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BIBLIOTHEEK
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NATIONAAL NATUUflHISTOBISCH MUSEUM Postbus 9517 2300 RA Leldon N«dsrLand
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PAlilS.
IMPRIMEr»!'- ET EONDERIE DE EAIN ,
F, r.AC[5E, IS». 4, '■■•Acr. nE I.’ODÉon.
HISTOIRE NATÜRELLE
DES
CRUSTACÉS,
COMPRENANT
L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION
DE CES ANIMAUX ;
Par M. MILNE EDWARDS,
Docteur en médecine, proeeiskur d’histoire naturelle au COLLÉos
ROYAL DE HENRI IV ET A L’ÉcOLE CENTRALE DES ARTS
ET MANUFACTURES.
TOME PREM
OUVRAGE ACCOMPAGNÉ DE PL
PARIS-
librairie ESrC-rCLOFÉDIQUE DE
RUE HAUTEFEUILLE , lO BIS.
nORET,
1834,
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INTRODUCTION.
L’Entomologie , ou l’histoire des animaux articu-
les, est sans contredit une des sciences dont les na-
turalistes se sont le plus occupés; mais toutes les
hranches dont elle se compose n’ont pas été culti-
vées avec le même soin. Les Insectes ont été le sujet
des travaux les plus nombreux et les plus minu-
tieux; les Crustacés, au contraire, n’ont fixé l’at-
tention que d’un petit nombre d’observateurs, et
c’est de nos jours seulement que datent la plupart
des recherches suivies qui ont été faites sur cette
classe d’animaux.
Divers Crustacés, reconnaissables par leur forme,
ont été représentés par les anciens sur leurs mé-
dailles, sur leurs pierres gravées; ces animaux
jouent aussi un rôle dans les Mythes des Grecs.
Mais, bien que plusieurs espèces communes dans
la Méditerranée fournissent un aliment agréable, et
que d autres présentent des particularités de struc-
ture et d habitudes également curieuses, on ne
trouve dans les écrits des anciens que peu de lu-
mière sur leur histoire. Hippocrate , qui vivait cinq
cents ans avant Jésus-Christ , fait mention de cer-
tains Crustacés qu’il regardait comme pouvant être
employés avec succès dans le traitement de di-
CRCSTACÉS, TOME I. a
ij INTKODÜCTIOK.
verses maladies ; mais c’est tout au plus si on peut
se former une opinion arrêtée sur les espèces dont
il voulait parler (i). Aristote, au contraire , nous a
laissé sur ces animaux plusieurs pages remplies de
faits importans , et pour la plupart très-exacts; un
des chapitres du quatrième livre de son Histoire des
animaux leur est consacré , et on y trouve des dé-
tails sur leur anatomie, aussi bien que sur leurs
formes et sur leurs mœurs.
Ce grand zoologiste distingue les Langoustes,
les Homards et quelques autres espèces de Déca-
podes Macroures, ainsique les Décapodes à courte
queue; mais il ne donne pas, des diverses espèces
qu’il mentionne , une description assez précise
pour qu’il ait été toujours possible, même à un
des naturalistes et des critiques les plus habiles,
M. Cuvier , de les reconnaître avec quelque
certitude (2). Dans un autre chapitre du même
(1) Dans son traité de Morbis mulientm, livre 1°'. . par exemple,
il recommande l'usage des Cancres jlnmntihs { qui sont probablement
des Telpbeuses) , comme facilitant l’accouchement dans le cas où le
foetus serait déjà mort. (Tei. 128 , p. Sig , vol 2 de l'édition de Van-
der Linder. )
(2) Aristote divise ses Malacostracés ou Crustacés (
en quatre genres principaux, savoir ; les Girabns les jfs-
tacos (aV«o<“*)i 1** Karides (xa/niTiâï), elles Carcinons {xaLixisait) Les
Carahos, qui dans la traduction de Gaza prennent le nom de Lo-
ciista, .sont évidemment <les Langoustes, et ses dstacos (ou Gam-
mariis de Gaza) des Homards. Quant aux Karides , il les divise à leur
tour en trois groupes : les Bossues, les Granges et les Karides de
la petite espèce! leur synonymie est plus difficile à établir ; mais,
d’après les recherches critiques de M. Cuvier, il paraît très-pro-
bable que les premiers sont des Palémons ou des Pénées , et les
INTRODUCTION. jjj
livre, Aristote décrit sous le nom de Karcinion, ou
petit CraLe, le Bernard rErmite, qu’il regarde
comme appartenant en meme temps aux Crustacés
et aux Testaces , à cause de la coquille dans laquelle
ce smguliei Crustacé établit sa résidence, mais qui
ne lui appartient réellement pas. Enfin, il parle
ailleurs d’une espèce de Crabe de la Phénicie, qui
marche si vite qu’on l’appelle flippœ, ce qui paraît
indiquer qui! est question del’Ocjpode.
Pline ne nous apprend rien de plus sur l’histoire
de ces animaux, ce qu’il en dit étant copié des écrits
d’Aristote. Un passage de la vaste compilation
dÆuiEN montre que l’espèce de Scyllare, que
dans le Languedoc on nomme Cigale de mer, était
connue des anciens et appelée de même qu’auiour-
lui Cicada. 11 est probable que c’est aussi à cer-
taines Scy llares que doit être appliqué ce qu’Athénée
petites Doiir communes dans ces mers, mais trop
Caranol sont le" CrÎw.ron o'' '' ‘'°"'“Si-stes. Enfin, les
observe que les Occapodos a courte queue. Aristote
nombreuses et en «division sont trés-
HéracléotiqJes ilnlV'T
Héracléolioues n p'®*-' quelque certitude. Les Crabes
souvent sur les roéduTl'e***”* , qu'on reconnaît
penser que Jes T.f , .^''r SMcndement à
ce nom 'eî , P ‘1"* “ujonrd hui encore por-
"o* côtes, f Vot e, figures sont probal, lement les Tourteaux de
les espic-s ,l' Æ ^ ^ détails , la VisserliUkm critiiiue sur
donné, pjr M p"*"' des auoiens , cl sur les noms yuits le„r ont
servir à P Histoire desAWoir''’*" Mémoires pour
”‘ologie, placé en têm 7 cMcau de I histoire de Lto.
a ctttowologie, par M. Latrpüle. "i
(l.
dit des grandes Karides. Enfin , il est aussi question
du Pinnotère dans les ouvrages, non seulement des
naturalistes, mais aussi dans ceux des littérateurs
anciens , car Cicéron en parle aussi bien que Pline
et Apien; mais c’est en général pour prêter à ce
petit Crabe, qui vit entre les valves des Pûmes et
des Moules, des ruses et des usages qu’il est loin
d’avoir.
En résumé, nous voyons que la branche de la
zoologie, qui a pour objet les Crustacés, était tres-
peu avancée, chez les -ciens, et que ce n est guères
que dans les ouvrages d’Aristote quon trouve une
ébauche de l’histoire de ces animaux.
Pendant les siècles d’ignorance et de barbarie qui
précédèrent immédiatement et qui suivirent la
destruction de l’empire romain, l’histoire des Crus-
tacés, comme toutes les branches de la zoologie,
resta stationnaire, car Albert le Grand , et les autres
écrivains (en très-petit nombre) qui, à cette épo-
que , consacrèrent leur plume aux sciences natu-
relles , ne firent que copier et commenter les an-
ciens. Mais, vers le milieu du seizième siècle, on
commença de nouveau à observer et à acquérir par
conséquent des connaissances positives ; trois na-
turalistes célèbres, Belon, Boudelet et Salviam,
publièrent alors sur l’ichtyologie des ouvrages juste-
ment estimés , et les deux premiers s’occupèrent en
même temps des Ci’ustacés.
Belon, né en i 5 i 7, dans un village près du Mans,
employa une partie de sa vie à voyager en Italie , en
INTRODUCTION.
V
Grèce , dans l’Asie , etc. , et sut profiter de cette cir-
constance heureuse pour recueillir de grandes ri-
chesses scientifiques, qu’il publia ensuite, soit dans
ses ouvrages sur les animaux aquatiques ou sur les oi-
seaux , soit dans la relation de ses voyages. Son livre
de ylquatiübus , imprimé en i553, et traduit en
français deux ans après , renferme des figures gros-
sières, mais cependant reconnaissables, de douze
espèces de Crustacés, à la plupart desquels sont rap-
portés, avec plusoumoins de bonheur, les noms don»
nés par les anciens, plus spécialement par Aristote,
à celles dont il avait fait mention. Aces planches, gra-
vées sur bois, Belon a ajouté aussi les noms vul-
gaires employés tant en France qu’en Italie, et
quelques détails sur les formes, les mœurs ou les
usages de ces animaux , mais sans les décrire et
sans indiquer les caractères à l’aide desquels on peut
les distinguer. Les espèces qu’il a le mieux repré-
sentées sont la Squille mante , qu’il nomme Cigale
de mer , la Langouste, le Homard, l’Écrevisse et le
Scyllare; on reconnaît aussi les figures d’un Palé-
nion, de la Telpheuse ou Cancre de rivière, du
Maïa squinade, etc.
Rondelet, professeur d’anatomie à Montpellier,
6t contemporain de Belon, consacra aussi à l’his-
^ire des Crustacés une partie de son livre sur les
oissons, publié en i554 et 55. Les figures qui
ornent cet ouvrage sont gravées en bois comme
celles de Belon, mais elles sont beaucoup plus
exactes, et donnent en général une idée assez pré-
INTRODIJCTIOX.
xi
cise des espèces qu’ elles sont destinées à faire con-
naître; plusieurs des Crustacés, représentés par
Rondelet, l’avaient déjà été, quoique beaucoup
moins bien, par Belon; de ce nombre sont la
Langouste , le Homard, leScyllarelarge,la Squille
mante, leMaïa squinade, etc.; mais d’autres, tels
qne le Scjllare ours, la Galatbée rugueuse , le Penée
caramote , le Bernard l’Ermite, le Homole front épi-
neux, le Platyonique dépurateur , l’Inachus, etc.,
étaient complètement nouveaux pour la science ;
le nombre total des espèces qu’il figure est de 26;
les noms anciens qu’il y rapporte sont quelquefois
mal appliqués , et les descriptions aussi incomplètes
que celles de Belon ; mais néanmoins on est encore
obligé de consulter son ouvrage, et on y trouve,
ainsi que dans celui de son contemporain, des dé-
tails qui ont été souvent négligés par les auteurs
les plus modernes.
Peu de temps après l’époque où parurent les
ouvrages dont nous venons de parler , Conrad
Gesner publia une espèce d’encyclopédie, dans
laquelle il rassembla tout ce qu’on savait de son
temps sur l’histoire naturelle des animaux, et
consigna plusieurs observations nouvelles (i). On
y trouve un assez grand nombre de figures de
Crustacés, mais la plupart d’entre elles sont co-
piées d’après celles dont Belon et Rondelet venaient
(l) Gesneri , ffisloria aiiimalium , liber JP'', de Aquatilibui , in-fol.
I NTROnUCTIOFf.
vij
d’enrichir la science. L’ouvrage de même nature ,
que l’on doità Aldrovakde (i), est en général moins
estimé sous le rapport de l’érudition et de la mé-
thode. Le volume qui renferme l’histoire des Crus-
tacés ne parut qu’en 1 606 , après la mort de son
auteur. La plupart des figures sont grossières et
hien plus inexactes que celles de Rondelet; mais
deux d’entre elles étaient très-intéressantes, car
elles faisaient connaître une espèce géante de Crabe
qui habite la Méditerranée, et que M. Risso a dé-
crite dernièrement comme nouvelle sous le nom
de Homole de Cuvier.
Pendant le cours du dix -septième siècle, des
voyageurs et quelques anatomistes contribuèrent
aussi à étendre nos connaissances relatives aux
animaux dont nous faisons ici l’histoire. Parmi les
premiers on doit d’abord citer Marggraf, natura-
liste plein de zèle pour la science , qui accompagna
Pison au Brésil, et qui y mourut avant que d’a-
voir publié le résultat de ses observations; il nous
a laissé la description succincte et les figures d’un
assez grand nombre de Crustacés du nouveau con-
tinent, et entre autres des Crabes terrestres ou
Tourlouroux, qui vivent loin de la mer, et font
chaque année un long voyage pour venir y dé-
poser leurs œufs (2). L’ouvrage sur les Antilles,
(U ÜLYssis Albrovasdi, ch Jieliquis aulmalihus exsanguibus , libri
Bononia, iGo6, in-fol.
(2) Les observations que Marggraf a laissées sur l'histoire naturelle
ont ete publiées par J . de Laet , dans le même volume que celles de
INTRODUCTION.
VIIJ
publié vers la même époque , par Rochefort , fit
aussi connaître quelques particulai’ités nouvelles
des mœurs de ces Crustacés curieux (i).
Deux ouvrages de pure compilation, dans les-
quels on traite de l’iiistoire naturelle des Crus-
tacés, parurent encore pendant le dix-septième siè-
cle ; l’un est spécialement consacré à ces animaux,
sous le triple rapport de la zoologie, de la phy-
siologie et de la pharmacologie (2). L’autre (3) em-
brasse tout le règne animal , et a eu pour modèle
les recueils de Gesner etd’Aldrovande; mais, ainsi
que le premier, il n’ajoute rien aux connaissances
déjà acquises à ce sujet.
Les premières recherches suivies que les anato-
mistes modernes aient faites sur l’organisation des
Crustacés, sont dues au savant et laborieux Swam-
merdam ; cet habile observateur disséqua avec soin
le Pagure ou Bernard l’Ermite, qui vit en para-
site dans les coquilles de diverses mollusques; il
reconnut l’existence d’un cœur et de vaisseaux san-
Pison, sous ce titre : G. Pisonis de Medicina Brasilieusis, lihri quatuor'^
G. Maggravh , Hist. rerum naturaliitm Brasiliœ, lihri octo, in-fol.
Amsterd. 1648. Pison fondit ensuite l’ouvrage de Marggraf avec le
sien. (Voyez de Indice ulriusqiie , etc. in-fol. i658.)
(1) Kochefort, Histoire naturelle des Antilles, etc. in-4- Rotter-
dam, i665, liv. !•'. ch.ap. 2a.
(2) Sachs jl Lewenheimb , Gammarologia sive gammarorum vulgo
cancrorum consideratio physico-philologico-historico-medico-chimica. Un
vol. petit in-S. Franckf. i665. (Les planches qui l’accompagnent
sont très-mauvaises , et copiées pour la plupart d’après Marggraf et
Selon.)
(3) JoNSTON, Htstorîa naturalis de exsanguihus aquatîcis, lihri qua-
(uor, in-fol. Amsterd. n65 , fig. en bois.
INTRODUCTION.
IX
guins chez les animaux que l’on rangeait parmi
les Exsangues, parce qu’ils n’ont pas de sang rouge
semhlahle à celui de l’homme ; il ht aussi plu-
sieurs autres remarques importantes ; mais la
science n’en proh ta pas de suite , car lors de sa mort,
en 1 680 , ses principaux écrits étaient encore ma-
nuscrits, et peut-être auraient-ils été perdus si le
célèbre médecin hollandais Boerhave n’eût géné-
reusement consacré une partie de ses richesses à la
publication des ouvrages qu’il jugeait devoir être les
plus utiles; le vaste recueil d’obsei’vations de Swam-
merdam, sur l’anatomie des Insectes , etc. , fut de
ce nombre, et vit le jour en 178'^ et 38 (i).
Un médecin anglais, Willis, ht vers la même
époque des recherches semblables sur l’Écrevisse
commune, et, comme elles parurent long-temps
avant celles de Swammerdam, il a également le
mérite de la découverte pour plusieurs points qu’il
a signalés , aussi bien que son devancier, à l’atten-
tion des anatomistes (3). Enfin, un autre médecin,
Porzio ou Portius, de Naples, étudia avec plus de
soin qu on ne l’avait fait encore l’appareil de la
génération chez le Homard (3).
Pendant la première moitié du dix-huitième
2 vol. iu-fol. latin et hollandais, 1787 et 1788 ;
jypria + daus la Collection académique ^ partie étran-
gère ÿ t. V ^
(31 ^rutornm. Oxford, 1672.
tur las parties de la génération des Ecrevisses d'eau
louce. ~ tollectiou académique , t. IV.
X
INTRODUCTION.
siècle , on ajouta beaucoup à nos connaissances sur
les Crustacés des pays lointains; mais les zoologistes
ne suivirent pas , dans l’étude de ces animaux , une
marche meilleure que celle adoptée par leurs devan-
ciers; ils publièrent des espèces nouvelles et en don-
nèrent des figures plus ou moins exactes; mais ils
continuèrent à les décrire d’une manière trop super-
ficielle pour les faire reconnaître , et ils n’indiquè-
rent jamaisles particularités d’organisation ou carac-
tères zoologiques propres à les distinguer des autres
espèces. Il en résulta que ces travaux ne contri-
buèrent pas autant aux progrès de la science qu’on
aurait pu s’y attendre , et qu’aujourd’hui la plupart
d’entre eux ne sont de presque aucune utilité pour
l’entomologiste. Nous ne pouvons cependant les
passer sous silence.
Rümph, qui habita Java pendant une longue
suite d’années , et qui y perdit la vue en se livrant
sans ménagement à l’étude de l’histoire naturelle ,
publia en l'ÿoS un ouvrage assez étendu sur la zoo-
logie et la minéralogie de cette partie des grandes
Indes. Il y figura une trentaine de Crustacés que
l’on peut en général très-bien reconnaître, et qui,
pour la plupart, étaient tout-à-fait nouveaux pour
les naturalistes ; de ce nombre était le Birgus latro
des zoologistes modernes et plusieurs autres espèces
curieuses (i).
(:) D'Amhoinsche Rariteitkamer , etc. (Cabinet de curiosités d’Am-
boiiie), par G.-E. Rumphios, i vol. in-fol. Amster. 1705.
INTRODliCTIOiX.
Petiver reproduisit bientôt après les figures pu-
bliées par Rumpb, et fit connaître aussi plusieurs
Crustacés des Antilles (i). Sloane , dans son voyage
à Madère , a donné la figure de quelques autres es-
pèces du même pays, et notamment de la petite
Grapse qu’on voit si fréquemment en mer flottant
sur des fucus, et dont la rencontre a été pour
Colomb un indice utile du voisinage des terres
lorsque son équipage était sur le point de le for-
cer de retourner en Espagne et de renoncer à la
découverte du nouveau monde (a).
Ou voit aussi des figures assez bonnes de plu-
sieurs animaux de cette classe dans le grand ou-
vrage de Catesby sur l’histoire naturelle de la Ca-
roline du sud (3).
Un recueil de figures d’animaux divers, bien
plus riche que ceux dont il vient d’être question, fut
publié, vers le milieu du dix-septième siècle, par
Seba , pharmacien hollandais , qui employa de
grandes richesses k former des collections immenses
tît a en donner la description. Cet ouvrage forme
quatre gros volumes in-folio et renferme un très-
texi^* !** **’°’^* on publia les mêmes planches avec un
I î ^t)régé, en latin, sous le titre de T'hesaitrus imai>/num, etc.
■ in-fol. Leyde, i,ii, et La Haye, ijSg.
t fiaiurce et artis. — Musei Petiveriani ; de aiùmali~
DUS Uustaceis , etc.
(2) ./</ i _
-ff.i r _
lires 1707-1727.
2 vol. Barbadoes Janiaica, etc. by Hans Sloane,
• "loi. Londr '
,0\ J'i. “*'**ÇB t y Uy* *ÿ Jly .
a vol ftittory ofCarolina, Florida and the Bahama Islaiids,
a vol. in-lol. Londres, ,73, .,743,
Xlj INTRODUCTION,
grand nombre de belles planches , mais le texte qui
les accompagne ne peut être consulté avec fruit, car
non-seulement il est écrit sans jugement et sans
critique, mais aussi il donne quelquefois sur la
patrie des espèces figurées les renseignemens les
plus erronés^ Dans le troisième volume on trouve
un assez grand nombre de Crustacés, dontquelques-
uns n ont encore été représentés que là ; aussi ne
peut- on se dispenser d’y avoir quelquefois re-
cours.
Tel était l’état de nos connaissances relativement
aux animaux dont nous faisons Thistoire, lorsque le
célèbre Linné (ï) imprima une nouvelle impulsion
aux études zoologiques, et changea, sous certains
rapports, la marche qu’on avait suivie jusqu’alors.
Comprenant toute l’utilité des classifications, il fixa
l’attention sur les caractères propres à faire distin-
guer les dilférens groupes formés par les animaux ,
et à faire reconnaître chacune des espèces qui s’y
rapportent. Le service qu’il rendit ainsi à la science
fut immense, car, lorsqu’on ne possède pas de
moyens pour arriver facilement à la détermination
des êtres que l’on veut étudier , l’histoire naturelle
devient presque inabordable, et une foule d’observa-
tions curieuses se trouvent perdues , parce qu’il
(i) Seba Lociiplet’issimi reriim naCuralium Thesauri accurata des-
cription 4 vol. grand in-fol. Amsterd. 1734-1765. C’est le troisième
volume qui renferme les Crustacés. Une nouvelle édition de cet
ouvrage se publie actuellement à Paris par les soins de M» Guérin.
INTRODUCTION.
xiij
est souvent impossible de connaître avec certitude
quelle est l’espèce qui y a donné lieu. La classifica-
tion de Linné était artificielle , c’est-à-dire fondée
seulement sur certains caractères choisis arbitrai-
rement, et n’ayant point pour base l’ensemble de
l’organisation et les affinités naturelles des ani-
maux , aussi a-t-elle subi de grandes et d’heu-
reuses modifications; mais il n’en est pas moins
vrai qu’on doit y attribuer en majeure partie les
progrès immenses que la zoologie a faits depuis un
demi-siècle.
C’est principalement sous ce rapport que Linné
contribua à l’avancement de la Carcinologie; dans
son catalogue systématique des animaux , il indiqua
les traits distinctifs les plus remarquables de la plu-
part des espèces de Crustacés alors connus , et cet
exemple fut suivi par presque tous les naturalistes
qui, depuisla publication du Sjstema nalurœ (i),
ont éci’it sur ce sujet. Quant à la manière dont il
classa ces animaux , elle était très-défectueuse; mais,
comme nous aurons l’occasion d’en parler dans la
suite de cet ouvrage, nous ne nous y arrêterons
pas ici.
Les travaux de Linné sur les Crustacés ne furent
P''emière édition du Systema nalurœ de Linné parut à
M V ^ P‘^"dant la vie dé l’auteur, cet ouvrage eut douze
e 1 ions, dont la dernière fut imprimée à Holme en 1^66.
près la mort de Linné , Graelin en publia une treizième édition
iLeipsic, 1-88).
Xiv INTHODVCTIOM.
pas bornés k la classification de ces animaux ; ou lui
doit aussi la description détaillée d’un assez grand
nombre d’espèces, soit nouvelles , soit peu con-
nues ( I ).
Un autre naturaliste, dont les travaux généraux
sur riiistoire naturelle des Crustacés contribuèrent
aussi d’une manière puissante aux progrès de cette
branche de la zoologie, fut Jean-Chrétien Fabri-
cius, élève et émule de Linné. Ses travaux sur
l’organisation de la bouche des Crustacés et des
Insectes enrichirent la science d’une foule de faits
importaus, et fournirent un des élémens dont on
s’est servi plus tard pour la classification naturelle
de ces animaux. Enfin, c’est à lui que l’on doit
l’établissement de la plupart des divisions encore
admises aujourd’hui parmi les Crustacés, soit
comme genres, soit comme tribus ou familles.
Divers de ses ouvrages traitent de la classification
de ces animaux , et renferment l’indication des ca-
ractères d’un grand nombre d’espèces nouvelles,
mais elles ne sont désignées que par une phrase
linnéenne dont l’application est souvent très-incer-
taine , comme nous aurons plus d’une fois l’occa-
sion de le montrer (a).
(1) Muséum Ludovicœ ülricœ regiiue ( in-S». 1764)! Museu'^
Adolphi Frederici regis ( in- fol. 1754 ) ; etc.
(q) V oici la liste de ces ouvrages :
Systemn eutomologiœ ^ un vol. in-8. 177^*
Specics insectorum , un vol. in-8. 1781.
INTRODUCTION,. XV
Pendant que Linné et Fabricius s’occupaient
ainsi de l’ensemble de la science, d’autres natu-
ralistes avançaient également nos connaissances
sur divers points plus ou moins spéciaux de l’bis-
toire naturelle des Crustacés.
Pallas , qui s’est occupé avec succès de toutes les
lirancbes de la zoologie , étudia en détail quelques
espèces nouvelles de cette classe propres à l’Asie ou
à la Baltique (i).
Le célèbre entomologiste Degeer consacra aussi
quelques chapitres de son grand ouvrage sur les
Insectes a 1 histoire de l’Écrevisse et de quelques
autres Crustacés (2).
Forskal, ayant voyagé en Égypte et en Syrie,
fit connaître avec assez de détail la plupart de ceux
propres à ces pays (3).
Pennant , zoologiste laborieux , donna d’assez
bonnes figures d’un certain nombre des Crustacés
des cotes de l’Angleterre (4).
Otbon labricius, excellent naturaliste, qui ré-
enttssa iusectonim , a vol. iu-8. Copeiiliagne, 1787.
lun Copenliague, l'jgS, et un vo-
‘6 e supplément publié en 1 798, d aprè,s le.s travaux de Daldorlï'.
cet O ^^«logicn, un vol. in-4. Berlin. Le 9'. fascicule de
renfermant les Crustacés, etc. parut en 177^.
pour servir h l'histoire des Insectes. 7 vol. in-4 '
de i diiDs le 7". volume que se trouve Thistoire
(3) ^elcr**’
Forskæl animalium quee in itinere orientali observavit P.
vol. in-4 "'«'(eni auctoris edidit G. Niebdil. Havnicfi , 1776 , un
volrnnJ'mm 4 *"‘4' Londres, 1777. C’est dan.s le dernier
trouvent le.s Crustacés.
XVJ INTRODUCTION.
sida pendant long - temps dans le Groenland ,
comme pasteur, publia en l'jSo une Faune de ces
régions glaciales, et décrivit avec soin les Crus-
tacés c[u’on y rencontre (i).
Olivi entreprit, sur les bords de la mer Adria-
tique, une tâche analogue, et accompagna ses des-
criptions de quelques bonnes ligures , chose dont
on regrette l’absence dans l’ouvrage d’Othon Fa-
bricius (2).
Muller fit connaître quelques espèces de Décapo-
des et d’Amphipodes des mers de la Norwège (3) ;
mais son principal titre à la reconnaissance des
entomologistes est son ouvrage sur les Entomos-
tracés (4) , animaux de la même classe , qui sont
d’une petitesse microscopique, et qui néanmoins
ont été étudiés par ..e savant, non-seulement sous
le rapport de leur forme et de leur caractère zoo-
logique, mais aussi sous celui de leurs moeurs et
de leurs habitudes.
La seconde moitié du dix-huitième siècle vit
aussi paraître plusieurs autres ouvrages d’une
moindre importance pour la branche de la zoo-
logie dont l’histoire nous occupe ici. Les opuscules
de Baster (5) , le voyage de Phipps (6) , l’ouvrage
(1) Fattna Grceiilandica, Hafniæ et Lipsiæ, 1580, un vol. in-8.
(2) Zoologia Adriatica. Bassano, 159a , un vol. in-4.
(3) Zoologia Daiiica. 4 vol. in-fol.
(4) Fntoniostraca , seu Insccta iestacea quœ in aquis Daniœ et Norwe-
gicc reperit.Vii vol in-4. i
(5) OpusciUa Subccsiva. 3 vol. m-4 ; Harlem, 1^62-1765.
(6) Phipps, Foyage au pôle boréal fait en ï’JjS. Un vol. in-4.'
I NTRODUCTION.
XV] j
imprimé à la Havane par Parra (i), sont de ce
nombre; mais le travail purement descriptif le plus
utile pour la science, qu’on ait publié pendant
ue laps de temps, est sans contredit celui de
Herbst (a) ; cet auteur n’aborde aucune des ques-
tions élevées de la zoologie , il ne s’occupe pas
de la classification des Crustacés, comme le fai-
saient Linné et Fabricius, mais il donne des fi-
gures assez exactes de plus de deux cent cinquante
espèces , et son recueil est indispensable pour l’in-
telligence de la plupart des ouvrages méthodiques;
plusieurs des planches de Herbst sont copiées d’a-
près celles de ses prédécesseurs; mais il possédait
lui-même une belle collection de Crustacés, et a
fait connaître un grand nombre d’espèces nou-
velles.
Les naturalistes, qui ont étudié les Crustacés sous
le rapport de l’anatomie ou de la physiologie, sont
Ijîen moins nombreux que ceux dont l’attention
s est portée presque exclusivement sur les formes
extérieures de ces animaux. Pendant le dix-sep-
Pème siècle nous avons vu Swammerdam , Willis
quelques autres anatomistes se livrer à des re-
^ erches de cette nature ; le siècle suivant ne pro-
également qu’un petit nombre de travaux
(O leurra /}
Havana " o de differentes piezas de historia natural , etc.
(2) Hcrb
3 vol. 111-4 einer nnturgeschichle der Krabben uiid Krebsg,
1804. ’ un atlas in-lbl. de 62 planches; Berlin, ijgo.
CnvSTACÉS
5 l’OMi; 1.
XViij INTRODICTION.
entrepris tlaus la vue de mieux laire connaître la struc-
ture intérieure des Crustacés, le jeu de leurs orga-
nes, on les particularités de leur manière de vivre;
et encore est-il arrivé que quelques-unes des décou-
vertes qui en ont résulté sont restées ignorées de
la plupart des naturalistes, et n’ont pas profité à
la science.
Vers le commencement de l’époque dont nous
faisons ici l’iiistoire , l’habile et inlatigable obser-
vateur Réaumur publia une série d’expériences
curieuses sur la mue des Écrevisses et sur la repro-
duction des membres de divers Crustacés (i).
Rœscl étudia avec beaucoup plus de détails qu’on
ne l’avait fait encore les parties internes de l’Écre-
visse; son travail renferme, quant à la détermi-
nation des organes, quelques erreurs graves; mais
ses descriptions et ses figures sont très-exactes (2).
Schœllérs publia vers la même époque des détails
intércssans sur l’anatomie des Apus (3). Enfin un
naturaliste très-habile de Naples, Cavolini , donna
un traité sur la génération des Crustacés , dans le-
(i) Sur les diverses reproductions qui se font dans les Écrevisses,
lesHomar ls, les Crabes, etc... et entre autres sur celles de leurs
jambes et de leurs écailles; Mémoires de l'Académie des sciences
de Paris , 1713.
Addition aux observations sur la mue des Écrevisses; mémoires
de l'Académie des sciences de Paris , 1718,
(3) Die lusecleit Tielustigung , in-4.
Ses observations sur les Crustacés se trouvent dans le troisième
volume de ce recueil, publié à Nuremberg en 1755.
(3) Scbœll'ers, Mliaudliwgen voit Insecteii , in-4. Kegensburg,
1764, 2*. volume.
iNTuontJCTiOiv. xix
fluel on trouve une foule d’observations <le bi plus
haute importance sur l’organisation de ces animaux
général , mais qui n’a point iixé l’attention des
auteurs plus récens (i).
A la fin du dix-huitième et au commencement
du dix-neuvième siècle, il s’opéra dans toutes les
branches de la zoologie une réforme importante
dont les effets contribuent puissamment aux pro-
grès de la science. Au lieu de n’employer pour la
classification des animaux que des divisions pure-
ment artificielles et basées sur tel ou tel caractère,
choisi arbitrairement, on clierclia à établir des
méthodes sur l’ensemble de l’organisation, et à
mettre, autant que possible, ces mêmes divisions
en harmonie avec les divers types autour desquels
les êtres divers semblent se grouper dans la nature.
Cest a M. Cuvier que l’on doit en majeure jjartie
cette innovation heureuse; mais, pour ce qui con-
cerne les Insectes et les Crustacés, il a été devancé
par M. Latreille.
Dès l’année l 'jgQ , ce dernier savant avait publié
CS premiers essais d’une classification naturelle de
dont il a depuis lors poursuivi sans re-
e 1 étude (2). Quelques années après, M. Cuvier
apprécier les difierences qui éloignent les Crus-
vol. iii-4 TVf ^ sul/a genernzione die pesci e (Ici gi'aftchi. Vil
m vol. iu-S. Brive .*'**”^‘’* génériques des Insectes pur M. Lalreille,
b.
XX introduction.
tacés des Insectes, parmi lesquels Linné les avait
placés, et en forma deux classes distinctes, dont les
caractères sont puisés dans une organisation difi'é-
rente des organes les plus importans de 1 éco-
nomie. Par la suite nous aurons l’occasion de reve-
nir sur ce sujet; mais il nous faut ajouter ici que les
observations de M. Cuvier, sur la structure interieuie
des Crustacés, dévoilèrent une foule de particulaii-
tés curieuses qui n étaient pas encore entrées dans
la science (i).
Depuis l’époque dont nous venons de parler , la
carcinologie a été enrichie d’un assez grand nombre
d’ouvrages plus ou moins généraux , et de plusieurs
écrits sur des points spéciaux de zoologie , d anato-
mie et de physiologie.
Parmi les premiers viennent se ranger le petit
traité de Y Histoire naturelle des Crustacés,
par Pose , ouvrage que 1 on regarde avec raison
comme étant au-dessous de la réputation de son
auteur (2) , et le Système des animaux sans ver-
tèbres de Lamarck (3) , dans lequel ce savant pro-
posa quelques modifications dans la classification des
(i) Tableau élémentaire de l’histoire naturelle des animaux, par
M Cuvier, un vol. in-8. Pans, 1798.
Leçons d’anatomie comparée de M . Cuvier, rédigées par MM. Du-
luérii et Duvernoy. 5 vol. in-8. Paris, 1799-1805.
CD Hi-stoire naturelle des Crustacés, par Bosc, 2 vol. in-i8, faisant
suite à l'édition de Buffon de Castel. Pans , an X.
(3) Système des animaux .sans vertèbres, par de Lamarck, un vol.
in-8. Paris, 1801.
INTRODUCTION. Xxj
Crustacés. Peu de temps après la publication de ces
tïeux traites, M. Latreille lit paraître , sur l’histoire
naturelle des Crustacés et des Insectes , un ouvi'age
très-étendu et justement estimé, où l’on trouve
exposé avec méthode l’ensemble des connaissances
c^éjà acquises sur ces deux classes d’animaux ( i ). D’au-
tres écrits généraux du même auteur succédèrent
à eelui-ci; mais nous aurons trop souvent occasion
en parler dans la suite de cet ouvrage , pour qu’il
soit nécessaire de nous y arrêter dans ce moment ,
ot nous nous bornerons à les indiquer nominative-
ment. Le premier fut publié en 1807, et est devenu
extrêmement rare; il est en latin, et a pour titre -
Généra Crustaceorum. et Insectorum (2). En 1810
M. Latreille publia un volume de Considérations
générales sur l’ordre naturel des animaux com-
posant les classes des Crustacés, des Arachnides
des Insectes (3); et en 1817 il donna, dans le
l'ègne animal de M. Cuvier (4), un tableau des grou-
pes naturels formés par ces différens êtres, avec l’in-
ication des principales espèces qui se rapportent
Insectes * naturelle générale et particulière des Crustacés et
cours aux œuvres de Buflon, et partie du
tfeille, nt d histoire naturelle rédigé par Sonnini, par M. La-
trouve'^*’ i8oa-5, avec fig. (L'histoire des Crustacés
voluineg ^ troisième, quatrième, cinquième et sixième
(3) Un 1806-1807, avec üg.
(4) Le règne ■
M. Cuvier, 4 vol distribué d’après son organisation , par
tn^uit l’histoire de ’r L® troisième volume, renfer-
® Crustacés, Insectes, etc., est de M. Latreille.
intkodlction.
xxij
à chacune de ces divisions; à une époque plus ré-
cente, il a enrichi la science d’un ouvrage général
sur la zoologie, dans lequel il propose plusieurs
modifications heureuses dans la classification natu-
relle des Crustacés (i) ; en 1829 il fit paraître, con-
jointement avec M. Cuvier, une nouvelle édition du
Règne animal (2); enfin, en i83i, il revint encore
sur le même sujet (3), et, outre ces écrits nom-
breux , il a donné dans divers recueils une foule
d’articles détachés sur l’histoire naturelle des ani-
maux qui nous occupent ici (4).
La classification des Crustacés a été également
traitée, dans ces dernières années, par MM. Du-
méril, Leach, Risso, de Blainville, Lamarck et
Desmarest. Le premier de ces zoologistes ne s’en
est occupé que dans des ouvrages généraux d’his-
toire naturelle (5); mais M. Leach en a fait l’ob-
jet d’une étude spéciale. Sa méthode de classifi-
cation, comme nous le verrons par la suite, est loin
(1) Familles naturelles du règne animal, par M. Latreille, un
vol. in-8. Paris , i8a5.
(2) Le règne animal, par M. Cuvier, 2«. édition, 5 vol. in-8.
Paris, 1829, avec (ig. La partie entomologique , par M. Latreille,
occupe le quatrième et le cinquième volumes.
(3) Cours d'Entoinologie.
(4) Voyez la seconde édition du Dictionnaire d’Iiistoire naturelle ,
publiée par Déterville , et l'Histoire naturelle des Crustacés,
Arachnides et Insectes de l’Encyclopédie méthodique; les premiers
volumes de cet ouvrage (jusqu'à la lettre P) sont d’Olivier, et la
rédaction d’une partie des articles carcinologiques du dernier vo-
lume a été conüée à M. Guérin.
(5) Zoologie analytique , l vol. in-S», Paris, iSeo.
I iVÏROüljCTlOM. XXllJ
d’être à l’abri de la critique ; néanmoins il a intro-
duit clans l’arrangement systématique des Crus-
tacés une foule de modifications réellement utiles ,
®t dont les naturalistes lui sauront toujours gré.
Ses premiers écrits à ce sujet parurent dans l’En-
cyelopédie d’Ecliubourg (i), et plus tard il donna,
dans un recueil scientifique puHié à Londres , un
niémoire très-étendu sur les mêmes questions (2).
M. Leacb a été chargé de la rédaction des articles
carcinologiques insérés dans les premiers volu-
mes du Dictionnaire des Sciences naturelles , et
On trouve dans ses M élanges zoolvgiques la des-
cription et la figure de cjuelques espèces curieu-
ses (3); mais l’ouvrage le plus important qu’il
ait publié sur 1 histoire naturelle des Crustacés
est sans contredit sa description des Malacostracés
podophthalnies de la Grande-Bretagne , qui est
accompagné d’un grand nombre de belles plan-
ches; malheureusement la publication en a été
interrompue à cause de la mauvaise santé de
l’auteur (4).
fi) Article CttusTACEOLOG Y, clans Pirev/sler’s , Ëdhiburgh encyclope-
“> 7 vol. iu 8. Edeuburgh , iSlS-i.t.
arrniigement of the classis Crastacea, Afyriapoda and
Leach”* 7’^’ o/some new généra and spccies , by W. E.
(Voyè,, 0/ ‘he JLinnean Society, vol. XI, Londres, 1814.
le Bulletin do la .société pliilomatique de Paris , 1816 )
1817. (Get'^ '’''^ ntiscellany, by W. E. Lcacli , 3 vol. in 8. Londres
turnii.r. .“‘‘''‘■“ge feit suite au recueil de Shaw, intitulé The ««■
luralist s miscellany.)
(4) Malncostr,
P°dophlhalma Britannice , or Description qf the
XXIV
T N T R O 1) ü C T 1 O N.
Dans un Prodrome d’une nouvelle distribution i
systématique du Règne animal, M. de Blain-
ville a proposé quelques modifications dans la
classification générale des Crustacés , mais il ne
s’y occupe que des grandes divisions (i). M. Risso
aborda en i8i6 le même sujet; mais le but de son
ouvrage était seulement de fidre connaître les Crus-
tacés qui habitent le voisinage de Nice (2); il a ap-
pelé l’attention des zoologistes sur plusieurs espèces
très-curieuses ; mais on regrette en général de ne
pas trouver dans ses descriptions plus de détails,
plus de précision; c’est aussi un défaut que l’on
reproche à Y Histoire naturelle de Y Europe mé-
ridionale qu’il vient de publier , et dans laquelle
il a fait, pour ce qui concerne les Crustacés, quel- ^
ques additions à ce qu’il avait déjà dit dans son
premier ouvrage (3).
Peu de temps après la publication du Règne ani-
mal de M. Cuvier, Lamarck fit paraître le cin-
quième volume de son Histoire des animaux sans
vertèbres , dans lequel il traite des Crustacés. On
bretishspecies qfCrabs, etc. by W. E. Lcach, m-4- Londres, iSiS-iSiy.
(11 n’a paru que ly livraisons renfermant 4^ planches coloriées. )
(1) Essai sur une nouvelle classification des animaux, par M. de
Blainville : Bulletin de la société philomatique , iSi6, et Principes
d’anatomie comparée, 1. 1. Paris, i8a3.
(2) Histoire naturelle des Crustacés des environs de Nice, par
M. Risso, un vol. in-8. Paris 1816 (3 planches).
(3) Histoire naturelle des principales productions de l’Europe
méridionale, par M. Risso, 5 vol. in-8. Paris 182O.
C’est dans le cinquième volume qu’il est question des Crustacés
auxquels l'auteur consacre cinq planches.
i
INTIIODUCTION.
XXV
y retrouve , à quelques changemens près , la clas-
sification de M. Latreille , et à la description de
chaque genre est jointe l’indication des caractères
distinctifs d’un certain nombre d’espèces (i).
Enfin , M. Desmarest a eu l’heureuse idée de
rassembler en un corps d’ouvrage les divers ar-
ticles de carcinologie qu’il avait insérés dans le
Dictionnaire des Sciences naturelles , et d’en
foi’mer une espèce de manuel (2). Dans ce traité
il adopte les mêmes bases de classification que
M. Leach, dont la méthode, comme nous l’a-
vons déjà dit , est complètement artificielle , et
il ne donne pas un catalogue complet des es-
pèces connues; mais ses descriptions sont claires et
précises , les ligures qui les accompagnent sont co-
piées d après de bonnes gravures de M. Leach , etc.,
ou faites d’après nature par des artistes habiles , et
1 ouvrage est, somme toute , un des meilleurs qu’on
^>it publiés sur ce sujet.
Les travaux qui ont été faits sur des points spé-
ciaux de carcinologie sont bien plus nombreux. Les
Voyages lointains ont grossi considérablement le ca-
de T istoire naturelle des animaux sans vertèbres, par DeMonet
''ol- in-8. Paris, iSiS-jSaa.
'^uption générales sur la classe des Crustacés, et des-
côtes et'a* espèces de ces animaux qui vivent dans la mer, sur les
■vol. in.g p"®. C'tux douces de la France . par M. Desnjarest, un
ment partie^ (•'Accompagné de 56 planches , qui font égale-
Primé nar T ^ ^“tlas du Dictionnaire des sciences naturelles, im-
r“me par Uevrault. )
I NTUODlJ CTION.
xxvj
talogue des espèces, et des reclierches sur ranatomie
et la physiologie ont jeté de nouvelles lumières sur
la structure et l’histoire des Crustacés. Lors de
l’expédition de l’armée française en Egypte, M. Sa-
vigny recueillit dans ce pays un grand nombre de
ces animaux dont il a étudié l’organisation exté-
rieure avec le plus grand soin; les planches du
grand ouvrage sur l’Egypte, où il les a fait représen-
ter, sont admirables, mais malheureusement la sauté
de ce savant ne lui a pas permis d’en publier la
description (i). Du reste, cette perte a été réparée
en pai'tie par un autre naturaliste , M. Ruppell , qui
a visité les mêmes parages, et cpii vient de publier
un fascicule sur les Crustacés de la mer Rouge (3).
Les Crustacés de l’Amérique du nord ont été étu-
diés par M. Say(3); Montagu a fait connaître un assez
grand nombre de ceux qui habitent les côtes d’An-
gleterre (4) , et M. Roux , dont les travaux ont été
interrompus par sa mort prématurée, a décrit et
(1) Voyez le deuxième volume de Vliistoire naturelle du grand
ouvrage sur l’Égypte , grand in-1'ol. ; on doit une explication som-
maire de ces planches à M. Audouin.
(2) Besdireihun^ und abhilditng von 2^ ttrlen. Kurzschv^ditzi^en
Krnhhvn nls beitrng snrnaturgcsvhichte dcr rotheu meeres , von E. Rup-
pell , in-4 , Franck. i83o , avec 6 pl.
(3l accoimt nf the Crustacca of the United States, by T, Say ;
Journal of the ncadeniy qf natural Sciences of Philadelphia, vol. i,
1817.
f4) Description of sevcral marine animales, etc., by G. Montagu.
J.inn. Trans. vol. IX and vol XI ( i8o8-i8i3 ).
I lNTRODLCTIOS. SXVIJ
figuré uue partie de ceux de la Méditerranée (i). Les
voyages de MM. Freycinet (2), Marion de Procé(3).
Cranck (4) , Parry (5) Reynaud (6) , etc., ont égal e-
nient conti'ibué à étendre nos connaissances sur
cette classe d’animaux , et lorsque les belles collec-
tion rapportées par MM. Lesson et Garnot, Quoy
et Gaymard , Mertens , Dorbigny , auront été pu-
bliées , il est probable qu’ elles procureront à cette
brandie de la zoologie de nouvelles richesses.
Les petits Crustacés qui habitent les eaux douces,
et que l’on connaît sous le nom d’Entomostracés ,
ont aussi été le sujet des recherches les plus curieu-
ses; Ramd’hor(7), Herman (8), les deux Jurine (9),
(1) Crustacés de lu Méditerranée , in 4 avec figures II n'en a paru
que les cinq premières livraisons.
(2) Description des animaux recueillis dans Vexpédition autour
du monde, commandée par M. de Freycinet, par iVIM, Quoy et
Gairaard, in-fol. Paris, iSaS.
(3) Note sur plusieurs espèces nouvelles de Poissons et de Crus>
^cés observés dans un voyage à Manille, par M, Marion de l’rocé.
ulletiri de la société philomatique, j8aa.
(4) -Appendice n®. X ; a general notice of the animais taken^ hy M. G.
, durittg the expédition Co explore the sources of the Zaïre ^ by
Lcach. br. in-4. Londres.
P J* occ*OM/if of the animais seen by the lato northern expédition ^ etc»
in-4- Londres, i8ui.
^^iinales des sciences naturelles , t. XIX, etc.
l’An pour servira l’iiistoirc de quelques Monocles de
(8) M?"®; “'■4' Halle, i8o5.
Strasboup'””"^'^® aptérologiques , par Hermann, un vol. in-fol.
(9' His*’ ’ *^°4' avec figures coloriées,
nève ] ar'^L^^ Monocles c{ui se trouvent aux environs de Ge-
v.olorfe I“Hne, un vol. in-4. Genève, 1820, avec figures
1 NTÏIODUCTION.
XXVllJ
Benedict Prévost (i), M. Straus (2), et M. Ad.
Brongniart (3), ont publié sur les Cyclops, les
Daphnis, les Cypris, les Branchippes, etc., des
mémoires pleins d’intérêt , et ont porté cette partie
de riiistoire naturelle des Crustacés à un degré de
perfection tel qu’on n’aurait pu d’abord l’espérer.
Enfin M. Wordmann vient d’enrichir la science
d’une foule de découvertes importantes relatives
aux Lernées (4).
M. Savigny a étudié avec autant de précision
que de philosophie le système buccal des Crus-
tacés des ordres supéi’ieurs, et a fait voir com-
ment certains membres se modifient pour servir
tantôt comme instrumens de mastication, tantôt
comme organes de locomotion (5). Quelques lu-
mières nouvelles ont été jetées sur l’organisation
Kote snv \e Manoculus castor, etc., p.tr le même; Bulletin de la
Société philomatique , t. I et II.
Mémoire sur l'Argule foliacée, par Jurine fils, Annales du mu-
séum d’histoire naturelle de Paris, t. VII, p. ^3i.
(1) Mémoire sur le Chirocéphale , par M. Prévost; Journal de
Physique , t. 54-
(2) Mémoire sur les Daphnies, par M. Straus; Mémoires du
muséum, t. V.
Mémoire sur le genre Cypris,pat le même, même recueil, t. VU-
(3) Mémoire sur le I.imnadia, nouveau genre de Crustacé, par
M. Ad. Brongniart; même recueil, t. VI.
(4) MihographiscUe heitrage zur nalurgeschichte der fVirbellosen
thiere. In-4, second volume. Berlin, i832.
(5) Mémoire sur le système de la bouche ; Mémoires sur les ani-
maux sans vertèbres, par M, Savigny, P», partie, fascicule,
in-8. Paris, 181G.
INTRODUCTION. xxix
intérieure de ces animaux , par les reclierclies que
nous avons faites, soit en particulier, soit en commun,
avecM. Audouin, sur divers points deleur anatomie
nt de leur physiologie (i). Un naturaliste allemand,
^1- Rathkie , vient de publier, sur le développement
de 1 oeuf des Écrevisses, etc., plusieurs ouvrages di-
gnes des plus grands éloges (a). Enfin, les débris que
les Crustacés ont laissés dans diverses couches de l’é-
corce du globe , et qui s’y conservent à l’état fossile ,
ont été étudiés d’une manière spéciale par MM. Al.
Brongniart et Desmarest (3).
Tels sont les principaux ouvrages dont se com-
pose la bibliothèque carcinologique. La science a
été enrichie depuis peu d’un grand nombre de tra-
vaux spéciaux dont il n’a pas été fait mention ici , et
dont nous aurons occasion de parler par la suite ;
maisles limites de ce traité élémentaire ne nous per-
mettent pas de nous arrêter davantage sur ce sujet;
et ce que nous en avons dit suffira, à ce que
nous croyons , pour atteindre le but que nous nous
étions proposé , c’est-à-dire pour donner une idée
exacte de la marche de cette branche de l’histoire
(a) Annales des sciences naturelles , etc.
bitduug und entwickeliiiig devFluss-
und der n ■ BUdiingi mit eiitwicklung geschichle der meiischeii
f'iscicuies. Leipzig, i83a et :833.
par M. Crustacés fossiles , savoir : les Trilobites,
AI. Desmare>:r'^'iT^"“®*- > et les Crustacés proprement dits , par
Un vol. in./j paj.jj ^
XXX
INTRODUCTION.
naturelle, depuis sou origine jusqu’à l’époque ac-
tuelle.
D’après cette esquisse, on a pu voir que l’étude
des Crustacés a fait, depuis quelque temps, des
progrès rapides. Il y a peu d’années encore , cette
branche de la zoologie était dans sa première en-
fance; on ne connaissait qu’un très-petit nombre
de ces animaux; leur classiücation manquait de ce
cachet de précision si nécessaire pour la détermi-
nation des espèces , et on ne possédait sur leur ana-
tomie et leur physiologie que des notions vagues
et incomplètes. Aujourd’hui il en est tout autre-
ment; mais les travaux auxquels on doit ce résul-
tat heureux sont épars , et l’état actuel de la science
ne se trouve exposé , avec les développemens né-
cessaires , dans aucun ouvrage général. Là , où la
partie méthodologique a été traitée avec plus de
soin et de talent, on ne trouve guères qu’un catalo-
gue de genres; celui des espèces n’est qu ébauché ,
et l’examen de l’organisation a été presque entière-
ment négligé : ailleurs on a consacré quelques pages
de plus à fanatomie et à la physiologie , mais ces
esquisses sont loin d’être au niveau de l’état actuel
de nos connaissances et dans la partie méthodo-
logique , ou y cherche en vain ce qui fait le prin-
cipal mérite des ouvrages de pure compilation,
savoir, un tableau complet de toutes les iichesses
de la science.
Occupé depuis long-temps d’une manière spéciale
TNTKODVr.TION. XXxj
de l’étude des Crustacés , j’ai senti, plus peut-être
que tout autre, le Iresoiu d’un traité complet sur
cette Lranche de la zoologie, et, encouragé par les
conseils d’un de nos plus habiles entomologistes ,
M. Latreille , je me suis décidé à chercher à com-
bler la lacune que je viens de signaler. Dans cette
vue, je me suis appliqué à rassembler des maté-
iiaux pour servir à une histoire générale et parti-
culière des Crustacés ; j’ai étudié , soit isolément ,
soit eu commun avec mon ami M. Audouiu , tous
les points les plus importans de l’organisation de
ces animaux; et afin de compléter, autant qu’il m'é-
tait possible, le catalogue des espèces indigènes, j’ai
exploré avec soin diverses parties de nos côtes : plu-
sieurs des résultats obtenus par cette investigation
de la nature sont déjà connus des zoologistes , mais
ces travauxpréliminaires étaient loin de suliirc; pour
atteindre le but que je me proposais , il me fallait
aussi connaître les Crustacés c[ui peuplent les mers
éloignées, et, pour cela , je ne pouvais mieux m’a-
^lesser qu’à la riche collection du Muséum du
ardiu du Roi , fruit d’une multitude de voyages
ointains, et l’un des plus beaux monumens de la
^munificence nationale. Elle m’a été ouverte de la
^ plus généreuse par M. Audouiu , profes-
établissement; et, ce
uous ^ seulement à l’amitié qui
ulierche*'^’^^^ “ fournir, à tous ceux qui
à approfondir une partie de la science
XXXIJ INTRODUCTION.
que lui-même cultive d’une manière si distinguée ,
tous les matériaux de travail dont sa position lui
permet de disposer. Pi’ofitant de cette circonstance
heureuse , je me suis livré à une révision générale
de la classification des Crustacés ; j’ai examiné tou-
tes les espèces accumulées, sans examen, depuis
Lien des années dans les magasins du Muséum , et
je les ai distribuées dans les galeries de cet établis-
sement d’après la méthode qui m’a paru la plus
naturelle. Enfin, pendant que je me livrais à ce
travail , qui n’est pas encore complètement terminé ,
la série déjà si belle des Crustacés du Muséum a été
successivement augmentée par les nombreuses col-
lections deM.Rcynaud, aujourd’hui professeur d’a-
natomie à Toulon , de MM. Quoy , Gaymard et de
quelques autres voyageurs, et ces naturalistes ont
bien voulu mettre à ma disposition ces nouvelles
richesses , service dont je les prie de recevoir le té-
moignage public de ma sincère reconnaissance.
Grâce à ce concours de cir constances , j’espère
pouvoir compléter un traité général sur l’histoire
de ces animaux, dont je me propose de figurer en
totalité ou en partie presque toutes les espèces. Mais
un ouvrage de ce genre est un long et pénible
travail , et je vois encore trop de points qui néces-
sitent des recherches approfondies pour que je
puisse songer à en commencer déjà la publication.
Mes projets ne pourront, par conséquent, recevoir
leur exécution qu’à une époque plus ou moins éloi-
INTRODUCTION. XXXÜj
guee, etj ai pensé qu’en attendant il ne serait pas inu-
tile de donner au public, sousla forme d’un manuel,
un résumé de mon travail : cela aura pour moi l’a-
vantage d appeler , en temps utile , la critique des
naturalistes sur les innovations que je propose , et
peut-être aussi de fixer l’attention des observateurs
sur quelques points obscurs de la science , et de
provoquer des recherches dont plus tard je profite-
rai à mon tour.
Pour donner à ce Prodrome le genre d’utilité
que je viens de signaler, il m’a fallu, tout en me
restreignant dans des limites très-étroites , le ren-
dre aussi complet que possible, et en faire , non pas
un généra seulement , mais un species.
Dans la première partie , je traite de l’anatomie
et de la physiologie des Crustacés ; on y trouvera
exposé succinct de toutes les recherches les plus
recentes sur 1 organisation de ces animaux , ainsi
que les résultats de plusieurs travaux encore inédits
sur le même sujet.
n second livre, je m’occupe de la partie
cris^ i*^- l’histoire des Crustacés ; je dé-
tout f espèces , en me restreignant
dans caractères les plussaillans de celle-ci;
^Ucune*^*^*^ c numération , j’ai cherché à n’omettre
pour ét publiée avec assez de détails
déternii^ap^^°^'^^*^®®’‘^^® ’ faciliter les
avantages cherché aussi à combiner les
crustacés^^ ^^^ssifications artificielles à celles que
XXXiv IJNTIIÜDUCTION.
présentent les métliodes naturelles. Dans cette vue,
j’ai présenté, sous la forme de tableaux synopti-
ques , les caractères comparatifs à l’aide desquels
on jîeut, dans l’état actuel de la science , recon-
naître tous les genres dont se compose cette classe
d’animaux articulés : j’ai établi , dans les groupes gé-
nériques un peu nombreux en espèces , des divisions
etdes subdivisions; enfin, dans la description des es-
pèces , j’ai indiqué en lettres italiques les caractères
comparatifs qui suffisent pour la distinction de
toutes celles actuellement connues. Je n’attache à
ces tableaux d’autre importance que celle d’une
utilité pratique; et, à mesure que l’on découvrira
de nouvelles espèces, il faudra nécessairement les
modifier; mais 1 expérience m’a appris qu’elles fa-
cilitent considérablement le travail des détermi-
nations.
Afin de rendre plus facile la comparaison des
phrases caractéristiques des espèces , j’ai rejeté en
notes les synonymies , innovation qui ne me sem-
ble avoir aucun inconvénient. Enfin, j’ai eu soin
d’indiquer par les lettres ( G. M. ) toutes les espèces
qui existent au Muséum d’histoire naturelle, où l’on
pourra les trouver rangées dans le même ordre que
dans ce traité.
Dans les planches qui accompagnent cet ouvrage,
j’ai représenté quelques types qui pourront servir
de points de comparaison ; et , afin de les rendre
aussi utiles que possible , je me suis attaché à ne fi-
INTRODUCTION.
XXXV
gurer sui’tout que des espèces qui jusqu’alors ne
avaient pas été , et à multiplier les détails de par-
ties caractéristiques. Je regrette que la nature de
a CO ection, dont ce résumé fait partie, ne m’ait
point permis d en augmenter le nombre.
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histoire naturelle
DES
CRUSTACÉS.
première partie.
AKTATOBns; ET FHTSIOEOGIE.
CHAPITRE PREMIER.
CONSIDÉnATIONS GÉNÉRALES. — TÉGUMENS, — SQUELETTE
TÉGÜMENTAIRE.
§ I®''. Considérations générales.
le que les naturalistes désignent sous
les Crustacés sont tous ceux qui présentent
les ‘^''iractères généraux d’organisation que
uaturd Écrevisses, et qui forment un groupe
d’un ^ ceux-ci constituent Je tjjje. L’absence
îette nerveux cérébro-spinal, et d’un sque-
des Marti place à une distance considérable
vertébrés - ' Oiseaux, et des autres animaux
nnsflpcM u”^* rapport, les Crustacés ne diffèrent
JesZoophyles,elc.,
CRüSTACES , TOME i. I J ^
2
mSTOIBE NATÜEELLE
mais il suffit fl’iin examen superficiel pour ne pas les
confondre avec eux. Leur corps, entouré par une sorte
de squelette extérieur , se compose d’un certain
nombre de sepmens ou d’anneaux placés bout à bout,
et présente toujours une double série de membres
articulés; une disjiosition semblable ne se rencontre
que chez les Insectes , les Arachnides ou les Mj^ria-
podes , et caractérise , dès le premier abord, la grande
division du règne animal qui renferme ces divers
animaux, cpie l’on appelle Gondylopes (i). Enfin les
Insectes , les Myriapodes et les Arachnides , s’éloi-
Eiient à leur tour des Crustacés par la nature de leur
appareil l’cspiratoire ; ils sont constitués pour vivre
dans l’air, etles organes destinés à agir sur ce fluide ont
la forme de canaux rameux qui se distribuent dans
toutes les parties du corps, et cj[ui portent l’oxigène
jusque dans le tissu des viscères les plus éloignés de
la surface du corps, ou. bien cellede petites poches pul-
monaires. Les Crustacés, au contraire, sont presque
tous essentiellement aquaticpies , et ils ne présentent
jamais ni trachées, ni poumons; leurs organes respi-
ratoires, au lieu d’avoir la form.e de cavités internes,
sont toujours en relief; et à moins qu’il n’y ait pas
d’appareil spécial destiné à agir sur l’oxigène , et que
la surface généi-ale du corps n’en remplisse les fonc-
tions, ces organes consistent en branchies plus ou
moins nombreuses. Ces animaux ne présentent aussi
aucun instrument de locomotion aérienne , ils sont
toujours dépourvus d’ailes, et leurs pâtes ambula-
toires sont presque toujours au nombre de cinq ou de
(i) Picfls à jointui-fis , LatreiUo , Familles naturelles , page
DES CliUSTACÉS. 3
sept paires ; leur tète est , à un petit nombre d’excep-
tions près , munie d’appendices nommes antennes ; leur
sang circule dans des vaisseaux plus ou moins com-
I e s , et est mis en mouvement par un cœur artériel ;
s sexes sont séparés, et les organes de la généra-
OQ sont doubles ; enfin, la reproduction s’eiiéctue au
™oyen œufs qui éclosent après la ponte, et les
J unes qui sortent ont, en général, la forme
fils oivent, à quelcjues modifications près , con-
seiver pendant toute la durée de leur existence;
• is quelquefois iis subissent des changemens des
plus remarquables.
Les Crustacés, comme on a pu le voir d’après le
peu de mots que nous venons d’en dire, ressemblent
aux Poissons par leur manière de vivre et par la na-
ture de leur appareil respiratoire ; mais, sous tous les
autres rapports, ils se rapprochent bien davantage
des Insectes ; aussi , dans les classifications naturelles
ou ta place assignée à chaque être est destinée à faire
cmnnaiüe les caractères les plus importuns de son or-
ganisation, et à indiquer les divers degrés d’affinité
pu unissent a tous les autres animaux ; dans ces clas-
oe n est pas à côté des Poissons
^ lange les Gz’ustacés, mais bien auprès des
“Arachnides et des Myriapodes , dans le
^'■ostacéf*'''^^ compose la vie des
’^Pporiés autres animaux peuvent être
but la *-1018 grandes divisions; les uns ont pour
Jaulrc”"'"”'"»" de l’espèce, ou la génération;
licsquelles^pQj*^®’^'' fonctions de nutrition à l’aide
étran<mrs i'° assimile à sa substance les corps
‘ccessiiives à l’entretien de sa vie, et
4 HISTOIRE NATURELLE
rejette au cleliors les particules que ceux-ci viennent
remplacer; enfin, ilest aussi d’autres fonctions qui ne
se lient d’une manière directe nia la reproduction, nia
la nutrition , et qui servent seulement à établir des rap-
ports entrel’animal et tout ce qui l’entoure. Ce dernier
ordre de phénomènes, qui appartient exclusivement
au règne animal , constitue ce que les physiologistes
appellent la vie sensitive ou les fonctions de relation ;
les premiers, que l’on retrouve aussi dans le régné
végétal, ont été désignés sous le nom collectif de vie
végétative. Il n’existe pas toujours une ligne de dé-
marcation bien tranchée entre ces diverses fonctions
et tel acte ou telle faculté : ainsi l’organe qui en
est le siège peut tour à tour servir a chacune
d’elles ; mais cette classification des phénomènes vi-
taux permet d’introduire dans les études physiolo-
giques et anatomiques une méthode qui, lorsqu’on
n’y attache pas trop d’importance , est réellement
utile ; aussi l’adopterons-nous dans la description que
nous cillons donner de la structure des Crust<acés et du
jeu de leurs organes. Seulement, nous croyons utile
de présenter d’abord quelques considérations sur la
forme extérieure de ces animaux et sur leur squelette
tégumentaire , appareil dont les usages se rattachent
plus ou moins intimement à presque toutes les fonc-
tions.
§ II. Des têgumeiis.
Chez les êtres dont la structure est la plus simple, la
texture delà surface extérieure du corps ne paraît pas
différer de celle des autres parties qui le constituent ;
leur composition est partout homogène, et, l’identitéde
l’organisation entraînant un mode d’action semblable,
DES CRUSTACÉS. 5
1 économie intérieure de ces animaux peut etre com-
parée a un atelier où chaque ouvrier serait employé à
1 exécution de travaux semblables , et où , par consé-
quent, leur nombre influerait sur la somme , mais non
sur la nature des produits ; chacune des parties de
leur corps concourant à l’entretien de la vie, à la
maniéré de toutes les autres, la perte de l’une d’elles
n entraîne la cessation d’aucun des résultats produits
par 1 ensemble de toutes ; la vie générale de l’individu
ne se compose que d’un nombre plus ou moins grand
de séries semblables de phénomènes plus ou moins
Varies ; aussi l’expérience a-t-elle démontré qu’en di-
visant un de ces êtres on ne change point sa manière
d’agir, et que chaque fragment de son corps continue
de vivre comme auparavant.
Les polypes d eau douce , devenus célèbres par les
expériences de Trembley et de quelques autres phy-
siologistes , nous offrent des exemples de ce mode de
structure homogène ; mais à mesure que l’on s’élève
dans l’échelle des êtres , on voit lorganisation se
compliquer davantage : le corps de chaque être se
compose de parties de plus en plus dissemblables entre
elles , tant par leurs formes et leur structure que par
es fonctions dont elles sont le siège , et la vie de l’in-
ividu résulte de l’ensemble d’élémens hétérogènes
^us plus ou moins dépendans les uns des autres.
®st d abord le même organe qui sent , qui se meut,
qui absorbe du dehors les subst:
;ances nu-
qui assure la conservation de l’espèce ; mais
strum fonctions ont chacune des in-
tlont ell * propres , et les divers actes
distin t *^®*^posent s’exécutent dans des parties
Qctes. En un mot , le principe suivi par la nature
HISTOIRE N AT OREE EE
6
ilims le perfectionnement des êtres est le même que
celui si bien développé par les économistes modernes,
et, dans ses œuvres aussi bien que dans les produits
de Fart, on voit les avantages immenses qui résultent
de la division du travail (i)-
La surface extérieure du corps , de même que les
parties situées plus profondément, présentent une
série de modifications dont la clef nous est fournie par
le principe dont nous venons de parler. Ainsi que
nous l’avons déjà dit , elle est d’abord semblable au
reste du jiarenchymc , mais bientôt elle acquiert des
propriétés différentes et constitue une membrane dis-
tincte dont la face interne donne attache à tous les
organes actifs de la locomotion, et dont la superficie
estle siège des sens, de la respiration et de plusieurs
autres fonctions.
Dans les classes plus élevées , la faculté de perce-
voir la lumière se localise davantage et devient en
meme temps plus parfaite , la respiration devient aussi
l’apanage d’une partie spéciale de l’appareil tégumen-
taire ; il en est de même pour les sens de l’ouïe et de
l'odorat ; maisl’enveioppc générale sert encore comme
organe du mouvement et du tact, en même temps
qu’elle détermine la forme du corps et protège les
organes internes de l’influence nuisible des aeens ex-
térieurs. Enfin , vers le sommet de la séi’ie des ani-
maux, cette division du travail est portée encore
plus loin; un système particulier, destiné spéciale-
ment àla défense des parties molles aussi bien qu’aux
(i) Voyez lc3 articles organisation , nerfs , etc,, du Dictionnaire
cKrssique d’iiistoire naturelle, et nos Elcmeus de Zoologie , où nous
avons développé ce principe.
niis ciirsTACÉs. n
foiiclioiis locomotrices, se montre dans l’économie,
et Ja membrane tégumentaire , an lieu de servir à des
usages si divers , n’est plus appelée qu’à agir comme
organe du tact, à s’opposer à l’évaporation des liquides
renfermés dans le corps etàrenqdir un petit nombre
d’autres fonctions.
Les Crustacés occupent pour ainsi dire le milieu de
cette chaîne. Chez les uns, l’enveloppe générale du
corps sert à en déterminer la forme, à en protéger les
parties intérieures , et à fournir aux muscles de loco-
motion des leviers et des points d’appuis, en même
temps qu’elle remplit les fonctions d’organe de respi-
ration et du tact ; chez d’autres, des organes spéciaux
sont chargés de l’absorption de l’oxigène et de l’exha-
lation de l’acide carbonique, ou, en d’autres mots , des
actes respiratoires , et on trouve dans l’intérieur du
corps certaines parties solides auxquelles viennent se
lixer les muscles de la locomotion ; mais ces organes ne
sont que des dépendances de l’appareil tégumentaire ,
et c est lui qui remplit encore toutes les fonctions
dont le squelette intérieur devient le siège chez les
animaux vertébrés.
La nature de l’enveloppe extérieure des Crustacés
est, comme on le pense bien, en rapport avec les
usages qu elle est appelée à remplir ; devant détermi-
ucr 1.1 forme du corps, protéger les organes intérieurs
^ fournir des points d’attache, ainsi que des leviers,
^ muscles de la locomotion , sa consistance est né-
côlé toujours assez grande. Mais, d’un autre
et s’'^ /®‘^iue la rcs])iration n’est pas encore localisée ,
cor hur tous les points de la superficie du
, I ’ '•''Oh d épaisseur et de dureté dans les témiraens
s oiiposeraieut ■’> u • i r ■
a 1 exercice de celte ionction ; aussi,
H i s T O I R E NATURELLE
8
clans les Crustacés qui ne sont pas pourvus d’oraancs
respiratoires spéciaux , tels cjue les PLyllosomes et les
Mysis, la j>eau est-elle seulement semi-cornée, tandis
que dans les espèces dont l’apjiareil branchial est très-
développé, comme les Crabes et les Écrerdsses , elle
s’encroûte de matière calcaire et constitue un test
d’une solidité remarc|uab1e qu’on peut comparer aux os
des animaux supérieurs.
Pour se former une idée exacte de la composition
anatomique de ces téguinens, il faut les étudier d’a-
bord à i’époquede la mue sur des individus qui sont sur
le point de sc dépouiller de leur enveloppe extérieure.
On voit alors c[ue la péau de ces animaux se compose de
trois couches membraneuses principales. La plus pro-
fonde ressemble aux tuniques séreuses des animaux
supérieurs; dans certaines parties du corps, dans les
membres par exemple , elle est à peine visible; mais
autour des grandes cavités du tronc, elle constitue une
membrane bien distincte et se continue sur tous les
viscères de manière à foi’mer autour de chacun d'eux
une gaine particulière, en même temps qu’elle leur
fournit une enveloppe commune. La face interne de
cette tunique mince et transparente est libre et lisse,
mais sa face externe est au contraire unie à la couche
tégumentaire moyenne. Cette dernière membrane est
molle, plus ou moins spongieuse, en général assez
épaisse et très-vasculaire ; sa surface est ordinaire-
ment colorée et on pourrait la comparer au Chorion
ou Derme. Enfin, la couche la plus externe est for-
mée par une membrane mince , mais dense et con-
sistante , qui ne présente pas de ramifications vascu-
laires; elle enveloppe le corps de toute part et
forme dans divers endroits des replis qui pénétrent
DES CRDSTACÊS. 9
plus OU moins profondément entre les organes in-
térieurs.
Cette tunique superficielle se trouve , entre le clio-
iion et la carapace, prête à tomber, et elle est évidem-
ment sécrétée par la première de ces enveloppes , car
U toute autre époque qu’à celle de la mue on n’en voit
aucune trace; et en effet c’est elle qui doit former le
nouveau test. Bientôt après la cluitc de l’ancienne
carapace , on la voit accjuérir une consistance plus
grande ; dans certaines espèces elle reste toujours dans
un état semi - corné ; mais dans d’autres elle s’épaissit
davantage et s’encroûte de particules calcaires, de fa-
çon à devenir très-solide et très-dure. Lorsqu’on l’ex.a-
niine là où elle a déj<à jiris cette consistance osseuse,
on voit que son épaisseur est assez grande , et que sa
surface interne est revêtue d’une couclie mince de tissu
cellulaire membraneux ; dans une partie de son épais-
seur , et a sa face externe , elle est en général plus ou
moins colorée ; enfin , on y remarque souvent des pro-
longemens piliformes , c|u au premier abord on pren-
drait pour des poils semblables à ceux des Mamrai-
cres, mais qui en diffèrent entièrement par leur
structure , et qui ne sont autre chose que des appen-
ices de cette tunique épidermoïde.
La nature chimique de ce scjuelette tégumentaire
rie suivant quil présente une consistance semi-cor-
^ ou osseuse. Dans le premier cas, cette tunique est
posée presque en entier d’albumine et d’une sub-
ment la 1 *^**^'^ nommée chitine ^ qui forme égale-
secoud' parties dures des Insectes ; dans le
de 1 ' ^ trouve aussi beaucoup de carbonate et
P îa e de chaux, etc., sels qui entrent aussi
to
IIISTOIKIÎ NAïUIîELLE
clans la composition des os formant le squelette inté-
rieur des animaux vertébrés (i).
(i) Pendant long temps on croyait que l’enveloppe tégumentaù-e
des Insectes était fournie par une substance analogue à la corne ; et
en efi'et, d'après l’analyse qui en avait été faite par Hachette, elle
paraissait être composée principalement d'albumine modifiée; mais
M A. Odicr a fait voir, il y a quelques années, qu'il existait dans
ces tuniques une substance particulière qui paraît en former la base,
et qui possède des propriétés toutes différentes de celles de la corne.
Il lu nommée chitine, et eu a constaté la présence dans le test des
Crustacés. {Mém. de la Soc. d'hist.nat. de Paris, t. 1.)
Ayant également soumis le test des Crustacés à un examen clii.
mique, je me suis assuré qu'effeclivemeut il y existe une matière
p.articulière que les alcalis ne dis.sol vent pas, ctquijouit delà plupart
des propriétés indiquées par M. Odier, comme étant caractéristiques
de la chitine. Elle constitue en quelque sorte la charpente de la mem-
hrane tégumeutaire externe; car celle-ci coinserve sa forme lorsqu'elle
a été dépouillée de toute autre substance ; mais cependant sa propor-
tion est souvent assez faillie. Dans la carapace du Carcin mciiadc, par
exemple, j'ai trouvé environ iipour loo de chitine, i8 d'eau, 63 de
sels mêlés à un peu de matière animale soluble à froid dans l'acide
hydrocliloriquc faible, et environ 8 d'albumine.Hans les segraens
dorsaux des anneaux abdomiiuiux du même animal , j’ai trouvé
uo pour 100 de chitine et S.j de matières salines. Dans la carapace du
Homard, M. Chevreuil a trouvé : eau et matière organique , 44 > 7^ ;
sels , 5.5 , 24 pour 100 ; et dans celle du tourteau , seulement 28 , 60
de matière aidnialc et d'eau pour 77, 4® és sels.
D’après le même chimiste , ces sels sont principalement du car-
bonate de chaux ; voici les résultats de son analyse faite sur 100
parties de test.
Carapace de Homard. Car.apace de Tourteau.
Carbonate de chaux 47j26 62,80
Phosphate de chaux 5,22 6,00
Pho.sphate de m.ignésie et de fer. 1,20 1,00
Clilorure de sodium etselsdesoude i,5o i,6o
l’armi les sels de soude , il aparfaitement bien reconnu une petite
quantité d'hydriodate , tandis que l'Ecrevisse de rivière n’en a pré-
senté aucune trace; différence rcraarquahle en ce quelle tend à
montrer l'influence que la nature du lieu habité par ces aiiim.aux
exerce sur la composition cliimique do leur enveloppe tégumentairc.
(Voyez Troisième mémoire sur une colonne vertébrale et ses côtes dans les
Insectes apiropodes , par M. Geoff'roy-Saint-Hilaire. Journal complé-
mentaire^du Dictionnaire des sciences médicales, avril 1820 )
DES CRUSTACÉS. 11
Les couleurs qu’offrent ces parties, sont souvent
tres-remarquables et dépendent de l’existence d’un
pigment de nature particulière qui paraît avoir beau-
La matière colorante des pâtes
es igeons et du bec des Oies; elleest soluble dans
Il cool et dans 1 éther; quelquefois elle est rouge,
lais le plus ordinairement elle est brune ou verdâtre ,
^ '* passe au rouge à une température d'envi-
ron ^0“ , ainsi que par l’action des acides ou même de
cool (i). Ou reste ^ nature paraît varier suivant
les espèces , car il est des Crustacés dont la couleur ne
an^je point par la cuisson. Cette matière colorante
est sécrétée parle derme, et s’y montre souvent avec
une teinte différente de celle qu’elle présente dans le
test , dans la couche superficielle de laquelle on la
trouve en plus grande abondance que partout ailleurs.
-n general la face dorsale du corps des Crustacés
est a seule colorée; en dessous, leur test est ordinai-
rement blanchâtre ; mais quelquefois cependant on ne
remoique à cet égard aucune dillérence.
^ La lumière et le climat paraissent exercer une in-
^ ence sur la vivacité des couleurs que présente l’en-
hi *-UoUmen taire de ces animaux, et même sur
aux^ leurs teintes. Ce sont les espèces propres
et le\ les nuances les plus variées
Sffil v^ T 5 e^- nous avons cru remarquer
rl’une mé' '^^tfférences analogues entre les individus
ftu'ils espèce, suivant la latitude ou les localités
^ ‘auitent (a).-
(1) Yoyi
Pharmacia .
(2) Ce cj
les recherches de M. Lasseigne , Journal de
Appelé notre attentiou sur ce sujet, est la
12
HISTOIRE NATURELLE
Enfin lorsqu’on fait liouillir dans une dissolution
alcaline une cara[ acede Crabe préalablement dépouil-
lée des sels dont sa substance était encroûtée , on voit
qu’elle se compose de trois couches bien distinctes,
dont la moyenne est de beaucoup la plus épaisse, et
dont l’externe paraît contenir la majeure partie de la
matière colorante.
Le système tégumentaire des Crustacés constitue la
charpente du corps de ces animaux et peut, ainsi
que nous l’avons déjà dit, être regardé comme une
espèce de squelette extérieur ; mais il n’est pas égale-
ment dur et épais dans tous ses points et présente
toujours une série de parties alternativement solides
et flexibles. Il en est de même pour les Insectes, les
Arachnides , etc. , et l’on comprend facilement la né-
cessité de cette disposition au défaut de laquelle tout
mouvement aurait été impossible. La dilféicnce entre
ces parties molles et dures de la peau est en général
très-grande, et les dernières forment toujours des
pièces assez bien circonscrites qui sont unies entre
elles soit par soudure , soit par l’intermédiaire d’une
portion de peau qui a conservé sa rouplesse primi-
tive. Leur étude semble au premier abord extrême-
ment diüicile à cause de leur nombre et de leur diver-
sité ; mais en la rendanlcomparative et en y appliquant
les principes suivis par M. Audouin, dans l’examen
difFérence de couleurs que nous .Tvons rcm.irqu(ie dans les Éripliies
front épineux que nous avions observées sur les côtes delà Bretagne,
et celles que nous avions recueillies dans la baie de Naples ; les pre-
mières étaient toutes d’une teinte olivâtre , taudis que les dernières
étaient d’une couleur tirant sur le rouge. En général, il y a aussi
beaucoup de différence pour la vivacité des couleurs entre les Clo-
portes qui vivent sur les toits et ceux qui habitent les caves.
DES CRUSTACÉS. l3
du thorax des Insectes et des autres animaux articu-
es, nous espérons en aplanir considérablement les
difficultés.
S III- De la composition anatomique du squelette
le.gumentaire des Crustacés.
he corps des Crustacés , de même que celui de tous
es autres animaux articulés , se compose d’une série
f e segmens homologues qui sont tous la répétition
P us ou moins exacte les uns des autres, mais qui
peuvent etre plus ou moins modifiés dons leur struc-
ture , suivant que la division du travail pliysiologi-
f{ue a été portée plusloin, et que les diverses fonctions
se sont localisées davantage. Chez les Annélides elles
larves de beaucoup d’insectes , un mode de confor-
mation analogue se reconnaît dans la plupart des ap-
pareils de l’économie ; mais chez les Crustacés il n’est
^ len évident que pour les divers systèmes appartenant
^ a vie animale, tels que les systèmes nerveux,
luusculaire , appendiculaire , etc.
Chaque segment du corps de ces animaux ne se
tj. ^l'^'^I'îuefois que d’une portion centrale ou
One, qui est renfermée dans un anneau solide, mais
lair" ” pî’t’sente aussi des parties ajipendicu-
ïicau • ’^^uibres. Un certain nombre de ces an-
parfait**^^*^ loujours mobiles les uns sur les autres et
fl'slincts entre eux , mais il n’eu est pas
étude su ot , si l’on se contentait d’une
pourrait squelette tégumentaire , on
nombre variable que le
appartenant-'* “nneaux,et le nombre des membres
a chacun d’eux.
Kn effet , si 1
®^'aniinait ainsi un Crabe ordinaire
HISTOIRE NATÜEELEE
>4
ou une Langouste (i), on reconnaîtrait bien que la
portion postérieure de leur corps se compose de cinq ou
six anneaux portant chacun une paire de membres , mais
on croirait certainement que toute la partie antérieure,
qui est recouverte par une carapace épaisse , n’est
formée que d’un seul segment dont les membres seraient
eu nombre extrêmement considérable. Observée d’une
manière également superficielle , une Crevette (2)
ne paraîtra composée que de quatoze segmens , dont
l’antérieur aurait encore un grand nombre de mem-
bres , tandis que dans la Squille (3) on en distin-
guerait aisément quinze, dont les deux premiers
n’ont chacun qu’une seule paire de membres ou ap-
pendices, tandis que le troisième en porte neuf paires.
Il en est cependant tout autrement : car ces dillé-
rences apparentes ne dépendent que de la réunion
d’un nombre plus ou moins considérable de segmens
en un seul tronçon, et il nous paraît facile de démon-
trer que, chez les Crustacés, le même segment ne
porte jamais plus d’une paire de membres. Sous ce
rapport , ils s’éloignent extrêmement des insectes qui ,
pour la plupart , ont un ou deux segmens de leur
corps pourvus chacun de deux paires de membres ,
les ailes et les pâtes.
On peut poser en principe que le nombre normal
de segmens , dont le corps des Crustacés se compose ,
est de vingt et un ; on connaît, il est vrai , deux ou
trois de ces animaux où il en existe un plus grand
nombre, et souvent il n’a pas, à beaucoup près.
(1) Voyez PI. 3 , Kg, 1 et 5 ; PI. 23, 11g. i.
(2) PI. I, % 2.
C3) PI. I, fig. I.
DES CRUSTACÉS.
i5
autant d anneaux distincts ; mais dans l’immense raa-
jouté des cas, à moins qu’une portion du corps ne
soit réduit à 1 état rudimentaire , comme cela a lieu
c lez les Locmipodes, on retrouve toujours des signes
J ® "‘"^ture à révéler l’existence de vingt et un segmens.
etuc e que nous allons faire du squelette tégumen-
‘ iro , dans les différens groupes de Crustacés , nous
en fournira la preuve. Du reste, la soudure des
anneaux entre eux est souvent facile à constater de la
nanière la plus irrécusable ; lorsque celte union n’est
pas tres-intime , elle est indiquée par des lig’nes , et
orsquon traite le squelette tégumentaire par de l’a-
e hydroclîlorique faible pour en retirer les sels cal-
caires , on désunit de ces diverses pièces long-temps
avant que de les avoir rendues à leur état membraneux
primitif.
La Squille est, de tous les Crustacés, celui oùles vingt
et un segmens du corps sont les plus distincts (i).
Le^premier anneau , que nous appellerons Yophtalnii-
parce quil porte les pédoncules oculaires, est
parfaitement séparé du second, et celui-ci est sim-
P ement articulé avec le troisième. Le troisième et le
vans*^*^^^ segmens sont confondus, et les anneaux sui-
tes sé *'^^®“iiieomplets ; mais on peut néanmoins
eontr^' dissection. Les onze derniers sont au
des aùt ^ et parfaitement séparés les uns
dernie/^^'- ' anneaux , à l’exception du
pai^*^j toujours privé d’appendices , portent
les usasre^ dont les formes varient suivant
*^u.xquels ils sont destinés.
Cl) PI,
fig.
, et Pl_
a, %. 1-8.
HISTOIRE NATURELLE
i6
Dans les autres Crustacés , la soudure des premiers
anneaux du corps augmente de plus en plus, et quel-
quefois on voit une fusion analogue s’effectuer égale-
ment vers l’extrémité opposée du corps. Ainsi , dans
la plupart des amphipodes, les sept premiers segmens
sont confondus en un seul tronçon , et chez quelques-
uns de ces petits Crustacés le huitième anneau ne se
distingue plus des suivans. Chez quelques Isopodes ,
plusieurs des .anneaux de l’abdomen sont également
unis entre eux (i) ; et enfin , dans la plupart des Déca-
podes, les quatorze premiers segmens ne forment plus
qu’un seul tronçon, et, dans quelques Bracbyures,
trois des anneaux delà portion postérieure du corps,
présentent une union non moins intime.
Chacun des anneaux de ce squelette paraît se com-
poser de deux moitiés latérales, semblables entre
elles ; on peut aussi y distinguer deux arceaux , l'un
supérieur et l’autre inférieur (2). Le premier résulte de
l’assemblage plus ou moins intime de quatre pièces ,
disposées par paires de chaque côté de la ligue mé-
diane; les pièces mitoyennes portent le nom de ter-
gurn , et les latérales celui de flancs ou à’épimères.
L’arceau inférieur se compose du même nombre de
pièces ; les deux médianes se réunissent pour former
le sternum, et les latérales peuvent porter le nom
à’Épisternum, à raison de leur analogie avec celles que
M. Audouin a désignées sous le même nom chez les Tn-
(1) PI. I, fig. 4-
(2) la figure théorique de la composition de l'anlicau
tégumentaire des Crustacés, PI. I. fig- 3: — t, t, pièces tei-gales :
— cm, eniy pièces épimérieniies ; — es, er, pièces épisternales; s, s,
pièces sternales.
DES CRUSTACÉS.
sectes (i) ; elles s’unissent toujours au sternum , mais
* existe en général, entre l’arceau inférieur et l'épi-
re placé au-dessus , un espace vide destiné à l’arti-
cu ation du membre correspondant.
ous ne connaissons pas d’exemple d’un anneau où
I uisse distinguer a la fois toutes les pièces que
ous venons d énumérer ; tantôt les unes manquent
*up etement, et il existe un vide à la place quelles de-
vraient occuper (2) ; tantôt elles sont soudées entre elles
maniéré si intime , qu’on ne voit aucune trace
e eur séparation; mais, en étudiant chacune d’elles
ou elle est le plus distincte, on peut s’en former
ne idee précise et la reconnaître ensuite malgré son
union avec les pièces voisines. Du reste , quoique cette
du
1820
‘"“vaU approfondi et comparatif sur la structura
et imprimê’éTpartie dan***? “ l'Académie des sciences le i5 mai 1830
M Audouin Annales des sciences naturelles, t. I,
tuantes d'un’an^ * déterminé quelles sont les parties consti-
sont les lois du corps de ces animaux, et quelles
Ofqanioups "f ! “ 1 arrangement de ces mêmes élémens
au smXnL , ■ ^ «“e «uniere générale l’application de sa théorie
'•lerches n’n ‘®S“'"entaire des crustacés. Cette partie de ses re-
M- Cuvier on^* été publiée; mais, d’après le rapport de
tuantes du’soneîT.f ’a “ Principe que les pièces consti-
lusectes mi;. ‘"'["stucés se retrouvent toutes dans les
uiicrs ne' présen't''^f'^*^* derniers ont de plus des pièces que les pre-
•‘««■ale, qie „ , • , ^*0 “®“' “"'^® * conclusion gé-
“^smens , de la réw,' j ^ ‘emblabU ou dissemblable des
rfe division des pièces qui les composent , du
Que dépendent toui°^^l"'’‘j‘‘ ^ rudimentaire des autres,
““'■«au* articulés ‘‘r î'" se remarquent dans la série des
U n’est pas . ®® ‘1®® sciences naturelles, t. 1, p. u6.)
Vsi existe entre ‘^® démontrer ici l'analogie de structure
Insectes : nmjj J. ® squelette extérieur des Crustacés et celui des
pareil dans Icsprem *^ comparative que nous allons faire de cet ap-
de ce corollaire fournit un grand nombre de faits à l’appui
3, et PI ,3 , ,
crustacés, tome, " ■
l8 histoire tfATURElLE
analyse de l’anneau ne soit pas toujours praticable, il
n’en est pas moins vrai quelle facilite beaucoup l’é-
tude du squelette extérieur des animaux articulés,
et quelle nous permettra souvent de constater des
analogies frappantes dans ce qui semblait au pre-
mier abord n’ofirir que des dissemblances.
Pour terminer l’énumération des parties consti-
tuantes des anneaux tégumentaires des Crustacés , il
nous reste encore à parler des lames que l’on voit sou-
vent s’élever de leur face interne et former dans leur
intérieur des cellules et des canaux. Ces cloisons nais-
sent toujours des points de soudure de deux anneaux ,
ou de deux pièces voisines d’un même segment, et cette
disposition leur a valu le nom ^npodèmes ( Audouin 1.
Elles résultent d’un repli de la membrane tégumen-
taire qui plonge plus ou moins profondément entre les
orcanes et qui s’encroûte de matière calcaire comme
le reste du test; aussi sont-elles toujours formées de
deux lames adossées et soudées entre elles (i).
^ JY. De la portion centrale ou annulaire du squelette
tégunientaire.
Voyons maintenant quelles sont les principales mo-
difications que subit l’anneau tégunientaire du Crus-
tacé, soit dans les espèces dilïérentes, soit dans les
diverses parties du corps d’un même individu.
On distingue en général chez ces animaux une tête^
un thorax , et un abdomen (2) ; mais les limites de ces
(1) Voyez la figure théorique des apodèmes , PI. 1 , fig. 6 : et
leur disposition chez le Blaïasquinado, PI. 2, fig. g-iisetchezla
Langouste, PI. 23, fig. 3.
(2) Quelquefois on désigne cette dernière partie du corps sous le
DES CKUSTACÉS.
19
^■Djjions ne sont pas toujours bien fixées par U nature,
c L 1 ne convient pas d’attacher à ces distinctions une
op scande importance, car elles ne correspondent pas,
^jnnie chez les Mammifères, les Oiseaux, etc., à autant
^ ca.iies islinctesj destinées à loger des organes dif,
ens , intérieur du corps des Crustacés n’est occupé
seule grande cavité viscérale, et les organes
1 s y trouvent s’étendent ordinairement dans toute
sa longueur. Quoi qu’il en soit , la tête est la partie du
lp!r* porleles yeux, les antennes et la bouche (i);
‘1'^' ^onne naissance aux pâtes ambu-
rcs et qui lonferme la plus grande portion des vis-
cres ; il est souvent confondu avec la tête (3) et ne
^®lingue quelquefois de l'abdomen que par la posi-
tion des organes générateurs qui chez le mâle en occu-
pent ordinairement le dernier segment. Enfin, l’abdo-
men fait suite au thorax pour se terminer par l’anneau
qui porte 1 anus (4) ; celte partie du corps est aussi ,
■ ns la plupart des cas , pourvue de membres comme
e thorax , mais leur forme est presque toujours très-
uilierente.
Pfolongeniens’ aT„ “ ’ “"'^1 q»® les
‘“«ion desprinr « l’anus. Guidés par la si-
‘‘'“fdomenL «sceres, quelques auteurs ont donné le nom
“l>domcn- mais a -*’ f * post-abdomen à ce que nous appelons
‘été comme un f® P"‘*e‘Pes, il faudrait considérer aussi
le thorax et l’al^**' ‘iomen ; car elle loge les mêmes viçcéres
««ployées , pourvu l'l’“ les dénominations
“^yes diverses ^ ^“e le» limites
q“i “Ppartiennenr 1*“® eoiistantes, et que des anneaux
a composijiij^ I ‘‘‘orax de telle espèce peuvent entrer dans
(G 1*1. 1, liç. . ® ‘*1® de telle autre, et vice versa.
14) PI. I, lig, ^
’ 'S' 2, i, O ; PI. 3, fig. 2, k, et lig. 5 et G.
a.
•0 RtSTOlRS NATURRtLE
D’après ce que nous avons dit au commencement de
ce chapitre, relativement à la marche suivie par la
nature dans le perfectionnement des êtres, on pour-
rait s’attendre à trouver, à l’extrémité inférieure de la
série formée par les animaux dont nous nous occupons
ici, des espèces dont tous les anneaux constituans du
corps seraient semblables entre eux, tant par leur
forme et leur structure que par leurs fonctions ; puis
à les voir devenir de plus en plus disparates , et servir
chacun à des usages particuliers. C’est, en effet, la
tendance que l’on remarque lorsqu’on compare entre
eux les divers Crustacés; mais ces animaux ne nous
offrent d’exemple , ni de cette extrême uniformité, ni
de ce maximum de complication.
Les Edriophthalmes sont du nombre de ceux dont
les divers anneaux du corps, en même temps que leur
volume et leur texture nous permettent de les étu-
dier facilement , présentent le plus de similitude et
de simplicité. Si l’on examine certaines espèces de
Crevettes (i) , on voit à l’extrémité antérieure du corps
une tête que l’analogie nous porte à regarder comme
étant formée de plusieurs anneaux soudés et confon-
dus en un seul tronçon, puis une série de quatorze seg-
mens, articulés bout à bout de manière à pouvoir exé-
cuter certains mouvemens, assez semblables entre eux,
et portant tous, à l’exception du dernier, qui est rudi-
mentaire, une paire de membres. Les sept anneaux
qui suivent la tête constituent ici le thorax , et les
sept derniers l’abdomen ; tous sont étroits d’avant en
arrière, un peu comprimés latéralement, et formés
■ (I) PI. I, fig. 2.
21
SES CRUSTACÉS.
dun arceau supérieur et d’un arceau inférieur sé-
pares par l’insertion des membres. L’arceaxi ventral
est peu développé, et ne montre aucune trace de
ivision ; mais le dorsal est plus grand , et on y dis-
tingue en général , trois pièces , l’une médiane formée
par a réunion des deux pièces tergales, et deux latérales
qui constituent des espèces de lames clypéiformes, et
ne sont autre chose que les épimèrcs{i). Enfin , à l’in-
terieur , ces aimeaux ont une structure aussi simple
qua 1 extérieur, et ne présentent aucune trace d’apo-
èmes. Quant à la tète, elle ne constitue qu’un seul
tronçon et ne laisse apercevoir aucune trace de divi-
sion ; mais néanmoins on doit , ainsi que nous espé-
rons le démontrer plus tard, la considérer comme com-
posée de sept anneiiux confondus entre eux, de m.anière
« n’étre reconnaissables que par les membres qui en
naissent.
Dans tous les autres Édriophthalmes la structure de
I enveloppe tégumentaire du corps est essentiellement
3 meme que chez les Crevettes ; les divers anneaux
qui la composent présentent la même uniformité et
autant de simplicité ; mais leur nombre apparent et
^aur orme varient un peu. Ainsi , chez la plupart
et septième segment de l’abdomen disparait
^ inanquer plutôt que d’être confondu avec
ce sbT ““ grand nombre d’Isopodes
®uneau abdominal prend un grand déve-
lient entr * ceux qui sont situés au devant se sou-
trois, deux ® u® paraître constituer que
uu meme un seul segment (2) ; chez les Læ-
22 IHSTOtRE NATURELLE
mipodes tous les anneaux tle l’abdomen deviennent ru-
dimentaires et neforment plus qu’une espèce de tuber-
cule , tandis que les six derniers segmens thoraciques
sont grands, semblables entre eux et bien distincts ;
mais l’anneau qui chez la plupart des Amphipodes et
des Isopodes s’articulait avec la tête , se soude ici com-
plètement avec elle et ne peut plus en être distingué.
Chez quelques Isopodes et Amphipodes on ne trouve
aussi que six anneaux thoraciques distincts ; et la tête,
qu’on peut regarder alors comme étant formée parles
huit premiers anneaux, porte tous les membres qui
leur correspondent. Enfin il est des Cyclopes et quel-
ques autres Crustacés où cette fusion est portée en-
core plus loin, et où le thorax ne semble être formé
que de cinq , quatre ou même trois tronçons , tous les
anneaux qui les précèdent étant confondus dans la
tête ou unis entre eux.
Quant à la forme et la structure des anneaux , ces
divers Crustacés ne présentent rien de tres-remarqua-
ble; chez les Læmipodes , toutes les pièces qui les com-
posent sont confondues au point de ne pouvoir être
distinguées , et chaque segment a la forme d’un cylin-
dre ; chez les Isopodes et les Amphipodes le corps est
tantôt déprimé, tantôt aplati latéralement, et les an-
neaux qui en forment la partie abdominale laissent
apercevoir seulement des traces de l’union des deux
arceaux dont ils sont composés, tandis que dans les
anneaux thoraciques on distingue aussi le tergum
des épimères.
Enfin nous ajouterons que dans certaines espèces
d’ Amphipodes les deux moitiés latérales du septième
anneau abdominal ne se réunissent pas sur la ligne
médiane comme dans les autres segmens du corps, et
DES GnUSTAGÉS.
quil prend alors la forme de deux petites lames cors
nees ou de deux appendices styliformes, disposition
tres-curieuse en ce qu’elle offre un exemple frappant
de la division d’un anneau en deux moitiés symétri-
ques et latérales (i).
Telles sont les principales modifications de l’enve-
oppe tégumentaire du corps dans les Crustacés où
e présente en même temps le plus de simplicité et
d uniformité. Si nous allons maintenant à l’extrémité
opposée de la série formée par ces animaux , nous
rencontrerons une disposition toute différente, et au
premier abord on pourra croire que le squelette tégu-
uientairedes espècesles plus élevées est composé d’élé-
mens tout autres que ceux que nous venons de signa-
ler ; mais une étude plus approfondie de ces parties
conduit à l’opinion contraire , et montre que les prin-
cipales difiérences dépendent du développement ex-
cessif de quelques-unes de ces pièces, tandis que d’au-
tres sont devenues rudimentaires.
Dans les Grâbes , par exemple , le corps, au lieu
dêtre formé par une longue série d’anneaux assez
semblables entre eux , mais bien distincts et articulés
^|out à bout , ne paraît composé, presqu’en entier, que
^ une seule masse céphalo-thoracique , recouverte
une grande voûte qui descend jusqu’à la hase des
P®tes, et qui constitue une espèce de carapace (2) ; l’ab-
Fd ■ divisé en segmens , comme chez les
®phthalmes (3), tandis qu’au premier ahord le reste
(■) Cela SB V ■
custeL, etc • Crevette d'Othon E, la Crevette lo-
3es Septièra'eiT'^s** ’ plupart des Amphipodes , ces rudimens
( PI. I, lie abdomitiaui manquent complètement.
(2) PI, 3, fiff.
(3) P1.3,fig.5.
HISTOIRE naturelle
du corps ne semble former qu’un seul tronçon ; mais,
si on l’examine avec plus de soin, on s’aperçoit que ces
différences sont moins grandes qu’on ne l’avait pensé ,
car au-dessous de cette enveloppe clypéiforme on
distingue une série d’anneaux thoraciques , à la vérité
soudés entre eux, mais néanmoins bien distincts et
visibles à la face inférieure des corps (i). Ces anneaux
sont en grande partie recouverts par la carapace, et
leur paroi supérieure est complétée par elle au lieu
d’être fermée par le tergum qui viendrait se souder
aux bords supérieurs des épimères , comme cela a
lieu dans l’abdomen de ces animaux et dans toutes les
parties du corps chez les Edriophthalmes (2).
Lorsqu’on étudie d’une manière comparative le
squelette extérieur des Crustacés, on doit donc se
demander si ce grand bouclier dorsal , dont on n’a-
perçoit aucune trace chez les Amphipodes, les Iso-
podes, etc. , est un organe particulier aux Décapodes
et à quelques autres Crustacés , et une création toute
nouvelle, ou bien si les pièces dont il est formé exis-
tent, mais moins développée chez tous les animaux
de cette classe ; et , dans ce dernier cas , on devra
chercher si la carapace est le résultat de la soudure
et de l’extension latérale des pièces dorsales de tous
les anneaux qu’elle recouvre , ou si elle n’est composée
que de l’arceau supérieur des anneaux céphaliques ,
qui aurait acquis un développement extraordinaire ,
et se serait prolongé jusqu’à l’origine de l’abdomen.
D’après l’étude des Crabes et des autres Décapodes,
il serait peut-être impossible d’arriver avec quelque
(1) Pl. 3, fig. 2/.
(2) Pl. 3, iig. 3.
DES CnUSTACÉS. 2$
certitude à la solution de cette question ; mais l'exa-
men comparatif de quelques autres Crustacés nous
paraît y conduire.
En effet , chez les Nébalies et les Apus, par exem-
ple , on voit aussi im grand bouclier dorsal qui recou-
vre toute la partie antérieure et moyenne du corps ,
de maniéré à confondre la tête avec le thorax ; mais
ICI , bien que la carapace s’étende sur les anneaux tho-
raciques , ceux-ci n’en sont pas moins parfaitement
distincts d elle et clos en dessus comme chez les Édrio-
phthalmes, etc. L’existence de cette grande lame cly-
péiforme est entièrement indépendante de celle des
segmens qui composent le thorax , et elle n’est évidem-
ment qu’un prolongement de la partie dorsale de la
tête.
Dans les Alimes et les Ericlithes, la carapace recou-
vre aussi la presque total! té du thorax; mais elle se soude
avec les anneaux thoraciques antérieurs , de manière à
compléter supérieurement leurs parois, et les trois
derniers segmens seulement conscrvcntleür intégrité et
leurindépendance. Dans le genre Mysis, cette union du
bouclier céphalique avec le thorax est portée encore
plus loin , et il n’existe plus dans cette dernière partie
U corps que deux anneaux qui en soient distincts. En-
D5 chez les Décapodes, le développement delà cara-
pace est tel que la voûte qu’elle forme recouvre tout le
hoîte^ ' *icscend en dehors des flancs de manière à l’em-
complètement -, et tient lieu de parois supé-
rieures à 1 ’
comi anneaux dont cette partie du corps se
compose.
D’après
les An ^^^amen comparatif de la carapace chez
podes on , les Stomapodes et les Déca-
’ peut donc conclure que ce grand bouclier
ai6 HISTdlRB NATUHEBLE
dorsàl est un prolongement de r.irceau supérieur d’un
ou de plusieurs anneaux céphaliques qui aura chevau-
ché sur le thorax , et que la grande difîerence que l’on
remarque d’abord entre la structure d’un Crabe , par
exemple , et d’un Édriophlhalrae, dépend en majeure
partie de ce que cette dernière partie du corps, au lieu
d’étre libre et indépendante des anneaux qui le précè.
dent a été pour ainsi dire entraînée dans l’intérieur de
la tête , où tousses élémens constituans se sont soudés
ensemble.
Si l’on pousse celte investigation plus loin , et
si l’on cherche , soit à connaître la composition ana-
tomique de cette carapace, soit à déterminer si elle
appartient à l’ensemble de la tête ou bien à une partie
spéciale de cette portion du corps, c’est encore à l’é-
tude comparative d’un certain nombre de Crustacés
difiérens qu’il faudra avoir recours.
Dans les Crabes , les Écrevisses et les autres Déca-
podes , presque tous les anneaux céphaliques sont sou-
dés entre eux de manière à ne pouvoir être distingués,
et à ne former avec la carapace qu’un seul tronçon.
Mais chez certains Stomapodes, tels que les Squilles,
la tête est divisée en plusieurs segmens distincts (i) ;
les deux premiers, anneaux Vophlalmique et \’an-
tennulaire , sont mobiles et peu développés ; le troi-
sième et le quatrième anneaux sont au contraire
très-grands , et confondus entre eux en un seul seg-
ment que nous appellerons antenno-maxillaire. Or,
la carapace occupe la portion dorsale du tronçon
formé par cette soudure, et se prolonge au-dessus
des six anneaux suivans ; mais ces derniers segmens
tl) PI. 1 , lig. I ; et PI. a, fig. 1-8.
DES crustacés;
sont presque rudimentaires , et bien qu’ils se soudent
au bouclier céphalique , ils en paraissent encore assez
distincts. Enfin , les quatorze anneaux suivans n’ont
plus rien de commun avec la carapace ou avec la tète,
et appartiennent au tborax et à l’abdomen. 11 en ré-
sulte que chez ces animaux , cette espèce de bouclier
dorsal est évidemment une dépendance du troisième
ou quatrième anneau céphalique ■; et, par analogie, on
peut conclure qu’il en est de même pour les autres
Crustacés. En eflét, chez les Alimes , où la carapace
s étend sur la portion antérieure de la tète en forme
de rostre, on voit néanmoins que les deux premiers
anneaux céphaliques en sont parfaitement distincts,
et chez certains Décapodes le premier anneau ne s’est
pas encore complètement confondu avec elle. Quant à
la question de savoir si la carapace est un pro-
longement de l’arceau supérieur du troisième ou du
quatrième anneau, nous ne connaissons aucun fait
qui en fournisse la solution; mais, d’après sa com-
position, on est porté à croire que c’est à l’un de
ces anneaux seulement, et non aux deux qu’elle ap-
partient.
En eflet , dans l’œuf de l’Écrevisse , comme l’a fait
■ Eatbke , elle est d’abord formée de trois parties
inctes , qui viennent se réunir entre elles pour con-
^Jtuer une seule lame continue ; une de ces pièces
deixx^*^ médiane, et représente évidemment les
dans réunis qui occupent la même place
Édri supérieur des anneaux thoraciques des
fl ' les autres sont latérales et doivent être
ces comme les analogues des épimères. Dans l’É-
. P ’ ces pièces sont complètement soudées
.c es , mais pn peut encore les distinguer par les
HISTOIKE NATURELLE
28
sillons qui occupent leur point de jonction (i)* Les
deux pièces latérales sont très-développées , et se réu-
nissent sur la ligne médiane dans la moitié posté-
rieure de la carapace , tandis qu’antérieurement elles
sont séparées par le tergum. Enfin , à sa partie anté-
rieure et inférieure, la carapace est complétée par les
arceaux inférieurs des divers anneaux qui constituent
la portion céphalique du corps ; mais en général ces
pièces sont rudimentaires et entièrement confondues
entre elles.
Chez d’autres Décapodes de la famille des Bra-
chyurcs, la disposition qui est transitoire dans
l’Ecrevisse, devient permanente , et la carapace reste
toujours formée de trois pièces distinctes ; mais, chez
tous ces Crustacés, les épimères sont très-peu dé-
veloppées, tandis que le tergum prend une exten-
sion énorme (2) ; il s’étend jusqu’à l’abdomen , re-
couvre les épimères dans toute leur longueur, et con-
stitue la presque totalité de la carapace. On peut
même dire que les principales difi'érences qu’on ren-
contre dans la forme et la disposition de ce grand
bouclier dorsal chez les Brachyures et les Macroures,
dépendent des variations dans la grandeur relative de
ces trois pièces constituantes.
En étudiant ainsi la carapace , dans son ensemble ,
aussi bien que dans ses élémens, on parvient à rap-
porter aux règles de l’organisation normale des Crus-
tacés , non -seulement les dernières modifications
(O PI. I, fig. 8, carapace d'Écrevisse: a, pièce tergale ; —
b , épiraère.
(2) PI. I, fig. 9, carapace d’un Atélécycle : a, pièce tergale;
— b, b, pièces épiinériennes : — c, arceau inférieur des premiers an-
neaux céphaliques unis en avant et sur les côtés avec la carapace
DES CRUSTACÉS. 2Q
plus OU moins remarquables dont nous venons de
parler, mais aussi la structure en apparence si bi-
zarre de certains Entomostracés dont tout le corps
ci dans une espèce de coquille bivalve.
ez les Daphnies , par exemple, la portion occipi-
^a e e a tete, distincte de la frontale, est confondue
vec^ e reste du corps , et la carapace qui en naît pa-
t etre réduite aux epimères, dont le développement
serait excessif, car ces pièces se joignent au-dessous
commeau-dessusducorps, et constituent deux valves,
entre lesquelles celui-ci est renfermé. Enfin , chez les
ypns, cette disposition est portée encore plus loin,
es âmes épimeriennes de la carapace , réunies
la téU charnière , cachent aussi
Dans les Crustacés où le corps présente le moins
uni ormite, tels que le Crabe commun, le thorax (i)
dit. visible i l-evléHeu"
ureraent, et se trouve comme englobé dans le
S'rand bouclier dorsal, résultant du développement
excessif de l’arceau supérieur du segment céphalique
qae j'ai publié en commun avec M. Audouin,
«iptL'romSe rr
^liyures et Mari- “®^''“‘^^“reduthoraxchezlesDêcapodes,Bra-
Audouin ^in * da»s «ne note de
‘Comparée i dans la traduction française de l'Anatomie
^wre naturell^ à (t- 2, p. i36) , et dans le llésumé del'his-
tativc (p^ 1021* M* > faisant partie de l’Encyclopédie por ■
longue de cett avait déjà donné une description assez
formant un seul t ''^***' ' savant considère le thorax comme
culiers.lesdiverrv’ distingue pas, sous des noms parti-
énumère sont-ils tr'7-n"* constituent : aussi, les détails qu’il
d’anatomie comnaX * comprendre. (Voyez son Traité
t. a, p. i36.)
HISTOIRE NATURELLE
3(J
antenno-maxillaire ; mais, si on le dépouille de cette en-
veloppe, on voit qu’il est formé par une série d’anneaux
comme chez les Edriophthalmes, seulementcessegmens
thoraciques sont incomplets et tous soudés entre eux :
ils sont dépourvus de pièces ter^ales, et il existe un
espace vide entre les bords supérieurs des épimères.
Enfin , chez les Crustacés des ordres inférieurs , la face
intérieure de ces anneaux ne donne naissance à aucune
apodème, tandis qu’ici il s’en élève un nombre con-
sidérable de lames cornées , qui se réunissent entre
elles de diverses manières , et en compliquent singu-
lièrement la structure ; aussi, pour les décrire avec
exactitude , serons-nous obligés d’entrer dans quel-
ques détails qui pourront paraître minutieux.
Les anneaux thoraciques des Crabes présentent un
développement considérable; ils sont au nombre de
cinq (•), et leurs arceaux inférieurs constituent, par
leur réunion, une espèce de ])Ouclier ventral qui pro-
tège la partie inférieure du corps, comme la carapace en
protège la face supérieure (2). Ce plastron sternal est
à peu près horizontal et presque circulaire; de chaque
côté de ses bords on voit une série d’ouvertures oui
X
donnent insertion aux membres, et qui le séparent
des flancs ainsi que du bord inférieur de la carapace ;
en avant il se termine presqu’en pointe, à peu de
distance de la bouclie , et en arrière on y remarque
une grande échancrure où s’insère l’abdomen. Les
(1) La portion du corps appelée thorax est, comme nous l’avons
déjà dit, celle qui porte les pâtes ambulatoires. Or, le nombre de
ces membres étant chez les Crabes de cinq paires , on ne doit
compter que cinq anneaux thoraciques ; mais cette division entre
le thorax et la tête est tout-à-fait arbitraire.
(2) PI. 3, fig. 2, 3 et 4 : éT' pièces sternales des quatre
derniers anneaux ; b, d, f, h, pièces épisternales.
»ES CRUSTACÉS. 3l
cinq ahûeaüx du thorax forment à eux seuls la
presque totalité du plastron, et un petit sillon li-
néaire dirigé transversalement indique le point de
eur soudure ; sur un , deux , ou même trois des plus
postérieurs, on aperçoit aussi une ligne longitudi-
na e qui les divise en deux parties égales , et qui
resu te e a soudure des deux pièces sternales du même
anneau; mais sur les autres segmens on ne distingue
ucune trace de leur division médiane. Ces pièces s ter-
nales occupent toute la largeur du plastron; cependant
«l'autJ ■l'rox, onvoildel’un
V' • ^ petite pièce triangulaire oui est
lepisternum. L’arceau inférieur des trôL J
ils sont peu dévpln«^.i„ . i steinal; mais
qu’on a de la neine^M ’
premier des huit an ‘^^uiguer. Enfin , entre le
tion et le >> “°eaux dont il vient d’être ques-
on tron Posteneur de l’ouverture bucLle,
sont s '’^/ticore les vestiges de deux anneaux qui
» la formT- "‘"'j mais ne concourent pas
formation du plastron. ^
on irvtd
oinq del ’ entre eux, et si les
>^yan t des 7 P“« “«ertion à des membres
premier^t’*^*'' différens de ceux des
distino-op ’ ^ aurait aucune raison pour les
partenant i regarder les premiers comme ap-
L’arc.™ 1“ ■ '* ttora..
pWiques et th P»s‘-I>“ccaM, cé-
médiane et interrompu sur la ligne
lormé que par les deux épimères ;
HISTOIKE NATURELIiE
3a
mais ces pièces sont, pour la plupart, très-déve-
loppées, et se soudent entre elles de manière à con-
stituer de chaque côté une voûte oblique dont le
bord supérieur est fixé à la carapace au moyen de
fibres charnues, et dont le bord inférieur est semi-
circulaire, et séparé du plastron sternal par les mem-
bres correspondans (i). Dans l’état naturel la face
supérieure et externe de la voûte des flancs est
recouverte par les branchies , et cachée sous les par-
ties latérales de la carapace; on y distingue des lignes
transversales dans les points où les huit segmens qui
la constituent se sont soudés entre eux; et à la partie
antérieure et inférieure de l’épimère de l’anté-pénul-
tième anneau et du segment précédent , il existe un
grand trou circulaire qui sert à l’implantation des
branchies correspondantes (2).
A la face inférieure et interne des flancs , entre cette
voûte et le plastron sternal , on trouve un grand nom-
bre de lames verticales qui se réunissent entre elles
de manière à former deux rangées de cellules transver-
sales placées l’une au-dessus de l’autre ; l’ouverture
interne de ces loges est située sur les côtés de la grande
cavité viscérale qui occupe le milieu du thorax, et l’ex-
terne placé, entre les flancs et le sternum, donne inser-
tion aux membres (3). Si l’on examine ces lames verti-
cales avec plus d’attention, on verra que leur forme
])eut varier , mais que leur position est constante ; elles
naissent toutes des lignes de soudure des diverses pièces
constituantes du thorax , et sont ce qu’on a])pelle des
(1) PI. a, fig. 1 1 , e ; et PI. 3, fig. 3.
(2) PI. 2 , fig. g, ft J Pi. 3 , fig. 3 , hh.
(3j Pi. a, fig. ji, c.
DES CRUSTACÉS. 33
<^podèmes. Les unes ont leur origine sur le point de
reunion des épimères entre elles , et peuvent être dé-
signées sous le nom (L’apodèmes épimeriens ; les
autres appartiennent à l’arceau inférieur et s’élèvent
es soudures des sternums ; nous les appellerons par
coméquent des apodètnes sternaux.
est entre le dernier et l’avant-dernier ou quatrième
anneau du thorax que la disposition de ces cloisons est
a plus simple. L’apodèrae sternal se porte directe-
ment en haut , pour se réunir à l’apodème épimérien
correspondant ( i) ; son extrémité supérieure et externe
( >■) se joint a l’angle externe de l’épimère située au-des-
sus (e) , de manière à compléter dans ce point les cadres
articulaires où s’insèrent les deux dernières pâtes (2) ;
enün son bord supérieur estlibre vers l’angle externe (tj*
mais dans le reste de son étendue il est soudé au bord
inferieur de l’apodème épimerien placé au-dessus (e).
Lette dernière lame osseuse présente à peu près la
même disposition ; seulement elle ne concourt pas à la
formation du cadre articulaire , et ne descend pas au-
dessous du niveau du bord inférieur de la voûte des
l'aciniio ,1 !■ > doison qui sépare le dernier anneau tho-
paroi TinQt ; dans le Maïa squinado ; de ce côté , la
pour la cellule de la dernière pâte a été enlerce
Oî. flanc • _!'/ de cette cloison. — b , sternum ; —
rienue alVm/ ' j Inrcique postérieure; — e, apodème épimé-
oorrespondan ® l® selle turcique et à l’apodéme sternale
sonnaire. ' d > apodème sternale; — g, trou intercloi-
(a) Pl, £j
sternales dont latérale du thorax du Maïa. — a" -a^, pièces
épisternales- * ■'éunion constitue le plastron; — 4-4, pièces
flancs, — rfs’, .J ^l’^ooeres dont la réunion forme la voûte des
dernier anneau 'tho™*^ ,®*emale s’élevant entre le dernier et l’avant-
sertiondes pâtes cadre articulaire destiné à l’in-
cRüstacés , tome 1.
3
HISTOinE NATURELLE
34
flancs ; son extrémité externe vient se joindre à l’apo-
dème sternal dans le point où celle-ci s’unit à l’épi-
mère ; sa partie moyenne est également soudée à cette
apodème; mais, entre cette partie de son bord et son
angle externe, il reste libre de toute adhérence, et
donne ainsi naissance à un trou (§■) qu’on a nommé in-
tercloisonnaire (i); enfin l’extrémité interne de cette
apodème s’unit à la selle turcique postérieure (</).
Les cloisons qui séparent entre eux les autres an-
neaux thoraciques ne présentent pas exactement la
même disposition.
L’apodème sternal qui naît du bord postérieur du
dernier segment du thorax (3) s’élève comme celle dont
nous venons de parler, et va se confondre avec l’épimère
correspondant ; mais, au lieu de se porter transversale-
ment en dedans ctde s’arrêter à une certainedistance de
la ligne médiane, elle se dirige obliquement en dedans et
en avant, se réunit à celle du côtéopposé, devient en-
suitehorizontale, et constitue une petite voûte transver-
sale qui a reçu le nom de selle turcique postérieure (a) ;
la portion externe du bord supérieur de cette lame est
toujours en partie libre , et forme , en se réunissant
avec l’épimère, un trou triangulaire (fig. g, A) ; son ex-
trémité antérieure et externe se soude au bord interne
des cloisons des anneaux précédons , et k sa face infé-
rieure est unie, sur la ligne médiane, à une apodème
impair qui naît de la ligne de soudure des deux moi-
(1) Voyez les Recherches sur la circulation dans les Crustacés , déjà
citées.
(2) Audouin et Edwards, op. cil. ( Foyez PI. 2, fig, 9, d ; PI- 3,
Cg. 3, c, )
(3; PI. 2, fig. ÿj.
UES CRUSTACÉS. 35
ties du sternum du dernier segment tlioracique (i). H
n existe point sur cet anneau d’apodèmes épimériens
istincis , et , comme nous l’avons déjà dit, l’apodème
' se réunit immédiatement à l’épimère elle-
une. Enfin 1 espace compris, d’une part, entre les
eux c oisons dont nous venons de parler , et , de l’au-
be , entre le sternum et les flancs du dernier segment
t orax , ne constitue de chaque côté du corps
qu une seule cellule (m).
Dans les autres anneaux thoraciques, il existe au
ontraire de chaque côté deux cellules superposées
>en cistinctes; voici d où dépend cette dispo-
sition. Les apodèmes épimériens (a), au lieu d’aller
se souder aux apodèmes sternaux correspondans ,
se portent un peu obliquement en arrière et vont s’u-
nir à la partie moyenne de la cloison suivante, tandis
quelapodeme sternal se soude à l’apodème épimé-
nen de 1 anneau précédent (o) -. enfin, de chacun de
i-es points de soudure , naît un petit prolongement ho-
montal qui unit entre elles ces diverses cloisons. Il en
"Suite que, dans chacun des espaces compris entre ces
tr^Tr y a deux cellules qui sont séparées en-
don! Ptir le prolongement lamelleux
comm..”^-* parler , tandis qu’en dehors elles
Descell” eusemlde par le trou intercloisonnaire.
s, comme nousl avons déjà dit,sont superpo-
Pt. 2 r '
(a) Pl. (IS-S'LetPl. 3,i;g. 3.
pénuliième etf'm'?.’ épiméiien naissant entre le
a la punie anneau du thorax, et allant se sou-
suiv.ant (f -) ^ supérieur de l’apodème sternal
dans la fig. 9. ^ externe a été ici enlevée , rouis se voit
* spodème épimérien , soudure de cette apodème sternal avec
«orrespondant.
3.
36 HISTOIRE KATURELLE
sées , mais elles ne sont pas situées exactement i'nne
au-dessus de l’autre (i) •, et en dehors les supérieures
manquent de plancher, et les inférieures de voûte, de
façon que dans ce point chacune d’elles communique
avec deux de celles île l’autre rangée.
Cette disposition, qui est commune aux apodè-
mes qui séparent entre eux les quatre premiers
anneaux thoraciques ( c’est-à-dire les quatre seg-
mens qui précèdent le dernier, et portent les huit
premières pâtes ambulatoires ) , se retrouve aussi en
partie dans les trois derniers anneaux céphaliques;
mais ici les cloisons deviennent de plus en plus petites
et ne présentent plus de prolongement horizontal qui
les unisse entre elles ; l’apodème épimérien se com-
porte exactement comme dans les anneaux thoraci-
ques; l’apodème sternal, au contraire, ne se soude
pas au plastron dans toute la longueur de son bord
inférieur ; il ne s’y fixe que par son angle externe et
inférieur, tandis que son angle externe et supérieur
se soude comme d’ordinaire à l’épimère placée au-
dessus ; après cette jonction , il se porte directe-
ment en haut, reçoit l’insertion de l’apodème épi-
mérien , et va se fixer par son angle supérieur
et externe à la voûte des flancs ; enfin son angle in-
terne et inférieur, ainsi que les deux côtes qui vien-
nent y aboutir, sont libres.
Quant au second anneau post-buccal, il est rudi-
mentaire, refoulé sur les côtes et ne consiste, pour
ainsi dire, que dans les deux cadres articulaires, où
viennent s’insérer les mâchoires externes ; la portion
sternale en est linéaire et confondue avec l’anneau sui-
(l) PI. 2, flg. Jl,
DES CRUSTACÉS. 37
vant ; et celle qui répond à 1 epimère est horizontale ,
et se prolonge en manière d’ailerons (i). Enfin , à l’ex-
tremité antérieure du plastron, on voit une espèce de
Imuch ^ constitue le bord postérieur de la
^ ‘luon a nommée la selle turcique anté-
^ure (a^ ; elle est soudée au premier anneau thoraci-
que et nous parait être le premier segment post-buccal
réduit à l’état de vestige
Tels sont les principaux caractères de l’organisa-
lon compliquée du thorax du Crabe commun, Onre-
ouve la meme disposition , à quelques légères dilTé-
rences près, dans la plupart des autres Décapodes
hrachyuresj mais chez les Macroures cette partie du
corps présente d’autres modifications qu’il importe
également de signaler.
Dans la Langouste , par exemple , on retrouve en-
core un plastron sternal , mais il a perdu beaucoup de
sa largeur , et les flancs , au lieu d’être fortement in-
clinés et de former des espèces de voûtes au-dessus de
ce bouclier, deviennent à peu près horizontaux (3). Il
en résulte que les deux rangées de cellules qu’on y voit
echaquecôté, au lieu d’être superposées, sont placées
neà coté del autre sur le même plan. La disposition
apodèmes est aussi un peu différente de ce que
se chezles Crabes. Lesapodèmes sternaux
suné inférieur des flancs par leur angle
et externe qui est très-allongé , puis reçoi-
précéd^^*^"^^'*^^ l’apodème épimérien de l’anneau
ent et donnent souvent naissance dans ce point
HISTOIRE NATURELLE
38
à une petite lame qui se recourbe en haut et en arrière
pour se souder à la cloison suivante ; enfin , leur angle
supérieur et interne se recourbe en avant et s’allonge
au point d’aller rejoindre la cloison précédente , et on
voit vers la ligne médiane un petit prolongement qui
se soude à celui du côté opposé de manière à former la
voûte d’une espèce de canal longitudinal. Ce conduit
osseux s’étend dans presque toute la longueur du
thorax entre les lames montantes des deux rangées
d’apodèmes sternaux , et a pour paroi inférieure le
plastron : aussi l’a-t-on nommé le canal sternal (i) ;
entre le pénultième et l’antépénultième segment il est
interrompu par un petit apodème qui s’élève de la
ligne médiane du sternum , et au delà de ce point on
n’en voit plus de trace. Une autre particularité remar-
quable dans le thorax de la Langouste , est l’absence
d’une selle turcique postérieure ; les cellules des
derniers anneaux sont éloignées de la ligne médiane
et séparées par un espace vide au lieu d’une cloison
verticale. Enfin la disposition des derniers anneaux
céphaliques est exactement la même que celle des
animaux thoraciques.
La structure du thorax est essentiellement la même
chez la plupart des autres Macroures; mais quelque-
fois , comme dans l'Ecrevisse, les sternums ne forment
point de plastron et sont réduits à une espèce de carène
linéaire. Cette disposition se rencontre aussi chez les
Palémons et plusieurs autres Salicoques ; mais chez
ces derniers Crustacés on ne trouve pas d’apodèmes
solides à l’intérieur du thorax , tandis que chez tous
(i) PI- Il fig. 7, cî , et PI. 23, fig. 3, e, ti.
DES CRUSTACÉS. Sg
les autres Décapodes l’existence de ces lames cloison-
naires est constante. Il est aussi à noter que cliez un
ceitain nombre de Macroures, et chez beaucoup de
ecapo es anomoures , le dernier anneau thoracùjue
e soude pas an précédent, et conserve un peu de
1 lté. Chez ees derniers Crustacés, il existe aussi
™ canal sternal.
^ ez certains Crustacés des autres ordres, le thorax
P esente aussi quelques modifications remarquables,
us es ])arasites du genre Pandarus, par exemple,
uvant-dernier anneau de cette partie du corps pré-
ute deux lames dorsales qui sont dirigées en arrière,
recouvrent une grande partie du segment suivant, et
ressemblent beaucoup aux élytres des Insectes co-
léoptères. Ces lames cornées paraissent au premier
abord ne pouvoir être rapportées à aucune des parties
du squelette tégumentaire chez les autres Crustacés ;
mais, comme elles occupent la place des épimères , on
peut les regarder comme résultant d’un développe-
ment excessif et anomal de ces pièces qui se prolon-
geraient au-dessus des anneaux suivans, de même que
nous avons déjà vu tout l’arceau supérieur du tronçon
Dntenno-maxiliaire des Décapodes et des Slomapodes
thorax pour former la cara-
e. ette disposition anomale peut donc encore s’ap-
^ de l’analogie,
un Gr" même pour celle qu’on rencontre dans
le nom singuliers qu’on a désigné sous
est recou ! lu partie antérieure de son corps
cher dorslr*^* ^ earapace , et en arrière de ce bou-
uoir du espèce de cornet ou d’enton-
eorps. Cette l’extrémité postérieure du
U lucation des formes du squelette té-
IIISTOinE NATURELLE
4o
gumenlaire dépeod aussi du développement excessif
de deux ou trois des anneaux thoraciques qui ont
chevauché sur les segmens suivans à la manière de
la carapace des Décapodes; mais seulement ici ce dé-
veloppement a eu lieu dans l’arceau inférieur aussi
bien que dans l’arceau supérieur, et il en est résulté
une espèce degaîne au lieu d’un simple bouclier.
Quant à l’abdomen des Crustacés dont le thorax
présente une structure très-compliquée , comme cher,
les Décapodes , il est en général jreu développé, on
Il Y voit jamais d’apodèmes ; et tantôt ilest composé
de se|)t anneaux semblables à ceux des Amphipodes,
tandis que d’autrefois plusieurs de ces pièces se sou-
dent entre elles et ne forment plus qu’une espèce de
queue aplatie.
§ V. De la portion appendiculaire du squelette
extérieur, ou membres.
Ayant passé en revue les principales modifications
de la portion du squelette tégumentaire des Crustacés
qui enveloppe le corps de ces animaux, nous devons
maintenant nous occuper des membres ou des appen-
dices qui y sont fixés. La forme et les usages de ces
organes varient suivant la partie du corps à laquelle
ils appartiennent , suivant les espèces et même suivant
l’âge de ces animaux ; mais ils ont toujours certains
caractères communs : ils sont unis au corps à l’aide
d’une articulation , et , à quelques exceptions près ,
ils sont mobiles et formés eux-mêmes de plusieurs
pièces (i).
(i) M. Audouin emploie le mot d’ appendice pour désigner tous
les organes qui sont , pour ainsi dire , ajoutés aux divers anneaux
DES CRUSTACÉS.
IjCs membres des animaux articulés peuvent appar-
tenir , ainsi que la démontré M. Audouin , soit à
1 arceau supérieur, soit à l’arceau inférieur de chacun
des anneaux du corps ; les premiers constituent les ailes
des Insectes , les seconds les pâtes de ces animaux ,
ainsi que celles des Arachnides et des Crustacés. Les
autres sont disposés par paires sur les
cotes de la ligne médiane , et chacune de ces paires
correspond à l’un des arceaux dont nous venons de
parler ; de sorte qu’un seul anneau ne porte jamais
plus de quatre de ces organes. Au premier abord ,
ou pourrait croire que, dans quelque cas, le même
arceau donne attache à deux paires de membres , ou
même un plus grand nombre de ces organes ; mais
il est en général facile de prouver que cette anomalie
apparente tient à l’union de deux ou de plusieurs an-
neaux entre eux.
Les membres de l’arceau inférieur sont les plus im-
portans , sinon les seuls qui existent chez les Crusta-
cés. Si on les examine au moment de leur première ap-
parition dans l’embryon d’une Écrevisse, par exemple,
on voit quils ont tous la même forme; mais bientôt
après ils deviennent dissemblables entre, eux, et ces
1 érences augmentent de plus en plus , jusqu’à ce
aiiimiiux articulés, et il range, sous cette dcnomin.itîoii ,
P*ite.s , les ailes , les mâchoires , eu un mot , tout
ticle ® ’nembrcs, mais au.ssi les branchies. (Voyez l'ar-
■ieux moitç, a* Dictionnaire classic[ue d’histoire naturelle.) Ces
différentes'' paraissent être régis par des lois tout-à-fait
tementilesif.*” * semble nécessaire de les distinguer coinplé-
moïdes, sembrai dites sont des prolongemens der-
des Crustacés, etc*'* nature à ceux qui constituent les poils
que les membres ’ n’oB're rien de constant ; tandis
lucnt aux divers mêmes rapports relative-
uuiens constituans des anneaux dont ils dépendent.
HISTOIRE NATURELLE
42
que l’animal ait atteint l’état parfait. En jetant les
yeux sur la série des Crustacés, depuis les Bran-
chipes et les Limnadies jusqu’aux Crabes, on aper-
çoit dans les membres des divers anneaux du corps
des modifications semblables j dans les espèces où
ces organes présentent entre eux le plus de simili-
tude , tous , à l’exception de trois ou quatre paires si-
tuées à l’extrémité antérieure du corps et de celle que
supporte le dernier anneau, ont essentiellement la
même forme et la même composition. Dans d’autres
Crustacés , les membres thoraciques commencent à
différer de ceux de l’abdofcen , puis un nombre déplus
en plus grand des premiers éprouve des modifications
particulières ; il en est de même pour ceux de l’abdo-
men , et , en changeant ainsi de forme , ces organes
changent aussi de fonctions.
Le nombre de ces membres est quelquefois très-
considérable ; il est des Crustacés où l’on en compte
plus de soixante paires, tandis que dans d’autres espè-
ces il n’en existe que quatre ou cinq ; mais, dans l’im-
mense majorité des cas, on en trouve une série de vingt
paires.
Les membres de la première paire n’existent que
chez les Crustacés des ordres élevés , tels que les
Crahes et les Écrevisses , et ont la forme de tiges mo-
biles et articulées qui s’insèrent à la partie antérieure
de la tête , et portent à leur extrémité libre les yeux.
Lorsqu’ils commencent à se former , ils ne diffèrent
en rien des membres suivans , mais leur développe-
ment s’arrête plus tôt , et leur structure est toujours
très-simple (i).
«
(l) PI. 2, fig, I, i ; PI. 17, lig. 5, etc.
DES CRUSTACÉS. ^3
Les membres de la seconde et de la troisième paire
ont reçu le nom d’ajitennes (i), et paraissent faire en-
core partie de l’appareil spécial des sens. En les étu-
lant seulement chez les Crustacés ou les Insectes
de d*^*^*' ^^téte, qui les porte, ne présente point
ivisions , on pouvait être porté à croire que ces
organes, ainsi que les tiges oculaires , étaient des np-
pen ices de 1 arceau supérieur des trois premiers an-
caux céphaliques , et que les membres suivans re-
présentaient les appendices de l’arceau inférieur des
^êmes segmens. C’est en eü'et l’opinion adoptée par
^ I- Audouin (2) ; mais l’examen de la tête des Squilles,
ainsi que les observations récentes de M. Rathke, sur
le développement de l’œuf des Écrevisses , prouvent le
contraire. Enefiet, chez les Squilles, chaque paire de
ces organes s insère à un anneau distinct à la manière
des autres membres, et chez les Écrevisses , lorsqu’ils
commencent à se former , ils se présentent exacte-
ment delà même manière que les membres suivans
feest-à-dire les mandibules , les mâchoires, les pâ-
tes , etc.), et occupent comme eux la face inférieure de
embryon. Enfin , nous ajouterons encore que les nerfs
fioi s reçoivent naissent de ganglions qui leur sont
propres ; tandis que, s’ils appartenaient aux mêmes
trois paires d’appendices suivans,
^s ner s auraient une origine commune.
de ces Crustacés , les plus inférieurs dans l’échelle
vivent *^t)tamment dans la plupart de ceux qui
.. P‘*rasites, il arrive souvent que les antennes
(0
la seconde paire ’ ^ ’ ®®''®DDes de la première paire ; q , antennes de
Ka) Article Asteüs* J
au Diction, classique d'histoire naturelle.
HISTOIKE NATURELLE
44
de la première paire , et même les suivantes, man-
quent complètement ou n’existent qu’à l’état de ves-
tiges. Quant à leur forme et leur structure , nous au-
rons l’occasion d’en parler par la suite.
Les membres de la quatrième paire sont toujours
placés sur les côtés del’ouverturebuccale et constituent
ordinairement les organes de mastication appelés man-
dibules (i).
Les membres des deux paires suivantes, qu’on a
nommés mâchoires , sont également presque toujours
affectés à l’appareil de la mastication (2). Les huit paires
qui y succèdent sont moins constantes dans leurs usai^es
et dans leurs formes. Chez les Nébalies, par exemple,
elles sont fixées chacune à un seement distinct du tho-
O
rax, et constituent autant de pâtes natatoires. Chez
presque tous les Edriopthalmes, la première paire de
ces appendices entre, comme les trois précédentes ,
dans la composition de l’appareil buccal , et l’anneau
qui la supporte fait partie constituante de la tête ;
aussi, dans cet ordre, la portion thoracique du corps
n’est-elle formée que de sept anneaux , et le nombre
des pâtes ambulatoires est de quatorze. Enfin -, chez
trois ou quatre Crustacés de l’ordre des Décapodes, on
rencontre une disposition assez semblable ; mais, chez
presque tous ces animaux , les trois premières paires
de membres qui suivent les mâchoires appartiennent
toutes à l’appareil masticateur , et le nombre des mem-
bres thoraciques qui servent à la locomotion est réduit
à dix.
Les membres de la quinzième paire , et des paires
(1) PI. 3, fig. i3, mandibules du Maïa sqninod.i.
(2) PI. 3, fig. Il et 12, mâchoires du même animal.
DES CRUSTACÉS.
suivantes , appartiennent presque toujours à l’abdomen
et sont ordinairement au nombre de douze. On les dé-
si^ne conimunément sous le nom de fausses pâtes , car,
n gener:d, ils servent à la locomotion et sont bien
oins développés que les pâtes thoraciques ; mais
î e quefois , comme chez l’Apus et la Limnadie , tous
oi’j^anes ont la même forme et à peu près les memes
dimensions.
O serait nous éloigner de notre sujet , que de par-
or es diverses modifications que les membres des
rustacés subissent suivant qu’ils sont destinés àrem-
p ir telle ou telle fonction ; ces détails trouveront leur
place ailleurs ; mais nous devons dire ici rjuelques mots
de leur composition.
Lorsqu’un de ces organes a atteint son maximum
de développement , il présente trois parties qu’il im-
porte de distinguer (i). La première, que nous désigne-
rons sous le nom de fige , constitue la partie essentielle
du membre, supporte les deux autres et se compose
presque toujours de plusieurs articles placés bout à
mut (2). La seconde partie constituante du membre , ou
^palpeih)^ est un appendice de la tige sur le côtéex-
me de laquelle il naît presque toujours ; dans la plu-
l’a I' ’ cette espèce de branche a son origine à
sén ^ ^ t’gc ; mais quelquefois il ne s’en
ticle ^ ^ c-'^Lémité du second ou du troisième ar-
ment ^ ^ Loisieme, qu’on désigne au commeuce-
sur la de jfbiief (j ) , a également son origine
externe^ ’ ® sépare toujours au-dessus et du côté
(l) f ore^ Pl
(■") Pl. 3, flg
^’%9. etc.
■ 9> '‘—g.
46 HISTOIRE NATURELLE
Ces diverses parties constituantes des membres ne
se rencontrent pas toujours; tantôt le fouet n’existe
pas, tantôt c est le palpe qui manque, et d’autres fois
la tiffe est réduite à un état rudimentaire ; leur forme
et leur grandeur varient aussi beaucoup ; et , de toutes
ces différences , résultent les modifications nombreuses
que Ion observe dans les membres des divers Crusta-
cés. Pour en donner une preuve, il suffira de passer en
revue ces organes dans quelques-unes des espèces où
ils paraissent être le plus dissemblables.
Dans le groupe des Décapodes bracbyures , les
membres qui constituent les trois paires de pates-
maeboires sont les seuls qui présentent en même
temps une tige, un palpe et un fouet (i). Ce dernier
appendice a la forme d’une lame cornée, longue et
étroite, qui remonte dans la cavité branchiale; le
palpe est allongé et composé de plusieurs pièces ar-
ticulées bout a bout; enfin la tige, qui constitue la
partie principale du membre, est simple et formée
de six articles placés à la suite les uns des autres ,
ou bien présente du coté externe un prolongement
qui la fait paraître comme divisée en deux bran-
ches (2). Les mâchoires proprement dites de la se-
conde paire (3) ne présentent plus de fouet , et leur
palpe prend la forme d’une grande lame ovalaire,
tandis que leur tige se racourcit et présente diverses
modifications qu’il serait trop long d’énumérer ici.
(1) Pl. 3, fig. 8, 9 et 10: -a-g, fige; — A, palpe; —7, fouet.
(2) C’est ce qui a lieu pour la pâte mâchoire de la première paire,
(PI. 3 , fig. 10 ) , tandis que celles des deux paires suivantes ont
la tige simple ( lig. 8 et 9 ).
(3) PI. 3, fig. I,.
_à
UES CRUSTACÉS.
Les mâchoires de la première paire (i) n’ont plus ni
ouet, ni palpe, et les mandibules peuvent être con-
sidérées comme formées seulement d’une tige dontl’ar-
tic e basilaire serait très-dévcloppé , et dont les autres
pièces seraient plus ou moins rudimentaires , et con-
itueraient un prolongement palpiforme (2). Les dix
pâtes ambulatoires de ces Crustacés se composent
lacune seulement d’une tige simple divisée en six
artic es , comme aux pâtes -mâchoires. Enfin, les
membres abdominaux varient dans leur composition
et présentent, tantôt une tige rudimentaire, tantôt
une tige et un palpe td). Quant aux antennes, elles sont
aussi presque toujours réduites à une tige, et lors-
qu’elles présentent un palpe, cet appendice ne se
présente qu’à l’état de vestige (4).
Dans le groupe des Décapodes macroures, nous
trouvons, au contraire, des exemples de l’existence
simultanée des trois parties constituantes des mem-
bres, non-seulement aux pates-mâcboires, mais aussi
a tous les pieds ambulatoires. Les Pénées sont dans
ce cas (5) , mais , en général , les pieds proprement dits
Manquent de palpe , et souvent ils sont également
cpourvus de fouet. Ce dernier appendice devient de
1 us en plus membraneux, et chez les Crangons, ainsi
*1 e chez plusieurs autres Salicoques , il ne forme plus
SJ’Mh'-'î
pendice La plupart des naturalistes appellent cet ap-
palpe ^ dibule ; mais il ne nous paraît ressembler
aussi bien do uicmbres que par sa forme ; on pourrait tout
le nom de palpe à la partie terminale de la tige
(3) PI, 3 P des Décapodes bracliyures (lîg. 8, efg).
(4) PI. 3,’ fij: '5 et 16.
(5) Pb25,fig: 1,4, 5 et 6.
48 HISTOIRE NATURELLE
à la pate-mâchoire de la première paire une longue
lame cornée, comme chez les Crabes, mais constitue
une grande vésicule molle et aplatie, tandis que le
palpe ou la tige elle-même se transforme en une grande
lame semi-cornée (i). Quant aux fausses pâtes abdomi-
nales, elles se composent d’nne pièce basilaire portant
deux appendices que l’on peut considérer comme étant
de simples modifications de la tige et du palpe des mem-
bres en général.
Si l’on compare les Mysis aux Crustacés dont nous
venons de parler , on verra la plus grande similitude
tians la sti’ucture de leurs membres thoraciques , bien
qu’au premier abord elle paraisse très-différente, car,
au lieu d’être simples , ces organes sont bifides (2) ; mais
cette disposition ne dépend que d’un développement
plus grand du palpe.
Chez les Alimes et les Squillcs on trouvée à la base
de plusieurs des pâtes une espèce de disque membra-
neux supporté par un pédoncule (3) . D’après un examen
superficiel des membres des autres Crustacés, on serait
porté à croire que ces poches déprimées sont des or-
ganes particuliers aux Stomapodes , mais il n’en est
pas ainsi , et en les comparant aux fouets membraneux
des pates-mâchoires antérieures des Crangons , des
Mysis, etc. , on voit qu’ils ne sont autre chose que ces
mêmes appendices légèrement modifiés.
Dans le groupe naturel des Ampbibodes, les mem-
bres thoraciques présentent presque toujours chez la
femelle le maximum de composition que nous venons
(1) PI. 3, fig. 12 et i3a.
(2) PI. 2 , fig. 14.
(3) PI. 29, fig. 3.
DES CRUSTACÉS.
de signaler ; la tige sert à la locomotion ; le fouet de-
vient membraneux et sert à la respiration ; enfin ^ le
forme du fouet des pates-mâchoires des
il ^ ^ “ pour usage de retenir les œufs dans le
^ elamère(i). Chez les Isopodes , ces derniers
P*‘®unent souvent un développement ex-
et constituent par leur réunion l’espèce de
IC ovifere dans laquelle les œufs éclosent. Les
m res abdominaux des Amphipodes ressemblent
^ eaucoup à ceux des Décapodes macroures ; mais chez
sopodes les deux appendices qui les terminent,
leu detre cornés, deviennent membraneux et ser-
vent à la respiration.
Au premier abord , les pâtes branchiales des Apus
et de plusieurs autres Entomostracés paraissent aussi
n avoir presque rien de commun avec les pâtes am-
bulatoires ou avec les membres buccaux des Déca-
podes ; mais néanmoins on y retrouve encore les
memes parties. En elfet , dans ces grandes lames
oliacees dont la structure paraît aussi compliquée
qu anomale, on retrouve facilement les analogues
U fouet, du palpe et de la tige (2). Le premier de ces
jPl'en ices constitue la vésicule aplatie qui occupe
J paitie basilaire et externe de la pâte ; sa forme
■venon Stomapodes dont nous
ce ri ^ Parler, et sa structure confirme encore
seule^ip™^ cment. Le palpe est réduit ici à une
assez sembl’l^^^* celle-ci est grande, lamelleuse et
mâchoires ^ ^ forme au palpe vésiculaire des
externes chez plusieurs Décapodes bra-
t-'OPl. 2,Iig.i6ét üabelliforme ; c, fouet vésiculaire.
Criist » pa'pe vésiculaire: c, fouet vésiculaire.
"USIACI.S, tome 1. ^
5o HISTOIRE NATURELLE
cliyures ; enfin la tige a la plus grande analogie avec
celle qui constitue les mâchoires externes des Mysis, des
Squilles, sur laquelle on retrouve jusqu’aux petites
lames cornées qui en garnissent le bord interne.
Ainsi, malgré la diversité extrême qui existe dans
les formes aussi-bien que dans les fonctions des mem-
bres appartenant aux dillérens anneaux du corps d’un
même Crustacé , ou au même anneau dans des espèces
diverses , il n’en est pas moins vrai que, sous le rap-
port de leur mode de formation, ces organes pré-
sentent en général une tendance remarquable vers
Tuniformité de composition ; les mêmes élémens s’y
retrouvent toujours en totalité ou en partie, et c’est
de la présence ou de l’absence du développement , ou
de l’état rudimentaire, de la texture cornée ou mem-
braneuse, ainsi que des autres particularités que peu-
vent présenter la tige, le palpe et le fouet, que dé-
pendent toutes les différences qu’on rencontre dans la
Structure de ces organes.
D’après les divers faits que nous avons passé succes-
sivement en revue, il nous paraît évident que l’or-
ganisation du squelette tégumentaire des Crustacés est
bien plus uniforme qu’on ne l’aurait pensé avant que
d’en avoir fait une éludeapprofondie et comparative.
La théorie des analogues , devenue célèbre par les
travaux de son auteur, M. Geoffroy Saint-Hilaire, et
par la tendance nouvelle quelle a imprimée à l’anato-
mie comparée , aplanit , comme on le voit , la plupart
des difficultés qu’avait présentées juscpi’ici l’étude du
squelette tégumentaire des Crustacés ; et si l’utilité
de l’application à l’Entomologie des vues philosophi-
ques formant la base de cette doctrine n’était déjà dé-
montrée par les recherches de MM. Savigny, Au-
DES CRUSTACÉS.
5i
1 •
iQ , etc. , on pourrait en donner comme preuve
<i simplicité des corollaires cjui résument les causes
i érences innombrables oflerles par le squelette
Crustacés.
^ Partie <]eg modiûcations nu’oii y observe en
paicourant la série il « • ^ i ' -j
ment 1 ces animaux, dépend evidem-
^ soudure et , pour ainsi dire, de la fusion de
leurs anneaux en un tronçon unique dont la com-
Posi ion binaire, ternaire , quaternaire , etc., ne se
qid*^ ^ nombre des ])aires de membres
I » y sont attachés , nombre qui iiaraît corrcsiiondre
toujours à celui des anneaux.
Les dillérences qu’on rencontre dans la structure des
anneaux tégumentaires du corps dépendent en t^énéral
de là soudure ou delà simple articulation des diverses
pèces qui les composent ou bien de l’existence ou de
absence des npodèmes qui en hérissent l’intérieur.
.nün, d autres modifications non moins crandes
tiennent au développement, à l’état rudimentaire ou
même à la disparition d’un ou de plusieurs tles élé-
mens conslituans de tel ou tel anneau du corps : tantôt
ces pièces en se développant refoulent les pièces voi-
au ‘^'‘'^'^trefois elles glissent pour ainsi dire
Pendent”^"'^*- qu’affectent les membres dé-
difiérene causes analogues ; c’est-à-dire des
leurs tel ou tel de
nombre .1 ‘^°°®Ltuans, ou de l’absence d’un certain
etude du = i
conduit à des r tégumentaire des insectes
de la cliarpentrrpT* comparaison
oiide de ces animaux avec celle des
4*
s?.
HISTOIRE NATURELLE
Crustacés est un sujet qui aurait mérité d’occuper
notre attention , si Je cadre resserré de cet ouvrage ne
nous interdisait pas toute digression.
La même raison nous empécJie de traiter ici d’une
des hautes questionssoulevées depuis queJcpies années
par l’auteur de l’Anatomie philosopliiquc : l’analogie
qu’il peut y avoir entre le squelette tégumcntairc des
Crustacés et le squelette intérieur des animaux ver-
tébrés. M. Geoffroy Saint-Hüaire considère les an-
neaux dans lesquels le corps des Crustacés est renfermé
comme étant les analogues des vertèbres, et leurs ap-
pendices comme représentant les côtes. Peut-être arri-
verait-on à des rapprochemens plus naturels si on com-
parait le canal sternal des Décapodes à la colonne
vertébrale , les épimères et les appendices aux os
inter-épineux et aux rayons des nageoires médianes
des poissons (i).
§ VI. De la mue.
Pour terminer ce que nous avions à dire du système
tégumentaire des Crustacés, il nous reste à parler des
mues. Lorsqu’on considère la solidité de l’enveloppe
(l) Ponr plus tle Uétuils à cfî sujet, voyez Trois mémoires sur l’or-
gunisntion lies Insectes, par M. Geotiroy Saint-Hilaire (Journal
complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales , 1820 ; et
Considérations philosophiques sur la détermination du système solide et
du système nerveux des animaux articulés , par M. Ampère (Annales
des sciences naturelles, t. 2, p. 295).
AI. Robineau Dosvoisy a présenté aussi de nouvelles vues sur les
.malogues des diftérentes parties du système tégumentaire des Crus-
tacés, mais ses spéculations ne nous paraissent appuyées sur aucune
base solide, ou même plausible, et elles ne ressemblent en rien
a de l'anatomie réellement pliilosopliique.
des crustacés. 53
un Crabe ou d’un Écrevisse, par exemple , on est
onne qu Us puissent s’en débarrasser , et cet éton-
les • encore lorsqu’on sait que toutes
jgg ‘lélicates, telles que les antennes ,
uue^le ^ ^^^ncbies , se dépouillent ainsi sans
bris' tégumentaire dont ils sortent soit
con ^ ‘^*^formé ; mais, d’nn autre côté , on
ement la nécessité de ce phénomène sin-
i ei V 1 animal ne changeait souvent de peau
e oppe solide qui le renferme opposerait bientôt
O Stac es invincibles a son accroissement.
petits Crustacés , dont la croissance est très-
rapide , changent ainsi de peau à des époques très-
rapprochées. J urine aobservé,cbezdcjeunesDaphnics,
mit mues dans l’espace de dix-sept jours , mais chez
es grosses espèces, tels que les écrevisses et les autres
iJecapodes , on n’en compte qu’une par an.
Réaumur, qui a enrichi l’entomologie d’un si grand
nombre d’observations intéressantes, a étudié avec
soin ce phénomène curieux sur les écrevisses de rivière,
tenait prisonnières dans des vases percés de
ceo r commencement de l’automne, que
diL p“““' P™'- ”>■“*
de corn ^ epidermique. On assure qu’avant
PendanT^^^r opération , l’ticrevisse s’abstient
cfuelques jours de toute nourriture solide, et
Voyez les .
^^productions qui jg de Piéaumur intitules : Sur les diverses
■ cm } fi ^ c » A 1 - J U dciîi s /fie fi • s ^ e a4‘ fi t J ^ F* j4 -
- qui se f de neaumur intitules : Sur les diverse,
demie des sciences dans les Écrevisses , etc. ( Mémoires de l’Aca-
des Écrevhsel^liy • ‘^23.); et additions aux Observations sur
un extrait presque texta^ ' ‘ 7 ’ 8 .
t'n^iucéi.parBosc.t.I.Jf.j^g*
- -F '/ — ) V- 2()3.) On trouve
écrits dans 1 Histoire uaturelle des
HÏSTOIIIE NATURELLE
54
qu’on peut alors reconnaître facilement l’approclic
de la mue ; car, si l’on presse avec le doiet sur la
carapace de l’animal ou sur un des segmens de son
abdomen, on s’aperçoit que la croûte calcaire cède
un peu et n’olFre pas la résistance qui lui est
habituelle. Bientôt après, l’Ecrevisse paraît in-
quiète, et commence à se frotter les jambes les unes
contre les autres ; elle se renverse ensuite sur le
dos, agite tout .son corps, se gonfle tout à coup,
brise la membrane qui unit la carapace à l’îdidômen ,
et soulève ce grand bouclier dorsal. Un rej)OS plus ou
moins long succède à ces premières tentatives: l’Écre-
visse recommence ensuite à agiter ses pâtes et à mou-
voir toutes les parties de son corps ; alors on ne tarde
pas à voir la carapace se soulever de plus en plus en
s’éloignant de la base des pâtes, et dans moins d’une
demi-bcure l’Écrevisse se débarrasse complètement de
sa dépouille. Elle relève d’abord sa tète en arrière,
dégage ses yeux et ses antennes , puis sort ses jambes
de l’espèce d’étui formé par les anciens tégumens.
Cette dernière opération ne se fait qu’avec bien de la
peine, et quelquefois, en essayant de se déjjouiller de
la sorte , 1 animal brise une ou plusieurs de ses pâtes ;
on en voit même qui y succombent, et si les espèces de
tubes qui renferment les memlu'es ne se fendaient lon-
gitudinalement, on ne comprend pas comment ils
pourraient s’en retirer (1) ; mais lorsque l’Écrevisse est
(i) Diin.s l’ctat ordinaire, les .irtictes des pâtes ne parais.sent
formes cliacun que d’une seuic pièce tubulaire ; mais Réaumur a
constaté qu’ils sont composés de doux moitiés longitudinales à peu
près égales, qui .s’entr’ouvrent pour laisser passer la jambe et se
rapprochent ensuite de manière à devenir de nouveau difficiles à
distinguer. {Mémoires de l'Académie , 1718, p. 270 )
BES CRUSTACÉS. 55
parvenue à terminer ce travail pénible, elle sc débar-
rasse bien vile de tout le reste de son enveloppe ; elle
retire sa tête de dessous la carapace , se porte en avant,
elen^ brus(juement sa queue et la retire aussitôt de
son etiu. La carapace retombe alors dans sa position
naturelle ; elle vient de nouveau rejoindre l’abdomen,
épouille ainsi abandonnée présente exactement
e meme .tspect qoe lorsqu’elle recouvrait l’animal à qui
appartenait. Rien ne manque à ce squelette téau-
taire, tant extérieurement qu’intérieurement , et
on le prendrait facilement pour une Écrevisse entière.
La nouvelle peau de l’Écrevisse qui vient de muer
est molle et membraneuse ; mais dans l’espace de deux
ou trois jours , ou même de vingt-quatre heures, elle
s’encroûte de matière calcaire , et devient aussi dure
que l’ancienne enveloppe.
Les autres Crustacés des ordres supérieurs chan-
gent de peau a peu près de la même manière. Si
Ion ouvre un Maja quelque temps avant qu’il ne
commence cette opération, on trouve entre le test
et le chorion une couche membraneuse qui res-
semble d abord à du tissu cellulaire à peine condensé,
et qui devient de plus en plus solide et épaisse à mesure
riue 1 on se rapproche de l’époque de la mue ; elle est
emment sécrétée par le chorion, et semoule sur
CTu’eli*^ recouvre, On y retrouve jusqu’aux poils
ne s ^ *^*^^*' présenter plus tard ; mais ces appendices
Réaumn^'^* renfermés dans les poils du test , comme
°'énéral observé chez l’Écrevisse : en
ri.» même aucune saillie à la surface
ne ta nouvelle n,... .''u-
1 . '*^'^pace, et sont rentres a linteneur,
comme le doi<Tt d’ ’
® ^ *^ri gant qui serait retourné sur lui-
56
in S T O I Jt E NATURELLE
D’après les observations de Collinson (i), il paraî-
trait que le moyen par lequel le Tourteau se débarrasse
de son test, n’est pas exactement le même que celui
que Rcaumur a vu employé par l’Écrevisse. La cara-
pace, au lieu de se soulever en entier, se divise dans
le point où les pièces latérales ( ou épimères ) viennent
se souder à la pièce dorsale , en décrivant de chaque
côté du corps une ligne courbe qui s’étend latérale-
ment de la bouche à l’origine de l’abdomen ; ce phé-
nomène paraît commandé par la forme de la carapace,
et se présente probablement chez tous les Brachyiires
voisins du genre Cancer; car, chez ces animaux , il est
souvent difficile de séparer cette partie du thorax sans
opérer une division semblable. Mais pour les Bra-
chyuresdontla carapace ne présente pas de dilatation
latérale semblable, nous sommes porté à croire que
tout se passe comme chez l’Écrevisse ; car les pièces
dont il vient d’être question paraissent être trop soli-
dement unies pour se disjoindre à la manière de celles
qui composent la carapace des Tourteaux (2).
Lenouveau squelette tégumen taire des Crabes reste
dans un état de mollesse bien plus long-temps que ce-
lui des Écrevisses , et la mue est pour ces animaux
une époque de malaise , pendant laquelle ils se tien-
nent cachés dans quelque réduit qui les protège de
(1) Observations on the Cancer major. Transactions of the Philoso~
pliical Societjr, 1^46 et
(2) Si l’on examine le thorax d'un Crabe qui vient de se revêtir
.ainsi d’une peau nouvelle, on voit que les divers segmens, qui dans
l’etat ordinaire se trouvent soudés entre eux de manière à former
une seule pièce , sont alors parfaitement distincts ; fait qui est de
nature à conllrmer les vues que l'analogie porte à avoir sur la théorie
du squelette téguraentaire dos Crustacés.
UES CRUSTACÉS. ^rj
leurs ennemis , dont ils deviendraient sans cela une
sitT'd^*^'"^^*^' tapissent dans les anfractuo-
es rochers ou sous des pierres ; d’autres se reti-
rent dans de' i • ^
, “ '■^rriers. Quelques voyageurs assurent
est orsqueles Crabes de terre muent , crue leur
même estimée (1) ; mais il n’en est pas de
so ^ espèces de nos côtes , leurs muscles
n a ors llascjues et aqueux ; aussi les pêcheurs n’en
tont-ils aucun cas.
CHAPITRE II.
DE LA NUTRITION DES CRUSTACES.
§ I. 7)0 la Digestion.
Les divers actes qui ont pour but le renouvelle-
ment continuel des molécules constituantes du corps
es animaux, ou la nutrition,, se rapportent à trois
onctions principales , savoir : la digestion des ali-
^tOnsouleur transformation en chyle , la respiration
a ciiculation. Le principe que la nature a adopté
aux ■ successives r|u’clle a fait subir
les ^
pjyg f ont elle a voulu rendre les facultés de
travail parfaites, est celui de la division du
sent et '*aimaux les plus simples se nourris-
Lition o seulement par une espèce d’imbi-
^ se fait également par tous les points de la
'i) Latreille If in ■
naturcUedes Cruslach ^ t. V, p. 1^2.
58
HISTOIRE NATURELIE
superficie rie leur corps, et on ne voit dans leur inté-
rieur aucun organe destiné spécialement au transport
des substances absorbées; mais bientôt la digestion
se localise dans une partie déterminée de l’économie ;
on voit alors une portion de l’enveloppe tégumen-
taire se reployer en dedans, de manière à former
une cavité en communication avec le dehors, dans
l’intérieur de laquelle les alimens subissent cer-
tains changemens qui les t'endent propres à être
absorbés, ou, en d’autres mots, sont digérés. La
cavité alimentaire acquiert ensuite une structure
plus compliquée, et s’entoure de divers organes
destinés à y faire pénétrer les substances nutritives ,
ou à les modifier de telle ou telle manière. Le même
orifice sert d’abord à l’entrée des alimens et <à l’ex-
pulsion du résidu de la digestion; mais bientôt nous
voyons ces deux phénomènes avoir lieu par des ori-
fices distincts : la bourse stomacale se transforme
en un tube dont l’ouverture antérieure constitue la
bouche, et l’ouverture postérieure l’anus. Les divers
liquides qui servent à modifier ou à dissoudre les ali-
mens, au lieu d’être sécrétés seulement parles parois
delà poche dans laquelle ils sont appelés à agir, ont leur
source principale dans des organes particuliers dont
le nombre augmente, et la structure, ainsi que les fonc-
tions, varient de plus en plus. Lorsque la division du
travail est portée encore plus loin , chacune des mo-
difications que subissent les alimens avant que d’être
absorbés, a lieu dans une portion déterminée du tube
digestif. Enfin, les instrumens employés à saisir les
corps dont l’animal se nourrit , et à les diviser avant
qu’ils ne soient avalés , deviennent aussi de plus en
plus spéciaux. Quantaux phénomènes de larespiration
i
DES CRUSTACES.
59
et aux actes au moyen desquels les sucs nutritifs sont
portes de la cavité digestive dans toutes les parties
eorps, nous verrons aussi, par la suite, qu’ils se
- n'i^nt et se localisent davantage, à mesure que
Ion s eleve dans l’échelle des êtres.
es rustacés se trouvent placés vers le milieu de
a sene ont nous venons de parler. Tous sont pour-
s un appareil spécial de digestion communic[uant
■ ^ eliors par deux ouvertures distinctes, et composé
un nombre assez considérable d’instrumens divers
ne partie de ce système coinpliqué sert h la préhen-
sion des alimens, à la mastication et à divers actes du
même ordre ; d’autres organes sont spécialement des-
tinés a la formation de certains liquides nécessaires à
la digestion; enfin, une troisième partie du même
appareil reçoit les alimens et leur fait subir les modi-
bcatmns qui les rendent propres à être ,-ibsorbés et à
seivii aux besoins de la nutrition. La composition de
ce système et la disposition de chacun des instrumens
dont il se compose varie beaucoup chez les divers
Crustacés ; mais la plupart de ces difïérences corres-
I ondent à une spécialité plus ou moins grande dans
^e mode d action de ces organes, et dépendent du degré
nature s est avancée dans la division du tra-
^ ^ ^*^®cmble constitue la digestion,
diiï * ‘^®lacés se nourrissent de deux manières très-
’i^aux vivent en parasites sur des ani-
senlo sucent le sang ; les autres recherchent
leur ri ahniens solides et n’établissent ianiais
leur uenieure « 1 *
pcoie Le êtres vivans qui leur servent de
reni r..,’ sont en petit nombre et n’acquiè-
ceni qu une lailU • ■ 1 . . ^ .
tuent la n 1 ^ minime; les derniers consti-
.j*ant e majorité des espèces de cette classe et
6o
HISTOIRE NATURELLE
acquièrent souvent un volume très-considérable : on
assure c[ue quelques-uns de ces animaux se nourris-
sent, aumoinsunepartie, de substances végétales ; mais
en général ils sont carnivores et d’une voracité remar-
quable ; ils dévorent avec avidité les cadavres dont ils
peuvent s emparer ; et, quand la faim les presse , ils
se mangent entre eux. Lorsque l’on conserve long’-
temps des Homards dans des casiers(i), par exemple,
et qu on n a pas le soin d’enfoncer une petite cheville
dans 1 articulation de leurs pinces afin de les empê-
cher de se servir de ces organes , on voit les plus gros
détruire les faibh^s et s’en nourrir.
Chez presque tous les Crustacés il existe un certain
nombre d’organes extérieurs destinés spécialement à
porteries alimensdans la cavité buccale, et aies diviser
mécaniquement avant qu’ils ne pénètrent dans le tube
digestif; mais il en est aussi chez lesquels la division
du travail n’est pas poussée aussi loin , et où ces fonc-
tions sont remplies uniquement par les membres qui
servent aussi à la locomotion. Les Limules sont dans
ce cas ; chez ces animaux singuliers , la bouche , qui
occupe la face inférieure du corps, est entourée par
un certain nombre de pâtes ambulatoires, et c’est l’ar-
ticle basilaire de ces membres qui remplit les fonc-
tions de mandibules.
Chez tous les autres Crustacés, un certain nombre
des membres de la portion céphalo-thoracique du corps,
au lieu d’agir à la fois à la manière de pâtes et de mâ-
(i) On (tonne ce nom à des espèces de paniers à claire-voies
qui servent de pièges dans certaines pêches, et qui sont em-
ployé.s plus fréquemment encore pour emprisonner des Homards
sous l’eau.
J
np. s en XJ ST ACÉs. gj
clmlrcs 5 sont spécialement aiîectés à l’appareil diges-
ti et présentent des modifications eu rapport avec les
onctions c[u ils sont appelés à remplir.
ous ces animaux , comme nous l’avons déjà dit ,
en pas de la même manière ; les uns ,
“ombre, vivent en suçant seulement des
Lis t' toujours parasites; les autres font
^o'o a unens solides et mènent une vie errante.
sont ceux dont la bouche présente en
b 1er.) a structure la plus simple; mais, pour en
^^P^ondre la composition, il importe de con-
adre d abord celle du même appareil chez les Crus-
i^ïces broyeurs.
Chez tous ces animaux l’ouverture buecale occupe
la face inférieure de la portion céph.alique des corps
et se trouve bondée en avant et en arrière par une
pièce tegumentaire impaire cpai occupe la ligne mé-
diane ; 1 une de ces pièces, située au devant de la bou-
c e, a en général la forme d’une petite lame cornée
ou osseuse , et constitue ce cpie l’on nomme le labre ou
l’autre, également lamellcuse, m.ais
or inairemenl bifide, porte le nom de languette; mais il
Fng mieux de 1 appeler l.a Ihvve inférieure.
les rTèmbrrtle T P“^’
tonnes ^ premiere paire située après les an-
antes'/- oiganes sont modifiés de manière à être
^0 aussi ont-ils reçu
assez semKI leur forme est en général
bres quj ^ ® celle de l’article basilaire des mem-
icz es Liinules servent en même temps de
02
HISTOIKE NATURELLE
pâtes et de mâchoires ; enfin , ils portent souvent un
appendice articulé qu’on a nommé palpe mandibu-
/ttù-e(i), mais qui paraît être la continuation de la tige
du membre , et non 1 analogue de la partie que nous
avons appelée ^a^e.
Telles sont les parties c|ui entourent immédiate-
ment la bouche des Crustacés broyeurs; mais elles ne
sont pas les seules qui appartiennent à l’appareil de la
mastication , et il existe toujours une ou plusieurs
paires de membres qui font suite aux mandibules , et
qui ont pour fonction principale de porter les alimcns
dans le tube digestif, et de les empêcher de s’échap-
per d entre les mandibules lorsqu’ils viennent à être
comprimés entre ces organes. Le nombre de ces instru-
mens accessoires de la mastication varie beaucoup ;
chez les Phyilasomes , par exemple, il n’y en a c|u’une
seule paire, tandis que chez les Crabes et les Écre-
visses on en compte cinq de chaque côté (2). Chez tous
ces Crustacés , les deux premières paires de membres
qui suivent les mandibules paraissent être spéciale-
ment destinées a entrer dans la composition de l’ap-
pareil buccal, et, lorsque Tune d’elles ne sert plus à des
usages de ce genre, elle devient rudimentaire; mais
les autres, au nombre d’une, de deux ou de trois paires,
suivant les especes , jirennent tantôt la forme de mâ-
choires, tantôt celle de pâtes ambulatoires, ou pré-
hensiles , et remplissent quelquefois en même temps
les fonctions de ces deux organes (3) ; aussi distingue-
(1) PI. 3, fig. i3, c, d.
(2) PI. 3 , fig. 9-i3.
(3) Voyez à ce sujet lei belles recherches de M. Sayigny, sur
63
DES CRUSTACÉS.
t on les premiers sous le nom de mâchoires proprc-
nient dites , et les derniers sous celui de mâchoires
‘^^^^htircs oupatesmiâchoires.
"an modifiés ainsi, pour servir d’or-
d - , se meuvent latéralement comme
osectes et les autres animaux articulés , tan-
^ <1 le ans 1 embranchement des animaux vertébrés
ûstrumens destinés aux mêmes usages se meuvent
ans a irection de l’axe du corps. Ils sont toujours
* PP l'iués sur la bouche, et les anneaux auxcjuels ils
‘ Ppartiennent sont soudés aux prccédens , de manière
a entrer dans la composition de la tête. Leur nombre,
^mmenous l’avons déjeà dit, varie beaucoup; chez les
Ihysanopodes et plusieurs autres Storaapodes , de
même que chez les Nébalies , etc. , les mâchoires seules
entrent dans la composition de l’appareil buccal, et
tous les membres qui leur succèdent ont la forme et
es lonctions de pâtes locomotriccs(0 ; chez les Édrio-
phthalmes le nombre des organes de manducation est
augmenté d’une paire de pâtes -mâchoires (a; ; chez
certains Salicoques, que j’ai désignés sous le nom de
aergeste , une seconde paire de pâtes -mâchoires vient
s ajouter aux derniers membres déjà groupés autour de
a louche (3) ; et enfin, chez tous les autres Décapodes,
n compte trois paires de ces pates-mâchoires ; de sorte
ser total des membres modifiés pour
c a a manducation est de six paires.
^«■•Sanisation , ,
ses mémoires s i insectes , des Crustacés , etc. , dans
(0 Ï'I. a6 ^ïiimauxsans vertèbres, Fascicule.
(2) PI. ag.
(3) Voyez Annales r). ■
“‘«î des sciences nalwellcs , t. 19, PI. lo.
G4
HISTOIRE NATURELEE
La forme de ces diverses mâchoires varie encore plus
fjue leiii nombre ; celles ijui suivent immédiatement
les mandibules ressemblent en général à de petites
lames cornées , dont le bord est découpé en lobes et
garni d’épines et de soies; disposition dont le but est
évident (i). Les pates-mâchoires , au contraire, sont
presque toujours allongées et ont la forme de tiges
recourbées sur elles-mêmes (2) ; enfin , celles de la der-
nière paire sont souvent élargies vers leur base de ma-
nieiea constituer une espece d’opercule qui recouvre
tout l’appareil buccal (3).
Chez les Crustacés qui vivent en parasy tes sur d’au-
ties animaux^ et se nourrissent en suçant leur san"',
la disposition de l’appareil buccal est très-différeme
de ce que nous venons de voir chez les Crustacés
broyeurs , mais on y retrouve toujours les mêmes élé-
mens (4)- Les pièces médianes, c£ui, d’après leur po-
sition , sont évidemment les analogues du labre et de
la languette, s’allongent excessivement et se réunissent
pour lormer un tube conique destiné à agir à la ma-
niéré dune pipette ou suçoir (5); les membres qui ,
chez les broyeurs, s élargissent et se raccourcissent pour
constituer les mandibules , éprouvent ici des change-
mens inverses , et se transforment en deux tiges grêles
et acérées qui se logent dans l’intérieur du tube dont
nous venons de parler , et se montrent à son extrémité
comme deux petites lancettes destinées à perforrerlc
(1) PI. 3, %. 12.
(2) PI. 3 , fig-, y, 10, etc.
(3) PI. 3, lig. 2,4; et fig. 8.
(4) Voyez nos recherches sur l'organisation de la bouche des
Cru.stacés suceurs, Annales des sciences naturelles , t. xxvin.
(5; PI. 38, fig. 2, etc.
DES CnUSTACÉS. 05
lequel il doit s’introduire pour en pomper
umeurs. Les membres des deux paires suivantes
inutiles, et
bie ^ ‘^°®®éqnent réduits à l’état rudimentaire ou
nui r complètement. Enfin , les membres
et les Jï’c pâtes - mâchoires chez les Crabes
dp 1’.. encore ici des parties accessoires
durtirf l^uccal ; mais , au lieu de servir à l’intro-
transfm dans le tube digestif, ils sont
fixer V ^^erocliets acérés, et ont pour usage de
animal a la proie sur laquelle il doit vivre.
1 ‘^Sne droite depuis la
ne e jusqu à l’anus , qui occupe toujours le dernier
anneau du corps ( i ) . Près de son extrémité antérieure on
y remarque en général un renflement très-considérable
auquel succède un tube grêle et cylindrique , defacon
que cet organe se compose de trois parties distinctes
qui constituent Pœsophage, l’estomac et l’intestin.
L œsophage (a) ne présente rien de remarquable; il est
res-court, et dirigé verticalement entre la bouche et
la lace inférieure de l’estomac , dans la cavité duquel il
intérieure présente plusieurs
terne ’ ^ deux tuniques , l’une ex-
séreule P"”" “ prolongement de la membrane
-lucu» de s.rucl„ree,u-
tégume’ns T avec les couches externes des
nombre de’ fiV^''^ se trouvent un assez grand
entourent ce conduit
substances ’ par leur contraction, à la sortie des
^'^^'■nnues dans l’estomac.
(0 Pl,4,
cnesTAcÉs
J Tome
5
G6 HIsrOlfiÈ NATURELLE
Ce dernier viscère est en général très-grand et oecupe
la majeure partie de la tête. Chez la plupartdes Crusta-
cés il paraît à peu près globuleux lorsqu’on le regarde
en dessus (i); sa face supérieure est aplatie, son bord
antérieur très-large, et son extrémité postérieure fort
rétrécie; enfin, sur les côtés et au-dessous , ses parois
sont bombées fi). Dans les Déeapodes , où sa structure
est la plus facile à étudier, l’estomae occupe toute l’é-
paisseur du corps, et correspond à la portion médiane
et antérieure de la carapace désignée par M. Desiaa-
rests sous le nom de région stomacale. Sa face anté-
rieure correspond, au cerveau et à l’origine des yeux et
des antennes ; enfin , sur ses côtes se voit une partie
du foie et des organes de la génération (3). Ses parois ,
comme celles de l’œsophage, sont formées de deux tu-
niques membraneuses fines et transparentes , séparées
par des fibres musculaires ; mais on y voit aussi un
appareil osseux ou cartilagineux, dont la structure est
très-remarquable. Chez tous ces Crustacés l’estomac
est divisé en deux portions bien distinctes, que l’on
pourrait désigner sous les noms de portion cardiaque
et de portion pylorique (4). La première est très-vaste
et se trouve immédiatement au-dessus de l’œsophage ;
la seconde est au contraire très-petite et dirigée di-
rectement en arrière, de façon à former un angle droit
avec l’axe de l’œsophage et de la portion cardiaque à
la partie postérieure et supérieure de laquelle elle est
(1) Pl. 4, %. I, C.
(2) Pl. 4i lig. Ij “•
Î3) Pl. 4, fig. i,m.
(4) fl- 4, fig. 1 : G , portion cardiaque; P, portion pylorique ;
fig. 6 , mêmes lettres.
vi' partie de l’appareil cartilagineux dont il
ri mention , occupe laportion cardiaque
à paraît servir à soutenir ses parois, et
<le cetT^^ ’^^toiiiber dansPiBsophage ; le reste
un ''”'^°'^re la portion pyloricrue et soutient
inti eut ‘I- dans son
très-eomnt Cuvier (i) , est
sera n ^ PO^^'’ ^^faire liien comprendre , il
1 etuditr quelques dét.ails , et de
CO innl déterminée, le Crabe
commun , par exemple.
On remarque d’abord à la face supérieure de la por-
bon cardiaque de l’estomac une arête transversale
qui est situee immédiatement au-dessus de l’ouver
ture œsophagienne ; en examinant avec plus d’ it-
tcnt.on cette bande osseuse, on voit qu’elle est com-
posée de^ trois pièces, une médiane et deux latérales •
a première, que nous appellerons cardiaque (2) es!
pe. te et a peu près quadrilatère, tandis que les deux
ces , que nous désignerons sous le nom de ptérocar^
Sn^D r -
«ne postérieur du cartilage cardiaque part
sup&ieJîe im 1
son extrémi té Py^sente rien de remarquable, mais à
b‘'osse tubérn e elle porte en dessous une
site osseuse qui fait saillie dans la c.avité
(*) Leçons d’a
4, t. IV, p. 126.
(3) PM,% : 7, «.
HISTOIRE NATURELLE
68
fie l’estomac, et constitue une des dents dont cet or-
canc est armé. Au-dessus de cette dent s’articule une
petite pièce osseuse que nous appellerons la pjloriquc
antérieure ( i ) ; elle se trouve en haut , et présente à son
extrémité supérieure deux branches latérales, de ma-
nière à représenter assez exactement la lettre T.
Chacune de ces branches s’articule à son tour avec
une^ièce cardiaque latérale supérieure (2) qui se dirige
en avant en décrivant une ligne courbe, et va s’unir
à l’extrémité latérale de la pièce ptérocardiaque cor-
respondante (é) ; sa portion antérieure est grêle et li-
néaire, mais vers son extrémité postérieure elle s’élargit
beaucoup , et porte à sa face intérieure un gros tuber-
cule qui se prolonge dans l’intérieur de l’estomac, et
constitue de chaque côté du pylore une dent placée
immédiatement au-dessous de celle appartenant à la
pièce urocardiaque , et semblable à elle. Il résulte de
cette disposition des pièces qui garnissent la face
supérieure de l’estomac, que , lorsqu’on les regarde en
dessus , elles ressemblent assez à une petite arbalète
tendue, dont l’arc serait formé par les pièces ptéro-
cardiaques, (ô) le manche par le cartilage urocardia-
que (c?) et toute la portion pylorique de l’estomac (P),
et la corde par les cartilages cardiaques latéraux
supérieurs [f). A laface postérieure de la portion car-
diaque de l’estomac, on voit sur la ligne médiane une
plaque cartilagineuse (3) qui se porte obliquement du
pylore vers l’œsophage (pièce cardiaque postérieure ) ,
et s’articule de chaque côté avec une arête qui suit la
(1) PI. 4. fig. I, e.
(2) PI. 4, fig. I, /, et iig. 7,/-
(3) PI. 4, fig. 7, O,
DES CRUSTACÉS. 69
ïTTcme direction ; par leur extrémité supérieure^ ces
lûèces cardiaques latérales inférieures (i) s’articu-
avec un petit osselet {pièce cardiaque latéro-
^e l’unit au bord inférieur et postérieur
de ^^Ddiaque latéro-supcrieure ip) -, au devant
tifoT^*^^ ^''llculation se trouve un petit tubercule den-
de <^ardiaque latérale ) qui occupe le côté
ouverture pylorique, et se voit immédiatement au-
essous des dents appartenant aux pièces cardiaques
atéro-supérieures (2). De chaque côté de l’estomac il
existe encore une grande plaque cartilagineuse (s) qui
se soude au bord inférieur des pièces cardiaques laté-
rales , et porte à sa face interne un grand nombre de
poils courts et raides qui font saillie dans la cavité de
ce viscère , et constituent deux espèces de brosses ou
de râpes situées au devant et au-dessous du pylore.
Enfin, une arête osseuse [pièce cardiaque latérale
accessoire) , recourbée sur elle-même, se porte de la
partie antérieure de ces petites dents vers le point de
réunion des tiges cardiaques latéro-supérieures avec
les ptérygo-cardiaques (g^).
Les parois de la portion pylorique de l’estomac sont
egalement garnies d’un nombre assez considérable de
pièces cartilagineuses ou calcaires : on y distingue
abord deux petites plaques qui font suite à la pièce
Py orique antérieure, et s’articulent aussi avec le bord
nous^l*^*^'^ ‘^es pièces cardiaques latéro-supérieures;
appellerons pièces pj^/o7't^Mes (3). En arrière
70 HISTOIKE NATURELLE
d’elles, la cavité Stomacale se rétrécitassez brusquement,
et présente à sa face supérieure quatre ou cinq petits
osselets méso-pyloriques ( i), puis unearête transversale
qui semble donner attache à l’intestin, et que l’on peut
nommer uro-pjlorique (a). De chaque côté des osselets
méso-pyloriques , on remarque l’insertion des conduits
biliaires (3), et, au-dessous de cette ouverture, une
petite arête {pièce pylorique latérale) qui vase joindre
à une plaque cartilaginéuse qui occupe la portion an-
térieure et inférieure du pylore ; le bord supérieur et
antérieur de cette pièce pylorique inférieure s’élève
dans l’intérieur de la portion correspondante de la ca-
vité stomacale, et y constitue une espèce de cloison
garnie de poils, au-dessus de laquelle se voient deux
prolongemens membraneux qui paraissent remplir l’of-
fice de valvules, et qui naissent de la face interne des
pièces pyloriques latérales. Enfin , en arrière de la
plaque pylorique inférieure, il existe encore deux am-
poules cartilagineuses assez grosses cjui occupent la
partie inférieure et postérieure du pylore (ij).
Divers faisceaux musculaires se fixent à cet appareil
compliqué, et en font mouvoir les pièces les unes sur les
autresde inani ère à broy er en tre 1 es den t s qui garn i ssen t
l’entrée du pylore les alimen s qui s’y présentent. Uncer-
tain nombre de muscles s’étendent d’une pièce à l’au-
tre entre les deux tuniques membraneuses de l’estomac,
et concourent ainsi à fortifier les parois de ce viscère;
mais d’autres ne s’y fixent que par une de leurs extré-
mités, et prennent leur point d’appui sur la partie
(I) PI. 4, fig. 1, i.
(2} Pt. 4, fig. i,j.
(3) PI. 4, fig. I, l.
(4) PI 4. %• 8, c.
DES CRUSTACÉS.
voisine de la carapace. Ces derniers muscles sont les
plus puissans , et servent à mouvoir la totalité de
1 estomac aussi bien qu’à le fixer au squelette tégumen-
taire. Deux d’entre eux , qu’on peut appeler les mus-
c es antérieurs de l’estomac, s’insèrent d’une part à la
partie antérieure des pièces ptérocardiaques ou à la
piece cardiaque elle-même, et de l’autre à la partie an-
ferieure de la carajiace immédiatement au-dessus des
jeux ( I ) . Deux autres muscles , qui sontles antagonistes
es premiers , s’étendent de la partie supérieure de la
caiapace à la portion postérieure des jiièces cardiaques
latéro-supérieures et aux parties voisines de l’esto-
ruac(2). Enfin, une troisième paire de muscles très-
grêles se porte de la pièce pylorique inférieure au
bord postérieur de la bouche, en s’appuyant sur la face
extérieure de la pièce cardiaque postérieure.
La disposition de l’appareil osseux de l’estomac est
essentiellement la même chez tous les autres Crustacés
décapodes que nous avons examinés ; mais souvent son
aspect change beaucoup à cause des différences que les
pièces présentent dans leur grandeur relative. Ainsi ,
chez l’Écrevisse (3) ^l’arête transversale, formée par les
pièces cardiaques et ptérocardiaques, qui occupe la face
supérieure de l’estomac, au lieu d’être située à une dis-
tance assez considérable de la pièce pylorique anté-
rieure, n en est éloignée que de quelques lignes , par
^unséquent la pièce urocardiaque, au lieu d’être très-
oue comme chez le Crabe, est réduite presque à
il en est de même des pièces ptérocardiaques ,
lUSTOIRE NATURELLE
72
taudis que les pièces cardiaques et pyJoriques pren-
nent un accroissement considérable. Ces clilFérences
sont quelquefois assez grandes pour faire méconnaî-
tre au premier abord l’identité de certaines parties de
cet appareil chez les Brachyures et les Macroures ;
mais , par une étude attentive de ces pièces , nous som-
mes toujours parvenus à reconnaître leurs analogies.
La forme des dents qui entourent l’ouverture pyloi’ique
varie aussi ; tantôt elles sont arrondies, tantôt bosselées
ou striées ; d’autres fois garnies de côtes saillantes (i).
Dans l’ordre des Édriopbtbalmes , on rencontre en-
core dans l’estomac des parties analogues à celles que
nous venons de décrire, mais elles sont peu dévelop-
pées, et au lieu d’étre osseuses elles n’ont qu’une
consistance cartilagineuse ; leur structure ne nous a
paru offrir rien de remarquable, si ce n’est que la face
intérieure de plusieurs de ces lames mobiles est re-
couverte de j)oils. Chez l’Orcbestie, par exemple, il
existe à la partie antérieure de l’estomac , près de sou
ouverture œsophagienne, deux petites dents ciliées,
et chez la Lygie océanique on trouve à la partie pos-
térieure de ce viscère des pièces analogues, mais beau-
coup plus minces et moins saillantes.
Enfin, dans les Squilles on voit aussi, à la partie
postérieure de la portion cardiaque de l’estomac , deux
petites pièces semi-cornées très-minces, dont la face
interne est armée d’une série verticale de petits ma-
melons coniques. Il n’existe point ici de grosses dents
stomacales capables de bi’oyer les alimens; mais le
même résultat est obtenu au moyen d’une branche de
(I) PI. 4, fig. 9.
UES CRUSTACÉS. ^3
l<i mandibule qui pénètre dans l’intérieur de cette ca-
'''ite, et s’y voit à peu de distance du pylore; car,
cîez ces Crustacés, l’œsophage, au lieu d’occuper le
mi ieu de la portion cai’diaque de l’estpmac , est placé
près e son extrémité postérieure, et immédiatement
au-dessous de l’entrée du pylore.
^ intestin qui fait suite hl’cstomac, etqui s’étend en
droite jusqu’à l’anus , est grêle et très-allongé (i).
‘ - parois sont très-minces et composées comme dans
<^s autres parties du tube digestif de deux tuniques ;
r e ebaque côté il est en rapport avec le foie (a) et les
organes de la génération ; sa face supérieure est re-
couverte, en majeure partie, par le cœur et l’artère
abdominal supérieur , et sa face inférieure repose sur
une portion du foie et sur les muscles fléchisseurs pro-
fonds des anneaux correspondans (3). Chez les Crusta-
cés des ordres inférieurs, il présente dans toute son
étendue la même largeur, et son aspect ne change pas ;
mais chez la plupart des Décapodes on peut y distin-
guer deux parties. La longueur relative de ces deux
portions du tube intestinal varie beaucoup suivant
les espèces ; la première, que l’on pourrait appeler le
duodénum, est très-court chez le Maja (4), tandis que
Cîez le Homard elle constitue les sept huitièmes de
^ otestin; elle est, en général, beaucoup moins mus-
ire que la seconde, que nous distinguerons sous
(5), et sa limite postérieure nous a
paru facile à reconnaître , d’après la position
1 1- 4, fiq. X I
P'- 4. lig. 2 F
'3) PI- 7. 4 ; V
(4) l’i- 4, fiç. J, J)
HISTOIRE NATURELLE
74
d’un appendice sécrétoire dont nous parlerons par la
suite. Chez le Homard, la face interne du duodénum
est lisse, tandis que celle du rectum est froncée ; en-
fin, une espèce de valvule circulaire sépare la pre-
mière cavité de la seconde, et correspond à un petit
bourrelet qui se voit au dehors. Dans l’Écrevisse, la
première portion du duodénum présente à l’intérieur
un grand nombre de petites villosités, et il n’y a pas de
limite tranchée entre le duodénum et le rectum.
L’anus est situé, comme nous l’avons déjà dit, au
dernier anneau de l’abdomen-, c’est une fente longitu-
dinale qui en occupe la face inférieure, et dont les
bords sont garnis de deux replis .ayant la forme de
lèvres. Immédiatement au-dessous des tégumens, on
trouve de chaque côté de cette ouverture un faisceau
de fibres musculaires longitudinales qui appartient
au fléchisseur du dernier anneau, et qui paraissent
remplir ^ussi les fonctions de sjihincter.
Telle est la disposition du canal alimentaire chez
presque tous les Crustacés , mais quelquefois sa forme
est très-diflérente. Dans un petit animal de cette classe
qui vit en parasite sur les branchies du Homard, au
lieu de présenter un seul renflement stomacal, il oflre
de chaque côté une énorme poche qui communique
avec sa cavité (i). Ce mode d’organisation rappelle
celui de l’appareil digestif de la plupart des sangsues^
et il est à noter que les Crustacés dont nous venons
de parler se nourrissent delà même manière que ces
Annélides.
Divers organes de sécrétion viennent se grouper au-
(i) Voyez Mémoire sur le Nicothoc du Homard ^ par JVl. Audouiu et
moi , Annales des sciences naturelles, t« p. 3^5, PI. 49*
tour du canal digestif, et y versent les humeurs né-
cessaires à l’exercice de ses fonctions. L’appareil bi-
laire est le plus important et le plus volumineux de
parties accessoires du tube alimentaire.
btb°r et quelques autres Crustacés Édrio-
r> structure est essentiellement la même
J-ie c ez es insectes ; car il est composé de trois paires
0 vaisseaux biliaires qui s’ouvrent dans l’estomac, et
cotoyentl intestin dans toute la Ion gueur du corps (i) ;
niais, en général, la disposition de cet appareil de
secrétion est tout-à-fait différente. Chez tous les Dé-
capodes , par exemple , il est formé de deux grandes
niasses glandulaires qui occupent la majeure partie de
la cavité viscérale (a), et sont souvent réunies entr 'elles.
La couleur jaune de ces organes se distingue à tra-
vers la membrane mince et transparente qui les recou-
vre et qui s enfonce entre les lobes qui les composent.
Au premier abord on pourrait croire que chez ces
animaux le tissu du foie est spongieux ; mais, lorsqu’on
1 a dépouillé de sa tunique externe , on trouve qu’il est
fermé par l’agglomération d’un nombre immense de
petites vésicules plus ou moins allongées et semblables
^ f es vaisseaux bornes. En poursuivant (dans de l’eau)
^J;te dissection délicate, on voit aussi que ces espèces
Iç vont aboutir à des canaux membraneux sur
6X0^^*^*^* desquels ils s’implantent, et que ces conduits
nière*^^*^'* ^ ^^our entre eux de ma-
partie^l former un gros tronc qui va s’ouvrir sur la
et y (Jortion pylorique de l’estomac (3) ,
bile qui est d’une couleur jaune verdâ-
(I) PI. 4
^6 HISTOIRE NATURELLE
fre, La forme elle volume du foie varient beaucoup,
ainsi que le nombre de ses lobes et la longueur des
vésicules cœcales qui le composent ; mais ces détais
ne sont pas assez importuns pour nous arrêter ici.
Fous ajouterons seulement que, chez les Squilles , ce
viscère a une structure granuleuse et présente, comme
1 a observé M. Cuvier, deux rangées de lobes qui
s étendent dans toute la longueur de l’intestin (i). 11
est aussi à remarquer que chez les Crustacés suceurs
le foie paraît être remplacé par un tissu spongieux
et réticulé qui forme autour du tube digestif une
sorte de lacis (2).
Chez les Décapodes brachyures , la portion pylo-
rique de l’estomac présente d’autres annexes qui pa-
raissent être aussi des organes de sécrétion (3); ce sont
deux longs tubes membraneux très-étroits , terminés
en cul-de-sac et entortillés sur eux - mêmes , qui se
voient au-dessus du foie ; ces vaisseaux renferment un
liquide blanchâtre, et viennent s’ouvrir à la partie su-
périeure de la cavité pylorique, immédiatement en ar-
rière des espèces de valvules que nous avons signalées
dans son intérieur. Ces appendices se rencontrent aussi
chez quelques Macroures. Swammerdam en a signalé
1 existence chez le Bernard - l’Hermite ; mais dans le
Homard, etc., on ne les voit pas, et ils paraissent être
remplacés par deux ampoules qui ressemblent à des
cornes (4).
Chez presque tous les Crustacés décapodes que nous
(1) Leçons d'anatomie comparée, t. IV, p, lâa.
(2) PÎ. 4, «g. 4,
(3) PI, 4, iig. I, m.
^4) PÎ- 4’ %• 10-
DES CKUSTACÉS.
>>vons disséqués , il existe aussi un point de réunion du
t uodénum avec le rectum, un autre vaisseau-borne,
ont la structure est exactement semblable à celles des
b^bl^ *^*^^'^* nous venons de parler, et qui est pro-
ement encore un organe de sécrétion (i). Sa posi-
tesd suivant que la portion duodénaie de l’in-
cbe ] ou moins vers l’anus ; ainsi,
e Tourteau, on le trouve immédiatement en
et chez le Homard h l’extrémité de
yj omen; mais il s’ouvre toujours immédiatement
au t cvant des valvules qui séparent le duodénum du
rectum; dans l’Écrevisse il manque.
Enfin , on voit de chaque côté, et un peu en arrière
de Tœsophage des grands Crustacés, une petite masse
spongieuse de couleur verdâtre, qui pourrait bien être
un appareil salivaire ; son aspect est semblable h celui
de l’organe sécréteur qui recouvre l’appareil auditif.
II. De la respiration.
Une fonction dont l’exercice est , chez tous les ani-
uiaux , non moins importante que la digestion , mais
qui ne devient pas aussitôt l’apanage d’un appareil
P-irliculier , c’est la respiration. On donne ce nom à
isoiptionde certaines parties constituantes de l’at-
gaze^ ure , et à 1 exhalation de produits également
des^m ’ lu formation paraît dépendre de l’action
sur uériformes dont nous venons de parler
règne organiques doués de vie. Dans le
cgetal , le gaz, ainsi idasorbé, est de Tacide
%. I,
n.
Histoire naturelle
carbonique , et le produit de la respiration est del’oxi-
gène ; mais chez les animaux , comme chacun le sait ,
c’est l’inverse qui a lieu , et lorsqu’on prive ces êtres de
l’influence vivifiante del’oxigène ils ne tardent pas à pé-
rir. Cette absorption et cette exhalation ont d’abord leur
siège dans toutes les parties du corps qui se trouvent
en contact avec le fluide dans lequel l’animal vit ;
mais, lorsf£u’on s’élève dans la série zoologique, on voit
que la peau ne tarde pas à être plus ou moins com-
plètement privée de ces fonctions , et cjue la respira-
tion se concentre dans un appareil particulier dont la
structure varie.
Ce que nous venons de dire , en thèse générale, est
entièrement applicable aux Crustacés en particulier.
Le fluide cju’habitent ordinairement ces animaux
pourrait faire croire, au premier abord, qu’ils étaient
soustraient à l’influence de l’air, et que s’ils absorbent
de l’oxigène, c’est en décomposant l’eau ambiant qu’ils
se le procurent ; c’est elFectivement l’opinion que plu-
sieurs savans se sont formés de la respiration des
poissons et des autres animaux aquatiques ; mais des
expériences précises ont prouvé que ces êtres ne
sont pas soustraits à la loi générale, et que c'est en
s’emparant de l’oxigène de l’air, tenu en dissolution
dans l’eau, qu’ils pourvoient aux besoins delà res-
piration (i).
Chez un certain nombre de Crustacés , tels que
les Pliyllosomes , les Cyclopes , etc., on ne voit au-
cune partie du corps qui soit spécialement destinée
(I) Voyez les recherches de MM. de llumboldt et Provençal, sur
la respiration des poissons, dans les Mémoires de la société d’Ar-
cueil, t. II.
ms CRUSTACÉS. ^gi
^ l-i respiration , et c’est par la surface tégumen-
taire générale que cette fonction parait s’exécu-
ter, mais chez la plupart d’entre eux elle devient
apanage d un appareil particulier plus ou moins
P sque , et formé essentiellement d’oreanes appe-
lés branchies.
Ce sont d abord un certain nombre des membres qui
se modifient pour servir plus spécialement à la respi-
ration , en même temps qu’ils agissent encore comme
^strumens de locomotion. Dans les Apus et les Bran-
e iipes , par exemple , tous les membres qui suivent
appareil buccal ont une forme foliacée , et les parties
fini p.araissent représenter le fouet et le pulpe de ces
organes sont complètement membraneuses, ou plus
ou moins vésiculaires (i) ; aucune expérience directe ne
prouve que ces parties remplissent réellement les
fonctions de branchies, mais tout porte à le croire,
et pendant la vie de l’animal on les voit dans un mou-
vement continuel, lors même qu’il ne change pas de
place : .aussi les natunalistes ont-ils donné aux mem-
l^res ainsi modifiés le nom de pâtes branchiales.
Dans le groupe naturel des Isopodes , ce sont encore
I es membres qui paraissent être plus particulièrement
^ siège de la respiration; mais ceux qui sont alïectés
n agissent plus comme organes de locomo-
eom ' 1*^ 0“ peut considérer cet état de choses
Les''^*^ degré de plus dans la division du travail,
tenu”^^”^ uiodifiés ainsi , pour agir sur l’oxigène
cinq J. ’®^*^lution dans l’eau, appartiennent aux
premiers anneaux de l’abdomen, et se composent
(I) PI.
HISTOIRE NATUREELE
8o
chacun d’un petit article basilaire auquel sont suspen-
dues deux lames membraneuses molles, et plus
ou moins vésiculaires (i); souventonleur voitaussi du
côté intérieur un petit appendice qu’on peut regarder
comme l’analogue de la tige des autres membres, tandis
que les deux lames , dont il vient d’étre fait mention ,
représenteront le fouet et le pulpe ; enfin , il est des
Crustacés chez lesquels ces membres, qu’on peut ap-
peler des fausses pâtes branchiales au lieu d’étre
complètement externes, comme cela a lieu en général,
sont renfermés dans une cavité formée par le dernier
segment de l’abdomen (2).
Dans un autre groupe, voisin des Crustacés dont
nous venons de parler, celui des Amphipodes (3) et
des Lamipodes , ce sont les fouets des membres thora-
ciques qui paraissent spécialement afiéctés à l’exercice
des fonctions respiratoires; ces organes, au nombre de
huit à douze, prennent la forme de grandes vésicules
membraneuses , suspendues au-dessous du thorax en-
tre les pâtes ambulatoires et im coui’ant d’eau mis en
mouvement par les pâtes natatoires de l’abdomen, vient
les baigner continuellement. Chez plusieurs Stomapo-
des , et chez quelques Décapodes, le fouet d’un certain
nombre des membres thoraciques présente une modi-
fication analogue et constitue un vésicule ou une es-
pèce de galette membraneuse ; mais, chez ces animaux,
il existe aussi des branchies proprement dites, et ces
organes ne sont plus de simples modifications de par-
ties déjà existantes dans l’économie, comme cela a lieu
(i) PI. 10, %. 0.
(a) pi. 10, tig. 7.
(3) PI. 2, (ig. i5, e.
•>ES CKUSTACÉS.
8i
pour es pâtes branchiales, mais paraissent être une
création nouvelle, commandée par la division toujours
roissante dans le travail dont le corps de ces animaux
est le siège (i).
Cvnth' ^toffiapodes, dont on a formé le genre
l’artirl^'^l l'ranclnes sont fixées à l’extrémité de
prem' membres abdominaux des cinq
]; 1 * paires , et consistent en une espèce de cy-
^ un petit pé-
]„ Squilles , la position des branchies est
meme que chez les Cyntbia; elles sont toujours
uxees a 1 article basilaire des membres abdominaux des
cinq premières paires , et flottent librement dans l’eau
ambiante ; mais leur structure , qui a été décrite avec
soin par M Cuvier (3), est beaucoup plus compli-
quée; car chacun de ces organes est formé d’un long
tube conique sur un des côtés duquel naît une série
tic petits tubes disposés parallèlement entre eux
t orgue ; et, à leur tour , ces tubes por-
ent chacun une rangée de longs filamens cylindriques
très-nombreux (4). ^
nonor même ordre, celui des Thysa-
les^ S ni ont la même structure que chez
sont ressemblent à des panaches rameux ;
nient da^'^T’^ Procès à l’extérieur et flottent libre-
cau ambiant ; mais , au lieu d’occuper
11) Pl. JO !>
Pl. 10. fig. >'■
(3) Leçons dt ' •
(4) Pl. 10, lig! 4°4"' t. IV,
oimsTAcrs, tomei.
6
histoire tfAtURËtRE
8 T.
l’abdomen, ils sont fixés aux pâtes thoraciques (i).
Enfin , dans l’ordre des Crustacés Décapodes, l’ap-
pareil respiratoire est encore plus compliqué, car
les branchies sont renfermées dans des cavités bien
formées, et il existe un mécanisme particulier destiné
à opérer le renouvellement de l’eau qui les baigne.
Ces cavités branchiales , au nombre de deux , occupent
les côtés de la portion thoracique du corps et sont si-
tuées au-dessous de la partie latérale de la carapace (2).
Leur paroi interne est formée par la voûte des flancs
qui s’étend depuis la base des pâtes jUsqu’à la face
dorsale du thorax, et l’externe par repli tégumen-
taire qui se porte en décrivant une ligne courbe du
bord supérieur des flancs à leur bord inférieur , où il
se continue avec le bord latéral de la carapace (3). On
y distingue une espèce d’épiderme qui est le prolonge-
ment de la couche dermoïde qui constitue le test lui-
même , et une membrane épaisse et tomenteuse qui
fait partie de l’enveloppe générale que nous avons
comparée au chorion ; en arrière, l’espèce de voûte for-
mée par ce prolongement tégumentaire est accolée à la
portion correspondante de la carapace; mais antérieu-
rement elle en est séparée par une partie des viscères.
Entre son bord inférieur et la base des pâtes , il
existe un espace plus ou moins grand au moyen
duquel la cavité branchiale communique librement
avec le dehors ; enfin , à son extrémité antérieure , est
(1) Voyez le Mémoire sur une disposition particulière de l’appareil
branchial chez quelques Crustacés, que j’ai publié dans le 19'. vol.
Aes Annales des sciences naturelles. Ces branchies sont représentées
aussi PI. 10, Kg. 3.
(2) PI. 10, lig. I et 2.
(3) PI. 10, lig. 10.
DES en U S T AGÉ S. 83
ne sorte de gouttière qui vient s’ouvrir sur les côtés
J ouche et sert également au passage de l’eau em-
posent suTf cavités , re-
flue par * lianes, et ne tiennent au corps
J extrém ■ f oncule qui en occupe ordinairement
d’unen ' ^ ^^^•'^oun de ces organes a la forme
est dir^ 1 ■'*'^^°“Sée et quadrilatère dont le sommet
extrii verticale s’étend d’une
moû."r r5® et la divise en deux
d’nn ^ ‘'^orales qui sont formées par l’assemblaee
^ titudc de lamelles ou de filamens placés paral-
cJement les uns aux autres, et forment un angle droit
avecl axe de la pyramide. Deux gros vaisseaux régnent
I ans toute la longueur de cette cloison médiane; l’un
d eux occupe toujours la face interne de la brancliie, et
sert , comme nous le verrons par la suite , à recevoir le
sang apres qu’il a subi l’influence de l’air dissout
oans 1 eau ; 1 autre , qui est au contraire le vaisseau af-
erent , est quelquefois accolé au côté externe du pre-
général il en est assez éloigné, et se
it ala face externe des branchies (2). Une infinité de
l'autTr partent des deux côtés de l’un et
latéral canaux, et se distribuent dans les parties
Chez tous les Braebyures, chez
grand nombre de Macroures
Cfues ) agures, les Galalhées et tous les Salico-
sont fornii latérales des pyramides branchiales
’-'r» grand nombre de ])clitcs lamelles
(J) M.
10, fi„
6.
HISTOIRE NATüRELtE
84
semi-membraneuses empilées les unes sur les autres,
et fixées par un de leurs bords à la cloison médiane
comme les feuillets d’un livre. Enfin, chez les Écre-
visses, les Langoustes et quelques autres Macroures ,
voisins du genre ces lamelles sont remplacées
par une multitude de petits cylindres qui sont fixés
sur la cloison verticale par leur extrémité interne,
comme les poils d’une brosse , et recouvrent toute la
face externe de la branchie aussi bien que ses deux
côtés (i).
On voit donc que les branchies des Crustacés Dé-
capodes diffèrent de celles de la Squille et des Tby-
sanopodes, non -seulement par leur situation dans
l’intérieur d’une cavité spéciale, mais aussi par leur
structure; car, cbez les Stomapodes, la partie de ces
organes, qu’on peut comparer à leur tige, porte des
cylindres garnis à leur tour de filamens nombreux ,
tandis que cbez les Décapodes les lamelles ou les cy-
lindres fixés sur cette même tige sont toujours simples
et sans divisions.
Le nombre des branchies et leur mode d’insertion
varient beaucoup chez les divers Crustacés Décapodes.
Dans le Crabe commun, par exemple, on trouve de
chaque côté du corps neuf tle ces organes. Les deux
premières pyramides branchiales , rudimentaires , et
cachées sous la base des suivantes, s’insèrent au pre-
mier article de la seconde et de la troisième pate-
mâchoire(2) , tandis que les autres s’insèrent immédia-
tement au-dessous des épimères correspondantes , ou
bien au pourtour de trous qui occupent la partie in-
“ES CRUSTACÉS. 85
la pièces osseuses (i) ; ils sont couchés sur
^^Dcs, et vont en convergeant vers le
branchies*^ E-avité respiratoire; la première de ces
conde *"°^*'^spond à l’anneau que porte la se-
sur un^*'8 deux suivantes sont réunies
la mt ‘^^^oiun, et s’insèrent au-dessus de
quatri''"'^*'^®'''®
ciaup^*^°^^' ‘cinquième de ces branchies thora-
co * ^ attachent au bord inférieur de l’épimère
la première pâte ambulatoire ; enfin
d’un l septième branchies naissent chacune
an A "^aiicliial pratiqué dans la voûte des flancs,
lat"o“®®®“®^^® 1“ seconde et de la troisième pâte ambu-
Chez la plupart des Brachyures , le nombre et la
disposition des branchies sont les mêmes que chez le
Crabe commun; mais il arrive quelquefois qu’une ou
deux de ces pyramides disparaissent. Chez la plu-
part des Crabes terrestres, par exemple, on n’en
<^ompte de chaque côté du corps que sept, dont cinq
seulement sont fixées au thorax et couchées sur la
ate des flancs, et les deux autres sont rudimentaires,
co ^ autres cas , le nombre de ces organes est , au
eonstq'^*'’ Beaucoup plus considérable, et au lieu de
eu troi^^^ seule série , ils sont placés sur deux
*^haqu forment une espèce de faisceau sur
ParVi^^T disposition del’ap-
croures presque universelle chez les Ma-
înoures ' *'®ocontre aussi chez plusieurs Ano-
’ a que les Dromies et les Homoles ; mais
(OPl.
(2) PI,
fig- 3, M.
*0) fig. 2.
HISTOIRE NATURELLE
86
c’est dans le Homard et les genres voisins qu’elle
est portée à son maximum (i). Chez ces Crustacés on
en compte de chaque côté du corps vingt- deux.
Dans les Langoustes , les Scyllares , les Penées , il
n’existe que dix-huit branchies de chaque côté du
corps ; les Gebies n’en ont que quinze ; les Pandales,
douze ; les Sicyonies , onze ; les Callianasses, dix ; les
Palmons, huit; et les Crangous, ainsi que les Egéons,
les Lysianasses, les Hippolytes, les Sergestes, etc.,
sept. Chez les Salicoques, dont nous venons de parler,
ces organes sont placés sur une seule ligne comme
chez les Crabes ; mais , chez ces derniers , on n’en
voit jamais sur les deux derniers anneaux du tho-
rax, tandis que chez les Macroures il en existe tou-
jours sur Pavant -dernier segment thoracique, et il
n’en manque presque jamais sur le dernier.
Nous avons déjà vu que chez un assez grand nom-
bre de Crustacés dépom-vus de branchies propre-
ment dites, l’apjjendice flabelliforme d’une ou de
plusieurs paires des membres thoraciques sert à la
respiration. Chez les Décapodes, ces organes ne pa-
raissent plus destinés aux mêmes usages , mais néan-
moins nous les voyons encore entrer presque toujours
dans la composition de l’appareil respiratoire ; ils
affectent en général la forme de lames cornées, lon-
gues et étroites, qui s’élèvent tians la cavité respira-
toire , et se placent tantôt entre les pyramides
branchiales, tantôt sur la surface de la masse formée
par la réunion de ces orgagnes. Dans le Homard, par
exemple, il existe un fouet très-développé à tous les
(i) Pi. 10, fig. 1 ; et PI. 8, tig. 2 et 3.
i
DES CHDSTACÉS. 87
membres, depuis la pate-mâchoire externe jusqu’à
quatrième pâte amWlatoire inclusivement , et ces
appendices montent verticalement entre les faisceaux
tes branchiales correspondan-
®liez presque tous les Braebyures on n’en
paires de pâtes -mâchoires (a) ; deux
eux se portent obliquement sur la face externe
J ‘ enies, et la troisième passe entre ces organes
U loute des flancs. Lorsque les membres auxquels
s appendices flabelliformes sont fixés se meuvent ,
1 s montent et descendent dans la cavité respiratoire,
et balaient pour ainsi dire la surface des branchies.
Letle disposition les avait fait regarder comme étant
les agens employés pour opérer le renouvellement de
l’eau qui baigne les organes spéciaux de la respira-
tion (3) i mais des observations et des expériences di-
rectes , que j’ai faites en commun avec M. Audouin
nous ont convaincus que, s’ils contribuent à entre-
tenir le courant continuel qui traverse la cavité
branchiale, c’est d’une manière tout-à-fait secon-
daire. Voici par quel mécanisme ce résultat est
obtenu.
La cavité respiratoire communique au dehors, comme
oous lavons déjà dit, par une gouttière qui vient se
miner sur les cotés de la bouche, et par un espace
inf “^oins grand que laissent entre eux le bord
Pond^^'^'^ voûte des flancs et la partie corres-
derniè^*^^ carapace. Chez les Macroures cette
ouverture, cjui se voit immédiatement au-
l’I- 10, tig
(2) PI. 3, fi». 8
(3) Ccstropinin^®‘ J-
tomie comna, ' . adoptée par M. Cuvier, dans ses Lccoits d’ana-
^ ‘"'t' IV, p. 43a.
88 IIISTOIiiE NATURELLE
dessus de la base des pâtes , règne dans toute la lon-
gueur du thorax , et reste toujours béante. L’expé-
rience nous a démontre que c’est par cette voie seu-
lement que l’eau, nécessaire pour l’entretien de la
respiration, pénètre dans la cavité branchiale, et
nous avons constaté que c’est par l’espèce de gouttière
située à l’extrémité antérieure de la cavité que ce li-
quide est ensuite rejeté au dehors. Le mécanisme, au
moyen duquel s’établit le courant , est très-simple.
La portion de la mâchoire de la seconde paire , qni
correspond au palpe , acquiert un développement très-
considérable, et forme une grande lame cornée fixée par
sa partie moyenne comme sur un pivot (i) ; ce disque
est renfermé dans le canal eüérentdela cavité respi-
ratoire , et agit à la manière d’une valvule à registre ;
il exécute des mouvemens de rotation continuels et
rejette au dehors 1 eau qui le baigne. Lorsqu’on inter-
rompt ses mouvemens, le courant, formé par l’eau qui
s’échappe des branchies , s’arrête aussitôt , et l’animal
ne tarde pas à s’asphyxier : il est donc évident que c’est
à son action qu’est dû le renouvellement de l’eau dans
la cavité branchiale.
Les mâchoires de la seconde paire remplissent les
mêmes fonctions chez tous les Décapodes , et partout
où les branchies sont renfermées dans une cavité tho-
racique , ces membres présentent dans leur structure
la modification dont nous venons de parler, tandis
que chez les autres Crustacés ils ne portent jamais
à leur côté externe un grand appendice valvulaire.
La disposition du canal allèrent de l’appareil bran-
(i) PI. 3 fig. Il, y'; et PI. 10, fig. I.
BES CRUSTACÉS. 89
chiai ne varie que peu , mais celle de l’ouverture
par laquelle 1 eau pénètre dans la cavité respiratoire
res 11^ constante. Chez la plupart des Brachyu-
dela qu’au devant de la pale ambulatoire
(fui et ala forme d’unefente allongée
laire d prolongement de l’article basi-
bre ^ P^*'^~iuâcboire externe ( i ) . Lorsque ces mem-
cent appliqués sur la bouche , l’ouverture aflé-
de 1^ *'^'^^*^®^canchialeestferraée par cette espèce
obl’^^^T* pour y faire entrer l’eau, l’animal est
e les écarter ; aussi voit-on ces organes dans
cui luouvement continuel ; mais ces mouvemens ne sont
pas la cause active du renouvellement de l’eau qui bai-
gne les branchies, car c’est toujours du jeu des mâ-
choires de la seconde paire qu’elle dépend.
Chez quelques Brachyures, cette ouverture est sé-
parée de la base de la pâte ambulatoire de la première
paire par un petit prolongement delà carapace, et au
heu de n’étre qu’une fente, se convertit ainsi en trou ;
c est ce que l’on voit chez les Dorripes (a). D’autres
ois, chez Illia, par exemple, le bord inférieur delà
carapace est soudé aux épinières tout le long du coté
thorax, et e’est sur les côtés de la bouche, au-
pa/b'^* allèrent, que se trouve l’ouverture
Enfîn'^8 ^ ^ pénètre dans la cavité branchiale,
que ri . Ranine, c’est à la racine de l’abdomen
La
tiellem^'I?^''*' Crustacés sont des ;
lement - animaux essen-
aquatiques, et un grand nombre d’entre
9^ HISTOIRE NATURELLE
eux périssent en très-peu de temps lorsqu’on les re-
tire de Teau pour les exposer à l’action de l’air ; mais
d’autres espèces sortent volontairement de l’élément
qu’ils habitent, et vivent autant à l’air que dans l’eau;
enfin, on en connaît qui sont terrestres dans toute
l’étendue de ce mot, car ils ne viennent guères à l’eau
que pour s’y baigner. Dans les autres classes du règne
animal , la respiration aérienne coïncide presque tou-
jours avec l’existence d’une cavité intérieure destinée
à 1 exercice de cette fonction, et connue sous le nom
de poumon ou de trachée, tandis que là où la res-
piration se fait par l’intermédiaire de l’eau, c’est la
surface d’organes saillans appelés branchies qui en
est le siège. Pour expliquer les différences que nous
venons de signaler dans la manière de vivre des Crus-
tacés, on pouvait donc supposer que les espèces réel-
lement amphibies seraient pourvues en même temps
de poumons et de branchies, et tjue les espèces qui
s’asphyxient dans l’eau, ou qui meurent lorsqu’on les
expose à l’air , étaient privées de l’iin ou de l’autre
de ces organes respiratoires. C’est en efïet l’opinion
que M. Geoffroy-Saint-Hilaire paraît avoir adop-
tée (i) , mais elle ne nous semble p.is compatible avec
le résultat de plusieurs observations postérieures à
celles sur lesquelles elle est fondée ; et en admettant
même que la modification curieuse des parois de la
cavité branchiale , signalée par ce savant dans le
Birgus Latro , puisse servir à la respiration, nous
ne croyons pas qu’on doive la regarder comme con-
stituant un véritable poumon.
(i) Les observations de ce savant turent communiquées à l’Aca-
demic des sciences le 12 et le 39 septembre 1825 ; paais elles sont
restées inédites.
DES CRUSTACÉS. Qt
tiu efl’et, on donne le nom de poumons ou de bran-
c lies a des organes particuliers creusés d’un grand
^ot^Vt^ vaisseaux dans lesquels le sang passe en
oa en majeure partie avant que de se distri-
]’ *iifférentes parties du corps , et y porter
ces absorbe pendant son passage à travers
de q^ue cette absorption et l’exhalation
‘"^^^oaique, qui en est une suite , puisse
cctuer , il fallait que le sang ne fût séparé du mi-
eu t ans lequel l’animal est plongé que par une inein-
rane mince et très-perméable ; dans l’eau une telle
membrane pouvait se trouver à la surface extérieure
du corps sans que ses qualités soient nécessairement
altérées ; mais à l’air il n’en est pas de même , et placée
ainsi, onia vcrraiten général se dessécher bientôt et per-
dre, par l’effet de l’évaporation, toutcsles propriétés né-
cessaires a l’exercice de ses fonctions. Il en résulte que
chez les animaux destinés à vivre dans l’eau, ou l’éva-
poration est nulle, la nature n’a prise aucune précau-
tion pour empêcher la dessiccation de la surface respi-
ratoire , et qu’elle l’a laissée à l’extérieur, tandis que
chez les etres qui habitent l’atmosphère elle l’a re-
P oyée en dedans du corps, et en a tapissé des ca-
vités où, 1 air ne se renouvelant qu’autant c[ue cela est
ecessaire pour la respiration , l’évaporation est ré-
à son minimum.
des essentielle qui distingue les ])Oumons
[gg ''■'acliies réside dans cette moditic.ation ; dans
cavités'^*^'^* ’ ^a respiration se fait par les parois de
^ la que dans les seconds c’est
viico organes saillans que se distribuent les
'aisseaux dans m ^ .
1) . , desquels le sang est soumis al action
oe 1 oxigène. ®
9^ HISTOIRE NATURELLE
Or , dans le Birgus, la partie de l’appareil respira-
toire, que M. Geoffroy regarde comme l’analogue du
poumon, n’est autre cbose qu’une portion des tégu-
mens communs sur laquelle on ne distingue pas de
tunique épidermique, mais dont la surface est hérissée
d un nombre immense de végétations saillantes. En
admettant que cette portion de la peau qui tapisse la
paroi supérieure de la cavité respiratoire et recouvre
les branchies , puisse servir à la respiration , ce serait
donc plutôt comme une hranchie supplémentaire que
comme un poumon qu’il faudrait la considérer , et
son existence ne lèverait aucune des difficultés qu’on
rencontre dans 1 explication des phénomènes dont
nous avons parlé plus haut.
Pour jeter de nouvelles lumières sur ce sujet , j’ai
fait , conjointement avec M. Audouin , une série d’cx-
periences sur la respiration aérienne des Crustacés(i),
et nous avons constaté d’abord que chez tous ces animaux
les branchies peuvent servir à la respiration aérienne,
comme elles servent à la respiration aquatique , mais
qu en général le dessèchement qu’ils éprouvent à l’air
agit comme une cause puissante de mort : aussi , en
plaçant dans de 1 air chargé d’humidité des Homards
et d autres especes qui, en général, meurent peu
d’heures après qu’on les a retirés de la mer , sommes-
nous parvenus à en conserver en vie pendant très-
long-temps. H nous a donc paru probable que l’un des
moyens employés par la nature , pour faire vivre dans
(i) Mémoire sur la respiration aérienne des Crustacés , et sur les
modifications que l’appareil branchial éprouve dans les Crabes ter-
restres, lu à l’Académie des sciences le 21 juillet 1828. (Voyez les
Autiales des sciences naturelles , t. 5, p. 85. )
OES CEUSTACÉS. g3
atmosphère les Crustacés, pourvus seulement de
^r.,nc lies, était d’empêcher^ par des moyens quel-
'^^^^^‘^cation de ces organes,
d’appui d Crabes terrestres venaient à
Tiers f *^?*^*^^ opinion, car ils se creusent des ter-
niides^*^'^ ^ ^’oeherchent toujours des lieux liu-
^pgnjrg ^ons avons constaté que chez plusieurs
mrc 1-^,*^^’ Tnoins, il existait une disposition
particulière d^ i • • r
être 1 • ' . t appareil respiratoire qui semble
l>rancK**^'°'^^ ^ niaintenir de l’humidité autour des
pis^V*^^ ' niembrane tégumen taire, qui ta-
a cavité où sont placés ces organes , présente à
a partie inférieure un large repli qui en recouvre la
ase et forme une espèce d’auge propre à contenir une
certaine quantité d’eau; tantôt elle offre une texture
spongieuse, analogue à celle que M. Geoffroy a décou-
verte chez le Birgus.
Une autre circonstance qui peut contribuer , aussi
len que la dessiccation , a faire périr la plupart des
Crustacés qu’on retire de l’eau, c’est l’affaissement des
iamelles branchiales les unes sur les autres, etladi-
•ninution qui en résulte dans l’étendue de la surface
contact avec loxigène. M. Flourensafait voirque,
l’eau, les filamens
Il . branchies ne se touchent pas et
l’air liquide qui les baigne, tandis qu’à
TéunU*^"^ pesanteur spécifique les fait retomber et les
^espirau^ dernier cas, l’étendue de la
de beauco^ unimaux se trouve donc diminuée
nuer à s’ 1^ ’ que cette fonction puisse conti-
tact avei^l’^^-^^*^ portion des branchies en con-
vie, et l’as^r’ l’entretien de la
P lyxie ne tarde pas à commencer. 11 en est
HISTOIRE NATURELLE
94
de même diez les Crustacés, et probablement c’est
également une cause de mort pour beaucoup de ces
animaux.
§ III. Circulation.
Chez les animaux dont la structure est la plus sim-
ple, les sucs nutritifs, fournis par les alimens, et l’oxi-
gène absorbé par le travail respiratoire, ne parviennent
aux différentes parties intérieures du corps que par
une espèce d’imbibition ou d’endosmose; mais, lors-
qu’on s’élève dans la série des êtres, on voit bientôt
un appareil particulier être destiné à effectuer ce
transport, et chacun des actes qui y concourent de-
venir successivement l’apanage d’un instrument spé-
cial. Lorsque la division du travail ne commence
qu’à peine , cet appareil est une simple dépendance
de la cavité digestive, disposition dont les Méduses
nous offrent des exemples ; mais il ne tarde pas
à en devenir distinct. Bientôt la route que les
liquides parcourent pour se distribuer aux dillërens
organes , et celle par laquelle ils en reviennent , cesse
aussi d’être la même , et ils décrivent dans leur marche
un cercle complet. Les canaux dans lesquels cette cir-
culation s’efléctue consistent d’abord en une série de
cavités ou de lames que les parties solides de l’écono-
mie laissent entre elles; mais ensuite elles acquièrent
des parois qui leur appartiennent en propre, et un
organe musculaire particulier leur est adjoint pour
déterminer un courant dans le liquide qu’ils renfer-
ment. Enfin, dans les animaux supérieurs, la division
du travail est portée h un plus haut degré, et on voit
l’apjiarcil circulatoire se compliquer de plus en plus.
OES CRUSTACÉS. q5
Chez les Crustacés , la tlistrihution du liquide
nourriciei dans les différentes parties du corps , et
son retour vers un point central , s’elïéetue au moyen
cl un système particulier de vaisseaux ; il existe
aussi un réservoir musculaire , nommé cœur, qui
CS estiné à déterminer le mouvement du sang ; et,
<ns un point déterminé du cercle circulatoire, ce
iqui e passe à travers les branchies ^ où il reçoit l’in-
uence de l’air. Il y a donc , dans cette classe d’ani-
n^aux, une circulation complète, mais elle est plus
simp e que chez la plupart des animaux vertébrés , et
I parait que c’est encore par imbibition que les
sucs nutritifs , produits par la digestion , parviennent
de la cavité alimentaire dans les vaisseaux san-
guins ; car il n’y a point de système chylifère parti-
culier comme chez les animaux supérieurs , et on
n aperçoit aucun autre moyen de communication entre
ces deux appareils.
Le sang des Crustacés, de même que celui de tous
les autres animaux articulés et celui des Mollus-
ques , ne présente point la couleur rouge qui est
propre à ce liquide chez les Annelides et chez tous
animaux vertébrés ; aussi pendant long-temps
J -on cru que ces animaux en étaient dépourvus,
^^est un liquide albumineux c|ui , dans l’état natu-
qu’o lliupide et presque incolore ; mais , lors-
tarde ^ vaisseaux qui le renferment , il ne
hlanch^^n^ devenir opaque , et à prendre une couleur
d se coacr légèrement rosée ; exposé à l’air ,
lée assez° ^ d’abruptement et se transforme en une ge-
dparaîUorm'^v''^®' microscope,
sion U ^ ^ espèce de sérum tenant en suspen-
quantité de globules albumineux.
HISTOIRE NATURELLE
96
11 a régné pendant long-temps une grande dissi-
dence d’opinions relativement à la marche suivie par le
sang dans le cercle circulatoire qu’il parcourt chez
les Crustacés ; mais les expériences nombreuses que
nous avons faites , conjointement avec M. Audouin ,
paraissent avoir décidé complètement la ques-
tion.
D’après les écrits de Willis (i) , on croirait que le
sang veineux arrivant de toutes les parties du corps ,
et le sang artériel venant des branchies, se mêlent
dans la cavité du cœur, et que cet organe , en se con-
tractant, enverrait une portion du mélange aux divers
organes, et chasserait le reste dans l’appareil res-
piratoire , où il subirait une seconde fois l’action de
l’air. Dans les Leçons d’anatomie comparée , M. Cu-
vier dit que le sang se porte des branchies au cœur ,
puis de cet organe à toutes les parties du corps , d’où
il retourne directement aux branchies (u). Mais ,
dans un ouvrage plus récent , ce savant fait suivre à
ce liquide une marche absolument inverse , car il décrit
son trajet comme ayant lieu du cœur aux branchies ,
de celles-ci à un vaisseau central qui le distribue à
toutes les parties du corps , et de là il le fait revenir au
cœur (3). Cette dernière opinion était assez générale-
ment adoptée (4) ; cependant, d’après la théorie la
plus récente , il n’y aurait pas de circulation complète
(1) Willis, De anima brutorum^ t. HI, p. i6.
(2) M. Cuvier. Leçons d'anatomie comparée ^ t. IV, p. 407- (i8o5.)
(3) M. Cuvier. Le Lègne animal distribué d’après son organisation.
ire. édition, 1817, P- 5l2.
(■4) M. Latreille. Môme ouvrage , 1. 111, p. 5.
M. Desmarest. Considérations sur les Crustacés , p. Sj, (iSaS).
BES CRUSTACÉS. gy
hez ces animaux , et le sang ne traverserait pas les
organes respiratoires (i).
Le petit nombre des observations directes rappor-
tr autres dont nous venons de parler , la con-
rnrp 1 ^PP^^ente des faits , et les divergences en-
noTïvri/** 8>'«'^cles dans les opinions, appelaient de
mes orches sur ce sujet. Nous nous en som-
■^^‘^“oin et moi , et les expériences
Jreuses que nous avons faites sur des Crustacés
Pf™i®sont avoir décidé complètement la
q ion (2) . Elles prouvent , d’une manière indubita-
; 'ait d abord enseigné ) du cœur dans toutes les par-
ies du corps, au moyen d’un système de vaisseaux
artériels très-développés ; qu’après avoir servi à la
nutrition clés organes, il se dirige vers des réservoirs
veineux, desquels il passe dans les branchies; et
qu en n , après avoir traversé ces organes , il revient
ii ectement au cœur, pour parcourir de nouveau le
cercle que nous venons d’indiquer.
Dans tous les Crustacés Décapodes, le cœur (3) est
lèsP*^ ^ * partie médiane et supérieure du thorax, entre
il p.u””'^* ™“icdiatcment au-dessous de la carapace ;
sûr téguinens communs, et il repose
Uneesi les organes de la génération.
^péi icarde^ formé par des prolongemens
les Crustacés r, .°*ites sur l'existence du système circulatoire dans
_ C'-i) Voyez' 1825.
circulation dans anatomiques et physiologiques sur la
037.) Lgg principe, "“fl^eés. {Annales des sciences naturelles, t. xi,
' «tes dans notre^ n,i! accompagnant ce travail sont repro-’
(3)P1. 5,fig. ^’Pl-Sàq.
ciustacA ’ * ’ " ’’
'ACLS, tome I.
7
q8 HISTOIRE NATüRE-tlE
(le la tunic^ue séreuse qui tapisse toute la cavité vis-
cérale, lui sert d’enveloppe, et des faisceaux muscu-
laires, ainsi que les vaisseaux qui en partent , serv'cut
à le fixer aux parties voisines ; sa couleur est blanchâ-
tre, et sa forme est très - remarquable , car elle est
rayonnée et semble résulter de la superposition de
plusieurs étoiles dont les branches ou rayons ne se
correspondraient pas. Chez les Braebyures , sa lar-
geur est au moins égale h son diamètre antéro-posté-
rieur J mais , chez les IVlacroures , il devient un peu
plus étroit et prend la forme cl’im carré long ( i) . Enfin ,
dansles Stomapodes (2) et les Édriopbtbalmes , il con-
stitue un long vaisseau cylindricjue ; et, au lieu de n oc-
cuper cju'une petite portion du thorax, il s etend dans
toute la longueur de l’abdomen.
Le système artériel des Crustacés Décapodes se com-
pose de six troncs vasculaires dont les ramifications
nombreuses s’étendent dans toutes les parties du corps.
Trois de ces vaisseaux naissent de l’extrémité anté-
rieure du cœur , deux de la partie antérieure de sa
face inférieure et un de sa partie inferieure et posté-
rieure. Enfin, au-devant de l’ouverture de chacun
d’eux , on voit un petit appareil valvulaire composé
d’un ou de deux replis membraneux et servant à
empêcher le sang de refluer, de leur intérieur, dans la
cavité du cœur.
Les trois vaisseaux qui ont leur origine à la partie
antérieure du cœur ont reçu les noms à’ artère ophlhal-
mique et iVartères antennaires.
(I) PI- 7- %• O '■
(9.) PI, 9, tig. 2, r,
BES CRUSTACÉS. gq
La première de ces artères (i) occupe la ligne mé-
lane , se dirige directement en avant, passe au-
t essLis del estomac, et gagne l extréniité antérieure de
a^ carapace oii elle se divise en deux branches qui pé-
nètrent dans les pédoncules oculaires et se distribuent
aux yeux.
Les arteres antennaires (2) se portent également
en avant, mais en suivant une ligne oblique et en
s écartant de plus en plus de l'artère opbtbalmique ;
e es sont d abord logées, de même que cette der-
nière , dans 1 épaisseur des membranes tégumen-
taires , et reposent sur la face supiérieure du foie ;
mais sur les côtés de l’estomac elles deviennent plus
profondes et passent entre ce viscère et une portion
des organes de la génération. Les branches quelles
fournissent pendant ce trajet sont très-nombreuses et
se distribuent aux tégumens qui tapissent toute la ca-
rapace, a l’estomac, à ses muscles, aux organes de la
génération, etc. Enfin, elles fournissent un rameau aux
antennes internes et pénètrent dans la tige des anten-
nes externes pour s’y terminer.
Les deux vaisseaux qui naissent de la partie ip,
eneure et antérieure du cœur, sont les artères
^^patiques (3). Ils se divisent en une infinité de ra-
les^^ ’’ *Lstribuent au foie. Dans les espèces où
nren^*^^ ee viscère restent séparées et for-
‘^omm ^ *^010 du corps une masse distincte
nie chez le Homard, etc. , les artères hépatiques
Pl. 5, ®tP'- 7- fig' I’ «■
(3) Pl. G, li.f', ; et Pl. (ig. I,/.
les ouYenurer/ ”” ’ fond du c(
^ c ces deux avièves.
100
HISTOIRE naturelle
ne se réunissent pas ; mais lorsque les deux foies ne
forment qu’un seul organe , comme chez le Maïa , on
voit ces vaisseaux s’anastomoser et présenter une dis-
position très-remarquahle.
Enfin, le sixième et dernier tronc artériel qui est
fourni par le cœur, et qui se sépare de la partie
postérieure et inférieure de ce viscère, a reçu le
nom ^artère sternale [i] ; c’est le plus volumineux
de tous , et c’est lui qui porte le sang dans l’ahdo-
men , dans toutes les pâtes , aux ajTpendices de la
bouche, etc. Sa direction est d’abord verticale, et il
passe à côté de l’intestin, puis entre les deux foies
jiour gagner la face inférieure du thorax ; il se recourbe
ensuite en avant et ne se termine que lorsqu’il rencontre
l’œsophage. Dans les Décapodes à longue queue, l’artère
sternale présente souvent , aussitôt après son origine,
un renflement pyriforme très-considérable ou Ôm/ôc que
Willis a considéré comme l’oreillette du cœur (2), et il
donne ensuite naissance à une grosse branche qui se
porte directement en arrière. Ce dernier vaisseau , que
nous avons appelé artère abdominale supérieure (3) ,
suit la face supérieure de l’intestin jusqu’à l’extrémité
de l’abdomen , et fournit au niveau de chaque anneau
deux branches principales destinées aux muscles puis-
sans de cette partie du corps. Parvenu à la face infé-
rieure du thorax, l’artère sternale donne naissance à
une autre branche postérieure ( aitère abdominale
inférieure ) , c[ui fournit les artères des dernières
pâtes thoraciques , avant que de pénétrer dans l’ab-
(1) PI- 5, fig. 1, l, et lig- 2, d-, PI. ilg. i, I ^ etlig. a, n.
(2) Pt. 7, tig. I, l.
(3) PI. 7, (ig. i^g.
DES CRUSTACÉS. lOt
domen dont elle occupe la face inférieure (i). L’artère
sternale se recourbe ensuite en avant , s’engage dans
le canal sternal , et donne à chaque paire de pieds tho-
raciques, ainsi qu’aux pâtes -mâchoires et aux mâ-
choires proprement dites , un rameau dont le calibre
varie suivant le degré de développement de ces divers
membres (2). Enfin, parvenu à la selle turciqueanté-
Tieure , elle se bifurque pour passer de chaque côté
de 1 œsophage ; elle donne ensuite des branches aux
mandibules , et se termine à la partie antérieure et
inférieure de la tête. Dans les Crabes et tous les
Décapodes brachyures, la disposition de l’artère ster-
nale est un peu dillérente , car elle n’est pas logée
dans un canal osseux , et elle n’envoie à l’abdomen
que des rameaux très-déliés (3).
Dans les Squilles (4), on distingue aussi une artère
ophthalmique et deux artères antennaires qui naissent
de la partie antérieure du cœur ; mais, du reste, la dis-
position du système artériel est très-difi’érente de ce
que nous venons de voir , car on ne retrouve les ana-
logues , ni des artères hépatiques , ni de l’artère ster-
nale , et il naît immédiatement du cœur un grand
nombre de branches qui sont destinées à porter le
sang aux viscères, aux membres , etc. ; chaque anneau
du corps présente une paire de ces vaisseaux.
Les canaux par lesquels le sang revient des di-
verses parties du corps vers les branchies , sont plu-
tôt des lacunes situées entre les divers organes.
( I) PI. 7, fig. 2 , c.
(2) PI. iig. a, i, i,
(3) PI. 5, %. 2, k.
(4) PI. 9 , %. I.
lO'i iiiltoiru naturelle
que des canaux à parois bien formées. Quoi (ju’il en
soit, ces veines informes aboutissent toutes à des es-
pèces de réservoirs sanguins que nous avons nommés
sinus veineux.
Chez le Maïa (i) et les autres Brachyures, ces si-
nus occupent les côtés du iborax et sont renfermés
dans les cellules des flancs, immédiatement au-
dessous de l’espèce d’arcade qui surmonte l’articu-
lation de chaque pâte. Le nombre de ces golfes vei-
neux est égal à celui des cellules de la rangée supé-
rieure; ils sont renflés, recourbés sur eux-mêmes, et
en communication les uns avec les autres , leurs pa-
rois, d’une ténuité extrême, ne sont formées que par
une lame de tissu cellulaire qui est intimement unie
aux parties voisines; aussi leur forme et leur gran-
deur sont-elles déterminées par la disposition de
ces parties, et doit-on regarder ces réservoirs comme
étant de grandes lacunes plutôt que des poches à
parois propres. Chacun d’eux reçoit plusieurs veines
qui y versent le sang venant de toutes les parties
du corps, et à leur partie externe et supérieure
naît un gros vaisseau qui se dirige en dehors et en
haut, pénètre dans la branchie correspondante, et
suit le bord externe de sa cloison médiane (2) ; c’est le
vaisseau axèrent de la branchie, qui fournit des ra-
meaux à chacune des lamelles dont ces organes sont
garnis , et y verse le sang qui doit y suhir l’influence
de l’air.
Dans les Homards et les autres Décapodes ma-
croures que nous avons examinés , la disposition du
(1) PI. 6, lig. 2, d d, et %. 4; r.
(2) PI. 6, fig. 2 , c, et üg. 4>
DES CRDS T AGÉS. IOj
système A'eineiix n’est pas exactement la mêmë que
chez les Bracbyures. Indépendamment des golfes vei-
neux situés de chac[ue côté du thorax , et en com-
munication avec les branchies (i), il existe sur la ligne
médiane un sinus longitudinal qui occupe le canal
sternal, et reçoit le sang venant de l’ahdomen et de
la plupart des viscères (a). La structure des cellules
thoraciques ne permet pas aux sinus latéraux de com-
muniquer directement entre eux comme chez les
Crabes, mais ils s’ouvrent tous dans le sinus médian ,
et une communication facile s’établit ainsi, non-seu-
lement entre les réservoirs veineux places a la hase
de chaque pâte, d’un môme côté du corps, mais aussi
entre ceux des côtés opposés. Enfin, chez les Squilles,
c’est presqu’exclusivement le sinus médian qui sert
de réservoir au sang veineux.
vaisseau efférent des branchies,^ c est-a-direle ca-
nal qui reçoit le sang après qu’il a traversé le réseau
capillaire respiratoire, et que, de veineux, il est de-
venu artériel ; ce vaisseau, disons-nous, occupe la face
interne de la hranchie , et augmente de volume à me-
sure qu’il s’approche de la hase de cet organe (3) ; parve-
nu au point d’insertion des pyramides branchiales sur la
voûte des flancs, il pénètre dansla cellule située immé-
diatement au-dessous , puis se recourbe en haut et en
dedans et se dirigeversle cœur (4)- Le nombre et la dis-
position de ces canaux branchio-cardiaques varie un
peu suivant les espèces, mais ils sont toujours accolés
(1) PI. 8, lig. 2, e.
(2) PI. 8, lig. I, b.
(3) PI. 6. lig. 3, d, cl lig 4, e ; PI. 8, Kg- a et 3, c.
(4) PI. 6. lig. 3, c, et lig. 4,/i PI. 8, lig. 3,/: et PI. g, hg. i, d-
IIISTOIUE NATURELLE
io4
a la voûte des flancs, et débouchent en une espèce de
golfe sanguin c[ui occupe l’espace compris entre le
bord interne des flancs et les côtes du cœur; les parois
de ce sinus commun se continuent avec la membrane
qui enveloppe le cœur et, immédiatement au devant
du point où les canaux branchio-cardiaques y aboutis-
sent, il existe dans les parois de ce viscère une grande
ouverture ovalaire garnie de valvules et servant à li-
vrer passage au sang (i).
Telle est la disposition du système circulatoire
ebez la plupart des Crustacés ; mais, chez quelques-
uns de ces animaux, il est bien moins développé,
et les artères , aussi bien que les veines , ne paraissent
être que des lacunes formées par les interstices
tfue les divers organes laissent entre eux; c’est en
elïet ce que Jurine a observé chez les Argules, où le
sang paraît répandu dans le parenchyme même des
organes ; néanmoins, il existe toujours un cœur, et les
courans cju’il détermine ont toujours une direction
constante. Enfin , chez quelques animaux les plus
simples de cette classe , tels que les Nicothoés et d’au-
tres parasytes, ce dernier vestige d’un système spé-
cial de circulation nous paraît aussi avoir disparu.
(i) Suivant M. Strauss, ce ne serait pas à travers ces ouvertures
branchio-cardiaques ( dont il ne fait aucune mention) que le sang
parviendrait dans le cœur; ce liquide s’épancherait d'abord entre les
X)arois externes de ce viscère et la membrane péricardiale ( nommée
par M. Strauss oreillette iln cœur), et ne pénétrerait dans sou inté-
rieur qu'à travers les fentes que ses fibres musculaires laisssent
entre elles à sa face supérieure, fentes que cet auteur appelle ouver-
tures auriculo-ventriculaircs. (Voyez Anatomie comparée des animauæ
articulés. ) Mais M. Strauss ne rapporte aucune expérience à l'ap-
pui de cette opinion; et, d’après celles que nous avons faites,
M. Audouin et moi , nous nous sommes convaincus que le sang suit
une route plus directe.
DES CRUSTACÉS. I o5
En résumé , nous voyons donc que dans la classe des
Crustacés le mode de circulation est analogue à celui
cju’on observe chez les Mollusques, et dillcre prin-
cipalement de ce qui existe chez les Poissons , ]iar
la position du cœur qui est aortique au lieu d être
branchial .
§ IV. Des sécrétions.
Nous avons déjà eu l’occasion de parler des ])rinci-
paux organes sécréteurs des Crustacés, et nous devons
renvoyer a l’histoire de 1 appareil reproducteur la
description de quelques autres glandes ; aussi ne nous
reste— t“il que peu de chose a en dire ici.
Ces organes , comme on a pu le voir , ont en gé-
néral une structure peu compliquée ; et, sous ce rap-
port, ils ressemblent beaucoup h ceux des Insectes.
En général, ce sont des tubes capillaires très-longs et
entortillés; d’autres fois de petits appendices bor-
gnes qui entourent un canal excréteur, et s y ouvrent.
Chez les Crustacés Décapodes, il existe à la partie
postérieure de la cavité branchiale un organe dont
les fonctions ne nous sont pas connues , mais dont
la structure nous paraît glandulaire ; c est une masse
spongieuse et blanchâtre qui est enveloppée dans un
repli de la membrane légumentaire , et qui repose sur
la voûte des flancs immédiatement en arrière des
branchies (i) ; elle se prolonge en .arriéré jusqu à 1 ori-
gine de l’abdomen , et nous a p.aru s ouvrir au dehors a
l’aide d’un can.al excréteur , entre le plastron sternal
et le premier anneau abdominal. Scrait-ce le siège de
(i) PI. 10, fig. 1, 1.
iü6 HISTOIRE NATURELLE
quelque excrétion analogue à la sécrétion urinaire ?
C’est ce que nous ne pouvons décider dans l’état
actuel de la science.
CHAPITRE III.
DES PHÉNOMÈNES UE LA VIE DE RELATION.
On désigne généralement sous le nom de sensation
1 acte par lequel un animal acquiert la conscience d’une
imjiression éprouvée par une partie quelconque de
son corps. Tantôt ces perceptions sont la suite de
1 action de ses organes et avertissent l’animal de ce
qui se passe dans l’intérieur de l’économie ; tantôt,
au contraire, elles sont produites par des causes
extérieures , telles que le contact d’un corps étranger ;
et , d’après cette différence dans leur origine , on les
distingue en sensations internes et externes. Les pre-
mières se rattachent principalement à ce que l’on peut
appeler la vie organique, c’est-à-dire l’ensemble des
fonctions qui ont pour but la nutrition et la généra-
tion ; les secondes constituent en partie la vie de re-
lation ou les actes par lesquels l’étre se met en rapport
avec les objets qui l’environnent.
Chez les végétaux , rien ne décèle la faculté de per-
cevoir les impressions produites par les corps étran-
gers. Il en est de même pour un petit nombre
d’êtres qu’on range dans le règne animal, les épon-
ges, ])ar exemple; et chez tous les autres il existe
des parties qui ne jouissent pas de la faculté d’ex-
citer des sensations , mais la j)lupart des organes
DES CHtSTACÉS. 10']
sont doués d’une sensibilité plus ou moins exquise ,
c’est-à-dire réagissent avec plus ou moins d énergie
sur les parties destinées à la perception de ces sensa-
tions, de manière à donner à l’animal la conscience des
impressions quils reçoivent eux— memeSi
Chez les animaux dont la structure est la plus sim-
ple et la plus uniforme , la similitude des fonctions
est, dans toutes les parties du corps, non moins grande
que la similitude d’organisation ; chacune d elles agit
à la manière de toutes les autres, et paraît être le
siéce de la perception du petit nombre d impressions
qu’elle reçoit : mais bientôt la nature tend a perfec-
tionner ces fonctions, et , fidèle au principe de la di-
vision du travail, elle les sépare et les confie à des
parties diflerentes de l’économie animale. La faculté
d’exciter les sensations à la suite d’impressions reçues ,
ou, en d’autre mots , la sensibilité reste commune à la
plupart des organes ; mais celle de percevoir ces mêmes
impressions ou d’en acquérir la conscience devient 1 a-
panage exclusif d’un appareil spécial appelé le système
nerveux .
Les Crustacés sont dans ce cas ; aussi, pour étudier
les actes par lesquels ces animaux se mettent , pour
ainsi dire, d’une manière passive en rapport avec les
objets qui les environnent , aurons - nous successivfe-
ment à nous occuper des parties sensibles et de celles
destinées à la perception des impressions.
§ 1. Des sens.
D’après la division du travail que nous venons de
signaler, il est évident que la principale condition de
l’existence de la sensibilité dans une partie quelconque
HISTOIRE NATURELEE
io8
ducor])s, est sa connexion avec le système nerveux ;
aussi peut-on poser en principe que , toutes choses
égales d’ailleurs , un organe sera en général d’autant
plus sensible qu’il recevra plus de nerfs . La plupart des
organes intérieurs des Crustacés jjaraisscnt doués de
sensibilité ; mais c’est à la surface du corps que l’étude
de cette fonction présente le plus d’intérêt , car c’est
là que sont produites toutes les impressions détermi-
nées par les objets environnans.
Le premier efièt de toute sensation externe est de don-
ner à l’animal qui l’éprouve la consciencede l’existence
du corps qui l’occasione ; mais , en général, les résul-
tats de l’impression produite par ce dernier ne se bor-
nent pas là ; l’animal qui la perçoit acquiert aussi la con-
naissance d’un certain nombre des propriétés del’objet
qui agit sur ses organes, et la faculté déjuger ainsi des
qualités des corps constitue ce que l’on nomme les sens.
Ces propriétés ou qualités sont de dilïérens ordres ;
aussi, à mesure que la vie de relation se perfectionne,
voyons - nous un nombre de plus en plus grand
d’instrumens spéciaux aflectés à leur investigation ;
la faculté de percevoir la lumière et de j uger, par l’in-
termédiaire de cet agent, des propriétés des corps situés
à distance , ou , en d’autres mots , le sens de la vue,
devient l’apanage d’une portion déterminée de la
surface du corps, dont la structure est modifiée d’une
manière particulière ; celle de distinguer les mouve-
mens vibratoires d’où naissent les sons, se concentre
également dans un a]îpareil particulier ; il en est de
même de l’odorat et du goût ; enfin , la sensibilité gé-
nérale de la surface des corps devient aussi plus ex-
quise dans certaines parties, et permet à l’animal de
reconnaître, par le contact, la forme des objets exté-
DES CRUSTACÉS. IO9
rieurs .lin si que plusieurs autres qualités qu’on pour-
rait appeler des propriétés mécîiniques.
Ce dernier sens , qu’on appelle le loucher^ est le plus
universellement répandu dans le règne animal , et ré-
side ordinairement dans toutes les partiesdel’enveloppe
tégumentaire; mais souvent, bien qu’il existe encore
dans toute l’étendue de la surface du corps , il se déve-
loppe ])lus particulièrement dans certains points de
l’organisation, et acquiert des instrumens spéciaux
qu’on nomme les organes du tact.
Chez les Crustacés , la plus grande partie de la
surface du corps est ordinaii’ement encroûtée de
matière calcaire , et présente un degré de dureté in-
compatible avec l’exercice de cette fonction : aussi
le sens du toucher est-il en général très-obtus chez
tous ces animaux.’ La nature de leur enveloppe té-
gumentaire exclut également l’existence d’organes
du tact proprement dits, car la rigidité et l’épais-
seur de leur peau ne lui permet jias de s appliquer
en même temps sur les diverses sift'laces dun objet.
Le loucher ne peut donc guères servir qu’à avertir ces
animaux de l’existence des corps avec lesquels ils sont
en contact, à leur faire juger de leur température,
de leur dureté , et quelquefois de leur volume , mais
ne peut en révéler la forme. Néanmoins, tout im-
parfait qu’il est, ce sens montre déjà une tendance a
se localiser, et réside principalement dans certains
appendices de l’extrémité céphalique.
De ce nombre sont les antennes ; il existe souvent à
leur base des organes destinés à d’autres usages; mais
une de leurs principales fonctions pai'aît être le tou-
cher. Leur sensibilité est ordinairement très-vive, et au
moindre attouchement elles donnent en général des si-
UD HISTOIRE NATURELLE
gnes indiquant la pei'ception d’une sensation , tandis
que dans la majeure jiartie de la surface de son corps
l’anima! ne manifeste aiicime sensibilité. Dans laplu-
jiartdesCrustacés des ordres inférieurs, tels que les
Caliges, les Gécrops, etc., on ne voit pas detracedeces
organes, ou bien on ne les trouve qu’à l’état de vesti-
ges : dans d’autres espèces on n’en compte qu’une seule
paire ; mais le nombre normal des antennes est de qua-
tre. filles sont toujours situées immédiatement après
les yeus lorsr£ue ces organes sont portés sur des tiges
mobiles et au devant de l’appareil buccal (i) : celles de
la première paire sont presque toujours situées près de
la ligne médiane , tandis que les deux autres en sont
souvent très-écartées ; et il en résulte que tantôt ces
dernières sont placées derrière les premières, et c[ue
d’autres lois, en s’avançant un peu, elles se placent
sur la même ligne C[u’e'les, et à leur côté externe (a).
Ces différences importent peu à l’anatomiste; mais
elles fournissent au zoologiste des caractères pré-
cieux pour la dj^tinction facile des espèces. Il en
est de même déjà position des antennes, relative-
ment à l’arceau supérieur de la portion antérieure
de la tête ou à la carapace ; tantôt cette partie du
squelette tégumen taire se prolonge antérieurement
en forme de rostre ou de chaperon , recouvre les
antennes et ne leur permet pas de quitter la face
inférieure du corps ; tantôt le segment inférieur se
développe aux dépens du supérieur , et entraîne ces
appendices avec lui, de manière que leur insertion
alicuàlafaceantérieurede la tête; enfin, d’autresfois,
(:) PI. I , fig. 2.
(a) PI.7, lig. 2, etc.
1 1 1
DES C r. t ST ACÉS.
cette modiQcation étant portée encore plus loin , les
antennes en occupent la face supérieure.
La forme et la composition des antennes varient
Leaucoup ; dans l’état de simplicité la plus grande , ces
organes ne sont formés chacun que d’une seule tige ar-
ticulée, mais d’autres fois on voit s’y ajouter un ou deux
appendices qui paraissent être les analogues du palpe
et du fouet des autres membres. En général la tige dont
nous venons de parler est composée d’une partie plus
grosse qu’on appelle le pédoncule ^ et d’une partie ter-
minale plus ou moins allongée (i) : le pédoncule est
Ibrmé à son tour d’un , de deux ou de trois articles , et
le prolongement terminal d’un nombre de segmens
beaucoup plus grand ; enfin , chacune de ces pièces est
plus ou moins mobile et renferme dans son intérieur
des muscles destinés à mouvoir l’article suivant. L’ap-
pendice que l’on peut regarder comme une espèce de
palpe se présente en général sous la forme d’un second
fdet terminal multi-articulé, bxé à l’extrémité du pé-
doncule ; mais d’autres fois il constitue une grande
lame cornée qui s’insère à la base de l’antenne. Enfin ,
la seconde partie accessoire de l’antenne , lorsc£u’el]e
existe , constitue aussi un filet terminal , de façon
qu’alors le pédoncule porte trois de ces prolongemens
sétacés (2).
Les organes dont nous venons de parler peuvent
servir à avertir l’animal delà présence des corps qu’il
touche ; mais ils ne peuvent donner que des idées
très-incomplètes de leur dureté , et surtout de leur
volume. Chez la plupart des Crustacés , il existe d’au-
(i) PI. I , fig. 3, pédoDciitc, b, tige teriniuale.
{■>.) PI. I , tig. i,j, A-, /,
1 12
HISTOIRE NATURELLE
très parties qui peuvent également remplir ces fonc-
tions, et qui sont en raêmeitemps des instrumens de pré-
hension ; ce sont en général des membres de la portion
thoracique du corps , dont l’extrémité prend la forme
d’une espèce de pince. Tantôt cette disposition dé-
pend seulement de ce que le dernier article constitue
une sorte de griffe rjui peut s’ajipliqucr sur l’article
précédent (i) ; tantôt de ce que le pénultième ou l’anté-
pénultième pièce se prolonge sur le côté de l’article
suivant , et forme une espèce de doigt immobile sur
lequel ce dernier s’applique fa). A l’aide de ces modi-
fications, les pâtes peuvent agir jusqu’à un certain point
à la manière d’organes du toucher : mais leur principal
usage est alors de saisir la proie dont l’animal se nour-
rit, ou de le défendre contre ses ennemis. Enfin, les
diverses jiarties de l’appareil buccal peuvent aussi ser-
vir d’une manière accessoire au toucher , mais ce n’est
pas leur principal usage.
Le sens qui , après celui du toucher, paraît être le
plus généralement répandu jiarmi les animaux, est
celui du goût-, ce sont les sensations perçues par lui
qui déterminent le choix de la nourriture, et nous
voyons presque tous les animaux rechercher certaines
Substances alimentaires et en refuser d’autres ; on peut
donc conclure qu’ils possèdent presque tous ce sens.
D’après quelques expériences que nous avons faites
à ce sujet, M. Audouinet moi , il paraîtrait que chez
les Crustacés la faculté de distinguer les difierentes
saveurs est même assez développée, et qu'elle réside à
l’entrée de l’oesophage , ou plutôt dans la cavité huc-
(l'j Voyez les mains subclicllformcs des Crevettines, fl. i, lig. 2,
(2) Pinces ou mains chéliferes, PI. 3, fig. etc.
DES CRUSTACÉS. Il3
cale proprement dite ; on ne voit aucun organe qui y
paraisse destiné d’une manière spéciale.
La faculté d’apercevoir les corps placés à distance ,
par l'intermédiaire des particules odorantes qui s’en
dégagent, existe aussi chez les Crustacés. Un des
procédés de pêche le plus employé pour prendre les
Homards en donne la preuve ; car c’est en plaçant des
fragmens de Crabes ou de Poissons dans des espèces
de pièges nommés casiers , qu’on les y attire ; et non-
seulement il est bien difficile de voir ce qui est dans
l’intéi'ieurdeces paniers , mais encore les Homards y
viennent souvent pendant les nuits les plus obscures.
Un fait analogue prouve l’existence du sens de l’odo-
rat chez d’autres Crustacés , connus sous le nom de
Talitres ou de Puces de mer. Si dans un lieu fréquenté
par ces animaux , l’on enterre dans le sable du rivage,
ou que l’on cache sous un monceau de pierres un Ho-
mard mort ou le corps de tout autre animal , on est
sûr de le trouver au bout de quelques jours plus ou
moins complètement dévoré par les Talitres qui se
sont rassemblés en foule autour, et qui ne peuvent y
avoir été attirés que par son odeur. Quant au siège
de ce sens, on ne sait rien de positif.
Guidé par la position des antennes et par quelques
autres considérations, M. de Blainville a été conduit à
penser que chezlesCrustacés, les Insectes, etc., le sens
de l’odorat résidait dans la portion de l’enveloppe tégu-
mentaire qui revêt l’extrémité libre des antennes (i);
mais cette partie ne nous paraît offrir aucunedes condi-
tions qui semblent les plus nécessaires pour la percep-
tion des odeurs, et leur ablation ne paraît porter aucun
(I) Principes d'anatomie comparée ■, t. 1, p. 338 et 339-
CRUSTACÉS, TOME I.
8
lUSTOinE SfATUREtLE
"4
trouble sensible cl:ins l’exercice de cette fonction { i ) . Des
recberches qui me sont communes avecM. Audouin,
nous ont porté à croire que le siège do cette fonction
pouvait bien se trouver dans deux poches membraneu-
ses qu’on rencontre au devant de la bouebe etau-des-
susdes organes auditifs. Dans quelques Crustacés , tel
que la Langouste, leur ouverture est assez grande
et occupe le milieu du tubercule auditif ; mais chez
d’autres elle devient difficile à distinguer. Enfin , un
anatomiste allemand, Rosentbals , regarde comme
l’organe de l’odorat une cavité particulière qu’il a dé-
couverte à la base des antennes de la première paire, et
dont l’ouverture extérieure se voit k la face supérieure
de ces organes. Chez les Homards , cette cavité est
formée par une espèce d’ampoule semi-cornée dans les
jjarois de laquelle aucun nerl ne paraît se ramifier (2) ;
et chez les Edrioplilïialmes on ne voit rien qui puisse
y être rapporté. Ainsi, l’opinion de Rosentbals , qui
dernièrement a été reproduite comme une découverte
nouvelle par M. Robineau, ne nous paraît pas encore
étayée de faits assez décisifs pour êti’e généralement
adoptée (3).
Le sens de la vue manque chez un petit nombre de
Crustacés qui vivent en parasites ; mais en général
il existe, et a son siège dans des organes d’une structure
assez compliquée, qui occupent tantôt la face supé-
rieure ou antérieure, tantôt les côtés de la tête. On
(1) Voyez l'article 0(/or«i, Dictionnaire classique d'histoire natu-
relle.
(2) PI. 12 , lig. 1.
(3) jirchives pour la physiologie de Riel et Autenreith, et Mé-
langes d anatomie , par Treviranus, 2'. vol., 21:. partie, 2®. mé-
moire, i8i8.
DES CRÜSTACÉS. Il5
admet généralement que chez ces animaux, de même
cfue chez les Insectes, les yeux sont de deux sortes,
savoir : des stemmales et des yeux à facettes; il est
cependantfacilc de démontrer que ces organes présen-
tent unesériede modifications bien ]dus nombreuses.
La structure des steramates, qu’on ajjpelle encore
des yeux lisses ou yeux simples, se rapproche un
peu de celle des yeux des Poissons, et diffère nota-
blement de celle des yeux à facettes. Ainsi que vient
de le démontrer un observateur très-habile , M. Mul-
ler ( i) , on y distingue d’abord une cornée transparente
plus ou moins bombée, et parfaitement lisse , qui sé
continue sans interruption avec la couche tégumen-
taire externe dont elle fait partie. Immédiatement
derrière celte cornée, et en contact avec sa face in-
terne , se trouve un cristallin en général sphérique ,
dont la face postérieure est logée dans une masse gé-
latineuse que l’on a comparée au corps vitré. La base
de cette masse vitrée est à son tour en contact avec le
nerf optique ; enfin, une couche de pigment fort épais
l’entoure et se prolonge en avant jusqu'à la périphérie
du cristallin et au bord de la cornée. En général , les
stemmates des Insectes , des Arachnides et des autres
animaux articulés , sont en petit nombre et bien dis-
tincts entre eux ; il en est de même chez quelques
Crustacés , tels que les Apus , les Limules et les
Cyames , où l’on observe deux ou trois de ces organes.
Mais, du reste, ces yeux simples ne se rencontrent que
chez un très-petit nombre d’animaux de cette classe.
(4) Zuv vergleickenden Physiologie des Gesichîssinncs , un vol.
Leipzig, i8'.26. L analyse de ce travail remarquable a été insérée dans
Annales des sciences nalurcllcs , t- XV 11 p- , etc-
8.
IlG HISTOIRE NATÜRELEE
Chez (l’auLres Cruslacés il existe des yeux d’une
structure plus compliquée , que nous appellerons des
yeux composés lisses , et qu’on peut considérer comme
une agglomération de stemmates sous une cornée
commune. En effet , ils sont formés par un nombre
plus ou moins considérable de petits cristallins placés
derrière une cornée commune, enchâssés et dans un
corps vitré qui est enduit de pigment et qui se conti-
nue avec le nerf optique. Ces yeux composés lisses se
rencontrent chez les Néhalies, les Apus (où il en
existe un placé à quelque distance en arrière des deux
stemmates ), les Daphnies, les Branchipes, etc., et
établissent en quelque sorte le passage entre les stem-
mates et les yeux composés à facettes (i).
Une nouvelle modification de l’appareil oculaire
nous a été olferte par l’Amphitoé de Prévost et un
petit nombre d’autres Édriophthalmes. Chez ces ani-
maux on trouve d’abord pour chaque œil composé une
cornée lisse sans division; niais immédiatement der-
rière cette lame tégumentaire il existe une seconde
tunique, de même nature et également transparente ,
qui y adhère intimement , et qui est divisée en une
multitude de facettes hexagonales ; derrière chacune
de ces facettes ou cornéules est situé , comme d’ordi-
(i) Voyez à ce sujet un travail que j'ai présenté à la Société
(l'histoire naturelle de Paris , le 7 juin i83o, et qui paraîtra dans
un des prochains cahiers des Annales des sciences nalurelles ;
ainsi que l’ouvrage déjà cité de M. Muller ; les observations de
Cavolini, sur les yeux des Lygies, Memoria sulla srenerazioni dei
Pescie dei Granchi 1787; celles de M. Strauss, sur les
yeux des Daphnies, etc., dans les inénaoires du Muséum d'histoire
n.iturelle , t. Y, p. SgS ; et la description desyeux.de la Nebalie,
clans un de mes mémoires sur des Crustacés nouveaux, inséré dans
les Annales des sciences naturelles, t. xiii, etc.
DES CRUSTACÉS. Iiy
naire, un cristallin dontla face antérieure est convexe
et dont la face postérieure , qui se prolonge en un
cône à sommet obtus, est contiguë à un petit cylin-
dre gélatineux, avec lequel le filet correspondant du
nerf optique se confond.
De cette disposition au mode de conformation des
yeux composés à facettes simples il n'y a qu’un pas ;
caria principale différence consiste dans la soudure
intime des deux cornées superposées dont nous ve-
nons de parler et l’existence d’une espèce de cloison
formée par du pigment entre chacun des élémens ocu-
laires
Dans ces organes, de même que dans les stemmales,
la tunique externe est dure et translucide; elle se
continue avec les tégumens et constitue une cornée
transparente; mais, au lieu d’être lisse et sans divi-
sion, elle présente une multitude de petites facettes
distinctes, qu’on peut regarder comme autant de cor-
nées, car chacune d’elles correspond à une loge ocu-
laire qui lui est propre. Chez les Insectes ces facettes ,
ou cornéules , sont toujours de forme hexagonale,
mais chez les Crustacés elles sont souvent carrées ;
dans les Écrevisses , les Pénées , les Galathées , les
Scyllares, par exemple, elles présentent cette dis-
position , tandis que chez les Pagures , les Phyl-
losomes , les Squilles, les Gebhies, les Callianases,
les Crabes, etc., elles sont hexagonales (i). Der-
rière chacune de ces petites cornées on trouve un
corps transparent et de forme conique (a), qui est
(O PI. la, fig. a et 3.
(2) L’existence de ces corps coniques, de consistance gélatineuse ,
avait été signalée depuis long-temps dans les yeux à facettes des Li-
HISTOIllE NATOllEXiLE
ii8
entouré par une sorte de gaine composée de matière
colorante, et se continue intérieurement avec un fila-
ment gélatineux dont la hase adhère au hulhe du
nerf optique (i) j le pigment se prolonge aussi en-
tre les espèces de colonnes formées par ces fila-
mens, de manière à les isoler entre elles, et se re-
ploie entre leur hase et le hulhe du nerf optique.
Enfin , derrière la masse formée par ces diverses
parties , on trouve une tunique membraneuse qui est
percée dans son milieu pour livrer passage au nerf ,
et qui n’est qu’un prolongement de la membrane
tégumentaire moyenne, de sorte que c’est entre les
deux couches externes de la peau qu’est creusée la
chambre oculaire (a). Les cônes transparens dont
nous venons de parler, et dont l’existence a été
signalée par M. Muller , dans tous les yeux à fa-
cettes des Insectes aussi bien que des Crustacés,
paraissent remplacer les cristallins des yeux simples,
ou plutôt n’en être qu’une modification (d). Quant aux
filamens vitrés gélatineux qui se trouvent derrière ces
cônes, ils occupent la majeure partie de chacune des
longues cellules oculaires , et on les regarde générale-
mules par André. (Voyez A mhroscopiral description af the eyes of lhe
31oiiocuhis Polyphemus.PhWos. Trans., 178a!, vol. 7'Z, p. 4/|0, tab. 16).
Swammerdani paraît aus.si le.s avoir .aperçus dans le Pagure (Voy..ses
observations sur le Bcrnard-rHermite. Collection académitiue , partie
étrangère, t. V, p. i3o) ; et Cavoliui, dans l'Éerevisse (A/emonn siiUa
generazione ilci Pesci e ilci Granchi )- Mais c’est à M. Muller qu’on eu
doit une connaissance plus approfondie ( Op, cit. , et Ann. des sc.
nat. , t. XVII.)
(l) PI. 12, lig. 7, n, et lig. 8.
(a) PI. 12, lig. 8, i.
(3) M. Strauss pense, au contraire, que dans les yeux à facettes ce
sont les cristallins qui, en se réunissant, forment la cornée; mais
il ne paraît pas avoir aperçu les corps coniques. ( Op. cit, , p. 4i O-
DES CRUSTACES.
» ‘9
ment comme étant des brandies terminalesdu nerf opti-
que; mais un examen attentif de l’œil du Homard m’a
fait concevoir quelques doute sur cette détermination ;
le bulbe du nerf optique ne m’a paru présenter réelle-
ment aucune division ; il m’a semblé se terminer par
une surface offrant une multitude de petites facettes
tapissées de matière colorante et en rapport avec la
substance vitrée qui remplit toute la portion infé-
rieure des cellules oculaires. C’est aussi l’opinion que
M. de Blainville paraît s’étre formée d’après la dissec-
tion des yeux de la Langouste (i) ; mais, pour résou-
dre complètement ce point délicat de l’anatomie des
Crustacés , il faudrait peut-être des observations plus
décisives.
Chez d’autres Crustacés, tels que les Idotées, le
mode d’organisation des yeux paraît dépendre d’une
modification différente des yeux composés à cornée
lisse ; la disposition de la masse oculaire est essentiel-
lement la même que dans les yeux à facettes, seule-
ment la cornée commune présente au devant de cha-
que cristallin ( ou cône transparent ) un renflement
circulaire qui ressemble un peu à une lentille qui se-
rait enchâssée dans cette tunique. Ces renflemcns sont
bien distincts, et dans l’espace qui les sépare on n’a-
perçoit aucune ligne qui correspondrait aux cellules
tubiformes placées au-dessous (2).
Au premier abord on pourrait croire que ces renlle-
mens lenticulaires sont les analogues des cornéules
des yeux à facettes , qui , dans ces derniers organes ,
se seraient élargis de façon à se toucher et à prendre
(l) Principes d’anatomie comparée, t. ni,p. 434)-
(•2) PI. 12, fig. 4-
120 HISïOniE NATO K ELLE
une forme hexagonale ; mais il n’en est pas ainsi , car
si l’on poursuit cette étude de l’appareil optique chez
d’autres Crustacés , on ne tarde pas à rencontrer des
exemples de l’existence simultanée de cornéules et de
renflemens lenticulaires bien distincts. Les yeux des
Callianasses nousont présenté cette structure de la ma-
nière la plus facile à constater , car les renflemens len-
ticulaires et les cornéules sont tous parfaitement visi-
bles, et les premiers , qui sont assez petits , n’occupent
que le centre du cadre formé par les bords des se-
conds (i). On les retrouve chez un grand nombre de
Brachyures, mais en général les renflemens lenticu-
laires occupent presque toute l’étendue de la cor-
néule, de façon que leur contour se confond un peu
avec les bords de celle-ci (2).
Dans la plupart des cas ces renflemens lenticulaires
paraissent s’étre développés dans la substance de la
cornéule, mais quelquefois on peut l’en distinguer:
dans les yeux d’un Crabe maculé nous avons trouvé
au-dessous des facettes de la cornée une couche assez
facile à détacher, et formée par une réunion de ces
lentill es, qui a leur tour recouvraient les cristallins
coniques (3).
Nous voyons donc que la structure des yeux des
Crustacés se complique déplus en plus à mesure qu’on
s’élève dans la série de ces êtres, et que ces modifica-
tions dépendent principalement : i®. de l’aggloméra-
tion d’un nombre plus ou moins considérable d’yeux
simples en une seule masse ; 2°. de la formation d’une
(I) PI. 12 , fig. 5.
(a) PL 12, lig. 6.
(3) PI. 12, fig. 6, a.
131
DES CRUSTACÉS.
cornée particulière pour chaque œil ; 3". de la forma-
tion d’un renflement lenticulaire entre la cornée com-
mune et le cristallin ; de l’existence simultanée
d’une cornée propre et d’un renflement lenticulaire.
Les yeux simples et les yeux composés existent
quelquefois chez le même Crustacé ; dans le Cyame ,
par exemple, on trouve deux yeux lisses et deux
yeux composés à facettes , et dans la Limule trois
ste- .mates et deux yeux composés à facettes. Dans
l’Apus il existe deux stemraatcs et un œil composé .à
cornée lisse ; mais , dans l’immense majorité des cas ,
il n’y a que des yeux composés , dont la disposi-
tion varie. Leur nombre est en général de deux , quel-
quefois ils ne forment qu’une seule masse , de façon
que l’animal ne paraît avoir qu’un seul œil. Dans
les Daphnies , par exemple, les stemmates agglomé-
rés forment d’abord deux masses oculaires, ou yeux
composés à cornée lisse , mais par les progrès de
l’âge ces deux yeux s’unissent et ne forment plus
qu’un seul œil. Les stemmates sont immobiles et
sessiles, c’est-à-dire implantés immédiatement sur
la surface du corps et peu élevés au-dessus au moyen
d’un pédoncule ou d’une tige cornée ; il en est en gé-
néral de même pour les yeux composés à cornée lisse ;
mais quelquefois la masse oculaire formée par chacun
de ces organes est mobile, et il arrive même quelle est
placée à l’extrémité d’une saillie également mobile; les
Daphnies sont dans le premier cas ; leur œil ne fait pas
saillie au dehors, mais est pourvu de muscles desti-
nés à le mouvoir; et chez lesNébalies, ces organes
sont saillans et ne tiennent au reste du corps que par
un pédoncule articulé de manière à permettre leurs
mouvemens. 11 en est de même pour les yeux à facettes,
HISTOIRE NATURELLE
dont le nombre est toujours de deux ; chez les Edrioph-
thalmes ils sont sessiles et immobiles (i) , tandis que
chez tous les Décapodes (2) et les Stomapodes (3)
ils sont placés sur deux tiges mobiles qu’on peut re-
garder comme les membres du premier anneau cé-
phalique. Enfin , chez un grand nombre de ces ani-
maux , il existe entre le bord de la carapace et la base
des antennes externes une cavité orbitaire dans la-
quelle l’œil se reploie de manière à se mettre à l’abri
de toute injure. Quant à la forme générale des yeux
a facettes, elle est en général légèrement convexe
et à peu près circulaire chez les Édriophthalmes , tan-
dis que chez les Décapodes elle se rapproche le plus
souvent d’un sphéroïde ; leur couleur varie aussi sui-
vant les espèces.
Le mécanisme de la vision a été peu étudié chez
les animaux articulés. Dans les yeux lisses ou stem-
mates , la marche de la lumière doit être à peu près
la même que dans les yeux des animaux vertébrés , et
surtout des Poissons , où le cristallin agit à la manière
d une lentille, et rassemble les rayons lumineux dans
un point donné delà surface du nerf situé derrière lui ;
il en est probablement à peu près de même dans les
yeux comjiosés à cornéules lentifères; mais, dans les
yeux à facettes simples ( ceux où il n’y a point de
renflement lenticulaire), il paraîtrait que les cônes
transparens formés par les cristallins et les cellules
tubiformes situées au devant du nerf, n’agissent ni
comme un instrument de dioptrique, ni comme un
(1) PI. I , fig. 2.
(2) PI. 3, fig. I.
{3)Pl.;i,fig. I.
DES CUD5TACES.
123
iipp.'ireil de catoptrique , et ne servent qu’à rendre
l’impression de la lumière jaIus nette, en isolant les
rayons perpendiculaires de ceux qui arrivent dans
d’autres directions.
Les Crustacés, ou du moins ceux des ordres su-
périeurs , jouissent aussi du sens de l’ouïe ; les expé-
riences de Minasi (ij, ainsi qu’une foule d’observa-
tions journalières, en fournissent la preuve, et cliez
un grand nombre de ces animaux il existe un petit
appareil qui paraît être le siège de cette faculté.
Cet organe est placé à la face inférieure de la tête,
au devant de la bouebe, et en arrière des an-
tennes de la seconde paire, ou bien dans le pre-
mier article basilaire de ces antennes elles -memes.
Dans l’Ecrevisse, comme on le voit d’après les re-
cberclies de Scarpa , il existe dans ce point , de
chaque côté du corps , un petit tubercule osseux
dont le sommet présente une ouverture circulaire qui
est fermée par une membrane mince, élastique et
tendue , qu’on a comparée au tympan , ou à la mem-
brane de la fenêtre du vestibule des animaux supé-
rieurs (2); derrière cette membrane, et dans l’épaisseur
du tubercule, on trouve une petite vésicule membra-
neuse qui est remplie d’un liquide aqueux , et reçoit du
côté interne et supérieur un filet nerveux provenant du
nerf antennaire. Enfin, le tout est recouvert d’une es pèce
degâteau tommenteuxdont Scarpane fait pasmention,
et dont les usages pourraient bien n’avoir aucun rapport
avecl ouïe, quoique des liens étroits l’unissent a l’or-
(1) Disseytazîone di timpatictti dell'udito scoverti net Grnnchio Paguro^
etc. , in-8<>., NapoH, 1775.
(2) lu. 12, fig. II.
124 HISTOIRE NATURELLE
gane dont nous venons de parler (i). Chez la Langouste,
le milieu de la membrane qui bouche l’ouverture ex-
terne du tubercule auditif, est occupé par une ouver-
ture qui communique avec l’organe en forme de galette,
dont il vient d’être question , et chez la plupart des
Brachyures elle est remplacée en totalité par un petit
disque osseux plus ou moins mobile. Dans le Mîiïa
et quelques autres Crustacés à courte queue, la dis-
position de cette espèce d’opercule est très-curieuse (2) j
nous avons constaté , M. Audouin et moi , que de son
bord antérieur il naît une lame osseuse assez large ,
qui s’en sépare à angle droit, se dirige en haut vers
l’organe, en forme de galette, et se termine en pointe;
près de sa base, ce prolongement lamclleux est percé
par une grande ouverture ovalaire, et cette espèce de
fenêtre est bouchée par une membrane mince et élas-
tique, que nous appellerons la membrane auditive in-
terne , et près de laquelle le nerf auditif paraît se
terminer; de petits faisceaux musculaires se fixent au
sommet de la lame osseuse , qui naît ainsi du disque
operculaire du tubercule auditif, et qui , par sa forme,
rappelle un peu l’étrier de l’oreille humaine ; enfin ,
sur le bord antérieur de la fenêtre extérieure qui est
bouchée par ce disque, il s’élève aussi une petite la-
melle osseuse qui est parallèle à la membrane auditive
interne ; et, lorsque le muscle antérieur de l’osselet se
contracte de manière à renverser légèrement tout ce
petit appareil en avant , la membrane dont nous
venons de parler s’appuie sur ce prolongement et
se tend de plus en plus. D’après les recherches faites
(i) PI. 13 , lig. 9 , n. C’est cet organe dont il a déjà été question
à l’occasion de l'odorat.
(3) PI. 12, Kg. 10.
DES CRUSTACÉS. laG
p-nr M. Savart, sur la transmission des sons, on sait
que l’existence d’une ouverture bouchée par une mem-
brane mince et élastique, est une des circonstances
les plus propres à augmenter la finesse de louïe ; ce
savant a observé que des lames de carton qui n’étaient
pas susceptibles de vibrer par influence, de maniéré
à déterminer la formation de figures régulières dans
le sable répandu sur leur surface, devenaient aptes .à
en produire lorsqu’elles étaient armées d’un disque
membraneux. Il est donc à présumer que l’espèce de
tambour que nous venons de décrire, ainsi que la
membrane auditive externe de l’Ecrevisse, servent à
communiquer au nerf auditif les vibrations qui leur
sont transmises , et qui n’affecteraient que peu , ou
même point, les parties voisines, si elles n’étaient pas
en communication directe avec ces membranes. Le
mécanisme au moyen duquel la membrane auditive in-
terne peut être alternativement relâchée ou tendue, est
analogue à celui qui est produit dans l’oreille humaine
par l’action de la chaîne d’osselets qui traverse la caisse
du tympan , et ses effets doivent être aussi de même
nature ; il doit servir à augmenter ou à diminuer
l’étendue des ondulations qu’exécute la membrane vi-
brante, et à modérer l’intensité des sons qui viennent
frapper l’oreille.
L’existence de la longue tige rigide, formée parles
antennes de la seconde paire et en communication
avec l’organe auditif, paraît être une autre circon-
stance de nature à faciliter la perception des sons ;
cette opinion avait déjà été émise par M. Strauss (i),
fl) Considérations générales sur l'anatomie , etc. , p. 419'
126
HISTOinE NATURELLE
et nous pnraît s’accorder très-bien avec divers résul-
lats obtenus par M. Savarl. En effet, ce ])liysicien a
constaté tjue, ])Our faire vibrer par influence des
corps qui n’en paraissent pas susceptibles , il suffirait
souvent d’y ajouter une tige très-élastique qui agît
alors à la manière du disque membraneux dont il a
déjà été cjuestion.
D’après ces détails , on voit que la structure de l’ap-
pareil auditif des Crustacés est très-simple. Le nerf
destiné à transmettre au cerveau l’impression pro-
duite par les son s, se termine près de la surface du corps,
dans une petite cavité remplie de liquide , et les on-
dulations sonores, venant du dehors , sont transmises
à ce liquide par l’intermédiaire d’organes dont les vi-
brations sont faciles àexciter.Tantôtla nature emploie
à cet usage des instrumens spéciaux, tels que les dis-
ques membraneux ; mais d’autres fois elle ne semble pas
avoir divisé ainsi le travail , et paraît confier ces fonc-
tions à des parties qui servent en même temps à
d’autres usaires.
O
§ II. Bu système nerveux.
En etudiant , dans la longue série des animaux ,
les parties au moyen desquelles ces êtres perçoivent
les impressions , on y remarque une suite de modifi-
cations analogues à celles que nous avons déjà signalées
en traitant de l’appareil tégumentaire et des organes
de la vie organique. Le système nerveux se présente
d’abord stius la forme d’un cordon qui s’étend dans
toute la longueur du corps ; chacune de ces parties
agit alors à la manière du tout, et , lorsqu’on divise
l’animal en plusieurs tronçons , chacun d’eux continue
DES CHUSTACÉS. lay
à sentir et à se mouvoir comme il le faisait lorsque
le corps était entier. Un degré de plus dans Ja divi-
sion du travail amène la localisation de la faculté de
percevoir la sensation, et de plusieurs autres actes
dans des parties déterminées de ce système, dont
l’existence devient alors nécessaire à l’intégrité des
fonctions auxquelles l’appareil en entier préside. Enfin,
chez des animaux plus parfaits, la sensibilité devient
plus particulièrement l’apanage de certains fibres mé-
dullaires ; la faculté de produire les mouvemens sous
l’empire de la volonté se concentre en quelque sorte
dans d’autres fibres du même système ; celle d’exciter
l’action de ces diverses parties se localise également
dans certains points de l’appareil nerveux , et celle de
coordonner les mouvemens est exercée par d’autres
instrumens. En un mot, toutes les parties de l’appa-
reil sensitif finissent par concourir d’une manière dif-
férente à la production des phénomènes dont l’ensem-
ble résultait d’abord de l’action de chacune d’elles.
Plus cette division du travail est portée à un haut
degré , plus les divers actes de la vie de relation se
perfectionnent, et en même temps plus la structure
de l’appareil nerveux devient compliquée ; car la di-
versité dans les fonctions de chacune de ses parties
coïncide avec une diversité non moins grande dans leur
organisation. Aussi, d’après la perfection ou l’imper-
fection des fonctions, on peut juger à priori du degré
de simplicité ou de complication des organes qui en
sont le siège ; et , d’après la structure plus ou moins
uniforme des diverses parties de l’appareil nerveux , on
peut deviner le degré de perfection ou d’imperfection
des actes quil est destiné à exécuter.
Les diverses formes sous lesquelles se montre le
128 HISTOIRE NATURELLE
système nerveux des Crustacés, sont autant d’anneaux
de la chaîne de modifications dont nous venons de
parler. Sa structure est d’abord semblable dans toute
la longueur du corps , et chacun des segmens est
jiourvu des mêmes parties médullaires ; mais peu à peu
les divers centres nerveux se réunissent entre eux , et
certains anneaux du corps ne présentent plus que des
filamcns conducteurs de la sensibilité et de l’influence
nerveuse , tandis que les organes , qui perçoivent les
sensations et réagissent sur tous les autres organes ,
se rencontrent dans un point assez circonscrit. Si l’on
se bornait à comparer entre eux les deux extrémités
de cette série, on pourrait croire que le système ner-
veux d’un Mata , par exemple (i) , et la longue chaîne
ganglionnaire de l’Ecrevisse ou du Homard (2) , sont
formés de parties dissemblables ; mais , en suivant les
degrés intermédiaires qui établissent pour ainsi dire
le passage entre ces deux modes d’organisation, on
voit qu’il n’en est ])as ainsi , et que ces difierences
dépendent presque uniquement de la centralisation
plus ou moins grande des divers élémens de certaines
parties du système nerveux.
De même que chez les Annélides, les Arachnides
et les Insectes , le système nerveux des Crustacés se
compose d’un certain nombre de nerfs qui viennent ,
de toutes les parties du corps , aboutir à des ganglions
ou masses médullaires qui sont liés entre eux par des
cordons de même nature. Ces ganglions occupent la
ligne médiane de la face ventrale du corps et forment
une chaîne plus ou moins longue. Enfin , on peut éta-
(I) PI. n, fis- 1-
;•-!) PI. U, fi g. 2.
DES CKUSTACiS. I2g
blir en principe, que la tendance générale de la na-
ture est de donner à chacun des anneaux du corps
une paire de ces ganglions; mais souvent leur nom-
bre apparent est moins grand , à cause de la réunion
de plusieurs en une seule masse , ou bien du développe-
ment excessif de quelques-uns d'entre eux , dévelop-
pement qui coïncide toujours avec l'état rudimentaire
ou même l’absence d’un certain nombre d’autres gan-
glions.
Parmi les Crustacés des ordres inférieurs que nous
avons examinés (i) , ce sont les Talitres qui nous ont
offert le système nerveux le plus simple et le plus uni-
forme. Le corps de ces animaux se divise en trois par-
ties assez distinctes, la tète, le thorax et l’abdomen ;
mais chacune d’elles est formée d’anneaux ou de tron-
çons qui ont entre eux la plus grande ressemblance, et
dont le nombre total est de treize. Ces divers segmens
présentent à leur face inférieure deux ganglions nerveux
placés sur les côtés de la ligne médiane, et réunis entre
eux par une petite commissure transversale (2) : chacun
de ces petits noyaux communique aussi avec celui du
segment qui le suit et qui le précède, à l'aide d’un cor-
don médullaire , et fournit un certain nombre de nerfs
qui vontse distribuer aux dilï’érentes parties du corps.
Le volume de ces ganglions diflère peu dans les divers
segmens ; au thorax , cependant, ils sont un peu plus
(1) Ces recherches sont communes à M. Audouin et à moi, et
forment le sujet d’un mémoire, lu à l’Académie des sciences, en
septembre 1827, et imprimé dans les Annales des sciences naturelles ,
. XI.
(1) Voyez le mémoire déjà Cité, Annales des sciences naturelles ,
t. XI, Pl. Il, (ig. I ; reproduit dans notre atlas, PI. ii, fig. i.
CnuSTACÏS , TOME I. g
l3o HISTOIRE NATURELLE
gros que dans l’abdomen. Enfin , ils sont tous un peu
aplatis et ont à peu près la forme d’un losange.
Il existe donc dans le Tiditre deux chaînes ganglion-
naires parfaitement symétriques, distinctes dans toute
leur longueur, réunies entre elles par des commissures
transversales, et ollrant partout une disposition essen-
tiellement la même. La première paire de ganglions ,
ou la céphalique, est remarquable par sa simplicité ,
et ne dilîère pas essentiellement des ganglions qui sui-
vent; elle est située, comme dans tous les autres ani-
maux articulés, au-dessus de Tcesophage, et fournit des
nerfs aux yeux et aux antennes : ces ganglions , que
l’on a désignés , mais peut-être à tort , sous le nom’de
cerveau, se continuent postérieurement avec les cor-
dons médullaires qui les unissent aux deux ganglions
du premier anneau thoracique, en passant sur les côtés
de rœsopliage, qu’ils embrassent. Ces derniers gan-
glions fournissent en dehors deux nerfs , dont l’un pé-
nètre dans la pâte correspondante, et dont l’autre
paraît se distribuer principalement aux muscles et
aux tégumens des parties latérales du corps. Les gcin-
glions des autres segmens présentent la même dispo-
sition ; seulement la distance qui les sépare nous a
paru plus grande dans l’abdomen qu’au thorax.
Dans le Cloporte , ainsi que l’a observe M. Cuvier(i),
la partie moyenne du système nerveux est également
formée de deux cordons ganglionnaires qui sont encore
distans l’un de l’autre, mais qui ne présentent pas
dans tous les segmens du corps la même uniformité
que nous venons de signaler chez le Talitre. En elïet ,
(i) Leçons (Vandiomic cümpavlic i t. H, p.
DES CRUSTACÉS. l3l
oulre la paire de ganglions céphaliques , on n’en
compte que neuf, dont les deux premières et les deux
dernières sont presque confondues ; et , comme chacun
le sait, les tronçons du corps de cet animal sont au
nombre de quatorze , dont six appartiennent à l’abdo-
men. Il en est à peu près de même dans le Cyame de
la baleine. Treviranus (i) a fait voir que chez cet ani-
mal singulier la partie moyenne du système nerveux
était formée de deux chaînes de ganglions, parallèles
et distinctes l’une de l’autre, tandis qu’aux extrémités
antérieure et postérieure, les deux noyaux latéraux
étaient unis, et que même en arrière ils formaient un
ganglion impair situé sur la ligne médiane et pour
ainsi dire accolé aux deux ganglions précédens.
Le système nerveux , examiné dans deux genres de'
Crustacés assez voisins (le Talitrc et le Cloporte), pré-
sente donc déjà deux modifications importantes : il s’est
raccourci et s’est rétréci , ou , en d’autres termes , il a
éprouvé un yrremicr degré de centralisation. Cette
sorte de tendance à diminuer en même temps de lar-
geur et surtout de longueur pour se grouper vers la
partie centrale du thorax de l’animal , est plus mani-
feste dans les Cimothoés (2) et dans les Phyllosomes.
Dans les Phyllosomes, on trouve, à la partie an-
térieure de la grande lame ovalaire qui porte les yeux ,
deux petits ganglions nerveux à peu près triangulaires,
et réunis entre eux par leur angle interne; ces petits
noyaux céphaliques fournissent en dehors les nerfs des
yeux et des antennes, et se continuent postérieure-
(1) f^crmtschlc schi-i/icn anntomiscltcK und phystologischi n îiihnlts ^
2 , B , I , [lalft.
(2) B). Il, iifc'. 2
9
iSa HISTOIRE NATURELLE
ment avec deux filamens nerveux très-fins et d’une
longueur remarquable ; ces filamens sont éloignés l’un
de l’autre d’environ deux lignes; ils se portent directe-
ment en arrière, embrassent l’œsopliage et vont se
réunir à la première paire de ganglions thoraciques ;
ceux-ci , de forme ovalaire et réunis entre eux sur la
ligne médiane , sont placés assez loin derrière la bou-
che , et fournissent deux paires de nerfs qui se dirigent
en avant. La seconde paire de ganglions est tout-à-fait
rudimentaire et accolée aux précédens ; ceux de la troi-
sième paire, au contraire , assez gros , fournissent des
nerfs qui vont aux appendices de la bouche ; ils sont
encore accolés l’une à l’autre. A ceux-ci succèdent six
paires de noyaux médullaires , semblables aux précé-
dens par leur forme et leur disposition ; mais, au lieu
de se confondre sur la ligne médiane , ils sont distans
entre eux , et ceux d’un côté du corps ne paraissent
communiquer avec ceux du côté opposé qu’à l’aide de
la commissure transversale , comme cela a lieu dans le
Talitre. Les cordons inter-ganglionnaires sont assez
gros et extrêmement courts , en sorte que les masses
nerveuses qu’ils unissent se touchent presque ; enfin
chacun de ces ganglions fournit deux nerfs qui vont se
rendre à la pâte correspondante. Aux ganglions tho-
raciques succède une série de six paires de noyaux
nerveux unies par des filamens inter-ganglionnaires
très- grêles, et d’autant plus courts qu’ils sont plus
postérieurs : ces ganglions sont arrondis , très-petits,
accolés l’un à l’autre sur la ligne médiane , et ils en-
voient chacun deux nerfs aux appendices de l’ab-
domen.
Le Phyllosome nous présente donc un système ner-
veux dont les élémens sont «en partie rajiprochés les
DES CRUSTACÉS. l33
uns des autres ; c’est une sorte de centralisation plus
grande que dansles animaux dont nous avons déjà par-
lé ; car les ganglions de droite et de gauche ne restent
distans que dans une portion du thorax , tandis qu a
la tète et dans toute l’étendue de l’abdomen ils sont
réunis sur la ligne médiane.
En examinant le système nerveux du Cimothoé, on
trouve que les deux chaînes de ganglions ne sont plus
distinctes comme dans les Crustacés précédemment
étudiés (i). Les deux ganglions céphaliques sont unis
entre eux parleur angle interne , de manière a consti-
tuer une seule masse ; mais la forme quelle présente
indique évidemment son origine. A.ux autres anneaux
du corps les deux noyaux médullaires sont au contraire
entièrement confondus, et constituent autant de pe-
tites masses circulaires situées .sur la ligne médiane du
corps ; mais les cordons de communication qui servent
à les unir entre eux pour former une chaîne continue,
restent isolés ; en sorte qu’entre chaque noyau médul-
laire il existe deux troncs de communication parallèles
et accolés l’un à l’autre. Du reste, le système nerveux
de ce Crustacé ne présente rien de remarquable , si ce
n’est le rapprochement et la petitesse comparative des
cinq derniers ganglions ; état qui correspond au peu de
développement des segmens correspondans de l’abdo-
men. L’Idotée présente une disposition semblable.
Le système nerveux du Cymothoé et de l’Idotée
offre donc déjà de grandes différences lorsqu’on le com-
pare à celui des Talitres •, mais nous allons voir qu à
mesure que nous examinerons des espèces d’une orga-
(I) PI. U, fig. a.
HlSTOÏhE SATUBELLE
nisatioii plus compliquée, ces tliflérences deviendront
encore plus grandes , et que la tendance des ganglions
à se grouper et à se confondre sera de plus en plus sen-
sible.
Le système nerveux du Homard semble établir le
passage entre les Crustacés des ordres inférieurs et
ceux dont la structure est plus compliquée. Ici (i), de
même que dans les Ampbipodes et les Isopodes précé-
demment décrits, le système nerveux consiste en une
chaîne de ganglions qui occupe toute la longueur
du cor])s ; les masses ganglionnaires sont au nombre
de treize, et chacune d’elles laisse apercevoir sur la
ligne médiane des traces de divisions plus ou moins
distinctes ; les cordons qui les unissent sont doubles
dans toute l’étendue du thorax ; mais dans l’abdomen
ils sont unis de manière à ne former qu’un seul tronc
qui occupe la ligne médiane.
Le ganglion céphalique , dont la forme est presque-
quadrilatère , est situé immédiatement en arrière et
au-dessous des yeux (2). Presque toute l’étendue du
bord antérieur decette masse médullaire est occupée par
1 insertion des nerfs optiques; leur volume est assez
tonsidérable , et iis se portent obliquement en dehors
et en avant pour pénétrer dans les pédoncules ocu-
laires. Là , ils se renflent bientôt, de manière à former
une espèce de ganglion ovoïde , assez gros , dont l’ex-
trémité antérieure passe à travers le trou situé au
centre d’un diaphragme membraneux que l’on pour-
rait comparer à la sclérotique (3).
(1) PI. Il, llg. 3 et 4.
(!) PI. Il, fig. 3 : — ft, gMiiglion cépliaiiqne; — b, nerf optique;
— c , nerf auteniiaire ; — d, nerfs aiUeiinulaires.
(3; PI. 12, lig. 8.
DES CBUSTACÉS. l35
Immédiatement derrière l’origine des nerfs opti-
ques , on voit naître du ganglion céphalique deux au-
tres filets nerveux très-grêles qui sont accolés aux
premiers , pénètrent avec eux dans les pédoncules des
yeux , et vont se distribuer principalement aux mus-
cles de ces oi’ganes.
En arrière et au-dessous de cette seconde paire de
nerfs, qu’on pourrait par analogie appeler moteurs
oculaires , naissent ceux qui vont aux antennes in-
ternes ; ils se portent d’abord en dehors, puis se re-
courbent en avant, pénètrent dans le pédoncule de ces
antennes , et fournissent un rameau assez considérable
qui marche en dehors pour se rendre aux muscles
moteurs de ces appendices. Ces troncs nerveux, qu on
pourrait appeler antennulaires , pénètrent ensuite
dans le second article de l’antenne , puis dans le troi-
sième, et, après avoir envoyé des branches auxmuscles
renfennés dans chacun d’eux, sedivisent en deux ra-
meaux qui s’introduisent dans les filets terminaux de
ces appendices.
La quatrième paire de nerfs céphaliques naît au-
dessus des précédens, sur les parties latérales du gan-
glion; le volume de ces troncs nerveux est assez con-
sidérable; ils se portent en dehors et en haut, se
divisent en plusieurs branches et paraissent se distri-
buer uniquement aux membranes tégumentaires de
l’extrémité antérieure de l’animal.
Enfin une cinquième paire de nerfs , plus gros que
ces derniers, naît en arrière, et un peu au-dessous
d’eux. Ces nerfs antennaires se dirigent d abord en
bas , en dehors et en arrière , fournissent une branche
externe qui se rend à l’appareil de 1 ouïe apres avoir
donné un rameau à im organe particulier en forme
l36 JlISTOlr.E NATÜUELLE
de gâteau qui recouvre loreillc. Bientôt après la
naissance de cetle branche auditive , le tronc ner-
veux lui-même se contourne en avant , pénètre dans
l’antenne externe , envoie des rameaux aux divers
muscles qui y sont logés, et ne se termine que dans
le prolongement corné qui constitue le dernier article
de ces appendices.
Les deux cordons de communication qui unissent le
ganglion céphalique au premier ganglion thoracique ,
naissent du bord postérieur du premier, s’écartent un
peu 1 un de 1 autre, passent sur les côtés de l’œso-
phage, en l’embrassant, pénètrent dans le canal ster-
nal , et, après un trajet assez long, arrivent au pre-
mier ganglion thoracique. Sur les parties latérales de
l’œsophage, chacun de ces cordons médullaires pré-
sente un petit renflement d’où naît un nerf qui, ainsi
que M. Cuvier l’avait observé dans l’Écrevisse, se
porte directement en dehors , et se rend aux muscles
des mandibules ; mais une chose qui , jusqu’ici , paraît
avoir échappé aux anatomistes, c’est l’existence des
nerfs gastriques qui sont également fournis par ces
cordons de communication dans le même point que
les précedens. Aussitôt après leur origine, ces nerfs
gastriques se courbent en bas et en dedans , passent
sous le cordon inter-ganglionnaire , remontent sur les
parties latérales de l’œsophage, fournissent un grand
nombre de rameaux qui s’anastomosent entre eux , et
forment un lacis sur les parois de l’estomac; enfin ils
se recourbent en avant et vont s’unir entre eux sur
la ligne médiane; le tronc unique qui en résulte passe
entre les deux muscles antérieurs de l’estomac, se
dirige en arriéré et se ramifie sur ce viscère, sur ses
muscles et sur les parois du canal intestinal.
DES CnUSTACÉS. 1 Sj
Immédi.atement en arrière de l’œsophage , les deux
cordons inter-ganglionnaires sont unis entre eux par
une sorte de bride fort curieuse , et dont l’existence
n’a été mentionnée dans aucun Crustacé. A l’origine
des nerfs gastriques, on aperçoit dans ces cordons un
petit renflement que l’on peut considérer comme le
vestige d’une paire de noyaux médullaires aptparte-
nant au segment rnandibulaire du corps, et, si cela
était , le barage dont nous venons de parler serait la
commissure de ces ganglions.
Le premier ganglion thoracique est évidemment for-
mé de plusieurs noyaux médullaires (i) ; ilfournit, par
son extrémité antérieure, i“. un cordon assez gros qui se
div ise en deux branches ; l’une, interne , pénètre dans
la mandibule ; l’autre se rend aux muscles de cet ap-
pendice, situés sur les côtés de l’estomac; 2°. un ra-
meau assez grêle qui se rend à l’organe que nous avons
mentionné comme recouvrant l’appareil auditif, et aux
tégumens voisins ; 3". un rameau C£ui pénètre dans la
première mâchoire; 4°- un nerf qui , après s’être divisé
en deux branches, se rend à la deuxième mâchoire ;
et 5°. un nerf assez gros qui se porte en haut, passe
dans les cellules des flancs , puis se divise en deux
branches qui longent le bord supérieur de la voûte des
mêmes parties, et se distribuent aux muscles et aux
tégumens voisins. De la face inférieure de ce ganglion
naissent deux paires de nerfs appartenant aux deux
premières paires de pates-mâchoires ; enfin sa portion
postérieure et latérale fournit une paire de nerfs très-
grêles qui se distribuent aux muscles logés dans le
(:) PI. n, fig. 3, g.
UISTOIBE WATURELLE
138
thorax , et deux paires de nerfs qui se divisent en un
grand nombre de branches, et appartiennent aux troi-
sièmes pates-mâchoires.
Vers le milieu des cordons qui unissent ce premier
ganglion thoracique au suivant, naissent deux fîla-
mens nerveux qui se portent directement en haut ,
sortent du canal sternal, et vont se perdre dans les
muscles du thorax (i). j
Le second ganglion thoracique (2) correspond à la
première paire de pâtes ambulatoires, et fournit de
chaque côté deux cordons nerveux. Il en est de même
des quatre ganglions suivons, en sorte que chaque pâte
est pourvue de deux branches nerveuses ; mais il est
à remarquer que, vers l’extrémité de l’article basi-
laire de ces appendices , ces deux nerfs se réunissent
en un seul tronc. De ces deux nerfs , le postérieur
est le plus gros , et fournit des rameaux aux tégumens
et aux muscles de l’article basilaire des pâtes -, l’anté- 1
rieur paraît envoyer principalement des filets aux
muscles situés dans les cellules des flancs. Après ,
s’être réunis en un seul tronc , ils pénètrent jusqu’à '
l’extrémité des pâtes, en fournissant un grand nom-
bre de rameaux aux muscles de chacfue article.
Les g.anglions abdominaux (3) sont beaucoup moins
gros que ceux du thorax j chacun d eux , a l’exception
du dernier , fournit deux paires de nerfs : l’une se
porte directement en dehoi’s , et pénètre dans les ap-
pendices correspondons; l’autre se distribue aux mus-
cles de l’abdomen. Les cordons qui unissent les gan- 1
(O PI. i3, (ig. 3, /.
(2) PI. Il, lig. I , h.
(3) PI. 11, fig. 4.
I
DES GBÜSTACÉS.
glions abdotniDaux sont simples, ainsi que nous la-
vons déjà dit ; et, de même qu’au thorax , chacun
d’eux fournit deux petits filets nerveux qui se portent
en dehors et en haut, pour se ramifier dans les mus-
cles de la partie médiane et supérieure de l’abdomen.
Enfin le dernier ganglion, situé au niveau des ap-
pendices de la queue , donne naissance à quatre paires
de nerfs qui se rendent au dernier article de l’abdo-
men et aux diverses parties de la queue.
D’après les détails que nous venons de rapporter,
on voit que le système nerveux des Talitres, des
Cloportes, des Phyllosomes et des Cimothoés, ainsi
que celui du Homard , est formé de parties essentiel-
lement les mêmes, mais qu’il présente cette différence
remarquable que les deux moitiés latérales delà chaîne
ffandionnaire sont d’abord distantes l’une de l’autre ;
quelles se réunissent ensuite sur la ligne médiane,
de telle sorte que les ganglions forment des masses
impaires , tandis que les cordons inter-ganglionnaires
ou de communication restent encore distincts, c[u en-
fin ces cordons eux-mêmes s’accolent l’un à 1 autre,
puis SC confondent pour ne former qu un taisceau
unique ; et que dans certaines espèces ces deux états
des cordons inter-ganglionnaires s’observent chez le
même individu, suivimt qu’on étudie son thorax ou
son abdomen.
11 nous reste à prouver maintenant que cette soi te
de centralisation du système nerveux na ]ias lieu
seulement dans le sens transversal ; mais (ju elle se fait
aussi suivant la loneueur de l’animal , de telle sorte
que la ligne , souvent très-longue , que forme le cor-
don nerveux , se raccourcit successivement , et qu un
plus ou moins grand nombre de noyaux ganglionnai-
ï4o H/STOIRE NATURELLE
res se réunissent pour constituer en dernier lieu une
seule masse médullaire.
Nous avons vu que, dans le Talitre, tous les gan-
glions étaient situés à des distances égales, et for-
maient une chaîne étendue d’une extrémité du corps
à l’autre. Il en est encore à peu près de même dans le
Homard; mais si Ion examine le Palémon, on y
trouve sous ce rapport des différences qu’il importe
de noter.
La disposition du ganglion céphalique et des gan-
glions abdominaux , est essentiellement la même chez
le Palémon (i) que dans le Homard ; mais au thorax,
les ti'ois dernières paires de ganglions sont rappro-
chées au point de sc confondre et de former une seule
masse médullaire allongée, et divisée sur la ligne mé-
diane par une petite fente. 11 en résulte que les nerfs
des trois dei’nieres pâtes, au lieu de se porter direc-
tement en dehors, se dirigent très-ohliquement en
arrière , et représentent une sorte d’éventail. Le gan-
glion qui correspond à la seconde paire de pâtes,
est distinct et lié a la masse dont nous venons de
parler, ainsi quau ganglion qui le précède, par un
cordon de communication assez gros et impair. En-
fin, les ganglions qui correspondent à la première
paire de pâtes ambulatoires et aux pates-mâchoîres ,
sont confondus en une seule masse nerveuse. Ces dé-
tails seraient difficiles à apercevoir sur les petits Pa-
lémons de nos côtés , mais nous les avons observés sur
une espèce de grande taille de l’Océan indien.
Le rapprochement des ganglions nerveux est porté
(i) jànnalcs des sciences naturelles , t. XI, PI. 4i tig. 3.
DES CRUSTACÉS. l4l
encore plus loin clans la Langouste ; car tous les noyaux
médullaires du thorax sont comme soudés ensemble :
la masse c[ui en résulte est allongée et perforée posté-
rieurement sur la ligne médiane pour le passage de
l’artère sternale ; on peut encore y distinguer la trace
des divers ganglions qui la constituent. Enfin , les nerfs
f|ui naissent soit de la partie antérieure , soit de l’ex-
trémité postérieure de ce centre nerveux , se dirigent
obliquement en dehors pour gagner les appendices
correspondans. Du reste, la disposition du ganglion
céphalique , des ganglions abdominaux et de tous les
nerfs est essentiellement la même que dansle Homard .
Dans les Homoles , et quelques autres Anomoures,
la centralisation du système nerveux est portée encore
plus loin que dans les Langoustes , et s’accompagne
de l’état presque rudimentaire de toute la portion
abdominale de la chaîne ganglionnaire; dans le tho-
rax, on voit une masse nerveuse ovalaire et allongée,
de la partie postérieure de laquelle part un tronc
médian qui ne présente pas de ganglions (i).
Le mode d’organisation que nous venons de décrire
établit évidemment le passage entre le système ner-
veux du Homard et du Carcin ( Cancer mœnas L. ).
Dans ce dernier , comme l’a observé M. Cuvier (2) , les
cordons nerveux venant du ganglion céphalique se
continuent jusqu’au milieu du thorax, où ils rencon-
trent une masse médullaire, ovale, évidée au centre,
et ayant la forme d’un anneau, du pourtour duquel
partent tous les nerfs des appendices du thorax , ainsi
(l) Recherches sur l'orgauisutiou et la clnssijlcatioa des Crustnees
Décapodes. Ann. des sc. nat. , t. XV.
(’.i) Leçons d’analomie comparée, t. Il, p. 3i4’
IIISTOIIIE NATITREELE
142
qu un cordon unique qui occupe la ligne médiane de
l’abdomen. En comparant cette disposition à celle que
nous avons signalée dans les Homoles, on voit que
les diliérences dépendent seulement d’un degré de rap-
prochement de plus entre les divers noyaux médul-
laires du thorax : ces ganglions ont acquis ici un déve-
loppement plus considérable et se sont unis plus inti-
mement entre eux; quelquefois, cependant , on peut
encore distinguer des traces légères de leur jonction.
Enfin , le tronc nerveux impair de l’abdomen ne pré-
sente ]>oint de renllemens ganglionnaires comme dans
les Décapodes macroures, et cette disposition est en
rapport avec l’état presque rudimentaire de cette
partie du corps.
Dans le Maïa (i), la centralisation du système ner-
veux est portée à son plus haut degré; car il n’existe
plus que deux masses nerveuses : le ganglion céphali-
(pie et le ganglion thoracique , dont tous les élémens
sont entièrement confondus. Le ganglion céphalique
ne difière guères de celui du Homard; il est ova-
laire, et fournit cinq paires de nerfs ; les deux pre-
mières paires pénètrent dans les pédoncules oculaires ;
le nerf optique est beaucouj) plus long que dans le
Homard; le moteur oculaire ne présente rien de re-
niarc|uahle. 11 en est de même des nerfs qui se ren-
dent aux antennes internes et qui naissent de la face
inférieure du ganglion céphalique , près de son bord
externe : la quatrième paire, plus grosse que les au-
tres, se ramifie dans les membranes tégumentaires.
Enfin la cinquième, qui appartient aux antennes
(I) l’I. Il, tig. 5: — a, ganglion céphalique: — i, ganglion
thoracique ; — c , cordon ncrvcnix de l'abdomen.
DES CRUSTACÉS.
externes , est assez grêle. Les deux cordons nerveux
t[ui naissent tlu bord postérieur du ganglion céphali-
que et qui l’unissent à la masse médullaire du tlrorax ,
fournissent des nerfs qui se distribuent aux muscles
des mandibules et aux parois de l’estomac. L’un de
ceux-ci est remarquable; car, en se réunissant avec
celui du côté opposé , au devant de l’estomac , il pré-
sente un petit renflement ganglionnaire d’où part un
long nerf récurrent , impair , qui se porte sur la face
supérieure du tube digestif(i). Cette disposition rap-
pelle celle du système nerveux de certains Insectes ,
où il existe , au-dessus de l’estomac , une petite chaîne
de ganglions formée par la réunion de deux nerfs ré-
currens. Après avoir embrassé l’œsophage , les deux
cordons inter-ganglionnaires sont réunis de même que
dans le Homard , la Langouste , etc. , par une com-
missure transversale ; eitün vers le milieu du thorax
ils rencontrent la seconde masse médullaire et s’y in-
sèrent. Celle-ci ne représente plus un anneau ; jjiais
elle constitue un noyau solide, circulaire et un peu
aplati, d’où partent en rayonnant tous les nerfs du
thorax et de l’abdomen : ces faisceaux médullaires sont
au nombre de neuf de chaque côté, et de plus il en
existe un placé sur la ligne médiane. La première
paire , assez grêle et accolée aux cordons de commu-
nication qui forment une sorte de collier autour de
l’œsophage, se divise en plusieurs rameaux , et se dis-
tribue aux mandibules et aux mâchoires proprement
dites. La seconde paire de nerfs thoraciques se rend
aux deux premières pates-mâchoires , et la suivante a
la troisième. La c[uatriènie paire, assez grosse, se
(I) PI. Il , fig. 5, d.
*44 HISTOIRE naturelle
porte obliquement en dehors et en avant , passe dans
1 échancrure situee à la hase de l’aileron des flancs , et
va se ramifier sur les nicmhranes tégumentaires qui
tapissent la voûte de la cavité respiratoire : les cinq
paires suivantes se distribuent aux pâtes ambulatoires
correspondantes. Presque aussitôt après leur origine,
ces nerfs pénètrent dans les cellules inférieures des
flancs, et s’y divisent en deux branches ; l’une conti-
nue de se porter en dehors et peut être suivie jusqu’à
l’extrémité de la pâte; l’autre traverse le trou inter-
cloisonnaire, pénètre dans la cellule des flancs située
au-dessus, se recourbe en dedans , et va se distribuer
aux muscles de cette partie. Quant au nerf impair ou
ahdomin.al, il ne présente rien de remarquable.
11 nous serait facile maintenant de multiplier les faits
relatifs au système nerveux des Crustacés, en citant
le très-grand nombre d’espèces que nous avons eu oc-
casion d observer (i) ; ra.iis ces travaux de détails n’a-
(1) On Woilverii .lussidaiis les écrits de divers .anatomistes une des-
cription plus ou moins complète du système nerveux dans quelques
autres Crustacés. Willisa dit quelques mots de ce sy.stcme chez LK-
ctevisse ( Ve anima hrtuontni , eap. III ) , et Swammcrdam l’a étudié
avec soin chez le Pagure ( Description du coquillage nommé Bct-
nard-1 Hcrmite . dans la Collection académique , partie étrangère ,
t. V, et dans la SMia naturœ ). On voitaussi, dansune des planches
de Kœscl , la portion abdominale du cordon ganglionnaire de l’Écre-
visse ; mais cet auteur l’a considéré comme un vaisseau sanguin.
(Ver hisectcn belusUgung. 3 t/i., p. Sa.'} ). Plus tard , le célèbre Scarpa
a examine le mode de distribution des nerfs de 1 Ecrevisse, à l’oc-
casion des recherches importantes qu'il a faites sur l’organe auditif
de ces animaux ; et, il y a quelques années , M. Cuvier a décrit,
avec bien plus de précision et de détails qu’on ne l'avait fait avant
lui , la disposition du système nerveux des Crustacés , tel qu’on le
voit dans l’Écrevisse, la Squille, l’Apus, et quelques autres espèces
dont il a déjà été question (Lee. d'anat. camp. , tom. II, p. 3i4).
Énlin Treviranus, comme nous l’avons déjà dit, s’est occupé der-
DES CRUSTACÉS. l4f»
jouteraient que peu de chose à la connaissance générale
que nous avons acquise.
En eflet, nous croyons avoir donné des exemples
bien choisis qui montrent les changemens principaux
qu’éprouve le système nerveux dans cette grande classe
d’animaux , et les résultats qui en découlent sont fa-
ciles à saisir.
Nous voyons que le système nerveux , dont la dis-
position est si différente aux extrémités de la série de
ces Crustacés , présente réellement dans tous ces ani-
maux la plus grande analogie. Partout il est formé ,
pour ainsi dire, des mêmes élémens qui, isolés et
uniformément distribués dans toute la longueur du
corps chez les uns , présentent chez les autres divers
degrés de centralisation , d'abord de dehors en dedans,
ensuite dans la direction longitudinale. Enfin ce rap-
prochement dans tous les sens est porté à son extrême
lorsqu’il n’existe plus qu’un noyau unique au thorax.
En dernier résultat , le système nerveux des Crus-
tacés nous présente partout une uniformité de com-
position remarquable , et toutes les difîérences impor-
tantes que nous avons rencontrées en parcourant la
série de ces animaux, ne sont évidemment que des
modifications dépendantes d’un degré plus ou moins
grand de rapprochement et de centralisation de parties
similaires , ou de la disparition d’un certain nombre
des noyaux médullaires primitifs , lorsque d’autres
prennent un grand développement.
Ces résultats s’accordaient parfaitement avec les
principes queM. Serres avait déduits de ses recher-
nièrement du même appareil dans le cyame de la Baleine. Tels sont
le.s principaux travaux nue nous croyons davoir rappeler.
CRUSTACÉS, TOME I. lO
HISTOIRE naturelle
146
tlics silr le système nerveux d’autres animaux , et
sur l’embryogénie en générale. Ce savant avait été
conduit à conclure que cette tendance à la centralisa-
tion était une des lois de l’organisation , et que le
système nerveux , en se développant, devait présenter
des modifications analogues à celles qu’on rencontre
en l’observant dans la série des animaux (i).
Ce que nous avions constatéchez les divers Crustacés
se présente en partie chez le même insecte, lorsqu’on
l’étudie, comme l’a fai tM. Serres, aux diverses époques
de la vie ; il était donc probable que des observations
sur le développement des œufs des Crustacés nous mon-
treraient le système nerveux de ces animaux passant
par un certain nombre des états que nous avons si-
gnalés plus haut, et c’est elléctivement ce qui a lieu.
D’après les belles recherches que M. Rathke vient
de publier en Allemagne, sur la génération des Ecre-
visses, on voit que chez ces animaux le système
nerveux se présente d’abord sous la forme de deux
séries de ganglions parfaitement distinctes entre elles,
et que le nombre de ces noyaux médullaires est égal
à celui des membres (2). Cet état, qui n’est que tran-
sitoire chez l’Ecrevisse, rappelle ce que nous avons
trouvé d’une manière permanente chez le Tilitre ;
à une époque plus avancée de l’ineuhation , ces gan-
glions nerveux se rapprochent de la ligne médiane et
(ï) Anatomie comparée du système nerveux , t, IL
éj) M Kathke ne paraît pas avoir eu connaissance des recherclies
de M. Audouin et moi, sur le système nerveux des Crustacés, ni
des tr.avaux généraux de M. Serres ; car, s'il eu eût été autrement,
il est probable qu’il aurait été conduit aux rapprocbeineus que nous
venons d’exposer, et que nous avons établis dans une note imprimée
dans les Annales des sciences naturelles , t. un.
DES CBUSTÀCÉSi
s’y réunissent , comme cela se voit clicz le Cymôtboe
adulte. Le système nerveux des fœtus de FLcrevisse
subit ensuite des modifications analogues a celles que
nous avons signalées en comparant entre eux les Cymo-
tboés, les Homards, les Palemons , la Langouste , le
Carcin et le Maja , c’est-à-dire une centralisation qui
s’opère suivant le sens de l’axe du corps ; en efiet , les
ganglions , qui correspondent aux appendices de la
bouebe , se rapproebent entre eux et finissent par for
mer une seule masse nerveuse (i).
On voit donc qne chez les Grustacésle système ner-
veux se développe de la circonférence vers le centre,
et présente pendant la vie fœtale une suite de modifi-
cations anjilogues a celles que nous avons trouvées en
étudiant la série de ces animaux à l’état adulte. Enfin^
en combinant les observations de M. Rathke avec
celles qui nous sont propres, à M. Audouin et à moi ,
on peut conclure que le système nerveux des Crustacés
se compose toujours de noyaux médullaires dont le
nombre normal est égal h celui des membres , et que
toutes les modifications qu’on j rencontre , soit à di-
verses époques de l’incubation, soit dans différentes
espèces de la série , dépendent principalement des
rapprochemens plus ou moins complets de ces noyaux,
agglomération qui s’opère des côtés vers la ligne mé-
diane, en même temps que dans la direction longitudi-
nale; mais peuvent tenir aussi en partie à un arrêt de
développement dans un certain nombre de ces noyaux.
On ne possède encore aucune connaissance di-
recte sur les fonctions du système nerveux des
Crustacés ; mais d’après la coïncidence qui existe
(i) PI n, fiï. () et 7.
10.
HISTOIRE NATURELLE
i48
toujours entre la complication plus ou moins grande
de l’oi'ganisation, et la localisation des divers actes
dont se compose la vie, on pourrait avancer, sans
crainte de se tromper, que chez ces animaux la fa-
culté de percevoir les sensations et de produire les
moLivemens, au lieu d'étre également répartie dans
toutes les parties du corps, comme chez les Hydres ,
s’est concentrée dans le système nerveux. L’expé-
rience est venue à l’appui de cette opinion , car si
l’on sépare de la masse générale une portion du corps
dépourvue de nerfs , elle cesse aussitôt de sentir et
de se mouvoir.
L’appareil nerveux des Crustacés n’est pas composé
en entier d’élémens semblables ; nous avons vu qu’on
y trouvait , d’une part , des cordons médullaires , et
de l’autre des ganglions ou centres nerveux ; il était
donc pei'inis de conclure encore que ces parties di-
verses ne concouroient pas de la même manière à la
production des phénomènes dont l’ensemble du sys-
tème était devenu le siège. Des recherches de physio-
logie expérimentale, que j’ai commencées sur ce sujet
pendant mon séjour sur les bords delà Méditerranée,
et que j’ai continuées conjointement avec M. Audouin
pendant notre voyage aux îles Chausay, conduisent
aussi à ce résultat, et prouvent que dans ces ani-
maux , de même que dans ceux des classes plus éle-
vées, la faculté de recevoir les impressions venues du
deliors et de les transmettre à l’organe destiné à les
percevoir, réside spécialement dans les nerfs, tandis
que cette dernière propi’iété est, ainsi que la faculté
d’exciter les mouveinens et de les coordonner, de-
venue l’ajianagc exclusif des ganglions. En ell'et , si
l’on interrompt la communication entre une des pales.
D£S CKÜSÏACÉS. l49
par exemple , et le système ganglionnaire , par la sec-
tion du nerf qui les unissait , on détruit aussitôt dans
ce membre la sensibilité etla contractilité volontaire.
Les anatomistes , guidés par la position de la masse
médullaire située dans la tête, au devant et au-dessus
de l’œsophage , donnent communément à cette partie
le nom de cerveau; mais aucun fait physiologique
connu ne prouve qu’elle soit le siège exclusif des
fonctions qui, chez les animaux des classes supérieu-
res, sont propres à cet organe et l’anatomie devait
même conduire à l’opinion contraire , car les divers
ganglions nerveux des Crustacés ne présentent, dans
leur structure, aucune dilférence appréciable, d’où il
était à présumer que leurs propriétés étaient aussi les
mêmes. Voulant décider cette question à l’aide de
l’expérience, je fis sur une Squillc vivante la section
des cordons nerveux- qui embrassent l’œsophage, pour
unir les parties du système ganglionnaire situés au de-
vant et en arrière de ce conduit. Cette opération affai-
blit beaucoup l’animal, mais n’en trama pas la paraly-
sie complète ni de l’extrémité antérieure , ni de la por-
tion postérieure de son corps ; il continua à mouvoir les
antennes , ainsi que les pâtes natatoires de son abdo-
men , et donnait surtout des signes de sensibilité. En
répétant .avec M. Audouin la même expérience sur
le Homard, nous obtînmes un résultat analogue ; 1 hé-
morragie et la lésion du système nerveux produites
par l’opération , firent périr l’animal dans un assez
court espace de temps, mais il conserva après la sec-
tion la faculté de sentir d.ans toute la longueur du
corps, et fit mouvoir comme aupai’avant, mais avec
moins de force, les antennes, les aiipcndices de la
bouche , les pales et l’abdomen.
HISTOIBJi NArüKEJULE
1 5o
Il nous paraît donc évident que cheï ces animaux
les ganglions céphaliques, ou si Ton aime mieux le
cerveau, n’est pas encore devenu le siège exclusif de
la faculté de percevoir les sensations et d’exciter les
mouvemens , mais que les ganglions situés en ai’rière
de l’œsophage et au-dessous de l’intestin remplissent
les mêmes fonctions.
La division du travail est donc peu avancée dans
l’appareil nerveux des Crustacés ; mais cependant ,
chez ces animaux, chacun des anneaux de la chaîne
ganglionnaire n’est pas aussi indépendant des autres
que chez le Lombric, par exemple, où chaque tron-
çon du corps continue à se mouvoir et à sentir après
avoir été séparé de la masse générale. Nous avons
déjà vu que la nature tendait à centraliser le système
nerveux dans la portion céphalo-thoracique des corps
des Crustacés ; et , à l’aide des expériences physiolo-
giques , on observe une tendance analogue vers la loca-
lisation des deux fonctions principales de ce .système
dans la même partie. Dans les diverses vivisections que
nous avons faites, nousavons constaté que, toutes cho-
ses égales d’ailleurs , la portion antérieure de la chaîne
ganglionnaire remplissait mieux et pendant plus long-
temps ses fonctions que la portion postérieure. Si, chez
le Homard, par exemple , on divise le système nerveux
dans le point où le thorax se joint à l'abdomen, on
paralyse presque complètement tout ce qui est situé
en arrière de la section, tandis que les membres tho-
raciques et les appendices de la tête , conservent pen-
dant assez long-temps la faculté de sentir et de se
mouvoir. Le résultat de cette expérience est en accord
avec l’état presque rudimentaire des ganglions abdo-
minaux du Homard, et pn pourrait en trouver, jus-
DES CRUSTACÉS. l5l
qua un certain point, l’explication dans linlluence
de la masse de la substance médullaire , qui est
tite dans l’abdomen et considérable dans la portion
céphalo-thoracique du corps ; mais si on coujm la
chaîne ganglionnaire entre les pâtes de la première et
de la seconde paire, on le divise en deux parties à peu
près ég-ales ; et , néanmoins , c’est dans la moitié pos-
térieure du corps que les effets de cette opération
sont les plus marqués , surtout en ce cjui concerne la
sensibilité.
Ainsi , chez les Crustacés où la chaîne ganglion-
naire occupe encore toute la longueur du corps , nous
voyons déjà une tendance vers une localisation plus
précise de certaines de ses fonctions dans une partie
déterminée de son ensembio, et vers un degré de plus
dans la division du travail dont il est le siège.
§ III. Des mouvemens en général.
Dans les divers actes de la vie animale, dont nous
avons déjà parlé, les animaux ne semblent jouer qu’un
rôle passif ; mais les rapports qu’ils ont avec le monde
extérieur, ne se bornent pas là; ils ont aussi la fa-
culté de réagir à leur tour sur les objets qui les en-
vironnent, et de s’en rapprocher ou de s’en eloi-
oner à volontéà l’aide des divers mouvemens c£Uils
O
exécutent.
C’est le système nerveux tpi détermine ces mouve-
mens , mais ce sont les muscles et les parties cluies e
l’enveloppe tégumentairc qui en sont le siège. Les
muscles qui constituent ce que l’on nomme vulgaire-
ment la chaire des animaux, sont des organes composés
de tibres réunis en faisceaux et susceptibles de se rac-
ii>2 HISTOIKE NATURELLE
courcir et de s’allongeT alterDativement sous l’influence
de l’excitation nerveuse ; une de leurs extrémités
se fixe sur une partie de l’économie c[ui est plus ou
moins immobile et qui leur sert de point d’appui ,
tandis que l’autre extrémité s’insère à l’organe qu’ils
sont appelés à mouvoir j et qu’en se contractant ils
rapprochent en totalité ou en partie de leur point
d’appui. Ce sont les puissaTices motrices ou instru»
mens actifs de tout mouvement.
Les muscles des Crustacés sont d’une blancheur
parfaite, et ne présentent dans leur structure rien
de particulier; tantôt ils s’insèrent directement aux
légumens, d’autres fois ils se fixent sur des pro-
longemens qui naissent de ceux-ci , et qui remplis-
sent les fonctions de tendons. Ces tendons sont
semblables au test, et naissent ordinairement du
bord de 1 article mis en mouvement par le muscle
auquel chacun d’eux appartient; il est rare d’en
trouver à l’extrémité immobile du muscle, à moins
qu’on ne regarde comme des organes analogues les
apodèmes. La forme de ces tendons rigides varie;
tantôt ils sont presque filiformes , d’autres fois lamel-
leux et très-larges.
Les parties sur lesquelles les muscles agissent ,
ou les instrumens passifs du mouvement , sont di-
verses pièces du squelette tégumentaire qui repré-
sentent ce qu’on appelle en mécanique des leviers,
c’est-à-dire des lignes inflexibles qui tournent
sur un point fixe. La disposition de ces leviers est
tres-simple ; ils ne peuvent jamais se mouvoir que
dans un même pdan, et en décrivant une ligne dont la
direction ne change pas ; l’articulation qui les unit à
la pièce sur laquelle ils tournent représente une char-
UES CllESTAGÉS. I o3
nière , et constitue ce que les anatomistes nomment
gin glyme angulaire : elle a toujours lieu à 1 aide de
deux jointures situées Tune de chaque coté de 1 ex-
trémité articulaire , et placées de manière à ce qu’une
ligne qui les réunirait coupe à angle droit le plan
suivant lequel leurs mouveniens s’exécutent. Enfin ,
l’espace compris entre ces deux points , et qui corres-
pond aux côtés sur lesquels la llexion ou 1 extension
s’opère , est occupé par une portion de l’enveloppe
tégunientairc qui ne s’encroûte pas de matière calcaire
et qui remplit les fonctions d un ligament articulaire.
11 résulte de ce mode d’articulation, que les muscles
ajjpartenant a chaque article ne peuvent etic que de
deux ordres, savoir: des extenseurs et des fléchis-
seurs. Ces organes s’insèrent toujours dans le sens
contraire de la jointure , et chacun d eux se fixe ainsi
entre le point sur lequel roule l’article qu’il meut et la
résistance qu’il est destiné à vaincre ; disposition
qui, en mécanique, caractérise les leviers du troisième
"enre , et qui est la plus lavorahle a 1 etendue et a la
rapidité des mouvemens , mais qui nécessite 1 emploi
de forces considérables.
D’après ce que nous venons de dire de la nature des
articulations du système tégumentaire des Crustacés ,
on voit que les mouvemens que ces animaux exécutent
doivent être très-simples , à moins d’une multiydica-
tion extrême de ces espèces de charnières , et d’une
grande diversité dans leurs directions. Les mouve-
mens des divers segmens du tronc se font tous sui-
vant la mémo direction et dans le plan vertical ; aussi
est-ce sur les côtés du corps que ces anneaux mobiles
s’articulent entre eux, et à leurs faces dorsale et ven-
trale qu’ils donnent insertion à leurs muscles. En
1^4 IIISXOIilE WATUKEELE
!>énéral , l’anneau mobile présente sur le bord anté-
rieur de l’arceau dorsal deux petites cavités articulai-
res qui embrassent cbacune une éminence arrondie ou
un tubercule du bord postéi-ieur du segment précédent.
Les mouvemens d’extension ne consistent que dans
le redressement du corps , dont les divers segmens ne
peuvent s’élever que peu ou point au-dessus de la
ligne horizontale; car, pour parvenir dans cette der-
nière position, une portion de leur arceau supérieur
glisse presque toujours au-dessous du segment pré-
cédent , et le bord de celui-ci oppose un obstacle
invincible à tonte courbure en dessus. A la face
ventrale du corps il existe au contraire , entre chaque
segment mobile, un espace assez grand qui n’est oc-
cupé que par une membrane articulaire , et qui per-
met des mouvemens de flexion plus ou moins éten-
dus.
Les muscles moteurs des anneaux du corps en occu-
pent les faces supérieures et inférieures. Leur dispo-
sition est en général très-simple; chaque segment,
lorsqu’il est distinct , est pourvu d’un certain nombre
de faisceaux charnus qui se portent directement du
bord antérieur ou postérieur d’un anneau au bord
semblable de l’anneau suivant et qui remplissent les
fonctions de fléchisseurs ou d’extenseurs, suivant qu’ils
sont placés au-dessous ou au-dessus du niveau de l’ar-
ticulation de ces pièces solides entre elles. Dans
l’homme et les autres mammifères, on a observé que
les muscles extenseurs étaient beaucoup plus forts que
les fléchisseurs ; ici c’est le eontraire.
Dans les Décapodes Braebyures dontle corps est peu
mobile et dans les Edrioplithalmcs , les muscles du
tronc présentent tous la disposition que nous verrons
CKUSTACÉS» 1 55
de sign.iler ; mais dans les Décapodes Macroures, où
l’abdomen devient un organe moteur très-puissant , le
système musculaire prend , dans cette partie du corps,
un développement extrême et présente des disposi-
tions très-remarquables. La structure de ces muscles
a été étudiée par plusieurs anatomistes ; mais la des-
cription qu’ils en ont donnée ne nous paraît pas etre
entièrement exacte. Voici ce que nous avons observé,
conjointementavecM. Audouin, sur le Homardde nos
côtes.
Les muscles extenseurs de l’abdomen de ce Crustacé
occupent l’arceau dorsal des anneaux, et constituent
deux coucbcs, l’une superficielle, 1 autre profonde.
L’espèce de panicule charnue qui forme la couche
supérieure est très-mince , et se compose de fibres lon-
gitudinales qui naissent dubord antérieur d’un anneau
et se terminent au bord antérieur de l’anneau suivant ;
de façon que le bord postérieur du premier reste
libre, et peut , lors de leur contraction , glisser sur le
segment suivant (i). De chaque côté de la ligne mé-
diane on distingue deux faisceaux de ces fibres char-
nus ; l’un, interne, est droit ; l’autre , situé plus en
dehors , se porte obliquement d’avant en arrière et de
dehors en dedans. Les muscles extenseurs de la cou-
che profonde sont plus puissans; ils sont recouverts
par la couche superficielle dont nous venons de par-
ler, et reposent sur l’intestin et les muscles fléchis-
seurs (a). De même que, dans lacouche supérieure , on
distingue ici deux faisceaux princi|)aux ; mais la dis-
position des fibres C£ui les composent est 1 inverse de
(I) PI- i:>> tig-
(•.!) PI iJ, (ig- 1, H).
mSTOIKE NATURELLE
celle signalée plus haut, car ce sont les externes gui
sont droites ; tandis que celles de la bande charnue
interne sont obliques, et offrent, comme M. Cuvier
lavait déjà observé , l’aspect d’une corde tordue. Les
points d insertion de ces muscles sont les mêmes que
ceux des faisceaux suyierficiels ; ces organes se fixent
au bord antérieur de chaque anneau , mais , au lieu de
s’y terminer complètement, ils y envoient seulement
des expansions aponévrotiques, et la majeure partie de
leurs fibres se continuent avec ceux de l’anneau sui-
vant. Au sixième anneau de l’abdomen on ne trouve
point démuselés extenseurs superficiels, et la couche
profonde n’est reymésentée que par une paire de fais-
ceaux obliques qui occupent les parties latérales de
1 arceau supérieur. Les autres segmens de l’abdomen
ne présentent, sous ce rapport , rien de reniai'quable.
Lnfin , les muscles extenseurs du premier de ces an-
neaux sont plus puissans que les précédens , et vont
prendre leur point d’appui sur le thorax ; ils se fixent
à la face interne des flancs , et circonscrivent de cha-
que coté 1 espace qui loge le cœur, etc. Les derniers
anneaux qui composent le thorax sont soudés entre
eux de maniéré a ne pouvoir exécuter des mouve-
mens : aussi n’y trouve- t-on point de muscles exten-
seurs , mais l’espèce de carapace formée par le prolon-
gement de l’arceau supérieur de la tête n’est pas
complètement immobile , et on trouve quelle est fixée
à la voûte des flancs par un grand nombre de fibres
charnues verticales , qui paraissent être les analogues
de celles dont nous venons de parler : ce sont ces es-
pèces de colonnes charnues qui , tapissées par un repli
tégumeutaire , établissent la séparation entre les ca-
vités respiratoires et la cavité viscérale.
nr.s CRUSTACÉS. 15^
Les muscles llécliisseurs se tlistinguent aussi en su-
perficiels et en profonds.
La couclie superficielle est extrêmement mince , et
n’est formée que par quelques fibres longitudinales
({ui vont d’un anneau de l’abdomen à l’autre. L’extré-
mité antérieure de chacun de ces muscles s’insère
sur la membrane inter-articulaire près du bord posté-
rieur de l’arceau inférieur, et leur extrémité opposée
se fixe sur le bord postérieur de l’anneau suivant.
Dans les premiers segmens de l’abdomen , ces rubans
charnus s’étendent dans toute la largeur de l’anneau ;
mais dans le cinquième segment on ne retrouve plus
que quelques fibres près de la ligne médiane , et dans
le sixième on n’en voit plus de traces. Entre le thorax
et l’abdomen, ces muscles forment deux petits fais-
ceaux ; enfin , chose remarquable , on en retrouve
encore des vestiges dans toute la longueur du thorax
•à la partie supérieure du canal sternal.
La couche profonde des muscles fléchisseurs de l’ab-
domen est extrêment puissante , et remplit à elle seule
la majeure partie de l’anneau tégumentaire. La masse
commune formée par toutes ces fibres charnues est d’une
structure extrêmement compliquée , et ressemble un
peu à une grosse tresse serrée. Lorsqu’on l’examine par
sa face inférieure, on distingue d’abord des faisceaux
longitudinaux et des faisceaux obliques qui reposent
sur les muscles de la couche superficielle ; et , en les
écartant légèrement sur la ligne médiane , on aperçoit
un peu plus profondément des bandelettes transversa-
les qui paraissent être parfaitement distinctes des pre-
miers faisceaux (i). Mais, si on porte l’examen plus
(1) n iS, tig. 3.
î?8 histoire natürélle
îsirij Oïl ne tarde pas à se convaincre que la struc-
ture de cette niasse charnue est bien plus compli-
quée; à moins d’y porter une attention très-grande,
elle est même difficile à comprendre. En étudiant
le premier segment de l’abdomen, on voit qu’il
reçoit du thorax un certain nombre de faisceaux
ci'arnus qui prennent leur point d’appui sur le fond
delà cavité viscérale dè cette partie du corps, et
qui forment de chaque côté trois muscles distincts : le
premier, que nous appellerons le muscle droit du pre-
mier anneau abdominal , est situé près de la ligne
médiane (i) ; il repose immédiatement sur la couche des
fléchisseurs superficiels , et va s’inséter sur le mi-
lieu de l’arceau inférieur de l’anneilu auquel il appar-
tient. Le second (a) , également superficiel, est situé
plus en dehors , et se porte en arrière et en dehors :
aussi le désignerons-nous sous le nom de muscle
oblique. Parvenu près de la partie latérale de l’anneau,
ce muscle y envoie quekjues fibres , et s’y fixe aussi à
l’aide d’une intersection aponévrotique ; mais la ma-
jeure partie des faisceaux charnus qui le forment se
portent au delà, et se contournent en haut et en arrière ;
Là ils se divisent en deux parties : l’une se fixe sur la
masse charnue commune à l’aide d’intersections apo-
névrotiqiies ; l’autre se joint au muscle central du
second anneau , et se comporte comme nous le dirons
plus tard. E.ifin, le troisième muscle qui vient du
thorax est situé au-dessus des deux précédons, et pa-
raît s’enfoncer dans la masse charnue commune ; aussi
(1) l'I. i3, fig. 3, cl.
(•■i) PI. i3, 3, (t, et (ig;. /j, o.
nES CRUSTACÉS. 1 5cj
le nommons-nous muscle central (i). Quant à sa termi-
naison, nous aurons Toccasion d’en parler par la suite.
Au - dessus des muscles droits et obliques du pre-
mier anneau on aperçoit les muscles analogues du se-
cond anneau, et plus profondément encore un muscle
irunsuersal (2) dont la disposition est très-curieuse, car
ce n’est autre chose que l’origine des muscles droits et
obliques de l’anneau suivant. En ellet, ce ruban
charnu, parvenu sur les parties latérales de l’abdo-
men , ne s’y termine pas comme on pouri'ait le croire
au premier abord, mais se recourbe en haut, forme
une espèce de boucle autour du muscle central dont
nous venons de parler, s’accolle à son congénère, plonge
vers la face inférieure de l’anneau^ redevient longitu-
dinal , se dirige en arrière et constitue ainsi les muscles
droits et obliques du second anneau (.^). Dans le point
où le muscle transversal commence à remonter du coté
externe du muscle central , il donne attache à un fais-
ceau charnu assez gros, qui se porte en arrière et en
dedans , se confond avec le muscle central du premier
anneau, puis se réunit avec l’une des portions tei'mina-
les du muscle oblic^ue du même anneau , dont il a déjà
été question , et constitue ainsi le muscle central du se-
cond anneau (4), qui est embrassé à son tour par le mus-
cle transversal de ce segment , et se comporte comme le
précédent. Dans le point où la portion supérieure du
muscle transversal rencontre la portion inférieure du
même muscle , après avoir formé de chaque côté Un
(I) PI. i3, fig, 3, c,
{•!) PI. i3, fig. 3, t, et %. 4, t.
(3) PI. i3, fig. 3, d\ o', et lig. 4.
(4) PI i3, fig. 4, c.'.
t Go HISTOIRE NATURELLE
anneau autour du muscle central, et où elle plonge sous
elle pour former les muscles droits et obliques du second
segment , elle donne naissance à quelques faisceaux
charnus qui se portent directement en arrière en pas-
sant au-dessus de la bandelette transversale, et vont
se confondre avec les muscles droits et obliques du seg-
ment suivant (i). Enfin, les muscles droits et obliques
formées par la terminaison de la bande charnue trans-
versale vont se fixer au second anneau , et présentent
exactement la même disposition que ceux de l’anneau
précédent.
Ainsi , les muscles fléchisseurs jirofonds du premier
anneau de l’abdomen ])rennent leur point d’appui sur
le thorax ; mais la charpente osseuse n’en fournit pas
à ceux du second segment ; les deux extrémités de ces
muscles sont fixées à la partie qu’ils sont destinés à
mouvoir , et c’est le double anneau qu’ils forment au-
tour du muscle central du segment précédent qui leur
en tient lieu.
Les muscles fléchisseurs profonds du troisième et
du quatrième anneaux ne diflèrent pas de ceux du
second (2) : la partie moyenne du ruban charnu qu’ils
forment, constitue le muscle transversal de l’anneau
precedent , et présente une espece d’anse pour rece-
voir le muscle central fourni parles muscles transversal
et oblique de l’anneau précédent. La disposition du
muscle transversal du quatrième anneau est encore la
même ; mais le mode de terminaison des muscles obli-
ques qui en proviennent n’est pas exactement sem-
blable à ce que nous avons vu jusqu’ici : en ollet ,
(1) PI. i3, fig. 4,
(2) PI. i3, (ig. 4,
DES CRUSTACÉS. l6l
après avoir envoyé des fibres et des expansions
aponévrotiques à la partie latérale et inférieure du
cinquième anneau , ils se recourbent en haut comme
d’ordinaire; mais, au lieu de se fixer sur le muscle
transversal suivant , ils donnent naissance à des fais-
ceaux charnus qui se portent en arrière pour s’insérer
à la partie dorsale du cincjuième anneau , puis ils ga-
gnent la ligne médiane , et sy réunissent entre eux à
l’aide d’une intersection aponévrotique (i).
Les muscles centraux fournis par le muscle trans-
versal du quatrième anneau présentent également des
anomalies ; car , au lieu de s’enfoncer dans des anses
formés par le muscle transversal de l’anneau suivant ,
ils viennent seulement le fortifier ; ils se recourbent
en dedans , et se réunissent ainsi avec la bande trans-
versale du cinquième anneau. Enfin ce dernier muscle
se recourbe seulement sur lui-méme.
Dans les Décapodes Bracbyures , et dans les
Edriophthalmes , on ne retrouve pas cette disposition
curieuse des muscles fléchisseurs profonds ; la couche
superficielle est même la seule qui paraisse exister.
Les membres des Crustacés sont en général desti-
nés à exécuter des mouvemens beaucoup plus variés
que le tronc de ces animaux , aussi y remarque-t-on
des différences beaucoup plus grandes dans la direction
des points articulaires. Souvent il existe une série de
six jointures en charnières , ayant chacune un usage
spécial ; celles qui servent à changer la direction de
l’ensemble du membre en occupent la base, et celles
qui sont principalement destinées à déterminer son
1 1
{i) PI. i3 , flg. 4.
CRUSTACÉS , TOME I.
HISTOIRE NATURELLE
162
raccourcissement ou son allongement sont placées vers
sa partie moyenne.
Les muscles servant à mouvoir l’un des articles d’un
membre s’y fixent presque toujours à son bord supé-
rieur, et se logent dans l’article précédent , à moins
que celui-ci ne soit très-court , et alors on les trouve
ordinairement dans la pièce précédente (i). Les plus
forts, et par conséquent les plus gros de ces muscles,
sont en général ceux qui servent à changer la direction
totale du membre, et qui appartiennent à ses deux pre-
miers articles ; ils sont logés dans les parties latérales
du tronc , et prennent leur point d’appui , soit aux an-
neaux correspondans , soit aux apodèmes dont l’inté-
rieur de ceux-ci peut être hérissé. Dans le thorax des
Crustacés Décapodes, par exemple , ces muscles rem-
plissent la double rangée de cellules située de chaque
côté du thorax (2;. Leur disposition , du reste , ne pré-
sente rien d’assez remarquable pour mériter de nous
arrêter ici.
Les Crustacés vivent presque tous dans l’eau , aussi
est-ce principalement au moyen de la natation qu’ils
changent de place ; mais la plupart d’entre eux peuvent
aussi marcher, et présentent un certain nombre d’or-
ganes allectés spécialement à cet usage. Il en est même
dont la course est si rapide qu’un homme peut à peine
les suivre , et on en connaît qui font à certaines épo-
ques des voyages terrestres de plusieurs lieues.
La natation a lieu tantôt par les mouvemens des
membres, tantôt par ceux de l’extrémité postérieure
du corps; à l’aide des premiers, l’animal se porte en
(i) PI. fig. 5.
(■.2) PI. i3, (ig. G .
DES CRUSTACÉS. 1 63
avant OU de côté , et par le moyen des seconds il recule
avec une ra])idite extrême. Ces deux manières de na-
ger se voient souvent lorsc[u’on observe les Palémons,
connues sur nos côtes sous les noms de Crevettes , de
Salicoqucs, de Bouquets, etc. ; mais, quand ces animaux
cberchent à échapper à quelque danger, c’est toujours
en recourbant brusquement leur queue qu’ils s’en éloi-
gnent. Les Écrevisses nagent presque toujours en
arrière de la même manière ; mais les Crabes , dont
l’abdomen est rudimentaire , sont en général privés^de
ce moyen de progression , et nagent seulement à 1 aide
de leurs pâtes.
Cbezles Crustacés , dont l’extrémite postérieure du
corps sert comme organe de natation, 1 abdomen se
compose toujours d’un certain nombre de segmens
mobiles les uns sur les autres, et sc termine par une
espèce de nageoii'e formée du dernier anneau devenu
lamelleux et des membres du segment précédent, qui
prennent alors un grand dcvelop])cmcnt (i).
Le nombre des membres alîectes a la locomotion
varie beaucoup , et est , en general , plus considérable
chez les Crustacés nageurs que chez les Crustacés
marcheurs. Tous les membres qui suivent les a])pen-
dices de la bouche peuvent constituer des organes
de natation ; mais il n’y a jamais que ceux delà ])artie
moyenne du corps qui affectent la forme de pâtes am-
bulatoires. Les membres abdominaux sont souvent
employés àla respiration, d’autresfois ils peuvent etre
considérés comme des dépendances de l’appareil respi-
ratoire , et quelquesfois aussi un certain nomhred entre
eux deviennent des organes du saut. Dans ce dernier
I I .
(i) PI. a3, lig. I, Ote.
HISTOIRE NATDRELLE
i64
cas, les pièces terminales, que supporte leur article
basilaire, sont raides, courtes, et en général s tylifor-
mes [i) ; mais, lorsque ces membres servent à la nata-
tion, lesjnèccs dont nous venons de parler prcnnentla
forme de longues lames ciliées sur les boi’ds, et parais-
sent en général composées d’une série d’articles plus
ou moins nombreux (2).
Dans les Crustacés essentiellement nageurs , les
pâtes thoraciques sont souvent llabelliformes (3) ; mais
d’autres fois elles se terminent par un article lamelleux
et plus ou moins large (4) ; cette dernière disposition se
rencontre surtout aux pales postérieures et se voit
chez les Crustacés fouisseurs aussi bien que chez les
espèces pélagiques. Lorsque ces membres sont destinés
à servir à la marche , ils sont à peu près cylindriques ,
et se terminent par un article styliforme dont l’extré-
mité est souvent armée d’une sorte d’ongle pointu (5).
Enfin , les membres thoraciques des Crustacés peu-
vent aussi être transformés en organes de préhension ,
et pour cela il leur suffit d’une modification très-légère ;
tantôt c’est le dernier article qui se reploie sur l’article
précédent , d’autres fois c’est celui-ci qui se prolonge
au-dessous du suivant , de façon à former avec lui une
véritable pince. Dans les deux cas, le pénultième ar-
ticle est plus ou moins élargi et porte alors le nom de
main. Ijorsque ces organes de préhension doivent
servira l’alimentation ou à la défense , ils sont formés
par les pâtes thoraciques des premières paires ; mais ,
(1) PI. 1, %. a.
(2) PL a3, lig. 2, d, 5, 7 et 8.
(3) PL 26.
(4) PI. 17, lig. 1, 7 et i3.
(5) PL 3, fig. I, etc.
DES CRUSTACES.
l65
lorsqu’ils sont destinés à maintenir l’animal dans l’in-
térieur de quelque cavité , ou a fixer sur son dos des
corps étrangers, ils appar tien eut aux derniers segmens
du thorax.
CHAPITRE IV.
DE LA GÉNÉRÀTION DES CRUSTACÉS ET DE LEUR
DÉVELOPPEMENT.
Les Crustacés , de même que tous les autres ani-
maux articulés , se reproduisent au moyen d’œufs , et ,
de même aussi que chez la plupart de ces êtres, ils
n’ont jamais les deux appareils sexuels , de production
et de fécondation , réunis chez un seul individu ; les
sexes sont toujours distincts , et chez un grand nombre
de Crustacés , sinon chez tous , les œufs sont fécon-
dés avant la ponte dans l’intérieur du corps de la fe-
melle.
L’appareil de la reproduction , soit chez le mâle ,
soit chez la femelle, se compose toujours de deux
séries d’organes parfaitement similaires et placés de
chaque côté de la ligne médiane du corps , ou plutôt il
y a chez le même individu deux appareils semblables,
l’un adroite, l’autre à gauche, parfaitement indépen-
dans l’un de l’autre , et n’ayant souvent entre eux au-
cune connexion , tant à l’intérieur du corps qu’à sa
surface. Cette indépendance des deux moitiés de l’ap-
pareil de la génération est si complète qu’on a vu un
cas où l’un des côtés était mâle et l’autre femelle, sans
que cette monstruosité eût entraîné aucune autre per-
l66 HISTOIRE NATURELLE
turbation sensible dans la conformation de ces or-
ganes.
C’est principalement , et on pourrait dire exclusi-
vement dans la partie thoracique du corps , qu’est logé
l’appareil de la génération. Sa structure est assez sim-
jile et ne paraît différer que peu suivant les sexes.
Chez la femelle il se compose essentiellement , pour
chaque moitié du corps, d’un ovaire, d’un oviducte,
d’une vulve, et de quelques parties accessoires ser-
vant, soit à mieux assurer la fécondation des œufs ,
soit aies soutenir ou à les renfermer après la ponte.
Chez le mâle , chaque moitié de l’appareil générateur
consiste en un testicule, un canal efférent dont la
partie inférieure peut en général saillir au dehors de
façon à constituer une verge , et en certains appen-
dices servant d’une manière moins directe à la copu-
lation.
Dans la plupart des Crustacés les plus élevés dans
la série, l’appareil mâle est très-développé.
Dans le Tourteau par exemple, ces organes recou-
vrent la plus grande partie de la face supérieure du
foie, s’enfoncent sous le cœur, et se tiennent dans la
cellule delà dernière pâte. On peut y distinguer trois
portions : l’une située sur les masses latérales du foie
et recouverte par les tégumens, s’étend depuis le ni-
veau du bord antérieur de l’avant-dernière branchie,
jusfju’au niveau du bord externe des mandibules, en
décrivant une courbure dont la convexité est pa-
rallèle au bord de la carapace, et en augmentant de
largeur de son extrémité externe vers l’interne. Cette
portion que l’on peut regarder comme étant l’analogue
du testicule, présente l’aspect d’une espèce de grappe
formée de quatre lobes principaux , qui à leur tour
DES CRUSTACÉS. 167
sont composés de vaisseaux vermiculaires, d’une grande
ténuité, entortillés de manière à former des espèces de
pelottes. Ces vaisceaux dont la couleur est Liane de
lait , sont renfermés dans une membrane très-fine et
diaphane , et ils sont évidemment les organes secre-
tum de la liqueur fécondante. Ils se continuent avec
la seconde partie de l’appareil qui est situé sur les
côtés de l’estomac , et qui consiste en un gros vaisceau
entortillé sur lui-même, et d’un blanc laiteux. Enfin ,
un peu plus en arrière se trouve la troisième partie
de l’organe générateur, que l’on peut appeler le ciinal
efi'erent. C’est un gros tube contourné sur lui-memc ,
ayant la même teinte que les parties dont nous ve-
nons de parler, faisant suite avec elles , et présentant à
peu près l’aspect des circonvolutions de l’intestin grêle
de l’homme ; ce tube contourne le muscle de la tige des
mandibules, et s’enfonce sous le cœur où il diminue
de volume, et , après avoir fait plusieurs circonvolu-
tions, se porte en arrière sur les parties latérales de
l’espace compris entre les cellules des ILincs , puis
s’enfonce dans la cellule de la dernière pâte, pour aller
traverser la partie postérieure et interne de la base de
cette pâte, et s’ouvre à l’extérieur.
Dans d’autres Crustacés il n’y a pas de ligne de dé-
marcation aussi tranchée entre les differentes portions
de l’organe mâle ; dans le Maïa , par exemple , il pa-
raît formé d’un seul tube dont la longueur est extrême,
et dont le calibre , d’abord capillaire , augmente insen-
siblement vers son extrémité postérieure. Mais, dun
autre côté , il existe quelquefois aussi des dilfércnces
bien plus considérables que celles signalées ci-dessus ;
dans l’Écrevisse de rivière , par exemple , les vais-
seaux sécréteurs capillaires qui composent le testicule
i68
llISrOIKE WATUr.ELLE
sont agglomérés de façon à former une masse glan-
dulaire très-nettement limitée, et présentant trois
branches , dont deux , dirigées en avant , se placent
sur les cotés de 1 estomac , et un se porte en arrière
sous le cœur; du point de réunion de ces trois por-
tions , il naît de chaque côté un canal excréteur qui
est long et étroit , se contourne sur lui-même, et se
termine enfin dans 1 article basilaire de la dernière
pâte (i). Dans le Homard, les testicules sont au con-
traire tres-allongées , et s’étendent depuis la tête jus-
que vers le milieu de l’abdomen. Mais c’est surtout
dans les hidriophthatmes que ces organes présentent
des particularités remarquables; ils consistent en un,
deux ou trois vésicules pyriformes et allongés qui
tiennent par un pédoncule grêle à un canal excréteur
commun (2).
Du reste, 1 aspect des organes sécréteurs de la se-
mence varie beaucoup suivant les saisons: à l’époque
de la reproduction elles sont gonflées et gorgées d’un
suc laiteux, tandis qu’après elles tombent presque dans
un état d atrophie passager, qui ne permet pas de bien
distinguer les différences qui peuvent réellement exis-
ter entre elles.
L’ouverture extérieure de l’organe mâle est ordi-
nairement pratiquée dans l’article basilaire des pâtes
de la dernière paire (3); mais quelquefois elle est placée
sur le plastron sternal lui-même, dans la portion for-
mée parle dernier anneau thoracique (4). Cette disposi-
(1) PI. la, fig. 14,
(2) PI. 12, fig. i3.
(3) PI. 12, fig. 14, et PI. 23, fig 2.
(4) H. 18, fig. 6. a, b.
DES CBUSTACÉS. *69
lion se remarque dans plusieurs Décapodes Brachyures
de la famille des Galométopes ; et , dans d’autres Crus-
tacés appartenant au même groupe, bien que les canaux
éjaculateurs traversent l’article basilaire des pâtes pos-
térieures pour se porter au dehors , ils ne se terminent
encore que sur le plastron sternal , car ils pénètrent
dans un petit canal ou gouttière transversale, c|ui
les cache jusqu’à ce qu’ils soient parvenus à la partie
dù thorax recouverte par l’abdomen. Dans 1 état ordi-
naire, les canaux elFérens se terminent aux bords de
l’ouverture externe dont nous venons de parler; mais
lors de la copulation ils se prolongent au delà en se
renversant comme un doigt de gant , deviennent tur-
gides , et constituent de véritables verges.
Chez la plupart des Crustacés de l’ordre des Déca-
podes, les membres abdominaux de la première et de
la seconde paires ( i) ont uneforme très-différente de ceux
qui suivent (lorsqu’il en existe d’autres), ou de ceux
delà femelle , et paraissent servir comme des organes
excitateurs dans l’acte de la reproduction ; mais c’est à
tort que beaucoup de naturalistes les ont considérés
comme étant des verges. Chez plusieurs de ces ani-
maux (les Gécarcins, par exemple) leur grosseur est
telle , qu’ils ne peuvent jamais pénétrer dans les vul-
ves , et nous avons constaté , par l’observation directe ,
que cbez d’autres c’est l’extrémité inférieure du
canal elïérent qui seule s’introduit dans le corps delà
femelle. Ces appendices paraissent devoir servir à
diriger les verges vers les vulves, et peut-être aussi a
exciter ces derniers organes. Ils ont ordinairement la
(i) in. 3, fig. 6, t5 et i6.
J 70 HISTOIRE ffATüllELLE
forme de stylets tubulaires , et sont formés par une
lame cornée enroulée sur elle-même; ceux de la pre-
mière paire sont grands , et renferment dans leur in-
térieur les seconds qui sont rudimentaires.
On ne sait que peu de choses sur la structure de
1 appareil mâle des Crustacés les plus inférieurs, et il
est même plusieurs de ces animaux dont on ne connaît
encore que les individus femelles.
C est dans la famille des Décapodes Brachyures que
les organes internes de la reproduction sont les plus
compliques chez la femelle (i). Outre les ovaires et les
oviductes, on trou ve encore chez ces animaux des po-
chescopulatrices très-développées. Lorsqu’on ouvre un
de ces animaux vers la fin de l’automne, on ne trouve
])oint d’œufs dans les ovaires, et ces organes ont l’aspect
de grosses cordes blanchâtres , creusées à l’intérieur par
un canal longitudinal, étayant des parois épaisses et
coriaces (a). Ces tubes, au nombre de quatre, sontcylin-
driques, de la même grosseur dans toute leur longueur,
et terminés en cul-de-sac ; ils sont placés longitudina-
lement, deux de chaque côté du corpS; l’un dirigé
en avant , l’autre en arrière. Les tubes ovariens an-
térieurs reposent sur le foie; leur extrémité est située
vers la partie extérieure et antérieure de la région
branchiale ; de là ils se portent en avant , puis se re-
courbent en dedans, gagnent les côtés de l’estomac, et
se dirigent ensuite en arrière , en passant sous le cœur,
pour se terminer chacun dans l’oviducte du côté cor-
respondant , près de la cellule des flancs située au-des-
(1) PI. 12 , fig. 12.
(2) P1.5, Kg. I, e, et PI. 12, Kg. 12.
DES CRUSTACÉS. 171
SUS de la troisième paire de pieds. Entre 1 estomac et le
cœur, ces deux portions de l’ovaire sont unies par un
tube transversal , long de quelques lignes, qui a la
même grosseur et le même aspect qu’eux (i). Les deux
tubes postérieurs (2) sont d’abord intimement unis entre
eux, et reposent alors sur l’intestin dans la partie an-
térieure de l’abdomen ; mais bientôt ils se séparent ,
et vont sous le cœur se joindre aux oviductes dans le
même point oii se terminent les deux tubes antérieurs.
Les oviductes (3) ont le même aspect que les ovaires,
dont ils sont la continuation ; ils se ^Jortent directe-
ment en bas, et, après quelques lignes de trajet,
s’unissent chacun à une grande poche logée entre les
muscles des flancs et le foie , et placés verticalement
avec son fond dirigé en haut (4) ; enfin, le conduit formé
par le col de cette poche et par l’extrémité de l’ovi-
ducle se fixe à la face supérieure du plastron sternal ,
au pourtour d’une ouverture creusée dans le segment
qui porte les pâtes ambulatoires de la troisième paire.
Les ovules paraissent se former dans les parois des
ovaires , et lorsque ces organes en sont remplis ils
acquièrent une grosseur considérable et deviennent
comme bosselés ; leurs parois deviennent en même
temps minces et presque transparentes.
La disposition de l’appareil femelle de la génération
est essentiellement la même chez tous les autres Dé-
capodes Brachyures ; mais , chez les Décapodes Ano-
moures et Macroures , il n’existe point de poche co-
(1) n. 12, fig. 12, d.
(2) PI. 12, %• 12, h.
(3) PI. 12, fig. 12, e.
(4) PI. 12, fig. 12,/.
172 HISTOIRE WATURELLE
pulatrice , et on remarque plus de différence entre les
ovaires et les oviductes , qui , en général , nous ont
paru plus longs et plus étroits. Chez ces Crustacés ,
les vulves , au lieu d’étre creusées dans le plastron
sternal, occupent l’article basilaire des pâtes de la
troisième paire (i).
Chez la plupart des Crustacés inférieurs , la dis-
position des parties intérieures de cet appareil est
encore plus simple ; les ovaires forment de chaque
côté de l’intestiu deux masses d’apparence spongieuse ,
dont l’extrémité postérieure aboutit aux vulves; quel-
quefois cependant ces organes ressemblent presque à
des glandes conglomérées , et sont très-distinctes des
oviductes. Enfin, c’est ordinairement sur le dernier
anneau thoracique que sont pratiquées les ouvertures
extérieures de la génération.
Les parties accessoires de l’appareil femelle varient
davantage et sont plus compliquées que celles des
mâles ; ce sont tantôt les membres abdominaux qui
sont modifiés dans leur structure pour former des
points d’attache aux œufs , tantôt des appendices des
membres thoraciques qui servent au même usage , ou
qui , en se réunissant , constituent une espèce de
poche ovifère; enfin, d’autres fois encore il existe,
suspendus aux vulves, des tubes semi-cornés ou des
espèces de poches membraneuses qui renferment éga-
lement les œufs et que la femelle traîne avec elle. La
première de ces dispositions est propre à tous les Déca-
podes , la seconde existe chez les Edriophthalmes , et
la troisième chez la plupart des Crustacés auxquels
(I) PI. 21, fig. 8 et 18.
DES CnUSTACÉS. lyS
on donne ordinairement les noms d Entomostracés ,
de Lernées , etc.
Chez un grand nombre de Crustacés, les différences
sexuelles ne consistent pas seulement dans le mode de
conformation de l’appareil générateur et de ses an-
nexes, et on peut souvent distinguer les mâles des fe-
melles par d’autres particularités d’organisation. Chez
les Décapodes Brachyures, par exemple, l’ahdomen est
toujours étroit chez le mâle, tandis que chez la fe-
melle il est très-large, et recouvre en général presque
tout le plastron sternal dont la forme est en rapport
avec ces différences. Chez les Cyclopes, les males sont
beaucoup plus petits que les femelles, et ont leurs an-
tennes et quelquefois leurs pâtes d’une forme parti-
culière. Enfin , chez les Bopyres et les Jones , les diffé-
rences sexuelles sont si grandes, quau premier abord
on serait porté à regarder le mâle et la femelle comme
appartenant à des genres distincts. Il y a lieu de croire
que chez la plupart des Crustacés parasites il y a
ordinairement moins de ressemblance entre les deux
sexes que chez les Crustacés qui mènent une vie er-
rante, et c’est peut-être pour cette raison que les
mâles de beaucoup de ces petits animaux sont encore
inconnus (i).
A une époque déterminée de l’année qui varie sui-
vant les espèces, les sexes se rapprochent et les œufs
sont fécondés. Le mécanisme, à l’aideduquel lanature
assure le contact de la liqueur spermatique du mâle
avec les germes fournis par la femelle, est tres-facile
à comprendre chez les Décapodes Brachyures. Chez
(l) Voyez Mémoire sur le Nicothoéj p^ii' Audouin el l’-d-
"Wards. ( .4itnales drs Selences naturelles , t. Xï- )
174 HISTOIRE NATURELLE
ces Crustacés il y a une véritable copulation ; les ver-
ges du mâle pénètrent dans les poches copulatrices si-
tuées au-dessus des vulves de la femelle , et y déposent
la liqueur spermatique , qui est ainsi tenue en réserve
de manière à pouvoir être versée sur les œufs au fur et
à mesure de leur passage au dehors.
Afin de nous assurer si les choses se passaient réelle-
ment ainsi, nous avons, conjointement avec M. Au-
douin , injecté des liquides colorés dans les vulves d’un
Maïa femelle, et nous avons vu l’injection pénétrer
directement dans la poche copulatrice. J’ai observé
aussi qu’à l’époque de la ponte, ces poches sont dé-
tendues par un liquide opaque et laiteux, tandis que
pendant le reste de l’année elles sont vides et con-
tractées. Enfin, dans une de mes excursions zoologiques
sur les côtes delà Bretagne, j’ai trouvé un Tourteau
femelle qui venait d’être fécondée, et chez laquelle
l’extrémité des verges du mâle s’étaient rompues après
la cojmlation, comme cela a lieu chez beaucoup d’in-
sectes; ces organes étaient restés enfoncés dans la
poche copulatrice.
Chez les Décapodes Bi’achyures la fécondation des
œufs doit donc s’opérer de la même manière que dans
les Insectes, chez lesquels M. Audouin a fait depuis
long-temps des observations analogues, et dans les
Mollusques Gastéropodes, chez lesquelles la vésicule à
long col remplit, d’après les observations récentes du
docteur Prévost , les fonctions d’une poche copula-
trice. Mais chez les Décapodes Macroures, et chez les
autres Crustacés où il n’existe pas de réservoir sem-
blable pour laliqueur spermatique, lafécondation des
œufs est moins facile à comprendre. On admet géné-
ralement que chez tous ces animaux il y a une véri-
DES CRUSTACÉS. 1^5
table copulation , et que par conséquent la liqueur
fécondante est introduite dans l’intérieur de 1 appa-
reil générateur de la famille. Or, s’il en était ainsi, il
serait difficile de comprendre comment les œufs qui
remplissent tout l’oraire, et dont les premiers sont
pondus long-temps avant que les derniers ne soient
développés, recevraient le contact de cette liqueur,
condition qui est nécessaire à leur fécondation; mais
il n’y a pas , que je sache, d’observation directe qui
prouve l’existence d’une copulation semblable , et 1 ab-
sence d’une poche copulatrice nous porte a penser que
chez ces animaux les œufs ne sont fécondés par le
mâle qu’au fur et à mesure de leur ponte, comme cela
a lieu chez les Grenouilles , ou bien après qu ils sont
tous sortis du corps de la mère , et cju’ils sont suspen-
dus aux appendices de son abdomen ou renfermés
entre les lames ovifères de son thorax.
Quoi qu’il en soit, c’est, comme nous l’avons déjà
dit, dans les parois de l’ovaire que les ovules se for-
ment d’abord, et, lorsqu’ils sont parvenus à une cer-
taine grosseur, ils se détachent et tombent dans la
cavité de cet organe pour être ensuite expulsés au de-
hors. La manière dont ce phénomène a lieu a été ob-
servée avec beaucoup de soin chez l’Ecrevisse lluvia-
tile , par un naturaliste habilè , M. Eathke , a qui l’on
doit aussi des recherches pleines d’intérêt sur le déve-
loppement de l’embryon des Crustacés.
L’œuf de l’Écrevisse Iluviatile, dit M. Rathke (i),
se présente d’abord sous la forme d’une vésicule tran-
sparente, à parois memliraneuses très-minces, plutôt
(i) Uiitersuchungen uler die Bilduiig uiid eulwicheltieg der Pluss-
hrebscn , in-folio ; Leipzig , iSag.
Ij6 HISTOinE NATURELLE
lenticulaire que spliérique, et remplie d’un liquide
aqueux. Plus tard il se forme autour de cette vésicule
une seconde tunique beaucoup plus ténue, c[ui est la
meïnbrane du jaune, et entre ces deux enveloppes il
se dépose un liquide transparent , qui bientôt devient
blanchâtre , opaque et visqueux ; c’est le premier rudi-
ment du jaune; et, en même temps que sa masse
augmente, on aperçoit dans son intérieur une grande
quantité de globules très-petits et blancs comme la
neige. La vésicule intérieure, que l’auteur nomme
vésicule de PurMnje^ reste transparente et s’accroît à
peine, de sorte quelle est d’autant plus petite, rela-
tivement à la membrane du jaune , que le développe-
ment de l’œuf est plus avancé. Elle occupe d’abord le
centre de la vésicule externe ; mais plus tard elle s’ap-
proche de plus en plus de l’un des côtés de cette der-
nière, et finit par la toucher presque dans un point
de sa circonférence, tandis que du côté opposé elle en
est séparée par un espace très-considérable.
Lorsque l’œuf existe depuis six mois, le liquide
contenu dans la vésicule extérieure , ou la membrane
du jaune, prend une couleur Isabelle, s’épaissit, et
présente un plus grand nombre de globules. Plus
tard, sa couleur devient d’un jaune orangé, et finit
par passer au brun foncé. Pendant qu’il éprouve ces
changemens , il s’en opère d’autres dans sa consistance,
car le nombre de globules qu’il tient en suspension
augmente au point de le transformer en une masse
visqueuse.
Les derniers changemens qui ont lieu dans l’œuf
pendant son séjour dans l’ovaire sont les plus impor-
tuns, et consistent d’une part dans la disparition de
la vésicule de Purkinje, et de l’autre dans l’apparition
DES CHUSTACÉS.
du germe. Ces deux phénomènes paraissent avoir lieu
à peu près simultanément, et il serait possible que le
germe fût produit par répancheraonl du liquide con-
tenu dans la vésicule interne ; il se présente d’abord
sous la forme d’un léger nuage blanchâtre, répandu sur
une partie de la surface du jaune. Peu à peu il se
transforme en une tache blanche, opaque, et s’étend
de manière à occuper cà peu près la sixième partie de
la superficie du jaune : ses limites ne sont pas bien
tranchées , et , lorsqu’on détache la membrane qui le
recouvre , on voit qu’il a beaucoup d’analogie avec du
blanc d’œuf coagulé. Enfin , le tégument externe de
l’œuf, ou la membrane du jaune, n’a que peu d’é-
paisseur; mais le jaune lui-même prend un grand dé-
veloppement.
Après être parvenu dans la cavité de l’ovaire , l’œuf
se dirige peu à peu vers l’orifice externe de l’un des
oviductes , dont les parois sécrètent , à l’époque du
printemps, un liquide albumineux assez épais qui
entoure cet œuf, et qui, en seconcrétant après la ponte,
constitue une deuxième enveloppe extérieure.
Lorsque les œufs sont pondus , on y distingue les
parties suivantes :
i”. Le jaune ou vitellus , qui forme la majeure par-
tie de la masse de l’œuf (i); sa couleur est noirâtre, et
il se compose de globules gélatineux de diverses gran-
deurs, agglutinés entre eux. 2”. Le germe lors de la
ponte de l’œuf; la tache que nous y avons vue aupa-
ravant, et qui constituait le germe, a tout-à-fait dis-
paru ; mais la surface du jaune , au lieu d’être unifor-
(2) PI. l-i, iig. I, n.
CRüSTACj's , I TOMT. I.
12
HISTOIRE XATUREÈLE
1^78
inément colorée en noir, présente maintenant un
aspect marbré, dépendant de la présence d’une cou-
che blanchâtre qui est répandue sur elle, et qui n’est
autre chose qu’une transformation de ce même germe.
3". La membrane du jaune{i), qui enveloppe le jaune
ainsi que le germe , et y adhère de toutes parts. Elle
est parfaitement transparente , très-mince , mais pré-
sente assez de consistance. 4'’- he chorion {'i) , tuni-
que qui enveloppe la membrane du jaune, et est
transparente comme elle, mais beaucou|i plus épaisse.
5“, Le blanc (3) , liquide transparent et aqueux qui
remplit l’espace que laissent entre eux la membrane
du jaune et le derme. Il est peu abondant , et diminue
progressivement , de manière que les deux membra-
nes dont nous venons de parler finissent par se tou-
cher. 6“. La membrane externe (4), qui enveloppe le
derme, et qui sert à fixer les œufs aux fausses pâtes
abdominales de la mère. Elle est peu épaisse, et sa
surface est inégale.
Afin de rendre plus méthodique la description des
phénomènes nombreux et variés que l’œuf de l’Ecre-
visse présente pendant son développement , M. Rathke
y distingue cinq périodes. La première est celle com-
prise entre la ponte de l’œuf et l’apparition des pre-
mières traces d’organes spéciaux.
Avant l’apparition de l’embryon, on observe à la
surface de l’œuf plusieurs changemens très-remarqua-
bles. Le premier de ces phénomènes consiste dans la
(I) PI. 14, fig. i,y.
(3) PI. i4, fig. I, h.
(3) PI. i4, lig, I, C.
(4) PI. 14. lig. I, «•
DES CBUSTACÉS. 1^9
form.ition d’un grand nombre de taches de couleur
grise blancliâtre et isolées entre elles, qui apparais-
sent sur la surface du jaune (i) ; elles sont formées par
la substance du germe, qui était d’abord répandue en
une couche uniforme ; peu à peu elles deviennent
blanches comme la craie, et présentent chacune un
point central obscur, ce qui leur donne l’aspect d’au-
tant d’anneaux irrégulièrement dentelés sur les bords.
Après avoir persisté dans cet état pendant quelque
temps , les taches dont nous venons de parler de-
viennent uniformément blanches , et diminuent en
grandeur et en nombre , puis disparaissent complè-
tement. En même temps la membrane du germe se
répand presque uniformément sur la surface du jaune,
et l’enveloppe comme un nuage léger, qui s’épaissit
dans un point de la superficie de l’œuf, et finit par s’y
rassembler en entier, de manière à y former de nou-
veau une tache blanche, pendant (jue le reste de la
surface du jaune rejn end sa couleur noire uniforme.
La tache du germe, ou blasloderute , diminue da-
bord d’étendue, et se colore uniformément en blanc;
mais bientôt elle commence à s’accroître en largeur
par l’addition d’une substance plasticjue formée par
le jaune, elle devient en même temps elliptique , et
l’on voit apparaître dans son milieu un petit sillon en
forme de fer à cheval. Peu à peu, et quelquefois
dans l’espace de peu de jours, ce sillon augmente
beaucoup de longueur, et les extrémités se réunissent
de manière à former une ellipse. Bientôt après le cen-
tre de ce sillon annulaire s’enfonce , devient de plus
(!) PI. i4, ('S-
l8o HISTOIRE NATURELLE
en plus profond, et prend la forme d’un petit sac,
dont les parois sont assez épaisses , et dont le fond
est beaucoup plus large (jue l’ouverture (i).
Pendant cjue ce petit sac se forme , la tache du
germe s’accroît beaucoup par l’addition sur ses bords
d’une substance plasti(£ue , et devient cordiforme.
Lorscjue l’œuf a subi ces diverses modifications , on
commence à y voir paraître les premiers rudimeus
d’organes ; ils prennent naissance du fond du sac ou
de la portion du blastoderme qui l’entoure, et plus
particulièrement de celles qui constituent la tache
grise cordiforme dont nous venons de parler. Pour
éviter les circonlocutions, M. Rathke appelle cette
partie du blastoderme, portion centrale; il donne le
nom de partie corticale à la portion externe du blasto-
derme qui en constitue la circonférence , et qui est
plus ou moins complètement transparente : enfin , il
ajipelle ligne médiane de l’œuf celle qui correspond au
grand diamètre de l’ouverture du sac.
Peu à peu l’ouverture du sac s’agrandit beaucoup ,
et , dans le point où elle présente le moins de largeur ,
le fond de sa cavité se rapproche de la surface , de
manière à se confondre peu à peu avec les parties voi-
sines du blastoderme, tandis que le reste du pourtour
de cette ouverture persiste , etjjrésente l’aspect d’uu
pli semi-lunaire , dont les extrémités s’écartent de plus
en plus entre elles. Lorsque le sac a subi ces modifica-
tions , et que le fond de sa cavité s’est avancé vers la
superficie de l’œuf, on y voit apparaître une petite
éminence en forme de mamelon , dont le sommet pré-
(i) PI. i4, tig. 3 et 6.
DES CRUSTACÉS. loi
sente une petite dépression. Ce tubercule est en partie
recouvert par la portion persistante du rebord du sac,
et n’est autre chose que le rudiment de la portion pos-
térieure du corps ( i).
Dans la moitié antérieure de la portion médiane du
blastoderme , et dans le point où existait la partie du
rebord du sac que nous avons vu disparaître plus haut,
il se forme en même temps deux petites lanières qui
sont situées de chaque côté de la ligne médiane, et
laissent entre elles un interv.alle assez considérable;
elles se dirigent obliquement eu avant et en dehors ,
et constituent les premiers vestiges des mandibules (s) .
Quelque temps avant l’apparition de ces organes , il se
forme un peu plus en avant deux autres paires de la-
nières semblables, qui représentent les rudimens des
antennes. Enfin , en même temps , on voit se dévelop-
per un petit point qui représente le labre , et qui oc-
cupe le milieu de l’espace qui existe entre les deux
antennes antérieures (3).
A cette époque, M. Rathke n’a pu découvrir au-
cune trace de tissus nerveux ou vasculaire ; mais le
blastoderme a pris tant d’accroissement, qu’il entoure
le quart de la siuface du jaune.
Au commencement de la seconde période , qui s é-
tend depuis la première apparition d organes spéciaux
jusqu’à la formation du cœur, la portion moyenne du
blastoderme s’épaissit et s’étend au point de recouvrir
environ la huitième partie de la surface du jaune 5
mais la portion corticale s’accroît encore plus rapide-
(1) PI. 14 ■ fis- 3, 4 et 12, n.
pj) PI. l4> fis- 4 et 12, m.
(3) PI. 14, fis- 4 et 12, l.
i82
HISTOIRE NATURELLE
ment. Quelque temps avant la fin de cette période ,
elle recouvre toute la surface du jaune, et paraît se
confondre avec elle dans le point opposé à celui occujié
parla portion centrale. 11 en résulte que le blastoderme
constitue alors autour du jaune une enveloppe com-
plète, mais elle est si ténue et si transparente, que
l’on a de la peine à la découvrir.
Nous avons dé jà vu qu’il se forme à la partie externe
et antérieure de la portion centrale du blastoderme
trois paires de lanières séparées par un espace assez
considérable. Celles qui constituent la paire anté-
rieure, et qui représentent les antennes internes,
sont d’abord peu distinctes , très-petites , et confon-
dues dans tonte leur longueur avec la surface du blas-
toderme, dont ils paraissent être un épaississement. A
mesure que ces lanières s’accroissent , leur contour
devient plus distinct, et elles prennent peu à peu la
forme de demi-cylindres ; leur extrémité externe , en
se développant , se sépare complètement de la surface
du blastoderme, et enfin, vers le commencement de la
période suivante , elle se fend et devient bifide (i).
Les lanières de la deuxième paire , ou les antennes
externes , présentent la même forme que les internes,
et se développent d’une manière semblable , mais plus
rapidement; et lorsque ces quatre appendices se sont
séparées du blastoderme, au lieu de se diriger trans-
versalement, ils se portent obliquement en dehors et
en avant.
Les lanières de la' troisième paire, ou les mandi-
bules , sont d’abord courbées , dirigées un peu en
(I) PI. i4i tîg. 5 et i5.
DES CUUSTACÉS. «83
arrière , et plus petites que les antennes ; elles se di-
visent bientôt comme celles-ci , mais moins profondé-
ment, et leurs deux moitiés se développent inégale-
ment.
Le labre apparaît d’abord sous la forme d’une verrue
extrêmement petite , située dans le milieu de l’espace
que laissent entre elles les deux antennes antérieures ,
mais bientôt il se dirige en arrière, et vient se placer
entre les antennes postérieures. Dans le principe , on
voit autour de sa base un enfoncement annulaire assez
profond, dont la moitié antérieure est promptement
remplie par une substance albumineuse. Bientôt
après , une substance plastique se dépose aussi clans
la moitié postérieure de ce sillon ; mais il y reste tou-
jours sur la ligne médiane une petite cavité qui se
creuse de plus en plus, et qui est le premier ludi-
ment de l’ouverture qui, plus tard, constitue la
bouche (i).
Après que les antennes antérieures se sont mon-
trées , on voit apparaître au devant d’elles les rudi-
mens des jewx; ils se présentent d’abord sous la
forme de deux petits renflemens qui s allongent , s ar-
rondissent à l’extrémité , et ressemblent , après quel-
que temps , à de petites massues étroites (a). Us se
séparent du blastoderme , comme l’ont fait les an-
tennes , et , <à la fin de cette période , leur extrémité
externe devient tout-à-fait libre , et est séparée de la
partie basilaire par une légère incision transversale.
Cette portion externe représente l’œil , et 1 interne
constitue son pédoncule.
l84 IlISTOIfiE NATUBELEE
Nous avons VU ci-dessus qu’il se formait, au fond
du sac du Mastoderme , un petit lutercule dont la
partie postérieure est recouverte par un sillon trans-
versal que forme le bord postérieur de l’ouverture de
ce sac^i). Ce tubcrculG cihdoïîiificil dirige en avant,
et prend la forme d’une lame plus longue que large ,
dont l’extrémité antérieure est libre et arrondie, tan-
dis que l’extrémité postérieure reste unie à la portion
moyenne du blastoderme. Elle s’avance jusqu’auprès
du labre et grossit beaucoup; sa face externe, en rap-
port avec la membrane du jaune , est convexe ; tandis
que la face supérieure, qui est en contact avec le
blastoderme, est concave. Enfin, le petit enfonce-
ment qui représente Vanus , et qui occupe l’extrémité
de cette lame , se creuse rapidement , et finit par s’ou-
vrir dans la cavité de l’intestin qui occupe l’intérieur
de cette portion du corps (2). 11 est à remarquer qu’à
cette époque l’ouverture anale occupe la face infé-
rieure ou externe de l’abdomen , tandis que plus tard
il doit occuper la face opposée.
Lorsque l’appendice caudal dont nous venons de
parler est parvenu à ce degré de développement , les
mâchoires proprement dites et les pates-mâchoires
commencent à se former. Dans l’Écrevisse adulte , ces
organes sont au nombre de cinq paires, mais ici on
n’en voit d’abord que trois paires qui se montrent
sous la forme de petites lanières placées de chaque
côté de la ligne médiane , dirigées transversalement
en dehors, et semblables à ce qu’étaient d’abord les
(i) PI. 14, (ig. 3 et 7.
(a) PI. 14, %. 5, 8, 9, 12, i3, 24, i5 et 18, a.
DES CRUSTACES.
l85
mandibules et les antennes. Peu de temps après la
formation de ces trois paires d’appendices, les mâ-
choires de la quatrième paire, ou secondes pates-mâ-
choires , commencent à se montrer dans le point tie
courbure qui sépare la partie antérieure du corps de
la portion postérieure, qui est formée par le tubercule
abdominal. Les mâchoires de la cinquième paire, ou
pates-mâchoires externes, apparaissent vers la même
époque; mais, au lieu d’être situées, comme les or-
ganes précédons , sur la portion de l’embryon qui fait
suite au blastoderme, elles occupent la face supé-
rieure du tubercule abdominal; la forme de ces mâ-
choires est exactement semblable à celle des autres(i).
Lorsque les mâchoires ont commencé à se dévelop-
per de la sorte , la base du prolongement abdominal
se porte en arrière et se redresse de manière à se placer
sur le même plan que le reste du blastoderme , tandis
que la portion postérieure de ce prolongement reste
couchée au-dessous, dans la position que nous lui
avons déjà assignée. 11 en résulte que toutes les mâ-
choires se trouvent alors sur le même plan , et que la
courbure du corps est placée en arrière de celles de la
cinquième paire (2).
A mesure que ces divers organes masticateurs se
développent , leur forme change considérablement : au
lieu d’être semblables entre elles, comme dans les
premiers temps, ils deviennent de plus en plus diflé-
rens entre eux et leur grandeur relative change très-
promptement ; elles deviennent d’autant plus grosses
qu’elles sont plus postérieures.
(1) Pl. 14, fig. 17-
(2) PI. 14, fig. 18.
inSTOIHE NATÜRELEE
Vers lepocjue de l’apparition des mâchoires de la
cinquième paire ou pieds-mâchoires externes, on voit
apparaître les premières traces de pâtes ambulatoi-
res (i). Les antérieures naissent les premières, et les
postérieures les dernières. De même que tous les au-
tres membres dont nous avons déjà parlé , elles se pré-
sentent d’abord sous la forme de petites lanières, et
naissent dans le point où nous avons vu se former les
deux dernières paires de mâchoires , c’esL-à-dire à
la lace supérieure du prolongement caudal , là où
il se courbe en avant pour devenir inférieur et
laiie suite au reste du corps. Aussi, à mesure que
les diilérentes paires de pâtes ambulatoires se for-
ment , cette courbure s’avance-t-elle vers la partie pos-
térieure de 1 œuf où se trouve le tubercule abdominal;
on voit en même temps la portion réfléchie de ce
prolongement s accroître beaucoup, et présenter à son
extrémité les rudimens de la nageoii'e caudale; sa face
inférieure, qui deviendra supérieure lorsque l’abdo-
men se redressera , oll're en même temps les traces
des six anneaux transversaux qui la composent (2).
Quant au repli transversal que nous avons vu re-
couvrir la base du prolongement caudal , il s’amincit
de plus en plus et finit par disparaître; mais, vers le
milieu Je cette période, il se montre de nouveau,
augmente beaucoup de volume, et constitue le rudi-
ment des pièces latérales de la carapace. En même
temps la portion périphérique du blastoderme ,
située entre les yeux, s’épaissit aussi et forme une
lame triangulaire qui constitue la portion anté-
(1) PI. 14, fig. ly.
(2) PI. 14, fig. 20 et 21.
DES CRU STAGES. l8y
rieiire de la carapace et représente le rostre (i).
Pendant la durée de cette époque, on voit appa-
raître les premières traces du canal intestinal. Mais,
afin de pouvoir exposer avec plus de clarté la manière
dont cet appareil se développe , nous n’en parlerons
que lorsque nous pourrons le suivre sous toutes ses
phases.
Le cœur commence aussi à se former à la (in de celte
époque. 11 naît à la partie dorsale du corps , à pende
distance du ])oint où le tliorax et l’abdomen se réu-
nissent, et p.araît produit jjarla portion ])rofondc du
blastoderme ('2). A l’aide d’un bon microscope , on dis-
liniïue dans cette partie du blastoderme deux feuiliets
distincts, mais très-intimement unis entre eux ; l’ex-
terne, très- ténu, transparent, est semblable à l’épi-
derme des animaux vertébrés; l’interne, au contraire,
pulpeux , épais et granuleux vers la fin de cette épo-
que ; et ce dernier présente , sur la ligne médiane
dorsale, un épaississement dont le milieu se creuse
d’une petite cavité , qui est le premier rudiment du
cœur. Cet organe ressemble alors à une petite vessie
plus longue que large, obtuse en arrière , pointue eu
avant , et aplatie de haut en bas.
Les premiers rudimens des vaisseaux sanguins se
montrent à la meme époque, et apparaissent sous la
forme de canaux creusés dans ce feuillet interne delà
portion tlu blastoderme qui représente la carapace ;
l’un d’eux se porte de la partie postérieure du cœur en
bas , vers la paroi inférieure du corps ; un autre , de
l’extrémité antérieure de cet organe, va se perdre près
(i) fl. 14. lig. 19, 20, ai, etc.
(a) Pt. 14. fig' 10, c.
niSTOIHE NATURELLE
du sommet de la tête, cestl’artère ophtalmique. Enfin,
à quelque distance de ce vaisseau, et de chaque côté du
cœur, on voit une autre artère qui se dirige en avant
et se termine en cul-de-sac vers le milieu de la cara-
pace ; ce sont les arteres antennaires. Ces divers vais-
seaux naissent si près du cœur, qu^on pourrait croire
qu’ils n’en sont que les prolongemens ; mais 1\I. Rathke
professe l’opinion contraire. Quoi qu’il en soit , ils
restent pendant long-temps très-simples , et acquièrent
un développement considérable avant que de présen-
ter aucune ramificatiou. Presque aussitôt après sa
formation le cœur commence à battre avec vivacité;
mais il ne renferme encore qu’un liquide aqueux dans
lequel on ne voit aucune trace de globules.
M. Rathke n’a pu se former que des idées assez im-
parfaites relativement au dévelopjiement du système
nerveux , a cause de la situation profonde de la chaîne
ganglionaire. Voici ce qu’il a observé à cet égard : à la
face supérieure de la portion du blastoderme qu’il
appelle lame ventrale^ et que nous avons déjà vu
donner naissance aux membres, il se forme un renfle-
ment longitudinal , de chaque côté duquel se trouve
une série de petits tnbercules qui représentent les
muscles des membres , tandis que dans son milieu il
règne une espèce de gouttière longitudinale (i) ; c’est
sur la portion moyenne de ce renflement , qui n’est
autre chose que le canal sternal décrit par M. Au-
douin et moi , que se forme le cordon nerveux thora-
cique. Cette partie du système ganglionaire se com-
pose d’abord de onze paires de petits points, qui se
distinguent par leur couleur blanchâtre , et qui sont
(i) PI. I), fig. 0.
DES CRUSTACÉS. 189
situés en séries les uns au devant des autres. Ces
taclies paraissent être réunies par paires; mais elles
sont cependant assez éloignées entre elles. La première
paire correspond aux mandibules , les cinq suivantes
aux mâchoires , et les cinq dernières aux pâtes ambu-
latoires. Au devant de cette double chaîne, on distin-
gue les cordons œsophagiens et des ganglions céphali-
ques; mais, à cette époque, ils sont encorepeudistincts.
Quant à la portion abdominale du système nerveux ,
l’auteur n’a pu rien découvrir relativement à son mode
de développement.
La troisième période que M. Rathke distingue dans
le développement de l’œuf s’étend depuis la formation
du cœur jusqu’à l’apparition des organes qu’il ap-
pelle glandes salivaires. Pendant sa dui'ée, on voit la
pièce abdominale du blastoderme s’agrandir beau-
coup et prendre peu à peu la forme d’un segment de
sphère. Les yeux grossissent beaucoup sans présenter
aucun changement remarquable ; les antennes externes
s’allongent; la petite fissure qui existait à leur extré-
mité devient plus profonde , de façon que ces organes
se terminent par deux appendices flabellifonnes ; en-
fin , elles présentent deux lignes transversales qui les
divisent en trois «articles placés bout à bout ; les an-
tennes externes croissent plus rapidement et devien-
nent beaucoup plus longues que les internes. Quant
aux cbangemens que subissent le labre, les mandi-
bules , les mâchoires et les pâtes , il serait trop long
de les exposer ici. L’ahdomen grossit beaucoup, prend
une forme conique, et présente à la face supérieure
six bandes transversales semblables à celles que nous
avons déjà vues se former à sa face inférieure; enfin ,
vers le milieu de cette période , il se développe à ciia-
'9® HISTDini: NATURELLE
cun «le ces anneaux, excepté au premier et au dernier,
deux petits proiongemens styliformes qui sont les ru-
ilnnens, défaussés pâtes abdominales (f).
Un des phénomènes les plus importans dont nous
avons a parler maintenant est le développement des
Lranchies «pii avaient déjà commencé à paraître avant
la lormalion du cœur. Ces organes consistent d’abord
en un certain nombre de proiongemens en forme de
platpes triangulaires , fixées par leur bout au-dessus
des trois paires de pâtes antérieures; ceux apparte-
nant aux pates-machoires paraissent les premiers, et
le dévCiOppement de tous a lieu par le sommet , de
manière que bientôt ils s’allongent beaucoup. Vers le
milieu de cette période , on remarque , sur chacune
de ces espèces de lambeaux , une fente qui pénètre de
leur bord extérieur jusqu’auprès de leur base, et qui
les divise en «leux moitiés inégales ; la plus petite «le
ces deux portions est cylintlrique et dirigée en «lehors ;
l’autre , au contraire , a la forme d’une feuille trian'ni-
Jaire. bientôt après il se forme , sur le cylindre dont
nous venons de parler, deux rangées de stries simples
et arrondies , qui constituent plus tard les filamens
branchiaux. Peu de temps après la formation de ces
branchies, et vers la fin de la période précédente , il
se développe au bout externe de chacune des pâtes
des quatre premiers pieds deux tubercules qui s’allon-
gent et prennent la forme de stylets lisses et arrondis ;
mais , à la fin de eette période , leur surface devient
inégale et se couvre d’une multitude de petites ver-
rues qui se transforment plus tard en filamens , car
ces organes sont aussi des branches.
Cl) PI. «4, fio..
cti, îT rt
DES CRUSTACÉS.
'9‘
A la base Je la pale Je la cinquième paire il ne se
forme qu’un seul de ces organes qui se développe
vers la même époque; la pale-mâchoire exlerne en
présente aussi un seul , et i! en naît deux au-dessus
des pates-mâcboires externes , comme sur les pâtes
dont nous venons de parler. Dans le principe ils sont
tous appliqués contre la face inférieure de l’embryon;
mais bientôt ils se redressent et se rendent sous la ca-
rapace , de façon qu’à la fin de cette période on ne les
aperçoit plus à l’extérieur (i).
Nous avons déjà dit que la portion périphérique
du blastoderme qui recouvre toute la partie supé-
rieure du jaune , et qui est destinée à former
la carapace, présente d’abord un épaississement
de chaque côté , près de la lame ventrale ; ces deux
épaississemens , qui ne sont autre chose que le rudi-
ment des portions latérales de la carapace, s’étendent
beaucoup pendant cette période , de façon que leur
extrémité antérieure se montre en avant, près des
yeux, tandis que la postérieure se juolonge au-dessus
de la base dos dernières pales , et va sc joindre à celui
du côté opposé. Dans le point où ces pièces latérales
de la carapace passent au-dessus de la lame ventrale,
il existe un sillon qui est d’abord très-petit, mais qui
acquiert bientôt une largeur considérable. L’un des
bords de cette gouttière longitudinale se soude à
l’épaississement ou pièce latérale dont nous venons
de ‘parler, tandis que l’autre se confond avec la portion
de la membrane dublastoderme située vis-à-vis d’elle ,
il en résulte de chaque côté de l’embryon une cavité
(I) PI, l4, lig- 22, h.
HISTOIRE naturelle
192
fermée par en haut et ouverte par en bas dans le sens
de sa longueur, qui devient de plus eu plus profonde
et plus étroite. Sa paroi externe est formée par la por-
tion latérale de la carapace, et c’est dans son inté-
rieur que viennent se placer les branchies.
Suivons maintenant le développement de l’intestin
dont les premières traces se montrent à l’époque où
les antennes et les autres appendices ont commencé à
SC former. On voit alors une membrane extrêmement
mince et gélatineuse apparaître sur la face interne
de la portion moyenne du blastoderme, entre elle et
le jaune (1). Bientôt cette production nouvelle s’accroît
beaucoup et prend une consistance assez considéra-
ble ; elle s’épaissit surtout dans deux points peu éloi-
gnés l’un de l’autre, c’est-à-dire vis-à-vis de l’enfonce-
ment situé à la lèvre (ou la bouche ) , et du tubercule
caudal. On voit ensuite se former dans chacun de ces
points un renflement qui est diiigé en dehors, sc
creuse d’une cavité, se rétrécit et sc transforme en un
petit canal perpendiculaire. L’un de ces petits canaux
est l’origine de l’estomac et de l’œsophage; l’autre, le
rudiment de l’intestin, et c’est dans leur cavité que
s’ouvrent la bouche et l’anus (2). Quant au reste de la
membrane, dont nous avons parlé ci-dessuS , il gran-
dit beaucoup, et constitue une espèce de calotte qui
entoure le jaune et qui présente dans son fond deux
espèces d’entonnoirs, lesquels s’ouvrent dans l’esto-
mac et l’intestin. Enfin , cette membrane s’étend au
point d’envelopper le jaune de toutes parts , et de
(I) PI. j/j. fig. 5, d.
(••*) PI. 14, lig. <), h, d.
DES CRUSTACÉS. 1 03
former une tunique qui l’entoure et qui est recouverte
elle-même par le blastoderme.
Vers la fin delà troisième période , lorsque le sac
dont nous venons de parler s’est lormé , il se déve-
loppe sur la ligne médiane de l’embryon une feuille
mince et falciforme, qui occupe la face interne de la
portion dorsale du blastoderme , et s’étend dans toute
sa moitié antérieure. L’extrémité la plus large de cette
feuille est fixée à la face antérieure de 1 estomac , qui,
à cette époque , a déjà acquis un développement plus
considérable ; son extrémité opposée se perd vers le
sommet de la tête de l’embryon. A mesure qu elle s ac-
croît , son bord concave presse de plus en plus sur le
sac , et y détermine la formation d un repli , dans le-
quel elle s’enfonce.
Quelque temps avant le commencement de la troi-
sième période , il se forme un repli semblable de cha-
que côté du sac , de façon que cette membrane vési-
culaire présente alors trois replis , un antérieur sur la
ligne médiane, et deux latéraux ; ses parois s épais-
sissent aussi beaucoup, etle volume du jaune diminue
considérablement.
La petite cavité perpendiculaire qui est située à la
partie inférieure et antérieure de ce sac , et qui con-
stitue le rudiment de l’estomac , s’allonge beaucoup
vers la fin de la seconde période , et se recourbe en-
suite en arrière , de manière à prendre la forme dun
crochet. A mesure que ce viscère grandit, la membrane
fiilciforme dont il vient d’être question , et dont 1 ex-
trémité inférieure y est fixée , l’entraîne en haut et en
arrière , et le fait pénétrer entre les deux lèvres du
repli antérieur du sac. La forme de la cavité stoma-
CRUSTACFS, TOME I.
histoire katuhelle
calé éprouvé et» même temps des modifications assez
grandes.
L’autre cylindre que nous avons vu se former en ar-
rière de l’estomac pour constituer l’intestin s’accroît
en même temps , et la portion du sac situé entre son
extrémité antérieure et l’estomac se rétrécit beaucoup,
tTe façon à rapprocher les deux moitiés du tube di-
gestif.
Peu après la première apparition du cœur, le foie
commence à se former. Dans le point où l’intestin se
joint au sac, on voit deux petits épaississemens qui
prennent bientôt la forme d’appendices , dont la sur-
face se couvre de petits renflemens véruqueux. Le
nombre et le volume de ces élévations augmentent de
plus en plus , et elles constituent les lobules et les vais-
seaux borgnes du foie. Enfin , dans la quatrième pé-
riode , ces organes prennent une couleur jaunâtre , et
deviennent irrégulièrement triangulaires.
Pendant la troisième période de l’incubation, le
système nerveux éprouve des modifications très-remar-
quables ; les douze ganglions post-œsophagiens qui
correspondent aux mandibules , aux mâchoires et aux
pates-mâcboires, se rapprochent les uns des autres
par paires , jusqu’à ce que ceux des deux côtés se
soient confondus entre eux(i); il en résulte qu’alors la
chaîne eanglionaire est unique dans la partie cor-
respondante à ces organes , tandis qu’elle est encore
double dans la portion qui répond aux pâtes thoraci-
ques. On voit en même temps le canal sternal se for-
mer et venir pour ainsi dire engaîner le système
nerveux.
(l) PI. lO, flÿ.
DES CRUSTACÉS. IQB
A la fin (le cette troisième période , les rudimens
des organes (jue M. Rathke appelle glandes salivaires,
commencent à se montrer ; elles naissent sur les côtés
du sac du jaune , et ont la forme de petites feuilles,
en contact avec la carapace par leur face externe.
La quatrième période du développement de 1 œuf
date de l’apparition de ces organes, et continue jus-
qu’à ce que la jeune Écrevisse soit sortie de ses mem-
branes. Pendant ce laps de temps, l’estomac s accroît
beaucoup plus que tous les autres organes , et il finit
par occuper la majeure partie de la cavité viscérale.
C’est surtout dans sa moitié antérieure que ce dévelop-
pement a lieu ; et , en même temps que la paroi su-
périeure se rapproche de la carapace , le jaune est
en partie absorbé. La membrane qui unit 1 extrémité
pylorique de l’estomac à l’intestin se raccourcit beau-
coup, s’épaissit, et acquiert la même conformation que
l’intestin lui-même. Enfin , à cette époque , le sac du
jaune ne communique plus avec le commencement
de l’intestin que par un ])etit trou, qui persiste jus-
eju’à la fin de la vie fœtale ; mais ce sac est encore si
gros qu’il environne l’estomac , et le cache pour ainsi
dire dans un de ses replis.
Pendant la durée de la période dont nous parlons,
la forme des diverses parties extérieures de 1 Écre-
visse se rapproche de plus en plus de celle qu on leur
voit lorsqu’elles sont arrivées a 1 état parlait.
Si l’on compare les phénomènes dont nous venons
de présenter l’esquisse avec ce qui se passe pendant
le développement de l’œuf des Arachnides , on y verra
la plus grande analogie ; les lois générales qui prési-
dent à la formation de tous ces animaux paraissent
même ne pasdifi'érer essentiellement de celles qui ré-
196 HISTOIRE NATURELLE
gissent le développement de l’embryon d.ins les ovi-
pares vertébrés ; mais , chez les animaux articulés, le
vitellus occupe la partie supérieure ou dorsale du
corps, tandis que chez les animaux vertébrés cette
poche communique avec l’intestin par la face infé-
rieure ou ventrale du corps. Du reste , cette différence
serait seulement apparente si les Crustacés, les Arach-
nides et les autres animaux analogues avaient réel-
lement une position renversée , ainsi que le pense
M. Ampère (1)^ car alors ce que l’on nomme ordinai-
rement la face dorsale de leur corps correspondrait
à la face ventrale de celui des animaux supérieurs.
Les jeunes Crustacés, au moment de leur sortie de
l’œuf, ressemblent souvent presque entièrement, sauf
le volume , à ce qu’ils deviendront par les progrès de
l’âge; mais d’autres fois ils diffèrent alors tellement
des adultes, qu’on pourrait les croire appartenir à
une autre race , et que pour arriver à l’état parfait
ils doivent subir de véritables métamorphoses. 'Tantôt
ces différences portent sur une partie du corps , tan-
tôt sur une autre ; par les progrès de l’âge on voit les
mêmes organes prendre chez les uns un développement
extraordinaire, tandis que chez d’autres ces mêmes par-
ties , tout en grandissant , deviennent plus petites
proportionnellement aux organes voisins; et, ce qu’il
y a de plus singulier, c’est que la nature de ces chan-
gemens varie non-seulement d’une famille à une
autre, mais quelquefois aussi entre les genres les plus
voisins.
(i) Voyez à ce sujet un mémoire de ce savant, intitulé :
Considérations philosophiques sur la détermination du système solide et
du système nerveux des animaux articulés. Annales des sciences na-
turelles, t. lï, p. 2fl5.
DES CRUSTACÉS. 1 97
Au premier abord, ces diverses modifications ne
paraissent dépendre d’aucune tendance constante de
l’organisme , et l’on pourrait croire que le développe-
ment de chacun de ces animaux se fait d’après des lois
différentes; mais il n’en est pas ainsi, car, en étudiant
avec attention ces changemens , on voit qu’ils peuvent
se classer tous de manière à satisfaire l’esprit , et se
rapporter, malgré leur diversité , à un petit nombre
de principes régulateurs, principes qui, du reste, se
révèlent aussi dans les espèces de métamorphoses dont
nous venons d’être témoin chez l’embryon de ces ani-
maux.
Les changemens que les jeunes Crustacés éprouvent
après leur sortie de l’œuf peuvent être considérés
comme étant le complément des métamorphoses de
l’embryon ; tantôt ces métamorphoses ont lieu presque
entièrement avant que le jaune ait quitté les mem-
branes de l’œuf ; mais d’autres fois il naît en quelque
sorte avant terme , et continue encore apres sa nais-
sance à présenter des changemens de structure analo-
gues à ceux que les premiers éprouvent pendant leur
vie embryonnaire.
Ces modifications sont de deux ordres (i) : les unes
consistent dans l’apparition d un ou de plusieurs an-
neaux du corps et des membres qui en dépendent ;
les autres dans des changemens qui s’opèrent dans la
forme et les proportions de parties qui existent déjà
à l’époque de la naissance , et qui persistent pendant
toute la durée de la vie , ou disparaissent plus ou
moins complètement.
(i) Voyez mon Mémoire sur les changemens de iorine que les
Crustacés éprouvent dans leur jeune Annales des sciences natu-
relles, t- XXX).
lyS HISTOIRE NATURELtE
Les Décapodes paraissent tous naître avec la série
complète de leurs anneaux et de leurs membres; Il en
est de même pour certains Edriophthalmes ; les Am-
phitoés et les Phronimcs , par exemple ; mais d’autres
animaux du même groupe ne présentent à la sortie de
l’œuf que six paires de pâtes ambulatoires , au lieu de
sept; c’est le cas pour les Cymothés, les Anilocres, etc.
Dans le groupe des Entomastracés , les jeunes sont
bien moins avancés dans leur développement ; en gé-
néral, on n’y distingue encore que les membres cé-
phaliques , et, sous ce rapport , ils ressemblent à l’em-
bryon de l’Écrevisse vers le commencement de la
seconde période d’incubation ; les anneaux tboraciques
et abdominaux , ainsi que les membres qui en dé-
pendent, n’apparaissent que successivement, et ce
n’est qu’après avoir changé de peau une ou plusieurs
fois que ces animaux parviennent à l’état parfait.
Les changemens de forme que les jeunes Crusta-
cés éprouvent dans les parties déjà existantes lors de
la naissance, varient suivant les espèces, mais ont
cela de commun qu’elles tendent presque toujours à
éloigner de plus en plus l’animal du type normal du
groupe auquel il appartient , et à l’individualiser da-
vantage: aussi, au moment de la naissance , ces ani-
maux se ressemblent-ils bien plus entre eux qu’à
l’âge adulte, et en général plus ils présentent d’ano-
malies étant à l’état parfait , plus ils éprouvent de
modifications pendant les premiers temps de leur vie.
Dans le groupe des Décapodes Macroures ces chan-
gemens de forme ne paraissent être que très-légers ;
ils ne consistent guères que dans un développement
proportionnel plus rapide de l’abdomen , et dans
l’augmentation des différences qui existent déjà dans
DES CRUSTACÉS. *99
la forme des diverses pâtes. Chez les Brachyures,
l’abdomen est au contraire plus développé , propor-
tionnellement, au moment de la naissance que chez 1 a-
dulte , et ne diffère pas sensiblement dans les deux
sexes ; l’article basilaire des antennes externes est en-
core libre, comme chez les autres Crustacés , et lefrout
ne se soude à l’anneau antennulaire de façon à recou-
vrir l’anneau ophthalmique que par les progrès de
l’âge (i).
Dans la division des Édriopbthalmes, la tête , qui se
compose d’autant d’anneaux que le thorax , mais dont
toutes les pièces sont soudées en une seule, est beau-
coup plus grosse chez les jeunes que chez les adultes ;
l’abdomen présente fréquemment des dillerences aii.r-
logues, et lorsque chez l’adulte l’une des paires de
pâtes offre quelque particularité de structure, cette
anomalie n’existe pas encore chez le jeune, ou du
moins n’est encore que peu apparente .
Chez les Copépodes , etc. , les métamorphoses
sont bien plus complètes; les jeunes sont en général
presque sphériques, et ressemblent beaucoup a l’em-
bryon des Crustacés supérieurs dont les membres
de la portion céphalique du corps seraient très
développés etles autres encore nuis (a). La plupart
de ces petits imimaux ont alors entre eux la plus
(I) Suivant M. Thompson, les Décapodes ^
tables métamorphoses , car ce naturaliste regarde anima
sous le nom de Zoé comme étant le jeune du Cra e nccp»
nos côtes. Mais cette opinion n’est pas étayee d observa '
précises pour entraîner la conviction. (Voyez larice
Dictionnaire classique d'histoire naturelle. ) .
fa) Voyez L. Jurine, Hist. des Monocles. Nordmann, Mihogra-
phische Beitrcege znr naturgeschichte der wirbellosen t icre. wei es
hclft, etc.
200
HISTOIilE NATUrîELLi;
grande analogie , et c’est en vieillissant qu’ils se mo-
difient, comme nous le verrons en traitant des Gyclo-
pes , des Argules , etc.
itnfin , dans le groupe des Crustacés siphonostomes,
et surtout chez les Lernées , ces changcmens sont por-
tés au plus haut degré, et dépendent non-seulement
du développement monstrueux de certaines parties
du corps , mais aussi de l’atrophie d’autres organes
devenus inutiles à cause du mode d’existence de ces
parasytes. Les observations intéressantes de M. JVord-
mann nous fourniront plus d’un exemple de ces méta-
morphoses, lorsque nous reviendrons sur ce sujet en
faisant l’histoire des Crustacés suceurs.
Ces changcmens de forme ne sont pas les seuls que
les Crustacés subissent pendant les premiers temps
de leur vie. D’après les recherches de M. Rathke , on
voit que lors de la naissance les organes de la géné-
ration ne sont pas encore formes chez l’Écrevisse, et
que les ganglions nerveux correspondans aux anneaux
qui portent les mandibules , les mâchoires et les pates-
machoires , sont encore distinctes, tandis que plus
tard ils se reunissent en une seule masse médullaire.
La charpente corneo-calcaire de l’estomac, qui n’existe
gueres que chez les Décapodes , ne se formera aussi
que très-tard ; enfin, cest seulement lorsque la jeune
Ecrevisse a environ un pouce de long que les ouver-
tures externes de la génération se montrent.
HISTOIRE NATURELLE
DES
CRUSTACÉS.
DEUXIÈME PARTIE.
CIiASSU’ICATIOKT ET BESCRIPTIOBiT DES
CRUSTACÉS.
CHAPITRE PREMIER.
DE LA CLASSIFICATION GÉNÉRALE DES CRUSTACÉS.
§ P'. Des divers systèmes et méthodes employés
jusqu’à ce jour pour la classification des
Crustacés.
Les rapports intimes qui lient entre eux la plupart
ries Crustacés n’échappèrent jioint au génie d’Aristote,
et c’est aux écrits de ce grand naturaliste qu’il faut re-
monter pour trouver les premières notions sur la clas-
sification de ces animaux. 11 les réunit sous le nom
de Malacostracés (twv fj.aW/.otyrpxy-oi-j ) , et les plaça
dans la grande division des animaux exsangues , qui
correspond à [leu près à celle des animaux sans ver-
202
HISTOIRE NATURELLE
tèbres des zoologistes modernes ; mais il ne reconnut
pas les liens étroits qui unissent ces êtres aux Insectes,
aux Arachnides , etc. , et il les rangea entre ses Mol-
lusques et ses Testacés.
Cette classification fut adoptée par les successeurs
d Aristote ; on la retrouve dans les ouvrages de Gesner,
d’Aldrovande, de Ruisch , etc., et elle ne fut complète-
ment rejetée que lorsque Linné eut fait prévaloir son
nouveau Système de, la nature. Prenant pour guide les
formes extérieures des Crustacés, plutôt que leur
organiSiition intérieure ou leur manière de vivre, il
évita, il est vrai, le défaut dans lequel était tombé
Aristote; il ne les rangea plus au milieu des Mollus-
ques , et il les rapprocha des autres animaux articulés ;
mais, en opérant cette réforme, il dépassa le point
auquel il aurait dû s’arrêter, car il confondit ensem-
ble les Crustacés, les Araignées, et les Insectes
aptères.
Quant aux genres établis par le zoologiste suédois
pour recevoir les Crustacés , ils furent au nombre de
trois , et décélèrent le tact admirable que possédait ce
savant observateur. En effet, deux de ces groupes,
auxquels il donna les noms de Cancer et (ÏOniscus,^
correspondent a peu près a deux des grandes divisions
les plus naturelles que l’on puisse établir parmi les
Crustacés connus du temps de Linné ; savoir ; les
Podophthalmes , les Edriopbthalmes ; et son troi-
sième genre, celui des Monocles, se compose essen-
tiellement des espèces réunies par la plupart des
auteurs les plus récens sous le nom collectif d’Ento-
mostracés.
F abricius adopta en partie la marche suivie par
Linné; il continua à regarder les Crustacés comme
des crustacés.
étant des Insectes ; mais, ayant pris pour base de la
classification de ces animaux la structure de 1 appareil
buccal, il changea la place c[ue son maître avait assi-
gné à ces animaux. Dans sa première classification (i),
ies Monocles et les Cloportes forment avec des Ne-
vroptères , des Hyménoptères et d’autres Insectes , la
chsse AesSynistala , et les Scorpions, réunis au genre
Cancer de Linné, composent celle des ^gonata. Cetle
modification ne présentait aucun avantage, mais Fa-
bricius commença dès lors à distinguer dansles Ciabes
de Linné plusieurs genres qui sont autant de divisions
naturelles.
Dans sa seconde méthode (/a) , ce naturaliste retira
les Scorpions de la classe des Agonates, et y plaça les
Monocles , ainsi que les genres nouveaux Lunule et
Gymothoé. Ce changement rendait le groupe bien plus
naturel , et , pour qu’il correspondît a la classe des
Crustacés, telle qu’on l’admet aujourdhui, il au-
rait fallu seulement y joindre les Cloportes que Fa-
bricius rangeait alors avec les Jules et les Scolopen-
dres dans sa classe des Mitosata.
Enfin , dans une troisième méthode de classification,
publiée en 1798 (i) , ce savant entomologiste divise les
Insectes en treize classes , dont trois comprennent les
Crustacés, et ne renferment ni Insectes , ni Myriapo-
des, ni Arachnides. Le tableau suivant en donnera
une idée ex<‘icte.
(l) Systema enlomologiœ ,
(12) ErUomotogia systematica II. ( 179^' )
(3) Supplcmentum entomologiœ systematicev. Hafnlce ^ ^79”‘
^^4 HISTOIBE NATURELLE
A. Insectes pourvus de mâchoires.
B. Ayant deux mâchoires.
I". classe. JS/eut/ierata.) Comprenant
2”. classe. Ulonata. 1 Iss Coléoptères,
3”. classe. Srnistata. 1 Orthoptères,
/o 1 A 7 I JNevropteres,
4”. classe. Odonata. \ et les
5°. classe. Pietata. j Hyménoptères.
BB. Ayant plusieurs mâchoires.
I Correspondant
6”. classe. Mûosata, J à la classe des
I Myriapodes.
classe. Unognata. l , Comprenant
^ j les Arachnides.
8'. classe. Po^gonata. j
9'. classe. Kleistasnata.i Comprenant
-, _ - \ les Ijrustaces,
10. Classe. J5;xoc/^7^a^a. |
AA. Insectes dépourvus de mâchoires.
Il”, classe. Gloss ata.
12”. classe. Rlijngota
i3”. classe. Antliata.
Comprenant
les Lépidoptères,
les He'miptères ,
et les Diptères,
La classe des Poljrgonata., ayant pour caractère
plusieurs mâchoires placées en dedans de la lèvre,
renfermait les genres Ligia, Idotéa, Cymothoa et
Monoculus . La division des Kleistagnatha était carac-
térisée de la manière suivante : plusieurs mâchoires
situées en dehors de la lèvre et fermant la bouche;
DES CRUSTACÉS. 2o5
elle contenait les Crabes à courte queue, les Limu-
les, etc. , dont Fabricius formait quatorze genres, sa-
voir : les genres Cancer, Calappa , Leucosia , Par-
thenope , Inachus , Ocjpoda , Dromia , Dorjpe ,
Orithyia , Portunus , Matuta , Ifippa , Sjmètiies et
Limidus. Enfin, les Exochnata avaient pour carac-
tère l’existence de plusieurs niâclioires en dehors de
la lèvre, et recouvertes par des palpes ; on y trouvait
les genres Albwiea, Scjllarus, Palinurus , Palœmon,
Alpheus , Aslacus , Periœus , Crangon , Pagurus ,
Galathca, Squilla, Posjdon ei Gammarus.
Quelque temps avant la publication du dernier ou-
vrage de Fabricius , M. Latrcille commença une révo-
lution importante dans les classifications entomologi-
ques. Ce savant eut l’heureuse idée d’appliquer à la
zoologie les principes que le célèbre Bernard de Jus-
sieu avait employés avec tant de succès pour la distri-
bution méthodique des plantes, et de ranger les In-
sectes d’après leiu’s rapports naturels.
Les méthodes dont les naturalistes se sont servies
pour classer les divers objets qui font le sujet de leurs
études ont été fondées tantôt sur les modifications que
présente un seul organe, considéré dans toute la série
de ces êtres; tantôt, au contraire, sur l’ensemble de
tous les caractères tirés de leur mode d’orrranisation ,
tant extérieurs qu’intérieurs. Les premières, qu’on
nomme méthodes artificielles, sont, en général, d’une
application très-facile dans la pratique; mais elles
éloignent souvent les animaux qui ont entre eux la
plus grande analogie de structure et de mœurs , et
elles ne font rien connaître de ces êtres que les modifi-
cations des organes d’où l’on tire leurs caractères dis-
tinctifs, Les secondes , ou méthodes naturelles , étant
ao(î HISTOIRE naturelle
au contraire fondées sur l’ensemble des caractères tirés
de l’organisation , il est évident que tous les animaux
rassemblés daus une même division doivent se ressem-
bler au moins sous les rapports les plus importans, et
(fue , si les classiücations de ce genre ollrent quelque-
fois des dillicultés pratiques, ces inconvéniens sont
bien contre-balancés par l’avantage immense de nous
faire connaître, par la seule place que l’animal oc-
cupe, tous les points les plus importans de son liis-
toire, considérée sous le rapport de l’anatomie, de la
physiologie et de la zoologie. En suivmit une méthode
artificielle , on n’arrive qu’à la connaissance du nom
de l’animal que l’on veut classer , tandis que les mé-
thodes naturelles nous enseignent en même temps sa
nature, si l’on peut s’exprimer ainsi, et nous le font
réellement connaître. Aussi , les méthodes artificielles
sont-elles généralement abandonnées de nos jours , et
en entomologie , de même que dans toutes les autres
branches de l’histoire naturelle, emploie-t-on unique-
ment les classifications naturelles.
Les classifications de Linné et de Fabricius sont,
comme on a pu le voir, complètement artificielles et
les premiers essais d’une classification naturelle en
entomologie datent de 1 796, époque à laquelle M. La-
treille publia, à Brives, son premier ouvrage, inti-
tulé : Précü des caractères génériques des Insectes.
Ce savant y range les Crustacés parmi les Insectes
aptères , et ne sépare pas les Aselles , les Cyames et
les Cloportes des Myriapodes ; mais il place tous les
autres animaux de ce groupe naturel dans deux classes,
les Entoraostracés et les Crustacés, divisions qui sont
encore adoptées par plusieurs zoologistes.
En 1798, M. Cuvier s’occupa du même sujet , et il
DES CRUSTACES.
207
introduisit dans cette partie de la zoologie , comme
dans toutes les autres Lranclies de la même science ,
des modifications importantes. Il laissa encore les
Crustacés parmi les Insectes , mais il les réunit en un
seul groupe (i).
Peu de temjis après, M. Cuvier sentit la nécessité
de séparer complètement les Crustacés des Insectes ;
Brisson (2) etLefrancqde Berkley(3) avaient déjà pro-
posé de suivre cette marclie ; mais leurs classifications,
n’étant pas fondées sur des caractères d’organisation as-
sez importans, n’entraînèrent pas l’assentiment des na-
turalistes, et c’est seulement depuis la publication des
travaux anatomiques de M. Cuvier que cette division
a été établie sur des bases solides. Dans le premier vo-
lume des Leçons d’anatomie comparée de ce savant,
rédigées par M. Duméril (3) , la classe des Crustacés
est définie de la manière suivante : « Animaux inver-
tébrés, ayant des vaisseaux sanguins, une moelle épi-
nière noueuse et des membres articulés , » taudis que
les Insectes sont dépourvus de vaisseaux sanguins.
Les progrès de la science ont fait rentrer dans le
groupe naturel des Crustacés ainsi circonscrits , les
Aselles, les Cloportes et les Cymotboés que M. Cuvier
laissa parmi les Insectes, et ont nécessité l’emploi de
quelques autres caractères, pour distinguer ces ani-
maux des Araignées qui ont aussi des vaisseaux san-
(l) Voyez T’ablcau élémentaire de l’histoire naturelle des animaux,
(a) Le ilègne animal divisé en IX classes. Un vol. in-4°- j
Paris, 1756. ^
(3) Cité par Latreille dans son Histoire naturelle des Crustacés et
des Insectes, t. V, page )i.
(3) Leçons d'anatomie comparée , t. 1, talilcau septième; Paris,
an Vin.
208
HISTOIRE NATURELLE
guins ; mais néanmoins on doit considérer les modi-
fications projiosées par M. Cuvier comme un pas
immense vers le perfectionnement de cette partie de
nos classifications naturelles.
Presc[ue tous les naturalistes qui depuis lors se sont
occupés de la distribution méthodique des animaux
articulés , ont sanctionné la séparation des Insectes et
des Crustacés , et ont reconnu en même temps les
liens étroits qui unissent entre eux ces divers animaux ;
aussi s’accorde- t-on assez généralement à en former une
classe distincte. Nous devons dire cependant que M. de
Blainville ne partage pas cette manière de voir, car
il divise les animaux articulés qu’il nomme Entomo-
zortûeA , d’après la structure ouïe nombre de leurs
pieds , en huit classes , dont trois sont formées par les
Crustacés (i).
En i8o I, Lamarck (2) fit faire quelques progrès nou-
veaux à cette branche des classifications zoologiques ;
car il caractérisa les Crustacés de manière à les distin-
guer des Arachnides aussi bien que des Insectes.
D’après lui, ce sont des animaux ayant « le corps et
les membres articulés , la peau crustacée qui tombe
et se renouvelle à certaines époques; un cerveau et
des nerfs ; des branchies pour la respiration ; un cœur
musculaire et des vaisseaux pour la circulation .
Quant aux limites assignées à ce groupe naturel par
ce savant , ainsi que par les auteurs plus récens , nous
aurons l’occasion d’en parler bientôt ; mais nous de-
vons maintenant voir quelles sont les modifications
(1) Voyez les tableaux joints au premier volume des Principes
d'anatomie comparée, par M. de Blainville.
(2) Système des animaux sans vcitèbres ,\t. i^3.
DES CRUSTACÉS. QOg
successives apportées dans la distribution de ces ani-
maux entre eux.
Lamarck rangea les Crustacés de la manière sui-
vante.
A. Crustacés pediocles. Deux yeux distincts élevés sur des
pédicules mobiles.
B. F'. section. ( Cancri brachyuri. ) Corps court ,
ayant une queue nue , sans feuillets , sans appendices
latéraux, et appliquée sur l’abdomen.
Genres. Crabe , Calappe , Ocypode ,
Grapse, Dorippe, Fortune, Podoph-
thalme , Matute , Porcellane , Leu-
cosie , Maïa , Arctopsis.
BB. 2°. section. {Cancri maerouri.) Corps oblong,
ayant une queue allongée , garnie d’appendices , de
feuillets ou de crochets.
Genres. Albunée , Hippe , Ranine , Scyl-
lare , Ecrevisse , Pagure , Galathée ,
Palinure , Crangon , Palémon, Squille,
Branchiopode.
AA. Crustacés sessiliocles. Deux yeux distincts ou réunis
en un seul , mais constamment fixes et sesslles.
D, i'®. section. Corps couvert de pièces crustacées
nombreuses, soit transversales, soit longitudi-
nales.
Genres. Crevette, Aselle, Chevrolle, Cya-
me , Ligie , Cloporte , Forbicine , Cy-
clope.
DD. 2”. section. Corps couvert par un bouclier
crustacé d’une seide pièce ou de deux pièces.
Genres. Polyph'eme , Limule , Daphnie
Amymone, Céphalocle.
CRUSTACÉS , tome T. l4
atio
HISTOIRE NATURELLE
Vers la même époque, M Latreille fit fie nouveaux
changemens fians la distribution méthodique des
Crustacés (3) ; il continua à laisser parmi les Insectes
les espèces dont se compose aujourd’hui l’ordre des
Crustacés Isopodes ; mais il fit une chose importante
pour la science en établissant parmi ses Malacostra-
cés et ses Entomostracés des ordres et des familles
dont plusieurs sont très-naturelles.
Voici le tableau de cette seconde méthode de M. La-
treille .
A. i'“. sous-classe. Entomostracés : mandibules nues ou
milles J bouche forme'e au plus de deux rangées d’autres
pièces ; antennes et pâtes à forme branchiale ; tarses
sans onglet corné au bout ; test cljpéacé univalve ou bi-
valve , ou segmens annulaires du coi-ps cornés ou mem-
braneux ; yeux sessiles , souvent même réunis en un.
B. Test univalve ou bivalve. ( i’’”. section. Operculés.)
G. Test univalve (Clypéacés).
i". ordre. Xyhosures. { Genre Limule. )
2'. ordre. Pneumonures. (G. Calige Binocle,
Ozole. )
3'. ordre. Phyllopodes. ( Genre Apus.)
CG. Test bivalve. { Ostracrodes. )
4“. ordre. Ostrachodes. (Genres Lyncè, Cypris,
Daphnie, Cythérée.)
BB. Corps annelé dans toute sa longueur. ( 2'. sect. N ues.)
5“. ordre. Pseudopodes. ( G. Cyclope , Ar-
gulc. )
6®. ordre, Céphalotes, ( G. Polypheme , Zoé ,
Branchiopode. )
(3) Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, t. V, p- i83
ÜLinMi^e f.ûs uit suite aux Œuvres de lîud'on, édition de Sonnini; •
21 I
DES CRUSTACÉS.
AA.. 2'. sous-classe. Malocostracés : mandibules palpigers ,
plusieurs rangs de pièces en forme de palpes ou de mâ-
choires articulées à la bouche ; 4 antennes , point bran-
chiales ; 10 à i4 pâtes uniquement propres au mouve-
ment ; tarses ayant un onglet corné au bout ; test ou
segmens annulaires du corps calcaires ; yeux souvent
pédoncules et toujours au nombre de deux.
D. Test confondu avec le corselet j branchies cachées ;
dix pâtes.
i®". ordre. Décapodes.
I section. Brachyures.
famille. Cancérides.
X Platymatiens.
+ Littoraux. (Genres Calappe,
Hèpate, Dromie, Crabe.)
-f-h Pclagieus. ( G. Matute ,
Portune, Podophthahne.)
XX V'gdans. (Genres PorceZ/rtne,
Ocypode , Grapse , Pinno-
tlihrc. )
2*. famille. Oxyrynrjues.
( Genres Orithie , Ranine ,
Dorippe, Coryste, Leuco-
sie, Macropodc, Ma'ia.)
2'. section. Macroures.
3®. famille. Paguriens.
( Genres Pagure, Albunée ,
Hippc. )
4‘. famille. Langoustines.
^GenresScyPare, Langouste,
Galathée. )
5°. famille. Homardiens.
(Genres Écrevisse, Alphée ,
Penéc, Palèmon, Crangon.)
'4'
212 HISTOIRE NATURELLE
2®. ordre. Brakchiogastres.
i'®. famille. Squilliaires.
( Genres Squille, Mysis. )
2“. famille. Crevettines.
{ Genres Phronime , Che-
vrette, Talitre, Chevrolle,
Cyame. )
En 1806, M. Dinnéril donna, dans sa Zoologie
analytique,, une nouvelle dislribution systématique de
la classe des Crustacés, dont il exclut les Cloportes, etc.
En voici le résumé.
A. Crustacés mis ou à disque de corne, (r''. ordre Ewtomo-
STRACÉS.)
B. Un test.
G. Test en forme de bouclier.
r®, fam. Aspidiotes onClypéacés.
(Genres Lîmule, Calige , Bi-
nocle, Ozole,Apus.)
CG. Test en forme de valves.
2®. fam. Ostracins ou Bitesta-
cés.
( Genres : Lyncé, Daphnie,
Cypris , Cythérée. )
BB. Point de test.
3®. fam. Gymnonectes , ou
Dénudés.
(Genres Argule , Cyclope,
Polyph'eme, Zoe, Bran-
chipe.)
AA. Crustacés à croûte calcaire. { 2®. ordre. Astacoïdes. )
D. Tête unie au corcelet.
E. Queue courte.
F, Corps plus large que long.
DES CRUSTACÉS. 2l3
4®. fam. Carcinoïdes ou Cancé-
rlformes.
(Genres Calappe , Hépate ,
Dromie , Crabe , Matute ,
Fortune , Podophthalme ,
Porcellane, Ocypode,
Grapse , Pinnothere, )
FF. Corselet plus long que large.
5®. fam. Oxyrhynques ou
Mucronés.
{Genres Maîa, Leucosie ,
Dorippe, Orylhie, Ra-
niiie. )
EE . Queue longue enpvoporllon du corps.
6®. fam. Macroures ou Longi-
caudes.
(Genres Pagure , Alhunie,
flippe , Scyllarc , Pali-
nure , Galathée , Ecre-
visse, Penée, Palémon,
Crangon.)
DD' Tète se’parée du corselet.
■J®, fam. Arthocéphales ouCapités.
(Genres Squille , Mysis ,
Phronime, Talitrc, Cre-
vette. )
La classification adoptée parM. Latreille dans son
Généra Crustaceorum et Insectorum, publie en 1 8o'^ , e t
danssesConsidérations générales sur les Crustacés^ etc.
(iSio), ne diffère f(ue pende celle exposée par ce savant
dans son Histoire naturelle des Crustacés et des Insec-
tes ; il est par conséquent inutilede nous y arrêter ici.
2.1^. HISTOIRE NATURELEE
Il en est encore de même de la méthode présentée par
M. Leach , dans \ Encyclopédie d’Édimbourg : seule-
ment, aulieude placer les Myriapodes avec les Insectes,
il en fait des Crustacés ; il change aussi les noms de quel-
ques-unes des divisions de M. Latreille , et établit
plusieurs genres nouveaux ; dans la famille des Cancé-
rides, par exemple , il en ajoute huit aux genres déj.à
admis, etles désigne par les noms de Lupa, Caremus^
Portumnus , Xanlho, Atelecyclus, Uca, Gonoplax et
Gecai'cinus ; il augmente la famille des Oxyrhynques
des genres Me galop a , Hyas , Eurynoma, B las tus ,
Pisa et Leplopodia ; et place dans celle des Astaciens
les senr RS Blippoly te , Gebia , Callianassa , Mysis ,
Pandalus et Alhanas. Les Squilliaires sont pour
M. Leach des Macroures, et il divise ses Gasteroures
en cinq familles , les Gnathonii , formées par le genre
Gnathia^ qui est plus généralement connu sous le nom
A’Ajiceus : les Gamniarini ^ comprenant les genres
Phronima, Talitms , Gammarus, Orchestia, Dexa-
mine, Leucothoé, Melita, 3Iœra, Amphithoeet Phe-
rusa ; les Corophionii , formées par les genres Coro-
phia, PodoceruselJassa: \es Caprellini^ comprenant
les genres Caprella, Cyamus et Proto; enfin les
Apseudii qui correspondent à un nouveau genre éta-
bli pour recevoir un Crustacé singulier et mal connu ,
décrit par Montagu. Dans un appendice (i)à ce tra-
vail, M. Leach modifie cette classification ; il sépare
les Myriapodes proprement dits des Crustacés, et
place les familles des Asellides et des Oniscides dans
(ï) A Tnhular view of lhe externat characters of four classes of
animnls wbich Linneus urranired under Insecia, etc. ; by W. K. Leucli.
( Transactions of the Linnean Society of London, vol. XI; i8i5.)
DES CRUSTACÉS. 2i5
la division des Gastemri. Enfin, dans une troisième
méthode (i), publiée par ce savant en i8i5, il s éloi-
gne encore davantage de la classification de M. La-
treille ; car, au lieu de diviser les Décapodes Brachyures
en deux familles d’après la forme de leur test , il les
range d’après le nombre des segmens mobiles de leur
abdomen , en trois groupes , qu’il regarde comme
étant très-naturels , mais qui , ainsi que nous le ver-
rons par la suite , sont loin d offrir cet avantage.
Vers la même époque, M. Ris.so apporta quelques
cbangemens dans l’arrangement des diverses familles
établies parM.Latrcilledansla classe des Crustacés (a),
et M. de Blainvüle proposa de ranger ces animaux en
trois groupes : les Décapodes, les Hétéropodes et les
Tétradécapodes (a) ; la première de ces divisions com-
prend les Décapodes des autres auteurs , plus les Li-
mules ; les Hétéropodes sont les Squilles, les Entômos-
tracés , etc. ; enfin les Tétradécapodes corrc.spondent
à peu près aux Gastéruri de M. Leach.
Bientôt après la publication des travaux dont nous
venons de parler, M. Latreille s’occupa de nouveau
de la classification naturelle des Crustacés, et y fit
faire encore cjuelques progrès. Dans le troisième vo-
lume du Règne animal de M. Cuvier , ce savant as-
signe au groupe des Crustacés les mêmes limites que
M. Leacb , et, sans attacher à la distinction des Mala-
costracés et des Entomostracés une importance que
/’i) Histoire naturelle des Crustacés des environs de Nice , par
M. Risso. 1816. ,
(2) Essai sur une nouvelle classification des ammaui , par 1 .
Blainville. ( Bulletin des Sciences , par la Société philomatique de
Paris, 181G; et Principes d'anatomie comparée , t. 1; Paris, loaa.)
2(6 HISTOUIE naturelle
ces divisions ne méritent pas, il établit dans cette
classe cinrr ordres qui pour la plupart se subdivisent
à leur tour en plusieurs familles et tribus. Voici en
peu de mots les principales dispositions de cette mé-
thode.
CLASSE DES CRUSTACÉS.
ORDRE. Décapodes.
Un palpe aux mandibules , yeux mobiles, tête confondue
avec le tronc ; branchies pyramidales, feuilletées ou en plumes,
situées à la base extérieure des pieds-màchoires et des pieds
proprement dits, et caehés sous les bords latéraux du test.
FAMILLE. BrACHYURES.
i‘'“. section. Nageurs.
Genres. Fortune, Podophthalme , Matute, Orythie.
2'. section. Arqués.
Genres. Crabes, Hépate.
3'. section. Quadrilatères.
Genres. Palgusie, Grapse, Ocypode, Gonoplace, Gecarcin,
PotamophLle , Eriphie.
4. section. Orhiculaires.
Genres. Pinnothère, Atétécycle, Thia, Goryate , Leucosie,
Ixa, IVIictyre.
5«. section. Triangulaires.
Genres. Inachus, Lithode, Macropode, Pactole, Docléo,
Mithrax, Parthenope.
6°. section, Cryptopodes .
Genres. Migrane , OEthre.
PES CRUSTACÉS.
aiy
7®. section. Notopodes.
Genres, Dromie, Dorippe, Homole, Ranine.
3®' FAMILLE. MacROURES.
i®®. section. Anomaux.
Genres. Albune'e, Hippe, Remipède, Pagure, Porcellane,
Galathée.
2®, section. Homards.
Genres. Scyllare, Langouste, Ecrevisse, Thalassino.
3®. section. Salicoques.
Genres. Processe , Penée , Alphée , Crangon , Pandale ,
Palémon, Pasiphe'e.
4®. section. Schizopodes.
Genres. Mysis , Nebalie.
^2®, ORDRE. StOMAPODES.
Un palpe aux mandibules ; des yeux mobiles ; tète distincte
du tronc, divise'e en deux parties, dont l’ante'rieure porte les
antennes et les yeux ; branchies en forme de panaches suspen-
dues sons la queue , etc.
Genres, Squille, Erichthe.
3®. ORDRE. AmPIIIPODES.
Un palpe aux mandibules ; yeux immobiles ; tète distincte
du tronc et d’une seule pièce ; branchies vésiculeuses situées
à la face intérieure des pieds, etc.
Genres. Phronime , Crevette , Talitre , Corophie.
4®. ORPRE. IsOPODES.
Mandibules sans palpe ; bouche composée de plusieurs
mâchoii’cs, dont les deux inférieures imitent , soit deux petits
pieds réunis à leur base , soit une lèvre avec deux palpes ; bran-
chies ordinairement situées sous l’abdomen ; tous les pieds
simples et locomotiles ou préhensiles.
2i8
HISTOIRE NATDREIiLE
i"'®. section. Cystibr anches.
Genres. Leptomère , Proton , Ghevrolle, Cyame.
2“. section. Phytibranches.
Genres. Typhis , Ancée , Pranize , Apseude , Joue.
3®. section. Pierygibranches.
Genres. Cymothoé , Sphérome , idotee ; Aselle , Llgie,
Philoscie, Cloporte, Porcellion , Armadille, Bopyre.
5“. ORDRE. BrANCHIOPODES.
Point de palpe aux mandibules lorsque celles-ci existent ;
bouche tantôt en forme de bec , tantôt composée de plusieurs
nairhoires , mais dont les deux inférieures n’ont pas l’appa-
rence d’une lèvre aux deux palpes ; pieds en forme de na-
geoires avecles branchies attachées à une partie d’entre eux; etc.
section. Pœcilops.
Genres. Limule , Calige , Argule , Cécrops , Dichclestion.
2“. section. Phyllopes.
Genres. Apus , Branchipe , Eulimène.
3. section. Lophyropes.
Genres. Cythérée , Cypris , Daphnie , Lynée , Cyclope,
Polyphème, Zoé.
Cette classification, qui repose sur des bases bien
plus solides rjue la plupart des autres méthodes , fut
adoptée avec quelques changemens par M. Lamark (i),
et a reçu de nouveaux perfectionnemens dans les
écrits plus récens de M. Latreille.Dansl’un des articles
du Dictionnaire d’ Histoire naturelle , ce zoologiste
(l) Histoire naturelle des animaux sans vertèbres ^ t. V.
des crustacés. 219
établit , sous le nom de Læmipodes , un sixième ordre
pourrevoirlesisopodes Gystibranches, et dans son ou-
vrage sur les Familles naturelles du règne animal,
il modifia encore davantage la classification des Crus-
tacés en général, comme on pourra en juger par le ta-
bleau suivant ;
A. Bouche composée d’un labre , d’une languette , de deux
mandibules et de quatre mâchoires. ( ]\îii.xillosa> )
B. Huit paires de pieds au plus places entre la tete et
l’abdomen, en comprenant les pates-niachoircs.(Pûui'
cip'edes.)
yeux portés sur un pédoncule inobde, (^Di-
nocles. )
D. Branchies en forme de languettes pyramidales,
situées près la base des pieds et cachées sous
les côtés du thoracido, qui se prolonge de
l’extrémité antérieure de la tête jusqu’à 1 ori-
gine de l’abdomen , etc.
i"’’. ordre. Décapodes.
DD. Branchies en forme de houppes ou de pana-
ches suspendus sous l’abdomen , etc. , etc.
2'. ordre. Stomapodes.
CC. Yeuxsessiles et immobiles.
E. Deux veux ; corps annelé dans toute sa
lonuueur , tête distincte , etc.
F. Tête confondue avec le segment qui
porte les secondes patcs-machoires ;
point d’appendices abdominaux nota-
Lies , etc.
3*^- ortlre. Læmipodes.
U20
HISTOIRE ^AÏÜRELEE
FF. Tête séparée du segment qui porte
les secondes pates-mâchoires , etc. ;
mandibules palpigères ; des corps
vésiculeux à la base des pieds.
4“. ordre. Amphipodes.
FFF. Tête séparée du segment qui porte
les secondes pates-mâchoires , etc. ;
mandibules dénuées de palpes ; point
de corps vésiculeux à la base des pâtes;
appendices inférieures du post-abdo-
men lamellaires ou vésiculeux.
5®. ordre. Isopodes.
EE. Un seul œil; tête confondue avec le tho-
rax , etc.
6°. ordre. Lophyropodes.
BB, Onze paires de pieds entre l’appareil buccal et l’o-
rigne de l’abdomen , ou le point où sont placés les
œufs {Multipedes),
7®. ordre. Phïllopodes.
AA. Bouche entourée de 2Meds ou ayant la forme d’un siphon.
( Edentata. )
G. Point de siphon.
8®. ordre. Xyphosures,
GG. Un siphon.
9®. ordre. Siphonostomes.
En 1823, M. Desniarest publia aussi un ouvrage
sur les Crustacés, et bien qu’il appréciât à leur juste
valeur plusieurs des défauts delà méthode de M. Leach,
il crut devoir l’adopter, afin de mettre son traité en
DES CRUSTACÉS. 22 1
harmonie avec le dictionnaire dont il l’a extrait. Il fit
à cette classification rjuelques modifications nécessitées
par les progrès de la science , mais elles ne sont pas
assez importantes pour nous arrêter ici.
A l’occasion d’un travail sur les Amphipodes , pré-
senté à l’Académie des sciences en mars i83o (i) , nous
nous sommes occupés également de la classification
des Crustacés, et, tout en adoptant la plupart des di-
visions établies par M.Latreille, nous avons cru devoir
y porter quelques changemens. Cette méthode nou-
velle est fondée sur l’ensemble des modifications que
nous offre l’organisation de ces animaux, et diffère de
celle de M.Latreille, non-seulement par le nombre des
ordres dans lesquels les divers Crustacés sont rangés,
mais aussi par les limites assignées .à plusieurs de ces
divisions. On pourra en juger par le résumé suivant :
A. Bouche dèpouivue d’ organes spèciaux de mastication.
Ordre des Xyphosures.
llûucbe entourée do pâtes ambulatoires, dont les bases renl-
plissent l’office de mandibules ; corps formé de deicc portions
distinctes , Tune céphalo-thoracique portant la bouche , etc. ,
1 autre abdominale garnie en dessous d’une se'rie de pâtes la-
mclleusos et branchiales.
Ordre des Siphojvostomes.
Bouche en forme de suçoir , et entourée de membres pré-
hensiles qui sont suivis dun certain nombre de pâtes lamel-
leiises.
(») Ce travail a été imprimé en partie dans le tome V des Mé-
moires clc^ la Sodé'.e d histoire naturelle de Paris, dont la publication a
été empccliée par des cmliarras de librairie. Il eu a paru un extrait
dans les Annales des sciences nninrelles , t. XX ; mars i33o.
222
HISTOIRE NATURELLE
]?. Bouche armée d'organes spéciaux de mastication,
savoir d’une paire de mandibules et d’une ouplusieurs
paires de mâchoires.
Ordre des Ostrapodes,
Corps sans divisions annulaires distinctes et renfermé en en-
tier sous un grand bouclier doi-sal ayant la forme d’une coquille
bivalve; pâtes thoraciques cornées , non branchiales , verglfor-
mes et au nombre de quatre paires au plus.
Ordre des Gladocères.
Corps divisé en un certain nombre d’anneaux bien distincts ;
pâtes thoraciquesaplatiesjlamelleuses, membraneuses en totalité
ou en partie , paraissant servir à la respiration, (pâtes branchiales)
et au nombre de cinq paires ; point de pâtes abdominales ; tète
distincte du reste du corps , qui est divisé en huit segmens et
renfermé dans un test bivalve.
Ordre des Piiyllopodes.
Corps articulé ; pâtes thoraciques branchiales au nombre
de huit paires, et souvent suivies de plusieurs paires de pâtes
abdominales ; tête distincte du reste du corps, et donnant en
général naissance à une carapace qui recouvre l’animal en tota-
lité ou en partie ; thorax et abdomen formés par une série de
quatorze anneaux ou plus.
Ordre des Cofépodes,
Pâtes thoraciques vergifoi’mes , cornées et ne jiaraissaut en
aucune façon propres à remplir les fonctions de blanchies ;
point de branchies proprement dites , de vésicules bran-
chiales , ou de fausses pâtes abdominales branchiales ; yeux
immobiles et non pcdonculés ; thorax complètement à décou-
vert , di\ isé en plusieurs .segmens et portant cinq paires de
pâtes en général natatoires etliiramées. Abdomen composé de
DES CRUSTACÉS. 223
deux segmeiis au moins et terminé par une nageoire caudale,
mais ne portant jamais de fausses pâtes.
Ordre des Læmipodes.
Pâtes thoraciques, vergiformes et non branchiales ; point
de branchies proprement dites; palpes des moinlires thora-
ciques transformés en vésicules branchiales ; jeux sessiles ;
thorax à découvert et divisé en six seginens ; abdomen rudi-
mentaire ayant la forme d’un petit tubercule sans appendices
distincts.
Ordre des Isopodes.
Pâtes thoraciques , vergiformes et non branchiales, en gé-
néral point de branchies proprement dites ; fausses pâtes ab-
dominales ; les cinq premières paires homomorphes et bran-
chiales ; yeux sessdes ; thorax à découvert et divisé ordinaire-
ment en sept anneaux ; abdomen bien développé.
Ordre des Amphipodes.
Pâtes thoraciques , vergiformes et non branchiales ; poiirt
de branchies proprement dltes;palpes dos membres thoraciques
vésiculaires et bi’anchiaux ; mémbres abdominaux des cinq pre-
mières paires hétéroinorphes, locomoteurs et non branchiales;
yeux sessiles; thorax à découvert et ordinairement divisé en
sept segmens ; abdomen bien développé.
Ordre des Stomapodes.
Pâtes thoraciques, vergiformes, et ordinairement au nombre
de sept à huit paires ; en général des branchies proprement dites;
rameuses et extérieures, ou des palpes thoraciques branchiales,
yeux pédoncules et mobiles ; thorax caché en totalité ou en
partie sous un grand bouclier céphalique ou carapace.
Ordre des Décapodes.
Des branchies proprement dites et non ramenées , fixées
3^4 HISTOIRE NATURELLE
aux flancs thoraciques et renfermées dans des cavités respira-
toires spéciales ; pâtes thoraciques , vergiformes et en général
au nombre de cinq paires; carapace recouvrant la tête et la to-
talité ou la majeure partie du thorax ; yeux pédonculés et
mobiles.
Dans la seconde édition du Règne animal de M.
Cuvier, publiée peu de temps après la lecture du tra-
vail dont il vient d’étre question , M. Latreille modifia
la classification qu’il avait employée dans la première
édition de cet ouvrage, de manière à la rapprocher
davantage de celle proposée dans ses Familles natu-
relles. Enfin , peu de temps avant sa mort , ce savant
et habile entomologiste s’est encore occupé du même
sujet , et a introduit dans sa méthode de classifications
plusieurs modifications qui la rapprochent beaucoup
de celle déjà proposée par nous (i).
En effet, il a admis dans la classe des Crustacés douze
ordres, savoir : i“. les Décapodes, 2". les Stomapodes,
3o' les Lœmipodes, 4“- les Amphipodes, f)®. les Isopo*
des, 6“. les Dicladopes, les Lophyropes, 8», lesOs-
trapodes,9MesPhyllopoJes, loMesTrilohites, i iMeS
Xyphosures, et 12°. les Siphonostomes. Les Dicla-
dopes correspondent à peu près à notre ordre des
Copépodes.
On remarque aussi , dans la dernière classification
de ce grand entomologiste, plusieurs modifications
dans les coupes secondaires et dans la manière de dis-
tribuer les genres ; mais ces détails, dont nous aurons
(j) Voyez Cours
183t.
d' Entomologie^ pav M, Latreille; iii-8,
Paris,
DES CRUSTACÉS. 225
l’occasion clc parler parla suite , sont inutiles à indi-
quer ici.
D’après ce coup d’œil sur les principales méthodes
employées pour la classification des Crustacés, on voit
que certaines divisions n’ont subi que peu de chan-
gemens , et qu’une fois établies elles ont été adoptées
par tous les entomologistes ; ce sont les groupes dont
les caractères sont les plus tranchés et la composition
la plus naturelle; mais d’autres n’ont pas joui de la
même stabilité, et en voyant chaque auteur y porter
quelques modifications on doit en conclure qu’elles
sont peu naturelles , et ne répondent pas aux besoins
de la science. On peut donc s’attendre à voir cette
partie des classifications varier encore avant que
d’être établie sur des bases solides. La découverte des
nouveaux types d’organisation, et l’investigation plus
approfondie de la structure de certaines espèces déjà
connues, peuvent également amener des modifications
dans la distribution méthodique des Crustacés. Ces
motifs nous ont effectivement engagés à en propo-
ser ; mais dans la révision que nous avons été con-
duits à faire de la classification de ces animaux , nous
avons toujours cherché à être autant que possi-
ble sobre d’innovations, car l’instabilité des systèmes
est um obstacle puissant aux progrès de la science.
L’anatomie nous a constamment servi de guide dans
ce travail , et nous avons cherché autant que possible
à prendre l’oiganisation intérieure aussi bien qu’exté-
rieure des Crustacés comme base de la division de ces
animaux , en ordres , en familles et en genres.
CRUSTACÉS
i5
1
TOME I.
226 HISTOIRE NATURELLE
/
§ II. Des limites naturelles et de la classe des
Crustacés.
Dans la classification naturelle du règne animal, on
a cherché, avons-nous dit, à représenter par des di-
visions et des subdivisions successives les dilFérences
plus ou moins nombreuses et plus ou moins importan-
tes que nous présente Torganisation des animaux et à
distribuer ces êtres de telle sorte, que ceux dont se
compose chaque groupe se ressemblent entre eux
d’autant plus que ce groupe lui-même est d’un rang
moins élevé dans la hiérarchie méthodologique. Sou-
ventles coupesà établir sont clairement indiquées par
la nature ; cela a lieu , lorsque les modifications de
structures qui les motivent se sont opérées brusque-
I ment ; mais quand la transition d’un mode d’organi-
sation à un autre s’est fait par degrés presque insen-
sibles, et a lieu en même temps par plusieurs séries
différentes de modifications successives , il en est
tout autrement ; les types des divers groupes naturels
peuvent être encore faciles à distinguer, mais il peut
régner une grande diversité d’opinion sur les limites
qu’il convient de leur assigner.
On peut alors suivre, dans la distribution méthodique
des animaux , deux marches très-différentes, qui cha-
cune ont leurs avantages et leurs inconvéniens : on
peut, en prenant pour guide le principe de la subor-
dination des caractères , si bien développé par un de
nos plus grands naturalistes , établir les divisions suc-
cessives, d’abord sur les modifications que présen-
tent les grands appareils de l’organisation, puis sur
les différences qui existent entre des parties dont le
DES CRUSTACÉS. 22J
rôle est ordinairement d’une importance plus minime;
ou bien on peut chercher à ranger ces êtres en autant
de groupes qu’il y a de séries bien reconnaissables ,
formées par la dégradation ou la simplification de plus
en plus grande de chac[ue type d’organisation.
Les limites à assigner à la classe des Crustacés va-
rient suivant que l’on adopte l’une ou l’autre de ces
méthodes. En su ivant la première, que l’onpourrait ap-
peler une méthode naturelle physiologique^ il ne faudra
grouper autour des Crabes et des Ecrevisses, qui peu-
vent être considérés comme le type de ce groupe ,
que les êtres ayant une structure intérieure essentiel-
ement semblable à la leur, et il faudra rejeter dans
une classe inférieure, dans la division des zoophytes,
par exemple, tous les animaux qui n’ont point, comme
les premiers , un cœur , des branchies , un système
ganglionnaire longitudinal bien distinct , etc. En
adoptant la seconde méthode , c[ui nous paraît être
éminemment zoologique , ou ne s’arrêtera pas à ces
dilférences de structure , et on rattachera au groupe
des Crustacés tous les animaux dont l’organisation gé-
nérale, bien quelle soit moins compliquée, se lie à
celle des types de la classe, et dont la conformation
rappelle les états transitoires par lesquels les êtres les
plus parfaits de la série ont passé pendant la durée de
leur vie embryonnaire.
Au premier abord on pourrait croire cette marche
contraire aux principes fondamentaux des métho-
des naturelles, et l’on pourrait s’étonner de voir
rassemblés dans une même classe des animaux qui
respirent par des branchies, et d’autres qui n’ont pour
l’exercice de cette fonction importante aucun organe
spécial et sont réduits à respirer par la peau ; des êtres
i5.
H I s T O ( R r
.V A T i; R K L r, r
([ui ont un ccpur et un systèuic vésiculaire Irès-cnm-
plicpié, et d’autres (jui ii’ont point de vaisseaux dis-
tincts, etc. ; niaisces diflicul tés disparaissent lorsqu’on
voit comment ces organes, si importanschezlesanimaux
supérieurs, sont modifiés avant que de disparaître com-
plètement chez les êtres moins parfaits; avant que
d’être éliminés ces parties deviennent peu à peu ru-
dimentaires , et dès lors leur perte est peu sentie , et
n’entraîne aucun changement essentiel dans l’ensemble
de 1’ organisation. Des branchies , par exemple, devien-
nent rudimentaires et disparaissent pour être rem-
jdacées par les tégumens communs chez des Crustacés,
presque entièrement semblables, du reste, à d’autres
espèces qui sont pouvues de ces organes três-dévelop-
pés, et cela, sans que les autres grands appareils aient
subi aucune modification notable. Les vaisseaux san-
guinscessent d’avoir des parois distinctes, et ne consis-
tent plusquedans de simples lacunes, chez des Crusta-
cés^ qu’il est impossible d’éloigner des autres animaux
de la même classe, ayant un système vasculaire bien
complet, et le cœur devient rudimen t.iire et paraît
même di.spa paître complètement sans que, dans les
autres parties du corps , rien ne révèle son absence.
11 en résulte que non-seulement la méthode , que
nous avons appelée zoologique ^ ne mérite pas les re-
proches qu’on pourrait lui adresser ; mais que , dans
la pratique, la méthode physiologique est réellement
impraticable et se trouve violée même dans les classi-
fications dont elle forme la base.
Ces motifs nous ont conduits à placer dans la classe
des Crustacés, non-seulement les animaux articulés,
à pieds articulés , ayant une circulation complète et
des branchies , caractère que l’on assigne généralement
DES CRUSTACÉS. 229
à cette division , mais aussi tous ceux qui, étant for-
més d’après le même plan général, sont plus ou moins
imparfaits , et en quelque sorte dégradés. Le groupe
formé par ces êtres sera plus difficile à bien défi-
nir ; mais au moins il ne sera pas limité arbitraire-
ment.
Plusieurs de ces animaux sont d’une structure très-
simple ; les uns ont encore des membres articulés
plus ou moins rudimentaires, et le corps divisé en
anneaux bien dictincts ; mais il en est dont les mem-
bres se déforment tellement, qu’on ne peut rjue diffici-
lement les reconnaître, et dont la peau conserve partout
la même texture; il paraîtrait aussi que, dans cette
famille, le cœur disparaît également, et que le système
nerveux devient rudimentaire ou nul ; aussi, dans
une méthode physiologique, telle que celle de M. Cu-
vier, prendront-ils place parmi les zoopbytes; mais,
du reste, il s ne ressemblent en ri en à des animaux rayon-
nés, et desliens si étroitsles unissent aux Crustacés infé-
rieurs, qu’on ne peut les en distinguer que par des li-
mites purement conventionnelles.
Pour nous, les Lernées et les Condrocantbes seront
donc des Crustacés aussi bien que les Argules et les
Cypris; et en effet, c’est par des nuancespresque insen-
sibles que la nature a établi le passage entre ces para-
sytes et d’autres animaux , que tous les naturalistes
s’accordent à ranger dans cette classe; dans le jeune
âge , il est même difficile de distinguer les Lernéens
des Cyclopes et de quelques autres Crustacés, car
c’est en vieillissant seulement que leurs formes exté-
rieures deviennent essentiellement differentes. M. Des-
marest avait d<qà appelé l’attention des zoologistes
sur l’analogie ([iii e.xistc entre ces êtres; mais jus-
23o histoire naturelle
qu’ici les auteurs systématiques ont relégué les Ler-
nies parmi les Zoophytes, ou en ont fait une classe
distincte.
Les Pycnogonides nous paraissent avoir Leaucoup
plus d’analogie avec les Crustacés qu’avec les Arach-
nides , parmi lesquels on les range aujourd’hui ; aussi
croyons-nous devoir les ranger dans la classe dont
nous faisons ici l’histoire, bien que l’opinion que l’on
a généralement sur la nature des organes respiratoi-
res de ces animaux devrait peut-être nous faire lais-
ser encore la question en litige.
Par la suite il faudra peut-être réunir aussi aux Crus-
tacés les Anatifs et les autres animaux singuliers dont
se compose la classe des Cirripèdes; mais, dans l’état
actuel de la science , on ne possède pas les données
nécessaires pour se prononcer à cet égard.
La classe des Crustacés , étendue comme nous ve-
nons de le dire , se compose essentiellement des ani-
maux sans squelette intérieur semblable à celui des
animaux vettébrés, dont le corps est articulé [c’est-à-
dire , formé d’ une série de tronçons ou d’ anneaux plus
ou moins distincts) ; dont le système nerveux est gan-
glionnaire et longitudinal-, dont le système respira-
toire est aquatique , et les organes respiratoires con-
sistent en branchies ou sont remplacés par la peau ;
dont le sang est mis en mouvement par un cœur aor-
tique ; dont les sexes sont distincts et les organes
générateurs doubles; enfin, dont les membres sont
articulés et constituent une ou deux paires d’antennes,
plusieurs mâchoires ou autres organes servant à la
préhension des alimens , et jdusieurs paires de pâtes
natatoires ou ambulatoires , ( en général cinq ou sept
paires); mais nous y rangeons aussi les êtres qui.
DES CRUSTACÉS. 231
semblables du reste au type dont nous venons de
parler, ont l’organisation moins compliquée , de sorte
que pour donner à ce groupe naturel une déGnition
applicable à tous les animaux dont il se compose, il
faut rendre cette phrase caractéristique moins absolue
et la modifier de la manière suivante :
Crustacés. jLnimaux ayant le corps divisé en an~
neaux^ en général très-distincts, rnobiles^etd une consis-
tance assez grande {^cornés ou calcaires) , sans squelette
intérieur proprement dit , et portant uue double séi ie
de membres , presque toujours bien distinctement articu-
lés, et constituant des antennes , des mâchoires, etc.,
et des pales dont le nombre est , le plus ordinairement ,
de cinq ou de sept paires ; le système nerveux, en gé-
néral bien distinct, ganglionnaire et longitudinal ; la
respiration en général aquatique ■> et se faisant tou-
jours à l’aide de branchies ou de la peau ; la cit cula-
tion , en général bien distincte ; presque toujours un
cœur aortique et des vaisseaux sanguins propres , les
sexes séparés.
^ III. De la division de la classse des Crustacés en
légions et en ordres .
Les difiérences les plus grandes qui se remarquent
lorsqu’on compare entre eux les divers Crustacés , dé-
pendent des modifications de leur appareil digestif ,
de leur a])pareil respiratoire, deleurs organes locomo-
teurs , et du degré plus ou moins avancé de leur dé
veloppement au moment de leur naissance.
Dans l’immense majorité des cas, plusieurs des
membres de la portion antérieure du corps sont a ec
tés d’une manière spéciale à la fonction de la préhen-
sion des alimens , et constituent soit des mâchoires ou
lilSlOlliK XATUr.LLliE
des mandibules , soit des organes de succion , tandis
que la locomotion est confiée à d’autres instrumens.
Mais il est des Crustacés dans l’organisation desquels
la nature n a pas encore introduit une pareille division
de travail , et dont les organes masticateurs sont les
mêmes que les organes de la locomotion.
Ces dei’niers, dont on a formé l’ordre des Xyphosu-
REs, dilïerent aussi des Crustacés ordinaires par plu-
sieurs particularités de leur organisation, c[ue nous
indiquerons ailleurs, et ils doivent évidemment former
un gioupe bien distinct. Un anatomiste distingué,
M. Strauss, a même proposé de les séparer des Crus-
tacés afin de les réunir au x Arachnides ; mais cette
opinion ne nous paraît pas devoir être adoptée.
La longue série des Crustacés,pourvusd’un appareil
spécial pour la préhension des alimens, se divise d’a-
bord en deux groupes naturels , les maxillés et les
suceurs , suivant cjue leur boucbe est organisée pour
la mastication , et que leurs alimens consistent en sub-
stances solides , ou bien que cette ouverture se pro-
longe en un suçoir disposé de façon à ne donner passage
qu’à des licjuides.
La légion peu nombreuse des Crustacés suceurs ,
c[ui se compose jJresque uniquement d’animaux pa-
rasytes, peut être subdivisée en trois ordres : les
Aranêiformes , dont les pâtes sont longues, vergi-
formes et ambulatoires , les Siphonostomes dont le
corps est pourvu de membres articulés bien distincts,
mais non de pâtes ambulatoires , et les Lernéens dont
les membres sont rudimentaires ou tellement déformés,
qu’on ne peut que difficilement les reconnaître.
La grande division des Crustacés maxillés, déjà
établie par M. Latreille,sc compose d’élcmens moins
DKS CKtSTACliS. 233
homogènes. On y trouve d'abord plusieurs séries d’a-
nimaux qui tiennent aux Siphonostomes par des liens
plus ou moins étroits, et qui conduisent vers les |
groupes formés par les espèces dont la structure est la \
plus compliquée.
L’une de ces séries se compose des Crustacés maxil-
laires’abranches ou Entomostracés, chez lesquels il
n’existe point de branchies proprement dites , ni
d’organe modifié de façon à paraître en tenir lieu;
chez lesquels les pâtes sont vergiformes, mais essen-
tiellement natatoires , et les yeux sessiles à cornée
simple et ordinairement réunis en une seule masse
oculaire , et chez lesquels la naissance a en général
lieu long- temps avant que l’animal ait acquis les
formes et les organes qu’il aura à l’âge adulte. Elle
se compose de deux ordres , peu nombreux en es-
pèces ; celle des Üstrapodes, dont le corps ne pré-
sente pas de divisions annulaires bien distinctes, et
se trouve renfermé en entier sous un grand boucâer
dorsal ayant la forme d’une coquille bivalve et dont
les membres sont en très-petit nombre ; et celui des
CopÉPODES, dont le corps est divise en un certain
nombre d^anneîiux bien flislincts, et ne présente ni
carapace, ni enveloppe valvulaire, et dont les mem-
bres sont en nombre assez considérable.
Une série à peu près parallèle à celle des Enlomos-
tracés, ainsi circonscrite, se compose des. animaux de
la même classe, qui, également privés de branchies
proprement dites, ont les pâtes thoraciques lamel-
leuses, membraneuses et conlormées de façon à pouvoir
servir évidemment d’organes respiratoires. Nous y
conservons le nom de Brancuiopodes, déjà employé
par Latreille, pour une division renlerniant la plupart
HISTOIRE NATURELLE
234
de ces animaux , qui , du reste , doivent constituer
deux ordres distincts ; celui des Cladocères, qui cor-
respond à peu près à la première division des Ento-
mostracés (les Ostrapodes), et se distingue par le
petit nombre des pâtes thoraciques et par l’existence
d’une carapace ayant la forme d’une coquille bivalve ;
et celui des Phyllopodes, qui conduit évidemment vers
les Crustacés su])érieurs , et se distingue des précé-
dens par un nombre plus considérable de pâtes tho-
raciques , par l’absence d’un test bivalve et par plu-
sieurs autres caractères plus ou moins importuns.
Une troisième série , qui semble aussi se lier par
son extrémité inférieure à la grande division des Crus-
tacés suceurs , mais dont le sommet s’élève davantage
dans la série des Crustacés , est celui des Edriophthal-
MEs. De même que dans les légions précédentes, les
branchies proprement dites manquent , sinon tou-
jours, du moins dans l’immense m.ajorité des cas, et
sont remplacées par d’autres appendices modifiés dans
leur structure, de telle sorte qu’ils peuvent évidem-
mentservirà la respiration ; mais quelles quesoientles
parties destinées à remplacer ainsi les branchies , la
tige des membres thoraciques prend ici la forme d’une
pâte ambulatoire ; les yeux sont en même temps ses-
siles , et il n’existe jamais de carapace quelconque.
Les Edriophthalmes forment trois ordres j savoir :
les Læmipodes , les Isopodes et les Amphipodes.
Dans l’ordre des Læmipodes, l’abdomen n’existe qu’à
l’état de vestige, et c’est le palpe des membres thora-
ciques qui devient vésiculaire pour servir à la res-
piration.
Dans l’ordre des Isopodes, l’abdomen est au contraire
bien développé , et ce sont les membres de cette por-
DES CRUSTACÉS. a35
tion du corps qui se modifient de façon à pouvoir
remplir les fonctions de branchies.
Dans l’ordre des Amphipodes, l’abdomen se déve-
loppe encore davantage et sert à la locomotion , tandis
que la respiration s’ell'ectue à l’aide des palpes thora-
ciques devenues vésiculaires.
Enfin , la dernière série , celle des Podophthal-
MiENS,se compose de tous les Crustacés supérieurs,
dont la plupart sont pourvus de branchies propre-
ment dites , dont les yeux sont pédonculés et mobiles,
dont les pâtes thoraciques sont toujours vergifornies ,
et en général en partie ambulatoires et eu partie pré-
hensiles, et dont le thorax est recouvert par une ca-
rapace.
Celte division se compose de deux ordres ;
Les Stomapodes, chez lesquels les branchies, n’ayant
pas encore acquis toute l’importance qu’ elles auront
parla suite, sont encore extérieures et manquent quel-
quefois, et chez lesquels l’appareil buccal ne se compose
en général que de trois paires de membres ;
Les Décapodes, dont les branchies sont fixées sur les
côtés du thorax et renfermées dans des cavités respira-
toires spéciales, et dont l’appareil buccal se compose de
six paires de membres , de façon que le nombre des
pâtes thoraciques se trouve réduit à cinq paires.
Quant aux Trtlobites, ils prennent évidemment
place auprès des Edriophthalmes ; mais jusqu a ce
qu’on connaisse le mode de conlorraation de leurs
membres , ou ne pourra leur assigner une place défi-
nitive dans la classification naturelle des Crustacés.
Le tableau synoptique suivant présente 1 ensemble
de la classification dont nous venons d indiquer les
principales bases.
236
HISTOIRE NATURELLE
CLASSE DES CRUSTACÉS.
SOUS -CLASSE DES CRUSTACÉS MAXILLÉS,
LÉGION DES PODOPHTHALMIENS.
Ordre des Décapodes.
Ordre des Stomapodes.
LÉGION DES ÉDRIOPHTHALMES
Ordre des Amphipodes.
Ordre des Isopodes. Ordre des Læmipodes.
Légion des Rranchiopodes.
Ordre des Ostrapodes.
Ordre des Phyllopodes.
Légion des Entomostracés.
Ordre des Copépodes.
Ordre des Cladocères.
LÉGION DES TRILOBITES.
SOUS-CLASSE DES CRUSTACÉS SUCEURS.
LÉGION DES PARASYTES MARCHEURS.
Ordre des Aranéiformes.
LÉGION DES PARASYTES NAGEURS.
Ordre des Siphonostomes.
Ordre des Lernéens.
SOUS-CLASSE DES CRUSTACÉS XYPHOSURIENS.
Ordre des Xyphosures.
CHAPITRE II.
CONSIDÉRATIOMS GÉNÉRALES SUR l’ ORGANISATION ET LA CLAS-
SIFICATION DES FODOPHTHALMIENS , DES DÉCAPODES ET [DES
BRACHYUaES.
SOUS-CLASSE DES CRUSTACÉS MAXILLÉS.
PKEMIÈRE LÉGION.
PODOPHTHAI.MZENS.
Les Crustacés dont se compose la grande division
des Podophthalmiens ont entre eux des rapports si
multipliés , que , dans une méthode naturelle , on ne
peut se refuser de les réunir dans un meme groupe.
Ils sont également faciles à distinguer des autres ani-
maux de cette classe, et cependant presque aucun
des caractères qui leur sont propres ne peut être
assigné d’une manière absolue à toute la légion , car
ils peuvent tour à tour manquer.
Cette division correspond à peu près à l’ordre des
Crustacés Pédioclcs , proposé par Lamark ( i ) , et à la
légion des Malacostracés Podophthalmes , établie plus
récemment par M. Leach (a) ; mais elle repose sur des
(l) Système des nnimaux sans vertèbres-, 1802.
(2} Article Crustacés , Encyc. Brit, Supplem.
HISTOIRE NATURELLE
238
hases difierentes et ne peut conserver les limites que
ces auteurs y avaient assignées.
Le trait le plus remarquable de l’organisation des
Podoplithalmiens consiste dans la disposition de leur
appareil respiratoire. Dans les autres Crustacés, c’est
l’enveloppe générale du corps, ou bien une portion
des membres thoraciques ou abdominaux qui servent
à la respiration; mais ici cette fonction importante
est presque toujours confiée à des organes spéciaux
qui ne sont pas de simples modifications de quel-
ques-uns des appendices ordinaires des membres.
L’existence de hranchies proprement dites est un
des caractères les plus importuns de ce groupe natu-
rel ; mais chez quelque.s-uns des derniers Podophthal-
miens, ces organes deviennent rudimentaires et même
disparaissent complètement, et sont remplacés par
l’enveloppe tégumentairegénérale (i). D’un autre coté,
on connaît des Crustacés qui sont pourvus d'organes
analogues et qui évidemment n’appartiennent pas à
ce groupe (2).
Un autre caractère qui ne manque chez aucun Po-
dophthalmien , mais qui n’a pas la même importance
physiologique , nous est fourni par l’anneau ophthal-
mique de la tête , qui est toujours pourvu d’une paire
de membres mobiles à l’extrémité desquels se trouvent
les yeux (3) . Du reste, ces Crustacés ne sont pas les seuls
(1) Exemples : Genres Cynthia, Mysis et Phyllosome.
(2) Les femelles des Jones portent , fixés aux membres abdomi-
naux des branchies rameuses trés-développées ; ce sont les seuls
Crustacés actuellement connus qui , sans appartenir au groupe na-
turel des Podoplithalmiens sont pourvues de branchies proprement
dites , et encore ces organes n' existent-ils pas dans les deux sexes ;
les mâles en sont privés.
(3) PI. I, lig. 9, et PI. 3^ fig. I.
DES CRÜSTACÉS. 289
qui aient des yeux pédonculés et mobiles ; les Néba-
lies, qui appartiennent indubitablement à un autre
iiroupe, en sont également pourvus.
L’appareil buccal des Podophtbalmiens est disposé
pour la mastication, et se compose toujours d’un labre
peu développé, d’une paire de mandibules et au moins
d’une paire de mâcboires. Les mâchoires de la seconde
paire, à moins d’être rudimentaires, entrent aussi dans
la composition de l’appareil masticateur et il en est
presque toujours de même pour les membres post-buc-
caux de la quatrième paire ; mais ces organes ne sont
jamais élargis et réunis de manière à constituer une es-
pèce de lèvre inférieure ou d’opercule buccal , ainsi
que cela se voit chez les Édriophtlialmes ; enlîu,dans
la plupart descas, les membres des deux paires suivantes
sont également transformés en pâtes - mâcboires, et
quelquefois même le nombre de ces organes est encore
plus considérable , car dans certaines espèces on peut
regarder comme tels tous membres thoraciques, à
l’exception de ceux des trois deruieres paires. (Lx. :
Squilles. )
Les membres thoraciques aliectés à la locomotion
sont presque toujours au nombres de cinq ou de six
paires; leur tige est toujours vergiforme,etconstitue une
pâte grêle, allongée et ordinairement ambulatoire, qui
porte quelquefois en même temps un fouet ou bien
un palpe, mais ne présente presque jamais en même
temps deux espèces d’appendices. Ce mode de confor-
mation des organes locomoteurs sépare nettement les
Podophtljalmiens de tous les Crustacés dont les pâtes
thoraciques sont lamelleuses, comme les Nébaües ,
dont il a été question ci-dessus, mais se retrouve dans
plusieurs autres divisions de la même classe.
HISTOIRi; NATURELLE
240
Enfin les animaux de celte légion peuvent , au pie-
mier coup d’œil_, être distingués de presque tous les
autres Crustacés par l’existence d’un grand bouclier
céphalique qui occupelaf'acedorsaledu corps, et s’étend
plus ou moins loin au-dessus du thorax. Certains
Branchiopodes ont aussi une carapace semblable ; mais
ils difîèrent alors des Podophthalmiens par quelques-
uns des caractères , d’une importance encore plus
grande, déjà signalée.
Si l’on prend pour base de la classification des Crus-
tacés l’ensemble de leur organisation , ainsi c[ue nous
avons clierché à le faire , on devra donc caractériser
de la manière suivante la légion des Podophthal-
miens.
Bouche armée de viandihules et de mâchoires pro-
pres à la mastication ; en général des Branchies pro-
prement dites ; yeux pédoncules et mobiles ; pâtes
thoraciques oergiforrnes ; une carapace.
Les Padophthalmiens forment , comme nous l’avons
déjà dit, deux ordres, savoir : les Décapodes et les Sto-
mapodes. Cette division est généralement adoptée ;
mais la plupart des auteurs l’établissent sur le nom-
bre des membres thoraciques qui constituent l’appa-
reil locomoteur, tandis que, suivant nous, c’est dans
la disposition de l’appareil respiratoire qu’il faut en
chercher les principales bases (i).
(I) Voyez Mémoires sur une nouvelle disposition de l’appareil bran
chiai chet les Crustacés. ( Anu. des sc. nat. , t. XIX. )
DES CRUSTACES.
2,41
l”’’. ORDRE.
DÉCAPODES.
L’ordre des Décapodes, établi par M. Latreille pour
recevoir la plupart des espèces du grand genre Cancer
de Linné, renferme tous les Crustacés qui viennent se
grouper immédiatement autour des Crabes et des Écre-
visses ; c’est la division la plus nombreuse en espèces ,
et une de celles dont les limites sont les plus tranebées
et la composition la plus homogène. Il comprend tous
les Crustacés dont l’organisation est laplus compliquée,
et dont les facultés paraissent être les plus parfaites;
aussi est-ce indubitablement en tête de la série qu’il
doit prendre place.
LesCrustacés del’ordre des Décapodes se ressemblent
tous par la forme générale de leur corps ; les divers an-
neaux de la tête et du thorax sont en général complè-
tement soudés entre eux , et ils sont toujours cachés
sous un énorme carapace que nous avons démontrée
ailleurs être formée par le développement extrême de
l’arceau dorsal du troisième ou du quatrième anneau
céph.alique. 11 résultede cette disposition, que la tête
des Décapodes n’est pas distincte du thorax , et qu’en
dessus , tout le corps , à l’exception de l’abdomen , pa-
raît formé d’une seule jrièce ; mais lorsqu’on l’examine
en dessous , on y reconnaît toujours un certain nombre
de divisions annulaires. Quant à l’abdomen, sa forme
varie beaucoup. Les jeux des Décapodes sont portés
sur des pédoncules mobiles et recouverts d’une cornée
réticulée. Les antennes sont toujours au nombre de
quatre; elles ont en général ha forme de petites tiges
CRUSTACÉS, TOME I. 16
24a HISTOIP. K NATURELLE
articulées et s’insèrent entre les jeux et la houclie (i)
h’ appareil buccal est extrêmement compliqué, et, à une
ou deux exceptions près , se compose d’un labre, d’une
languette et de six p.aires de membres , savoir : une
paire de mandibules , deux paires demâchoires et trois
pairesdepates-mâchoires. Lelabre se confond en général
avec la partie voisine du test, et les mandibules portent
presque toujours une tigepalpiforme (a) ; mais ce der-
nier caractère n’est pas invariable , comme Fabricius et
la plupart des autres entomologistes paraissent le pen-
ser(3). Les mâchoires de la première paire se composent
de plusieurs petites lames cornées, dont le bord in-
terne est épineux ou garni de poils (4). Celles de la se-
conde paire présenten t toujours au coté ex terne un grand
appendice lamelleux cj^ui se loge dans le canal efiérent
de la cavité branchiale , et qui est destiné à expulser
l’eau qui a servi à la respiration (5). Tous les Décapodes
présentent cette disposition ; mais on ne l’a encore
rencontrée chez aucun autre Crustacés, et cela se com-
prend facilement , car elle tient essentiellement à la
structure particulière de l’appareil respiratoire des
Crabes , des Ecrevisses , etc. Les pates-mâchoires de
la première paire (6) sont également presque toujours
lamelleuses; mais, au lieu d’avoir en dehors une grande
valvule , elles portent un palpe et souvent un appen-
dice flabelliforme , ou vésiculeux. Les pates-mâchoires
(0 Pt- 3, fig. a, ji PI. 23, fig. î, 2, etc.
(2) PI. 3, %. i3.
(3) Je me suis assuré que, chez les Crangons, les mandibule.?
ne portent point de tige palpiforme. PI. 25, fig. i5.
(4) PI. 3, iig. 12.
(5) PI. 3, fig. jij et PI. lo, fig. i.
((!) PI. .3, llg. in.
UES CRUSTACÉS.
tle la seconde paire { i) ne sont , au contraire , presque ja-
mais lamelleuses, et se composent ordinairement d’une
tige formée de plusieurs articles, d’un palpe et d’un
louet. Enfin, les pates-mâclioires de la troisième et
dernière paire recouvrent toute la bouclie (a) ; leur por-
tion interne , ou tige , présente une série d’articles dont
le nombre est ordinairement de six , et dont le second
et le troisième sont souvent très - élargis ; le palpe
est presque toujours assez développé ; enfin , il existe
en général un fouet fixé à la base de ces membres,
qui, dans un très-petit nombre de cas, n’appartiennent
plus à l’appareil buccal, mais ont la forme des pâtes
ambulatoires (3). Les cinq paires de membres qui font
suite aux organes masticateurs sont beaucoup plus
développés que ceux-ci, et constituent les pales pro-
prement dites , qu’on désigne aussi sous le nom de pâ-
tes thoraciques ou ambulatoires. Dans unpetit nombre
de ces Décapodes , ces membres présentent un palpe
trés-développé , et paraissent par conséquent bira-
més ; mais dans l’immense majorité de ces animaux ,
les pâtes sont complètement dépjourvues de cet appen-
dice , et ne se composent que d'une tige plus ou moins
cylindrique formée ordinairement de six articles, que
l’on désigne souvent par les noms ; i“. de hanche^
2°. de trochanter , 3°. de cuisse ou de bras , de
jambe ou de carpe ^ 5“. de métatarse et 6”. de tarse
ou de doigts (4). En général , les pâtes de la première
paire sont terminées par une main composée des deux
(0 PI. 3, fig. g.
(2) PI. 3, tig. 2, h et 8; PI. 21, %. 2; PI. 3,3, %. 2 Ct j, Otc.
(3) Dan.s les genre.s Sergeste et Aeètc, par exemple.
'4) PI* 3, lig. i.
6,
^44 HISTOIRl; NATURKLLK
ilerniei’s articles disposés en manière de pince \ il en
est quelquefois de même pour une ou deux des pâtes
suivantes ; mais en général les membres thoraciques
des quatre dernières paires ne servent qu’eà la locomo-
tion et se terminent par une espèced’ongle pointu. La
disposition et la forme des membres abdominaux va-
rient trop pour que nous en parlions ici , mais nous
rappellerons que chez les femelles ces organes servent
ordinairement à retenir les œufs.
L organisation intérieure des Décapodes est aussi
caractéristique que la structure de leurs parties exté-
rieures. Le tube digestif présente toujours à sa partie
antérieure un estomac très-développé, dont les parois
sont soutenues par une sorte de charpente cartila-
gineuse ou osseuse, et armées de dents (i). Les orga-
nes hépatiques forment, de chaque côté de l’in-
testin , une masse volumineuse composée d’une infi-
nité de petits cæcums qui s’insèrent sur les rameaux
du conduit biliaire (2). Le cœur, presque quadrilatère,
occupe la partie moyenne du thorax, et donne nais-
sance à six artères principales d’où sortent tous les
vaisseaux qui portent le sangdans les diverses parties du
corps (3). La respiration s’effectue au moyen d’un cer-
tain nombre de branchies, dont les lamelles ou les fila-
mens sont toujours simples, et ces organes s’insèrent à la
paroi interne d’une cavité spéciale située de chaque côté
du thorax, et formée parle prolongement de la carapace
au-dessus des flancs (4). Les organes de la génération
(O PI. 4, fig. I, 6 , etc.
(2) PI. 4, %. 2 et 5.
(3) P). 5, fig. 1, et PI. 7, tig. i.
(4) PI. 10 , , fig. I, 2 et S.
B£S GUbSï'AOKS.
245
cojnnmniquent toujours au cleliors par deux ouver-
tures ; chez la femelle, les vulves occupent toujours
rantépénul tiéme anneau thoracique et sont si tuées tan-
tôt sur le sternum, tantôt sur le premier article des
pâtes correspondantes (i) , tandis que, chez le mâle,
les organes externes delà génération sont situés de la
même manière sur le dernier anneau du thorax (2). En-
fin , nous ajouterons encore que, chez presque tous
les Décapodes, il existe dans l’extérieur du thorax
un nombre considérable de lames apodémiennes qui
forment de chaque côté une double rangée de cellules,
disposition qui est particulière à ces Crustacés (3).
Voici, du reste, le résumé des caractères les plus
saillans qui distinguent les Décapodes non-seulement
des Stomapodes, mais aussi de tous les autres Crus-
tacés.
C, Ayant des branchies proprement dites , et non ra-
meuses^ fixées sur les côtés du thorax et renfermées
dans une caoité ; La tète soudée au thorax et re-
couverte par une carapace qui s’étend jusqu’il l’ab-
domen ; les YEUX pédonculès et mobiles ; les paies
ambulatoires ou préhensiles et presque toujours au
nombre de einq paires.
La plupart des classificateurs divisent les Crustacés
Décapodes en deux sections, suivant que l’abdomen,
qu’ils nomment communément la ejueue, est grand ou
petit. En effet, il existe parmi ces animaux deux
(1) PI. 3, %. 'i, /, et PI. 9.1, (Ig. 8 et 18.
(2) PI. 18, fig. 6, et l’t. 23, lig. 3, c.
(.3) PI. 1, iig. f), 10, n ; PI. 3, fig. 3, et PP aS, lig. 3.
^4^ HISTOIRE NATURELLE
groupes ])aifuiteiiient naturels (£ui ont les Crabes et
les Écievisses pour types; niais il est d’autres Déca-
podes qui ne paraissent appartenir ni à l’une, ni k
1 autie de ces sections ; ils établissent le passage entre
les Brachyures et les Macroures , et ne peuvent être
rangés parmi eux sans violer l’esprit de toute mé-
thode naturelle ; aussi avons-nous cru nécessaire d’en
former un groupe distinct (i), pour lequel nous avons
proposé le nom dAnomoure. Cette innovation ne
nous parait offrir aucun inconvénient, et nous per-
met de rendre les deux autres groupes du même
ordre parlaitement homogènes. L’organisation inté-
rieure des Décapodes fournit les principales bases de
ces divisions; mais les caractères suivans suffiront
pour faire reconnaître les espèces qui se rapportent
à chacune d’elles.
(l) Vo3'ez Considérations sur l’organisaliou et la classification des
Crustacés Décapodes. ( Ann. des sc. nat. , t. XXV, p. 398. )
DliS CRUSTACES.
■47
Abdomen ti'ès-
■peu développé ,
Ineservantpves
(pue jamais à la
natation , ne
portant jamais
(le fausses pâtes
oi'.DKE natatoires , et
/ ne se terminant
DES / presque jamais
\ par une nageoi-
UÉCAl'ODES. \ i-e en forme d'é-
Iveiitail.
B. Abdomen reploy(j'
sous le corps et n’ayant
j.amais de traces d’appen-
dices à l’avant-dernier
segment; plastron sternal
assez large entre toutes
les pâtes , et jamais li-
néaire ; vulves .situées y bkachïckeS'
toujours sur le plastron!
[sternal. Une selle tnrci-\
que postérieure soutenue I
Ipar un apodème médian |
qui correspond a une
suture longitudinaledu )
sternum.
B. Abdomen tantôt re-’
Iployé sous le corps, tan-
Itôt étendu, et portant
Ipresque toujours sur l'a-
Ivant- dernier segment
jdes appendices assez dé-
Ivelojipés on à l'état de
'vestiges ; plastron sternal
en général linéaire entre
les trois dernières pâtes,
et élargi en avant; vulves
occupant ordinairement
la base des pâtes ; en gé-
néral point de selle tur-
cique postérieure , ni d’a-
podeme médian.
ANOMOCRES.
•’i
A. Abdomen trés-développé[, en géné-^
ral plus long que la portion céphalo tho-
racique du corps , étendu en arrière , ser-
vant à la natation , portant toujours en
dessous des fausses pâtes lamêlUuses ,
I et à son extrémité une nageoire en forme
I d’éventail. j
MACROURES.
sectiod; des décapodes BRACHTITBSS.
Les Crabes et tous les autres Décapodes qui rentrent
dans la section des Brachyures présentent dans leur
organisation extérieure des particularités très-remar-
quables. La Cfl/a/iuce qui recouvre la portion céphalo-
^4^ ilISlÜlli): NATÜlitl.LE
thoracique de leur corps cache aussi la majeure partie
de leur abdomen, et présente en général une forme
carrée, ovalaire ou circulaire ; le diamètre transversal
de ce bouclier dorsal est presque toujours égal ou su-
périeur à son diamètre antéro-postérieur, et il s’étend
plus ou moins de chaque côté au-dessus des [pâtes.
On y distingue une face supérieure dont les contours
sont ordinairement bien marqués et une portion infé-
rieure. La partie antérieure du bord de la face supé-
rieure de la carapace comprise entre les deux yeux ,
porte le nom de front ou de rostre, suivant qu’elle est
tronquée ouprolongéeen forme de bec (i); le bord pos-
térieur est celui qui correspond à l’origine de l’abdo-
men et se trouve placé entre les pâtes postérieures;
enfin les bords latéraux s’étendent de ce dernier à l’an-
gle externe des orbites , et se composent souvent de
deux portions qui ont des directions différentes et que
nous désignerons sous lesnoms de bord latéro-anté-
rieui, etde bordlatero-posterieur(2). Laface supérieure
de la carapace est ordinairement divisée par des sil-
lons qui correspondent pour la plupart à des insertions
musculaires, et qui circonscrivent des régions sur les-
quelles M. Desmarest ale premier fixé l’attention des
zoologistes (3) , et dont la considération ne peut être
négligé sans inconvénient. Quatre de ces régions occu-
pent la ligne médiane de la carapace (4) ; la plus anté-
(i) PI. i4 iis, %. 1, 2, 3, etc. — r, rostre; — /, front.
(a) PI. i4 bis , fig. I, 2, etc : a, Lord anterieur de la carapace ;
— l.a, bord latéro-antérieiir ; — / , bord latéral ; — l.p , bord
iatéro-postérieur ; — ^ , bord postérieur.
(3) Voyez Hist. nat. des CrusLacès fossiles^ p. -jS.
(4) iM- i'\ bis,, fil,". J, 3, cto : — s, rcgioi! stomacale ; —
DES CUUS'l'ACÉS.
lérieure, qui a reçu le nom de région slomacalo, parce
qu’elle comprend la portion du lest située au-dessus de
l’estomac, âiit suite au front et présente toujours imo
étendue assez considéralde ; la seconde rej^ion médiane
est beaucoup plus petite et se prolonge ])resque tou-
jours en pointe antérieurement , tandis qu’en arrière,
et sur les côtés, elle se termine par des bords droits ;
une erreur anatomique lui a fait donner le nom de l é-
gion génitale (i)- La région cordiale, qui succède à la
génitale, correspond au cœur, et a en général une
forme hexagonale assez régulière; la ligne transversale
qui la sépare de la région génitale, et les deux lignes
longitudinales formées par les bords latéraux de ces
deux régions, sont souvent plus marquées que tous les
autres sillong analogues , et ont quelque ressemblance
avec un H qui serait gravé sur le milieu de la cara-
pace. Enfin, la quatrième et dernière région médiane
est située entre la cordiale et le bord postérieur de la
carapace; elle est souvent à peu près quadrilatère,
mais souvent aussi elle ne se distingue ([u’a peine ;
M. Desmarest l’appelle région hépatique postérieure ;
mais, afin delà mieux distinguer des autres régions hépa-
tiques , nous préférons la désigner sous le nom de ré-
gion intestin ale. Les portions latérales de la face supé-
région génitale ; — c , i-égion cordiale ; — / , région intestinale ; —
A, A. régions liépatiques ; — A. 6, régions hraucliiales.
(i) D’après la ligure que M. Desmarest a donné de l’intérieur
d’un Carcin Ménade, on croirait que les organes intérieurs de la
génération sont circonscrits dans l’espace coricspomlant à la région
qui en porte le nom , et c’est probablement d’après cela que ce na-
turaliste Va désignée de la sorte ; mais cette ligure est très-inexacte,
et les testicules, aussi bleu que les ovaires, s’étendent ]>icn au
delà, comuio ou peut s’eu couvaiiicrc iwr l’iuspcctiou de uos plau-
clies 5ct ! !.
Heure cleJa carapace sont composées chacune de deux
régions souvent très-difficiles à distinguer et dont les
hmites sont en général un peu arbitraires ; l’une, an-
térieure , est placée sur les côtés de la région stomacale,
et recouvre la majeure partie du foie et des organes
intérieurs de la génération : c’est la régioji hépatique;
l’autre, située en arrière de la première et sur les côtés
des régions cordiale et intestinale correspond à la
voûte (le la cavité respiratoire, et est appelée région
hranchiale .
Le front se prolonge au-dessus de l’anneau epi
perte les yeux. Dans le jeune âge, cet anneau reste
à découvert antérieurement, et les yeux ne sont pas
logés dans des cavités orbitaires complètes ; mais, plus
lard, la partie inférieure du front se réunit, sur la
ligne médiane, a un prolongement de l’arceau inférieur
du second anneau , de façon à entourer complètement
le segment oculaire cjuon n’aperçoit plus qu’à l’inté-
rieur de la carapace (i) ; il arrive aussi que l’angle ex-
terne du front s’unit, soit à l’article basilaire des an-
tennes extérieures, soit a un prolongementdela portion
latérale et inférieure de la carapace , et il se forme ainsi
une cavité dans laquelle les yeux s’insèrent et peuvent
en général se reployer plus ou moins complètement.
Mais, nous le répétons, cette disposition n’existe pas
encore aux premières époques de la vie, et, en cela
les jeunes Braebyures se rapprochent , comme nous le
verrons ailleurs , des Macroures adultes.
Chez tous les Crustacés de cette section , les an-
termes de ta première paire sont placées sur les côtés
(I) PI. 14 bis, üg. 4
DES CUUSTACES.
2;)I
clclalipiemédiane(i); elles sont très-coiiileset peuvent
sereploycr dans la cavité qui loge leur article basi-
laire ; CCS cavités , rjue nous appelons Jbssetles anteri-
n aires , sont placées entre les orbites avec lesquelles
elles communiquent quelquefois , et sont séparées
entre elles par un prolongement inter- antennaire qui
naît de l’arceau qui porte ces appendices et se soudent
au front commenous v enons de le dire. Le premier arti-
cle de ces antennes est toujours renflé et ]dus ou moins
globuleux , tandis c£ue les deux suivans sont courts ,
grêles et cylindriques ; enfin, à l’extrémité de ce jietit
pédoncule, se trouvent deux ligelles annelées très-cour-
tes et dont l’une est ciliée. Les antennes de la seconde
pairc(p) s’insèrent constamment en dehors, etun peuau-
dessousdespreinières; elles n’acquièrent également que
peu de développement, et présentent, dans les difïérens
groupes de Brachyures, des variations assez grandes : à
leur base, on voit toujours un petit tubercule circulaire
c[ui constitue l’enveloppe de l’oi’gane spécial de l’au-
clition^ et qui est situé au devant de la bouche; les
trois et quatre premiers articles des antennes consti-
tuent un pédoncule qui supporte une tige terminale ;
enfin il arrive souvent que la première de ces pièces soit
plus ou moins entièrement soudée aux parties voisi-
nes de la carapace, et alors on pourrait facilement
croire ejue les antennes extérieures s’insèrent au de-
vant des internes ; car, en effet, leur portion mobile
naît alors en avant de ces organes.
En arrière des fossettes antennaires, on voit une
surface ])Iane, plus ou moins étendue, qui rcprésentele
(:) PI. 3, lig. 2 et 7.
(2) PI. 3, (ig. 2, cl; PI. 1^, lig. 2, b, etc.
25.1
ursroiiic NAruni:LL,£
troisième niineau cépliiilic£ue et qui porte le nom d. e-
pistome (i). L’espace occupé par l’épistomc, les fos-
settes antennaires et la base des antennes externes
constitue ce que nous appelons la région anlennaire ;
ses proportions varient, et on peut tirer parti de ces dif-
férences pour la classification de ces animaux . Les par-
ties latérales et inférieures de la carapace , que nous
appellerons régions ptérjgostomieimes (a) , sont tou-
jours dirigées plus ou moins obliijuement en dehors et
en haut, et sur la lignemédiane elles laissent entre elles
un espace vide qui est occupé par l’appareil masticateur
et que nous désignerons sous le nom de cadre buccal (3) ;
tantôt ce cadre buccal a la forme d un quadrilatère
assez régulier, tantôt il est triangulaire, et c’est tou-
jours à sa partie antérieure que viennent se terminer
les conduits efferens des cavités branchiales. Enfin,
le bord postérieur et interne de ces régions ptéry-
gostomiennes supplique exactement contre la voûte
des flancs immédiatement au-dessus de l’insertion des
pâtes ; quelrjuefois ces parties ne laissent entre elles
aucun intervalle ; mais , en général , on remarque
de chaque côté de la bouche et en avant des pâtes
antérieures une lacune qui communique dans’ la ca-
vité branchiale (4), et il arrive quelquefois qu’un pro-
longement de la earapace entoure cette ouverture de
façon à la transformer en un véritable trou à travers
lequel l’eau nécessaire à la respiration pénètre jus-
qu’aux branchies (5).
(i) Pi. 3, fig'. 2, e.
(‘.I) PI. 3, lig. 2, g.
(3) PI. 20, iig. 2.
PI. 3. lig'. •.!.
(à) Pi. au, fig. 13.
«
DES CRUSTACÉS. 253
En arrière , le cadre Luccal est borné par le plas-
tron sternal dont nous parlerons plus en détail par
la suite; et, dans l’espace ainsi circonscrit, se trou-
vent entassés les uns sur les autres les six paires de
membres qui sont spécialement aflectés à l’appareil
digestif. Celle qui s’insère le plus en arrière, et qui est
par conséquent la dernière de la série, recouvre toutes
les autres ; aussi en parlerons-nous d’abord. Ces or-
ganes, qui sont ordinairement désignés sous le nom
de troisièmes pales -mâchoires ovl pates-mâchoires ex-
ternes ^ sont très-larges , et constituent deux espèces
d’opercules qui ferment le cadre buccal à peu près
comme les battans d’une por te ( i ) . Ils s’ânsèren t touj ours
assez loin de la ligne médiane par leur angle posté-
rieur et extérieur ; leur article basilaire envoie ordi-
nairement en dehors un prolongement qui sert de
valvule à l’ouverture allèrent de la cavité branchiale ,
et qui porte un long appendice flabclliformc , ainsi
qu’une petite branchic rudimentaire cachée, comme le
fouet, dans la cavité respiratoire; enlinilnaît encore
de cet article basilaire un palpe et une série d’arti-
cles que représentent la tige ou pâte proprement dite
des membres thoraciques. Les deux premiers articles
de cette tige sont lanielleux , articulés à la suite l’un
de l’autre, et très-développés; ils constituent la ma-
jeure partie de lapate-mâchoire, et portent à leur ex-
trémité une petite tigelle formée presque toujours
])ar les trois derniers articles de ces organes , qui sont
grêles et cylindriques ; quant au palpe , il ne manque
presque jamais, et consiste en une longue tige qui se
place au côté externe du deuxième et du troisième ar-
(!) VI. (ipr, 3. h, et fig. 8, eic,
‘■*•^4 HISTOIRE naturelle
licles de la pate-mâchoire, et. qui porte à son extrémité
un petit appendice annelé , et reployé sous le troi-
sième article dont il vient d’étre question.
En écartant les pates-mâchoires externes on aper-
çoit au-dessous d elles les deux autres paires de pates-
mitchoires , les deux paires de mâchoires proprement
dites , les mandibules et la bouche.
Ea structuic des pates-mnchoires de la seconde
paire (i) est à peu près la même que celle des pates-
mâchoires externes, si ce n’est que leur branche in-
terne est grêle et cylindrique dans toute sa longueur,
au lieu d’étre large etlamelleuse. On y distinauc éo-a-
lement une série de six articles dont le premier porte ,
du coté externe, un fouet et un palpe semi-corné et
semblable à celui des pates-mâchoires externes; les
deux articles suivans sont vergiformes et dirigés en
avant; les trois derniers, aussi larges que les précé-
deus , mais Ires-courts , se recourbent en dedans et en
arrière ; enfin il est à noter que la dernière de ces pièces
est toujours très-petite.
Les pates-mâchoires antérieures (3), (|ui sont ca-
chées par celles dont nous venons 'de parler, ont
beaucoup moins de consistance quelles , et sont moins
distinctement articulées ; elles portent encore un long
appendice flabelliforme et un palpe qui ressemble
beaucoup à celui des pates-mâchoires de la seconde
paire ; mais la tige ou portion interne de ces mem-
bres est réduite à un gros tubercule supportant une
seule pièce ovalaire, en dehors de laquelle on voit
s’avancer un prolongement lamelleux et semi-membra-
(I) PI. 3, fig. 9.
(5) PI.. 3, fig. 10.
DES CRUSTACES.
o.r)r)
neux , qui naît entre la [jiècc ovalaire dont nous ve-
nons de parler et le palpe , et qui sert à diriger au de-
hors l’eau expulsée de la cavité branchiale.
Après avoir enlevé ces derniers organes , on décou-
vre les mâchoires externes (i), dont la consistance
est toujours semi-cornée; à leur coté externe, il
existe, comme nous l’avons déjà dit, une grande
lame valvulaire , qui est l’analogue du fouet , et qui
sert au mécanisme de la respiration ; cette lame est
irrégulièrement ovalaire et toujours tronquée à sa
partie postérieure. La poHÉon de ces organes , que
représente la tige , est réduite à deux ou trois petites
lames qui recouvrent une portion de la bouche ; et ,
entre elle et le fouet, on distingue un petit appendice
qui peutêtre considérécommelereprésentaut dupalpe.
'Les pates-mâchoires antérieures , ou de la première
paire (2), sont très-petites et en majeure partie cachées
parles externes; comme elles, ces organes sontlamel-
leux et appliqués sur les mandibules , mais on ne leur
voit pas d’appendice valvulaire. Leur bord interne est
garni de poils et d’épines, et ils paraissent devoir ser-
vir principalement â retenir les alimens pendant qu’ils
sont broyés par les mandibules.
L’ouverture buccale elle-même occupe en général
le milieu de l’espace entouré par le cadre buccal ; à son
bord antérieur on aperçoit le labre, qui a la forme
d’un tubercule semi-membraneux; son bord postérieur
est garni d’un repli lamelleux et bilobé que l’on ap-
pelle languette , et sur ses cotés sont placés les man-
dibules.
(I) PI. 3, fig. 11.
(a) PI. 3, (ig. la.
HISTOIRE NATURELLE
0,5 G
Ces derniers organes se composent de deux parties
distinctes, un corps et une tige palpifonnc (i). Le corps
do la mandibule paraîll’onnéparrunion intimedes trois
])remiers articles du membre, et présente des traces as-
sez visibles de ces soudures transversales; il s’articule
îîvec le tronc par sa face supérieure, et ressemble un peu
par sa forme à une pyramide à trois faces, très-irrégu-
lière, qui serait placée transversalement avec sons om-
met en dehors et sa base en dedans ; cette dernière
partie de la mandibule est très-grosse et d’une tex-
ture extrêmement compacte; elle s’applique contre la
mandibule du coté opposé, et sert à la mastication;
aussi son bord intérieur est-il en général tranchant.
L’appendice palpiforme des mandibules s inséré a la
partie antérieure et interne de leur corps; il a la forme
d’une petite tige composée de trois articles mobiles,
dont le premier est extrêmement petit ; il se dirige en
dedans, puis en arrière, en suivant le contour du
corps de la mandibule.
En arrière de l’appareil buccal on aperçoit à la face
inférieure du corps des Bracliyures un grand plastron
sternal {q.) qui est formé parla soudure de l’arceau in-
férieur des divers anneaux thoraciques du tronc. Ce
plastron , sur les côtés duquel s’insèrent les pâtes ,
s’étend jusqu’à l’origine de l’abdomen , et présente en
général la forme d’un ovale tronqué et même échancré
postérieurement. Sa largeur est toujours assez consi-
dérable, et il ne devient nulle part linéaire. On y dis-
tingue toujours quatre sutures transversales qui indi-
quent le point d’union des cinq derniers anneaux du
(i) PI. 3. fig. i3.
(s) PI, 3, tig. J, et tiS' i-
DES CRUSTACÉS, 267
thorax , et sur la ligne médiane il règne presque tou-
jours aussi une soudure longiludinale qui occupe les
deux ou trois derniers anneaux, et correspond à l’origine
de l’apodèmc médian du sternum dont il sera question
plus tard. La ])artie médiane du plastron sternal est
plus ou moins concave, et forme souvent une espèce
de gouttière longitudinale très-large qui loge l’ahdo-
men. Entre les pâtes de la troisième paire , on y dis-
tingue toujours , chez la femelle , deux petits trous
qui sont situés à quelque distance de la ligne médiane
et qui sont les ouvertures de l’appareil de la généra-
tion. Enfin, chez quelques Brachyures, les ouver-
tures qui donnent passage aux organes mâles sont
également creusées sur le plastron lui- même , près de
la hase des pâtes de la cinquième paire, et chez
quelques autres où les verges sortent comme d’ordi-
naire à travers l’article basilaire de ces pâtes , il existe
de chaque côté du plastron un petit canal transversal
destiné à loger ces organes.
Les membres qui font suite à l’appareil buccal, et
qui constituent les pâtes proprement dites, sont
toujours au nombre de cinq paires , et ne présentent
jamais ni palpe ni fouet. Ils sont dirigés transversale-
ment en dehors ; ceux de la première paire sont tou-
jours préhensiles et terminés par une main didactyle
bien formée ; en général les pâtes des quatre paires
suivantes sont toutes simplement ambulatoires ou na-
tatoires ; elles ne sont jamais didactyles ; celles de la
dernière paire sont toujours assez développées.
L’abdomen est très - peu développé ; sa largeur
est tout au plus égale à environ les trois quarts de
celle de la carapace (le rostre excepté) ; son épaisseur
n’est égale qu’au cinquième ou même au dixième de
CRUSTACÉS, TOME I. Ij,
HISTOIRE NATURELLE
2 58
celle du thorax , aussi est-il presque lamelleux , et est-
il toujours reployé sous le plastron sternal (i). Il se
compose essentiellement de sept anneaux , mais sou-
vent un certain nombre d’entre eux s’unissent plus
ou moins intimement, et alors cette partie du corps ne
présente plus que cinq, quatre ou même trois pièces
Lien distinctes ; ce nombre varie suivant les sexes et
les genres, et, dans plusieurs cas , on voit qu’il diffère,
meme dans les espèces les plus voisines (2), En géné-
ral , l’abdomen est beaucouji plus laree chez les
femelles que chez les mâles ; chez les premières il
est ordinairement de forme ovalaire et chez les der-
niers plus ou moins triangulaire. Les membres qui s’y
insèrent sont également peu développés ; l’avant-
dernier anneau n’en porte jamais, même à l’état de
vestiges, et chez le mâle on n’en voit que sur les deux
premiers segmens (3). Ces organes ont toujours la forme
de stylets simples et plus ou moins aigus (4) ; ceux de la
première paire sont plus grands que ceux de la se-
conde , et présentent en général ime gouttière desti-
née à recevoir ces derniers ; enfin, leur base est en rap-
port avec les verges , et ils paraissent servir unique-
ment à la copulation. Chez les femelles il existe , au
contraire, toujours quatre paires de membres abdo-
minaux insérés aux quatre segmens qui suivent le pre-
mier anneau (5) ; ces organes se composent chacun d’une
tige longue, grêle et articulée, et d’un appendice flabelli-
forme à peu près de même longueur qui naît du côté ex-
(1) PI. 3, fig. 2, 5 et 0.
(2) Dans le gera e Doclce , par exemple .
(3) PI. 3, fig. 6.
(4) PI. 3, lig. i5 et 16.
(5) PI. 3, %. 5 et 14.
BES CRUSTACÉS. 9.69
terne de l’article basilaire de la tige ; l’une et l’autre de
ces espèces de branches sont garnies de poils , et leur
usage est de maintenir les œufs sous l’abdomen ;
jamais ces membres n’ont la forme de fausses pâtes
natatoires.
A l’intérieur, le système tégumentaire des Bra-
chyures présente aussi plusieurs particularités qu’il
est essentiel de noter. La voûte des flancs est toujours
dirigée très-obliquement en haut et en dedans , de
manière à former avec le plastron sternal un angle qui
n’excède guères 45 degrés (i). Les cellules situées au-
dessous sont dirigées transversalement-, les deux ran-
gées qu’elles forment sont superposées ^ et leur ouver-
ture, qui donne insertion à la pâte correspondante, est
dirigée en dehors. La cavité viscérale, que les flancs et
leurs cellules laissent entre eux, est toujours bornée en
arrière par une selle turcique sur laquelle s’insère
l’abdomen , et cette espèce de voûte est soutenue par
un apodème médian. Enfin, il n’existe jamais de canal
sternal proprement dit.
La centralisation du système nerveux ganglionnaire
des Brachyures est porté très-loin; ce système consiste
toujours en deux masses médullaires seulement, l’une
céphalique, et l’autre thoracique (2). Ce dernier,
qui se compose de tous les ganglions thoraciques ,
présente tantôt la forme d’un anneau, tantôt celui
d’un disque solide , et tient au premier par le collier
œsophagien ; enfin, la portion abdominale de cet appa-
reil n’est représentée que par un nerf impair qui naît,
comme tous ceux du thorax , du centre médullaire
(:) PI. U, fig. 9, 10, et PI. 3, fig. 3.
(2) PI. TI, fig 5.
'7-
26o HISTOIBE NATüRELLE
dont nous venons de parler, et qui n’olïre aucune
trace de renflemens ganglionnaires.
L appareil digestif de ces Décapodes ne présente
aucune particularité très-remarquable : nous rappelle-
rons seulement que les appendices cœcales qui nais-
sent derrière le pylore sont longs et filiformes , que
1 appendice situe entre 1 intestin grêle et le gros in-
testin naît a peu de distance de l’estomac (i), et
que les deux foies sont souvent réunis par un lobe
médian (a).
Le cœur est presque quadrilatère ; et l’artère ab-
dominale, qui naît à l’origine de la sternale, est ex-
trêmement grêle (3). Le système des sinus veineux , si-
tués près de la base des pâtes, est très-développé ; et,
sur la ligne médiane du corps, il n’existe pas de réser-
voirs semblables (4).
Les branchies ont toujours la forme des pyramides
llxees jiar leur base , et composées d'une double série
delamelles empiléesles unes sur les autres (5). On n’en
compte jamais plus de neuf de chaque côté du corps,
et quelquefois il n’en existe que sept ; une ou deux
des premières , fixées aux pates-màchoires externes ,
sont toujours rudimentaireset cachées sousles autres(6) ;
mais les cinq ou sept dernières sont très-développées,
couchées sur la voûte des flancs , et constamment in-
sérées sur une même ligne; les trois, quatre ou cinq
premiers naissent de l’articulation des membres cor-
(1) PI. 1,
(2) PL 4, fig. 5.
(3) PL 5, fig. I.
(4) PL 6, fig. 2 et 4.
(5f PI. 10, fig. 2 et 8.
(6) PL 3, fig. 8 et g,
DES CRUSTACES.
261
respondans ; savoir : un au-dessus de la pate-mâchoire
de la seconde paire , deux au-dessus de la pate-mâ-
choire externe , et deux au-dessus de la pâte thoraci-
que de la première paire. Les deux dernières branchies
naissent au contraire d’une ouverture pratiquée dans
la voûte des flancs (i) et correspondent ordinairement
aux pâtes de la seconde et de la troisième paire ;
quelquefois il n’existe pas de hranchie au-dessus de
la troisième paire de pâtes ; enfin les deux derniers
anneaux du thorax n’en portent jamais. Le fouet, qui
naît de la pate-mâchoire externe, et celui de la seconde
pate-mâchoire passent entre ces organes et la voûte
des flancs, et l’appendice analogue, appartenant à
la pate-mâchoire de la première paire, se recourbe
sur la face supérieure et externe des branchies ;
mais jamais ces derniers organes ne sont séparés
entre eux par des fouets. Enfin, la cavité respira-
toire n’est ouverte qu’à sa partie antérieure ; et la
partie latérale de la cara])ace vient s’appliquer exac-
tement contre le bord inférieur de la voûte des flancs;
aussi l’eau ne parvient-elle aux branchies que par
une ouverture spéciale qui se voit en général au
devant de la hase des pâtes de la première paire ,
mais qui est quelquefois remplacé par un canal qui
s’ouvre dans le cadre buccal à côté du conduit efférent
du même appareil.
L’appareil de la génération présente , chez les fe-
melles , une disposition particulière qui est très-re-
marquable,et qui consiste dans l’existence d’une grande
poche copulatrice placée près de l’ouverture de chacun
des oviductes. Ces poches reçoivent les verges du mâle
(1) PI. 3, fig. 3.
V
HISTOIRE NATURELLE
pendant la copulation, et servent évidemment comme
des réservoirs pour la liqueur destinée à féconder les
œufs à fur et à mesure de leur passage vers le dehors.
Les vulves, comme nous l’avons déjà dit, occupent
toujours le plastron sternal; elles sont situées sur
l’anneau qui porte les pâtes de la troisième paire, et
sont cachées par 1 abdomen. Les organes de la géné-
ration du mâle viennent en général" aboutir à une ou-
verture creusée dans 1 article basilaire des pâtes de la
cinquième paire; mais dans la famille des Catomètopes,
les verges sortent presque toujours par des trous pra-
tiqués sur le plastron sternal lui-même.
La section des Brachyures comprend un très-grand
nombre de Crustacés sur la classification desquels les
auteurs ne sont pas d’accord. MM. Leach et Desma-
rest les ont rangé d’après le nombre des pièces dis-
tinctes dont 1 abdomen se compose , soit chez le mâle,
soit chez la femelle. Cette méthode est très-simple et
d’une application extrêmement facile ; mais elle a le
grand inconvénient d’être tout-à-fait artificielle et d’é-
loigner souvent les Brachyures qui ont entre eux le
plus ti analogie ; il est des cas où, d’après ce système,
des espèces appartenant à un même genre naturel se-
raient dispersées dans des familles differentes ; nous
ne pouvons par conséquent l’adopter,
M. Latreille a eu recours à deux méthodes principa-
les pour la distribution des Brachyures ; l’une fondée
sur la forme générale du corps et la disposition des
pâtes, l’autre basée sur ces mêmes considérations,
ainsi que sur la forme de la bouche et quelques autres
caractères. Dans la première de ces classifications , ce
célèbre entomologiste divise les Brachyures en sept
familles ; savoir : les Nageurs , les ylrqués , les Quadri-
DES CaUSTACÉS. 26.5
latères, les Orbiculaires , les Triangulaires, les Crypto-
podes et les Natopodes ; et, dans la seconde , il réunit
les Nageurs aux Arqués , et modifie un peu la compo-
sition de ces groupes , ainsi que de celui des Orbicu
] aires.
Cette dernière classification m’a paru bien plus
naturelle que toutes celles qu’on avait proposées jus-
qu’alors ; mais une étude approfondie de la structure
des divers Bracbyures et de la valeur des caractères
employés pour leur distribution méthodique , m a con-
duit à en modifier quelques points, et à diviser la sec-
tion des Bracbyures seulement en quatre grandes fa-
milles f£u’on peut distinguer à l’aide des caractères
suivans :
FAMILLE DES OXYRHINQUES.
Orifices génitaux du mâle creusés dans l’article ba-
silaire des pâtes postérieures et ne se continuant pas
avec un canal transversal du sternum. — Canal affé-
rent de la cavité branchiale s’ouvrant en arrière
des régions ptérygostomiennes. — Branchies au nom-
bre de neuf et remplissant presque entièrement la
cavité respiratoire. — Cadre buccal à peu près qua-
drilatère , très -large en avant et très -éloigné du
front. — Bégion antennaire occupant un espace pres-
que aussi long que le cadre buccal. — Épistome très-
grand, presque carré. — Carapace rétrécie anté-
rieurement; régions branchiales très -développées et
occupant presque toute la partie latérale du thorax ;
régions hépatbiques rudimentaires; front avancé et
formant en général un rostre très-saillant ; orbites di-
riiïées au dehors. — Abdomen du mâle occupant tout
O
^^4 MISTOIJiE NATURELLE
l’espace compris entre la base des pâtes postérieures.
— Quatrième article des pâtes - mâchoires externes
s’insérant le plus ordinairement à l’angle interne de
l’article précédent.
FAMILLE DES CYCLOMÈTOPES.
Orifices génitaux du mâle, canaux ajfférens des
cavités respiratoires , et branchies disposées de même
que dans la famille précédente. — Cm/, e buccal très-
large en avant et fort éloigné du front. - Bégion
antennaire n’occupant pas un espace moitié aussi
long que le cadre buccal. — Épistome très-court, beau-
coup plus large que long, et n’atteignant pas à beau-
coup prés le niveau du bord inférieur des orbites.
— Carapace très-large et régulièrement arquée anté-
rieurement, rétrécie postérieurement ; régions hépa-
tiques tres-developpées et occupant presque toujours
au moins la moitié de la portion latérale du test ; front
transversal en général peu ou point rabattu ; orbites
dirigées obliquement en haut et en Abdomen
du male occupant tout l’espace compris entre la base
des pâtes postérieures. — Quatrième article des pafeA-
rnachoires externes s’insérant toujours à l’angle interne
de 1 article précédent.
FAMIILE DES CATOMÈTOPES.
Orifices génitaux du mâle placés presque toujours
sur le plastron sternal lui -même, ou se continuant
avec une gouttière transversale creusée dans le plastron
et renfermant les verges. — Canaux ajférens des cavi-
tés branchiales et cm/re buccal disposés comme dans la
DES CRL’STACES.
205
famille précédente. — Branchies souvent moins nom-
breuses que dans les familles précédentes, et n’occupant
en général qu’une petite portion de la cavité respira-
toire. — Jiégion antennaire n’ayant en général guères
plus du tiers ou du quart de la longueur du cadre
buccal. — Épistome très-court, presque linéaire et at-
teignant presque toujours le niveau du bord orbitaire
inférieur, avec lequel il semble se continuer. — Cara-
pace en général quadrilatère ou ovoïde ; régions hépa-
tiques rudimentaires; régions branchiales très-déve-
loppées ; front transversal et ordinairement rabattu ;
orbites dirigés en avant ou obliquement en bas. — Ab-
domen du mâle souvent beaucoup moins large que
l’epace compris entre la base des pâtes postérieures.
— Quatrième article des pâtes - mâchoires externes
s’insérant presque toujours au milieu ou vers l’angle
externe du précédent.
FAMILLE DES OXY6TOMES.
Orifices génitaux du mâle occupant l’article basi-
lairedes pâtes postérieures et ne se continuant pas avec
une gouttière sternale. — Cadre buccal triangulaire
très -étroit en avant et arrivant en général jusqu’au-
près du front. — Canaux affèrens de la respira-
tion s’ouvrant ordinairement au devant de la bouche
à côté des canaux efïérens. — Branchies souvent
moins nombreuses que dans les deux premières fa-
milles , mais disposées de meme. — Région anten-
naire d’une petitesse extrême. — Épistome pres-
que toujours rudimentaire. — Carapace en général
orbiculaire ou arquée en avant; front peu ou point
saillant.
266
HISTOIRE NATURELLE
CHAPITRE III.
FAnEII.I.E SES OXYRHINQUES.
Le nom’d’Oxyrhinque a été donné par M. Latreille
à une grande division de Brachjures renfermant les
Mïiïa , nos Oxystomes et plusieurs de nos Anoraou-
res (i); mais comme la classification dans laquelle on
1 employait a été abandonnée depuis long-temps, même
par son auteur, nous avons pensé qu’il n’y aurait au-
cun inconvénient à l’appliquer à la famille dont nous
faisons ici l’histoire, et en agissant de la sorte nous
avons été dispensés de charger d’un nom nouveau la
nomenclature zoologique qui déjà est si vaste.
C’est dans ce groupe naturel que le système uerveHar
présente le degré de centralisation le plus grand que
nous ayons rencontré parmi les Crustacés, et c’est
principalement pour cette raison que nous le plaçons
àla tête de la série formée par ces animaux. En effet, les
divers ganglions médullaires du thorax ne constituent
plus ici qu’une seule masse solide en forme de disque (2),
tandis que chez les autres Décapodes, dont on connaît
l’anatomie intérieure, ces mêmes ganglions restent
toujours plus ou moins distincts et ne se réunissent
que de manière à former un anneau circulaire. Chez
plusieurs Oxyrhinques nous avons aussi remarqué que
les deux moitiés du foie, au lieu d’être complètement
(1) Hist. nat. des Criislncès et des Insectes , faisant suite à l’édition
du Buftbn de Soiinini. Paris, an IX.
(2) PI. 9, fig. 5.
DES CRUSTACÉS. aÔ^
séparées comme chez les autres Décapodes , sont réu-
nies sur la ligne médiane par un lobe impair (i) ; ce
viscère est assez développé et s’étend sur une grande
partie delà voûte de la cavité branchiale. Lenombre des
hranchies est toujours de neuf de chaque côté du tho-
rax; sept de ces organes, dont le dernier est inséré
au-dessus de la troisième pâte, sont très-développés
et couchés sur la voûte des flancs , tandis que les deux
autres se trouvent réduits à l’état rudimentaire et sont
cachés à la hase des premiers. Enfin , la voûte de la
cat’lté respiratoire est peu élevée, et, dans toute son
étendue, presqu’en contact avec la face supérieure des
hranchies. Du reste, l’organisation intérieure des Oxy-
rinques ne nous a offert rien de particulier.
11 n’en est pas de même de l’organisation extérieure
de ces animaux. La forme générale de leur corps se
rapproche en général de celle d’un triangle dont la
base serait arrondie et tournée en arrière. L,n carapace
est presque toujours très-inégale et hérissée d épines ou
de poils, et notablement plus long que large; les lé-
gions (a), à l’exceptiondes hépatiques, sont ordinaire-
ment assez distinctes; la stomacale est presque tou-
jours plus longue que large, bien quelle occupe toute
la largeur de la partie post-orbitaire de la carapace, et
elle n’est jamais divisée en deux , sur la ligne médiane ,
par un prolongement presque linéairede larégiongé-
nitale, comme cela se voit chez la plupart des Cyclo-
métopes et des Gatomètopes. Cette dernière région est
en général peu développée, et confondue plus ou moins
(1) PI. 4, %• 5.
(2) PI. 3, üg. I, et PI. fig. I et 2.
268
histoire natureele
complètement avec la stomacale, ou bien tronquée
en avant. Les régions hépatiques , comme nous l’avons
déjà dit, sont rudimentaires et peu distinctes; mais
les branchiales sont très- développées et s’étendent au
delà du niveau du bord antérieur du plastron sternal ;
elles sont bombées , et c’est toujours vers leur milieJ
que la caparace présente le plus de larifeur. Quant
aux régions cordiale et intestinale, elles n’ollrent rien
de particulier. Le front est toujours assez étroit, et
en général il s avance de façon à constituer un rostre
très-saillant. Les orbites sont dirigées plus ou moins
obliquement en dehors, et souvent elles sont si petites
et si peu en rapport avec la longueur des tiges oculaires,
cpie ces organes ne peuvent s’y reployer ; d’autres fois
la portion post-foraminaire de ces cavités est assez pro-
fonde et s étend comme d’ordinaire assez loin en dehors
pour que les yeux puissent s’y cacher en entier. Les
flratennei de la première paire n’oflrent rien de particu-
lier quant à leur forme; mais leur tige mobile est assez
développée; elles se reploient presque toujourslongitu-
dinalement , et sont logées dans des fossettes également
longitudinales et complètement séparées des cavités
orbitaires(i). Chez presque tous ces Bracbyures le pre-
mier article des antennes externes est extrêmement
développé et complètement soudé au front et aux
parties voisines des régions ptérygostomiennes ; il
constitue une portion considérable de la paroi in-
férieure de l’orbite (2), et présente àsabaseune ou-
verture circulaire qui est remplie par un disque cal-
caire appartenant à l’appareil auditif; les deux arti-
(OPl. 3, %. a,/.
(3) PI. 3, fig. 2, U.
DES CRUSTACÉS. 269
des suivans sont en général parfaitement libres, et
supportent une tige terminale qui est assez longue.
Uépistome est en général presque carré; la région an-
tetmaire^ comme nous l’avons déjà dit, est très-
développée, et le bord du cadre buccal qmXaiievmïne
postérieurement est presque droit et très - saillant.
Les régions ptérjgostoiniennes sont au contraire peu
étendues, et sont en général assez nettement divisées
en deux portions ; l’une correspondante au canal effé-
rent de la cavité respiratoire , et l’autre située au devant
et en dehors de la première (i) ; enfin la ligne courbe,
qui indique le point de soudure de la pièce dorsale de
la carapace avec les pinces latérales , se termine vers
la base de la troisième pâte, hes pâtes -mâchoires ex-
ternes ne dépassent jamais le bord antérieur du cadre
buccal (2) ; leur premier article est grand et sert de val-
vule pour clore l’ouverture qui se voit immédiatement
au devant des pâtes antérieures et qui conduit dans
la cavité branchiale (3) ; il supporte à son extrémité in-
terne un palpe et une tige don t les deux premiers articles
sonttrès-largesctrecouvrcnt lereste de l’appareil buc-
cal , et dont les trois dernières pinces le sont beaucoup
moins (4) ; quant à la forme générale de ces espèces d’o-
percules, elle varie, mais n’est jamais triangulaire. Les
pates-mdchoires de la seconde paire ne présentent rien
de remarquable ; le premier article du palpe de celles
des troisièmes est toujours plus long que lalame cornée
(i) PI. 3j, fig. a.
(a) PI. i5, fig, 2, 10, 12, i4, 1(5.
(3) Pi. 3, fig. 2, », et fig. 8, O.
(4) PI. 3, fig. 8 ! c, t/, deuxième et troisième articles formant
1 opercule buccal; — e , f, g-, trois derniers articles formant un
appendice palpiforme.
270 mSTOTRK NATURELLE
qui représente la portion externe de la tige (i). Les
autres appendices de la bouche n’offrent rien de par-
ticulier. En général le plastron sternal (2) est presque
circulaire, et l’espace qui sépare les pâtes postérieures
est jjeu considérable. L’apodème médian du thorax
n’occupe ordinairement que le dernier anneau , la selle
turcique postérieure (3) est peu élevée et les apo-
dèmes sternaux , qui séparent les cellules correspon-
dans aux pates-mâchoires externes et aux pâtes thora-
ciques des trois premières paires, sont loin de s’étendre
jusqu auprès de la ligne médiane du corps. \j.es pâtes
de la première paire sont en général à peu près de
même grandeur des deux côtés du corps , mais offrent
des dimensions très-différentes , suivant les espèces et
les sexes. Les pâtes suivantes sont souvent d’une lon-
gueur démesurée, et sont presque toujours grêles et
cylindriques ; cette disposition est même portée si
loin chez quelques Oxyrhinques, qu’elle leur a fait
donner le nom à’ Araignées de mer. Les pâtes des
deux ou trois dernières paires sont quelquefois pres-
que subchéliformes ; jamais ces organes ne prennent
la forme de rames natatoires, et en général ceux des
trois dernières paires diminuent graduellement de
longueur. Enfin, c’est toujours dans l’article basi-
laire des pâtes postérieures que sont pratiqués les
trous qui livrent passage aux verges, lesquelles se
trouvent immédiatement en rapport avec les mem-
bres abdominaux, et ne sont jamais logés dans un
(1) PI. 3, tlg. 10.
(2) PI. 3, lig. 2 et 4 = 7 ) suture correspondante à Vapodème mé-
dian du sternum.
(3) PI. 3, fig. 3, c.
DES CRUSTACÉS. CS^t
canal transversal du sternum. La disjiosilion del’rtô-
domen varie beaucoup ; tantôt ony voit, danslesdeux
sexes , sept pièces distinctes ; tantôt celui des femelles
n’en présente que six, cinq ou même quatre, tandis
que celui des mâles reste composé de sept anneaux
séparés; enfin, d’autres fois encore on ne compte cliez
ces derniers que six segmens (i). Il est aussi à noter que
cliez les mâles l’espace compris entre les pâtes posté-
rieures est entièrement recouvert par l’abdomen.
Quant aux appendices de cette partie du corps, ils ne
présentent rien de particulier cbez les femelles , et
chez le mâle , ceux de la première paire sont en géné-
ral grêles, styliformes , tronqués au bout, presque
droits et assez longs , tandis c[ue ceux de la seconde
paire sont rudimentaires (2).
Les Oxyrhinques paraissent être tous des Crustacés
essentiellement maritimes; on n’en connaît pas qui
vivent dans l’eau douce , ou qui fréquentent les rivages
de la mer; tous habitent à des profondeurs considé-
rables, et on se les procure en général à l’aide des
filets traînans , dont les pêcheurs se servent pour pren-
dre diverses espèces de gros poissons. Malgré la lon-
gueur souvent excessive de leurs pâtes , leurs mou-
vemens sont en général lents, et lorsqu’on les retire
de l’eau ils ne tardent pas à périr; on n’en connaît
aucun qui soit nageur.
Jusqu’ici nous ne connaissons aucun Crustacé fos-
sile que l’on puisse regarder, avec quelque certi-
tude comme appartenant à la famille des Oxyrhinques.
M. Desmarets rapporte , il est vrai, au genre Inachus,
(1) PI. i5, üg. 3, 8 et i3.
(2) PI. 3, fig. 6, i5 et iG.
272 HISTOIRE NATURELLE
une espece de Brachyure dont le gisement n’est pas
connu; mais des raisons, que nous exposerons plus
loin , nous portent à rejeter cette détermination.
La famille des Oxyrliinques renferme un nombre
très - considérable de genres, et on peut la diviser en
trois tribus caractérisés de la manière suivante.
I. TRIBU DES MACnOPODIENS.
Pâtes greles et très - longues ; celles de la seconde ou
ti oisième paire toujours beaucoup plus longues que les pâtes
anteiieures, et plus de deux fois aussi longues que la por-
tion post-frontale de la carapace.
2. TRIBU DES MAÏENS.
PatesAe, grandeur médiocre ; celles de la seconde et de la troi-
sième paire n’ayant jamais deux fois la longueur de la poi’tion
post-frontale de la carapace (ordinairement moins d’une fois
et demie cette longueur) ; celles de la première paire souvent
plus longues et plus grosses que les suivantes , mais n’ayant
jamais plus de deux fois la longueur de la portion post-fron-
tale de la carapace. Article basilaire des antennes externes
très - développé , constituant la majeure partie de la paroi
inférieure de 1 orbite , et allant toujours se souder avec le
front au devant du canthus intei-nc des yeux.
3. TRIBU DES PARTH^NOPIENS.
Pales des quatre dernières paires beaucoup plus courtes
que les pâtes antérieures ; celles de la deuxième paire ayant
en général moins d’une fois et demie la longueur de la por-
tion post-frontale de la carapace ; celles de la première paire
au contraire très-grosses, et ayant chez le mâle, sinon dans
les deux sexes, deux ou trois fois cette longueur. Article basi-
laire des antennes externes presque toujours peu développé.
DES CRUSTACÉS. 2^3
point soudé au front , et ne contribuant que peu ou point
à constituer la paroi inférieure de l’orbite.
PREMIÈRE TRIBU.
MACROPODIENS.
Les Crustacés de cette tribu (i) qui correspond à
peu près au genre Macrope , tel que M. Latreille l’avait
d’abord établi {Hist, nat. des Crustacés , etc., t. VI,
p. io8), sont remarquables par la longueur démesu-
rée de leurs pâtes ; aussi les désigne-t-on souvent
par le nom vulgaire à! Araignées de mer. La forme de
leur carapace varie, mais en général elle est trian-
gulaire, et en quelque sorte rejetée en avant; très-
souvent elle ne s’étend pas sur le dernier anneau tho-
racique. Les pâtes antérieures sont courtes et presque
toujours très -grêles ; celles des paires suivantes sont
toujours plus ou moins filiformes ; la longueur de celles
de la seconde paire égale quelquefois neuf ou dix fois
la longueur de la portion post-frontale de la carapace,
et excède toujours de beaucoup le double de cette
dernière mesure ; en général les pâtes suivantes sont
également très-longues. Presque toujours l’article ba-
silaire des antennes externes constitue la majeure par-
tie’de la paroi inférieure de l’orbite , et va se souder
au front (2). Enfin, chez la plupart des Macropodiens,
le troisième article des pates-mâchoires externes (3)
est ovalaire ou triangulaire , plus long que large, et ne
(1) Exemple PI. i5, fig. i5, et PI. i^his, %• 3.
(2) PI. i5, fig. 14 et 16.
(3) PI. i5, fig. 14 et 16.
CRUSTACÉS, TOME I. l8
inSTOIP.E NATURELLE
274
porte pas l’article suivant à son angle antérieur et in-
terne , comme chez les autres Oxyrhinques.
Ces Crustacés vivent ordinairement à d’assez gran-
des profondeurs dans la mer, et s’y cachent parmi les
algues; on en trouve souvent sur les bancs d’huîtres.
Leur démarche et lente est paraît mal assurée. La fai-
blesse de leurs pinces doit les rendre peu redoutables
aux autres animaux marins, et il nous paraît probable
qu’ils vivent principalement d’Annelides, de Planaires
et de petits Mollusques.
A l’aide des caractères comparatifs présentés dans
le tableau suivant , on pourra facilement distinguer
entre eux les divers genres qui, dans l’état actuel de
la science, composent la tribu des Macropodiens.
TARLEAU
p. 274.
TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCIPAUX CARACTÈRES GÉNÉRIQUES DES MACROPODIENS.
Troisième article
Ides patcs-niàchoires
Icxtcrnes ovalaire ou
jtriançulaire , etpor-
Itant 1 article suivant
à son sommet ou à
son angle externe.
TRIBU
des
MtCROPODlKISS.
Yeux non rétraC'
Itiles, et ne pouvant
I pas , en général , se'
reployer en arrière.
Troisième article
i des pâtes -mâchoires
1 externes à peu près
1 ovalaire , et plus\
Id’une fois et demie
laussi longue que
llarge.
[ Tige mobile des antennes externesi
insérée au devant du niveau des yeux , >
donf le pédoncule est très-court. )
Tige mobile des antennes externes 1
insérée en arrière du niveau des yeux , I
qui sont portés sur des pédoncules grêles j
et extrêmement longs. J
Pâtes de la seconde paire notablement plus courtes que les |
^suivantes. J
Pâtes de la se
conde paire nota-
blement plus lon-
gues que toutes les
autres.
Genres.
Stésorïsqoe.
Laxreillie.
Camposcie.
Rostre extrêmement long , et recou-
vrant l’insertion de la tige mobile des!
antermes externes , qui a lieu assez loin! LePtopodie.
Troisième article Re® Putes-mâchoires \au devant des yeux ; pédoncules oculaires
triangulaire , forte- ) courts.
externes presque
ment tronqué en avant guère plus
long que large , et portant 1 article sui-
vant à son angle externe.
Rostre médiocrement long , et laissant!
là découvert, de chaque côté, le point
d'insertion de la tige mobile des antennes j
externes. (Tarse des pâtes des deux der-
inières paires presque falciforme. )
Acuée
Yeux parfaitement rétractiles, pouvant se P oyer en arriéré , et se loger c P «nire eux- ivant-
cavités orbitaires. (Tarses des guatre dernières paires de pieds styliformes et sem «artie nost-fi-'ontale
dernier article cylindrique ; pâtes de la secon e paire trois fois aussi longues qu p p
de la carapace.)
|lsACHUE.
Troisième article
Ides pates-mâchoires
lexteriies presque
I carré, à peu près
I aussi large que long,
[ et donnant iiiser-
I tion à l'article sui-
v.ant par son angle
interne.
Yeux non rétractiles et peu saillans j carapace triangulaire.
I Pâtes des quatre dernières paires (ili-'|
formes, cylindriques, et sans élargisse- 5 Amathie.
\ ment vers le bout.
Pâtes des quatre dernières paires com- 1
! primées, ayant leur dernier article élargi IEorypode.
I en dessous, et presque subehéliformes. j
1 Pâtes de la seconde paire ayant plus del
six fois la longueur de la portion post- VEceeie.
frontale de la carapace. J
Pâtes de la seconde paire, ayant envi- Y
ron trois fois la longueur de la portion Dociée.
\ post-frontale de la carapace. T
Crustacés, tome i.
I V« •tiÈïSSÆ: 1
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4
r
DES CRUSTACÉS.
I. GESRE LEPTOPODIE. — Leplopodia (i).
Ce genre, établi par M. Leach aux dépens des Inachus
de Fabricus et des Macropes de B'I. Latreille, est très-remar-
quable par la forme générale du corps et par la longueur
excessive des pâtes ; il présente d’une manière exagérée tous
les caractères distinctifs de la famille et de la tribu aux-
quelles il appartient. La carapace est à peu près triangu-
laire, et ne recouvr'e pas le dernier anneau du thorax ; le
rostre est stylifonne et d’une longueur démesurée (PI. i5,
fig. ; ies j'eux sont gros et non rétractiles; les an-
tennes internes , en se reployant, suivent exactement la
direction longitudinale du corps. Le premier article des
antennes externes est très-long, et complètement con-
fondu avec les parties voisines du test ; le second s’in-
sère assez loin au devant des orbites et au-dessous du
rostre. L’ èpistome ( c ) est beaucoup plus long que large.
Le troisième article des pates-mâchoires {b) est presque
triangulaire , et porte à son angle externe l’article suivant ,
qui est assez développé. Le plastron sternal est aussi long
que large, mais ti’ès-rétréci entre les premières pâtes ] ces
organes sont très-gréles et extrêmement longs , mais cepen-
dant moins que toutes les pâtes suivantes; la longueur de
celles de la seconde paire égale neuf ou dix fois la longueur
de la portion post-frontale de la carapace. Enfin , ï abdo-
men se compose dans les deux sexes de six articles , dont le
premier , très-développé et aussi long que large , occupe la
face dorsale du corps , et dont la dernière est formée par la
(i) Inachus. Fabr. Supjj. Eut. Syst. , p. 35g. Cancer. Herbst, t.3,
3p. partie , p. ay. Maîa. Bosc, t. i, p. 253. Macrope. Latr. Hist. liât,
des Crust. , t. 6, p. io8. Stènorynque. LauiE. Hist. des an. sans
vert-, t. 5, p- 236. Leptojmdia. Leach. Zool. mise. t. 2:- — Say, Acad.
dePliilad., t.i, p 4^5; — Desm.,p. i55. Latr- fieg- Anim.2«. éd.,
t. 4, p, 64.
ifi.
i
276 HISTOIRE NATURELLE
soudure du dixième et du septième anneau abdominal.
Le genre Leptopodie paraît appartenii- en propre au JVou-
veau-Monde.
1. LEfTOPODiE SAGITTAIRE. — Lcptopodiu sagiUaria (i).
Epines du bord terminal du troisième article des huit
dernières pâtes très-courtes ; pédoncules oculaires parfai-
tement cylindriques . Rostre presque deux fois aussi long que
la portion post-frontale de la carapace {PI. i5, fîg. i4 )j entier,
styllforme et armé de chaque côté d’une série de pointes ; une
épine à la face inférieure de l’article basilaire des antennes ex-
ternes, près de l’insertion des yeux, et une de chaque côté de la
carapace à quelque distance en arrière des orbites ; pâtes ai’mées
d’épines, surtout sur le troisième article; mains finement gra-
nulées. Longueur totale du corps (y compris le rostre) deux
à trois pouces.
Habite le golfe du Mexique et la mer des Antilles. ( Col. du
Muséum. )
2. Leptopodie a éperons. — Leptopodia calcarata (2).
Troisième article des huit dernières pâtes arme a son
extrémité de trois épines, dont la médiane, grosse et
obtuse, est moitié aussi longue que l’article suivant; pé-
doncules oculaires présentant au devant de la cornée
une légère éminence spiniforme.
Habite la baie de Charlestown.
(1) laachus sagiUarias. Fabr. Supp. ent. syst. , p. ôSg. Cancer
seticornis. H«rb. 3, PI. 55, fig. 2; Leptopodia sagiUaria. Leach.
Zool. mis. t. 2, PI. 67; — Latr. Encyc. , PI. 299, fig. i. ( d’après
Leach.). — Desm. , PI. 16, fig. 2- — Guérin. Iconog. Cr., pl. ii,
fig. 4.
(2) Say. Journ. de Philad, , t. i, p. 455.
DES CRUSTACES.
277
II. GENRE hkTKE\U.m. — Latreilüa (i).
M. Roux, de Marseille, a fait connaître , sous le nom de
Latreillic, un Crustacé très-remarquable qui se trouve dans
la Méditerranée , et qui ressemble assez, par la forme générale
du corps, à une Leptopodie qui serait privée de son rostre, et
qui sei’ait munie de pédoncules oculaires d’une longueur
extrême.
La carapace est triangulaire , tronquée en avant , et ne
recouvre pas le dernier anneau du thorax ; 1 épistome est
beaucoup plus long que large ; le second et le troisième
articles des pâtes - mâchoires externes sont très - étroits ;
les pâtes sont filiformes et extrêmement longues; enfin,
\ahdomen de la femelle ne se compose que de cinq arti-
cles, mais on y distingue les sutures, des deux autres ; quant
à l’abdomen du mâle on ne connaît pas sa structure.
1. LATREiELiE ÉLÉGANTE. — LatreilHa clcgaiis
Caparace glabre, lisse, front armé en dessus de deux
grandes cornes divergentes et d’une épine dirigée en avan
entre les antennes ; pâtes des quatre dernières ayant le troi-
sième article épineux, l’avant- dernier article un peu dilaté en
dessous , vers son extrémité , et le tarse très-court ; abdomen
armé de six épines , dont deux situées sur la ligne médiane , et
quatre près des bords ; longueur environ im pouce ; couleur
jaunâtre, une des bandes rouges sur les jambes.
Habite les côtes de Sicile.
Nous sommes portés à croire que c’esi
qu’il faudrait placer le Maïa seticornis
est à côté de ce Crustacé
fisdeBosc; cet animal,
(1) Latreillia. Roux, Crust., 5«. livraison.
(2) Roux, Crust., pl. ri.
^■yS HISTOIRE NATURELLE
qu’on dit habiter aussi la Méditerranée , n’est connu que par
une figure de Slabber {Obs. Micros, tab. i8, fig 2) , reproduite
par Herbet { pl. i5, %• 9 1 ), par Bosc (t. 1 , pl. 7 , fig. 2 ) , et
parM. Latreille [Encj. pl. 281, fig. 5 ); Herbst le confond
avec la Leptopodie sagittaire; et, en effet, il est représente'
avec un rostre stylifornie très -allongé; mais ce prolongement
ne paraît être qu’une espèce de soie , et pourrait bien ne pas
faire réellement partie de l’animal.
III. GENRE STÉJNORYNQUE. — Slenorynchus {i).
Ce genre, dont l’établissement est dû à M. Latreille, a
changé plusieurs fois de nom, parce que ceux de Macrope
et de Macropode, qu’on luiavait d’abord donnés, étaient déjà
employés pour désigner d’autres animaux. Les Macropodiens,
dont ilse compose, ontla carapace (Pl. i4 bis, fig. 3) triangu-
laire, très-retirée en avant, et ne se prolongeant pas au-dessus
du dernier anneau thoracique. Le rostre est avancé, bifide et
aigu ; les orbites sont circulaires, et les yeux, assez saillans , ne
sont nullement rétractiles. Les antennes internes se reploient
longitudinalement, et les fossettes qui les logent ne sont pas
complètement séparées entre elles. Le premier article des an-
tennes externes , confondu avec les parties voisines, est très-
étroit ; le second s’insère sur les côtés du rostre ; et le troi-
sième est beaucoup plus long que le second, h’épistome est
plus long que large , et les régions ptérygostomiennes rudi-
mentaires ; le cadre buccal est également beaucoup plus
long que large ; les pates-mâchoîres externes sont étroites ;
leur troisième article est ovalaire , et le quatrième est assez
(1) Cancerhin. ; — Pennant. — Herb. ; Innchiis Fahr. ; MaïnBosc ;
Macropus Latr. Hist. nat- des Crust. , t. 6 , pag. 108 ; Macropodia
Leacli Edimb. Eiicyc. , t. 7, p. SyS , etc.; — Desm. , p. 154. —
Risso, Hist. nat. de l’Europe merid. , t. 5, p. 27. Stènorynque ,
Lamk. Hist- des an. sans vert., t. 5, p. 236; — Latr. R. An.,
2». éd., t. 4> p- 64.
DES GHUSTACÉS. 279
long. Le plastron sternal est étroit entre les pâtes anté-
rieures , mais devient ensuite très-large , et présente sur la
ligne médiane une suture qui en occupe le dernier segment.
Les pâtes de la première paire sont plus courtes , mais beau-
coup plus grosses que les suivantes ; la main qui les termine
est renflée, et les doigts un peu courbés en dedans. Les
pâtes des quatre dernières paires sont filiformes et extrême-
ment longues j la longueur de celles de la seconde paire égale
cinq ou six fois la largeur de la carapace ; les autres devien-
nent progressivement plus courtes; leur pénultième article
est un peu dilaté vers le bout, et le dernier est styliforme et
un peu recourbé. Enfin, Vabdornen est compose dans les
deux sexes de six articles , dont le dernier est formé par la
soudure du sixième et du septième anneau.
On n’a encore trouvé de Sténorynques que dans la Mé-
diterranée et les autres mers d’Europe. Tous sont de très-
petite taille.
I. sïénorykque faucheur. — Stenorynclms phalan-
giuni (i).
Rostre n atteignant pas à beaucoup près V extrémité
du pédoncule des antennes externes-, épistome armé de
chaque côté d’une seule petite épine située près de l or-
gane auditif; région stomacale armée de trois pointes , dont
les deux antérieures sont très-écartées entre elles ; une épine sur
la région cordiale , deux sur chaque région branchiale , etc. ;
troisième article des pâtes - mâchoires externes sans dentelures
notables sur le bord externe.
Très-commun sur les côtes de la Manche et de 1 Océan.
( G. M. )
(l) Cancer phalangium, Penn. , t. /( , pi- 9, fig- '7 i rosiratus ,
Lin. Fanna Suecica , n». 2037; — Hevh., pL lô, tig- 90. Inachus
phatangium. Fabr. snp., p. 358: Macropus phalangium. Latr. Hist.
nal. des Crust. t. 6, p. 110. Macropodia phalangium. Leach, Zool.
mis. , t. 3 , p. 18: et Malac, pl. 28 , hg. 6 ; — Latr. Itricyc. , pl. 278 ,
28o
HISTOIliE NATURELLE
2. STÉNORYKQUE iQyvTim. ■— Stenorynchus égyptius (i).
Rostre n' atteignant pas tout-à-fait l’extrémité du pé-
doncule des antennes externes; épislome armé de chaque
côté de deux épines placées l'une au devant de l’autre. La
forme générale du corps est Leaucoup plus allongée que dans
l’espèce précédente ; les deux tubei-cules antérieurs de la ré-
gion stomachale se touchent presque , et le bord externe du
troisième article des pâtes - mâchoires externes est armé de deux
ou trois épines.
Habite les cotes de l’Egypte et de la Sicile. ( G. M. )
3.
STÉNORYNQUE LONGiROSTRE. — Stenoiyiichus longi-
rostris (2).
Rostre dépassant de beaucoup le pédoncule des an-
tennes externes.
Habite la Manche et la Méditerranée. ( G. M. )
Le CANCER DODEcos de Linné [Syst. nat. XII. 2.p. io46,
n“. 38 ) appartient probablement à ce genre ; mais il serait
diflîcile de déterminer à quelle espèce il faudrait la rapporter ,
Fabricus le regarde comme étant sou I. longirostris.
L’araignée de mer de Rondelet (Poissons, t. II, p. ^it)
est aussi une Sténorynque.
Kg. 2 ( copiée d’après Pennant ), etpl. 298 , fig. 6 (d’après Leach);
— Desm., pl. 23, fig. 3. — Guérin. Iconogr. Crust. , pl. 21, fig. 2.
(1) Stenorynchus phalangium, Andouin. Explic. des planches du
grand ouvrage sur l’Égypte ; Savigny, loc. cit. pl. 6 , fig. 6,
(2) Inachus longirostris. Fabr. sup. p. 358; Macropus longirostris.
Latr. Hist. nat. des Crust., t. 8, p. no; — Macropodia tenuirostris.
Leach, Malac, pl. 23, fig. i — 5 ; — Latr. Encyc. pl. 298, fig. j — 5
(d’après Leach) — Desm., p. l54 ; M. longirostris, flisso. Hist.
nat. de l’Europe raérid., t. 5, p. 27. — Blainville, Faune française,
pl. 8,fig. 1.
DES CRUSTACES.
281
IV. GEHRE AGHÉE. — Achcsus (i).
M. Leach a désigné sous ce nom de petits Macropodiens
qui ressemblent beaucoup aux Sténorynques et aux Ina-
chus , mais qui se distinguent de tous les autres genres de
cette famille par la forme des pâtes postérieures et par quel-
ques autres caractères ; \a. carapace de ces Crustacés, comme
celle de la plupart des Macropodiens , ne s’étend pas sur le
dernier segment du thorax ; elle est à peu près triangulaire et
renflée sur les réglons branchiales. Le rostre est presque nul ;
les yeux non rétractiles et portés sur des pédoncules assez
longs ; le premier article des antennes externes est soudé au
front et s’avance au delà du niveau du canthus interne des
yeux ; l’insertion du second article se fait sur les côtes du rostre
et reste complètement à découvert en dessus, h’épistonie est à
peu près carré; le troisième article des pâtes - mâchoires
externes est plus long que large et presque triangulaire ;
il donne attache à l’article suivant près de son angle anté-
rieur et externe. Le plastroti sternal se rétrécit brusque-
ment entre les pâtes antériçures, qui sontgrcles et courtes;
celles des quatre paires suivantes sont filiformes ; les secondes
ont à peu près deux fois et un quart la longueur de la por-
tion post-frontale] de la carapace, et se terminent par un
article styliforme et tout-à-fait droit; les pâtes suivantes
sont beaucoup moins longues, et l’article terminal des quatre
dernières est grand , comprimé et falciforme. Enfin 1 ab-
domen esX composé de six articles dans les deux sexes.
Les Achées n’ont encore été rencontrées que dans la
Manche.
I. AcnÉE DE Crancu. — Achevas cranchii {2).
Eoslre formé de deux petites dents triangulaires , et no dé-
( 1 ) Lcach , Malac , iG'. liv. — Desin. , P’ i53. — Latr. ü. anim,
a*, éd. , t. 4, p. 64.
(2) Leacli, Malac , p. aa C — ; Desm. , P' i54.
IIISXOIIIE NATURELLE
passant pas le second article des antennes externes ; une épine
sur la face anterieure des pédoncules oculaires; régions génitale
et cordiale élevées en forme de tubercides ; pâtes garnies de
quelffues poils très-longs , et crochues. Longueur 6 à 8 lignes.
Couleur hrime.
Habite la baie de Falmoullh en Angleterre , et l’embouchm-e
de la Eance , près Saint-Malo. Vit parmi les Algues et les
Huîtres.
y. GEJVRE CAMPOSCIE. ■ — Camposcia (i).
Dans le genre Camposcie, que M. Latreille a adopté d’a-
près M. Leach, la carapace (PI. i5, fig. i5) est bombée
et presque pyriforme, mais tronquée en avant ; le rostre est
rudijnentaire et dépasse à peine le canthus interne des orbites.
Les sont portéssur des pédoncules assez longs, recour-
bés en avant et très-gros à leur base ; ils peuvent se replier
en arrière, mais ils ne sont pas rétractiles, car il n’existe
pas de cavité orbitaire post-foraminaire pour les loger;
seulement leur extrémité est alors protégée par une épine
de la partie latiVale de la carapace. Les antennes internes
se reploient un peu obliquement en avant (fig, i6) ; les fos-
settes qui les logent présentent cela de particulier quelles ne
sont pas séparées comme d’ordinaire par une cloison longitu-
dinale et ne forment qu’une seule cavité quadrilatère. Le
preznier article des antennes externes est long et mince ; il
se prolonge presque aussi loin que le rostre, et porte, à son
extrémité, une tige mobile qui est par conséquent complète-
ment à découvert, h’épistonie est à peu près cari é , et les
pâtes -mâchoires externes sont très -allongées et ne closent
qu’imparfaitement la bouche. Les pâtes sont grêles et assez
longues ; chez la femelle les premières sont les plus courtes
et ne sont pas plus fortes que les suivantes ; celles de la troi-
(i) Lati'. R, anim. a', éd., t. 4t p. Go.
des crustacés. 283
sième , de la quatrième et de la cinquième paire sont un peu
plus longues et se terminent aussi par un ongle cylindrique
légèrement recourbé en bas. On ne connaît pas leur forme
chez le mâle , et on ignore également la disposition de 1 ab-
domen de ces Crustacés.
Ils habitent les mers de l’Asie.
I. CAMPosciE RÉTUsE. — Cauiposcici retusa (i).
(PI. i5, fig. i5, i6. )
Corps couvert de poils laineux , qui sont les pltislongs et les
plus abondans sur les pâtes. Carapace environ une fois et demie
aussi longue que large , bombée et présentant des réglons assez
distinctes; rostre très-large, tronque et terminé par deux pe-
tits tubercules qui dépassent à peine rextrémité de l’article ba-
siliaire des antennes externes. Une dent assez forte sur la
partie latérale de la carapace , à quelque di.stance en arrière des
yeux. Pâtes de la première paire cylindriques et terminées par
une pince faible , légèrement recourbée en dedans , dentelée
sur les bords, et points creusés en gouttière. Pâtes de la troi-
sième paire à peu près deux fois aussi longues que le corps.
Couleur brune jaunâtre. Patrie inconnue.
VI. GENRE EURYPODE. — Eurypodiiis (2).
Ce genre, nouvellement fondé par M. Guérin, établit, sous
quelques rapports, un passage entre les Macropodiens dont
il a déjà été question et certains Maïens, tels que le Ilalime
Oreillard, etc. ; en effet, il se rapproche un peu de ces der-
niers par la forme des pâtes , et ressemble aux précédens par
la longueur de ces organes et par la disposition des yeux. La
ceirapaca est triangulaire, deux fois aussi longue que large, ar-
(1) Camposcia retusa. Latr. R. Auliu. a', éd. , t. /(.j P’
Guérin. Iconog. Gr. pl. 9, %. 1. t, . .
(2) Guérin , Mém. du Muséum , t. 16 , p- 34^ ! — Latr. R. Amm,
2'. éd. , t. 4. P' 583.
284 HISTOIRE NATURELLE
rondie posterieurement , étroite en avant , bombée et inégale
en dessus; le rostre est formé de deux cornes longues et
horizontales ; les yeux sont portés sur des pédoncules de
longueur médiocre et non rétractiles; la disposition des an-
tennes internes et externes est à peu près la même que dans
les genres Sténorynques , Inachus, etc.; ïépistome et plus
large que long; le troisième article des pâtes -mâchoires
externes est presque carré , aussi large que long , et pro-
fondément échancré à son antérieur et interne, pour donner
insertion à l’article suivant. Les pâtes antérieures sont de la
longueur du corps chez le mâle et beaucoup plus courtes chez
la femelle ; elles sont peu renflées et les doigts sont légère-
ment recourbés en dedans. Les pâtes suivantes sont très-
longues; leur troisième article est cylindrique, mais le cin-
quième est comprimé et dilaté inférieurement ; sa plus grande
largeur se trouve au delà du milieu ; le doigt est grand , re-
courbe, très -aigu et susceptible de se reployer contre le
bord inférieur de l’article précédent, en manière de pince
subehéliforme ; enfin , la longueur des pâtes de la seconde
paire égale presque deux fois et demie celle de la portion
post-frontale de la carapace, et les suivantes diminuent suc-
cessivement de longueur, mais très-peu. abdomen se com-
pose dans les deux sexes de sept articles.
Ce genre appartient à la mer des Indes.
I. Eurypode de Latreille. — Erypodius Latreillia (i).
Carapace velue , bosselée , tuberculeuse en dessus ; quelques
épines sur scs bords latéraux ; cornes du rostre légèrement con-
vergentes ; second article des antennes externes grêle , cylin-
di’ique et à peu près de même longueim que le troisième ;
pâtes velues, surtout en dessous. Longueur, trois pouces.
Habite les îles Malouines. ( C. M. )
( I) Guérin, Mém. du Muséum, t. l6, PI. 14, et Iconog. Cr ,
PI. ii.Hg. I.
DES CRDSTACÉS.
285
Vil. GENRE AMATHIE. — Amathia [\).
Le genre Amatliie de M. Roux a quelques l’apports avec
les Péricères de M. La treille; leur aspect est le meme;
mais leurs antennes externes ne présentent pas la disposi-
tion particulière qu’on remarque chez ces derniers, et
l’espace que les oi’hites laissent entre eux n’est guères plus
large que la hase du rostre , tandis que chez les Péricères
elle a plus du double. La carapace des Amathies a la forme
d’un triangle allongé et à base arrondie ; sa face supérieure
et ses bords sont hérissés d’énormes épines ; le rostre , qui se
termine par deux grandes cornes divergentes, est presque aussi
long que la portion post - orbitaire de la carapaee. Les
yeux sont petits et en partie protégés par une épine qui
occupe leur canthus externe, mais, de même que dans
les genres pi’écédens , ils ne sont pas rétractiles et restent
toujours saillans. Les antennes externes ne présentent rien
de remarquable; l’article basilaire des externes est long,
très-étroit et soudé au front; la tige s’insère sous le
rostre, à quelque distance au-devant du niveau des yeux,
. elle est très - grêle , et ses deux premiers articles sont d’égale
longueur. Vépistonie est grand et à peu près aussi long que
large ; le troisième article des pates-rnâchoircs externes est
dilaté en dehors et tronqué à ses deux angles internes. Les
pâtes de la première paire sont plus courtes que les suivantes ;
elles sont filiformes chez la femelle et un peu renflées
chez le mâle. Les pâtes suivantes sont longues et filiformes ;
celles de la seconde paire ont plus de trois fois la longueur
de la portion post-orbitaire de la carapace (l’épine posté-
rieure non comprise) ; les autres sont beaucoup plus courtes ;
enfin leur article terminal est long , aigu et sans épines ni
( 1) Roux, Crust. de la Méditer., 5'. livi'-
HISTOIRE NATURELLE
a 86
dents à sa face inférieure, h' abdomen se compose de sept
articles dans les deux sexes.
Amatrie de Risso. — Amathia Rissoana (i).
Carapace hérisse'e de treize e'nornes épines , dont trois s’élè-
vent de la région stomacale , une de la cordiale, et les autres
occupent le bord de ce bouclier , savoir : une sm' la région in-
testinale , trois de chaque côté sur la région branchiale et une
sur chaque région hépatique; une petite épine devant les yeux
et une plus forte aux angles antérieurs du cadre huccal. Pâ-
tes couvertes ( comme la carapace ) d’une sorte de duvet. Lon-
gueur environ deux pouces ; couleur jaunâtre avec deux taches,
rouge sur le front.
Habite la rade de Toulon. ( C. M. )
VIII. GENRE INACHUS. — Inachus (2).
Le genre Inachus, tel que Fabricius l’avait établi , com-
prenait presque tous les Oxyrhinques , les Parthénopiens ex-
ceptés ; mais aujourd’hui il a des limites bien plus restreintes
et ne renferme plus qu’un petit nombre de Macropodiens.
La carapace de ces animaux est presque triangulaire , pas
beaucoup plus longue que large, et fortement bosselée en
dessus. Le rostre est très-court ; la disposition des yeux est
differente de ce que nous avons vu jusqu'ici , car les pédon-
cules de ces organes peuvent se reployer en arrière , et se lo-
ger dans une cavité orbitaire peu profonde , il est vrai ,
mais bien distincte. Les antennes internes ne présentent
(1) Roux, Crust. de la Méditer. , PI. 3.
(2) Cancer. Peuii. Herb., etc. Inachus. Fabr. Supp. p. 355; —
Maia. Lamk. Syst. des an. sans vert. , p. i54; — Macrope. Latr.
Hist. des Crust., t. 6, p. log: Inachus. Leach, Edimb. Encyc. ,
t. 7 , p. 43i , etc. ; — Latr. R. Aniru. , t. 3 , p. ai et a", édit., t. 4,
/). 63,etc. ; — Desm. , p. ; — Roux, Crust. delà Méd..; Doclca
Risso, Hist. nat. de l'Europe IMcrid. t. 5, p. a8.
DES CRUSTACÉS. 987
rien de remarquable ; le premier article des externes va
se souder au front au devant du canthus interne des
yeux , et le second article s’avance sur les côtés du rostre.
\i’èpistome est un peu plus large que long j le troisième
article des pâtes -mâchoires est au contraire beaucoup
plus long que large ; il a à peu près la forme d’un triangle
dont la base serait tournée en avant, et donne attache à
l’article suivant près de son angle antérieur et externe. Le
plastron sternal se rétrécit assez brusquement entre |les
pâtes de la première paire, et sa longueur n’égale pas tout-à-
fait sa plus grande largeur. Les pâtes de la première’ paire
sont très-petites chez la femelle ; chez le mâle elles sont
assez grosses et ont quelquefois jusqu’à trois fois la lon-
gueur du corps ; les pinces sont toujours pointues et re-
courbées en dedans. Les pâtes suivantes sont cylindriques ,
grêles et plus ou moins filiformes ; celles de la seconde paire ,
toujours plus longues que les antérieures , ont trois ou quatre
fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace ;
les autres diminuent successivement de longueur, et toutes
se terminent par un article cylindrique très-long , pointu et
peu ou point courbé. V! abdomen ne se compose que de six
articles distincts.
Les Inachus sont des Crustacés de petite taille qui habi-
tent nos côtes et se tiennent ordinairement dans des eaux
assez profondes ; on en trouve souvent sur les bancs
d’huîtres situés dans des lieux abrités. Ils ont tout le corps
couvert de duvet et de poils auxquels s’attachent sou
vent des éponges et des corallines ; leur couleur est bru-
nâtre.
288
HISTOIRE NATUREELE
A. Espece ayant la région stomacale garnie de cinq
épines ou tubercules , dont une médiane et postérieure
tres-forte, et quatre petites placées antérieurement
sur une ligne transversale.
I. Inachus scorpion. — Inachus scorpio (i).
Rostre large , très-conrt et profondément échancré au mi-
lieu ; carapace armée de quatre épines aiguës , une sur la ré-
gion stomacale , une sur la cordiale et une sur les branchiales;
un tubercule situé de chaque côté , un peu au devant de ces der-
nières épines : une forte épine entre les fossettes antennaires , et
une série de.petites pointes sur l’article basilaire des antennes ex-
ternes. Point de disques calcaires sur le sternum du mâle ;
les pâtes antérieures de ceux-ci sont fort renflées, et deux fois
aussi longues que la portion post-frontale du thorax , mais ne
dépassent que de peu l’antépénultième article des pâtes de la
seconde paire. Abdomen du mâle presque aussi large que long.
Habite les côtes de la Manche et de l’Océan. ( C. M. )
AA. Espece dont la région stomacale est armée seule-
ment de trois ou quatre pointes disposées en triangle.
B. Pâtes antérieures du mâle ne dépassant pas
l’avant- dernier article des pâtes de la seconde
paire.
2. Inachus dorinque. — Inachus dorynçhus (2).
Rostre avancé, hastiforme, divisé par une fissure, mais
sans échancrure au bout et se terminant en pointe ^ cara-
(1) Cancer seorpio , Fabr. Ent. syst. t. 2, p. 462. Cancer dor-
seltensis. Penn. t. 4. P- 9- A. %■ 18. — Inachus scorpio . Fabr. Supp.
P- 358; Macropus scorpio, Latr. Hist. nat. desCrust. t. 6, p. 109.
Inachus dorsetlensis , Leach , Malac. PI. 22 , fig. i — G ; — Latr. Encyc.
méth. , PI. 281, fig. 3 (copiée d’après Pennant ) , et PI. 3oo , fig.
I — 6 (copiée d'après Leacli) ; scorpio, Desm.,Pl. 24, fig- i-
(2) Leach, Malac., PI. 22, fig. 7-8; — Latr., Eiicyc, , PL 3o,
p. ;-8. (copié d'après Leach) ; Desm. , PI, 24, fig- 2.
pace garnie de tubercules disposés comme les épines de l’Ina-
chus scorpion , si ce n’est qu’on n’en compte que trois sur la
région stomacale , et qu’il en existe deux petites près du bord
postérieim de la carapace ; pâtes antérieures du mâle courtes ,
la longueur de la mam étant moins grande que la longueur de
de la carapace. Femelle inconnue.
Habite les côtes de l’Angleterre.
3. Inachus thoracique, — Inachus thoracicus (i).
Rostre court et échancrê ,• région stomacale armée de
quatre pointes , savoir : une de chaque côté et deux sur la ligne
médiane , dont la postérieure très - grande ; une épine sur la
légion cordiale, et une de chaque côté sm' les régions bran-
chiales ; enfin , deux près du bord postérieiu' de la carapace.
Sternum du mâle , garni en avant de deux plaques calcaires
ovalaires réunies par une pièce médiane. Pâtes antérieures du
mâle grandes, surtout chez l’adulte, mais la longueur de la
main ne dépasse pas la largeur de la carapace. Abdomen du
male aussi large que long. Longueur du corps un pouce.
Habite les côtes de la Méditerranée , et se tient au milieu
des algues et des fucus. La femelle pond en avril des œufs
rouges qu’elle porte sous l’abdomen jusqu’en juillet.
BB. Pâtes antérieures du mâle dépassant t avant-der-
nier article des pâtes de la seconde paire.
4- Inachus LEPTORiNQUE. — Inachus leptorinchus (2).
Rostre étroit et échancré ; carapace armée comme celle de
1 Inachus dorynque , si ce n’est qu’il n’y a point de tubercules
près de sou bord postérieur. Pâtes antérieures du mâle cybn-
( t ) Roux , Ciust, de la Méditer. PI. 26 et 27 — Guérin , Iconog.
Grust. , PI. 1#, fig. 2.
(2) Leach, Malac. , PI. 22. B Desra.. p. 162.
CRUSTACÉS , TOME I,
'9
2go HISTOIRE HATURELLE
driques et très-longues ; la longueiu- de la main e'gale presque
à une fois et demie la longueur de la carapace ; sternum du
mâle garni en avant d’une petite plaque calcaire, de forme
ovalaire ; abdomen du mâle beaucoup plus long que laige.
Femelle inconnue. Grandeur environ un pouce.
Habite les côtes ouest de l’Angleterre.
Le Catîcro BRAciiicHELO coNGEîfER, figuré par Aldrovande,
p. io\ , appartient évidemment au genre Inachus , mais ne
peut être déterminé spécifiquement. Il en est de même du
Cakcre a court bras de Rondelet (liv. i8, cbap. 20, p. io8)
et de la Doclea FabRICIAKA de M. Risso ( Ilist. nat. de
VEur. mérid. . t. 5, p. 28 ) , que cet auteur avait d’abord
décrit sous le nom de Macropus paruirostris ( Crust. de
JSice, p. 89, et Blalnville , Faune française , PI. 8, fig. 2),
et à llquclle il rapporte les figures précitées d’ Aldrovande et de
Rondelet.
IX. GENRE ÉGÉRIE. — {1).
Les Macropodiens, dont on a formé les genres Leptope et
Égérie, composent un petit groupe facile à distinguer de tous
les précédons par la longueur excessive des pâtes et par la
forme presque globulaire de la carapace, qui est bosselée
en dessus et se prolonge eu un rostre court, étroit et di-
rigé très - obliquement en haut et en avant. Les pédoncules
oculaires sont très-courts et les orbites presque circulaires;
les antennes internes sont dirigées longitudinalement, et
l’article basilaire des antennes externes , qui est étroit et se
termine presque en pointe, s’avance beaucoup au delà du
(i) Cancer. Huinpli. Amlioiii. —hinchns. Fabr. Supp. p- 358.—
Macvoÿm. Lalr. Ilist. lUlt. îles Crust., X.'SX.— Eÿcria. Latr. Euoyc.
atlas. — Leacli , Sîool. mis. , t. \\.—Lcptopas . Lamk. Hist. des Amm.
sans vert. , t. V, p. a35. Egcria eiLeplopus. Desm , p. i56 et u».
lihimu. Latr. 11. Anim. ur. cd. t. IV , p. «I-
DES CRÜSTACÉS.
291
canthus interne des yeux, h’épistonie est peu développé et
le troisième article des pates-wâchoires externes à peu près
carré et légèrement dilaté à son angle antérieur et externe.
Le plastron sternal est presque circulaire. Les pâtes sont
toutes lilil'ormes chez le mâle aussi bien que chez la femelle ;
celles de la première paire ne présentent rien de remarquable;
elles n’ont pas plus d’une fois et demie la longueur de la
portion post-frontale de la carapace ; celle de la seconde paire,
quisontles plus longues de toutes, ontau contraire plus de dix
fois et celles de la dernière paire plus de six fois cette même
longueur. Enfin, Validomenue présente chez les femelles que
cinq articles distincts ; les trois anneaux qui précèdent ce
dernier étant soudés entre eux.
Ces Crustacés habitent les mers d’Asie.
A. Especes dont le troisième article des pales-mâchoires
externes est profondément échancré à son angle an-
térieur et externe (i).
I. Egérie arachnoïde. — Egeria arachnoides (2).
Rostre extrêmement court ( moins long que large ).
Carapace année en dessus de longues épines , dont cinq sur
la région stomacale , une sur la cordiale, une sur l’intestinale ,
et deux ou trois sur la branchiale ; rostre avancé et terminé
par deux petites cornes; bords latéraux de la carapace armés
de deux à trois épines. Orbites avec trois fisstu-es eu dessus
et une en dessous. Pâtes antérieures , filiformes dans les deux
sexes ; celles des quatre dernières paires également filiformes
et années d’une petite épine à l’extrémité du troisième article.
( I Cette division correspond au genre Leptope de Latrcille.
(2) Cancer arachnoides. Kunipli. Pl.VlIl, llg-4î C./o/iirTîCj.Lin.Miis.
Lud- Ulr. p. 44fi; — lanchtis toagipes. Falu'. .Supp- p. 358; — Macro-
pus toagipes. Latr. Hist. nat. des Crust., t. VI, p. i;:; Cgeria arach-
noïdes. Latr. Encyc. , PI. agi, fig. i (copiée d’après Ruinph).
Leptopus toagipes. Lanik. lILst. des Anini. sans vert , t- V, p. 235.
— Latr. R. Anini., 2'. cd. , t. IV , p. 62.
'9’
HISTOIRE NATURELLE
292
Corps couvert d’un duvet brunâtre; longueur, environ un
pouce.
Habite la côte de Coromandel, (C. M. )
2. Égérie de Herbst." — JSgei'ia Herbstii {t).
Rostre tr'es-dèveloppé ( environ trois fois aussi long que
ar^e). Du reste, semblable à l’espèce précédente avec la-
quelle on l’avait jusqu’ici confondue.
Habite les mers d’Asie. ( C. M. )
AA. Especes dont le troisième article des pâtes -mâchoires
externes n’est pas échancré à son aiigle antérieur et
interne (2).
6. Egérie indienne. — Egeria indica ( 3 ).
Cette espèce paraît être si voisine de la précédente , que , si
M. Eeach n’avait pas dit expressément que le second article
de la tige interne des pates-màchoires externes (c’est-a-dire
le troisième article de ces membres) , est droit sur le bord
interne et proéminent à son angle externe , nous aurions été
porté à la regarder comme ne devant pas en être distnguée.
Habite l’Océan indien.
X. GENRE DOGLÉE. — Doclea {4)-
Les Doclées ont la plus grande analogie avec les Egéries,
et établissent le passage entre ces Macropodiens et les Li.
binies qui appartiennent à la tribu suivante.
(I) C.lougipes Herbst. Hb 16, fig. ;)3 — longipes. Latr.
Coll, du Mus. — Guérin. Icor.og. Cr. PI. 10, fig- 3.
(9.) Cette division correspond au genre Egeria de IVÇ Leacli.
(3) Egeria indica. Lcacii , Zool. mis., t. II , PI. ^3 ; Desin.,
PI. 2(), lig. 2.
(-}) Infichus. Fabr. Supp., p 355; Mdia. Latis Hist. nat. des Giust.,
DES CRUSTACES.
293
Chez ces Crustacés la carapace est presque globuleuse ,
velue et plus ou moins hérissée d’épines ; \c front est relevé ,
et les bords latéraux de la carapace, au lieu de venir joindre
les orbites , se dirigent vers le bord antérieur du cadre buccal ;
le rostre est court et très - étroit ; les orbites sont dirigées
obliquement en avant , et ils logent en entier les yeux qui
sont très-petits , et ne présentent aucune trace d’épine à l’an-
gle antérieur de leur bord supérieur , caractère qui les rend
faciles à distinguer des Libinies. L'article basilaire des an-
tennes externes avance beaucoup au delà du canthus interne
des yeux, et se termine presque en pointe sous le front auquel
il est intimement uni; le second article de ces antennes est
court et placé près du bord du rostre ; enfin le troisième et
le quatrième sont très-petits. L’épistome est très-peu déve-
loppé et beaucoup plus large que long. Le troisième article
des pates-mâchoires externes est à peu près carré , légèrement
dilaté en dehors , et assez profondément écliancré à l’angle in-
terne et antérieur ; le plastron sternal est presque circulaire ;
les pâtes antérieures sont faibles et très-petites ; elles n’ont
guères plus d’une fois et demie la longueur de la carapace , et
la main est presque cylindrique. Les pâtes suivantes sont au
contraire très-longues , sans égaler toutefois celles des Egé-
ries ; elles sont grêles et cylindriques ; l’article qui les ter-
mine est long et styliforme ; enfin, celles de la seconde paire
ont deux à trois fois la longueur de la portion post-frontale
de la carapace , et les suivantes diminuent progi'essivement.
Quant à ï abdomen , sa disposition varie : tantôt il ne pré-
sente chez la femelle que cinq articles distincts , tantôt on y
compte sept segmens comme chez le mâle.
Les Doclées sont des Crustacés de moyenne taille ; toutes
les espèces connues habitent les mers des Indes.
t.VI. Doclea. Leach , Zool. Miscel , t. II , p. 4li — Desin. , p. i56 .
Libinia. Latr. R. Anim., a*, éd. , t. IV . p- •
294
HISTOIRE NATURELLE
I. Doclée brebis. — D. ovis (i).
Point d’épine médiane sur le. bord postérieur de la ca-
rapace. Une .série de petites pointes sur la ligne médiane de
la région stomacale ; rostre creusé en dessus d’un léger sillon
longitudinal, et bifurqué au bout. Bords latéro-antérieurs de la
carapace armés de quatre dents spiniformes , médiocrement
saillantes, dont la dernière n’est pas plus grosse que les autres,
et occupe, ainsi que la pénultième, la région branchiale. Les pâtes
delà première paire sont un peu plus grosses tpe les secondes,
et celles-ci ont presque deux fois et demie la longueur de la por-
tion post-frontale de la carapace. L’abdomen de la femelle se
com2)ose de sept articles parfaitement distincts , dont le second
est surmonté d’un gros tubercule médian ; enfin tout le corps ,
les mains etles doigts exceptés , est recouvert d’un, duvetlaineux,
très-long, très-serré et brunâtre. Longueur, environ deux pouces.
Habite les mers de l’Inde. ( G. M. )
2. Doclée hybride. — D. hybrida (2).
Bord postérieur de la carapace armé sur la ligne mé-
diane d'une petite épine; bords latvro-anterieurs de la ca-
rapace armés de quatre épines, courtes, dont la postérieure
n'est pas plus grande que les autres; pâtes de la seconde
paire moins de deux fois aussi longues que la carapace.
Rostre plus court que dans l’espèce précédente ; quelques pe-
tites pointes sur la ligne médiane des régions génitale , cor-
diale et intestinale, aussi bien que sur la stomacale. Abdomen
de la femelle formé seulement de cinq pièces distinctes (les qua-
r ième , cinquième et sixième segmens étant soudés entre eux ) ,
(1) Cancer avis. Herb., t. I, p. 210, PI. l3, tig- 82 ; Inachnsovis.
Fabr. Supp., p. 355. Mata ovh. Bosc , t. I, p- 256; — Latr. Hist.
nat. des Crust., t. VI, p. 100.
(2; Inachiis hybridus. Fabr. Supp., p. 355. Maîa hybrida. Bosc , 1. 1,
p. 256; - Latr. Hist. nat. des Crust., ti- VI, p. 9S)
DES CRUSTACÉS. SgS
et 116 portant pas de tubercule notable au milieu du second an-
neau. Plastron sternal du mâle armé de deux epines entre les
pâtes de la deuxième paire. Longueur, deux à trois pouces ;
corps couvert de poils courts et très-serrés , à peu près de meme
couleur cpie dans l’espèce précédente, mais d’un aspect beau-
coup moins laineux j mains et tarses nus.
Habite la côte de Coromandel. (C. M.)
3. Doclée de Risso. — D. RissoJid (i).
Bord postérieur de la carapace armé d'une petite épine
médiane j bords laléro -antérieurs armés de trois petites
dents, dont la postérieure n'est pas plus longue que les
autres } pâtes de la seconde paire trois j'ois aussi longues
que la carapace. Corps pubcsceiit et brunâtre.
Patrie inconnue.
4. Doclée hérissée. — D. muricata (2).
Bord postérieur de la caparace armé d’une grande épine
médiane; bords latéro-antérieurs armés de quatre épines,
dont ta postérieure est beaucoup plus grande que les
autres. Quelques pointes sur la ligne médiane do la carapace et
sur les réglons branchiales. Du reste, semblable à la Doclée bÿ-
bridc, mais beaucoup plus petite.
Habite les Indes orientales. ( C. M. )
2*. Tribu. MAIENS.
Cette tribu se compose de Crustacés dont la cara-
pace, presque toujours très-épineuse, est, à quelques
(1) Cancer araneus . Hevb., PI. i3 , lig. 8li Doctea Bissonii. Leach,
Zool- mis. t. 11, PI. 74.
(2) Cancer muricatus. Herb. , t I , p. 2II, Pt. i4) hg- 83 ; Inachus
muricatus, Fabr. Supp. p. 355; Alaia muricata. Bosc, t. 1, p. 255.
2y6 HISTOIRE IfATÜRELLE
exceptions près, beaucoup pluslongue que large, et plus
ou moins triangulaire (PI. i5, fig. i, 6, 9, 1 1, etc.).
Le rostre c&l en général formé de deux cornes allongées.
Le premier article des antennes internes est peu dé-
veloppé ; celui des antennes externes , au contraire, est
extrêmement grand , et soudé avec les parties voisines
de manière à se confondre presque avec elles ; son bord
externe constitue toujours une portion considérable de
la paroi inferieure de l’orbite , et son extrémité anté-
rieure s’unit au front au devant du niveau du cantbus
interne des yeux ( PI. 3 , fig. a , è , et PI. i5 , fig. 2’,
7, 12). Quant à la tige mobile de ces antennes elle
est toujours assez longue. En général , l’eÿwtome est
notablement plus large que long, tandis que le cadre
buccal est plus long que large. Le troisième article des
pntes-mdchoires externes est aussi lai’ge que long, plus
ou moins dilaté du côté externe, et tronqué ou écban-
cré à son angle antérieur et interne , par lequel il s’ar-
ticule avec le quatrième article qui est très-petit (PI. 3,
fig. 8, etc.). Les pâtes antérieures de la femelle ne
sont en général guères plus grosses ni plus longues
que les suivantes ; quelquefois elles sont plus courtes:
il en est de même chez quelques mâles; mais en gé-
néral chez ces derniers elles sont plus longues et beau-
coup plus grosses que celles de la seconde paire ; leur
longueur égale quelquefois deux fois celle de la cara-
pace, et elles se dirigent obliquement en avant et en
dehors ; la main n’est jamais triangulaire , et le doigt
immobile de la pince n’est pas incliné en bas de manière
à former un angle notable avec le bord inférieur de la
main. Les pâtes suivantes sont en général de longueur
médiocre; celles de la seconde paire ont le plus sou-
vent une fois et demie la longueur de la portion post-
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TRIBU
DES
MAIEJYS.
tableau SïNOPTIQUE oes pb,;,cipaux cabactères
GENERIQUES DES MAIENS.
P- 297
Espèces dont les
yeux peuvent se
reployer en arrière
et se cacher dans
une fossette orbi-
taire post-foraini-|
naire plus ou moins
complète.
(Ma-ïens crypoph-
THALMES. )
Ro**'® fort pe-,
tres.pf-__-.
tit, «‘^“•étroit et
guères plus
latff
loua
Rostre échancré à son extrémité seulement. Carapace I
bombée et relevée en avant ; pinces médiocres et fermant! Limsir..
1 complètement. )
SK S
lies externes ^
couvert).
Rostre divisé jusqu’à sa base en deux cornes lamelleuses ; j
carapace pas notablement relevée en avant ; pinces assez (
fortes et laissant entre elles un vide lorsqu’elles sont fer- / IlERBsiit
“‘ées. 1
tnces
OU du
Tige mobile des 'niucissa®”*"'
/antennes externes /bo
/insérée sous le/ bR
B„„ h. w KRr “ 'SiU'
1 , ou a peiB® \
pointues
s’a-
pas nota-\
oot creusées
Ital
cliné
Tige mobile des Orbites presque circulaires, profon-
antennes externes Ides et sans hiatus à leur partie infé-
insérée sous le ros- ! ricure.
tre , et en grande j
partie cachée par I Orbites très-incomplètes : leur paroi
lui. inférieure presque nulle ou iiiterrom-
\ pue par un large hiatus.
Naxie.
ChoriSB
longeant antérieii- | niques,
rement sons la
coup ( Tige mobile des [forme Aune forte |
Rostre ttè»,,.;
de/
Snes\ antennes externes l épine ou d’une
js'insérant au ni- |très-grosse dent
jveau du rostre, ou
même plus en de-
hors , de façon à
être à découvert
dès son origine.
/ Bord orbitaire ( Cornes du rostre
supérieur se pro- i très-longues et co-
PlSE.
Cornes du ros-
|que
larges.
tronquéesaubout.
(“Lissa.
Bord orbitaire
supérieur voûté en
avant, et ne for-
mant sur les côtés
du rostre ni épine
ni dent.
Deuxième arti-
cle des antennes |
externes aplati etjHïADE.
I dilaté du côté ex-^
I terne.
fronurètlargf/® . et profondément creusées en cuillère. ( Rostre court ;
ileîrom.
Deuxième arti-1
cle des antennes |
externes cylindri-
que.
PaeamiiH*!
t
Tige mobile des antennes
pointues.
antennes externes à découvert. )
externes in® ® dans le canthus interne de l'orbite, et à découvert. Pinces
MithraX.
Mai A.
Rostre p,
presque perpendiculaire, reployé en bas, et formant avec du corps un. angle
Orbites bien formées, pédoncules |
oculaires de longueur ordinaire. ^ - tmmf
Orbites très-incomplètes en dessous ; (
pédoncules oculaires très-longs. J CRiocAf
Rostre presque vertical ; pédoncules oculaires de 1°“" î
gueur ordinaire. ^
Yeux très-s ■],
s , dépassant de beaucoup les bords de l’orbite-
j Article basilaire des antennes externes extrêmement large en avant C le A
serond R msorant l.eancoup plus près de Va fossette antennairo que de l'or- 5
I bite; rostre très-grand y ’ euetor- j
^ Rostre horizontal ; pédoncules oculaires d’une longueur | g.j,^j,Qg
Pericè
I Pâtes des quatre dernières paires cy- } ,,
I Imdrique ; rostre très-étroit. ^ f Menati
Espèces dont les
yeux sont peu ou
point mobiles, et
ne pouvant se re-
ployer en arrière ;
point de portion
post - foraminaire
de l’orbite.
(Maïebs phane-
ROPHTHAIMES. )
Pâtes des qna-|
Itre dernières pai-
Avant -dernier 1
article des pâtes
des quatre derniè-
res paires tronqué 1
en dessous , pré;
de son extrémité
mais ne portant!
pas de tubercule
vestige d’uii doigt
H A
Yeuxpeusaillans, ne dépassant qu’à
bitaire.
peine le bord or- /
,'^''Utle basilaire
antennes ex-
étroit en
ternes
avant
Tige mobile des
antennes externes . - - .1
insérée eu dehors/ comprimées et 1 jjj,mobile
du niveau du bord( ®**vgies en des- \
du rostre, et à dé- Rostre très- ^ Avant-dernier
couvert.
1 large.
article des pâtes
des quatre derniè-
res paires tronqué
en dessous, près du
bout, et portant
un tubercule den-
té , vestige d’un
doigt immobile,
contre lequel le
tarse vient se re-/
plier-
Acantho]
Pâtes cvlindriqne® sans crête en j i
dessus: cJlles fllTde
paires ne portant au bm “ pstio-e 1 Evialtr i
favant-dernier article qu T^t ge/
de tubercule ( rostre tres-etroit , au 1
tracTde portion post-forammaire j
Tige mobile des
antennes externes
insérée sous le ( de l’orbitaire )
rostre et en gran-
de partie cachée
par lui.
Pâtes “'^Yo^neitudinale. Rostre trés-
amelleuselon|it ,
large. Des pédoncules
toramuiair» de ^ '
oculaires un peu mobiles.
dessus d’une crête \
LeüCIPp^.
CRUSTACÉS, tome 1.
#
DES CRUSTACÉS. agj
frontale de la carapace, et jamais elles n’ont plus de
deux fois cette longueur ; celles de la troisième paire
n’ont presque jamais plus d’une fois et quart la lon^
giieur de la portion post-frontale de la carapace, et
les pâtes suivantes se raccourcissent successivement.
Enfin , Yabdomen se compose ordinairement de sept
articles distincts dans l’un et l’autre sexe , mais quel-
quefois ce nombre varie dans les différentes espèces
d’un même ffenre.
Nous croyons devoir admettre dans celte tribu 20
divisions génériques , fondées sur les modifications
diverses de l’ensemble de l’organisation , mais pou-
vant être distinguées à l’aide des caractères indiqués
dans le tableau ci-joint.
298
HISTOIRE HATUREiLE
I. GEKRE LTBINIE. — Lihinia (i).
Le gem'e Libinie a les plus grands rappoi’ts avec les Do-
clécs et les Pises, entre lesquelles il établit un passage près-
que insensible. En effet , la forme générale du corps des
Libinies se l’approche beaucoup de celle des Doclées; de
même que cbez ces animaux , la carapace est très-bombée
en dessus, en giâiéral presque circulaire, et sa portion or-
bito-frontalc est placée sensiblement au-dessus du niveau de
ses bords latéraux qui se prolongent vers la bouche plutôt
que vers le canthus externe des yeux. Quelquefois la carapace
se retient davantage dans sa moitié antérieure , s’allonge un
peu , et ressemble assez à. celle de certaines Pises (PI. i4 ôis ,
lig. 2 ). Le roslre est petit , étroit et échancré au milieu; le
front, mesuré entre les orbites , est beaucoup plus étroit que
l’extrémité antérieure du cadre buccal ; l’angle antérieur du
bord orbitaire supérieur est saillant , mais ne dépasse ja-
mais l’article basilaire des antennes externes ; les orbites sont
presque circulaires et dirigées très-obliquement en avant et
en dehors ; leur angle externe est formé par une grosse dent
comprimée qui est séparée du reste des parois de cette cavité
par deux fissures , l’une supérieure très-étroite , et une infé-
rieure plus ou moins ouverte. La région stomacale de la cara-
pace est peu développée , mais les régions branchiales le sont
beaucoup, et leur bord latéral , qui est armé d'épines et très-
coui’be, se dirige vers l’angle antérieur de la bouche. Lesj'eux
sont petits et très-courts ; l’article basilaire des antennes exter-
nes est court, mais très-développé, et présen te toujours en avant
assez de largeur , disposition qui se rencontre chez les Pises,
tandis que chez les Doclées le contraire se remarque ; le second
article de ces antennes est gros , court , cylindrique et inséré
(i) Libinia. Leach,Zool. mis. t. II ; — Say, Journ. of Philad. t. I,
p. — Desm p. 161. — Latr. R. Anim. a'.'éd. t. IV , p. 61.
DES CRUSTACÉS. 209
sur les côtés du rostre à distance à peu près égale de l’orbite
et de la fossette antennaire ; le troisième article est un peu
plus petit que le second , et le quatrième est très-grêle et
très-court. \Icpistome est très-petit , et toute la région an-
tennaire n’a guères plus de la moitié de la longueur du
cadre buccal. Les pates-mâclioires externes ont la meme
forme que chez les Fiscs; il en est de même pour le plas-
tron sternal. Les pâtes antérieures sont beaucoup plus
longues que chez les Doclées, mais moins développées
que chez les Fiscs ; elles sont toujours à peu près de la
grosseur de celles de la seconde paire , et , en général ,
sont beaucoup moins longues , même chez les mâles ; la
main est à peu près cylindrique et peu renQée ; eulin les
pinces sont arrondies ou tranchantes et finement den-
telées , et elles se joignent dans presque toute leur lon-
gueur, disposition qui est rare chez les Fiscs. Les pâtes sui-
vantes ressemblent beaucoup à celles des Fiscs , seulement
leur dernier article est plus long et n’est jamais armé en
dessous d’épines cornées comme chez la plupart de ces der-
nières; leur longueur diminue progressivement, et celles de
la seconde paire n’ont au plus qu’environ une fois et demie
la longueur de la portion post-frontale de la carapace ; en
générai, elles sont beaucoup plus courtes, et ce caractère
suffirait à lui seul pour faire distinguer les Libinies des Do-
clées. Enfin , \ abdomen se compose de sept articles dans les
deux sexes.
Le genre Libinie paraît appartenir en propre aux mers
d’Amérique.
3oo
HISTOIRE HA.ÏURELI.E
§ I. Espects ayant V angle antérieur et externe de t ar-
ticle basilaire des antennes externes obtus, et ne se pro-
longeant pas au delà du niveau de t interne; la fente
du bord orbitaire inférieur tr'es-étroite.
I. Libirie CANNELÉE. —L. canaliculata (i).
Pâtes de la seconde paire une fois et demie aussi lon-
gues que la carapace , et un peu moins longues que les
pâtes anterieures du mdle. Portion post-orbitaire de la cara-
pace circulaire , hérissée en dessus d’un assez grand nombre
de petits tubercules spini formes, et bordée latéralement par
SIX ou sept épines assez fortes ; une épine médiane très-courte
sur la région intestinale; une dépression en forme de losange
au milieu du front ; pâtes antérieures légèrement granuleuses ;
corps couvert de poils courts et très-serrés. Longueur, en\'ii-on
deux pouces et demi. ( C. M. )
Habite les côtes des Etats-Unis ; les pêcheurs prennent sou-
vent de ces Crustacés dans leurs filets, mais on ne les mange pas.
2. Libinie douteuse. — L. dubia.
Pâtes de la seconde paire seulement une fois et quart
aussi longues que la carapace , mais cependant beaucoup
plus longues que celles de la première paire. Cette espèce
ressemble beaucoup à la précédente, et il ne serait pas impossible
qu’elle n’en fût que le jeime; cependant la carapace est beau-
coup plus pyi’iforme et moins épineuse en dessus (PI. il^bis,
fig. a). Tout le corps est couvert d’un duvet brunâtre , et la
longueur de la carapace est d’environ dix-huit lignes.
Ce Crustacé se trouve sur les côtes des États-Unis. ( C. M. )
(i) Say, Journ. of'Philad. t. I, PI. 4. fig- !■
DES CRUSTACÉS,
3oi
§ 2. Especes ayant V angle antérieur et externe de t article
basilaire des antennes externes spiniforme , et se pro-
longeant beaucoup au delà du niveau de l’angle in-
terne,-Jente du bord orbitaire inférieur tres-large,
3. LiBiniE ÉriHEusE. — L. spinosa (i).
Carapace presque circulaire et hérissée d’une trentaine de
grosses épines , dont cinq sur la région stomacale ( trois sur la
ligne médiane , et deux sur les côtes ) , trois sur la région cor-
diale , une sur la région intestinale , deux sur chaque région
hépatique, trois sm’ le bord de la région branchiale , et les au-
tres sur la face supérieure de ces mêmes régions. Une épine
médiane sur les deux premiers seginens de l’abdomen du mâle ;
pâtes de la seconde paire ayant une fois et quart la longueur
de la caparaee , et notablement plus longues que celles de la
première paire , même chez le mâle. Corps couvert en entier
d’un duvet court et brunâtre. Longueur, environ quatre pouces.
Habite les côtes du Brésil. ( G, M. )
La Libinie échanceée ( L. emarginaia Leach. Zool. mis.
t. 2, PI. io8, et Desm. p. 162) paraît être très-voisin de la
L. cannelée, et n’en est peut-être que la femelle ; mais la des-
cription que M. Leach en a donnée est trop succincte pour que
nous puissions avoir une opinion arrêtée à cet égard, ou indi-
quer des caractères propres à distinguer l’espèce en question
des précédentes.
IL GENRE HERBSTIE. — Herbstia (2).
Nou.s dédions à l’infatigable Herbst cette petite division
générique, fondée pour recevoir quelques Crustacés qui
(i) L. spinosa. Édwards , Guérin, Icoii. Cr. PI. 9, lig. 3.
(li) Cancer, Herbst. — Innchns Fabr. ; Maïa. Latr. Hist. nat. des
Crust. ; Milhvnx. Risso, Hist nat. de l’Eur. mérid. , t. V.
HISTOIRE JIATUREELE
3oa
tiennent pour ainsi dire le milieu entre les Libinies , les
Pises et les Mithrax triangulaires. Ces Crustacés ont la ca-
rapace ( PI. i4 triangulaire que celle des Li-
binies; la région stomacale est presque aussi développée que
les régions branchiales. Le rostre est petit , guères plus long
que large , et formé de deux cornes aplaties , pointues et diver-
gentes , dont la base occupe presque toute la largeur du front.
Les orbites sont ox alaires et dirigées obliquement en avant, en
dehors et en haut; leur bord supérieur présente deux petites
fissures , et se termine antérieurement par une petite épine
moins saillante que celle située au-dessous et appartenant à
l’article basilau-e des antennes externes ; leur bord inférieur
est complet et ne présente qu’une petite fissure. Les yeux
sont gros et rétractiles. La disposition de la région anten-
naire , des antennes externes, des pates-mdchoires , du
plastron sternal et des pâtes, est essentiellement la meme
que dans le genre Pise. Il est seulement à noter que les tarses
des quatre dernières pâtes ne présentent que quelques pe-
tites épines cornées placées irrégulièrement.
IIerbstie noueuse. — IJ. condyliata ( i).
Carapace ( PI . iu's, fig. 6 ) environ un quart plus longue que
largo , arrondie en arrière, rétrécie en avant et hérissée eudessus
d’mi assez grand nombre d’épines obtuses et peu saillantes ; son
bord latéro-antérieur armé de quatre a six épines pointues ; son
bord postérieur surmonté d’une petite crete transversale formée
par quatre à cinq épines. Article basdaire des antennes exter-
nes étroit antérieurement et armé en dehors de deux épines ;
deuxième article un peu renflé en avant et guères plus long que
le troisième article. Régions ptérygostomiennes très-épmeusesg
(I) C. Cmulylialus. Herb. PI. i8, fig. 99 A ; -Inachus couJyliaUa.
Fab. Supp. ,p. 35Ü; Mata condyliata, Latr. Hist. nat. des trust,
t. \’I , p. 95 ; — Itisso , CrusK de Nice, p. 42 ; Mithrax UerbiU ,
Kisso , Hist liât, de 1 Eur. niérid. t. V, p- iS.
DES CRÜSTACÉS. 3oïî
Pâtes do la première paire dji mâle atteignant quelcpiefois pres-
que deux fois la longueur de la carapace ; bras et carpe tres-
épineux; mains renflées, tuberoiileuses en dessus ; pmees dente-
lées et légèrement creusées en gouttière vers le bout. Pâtes de
la seconde paire une fois et demie aussi longues que la portion
post-orbitaire delà caparace; de même que les suivantes, grêles,
cylindriques , armées d’une épine médiocre à l'extrémité du troi-
sième article , et pourvues de quelques pointes cornées à la face
inférieure du tarse. Corps couvert d’un duvet rare et lin. Lon-
gueur, environ deux pouces ; couleur rougeâtre.
Habite la Méditerranée. { C. M. )
III. GENEE PISE. — Pisa (l).
Le genre Pise, établi par M. Lcach, se compose d’un certain
nombre de Maïens remarquables par leur forme triangulaire
et par la longueur de leur rostre (PI. i4 bis,ï\g. i). Chez
tous ces Crustacés la carapace, serétrccit graduellement dans
ses trois quarts antérieurs , et ses bords latéro-antérieurs se
prolongent obliquement en ligne presque droite jusqu’à une
petite distance de son bord postéi'ieur; ses bords latéro-
postérieurssont dirigés presque transversalement, et sa surface
est très-bombée ; enfin scs régions sont en général assez dis-
tinctes, la stomacale surtout est très-dé veloppée. Le front
est plus large que le cadre buccal , et armé de quatre cornes
dirigées en avant, dont les deux externes occupent l’extrémité
antérieure du bord orbitaire supérieur et les deux moyennes
forment le rostre, qui est toujours au moins une fois et demie
aussi long que large. Les yeux sont portés sur des pédon-
(4) Cancer. Penn, Herb., etc. ; Inachits. Fabr. Siip. ; Mrda. llo.se,
t. i; — Latr. lli.st. iiat. des Cnist. t.Vl; — llis.so, Cru.st. de Nice;
Blaslus, /’/sK.Leacb, Ediiiib. Evicyc. t. VIX; — Fisn, Leach, Liun.
Trans. , t. II, — Uesm., p. 1.45 ; — Latr. il. Aidm. 2‘'. éd.,t. ÏV,
p.58: Pisa, MUhra.v etlnnchus. Ilisso, HLst. liât, de l'Europe mérid.
t. V, p. u(i.
HISTOIRE NATURELLE
3o4
cules très-courts et se reploient en arrière dans les orbites ,
qui sont ovalaires et dirigées directement en dehors et en
bas ; le bord supérieur de ces cavités présente deux fentes ,
séparées entre elles par une dent triangulaire, et leur angle
externe est situé plutôt au-dessous qu’au-dessus du bord
latéral de la carapace qui vient s’y terminer. En dessous , le
bord orbitaire est interrompu par une large échancrure. Les
antennes internes ne présentent rien de remarquable. L’ar-
ticle basilaire des antennes externes est beaucoup plus long
que large ; il n’cst que peu rétréci en avant , et dépasse le
niveau du canthus interne des yeux , mais est complètement
caché en dessus par le prolongement spiniforme du bord
orbitaire supérieur; le second article de ces appendices est
grêle et cylindrique , et s’insère à distance à peu près égale
de la fossette antennaire et de l’orbite , un peu en dehors du
niveau du bord externe ilu rostre, de façon à se montrer
entre ce prolongement et les cornes latérales du front ; le
troisième article est petit et cylindrique ; enfin , le quatrième
est assez long. La réa^ion antennaire est à peu près de la gran-
deur du cadre buccal , et Vépistome est grand et presque
carré. Le second article des pates-mdchoires externes se
prolonge du côté interne beaucoup au devant du niveau
de son angle externe , et le troisième article , notablement
plus long que large et fortement dilaté en dehors, est profon-
dément échancré à son angle antérieur et interne. Le plas-
tron sternal est plus long que large. Chez la femelle les pâtes
antérieures sont en général à peu près de même longueur
que celles de la seconde paire ; mais chez le mâle elles sont
notablement plus longues et plus grosses ; la main est renflée ,
et les doigts tranchans et finement dentelés dans leur moi-
tié terminale. Les pâtes suivantes sont cylindriques et de lon-
gueur médiocre ; celles de la seconde paire ne sont pas beau-
coup plus longues que la portion post-frontale delà carapace;
la longueur des autres pâtes diminue successivement , et chez
presque tous ces Crustacés leur dernier article ( PI. i5, %. 5)
est garni en dessous de petites pointes cornées, qui sont pla-
DES CBUSTACÉS. 3o5
cées tres-régiilièremcnt sur une ou deux lignes longitudi-
nales , comme les dents d’un peigne. Enfin , V abdomen se
compose de sept articles distincts, et tout le corps des Pises
est ordinairement couvert de poils ; souvent ces poils sont
recourbes au bout et accrochent les coi’ps qu’ils touchent •
aussi n’est-il pas rare de voir ces animaux couverts d’herbes
marines, d’éponges, etc.
Les Pises appartiennent presque toutes aux mers d’Europe,
et vivent en général dans des eaux assez profondes; on en
prend souvent dans les filets traînans des pêcheurs et à mer
basse, lors des marées très-fortes , on en trouve cachées sous
des pierres , mais on ne les emploie pas comme aliment.
A.. Jsisjyeces dont les pâtes des fj^xtcttï*e devmeves pâmes
sont dépourvues de dents spiniformes sur le bord
supérieur des troisième et quatrième articles, et dont
V angle antérieur du bord orbitaire supérieur forme
une grosse dent spiniforme qui se prolonge beau-
coup au delà de l article basilaire des antennes
externes.
a. Espèces dont la portion postérieure de la ca-
rapace est régulièrement arrondie, et les régions
intestinale et cordiale peu saillantes et à peine
distinctes.
I. PisE TÉTRAODOif. ■ — P. tetraodoji (i).
Carapace d un quart jdus long que large ( PI. bis ,
fig. i), légèrement bosselée en dessus , à régions peu distinctes ;
scs bords latéraux un peu arrondis et armés de quatre épines
(i) C. héracléotique. Rondelet, t. 2, p. 4o3 ; — Aldrov , i85.
C. pagiirus fcm. Jonstoii Exs. PI, 5, lig. i3. Cancer tetraodon,
Penn. t. 4, PI. 8, lig. i5. C. prœf/o, Herb. PI. 4^,tig.2, Mainte,
traodon elM. prœdo. Bosc. 1. 1 , p. 254 et 256 ; Hiatus tetraodon. Leach.
Edimb. Encyc. t. y , p. 43 1 : Pisa tetraodon. Lcach, Malac. PI. 20.
Desm. PI. 22,iig. i. — Latv. Encyc. t. 10, p. 142; Main hir-
tkorne. Blainvillc , Faune , PI. 9. _ Rijso , Crusl. de «ice, p. 46,
cnnsTACÉs , tome t. 20
3o6
HISTOIRE NATURELLE
assez fortes ; savoir : une sur la région hépticpie et trois , dont
la postérieure n’est pas plus grande que les autres , sur la région
branchiale ; une petite pointe sur la région intestinale et quel-
ques petits tubercules sur la stomacale. Rostre tm peu incliné et
foi-mé par des cornes assez grosses , dont la longueur égale à peu
près la largeur du front , et dont l’extrémité est fortement cour-
bée en dehors ; épines de l’angle orbitaire antérieur très-
grandes et divergeant obliquement en dehors. Troisième et
quatrième articles des pâtes antérieures tuberculeux; mains
renflées et pinces arrondies en dessus ; tarse des pâtes sui-
vantes armé en dessous d’une rangée de dents spiniformes
assez grosses. Corps presque entièrement couvert d’ime espèce
de duvet et de quelques poils crochus; longueur, 2 ou 3 pou-
ces ; couleur brunâtre. ( C. M. )
Très-commun sur les côtes de la France et de l’Angleterre.
3. PtsB coHALLiN. — P. CQrallma (i).
Carapace presque deux J'ois aussi longue que large, a
peine bosselée en dessus; régions peu distinctes; bords laté-
raux armés sur la région branchiale de deu.x ou trois épines
semblables entre elles, et sur la région hépatique d’une petite
pointe plus ou moins distincte. Une petite épine sur la région
intestinale; rostre horizontal formé de deux cornes styliformes
très grêles, contiguës jusque vers leur extrémité, presque
droites, et dont la longueur excède de beaucoup la largeur
du front; épines des angles orbitaires antérieures, grandes et
dirigées en avant. Pâtes presque entièrement lisses ; pinces
arrondies en dessus; tarses armés en dessous de petites dents
jrointues et de poils raides. Corps parsemé de touffes de pods
assez longs et renflés vers le bout ; longueur, environ 1 5 ligues ;
couleur rouge.
Habite les côtes de la Provence. ( C. M. )
(I) Maïa cornlliiia. Ri.sso, Ci’ust. de Nice, p. /(S , PI. i , fig. 6.
Jnachus comlliniis. lîisso , Hi.st. nat. de l’Europe mérid. t. 5, p. u6.
«ES CRDSTACÉS.
3o7
aa. Especes dont la portion postérieure de la carapace
est triangulaire, et les régions intestinale et cor-
diale extrêmement saillantes.
PisE DE Gibbs. — Gïbsii (i).
Région intestinale surmontée d’un gros tubercule obtus
et arrondi. Carapace une fols et demie aussi longue que lart-e
ayant i peu près la forme d.’un losange dont le triangle In-
térieur serait trois fois aussi grand que le postérieur. lien-ions
stomacale , brauchiale , cordiale et intestinale très-rentléL et
séparées par des dépressions profondes ; rostre un peu plus
long que le front n’est large , notablement incliné et formé
de deux cornes styliformes presque droites et contiguës jus-
qu’auprès de leur sommet; dents de l’angle orbitaire anté-
terieur médiocres et dirigées en avant; bords latéro-anté-
rieurs de la carapace, peu ou point épineux, et se terminant
par une grosse dent spiuiforme dirigée en dehors; bords laté-
raux postérieurs s’étendant du sommet de ces épines latérales
au sommet de la région intestinale, en décrivant une courbure
dont la convexité est tournée en avant. Second article des
antennes externes assez gros, environ une fois et demie aussi
long que le suivant , et notablement plus court que la fossette
antennaire. Plastron sternal brusquement rétréci entre les
ptes de la première paire , qui sont légèrement tuberculeuses sur
les troisième et quatrième articles. IVIains comprimées, mais assez
ortes; doigts mobiles aplatis en dessus et triangulaires. Pâtes
de la seconde paire beaucoup plus longues que les suivantes;
leur troisième article point noduleux et leurs tarses armés
en dessous de quelques pointes. Corps entièrement couvert
il) C tinculeatus. Moutagu, Lin. Trans, t. ii, PI. i. fe. 3.
■r/jrt Gtbsii. Leach. Malar Pl , t\ ^ ’
P n, n 19; — Desm. p. 146; _ Latr.
tncyc. PI.Soi, fag, 1 (copiée d'après Leacli }.
2G.
3o8 nisToinE naturelle
de poils claviformes ; couleur rouge brunâtre ; longueur, en-
viron 2 pouces.
Habile les côtes de l’Angleterre, et de la France. (C. M. )
PisE ARMÉE. — P, armata (i).
Région intestinale se prolongeant en une grosse épine
ires -aiguë; épines latérales egalement longues et aiguës;
cornes du rostre séparées jusqu’à leur base par une fente assez
large , plus divergentes et plus longues que dans l’espèce pré-
cédente; second article des antennes externes très-grêle, en-
viron deux fois aussi long que le suivant , et notablement plus
long que la fossette antennaire. Du reste , semblable à la Pise
de Gibbs.
Habite les côtes de la Provence et de l’Italie. (C. M. )
B. Espèces dont les pâtes des quatre dernières paires
sont armées de dents spinijbrmes sur le bord su-
périeur de leur troisième article , et dont V épine ter-
minale de V article basilaire des antennes externes
n’est point dépassé par V angle du bord orbitaire
supérieur.
5. Pise styx. — P. styx (2).
La forme générale de ce petit Crustacé ne diffère cpie peu de
celle de la Pise télraodon, seulement la carapace est plus allon-
gée , plus fortement bosselée , et ses bords latéro-antérieurs , au
(1) Cancer longirostris. llerb. PI. 16, fig. 92 ; Inaclms opelio. Fabr.
Sup. p. 356 ; Ma'ia rostrata. Bosc. t. 1 , p. 255. Maïa armata. Latr.
Hist. nat. des Crust. t. 6, p. 98 ; — Risso, Crust. de Nice, p. 47;
armata. Latr. Encyc. t. 10 , p. i43 : — Risso, Hist. nat. de l'Europe
mérid. t. 5, p. 24. Inachus musiviis. Otto. Mém. del'Acad. de Bonn,
t. 14, PI. 20, fig. 12 et 12. Maïa goutteux. JHainsMe, Faune. PI. 10,
lig. I. (Le genre Arctopsis , deLamarck ( syst. p. i55 ) parait avoir
été fondé d’après un individu de cette espèce qui portait des corps
étrangers attachés au rostre. )
(2) Ginccr Hecb. PL 58, fig. 6; Pisa styx. Latr. Encyc.,
t. 10, p, i4i.
DES CnUSTACES.
3o9
lieu d’être armés de grosses épines , ne présentent cpie quelques
pointes à peine saillantes ; enfin le Lord orbitaire supérieur
ne présente qu’une fissure très-étroite. Les dents splniformes,
dont sont armées les pâtes de la seconde paire , sont aiguës et as-
sez nombreuses ; sur les pâtes suivantes elles deviennent plus
courtes et plus rares. Longueur, environ dix lignes j couleur
jaune roussâtre.
Habite l’Ile-de-France. ( G, M. )
La PisA NODiPEs de M. Leach ( ZooL mis. , t. II, PI. ^8 ) \
paraît être très-voisine de P. armée , et peut-être ne devrait
pas en être séparée; d’après M. Leach, elle se distinguerait
de la Pise de Gibles, en ce que le rostre est horizontal et le
troisième article des pâtes noduleux à son extrémité. Sa patrie
est inconnue.
Le Cancer mirticornis de Herbst (i) appartient également
au genre Pise ; la forme de sa carapace est la même que dans
la Pise coralline, mais scs pâtes sont épineuses , comme dans
la Pise styx , dont elle se distingue facilement par la longueur
de son rostre. Cette espèce, d’après Herbst, habite les Indes
orientales, et, d’après M. Rlsso, la Mediterranée.
Le Cancer pujone du même auteur (Herbst, PI. 58, fig. 5)
me paraît aussi appartenir à ce genre ; il ressemble à la Pise •
eoraUlne, seulement sa carapace est plus renflée sur les côtés
et plus épineuse en dessus ; les cornes du rostre sont plus
divergentes et la région intestinale se prolonge en forme de
tubercule au-dessus de l’abdomen. Il habite les Indes orien-
tales.
Quant à la PisE de Duméril (2) , elle n’est pas décrite avec
(1) Herb . PI. 5y , tig. 5. luachus herticorne. Risso. Hist. nat. de
l'Europe mérid. t. V, p. 26.
(2) Risso. Hist. nat. de l’Europe mérid. t. V, p. 23. Maîa Dume-
riti. Risso. Crust. de Nice , p. 43.
HISTOIRE NATURELLE
3io
assez de détail pour que nous puissions avoir à son égard une
opinion arrêtée.
IV. GENRE i.ISSA. — (l).
Le genre Lissa de M. Leach a la plus grande ressem-
blance avec le genre Pise du même auteur, et n’aurait peut-
être pas dû en être séparé. Les caractères distinctifs des
Lissas consistent dans la disposition du rostre , qui est formé
par deux cornes lamelleuses, tronquées antérieurement, et
même plus lai'ges en avant qu’à leur base, et dans l’absence
d’épines sous les tarses. Du reste, ces Crustacés diffèrent
à peine des Pises. On n’en connaît encore qu’une seule
espèce.
10. Lissa goutteuse. — L. chiragra (2).
Carapace presque hexagonale , environ un quart plus longue
que large, rétrécie en avant, très -fortement bosselée et no-
duleuse en dessus ; rostre très-large et armé en avant de deux
dents duagées en dehors; angle antérieur du bord orbitaire su-
périeur , se prolongeant en avant sous la forme d’mi gros tu-
bcicule arrondi; deuxième article des antennes externes grêle ,
cylindrique , et deux fois aussi long que le troisième ; pâtes de
la première paire petites et tuberculeuses; celles de la seconde
paiie moins longues que la carapace et fortement nodulenses
comme les suivantes. Tronc înerme. Pâtes garnies de <piel-
ques poils en massue. Longueur, environ 2 pouces ; couleur
rouge intense.
Habite la Méditerranée. ( C. M.)
(1) Cancer. Herb. Inachus. Fabr. Maïa. Bosc , etc. Lissa. Leach.
Mise. Zool. — Desin. p. i.'}^- Pisa. Latr. Reg. Anim. 2'. éd. t. IV,
p. 58
(2) C. chiragra. Herb. PI. 17 , lig. 96. Inachus chiragra. Fabr. Sup.
p. 357. Lissa chiragra. Leach, Zool. mise. t. 2, PI. 83. — Desni.
p. 147. — Risso , Hist. liât, de füurope mérid. t. V, Pisa chi-
ragra. Latr. Encyc. t. 10, p. i43-
DES CRUSTACÉS. il £
»
Le Lissa fissirostre de M. Say {Jour, de l’ Acad, de
Philadelphie, 1. 1, p. ^9) paraît avoir beaucoup d’analogie avec
la Hyade araignée , mais nous ne pouvons assurer qu’il so rap-
porte au même genre , car l’auteur note bien que le second ar-
ticle des antennes externes est plus gros que le second , mais no
dit pas s’il est élargi en dehors ou parfaitement cylindrique.
Le rostre est déprimé et les pinces ponctuées en dessus et sur
leurs trois faces ; enfin , il existe sur le corps et les pâtes un
grand nombre de poils assez forts et reootirbés qui accrochent
les plantes marmes , etc. Longueur, un pouce trois quarts, lar-
geur, un pouce et un cinquième. Habite l’Amérique septentrio-
nale.
V. GENRE HYADE. — Hyas (i).
Le genre Hyade de M. Leach est extrêmement voisin du
genre Pise, et surtout dn genre Herbstie; mais il est facile
de le distinguer par la forme du premier article de la tige
mobile des antennes externes, qui, au Heu d’être cylindri-
que comme chez presque tous les Oxyrhinques, est aplati et
élargi du côté externe. La carapace est assez large, surtout
antérieurement , peu bombée , et arrondie en arrière ; le
rostre , formé de cornes triangulaires , aplaties et convergen-
tes , est médiocre , et laisse complètement à découvert l’inser-
tion de la tige mobile des antennes externes ; le front est
large, et les orbites dirigées un peu en avant ; leurs boi'ds ne
sont pas épineux, et on n’y rencontre en dessus qu’une seule
fissure. Le bord externe de l’article basilaire des antennes ex-
ternes est droit et séparé de la portion externe de l’orbite
par une échancrure très-large. Le troisième article des pates-
mâchoires externes est peu dilaté en dehors. Enfin, les pâtes
sont disposées comme dans les Pises , si ce n’est que celles
(i) Cancer. Herb. Inachus. Fabr. — Main. Bosc , etc. Hyas. I.each,
Malac. — Desm. p. 147- — Pise. Latr. Reg. A.nim. a', éd. t. IV^
p. 58.
HISTOIRE NATURELLE
Jl2
des quatre dernières paires sont plus longues , et ne présen-
tent pas d’épines à la face inférieure du tarse.
I. Hyade araignée. — if. aranea (i).
Carapace n'qffrant pas de rétrécissement notable der-
rière les orbites , resserrée en avant , arrondie en arrière , à ré-
gions peu distinctes et tuberculeuses en dessus ; angles orbitaires
externes comprimés et très-gros, mais ne se prolongeant pas
au delà du niveau de la portion voisine du bord de la carapace ;
pâtes de la première paire plus grosses, mais un peu plus
courtes que les suivantes , armées de quelques tubercules ; pâ-
tes de la seconde paire presque deux fois aussi longues que la
portion post-frontale de la carapace , cylindriques comme les
suivantes ; corps inerme. Longueur, environ 3 pouces; cou-
leur jaune rougeâtre.
Habite les côtes d’Angleterre et de la France. (G. M. )
2. Hyabe contractée, — H. coarctata (a).
Carapace fortement resserrée derrière lesan^les orbitaires
externes , cpii sont très-grands , comprimés en forme d’orcUle,
et beaucoup plus saillans que la partie voisine du bord latéral de
la carapace. Carapace très-lai-ge en avant , arrondie postérieure-
ment et verruqueuse en dessus; pâtes antérieures médiocres;
les suivantes un peu moins longues que chez la H. araignée.
Corps inerme. Longueur , environ 2 pouces ; couleur jaunâtre.
Habite les côtes de la Manche. { C. M.)
(1) C. araneus. Linn. Mus. Lud. Ulr. p. 43g ; — Penn. op. cit. t. 4 »
PI. 9, %. 16; C. hnffo , Herb. PI, fig. ()5. Inachus araneus.
Fabr. Sup. p. 356. Hyas araneus. Leach, Malac- PI. 21, a; — - Desm.
P 148. — Latr. Encyc. PI. 278, fig. 3 ( copiée d’après Pennant).
(2) Hyas coarctata. Leach, Malac. PL 21 , b. — Desiu. p. 148.
DES CRUSTACÉS.
3i3
VI. GENRE NAXIE. — Naxia.
Cette petite division générique établit le passage entre les
Lissas et les Chorines de M. Leach. La forme générale du
corps est ici la même que chez les Pises et les Lissa, et la
disposition du rostre a beaucoup d’analogie avec celle qui est
propre à ces dernières ; mais les Naxies se distinguent des
genres précédens par la disposition des antennes et des or-
bites. La carapace de ces Crustacés est presque pyriforme ,
et le rostre, quoiqu’il ne soit pas lamelleux , ressemble beau-
coup à celui des Lissa. Les orbites sont très-petites, presque
circulaires, profondes, et marquées d’une fissure en dessus
et en dessous , mais sans hiatus à leur bord inférieur. L’arti-
cle basilaire des antennes externes est grand , mais étroit
en avant, très-avancé et complètement caché par le l’ostre
et par l’angle antérieur du bord orbitaire supérieur ; enfin ,
la tige mobile de ces appendices s’insère sous le rostre , tout
près de la fossette antennaire et non au delà du niveau
du bord externe de ce prolongement comme chez les Pises ;
l’épistome est très-grand. Du reste , ces Crustacés ne pré-
sentent rien de remarquable.
II. Naxie serpulifère. — iV. serpulifera (i).
Carapace fortement bosselée et tuberculeuse en dessus , ar-
rondie postérieurement, et trcs-rétrécie en avant. Rostre grand
et formé de deux coi’nes cylindriques , tronquées au bout , et
terminées chacune par deux grosses dents spiniformes. Angle
antérieur du bord oibitaire supérieur occupé par une grosse
dent triangulaire ; une dent semblable sur chacune dos réglons
ptérygostomiennes et branchiales ; le deuxième article des an-
tennes externes grêle , cylindriques et une fois et demie aussi
long que le troisième. Pâtes delà première. paire du mâle plus
grosses et aussi longues que celles de la seconde paire , qui ont
(I) Pisa serpulifera Edwards ; Guérin, Cr. Icon. PI. 8 , fig. 2.
HISTOIilJS NATURELLE
3i4
elles-mêmes environ une fois et demie la longueur des suivantes ;
chez la femelle , au contraire , les pâtes antérieures sont nota-
blement plus courtes que celles de la seconde paire, et ces der-
nières ne sont guères plus longues que celles de la troisième
paire. Tarses sans dentelures en dessous. Longueur , environ
4. pouces ; corps couvert d’un duvet brunâtre , et carapace sou-
vent incrustée deflustres, de serpules, d’éponges, etc.
Habite la Nouvelle-Hollande. ( C. M. )
VII. Genre CHORINE. — Chorinus (i).
M. Leacb a donné ce nom à des Crustacés qui ressemblent
extrêmement aux Pises, mais qui sont remarquables par la
grande disproportion qui existe ordinairement chez le mâle
entre les pâtes de la seconde et de la ti'oisième paires , et par
la position de la tige mobile de leure antennes externes. La
carapace des Chorines est plus longue et plus étroite que
celle de presque tous les Maïens ; mais sa forme générale dif-
fère peu de celle de quelques Pises. Le rostre est formé de
deux grosses cornes pointues et horizontales- Les yeux sont
rétractiles, et les orbites sont dirigées en dehors et en bas ;
mais la paroi inférieure de ces cavités est très - incomplète.
L’article basilaire des antennes externes est étroit et sans
épines notables à son extrémité ; la tige mobile de ces appen-
dices s’insère sous le rostre , et est en grande partie cachée
par lui. \Jèpistome, les pates-mâchoires, le plastron sternal
et Vabdomen sont disposés à peu près comme dans le genre
Pise. Les pâtes antérieures sont plus longues , surtout chez
les mâles, et la pince qui les termine est assez fortement
courbée en dedans , dentelée et pointue , mais un peu creu-
sée en gouttière. Les pâtes suivantes sont cylindriques; celles
des trois dernières paires sont de longueur médiocre, mais
les secondes sont très-longues ; chez le mâle , elles sont en gé-
néral une fois et demie ou même près de deux fois aussi lon-
gues que celles de la troisième paire.
(1) Cancer. Herb. Pisa. Latr. etc. Chorinus Leacli-
DES CRUSTACES.
3i5
A. Especes ayant le bord orbitaire supérieur à peine
marqué, et formé par trois épines dont une anté-
rieure tres-grande et deux postérieures rudimen-
taires.
1. CnoKiNE HÉROS. — C. héros (i).
Carapace presque deux fois aussi longue que large et convexe
en dessus; région stomacale très-grande, renflée et tubercu-
leuse dans sa moitié antéi-ieure ; régions brancliiales peu dé-
veloppées et presque entièreincut lisses. Rostre très-allongé ;
angle antérieur et supérieur de l’orbite surmonté d’une grande
épine liorizontale ; bords latéro-antérieurs armés en avant de
deux dents arrondies. Pâtes antérieures du mâle deux fois
aussi longues que la portion post-frontale de la carapace , cylin-
driques et avec les doigts fortement recourbés en dedans ; celles
de la seconde paire une fois et demie aussi longues que la
portion post-frontale de la carapace , et deux fois aussi longues
que celles de la troisième paire ; tarses armés en dessous d’une
rangée de petites pointes cornées . Longueur, 2 à 3 pouces ;
rostre , côtes de la carapace et pâtes des quatre dernières paires
garnies de poils ; coulem’ jaune rougeâtre.
Habite les Antilles. (C. M )
B. Especes ayant le bord orbitaire supérieur laniel-
leux et avancé.
2. Chorine BELIER. — C. aries {2).
Carapace presque pyriforme , lisse et armée de quatre
épines courtes et grosses^ savoir : deux sur la région
(1) Cancer héros. Herb. PI. ^ Jig, j ; Màia héros. Bosc. t. 1 ,
P uSi. Pisn, héros. Latr.Eucyc. t. io,p. lây : Chorinus héros. Leach,
Latr. toc. cit.
(2) Pisa aries. Latr. Encyc. t. X, p. l4o.
HISTOIRE NATURELLE
3 16
stomacale et une sur chaque région branchiale’, cornes
du roslre dirige'es en avant; bord supérieur de l’orbite obtus
à son angle antérieur et présentant une seule fente ; son bord
inférieur peu saillant et marqué d’une fissure. Pâtes de
la première paire du mâle grosses, mais moins longues que
celles de la seconde paire , qui ont environ ime fois et demie
la longueur des suivantes ; toutes sont cylindriques , dépour-
vues d’épines , et ont les tarses lisses. Corps couvert de poils
courts, serrés et crochus; longueur, environ 3 pouces.
Habite la côte de Coromandel. ( C. M. )
3. CiiOEiNE HÉRISSÉE. — C. aculcata.
Carapace armée de cinq épines tres-longucs sur la
ligne médiane, et de deux sur chaque région branchiale ^
cornes du rostre fortement recourbées en dehors ; bord orbitaire
supérieur armé d’une forte épine à son angle antéiieur, et
présentant deux fentes séparées par une dent triangulaire ; bord
inférieur de l’orbite presque nul , et son angle externe affectant
la forme d’une forte dent aplatie; pâtes de la première paire
armées en dessus d’une crête tranchante sur le quatrième ar-
ticle et dentelée sur le troisième ; pâtes suivantes cylindriques
et garnies d’une forte épine à l’extrémité des troisième et qua-
trième articles ; celles de la seconde paire guères plus longues
que les suivantes ; tarses lisses en dessous ; corps légèrement
pubescent; longueur, environ 2 pouces.
Habite les mers d’Asie. (C.M. )
4. CiiORiNE DE Duméril. — C. DumcrilU.
Carapace lisse en dessus et sans épines notables. Bord
orbitahe supérieur armé en avant d’une forte épine , et divisé
en arrière par une fissure. Une foi te épine à l’extrémité de
l’article basilaire des antennes externes. Longueur, 6 lignes.
Trouvée à l’îlcdc Vanicoro par MM. Quoi et Gaimard.
DES CRUSTACÉS.
3i7
VIII. genre MITHRAX. —
Le genre Mithrax établit quelques liaisons entre les
Oxirhynques et certains Crustacés de la famille suivante ; car
on y range des Maïens dont la carapace est notable-
ment plus large que longue , le rostre à peine distinct , les bords
latéro-antérieurs ai’qués et les bords latéro -postérieurs obli-
ques, dispositions qui constitue un des traitscaractéristiques de
plusieurs Cyclométopes ; mais le plus ordinaii-ement la forme
générale des Mithrax s’éloigne moins de celle des autres
genres de la même tribu. La carapace de ces Crustacés
(PI. l5 , lig. a) est toujours très-peu bombée en dessus
et assez fortement rétrécie en avant; la disposition de
ses diverses régions est du reste la même que chez les
autres Oxirhynques. Le rostre est bifide , en général très-
court , et séparé du canthus intei’ne des yeux par un espace
assez considérable; les orbites sont presque toujours armées
de deux ou ti'ois épines à leur bord supérieur , d’une à leur
angle externe et d’une ou deux à leur bord inférieur. Les
bords latéro-antérieurs de la caparace sont épineux ou du
moins dentés. Les antennes internes se reploient un peu
obliquement en dehors , et la portion frontale de la cloison
qui les sépare est armée d’une épine recourbée en avant
(Pi. i5, fig. 2). L’article basilaire des antennes externes est
grand et presque toujours armé en avant de deux fortes épi-
nes. Le second article de ces appendices est au contraire grêle
et cylindrique ; il s’insère sur les côtes du rostre, plus près
de la fossette antennaire que de l’orbite ; le troisième article
est presque aussi gros et aussi long que le deuxième ; enfin
la tige terminale et articulée est en général assez courte.
(1) Cancer. Hcrb., etc. Maia. Bosc. t. 1; — Latr. Ilist. nat. des
Cfust. t, VI;-— Lamk. Histoire des A. sans vert, t. V, p. aji;
Mithrax. Leach; — Latr. Reg. anim. 2'. éd., t. lY, p. ^7 ; Desin.
p. 149. Edvrards Magasin zoologiquc. i83i.
■J'o HISTOIRE NATUREtLE
Les P aies -mâchoires externes ne présentent rien de remar-
quable ; \e plastron sternal est presque circulaire. Les pâtes
antérieures sont en général, chez le mâle, beaucoup plus
longues et plus grosses que celles de la seconde paire; elles
ont quelquefois le double de la longueur et de la portion
post- frontale de la carapace, et la main qui les termine est
presque toujours forte et renflée ; enfin les pinces sont
écartées à leur base, élargies au bout, profondément
creusées en cuillère et terminées par un bord tranchant
semi-circulaire. Les pâtes de la seconde paire ont environ
une fois et quart la longueur de la portion post-lrontale de
la carapace, et les suivantes se raccourcissent graduellement ;
les tarses sont courts , crochus et souvent armés de quel-
ques pointes à leur face inférieure ; enfin l’abdomen est en
général formé de sept articles distincts dans les deux sexes;
mais quelquefois on n’en voit chez les femelles , pendant le
jeune âge , que quatre , les second , troisième , quatrième et
cinquième segmens étant soudés entre eux.
Les JVIitbrax appartiennent pour la plupart aux mers d’A-
mérique , et quelques-uns d’entre eux parviennent à une
grosseur très-considérable. On peut établir dans ce genre
trois subdivisions basées sur les caractères suivans :
A. Bord supérieur de l’orbite armé de fortes épines.
a. Pâtes des quatre dernières paires non épineuses.
i'^''. sous-geure. Mithrax triangulaires.
aa. Pâtes des quatre dernières paires hérissées d’épines.
2'. sous-genre. Mithrax transversaux.
B. Bord supérieur de l’orbite dépourvu d’épines.
3'. sous-genre. Mitrax déprimés.
1"'. sous-genre. Mithrax triasgülaires.
Dans les espèces qui composent ce premier groupe naturel ,
la forme générale du corps {PI. i5, fig. i ) se rapproche beau-
DES CRUSTACES.
819
coup de celle des Herbsties ; la carapace est au moins une fois
et un quart aussi longue que large, triangulaire dans ses deux
tiers antérieurs , arrondie postérieurement , et armée d’un rostre
formé de deux cornes assez grosses et bidentées ; le bord or-
bitaire inférieur n’est pas épineux (PI. l5, %• 2) , mais les
côtes de la carapace sont garnies d’épines très-fortes ; enfin ,
les pâtes antérieures sont moins longues et moins fortes que
cbez les autres Mithrax , et les tarses ne sont ni dentées ni
épineuses en dessous ( fig. 4 )•
I. Mithrax DicoTOME. — M. dicolomus (i).
(PI. i5,fig. 1-4- )
Carapace granuleuse et sans épines en dessus; cornes
du rostre très -divergentes , gu'eres plus longues que lar-
ges , et terminées par deux dents presque égales ; bord
supérieur de l’orbite armé de deux épines triangnlaires ; bords
latéraux de la carapace armés de sept grosses dents spiniformes ,
dont une formant l’ongle orbitaire externe , et cinq situées sur
la région branchiale ; deux petites pointes sur le bord postérieur
de la carapace. Fossettes antennaires très-larges en avant , sans
tubercule saillant sur leur bord postérieur. Bord orbitaire in-
férieur parfaitement lisse. Pâtes antérieures médiocres, héris-
sées de pointes sur les troisième et cpiatriènie articles ; la main,
chez la femelle , aussi grosse que le bras ; pinces faibles ; pâtes
suivantes munies d’une petite dent à l’extrémité du troisième
article, et garnies de poils crochus. Couleur jaunâtre. Gran-
deur, 1 pouces.
Habite les côtes des îles Baléares. (C. M.)
2. Mithrax daiw. — M. dama (2).
Carapace granuleuse et sans épines en dessus ; cornes
(1) Latr. Desm.p. i5o. — Edw. Mag. Entom i83i. cl. 7 , pl. i
(2) Cancer dama ^ Herh. pl. 5i) , fig- 5. — Mithrax dama. Ldw,
loc. cit.
320 HISTOIRE NATURELLE
du rostre tres-dwergentes , plus de trois fois aussi longues
que larges , et armées de trois dents spinf ormes, dont
une terminale et deux externes. Du reste , cette espèce
ne paraît guères diflërer de la précédente j seulement elle est
plus grande.
Patrie inconnue.
3. Mithrax rude. — d/. asper (i).
Carapace granuleuse hérissée de petites pointes en
dessus y cornes du rostre deux fois aussi longues cpie larges ^
terminées par une grosse épine aiguë, et arme'es en dehors
d’une seconde épine beaucoup plus petite. Une petite dent
triangulaire au milieu du bord orbitaire inférieur. Du reste, ne
diffère que peu du Mithrax dicotome.
Patrie inconnue. ( C. M. )
ae. sous-genre. Mithrax transversaux.
Dans ce groupe, caractérisé comme nous l’avons déjà dit,
la carapace est presque aussi large, ou même plus large que
longue; mais cependant elle est toujours notablement rétrécie
en avant. Le rostre est formé de deux petites cornes spi-
niformes, en dehors desquelles on remarque d’autres épines
presque aussi fortes, appartenant à l’article basilaire des an-
tennes externes ou à l’angle orbitaire antérieur. Les bords
latéraux de la carapace divergent beaucoup , et sont armés de
fortes épines souvent bifurquées. Enfin la grosseur des pâtes
antérieures varie suivant l’âge et les sexes, mais les pinces sont
toujours très-fortes chez le mâle adulte. Toutes les espèces
de ce groupe appartiemient aux mers des Antilles.
(I) Edw. lac. cit.
DKS pKUSTACÉS.
39.1
4- Mithrax très-épiiîeux. — M. spinosissirnns (i).
Bord supérieur de. la main armé de tubercules spini-
forrnes ; carapace couverte d! épines plus ou moins allon-
gées, mais lisse dans l’espace que ces pointes laissent
entre elles, et garnie, ainsi que les pâtes, d’une multitude
de poils raides^ par les progrès de l’âge, une partie de ces
épines disparaissent presque entièrement. Rostre forme de deux
épines très-écartées entre elles, mais dirigées en avant; bord
orbitaire supérieur anné de trois ou quatre épines, dont l’an-
térieure est très-forte et se diiige en avant; bords latéro-anté-
iieuis de la caiapacc armes cbacun de cinq ou six grosses épi-
nes, dont les deux premières sont bifurquées. Article basilaire
des antennes externes terminé par deux épines , dont l’interne
est très-longue ; troisième article de ces appendices très-court.
Pâtes très-épineuses. Atteint 4 à 5 pouces de long.
Habite les Antilles. (G. M.)
5. Mithrax aiguillonné, — M. aculeatus (a).
Bord supérieur des mains armé comme dans Vespece
précédente; carapace ayant un aspect framhoisé, due
à une foule de petites granulations circulaires et aplaties
placées entre les épines. Très-voisine de la précédente, mais
s’en distinguant aussi par des proportions différentes. Taille de
4 à 5 pouces.
Habite les Antilles. (G. M.)
6. Mithrax verruqueux. — il/, verrucosus (i).
Bord supérieur des mains parfaitement lisse-, carapace
(1) Congrejo denton, Parra. Desc. de ditfer. piezas de Hist. nat.
P].5i, tig- I. — Maia spinosissima, Larak. Hist. uat.des A. sans vert,
t. V, p. . ' — Mithrax sptuosissimus. Edw. loc. cit. PI. a et 3.
(2) Cancer aculeatus. Herb. PI, jg, fig. lo/;. Mithrax aculeatus.
Edw. loc. cit.
(3) Crangrcjo Santoya? Pai ra op. cit. tab. 44- — Mithrax verrucosus .
Edw. loc. cit. PI, 4.
CRUSTACÉS, TOME I. I
322 KISTOIRE NATÜPEELE
couverte de granulations. Rostre dépassant à peine les épines
terminales de l’article basilaire des antennes externes ; pinces
armées de huit à dix petites dents marginales et d’un bouquet
de poils uoù’s inséré au fond de la cuillère formée par l’excava-
tion de leur bord préhensile ; à peine quelques traces d’épines
à la face inférieure des tarses des autres pâtes. Taille , environ
2 pouces.
Habite les Antilles. ( C. M.)
•J. Mithrax hispide. — M. hispidus (i).
Bord supérieur des mains lisse-, carapace non verru-
queuse, mais armée de quelques épines. Rostre ne dépas-
sant pas l’article basilaire des anteimes externes , qui n est armé
que de deux épines ; troisième article de ces antennes notable-
ment plus long que le second. Environ vingt dentelures sur le
bord des pinces ; point de bouquet de poils dans la cuillère.
Une rangée de petites pointes sous le tarse des pâtes des quatre
dernières paires.
Habite les Antilles. { G. M.)
3". sous-genre. Mithrax déprimé.
Dans cette subdivision, la carapace est encore plus large que
dans les groupes précédons.
8. Mithrax sculpté. — M. sculptas (2).
Carapace couverte de petites bosselures lisses. Rostre formé
de deux petites dents arrondies, et n’occupant qu’ environ le
(1) C. Hispidus. Herb. PI. 18, fig- 100. — Maia spinicincta.hamk.
Hist. liât, des A. sans vert. t. V,p. 241. — Mithrax spinicinclus. Desm.
p. i5o, PI. 23, tig. 1 et 2. — Mithrax hispidus. Edw. loc. cit.
Guérin. Icon. Cr. PI. 7, lig 5. ?
(2) C. rugosus. Petiver. Petrigr. amer. tab. 20, fig. 6. — Seba.
t. IIÏ, PI. 19, tig. 22. — Mata sculpta. Lanik. Hist. des A. sans vert,
t. V, p. 242. — Mithra.v sculptas. Edw'. loc. cit. PI. 5.
Di:s OfiBSTACKS,
tiers de la larareur du Iront ; bord latéro-antéricur de la cara-
pace comme festonné, garni de quatre à cinq tubercules arron-
dis. Carpe et mains parfaitement lisses ; point de dentelures à
rextrcmité des pinces; pâtes des quatre dernières paires très-
épineuses en dessus et très-poilues. Taille , environ lo lignes.
Habite les Antilles. ( C. M. )
Le Cancer spikipes de Herbest (PI. 19, fig. g/f) paraît
être très-voisine du Mithrax hispide , mais en diffère par l’exis-
tence de tubercvdes assez nombreux sur la face interne des
mains. 1 , .
, 4»
Le Cancer iiiÊiis de Fabricius ( Ent. syst. tome H,
page%8 , etc.) pourrait bien être rime des e.spèccs de Bî^tbrax
transversales décrites ci-dessus.
IX. genre PAHAMITHRAX. — Paramithrax.
Ces Crustacés établissent le pa.ssage entre les Blitbrax et
les Maïas. La forme générale de leur carapace se rapfu-oche
beaucoup de celles des Mithrax triangulaires. Le rostre est
formé de deux grosses cornes et notablement moins large
que le front , qui à son tour a presque autant d eleudue que
le cadre buccal. Les orbites sont ovalaires; leur liord supé-
rieur arqué en avant comme cliez les Maïas , présente pos-
térieurement trois fortes épines séparées par deux échancrures
plus ou moins profondes ; leur bord inférieur est largement
écbaucré ou incomplet. Les JTcMxsont rétractils, à pédoncules
grêles , assez longues et un peu courbées comme dans les iVIaïas.
La région antennaire et les fossettes antenuaires sont sembla»
blés à celles des Maïas. L’article basilaire des antennes externes
est grand et armé d’épines , dont une (l’externe) s’avance en
général au delà du bord du front , et sépare l’orbite de l’inser-
tion de la tige mobile qui n’est pas recouvert par le front.
Patcs-tnachoires externes eX stermunA^eM près comme chez
32/f HISTOIRE NATURELLE
les Maïas. Pâtes antérieures de force médiocre , et terminées
par des pinces pointues et arrondies qui ne pressent pas de
dentelures comme chei lesPises et ne sont pas creusées en
cuillère comme chei les Mithrax. Les pâtes suivantes sont
eylindriques , peu ou point épineuses , et de longueur va-
riable suivant les espèces ; on n’y trouve pas de petites pointes
cornées à la place inférieure du dernier article comme chez la
plupart des Mithrax.
Ces Crustacés appartiennent à l’Australasie.
J A. Especes ayant les orbites tr'es-incoinpletes en des-
sous , et dont les yeux u’arrivent pas à beaucoup
. près jusqu’à V angle externe de ces cavités.
I . Paramithrax du Péron. — P. Peronii.
Carapace tuberculeuse et épineuse en dessus-, régions
hépatiques plus renflées que chez la plupart des Maïens ; front
de largeur médiocre; épine formant l’angle orbitaire externe
très-saillante , et suivie d’une série de cinq à six épines plus ou
moins fortes. Article basilaire des antennes externes peu élargi
en avant, et portant à son angle externe une épine (pii ne dé-
passe cpie de très-peu le bord orbitaire. Pâtes antérieures du
mâle longues et garnies en dessus d’une crête tranchante sur
l’antépénultième article.
Habite l’Océan indien. (C. M. )
2. Paramithrax barbicorke. — P. barbicornis (i).
Carapace assez lisse en dessus, ayant seulement quelques
petites épines marginales sur les régions branchiales; régions
hépatiques dilatées. Corps couvert de longs poils. Longueur,
un pouce.
Habite la Nouvelle-Hollande.
(i) Piw barbicornis. Latr. , Encyc. t. X, p. l4l-
DI.S CRUSTACÉS.
§ B. Especes dont les orbites ne présentent en dessous
qiCune échancrure , et dont les yeux , en se re-
ployanl, touchent P angle orbitaire externe.
Paramitürax. de Gaimard. — P. Gaimardii.
Carapace renflée snr les parties latérales des régions hépati-
ques ; orbites très-profondes; article basllahe des antennes ex-
ternes très-large , et terminé par deux fortes épines , dont Fune
occupe le canthus interne de Forbite , et sépare cette cavité de
l’insertion de la tige mobile de ces appendices qui se voit sur
les côtés du rostre. Corps couvert de proils très-serrés et cro-
chus. Longuem-, environ 4 pouces.
Trouvée p>ar MM. Quoi et Gaimard à la Nouvelle-Zélande.
(C.M.)
Nous sommes jrortés à croire que le Cancer ursus de Herbst
( PI. 14, fig. 86 ) , et le Cancer pipa du même auteur ( Seba,
t. 111, PI. 18, fig. 7, et Hei'b. PL 17; fig. 97 ), piourraient
bien appartenir au genre Paramilhrax ; ce sont évidemment des
Maïens voisins do ceux dont nous venons do piarler, mais ils
sont trop imparfaitement connus pour que nous puissions nous
prononcer avec quelque certitude à leur égard.
X. GENRE MA.IA. — Maïa (1).
Le genre Maïa , établi par Lamarck pour recevoir les
Inachus et les Parthenopes de Fabrinus , c’est-à-dire tous
les Oxirhnyques proprement dits , n’a été consei’vé qu’en res-
treignant singulièrement ses limites, et ne renferme plus
aujourd’hui qu’un très-pietit nombre d’espèces qui viennent
(i) Cancur lAn. llerb- ; Lmc/z/is. Fabr. ; Maïa, Liimk. Syst. des A.
sans verteb. t. V., p. iS-j; — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI,
p. 87, etc., etc. — LcacU. lidimb. Encyc. 7, p. a/jy, et;;., etc.:
— üesm. pi. 143.
S'îG HISTÜIKE NAÏURELIiE
se grouper autour du Maïa Scpiiuado de nos côtes. La ca-
rapace de ces Crustacés ( PI. 3 , fig. i ) , est d’environ un
quart plus long que large et assez fortement rétrécie en avant ;
sa face supérieure est liérissi'e d’une infinité de tul)erculcs
ou d’épines , et ses régions sont peu distinctes; le rostre.
est lioi'izontal et formé de deux cornes divergentes ; le
bord latéro-antérieur de la carapace est armé de fortes épines
et SC continue sans eliangenient de direction brusque avec le
liord latéro-postérieur ; les orbites sont ovalaires , assez pro-
fondes , et leur bord supérieur, élevé et arrondi en avant ,
est divisé en arrière jxir deux fissures. Les antennes internes
ne présentent rien de remarquable ; mais la portion du front
qui sépare leurs fossettes, se prolonge à une forte épine
courbe, cpii se dirige eu bas (PI. 3, fig. 3). Le premier
article des antennes externes ( fig. 1, d.) est très-grand , et
constitue plus de la moitié de la paroi inlérieure de l’orbite
qu’il ne dépasse que peu antérieurement ; son extiximité est
armée de deux grosses é’pines et porte farticle suivant à sou
bord supérieur et externe , de sorte que la tige mobile de ces
appendices naît dans le canthus interne des yeux. L’épistome
est plus large que long ; il en est de même pour le cadre buc-
cal. Le second article des patcs-indclioires externes se pro-
longe assez loin , du côté interne , au devant du niveau de son
articulation avec la pièce suivante , et celle-ci, notablement
plus large que longue , est dilatée en dehors et fortement
tronquée à ses deux angles internes (PI. 3, %. 8). Le jdaslron
sternal est presque circulaire , et sa suture médiane , quoi-
que assez longue, n’occupe que le dernier anneau thoracique,
(fig. 14 } hes, pâtes de la première paire ne sont guères plus
grosses que les autres ; elles sont assez grêles', à peu près cy-
lindriques, et terminées par une pince dont les doigts, pres-
que stylilbrmes, ne sont jamais creusés en cuillère ni dilatés
vers le bout, et ne présentent que peu ou point de dente-
lui ■es. La longueur des pâtes de la seconde paire ne dépasse
guères une fois et demi la largeur de la carapace, et les pâtes
suivantes deviennent suecessivement plus courtes ; l’article qui
DES CKESÏACÉS.
les termine est styllforme, et ne présente ni épines ni dente-
lures à son bord inférieur. Enfin {'abdomen se compose dans
les deux sexes deseptarticlesdistincts. (fig-^) A-,fig. 5etfig.6.)
Le genre Maïa paraît être propre aux mei-s d’Eui-ope ,
et se compose des Décapodes les plus grands que nous ayons
sur nos côtes.
I. Maïa sQuiNADE. — M. squinado (i).
Carapace couverte d’épines aigues, assez bomhee , et
fortement rétrécie en avant. Angle antérieur du bord orbitaire
supérieur trés-arrondi ; deux épines sur la moitié postérieure de
ce même bord, savoir : une très-grosse et reconrbee en haut , et
mie petite située derrière la précédente ; bords latéro-aiitéricurs
de la carapace armés de cinq ou si.x épines très-grosses et très-
aiffuës , dont la première constitue l’angle orbitaire externe.
Face inférieure du front armée de cinq gi’osscs épines, dont
une médiane inter- antennaire, recourbée en avant, et deux
placées de chaque côté et appartenant a 1 article basilaire des
antennes externes ; second article de ces antennes cylindrique
et de même longueur que le troisième. Pâtes antérieures du
mêle un peu plus fortes que celles de la seconde paire, et
armée d’épines sur les troisième et quatrième articles. Corps
couvert de poils crochus; longueur, 4 ou 5 pouces; couleur
rougeâtre.
Habite la Manche , l’Océan et la Méditerranée. ( G. M. )
On prend ce Crustacé dans les filets trainans , et les pécheurs
le mangent, mais sa chair est peu estimée. Les anciens le regar-
daient comme doué de raison et le représentaient suspendu au
cou de la Diane d’Éphèse , comme un emblème de la sagesse.
On le voit aussi figuré sur quelques-unes de leurs médailles.
{l) Cancer i^a/norfo. Rond. liv. i8, p. 4o>- renetorum.
Aldrov p. 182, i83 ; Cancer maïa. Seba , t. III, PL i®, fig- 2 et 3 ;
Cancer sqmnado.Vievh..V\. 56; C. Spinosus ,'Penu. Brit. Zool. t. IV,
PI 8 lig- l4’ — /«ocAms corrtutm Fabr. suppL p. 356. Maïa squinado.
Latr.’Hist.nat. desCrust.t. VI, p-qS; Encyc. PL 2771 hg- iet2(dV
328
lllSTÜinii NATUKIiLLE
2. MAÏA VEERUQUEUX. —M. vemicosa (i).
( Planche 3 , fig. i — i^. )
Carapace à peine bombée , couverte de petits tubercules
arrondis et armés de quelques petites épines sur la ligne
médiane. CeCte espece, qui a été confondue avec la précédente
par presque tous les naturalistes, et qui en est effectivement
très-voisine , m’a paru devoir en être distinguée à cause de
l’absence d’épines sur la face supérieure de' la carapace , de la
forme plus ovalaire et beaucoup moins bombée de ce bouclier
céphalo-thoracique, et de la petitesse des pâtes antérieures qui,
chez le male , sont plus grêles que celles de la seconde paire. La
longueur de ce Maïa est de 2 à 3 pouces , et sous tous les au-
tres rapports il ressemble au Squinade. Habite la Méditer
ranée. (G. M. )
Il serait possible que le Maïa crépu de M. Risso [Hist.
nat. de tEur. mérid , t. V, p. 23 ) ne fut autre que le
M. verruqueux , mais les caractères que cet auteur y assigne
ne sont pas suflîsans pour résoudre la question.
Si le Maïa Rosselii ( Audouin, Crust. de l'Egypte , par
M. Savigny , PI. 6, fig. 5) appartient réellemeutà ce genre,
il se distinguera facilement des précédons par l’existence de
deux grandes cornes sur la partie antérieure de la région sto-
macale , mais nous avons quelques doutes à cet égard.
La description que Bosc a donnée de Maïa erixacea ( t. ,
près Seba), etc. ; — Lnach. Malac. PI. i8: — Desm. PI. ai ; — Ris.so,
Hist. nat. de l'Europe mérid. t. V, p. a3,
(l) C. mdia. Beloii; — Cancer sqtiinadu. Ilcrb. t. I, PI. l5, iig ;
84 et 85; Milia squinado. Bosc. t. I, PI. 7, 8;-. j? _ A.udouiu ,
Crust. de l’Égypte, par M. Savigny, PI. 6, fig. 4.
ULS CRUSTACES.
3a()
p. 253 , PI. 8 , lig. 1 ) est si incomplète , et la figure f[ui l’ac-
compagne si mauvaise, qu’il est impossible de déterminer si ce
Crustacé doit se rapporter à l’une des especes précédentes ou en
être distingué.
XI. GENRE MICIPPE. — Micippo (i).
Le genre établi par M. Leach , sous le nom de Micippe ,
est très-remarquable par Ja disposition singulière du rostre.
La portion post-frontale de la carapace de ces Crustacés
est presque quadrilatère , légèrement bombée , arrondie en
arrière, et à peine rétrécie antérieurement; son bord fronto-
orbitaire est droit et très-large , et ses bords latéraux sont
armés d’épines. Le rostre est lamelleux et dirigé verticale-
ment en bas de façon à former un angle droit avec l’axe du
corps et avec l’épistome. Les orbites sont placés au-dessus et
sur les côtés du rostre , et on remarque à leur bord supé-
rieur une fente profonde; les pédoncules oculaires sont ré-
tractiles, assez longs, rétréciesau milieu et se prolongent jusqu’à
l’extrémité de la cornée. La tige des antennes internes , en
se reployant, reste verticale au lieu de devenir horizontale
comme chez presque tous les autres Crustacés brachyures.
L’article basilaire des antennes externes est très-grand et
plus large en avant qu’en arrière ; le second article de ces
appendices s’insère contre le bord du rostre à une assez
grande distance de l’orbite. Le troisième article des pates-
inâchoires externes est extrêmement dilaté du côté externe ,
et très-profondément échancré dans le point où il s’articule
avec la ])ièce suivante. Le plastron sternal est à peu près
circulaire. Les pales sont cylindriques et de longueur mé-
diocre ; celles de la première paire ne sont guères plus gros-
ses ni plus longues que les suivantes , même chez le mâle , et
(i) Cancer. Lin. âliis. Lud. ülr. p. — Fal)'.'. Eut. Syst. t. II,
p. .■jtio;' — Mnïa. Viosc. t. I ; — Latr. ilist. iiat des Cru.st. t. VI ,
p. loj ; — Alicipiin. î.each. Zool. mis. t. III; — Desra. p. ijH ; —
Lalr. !leg. Aiiim a', éd., t. IV, p, ,â<).
HISTOIKE NATURELLE
33o
les pinces sont effilées vers le bout, tranchant, et pas sensible-
ment creusées sur leur face préhensile. Les pâtes de la se-
conde paire ont à peu près une fois et demie la longueur de
la portion post-frontale de la carapace, et les tarses ne sont
pas donteb's en dessous. Enfin \abdomen se compose de
sept articles distincts dans les deux sexes.
Les Micippes appartiennent à l’Océan indien.
y I- Micippe a Crête. — M. cristata (i).
Carapace hérissée en dessus d’un grand nombre d’épi-
nes longues et aiguës , dont deux sont placées sur le fi-ont et
deux autres occupant le milieu du bord postérieur ; bords laté-
raux du rostre armés de 4 ou 5 dents ; angle antérieur du bord
orbitaire supérieur armé d’une foi’te épine ; bords supérieurs
de l’orbite et bords latéraux de la carapace garnis de longues
épines très-aiguës. Article basilaire des antennes exteraes beau-
coup plus long que large. Pâtes couvertes de petites granula-
tions ; longueur, 2 à 3 pouces ; couleur blanchâtre.
Habite lescôtes de Java. ( G. M.)
2. Micippe piiilyre, — M. philyra {2).
Carapace couverte de tubercules granuleux , mais non
epineuse en dessus. Rostre terminé par 4 dents dont les 2
externes crochues et dirigées en dehors ; angle antérieur du
bord orbitaire supérieur arrondi , non spiniforme ; bords laté-
raux de la carapace armés de quelques épines courtes et peu
acérées. Article basilaire des antennes externes beaucoup plus
' (i) Cancer spinosus. Rumph, PI. 8, fig. i. Cancer crislatus. Linn.
Mus. Lud. Ulr. p. 443- Cancer hitobus. Herb, PI. l8, lig. 98. Maïa
cristata. Latr. Encyc. PI. 28, fig. i. (d'après Runiph ) ; Micippa
cristata. Leach. Zool. mis. t. III, PI. 128; — Desm. p. 149-
(2) Cancer philyra. Herb. t. III, PI. 58, fig. 4 ; — Micippaphi-
lyra. Leach ; — Desm. PI. 22 , fig. 2 ; — Guérin. Icon. Cr. PI. ibis,
fig. 1.
DES CRUSTACÉS. 33l
large que long. Pâtes peu ou point granuleuses ; longueur ,
environ 2 pouces. Couleur jaunâtre.
Habite l’Occau indien et les côl^s de rilc-de-Ii rance. (C. M.)
D’après la description que Linncc a donnée de son Cakcer
CORNATES {Mus. Lud. UL, p. 445) , cc CrusUcé me paraît
devoir appartenir an genre Micippe , et avoir beaucoup d ana-
logie avec la 31. Cristata ; car le rostre est recourbé en bas
entre les yeux et le front , est armé de chaque côté d’une forte
épine. Cette espèce, qu’il ne faut confondre ni avec le C. cor-
7infu.5' de Fabricius , niar^eclcC. coi'uudo àe Herbst, habite
l’Océan indien.
XII. GENRE CIUOCAllIN. — Criocarcinus (i).
M. Guérin a désigné sous ce nom dans la collection du Mu-
séum un Crustacé très-singulier qui avait déjà été figuré par
Ilei-bst, mais qui était très-imparfaitement connu, et qui a
beaucoup d’analogie avec les Micippes, soit par la forme gé-
nérale du corps , soit par la disposition du front, (.e qui
caractérise principalement ce nouveau genre , est la disposi-
tion des orbites et des yeux. Les cavités ocbitaircs ont pies-
que la forme d’un tube dirigé eu dehors , long et tronqué
à son extrémité ; mais elles n’engaînent pas les yeux comme
chci les Péricères, car l’anneau ophthalraique s’avance jus-
qu’auprès de leur extrémité , et le pédoncule oculaire ,
qui est long , grêle et semblable à celui des Maïas , s’y in-
sère de façon à être complètement à découvert et à pouvoir
se reploycr en arrière, et à s’appliquer dans toute sa lon-
gueur contre le bord extérieur de l’article basilaire des an-
tennes externes , position dans laquelle il est caché sous les
épines post-orbitaires de la carapace.
(i) Guérin. Gollection du Muséum.
333
inSTOIRE NATUKEELE
I. CniocARciN A SOURCILS. 6’. supercUio SUS (i).
Carapace bombée, inégale, et à Lords latéro - antérieurs
presque parallèles. Rostre vertical et armé de deux cornes
recourbées en dehors j bord orbitaire supérieur lamelleux ex-
trêmement saillant et armé de trois fortes épines ; trois ou
quatre fortes épines sur les bords latéro-antéricm-s de la cara-
pace , deux sur la région stomacale , et une sur la région intes-
tinale ; longueur , dix-huit lignes.
Patrie inconnue. ( C. M. )
XIII. GENEE PARAMICIPPE. — Paramicippa.
Par leur aspect général, ces Crustacés ressemblent beau-
coup aux Micippes; comme elles, ils ont la carapace à
peu près aussi large que longue , le rostre reployé en bas ,
et les bords latéro -antérieurs armés de dents. La dis-
position des antennes externes est aussi à peu près la
meme que chez les Micippes , seulement leur second arti-
cle, qui est placé sur le même niveau que la face supéi ieure
du front , est aplati , élargi , très-court et triangulaii e ou
cordiforme; mais celle de&ycux est très-différente , car ces
organes ne peuvent se reployer en arrière , et il n’existe pas
de cavité orbitaire post-foraminaire ; leur pédoncule dé-
passe de beaucoup les bords de l’orbite , et présente la même
disposition que chez les Criocarcins , si ce n’est qu’ils sont im-
mobiles. La forme des pâtes -mâchoires externes est la
même que chez les Pises; mais Vépistome est extrêmement
court. Les pâtes sont courtes ; celles de la seconde paire
ne sont guères plus longues que la portion post - fron-
tale de la carapace j et les suivantes se raccourcissent pro-
gressivement ; enfin Y abdomen de la femelle se compose
de sept articles distincts. Nous n’avons pas eu l’occasion
d’observer des individus de l’autre sexe.
(i) Sel)u. t. Ilï , tab. i8 , 1 1. -- C. supcrciliosus- Hei'b. PI.
bg. 89. C ’n'ocarcinus superdlioms. Guérin. Coll, du Mus-
nES CRUSTACÉS.
333
I. Paramicippe tuberculeux. — P. tubcrculosa.
Pales des quatre dernières paires cylindriques et épi-
neuses en dessus. Carapace légèrement bombée, à réglons
peu distinctes , et couverte de petits tubercules arrondis ou
pointus. Rostre formé de deux cornes aplaties et reployées eu
bas vers la moitié de leur longueur ; bords latéro-antérieurs de
la carapace armés de six ou sept dents à bords granuleux.
Pédoncules oculaires élargis à leur base , rétrécis vers le bout ,
et dépassant l’orbite dans une étendue à peu près égale à la
largeiu" de la base du rostre. Article basilaire des antennes
externes peu élargi en avant ; le second article de ces appendices
inséré entre le bord du rostre et le canthus interne de l’œil,
tout près de l’orbite; troisième article grele, cylindrique, et
plus long que le second. Troisième article des patos-màchoires
externes très-dUaté vers l’angle antérieur et externe. Quelques
pods sur les pâtes , et même sur la carapace. Couleur brunâtre.
Patrie inconnue. (C, M.)
2. Paeamicippe platipède. — P. platipes (i).
Pâtes des quatre dernières paires déprimées et lisses en
dessus. Carapace légèrement tuberculeuse en dessus; rostre
lortement inlléclii et terminé par deux dents triangulaires;
bords latéraux granuleux; troisième article des pates-mâchoires
externes peu ou point élargi vers l’angle antérieur et externe.
Longuem environ un pouce.
Habite la mer Rouge.
Le Cancer thalia de Herbst ( PI. 58 , lig. 3 ) , parait ap-
partenir aussi à ce genre.
(i) Micippe platipes. Ruppcll. Cnist. de la mer Rouge , PJ. i,
fig. 4.
ITîSTOIRK NATURELLK
?>u
XIV. GENKE PÉRICÈRE. — Pericera (i).
Les Péricères ressemblent beaucoup par leur forme géné-
rale aux Pises, mais s’en distinguent par divers caractères,
et surtout par la disposition des orbites. Leur carapace
( PI. \^bis . fig. 5 ), très-allongée et plus ou moins ti-ian-
gulaire, est un peu bombée et inégale en dessus. Le rostre
est horizontal et formé par deux grandes cornes coniques ,
acérées et ordinairement divergentes. Le front est très-large
et occupe à peu près deux fois autant d’espace que la base
du rostre. Les orbites sont circulaires , très-petits et extrê-
mement profonds; ils sont dirigés directement en dehors,
et remplis en entier par les pédoncules oculaires , qui y
sont renfermés comme dans une gaine, les dépassent à peine,
et ne peuvent se reployer ni en avant ni en arrière { fig. 4- ) !
leur bord supérieur est très-avancé et présente une fissure.
L’article basilaire des antennes externes est extrêmement
grand , et présente à peu près les mêmes dispositions que
chez les Micippes ; car il est beaucoup plus large en avant
qu’en arrière , et se termine par un bord transvei-sal très-
étendu , qui se soude au front sur les côtés du rostre ; la po-
sition de la tige mobile des antennes externes varie un peu ,
tantôt elle s’insère sous le rostre , tantôt un peu en dehors
du bord latéral de ce prolongement , mais toujours très-
près de la fossette antennaire et très-loin de l’orbite. La dis-
position des pates-mâchoires externes , ainsi que celle du
plastron sternal, des pâtes et de V abdomen , est à peu
près la même que chez les Pises.
(l) Cancer. Herl). Mina. 15o.se, t. 1; — Latr. Hist. liai. îles Grust.
t. yi ; — Pisa. Latr. Encyc. t. X; — Pericera. Latr. K. Anim.
2». éd, , t. IV , P 58.
DES cntlSTACÉS.
335
A. Especes dont les angles antérieurs dit bord orbitaire
supérieur se prolongent en une forte épine qui dépasse
de beaucoup l’article basilaire des antennes externes.
1.
pÉRicÈRE coRMUE. — P. comiita
Cornes du rostre styli formes, tr'es-dioergentes , et égales
en longueur àlalargeui-dn fi'ont. ( PI. i4 Ws , fig. 5.) Carapace
illégale et sans épines notables à sa face supérieure, mais armée
sur les bords d’une ceinture d’épines grosses , très-longues et
aiguës, dont une est placée sur les régions bépatiijues , trois sur
lesbrancbiales, et une, impaire, sur la région intestinale. Article
basilaire des antennes externes armé en avant d’une petite épine
cfui ne dépasse pas le front ; deuxième article cylindrique grêle,
allongé et inséré sous le rostre ; troisième article n’ayant pas la
moitié de la longueur du second. Pâtes antérieures cylindri-
ques , de la grandeur ou un peu plus fortes et plus grosses
que les suivantes; bras épineux; pinces très-gréles. Pâtes
suivantes médiocres, celles de la seconde paire n’ayant pas
une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de
la carapace. Corps couvert d’un duvet brunâtre. Longueur ,
3 à 4 pouces.
Habite les mers des Antilles. (C, M. )
2. Péricère cornigère. — P. cornigera {2).
Cornes du rostre styliforines , parallèles et contiguës
dans toute leur longueur. Carapace couverte sur les bords ,
comme en dessus , de tubercules plus ou moins pointus , ren-
(1) Ilorned Crab. Griflilh Hughes. Hist. n.at. of barbados ,
IM. a.5, fig. 3. Congrejo corniUo. Parra. Dcscripcion de differentes
piezas de Historia natural, PI. 5o, tig. 3 Cancer cornudo. Hevh.
PI. 5g, ilg. 6: Ma'ia taunis. Laiiik. Hist. des Anini. sans vert. , t. V,
p. 3.42.
(2) Pisn cornigera. Latr. Kncyc.,t. X, p. i4'-
HISTOIRE NATURELLE
336
fle'e et arrondie en arrière. Dents de l’angle antérieur du bord
orbitaire supérieur, petites, pointues et recourbées en haut. Ar-
ticle basilaire des antennes externes amié d’une épine termi-
nale ; deuxième article élargi vers le bout et guères plus long
fpiele troisième. Pâtes garnies de tubercules ou d’épines sur
leur troisième article. Celles delà seconde paire, chez le mâle,
une fois et demie aussi longues que les suivantes, mais n’ayant
cependant qu’une fois et demie la longueur de la portion post-
frontale de la carapace. Tarses gai'nis en dessous de pointes
cornées. Longueur, environ 2 pouces.
Habite l’Océan indien. ( C. M. )
E. Especes dont la dent terminale de l’article basi-
laire des antennes externes dépasse de beaucoup
l’angle antérieur du bord orbitaire supérieur.
3. Prricère a trois épines. — P, trispinosa (i).
Portion postérieure de la carapace triangidaire , et
armée de trois fortes épines , dont deux latérales et une
médiane dirigée en arriére. La forme générale de ce Crus-
tacé dillère peu de celle de la Pise armée , seidcmcnt les bos-
selures de la carapace sont moins élevées, le front est plus large
et le rostre plus court, les angles antérieur et extérieur des or-
bites sont très-obtus ; la tige mobile des antennes externes
s’insère Immédiatement au-dessous du bord latéral du rostre ;
enfin les pâtes de la seconde paire sont de la longueur de la
j)ortion post-frontale de la carapace seulement , et leur troi-
sième article est un peu noduleux vers le bout. Longueur, en-
viron I pouce et demi ; corps couvert d’un duvet jaunâtre très-
court.
Ilaltite les Antilles. (C. M.)
(1) Pisa trispinosa. Latr. Eiicyc. t. X, p. 142. Pericera trispinosa.
EcUv. Guérin, Icon. Cr. PI. 8, lig. 3.
np.s GTt USTAC l's.
4- PÉEinKiiE BICORNE. — P.biconia (tj.
Carapace arrondie posléricurement et sans épine mé-
diane au-dessus de l'insertion de ï abdomen; cornes du
rostre très- divergentes. Carapace couverte de tubercules ar~
ï ondis , armée d une petite épine transversale sur chaque ré-
gion branchiale , mais du reste peu ou point épineuse ; bord
supérieur de 1 orbite a angles peu saUlans et marqué de 2 fissu-
res, lige mobile des antennes externes insérée entre le bord
du lostre et la dent terminale de l’article basilaire de ces appen-
dices ; son premier article élargi et presque aussi long que le
second. Pâtes a peu près comme dans l’espèce précédente.
Longueur, environ i pouce ; couleur jaunâtre ; légèrement pu-
bescent.
Habite les Antilles. ( G. M. )
XV, GENRE STÉNOCINOPS. — Sténocinops (2).
Ces Crustacés sont très-voisins des Péricères; leur forme
générale est à peu près la même , et ils n’eu diffèrent guères
que par la disposition des yeux. La carapace est étroite ,
très-inégale et garnie en arrière d’un grand prolongement
triangulaire qui recouvre l’insertion de l’abdomen ; le rostre
est forme de deux cornes styliformes et divergentes ; le
bord supéi leur de 1 orbite est ai'mé d’une corne analogue à
celles du rostre , mais dirigée plus obliquement. Les tiges
oculaires sont minces , immobiles et extrêmement saillantes ;
leur longueur égale la moitié de la plus plus grande lar-
geui du corps ; les antennes internes ne présentent l’ien
de lemarquablc; le premier article des externes est beau-
coup plus long que large, le second est grêle et s’insère sous
(1) Pisa licornnta. Latr. Encyc. t. X, p. i4i.
(2) Cancer. Heib., ; Sténocinops. Latr. R. Auim., 2' ëd. , t- IV,
p. êg.
CRUSTACÉS, TOAIE I. 22
histoire Naturelle
338
le rostre un peu au devant du niveau des yeux , et à une dis-
tance à peu près égale des orbites et des fossettes antennaires.
AJèpislome estpresque carré, et le troisième article des pates-
màchoires externes extrêmement dilaté vers l’angle externe
et antérieur; en dedans et en avant il présente une échan-
crure étroite et profonde, hes peites sont greles et cylindi i-
ques; chez la femelle, celles delà première paire ne sont
cuères plusgrossesque les autres et sont beaucoup plus cour-
tes que les secondes ; la longueur de celle-ci dépasse un peu
celle de la carapace (le rostre compris ) , et les suivantes de-
viennent progressivement pins courtes ; l’article qui les tei--
mine est acéré et recourbé. Enfin Y abdomen de la femelle
n’est composé que de cinq articles, les trois anneaux qui
précédent le dernier étant soudés entre eux ; quant à celui
du mâle , nous n’en connaissons pas la disposition.
1. Stenocekops cervicobne. — S. cen^icornis {i ]•
Carapace bosselée et garnie de tubercules ; cornes du rostre
et du bord orbitaire supérieur grêles , tres-longues et à peu près
égales entre elles ; deux grosses élévations coniques sur les côtés
de chaque région hépatique ; antennes externes moins longues
que le rostre f pinces ftnement dentées et un peu courbées en de-
dans; pâtes lisses ; longueur, l ou 3 pouces.
Habite rtle-de-Frauce. { C. M. )
XVI. G^EWRE MEj^^ÆTIlIE. — JkfenŒtkius (2).
Les^ Crustacés de cette petite division générique ont le
port des Pisés, et établissent le passage enti-e ces animaux
et les Ilalimes. Leur carapace , environ une fois et demie
aussi longue que large , est extrêmement rétrécie antcrieu-
(i; Cancer cctvicornis. Hcrb. PI. 58, fig. 2. Stcnocinops cervicor-
nis. Latr. Cuériu Icon. Cr- PI- 8 bis , üg. 3;
(li) Pisa. Liitr. lincyc. t. X, p. iSg.
DES CfttSTACES.
339
rement , et a la forme d’un triangle allongé et arrondi à sa
base. Le rostre (PI. i5,fig. 12) est formé par un grandstylet
pointu , qui est placé sur la ligne médiane du corps , et oc
cupe environ le tiers de la longueur totale de la carapace. Les
angles antérieursdes sont surmontés d'une grande dent
pointue et horizontale qui se dirige en avant ; les bords de
ces cavités ne présentent pas de fissures et entourent exacte-
ment la base du pédoncule oculaire qui est court et peu
mobile, l^a disposition des (miennes externes , des pates-
mdchoires externes , et des pales thoraciques , est la même
que dans les Pises , seulement il existe à la face inférieure
des tasses deux rangées de pointes coi'nées. \I abdomen du
mâle se compose de sept articles distincts ; mais chez la
femelle on n’en compte que cinq, dont l’avant-dernier
est formé par la soudure de trois anneaux. ( PI, 16, fig. i3. )
I. Mencetiue licokhe. — M. monoceros (1).
Face supérieure de la carapace bossele'e, mais presque horizon-
tale ; 3 petits tubercules disposés en triangle sur la région sto-
macale et I sur chaque région branchiale; Lords latéro-autérieurs
divisés en trois dents irrégulières, triangulaires et peu saillantes;
troisième article de toutes les pâtes armé de quelques épines;
celles de la deuxième paire beaucoup plus longues que les sui-
vantes. Longueur, environ 10 lignés ; rostres garnis de poils, cou-
leur brunâtre.
Habite les côtes de l’Ile-de-Fiance , la mer Rouge et l’Océan
indien. ( G. M. )
Le PtsE ESPADON de M. Latreille [P. xyphias , Eneje.
t. X, p. i4o) paraît être très-voisin de l’espèce précédente. Il
en est probablement de même de I’Ikaciius anoustatus de
Fabricius ( Suppl. Ent. Sept. p. 357 ).
(i) Pisa monoceros. Latr. Encyc. t X, p. 'Sp. Inachus arnbicus,
Ruppell. Cmst. de la mer Rouge, P). 5,tig 4-
a a
34o
IFISTOIP.E NATURELLE
XVII. GENRE HALIME. — Halimus (i).
Les Halinies établissent le passage entre les Eurypodes ,
les Pises, les Menœthies et les Acanthonyx. Ils ne s’éloignent
guères des premiers que par la longueur beaucoup moins
grande de leurs pâtes, par la forme du troisième article des
pates-mâchoires , etc. ; ils ressemblent aux Pises par la forme
générale de leurs corps , et la disposition de leurs yeux les
rapproche des Menœthies et des Acanthonyx.
Ces Crustacés ont la carapace ( toujours le rostre com-
pris ) environ une fois et demie aussi longue que large ,
et bombée en dessus. Le rostre est avancé et formé de deux
gi-andes cornes divergentes ; le bord orbitaire supérieur est
saillant , et les bords latéro-antérieurs de la carapace sont
presque toujours droits et portent des épines très-fortes.
Les yeux ne sont pas rétractiles , et dépassent notablement
les bords de l’orbite, qui se prolonge en arrière avec un
sillon qui en représente la portion post-foraminaire. Le pre-
mier article des antennes externes et très-long , di'oit et à
peu près de même largeur à son extrémité qu’à sa base ;
l’insertion de la tige mobile de ces appendices n’est pas
recouverte par le rostre. Uépistome est très-grand et à peu
près carré. Le troisième article des pates-mâchoires est
fortement dilaté en dehors. Les régions ptéry gostomiennes
très-petites. Lestâtes antérieures grêles], et de longueur mé-
diocre chez le mâle aussi bien que chez la femelle. Les pâtes
suivantes sont longues , grêles et comprimées ; leur avant-
dernier article est élargi en dessous et tronqué en manière
de pince subchelifbrme , à peu près comme chez les Euri-
podes J enfin l’abdomen du mâle se compose de sept seg-
(i) Cancer, Herbst. — Maia. Bosc. — HaVmiiSf Latr. Fam. nat.
p. aja, etReg. Anim. a', éd. t. IV, p. 6o.
DES CKUSTACÉS. 34^
mens chez le mâle et de cinq seulement chez la femelle
adulte.
Ces Crustacés habitent l’Océan indien.
I. Halime BELIER. — H. avies (i).
Bord postérieur de la carapace armé sur la li/rne mé-
diane d'une forte épine dirigée en arriére', une petite épine
placée en arrière de l’ orbite et suivie d’un prolongement lamel-
leux armé de deux grosses épines ; 3 grosses épines dirigées en
dehors sur chaque région branchiale ; 5 petites pointes sur la ré-
gion stomacale, i sur la génitale et une grosse épine sur l’intes-
tinale immédiatement en avant de la postérieure déjà mention-
née. Pâtes peu élargies en dessus et portant une multitude de
petites pointes sur la portion tronquée du bord inférieur de leur
avant-dernier article. Taille, i pouce.
Habite l’Océan indien. ( C. M. )
3. IIalime oreillard. — - II. auritus (2).
Point d’épine notable sur le bord postérieur de la cara-
pace, ni sur la région intestinale. On. retrouve du reste les me-
mes épines que dans l’espèce précédente, seulement elles sont
beaucoup plus petites, et les deux qui occupent le bord de la
région hépatique ne se confondent jias à Icui- base de manière
à former un petit prolongejneut îanielleux. Pâtes des 4 derniè-
res paires beaucoup plus comprimées que dans l’espèce précé-
dente et garnies de longs poils. Longueur, environ 2 pouces et
demi.
Habite l’Océan indien. (C. M.)
(i) Latr. Coll, du Mus. — Guérin. Iconog. Cr. PI. 9, lig 2.
(a) Pisa niirita. Latr. Eucyc. t. X, [i. i jo.
3^2 HISTOIRE NATÜKELEE
XVIII. GEKRE ACAINTHONYX. — Acanthonyx {i].
LesAcanthonyx ont avec les Halimes beaucoup plus derap.
port qu’on ne le croit généralement ; car c’est à tort que M. La-
treille leur assigne pour caractère des yeux rétractiles ; à cet
égard, ils ne diffèrent pas des Halimes, et ils s’en rapprochent
aussi par la disposition presque subcheliforme de leurs pâtes.
La carapace de ces Crustacés (PI. i5, fig. 6), est aussi
allongée que celles des Halimes, mais elle est moins
bombée et bien moins épineuse. Le rostre est horizontal et
formé de deux cornes aplaties et divergentes ; les orbites
sont circulaires et occupées en entier par la base du pédon-
cule oculaire qui les dépasse d’une manière très-notable
( fig. 7 ). La disposition des antennes, de Yépistoine et des
pates-mdchoires est à peu près la même que chez les Ha-
limes; enfin les pales sont courtes , assez grosses ; et celles
des quatre dernières paires sont très-comprimées ; leur cin-
quième article est élargi en dessous, échancré près du bout ,
et armé d’une dent pilifère contre laquelle le doigt vient
se replier en manière de pince ; celles de la seconde paire
présentent cette disposition particulière d’une manière en-
core plus marquée que les postérieures.
3. Acanthohyx lunule.. — A. lunulatus {i).
(PI. i5 , lig. 6-8. )
Point d’épines à l’angle orbitaire externe ^ bords laté-
raux de la carapace armés de trois dents, dont l’anté-
rieure est recourbée en avant. Carapace légèrement convexe
et presqu’une fols et demie aussi longue que large; rostre ter-
(1) Maïa. Risso- — Libinia. Desm — Acanthonyx, Latr. R. Anim.
28. éd. t. IV , p. 58.
(2) Main fartflta. Risso , Crust. de Nice , PI. i , fig. 4 ! — Acantho-
nyx lunulatns. Latr. Reg. Anim. a', éd. , t. IV , p. 58 ; — Guérin,
Icon. Cr. PI. 8, fig. i.
des crustacés. 343
miné par deux cornes séparées par une échancrure semi-circu-
laire ; angle antérieur des orbites surmonté d une dent assez
forte’ et dirigée en avant; les deux dents postérieures du bord
latéral de la carapace petites, arrondies et obtuses. Pâtes anté-
rieures du mâle beaucoup plus grosses , mais pas plus lonpes
que les suivantes ; quatrième article de celles-ci arrondi en
dessus; leur cinquième article garni de poils sur la portion
tronquée de son bord inférieur, et les tarses armés en dessous
de deux rangées de pointes. Abdomen du mâle compose de
six articles , le quatrième et le cinquième anneaux étant soudes
entre eux. Longueur, 8 lignes; corps lisse, avec quelques fais-
ceaux de poils sur le front, etc. ; couleur vert foncé, passant au
jaune par l’action de l’alcool. . . , , ■ 1
Habite les côtes de la Provence et la baie do JNaples, ou il
se trouve dans les fentes des rochers tapissés d’algues.
4. Acanthonyx de petiver. — A. petweril (1).
Point Æ épines à l’angle externe des orbites^ bords la-
téraux de la carapace armés de trois dents, dont l’ante-
rieure tr'es-grande, aplatie et arrondie, n’est pas recourbee
en avant , et dont les deux postérieures sont Ires-pelUes
et obtuses. Cette espèce ressemble du reste à la précédente,
seulement la carapace est moins convexe , les dents des angles
orbitaires airtérieurs sont plus fortes et plus élevées ; les pâtes
antérieures sont un peu plus fortes, et lem- quatrième article
est caréné en dessus. Lougueiu-, 8 lignes.
Habite les Antilles.
5. Acahthomyx dentée. — A. dentatus.
Une dent spiniforme à l’angle externe des orbites
Bords latéraux de la carapace armés de deux dents ties
(i) Cancer muricalus compressum
PI. 20, fig. 8.
.Petiver. Petrogvaphia americana,
^44 lUS l OJK E N AT U BELLE
grandes, aplaties, triangulaires et pointues. Pâtes des quatre
dernières paires en carène sur le bord supérieur. Abdomen du
male formé de sept articles distincts; du reste, semblable aux
especes précédentes.
Habite le cap de Bonne-Espérance. (G. M. )
XIX. genre ÉPIALTE.-^;;m//„,.
Les Crustacés dont nous formons le genre Épialte , éta-
blissent a quelques égards le passage entre les Hoclées et
les Acanthonyx, mais se rapproehent bien plus de ces
clern,eres.Leurc«r.a;Tace (PI. ,5,fig. „) est presque cireu-
laiie ou plutôt hexagonale , guères plus longue que large,
reguherement bombée et lisse en dessus. Le rostre est étroit ,
triangulaire, et peu ou point divisé; les bords latéro-
anteneurs de la carapaee sont très -courts, et forment
avec les bords latéraux un angle très-ouvert. Les j-eux
sont extrêmement courts et ne dépassent pas notable-
ment l orbite, qui est circulaire et à bords entiers ; cepen-
dant ils paraissent susceptibles de s’y recourber un peu en
arriéré. La région antennaire est très-petite : la tige mo-
bile des antennes externes s’insère sous le rostre, assez loin
au devant de l’orbite, et l’article basilaire de ces appendices ,
qui latéralement ne se distingue pas des parties voisines
U teste , est presque triangulaire et très-étroit à son ex-
tremue; il paraît foi-mer la totalité de la paroi orbitaire
inferieure; le second article de ces antennes est un peu
élargi et presque deux fois aussi long que le troisième. L’é-
pistomeest petit et carré; pates-mdchoires externes
sont grandes, et leur troisième article est presque carré; il
n est pas sensiblement élargi en dehors , et seulement un peu
echancre a son angle antérieur et interne , dans le point où
Il se joint al article suivant. Le plastron sternale^ à peu
près circulaire, et sa suture médiane anticipe sur l’avant-der-
nier segment. Les pâtes antérieures sont assez fortes et les
pinces Icgercment creusées en cuillère. Les pâtes suivantes
UES CRUSTACES,
345
sont cylindriques , et on remarque au bord inférieur de
leur avant-dernier article , un petit tubercule setifère plus
ou moins saillant ; mais leur dernier article , qui est garni en
dessous de deux rangées de petites épines , est peu flexible ,
de façon que ces organes ne peuvent agir qu’en manière de
pince ; ce tubercule ne devient bien apparent qu’aux pâtes
postérieures. Les pâtes de la seconde paire sont beaucoup
plus longues que toutes les autres. Enfin , le nombre des ar-
ticles de Yabdomen varie chez le mâle de six à sept.
Ces Crustacés habitent les côtes du Chili.
3. Epialte BiTUBERCui.É. — JS. bituberculatus.
Rostre entier, deux angles saillans de chaque côté de
la carapace et deux tubercules sur la région stomacale.
Dans cette petite espèce , dont la longueur n’est que de trois ou
quatre lignes, les pâtes sont courtes, l’abdomen du mâle com-
posé seulement de six articles, et la couleur générale d’un brun
jaunâtre.
Habite les côtes du Chili. ( C. M.)
3. Epialte deîïté. — JS. dentatus.
Rostre bifide ^ une petite dent au devant de chaque or-
bite, et trois dents spiniformes de chaque côté de la cara-
pace sur son bord latéro-antérieiir ; carapace tres-bonibée.
Pâtes longues, ayant sur le bord inférieur du métatarse im pe-
tit tubercule pilifère et le tarse garni en dessus de deiux ran-
gées de petites épines. Abdomen du mâle composé de 7 an-
neaux distincts. Longueur, 3 à 4 pouces.
Habite les côtes du Chili, (C. M.)
XX. GENRE LEÜCIPPE. — Lcucippa (i).
Les Lcucippes ont beaucoup d’analogie avec les Acantho-
(i) Leudppn. Lihv. Anu. de la Soc entomologique, t- HI.
HISTOIRE NATURELLE
3|6
nyx, et ellesétablissentsous quelques rapports un passage entre
les Maïens et les Parthc'nopiens. La forme de leur carapace
est assez semblable à celledes Eurynomes, seulement, aulieu
d’être inégale et hérissée de tubercules comme chez ces Crus-
tacés, sa surlace est parfaitement lisse (PI. i5, fig. 9) ; sa lon-
gueur n’excède que de peu sa largeur, sa portion antérieure
est à peu près triangulaire , et ses bords latéro-antérieurs
avancés et tranchans. he rostre est horizontal, avancé, très-
large, etformé de deux cornes lamelleuses. Les orbites sont in-
complets, et l’œil ne peut pas s'y cacher en entier; le bord
supéi'ieur de ces cavités est droit , et va rejoindre la base de la
première dent du bord latéro-antérieur de la carapace, de fa-
çon à former une échancrure triangulaire ; le bord externe de
l’article basilaire des antennes externes constitue la portion
interne de leur paroi inférieure ; mais en arrière et en bas
elles ne sont limitées par rien , et on pourrait dire avec raison
qu’il n’existe pas de portion post-foraminaire de l’orbite
(fig. 10). hesyeux sont petits et portéssur un pédoneule très-
court ; lorsqu’ils se reploient en arrière, ils ne dépassent que
de peu la ligne transversale, et ils s’appliquent sur l’angle
du bord latéro-antérieur de la carapace. Le premier ar-
ticle des antennes externes est étroit dans toute sa lon-
gueur ; le second et le troisième sont complètement ca-
chés sous le rostre , et ce dernier est presque deux fois
aussi long que celui qui le précède. Uépislome n’est pas
très-développé , et les pates-mâchoires externes ont leur
troisième article très-dilaté en dehors , et légèrement tron-
qué à son angle antérieur et interne. Les pâtes sont courtes ,
comprimées, et suianontées dans presque toute leur lon-
gueur d’une crête tranchante. Enfin, ï abdomen des femelles
est composé de sept articles , et couvre tout le plastron ster-
nal ; quant à celui du mâle , on ne le connaît pas.
Ce genre appartient à l’Océan Pacifique.
DES CRUSTACES,
Uy
I. Leucifpe pantagoke. — L. pentagona (i).
(Pl i5, fig. 9-10.)
Rostre arrondi en avant et divisé par une fissure étroite ; bords
latéro antérieurs de la carapace tranchans et découpés en trois
grandes dents , dont l’antérieure constitue l’angle orbitane
externe ; article basilaire des antennes externes armé en dehors
d’une crête longitudinale très-saillante ; région ptérygostomienne
garnie d’une série do dentelures ; pinces , petites et dentées ;
pâtes des quati'e dernières paires pubcsceules en dessous. Lon-
gueur, 4 ligues; couleur gris pâle; mâle inconnu.
Habite les côtes du Chili. (G. M.)
TRIBU DES PARTHENOPIENS.
Ce groupe naturel correspond à peu près au genre
Parthenope, tel que Fabrici us l’avait créé, et éta-
blit le passage entre les Maïens et les Cyclomê-
topes. La carapace de ces Crustacés est ordinaire-
ment triangulaire, et guères plus longue que large;
en général, ses bords latéro - postérieurs sont presque
transversaux , et les latéro-autérieurs suivent la meme
direction que les bords du rostre ; mais quelquefois
les parties latérales de la carapace sont arrondies ; sa
surface est presc[ue toujours bosselée et tuberculeuse.
Le rostre est en général petit et entier, ou seulement
écliancré au bout; les jeux sont presque toujours
parfaitcmentrétractiles ; l’article basilaire des antennes
externes présentequelquefoisla même disposition que
chez les Maïens ; mais, dans la grande majorité des
(0 Ann. de la Soc. Entom. , t. 3, pl-
34^ llISroll’vE NAÏUUELLE
cas , il en est tout autrement : cet article est petit , et
ne se soude pas aux parties voisines du test ; son tord
externe ne concourt pas à former la paroi orbitaire
inférieure, et son extrémité n’atteint pas le front;
enfin, la tige mobile de ces antennes est courte, et
prend naissance dans un hiatus de l’angle orbitaire
interne. Uépistonie est beaucoup plus large que
long, et la forme des pates-mâcboires externes est à
peu près la même que chez les Maïens. Les pâtes an-
térieures sont très-développées, et s’écartent presqu’à
angle droit du corps; chez le mâle elles sont toujours
plus de deux fois aussi longues que la portion post-
frontale de la carapace , et quelquefois elles ont quatre
fois cette longueur ; la main est presque toujours trian-
gulaire , et la pince brusquement recourbée en bas ,
de façon que son axe forme un angle très-marqué avec
celui de la main. Les pâtes suivantes sont au contraire
courtes; en général, celles de la seconde paire ont
moins d’une fois et demie la longueur de la portion
post-frontale de la carapace, et les autres diminuent
progressivement. Enfin , Vabdomen présente encore
des différences assez grandes dans le nombre des ar-
ticles distincts que l’on compte chez le mâle, tandis
que chez la femelle leur nombre est toujours de sept.
Les Partlienopiens habitent des parages très-variés;
on en trouve dans la Manche , dans la Méditerranée ,
dans l’Océan indien, etc. On ne sait que peu de choses
sur leurs mœurs.
Cette tribu se compose de cinq genres pouvant
être distingués par les caractères indiqués dans le ta-
bleau ci-joint.
n
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G
H
K-
2
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29
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TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCIPAUX CARACTÈRES GÉNÉRIQUES DES PARTHÉNOPIENS.
DES CRUSTACÉS.
349
I. GENRE EUMEDON. — Eumedoniis.
Les Euniédons établissent en quelque sorte le passage entre
les Sténorhynques , les Acliées, d’une part, et les Eury nomes,
lesLambres et les Panthenopes de l’autre. En effet, la forme de
la carapace {T?\. i5,fig. 17 ) est presque pentagonale comme
chez ces derniers, mais ce bouclier dorsal est en même temps
comme rejeté en avantetellenedépasseguèresleniveau des pâ-
tes delà troisième paire , disposition qui rappelle et qui existe
chez les premiers. Le corps esX déprimé; le rostre , très-large
et très-avancé, n’est divisé que vers son extrémité ; \e&yeu.v
sont très-courts, et leur pédoncule remplit entièrement les or-
bites qui sont circulaires , caractère qui rapproche encore ces
Crustacés des Sténorhynques; les antennes internes se re-
ploient très-obliquement en dehors , et les externes sont peu
développées ; leur premier article ne concourt pas notablement
à la formation de la paroi inlérieure de l’orbite ; leur tige
mobile naît dans la fente que laissent entre eux les deux angles
internes de cette cavité, à peu près comme cela a lieu chez les
Parthénopes , et leur article terminal est très-court. JJépi-
stome est moins long quechez la plupart dcsOxyrbynques. Les
pates-mâchoires ea;’ier72cs ne présentent rien de remarquable.
Chez le mâle les pâtes thoraciques de la première paire sont
grosses et beaucoup plus longues que les suivantes ; toutes
celles-ci sont un peu comprimées; et leur troisième article
est surmonté d’une crête qui ne se voit pas distinctement
sur les autres articles ; les pâtes de la seconde paire sont un
peu plus courtes que celles de la troisième et celles de la cin-
quième paire , qui sont presque aussi longues que les qua-
trièmes, au lieu d’être placées sur le même niveau, qu’elles sont
insérées au-dessus de manière aies recouvrir en partie. Enfin
t abdomen du mâle se compose de sept articles , dont les deux
premiers se voient à la face dorsale du corps en avant de la
carapace. Quant à celui de la femelle , nous n avons pas eu
l’occasion de l’examiner.
Ce genre appartient aux mers d’Asie.
35o
HISTOIRE NAttREtlE
I. Eumédon mègre. — K. niger.
( PI. i5, fig. 17 )
Cette petite espèce d’Enméclon , la seule que nous connais-
sions , se fait remarquer par le grand prolongement qu’on lui
voit de chaque côté de la carapace ; ces pointes sont dirigées en
dehors et leur hase occupe toute la région hépatique. La face
snpéricure de la carapace présente quelques dépressions et est
recouverte, comme tout le reste du corps, de petites granulations
miliiaires; le rostre est très-large, plat, largement échancré an
bout, et d’environ le tiers de la longueur de celle de la carapace
en entier; les pâtes antérieures sont années d’une forte épine
qui occupe le bord inférieur du carpe , et de deux petites pointes
placées sur le bord supérieur de la main qui est un peu ren-
flée ; les pinces sont garnies de quelques dents ai-rondies , et elles
ne sont pas sensiblement recourbées en dedans ; les autres pâtes
sont légèrement poilues ; enfin la couleur générale de l’animal
est d’un noir bronzé.
Habite les côtes de la Chine. (C. M. )
IL GENRE EURYNOME. — Eurynome{\).
Le genre Eurynome de M. Leach établit le passage entre
les Parthénopes ou les Laïubres et les autres Oxyrhinques. En
efl'et, la forme générale ducorps et son aspect (PI. i5,fig. 18)
rapprochent ces Crustacés des Parthénopes , tandis que la
disposition de leurs antennes externes est semblable à ce que
1 on voit chez les Maia , etc. La carapace a presque la forme
d’un triangle à base arrondie; elle est fortement bosselée
et couverte d’aspérités. Le rostre est horizontal et divisé en
deux cornes triangulaires Les, yeux sont petits; les orbites
sont profondes ; leur bord supérieur est très-saillant , et sé-
(t) Cancer. Penii ; Æuryiiome. Leach. Edimb. Ency. 7, p. /fil,
etc. ; — Desm. p. i4i ; Pnithenope. Latr. Reg. anim. 2e, édit., t. IV,
p. 57.
DES CRUSTACÉS. 35l
paré de l’angle externe par une fente. Les antennes internes
se reploient longitudinalement ; le premier article des ex-
ternes se termine à l’angle interne de l’orbite , et porte
l’article suivant au bord supérieur de son exti'émité , de sorte
que la tige mobile de ces antennes , qui se prolonge sous le
rostre , paraît naître du canthus interne des yeux. L’épistome
est à peu près carré , et le troisième article des pates-niâchoi-
res externes fortement dilaté en dehors. ILe, plastron sternal
est à peu près ovalaii-e , et sa suture médiane occupe les deux
derniei’s anneaux thoraciques. Les pâtes de la première
paire ne sont guèi'cs plus grosses que les suivantes ; chez le
mâle elles sont assez longues , tandis que chez la femelle elles
sont très-courtes, mais moins cependant ([ue celles de la se-
conde paire j les pâtes suivantes diminuent progressivement
de longueur. Enfin , \ abdomen se compose dans les deux
sexes de sept articles.
I. Eurynome rugueux. — E. aspera (i).
(PI. i5, fig. i8.)
Carapace à régions très-distinctes, rugueuse, avec une grosse
dent triangulaire à l’angle externe de l’orbite et trois ou quatre
plus petites le long du bord latéral sui- la région branchiale;
lige mobile des antennes externes très-courte , ses deux pre-
miers articles ti'ès-petits. Pâtes antérieures tuberculeuses et un
peu comprimées , presque droites chez la femelle , et avec la
pince recomhée en dedans chez le mâle ; pâtes suivantes ru-
gueuses et garnies d’une crête qui est le plus marquée sur le
troisième article. Longueim, environ un demi-pouce ; couleur
rosée avec des teintes bleuâtres.
Habite les côtes de Noirmoutier(et de la Manche , a d assez
grandes profondeurs. (C. M.)
(l) Cancer aspera. Penn. t. IV, PI. 9, %■ -20. Earynome aspera.
Leacli, Mulac. PI. 17; — Latr. Eiicy- métli. PI. 281, tig. 4 .copiée
(le Peuiiaut), et PI. 3oi, fig. i, 5 (copiée de Leacli). — Uesm. PI. 20,
fig. 2. — Guérin, Icon. Cv. PI. 7, iig. 4'
■^>52 niSTOIRE NATCREtr.E
M. Risso a donné dernièrement le nom d’EuRYwOME ecus-
sONNÉ { Higt. nat, de FEur. inérid. t. V, p. 21) à un Crustacé
de la Sléditerranée , rjui parait avoir beaucoup de rapport avec
l’espèce que nous venons de décrire ; mais il ne Ta pas fait con-
iiaiti’e avec assez de détails pour que nous jmissions le rapporter
avec certitude à ce genre , ou le distinguer de l’Eurynome ru-
gueux.
m. GEKRE LAMBRE. — Lambrus (i).
Les Parthénopiens , dont M. Leach a formé le genre Lam-
Irre , sont remarquables par la longueur excessive de leurs
pâtes antérieures et par la forme de leur carapace ; elle est
en général à peu près aussi longue que large , arrondie sur
les côtés , et rétrécie en avant ,• les régions branchiales sont
très-développées , renflées et séparées de la portion moyenne
de la carapace par un sillon profond ; la région stomacale
au contraire est très-étroite ; enfin la face supérieure et
les bords du test sont toujours plus ou moins tubercu-
leux ou épineux. Le rostre est petit , mais assez avancé.
Ijesyeux sont parfaitement rétractiles , et les orbites presque
circulaires ; les parois de ces cavités présentent une fissure
sur leur supérieur et un hiatus large et profond au-dessous
du cantbus interne de l’œil. Les antennes internes se re-
ploient obliquement , et les fossettes qui les logent se con
tinuent en général sans interruption avec les orbites , car
l’espace qui sépare du front l’angle interne du Imrd orbi-
taire inférieur est loin d’êti'e remplie par le pédoncule des
antennes externes» Le premier article de ces appendices est
extrêmement petit et guères plus long que large ; le second
est plus allongé /mais il n’atteint presque jamais le front , et
s avance entre l’article basilaire de l’antenne interne et le
bord interne de la paroi inférieui;e de l’orbite; enfin le
(1) Cancer- Ilerb. etc. Parlhenope. Fabr. Supp. p. 352. il/nia. Boso.
etc. Lambrus» Leach. — Desni. p. 58; Parthenope. Latr. Reg. Aniïn.
2". é(l. t. IV, p. .56.
DKS CRUSTACÉS. 353
troisième article naît dans l’hiatus qui occupe l’angle in-
terne de cette cavité , et le quatrième ou filet terminal est
très-court. L’épistome est peu développé, et beaucoup plus
large que long ; les régions ptérigostomiennes sont petites
et presque triangulaires. Les pates-mâchoires externes ne
présentent rien de remarquable ; le plastron sternal est
beaucoup plus long que large. Les pâtes de la première
paire sont au moins deux fois et demie aussi longues que la
portion post-frontale de la carapace , et souvent elles ont plus
de deux fois cette longueur ; elles s’étendent à angle droit de
chaque côté du corps, ne diffèrent pas sensiblement entre elles
et sont toujours plus ou moins triangulaires ; enfin , la pince
qui les termine , est petite et brusquement recourbée en
bas et en dedans , de manière à former un angle avec
le reste de la main . Les pâtes suivantes sont courtes et
grêles ; leur longueur diminue progressivement , et celles de la
seconde paire ne sont jamais plus de moitié aussi longues que
les premières. V abdomen de la femelle ne présente rien de re-
marquable , mais quelquefois on n’y compte que six articles
au lieu de sept ; chez le mâle , les troisième , quatrième et
cinquième anneaux sont plus ou moins intimement soudés
entre eux , de façon que cette partie du corps ne se compose
que de cinq articles distincts ; quelquefois il n’en existe même
que quatre.
Les Lambres habitent la Méditerranée et l’Océan indien ;
ils vivent parmi les rochers à d’assez grandes profondeurs }
on ne sait rien de précis sur leurs mœurs.
CRUSTACÉS, . TOME I.
ad
354
histoire naturelle
§ A. Especes dont la carapace est à peu près aussi
longue que large.
a. Carapace rugueuse, couverte en dessus de-
pines ou de tubercules,
a*. Pâtes des quatre derni'eres paires ,
ayant le troisième article armé cT é-
pines.
i. Lambre longimake. — h. longimanus (i).
Rostre extrêmement petit, à peine saillant , horizontal
et formé de trois dents. Carapace presque circulaire , garnie
en dessus d’épines simples et de tubercules ; bords latéraux ar-
més d’épines très-longues et légèrement rameuses ; mains
triangulaires , presqqe lisses sw la face supérieure , garnies d’é-
pines rameuses sur le bord supérieur , et de grosses dents poin-
tues, çt à bords dentelés sur le bord externe. Queb[ues épines
très-courtes sur les bords supérieurs et inférieurs du troisième
article des pâtes des 4 dernières paires. Longueur , environ
I pouce.
Habite Pondichéry, Amboine, etc. (C. M. )
3. Lambre répugnant. — Z. contrarias (2).
Rostre grand, très- avancé, fortement incliné et dentelé
sur les bords. Carapace très-rétrécie antérieurement et cou-
verte de petites épines ; bords latéraux armés de dents courtes
(1) C. mncrochclos. Seba. t. III , pl. 19, lig. 8 , 9 et lo. — Rumph.
PI. 8, fi". 2; Cancer longinianns femiiia. Lin. Mus. Lud. Ulr. p. bf\\ ;
Herb. Pl. 19, fig. io5 (copiée d'après Ruinpb). Parthenope longimana.
Fabr. Supp. p. 353. Lambras longimanus. Leaoh. Linn. Trans. t. II,
p. 3io; — Desm. p. 85.
(2) C. contmrhis. Herb. PL bo, fig. 3. Parthenope spinimana. Lamk.
Hist. des an. sans vert. t. V, p. 289. Lambrns spinimanns. Desm.
PL 3, fig. I.
c f. U ST A et s. iJ5è
et compi’imées. Pâtes antérieures longues et grosses ; les épi-
nes de sa face supérieure et de ses bords supérieur et externe
grosses, courtes et à peine rameuses ; face intérieure de la main
garnie de tubercules simples qui se continuent jusque sur l’ex-
trémité des doigts. Troisième article des pâtes des 4 dernières
paires , armé de quelques épines courtes et disposées irrégu-
lièrement. Longueur , environ a pouces.
Patrie inconnue. (C. M. )
a”. Pâtes des quatre dernières paires sans Opines.
3, Lambre front-anguleux. — Z. angulifrons (i).
Face supérieure des mains tr'es-épiueuse. Carapace cou-
verte do tubercules arrondis; front triangulaire, horizontal et
creusé eu dessus eu une gouttière longitudinale ; pâtes anté-
rieures dentées sur les bords externes et supérieurs , lisses
en dessous et eu dedans ; bords de la carapace et pâtes de la
cinquième paire garnis de poils ; deuxième et troisième articles
de fabdomen carénés. Longueur, près d’un pouce.
Habite le golfe de Kaples et les côtes de la Sicile. (G. M )
4. Lambre pélagique. — L, Pelagicus (2).
Face supérieure des mains lisse. Carapace couverte de
tubercules arrondis ; rostre triangulaire et très-large ; troisième
article des pâtes antérieures verniqucux, ainsi que les bords
supérieur et externe des mains. Longueur, environ 10 lignes.
Habite la mer Ronge.
(i) C. nuicrocfielos alius. Aklrov. de Crusr. p. aoSP ; Paythenope
augnUfrons. Latr. Ency. inétli. t. X,p. lü. Lnmbrus monlgrnndis.
Koux , PI. 23, hg. I, 6.
(■2) Piuppell. Crust. de la mer Rouge. Pt. 4>
23,
356
HISTOIRE NATURELLE
a. a. Carapace presque entièrement lisse en dessus.
5. Lambre Massena. — Z. massena (i).
Carapace presque lisse , à peine tuberculeuse en dessus , et
dente'e sur les bords latéraux ; rostre presque horizontal , large ,
triangulaire , entier sur les bords , et creusé en gouttière supé •
lieurement ; pâtes antérieures inégales , de longueur médiocre ;
l’une d’elles très-renflée vers le bout; mains quadrangulaires ,
plus ou moins dentelées sur les bords , et à peu près lisses sur
leurs diverses faces ; quelques épines sur le troisième article
des pâtes. Abdomen du mâle composé seulement de quatre
articles distincts; femelle inconnue. Longueur, environ un
pouce; couleur, rouge-brun.
Habite les rochers volcaniques des côtes de la Sicile.
§ B. Especes dont la carapace est beaucoup plus large
que longue.
b. Face supérieure des mains hérissée d’épines
plus ou moins rameuses, et leurs bords supé-
rieur et interne armés d’epines semblables en-
tre-elles et ni comprimées ni réunies en crête.
6. Lambre hérissonne. — L. echinatus (a).
Pâtes des quatre dernïcres paires hérissées d’épines sur les
troisième , quatrième et cinquième articles. Rostre triangu-
laire légèrement denté sur les bords ; front déprimé sur la ligne
médiane. Carapace divisée en trois portions très-bombées ,
couverte de tubercules déprimés et étoilés, et armée sur les
(0 Roux, Crust. de la Médit PI. aS, fig. 7,
(2) Cancer echinatus. Herb. t. 1 PI. 19, fig. 108, lOÇ) -. Parthenope
girajfa. Fabr. Supp. p. 352; Màia echinatus et Mata giraffa. Bosc.
t. i , p. aSo ; Lambrus giraffa. Desm. p. 85. Lambrus tomentosus,
Lam. Collect. du muséum.
DES CEUSTACÉS. 35^
côtés d’épines rameuses. Pâtes de la première paire au moins
trois fois et demie aussi longues que la portion pqgt-frontale
de la carapace, triangulaires, garnies de tubercules à leur face
inférieure , et armées en dessus d’épines rameuses. Corps cou-
vert d’un duvet brunâtre. Longueur, i8 lignes.
Habite la côte de Pondichéry. (C. M. )
7. Lambre de la Méditerranée. — L. mediterraneus ( i).
Pâtes des quatre der-nieres paires garnies d’épines sur les
bords supérieur et inférieur du troisième article. Carapace
rugueuse, comme cariée et garnie de tubercules et d’épines
simples; rostre très-petit et denté sur les côtés. Mains trian-
gulaires et renflées vers le bout; leur bord supérieur, leur
bord externe et leur face supériem-e armés d’épines dont plu-
sieurs sont légèrement rameuses , et leur face inférieure cou-
verte de petits tubercules granulés qui cessent à l’origine des
doigts. Couleur rougeâtre. Longueur, près de 1 pouces.
Habite les eaux de Toulon et de JNice, parmi les rochers
coralligènes.
b.b. Face supérieure des mains plus ou moins lisse , et
ne portant jamais d’épines rameuses; leurs bords
supérieur et externe armés de dents comprimées
et disposées de manière à former une crête.
8. Lambre scie. — L. serratus (2).
Bords latéro-postérieurs de la carapace armés d'une
série de trois petites épines semblables entre elles. Cara-
pace déprimée et rugueuse; bords latéro-antériem’s ai'més de
(\) Cancer macrochelos . Herb. t. I, Pb ^9> bg. 10^?; Bnry-
nome Aldrovandi . Ri.sso, Hist. nat. de l'Eiir. inéri. t. V, p. 22. Lam-
brus Mediterraneus. Houx. Crust. de la Médit. PI. 1.
(2) C. macrochelos. Seba, t. III, PI. ao, fig- 12. C. longimanus mas.
Linn. Mus. Lud. Lit. p. 4'ii-
HISTOIRE NATüREliLE
358
huit à neuf dents triangulaires , dont la dernière est dirigée en
dehors el,extrèmeinenl longue; rostre triangulaire, dépriiim
aü milieu et à bords entiers. Mains granuleuses sur le bord
inférieur et lissés sur leurs trois faces. Longuem-, près d’un
pouce.
Habite l’Océan indien. { G. M. )
g. Lambre saisisseur. — L. prcnsor (i).
Bords latéro-postérieurs de la caràpace armés de deux
petites épines et d’une üvisihme épine extréjnenient
grande , semblable à celle qui termine le bord latéro-anté-
rieiir. Carapace déprimée et rugueuse , dentée en avant ; mains
dentées sut les bords et légèi-emeut épineuses à leur face supë-
rieiu-e.
Habite les Indes orientales.
8. Lambre caréxé. — L. carenatus.
Bords latéro-postérieurs de la carapace armés de
chaque côté de deux petites dents et d’une dent triangu-
laire très-forte , et semblable à celle qui termine le bord
latéro-antéricur. Face supérieure des mains lisses et bor-
dée par des dents qui ne laissent entre elles aucun inter-
valle. Carapace très-inégale , élevée en carène sm- les régions
branchiales et armée de trois dents en forme de crête sur la
ligne médiane ; rostre large, triangulaire et non dentelé ; bords
latéro-antérieurs finement dentelés. Troisième article des 4
dernières paires de pâtes épineux. Longueur , 8 lignes.
Habile la eâte de Pondichéry. (C M.)
Si le Lambbe lar. {Parthenope lar. Fabr. Supp. p. 354)
appartient réellement à la tribu des Parthénopiens, il paraît de-
(l) Cancer preusnr. Hei'b. t. 11, PI. 4i, üg 3 et 23. 30 partie, p. 33.
Partenope ravina, Fabr. Supp- p- 353*
DES CRUSTACÉS. JO?
voir se ranger parmi les Lambres, et il se distinguerait facile-
ment de mutes les autres espèces par ses pinces qui sont tout-a-
fait lisses. Il habite la mer des Indes.
1 Le Cancer longimanus miwor, de Rmnph { Amb. PI. 8 ,
% 3, reproduite par Herbst, pl. 19, H’ >«S), est évidem-
ment une espèce de Lambre , distincte de toutes lespreoeden
tes. Linné l’a confondu avec le Lambre longimane. dont il dit-
fère , entre autres caractères , par la disposition des mains , qu
sont garnies de tubercules arrondis au lieu de grosses dents
pointues.
Le Cancer macrocuelus albicans d’Aldrovande (Pl. 2o3),
est encore mi Lambre, mais il est trop mal dessiné pour être
reconnaissable
IV. GENRE PARTHÉNOPE. - Parthenope (1).
Le genre Parthenope , tel que les auteurs modernes l’ont
limité , ne renferme qu’une seule espèce , et ne diffère que
très-peu des Lambres. Ce qui l’en distingue principalement
est la disposition des a,ite,mcs externes , dont 1 article basi-
laire ne se soude pas aux parties voisines , mais atteint
presqu’au front , et dont le second article , plus de moitié
plus court que le premier , se loge dans l’iiiatus de 1 angle
orbitaire inférieur ; la petitesse de cet hiatus qui fait coin-
muniquer l’orbite avec la fossette antennaire; la forme ré-
gulièrement triangulaire de la carapace et l’existence de
sept articles distincts dans l’abdomen des deux sexes.
[l) Cancer. Parthenope. Fabr. Suppl- p. .Ma* Latr'
t. -Latr. Hist. liât, dos Cvust-, t. VI. P- 87 *
Reg. Auim. éd. t. III, p. a3 ; Encyc. t. X, p. H.
Qesin. p. 143.
36o
HISTOIRE «ATUREELE
I. Parthénope HORRIBLE P, hotrida (i).
Carapace pentagonale beaucoup plus large que longue, ho-
rizontale , fortement bosselée , et tuberculeuse en dessus ; rostre
court, triangulaire, et armé en dessous d’une forte dent inter-
antennaire; orbites circulaires, avec une fissure sur le bord
supérieur j bords latéro-antérieurs de la carapace très-obliques
et armés d’épines; pâtes antérieures très-grandes, de grosseur
inégale, et couvertes de gros tubercules spinifères; pinces
moins comprimées et moins infléchies que chez les Lambres.
Pâtes des quatre paires suivantes hérissées, jusqu’à l’origine
du tarse , d épines aiguës et très-grandes , formant une rangée
en dessus et deux en dessous. Longueur, 2 ou 3 pouces ; couleur
grisâtre j test ayant 1 aspect d^une pien’e caiTiée,
Habite Focean Indien et Atlantique. (G. M. )
GENKE CRYPTOPODIE. — Ctyptopodia (2).
Ce genre singulier établit, sous quelques rapports , le pas-
sage des Lambres aux OEthres ; en effet , la forme de ses pâtes
est la meme que chez les premiers, et la carapace présente,
comme chez les derniers , des expansions latérales qui s’éten-
dent au-dessus de ces organes et les cachent. Aussi Fabricius
(l) Cancer sphiosus vel Rotshrahhe. Rutnph, PI. p; Scba t. III
PI. 22, fig. 3 et 3 ; Lazy Crab. Griffeth Hughes , Nat. Hist. of Bar-
bades, PI. 3.3, fig. 1. Cancer horridus. Linn. Musc. Lud. Ulr.
p. 44^ î Herb. PI. 14, fig. 88. Parthenope horrida, Fabr. Supp,
p. 353 ; Jdaïa horrida. Bosc, t- I,p. a5i ; Parthenope horrida, Fatr.
Encyc. t. X, p. 14 ; PI. 279. fig. 3 ( d’.aprés Seba), et PI. 280,
fig. 2 (d’après Rumpb); — Leach, Zool. Mis. t. Il, PI. 98 ; —
Desm. PI. 20, fig. 1. — Guérin, Icon. Cr. PI. 7, fig. 2.
(a) Cancer. Herb. : Parthenope. Fabr. Suppl, p. 352; Calappa.
Bosc , 1. 1, p. i83 ; ilfa'ia. Bosc, t. I , p. 25o ; — Latr. Hist. nat.
des Crust. t. VI, p. io4: OEthra, Latr. Reg. Anim. t. III, p. 20.
'■ Lamk. Hist. des Anim. sans vert., t. V, p. afij; — Desm. ,
p. 110.
I
DÈS CUÜSTACÉS. 36t
plaçait-il ces Crustacés parmi ses Parthénopes ; Lamarck en
a fait des OEthres , et Bosc, par un double emploi, les a
rangés en même temps parmi les Calappes et parmi les
Maïas.
La carapace est légèrement bombée et a la forme d’un
triangle tiès-large, très-court et à base arrondie; elle est
presque deux fois aussi large que longue , mais cette grande
largeur ne dépend pas de celle du corps lui-meme ; elle
est due à l’existence d’un prolongement lamelleux qui en-
toure les trois quarts postérieurs du bouclier dorsal ; en
arrière ce prolongement s’étend très-loin au delà de l’in-
sertion de l’abdomen ; mais c’est surtout sur les parties la-
térales qu’il est considérable , car il y forme de chaque côté
une énorme voûte qui cache complètement les pâtes des
quatre dernières paires. Le rostre est triangulaire, hori-
zontal et assez avancé. Les yeux sont tres-petits et complè-
tement rétractiles- Les antennes internes ont la meme
forme que chez les OEthres ; leur premier article est qua-
drilatère et plan, et leur tige se reploie presque longi-
tudinalement. Le premier ai'ticle des antennes externes
est très-petit ; le second est un peu plus long et atteint jus-
qu’au front; le troisième est logé presqu’en entier dans
la fente qui existe entre le Iront et l’angle interne du bord
orbitaire inférieur ; enfin la tige terminale, qui naît ainsi du
canthus interne des yeux , est extrêmement courte. épis-
tome est un peu plus large que long ; le second article des
pates-mâchoires externes se termine antérieurement par
un bord presque droit; et le troisième, qui est carré, pré-
sente en avant une échancrure qui occupe plutôt son bord
interne que son angle interne et antérieur , et qui donne in-
sertion à l’article suivant. Le plastron sternal est beaueoup
plus long que large. Les pâtes de la première paire sont
très-grandes et à peu près prismatiques; leur direction et
leur forme sont presque les mêmes que chez les Lambres.
Les pâtes des quatre dernières paires sont tres-petites et
presque de même longueur ; elles dépassent à peine la voûte
HISTOIRE NATURELLE
36a
qui les recouvre ; enfin ï abdomen se compose chez la fe-
melle de sept articles ; noüs ne connaissons pas sa disposi-
tion chez le mâle.
I. Cryptopodie voûtée. — C. fornicata (i).
Carapace lisse en dessus et dentelée sur les bords; rostre
entier, aussi long que large ; pâtes antérieures environ une fois
et demie aussi longues que la carapace ; leur troisième article
très-dilaté postérieurement et armé d’épines sur le bord auté-
riem- ; mains armées en dessus d’une forte rangée d’épines.
Pâtes des quatre dernières paires garnies en dessus et en
dessous d’une crête dentelée presque tout le long de leur
troisième article.
Habite l’Océan indien. (C. M. )
Les zoologistes ont mentionné plusieurs autres Crustacés qui
appartiennent évidemment à la femille des Oxyrhinques , mais
qui ne nous sont pas assez bien connus pour que nous puissions
leur assigner une place précise. De ce nombre sont : I’Iwachus
AN’GUSTATUS de Fabricius ( Suppl. Ent. Syst. , p. 867 ) , qui ,
par sa forme générale , se rapproche beaucoup de la Ménœthle
licorne, mais qui s’en distingue par ses pâtes épineuses;
risACiius KASUTus du même auteur { op. cit, , p. 307 ) qui est
un Maïen des mers de la Norwége , et qui pourrait bien n’être
qu’un jeune Pise ; et le Cancer cuieragonus de Tilésius ( Méin.
de l’Acad. de Pétersboui^, t. V, PI. 7, lig. i ) , dont on devra
probablement former un genre distinct.
(l) Cancer foriiicatus. Fabr. Ent. Syst. t. II, p. 453; — Herb
PI. l3, lig. 79-80 : Parthenope fornicata. Fabr. Suppl, p. 35'2: Ca
lappa albicans. Bosc , t- L P- l85 ; Maiia fornicata. Bosc, t. I
p. aSo: — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI, p. 104. OEihra for
nicata. Lamk. Hist. des An, sans vert. t. VI , p. 265; — Desm.
p. 110.
DES CRUSTACÉS.
363
CHAPITRE IV.
FAMlX-IiE DES CYCEOMÉTOPES.
La l'amille des Cyclômétopes corres])ond a peu près
à la section des Arqués telle que M. Latreille lavait
établie dans ses Familles naturelles ; vains les limites
de cecroupe ne sontpas tout-à-fait les mêmes ; et, afin
de ne pas aujimenter la confusion qui règne déjà dans
la science , nous n avons pas cru devoir y conserver le
même nom.
Les Crustacés qui s’y rapportent nous paraissent
occuper un degré moins élevé dans 1 échelle des êtres
que les Oxirhynques , car la centralisation de leur
système nerveux ganglionnaire est porté moins loin,
et la disposition de cet appareil se rapproche davan-
tage de ce qui existe chez les Macroures et chez l’em-
bryon des Crustacés en général. En elFet, les divers
ganglions thoraciques, au lieu dêtre soudés en une
seuie masse solide, comme cirez le Maïa, ne forment
plus qu’une sorte d’anneau ciixulaire dont il est sou-
vent facile de distinguer les élémens constituans. Ici
les deux moitiés An foie restent distincts et il n’existe
pas à ce viscère de lobe médiane; il s étend beaucoup
en longueur, et recouvre une grande partie de la voûte
de la cavité branchiale, mais ne se prolonge pas
autant vers l’ab Jomen que dans la famille précédente.
La disposition de l’appareil respiratoire est la meme
que chez les Oxirhynques; on compte toujours de
chaque côté sept branchies thoraciques et deux maxil-
HISTOIRE HATUREIEE
364
laires réduites à l’état rudimentaire. Enfin, le système
générateur ne s’éloigne, sous aucun rapport impor-
tant, de ce qui existe chez ces derniers Crustacés.
La carapace est presque toujours beaucoup plus
large que longue; quelquefois elle est à peu près cir-
culaire ( 0 , mais en général elle est beaucoup plus large
en avant qu’en arrière, régulièrement arquée dans la
moitié antérieure de son contour, et fortement tron-
quée de chaque côté dans sa portion postérieure (u). La
région stomacale est de grandeur médiocre, et en arriére
elle est ordinairement divisée en deux parties latérales
par un prolongement jiresque linéai re de la région géni-
tale, qui s’avance très-loin vers le front. Les régions
hépatiques sont au contraire très-développées et s’éten-
dent au loin de chaque côté delà stomacale ; elles occu-
pent presque toujours au moins la moitié de la portion
latérale de la carapace, etne sont pas dépassées parles
régions branchiales, dont la grandeur est médiocre.
Le front est transversal et ne s’avance jamais en forme
de rostre; en général il est assez large, lamellcux et
horizontal. Les bords latéro-antérieurs de la carapace
se dirigent très-obliquement en dehors et en arrière,
de manière à former avec le front un arc de cercle,
et en général ils sont minces et tranchans. Les bords
latéro-postérieurs de la carapace forment presque tou-
jours un angle bien marqué avec le bord latéro-anté-
rieur et avec lebord postérieur, et il en résulte que la
forme générale du bouclier céphalo-thoracique peut,
le plus ordinairement, être rapportée à un hexagone
dont la moitié antérieure serait arrondie, et dont le
(0 PI. l4 his , fig. 7, et PI. 17, flg. 7.
(2) PI. 16, ftg. 1, (i, 9, 16, et PI. 17 , fig, 1 et i3.
BES CRUSTACÉS, 365
diamètre transversal excéderait en longueur le diamètre
antéro-postérieur .Les orbites sont profondes et dirigées
en avant et en haut, leur bord supérieur étant presque
toujours moins saillant que Tinférieur. l^e&jreux sont
toujours parfaitement mobiles et se reploient en ar-
rière dans une portion post-foraminaire de 1 orbite
qui est assez profonde. Les antennes internes sont
toujours logées dans des fossettes creusées sous le
front{i); leurarticlebasilaire s’étend presque toujours
au moins autant en largeur qu en longueur ou en hau-
teur, et ne se montre pas sur les côtés du front, mais
reste toujours bien visible au-dessous de son bord in-
férieur ; enfin , leur tige mobile est toute aussi longue
que chez les Oxirbynques. La disposition des an-
tennes externes varie; leur article basilaire sépare
toujours la fossette antennaire de 1 orbite, mais quel-
quefois reste complètement libre, tandis que d autres
fois il se soude au front, h’épistoine, comme nous 1 avons
déjà dit, est très-étroit; l’espace qu’il occupe conjointe-
ment avec les fossettes anlennaires (ou région anten-
naire) n’a pas plus de la moitié de la longueur du cadre
buccal , et son bord antérieur n’atteint pas, àbeaucoup
près, leniveaudubord orbitaire inférieur .Lecm^re b c-
ca/ est au moins aussi large en avant qu en arriéré, et
est complètement fermé par les pates-mâcboires exter-
nes, qui ne dépassent pas notablement son bord an-
térieur. Les ri''gio7is ptérjgostomiennes de la carapace
sont très-développées ; il n’y a point de division bien
distincte entre la portion qui correspond au conduit
afférent de la cavité respiratoire et celle qui est située
(OPl. i6, fig. 10, II, i5, etc.
Hl Slot RE N A TE K Et LE
3G6
en avant et en dehovs d’elle, ainsi que cela se remarque
chez la plupart des. Oxirlivnques , et la ligne courbe ,
qui résulte de la suture des pièces épémériennes et ter-
gales de ce bouclier, se prolonge jusqu’au-dessus de la
cinquième pâte au lieu de s’arrêter près de la troisième.
Les pates-mâchoires externes ( i) présentent en général
la même disposition et la même forme que chez les
Maïens et les Partbénopiens ; le bord interne de leur
portion valvulaire est droit et vient se joindre à celui
du côté opposé; entin, leur troisième article se termine
en général par un bord droi t , et donne attache à l’article
suivant parsonangleinterne, qui esttronquéou écban-
cré; mais quelquefois il se prolonge un peu au devant du
point d’insertion du quatrième article. Les autres pièces
de la bouche ressemblent aussi à celles desOxirbjnques.
Le plastron sternal varie dans sa forme et dans ses
dimensions; la suture, qui correspond à son apodème
médiane, occupe au moins les deux derniers anneaux
du thorax , et s’étend souvent sur trois ou quatre de
ces segmcns ; la selle turcique postérieure est gr.ande
et élevée ; enfin les apodèmes sternales qui séparent les
cellules correspondantes aux pates-mâchoires externes
et aux pâtes thoraciques s’avancent au point d’arriver
presque sur la ligne médiane du corps. Les pat.es de
la première paire sont très- développées ; elles sont
toujours beaucoup plus grosses que les suivantes, et
en général plus longues qu’elles ; presque toujours
elles ont au moins une lois et demie la longueur de la
portion post-frontale de la carapace. Celles de la se-
conde paire ont depuis une fois jusqu’à deux fois et
(I)P1. i6, fig. 3,4, 17, et Pt. 17, fig. 3, fi, 12 et 9-
DES CRUSTACÉS. 36y
quart de la longueur de la carapace, et les suivantes
sont en général plus courtes; l’article basilaire des
postérieures est toujours percé chez le mâle pour
livrer passage aux verges. Enfin, \ abdomen se com-
pose ordinairement de sept articles distincts caez la
femelle, et seulement de cinq chez le mâle, mais
quelquefois on y compte aussi sept pièces chez ces
derniers. Quant aux appendices de cette partie du
corps, ils ne dilfèrent guères de ce que nous avons vu
dans la famille précédente.
Les mœurs des Cyclométopes varient beaucoup.
Les uns sont essentiellement nageurs et se rencon-
trent en pleine mer; d’autres vivent près des côtes,
mais ne sortent jamais de l’eau ; et d’autres encore
vivent presque autant a 1 air, sur le rivage, que dans
l’eau, et se cachent habituellement sous les pierres;
enfin , il en est aussi qui se creusent dans le sable une
retraite souterraine. On en connaît un assez grand
nombre d’espèces fossiles.
Cette famille renferme deux tribus naturelles qu on
peut distinguer de la manière suivante :
1. TRIBU DES CANCÉRIEKS.
Pâtes postérieures semblables aux précédentes , terminées
par un article styliforme , et par conséquent non natatoires.
2. TRIBU DES PORTUWENS.
Pâtes postérieures plus élargies que les précédentes , tei -
minées par un article lamelleux et cilié sur les bords , et par
conséquent natatoires.
368
HISTOIRE NATUREEtl
PREMIÈRE TRIBU.
CANCÉRIENS.
Carapace (PI. i4 Us, fig. lo, et PI. i6, fig. i, 6
et 9) en général assez fortement bombée en dessus
(d avant en arrière, sinon dans tous les sens), élevée
et arrondie sur les bords ; sa face supérieure ne for-
mant qu’un angle peu aigu en se réunissant avec sa
portion inférieure et latérale. Plastron sternal pres-
que toujours au moins aussi long que large; der-
nier segment thoracique beaucoup plus petit que
les précédens, et séparé d’eux par une suture
presque droite et transversale; anneau thoracique
correspondant aux pâtes antérieures très-développé ;
voûte des flancs très-oblique; selle turcique posté-
rieure très -large. Pâtes antérieures ordinairement
très-grosses, renflées, et assez longues; les suivantes
courtes et ambulatoires; celles de la seconde paire
ayant en général moins d’une fois et demie la lon-
gueur de la carapace. Enfin, le troisième article des
pâtes - mâchoires externes ordinairement presque
quadrilatère, et peu ou point tronqué à son angle
interne et postérieur.
Cette tribu , qui est tres-nombreuse , peut se subdi-
viser en trois groupes naturels ayant pour type les
OEthres , les Crabes et les Eriphies , et caractérisés de
la manière suivante :
I. CAÎfCÉRIENS CRYPTOPODEs.
Bord externe des re'gions branchiales se prolongeant de ma-
niéré a former de chaque côté du corps une espèce de bouclier
* t
i:,.
«
r-
; '
•i
TRIBU
DES
CANCÉRIENS.
TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCipAt^^ CARACrÈRES GÉNéRiqueS DES CAî^^ÉRiens.
page 369.
Genr
5 I. Gakcériens cryptopodes.
Bords latéraux et postérieurs de la carapace se prolon^®'
horizontale.)
au-dessus des pâtes des quatre
dernières paires , de f*?®® a les cacher presque entièrement. ( Carapace ovalaire et | oEthres.
(
Xiqe mobile des
antennes internes
naissant de 1 angle
interne de 1 orbite,
dontelleirest.se-
par «en.
Premier article
I^des antennes ex-
ternes en général
très -grand, tou-
id, et se ioi-\ frètes
§ 2. Cancériens arqués.
Point de prolongement de la cara-
pace recouvrant les pâtes des quatre J
tableraent, s’appli-
I dernières paires. Carapace beaucoup'\ quant exactement
Iplus large que longue , arquée en contre le bord an-
' avant et tronquée en arrière; bord térieur du cadre
Ifronto-orbitaire étroit. buccal.
Troisième arti-
cle des pates-mâ-
choires externes
portant l’article
suivant à son an-
gle interne, ne le/ ne de cette cavité\ quement î
dépassant pas no-^un hiatus qui est
antérieur
externes
parée . 7 «u tro^'^-- j-'
Bord inférieur ( ^«.xternes
de l’orbite ne se Ks se thoires
joignant pas au / transversal entier,
front, et laissaut/en deliois^i^^^j^j.^
fosset-
.. .V.. .......
sous l’aiigle inter-/ moins
rempli par la por-
tion basilaire de
l’antenne externe.
tes anteniiaires au
moins aussi larges
que longue®' ;
Espace prélabial
, -‘.- ^“■‘‘““dutesî
jours au luoius bm,! «“tw k
deux ou trois fois ' et
aussi ’
second, ce se joi-.n, -
gnant au front; (la lblp« "°ta- Jrnilieu ,
tige mobile de ces .
appendices très-
courte, et s’insé-
rant dans l'iiiatns
de l’angle interne
de l’orbite.)
Carapace très-
élevée vers ’e nii- 1
lieu, foi’t^'aent]
bombée dau® tous,
les sens, P'®, '«'ge
et en général pres-
que ovoide-
Pâtes courtes, comprimées, etj
garnies en dessus d’une crête élevée |
ou d'une série d’épines j tarse très-l
Crabe.
Pinces point cre u-
sées eu cuillère.
1 court.
1
Carapace P«U ou j
point élevee
- , Pî>e
plane traiis
jlement , pea ooni-
I bée d'a vaut eujj.
9 riére et forteHejjj,
[ tronquée de dja-
• ' dans s^
moitié ou sui'Hets 1
I postérieur. (Ei»tej
\ médiocres. )
Pâtes assez longues et cylindriques j
pas notablement comprimées, et nel
présentant en dessus ni crête ni/CARPiLiE.
épines ; tarse grêle et allongé. |
Pinces creusées en cuillère; pâtes en général courtes. jzozYME.
Point d’iiiatus au-dessous de 1 an- \
gle externe de l’orbite. Bords latéro-j
1 antérieurs de la carapace se proion- ) Xanthe.
) géant presqu’au niveau de la région |
cordiale. '
Pinces tranchan-
tes ou arrondies
et jamais creusées
en cuillère.
Un hiatus au-dessous de l'angle
externe de l’orbite. Bords latéro-
antéricurs de la carapace très-courts.
Pinces élargies vers le bout, arrondies et profondé-
ment creusées en cuillère. (Carapace peu élargie, et à
bords latéro-antérieurs assez courts.)
Panopé.
Chlorode.
lT4"’r^ï par deux crêtes tranchantes et obliques , qui cir- 1
r iH 1 de la respiration assez profonde , laquelle se continue en arriéré avecj Qzie.
•-aare Jjuccjjj fc' ’ Se termine antérieurement à une échancrure bord dul
Premier article des antennes exter- i
/ nés petit ou médiocre, et ne se joignant
pas au front ; le second article presque
aussi long que le premier, et occupant
presque toute son extrémité anté-|
rieure.
Second av
---tirt
romme le pre^J? des antennes externes logé dans la fossette autennaire j Pseüdocahcin
et atteignant à peine le front.
i> 1 intérieur du troisième article des pates-machoires externes intetj
Bord /“terieui_^_ „^,t;nrre : carapace tres-bombee. )
Second article j
et dépassant antennes externes logé dans le canthus orbitaire interne,
, des antennes externes médiocre ;
atticle
longitttdinal®“>®«e7,';‘„;t
Pa par une échancrure étroite et profonde. ( Premier
I PlLDMKE.
Lagostome.
a-, ai-, "'Hii
Etise.
■ )
Bord inférieur de l’orbHe f .3° W f,ont,.de façon a exclure celle
orbites et l’article basilaire de 1 antenne externe très-conrt ; forme generale a peu près toi
de façon à exclure ^ i
Pinces profondément creusées en cuillère.
Pinces obtuses ou pointues et jamais creusées en ) _
cuillère. ^ PlATÏCAB
internes transversales ; espace compris entre les
Troisième article des pates-màchoires externes ^^msertion à 1 article suivant par son bord interne, se p . ^mjinalémeBt devant de
a' ’ • - ’• ■ . A peu P*®® votanie cliez les Xanthes ; antennes internes se reployant lo n. le i.. — -
Rbppe
( Orbites et antennes externes disposées
presque aussi longue que large. )
® front ; la
lui, et s’avançant notablement sur l’épistome. '
carapace fortement tronquée en arrière et | Périmèle.
S 3. Cakce'hiems quadrilatères.
Bord orbitaire inférieur se joignant au froir maniéré à séparer complètement les fossettes j Front rab- “ peu près sur la même ligne que le front. 1 Eriphie
Poiutdeprolongementchypéiformelarjtenjjaires des orbites, et à exclure de e®® “®™mres cavités la portion basilaire de l’antenne { .o 1 ■ bord orbitaire
sur les côtés delà carapace; celle-ci I externe. ( Front horiïonta , “e dépa.ss.i
terminée antérieurement par un bord
fronto-orbitaire très-large et étroit ,
saut
que de peu le niveau de l’épistome. j Trapézie.
peu ou point arqué sur les côtes , a
Ïieine tronqué en arriére et pas très-
arge.
Bord orbitaire inférieur ne se joignant pas au front , et laissant à l’angle interne de l’orbite un hiatus qui est remp
liparl’aiitemie enter ne. ; c»,
••“Pace presque circulaire.)
I Mélie.
Crustacés, tome i.
DES CRUSTACÉS.
qui recouvre les pales et les cache en grande partie ;
ovalaii’e.
369
carapace
2. CAiyCÉRIEIis ARQUÉS.
Point de prolongement elypéiforme sur les côtés de la cara-
pace ; qui est beaucoup plus large que longue , arquée en avant
et fortement tronquée de chaque côté dans sa portion posté-
rieure.
3. CANCÉRIEWS QUADRILATÈRES.
Point de prolongement elypéiforme sur les côtés de la cara-
pace, celle-ci terminée antérieurement par un bord fronto-
orbitaire très-large et droit, peu ou point arquée sur les côtés,
et à peine tronquée en arrière.
On trouvera dans le tableau ci-joint l’indication des caractères
comparatifs les plus propres à faciliter la détermination des genres
nombreux dont cette tribu se compose.
I. CANCÉRIENS CRYPTOPODES.
Celte première division de la tribu des Cancériens
ne se compose que d’un seul genre, celui des OEthres ,
qui à son tour est formé d’une espèce unique. Dans
la classification de M. Latreille, ces Crustacés for-
ment , avec les Calappes , la famille des Gryptopodes ;
mais le seul caractère important qu’ils aient en com-
mun avec ces derniers, est l’existence de prolonge-
mens lamelleux sur les côtés de la carapace, disposi-
tion qui se retrouve aussi chez certains Leuosiens ,
tandis que tout le reste de leur organisation les rap-
proche des Crabes.
CRU.STACÉS , TOÎIE I.
24
370
inSTOIRE NATUREI4LE
Genre OEÏHRE. — OEthra{i).
Ce petit groupe générique a de grandes affinités avec le
genre Cryptopodie de la famille des Oxirhynques , et établit
le passage entre ces Crustacés et les autres Cancériens , en
même temps qu’il se rapproche des Calappes , dont la place
naturelle est dans la famille des Oxistomes. Toute la surface
du coips des OEthresest raboteuse et paraitcomme cariée. La
carapace est d’un tiers plus large que longue , et a la forme
d’un ovale assez régulier ; elle est fortement bosselée en dessus,
et ses bords latéraux sont dentelés et recourbés un peu en
haut. Le. front est entier et un plus saillant au milieu que
sur les côtés; on y distingue les traces d’une fissure mé-
diane. Les yeux sont très-petits et les orbites presque cir-
culaires ; leur bord supérieur présente deux petites fissures ,
et le bord inferieur est séparé du front par un hiatus très-
large. Les fossettes anlennaires sont presque carrées, et l’ar-
ticle basilaire des antennes internes les remplit presqu’en
entier ; enfin la tige mobile de ces appendices esv extrêmement
petite et se replie longitudinalement en avant. L’article basi-
laire des antennes externes est très-grand, et s’avance
jusqu'au bord inférieur du front, de façon à remplir l’hiatus
qui sans cela ferait communiquer l'orbite avec la fossette an-
tennaire ; son extrémité antérieure est étroite, et se trouve
sur le niveau du bord orbitaire inférieur ; le second article
des antennes externes est très-petit ; il occupe le canthus
interne des yeux et supporte une tigelle rudimentaire et
très-difficile à distinguer. Les pâtes - mâchoires externes
closent complètement le cadre buccal ; le bord interne de
leur second et troisième articles est droit ; cette dernière pièce
est fortement tronquée à son angle postérieur et interne, et
cache presqu’en tièrement la tigelle palpiforme qui naît sous
son angle antérieur et interne. Le plastron sternal est beau-
( I ) Cancer. Linn. Herl). etc. — OEthra. Leach ; — Lamk. Hist. des
An. sans vert. t. V, p. 6^4. — Latr. Reg. Anim. éd. t. IVI ,
p. 24 ; — Dc.sm. p. iio.
coup plus long que large, et les pales antérieures ont environ
une lois et quart la longueur île la portion post-frontale de la
carapace ; leur forme est à peu près la même que chez les
Parthénopes , seulement leur face supérieure et interne est
légèrement concave, de manière à pouvoir s’appliquer exacte-
ment contre la portion inférieure et antérieure du tronc.
Les pâtes de la seconde paire sont beaucoup plus courtes
que la portion post-frontale de la carapace, et les suivantes
diminuent successivement de longueur; toutes sont sur-
montées il’une crête tranchante et inégale, et leur tarsç
est court et stj lifornie. Enfin , Viibclomcn se compose de
sept articles chez la femelle et de cinq seulement chez le mâle.
J^cs üEthres habitent l’Océan indien et les mers cl Afri-
que; nous ne savons rien sur leurs mœurs,
I. OEture rude. — OE. scruposa (i).
Région stomacale renflée et creusée en avant d’une gouttière
longitudmale qui se prolonge jusqu’au front; dix à douze den-
telures , en forme de plis, de chaque côté do la carapace; bord
inférieur des pâtes de la première paire aimé de dents splni-
formes, plus distinctes que celles qu’on voit aux pâtes sui-
vantes. Longueur, 2 à 3 pouces; couleur grisâtre. ( C. M. )
Habite les eaux de file de-Erauce et de l’archipel Indien.
2. CANCÉRIENS ARQUÉS.
Dans cette division de la tribu des Maïens , carac-
térisée, comme nous l’avons déjà dit, par la forme gé-
nérale de la carapace, les pâtes antérieures sont en
général de longueur médiocre, mais remarquables par
leur grosseur et par la forme renflée de la main ; enfin
le second arficle des pates-mdchoires externes se ter-
(i) Cnneer sc'i H/iosas- Linn. Mus. Lud- Llr. p. 45d>' Cancci' poly~
nome, llerb. t. lit, PL 53, lig. 4 et 5 : OEthra cleprcssa. t.amk. llist.
des Anini .sans vert. t. V, p. ^65; — Desin. p. iio, PI. 10, tig, :>.
3j2 histoire N a T DR El le
mine antérieui'ement par un bord droit ou presque
droit, et l’article suivant est tronqué ou cchancré à
son angle antérieur interne , de façon à laisser à dé-
couvert la tigelle palpiforme qui s’y insère. La couleur
de ces Crustacés varie beaucoup^ mais presque tou-
jours ils ont les pinces noires.
Ce groupe est très-nombreux, et peut se subdiviser
en genres dont la détermination sera facile à l’aid&des
caractères indiqués dans le tableau placé ci-dessus
{ voyez page dôg ).
I. GENRE CPvABE. — Cancer (i).
Le genre Crabe renfermait jadis tous les Décapodes
Brachyures , mais on en a successivement resserré les limites ,
et afin de faciliter l’étude de ces animaux , nous avons été
conduits à pousser plus loin cette réforme.
Le groupe auquel nous conservons ce nom se compose
d’un assez grand nombre d’espèces faciles à reconnaître à
leur forme gt nérale et à la disposition de leurs pâtes. La
carapace {V\. i6, fig. i) de ces animaux est très-large (pres-
que toujours au moins une fois et demie aussi large que lon-
gue) , assez régulièrement ovalaire et très-convexe en dessus ;
ses bords antérieurs et latéraux forment une ligne courbetrès-
régulière, qui de chaque côté se recourbe en ai'rière et en de-
dans, de façon à déex-ire plus que la moitié d’une ellipse
dont le contour semble se continuer sur la partie posté-
rieure des régions branchiales pour aller gagner le niveau
de la région intestinale. Le front est large , très incliné et
peu saillant ; toujours il est divisé sur la ligne médiane par une
fissui-eou une petite échancrure , et souvent il paraît quadri-
lobé à cause de la saillie que forme sa partie moyenne , ainsi
que les angles externes. Les bords latéro-anti rieurs de la cara-
(l) Cancer. Linn. — F.ibr. — Latr. — Desm. — Carpilius; Leacli.
Ruppell. op. cit.
DES CRUSTACÉS. 3^3
pace sont très-longs et en général tranchans ; ils se dirigent
presque directement en dehors , puis se recourbent en arrière,
et enfin reviennent en dedans vers leur extrémité postérieure;
les bords latéro-postérieurs sont très-courts et forment
avec le bord postérieur un angle très-ouvert ; en général
ils sont un peu concaves. Les diverses régions de la carapace
sont ordinairement peu distinctes. Les orbites sont pi'esque
circulaires : on n’y distingue pas d’angle externe , mais la por-
tiomexterne de leur contour paraît comme froncé par 1 exis-
tence de trois fissures linéaires et presque parallèles , dont deux
sont placées en haut et une au-dessous du niveau du bord
latéral de la carapace ; enfin au-dessous de leur angle in-
terne , les parois de ces cavités sont interrompues par un i
hiatus que remplit l’antenne externe. La région antennaire
est lariîe, mais très-courte; ]es fossettes antennaires sont
transversales, et lepistome presque linéaire (PI. i6, fig- a).
L’article basilaire des antennes externes est presque droit
et ne touche au bord inférieur du front que par son angle
antérieur et interne ; la tige mobile de ces appendices est
extrêmement courte , et s’insère dans l’hiatus du bord or-
bitaire , de façon à pouvoir se reployer dans 1 orbite. Le
troisième article des pates-nidchotres externes ( fig. 3 )
est plus large que long , et presque carre , son angle an-
térieur et interne est à peine tronqué , et son bord anté-
rieur est entier. Le plastron sternal est presqu’une fois et,
demie aussi long que large , et ses bords latéraux sont pi'cs-
que droits ; le sillon qui loge l’abdomen du mâle est très-
profond , et les sutures qui séparent les derniers anneaux
thoraciques sont presque transversales, hesjxiies antéi’ieures
sont grosses, courtes et disposées de façon a pouvoir s ap-
pliquer exactement contre les régions ptérygostomiennes ;
la main présente en dessus une crête plus ou moins tran-
chante , et les pinces sont cannelées en dehors et en dessus ,
armées dans toute leur longueur de dents comprimées et tran-
chantes, et pointues à leur extrémité. Les pâtes suivantes sont
très-courtes, très-comprimées, et garnies en dessus d une crête
^74 HISTOIKE naturelle
tranchante ou d’une rane;ée de fortes épines qui s’étend jusqu’à
l’insertion du tarse, lequel est court, renflé et armé d’un petit
ongle corné. Enfin \ abdomen ne présente rien de parti-
culier, si ce n’est que chez le mâle les appendices de la
première paire sont très-longs et filiformes à leur extrémité,
et que l’on n’y distingue ordinairement que cinq articles. La
plupart des espèces de ce genre habitent l’Océan indien, et
il n’est pas rare d’en trouver à l’état fossile.
§ A. Especes dont la carapace est lisse, sans bosselures
ni sillons distincts.
I. Lhabe BosÉ. — Cancer roseus [t).
fl' Carapace à bords mousses, ouoïde, une fois et deux
lier.s ans.si large que longue ; très-homhce et piquetée partout ;
ni repli ni tubercule à l’extrémité de ses bords latéro-anté-
rieurs. Crêtes des pâtes très-élevées, tranchantes et inégales;
une crete au bord inférieur de leur pénultième article. Longueur,
environ i8 lignes; couleur rougeâtre, avec les pinces noires.
Habite la mer Rouge. (C. M.)
2. Grade TflÈs-EHTiER. — C. integcrrirnus [i).
Carapace entourée en avant et sur les côtés d’un
rebord mince et tranchant, ovoïde comme chez le précédent,
mais ayant sur les régions branchiales un repli courbe qui
se continue avec les bords latéro-antérieurs ; un peu piquetée
antérieurement ; pâtes comme dans f espèce précédente ; une
crête sur le bord inférieur de t avant-dernier article des
postérieures. Ce Crustacé se distingue de tous les autres Crabes
par la disposition des régions ptérygostomiennes , qui, au
heu d’être conve.Tcs , sont ici concaves d’ arriére en avant,
et présentent ainsi une large gouttière transversale dans laquelle
vient se replier la main. Longueur, environ a pouces.
Habite l’océan Indien. (C. M.)
(I) Cr.rpilhis roscus. Rupijell.op. cit. p. i3, PI. 3, fig. 3 C. orieii-
Lalis'i Herl). P!. 20, lig. 117.
(a; Liimk. Ilist, des Au. sans vert. t. V, p 2^3.
3. Crabe marginal. — C. marginatus (i).
Carapace à limbe latéro- antérieur lamelleux et tran-
chant , ovoïde , sans repli ni tubercule à l'extrémité du
bord latéro-antérieur une crête au bord inférieur des
pâtes des quatre dernières paires. Longueur, environ lo li-
gnes. Carapace marron avec une bordure blanchâtre; pâtes
couleur de chair; pinces noires.
Habite la mer Rouge.
4. Crabe ocyroé. ■ — C. ocyroc (2).
Carapace à limbe latéro-antérieur lamelleux et tran-
chant, ovoïde, mais moins large que dans les espèces pré-
cédentes et un peu bosselée; une ou deux fissures au bord
latéro-antérieur qui se terminent par une petite dent arrondie ;
crête des pales élevée ; point de crête au bord inférieur
de leur pénultième article. Longueur, environ 2 pouces;
couleur blanchâtre, avec une multitude de petites tachesjaunes.
Habite les mers d’Asie. (C. M.)
B. Espèces ayant la carapace lisse ou à peine granu-
leuse , mais bosselée et creusée de sillons,
b. Régions plérygostomiennes légèrement convexes.
6. Crabe lobé. — C. lobalus.
Bords latéro-antérieurs de la carapace J'ormant une
crête horizontale , tranchante , et divisée seulement en
quatre lobes séparés par des sdlons linéaires. Carapace
ovoïde, fortement bosselée en dessus, excepté dans son tiers
(I) Carpilius marginatus. Ruppell. op. cit. p. i5, PI. 3. fig. 4-
(3) Herbst, t. 111, PI. 5/;, fig- 2-
•^7^ histoire N a T C R E L 1 E
postérieur, qui est très- rétréci. Mains presque lisses, garnies
en dessus d’une crête tranchante très-élevée et de quelques
lignes saillantes sur la face externe , pinces très-pointues et
cannelées en dehors; pâtes suivantes courtes, comprimées,
lisses, et garnies en dessus d’une crête tranchante. Longueur,
environ 9 lignes.
Habite les Antilles. (G. M. )
I ■ ivJ 7- Crabe mameloxnê. — C. Mamillaïus.
Bords latèro-anténeurs de la carapace découpés en six
dents, arrondis et obtus. Carapace ovoïde, entièrement
couverte de bosselures élevées, lisses, très- nombreuses ;
front et orbites beaucoup plus élevés que la terminaison des
bords latéro-antériem's de la carapace ; pâtes toutes couvertes
de bosselures; bord supérieur des mains presque tranchant.
Longueur, 2 pouces.
Habite l’Australasie. (C. M.)
b. b. Une grande cavité ovalaire sur chaque région
ptérygostomienne. (Disposition dont nous ne connaissons
pas d’autre exemple chez les Crustacés. )
8. Crabe sculpté. — C. sculptas (i).
■ Carapace ovalaire, bombée, fortement bosselée, et garnie
en dessus de quelques granulations miliaires. Front formé de
quatre lobes arrondis , dont les deux médians sont inclinés et
très-avancés. Hords latéro -antérieurs ti’ès -courbes , granuleux,
ne présentant ni dents ni lobes bien distincts , et se prolon-
geant jusqu’au niveau du milieu de la région cordiale ; bords
latéro-postérieurs très-concaves ; mains surmontées d’une crête
(1) C. esculptus. Herb. t. I, p. 265, PI. 21, fig. 121. Savigny
Egypt. Hist. nat. t. II, Cr. PI. 6, fig, 3.
DES CRUSTACES.
^77
U-iaugiilaire contournée sur elle-même , et d’un aspect ver-
moulu en dehors ; pinces granuleuses sillonnées en dehors et
légèrement creusées sur leur hord préhensile. Pâtes des
quatre dernières paires comprimées, surmontées d’une petite
crête , et garnies en dehors de beaucoup de tubercules arrondis
ou pointus. Face inférieure du coi’ps granuleux. Longueur, 2
ou 3 pouces ; couleur blanchâtre ; quelques poils sur les
pâtes.
' Habite la mer Rouge. (C. M.)
G. Especes dont la carapace est bosselée et couverte de
granulations, mais non épineuse.
C. Un bord lamclleux et tranchant autour de la
moitié antérieure de la carapace.
9. Crabe bordé. — C. lirnbatus (1).
(PI. 16, iig. i\.)
Carapace ovoïde, bosselée, et couverte de petites granula
tions miliaires j front peu saillant et a peine sinueux j bord la-
téro-antérleiir de la carapace garni d’une crête horizontale ,
très-sallante , mince, tranchante, divi.sée par deux ou trois
tissures, et se continuant jusqu’au niveau du milieu de la région
cordiale ; bords latéro-postérieurs courts et concaves. Pâtes an-
térieures granuleuses en dehors ; doigts courts et pointus ; le
supérieur garni de trois crêtes tranchantes. Pâtes des quatre
dernières paires lisses et surmontées d’une crête tranchante qui
s’étend jusqu’à l’origine du tarse. Longueur, environ un pouce ;
couleur jaune.
Habite l’océan Indien et la mer Rouge. ( C. M. )
(i) Xantho graniitosiis- Riippel!. Ci’ust. PI- 5, fig. 3. ( Ce nom spé-
cifique étant un double e mploi , nous avons préféré celui sous le-
quel nous avions depuis longtemps désigné cc Crustacé dans la col-
lection du Muséum. )
IIISTÜIKE t»\ïUl\ ELLE
c. c. Point de rebord lamelleux et tranchant autour de
la moitié antérieure de la carapace.
10. Crabe de Savigny. — C. Savignii (i).
Carapace très -bombée, d’un aspect comme fram-
broisé , et bien moins élargie que dans les espèces inécé-
dentes. Les granulations dont elle est couverte sont entassées
les unes sur les autres , et subdivisées en une foule de points
arrondis. Ses bords latéro-antérieurs sont granuleux et pas
distinctement divisés en lobes ou dents, et ses bords latéro-
postérieurs sont très-concaves. Les pâtes sont courtes et toutes
couvertes de granulations. Longueur, environ lo lignes, cou-
leur rougeâtre avec des taches brunes et blanches; pinces
brunes.
Habite la mer Rouge et l’océan Indien. (G. M. )
II. Crabe graveleux. — C. calculosus.
S y
Carapace peu bombée et garnie de granulations assez
grosses , peu saillantes , et non réunies en groupe , peu
bosselée ; bords latéro-antérieurs obscurément diuisés en
quatre lobes un peu arrondis. Pâtes courtes; les antérieures
gianulcuses et sans crête; les autres comprimées et surmqptées
d’une crête dentelée. Longueur , 6 ligues.
Habite la IVouvelle-Holloude. (C. M. )
12. Crabe spimimane. — C. spinimanus.
j-. î Carapace peu bombée , médiocrement granuleuse , pres-
' que circulaire , tronquée en arrière et bosselée ; bords la-
téro-antérieurs armés de quatre dents triangulaires , entre
(I) Cancer. Savigny, Egypt. Hist. iiat. t. II. Crust. PI. 6, fig. 2.
C. granulatus. Audouiii , Explic. des PI. de Savigny.
DES CRUSTACÉS. 3^9
lesquelles on remarque des séries de petites especes. Mains
suruionlées d’une crête élevée formée par cinq^ grosses dents ;
pâtes suivantes épineuses. Longueur , environ xm pouce et demi ;
couleur Llanchàtre avec les pinces brunes.
Pati’ie inconnue. (G. M.)
§. D. Especes dont la carapace est couverte cC épines,
i3. Crabe acanthe. — C. acanthus. i-
Cai’apace ovalaire , très-élargic , fortement bosselée et cou-
verte d’épines ; front peu incliné et divisé en cpiatre dents ;
Ijords latéro-antérieurs fortement courbés , se prolongeant jus-
qu’au niveau du milieu de la région cordiale et armés de cimj
à six dents, hérissés d’épines; bords latéro-postéi'ieurs très-con-
caves. Pâtes couxertes d’épines; celles de la première paire ne
présentent pas en dessus de crête élevée. Corps finement
granulé en dessous, couvei’t en dessus de poils raides. Longueur,
environ un pouce.
Patrie inconnue. ( G. M. )
Le Cancer pitho de Herbst (PI. 5i , bg. 2) me paraît de-
voir se rapporter à la subdivision A de ce genre ; mais cepen-
dant la longueur de ses pâtes le rappi-oche des Carpllies. Le
Cancer spectabilis, du même auteur (PI. 87, Cg. 5), y ap-
partient pi-obablement aussi. Enfin , c’est dans la division C que
devrait prendre place le Cancer meli.ssa de Herbst ( PI. 5 1,
lig- i)) ‘î™ ne paraît pas devoir être confondu avec le C.
sculpté, comme cet auteur semble le penser.
On connaît plusieurs Crustacés fossiles qui paraissent égale-
ment appartenir à ce genre. De ce nombre sont le Crabe de
Bosc , décrit par M. Desinarest (Crust. foss. p. g4> PC 8,
HISTOIRE NATURELLE
38o
fig. 3 et 4 ) , et trouvé dans un banc de calcaire grossier à Vé-
rone ; sa forme générale le rapproche du Crabe ocjtob , mais il
se distingue de toutes les especes vivantes par la forme de son
front, etc.: le Crabe de Leach , du même auteur (p. g5 ,
PI. 8 , fig. 5 et fi) , qui se rencontre dans les argiles plastiques
de nie Shepy : le Crabe pointillé, Desm. ( Rnorr et Walcli,
Monum, du déluge , t. I , Pl. i6 A, fig. 2 et 3 ; — Desm. op.
cit. Pl. '7, f;g. S el4), qui provient des environs de Viceuce :
le Crabe QUADRiLOBÉ (Desmarest, Pl. 8 , fig. i et 2 } , très-
commun dans les dépôts coquilliers des environs de Dax ; une
espece inédite de la collection de M. Deshajcs, remarquable
par les bosselures de sa carapace , mais dont ce naturaliste
Ignore le gisement , etc Nous sommes portés à considé-
rer le Crabe aux grosses PINCES , Desm. (llhuiuph, Pl. Go,
3; — Desm. Pl fig i et 2 ), comme se rajjportant au
genre Carpilie plutôt qu’à la division des Crabes proprement
dits.
II. GENEE CARPILIE. — Carpillus (i).
Le genre Carpilie , établi par M. Leach , a les rapports les
plus intimes avec le genre Crabe. La forme générale du corps
(Pl. 16, fig. g) est absolument la même que chez la plupart de
ces Crustacés ; la carapace est ovoïde très-bombée ; ses bords
latéro-aiitérieurs sont obtus et terminés en arrière par une
espèce de tubercule arrondi. Les pâtes sont plus longues que
chez la plupart des Crabes, et ne sont ni comprimées ni garnies
en dessus d’une crête ; leur dernier article est grêle , très-
allongé et styliforme; les mains sont plus renflées et d’iné-
gale grosseur, et les doigts, plus gros, plus arrondis, sans
cannelures , et obtus au bout , sont armés (au moins d’un
coté ) de deux ou trois gros tubercules arrondis seulement.
(i) Cancer. Liiin. Fabr. Latr. Desm. etc. Carpilius. Leach (Desiii-
P- *c4 ). — Ruppell. op. cit.
nES CRDSTACÉS, 38 1
Il est aussi à noter que l’article basilaire des antennes ex-
ternes (PL i6, fig. 10 ) est plus long, plus oblique et en
contact avec le front dans le tiers de sa longueur , et que
le bord antérieur du troisième article des pâtes-mâchoires
externe est très-oblique.
§ A. Especes dont la carapace est parfaitement lisse en
dessus, ne présentant pas de sillons , et n’étant point
dioisée en lobes.
1. Garpilie corallijî. — C. corallinus (i).
Front étroit {sa largeur d excédant pas la longueur
de l'espace compris entre le plastron, sternal et le bohl
antéiicur des fossettes antennaires) , et dioisé en quatre
lobes, dont les deux latéraux sont arrondis et séparés des
médians par une échancrure profonde , et dont les deux
médians sont à peine distincts l’ un de l’autre et très- avan-
cés-, un petit tubercule saillantàraugleexternederorbite jbords
latéro- antérieurs arrondis , obtus , non carénés , et terminés par
un gros tubercule arrondi situé au niveau de l’augle rentrant du
bord latéral de la région cordiale. Cloison inter-antcunaire tres-
large ; article basilaire des antennes externes très-oblique ;
épistome lisse ; bord antérieur du cadre buccal à peine saillant
et sans tubercule à ses extrémités ; bord antérieur du troisième
article des pates-màchoires externes très-oblique , et son bord
postérieur presque droit. Pâtes antennes très-grosses, renflées,
et n’ajaut pas deux fois la longueur de la carapace. Pâtes de la
seconde paire un peu plus courtes que celles de la troisième
paire, lisses et arrondies; leur troisième article dépassant de
beaucoup le bord latéi'al de la carapace ( tandis que dans les es-
(i) C. Jlortdus. Rumph, PI. 8, C.flosailoms. Seba , t. III,
PI. 19 , fig. 2 et 5 ? f’. cornlliutis. Fabr. Eut. Syst. t. II , p. 445 ; —
Herb. PI. 5, fig. /|o; — C. adspersus. Herb. PI. ai, lig. 119? C.
mnculnliis. Latr. Hist, des Cnist, t. VI ; — Desra. p. in'[.
•^8a HISTOIRE haturelle
pùccs suivantes 11 ne le dépasse qu’à peine ) . Tarses cylindriques
et plus longs que l’article qui les précède. Longueur , 4 à
5 pouces ; couleur rouge jaunâtre avec des vergettures jaunes ;
pinces et ongles bruns.
Habite les Antilles. ( G. M. )
?.. Girvile maculé. — C. rnaculatus (i).
Front tr'es-lfirge {aa largeur excédant notablement la
longueur de l'eupace compris entre le bord antérieur du
front et le plastron sternal), et formé de quatre lobes , dont
les deuxlateraiix sont arrondis et séparés des médians par
une échancrure profonde, Epistome divisé transversalement
par un sillon très- profond. l)u reste, semblable au précédent.
Longueur, environ? pouces: couleur jaune pâle, avec quelques
grosses taches circulaires d’un rouge intense sur la carapace.
Habite l’océan Indien. { G M.)
3. Garpilie convexe. — C. convexus (?).
( PI. i6, fig. 9 et lo. )
Front assez large et formé de quatre lobes , dont les
deux latéraux sont presque droits et les deux médians
presque confondus et peu saillans. Garapace beaucoup plus
convexe que dans le G. corallin; région hépatique et portion
antérieure de la région stomacale piquetées. Du reste , ne diffère
pas notablement de la précédente. Longueur, ? à 3 pouces ;
couleur jaune, avec un grand nombre de taches irrégulières
de couleur orange.
Habite la mer Rouge. (G. M.)
(1) C. rttber. Runiph , PI. lO, lig, j ; C. sexatUis. Seba, t. III,
Pt. 19, fig. 8. C. macitiaUts. Lion. Mus. Lud. UI. p. 4^3; — Fabr.
Ent. Syst. t. II, p. 447 ; — Herb. Pt, 6, lig. 4i, PI. 21, %- J 18 ,
et Pt. 60, fig. 2 ; — Lutr. Hist- des Crust. t. V ; — Desm p lo j.
(2) Cancer convexus. Forskal Pescript. Aniiu. p. 88 ; Carpitius
coHre.rMs.Kuppcll. Crust. de i Kgypte, PI. 3, fig. 2.
BES CRUSTACES.
§ li. Especes dont la carapace est lisse en dessus , mais
divisée en lobes par de petits sillons linéaires.
4- Garpilie veineux. — C. venosus.
Cette petite espèce établit le passage entre les précédentes et
dlvei's Crabes dont la carapace est fortement bosselée. Les
bords latéro- antérieurs de la carapace sont divisés par des
replis en quatre lobes larges, arrondis et peu saillans; la
région stomacale est divisée en cinq bandes longitudinales par
des sdlons, et les hépatiques en trois portions 2n'innipales jaar
deux sillons obliques qui partent des deux dernières échan-
crures du bord latéro-antéricur. EnOn , dans sa moitié posté-
rieure , la carapace est lisse. Les pâtes sont un peu comprimées.
Longueur, six lignes.
Habite?. (G. M.)
Le Cancer marmarinus de Herbst (PI. 6o, lîg. i), et le
Cancer PETRACA, du même auteur (PI. 5i, lîg. 4), ajipartiennent
évidemment à cette division générique ; le premier a beaucoiijp
d’analogie avec le Garpilie corallin, le second avec le C. convexe.
III. GENEE ZOZYME. — Zozyrnus (i).
Cette petite division générique , extrêmement voisine des
deux précédentes, ne s’en distingue guères que parla Ibrmedes
pinces , dont l’extrémité est élargie et profondément creusée
en cuillère , disposition qui doit influer sur la manière de vi-
vre de ces animaux. Elle tend aussi à établirle passage entre le
genre Crabe et le genre Xanthe, car nous ne trouvons aucun
(i) 6'nacer. Linn. Fabr. Latr. Desin. Zozymus. Leacli (Desm.
p. 104.)
mSTOIIîE NATTIREEtE
384
caractère bien précis pour en séparer quelques espèces, dont
la forme générale est un peu moins ovalaire que chez les
Crabes , et dont les bords latéro-postérieurs de la carapace
sont presque aussi longs que les bords latéro- antérieurs ,
qui eux-mêmes deviennent fortement dentelés.
§ A. JEspeces ayant la carapace lisse et sans bosselures
notables.
1. ZoZYME TRÈS-LARGE. Z . latissimUS (l).
Carapace ovoïde extrêmement large , assez bombée ; son
bord latéro-antérieur très-long , et bordé d’une crête lame’leuse
et entière qui ne se termine point par un tubercule , mais se
recourbe brusquement sur la région branchiale. Lobes médians
du front courbes et très-avancés; pâtes antérieures fortes;
pinces sans crête ni cannelures sur leur face externe ; une
crête élevée tant sur le bord supérieur que sur le bord inférieur
des huit dernières pâtes. Longueur, 3 pouces; couleur rou-
geâtre.
Habite la Nouvelle-Hollande. ( C. M. )
5 B. Especes dont la carapace est granuleuse , mais sans
bosselures.
b* ZozYME PUBESCEKT. — Z . pubesccns.
Carapace régulièrement ovoïde, bombée , très-large , et cou-
verte de petites granulations pointues. Fi’ont très-étroit, in-
cliné; bords latéro-antérieurs très-courbes, épais, granuleux,
sans crête ni dentelures, et se prolongeant jusqu’au niveau de
la région cordiale. Pâtes des quatre dernières paires arrondies
dans leur moitié externe , mais ayant le troisième article com-
(I) C. let’is latipes? Seba , t. IH, PI, ig, £ig. 6, a.
nES CRÜSTACÉS. d85
primé et tranchant. Longueur, envh'on lo lignes; corps garni
d’un duvet ti’ès-fin ; coulem- blanchâtre.
Habite l’ile-de-rrance. (G. M.)
§ B. Especes dont la carapace est granuleuse et bosselée.
3. ZoZYME TOMENTEUX. Z . tOVientOSUS. (/■
Carapace ovoïde , très-large , très-bombée , fortement
bosselée en dessus et divisée par un grand nombre de sil-
lons linéaires ; région génitale divisée en trois portions
par des sillons nombreux. Ses bords latéro-antcrieurs gra-
nuleux et divisés par quatre fissures qui se prolongent en forme
de sillons sur la région ptérygostomienne , laquelle n’est point
granuleuse ; ses bords latéro-postérieurs concaves et très-
courts. Pâtes courtes et couvertes de granulations ; corps cou-
vert d’un duvet noirâtre. Longueur, environ 8 lignes.
Habite l’océan Indien. (G. M. )
4. ZozYME RIDÉ. — Z. rugatus (i).
Gette petite espèce , dont je n’ai observé qu’un individu mu-
tilé, ressemble beaucoup à la précédente, mais les granulations
de la carapace sont plus fines et plus serrées , et la région géni-
tale n’est pas divisée ; les bords latéro-antérieurs de la carapace
sont divisés en quatre lobes arrondis et bien distincts ; peu ou
point de duvet; pinces lisses. Longueur, 4 lignes.
Habite? (G. M.)
$ D. Espèces ayant la carapace fortement bosselée,
mais non granuleuse.
y
5. ZoZYME BRONZÉ. Z. ÆueUS (l).
Garapace médiocrement large, convexe, très-inégale, forte-
(1) Cancer cochlearis ? Herb. t. II, p. 266, PI. 21, fig. laS. Can-
cer rugatus . Latr. Collect. du Muséum*
(3) C. incompnrahilis- Seba , t. III, PI19, fig* 1® G. ceneus. Linn.
CRUSTACÉS, TOME I. 25
HlSTOiaE NATURELLE
38G
menl bosselée , et presque tuberculeuse à sa partie postérieure ;
front peu avancé et indistinctement divisé eu quatre lobes;
bords laléro-autérieurs de la carapace ne se prolongeant pas
au delà du niveau de la région génitale, et armés de quatre
dents très-larges , comprimées et réunies en manière de crête.
Pâtes antérieures tuberculeuses en dehors ; les suivantes creu-
sées de sillons siu’ leur face externe. Longueur, 2 à 3 pouces ;
couleur jaune , avec des taches rougeâtres.
Habite l’océan Indien. (C. M.)
IV. Genre LAGOSTOME. — Lagostoma (1).
Les Cancériens , dont se compose ce genre , ressemblent
beaucoup à certains Zozymes ; niais ce qui les en distingue ,
ainsi que de tous les autres Crustacés de la même tribu , est
l’existence d’une échancrui'c large et profonde vere le milieu
du bord antérieur du troisième article des pates-mâchoires
externes (PI. j6 , fig. 4)- Leur carapace est un peu ovoïde et
bombée dans tous les sens ; le front est incliné et les bords
la téro-antérieurs très -recourbés en arrière. L’ai’ticle basilaire
des antennes internes est remarquablement saillant , et l’article
basilaire des antennes externes n’arrive pas tout-à-fait jus-
qu’au front. Les pâtes antérieures sont comprimées, iné-
gales , et leui-s pinces sont creusées en cuillère ; enfin ,
les pâtes suivantes sont courtes , comprimées et épineuses en
dessus.
Nous ne connaissons encore qu’une seule espèce ayant ce
mode d’organisation.
O
Mus. Lud. Ulr. p. 451; C. Jloridus.M.eth. t I, p. i32, PI. 3,
fig. 39, PI. 21, fig. 120 ; C. amphitrite. Herb. t. HI , PI. 53, fig. l;
C. Jloridus et C. æneiis. Fubr. Suppl, p. 388 (et 335. C. ceneiis.
Latr. Hist. des Cru.st. t. V , p. 3-5 ; — Lamk. Hist. des An.
sans vert. , t. V, p. 271 ; — t>esm, p. 104 ; — Quoy et Gaimard.
Voyage de fUranie, PI. yd) hg- i.
{1) Cancer. Fabr. Suppl, p. 3.34.
DES CnUSTACÉS.
387
Lagostome perlée. — L. perlata (i).
Carapace ovalaire, très-bomhéc , et couverte de gros tuber-
cules pisiformes; lobes médians du front petits, saillans et
arrondis; bords latéro-anléricurs de la carapace garnis d’une
douzaine de tubercules dentiformes , et se prolongeant juscpi’an
niveau de la partie postérieure de la région cordiale. Pâtes
antérieures tuberculeuses ; les .suivantes garnies en dessus de
poils assez longs , et hérissées d’épines , excepté sur le tarse ,
qui ne présente point de dentelures notables. Face inférieure
du corps lisse. Longueur, environ i5 lignes; couleur brunâtre .
Habite l’océan Atlantique , et paraît se rencontrer quelque-
fois sur les côtes de la Bretagne. ( C. M. )
V. Genre XANTHE. — Xdntho (■2).
Le genre Xanthe , établi par M. Leach pour recev'oir
quelques Crustacés de nos côtes , a les l'apports les plus
intimes avec les genres Crabe et Zozyme , surtout lorsqu on
étend ses limites comme nous avons été oblige de le faire ,
afin ne pas multiplier outre mesure les divisions génériques.
Presque tous les points de l’organisation extérieure de ces
divers cancérieus sont les mêmes ; mais cependant les Xanthes
sont faciles à distinguer, et ont pour la plupart un
aspect particulier qui les fait reconnaître au premier coup
d’œil. Leur carapace est encore très-large, niais n’est ja-
mais régulièrement ovoïde, et n’est que peu ou point bomliée ;
sa surface est en général tout-à-fait horizontale transversa-
lement , et n’est courbée dans le sens de sa longueur que
dans sa portion antérieure. Le front est ordinairement
(1) Cancer perlalus. Hevb. t. I ,-p. < fig- 12= : C. daira.
Herb. t. III, PI. ?3, fig. 2. C. vaimosus. Fabr. Suppl, p. 338.
(2) Cancer. Linn. Fabr. etc. — Aoudic. Leach. Malac. — Desm.
p. lO/f.
HISTOIRE NATURELLE
388
avancé , lamelleux et presque horizontal ; une fissure
étroite la divise en deux lobes dont le bord est plus ou
moins échancré au milieu. Les orbites ne présentent rien
de remarquable , et ressemblent à eelles des Crabes et des
Zozymes; les bords latéro-antérieurs de la carapace se
prolongent en général bien moins en arrière que dans les
genres précédons , et n’arrivent ordinairement qu’au niveau
dû milieu de la région génitale , de façon que la portion anté-
rieure de la carapace n’est guères plus étendue que la portion
postérieure ; les bords latéro-postérieurs sont presque tou-
jours longs, droits, et dirigés beaucoup moins oblique-
ment en dedans que dans les genres précédons. Les fos-
settes antennaires sont étroites, transversales et séparées
par une cloison mince. L’article basilaire des antennes
externes est placé comme chez les Zozymes , mais est en
général plus court. Les pâtes - mâchoires externes ne
présentent rien de particulier. Le plastron sternal est
ovalaire. Les pâtes antérieures sont fortes et en général
inégales chez le mâle; les pinces sont tantôt pointues,
tantôt arrondies , mais jamais creusées en cuillère comme
chez les Zozymes; de même que dans tous les genres pré-
cédens , elles sont noires ou brun foncé. Les pâtes suivantes
sont médiocres , plus ou moins comprimées , et terminées par
un tarse très-court et armé d’un petit ongle corné. Uab-
domen présente sept segmens chez la femelle et en général
cinq chez le mâle.
Ce genre , assez nombreux en espèces , est répandu dans
toutes les mers , et se trouve aussi à l’état fossile.
DES CRUSTACÉS, 889
§ A. Especes dont la carapace est granuleuse ou tubercu-
leuse en dessus.
a. Pâtes des quatre dernières paires ni épineuses ni
dentées.
a*. Carapace couverte de granulations arron-
dies et isolées.
1. Xantde très-poilu. — X. hirtissimus (i).
Carapace granuleuse et très-fortement bosselée dans
toute son étendue (la région cordiale et la portion postérieure
des régions branchiales bosselées et sillonnées comme les par-
ties antérieures de la carapace), forme générale presque
ovoïde ( se rapprochant beaucoup de celle du Zozyme tomeii-
teux ). Bords latéro-antérieurs de la carapace très -courbes
et divisés en quatre lobes obtus. Bords latéro-postérieurs
très - concaves. Régions ptérygostoiniennes granuleuses et
creusées de petits sillons qui se continuent avec les échan-
crures des bords latéro-antériem-s. Pâtes médiocres et compri-
mées. Corps entièrement couvert de petits poils raides. Lon-
gueur, environ 7 lignes.
Habite la mer Rouge. (C. M. )
1. Xahthe a poiMTS ROUGES. — Z. rufopujictatus. [
Carapace granuleuse et bosselée partout, comme dans
l’espèce précédente , mais beaucoup moins ovoïde; sillons
de la carapace très-profonds, très-larges et lisses; bords la-
téro-antérieurs divisés en cinq dents grosses et arrondies ;
bords latéro-postérieurs presque di'oits. Réglons ptérygosto-
miennes granuleuses , mais sans sdlons notables j pâtes extrê-
mement noduleuses et granuleuses. Blanc , avec des taches
rouges. Longueur, près d’un pouce.
Habite l’Ile-de-France. (C. M. )
(1) Ruppell, op. cit. p. 21, PI, fig. 8.
HIST01K£ NATUHKliLE
3c)o
3. Xahïue piquant. — X asper (i).
Carapace granuleuse et bosselée partout (comme dans
les espèces precedentes ) , mais beaucoup moins large ; ses
bords latéro-antérieurs très-courts et divisés en quatre
dents hérissées à leur extrémité d’une série et épines
acérées. Pâtes antérieures comprimées et garnies de plusieurs
rangées de tubercules grimuleux; les suivantes lisses. Lon-
gueur, 4 à 5 lignes.
Habite la mer Rouge.
4. Xanthe setigeb, — X. setiger.
Carapace très- granuleuse partout et fortement bosselée
en avant , mais sans bosselures ni sillons notables sur la
région cordiale et la portion correspondante des régions
branchiales ; moins ovoïde que chez le X. très-poilu. Bords
latéro-antérieurs très-courbes et divisés en quatre lobes à peine
distincts; bords latéro-postérieurs concaves ; régions ptérygosto-
miemies comme dans le X. très-poilu ; pâtes antérieures assez
grosses et très-granuleuses ; pinces pointues , tranchantes et
cannelées en dehors; corps couvert de poils. Longueur, en-
viron 9 lignes.
Habite les Antilles. (G. M.)
5. Xanthe raboteux. — X. scaber [i).
Carapace comme dans l’espece précédente , mais moins
large, étayant ses bords latéro-postérieurs droits. Mains
plus grosses, et pinces sans cannelures distinctes ; du reste ne
différant qu’à peine du X. setiger. Longueur, environ 10
lignes.
Habite les îles de la Sonde. (GM.)
(1) Ruppell. op. cit. PI. 5 , fig. 6.
(2) Cancer scaber, Fabr, Suppb p. 336.
6. Xanthe de Lamarck. — -3^- I^cimarckii.
Carapace presque lisse dans sa moitié postérieure , et
un peu plus large que dans l’espèce précédente. Dents latéro-
antérieures plus pointues ; mains très-granuleuses et creusées en
dehors de deux sillons longitudinaux très-profonds. Longueur,
4 lignes.
Habite l’Ile-de-France. (C. M. )
Carapace couverte de petits tubercules soudes entre
eux par doubles rangées , et ayant l'aspect ver-
moulu,
q. Xauthe vermoulu. — iX., vermiculatus (i).
Carapace à peine bombée , fortement bosselée , et présentant
sur chaque bosselure un grand nombre de tubercules i-éunis
entre eux , de manière à former des ligues élevées et découpées
de chaque côté, qui s’unissent à leur tour et donnent à la ca-
rapace l’aspect d’une substance vermoulue. Bords latéro-anté-
rieurs divisés en quatre lobes à dents triangulaires dont les
bords sont dentelés ; bords latéro-postérleurs concaves. Le front
très-mcllné; une échancrure étroite et profonde vers le milieu
du bord antérieur du troisième article des pate.s-macboires ex-
ternes. Pâtes comme vcrmoidues en dessus et en dehors ;
celles de la première paire médiocres et arrondies en dessus ;
pinces sdlonnées; pâtes des quatre dernières paires à bord
supérieur tranchant et poilu. Longueur, environ deux pou-
ces. Couleur blanchâtre.
Habite? (C. M. )
(i) Cancer vermiculatus. Lamarck, Hist. des An. s. vert- t. V,
p. uqi.
392
HIST O I li E NATURELLE
a.a. Pâtes des quatre dernieres paires ni épineuses ni
dentées. [Carapace tuberculeuse.)
7. Xanthe de Reynaud. — X. Reynaudii.
Carapace à régiotis bien distinctes et bosselées , tuber-
culeuse dans toute son etendue , peu convexe , fortement
tronque'e en arrière et couverte de tubercules peu saillans.
Front divise' en deux lobes sinueux et tronqués ; bords latéro-
antérieurs ne dépassant que de peu le niveau de la région sto-
macale , et armés de quatre grosses dents triangulaires et tu-
berculeuses ; bords latéro-postérieurs un peu concaves et très-
longs ; pâtes antérieures renflées et couvertes en dedans comme
en dehors do gros tubercules ari'ondis ; pinces pointues ; pâtes
suivantes, grêles, assez longues, et portant sur le bord supérieur
de leur troisième article mie série de six à sept grosses dents.
Face inférieure du corps granuleuse. Longueur , environ
3 pouces et demi ; couleur rouge mêlé de jaune et de blanc.
Habite l’océan Indien. ( G. M. )
8. Xanthe de Péron. — • X. Peronii.
Carapace à régions peu distinctes , et peu ou point tu-
berculeuse dans sa moitié postérieure. Forme générale à
peu près de même que dans l’espèce précédente. Pâtes anté-
rieures grosses et couvertes en dehors de tubercules pointus ;
celles des quatre dernières paires hérissées d’épines. Longueur,
environ 4 lignes.
Habite la Nouvelle-Hollande. (G. M. )
DES crustacés.
393
S B. Espèces dont la carapace n’est couverte 7ii de granu-
lations ni de tubercules.
b. Mains et pâtes des quatre dernieres paires dé-
pourvues de crête tranchante sur leur bord su-
périeur.
b*. Carapace bosselée dans toute son étendue et
piquetée (ses bords latéro-antérieurs fortement
dentés).
8. Xanthe imprimé. — X. impressus (i).
Carapace à peine bombée et couverte de bosselures dont la
surface est inégale et piepetée ; front peu incliné et divisé en
quatre lobes arrondis, dont les deux médians sont grands et
saillans, et les deux latéraux très-petits. Bords latéro-antérieurs
prenant naissance beaucoup au-dessous du niveau de 1 orbite ,
ne se prolongeant pas au delà du niveau du milieu de la région
génitale , et divisés en quatre gros lobes arrondis. Pâtes anté-
rieures courtes , gi'osses et piquetées ; un gros tubercule bilobe
sur le bord interne du carpe ; «nains ne présentant 111 tiibercu es
ni épines ; pinces pointues et arrondies au bout ; pâtes des quatre
dernières paires arrondies en dessus. Longueur, 2 ou 3 pouces;
couleur jaune lavé de rouge.
Habite rile-de-France. ( G. M. )
Zi**. Carapace bosselée antérieurement , mais plane
dans sa moitié postérieure (ses bords latéro-ante-
rieurs fortement dentes ).
g. Xanthe livide. — X. lividus (2).
Face supérieure de la carapace notablement bombée ,•
bord inférieur du hiatus de l’angle interne de l’orbite s’a-
(1) Cancer impress tes. Lamk. op. cit- t. V, p. 272.
(2) Cancer liridus. Lamk. op, cit. t. X, p. 273.
HISTOIRE NATtRELLE
3y4
vançant jusqu’au niveau du quatrième article de l'an-
tenne externe. Bords latéro-antérieurs de la carapace divises
en quati’e dents ; pâtes antérieures médiocres j main arrondie
en dessus ; bord supérieur des pâtes des quatre dernières paires
arrondi, garai d’un gi-and nombre de petits tubercules, et très-
poilu. Longueur, environ 3 pouces; couleur jaune-rougedtre.
Habite les mers de l’Ue-de-France. (G. M. )
lo. Xanthe floribe X. floridus (i).
Face supérieure de la carapace horizontale transver-
salement et à peine courbée d avant en arrière ^ bords la-
tero -antérieurs armés de quatre gros tubercules denti-
f ormes et presque triangulaires; pinces arrondies et ne
présentant aucune trace de cannelures. Carapace large et
assez fortement bosselée dans toute sa moitié antérieure ; front
légèrement incliné, peu saillant et presque droit; bords latéro-
antérieurs courbes , et atteignant presque le niveau du bord
antérieur de la région eordiale. Pâtes antérieures renflées et
très-grosses : les suivantes courtes , arrondies et garnies de
poils sur le bord supérieur de leiu- troisième article. Longueur,
environ a pouces ; couleur brun rougeâtre , avec les pinces
noires.
Très-commun sm- nos côtes. (G. M.)
II. Xanthe hivuleux. — X. rivulosus (2).
Cette espèce est extrêmement voisine de la précédente , mais
s’en distingue en ce que les pinces sont cannelées en dessus
(1) Montagti, Limi. Trans. t. IX. PI. 2 , tig. 11 Xantho Jlorida.
Leach. Malac. PI. ii; — üesm. PI. 8, flg. 2. Nous ne voyons
aucune raison valable pour distinguer de cette espèce le Cancer
paressa d'Olivi ( üool. adriat- Pi. 2 , fig. 3 : Xantho paressa. Leach ,
Desm. p. io5 ).
(2) Risso, Crust. de Nice, p.-i4i Savigny, Egyp. Cr. PI. 5,
lig. 8. C. hyUrophilius. PI. 21, üg. '124?
DES CttUSïACÉS. 395
et en dehors ; les bosselures de la carapace sont moins élevées ;
le front est plus saillant et plus horwoutal; le» bords latéro-
antérieurs de la carapace dépassent à peine le niveau do la partie
postérieure de la région stomacale , et les pâtes des quatre der-
nières paires sont garnies de poils dans toute la longueur de
leur bord supérieur. Longueur, 1 è a pouces; couleur jaunâtre
maculé de rouge, et avec les pinces brunes.
Habite la Méditerranée et nos côtes de l’ouest. (G. M. )
13, Xaktiie parvule. — X. parvulns (i).
Espèce très-voisine des deux précédentes , mais dont les
bords latéro-anlérieurs de la carapace sont minces , tran-
chans et dioisés en quatre lobes tronqués et dentif ormes ,
et dont la face supérieure de la carapace est simplement ridee
et non bosselée en avant. La main du côté droit est beaucoup
plus large que l’autre, et on remarque à la base de son doigt
mobile une dent tuberculeuse extrêmement forte. Longueur ,
4 lignes ; couleur brunâtre.
Habite les Antilles et le Brésil, (G. M. )
i3. Xanthe pieds velus. — X. hirtipes (3).
Espèce très-variée du Xantbe rivuleux , mais ayant la ca-
rapace un peu plus bombée , le front marqué (tun léger
sillon transversal , et la face externe des mains garnie
de plusieurs rangées de petits tubercules perlés. Longueur,
environ 5 lignes.
Habite la mer Rouge. (G. M.)
(1) Caneer parviUus. Fabr, Ent. Syst. t- U, p- 40*
(2) Cancer hirtipes. Latr. Coll, du Mus. - Savigny, Egypte , PI. 6,
tig. if
b*'**. Carapace sans bosselures notables, même à sa
partie antérieure.
b Bords latéro - anterieurs minces et proj^on-
dément découpés.
• CRÉNELÉ. — X, crenatus.
Carapace très-élargie et lisse ; front divisé en deux lobes la-
mellem tres-larges , tronqués , et à bords presque droits ; bords
latéro-antérieurs divisés en trois lobes minces et presque carrés,
suivies d une quatiàeme dent triangulaire j pâtes antérieures
tres-inégales et médiocres ; pinces un peu comprimées et cour-
bées en dedans et au bas ; pâtes suivantes à peu près comme
dans les espèces précédentes, mais plus grêles. Longueur,
1 0 lignes.
Habite les côtes du Pérou. (C. M. )
Bords latéro -antérieurs épais et entiers, ou ne
présentant que deux ou trois tubercules à peine
saillans.
i5. Xanthe de Gaudichaud. — X. Gaudichaudii.
Front peu avance, très-étroit, et profondément divisé
en quatre lobes arrondis et très-saillans . Forme générale ,
très-semblable à celle du Xanthe floride, Longueur, environ
2 pouces.
Habite le Chili. (C. M. )
, (J i6. Xanthe ponctué. — X. punctatus.
Front peu avancé , large, sinueux , divisé obscurément
en quatre lobes arrondis et peu saillans j carapace ovoïde,
peu large, divisée sur la région hépatique par deux sillons qui
DES CRUSTACÉS. 397
se continuent avec des échancrures des bords latéro-antérieurs ;
mains amples et lisses. Longueur, i pouce.
Habite l’Ile-de-France. (G. M.)
1^. Xanthe plan. — X. planas.
Front tres-avanck , droit, horizontal , et divisé en deux
lobes par une petite fissure médiane ,• carapace plane en
dessus sans régions distinctes; bords latéro-antérieurs épais,
obtus , très-courbes , se prolongeant jusqu’au niveau du milieu
de la région génitale , et présentant en arrière deux tubercules
arrondis dont l’antérieur à peme distinct. Pâtes a peu près
comme dans le X. floride, seulement il y existe une dent à
l’extrémité du bord supérieur du troisième article. Longueur,
I pouce et demi ; couleur jaunâtre. ^
Habite les côtes du Chili. (G. M.)
i8. Xanthe front rond. — X. rotundifrons.
Front extrêmement avancé , semi-circulaire , sans fis-
sure médiane et inclinée ; carapace ovoïde , presque plane ;
bords latéro-aiilérleurs épais, obtus, entiers, tres-coiu"bes , et
se prolongeant jusqu’au niveau de la région coi'diale ; pales
comme chez le X. floride. Longueur , environ lo lignes.
Habite ? ( G. M. )
bb. Mains et pâtes des quatre dernières paires garnies en
dessus d’une crête longitudinale.
ig. Xanthe incisé. — X, incisas. '
Face externe des mains garnie de plusieurs rangées
horizontales de petits tubercules; carapace très-large, peu
bombée , fortement bosselée , et présentant sur les réglons sto-
macale et hépatique plusieurs petites crêtes transversales ;
front à peine incliné et divisé en quatre lobes arrondis , dont
les deux externes très-petits ; bords latéro-antérieurs de la ca-
HISTOIRE NATURELLE
39^
rapace divisés en quatre dents , dont les deux premières arron-
dies et comprimées , et les deux dernières triangulaires et
carénées en dessus. Pâtes antérieures granuleuses. Longueur,
environ i ponce; quelques poils sur la carapace et sur les
pâtes.
Habile l’Australasie. (G. M.)
ao. Xahthe a huit dints. — X. octodentatus (1).
Face externe des mains ne présentant pas de petits tu-
bercules disposés par rangées horizontales ; bords latéro-
antérieurs de la carapace armés de dents très -fortes et
séparées entre elles par des échancrures très-profondes ;
carapace légèrement bombée , assez fortement bosselée près du
bord antérieur et lisse dans sa partie postérieure ; front à peine
saillant et divisé en deux lobes ; pâtes antérieures médiocres ;
carpe garni en dedans de deux gros tubercules ; pinces légère-
ment cannelées ; pâtes suivantes très.comprbnées et bordées de
poils. Longueur, a pouces et demi.
Habite (G. M. )
21. Xantbe rayonné. — X. radiatus (2).
Face externe de la main granuleuse , mais ne présen-
tant pas de rangées de tubercules ; bords latéro-antérieurs
de la carapace comme festonnés, armés de trois ou quatre
petites dents pointues réunies entre elles par une crête
mince ; face supérieure de la carapace presque plane , lisse , à
régions assez distinctes et légèrement bosselée en avant ; ses
bords latéro-postérieurs droits ; front presque droit divisé par
(i) C. marhms lœvis, Rumph. PI, 5, fig — C. Jloriâus ? Lati'.
Encyc. PI. 283, fîg. a. ( JVÏiil copiée d'après Rumpli. )t^’nKcer
Goérin , Icon.Cr.,Pl. 3, fig- i-
fa) C. clodone'i Herhst , t. HI, p. 37, Pi. Sa, fig. 5. *
DES CRUSTACÉS. .^99
une fissure médiane à peine visible ; pâtes antérieures assez
grosses ; carpe armé en dedans de deux tubercules pointus ;
main bordée en dessous comme en dessus d une crete tran*
chante ; pales suivantes très-comprimées. Longueur , environ
4 lignes.
Habite l’Ile-de-France. (G. M.)
Plusieurs Crustacés, qui ne nous sont connus cpie d après
les figures que Herbst en a donné, et qui nous paraissent dis-
tincts des précédons, devront probablement prendre également
place dans le genre Xanthe. De ce nombre sont :
Le G. ACASTE ( PI. 54 , fig. 4) > 1® carapace paraît être
lisse et les mains armées en dessus d’une crete tranchante.
Le G. CLYMÈNE (PI. 53 , fig. 6) , qui ressemble beaucoup an
Xanthe rivuleux.
Le G. MÉTIS (PI. 54, fig- 3), dont la carapace, fortement
bosselée en avant , est beaucoup plus étroite et le front plus
avance que chez les autres Xanthes.
Le Cancer mErcenaria , décrit parM. Say {Journ. of the
Acad, of Philad. , t. I , p. 448 ) , paraît être aussi un Xante.
Le front de ce Cancérien est divisé par une fissuie médiocre et
légèrement sinueuse ; les bords latéro-antérieurs de la carapace
sont divisés par des sinus en quatre dents obtuses, réticulées au
bout et à peine saillantes ; enfin , ses pâtes sont très-poilues.
On l’emploie comme aliment à Charlestown.
VI. Genre CHLOHODE, — - Chlocodius (i).
Les Crustacés dont nous formons ce groupe ont une
très-grande analogie avec les Xanthes ; mais ils ont la c<a-
(I) Cnacer For.skSl , Herbst. etc. Chlororliiis. Tipach. — Ruppelî,
np. cit p. 30.
HISTOIRE NATURELEE
4oo
rapace en général moins large, et ce qui les distingue sur-
tout ,‘c’estla disposition de leurs pinces , dont l’extrémité est
élargie et profondément creusée en cuillère.
§ A. Especes dont la carapace est tres-bosselée.
a. Carapace peu ou point granuleuse.
'O
I. Ghlorode ONGULÉE. — C. uugulatus (l).
(PI. i6, fîg. 6-8.)
Carapace à peine bombée, fortement bosselée dans toute
son étendue , et peu élargie ; front divisé en quatre lobules ,
mais cependant presque droit et assez large j bords latéro-anté-
rieurs armés de cmq dents triangulaires et très-épaisses ; pâtes
antérieures très-longues , leur troisième article dépassant les
bords de la carapace dans plus de la moitié de leur étendue;
mains très-fortes , inégales et couvertes de tubercules arron-
dis; pâtes suivantes épineuses et poilues . Longueur , environ
I o lignes ; couleur brun-rouge , avec les pinces noires et bor-
dées de blanc.
Habite l’Australasie. ( C. M. )
a.a. Carapace granuleuse.
3. Cblorode aréole. — C. areolatus.
^ Carapace fortement bosselée et perlée ; front large et divisé
en quatre lobes bien distincts ; bords latéro-antéi-ieurs courts ,
presque droits et divisés en quatre dents triangulaires ; hiatus
de l’angle orbitaire interne , étroit et pouvant à peine loger la
tige mobile de l’antenne externe. Pâtes antérieures granuleuses ;
les suivantes , ainsi que la face inférieure du corps , presque
lisses. Longueur , environ 4bgnes.
Habite la Nouvelle-Hollande. (G. M.)
(i) Dans la planche i6, où ce Crustacé est figuré, le numéro
qui s’y rapporte, ainsi que celui du Carpilie convexe, ont été jiar
erreur désignés comme appartenant au genre Crabe.
SES CF, WSTACKS.
4<> I
§ B. ÆJ^pèces ayant la carapace peu bosselée , si ce n’est
tout-à-fait PII avant , et les mains dépourvues de tu-
hercules.
3. CttLoaODE LOifGiMAH^E. — C. loiigimanus.
Troisième article des pales des quatre dernières paires
armé d'épines sur le bord supérieur ; carapace aplatie, un
peu bosselée en avant , unie à sa partie postérieure et à régions
peu marquées; front très-large, presque horizontal, épais,
creusé en avant d’un sillon transversal et divisé en deux lobes
tronqués; bords latéro-antcrieurs à peine courbés, ne dépas-
sant pas le niveau du milieu de la région génitale , et divisés en
cinq dents pointues, dont la première constitue l’angle orbitaire
externe Une échancrure arrondie au milieu du bord anterieur
du troisième article des pates-mâcboires externes. Pâtes anté-
rieures {du mâle) grêles et exirêmement longues; leur troi-
sième article plus long que la carapace , et armé sur le bord
antérieur de quatre épines mousses; une épine sur le car|ie;
mains très-longues et s’élargissant vers le bout ; pâtes suivantes
courtes, arrondies et couvertes de poils dans leur moitié ex-
terne. Longueur , environ 6 lignes.
Habite les côtes de Portorico. ( C. M. )
4. Chloeode HAiN. — C. niger (1).
Troisième article des pâtes des quatre dernières paires
non épineux; pâtes antérieures très -longues , leur troi-
sième article dépassant de beaucoup les bords de la cara-
pace ; carapace presque plane en dessus, à régions peu distinctes ;
front très-large et presque droit ; bords latéro-autérieurs armés
de quatre dents , à peuie eourbés , et se dirigeant presque di-
(I) loger. Forsk. op. cit. p. 89; Chhrodins niger. Kuppell,
op. cit. p. 20, pi. 4i %■ 7-
«RrST.ACÉS , TOME I.
î>,6
/fo'j lIlSTOrRi; NATÜliELtE
rectement en arrière , le grand diamètre latéral de la carapace
n’étant guères plus long quele bord fronto-orbitaire. Pâtes lisses.
Longueur, environ 4 lignes ; couleur de la carapace, noirâtre;
pinces noires avec une bordur e blanche à leur extrémité.
Habite la mer Rouge.
5. Chlobode laboubée. — C. exaratus.
Troisième article des pâtes non épineux ; celles de la
première paire courtes , leur troisième article dépassant à
peine les bords de la carapace ; carapace à peine bombée
et tr'es-inégale dans sa moitié antérieure bords latéro-
antérieurs armés de quatre dents triangulaires , courbes
et obliques ; front étroit et formé de deux lobes mbices et tron-
qués , le bord fronto-orbitaire n’occupant qu’environ la moitié
du diamètre transversal de la carapace, Pales courtes j celles de
la première paire grosses , renflées et lisses. Longueur, environ
6 lignes ; couleur jamie rougeâtre, avec les pinces noires.
Habite les cotes de l’Inde. (C. M. )
6. Cni.ORODE SANGUINE, — C. satiguitieus.
Mêmes caractères que pour l’espèce précédente , si ce n’est
que les bords latéro-antérieurs de la carapace sont armés
de six ou sept dents. Longueur, environ 4 lignes; couleur
blanchâtre mêlée de rouge .
Habite les mers de l’Ile-de-France. (C. M.)
y, Chuopode ecdore. — C. eudorus (i).
Ne diffère guères de l’espèce pi'écédente que par des bosse-
lures plus élevées et plus nombreuses , et par la forme du front ,
dont les lobes moyens sont étroits et profondément échancrés ,
de façon à présenter chacun deux petites dents arrondies.
Habite la Nouvelle-Zélande, (C. M. )
(i) ('aitccy eiutorn. lîerli, t. III, PI. 5l, lig. 3.
nl;s C fi t: STACJ-S.
4o3
,«
VII. Geivke PxVNOPÉ. — Panopeiis (il.
Dans ce petit groupe , qui semble concluu’e vers le genre
Carcin , la carapace est bien moins ovalaire, même que
clans les genres Xanthe et Chlorocle ; les bords latéro-anté-
rienrs sont minces, dentelés, peu courbés, et ne se prolon-
gent que peu en arrière ; les bords latéro-postérieurs sont
au contraire très-longs et forment avec le bord postérieur
un angle presque choit. Ces Cancériens se distinguent aussi
de tous les précédens , par l’existence d’un hiatus au boi'd
inférieur de l’orbite , au-dessous de l’angle extei'ne de cette
cavité. Du reste , les Panopés ressemblent Iteaucoup aux
Xanthes.
Ges Crustacés appartiennent à l’Amérique.
§ A. Bord latéro- antérieur de la carapace atteignant le
niveau du bord antérieur de la région génitale.
i. Panopé de Hekbst. — P. [Terbstii (2).
Carapace à peine bombée et légèrement bosselée en avant;
front comme dans le Xanthe rivuleux. Une petite dent à l’angle
orbitaire externe au-dessus de l’hiatus ; bords latéro-antérieurs
armés en outre de quatre dents triangulaires, comprimés et
saillans ; un petit tubercule au-dessous delà base delà première.
Pâtes antérieures grosses et renflées; un petit tubercule pointu
au bord interne du carpe ; pinces courtes , fortes et arrondies ;
pâtes suivantes assez minces, lisses, et de longueur médiocre;
enfui le second segment de l’abdomen du mâle à peu près
de même longueur que les deux segmens qui 1 avoisinent. Lon-
(1) Cancer. Herbst. Say.
(2) Cancer panope. Herb. PI, 54, fig- ^ ' — Say. loc, cit. Pl. 4 ,
fig. 3.
26.
HISTOIRE WATÜRELEK
4o4
gueur, environ ■>, pouces ; couleur jaunâtre mêlée de vert , avec
les pinces noires.
Habite les côtes de l’Amérique septentrionale. (C. Î\I. )
§ B. Bords latér O- antérieurs de la carapace ne dépassant
gu'eres le niveau du milieu de la région stomacale.
2. Panope vaseux. — P. limosus (i).
Cette espèce est très-voisine de la précédente , mais sa eara-
pace est beaucoup plus large , et ses bords latéro antérleurs
sont dirigés moins obliquement en arrière. Enfin , l’épine placée
sur la région ptérjgostoinienue est rudimentaire , et chez le mâle
le deuxième segment de l’abdomen est beaucoup moins long
que les deux seginens qui l’avoisinent , et ses bords latéraux
sont droits- Longueur, environ 2 pouces.
Habite les côtes de l’Amérique septentrionale. (C. M. )
Le Cancer trispinosus de Herbst (PI. S’], fig. 4) "le paraît
devoir être rapporté à cette division générique.
Le Cancer ochtodes du même auteur (PI. 8, lig. 54)
pourrait bien y appartenir aussi.
VIII. Genre OZIE. — Ozius.
Ces Cancériens ont , de même que les précêdens , les
plus grands rapports avec les Xanthes ; en général , cepen-
dant, leur carapace est moins large et les bords latéro-an-
téi’ieurs moins courbes, ne se prolongent pas aussi loin en
arrière, et n’attaquent que le niveau du milieu de la ré-
gion gc'nitale ; la carapace n’est bosselée qu’à sa partie an-
térieure, et ses bords latéro- postérieurs sont ordinairement
(i) Cancer limosa. Say. loc. cit. p. ^/|6.
BES CRUSTACES.
4o5
un peu convexes ; mais ce qui caractérisé surtout les Ozies ,
est la disposition de l’espace compris enlre le bord antérieur
du cadre buccal et la bouche elle-même ; dans tous les Can-
cérieus dont nous nous sommes occupés jusqii’ici , cette
espece pré! abiiile est lisse (Pi. i6 , lig- lo), et le canal
elFérent de la cavité branchiale ne s’y distingue pas , tandis
que chez les Ozies il existe de chaque côté de l’espace pré-
labiale , une gouttière profonde qui fait suite à ce canal , et
dont le bord interne est très-saillant, et vient se réunir au
bord antérieur du cadre buccal. ( oj'e-z PI. i6 , flg. ni)
La disposition des antennes . des orbites , des pates-mâ-
choires et des pâtes , est à peu près la même que chez les
Xanthes. Enfin, dans l’abdomen du mâle ainsi que dans celui
de la femelle, les sept anneaux restent parfaitement dis-
tincts et nese soudentpas entre eux, comme cela a lieu pour
trois de ces segmens chez la plupart des Cancériens déjà
décri t-s.
§ A. Especes ayant les bords latéro-antérieurs de la cara-
pace armés de cinq ou six dents aiguës.
I. OzlE TUUEKCULEüX. O. tubcrCulosUS .
Carapace peu convexe , bosselée et granuleuse à sa partie
antérieure ; front armé de cjuatre dents arrondies ; orbites diri-
gées très-obliquement eu haut; bords latéro-antérieurs de la
carapace ne dépassant pas le niveau du milieu de la région
génitale; bords latéro-postérieurs convexes; article basilaii e des
antennes externes très-oblique ; leur tige mobile rudimentaire ,
et l’hiatus qui la renferme très-étroit. Régions pterygosto-
miennes granuleuses ; troisième article des patc.s • mâchoires
externes échancré a son bord antérieur. Pâtes antérieures trè.s-
fortes, renflées et granuleuses; les suivantes courtes, cylin-
driques et légèrement granulées. Longueur, environ i pouces ;
coideur brunâtre.
Paraît habiter l’océan Indien. (C. M- )
4o6
H I s T O 1 K E N A T U R £ E L E
5 B. Especes ayant les bords latéro-antérieurs de la cara-
pace divisés en quatre ou cinq lobes plus ou moins
dcntif ormes , mais toujours larges et obtus,
b. Front ne présentant pus eu avant un sillon trans-
versal.
b*. Front presque droit , légèrement sinueux.
a. OziE TRONQUÉ. — O. truncatus.
Carapace peu élargie, presque plane en dessus, et légère-
ment bossele'e en avant; front très-large; orbites sans fissures
distinctes ; bords latéro-antérieurs courts. Régions ptérygosto-
miennes , antennes externes, et pates-mâchoires externes à
peu près comme dans l’espèce précédente (PI. i é, fig- > > ) j
pâtes moins fortes. Longueur, un pouce et demi ; couleur bru-
nâtre.
Habite l’Australasie. (C. M. )
b'*. Front armé de quatre tubercules arrondis {les
angles internes du bord orbitaire supérieur non
compris. )
3. OziE MOUCHETÉ. — O. guttatus.
Carapace ovalaire , à peine bombée , lisse en dessus ; front
presque droit ; orbites avec une tissure en dessus et une petite
dent à l’angle externe ; bords latéro-antérieurs à peine décou-
pés; du Teste, à peu près comme les espèces précédentes. Lon-
gueur, 2 pouces ; couleur jaunâtre piquetée de rouge.
Habite la Nouvelle-Hollande. ( C. M. )
bb. Front creusé en avant d’un sillon transversal.
54- OziE FRONTAL O. froutalis.
Carapace ovalaire , très-élargie , presque entièrement plane
en dessus , un peu rugueuse à sa partie antérieure ; front
Di:s ckxjstacés. 4‘^'“
cannelé et obscurément divisé en quatre dents. Orbites sans
dent à l’angle externe; bords latéro-anlérieurs longs, très-
courbes, et divisés en quatre lobes fort larges, tronqués et à
peine saillaiis. Article basilaire des antennes externes droit et
très-petit; point d’échancrure au bord antérieur du troisième
article des pates-màchoires externes. Pâtes antérieures tres-
inégales, fortes et lisses; les suivantes petites et arrondies.
Longueur, environ un pouce; couleur brun jaunâtre , avec les
pinces d’un brun noirâtre.
Habite la côte de Tranquebar. ; (j. M. )
IX. GEmiEPSEUDOCARCm. — Pseiidocarcinus (i;.
La forme générale des Pseudocarcins est la môme que
celle de plusieurs Xanthes ; la carapace (PI. bis, fig. lo)
est légèrement bombée et un peu bosselée près i\n front qui
est presque horizontal ; les bords latéro-anterietirs sont mé-
diocrement courbés et armés de dents plus ou moins saillantes ;
enfin la portion postérieure de la carapace est à peu près de
même étendue que l’antérieure , et ses bords latéraux sont
droits et dirigés très-obliquement en arrière. La pi incipale
différence qui distingue ces Crustacés des genres precedens ,
consiste dans la disposition des antennes externes ( ooyez
PI. i6 , fig. 12 ) , dont l’article basilaire est très-petit, dont
le second” article atteint à peine le front , et dont le troi-
sième , qui est logé dans l’hiatus orbitaire , ne le remplit pas ,
de sorte que la fossette anteniiaire n’est pas complète-
ment séparée de Y orbite; enfin la tige terminale de ces ap-
pendices, au lieu d’être très-courte , est plus de deux fois
aussi longue que .son pédoncule. L’espace prélabial n’est
pas canaliculé comme chez les Ozies, et les pâtes -mâ-
choires externes ne présentent rien de particulier. Les
pâtes de la première paire sont remarquables par leur gros-
seur , chez le mâle surtout; elles ont à peu près la meme
.(1) CaiLcer. Fabr. — Herbst, — Lamarck. etc
UISÏ01HJÏ NATURELLE
forme que chez les Carpilies , mais sont encore plus fortes ;
les pinces sont également arrondies et obtuses au bout ,
inégales et armées de gros tubercules arrondis, lesquels, d’un
coté (en général le droit ) , ne sont qu’en très-petit nombre
et d’un volume remarquable; les pâtes suivantes sont
assez longues et ressemblent beaucoup à celles des Xanthes
de la section A . si ce n est qu'elles sont p'us étroites ,
et que leur dei uier ai'ticle est plus long. L’abdomen du mâle
est divisé en sept articles bien distincts. { Foyez PI. i4,
fig. i3. )
Ce genre appartient à l’Océan indien.
A. Lspeces ayant les bonis latéraux de la carapace
armés de quatre ou cinq dents.
a. l'ace supérieure de la carapace bosselée antérieur
renient»
I. PsEUDOCARCIN DE RuMPH. P. RumpllÜ {l).
Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre
dents triangulaires profondément découpées ( l’angle orbi-
taire externe non compris); face supérieure de la carapace lé-
gèrement bosselée , presque entièrement lisse, à régions peu
distinctes , et présentant près du front quatre tubercules raa-
millaires. Front profondément divisé en deux dents arrondies
et saillantes, en dehors desquelles on remarque de chaque
côté deux petits tubercules ; orbites marquées d’une fissure au
bord supérieur et présentant deux tubercules arrondis à leur
angle externe. Pâtes auterieures extrêmement grosses, ren-
flées et lisses ; le hias court, le carpe très-développé et pres-
que globuleux ; enfin la main ayant à peu près la longueur
du diamètre transversal de la carapace ; les pâtes suivantes de
(0 Cance, Rumphii. Fabr. Suppl, p. 335 ; _ Herb. t. III, PI. 49,
des crustacés. 4og
longueur médiocre , arrondies et poilues vers le bout. Lon-
gueur, 2 à 3 ])ouces.
Habite la mer des Indes.. (G. M. )
2. PsEUuocARüiw DE Bellahgek. — P- PellangerU.
Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre
dents à peine découpées et ayant la forme de lobes tron-
qués (PI 14 bis, lig. 10). Les tubercules de l’angle orbi-
taire externe sont moins gros et moins saillans que dans l’espece
précédente, et la tige terminale des antennes externes est plus
longue; du reste , ses caractères sont les mêmes. Longueur,
2 pouces; couleur de la cara^iace , brunâtre mêlée de jaune;
pâtes jaunâtres et pinces noires.
Habite la mer des Indes. (G. M. )
aa. Carapace lisse , sans bosselures notables à sa partie
antérieure.
3. PsEUDOGARCIN OCELLÉ. P . OCellatUS.
Gette espèce est très-voisine du P. de Rumph , mais le
front est plus saillant et divisé en deux lobes tronqués assex
larges ; la disposition des bords latéi'O-antérieius de la cara-
pace est la même que dans le P. do Bcllanger. Longueur, en-
viron 3 pouces ; couleur de la carapace , jaunâtre , avec une
multitude do tacbes circulaires rouges ; pinces noires ; pâtes
dos quatre dernières paires ornées de bander rouges et jaunes.
Patrie Inconnue. ( G. M. )
§ B. Especes ayant les bords latéro-antérieurs de la ca-
rapace ai’inés de neuf ou dix dents spiniformes.
4. PsEUDOCAKCIK GÉANT. P- (0'
Carapace légèrement bombée et renflée sur les cotés ; front
(1) Cancer gigas, Lamk, Hist des An- sans vert. t. V, p* 3^2.
HISTOIRE .lATUREELE
4lO
armé de quatre grosses dents pointues , près de la base des-
quelles on distingue sur la région stomacale autant de tuber-
cules arrondis ; bords latéro-autérleurs obscurément divisés en
quatre lobes , armés chacun de deux ou ti-ois dents spini-
formes; orbites divisées par quatre fissures comme chez les
Xanthes ; pâtes antérieures très - grosses ; bord postérieur
du bras épineux ; carpe armé en dedans de deux dents ;
mains comme dans les espèces précédentes ; pâtes des cpatre
dernières paires arrondies, armées d’épines sur le Lord supé-
rieur du troisième article , et recouvertes d’un duvet épais sur
les articles suivans. Longueur, environ j pommes ; couleur
jaunafre marbrée de rouge ; pinces noires.
Habite les mers de la Nouvelle-Hollande. ( G. M. )
X. Genre ÉTISE. — Etisus (i).
Ce petit groupe établit le passage entre les Xanthes et
les Platycarcips. La carapace des Etiscs est moins ovalaire et
moins large que chez la plupart des Cancériens arqués. Le
front est large , lamelleux et divisé sur la ligne médiane
par une fissure comme chez les Xanthes ; mais les deux
lobes , larges et tronqués , qui en forment la partie princi-
pale , sont séparés par une échancrure profonde de l’angle
antérieur et supérieur de l’orbite , qui est arrondi et sail-
lant ; les bords latéro-antérieurs de la carapace sont for-
tement dentés. Les antennes internes se rcploient presque
longitudinalement , et l’article basilaire des antennes ex-
ternes qui est très-grand , se réunit au front , et présente du
côté externe un prolongement qui remplit l’hiatus de l’angle
orbitaire interne ; enfin la tige mobile de ces antennes, qui est
très-courte, s’insère complètement hors de ce hiatus, au-des-
sous du front et plus près de la fossette antennaire que de
l’oi’bite. Les pâtes- mâchoires externes ne présentent rien de
(l) Cancer. Herbst.
DKS eut STAGES.
4' '
remarquable ; les pâtes de la première paire sont assez
grosses , et les pinces , très-éiargies au bout et arrondies ,
sont profondément creusées en cuillère.
A. Carapace à peine bosselée en dessus.
3. Etise denté. — dentaliis (i).
Carapace bombée et à régions distinctes ; front avancé et
formé de deux grands lobes aplatis et tronqués , en dehors des-
quels est un gros tubercule arrondi qui occupe l’angle orbitaire
interne. Orbites armées de (|unLi-o dents, savoir : une en dessus,
une à l’angle externe et deux en dessous. Bords latéro-antérieui s
assez fortement courbés , atteignant le niveau de la région cor-
diale, et obscurément divisés eu quatre lobes garnis chacmi
d’une forte dent arrondie et recourbée en avant; les deux
lobes moyens présentent en outre doux ou trois dents plus pe-
tites , de façon que leur nombre total est au moins de huit de
chaque côté. Fossettes antennaires plus larges que longues;
article basilaire des antennes externes n’envoyant qu’un prolon-
gement très-étroit dans l’iiiatus orbitaire ; pâtes antérieures mé-
diocres ; mains un peu comprimées ; pâtes des quatre dernières
paires hérissées en dessus d’épines. Longueiu-, 3 ou 4 pouces;
couleur rougeâtre.
Habite l’archipel Indien. ( C. M.)
B. Carapace couverte de bosselures séparées entré elles
par des sillons profonds.
\ I
4. Etise bosselé. — E. anaglyptus.
Carapace à peine bombée et n’étant pas une fois et demie
aussi large que longue ; front et orbites à peu près comme dans
l’espèce précédente ; bords latéro-antérieurs peu courbes , à peu
.;i) Cancer dentatus. Herb. t. I, p. 186, PI- 11 > hg. 66.
4'^ UISÏOIBE NATURELLE
près de meme longueur que les latéro-postérîeurs , et armés de
quatre grosses dents triangidaires et saillantes (l’angle orbitaire
externe non compris ). Antennes comme dans TE. denté ; pâtes
antérieures fortes et garnies de tubercules j celles des quatre
dernières paires comme chez 1 E. denté , seulement garnies de
jdus de poils. Longueur, environ un pouce et demi; couleur
blanchâtre ?
Habite FAustralasie. (G. M. )
Le Crustacé ligure par M. Savigny ( Egypte, PL 5 , fig. 7 ) ,
et rapporté avec doute parM. Audouiu au G. in.equalis d’Oli-
vier [Eticyc., t. VI, p. 166), parait très voisin de l’Etisc
bosselé, et devra probablement être rangé dans le même
genre ; il s en distingue par l’absence d’épines sur les huit der-
nières pâtes. Habite les côtes d’Afrique.
M. Savigny a figuré (PL 5, lig. 6) un autre Gaucérien qui se
distingue facilement de l’espèce précédente par l’existence de
petits tubercules granuleux sur toute la surlàce de la carapace,
ainsi que sur les pâtes antérieures.
Le Cancer ei.ectra , de Herbst (PL 5i , 11g. 6 ) , me paraît
se rapporter aussi à ce genre ; il se distingue facilement des
espèces précédentes par la disposition du front.
XI. Genre PLATYCARCIN. Platycarcinus (i).
Ce genre , de même que les deux précédens , est ex-
trêmement voisin des Crabes et des Xanthes, aussi ont-ils été
pendant long-temps tons réunis en une seule division gé-
nérique. En ell’et , la forme générale des Platycarcins ne
difiert que peu de celle des Xanthes ; la carapace est un
peu bombée et très-élargie ; le/êo/iiest étroit, presque bori-
(i) Cancer. Linn. Fahr. Latr. Leacli. Desm. etc- Tourteau. Latr.
Film- liât. p. 2701 Cintycarcinus Latr. Collect. du .Muséum.
PES CRUSTACÉS. 4'^
zoiital et divisé en plusieurs dents , dont une occupe la ligne
nii'diane. Les bords latéro-antérieurs de la carapace sont
divisés par des fissures en un grand nombre de lobes den-
tiformcs ; leur extrémité postérieure atteint le niveau du bord
antérieur de la région cordiale , et se continue avec une
ligne éicx'ée qui surmonte le bord latéro-postérieur. Les
antennes internes ( uoj es l’I. i6, %■ '5), au lieu de se
reployer obliquement en dehors , se dirigent presque direc-
tement en avant. Les antennes externes sont disposées à
peu près comme dans le genre précédent , leur article ba-
silaire est très-développé , et se loge en partie dans l’espace
qui existe entre l’angle interne du bord orbitaire inferieur
et le front ; mais le second article de ces appendices , au
lieu de naître près du bord externe du premier dans le
canthus orbitaire interne, s’insère à peu de distance de
la fossette antenuairc , complètement hors de 1 orbite ; du
reste , il est petit , cylindrique , et ne présente rien de re-
marquable. La disposition des pièces de la bouche , des
pâtes et de l’abdomen , est à peu près la même que dans les
Xanthes.
A. Especes ayant Vangle orbitaire externe beaucoup
ynoitis aoancè cpie la portion ooisine du bord laterO“~
antérieur de la carapace.
I . Platycaecin pagure. — P. pagurus (i).
Carapace plus d’une fois et demie aussi large que longue , à
réglons peu distinctes, légèrement bombée et très-finement
granulée on dessus. Front très-étroit , peu saillant, et garni de
(i) Cnneer mænns Rond. t. It,p '^0®* Linn. Syst.
liât. ; — Mus. Adolph. Fred. t. I, p 85. — Sixpp- p 334, etc..-
— Penn. t. IV, PI. 3, lig-. n. fimbrialus. Olivi , ZooS. adr.
C. pagurus. Herb. t. I, JM. g, fig. 5(). — Lcacli . Malac. PI. lo;
Desm. p. io3, 1^1.8, fig. i
4> ( HlSTOIlîE NATUP, ELLE
cinq dents arrondies, dont les externes constituent l’angle orbi-
taire supérieur et interne. Orbite pi-ésentant deux fissures à son
bord supérieur, et ni dent ni tubercule à son angle externe.
Bords latéro-antérieiirs se dirigeant d’abord en dehors et en
avant , puis se recourbant en arrière , se continuant presque sans
interruption avec les bords latéro-postérieurs , minces et divisés
en neuf lobes légèrement dentiformes , très-larges , à peine sad-
lans et s(‘parés par des plis ; un lobule semblalde, niais arrondi,
à la partie antérieure du bord latéro-postérienr ; fossettes an-
tennaires beaucoup plus longues que larges ; un tubercule tres-
saillant à l’extrémité de l’article basilaire des antennes externes
en dehors du point d’insertion de l’article suivant; pâtes anté-
rieures fortes , arrondies , et ne présentant ni épines ni dents ;
pinces pointues, garnies de dents arrondies; pâtes suivantes
un peu comprimées et irrégulièrement anguleuses ; un sillon
profond de chaque côté du tarse. Longueur, 5 à 6 pouces;
couleur rouge- brun en dessus, blanchâtre en dessous, et avec
les pinces noires ; des faisceaux de poils bruns , raides et courts
sur les pâtes des quatre dernières paires.
Ce Crustacé, qui est très-commun sur nos côtes , et qui pèse
quelquefois plus de cinq livres, est très-estimé comme aliment,
On le connaît vulgairement sous les noms de Tourteau , de
Poupart, de Hoiwet , etc. (C. M.)
B. Especes ayant V angle orbitaire externe plus avancé
que la portion voisine du bord latéro-antérieur de la
carapace.
3. Platycabcin amosé. — P. irroratus (i).
Carapace légèrement convexe , finement chagrinée en dessus
et presque une fois et demie aussi large que longue ; front plus
large et armé de dents moins saillantes que dans l’espèce pré-
(l) Cancer irroratus, Say. op* cit. p. 5(), PI. 4, tig- 2. Cancer amee.
liens. Herh. t. III, PI. 49, bg-
DF.S CHL-STACrS.
céclcnle ; bord latéro-antérieur se portant île suite en dehors et
en arrière , décrivant une courbure assez forte , et armé de neuf
dents plus ou moins distinctes, tronquées, peu saillantes et
granulées J une dixième dent plus petite au commencement du
bord latéro postérieur. Pâtes antérieures comprimées et de gran-
deur médiocre ; carpe armé en dedans d’une forte dent ; mains
élevées et garnies en dehors de quatre ou cinq lignes longitu-
dinales et élevées ; pâtes suivantes comprimées et dépourvues
de dents ou épines. Longueur, environ 3 pouces; couleur rou-
geâtre , des poils assez longs sur les bords des pâtes.
Habite les cotes de l’Amérique du Nord. (G. M.)
Xll. Genre PILUMNE. Pilumnus (i).
Ce genre est extrêmement rapproche des Xanthes et des
Pseudocarcins ; le seul caractère bien précis que len dis-
tingue réside dans la disposition des antennes externes ;
mais l’aspect général de ces animaux offre aussi quelque
chose de particulier et ne permet pas de les confondre avec
ceux dont nous venons de faire l’histoire.
La carapace des Pilumnes est toujours assez elevée, lé-
gèrement bombée et sans bosselures ou lignes de démarca-
tion bien notables entre ses diverses régions; son diamètre
antéro-postérieur égale en longueur les trois quarts de
son diamètre transversal ; le contour de sa moitié anté-
rieure est assez régulièrement arqué et se joint aux bords
latéro-postérieui's vers le niveau du bord postérieur de la
région stomacale ; enfin , les régions branchiales sont très-
développées , et on remarque entre elles et les régions hé-
patiques une petite rainure courbe dont la convexité est
dirigée en avant , disposition qui est directement contraire
à ce qui se voit chez la plupart des Cancerlens. hc front ,
(i) Linn. Penn. Herb etc. Pilumnus . Leacli, Trans. I-tiim. Soc.
t. XI , p. biitr. r.ncye. t. X , p. m j > P- ' " ■
4 • H I s r O I a K îf A T tr K E L J, e
est lanielleux , assez avancé et peu incliné. Les orbites sont
en général plus ou moins dentelées, et les boi-ds latéro-an-
térieurs de la carapace sont courts et armés d’épines aiguës.
L article basilaire des antennes e.xlenies n’atteint pas lOut-
à fait le front, et n’est guères plus large à son extré-
mité que le second ai'ticle, qui est presque aussi long que
le premier , dépasse le front, et n’est pas encaissé dans l’hia-
tus orbitaire , mais complètement mobile (PI. i6,fig. i4);
le troisième article est egalement assez long et la tige
terminale est très-allongée , elle atteint en général le mi-
lieu du bord -antérieur de la carapace. U espace prèla-
bial est presque toujours légèrement canaliculé ; mais
les crêtes qu’on y remarque sont bien moins saillantes
que chez les Ozies. Les pat.es - mâchoires externes ne pré-
sentent rien de remarquable ; les pâtes antérieures sont
fortes , renflées, assez longues et un peu inégales ; celles des
paires suivantes sont médiocres et arrondies ; les secondes
sont en générai un peu moins longues que les troi-
sièmes, et celles-ci n’ont guères plus d’une fois et demie
la longueur de la carapace; quelquefois ce sont les pâtes de
la quatrième paire qui sont les plus longues. Enfin \'ab-
domen se compose de sept articles distincts clans les deux
sexes. Nous ajouterons encore que, dans toutes les espèces
connues , les cjuatre dernières paires de pâtes et la partie
antérieure de la carapace, sinon toute sa surface, sont poilues.
Ce genre est un des groupes les plus naturels, et cepen-
dant il est répandu dans presejue toutes les mers.
§ A. Especes ayant les bords latéro- antérieurs de la cara-
pace sans épines.
I. PiLüMWE FKAacÉE P. fimbriatus.
Carapace peu bombée et a régions plus distinctes que dans
les espèces suivantes, à peine poilue en dessus, mais garnie
tout autour d’une bordure de poils longs et soyeux. Pâtes
ÏJF.S CRUSTACÉS. 417
g.Arnies de longs poils , mais sur leurs bords seulement. Bord
orbitaire inférieur faiblement échancré en dehors ; troisième
article des pates-màcholres externes à peine tronqué. Lon-
gueur, 5 lignes. Cette espèce se rapproche beaucoup des
Xanthes,
Rapporté de la Nouvelle-Hollande par MM. Quoy et Gai-
mard. (C. M.)
§ B. Especes ayant les bords latéro-antérieurs de la ca-
rapace épineux.
b. Bord orbitaire supérieur dépourvu dé épines.
b*. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés
de quatre épines placées sur la même ligne
[l'angle orbitaire externe non compris).
I. PlLUMKE HÉRISSÉ. — P. hirtcllus (l).
Carapace lisse; front légèrement dentelé sur le bord, divisé
par une fissure médiane très-profonde et assez large; bords
orbitaires marqués d’une petite fissure en dessus, et armés en
dessous d’épines ; bords laféro - antérieurs armés de quatre
épines acérées assez fortes et dirigées en avant (celle de l’angle
orbitaire externe non compris); une petite épine sur la région
ptérygostomienne près de l’angle orbitaire externe. Pâtes anté-
rieures fortes , renflées et très-hiégales ; mains légèrement tu-
berculeuses en dessus et en dehors, mais ne présentant point
d’épines acérées. Longueur, environ 10 lignes ; un peu de duvet
sur les réglons hépatiques, et quelques poils assez longs sur
les huit dernières pâtes. Couleur brun rougeâtre mélé de
jaune; pinces brunes.
Habite les mers d’Europe. (C. M.)
(0 Cancer hirtellus. Penn. t. IV, PI- 6- bg- >5; — Hetb. t. I,
PI, 7, fig. 5i ; Pilumnus hirlellus. Leach. Malac. PI. la; — Desm
p. III, PI. Il, fig. I ! — Latr. Encyc. t. X, p. laS.
CRUSTACÉS, TOME I. ?,
histoire naturelle
4.8
b**. Bords latéro-antèrieurs armés seulement de trois
épines placées sur la même ligne. ( L’angle orbi-
taire non compris. )
b ’ Face externe de la main la plus grosse
granuleuse ou tuberculeuse , mais ne pré-
sentant pas des rangées horizontales d’é-
pines.
3. Pilumne chauve-souris. — P. uespertilio (i).
Bords latéro-antèrieurs de la carapace armés de trois
grosses épines placées sur la même ligne , et présentant au
devant d’elles une quatrième épine plus petite qui est
située plus bas et appartient à la région ptér^gostomienne;
bord inférieur des mains lisse. Troisième article des pates-
niâcholres externes profondément échancrc à son angle anté-
rieur et interne. Corps entièrement couvert de longs poils
bruns et d’un aspect laineux ; du reste , tres-seinblable a 1 es-
pèce précédente.
Habite les Indes orientales. (C. M. )
4. PiLUMHE DUVETÉ. — P. tomeutosus (2).
Ne diffère guères de la précédente, si ce n est pari existence
de granulations sur toute la partie inférieure de la main, et
par la nature des poils fjui constitue une sorte de duvet très-court ;
le corps est d’une couleur brun noirâtre , et les pinces sont
noirâtres.
Habite la Nouvelle-Hollande. ( C. M. )
5. PiLUMNE DE Quoi. — P. Quoii.
Épines latérales de la carapace et front comme dans l’espèce
(1) C. vespertilin. Fabr. Supp P- 338; Pititmnus vespertilio. Lesch,
Trans. Linn. Soc. t. XI- — Desm. , p im; — Latr. Encyc.
t X , p. laS.
(2) Latr. Encyc. t X, p. ia->-.
nES CKUSTACKS.
4 '9
pi écédenle ; troisième article des pates-màchoires externes sim-
plement tronqué à son angle antérieur et interne , et non échan-
cré comme dans les espèces piéccdentes ; pâtes antci'ieures
très-fortes ; carpe et mains armés en dessus d’épines assez
o-rosses; toute la face supérieure de l’animal couverte de poils
roux, courts, très-raides et espacés. Longueur, environ un
pouce.
Trouvé à Rio-Janeiro, par MM. Quoi et Gàimard. (G. M.)
6. PiLUMNÈ de Pénoiî. — P. Peronii.
Point d’épine située au-dessous et en aoant des trois
épines du bord latéro-antérieiir de la carapace , qui sont
tres-petites ; carapace assez bombée et presque lisse ; très-peu
de duvet. Longueur, 4 lignes.
Mers d’Asie. (G. M. )
b*'^++. Face externe de la main la plus grosse armée
de plusieurs rangées horizontales d’épines.
6. PiLUMKE DE Foeskal. — P- ForskalU (i).
Carapace couverte de poils très -longs, gros, durs et
insérés loin les uns des autres ; assez bombée et un peu
granuleuse en dessus ; du reste, ressemblant beaucoup ait P.
hérissé.
Habite l’Égypte. (G. M.)
J. PiLUMNE laineux. — P, lanatus (i).
Carapace et pâtes couvertes d’un duvet fin , serré et très-
court; carapace peu ou point granuleuse; épines latérales assez
fortes. Longueur, 4 lignes.
Habite l’Australasie. (G. M.)
(1) Cancer incaniis. Forsl. p. 92.
(2) Latr. Encyc. t. X, p. 125.
420
histoire naturelle
hh. Bord orbitaire supérieur armé Æépiivcs.
8. PiLUMHE A PIQUANS. — P. aculeatus (i).
Carapace armée en dessus de deux petites épines très-
acérées sur chaque région hépatique , près du bord latéro-
antéricur, qui est lui-même armé de trois épines placées sur
la même ligne , et d’une quatrième placée plus bas sur la région
ptérygostomienne , près de l’angle orbitaire externe.
Habite l’Amérique septentrionale. (G. M. }
9. PiLUMNE SPINIFÈRE. — P. spinijèr (3).
Point cl épines sur la j'ace supérieure de la carapace ;
celles des bords latéro-antérieurs fortes et tres-aiguës ; pâtes an-
térieures très-épineuses; les suivantes beaucoup plus longues
et plus grêles que dans toutes les espèces précédentes; poils
longs , fins et rares. Longueur, environ un pouce.
Habite la Méditerranée. (C. M.)
Le Pilumniis oilosus , de M. Risso { Ilist. nat. de 1 Europe
mérid. t. V, p. 10), paraît avoir les bords latéraux de la cara-
pace armés de cinq dents bifides ou trifîdes , ce qui ne se voit
chez aucun autre Pilumne.
XIU. GENRE RUPPELLIE. —Riippellia (3).
Un Crustacé nouvellement décrit par le savant natura-
liste*voyageur M. Ruppell , est le type de ce petit groupe
(1) Cancer aculeatus. Say, loc. cit. p. 449. Pilumnus aculeatus.
Edw. Guérin, Icon. Cr. PL 3 , fig. 92.
(2) Cancer ve/ii. Rond. t. II , P- 4o8 ; Savigny, Egyp. PL 5, fig- 4-
(3) Cancer. Ruppell , Crust- de la mer Rouge.
DES C BEST A CE S.
4il
qui conduit des Ozies aux Eri plues. La forme de la cara-
pace se rapproche beaucoup de celle des X.anthes et d Ozies ;
le bouclier dorsal est un peu courbé et environ une fois
et demie aussi large que long. "Le front est beaucoup plus
large que le cadre buccal ; mais il n’occupe pas avec les
orbites la moitié du diamètre transversal de la carapace.
Les bords latéro - antérieurs de la carapace sont moins
longs que ses bords latéro-postérieurs avec lesquels ils se
continuent sans former d’angle notable ; ils se termi-
nent vers le niveau du milieu de la région génitale et sont
armés de dents larges et peu saillantes. Les orbites sont
presque circulaires et sont dirigées en haut et en avant ;
leur bord inférieur vient se réunir à i’augle externe du
front , de façon à ne laisser dans ce point qu’une simple
fissure et non un espace assez considérable comme dans
tous les Cancériens dont il a déjà été question. Il ré-
sulte de cette disposition que les antennes externes sont
complètement exclus des orbites ; leur article basilaire ,
grand et placé obliquement , arrive cependant à très- peu
de distance du cantbus interne des yeux ; il sc soude au
front par son bord supérieur qui est très-large, etijui jmrte
vers son milieu la tige mobile de ces appendices , qui est
d’une petitesse extrême. Les antennes internes se reploient
directement en dehors comme chez les Xantbes, etc. L espace
prélabial est canaliculé comme chez les Ozies , et le troi-
sième article des pates-uiàchoires laisse , entre son bord an-
térieur qui est Irès-obliiiue et le bord du cadre buccal , un
espace qui correspond à 1 extrémité du canal efférent de 1 ap-
pareil respiratoire. Du reste, ces Cancériens ne diffèrent
pas notablement des Xantbes et des Ozies.
I. RuPrELLIE OPINIATRE. — ü- tCliaX (l).
Bord supérieur de P orbite marqué de deux fissures
(l) Cancer tenax. Ruppcll , op. cit. PL a, fig- I
HISTOIRE NATURELLE
423
séparées par une petite dent; une lissvu-e à son angle externe
et deux dents à son Lord inférieur. Carapace bosselée et légè-
rement granuleuse en avant , lisse et légèrement bombée en
arrière. Front armé de six dents arrondies et à peu près équi-
distantes , dont les externes sont moins saillantes que les autres
et occupent l’angle du bord orbitaire supérieur. Bords latéro-
antérieurs de la carapace armés de 4 ou 5 dents aplaties , très-
larges et à peine saillantes. Bord antérieur du troisième article des
pâtes -mâchoires externes échaneré au milieu. Pâtes antérieures
grosses , arrondies et très-inégales dans les deux sexes ; mains
granuleuses; pinces comme chez les Carpüies. Longueur, en-
viron 2 pouces.
Habite la mer Rouge. (G. M. )
3. Ruppeilie pates-annelées. — /?. annulipes.
Point de fissures ni de dents aux bords orbitaires su-
périeur et inférieur. Front tr'es-incliné , moins profondé-
ment denté que dans l’espèce précédente. , et creusé d’im
petit sillon transversal ; une petite crête horizontale sur les
dents des bords latero-antéricurs de la carapace; pâtes anté-
rieures lisses. Longueur, 10 lignes; couleur blanchâtre, avec
des bandes rosées sur les pâtes. Patrie inconnue. ( C. M. )
3. Ruppei.lie visEux. — /{. vinosa
Point de fissures ni de dents aux bords orbitaires supé-
rieur et inférieur. Front trcs-large , horizontal et entier;
carapace sans bosselures, plane transversalement et un peu
granuleuse; ses bords latéro-antéricurs découpés en cinq dents,
lamelleiix , dont le premier, formant l’angle externe de l’orbite ,
est peu saillant.
Patrie inconnue. ( C. M. )
Peut-être faudi’ait-il rapporter aussi à ce genre le Cancer
calypso de Herbst (PI. 52, %. 4)-
DES CB ü ST ACES.
4'a3
XIV GENRE PIRIMÈLE.— /'iz-ime/a (i).
La forme générale des Pirimèles ne diffère que peu de
celle de plusieurs Gancériens ; mais sous les autres rapports
elle s’en éloigne beaucoup. La carapace est régulièrement
arquée dans sa moitié antérieure et fortement tronquée
de chaque côté de sa moitié postérieure ; elle est un peu
plus large que longue , bombée et fortement bosselee ; le
front est étroit et armé de trois dents pointues ; les bords
latéro-antérieurs se dirigent très-obliquement en arrière et
en dehors , et sont armés de quatre fortes dents compri-
mées et triangulaires. Les orbiies présentent deux dents
et deux üssures en dessus , une dent aiguë à 1 angle ex-
terne et une quatrième à l’angle interne et inférieui , les
antennes internes se reploient longitudinalement comme chez
les Platycarcins. Les antennes externes sont très-longues ;
mais leur premier article , qui est logé dans un hiatus de 1 an-
gle orbitaire, est très-court et ne se prolonge pas à beaucoup
près aussi loin que l’article basilaire de l’antenne interne, la
tige mobile de ces appendices naît par conséquent dans le can-
thus orbitaire interne comme chez les Xantes , etc. hespates-
viâchoires externes , au lieu de s’emboîter dans le cadre buc-
cal comme dans tous les genres précédons , s’avancent sur
épistome, et au lieu déporter l’article suivant cà l’angle an-
térieur et intérieur de leur troisième article , elles y donnent
insertion vers le tiers antérieur du bord interne de cet article.
Le plastron sternal présente la même disposition que
chez les Crabes , etc. ; sa longueur n’excède sa largeur que
de moitié , et sa suture médiane occupe ses trois derniers
se^mens. Les pâtes antérieures sont petites et comprimées;
les suivantes ne présentent rien de remarquable. Enfin 1 ab-
domen du mâle ne se compose que de ciuq articles.
(I) Cancer. Montugu , Trans. Linu- Soc. t. IX ■ Pin mela.hench.
Malac. — Desra. p. io5. — Latr. lleg. Anim a®, edit. t. IV, p. sa.
4^4 HISTOIRE NATURELLE
t Ce genre ne rentérme encore qu’une seule espèce qui ap-
partient aux mei’s d’Europe.
I. PiRiMÈLE denticulée. — P. deJiHculata (i).
Carapace lisse , mais fortement bosselée sur les régions sto-
macale, génitale et branchiale, concave sur les régions hé-
patiques ; bords latéro-antérieurs minces , et ne dépassant pas
le niveau du milieu de la région génitale. Mains garnies d’une
petite crête en dessus, et d’une ou deux lignes cai-énées sur leur
face externe. Longueur , environ 6 lignes. Couleur verdâtre.
Habite les côtes de la Manche , de la Vendée , etc. (G. M.)
3. CANGÉRIENS QUADRILATÈRES.
Le petit groupe des Cancériens quadrilatères éta-
blit le passage entre les précédens et divers Crustacés
de la famille des Caloinétopes , aussi les genres dont
il se compose ont-ils été placés par M. L .treille, tan-
tôt dans la section des Arqués , tantôt dans celles des
Qundrilatères,c\\x\, dans sa méthode, correspond à peu
près à notre famille des Catométopes. Ainsi que nous
l’avons déjà dit (p. 869), il se distingue des Cancériens
arqués par la forme générale du corps ; le bordfronto-
orbitaire de la carapace est ici très-large, ses bords
latéraux sont peu courbés ou même presque droits,
et sa portion postérieure n’est que peu rétrécie; il en
résulte que ce bouclier cépbalo-thoracicfue n’est pas
régulièrement arqué en avant, ni fortement tronqué
en arrière, comme chez les Crabes , les Xantbes, etc.;
mais se rapproche par sa forme d’un Quadrilatère
(1) Cancer denliculaltis . Montagu , Trans. Liiin. Soc. vol. IX,
Pt. '2, tig. 2. ; Pirimeln denticulata. Leach , Malac. Pt. 3; — Desm.
p. 106, PI. 9, lig. i; Latr. Eiicyc., t. X p. l38,
DES CRUSTACÉS, 4-''^
équilnléral ; quelquefois il est même plus long que
large. Du reste, la structure de ces Crustacés ne pré-
sente rien de remarquable ; par la disposition des an-
tennes les uns se rapprocbent des Ruppellies , les au-
tres des Pilumnes. Pour les distinguer entre eux il
suffit d’avoir égard aux caractères indic[ués dans le ta-
bleau placé ci-dessus (p. 869).
1. GENRE ERIPHIE. — Eriphia (i).
Les Eriphies se rapprochent beaucoup des Ruppellies ;
mais ils tendent, par la forme générale de leur corps, à
établir le passage vers les Tlielphuses. Leur carapace (PI. 16 ,
fig. 1 6 ) est bien moins élargie et plus quadrilatère que chez les
autres Cancériens ; sa longueur dépasse de beaucoup les deux
tiers de sa largeur , son bord tronto-orbitaire occupe plus
de la moitié et quelquefois même plus des trois quarts de
sa largeur, et ses bords latéro-antérieurs, dirigés presque
directement en arrière , ne décrivent qu’une faible cour-
bure et ne se prolongent que peu. Les orbites sont con-
formés comme dans le genre Ruppcllic ; mais 1 espace qui sépai e
leur bords de l’article basilaire des aiiteitiies eoLternes est
très-considérable (PI. 16, fig. 17); cet article est peu déve-
loppé, et n’occupe pas le quart de l’espace compris entre la
fossette antennaire et le canthus interne des yeux ; au con-
traire, la tige mobile des antennes externes est beaucoup
plus développée que chez les Ruppellies , et s’insère à peu
de distance de la fossette antennaire. Du reste , les Eriphies ne
dilïèrcnt pas essentiellement de ces derniers Cancériens.
(i) Cancer. Fabr. Herb. etc. Eriphia. Latr. Iteg. Anim. 1". édit
t. III, P- 18, etc. — Desm. p. ni.
426
HISTOIRE NATURELLE
5 A. Especes ayant les mains tuberculeuses,
a. Front armé d’épines.
I. Eripiiie FRONT ÉPINEUX. — E. spiiiifroiis (1).
Carapace à régions peu distinctes , garnie en avant de quel-
ques petites lignes transversales de dentelures. Front divisé
en quatre lobes hérissés d’épines ; bords orbitaires épineux;
bords latéro-antérleurs de la carapace armés d’une série de
cinq ou six dents, dont les trois ou quatre antérieui-es sont
grosses et dentelées sur le bord. Mains couvertes en dessus
et en dehors de gros tubercules arrondis; pinces à dentelures
tranchantes. Longueur, 2 à 3 pouces ; couleur verdâtre ou d’un
rouge vineux très-foncé.
Habite toutes nos mers. (G. M.)
aa. Front dépourvu d’épines.
1. Ebiphie gonagre. — E. gonagra (3).
(PI. 16, fig.16 et 17. )
Carapace à l'égions bien distinctes , inégale et armée de tu-
bercules pointus en avant ; le bord fronto-orbi taire occupant
plus des trois quarts de son diamètre transversal. Front divisé
en quatre lobes , dont les deux médians sont avancés et tronqués ;
deux fissures sur le bord supérieur de l’orbite, et ime dent
aiiruë à son anffle externe ; bords latéro-antérieurs armés de
cinq ou six dents spiniformes ; pâtes antérieures garnies de tu-
bercules arrondis et déprimés. Longueur, environ i pouce ;
couleur jaunâtre mêlée do rouge et de violet , pinces brunâtres.
Habite les côtes de l’Amérique du Sud. (C. M. )
(1) Cancer spUlij vous. Hcrb- Pi- U. fig. 65 — Fabr. Suppl, p.
— Eriphia spinifrons ■ — Saviguy, Egypte, Cr. PI- 4» hg. 7 — Desm.
PI. 14, lig. I.
(2) Cancer gonagra. Fabr. Suppl, p, SSy.
DES CRESTACES.
4'a7
§ B. Especes ayant les tnains lisses , non tuberculeuses.
3. Eripdie mains lisses. — leevimana (i).
Cette espèce ressemble beaucoup à l’Eripbie front épineux ;
mais la carapace est moins élargie ; le front est plus Incliné et armé
d’épines moins longues; les bords latéro-antérieurs sc diligent
presque directement en avant, et ne présentent qu’une sene de
cinq ou six petits tubercules pointus et isolés ; enlln , il n’ existe
à la face supérieure et externe clos pâtes anterieures ni épines
ni tubercules.
Habite l’Ile-de-France. (C. M.)
L’Eiupdie , iigurée par M. Savigny {Egyp. , PI- 5, %. i ) ,
et rapportée avec doute par M. Audouin à l’Eripbie front epi-
lieux , me parait être une espèce distincte.
JÆrxphie prismatique de M. Risso ( natiir. de l hur,
mérid. , t. Y, p. 351 n’a pas été décrite avec assez de détails
pour que l’on puisse la rapporter avec certitude à ce genre.
D’après M. Risso , cette espèce aurait pour caractères : front
armé de huit dents ; bords latéraux armés de quatre épines ;
mains prismatiques.
Le Cancer euryhome de Herbst (t. III, PI. Sa , lig. 7 ) me
paraît être aussi une Eripliie.
II. GENRE TRAPÉZIE. — Trapezia (2).
M. Latreillea établi dernièrement le genre Trapézie pour
recevoir qucl([ues petits Crustacés , qui ressemblent, sous
beaucoup de rapports, aux Eriphies, mais qui conduisent
en même temps vers les Grapses. Leur corps est déprimé.
(1) Latr. Coll, du Mus. — Guérin- Iconog. Cr. PI. 3, lig i.
(2) Latr. Fam. nat. p. 269 , Encycl. t. X, p. 695, etc.
4^^ HISTOIUE NATURELLE
la carapace à peu près aussi longue que large , presque
carre'e, à peine bombe'e, et sans régions distinctes; son
bord fronto-orbitaire occupe presque toute sa largeur;
ses bords latcro-antérieurs sont courts, piesque droits et
dirigés directement en arrière ; enfin les latéro-postérieurs
sont obliques et très-longs. La disposition des jeux et des
antennes est à peu près la même que chez les Eriphies ;
mais dans quelques espèces de Trapézies , les pates-md-
choires ressemblent un peu à celles des Grapses , car le
bord interne de leurs second et troisième articles,’ au lieu
de suivre une ligne droite , forme un angle rentrant , de
façon que ces organes ne ferment pas complètement la
bouche , et laissent entre eux un espace vide ayant la forme
d un losange ; d’auti'es fois les pates-mâchoires ne présentent
rien de particulier , et l’iusertion du quatrième article a
lieu toujours , comme dans la plupart des genres precedens ,
par l’angle du troisième article. Les pales antérieures sont
très-longues et fortes , le bras dépasse de beaucoup la cara-
pace , et son bord antérieur est comprimé et dentelé ; la
main est plus longue qu’elle , et les pinces sont pointues ;
les pâtes suivantes sont de longueur médiocre et arrondies.
Enfin l’abdomen du mâle présente en général ( sinon tou-'
jours ) seulement cinq articles.
Les Trapézies sont tous de petite taille, et habitent les
mers des pays chauds.
A. Jdjsp'eces ayant la carapace arniee de chaejue cote
d'une dent située à quehiue distance derrière celle
qui constitue l'angle orbitaire externe,
a. Pates-mâchoires externes fermant complètement
la bouche.
I. Trapézie front denté. — X, dentifrons (i).
Carapace aussi longue que large ; front armé de quatre deuts
(i) Latr. Eutyc. t. X, p. 696.
séparées par des fissures; les deux médianes courtes et poin-
tues, les externes larges et tronquées; orbites dirigées très-
obliqi’.enrent en ai-rière ; pinces garnies de grosses dents et se
joignant dans toute leur longueur. Longueur-, environ 5 lignes;
couleur jaune rougeâtre uni; pinces noirâtres.
Habite l’Australasie. (C. M.)
aa. Pates-mâchoires externes laissant entre elles un
espace vide en forme de losange.
2. Trapézie i-erhugineuse. . — T. ferruginea (i).
Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente; le front
est inégalement dentelé; on y distingue eu général six petites
dents arrondies ; le liord antérieur des bras est fortement dilaté et
dentelé; les pinces sont faiblement dentées et ne se joignent
pas dans toute leur longueur. On remarque quelques poils
sur le bord supérieur des pâtes. Enfin, l’abdomen du mâle ne
parait composé que de cinq articles distincts. Longueur, environ
1 0 lignes ; couleur jaune ferrugineux.
Habite la mer Rouge.
§ JJ. Especes dont la carapace ne présente point de
dent en arriéré de l’angle orbitaire externe.
3. TaApiziEDiGtxAiRE. — T. digitatis.
Front armé au milieu de doux petites dents pointues , et
finement dentelé en dehors; mains comprimées, à bords tran-
chans, pinces courtes. Très-petite; carapace d’un brun noi-
râtre , et pâtes d’uu brun jaunâtre.
Habite la mer Rouge. ( C. M. )
(I) Trapezia cymodoce. Audouin, Savigny, op cit PI. 5, fig. 2 ;
— T. ferruginea. Latr. Encyc. t. X, p.
IfISTOIRF NATURELLE
43o
La Trapézie rletik de M. Riippeil (i) a la plus grande ana-
Jogle avec la T, ferrugineuse; elle iic paraît en dllférer que par
la forme un peu plus orbiculaire de la carapace, et peut-être ne
devrait être considérée que cumine une variété de cette espèce.
Le Cawcer oymodocé de Herbst (t. III, PL 5i, lig. 5)appar-
tient aussi à ce genre, et paraît avoir beaucoup d’analogie avec
la Trapézie front denté ; mais si la figure que Herbst en a
donnée est exacte , elle s'en distinguerait par sa carapace qui est
beaucoup plus large.
La Teapézie cymodocé de M. Guérin (Voyez la Coquille,
Crust. PI. I, fig, 4) ne peut, par la meme raison, être con-
fondue avec le Cancer cymodocé de Herbst. Elle ressemble
beaucoup à la T. front denté et à la T. ferrugineuse ; cepen-
dant sou front est seulement sinueux et non garni de dents,
ses pâtes -mâchoires externes ne laissent pas entre elles un
espace vide en forme de losange; l’abdomen du mâle paraît
composé de six articles , etc.
Le Cancer rufopun’ctatus de Herbst {2) est bien certaine-
ment une Trapézie , et se reconnaîtra à la grande longueur des
pâtes antérieures et aux six dents pointues dont son front est
armé.
M. Latreille rajiporte aussi à ce genre le Cancer glaberimus
de Herbst (PI. 20, fig, 11 5), mais nous sommes portés à
croire que ce petit Crustacé appartient plutôt au genre Grapse ;
sa forme générale est à peu près la même que celle du G-, mi-
niitus.
(l) Trnpezia cœriilca. Ruppell, op. cit. PI. 5, fig.
(^) C. liufo-piinctnliis. llerb. PI. 47, fig. 6; 7'rapesia Rufo~puno*
tala. Latr. Encyc. t. X, p. 6g5.
DES CRUSTACÉS.
43.
III. GENEE MEIjIE. Melid (l).
Ce petit groupe générique , étaljli dernièrement par
M. Latreille , est assez voisin des Püumnes , mais a aussi de
l’analogie avec les Grapses. La carapace des Mélies (PJ. .8,
fig. 8. ) est légèrement bombée et presque carrée ; le bord
fi'onto-orbitaire en occupe presque toute la largeur, et les
bords latéraux sont peu coui-bes. Le front est large et légère-
ment incliné ; les orbites sont dirigées obli.juement en dehors
et ne présentent à leur bord supérieur qu’une petite fissure
à peine visible. Les antennes internes se i-eploient presque
transvensaleraent , ( fig. g. ) et l’article basilaire des antennes
externes vient se terminer dans l’hiatus qui existe entre le
front et le bord orbitaire inféi'ieur ; le deuxième article de
ces appendices est complètement libre et dépasse un peu le
front. Les, pates-mâchoires externes etle plasti'onslei'nal ne
présentent rien de remarquable. Les /tato antérieures chez la
femelle sont plus grêles et plus courtes que les suivantes ,
qui a leur tour sont beaucoup moins longues que celles
de la troisième paire ; les pâtes de la quatrième paire sont
les plus longues de toutes, et ont plus de deux fois la lon-
gueur de la carapace ; toutes sont cylindriques. Quant à
leur disposition chez le mâle , nous ne la connaissons pas ,
n’ayant pas eu l’occasion d’observer d’individu de ce sexe.
I. Mélie damier. — M. trcsselata (a).
(PI. i8, 11g. 8 etg. )
Carapace unie et lisse en dessus j front divisé eu deux lobes
tronqués; une petite dent occupant l'angle externe do l’or-
(1) En classant les Crustacés de la colle, tioii du Muséum , j’avai.s
donné à ce genre le nom de Lylie , et la planche ou j'ai représenté
le Crustacé qui en iorme le type était gravée lorsque j’ai appris de
M. Latreille que lui-même avait déjà fondé cette division sous le
nom de Mélie , que dès lors je me suis empressé d’.idoptcr.
(2) Grapsus tresselntus. Latreille , Eneve. i'I. 3o5, lig-. 2. Lyhta
HISTOinE NATURELLE
bile et une seconde située sur le bord latéral , vers le niveau
du Ijord postérieur do la région stomacale. Longueur, environ
5 lignes ; coideiu' blanchâtre avec des lignes rouges ; quelques
poils sur les pâtes.
Habite l’Ile-de-France. (C. M. )
II. TRIBU DES PORTÜNIENS.
Cette tribu correspond à peu près au genre Fortune,
tel que Fabrictus l’avait d’abord établi, et renferme
la plupart des Crustacés que M. Latreille a rangés
dans sa division des Brachjiires nageurs. L’analogie
la plus étroite unit ces animaux aux Cancériens, dont
ils ne se distinguent guères que par la conformation
particulière de leurs pâtes postérieures; caractère qui
a beaucoup d’importance, puisqu’il influe sur la ma-
nière de vivre, mais qui se retrouve d’ime manière
plus ou moins marquée dans des espèces appartenant
à la plupart des autres groupes naturels de la section
ées Brachyures.
La forme générale des Portuiiiens est ordinaire-
ment peu différente de celle de la plupart des Can-
cériens; mais la carapace est toujours très-peu éle-
vée, et ellea quelquefois la forme d’un losange (PI. 17,
fig. I ). Les orbites sont dirigées en haut et en avant;
les antennes internes se reploient transversalement
ou du moins très-obliquement en dehors ( fig. 1 1 ) ,
et l’article basilaire des antennes externes est logé en
partie dans un hiatus de l’angle orbitaire interne; le
troisième article des pâtes -mâchoires externes est tou-
tresselata. Edw. Collection du Miiaeum et Atlas de cet ouvrage ,
PI. 18, iig. 8 ( ^ oyez la note de la page précédente. Mclia trcssclnla.
Lalr. Encyl, t X, p. -joS.
m
tableau ûes principaux caractères génériques des portuniens.
page 433
TRIBÜ
ots
PORTÜINIEiNS.
Tarse des P*!'î*p(;alés'oculaires courts.) lancéolée. (Carapace presque aussi longue
antérieures ;
Genres.
que
large, front avancé, cinq dents latéro- 1
Tarse des P'
lates
Pédoncules ocu-
llaires très-courts,
linsérés loin l’un de
V' autre, sur la mè-
1 me ligne que les
antennes internes.
Tige mobile des antennes externes
Sutur ■' ( composée de trois articles pédonculai-
du si: . res (le premier article de ces appen-
''“m n’oc-l dices étant mobile et de même forme
que les suivans, et inséré au-dessous des
lyeux et des antennes internes au bord
'inférieur d’un grand hiatus, par le-
quel l’orbite communique arec la fos
.mens
Mlatf® des
rieutes ^‘■«-“nté-
Idans
Pâtes des deuxième, troisième et'
quatrième paires point natatoires, le
tarse qui les termine étant étroit , sur-
tout celui des pâtes de la quatrième
paire.
Pâtes des deuxième, troisième etl
quatrième paires natatoires , les tarses |
PLATÏOMIQOE.
et logC'
s dans des
que
i^f^rpinrS\zÏY‘^'Ï7
„oins ovalaire. J^rVr
dc'lacarap“c«’
, “ne
ri’cii
quatre)
existe
sette aiitennaire. Carapace presque cir- qui les termine étant a toutes tres-j
culairc). ^arge et lancéolé. )
Tige mobile des antennes externes composée seulement de deux articles pe-
donculaires, et insérée sur la même ligne que les yeux et les antennes in-
ternes : leur article basilaire étant soudé au front et séparant complètement ;
l’orbite de la fossette antennaire. (Tarse des pâtes des deuxième, troisième et
\ quatrième paires styliforme.)
du stern ®“®diane
punt les I àe nTanière à occuper l’angle
nicrç der-
Tige tnobile de» antennes externes insérée sur le bord de 1 article basilaire,
ud manière à occuper l’angle interne de l’orbite, et à pouvoir se leployer
îiicrs <tcr-l dans cette cavité (front en général beaucoup moins saillant que le bord inlc-
du I rieur ou l'angle externe de i’orbite; carapace très-élargie, dents latero-
I antérieures).
our’f^'^'I'îctou:
pédoiic“^®®
'Cures).
c*trêiu(
Tige mobile des antennes externes insérée sur la face inférieure de 1 article j
basilaire, et non sur le bord de l’orbite dans lequel elle ne peut pas se re-
nlorer ( front au moins aussi saillant que le bord inférieur et 1 angle externe
de l’orbite ; carapace très-large ; quatre à sept dents latero-anterieures ). ]
THALÂMITX.
• ï^nes, et ''eploÿauTHf'®®“'ent longs, insérés très-près de la ligne médiane dii corps, au-dessus des antennes n
'eegueur rainures orbitaires creusées dans le bord antérieur de la carapace dont elles j
PODOPHTUALMX»
Crustacés, tome i-
des crustacés, 4ài
jours plus large r[uc long, et fortement tronqué ou
écbancré à son angle antérieur et externe pour l’in-
sertion du quatrième article ( fig. 6 , 12 , etc. ) ; le
plastron sternal est toujours très-large, et en général
le dernier segment tlioracique est beaucoup plus dé-
veloppé que tous les autres , même que celui portant
les pâtes antérieures -, la suture , qui sépare ce segment
du précédent , se dirige très-obliquement en avant et
en dedans (fig- 4 voûte des flancs est en
général presque horizontale , et la selle turcique posté-
rieure très-étroite. Les pâtes antérieures sont en gé-
néral très-allongées; les suivantes sont quelquefois
natatoires et les postérieures le sont toujours, leur
tarse étant lamelleux; enfin , celles de la seconde paire
ont ordinairement plus d’une fois et demie la longueur
de la carapace.
Cette tribu renferme des Crustacés qui sont pour
la plupart essentiellement nageurs , et qui vivent sou-
vent en pleine mer. On la divise en sept g-enres,
faciles à distinguer par les caractères indiqués dans
le tableau ci-joint.
I. GEKRE CARGÏN. —Carcinus (1).
Ce petit genre établit le passage entre les Cancériens
et les Portunes , et se distingue des uns et des autres
par la forme du dernier article des pâtes postérieures qui
est aplati et lancéolé, mais cependant très-étroit ( PI. 17,
f]<T. i6). La carapace se rapproche par sa forme géné-
rale de celle des Panopés. Elle est peu bombée , mais assez
élevée et notablement plus large que longue. Les bords
latéro-antérieurs , qui sont profondément dentes , forment
(1) Cancer. Fab. etc Carcàms. Lea-.h , Malac. - Desm. p.90.
CRUSTACÉS, TOME I.
HISTOIRE NATURELLE
434
avcü !c ])ord ovlihaire niin courbure régulière qui ne dé-
passe pas le niveau du iiiilieu de la région génitale ; les
bords latéro-poslérieurs sont très-longs et médiocrement
obliques. Les régions bi’anchiales sont très-développées et
arrondies antcricurement. htî front est avancé , horizontal
et de largeur médiocre. Les orbites sont ovalaires et diri-
gées en avant j on remarque une fissure a leur bord su-
périeur et une à leur bord inférieur ; l’hiatus , qui existe
à leur angle interne , loge la base de \ antenne externe
dont le premier article , étroit et cylindrique , arrive jus-
qu’au front; la tige mobile de ces appendices est très-
longue et s’insère dans l’iiiatus orbitaire. Les antennes
internes se reploient obliquement en dehors dans leurs fos-
settes, qui sont presque circulaires. Le cadre buccal est un peu
plus large en arrière qu’en avant, et le troisième article
des pates-mâchoircs est fortement dilaté en dehors et
échancré à ses deux angles internes. Le plastron sternal est
semblable à celui des Fortunes ; il en est de même des
pâtes, si ce n’est que le tarse des postéi'ieures est peu
élargi et de forme lancéolée , tandis que celui des pâtes pré-
cédentes est styliforme (Fl. 17 , fig- i5 et 16). L’abdomen
du mâle ne se compose que de cinq segraens. On ne connaît
encore qu’une seule espèce de ce genre.
Carcin mekaue. — C. mcEilas (1).
Carapace à régions bien distinctes , légèrement granuleuse
en avant. Front terminé par trois lobes arrondis. Dents latéro-
aiitérieures très-larges et aplaties. Une forte épine sur le bord
interne du carpe ; mains présentant en dessus un rebord longi-
tudinal arrondi ; pinces assez finement dentées. Tarses des trois
(I) Cancer mœiioj. — Baster op. subs. 2, p. 19, PI- 2. — Pennant,
Br. Zool. t. IV, PI. 2, fig. 3 ( reproduit dansl’Encyc. PI- 278, lig. i).
— Linn. Mus. Lud. Ulr. 436*. — Ilerbst, PI. 7, fig- 46- Cnreinns
niænai, Leach , M.alaç. PI. 5.
DES G nUST AC ES.
4.35
paires de pieds suivantes .stylilonuos , gros et très-longs (envi-
ron une foi.s et demie aussi longs que l’article précédent). Lon-
gueur, environ 2 pouces. Couleur verdâtre. (C. Bl. )
Ces Crustacés sont très-communs sur nos côtes j à marée
Lasse ou les trouve entre les pierres ou enfoncés dans le sable ;
ils courent sur la plage avec rapidité, et peuvent être conservés
hors de l’eau pendant très-iong-lemps sans périr. On les
mange , et pendant l’été on en apporte beaucoup à Paris. Sur
les cotes de la Normandie on les appelle des Crabes enragés.
II GEHRE PLATYOJNIQUE. — Platyonichm [i).
Les Pliityonicjues ont la carapace plus étroite et plus
régulièrement convexe que celle des autres Portuniens ;
souvent elle est beaucoup plus longue <{ue large et d autres
fois elle est circulaire. (PI. , lig. j.) Le front est très-
étroit et denté ; les bords latéro-autérieurs sont peu courbés
et se dirigent pircsque directement en arrière j de même que
cheï les Carcins , les Polybies et la plupart des Portunes , ils
sont divisés en cinq dents ; les orbites sont peu profondes
et dirigées e» avant. Les antennes internes se reploient
obliquement en avant , et leurs fossettes ne sont que très-im-
parfaitement séparées des orbites, { PL 17 , fig. 8. ) En effet ,
la disposition des antennes externes est dillérente de celle
qui se remarque chez les Carcins , les Portunes , les Thala-
mites et les Lupées ; leur premier article qui est très-petit
ne se soude pas au front , mais reste mobile comme les sui-
vantes , et s’insèi’e entre le bord orbitaire inférieur et la
fossette antennaire. Les pâtes- mâchoires externes ( bg- 9 )
ne présentent rien de remarquable , si ce n’est que leur troi-
sième article est plus étroit que chez la plupart des Portu-
niens , et s’avance obliquement jusqu’au noyau des fossettes
(1) Cancer, biiiii Fabr. etc. Porinnus. beacli, Malac. — DesiJi.
p. 8y. PlaLyonichns. Lali'. Eneyc. t. X, p. i5i ; Ueg. Aiiini. 2“. éd.
t IV, p. 30.
28
HISTOIRE NATURELLE
436
antennaires. Le plastron sternal est ovalaire , étroit et
très-rétréci postérieurement ( fig. lo ); de même que chez
les Fortunes , sa suture médiane n’occupe que ses deux
derniers segmens. Les pâtes antérieures sont médiocres et
peu inégales ; elles s’appliquent exactement contre la région
buccale , et ressemblent en tout à celles des Fortunes ; celles
de la seconde paire sont assez longues et ont le tarse aplati ,
un peu élargi , et de forme presque lancéolée ; le tarse des
pâtes suivantes est également un peu aplati , mais plutôt sty-
liforme que lamelleux. Enfin , les pâtes de la cinquième paire
sont complètement natatoires.
5 A. Especes ayant les dents frontales en nombre im-
pair {l’une d elles occupant la ligne médiane), et
une seule fissure au bord orbitaire supérieur,
a. Tarse des pâtes postérieures de forme lancéolée.
J. Flatyohique latipède. — P. latipes (i).
Carapace cordiforme , presque aussi longue que large , et for-
tement rétrécie postérieurement; dents frontales très-petites;
bords latéro-antéricurs dirigés presqpie directement en arrière
et armés de dents très-petites. Fates antérieures comtes; le
bras dépassant à peine la carapace ; une seule épine sur le
carpe; mains sans dents ni carène marquées. Tarses des pâtes
de la deuxième paire un peu élargis ; les suivans presque
styliformes ; abdomen du mâle composé de cinq segmens. Lon-
gueur, environ i pouce.
Habite nos côtes. { G. M. )
(l) Cancer latipes. Pennant , op. cit. IV, PI. I, fig. /(. — Herb.
PI. 31, fig. vj.6. Porlumis variegatus. Leach, Malac. PL ^ ( repro-
duite par M. Desmarest, PI. 4> bg. "X). Piatyonichus depurator. Latr,
Encyc. t. X, p. i5i .
DES CKUSTACÉS.
437
aa. Tarses des pales postérieures ovalaires et obtus au
bout.
Peatyokiqüe ocellé. — P. ocellatus (i).
Carapace presque circulaire , beaucoup plus large que longue ;
dents frontales et latéro-antérieures très-grandes. Pâtes anté-
rieures grandes , le bras dépassant de beaucoup la carapace ;
carpe bidenté. Longueur, environ 3 pouces.
J B. Especes ayant les dents frontales paires {n’en
ayant, par conséquent, point sur la ligne mé-
diane ) , et deux fissures au bord orbitaire supé-
rieur.
Platyoniqüe BirusTULÉ. — P. bipustulatus.
(PL 17, fig. 7-10.)
Carapace presque circulaire , bombée et très-finement gra-
nulée ; front très-reculé et armé de quatre petites dents : dents
des bords latéro-antérieurs arquées et très-grandes. Une dent
plus ou moins saillante vers le milieu du bord orbitaire supé-
rieur. Pâtes antérieures médioeres et à peu près de même forme
que chez le P. latipède. Tarse des pâtes de la seconde paire
lamelleux, lancéolé et un peu falciforme ebez le mâle. Ceux
des deux paires de pâtes suivantes lamelleux, mais de plus
en plus étroits. Tarses des pâtes postériemes ovalaires. Ab-
domen du mâle composé de sept seguiens distincts. Longueur,
de 3 à 5 pouces.
Habite l’océan Indien. (C. M.)
(i) Cancer ocellatus. Herb. PI. 49, fig. — Porlimus pictus. Say,
Acad.de Philad. t. I, PI. i, lig. C\. Platyonichus ocellatus. Latr.
Encyc. t, XVI , p. iSs-
438
HISTOIRE NATURELLE
S G. Especes ayant le front avancé en manière de
museau triangulaire et simplement ondulé sur
ses bords.
Platyonique muselier. — P. nasutus (i).
Carapace bombée au mibeu et inégale ; une fissure au bord
orbitaire supérieur ; serres petites ; tarse des pâtes postérieures
presque elliptique et accumulé ; très-petit.
Habite les côtes de l’Océan et de la Méditerranée.
M. Leach a donné le nom de P. monodon (Lin. Trans.
t. XI, p. 3i4) à une espèce qui diilère de toutes les précé-
dentes par l’existence d’une seule dent de chaque côté de la
carapace.
III. GENRE POLYBIE. — Polybius (2).
Le genre Polybie de M. Leach a les rapports les plus
intimes avec celui des Platyoniques , dont il ne diffère
guères que par la forme des pales , qui toutes sont évidem-
ment natatoires ; celles de la deuxième , de la troisième et de
la quati'ième paires sont ti-ès-aplatics et terminées par un
article lamelleux ti'ès-large et lancéolé , qui a partout la même
forme. Les pâtes postérieures ont la même forme que chez
le Platyonique bipustulé , si ce n’est que leur troisième ar-
ticle est extrêmement court et presque globulaire. Le pla-
stron sternal est plus large, surtout postérieurement, que
(1) Plalfouichns nasutus. Jjiitr. Eiicyo, t. X , p. i5l. — Portuuus bi-
guliaïus. Risso, Crust. de Nice , l'I. i, fig. i.
(2) Polybius. Leach, Malac. — Deani. p. 100. — Reg. aiiim. 2'. éd.,
t IV, p. 3l. Platyonichus. Latr. Encyc. t. X, p. l52.
des crustacés. 4-^9
dans le genre précédent , mais présente la même disposition
quant à sa suture médiane. \] abdomen du male se compose
comme d’ordinaire de cinq articles.
PoLYBiE DE Hewslow. — P- HeiislowU (O-
Corps très-comprimé. Carapace orbiculaire , parfaitement
lisse et plane en dessus. Front armé de cinq dents triangulaires
peu saillantes , surtout les externes , qui occupent les angles or-
bitaires internes ; deux fissures au bord orbitaire supérieur ;
dents des bords latéro- anterieurs très-larges, mais à peine
saillantes. Longueur, environ 9. pouces; couleur brune.
Habite la Manche , et paraît se tenir toujours à uuo distance
considérable delà côte. ( C. M. )
IV. GENRE FORTUNE. — Portunus (9).
Le genre Fortune a été établi par le célébré entomo-
logiste Fabricius , mais avec des limites bien plus étendues
que celles qu’on y assigne généralement aujourd’hui. 11
établit le passage entre les Carcins d’une part , et les
Flatyoniques et les Lupées de l’autre. La carapace des
Fortunes est à peu près de la même forme que celle
des Carcins ; elle est plus large que longue , mais son dia-
mètre longitudinal est au moins égal aux deux tiers de son
diamètre transversal ; le contour de sa portion antérieure
est ordinairement plus courbe que chez les Carcins ; le
bord frouto-orbitaire n’occupe guèixis plus de la moitié du
diamètre transversal de la carapace , et le front, qui est
étroit , s’avance toujours beaucoup au delà de 1 insertion
des antennes externes , et dépasse notablement le niveau du
bord inférieur de l’orbite et de l’angle externe de cette
M
(I) Potybius Jlenslowii. Leach, Malac. PI. 9 B ( reproduite par
De.smarest, PI. 7, f'n- ’)• , r. 1
(_■}.) Cnnecr. Linn. l’urtunus. Faliv. Suppl, p. G3. — Latr. Encydop.
t. X , etc. — Leach, Malac. — De.sm. p- 91-
44o UISTOIKE K AT t, liEtL£
cavité. Le bord latéro-an teneur de la carapace est mince
et armé de quatre pu cinq grosses dents ; les orbites sont
ovalaires, hes, fossettes antennaires (PI. 17 , fig. 1 1 ) sont
placées sur le meme niveau que les yeux , transversales
et séparées entre elles par une cloison dont le bord ne sc
prolonge jamais en forme d’épine. L’article basilaire des
antennes externes est peu développé, mais il sépare
complètement la fossette antennaire de l’orbite et va se
souder au front ; la tige mobile qui succède à cet article
paraît naître de fangle interne de l’orbite. La structure de
la bouche ne présente rien de remarquable, seulement il est
à noter que le troisième article des pates-tndchoircs ex-
tevnes est au moins aussi large que long , et que son
angle antérieur et interne est fortement tronqué. Le pla-
stron sternal est beaucoup plus long que large et forte-
ment rétréci en arrière ; sa suture médiane ne s’étend que
sur les deux derniers anneaux. Les pâtes de la première paire
sont de grandeur médiocre , et en général l’une est plus forte
que 1 autre j le bras ne dépassé que de très-peu le bord latéral
de la carapace et n’est pas toujours armé d’épines comme chez
les Lupées j le carpe présente toujours du côté interne un
grand prolongement spiniforme, et la main , dont la longueur
n égale jamais celle du diamètre antéro-postéiieur de la
carapace, est ordinairement courbée un peu en dedans, de
manière à pouvoir s’appliquer exactement contre la por-
tion antei’ieure et inférieure du corps. Les pâtes des trois
paires suivantes ont à peu près la même longueur j mais ce-
pendant ce sont toujours celles de la troisième ou de la
quatrième paire qui sont les plus longues , et les secondes
sont plus courtes que les antérieures ; leur dernier article
est styliforme et cannelé. Les pâtes de la cinquième paire
sont au contraire très-élargies vers le bout ; leur troisième
article est a peu près de même forme qu’aux pâtes précé-
dentes , et leur dernier article est lamelleux , et ovalaire ou
lancéolé. Quant à X abdomen , il ne présente rien de particu-
lier J sa disposition est à peu près la même que dans les
DES -CnUSTACÉS. 44‘
genres précédens , seulement , chez la femelle , il est moins
large , et chez le mâle il est toujours triangulaire.
1.CS Fortunes sont des Crustacés essentiellement aqua-
tiques, et ils nagent avec beaucoup de facilité, mais on
ne les rencontre pas en haute mer comme les Lupées. Ils
habitent assez près du rivage , et dans les grandes marées
on en trouve souvent cachés sous des pierres , dans les pe-
tites flaques d’eau que la mer laisse en se retirant D autres
espèees se tiennent à des profondeurs plus considéi'ables , sur
les bancs d’huîtres , etc. ; jamais on ne les voit courir sur la
plage comme les Carcins, et lorsqu’on les retire de l’eau ils
périssent dans l’espace de quelques heures. Ils sont très-
carnassiers, et se nourrissent en grande partie aux dépens des
cadavres des divers animaux qu’ils trouvent dans la mer.
Plusieurs espèces sont comestibles ; enfin toutes , à 1 ex-
ception d’une seule , habitent nos eôtes.
§ A. Especes ayant le front armé de dents bien dis-
tinctes.
a. Front armé au moins de dix dents ou épines.
I. Porïüke étrille. — P. puher (i).
Carapace très-velue. Front très-large , armé de deux dents
médianes assez fortes , suivies de chaque côté de deux ou trois
petites dents, et d’un lobe saillant, dont le bord est dentelé.
Orbites finement dentelées. Dents des bords latci-o-antérieurs
fortes, saillantes, et semblables entre elles. Pâtes antérieures
médiocres et couvertes , ainsi que les suivantes , d’un duvet
très-serré, interrompu par des lignes élevées longitudinales,
(l) Cancer velutinus. Penn. Prit. /îool. t. IV, PI. 4i —
Hevb. tab. lig. 49 ( eopié d’après Pennant ). Cancer puher. Linn.
Syst. nat. t. V, p. 0978. Portumis puher. i'upp. , p. 365. — Leach
Malac. PI. 6, — Dc.sm. PI. G, lig-, 5. — Blaiiiville , Faune française.
HISTOIRE NATURELLE
442
qui sont granuleuses sur les mains et lisses sur les pâtes pos-
térieures. Longueur, environ 2 pouces et demi. Très -commun
sur nos cotes , où on le connaît sous les noms de Crabe à
laine. Crabe espagnol, etc.
aa. Front armé seulement de trois ou. de cinq dents,
aa Carapace ridée, inégale, un peu granuleuse
et couverte de poils,
2. Fortune plissé. — P. plicatus (i).
Front relevé et armé de trois fortes dents triangulaires en
dehors desquelles se voit do chaque côté une petite dent placée
au-dessus de l’angle orbitaire interne. Orbites dirigées oblique-
ment en avant et en haut. Bords latéro-postéricurs de la ca-
rapace un peu concaves , mais dirigés prescpe directement en
arrière; fissure du bord orbitaire inférieur très-large. Lon-
gueur, environ 18 lignes; couleur rougeâtre.
Habite nos côtes. (G. M. )
aa** . Carapace presque unie et dépourvue de poils.
3. Fortune marbré. — P. marmoreus (2).
Dernier article des pâtes postérieures se terminant en
pointe. Carapace légèrement granuleuse et moins rétrécie jios-
(1) Cancer depurator var. Penn.mt, Br. Zool. t IV, Bl. 4) figôA.
Portunus plicatus. Risso, Crast. de Nice ; P. depurator. Leach,
Malac. PI. g. fig. i. — Latr- Encyc. t. X, p. igS. Le Portunus li-
vidus de M. Leach (Malac PL y, fig. a ) , ne par.aît qu’une va-
riété de 1 e.spèce précédente.
(3) Cancer depurator? Pcnriant , op. cit t. IV, PL 2, fig. 6. Por-
iimus marmoreus. Leach, Malac. PI. 8 ( reproduite dans 1 Encyc.
p.3o4).
DES CRUSTACÉS. 44^
térleurement que dans l’espèce précédente. Front étroit et
armé de trois petites dents obtuses.
Habite nos côtes. ( C, M. )
4. PoRTUBE HOLSATIEK. P- holsatUS (l).
Dernier article des pâtes postérieures arrondi au bout.
Carapace plus rétrécie postérieurement et plus déprimée que
dans l’espèce précédente , à laquelle , du reste , celle-ci ressem-
ble extrêmement.
Habite nos côtes. ( G. M. )
§ B. Especes ayant le front entier ou divisé seulement
en lobes arrondis.
b. Bords latéro-antérieiirs de la carapace armés
de cinq dents.
b’’. Front divisé en trois lobes dont la médiane
plus avancée que les latérales.
5. Fortune ripé. — P. corrugatus (3).
Carapace bombée et couverte de lignes transversales
granuleuses donnant insertion à des poils. Front très-
ayancé et divisé en trois lobes finement crénelés sur les bords.
Dents des bords latéro - antérieurs très-aiguës et à peu près
égales. Pâtes antérieures courtes et comme squammeuses.
Mains armées d’une épine placée au-dessus de l’insertion du
pouce , et se continuant en arrière sur une ligne saillante gra-
uvdée. Longueur, environ 2 pouces; couleur rougeâtre.
Habite nos côtes; très-commun dans la Méditerranée. (C.M )
(1) Portunns liotsatns. Fabv. Suppl. P- 36G. P. lit’idus. Leach ,
Malac. PI. 9. fig. 3 et 4
(2) Cancer currngeUas. Pennant, ïii'it./ool. t. IV, PI. , fig. 9*
— llerb. PI. lig. 5o. Portnnus corrugalns. ïjcacli, Malac. PI.
fig. 1 et a. — P puber , Blainville , Faune. Cr. PI. , fig. i.
6, POBTUNE NAIN. — P. pilSÜllS (l).
Carapace tres-bombée et bosselée , mais dépourvue de,
poils ; front très-avancé ; dernier article des pâtes postérieures
lancéolé. Longueur, environ 4 lignes.
Habite la Manche. ( C. M. )
b**. Front entier ou divisé seulement en deux lobes
symétriques.
7. Fortune de rondelet. — P. Rondeletii (3).
Pâtes de la seconde paire moins longues que celles de
la premih'e paire et presque aussi longues que celles de
la troisième j! aire. Carapace granuleuse et un peu ridée;
front très-régnlièrement arrondi ; avant-dernière dent latérale
beaucoup plus petite que les autres.
8. Fortune a longues pâtes. — P. longipes (3).
Pâtes de la seconde ptaire plus longues que celles de la
première paire et notablement plus courtes que celles de
la troisième paire. Carapace assez bombée ; front large ,
saillant et entier ou légèrement quadrilobé. Bords latéro-
antérieurs courts; leur avant-dernière dent à peu près de
même grosseur que les autres. Bords latéro- postérieurs très-
(i) Porlumts pusilus. Leach , Malac. PI. g, fig. 5 à 8. — Latr.
Encyc. t. X, p. iga.
(a) Porlumts Jloiutcletii, llisso, Hist nat. des Cr. de Nice , PI. i ,
fig. 3. P. areitalus. Leacli , Malac. PI. fjg. 5 et 6, et P. margi-
italus. Ejusd. ilid. lig. 3 et 4' — Pondelctü, Latr. Encyc. t. X,
p. 192.
(3) P. lougipes. llisso, op. cit. PI. i, fig. 5. — Latc. Encyc. t. X,
p. iga. P. infrnclHs. Otto, Méra. de l'Acad. de bonn , t. XIV,
PI. 20, fig. 1.
DES CRUSTACÉS. 44^
longs et presque droits. Pâtes très-grêles et tres-longues ;
tarse des pâtes postérieures lancéolé et trss-aigu. Longueur,
environ un pouce.
Habite la Méditerranée. (C. M.)
hb. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés seule-
ment de quatre dents.
9. Fortune front entier.— jP. integrifrons (i).
Carapace peu élevée, inégale et pubescente. Front tres-large
et arqué. Dents latéro-antérieures peu saillantes et larges. Pâtes
antérieures inégales , assez grandes ; mains armées d’un grand
nombre de petites granulations spinifornies disposées en petites
lignes transversales. Longueur, environ 2 pouces.
Habite l’océan Indien. ( C. M. )
V. GENRE LUPÉE. — Z/zjoeÆ Leach (2).
La plupart des Lupées sont remarquables par l’aplatisse-
ment et la grande étendue transversale de leur carapace
(PI. 17, fig. 1 ). En général le diamètre transversal de
ce bouclier dorsal a plus du double de sa longueur. Le
front est presque toujours étroit et beaucoup moins saillant
que le bord inférieur ou l’angle externe de l’orbite ; les
bords latéro-antérieurs de la carapace sont au contraire très-
longs et forment en général , avec le bord antérieur , un
segment de cercle très-régulier et très-ouvert ; chacun d’eux
est armé de neuf dents plus ou moins saillantes et spini-
(1) Latreille , Encyc. t. X, p. iga. Cancer navigator V Herb. t. II ,
p. i55, PI. 37, fig.7.
(•i) Port U nus Fab. — Bosc. Hist. nat. des Crust. t. I, p. 20g. —
batr. HLst. nat. des Crust. et des Insectes , t. YI ; Encycl.
Méthod. t. X, etc. — Lam. Hist. nat. des Anim. sans vert,
t. V. Lupea. Leacli. Edirib. Encyc. art. Crustaceology, v. 7,
p. 3go, etc. — Desni. Considérations sur les Crust. p. 97. — L-at.
Régne animal , a*, édit. t. IV, p. 33.
i
446 HISTOini; N'TUREtLE
l'ormes, et tlans l’état actuel de la science , ce caraetere ,
d’une importance tout-à-l’ait secontlaire , suffit pour distin-
guer les Lu])ées de tous les autres Portuniens. Enfin ,
la dernière de ces épines est en général beaucoup plus
grandes que toutes les autres et se porte directement en
dehors ; mais quelquefois elle ne diffère pas de celle qui la
précède. Les orbites sont ovalaires et dirigées obliquement
en avant et en haut ; leur paroi inférieure n’arrive pas jus-
qu’au front, et il existe au canthus intei-ne une large
écliancrure que remplit l’article basilaire de l’antenne externe
(PL 17, fig. 2. ) ; au bord supérieur de ces cavités on re-
marque deux fissures. Les fossettes qui logent les antennes
internes sont peu profondes et à peine recouvertes par le
front ; la lame verticale qui les sépare entre elles est armée
d’une pointe spiniforme qui se prolonge souvent au devant
du bord antéi'ieur de la carapace; en dehors ces cavités
sont complètement séparées des orbites , et la tige des an-
tenhes qui s’y insèrent est assez courte pour s’y reployer
en entier. L’article basilaire des antennes externes se soude
au bord inférieur de l’angle supérieur et externe du front ;
il a peu de largeur et donne insertion par l’extrémité de
son bord intei'ue à la tige mobile formée par des articles
suivaiis, de façon que cette tige, dont la longueur est con-
sidérable , pai’aît naître du canthus interne de l’œil, et que
rien ne s’oppose à ce qu’elle se l'eploie eu dehors pour se
cacher dans la cavité orbitaire. \2èpistonic est extrêmement
étroit, et le cadre buccal est à peu près carrée , mais en gé-
néral plus large en avant qu’en arrière. Le troisième article
des pates-mdchoires externes (PI. 17, fig. 3) est assez forte-
ment tronqué en avant et en dedans. Le plastron sternal
est presque toujours assez Ixnnbé longitudinalement, très-
large et à peine resserré postérieurement ; sa suture médiane
en occupe les trois derniers segmens ( fig. 4 )• Les pâtes de
la première paire sont très-grandes ; on y observe toujours
un certain nombre d’épines, et les doigts sont allong s et
pas notablement courbés en dedans. Les pâtes des trois
DES crustacés. 447
paires suivantes sont beaucoup moins longues et ont toutes
à peu près la incnie grandeur ; tantôt 1 article {jui les ter-
mine est grêle, arrondi, stylilorme et en general canelé,
d’autres fois il est aplati , lainelleux et natatoire ; dans
le premier cas, ces pâtes paraissent destinées spéciale-
ment à la marche , tandis que dans le second leur dis-
position est plus favorable à la natation Les pâtes de la
cinquième sont très-tortes et constituent , par 1 élaigisseraent
de leurs deux derniers articles , des rames puissantes ; le troi-
sième article qui entre dans leur composition ( ou la cuisse ) ,
est en général gros , mais très-court , et ne présente presque
jamais d’épines comme chez les ïhalainites ; enfin, le dernier
article est toujours ovalaire. Chez la femelle , \' abdomen ne
présente rien de remarquable , seulement sa longueur est très-
considérable ; chez le mâle sa structure est la meme que
dans les genres précédens ; on n’y voit que cinq pinces
distinctes, le troisième, le quatrième et le cinquième anneaux
étant soudés entre eux , les trois pi-emiei-s segmens sont
toujours très-larges ; mais au niveau du quatrième il y a
un rétrécissement brusque , et les trois derniers sont plus
ou moins étroits.
Les Lupées sont des Crustacés esscntiellementPélagiens et
se rencontrent souvent en ^deinc mer. Plusieurs voyageurs
en ont vu au milieu de l’océan , n’ayant pour lieu de repos
que des fucus flottans. La facilité avec laquelle ils nagent est
extrême î et, d’apres les observations de Bosc , il paraïUait
même qu’ils ont la faculté de se soutenir à la surface de
l’eau , dans un état stationnaire et sans exécuter aucun mou-
vement apparent.
Ce genre peut se diviser en trois petits groupes secon-
daires faciles à distinguer par les caractères suivans :
448 HISTOIRE NATURELIE
AA. Espèces ayant le corps très-e'pais et bombé en dessus ;
les pâtes de la première paire grosses et peu allongées ;
la main notablement moins longue que la carapace.
Lupées convexes.
5 A. Espèces ayant le corps très- comprimé ; les pâtes de la
première paii e très-allongées ; les mains presque tou-
jours plus longues tpie la carapace.
C. Tarse des pâtes des deuxième , troisième et qua-
trième paires aplati , lamelleux, et de forme presque
lancéolée.
Lupées nageuses.
B. Tarse des pâtes des deuxième, troisième et qua-
trième paires étroit et styliforme.
Lupées marcheuses.
i''. Sous-genre. Lupées CONVEXES.
Les Lupées de cette subdivision diffèrent des suivans par la
convexité de leur carapace et la brièveté de leurs pâtes anté-
rieures , caractère qui les rapprochent des Fortunes ; aussi est-ce
dans ce dernier genre qu’on les a rangés jusqu’ici ; mais c est
avec les Lupées qu elles ont réellement le plus d’analogie.
Ce sous-genre ne renferme encore qu’une seule espèce.
I. Lupéede teanquebar. — L. tranquebarica (i).
La carapace est unie en dessus et assez régulièrement bom-
bée ; son diamètre antéro-postérieur égale les deux tiers de son
(l) Portimus tranqueharicus Fab. Suppl, p. 366. — Latr. Hist. nat.
des Crust. et Ins. t. VI, p. i6 ; Encyc. Métliod. t. X, p. 191 5
Cancer olimceus Hevb. tab. 38, f- 3. Cancer serratu? Forsk. Anim.
Kgyp. p. go. Portnnns serratns, Ruppell, op. rit. PI. R, fig. i-
DES CRUSTACÉS. 449
diamètre transversal. Le front est saillant, et armé de six dents
triangulaires, larges et courtes ; les bords latéro- antérieurs sont
beaucoup moins droits que chez les autres Lupées , et se pro-
longeant plus loin en aiTÎère. Les neuf dents dont chacun d’eux
est garni sont spiniformes , aiguës , dirigées un peu en avant et
semblables entre elles. Les pâtes de la première paire ne sont
pas très-longues, mais elles sont très-grosses; on compte trois
épines sur le bord interne du bras, deux sur son bord externe ,
trois sur le carpe, et trois sur la main , qui est renflée et un peu
courbée en dedans. Les pâtes des trois paires suivantes sont
aplaties , mais leur dernier article est épais et plutôt styliforme
que lancéolé.
La Lupée de Tranquebar est la plus grande espèce de Por-
tunien connue , elle atteint 6 à 8 pouces de long ; sa couleur est
d’un vert grisâtre et elle habite les mers de l’Asie. ( G. M. )
2'. Sous-genre. Lupées mageuses.
Dans cette subdivision du genre Lupée , le corps est en gé-
néral très-déprimé; la carapace, plus de deux fois aussi large
que longue , est régulièrement arquée en avant ; le front est
aussi presque toujours moins saillant que le bord inférieur , ou
l’angle extérieur des orbites et les mains beaucoup plus longues
que la carapace ; enfin, le dernier article des pâtes de la se-
conde , de la troisième et de la quatrième paire est aplati , la-
melleux et de forme presque lancéolée ; aussi ces membres sont-
ils disposés d’une manière beaucoup plus favorable à la natation
que dans le sous-genre précédent.
CRUSTACÉS, TOME I,
29
.^5o
HISTOIRE NATÜREELE
§ A. Especes ayant la derniere épine latérale an moins
deux fois aussi grosse que les précédentes et le front
peu saillant.
a. Dents médianes du front moins saillantes que
les mitoyennes , et quelquefois à peine visibles.
a'. Bord supérieur de l'orbite armé dune épine.
2. Lupée pélaoiemne. — L. pelagica (i).
Carapace un peu plus de deux fois aussi large que longue ,
légèrement convexe , toute couverte de petites granulations , et
représentant dans sa portion antérieure un segment de cercle
très-régulier. Front armé de six petites dents, et dépassé de
Leaucoup par l’épine inter-antennaire. IJents des bords latéro-
antérieurs triangulaires, courtes et pointues, excepté la der-
nière qui est deux fois aussi grande que les précédentes , large
a sa base et dirigée directement en dehors. Pâtes antérieures
tres-grandes j trois fortes épines siii' le bord antérieur du bas ,
deux sur le carpe, et trois sur la main, qui est presque prisma-
tique, garnie do plusieurs crêtes longitudinales, et plus d’une fois
et demie aussi longue que la carapace. Pâtes des trois paires
suivantes très-longues (en général leur troisième article dépasse
de beaucoup 1 angle latéral de la carapace) , aplaties , ciliées en
dessus et un peu silioiinées. Troisième article des pâtes posté-
rieures presque globuleux. Congneur , 3 à 4- pouces j l'ouleur
vert grisàti-e avec des taches jaune.s.
Habite la mer Rouge et tout l’océan Indien. (C M.)
(l) Cancer pelagicns. Linn, Mus. Lud. Ulr. p. — ForskaI
Descrip. Aiiim. etc. p. 8q. — Cancer reüculatus Herb. PI. 5o, et
Cancer cedo nulti. Hcrb PI. 39. t^ortunus pelagicns . Fabr. Suppl,
p. 36y Latr. Hist. nat. des Cr. t. VI, p. 16 ( Encyc. t. X,
p. 188 etc.). Savigiiy, Egyp.Cr PI. 3, fig. i. Lupa pelagica. Eeacli,
Edinb. Eiicyc. art. Crustaceology. — Desm. p, 98, PI. 8 , %. a.
DES CRUSTACES.
a"*. Bord supérieur de V orbite sans prolongement spini-
J'ornie.
3. Lupée SANGUINOLENTE. — L . sangidnoleiita [i).
Point d’épine à l’ extrémité du bord postérieur du bras.
Carapace plus large et moins granuleuse que dans l’espèce pré-
cédente ; front très-reculé et armé de six dents , dont les quatre
médianes sont spiniformes et les externes obtuses. Dernière dent
latérale encore plus grande que dans la L. pélagique , mais
de même forme. Pâtes antérieures beaucoup plus courtes;
mains n’ayant pas une fois et demie la longueur de la carapace ,
et ne portant que deux épines. Troisième article des pâtes sui-
vantes n’atteignant pas l’extrémité de l’angle latéral do la cara-
pace ; du reste, très-semblable à l’espèce précédente. Lon-
gueur, environ 2 pouces ; carapace portant en arrière trois
grandes taches circulaires d’un rouge vif. '
Habite l’océan Indien. (C. M. )
4. Lupée dicantue. — L. dicanlha (2).
%
Une épine tr'es-aigué à L’ c.Tlrémité du bord postérieur du
*■ bras. Carapace plus de doux fois aussi large que longue, et
marquée de (juelques ligues granuleuses transversales ; front
disposé comme dans l’espèce précédente, si ce n’est que les
quatre dents mitoyennes sont souvent rudimentaires. Dernière
(!) Cancci saiigiiinoleulus. Herb.st. vol. 1, p. 161, tab. 8, fig. .'>6, 5^.
Cancer pelagictts. var. Fab. Mant. Ins. t. I, p. 3i8, etc. — Linn. ,
Syst. liât. Ed. (riiielin Portnnus snnguiiioteiiliis. Fabr. Suppl. Eut.
n Syst. p. 3CSi. — Eatr. Encyc. Métliod. t. X, p. 190.
(2) Crabe de l'Océan. Degeer, Mctii- pour servir à fliist. des In-
sectes, t. \’I1, tab. 26, lig. 8-11. Portuims pelag/cus. Bosc , Ilist.
nat. des Crust. t. l , p. 220, tab. 5 , Hg' Portunus hastnUts. Fab.
Suppl. Entom. Syst. p. 867. -. Latr. Hist. liât. desCr. t. VI, p. 18.
Portunus dicnnthus. Eat. Encyc. t. .X, p. 190, Lapa hnstnta. Say.
Acad, de Pliiladelpbie, vol. î, p. 6~>.
29.
HISTOIRE NATURELLE
452
dent latérale moins grosse cpie dans les espèces précédentes,
et un peu recourbées en avant. Pâtes antérieures grosses , mais
ne différant guères de celles de la L. sanguinolente que par le
caractère déjà indiqué. Abdomen du male très-large à sa base,
mais devenant tout à coup, à partir du quatrième anneau,
presque linéaii’e , de façon à l’essembler un peu à la lettre j,
renversée. Longueur, environ 4 pouces.
Habite les côtes de l’Amérique. (CM.)
aa. Dents médianes du front petites, mais beaucoup plus
saillantes que les deux mitoyennes.
5. Lupée crible. — L. crihraria (1).
(PI. i8, fig. I.)
Carapace très-aplatie , parfaitement lisse, et à peu près de
même forme que chez la L. sanguinolente ; front très-reculé ;
épine inter - antennaire courte ; fissiues orbitaires très-pro-
fondes; dents latérales à peu près connue dans l’espèce précé-
dente ; abdomen ayant la forme ordinaùe. Longueur, 3 pouces ;
couleur fauve, avec une nndtitude de taches blanchâtres.
Habite les côtes du Brésil. ( C. M. )
$ B. Especes ayant la dernière épine du bord latéro-an-
térieur de la carapace guères plus gi'ande que les
autres.
b. Bord externe du bras dépourvu (d épines.
6. Lupée spinimane. — L. spinimana (2).
Carapace guères plus d’une fois et demie aussi large que
longue , un peu bombée et très-inégale ; front saillant et armé
(1) Porlimus cnhrarius. Lamarck , op. cit. t. V, p. aSy.
(2) Portunus pelagicus . bat. , üenera, Crust. et lus. t- I.
Portai, us spinimamis. Latr. , Encyc. t. X, p. 188. Lupa spinlmaua.
I.each, — Desm. , p. y8.
DES CB ÜSTACÊS.
453
de huit dents dont les ijuatre médianes sont les plus saillantes ;
dents des bords latéro-autérieurs spiniformes et dirigées un
peu en avant ; pâtes antérieures armées à peu près comme dans
l’espèce précédente ; un grand nombre de tubercules granuleux
et de côtes longitudinales arrondies sur les mains ; pâtes sui-
vantes très-comprimées. Longueur, 3 à 4 pouces.
Habite les côtes du Brésil. ( G. M. )
bb. Bord extérieur des bras armé d! épines.
7. Lepée fromt lobé. — L. lobifrons.
Carapace aplatie comme dans la Lupée crible , mais plus car-
rée ; front avancé , divisé en quatre lobes arrondis et armé
d’une petite dent au-dessus de l’angle orbitaire interne ; dents
des bords latéro-antérieurs petites; pâtes antérieures très-pe-
tites ; mains renflées et moins longues que la carapace. Lon-
gueur, I pouce.
Habite les Indes orientales. (G. M. )
3“. Sous-genre. Lupées maecheuses.
Les Lupées marcheuses ont beaucoup d’analogie avec les
Thalamites hexagonales ; leur carapace est en général presque
hexagonale ; son bord fronto-orbitaire forme un angle assez
marqué avec les bords latéro-antérieurs , tandis que dans le
groupe précédent la portion antérieure de la carapace représente
ordinairement un segment de cercle ; la longueiu' de ce bou-
clier est aussi plus considérable comparativement à la gran-
deur totale du corps.
454
H 1 s T O I 1! F. N A r U H £ L li E
§ A. Especes ayant la cle.rniere dent du bord latéro-an~
térieur de la carapace semblable aux autres,
a. Dents des bords latéro- antérieurs alternativement
grosses et petites.
8. Lupée rouge. — L. rubra (i).
Carapace une fois et demie aussi large cpie longue ; front
très-avancé , fort large , et divisé en huit dents , dont les quatre
moyennes sont très-longues et séparées des autres par une
échancrure profonde ; hoid inférieur et angle externe des or-
bites moins avancés que le front ; bords latéro-antérieurs de la ca-
rapace courts et armés de cinqgrosses dents spiniformcs séparées
entre elles par quatre petites; pâtes antérieures de grandeur
médiocre ; ejuatre ou cinq grosses épines sm- le bord antérieur
du bras et quatre sur la partie supérieure de la main ; troisième
article des pâtes postérieures portant une épine a l’extrémité
de son bord inférieur. Longueur , environ i pouces ; couleur
générale rougeâtre , extrémité des pinces noire.
Habite les côtes du Brésil. (G. M. )
aa. Dents des bords latéro-anterieurs de la carapace sem-
blables entre elles.
g. Lupée grahuleuse. — L . granulata.
Carapace inégale et granuleuse ; front avancé et divisé en
cinq dents, ou plutôt lobes. Des épines sur le bord postérieur
du bras aussi bien que sur son bord antérieur ; deux épines et
plusieurs crêtes longitudinales et granideuses sur la main.
Longueur, environ un pouce.
Habite nie de France. (G. M.)
(i) Cin apoa. Marggraf, Hist. rerum nat. Bras. p. i83 ( copiée
par Jon.stoii Exsang. tab. g, !•!)> et Ruyscli , That. Anim. lib. 4,
tab. g, lig. 8). Poriunus rubei'. Lamarck, op. cit. t. V, p. 260.
DES C8USTACÉS.
455
§ B. Especes ayant la derni'ere dent du bord latéro-anlé-
rieurde la carapace au moins deux fois aussi grande
que les précédentes.
b. Dents médianes du front beaucoup plus saillantes
que les latérales.
;o. Lupée de Séba. — L. Sebce (1).
Carapace à peine bombée j front armé de six dents , en ge-
neral toutes aiguës et très-grandes. Dents des bords latéro-an-
térieurs très-pointues et un peu recourbées en avant; la der-
nière environ deux fois aussi longue tjue les autres , mais pi-o-
porlionnellement plus mince ; pales antérieures longues et e'pi-
neuses. Troisième article des pâtes postérieures comme dans
la L. rouge ; même taille.
Habite les côtes du Brésil. (G. M. )
bb. Dents médianes du front moins saillantes que les
autres.
bb'. Mains grosses , de forme ordinaire , et moins lon-
gues que le diamètre transversal de la carapace-
II. Lupée hastée. — L. hastata (2).
Bord supérieur de V orbite sans dent médiane. Carapace
inégale et pubescente. Front armé de six dents , dont les deux
médianes sont pointues et plus petites que les autres; point
d’épine inter-antennaire au-dessous du fj ont ; huit pre-
mières dents latérales petites et triangulaires ; la neuvième
(1) Cancer marinis scutiformis. Seba , Mus. t. 111, Pb 20, lig. <)
(reproduite dans l’Encyc. PI. 272, üg. 6 , sous le nom de Poriunus
sangtiînolcntus. par Latreille)
(2) Cancer ha status. Linn. C. pela feus 9 Herb, t. 1, PI- 8, hg. po.
Portunus hastatus. Latr. Encyc. t. X , P- 189. — Dict. class. d’hist.
natur. atlas. Lupa Dufourii. Desm. p. yy. — Latr- Reg. Amm.
éd. t. IV, p. 34.
456 HISTOIRE NATURELLE
très-longue, étroite, spinlforme, etmi peu recourbée en avant.
Pâtes antérieures grandes ; quatre petites dents aiguës siu- le
bord antérieur du bras, une épine terminale sur son bord pos-
térieur, deux sur le ce;p„, et deux sur la main. Longueur, en-
viron deux pouces.
Habite la Méditerranée. (C. M.)
12. Lupée gladiateur. — Z, gladialor (i).
Bord-supérieur de V orbite armé d! une dentpointueplacée
entre deux Jissures ; carapace un peu bosselée et pubescente,
mais peu ou point granuleuse. Front très-relevé et armé de six
petites dents triangulaires , pointues et tontes dirigées en avant.
Orbites presque circulaires et dirigées en haut. Dernière épine
latérale trcs-longue , mais étroite ; pâtes antérieures médiocres ;
quatre ou cinq épines sur le bord antérieur du bras , deux en
dehors , deux sur le carpe , et deux sur la main , laquelle est
garnie de plusieurs lignes longitudinales élevées. Couleur rou-
geâtre; longueur, environ 2 pouces.
Habite l’océan Indien. ( C. M. )
bb**. Mains Jîliformes et dune longueur extrême
( ayant presque une fois et demie le diamètre
transversal de la carapace).
i3. Lupée temaille. — L, forceps (2).
Carapace très-aplatie et très-i’étrécie postérieurement ; front
très-reculé; orbites dirigées très-obliquement en haut. Dent
latérale presque aussi longue que l’espace occupé par les huit
premières dents. Pâtes antérieures très -grêles, et environ
{l) PoHunus gladiator . Fabr. Suppl. — Latr. Encyc. Mëtli.t. XVI,
p. 189, etc. Cancer meriestko, Herb. PI. 55, tig. 3.
(2) Porlunus forceps. Fabr. Suppl, p. 368. — Herb. PI. 12, lig. I.
— Latr. Encyc. Métb. t. X, p. 190, etc. Lapa forceps. Leach. Zool.
Mis. 1. 1, PI. 54.— Desm.p. 99. — Latr. Reg. An. 2» .'édit. t. IV,p.34.
DES CfiüSTACÉS.
457
quatre fois aussi longues que la carapace ; les suivantes longues
et grêles. |Longueur, environ un pouce.
Habite les iintilles. ( G. M. )
Il nous paraît probable que le PoiiTUMUs ponticus ( i ) et le
PoRTUKUS HASTATUS (3) de Fabricius appartiennent à cette
subdivision du genre Lupe'e.
Le P. DEFENSOR du même auteur (Suppl, p. 867 ), le P. ar-
MiGER (Suppl, p. 368) , et le P. «as*oïbiîs (Suppl. 368) , sont
aussi des Lupées , ctM. Say a donné le nom de Lupamacii-
lata à une espèce nouvelle- du même genre ( op. cit. p. 445 )■
Enfin le Crustacé fossil figuré par Davilla ( Catal. t. III ,
PI. 3 , fig. 6 ) , et désigné par M. Démarest sous le uom do
poRTusus LEUcoDoTî ( Cr. Foss. p. 86, PI. 6, fig. 1 , 3 ) , a de
l’analogie avec la Lupée Tranquebar.
VI. GENRE THALAMITE. — Thalamita (3).
Les Thalamites de M. Latreille constituent le type d un
groupe générique parfaitement naturel et facile a distin-
guer , qui se lie d’une manière intime aux Portunes et aux
Lupées. Chez beaucoup de ces Crustacés , la forme de la
carapace est tout-à-fait caractéristique ; mais, chez d’autres,
elle se rapproche graduellement de celle propre aux Lupées ;
en effet, tantôt ce bouclier dorsal a la forme d’un carré
allongé, son diamètre transversal est presque le double de
sa longueur, et son bord fronto-orbitairc forme avec les
bords latéro-antérieurs un angle presque droit ; d’autres fois
elle est presque hexagonale , ses six bords forment entre eux
des angles à peu près égaux, et sa largeur n’excède que d’envi-
ron moitié sa longueur (PI. 17, fig. i3). hefront esttoujours
(i) Fabr. Suppl, p. 368 ; Herb.st , PI. 55, fig, 5.
(a) Fabr. Suppl, p. 367; Herbst, PI. 55, fig. i.
(i) Portuiius. Fabr. Suppl Latr. Encyc. t. X, etc. Thalamita,.
Latr. Reg. Anim. a“. éd. t. IV, p. 33.
456 HISTOIRE NATURELLE
tres-lai’ge , saillant et au moins aussi avancé que le bord infé-
rieur et l’angle externe de l’orbite, disposition qui ne se voit
presque jamais chez les bupées. Les bords latéro-antérieurs de
la carapace sont plusou moins obliques, mais forment toujours
avec le bord fronto-orbitaire un angle très-prononcé ; on y
compte de4à 'j dents, dont ladernièrc n’est jamais notablement
plus grande que les autres. Les yeux sont gros et courts ;
les orbites sont ovalaires et complètement séparées des fos-
settes antennaires ; leur bord supérieur présente deux pe-
tites fissures , et leur angle est souvent presque aussi éloiiiné
de la ligne médiane que l’angle qui termine en arriére le bord
latcro-anterieur. Les antennes internes se reploient complè-
tement dans leurs fossettes, et la cloison inter-antennaire est
peu saillante. L’article basilaire des antennes externes est en
général très-large (PL i^, fig. i4) ; il est toujours soudé
au front dans toute l’étendue de son bord antérieur , et
présente en dehors une saillie plus ou moins considérable
qui sépare l’orbite du point d’articulation de la tige mobile
de ces appendices; celle-ci est très-longue et s’insère quel-
quefois fort loin de la cai ité orbitaire. L’épistome est bien dis-
tinct et en forme de losange. Le cadre buccal est très-large et
les pates-mâchoires externes sont déposées à peu près comme
chez les Fortunes ; le plastron sternal est très-large et sa
suture médiane s’étend sur ses trois derniers anneaux. Les
pâtes antérieures sont très-grandes et ne peuvent se cacher
sous la portion antérieure du corps, comme cela se voit chez
les Fortunes et les Platyoniques ; leur troisième article est
épineux en avant et dépasse de beaucoup la carapace;
enfin la main est en génc'ral hérissée d’un nombre considé-
rable de dents , et sa longueur égale au moins celle de la
carapace. Les pâtes des trois paires suivantes sont beau-
coup moins longues, et se raccourcissent successivement;
leur tarse est en général styliforme. Celle de la cinquième
paire sont comme d’ordinaire les plus courtes de toutes ;
leur .troisième article est cependant assez allongé, et on
trouve à l’extrémité de son bord inférieur une épine assez
DES CKUSTACÉS, 4^9
forte (disposition qui n’existe jamais chez les Portunesou les
Platyoniques , et qui est extrêmement rare chez les Lupées) ;
vers le bout, ces pâtes deviennent très-larges et leur tarse
est ovalaire. L’abdomen ne présente rien de remarquable.
Les Thalamites sont pour la plupart des Crustacés de
moyenne taille ; elles habitent le voisinage des tropiques
dans les deux continens. On peut les répartir en deux grou-
pes d’après les caractères suivans :
§ 1 . Bord fronlo-orhiiaire n’occupant pas plus des deux tiers
de la largeur de la carapace , et formaal un angle assez ouvert
avec les bords latcro-antérieurs qui sont armés de six ou
sept dents.
Thalamites hexagonales.
§2. 5or(i//-0«t0-o/-(i/'tzzi>e occupant presque toute la largeur
de la carapace , et formant un angle presque droit avec les
bords latéro‘antérieurs , qui ne sont armés que de quatre à
cinq dents.
Thalamites quadrilatèues.
i**', Sous-g'enre. Thalamites quadrilatères.
Dans ce groupe , qui correspond au genre Thalamite , tel que
M. Latreille l’avait établi, les orbites oecupent presque les
angles de la carapace , et les deux portions rpii constituent le
bord latéral de ce bouclier, sont presque confondues.
J A. Especes ayant le front entier ou divisé en lobes, mais
point denté.
I. Thalamite admète. — T. admete (i).
Carapace presque plane en dessus ; bordfronto-orbitaire
Cancer ndmele. Hcrb. PI. 67, üg- i- Portu, ms admete. Latr.
Nouv. Dict. d’hist. nat.t. XXVIII, P- 44- P- admete et P. poissoni.
J
4^0 HISTOIRE naturelle
occupant presque toute la largeur de la carapace , presque
droit et divisé en quatre lobes. Bord latéro-antérieur de la
carapace presque droitet armé dequatre dents tr'es-aîguës,
dont la qiénultieme est beaucoup plus petite que les autres.
Bord inferieur, do l’orbite dentelé mais ne présentantpas de dent
spmiforme. Article basilaire des antennes externes garni d’une
petite crête dentelée qui dépasse les lobes moyens du front ;
trois épines fortes et obtuses sur le bord antérieur du bras • six
épines disposées alternativement , et sur doux rangées, sur la
face supérieiu-e delà main, qui est'gramileuse en dehors. Pâtes
suivantes courtes et grêles ; une série de petites dents spini-
formes sur l’avant-dernier article de celles de la cinquième paire,
dont le tarse est ovalaire, mais porte à son extrémité un petit
ongle conique et pointu. Longueur, environ i pouce.
Habite l’océan Indien et la mer Rouge ( G. M. )
2. Thalamite de Chaptal.— T. Chaptalii{ï).
Carapace comme dans V espèce précédente ; front égale-
ment large, mais plus avancé et à peine divisé ; dents du
bord latéro-antérieur larges , obtuses , presque carrées et
semblables entre elles. Point de grosses épines sur la main.
Longueur, environ i pouce.
Habite la mer Rouge.
3. Thalamite camarde. — T. sima.
Carapace très-bombée ; son bord fronto-orbitaire nota-
blement plus court que son diamètre transversal ; fr-ont
avancé au milieu, mais à peine lobe ; bords latéro-antérieurs assez
obliques et armés de dents trés-aiguës , dont la dernière est plus
grosse que les autres. Point d’épines sur le bord inférieur de
Audouin, Égypte, Crust. de M. Savigny, PI. 4, tig. 3 et 4.
Thalumila admets. Latr. Reg. Anim. a», éd. t. IV, p. 33.
(1) Portunus Chaptalii. Aud. Crust. de M. Sayignv, Égypte,
PI. 4, %. 1. ° ’
DES CR.USTACÉS. 4^1
l’ avant-dernier article des pâtes postérieures. Longueur , envi-
ron 8 lignes.
Habite la côte de Coromandel. (C. M.)
§ B. Especes dont le front est armé de dents profondément
découpées et aplaties.
4. Thalamite creiîelée — T. crenata (t).
Cinq dents spin formes et à peu près égales au bord la-
téro-antjrieur de la carapace, dont la forme générale se rap-
proche beaucoup de celle de la Thalamite admète ; les six dents
mitoyennes du front à peu près de même grandeur et beaucoup
moins grosses (pre les externes qui occupent l’angle interne de
l’orbite. Pâtes de même forme que chez la T. admète; point
d’épines sur le bord inférieur de l’avant-dernier article de celles
de la cinquième paire. Longueur, 18 lignes à 2 pouces.
Habite les mers d’Asie. (G. M.)
5. Thalamite payMifE. — T. prymna (2).
Dents du bord latéro-antérienr de la carapace très,
inégales (la troisième peu saillante, et la quatrième rudimen-
taire). Front divisé comme dans la T. crenclée, si ce n’est que
les dents externes sont pointues et peu développées , et que leg
précédentes sont beaucoup plus petites que les mitoyennes. Une
petite épine au côté interne du bord orbitaire inférieur. Du reste^
très-semblable à l’espèce précédente. Longueur, environ i pouce.
Habite l’Australasie. ( C. M. )
§ 2. Sous-genre des Thalamites hexagonales.
Les Thalamites hexagonales ont en général la carapace plus
large , et le front beaucoup plus étroit que dans le sous-genre
(!) Portiimis crcealus. Latr. Collcct. du Mus. Thnlamita admetc,
Guérin, Icoii. Cr. PI. 1 , fig. 4.
(3) Cancer prjmua. Herb. Pj. 5, hg- a. Portunus prymna. Latr.
Nouv. Dict. d’flist. nat. t. XXYIII, P' 4h
4(>'2 HISTOIRE NATÜBEELE
précétleiit ; aussi los orbites sont-ils loin des angles externes do ce
bouclier dorsal, et les bords latéro-antérieurs sont très-obli-
ques , disposition qui rapproche ces Crustacés de certaines Lu-
pées. Enfin le front est toujours armé de huit dents , et la pièce
basilaire des antennes est en général assez étroite.
§ A. Especes ayant le bord latéro-antérieur de la cara-
pace armé de six dents.
a. La dernihre dent latérale à peu près de même gran-
deur que les précédentes.
a*. Pâtes antérieures armées Æ épines, mais du reste
.sans granulations élevées.
I. Thalamite crucifêee. — T. crucifera {i).
Pâtes des deuxieme, troisième et quatrième paires
tr'es-aplaties et sillonnées sur les trois derniers articles.
Carapace lisse ou à peine ridée, et plus de deux fois aussi lon-
gue que son bord fronto- orbitaire. Front profondément échan-
cré et armé de huit dents grandes et obtuses. Dents latérales
de la carapace courtes , larges et comme tronquées ; la première
(celle cjui constitue l’angle orbitaire externe), échancrée au
bout , de façon à paraître bifide. Mains à peu près de la lon-
gueur de la carapace , et armées en dessus de quatre grosses
épines ; pinces profondément cannelées et armées de grosses
dents comprimées. Tarse des trois paires de pâtes suivantes
étroit et lancéolé. Point d’élévation sur la ligne médiane des
deux derniers articles des pâtes postérieures. Longueur, 3 à 4
pouces ; couleur rougeâtre avec des taches et bandes jaunes ,
dont les médianes représentent une croix.
Habite l’océan Indien. ( C. M. )
(i) Po-tuitus crucifer. Fabr. Suppl- p. 3(>4î — Herb. PI. 38, fig. i
Cancer sexdentatus S ibid. Pb ç, lig* fia. Portunus crucifer. Latr. Hist.
nat. des Cr. t. VI, p. 3.j; — Encyc. t. X, p. igi, etc.
nES cutis T ACES.
463
1. Tiialamitf, ankelée. — T. amiulata (i).
Pales des deuxieme , troisietne et qualneme paires cy-
lindriques , marquées de quelques ligues longitudina-
les, et terminées par un article spiniforme. Carapace
à peu près comme dans l’espèce précédente, niais plus lisse;
les dents latérales sont spiniforraes et toutes de même Grandeur ,
excepté la dernière c[ui est plus petite que les autres. Pinces
armées de dents tuberculeuses. Longueur , environ 2 pouces.
Habite l’océan Indien et la mer Rouge (C. M).
a”. Pâtes antérieures présentant entre les épines dont
elles sont armées , un grand nombre de tubercules ou de
granulations élevées.
3. Ïhalamite nageuse. — T. natator {1).
( PI. l'j , fig. 1 3 et 1 4- )
Face supérieure de la carapace garnie dun assez
grand nombre de lignes transversales , saillantes et granu-
leuses ; dents des bords laléro-antéricurs très-larges; les deux
premières obtuses , courtes et beaucoup plus étroites que les
autres , qui sont tronquées et spiniformes à leur angle antérieur.
Haliite l’Océan indien. { C. M. )
4. Tiiai.amite tronquée. — Z’, truncata (3).
Face supérieure de la carapace lisse , sans lignes sail-
lantes et légèrement bombée ; son bord fi-ontu-orbitaire éga-
(1) Cancer sexdentatus. ï’orsk. Portunus annidatus. Fubr. Suppl.
P .304. — Herb. PI. 49, dg- 5. — Latr. Hist. iiat. des Crust. t.VI,
p. i5.
(2) Cancer natator. Herb. PI. 40 , dg- I. — Porliuius sangiiinotentiis,
lîosc, Crust. t. I, p- 218.
(3) Povlunus tntnccUui. Fahr. Suppl p. 305 — Lair. Hist nut. des
Cr. t. VI, p. lO.
IIISTOIKE NATURELLE
464
lant presque son diamètre transversal. Front armé de huit
dents rudimentaires , et constituant les angles de quatre
lobes tronqués. Dents du bord latéro-antérieur de la cai'apace
larges, tronque'es, et si courtes, quelles ont plutôt la forme
de crénelures que de dents ordinaires. Longueur, environ 2
pouces.
Habite l’océan Indien (G. M. )
aa. La derniers dent latérale plus grosse et beaucoup
plus saillante que les autres.
5. Thalamite callianasse. — T, callianassa (\).
Carapace fortement ridée en dessus et très-large. Front
étroit et armé de huit dents petites, aiguës, et également espa-
cées. Bords latéro-antérieurs , courts , et armés de dents étroites
et pointues. Pâtes antérieures granuleuses et hérissées d’épines
courtes. Longueur , environ un pouce.
Habite l’océan Indien, ( G. M. )
§ B. Mspeces ayant le bord latéro-antérieur de la cara-
pace armé de sept dents , dont deux rudimentaires.
6. Thalamite a doigts rouges. — T, erytho-dactyla (2).
Carapace a peine ridée en dessus et trés-aplatie ; dents
frontales longues et aiguës ; bords latéro-antérieurs armés de
cinq grosses dents spiniformes et semblables entre elles , et de
deux dents rudimentaires cachées dans les échancrures que les
pi-emiéres grosses dents laissent entre elles. Ni granulations
ni tubercules entre les dents spiniformes dont la main est ar-
mée. Longuem- , deux pouces et demi.
Habite l’Australasie. ( G. M. )
La Cancer feriatus de Linné ( Mus. Lud. Ulr., page 43; ),
(i) Cancer callianassa. Herb. t. III, PI. Sj, fig. 7.
(a) Portuuus eryllio-darlyhis. Lamk, op. rit. l. V, p. aây.
nEs cnüSTACÉs.
appai’lenaut probablement à cette division du genre Thalamite,
et paraît se rapprocher de la T. à doigts rouges,
Le PoRTUNüs VARIEGATUS de Fabriciiis (Suppl p. 364)
évidemment une espèce très-varice de la T. callianasse.
Le PoRTUîfUSHOLOSERicEL’S du même auteur (Suppl, p, 365)
est très-voisine de la précédente.
Enfin, le PoRTUNUs Lucifer deFabricius (Suppl, p. 364),
me semble devoir être aussi un Thalamite ; mais les caractères
que ce naturaliste y assigne ne sutfisent pas pour nous le faire
distinguer des espèces précédentes.
GEMHE. PODOPHTHALME. — Podophthalmus (i).
De tous les Poi-tuniens les Podophthalmcs sont ceux dont
l’aspect est le plus remarquable et les caractères distinctifs
les plus faciles à saisir ; la longueur démesurée de leurs pé-
doncules oculaires , qui sont très-courts chez les autres Bra-
chyures nageurs , suffit pour les f'aii’e reconnaître au pi-emier
abord. Aussi ce petit groupe , établi par Lamarck , est-il un
des premiers démembremens qu’on ait fait du genre Portune
de Fabricius, et c’est à cause du grand développement des
tiges que portent les yeux qu’il a reçu le nom de Podoph-
thalme.
La carapace de ces Crustacés a la forme d’un quadrilatère
très-allongé , dont les deux côtés latéraux seraient forte-
ment tronqués ; son diamètre antéro-postérieur n’égale pas
la moitié de son diamètre transversal , et son boi-d anté-
rieur, qui est presque droit, a environ quatre fois la lon-
(1) Fortunus. Fabr. , Suppl. Elitoin. Syst. p. — Podophthalmus.
Lam., Hist. des An. sans vert. t. V, p. 255. — Latr. Hist. nat. de.s
Ciust. et Ins. t. VI, p. 53; Encyclopédie, luéthod. Insectes, t. X,
p. i66. Règne animal, a', éd. t. IV, p. 33 Leaoh, Zoologists
miscellany, vol. II. — Pesm. Con.sidérations sur le.s Crustacés
p. gy, etc.
crlstacés, tomi; i.
3o
HISTOIRE NATURELLE
466
gueuT du bord postérieur. Leyro?!? ou espace compris entre
les deux yeux est linéaire (PI, i7,lig. 5), et de chaque côté
le bord antérieur de la carapace est creusé dans toute sa
longueur d’une gouttière profonde et très -longue , qui
constitue les orbites ; enfin , l’angle externe de ces cavités
oculaires sépare le bord antérieur de la carapace de son
bord latéral , dont la direction , très-oblique , est la même
dans toute sa longueur.
Les yeux (PI. 17, fîg- i5) , des Podophthalmes , comme
nous l’avons déjà dit , sont portés sur des pédoncules minces
et d’une longueur extrême ; ces tiges osseuses s’insèrent près
de la ligne médiane du front , et portent à leur extrémité
la seconde pièce oculaire , tandis que chex les Ocypodes où les
yeux sont également très-grands c’est du développement de
cette seconde pièce et non de la première, que leur longueur
dépend. Le bulbe oculaire n’est pas très-grand et atteint
l’extrémité latérale de la carapace. Les antennes internes
sont situées au-dessous de l’origine des yeux , disposition qui
ne se rencontre chez aucun autre Portunien , et leur tige ne
peut pas se reployer dans la cavité qui les loge. Les an-
tennes externes se trouvent également au-dessous des yeux ;
elles sont placées entre les fossettes antennaires et les or-
bites, au côté externe des premières , et leur article basilaire
se soude avec les bords de ces deux cavités , de manière à
compléter leurs parois et à les séparer enti'e elles ; la tige
mobile qui termine ces antennes est formée de deux petits
articles pédonculaircs et d’un filet multiarticulé, grêle et assez
court. Le cadre buccal est extrêmement large , et n’est sé-
paré des fossettes antennaires que par un bord très-mince ;
son bord antérieur est environ deux fois aussi long que
ses bords latéraux, et ceux-ci se portent obliquement en
arrière et en dedans. Les pales-mâchoires externes laissent
entre elles un espace assez considérable, et leur troisième arti-
cle est à peu près aussi large que long(fig. 6, a); mais il est
tellement tronqué en avant et en dedans , que sa forme a été
comparée à celle d’une hache dont l’cxtivraité du bord tran-
DES CRUSTACÉS.
chant donnerait insertion aux articles suivans qui sont très-
grands. Les patas de la première paire sont grandes et se ter-
minent par une main presepe droite ; lorsqu’ellessont reployées
elles dépassent encore de beaucoup les boi'ds de la carapace.
Les pâtes suivantes sont beaucoup moins grandes que les
antérieures , et celles de la troisième paire sont plus longues
que les autres ; l’article qui termine les secondes , les troi-
sièmes et les quatrièmes , est styliforme et un peu aplati ;
enfin , les pâtes de la cinquième paire sont très-élargies et en
forme de rames natatoires. abdomen ne présente rien de
remarquable chez les femelles ; mais chez le mâle il est trian-
gulaire et se compose seulement de cinq pièces mobiles.
On ne sait rien sur les moeurs de ces Crustacés. La seule
espèce vivante que l’on connaisse habite les mers tropicales.
I. PoDOPHTHALME VIGIL. P. oigU (l).
Ce Crustacé a la carapace presque lisse et armée de chaque
côté d’une forte épine qui est dirigée transversalement e)r
dehors, et occupe l’angle externe de l’orbite; en arrière de
cette dent, on en voit une autre beaucoup plus petite, mais
dans le reste de son étendue le bord latéral n’est fpie granulé.
Les antennes externes sont beaucoup moins longues que les
internes. Les pâtes de la première paire sont hérissées d’un
assez gi’and nombre d’épines ; on en voit trois sur le boid
antérieur du bras , et deux du côté externe du même article ;
deux sur le carpe, et deux sur la main. Les pâtes des trois
paires suivantes ont le tarse cannelé. Le cinquième article de*
(i) Portunus vigil. Fabr. Suppl. Entom. Syst. p. 363, n”. 1. —
Poclophlhalmus spinosus. Lam., Syst. des Aiiim. sans vert. p. iSe ;
Hist des An. sans vert. t. V, p. 157. — Latr., Gen. Crust. et lus.
t. I, tab. I et 2 , fig. I. Ilist. iiat. des Crust. et lus. t. AI , p. 54,
16. 46. Reg. Anim. t. IV, p. 33. Eiicyc. niètli. PI. 3o8, lig. i.
— Desmarest , op. cit. Pi. 6, fig. i. — Podophthalmus vigH. Leacu,
Zoologist niiscellany , vol. Il, tab. 1 18. — Guérin , Icouograpibie
du règne animal Cru.st. PI. i, lig. 3-
468 iiistoihe p»ATtiHrti,E des gküstacés.
pâtes postci’ieures est grand et très -élargi postérieurement;
enlin , le dernier article est ovalaire et cilié sur les bords.
Longneur, 2 à 4 pouces.
Habite l’océan Indien. (C. M.)
Parmi les Crustacés fossiles que M. Desmarest a fait con-
naître, il en est un (i) qui appartient évidemment au genre
Podophtlialme, et qui parait dilférer principalement du Po-
dophthalme vigil par l’absence des épines aiguës qui, chez ce
dernier, terminent les angles latéraux de la carapace ; mais ,
comme on ne connaît que le moule intérieur de cet animal,
il est bien possible que ce caractère ii’existe pas réellement.
On ignore le gisement de ce fossil.
(I) Podophthalmus de Francii. Desmarest, Histoire naturelle des
. Crustacés fossiles, p. 88, PI. 5, tig. 6-8.