côté  de  la 
carapace. 

III.  GENRE  POLYBIE.  — Polybius  (2). 

Le  genre  Polybie  de  M.  Leach  a les  rapports  les  plus 
intimes  avec  celui  des  Platyoniques , dont  il  ne  diffère 
guères  que  par  la  forme  des  pales  , qui  toutes  sont  évidem- 
ment natatoires  ; celles  de  la  deuxième  , de  la  troisième  et  de 
la  quati'ième  paires  sont  ti-ès-aplatics  et  terminées  par  un 
article  lamelleux  ti'ès-large  et  lancéolé , qui  a partout  la  même 
forme.  Les  pâtes  postérieures  ont  la  même  forme  que  chez 
le  Platyonique  bipustulé , si  ce  n’est  que  leur  troisième  ar- 
ticle est  extrêmement  court  et  presque  globulaire.  Le  pla- 
stron sternal  est  plus  large,  surtout  postérieurement,  que 


(1)  Plalfouichns  nasutus.  Jjiitr.  Eiicyo,  t.  X , p.  i5l.  — Portuuus  bi- 
guliaïus.  Risso,  Crust.  de  Nice , l'I.  i,  fig.  i. 

(2)  Polybius.  Leach,  Malac. — Deani.  p.  100. — Reg.  aiiim.  2'.  éd., 
t IV,  p.  3l.  Platyonichus.  Latr.  Encyc.  t.  X,  p.  l52. 


des  crustacés.  4-^9 

dans  le  genre  précédent , mais  présente  la  même  disposition 
quant  à sa  suture  médiane.  \] abdomen  du  male  se  compose 
comme  d’ordinaire  de  cinq  articles. 

PoLYBiE  DE  Hewslow.  — P-  HeiislowU  (O- 

Corps  très-comprimé.  Carapace  orbiculaire , parfaitement 
lisse  et  plane  en  dessus.  Front  armé  de  cinq  dents  triangulaires 
peu  saillantes , surtout  les  externes , qui  occupent  les  angles  or- 
bitaires internes  ; deux  fissures  au  bord  orbitaire  supérieur  ; 
dents  des  bords  latéro- anterieurs  très-larges,  mais  à peine 
saillantes.  Longueur,  environ  9.  pouces;  couleur  brune. 

Habite  la  Manche  , et  paraît  se  tenir  toujours  à uuo  distance 
considérable  delà  côte.  ( C.  M.  ) 


IV.  GENRE  FORTUNE.  — Portunus  (9). 


Le  genre  Fortune  a été  établi  par  le  célébré  entomo- 
logiste Fabricius , mais  avec  des  limites  bien  plus  étendues 
que  celles  qu’on  y assigne  généralement  aujourd’hui.  11 
établit  le  passage  entre  les  Carcins  d’une  part , et  les 
Flatyoniques  et  les  Lupées  de  l’autre.  La  carapace  des 
Fortunes  est  à peu  près  de  la  même  forme  que  celle 
des  Carcins  ; elle  est  plus  large  que  longue  , mais  son  dia- 
mètre longitudinal  est  au  moins  égal  aux  deux  tiers  de  son 
diamètre  transversal  ; le  contour  de  sa  portion  antérieure 
est  ordinairement  plus  courbe  que  chez  les  Carcins  ; le 
bord  frouto-orbitaire  n’occupe  guèixis  plus  de  la  moitié  du 
diamètre  transversal  de  la  carapace  , et  le  front,  qui  est 
étroit  , s’avance  toujours  beaucoup  au  delà  de  1 insertion 
des  antennes  externes  , et  dépasse  notablement  le  niveau  du 
bord  inférieur  de  l’orbite  et  de  l’angle  externe  de  cette 


M 


(I)  Potybius  Jlenslowii.  Leach,  Malac.  PI.  9 B ( reproduite  par 

De.smarest,  PI.  7,  f'n-  ’)•  , r.  1 

(_■}.)  Cnnecr.  Linn.  l’urtunus.  Faliv.  Suppl,  p.  G3.  — Latr.  Encydop. 


t.  X , etc.  — Leach,  Malac.  — De.sm.  p-  91- 


44o  UISTOIKE  K AT  t,  liEtL£ 

cavité.  Le  bord  latéro-an teneur  de  la  carapace  est  mince 
et  armé  de  quatre  pu  cinq  grosses  dents  ; les  orbites  sont 
ovalaires,  hes,  fossettes  antennaires  (PI.  17  , fig.  1 1 ) sont 
placées  sur  le  meme  niveau  que  les  yeux , transversales 
et  séparées  entre  elles  par  une  cloison  dont  le  bord  ne  sc 
prolonge  jamais  en  forme  d’épine.  L’article  basilaire  des 
antennes  externes  est  peu  développé,  mais  il  sépare 
complètement  la  fossette  antennaire  de  l’orbite  et  va  se 
souder  au  front  ; la  tige  mobile  qui  succède  à cet  article 
paraît  naître  de  fangle  interne  de  l’orbite.  La  structure  de 
la  bouche  ne  présente  rien  de  remarquable,  seulement  il  est 
à noter  que  le  troisième  article  des  pates-tndchoircs  ex- 
tevnes  est  au  moins  aussi  large  que  long , et  que  son 
angle  antérieur  et  interne  est  fortement  tronqué.  Le  pla- 
stron sternal  est  beaucoup  plus  long  que  large  et  forte- 
ment rétréci  en  arrière  ; sa  suture  médiane  ne  s’étend  que 
sur  les  deux  derniers  anneaux.  Les  pâtes  de  la  première  paire 
sont  de  grandeur  médiocre , et  en  général  l’une  est  plus  forte 
que  1 autre  j le  bras  ne  dépassé  que  de  très-peu  le  bord  latéral 
de  la  carapace  et  n’est  pas  toujours  armé  d’épines  comme  chez 
les  Lupées  j le  carpe  présente  toujours  du  côté  interne  un 
grand  prolongement  spiniforme,  et  la  main , dont  la  longueur 
n égale  jamais  celle  du  diamètre  antéro-postéiieur  de  la 
carapace,  est  ordinairement  courbée  un  peu  en  dedans,  de 
manière  à pouvoir  s’appliquer  exactement  contre  la  por- 
tion antei’ieure  et  inférieure  du  corps.  Les  pâtes  des  trois 
paires  suivantes  ont  à peu  près  la  même  longueur  j mais  ce- 
pendant ce  sont  toujours  celles  de  la  troisième  ou  de  la 
quatrième  paire  qui  sont  les  plus  longues , et  les  secondes 
sont  plus  courtes  que  les  antérieures  ; leur  dernier  article 
est  styliforme  et  cannelé.  Les  pâtes  de  la  cinquième  paire 
sont  au  contraire  très-élargies  vers  le  bout  ; leur  troisième 
article  est  a peu  près  de  même  forme  qu’aux  pâtes  précé- 
dentes , et  leur  dernier  article  est  lamelleux  , et  ovalaire  ou 
lancéolé.  Quant  à X abdomen  , il  ne  présente  rien  de  particu- 
lier J sa  disposition  est  à peu  près  la  même  que  dans  les 


DES  -CnUSTACÉS.  44‘ 

genres  précédens  , seulement , chez  la  femelle  , il  est  moins 
large , et  chez  le  mâle  il  est  toujours  triangulaire. 

1.CS  Fortunes  sont  des  Crustacés  essentiellement  aqua- 
tiques, et  ils  nagent  avec  beaucoup  de  facilité,  mais  on 
ne  les  rencontre  pas  en  haute  mer  comme  les  Lupées.  Ils 
habitent  assez  près  du  rivage  , et  dans  les  grandes  marées 
on  en  trouve  souvent  cachés  sous  des  pierres , dans  les  pe- 
tites flaques  d’eau  que  la  mer  laisse  en  se  retirant  D autres 
espèees  se  tiennent  à des  profondeurs  plus  considéi'ables , sur 
les  bancs  d’huîtres  , etc.  ; jamais  on  ne  les  voit  courir  sur  la 
plage  comme  les  Carcins,  et  lorsqu’on  les  retire  de  l’eau  ils 
périssent  dans  l’espace  de  quelques  heures.  Ils  sont  très- 
carnassiers,  et  se  nourrissent  en  grande  partie  aux  dépens  des 
cadavres  des  divers  animaux  qu’ils  trouvent  dans  la  mer. 
Plusieurs  espèces  sont  comestibles  ; enfin  toutes , à 1 ex- 
ception d’une  seule  , habitent  nos  eôtes. 


§ A.  Especes  ayant  le  front  armé  de  dents  bien  dis- 
tinctes. 

a.  Front  armé  au  moins  de  dix  dents  ou  épines. 

I.  Porïüke  étrille.  — P.  puher  (i). 

Carapace  très-velue.  Front  très-large , armé  de  deux  dents 
médianes  assez  fortes , suivies  de  chaque  côté  de  deux  ou  trois 
petites  dents,  et  d’un  lobe  saillant,  dont  le  bord  est  dentelé. 
Orbites  finement  dentelées.  Dents  des  bords  latci-o-antérieurs 
fortes,  saillantes,  et  semblables  entre  elles.  Pâtes  antérieures 
médiocres  et  couvertes , ainsi  que  les  suivantes , d’un  duvet 
très-serré,  interrompu  par  des  lignes  élevées  longitudinales, 


(l)  Cancer  velutinus.  Penn.  Prit.  /îool.  t.  IV,  PI.  4i  — 

Hevb.  tab.  lig.  49  ( eopié  d’après  Pennant  ).  Cancer  puher.  Linn. 
Syst.  nat.  t.  V,  p.  0978.  Portumis  puher.  i'upp. , p.  365.  — Leach 
Malac.  PI.  6,  — Dc.sm.  PI.  G,  lig-,  5.  — Blaiiiville  , Faune  française. 


HISTOIRE  NATURELLE 


442 

qui  sont  granuleuses  sur  les  mains  et  lisses  sur  les  pâtes  pos- 
térieures. Longueur,  environ  2 pouces  et  demi.  Très -commun 
sur  nos  cotes , où  on  le  connaît  sous  les  noms  de  Crabe  à 
laine.  Crabe  espagnol,  etc. 

aa.  Front  armé  seulement  de  trois  ou.  de  cinq  dents, 
aa  Carapace  ridée,  inégale,  un  peu  granuleuse 
et  couverte  de  poils, 

2.  Fortune  plissé. — P.  plicatus  (i). 

Front  relevé  et  armé  de  trois  fortes  dents  triangulaires  en 
dehors  desquelles  se  voit  do  chaque  côté  une  petite  dent  placée 
au-dessus  de  l’angle  orbitaire  interne.  Orbites  dirigées  oblique- 
ment en  avant  et  en  haut.  Bords  latéro-postéricurs  de  la  ca- 
rapace un  peu  concaves , mais  dirigés  prescpe  directement  en 
arrière;  fissure  du  bord  orbitaire  inférieur  très-large.  Lon- 
gueur, environ  18  lignes;  couleur  rougeâtre. 

Habite  nos  côtes.  (G.  M.  ) 

aa** . Carapace  presque  unie  et  dépourvue  de  poils. 

3.  Fortune  marbré.  — P.  marmoreus  (2). 

Dernier  article  des  pâtes  postérieures  se  terminant  en 
pointe.  Carapace  légèrement  granuleuse  et  moins  rétrécie  jios- 


(1)  Cancer  depurator  var.  Penn.mt,  Br.  Zool.  t IV,  Bl.  4)  figôA. 
Portunus  plicatus.  Risso,  Crast.  de  Nice  ; P.  depurator.  Leach, 
Malac.  PI.  g.  fig.  i.  — Latr-  Encyc.  t.  X,  p.  igS.  Le  Portunus  li- 
vidus  de  M.  Leach  (Malac  PL  y,  fig.  a ) , ne  par.aît  qu’une  va- 
riété de  1 e.spèce  précédente. 

(3)  Cancer  depurator?  Pcnriant , op.  cit  t.  IV,  PL  2,  fig.  6.  Por- 
iimus  marmoreus.  Leach,  Malac.  PI.  8 ( reproduite  dans  1 Encyc. 
p.3o4). 


DES  CRUSTACÉS.  44^ 

térleurement  que  dans  l’espèce  précédente.  Front  étroit  et 
armé  de  trois  petites  dents  obtuses. 

Habite  nos  côtes.  ( C,  M.  ) 

4.  PoRTUBE  HOLSATIEK. P-  holsatUS  (l). 

Dernier  article  des  pâtes  postérieures  arrondi  au  bout. 
Carapace  plus  rétrécie  postérieurement  et  plus  déprimée  que 
dans  l’espèce  précédente , à laquelle , du  reste , celle-ci  ressem- 
ble extrêmement. 

Habite  nos  côtes.  ( G.  M.  ) 


§ B.  Especes  ayant  le  front  entier  ou  divisé  seulement 
en  lobes  arrondis. 

b.  Bords  latéro-antérieiirs  de  la  carapace  armés 
de  cinq  dents. 

b’’.  Front  divisé  en  trois  lobes  dont  la  médiane 
plus  avancée  que  les  latérales. 

5.  Fortune  ripé.  — P.  corrugatus  (3). 

Carapace  bombée  et  couverte  de  lignes  transversales 
granuleuses  donnant  insertion  à des  poils.  Front  très- 
ayancé  et  divisé  en  trois  lobes  finement  crénelés  sur  les  bords. 
Dents  des  bords  latéro  - antérieurs  très-aiguës  et  à peu  près 
égales.  Pâtes  antérieures  courtes  et  comme  squammeuses. 
Mains  armées  d’une  épine  placée  au-dessus  de  l’insertion  du 
pouce , et  se  continuant  en  arrière  sur  une  ligne  saillante  gra- 
uvdée.  Longueur,  environ  2 pouces;  couleur  rougeâtre. 

Habite  nos  côtes;  très-commun  dans  la  Méditerranée.  (C.M  ) 


(1)  Portunns  liotsatns.  Fabv.  Suppl.  P-  36G.  P.  lit’idus.  Leach , 
Malac.  PI.  9.  fig.  3 et  4 

(2)  Cancer  currngeUas.  Pennant,  ïii'it./ool.  t.  IV,  PI.  , fig.  9* 

— llerb.  PI.  lig.  5o.  Portnnus  corrugalns.  ïjcacli,  Malac.  PI. 

fig.  1 et  a.  — P puber  , Blainville  , Faune.  Cr.  PI.  , fig.  i. 


6,  POBTUNE  NAIN.  — P.  pilSÜllS  (l). 


Carapace  tres-bombée  et  bosselée , mais  dépourvue  de, 
poils  ; front  très-avancé  ; dernier  article  des  pâtes  postérieures 
lancéolé.  Longueur,  environ  4 lignes. 

Habite  la  Manche.  ( C.  M.  ) 

b**.  Front  entier  ou  divisé  seulement  en  deux  lobes 
symétriques. 

7.  Fortune  de  rondelet. — P.  Rondeletii  (3). 

Pâtes  de  la  seconde  paire  moins  longues  que  celles  de 
la  premih'e  paire  et  presque  aussi  longues  que  celles  de 
la  troisième  j! aire.  Carapace  granuleuse  et  un  peu  ridée; 
front  très-régnlièrement  arrondi  ; avant-dernière  dent  latérale 
beaucoup  plus  petite  que  les  autres. 

8.  Fortune  a longues  pâtes.  — P.  longipes  (3). 

Pâtes  de  la  seconde  ptaire  plus  longues  que  celles  de  la 
première  paire  et  notablement  plus  courtes  que  celles  de 
la  troisième  paire.  Carapace  assez  bombée  ; front  large , 
saillant  et  entier  ou  légèrement  quadrilobé.  Bords  latéro- 
antérieurs  courts;  leur  avant-dernière  dent  à peu  près  de 
même  grosseur  que  les  autres.  Bords  latéro- postérieurs  très- 


(i)  Porlumts  pusilus.  Leach , Malac.  PI.  g,  fig.  5 à 8. — Latr. 
Encyc.  t.  X,  p.  iga. 

(a)  Porlumts  Jloiutcletii,  llisso,  Hist  nat.  des  Cr.  de  Nice  , PI.  i , 
fig.  3.  P.  areitalus.  Leacli , Malac.  PI.  fjg.  5 et  6,  et  P.  margi- 
italus.  Ejusd.  ilid.  lig.  3 et  4'  — Pondelctü,  Latr.  Encyc.  t.  X, 
p.  192. 

(3)  P.  lougipes.  llisso,  op.  cit.  PI.  i,  fig.  5.  — Latc.  Encyc.  t.  X, 
p.  iga.  P.  infrnclHs.  Otto,  Méra.  de  l'Acad.  de  bonn , t.  XIV, 
PI.  20,  fig.  1. 


DES  CRUSTACÉS.  44^ 

longs  et  presque  droits.  Pâtes  très-grêles  et  tres-longues  ; 
tarse  des  pâtes  postérieures  lancéolé  et  trss-aigu.  Longueur, 
environ  un  pouce. 

Habite  la  Méditerranée.  (C.  M.) 

hb.  Bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  armés  seule- 
ment de  quatre  dents. 

9.  Fortune  front  entier.— jP.  integrifrons  (i). 

Carapace  peu  élevée,  inégale  et  pubescente.  Front  tres-large 
et  arqué.  Dents  latéro-antérieures  peu  saillantes  et  larges.  Pâtes 
antérieures  inégales , assez  grandes  ; mains  armées  d’un  grand 
nombre  de  petites  granulations  spinifornies  disposées  en  petites 
lignes  transversales.  Longueur,  environ  2 pouces. 

Habite  l’océan  Indien.  ( C.  M.  ) 

V.  GENRE  LUPÉE. — Z/zjoeÆ  Leach  (2). 

La  plupart  des  Lupées  sont  remarquables  par  l’aplatisse- 
ment et  la  grande  étendue  transversale  de  leur  carapace 
(PI.  17,  fig.  1 ).  En  général  le  diamètre  transversal  de 
ce  bouclier  dorsal  a plus  du  double  de  sa  longueur.  Le 
front  est  presque  toujours  étroit  et  beaucoup  moins  saillant 
que  le  bord  inférieur  ou  l’angle  externe  de  l’orbite  ; les 
bords  latéro-antérieurs  de  la  carapace  sont  au  contraire  très- 
longs  et  forment  en  général , avec  le  bord  antérieur , un 
segment  de  cercle  très-régulier  et  très-ouvert  ; chacun  d’eux 
est  armé  de  neuf  dents  plus  ou  moins  saillantes  et  spini- 


(1)  Latreille , Encyc.  t.  X,  p.  iga.  Cancer  navigator  V Herb.  t.  II , 
p.  i55,  PI.  37,  fig.7. 

(•i)  Port  U nus  Fab.  — Bosc.  Hist.  nat.  des  Crust.  t.  I,  p.  20g.  — 
batr.  HLst.  nat.  des  Crust.  et  des  Insectes , t.  YI  ; Encycl. 
Méthod.  t.  X,  etc.  — Lam.  Hist.  nat.  des  Anim.  sans  vert, 
t.  V.  Lupea.  Leacli.  Edirib.  Encyc.  art.  Crustaceology,  v.  7, 
p.  3go,  etc.  — Desni.  Considérations  sur  les  Crust.  p.  97.  — L-at. 
Régne  animal , a*,  édit.  t.  IV,  p.  33. 


i 


446  HISTOini;  N'TUREtLE 

l'ormes,  et  tlans  l’état  actuel  de  la  science , ce  caraetere , 
d’une  importance  tout-à-l’ait  secontlaire  , suffit  pour  distin- 
guer les  Lu])ées  de  tous  les  autres  Portuniens.  Enfin , 
la  dernière  de  ces  épines  est  en  général  beaucoup  plus 
grandes  que  toutes  les  autres  et  se  porte  directement  en 
dehors  ; mais  quelquefois  elle  ne  diffère  pas  de  celle  qui  la 
précède.  Les  orbites  sont  ovalaires  et  dirigées  obliquement 
en  avant  et  en  haut  ; leur  paroi  inférieure  n’arrive  pas  jus- 
qu’au front,  et  il  existe  au  canthus  intei-ne  une  large 
écliancrure  que  remplit  l’article  basilaire  de  l’antenne  externe 
(PL  17,  fig.  2.  ) ; au  bord  supérieur  de  ces  cavités  on  re- 
marque deux  fissures.  Les  fossettes  qui  logent  les  antennes 
internes  sont  peu  profondes  et  à peine  recouvertes  par  le 
front  ; la  lame  verticale  qui  les  sépare  entre  elles  est  armée 
d’une  pointe  spiniforme  qui  se  prolonge  souvent  au  devant 
du  bord  antéi'ieur  de  la  carapace;  en  dehors  ces  cavités 
sont  complètement  séparées  des  orbites , et  la  tige  des  an- 
tenhes  qui  s’y  insèrent  est  assez  courte  pour  s’y  reployer 
en  entier.  L’article  basilaire  des  antennes  externes  se  soude 
au  bord  inférieur  de  l’angle  supérieur  et  externe  du  front  ; 
il  a peu  de  largeur  et  donne  insertion  par  l’extrémité  de 
son  bord  intei'ue  à la  tige  mobile  formée  par  des  articles 
suivaiis,  de  façon  que  cette  tige,  dont  la  longueur  est  con- 
sidérable , pai’aît  naître  du  canthus  interne  de  l’œil,  et  que 
rien  ne  s’oppose  à ce  qu’elle  se  l'eploie  eu  dehors  pour  se 
cacher  dans  la  cavité  orbitaire.  \2èpistonic  est  extrêmement 
étroit,  et  le  cadre  buccal  est  à peu  près  carrée  , mais  en  gé- 
néral plus  large  en  avant  qu’en  arrière.  Le  troisième  article 
des pates-mdchoires  externes  (PI.  17, fig.  3)  est  assez  forte- 
ment tronqué  en  avant  et  en  dedans.  Le  plastron  sternal 
est  presque  toujours  assez  Ixnnbé  longitudinalement,  très- 
large  et  à peine  resserré  postérieurement  ; sa  suture  médiane 
en  occupe  les  trois  derniers  segmens  ( fig.  4 )•  Les  pâtes  de 
la  première  paire  sont  très-grandes  ; on  y observe  toujours 
un  certain  nombre  d’épines,  et  les  doigts  sont  allong  s et 
pas  notablement  courbés  en  dedans.  Les  pâtes  des  trois 


DES  crustacés.  447 

paires  suivantes  sont  beaucoup  moins  longues  et  ont  toutes 
à peu  près  la  incnie  grandeur  ; tantôt  1 article  {jui  les  ter- 
mine est  grêle,  arrondi,  stylilorme  et  en  general  canelé, 
d’autres  fois  il  est  aplati , lainelleux  et  natatoire  ; dans 
le  premier  cas,  ces  pâtes  paraissent  destinées  spéciale- 
ment à la  marche , tandis  que  dans  le  second  leur  dis- 
position est  plus  favorable  à la  natation  Les  pâtes  de  la 
cinquième  sont  très-tortes  et  constituent , par  1 élaigisseraent 
de  leurs  deux  derniers  articles , des  rames  puissantes  ; le  troi- 
sième article  qui  entre  dans  leur  composition  ( ou  la  cuisse  ) , 
est  en  général  gros , mais  très-court , et  ne  présente  presque 
jamais  d’épines  comme  chez  les  ïhalainites  ; enfin,  le  dernier 
article  est  toujours  ovalaire.  Chez  la  femelle  , \' abdomen  ne 
présente  rien  de  remarquable , seulement  sa  longueur  est  très- 
considérable  ; chez  le  mâle  sa  structure  est  la  meme  que 
dans  les  genres  précédens  ; on  n’y  voit  que  cinq  pinces 
distinctes,  le  troisième,  le  quatrième  et  le  cinquième  anneaux 
étant  soudés  entre  eux  , les  trois  pi-emiei-s  segmens  sont 
toujours  très-larges  ; mais  au  niveau  du  quatrième  il  y a 
un  rétrécissement  brusque , et  les  trois  derniers  sont  plus 
ou  moins  étroits. 

Les  Lupées  sont  des  Crustacés  esscntiellementPélagiens  et 
se  rencontrent  souvent  en  ^deinc  mer.  Plusieurs  voyageurs 
en  ont  vu  au  milieu  de  l’océan , n’ayant  pour  lieu  de  repos 
que  des  fucus  flottans.  La  facilité  avec  laquelle  ils  nagent  est 
extrême  î et,  d’apres  les  observations  de  Bosc  , il  paraïUait 
même  qu’ils  ont  la  faculté  de  se  soutenir  à la  surface  de 
l’eau  , dans  un  état  stationnaire  et  sans  exécuter  aucun  mou- 
vement apparent. 

Ce  genre  peut  se  diviser  en  trois  petits  groupes  secon- 
daires faciles  à distinguer  par  les  caractères  suivans  : 


448  HISTOIRE  NATURELIE 

AA.  Espèces  ayant  le  corps  très-e'pais  et  bombé  en  dessus  ; 
les  pâtes  de  la  première  paire  grosses  et  peu  allongées  ; 
la  main  notablement  moins  longue  que  la  carapace. 

Lupées  convexes. 

5 A.  Espèces  ayant  le  corps  très- comprimé  ; les  pâtes  de  la 
première  paii  e très-allongées  ; les  mains  presque  tou- 
jours plus  longues  tpie  la  carapace. 

C.  Tarse  des  pâtes  des  deuxième , troisième  et  qua- 
trième paires  aplati , lamelleux,  et  de  forme  presque 
lancéolée. 

Lupées  nageuses. 

B.  Tarse  des  pâtes  des  deuxième,  troisième  et  qua- 
trième paires  étroit  et  styliforme. 

Lupées  marcheuses. 


i''.  Sous-genre.  Lupées  CONVEXES. 

Les  Lupées  de  cette  subdivision  diffèrent  des  suivans  par  la 
convexité  de  leur  carapace  et  la  brièveté  de  leurs  pâtes  anté- 
rieures , caractère  qui  les  rapprochent  des  Fortunes  ; aussi  est-ce 
dans  ce  dernier  genre  qu’on  les  a rangés  jusqu’ici  ; mais  c est 
avec  les  Lupées  qu  elles  ont  réellement  le  plus  d’analogie. 

Ce  sous-genre  ne  renferme  encore  qu’une  seule  espèce. 

I.  Lupéede  teanquebar.  — L.  tranquebarica  (i). 

La  carapace  est  unie  en  dessus  et  assez  régulièrement  bom- 
bée ; son  diamètre  antéro-postérieur  égale  les  deux  tiers  de  son 


(l)  Portimus  tranqueharicus  Fab.  Suppl,  p.  366.  — Latr.  Hist.  nat. 
des  Crust.  et  Ins.  t.  VI,  p.  i6  ; Encyc.  Métliod.  t.  X,  p.  191  5 
Cancer  olimceus  Hevb.  tab.  38,  f-  3.  Cancer  serratu?  Forsk.  Anim. 
Kgyp.  p.  go.  Portnnns  serratns,  Ruppell,  op.  rit.  PI.  R,  fig.  i- 


DES  CRUSTACÉS.  449 

diamètre  transversal.  Le  front  est  saillant,  et  armé  de  six  dents 
triangulaires,  larges  et  courtes  ; les  bords  latéro- antérieurs  sont 
beaucoup  moins  droits  que  chez  les  autres  Lupées , et  se  pro- 
longeant plus  loin  en  aiTÎère.  Les  neuf  dents  dont  chacun  d’eux 
est  garni  sont  spiniformes , aiguës , dirigées  un  peu  en  avant  et 
semblables  entre  elles.  Les  pâtes  de  la  première  paire  ne  sont 
pas  très-longues,  mais  elles  sont  très-grosses;  on  compte  trois 
épines  sur  le  bord  interne  du  bras,  deux  sur  son  bord  externe , 
trois  sur  le  carpe,  et  trois  sur  la  main , qui  est  renflée  et  un  peu 
courbée  en  dedans.  Les  pâtes  des  trois  paires  suivantes  sont 
aplaties , mais  leur  dernier  article  est  épais  et  plutôt  styliforme 
que  lancéolé. 

La  Lupée  de  Tranquebar  est  la  plus  grande  espèce  de  Por- 
tunien  connue  , elle  atteint  6 à 8 pouces  de  long  ; sa  couleur  est 
d’un  vert  grisâtre  et  elle  habite  les  mers  de  l’Asie.  ( G.  M.  ) 

2'.  Sous-genre.  Lupées  mageuses. 

Dans  cette  subdivision  du  genre  Lupée , le  corps  est  en  gé- 
néral très-déprimé;  la  carapace,  plus  de  deux  fois  aussi  large 
que  longue , est  régulièrement  arquée  en  avant  ; le  front  est 
aussi  presque  toujours  moins  saillant  que  le  bord  inférieur  , ou 
l’angle  extérieur  des  orbites  et  les  mains  beaucoup  plus  longues 
que  la  carapace  ; enfin,  le  dernier  article  des  pâtes  de  la  se- 
conde , de  la  troisième  et  de  la  quatrième  paire  est  aplati , la- 
melleux  et  de  forme  presque  lancéolée  ; aussi  ces  membres  sont- 
ils  disposés  d’une  manière  beaucoup  plus  favorable  à la  natation 
que  dans  le  sous-genre  précédent. 


CRUSTACÉS,  TOME  I, 


29 


.^5o 


HISTOIRE  NATÜREELE 


§ A.  Especes  ayant  la  derniere  épine  latérale  an  moins 
deux  fois  aussi  grosse  que  les  précédentes  et  le  front 
peu  saillant. 

a.  Dents  médianes  du  front  moins  saillantes  que 
les  mitoyennes , et  quelquefois  à peine  visibles. 
a'.  Bord  supérieur  de  l'orbite  armé  dune  épine. 

2.  Lupée  pélaoiemne.  — L.  pelagica  (i). 

Carapace  un  peu  plus  de  deux  fois  aussi  large  que  longue  , 
légèrement  convexe , toute  couverte  de  petites  granulations , et 
représentant  dans  sa  portion  antérieure  un  segment  de  cercle 
très-régulier.  Front  armé  de  six  petites  dents,  et  dépassé  de 
Leaucoup  par  l’épine  inter-antennaire.  IJents  des  bords  latéro- 
antérieurs  triangulaires,  courtes  et  pointues,  excepté  la  der- 
nière qui  est  deux  fois  aussi  grande  que  les  précédentes , large 
a sa  base  et  dirigée  directement  en  dehors.  Pâtes  antérieures 
tres-grandes  j trois  fortes  épines  siii'  le  bord  antérieur  du  bas  , 
deux  sur  le  carpe,  et  trois  sur  la  main,  qui  est  presque  prisma- 
tique,  garnie  do  plusieurs  crêtes  longitudinales,  et  plus  d’une  fois 
et  demie  aussi  longue  que  la  carapace.  Pâtes  des  trois  paires 
suivantes  très-longues  (en  général  leur  troisième  article  dépasse 
de  beaucoup  1 angle  latéral  de  la  carapace) , aplaties , ciliées  en 
dessus  et  un  peu  silioiinées.  Troisième  article  des  pâtes  posté- 
rieures presque  globuleux.  Congneur , 3 à 4-  pouces  j l'ouleur 
vert  grisàti-e  avec  des  taches  jaune.s. 

Habite  la  mer  Rouge  et  tout  l’océan  Indien.  (C  M.) 


(l)  Cancer  pelagicns.  Linn,  Mus.  Lud.  Ulr.  p.  — ForskaI 
Descrip.  Aiiim.  etc.  p.  8q.  — Cancer  reüculatus  Herb.  PI.  5o,  et 
Cancer  cedo  nulti.  Hcrb  PI.  39.  t^ortunus  pelagicns . Fabr.  Suppl, 
p.  36y  Latr.  Hist.  nat.  des  Cr.  t.  VI,  p.  16  ( Encyc.  t.  X, 
p.  188  etc.).  Savigiiy,  Egyp.Cr  PI.  3,  fig.  i.  Lupa  pelagica.  Eeacli, 
Edinb.  Eiicyc.  art.  Crustaceology.  — Desm.  p,  98,  PI.  8 , %.  a. 


DES  CRUSTACES. 


a"*.  Bord  supérieur  de  V orbite  sans  prolongement  spini- 
J'ornie. 

3.  Lupée  SANGUINOLENTE.  — L . sangidnoleiita  [i). 

Point  d’épine  à l’ extrémité  du  bord  postérieur  du  bras. 
Carapace  plus  large  et  moins  granuleuse  que  dans  l’espèce  pré- 
cédente ; front  très-reculé  et  armé  de  six  dents , dont  les  quatre 
médianes  sont  spiniformes  et  les  externes  obtuses.  Dernière  dent 
latérale  encore  plus  grande  que  dans  la  L.  pélagique  , mais 
de  même  forme.  Pâtes  antérieures  beaucoup  plus  courtes; 
mains  n’ayant  pas  une  fois  et  demie  la  longueur  de  la  carapace  , 
et  ne  portant  que  deux  épines.  Troisième  article  des  pâtes  sui- 
vantes n’atteignant  pas  l’extrémité  de  l’angle  latéral  do  la  cara- 
pace ; du  reste,  très-semblable  à l’espèce  précédente.  Lon- 
gueur, environ  2 pouces  ; carapace  portant  en  arrière  trois 
grandes  taches  circulaires  d’un  rouge  vif.  ' 

Habite  l’océan  Indien.  (C.  M.  ) 

4.  Lupée  dicantue.  — L.  dicanlha  (2). 

% 

Une  épine  tr'es-aigué  à L’  c.Tlrémité  du  bord  postérieur  du 
*■  bras.  Carapace  plus  de  doux  fois  aussi  large  que  longue,  et 
marquée  de  (juelques  ligues  granuleuses  transversales  ; front 
disposé  comme  dans  l’espèce  précédente,  si  ce  n’est  que  les 
quatre  dents  mitoyennes  sont  souvent  rudimentaires.  Dernière 


(!)  Cancci  saiigiiinoleulus.  Herb.st.  vol.  1,  p.  161,  tab.  8,  fig.  .'>6,  5^. 
Cancer pelagictts.  var.  Fab.  Mant.  Ins.  t.  I,  p.  3i8,  etc. — Linn. , 
Syst.  liât.  Ed.  (riiielin  Portnnus  snnguiiioteiiliis.  Fabr.  Suppl.  Eut. 
n Syst.  p.  3CSi.  — Eatr.  Encyc.  Métliod.  t.  X,  p.  190. 

(2)  Crabe  de  l'Océan.  Degeer,  Mctii-  pour  servir  à fliist.  des  In- 
sectes, t.  \’I1,  tab.  26,  lig.  8-11.  Portuims  pelag/cus.  Bosc  , Ilist. 
nat.  des  Crust.  t.  l , p.  220,  tab.  5 , Hg'  Portunus  hastnUts.  Fab. 
Suppl.  Entom.  Syst.  p.  867.  -.  Latr.  Hist.  liât.  desCr.  t.  VI,  p.  18. 
Portunus  dicnnthus.  Eat.  Encyc.  t.  .X,  p.  190,  Lapa  hnstnta.  Say. 
Acad,  de  Pliiladelpbie,  vol.  î,  p.  6~>. 

29. 


HISTOIRE  NATURELLE 


452 

dent  latérale  moins  grosse  cpie  dans  les  espèces  précédentes, 
et  un  peu  recourbées  en  avant.  Pâtes  antérieures  grosses , mais 
ne  différant  guères  de  celles  de  la  L.  sanguinolente  que  par  le 
caractère  déjà  indiqué.  Abdomen  du  male  très-large  à sa  base, 
mais  devenant  tout  à coup,  à partir  du  quatrième  anneau, 
presque  linéaii’e , de  façon  à l’essembler  un  peu  à la  lettre  j, 
renversée.  Longueur,  environ  4 pouces. 

Habite  les  côtes  de  l’Amérique.  (CM.) 

aa.  Dents  médianes  du  front  petites,  mais  beaucoup  plus 
saillantes  que  les  deux  mitoyennes. 

5.  Lupée  crible.  — L.  crihraria  (1). 

(PI.  i8,  fig.  I.) 

Carapace  très-aplatie , parfaitement  lisse,  et  à peu  près  de 
même  forme  que  chez  la  L.  sanguinolente  ; front  très-reculé  ; 
épine  inter  - antennaire  courte  ; fissiues  orbitaires  très-pro- 
fondes; dents  latérales  à peu  près  connue  dans  l’espèce  précé- 
dente ; abdomen  ayant  la  forme  ordinaùe.  Longueur,  3 pouces  ; 
couleur  fauve,  avec  une  nndtitude  de  taches  blanchâtres. 
Habite  les  côtes  du  Brésil.  ( C.  M.  ) 

$ B.  Especes  ayant  la  dernière  épine  du  bord  latéro-an- 
térieur  de  la  carapace  guères  plus  gi'ande  que  les 
autres. 

b.  Bord  externe  du  bras  dépourvu  (d épines. 

6.  Lupée  spinimane.  — L.  spinimana  (2). 

Carapace  guères  plus  d’une  fois  et  demie  aussi  large  que 
longue , un  peu  bombée  et  très-inégale  ; front  saillant  et  armé 


(1)  Porlimus  cnhrarius.  Lamarck  , op.  cit.  t.  V,  p.  aSy. 

(2)  Portunus  pelagicus . bat.  , üenera,  Crust.  et  lus.  t-  I. 

Portai, us  spinimamis.  Latr. , Encyc.  t.  X,  p.  188.  Lupa  spinlmaua. 
I.each,  — Desm. , p.  y8. 


DES  CB  ÜSTACÊS. 


453 

de  huit  dents  dont  les  ijuatre  médianes  sont  les  plus  saillantes  ; 
dents  des  bords  latéro-autérieurs  spiniformes  et  dirigées  un 
peu  en  avant  ; pâtes  antérieures  armées  à peu  près  comme  dans 
l’espèce  précédente  ; un  grand  nombre  de  tubercules  granuleux 
et  de  côtes  longitudinales  arrondies  sur  les  mains  ; pâtes  sui- 
vantes très-comprimées.  Longueur,  3 à 4 pouces. 

Habite  les  côtes  du  Brésil.  ( G.  M.  ) 

bb.  Bord  extérieur  des  bras  armé  d! épines. 

7.  Lepée  fromt  lobé.  — L.  lobifrons. 

Carapace  aplatie  comme  dans  la  Lupée  crible , mais  plus  car- 
rée ; front  avancé , divisé  en  quatre  lobes  arrondis  et  armé 
d’une  petite  dent  au-dessus  de  l’angle  orbitaire  interne  ; dents 
des  bords  latéro-antérieurs  petites;  pâtes  antérieures  très-pe- 
tites ; mains  renflées  et  moins  longues  que  la  carapace.  Lon- 
gueur, I pouce. 

Habite  les  Indes  orientales.  (G.  M. ) 

3“.  Sous-genre.  Lupées  maecheuses. 

Les  Lupées  marcheuses  ont  beaucoup  d’analogie  avec  les 
Thalamites  hexagonales  ; leur  carapace  est  en  général  presque 
hexagonale  ; son  bord  fronto-orbitaire  forme  un  angle  assez 
marqué  avec  les  bords  latéro-antérieurs , tandis  que  dans  le 
groupe  précédent  la  portion  antérieure  de  la  carapace  représente 
ordinairement  un  segment  de  cercle  ; la  longueiu'  de  ce  bou- 
clier est  aussi  plus  considérable  comparativement  à la  gran- 
deur totale  du  corps. 


454 


H 1 s T O I 1!  F.  N A r U H £ L li  E 


§ A.  Especes  ayant  la  cle.rniere  dent  du  bord  latéro-an~ 
térieur  de  la  carapace  semblable  aux  autres, 
a.  Dents  des  bords  latéro- antérieurs  alternativement 
grosses  et  petites. 

8.  Lupée  rouge.  — L.  rubra  (i). 

Carapace  une  fois  et  demie  aussi  large  cpie  longue  ; front 
très-avancé , fort  large  , et  divisé  en  huit  dents , dont  les  quatre 
moyennes  sont  très-longues  et  séparées  des  autres  par  une 
échancrure  profonde  ; hoid  inférieur  et  angle  externe  des  or- 
bites moins  avancés  que  le  front  ; bords  latéro-antérieurs  de  la  ca- 
rapace courts  et  armés  de  cinqgrosses  dents  spiniformcs  séparées 
entre  elles  par  quatre  petites;  pâtes  antérieures  de  grandeur 
médiocre  ; ejuatre  ou  cinq  grosses  épines  sm-  le  bord  antérieur 
du  bras  et  quatre  sur  la  partie  supérieure  de  la  main  ; troisième 
article  des  pâtes  postérieures  portant  une  épine  a l’extrémité 
de  son  bord  inférieur.  Longueur  , environ  i pouces  ; couleur 
générale  rougeâtre , extrémité  des  pinces  noire. 

Habite  les  côtes  du  Brésil.  (G.  M.  ) 

aa.  Dents  des  bords  latéro-anterieurs  de  la  carapace  sem- 
blables entre  elles. 

g.  Lupée  grahuleuse.  — L . granulata. 

Carapace  inégale  et  granuleuse  ; front  avancé  et  divisé  en 
cinq  dents,  ou  plutôt  lobes.  Des  épines  sur  le  bord  postérieur 
du  bras  aussi  bien  que  sur  son  bord  antérieur  ; deux  épines  et 
plusieurs  crêtes  longitudinales  et  granideuses  sur  la  main. 
Longueur,  environ  un  pouce. 

Habite  nie  de  France.  (G.  M.) 


(i)  Cin  apoa.  Marggraf,  Hist.  rerum  nat.  Bras.  p.  i83  ( copiée 
par  Jon.stoii  Exsang.  tab.  g,  !•!)>  et  Ruyscli , That.  Anim.  lib.  4, 
tab.  g,  lig.  8).  Poriunus  rubei'.  Lamarck,  op.  cit.  t.  V,  p.  260. 


DES  C8USTACÉS. 


455 


§ B.  Especes  ayant  la  derni'ere  dent  du  bord  latéro-anlé- 
rieurde  la  carapace  au  moins  deux  fois  aussi  grande 
que  les  précédentes. 

b.  Dents  médianes  du  front  beaucoup  plus  saillantes 
que  les  latérales. 

;o.  Lupée  de  Séba.  — L.  Sebce  (1). 

Carapace  à peine  bombée  j front  armé  de  six  dents , en  ge- 
neral toutes  aiguës  et  très-grandes.  Dents  des  bords  latéro-an- 
térieurs  très-pointues  et  un  peu  recourbées  en  avant;  la  der- 
nière environ  deux  fois  aussi  longue  tjue  les  autres , mais  pi-o- 
porlionnellement  plus  mince  ; pales  antérieures  longues  et  e'pi- 
neuses.  Troisième  article  des  pâtes  postérieures  comme  dans 
la  L.  rouge  ; même  taille. 

Habite  les  côtes  du  Brésil.  (G.  M.  ) 

bb.  Dents  médianes  du  front  moins  saillantes  que  les 
autres. 

bb'.  Mains  grosses , de forme  ordinaire , et  moins  lon- 
gues que  le  diamètre  transversal  de  la  carapace- 

II.  Lupée  hastée.  — L.  hastata  (2). 

Bord  supérieur  de  V orbite  sans  dent  médiane.  Carapace 
inégale  et  pubescente.  Front  armé  de  six  dents , dont  les  deux 
médianes  sont  pointues  et  plus  petites  que  les  autres;  point 
d’épine  inter-antennaire  au-dessous  du  fj  ont  ; huit  pre- 
mières dents  latérales  petites  et  triangulaires  ; la  neuvième 


(1)  Cancer  marinis  scutiformis.  Seba  , Mus.  t.  111,  Pb  20,  lig.  <) 
(reproduite  dans  l’Encyc.  PI.  272,  üg.  6 , sous  le  nom  de  Poriunus 
sangtiînolcntus.  par  Latreille) 

(2)  Cancer  ha  status.  Linn.  C.  pela  feus  9 Herb,  t.  1,  PI-  8,  hg.  po. 
Portunus  hastatus.  Latr.  Encyc.  t.  X , P-  189.  — Dict.  class.  d’hist. 
natur.  atlas.  Lupa  Dufourii.  Desm.  p.  yy.  — Latr-  Reg.  Amm. 

éd.  t.  IV,  p.  34. 


456  HISTOIRE  NATURELLE 

très-longue,  étroite,  spinlforme,  etmi  peu  recourbée  en  avant. 
Pâtes  antérieures  grandes  ; quatre  petites  dents  aiguës  siu-  le 
bord  antérieur  du  bras,  une  épine  terminale  sur  son  bord  pos- 
térieur, deux  sur  le  ce;p„,  et  deux  sur  la  main.  Longueur,  en- 
viron deux  pouces. 

Habite  la  Méditerranée.  (C.  M.) 

12.  Lupée  gladiateur.  — Z,  gladialor  (i). 

Bord-supérieur  de  V orbite  armé  d!  une  dentpointueplacée 
entre  deux Jissures  ; carapace  un  peu  bosselée  et  pubescente, 
mais  peu  ou  point  granuleuse.  Front  très-relevé  et  armé  de  six 
petites  dents  triangulaires , pointues  et  tontes  dirigées  en  avant. 
Orbites  presque  circulaires  et  dirigées  en  haut.  Dernière  épine 
latérale  trcs-longue , mais  étroite  ; pâtes  antérieures  médiocres  ; 
quatre  ou  cinq  épines  sur  le  bord  antérieur  du  bras , deux  en 
dehors , deux  sur  le  carpe , et  deux  sur  la  main , laquelle  est 
garnie  de  plusieurs  lignes  longitudinales  élevées.  Couleur  rou- 
geâtre; longueur,  environ  2 pouces. 

Habite  l’océan  Indien.  ( C.  M.  ) 

bb**.  Mains  Jîliformes  et  dune  longueur  extrême 
( ayant  presque  une  fois  et  demie  le  diamètre 
transversal  de  la  carapace). 

i3.  Lupée  temaille.  — L,  forceps  (2). 

Carapace  très-aplatie  et  très-i’étrécie  postérieurement  ; front 
très-reculé;  orbites  dirigées  très-obliquement  en  haut.  Dent 
latérale  presque  aussi  longue  que  l’espace  occupé  par  les  huit 
premières  dents.  Pâtes  antérieures  très -grêles,  et  environ 


{l)  PoHunus gladiator . Fabr.  Suppl.  — Latr.  Encyc.  Mëtli.t.  XVI, 
p.  189,  etc.  Cancer  meriestko,  Herb.  PI.  55,  tig.  3. 

(2)  Porlunus  forceps.  Fabr.  Suppl,  p.  368.  — Herb.  PI.  12,  lig.  I. 
— Latr.  Encyc.  Métb.  t.  X,  p.  190,  etc.  Lapa  forceps.  Leach.  Zool. 
Mis.  1. 1,  PI.  54.— Desm.p.  99. — Latr.  Reg.  An.  2» .'édit.  t.  IV,p.34. 


DES  CfiüSTACÉS. 


457 


quatre  fois  aussi  longues  que  la  carapace  ; les  suivantes  longues 
et  grêles. |Longueur,  environ  un  pouce. 

Habite  les  iintilles.  ( G.  M.  ) 


Il  nous  paraît  probable  que  le  PoiiTUMUs  ponticus  ( i ) et  le 
PoRTUKUS  HASTATUS  (3)  de  Fabricius  appartiennent  à cette 
subdivision  du  genre  Lupe'e. 

Le  P.  DEFENSOR  du  même  auteur  (Suppl,  p.  867  ),  le  P.  ar- 
MiGER  (Suppl,  p.  368) , et  le  P.  «as*oïbiîs  (Suppl.  368) , sont 
aussi  des  Lupées , ctM.  Say  a donné  le  nom  de  Lupamacii- 
lata  à une  espèce  nouvelle- du  même  genre  ( op.  cit.  p.  445  )■ 

Enfin  le  Crustacé  fossil  figuré  par  Davilla  ( Catal.  t.  III , 
PI.  3 , fig.  6 ) , et  désigné  par  M.  Démarest  sous  le  uom  do 
poRTusus  LEUcoDoTî  ( Cr.  Foss.  p.  86,  PI.  6,  fig.  1 , 3 ) , a de 
l’analogie  avec  la  Lupée  Tranquebar. 

VI.  GENRE  THALAMITE.  — Thalamita  (3). 

Les  Thalamites  de  M.  Latreille  constituent  le  type  d un 
groupe  générique  parfaitement  naturel  et  facile  a distin- 
guer , qui  se  lie  d’une  manière  intime  aux  Portunes  et  aux 
Lupées.  Chez  beaucoup  de  ces  Crustacés , la  forme  de  la 
carapace  est  tout-à-fait  caractéristique  ; mais,  chez  d’autres, 
elle  se  rapproche  graduellement  de  celle  propre  aux  Lupées  ; 
en  effet,  tantôt  ce  bouclier  dorsal  a la  forme  d’un  carré 
allongé,  son  diamètre  transversal  est  presque  le  double  de 
sa  longueur,  et  son  bord  fronto-orbitairc  forme  avec  les 
bords  latéro-antérieurs  un  angle  presque  droit  ; d’autres  fois 
elle  est  presque  hexagonale , ses  six  bords  forment  entre  eux 
des  angles  à peu  près  égaux,  et  sa  largeur  n’excède  que  d’envi- 
ron moitié  sa  longueur  (PI.  17,  fig.  i3).  hefront  esttoujours 


(i)  Fabr.  Suppl,  p.  368  ; Herb.st , PI.  55,  fig,  5. 

(a)  Fabr.  Suppl,  p.  367;  Herbst,  PI.  55,  fig.  i. 

(i)  Portuiius.  Fabr.  Suppl Latr.  Encyc.  t.  X,  etc.  Thalamita,. 

Latr.  Reg.  Anim.  a“.  éd.  t.  IV,  p.  33. 


456  HISTOIRE  NATURELLE 

tres-lai’ge  , saillant  et  au  moins  aussi  avancé  que  le  bord  infé- 
rieur et  l’angle  externe  de  l’orbite,  disposition  qui  ne  se  voit 
presque  jamais  chez  les  bupées.  Les  bords  latéro-antérieurs  de 
la  carapace  sont  plusou  moins  obliques,  mais  forment  toujours 
avec  le  bord  fronto-orbitaire  un  angle  très-prononcé  ; on  y 
compte  de4à  'j  dents,  dont  ladernièrc  n’est  jamais  notablement 
plus  grande  que  les  autres.  Les  yeux  sont  gros  et  courts  ; 
les  orbites  sont  ovalaires  et  complètement  séparées  des  fos- 
settes antennaires  ; leur  bord  supérieur  présente  deux  pe- 
tites fissures , et  leur  angle  est  souvent  presque  aussi  éloiiiné 
de  la  ligne  médiane  que  l’angle  qui  termine  en  arriére  le  bord 
latcro-anterieur.  Les  antennes  internes  se  reploient  complè- 
tement dans  leurs  fossettes,  et  la  cloison  inter-antennaire  est 
peu  saillante.  L’article  basilaire  des  antennes  externes  est  en 
général  très-large  (PL  i^,  fig.  i4)  ; il  est  toujours  soudé 
au  front  dans  toute  l’étendue  de  son  bord  antérieur , et 
présente  en  dehors  une  saillie  plus  ou  moins  considérable 
qui  sépare  l’orbite  du  point  d’articulation  de  la  tige  mobile 
de  ces  appendices;  celle-ci  est  très-longue  et  s’insère  quel- 
quefois fort  loin  de  la  cai  ité  orbitaire.  L’épistome  est  bien  dis- 
tinct et  en  forme  de  losange.  Le  cadre  buccal  est  très-large  et 
les pates-mâchoires  externes  sont  déposées  à peu  près  comme 
chez  les  Fortunes  ; le  plastron  sternal  est  très-large  et  sa 
suture  médiane  s’étend  sur  ses  trois  derniers  anneaux.  Les 
pâtes  antérieures  sont  très-grandes  et  ne  peuvent  se  cacher 
sous  la  portion  antérieure  du  corps,  comme  cela  se  voit  chez 
les  Fortunes  et  les  Platyoniques  ; leur  troisième  article  est 
épineux  en  avant  et  dépasse  de  beaucoup  la  carapace; 
enfin  la  main  est  en  génc'ral  hérissée  d’un  nombre  considé- 
rable de  dents , et  sa  longueur  égale  au  moins  celle  de  la 
carapace.  Les  pâtes  des  trois  paires  suivantes  sont  beau- 
coup moins  longues,  et  se  raccourcissent  successivement; 
leur  tarse  est  en  général  styliforme.  Celle  de  la  cinquième 
paire  sont  comme  d’ordinaire  les  plus  courtes  de  toutes  ; 
leur  .troisième  article  est  cependant  assez  allongé,  et  on 
trouve  à l’extrémité  de  son  bord  inférieur  une  épine  assez 


DES  CKUSTACÉS,  4^9 

forte  (disposition  qui  n’existe  jamais  chez  les  Portunesou  les 
Platyoniques , et  qui  est  extrêmement  rare  chez  les  Lupées)  ; 
vers  le  bout,  ces  pâtes  deviennent  très-larges  et  leur  tarse 
est  ovalaire.  L’abdomen  ne  présente  rien  de  remarquable. 

Les  Thalamites  sont  pour  la  plupart  des  Crustacés  de 
moyenne  taille  ; elles  habitent  le  voisinage  des  tropiques 
dans  les  deux  continens.  On  peut  les  répartir  en  deux  grou- 
pes d’après  les  caractères  suivans  : 

§ 1 . Bord  fronlo-orhiiaire  n’occupant  pas  plus  des  deux  tiers 
de  la  largeur  de  la  carapace  , et  formaal  un  angle  assez  ouvert 
avec  les  bords  latcro-antérieurs  qui  sont  armés  de  six  ou 
sept  dents. 

Thalamites  hexagonales. 

§2.  5or(i//-0«t0-o/-(i/'tzzi>e  occupant  presque  toute  la  largeur 
de  la  carapace , et  formant  un  angle  presque  droit  avec  les 
bords  latéro‘antérieurs , qui  ne  sont  armés  que  de  quatre  à 
cinq  dents. 

Thalamites  quadrilatèues. 


i**',  Sous-g'enre.  Thalamites  quadrilatères. 

Dans  ce  groupe , qui  correspond  au  genre  Thalamite , tel  que 
M.  Latreille  l’avait  établi,  les  orbites  oecupent  presque  les 
angles  de  la  carapace , et  les  deux  portions  rpii  constituent  le 
bord  latéral  de  ce  bouclier,  sont  presque  confondues. 

J A.  Especes  ayant  le  front  entier  ou  divisé  en  lobes,  mais 
point  denté. 

I.  Thalamite  admète.  — T.  admete  (i). 
Carapace  presque  plane  en  dessus  ; bordfronto-orbitaire 

Cancer  ndmele.  Hcrb.  PI.  67,  üg-  i-  Portu, ms  admete.  Latr. 

Nouv.  Dict.  d’hist.  nat.t.  XXVIII,  P- 44-  P- admete  et  P.  poissoni. 


J 


4^0  HISTOIRE  naturelle 

occupant  presque  toute  la  largeur  de  la  carapace , presque 
droit  et  divisé  en  quatre  lobes.  Bord  latéro-antérieur  de  la 
carapace  presque  droitet  armé  dequatre  dents  tr'es-aîguës, 
dont  la  qiénultieme  est  beaucoup  plus  petite  que  les  autres. 
Bord  inferieur,  do  l’orbite  dentelé  mais  ne  présentantpas  de  dent 
spmiforme.  Article  basilaire  des  antennes  externes  garni  d’une 
petite  crête  dentelée  qui  dépasse  les  lobes  moyens  du  front  ; 
trois  épines  fortes  et  obtuses  sur  le  bord  antérieur  du  bras  • six 
épines  disposées  alternativement  , et  sur  doux  rangées,  sur  la 
face  supérieiu-e  delà  main,  qui  est'gramileuse  en  dehors.  Pâtes 
suivantes  courtes  et  grêles  ; une  série  de  petites  dents  spini- 
formes  sur  l’avant-dernier  article  de  celles  de  la  cinquième  paire, 
dont  le  tarse  est  ovalaire,  mais  porte  à son  extrémité  un  petit 
ongle  conique  et  pointu.  Longueur,  environ  i pouce. 

Habite  l’océan  Indien  et  la  mer  Rouge  ( G.  M.  ) 

2.  Thalamite  de  Chaptal.—  T.  Chaptalii{ï). 

Carapace  comme  dans  V espèce  précédente  ; front  égale- 
ment large,  mais  plus  avancé  et  à peine  divisé  ; dents  du 
bord  latéro-antérieur  larges , obtuses , presque  carrées  et 
semblables  entre  elles.  Point  de  grosses  épines  sur  la  main. 
Longueur,  environ  i pouce. 

Habite  la  mer  Rouge. 

3.  Thalamite  camarde.  — T.  sima. 

Carapace  très-bombée  ; son  bord  fronto-orbitaire  nota- 
blement plus  court  que  son  diamètre  transversal  ; fr-ont 
avancé  au  milieu,  mais  à peine  lobe  ; bords  latéro-antérieurs  assez 
obliques  et  armés  de  dents  trés-aiguës , dont  la  dernière  est  plus 
grosse  que  les  autres.  Point  d’épines  sur  le  bord  inférieur  de 


Audouin,  Égypte,  Crust.  de  M.  Savigny,  PI.  4,  tig.  3 et  4. 
Thalumila  admets.  Latr.  Reg.  Anim.  a»,  éd.  t.  IV,  p.  33. 

(1)  Portunus  Chaptalii.  Aud.  Crust.  de  M.  Sayignv,  Égypte, 

PI.  4,  %.  1.  ° ’ 


DES  CR.USTACÉS.  4^1 

l’ avant-dernier  article  des  pâtes  postérieures.  Longueur , envi- 
ron 8 lignes. 

Habite  la  côte  de  Coromandel.  (C.  M.) 

§ B.  Especes  dont  le front  est  armé  de  dents  profondément 
découpées  et  aplaties. 

4.  Thalamite  creiîelée  — T.  crenata  (t). 

Cinq  dents  spin  formes  et  à peu  près  égales  au  bord  la- 
téro-antjrieur  de  la  carapace,  dont  la  forme  générale  se  rap- 
proche beaucoup  de  celle  de  la  Thalamite  admète  ; les  six  dents 
mitoyennes  du  front  à peu  près  de  même  grandeur  et  beaucoup 
moins  grosses  (pre  les  externes  qui  occupent  l’angle  interne  de 
l’orbite.  Pâtes  de  même  forme  que  chez  la  T.  admète;  point 
d’épines  sur  le  bord  inférieur  de  l’avant-dernier  article  de  celles 
de  la  cinquième  paire.  Longueur,  18  lignes  à 2 pouces. 

Habite  les  mers  d’Asie.  (G.  M.) 

5.  Thalamite  payMifE.  — T.  prymna  (2). 

Dents  du  bord  latéro-antérienr  de  la  carapace  très, 
inégales  (la  troisième  peu  saillante,  et  la  quatrième  rudimen- 
taire). Front  divisé  comme  dans  la  T.  crenclée,  si  ce  n’est  que 
les  dents  externes  sont  pointues  et  peu  développées , et  que  leg 
précédentes  sont  beaucoup  plus  petites  que  les  mitoyennes.  Une 
petite  épine  au  côté  interne  du  bord  orbitaire  inférieur.  Du  reste^ 
très-semblable  à l’espèce  précédente.  Longueur,  environ  i pouce. 

Habite  l’Australasie.  ( C.  M.  ) 

§ 2.  Sous-genre  des  Thalamites  hexagonales. 

Les  Thalamites  hexagonales  ont  en  général  la  carapace  plus 
large , et  le  front  beaucoup  plus  étroit  que  dans  le  sous-genre 


(!)  Portiimis  crcealus.  Latr.  Collcct.  du  Mus.  Thnlamita  admetc, 
Guérin,  Icoii.  Cr.  PI.  1 , fig.  4. 

(3)  Cancer prjmua.  Herb.  Pj.  5,  hg-  a.  Portunus  prymna.  Latr. 
Nouv.  Dict.  d’flist.  nat.  t.  XXYIII,  P'  4h 


4(>'2  HISTOIRE  NATÜBEELE 

précétleiit  ; aussi  los  orbites  sont-ils  loin  des  angles  externes  do  ce 
bouclier  dorsal,  et  les  bords  latéro-antérieurs  sont  très-obli- 
ques , disposition  qui  rapproche  ces  Crustacés  de  certaines  Lu- 
pées.  Enfin  le  front  est  toujours  armé  de  huit  dents , et  la  pièce 
basilaire  des  antennes  est  en  général  assez  étroite. 

§ A.  Especes  ayant  le  bord  latéro-antérieur  de  la  cara- 
pace armé  de  six  dents. 

a.  La  dernihre  dent  latérale  à peu  près  de  même  gran- 
deur que  les  précédentes. 

a*.  Pâtes  antérieures  armées  Æ épines,  mais  du  reste 
.sans  granulations  élevées. 

I.  Thalamite  crucifêee.  — T.  crucifera  {i). 

Pâtes  des  deuxieme,  troisième  et  quatrième  paires 
tr'es-aplaties  et  sillonnées  sur  les  trois  derniers  articles. 
Carapace  lisse  ou  à peine  ridée,  et  plus  de  deux  fois  aussi  lon- 
gue que  son  bord  fronto- orbitaire.  Front  profondément  échan- 
cré  et  armé  de  huit  dents  grandes  et  obtuses.  Dents  latérales 
de  la  carapace  courtes  , larges  et  comme  tronquées  ; la  première 
(celle  cjui  constitue  l’angle  orbitaire  externe),  échancrée  au 
bout , de  façon  à paraître  bifide.  Mains  à peu  près  de  la  lon- 
gueur de  la  carapace , et  armées  en  dessus  de  quatre  grosses 
épines  ; pinces  profondément  cannelées  et  armées  de  grosses 
dents  comprimées.  Tarse  des  trois  paires  de  pâtes  suivantes 
étroit  et  lancéolé.  Point  d’élévation  sur  la  ligne  médiane  des 
deux  derniers  articles  des  pâtes  postérieures.  Longueur,  3 à 4 
pouces  ; couleur  rougeâtre  avec  des  taches  et  bandes  jaunes , 
dont  les  médianes  représentent  une  croix. 

Habite  l’océan  Indien.  ( C.  M.  ) 


(i)  Po-tuitus  crucifer.  Fabr.  Suppl-  p.  3(>4î  — Herb.  PI.  38,  fig.  i 
Cancer  sexdentatus  S ibid.  Pb  ç,  lig*  fia.  Portunus  crucifer.  Latr.  Hist. 
nat.  des  Cr.  t.  VI,  p.  3.j;  — Encyc.  t.  X,  p.  igi,  etc. 


nES  cutis  T ACES. 


463 


1.  Tiialamitf,  ankelée.  — T.  amiulata  (i). 

Pales  des  deuxieme , troisietne  et  qualneme paires  cy- 
lindriques , marquées  de  quelques  ligues  longitudina- 
les, et  terminées  par  un  article  spiniforme.  Carapace 
à peu  près  comme  dans  l’espèce  précédente,  niais  plus  lisse; 
les  dents  latérales  sont  spiniforraes  et  toutes  de  même  Grandeur , 
excepté  la  dernière  c[ui  est  plus  petite  que  les  autres.  Pinces 
armées  de  dents  tuberculeuses.  Longueur , environ  2 pouces. 

Habite  l’océan  Indien  et  la  mer  Rouge  (C.  M). 

a”.  Pâtes  antérieures  présentant  entre  les  épines  dont 
elles  sont  armées , un  grand  nombre  de  tubercules  ou  de 
granulations  élevées. 

3.  Ïhalamite  nageuse.  — T.  natator  {1). 

( PI.  l'j , fig.  1 3 et  1 4-  ) 

Face  supérieure  de  la  carapace  garnie  dun  assez 
grand  nombre  de  lignes  transversales , saillantes  et  granu- 
leuses ; dents  des  bords  laléro-antéricurs  très-larges;  les  deux 
premières  obtuses , courtes  et  beaucoup  plus  étroites  que  les 
autres  , qui  sont  tronquées  et  spiniformes  à leur  angle  antérieur. 

Haliite  l’Océan  indien.  { C.  M.  ) 

4.  Tiiai.amite  tronquée.  — Z’,  truncata  (3). 

Face  supérieure  de  la  carapace  lisse , sans  lignes  sail- 
lantes et  légèrement  bombée  ; son  bord  fi-ontu-orbitaire  éga- 


(1)  Cancer  sexdentatus.  ï’orsk.  Portunus  annidatus.  Fubr.  Suppl. 
P .304.  — Herb.  PI.  49,  dg-  5.  — Latr.  Hist.  iiat.  des  Crust.  t.VI, 
p.  i5. 

(2)  Cancer  natator.  Herb.  PI.  40 , dg-  I. — Porliuius  sangiiinotentiis, 
lîosc,  Crust.  t.  I,  p-  218. 

(3)  Povlunus  tntnccUui.  Fahr.  Suppl  p.  305  — Lair.  Hist  nut.  des 
Cr.  t.  VI,  p.  lO. 


IIISTOIKE  NATURELLE 


464 

lant  presque  son  diamètre  transversal.  Front  armé  de  huit 
dents  rudimentaires , et  constituant  les  angles  de  quatre 
lobes  tronqués.  Dents  du  bord  latéro-antérieur  de  la  cai'apace 
larges,  tronque'es,  et  si  courtes,  quelles  ont  plutôt  la  forme 
de  crénelures  que  de  dents  ordinaires.  Longueur,  environ  2 
pouces. 

Habite  l’océan  Indien  (G.  M.  ) 

aa.  La  derniers  dent  latérale  plus  grosse  et  beaucoup 
plus  saillante  que  les  autres. 

5.  Thalamite  callianasse.  — T,  callianassa  (\). 

Carapace  fortement  ridée  en  dessus  et  très-large.  Front 
étroit  et  armé  de  huit  dents  petites,  aiguës,  et  également  espa- 
cées. Bords  latéro-antérieurs  , courts , et  armés  de  dents  étroites 
et  pointues.  Pâtes  antérieures  granuleuses  et  hérissées  d’épines 
courtes.  Longueur  , environ  un  pouce. 

Habite  l’océan  Indien,  ( G.  M.  ) 

§ B.  Mspeces  ayant  le  bord  latéro-antérieur  de  la  cara- 
pace armé  de  sept  dents , dont  deux  rudimentaires. 

6.  Thalamite  a doigts  rouges.  — T,  erytho-dactyla  (2). 

Carapace  a peine  ridée  en  dessus  et  trés-aplatie  ; dents 
frontales  longues  et  aiguës  ; bords  latéro-antérieurs  armés  de 
cinq  grosses  dents  spiniformes  et  semblables  entre  elles  , et  de 
deux  dents  rudimentaires  cachées  dans  les  échancrures  que  les 
pi-emiéres  grosses  dents  laissent  entre  elles.  Ni  granulations 
ni  tubercules  entre  les  dents  spiniformes  dont  la  main  est  ar- 
mée. Longuem- , deux  pouces  et  demi. 

Habite  l’Australasie.  ( G.  M.  ) 

La  Cancer  feriatus  de  Linné  ( Mus.  Lud.  Ulr.,  page  43;  ), 


(i)  Cancer  callianassa.  Herb.  t.  III,  PI.  Sj,  fig.  7. 

(a)  Portuuus  eryllio-darlyhis.  Lamk,  op.  rit.  l.  V,  p.  aây. 


nEs  cnüSTACÉs. 

appai’lenaut  probablement  à cette  division  du  genre  Thalamite, 
et  paraît  se  rapprocher  de  la  T.  à doigts  rouges, 

Le  PoRTUNüs  VARIEGATUS  de  Fabriciiis  (Suppl  p.  364) 
évidemment  une  espèce  très-varice  de  la  T.  callianasse. 

Le  PoRTUîfUSHOLOSERicEL’S  du  même  auteur  (Suppl,  p,  365) 
est  très-voisine  de  la  précédente. 

Enfin,  le  PoRTUNUs  Lucifer  deFabricius  (Suppl,  p.  364), 
me  semble  devoir  être  aussi  un  Thalamite  ; mais  les  caractères 
que  ce  naturaliste  y assigne  ne  sutfisent  pas  pour  nous  le  faire 
distinguer  des  espèces  précédentes. 

GEMHE.  PODOPHTHALME.  — Podophthalmus  (i). 

De  tous  les  Poi-tuniens  les  Podophthalmcs  sont  ceux  dont 
l’aspect  est  le  plus  remarquable  et  les  caractères  distinctifs 
les  plus  faciles  à saisir  ; la  longueur  démesurée  de  leurs  pé- 
doncules oculaires  , qui  sont  très-courts  chez  les  autres  Bra- 
chyures  nageurs  , suffit  pour  les  f'aii’e  reconnaître  au  pi-emier 
abord.  Aussi  ce  petit  groupe , établi  par  Lamarck  , est-il  un 
des  premiers  démembremens  qu’on  ait  fait  du  genre  Portune 
de  Fabricius,  et  c’est  à cause  du  grand  développement  des 
tiges  que  portent  les  yeux  qu’il  a reçu  le  nom  de  Podoph- 
thalme. 

La  carapace  de  ces  Crustacés  a la  forme  d’un  quadrilatère 
très-allongé , dont  les  deux  côtés  latéraux  seraient  forte- 
ment tronqués  ; son  diamètre  antéro-postérieur  n’égale  pas 
la  moitié  de  son  diamètre  transversal , et  son  boi-d  anté- 
rieur, qui  est  presque  droit,  a environ  quatre  fois  la  lon- 


(1)  Fortunus.  Fabr. , Suppl.  Elitoin.  Syst.  p. — Podophthalmus. 
Lam.,  Hist.  des  An.  sans  vert.  t.  V,  p.  255.  — Latr.  Hist.  nat.  de.s 
Ciust.  et  Ins.  t.  VI,  p.  53;  Encyclopédie, luéthod.  Insectes,  t.  X, 

p.  i66.  Règne  animal,  a',  éd.  t.  IV,  p.  33 Leaoh,  Zoologists 

miscellany,  vol.  II. — Pesm.  Con.sidérations  sur  le.s  Crustacés 
p.  gy,  etc. 

crlstacés,  tomi;  i. 


3o 


HISTOIRE  NATURELLE 


466 

gueuT  du  bord  postérieur.  Leyro?!?  ou  espace  compris  entre 
les  deux  yeux  est  linéaire  (PI,  i7,lig.  5),  et  de  chaque  côté 
le  bord  antérieur  de  la  carapace  est  creusé  dans  toute  sa 
longueur  d’une  gouttière  profonde  et  très -longue  , qui 
constitue  les  orbites  ; enfin , l’angle  externe  de  ces  cavités 
oculaires  sépare  le  bord  antérieur  de  la  carapace  de  son 
bord  latéral , dont  la  direction  , très-oblique  , est  la  même 
dans  toute  sa  longueur. 

Les  yeux  (PI.  17,  fîg-  i5) , des  Podophthalmes  , comme 
nous  l’avons  déjà  dit , sont  portés  sur  des  pédoncules  minces 
et  d’une  longueur  extrême  ; ces  tiges  osseuses  s’insèrent  près 
de  la  ligne  médiane  du  front , et  portent  à leur  extrémité 
la  seconde  pièce  oculaire , tandis  que  chex  les  Ocypodes  où  les 
yeux  sont  également  très-grands  c’est  du  développement  de 
cette  seconde  pièce  et  non  de  la  première,  que  leur  longueur 
dépend.  Le  bulbe  oculaire  n’est  pas  très-grand  et  atteint 
l’extrémité  latérale  de  la  carapace.  Les  antennes  internes 
sont  situées  au-dessous  de  l’origine  des  yeux , disposition  qui 
ne  se  rencontre  chez  aucun  autre  Portunien  , et  leur  tige  ne 
peut  pas  se  reployer  dans  la  cavité  qui  les  loge.  Les  an- 
tennes externes  se  trouvent  également  au-dessous  des  yeux  ; 
elles  sont  placées  entre  les  fossettes  antennaires  et  les  or- 
bites, au  côté  externe  des  premières , et  leur  article  basilaire 
se  soude  avec  les  bords  de  ces  deux  cavités , de  manière  à 
compléter  leurs  parois  et  à les  séparer  enti'e  elles  ; la  tige 
mobile  qui  termine  ces  antennes  est  formée  de  deux  petits 
articles  pédonculaircs  et  d’un  filet  multiarticulé,  grêle  et  assez 
court.  Le  cadre  buccal  est  extrêmement  large , et  n’est  sé- 
paré des  fossettes  antennaires  que  par  un  bord  très-mince  ; 
son  bord  antérieur  est  environ  deux  fois  aussi  long  que 
ses  bords  latéraux,  et  ceux-ci  se  portent  obliquement  en 
arrière  et  en  dedans.  Les  pales-mâchoires  externes  laissent 
entre  elles  un  espace  assez  considérable,  et  leur  troisième  arti- 
cle est  à peu  près  aussi  large  que  long(fig.  6,  a);  mais  il  est 
tellement  tronqué  en  avant  et  en  dedans  , que  sa  forme  a été 
comparée  à celle  d’une  hache  dont  l’cxtivraité  du  bord  tran- 


DES  CRUSTACÉS. 

chant  donnerait  insertion  aux  articles  suivans  qui  sont  très- 
grands.  Les  patas  de  la  première  paire  sont  grandes  et  se  ter- 
minent par  une  main  presepe droite  ; lorsqu’ellessont  reployées 
elles  dépassent  encore  de  beaucoup  les  boi'ds  de  la  carapace. 
Les  pâtes  suivantes  sont  beaucoup  moins  grandes  que  les 
antérieures  , et  celles  de  la  troisième  paire  sont  plus  longues 
que  les  autres  ; l’article  qui  termine  les  secondes , les  troi- 
sièmes et  les  quatrièmes , est  styliforme  et  un  peu  aplati  ; 
enfin , les  pâtes  de  la  cinquième  paire  sont  très-élargies  et  en 
forme  de  rames  natatoires.  abdomen  ne  présente  rien  de 
remarquable  chez  les  femelles  ; mais  chez  le  mâle  il  est  trian- 
gulaire et  se  compose  seulement  de  cinq  pièces  mobiles. 

On  ne  sait  rien  sur  les  moeurs  de  ces  Crustacés.  La  seule 
espèce  vivante  que  l’on  connaisse  habite  les  mers  tropicales. 

I.  PoDOPHTHALME  VIGIL. P.  oigU  (l). 

Ce  Crustacé  a la  carapace  presque  lisse  et  armée  de  chaque 
côté  d’une  forte  épine  qui  est  dirigée  transversalement  e)r 
dehors,  et  occupe  l’angle  externe  de  l’orbite;  en  arrière  de 
cette  dent,  on  en  voit  une  autre  beaucoup  plus  petite,  mais 
dans  le  reste  de  son  étendue  le  bord  latéral  n’est  fpie  granulé. 

Les  antennes  externes  sont  beaucoup  moins  longues  que  les 
internes.  Les  pâtes  de  la  première  paire  sont  hérissées  d’un 
assez  gi’and  nombre  d’épines  ; on  en  voit  trois  sur  le  boid 
antérieur  du  bras , et  deux  du  côté  externe  du  même  article  ; 
deux  sur  le  carpe,  et  deux  sur  la  main.  Les  pâtes  des  trois 
paires  suivantes  ont  le  tarse  cannelé.  Le  cinquième  article  de* 


(i)  Portunus  vigil.  Fabr.  Suppl.  Entom.  Syst.  p.  363,  n”.  1.  — 
Poclophlhalmus  spinosus.  Lam.,  Syst.  des  Aiiim.  sans  vert.  p.  iSe  ; 
Hist  des  An.  sans  vert.  t.  V,  p.  157.  — Latr.,  Gen.  Crust.  et  lus. 
t.  I,  tab.  I et  2 , fig.  I.  Ilist.  iiat.  des  Crust.  et  lus.  t.  AI , p.  54, 
16.  46.  Reg.  Anim.  t.  IV,  p.  33.  Eiicyc.  niètli.  PI.  3o8,  lig.  i. 
— Desmarest , op.  cit.  Pi.  6,  fig.  i.  — Podophthalmus  vigH.  Leacu, 
Zoologist  niiscellany  , vol.  Il,  tab.  1 18. — Guérin , Icouograpibie 
du  règne  animal  Cru.st.  PI.  i,  lig.  3- 


468  iiistoihe  p»ATtiHrti,E  des  gküstacés. 
pâtes  postci’ieures  est  grand  et  très -élargi  postérieurement; 
enlin , le  dernier  article  est  ovalaire  et  cilié  sur  les  bords. 
Longneur,  2 à 4 pouces. 

Habite  l’océan  Indien.  (C.  M.) 

Parmi  les  Crustacés  fossiles  que  M.  Desmarest  a fait  con- 
naître, il  en  est  un  (i)  qui  appartient  évidemment  au  genre 
Podophtlialme,  et  qui  parait  dilférer  principalement  du  Po- 
dophthalme  vigil  par  l’absence  des  épines  aiguës  qui,  chez  ce 
dernier,  terminent  les  angles  latéraux  de  la  carapace  ; mais , 
comme  on  ne  connaît  que  le  moule  intérieur  de  cet  animal, 
il  est  bien  possible  que  ce  caractère  ii’existe  pas  réellement. 

On  ignore  le  gisement  de  ce  fossil. 


(I)  Podophthalmus  de  Francii.  Desmarest,  Histoire  naturelle  des 
. Crustacés  fossiles,  p.  88,  PI.  5,  tig.  6-8.