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Full text of "Histoire naturelle des poissons : avec les figures dessinées d'après nature"

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HARVARD    UNIVERSITY. 


LIBRARY 


OF  THE 


MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY 


LiBRARY    OF 

SAMUEL  GARMAN 


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5-'' À, 


JAN  2  2 1929 


HISTOIRE    NATURELLE 


DES    POISSONS. 


HISTOIRE  NATURELLE 
DES  POISSONS, 

avec  les  figures  dessinées  d'après  nature 
PAR    B  L  O  C  H. 

Ouvrage  classé  par  ordres ,  genres  et  espèces , 
d'après  le  système  de  Linné  ; 

AVEC    LES    CARACTERES    GENERIQUES; 

Par  RENÉ-KICHARD  CASTEL,  auteur  du  poëme 
des  Plantes- 

TOME    II. 


DE  L'IMPRIMERIE  DE  CRAPELET. 

A     PARIS, 

Chez  Deterville,  rue  du  Battoir;  n'^  l6. 

A  N    I  X. 

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i.ij:rEiicï'.-piKimE .  %  .ij'-PFjin'vriEmii''.  aerindc. 

J-LéALOTI"..  A'i\'ipavc. 


HISTOIRE  NATURELLE 


DES   POISSONS. 


XVI  r    GENRE. 


LE  PERCE  -  PIERRE  ,  blenkius. 

Caractère   générique.  La  nageoire   du 
ventre  à  deux  rayons. 

LE  PERCE-PIERRE,  blennius  pholis. 

Ijes  narines  reculées  ,  cylindriqnes  et 
dentelées  ,  distinguent  ce  poisson  des 
autres  poissons  de  ce  genre.  On  trouve 
sept  rayons  à  la  membrane  des  ouies  , 
quatorze  à  la  nageoire  de  la  poitrine, 
deux  à  celle  du  ventre ,  dix  neuf  à  celle 
Poissons    II.  ^ 


2  HISTOIRE    NATURELLE 

de  l'anus ,  dix  à  la  queue  ,  et  vingt  huit 

à  la  dorsale. 

La  tête  est  grosse  et  tronquée  par 
devant.  L'ouverture  de  la  bouche  est 
large  ,  et  les  deux  mâchoires  ,  dont  la 
supérieure  avance  sur  l'inférieure,  sont 
garnies  d'une   rangée   de  dents.  Les 
lèvres  sont  grosses  y  les  narines  rondes  , 
et  se  terminent  en  cylindres  ,  qui  sont 
derrière  quatre  points.  La  langue  est 
unie  et  le  palais  rude.  Les  yeux  sont 
gros  et  ont  une  prunelle  noire ,  entou- 
rée d'un  iris  d'un  rouge  pâle.  Le  tronc 
est    uni    et    couvert   d'une    matière 
gluante.  Sa  couleur  est  olivâtre  ,  mar- 
brée de  taches  noires  et  blanches  :  dans 
quelques-uns   on  remarque  diverses 
lignes  bleues.  La  ligne  latérale  forme 
une   courbure  derrière   les  nageoires 
pectorales,  et  l'anus  est  plus  près  de 
la   tête  que  de  la  queue.  La  nageoire 
dorsale  ,  qui  est  longue  ,  paroît  êlre 
partagée   au  milieu  en  deux  parties. 
Tous  les  rayons  de  ce  poisson   sont 


DU    PERCE-PIERRE.        S 
cxtraordinaircment    épais    et     forts. 

Le  perce-pierre  ,  qui  étoit  connu 
d'Aristote  ,  est  habitant  de  la  nier  du 
Nord  et  de  la  Méditerranée  ,  cii  il  se 
tient  sur  le  rivage  et  aux  embouchures 
des  fleuves ,  entre  les  pierres  et  les 
plantes  marines.  Ceux  que  je  décris  me 
sont  venus  de  Hambourg ,  sous  le  nom 
de  boulerots  :  ils  n'y  paroissent  cepen- 
dant que  rarement  ,  et  non  loin  de 
lîeiligeland.  Ils  parviennent  à  la  lon- 
gueur de  six  à  sept  pouces.  Ils  vivent 
de  frai,  des  petits  des  autres  poissons 
et  d'écrevisses.  Ils  se  remuent  vive- 
ment et  ont  la  vie  très-dure.  Selon 
Ray  ,  on  peut  garder  ce  poisson  en  vie 
pendant  vingt-quatre  heures  hors  de 
l'eau.  On  le  prend  au  filet  et  à  l'hame- 
çon. Sa  chair  est  peu  estimée ,  parce 
qu'elle  est  dure  et  sèche  ;  elle  sert  d'ap- 
pât pour  prendre  les  autres  poissons. 

Le  foie  est  gros  ,  jaune ,  et  consiste 
en  deux  lobes ,  dont  l'un  est  aussi  long 
qne  la  cavité  du  ventre.  La  rate  est 


4  HISTOIRE   NATURELLE 

jougeâlre ,  le  fiel  aqueux  ,  l'estomac 
oblong ,  le  canal  intestinal  court  et  for- 
mant deux  sinuosités.  Les  rognons  qui 
sont  jaunes  et  petits,  ne  tiennent  que 
par  une  peau  qui  est  attachée  à  l'épine 
du  dos. 

Ce  poisson  est  connu  sons  différens 
noms.  On  le  nomme  : 
Seegrundel    et   Meerlerclie  ,    en   Alle- 


magne. 


Spitzkopfj  en  Empire. 

Bulcard,  Mulgranoc-Bulcard  et  Smoth" 

Skan  f  en  Angleterre. 
Ferce-pierre ,  en  France. 

Je  n'examinerai  point  si ,  comme  le 
dit  Aristote ,  ce  poisson  rend  assez  de 
matière  visqueuse  pour  s'y  cacher 
comme  dans  un  filet  ;  ni  si ,  comme  le 
disent  Ray  et  Pennant ,  il  peut  avec 
les  nageoires  molles  de  son  ventre , 
grimper  sur  les  pierres  unies. 

Je  n'ai  pas  pu  trouver  la  vésicule 
aérienne  que  Willughby  donne  à  ce 
poisson  5  ni  les  rayons  à  piquans  que 


DU    PAPILLON   DE    MER.  5 

Linné  remarque  à  la  nageoire  dor- 
sale. 

LE  PAPILLON    DE  MER, 

BLEN  NIUS    GUN  ELLUS, 

La   nageoire  dorsale  parsemée  de 
plusieurs  taches  noires  et  rondes,  en- 
tourées d'un  anneau  blanc  ,  distingue 
le  papillon  de  mer  des  autres  poissons 
du  même  genre.  Ces  taches  sont  au 
nombre  de  neuf  à  douze.  On  trouve  six 
rayons  à  la  membrane  des  ouies  ,  dix 
à  la  nageoire  pectorale  ,  à  celle  de  l'a- 
ims  quarante-un  ,  dont  les  deux  pre- 
miers sont  piquans ,  dix-huit  à  celle  de 
la  queue  ,   et  soixante-huit  à  celle  du 
dos. 

Dans  ce  poisson  ,  la  tête  ainsi  que  les 
nageoires  de  la  poitrine  et  du  ventre  , 
sont  extrêmement  petites  ,  et  le  corps 
entier  est  très-comprimé  par  les  côtés. 
La  bouche ,  qui  s'ouvre  par  en  haut  , 
est  petite.  La  mâchoire  infcrioure  esÈ 


6  HISTOIRE   NATURELLE 

recourbée  et  saillante ,  et  l'une  et  l'au- 
tre est  garnie  d'une  rangée  de  petites 
dents  pointues.  Les  yeux  sont  petits  ; 
ils  ont  la  prunelle  noire,  entourée  d'un 
iris  blanc.  Derrière  l'œil ,  on  trouve 
une  raie  noire.  Le  tronc  ,  qui  est  cou- 
vert de  petites  écailles  ,  est  dans  quel- 
ques-uns d'un  gris  jaune  sur  le  dos  et 
aux  côtés ,  avec  un  grand  nombre  de 
taclies  plus  pâles  ;  chez  d'autres  ,  il  est 
brun  ou  olivâtre  et  garni  de  taclies 
claires  et  foncées  ;  mais  chez  tous  ,  1p 
ventre  est  blanc.  La  ligne  latérale  ,  qui 
est  à  peine  visible  ,  a  une  direction 
droite  au  milieu  du  corps  ,  et  l'anus  est 
un  peu  plus  près  de  la  tète  que  de  la 
queue.  Le  dos  est  noir  ,  et  les  rayons 
de  ses  nageoires  ,  étroites  et  longues  , 
sont  piqLvans;  et  comme  ils  avancent 
hors  de  la  membrane  intermédiaire  , 
ils  donnent  au  poisson  la  figure  d'une 
scie.  La  nageoire  de  l'anus  et  celle  de 
la  poitrine  sont  couleur  d'orange  :  le 
fond  de  la  première  est  tacheté  de  brun. 


DU    PAPILLOX    DE    MER.  7 

liCS  nageoires  du  dos  et  de  la  qneuo 
sont  jaunes  ,  et  celles  du  ventre  sont  à 
peine  visibles. 

Nous  trouvons  ce  poisson  dans  la  mer 
du  Nord  et  dans  la  Baltique  ,  et  je  l'ai 
reçu  de  Hambourg  et  de  Lubeck.  Il 
parvient  à  la  longueur  de  neuf  à  dix 
pouces;  il  se  tient  près  des  bords  dans 
les  plantes  marines ,  oia  les  petits  des 
insectes  aquatiques  et  les  œufs  des  pois- 
sons paroissent  lui  servir  de  nourriture. 
Il  devient  souvent  la  proie  du  scorpion 
de  mer  ,  des  autres  poissons  de  rivage 
et  des  oiseaux  d'eau.  On  le  prend  dans 
les  filets  avec  les  autres  poissons.  Mais 
comme  il  a  cliaii*  dure  ,  les  gens  du 
peuple  ne  s'en  soucient  même  pas  :  on 
ne  s'en  sert  que  pour  appât.  Cependant 
les  Groenlandaisle  sèchent, et  le  man- 
gent avec  leurs  saumons  du  Nord.  Il 
jiage  avec  rapidité  ,  est  aussi  glissant 
que  l'anguille  ;  et  comme  en  même 
Ic'inps  sa  nageoire  dorsale  est  très-pi- 


8  HISTOIRE   NATURELLE 

quante,  on  peut  difficilement  le  tenir 
dans  la  main  sans  se  blesser. 

Le  foie  qui  consiste  en  deux  lobes , 
étoit  d'un  rouge  pâle.  Le  canal  intes- 
tinal étoit  mince  ,  large ,  court ,  et  alloit 
en  serpentant.  Dans  les  deux  poissons 
que  j'ai  ouverts  ,  je  n'ai  apperçu  ni 
laites,  ni  œufs,  ni  vésicule  aérienne. 

Ce  poisson  est  connu  sous  différens 
noms.  On  le  nomme  : 
Butterfisch ,  en  Allemagne. 
Nunogen ,  à  Heiligeland. 
Guulagtig ,  Snor-Dolk ,  en  Norwège. 
Kurksaunak ,  en  Groenland. 
Stagosh  ,  en  Laponie. 
Smorkussa ,  en  Suède. 
Skeria  Steinhilr  ,  Spretfish  ,  en  Islande. 
Gunellas  et  Butterfish  ,  en  Angleterre. 
Papillon  de  mer  y  en  France. 

LA   LOTE  VIVIPARE, 

BLEN'JIUS    VIVIPARUS» 

Les  petits  cylindres  que  l'on  apper- 


DE  LA   LOTE   VIVIPARE.         9 

çoît  aux  narines  antérieures  ,  sont  le 
caractère  distinctif  de  ce  poisson.  On 
trouve  sept  rayons  à  la  membrane  des 
ouies ,  vingt  à  la  nageoire  de  la  poi- 
trine,  deux  à  celle  du  ventre  ,  cent 
quarante-liuit  à  celle  de  l'anus,  de  la 
queue  et  du  dos,  qui  sont  continues. 

L.a  tête  et  l'ouverture  de  la  bouclie 
sont  petites.  La  mâclioire  supérieure 
avance  sur  l'inférieure  :  toutes  deux 
sont  garnies  de  petites  dents.  La  langue 
est  courte  et  unie.  A  l'œsophage  ,  on 
trouve  deux  os  rudes ,  qui  servent  à 
retenir  la  proie.  Les  yeux ,  qui  sont 
longs ,  ont  la  prunelle  noire  ,  l'iris  ar- 
gentin, et  sont  recouverts  d'une  mem- 
brane clignotante.  La  gorge  et  la  na- 
geoire de  l'anus  sont  couleur  d'orange  ; 
le  reste  du  corps  est  jaune  ,  tacheté  do 
noir.  Sur  la  nageoire  du  dos ,  qui  est 
d'un  jaune  pâle  ,  on  voit  dix  à  douze 
taches  noires.  Le  ventre  est  court , 
avancé  ,  et  l'anus  large.  Le  tronc  est 
couvert  de  petites  écailles  longues , 

Poissons.  II.  2, 


lO  HISTOIRE    NATURELLE 

blanches  et  bordées  de  noir.  Les  rayons 
de  toutes  les  nageoires  sont  moas.  La 
ligne  latérale  ,  qui  est  à  peine  visible  , 
s'étend  au  milieu  du  corps  dans  une  - 
direction  droite. 

Ce  poisson  habite  la  Baltique  et  la  . 
mer  du  Nord.  On  le  trouve  aussi  dans 
l'Océan  septentrional.  Celui  que  je  re- 
présente ici  avoit  quinze  pouces  de 
long  -,  le  ventre  étoit  gros  et  contenoit 
deux  cents  petits.  De  six  de  ces  pois- 
sons que' j'ai  ouverts  ,  il  ne  s'en  est 
trouvé  que  deux  de  pleins.  Je  n'ai 
trouvé  dans  aucun  la  moindre  trace  de 
laites  ;  je  doute  même  qu'on  leur  en  ait 
jamais  trouvé.  J'invite  les  Naturalistes 
qui  habitent  les  bords  de  la  mer  où  l'on 
pêche  ce  poisson ,  de  faire  des  observa- 
tions sur  cet  objet ,  et  de  publier  le  ré- 
sultat ;  cela  jetteroit  beaucoup  de  lu- 
mière sur  la  génération  des  autres  pois- 
sons vivivares.  Dans  ces  observations, 
il  faudroit  examiner  aussi  si  ce  pois- 
son n'est  pas  du  nombre  des  animaux 


DE    LA   LOTE    YIVIPAP.E.       Il 
qui    mettent   bas  plusieurs  fois   dans 
Fannée  :  car  Schoneveld  dit  qu'il  fait 
ses  petits  en  été  ,  M.  Pennant  en  hi- 
ver ,  et  M.  Beck  assure  avoir  trouvé 
des  petits  dans  son  corps  en  automne. 
Les  œufs  qui  commencent  à  se  dé- 
velopper au  printemps,  ont,  selon  l'ob-» 
servation  de  Schoneveld  ,   la  grosseur 
d'un  grain  de  chenevis  vers  la  Pente- 
côte. Dans  le  temps  quMl  met  bas,  ce 
qui  arrive  vers  le  mois  de  juin ,  le  ven- 
tre enfle  si  fort,  que  pour  peu  qu'on 
le  touche ,  les  petits  poissons  en  sor- 
tent les  uns  après  les  autres  ,  et  témoi- 
gnent la  joie  qu'ils  ont  de  leur  exis- 
tence  par  des  mouvemens  pleins  de 
vivacité.  Il  sembleroit  que  les  petits , 
dans  une  seule  matrice  ,  devroient  se 
blesser  mutuellement  dans  la  vivacité 
de  leurs  mouvemens  -,  mais  comme  cha- 
cun d'eux  est  enfermé  dans  un  œuf 
particulier,  et  nage  dans  l'humidité  , 
son  mouvement  ne  peut  nuire  à  ses 
voisins.  Mais  quel  tumulte  dans  le  ven- 


12  HISTOIRE    NATURELLE 

Ire  (l'une  mère,  oti  deux  à  trois  cents 
petits  se  remuent  sans  cesse  et  tâchent 
de  sortir  de  leur  prison!  Les  nouveaux- 
nés  sont  de  la  grosseur  indiquée  à  la 
planche. 

La  lote  vivipare  se  tient  an  fond  de 
Ip  mer ,  ou  elle  vit  de  petites  écrevisses  , 
que  j'ai  trouvées  en  quantité  dans  son 
estomac.  Elle  mord  à  l'hameçon ,  et 
on  la  prend  aussi  au  filet.  Sa  chair  est 
grasse  ,  hlanchc  ,  et  a  peu  d'arêtes. 
Comme  on  n'en  fait  pas  grand  cas,  il 
n'y  a  que  les  gens  du  peuple  qui  la  man- 
gent. Certainement  le  préjugé  contri- 
bue beaucoup  à  faire  mépriser  ce  pois- 
son ,  parce  que ,  dans  la  cuisson  ,  ses 
arêtes  deviennent  vertes  comme  il  ar- 
rive à  l'orphie.  Selon  les  observations 
de  Linné  ,  ces  arêtes  rendent  une  lu- 
mière dans  l'obscurité,  comme  le  bois 
pourri.  Ce  poisson  a  pour  ennemis  les 
animaux  voraces  des  eaux. 

Les  parties  inférieures  sont  visible- 
ment différentes  de  celles  des  autres 


DE  LA.  LOTE  VIVIPARE.  l3 
poissons.  Le  canal  intestinal  n'étoit})as 
placé  en  long,  mais  en  travers,  comme 
dans  les  vivipares;  il  alloit  en  serpen- 
tant et  formant  des  sinuosités.  L'es- 
tomac, la  vésicule  du  fiel  et  celle  de  la 
vessie,  sont  minces  et  transparens.  Le 
duodène,  qui  commence  au  milieu  de 
l'estomac ,  descendoit  dans  la  loniineur 
d'un  pouce  ,  et  remontoit  ensuite.  Les 
deux  lobes  du  foie  n^étoient  pas  fort 
longs;  mais  la  rate  étoit  aussi  longue 
que  la  cavité  du  ventre.  La  vésicule 
du  fiel  étoit  pleine  d'un  fiel  clair.  Les 
rognons  qui  étoîent  dégagés ,  n'avoient 
qu'un  pouce  de  long.  J'ai  trouvé  cent 
vertèbres  à  l'épine  du  dos  ;  mais  je  n'ai 
apperçu  ni  côtes,  ni  vésicule  aérienne. 
Ce  poisson  est  connu  sous  différens 
noms.  On  le  nomme  : 
Aalmuttery  Aalqaab ,  Aalput  y  en  Alle- 
magne. 
Aale-quabhe,  Aale-konay  Aale-moder^ 
Aalfrau,  en  Danemarck. 


l4         HISTOIRE    NATURELLE 

Brun-og,  Mork-plettetj  Tang-Brosme  ^ 

Steen-Brosme ,  en  Norwège. 
Tanglahe,  en  Suède. 
Pilatus-Visje ,  en  Hollande. 
Magaal,  Quabaal ,  à  Harderwick. 
Magge ,  en  Frise. 
Guffer  et  Eelpout ,  en  Angleterre. 
Mustele  vivipare  ,  en  France. 

liinné  s'élonne ,  avec  raison ,  que  ce 
poisson  ait  la  qualité  singulière  de  pro- 
duire ses  petits  tout  vi vans  :  cependant 
il  n'est  pas  le  seul  qui  la  possède  ;  elle 
lui  est  commune  avec  Vascite  et  \a.loche 
de  Surinam. 

LE  PERCE-PIERRE  RAYÉ, 

BLENNIUS    F  ASCI  AT  US, 

Ce  poisson  se  dislingue  des  autres 
du  même  genre  par  les  filamens  simples 
et  houppes  qui  se  trouvent  à  la  tête  en- 
tre les  yeux ,  et  par  les  dix-neuf  rayons 
de  la  nageoire  de  l'anus.  Je  compte  six 
rayons  à  la. membrane  des  ouies,  treize 


DU  PERCE-PIERRE  RAYE.       l5 

à  la  nageoire  de  la  poitrine,  deux  à 
celle  du  ventre  ,  onze  à  celle  do  la 
queue  ,  el  vingt-neuf  à  celle  du  dos. 

La  tête  est  petite  et  en  pente  par- 
devant  ;  elle  est  brune  par  en  haut  et 
d'un  jaune  pâle  par  en  bas.  Le  tronc  est 
large  par-devant,  étroit  par-derrière,, 
et  orné  de  quatre  bandes  brunes ,  entre 
lesquelles  on  voit  des  lignes  brunâtres 
placées  sur  un  fond  jaune  pâle,  et  qui 
forment  un  angle  au  milieu.  Le  dos  est 
rond  et  d'un  bleu  brunâtre.  La  lii^ne 
latérale,  qui  se  trouve  près  du  dos,  a 
une  direction  droite.  Le    ventre   est 
épais  et  d^un  jaune  pâle.   L'anus  est 
plus  près  de  la  tête  que  de  la  nageoire 
de  la  queue.  Le  corps  est  couvert  d'une 
matière  visqueuse.  Les  nageoires  pec- 
torales sont  rondes,  blanches,  trans- 
parentes, et  garnies  de  quatre  lignes 
brunâtres.  Les  nageoires  ventrales  sont 
longues,  étroites,  delà  même  couleur 
que  les  pectorales,  et  ornées  de  taches 
brunes.  A  la  nageoire  de  l'anus  ;  le  pre- 


l6  HISTOIRE    NATURELLE 

niier  rayon  seulement,  est  dur.  La  na- 
geoire dorsale  qui  est  longue  ,  a  des 
bandes  brunes;  celle  de  la  queue,  qui 
est  grise  et  ronde ,  a  des  lignes  brunes. 
Les  rayons  de  la  nageoire  de  la  queue 
sont  fourchus-,  ceux  des  autres  simples. 

Ce  joli  petit  poisson  appartient  aux 
Indes  orientales.  Je  l'ai  reçu  du  Japon 
parmi  une  collection  d'autres  poissons. 
Il  ressemble  beaucoup  au  suivant  :  ce- 
pendant ,  comme  les  filamens  sont  sim- 
ples f  je  n'ai  pas  hésité  de  le  regarder 
comme  une  espèce  particulière. 

Les  Allemands  le  nomment  bandirte 
Schleimfisch. 

Les  Français,  Perce-pierre  rayé, 

LE    LIÈVRE, 

©u  PERCE-PIERRE  A  MOUCHK, 

B  LE  N  N  I  U  s     O  C  ELL  ARI  S. 

La  tache  noire  entourée  d'un  an- 
neau blanc  que  l'on  trouve  à  la  nageoire 


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F.RR 
3  . 1 .1.  ( VAT  T  0K\ i  GI N  K  - 


1  ].K  l^OSSTT.  3.J.F,Pia\CE-PIF.RRK  amouclie 


DU     L  I  E  V  RE.  17 

dorsale,  sert  à  reconnoitre  ce  poisson. 
On  compte  douze  rayons  à  la  nageoire 
pectorale  ,  deux  à  celle  du  ventre  ,  dix- 
sept  à  celle  de  l'anus  ,  onze  à  celle  de 
la  queue  ,  et  vingt-cinq  à  celle  du  dos. 
La  tête  est  aîongée  ,  comprimée  des 
deux  cotés ,  grosse  et  fort  en  pente  par- 
devant.  Les  yeux  sont  grands,  larges  , 
saillans ,  et.  ont  une  prunelle  noire  , 
entourée  d'un  iris  orangé  :  entre  les 
yeux  ,  on  voit  deux  longs  filamens 
simples.  L'ouverture  de  la  bouche  est 
large.  Les  deux  mâchoires  sont  d'égale 
longueur ,  et  garnies  d'une  rangée  de 
dents  très- étroites,  placées  les  unes 
tout  près  des  autres.  La  langue  est 
courte  et  lar^e.  L'ouverture  des  oui  es 
est  grande;  et  l'opei'cule  desouies  con- 
siste en  une  petite  plaque  simple.  Les 
joues  sont  grosses  et  argentines.  Le  dos 
est  arrondi  et  d'un  verd  brun.  Le  tronc 
est  sans  écailles.  Le  ventre  est  court 
et  large.  L'anus  est  plus  près  de  la  tête 
que  de  la  queue.  La  ligne  latérale  sa 


l8  HISTOIRE    NATURELLE 

trouve  près  du  dos.  La  couleur  foncière 
du  poisson  est  un  verd  sale  ,  sur  lequel 
on  remarque  des  taches  brunes.  Il  y  en 
a  aussi  dont  la  couleur  principale  est 
un  bleu  clair,  et  M.  Bi  iinniche  a  trouvé 
l'iris  blanc.  La  nageoire  pectorale  est 
grande,  ronde  ,  et  a  des  rayons  four- 
chus comme  celle  de  la  queue.  La  na- 
geoire ventrale  est  divisée  en  deux 
rayons;  celle  de  l'anus  qui  est  longue 
et  basse  ,  n'a,  comme  celle  du  dos  ,  que 
des  rayons  simples  qui  avancent  un 
peu  au-delà  de  la  membrane.  A  la  der- 
nière, le  premier  rayon  est  très-long, 
et  la  nageoire  même  est  haute  par- 
devant  et  par-derrière,  et  basse  dans 
le  milieu.  Elle  est  olivâtre  ,  parsemée 
de  taches  bleues  et  de  points  blancs. 

Ce  poisson  est  un  habitant  de  la  mer 
Méditerranée.  M.  Briinniche  l'a  vu  à 
Marseille  ;  Cetti  en  Sardaigne ,  et  Wil- 
lughby  à  Venise,  où  on  le  porte  en 
quantité  au  marché  parmi  phisieurs 
autres  petits  poissons.  Il  parvient  à  la 


LE    LIÈVRE.  19 

longueur  de  six  à  huit  pouces ,  a  la  chair 
maigre,  et  par  cette  raison  il  n'est  pas 
fort  estimé.  Il  se  tient  vers  le  rivage 
entre  les  rochers  et  les  plantes  marines. 
Par  cette  raison ,  Oppian  le  met  au 
nombre  des  poissons  de  rivage.  Il  vit  de 
crabes  et  de  petits  coquillages.  On  le 
prend  également  avec  des  filets  et  à 
l'hameçon  où  l'on  attache  des  vers. 

Le  foie  étoit  petit  et  composé  de  deux 
lobes  jaunâtres.  La  vésicule  du  fiel  et  la 
rate  n'étoient  que  petits  ;  mais  le  canal 
intestinal  étoit  fort  long  ;  il  avoit  di- 
verses courbures,  et  une  partie  s'éten- 
doit  en  serpentant.  Je  n'ai  pu  apper- 
cevoir  ni  œufs  ni  laites. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Meerpapillon  et  Schmetterlingsfisch ,  en 

Allemagne. 
Butterfly- fish ,  en  Angleterre. 
Papillon  de  mer,  Lièvre  marin  et  Perce- 
pierre  à  mouche  ^  en  France. 
Messoro ,  en  Italie. 


20         HISTOIRE   NATURELLE 
LA   GATTORUGINE, 

BLEN  N  I  us    GATTORUQINE. 

Les  deux  filamens  que  l'on  apperçoit 
entre  les  yeux ,  et  autant  à  la  nuque, 
forment  les  caractères  dislinctifs  de  ce 
poisson.  On  trouve  cinq  rayons  à  la 
membrane  des  ouies ,  quatorze  à  la  na- 
geoire de  la  poitrine  ,  deux  à  celle  du 
ventre,  vingt -un  à  celle  de  l'anus, 
douze  à  celle  de  la  queue  ;  et  trente  vui 
à  celle  du  dos. 

La  tête  est  comprimée  et  émousséc. 
Les  yeux  qui  sont  saillans  ,  ont  une 
membrane  clignotante  et  une  prunel'e 
noire  dans  un  iris  rougeâtre.  Les  na- 
rines se  trouvent  tout  près  des  yeux. 
Les  mâchoires  sont  d'égale  longueur, 
et  armées  d'une  rangée  de  dents  blan- 
ches, minces, pointues, folagineuses  et 
flexibles.  Elles  sont  tout  près  les  unes 
des  autres;  et  comme  elles  ont  la  même 
hauteur,  elles  ressemblent  à  un  peign© 


DE   LA    GATTORUGINE.  21 

fin.L'oiiverturedelaboucheestgrande 
en  comparaison  do  la  tête  qui  est  pe- 
tite. La  langue  est  courte  et  le  palais 
uni.  L'opercule  des  ouies  consiste  en 
une  plaque.  L'ouverture  des  ouies  pa- 
roît  large;  mais  elle  est  étroite,  parca 
que,  par  en  haut ,  elle  est  recouverte 
par  une  membrane.  Les  filaraens  sont 
larges  ,  ramifiés  ,  et  ceux  de  la  nuque 
sur- tout  comme  le  bois  d'un  cerf.  Le 
nombre  des  filamens  n'est  pas  non  plus 
égal  dans  toutes  les  contrées  ;  car  le 
poisson  que  Forskaol  a  décrit  en  avoit 
trois  entre  les  yeux,  et  avant  ceux  de 
la  nuque ,  deux  autres  qui  se  divisoient 
en  deux  pointes.  Le  tronc  qui  est  com- 
primé, est  orné  de  raies  brunes  et 
vertes.  La  ligne  latérale  est  droite,  et 
se  trouve  non  loin  du  dos.  Le  ventre 
est  court ,  et  a  une  couleur  argentine. 
L'anus  est  au  milieu  du  corps.  Toutes 
les  nageoires  sont  d'une  couleur  jau- 
nâtre ,  et  ont  des  rayons  simples.  La 
nageoire  dorsale  a  une  tache  noire  , 
Poissons.  II.  3 


22         HISTOIRE    Î^ATURELLE 

mais  cette  tache  ne  se  trouve  pas  chez 
torts.  Parmi  ces  rayons,  les  seize  pre- 
miers à-peii-près  sont  piquans  ,  et  les 
autres  mous.  Ces  derniers  sont  les  plus 
longs,  et  vont  jusqu'à  la  nageoire  de  la 
queue.  Les  couleurs  de  ce  poisson  sont 
aussi  sujettes  à  varier  ,  comme  le  re- 
marque Willughbyj  car  on  en  trouve 
dont  les  taches  sont  olivâtres  avec  une 
bordure  bleue. 

Ce  poisson  est  un  habitant  de  la 
mer  Méditerranée  et  Atlantique.  Wil- 
îughby  l'a  vu  à  Venise  ,  et  Briinniche 
à  Marseille.  Gronov  l'a  reçu  du  Cap  de 
Bonne-Espérance.  Il  parvient  à  la  lon- 
gueur de  six  à  huit  pouces,  a  la  chair 
mangeable  ,  et  vit  de  petits  crabes  et 
de  fretins. 

La  cavité  du  ventre  est  courte  j  le 
foie  est  composé  de  deux  lobes  longs 
tl  étroits  :  la  vésicule  du  fiel  et  l'esto- 
mac sont  petits  -,  mais  le  canal  des  in- 
testins est  trois  fois  aussi  long  que  le 
poisson  entier.    Une  partie  va  en  ser- 


DU    PERCE  -  PIERRE  ,    &C.      n7y 

penlant  ;  l'autre  est  droite,  et  forme 
une  courbure  en  haut  et  en  bas.  Der- 
rière, on  voit  deux  corps  longs  et 
é troits ,  qui ,  j  e  crois ,  sont  les  ovaires  j 
car  les  ayant  considérés  au  micros- 
cope,  j'ai  observe  qu'ils  étoient  com- 
posés de  petits  corps  ronds. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Gattorugine ,  en  France. 
Bavarello ,  à  Marseille. 
Gattoriig^ine ,  à  Venise. 
Seehirsch  eiDickhals  ,  en  Allemagne. 
Kamju-kassa ,  en  Suède. 
Koschar ,  en  Arabie. 

LE  PERCE-PIERRE  DE  L'INDE  , 

BLENNIUS    SUPERCILIOSUS. 

La  ligne  latérale  courbe  et  le  fila- 
ment à  l'œil ,  sont  des  caractères  qui 
distinguent  ce  poisson  des  autres  du 
même  genre.  Je  compte  six  rayons  à  la 
membrane  des  ouies ,  quatorze  à  la  na- 
geoire pectorale,  deux  à  celle  du  ven- 


si  HISTOIRE   IVATURELLE 

tre ,  vingt- huit  à  celle  de  l'anus,  douze 
à  celle  de  la  queue,  el  quarante-quatre 
à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  alongé ,  épais ,  et  un  peu 
comprimé  sur  les  côtés.  La  lête  est  pe- 
tite ,  épaisse  ,  sans  écailles  ,  un  peu 
large  devant  les  j'-eux  ,  et  en  pente  vers 
la  lèvre  supérieure.  Les  yeux  qui  sont 
placés  aux  côtés,  sont  grands ,  ronds ,  et 
garnis  d'une  membrane  clignotante. 
Ils  ont  une  prunelle  noire  ,  plac  e  dans 
nu  iris  argentin  :  au  bord  supérieur  , 
on  trouve  le  filament ,  qui  est  court  et 
terminé  par  deux  branches.  Les  na- 
rines sont  doubles  ,  et  se  remarquent 
non  loin  des  yeux  ;  l'ouverture  de  la 
bouche  est  large;  la  langue  courte,  et 
le  palais  uni  •,  les  mâchoires  sont  d'égale 
longueur.  A  la  supérieure  ,  je  trouve 
une  rangée  de  grosses  dents  séparées 
les  unes  des  autres,  et  derrière  cette 
rangée,  j)lusieurs  rangées  de  petites 
dents  pointues.  La  mâchoire  inférieure 
n'est  pas  si  bien  armée  ;  l'opercule  des 


DIT    PERCE  -  PIERRE  ,    &C.      25 

ouies  consiste  en  une  petite  plaque  ,  et 
est  entouré  de  la  membrane  des  ouies  , 
qui  est  à  découvert  :  elle  est  soutenue 
par  six  rayons  recourbés.  L'ouverture 
des  ouies  est  très -large-,  le  tronc  est 
couvert  de  petites  écailles  ;  le  dos  est 
tranchant  -,  l'anus  large  et  plus  près  de 
la  bouche  que  de  la  queue.  Les  raj'^ons 
de  toutes  les  nageoires  sont  simples; 
ceux  de  la  nageoire  pectorale  sont 
épais  ;  ceux  de  celle  du  dos  piquans  , 
excepté  les  cinq  derniers.  La  première 
nageoire  dorsale  est  jointe  à  la  seconde 
par  le  moyen  d'une  membrane.  Sur  le 
fond  de  la  nageoire  de  la  poitrine  vers 
le  dos  ,  on  remarque  une  membrane 
saillante  qui  forme  un  pli.  Sur  la  cou- 
leur principale  qui  est  jaunâtre  ,  on 
voit  de  belles  taches  rouges  ,  dont  les 
nageoires  du  dos  et  de  l'anus  sont  aussi 
ornées. 

Nous  trouvons  ce  poisson  dans  les 
Indes.  Seba  est  le  premier  qui  en  ait 
fait  mention.   Il  nous  en  a  donné  en 


a6         HISTOIRE    NATURELLE 
même  temps  un  dessin  passable.  En- 
suite Gronov  l'a  décrit  plus  exacte- 
ment, et  en  a  donné  une  meilleure  re- 
présentation ,  si  ce  n'est  qu'il  a  repré- 
senté la  naa[eoire  dorsale  en  deux.  Les 
restes  de  nourriture   que  j'ai  trouvés 
dans  son  estomac  ,  prouvent  qu'il  vit 
de  jeunes  crabes  :  les  petits  que  j'ai 
remarqués  dans  la  matrice  ,  montrent 
qu'il  est  du  petit  nombre  des  poissons  à 
écailles  qui  fassent  des  petits.  Je  n'ose 
déterminer  sa  grosseur.  Celui  que  je 
possède  est  un  peu  plus  gros  que  le  des- 
sin que  j'en  donne.  Probablement  que 
sa  chair  est  bonne   à  manger.   On  le 
prend  avec  un  hameçon,  où  l'on  attache 
un  ver  ou  un  petit  morceau  de  crabe. 
Le  foie  est  extrêmement  petit  ;   et 
lorsque  le  poisson  est  placé  de  manière 
que  le  ventre  est  en  haut ,  et  la  queue 
dirigée  vers  l'observateur  ,  ce  foie  est 
placé  à  gauche.  La  vésicule  du  tîel  est 
grosse  en  comparaison  du  foie;  le  ca- 
nal intestinal  est  formé  par  une  mem  - 


DU    PERCE  -  PIER.RE  ,    ^C      QJ 

braiie  épaisse  :  il  est  large  ,  el  a  deux 
courbures.  L'intestin  cuiller  est  plus 
large  que  le  reste  du  canal.  Derrière 
ce  canal  ,  j'ai  appercu  deux  sacs  d'une 
membrane  mince  et  transparente  ,  qui 
se  joignoient  par  en  haut,  et  se  termi- 
noient  par  en  bas  par  une  ouverture 
commune,  placée  près  de  Fanus.  Lors- 
que j'ouvris  ces  vessies ,  j'y  trouvai  une 
grande  quantité  de  poissons  tendres  , 
dontl'onpouvoitdéjà  distinguer  toutes 
les  parties  ,  et  sur-  tout  les  yeux  :  la 
plupart  étoient  de  la  grosseur  repré- 
sentée sur  la  pîancbe.  Un  de  ces  pois- 
sons avoit  un  demi-pouce  de  long  ,  et 
on  pouvoit  reconiioître  distinctement 
l'iris  argentin  de  l'oeil  :  les  reins  étoient 

a 

petits  ,  et  se  terminoient  dans  une  pe- 
tite vessie  qui  passoit  derrière  l'anus. 
Je  li'ai  pu  remarquer  la  vésicule  aé- 
rienne. 
Les  Allemands  nomment  ce  poisson  , 

Augeiiv.  imper. 
Les  Français  ^  Pierce-pîen-e  dp.  Vlnd^'. 


28  HISTOIRE   NATURELLE 

Le  genre  des  perce-pierres  se  divise 
en  deux  sous-genres  ,  dont  Fun  porte 
une  espèce  de  crête,  et  l'autre  en  est 
dépourvu.  Parmi  Jes  espèces  crêtces 
que  Blocli  n'a  point  décrites  ,  ou 
compte  : 

La  coquillade ,  hlejinius  f^alerita ,  dont 
la  longueur  n'excède  pas  cinq  pouces, 
et  qui  habite  notre  océan  :  la  crête  de 
ce  poisson  est  transversale  ,  située  sur 
la  tête  et  formée  par  la  peau.  II  la  re- 
dresse ou  l'incline  à  volonté. 

Le  pinaru ,  blennius  crisfatus,  est  un 
habitant  de  la  mer  Pacifique  et  des 
Indes  :  on  le  distingue  à  une  crête  lon- 
gitudinale ,  en  forme  de  filamcns,  et 
située  entre  les  yeux. 

Le  cornu  ,  blennius  cornulus  ,  se 
trouve  dans  les  mêmes  eaux  que  le  pré- 
cédent. Une  seule  nageoire  sur  le  dos , 
et  une  appendice  au-dessus  des  yeux  , 
forment  son  caractère. 


DU    PERCE  -  PIERRE  ,   &C.      29 

Le  nébuleux  ,  hlennius  tentacularis  , 
est  un  des  plus  petits  de  cette  famille  j 
il  n'a  que  deux  pouces  de  longueur  : 
on  le  pêche  dans  la  Méditerranée.  Son 
corps  est  couvert  de  taches  disposées 
comme  par  nuages.  Il  a  nn  filament 
simple  sur  les  yeux,  sur  le  dos  une  na- 
geoire unique  ,  entière  et  ornée  d'une 
espèce  d'œil  à  la  partie  antérieure. 

Le  mole  ,  hlennius  phycis  ,  habite  la 
Méditerranée  comme  le  précédent  , 
mais  croît  jusqu'à  un  pied  ,  et  même 
un  pied  et  demi  de  longueur:  l'appen- 
dice des  narines  ,ou  la  crête, est  moins 
apparente  que  dans  les  espèces  ci- 
dessus  décrites.  Il  a  un  barbillon  à  la 
mâchoire  inférieure ,  et  deux  nageoires 
sur  le  dos. 

Sans  crête. 

Lelumpène  ,  hlennius  lampenus  ,  se 
plait  sur  le  sable  et  l'argile  du  fond  de 
nos  mers.  11  se  cache  près  des  rivages  , 
parmi  les  algues  ,  et  y  dépose  ses  œufs 


3o         HISTOIRE   NATURELLE 

vers  le  mois  de  messidor.  On  le  recon- 
noît  à  son  corps  arrondi,  jaunâlre  ,  et 
à  des  taches  brunes  sur  le  dos.  Il  a 
quelquefois  douze  pouces  de  longueur. 

Le  grenouiller ,  blennius  raninus  ,ha.- 
bite  les  lacs  de  Suède.  C'est  un  hôte 
fâcheux,  qui  ,  n'étant  bon  à  rien,  fait 
fuir  les  autres  poissons  des  lieux  qu'il 
fréquente.  Il  porte  six  rayons  aux  na- 
geoires du  ventre ,  et  un  barbillon  sous 
la  gueule. 


D   U     B  O  s  su.  01 


XVII  r    GENRE. 


LE  BOSSU,  KURTUS, 

Caraclère   générique.  Le  dos  éleVé. 

LE    ^OS^\J  ,  KURT  us   IN  BI  C  us. 

Tant  que  ce  genre  n'aura  qu'une  es- 
pèce ,1e  caraclère  que  nous  avons  mar- 
qué lui  conviendra.  On  compte  deux 
rayons  à  la  membrane  des  ouies,  treize 
à  la  nageoire  de  la  poitrine  ,  six  à  celle 
du  ventre,  trente-deux  à  celle  de  l'a- 
nus ,  dix-huit  à  celle  de  la  queue  ,  et 
dix-sept  à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  large ,  court  ,  mince  et 
couvert  au  lieu  d'écaillés  de  petites 
plaques  argentines.  Ces  plaques  sont 
tellement  arrangées  l'une  près  de  Tau- 


^2         HISTOIRE    NATURELLE 

tre,qae  le  poisson  paroît  couvert  d'une 
feuille  d'argent.  Le  dos  et  le  ventre 
sont  termines  en  tranchant.  La  tête 
est  grande,  comprimée  et  terminée  par 
devant  en  une  pointe  émoussée.  L'ou- 
verture de  U  bouclie  est  large.  Les 
deux  mâchoires  sont  garnies  d'un  grand 
nombre  de  rangées  de  petites  dents. 
La  langue  est  courte  et  cartilagineuse  , 
et  le  palais  uni.  La  mâchoire  inférieure 
est  plus  longue  que  la  supérieure  ,  et  a 
une  forme  recourbée.  Au  lieu  d'oper- 
cule des  ouies  ,  ce  poisson  est  pourvu 
d'une  membrane  large  qui  avance  jus- 
qu'à la  nageoire  pectorale ,  sous  laquelle 
est  cachée  la  membrane  branchiale  qui 
a  des  rayons  minces.  L'ouverture  des 
ouies  est  très-large.  Entre  la  bouche 
et  les  3'"eux,ie  ne  puis  remarquer  que 
deux  ouvertures  rondes.  Les  yeux  sont 
grands  ,  ont  une  prunelle  noire  ,  en- 
tourée d'un  iris  bleu  par  en  haut  et 
blanc  par  en  bas.  Le  dos  qui  commenco 
à  s'élever  au-dessus  des  yeux ,  a  une 


D  U    B  o  s  s  u.  33 

couleur  d'or  ,  sur  laquelle  sont  des 
points  orangés.  De  vaut  la  uageoirc  dor- 
sale, on  remarque  quatre  taches  noires. 
Les  côtés  et  le  vetitre  sont  dorés.  La 
ligue  latérale  ne  commence  pas  à  la 
nuque,  comme  chez  les  autres  pois- 
sons ,  mais  au-delà  de  la  nageoire  pec- 
torale ,  et  s'étend  en  direction  droite 
jusque  vers  le  milieu  de  la  nageoire  de 
la  queue.  Le  ventre  est  court  et  l'anus 
se  trouve  non  loin  de  la  tête.  Les  na- 
geoires delà  poitrine  et  du  ventre  sont 
d'un  jaune  d'or  avec  le  bord  rougeàlre. 
Celles  du  dos  ,  de  l'anus  et  de  la  queue 
ont  le  fond  bleuâtre  et  une  bordure 
jaune.  Tous  les  rayons  sont  fourchus  , 
excepté  le  premier  de  la  nageoire  du 
dos  ,  ainsi  que  le  premier  de  celle  du 
ventre  ,  et  les  deux  premiers  de  la  na- 
geoire de  l'anus  qui  sont  simples  et 
piquans.  Tous  les  autres  rayons  sont 
mous. 

Ce  poisson  habite  les  eaux  des  Indes 
orientales.   Sa  nourriture  consiste  en 

Poisjous,  II.  4 


34  HISTOIRE  NATURELLE  ,  &c. 
coquillages  et  en  petits  crabes.  J'en  ài 
trouvé  dans  son  estomac.  Ses  raâ^ 
choiras  ,  qui  ressemblent  à  une  râpe  , 
peuvent  broyer  leurs  écailles.  Je  ne 
saurols  déterminer  proprement  sa  lon- 
gueur. Celui  d'après  lequel  mon  dessin 
est  fait  ,  a  dix  pouces  de  long  ,  y  com- 
pris la  nageoire  de  la  queue ,  et  un  peu 
plus  de  quatre  pouces  de  large. 

La  forme  singulière  du  dos  de  ce 
poisson  ,  lui  a  fait  donner  à  juste  titre 
le  nom  de  Bossu. 
Hochv'ùken  y  chez  les  Allemands, 
Bossu  j  chez  les  Français. 


TY 


j\ii/ .  3.; , 


■Jbm  .  //, 


f)ekfet>e  lui.  >.loia-JtTn    t  i\'n/p . 

X  . lii:  m  BAN .  a  .  I.F.  IIP^TORF.    3.1.1-:   SIC  KT 


TROISIEME  CLASSE. 


LES  PECTORAUX  ou  THORACHIQUES. 

LiES  poissons  dont  les  nageoires  ven- 
trales sont  placées  sous  les  pectorales, 
ont  reçu  de  Linné  le  nom  de  thoraclii- 
ques.  Cette  classe  seule  contient  plus 
de  la  moitié  des  poissons  connus. 


X  I  X''     GENRE. 

LA  FLAMME  ou  CÊPOLE , 

CEPOLji, 

Caractère  gêner.  Bouche  dirigée  vers  Je 
haut;  corps  en  lame  d'épée. 

LE  RUBAN;   CEPOLA  taenia. 

ONreconnoît  ce  poisson  à  sa  tête  tron- 
quée. On  compte  six  rayons  à  la  mem- 


36  HISTOIRE  NATURELLE 
brane  des  oiiies ,  quinze  à  la  nageoire 
de  la  poitrine,  six  à  celle  du  ventre, 
soixante  à  celle  de  l'anus ,  dix  à  celle 
de  la  queue  ,  et  soixante-six  à  celle  du 
dos. 

La  tête  est  un  peu  large  par  en  haut. 
L'ouverture  de  la  bouche  est  grande  et 
en  direction  oblique  du  haut  en  bas. 
La  mâchoire  inférieure  est  plus  longue 
que  la  supérieure.  Cette  dernière  est 
garnie  d'une  rangée  de  dents  pointues , 
et  la  dernière  d'une  double  rangée  do 
dents  de  la  même  espèce  ,  séparées  les 
unes  des  autres.  La  langue  est  mince  , 
large  et  rude.  Les  yeux  sont  grands  , 
placés  au  sommet ,  et  ont  une  prunelle 
noire  dans  un  iris  argentin  mêlé  de 
bleu.  x\u  bord  intérieur  de  chaque  œil, 
on  remarque  une  ouverture  ronde. 
L'ouverture  desouies  est  large.  L'oper- 
cule des  ouies  consiste  en  une  seule 
petite  plaque.  Avant  cette  ouverture, 
on  apperçoit  de  cbaque  côté  cinq  pores, 
et  plusieurs  autres  près  de  l'oeil.  Ce 


D  U     R  U  B  A  N.  5/ 

sontprobablement  autant  d'ouvertures 
des  conduits  visqueux.  Le  tronc  est  ter- 
miné en  tranchant  à  sa  partie  supé- 
rieure et  inférieure.  Les  côtés  sont 
fort  comprimés  ,  et  se  rétrécissent  en 
approchant  de  la  queue.  Ce  poisson  n^a 
point  d'écaillés  ,  et  est  si  mince  que  les 
vertèbres  se  voient.  Le  ventre  est  si 
court  qu'il  a  à  peine  la  longueur  de  la 
tête.  La  liijne  latérale  a  une  direction 
droite.  La  tête  est  d'une  couleur  argen- 
tine ,  rompue  par  une  couleur  rouge. 
Le  dos  est  gris  •,  les  côtés  et  le  ventre 
sont  argentins.  Sur  le  premier  ,  on 
apperçoit  plusieurs  taches  rouges  et 
rondes.  Toutes  les  nageoires  sont  rou- 
ges ;  celles  du  dos  et  de  l'anus  ont  des 
rayons  fourchus  *,  mais  les  autres  les 
ont  ramifiés.  Les  nageoires  de  la  poi- 
trine et  du  ventre  sont  extrêmement 
petites. 

Ce  poisson ,  qui  habite  la  Méditerra- 
née ,  n'est  pas  fort  estimé  ,  parce  qu'il 
a  peu  de  chair.  On  s'en  sert  en  guise 


38  HISTOIRE  NATURELLE 
d'appât  pour  les  lignes.  Il  est  vorace  et 
vit  particulièrement  de  coquillages  et 
de  petits  crabes.  Rondelet  assure  qu'on 
en  trouve  de  deux  à  trois  coudées  de 
long.  Use  tient  ordinairement  dans  les 
endroits  marécageux  ,  sur  les  bords. 
On  le  prend  à  la  ligne  appâtée  avec  un 
ver  ou  une  coquille  de  crabe. 

La  cavité  du  ventre  est  courte  ,  et 
revêtue  d'une  peau  blanche  et  bril- 
lante. L'estomac  est  petit  ;  le  canal 
des  intestins  qui  commence  à  sa  partie 
supérieure,  a  deux  courbures. Le  foie 
est  étroit  et  mince.  Je  ne  pus  apperec- 
voir  la  vésicule  du  fiel  ni  la  rate , parce 
qu'elles  étoient  trop  tendres.  Je  n'y  ai 
Ircuvé  ni  vésicule  aérienne ,  ni  laites . 
ni  œufs.  J'ai  compté  soixante  et  qua^^ 
torze  vertèbres  à  Fépiue  du  dos. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Bandjiscli  ,  en  Allemagne. 
Ruban  et  Tœnia  marin  ,  en  France. 
Cavagiro  et  Freggia  ,  à  Gênes. 


I)  U    s  U  C  E  T.  % 


X  X^     GENRE. 


LE   SUCET,    ECHENEIS, 

Caractère  générique.  JJ ne  espèce  de  bou- 
clier sur  la  tête. 

LE    SUCET,   ECHENEIS   NEUCRATES. 

Ce  poisson  se  distingue  du  suivant  par 
îa  rondeur  de  sa  queue.  On  trouve  neu  f 
rayons  à  la  membrane  des  ouies  ,  vingt 
à  la  nageoire  de  la  poitrine  ,  quatre  à 
celle  du  ventre  ,  trenle-cinq  à  celle  de 
l'anus ,  dix-huit  à  celle  de  la  queue ,  et 
quarante  à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  alongé  ,  la  tête  de 
moyenne  grosseur  ,  et  l'ouverture  de 
îabouche large.  Laraâclioire inférieure 
est  terminée  en  pointe,  et  avance  beau- 
coup au-delà  de  la  supérieure  :  l'une  et 


4o  HISTOIRE   NATURELLE 

l'autre  sont  garnies  de  dents  comme 
une  râpe.  La  langue  est  mince,  étroite, 
dégagée   et  rude.   Le  palais  est  garni 
d'un  grand  nombre  de  petites  dents. 
Non  loin  de  la  lèvre  supérieure  ,  près 
du  bouclier  ,  on  apperçoit  quatre  pe- 
tites ouvertures.  Les  yeux  sont  petits 
et  ont  une  prunelle  noire  dans  un  iris 
jaune.  Les  joues  sont  charnues  et  ar- 
gentines. L'opercule  desouies  consiste 
en  une  seule  petite  plaque.  La  mem- 
brane  branchiale  et   l'ouverture  des 
ouies  sont  grandes.  La  première  est  à 
découvert  et  a  des  rayons  forts.  Le 
bouclier  a  vingt-deux  à  vingt-quatre 
lignes  élevées  et  autant  d'enfoncemens. 
La  peau  est  sans  écailles  et  pleine  de 
petites  ouvertures.  Le  dos  et  la  queue 
sont  verdsjles  côtés  blancs  au-dessous 
de  laligne,  et  l'anus  se  trou  vepresqu'aa 
milieu  du  corps.  La  ligne  latérale  est 
blanche   et    a   une    direction    droite. 
Toutes  les  nageoires  ,  excepté  celle  de 
la  queue  ,   ont  un  foud  jaune  et  une 


D  U     s  U  C  E  T.  44 

bordure  violette.  Les  nageoires  de  la 
poitrine  et  du  ventre  sont  courtes  ; 
celles  du  dos  et  de  l'anus  très-éloignées 
de  celle  de  la  queue. 

Le  sucet  habite  également  les  pays 
froids  ,  les  pays  chauds  et  les  climats 
tempérés. 

Olaffeu  l'a  vu  en  Islande  -jRuysch  près 
desîlesMoluques;Hasselquist  à  Alexan- 
drie ;  Foskaol  en  Arabie  5  Marcgraf 
et  le  prince  Maurice  au  Brésil  -,  le  père 
Plumier  aux  Antilles  j  et  Brown  à  la 
Jamaïque.  Marcgraf  dit  à  la  vérité 
que  notre  poisson  n'a  que  dix- huit 
pouces  de  long  ;  Hasselquist ,  au  con- 
traire ,  lui  donne  deux  à  trois  pieds  ; 
mais  le  prince  Maurice  remarque  qu'il 
parvient  à  la  longueur  de  sept  pieds. 
D'après  les  restes  que  j'ai  trouvés 
dans  son  estomac,  j'ai  conclu  qu'il  vit 
de  crabes  et  de  coquillages.  Sa  chair 
est  maigre  et  coriace  ;  et  il  n'y  a  que 
les  pauvres  gens  qui  en  fassent  usage. 
On  le  prend  ordinairement  avec  les 


42  HISTOIRE    NATURELLE 

requins ,  auxquels  on   le   trouve  at- 
taclié. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Schiffshalter ,  en  Allemagne. 
Zuygervisch  et  Lootsmannitje,  en  Hol- 
lande. 
Sucet  et  Arrête-neuf  f  en  France. 
Sucking-Fish  ,  en  Angleterre. 
Piexe-Pc^aclor  et  Piexe- Piolibo  ,   en 

Portugal. 
Styris-Fiskur ,  en  Islande. 
Charnel ,  à  Alexandrie. 
Keide ,    Kami  ^   Kersch    et  Keda  ,   en 

Arabie. 
Jperaqniha  et  Piraqniha ,    au  Brésil. 
Suking-Fish ,    parmi    les  Anglais  qui 

habitent  la  Jamaïque. 
Coupangwiscji ,  chez  les  Hollandais  qui 

habitent  les  iles  Moluques. 

Linné  et  Gronov  citent  à  la  vérilé 
le  remore  de  Catesby  pour  notre  pois- 
son j  mais  comme  cet  auteur  dit  ex- 
pressément que  la  nageoire  de  la  queue 
csL  fourchue  ,  et  que  le  bouclier  a  seize 


D  U     s  U  C  E  T.  43 

lignes  ;  ce  n'est  pas  ce  i^oisson ,  mais 
le  suivant. 

Le  dessin  de  Marcgraf  seroit  sup- 
portable si  la  nageoire  du  ventre  n'é- 
toit  représentée  trop  loin  sur  le  der- 
rière du  corps.  Celui  que  nous  devons 
à  Aldrovand  ne  vaut  pas  mieux  ;  mais 
celui  que  AVillugliby  nous  a  donné  est 
lin  peu  meilleur  ;  cependant  il  a  tort 
de  lui  représenter  la  nageoire  de  la 
queue  fourchue  ;  car  on  voit  par  les 
A  ingt-quatre  lignes  du  bouclier  que  ce 
n'est  pas  le  sucet,  mais  le  remore. 

Jonston  et  Ruysch  rappportent  notre 
poisson  comme  deux  espèces  diffé- 
rentes. Mais  comme  ils  le  représen- 
tent deux  fois  avec  la  nageoire  de  la 
queue  ronde  ,  on  ne  peut  prendre  ces 
deux  dessins  que  pour  notre  poisson  ; 
Ou  bien  il  faudroit  que  l'une  des  re- 
présentations fût  fausse. 

Linné  donne  vingt- quatre  lignes  au 
boiiclier  .  et  les  regarde  comme  un  ca- 


44         HISTOIRE   NATURELLE 
ractère;  mais  leur  nombre  n'est  pas 
toujours  égal. 

liE  REMORE ,  ECHENEis  rémora. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  la  na- 
geoire (le  la  queue  qui  est  en  forme 
de  croissant.  On  compte  neuf  rayons 
à  la  membrane  des  ouies  ,  vin^^t-deux 
à  la  nageoire  de  la  poitrine,  quatre  à 
celle  du  ventre  ,  vingt  à  celle  de  l'anus 
et  de  la  queue  ,  et  vingt-un  à  celle 
du  dos. 

Le  corps  est  alongé,  couvert  d'une 
matière  visqueuse  ,  et  garni  d'un 
grand  nombre  d'enfoncemcns  légers. 
La  tête  est  de  moyenne  grosseur  et 
large  par  en  haut.  Le    bouclier,  qui 

aune  bordure  cartilagineuse,  recouvre 
la  tête  par  enliaut  ;  il  s'étend  en  partie 
au-delcà  du  dos  ,  et  consiste  en  seize  à 
dix-neuf  enfoncemens,  et  autant  de 
lignes  élevées  ,  divisées  en  deux  ran- 
gées.   L'ouverture  de  la  bouche  est 


DUREMORE.  45 

large.  La  mâchoire  inférieure  est  plus 
avancée  que  la  supérieure,  et  le  grand 
nombre  de  petitesdents  dont  elles  sont 
garnies,  les  fait  ressembler  assez  à  une 
râpe.  La  IcTngue  est  large ,  mince  et 
dégagée  ;  elle  est  pourvue  de  petites 
dents  ,  ainsi  que  le  palais.  Près  de  la 
lèvre  supérieure  ,  on  voit  quatre  ou- 
vertures, dont  les  antérieures  sont  cy- 
lindriques ,  et  les  postérieures  ovales. 
Les  yeux  sont  petits  ,  et  ont  une  pru- 
nelle noire  dans  un  iris  argentin.  L'o- 
percule des  ouies  consiste  en  une 
petite  plaque  ;  l'ouverture  des  ouies 
est  très-large  ,  et  la  membrane  bran- 
chiale est  dégagée  au  côté  inférieur. 
Le  dos  est  rond  ,  et  a  une  couleur 
noire  qui  tire  insensiblement  sur  le 
blanc  en  approchant  vers  le  ventre. 
La  ligne  latérale  qui  esl  à  peine  visible , 
commence  à  la  nuque,  forme  une  cour- 
bure vers  la  fin  de  la  nageoire  pecto- 
rale ,  et  s'étend  ensuite  dans  une  di- 
rection droite  jusqu'au  milieu  de  la 
Poissons.  II.  5 


45  HISÏOIBE    NATURELLE 

nageoire  de  la  queue.  L'anus  est  plus 
près  de  la  nageoire  de  la  queue  que  de 
la  tête.  Les  nageoires  de  la  poitrine 
et  du  ventre  sont  courtes.  Les  pre- 
mières ,  ainsi  que  celle  de  l'anus  et  de 
la  queue  ,  sont  grises  avec  une  bordure 
brune.  Tous  les  rayons  sont  mous,  à 
plusieurs  branches  ,  et  enveloppes 
d'une  membrane  épaisse. 

Ce  poisson  habite  également  la  Mé- 
diterranée et  rOcéan,   Osbeck  l'a  va 
aux  îles  Canaries  -,    Renard  près  des 
îles  Moluques-,  Catesby  dans  la  Caro- 
line ,    et   Sloan   dans    ia    Jamaïque. 
Comme  il  a  la  chair  maigre  et   qu'on 
ne  le  prend  que  rarement  en  pleine 
mer  ,  on  ne  le  mange  point  ;   mais  on 
le  conserve  pour  des   cabinets  d'his- 
toire naturelle.  Il  suit  les   vaisseaux 
et  on  le  prend  aisément  à  des  hame- 
çons appâtés  avec  des   morceaux  de 
chair.  11  s'attache  aussi  aux  navires  , 
et  sur-tout  aux  requins,  auxquels  oîi 
en  trouve  ordinairement  plusieurs  à 


DU     R  E  I»I  O  RE.  47 

la  fois.  Calesby  raconte  qu'il  en  ca 
trouv^é  cinq  au  corps  d'un  requin  ,  et 
qu'ils  y  tenoient  si  fortement,  qu'on 
eut  bien  de  la  peine  à  les  en  arracher. 
Une  chose  remarquable  ,  c'est  que  ces 
petits  poissons  peuvent  nager  libre- 
ment et  sans  inquiétude  autour  de  la 
gueule  du  requin  ,  sans  qu'il  fasse  la 
moindre  mine  de  vouloir  les  avaler. 
On  ne  le  prend  que  rarement  de  plus 
d'un  pied  ou  d'un  pied  et  demi  de 
long. 

L'estomac  est  très- long  et  a  de  grands 
plis.  Le  foie  qui  est  attaché  au  dia- 
phragme ,  consiste  en  deux  lobes  ,  et 
a  cela  de  particulier  qu'il  n'est  pas 
placé  en  dessus  des  entrailles  ,  mais  en 
dessous. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Kemore  et  Sucet  ,   en  France. 
Ansauger    et    Schiffshalter  y   en    Alle- 
magne. 
Stillsugare ,  en  Suède. 
Styris-Fiskur  ,  en  Norwège. 


4 8  HISTOIRE    NATURELLE 

Zalgf.r,   en  Hollande. 

Koeto  ,  Koutouneuw     et    Laoet ,    aux 

Indes. 
Zee-Luys  ,     Coupangvisch  ,   Schiffkem- 

mer  ,    Kemmfisch     et    Zuygeffisch  , 

parmi  les   Hollandais  qui  habitent 

ces  contrées. 

Linné  donne  dix-huit  lignes  au 
houclier,  et  les  regarde  comme  un 
caractère.  Mais  comme  dans  la  dixième 
édition  de  son  système  il  ne  lui  en 
donne  que  dix-sept ,  et  Sloan  seule- 
ment seize  ,  on  ne  peut  les  regarder 
comme  un  caractère  distinctif.  Aux 
trois  exemplaires  que  je  possède  ,  je 
trouve  dix-huit  ligues  à  deux  ,  et  dix- 
neuf  à  l'autre. 

Gronov  donne  de  petites  écaillesà 
notre  poisson  -,  mais  ie  n'ai  pu  les  ap- 
percevoir  ,  même  à  la  loupe. 

Quoique  Bellon  et  lesichthyologistes 
suivans  aient  décrit  notre  poisson, 
Olearius  est  pourtant  le  premier  qui 
nous  en  ait  donné  un  dessin  j  mais  qui 


D  U    R  E  M  O  R  E.  ^9 

n'est  pas  fidèle,  parce  qu'il  a  placé  les 
nageoires  du  venlre  sous  la  gorge.  Ceux 
que  nous  ont  donnés  dans  la  suile 
Valentj'^n  ,  E-uysch  ,  Renard,  Nicu- 
lioff,  AVilIughby  et  du  Tertre  sont 
aussi  mauvais. 

Comme  je  remarque  que  ces  deux 
poissons  sont  souvent  confondus  par 
les  auteurs,  et  souventregardés  comme 
une  seule  espèce  ,  il  ne  sera  pas  inutile 
de  remarquer  ici  ce  qui  les  dislingue. 
1*.  Le  remore  est  beaucoup  plus 
court  et  plus  épais  que  le  sucet. 

2°.  Le  dernier  a  vin^t-deux  à  vingt- 
quatre  lignes  au  bouclier ,  et  le  pre- 
mier seulement  dix-sept  à  dix-neuf. 

3".  Le  rémora  a  la  nageoire  de  la 
queue  en  forme  de  croissant  ;  au  lieu 
que  le  sucet  l'a  ronde. 

4°.  Chez  celui-ci  la  partie  de  l'anus 

jusqu'à  la  nageoire  de  la    queue  ,  est 

beaucoup  plus  étroite  que  chez  l'autre. 

5°.  Le  remore    n'a    que    vingt  un 

rayons  a  la  nageoire  du  dos  ,  et  vingt 


ÔO         HISTOIRE    NATURELLE 
à  celle  de  l'anus;  le  sucetau  contraire  , 
en  a  quarante  à  la  première  ,  et  trente- 
cinq  à  la  seconde. 

6°.  Chez  le  dernier ,  la  ligne  laté- 
rale est  droite  ;  chez  le  premier  au 
contraire ,  elle  forme  une  courbure  à 
la  nageoire  pectorale. 

7°.  Lesucet  aies  nageoires  de  l'anus 
et  du  dos  beaucoup  plus  éloignées  de 
celle  de  la  queue  que  le  remore. 


y 

A 


J'aiye,    àj . 


roni  .  II. 


i. 1.1:  IIA  SOIR  a  cinq  ladies.  2.IJR  PAOIN  de  mer 
3.1.AnOUAl)E  d*Auiéri(|nc  . 


DU    RASOIR,     &C.  5l 


X  X  I^     GENRE. 


CORYPHENE  ou  DORADE  , 

COR  YP  H^N  A. 

Caract.  génér.  La  tête  très- tronquée. 
LE   RASOIR  A  CINQ  TACHES  , 

CORYPH.ENA  PENTADACTYLA. 

\j  A  nageoire  cle  la  queue  qui  est  droite, 
et  les  vingt-un  rayons  de  la  nageoire 
dorsale  ,  sont  des  signes  certains  qui 
servent  à  distinguer  ce  poisson  des 
autres  du  même  genre.  On  compte 
quatre  rayons  à  la  membrane  des 
ouies,  treize  à  la  nageoire  pectorale  , 
six  à  celle  du  ventre  ,  quinze  à  celle 
de  l'anus ,  et  douze  à  celle  de  la  queue. 


52         HISTOIRE    NATURELLE 

Le  corps  est  mince;    le  dos    et   le 
ventre  sont  terminés  en  un  trancLant 
émoussé.   La  tête  est  grosse  ;  les  yeux 
qui  sont    près  du   sommet ,    ont  une 
prunelle  d'un  bleu  foncé  dans  un  iris 
jaune.  Devant  les  yeux,  on   trouve 
quatre     petites    ouvertures.    Par    en 
îiaut,  la  lête  est  brune  •  sur  le  devant, 
on  voit  à  son  rebord  qui  est  fort,  une 
raie  d'un  bleu  foncé,  qui  s'étend  jus- 
qu'à la  lèvre  supérieure.  L'ouverture 
delà  bouche  est  de  moyenne  grandeur. 
Chaque   mâchoire    est    garnie  d'une 
rangée  de  dents  pointues  et  de  deux 
grosses  dents  canines.  Les  lèvres  sont 
minces  ,  et  les  joues  garnies  de  petites 
écailles.  L'opercule  des  ouies  consiste 
en  deux  grandes  plaques  ;  l'ouverture 
des  ouies  est  très-lariïe  ,  et  la    mem- 
brane     branchiale     est    couverte    en 
grande  partie  par  l'opercule  des  ouies. 
Le  tronc  est  couvert  de  grandes  écailles 
fortes.  An  dos ,  non  loin  de  la  tête  , 
de  mèiiiQ  qu'au  ventre  ,  on  remarque 


AI 


DU    R  A  S  o  m  ,   &c.         .^> 


cinq  t?iclies.  La  première  est  ronde  , 
la  seconde  ovale  :  l'une  et  l'autre  ont 
un  fond  noir  entouré  d'une  ligne 
jaune  Les  trois  autres  sont  alongées 
et  de  couleur  bleue.  Le  dos  est  brun  y 
les  côtés  sont  blancs,  le  ventre  est 
court ,  et  l'anus  plus  près  delà  bouche 
que  de  la  nageoire  de  la  queue.  La 
ligne  latérale  s'étend  près  du  dos,  et 
est  interrompue  non  loin  de  la  queue. 
A  la  nageoire  dorsale  ,  qui  commence 
immédiatement  derrière  les  yeux  ,  les 
neuf  premiers  rayons  sont  durs  ,  et 
les  autres  mous.  Elle  est  bleuâtre 
et  bordée  d'un  jaune  orangé.  Les  na- 
geoires de  la  queue  ,  de  la  poitrine  et 
du  ventile  sont  orangées  ,  avec  une 
bordure  violette ,  et  ont  des  rayons 
ramifiés.  A  la  première  ,  on  remarque 
deux  taches  blanches  La  nageoire  de 
l'anus  est  bleuâtre ,  et  a  des  rayons 
simples. 

Ce^poisson  habite  également  les  fleu- 
ves de  la  Chine  et  des  iles  Moluques. 


54         HISTOIRE    NATURELLE 
Je  dois  celui  dont  je  donne  le  dessin  à 
]a  lx)nté  de  M.  Frédéric  Miiller  ,  con- 
seiller de  conférence  à   Coppenhague. 
Il  m'écrit  l'avoir  acheté  d'un  capitaine 
de  vaisseau  qui  l'avoit  apporté  de  la 
Chine.  M.  Ancarkrona  en  décrit  un  de 
ce  pays,  et  Renard  l'a  rangé  parmi  les 
poissons  des  îles  Moluques.  Selon  ce 
dernier,  il  paroît  en  grandes  troupes. 
On  le  prend  en  si  grande  quantité  , 
qu'on  ne  sauroit  le   consumer   frais  : 
Toilà  pourquoi  on  en  sèche  et  sale  la 
plus  grande  partie.  On  l'envoie  ensuite 
dans  divers  pays.  Ce  poisson  fournit  à 
ces  peuples  une  branche  de  commerce 
prcsqu'aussi  considérable  que  celle  de 
la  morue  aux  Européens.  Je  ne  saurois 
déterminer  sa  longueur.  Celui  que  Va- 
lentin  décrit  avoit  un  pied  de  long.  Il 
a  ,  selon  cet  auteur  ,  la  chair  blanche  ^ 
ferme  et  de  bon  goût. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Banda ,   Ican  Banda  et  Ican   Potou 
Banda ,  aux  Indes. 


D  E     L  A     D  O  R  A  D  E,  55 

RivierDolfyn ,  Bandasche  Kabbelaaw, 

chez  les  Hollandais. 
Sechsauge  et  Fûnffingerfisch ,  en  Alle- 
magne. 
Rasoir  à.  cinq  taches,  en  Fiance. 

Linné  se  trompe  quand  il  cite ,  rela- 
livement  à  notre  poisson,  le  rasoir  à 
cinq  tacliesde  Willughby  et  de  Ray. 
Il  suffit  de  comparer  le  dessin  de  Wil- 
lughby avec  celui  d'Ancarkrona ,  ou 
avec  le  nôtre  ,  pour  se  convaincre  que 
ce  rasoir  à  cinq  taches  est  une  espèce 
de  maquereau. 

I.A    DORADE, 

•CORYPHJENJ   HIPP  V  RVS. 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres  du 
même  genre  par  les  vingt-cinq  rayons 
de  la  nageoire  de  l'anus.  On  compte  sept 
a  ayons  à  la  membrane  des  ouies  ,  seize 
à  la  nageoire  de  la  poitrine  ,  six  à  celle 
du  ventre,  dix-huit  à  ceîlede  la  queue, 
et  quarante-huit  à  celle  du  dos. 


56        HISTOIRE   NATURELLE 

Le  corps  est  alongé  et  couvert  d'é-= 
cailles  tendres.  La  tête  qui  est  courte 
et  comprimée ,  est  bleue  par  en  haut , 
verte  aux  côtés  et  argentine  par  en  bas. 
Les  yeux  sont  placés  près.de  la  bouche  ; 
ils  ont  une  prunelle  noire  entourée 
d'un  iris  orangé  et  d'une  ligne  blanche. 
Avant  les  yeux,  on  remarque  quatre 
petites  ouvertures.  Les  lèvres  sont  for- 
tes ;  l'ouverture  de  la  bouche  est  large; 
les  mâchoires  sont  d'égale  longueur, 
et  armées  de  quatre  rangées  de  petites 
dents  recourbées  en  arrière.  L'oper- 
cule des  ouies  consiste  en  une  seule 
plaque  j  l'ouverture  des  ouies  est  large  , 
et  la  membrane  branchiale  est  couverte 
par  l'opercule  des  ouies.  Le  tronc  est 
comprimé  des  deux  côtés.  Le  dos  qui 
est  arrondi,  est  d'un  verd  de  mer  par- 
semé de  taches  orangées  au-dessus  de 
la  ligne  latérale,  et  argentin  en  des- 
sous. La  ligne  latérale  qui  est  jaune  , 
forme  une  courbure  A'^ers  la  nageoire 
pectoi'ale  ;  puis  elle  s'étend  en  direction 


DE     LA     DORADE.  5/ 

droite  jusque  vers  la  nageoire  de  la 
queue.  La  nageoire  dorsale  qui  est  fort 
longue ,  a  des  rayons  jaunes,  et  la  mem- 
brane qui  les  unit  est  bleue.  Les  na- 
geoires du  ventre  et  de  la  poitrine  sont 
d'un  brun  elair  dans  le  fond,  et  le  reste 
est  jaune.  La  nageoire  de  l'anus  est 
étroite  et  jaune  ;  celle  de  la  queue  est 
fort  écliancrée  et  bordée  de  verd. 

Ce  superbe  poisson  brille  dans  l'eau 
comme  de  l'or;  et  par  cette  raison  ,  les 
pêcheurs  lui  ont  donné  le  nom.  de  do- 
rade. Il  meurt  dès  qu'on  le  tire  de  son 
élément,  et  perd  en  même  temps  la, 
lueur  de  ses  belles  couleurs.  La  dorade 
habite  aussi  bien  les  climats  chauds  que 
les  tempérés.  On  la  trouve  au  Brésil , 
dans  la  mer  Méditerranée  et  dans  les 
contrées  des  Moluques.  Sa  chair  est  de 
bon  goût.  Elle  parvient  à  la  longueur 
de  quatre  à  cinq  pieds.  Elle  est  trcs- 
vorace,  et  poursuit  principalement  le 
hareng  volant.  Comme  elle  nage  très- 
rapidement  ,  ce  dernier  tâche  à  lui 
Poissons.  II.  6 


58  HISTOIRE  NATURELLE 
échapper  en  prenant  l'essor,  mais  c'est 
en  vain  ;  car  il  ne  peut  se  tenir  en  l'air 
que  tant  que  ses  ailes  sont  encore  mouil- 
lées ;  et  la  dorade  qui  l'attend  avec  la 
gueule  ouverte  ,  s'en  empare  dès  qu'il 
retombe  dans  l'eau.  Les  dorades  sui- 
vent ordinairementles  vaisseaux  .pour 
dévorer  ce  que  les  matelots  jettent  dans 
la  mer.  En  général,  elles  avalent  tout 
ce  qu'elles  rencontrent.  Le  père  Plu- 
mier ,  en  disséquant  un  de  ces  pois- 
sons ,  a  trouvé  dans  l'estomac  quatre 
clous,  dont  le  plus  long  avoit  cinq  pou- 
ces. Il  les  a  représentés  tous  les  quatre 
dans  son  manuscrit.  Le  dessin  que  je 
donne  est  fait  d'après  celui  de  ce  père. 
Aristote  remarque  qu'il  n'y  a  aucun 
poisson  qui  croisse  si  vite  que  le  nôtre. 
Selon  cet  observateur ,  ce  poisson  se 
tient  pendant  l'hiver  dans  les  profon- 
deurs. En  automne,  qui  est  le  temps  du 
frai,  il  s'approche  des  endroits  rocail- 
leux ,  pour  déposer  ses  œufs ,  et  on  le 
pêche  alors  en  grande  quantité.  Passé 


DELA     DORADE.  59 

ce  temps,  il  nage  en  pleine  mer,  et  on 
ne  le  prend  alors  que  rarement.  Dans 
le  premier  cas ,  on  se  sert  pour  cet  eflet 
de  filets  -,  dans  le  second  ,  de  la  ligne  de 
fond,  àlaquelle  il  mord  facilement  lors- 
qu'elle est  appâtée  avec  un  hareng  vo- 
lant. Faute  de  ce  poisson,  on  en  fait  un 
artificiel ,  dont  le  tronc  est  de  bois,  et 
les  ailes  de  plumes  blanches.  La  dorade 
saute  quelquefois  perpendiculairement 
en  l'air  de  la  hauteur  d'une  brasse. 

Le  coeur  est  enfermé  dans  le  péri- 
carde, et  l'estomac  est  mince  et  Ions:. 
Dans  le  dessin  du  squelette  de  ce  pois- 
son que  je  trouve  dans  le  manuscrit 
du  père  Plumier ,  je  compte  vingt  ver- 
tèbres à  l'épine  du  dos,  et  sept  côtes  à 
chaque  côté. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Gejleckter   Stutzkopf ,    Gold-Fisch    et 

Dolphin f  en  Allemagne. 
Dorade  d^  Amérique  ,  en  France» 
Doljin ,  en  Angleterre. 
Delphin,  en  Hollande, 


So         HISTOIRE    NATURELLE 

Lampugo ,  en  Espagne. 
Vorado ,  en  Portugal. 
Guaracapema  ,  au  Brésil. 
Vorado  Focari ,  aux  Indes. 
Groene  Koningsi^isch ,  chez  les  Hollan- 
dais qui  habitent  ces  contrées. 
Quand  Artédi  demande  si  l'on  peut 
entendre  pour  notre  poisson  le  guara^ 
capema  de  Marcgraf,  Je  puis  lui  répon- 
dre affirmativement;  car  le  père  Plu- 
mier le  cite  relativement  à  son  poisson. 
Duhamel  est  dans  l'erreur  en  croyant 
que  la  Goldforelle  et  la  Goldkarpfe  des 
Allemands,  sont  les  mêmes  poissons 
que  le  nôtre.  La  première  est  la  truite 
nommée  Salmo  fario ,  et  la  dernière  est 
la  dorade  de  la  Chine. 

LE     PAON     DE     MER. 

C  ORY  PH^'S  A    PLI  31 1ER  1. 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres 
du  même  genre  par  les  cinquante -cinq 
rayons  de  la  nageoire  de  l'anus.  On 


DU  PAON  DE  MER.  6l 
compte  quatre  rayons  à  la  membrane 
des  onies,  onze  à  la  nageoire  de  la  poi- 
trine ,  six  à  celle  du  ventre ,  seize  à 
celle  de  la  queue,  et  soixante-dix-sept 
à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  alongé  ;  la  tête  oblon- 
gue ,  large  par  en  haut ,  sans  écailles  , 
et  d'une  couleur  brune.  Au-dessus  des 
yeux,  elle  est  jaune,  et  aux  côtés  ar- 
i;entine.  L'ouverture  de  la  bouche  est 
large;  les  mâchoires  sont  d'égale  lon- 
gueur, et  armées  de  dents  fortes  et  poin- 
tues. La  lèvre  supérieure  est  grosse  ; 
les  yeux  ont  une  prunelle  noire  en- 
tourée d'un  iris  rouge  et  d'une  ligne 
blanche.  Devant  les  yeux ,  on  remarque 
quatre  petites  ouvertures,  et  au  côté, 
on  trouve  des  rayons  bleus.  L'opercule 
des  ouies  se  termine  en  un  angle  obtus, 
et  consiste  en  une  seule  plaque.  L'ou- 
verture des  ouies  est  large,  et  la  mem- 
brane branchiale  qui  se  trouve  à  côté, 
est  à  découvert  e  t  soutenue  par  de  forts 
osselets  courbes.  Le  tronc  est  couvert 


63  HISTOIRE  NATURELLE 
de  petites  écaillts  ;  le  dos  est  rond  ^ 
brun  ,  et  oiné  de  belles  taches  bleue» 
qui  vont  en  serpentant.  Le  ventre  est 
court  et  argentin,  et  les  côtés  sont  d'un 
jaune  d'or.  L'anus  est  plus  près  de  la 
lêle  que  de  la  queue.  Les  nageoires  de 
la  poitrine  et  du  ventre  ont  le  fond 
jaune  avec  une  bordure  grise.  Les  na- 
geoires du  dos  et  de  l'anus  sont  longues  ; 
la  première  est  violette ,  et  la  dernière 
paille  :  la  nageoire  de  la  queue  est  jaune 
aux  côtés,  rouge  au  milieu,  et  bordée 
d'un  bleu  foncé. 

Ce  joli  poisson  habite  les  fleuves  des 
Antilles.  Il  parvient  vraisemblable- 
ment à  une  grosseur  assez  considéra- 
ble ;  car  le  dessin  que  je  trouve  dans  le 
manuscrit  de  Plumier  a  au  moins  dix- 
sept  pouces  de  long.  Les  belles  couleurs 
bigarrées  dont  ce  poisson. est  orné,  lui 
ont  fait  donner  par  les  Allemands  le 
nom  de  MeerpjaUy  et  Faon  de  mer  par 
les  Français. 


DU    RASOIR    BLEU.         63 

LE     RASOIR     BLEU, 

CORYPH^NA     CŒRVLEA. 

La  couleur  bleue  de  ce  poisson  est 
un  caraclère  suffisant  pour  le  distin- 
guer des  autres  du  nieme  genre.  On 
trouve  très-peu  de  poissons  qui  niaient 
qu'une  seule  couleur  comme  le  nôtre  : 
c'est  l'unique  que  je  connoisse  qui  soit 
généralement  bleu.  On  compte  quatre 
rayons  à  la  membrane  des  ouies  ,  qua- 
torze à  la  nageoire  de  la  poitrine ,  cinq 
à  celle  du  ventre ,  onze  à  celle  de  l'anus , 
dix-neuf  à  celle  de  la  queue  ,  et  a.utant 
à  celle  du  dos. 

La  couleur  foncée  du  dos  s'éclaircit 
vers  le  ventre.  La  tête  est  grosse,  et 
sa  partie  supérieure,  ainsi  que  les  joues 
et  l'opercule  des  ouies,  sont  pourvus 
d'écaillés.  L'ouverture  de  la  bouche  est 
gi'ande  ;  chaque  mâchoire  est  armée 
d'une  rangée  de  dents  fortes  et  poin- 
tues. Les  yeux  sont  g.rands  et  ronds  ; 


64        HISTOIRE   NATURELLE 

ils  ont  une  prunelle  noire  entourée  d'un 
iris  rouge  et  d'une  ligne  blanche.  De- 
vant les  yeux,  on  remarque  quatre  pe- 
tites ouvertures ,  dont  les  antérieures 
sont  rondes  et  les  postérieures  ovales. 
L'opercule  des  ouies  consiste  en  une 
seule  plaque  j  l'ouverture  des  ouies  est 
fort  large,  et  la  membrane  branchiale 
est  à  demi  recouverte  par  l'opercule 
des  ouies.  Le  tronc  est  comprimé  des 
deux  côtés ,  et  couvert  de  grandes 
écailles.  Le  dos  est  rond,  et  le  ventre 
tranchant.  L'anus  se  trouve  au  milieu 
du  corps  :  la  ligne  latérale  est  plus  près 
du  dos  que  du  ventre.  Les  rayons  delà 
nageoire  de  la  poitrine,  dû  ventre  et 
de  la  queue,  sont  ramifiés  ;  ceux  de  celle 
du  dos  et  del'anvis  simples.  La  nageoire 
delà  poitrine  se  termine  en  une  pointe, 
et  celle  de  la  qvieue  a  une  grande  échau- 
crure. 

Ce  poisson  habite  les  eaux  d'Amé- 
rique. Catesby  l'a  trouvé  près  de  Ba- 
hama  et  dans  la  mer  Ti'opiqne  ;  et  le 


DU    RASOIR   EL  EU>  03 

père  Plumier  l'a  vu  dans  les  environs 
des  Antilles.  Le  dessin  que  je  donne  est 
tiré  du  manuscrit  de  ce  père.  Ce  der- 
nier ne  parle  point  de  la  grandeur  à 
laquelle  ce  poisson  parvient;  mais  Ca- 
tcsby  assure  qu'il  devient  encore  une 
fois  aussi  long  que  le  dessin  qu'il  en 
donne.  Quoique  ces  deux  auteursaient 
été  à  même  de  donner  l'histoire  natu- 
relle de  notre  poisson,  ils  ne  font  ce- 
pendant pas  mention  de  la  qualité  de 
sa  chair  ,  du  temps  du  frai ,  de  la  ma- 
nière qu'on  le  prend ,  ni  de  quoi  il  se 
nourrit.  A  sa  gueule  armée  ,  on  voit 
qu'il  est  du  nombre  des  poissons  vo- 
races. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Blaufisch  et  blauer  Stutzhopfj  en  Alle- 


magne. 


Rasoir  bleu ,  en  France. 
Bleu-Fish  ,  en  Angleterre. 

Quoique  le  manuscrit  du  père  Plu- 
mier soit  plus  ancien  que  l'ouvrage  de 
Catesby,  ce  dernier  mérite  pourtant 


66  HISTOIRE  NATURELLE 
riioiineur  de  la  découverte  de  ce  pois- 
son ,  parce  qu'il  l'a  décrit  publique- 
ment et  qu'il  en  a  donné  un  bon  dessin  : 
cependant  il  se  trompe,  quand  il  croit 
que  notre  poisson  est  le  même  que  le 
rasoir  de  Willughby.  On  n'a  qu'à  com- 
parer le  dessin  de  ce  dernier  avec  celui 
de  Catesby  ou  avec  le  nôtre ,  et  l'on 
verra  que  ces  deux  poissons  sont  bien 
du  même  genre ,  mais  non  de  la  même 
espèce. 


DU     B  E  R  G  L  A  X.  6/ 


XXI  r     GENRE. 


LE    MACROURE, 

ou  POISSON  A  LONGUE  QUEUE, 
MACROURUS, 

Caractère  générique.  Queue  longue  et 
amincie. 

LE   B  ERGL  AX, 

ou  POISSON  A  LONGUE  QUEUE, 

Macro  VRU S  rv pest rjs. 

On  compte  sept  rayons  à  la  membrane 
des  ouies  ,  dix-neuf  à  la  nageoire  de  la 
poitrine,  sept  à  celle  du  ventre  ,  cent 
quarante-huit  à  celle  de  l'anus,  onze  à 
la  première  du  dos,  et  cent  vingt- 
quatre  à  la  seconde. 


d8       histoire  naturelle 

La  tête  est  grosse ,  large  par  en  haut , 
et  se  termine  en  forme  de  nez.  L'ou- 
verture   de  la  bouche  est  grande  ;  la 
mâchoire  supérieure  est  armée  de  cinq 
rangées  de  petites  dents  pointues  re- 
courbées en  arrière  ,  et  l'inférieure  de 
deux  rangées  de  la  même  espèce.  La 
langue    est   blanche  ,    cartilagineuse  , 
épaisse  ,  lisse  et  courte.  Le  palais  est 
nui.  Devant   les  yeux    on    remarque 
quatre  ouvertures,  dont  les  antérieures 
sont  rondes  et  les  postérieures  ovales. 
Les  yeux  sont  ronds  et  fort  grands  ; 
ils   ont  une  prunelle   noire  entourée 
d'un  iris  argentin.  L'opercule  des  ouies 
consiste  en  une  plaque  qui  est  entou- 
rée d'une  membrane.  L'ouverture  des 
ouies  est  large  ;  la  membrane  branchiale 
est  à  découvert  et  soutenue  par  des  os- 
selets larges  et  recourbés  en  arrière. 
Le  tronc  est  couvertde  grandes  écailles 
dures.  Une  chose   remarquable  ,  c'est 
que  toutes  les  écailles  ont  une  ligne 
élevée  et  dentelée  qui  se  termine  en 


DU     Tî  E  R  G  L  A  X.  P^ 

une  pointe  recourbée  en  arrière  :  de 
forte  que  lorsqu'on  passe  la  main  de  la 
queue  à  la  tête,  on  se  blesse  les  doigts. 
L-es   lignes   qui    se   trouvent  sur   les 
écailles  de  la  tête,  ont  des  pointes  beau- 
coup plus  fortes  que  celles  du  tronc.  Le 
ventre  est  court  et  large.  L'anus  est 
plus  près  de  la  tête  que  de  la  pointe  de 
la  queue.  La  ligne  latérale  est  moins 
éloignée  du  dos  que  du  ventre.  Le  dos 
est  bleuâtre  ,  et  le  reste  du  tronc  d'un 
bleuargentin.  Toutes  les  nageoires  sont 
jaunâtres  et  bordées  de  bleu.  Le  pre- 
mier rayon  de  la  première  nageoire  du 
dos  est  fort ,  long  ,  dur  et  dentelé  par 
devant.  Les  autres  rayons  ainsi  que 
ceux  delà  nageoire  de  la  poitrine  et  du 
ventre  ,  sont  ramifiés.  La  nageoire  de 
l'anus  et  la  seconde  du  dos  sont  fort 
longues  ;  elles  se  joignent  au  bout  delà 
queue  ,  et  ont  des  rayons  simples  et 
mous. 

Nous  trouvons  ce  poisson  dans  les 
profondeurs    de    différens    ports    du 
Toissons.  II.  7 


70  HISTOIRE    NATURELLE  ^ 

Groenland,  et  sur-tout  dans  le  port  de 
Tunnudliorbik.  Il  parvient  à  une  gros- 
seur assez  considérable  ;  car  celui  d'a- 
près lequel  le  dessin  est  fait  ,  a  trois 
pieds  de  long  et  six  pouces  de  large  à  la 
plus  grosse  partie  de  son  corps.  Dans  le 
moisdcmaijM.OttoFabriciusatrouvé 
danslebas-ventre  des  œufs  encore  très- 
petits  ;  et  il  a  conclu  de -là  avec  raison  , 
que  ce  poisson  fraie  en  automne  ou  en 
hiver.  On  le  prend  avec  des  lignes  de 
fond.  Lorsqu'il  se  voit  pris,  il  s'enfle  si 
fort  de  dépit ,  que  ses  grands  yeux  lui 
sortent  presque  de  îa  tête,et  jettent  par- 
là  un  aspect  effroyable.  Les  Groenlan- 
dais  et  les  Islandais  font  un  grand  cas 
de  sa  chair. 

Je  ne  puis  rendre  compte  des  parties 
internes  de  ce  poisson,  parce  qu'il  avoit 
été  vidé  avant  qu'on  me  l'envoyât.  Je 
le  dois  à  la  bonté  de  M.  Chemniz  ,  au- 
mônier delà  garnison  allemande  à  Cop- 
penhague.  J'ai  compté  treize  côtes  à 
chaque  côté  du  ventre. 


DU     B  E  R  (>  L  A  X.  71 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Berglachs  ,  en  Allemagne. 
Jngmingoack  ,    Fisklig    en    Erasme   et 

In^minniset  ,    parmi  les  Groenlan- 

dais. 

Berg-lax  ,  parmi  les  pêclieurs  norwé- 

giens. 
Poisson  à  longue  queue  ,  cliez  les  Fran- 
çais. 

C'est  à  Gunner  que  nous  devons  lo 
premier  dessin  de  ce  poisson  ;  mais  peu 
exact.  Cet  auteur  se  trompe  quand  il 
croit  que  notre  poisson  doit  être  rangé , 
selonle  système  de  Linné ,  dans  la  classe 
des  Abdominaux  :  car  les  nageoires  ven- 
trales sont  placées  sous  celles  de  la  poi- 
trine. 


72         HISTOIRE    NATURELLE 


XXI  ir    GENRE. 


LÉGOBIE,  ouBOULEREAU, 

GOBI  us. 

Caractère  générique.  Les  nageoires  ven- 
trales tournées  en  forme  de  cornet. 

LE  BOULEREAU  ou  BOUILLEROT  , 

G  O  B  I  VS     NIGER. 

Ije  boulereau  noir  se  distingue  aisé- 
ment par  ses  taches  jaunes  et  noirâtres 
semées  sur  un  fond  bîancliâtre,et  parles 
seize  rayons  de  la  seconde  nageoire  du 
dos.  Il  a  quatre  rayons  à  la  membrane 
des  ouies  ,  dix  à  la  nageoire  ventrale , 
'douze  à  celle  de  l'anus ,  quatorze  à  la 
queue ,  et  six  à  la  première  nageoire  du 
dos. 


Piit/e  72 


/?  Tarif leii     l 'ri/^  ■ 


i.LK  POISSON  alono-iic  (jnouca.LH  GOUJON 
blcni .  :\  et  4.1^*:  liOUI.EUEAU  . 


il  .  Y 

iiièaa.i^jL)SiJt<^t.,  MA  uJA- 


DU     BOULEREAU.  73 

Ce  poisson  est.  cunéiforme  ;  car  la 
tête  est  grosse  ,  et  il  diminue  peu  à  peu 
en  allant  vers  la  queue.  La  tête  s^ap- 
platit  insensiblement,  et  le  tronc  dont 
les  côtés  sont  comprimés ,  devient  rond 
vers  la  queue.  Les  mâchoires  sont  d'é- 
gale longueur  et  armées  de  deux  ran- 
gées de  dents  pointues.  L'ouverture  de 
la  bouche  est  de  moyenne  grandeur  , 
et  la  langue  est  libre.  Les  narines  sont 
rondes  et  placées  entre  les  yeux  l'une 
derrière  l'autre.  La  nuque  est  large  et 
couverte  comme  le  tronc  de  petites 
écailles  grises  et  dures  Les  yeux  sont 
en  losange  -,  la  prunelle  est  noire  et  en- 
tourée d'un  iris  argentin.  La  mem- 
brane des  ouies  est  grande  aussi  bien 
que  leur  ouverture.  Le  dos  est  voûté 
en  rond  ,  marqué  de  bandes  noires ,  et 
la  ligne  latérale  n'est  pas  visible.  Le 
ventre  est  large  et  jaune  ;  l'anus  est  au 
milieu  du  corps  ,  qui  est  parsemé  de 
petites  taches  noires  et  jaunes.  Les  na- 
geoires sont  d'un  brun  bleu  et  ornées 


74  HISTOIRE  NATURELLE 
de  petites  taches.  Les  rayons  de  la  na- 
geoire du  dos  et  de  l'anus  sont  simples  ; 
les  antres  sont  ramiUés  :  tous  sont 
mous  ,  excepté  ceux  de  la  première 
nageoire  dorsale ,  qui  sont  un  peu  plus 
durs.  Les  nageoires  pectorales  sont 
courtes;  les  autres  longues  :  la  nageoire 
de  la  queue  est  arrondie. 

L'estomac  est  court ,  oblong  et  la 
peau  épaisse.  Le  canal  intestinal  a 
deux  sinuosités.  Le  foie  est  grand , d'un 
jaune  pâle  et  en  forme  de  cœur.  La 
rate  est  épaisse  ,  longue  et  pointue  en 
haut  et  en  bas.  La  vésicule  aérienne  , 
qui  est  placée  le  long  du  dos ,  est  large 
vers  l'estomac  et  étroite  vers  l'anus. 
La  laite  et  l'ovaire  sont  doubles  et 
placés  des  deux  côtés  de  la  vésicule 
aérienne.  Les  reins  sont  longs  et  placés 
sur  le  derrière  vers  l'épine  du  dos. 

Ce  poisson  est  du  nombre  des  pois- 
sons voraces.  11  vit  de  petits  poissons 
et  d'insectes  aquatiques.  Il  habite  la 
mer  du  Nord  et  d'autres  mers.  Au 


D  U    B  O  U  L  F  R  F,  A  U.  7  > 

pi  intemps,  il  vient  sur  les  côtes  et  vers 
renibouchure  des  fleuves  ,  oiï  on  le 
trouve  en  quantité  ,  occupé  à  la  pro- 
pagation de  son  espèce.  Il  fraie  en  mai 
et  en  juin.  Aristote  a  remarqué  que  les 
boulereaux  déposent  leurs  œufs  sur  les 
pierres  ;  et  cette  observation  est  con- 
firmée par  celle  de  Pontoppidan.  Ils 
parviennent  à  la  grosseur  de  cinq  à  six 
pouces  -,  et  quand  ils  sont  encore  petits  y 
ils  deviennent  souvent  la  proie  du 
dorse  et  de  l'aigrefin.  La  chair  est  de 
bon  goût ,  et  semblable  à  celle  de  la 
petite  perche.  On  le  trouve  dans  les 
golfes  et  près  de  Heiligeland  ,  où  on  le 
pêche  dans  le  même  temps  que  le 
dorse. 

Ce  poisson  est  connu  sous  difFérens 
noms.  On  le  nomme  : 
Kûhling  ,  Schwarzer  Gob  ou  Meergob,  à 

Hambourg  et  dans  le  Holstein. 
Kutting  ,   Schmerbuttin^  ,    en    Dane- 
mark. 
Govccken  ,en  Hollande. 


76         HISTOIRE    NATURELLE 

Go  et  Gojet  ,èL.  Venise. 

Zolero  et  Missorij  à  Rome. 

Sea-  Gudgeon ,  Roch-Fish  et  Pink  ,  en 

Angleterre. 
Boulereaii  ou  G  ujfVo/i  de  m^r,enFrance. 

Pennant  fait  une  faute  en  citant 
Gronovau  sujet  clece  poisson.  Le  bou- 
lereau  de  cet  auteur  ,  à  en  juger  par  la 
description  exacte  qu'il  en  donne ,  n'est 
pas  le  nôtre,  mais  celui  de  la  Chine. 
Dans  le  nôtre  ,  la  tête  est  applatie  du 
haut  en  bas  ;  celle  du  poisson  de  Chonov 
l'est  des  deux  côtés. 

Salvian  s'est  trompé  en  représen- 
tant le  dos  avec  trois  nageoires  ;  Jonslon 
et  Ruysch  Tout  imité  dans  celle  faute. 

Klein  a  tort  de  rapporter  à  notre 
poisson  celui  que  Willughby  a  repré- 
senté sur  la  douzième  planche  [fig;^.  4  )  ; 
car  ce  poisson  a  la  mâchoire  infé- 
rieure fort  avancée  sur  la  supérieure  ; 
et  dans  le  nôtre  ,  les  deux  mâclioiics 
sont  d'égale  longueur.  On  ne  voit  point 
non  plus  dans  ce  dessin  les  nageoires  du 


JiTY 


T^a^e  77. 


Ibirv.J/. 


J)e^et>e   i/el. 


J.A  7.J^1\TCKTTE  .  a  IK  GOTTJON  de  Pl-mner. 
3o\4.LK  CJlAliGT  doTInao. 


DE    LA   LANCETTE.  77 

veiilre  telles  qu'elles  conviennent   à 
celte  espèce. 

LA    LANCETTE, 

G  OBI  us     LJNCEOLATUS. 

La  nageoire  de  la  queue  large ,  poin- 
tue et  alongée  par  le  bout  ,  distingue 
ce  poisson  des  autres  boulereaux.  On 
trouve  cinq  rayons  à  la  membrane  des 
ouies ,  seize  à  la  nageoire  de  la  poitrine , 
onze  à  celle  du  ventre,  seize  a  celle  de 
l'anus  ,  vingt  à  la  queue  ,  six  à  la  pre- 
mière nageoire  du  dos ,  et  dix  huit  à 
la  seconde . 

Le  corps  est  alongé  et  n'est  guère 
plus  gros  vers  l'extrémité  de  la  tête 
que  vers  le  bout  de  la  queue.  La  tête 
est  oblongiie  et  tronquée  par  devant. 
Les  deux  mâchoires  sont  d'égale  lon- 
gueur et  armées  de  petites  dents  poin- 
tties.  L'ouverture  de  la  bouche  est  de 
moyenne  grandeur,  et  la  langue  libre 


78  ÏIISTOTRE    NATURELLE 

et  pointue.  JL' opercule  des  ouies  con- 
siste en  deux  petites  lames,  et  l'ouver- 
ture des  ouies  est  large.  Les  yeux  sont 
placés  au  sommet  de  la  tête  ,  près  l'un 
de  l'autre  :  ils  ont  une  prunelle  noire 
entourée  d'un  iris  doré.  La  nuque  est 
ronde  aussi  bien  que  le  dos  ,  et  de  cou- 
leur brune.  Les  joues  sont  bleuâtres  et 
ont  une  bordure  rouge;  les  côtés  sont 
comprimés  et  d'un  jaune  pâle.  La  ligne 
latérale  est  au  milieu  du  corps  :  à  l'en- 
droit où.  les  deux  nageoires  du  dos  se 
rencontrent ,  on  voit  de  chaque  côté 
une  tache  brune.  Le  ventre  est  gris  et 
l'anus  beaucoup  plus  près  de  la  tête  que 
de  la  nageoire  de  la  queue  :  derrière  on 
voit  le  passage  des  œufs.  Les  écailles  de 
ce  poisson  sont  rondes  à  leur  bord  exté- 
rieur ,  et  sont  placées  les  unes  sur  les 
autres  comme  des  tuiles  sur  un  toit. 
On  remarque  que  celles  qui  sont  à  l'ex- 
trémité de   la   queue  ,  sont  beaucoup 
plus  grandes  que  celles  de  l'extrémité 
de  la  tête. 


DE   LA    LANCETTE.  79 

Les  nageoires  de  la  poitrine  sont 
jaunes  avec  une  bordure  bleue  ;  leurs 
rayons  sont  divisés  vers  les  extrémités 
comme  ceux  du  v^entre  et  de  la  queue. 
Mais  les  rayons  des  nageoires  du  dos  et 
de  l'anus  sont  simples  et  tous  sont  mou.?. 
Ceux  qui  sont  à  la  première  nageoire 
du  dos, ont  de  longs  bouts  qui  avancent 
beaucoup  et  qui  sont  mous.  Les  rayon  s 
des  nageoires  de  l'anus  et  du  dos  sont 
éloignés  les  uns  des  autres,  et  unis  par 
une  peau  tendre  et  transparente.  Les 
deux  nageoires  du  ventre  sont  confon- 
dues l'une  dans  l'autre ,  et  forment  une 
forte  cavité.  Le  fond  de  la  nageoire  de 
la  queue  est  d'un  jaune  verdâtre,  et  le 
bord  est  violet. 

On  trouve  ce  poisson  en  quantité 
dcins  la  plupart  des  rivières  et  des  ruis- 
seaux de  la  Martiniquç ,  oùle  père  Plu- 
mier en  a  vu  un  grand  nombre.  Selon 
lui ,  ils  ont  une  chair  d'un  très -bon 
goût.  Celui  que  je  conserve  dans  de  l'es- 
prit-de-vin ,  est  de  la  grandeur  de  celui 


^'O  HISTOIRE  NATURELLE 
qui  est  représenté  sur  ia  planche  (î), 
et  plus  long  d'un  pouce  que  le  dessin  du 
père  Plumier.  Comme  ce  naturaliste 
étoit  accoutumé  de  prendre  toujours 
le  plus  grand  individu  pour  ses  dessins, 
on  ne  pourroit  guère  en  trouver  de 
plus  long  dans  cette  espèce. 

Gronov  est  le  premier  qui  ait  décrit 
ce  poisson.  Mais  à  en  juger  par  la  re- 
présentation qu'il  en  donne, le  poisson 
qu'il  avoit  sous  les  yeux  étoit  petit  et 
endommagé.  Il  n'a  pas  connu  non  plus 
sa  couleur  ni  sa  patrie  ;  ce  qui  a  fait  ap- 
paremment que  Linné  n'a  pas  jugé  à 
propos  de  l'admettre  dans  son  système, 

LE  GOBIE  ou  GOUJON  DE  PLUMIER, 

GO  B  I  U  s     PLVMIERI. 

L'avancement  de  la  mâchoire 
supérieure  est  le  caractère  distinclifdç 
ce  poisson.  On  compte  quatre  rayons 
à  la  membrane  des  ouies  ,  douze  à  la 
nageoire  de  la  poitrine  ,  six  à  celle  du 


(1)  Edit.  in  fol. 


D  U      G  O  B  I  E.  Si 

ventre,  dix  à  ccilc  de  l'anus,  quatorze 
à  celle  de  la  queue  ,  six  à  la  première 
du  dos  ,  et  douze  à  la  seconde. 

Le  corps  est  charnu  et  rond  ;  la  tête 
est  grosse  ;  les  lèvres  sont  fortes;  l'ou- 
verture de  la  bouche  est  large  ,  et  les 
mâchoires  sont  armées  de  petites  dents 
pointues  :  les  yeux  ont  une  prunelle 
noire  et  un  iris  argentin.  Entre  la 
bouche  et  les  yeux ,  on  remarque  quatre 
petites  ouvertures.  Par  en  haut ,  la  tête 
est  d'un  brun-rouge ,  et  jaune  aux  cô- 
tés :  l'opercule  des  ouies  consiste  en 
une  seule  plaque  ;  l'ouverture  des  ouies 
est  large  ,  et  la  membrane  branchiale 
est  en  partie  à  découvert  ;  le  tronc  est 
couvert  de  petites  écailles  ;  le  dos  est 
rond,  et  d'un  rouge-brun  qui  jaunit 
vers  le  ventre.  Celui-ci  est  blanc  ,  et 
l'anus  se  trouve  au  milieu  du  corps  :  la 
ligne  latérale  a  une  direction  droite. 
Toutes  les  nageoires  sont  jaunes  ,  et 
celles  de  la  poitrine  et  de  la  queue  ont 
des  bordures  noirâtres. 

Poiâsous.  IL  S 


82  HISTOIRE   NATURELLE 

Ce  poisson  habite  ,  selon  le  père  Plu- 
mier ,  les  fleuves  des  Antilles  :  il  se 
multiplie  beaucoup  ;  sa  chair  est  de 
bon  goût  et  facile  à  digérer.  Voilà  tout 
ce  que  ce  naturaliste  nous  apprend  de 
noire  poisson  :  le  dessin  que  je  donne 
est  tiré  de  son  manuscrit. 

Plumier  regarde  notre  poisson  ,  à 
cause  de  sa  grosse  tête  ,  comme  une  es- 
pèce de  cephalas.  Selon  le  système  de 
Linné,  il  appartient  au  genre  des  bou- 
lereaux,  parce  qu'il  a  les  nageoires  ven- 
trales en  forme  de  cornet.  Ce  père  lui 
a  donné  le  nom  de  sucet,  parce  qu'il  a 
cru  vraisemblablement  qu'il  pou  voit 
s'attacher  à  d'autres  corps  par  le  moyen 
de  ses  nageoires  ventrales  j  mais  cette 
opinion  est  fausse. 

LE  GOBIE  ou  GOUJON  BLEU, 

G  OBI  US     J  OZO, 

Ce  goujon  se  distingue  des  autres 
par  la  couleur  bleue  des  nageoires,  et 


DU     G  O  B  I  E.  S-"? 

par  les  rayons  avances  de  la  première 
nageoire  du  dos.  On  tronve  quatre 
rayons  à  la  membrane  des  onies  ,  seize 
à  la  nageoire  de  la  poiliine,  douze  à 
celle  du  ventre ,  quatorze  à  celle  de  l'a- 
uus  ,  seize  à  celle  de  la  queue  ,  six  à  la 
première  nageoire  du  dos  ,  et  quatorze 
à  la  seconde. 

La  tête  est  comprimée  des  deux  cà- 
tés  ;  l'ouverture  de  la  bouche  e-ît  de 
moyenne  grandeur  j  les  mâchoires  sont 
égales  et  armées  de  petites  dents  poin- 
tues; les  yeux  ont  une  prunelle  noire 
entourée  d'un  iris  blanc  ;  le  dos  est 
rond  et  d'une  couleur  brune;  les  cô- 
tés sont  blanchâtres  ;  les  écailles  de 
moyenne  grandeur  ;  la  ligne  latérale 
tire  sur  le  noir  :  elle  a  une  direction 
droite  au  milieu  du  corps. 

Ce  poisson  habite  la  mer  du  Nord  et 
la  Baltique.  Comme  il  est  aussi  natu- 
rel à  la  Méditerranée,  il  n'a  pas  été  in- 
connu d'Aristote.  Il  se  tient  d'ordi- 
liaii  e  près  des  bancs  de  sable  :  voilà 


84         HTSTOIE.E    NATURELLE 

pourquoi  cet  auteur  le  met  dans  la 
classe  des  poissons  de  rivage.  Le  gou- 
jon bleu  vit  d'alevin  ,  de  crabes  ,  de 
coquillages  et  de  poissons.  Il  parvient 
à  la  longueur  de  quatre  à  six  pouces  , 
et  devient  souvent  la  proie  du  dorse , 
ainsi  que  des  autres  poissons  voraces  , 
qui  cherchent  les  rivages  pour  se  re- 
produire. Il  dépose  ses  œuls  sur  des 
endroits  unis  et  couverts  de  sable. 
Quoiqu'il  ait  une  grande  quantité 
d'œufs  ,  il  ne  multiplie  pas  beaucoup  , 
parce  qu'étant  petit ,  il  est  souvent  la 
proie  des  gros.  On  le  prend  dans  les 
filets  qu'on  tend  pour  les  autres  pois- 
sons; mais  comme  sa  chair  est  maigre 
et  dure,  on  n^en  fait  pas  grand  cas. 


^'— *•   '•^■»  i.-W 


■^ii*  hià\   U-<iJ\. 


J^at/e   65 


Tom  .  ir. 


t  et  a  IJPl  CHAJÎOT.  3  et  4  XK  CATAPHRACTH- 


DU     CHABOT.  85 


XXI V    GENRE. 


LE  CHABOT,  cottus. 

Caractère  générique.  La  tête  plus  grosse 
que  le  corps. 

LE  CHABOT  ou  TÊTARD, 

COTTUS     GOBIO. 

Ees  deux  piquans  croclius  ,  qu'on 
trouve  à  chaque  opercule  des  ouies 
près  des  joues  ,  distiuguent  ce  poisson 
des  autres  du  même  genre  :  l'un  de  ces 
piquans  est  grand ,  et  tourne  sa  pointe 
vers  la  bouche  ;  l'autre  est  petit,  et  a 
la  pointe  tournée  vers  le  tronc.  Les 
écrivains  ne  parlent  point  de  ce  der- 
nier ;  mais  pour  le  sentir-,  il  suffira  de 
passer  le  doigt  le  long  de  la  tête.  Ou 


86  HISTOIRE    NATURELLE 

trouve  six  rayons  à  la  membrane  des 
ouies  ,  quatorze  à  la  nageoire  de  la 
poitrine  ,  quatre  à  celle  du  ventre  , 
dou2e  à  celle  de  l'anus  ,  dix  à  la  queue  , 
sept  à  la  première  nageoire  dorsale  ,  et 
dix-sept  à  la  seconde. 

La  tète  est  applatie  par  en  bas,  plus 
étroite  devant  que  derrière,  et  forme 
un   angle    de  cliaque   côté   :   les  mâ- 
clioires   sont    d'égale   longueur  ,    et  , 
comme  le  palais  et  le  gosier,  garnies 
de  plusieurs  rangées  de  petites  dents 
pointues.  La  langue  est  libre  et  lisse  ^ 
la   membrane  des  ouies  large  et  sail- 
lante :  les  narines  se  trouvent  près  des 
yeux  ,  et  on  ne  peut  les  distinguer  à 
i'oeil  simple;  les  j'^eux  sont  au  milieu 
de  la  tête,  petits  ,  et  ont  une  prunelle 
noire  dans  un  iris  jaune  ;  les  opercules 
des  ouies  ne  consistent  qu'en  une  lame^ 
qui  se  termine  en  angle  aigu.  Le  tronc 
devient  toujours  plus  mince  en  avan- 
çant vers  la  queue  ;  il  est  un  peu  com- 
primé aux  côtés ,  et  couvert  d'une  inx- 


DU    CHABOT.  87 

lière    gluante   et   visqueuse.   On   re- 
marque sur  tout    le  corps   de  petites 
bosses  rondes  :  la  ligne  latérale  ,  que  la 
matière  visqueuse  couvre  pi  esqu'en- 
tièrement  ,    passe    par    le    milieu  du 
corps.  Ce  poisson  est  brun  à  la  tôle  ;  au 
dos  et  aux  côtés  au-dessus  de  la  ligne  : 
on    voit    sur    toutes   ces    parties    des 
tacbes  noires  de  forme  indéterminée. 
Il  est  blanc  au-dessous  de  la  ligne  ,  et 
on  y  voit  les  mêmes  tacbes.  Le  ventre 
est  large  ,  gris  et  taclieté  de  brun  cliez 
les  mâles ,  tout  blanc  cliez  les  femelles. 
Celles-ci  se  distinguent  encore  par  la 
couleur  jaune  et  les  taches  brunes  des 
nageoires  ventrales  ,  et  par  la  bordure 
longeâtre  de  la  seconde  nageoire  dor- 
sale j  au  lieu  que  chez  les  mâles  toutes 
les  nageoires  sont  bleuâtres  et  tache- 
tées de  noir.  L'anus  est  au  milieu  du 
corps  •  les  rayons  des  nageoires  de  la 
poitrine  et  de  la  queue  sont  ramifiés  , 
tous  les  autres  sont  simples  :  les  na- 
geoires  du  ventre  sont  longues  ,  et 


88         HISTOIRE    NATURELLE 

celle  de  la  queue  est  courte  et  ronde. 
Ce  poisson  habite  les  ruisseaux  qui 
ont  une  eau  de  source  pure  et  un  fond 
de  cailloux.  Nous  le  trouvons  dans  la 
Marche-Electorale ,  en  Saxe  ,  en  Silé- 
sie  ,  en  Autriche  ,  et  dans  d'autres  con- 
trées de  l'Allemagne  ,  en  Danemarck, 
en  Groenland ,  en  Sibérie  et  en  France. 
Le  chabot  parvient  à  la  longueur  de 
quatre  à  cinq  pouces.  Il  se  meut  avec 
beaucoup  de  vitesse,  et  passe  comme 
un  trait  d'un  endroit  à  l'autre.  Il  vit 
d'insectes  aquatiques  ,  de  frai  et  des 
œufs  des  autres  poissons,  et  j'ai  trouvé 
dans  son  estomac  des  puces  et  des  han- 
netons aquatiques  entiers.  Il  est  si  vo- 
race  ,  que  ,  selon  ce  qu'assure  Gesner  , 
il  n'épargne  pas  sa  propre  espèce  ;  mais 
il  a  des  ennemis  redoutables  dans  la 
perche  ,  la  truite  et  le  brochet. 

Ce  poisson  fraie  en  mars  et  en  avril. 
Il  n'est  point  du  tout  vraisemblable, 
comme  le  dit  Linné  ,  qu'il  couve  se? 
œufs  dansdes  nids  faits  exprès,  et  qu'il 


DUCHABOT.  89 

ne  les  quitte  pas  même  au  péril  de  sa 
vie,  ni,  comme  le  dit  Marsigli,  que  la 
femelle  reste  pendant  un  mois  sur  ses 
œufs.  Il  séjourne  ordinairement  dans 
les  creux  que  fait  l'eau  sous  les  grosses 
pierres. 

On  prend  ce  poisson  avec  de  petits 
filets,  des  nasses  et  à  la  ligne.  On  le 
pêche  aussi  à  la  main  pendant  la  nuit, 
lorsque  le  clair  de  lune  ou  la  lumière 
du  feu  l'éblouit  :  la  chair  est  non-seu- 
lement de  bon  goût  ,  mais  aussi  fort 
saine  ;  elle  devient  rouge  par  la  cuisson. 

La  quantité  de  dénominations  qu'on 
lui  donne  ,  sont  sur-tout  tirées  de  la 
grosseur  de  sa  tête  ,  par  laquelle  ce 
poisson  se  distingue  de  tous  les  autres 
poissons  de  rivière ,  et  par  la  matière 
visqueuse  qui  lui  couvre  le  corps. 

Ce  poisson  se  nomme  : 

Mûller  et  Kaulkopf ,  dans  nos  contrées 

et  en  Silésie. 
Koppen ,  en  Autriche. 


go         HISTOIRE    NATURELLE 

Rotzkolbe ,  en  Frauconie  et  en  Tliu- 


ringe. 


Kaulqiiappe,  en  Westplialie. 
Steinpicker^  Turzhull ,  dans  le  duché  de 

Schleswig  et  en  Danemarck. 
Steen-simpa  ,  Slagg-simpa  ,  en  Suède. 
Itekiodleck ,  Kamikitsoch  j  UgarangmiSf 

dans  le  Groenland. 
Govie  on  Gobichen ,  en  Hollande. 
Bullhead  ,  Call  ou  M'dliers-Thumb  ;  en 

Angleterre. 
Chabot  ,  en  France. 
Cabiirlant,  à  Toulouse. 
l\Iissuri,  en  Italie. 
Capo  grosso  ,  à  Home. 
Glausche ,  en  Esclavonie. 
Glonnaez  ,  en  Pologne. 
Schirokalopka  et  Pisdaba ,  dans  Ta  Si- 
bérie. 

Salvian  ,  qui  décrit  d'ailleurs  notre 
poisson  assez  exactement,  lui  attribue 
mal  à  propos  des  écailles. 

Gronov  le  rapporte  faussement   à 
deux  espèces  différentes. 


DU     C  AT  APH  Pc  A  C  T  E.      9I 
Frisch  se  trompe  ,  en    pensant  que 
le  gobius  paganellus  des  ichtliyologistes 
est  notre  poisson. 

LE     CATAPHRACTE, 

COTTUS    CAT  APHRACTVS. 

La  forme  octogone  du  corps  dis- 
tingue ce  poisson  de  toutes  les  autres 
espèces  de  ce  genre.  On  trouve  six 
rayons  à  la  membrane  des  ouies 
quinze  aux  nageoires  de  la  poitrine 
trois  à  celles  du  ventre  ,  six  à  celle  de 
l'anus,  dix  à  la  queue,  cinq  à  la  pre- 
mière nageoire  du  dos  ^  et  sept  à  la  se- 
conde. 

La  forme  de  ce  poisson  et  les  bou- 
cliers qui  le  couvrent,  le  rendent  très- 
remarquabie.  La  tête  est  large  ,  appla- 
tie  par  en  bas ,  garnie  au  -  dessus  de 
pointes ,  et  au  -  dessous  de  barbillons  • 
le  tronc  diminue  insensiblement  en 
allant  vers  la  queue  ,  et  au  lieu  d'é- 
cailles  ,  il  est  couvert  de  boucliers  \  la 


92         HISTOIRE   NATURELLE 
mâchoire  supérieiire  avance  sur  l'in- 
férieure :  toutes  deux  ,  aussi  bien  que 
]e  palais,  sont  armées  de  plusieurs  ran- 
gées de  petites  dents  pointues.  L'ou- 
verture de  la  bouclie  est  en  dessous  ; 
elle  est  de  moyenne  grandeur   et  en 
forme  de  croissant.  La  langue  est  large 
et  mince;  la  partie  supérieure  de  la 
'  tête  est  couverte  par  un  massif  osseux, 
qui  a  des  deux  côtés  et  en  Laut  des  élé- 
vations pointues  et  des  enfohcemens. 
Les  quatre  pointes  qui  avancent  vers 
le  museau ,  et  qui  forment  deux  éclian- 
crures  en  forme  de  croissant ,  donnent 
sur-tout  à  ce  poisson  un  aspect  singu- 
lier :  à  côté  de  ces  pointes ,  on  apper- 
çoit  les  narines  en  forme  de  tuyaux. 
Les  yeux  sont  ronds  et  placés  aux  cô- 
tés ;  la  prunelle  est   noire ,   et  l'iris 
jaune  ;  l'opercule  des  ouies  consiste  en 
une  seule  lame ,  et  leur  ouverture  est 
large.  On  voit  aux  deux  mâchoires  plu- 
sieurs barbillons  rangés  en  six  rangs 
courbes.  Les  boucliers  qui  couvrent  le 


DU     C  A  T  A  P  H  R  A  C  T  E.      93 
tronc  sont  osseux  :  ils  finissent  par  en 
haut  en  pointe  courbée  ,  sont  rayon- 
nes par  en  bas,  et  s'emboîtent  les  uns 
dans  les  autres.  Ils  sont  placés  en  lon- 
gueur ,  en  huit  rangées,  et  sont  la  cause 
de  la  forme  octogone  de  ce   poisson. 
Quand  on  considère  ces  boucliers  avec 
une  loupe,  ils  paroissent  semblables  à 
ceux  de  l'esturgeon  :  le  dos  est  brun 
comme  les  côtés,  et  garni  de  trois  ou 
quatre  taches  noires  ;    le   ventre   est 
large  et  blanc,  l'anus  est  placé  à  peu  de 
distance  des  nageoires  ventrales  ,   et 
par  conséquent  beaucoup  plus  près  de 
la  tête  que  de  la  nageoire  de  la  queue. 
La   ligne  latérale  parcourt  le  milieu 
du  corps  dans  toute  sa  longueur  ,  dans 
une  direction  droite  ;  la  nageoire  de  la 
poitrine  est  grande ,  ronde ,  d'un  blanc- 
grisâtre  ,  et  parsemée  de  petites  taches 
noires  -,  les  nageoires  du  ventre  sont 
étroites  et  longues  ;  la  nageoire  de  l'a- 
nus ,  qui  est  fort  éloignée  de  la  queue 
est  placée  vis-à-vis  de  la  seconde  na- 
Poissons.  II.  Q 


^4  HISTOIRE  NATURELLE 
geoire  dorsale,  et  le  fond  en  est  noir. 
La  nageoire  de  la  queue  a  une  forme 
ronde  et  des  rayons  à  plusieurs  bran- 
ches -,  les  nageoires  du  dos  sont  grises  , 
garnies  de  taclies  noires  et  carrées  ;  les 
rayons  de  la  première  nageoire  avan- 
cent en  pointes. 

Ce  poisson  ne  parvient  qu'à  la  lon- 
'  gueur  de  six  pouces.  Il  se  tient  ordi- 
nairement  dans   le    sable  ,  entre    les 
pierres.    On   le   trouve   dans  l'Océan 
septentrional ,   en  Groenland  ,   en  Is- 
lande ,  en  Angleterre  ,  en  Hollande  , 
dans  la  mer  du   Nord,   sur-tout  aux 
embouchures  de  l'Elbe  et  de  rE3^der  , 
dans  la  mer  Baltique  et  dans  la  Pêne 
en  Poméranie  suédoise.  11  se  nourrit 
d'insectes  aquatiques  et    sur  tout  du 
S^rangoii ,  cancer  s^rano^on.  On  le  prend 
dans  des  filets   dans  le    même   temps 
que  l'aigrefin.  On  lui  coupe  la  tête,  et 
on  le  dépouille  de  sa  couverture  avant 
que  de  l'accommoder.  On    le   trouve 
fort  bon  dans  la  plupart  des  pays  où 


D  V  C  A  T  A  P  II  Pc  A  C  T  K.  g') 
on  le  pêche  ;  mais  les  Grocnlandais  no 
sanroient  le  souffrir. 

Le  cataphractc  fraie  en  mai  ,  et  dé- 
pose ses  œufs  entre  les  pierres  près  du 


riva^re. 


Les  parties  intérieures  de  ce  poisson 

sont  comme  dans  le  précédent. 

Ce  poisson  est  connu  sous  différens 

noms.  On  le  nomme  : 

Cepanzerte  Grappe  ,  en  Allemagne. 

Steinpicker ,  ]\Iiller ,  TursshuU  ,  à  Ham- 
bourg et  dans  le  Holslein. 

Botn-Tiius  et  Bensimpa ,  en  Suède. 

Kaniovdluck  ,    K aniornack  ,     dans    le 
Groenland. 

Sexrœnding ,  en  Islande. 

Botn-mus  ,   en  Danemarck. 

Harnas-mannetje y  en  Hollande. 

Pogge  ,Armed  Bnlhead  ^  en  Angleterre. 

Pogge  et  Cataphracte ,  en  France. 
Charlelon  prend  notre  poisson  pour 

«ne  espèce  d'esturgeon.  Il  en    diffère 

cependant   en  ce  que  celui-ci  est  du 

nombre  des  poissons  cartilagineux  j  au 


9^         HISTOIRE   NATURELLE 

lieu  que  le  nôtre   est  du  nombre  des 
osseux. 

Klein  met  dans  la  troisième  espèce 
de  ses  poissons  maillés  ,  un  poisson  de 
la  Baltique,  qui  n'a  qu'une  nageoire 
dorsale  et  aucune  nageoire  ventrale. 
Quand  on   compare   son  dessin   avec 
notre  cataphracte  ,  on  voit  qu'il  res- 
semble entièrement  à  sa  première  es- 
pèce ,  c'est-à-dire  à  la  nôtre  ,  si  l'on 
en  excepte  qu'il  n'a  point  de  nageoire 
ventrale.  De  sorte  que  je  ne  saurois 
m'empêcher   d'approuver  Gronov  ,  à 
qui  le  poisson  de  Klein  paroît  suspect. 
Cependant  c'est  cet  écrivain  qui  a  re- 
marqué le  premier  que  ce  poisson  est 
aussi  un  habitant  de  la  Baltique. 

LE   SCORPION    DE   MER, 

C  O  T  T  U  s     S  C  OR  P  I  0. 

L'avancement  de  la  mâchoire 
supérieure  ,  et  les  rayons  indivis  à  la 
nageoire  de  la  poitrine ,   dislingjicnt 


DU  SCORPION  DE  MER.  97 
ce  poisson  des  autres  poissons  de  son 
espèce.  On  trouve  six  rayons  à  la 
membrane  des  ouies ,  dix-sept  à  la  na- 
geoire pectorale,  trois  à  celle  du  ven- 
tre ,  douze  à  celle  de  l'anus  ,dix-buit 
à  la  queue  ,  dix  à  la  première  nageoire 
dorsale  ,  et  seize  à  la  seconde. 

Plusieurs  bosses  finissant  en  pointes, 
les  piquans  et  les  os  des  joues,  don- 
nent à  ce  poisson  une  forme  polygone 
et  un  aspect  affreux.  Deux  de  ces  pi- 
quans sont  placés  devant  les  yeux  : 
ils  sont  mobiles  ;  mais  il  y  en  a  trois 
ou  quatre  de  cliaque  côté  qui  sont  im- 
mobiles. L'ouverture  de  la  bouche  est 
très-grande.  Les  mâchoires  ,  que  le 
poisson  peut  avancer  et  reculer  à  son 
gré  ,  sont  armées,  aussi  bien  que  le 
palais  ,  d'une  quantité  de  dents  poin- 
tues. Les  os  des  joues  sont  fort  laiges, 
La  langue  est  courte  ,  épaisse  et  dure. 
On  voit  au  palais  deux  os  longs  ,  rudes  , 
en  forme  de  lime.  Les  narines  sont 
simples ,  petites  et  placées  à  peu  de 


98         HISTOIRE    NATURKLLE 
distance  des  yeux.  Les  yenx  sont  pla- 
cés  au  sommet  de    la  tête  -,    ils  sont 
grands  ,  en  losange  ,  et  ont  la  prunelle 
noire  ,  entourée  d'un  iris  d'un  blanc 
jaune.    Les    os   des  orbites    avancent 
beaucoup  par  en  haut ,  et  forment  uti 
sillon  qui  va  jusqu'au  dos.  Les  joues 
sont  applalies  ;    l'opercule    des  ouies 
consiste  en  deux  lames  j    l'ouverture 
des  ouies  est  large ,  et  leur  membrane 
est  garnie  de  larges  rayons  osseux.  Le 
fond  de  la  tête   et  du  dos  sont  d'un 
brun  noir,   interrompu  par  plusieurs 
points  et   taches  noires.  Le  corps  s'a- 
mincit en  allant  vers  la  queue ,  et  an 
lieu  d'écaillés  ,  il  est  couvert  de  petits 
boucliers  pointus  ,  qui  le  rendent  rude 
au  toucher  :  les  boucliers  ou  verrues 
sont  moins  considérables  chez   les  fe- 
mehes  que  chez  les  mâles;  ce  qui  fait 
qu'on  les  touclie  beaucoup  plus  aisé- 
ment. Les  côtés  sont  applatis  ;  ils  sont 
bruns  au-dessus  de   la  ligne  latérale  , 
et  d'un  blanc  marbré  au-dessous.  Cette 


DV  SCORPION  DE  MER.  99 
ligne  est  droite  et  plus  près  du  dos  que 
du  ventre.  Le  venlre  est  gros  ;  large  , 
blanc  dans  les  femelles  ,  jaune  dans 
les  mâles  avec  des  taclies  blanches. 
Selon  M.  Tonning,  ces  deri\iers  doi- 
vent avoir  le  ventre  si  jaune,  qu'il 
brille  comme  de  l'or.  Dans  îes  mâles  , 
les  nageoires  de  la  poitrine  sont  aussi 
plus  grandes  que  dans  les  femelles  , 
de  sorte  qu'on  peut  distinguer  aisément 
les  deux  sexes  dès  la  première  vue* 
L'anus  est  situé  au  milieu  du  ventre. 
Les  rayons  des  nageoires  de  la  poitrine 
sont  mous  aux  extrémités  et  d'un 
jaune  d'orange.  Les  nageoires  du  ven- 
tre sont  longues  ;  celle  de  la  queue  est 
ronde  :  elles  sont  toutes  à  raies  blan- 
ches et  noire.î  dans  les  femelles  ;  mais 
dans  les  mâles  les  nageoires  du  ventro 
sont  d'un  rouge  incarnat  et  tachetées 
de  blanc.  Les  rayons  sont  simples , 
excepté  ceux  de  la  queue  qui  sont 
fourchus. 

On  trouve  ce  poisson  dans  la  Bal- 


lOO  HISTOIRE  NATURELLE 
tique,  dans  les  mers  du  Nord  et  de 
l'Amérique  ,  sur-tout  sur  les  côtes  de 
Groenland  ,  sur  celles  de  Neufound- 
land  et  de  Sibérie.  Il  s'y  tient  ordi- 
nairement en  quantité  dans  les  fonds  , 
et  ne  vient  en  haut  que  lorsqu'il  est 
pressé  par  la  faim  et  qu'il  cherche  sa 
proie.  Celui  dont  je  donne  ici  le  dessin , 
m'a  été  envoyé  par  M.  Gœden  de  Hu- 
genwalde,  sous  le  nom  de  seemurre  ou 
kurrhan  :  dénominations  tirées  du  bruit 
qu'il  fait  quand  on  le  presse  dans  la 
main.  Cet  habile  observateur  m'apprit 
en  même  temps  ^qu^alorsil  ouvroit  la 
bouche  jusqu'à  la  déchirer  ,  qu'il  élen- 
doit  ses  nageoires  ,  et  faisoit  dans  la 
main  un  mouvement  tremblant.  Le 
scorpion  de  mer  nage  très-prompt e- 
ment  ;  ce  qu'il  fait  sur-tout  par  le 
moyen  de  ses  grandes  nageoires  pec- 
torales. Dans  nos  contrées ,  il  n'a 
guère  plus  d'un  pied  de  long  ;  mais  en 
Norvv^ège ,  on  en  trouve  qui  ont  deux 
brasses. 


DU    SCORPION    DE    MER.       101 
On  ne  mange  pas  ce  poisson  dans  nos 
contrées  •,   on  le  donne   aux  cochons  : 
peut-être   par    un   préjugé    qui    lait 
croire  qu'il  est  venimeux.  Cette  opi- 
nion vient  sans  doute    de  ce  que   la 
piqûre    de     ses    pointes  a  été  dange- 
reuse dans    certains  cas.   En    Dane- 
marck  ,  où  il  passe  pour  indigeste  ,  il 
n'y  a  que  les  pauvres  qui  le  mangent  : 
cependant   on   croit  en  même   temps 
que  sa  chair    est    un  remède  efficace 
contre  les  maladies  de    la  vessie  uri- 
naire.  En  Nor^vège,  on  ne  fait  usage 
que  du  foie  ,   avec  lequel  on  fait  de 
l'huile,  LesGroenlandais  au  contraire, 
le  trouvent  fort  ton,  et  le  donnent 
à  leurs  malades  comme  une  nourriture 
très-saine.    On   le    mange    chez    eux 
bouilli  ,   sec  ,  et  quelques-uns  le  man- 
gent même  cru  :  ils  se  nourrissent  aussi 
de  ses  oeufs.  On  voit  par-là  combien 
les  goûts   et  les  préjugés  des   nations 
sont  souvent  contraires  et  contradic- 
toires. 


102      HISTOIRE    NATURELLE 

En  été,  ce  poisson  cherche  les  côte€; 
mais  en  hiver  ,  il  s'enfonce  dans  les 
profondeurs  de  la  mer.  Il  est  vif  et 
liardi  ;  mais  sa  voracité  le  rend  im- 
prudent ;  ce  qui  fait  qu'on  le  prend 
aisément  à  la  ligne.  Il  est  fort  rapace 
et  sait  s'emparer  même  des  poissons 
qui  sont  plus  gros  que  lui.  Il  poursuit 
sur-tout  les  perce-pierres  ,  bUnniiis  , 
les  petits  saumons  et  les  harengs.  En 
général  ,  il  n'épargne  aucun  poisson  , 
et  mange  aussi  l'écrevisse  maillée.  On 
le  prend  aisément  avec  le  dorse  et  les 
autres  poissons  de  mer,  parce  qu'il  les 
poursuit  jusque  dans  les  filets.  Il  fraie 
en  décembre  et  janvier,  et  dépose  ses 
oeufs  parmi  l'algue. 

L'oesophage  est  large  et  garni  de 
plusieurs  plis  ;  l'estomac  est  long,  et 
le  canal  intestinal  ne  commence  pas 
en  bas  ,  mais  au  milieu  ;  il  n'a  qu'une 
sinuosité.  On  trouve  quatre  appen- 
dices au  commencement  de  ce  canal 
al  j'y  ai  ti  ouvé  le  vci  nommé  V échine. 


DU    SCORPIOX    DE    MER.      lo3 

Le  foie  est  grand  ,  et  consiste  en  deux 
morceaux,  l'un  grand,  Tautrc  petit, 
La  laite  et  l'ovaire  sont  doubles  ;  les 
rognons  sont  placés  des  deux  côtés  do 
l'épine  du  dos  ,  et  se  terminent  par 
une  large  vessie  ,  qui  a  son  ouverture 
derrière  le  trou  ombilical.  On  trouve 
dix  côtes  de  chaque  côté  du  ventre  , 
et  trente-cinq  vertèbres  à  l'épine  du 
dos. 

Ce  poisson  est  connu  sous  différens 
noms.  On  le  nomme  : 

Wallkutze  ,  Knurpage  ,  à  Hambourg. 

JVtilk ,  dans  le  Holstein. 

Bulosse  ,  dans  le  Dittmarc. 

Sturre  ,   à  Heiligeland. 

Seemurre ,  Knurrhahn  et  KurJiahn  ,  en 

Poméranie. 
Rot-Simpa ,  Skrahha  .,  SUœlrita,  Ulka  , 

Pinul'a  ,  en  Suède. 
K  iohenhavns  ,    Torsk  ,    Fiske  -  Simpe  , 

Vid  -  Kieft  ,    Soë  -  Scorpion  ,    Mar- 

Vlke ,   en  Norwège. 


T04      HISTOIRE   NATURELLE 

Kaniock ,  Kaniuinack  :  on   appelle  en 
particulier  le  mâle  K'wake  ,  Milek- 
tursok  ,    et  la  femelle  Nariksok ,   en 
Groenland. 
Donerkrote ,  en  Livonie. 
Donder-Pad,  en  Hollande. 
Posthoofdt  et  Potshoofdt  ,  en  Flandre. 
Father-Lascher    et   Scorpion-Fish  ,   en 

Angleterre. 
Scolping ,  à  Neufoundland. 
Lo  Scorpione  ,  en  Italie. 
Scorpion  dc^  mer,  en  France. 
Kamtcha  ,   en  Sibérie. 

Je  trouve  dans  Aldrovand  le  premier 
dessin  du  scorpion  de  mer:  il  le  donna 
en  161 3  ;  mais  il  n'en  parle  qu'en  peu 
de  mots  ,  et  comme  une  variété  du 
scorpion  marin  de  Bellon.  Quelque 
temps  après  ,  Sclioneveld  le  décrivit 
sous  le  nom  de  scorpion  de  mer.  Wil- 
lughby  en  donna  ensuite  une  descrip- 
tion plus  exacte  ,  comme  d'un  poisson 
semblable  au  scorpion  de  Bellon  ;  puis 
comme  unpoissonde  la  Virginie.  Ray, 


DU    SCORPION    DE    MER.       105 

son  fidèle  copiste  ,   les  regarda  aussi 
comme  deux  espèces  diiTérentes. 

Artédi  ,  Linné  et  Pennant ,  d'après 
Willughby  ,  regardent  notre  scorpion 
et  celui  de  Bellon  comme  le  même 
poisson.  Mais  ils  ont  des  différences 
bien  sensibles.  Car,  1°.  la  figure  que 
donne  Bellon  n'a  qu'une  nageoire  dor- 
sale ;  2^.  son  corps  est  couvert  d'é- 
cailles  ,  au  lieu  que  le  nôtre  rJen  a 
point  du  tout. 

Klein  regarde  les  nageoires  ven- 
trales de  ce  poisson  comme  des  bar- 
billons ;  et  comme  elles  manquoient  à 
un  poissson  ,  peut-être  par  la  iTjême 
raison  que  dans  le  précédent ,  il  le  re- 
garda comme  une  variété  ,  et  en  donna 
deux  dessins.  Selon  lui,  ces  poissons 
doivent  pousser  un  cri  à  l'approche 
des  tempêtes  ;  mais  selon  toute  appa- 
rence, ils  sont  aussi  muets  alors  que 
dans  tout  autre  temps.  Ce  son  vient 
de  la  sortie  subite  de  l'eau  dans  la 
bouche  et  de  l'air  dansla  vessie  aérien-r 

Poissons.  II,  lo 


loS      HISTOIRE   NATURELLE 

ne  ,  qui  sont  l'efiPet  d'un  retirement 
subit    du  corps.  Nous  remarquons  ce 
son  dans  plusieurs  poissons,   tels  que 
la  loche  de  marais ,  les  coqs  de  mer,  la 
dorée  ,    &.c.   On  voit  que  ce   que   j'ai 
rapporté  est  la  véritable  cause  de  ce 
bruit  ,  parce  que  ce  poisson  ne  peut 
le  faire  qu'une  seule  fois  ,  à  moins  qu'il 
ne  soit    remis  dans  l'eau  ;    du   moins 
cela  arriva-t-il  ainsi  à  la  loche  de  ma^ 
rais  ,  sur  laquelle  j'ai  fait  diverses  ex- 
périences. C'est  sans  doute  le  retire- 
ment subit  du  poisson  qui  cause  à  la 
main  le   tremblement  dont  j'ai  parlé 
plus  haut. 

LE    CHABOT   DE  L'INDE, 

C  OTT  U  s      M  0  N  0  P  T  E  R  r  G  I  U  S. 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres 
chabots  par  sa  nageoire  unique  au  dos. 
On  compte  six  rayons  à  la  membrane 
desouies,  neuf  à  la  nageoire  de  la  poi- 
trine, deux  à  celle  du  ventre ,  cinq  à 


DU  CHABOT  DE  L'INDE.  T07 
celle  de  l'anus  ,  autant  à  celle  du  dos , 
et  six  à  celle  de  la  queue. 

Le  corps  est  étroit ,  alongé ,  octogone. 
La  tête  est  tronquée  par- devant.  La 
mâclioire  supérieure  qui  avance  sur 
l'inférieure  ,  est  pourvue  comme  dans 
le  calaphracte ,  cottus  cataphractus  ^  de 
deux  aiguillons  courbés  eu  arrière.  Les 
yeux  sont  grands  ,  ont  une  prunelle 
noire ,  un  iris  argentin.  Entre  la  bouche 
et  les  yeux,  on  remarque  deux  petites 
ouvertures.  L'opercule  des  ouics  con- 
siste en  une  seule  plaque  ;  l'ouverture 
des  ouies  est  large  ,  et  la  membrane 
branchiale  est  située  sous  la  gueule.  Le 
tronc  est  large  par-devant,  se  rétrécit 
en  arrière  jusque  vers  la  nageoire  de 
la  queue,  et  est  composé  de  boucliers 
octogones.  Chaque  bouclier  consiste  en 
huit  plaques  angulaires,  rayonaées  et 
de  la  nature  de  la  corne.  La  jointure  de 
ces  boucliers  donne  au  poisson  une 
forme  octogone.  Au  dos  ,  on  remarque 
un  sillon  large  qui  commence  entre  les 


108  HISTOIRE  NATURELLE 
yeux  ,  et  se  termine  vers  la  nageoire 
de  l'anus.  Le  ventre  est  court ,  et  l'anus 
se  trouve  près  de  la  tête.  Derrière  l'a- 
nus ,  on  voit  aussi  un  sillon  qui  s'étend 
jusqu'à  la  lin  de  la  nageoire  du  même 
nom.  La  partie  du  tronc  qu'on  nomme 
queue ,  est  sexagonej  le  fond  de  la  cou- 
leur est  brun  au  dos ,  gris  aux  côtés.  Les 
derniers  sont  ornés  de  points  bruns  et 
de  bandes  de  la  même  couleur.  Le  ven- 
tre est  taclieté  de  blanc.  Toutes  les  na- 
geoires sont  grises  ;  celles  de  la  poi- 
trine tachetées  de  brun. 

Ce  poisson  habite  les  Indes  orien- 
tales. Sa  nourriture  consiste  en  petites 
écrevisses  et  jeunes  polypes.  Comme  il 
apeude  chair,  on  ne  s'en  sert  que  pour 
appâter  les  lignes. 

LE    GRONDEUR. 

COTTUS    GRU  N  N  lENS. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  son  corps 
lisse ,  et  au  grand  nombre  de  barbillons 


j'om  y/. 


Paae  /o8 . 


1  Li:  ClIAlîOT  ruAc.^i.l.K  Ql'ADRlCORTSK 
3.1-E   (tHONDKT  R. 


^ji'i^.l^ ',*i.^'^^.    L^ii'X    U -Jt 


SA 


DU  GRONDEUR.  1 09 
qui  se  trouvent  sous  la  gueule.  On. 
compte  six  rayons  à  la  membrane  des 
ouies ,  vingt-deux  à  la  nageoire  de  la 
poitrine ,  quatre  à  celle  du  ventre,  seize 
à  celle  de  l'anus ,  onze  à  celle  de  la 
queue ,  trois  à  la  première  du  dos,  et 
vingt  à  la  seconde. 

La  têle  est  de  moyenne  grosseur,large 
et  applatie  du  haut  en  bas.  Le  tronc  est 
comprimé  des  deux  côtés.  L'ouverture 
de  la  bouche  est  très-grande.  Lalangue 
est  large  ,  et  le  palais  lisse.  Des  deux 
mâchoires  ,  l'inférieure  est  la  plus  lon- 
gue. Les  lèvres  qui  sont  grosses,  ont 
deux  rangées  de  dents  pointues  ,  qui 
sont  recourbées  et  séparées  les  unes  des 
autres.  Outre  cela ,  chaque  mâchoire 
est  armée  d'une  rangée  de  dents  sem- 
blables. Non  loin  de  la  lèvre  supérieure, 
on  remarque  deux  barbillons  cylindri- 
ques, et  deux  petites  ouvertures  près 
des  yeux.  Ceux-ci  sont  petits ,  ont  une 
prunelle  noire  et  un  iris  rouge.  Au* 
dessus  des  yeux ,  on  voit  trois  filamens. 


ITO  HISTOIRE  NATURELLE 
L'opercule  des  ouies  consiste  en  une 
seule  plaque  ,  sur  laquelle  on  trouve 
quatre  piquans.  L'ouverture  des  ouies 
est  fort  large  ,  et  la  membrane  bran- 
chiale est  à  découvert.  Le  dos  et  la  tête 
sont  bruns;  les  côtés  blancs  et  marbrés 
de  brun.  Le  ventre  est  court,  et  l'anus 
se  trouve  presqu'au  milieu  du  corps. 
Les  nageoires  de  la  poitrine  et  du  ven- 
tre sont  rougeâtres,  et  les  autres  gri- 
ses. Elles  sont  toutes  tachetées  de  brun. 
Les  deux  premiers  rayons  des  nageoires 
dorsales  sont  forts  et  piquans ,  et  les 
autres,  ainsi  que  ceux  de  la  nageoire 
du  ventre,  sont  simples.  Les  rayons  des 
autres  nageoires  sont  ramifiés.  Quand 
on  examine  attentivement  ce  poisson, 
on  remarque  par  tout  le  corps  des 
pores,  d'où  il  suinte  une  humeur  vis- 
queuse qui  tient  lieu  d'écaillés. 

Nous  trouvons  ce  poisson  dans  les 
Indes  orientales  et  occidentales.  Nieu- 
holF  l'a  vu  dans  l'Orient ,  et  Marcgraf 
au  Brésil.  Je  ne  saurois  déterminer  sa 


DU     G  Tl  O  N  T)  E  U  R.        111 

grandeur.  Celui  que  je  possède  n'est  pas 
plus  lon^  que  le  dessin  que  j'en  donne. 
Sa  grande  bouclie  armée  annonce  qu'il 
est  du  nombre  des  poissons  voraces. 
Ainsi,  on  le  doit  prendre  facilement  à 
la  ligne  appâtée  avec  un  petit  poisson  , 
ou  avec  un  morceau  de  viande.  On  lui 
a  sans  doute  donné  le  nom  de  o^rondpur 
à  cause  qu'il  gronde  lorsqu'on  le  saisit. 
11  a  la  chair  blanche  ,  grasse  et  de  bon 
goût  :  cependant  on  croit  que  son  foie 
est  si  venimeux  ,  que  l'on  meurt  dès 
qu'on  en  a  mangé. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Brummer ,  en  Allemagne. 
Pietermann  et  Knorrhaan ,  en  Hollande. 
Grondeur  ,  en  France. 
Niqui ,  au  Brésil. 

Marcgraf  est  le  premier  qui  a  décrit 
notre  poisson  ;  mais  le  dessin  qu'il  en 
donne  est  très-mauvais.  Ceux  que  nous 
en  ont  donnés  Nieuhofl',  AVillughby  et 
Séba,  ne  valent  pas  mieux. 

Willughby  et  Ray  ont  décrit  notre 


112      HISTOIRE   NATURELLE 
poisson  dans  deux  endroits;  le  premier 
le  regarde  comme  une  espèce  de  vive. 

DansMarcgraf ,  je  trouve  un  poisson 
sous  le  nom  de  Pacam  ,  qui  paroit  être 
une  variété  du  nôtre. 

C'est  à  tort  que  Klein  refuse  les  dents 
à  notre  poisson. 

LE    QUADRÏCORNE, 

COTTUS    QUJDRIC  0  RNIS. 

Les  quatre  éminences  osseuses  que 
l'on  remarque  à  la  tête  ,  et  qui  ont  la 
forme  des  verrues  ou  tubercules,  sont 
les  signes  caractéristiques  de  ce  pois- 
son :  on  en  trouve  une  à  chaque  bord 
de  l'oeil  et  deux  sur  la  nuque.  On  compte 
six  rayons  à  la  membrane  des  ouies , 
seize  à  la  nageoire  de  la  poitrine ,  quatre 
à  celle  du  ventre ,  quatorze  à  celle  de 
l'anus  ,  dix  à  celle  de  la  queue  ,  huit  à 
la  première  du  dos ,  et  quatorze  à  la 
seconde. 

La  tête  est  grosse  et  applalie  par  en 


DU    QUADRICORNE.       Il3 
bas.  L'ouverture  de  la  bouche  est  large. 
Les  deux  mâchoires  sont  d'égale  lon- 
gueur, et  garnies  de  plusieurs  rangées 
de  petites  den  Is  pointues.  La  langue  est 
cartilagineuse,  épaisse  ,  large  et  unie. 
Au-devant  du  palais,  on  remarque  un 
os  avec  phisieurs  petites  dents.  Les  na- 
rines sont  simples  ,  cylindriques  ,  et  se 
trouvent  tout  près  des  yeux.  A  la  mâ- 
choire inférieure,  on  remarque  de  côté 
plusieurs  enfonccmens,  et  au  milieu 
deux  petites  pointes.  L'os  maxillaire 
est  terminé  par  trois  piquans,  et  l'o- 
percule des  oui  es  par  deux.  Les  yeux 
ont  une  prunelle  noire  entourée  d'un 
iris  jaunâtre.  Les  joues  sont  brunes,  et 
l'opercule  dcsouiesrougeâtre.  Le  tronc 
est  alongé  et  un  peu  applati  des  deux 
côtés.   Sur  la  ligne   latérale   qui   est 
droite ,  près  du  dos  et  parallèle  avec  lui , 
on  remarque   des  points  alongés.  Le 
dos  est  brun  ;  les  côtés  sont  jaunâtres  ; 
le  ventre  est  gris, large  et  saillant.  L'a- 
nus est  plus  près  de  la  nageoire  de  la 


îl4  HISTOIRE  NATURELLE 
queue  que  de  la  tête.  Au  lieu  d'écaillés, 
le  tronc  est  couvert  de  tubercules  rudes 
et  de  la  nature  de  la  corne  :  les  plus 
gros  forment  une  rangée  jusqu'à  l'ex- 
trémité de  la  première  nageoire  du 
dos;  et  de-là  jusqu'à  la  moitié  de  la 
seconde ,  la  rangée  est  double ,  d'où  elle 
n'en  forme  plus  qu'une  simple  jusque 
dans  la  nageoire  de  la  queue  :  les  côtés 
sont  aussi  garnis  de  petits  tubercules 
de  la  même  nature  :  les  nageoires  sont 
grandes;  leurs  rayons  saillans,  blancs  , 
simples  et  garnis  de  petits  tubercules; 
ceux  de  la  queue  seulement  sont  four- 
chus. La  membrane  intermédiaire  est 
grise ,  avec  une  bordure  noire  ,  et  celle 
des  nageoires  pectorales  offre  à  l'ex- 
trémité des  tacbes  blanches  en  forme 
de  croissant.  Les  nageoires  ventrales 
et  les  premiers  rayons  des  nageoires 
pectorales  sont  rouges. 

Il  paroît  que  ce  poisson  n'habite  que 
la  mer  Baltique  ,  où  on  le  trouve  vers 
les  bords ,  et  dans  quelques   embou- 


DU    QUADRTCORNE.       n5 

cîiures  de  fleuves  ,  où.  l'eau  de  la  mer 
est  adoucie  par  le  mélange  des  eaux 
douces.  Il  parvient  à  la  longueur  de  dix 
à  douze  pouces  ,  et  nage  très-rapide- 
ment ,  par  le  moyen  de  ses  grandes 
nageoires.  Celui  dont  je  donne  ici  le 
dessin,  m'a  été  envoyé  de  Strablsuncl 
par  M.  Kayser  ,  chirurgien  de  la  cour. 
On  le  prend  en  quantité  au  printemps 
dans  le  Dlino  en  Livonie  ,  et  près  de 
UaleroAV  en  Suède.  On  se  sert  pour 
cela  de  filets  :  mais  comme  sa  chair  est 
maigre  et  dure  ,  il  n'y  a  que  le  peuple 
qui  le  mange.  Le  principal  usage  que 
l'on  en  fasse,  c'est  d'en  faire  un  appât 
pour  prendre  les  autres  poissons.  Il 
fraie  en  décembre  et  janvier,  et  dépose 
entre  les  herbages  ses  œufs ,  qui  sont 
petits  et  blanchâtres.  Il  se  nourrit  sur- 
tout de  petits  coquillages  ,  d'escargots 
et  d'écrevisses  :  d'ailleurs,  il  a  la  har- 
diesse d'attaquer  aussi  des  poissons 
d'une  grosseur  considérable. 

Le  foie  est  simple  ,  et  placé  sur  l'es- 


Il6       HISTOIRE   NATURELLE 
tomac  sous  le  cliaDÎira«înie.  L'eslomac 

L  D 

est  large  et  a  la  membrane  épaisse.  An 
milieu  de  ce  dernier  commence  le  ca- 
nal des  intestins  ,  qui  a  deux  sinuosités 
et  quatre  appendices  au  commence- 
ment. Je  n'y  ai  remarqué  ni  vésicule 
aérienne  ,  ni  laite ,  ni  ovaire.  Les  reins 
sont  étroits  et  courts  ,  et  enfermés 
dans  une  membrane  particulière.  On 
trouve  quarante  vertèbres  à  l'épine 
du  dos. 

Ce  poisson  est  connu  sous  différent 
noms.  On  le  nomme  : 
Seebolle  ,  Seebulle  ,  en  Allemagne.      ^ 
Meerochs  ,  Meerbulle ,  Meerasche  ,   en 

Livonie. 
Jurewersch  ,  chez  les  Lettes. 
Meereharg ,  en  Estonie. 
Horn-Simpa  j  en  Suède. 
Quadricorne ,  en  France. 
Pûdkamenschik ,  en  Russie. 


DES     PLATYSTES.       Il/ 


XXV^    GENRE. 


DES    PLATYSTES 

EN     GÉNÉRAL, 
PLATYCEPHALUS.  ^ 

Caractère  générique.  Le  corps  plat ,  les 
ventrales  très- distantes. 

Le  corps  très-plat ,  et  les  nageoires  du 
ventre  fort  éloignées  l'une  de  l'autre  , 
font  le  caractère  distinctif  de  ce  genre. 

Outre  ces  marques  ,  qui  lui  servent 
de  caractère  ,  on  lui  trouve  encore  les 
suivantes  : 

1°.  Les  nageoires  du  ventre  sont 
placées  bien  loin  derrière  celles  de  la 
poitrine. 

2®.  Le  tronc  et  la  tête,  jusqu'au- 

Poissons.  II.  li 


HISTOIRE    NATURELLE 
delà  des  j'-eux ,  sont  couverts  de  petites 
écailles  dures. 

Jusqu'ici  ce  genre  ne  consiste  encore 
qu'en  deux  espèces ,  dont  Linné  a  rangé 
l'une  dans  la  classe  des  Jugulaires ,  et 
l'autre ,  dans  celle  des  Tlioracliiques. 

LA     PELLE, 

PLATYCEPHALUS    SP  AT  H  ULA, 

Cette  espèce-ci  se  distingue  de  la 
suivante  ,  i'^.  par  la  tête  large  et  plus 
arrondie  j  2^ .  par  la  ligne  latérale  sans 
pointes. 

La  membrane  branchiale  contient 
sept  rayons  ;  la  nageoire  pectorale  en 
contient  vingt ,  celle  du  ventre  ,  six  , 
celle  de  l'anus  ,  treize  ,  et  autant  celle 
de  la  queue;  la  première  dorsale ,  sept, 
et  la  seconde ,  treize. 

Outre  ces  marques-ci  ,  cette  espèce 
se  distingue  encore  de  l'autre,  i*^.  par 
la  couleur  uniforme  ;  2*^.  par  la  ligne 
latérale  placée  plus  près  du  ventre  j 


DE     LA     PELLE.         II9 

et  3°.  en  ce  qu'elle  a  moins  de  pointes 
à  la  tête. 

Mais  les  poissons  de  ce  genre-ci  ont 
îes  marques  suivantes  ,  communes 
avec  ceux  de  l'autre  genre  : 

1°.  De  petites  écailles,  dures  et  den- 
telées ; 

2°.  Un  aiguillon  à  deux  pointes  ,  à 
l'opercule  de  devant; 

3°,  Un  aiguillon  à  pointe  simple  ,  à 
l'opercule  de  derrière  ; 

4^.  L'ouverture  branchiale  fort 
large  ; 

5^.  Une  membrane  branchiale  libre 
au  côté  inférieur  ; 

6^.  Une  langue  très -fine  et  fort 
large  ; 

7*^.  Et  une  rangée  de  petites  dents 
de  chaque  côté  au  palais. 

Les  mâchoires  sont  raboteuses ,  et 
l'inférieure  avance  sur  la  supérieure. 
Les  narines  sont  simples  ;  les  yeux 
ovales  et  verticaux.  Des  plis  longs  et 
étroits  s'étendent  le  long  de  la  tête. 


120       HISTOIRE    NATURELLE 

Dans  les  deux  genres ,  le  bec  est  dé- 
nué d'écaillés  j 

L'anus  est  au  milieu  du  corps  ; 
I>a  première  dorsale  n'a  que  des  pi- 
quans  ; 

La  seconde  dorsale  et  la  ventrale 
n'ont  que  le  premier  rayon  piquant. 

J'ai  reçu  ces  deux  exemplaires  de 
M.  John  de  Tranquebar.  C'est  le  Cal- 
lyoninius  indicus  de  Linné  que  je  range 
ici  dans  ce  genre ,  parce  que  sa  descrip- 
tion répond  exactement  à  ce  poisson. 

Il  est  aisé  à  croire  que  Linné  n'aura 
pas  voulu ,  en  dépit  de  son  système  , 
ranger  un  lliorachique  parmi  les  jugu- 
laires ;  mais  vu  les  immenses  travaux 
dont  ce  grand  homme  s'étoit  chargé  , 
il  étoit  bien  possible  qu'il  ne  remarquât 
pas  le  siège  de  ces  nageoires. 

Je  reviens  à  présent  à  nos  deux  pre- 
miers poissons.  Leur  corps  plat ,  et  le 
siège  des  ventrales ,  qui  distinguent  ces 
poissons  des  autres  jugulaires  ,  m'au- 
torisent à  en  faire  un  genre  particulier. 


DU    PLATISTE    RUD^l.    121 
Le  dernier ,  que  les  Allemancis  nom- 
ment Schaufeikopf,se  nomme  en  fran- 
çais ,  Pelle  ;  et  en  anglais ,  Shovel. 

LE   PLATYSTE  RUDE, 

P  L  ATY  C  EPH  A  LU  s     SCABZR. 

La  ligne  latérale  garnie  d'aiguillons , 
est  un  caractère  suffisant  pour  distin- 
guer ce  poisson  des  autres  du  même 
genre.  On  trouve  sept  rayons  à  la  mem- 
brane des  ouies,  dix-huit  à  la  nageoire 
de  la  poitrine,  six  à  celle  du  yentre, 
douze  à  celle  de  l'anus  ,  seize  à  celle  de 
lu  queue  ,  huit  à  la  première  du  dos  ,  et 
douze  à  la  seconde. 

La  tête  est  oblongue ,  applatie  du. 
haut  en  bas,  et  garnie  de  quatre  ran- 
gées d'aiguillons.  L'ouverture  de  la 
bouche  est  grande. Des  deux  mâchoires, 
l'inférieure  est  la  plus  longue  :  l'une  et 
l'autre  sont  garnies  de  petites  dents 
aiguës ,  égales  et  immobiles.  La  langue 
est  lisse  ,  large  et  mince.  Le  palais  e*t 


122  HISTOIRE  NATURELLE 
denticuîé  et  a  des  osselets  rudes.  Non 
loin  des  yeux  ,  on  remarque  deux  pe- 
tites ouvertures.  Les  yeux  qui  sont 
près  du  sommet  ,  sont  oblongs  et  rap- 
prochés l'un  de  Fautre  -,  ils  ont  une  pru- 
nelle noire  entourée  d'un  iris  argen- 
tin. Les  côtés  sont  couverts  de  petites 
écailles  dentelées.  L'opercule  des  ouics 
consiste  en  deux  plaques  ;  l'ouverture 
des  ouies  est  large  ,  et  la  membrane 
branchiale  est  àdemi-nue,  et  se  trouve 
presque  sous  la  gueule.  Le  tronc  est  un 
peu  conique  ;  le  venlre  convexe  et  la 
queue  comprimée.  La  ligne  latérale  est 
parallèle  au  dos  et  a  une  direction  assez 
droite.  Le  dos  est  bleuâtre  -,  les  côtés  et 
îe  ventre  sont  d'une  couleur  argentine. 
Les  écailles  sont  petites  ,  dures  ,  den- 
telées et  attachées  fortement  à  la  peau. 
Le  tronc  est  entouré  de  six  bandes 
d'un  brun  rougeâtre  ;  ce  qui  donne  un 
aspect  charmant  au  poisson.  Le  ventre 
est  de  moyenne  longueur  ,  et  l'anus  se 
trouve  presqu'au  milieu  du  corps.  Les 


DU    PLATYSTE   RUDE.      123 

nageoires  de  la  poi  trine  qui  sont  coiirles 
et  larges  ,ont  le  fond  jaune  ,  les  rayons 
bigarrés  et  fourclius  à  leurs  extrémi- 
tés. Les  nageoires  ventrales  sont  lon- 
gues ,  bleuâtres ,  ornées  de  trois  bandes 
jaunes  ,  et  ont  des  rayons  à  plusieurs 
branches.  La  première  nageoire  du  dos 
est  d'un  brun  violet,  et  ses  rayons  sont 
simples  et  piquans.  Les  autres  na- 
geoires sont  bleuâtres  et  ont  des  rayons 
bigarrés  qui  sont  fourchus  à  leurs  ex- 
trémités. 

Ce  poisson  habite  les  Indes  orien- 
tales. Je  l'ai  reçu  de  la  Hollande  par  un 
de  mes  amis.  Il  m'écrit  l'avoir  acheté 
d'un  capitaine  de  vaisseau  qui  l'avoit 
apporté  de  l'Orient.  Je  ne  saurois  dé- 
terminer la  grandeur  à  laquelle  il  par- 
vient. Des  trois  exemplaires  que  je  pos- 
sède ,  le  plus  grand  n'est  pas  plus  long 
que  le  dessin  que  j'en  donne  (i).  A  ses 
mâchoires  garnies  de  petites  dents  sem- 


(i)  Edit.  in- fol. 


124  HISTOIRE  NATURELLE 
blables  à  celles  d'une  râpe ,  on  peut  ju- 
ger qu'il  vit  d'écrevisses  ,  de  homards 
et  de  coquillages.  On  le  prend  sans 
doute  aisément  à  la  ligne  lorsqu'elle 
est  appâtée  avec  un  de  ces  animaux. 
Les  Allemands  nomment  ce    poisson 

Stachellinie  et  Gabier. 
Les  Français  ,  Platyste  rude. 

C'est  à  Linné  que  nous  devons  la 
première  connoissance  de  notre  pois- 
son. Ce  naturaliste  dit  avoir  remarqué 
des  raies  sur  la  tête  ;  mais  ]e  n'ai  pu 
les  apperccvoir  dans  aucun  de  me^ 
exemplaires.  Jusqu'à  présent  nous  n'a- 
vons point  eu  de  dessin  de  ce  poisson. 
Les  aiguillons  qui  se  trouvent  à  la  tête 
et  à  la  ligne  latérale  de  notre  poisson , 
ont  ,  sans  doute  ,  donné  occasion  à 
Linné  de  le  nommer  Collus  scaher 
(Chabot  rude).  J'ai  dit  pourquoi  je  le 
rangeoia  dans  un  nouveau  genre. 


7b/?l      A' 


De<fetfe  f^el. 


J)civaita:    ifcuip  ■ 


i.LA  S(  OllPENE  Tolante.  a  .  I.E   CRAIÎK 
de  Biaii'its  .  ?t.\.A    SCORPÈNE. 


DU     DIABLE.  125 


XXV  r    GENRE. 


LA  SCORPENE  ou  RASCASSE, 

s  C  O RP  m  N  A. 

Caracûre  générique.  Des  barbillons  à  la 
tête  ,  une  seule  nageoire  au  dos. 

LE    DIABLE 

ou  CRAPAUD  DE  MER  DU  CROISIC , 

a  C  ORF  a  N  A     PORC  us. 

JiiES  petites  écailles  rudes  dont  le 
corps  est  garni ,  et  la  mâchoire  infé- 
rieure dépourvue  de  barbillons  ,  dis- 
tinguent ce  poisson  des  autres  de  ce 
genre.  On  compte  sept  rayons  à  la 
membrane  des  ouies ,  seize  à  la  na- 
geoire pectorale  ,six  à  celle  du  ventre, 


1:^6       HISTOIRE   NATURELLE 
huit  à  celle  de  l'anus  ,  autant  à  celle  de 
la  queue,  et  vingt-un  à  celle  du  dos. 

La  tête  est  grosse ,  Touverture  de  la 
Louche  large  ;  les  mâchoires  sont  gar- 
nies de  plusieurs  rangs  de  petites  dents 
pointues;  le  palais  est  rude  ,  la  langue 
courte  et  unie.  Les  narines  antérieures 
sont  placées  au  milieu  entre  l'ouver- 
ture de  la  bouche  et  les  yeux  ,  et  les 
narines  postérieures  se  trouvent  fort 
près  des  yeux.  Ceux  -  ci  sont  grands  , 
placés  sur  le  sommet  près  l'un  de  l'au- 
tre ,  et  ont  un  bord  saillant  ,  entre  le- 
quel se  trouve  un  sillon  :  la  prunelle 
noire  est  entourée  d'un  iris  rouge  et 
d'une  ligne  d'un  jaune  d'or.  On  ap- 
perçoit  beaucoup  de  piqnans  tant  sur 
les  os  maxillaires  que  sur  les  opercules 
des  ouies.  L'ouverture  des  ouies  est 
large,  et  la  membrane  branchiale  est 
soutenue  par  sept  rayons  courbes  ;  la 
ligne  latérale  règne  non  loin  du  dos  , 
dans  une  direction  droite  ^.  le  ventre 
est  long  ,  et  l'anus  plus  près  de  la  na- 


DU     DIABLE.  127 

geoîre  de  la  queue  que  de  la  tête.  Dans 
la  nageoire  dorsale  ,  qui  est  longue ,  on 
apperçoit  douze  pvquans  forts  et  cour- 
bés en  arrière.  Dans  la  nageoire  ven- 
trale ,  il  y  a  un  piquant ,  et  trois  dans 
celle  de  l'anus.  Les  rayons  des  na- 
geoires pectorales  sont  fourcïius  ,  et 
ceux  des  autres  nageoires  ont  plusieurs 
ramifications.  Le  fond  de  ce  poisson 
est  brun  ;  les  côtés  sont  tachetés  d© 
noir  en  haut ,  et  blancs  en  bas  ;  le  ventre 
et  les  nageoires  sont  rougeâtres  ;  la  na- 
geoire pectorale  seule  est  grise ,  et 
celle  du  dos  est  à  moitié  brune.  Toutes , 
à  l'exception  de  celles  du  ventre  ,  ont 
des  taches  brunes  :  les  rayons  des  na- 
geoires pectorales  sont  tachetés  de 
jaune  et  de  noir. 

Ce  poisson  vit  dans  la  Méditerranée 
et  dans  plusieurs  endroits  de  TOcéan. 
Willughby  en  a  vu  à  Venise,  à  Gênes 
et  à  Rome  ;  Cetti  en  Sardaigne;  Fors- 
kaœl  à  l'île  de  Malte  et  à  Constant! - 
noplc  -,  Hasselquist  à  Smyrne  ,  et  Du- 


128       HISTOIRE   NATURELLE 

hamel  au  Croisic  eu  Bretagne  et  à 
Dieppe  dans  la  Normandie.  11  se  tient 
aux  bords  de  la  mer ,  et  se  cache  sous 
des  plantes  marines  ,  pour  y  épier  les 
petits  poissons  qui  passent  :  lorsqu'il 
n'en  attrape  point  ,  il  cherche  des 
cancres.  Willughby  en  a  trouvé  dans 
son  estomac.  On  en  voit  rarement  qui 
aient  plus  d'un  pied  de  longueur.  Sa 
chair  est  maigre  et  coriace  ,  et  il  n'y  a 
guère  que  le  peuple  qui  en  mange.  On 
le  prend  tant  au  filet  qu'à  l'hameçon 
auquel  on  attache  un  morceau  de 
cancre.  Ordinairement  on  en  voit  de 
grandes  troupes  ensemble ,  ce  qui  fait 
qu'on  en  peut  prendre  beaucoup  à  la 
fois.  Lorsqu'il  est  attaqué  ,  il  dresse  la 
nageoire  dorsale ,  et  blesse  la  main  avec 
ses  piquans.  Il  faut  donc  ,  lorsqu'on  le 
prend  ,  presser  fortement  cette  na- 
geoire vers  le  corps  ,  pour  l'empêcher 
de  la  mouvoir. 

Le  foie  est  d'un  jaune  pâle  ,  la  vési- 
cule du  fiel  large ,  et  l'estomac  très- 


DU     DIABLE.  1  ig 

mince  :  le  canal  des  intestins  forme 
deux  courbures-,  les  reins  sont  comme 
aux  autres  poissons. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
KUinschuppigter-Drqchenkopf  j  en  Al- 
lemagne. 
Scorpioen ,  Varkentje ,  en  Hollande. 
Diable  ou  Crapaud  de  met  du  Croisic  , 

Scorpeno  et,  Scorpine ,  en  France. 
17/ c,  Marulk  et  Fitkiaeft,  en  Norwège. 
Simpslrabhan  ,  en  Suède, 
Scrofanello ,  en  Italie. 
Scorpina,  enSardaigne. 
Cippnllazza,  à  l'îîe  de  Malte 
Skorpina  ,  à  Smyrne. 
Scorpit  haiuk ,  à  Constantinople. 

Xe  premier  dessin  de  ce  poisson  ,  et 
qui  est  même  bon,  a  été  fait  par  Sal- 
vian  y  cependant  il  a  omis  les  barbillons 
au-dessus  des  yeux.  Gesner  nous  a 
donné  un  nouveau  dessin,  dans  lequel 
les  barbillons  sont  indiqués  "/mais  les 
nageoires  y  sont  représentées  comme 
des  mains.  La  figure  que  nous  donne 
Poissons.  IT.  i:» 


l3o  HISTOITIE  NATURELLE 
Aldrovaiid  est  encore  plus  mauvaise  : 
il  représente  son  poisson  avec  une  pe- 
tite tête  ,  avec  deux  nageoires  au  dos, 
et  sans  écailles.  Jonston,  qui  a  tout 
compilé  sans  jugement,  a  deux  fois 
décrit  notre  poisson,  et  copié  les  des- 
sins dont  nous  venons  de  parler.  La 
figure  de  Willugliby  n'est  qu'une  copie 
de  celle  de  Salvian.  Dans  le  dessin  de 
Duhamel  ,  les  barbillons  manquent 
aussi ,  et  la  nageoire  de  l'anus  y  est 
représentée  avec  un  seul  piquant. 

Quand  Hasselquist  dit  que  les  écailles 
sont  unies ,  je  ne  saurois  être  de  son 
avis",  car,  dans  les  exemplaires  que  je 
possède  ,  elles  sont  rudes. 

On  a  cité  parmi  les  scorpions  de  mer 
le  manulk  de  Pontoppidan  ;  mais  après 
un  examen  exact  ,  je  trouve  que  le 
poisson  de  Pontoppidan  n'est  pas  un 
scorpion  de  mer ,  mais  le  nôtre  ;  car 
cet  auteur  dit  que  ce  poisson  avoit  le 
long  du  dos  une  nageoire  forte  garnie 
de  rayons  pointus  et  de  petites  écailles. 


DU     DIABLE.  l3l 

Par  conséquent ,  ce  ne  peut  être  vm 
scorpion  de  mer;  car  ce  dernier  n'est 
garni  ni  d'écaillés ,  ni  de  rayons  pi- 
quans ,  et  son  dos  n'est  pas  non  plus 
pourvu  de  deux  nageoires.  Apparem- 
ment les  auteurs  ont  été  trompés  par  lo 
nom  de  scorpion  de  mer  :  peut  -  être 
aussi  que  ces  deux  poissons  portent  ce 
nom  dans  ces  contrées  :  ce  qui  arrive 
assez  souvent  dans  plusieurs  pays, non- 
seulement  par  rapport  aux  poissons , 
mais  même  par  rapport  à  plusieurs 
productions  de  la  nature  ,  ce  qui  a  jeté 
beaucoup  de  confusion  dans  l'histoire 
naturelle  et  dans  la  médecine. 

Les  anciens  ont  exagéré  les  bonnes 
et  les  mauvaises  qualités  de  ce  poisson  : 
ils  croyoient  que  ses  piquans  étoient 
venimeux  ,  parce  que  ceux  qui  en 
étoient  blessés  éprouvoient  quelque- 
fois des  suites  fâcheuses.  Mais  cela  ne 
prouve  pas  qu'ils  soient  venimeux  ;  car 
combien  de  fois  n'arrive-t-il  pas  q  u'une 
piqûre  d'épingle  ou  d'écharde  peut 


1^2  HISTOIRE  NATURELLE 
dans  certaines  circonstances,  avoir  des 
suites  fâcheuses?  Pour  contre  poison  , 
ils  se  servoient  de  la  chair  crue  du  mu- 
îet ,  qu'ils  appliquoient  sur  la  plaie.  Ce 
remède  ,  selon  eux  ,  étoit  encore  plus 
efficace  ,  si  cette  chair  avoit  été  aupa- 
ravant frottée  avec  du  soufre ,  du  vi- 
naigre et  trois  baies  de  laurier  en 
poudre.  Rondelet  guérit  \m  enfant 
blessé  par  ce  poisson, en  appliquant  le 
foie  de  la  scorpène  même  sur  la  partie 
analade  ,  et  le  mulet  par-dessus. 

Selon  Hippocrate  ,  le  fiel  de  ce  pois- 
son facilite  beaucoup  les  menstrues  et 
la  délivrance  dé  l'ftrrière-fàix.  IJioscb- 
ride  dit  que  ce  fiel  détruit  les  verrues 
et  les  excroissances  des  ongles  ,  et  que 
le  bouillon  du  poisson  est  très-propre  à 
lâcher  le  venfre.  Pline  recommande 
aussi  le  vin, dans  lequel  on  à  fait  mou- 
rir ce  poisson  ,  fcomme  un  remède  con- 
tre les  douleurs  de  foie,  les  maladies 
dek  vessie  ,  la  chute  des  cheveux,  et 
contre  les  taches  de  la  cornée. 


DU     C  R  A.  B  E  ,    8lc.  1 33 

Galien  vante  la  cendre  de  ce  pois' 
son  comme  un  remède  spécifique  contré 
la  pierre.  Il  faut,  selon  lui,  briller 
trois  poissons  de  cette  espèce  ,  et  en 
donner  les  cendres  au  malade. 

LE    CRABE   DE  BIARRITS, 

se  0  RP(E  N  A    S  CROF  A. 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres 
de  ce  genre  par  ses  grandes  écailles  et 
les  barbillons  qui  garnissent  la  ligne 
latérale.  On  compte  six  rayons  à  la 
membrane  des  ouies,  dix-neufà  la  na- 
geoire pectorale  ,  six  à  celle  du  ventre  , 
huit  à  celle  de  l'anus  ,  douze  à  celle  de 
la  queue  ,  et  vingt-deux  à  celle  du  dos. 

Là  tête  est  grosse  ,  l'ouverture  de  la 
bouche  large  ^  les  deux  mâchoires  sont 
d'égale  longueur  et  garnies  de  plu- 
sieurs rangs  de  dents  pointues  et  re- 
courbées en  arrière.  JLa  langue,  le  pa- 
lais et  le -gosier  sont  armés  de  dents  de 
la  même  espèce.  A  la  mâchoire  infé- 


l34  HISTOIRE  NATURELLE 
rienre ,  on  voit  des  barbillons  aussi 
bien  qu'aux  joues.  Les  narines  et  les 
yeux  de  ce  poisson  sont  placés  comme 
au  précédent.  A  chaque  bord  saillant 
des  yeux  ,  on  apperçoit  trois  piquans 
et  un  barbillon  fort.  Les  yeux  sont 
grands  j  la  prunelle  noire  est  entourée 
d'un  iris  jaune  et  rougeâtre.  Sur  la 
première, on  voit  trois  barbillons  vers 
la  partie  supérieure  ,  et  au  dernier 
quatre  rayons  bruns.  L'opercule  des 
ouies  a  deux  piquans  forts  ,  au-dessus 
et  au-dessous  desquels  on  en  voit  plu- 
sieurs autres  plus  petits.  L'ouverture 
des  ouies  est  large  ,  et  les  rayons  de  la 
membrane  branchiale  sont  courbes  et 
forts.  La  ligne  latérale  règne  aux  en- 
virons du  dos  dans  une  direction  paral- 
lèle avec  ce  dernier  :  elle  est  garnie  de 
petits  barbillons.  Le  ventre  est  long  , 
et  l'anus  plus  éloigné  de  la  tête  que  de 
Ja  nageoire  de  la  queue.  Le  fond  du 
poisson  est  d'un  brun  rouge,  tirantsur 
le  blanc  et  marqué  de  taches  brunes. 


DU     CRABE,    &c.  i35 

Le  dos  est  brun  ;  les  nageoires  sont 
bleuâtres  ,  et  les  rayons  qu'on  y  voit 
sont  tachetés  de  jaune  et  de  brun.  A  la 
nageoire  dorsale  je  trouve  douze  pi- 
quans ,  trois  à  celle  de  l'anus,  et  à  la 
nageoire  ventrale  un  seul,  qui  est  fort 
et  courbé  en  arrière.  Dans  la  dernière 
les  rayons  ont  plusieurs  ramifications  ; 
mais  dans  toutes  les  autres  ils  sont 
fourchus  aux  extrémités. 

On  trouve  ce  poisson  dans  la  mer 
Atlantique  ,  dans  la  Méditerranée  et 
dans  la  mer  d'Amérique  :  car  Gronov 
en  décrit  un  du  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance ;  Salvian  un  autre  de  Rome  ; 
Duhamel  un  deBiarrits;  etBrowne  un 
delà  Jamaïque.  Ceux  qu'on  pêche  dans 
la  Méditerranée  ne  pèsent  guère  plus 
de  trois  livres;  du  moins  Salvian  n'en 
a  jamais  trouvé  de  plus  gros.  Mais  dans 
la  mer  du  Nord  il  doit  être  bien  plus 
gros  ",  car  Pontoppidan  en  a  trouvé  qui 
avoient  trois  et  quatre  aunes  de  lon- 
gueur. Les   pêcheurs   de   Biarrits  le 


i56       HISTOIRE    NATURELLE 

prennent  avec   dea  Iiaims  jusqu'à  six 
lieues  au  large,  tirant  sur  le  nord-ouest? 
où  ils  en  prennent  avec  d'autres  pois- 
sons. Le  temps  de  leur  pêche  est  depuis 
le  mois  de  juillet  jusqu'au  commeuce- 
ment  de  l'hiver.  C'ert  un  animal  vorace; 
très-fort ,  car  il  n'attaque  pas  seulement 
des  jpoissons  de  sa  grosseur  ,  comme  as- 
sure Pontoppidan,mais  il  dévore  aussi 
des  oiseaux  de  mer  ;  il  est  sur-tout  l'cn- 
Xièmi  de  la  maure  du  Havre  (  Larus 
rharinus  ).  Oppian  le  peint  aussi  comme 
lin  poisson  vorace  très-redoutahle  (i). 
En  Italie ,  on  mange  sa  chair  -,  mais  en 
Norwège  on  la  méprisse. 

Arislote  ,  qui  divise  les  poissons  se- 
lon leur  séjour,  ceux  qui  vivent  sur 
les  bords  ,  en  pleine  mer  ,  ou  indiffé- 
remment à  l*un  et  l'autre  de  ces  en- 


(i)  Voici  ce  qu'il  en  dît  *. 
At  bis  lucinavi  labrax ,  toto  invocat  annc. 
Quatuor  at  jyarfus  horrendas  scorpii/s  ediî. 

H  AI. I  ET.  Lib.  r. 


DU     CRABE,    &c.  l37 

droits  ,  met  ce  |)oissôn  dans  la  dernière 
classe.  Athénée  le  compte  parmi  ceux 
cjtii  âimeht  les  endroits  pierreux. 
Comme  les  naturalistes  modernes  ne 
disent  rien  de  son  séjour  ,  ]q  crois  que 
ce  poisson  très- voracè  se  rend  par-tout 
où  il  trouve  de  quoi  satisfaire  sa  vora- 
cité. On  le  prend  au  iilet  et  à  Thame- 
çon.  Ceux  qu'on  pèche  dans  la  Médi- 
terranée ont  la  chair  maigre,  cependant 

les  Italiens  la  trouvent  de    bon  goût 
lorsqu'ils  ont  été  ^ris   sur  des  bords 
pierreux  ou  en  pleine  riiér.  Mais  ceux 
qu'on  prend  dans  la  mer  du  Nord  ont 
Id  chair  coriace  ;  voilà  pourquoi  les 
Norwégiens  n'en  mangent  point  :  ils  se 
servent  seulement  du  foie  pour  faire 
de  l'huile.  Ce  poisson  peut  facilement 
blesser  avec  ses  piquans  forts  celui  qui 
l'attaque  imprudemment ,  fet  produire , 
dans  de   certaines  circonstances  ,   les 
mêmes   accidens  fâcheux   dont    nous 
avons  fait  mention  dans  l'article  pré- 
cédent. Selon  Arislote  ,  il  fraie  deuNî 


l38      HISTOIRE    NATURELLE 
fois  par  an  j  savoir,  en  automne  et 
au  printemps  ;  mais  selon  Oppian ,  il 
fraie  quatre  fois  dans  cet  espace  de 
temps. 

Le  foie  est  d'un  jaune  pâle  -,  la  rate 
d'un  rouge  brun  ,  et  le  canal  des  intes- 
tins n'a  que  deux  sinuosités. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
X)er  grossschuppigte  Drachenkopf ,   en 

Allemagne. 
Crabe  de  Biarrits  ,  ou  le  Sacarailla  de 

Saint- Jeaii-de-Luz ,  en  France. 
Scorpi  y  Scorpone  ou  Rascasse  rouge ,  en 

Provence. 
Groote  Scorpiœn ,  en  Hollande. 
Scrofano  ,  en  Italie. 
Scorpena ,  en  Sardaigne. 
Mazzone,kVï\e  de  Malte. 
Poisonned  Grooper ,  à  la  Jamaïque. 

Quand  Gronov  demande  si  le  zeus 
que  décrit  Linné  dans  son  Muséum 
Regium  ,  page  68  ,  est  le  même  poisson 
que  le  nôtre  ,  il  faut  répondre  affirma- 
tivement j  car  Linné  le  cite  lui-même 


DU    CRABE,    6CC.  139 

dans  la  dernière  édition  de  son  sys- 
tème. 

Selon  Willaghby,  Ray  indique  très- 
bien  les  caractères  par  lesquels  on  peut 
distinguer  le  crabe  de  Biarrits  et  le  cra- 
paud de  mer  du  Croisic.  On  a  donc  liea 
d'être  surpris  que  Gronov  ait  pu  les 
prendre  pour  une  même  espèce  ,  et  la 
citer  pour  notre  poisson. 

Aristote  se  trompe  quand  il  prend 
ces  deux  poissons  pour  une  seule  es- 
pèce ,  dont  l'un  est  le  mâle  et  l'autre 
la  femelle.  AtLénée  a  été  le  premier 
qui  nous  a  appris  qu'ils  forment  deux 
espèces  différentes.  Cet  auteur  les  dis- 
tingue par  la  couleur  ,  le  crapaud  de 
mer  du  Croisic  étant  noir  ,  et  le  crabo 
de  Biarrits  d'un  brun  rouge . 

Belon  nous  en  a  donné  le  premier 
dessin  ,  qui  est  fidèle ,  quoique  gravé 
en  bois.  Bientôt  après  ,  et  presqu'en 
même  temps,  Salvian  et  Rondelet  nous 
en  ont  aussi  donné  cliacun  un  dessin  : 
le  premier  en  taille-douce, le  second  en 


l4o       HISTOIRE    NATURELLE 

bois.iC.epeaclatttSalviau  a  omis  les  bar- 
billons :  la  même  faute  se  trouve  dans 
la  copie  de  Willughby. 

Aldfovand  nous  a  donné  de  ce  pois- 
son un  dessin  nouveau ,  mais  très-mau- 
vais; car  il  a  omis  les  écailles  ;  la  tcle 
est  étroite,  elle  dos  est  représenté  avec 
deux  nageoires. 

Klein  se  trompe  quand  il  dit  que 
notre  poisson  n'a  point  de  barbiilons. 

LA    PYTHONISSE, 

SCO  RP(S  N  A      HORRIDA. 

Ok  reconnoî-t  la  pythonisse  à  &oï\. 
corps  uni  et  dépourvu  d'écaillés.  Ori 
compte  cinq  rayons  à  la  membrane  des 
ouies ,  seize  à  la  nageoire  de  la  poi- 
trine ,  six  à  celle  du  ventre  ,  neuf  à 
celle  de  l'anus  ,  douze  à  celle  de  ia 
queue,  ^t  vingt  à  celle  du  dos. 

Ge  poisson  mérite  le  Jîoi,n  de  pytho- 
nisse à  cause  de  sa  jQgure  singulière.  La 
tête ,  qui  c&t  grosse ,  est  garnie  d'un 


ro/n.  //. 


^'tW^   J/-0 


1 .  L A  S  c  6rpi:nk  .  2 .  l  a  s  c  O  RPE  N  K  a 

aiiteivues  .  3  .LA  PYTIIONIS  SE. 


DE    LA    PYTHON  ISS  F..     l4i 

graud  nombre  de  bosses  ,  eu  fonce  mens 
et  piquans.  En  haut, on  voit. un  enfon- 
cement très- fort  en  forme  de  croissant. 
La  bouche  qui  s'ouvre  par  en  haut ,  est 
large  ,  et  la  mâchoire  inférieure  qui  a 
la  ligure  d'un  fer  à  clieval,  est  ronde 
et  tuberculée  dans  la  partie  supérieure  : 
dans  l'exemplaire  que  je  possède  ,  elle 
a  plus  d'un  pouce  de  large  ;  en  bas ,  elle 
se  termine  en  deux  pointes  :  la  char- 
nière se  trouve  ejiibas ,  près  des  oayer-- 
tures  des  oujes  ,  et  attache  la  mâchoire 
inférieure  à  la  supérieure  ,  comme  on 
voit  au  couvercle  d'une  tabatière  ;  Tune 
et  l'autre  sont  arioées  de  petites  dents  : 
à  la  mâchoire  supérieure,  qui  e&t  voû- 
tée, on  ap perçoit  outre  les  os  des  lèvres 
un  troisième  ,q_ui  est  au-dessus.  Lors- 
que la  bouche  est  fermée  ,  la  mâclioire 
inférieure  a  une  direction  perpendi- 
culaire ,  et  lorsqu'elle  est  ouverte ,  elle 
est  horizontale.  L'ouverture  des  ouies 
est  très-large.  Lamembrane  branchiale 
est  cachée  sous  l'opercule  des  ouies,  .et 
Poissons.  H.  i3 


l42       HISTOIRE   NATURELLE 

appuyée  par  cinq  rayons.  La  langue 
est  large  ,  dégagée,  ronde  et  unie,  ainsi 
que  le  palais  ;  mais  le  gosier  est  armé 
d'un  grand  nombre  de  petites  dents 
pointues.  Devant  chacun  des  deux 
yeux  ,  est  une  narine  large  et  oblongue; 
et  non  loin  de  la  lèvre  supérieure  ,  on 
voit  deux  barbillons  assez  ronds  ,  qui , 
probablement  ,  sont  les  deux  autres 
narines.  Les  yeux  sont  très-petits  ;  la 
prunelle  est  noire  et  entourée  d'un  iris 
j  aune ,  au-dessous  duquel  est  un  enfon- 
cement considérable.  La  tête  ,  aussi 
bien  que  le  tronc  et  les  nageoires  pec- 
torales et  dorsales  ,£ont  garnis  de  bar- 
billons. Lalignelatérale,  qui  commence 
à  la  nuque  ,  se  courbe  par  en  bas  non 
Joindel'anus,  et  va  se  perdre  au  milieu 
de  la  nageoire  de  la  queue.  Toutes  les 
nageoires  ont  une  membrane  épaisse  et 
des  rayons  forts.  La  nageoire  dorsale, 
qui  commence  à  la  nuque  ,  a  treize 
rayons  ,  celle  de  l'anus  trois ,  et  la  ven- 
trale un  seul  rayon  qui  est  fort ,  ht 


i)E  LA  PYTHONISSE.  l43 
autres  sont  fourchus.  Tout  le  corps  est 
marbré  de  blauc  et  de  brun. 

Ce  poisson  ,  dont  la  structure  est  si 
singulière  ,  vit  dans  les  mers  des  Indes 
orientales.  Je  ne  saurois  déterminer  au 
juste  sa  véritable  grandeur.  La  struc- 
ture de  sa  bouche  prouve  qu'il  faut  le 
mettre  au  nombre  des  animaux  carnas- 
siers ,  et  qu'il  se  nourrit  principale- 
ment de  crabes  et  de  coquilles  ;  car  elle 
est  garnie  de  mâchoires  en  forme  de 
lime  ,  qui  sont  très-propres  à  écraser 
ces  crustacées.  Du  reste  ,  les  auteurs 
mentionnés  ne  disent  pas  si  sa  chair  est 
bonne  ,  si  ce  poisson  se  multiplie  beau- 
coup ,  et  en  quel  temps  il  fraie. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Zauberjisch  ,  en  Allemagne. 
Groote  Toovervisch  ,  Affchuwelyke  SeeS' 

oorpiœn  ,  en  Hollande. 
Pythonisse,  en  France. 
Ikan   Su^angi    Bezar  et    Ikan    SwaJigi 

Touwa  ,  aux  Indes  orientales. 

Valentin  nous  en   a  donné  le  pre- 


i44       HISTOIRE    NVTURELLE 

niier  dessin  ;  mais  il  est  mauvais.  Celui 
de  Benard  est  nn  peu  meilleur.  Mais 
ceux  que  nous  devons  à  Gronov  sont 
bohs. 

Ce  dernier  auteur  dit  que  la  tête  fait 
la  moitié  du  corps  :  mais  je  ne  trouve 
cela  ni  dans  son  dessin, ni  dans  l'exem- 
plaire que  j'ai  entre  les  mains.  Il  a  aussi 
omis  les  barbillons  ,  quoiqu'il  en  parle 
dans  la  description. 

LA  SCORPÈNE  VOLANTE, 

SCORP(BNA      VO  LIT  AN  S. 

Les  nageoires  pectorales  très-lon- 
gues, sont  le  caractère  distinclif  de  ce 
poisson.  On  compte  six  rayons  à  la 
membrane  des  ouies  ,  quatorze  à  la  na- 
geoire pectorale,  six  à  la  nageoire  ven- 
trale, dix  à  celle  de  l'anus,  douze  à  la 
queue,  et  vingt-quatre  à  celle  du  dos. 

La  lête  est  tronquée ,  large  par- 
devant  ,  et  comprimée  sur  les  côtés, 
Elle  est  garnie  de  piquans  et  de  bar- 


DE  LA  SCORPÈNE  VOLANTE.  î45 
billons  dentelés,  dont  la  plupart  sont 
larges  :  les  plus  longs  se  tronvenl  au- 
dessus  des  yeux  ,  et  les  plus  larges  près 
de  l'angle  de  la  bouclie.  La  tête ,  ainsi 
que  le  tronc  ,  est  ornée  de  bandes  bru- 
nes, entre  lesquelles  brillent  alterna- 
tivement des  lignes  jaunes  et  blanches. 
L'ouverture  de  la  bouche  est  large  ;  les 
mâchoires  sont  d'égale  longueur  ,  et 
armées  d'un  grand  nombre  de  petites 
dents  pointues.  La  langue  est  dégagée  , 
minceet  terminée  en  pointe.  Les  lèvres 
peuvent  s'avancer  et  se  retirer  ;  la 
lèvre  supérieure  est  composée  de  deux 
os ,  qui  forment  une  écliancrure  à  l'en- 
droit oii  ils  se  joignent,  c'est-à-dire  au 
milieu.  Les  narines  sont  simples ,  et  se 
trouvent  au  milieu  entre  la  pointe  de 
la  bouche  et  les  veux.  Ces  derniers  ont 
une  prunelle  noire,  qui  est  ornée  d'un 
iris  blanc  rayonné  de  bleu  et  de  noir. 
L'opercule  des  o^iics  qui  se  termine  en 
un  angle  aigu ,  est  garni  de  très-peli  Les 
écailles.  L'ouverture  des  ouies  est  large^ 


l46  HISTOIRE  NATURELLE 
et  la  membrane  branchiale ,  qui  est  en 
grande  partie  à  découvert,  a  six  rayons 
courbes.  Le  corps  est  couvert  de  pe- 
tites écailles  posées  les  unes  sur  les  au- 
tres comme  des  tuiles.  La  ligne  laté- 
rale, composée  d'un  grand  nombre  de 
petites  lignes  saillantes  et  de  peliLs 
points  blancs,  commence  à  l'œil,  s'é- 
tend non  loin  du  dos ,  et  va  se  terminer 
au  milieu  de  la  nageoire  de  la  queue. 
Les  rayons  des  nageoires  pectorales 
sont  simples,  et  la  membrane  intermé- 
diaire a  un  fond  violet  parsemé  de 
points  blancs.  Ces  grandes  nageoires 
servent  probablement  à  ce  poisson  à 
s'élancer  dans  l'air,  lorsqu'il  est  pour- 
suivi de  ses  ennemis,  et  à  se  soutenir 
dans  cet  élément  jusqu'à  ce  que  le  dan- 
ger soit  passé.  Les  douze  premiers 
rayons  de  la  nageoire  dorsale  sont  pi- 
quans,  tachetés  de  brun  et  de  jaune, 
unis  en  bas  par  une  membrane  d'un 
brun  foncé,  et  dégagés  en  haut.  Les 
douze  derniers  rayons,  ainsi  que  ceux 


DE  LA  SCORPÈNE  VOLANTE.  l47 
àes  nageoires  de  la  qncuc  et  de  l'anus  , 
sont  fourchus  aux  extrémités,  et  ta- 
chetés de  noir  et  de  jaune.  Les  nageoi- 
res ventrales  sont  violettes,  et  parse- 
mées de  points  blancs  :  le  premier  rayon 
en  est  dur  et  simple  j  mais  les  autres 
sont  mous  et  fourchus  :  les  trois  pre- 
miers rayons  de  la  nageoire  de  l'anus 
sont  piquans ,  et  les  autres  mous  et 
fourchus. 

Ce  poisson  bigarré  vit  dans  les  rivières 
de  l'ile  d'Amboiae,  où  il  est  pourtant 
assez  rare.  Sa  chair  est  blanche ,  ferme, 
d'un  bon  goût,  comme  celle  de  notre 
perche  ;  mais  il  ne  parvient  jamais  à  la 
grosseur  de  cette  dernière.  Le  dessin 
qu'on  voit  ici,  est  un  des  plus  gros  que 
je  possède.  Ce  poisson  est  du  nombre 
des  poissons  voraces ,  et  se  nourrit  prin- 
cipalement du  fretin  des  autres  pois- 
sons. J'ai  trouvé  dans  son  estomac  deux 
petits  poissons  de  la  longueur  d'un 
pouce  et  demi.  On  le  prend  tant  au  file  t 
qu'à  l'hameçon. 


i48       HISTOIRE    NATURELLE 

La  peau  est  presque  comme  du  par- 
cliemia.  Le  foie  est  grand  ,  d'un  jaune 
foncé,  etcolisiste  en  deux  lobes  oblong?. 
La  vésicule  du  fiel  et  la  rate  sont  pe- 
tites. L'estomac  est  épais,  en  forme  de 
sac;  à  sa  partie  fiupérieure,  commence 
le  canal  des  intestins,  qui  descend  vers 
la  partie  inférieure ,  forme  une  cour- 
bure ,  remonte  ensuite  jusqu'au  dia- 
phragme, d'où  il  redescend,  forme  en- 
suite une  seconde  courbure  ,  et  va  se 
terminer  à  l'anus.  Après  avoir  ôté  ce 
canal  et  les  autres  intestins  ,  je  décou- 
vris une  vésicule  aérienne  ,  courte  , 
large  et  épaisse  ,  qui  s'étendoit  depuis 
le  diaphragme  jusqu'au  milieu  delà  ca- 
vité du  ventre.  Les  reins  étoient  si- 
tués îe  long  du  dos,  et  se  terminoient 
dans  la  vessie  urinaire.  Je  n'ai  pu  re- 
marquer ni  œufs  ni  laites. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Fliegender  Drachenkopf  et  flieginder 

StJchling  j  en  AHema.gne. 
Scorpène  volante.,  en  Fratice. 


DE  LA  SCORPÈN!^  VOLANTE.    l4^ 
Vliegcnde  Stackel  -  Baars  ,   Kalkœven- 
visch  j  KaUœntje    et   Amboynische^ 
vischj  en  Hollande. 
Ikan  Suangi  et  Loun  ,  aux  Indes. 

Renard  nous  a  donné  quatre  dessins 
très-mauvais  de  ce  poisson.  Ceux  de 
Valentin  et  de  Ruysh  ne  valent  pas 
mieux. 

Boldaert  se  trompe  ,  quand  il  prend 
le  premier  de  ces  dessins  pour  \a.  perça 
chrysoptera  de  Linné  ;  car  comme  ce 
poisson  n'a  pas  l'opercule  des  ouies 
dentelé,  il  ne  saurait  être  de  la  famille 
des  perches. 

Nous  devons  à  Séba  le  premier  des- 
sin de  ce  poisson.  11  est  en  même  temps 
très-bon.  Celui  de  Klein  est  imparfait  ; 
car  on  y  a  omis  les  écailles  et  la  ligne 
latérale. 

Linné  a  eu  tort  de  compter  notre 
poisson  parmi  les  cpinoches ,  car  il  a 
les  piquans  liés  par  une  peau. 


l5o      HISTOIRE    NATURELLE 

LA  SCORPÉNE  A  ANTENNES  , 

SCO  RP  (E  N  J    ANTENNATA. 

Ce  poisson  se  reconnoît  par  la  bande 
brune  qui  passe  sur  les  yeux.  On 
compte  six  rayons  à  la  membrane  des 
ouies,  dix-sept  àla  nageoire  pectorale  , 
six  à  la  nageoire  ventrale  ,  dix  à  celle 
de  l'anus  ,  douze  à  celle  de  la  queue  , 
et  vingt- quatre  à  celle  du  dos. 

La  tête  est  rude  ,  à  cause  du  grand 
nombre  de  piquans  -,  le  fond  en  est 
jaune  ;  elle  est  tachetée  jusque  vers  les 
sourcils.  L'ouverture  de  la  bouche  est 
large  ;  les  mâchoires  sont  d'égale  lon- 
gueur et  garnies  d'un  grand  nombre  de 
rangs  de  petites  dents  pointues.  Le  pa- 
lais est  uni  ;  la  langue  dégagée  et  poin- 
tue. Le  poisson  peut  avancer  et  retirer 
la  lèvre  supérieure  )  elle  consiste  en 
deux  os  larges  qui  forment  une  échan- 
crure  à  l'endroit  où  ils  se  touchent.  Au- 
dessus  de  ces  os ,  on  apperçoit  trois  bar- 


DE  Ll  SCORPÈNE  ,  &C.  l5l 
billoiis  ;  et  entre  les  narines  on  voit 
encore  denx  autres  barbillons  qui  sont 
ronds  ,  unis  et  pointus  à  l'extrémité. 
Au-dessus  de  l'extrémité  de  la  lèvre 
supérieure  on  apperçoit  un  barbillon  , 
et  un  peu  plus  en  arrière,  près  des  os 
maxillaires  ,  encore  deux  autres  ,  qui 
sont  rayonnes  et  en  forme  de  bassin. 
Au-dessus  des  joues  on  trouve  un  dou- 
ble rang  de  piquans  dans  des  directions 
opposées.  Dans  la  nuque  sont  encore 
deux  autres  de  ces  rangs.  Les  yeux  sont 
grands  et  garnis  de  quelques  piquans 
au  bord  supérieur  :  au-dessus  d'eux  se 
trouvent  deux  barbillons  bruns  et  tu- 
bercules :  les  narines  doubles  et  rondes 
.sont  en  avant  du  bord.  Le  menton  est 
blanc,  l'ouverture  des  ouies  large;  la 
membrane  branchiale  a  six  rayons 
ourbes  :  elle  est  en  partie  cachée  sous 
l'opercule  des  ouies,  qui  se  termine  en 
une  pointe.  Le  corps  a  des  bandes  bru- 
nes, entre  lesquelles  on  apperçoit  des 
lignes  jaunes  et  blanches.  Les  rayons 


î52  HISTOIRE  NATURELLE 
des  nageoires  pectorales  sont  simples  , 
blancs  et  longs.  La  membrane  qui  les 
unit  ,  est  violette  ,  avec  des  taches 
noires  et  une  bordure  de  cett©  couleur. 
Les  autres  nageoires  ,  l'anus,  la  ligne 
latérale  et  le  dos  sont  comme  au  pois- 
son précédent  ;  mais  les  écailles  sont 
plus  grandes  et  les  bandes  plus  larges. 

Ce  poisson  vit  dans  les  mêmes  eaux 
que  le  précédent  •,  il  est  aussi  du  nom- 
bre des  poissons  voraces.  On  le  prend 
an  filet  et  à  l'hameçon.  Il  a  une  chair 
blanche  et  de  bon  goût.  Il  est  un  peu 
plus  grand  que  l'autre.  La  conforma- 
tion est  la  même  dans  les  deux  pois- 
sons. 


Piii/e  jS3  . 


7b,n .  JI. 


1.1-E  COQ   \o  mer  .  a.I>A  DOT\KK  . 
3  .liK    GAl.    A  lono's   cheveux  . 


DE    LA     DOREE.         i55 


XXVir    GENRE. 


LE  ZÈE  ou  LA  DORÉE, 

ZBU  s» 

Caractère  générique.  Une  membrane 
verticale  placée  transversalement 
sous  la  lèvre  supérieure. 

LA    DORÉE, 

ou  POISSON  SAINT-PIERRE, 

Z  E  US    FABER. 

On  recoMnoît  la  dorée  à  la  nageoire 
ronde  de  la  queue  et  à  la  tache  brune 
qu'on  trouve  aux  côtés.  On  compte 
sept  rayons  à  la  membrane  des  ouies  , 
douze  à  la  nageoire  de  la  poitrine  ,  neuf 
à  celle  du  ventre  ,  cinq  à  la  premif  re 
de  l'anus ,  vingt-un  à  la  seconde ,  treize 
Poissons.  If,  i4 


l54       HISTOIRE   NATURELLE 

à  la  queue  ,dix  à  la  première  nageoire 

dorsale ,  et  vingt-deux  à  la  seconde. 

La  tête  est  grosse,  et  l'ouverture  de  la 
bouche  grande  •  la  mâchoire  inférieure 
avance  sur  la  supérieure.  On  apperçoit 
au  menton  deux  pointes  ,  et  une  à 
chaque  coin  de  la  mâchoire.  Ce  poisson 
peut  avancer  la  mâchoire  supérieure , 
et  la  retirer  à  son  gré.  Les  deux  mâ- 
choires sont  garnies  de  dents  pointues , 
placées  en  rangées  et  recourbées  en  de- 
dans, et  on  trouve  de  chaque  côté  un 
os  large  dans  la  lèvre.  Les  yeux  sont 
grands  ,  placés  au  sommet  de  la  tète  ; 
la  prunelle  est  noire,  et  l'iris  jaune. 
Immédiatement  avant  ,on  voit  les  na- 
rines. Les  opercules  des  ouies  sont 
grands  et  composés  de  deux  lames  •  les 
rayons  de  la  membrane  des  ouies  sont 
larges  et  longs ,  et  l'ouverture  des  ouies 
est  très -large  ;  la  couleur  des  joues, 
aussi  bien  que  celle  des  côtés ,  est  un 
mélange  de  vert  et  de  jaune  ,  et  don- 
nent au  poisson  un  air  doré.  Ces  cou- 


DE     LA    DORÉE.  l55 

leurs  ,  vives  par  elles-mêmes ,  sont  en- 
core relevées  par  la  couleur  brune  du 
dos  et  parla  tache  aux  côtés.  Les  omo- 
plates qui  servent  de  soutien  aux  na- 
geoires pectorales ,  offrent  deux  pointes 
qui  avancent,  l'une  plus  longue,  l'autre 
plus  courte  :  la  première  est  tournée 
vers  le  ventre,  et  la  seconde  vers  le  dos. 
La  ligne  latérale  sort  de  derrière  l'oeil , 
forme  une  ligne  courbe  versla  queue,  et 
se  perd  au  milieu  de  la  nageoire  de  la 
queue  :  le  dos  est  garni  de  piqûres  , 
aussi  bien  que  le  ventre  ;  le  premier  a 
nue  rangée  simple  de  pointes  jusqu'au 
bout  de  la  seconde  nageoire  dorsale  ; 
de-là  jusqu'à  la  nageoire  de  la  queue, 
il  a  une  rangée  de  doubles  pointes  iné- 
gales en  longueur.  Les  premières  sont 
les  apophyses  des  rayons  delà  nageoire 
dorsale  ;  les  autres  sont  formées  par  les 
extrémités  des  boucliers  qui  couvrent 
le  dos.  Les  écailles  sont  petites  et  min- 
ces ,  ce  qui  fait  sans  doute  que  Salvian 
a  douté  de  leur  existence  ,  et  que  les 


l56  HISTOIRE  NATURELLII 
antres  iclithyologistes  ne  les  ont  pas  re- 
présentées. Ce  poisson,  selon  Gellius, 
doit  aussi,  lorsqu'on  le  saisit,  rendre 
un  son,  qui  vient,  selon  lui ,  du  mou- 
vement du  grand  opercule  des  ouies. 
Les  nageoires  pectorales  sont  cour- 
tes, rondes, grises,  garnies  d'une  bor- 
dure jaune ,  et  ramifiées  comme  les 
rayons  des  nageoires  ventrales  ;  les 
rayons  de  la  première  nageoire  de  l'a- 
nus finissent  en  une  pointe  dure  ,  et  la 
peau  qui  les  unit ,  est  noirâtre  comme 
à  la  première  nageoire  dorsale  ;  lase-^ 
conde  nageoire  du  dos  est  grise  comme 
la  seconde  de  l'anus  -,  les  rayons  de 
l'une  et  de  l'autre  sont  simples  :  la 
nageoire  de  la  queue  est  ronde  et  rayée 
de  jaune. 

On  trouve  ce  poisson  dans  la  mer  du 
Nord  ,  mais  en  petite  quantité.  Il  ha- 
bite aussi  la  Méditerranée.  Ovide  en 
parle  comme  d'un  poisson  rare  ,  ce  qui 
me  fait  présumer  qu'il  n'y  est  pas  fort 
commun.  Il  parvient  à  la  grandeur 


DE     LA      DO  R  }>  E.  l5j 

d'an  pied  ou  d'un  pied  et  demi  ,  et  on 
en  a  pêche  qui  pesoient  dix  à  douze 
livres.  Celui  dont  je  donne  ici  le  des- 
sin ,  m'est  venu  de  Hambourg,  où  les 
pêcheurs  lui  donnent  le  nom  de  roi  des 
harengs.  On  voit  à  sa  bouche  grande 
et  armée,  qu'il  doit  être  rapace.  Sa 
grande  voracité  est  cause  qu'il  mord 
presqu'à  toute  sorte  d'appât.  On  le 
trouve  vers  les  bords  et  les  côtes,  où 
il  se  rend  pour  poursuivre  les  poissonâ 
qui  viennent  y  frayer.  Sa  chair  est  de 
bon  goût ,  surtout  quand  il  est  gras. 

L'estomac  est  petit ,  et  le  canal  in- 
testinala  plusieurs  sinuosités.  Le  foie 
est  d'un  jaune  pâle  ;  la  rate  rougeâtre  : 
la  laite  et  l'ovaire  sont  doubles.  On 
trouve  trente-une  vertèbres  à  l'épine 
du  dos. 

Ce  poisson  est  connu  sous  difiPéreng 
noms.  On  le  nomme  : 

St.    Peterfisch  ,   Sonnenfisch ,  en   Alle- 
«lagne. 


l58       HISTOIRE    NATURELLE 

Heringskœnig ,  àHeiligeland  et  à  Ham- 
bourg. 

Skrabba ,  en  Suède. 

Sonnenvis ,  en  Hollande. 

La  Dorée  ou  Foule  de  mer  y  en  France, 

Coq  ,  à  Bayonne. 

Troueie  et  St.-Pierre  ,  à  Marseille. 

Pesce  San  Piedro  ,  Citula  et  Rotula  ,  en 
Italie. 

Il  Pesce  Fabro  ,  en  Sardaigne. 

JJAurata  ,  dans  l'ile  de  Malte. 

Fabro  ,  en  Dalmatie. 

Dorée  ou  Durn,  en  Angleterre. 

Columella  se  trompe  ,  quand  il  dit 

qu'on  ne  trouve  la  dorée  que  dans  la 

mer  Atlantique. 

Nous  devons  la  première  connois- 

sance  de  notre  poisson  à  Pline  ,  et  le 

premier  dessin  à  Belon. 


D  U     G  A  L  ,    &c.  1 5g 

LE  GAL  A  LONGS  CHEVEUX  , 

ZEUS    CI  LI  ARIS. 

Ce  poisson  diffère  des  autres  dorées 
par  les  six  rayons  capillaires  de  la  na- 
geoire du  dos  et  de  l'anus  ,  qui  sont 
très-longs.  On  compte  sept  rayons  à  la 
membrane  des  ouies  ,  dix-sept  à  la  na- 
geoire pectorale  ,  cinq  à  la  nageoire 
ventrale,  dix  -  neuf  à  celle  de  l'anus  , 
vingt-un  à  la  queue  j  et  trente  à  celle 
du  dos. 

Le  corps  est  en  forme  de  losange  ; 
il  est  presqu'aussi  large  que  long,  très- 
mince  et  sans  écailles.  La  tête  est  pe- 
tite et  fort  en  pente  ;  l'ouverture  de 
la  bouche  est  de  médiocre  grandeur; 
les  deux  mâchoires  sont  garnies  de 
dents  courtes  et  pointues  ;  l'inférieure 
avance  par-dessus  la  supérieure  ,  et  la 
lèvre  supérieure  est  composée  de  deux 
os  longs  et  larges.  Tout  près  des  yeux  , 
se  trouvent  les  narines  qui  sont  dou- 


iBo       HISTOIRE    NATURELLE 
bles  et  rondes-  les  yeux  sont  grands  et 
ronds  -,  la  pi  unelle  est  noire  ,  el  l'iris 
argentin  ;  l'opercule  des  ouies  consiste 
en  deux  plaques  -,  l'ouverture  des  ouies  ~ 
est  large  ,  et  la  membrane  brancliios- 
tège  couverte  à  moitié  :  le  dos  et  le 
ventre  sont  arqués  ,  aussi  bien  que  là 
ligne  latérale  à  son  commencement. 
L'anus  est  à  égale  distance  de  la  bouche 
jet  de  la  nageoire  de  la  queue  :  îe  tronc 
et  la  tête  sont  de  couleur  argentine  -, 
mais  le  dos  tire  sur  le  blanchâtre,  et 
l'opercule  des  ouies  sur  le  jaune.  Toutes 
les  nageoires  sont  brunes  ;   celles  du 
ventre  sont  très-longues  ;   et  ont  des 
rayons  simples.   Les  nageoires  pecto- 
rales sont  étroites  -,  celle  de  la  queue 
est  divisée  au  milieu  presqu'à  sa  nais- 
sance ,et  garnie  de  rayons  ramifiés.  Les 
onze  premiers  rayons  de  la  nageoiie 
dorsale   sont  simples  el  très  -  courts  j 
ceux  du  milieu  sont  longs, et  les  douze 
derniers,  qui  sont  courts,  se  termi- 
nent en  deux  poiales  molles.  Cn  ap 


DU     G  A  L  ,  &c.  1 G  l 

perçoit  de  pareils  rayons  à  la  nageoire 
de  l'anus  :  cependant  il  n'y  en  a 
qu'onze  après  les  longs,  et  seulement 
un  court  en  devant. 

Ce  poisson  habile  les  Indes  orien- 
tales. Celui  que  j'ai  entre  les  mains  , 
est  de  Surate  ,  et  m'a  été  envoyé  par 
feu  M.  le  docteur  Kœnig  :  la  structure 
de  sa  bouche  piouve  qu'il  faut  le  mettre 
au  nombre  des  poissons  voraces.  Son 
corps  est  mince  j  sa  chair  maigre,  co- 
riace et  fade.  C'est  par  cette  raison  que 
les  habilans  de  ces  contrés  ïiea  font 
aucun  cas. 

Les  rayons  longs  et  capillaires  m'ont 
engagé  à  donner  à  ce  poisson  le  nom 
de  Gai  à  longs  cheveux  j  en  français ,  et 
celui  de  Langhaariger-Spiegelfiscà ,  en 
allemand. 


l62       HISTOIRE   NATURELLE 

LE  COQ  DE  MER ,  zeus  gallus. 

On  reconnoît  ce  poisson  par  le 
dixième  rayon  de  la  nageoire  dorsale  , 
et  le  second  de  celle  de  l'anus ,  qui  sont 
les  plus  grands  de  tous.  On  compte  sept 
rayons  à  la  membrane  des  ouies,  seize 
à  la  nageoire  pectorale  ,  six  à  la  na- 
geoire ventrale  ,  quatorze  à  celle  de 
l'anus ,  vingt-quatre  à  la  queue  ,  et  au- 
tant à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  très-mince  ,  d'une  cou- 
leur argentine  tirant  sur  le  vert ,  et 
sans  écailles  ;  la  tête  est  grande ,  fort  en 
pente  ,  et  l'ouverture  de  la  bouche  est 
large  ;  les  deux  mâchoires  sont  garnies 
de  très-petites  dents  ,  et  la  lèvre  supé- 
rieure de  deux  os  larges  ;  les  narines 
doubles  sont  près  des  yeux,  qui  sont 
ronds  et  grands  ;  la  prunelle  est  noire  , 
et  l'iris  d'un  brun  tirant  sur  le  gris  ar- 
gentin; l'ouverture  des  ouies  est  large  , 
l'opercule  est  long,  et  ne  consiste  qu'eu 


DU   COQ   DE   MER.  l63 

une  seule  longue  plaque,  sous  laquelle  la 
membrane  branchiale  est  cachée  :  la 
ligne  latérale  est  arquée  à  son  commen- 
cement, l'anus  n'est  pas  loin  des  na- 
geoires ventrales.  Toutes  les  nageoires 
ont  une  belle  couleur  verte.  Dans  la  na- 
geoire dorsale,  les  neuf  premiers  rayons 
sont  courts  et  durs,  les  quatre  suivans 
longs  et  mous  :  les  uns  et  les  autres  sont 
simples.  Les  nageoires  de  la  poitrine , 
du  ventre  et  de  la  queue  ont  des 
rayons  ramifiés. 

Marcgraf  assure  que  ce  poisson  est 
d'une  couleur  argentine  par  tout  le 
corps ,  et  qu'il  n'y  a  que  les  deux  rayons 
longs  qui  sont  noirs  ;  mais  le  prince 
Maurice  l'a  dessiné  tel  qu'on  le  voit  re- 
présenté ici  :  car  j'ai  fait  peindre  cette 
figure  d'après  le  dessin  qui  se  trouve 
dans  son  manuscrit.  Pison  dit  aussi  que 
la  couleur  des  nageoires  est  verte. 

Ce  poisson  vit  tant  dans  les  pays 
chauds  que  dans  les  pays  froids  et  tem- 
pérés. Marcgraf  et  Pison  font  men- 


l64       HISTOIRE    NATURELLE 

lion  d'un  du  Brésil.  Browne  l'a  vu  à  îa 
Jamaïque  ,  du  Tertre  aux  Antilles  , 
Nieulioff  dans  les  Indes  orientales,  et 
Forskael  à  Malte.  Selon  le  prince  Mau- 
rice ,  il  parvient  à  la  longueur  d'ua 
demi-pied.  Sa  ctair  est  d'un  bon  goût. 
Jl  se  nourrit  de  vers ,  d'insectes  et  d'au- 
tres petits  animaux  de  mer.  S'il  en  faut 
croire  Pison  ,  il  grogne  coaime  un  co- 
chon lorsqu'il  est  pris. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Meerhan ,  en  Allemagne. 
Soesmed ,  KolUvsiulernak  ,  eu  Groen- 
land. 
MeerhcEhn ,  Bonle  laertje ,  en  Hollande. 
Larger  -  SUverfish  ,  aux  Colonies  an- 
glaises de  la  Jamaïque. 
Abacaluaja ,  au  Brésil. 
Peixe  Gallo  ,  aux  Colonies  portugaises 

de  ce  pays. 
Ikan-Kapelle ,  aux  Indes  orientales. 
Serduk ,  à  Malte. 
Coq  de  mer  et  Lune  ,  en  France. 

Quand  Grongv  demande ,  si  le  pois- 


DU     RUSÉ.  l65 

soiî  dont  parle  Linné  dans  la  dixième 
édition  de  son  Système  ,  sous  l'article 
de  dorée  ,  est  le  même  que  le  nôtre,  on 
doit  lui  répondre  affirmativement ,  car 
Linné  dit  de  ce  poisson ,  que  le  dixième 
rayon  de  la  nageoire  dorsale  est  le  plus 
long.  Il  est  probable  que  cet  auteur  n'a 
jamais  vu  le  coq  de  mer  ;  sans  cela  il 
n'auroit  pas  cité  pour  notre  poisson  la 
guaperça  et  Vabacatuaja  de  Marcgraf. 
Brown  est  aussi  cité  à  faux  ;  car  je  fe- 
rai voir  dans  la  suite  qu'il  a  décrit  un 
poisson  tout  différent  du  nôtre.  Dans 
Klein  ,  notre  poisson  se  trouve  deux 
fois.  Pour  s'en  convaincre ,  il  suffit  de 
comparer  les  dessins  de  cet  auteur. 

Marcgraf  se  trompe ,  quand  il  dit  que 
notre  poisson  n^a  point  de  dents. 

LE    RUSE,    ZEUS   I  NSIDI  AT  0  R. 

On  reconnoit  ce  poisson  à  l'ouver- 
ture de  sa  bouche  qui  est  petite.  On 
compte  sept  rayons  à  la  membrane  des 
Poissons.  II.  i5 


lG6       HISTOIRE    NATURELLE 

ouies,  seize  à  la  nageoire  pectorale,  six 
à  la  nageoire  ventrale,  vingt  à  celle  de 
l'anus,  dix-huit  à  la  queue,  et  vingt- 
quatre  à  celle  du  dos. 

Celte  dorée  n'est  pas  si  large  que  les 
autres.  Sa  tête  est  petite  et  un  peu 
concave  sur  le  devant.  Labouclie  offre 
une  structure  particulière.  La  mâ- 
choire inférieure,  qui  s'élève  dans  une 
direction  droite  ,  a  sa  jointure  dans 
l'angle  qui  est  près  de  l'endroit  où. 
commence  le  menlon.  Si  on  la  saisit 
pour  ouvrir  la  bouche,  cette  dernière 
avance  et  prend  une  direction  droite. 
La  mâchoire  supérieure  avance  aussi  : 
et  le  tout  ensemble  forme  un  museau 
en  forme  de  cylindre.  L'ouverture  de 
la  bouche  qui  étoit  à  la  partie  supé- 
rieure de  la  tête  ,  se  trouve  alors  au 
milieu.  Si  le  poisson  retire  la  mâchoire 
supérieure  ,  l'inférieure  la  suit  aussi , 
et  le  poisson  reprend  sa  forme  précé- 
dente. Ce  mécanisme  de  l'animal  sert 
à  lui  faire  prendre  sa  proie  :  car  lors- 


DU     RUS  É.  iGf 

qu'il  nage  près  de  la  surface ,  comme  il 
fait  communément ,  et  qu'il  apperçoil 
quelque  mouche  ou  insecte,  soit  sur  les 
bords ,  soit  sur  l'eau ,  il  avance  aussi-tol 
le  museau,  et  en  seringuant  sur  eux 
l'eau  entrée  par  les  ouies  ,  il  les  a])at  , 
et  en  fait  sa  proie.  Admirons  l'Auteur 
de  la  Nature  ,  dout  la  sagesse  est  si 
féconde  en  moyens  de  conserver  ce 
qu'elle  a  créé  ! 

Comme  ce  poisson  se  sert  d'une  ruse 
pour  attraper  sa  proie,  je  crois  que  le 
nom  que  je  lui  ai  donné,  lui  convient 
assez.  Les  deux  mâchoires  sont  garnies 
de  très -petites  dents  pour  arrêter  les 
insectes.  Les  narines  se  trouvent  fort 
près  des  5'"eux.  Ceux-ci  ont  une  pru- 
nelle noire  dahs  un  iris  d'une  couleur 
d'or.  L'opercule  des  ouies  consiste  en 
deux  petites  plaques.  La  membrane 
branchiale,  qui  est  cachée  sous  ces  pla- 
ques ,  est  soutenue  par  sept  rayons. 
L'ouverture  des  ouies  est  très- large. 
La  lii^iie  latérale,  qui  règne  non  loiî> 


3  68       HISTOIRE    NATURELLE 
du  dos,  forme  à  son  origine  un  arc  lâ- 
che ,  et  est  interrompue  non  loin  de 
l'extrémité  de  la  nageoire  dorsale.  Elle 
reparoît  au  milieu  de  la  queue ,  et  va 
se  perdre  dans  la  nageoire  de  cette  par- 
tie. L'anus  est  derrière  les  petites  na- 
geoires ventrales,  qu'il  touche,  et  dont 
le  quatrième  rayon  est  piquant.  Les  cô- 
tés sont  argentins  et  tiquetés  d'un  grand 
nombre  de  points  noirs.  Le  dos  est  brun 
et  marque  de  taches  noires  :  à  son  bord  , 
on  apperçoit  deux  rangs  d'aiguillons 
courbés  en  arrière,  et  entre  eux  un  sil- 
lon destiné  à  recevoir  la  nageoire.  Les 
sept  premiers  rayons  de  la  nageoire 
dorsale  et  les  trois  antérieurs  de  celle 
de  l'anus  sont  durs  et  simples;  mais  les 
autres  rayons  de  ces  deux  nageoires, 
sont  mous  et  divisés  aux  extrémités. 
Les  rayons  des  nageoires  de  la  poi  tri  ne , 
du  ventre  et  de  la  queue  sont  ramifiés. 
La  dernière  est  fourchue. 

Je  dois  ce   poisson  remarquable   à 
mon  digne  ami  Spengler,  de  Coppenha- 


D  U     V  O  M  E  R.  1G9 

gue,  inspecteur  du  Cabinet  des  curio- 
sités naturelles  de  Sa  Majesté  le  Roi 
de  Dannemarck.  Il  l'avoit  reçu  de  feu 
M.  le  docteur  Kœnig  ,  à  Surate.  Ce 
poisson  vit  dans  les  eaux  douces  de  ce 
pays.  Sa  chair  est  grasse  et  d'un  bon 
goût.  Au  lieu  d'écaillés,  ce  poisson  est 
garni  d'une  peau  mince  qui  ressemble 
à  une  feuille  d'argent.  On  le  prend  tant 
au  filet  qu'à  Thameçon,  auquel  on  at- 
tache un  insecte  ailé. 

Les  raisons  que  nous  avons  alléguées 

plus  haut ,  m'ont  engagé  à  donner  à  ce 

poisson  les  dénominations  suivantes  '■ 

Rusé,  en  français,  et  listiger  Spiegel- 

fisch ,  en  allemand. 

LE    VOMER,    zEus   r  o  mer. 

On  reconnoît  ce  poisson  au  second 
rayon  de  la  nageoire  du  dos  et  de  l'a- 
nus ,  qui  sont  plus  longs  que  le  tronc 
même.  On  compte  sept  rayons  à  la 
membrane  des  ouies,  dix-huit  à  la  11a- 


îfO-      HISTOIRE   NATURELLE 

geoire  pectorale ,  six  à  la  nageoire  ven-     i 
traie,  vingt  deux  à  celle  de  l'anus,  dix- 
rjcuf  à  la  queue,  et  trente -un  à  celle 
du  dos. 

Le  corps  est  large  ,  mince  et  sans 
écailles.  La  tête  est  fort  en  pente  , 
mince  et  longue.   L'ouverture   de   la 
bouche  est  de  médiocre  grandeur,  et 
Tes  deux  mâchoires  ,  dont  l'inférieure 
est  la  pins  longue ,  sont  garnies  de  très- 
petites  dents  pointues.  Les  narines  sont 
fort  près  des  3'"eux.  Ces  derniers  sont 
ronds.  La  prunelle  est  noire-,  l'iris  ar- 
gentin et  entouré  d'un  cercle  violet. 
L'opercule  des  ouies  ,  qui  ne  consiste 
qu'en  une  plaque  étroite  et  mince,  est 
long  ;  l'ouverture  des  ouies  est  large  , 
et  la  membrane  branchiale  est  cachée 
sous  la  plaque.  La  ligne  latérale  forme 
un  arc  vers  le  dos.  L'anus  est  immé- 
diatement derrière  les  nageoires  ven- 
trales, qui  sont  longues  et  étroites,  et 
les  deux  piquans  se  trouvent  devant  la 
naf^noire  de  l'anus.  Le  tronc  aussi  bien 


DU     Y  G  M  E  E .  17  1 

qtic  la  tête  de  celui  qu'on  trouve  au 
Brésil,  sont  de  couleur  argentine  ti- 
rant  sur  le  bleu  ;  mais  dans  celui  do 
Norwège ,  ces  parties  tirent  sur  le 
pourpre.  Toutes  les  nageoires  sont  lon- 
gues ,  et  ont  une  belle  couleur  bleue. 

Ce  poisson  vit  dans  les  eaux  du  Bré- 
sil. Suivant  les  observations  du  prince 
Maurice,  il  parvient  à  la  longueur  d'un 
demi -pied.  Il  n'a  que  peu  de  chair  , 
mais  elle  est  d'un  bon  ^orit.  Il  se  nour- 
rit  de  coquillages  et  de  petits  crabes. 
On  le  prend  tant  à  l'hameçon  qu'au 
filet. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
PJJtigsc/iaar  ,en  Allemagne. 
Siher-Sîirahha,  en  Suède. 
Sohphtter ,  Gnld-Fisk,en  Norwège. 
Vomer,  en  France. 
Zilvervisch ,  en  Hollande. 
Larger  Siher-Fish  ,  aux  Colonies  an- 
glaises de  la  Jamaïque. 
Guaperva  Ahacatuajarana  ,  au  Brésil. 
MarcgraT^  qui   est  le  premier  qui 


172      HISTOIRE   NATURELLE 
nous  ait  fait  connoître  ce  poisson ,  nous 
en  a  donné  aussi  un  assez  bon  dessin, 
dont  nous  trouvons  la  copie  dans  Wil- 
lughby,  Jonston  et  Ruyscli. 

Linné  prétend  que  notre  poisson  a 
deux  nageoires  dorsales  et  deux  pi- 
quans  courbés  en  arrière  ,  dont  l'un 
tient  au  dos  et  l'autre  à  l'anus  ;  mais 
les  quatre  exemplaires  que  je  possède  , 
n'ont  qu'une  nageoire  dorsale ,  et  point 
de  piquans  recourbés.  Je  ne  les  trouve 
pas  non  plus  dans  le  dessin  de  Marc- 
graf,  ni  dans  celui  du  prince  Maurice, 
ni  dans  la  figure  que  Linné  nous  en  a 
donnée  lui-même. 

Il  est  très-probable  que  Klein  a  dé- 
crit notre  poisson  comme  deux  espèces 
différentes.  Selon  cet  auteur  ,  sa  hui- 
tième espèce  diffère  de  sa  septième,  en 
ce  qu'elle  n'a  que  des  rayons  courts  ; 
mais  on  voit ,  par  le  dessin  qu'il  en 
donne  ,  qu'il  a  eu  sous  les  yeux  un 
exemplaire  séché  ,  auquel  les  ra3^ons 
longs  manquoient. 


U  E     LA     PLIE.  Ij'S 


XX  Ylir    GENRE. 


LE  PLEURONECTES  (nageur 
de  côté)  ou  LA  SOLE, 

PLEURONECTES, 

Caractère  générique.  Les  yeux  à  la  sur- 
face supérieure. 

SOLES  QUI  ONT  l'cEIL  A  DROITE  (l). 

LA   PLIE,    PLEURONECTES    PLATESSA. 

Cette  espèce  de  poisson  se  clistingne 
de  toutes  les  autres  par  les  six  éminen- 

(i)  Pour  déterminer  la  position  des  yeux, 
on  suppose  le  poisson  placé  sur  le  ventre  , 
la  queue  vers  la  poitrine  de  l'observateur  ; 
alors  les  j'eux  sont  réputés  à  droite  ou  à 
gauche  ,  selon  qu'ils  se  dirigent  vers  l'une 
ou  l'autre  main. 


174  HISTOIRE  MATtJRELLE 
ces  qu'elle  a  à  la  tête.  On  trouve  six 
rayons  à  la  membrane  des  ouies,  douze 
à  la  nageoire  de  la  poitrine  ,  six  à  celle 
du  ventre,  cinquante-quatre  à  celle  de 
l'anus  ,  dix-neuf  à  la  queue,  et  soixan- 
te-huit à  la  nageoire  dorsale. 

Le  corps  de  ce  poisson  est  revêiu 
d'écaillés  minces  et  molles  ,  placées 
dans  de  petits  enfoncemens  ;  ce  qui 
fait  que  le  poisson  semble  uni  au  lou- 
cher. Les  écailles  se  détachent  aisé- 
ment du  tronc  ;  mais  à  la  tête  ,  elles 
tiennent  si  fortement,  qu'on  ne  peut 
lesdélacher  qu'avec  beaucoup  de  peine. 
La  bouche  est  petite;  la  mâchoire  infé- 
rieure avance  sur  la  supérieure,  et  l'on 
voit  des  deux  côtés  un  os  large  dans  la 
lèvre.  Les  narines  sont  près  des  yeux  , 
qui  sont  de  moyenne  grandeur;  ils  ont 
une  prunelle  bleuâtre,  entourée  d'un 
i  ris  d'un]  aune  verd.  Derrière  les  yeux, 
on  trouv^e  les  six  éminences  dont  j'ai 
parlé  :  la  première  est  plus  grosse  que 
les  autres.  Les  deux  mâchoires  sont  ai> 


DE     LA     PLIE.  175 

mées  d'une  rangée  de  petites  dents 
émoussées.  On  trouve  à  l'œsopliage 
deux  os  rudes.  Le  palais  et  la  langue 
sont  unis.  La  membrane  des  ouies ,  qui 
est  cachée  sous  leurs  opercules,  a  des 
rayons  ronds.  Le  tronc  est  marbré  de 
brun  et  de  gris;  cendré  en  dessus,  et 
blanc  en  dessous  :  il  est  parsemé  de  ta- 
ches rondes  couleur  d'orange  ,  aussi 
bien  que  les  nageoires  du  dos  et  de  l'a- 
nus. La  ligne  latérale  passe  au  milieu 
du  corps  dans  une  direction  droite.  Les 
rayons  des  nageoires  du  dos,  de  l'anus 
et  de  la  queue ,  sont  plus  longs  que  la 
peau  qui  les  unit  ;  ils  sont  longs  et  cou- 
verts jusqu'à  la  moitié  d'écaillés.  Tou- 
tes les  nageoires  sont  d'un  gris  foncé. 
La  nageoire  dorsale  commence  imnié- 
diatement  au-delà  de  l'oeil,  et  finit 
près  de  celle  de  la  queue.  Avant  la  na- 
geoire de  l'anus ,  on  trouve  un  fort  pi- 
quant. 

Nous  trouvons  ce  poisson  en  quan- 
tité dans  la  Baltique,  et  sur-toul  dans 


IJ^  HISTOIRE  NATURELLE 
la  mer  du  Nord ,  où  H  se  tient  dans  le 
fond.  Il  en  sort  dans  la  belle  saison  , 
pour  chercher  les  endroits  des  côtes  et 
des  fleuves  où  les  rayons  du  soleil  fa- 
vorisent sa  propagation.  Il  vit  de  pe- 
tits poissons  ,  mais  sur-tout  de  coquil- 
lages et  de  petits  escargots.  J'ai  trouvé 
dans  les  intestins  une  quantité  de  co- 
quilles pulvérisées. 

La  plie  parvient  à  une  grosseur  assez 
considérable,  et  pèse  jusqu'à  quinze  à 
seize  livres.  Elle  fraie  en  février  et 
mars  ,  et  dépose  ses  œufs  entre  les 
pierres  et  dans  les  herbages. 

On  prend  les  plies  avec  des  hame- 
çons dormans,  auxquels  on  attache  de 
petits  poissons  coupés.  On  les  prend 
aussi  de  la  manière  suivante  :  Lorsqu'il 
fait  vui  beau  soleil  ,  et  que  l'eau  est 
tranquille  ,  les  pêcheurs  cherchent  les 
places  unies  sur  les  côtes  ,  le  rivage  , 
ou  les  bancs  de  sable.  Lorsqu'ils  y  dé- 
couvrent une  plie,  ils  lui  lancent  un 
plomb  attaché  à  une  ficelle,  et  auquel 


D  E     L  A     P  L  I  E.  177 

on  a  assujetti  un  fer  à  trois  ou  quatre 
pointes  crocliues.  Lorsque  les  crochets 
tombent  bien  snr  le  corps,  le  mouve- 
ment circulaire  du  sable  fait  connoître 
au  pêcheur  que  le  poisson  fait  des  ef- 
forts pour  se  détacher  des  crochets. 
Lorsqu'il  n'y  a  pas  plus  de  deux  à  trois 
brasses  de  fond,  ils  prennent  la  plie 
avec  une  perche  ,  à  laquelle  ils  atta- 
chent des  crochets  de  la  même  espèce  ; 
et  de  cette  manière  ,  le  poisson  leur 
échappe  rarement.  Cependant ,  dans 
ces  deux  cas ,  il  est  nécessaire  que  le 
bateau  soit  dans  un  repos  parfait;  et 
quand  quelques  petites  vagues  l'agi- 
tent ,  ils  tâchent  de  le  mettre  en  re- 
pos par  de  l'huile  qu'ils  jettent  dans 
l'eau. 

La  plie  est  un  poisson  de  bon  goût , 
presque  généralement  estimé  ;  mais 
qui  n'est  pas  par-tout  également  bon. 
Les  plus  petites  et  les  plus  minces  sont 
les  plus  mauvaises  ,  parce  que  leur 
chair  devient  molle  et  gluante  par  la 

Poiasons.  II.  16 


Î78      HISTOIRE    NATURELLE 
cuisson.  Les  grosses  ont,  au  contraire, 
la  chair  ferme  ,  grasse  et  de  bon  goût. 
3L»es  premières  sont  par-dessous   d'un 
blanc  bleuâtre  ;  les  autres  ont  une  cou- 
leur d'un  blanc  rougeâtre.   Les   plus 
mauvaises  se  salent ,  se  sèclient  à  l'air  ^ 
et  on  en  fait  des  paquets  qu'on  envoie 
de  tous  côtés.    On  les  fait   ensuite  ra- 
mollir et  cuire  avec  des   pois.   Cepen- 
dant elles  ne  sont  pas  une  bonne  nour- 
riture pour  les  malades.  L'espèce   la 
plus    grosse   et  la  meilleure  se  sèche 
aussi  ;   et  après  en  avoir  ôté  la  peau  , 
on  la  mange  en  guise  de  fromage.  On 
accommode  les  fraîches  de  différentes 
manières.  s 

La  cavité  delà  poitrine  est  petite, 
et  le  cœur  forme  un  carré  long.  Le 
foie  est  long  ,  simple ,  et  la  vésicule 
du  fiel  grosse.  L'estomac  est  long  et  pas 
fort  large.  Le  canal  des  intestins  a  plu- 
sieurs sinuosités  ;  et  au  commence- 
ment, on  trouve  deux  à  quatre  ap- 
pendices. Le  foie  est  rond  et  d'un  brun 


D  E     L  A     P  L  I  E.  1 79 

ronge.  La  laite  et  l'ovaire  sont  dou- 
bles. Le  diaphragme  est  noir  par  en 
haut  ,  et  blanc  par  en  bas.  On  trouve 
quarante-trois  vertèbres  à  l'épine  du 
dos. 

Ce  poisson  est  connu  sons  difFércns 
noms.  Ou  le  nomme  : 
SchuUe ,  à  Hambourg. 
Platteiss  et  SchoUe ,  dans  plusieurs  en- 
droits de  TAIlemagne. 
Rœdspœtte  ,  Schullcr,  en  Danemarck. 
Hellebult  ,Sondmœr-Kong,  Faar-Guld, 

Floender-SIaeter ,  en  Norwège. 
Shalla  ,   en  Suéde. 
Karkole  ,  en  Islande. 
SchoUe  ,  en  Plollande. 
Plaise ,  en  Angleterre. 
Plyê  ou  Plie  ,   en  France. 
Corne  et  Jei ,  au  Japon. 
Bot  ou  Plie ,   aux  îles  Moluques. 

Selon  M.  Deslandes  ,  il  y  a  un  conte 
fort  commun  dans  divers  cantons  de 
l'Angleterre  et  de  la  France  ;  c'est  que 
la  plie  est  engendrée  par   îa  chevretle 


l8o       HISTOIRE    NATURELLE 

OU  cevrette  ,  espèce  d'écrevisse  de  la 
grosseur  du  petit  doigt.  Pour  remonter 
à  l'origine  de  ce  conte  ,  cet  auteur  fit 
plusieurs  expériences  :  il  mit  plusieurs 
de  ces  chevrettes  dans  un  vase  plein 
d'eau  de  mer  ,  qui  avoit  trois  pieds  de 
diamètre.  Au  bout  de  douze  ou  treize 
jours,  il  y  découvrit  huit  à  dix  pe- 
tites pl'.es  ,  qui  grossirent  peu  à  peu, 
Aj'^ant  essayé  plusieurs  fois  la  même 
chose  ,  il  vit  toujours  le  même  efFet, 
Ensuite  ,  au  mois  d'avril ,  il  mit  des 
plies  dans  un  vase  ,  et  dans  l'autre  des 
écrevisses  et  des  plies  tout  ensemble. 
Quoique  ces  poissons  frayassent  dans 
les  deux  vases  ,  il  ne  vit  paroi tre  des 
plies  que  dans  celui  où  étoient  les  pe- 
tites écrevisses.  Ayant  ensuite  exa- 
miné de  plus  près  ces  écrevisses ,  il 
trouva  entre  les  pattes  de  petites  ves- 
sies de  différentes  grosseurs,  qui  étoient 
fortement  attachées  au  ventre  par  le 
moyen  d'une  liqueur  visqueuse.  Il 
ouvrit  ces   vessies  avec   précaution , 


DE     LA      PLIE.  l8i 

et  y  trouva  quelque  chose  de  sembla- 
ble à  un  embryori;  peu  développé,  qui 
avoit  entièrement  la  figure  d'une  plie  3 
et  il  en  conclut  que  ce  poisson  ne  pou- 
voit  éclorre  sans  être  couvé  par  ces 
écrevisses.  Quoique  cette  expérience 
soit  fort  remarquable  ,  il  ne  paroît  pas 
cependant  qu'on  doive  en  conclure  ce 
qu'en  conclut  M.  Deslandes.  Car  il 
est  impossible  que  ces  poissons  aient 
pu  frayer  dans  un  vase  aussi  petit , 
où  il  n'y  avoit  ni  pierres  ni  herbages  • 
choses  contre  lesquelles  il  faut  néces- 
sairement que  le  poisson  se  frotte  pour 
faire  sortir  ses  œufs.  Les  œufs  que 
M.  Deslandes  a  trouvés  dans  les  vases, 
étoient  ceux  que  le  poisson  avoit  per- 
dus par  hasard  lorsqu'on  l'avoit  pris  , 
et  ils  n'étoient  point  fécondés  comme 
ceux  qu'on  trouve  dans  les  réservoirs 
et  les  filets  au  temps  du  frai.  Il  est  plus 
vraisemblable  que  les  œufs  des  plies  , 
que  les  écrevisses  cherchent  beaucoup, 
pour  les  manger,  sont  restés  attachés 


l82      HISTOIRE  natltrellï: 
par  Iiasard  aux  écrevisses  par  le  moyeïj 
de  la  liqueur  visqueuse  que   l'on  re- 
"marque   ordinairemcîit  sur  ces  œufs 
dans  îe  temps  du  frai  :  et  voilà  pour- 
quoi on  les  trouve  sous  leur  ventre.  Si 
l'on  adoptoitl'opinionde  M. Deslandesy 
on  ne  pourroit  expliquer  comment  se 
fait   la   grande    multiplication  de   ce 
poisson  ;  il  faudroit  supposer  que  quand 
les  plies  fraient  ,  les  écrevisses  se  trou- 
veroient  en   assez  grand  nombre,   ci 
seroient  assez  complaisantes   pour  se 
mettre  sur  le  dos ,  afin  de  recevoir  sur 
leur  ventre  la  grande  quantité  d'œufs 
qu'elles  poudroient ,    et  les   y   laisser 
couver  tranquillement.  On  ne  peut  pas 
objecter  ici  que  les  insectes  déposent 
de  même  leurs  œufs  sur  les  plantes  et 
les   animaux.  Les    œufs    des  insectes 
sont  fécondés  avant  que  la  femelle  les 
ponde  ,  et  un  instinct  particulier  porte 
ces  animaux  à  les  déposer  sur  des  en- 
droits où  leur  postérité  puisse  trouver 
lUi  développe  ment  et  une  nourriture 


DE     LA      P  L  I  F.  18.7 

convenable  :  choses  que  le  poisson  peut, 
trouver  par-tout  dans  Télément  où  it 
doit  vivre. 

BeTon  ,  Rondelet ,   Gesner  et   Al- 
drovand  ont  représenté  ce  poisson  avec 
les  deux  yeux  à   gauche.   Cette  faute 
vient  sans  doute  de  ce  que  ces  auteurs 
n'ont  pas  pris  assez  d'attention  à  diri- 
ger îe  travail  de  leur  artiste.  Le  gra- 
veur grave  son   modèle  à  rehours  sur 
le  bois  ou  le  cuivre,   afin  de  le  faire 
paroître  sur  l'épreuve  dansla  situation 
de  l'original.  Or  comme  notre  poisson 
aies  yeux  du   même  coté,  il   auroit 
fallu  ouïe  dessiner  à  rebours,  ou  le 
graver  à  la  lueur  d'un    miroir.  C'est 
une  chose  à  laquelle  ni  Belon    ni  ses 
successeurs  n'ont  fait  attention.  Cette 
chose    indifférente    dans   tout    autr& 
genre  ,  ne  l'est  point  du  tout  ici  ,  puis- 
que la  position  des  yeux  de  ces  pois- 
sons à  droite  ou  à  gauche  forme  leur 
caractère  rjistinctif.  C'est  cette  confu- 
ï:ion    des   dessins  qui^    scion  moi,    a 


l84       HISTOIRE    NATURELLE 
multiplié  sans  nécessité  les  espèces  des 
anciens  ichthyologistes. 

Nous  répondons  négativement  à 
Klein  quand  il  demande  s'il  faut  re- 
garder comme  notre  plie  le  struffbut 
de  Sclioneveld  :  car  le  struffbut ,  qui 
estnotrc  moineau  de  mer ,  a  des  piquans 
au  fond  de  la  nageoire  du  dos  et  à  celle 
de  l'anus.  Cet  auteur  rapporte  aussi 
faussement  noire  poisson  comme  deux 
espèces. 

LA    BARBUE, 

P  LEURON  ECT  ES    RHO  M  BUS. 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres 
du  même  genre  ,  par  son  corps  large 
et  uni ,  et  par  la  position  des  yeux  à 
gauche.  On  trouve  six  rayons  à  la 
membrane  des  ouies  ,  douze  à  celle  de 
la  poitrine  ,  six  à  la  nageoire  du  ven- 
tre ,  cinquante-sept  à  celle  de  l'anus  , 
seize  à  la  queue  ,  et  soixante^onze  à 
la  nageoire  dorsale. 


DE    LA    BARBUE.  l85 

La  tête  est  petite  et  large  ,  et  l'ou- 
verture fie  la  bouche  en  forme  d'arc. 
La  mâchoire  inférieure  est  un  peu 
avancée  sur  la  supérieure  :  l'une  et 
l'autre  sont  armées  de  plusieurs  ran- 
gées de  petites  dents  pointues  ,  dont 
les  antérieures  sont  les  plus  grandes. 
Ce  poisson  peut  avancer  et  reculer  les 
deux  nageoires  à  son  gré.  Les  narines 
sont  tout  près  des  yeux  \  les  derniers 
ont  une  prunelle  noire  ,  entourée  d'un 
iris  blanc.  Les  opercules  des  ouiessont 
dirigés  vers  le  dos  en  forme  d'angle 
obtus.  Les  écailles  ,  qui  couvrent  le 
corps  ,  sontoblongues;  et  comme  outre 
cela  ,  elles  sont  molles  ,  le  corps  paroît 
uni  au  toucher.  La  têle  est  brune  par 
en  haut  aussi  bien  que  le  corps  ,  et  le 
tronc  est  marbré  de  brun  et  de  jaune. 
Le  côté  inférieur  est  blanc,  et  la  ligue 
latérale  forme  une  courbure  près  de 
la  tête;  puis  elle  passe  au  milieu  du 
corps  dans  une  direction  droite.  Les 
nageoires  sont  marbrées ,    et  ont  des 


lS6  HISTOIRE  NATURELLE 
taches  brunes  ,  blanclies  et  jaunes.  La 
nageoire  dorsale  commence  tout  près 
tle  la  mâchoire  supérieure ,  et  finit  h 
lu  nageoire  de  la  queue  ,  qui  est  longue 
et  un  peu  arrondie.  On  ne  voit  pas  le 
2:)i quant  de  l'anus. 

Ce  poisson  est  un  des  plus  communs 
de  tout  le  genre.  On  le  trouve  dans 
tous  les  endroits  de  la  mer  du  Nord  , 
dans  la  Méditerranée  et  sur  les  côtes 
de  Sardaigne  ,  où  il  se  tient  au  fond 
comme  le  précédent.  Il  est  avec  le 
turbot  le  plus  large  de  tout  ce  genre  , 
et  parvient  à  une  grosseur  considéra- 
ble. On  en  pécha  un  ,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Domitien  ,  qui  avoit  vingt 
aunes  de  long  et  un  pied  d'épaisseur. 
Ce  poisson  est  rapace  comme  le  précé- 
dent :  on  le  prend  et  on  l'accommode 
de  la  même  manière. 

La  barbue  a  l'œsophage  large ,  la 
membrane  de  l'estomac  épaisse ,  et 
deux  appendices  en  forme  d'entonnoir. 


DE     LA    BARBUE.  187 

Les   parties  intérieures    ^nnt   oona.^o 
dans  le  poisson  précédent. 

Ce  poisson  est  connu  sous  différens 
noms.  On  le  nomme  : 
Glatthutt,  Winchelbutt  j  en  Allemagne. 
Elbbuttf  à  Hambourg. 
Slaetwar  ,  en  Danemarck. 
Sand-Flynder  ,  en  Norwège. 
Pigghuars ,   en  Suède. 
Cript ,  en  Hollande, 
Pearl  ,  à  Londres. 
Lug-aleaf ,  dans  la  province  de  Corn- 

Tvallis. 
Barbue  et  RJiomboide  ,  en  France. 
BJiombo  ,  en  Italie. 

Artédi  croit  que  le  rhombus  de  Pline 
est  notre  poisson.  Mais  comme  ce  der- 
nier dit  expressément  que  le  passer 
diffère  du  rhombus  et  de  la  sole  à  l'é- 
gard de  la  position  des  yeux ,  en  ce 
que  le  premier  a  les  yeux  à  droite  et 
les  deux  autres  à  gauche  (i),  je  crois 

(  I  )  Voiai  ce  qu'il  en  dit  :  Marinorum 


l88       HISTOIRE   NATURELLE 

qu'on  peut  avec  plus  de  raison  pren- 
dre le  dernier  pour  notre  poisson. 

Willughby  et  Ray  ont  fait  de  leur 
lug-aleafet  du  rhomboïde  de  Rondelet 
deux  espèces  ;  mais  on  n'a  qu'à  com- 
parerles  descriptions  et  les  figuresqu'ils 
en  donnent,  et  l'on  verra  que  ce  n'est 
qu'une  espèce. 

4     ' 
LE    FLEZ  ,    PLEURONECTES    FLJSSirS. 

Cette  espèce  de  sole  ,  qui  a  les  yeux 
adroite,  se  distingue  des  autres  de 
cette  classe  par  la  quantité  de  petits 
piquans  ,  qui  rendent  sa  surface  iné- 
gale et  rude.  Ou  trouve  six  rayons  à 
la  membrane  des  ouies  ,  douze  à  lana- 


alii  sunt  plani  ,  ut  rhombi  ^  soleœ  acpas- 
seres ,  quia  rhumhi  situ  tantum  corpo- 
runi  differunt  ;  dexter  resupinatus  est  illis, 
passer i  lœvis.  Ces  passages  obscurs  s'en- 
tendent plus  aiscjnent ,  àce  que  je  crois ,  de 
la  situation  des  yeux  à  droite  ou  à  gauche. 


D  U      F  L  E  Z.  1  (S9 

^eaiie  de  la  poitrine ,  six  à  celle  da 
ventre,  quarante- quatre  à  celle  de 
i'anus,  seize  à  la  queue,  et  cinquante- 
neuf  à  la  nageoire  du  dos. 

Si  Ton  considère  au  microscope  les 
piquans  de  la  tête  et  du  tronc ,  ]es  uns 
paroissent  courbes  ,  les  autres  droits. 
Les  premiers  sont  dispersés  sur  toute 
la  surface  du  corps  ;  les  autres  sont 
placés  sur  la  ligne  latérale  et  à  la  marge 
inférieure  des  nageoires  du  ventre  ,  de 
l'anus  et  du  dos  ,  où  ils  sont  rangés 
en  croix  sur  les  éminenceS  osseuses  que 
l'on  trouve  sur  ces  nageoires.  Le  côté 
supérieur. de  ce  poisson  est  d'un  brun 
foncé  ,  interrompu  par  des  taches  bru- 
nes ,  olivâtres,  d'un  verd  jaune  et 
noir.  Le  côté  inférieur  est  blanc  ,  avqc 
des  ombres  brunes  garnies  de  taches 
noires.  On  voit  aussi  à  ce  côté  des  pi- 
quans sur  la  marge  inférieure  des  na- 
geoires ,  et  à  la  ligne  latérale.  Les 
deux  côtés  sont  couverts  d'écaillés 
minces  et  oblongues ,  qui  sont  telle- 
Poissons,  II.  17 


1^0      HISTOIRE    NATURELLE 

ment  enfoncées  et  attacliées  à  la  peau  , 
qu'on  peut  à  peine  les    appercevoir. 
L'ouverture  de  la  bouclie  est  petite  , 
îa  mâchoire  inférieure  plus  longue  que 
la    supérieure ,  la    langue    courte    et 
étroite,   et   on   trouve    à  l'œsophage 
deux  os  ronds  et  rudes.  Les  yeux  sont 
avancés',   et  leur  prunelle   noire   est 
entourée   d'un  iris  jaune.  Les   oper- 
cules  des   ouies  forment  une    pointe 
émoussée  ,  et  leur  ouverture  est  large. 
La  ligne  latérale,  qui  s'approche  Un 
peu  du  dos  ,  forme  une   courbure  au- 
dessus  de  la  nagïïoire  pectorale  ,  -et  se 
perd  au  milieu  de  la  nageoire  d€  la 
queue.  Les  nageoires  sont  brunâtres , 
et  celles  de  l'anus  ,  de  la  queue  et  du 
dos  sont  tachetées  de  noir.  D'ailleurs  , 
elles  sont  toutes  comme  à  la  plie.  On 
voit  un  fort  piquant  entre  la  nageoire 
de  l'anus  et  celle  du  ventre. 

On  trouve  le  fiez  non-seulement  dans 
la  mer  du  Nord  ,  mais  aussi  dans  la 
Baltique.  Au  printemps  ,  il  se  rend 


.i- 


DU     F  L  E  7..  191 

«'omme  le  précédent  vers  Its  livages  et 
les  embouchures  des  fleuves.  En  An- 
gleterre ,il  remonte  fort  avant  dans  les 
fleuves;  mais  cbez  nous  il  ne  vient  que 
dans  le  HaiT.  Selon  Willughby  ,  ceux 
que  l'on  prend  dans  les  rivières ,  ont 
une  chair  plus  molle  et  une  couleur 
plus  claire  que  ceux  de  la  mer.  La  res- 
semblance de  la  couleur  de  ceux  qu'on 
prend  dans  les  rivières  avec  celle  du 
moineau ,  leur  a  fait  donner  par  quel- 
ques auteurs  le  nom  de  passer  Jluvialilis 
(moineau  de  mer).  On  le  prend  comme 
le  précédent.  La  pêche  s'en  fait  en  Po- 
méranie  ,  auprès  de  Rugenwalde  ,  de- 
puis le  printemps  jusqu'en  automne  ; 
car  après  la  St.  Jean  ,  c'est  le  temps  où 
il  est  le  plus  charnu  et  le  plus  gras.  La 
bonté  de  sa  chair  dépend  en  général 
des  diiférentes  contrées  où  il  a  vécu  , 
et  de  la  quantité  plus  ou  moins  grande 
de  nourriture  qu'il  a  trouvée.  Ceux  que 
l'on  prend  près  de  Memel ,  passent  pour 
les  meilleurs  de  la  Baltique  ,  quoique. 


192       HISTOIRE    NATURELLE 
leur  chair  n'approche  pas  de  la  bonté 
de  celle  de  la  plie.   On  l'accommode 
comme  le  précédent. 

Le  flez  ne  parvient  pas  à  la  grosseur 
de  la  plie;  les  plus  gros  ne  pèsent  pas 
plus  de  six  livres.  Il  a  la  vie  dure  et 
s'avance  dans  les  eaux  douces.  Comme 
on  peut  le  transporter  dans  des  vais- 
seaux l'espace  de  quelques  milles  ,  il 
seroit  à  souhaiter  que  nous  le  missions 
dans  des  étangs  comme  ont  fait  les  ha- 
bitans  de  la  Frise. 

Les  parties  intérieures  de  ce  pois- 
son sont  comme  celles  de  la  plie  ,  ex- 
cepté les  deux  appendices  que  l'on 
trouve  à  l'entrée  du  canal  des  intes- 
tins ,  qui  sont  beaucoup  plus  petites.  On 
trouve  trente- cinq  vertèbres  à  l'épine 
du  c^os. 

Ce  poisson  est  connu  sous  dilTcrens 
noms.  On  le  nomme  : 

Flinder  et  Flonder  ,  en  Prusse. 
Butte  et  Flunderj  en  Livonie. 


DU     F  L  E  Z.  193 

Battes  ,  Lestes  ,   Plehkstes  ,   cTiez   les 

Lettes. 
Lœst  et  Kamlias,  en  Estonie. 
Skey  ySandskraa ,  en  Nor^vège. 
Kola  et  Lura,  en  Islande. 
Flounder  ,  Bw^  ,  en  Angleterre. 
Fiez ,  en  France. 

Butte  ,  Sandskrehle  ,  cnDanemarck. 
Flundra  et  Slaettskaeda  ,  en  Suède. 
^0^  ,  Amsterdamse-Bot ,   Fey-Bot ,    en 

Hollande. 
Het'Tey  ,  aux  environs  de  la  mer. 

Rondelet  se  trompe  en  prenant  le 
helbut  des  Anglais  pour  notre  poisson. 
Klein  a  tort  de  citer  la  plie  de  Wil- 
Ingliby  et  le  rhomboïde  de  Sclioneveld 
pour  notre  poisson.  Le  dessin  de  cet 
auteur  ressemble  aussi  plus  à  la  plio 
qu'au  flez. 

Quand  Arlédidit  que  le  côlé  gauche 
âc  ce  poisson  n'a  point  de  piquans  ,il 
f:iut  qu'il  ait  examiné  un  jeune  pois- 
son où  ces  piquans  n'étoient  pas  sen- 
sibles. 


Kji      HISTOIRE    NATURELLE 

Gronov  cite  mal-à-propos  comme 
notre  poisson  ,  la  quatrième  espèce  du 
passer  de  Ray,  et  la  Hmancle  de  Linné* 

LA    SOLE,    PLEURONECTES    SOLE  A, 

'  Cette  espèce  de  soie  se  distingue  des 
autres  poissons  de  ce  genre,  par  l'avan- 
cement de  la  mâchoire  supérieure,  et 
par  ses  écailles  dures  et  ralx)teuses.  On 
trouve  six  rayons  à  la  membrane  des 
ouieSjdix  à  la  nageoire  de  la  poitrine,, 
sept  à  celle  du  ventre,  soixante-un  à 
celle  de  l'anus ,  dix-sept  à  la  queue ,  et 
quatre-vingt-un  à  la  nageoire  du  dos. 
Ce  poisson  est  presque  trois  fois  aussi 
long  que  large.  Le  côté  supérieur  et 
l'inférieur  sont  couverts  de  petites 
écailles  dures,  dentelées  et  fortement 
attachées  à  la  peau  ;  ce  qui  les  rend 
rudes  au  toucher":  l'un  est  blanc,  l'au- 
tre olivâtre.  La  tête  est  petite  et  ar- 
rondie par  en  haut.  L'ouverture  de  la 
bouche  se  distingue  en  ee  que  la  ma- 


J'ili/*"    /o^ 


1.1.  \  i.iM\xi>K  i.i.K  n.i'.T\N  :i.i.\  SOl.K. 


e         ;IDGE.  MA  USA 


DE     LA     SOLE.  1()5 

dioire  supérieure  est  taillée  en  crois- 
sant :  la  mâchoire  inférieure  seule  est 
garnie  de  plusieurs  rangées  de  petites 
dcntspointucs.A  l'œsophage, on  trouve 
en  haut  deux  os  ronds  en  forme   de 
lune  ,  et  autant  en  bas  qui  sont  longs. 
Les  deux  mâchoiics   sont  garnies  au 
côté  inférieur  d'un  grand  nombre  de 
petits  barbillons  de   couleur  blanche. 
Les  deux  narines   sont  cylindriques  : 
l'une  est  au  côlé  supérieur  et  l'antre 
à  l'inférieur  ,  tout  près  des  bords  de  la 
bouche.  Les  yeux  ne  sont  pas  si  près 
l'un  de  l'autre  que  dans  lés  autres  es- 
pèces de    ce  genre  j   la    prunelle    est 
bleuâtre  et  l'iris  jaunâtre.  L'opercule 
des  ouies  est  rond  ,  et  consiste  en  une 
seule  lame  ,  sous  laquelle  est  cachée  la 
membrane  des  ouies.  La  ligne  Jatéralc 
est  droite  et  un  peu  plus  près  du  doa 
que  du  ventre.  Les  nageoires  du  ventre 
et  de  la  poitrine  sont  petites.  Sous  les 
dernières  ,  on  trouve  l'anus  tout  près 
ile  la  tête  ;  et  près  de  Fanus,  on  voit 


igC  HISTOIRE  NATURELLE 
un  piquant  court  et  fort,  La  nageoire 
dorsale  commence  au-dessus  de  l'ou- 
verture de  la  bouche  ;  celle  de  l'anus 
est  tout  près  de  celle  du  ventre  :  toutes 
deux  se  terminent  à  la  nageoire  de  la 
queue  ;  les  rayons  de  l'une  et  de  l'autre 
sont  couverts  d'écaillés  presque  jusqu'à 
la  moitié.  La  nageoire  de  la  queue  ,  qui 
est  ronde ,  a  des  rayons  ramifiés.  Toutes 
les  nageoires  sont  de  couleur  olivâtre 
par  en  haut ,  et  blanches  par  en  bas. 

Nous  trouvons  ce  poisson  non-seule- 
ment dans  les  eaux  de  la  mer  Baltique 
et  du  Nord  ,  mais  aussi  dans  la  mer 
Méditerranée  et  dans  celle  de  Surinam  : 
ce  qui  fait  qu'il  est  connu  non-seule- 
ment des  Européens  ,  mais  aussi  des 
Turcs,  des  Arabes  et  des  Américains. 
Cependant  on  le  prend  rarement  dans 
la  Baltique  aux  environs  de  la  Pomé- 
lanie  ;  maison  le  pcclie  en  grande  quan- 
tité sur  les  côtes  d'Orytana  et  dcSt.-An- 
tioclie  en  Sardaigne.  Il  vit  des  œufs  et 
des  petits  des  autres  poissons,  Il  a  pou'F 


DE     LA     SOLE.  197 

ennemis  les  crabes  ,  qui  mangent  ses 
petits.  Il  ne  devient  pas  plus  long  que 
deux  pieds  ;  et  pèse  alors  huit  livres. 
Une  chose  remarquable  ,  c'est  que  sur 
quelques côtesd' Angleterre  ,ce  poisson 
ne  passe  pas  la  pesanteur  d'une  livre  , 
et  sur  d'autres  ,  on  en  trouve  de  six  à 
luiit  livres. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  du  frai , 
de  la  pêche  et  de  la  manière  d'accom- 
moder la  plie  ,  peut  être  appliqué  à  la 
sole.  Nous  remarquerons  seulement  en- 
core ,  que  celle-ci  a  la  chair  beaucoup 
plus  tendre  que  les  autres  espèces  ;  ce 
qui  hii  fait  donner  en  France  le  nom 
de  perdrix  de  mer.  C.dles  qu'on  prend 
au  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  passent 
pour  les  meilleures.  En  général  ,  les 
])liis  petites  ont  la  chair  beaucoup  plus 
tendre  que  les  grosses. 

La  cavité  du  ventre  étoit  courte  dans 
le  poisson  que  je  représente  ici  :  elle 
s'étendoit  entre  les  deux  côtés  et  les 
vertèbres  de  la  longueur  de  trois  pouces 


19^  inSTOIRE  NATURTTLT-E 
vers  la  queue.  Le  canal  des  intestiiî& 
avoit  plusieurs  sinuosités ,  et  étoit  pres- 
qu'une  fois  aussi  long  que  tout  le  corps. 
JLes  autres  intestins  étoient  pareils  à 
ceux  des  précédens.  J'ai  trouvé  qua- 
rante-huit vertèbres  à  l'épine  du  dos. 

Ce  poisson  est  connu  sous  difiFérens 
noms.  On  le  nomme  : 
Zunge  ,  Seerephuhn  ,  en  Allemagne. 
Tunge  ,  Hunde-Tvngey  Tunge-Pledder, 

Hav-Ager,  Hone  ,  en  Danemarck. 
Tunga  Sola  ,  en  Suède. 
Tonge,  en  Hollande  et  en  Norwège. 
Sol  ,  en  Angleterre. 
Sole,  et  Perdrix  de  mer,  en  France. 
L,ins;uata  ,  en  Italie. 
Sagliola,  en  Sardaigne. 
Linguato ,  en  Espagne. 
Vit  Baluck ,  en  Turquie. 
Samakmusi ,  en  Arabie. 
Sole  ,  Zeetong  et  Bot ,  à  Surinam. 

Dans  Belou  ,  qui  a  le  premier  décrit 
la  sole  ,  les  yeux  sont  à  droite.  Chcs 
Rondelet  ils  sont  à  i^auche.  Gesney  le* 

Cl 


DELA     LIMANDE.       1 99 

a  représentés  une  fois  adroite,  une 
fois  à  gauche.  Dans  Aldrovand,  Ruyscli 
et  Willughby,  les  dessins  sont  justes  ; 
celui  de  Jonston  ne  l'est  pas. 

Quant  à  ce  que  dit  Artédi  que  les 
deux  narines  se  trouvent  sur  le  côté 
supérieur  ,  l'expérience  m'a  montré 
1«  contraire. 

Bomare  se  trompe  en  disant  que 
notre  poisson  n'a  point  de  dents. 

LA     LIMANDE, 

FLEURON  ECTES     Lî  M  AN  DA, 

Les  écailles  d ures ,  dentelées ,  et  l'arc 
que  forme  la  ligne  latérale  à  son  com- 
mencement, sont  les  caractères  qui  dis- 
tinguent ce  poisson  des  autres  poissons 
de  la  même  classe.  On  trouve  six  rayons 
à  la  membrane  des  ouies  ,  onze  à  la 
nageoire  de  la  poitrine  ,  six  à  celle  dti 
ventre  ,  soixante-un  à  celle  de  l'anus  , 
quinze  à  la  queue,  et  soixante -six  à  la 
nageoire  du  dos. 


SCO      HISTOIRE    NATUPcELLE 

Ce  poisson  est  jaune  sur  le  côté  su- 
périeur et  blanc  sur  l'inférieur.  Ces 
deux  côtés  sont  couverts  d'écaillés  as- 
sez grandes.  La  tête  est  petite,  oblon- 
gue,  et  l'ouverture  de  la  bouche  étroite. 
Les  deux  mâchoires  hont  d'égale  lon- 
gueur :  à  la  supérieure ,  on  voit  beau- 
coup plus  de  petites  dents  qu'à  l'infé- 
rieure. Les  yeux  avancent  ,  ont  une 
prunelle  noire  entourée  d'un  iris  cou- 
leur d'or.  La  ligne  latérale  ,  qui  est 
noirâtre ,  commence  près  de  l'oeil  et 
finit  vers  la  nageoire  de  la  queue. Toutes 
les  nageoires  sont  blanches  au  côté  in- 
férieur ,  et  d'un  brun  jaune  sur  le 
supérieur  :  celle  de  la  queue  est  d'un 
brun  foncé.  Les  rayons  de  la  na- 
geoire de  l'anus  et  du  dos  sont  couverts 
d'écaillés  ,  et  on  apperçoit  un  piquant 
à  l'anus. 

Ce  poisson  se  trouve  également  dans 
la  Baltique  ,  dans  la  Méditerranée  et 
danslanierdu  Nord.  On  m'en  a  envoyé 
un  de  Poméranie   sous    le    nom   de 


DE    LA    L  I  M  A  N  D  E.       2ol 

glahrke ,  et  un  autre  de  Hambourg  sous 
celui  de  kliesche. 

La  limande  n'est  pas  si  commune 
que  le  fiez  et  la  plie  ,  ni  si  épaisse  que 
cette,  dernière.  D'ailleurs  ,  on  la  pêche 
et  on  la  prépare  de  la  même  manière. 
Quoiqu'elle  ne  soit  pas  si  grosse  que  la 
plie  ,  elle  la  surpasse  cependant  en 
bonté.  Lesmois  où  elleestlameilleure, 
sont  ceux  de  février  et  d'avril.  Ello 
fraie  plus  tard  que  les  précédens  ;  c'est- 
à-dire  au  mois  de  mai ,  et  quand  il  fait 
froid  ,  en  juin.  Dans  ce  temps  sa  chair 
est  molle  et  de  mauvais  goût.  Elle  vit 
d'insectes  et  de  vers  ,  et  sur-tout  de 
petits  crabes  :  j'en  ai  trouvé  souvent 
dans  son  estomac. 

Les  intestins  de  ce  poisson  sont  sem- 
blables à  ceux  de  la  plie.  L'épine  du  dos 
n'a  que  cinquante-une  vertèbre^f. 

Ce  poisson  est  connu  sous  dijBFérens 
noms.  On  le  nomme  : 
Kleische  et  Kliesche ,  à  Hambourg. 
Glahrke ,  en  Poméranie. 

Poissons.  IL  i8 


202       HISTOIRE   NATURELLE 

Skruhbe  ,  en  Danemarck. 
Grette  ,  en  Hollande. 
Dab  ,  en  Angleterre. 
Limande  ,  en  France. 
hima  ,  en  Sardaigne. 

Belon  est  le  premier  qui  ait  décrit 
ce  poisson  ,  et  Rondelet  en  a  donné  le 
premier  dessin.  Dans  cet  anteur,  ainsi 
que  dans  Aldrovand  et  Willugliby ,  la 
limande  a  les  yeux  à  droite*,  dans  Ges- 
ner  ,  elle  les  a  à  gauche . 

Klein  se  trompe  quand  il  dit  que  le 
poisson  qui  est  représenté  sur  la  plan- 
che F.  5  de  Willugliby  est  le  nôtre  : 
c'est  sûrement  une  faute  du  copiste  ou 
de  l'imprimeur. 

Je  n'ai  pu  remarquer  les  piquans  qui , 
selon  Linné  ,  doivent  se  trouver  sur  les 
•nageoires  du  ventre  et  du  dos. 


D 


DU     FLÉTAN.  203 

LE     FLÉTAN, 

P  LE  U  RONEC  T  ES     H I  P  PO  G  L  0  S  S  U  S, 

Le  flétan  se  distingue  des  autres  es- 
pèces  de  soles,  par  l'écliaricrure  de  la 
nageoire  de  la  queue  en  forme  de  crois- 
sant. On  trouve  sept  rayons  à  la  mem- 
brane desouies,  quatorze  à  la  nageoire 
de  la  poitrine,  sept  à  celle  du  ventre  , 
quatre-vingt-deux  à  celle  de  l'anus  , 
dix-huit  à  la  queue  ,  et  cent  sept  à  la 
nageoire  du  dos. 

Le  côté  supérieur  de  ce  poisson  est 
couleur  de  cuir  ;  l'infcrieur  est  blanc. 
La  couleur  change  dans  tous  les  pois- 
sons, selon  qu'ils  sont  plus  ou  moins 
gras.  Chez  le  ilétan,  les  maigres  sont 
d'une  couleur  noirâtre.  Les  deux  côtés 
sont  couverts  d'écaillés  oblongues ,  for- 
tement attachées  ,  et  qui  étant  molles 
et  couvertes  d'une  matière  visqueuse  , 
ne  se  sentent  presque  point  au  toucher: 
Qïi  ne  les  remarque  que  lorsque  le  pois- 


2o4       HISTOIRE   NATURELLE 

son  est  sec.  La  tête  est  petite  ,  l'ouver- 
ture de  la  bouche  large ,  et  les  deux 
mâchoires  garnies  de  plusieurs  dents 
longues ,  pointues , courbes  et  séparées 
les  unes  des  autres.  La  lèvre  supérieure 
est  mobile  et  garnie  d'un  os  large.  Les 
yeux  sont  près  l'un  de  l'autre  ,  grands, 
ont  la  prunelle  noire   et  l'iris  blanc. 
L'opercule  des  ouies  consiste  en  trois 
lames  ;l'ouverture  des  ouies  est  grande , 
et  leur  membrane  passe  en  dehors  La 
nageoire  de  la  poitrine  est  oblongue  , 
jaune  ,  avec  une  bordure  brune  -,  celles 
du  ventre  et  de  la  queue  sont  brunes  , 
et  celles  du  dos  et  de  l'anus  jaunes, L'a- 
nus est  plus  éloigné  de  la  têle  que  dans 
les  autres  poissons  de  ce  genre.  On  voit 
un  piquant  au  commencement   de  la 
nageoire  de  l'anus.  La  ligne  latérale 
forme  un  arc  à  la  poitrine  ,  et  va  eur 
suite  dans  une  direction  droite  jusqu'à 
la  nageoire  de  la  queue. 

Le   flétan  paroît   faire   en  quelque 
sorte  le  passage  des  soles  aux  autres 


DU     FLÉTAN.  2o5 

genres  Je  poissons.  Ilapproclie  plus  que 
toute  autre  espèce  de  sole  des  autres 
genres  de  poissons  ,  par  la  forme  de  la 
nageoire  de  la  queue  ,  la  largeur  de  la 
membrane  des  ouies  ,  la  grandeur  des 
yeux  ,  l'ouverture  de  la  bouche  ,  la 
grandeur  de  son  corps  charnu  et  alongé. 
Après  la  baleine ,  le  flétan  est  le  plus 
gros  de  tous  les  poissons.  On  en  pêche 
en  Angleterre  qui  pèsent  deux  à  trois 
cents  livres  \  et  en  Islande  ,  on  en  a  pris 
de  quatre  cents.  Olafsen  en  a  vu  qui 
àvoient  cinq  aunes  de  long.  En  Nor- 
^vège  on  en  prend  qui  sont  si  gros  , 
qu'un  seul  suffit  pour  couvrir  une  na- 
celle de  ce  pays  Ce  poisson  mériteroit 
par  conséquent  plutôt  le  surnom  de 
maximus  que  celui  à  qui  on  l'a  donné. 
On  le  trouve  dans  l'Océan  septentrio- 
nal dans  la  mer  du  Nord  ;  et  ce  sont  les 
Anglais  et  les  peuples  septentrionaux 
qui  le  pèchent  en  plus  grande  quantité. 
Les  Anglais  le  tirent  de  Neufoundland, 
et  les  Français  de  Terre-Neuve. 


206       HISTOIB.E    NATURELLE 

Le  flétan  est  si  rapace  ,  qu'il  dévore 
les  raies  ,  les  crabes  et  les  aigrefins  ;  il 
avale  aussi  les  lièvres  de  mer  (  Cyclop- 
terus  lumpus  )  qui  sont  attachés  aux 
rocliers,et  en  est  sur-tout  friand.  Ces 
poissons  se  tiennent  en  rangées  dans 
le  fond  de  la  mer,  et  épient,  la  gueule 
ouverte,  les  poissons  qui  passent,  afin 
de  les  engloutir.  Quand  ils  sont  affa- 
més ,  ils  se  mangent  la  queue  les  uns 
les  autres. 

On  prend  ce  poisson  au  croc  ou  à 
l'hameçon.  Les  Suédois  prennent  pour 
appât  de  la  merluche  verte  ,  et  les 
Groenlandais  du  scorpion  de  mer.  Les 
pêclieursdu  Nord  nomment  cet  instru- 
ment gan^i'aaden  ou  gangwad  :  il  con- 
siste en  une  grosse  corde  de  la  longueur 
de  trois  cents  brasses  ,  à  laquelle  on 
attache  trente  autres  cordes  moins 
grosses  avec  de  gros  crochets  à  chaque 
bout.  Ils  attachent  aussi  des  planches 
à  la  grosse  corde  ,  afin  de  pouvoir  re- 
td'ouver  l'instrument  quand  ils  l'ont 


1)  U     FLETAN.  207 

jeté  dans  la  mer.  Après  l'avoir  laissé 
vingl-quatre  heures  dans  l'eau  ,  on 
l'élève  ,  et  il  n'est  pas  rare  d'y  prendre 
quatre  à  cinq  ilétans  à-la- fois.  Au  lieu 
de  corde  de  chanvre  ,  les  Groenlandais 
se  servent  de  baleines  fendues,  ou  de 
bandes  de  peau  de  chien  de  mer.  On  tue 
aussi  ce  poisson  au  javelot  ,  lorsque 
pendant  la  chaleur  ,  il  se  repose  sur  les 
bancs  de  sable  ,  ou  les  endroits  unis 
de  la  mer.  Dès  que  les  pêcheurs  re- 
marquent qu'ils  en  ont  pris  un  gros  > 
de  peur  qu'il  ne  renverse  le  bateau  , 
ils  ne  le  tirent  pas  tout  d'un  coup ,  mais 
ils  le  laissent  se  débattre  jusqu'à  ce 
qu'il  soit  rendu:  alors  ils  l'élèvent  et  lo 
tuent  à  coups  de  massue.  C'est  en  Nor- 
wège  qu'on  prend  le  plus  de  ces  pois- 
sons ,  depuis  le  premier  de  mai  jusqu'à 
la  St.  Jean.  C'est  le  temps  où  les  nuits 
étant  claires  ,  les  pêcheurs  peuvent  plus 
aisément  les  découvrir  dans  les  bas 
fonds.  Plus  tard  ,  ils  ne  le  pèchent 
plusj  car  comme  après  ce  temps  l'air 


208        HISTOIRE   NATURELLE 

devient  fort  chaud  ,  ce  poisson  qui  est 
extrêmement  gras  ,  ne  peut  plus  si 
bien  sécher  ,  et  le  raff  etrœckcl  qu'ils 
font  avec  sa  chair  ne  se  conserve  pas- 
Nous  parlerons  bientôt  de  cettcpré- 
paration. 

On  trouve  quelquefois  quelques-uns 
de  ces  poissons  ,   qu'on  nomme  drée- 
^ueite  ,  auxquels    sont    attachés    une 
quantité  d'insectes  de  mer.  On  les  re- 
garde   ordinairement     comme     très- 
vieux  ;  mais  j'en  doute ,  parce  qu'ils 
sont  petits.  Ils  sont  en  général  très- 
gras  et  d'un  mauvais  goût.  Peut-être 
est-ce  la  maladie  qui  les  oblige  de  quit- 
ter le  fond.  Ils  deviennent  assez  sou- 
vent la  proie  des  animaux  voraces  qui 
nagent  vers  la  surface  ,  et  particulière- 
ment de   l'aigle  de    mer  (  Vultur  al- 
tiola  ).  Celui-ci  est   souvent  victime 
de  sa  témérité.  Qu;ind  le  poisson  est 
assez  fort  ,  il  l'entraîne  avec  lui  dans 
l'abime  :  l'aigle  attaché  au  dos  du  pois- 
son ,  fait  des  efforts  et   des  cris  inu- 


DU     FLÉTAN.  209 

tiles ,  et  est  obligé  de  périr  dans  cet 
état. 

Les  Groenlandais  mangent  la  chair 
de  ce  poisson  fraîche  et  séchée  ',  ils 
mangent  aussi  la  peau  et  le  foie  après 
l'avoir  préparé  avec  de  l'empetron.  Ils 
se  servent  de  la  membrane  de  l'esto- 
mac pour  faire  des  carreaux  de  fe- 
nêtres. 

En  Suède ,  en  Islande  et  sur-tout  en 
Norwège  ,  on  fait  de  ce  poisson  ce 
qu'on  appelle  raff  et  rœckel.  Le  pre- 
mier n'est  autre  chose  que  les  nageoires 
avec  la  peau  grasse  à  laquelle  elles  sont 
attachées  -,  le  second ,  des  morceaux  de 
la  chair  grasse  de  ce  poisson  coupés  en 
long.  On  coupe  aussi  la  chair  maigre  en 
longues  bandes ,  que  l'on  nomme  skare^ 
Jlog  ou  squarre-queite.  Tous  ces  mor- 
ceaux ,  avant  d'être  emballés  ,  sont  sa- 
lés et  séchés  à  l'air  sur  des  bâtons.  On 
les  sale  aussi  comme  le  hareng  ,  et  on 
prétend  qu'ils  valent  mieux.  Le  meil- 
leur raiFetle  meilleur  rœckel  viennent 


210  HISTOIRE  NATURELLE 
de  Samosé  près  de  Bergen  :  celui  qu'oR 
prépare  en  hiver  est  préféré  ,  parc© 
que  le  froid  de  cette  saison  contribue 
beaucoup  à  sa  bonté.  Cet  aliment  n'est 
guère  en  usage  que  pour  les  ij^ens  de  la 
campagne  et  des  matelots  ,  qui  ont  un 
estomac  robuste  ;  car  il  incomaioderoit 
les  gens  de  la  ville  ,  dont  la  délicatesse 
affoiblit  le  tempérament.  En  Hol- 
lande et  à  Hambourg  on  donne  la 
cliair  fraîche  de  ce  poisson  à  bas  prix  ; 
mais  la  tête  ,  qui  est  délicate,  est  plus 
chère. 

Ce  poisson  fraie  au  printemps ,  et 
dépose  ses  œufs  d'un  rouge  pâle  sur  le 
rivage  ,  entre  les  pierres.  Tant  que  ces 
poissons  sont  encore  jeunes ,  ils  de- 
viennent la  proie  des  raies;  mais  les 
plus  gros  ont  dans  le  dauphin  un  en- 
nemi redoutable  ,  qui  avec  ses  fortes 
dents  ,  arrache  des  morceaux  de  chair 
tout  entiers  de  leur  corps.  Les  pêcheurs 
en  ont  trouvé  souvent  qui  étoient  ainsi 
mutilés. 


DU     FLETAN,  î2ll 

Le  poisson  dont  je  donne  ici  l'ana- 
tomie ,  avoit  vingt-un  pouces  et  demi 
de  long  ,  sans  compter  la  nageoire  de 
]a  queue ,  et  dix  pouces  et  demi  de 
large  ,  sans  compter  la  nageoire  du  dos 
et  celle  de  l'anus; il  étoit  épais  de  deux 
pouces  et  demi  ,  et  pesoit  six  livres. 
Juia.  cavité  du  ventre  étoit  petite  ,  le 
foie  oblong  et  posé  en  travers.  L'esto- 
mac étoit  grand  ,  la  peau  en  étoit 
mince  ,  et  j'y  ai  trouvé  un  jwisson  dti 
genre  des  cabliaux  ,  long  de  six  pouces. 
Le  canal  intestinal  avoit  huit  pouces 
de  lonç  et  deux  sinuosités.  Une  chose 
remarquable,  c'est  qu'il  avoit  à  l'esto- 
mac une  appendice  longue  de  deux  pou- 
ces et  demi ,  qui  communiqiioit  avec  le 
principal  canal.  L'ovaire  étoit  double 
et  chaque  partie  avoit  la  forme  d'une 
lancette.  Dans  cet  ovaire  ,  qui  pesoit 
six  onces  et  demie,  j'ai  trouvé  trois 
cent  cinquante-sept  mille  et  quatre 
cents  œufs.  J'ai  compté  soi:5i;ante-cinq 
vertèbres  à  l'épine  du  dos. 


iil2       HISTOIRE    NATURELLE 

Ce  poisson  est  connu  sous  différens 
noms.  On  le  nomme  : 
Heilbiitt  y  Hilibut ,  à  Hambourg. 
Hellejlynder ,  en  Danemarck. 
Haelgflundra  ,  en  Suède. 
Helleflynder  ,    Qaeite  ,    Sandskiehhe  , 
Skrobbe-Flvnder  ,  en  Norwège. 

Flydra  ,  Heilop  Fisk  ,  en  Islande. 

La  petite  Qyeite-Barn ,  dans  le  Groen- 
land ; 

La  moyenne  Styving  ; 

La  grosse  ,  Netarnak. 

Baldes  y  €\\\j3i^on\e. 

Heilbot ,  en  Hollande. 

HoîibutjTurbotouTurbut,enA.ng\cterYe. 

Flétan  ou  Faitan  ,  en  France. 
Rondelet  est  le  premier  qui  ait  décrit 

ce  poisson  ,  et  qui  en  ait  donné  un  des- 
sin avec  les  yeux  à  droite. 

Gesner  ,  qui  le  tira  de  Rondelet ,  lui 

mit  les  yeux  à  gauche.  Dans  Aldro- 

vand  ,  ils  ont  la  même  position  ,  et  son 

dessin  ressemble  autant  à  la  sole  qu'à 

notre  poisson. 


y 


'Y 


Pa<r.  ^i5 


>/'(?/n  ■  y/. 


i.l,K  ZKUUK  do  nier,  a  .TiA  PLIE,   rude 


DE   LA    PLIE    RUDE.        21 3 

C'est  à  Willngliby  que  nous  devons 
le  premier  dessin  supportable  de  notre 
poisson.  Cet  auteur  l'a  représenté  avec 
les  yeux  placés  dans  leur  juste  posi- 
tion. Dans  Jonston  ,  ih  sont  de  même  ; 
mais  chez  Ruysch ,  ils  sont  ma?!  placés. 

Quand  Artédi  ne  lui  donne  que  deux 
pieds  de  long  ,  il  paroît  n'avoir  pas 
connu  le  gros  flétan  que  l'on  pêche  dans 
la  mer  du  Nord. 

Bomare  se  trompe  quand  il  dit  que 
notre  poisson  n'a  point  d'écaillés.  Une 
question  singulière  que  fait  cet  auteur  , 
c'est  si  le  flétan  n'appartiendroit  point 
au  genre  des  raies  ?  Il  est  du  nombre 
des  poissons  osseax  ,  et  non  des  carti- 
lagineux. 

LA   PLIE    RUDE, 

PLE'U  RO  N  ECT  ES     L  I  M  A  N  D  o'i  DES. 

Ce  poisson  se  reconnoît  par  son  corps 
rude   et  alongé,  et  par  la  ligne  laté- 
rale qui  est  large  et  droite.  On  compte 
onze  rayons  à  la  nageoire  de  la  poi-; 
Poissons.  II.  1^ 


2l4       HISTOIRE   NATURELLE 

trine,  six  à  celle  du  ventre,  soixante- 
trois  à  celle  de  l'anns  ,  quinze  à  la 
queue ,  et  soixantedix-neuf  à  la  na- 
geoire dorsale. 

La  tête  est  petite,  l'ouvertune  de  la 
bouche  large  ,  les  deux  mâchoires  sont 
armées  de  plusieurs  rangées  de  dents 
pointues  ;  la  langue  est  dégagée ,  mince, 
et  unie  comme  le  palais.  Dans  le  go- 
sier ;  on  trouve  deux  os  rudes  j  la  lèvre 
supérieure  consiste  en  deux  os,  que  le 
poisson  peut  avancer  et  retirer  à  son 
gré.   Au  -  dessus  d'elle  ,  on  apperçoit 
deux  narines  rondes,  qui  sont  dans  un. 
enfoncement  :  lesyeux,qui  sont  très- 
près  l'un  de  l'autre  ,  ont  une  prunelle 
noire  et  un  iris  argentin;  l'opercule 
des  ouies  consiste  en  une  petite  plaque 
mince,  et  est  garni  de  petites  écailles, 
ainsi  que  le  reste  de  la  tête.  L'ouver- 
ture des  ouies  est  large,  et  la  membrane 
branchiale  est  cachée  sous  l'opercule  : 
les  écailles  du  tronc  sont  grandes  et 
dentelées;  ce  qui  fait  que  le  poisson 


DELATLIERUDB.       2l5 
est  très-rude  au  louclier  ,  lorsqu'on  y 
passe  la  main  à  rebours.  Le  ccté  supé- 
rieur est  d'un  brun-jaune  tirant  sur  le 
blanc  ,  et  le  côté  inférieur  est  blanc  5 
la  ligne  latérale  qui   commence  non 
loin  des  yeux,  est  large,  et  passe  parle 
milieu  du  corps  ;  l'anus  est  sur  le  bord , 
non  loin  des  nageoires  ventrales  ;  les 
rayons   des   nageoires  du  dos  ,   de  la 
queue  et  de  l'anus  sont  garnis  de  pe- 
tites écailles,  et  liés  entr'eux  par  une 
membrane  claire  :  la  nageoire  dorsale 
commence  en  avant  des  yeux  ,  et  va 
se  terminer  non  loin  de    celle  de   la 
queue.  Cette  dernière  ,  aussi  bien  que 
la  nageoire  de  l'anus  et  du  ventre ,  ont 
des  rayons  simples  ;  mais  celles  de  la 
poitrine  et  du  dos  en  ont  de  fourchus. 

Ce  poisson  ressemble  beaucoup  à  la 
limande  et  à  la  plie  :  cependant  il  dif- 
fère de  la  première  espèce  par  la  ligne 
latérale  qui  est  droite  ,  et  par  la  na- 
geoire ronde  de  la  queue  ;  et  de  la  der- 
nière, par  les  écailles  plus  serrées  et 


!2i6      HISTOIRE    NATURELLE 
dentelées  :  enfin  il  se  distingue  de  ces 
deux  espèces  par  son  corps  plus  alongé. 

J'ai  reçu  ce  poisson  de  Hambourg  : 
on  l'y  pêche  à  Thameçon  dans  la  mer 
du  Nord  ,  non  loin  de  Ileiligeland.  Il 
habite  les  sables  au  fond  de  la  mer ,  et 
vit  de  jeunes  crabes  et  de  petits  ho- 
marts.  Sa  chair  est  blanche  et  d'un 
bon  goût. 

La  cavité  de  la  poitrine  est  petite  , 
et  le  cœur  a  la  figure  d'une  losange  ;  le 
foie  est  oblong  et  sans  divisions  ,  et  la 
vésicule  du  fiel  est  grande  -,  l'estomac 
est  oblong  ,  mais  pas  trop  large  j  le  ca- 
nal des  intestins  a  plusieurs  courbures, 
et  au  commencement  deux  à  quatre 
appendices  courtes  et  épaisses  :  le  foie 
est  presque  rond  et  d'un  brun  -  rouge  • 
la  laite  et  l'ovaire  sont  doubles. 

Les  Allemands  nomment  ce  poisson 
Rauhe  -  Scîiolle  ,  et  les  Français  Plie 
rude. 


DU    ZEB  RE    DE   MER.      21 7 

LE   ZI>BRE    DE   MER, 

PLEURONECTBS    ZEBRA, 

On  reconnoît  ce  poisson  par  les 
bandes  dont  il  est  marqué.  On  compte 
quatre  rayons  à  la  nageoire  pectorale  , 
isix  à  la  nageoire  ventrale ,  quarante- 
huit  à  celle  de  l'anus  ,  dix  à  la  queue, 
et  quatre-vingt-un  à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  alongé  ,  la  tête  petite  , 
la  bouche  arquée  ;  la  mâchoire  supé- 
rieure est  la  plus  longue  *,  l'une  et 
l'autre  sont  garnies  de  petites  dents 
pointues.  Les  yeux  sont  très  -  petits -, 
la  prunelle  n'est  qu'un  point  noir  ,  et 
l'iris  est  d'un  vert  de  mer-  On  n'ap- 
perçoit  qu'une  narine ,  tant  au  côté 
supérieur  qu'à  l'inférieur  ;  l'opercule 
des  ouies  est  grand  ,  et  l'ouverture  des 
ouies  large.  Tout  le  corps  est  couvert 
d'écaillés  dentelées  ,  ce  qui  fait  que  le 
poisson  est  trcs-rude  au  toucher.  La 
igné  latérale ,  qui  commence  à  l'oeil 


2l8       HISTOIRE   NATURELLE 

supérieur  ,  est  droite  ,  et  passe  par- 
dessus le  milieu  du  corps  :  elle  s'étend 
jusque  vers  la  queue.  L'anus  est  plus 
éloigné  de  la  tête  que  dans  les  autres 
soles  :  le  fond  du  côté  supérieur  est 
brunâtre  vers  les  bords,  et  blanc  au. 
milieu  ,  avec  des  bandes  brunes ,  dont 
deux  se  trouvent  toujours  ensemble  ; 
mais  vers  la  queue  ,  elles  se  confon- 
dent. Les  nageoires  ont  des  bandes 
jaunes  et  brunes  ;  les  rayons  de  toutes 
les  nageoires  sont  simples  ,  excepté 
ceux  de  la  nageoire  de  la  queue ,  qui 
sont  fourchus.  Je  n'ai  pu  trouver  en 
aucun  rayon  les  écailles  qu'on  y  ap- 
perçoit  dans  les  autres  espèces  de 
soles.  Les  nageoires  pectorales  sont  si 
fines,  qu'il  faut  la  plus  grande  atten- 
tion pour  les  appercevoir  ;  les  nageoires 
du  dos  et  de  l'anus  sont  unies  à  celles 
de  la  queue;  la  première  commence  à 
la  lèvre  supérieure. 

Ce  poisson  est  originaire  des  Indes 
orientales.  Il  est  clair  que  sa  chair  est 


-    -rt 

MA  USA 


Ptnj .  2Jt) 


'J'om  .  //. 


JJi'<ré't>e   (/e/ ■  Jonrdan    tl^u/v, 

I.J/ÂIIGITS  .2.1.11  TURBOT.  3  .  liA   SOLl'l 
a  dcnx   Iiomios. 


DE     L' A  R  G  U  S.  219 

d'un  bon  goût ,  comme  celle  des  autres 
espèces  de  soles,  et  qu'il  se  nourrit, 
comme  elles,  de  coquilles  et  de  ieunes 
crabes. 

Je  crois  que  le  nom  de  zèbre  de  mer 
que  je  lui  ai  donné,  lui  convient  fort 
bien  ,  à  cause  de  la  ressemblance  de 
ces  bandes  avec  celles  du  zèbre  :  les 
Allemands  l'appellent  die  handirte 
Zunge. 

SOLES    QUI    ONT    LES     YEUX 
A     GAUCHE. 

L'ARGUS,     PLEURONECTES     .4RGUS. 

Cette  espèce  de  sole  se  distingue 
des  autres  poissons  de  ce  genre  qui  ont 
les  yeux  à  gauche  ,  par  les  taches  bleues 
en  forme  de  croissant,  qui  se  trouvent 
sur  la  surface  supérieure.  On  trouve 
dix  rayons  à  la  nageoire  de  la  poi- 
•trine ,  huit  à  celle  du  ventre ,  soixante- 
neuf  à  celle  de  l'anus,  dix  -sept  à  la 


2'20       HISTOIRE   NATURELLE 

queue ,  et  soixante-dix-iieuf  à  la  na- 
geoire du  dos. 

Ce  beau  poisson  a  sur  la  surface  su- 
périeure de  son  corps  des  taches  d'un 
jaune  clair,  garnies  de  points  brans, 
bordées  d'un  bleu  clair ,  e  t  formant  tan- 
lôt  un  cercle  entier,  tantôt  deux  ou 
trois  segmens.  Entre  ces  segmens,  ou 
voit  par-tout  de  petites  taches  bleues 
et  des  points  d'un  brun  foncé.  Outre 
cela  ,  on  trouve  dans  le  dessin  du  père 
Plumier,  une  tache  d'un  brun  foncé ^ 
non  loin  de  la  queue  ;  mais  je  ne  sau- 
rois  décider  si  c'est  un  signe  essentiel 
ou  accidentel.  L.a  tête  est  large  ;  les 
yeux  sont  à  une  grande  distance  l'un 
de  l'autre  ;  ils  ont  une  prunelle  bleue , 
entourée  d'un  iris  brun  et  blanc.  L'oeil 
qui  est  tourné  vers  le  dos,  est  pUis 
grand  que  l'autre;  les  mâchoires  sont 
d'égale  longueur  ,  et  armées  de  petites 
dents  pointues  j  la  peau  qui  joint  les 
rayons  des  nageoires  est  jaunâtre ,  et 
les  rayons  sont  bruns  :  les  uns  et  les 


DE      L'A  R  G  U  S.  221 

autres  sont  ornés  de  taches  bleues.  La 
nageoire  de  la  poitrine  a,  comme  celle 
de  la  queue  ,  des  rayons  à  plusieurs 
branches  :  la  première  a  quelques 
rayons  qui  finissent  en  filets  ,  et  l'autre 
est  arrondie.  La  nageoire  dorsale  s'é- 
tend depuis  le  nez  jusqu'à  la  nageoire 
de  la  queue  ;  la  ligne  latérale  forme  une 
courbure  au-dessus  de  la  nageoire  de  la 
poitrine ,  puis  passe  au  milieu  du  corps  ; 
le  côté  inférieur  est  cendré  :  tous  les 
deux  sont  couverts  de  petites  écailles 
molles.  L'anus  et  les  autres  parties  sont 
comme  dans  les  autres  poissons  de  ce 
genre. 

Marcgraf  trouva  l'argus  au  Brésil  ; 
le  père  Plumier  aux  environs  des  An- 
tilles ;  Catesby  dansl'ile  de  la  Caroline  ; 
Solander  dans  celle  d'Utahite  ,  et 
Forster  dans  celle  de  Roterdam.  Ce 
poisson  parvient  à  la  longueur  d'un  à 
deux  pieds.  En  hiver  -,  il  se  tient  dans 
le  fond  de  la  mer  ;  au  printemps,  il 
remonte  dans  les  fleuves,  où  il  reste 


222        HISTOIRE   NATURELLE 
pendant  l'été.  C'est  là  où  sa  chair  de- 
vient tendre  et  d'an  goût  fort  estimé. 

Ce  poisson  est  connu  sous  ditférens 
noms.  On  le  nomme  : 
Sichelcliwartz  et  Ar^us,Gn  Allemagne» 
Arguas ,  en  France. 
Aramaca ,  au  Brésil. 
Lin^uada  ,  Cubrîcunha  ,  en  Portugal. 
Tunge  ,  en  Hollande. 
PatJù-Manre  yilRns  l'île  d'Utahite. 
Badé  ,  dans  l'ile   do  Rotterdam  ,  ou 

Anamoka. 

Blarcgraf  est  le  premier  qui  nous  fît 
connoître  l'argus;  mais  le  dessin  qu'il 
en  donne  est  faux.  Pison  ,  Willugbby, 
Jonston  et  Ruysch  l'ont  copié. 

Catesby  nous  en  donna  un  dessin  , 
oi!i  la  nageoire  pectorale  et  la  ligne  la- 
térale manquent  :  les  écailles  sont  aussi 
trop  grandes ,  et  le  poisson  trop  alongé. 

Dans  Marcgraf,  Pison  ,  Willughby, 
Catesby  et  Ruysch  ,  l'argus  a  les  yeux 
placés  à  droite  -,  dans  Jonston ,  Plumier 
et  Broussonet ,  ils  sont  à  gauche. 


13  IT     T  U  E.  B  O  T.  22.5 

Ijinné  se  trompe  ,  en  disant  que 
notre  poisson  a  la  nageoire  de  la  queue 
en  forme  de  croissant,  et  en  citant 
Varamacade  Marcgraf  à  sa  seizième  es- 
pèce de  sole. 

LE    TURBOT, 

FLEURON  ECTES    M  A  X  I  M  U  S. 

Ij  E  S  petites  éminenccs  osseuses  ter- 
minées en  pointes  émonssées  ,  dont  le 
côté  supérieur  est  couvert ,  distinguent 
ce  poisson  des  autres  espèces  de  la 
même  classe.  On  trouve  sept  rayons  à 
la  membrane  des  ouies  ,  dix  à  la  na- 
geoire de  la  poitrine,  six  à  celle  da 
ventre  ,  quarante-six  à  celle  de  l'anus, 
seize  à  la  queue,  et  soixante-sept  à  la 
nageoire  du  dos. 

Ce  poisson  a  le  corps  long  et  arrondi  ; 
il  est  marbré,  brun  et  jaune  sur  1© 
côté  supérieur  ,  et  sur  l'inférieur  blanc 
avec  des  taches  brunes.  Les  éminences 
clu  côté  supérieur  sont  beaucoup  plus 


224       HISTOIRE   NATURELLE 

grosses  que  celles  de  l'inférieur  :  les 
luies  et  les  autres  sont  couvertes  d'ér 
cailles  minces.  La  tête  est  large  et 
rade  au  toucher  comme  le  tronc  ,  à 
cause  des  éminences  qui  la  rendent  iné- 
gale ;  les  yeux  sont  grands ,  ont  une 
prunelle  d'un  vert  de  mer,  entourée 
d'un  iris  brun  -,  l'ouverture  des  ouies  est 
large  ;  la  mâclioire  inférieure  avance , 
et  l'une  et  l'autre  sont  armées  de  plu- 
sieurs rangées  de  petites  dents  ;  les  na- 
geoires sont  jaunâtres  ,  parsemées  de 
taches  et  de  points  noirs  ;  la  ligne  laté- 
rale ,  après  avoir  formé  un  arc  à  la 
poitiine,  divise  le  corps  en  deux  par- 
ties égales,  et  n'a  point  d'éminences. 

Nous  trouvons  ce  poisson  non-seu- 
lement dans  la  mer  du  Nord  et  la  Bal- 
tique ,  mais  aussi  dans  la  Méditerra- 
née. 11  parvient  à  une  grosseur  très- 
considérable.  Rondelet  en  a  vu  qui 
avoient  cinq  aunes  de  long  ,  quatre  de 
large  ,  et  un  pied  d'épaisseur.  En  An- 
gleterre ,  on  tu  prend  qui  pèsent  vingt 


DU     T  U  Pc  B  O  T.  225 

à  trente  livres  :  la  pêche  de  ce  poisson 
est  si  considérable  dans  ce  pays ,  qu'on 
en  apporte  annuellement  aux  marchés 
de  Londres  plus  de  trente  mille  livres. 
On  prend  ce  poisson  comme  les  pré- 
cédens  ,  mais  sur-tout  avec  l'hameçon 
de  fond.  En  Suède  ,  on  se  sert  du  ha- 
reng pour  appât ,  et  en  Angleterre  de 
l'aigrefin  et  du  hareng  coupés  en  petits 
morceaux  :  ce  sont  les  poissons  qu'il 
aime  le  mieux.  Cependant,  comme  ce 
poisson  est  fort  difficile  dans  le  choix 
de  sa  nourriture,  et  qu'il  ne  mord  pas 
à  toute  sorte  d'appât,  sur-tout  quand 
il  y  a  douze  heures  que  le  poisson  est 
mort ,  on  prend  pour  cela  des  poissons 
vivans  ,  et  sur -tout  de  petites  lam- 
proies ,  petromyzon  Jluviatilis  y  qui  ont 
la  vie  très-dure.  Pour  cet  effet,  les  pê- 
cheurs d'Angleterre  achètent  tous  les 
ans  aux  pêcheurs  hollandais  pour  plus 
de  sept  cents  livres  sterlings  de  lam- 
proies. Pour  pêcher  ce  poisson  ,  les  An- 
glais prennent  un  canot;  où  ils  se  met- 
Poissons.  II.  20 


226       HISTOIRE   NATURELLE 

tent  trois.  La  ligne  dont  ils  se  servent , 
a  trois  milles  anglais  de  long  ,  et 
chaque  pêcheur  a  trois  lignes  de  cette 
espèce  :  ils  y  attachent  à  une  certaine 
distance  d'environ  six  pieds  deux  pou- 
ces, un  crochet ,  par  le  moyen  d'une 
ficelle  de  crin  ;  de  sorte  qu'un  tel  canot 
jette  dans  la  mer  deux  mille  cinq  cent 
vingt  crochets  de  cette  espèce.  Ils  atta- 
chent un  plomb  à  la  corde  de  la  ligne  , 
afin  de  l'assujettir  au  fond,  et  y  atta- 
chent aussi  des  morceaux  de  liège ,  afin 
de  pouvoir  la  retrouver  quand  ils  veu- 
lent. Comme  le  flux  et  reflux  change 
toutes  les  six  heures  sur  les  côtes  d'An- 
gleterre ,  les  pêchears  doivent  se  ré- 
gler en  conséquence  pour  jeter  et 
lever  leurs  lignes. 

Le  turbot  a  la  chair  ferme  et  de  bon 
goût.  On  le  prépare  comme  la  plie.  Il 
habite  les  profondeurs  de  la  mer  com- 
me les  autres  poissons  de  son  genre.  Il 
a  une  membrane  clignotante,  qui  lui 
sert  y  comme  aux  autres  espèces ,  à  eni- 


DU     TURBOT.  227 

pêcher,  pendant  les  tempêtes,  le  sable 
de  lui  faire  du  mal.  ]1  est  dn  nombre 
des  poissons  voraces ,  et  vit  sur -tout 
d'insectes  et  de  vers. 

Les  intestins  sont  comme  ceux  de  la 
barbue. 

Ce  poisson  est  connu  sous  diffcrens 
noms.  On  le  nomme  : 
Steinhatt ,  dans  nos  contrées. 
Botte  et  Steinbotte ,  en  Prusse. 
Pigvar,  Tonne  et  Steenbut ,  en  Dane- 

marck. 
Vrang  Flonder ,  Skrabe-Flynder.,  en 

Norwèiie. 
Butta ,  en  Suède. 
Tarboth,  en  Hollande. 
Turbot  et  Breet ,  en  Angleterre. 
Turbot,  en  France. 
Bertonneau  ,  en  Normandie. 
liombi  aspri ,  en  Sardaigne. 
Turbot,  à  Surinam. 

Willughby,  Ray  et  Pennant  refusent 
les  écailles  à  ce  poisson  ;  mais  il  faut 
qu'ils  ne  les  aient  pas  remarquées  , 


228  HISTOIRE  NATURELLE 
parce  qu'elles  sont  tendres  et  enfon- 
cées dans  la  peau.  Les  deux  premiers 
rapportent  notre  poisson  sous  deux 
noms  difiPérens:  une  fois  sous  celui  de 
rhomhe  à  pointes  j  et  l'autre  sous  celui 
de  grand  rhomhe. 

Klein  l'a  aussi  décrit  comme  deux 
espèces  différentes.  Il  cite  faussement 
ici  le  moineau  de  m^rd'Artédi. 

Jonston  et  Ruysch  ont  fait  aussi 
deux  espèces  différentes  de  ce  poisson. 

Belon  est  le  premier  qui  l'ait  dé- 
crit ,  et  il  le  représente  faussement 
avec  les  yeux  à  droite.  C'est  ce  que 
font  aussi  ses  successeurs  Rondelet , 
Gesner  et  Ruysch. 

Willugliby  l'a  représenté  une  fois 
avec  les  yeux  à  droite,  et  une  autre 
fois  à  gauche. 

Fischer  rapporte  à  notre  poisson  la 
troisième  espèce  de  Klein ^  mais  com- 
me ce  dernier  est  représenté  avec  la 
ligne  latérale  droite  ,  ce  n'est  point 
notre  poisson  ,  mais  plutôt  le  suivant. 


Y 

'^^u-w^.i-ov^tu  MA  U:6A 


y w  no 


Tom  .  J/. 


Ocd'eoe  </e/. 


t^ÛUfl^tVl    clc/t//> . 


]    r.i:  ATOINKAU  de  mer  .  a.  .LA  SOl.E  K  o^^andes 
écailles  .  a  .  1,K  TARGEIIR  . 


DU   MOINEAU    DE   MER.      229 

liE  MOINEAU   DE  MER, 

PLEURONECTES    PASSER. 

Les  piquans  qui  se  trouvent  sur  la 
surface  de  ce  poisson  ,  depuis  la  tête 
jusqu'à  la  moitié  de  la  ligne  latérale  , 
forment  son  caractère  distinctif.    On 
trouve  six  rayons  à  la  membrane  des 
o«ies  ,  douze  à  la  nageoire  de  la  poi- 
trine, six  à  celle  du  ventre,  quarante- 
trois  à  celle  de  l'anus,  seize  à  la  queue, 
et  cinquante-neuf  à  la  nageoire  du  dos. 
Outre  la  tête  et  la  ligne  latérale,  le 
fond  des  rayons  des  nageoires  du  dos  et- 
de  l'anus  est  aussi  garni  d'éminences 
osseuses  ,  sur  lesquelles  sont  des  pi- 
quans :  le  reste  du  corps  est  uni  à  sa 
surface  supérieure.  Sur  le  côté  infé- 
rieur ,  je  n'ai  remarqué  aucun  piquant, 
si  ce  n'est  au  fond  des  nageoires ,  et 
quelques  -  uns  à  la  tête.  Le  côté  supé- 
rieur est  marbré  de  gris  et  de  jaune, 
l'inférieur  est  blanc.  Le  tronc  est  alon- 


23o  HISTOTKE  NATURELLE 
gé ,  aussi  bien  que  la  tête.  La  mâchoire 
inférieure  avance  sur  la  supérieure  : 
l'une  et  l'autre  sont  armées  de  petites 
dents.  Les  yeux  sont  petits,  près  l'un 
de  l'autre  ;  la  prunelle  est  d'un  verd 
jaune  ,  et  l'iris  d'un  brun  foncé  Les 
deux  côtés  sont  couverts  de  petites 
écailles  minces.  La  liîjne  latérale  a  une 
direction  presque  droite.  Les  nageoires 
sont  jaunâtres,  avec  des  taches  brune»; 
d'ailleurs,  elles  sont  comme  celles  d© 
la  plie  :  on  voit  aussi  un  piquant  à 
l'anus. 

On  trouve  ce  poisson  en  quantité 
dans  la  mer  du  Nord  et  dans  la  Balti- 
que. On  le  prend ,  on  le  prépare  comme 
les  autres  espèces  de  ce  genre.  Sa  chair 
a  bon  goût ,  et  est  un  peu  plus  dure  que 
celle  du  fiez.  Le  temps  du  frai  et  la 
conformation  des  parties  intérieures 
sont  les  mêmes  que  dans  les  autres  da 
même  genre.  Il  parvient  ordinaire- 
ment à  la  grosseur  de  la  plie  :  on  en 
trouve  cependant  de  six  à  huit  livres. 


DU   MOINEAU    DE    MER.      !j3l 

Le  moineau  de  mer  est  coufondu  dans 

quelques  pays  avec  le  fiez. 

Ce  poisson  est  connu  sous  différens 

noms.  On  le  nomme  : 

'Iheerhott ,  à Danlzig. 

Sruffbutt,  à  Hambourg. 

Verkehrther  Elbult ,  pour  le  distinguer 

du  Fiez. 
Stachelbut ,  en  Livonic. 
Ahte  et  Grabbe ,  chez  les  Lettes. 
Moineau  de  mer,  en  France. 
Passera,  en  Sardaigne. 

Les  anciens  ichtîiyologistes  n'ont  pas 
su  non  plus  distinguer  ce  poisson  du 
Ûgz.  Artédi  est  le  premier  qui  en  fît 
une  espèce  particulière  ;  mais  il  cite 
faussement  pour  ce  poisson  les  auteurs 
qui  ont  parlé  du  turbot.  La  courbure 
de  la  ligne  latérale  que  lui  donne  Be- 
lon ,  le  poids  que  lui  attribue  Ronde- 
let, et  la  quantité  d'éminences  que  le 
dessin  offre  ,  prouvent  que  ces  écri- 
vains ont  voulu  parler  du  turbot  et 
non  du  moineau  de  mer. 


Î252       HISTOIRE   NATURELLE 

Gronov  se  trompe  lorsqu'il  regarde 
comme  une  variété  du  fiez  ,  le  rliom- 
bus  maximus  de  Klein,  qui  est  notre 
poisson.  Le  flez  a  les  yeux  à  droite,  et 
l'autre  à  gauclie .  Par  conséquent  toutes 
les  parties  de  ce  poisson  vers  la  tête  , 
sont  dans  une  proportion  renversée  ;  et 
en  nageant ,  il  doit  prendre  une  direc- 
tion opposée.  Ajoutez  à  cela  que  le  flez 
est  garni  de  piquans  par  tout  le  corps, 
au  lieu  que  noire  poisson  n'en  a  qu'à  la 
tête  ,   à  la  ligne   latérale  et  au  fond 
des  nageoires  du  dos  et  de  l'anus.  En- 
fin ,  on  voit  sur  le  premier  deux  espèces 
de  piquans,  des  droits  et  des  courbes  , 
et  ceux  du  moineau  de  mer  sont  tous 
droits  :  sans  parler  de  la  chair  de  celui- 
ci,  qui  est  plus  forte,  de  sa  couleur  qui 
est  plus  claire  ,  parce  que  cette  difFé'- 
Tence  pourroit  venir  de  celle  des  eaux , 
ou  de  quelque  cause  accidentelle. 

Parles  mêmes  raisons,  je  ne  sauroîs 
approuver  M.  Pennant  quand  il  ne  fait 
qu'une  espèce  de  no tre poisson  ctdafle^. 


DE     LA     SOLE,    SCC.       233 

On  répond  aussi  affirmativement  à 
Klein  et  à  Gronov ,  quand  ils  deman- 
dent si  la  dixième  espèce  d'Artédi  et 
le  passer  de  Linné  sont  le  même  pois- 
son que  le  troisième  rhombe  de  Klein. 

LA  SOLE  A  DEUX  LIGNES, 

PLEURONECTES    BILINEATUS, 

Les  deux  lignes  latérales  qu'on 
trouve  à  cliaqne  côté  ,  sont. un  carac- 
tère par  lequel  on  peut  distinguer  ce 
poisson  de  toutes  les  autres  espèces  de 
soles.  On  compte  quatre  rayons  à  la 
membrane  des  ouies ,  autant  à  la  na- 
geoire ventrale,  et  cent  soixante-qua- 
torze aux  nageoires  de  l'anus ,  de  la 
queue  et  du  dos. 

Le  corps  est  mince  et  alongé.  La 
tête  est  grosse  ,  l'ouverture  de  la  bou- 
che petite  et  en  forme  de  croissant. 
Les  deux  mâchoires  sont  garnies  de 
petites  dents  obtuses.  Tout  près  de  la 
lèvre  supérieure ,  on  voit ,  aux  deux 


2^4  HISTOIRE  NATURELLE 
côtés ,  deux  narines,  dont  l'inférieure 
est  en  forme  de  tuyau.  Les  yeux  sont 
petits;  la  prunelle  blanche  est  entou- 
rée d'un  iris  d'un  verd  de  mer  et  d'une 
ligne  blanche.  C'est  le  premier  poisson 
où  j'ai  remarqué  une  prunelle  claire  et 
un  iris  foncé.  Les  ouvertures  desouies 
sont  larges  ;  l'opercule  des  ouies  con- 
siste en  une  seule  petite  plaque  ,  sous 
laquelle  la  membrane  branchiale  est 
cachée.  La  tête  aussi  bien  que  le  tronc , 
sont  couverts  de  petites  écailles  dente- 
lées et  presque  rondes.  L'une  des  lignes 
latérales  dont  nous  avons  fait  mention  , 
louche  le  dos;  l'autre  est  sur  le  milieu 
du  corps  :  l'une  et  l'autre  commencent 
à  l'extrémité  delà  tête,  et  s'étendent 
jusqu'à  la  queue,  en  gardant  touiours 
«ne  direction  parallèle.  Outre  ces  deux 
lignes,  on  en  voit  encore  deux  autres 
transversales,  dont  l'une  commence  à 
la  lèvre  inférieure,  forme  une  cour- 
bure près  de  l'opercule  des  ouies,  et  va 
se  perdre  dans  la  ligne  latérale  qui  est 


DE     LA     S  O  L  E  ,    &C.      255 
près  de  cet  opercule.  La  seconde  com- 
mence au-dessus  d'elle  ,  près  de  la  ligne» 
latérale  supérieure,  et  traverse  le  pois^ 
son  en  allant  aboutir  à  la  supérieure. 
Toutes  les  nageoires  sont  brunes,  et 
ont  des  rayons   simples.  La  nageoire 
dorsale ,  qui  entoure  la  têle  ,  se  perd 
dans  la  nageoire  de  la  queue ,  ainsi  que 
celle  de  l'anus.  L'anus  se  voit  non  loin 
de  l'ouverture  des  ouies.  C'est  le  pre- 
mier poisson  auquel  je  n'ai  point  trouvé 
de  nageoire  pectorale.  J'en  possède  qua- 
tre, que  j'ai  examinés  attentivement 
et  à  l'aide  d'une  loupe;  mais  je  n'en  ai 
découvert  nulle  trace  dans  aucun.  Je 
n'ai  pu  non  plus  remarquer  des  écaillesr 
aux  rayons  des  nageoires  ,  excepté  à 
celle  de  la  queue.  Le  côté  supérieur  est 
brun  vers  les  bords  et  j  aune  au  milieu  ; 
Je  côté  inférieur  est  blanc  tirant  sur  le 
rougeâtre. 

Ce  poisson  habite  les  mers  de  la 
Chine  et  celles  des  Indes  orientales  j 
du  moins  les  quatre  exemplaires  que 


/>56  HISTOIRE  NATURELLE 
j'ai,  viennent  de  ces  pays.  De  ces  qua- 
tre exemplaires  ,  j'en  dois  deux  à  la 
tonte  de  M.  Spengler,  inspecteur  du 
cabinet  d'histoire  naturelle  du  roi  de 
Danemarck  ,  et  les  deux  autres  à 
M.  Cliemnitz,  prédicateur  de  la  gar- 
nison à  Copenhague.  Le  premier  m'é- 
crit les  avoir  reçus  de  la  Chine ,  et  le 
second  des  Indes  orientales.  Sa  chair 
est  probablement  d'un  bon  goût  comme 
celle  des  autres  soles.  Il  se  nourrit 
comme  elles,  de  coquilles  et  de  petits 
crabes.  On  le  prend  à  l'hameçon  et  an 
filet.  Je  ne  saurois  déterminer  sa  véri- 
table grandeur.  Le  dessin  qu'on  voit 
ici ,  est  fait  d'après  le  plus  grand  de 
mes  exemplaires. 

Le  foie  étoit  oblong,  et  consistoit  en 
un  seul  lobe.  La  rate  étoit  ronde  et  pe- 
tite. L'estomac  étoit  mince  et  en  forme 
de  sac.  Le  canal  intestinal  avoit  plu- 
sieurs courbures.  Je  n'ai  trouvé  ni  œufs 
ni  laites. 

Les  noms  que  je  lui  ai  donnés,  tirent 


l«. 


/'a^e   :i.37 


al.li  COIilJlill.   1  .  lil.  MULAT  .   3  .  JiA 
IiA]^DOI]LlÈRr.  RbomLoiao.  /^^//^  .W . 


DU'     T  A  R  G  E  U  R.  2^7 

leur  origine  Je  ses  caractères  distinc- 
lifs. 

Je  le  nomme  Doppellinie  en  alle- 
mand ,  et  Sole  à  deux  lignes  en  fran- 
çais. 

LE     TARGEUR, 

FLEURON  ECTES    PUNCTATUS. 

Ce  poisson  se  distingue  de  la  barbue, 
du  turbot  et  de  l'argus,  par  ses  écailles 
rudes  et  par  son  corps  marbré,  et  des 
autres  soles  par  la  largeur  de  son  corps. 
On  compte  onze  rayons  à  la  nageoire 
pectorale,  six  à  la  nageoire  ventrale, 
soixante -huit  à  celle  de  l'anus,  qua- 
torze à  la  queue,  et  quatre-vingt-neuf 
à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  ovale,  la  tête  de  médio- 
cre grosseur  et  garnie  de  très -petites 
écailles.  L'ouverture  de  la  bouche  est 
large  ;  les  mâchoires  sont  garnies  d'un 
grand  nombre  de  rangs  de  dents  très- 
serrées  et  courbées  en  dedans.  La  lèvre 

Poissons,  II,  21 


a38      HISTOIRE   NATURELLE 

supérieure  a  deux  os,  et  peut  s'avan- 
cer et  se  retirer  :  au-dessus  d'elle  ,  oa 
voit  une  narine  oblongue.  Les  yeux 
sont  saillans  ;  la  prunelle  est  noire  ,  et 
l'iris  d'un  verd  de  mer  :  un  peu  en  ar- 
rière, est  une  bande  noire.  Les  écailles 
sont  petites,  dentelées  et  très-serrées. 
La  ligne  latérale  qui  commence  à  l'œil 
supérieur,  forme,  en  passant  sur  la  na- 
geoire pectorale,  une  courbure  dirigée 
vers  le  bas;  mais  ensuite  elle  va  daus 
une  direction  droite  j  usqu'à  la  nageoire 
de  la  queue.  Le  côté  supérieur  est  brun 
sur  le  bord ,  et  d'un  gris  cendré  vers  le 
milieu.  Le  côté  inférieur  est  d'un  blanc 
tirant  sur  le  rouge.  Les  nageoires  sont 
grises  •,  les  rayons  larges  et  couverts 
d'écaillés.  La  nageoire  dorsale  com- 
mence à  la  lèvre  supérieure ,  et  va  se 
terminer  près  de  celle  de  la  queue.  L'a- 
nus n'est  pas  loin  de  la  tête  :  tout  près 
de  lui  commence  la  nageoire  de  l'anus  , 
qui  va  aboutir  vis-à-vis  de  celle  du  dos. 
Jja  nageoire  de  la  queue  est  courte  et 


DU     TARGEtTR.  2?9 

ronde.  Le  tronc  aussi  bien  que  les  na- 
geoires ,  sont  garnis  de  taclies  noirâ- 
tres ,  tantôt  rondes  et  tantôt  oblon- 
gues.  Les  points  rouges  dont  ce  pois- 
son est  parsemé  ,  et  sa  ressemblance 
avec  le  turbot ,  lui  ont  sans  doute  fait 
donner  le  nom  de  Rothhutt  par  les  Al- 
lemands ,  et  celui  de  Rœttbutt  par  les 
Danois. 

Le  targeur  se  trouve  dans  la  mer 
(lu  nord  Jago  en  a  vu  à  Cornouaille, 
M.  Pennant  à  Londres  ;  et  celui  dont 
je  présente  ici  le  dessin,  m'a  été  en- 
voyé de  Copenhague  par  mon  ami  p 
M.  le  ministre  Chemnitz.  Ray  le 
compte  parmi  les  poissons  rares  de 
Cornouaille.  Mais  à  Copenbague ,  on 
en  vend  beaucoup  à  la  poissonnerie  : 
on  a  donc  lieu  de  s'étonner  que  ni 
Statius  Millier ,  ni  Pontoppidan  n'en 
fassent  pas  mention.  Cette  espèce  de 
sole  parvient  aussi  à  une  grosseur  con- 
sidérable; car  celle  que  décrit  M.  Pen- 
nant avoit  dix-huit  pouces  de  long  sur 


2io      HISTOIRE    NATURELLE 
sept  de  Jarge,  sans  y  comprendre  les 
nageoires.  Selon  Ray ,  la  chair  de  ce 
poisson  est  maigre  et  coriace  :  on  n'eu 
fait  point  de  cas  dans  la  province  de 
Cornouaille,  à  cause  du  grand  nombre 
d'autres  poissons  meilleurs  que  l'on  y 
trouve.   Il    habite   communément    1© 
fond  de  la  mer  dans  des  endroits  sa- 
blonneux ,  et  se  nourrit  de  crabes ,  do 
coquilles  et  de  limaçons.  On  le  pêche  à 
la  ligne  de  fond ,  lorsqu'on  l'a  tendue 
pour  prendre  d'autres  poissons.  Le  lar- 
geur qu'on  pèche  aux  environs  de  Co- 
penhague, a  une  chair  qui  est  de  boii 
goût  et  facile  à  digérer. 
Ce  poisson  se  nomme  : 
Whiff,  en  Angleterre. 
Targenr ,  en  France. 
Rœttbutt ,  en  Danemarck. 
Rothbutt  y  en  Allemagne. 

Jago  est  le  premier  qui  a  découvert 
ce  poisson ,  et  Ray  nous  en  a  donné  le 
premier  dessin.  Je  ne  saurois  décider 
s'il  est  bon  ou  non,  car  l'estampe  man- 


DE    LA     SOLE,  &C.        24 1 

que  dans  mon  livre.  La  figure  que  Du- 
hamel nous  en  a  donnée  est  bonne. 

LA   SOLE  A   GRANDES  ÉCAILLES, 

FLEURONECTES    MACROLEFIBOTVS. 

Ce  poisson  est  facile  à  distinguer  des 
autres  espèces  de  soles  ,  à  cause  de  ses 
grandes  écailles.  On  compte  quatorze 
rayons  à  la  nageoire  pectorale  ,  six  à 
]a  nageoire  ventrale  ,  quarante-cinq  à 
celle  de  l'anus  ,  dix-sept  à  la  queue  , 
et  soixante-neuf  à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  alongé  ,  la  tête  grande 
et  sans  écailles  ;  l'ouverture  de  la  bou- 
che est  large  ,  la  mâchoire  inférieure 
plus  longue  que  la  supérieure;  l'une 
et  l'autre  sont  armées  de  dents  en 
forme  de  coin  ,  qui  se  terminent  en  une 
pointe.  La  langue  est  unie  ,  dégagée  , 
et  se  termine  en  pointe.  Les  yeux  sont 
près  l'un  de  l'autre  ;  la  prunelle  est 
noire,  enlouréed'un  iris  blanc  et  d'une 
ligne  brune.  En  avant  des  yeux ,  on 


S42  HISTOIRE  NATURELLE 
voit  les  narines  doubles.  L'ouverture 
des  ouies  est  large,. et  l'opercule  des 
ouies  consiste  en  deux  petites  plaques. 
Le  fond  du  poisson  est  d'un  brun  jaune 
à  la  partie  supérieure,  et  blanc  à  l'in- 
férieure. A  la  première,  on  apperçoit 
sur  chaque  écaille  une  tache  de  la  même 
couleur  :  plus  ces  taches  approchent  du 
dos  ,  plus  elles  deviennent  foncées.  La 
ligne  latérale,  qui  commence  non  loin 
de  la  nuque  ,  forme  un  arc  plat  vers  la 
partie  inférieure ,  et  va  se  perdre  dans 
Je  milieu  de  la  nageoire  de  la  queue  ? 
qui  est  ronde.  Les  rayons  des  nageoires 
du  dos  et  de  l'anus  sont  simples;  mais 
ceux  des  autres  nageoires  sont  rami- 
lles. Toutes  les  nageoires  sont  brunes. 
Ce  poisson  habite  la  mer  du  Brésil, 
où  il  demeure  dans  le  sable.  Il  se  nour- 
rit de  crabes  ,  de  coquilles  et  de  pois- 
sons. Parmi  toutes  les  espèces  de  soles 
que  je  connois ,  il  a  les  dents  les  plus 
longues.  Suivant  le  témoignage  du 
prince  Maurice,  il  parvient  ù  une  Ion- 


DE  LA  SOLE,  ^C  243 
giienr  de  deux  pieds.  On  le  prend  tant 
au  filet  qu'à  l'hameçon  ,  après  qu'on  y 
a  attaché  un  petit  poisson  ou  une  pince 
d'écrevisse.  Sa  chair  a  un  bon  coût. 

Le  dessin  que  j'offre  ici,  a  été  copié 
de  l'original  qu'on  a  eu  la  complaisance 
de  me  communiquer  du  cabinet  des 
curiosités  naturelles  du  duc  de  Bruns- 
>vic.  Après  cela  ,  j'ai  aussi  trouvé  ce 
poisson  parmi  les  dessins  du  prince 
Maurice, 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Aramaca  ,  au  Brésil. 
Lingoada  et  Cuhricunlia  ^  dans  les  co- 
lonies portugaises  de  ce  pays. 
Tonge ,  chez  les  Hollandais. 
Grossschuppigte  Scholle  ,  chez  les  Al- 
lemands. 
Sole  à  grandes  écailles  ,  parmi  les  Fran- 
çais. 

Dans  Gesner,  je  trouve  un  dessin 
qui  ressemble  beaucoup  au  nôtre.  Il 
dit  qu'il  l'a  reçu  de  Rome  ,  oii  le  pois- 
son est  connu  sous  le  nom  de  pecten» 


244  HISTOIRE  NATURELLE 
Mais  aucun  auteur  italien  ne  fait  men- 
tion d'une  sole  ainsi  appelée  ;  et  même 
Jovius  ,  qui  a  écrit  un  traité  particu- 
lier des  poissons  de  Rome ,  n'en  fait 
pas  mention.  Je  crois  donc  qu'on  a 
lieu  de  douter  de  l'assertion  de  Gesner. 

On  doit  excuser  Klein  quand  il  dé- 
crit ce  poisson  comme  n'ayant  que  de 
petites  écailles  ;  car  il  est  probable 
qu'il  a  fait  sa  description  d'après  le 
dessin  de  Marcgraf,  où  elles  sont  indi- 
quées par  de  petits  points  seulement. 

Marcgraf  nous  a  donné  le  premier 
dessin  de  ce  poisson  ;  mais  il  est  mau- 
vais. Les  dessins  de  Piso,  Jonston  et 
Ruyscli ,  qui  sont  faits  d'après  celui 
de  cet  auteur,  ne  valent  pas  mieux. 
Celui  que  nous  devons  à  Gesner,  est 
meilleur. 

Dans  le  manuscrit  du  prince  Mau- 
rice, ce  poisson  est  représenté  ,  avec 
raison ,  avec  les  yeux  à  gauclie.  Ce- 
pendant Marcgraf  et  Piso,  qui  l'ont  co- 
pié ,  lèsent  placés  à  droite.  Jouslon, 


DE  LA  SOLE,  &C.  'A5 
qui  a  tiré  son  dessin  d'un  de  ces  au- 
teurs ,  les  a  représentés  à  gauche ,  et 
Ruyscb ,  qui  a  copié  ce  dernier ,  les 
a  mis  à  droite.  Gesner  a  commis  la 
même  faute.  On  voit  par-là  qu'aucuu 
de  ces  auteurs  n'a  pris  assez  d'atten- 
tion pour  placer  ces  parties  dans  leur 
situation  naturelle. 


a^6      HISTOIRE   NATURELLE 


XXIX*    GENRE. 


LE   CH^TODON, 
ou   LA  BANDOULIÈRE, 

C  H  JE  T  O  D  O  N. 

Caractère  générique.  Xjcs  dents  sétacées. 
LA  BANDOULIÈRE  DORÉE, 

CHJETODOK    jiURE  US, 

La  belle  couleur  d'or  dont  brille  ce 
poisson ,  et  le  piquant  fort  de  l'os 
maxillaire  ,  en  sont  les  caractères.  On 
compte  douze  rayons  à  la  nageoire  pec- 
torale ,  six  à  la  nageoire  ventrale , 
quinze  à  celle  de  l'anus  et  à  la  queue, 
et  vingt-quatre  à  celle  du  dos. 

Le  corps  forme  un  ovale  jusqu'à  la 
queue  ;  et  à  l'exception  des  nageoires 


Tom  .JI. 


J'/ïçe   2^0\ 


De.feve  </e^ .  Racine    J\'u//>. 

i.I-ABANDOULIFJlK  doiée.  a.LABANDOlIAKUK 

à  tache /^^//  z^^ç ■  3  .LA. JiANDOUl.lFi^K  à  Avc./>a^.2(iû 


ne 


C> 


c.  iy>- 


I)E  LA  BANDOULIÈRE  ,  &C.  24/ 
pectorales  et  ventrales ,  il  est  garni 
d'écaillés  dures  et  dentelées.  L'ouver- 
ture de  la  bouche  est  petite  ,  les  deux 
inâcboires  sont  armées  de  dents  seta- 
cées  ,  les  lèvres  sont  fortes  ;  les  narines 
doubles  et  placées  non  loin  des  yeux. 
Ces  derniers  ont  une  prunelle  jaune 
entourée  d'un  iris  rougeâtre.  L'oper- 
cule des  ouies  consiste  en  une  plaque , 
qui  se  termine  en  pointe  près  de  la  na- 
geoire pectorale.  L'ouverture  des  ouies 
est  large ,  et  la  membrane  branchiale 
est  cachée  sous  l'opercule.  La  ligne  la- 
térale ,  qui  commence  non  loin  de 
l'œil ,  forme  un  arc  lâche ,  et  l'anua 
se  voit  auprès  de  la  nageoire  qui  porte 
ce  nom.  Le  fond  des  nageoires  est  jaune 
et  les  extrémités  sont  vertes.  Dans  la 
nageoire  dorsale ,  on  apperçoit  douze 
piquans  ,  et  deux  dans  celle  de  l'anus. 
Les  rayons  de  toutes  les  nageoires  sont 
ramifiés.  Les  nageoires  de  la  queue  et 
de  la  poitrine  sont  rondes ,  et  les  au- 
tres ont  la  forme  d'une  faucille. 


248      HISTOIRE   NATURELLE 

Ce  beau  poisson  que  je  trouve  parmi 
les  dessins  du  père  Plumier,  vit  daus 
les  eaux  des  Autilles.  Comme  ce  père 
n'en  dit  autre  chose  que  ce  que  j'ai  rap- 
porté au  commencement ,  je  ne  sau- 
rois  non  plus  en  dire  davantage  ,  si  ce 
ïi'est  que  c'est  un  poisson  Carnivore  ; 
puisque  sa  bouche  est  armée  de  dents 
propres  à  saisir  sa  proie.  Les  noms  que 
je  lui  ai  donnés  sont   pris  de  sa   belle 
couleur. 

L'EMPEREUR  DU  JAPON, 

CH  jE  T  0  DO  y    1  M  P  ERATO  R. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  ses  stries 
longitudinales  ,  et  aux  quatorze  pi- 
quans  de  la  nageoire  dorsale.  On 
compte  dix-huit  rayons  à  la  nageoire 
pectorale  ,  six  à  la  nageoire  ventrale  ^ 
vingt-trois  à  celle  de  l'anus,  seize  à 
celle  de  la  queue  ,  trente-quatre  à  celle 
du  dos. 

La  tête  est  grande  et  garnie  par- 


DE  l'empereur  DU  JAPON.    249 

tout  de  petites  écailles.  Les  yeux  qui 
sont  grands,    ont  une  prunelle   noire 
et  un  iris  orangé.  Autour  de  ce   der- 
nier,  on  apperçoit  une  strie  bleue  et 
arquée.  L'os  maxillaire  est   bordé  de 
bleu  et  pourvu  d'un  piquant  fort-  L'o- 
percule  des    ouies   consiste   en   deux 
plaques ,    sur    chacune  desquelles  on. 
voit  une  strie  bleue.  La  ligne  latérale, 
qui  commence  à  la  nuque,    règne  le 
long  du  corps  et  non  loin  du  dos  :  à 
l'extrémité  de  la  nageoire  dorsale  ,  elle 
forme  une  courbure  vers  la  partie  in- 
férieure ,  et  va  se  perdre  au  milieu  de 
la  nageoire  de  la  queue.  La  couleur  du 
fond  est  jaune  ,  et  les  rayons  longitu- 
dinaux sont   bleus.  Les  nageoires  du 
dos  et  de  l'anus  sont   épaisses  ,  roides 
et  arrondies.  La  dernière  est  armée, 
à  son  commencement,  de  trois  piquans, 
qui  sont  courts  et  forts.  La   nageoire 
Ventrale   n'en   a  qu'un  seul ,  qui  est 
long.  Tous  les  rayons  sont  ramifiés. 
J'ai  trouvé  ce  poisson  bigarré  dans 
Poissons.  II.  22 


q5o     histoire  naturelle 

la  collection  qu'on   m'a  envoyée  du 
Japon. 

Suivant  le  rapport  de  Ruysclietcîe 
Renard ,  ce  poisson  est  encore  plus 
gras  que  le  saumon  ,  et  le  meilleur  de 
tous  les  poissons  des  Indes  orientales. 
Comme  on  n^en  pêche  que  très-peu  , 
ces  poissons  sont  très-chers  ,  et  ne  pa- 
roissent  que  sur  la  table  des  grands  : 
c'est  aussi  ce  qui  leur  a  fait  donner  le 
nom  de  Vempr.reur  du  Japon  ,  et  non 
la  couronne  ,  dont  on  dit  que  leur  tête 
est  ornée,  comme  Ruysch  assure. 

LA  BANDOULIÈRE  RAYÉE  , 

C  H  JETODON     F  ASCI  AT  US. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  son  corps 
fascié  et  aux  sept  piquans  de  la  na- 
geoire de  l'anus.  On  compte  seize 
rayons  à  la  nageoire  pectorale  ,  six  à 
la  nageoire  ventrale  ,  vingt-un  à  celle 
de  l'anus,  quatorze  à  la  queue,  et 
vingt-trois  à  celle  du  dos. 


om 


/r 


J^a^ .  2S0 


J.. 


i.IiÂBANnOUJ-IKUT^   ravee.  a     Ti'ORBK. 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &c.    nSl 

La  tête  jles  écailles,  et  l'ouveituro 
de  la  bouche  sont  petites.  Les  mâchoi- 
res sont  d'égale  longueur,  et  armées 
de  pareilles  dents  que  les  autres.  Les 
lèvres  sont  fortes  ,  et  les  narines  dou- 
bles se  trouvent  non  loin  des  yeux.  Ces 
derniers  ont  une  petite  prunelle  noire 
entourée  d'un  iris  blanc  et  bleu.  Sur 
le  front ,  au-dessus  et  au-dessous  des 
yeux,  aussi  bien  que  derrière  eux,  on 
apperçoit  des  stries  bleues.  L'os  maxil- 
laire est  dentelé  ,  et  se  termine  en  un 
piquant  fort.  L'opercule  des  ouies  con- 
siste en  une  plaque  mince  ,  l'ouverture 
des  ouies  est   large  ,  et  la  membrane 
branchiale  est  cachée  sous  l'opercule. 
La  couleur  du  fond  est  blanche,  avec 
des  stries  bleues  ,  qui  ont  une  bordure 
brune.  La  ligne  latérale  commence  à 
l'oeil ,  s'approche  du  dos  ,  le  long  du- 
quel elle  s'étend  dans  une  direction 
parallèle  ,  forme  une  courbure  à  l'ex- 
trémité de  la  nageoire  dorsale,  et  se 
perd  comme  à  l'ordinaire.  L'anus  est 


^52       HISTOIBE    NATURELLE 
placé  au  milieu  du  corf»s.  La  nageoire 
pectorale  est  courte  ,  claire  et  arron- 
die. Dans  la  nageoire  venlrale ,  je  ne 
trouve  qu'an  piquant ,  et  quatorze  dans 
celle  du  dos.  Lesautresnivonsde  toutes 
les  autres  nageoires  ,  sont  mous  et  ra- 
mifiés. Aux    bandes  bleues  de  la  na- 
geoire de  l'anus,  je  ne  trouve  pas  la 
bordure  brune  qu'on  voit  sur  le  tronc. 
Ce  poisson  bigarré  ,  que  les  Japon- 
iiais    appellent  duc,    probablement  à 
cause  de  ses   bandes  de  diverses  cou- 
leurs ,  est  originaire  des  Indes  orien- 
tales. J'en  ai  reçu  le  dessin  et  la  des- 
cription de  monsieur  Boddaert ,  doc- 
teur   en  médecine    à    Utrecht.   Mais 
comme  je  ne  trouve  rien  sur  son  his- 
toire naturelle  ni  dans  Valentyn  ,  ni 
dans  Ru3^scli  et  Renard  ,  je  ne  saurois 
en  donner  une  description  plus  détail- 
lée. Il  paroît  seulement  par  sa  bonclie 
armée  qu'il  est  du  nombre  des  poissons 
voraces. 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &C.    2d3 
Ce  poisson  se  nomme  : 
Geslreifter  Klippfisch ,   chez   les  Alle- 
mands. 
Bandoulière  rayée  ,  chez  les  Français. 
Ikan  sengadji  molakho  ,  aux  Indes. 
Moluksche  Hertog ,    dans    les  colonies 
hollandaises  de  ce  pays. 
Valentyn  ,    qui   nous  a  le  premier 
décrit  ce  poisson  ,  en  a  donné  aussi  un 
dessin    assez   bon.   On    peut    faire   le 
même  jugement  des  figures  que  nous 
devons  à  Ruysch  et  à  Renard.   Dans 
l'ouvrage  de  ce  dernier  ,  je  trouve  en- 
core deux   autres  dessins  qui  ressem- 
blent   à  notre  poisson  ;   mais  comme 
ces  dessins  ne  sont  accompagnés  d'au- 
cune description  ,  je  ne  saurois  décider 
si  cet  auteur  a  augmenté  les   espèces 
déjà  connues  ,  ou  si  ce  ne  sont  que  des 
variétés. 


254      HISTOIRE   NATURELLE 

LA  BANDOULIÈRE  TACHETÉE , 

chjî:todon    gu  tt  AT  us. 

Le  premier  et  le  dernier  rayon  de  la 
nageoire  ventrale  ,  qui  sont  piquans  , 
forment  le  caractère  distinctif  de  ce 
poisson.  Oïl  compte  quinze  rayons  à 
la  nageoire  pectorale  ,  cinq  à  la  ven- 
trale ,  seize  à  celles  de  la  queue  et  de 
l'anus  j  et  vingt-trois  à  celle  du  dos. 

Le  corps  à  proportion  de  celui  des 
autres  bandoulières,  est  étroit-,  il  est 
couvert  de  petites  écailles.  L'ouverture 
de  la  bouche  est  plus  grande  qu'aux 
autres  poissons  du  même  genre.  Les 
mâchoires  sont  d'égale  longueur  et  ar- 
mées de  dents  aiguës.  Les  lèvres  sont 
fortes  :  le  poisson  peut  avancer  et  reti- 
rer la  supérieure  ,qui  consiste  en  deux 
os.  Les  yeux  sont  grands  et  ronds.  La 
prunelle  est  noire  et  l'iris  jaune  foncé. 

Devant  ce  dernier,  on  apperçoit  les 
narines  qui  sont  doubles.  L'opercule 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  fCc.    q55 

des  ouies  consiste  en  une  seule  tablette 
mince  et  longue  ,souslaqucllela  mem- 
brane branchiale  est  cachée.  L'ouver- 
i  ure  des  ouies  est  large.  Les  côtes  sont 
^n^is  vers  le  dos  ,  blancs  vers  le  ventre , 
et  ornés  de  taches  rondes  d'un  bran 
rouge ,  qui  ressemblent  à  des  gouttes 
d'eau.  La  ligne  latérale ,  qui  commence 
à  l'opercule  des  ouies ,  s'approche  du 
dos  et  forme  un  arc  lâche.  Les  nageoires 
de  ce  poisson  sont  sans  écailles.  La  na- 
geoire pectorale  est  d'un  brun  jaune, 
la  ventrale  grise,  celle  de  la  queue  jau- 
nâtre ,  celles  du  dos  et  de  l'anus  d'un 
gris  foncé.  Les  rayons  de  toutes  les 
nageoires  ,  excepté  ceux  qui  sont  pi- 
quans,  sont  ramifiés,  et  ceux  de  la 
queue  ornés  de  points  d'nn  brun  rou- 
geâtre.  La  nageoire  du  dos  est  garnie 
de  treize  piquans,et  celle  de  l'anus  do 
sept. 

Ce  beau  poisson,  inconnu  jusqu'ici  , 
s^est  trouvé  aussi  parmi  la  collection 
du  Japon  dont  j'ai  fait  mention.  Il 


Iî56  HISTOIU^  NATURELLE 
est  plus  gros  qu'il  n'est  représenté  ici. 
Comme  c'(^st  le  seul  poisson  connu 
de  ce  genre  qui  soit  marqué  par- tout  de 
tacLes  rondes ,  je  crois  que  les  noms 
que  je  lui  ai  donnés  ,  lui  conviennent 
assez. 

LA  BANDOULIÈRE  NOIRE, 

C  HMT  OD  0  N     PARU. 

On  reconnoît  cette  bandoulière  aux 
douze  piquansde  la  nageoire  du  dos  et 
aux  cinq  de  celle  de  l'anus.  Je  ne  sau- 
rois  déterminer  le  nombre  des  rayons 
de  la  nageoire  du  dos  et  de  celle  de  l'a- 
nus ;  car  le  prince  Maurice ,  du  manus- 
crit duquel  j'ai  prisée  dessin  ,  a  repré- 
senté ces  nageoires  pliées  ;  mais  je 
compte  quatorze  rayons  à  la  nageoire 
pectorale  ,  six  à  la  ventrale  et  quinze 
à  celle  de  la  queue. 

La  tête  est  petite  et  l'ouverture  de  la 
bouche  un  peu  plus  large  qu'aux  autres 
poissons  du  même  genre.  La  màclioire 


l  onv.JI. 


J'a^*?     2ià^  • 


2. 


Dafeve  de/.  ,  J'^  T7//ain  i/cu^- 

1  LÀ  Ti  AND  OTIilERE  noue .  2  .  LA  GIHSELLE 
3  . 1  ,K  M OITC HARK A. .  /^a^e    3o3. 


/ 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &c.    r^Oy 
inrérieure  avance   sur  la  supérieure  : 
l'une  et  l'autre  sont  armées  de  dénis 
propres  à  ce  genre  de  poisson.  La  lèvre 
supérieure  consiste  en  deux  os  longs  , 
étroits  et  minces.  Les  yeux  sont  pelits  ; 
la  prunelle  est  noire  et  entourée  d'un 
iris  couleur  d'or.  Devant  les  yeux  ,  oii 
n'apperçoit  que  deux  narines.  L'oper- 
cule des  ouies  consiste  en  deux  plaque« , 
et  se  termine  en  bas  en  un  piquant  fort. 
L'ouverture  des  ouies  n'est  pas  si  large 
qu'auxautres  bandoulières,  et  la  mem- 
brane branchiale  est  cachée  sous  l'oper- 
cule. La  tête  et  la  poitrine  sont  cou- 
vertes de  petites  écailles  ,  mais  sur  le 
reste  du  corps  on  en  voit  de  grandes 
qui  ont  toutes  une  bordure  jaune.  De- 
vant la  nageoire  de  la  poitrine  il  y  a 
une  tache  jaune.  Le  fond  du  poisson 
est  noir  ,  et  ce  n'est  que  sur  les  côtés 
où  les  écailles  argentines  ne  le  couvrent 
que  fort  peu  ,  que  la  couleur  noire  qui 
paroît  à  travers  ,  le  lend  gris.   Dans 
l'original  duquel  ce  dessin  a  été  copié  , 


25S  HISTOIRE  NATURELLE 
je  n'ai  point  trouvé  de  ligne  latérale  : 
probablement  elle  a  la  même  direction 
qu'aux  autres  poissons  de  ce  genre. 
L'anus  est  placé  au  milieu  du  corps. 
Les  nageoires  de  la  poitrine  et  de  la 
queue  sont  courtes  et  rondes-,  celles  du 
ventre ,  du  dos  et  de  l'anus  sont  longues 
et  en  forme  de  faucille. 

Lapatrie  de  ce  poisson  estl'Amérique» 
On  le  trouve  sur-tout  au  Brésil  et  à  la 
Jamaïque.  Marcgraf  et  Pison  en  dé- 
crivent un  du  premier  pays,  etBrown 
un  autre  du  second.  Le  premier  lui 
donne  une  lonsueur  de  neuf  à  dix 
pouces  ;  mais ,  selon  le  prince  Maurice , 
il  peut  parvenir  jusqu'à  seize.  Il  est  du 
nombre  des  poissons  dont  on  mange  la 
cliair;  il  se  nourrit  d'autres  animaux 
aquatiques.  On  le  prend  tant  au  filet 
qu'à  l'hameçon. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Paru  ,  au  Brésil. 
Variegated  An^ed-Fish  ,  aux  colonies 

anglaises  de  la  Jamaïque. 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  &c.   25() 
Schwarzer  Klippfisch  ,  chez  les   Alle- 
mands. 
Bandoulière  noire ,  cliez  les  Français. 

Marcgraf ,  qui  est  le  premier  qui  ait 
décrit  ce  poisson  ,  nous  en  donne  aussi 
un  dessin  ,  qui  a  été  copié  par  Pison  , 
Willnglîby  ,  Jonslon  et  Ruyscli  ;  et 
comme  Artédi  Ta  aussi  admis  dans  son 
système  ,  je  m'étonne  que  Linné  l'ait 
omis  dans  le  sien. 

Artédi  doute  avec  raison  ,  que  le 
grand  paru  de  Lister  soit  le  même  que 
notre  poisson. 

Gronov,  se  trompe  quand  il  prend, 
notre  poisson  pour  la  troisième  espèce 
de  l'acarauna  major  de  Willughby  : 
c'est  plutôt  le  peigne  ,  que  nous  allons 
bientôt  décrire.  Quand  il  demande  si 
sous  l'acarauna  major  de  Catesby  on 
doit  entendre  notre  poisson  ,  nous  lui 
répondons  négativement  ;  car  ce  pois- 
son a  beaucoup  de  piquansà  l'os  maxil- 
laire ,  et  il  n'a  que  trois  rayons  osseux 
à  la  nageoire  dorsale  :  de  plus  ,  le  pois- 


36o       HTSTOTRE    NATURELLE 

son  de  Catesby  a  les  écailles  plus  grandes 

et  le  corps  plus  large  que  le  noire. 

LE   PAON   DE  L'INDE, 

CHuET  ODON   PAV  0. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  sa  figure 
alongée  et  aux  quatorze  rayons  de  la 
nageoire  dorsale.  On  compte  quatre 
rayons  à  la  membrane  desouies ,  quinze 
à  la  nageoire  pectorale  ,sixà  la  nageoire 
ventrale  ,  dix-sept  à  celle  de  l'anus, 
seize  à  la  queue  ,  et  vingt-sept  à  celle 
du  dos. 

La  tête  est  grosse  ,  l'ouverture  de  la 
bouche  pe  Lite.  Les  deux  mâchoires  sont 
armées  de  dents  fines  et  ont  de  fortes 
lèvres.  Au-dessus  d'elles  sont  deux  na- 
rines rondes,  et  entr'elles  et  les  yeux 
on  voit  des  ligues  bleues.  La  prunelle 
est  nuire  et  l'iris  d'un  blanc  verd.  Der- 
rière les  yeux  et  près  du  commence- 
ment de  laliffne  latérale,  est  une  tache 
ronde  et  bleue.  Le  fond  de  la  tête  et 


To/ti .  //. 


J'û^e  2,ùo 


Dégrevé  d<^/-  Le  ////a/'/t   cCcu/p- 

1 . 1.E  PAON   de  l'iiide  .  a. 3. A  BAND01TIJFJ\}: 

k  oraiiaes   écaifles  •  3  .  liA  BAT^DOXHilÈRr,  a 

o 

uao'coires  larges.  df.\i¥i  HERON  de  mer. 


uiA 


DU  PAON  DE  L'INDE.  26l 
cle  la  poitrine  est  d'un  brun  jaune  et 
marqué  de  belles  taches  d'un  bleu  clair. 
L'opercule  des  ouies  consiste  en  une 
plaque;  l'ouverture  desouics  est  large, 
et  la  membrane  branchiale  ,  qui  est 
tout-à-fait  dégagée  ,  est  appuyée  par 
quatre  rayons.  Tout  le  corps  est  si  bi- 
garré ,  et  les  diverses  couleurs  sont 
mêlées  si  agréablement ,  qu'il  ressem- 
ble à  une  queue  de  paon.  Dans  ce  pois- 
son, la  ligne  latérale  commence  aussi 
en  haut  vers  l'opercule  des  ouies  , 
forme  un  arc  lâche  aussi  bien  que  le 
dos,  près  duquel  elle  est  située  ,  et  va 
se  perdre  à  l'extrémité  de  la  nageoire 
dorsale  ;  le  reste  se  voit  au  milieu  de 
la  queue.  L'anus  se  trouvfî  au  milieu 
du  corps.  Les  nageoires  pectorales  sont 
courtes  et  transparentes.  Aux  nageoires 
ventrales,  on  apperçoit  vers  le  com- 
mencement une  appendice  osseuse  : 
elles  n'ont  qu'un  rayon  piquant;  celle 
de  l'anus  en  a  deux.  Les  rayons  des  au- 
tres nageoires  sont  mous  et  ramifiés. 
Poissons,  lï.  25 


2B2      HISTOIRE   NATURELLE 

Lapatrie  de  ce  poisson  est  dans  l'Inde 
orientale.  Je  ne  saurois  déterminer 
exactement  sa  grandeur  ;  je  sais  seule- 
ment qu'il  faut  le  mettre  au  nombre 
des  poissons  carnivores  ,  à  cause  de  sa 
bouciie  armée.  Le  mélange  de  ses  belles 
couleurs  m'a  engagé  à  lui  donner  I0 
nom  de  paon  de  l'Inde. 

LA  BANDOULIÈRE  A  TROIS  BANDES  > 

en  ^T  O  D  ON     ARU  ANUS. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  ses  trois 
bandes  noires  et  à  la  nageoire  du  dos 
et  de  l'anus  qui  sont  très-courtes.  La 
première  bande  passe  par  -  dessus  la 
tête^  la  seconde  par-dessus  la  poitrine, 
et  la  troisième  s'étend  depuis  l'extré- 
mité de  l'anus  jusqu'à  celle  de  la  na- 
geoire dorsale.  Comme  le  fond  est  dô 
couleur  argentine ,  les  bandes  noires 
paroissent  très  -  bien  à  travers.  On 
compte  dix-sept  rayons  à  la  nageoire 
pectorale ,  cinq  à.  U  ventrale,  treiise  à 


"^(mhS. 


iuiey 


i^2, 


■i    liA  BAlSDOin.IKlîK   à  nageoires  noires 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  &C.  263 
celle  de  l'anus ,  seize  à  la  queue  et  vingt- 
quatre  à  celle  du  dos. 

La  tête  est  grande ,  l'ouverture  de 
la  bouche  petite.  Les  mâchoires  sont 
d'égale  longueur  et  armées  de  petites 
dents  aiguës  qui  se  terminent  en  forme 
de  coin.  Le  front  et  l'iris  sont  bruns. 
Les  narines  se  trouvent  tout  près  de  la 
lèvre  supérieure.  Les  os  des  joues  sont 
dentelés  ;  l'opercule  des  ouies  consiste 
en  une  petite  plaque  qui  forme  une 
pointe  à  son  milieu  ;  l'ouverture  des 
ouies  est  large  ,  et  la  membrane  bran- 
chiale est  cachée  sous  l'opercule.  Le 
dos  et  sa  nageoire  sont  jaunâtres ,  ex- 
cepté l'endroit  où  les  bandes  noires 
passent  sur  ces   parties,   La  nageoire 
ventrale  est  longue  et  noire  ,  et  celle 
de  l'anus  jaunâtre.  A  la  première,  on 
compte  un  piquant ,  à  la  dernière  deux , 
et  à  celle  du  dos  douze  :  les  autres 
rayons  sont  mous  et  ont  plusieurs  ra- 
mifications. La  nageoire  pectorale  est 
transparente  ,  celle  de  la  queue  grise 


Ii64        HISTOIRE    NATURELLE 
et  ronde.  Les  écailles  sont  petites  ;  elles 
garnissent  aussi  les  nageoires  du  dos  , 
de  l'anus  et  de  la  queue ,  comme  on  voit 
à  la  plupart  des  autres  bandoulières. 

On  trouve  ce  poisson  dans  les  Indes 
orientales  et  en  Arabie.  Forskaœl  en 
décrit  un  du  dernier  pays  ;  et  le  mien 
m'a  été  envoyé  du  premier.  Il  se  tient 
parmi  les  coraux  ,  et  se  nourrit  de  po- 
lypes et  autres  petits  animaux  de  mer. 
Sa,  chair  est  mangeable.  On  îe  prend  à 
riiumcçon  et  au  filet. 

Ce  poisson  se  nomme: 
Abu-Dafur y  en  Arabie./ 
Bandoulière  à  trois   bandes  ,  chez    les 

Français. 
Buy  t-KLip pare  ,  en  Suède. 
BoLirgonjese  Kliphauns  ,  honte  Duifje  , 

en  Hollande. 
Schwarzlopf ,  chez  les  Allemands. 

Klein,  à  qui  nous  devons  la  première 
description  de  ce  poisson  ,  et  Linné  , 
nous  en  ont  donné  un  bon  dessin.  Il  est 
vrai  que  le  dernier  nous  l'a  représenté 


DE  LA  BANDOULTÈRE,  8cc.    265 
avec  une  petite   écliancriire  à  la  na- 
geoire de  la  queue  ,  qu'il  donne  aussi 
pour  un  des  caractères  du  poisson  ;  mais 
comme  dans  mon  exemplaire  cette  par- 
tie est  ronde  ,  ainsi  que  dans  celui  de 
Klein  ,  il  y  a  apparence  qne  le  poisson 
de  Linné  a  souffert  quelqu'endomma- 
gement  à  cet  endroit.  A  cette  occasion , 
je  m'en  vais  corriger  quelques  fautes 
d'impression  qui  se  sont  glissées  dans 
l'ouvrage  de  cet  auteur.  Dans  son  sys- 
tème ,  il  donne  trente-deux  rayons  à 
la  nageoire  dorsale  ,  au  lien  de  vingt- 
deux;  car  dans  le  Muséum  ,où  il  décrit 
ce  poisson  avec  exactitude, il  en  com pto 
vingt-deux.  Quand  dans  le  dernierou- 
vrage  ce  poisson  porte  le  nom  d'arcua- 
*us  ,  tant  dans  le  texte  que  sur  laplan- 
•'Iie  ,    je  crois  plutôt  qu'il   faut   lire 
nruanus  ;caY  c'est  sous  le  premier  nom 
»ju'il  décrit ,  page  62  ,  le  poisson  à  ban- 
ies  arquées,  et  qu'il  le  représente  sur 
la  planche  trente-troisième  ,  lig.  5. 
Ce  poisson  tient  ^  pour  ainsi  dire  ,  îe 


aSG  HISTOIRE  NATURELLE 
milieu  entre  les  bandoulières  et  les 
perches.  Ses  dents  et  les  os  des  joues 
sont  comme  aux  dernières;  mais  par 
le  tronc,  il  ressemble  aux  premières  ; 
car  il  est  large  ,  orné  de  bandes  ,  et  les 
nageoires  sont  garnies  d'écaillés.  Mai» 
comme  ses  dents  ne  ressemblent  pas  à 
des  poils ,  ce  qui  est  le  caractère  dis- 
tinctif  des  bandoulières  ;  il  faut  plutôt 
le  compter  parmi  les  perches.  Appa- 
remment Linné  n'a  pas  bien  examiné 
ses  dents  :  cependant  comme  je  ne  fais 
pas  un  système,  j'ai  suivi  cet  auteur 
en  le  mettant  dans  le  genre  des  ban- 
doulières. 

LA  BANDOULIÈRE  A  NAGEOIRES 

NOIRES  ,    CH^TODON    TEIRA. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  ses  trois 
bandes  noires  ,  et  aux  nageoires  du  dos 
et  de  l'anus  qui  sont  extrêmement 
longues.  On  compte  sept  rayons  à  la 
membrane  des  ouies  jonze  àla  nageoire 
pectorale,  six  à  la  ventrale ,  vingt-six 


BELA  BANDOULIERE,  5cc.    267 

à  celle  de  l'anus  ,  dix-sept'à  celle  de  la 
queue  ,  et  trente -quatre  à  celle  du  clos. 
Le  corps  très  mince  ,  est  aussi  lai^e 
que  long,  et  en  pente  sur  le  devant,  i» 
tête  et  l'ouverture  de  la  bouche  sont 
petites.  Les  dents  sont  comme  celles 
des  autres  bandoulières.  Les  narines 
doubles  sont  tout  près  des  yeux.  La 
prunelle  est  noire  et  l'iris  d'un  blanc 
tirant  sur   le   rouge.   L'opercule    des 
ouies  consiste  en  une  petite   plaque  ; 
l'ouverture  des  ouies  est  large  ,  et  la 
membrane  branchiale    est  cachée  en 
partie  sous  l'opercule.  La  ligne  latérale 
forme  un  arc  considérable  ,  et  est  com- 
posée de  points  blancs.  L'anus  n'est  pas 
loin  des  nageoires  ventrales.Les  écailles 
sont  très-petites  et  dentelées.  Le  fond 
du  poisson  est  blanc  ,  et  les  trois  bandes 
noires  qui  le  traversent  y  font  un  très- 
bon  effet.  La  première   commence   au 
front,  entoure  les  yeux  et  va  se  ter- 
miner au  menton  ;  la  seconde  s'étend 
depuis  le  dos  jusqu'à  l'anus  j  et  la  troi- 


liGS  HISTOIRE  NATURELLE 
sième  ,  qui  est  près  de  la  queue  ,  passe 
sur  une  partie  de  la  nageoire  du  dos  et 
de  l'anus.  Le  reste  de  ces  nageoires  , 
amsi  bien  que  celles  de  la  poitrine  et 
de  la  queue  ,  sont  blanches  ;  mais  celle 
du  ventre  est  noire.  La  nageoire  du 
dos  a  cinq  piquans  à  sa  naissance  ,  et 
celle  de  l'anus  en  a  trois. 

Ce  poisson  vit  dans  la  mer  de  l'Ara- 
bie et  dans  celle  des  Indes  orientales. 
Celui  qu'on  voit  représenté  ici  vient 
de  la  dernière.  Forskaoel  dit  qu'il  par- 
vient à  la  longueur  d'une  aune;  que  sa 
chair  est  bonne  à  manger;  qu'il  vit  de 
coraux  et  de  coquilles.  On  le  prend  tant 
au  hlel  qu'à  l'hameçon. 
Ce  poisson  se  nomme  : 

Schwarzjlosser ,  chez  les  Allemands. 

BreedvuinL<j;e  Klippjîsch  y  Zeehotje  ^  en 
Hollande. 

T'andonlière  à  nageoires  noires ,  chez  les 
Français. 

Teyra  ,  en  Arabie  ,  lorsqu'il  est  petit  y 
et  Daakar,  quand  il  est  grand. 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  &C.    269 
îkan  Carnbingj  aux  Indes  orientales. 
Bokkenvish ,  dans  les   colonies  hollan- 
daises de  ce  dernier  pays. 
Boddaert  ,   dans  son  texte  de  l'ou- 
vrage de  Renard  ,  se  trompe  quand  il 
prend  la  figure  6  de  la  planche  26  du 
tome  m  de  Séba  ,  et  le  n".  193  du  Mu- 
séum de  Gronov  pour  le  poisson  dont 
nous  parlons  ici  :  car  comme  ,  selon  ce 
dernier  auteur ,  les  nageoires  du  dos  et 
de  l'anus  n'ont   que   la   longueur   du 
corps  ,  et  qu'il  ne  dit  rien  des  bandes 
dans  sa  description  ,   d'ailleurs  très- 
exacte,  il  est  clair  qu'il  ne  paile  point 
de  notre  poisson  ;  et  quant  à  la  première 
figure  ,  il  suffit  de  la  comparer  avec  la 
nôtre  ou  avec  celle  de  Renard ,  pour 
se  convaincre  que  mon  jugement  est 
fondé. 

LA  BANDOULIÈRE  A  LARGES 
NAGEOIRES, 

CHJETOVON     V  E  S  P  ERT  J  L  J  O. 

Ce   poisson  diffère   des   autres  du 
znême  genre  par  les  nageoires  du  dos 


S/O       HISTOIRE   NATURELLE 
et  de  l'anus  qui  sont  larges ,  et  par  la 
bande  noire  qu'on  apperçoit  àlaqueuCo 
On  compte  cinq  rayons  à  la  membrane 
desouies,  dix -huit  à  la  nageoire  pecto- 
Tale ,  six  à  la  nageoire  ventrale ,  trente- 
trois  à  celle  de  l'anus,  dix -sept  à  la 
queue  ,  et  quarante-un  à  celle  du  dos. 
Cette   bandoulière    est   aussi  large 
€jue  longue.    La   tête  est  dépourvue 
d'écailles  ;  les  lèvres  sont  fortes  ;  et 
non  loin  des  yeux  ,  on  n'apperçoit  que 
deux  ouvertures  rondes.  Les  yeux  ont 
■une  prunelle  noire  ,  qui  est  entourée 
d'une  ligne  blanche  et  d'un  iris  jaune  ; 
l'opercule  des  ouies  consiste  en  deux 
petites  plaques  argentines  )  l'ouverture 
des  ouies  est  très-large,  et  la  mem- 
brane branchiale  est  en  partie  cachée 
sous  l'opercule  -,  le  tronc ,  qui  est  cou- 
vert de  très-petites  écailles ,  est  gris 
vers  le  dos,  et  blanchâtre  au  ventre. 
Toutes  les  nageoires  ont  des  rayons  à 
plusieursramifications,  et  sont  grises, 
H  J'exceptiou  de  celles  cin   dos  et  dQ 


t)E  LA  BANDOULIÈRE)  &c.  27 1 
î'anus ,  dont  la  partie  qui  est  couverte 
d'écaillés  a  une  couleur  jaunâtre  :  lo 
premier  rayon  de  la  longue  nageoire 
ventrale  est  piquant.  Dans  la  nageoire 
de  l'anus  ,  je  trouve  trois  piquans,  et 
dans  celles  du  dos  cinq.  Ces  deux  der- 
nières nageoires  sont  extrêmement 
larges  et  épaisses  ;  et  c'est  ce  qui  m'a 
engagé  à  donner  à  ce  poisson  les  noms 
qu'il  porte.  Je  l'ai  trouvé  parmi  les 
poissons  qu'on  m'a  envo5^és  du  Japon. 

Dansl'ouvragede  Willughby ,  plan- 
che O.  5  ,  je  trouve  un  poisson  qui  a 
des  nageoires  aussi  larges  que  le  nôtre. 
Si  le  dessin  est  fidèle ,  il  appartient  à 
une  toute  autre  classe  ;  car  les  na- 
geoires pectorales  se  trouvent  à  la 
gorge.  Dans  l'autre  cas,  cela  pourroit 
bien  être  notre  poisson  :  cependant  le 
dessin  seroit  encore  mauvais  ,  en  ce 
que  ni  les  écailles ,  ni  la  ligue  latéral© 
n'y  sont  marquées» 


2/2      HISTOIRE    NATURELLE 

LA  BANDOULIÈRE  A  GRANDES 
ÉCAILLES, 

CHJETODON    MACROLEPIDOTUS, 

Ce  poisson  diffère  des  antres  de  son 
genre  par  les  deux  bandes  larges  qu'on 
apperçoit  snr  son  tronc  ,  et  qui  s'éleu- 
dent  jusqu'aux  nageoires,  par  la  na- 
geoire de  la  queue  qui  est  droite,  et 
par  le  quatrième  rayon  de  la  nageoire 
dorsale  très-long,  qui  ressemble  à  du 
poil.  On  compte  seize  rayons  à  la  na- 
geoire pectorale,  six  à  la  nageoire  ven- 
trale ,  vingt-quatre  à  celle  de  l'anus, 
dix-huit  à  la  queue ,  et  trente-quatre 
à  celle  du  dos. 

La  tête  est  petite  ;  les  mâcboires 
sont  d'égale  longueur  ,  les  yeux  ronds  ; 
la  prunelle  est  noire,  eL  l'iris  bleuâtre. 
En  avant  de  ce  dernier  ,  on  apperçoit 
deux  petites  ouvertures.  Au-dessusdes 
yeux,  on  voit  une  tacLc  brune  ,  et  en 
devant  une   autre  de  celte   couleur. 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  &C.  a/S 
L'opercule  des  ouies  consiste  en  une 
seule  plaque  ;  l'ouverture  des  ouies  est 
large  ,  et  la  membrane  branchiale  est 
cachée  sous  Topercule  ;  les  écailles  de 
la  lête  sont  petites  ,  mais  elles  vont 
toujours  en  augmentant  insensible- 
ment jusqu'à  la  quei;e;  la  ligne  laté- 
rale forme  un  arc,  et  l'anus  est  pres- 
qu'au  milieu  du  corps  ;  les  bandes  bru- 
nes sur  le  fond  argentin  ,  font  un  très- 
bel  effet.  La  nageoire  dorsale  a  onze 
rayons  durs ,  celle  de  l'anus  trois  ,  et 
celle  du  ventre  un  :  les  autres  rayons 
ont  plusieurs  ramifications. 

Ce  beau  poisson  vit  dans  les  eaux 
des  Indes  orientales.  Il  parvient  à  une 
grandeur  considérable  ;  car  fî  cnard  as- 
sure qu'on  en  trouve  à  File  d'Hila ,  non 
loin  d'Amboine  ,  qui  pèsent  vingt  à 
vingt-cinq  livres;  et  comme  il  est  très- 
mince  ,  il  doit  donc  être  très  -  grand. 
Selon  Valentyn ,  sa  chair  est  grasse  et 
d'un  très  -  bon  goût ,  et  ressemble  à 
celle  de  la  sole. 

Poissons.  II,  24 


27*      HISTOIRE    NATURELLE 
Ce  poisson  se  nomme  : 

Grossschuppigter-Klippjisch  ,  chez  les 

Allemands. 
Bandoulière  à  larges  écailles  ,  chez  les 

Français. 
Tafelmsch ,  hezaante  Klipvisch  ,  groote 

TafeWiscli  ,  moorse  Afgott  ,  Speer- 

ifisch  ,  Pampusvisch  et  Vaandrager  , 

en  Hollande. 
îcan  -  Pampus  et  Tereloc ,  aux  Indes 

orientales. 

Valentyn  ,  Ruysch ,  Kenard  et  Séba 
nous  ont  donné  chacun  un  assez  bon 
dessin  de  ce  poisson. 

Gronov  cite  pour  notre  poisson  la 

fis-  ^  »  P'*  ^^  ^  ^^^  muséum  du  roi  de 
Suède;  mais  il  suffit  de  comparer  ce 
dessin  avec  le  nôtre,  pour  se  con- 
vaincre que  ce  sont  deux  poissons  dif- 
férens. 

Je  ne  saurois  non  plus  être  de  Tavis 
de  Gronov,  quand  il  prend  pour  notre 
poisson  celui  que  Klein  a  représenté 
pi.  12  ;/g.  2  ;  car  à  ce  dernier  la  bande 


DU  HÉRON  DE  MER.  276 
passe  par-dessous  la  tête,  et  la  nageoire 
de  la  queue  est  divisée-,  au  lieu  que  dans 
le  nôtre  cette  partie  est  arrondie,  et  la 
bande  passe  par-dessus  la  poitrine.  Je 
prends  plutôt  ce  poisson  de  Klein  pour 
le  Cornutus  de  Linné,  comme  je  le  fe- 
rai voir  dans  la  suite. 

Dans  l'ouvrage  de  Valentyn  ,  on 
trouve  plusieurs  poissons  qui  ressem- 
blent beaucoup  au  nôtre  ;  mais  les  des- 
sins en  sont  trop  mauvais  ,  pour  qu'on 
puisse  juger  si  ce  sont  de  nouvelles  es- 
pèces ou  non. 

I.E   HÉRON   DE   MER  , 

CHJETODON    CORNUTVS. 

Les  caractères  distinctifs  de  ce 
poisson  sont  :  la  bouche  qui  est  cylin- 
drique ,  le  troisième  rayon  de  la  na- 
geoire dorsale  très-long  ,  et  la  nageoire 
de  la  queue  en  forme  de  croissant.  On 
compte  quatre  rayons  à  la  membrane 
des  ouies,  dix-huit  à  la  nageoire  pec- 


S/S      HTSTOIRE    NATURELLE 
torale  ,  six  à  la  ventrale  ,  trente  deux 
à  celle  de  l'anus,  seize  à  la  queue  ,  et 
quarante-cinq  à  celle  du  dos. 

Le  corps  de  ce  poisson  est  mince ,  et 
couvert  d'écaillés  très- fines  -,  les  mâ- 
choires sont  d'égale  longueur  :  au  liea 
d'un  rang  de  dents  ,  j'y  en  apperçois 
deux.  Les  j^eux  ,  qui  ont  une  prunelle 
noire  et  un  iris  rougeâtrc,  sont  tout 
près  du  sommet.  Devant  les  yeux ,  on 
voit  quatre  petites  ouvertures.  L'oper- 
cule desouies,  qui  consiste  en  une  pe- 
tite plaque,  est  rond;  l'ouverture  dea 
ouies  est  large  ,  et  la  membrane  bran- 
chiale est  cachée  sous  l'opercule  ;  la 
ligne  latérale  forme  un  arc  considé- 
rable ,  et  l'anus  est  au  milieu  du  corps  ; 
le  fond  blanc  est  relevé  par  les  bandes 
ïioires  ;  la  bande  qui  est  sur  le  devant , 
«t  qui  passe  sur  l'œil ,  est  divisée  ,  dans 
quelques  poissons,  par  une  raie  claire. 
Dans  la  nageoire  dorsale,  je  trouve 
trois  rayons  durs. 

Le  héron  de  mer  a  pour  patrie  les 


nu  HÉRON  DE  MER.  IfJ 
Indes  orientales.  Selon  Valentyn,  sa 
chair  est  d'un  très -bon  goût. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Seereihery  chez  les  Allemands. 
Héron  de  mer,  chez  les  Français. 
Ican  Paroelij  Betina  ,  Jang  ,  Djantan  , 

Mferez  ,  Ican    Sivangi  et  Vjawa  , 

dans  les  Indes. 
Manneken  van  de  Paroeli  -  Visch ,  Ja- 

vaansche  Faandrig  ,  Bezaantje  Klip- 

visch  f  Speer-visch  et  Moorse  Afgodtp 

chez  les  Hollandais. 

Quand  Linné  compte  sept  piquans 
à  la  nageoire  dorsale  ,  c'est  probable- 
ment une  faute  d'écriture  ou  d'impres- 
sion ;  car  aux  trois  exemplaires  que  je 
possède  ,  je  n'en  ai  pu  voir  que  trois. 

Je  n'ai  pas  trouvé  non  plus  à  mes 
trois  exemplaires  ,  les  deux  points  au- 
dessus  des  yeux,  dont  Artédi  a  fait  un 
caractère  distinctif.  Je  ne  saurois  dé- 
terminer si  ce  poisson  n'a  ces  points 
qu'à  un  certain  âge  ,  ou  si  celui  de 
Séba,  d'après  lequel  Artédi  a  fait  sa 


278      HISTOIRE   NATURELLE 

description  ,  est  une  variété  du  mien. 

Klein  a  tort  de  faire  de  ce  poisson 
deux  espèces  ;  car  il  suffit  d'examiner 
ce  dessin ,  pour  se  convaincre  qu'ils 
ne  difiPèrent  qu'en  ce  que  la  bande  an- 
térieure de  l'un  de  ces  deux  poissons 
est  divisée.  Nous  avons  remarqué  plns^ 
haut  que  cette  division  est  quelque 
cliose  d'accidentel.  Il  est  vrai  qu'à 
l'une  des  deux  figures  la  bouche  est  re- 
présentée plus  longue  qu'à  l'autre  ; 
mais  cela  paroît  être  aussi  un  effet  du 
hasard  ,  et  venir  de  ce  que  l'un  des 
exemplaires  étoit  séché. 

Valentyn  a  fait  de  notre  poisson 
quatre  espèces,  et  Renard  trois;  du 
moins  je  ne  trouve  point  de  différence 
essentielle  entre  les  dessins  qu'ils  en 
donnent. 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &c.    27^ 

La  bandoulière  a  tache  , 

CH.ETODON   VNIMJCVLJTUS. 

L  A  tache  noire  sur  la  ligne  latérale 
et  les  treize  piquans  de  la  nageoire 
dorsale  ,  sont  les  caractères  distinctifs 
de  ce  poisson.  On  compte  quatorze 
rayons  à  la  nageoire  pectorale,  six  à  la 
nageoire  ventrale,  vingt  trois  à  celle 
dé  l'anus  ,  seize  à  la  queue,  et  trente- 
cinq  à  celle  du  dos. 

La  tête  est  petite  ,  et  ornée  d'une 
bande   noire  qui  passe  sur  l'oeil  ;  les 
mâchoires  sont  d'égale  longueur,  et  les 
deux  narines  très  -près  des  yeux  ;  la 
prunelle  est  noire  ,  et  entourée  d'une 
ligne  blanche  et  d'un  iris  brun;  l'oper* 
cule  des  ouies  est  composé  de  deux  pe- 
tites plaques ,  et  la  membrane  bran- 
chiale qui  est  cachée  dessous ,  est  sou- 
tenue  par  quatre  osselets.  Les  côtés 
sont  blancs  ,  couverts  d'écaillés ,  et 
crues  de  lignes  jaunes  transversales  y 


i28o       HISTOIRE    NATURELLE 
la  ligne  latérale,  qui  commence  à  la  nu- 
que, s'approche  du  dos  ,  forme  un  arc 
avec  lui ,  et  va  se  perdre  au  milieu  de 
la  nageoire  de  la  queue  :  le  dos  est  gris , 
et  à    la  queue  ,   on  voit    une   bande 
brune.  Toutes  les  nageoires  sont  jau- 
nâtres ,  et  leurs  rayons  ont  plusieurs 
ramifications.  Je  trouve  treize  piquans 
dans  la  nageoire  dorsale ,  et  trois  dans 
celle  de  Fanus ,  dont  celui  du  milieu  est 
le  plus  fort.  Ces  deux  nageoires  sont 
courtes  ,   arrondies  ,    et   bordées  de 
brun. 

Ce  poisson  a  pour  patrie  les  Indes 
orientales.  Il  est  du  nombre  de  ceux 
qu'on  m'a  envoyés  du  Japon. 

LA  BANDOULIÈRE  A  ARC, 

CHjETODON  arcvatvs. 

On  reconnoît  ce  beau  poisson  aux 
neuf  piquans  de  la  nageoire  du  dos  ,  et 
aux  cinq  bandes  blanches  ,  qui  font  un 
très-bel  effet  sur  le  fond  brun.  La  pre- 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  &C.  2^1 
mière  de  ces  bandes  entoure  la  bouche, 
et  la  dernière  la  nageoire  de  la  queue  ; 
les  autres  passent  par-dessus  le  tronc  , 
et  sont  arquées  ;  c'est  ce  qui  a  engagé 
Linné  à  donner  à  ce  poisson  le  nom. 
que  nous  avons  dit.  On  compte  six 
rayons  à  la  membrane  des  ouies,  seize 
à  la  nageoire  pectorale  ,  six  à  la  na- 
geoire ventrale  ,  vingt-cinq  à  celle  de 
l'anus  ,  quatorze  à  la  queue  ,  et  qua- 
rante-trois à  celle  du  dos. 

La  tête  est  grosse  j  les  yeux  se  trou- 
vent au  sommet ,  et  sont  petits  ;  la 
prunelle  est  noire ,  et  l'iris  d'un  jaune 
d'or.  L'ouverture  des  ouies  est  large  , 
et  à  l'opercule  des  ouies,  on  apperçoit 
un  piquant  ;  la  ligne  latérale  consiste 
en  points  blancs  \  l'anus  se  trouve  au 
milieu  du  corps.  Le  fond  est  brun  : 
vers  le  dos  ,  cette  couleur  tire  sur  le 
noir.  En  général ,  ce  poisson  paroît 
être  couvert  de  velours  et  marqueté 
d'ivoire  ,  ce  qui  le  rend  très-agréable  à 
la  vue.  Comme  on  ne  sauroitdonc  bien 


a§2       HISTOIRE   NATURELLE 
appercevoir   les  écailles  ,  j'en  ai  fait 
représenter  une  à  part. 

La  bandoulière  à  arc  habite  les 
mers  du  Brésil.  Selon  Marcgraf,  elle 
n'a  que  trois  ou  quatre  pouces  de 
long  ;  mais  l'exemplaire  queje  possède , 
et  d'après  lequel  j'ai  fait  faire  le  des- 
sin qu'on  voit  ici  ,  prouve  qu'il  s'ea 
trouve  encore  de  plus  grands.  Dans 
l'ouvrage  de  Séba ,  on  en  voit  un  autre 
qui  est  bien  plus  grand  encore. 

Ce  poisiîon  se  nomme  : 
Bogenfisch  ,  en  Allemagne. 
Bugt-Klippare ,  en  Suède. 
Bandoulière  à  arc ,  chez  les  Français. 
Arc-Fish ,  chez  les  Anglais. 
Guaperi/a  f  au  Brésil. 

Marcgrafnousenadonnéle  premier 
dessin  ,  mais  il  est  mauvais.  Willughby 
qui  l'a  copié  ,  en  donne  encore  un  nou- 
veau. Ce  dernier  dessin,  ainsi  que  celui 
que  Linné  nous  a  communiqué  dans  le 
muséum  du  roi  de  Suède  ,  sont  meil- 
leurs que  celui  de  Marcgraf:  cepen- 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ^  &c.  283 
dant  les  deux  dessins  que  nous  devons 
à  Séba ,  sont  les  seuls  qu'on  peut  ap- 
peler bons. 

Gronov  a  raison ,  quand  il  prend  la 
fig.  5  de  la  pi.  25  de  Séba  pour  une 
variété  de  notre  poisson  ;  car  il  ne  lui 
manque  que  la  bordure  blanche  de  la 
nageoire  de  la  queue  *,  et  la  nageoire  de 
l'anus  est  un  peu  plus  longue  que  celle 
de  la  bandoulière  à  arc  ;  mais  cet  au- 
teur se  trompe  ,  quand  il  prend  Vaca- 
rauna  major  de  Willugbby  pour  notre 
poisson;  car,  outre  les  bandes  qui  lui 
manquent  tout-à-fait,  les  rayons  de  la 
nageoire  du  dos  et  de  l'anus  sont  aussi 
plus  longs.  C'est  plutôt  le  peigne  ,  que 
nous  allons  bientôt  décrire.  Les  autres 
auteurs  que    Gronov  allègue  ,  n'ont 
pas  décrit  non  plus  la  bandoulière  à 
arc  ,  mais  le  paru  de  Marcgraf ,  ou  la 
bandoulière  noire.  Pour  s'en  convain- 
cre, il  suffit  de  lire  ces  auteurs,  et  de 
voir  le  dessin  de  Marcgraf. 


284      HISTOIRE   NATURELLE 

LA  BANDOULIÈRE  A  BEC, 

CHyETODON    ROSTRJTUS. 

Ce  poî&son  se  distingue  de  tous  les 
autres  de  ce  genre  par  son  bec  cylin- 
drique ,  et  par  la  taclie  noire  et  bordée 
qui  est  sur  le  dos.  On  compte  douze 
rayons  à  la  nageoire  pectorale,  six  à  la 
nageoire  ventrale,  vingt -trois  à  celle 
de  l'anus ,  quinze  à  la  queue ,  et  trente- 
neuf  à  celle  du  dos. 

Le  tronc  est  large  et  mince.  La  tête 
est  étroite  et  longue,  et  l'ouverture  de 
la  boucîie  petite.  Les  mâchoires  sont 
d'égale  longueur,  et  garnies  de  petites 
dents.  Les  narines  sont  simples,  cylin- 
driques et  fort  près  des  yeux.  La  pru- 
nelle est  noire  ;  l'iris  jaune,  et  couvert 
en  partie  d'une  bande  brune  qui  passe 
par-dessus  l'oeil.  La  ligne  latérale  ar- 
quée ,  règne  non  loin  du  dos.  L^'anus 
est  au  milieu  du  corps.  Sur  le  fond 
blanc  de  ce  poisson ,  on  appcrçoit  des 


DJS  LA  BANDOULIERE,  &C.  285 
lignes  brunes  longitudinales ,  et  quatre 
bandes  transversales.  Sur  la  queue  ,  il 
y  a  aussi  une  bande  ,  et  sur  le  dos  une 
tache.  Toutes  les  bandes  ,  aussi  bien 
que  celte  tache,  sont  noires  et  bordées 
d.'une  ligne  blanche.  On  compte  un 
rayon  simple  et  dur  à  la  nageoire  ven- 
trale, trois  à  celle  de  l'anus,  et  neuf  à 
la  nageoire  dorsale.  Les  autres  rayons 
de  toutes  les  nageoires,  ont  plusieurs 
ramifications. 

Ce  poisson  vit  dans  les  mers  des 
Indes  orientales.  Selon  le  rapport  de 
M.  Hommel,  inspecteur  de  l'hôpital  à 
Batavia ,  il  habite  ordinairement  les 
bas  fonds  de  la  mer ,  et  sur-tout  les  em- 
bouchures des  rivières.  Ce  beau  poisson 
est  très-remarquable ,  à  cause  de  la  ma- 
nière singulière  dont  il  cherche  sa  nour- 
riture. Voici  comme  il  at  trape  les  mou- 
ches qu'il  appcrçoit  sur  les  plantes  ma- 
rines qui  avancent  hors  de  l'eau.  Il  s'ap- 
proche jusqu'à  la  distance  de  quatre  à 
six  pieds,  et  de -là  il  seringue  de  l'eau 
'    Poissons.  II.  2J 


286  HISTOIRE  NATURELLE 
sur  l'insecte  avec  tant  de  force ,  qu'il 
ne  manque  jamais  de  le  précipiter  dans 
l'eau  pour  en  faire  sa  proie.  Comme 
c'est  un  spectacle  très  -  amusant ,  les 
grands  seigneurs  de  la  plupart  des  îles 
des  Indes  orientales,  entretiennent  de 
ces  poissons  dans  de  grands  vases,  pour 
se  divertir  de  cette  chasse.  M.  Hom- 
mel  a  fait  lui-même  cette  expérience. 
Il  fit  mettre  quelques-uns  de  cçs  pois- 
sons dans  un  large  vaisseau  rempli  d'eau 
de  la  mer.  Après  qu'ils  furent  accoutu- 
més à  cette  prison,  il  perça  une  mon- 
che  avec  une  épingle,  et  Tattacha  sur 
le  côté  du  vaisseau  :  alors  il  eut  le  plai- 
sir de  voir  que  ces  poissons  s'empres- 
soient  à  l'envi  de  s'emparer  de  la  mou- 
che ,  et  qu'ils  lançoicut  sans  cesse ,  et 
avec  la  plus  grande  vitesse,  de  petites 
gouttes  d'eau,  sans  manquer  jamais  le 
but.  On  prend  ce  poisson  au  filet  et 
à  l'hameçon  auquel  on  attache  une 
mouche.  Sa  chair  est  saine  et  de  hou 
goût. 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  &C.    1$J 
On.  le  nomme  : 

Schnahelfisch ,  Rûsseljisch ,  Spritzfisch  et 

Schutze j  en  Allemagne. 
Spuyt-i^ischj  en  Hollande. 
Nos-Klippare,  en  Suède. 
Bandoulière  à  bec,  chez  les  Français. 

Linné  nous  en  a  donné  le  premier 
dessin  qui  soit  assez  bon ,  mais  celui  de 
Séba  est  encore  meilleur. 

Grouov  se  trompe  quand  il  prend  le 
pilot-fisch  de  Sloan  pour  le  même  pois- 
son que  le  nôtre.  Il  suffit  de  voir  le  des- 
sin de  Sloan ,  pour  se  convaincre  quo 
c'est  une  espèce  de  dorée.  C'est  par  la 
même  raison  aussi  que  Gronov  a  cité 
à  faux  Ray  et  Klein. 

Quand  Gronov  demande  si  la  co- 
quette qu'on  trouve  dans  Y  Appendice 
de  Vlchthyolo^ie  de  Wiliugliby ,  PL  5 , 
jig.  A- ,  est  le  même  poisson  que  le  nôtre , 
on  doit  répondre  négativement  ;  car 
c'est  le  chœtodon  -  capriscus.  Si  l'on 
veut  bien  comparer  ces  deux  dessins  ^ 


288        HISTOIRE    NATURELLE 

on  verra  d'abord  que  mon  jugement 
est  fondé. 

L'ORBE,    CH  JETOD  ON    ORBIS. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  sou  corps 
qui  est  en  forme  de  disque ,  et  aux  dix- 
neuf  rayons  de  la  nageoire  de  l'anus. 
On  compte  dix -huit  rayons  à  la  na- 
geoire pectorale,  six  à  la  nageoire  ven- 
trale, dix-neuf  à  celle  de  l'anus,  seize 
à  la  queue,  et  vingt -huit  à  celle  du 
dos. 

La  tête  est  petite  et  fort  en  pente. 
Les  narines  sont  simples  et  non  loin 
des  yeux.  La  prunelle  est  noire,  et  l'i- 
ris d'un  jaune  d'or.  Les  mâchoires  sont 
d'égalelongueur;  l'ouverture  desouies 
est  très -large  ,  et  la  membrane  bran- 
chiale est  cachée  sous  l'opercule ,  qui 
est  étroit.  La  ligne  latérale  a  chez  c© 
poisson  une  autre  direction  qu'aux  au- 
tres bandoulières;  car  au  lieu  de  l'arc 
ordinaire ,  elle  forme  plusieurs  lignes 


DE     L'  O  R  B  E.  289 

t!roiles  interrompues  ,  qui  font  un  an- 
gle obtus  du  côté  du  dos.  L'anus  est 
placé  au  milieu  du  corps.  La  nageoire 
ventrale  qui  est  longue  ,  a  un  piquant  ; 
celle  de  l'anus  en  a  trois  ,  et  celle  du 
dos  sept.  Dans  cette  dernière,  le  se- 
cond ,  le  troisième  et  le  quatrième  . 
rayon  se  terminent  en  des  barbillons 
sétacés.  Les  autres  rayons  de  toutes  les 
nageoires  ont  plusieurs  ramifications. 
Le  fond  du  poisson  est  bleuâtre. 

Il  est  originaire  des  Indes  orientales, 
d'où  je  l'ai  r^çu  avec  beaucoup  d'autres 
poissons. 

Les  Allemands  nomment  ce  poisson 
Scheibe  y  et  les  Français  Orbe. 

LE     PERSIEN, 

CH  MT  OD  0  N     N  IG  R  1  C  A  N  S. 

Les  dents  crénelées,  et  le  piquant 
qui  se  trouve  non  loin  de  la  nageoire 
fourchue  delà  queue,  sont  les  carac- 
tères par  lesquels  on  peut  distinguer  ce 


290  HISTOIRE  NATURELLE 
poisson  de  tous  les  aulres  de  son  genre. 
On  compte  quatre  rayons  à  la  mem- 
brane des  ouies  ,  dix-huit  à  la  nageoire 
pectorale ,  six  à  la  nageoire  ventrale  , 
vingt-sept  à  celle  de  l'anus  ,  vingt-un 
à  la  queue ,  et  trente-six  à  celle  du  dos. 
Q  uand  on  examine  les  dents  à  l'aide 
d'un  microscope,  elles  paroissent  sous 
la  forme  d'une  rangée  de  mains,  car 
elles  sont  étroites  et  rondes  par  en  bas, 
et  larges  par  en  haut,  et  se  terminent 
en  des  pointes  jaunes,  dont  l'une  est 
toujours  un  peu  plus  élevée  que  l'au- 
tre, comme  on  le  voit  à  la  figure  repré- 
sentée ici.  J'ai  compté  seize  dents  à  la 
mâchoire  supérieure,  et  dix  à  l'infé- 
rieure. Le  corps  de  ce  poisson  est  plus 
charnu  que  celui  des  autres  bandou- 
lières; il  est  couvert  do  petites  écailles. 
La  tête  est  petite ,  la  langue  courte  et 
épaisse.  Les  yeux  sont  grands  ;  la  pru- 
nelle est  noire  et  l'iris  argentin.  Immé- 
diatement devant  les  yeux,  on  apper^ 
çoit  deux  ouvertures.  L'opercule  des 


DU     PERSIEN.  291 

ouies  est  long  et  étroit ,  et  la  ligne  la- 
térale qui  commence  à  sa  partie  supé- 
rieure, s'étend  non  loin  du  dos  et  dans 
une  direction  parallèle  avec  ce  dernier. 
Le  piquant  dont  nous  avons  fait  men- 
tion ,  a  un  enfoncement  oblong  au  mi- 
lieu, et  sa  pointe  est  tournée  vers  la 
tête.  Le  tronc  est  noirâtre  sur  le  dos  , 
brun  sur  les  côtés ,  et  blanc  vers  le  ven- 
tre. Les  nageoires  pectorales  sont  gri- 
ses, celles  du  ventre  noires,  et  les  unes 
et  les  autres  garnies  de  rayons  qui  ont 
plusieurs  ramifications.  Les  nageoires 
du  dos  et  de  l'anus  ont  le  fond  blanc  ; 
elles  sont  brunâtres  vers  le  bord  ,  et 
leurs  rayons  sont  fourchus.  La  nageoire 
de  la  queue  est  d'un  gris  blanc,  avec 
des  rayons  qui  ont  plusieurs  ramifica- 
tions ,  dont  les  externes  sont  très- 
longs. 

On  trouve  ce  poisson  dans  plusieurs 
pays.  Marcgraf  en  a  vu  au  Brésil ,  Has- 
;5elquist  dans  la  mer  rouge  ,  et  Valen- 
tyn  aux  Indes  orientales.  Il  parvient  à 


'M)^  HISTOIRE  NATURELLE 
une  grandeur  considérable.  Celai  que 
je  possède  est  plus  long  que  le  dessin  ; 
celui  que  Hasselquist  a  vu  au  Caire  , 
avoit  un  pied  et  demi  de  long.  Le 
prince  Maurice  lui  donne  une  Ion- 
loueur  de  deux  pieds.  Sa  chair  est  ferme 
et  d'un  bon  goiit.  Il  se  nourrit  de  co- 
quilles et  de  petits  crabes.  On  le  prend 
au  filet  et  à  l'hameçon. 

Le  foie  est  jaune,  gros,  long,  et  va 
j  usqu'à  l'anus.  L'csloniac  est  très  long  ; 
le  canal  des  intestins  large,  épais,  et  a 
beaucoup  de  courbures.  La  cavité  du 
ventre  est  grande,  longue,  et  s'étend 
jusqu'au  milieu  de  la  nageoire  de  l'a- 
nus. L'ovaire  consistoit  en  un  sac  uni- 
que et  courbé  ,  situé  en  dessous  de  la 
cavité  du  ventre.  La  vésicule  aérienne 
étoit  attachée  au  dos,  des  deux  côtés. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Caantje  of   Verkenskopf ,    Oester'éeter  , 

Boanos  Klip-Vischje,  en  Ilollaude. 
Acarauna,  au  Brésil. 
Ikan  Batoe  Boano ,  aux  Indes. 


DU     TERSIEN.  29^ 

Persien  ,  chez  les  Français. 
Perser,  en  Allemagne. 

Séba  fait  deux  espèces  différentes  de 
ce  poisson.  Il  est  vrai  qu'il  donne  au 
N"^.  2  quelques  rayons  de  moins  dans  la 
nageoire  dorsale  ,  qu'on  n'en  voit  au 
IN".  3.  Mais  comme  la  seconde  descrip- 
tion a  été  faite  d'après  un  exemplaire 
séché ,  et  la  première  d'après  un  exem- 
plaire frais,  ce  qu'on  peut  voir  par  les 
dessins ,  il  est  probable  que  dans  le  pre- 
mier quelques  rayons  étoient  unis  en- 
tr'eux  :  et  comme  cet  exemplaire  n'é- 
toit  que  très-petit ,  il  n'y  pouvoit  voir 
les  écailles  ;  voilà  la  raison  pourquoi 
elles  ne  sont  pas  indiquées  dans  le  des- 
sin. 

Quand  Hasselquist  demande  si  1© 
chaetodon  nigricans  d'Artédi  est  le 
même  que  notre  poisson,  je  crois  pou- 
voir répondre  affirmativement  ;  car  les 
deux  descriptions  s'accordent  parfai- 
tement ,  à  l'exception  de  la  nageoire 
de  la  queue  qu'il  dit  être  droite.  Cq-^ 


294      HISTOIRE   NATUR^ELLE 

pendant  il  est  probable  que  la  descrip- 
tion d^Artédi  a  été  faite  d'après  un 
exemplaire  séché,  dont  la  pointe  pou- 
voit  avoir  été  cassée. 

Hasselquist  a  remarqué  deux  pi- 
quans  à  chaque  côté  de  son  poisson. 
Mais  je  ne  saurois  décider  si  l'exem- 
plaire qu'il  avoit  sous  les  yeux  ,  étoit 
un  mâle,  ou  si  le  nombre  des  piquans 
augmente  avec  l'âge  ,  ou  enfin  si  ce 
poisson  n'en  a  qu'un  qui  tombe  tous 
les  ans,  et  qui  est  remplacé  par  un  au- 
tre, comme  fait  l'aigle  de  mer.  Dans 
ce  cas,  l'exemplaire  deHasselquistn'a- 
voit  pas  encore  quitté  l'ancien  piquant 
quand  l'autre  a  paru.  J'ignore  tout 
cela  ,  aussi  bien  que  la  raison  pourquoi 
l'Auteur  de  la  Nature  a  donné  ces  ar- 
mes à  notre  poisson. 

Dans  l'ouvrage  de  Valentyn  ,  on 
trouve  un  poisson  avec  un  piquant  à 
la  queue,  et  dans  Renard,  on  eu  trouve 
un  autre  qui  a  deux  piquans  à  cette 
partie;  mais  les  dessins  soiit  trop  mau- 


DE     L'  A  R  G  U  S.  SgS 

vais  pour  qu'on  puisse  décider  si  c'est 
noire  poisson  ,  ou  une  autre  espèce. 
L'un  de  ceux  de  Renard  est  même  re- 
présenté avec  deux  langues  qui  sortent 
de  la  bouche. 

Marcgraf  nous  a  donné  le  premier 
dessin  de  ce  poisson  ,  mais  il  est  mau- 
vais. Il  a  été  copié  par  Pison  ,  Wil- 
lughby,  Jonston  et  lluysch.  Ensuite, 
Klein  nous  a  donné  un  nouveau  des- 
sin, et  Séba  deux;  cependant  il  n'y  a 
qu'un  dessin  de  ce  dernier  qui  soit  bon, 
savoir  celui  qui  a  été  fait  d'après  un 
exemplaire  frais. 

L'ARGUS    ,     CHMTODON    ARGUS. 

L'argus  se  distingue  par  son  corps 
tacheté ,  et  par  les  quatre  piquans  de  la 
nageoire  de  l'anus.  On  compte  quatre 
rayons  à  la  membrane  des  ouies ,  dix- 
huit  à  la  nageoire  pectorale,  six  à  la 
nageoire  ventrale ,  dix-huit  à  celle  de 
l'anus,  quatorze  à  la  queue,  et  vingt- 
huit  à  celle  du  dos. 


D96      HISTOIRE   NATURKLLE 

Ce  poisson  est  presque  quarré ,  si  l'on 
ôte  la  tête  et  la  quene.  Les  mâclioirea 
sont  d'égale  longueur.  Entre  la  bouche 
et  les  yeux ,  on  voit  deux  ouvertures. 
La  prunelle  est  noire  ,  et  Tiris  d'un 
}aune  d'or.  L'ouverture  des  onies  est 
large ,  et  la  membrane  brancliiale  est 
dégagée.  La  ligne  latérale  forme  un 
arc.  Les  côtés  qui  sont  marquetés  de 
taches  brunes,  sont  violets  vers  le  dos, 
et  blancs  vers  le  ventre.  Toutes  les  na- 
geoires sont  courtes  et  jaunes ,  et  c^lle 
du  dos  a  onze  piquans. 

L'argus  vit  dans  les  eaux  douces  des 
Indes  orientales,  et  habite  communé- 
ment les  endroits  marécageux ,  où  il 
trouve  beaucoup  d'insectes  ,  dont  il 
fait  sa  nourriture.  Ruysçh  assure  qu'il 
suit  les  vaisseaux,  et  qu'il  mange  tout 
ce  que  l'on  jette  dans  la  mer.  Selon 
Valentyn ,  sa  chair  est  saine  ,  grasse  et 
d'un  bon  poni. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
^rgiis ,  chez  les  Allemands. 


DU     VAGABOND.        297 

Cevîackter  Klip-visch  ,   Stronl-visch  et 

gesterden  Catoeha-'visch  ,   chez    les 

Hollandais. 
Ican  TacijlcanFay ^  Cacatocha.Babin- 

tang  et   Ican  Catoeha  Babintang  , 

parmi  les  Indiens. 
V Argus  j  cliez  les  Français. 

L  E     VA  G  A  B  O  N  D, 

CH^TODON     V  AGA3V  NDVS, 

li  A  bouche  cylindrique  ,  la  bande  sur 
Pœil  ,  et  les  treize  piquans  de  la  na- 
geoire du  dos,  sont  les  caractères  dis- 
tinctifs  de  ce  poisson.  On  compte  dix- 
huit  rayons  à  la  nageoire  pectorale ,  six 
à  la  nageoire  ventrale ,  vingt  à  celle  de 
l'anus,  quatorze  à  la  queue,  et  trente- 
trois  à  celle  du  dos. 

La  tête  est  garnie  de  petites  écailles; 
celles  du  tronc  sont  grandes.  A  la  pre- 
mière, on  apperçoit  une  bande  noire  , 
et  au  second  ,  une  ligne  brune.  La  ligne 
latérale  est  comme  aux  autres  pois3on?L 

Poissons.  II.  ii6 


298  HISTOIRE  NATURELLE 
de  ce  genre;  mais  l'anus  est  plus  près 
de  la  nageoire  de  la  queue  que  de  la 
tête.  L'opercule  des  ouies  consiste  en 
deux  petites  plaques,  et  la  membrane 
branchiale  est  dégagée.  La  prunelle 
noire  est  entourée  d'un  iris  brun  et 
d'une  ligne  blanche.  Devant  les  yeux  , 
on  voit  deux  ouvertures.  Le  fond  du 
poisson  est  jaune.  A  l'extrémité  du 
tronc  et  au  milieu  de  la  nageoire  de  la 
queue  ,  on  remarque  une  bande  noire. 
Cette  nageoire ,  aussi  bien  que  celles  du 
dos  et  de  l'anus ,  ont  une  bordure  noire. 
Toutes  les  nageoires  sont  jaunes  ,  et 
leurs  rayons  ont  plusieurs  ramifica- 
tions ,  excepté  ceux  qui  sont  piquans. 
Ce  beau  poisson  vit  aussi  dans  les 
mers  des  Indes  orientales.  Selon  Va- 
lentyn  ,  sa  chair  est  grasse ,  ferme  et 
d'un  bon  goût. 

On  le  nomme  : 

Schivarmery  en  Allemagne. 

Voumng  Prins  ,  Douyving  Hertogin  y 


DU    VAGABOND.         299 

V rince sse-Visch  ,  Japanscke  Prins^en 

PloUande. 
Ican  Poetri ,   Param-poeva  et   îcan  Sa- 

jadji ,  parmi  les  Indiens. 
Vagabond,  en  ^rsirïce, 

Boddaert  dans  sa  description  des  fi- 
gures de  Renard  ,  se  trompe  quand  il 
assure  que  ce  poisson  n'avoit  jamais  été 
décrit,  et  que  Linné  citoit  faussement 
la  fig.  18  delà  pi.  xxv  du  tom.  m  de 
l'ouvrage  de  Séba.  Il  suffit  de  compa- 
rer ce  dessin  avec  le  nôtre  ,  et  la  des- 
cription de  Linné, pour  se  convaincre 
que  c'est  le  même  poisson. 

Dans  Valentyn  et  Renard,  je  trouve 
trois  poissons  qui  paroissent  être  de  la 
même  espèce  que  le  nôtre. 

Selon  Klein  ,  le  poisson  que  nous 
avons  cité  pour  le  nôtre,  a  dix-sept 
piquans ,  au  lieu  de  treize  -,  mais  comme 
sa  figure  s'accorde  parfaitement  avec 
la  nôtre,  cette  petite  difiFérence  peut 
fort  bien  venir  de  ce  que  dans  son  pois- 
son séché  ,  la  peau  s'étant  rctrécie,  le 


^00       HISTOIRE    NATURELLE 
dessinateur  a  pris  les  pointes  saillantes 
clés  ramifications  pour  autant   de   pi- 
quans. 

L'ONAGRE  ou  LE  ZÈBRE, 

CH  jET  ODON     STRIAT  V  S. 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres 
de  son  genre  par  les  bandes  brunes ,  par 
la  nageoire  arrondie  de  la  queue ,  et 
par  les  treize  piquans  de  la  nageoire 
dorsale.  On  compte  seize  rayons  à  la 
nageoire  pectorale,  six  à  la  nageoire 
ventrale ,  vingt-deux  à  celle  de  l'anus, 
dix-huit  à  la  queue  ,  et  trente- deux  à 
celle  du  dos. 

La  tête  est  petite ,  et  garnie  de 
grandes  écailles.  Les  yeux  sont  grands; 
la  prunelle  ,  qui  est  noire  ,  est  entou- 
rée d'une  ligne  jaune  et  d'un  iris  blanc. 
Immédiatement  devant  les  yeux  ,  on 
apperçoit  deux  petites  ouvert  ures.  L'o. 
percule  des  ouies,  sous  lequel  la  mem- 
brane branchiale  est  cachée  ,  consiste 


Tom  ■  H. 


J^a^e  3oo 


3    I.'ï.MPE.RÏ'iUlV  dii   Jaj^oïi.^^^  2/<^- 


DE     L' ONAGRE.  3oi 

en  deux  plaques.  La  ligne  latérale  s'é- 
tend parallèlement  avec  le  dos  ;  et  l'a- 
nus est  plus  près  de  la  tête  que  de  la 
queue.  Le  fond  du  poisson  est  jaune 
vers  le  dos ,  et  blanc  vers  le  ventre. 
Les  écailles  sont  bordées  d'un  brun 
clair.  Les  nageoires  sont  jaunes  au 
fond  ,  et  brunes  vers  le  bord.  La  na- 
geoire pectorale  est  tout-à-fait  brune, 
et  celle  du  ventre  noire.  Le  fond  du 
poisson  qui  est  jaune ,  est  très- rehaussé 
par  les  bandes  brunes. 

On  trouve  celte  bandoulière  tant 
dans  les  Indes  orientales  qu'en  Améri- 
que -,  car  la  mienne  étoit  dans  la  col- 
lection qu'on  m'a  envoyée  du  Japon  ; 
et  M.  33uhamel  l'a  reçue  de  l'Améri- 
que. Valentyn  assure  que  sa  cliair  est 
d'un  goût  excellent. 

Ce  poisson  se  nomme  : 

Bandirter  Klippfisch  ,  en  Allemagne. 
Strim-Klippare  ,    en  Suède. 
Onagre  ou  Zèbre  ,  en  France. 


S02      HISTOIRE   NATURELLE 

Heerlykke  Klippvisch  ,  en  Hollande. 
îcan  Batoe  moelia ,  aux  Indes. 

JLinné  ,  qui  a  pris  d'abord  ce  pois- 
son pour  un  perroquet,  a  eu  raison  de 
le  mettre  dans  son  système  au  nombre 
des  bandoulières.  Quand  cet  auteur 
demande  si  le  jaguacaguara  de  Marc- 
graf  est  le  même  poisson  que  le  nôtre  ^ 
on  doit  lui  répondre  négativement  ; 
car  c'est  le  moucharra  que  je  vais  bien- 
tôt décrire. 

Dans  l'ouvrage  de  Valentyn  ,  je 
trouve  plusieurs  dessins  qui  ont  de  la 
ressemblance  avec  notre  poisson;  mais 
comme  ils  sont  rarement  fidèles ,  on 
ne  sauroit  déterminer  lequel  d'entre 
eux  lui  appartient. 

Les  taches  blanches  que  Klein  a  re- 
présentées sur  sa  figure  ,  ne  sont  pas 
de  véritables  taches  ;  mais  elles  vien- 
nent des  écailles  qui  sont  tombées. 

Nous  devons  le  premier  dessin  de 
notre  poisson  à  Séba.  Après  cela  Linné, 
Klein  ,  Duhamel  et  Valcntvn  nous  en 


DE  LA  COQUETTE  ,  &C.  5o3 
ont  donné  cliacun  un  nouveau.  Tous 
ces  dessins  sont  assez  bons  ;  il  n'en  faut 
excepter  que  celui  de  Valcntyn  ,  qui 
est  très -mauvais. 

LA  COQUETTE  DES  ISLES  AMÉRIQUES, 

CHMTODON    CAPISTRATVS, 

On  reconnoit  ce  poisson  à  la  taclie 
noire  bordée  d'un  cercle  blanc,  qui  est 
non  loin  de  la  nageoire  de  la  queue  , 
et  aux  treize  piquans  de  la  nageoire 
dorsale.  On  conîpte  cinq  rayons  à  la 
membrane  des  ouies,  quatorze  à  la  na- 
geoire pectorale  ,  six  à  la  nageoire  ven- 
trale ,  dix-neuf  à  celle  de  l'anus,  seize 
à  la  queue,,  et  trente-trois  à  celle  du 
dos. 

En  comparaison  des  autres  bandou- 
lières ,  ce  beau  poisson  a  la  tête  et  l'oeil 
assez  grands.  La  prunelle  qui  est  noire, 
est  entourée  d'un  iris  rougeâtre.  L'o- 
percule des  ouies  consiste  en  deux  pe- 
tites plaques  ;  sous  lesquelles  la  mem- 


5o4  HISTOIRE  NATURELLE 
brane  brancliiale  est  cachée;  l'ouver- 
ture des  ouies  est  très  -  large.  Sur  le 
tronc  ,  on  apperçoit  des  écailles  assez 
grandes  ,  et  des  lignes  dirigées  l'une 
contre  l'autre  :  les  supérieures  vont 
du  dos  vers  la  tête  ;  les  autres  partent 
du  ventre  pour  aboutir  au  même  en- 
droit, et  se  rencontrent  au  milieu.  Au 
commencement  de  la  nageoire  de  la 
queue ,  on  apperçoit  une  bande  brune  , 
et  à  l'extrémité  de  la  nageoire  du  dos 
et  de  l'anus,  se  voit  une  bordure  de  la 
même  couleur.  Les  lignes  brunes  dont 
nous  venons  de  parler,  font  un  très- 
bel  effet  sur  le  fond  qui  est  jaune.  L'o- 
percule des  ouies  aussi  bien  que  les  pi- 
quansde  la  nageoire  du  dos  et  de  l'a- 
nus, sont  d'un  verd  de  mer*,  mais  les 
autres  raj'-ons  sont  mous  ,  et  ont  plu- 
sieurs ramifications.  Toutes  les  na- 
geoires sont  jaunâtres.  La  ligne  laté- 
rale forme  un  arc  lâche,  et  l'anu*  est 
au  milieu  du  corps. 

Ce  poisson  vit  dans  la  mer  de  la  Ja- 


DE  LA  COQUETTE  ,  &c.  3o5 
maïque.  Il  n'est  que  très-petit  et  Ircs- 
niince  ]  car  on  ne  le  trouve  guère  plus 
long  que  de  deux  à  trois  pouces  :  il  de- 
vient donc  la  proie  des  poissons  vo- 
races. 

On  le  nomme  : 
Soldatenfisch  ,  en  Allemagne^ 
Coquette  des  Isles  amériques  ,   chez  les 

Français. 
Grimm-Klippare  f  en  Sueàe. 
Strived  An^el-Fish ,  dans  les  colonies 

anglaises  de  la  Jamaïque. 

Quand  Linné  demande,  si  la  ûg. 
16  de  la  pi.  -25  du  tom.  m  de  l'ou- 
vrage de  Séba  est  la  même  que  notre 
poisson  ,  on  doit  répondre  affirmative- 
ment ;  car  le  dessin  et  la  description 
s'accordent  parfaitement  avec  lui.  Je 
suis  du  même  avis  que  Gronov  ,  qui 
prend  le  sea  -  bulterfly  de  Brown 
pour  notre  poisson  \  car  selon  sa  des- 
cription ,  ces  deux  poissons  s'accordent 
en  tout ,  excepté  par  le  piquant  qui  est 
à  l'opercule  des  ouies.  Peut-être  que 


3oG  HISTOIRE  NATURELLE 
ce  piquant  dont  parle  cet  auteur ,  étoît 
quelque  cliose  d'accidentel  •  mais  quand 
même  il  seroit  propre  à  ce  poisson ,  on 
ne  pourroit  le  prendre  tout  au  plus  que 
pour  une  variété  du  nôtre.  Mais  quand 
Gronov  prend  la  coquette  de  Nieulioff 
pour  le  même  ,  je  ne  saurois  être  de 
son  avis  ;  car  la  tache  de  son  poisson 
n'est  pas  près  de  la  nageoire  de  la 
queue  :  je  crois  plutôt  que  c'est  l'œil 
de  paon. 

Nous  devons  le  premier  dessin  de 
notre  poisson  à  Séba.  Après  cela ,  Linné 
et  Duhamel  nous  en  ont  donné  chacun 
un  nouveau.  Tous  ces  dessins  sont 
bons. 

L*ACARAUNA ,  ch^todon  bicolor. 

Parmi  le  grand  nombre  de  poissons 
singulièrement  peints  que  la  zonetor- 
ride  produit ,  on  distingue  sur-tout  ce- 
lui-ci à  cause  du  contraste  de  ses  deux 
couleurs.  On  compte  quatorze  rayons 


DE    l'acarauna.     30f 

à  la  nageoire  pectorale  ,  six  à  la  na- 
geoire ventrale ,  dix-huit  à  celle  de 
l'anus,  seize  à  la  queue ,  et  trente-cinq 
à  celle  du  dos. 

Ce  poisson  est  oblong ,  et  l'opercule 
des  ouies  dentelé  et  garni  d'un  pi- 
quant. La  tête ,  la  moitié  du  corps  et 
la  queue  sont  blancs  ;  mais  tout  le  reste 
est  brun.  Les  nageoires  pectorales  sont 
claires ,  et  celles  du  dos  et  de  l'anus 
garnies  d'écailles  jusqu'au  bord.  Oi> 
apperçoit  trois  rayons  simples  et  durs 
à  la  dernière ,  et  quinze  à  la  première. 
Les  rayons  de  toutes  les  nageoires 
sont  mous  et  ramifiés.  Les  yeux  sont 
grands  -,  la  prunelle  est  noire  ,  et  l'iris 
rouge. 

On  trouve  ce  beau  poisson  dans  les 
deux  Indes.  Edouard  en  a  rapporté  un 
du  Brésil ,  et  Valentyn  un  autre  des 
Indes  orientales. 
On  le  nomme  : 
Zweifarhi^er  Klippfisch,  chez  les  Al- 
lemands. 


2o8      HISTOIRE    NATURELLE 

Acarauna  da  Brésil ,  ou  Veuve  Coquette^ 

en  France. 
Groene  Koelar ,    tweekleiirige  Klipvhch 

et  Color  Sousounam  y   en  Hollande. 
Ikan  Koelar,  Ekorkounin^ .  aux  Indes. 

LE     MOUCHARRA, 

CHMT  ODON  S  AXAT  ILIS. 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres  de 
ce  genre ,  par  son  corps  alongé  et  fas- 
cié  ,  et  par  les  treize  rayons  de  la  na- 
geoire de  l'anus.  On  compte  dix-liuit 
rayons  à  la  nageoire  pectorale,  six  à 
la  nageoire  ventrale,  treize  à  celle  de 
l'anus  ,  dix-neuf  à  la  queue ,  et  vingt- 
six  à  celle  du  dos. 

Lies  écailles  de  ce  poisson  sont  très- 
grandes  à  proportion  de  son  corps  ; 
celles  des  nageoires  seulement  sont  pe- 
tites. Les  yeux  sont  très-grands  ;  la 
prunelle  est  noire,  et  l'iris  jaune.  De- 
vant les  yeux,  on  apperçoit  quatre  pe- 
tites ouvertures.  La  membrane  bran- 


DU  M  O  U  C  H  A  R  R  A.  ^09 
chiale  est  dégagée  ,  el  l'ouverture  des 
ouies  très-large.  La  ligne  latérale  com- 
mence à  l'opercule  des  ouies ,  s'étend 
dans  une  direction  droite  jusqu'à  l'ex- 
trémité de  la  nageoire  dorsale  ,  où 
elle  est  interrompue  ,  et  reparoît  non 
loin  de  la  queue.  Sur  le  fond  qui  est 
blanc  ,  on  voit  cinq  bandes  noires. 
Toutes  les  nageoires  sont  noires  \  celle 
de  la  queue  est  fourchue. 

Ce  poisson  habite  les  eaux  du  Bré- 
sil ,  des  Indes  orientales  et  de  l'Arabie» 
Marcgraf  en  a  trouvé  dans  le  premier 
pays  ;  Valentyn  dans  le  second  ,  et 
Forskaol  dan?  le  troisième.  Il  se  tient 
au  fond  de  la  mer  entre  les  moraux,  et 
se  nourrit  de  pol^'-pes.  Il  parvient  ra- 
rement à  plus  de  six  à  huit  pouces  de 
long.  Sa  chair  est  blanche,  mais  co- 
riace ;  et  par  cette  raison  ,  il  n'y  a  que 
le  peuple  qui  en  mange.  Comme  son. 
séjour  au  fond  de  la  mer  le  met  à  l'a- 
bri des  poursuites  des  hommes,  on  n'en 
voit  pas  beaucoup  dans  les  marchés. 
Poissons.  IL  27 


,•^10      HISTOIRE    NATURELLE 

On  le  nomme  : 
Gahdschwanz ,  chez  les  Allemands. 
(Er-Klippare  ,  en  Suède. 
Siamze-Fisch  ,  Lootsmannetje  ,  Looh- 

manii  des  Hayen   et   Groene   Loots- 

mann,  en  Hollande. 
Moucharra  ,  en  France. 
J a^aacaguare  ,   au  Brésil. 
Jaqaeta  ,  dans  les  colonies  pox'tugaises 

de  ce  dernier  pays. 
Ican  Siam  ,  aux  Indes  orientales. 
Gaie  y  Gete  ,  Gat^àt ,  en  Arabie. 

Dans  Marcgraf ,  nous  trouvons  le 
premier  dessin  -,  mais  il  n'est  pas  fidèle  : 
Pison  ,  Jonston  et  Ruyscli  n'ont  fait 
que  le  copier.  Dans  Valentyn  ,  nous 
en  trouvons  trois,  et  deux  autres  dans 
Renard ,  dont  le  premier ,  selon  cet 
auteur  ,  représente  le  mâle,  et  le  se- 
cond la  femelle. 

Comme  ce  poisson  a  quelque  ressem- 
blance à  plusieurs  autres  de  divers 
genres  ,  à  cause  de  ses  dents  sétacées  , 
de  son  corps  alongé  et  ûiscié ,  et  de  ses 


DE  LA  BANDOULIÈRE  j  &C.  ^ï  1 
grandes  écailles  dentelées,  les  aiiieuis 
l'ont  comparé  tantôt  à  ce  genre  et  tan- 
tôt à  un  autre.  Marcgraf ,  par  exem- 
ple, le  prend  pour  une  perche;  Pison 
le  compare  avec  le  morme  de  Salvien  ', 
et  Gronov  le  compte  parmi  lesdorades. 
Linné  étoit  d'abord  de  l'avis  de  ce  der- 
nier auteur;  mais  dans  la  suite  il  l'a 
mis  au  nombre  des  bandoulières. 

LA  BANDOULIERE  BORDÉE , 

CH^TODON   MJRGINJTUS. 

On  reconnoît  ce  beau  poisson  à  ses 
nageoires  bordées  ,  qui  se  terminent 
en  pointe.  On  compte  douze  rayons  à 
la  nageoire  pectorale  ,  huit  à  la  na- 
geoire ventrale ,  seize  à  celle  de  l'anus , 
vingt  à  la  queue  ,  et  vingt-cinq  à  celle 
du  dos. 

Outre  ces  caractères ,  il  se  distingue 
encore  des  autres  de  ce  genre ,  en  ce 
qu'il  n'a  point  d'écaillcs  aux  nageoires 
de  l'anus,  de  la  queue  et  du  dos,^  et 


5l2      HISTOIRE    NATURELLE 
que  celte  dernière  seule  a  des  rayons 
durs.  La  tête  et  le  ventre  sont  blan- 
châtres ,  et  les  côtés  et  le  dos  jaunes. 
Les  écailles  sont  grandes  ;  les  nageoires 
du  ventre  ,  de  la  poitrine  et  de  l'anus  ^ 
ainsi  que  la  partie  postérieure  de  celle 
du  dos,  sont  grises;  mais  la  partie  an- 
térieure et  la  nageoire  de  la  queue  qui 
est  fourchue,  sont  jaunes.  Toutes  les 
nageoires    ont   des   rayons    ramifiés  , 
outre   les  douze  piquans  du   dos.  La 
ligne  latérale  forme  la  courbure  ordi- 
naire 5  mais  l'anus  est  placé  beaucoup 
plus  près  de  la  nageoire  de  la  queue 
qu'aux  autres  espèces.  Les  yeux ,  au 
lien  d'être  ronds,  comme  à  l'ordinaire, 
ont  une  forme  oblongue ,  et  la  mem- 
brane branchiale  est  dégagée,  Dn reste , 
la  prunelle  est  noire  ,  et  l'iris  argen- 
tin. Devant  les  yeux  ,  on   apperçoit 
deux  petites  ouvertures  rondes.  Les^ 
huit  bandes  d'un  brun  clair  rendent 
ce  poisson  très-agréable  à  la  vue. 
Cette  bandoulière  vit  dans  la  nier 


nu  CHIRURGIEN.  3i^î 
qui  baigne  les  côtes  des  Antilles  ;  elle 
se  tient  dans  les  endroits  pierreux  et 
aux  embouchures  des  rivières.  Elle  se 
nourrit  de  petits  poissons.  Sa  chair  est 
d'un  bon  goût.  On  ne  la  trouve  guère 
plus  grande  que  l'exemplaire  repré- 
senté ici,  que  j'ai  fait  copier  du  ma- 
nuscrit du  père  Plumier   (i). 

Les  Allemands  nomment  ce  poisson , 
p.îng^fasster  fdippfisch ,  et  les  Français , 
Bandoulière  bordée. 

LE     CHIRURGIEN^ 

CH^TODON    CHIRURGUS. 

Le  piquant  unique  à  la  queue  et  les 
quatorze  au  dos ,  sont  des  caractères 
distinctifs  pour  ce  poisson.  On  compte 
seize  rayons  à  la  nageoire  pectorale , 
six  à  la  nageoire  ventrale  ,  vingt  à 
celle  de  l'anus  ,  seize  à  la  queue  ,  et 
vingt-six  à  eelle  du  dos. 

Ce  poisson  a  aussi  des  nageoires  dé- 
pourvues d'écaillés.  La  tête  est  grosse^ 

(  :  )  Edit.  in-fol. 


^l^       HISTOIRE    NATURELLE 
la  mâchoire  supérieure  est  la  plus  lon- 
gue ;  et  la  lèvre   supérieure  consiste^^ 
en  deux  os  larges  et  minces.  L'ouver- 
ture  (les  ouies   est   très -large,   et  la 
membrane  brancliiale  est  désaxée.  Les 
yeux  remis  ont  une  prunelle  noire  , 
entourée  d'une  ligne  blanche  et  d'un 
iris  jaune.  Devant  les  yeux,  on  voit 
deux   petites   ouvertures   rondes,   ha. 
tête  est  mélangée  de  violet  et  de  noir; 
le   dos    et   les   côtés   sont  jaunes,   le 
ventre  bleuâtre  ;  les  nageoires  pecto- 
rales et  ventrales  violettes  ;  celle  de 
l'anus  est  de  la  même  couleur  ,  et  porte 
des  bandes  jaunes.  La  nageoire  de  la 
queue  a  le  fond  jaune  ;   elle  est  vio- 
lette à  l'extrémité  ;  et  la  nageoire  dor- 
sale est  marbrée  de  jaune  et  de  violet. 
Au  tronc ,  on  apperçoit  cinq  bandes 
étroites  et  violettes.  C'est  sans  doute 
le  piquant  en  forme  de  lancette  qui 
est  à  la  queue  ,  qui  a  fait  donner  à  ce 
poisson  le  nom  de  chirurgien.  La  ligne 
latérale  a  la  direction,  ordinaire.  L'a- 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &C.  3»<^ 
nus  est  plus  près  de  l'ouvevtnre  de  tei 
bouche  que  de  la  nageoire  de  la  queue. 

Ce  poisson  vit  aussi  dans  la  mer  des 
Antilles;  il  habite  les  mêmes  endroits 
que  le  précédent  ;  sa  chair  est  d'un 
bon  goiit.  Notre  dessin  est  tiré  du  ma- 
nuscrit du  père  Plumier. 

Les  François  le  nomment,  Chirur- 
gien ,  et  îes  Allemands  ,  PFundarzt, 

LA  BANDOULIÈRE  RHOMBOÏDE  , 

CH^  T  OU  ON   RH  0MB  o'iï)ES, 

Les  cinq  piquans  du  dos  et  les  troi^ 
de  l'anus  ,  sont  les  caractères  de  ce 
poisson.  On  compte  dix-huit  rayons 
à  la  nageoire  pectorale  ,  six  à  la  na- 
geoire ventrale  ,  vingt-quatre  à  celle 
d-e  l'anus,  -vingt-six  à  la  qneue ^  et 
vingt-deux  à  celle  du  dos. 

Le  corps  qui  est  couvert  d'écaillés 
de  médiocre  grandeur  ,.  a  la  forme 
d'un  rhombe,  si  on  le  dépouille  des 
nûgeoires  ;  c'est  ce  qui  m'a  engagé  è 


3l6  HISTOIRE  NATURELLE 
lui  donner  le  nom  de  bandoulière  rhom- 
boïde. Par  en  haut,  la  tête  est  d'une 
couleur  verte  ,  et  argentine  aux  côtés. 
L'ouverture  de  la  bouclie  est  plus 
grande ,  et  les  dents  sont  plus  petites 
qu'à  tous  les  autres  poissons  de  ce 
genre.  La  lèvre  supérieure  est  com- 
posée de  deux  os  longs  et  minces.  Les 
yeux  sont  grands  ,  ronds  ,  et  ont  une 
prunelle  noire  entourée  d'une  ligne 
blanche  et  d'un  iris  rouge.  Devant 
chaque  oeil ,  on  voit  deux  petites  ou- 
vertures. L'opercule  des  ouies  consiste 
en  deux  petites  plaques  ;  et  la  mem- 
brane branchiale  qui  est  dégagée  ,  est 
située  tout  près  de  l'ouverture  des 
ouies  qui  est  large.  Le  verd  foncé  du 
dos ,  se  change  sur  les  côtés  en  verd 
de  mer  ;  et  vers  le  ventre  cette  cou- 
leur se  perd  en  trois  bandes  :  l'inter- 
valle de  ces  bandes  est  blanc ,  et  le 
ventre  jaune.  La  ligne  latérale  est  un 
peu  arquée  ,  et  l'anus  se  trouve  an 
ïiîilieu  du  corps.  Les  nag-oireg  pecto- 


Y 


jPaçe  3j. 


'/07fl    .   M 


J)eifeoe  def. 


i.lAlk\Nl)OlTLIKRE  Uen.  3    JA  BANJ)OriJFJlE 
de  Ciuassaii.  ^3 1,F. FOKGERON 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &C.  017 
lales  et  ventrales  sont  jaunes  au  mi- 
lieu ,  et  violettes  vers  le  bord.  Les 
nageoires  de  l'anus  ,  de  la  queue  et  du 
dos  ont  une  bordure  verte. 

Ce  beau  poisson  vit  dans  les  eaux 
de  r Amérique.  Il  parvient  probable- 
ment à  une  grandeur  considérable  ; 
car  le  dessin  du  père  Plumier ,  duquel 
nous  avons  copié  le  nôtre ,  est  pres- 
que deux  fois  aussi  grand. 

Les   Français   le  nomment  ,  Ban- 
doulière rhomboïde  ,  et  les  Allemands 
rautenformiger  Klippfisch. 

LA  BANDOULIÈRE  BLEUE, 

CHyETODON    GLAUCVS. 

La  ligne  latérale  qui  est  droite  ,  et 
les  cinq  piquans  du  dos,  sont  les  ca- 
raclères  distinctifs  de  ce  poisson.  On 
compte  douze  ra3'^ons  à  la  nageoire 
pectorale  ,  six  à  la  nageoire  ventrale  ,. 
dix-sept  à  celle  de  l'anus ,  et  vingt  à; 
celles  du  dos  et  de  la  queue. 


3i8        HISTOIRE    NATURELLE 

Outre  les  caractèi^es  dont  nous  ve- 
nons de  parler  ,  ce  poisson  a  encore 
ceci  de  particulier  ,  que  la  nageoire 
de  l'anus  n'est  composée  que  de  rayons 
jnous,  et  que  les  nageoires  du  ventre 
sont  très-  petites.  Le  corps  est  alongé  , 
et  couvert  d'écaillés  de  médiocre  gran- 
deur. La  tête  est  petite ,  et  l'ouver- 
ture de  la  bouche  un  peu  plus  large 
qu'aux  autres  bandoulières.  Les  lèvres 
sont  fortes  ,  et  composées  de  plusieurs 
os.  Les  yeux  sont  petits  ;  la  prunelle 
grande  et  noire  est  entourée  d'un  iris 
blanc.  Entre  les  premiers  et  la  bou- 
che,  on  voit  quatre  petites  ouvertu- 
res. La  membrane  branchiale  est  dé- 
gagée ,  et  l'ouverture  des  ouies  très- 
large.  Le  dos  et  les  côtés  sont  bleus 
jusqu'à  la  ligne  latérale;  mais  en  des- 
sous de  cette  dernière,  ils  sont  d'une 
couleur  argentine.  Les  six  bandes 
noires  qu'on  apperçoit  au  tronc ,  sont 
étroites  et  courtes.  Les  nageoires  de 
la  poitrine  et  du  ventre  sont  }au;iâ- 


TY 


Tom  .  JT 


i  LAliANnOlLIKllK   \o  plu.nur.  i.l/ŒII.  I)K 
PAON.  3.IiA.liANl)0l  LlkllK  bordéo.yV /^//. 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &C.  3l^ 
très  au  fond,  et  bleues  vers  le  bordj 
les  autres  sont  noirâtres  ,  et  se  ter- 
minent en  de  longues  pointes.  Toutes 
les  nageoires  ont  des  rayons  ramifiés , 
à  l'exception  des  cinq  piquans  courts 
du  dos. 

J'ai  pris  aussi  ce  poisson  des  des- 
sins du  père  Plumier  ,  où  il  est  un 
peu  plus  grand  qu'ici.  Il  vit  aussi  dans 
les  eaux  de  TAmérique.  Selon  Plumier, 
il  parvient  à  la  longueur  d'une  aune, 
et  sa  cliair  est  blanche  et  d'un  très- 
bon  goût. 

Les  Français  nomment  ce  poisson, 
Bandoulière  bleue  ,  et  les  Allemands. 
blauer  Klippfisch. 

LA  BANDOULIÈRE  DE  PLUMIER  , 

CHJETODON    PLUMIERI, 

La  tête  dépourvue  d'écaillés  et  les 
deux  nageoires  du  dos  ,  sont  les  ca- 
ractères distinctifs  de  ce  poisson.  On 
compte  quatre  rayons  à  la  membrane 


020  HISTOIRE  NATURELLE 
des  ouies  ,  quatorze  à  la  nageoire  pec- 
torale ,  six  à  la  nageoire  ventrale  , 
vingt-cinq  à  celle  de  l'amis ,  douze  à 
la  queue  ,  cinq  à  la  première  du  dos , 
et  trente- quatre  à  la  seconde. 

Si  Ton  ôte  la  queue  ,  le  tronc  a  une 
forme  rondelette.  11  est  orné  de  six 
bandes  vcrdàtres ,  et  couvert  par  en 
haut  de  petites  écailles.  La  tête  est 
petite  ,  brune  en  haut,  et  blanche  aux 
côtés.  Les  lèvres  sont  fortes.  Les  yeux 
ont  un  air  blanc  tirant  sur  l'orange  ; 
au-dessus  d'eux,  on  voit  une  éléva- 
tion ,  au-dessous  de  laquelle  je  trouve 
deux  ouvertures  rondes.  L'opercule 
des  ouies  consiste  en  deux  petites  pla- 
ques ,  et  la  membrane  branchiale  qui 
a  des  rayons  larges,  est  dégagée.  I<e 
dos  est  brunâtre  ;  les  côtés  sont  jau- 
nâtres  ,  et  le  ventre  blanc.  La  ligne 
latérale  forme  un  arc.  Les  nageoires 
dépourvues  d'écaillés  ,  ont  une  cou- 
leur verte  ,  une  bordure  d'un  verd 
foncé ,  et  des  rayons  ramifiés  j  il  en 


DE    L'ŒEIL    DE   PAON.      32l 

faut  pourtant  excepter  le  premier 
rayon  de  la  nageoire  ventrale  ,  les 
deux  antérieurs  de  celle  de  l'anus  , 
et  ceux  de  la  première  nageoire  du 
dos ,  qui  sont  durs  et  simples. 

J'ai  pris  aussi  ce  poisson  du  manus- 
crit du  père  Plumier.  On  le  trouve 
dans  les  eanx  des  Indes  occidentales , 
où  il  habite  les  endroits  pierreux  de 
la  mer ,  comme  le  précédent  ;  et  comme 
tous  les  poissons  qu'on  trouve  dans 
ces  endroits  sont  d'un  bon  goût ,  il 
sera  aussi  du  nombre  de  ceux  qu'on 
peut  manger. 

Les  Allemands  nomment  ce  pois- 
son ^  Vlamiersche  Klippp,sch  ,  et  les 
Français,  Bandoulière  de  Plumier. 

L'(EIL    DE    PAON, 

CHjETODON      0  C  E  LL  AT  V  S^ 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres 
bandoulières  par  la  bande  noire  qui 
passe  par-dessus  Voeil;  par  ses  douze 

Poissons.  U.  sS 


.322      HISTOIRE    NATURELLE 

piquans  ,  et  par  la  tache  ronde  et, 
noire  du  dos  ,  qui  est  bordée  de  blanc. 
On  compte  cinq  rayons  à  la  membrane 
des  ouies  ,  seize  à  la  nageoire  pecto- 
rale ,  six  à  la  nageoire  ventrale ,  vingt- 
deux  à  celle  de  l'anus,  dix -huit  à 
celle  de  la  queue ,  et  trente-quatre  à 
celle  du  dos. 

-  Les  mâchoires  qui  sont  d'égale  lon- 
gueur ,  avancent  un  peu  ;  les  lèvres 
sont  fortes.  Entre  ces  dernières  et  les 
5'"eux  ,  on  apperçoit  quatre  petites  ou- 
vertures. La  tête  et  les  nageoires  sont 
couvertes  de  petites  écailles  ;  celles 
du  tronc  sont  grandes.  L'opercule  des 
ouies  consiste  en  une  plaque  qui  est 
courte  et  couleur  d'or  ;  et  la  mem- 
brane branchiale  est  dégagée.  Le  dos 
est  brun  ;  les  côtés  et  le  ventre  sont 
blancs.  La  ligne  latérale  a  une  direc- 
tion bien  différente  de  celle  des  auties 
bandoulières  ;  car  elle  s'étend  en  ligne 
droite  ,  depuis  le  bout  supérieur  de 
ropercule  des  ouies  ,  jusqu'à  la  tache 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &c.  3'23 
ronde  Je  la  nageoire  dorsale ,  où  elle 
se  perd  ;  mais  elle  reparoît  vis-à-vis 
de  cette  tache,  et  va  se  terminer  au 
milieu  de  la  queue.  Toutes  les  na- 
geoires ont  une  couleur  grise  et  des 
rayons  ramifies  •  il  en  faut  seulement 
excepter  le  premier  rayon  de  la  na- 
geoire ventrale  ,  et  les  trois  de  celle 
de  l'anus  qui  sont  simples  et  durs. 

Ce  poisson  se  trouve  aussi  aux  Indes 
orientales. 

Les  Français  le  nomment,  (EU  de 
Paon ,  et  les  Allemands  ,  Pfauenauge. 

LA  BANDOULIÈRE  DE  CURASSAU, 

CHJlùTOnON    CURjICAO. 

Les  treize  piquans  du  dos  et  les 
deux  de  l'anus,  sont  les  caractères 
distinctifs  de  ce  poisson.  On  compte 
douze  rayons  à  la  nageoire  pectorale , 
six  à  la  nageoire  ventrale ,  seize  à  celles 
de  l'anus  et  de  la  queue  ,  et  vingt-cinq, 
à  celle  du  dos. 


324       HISTOIRE    NATURELLE 

La  tête  est  grosse  ;  les  mâchoires 
sont  d'égale  longueur  ,  et  les  lèvres 
fortes.  Entre  ces  dernières  et  les  3'^eux , 
on  voit  à  chaque  côté  une  petite  ou- 
verture cylindrique.  Les  yeux  ont  un 
iris  blanc  ,  bordé  de  jaune  ,  au  milieu 
duquel  est  une  prunelle  noire.  L'oper- 
cule des  ouies  est  large  :  il  a  une  cou- 
leur violette  et  de  grandes  écailles. 
Le  dos  est  bleuâtre  ;  et  sur  les  côtés , 
on  voit  trois  taches ,  dont  les  écailles 
sont  d'une  couleur  argentine  et  bor- 
dées de  violet.  La  ligne  latérale  est 
interrompue ,  comme  au  poisson  pré- 
cédent. L'anus  est  placé  au  milieu  du 
corps.  Toutes  les  nageoires  sont  jau- 
nes ,  et  garnies  de  ra5'ons  ramifiés  , 
excepté  les  piquans  mentionnés  et  le 
premier  rayon  de  la  nageoire  ventrale. 
La  nageoire  de  la  queue  est  fourchue , 
et  celle  de  l'auus  très-forte. 

Ce  poisson  se  trouve  dans  les  eaux 
de  l'Amérique  méridionale  ,  et  sur- 
tout aux  environs  de  l'île  de  Curas- 


DU  FORGERON.  525^ 
sau.  Il  est  plus  gros  que  les  autres  de 
ce  genre ,  et  sa  chair  est  grasse  et  d'un 
bon  goût. 

On  le  nomme  : 
Curacaoscher  Klippfisch  ,  parmi  les  Al- 
lemands. 
Angelsfish  cf  Curaçao  ,  en  Angleterre. 
bandoulière    de    Curassau  ,    chez    les 
Français. 

LE    FORGERON, 

CH^TOD  ON     FJBER. 

Les  bandes  sur  le  corps  et  le  troi- 
sième piquant  de  la  nageoire  dorsale  , 
qui  avance  de  beaucoup  par -dessus 
les  autres ,  sont  les  caractères  distinc- 
tifs  de  ce  poisson.  On  compte  huit 
rayons  à  la  membrane  des  ouies,  seize 
à  la  nageoire  pectorale  ,  six  à  la  na- 
geoire ventrale  ,  vingt-quatre  à  celle 
de  l'anus,  et  trente-un  à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  mince  -,    le  fond   est 
arg  al  in  ;  et  orné  de  six  bandes  d'un 


326  HISTOIRE  NATURELLE 
bleu  foncé,  dont  la  première  n'est  que 
foiblement  colorée.  Les  yeux  onl  une 
prunelle  noire  entourée  d'un  iris  jaune. 
La  membrane  brancliiale  est  cachée 
sous  l'opercule.  La  ligne  latérale  qui 
n'est  pas  loin  du  dos  ,  forme  avec  lui 
un  arc  \  et  l'anus  est  placé  au  milieu 
du  corps.  Les  nageoires  ventrales  et 
pectorales  sont  noires;  les  autres  d'un 
bleu  foncé.  On  compte  un  rayon  sim- 
ple et  dur  à  la  première  ,  trois  à 
celle  de  l'anus ,  et  neuf  à  celle  du 
dos;  les  autres  rayons  sont  mous  et 
ramifiés. 

Ce  poisson  habite  les  eaux  de  l'A- 
mérique méridionale.  Il  parvient  à 
une  grosseur  assez  considérable  ;  du 
moins  le  dessin  que  je  trouve  dans  le 
manuscrit  du  père  Plumier  a  onze 
pouces  de  long  ,  sur  huit  de  large.  Sa 
chair  est  d'un  bon  «roût. 

Les  Français  le  nomment,  Forge- 
ron ,  et  les  Allemands  ,  Sclimid. 

C'est  à  M.  Broussonet  que  nous  de- 


..A 


-Pa^/e   32^ 


Tcm  .  // 


j . 


i.LA  BzKNDOI  IJERE    du  Pi-ince  Maui-icc  . 
a  .LA  B.\N1)0IT1JÈjRï:  A^  Bmoale  . 
3.XA  BANJ)OXUjkll]".  iacLciôo.J^/./r'  2.//. 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &C.  32/ 
vons  la  première  description  clu  for- 
S^eron  ;  il  nous  en  a  donné  en  même 
temps  un  bon  dessin  :  cependant  tous 
les  auteurs  qu'il  cite  relativement  à 
G€  poisson  n^cn  ont  pas  parlé.  Il  suffit 
de  comparer  les  dessins  de  ces  auteurs 
avec  celui  de  M.  Broussonet ,  et  Ton 
verra  d'abord  que  mon  jugement  est 
fondé. 

LA   BANDOULIÈRE  DU    PRINCE 
MAURICE,  chjT.todon  mavritii. 

On  reconnoît  ce  poisson  aux  trois 
piquans  de  l'anus  et  aux  onze  de  la  na- 
geoire dorsale.  On  compte  quatorze 
rayons  à  la  nageoire  pectorale  ,  six  à  la 
nageoire  ventrale ,  treize  à  celle  de  l'a- 
nus ,  dix-huit  à  la  queue,  et  vingt-trois 
à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  alongé  et  couvert  de 
petites  écailles.  L'ouverture  de  la  bou- 
che est  large  *,  la  lèvre  supérieure  con- 
iislc  eij  deux  os  minces.  Les  yenx  ouf 


328      HISTOIRE    NATURELLE 
lin  iris  argentin  tirant  sur  le  jaune  : 
devant  eux  on  voit    les    narines  qui 
sont  étroites.  L'ouverture  des  ouics  est 
large  ,  et  la  membrane  branchiale  est 
cachée  sous  l'opercule.  Le  dos  qui  ne 
forme  qu'un  arc  lâche,  est  d'un  bleu 
foncé  -jle  ventre  est  blanc  ,  et  par-des- 
sus les  côtés,  qui  sont  d'un  bleu  clair  , 
passent  six  bandes  noires.  La  ligne  la- 
térale est  non  loin  du  dos,  et  l'anus  se 
ti'ouve  plus  près  de  la  nageoire  de  la 
queue  que  de  la  tête.  Les  nageoires 
ventrales  sont  jaunes ,  celles  de  la  poi- 
t  rine  d'un  bleu  foncé ,  et  les  autres  d'un 
bleu  clair   au  bord  et  rougeâtres  au 
fond  :  dans  toutes  ,  les  rayons  sont 
mous  et  ramifiés  ,  excepté  ceux   qui 
sont  piquans,  dont  nous  avons  parlé  ci- 
dessus. 

Selon  le  prince  Maurice,  ce  poisson 
se  trouve  au  Brésil.  Il  parvient  à  une 
longueur  de  deux  pieds.  Sa  chair  est 
bianche  et  d'un  boii^oût. 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  &C.  55() 
Onle  nomme  : 

3Ioritzischer  Klippfisch  ,  parmi  les  Al- 
lemands, 

Jaguacaguare ,  au  Brésil. 

Bandoulière  du  prince  Maurice ,  chez  \e^ 
Français. 

LA  BANDOULIÈRE  DE  BENGALE  , 

CHJETOVON    BENGALENSIS» 

Les  treize  piquans  rie  la  nageoire  du 
dos  et  les  deux  derrière  l'anus  qu^on 
apperçoil  à  ce  poisson  fascié  ,  sont  des 
caractères  par  lesquels  on  peut  le  dis- 
tinguer des  autres  bandoulières.  On- 
compte  quatre  rayons  à  la  membrane 
des  ouies  ,  seize  à  la  nageoire  pecto- 
rale ,  six  à  la  nageoire  ventrale  ,  qua- 
torze à  celle  de  l'anus ,  dix-huit  à  la 
queue  ,  et  vingt-cinq  à  celle  du  dos. 

Le  corps  est  large  ;  et  sur  le  fond 
qui  est  bleuâtre  ,  on  voit  cinq  bandes 
couleur  de  châtaigne.  Les  nageoires 
sont  brunes  au  fond  et  bleues  sur  Ici 


3.0O  HISTOIRE  NATURELLE 
bords.  Les  écailles  de  la  tête  et  des  na- 
geoires sont  petites  ;  mais  celles  du 
tronc  sont  grandes.  L'onv.erture  des 
otiics  est  large  et  la  membrane  bran- 
cliiale  est  cachée  sous  l'opercule.  Les 
yeux  ont  une  prunelle  noire,  qui  est 
entourée  d'un  iris  blanc  tirant  sur  le 
jaune.  La  ligne  latérale,  qui  forme  un 
arc  lâche  non  loin  du  dos,  est  inter- 
rompue vers  la  fin  de  ce  dernier  ;  elle 
reparoît  non  loin  de  la  nageoire  de  la 
queue  ,  dans  laquelle  elle  va  se  perdre. 
L'anus  se  trouve  plus  près  de  la  queue 
que  de  la  tête. 

Cette  bandoulière  se  trouve  au  Ben- 
gale. Je  la  dois  à  mon  savant  ami  , 
M.  Chemnitz,  prédicateur  delà  garni- 
son à  Copenhague. 

Ce  poisson  ressemble  le  plus  au  mou- 
diarra.Voici  cependant  où  ils  diffèrent: 
1°.  Le  nôtre  est  plus  large  que  ce  der- 
nier. 2°.  Le  moucharra  a  six  bandes 
noires,  et  le  nôtre  en  a  cinq  qui  sont 
brunes.  5".  Ce  dernier  n'a  que  deux 


DU     P  E  I  G  X  E.  33l 

piquatis  derrière  l'anus;  le  premier  eu 
a  trois.  4^\  Les  nageoires  du  dos  et  de 
l'anus  du  moucliarra  sont  en  forme  de 
lancette  ,  et  au  nôtre  elles  sont  arron- 
dies. 5?.  Enfin  j  la  nageoire  de  la  queue 
du  dernier  poisson  se  termine  en  deu:C 
pointes  aiguës,  et  celle  du  premier  en 
deux  pointes  obtuses. 

LE    PEIGNE,     CH^TODON   CILIARIS. 

Le  piquant  à  la  joue  et  les  éléva- 
tions capillaires  qui  garnissent  les  bords 
des  écailles,  sont  les  caractères  distinc- 
tifs  de  ce  poisson.  On  compte  six  rayons 
à  la  membrane  des  ouies,  vingt  à  la  na- 
geoire pectorale ,  six  à  la  nageoire  ven- 
trale ,  vingt-deux  à  celle  de  l'anus  , 
seize  à  la  queue  ,  et  trente-cinq  à  celle 
du  dos. 

La  tête  et  les  nageoires  sont  garnies 
de  petites  écailles,  celles  du  tronc  sont 
grandes.  Pour  mieux  distinguer  les 
lignes  capillaires  sur  les  écailles ,  qui 


f7T7 


002  HISTOIRE  NATURELLE 
commencent  au  milieu  d'elles,  et  qui 
avancent  par-dessus  le  bord ,  j'ai  fait 
graver  sur  notre  planche  une  écaille  , 
telle  qu'elle  se  présente  au  microscope. 
L'ouverture  de  la  bouche  est  fort  pe- 
tite ;  les  mâchoires  sont  d'égale  lon- 
gueur et  les  lèvres  fortes.  Entre  ces 
dernières  et  les  yeux  on  apperçoit 
quatre  ouvertures  rondes.  Les  yeux 
ont  une  prunelle  noire  et  un  iris  blanc 
tirant  sur  le  rouge.  Sur  le  dos  ,  qui  est 
d'un  gris  foncé , et  devant  sa  nageoire, 
on  remarque  un  cercle  noir.  Les  côtés 
sont  gris  ;  les  nageoires  qui  sont  de  la 
même  couleur ,  ont  une  bordure  brune, 
et  le  ventre  est  blanc.  Les  joues  ou  les 
opercules  antérieurs  des  ouies  sont 
dentelés ,  et  devant  le  piquant  long  se 
trouvent  encore  deux  autres  plus  pe- 
tits. L'ouverture  des  ouies  est  lar^e  et 
la  membrane  branchiale  est  cachée  eu 
partie.  La  ligne  latérale  s'étend  non 
loin  du  dos  dans  une  direction  parai* 
lèle.  L'anus  est  placé  au  milieudu  corps. 


î)  U     PEIGNE.  333 

Je  compte  un  rayon  simple  et  dur  à  la/ 
nageoire  ventrale  ,  trois  à  celle  de  l'a- 
iiiis  et  quatorze  à  celle  du  dos.  Tous  les 
autres  rayons  sont  mous  et  ramilles. 

Ce  poisson  ,  à  ce  que  m'a  assuré  le 
marchand  de  curiosités  naturelles  du- 
quel je  l'ai  acheté  ,  est  venu  des  Indes 
occidentales.  Cela  me  paroît  vraisem- 
lilable  ,  à  cause  des  nageoires  du  dos  et 
de  l'anus  qui  sont  longues  :  car  presque 
tous  les  poissons  que  je  trouve  dans 
Marcgraf ,  Pison  et  dans  le  manuscrit 
du  père  Plumier  ,  y  sont  représentés 
avec  des  nageoires  du  dos  et  de  l'anus 
très-longues  -,  au  lieu  que  ceux  que  j'ai 
reçus  des  Indes  orientales  ,  et  qu'on 
voit  dans  Valentyn  ,  ont  presque  tous 
des  nageoires  arrondies.  Je  ne  saurois 
déterminer  sa  véritable  grandeur. 

L'estomac  est  grand  et  large  ;  il  a 
une  position  courbe  et  forme  un  arc  : 
dans  l'exemplaire  que  j'ai  ouvert  ,  il 
étoit  rempli  de  petits  crabes  à  moitié 
digérés.  Le  canal  des  intestins  est  très- 
Poissons.  II.  29 


334  HISTOIRE  NATURELLE 
long  ;  il  forme  un  grand  nombre  de 
courbures  ,  et  est  attaclié  au  mésen- 
tère comme  aux  quadrupèdes.  Le  foie 
qui  est  mince  ,  consiste  en  deux  lobes. 
La  vésicule  aérienne  est  forte  ;  elle  est 
attachée  aux  deux  côtés,  comme  aux 
perches.  Je  n'ai  pu  remarquerni  ovaire 
ni  laite. 

Les  Français  nomment  ce  poisson  , 
le  Peigne ,  et  les  Allemands  ,  die  Haars- 
chuppe. 

LA  BANDOULIERE  A  HUIT  BANDES  , 

CITJETODON   OCTOF^SCIATVS. 

Ce  beau  poisson  se  distingue  de  tous 
les  autres,  par  les  huit  bandes  transver- 
sales et  par  les  onze  piquans  de  la  na- 
geoire dorsale.  Oji  compte  seize  rayons 
à  la  nageoire  pectorale ,  six  à  la  nageoire 
ventrale  ,  seize  à  celle  de  l'anus  ,  douze 
à  la  queue ,  et  vingt-huit  à  celle  du 
dos. 

La  têto  est  pclite  ;  les  mâchoires 


J'o/n  .  JJ 


J'a^/e  3éi^. 


I —^- Aacine  Je»//'- 


ÀjGE.-iÂk  u3A 


D£  LA  BANDOULIÈRE,    &c.    335 

avancent  et  sont  d'égale  longueur.  Les 
yeux  ont  un  iris  blanc  tirant  sur  le 
jvinne  -,  et  devant  les  premiers  ,  on  ap- 
pcrçoit  deux  ouvertures  rondes.  La 
couleur  du  fond  est  blanche  tirant  sur 
le  violet.  Les  nageoires  du  dos  et  de 
l'anus  sont  bordées  de  brun  ,  et  les  au- 
tres de  gris.  Les  bandes  sont  brunes  et 
posées  deux  à  deux  ensemble,  La  ligne 
latérale  qui  ne  forme  qu'un  arc  lâche  , 
est  large.  L'anus  est  placé  au  milieu  du 
corps. 

Ce  poisson  a  pour  patrie  les  Indes 
orientales. 

Les  Français  le  nomment ,  Bandou» 
Hère  à  huit  bandes  y  el  les  Allemands  , 
achihandisL^er  KUppfisch. 

Linné  a  tort  de  regarder  notre  pois- 
son comme  une  perche.  Pour  s'en  con- 
vaincre, il  suffit  de  comparer  la  figure 
de  Séba  qu'il  cite  ,  et  l'on  verra  que  ce 
n'est  pas  une  perche ,  mais  une  bandou= 
lière. 


336       HISTOIRE   NATURELLE 

L'ANNEAU,    CHJETODON  annularis. 

O  N  reconnoît  ce  poisson  à  ses  stries 
longitudinales  et  à  l'anneau  qui  est  sur 
la  ligne  latérale , non  loin  de  la  tête.  On 
compte  seize  rayons  à  la  nageoire  prc- 
torale  ,  six  à  la  nageoire  ventrale  , 
vingt-huit  à  celle  de  l'anus  ,  seize  à  la 
queue  ,  et  quarante-un  à  celle  du  dos. 

Les  stries  mentionnées  sont  aunonj- 
bre  de  six  :  elles  ont  toutes  une  direc- 
tion un  peu  courbe.  Près  des  yeux  , 
dont  l'iris  est  argentin  ,  on  voit  quatre 
petites  ouvert ures. L'opercule  des  ouies 
consiste  en  deuK  petites  plaques,  dont 
l'antérieure  est  dentelée  et  garnie  d'ua 
piquant.  Les  écailles  sont  petites  j  l'a- 
nus est  placé  au  milieu  du  corps  ,  et  la 
ligne  latérale  est  parallèle  avec  le  dos. 
La  couleur  du  fond  est  brunâtre  ;  les 
stries  sont  d'un  bleu  clair  j  les  nageoires 
de  la  poitrine,  du  ventre  et  de  la  queua 
sont  blanches  ,  et  celles  de  l'anus  et  div 
dos  noirer.  La  première  est  ronde  cfe 


DU     COLLIER.  :>37 

ornée  d'une  bande  d'un  bleu  clair  j  la 
dernière  se  termine  en  pointe. 

On  trouve  ce  poisson  aux  Indes 
orientales.  Selon  Valentyn,  sa  chair  est 
extrêmement  tendre. 

On  le  nomme  : 
Dciiwinr  Marquis  ,   camhodische  Pam- 

pusvisch  ,  en  Hollande. 
Anneau ,  en  France. 
Ring ,  en  Allemagne. 
Ikan  Pampas  Camhodia  ,  Ikan  Batoe 

Jang  ,  Aboe  et  Aboe  Eetina  ,  aux 
ïufles  orientales. 

Dans  Valentyn,  je  trou  ve  deux  mau- 
vais dessins  ,  dont  Renard  nous  donne 
trois  copies  bigarrces. 

LE  COLLIER,    cujetobon   coLLARn* 

Les  cinq J>andes  à  la  tête , dont  deux 
sont  blanches  et  les  autres  noires,  et 
les  douze  piquans  de  la  nageoire  dor- 
sale ,  sont  les  caractères  distinclifs  de 
ce  poisson.  On  compte  quatre  rayons  à 


3.58  HISTOIRE  NATURELLE 
Ja  membrane  des  ouies,  quatorze  à  la 
nageoire  pectorale  ,  six  à  la  nageoire 
ventra.le  ,  vingt-qnalre  à  celle  de  l'a- 
nus ,  vingt  à  la  queue  et  quarante  à 
celle  du  dos. 

Les  mâchoires  avancent.  Les  yeux 
qui  sont  grands  ,  ont  une  prunelle 
3\oire  ,  un  iris  bleu  ,  et  sont  pourvus 
d'une  membrane  cliijnotante.  Devant 
les  yeux  ,  on  apperçoit  deux  petites 
ouvertures.  Le  front  est  fort  tronqué. 
Les  écailles  de  la  tête  et  des  nageoires 
sont  petites  ;  mais  celles  du  tronc  sont 
fort  grandes.  La  membrane  branchiale 
est  cachée  sous  l'opercule.  La  ligne 
latérale  forme  un  angle  obtus  près  de 
la  nageoire  dorsale  ;  elle  est  interrom- 
pue  à  l'extrémité  de  cette  dernière  , 
et  reparoît  non  loin  de  la  nageoire  de 
la  queue.  Les  côtés  et  le  dos  sont  bleus , 
le  ventre  est  jaunâtre,  la  nageoire  pec- 
torale jaune  ,  la  nageoire  ventrale  grise , 
les  autres  sont  jaunâtres  et  bordées  de 
brua.  A  la  nageoire  dorsale ,  on  apper- 


DU     M  U  L  A  T.  «5% 

çoit  une  bande  jaune  ,  et  à  la  queue 
une  autre  qui  est  brune. 

Ce  poisson  m'a  aussi  été  envoyé  du 
Japon. 

Les  Allemands  le  nomment ,  Hals- 
Innde  ,  et  les  Français  ,  Collier. 

Le  dessin  de  Séba  scroit  bon  ,  si  Ta 
ligne  latérale  n'y  étoit  omise  ,  et  si  les 
endroits  où  le  poisson  est  dépourvu 
d'écailles  ,  ne  ressembloient  à  des 
laclies. 

LE    MULAT,    cnjETODON  MESOLEUCUS, 

La  bande  noire  qui  passe  par-dessus 
l'œil ,  l'opercule  des  ouies  qui  est  armé , 
et  les  douze  piquansde  la  nageoire  dor- 
sale ,  sont  les  caractères  distinctifs  de 
ce  poisson.  On  compte  seize  rayons  à  la 
nageoire  pectorale  ,  six  à  la  nageoire 
ventrale  ,  vingt-un  à  celle  de  l'anus  , 
seize  à  la  queue  ,  et  vingt-neuf  à  celle 
du  dos. 


34o      HISTOIRE    xN^ATURELLE 

Cette  bandoulière  ,  qui  a  une  figure 
obîongue  et  arrondie  ,  est  couverte  de 
petites  écailles.  La  partie  aiiiérieurc 
du  corps  est  blanche  tirant  sur  le  bleu  , 
et  la  partie  postérieure  noire.  Les  na- 
geoires du  dos  et  de  l'anus  ont  cette 
dernière  couleur  ,  et  les  autres  la  pre- 
mière. Les  yeux  sont  grands  ;  et  de- 
vant eux  se  trouvent  deux  ouvertures 
oblongues.  L'opercule  des  ouies  con- 
siste en  deux  petites  plaques  ;  et  sous 
le  grand  piquant  on  en  remarque  quel- 
ques petits.  L'ouverture  des  ouies  est 
large  ,  et  la  membrane  branchiale  est 
en  partie  dégagée.  L'anus  se  trouve  au 
milieu  du  corps ,  et  la  ligne  latérale  non 
loin  du  dos. 

J'ai  aussi  reçu  ce  poisson  du  Japon. 

Les  Allemands  le  nomment  ^  Mvu" 
latte  y  et  les  Français ,  Mutât. 


''t^  KtPi 


Y 


J^ai/e    ,'ij^j . 


Tom  .  JJ 


Bi'iteit^  Je/.  Le  Jlire    'frif/^^ 

x.LABANDOnJERE  de  S^irate.  a.LABANDOnxÈRE 
de  Klein    3  .  LA  BAND  OTTXJERK  \  2  taclies  .  4 .  LA 
B.\NDOTn,lÈRE  a  <x  aigmllons  . 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  8cc.   3'n 
LA  BANDOULIÈRE  DE  SURATE, 

CHjETODOK    s  VRu^TE  NSI  s.. 

liF. grand  nombre  de$  aiguillons  dont 
la  nageoire  dorsale  et  celle  de  l'anns 

o 

de  ce  poisson  sont  armées ^  le  distingue 
de  tous  ceux  de  sa  race. 

Je  trouve  cinq  rayons  dans  la  mem- 
brane des  ouies ,  seize  dans  la  nageoire 
ventrale,  vingt-trois  dans  celle  de  l'a- 
nus, seize  à  celle  de  la  queue  et  trente- 
un  à  celle  du  dos. 

L'ouverture  de  la  bouche  est  pe- 
tite-, les  lèvres  sont  charnues,  les  na- 
rines, tenant  le  milieu  entre  les  yeux 
et  la  bouche  ,  sont  rondes  et  simples  ; 
le  front  est  penché ,  et  un  iris  argen- 
tin borde  les  yeux.  L'ouverture  des 
ouies  est  large,  et  la  membrane  bran- 
chiostège  dégagée  et  soutenue  par  cinq 
osselets  courbés.  La  ligne  latérale  qui 
passe  le  long  du  corps  près  du  dos,  e-=!t 
in.tci rompue  vers  le  bout,  et  recouv 


s  12       HISTOIRE    NATURELLE 
mence  au  milieu  de  la  queue.  L'on  dc- 
couvre  une  tache  noire  tout  près  de 
l'opercule  des  ouies ,  sous  la  nageoire 
pectorale.  L'on  voit  sur  le  fond  blanc 
du  poisson  ,  nuancé  de  violet,  nombre 
de  petites  taches  argentines,  et  six  bru- 
nes dont  cependant  la  première  ne  va 
que  jusqu'à  la  nageoire  pectorale.  L'a- 
nus s'approche  plus  de  la  tête  que  de 
la  queue.  Les  nageoires  ventrales  sont 
noires,  celles  du  dos  et  de  l'anus,  tout 
le  long  des  aiguillons,  sont  violettes  , 
mais  les  parties  non  armées  sont  gri- 
ses. Les  aiguillons  de  ces  nageoires  sont 
munis  de  jllamens  mous  et  larges. 

Je  dois  ce  poisson  à  la  bonté  de 
M.  Chemnitz ,  ministre  de  la  parole 
de  Dieu  à  Copenhague  ,  qui  l'a  reçu 
deSurale  par  le  missionnaire  sir  John  ; 
motif  qui  m'a  porté  à  lui  donner  ct^ 
nom. 


DE  LA  BANDOULIÈRE,  &C.    343 

LA  BANDOULIÈRE  DE  LA  CHINE , 

CHjETODON   chinensis. 

Les  dix-huit  aiguillons  à  la  nageoire 
de  l'anus  donnent  à  ce  poisson  un  ca- 
ractère sûr  et  distincLif ,  vu  qu'il  est 
l'unique  qui  en  compte  autant  parmi 
les  quarante-deux  bandoulières  dont]  o 
fais  la  description. 

La  membrane  des  ouies  contient 
cinq  rayons  ,  la  nageoire  pectorale  eu 
a  dix,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
vingt-huit,  la  nageoire  de  la  queue  en 
compte  seize  ,  et  la  dorsale  vingt-qua- 
tre. Le  milieu  de  ce  poisson  est  large  , 
les  deux  bouts  sont  comprimés.  La 
tête  et  l'ouverture  de  la  bonclie  soiit 
petites  ;  un  iris  bleuâtre  borde  les  yeux, 
et  l'on  voit  à  l'opercule  des  ouies  une 
tache  noire  en  forme  ovale  ,  bordée 
d'un  anneau  blanc.  L'on  en  trouve 
deux  antres  oblongues  de  la  mcme  cou- 
leur entre  l'opercule  eU'œil.  Lamem- 


344       HISTOIRE   NATURELLE 

brane  branchioslège  se  cache  sons  Vo- 
percule  des  ouies  ;  la  ligne  latérale 
s'étend  à  côté  du  dos,  et  parallèlement 
avec  lui,  et  l'anus  est  près  de  la  tête. 
Le  fond  blanc  du  poisson  est  coupé  par 
dix  bandes  brunes  étroites  dont  plu- 
sieurs sont  divisées.  Les  nageoires  pec- 
torale et  ventrale  sont  grises,  les  au- 
tres violettes  j  les  nageoires  pectorale 
et  dorsale  sont  courtes  ;  celle  de  l'anus 
longue. 

Outre  le  nombre  annoncé  des  ai- 
guillons à  la  nageoire  de  l'anus ,  celle 
du  dos  en  porte  également  quinze. 

Je  tiens  ce  poisson  et  quelques  au- 
tres encore  du  sieur  Ritzius  qui  les  a 
reçus  de  la  Chine.  Je  lui  ai  donné  le 
nom  de  sa  patrie. 

Les  navigateurs  n'étant  guères  na- 
turalistes, celui  qui  me  l'a  envoyé  n'a 
pu  m'inatruire  sur  sa  taille  ni  sur  ses 
autres  qualités. 


DE  LA  BANDOULIÈRE  ,  &c.    345 
LA  BANDOULIÈRE  DE   KLEIN, 

CH  JET  OV  O  N    JCLEIlfl  r, 

liA  bande  qui  traverse  l'œil  et  Li 
tête,  et  les  dix-sept  aiguillons  de  la 
nageoire  dorsale  caractérisent  ce  pois- 
son. 

lia  membrane  des  ouies  contient 
cinq  rayons  ,  la  nageoire  pectorale  en 
a  quinze  ,  celle  du  ventre  six ,  celle  de 
l'anus  vingt-trois,  celle  de  la  queue 
dix-huit,  et  celle  du  dos  trente-six. 

Cette  bandoulière  est  de  celles  qui 
ont  la  forme  orbiculaire.  L'ouverture 
^e  la  bouche  est  très-petite  ;  les  nari- 
nes sont  simples  ;  un  iris  blanc  borde 
la  prunelle  noire  des  yeux;  l'opercule 
des  ouies  est  composé  de  deux  feuilles 
minces;  l'ouverture  des  ouies  est  large, 
et  la  membrane  dégagée.  La  ligne  la- 
térale près  du  dos  forme  un  arc  et  se 
perd  dans  la  nageoire  de  la  queue.  Ce 
poisson  a  l'anus  au  milieu  du  corps,  1© 

Poissons.  II.  3o 


346       HISTOIRE    NATURELLE 
fond  de   son  corps  est  blanc ,  le  dos 
brun  et  les  nageoires  d'un  jaune  doré. 

Ce  poisson  habite  aux  Indes  orien- 
tales :  je  ne  peux  fixer  sa  grandeur  , 
n'en  ayant  qu'un  petit  individu;  mais 
la  figure  a  été  faite  d'après  un  plus 
grand  qui  se  trouve  dans  l'excellente 
collection  de  sir  Linke,  conseiller  de 
commerce  à  Leipzig. 

Klein  est  le  premier  qui  nous  fit 
çonnoître  ce  poisson ,  et  cela  m'a  dé- 
terminé à  le  nommer  d'après  lui. 

La  copie  qu'il  nous  en  laisse  est 
boiane. 

LA  BANDOULIÈRE  A  DEUX  TACHES, 

ÇHJETODON  BIMACVLATUS. 

Les  deux  taclies  de  la  nageoire  à\\ 
dos,  et  la  bande  qui  traverse  les  yeux, 
caractérisent  ce  poisson. 

Aucun  des  poissons  de  ce  genre  , 
qui  ont  été  décrits  jusqu'ici ,  n'a  ces 
deux  taches  à  la  nageoire  du  dos;  c'est 


DE  LA  BANDOULIÈRE^  &.C.  347 
pourquoi  elles  suffiroient  pour  désigner 
ce  poisson;  mais  comme  il  peut  arri- 
ver qu'il  s'efface  une  tache  par  quel- 
que endommagement  de  la  nageoire  y 
j'ai  ajouté  un  deuxième  caractère. 

La  membrane  branchiale  est  pour- 
vue de  six  rayons ,  la  nageoire  pecto- 
rale de  quatorze  ,  la  ventrale  de  six  , 
celle  de  l'anus  de  dix-huit ,  celle  de  la 
queue  de  dix-sept  ,  et  celle  du  dos 
de  trente-quatre. 

Les  nageoires  sont  oblongues,  les  na- 
rines doubles  et  placées  près  des  yeux , 
dont  laprunelleest  noire etl'iris  jaune. 
L'ouverture  des  ouies  est  large ,  et  la 
membrane  cachée  sous  l'opercule.  La  li- 
gne latérale  qui  avoisine  plus  le  dos 
que  le  ventre ,  s'étend  jusqu'à  la  partie 
antérieure  de  la  queue.  Le  fond  est 
blanc  tirant  sur  le  gris  ;  les  nageoires  , 
pectorale  et  ventrale ,  sont  rouges  ,  les 
autres  sont  jaunes  au  fond,  mais  grises 
aux  extrémités  ;  la  bande  ainsi  que  les 
taches  sont  bordées  de  noir  et  de  blanc, 


S48      HISTOIRE   NATURELLE 
Tune  des  dernières  se  trouve  au  fond  ^ 
et  l'autre  au  bord  de  la  nageoire  du  dos. 

Les  Indes  orientales  produisent  ap- 
paremment ce  poisson. 

Un  exemplaire  de  la  collection  de 
M.  Linke  à  Leipzig  m'a  servi  d'ori- 
ginal. 

Je  l'ai  nommé  d'après  ses  taches. 

On  nomme  ce  poisson  en  allemand, 
der  zweifleckîge  Klippfisch. 

Klein  nous  l'a  fait  connoître  le  pre- 
mier ,  mais  son  dessin  qui  n'est  que 
médiocre  n'en  expose  ni  les  taches  ni 
la  ligne  latérale. 

LA    BANDOULIÈRE    A    DEUX 
AIGUILLONS, 

■       CHJETODON    B  1  ACV  luEATV  S. 

Aucune  bandoulière  n'ayant  deux 
aiguillons  sous  Toeil ,  ce  caractère  suffit. 

La  membrane  branchiale  a  quatre 
rayons, la  nageoire  pectorale  dix-huit, 
la  ventrale  six ,  celle  de  l'anus  dix- 


DE  LA  BANDOULIERE  ,  8cc.  3ig 
sept,  celle  de  la  queue  le  même  nom- 
bre ,  et  la  dorsale  en  compte  vingt- 
sept. 

Le  corps  est  alongé,  le  dos  bleu,  le 
ventre  blanc  -,  trois  bandes  l'entourent, 
la  première  prend  la  tête ,  la  seconde 
le  tronc,etlatroisième  la  queue.  Ayant 
le  corps  moins  large  ,  l'ouverture  de  la 
bouche  moins  petite,  les  dents  moins 
serrées  que  les  autres  poissons  de  son 
genre,  il  est  au  milieu  entre  ce  genre 
et  le  suiva.nt.  Un  iris  brunâtre  borde 
sa  prunelle.  L'aiguillon  postérieur  des 
deux  qu'il  porte  sous  les  yeux  est  bien 
plus  long  que  l'antérieur.   Les    deux 
opercules  sont  dentelés*,  la  ligne  laté- 
rale s'étend  près  du  dos ,  et   l'anus  se 
trouve  au  milieu  du  corps.  Toutes  les 
nageoires  sont  grises,  et  ne  diffèrent 
qu'à  l'égard  de  la  forme  :  car  les  na- 
geoires pectorales    et  de  l'anus  sont 
rondes,  et  les  autres  finissent  en  pointe. 
La  nageoire  dorsale  armée  de  dix  ai- 
guillons a  une  écliancrurc  au  milieu  3 


35o      HISTOIRE    NATURELLE 

la  nageoire  de  l'anus  est  munie  de  deux 
aiguillonS;mais  la  ventrale  n'en  a  qu'un 
seul. 

Ce  poisson  vit  dans  les  Indes  orien- 
tales. 

Je  l'ai  tiré  d'un  original  qui  se  trouve 
dans  la  collection  de  M.  Linke  à  Leipzig. 

Ses  deux  aiguillons  m'en  ont  fourni 
le  nom. 

On  nomme  ce  poisson  en  allemand , 
der  zjveistacliliche  Klippjisch. 

Artédi  nous  a  donné  la  première 
description  de  ce  poisson  dans  l'ou- 
vrage de  Séba,  qui  en  fournit  aussi  la 
première  copie;  mais  l'échancrure  de 
la  nageoire  dorsale  ,  dont  parle  Ar- 
tédi ,  y  est  omise  \  les  bandes  et  les  deux 
aiguillons  de  la  nageoire  de  l'anus  y 
manquent  également.  Sauf  ces  petites 
erreurs,  la  copie  e^t  fidèle. 


G; 


;E,  MA  u:a 


Ta^e    3Jj 


Toni  .  J., 


/)f.rcif^   de/.  jyTiirdi'fH    i.Crtiiff. 

1    LK  niKTOnON  tiicolor  .  a  .  l.K    SKTON- 
.5.  \,\   l'Ai  CIMJ-'  .  4.  M',  VOII.lKll. 


DU  CHETODON  TRICOLOR.    3^1 
LE  CHETODON  TRICOLOR, 

CHETODON    TRICOLOR. 

On  reconnoît  ce  poisson  à  ses  trois 
couleurs,  et  au  long  aiguillon  de  l'oper- 
cule. 

On  trouve  six  rayons  dans  la  mem- 
brane branchiale ,  douze  dans  la  na- 
geoire de  la  poitrine  ,  six  dans  la  ven- 
trale, vingt  -  un  dans  celle  de  l'anus  , 
quinze  dans  celle  de  la  queue  ,  et 
trente-trois  dans  la  dorsale, 

La  tête  et  la  bouche  sont  petites 
et  les  narines  doubles. 

Les  opercules  et  les  nageoires  sont 
bordés  de  rouge  ,  et  la  bouche  est  bor- 
dée de  noir. 

La  tête  ,  la  poitrine  ,  le  ventre  et 
les  nageoires  sont  jaunes ,  et  le  resté 
du  corps  est  noir  j  la  prunelle  est  aussi 
noire  ,  et  l'iris  orange. 

L'opercule  de  devant  est  dentelé ,  et 
celui  de  derrière  est  rond  j  l'ouverture 


552       HISTOIRE   NATURELLE 
branchiale  est  large,  cl  la  membrane 
en  est  couverte. 

lie  dos  est  tranchant ,  et  le  ventre 
arrondi. 

La  ligne  latérale  forme  un  arc  plat  *, 
elle  est  plus  proche  du  dos  que  du 
ventre. 

L'anus  est  plus  près  de  la  tête  que 
de  la  queue. 

Les  écailles  sont  dures,  dentelées, 
fortement  attachées  à  la  peau ,  et  bor- 
dées de  rouge  comme  les  nageoires. 

La  nageoire  du  dos  ut  celle  de  l'anus 
sont  si  couvertes  d'écaillés  ,  qu'elles  en 
sont  toutes  roides  \  celle  de  l'anus  a 
trois  aiguillons,  et  celle  du  dos  en  a 
quatorze. 

Le  prince  Maurice  a  dessiné  notre 
poisson  au  Brésil  même  ,  et  d'après 
nature.  J'ai  confronté  avec  ce  dessin  le 
poisson  que  j'ai  reçu  de  l'Amérique, 
et  j'ai  trouvé  le  dessin  juste,  à  quel- 
ques nuances  près. 

Ce  superbe  poisson  se  trouve  dans  la 


DU  CHETODON  TRICOLOR.    35^ 

mer  du  Brésil ,  ainsi  que  près  de  l'île 
de  Cuba.  C'est  M.  Parra  qui  nous  ap- 
prend qu'on  le  trouve  près  de  Cuba  ,  et 
le  prince  Maurice  rend  témoignage  de 
ce  qu'il  se  trouve  aussi  au  Brésil.  Ce 
dernier  nous  apprend  encore  que  ce 
poisson  atteint  la  longueur  de  deux 
pieds.  M.  Duhamel  a  reçu  le  sien  de  la 
Guadeloupe. 

On  nomme  ce  poisson  : 

Au  Brésil ,  Acaraune. 

En  Allemagne  ,  der  dreîfarhige  Klipp' 

fisch. 
En  France  ,  Chetodon  tricolor. 
Et  en  Angleterre,  trehle  Coîoured. 

Il  ne  faut  pas  confondre  notre  aca- 
raune du  prince  Maurice  ,  avec  l'aca- 
ratino  de  Marcgraf ,  ni  avec  celle  de 
risa  ;  car  comme  ceux-ci  donnent  à 
leur  poisson  un  aiguillon  à  la  queue  , 
il  faut  qu'ils  aient  eu  un  autre  poisson 
devant  les  yeux. 

Duhamel  a  donné  le  premier  dessin 


^.Vl       HISTOmE    NATURELLE 

de  notre  poisson  ;  mais  ce  dessin  est  dé- 
fectueux ,  parce  que  : 

1°.  Le*  pectorales  sont  trop  courtes  ; 

2°.  Les  nageoires  de  l'anus  et  du  dos 
sont  fêlées  ; 

3°.  Une  pointe  de  la  queue  manque; 

Et  4°.  il  n'y  est  fait  aucune  mention 
de  la  ligne  latérale. 

Le  dessin  que  nous  a  donné  Parra 
de  notre  poisson  ,  est  bien  meilleur. 

LE  SETON,   CHJETODON  setjfer, 

La  longue  soie,  et  la  taclie  ronde 
et  noire ,  bordée  de  blanc  ,  dans  la 
nageoire  du  dos  ,  font  les  caractères 
distinctifs  de  ce  poisson. 

Il  y  a  six  rayons  dans  la  membrane 
branchiale  ,  dans  la  nageoire  de  la  poi- 
trine quinze  ,  dans  celle  du  ventre  six, 
dans  celle  de  l'anus  vingt-quatre ,  dans 
celle  de  la  queue  vingt  ,  et  dans  celle 
du  dos  trente-sept. 

La  tête  est  petite ,  et  le  bec  est 
mince  et  court. 


DU     S  E  T  O  N.  355 

L'orifice  de  la  bouche  est  très-petit  ^ 
les  lèvres  sont  grosses  ,  et  un  bandeau 
noir,  bordé  de  blanc,  orne  la  tête  do 
ce  poisson. 

La  ligne  latérale  forme  une  voûte  ; 
elle  est  beaucoup  plus  proche  du  dos 
que  du  ventre. 

L'anus  occupe  le  milieu  entre  la  na- 
geoire de  la  queue  et  le  bec. 

Dans  la  nageoire  du  dos  ,  on  trouve 
treize  rayons  durs  ,  dans  celle  de  l'anus 
trois  ,  et  dans  celle  du  ventre  un 
rayon  dur. 

Le  corps  est  couvert  de  grandes 
écailles  ,  dures  et  dentelées. 

Les  lignes  rouges  qui  traversent  le 
corps  ,  font  un  très  -  bel  effet  sur  le 
fond  ,  qui  est  jaune. 

Les  écailles  qui  sont  sur  les  na- 
geoires de  la  queue  ,  de  l'anus  et  du 
dos  ,  rendent  ces  nageoires  roides.  Ces 
nageoires  sont  encore  embellies  d'un 
bord  noir. 


356      HISTOIRE   NATURELLE 

J'ai   l'obligation   de  ce    poisson  à 
M.  Jolin. 
Les  Allemands  le  nomment,  Borslen- 

trader. 
Les  Français  ,  Selon. 
Et  les  Anglais  ,  Brislle-Chetodon. 

"LA  FAUCILLE  ,  ch^todon  falcula. 

Les  deux  grandes  taches  noires  en 
forme  de  faucille  ,  bordées  do  blanc , 
qui  descendent  du  dos  de  ce  poisson , 
lui  servent  de  marque  distinctive. 

La  membrane  branchiale  a  six 
rayons  ;  la  nageoire  pectorale  en  a 
quinze,  celle  du  ventre  six ,  celle  de 
l'anus  vingt  -quatre ,  celle  de  la  queue 
vingt,  et  celle  du  dos  trente-sept. 

La  tête  est  petite;  le  bec  a  presque 
la  forme  d'une  trompe;  l'orifice  de  la  , 
bouche  est  petit  ;  les  dents  sont  très-  " 
finjçs ;  les  narines  sont  simples,  et  tout 
près  des  yeux  ;  la  prunelle  est  noire  , 
fort  grande  et  entourée  d'un  iris  bleu 
assez  étroit. 


DE    LA    FAUCILLE.       i5f 

Ce  poisson  ,  ainsi  que  le  précédent , 
a  un  grand  bandeau  noir ,  qui  lui  en- 
toure presque  la  tête  ,  et  dans  lequel 
se  trouvent  les  yeux  :  ce  bandeau  est 
bordé  d'une  étroite  bande  blanche. 

L'opercule  de  devant  a  une  fine 
dentelure  ;  celui  de  derrière  est  ar- 
rondi j  tous  les  deux  sontbordés  d'une 
ligne  noire. 

Les  écailles  de  la  tête  sont  petites  , 
ainsi  que  celles  des  nageoires  ;  celles 
du  corpssont  grandes  :  ces  écailles  tien- 
nent ferme  à  la  peau,  sont  dentelées 
tît  dures. 

La  ligne  latérale  est  proche  du  dos  , 
et  forme  presqu'un  demi-cercle. 

L'anus  est  placé  au  centre  de  gra- 
vité. 

Les  nageoires  du  dos,  du  ventre  et 
de  la  queue  ,  sont  toutes  couvertes 
d'écaillés  bordées  de  noir  ,  et  leurs 
rayons  sont  ramifiés. 

Plusieurs  jolies  bandes  régulières  et 
brunâtres  qui  descendent  du  dos  ,  lu 
Poissons.  II.  3i 


558       HISTOIRE   NATURFXLE 

bordure  des  écailles,  etc.  sur  le  fond 
blanc  du  poisson  ,  y  font  un  très  -  bel 
effet.  Autour  de  la  queue,  tout  proche 
du  tronc  ,  on  trouve  une  large  bandç 
noire  ,  parallèle  à  la  bordure  de  sa  na- 
geoire ,  et  qui  est  bordée  de  blanc  des 
deux  côtés. 

Au  reste ,  ce  poisson  ressemble  assez 
au  précédent. 

Il  habite  les  environs  des  côtes  de 
Coromandel. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
En  allemand ,  der  Sicheljlech, 
En  français  ,  la  Faucille. 
Et  en  anglais,  Sikle-Chetodon. 

LE  BANDOULIER  KAKAITSEL, 

CHjETODON    maculatus. 

Les  dix-huit  aiguillons  dans  la  dor- 
sale ,  et  les  douze  aiguillons  ou  piquans 
de  l'anus  ,  font  le  caractère  distinctif 
de  ce  poisson. 

On  trouve  six  rayons  dans  la  mem- 


DU  BANDOULIER,  &C.  35ij 
îjrane  branchiale  ,  seize  dans  la  na- 
geoire de  la  poitrine ,  treize  dans  la 
ventrale ,  vingt  dans  la  nageoire  de 
l'anus  ,  et  tout  autant  dans  celle  de  la 
queue  ,  et  vingt-six  dans  la  dorsale. 

Outre  cela,  ce  poisson  se  distingue 
encore  ,  en  ce  qu'il  a  moins  de  taille  , 
que  son  corps  est  plus  étendu  ,  et  que 
ses  écailles  sont  moins  dures  et  qu'elles 
reluisent  comme  des  paillettes  d'or. 

Selon  que  me  le  marque  M.  John  , 
ce  poisson  ne  doit  atteindre  que  la 
taille  d'un  dessin  qu'il  m'en  avoit  en- 
voyé ;  mais  ce  dessin  n'est  que  la  moi- 
tié aussi  grand  que  celui  que  j'ai  fait 
faire  ,  d'après  les  exemplaires  que  j'ai 
reçus  de  Surinam. 

On  trouve  ce  poisson  en  abondance 
dans  les  étangs  des  côtes  de  Coroman- 
del ,  de  même  que  dans  les  eaux  douces 
de  Surinam. 

M.  John  me  marque  encore  ,  qu'il  a 
une  quantité  d'arêtes,  et  qu'à  cause  de 


36o   HISTOIRE  N-ATUllELLE,  k.C. 

cela,  personne  ne  le  mange  ;  que  les 
Nègres. 

La  tête  est  petite  et  tronquée;  les 
os  des  lèvres  sont  étroits,  les  dents  en 
forme  de  scies,  les  irarines  simples  et 
proches  des  yeux. 

La  prunelle  est  noire ,  et  entourée 

de  deux   iris  ,   dont   le    premier  est 

,  étroit  et  jaune,  etl'autrebrun  et  large. 

Les  opercules  sont  unis,  et  l'ouver- 
ture branchiale  est  large. 

Le  fond  du  poisson  est  jaune. 

On  le  nomme  : 
En  langue  malabare',  Kakait-SelleL 
En  français  ,  le  Bandoulier  Kakaitsel. 
En  anglais ,  Macalated-Chetodon. 
En  allemand  ,  der  gejleckie  Klippfisch, 


riN    DU    TOME  sI:co^^D.