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HARVARD UNIVERSITY.
LIBRARY
OF THE
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY
LiBRARY OF
SAMUEL GARMAN
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5-'' À,
JAN 2 2 1929
HISTOIRE NATURELLE
DES POISSONS.
HISTOIRE NATURELLE
DES POISSONS,
avec les figures dessinées d'après nature
PAR B L O C H.
Ouvrage classé par ordres , genres et espèces ,
d'après le système de Linné ;
AVEC LES CARACTERES GENERIQUES;
Par RENÉ-KICHARD CASTEL, auteur du poëme
des Plantes-
TOME II.
DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET.
A PARIS,
Chez Deterville, rue du Battoir; n'^ l6.
A N I X.
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i.ij:rEiicï'.-piKimE . % .ij'-PFjin'vriEmii''. aerindc.
J-LéALOTI".. A'i\'ipavc.
HISTOIRE NATURELLE
DES POISSONS.
XVI r GENRE.
LE PERCE - PIERRE , blenkius.
Caractère générique. La nageoire du
ventre à deux rayons.
LE PERCE-PIERRE, blennius pholis.
Ijes narines reculées , cylindriqnes et
dentelées , distinguent ce poisson des
autres poissons de ce genre. On trouve
sept rayons à la membrane des ouies ,
quatorze à la nageoire de la poitrine,
deux à celle du ventre , dix neuf à celle
Poissons II. ^
2 HISTOIRE NATURELLE
de l'anus , dix à la queue , et vingt huit
à la dorsale.
La tête est grosse et tronquée par
devant. L'ouverture de la bouche est
large , et les deux mâchoires , dont la
supérieure avance sur l'inférieure, sont
garnies d'une rangée de dents. Les
lèvres sont grosses y les narines rondes ,
et se terminent en cylindres , qui sont
derrière quatre points. La langue est
unie et le palais rude. Les yeux sont
gros et ont une prunelle noire , entou-
rée d'un iris d'un rouge pâle. Le tronc
est uni et couvert d'une matière
gluante. Sa couleur est olivâtre , mar-
brée de taches noires et blanches : dans
quelques-uns on remarque diverses
lignes bleues. La ligne latérale forme
une courbure derrière les nageoires
pectorales, et l'anus est plus près de
la tête que de la queue. La nageoire
dorsale , qui est longue , paroît êlre
partagée au milieu en deux parties.
Tous les rayons de ce poisson sont
DU PERCE-PIERRE. S
cxtraordinaircment épais et forts.
Le perce-pierre , qui étoit connu
d'Aristote , est habitant de la nier du
Nord et de la Méditerranée , cii il se
tient sur le rivage et aux embouchures
des fleuves , entre les pierres et les
plantes marines. Ceux que je décris me
sont venus de Hambourg , sous le nom
de boulerots : ils n'y paroissent cepen-
dant que rarement , et non loin de
lîeiligeland. Ils parviennent à la lon-
gueur de six à sept pouces. Ils vivent
de frai, des petits des autres poissons
et d'écrevisses. Ils se remuent vive-
ment et ont la vie très-dure. Selon
Ray , on peut garder ce poisson en vie
pendant vingt-quatre heures hors de
l'eau. On le prend au filet et à l'hame-
çon. Sa chair est peu estimée , parce
qu'elle est dure et sèche ; elle sert d'ap-
pât pour prendre les autres poissons.
Le foie est gros , jaune , et consiste
en deux lobes , dont l'un est aussi long
qne la cavité du ventre. La rate est
4 HISTOIRE NATURELLE
jougeâlre , le fiel aqueux , l'estomac
oblong , le canal intestinal court et for-
mant deux sinuosités. Les rognons qui
sont jaunes et petits, ne tiennent que
par une peau qui est attachée à l'épine
du dos.
Ce poisson est connu sons différens
noms. On le nomme :
Seegrundel et Meerlerclie , en Alle-
magne.
Spitzkopfj en Empire.
Bulcard, Mulgranoc-Bulcard et Smoth"
Skan f en Angleterre.
Ferce-pierre , en France.
Je n'examinerai point si , comme le
dit Aristote , ce poisson rend assez de
matière visqueuse pour s'y cacher
comme dans un filet ; ni si , comme le
disent Ray et Pennant , il peut avec
les nageoires molles de son ventre ,
grimper sur les pierres unies.
Je n'ai pas pu trouver la vésicule
aérienne que Willughby donne à ce
poisson 5 ni les rayons à piquans que
DU PAPILLON DE MER. 5
Linné remarque à la nageoire dor-
sale.
LE PAPILLON DE MER,
BLEN NIUS GUN ELLUS,
La nageoire dorsale parsemée de
plusieurs taches noires et rondes, en-
tourées d'un anneau blanc , distingue
le papillon de mer des autres poissons
du même genre. Ces taches sont au
nombre de neuf à douze. On trouve six
rayons à la membrane des ouies , dix
à la nageoire pectorale , à celle de l'a-
ims quarante-un , dont les deux pre-
miers sont piquans , dix-huit à celle de
la queue , et soixante-huit à celle du
dos.
Dans ce poisson , la tête ainsi que les
nageoires de la poitrine et du ventre ,
sont extrêmement petites , et le corps
entier est très-comprimé par les côtés.
La bouche , qui s'ouvre par en haut ,
est petite. La mâchoire infcrioure esÈ
6 HISTOIRE NATURELLE
recourbée et saillante , et l'une et l'au-
tre est garnie d'une rangée de petites
dents pointues. Les yeux sont petits ;
ils ont la prunelle noire, entourée d'un
iris blanc. Derrière l'œil , on trouve
une raie noire. Le tronc , qui est cou-
vert de petites écailles , est dans quel-
ques-uns d'un gris jaune sur le dos et
aux côtés , avec un grand nombre de
taclies plus pâles ; chez d'autres , il est
brun ou olivâtre et garni de taclies
claires et foncées ; mais chez tous , 1p
ventre est blanc. La ligne latérale , qui
est à peine visible , a une direction
droite au milieu du corps , et l'anus est
un peu plus près de la tète que de la
queue. Le dos est noir , et les rayons
de ses nageoires , étroites et longues ,
sont piqLvans; et comme ils avancent
hors de la membrane intermédiaire ,
ils donnent au poisson la figure d'une
scie. La nageoire de l'anus et celle de
la poitrine sont couleur d'orange : le
fond de la première est tacheté de brun.
DU PAPILLOX DE MER. 7
liCS nageoires du dos et de la qneuo
sont jaunes , et celles du ventre sont à
peine visibles.
Nous trouvons ce poisson dans la mer
du Nord et dans la Baltique , et je l'ai
reçu de Hambourg et de Lubeck. Il
parvient à la longueur de neuf à dix
pouces; il se tient près des bords dans
les plantes marines , oia les petits des
insectes aquatiques et les œufs des pois-
sons paroissent lui servir de nourriture.
Il devient souvent la proie du scorpion
de mer , des autres poissons de rivage
et des oiseaux d'eau. On le prend dans
les filets avec les autres poissons. Mais
comme il a cliaii* dure , les gens du
peuple ne s'en soucient même pas : on
ne s'en sert que pour appât. Cependant
les Groenlandaisle sèchent, et le man-
gent avec leurs saumons du Nord. Il
jiage avec rapidité , est aussi glissant
que l'anguille ; et comme en même
Ic'inps sa nageoire dorsale est très-pi-
8 HISTOIRE NATURELLE
quante, on peut difficilement le tenir
dans la main sans se blesser.
Le foie qui consiste en deux lobes ,
étoit d'un rouge pâle. Le canal intes-
tinal étoit mince , large , court , et alloit
en serpentant. Dans les deux poissons
que j'ai ouverts , je n'ai apperçu ni
laites, ni œufs, ni vésicule aérienne.
Ce poisson est connu sous différens
noms. On le nomme :
Butterfisch , en Allemagne.
Nunogen , à Heiligeland.
Guulagtig , Snor-Dolk , en Norwège.
Kurksaunak , en Groenland.
Stagosh , en Laponie.
Smorkussa , en Suède.
Skeria Steinhilr , Spretfish , en Islande.
Gunellas et Butterfish , en Angleterre.
Papillon de mer y en France.
LA LOTE VIVIPARE,
BLEN'JIUS VIVIPARUS»
Les petits cylindres que l'on apper-
DE LA LOTE VIVIPARE. 9
çoît aux narines antérieures , sont le
caractère distinctif de ce poisson. On
trouve sept rayons à la membrane des
ouies , vingt à la nageoire de la poi-
trine, deux à celle du ventre , cent
quarante-liuit à celle de l'anus, de la
queue et du dos, qui sont continues.
L.a tête et l'ouverture de la bouclie
sont petites. La mâclioire supérieure
avance sur l'inférieure : toutes deux
sont garnies de petites dents. La langue
est courte et unie. A l'œsophage , on
trouve deux os rudes , qui servent à
retenir la proie. Les yeux , qui sont
longs , ont la prunelle noire , l'iris ar-
gentin, et sont recouverts d'une mem-
brane clignotante. La gorge et la na-
geoire de l'anus sont couleur d'orange ;
le reste du corps est jaune , tacheté do
noir. Sur la nageoire du dos , qui est
d'un jaune pâle , on voit dix à douze
taches noires. Le ventre est court ,
avancé , et l'anus large. Le tronc est
couvert de petites écailles longues ,
Poissons. II. 2,
lO HISTOIRE NATURELLE
blanches et bordées de noir. Les rayons
de toutes les nageoires sont moas. La
ligne latérale , qui est à peine visible ,
s'étend au milieu du corps dans une -
direction droite.
Ce poisson habite la Baltique et la .
mer du Nord. On le trouve aussi dans
l'Océan septentrional. Celui que je re-
présente ici avoit quinze pouces de
long -, le ventre étoit gros et contenoit
deux cents petits. De six de ces pois-
sons que' j'ai ouverts , il ne s'en est
trouvé que deux de pleins. Je n'ai
trouvé dans aucun la moindre trace de
laites ; je doute même qu'on leur en ait
jamais trouvé. J'invite les Naturalistes
qui habitent les bords de la mer où l'on
pêche ce poisson , de faire des observa-
tions sur cet objet , et de publier le ré-
sultat ; cela jetteroit beaucoup de lu-
mière sur la génération des autres pois-
sons vivivares. Dans ces observations,
il faudroit examiner aussi si ce pois-
son n'est pas du nombre des animaux
DE LA LOTE YIVIPAP.E. Il
qui mettent bas plusieurs fois dans
Fannée : car Schoneveld dit qu'il fait
ses petits en été , M. Pennant en hi-
ver , et M. Beck assure avoir trouvé
des petits dans son corps en automne.
Les œufs qui commencent à se dé-
velopper au printemps, ont, selon l'ob-»
servation de Schoneveld , la grosseur
d'un grain de chenevis vers la Pente-
côte. Dans le temps quMl met bas, ce
qui arrive vers le mois de juin , le ven-
tre enfle si fort, que pour peu qu'on
le touche , les petits poissons en sor-
tent les uns après les autres , et témoi-
gnent la joie qu'ils ont de leur exis-
tence par des mouvemens pleins de
vivacité. Il sembleroit que les petits ,
dans une seule matrice , devroient se
blesser mutuellement dans la vivacité
de leurs mouvemens -, mais comme cha-
cun d'eux est enfermé dans un œuf
particulier, et nage dans l'humidité ,
son mouvement ne peut nuire à ses
voisins. Mais quel tumulte dans le ven-
12 HISTOIRE NATURELLE
Ire (l'une mère, oti deux à trois cents
petits se remuent sans cesse et tâchent
de sortir de leur prison! Les nouveaux-
nés sont de la grosseur indiquée à la
planche.
La lote vivipare se tient an fond de
Ip mer , ou elle vit de petites écrevisses ,
que j'ai trouvées en quantité dans son
estomac. Elle mord à l'hameçon , et
on la prend aussi au filet. Sa chair est
grasse , hlanchc , et a peu d'arêtes.
Comme on n'en fait pas grand cas, il
n'y a que les gens du peuple qui la man-
gent. Certainement le préjugé contri-
bue beaucoup à faire mépriser ce pois-
son , parce que , dans la cuisson , ses
arêtes deviennent vertes comme il ar-
rive à l'orphie. Selon les observations
de Linné , ces arêtes rendent une lu-
mière dans l'obscurité, comme le bois
pourri. Ce poisson a pour ennemis les
animaux voraces des eaux.
Les parties inférieures sont visible-
ment différentes de celles des autres
DE LA. LOTE VIVIPARE. l3
poissons. Le canal intestinal n'étoit})as
placé en long, mais en travers, comme
dans les vivipares; il alloit en serpen-
tant et formant des sinuosités. L'es-
tomac, la vésicule du fiel et celle de la
vessie, sont minces et transparens. Le
duodène, qui commence au milieu de
l'estomac , descendoit dans la loniineur
d'un pouce , et remontoit ensuite. Les
deux lobes du foie n^étoient pas fort
longs; mais la rate étoit aussi longue
que la cavité du ventre. La vésicule
du fiel étoit pleine d'un fiel clair. Les
rognons qui étoîent dégagés , n'avoient
qu'un pouce de long. J'ai trouvé cent
vertèbres à l'épine du dos ; mais je n'ai
apperçu ni côtes, ni vésicule aérienne.
Ce poisson est connu sous différens
noms. On le nomme :
Aalmuttery Aalqaab , Aalput y en Alle-
magne.
Aale-quabhe, Aale-konay Aale-moder^
Aalfrau, en Danemarck.
l4 HISTOIRE NATURELLE
Brun-og, Mork-plettetj Tang-Brosme ^
Steen-Brosme , en Norwège.
Tanglahe, en Suède.
Pilatus-Visje , en Hollande.
Magaal, Quabaal , à Harderwick.
Magge , en Frise.
Guffer et Eelpout , en Angleterre.
Mustele vivipare , en France.
liinné s'élonne , avec raison , que ce
poisson ait la qualité singulière de pro-
duire ses petits tout vi vans : cependant
il n'est pas le seul qui la possède ; elle
lui est commune avec Vascite et \a.loche
de Surinam.
LE PERCE-PIERRE RAYÉ,
BLENNIUS F ASCI AT US,
Ce poisson se dislingue des autres
du même genre par les filamens simples
et houppes qui se trouvent à la tête en-
tre les yeux , et par les dix-neuf rayons
de la nageoire de l'anus. Je compte six
rayons à la. membrane des ouies, treize
DU PERCE-PIERRE RAYE. l5
à la nageoire de la poitrine, deux à
celle du ventre , onze à celle do la
queue , el vingt-neuf à celle du dos.
La tête est petite et en pente par-
devant ; elle est brune par en haut et
d'un jaune pâle par en bas. Le tronc est
large par-devant, étroit par-derrière,,
et orné de quatre bandes brunes , entre
lesquelles on voit des lignes brunâtres
placées sur un fond jaune pâle, et qui
forment un angle au milieu. Le dos est
rond et d'un bleu brunâtre. La lii^ne
latérale, qui se trouve près du dos, a
une direction droite. Le ventre est
épais et d^un jaune pâle. L'anus est
plus près de la tête que de la nageoire
de la queue. Le corps est couvert d'une
matière visqueuse. Les nageoires pec-
torales sont rondes, blanches, trans-
parentes, et garnies de quatre lignes
brunâtres. Les nageoires ventrales sont
longues, étroites, delà même couleur
que les pectorales, et ornées de taches
brunes. A la nageoire de l'anus ; le pre-
l6 HISTOIRE NATURELLE
niier rayon seulement, est dur. La na-
geoire dorsale qui est longue , a des
bandes brunes; celle de la queue, qui
est grise et ronde , a des lignes brunes.
Les rayons de la nageoire de la queue
sont fourchus-, ceux des autres simples.
Ce joli petit poisson appartient aux
Indes orientales. Je l'ai reçu du Japon
parmi une collection d'autres poissons.
Il ressemble beaucoup au suivant : ce-
pendant , comme les filamens sont sim-
ples f je n'ai pas hésité de le regarder
comme une espèce particulière.
Les Allemands le nomment bandirte
Schleimfisch.
Les Français, Perce-pierre rayé,
LE LIÈVRE,
©u PERCE-PIERRE A MOUCHK,
B LE N N I U s O C ELL ARI S.
La tache noire entourée d'un an-
neau blanc que l'on trouve à la nageoire
/'tK/e i(>
F.RR
3 . 1 .1. ( VAT T 0K\ i GI N K -
1 ].K l^OSSTT. 3.J.F,Pia\CE-PIF.RRK amouclie
DU L I E V RE. 17
dorsale, sert à reconnoitre ce poisson.
On compte douze rayons à la nageoire
pectorale , deux à celle du ventre , dix-
sept à celle de l'anus , onze à celle de
la queue , et vingt-cinq à celle du dos.
La tête est aîongée , comprimée des
deux cotés , grosse et fort en pente par-
devant. Les yeux sont grands, larges ,
saillans , et. ont une prunelle noire ,
entourée d'un iris orangé : entre les
yeux , on voit deux longs filamens
simples. L'ouverture de la bouche est
large. Les deux mâchoires sont d'égale
longueur , et garnies d'une rangée de
dents très- étroites, placées les unes
tout près des autres. La langue est
courte et lar^e. L'ouverture des oui es
est grande; et l'opei'cule desouies con-
siste en une petite plaque simple. Les
joues sont grosses et argentines. Le dos
est arrondi et d'un verd brun. Le tronc
est sans écailles. Le ventre est court
et large. L'anus est plus près de la tête
que de la queue. La ligne latérale sa
l8 HISTOIRE NATURELLE
trouve près du dos. La couleur foncière
du poisson est un verd sale , sur lequel
on remarque des taches brunes. Il y en
a aussi dont la couleur principale est
un bleu clair, et M. Bi iinniche a trouvé
l'iris blanc. La nageoire pectorale est
grande, ronde , et a des rayons four-
chus comme celle de la queue. La na-
geoire ventrale est divisée en deux
rayons; celle de l'anus qui est longue
et basse , n'a, comme celle du dos , que
des rayons simples qui avancent un
peu au-delà de la membrane. A la der-
nière, le premier rayon est très-long,
et la nageoire même est haute par-
devant et par-derrière, et basse dans
le milieu. Elle est olivâtre , parsemée
de taches bleues et de points blancs.
Ce poisson est un habitant de la mer
Méditerranée. M. Briinniche l'a vu à
Marseille ; Cetti en Sardaigne , et Wil-
lughby à Venise, où on le porte en
quantité au marché parmi phisieurs
autres petits poissons. Il parvient à la
LE LIÈVRE. 19
longueur de six à huit pouces , a la chair
maigre, et par cette raison il n'est pas
fort estimé. Il se tient vers le rivage
entre les rochers et les plantes marines.
Par cette raison , Oppian le met au
nombre des poissons de rivage. Il vit de
crabes et de petits coquillages. On le
prend également avec des filets et à
l'hameçon où l'on attache des vers.
Le foie étoit petit et composé de deux
lobes jaunâtres. La vésicule du fiel et la
rate n'étoient que petits ; mais le canal
intestinal étoit fort long ; il avoit di-
verses courbures, et une partie s'éten-
doit en serpentant. Je n'ai pu apper-
cevoir ni œufs ni laites.
Ce poisson se nomme :
Meerpapillon et Schmetterlingsfisch , en
Allemagne.
Butterfly- fish , en Angleterre.
Papillon de mer, Lièvre marin et Perce-
pierre à mouche ^ en France.
Messoro , en Italie.
20 HISTOIRE NATURELLE
LA GATTORUGINE,
BLEN N I us GATTORUQINE.
Les deux filamens que l'on apperçoit
entre les yeux , et autant à la nuque,
forment les caractères dislinctifs de ce
poisson. On trouve cinq rayons à la
membrane des ouies , quatorze à la na-
geoire de la poitrine , deux à celle du
ventre, vingt -un à celle de l'anus,
douze à celle de la queue ; et trente vui
à celle du dos.
La tête est comprimée et émousséc.
Les yeux qui sont saillans , ont une
membrane clignotante et une prunel'e
noire dans un iris rougeâtre. Les na-
rines se trouvent tout près des yeux.
Les mâchoires sont d'égale longueur,
et armées d'une rangée de dents blan-
ches, minces, pointues, folagineuses et
flexibles. Elles sont tout près les unes
des autres; et comme elles ont la même
hauteur, elles ressemblent à un peign©
DE LA GATTORUGINE. 21
fin.L'oiiverturedelaboucheestgrande
en comparaison do la tête qui est pe-
tite. La langue est courte et le palais
uni. L'opercule des ouies consiste en
une plaque. L'ouverture des ouies pa-
roît large; mais elle est étroite, parca
que, par en haut , elle est recouverte
par une membrane. Les filaraens sont
larges , ramifiés , et ceux de la nuque
sur- tout comme le bois d'un cerf. Le
nombre des filamens n'est pas non plus
égal dans toutes les contrées ; car le
poisson que Forskaol a décrit en avoit
trois entre les yeux, et avant ceux de
la nuque , deux autres qui se divisoient
en deux pointes. Le tronc qui est com-
primé, est orné de raies brunes et
vertes. La ligne latérale est droite, et
se trouve non loin du dos. Le ventre
est court , et a une couleur argentine.
L'anus est au milieu du corps. Toutes
les nageoires sont d'une couleur jau-
nâtre , et ont des rayons simples. La
nageoire dorsale a une tache noire ,
Poissons. II. 3
22 HISTOIRE Î^ATURELLE
mais cette tache ne se trouve pas chez
torts. Parmi ces rayons, les seize pre-
miers à-peii-près sont piquans , et les
autres mous. Ces derniers sont les plus
longs, et vont jusqu'à la nageoire de la
queue. Les couleurs de ce poisson sont
aussi sujettes à varier , comme le re-
marque Willughbyj car on en trouve
dont les taches sont olivâtres avec une
bordure bleue.
Ce poisson est un habitant de la
mer Méditerranée et Atlantique. Wil-
îughby l'a vu à Venise , et Briinniche
à Marseille. Gronov l'a reçu du Cap de
Bonne-Espérance. Il parvient à la lon-
gueur de six à huit pouces, a la chair
mangeable , et vit de petits crabes et
de fretins.
La cavité du ventre est courte j le
foie est composé de deux lobes longs
tl étroits : la vésicule du fiel et l'esto-
mac sont petits -, mais le canal des in-
testins est trois fois aussi long que le
poisson entier. Une partie va en ser-
DU PERCE - PIERRE , &C. n7y
penlant ; l'autre est droite, et forme
une courbure en haut et en bas. Der-
rière, on voit deux corps longs et
é troits , qui , j e crois , sont les ovaires j
car les ayant considérés au micros-
cope, j'ai observe qu'ils étoient com-
posés de petits corps ronds.
Ce poisson se nomme :
Gattorugine , en France.
Bavarello , à Marseille.
Gattoriig^ine , à Venise.
Seehirsch eiDickhals , en Allemagne.
Kamju-kassa , en Suède.
Koschar , en Arabie.
LE PERCE-PIERRE DE L'INDE ,
BLENNIUS SUPERCILIOSUS.
La ligne latérale courbe et le fila-
ment à l'œil , sont des caractères qui
distinguent ce poisson des autres du
même genre. Je compte six rayons à la
membrane des ouies , quatorze à la na-
geoire pectorale, deux à celle du ven-
si HISTOIRE IVATURELLE
tre , vingt- huit à celle de l'anus, douze
à celle de la queue, el quarante-quatre
à celle du dos.
Le corps est alongé , épais , et un peu
comprimé sur les côtés. La lête est pe-
tite , épaisse , sans écailles , un peu
large devant les j'-eux , et en pente vers
la lèvre supérieure. Les yeux qui sont
placés aux côtés, sont grands , ronds , et
garnis d'une membrane clignotante.
Ils ont une prunelle noire , plac e dans
nu iris argentin : au bord supérieur ,
on trouve le filament , qui est court et
terminé par deux branches. Les na-
rines sont doubles , et se remarquent
non loin des yeux ; l'ouverture de la
bouche est large; la langue courte, et
le palais uni •, les mâchoires sont d'égale
longueur. A la supérieure , je trouve
une rangée de grosses dents séparées
les unes des autres, et derrière cette
rangée, j)lusieurs rangées de petites
dents pointues. La mâchoire inférieure
n'est pas si bien armée ; l'opercule des
DIT PERCE - PIERRE , &C. 25
ouies consiste en une petite plaque , et
est entouré de la membrane des ouies ,
qui est à découvert : elle est soutenue
par six rayons recourbés. L'ouverture
des ouies est très -large-, le tronc est
couvert de petites écailles ; le dos est
tranchant -, l'anus large et plus près de
la bouche que de la queue. Les raj'^ons
de toutes les nageoires sont simples;
ceux de la nageoire pectorale sont
épais ; ceux de celle du dos piquans ,
excepté les cinq derniers. La première
nageoire dorsale est jointe à la seconde
par le moyen d'une membrane. Sur le
fond de la nageoire de la poitrine vers
le dos , on remarque une membrane
saillante qui forme un pli. Sur la cou-
leur principale qui est jaunâtre , on
voit de belles taches rouges , dont les
nageoires du dos et de l'anus sont aussi
ornées.
Nous trouvons ce poisson dans les
Indes. Seba est le premier qui en ait
fait mention. Il nous en a donné en
a6 HISTOIRE NATURELLE
même temps un dessin passable. En-
suite Gronov l'a décrit plus exacte-
ment, et en a donné une meilleure re-
présentation , si ce n'est qu'il a repré-
senté la naa[eoire dorsale en deux. Les
restes de nourriture que j'ai trouvés
dans son estomac , prouvent qu'il vit
de jeunes crabes : les petits que j'ai
remarqués dans la matrice , montrent
qu'il est du petit nombre des poissons à
écailles qui fassent des petits. Je n'ose
déterminer sa grosseur. Celui que je
possède est un peu plus gros que le des-
sin que j'en donne. Probablement que
sa chair est bonne à manger. On le
prend avec un hameçon, où l'on attache
un ver ou un petit morceau de crabe.
Le foie est extrêmement petit ; et
lorsque le poisson est placé de manière
que le ventre est en haut , et la queue
dirigée vers l'observateur , ce foie est
placé à gauche. La vésicule du tîel est
grosse en comparaison du foie; le ca-
nal intestinal est formé par une mem -
DU PERCE - PIER.RE , ^C QJ
braiie épaisse : il est large , el a deux
courbures. L'intestin cuiller est plus
large que le reste du canal. Derrière
ce canal , j'ai appercu deux sacs d'une
membrane mince et transparente , qui
se joignoient par en haut, et se termi-
noient par en bas par une ouverture
commune, placée près de Fanus. Lors-
que j'ouvris ces vessies , j'y trouvai une
grande quantité de poissons tendres ,
dontl'onpouvoitdéjà distinguer toutes
les parties , et sur- tout les yeux : la
plupart étoient de la grosseur repré-
sentée sur la pîancbe. Un de ces pois-
sons avoit un demi-pouce de long , et
on pouvoit reconiioître distinctement
l'iris argentin de l'oeil : les reins étoient
a
petits , et se terminoient dans une pe-
tite vessie qui passoit derrière l'anus.
Je li'ai pu remarquer la vésicule aé-
rienne.
Les Allemands nomment ce poisson ,
Augeiiv. imper.
Les Français ^ Pierce-pîen-e dp. Vlnd^'.
28 HISTOIRE NATURELLE
Le genre des perce-pierres se divise
en deux sous-genres , dont Fun porte
une espèce de crête, et l'autre en est
dépourvu. Parmi Jes espèces crêtces
que Blocli n'a point décrites , ou
compte :
La coquillade , hlejinius f^alerita , dont
la longueur n'excède pas cinq pouces,
et qui habite notre océan : la crête de
ce poisson est transversale , située sur
la tête et formée par la peau. II la re-
dresse ou l'incline à volonté.
Le pinaru , blennius crisfatus, est un
habitant de la mer Pacifique et des
Indes : on le distingue à une crête lon-
gitudinale , en forme de filamcns, et
située entre les yeux.
Le cornu , blennius cornulus , se
trouve dans les mêmes eaux que le pré-
cédent. Une seule nageoire sur le dos ,
et une appendice au-dessus des yeux ,
forment son caractère.
DU PERCE - PIERRE , &C. 29
Le nébuleux , hlennius tentacularis ,
est un des plus petits de cette famille j
il n'a que deux pouces de longueur :
on le pêche dans la Méditerranée. Son
corps est couvert de taches disposées
comme par nuages. Il a nn filament
simple sur les yeux, sur le dos une na-
geoire unique , entière et ornée d'une
espèce d'œil à la partie antérieure.
Le mole , hlennius phycis , habite la
Méditerranée comme le précédent ,
mais croît jusqu'à un pied , et même
un pied et demi de longueur: l'appen-
dice des narines ,ou la crête, est moins
apparente que dans les espèces ci-
dessus décrites. Il a un barbillon à la
mâchoire inférieure , et deux nageoires
sur le dos.
Sans crête.
Lelumpène , hlennius lampenus , se
plait sur le sable et l'argile du fond de
nos mers. 11 se cache près des rivages ,
parmi les algues , et y dépose ses œufs
3o HISTOIRE NATURELLE
vers le mois de messidor. On le recon-
noît à son corps arrondi, jaunâlre , et
à des taches brunes sur le dos. Il a
quelquefois douze pouces de longueur.
Le grenouiller , blennius raninus ,ha.-
bite les lacs de Suède. C'est un hôte
fâcheux, qui , n'étant bon à rien, fait
fuir les autres poissons des lieux qu'il
fréquente. Il porte six rayons aux na-
geoires du ventre , et un barbillon sous
la gueule.
D U B O s su. 01
XVII r GENRE.
LE BOSSU, KURTUS,
Caraclère générique. Le dos éleVé.
LE ^OS^\J , KURT us IN BI C us.
Tant que ce genre n'aura qu'une es-
pèce ,1e caraclère que nous avons mar-
qué lui conviendra. On compte deux
rayons à la membrane des ouies, treize
à la nageoire de la poitrine , six à celle
du ventre, trente-deux à celle de l'a-
nus , dix-huit à celle de la queue , et
dix-sept à celle du dos.
Le corps est large , court , mince et
couvert au lieu d'écaillés de petites
plaques argentines. Ces plaques sont
tellement arrangées l'une près de Tau-
^2 HISTOIRE NATURELLE
tre,qae le poisson paroît couvert d'une
feuille d'argent. Le dos et le ventre
sont termines en tranchant. La tête
est grande, comprimée et terminée par
devant en une pointe émoussée. L'ou-
verture de U bouclie est large. Les
deux mâchoires sont garnies d'un grand
nombre de rangées de petites dents.
La langue est courte et cartilagineuse ,
et le palais uni. La mâchoire inférieure
est plus longue que la supérieure , et a
une forme recourbée. Au lieu d'oper-
cule des ouies , ce poisson est pourvu
d'une membrane large qui avance jus-
qu'à la nageoire pectorale , sous laquelle
est cachée la membrane branchiale qui
a des rayons minces. L'ouverture des
ouies est très-large. Entre la bouche
et les 3'"eux,ie ne puis remarquer que
deux ouvertures rondes. Les yeux sont
grands , ont une prunelle noire , en-
tourée d'un iris bleu par en haut et
blanc par en bas. Le dos qui commenco
à s'élever au-dessus des yeux , a une
D U B o s s u. 33
couleur d'or , sur laquelle sont des
points orangés. De vaut la uageoirc dor-
sale, on remarque quatre taches noires.
Les côtés et le vetitre sont dorés. La
ligue latérale ne commence pas à la
nuque, comme chez les autres pois-
sons , mais au-delà de la nageoire pec-
torale , et s'étend en direction droite
jusque vers le milieu de la nageoire de
la queue. Le ventre est court et l'anus
se trouve non loin de la tête. Les na-
geoires delà poitrine et du ventre sont
d'un jaune d'or avec le bord rougeàlre.
Celles du dos , de l'anus et de la queue
ont le fond bleuâtre et une bordure
jaune. Tous les rayons sont fourchus ,
excepté le premier de la nageoire du
dos , ainsi que le premier de celle du
ventre , et les deux premiers de la na-
geoire de l'anus qui sont simples et
piquans. Tous les autres rayons sont
mous.
Ce poisson habite les eaux des Indes
orientales. Sa nourriture consiste en
Poisjous, II. 4
34 HISTOIRE NATURELLE , &c.
coquillages et en petits crabes. J'en ài
trouvé dans son estomac. Ses raâ^
choiras , qui ressemblent à une râpe ,
peuvent broyer leurs écailles. Je ne
saurols déterminer proprement sa lon-
gueur. Celui d'après lequel mon dessin
est fait , a dix pouces de long , y com-
pris la nageoire de la queue , et un peu
plus de quatre pouces de large.
La forme singulière du dos de ce
poisson , lui a fait donner à juste titre
le nom de Bossu.
Hochv'ùken y chez les Allemands,
Bossu j chez les Français.
TY
j\ii/ . 3.; ,
■Jbm . //,
f)ekfet>e lui. >.loia-JtTn t i\'n/p .
X . lii: m BAN . a . I.F. IIP^TORF. 3.1.1-: SIC KT
TROISIEME CLASSE.
LES PECTORAUX ou THORACHIQUES.
LiES poissons dont les nageoires ven-
trales sont placées sous les pectorales,
ont reçu de Linné le nom de thoraclii-
ques. Cette classe seule contient plus
de la moitié des poissons connus.
X I X'' GENRE.
LA FLAMME ou CÊPOLE ,
CEPOLji,
Caractère gêner. Bouche dirigée vers Je
haut; corps en lame d'épée.
LE RUBAN; CEPOLA taenia.
ONreconnoît ce poisson à sa tête tron-
quée. On compte six rayons à la mem-
36 HISTOIRE NATURELLE
brane des oiiies , quinze à la nageoire
de la poitrine, six à celle du ventre,
soixante à celle de l'anus , dix à celle
de la queue , et soixante-six à celle du
dos.
La tête est un peu large par en haut.
L'ouverture de la bouche est grande et
en direction oblique du haut en bas.
La mâchoire inférieure est plus longue
que la supérieure. Cette dernière est
garnie d'une rangée de dents pointues ,
et la dernière d'une double rangée do
dents de la même espèce , séparées les
unes des autres. La langue est mince ,
large et rude. Les yeux sont grands ,
placés au sommet , et ont une prunelle
noire dans un iris argentin mêlé de
bleu. x\u bord intérieur de chaque œil,
on remarque une ouverture ronde.
L'ouverture desouies est large. L'oper-
cule des ouies consiste en une seule
petite plaque. Avant cette ouverture,
on apperçoit de cbaque côté cinq pores,
et plusieurs autres près de l'oeil. Ce
D U R U B A N. 5/
sontprobablement autant d'ouvertures
des conduits visqueux. Le tronc est ter-
miné en tranchant à sa partie supé-
rieure et inférieure. Les côtés sont
fort comprimés , et se rétrécissent en
approchant de la queue. Ce poisson n^a
point d'écaillés , et est si mince que les
vertèbres se voient. Le ventre est si
court qu'il a à peine la longueur de la
tête. La liijne latérale a une direction
droite. La tête est d'une couleur argen-
tine , rompue par une couleur rouge.
Le dos est gris •, les côtés et le ventre
sont argentins. Sur le premier , on
apperçoit plusieurs taches rouges et
rondes. Toutes les nageoires sont rou-
ges ; celles du dos et de l'anus ont des
rayons fourchus *, mais les autres les
ont ramifiés. Les nageoires de la poi-
trine et du ventre sont extrêmement
petites.
Ce poisson , qui habite la Méditerra-
née , n'est pas fort estimé , parce qu'il
a peu de chair. On s'en sert en guise
38 HISTOIRE NATURELLE
d'appât pour les lignes. Il est vorace et
vit particulièrement de coquillages et
de petits crabes. Rondelet assure qu'on
en trouve de deux à trois coudées de
long. Use tient ordinairement dans les
endroits marécageux , sur les bords.
On le prend à la ligne appâtée avec un
ver ou une coquille de crabe.
La cavité du ventre est courte , et
revêtue d'une peau blanche et bril-
lante. L'estomac est petit ; le canal
des intestins qui commence à sa partie
supérieure, a deux courbures. Le foie
est étroit et mince. Je ne pus apperec-
voir la vésicule du fiel ni la rate , parce
qu'elles étoient trop tendres. Je n'y ai
Ircuvé ni vésicule aérienne , ni laites .
ni œufs. J'ai compté soixante et qua^^
torze vertèbres à Fépiue du dos.
Ce poisson se nomme :
Bandjiscli , en Allemagne.
Ruban et Tœnia marin , en France.
Cavagiro et Freggia , à Gênes.
I) U s U C E T. %
X X^ GENRE.
LE SUCET, ECHENEIS,
Caractère générique. JJ ne espèce de bou-
clier sur la tête.
LE SUCET, ECHENEIS NEUCRATES.
Ce poisson se distingue du suivant par
îa rondeur de sa queue. On trouve neu f
rayons à la membrane des ouies , vingt
à la nageoire de la poitrine , quatre à
celle du ventre , trenle-cinq à celle de
l'anus , dix-huit à celle de la queue , et
quarante à celle du dos.
Le corps est alongé , la tête de
moyenne grosseur , et l'ouverture de
îabouche large. Laraâclioire inférieure
est terminée en pointe, et avance beau-
coup au-delà de la supérieure : l'une et
4o HISTOIRE NATURELLE
l'autre sont garnies de dents comme
une râpe. La langue est mince, étroite,
dégagée et rude. Le palais est garni
d'un grand nombre de petites dents.
Non loin de la lèvre supérieure , près
du bouclier , on apperçoit quatre pe-
tites ouvertures. Les yeux sont petits
et ont une prunelle noire dans un iris
jaune. Les joues sont charnues et ar-
gentines. L'opercule desouies consiste
en une seule petite plaque. La mem-
brane branchiale et l'ouverture des
ouies sont grandes. La première est à
découvert et a des rayons forts. Le
bouclier a vingt-deux à vingt-quatre
lignes élevées et autant d'enfoncemens.
La peau est sans écailles et pleine de
petites ouvertures. Le dos et la queue
sont verdsjles côtés blancs au-dessous
de laligne, et l'anus se trou vepresqu'aa
milieu du corps. La ligne latérale est
blanche et a une direction droite.
Toutes les nageoires , excepté celle de
la queue , ont un foud jaune et une
D U s U C E T. 44
bordure violette. Les nageoires de la
poitrine et du ventre sont courtes ;
celles du dos et de l'anus très-éloignées
de celle de la queue.
Le sucet habite également les pays
froids , les pays chauds et les climats
tempérés.
Olaffeu l'a vu en Islande -jRuysch près
desîlesMoluques;Hasselquist à Alexan-
drie ; Foskaol en Arabie 5 Marcgraf
et le prince Maurice au Brésil -, le père
Plumier aux Antilles j et Brown à la
Jamaïque. Marcgraf dit à la vérité
que notre poisson n'a que dix- huit
pouces de long ; Hasselquist , au con-
traire , lui donne deux à trois pieds ;
mais le prince Maurice remarque qu'il
parvient à la longueur de sept pieds.
D'après les restes que j'ai trouvés
dans son estomac, j'ai conclu qu'il vit
de crabes et de coquillages. Sa chair
est maigre et coriace ; et il n'y a que
les pauvres gens qui en fassent usage.
On le prend ordinairement avec les
42 HISTOIRE NATURELLE
requins , auxquels on le trouve at-
taclié.
Ce poisson se nomme :
Schiffshalter , en Allemagne.
Zuygervisch et Lootsmannitje, en Hol-
lande.
Sucet et Arrête-neuf f en France.
Sucking-Fish , en Angleterre.
Piexe-Pc^aclor et Piexe- Piolibo , en
Portugal.
Styris-Fiskur , en Islande.
Charnel , à Alexandrie.
Keide , Kami ^ Kersch et Keda , en
Arabie.
Jperaqniha et Piraqniha , au Brésil.
Suking-Fish , parmi les Anglais qui
habitent la Jamaïque.
Coupangwiscji , chez les Hollandais qui
habitent les iles Moluques.
Linné et Gronov citent à la vérilé
le remore de Catesby pour notre pois-
son j mais comme cet auteur dit ex-
pressément que la nageoire de la queue
csL fourchue , et que le bouclier a seize
D U s U C E T. 43
lignes ; ce n'est pas ce i^oisson , mais
le suivant.
Le dessin de Marcgraf seroit sup-
portable si la nageoire du ventre n'é-
toit représentée trop loin sur le der-
rière du corps. Celui que nous devons
à Aldrovand ne vaut pas mieux ; mais
celui que AVillugliby nous a donné est
lin peu meilleur ; cependant il a tort
de lui représenter la nageoire de la
queue fourchue ; car on voit par les
A ingt-quatre lignes du bouclier que ce
n'est pas le sucet, mais le remore.
Jonston et Ruysch rappportent notre
poisson comme deux espèces diffé-
rentes. Mais comme ils le représen-
tent deux fois avec la nageoire de la
queue ronde , on ne peut prendre ces
deux dessins que pour notre poisson ;
Ou bien il faudroit que l'une des re-
présentations fût fausse.
Linné donne vingt- quatre lignes au
boiiclier . et les regarde comme un ca-
44 HISTOIRE NATURELLE
ractère; mais leur nombre n'est pas
toujours égal.
liE REMORE , ECHENEis rémora.
On reconnoît ce poisson à la na-
geoire (le la queue qui est en forme
de croissant. On compte neuf rayons
à la membrane des ouies , vin^^t-deux
à la nageoire de la poitrine, quatre à
celle du ventre , vingt à celle de l'anus
et de la queue , et vingt-un à celle
du dos.
Le corps est alongé, couvert d'une
matière visqueuse , et garni d'un
grand nombre d'enfoncemcns légers.
La tête est de moyenne grosseur et
large par en haut. Le bouclier, qui
aune bordure cartilagineuse, recouvre
la tête par enliaut ; il s'étend en partie
au-delcà du dos , et consiste en seize à
dix-neuf enfoncemens, et autant de
lignes élevées , divisées en deux ran-
gées. L'ouverture de la bouche est
DUREMORE. 45
large. La mâchoire inférieure est plus
avancée que la supérieure, et le grand
nombre de petitesdents dont elles sont
garnies, les fait ressembler assez à une
râpe. La IcTngue est large , mince et
dégagée ; elle est pourvue de petites
dents , ainsi que le palais. Près de la
lèvre supérieure , on voit quatre ou-
vertures, dont les antérieures sont cy-
lindriques , et les postérieures ovales.
Les yeux sont petits , et ont une pru-
nelle noire dans un iris argentin. L'o-
percule des ouies consiste en une
petite plaque ; l'ouverture des ouies
est très-large , et la membrane bran-
chiale est dégagée au côté inférieur.
Le dos est rond , et a une couleur
noire qui tire insensiblement sur le
blanc en approchant vers le ventre.
La ligne latérale qui esl à peine visible ,
commence à la nuque, forme une cour-
bure vers la fin de la nageoire pecto-
rale , et s'étend ensuite dans une di-
rection droite jusqu'au milieu de la
Poissons. II. 5
45 HISÏOIBE NATURELLE
nageoire de la queue. L'anus est plus
près de la nageoire de la queue que de
la tête. Les nageoires de la poitrine
et du ventre sont courtes. Les pre-
mières , ainsi que celle de l'anus et de
la queue , sont grises avec une bordure
brune. Tous les rayons sont mous, à
plusieurs branches , et enveloppes
d'une membrane épaisse.
Ce poisson habite également la Mé-
diterranée et rOcéan, Osbeck l'a va
aux îles Canaries -, Renard près des
îles Moluques-, Catesby dans la Caro-
line , et Sloan dans ia Jamaïque.
Comme il a la chair maigre et qu'on
ne le prend que rarement en pleine
mer , on ne le mange point ; mais on
le conserve pour des cabinets d'his-
toire naturelle. Il suit les vaisseaux
et on le prend aisément à des hame-
çons appâtés avec des morceaux de
chair. 11 s'attache aussi aux navires ,
et sur-tout aux requins, auxquels oîi
en trouve ordinairement plusieurs à
DU R E I»I O RE. 47
la fois. Calesby raconte qu'il en ca
trouv^é cinq au corps d'un requin , et
qu'ils y tenoient si fortement, qu'on
eut bien de la peine à les en arracher.
Une chose remarquable , c'est que ces
petits poissons peuvent nager libre-
ment et sans inquiétude autour de la
gueule du requin , sans qu'il fasse la
moindre mine de vouloir les avaler.
On ne le prend que rarement de plus
d'un pied ou d'un pied et demi de
long.
L'estomac est très- long et a de grands
plis. Le foie qui est attaché au dia-
phragme , consiste en deux lobes , et
a cela de particulier qu'il n'est pas
placé en dessus des entrailles , mais en
dessous.
Ce poisson se nomme :
Kemore et Sucet , en France.
Ansauger et Schiffshalter y en Alle-
magne.
Stillsugare , en Suède.
Styris-Fiskur , en Norwège.
4 8 HISTOIRE NATURELLE
Zalgf.r, en Hollande.
Koeto , Koutouneuw et Laoet , aux
Indes.
Zee-Luys , Coupangvisch , Schiffkem-
mer , Kemmfisch et Zuygeffisch ,
parmi les Hollandais qui habitent
ces contrées.
Linné donne dix-huit lignes au
houclier, et les regarde comme un
caractère. Mais comme dans la dixième
édition de son système il ne lui en
donne que dix-sept , et Sloan seule-
ment seize , on ne peut les regarder
comme un caractère distinctif. Aux
trois exemplaires que je possède , je
trouve dix-huit ligues à deux , et dix-
neuf à l'autre.
Gronov donne de petites écaillesà
notre poisson -, mais ie n'ai pu les ap-
percevoir , même à la loupe.
Quoique Bellon et lesichthyologistes
suivans aient décrit notre poisson,
Olearius est pourtant le premier qui
nous en ait donné un dessin j mais qui
D U R E M O R E. ^9
n'est pas fidèle, parce qu'il a placé les
nageoires du venlre sous la gorge. Ceux
que nous ont donnés dans la suile
Valentj'^n , E-uysch , Renard, Nicu-
lioff, AVilIughby et du Tertre sont
aussi mauvais.
Comme je remarque que ces deux
poissons sont souvent confondus par
les auteurs, et souventregardés comme
une seule espèce , il ne sera pas inutile
de remarquer ici ce qui les dislingue.
1*. Le remore est beaucoup plus
court et plus épais que le sucet.
2°. Le dernier a vin^t-deux à vingt-
quatre lignes au bouclier , et le pre-
mier seulement dix-sept à dix-neuf.
3". Le rémora a la nageoire de la
queue en forme de croissant ; au lieu
que le sucet l'a ronde.
4°. Chez celui-ci la partie de l'anus
jusqu'à la nageoire de la queue , est
beaucoup plus étroite que chez l'autre.
5°. Le remore n'a que vingt un
rayons a la nageoire du dos , et vingt
ÔO HISTOIRE NATURELLE
à celle de l'anus; le sucetau contraire ,
en a quarante à la première , et trente-
cinq à la seconde.
6°. Chez le dernier , la ligne laté-
rale est droite ; chez le premier au
contraire , elle forme une courbure à
la nageoire pectorale.
7°. Lesucet aies nageoires de l'anus
et du dos beaucoup plus éloignées de
celle de la queue que le remore.
y
A
J'aiye, àj .
roni . II.
i. 1.1: IIA SOIR a cinq ladies. 2.IJR PAOIN de mer
3.1.AnOUAl)E d*Auiéri(|nc .
DU RASOIR, &C. 5l
X X I^ GENRE.
CORYPHENE ou DORADE ,
COR YP H^N A.
Caract. génér. La tête très- tronquée.
LE RASOIR A CINQ TACHES ,
CORYPH.ENA PENTADACTYLA.
\j A nageoire cle la queue qui est droite,
et les vingt-un rayons de la nageoire
dorsale , sont des signes certains qui
servent à distinguer ce poisson des
autres du même genre. On compte
quatre rayons à la membrane des
ouies, treize à la nageoire pectorale ,
six à celle du ventre , quinze à celle
de l'anus , et douze à celle de la queue.
52 HISTOIRE NATURELLE
Le corps est mince; le dos et le
ventre sont terminés en un trancLant
émoussé. La tête est grosse ; les yeux
qui sont près du sommet , ont une
prunelle d'un bleu foncé dans un iris
jaune. Devant les yeux, on trouve
quatre petites ouvertures. Par en
îiaut, la lête est brune • sur le devant,
on voit à son rebord qui est fort, une
raie d'un bleu foncé, qui s'étend jus-
qu'à la lèvre supérieure. L'ouverture
delà bouche est de moyenne grandeur.
Chaque mâchoire est garnie d'une
rangée de dents pointues et de deux
grosses dents canines. Les lèvres sont
minces , et les joues garnies de petites
écailles. L'opercule des ouies consiste
en deux grandes plaques ; l'ouverture
des ouies est très-lariïe , et la mem-
brane branchiale est couverte en
grande partie par l'opercule des ouies.
Le tronc est couvert de grandes écailles
fortes. An dos , non loin de la tête ,
de mèiiiQ qu'au ventre , on remarque
AI
DU R A S o m , &c. .^>
cinq t?iclies. La première est ronde ,
la seconde ovale : l'une et l'autre ont
un fond noir entouré d'une ligne
jaune Les trois autres sont alongées
et de couleur bleue. Le dos est brun y
les côtés sont blancs, le ventre est
court , et l'anus plus près delà bouche
que de la nageoire de la queue. La
ligne latérale s'étend près du dos, et
est interrompue non loin de la queue.
A la nageoire dorsale , qui commence
immédiatement derrière les yeux , les
neuf premiers rayons sont durs , et
les autres mous. Elle est bleuâtre
et bordée d'un jaune orangé. Les na-
geoires de la queue , de la poitrine et
du ventile sont orangées , avec une
bordure violette , et ont des rayons
ramifiés. A la première , on remarque
deux taches blanches La nageoire de
l'anus est bleuâtre , et a des rayons
simples.
Ce^poisson habite également les fleu-
ves de la Chine et des iles Moluques.
54 HISTOIRE NATURELLE
Je dois celui dont je donne le dessin à
]a lx)nté de M. Frédéric Miiller , con-
seiller de conférence à Coppenhague.
Il m'écrit l'avoir acheté d'un capitaine
de vaisseau qui l'avoit apporté de la
Chine. M. Ancarkrona en décrit un de
ce pays, et Renard l'a rangé parmi les
poissons des îles Moluques. Selon ce
dernier, il paroît en grandes troupes.
On le prend en si grande quantité ,
qu'on ne sauroit le consumer frais :
Toilà pourquoi on en sèche et sale la
plus grande partie. On l'envoie ensuite
dans divers pays. Ce poisson fournit à
ces peuples une branche de commerce
prcsqu'aussi considérable que celle de
la morue aux Européens. Je ne saurois
déterminer sa longueur. Celui que Va-
lentin décrit avoit un pied de long. Il
a , selon cet auteur , la chair blanche ^
ferme et de bon goût.
Ce poisson se nomme :
Banda , Ican Banda et Ican Potou
Banda , aux Indes.
D E L A D O R A D E, 55
RivierDolfyn , Bandasche Kabbelaaw,
chez les Hollandais.
Sechsauge et Fûnffingerfisch , en Alle-
magne.
Rasoir à. cinq taches, en Fiance.
Linné se trompe quand il cite , rela-
livement à notre poisson, le rasoir à
cinq tacliesde Willughby et de Ray.
Il suffit de comparer le dessin de Wil-
lughby avec celui d'Ancarkrona , ou
avec le nôtre , pour se convaincre que
ce rasoir à cinq taches est une espèce
de maquereau.
I.A DORADE,
•CORYPHJENJ HIPP V RVS.
Ce poisson se distingue des autres du
même genre par les vingt-cinq rayons
de la nageoire de l'anus. On compte sept
a ayons à la membrane des ouies , seize
à la nageoire de la poitrine , six à celle
du ventre, dix-huit à ceîlede la queue,
et quarante-huit à celle du dos.
56 HISTOIRE NATURELLE
Le corps est alongé et couvert d'é-=
cailles tendres. La tête qui est courte
et comprimée , est bleue par en haut ,
verte aux côtés et argentine par en bas.
Les yeux sont placés près.de la bouche ;
ils ont une prunelle noire entourée
d'un iris orangé et d'une ligne blanche.
Avant les yeux, on remarque quatre
petites ouvertures. Les lèvres sont for-
tes ; l'ouverture de la bouche est large;
les mâchoires sont d'égale longueur,
et armées de quatre rangées de petites
dents recourbées en arrière. L'oper-
cule des ouies consiste en une seule
plaque j l'ouverture des ouies est large ,
et la membrane branchiale est couverte
par l'opercule des ouies. Le tronc est
comprimé des deux côtés. Le dos qui
est arrondi, est d'un verd de mer par-
semé de taches orangées au-dessus de
la ligne latérale, et argentin en des-
sous. La ligne latérale qui est jaune ,
forme une courbure A'^ers la nageoire
pectoi'ale ; puis elle s'étend en direction
DE LA DORADE. 5/
droite jusque vers la nageoire de la
queue. La nageoire dorsale qui est fort
longue , a des rayons jaunes, et la mem-
brane qui les unit est bleue. Les na-
geoires du ventre et de la poitrine sont
d'un brun elair dans le fond, et le reste
est jaune. La nageoire de l'anus est
étroite et jaune ; celle de la queue est
fort écliancrée et bordée de verd.
Ce superbe poisson brille dans l'eau
comme de l'or; et par cette raison , les
pêcheurs lui ont donné le nom. de do-
rade. Il meurt dès qu'on le tire de son
élément, et perd en même temps la,
lueur de ses belles couleurs. La dorade
habite aussi bien les climats chauds que
les tempérés. On la trouve au Brésil ,
dans la mer Méditerranée et dans les
contrées des Moluques. Sa chair est de
bon goût. Elle parvient à la longueur
de quatre à cinq pieds. Elle est trcs-
vorace, et poursuit principalement le
hareng volant. Comme elle nage très-
rapidement , ce dernier tâche à lui
Poissons. II. 6
58 HISTOIRE NATURELLE
échapper en prenant l'essor, mais c'est
en vain ; car il ne peut se tenir en l'air
que tant que ses ailes sont encore mouil-
lées ; et la dorade qui l'attend avec la
gueule ouverte , s'en empare dès qu'il
retombe dans l'eau. Les dorades sui-
vent ordinairementles vaisseaux .pour
dévorer ce que les matelots jettent dans
la mer. En général, elles avalent tout
ce qu'elles rencontrent. Le père Plu-
mier , en disséquant un de ces pois-
sons , a trouvé dans l'estomac quatre
clous, dont le plus long avoit cinq pou-
ces. Il les a représentés tous les quatre
dans son manuscrit. Le dessin que je
donne est fait d'après celui de ce père.
Aristote remarque qu'il n'y a aucun
poisson qui croisse si vite que le nôtre.
Selon cet observateur , ce poisson se
tient pendant l'hiver dans les profon-
deurs. En automne, qui est le temps du
frai, il s'approche des endroits rocail-
leux , pour déposer ses œufs , et on le
pêche alors en grande quantité. Passé
DELA DORADE. 59
ce temps, il nage en pleine mer, et on
ne le prend alors que rarement. Dans
le premier cas , on se sert pour cet eflet
de filets -, dans le second , de la ligne de
fond, àlaquelle il mord facilement lors-
qu'elle est appâtée avec un hareng vo-
lant. Faute de ce poisson, on en fait un
artificiel , dont le tronc est de bois, et
les ailes de plumes blanches. La dorade
saute quelquefois perpendiculairement
en l'air de la hauteur d'une brasse.
Le coeur est enfermé dans le péri-
carde, et l'estomac est mince et Ions:.
Dans le dessin du squelette de ce pois-
son que je trouve dans le manuscrit
du père Plumier , je compte vingt ver-
tèbres à l'épine du dos, et sept côtes à
chaque côté.
Ce poisson se nomme :
Gejleckter Stutzkopf , Gold-Fisch et
Dolphin f en Allemagne.
Dorade d^ Amérique , en France»
Doljin , en Angleterre.
Delphin, en Hollande,
So HISTOIRE NATURELLE
Lampugo , en Espagne.
Vorado , en Portugal.
Guaracapema , au Brésil.
Vorado Focari , aux Indes.
Groene Koningsi^isch , chez les Hollan-
dais qui habitent ces contrées.
Quand Artédi demande si l'on peut
entendre pour notre poisson le guara^
capema de Marcgraf, Je puis lui répon-
dre affirmativement; car le père Plu-
mier le cite relativement à son poisson.
Duhamel est dans l'erreur en croyant
que la Goldforelle et la Goldkarpfe des
Allemands, sont les mêmes poissons
que le nôtre. La première est la truite
nommée Salmo fario , et la dernière est
la dorade de la Chine.
LE PAON DE MER.
C ORY PH^'S A PLI 31 1ER 1.
Ce poisson se distingue des autres
du même genre par les cinquante -cinq
rayons de la nageoire de l'anus. On
DU PAON DE MER. 6l
compte quatre rayons à la membrane
des onies, onze à la nageoire de la poi-
trine , six à celle du ventre , seize à
celle de la queue, et soixante-dix-sept
à celle du dos.
Le corps est alongé ; la tête oblon-
gue , large par en haut , sans écailles ,
et d'une couleur brune. Au-dessus des
yeux, elle est jaune, et aux côtés ar-
i;entine. L'ouverture de la bouche est
large; les mâchoires sont d'égale lon-
gueur, et armées de dents fortes et poin-
tues. La lèvre supérieure est grosse ;
les yeux ont une prunelle noire en-
tourée d'un iris rouge et d'une ligne
blanche. Devant les yeux , on remarque
quatre petites ouvertures, et au côté,
on trouve des rayons bleus. L'opercule
des ouies se termine en un angle obtus,
et consiste en une seule plaque. L'ou-
verture des ouies est large, et la mem-
brane branchiale qui se trouve à côté,
est à découvert e t soutenue par de forts
osselets courbes. Le tronc est couvert
63 HISTOIRE NATURELLE
de petites écaillts ; le dos est rond ^
brun , et oiné de belles taches bleue»
qui vont en serpentant. Le ventre est
court et argentin, et les côtés sont d'un
jaune d'or. L'anus est plus près de la
lêle que de la queue. Les nageoires de
la poitrine et du ventre ont le fond
jaune avec une bordure grise. Les na-
geoires du dos et de l'anus sont longues ;
la première est violette , et la dernière
paille : la nageoire de la queue est jaune
aux côtés, rouge au milieu, et bordée
d'un bleu foncé.
Ce joli poisson habite les fleuves des
Antilles. Il parvient vraisemblable-
ment à une grosseur assez considéra-
ble ; car le dessin que je trouve dans le
manuscrit de Plumier a au moins dix-
sept pouces de long. Les belles couleurs
bigarrées dont ce poisson. est orné, lui
ont fait donner par les Allemands le
nom de MeerpjaUy et Faon de mer par
les Français.
DU RASOIR BLEU. 63
LE RASOIR BLEU,
CORYPH^NA CŒRVLEA.
La couleur bleue de ce poisson est
un caraclère suffisant pour le distin-
guer des autres du nieme genre. On
trouve très-peu de poissons qui niaient
qu'une seule couleur comme le nôtre :
c'est l'unique que je connoisse qui soit
généralement bleu. On compte quatre
rayons à la membrane des ouies , qua-
torze à la nageoire de la poitrine , cinq
à celle du ventre , onze à celle de l'anus ,
dix-neuf à celle de la queue , et a.utant
à celle du dos.
La couleur foncée du dos s'éclaircit
vers le ventre. La tête est grosse, et
sa partie supérieure, ainsi que les joues
et l'opercule des ouies, sont pourvus
d'écaillés. L'ouverture de la bouche est
gi'ande ; chaque mâchoire est armée
d'une rangée de dents fortes et poin-
tues. Les yeux sont g.rands et ronds ;
64 HISTOIRE NATURELLE
ils ont une prunelle noire entourée d'un
iris rouge et d'une ligne blanche. De-
vant les yeux, on remarque quatre pe-
tites ouvertures , dont les antérieures
sont rondes et les postérieures ovales.
L'opercule des ouies consiste en une
seule plaque j l'ouverture des ouies est
fort large, et la membrane branchiale
est à demi recouverte par l'opercule
des ouies. Le tronc est comprimé des
deux côtés , et couvert de grandes
écailles. Le dos est rond, et le ventre
tranchant. L'anus se trouve au milieu
du corps : la ligne latérale est plus près
du dos que du ventre. Les rayons delà
nageoire de la poitrine, dû ventre et
de la queue, sont ramifiés ; ceux de celle
du dos et del'anvis simples. La nageoire
delà poitrine se termine en une pointe,
et celle de la qvieue a une grande échau-
crure.
Ce poisson habite les eaux d'Amé-
rique. Catesby l'a trouvé près de Ba-
hama et dans la mer Ti'opiqne ; et le
DU RASOIR EL EU> 03
père Plumier l'a vu dans les environs
des Antilles. Le dessin que je donne est
tiré du manuscrit de ce père. Ce der-
nier ne parle point de la grandeur à
laquelle ce poisson parvient; mais Ca-
tcsby assure qu'il devient encore une
fois aussi long que le dessin qu'il en
donne. Quoique ces deux auteursaient
été à même de donner l'histoire natu-
relle de notre poisson, ils ne font ce-
pendant pas mention de la qualité de
sa chair , du temps du frai , de la ma-
nière qu'on le prend , ni de quoi il se
nourrit. A sa gueule armée , on voit
qu'il est du nombre des poissons vo-
races.
Ce poisson se nomme :
Blaufisch et blauer Stutzhopfj en Alle-
magne.
Rasoir bleu , en France.
Bleu-Fish , en Angleterre.
Quoique le manuscrit du père Plu-
mier soit plus ancien que l'ouvrage de
Catesby, ce dernier mérite pourtant
66 HISTOIRE NATURELLE
riioiineur de la découverte de ce pois-
son , parce qu'il l'a décrit publique-
ment et qu'il en a donné un bon dessin :
cependant il se trompe, quand il croit
que notre poisson est le même que le
rasoir de Willughby. On n'a qu'à com-
parer le dessin de ce dernier avec celui
de Catesby ou avec le nôtre , et l'on
verra que ces deux poissons sont bien
du même genre , mais non de la même
espèce.
DU B E R G L A X. 6/
XXI r GENRE.
LE MACROURE,
ou POISSON A LONGUE QUEUE,
MACROURUS,
Caractère générique. Queue longue et
amincie.
LE B ERGL AX,
ou POISSON A LONGUE QUEUE,
Macro VRU S rv pest rjs.
On compte sept rayons à la membrane
des ouies , dix-neuf à la nageoire de la
poitrine, sept à celle du ventre , cent
quarante-huit à celle de l'anus, onze à
la première du dos, et cent vingt-
quatre à la seconde.
d8 histoire naturelle
La tête est grosse , large par en haut ,
et se termine en forme de nez. L'ou-
verture de la bouche est grande ; la
mâchoire supérieure est armée de cinq
rangées de petites dents pointues re-
courbées en arrière , et l'inférieure de
deux rangées de la même espèce. La
langue est blanche , cartilagineuse ,
épaisse , lisse et courte. Le palais est
nui. Devant les yeux on remarque
quatre ouvertures, dont les antérieures
sont rondes et les postérieures ovales.
Les yeux sont ronds et fort grands ;
ils ont une prunelle noire entourée
d'un iris argentin. L'opercule des ouies
consiste en une plaque qui est entou-
rée d'une membrane. L'ouverture des
ouies est large ; la membrane branchiale
est à découvert et soutenue par des os-
selets larges et recourbés en arrière.
Le tronc est couvertde grandes écailles
dures. Une chose remarquable , c'est
que toutes les écailles ont une ligne
élevée et dentelée qui se termine en
DU Tî E R G L A X. P^
une pointe recourbée en arrière : de
forte que lorsqu'on passe la main de la
queue à la tête, on se blesse les doigts.
L-es lignes qui se trouvent sur les
écailles de la tête, ont des pointes beau-
coup plus fortes que celles du tronc. Le
ventre est court et large. L'anus est
plus près de la tête que de la pointe de
la queue. La ligne latérale est moins
éloignée du dos que du ventre. Le dos
est bleuâtre , et le reste du tronc d'un
bleuargentin. Toutes les nageoires sont
jaunâtres et bordées de bleu. Le pre-
mier rayon de la première nageoire du
dos est fort , long , dur et dentelé par
devant. Les autres rayons ainsi que
ceux delà nageoire de la poitrine et du
ventre , sont ramifiés. La nageoire de
l'anus et la seconde du dos sont fort
longues ; elles se joignent au bout delà
queue , et ont des rayons simples et
mous.
Nous trouvons ce poisson dans les
profondeurs de différens ports du
Toissons. II. 7
70 HISTOIRE NATURELLE ^
Groenland, et sur-tout dans le port de
Tunnudliorbik. Il parvient à une gros-
seur assez considérable ; car celui d'a-
près lequel le dessin est fait , a trois
pieds de long et six pouces de large à la
plus grosse partie de son corps. Dans le
moisdcmaijM.OttoFabriciusatrouvé
danslebas-ventre des œufs encore très-
petits ; et il a conclu de -là avec raison ,
que ce poisson fraie en automne ou en
hiver. On le prend avec des lignes de
fond. Lorsqu'il se voit pris, il s'enfle si
fort de dépit , que ses grands yeux lui
sortent presque de îa tête,et jettent par-
là un aspect effroyable. Les Groenlan-
dais et les Islandais font un grand cas
de sa chair.
Je ne puis rendre compte des parties
internes de ce poisson, parce qu'il avoit
été vidé avant qu'on me l'envoyât. Je
le dois à la bonté de M. Chemniz , au-
mônier delà garnison allemande à Cop-
penhague. J'ai compté treize côtes à
chaque côté du ventre.
DU B E R (> L A X. 71
Ce poisson se nomme :
Berglachs , en Allemagne.
Jngmingoack , Fisklig en Erasme et
In^minniset , parmi les Groenlan-
dais.
Berg-lax , parmi les pêclieurs norwé-
giens.
Poisson à longue queue , cliez les Fran-
çais.
C'est à Gunner que nous devons lo
premier dessin de ce poisson ; mais peu
exact. Cet auteur se trompe quand il
croit que notre poisson doit être rangé ,
selonle système de Linné , dans la classe
des Abdominaux : car les nageoires ven-
trales sont placées sous celles de la poi-
trine.
72 HISTOIRE NATURELLE
XXI ir GENRE.
LÉGOBIE, ouBOULEREAU,
GOBI us.
Caractère générique. Les nageoires ven-
trales tournées en forme de cornet.
LE BOULEREAU ou BOUILLEROT ,
G O B I VS NIGER.
Ije boulereau noir se distingue aisé-
ment par ses taches jaunes et noirâtres
semées sur un fond bîancliâtre,et parles
seize rayons de la seconde nageoire du
dos. Il a quatre rayons à la membrane
des ouies , dix à la nageoire ventrale ,
'douze à celle de l'anus , quatorze à la
queue , et six à la première nageoire du
dos.
Piit/e 72
/? Tarif leii l 'ri/^ ■
i.LK POISSON alono-iic (jnouca.LH GOUJON
blcni . :\ et 4.1^*: liOUI.EUEAU .
il . Y
iiièaa.i^jL)SiJt<^t., MA uJA-
DU BOULEREAU. 73
Ce poisson est. cunéiforme ; car la
tête est grosse , et il diminue peu à peu
en allant vers la queue. La tête s^ap-
platit insensiblement, et le tronc dont
les côtés sont comprimés , devient rond
vers la queue. Les mâchoires sont d'é-
gale longueur et armées de deux ran-
gées de dents pointues. L'ouverture de
la bouche est de moyenne grandeur ,
et la langue est libre. Les narines sont
rondes et placées entre les yeux l'une
derrière l'autre. La nuque est large et
couverte comme le tronc de petites
écailles grises et dures Les yeux sont
en losange -, la prunelle est noire et en-
tourée d'un iris argentin. La mem-
brane des ouies est grande aussi bien
que leur ouverture. Le dos est voûté
en rond , marqué de bandes noires , et
la ligne latérale n'est pas visible. Le
ventre est large et jaune ; l'anus est au
milieu du corps , qui est parsemé de
petites taches noires et jaunes. Les na-
geoires sont d'un brun bleu et ornées
74 HISTOIRE NATURELLE
de petites taches. Les rayons de la na-
geoire du dos et de l'anus sont simples ;
les antres sont ramiUés : tous sont
mous , excepté ceux de la première
nageoire dorsale , qui sont un peu plus
durs. Les nageoires pectorales sont
courtes; les autres longues : la nageoire
de la queue est arrondie.
L'estomac est court , oblong et la
peau épaisse. Le canal intestinal a
deux sinuosités. Le foie est grand , d'un
jaune pâle et en forme de cœur. La
rate est épaisse , longue et pointue en
haut et en bas. La vésicule aérienne ,
qui est placée le long du dos , est large
vers l'estomac et étroite vers l'anus.
La laite et l'ovaire sont doubles et
placés des deux côtés de la vésicule
aérienne. Les reins sont longs et placés
sur le derrière vers l'épine du dos.
Ce poisson est du nombre des pois-
sons voraces. 11 vit de petits poissons
et d'insectes aquatiques. Il habite la
mer du Nord et d'autres mers. Au
D U B O U L F R F, A U. 7 >
pi intemps, il vient sur les côtes et vers
renibouchure des fleuves , oiï on le
trouve en quantité , occupé à la pro-
pagation de son espèce. Il fraie en mai
et en juin. Aristote a remarqué que les
boulereaux déposent leurs œufs sur les
pierres ; et cette observation est con-
firmée par celle de Pontoppidan. Ils
parviennent à la grosseur de cinq à six
pouces -, et quand ils sont encore petits y
ils deviennent souvent la proie du
dorse et de l'aigrefin. La chair est de
bon goût , et semblable à celle de la
petite perche. On le trouve dans les
golfes et près de Heiligeland , où on le
pêche dans le même temps que le
dorse.
Ce poisson est connu sous difFérens
noms. On le nomme :
Kûhling , Schwarzer Gob ou Meergob, à
Hambourg et dans le Holstein.
Kutting , Schmerbuttin^ , en Dane-
mark.
Govccken ,en Hollande.
76 HISTOIRE NATURELLE
Go et Gojet ,èL. Venise.
Zolero et Missorij à Rome.
Sea- Gudgeon , Roch-Fish et Pink , en
Angleterre.
Boulereaii ou G ujfVo/i de m^r,enFrance.
Pennant fait une faute en citant
Gronovau sujet clece poisson. Le bou-
lereau de cet auteur , à en juger par la
description exacte qu'il en donne , n'est
pas le nôtre, mais celui de la Chine.
Dans le nôtre , la tête est applatie du
haut en bas ; celle du poisson de Chonov
l'est des deux côtés.
Salvian s'est trompé en représen-
tant le dos avec trois nageoires ; Jonslon
et Ruysch Tout imité dans celle faute.
Klein a tort de rapporter à notre
poisson celui que Willughby a repré-
senté sur la douzième planche [fig;^. 4 ) ;
car ce poisson a la mâchoire infé-
rieure fort avancée sur la supérieure ;
et dans le nôtre , les deux mâclioiics
sont d'égale longueur. On ne voit point
non plus dans ce dessin les nageoires du
JiTY
T^a^e 77.
Ibirv.J/.
J)e^et>e i/el.
J.A 7.J^1\TCKTTE . a IK GOTTJON de Pl-mner.
3o\4.LK CJlAliGT doTInao.
DE LA LANCETTE. 77
veiilre telles qu'elles conviennent à
celte espèce.
LA LANCETTE,
G OBI us LJNCEOLATUS.
La nageoire de la queue large , poin-
tue et alongée par le bout , distingue
ce poisson des autres boulereaux. On
trouve cinq rayons à la membrane des
ouies , seize à la nageoire de la poitrine ,
onze à celle du ventre, seize a celle de
l'anus , vingt à la queue , six à la pre-
mière nageoire du dos , et dix huit à
la seconde .
Le corps est alongé et n'est guère
plus gros vers l'extrémité de la tête
que vers le bout de la queue. La tête
est oblongiie et tronquée par devant.
Les deux mâchoires sont d'égale lon-
gueur et armées de petites dents poin-
tties. L'ouverture de la bouche est de
moyenne grandeur, et la langue libre
78 ÏIISTOTRE NATURELLE
et pointue. JL' opercule des ouies con-
siste en deux petites lames, et l'ouver-
ture des ouies est large. Les yeux sont
placés au sommet de la tête , près l'un
de l'autre : ils ont une prunelle noire
entourée d'un iris doré. La nuque est
ronde aussi bien que le dos , et de cou-
leur brune. Les joues sont bleuâtres et
ont une bordure rouge; les côtés sont
comprimés et d'un jaune pâle. La ligne
latérale est au milieu du corps : à l'en-
droit où. les deux nageoires du dos se
rencontrent , on voit de chaque côté
une tache brune. Le ventre est gris et
l'anus beaucoup plus près de la tête que
de la nageoire de la queue : derrière on
voit le passage des œufs. Les écailles de
ce poisson sont rondes à leur bord exté-
rieur , et sont placées les unes sur les
autres comme des tuiles sur un toit.
On remarque que celles qui sont à l'ex-
trémité de la queue , sont beaucoup
plus grandes que celles de l'extrémité
de la tête.
DE LA LANCETTE. 79
Les nageoires de la poitrine sont
jaunes avec une bordure bleue ; leurs
rayons sont divisés vers les extrémités
comme ceux du v^entre et de la queue.
Mais les rayons des nageoires du dos et
de l'anus sont simples et tous sont mou.?.
Ceux qui sont à la première nageoire
du dos, ont de longs bouts qui avancent
beaucoup et qui sont mous. Les rayon s
des nageoires de l'anus et du dos sont
éloignés les uns des autres, et unis par
une peau tendre et transparente. Les
deux nageoires du ventre sont confon-
dues l'une dans l'autre , et forment une
forte cavité. Le fond de la nageoire de
la queue est d'un jaune verdâtre, et le
bord est violet.
On trouve ce poisson en quantité
dcins la plupart des rivières et des ruis-
seaux de la Martiniquç , oùle père Plu-
mier en a vu un grand nombre. Selon
lui , ils ont une chair d'un très -bon
goût. Celui que je conserve dans de l'es-
prit-de-vin , est de la grandeur de celui
^'O HISTOIRE NATURELLE
qui est représenté sur ia planche (î),
et plus long d'un pouce que le dessin du
père Plumier. Comme ce naturaliste
étoit accoutumé de prendre toujours
le plus grand individu pour ses dessins,
on ne pourroit guère en trouver de
plus long dans cette espèce.
Gronov est le premier qui ait décrit
ce poisson. Mais à en juger par la re-
présentation qu'il en donne, le poisson
qu'il avoit sous les yeux étoit petit et
endommagé. Il n'a pas connu non plus
sa couleur ni sa patrie ; ce qui a fait ap-
paremment que Linné n'a pas jugé à
propos de l'admettre dans son système,
LE GOBIE ou GOUJON DE PLUMIER,
GO B I U s PLVMIERI.
L'avancement de la mâchoire
supérieure est le caractère distinclifdç
ce poisson. On compte quatre rayons
à la membrane des ouies , douze à la
nageoire de la poitrine , six à celle du
(1) Edit. in fol.
D U G O B I E. Si
ventre, dix à ccilc de l'anus, quatorze
à celle de la queue , six à la première
du dos , et douze à la seconde.
Le corps est charnu et rond ; la tête
est grosse ; les lèvres sont fortes; l'ou-
verture de la bouche est large , et les
mâchoires sont armées de petites dents
pointues : les yeux ont une prunelle
noire et un iris argentin. Entre la
bouche et les yeux , on remarque quatre
petites ouvertures. Par en haut , la tête
est d'un brun-rouge , et jaune aux cô-
tés : l'opercule des ouies consiste en
une seule plaque ; l'ouverture des ouies
est large , et la membrane branchiale
est en partie à découvert ; le tronc est
couvert de petites écailles ; le dos est
rond, et d'un rouge-brun qui jaunit
vers le ventre. Celui-ci est blanc , et
l'anus se trouve au milieu du corps : la
ligne latérale a une direction droite.
Toutes les nageoires sont jaunes , et
celles de la poitrine et de la queue ont
des bordures noirâtres.
Poiâsous. IL S
82 HISTOIRE NATURELLE
Ce poisson habite , selon le père Plu-
mier , les fleuves des Antilles : il se
multiplie beaucoup ; sa chair est de
bon goût et facile à digérer. Voilà tout
ce que ce naturaliste nous apprend de
noire poisson : le dessin que je donne
est tiré de son manuscrit.
Plumier regarde notre poisson , à
cause de sa grosse tête , comme une es-
pèce de cephalas. Selon le système de
Linné, il appartient au genre des bou-
lereaux, parce qu'il a les nageoires ven-
trales en forme de cornet. Ce père lui
a donné le nom de sucet, parce qu'il a
cru vraisemblablement qu'il pou voit
s'attacher à d'autres corps par le moyen
de ses nageoires ventrales j mais cette
opinion est fausse.
LE GOBIE ou GOUJON BLEU,
G OBI US J OZO,
Ce goujon se distingue des autres
par la couleur bleue des nageoires, et
DU G O B I E. S-"?
par les rayons avances de la première
nageoire du dos. On tronve quatre
rayons à la membrane des onies , seize
à la nageoire de la poiliine, douze à
celle du ventre , quatorze à celle de l'a-
uus , seize à celle de la queue , six à la
première nageoire du dos , et quatorze
à la seconde.
La tête est comprimée des deux cà-
tés ; l'ouverture de la bouche e-ît de
moyenne grandeur j les mâchoires sont
égales et armées de petites dents poin-
tues; les yeux ont une prunelle noire
entourée d'un iris blanc ; le dos est
rond et d'une couleur brune; les cô-
tés sont blanchâtres ; les écailles de
moyenne grandeur ; la ligne latérale
tire sur le noir : elle a une direction
droite au milieu du corps.
Ce poisson habite la mer du Nord et
la Baltique. Comme il est aussi natu-
rel à la Méditerranée, il n'a pas été in-
connu d'Aristote. Il se tient d'ordi-
liaii e près des bancs de sable : voilà
84 HTSTOIE.E NATURELLE
pourquoi cet auteur le met dans la
classe des poissons de rivage. Le gou-
jon bleu vit d'alevin , de crabes , de
coquillages et de poissons. Il parvient
à la longueur de quatre à six pouces ,
et devient souvent la proie du dorse ,
ainsi que des autres poissons voraces ,
qui cherchent les rivages pour se re-
produire. Il dépose ses œuls sur des
endroits unis et couverts de sable.
Quoiqu'il ait une grande quantité
d'œufs , il ne multiplie pas beaucoup ,
parce qu'étant petit , il est souvent la
proie des gros. On le prend dans les
filets qu'on tend pour les autres pois-
sons; mais comme sa chair est maigre
et dure, on n^en fait pas grand cas.
^'— *• '•^■» i.-W
■^ii* hià\ U-<iJ\.
J^at/e 65
Tom . ir.
t et a IJPl CHAJÎOT. 3 et 4 XK CATAPHRACTH-
DU CHABOT. 85
XXI V GENRE.
LE CHABOT, cottus.
Caractère générique. La tête plus grosse
que le corps.
LE CHABOT ou TÊTARD,
COTTUS GOBIO.
Ees deux piquans croclius , qu'on
trouve à chaque opercule des ouies
près des joues , distiuguent ce poisson
des autres du même genre : l'un de ces
piquans est grand , et tourne sa pointe
vers la bouche ; l'autre est petit, et a
la pointe tournée vers le tronc. Les
écrivains ne parlent point de ce der-
nier ; mais pour le sentir-, il suffira de
passer le doigt le long de la tête. Ou
86 HISTOIRE NATURELLE
trouve six rayons à la membrane des
ouies , quatorze à la nageoire de la
poitrine , quatre à celle du ventre ,
dou2e à celle de l'anus , dix à la queue ,
sept à la première nageoire dorsale , et
dix-sept à la seconde.
La tète est applatie par en bas, plus
étroite devant que derrière, et forme
un angle de cliaque côté : les mâ-
clioires sont d'égale longueur , et ,
comme le palais et le gosier, garnies
de plusieurs rangées de petites dents
pointues. La langue est libre et lisse ^
la membrane des ouies large et sail-
lante : les narines se trouvent près des
yeux , et on ne peut les distinguer à
i'oeil simple; les j'^eux sont au milieu
de la tête, petits , et ont une prunelle
noire dans un iris jaune ; les opercules
des ouies ne consistent qu'en une lame^
qui se termine en angle aigu. Le tronc
devient toujours plus mince en avan-
çant vers la queue ; il est un peu com-
primé aux côtés , et couvert d'une inx-
DU CHABOT. 87
lière gluante et visqueuse. On re-
marque sur tout le corps de petites
bosses rondes : la ligne latérale , que la
matière visqueuse couvre pi esqu'en-
tièrement , passe par le milieu du
corps. Ce poisson est brun à la tôle ; au
dos et aux côtés au-dessus de la ligne :
on voit sur toutes ces parties des
tacbes noires de forme indéterminée.
Il est blanc au-dessous de la ligne , et
on y voit les mêmes tacbes. Le ventre
est large , gris et taclieté de brun cliez
les mâles , tout blanc cliez les femelles.
Celles-ci se distinguent encore par la
couleur jaune et les taches brunes des
nageoires ventrales , et par la bordure
longeâtre de la seconde nageoire dor-
sale j au lieu que chez les mâles toutes
les nageoires sont bleuâtres et tache-
tées de noir. L'anus est au milieu du
corps • les rayons des nageoires de la
poitrine et de la queue sont ramifiés ,
tous les autres sont simples : les na-
geoires du ventre sont longues , et
88 HISTOIRE NATURELLE
celle de la queue est courte et ronde.
Ce poisson habite les ruisseaux qui
ont une eau de source pure et un fond
de cailloux. Nous le trouvons dans la
Marche-Electorale , en Saxe , en Silé-
sie , en Autriche , et dans d'autres con-
trées de l'Allemagne , en Danemarck,
en Groenland , en Sibérie et en France.
Le chabot parvient à la longueur de
quatre à cinq pouces. Il se meut avec
beaucoup de vitesse, et passe comme
un trait d'un endroit à l'autre. Il vit
d'insectes aquatiques , de frai et des
œufs des autres poissons, et j'ai trouvé
dans son estomac des puces et des han-
netons aquatiques entiers. Il est si vo-
race , que , selon ce qu'assure Gesner ,
il n'épargne pas sa propre espèce ; mais
il a des ennemis redoutables dans la
perche , la truite et le brochet.
Ce poisson fraie en mars et en avril.
Il n'est point du tout vraisemblable,
comme le dit Linné , qu'il couve se?
œufs dansdes nids faits exprès, et qu'il
DUCHABOT. 89
ne les quitte pas même au péril de sa
vie, ni, comme le dit Marsigli, que la
femelle reste pendant un mois sur ses
œufs. Il séjourne ordinairement dans
les creux que fait l'eau sous les grosses
pierres.
On prend ce poisson avec de petits
filets, des nasses et à la ligne. On le
pêche aussi à la main pendant la nuit,
lorsque le clair de lune ou la lumière
du feu l'éblouit : la chair est non-seu-
lement de bon goût , mais aussi fort
saine ; elle devient rouge par la cuisson.
La quantité de dénominations qu'on
lui donne , sont sur-tout tirées de la
grosseur de sa tête , par laquelle ce
poisson se distingue de tous les autres
poissons de rivière , et par la matière
visqueuse qui lui couvre le corps.
Ce poisson se nomme :
Mûller et Kaulkopf , dans nos contrées
et en Silésie.
Koppen , en Autriche.
go HISTOIRE NATURELLE
Rotzkolbe , en Frauconie et en Tliu-
ringe.
Kaulqiiappe, en Westplialie.
Steinpicker^ Turzhull , dans le duché de
Schleswig et en Danemarck.
Steen-simpa , Slagg-simpa , en Suède.
Itekiodleck , Kamikitsoch j UgarangmiSf
dans le Groenland.
Govie on Gobichen , en Hollande.
Bullhead , Call ou M'dliers-Thumb ; en
Angleterre.
Chabot , en France.
Cabiirlant, à Toulouse.
l\Iissuri, en Italie.
Capo grosso , à Home.
Glausche , en Esclavonie.
Glonnaez , en Pologne.
Schirokalopka et Pisdaba , dans Ta Si-
bérie.
Salvian , qui décrit d'ailleurs notre
poisson assez exactement, lui attribue
mal à propos des écailles.
Gronov le rapporte faussement à
deux espèces différentes.
DU C AT APH Pc A C T E. 9I
Frisch se trompe , en pensant que
le gobius paganellus des ichtliyologistes
est notre poisson.
LE CATAPHRACTE,
COTTUS CAT APHRACTVS.
La forme octogone du corps dis-
tingue ce poisson de toutes les autres
espèces de ce genre. On trouve six
rayons à la membrane des ouies
quinze aux nageoires de la poitrine
trois à celles du ventre , six à celle de
l'anus, dix à la queue, cinq à la pre-
mière nageoire du dos ^ et sept à la se-
conde.
La forme de ce poisson et les bou-
cliers qui le couvrent, le rendent très-
remarquabie. La tête est large , appla-
tie par en bas , garnie au - dessus de
pointes , et au - dessous de barbillons •
le tronc diminue insensiblement en
allant vers la queue , et au lieu d'é-
cailles , il est couvert de boucliers \ la
92 HISTOIRE NATURELLE
mâchoire supérieiire avance sur l'in-
férieure : toutes deux , aussi bien que
]e palais, sont armées de plusieurs ran-
gées de petites dents pointues. L'ou-
verture de la bouclie est en dessous ;
elle est de moyenne grandeur et en
forme de croissant. La langue est large
et mince; la partie supérieure de la
' tête est couverte par un massif osseux,
qui a des deux côtés et en Laut des élé-
vations pointues et des enfohcemens.
Les quatre pointes qui avancent vers
le museau , et qui forment deux éclian-
crures en forme de croissant , donnent
sur-tout à ce poisson un aspect singu-
lier : à côté de ces pointes , on apper-
çoit les narines en forme de tuyaux.
Les yeux sont ronds et placés aux cô-
tés ; la prunelle est noire , et l'iris
jaune ; l'opercule des ouies consiste en
une seule lame , et leur ouverture est
large. On voit aux deux mâchoires plu-
sieurs barbillons rangés en six rangs
courbes. Les boucliers qui couvrent le
DU C A T A P H R A C T E. 93
tronc sont osseux : ils finissent par en
haut en pointe courbée , sont rayon-
nes par en bas, et s'emboîtent les uns
dans les autres. Ils sont placés en lon-
gueur , en huit rangées, et sont la cause
de la forme octogone de ce poisson.
Quand on considère ces boucliers avec
une loupe, ils paroissent semblables à
ceux de l'esturgeon : le dos est brun
comme les côtés, et garni de trois ou
quatre taches noires ; le ventre est
large et blanc, l'anus est placé à peu de
distance des nageoires ventrales , et
par conséquent beaucoup plus près de
la tête que de la nageoire de la queue.
La ligne latérale parcourt le milieu
du corps dans toute sa longueur , dans
une direction droite ; la nageoire de la
poitrine est grande , ronde , d'un blanc-
grisâtre , et parsemée de petites taches
noires -, les nageoires du ventre sont
étroites et longues ; la nageoire de l'a-
nus , qui est fort éloignée de la queue
est placée vis-à-vis de la seconde na-
Poissons. II. Q
^4 HISTOIRE NATURELLE
geoire dorsale, et le fond en est noir.
La nageoire de la queue a une forme
ronde et des rayons à plusieurs bran-
ches -, les nageoires du dos sont grises ,
garnies de taclies noires et carrées ; les
rayons de la première nageoire avan-
cent en pointes.
Ce poisson ne parvient qu'à la lon-
' gueur de six pouces. Il se tient ordi-
nairement dans le sable , entre les
pierres. On le trouve dans l'Océan
septentrional , en Groenland , en Is-
lande , en Angleterre , en Hollande ,
dans la mer du Nord, sur-tout aux
embouchures de l'Elbe et de rE3^der ,
dans la mer Baltique et dans la Pêne
en Poméranie suédoise. 11 se nourrit
d'insectes aquatiques et sur tout du
S^rangoii , cancer s^rano^on. On le prend
dans des filets dans le même temps
que l'aigrefin. On lui coupe la tête, et
on le dépouille de sa couverture avant
que de l'accommoder. On le trouve
fort bon dans la plupart des pays où
D V C A T A P II Pc A C T K. g')
on le pêche ; mais les Grocnlandais no
sanroient le souffrir.
Le cataphractc fraie en mai , et dé-
pose ses œufs entre les pierres près du
riva^re.
Les parties intérieures de ce poisson
sont comme dans le précédent.
Ce poisson est connu sous différens
noms. On le nomme :
Cepanzerte Grappe , en Allemagne.
Steinpicker , ]\Iiller , TursshuU , à Ham-
bourg et dans le Holslein.
Botn-Tiius et Bensimpa , en Suède.
Kaniovdluck , K aniornack , dans le
Groenland.
Sexrœnding , en Islande.
Botn-mus , en Danemarck.
Harnas-mannetje y en Hollande.
Pogge ,Armed Bnlhead ^ en Angleterre.
Pogge et Cataphracte , en France.
Charlelon prend notre poisson pour
«ne espèce d'esturgeon. Il en diffère
cependant en ce que celui-ci est du
nombre des poissons cartilagineux j au
9^ HISTOIRE NATURELLE
lieu que le nôtre est du nombre des
osseux.
Klein met dans la troisième espèce
de ses poissons maillés , un poisson de
la Baltique, qui n'a qu'une nageoire
dorsale et aucune nageoire ventrale.
Quand on compare son dessin avec
notre cataphracte , on voit qu'il res-
semble entièrement à sa première es-
pèce , c'est-à-dire à la nôtre , si l'on
en excepte qu'il n'a point de nageoire
ventrale. De sorte que je ne saurois
m'empêcher d'approuver Gronov , à
qui le poisson de Klein paroît suspect.
Cependant c'est cet écrivain qui a re-
marqué le premier que ce poisson est
aussi un habitant de la Baltique.
LE SCORPION DE MER,
C O T T U s S C OR P I 0.
L'avancement de la mâchoire
supérieure , et les rayons indivis à la
nageoire de la poitrine , dislingjicnt
DU SCORPION DE MER. 97
ce poisson des autres poissons de son
espèce. On trouve six rayons à la
membrane des ouies , dix-sept à la na-
geoire pectorale, trois à celle du ven-
tre , douze à celle de l'anus ,dix-buit
à la queue , dix à la première nageoire
dorsale , et seize à la seconde.
Plusieurs bosses finissant en pointes,
les piquans et les os des joues, don-
nent à ce poisson une forme polygone
et un aspect affreux. Deux de ces pi-
quans sont placés devant les yeux :
ils sont mobiles ; mais il y en a trois
ou quatre de cliaque côté qui sont im-
mobiles. L'ouverture de la bouche est
très-grande. Les mâchoires , que le
poisson peut avancer et reculer à son
gré , sont armées, aussi bien que le
palais , d'une quantité de dents poin-
tues. Les os des joues sont fort laiges,
La langue est courte , épaisse et dure.
On voit au palais deux os longs , rudes ,
en forme de lime. Les narines sont
simples , petites et placées à peu de
98 HISTOIRE NATURKLLE
distance des yeux. Les yenx sont pla-
cés au sommet de la tête -, ils sont
grands , en losange , et ont la prunelle
noire , entourée d'un iris d'un blanc
jaune. Les os des orbites avancent
beaucoup par en haut , et forment uti
sillon qui va jusqu'au dos. Les joues
sont applalies ; l'opercule des ouies
consiste en deux lames j l'ouverture
des ouies est large , et leur membrane
est garnie de larges rayons osseux. Le
fond de la tête et du dos sont d'un
brun noir, interrompu par plusieurs
points et taches noires. Le corps s'a-
mincit en allant vers la queue , et an
lieu d'écaillés , il est couvert de petits
boucliers pointus , qui le rendent rude
au toucher : les boucliers ou verrues
sont moins considérables chez les fe-
mehes que chez les mâles; ce qui fait
qu'on les touclie beaucoup plus aisé-
ment. Les côtés sont applatis ; ils sont
bruns au-dessus de la ligne latérale ,
et d'un blanc marbré au-dessous. Cette
DV SCORPION DE MER. 99
ligne est droite et plus près du dos que
du ventre. Le venlre est gros ; large ,
blanc dans les femelles , jaune dans
les mâles avec des taclies blanches.
Selon M. Tonning, ces deri\iers doi-
vent avoir le ventre si jaune, qu'il
brille comme de l'or. Dans îes mâles ,
les nageoires de la poitrine sont aussi
plus grandes que dans les femelles ,
de sorte qu'on peut distinguer aisément
les deux sexes dès la première vue*
L'anus est situé au milieu du ventre.
Les rayons des nageoires de la poitrine
sont mous aux extrémités et d'un
jaune d'orange. Les nageoires du ven-
tre sont longues ; celle de la queue est
ronde : elles sont toutes à raies blan-
ches et noire.î dans les femelles ; mais
dans les mâles les nageoires du ventro
sont d'un rouge incarnat et tachetées
de blanc. Les rayons sont simples ,
excepté ceux de la queue qui sont
fourchus.
On trouve ce poisson dans la Bal-
lOO HISTOIRE NATURELLE
tique, dans les mers du Nord et de
l'Amérique , sur-tout sur les côtes de
Groenland , sur celles de Neufound-
land et de Sibérie. Il s'y tient ordi-
nairement en quantité dans les fonds ,
et ne vient en haut que lorsqu'il est
pressé par la faim et qu'il cherche sa
proie. Celui dont je donne ici le dessin ,
m'a été envoyé par M. Gœden de Hu-
genwalde, sous le nom de seemurre ou
kurrhan : dénominations tirées du bruit
qu'il fait quand on le presse dans la
main. Cet habile observateur m'apprit
en même temps ^qu^alorsil ouvroit la
bouche jusqu'à la déchirer , qu'il élen-
doit ses nageoires , et faisoit dans la
main un mouvement tremblant. Le
scorpion de mer nage très-prompt e-
ment ; ce qu'il fait sur-tout par le
moyen de ses grandes nageoires pec-
torales. Dans nos contrées , il n'a
guère plus d'un pied de long ; mais en
Norvv^ège , on en trouve qui ont deux
brasses.
DU SCORPION DE MER. 101
On ne mange pas ce poisson dans nos
contrées •, on le donne aux cochons :
peut-être par un préjugé qui lait
croire qu'il est venimeux. Cette opi-
nion vient sans doute de ce que la
piqûre de ses pointes a été dange-
reuse dans certains cas. En Dane-
marck , où il passe pour indigeste , il
n'y a que les pauvres qui le mangent :
cependant on croit en même temps
que sa chair est un remède efficace
contre les maladies de la vessie uri-
naire. En Nor^vège, on ne fait usage
que du foie , avec lequel on fait de
l'huile, LesGroenlandais au contraire,
le trouvent fort ton, et le donnent
à leurs malades comme une nourriture
très-saine. On le mange chez eux
bouilli , sec , et quelques-uns le man-
gent même cru : ils se nourrissent aussi
de ses oeufs. On voit par-là combien
les goûts et les préjugés des nations
sont souvent contraires et contradic-
toires.
102 HISTOIRE NATURELLE
En été, ce poisson cherche les côte€;
mais en hiver , il s'enfonce dans les
profondeurs de la mer. Il est vif et
liardi ; mais sa voracité le rend im-
prudent ; ce qui fait qu'on le prend
aisément à la ligne. Il est fort rapace
et sait s'emparer même des poissons
qui sont plus gros que lui. Il poursuit
sur-tout les perce-pierres , bUnniiis ,
les petits saumons et les harengs. En
général , il n'épargne aucun poisson ,
et mange aussi l'écrevisse maillée. On
le prend aisément avec le dorse et les
autres poissons de mer, parce qu'il les
poursuit jusque dans les filets. Il fraie
en décembre et janvier, et dépose ses
oeufs parmi l'algue.
L'oesophage est large et garni de
plusieurs plis ; l'estomac est long, et
le canal intestinal ne commence pas
en bas , mais au milieu ; il n'a qu'une
sinuosité. On trouve quatre appen-
dices au commencement de ce canal
al j'y ai ti ouvé le vci nommé V échine.
DU SCORPIOX DE MER. lo3
Le foie est grand , et consiste en deux
morceaux, l'un grand, Tautrc petit,
La laite et l'ovaire sont doubles ; les
rognons sont placés des deux côtés do
l'épine du dos , et se terminent par
une large vessie , qui a son ouverture
derrière le trou ombilical. On trouve
dix côtes de chaque côté du ventre ,
et trente-cinq vertèbres à l'épine du
dos.
Ce poisson est connu sous différens
noms. On le nomme :
Wallkutze , Knurpage , à Hambourg.
JVtilk , dans le Holstein.
Bulosse , dans le Dittmarc.
Sturre , à Heiligeland.
Seemurre , Knurrhahn et KurJiahn , en
Poméranie.
Rot-Simpa , Skrahha ., SUœlrita, Ulka ,
Pinul'a , en Suède.
K iohenhavns , Torsk , Fiske - Simpe ,
Vid - Kieft , Soë - Scorpion , Mar-
Vlke , en Norwège.
T04 HISTOIRE NATURELLE
Kaniock , Kaniuinack : on appelle en
particulier le mâle K'wake , Milek-
tursok , et la femelle Nariksok , en
Groenland.
Donerkrote , en Livonie.
Donder-Pad, en Hollande.
Posthoofdt et Potshoofdt , en Flandre.
Father-Lascher et Scorpion-Fish , en
Angleterre.
Scolping , à Neufoundland.
Lo Scorpione , en Italie.
Scorpion dc^ mer, en France.
Kamtcha , en Sibérie.
Je trouve dans Aldrovand le premier
dessin du scorpion de mer: il le donna
en 161 3 ; mais il n'en parle qu'en peu
de mots , et comme une variété du
scorpion marin de Bellon. Quelque
temps après , Sclioneveld le décrivit
sous le nom de scorpion de mer. Wil-
lughby en donna ensuite une descrip-
tion plus exacte , comme d'un poisson
semblable au scorpion de Bellon ; puis
comme unpoissonde la Virginie. Ray,
DU SCORPION DE MER. 105
son fidèle copiste , les regarda aussi
comme deux espèces diiTérentes.
Artédi , Linné et Pennant , d'après
Willughby , regardent notre scorpion
et celui de Bellon comme le même
poisson. Mais ils ont des différences
bien sensibles. Car, 1°. la figure que
donne Bellon n'a qu'une nageoire dor-
sale ; 2^. son corps est couvert d'é-
cailles , au lieu que le nôtre rJen a
point du tout.
Klein regarde les nageoires ven-
trales de ce poisson comme des bar-
billons ; et comme elles manquoient à
un poissson , peut-être par la iTjême
raison que dans le précédent , il le re-
garda comme une variété , et en donna
deux dessins. Selon lui, ces poissons
doivent pousser un cri à l'approche
des tempêtes ; mais selon toute appa-
rence, ils sont aussi muets alors que
dans tout autre temps. Ce son vient
de la sortie subite de l'eau dans la
bouche et de l'air dansla vessie aérien-r
Poissons. II, lo
loS HISTOIRE NATURELLE
ne , qui sont l'efiPet d'un retirement
subit du corps. Nous remarquons ce
son dans plusieurs poissons, tels que
la loche de marais , les coqs de mer, la
dorée , &.c. On voit que ce que j'ai
rapporté est la véritable cause de ce
bruit , parce que ce poisson ne peut
le faire qu'une seule fois , à moins qu'il
ne soit remis dans l'eau ; du moins
cela arriva-t-il ainsi à la loche de ma^
rais , sur laquelle j'ai fait diverses ex-
périences. C'est sans doute le retire-
ment subit du poisson qui cause à la
main le tremblement dont j'ai parlé
plus haut.
LE CHABOT DE L'INDE,
C OTT U s M 0 N 0 P T E R r G I U S.
Ce poisson se distingue des autres
chabots par sa nageoire unique au dos.
On compte six rayons à la membrane
desouies, neuf à la nageoire de la poi-
trine, deux à celle du ventre , cinq à
DU CHABOT DE L'INDE. T07
celle de l'anus , autant à celle du dos ,
et six à celle de la queue.
Le corps est étroit , alongé , octogone.
La tête est tronquée par- devant. La
mâclioire supérieure qui avance sur
l'inférieure , est pourvue comme dans
le calaphracte , cottus cataphractus ^ de
deux aiguillons courbés eu arrière. Les
yeux sont grands , ont une prunelle
noire , un iris argentin. Entre la bouche
et les yeux, on remarque deux petites
ouvertures. L'opercule des ouics con-
siste en une seule plaque ; l'ouverture
des ouies est large , et la membrane
branchiale est située sous la gueule. Le
tronc est large par-devant, se rétrécit
en arrière jusque vers la nageoire de
la queue, et est composé de boucliers
octogones. Chaque bouclier consiste en
huit plaques angulaires, rayonaées et
de la nature de la corne. La jointure de
ces boucliers donne au poisson une
forme octogone. Au dos , on remarque
un sillon large qui commence entre les
108 HISTOIRE NATURELLE
yeux , et se termine vers la nageoire
de l'anus. Le ventre est court , et l'anus
se trouve près de la tête. Derrière l'a-
nus , on voit aussi un sillon qui s'étend
jusqu'à la lin de la nageoire du même
nom. La partie du tronc qu'on nomme
queue , est sexagonej le fond de la cou-
leur est brun au dos , gris aux côtés. Les
derniers sont ornés de points bruns et
de bandes de la même couleur. Le ven-
tre est taclieté de blanc. Toutes les na-
geoires sont grises ; celles de la poi-
trine tachetées de brun.
Ce poisson habite les Indes orien-
tales. Sa nourriture consiste en petites
écrevisses et jeunes polypes. Comme il
apeude chair, on ne s'en sert que pour
appâter les lignes.
LE GRONDEUR.
COTTUS GRU N N lENS.
On reconnoît ce poisson à son corps
lisse , et au grand nombre de barbillons
j'om y/.
Paae /o8 .
1 Li: ClIAlîOT ruAc.^i.l.K Ql'ADRlCORTSK
3.1-E (tHONDKT R.
^ji'i^.l^ ',*i.^'^^. L^ii'X U -Jt
SA
DU GRONDEUR. 1 09
qui se trouvent sous la gueule. On.
compte six rayons à la membrane des
ouies , vingt-deux à la nageoire de la
poitrine , quatre à celle du ventre, seize
à celle de l'anus , onze à celle de la
queue , trois à la première du dos, et
vingt à la seconde.
La têle est de moyenne grosseur,large
et applatie du haut en bas. Le tronc est
comprimé des deux côtés. L'ouverture
de la bouche est très-grande. Lalangue
est large , et le palais lisse. Des deux
mâchoires , l'inférieure est la plus lon-
gue. Les lèvres qui sont grosses, ont
deux rangées de dents pointues , qui
sont recourbées et séparées les unes des
autres. Outre cela , chaque mâchoire
est armée d'une rangée de dents sem-
blables. Non loin de la lèvre supérieure,
on remarque deux barbillons cylindri-
ques, et deux petites ouvertures près
des yeux. Ceux-ci sont petits , ont une
prunelle noire et un iris rouge. Au*
dessus des yeux , on voit trois filamens.
ITO HISTOIRE NATURELLE
L'opercule des ouies consiste en une
seule plaque , sur laquelle on trouve
quatre piquans. L'ouverture des ouies
est fort large , et la membrane bran-
chiale est à découvert. Le dos et la tête
sont bruns; les côtés blancs et marbrés
de brun. Le ventre est court, et l'anus
se trouve presqu'au milieu du corps.
Les nageoires de la poitrine et du ven-
tre sont rougeâtres, et les autres gri-
ses. Elles sont toutes tachetées de brun.
Les deux premiers rayons des nageoires
dorsales sont forts et piquans , et les
autres, ainsi que ceux de la nageoire
du ventre, sont simples. Les rayons des
autres nageoires sont ramifiés. Quand
on examine attentivement ce poisson,
on remarque par tout le corps des
pores, d'où il suinte une humeur vis-
queuse qui tient lieu d'écaillés.
Nous trouvons ce poisson dans les
Indes orientales et occidentales. Nieu-
holF l'a vu dans l'Orient , et Marcgraf
au Brésil. Je ne saurois déterminer sa
DU G Tl O N T) E U R. 111
grandeur. Celui que je possède n'est pas
plus lon^ que le dessin que j'en donne.
Sa grande bouclie armée annonce qu'il
est du nombre des poissons voraces.
Ainsi, on le doit prendre facilement à
la ligne appâtée avec un petit poisson ,
ou avec un morceau de viande. On lui
a sans doute donné le nom de o^rondpur
à cause qu'il gronde lorsqu'on le saisit.
11 a la chair blanche , grasse et de bon
goût : cependant on croit que son foie
est si venimeux , que l'on meurt dès
qu'on en a mangé.
Ce poisson se nomme :
Brummer , en Allemagne.
Pietermann et Knorrhaan , en Hollande.
Grondeur , en France.
Niqui , au Brésil.
Marcgraf est le premier qui a décrit
notre poisson ; mais le dessin qu'il en
donne est très-mauvais. Ceux que nous
en ont donnés Nieuhofl', AVillughby et
Séba, ne valent pas mieux.
Willughby et Ray ont décrit notre
112 HISTOIRE NATURELLE
poisson dans deux endroits; le premier
le regarde comme une espèce de vive.
DansMarcgraf , je trouve un poisson
sous le nom de Pacam , qui paroit être
une variété du nôtre.
C'est à tort que Klein refuse les dents
à notre poisson.
LE QUADRÏCORNE,
COTTUS QUJDRIC 0 RNIS.
Les quatre éminences osseuses que
l'on remarque à la tête , et qui ont la
forme des verrues ou tubercules, sont
les signes caractéristiques de ce pois-
son : on en trouve une à chaque bord
de l'oeil et deux sur la nuque. On compte
six rayons à la membrane des ouies ,
seize à la nageoire de la poitrine , quatre
à celle du ventre , quatorze à celle de
l'anus , dix à celle de la queue , huit à
la première du dos , et quatorze à la
seconde.
La tête est grosse et applalie par en
DU QUADRICORNE. Il3
bas. L'ouverture de la bouche est large.
Les deux mâchoires sont d'égale lon-
gueur, et garnies de plusieurs rangées
de petites den Is pointues. La langue est
cartilagineuse, épaisse , large et unie.
Au-devant du palais, on remarque un
os avec phisieurs petites dents. Les na-
rines sont simples , cylindriques , et se
trouvent tout près des yeux. A la mâ-
choire inférieure, on remarque de côté
plusieurs enfonccmens, et au milieu
deux petites pointes. L'os maxillaire
est terminé par trois piquans, et l'o-
percule des oui es par deux. Les yeux
ont une prunelle noire entourée d'un
iris jaunâtre. Les joues sont brunes, et
l'opercule dcsouiesrougeâtre. Le tronc
est alongé et un peu applati des deux
côtés. Sur la ligne latérale qui est
droite , près du dos et parallèle avec lui ,
on remarque des points alongés. Le
dos est brun ; les côtés sont jaunâtres ;
le ventre est gris, large et saillant. L'a-
nus est plus près de la nageoire de la
îl4 HISTOIRE NATURELLE
queue que de la tête. Au lieu d'écaillés,
le tronc est couvert de tubercules rudes
et de la nature de la corne : les plus
gros forment une rangée jusqu'à l'ex-
trémité de la première nageoire du
dos; et de-là jusqu'à la moitié de la
seconde , la rangée est double , d'où elle
n'en forme plus qu'une simple jusque
dans la nageoire de la queue : les côtés
sont aussi garnis de petits tubercules
de la même nature : les nageoires sont
grandes; leurs rayons saillans, blancs ,
simples et garnis de petits tubercules;
ceux de la queue seulement sont four-
chus. La membrane intermédiaire est
grise , avec une bordure noire , et celle
des nageoires pectorales offre à l'ex-
trémité des tacbes blanches en forme
de croissant. Les nageoires ventrales
et les premiers rayons des nageoires
pectorales sont rouges.
Il paroît que ce poisson n'habite que
la mer Baltique , où on le trouve vers
les bords , et dans quelques embou-
DU QUADRTCORNE. n5
cîiures de fleuves , où. l'eau de la mer
est adoucie par le mélange des eaux
douces. Il parvient à la longueur de dix
à douze pouces , et nage très-rapide-
ment , par le moyen de ses grandes
nageoires. Celui dont je donne ici le
dessin, m'a été envoyé de Strablsuncl
par M. Kayser , chirurgien de la cour.
On le prend en quantité au printemps
dans le Dlino en Livonie , et près de
UaleroAV en Suède. On se sert pour
cela de filets : mais comme sa chair est
maigre et dure , il n'y a que le peuple
qui le mange. Le principal usage que
l'on en fasse, c'est d'en faire un appât
pour prendre les autres poissons. Il
fraie en décembre et janvier, et dépose
entre les herbages ses œufs , qui sont
petits et blanchâtres. Il se nourrit sur-
tout de petits coquillages , d'escargots
et d'écrevisses : d'ailleurs, il a la har-
diesse d'attaquer aussi des poissons
d'une grosseur considérable.
Le foie est simple , et placé sur l'es-
Il6 HISTOIRE NATURELLE
tomac sous le cliaDÎira«înie. L'eslomac
L D
est large et a la membrane épaisse. An
milieu de ce dernier commence le ca-
nal des intestins , qui a deux sinuosités
et quatre appendices au commence-
ment. Je n'y ai remarqué ni vésicule
aérienne , ni laite , ni ovaire. Les reins
sont étroits et courts , et enfermés
dans une membrane particulière. On
trouve quarante vertèbres à l'épine
du dos.
Ce poisson est connu sous différent
noms. On le nomme :
Seebolle , Seebulle , en Allemagne. ^
Meerochs , Meerbulle , Meerasche , en
Livonie.
Jurewersch , chez les Lettes.
Meereharg , en Estonie.
Horn-Simpa j en Suède.
Quadricorne , en France.
Pûdkamenschik , en Russie.
DES PLATYSTES. Il/
XXV^ GENRE.
DES PLATYSTES
EN GÉNÉRAL,
PLATYCEPHALUS. ^
Caractère générique. Le corps plat , les
ventrales très- distantes.
Le corps très-plat , et les nageoires du
ventre fort éloignées l'une de l'autre ,
font le caractère distinctif de ce genre.
Outre ces marques , qui lui servent
de caractère , on lui trouve encore les
suivantes :
1°. Les nageoires du ventre sont
placées bien loin derrière celles de la
poitrine.
2®. Le tronc et la tête, jusqu'au-
Poissons. II. li
HISTOIRE NATURELLE
delà des j'-eux , sont couverts de petites
écailles dures.
Jusqu'ici ce genre ne consiste encore
qu'en deux espèces , dont Linné a rangé
l'une dans la classe des Jugulaires , et
l'autre , dans celle des Tlioracliiques.
LA PELLE,
PLATYCEPHALUS SP AT H ULA,
Cette espèce-ci se distingue de la
suivante , i'^. par la tête large et plus
arrondie j 2^ . par la ligne latérale sans
pointes.
La membrane branchiale contient
sept rayons ; la nageoire pectorale en
contient vingt , celle du ventre , six ,
celle de l'anus , treize , et autant celle
de la queue; la première dorsale , sept,
et la seconde , treize.
Outre ces marques-ci , cette espèce
se distingue encore de l'autre, i*^. par
la couleur uniforme ; 2*^. par la ligne
latérale placée plus près du ventre j
DE LA PELLE. II9
et 3°. en ce qu'elle a moins de pointes
à la tête.
Mais les poissons de ce genre-ci ont
îes marques suivantes , communes
avec ceux de l'autre genre :
1°. De petites écailles, dures et den-
telées ;
2°. Un aiguillon à deux pointes , à
l'opercule de devant;
3°, Un aiguillon à pointe simple , à
l'opercule de derrière ;
4^. L'ouverture branchiale fort
large ;
5^. Une membrane branchiale libre
au côté inférieur ;
6^. Une langue très -fine et fort
large ;
7*^. Et une rangée de petites dents
de chaque côté au palais.
Les mâchoires sont raboteuses , et
l'inférieure avance sur la supérieure.
Les narines sont simples ; les yeux
ovales et verticaux. Des plis longs et
étroits s'étendent le long de la tête.
120 HISTOIRE NATURELLE
Dans les deux genres , le bec est dé-
nué d'écaillés j
L'anus est au milieu du corps ;
I>a première dorsale n'a que des pi-
quans ;
La seconde dorsale et la ventrale
n'ont que le premier rayon piquant.
J'ai reçu ces deux exemplaires de
M. John de Tranquebar. C'est le Cal-
lyoninius indicus de Linné que je range
ici dans ce genre , parce que sa descrip-
tion répond exactement à ce poisson.
Il est aisé à croire que Linné n'aura
pas voulu , en dépit de son système ,
ranger un lliorachique parmi les jugu-
laires ; mais vu les immenses travaux
dont ce grand homme s'étoit chargé ,
il étoit bien possible qu'il ne remarquât
pas le siège de ces nageoires.
Je reviens à présent à nos deux pre-
miers poissons. Leur corps plat , et le
siège des ventrales , qui distinguent ces
poissons des autres jugulaires , m'au-
torisent à en faire un genre particulier.
DU PLATISTE RUD^l. 121
Le dernier , que les Allemancis nom-
ment Schaufeikopf,se nomme en fran-
çais , Pelle ; et en anglais , Shovel.
LE PLATYSTE RUDE,
P L ATY C EPH A LU s SCABZR.
La ligne latérale garnie d'aiguillons ,
est un caractère suffisant pour distin-
guer ce poisson des autres du même
genre. On trouve sept rayons à la mem-
brane des ouies, dix-huit à la nageoire
de la poitrine, six à celle du yentre,
douze à celle de l'anus , seize à celle de
lu queue , huit à la première du dos , et
douze à la seconde.
La tête est oblongue , applatie du.
haut en bas, et garnie de quatre ran-
gées d'aiguillons. L'ouverture de la
bouche est grande. Des deux mâchoires,
l'inférieure est la plus longue : l'une et
l'autre sont garnies de petites dents
aiguës , égales et immobiles. La langue
est lisse , large et mince. Le palais e*t
122 HISTOIRE NATURELLE
denticuîé et a des osselets rudes. Non
loin des yeux , on remarque deux pe-
tites ouvertures. Les yeux qui sont
près du sommet , sont oblongs et rap-
prochés l'un de Fautre -, ils ont une pru-
nelle noire entourée d'un iris argen-
tin. Les côtés sont couverts de petites
écailles dentelées. L'opercule des ouics
consiste en deux plaques ; l'ouverture
des ouies est large , et la membrane
branchiale est àdemi-nue, et se trouve
presque sous la gueule. Le tronc est un
peu conique ; le venlre convexe et la
queue comprimée. La ligne latérale est
parallèle au dos et a une direction assez
droite. Le dos est bleuâtre -, les côtés et
îe ventre sont d'une couleur argentine.
Les écailles sont petites , dures , den-
telées et attachées fortement à la peau.
Le tronc est entouré de six bandes
d'un brun rougeâtre ; ce qui donne un
aspect charmant au poisson. Le ventre
est de moyenne longueur , et l'anus se
trouve presqu'au milieu du corps. Les
DU PLATYSTE RUDE. 123
nageoires de la poi trine qui sont coiirles
et larges ,ont le fond jaune , les rayons
bigarrés et fourclius à leurs extrémi-
tés. Les nageoires ventrales sont lon-
gues , bleuâtres , ornées de trois bandes
jaunes , et ont des rayons à plusieurs
branches. La première nageoire du dos
est d'un brun violet, et ses rayons sont
simples et piquans. Les autres na-
geoires sont bleuâtres et ont des rayons
bigarrés qui sont fourchus à leurs ex-
trémités.
Ce poisson habite les Indes orien-
tales. Je l'ai reçu de la Hollande par un
de mes amis. Il m'écrit l'avoir acheté
d'un capitaine de vaisseau qui l'avoit
apporté de l'Orient. Je ne saurois dé-
terminer la grandeur à laquelle il par-
vient. Des trois exemplaires que je pos-
sède , le plus grand n'est pas plus long
que le dessin que j'en donne (i). A ses
mâchoires garnies de petites dents sem-
(i) Edit. in- fol.
124 HISTOIRE NATURELLE
blables à celles d'une râpe , on peut ju-
ger qu'il vit d'écrevisses , de homards
et de coquillages. On le prend sans
doute aisément à la ligne lorsqu'elle
est appâtée avec un de ces animaux.
Les Allemands nomment ce poisson
Stachellinie et Gabier.
Les Français , Platyste rude.
C'est à Linné que nous devons la
première connoissance de notre pois-
son. Ce naturaliste dit avoir remarqué
des raies sur la tête ; mais ]e n'ai pu
les apperccvoir dans aucun de me^
exemplaires. Jusqu'à présent nous n'a-
vons point eu de dessin de ce poisson.
Les aiguillons qui se trouvent à la tête
et à la ligne latérale de notre poisson ,
ont , sans doute , donné occasion à
Linné de le nommer Collus scaher
(Chabot rude). J'ai dit pourquoi je le
rangeoia dans un nouveau genre.
7b/?l A'
De<fetfe f^el.
J)civaita: ifcuip ■
i.LA S( OllPENE Tolante. a . I.E CRAIÎK
de Biaii'its . ?t.\.A SCORPÈNE.
DU DIABLE. 125
XXV r GENRE.
LA SCORPENE ou RASCASSE,
s C O RP m N A.
Caracûre générique. Des barbillons à la
tête , une seule nageoire au dos.
LE DIABLE
ou CRAPAUD DE MER DU CROISIC ,
a C ORF a N A PORC us.
JiiES petites écailles rudes dont le
corps est garni , et la mâchoire infé-
rieure dépourvue de barbillons , dis-
tinguent ce poisson des autres de ce
genre. On compte sept rayons à la
membrane des ouies , seize à la na-
geoire pectorale ,six à celle du ventre,
1:^6 HISTOIRE NATURELLE
huit à celle de l'anus , autant à celle de
la queue, et vingt-un à celle du dos.
La tête est grosse , Touverture de la
Louche large ; les mâchoires sont gar-
nies de plusieurs rangs de petites dents
pointues; le palais est rude , la langue
courte et unie. Les narines antérieures
sont placées au milieu entre l'ouver-
ture de la bouche et les yeux , et les
narines postérieures se trouvent fort
près des yeux. Ceux - ci sont grands ,
placés sur le sommet près l'un de l'au-
tre , et ont un bord saillant , entre le-
quel se trouve un sillon : la prunelle
noire est entourée d'un iris rouge et
d'une ligne d'un jaune d'or. On ap-
perçoit beaucoup de piqnans tant sur
les os maxillaires que sur les opercules
des ouies. L'ouverture des ouies est
large, et la membrane branchiale est
soutenue par sept rayons courbes ; la
ligne latérale règne non loin du dos ,
dans une direction droite ^. le ventre
est long , et l'anus plus près de la na-
DU DIABLE. 127
geoîre de la queue que de la tête. Dans
la nageoire dorsale , qui est longue , on
apperçoit douze pvquans forts et cour-
bés en arrière. Dans la nageoire ven-
trale , il y a un piquant , et trois dans
celle de l'anus. Les rayons des na-
geoires pectorales sont fourcïius , et
ceux des autres nageoires ont plusieurs
ramifications. Le fond de ce poisson
est brun ; les côtés sont tachetés d©
noir en haut , et blancs en bas ; le ventre
et les nageoires sont rougeâtres ; la na-
geoire pectorale seule est grise , et
celle du dos est à moitié brune. Toutes ,
à l'exception de celles du ventre , ont
des taches brunes : les rayons des na-
geoires pectorales sont tachetés de
jaune et de noir.
Ce poisson vit dans la Méditerranée
et dans plusieurs endroits de TOcéan.
Willughby en a vu à Venise, à Gênes
et à Rome ; Cetti en Sardaigne; Fors-
kaœl à l'île de Malte et à Constant! -
noplc -, Hasselquist à Smyrne , et Du-
128 HISTOIRE NATURELLE
hamel au Croisic eu Bretagne et à
Dieppe dans la Normandie. 11 se tient
aux bords de la mer , et se cache sous
des plantes marines , pour y épier les
petits poissons qui passent : lorsqu'il
n'en attrape point , il cherche des
cancres. Willughby en a trouvé dans
son estomac. On en voit rarement qui
aient plus d'un pied de longueur. Sa
chair est maigre et coriace , et il n'y a
guère que le peuple qui en mange. On
le prend tant au filet qu'à l'hameçon
auquel on attache un morceau de
cancre. Ordinairement on en voit de
grandes troupes ensemble , ce qui fait
qu'on en peut prendre beaucoup à la
fois. Lorsqu'il est attaqué , il dresse la
nageoire dorsale , et blesse la main avec
ses piquans. Il faut donc , lorsqu'on le
prend , presser fortement cette na-
geoire vers le corps , pour l'empêcher
de la mouvoir.
Le foie est d'un jaune pâle , la vési-
cule du fiel large , et l'estomac très-
DU DIABLE. 1 ig
mince : le canal des intestins forme
deux courbures-, les reins sont comme
aux autres poissons.
Ce poisson se nomme :
KUinschuppigter-Drqchenkopf j en Al-
lemagne.
Scorpioen , Varkentje , en Hollande.
Diable ou Crapaud de met du Croisic ,
Scorpeno et, Scorpine , en France.
17/ c, Marulk et Fitkiaeft, en Norwège.
Simpslrabhan , en Suède,
Scrofanello , en Italie.
Scorpina, enSardaigne.
Cippnllazza, à l'îîe de Malte
Skorpina , à Smyrne.
Scorpit haiuk , à Constantinople.
Xe premier dessin de ce poisson , et
qui est même bon, a été fait par Sal-
vian y cependant il a omis les barbillons
au-dessus des yeux. Gesner nous a
donné un nouveau dessin, dans lequel
les barbillons sont indiqués "/mais les
nageoires y sont représentées comme
des mains. La figure que nous donne
Poissons. IT. i:»
l3o HISTOITIE NATURELLE
Aldrovaiid est encore plus mauvaise :
il représente son poisson avec une pe-
tite tête , avec deux nageoires au dos,
et sans écailles. Jonston, qui a tout
compilé sans jugement, a deux fois
décrit notre poisson, et copié les des-
sins dont nous venons de parler. La
figure de Willugliby n'est qu'une copie
de celle de Salvian. Dans le dessin de
Duhamel , les barbillons manquent
aussi , et la nageoire de l'anus y est
représentée avec un seul piquant.
Quand Hasselquist dit que les écailles
sont unies , je ne saurois être de son
avis", car, dans les exemplaires que je
possède , elles sont rudes.
On a cité parmi les scorpions de mer
le manulk de Pontoppidan ; mais après
un examen exact , je trouve que le
poisson de Pontoppidan n'est pas un
scorpion de mer , mais le nôtre ; car
cet auteur dit que ce poisson avoit le
long du dos une nageoire forte garnie
de rayons pointus et de petites écailles.
DU DIABLE. l3l
Par conséquent , ce ne peut être vm
scorpion de mer; car ce dernier n'est
garni ni d'écaillés , ni de rayons pi-
quans , et son dos n'est pas non plus
pourvu de deux nageoires. Apparem-
ment les auteurs ont été trompés par lo
nom de scorpion de mer : peut - être
aussi que ces deux poissons portent ce
nom dans ces contrées : ce qui arrive
assez souvent dans plusieurs pays, non-
seulement par rapport aux poissons ,
mais même par rapport à plusieurs
productions de la nature , ce qui a jeté
beaucoup de confusion dans l'histoire
naturelle et dans la médecine.
Les anciens ont exagéré les bonnes
et les mauvaises qualités de ce poisson :
ils croyoient que ses piquans étoient
venimeux , parce que ceux qui en
étoient blessés éprouvoient quelque-
fois des suites fâcheuses. Mais cela ne
prouve pas qu'ils soient venimeux ; car
combien de fois n'arrive-t-il pas q u'une
piqûre d'épingle ou d'écharde peut
1^2 HISTOIRE NATURELLE
dans certaines circonstances, avoir des
suites fâcheuses? Pour contre poison ,
ils se servoient de la chair crue du mu-
îet , qu'ils appliquoient sur la plaie. Ce
remède , selon eux , étoit encore plus
efficace , si cette chair avoit été aupa-
ravant frottée avec du soufre , du vi-
naigre et trois baies de laurier en
poudre. Rondelet guérit \m enfant
blessé par ce poisson, en appliquant le
foie de la scorpène même sur la partie
analade , et le mulet par-dessus.
Selon Hippocrate , le fiel de ce pois-
son facilite beaucoup les menstrues et
la délivrance dé l'ftrrière-fàix. IJioscb-
ride dit que ce fiel détruit les verrues
et les excroissances des ongles , et que
le bouillon du poisson est très-propre à
lâcher le venfre. Pline recommande
aussi le vin, dans lequel on à fait mou-
rir ce poisson , fcomme un remède con-
tre les douleurs de foie, les maladies
dek vessie , la chute des cheveux, et
contre les taches de la cornée.
DU C R A. B E , 8lc. 1 33
Galien vante la cendre de ce pois'
son comme un remède spécifique contré
la pierre. Il faut, selon lui, briller
trois poissons de cette espèce , et en
donner les cendres au malade.
LE CRABE DE BIARRITS,
se 0 RP(E N A S CROF A.
Ce poisson se distingue des autres
de ce genre par ses grandes écailles et
les barbillons qui garnissent la ligne
latérale. On compte six rayons à la
membrane des ouies, dix-neufà la na-
geoire pectorale , six à celle du ventre ,
huit à celle de l'anus , douze à celle de
la queue , et vingt-deux à celle du dos.
Là tête est grosse , l'ouverture de la
bouche large ^ les deux mâchoires sont
d'égale longueur et garnies de plu-
sieurs rangs de dents pointues et re-
courbées en arrière. JLa langue, le pa-
lais et le -gosier sont armés de dents de
la même espèce. A la mâchoire infé-
l34 HISTOIRE NATURELLE
rienre , on voit des barbillons aussi
bien qu'aux joues. Les narines et les
yeux de ce poisson sont placés comme
au précédent. A chaque bord saillant
des yeux , on apperçoit trois piquans
et un barbillon fort. Les yeux sont
grands j la prunelle noire est entourée
d'un iris jaune et rougeâtre. Sur la
première, on voit trois barbillons vers
la partie supérieure , et au dernier
quatre rayons bruns. L'opercule des
ouies a deux piquans forts , au-dessus
et au-dessous desquels on en voit plu-
sieurs autres plus petits. L'ouverture
des ouies est large , et les rayons de la
membrane branchiale sont courbes et
forts. La ligne latérale règne aux en-
virons du dos dans une direction paral-
lèle avec ce dernier : elle est garnie de
petits barbillons. Le ventre est long ,
et l'anus plus éloigné de la tête que de
Ja nageoire de la queue. Le fond du
poisson est d'un brun rouge, tirantsur
le blanc et marqué de taches brunes.
DU CRABE, &c. i35
Le dos est brun ; les nageoires sont
bleuâtres , et les rayons qu'on y voit
sont tachetés de jaune et de brun. A la
nageoire dorsale je trouve douze pi-
quans , trois à celle de l'anus, et à la
nageoire ventrale un seul, qui est fort
et courbé en arrière. Dans la dernière
les rayons ont plusieurs ramifications ;
mais dans toutes les autres ils sont
fourchus aux extrémités.
On trouve ce poisson dans la mer
Atlantique , dans la Méditerranée et
dans la mer d'Amérique : car Gronov
en décrit un du Cap de Bonne-Espé-
rance ; Salvian un autre de Rome ;
Duhamel un deBiarrits; etBrowne un
delà Jamaïque. Ceux qu'on pêche dans
la Méditerranée ne pèsent guère plus
de trois livres; du moins Salvian n'en
a jamais trouvé de plus gros. Mais dans
la mer du Nord il doit être bien plus
gros ", car Pontoppidan en a trouvé qui
avoient trois et quatre aunes de lon-
gueur. Les pêcheurs de Biarrits le
i56 HISTOIRE NATURELLE
prennent avec dea Iiaims jusqu'à six
lieues au large, tirant sur le nord-ouest?
où ils en prennent avec d'autres pois-
sons. Le temps de leur pêche est depuis
le mois de juillet jusqu'au commeuce-
ment de l'hiver. C'ert un animal vorace;
très-fort , car il n'attaque pas seulement
des jpoissons de sa grosseur , comme as-
sure Pontoppidan,mais il dévore aussi
des oiseaux de mer ; il est sur-tout l'cn-
Xièmi de la maure du Havre ( Larus
rharinus ). Oppian le peint aussi comme
lin poisson vorace très-redoutahle (i).
En Italie , on mange sa chair -, mais en
Norwège on la méprisse.
Arislote , qui divise les poissons se-
lon leur séjour, ceux qui vivent sur
les bords , en pleine mer , ou indiffé-
remment à l*un et l'autre de ces en-
(i) Voici ce qu'il en dît *.
At bis lucinavi labrax , toto invocat annc.
Quatuor at jyarfus horrendas scorpii/s ediî.
H AI. I ET. Lib. r.
DU CRABE, &c. l37
droits , met ce |)oissôn dans la dernière
classe. Athénée le compte parmi ceux
cjtii âimeht les endroits pierreux.
Comme les naturalistes modernes ne
disent rien de son séjour , ]q crois que
ce poisson très- voracè se rend par-tout
où il trouve de quoi satisfaire sa vora-
cité. On le prend au iilet et à Thame-
çon. Ceux qu'on pèche dans la Médi-
terranée ont la chair maigre, cependant
les Italiens la trouvent de bon goût
lorsqu'ils ont été ^ris sur des bords
pierreux ou en pleine riiér. Mais ceux
qu'on prend dans la mer du Nord ont
Id chair coriace ; voilà pourquoi les
Norwégiens n'en mangent point : ils se
servent seulement du foie pour faire
de l'huile. Ce poisson peut facilement
blesser avec ses piquans forts celui qui
l'attaque imprudemment , fet produire ,
dans de certaines circonstances , les
mêmes accidens fâcheux dont nous
avons fait mention dans l'article pré-
cédent. Selon Arislote , il fraie deuNî
l38 HISTOIRE NATURELLE
fois par an j savoir, en automne et
au printemps ; mais selon Oppian , il
fraie quatre fois dans cet espace de
temps.
Le foie est d'un jaune pâle -, la rate
d'un rouge brun , et le canal des intes-
tins n'a que deux sinuosités.
Ce poisson se nomme :
X)er grossschuppigte Drachenkopf , en
Allemagne.
Crabe de Biarrits , ou le Sacarailla de
Saint- Jeaii-de-Luz , en France.
Scorpi y Scorpone ou Rascasse rouge , en
Provence.
Groote Scorpiœn , en Hollande.
Scrofano , en Italie.
Scorpena , en Sardaigne.
Mazzone,kVï\e de Malte.
Poisonned Grooper , à la Jamaïque.
Quand Gronov demande si le zeus
que décrit Linné dans son Muséum
Regium , page 68 , est le même poisson
que le nôtre , il faut répondre affirma-
tivement j car Linné le cite lui-même
DU CRABE, 6CC. 139
dans la dernière édition de son sys-
tème.
Selon Willaghby, Ray indique très-
bien les caractères par lesquels on peut
distinguer le crabe de Biarrits et le cra-
paud de mer du Croisic. On a donc liea
d'être surpris que Gronov ait pu les
prendre pour une même espèce , et la
citer pour notre poisson.
Aristote se trompe quand il prend
ces deux poissons pour une seule es-
pèce , dont l'un est le mâle et l'autre
la femelle. AtLénée a été le premier
qui nous a appris qu'ils forment deux
espèces différentes. Cet auteur les dis-
tingue par la couleur , le crapaud de
mer du Croisic étant noir , et le crabo
de Biarrits d'un brun rouge .
Belon nous en a donné le premier
dessin , qui est fidèle , quoique gravé
en bois. Bientôt après , et presqu'en
même temps, Salvian et Rondelet nous
en ont aussi donné cliacun un dessin :
le premier en taille-douce, le second en
l4o HISTOIRE NATURELLE
bois.iC.epeaclatttSalviau a omis les bar-
billons : la même faute se trouve dans
la copie de Willughby.
Aldfovand nous a donné de ce pois-
son un dessin nouveau , mais très-mau-
vais; car il a omis les écailles ; la tcle
est étroite, elle dos est représenté avec
deux nageoires.
Klein se trompe quand il dit que
notre poisson n'a point de barbiilons.
LA PYTHONISSE,
SCO RP(S N A HORRIDA.
Ok reconnoî-t la pythonisse à &oï\.
corps uni et dépourvu d'écaillés. Ori
compte cinq rayons à la membrane des
ouies , seize à la nageoire de la poi-
trine , six à celle du ventre , neuf à
celle de l'anus , douze à celle de ia
queue, ^t vingt à celle du dos.
Ge poisson mérite le Jîoi,n de pytho-
nisse à cause de sa jQgure singulière. La
tête , qui c&t grosse , est garnie d'un
ro/n. //.
^'tW^ J/-0
1 . L A S c 6rpi:nk . 2 . l a s c O RPE N K a
aiiteivues . 3 .LA PYTIIONIS SE.
DE LA PYTHON ISS F.. l4i
graud nombre de bosses , eu fonce mens
et piquans. En haut, on voit. un enfon-
cement très- fort en forme de croissant.
La bouche qui s'ouvre par en haut , est
large , et la mâchoire inférieure qui a
la ligure d'un fer à clieval, est ronde
et tuberculée dans la partie supérieure :
dans l'exemplaire que je possède , elle
a plus d'un pouce de large ; en bas , elle
se termine en deux pointes : la char-
nière se trouve ejiibas , près des oayer--
tures des oujes , et attache la mâchoire
inférieure à la supérieure , comme on
voit au couvercle d'une tabatière ; Tune
et l'autre sont arioées de petites dents :
à la mâchoire supérieure, qui e&t voû-
tée, on ap perçoit outre les os des lèvres
un troisième ,q_ui est au-dessus. Lors-
que la bouche est fermée , la mâclioire
inférieure a une direction perpendi-
culaire , et lorsqu'elle est ouverte , elle
est horizontale. L'ouverture des ouies
est très-large. Lamembrane branchiale
est cachée sous l'opercule des ouies, .et
Poissons. H. i3
l42 HISTOIRE NATURELLE
appuyée par cinq rayons. La langue
est large , dégagée, ronde et unie, ainsi
que le palais ; mais le gosier est armé
d'un grand nombre de petites dents
pointues. Devant chacun des deux
yeux , est une narine large et oblongue;
et non loin de la lèvre supérieure , on
voit deux barbillons assez ronds , qui ,
probablement , sont les deux autres
narines. Les yeux sont très-petits ; la
prunelle est noire et entourée d'un iris
j aune , au-dessous duquel est un enfon-
cement considérable. La tête , aussi
bien que le tronc et les nageoires pec-
torales et dorsales ,£ont garnis de bar-
billons. Lalignelatérale, qui commence
à la nuque , se courbe par en bas non
Joindel'anus, et va se perdre au milieu
de la nageoire de la queue. Toutes les
nageoires ont une membrane épaisse et
des rayons forts. La nageoire dorsale,
qui commence à la nuque , a treize
rayons , celle de l'anus trois , et la ven-
trale un seul rayon qui est fort , ht
i)E LA PYTHONISSE. l43
autres sont fourchus. Tout le corps est
marbré de blauc et de brun.
Ce poisson , dont la structure est si
singulière , vit dans les mers des Indes
orientales. Je ne saurois déterminer au
juste sa véritable grandeur. La struc-
ture de sa bouche prouve qu'il faut le
mettre au nombre des animaux carnas-
siers , et qu'il se nourrit principale-
ment de crabes et de coquilles ; car elle
est garnie de mâchoires en forme de
lime , qui sont très-propres à écraser
ces crustacées. Du reste , les auteurs
mentionnés ne disent pas si sa chair est
bonne , si ce poisson se multiplie beau-
coup , et en quel temps il fraie.
Ce poisson se nomme :
Zauberjisch , en Allemagne.
Groote Toovervisch , Affchuwelyke SeeS'
oorpiœn , en Hollande.
Pythonisse, en France.
Ikan Su^angi Bezar et Ikan SwaJigi
Touwa , aux Indes orientales.
Valentin nous en a donné le pre-
i44 HISTOIRE NVTURELLE
niier dessin ; mais il est mauvais. Celui
de Benard est nn peu meilleur. Mais
ceux que nous devons à Gronov sont
bohs.
Ce dernier auteur dit que la tête fait
la moitié du corps : mais je ne trouve
cela ni dans son dessin, ni dans l'exem-
plaire que j'ai entre les mains. Il a aussi
omis les barbillons , quoiqu'il en parle
dans la description.
LA SCORPÈNE VOLANTE,
SCORP(BNA VO LIT AN S.
Les nageoires pectorales très-lon-
gues, sont le caractère distinclif de ce
poisson. On compte six rayons à la
membrane des ouies , quatorze à la na-
geoire pectorale, six à la nageoire ven-
trale, dix à celle de l'anus, douze à la
queue, et vingt-quatre à celle du dos.
La lête est tronquée , large par-
devant , et comprimée sur les côtés,
Elle est garnie de piquans et de bar-
DE LA SCORPÈNE VOLANTE. î45
billons dentelés, dont la plupart sont
larges : les plus longs se tronvenl au-
dessus des yeux , et les plus larges près
de l'angle de la bouclie. La tête , ainsi
que le tronc , est ornée de bandes bru-
nes, entre lesquelles brillent alterna-
tivement des lignes jaunes et blanches.
L'ouverture de la bouche est large ; les
mâchoires sont d'égale longueur , et
armées d'un grand nombre de petites
dents pointues. La langue est dégagée ,
minceet terminée en pointe. Les lèvres
peuvent s'avancer et se retirer ; la
lèvre supérieure est composée de deux
os , qui forment une écliancrure à l'en-
droit oii ils se joignent, c'est-à-dire au
milieu. Les narines sont simples , et se
trouvent au milieu entre la pointe de
la bouche et les veux. Ces derniers ont
une prunelle noire, qui est ornée d'un
iris blanc rayonné de bleu et de noir.
L'opercule des o^iics qui se termine en
un angle aigu , est garni de très-peli Les
écailles. L'ouverture des ouies est large^
l46 HISTOIRE NATURELLE
et la membrane branchiale , qui est en
grande partie à découvert, a six rayons
courbes. Le corps est couvert de pe-
tites écailles posées les unes sur les au-
tres comme des tuiles. La ligne laté-
rale, composée d'un grand nombre de
petites lignes saillantes et de peliLs
points blancs, commence à l'œil, s'é-
tend non loin du dos , et va se terminer
au milieu de la nageoire de la queue.
Les rayons des nageoires pectorales
sont simples, et la membrane intermé-
diaire a un fond violet parsemé de
points blancs. Ces grandes nageoires
servent probablement à ce poisson à
s'élancer dans l'air, lorsqu'il est pour-
suivi de ses ennemis, et à se soutenir
dans cet élément jusqu'à ce que le dan-
ger soit passé. Les douze premiers
rayons de la nageoire dorsale sont pi-
quans, tachetés de brun et de jaune,
unis en bas par une membrane d'un
brun foncé, et dégagés en haut. Les
douze derniers rayons, ainsi que ceux
DE LA SCORPÈNE VOLANTE. l47
àes nageoires de la qncuc et de l'anus ,
sont fourchus aux extrémités, et ta-
chetés de noir et de jaune. Les nageoi-
res ventrales sont violettes, et parse-
mées de points blancs : le premier rayon
en est dur et simple j mais les autres
sont mous et fourchus : les trois pre-
miers rayons de la nageoire de l'anus
sont piquans , et les autres mous et
fourchus.
Ce poisson bigarré vit dans les rivières
de l'ile d'Amboiae, où il est pourtant
assez rare. Sa chair est blanche , ferme,
d'un bon goût, comme celle de notre
perche ; mais il ne parvient jamais à la
grosseur de cette dernière. Le dessin
qu'on voit ici, est un des plus gros que
je possède. Ce poisson est du nombre
des poissons voraces , et se nourrit prin-
cipalement du fretin des autres pois-
sons. J'ai trouvé dans son estomac deux
petits poissons de la longueur d'un
pouce et demi. On le prend tant au file t
qu'à l'hameçon.
i48 HISTOIRE NATURELLE
La peau est presque comme du par-
cliemia. Le foie est grand , d'un jaune
foncé, etcolisiste en deux lobes oblong?.
La vésicule du fiel et la rate sont pe-
tites. L'estomac est épais, en forme de
sac; à sa partie fiupérieure, commence
le canal des intestins, qui descend vers
la partie inférieure , forme une cour-
bure , remonte ensuite jusqu'au dia-
phragme, d'où il redescend, forme en-
suite une seconde courbure , et va se
terminer à l'anus. Après avoir ôté ce
canal et les autres intestins , je décou-
vris une vésicule aérienne , courte ,
large et épaisse , qui s'étendoit depuis
le diaphragme jusqu'au milieu delà ca-
vité du ventre. Les reins étoient si-
tués îe long du dos, et se terminoient
dans la vessie urinaire. Je n'ai pu re-
marquer ni œufs ni laites.
Ce poisson se nomme :
Fliegender Drachenkopf et flieginder
StJchling j en AHema.gne.
Scorpène volante., en Fratice.
DE LA SCORPÈN!^ VOLANTE. l4^
Vliegcnde Stackel - Baars , Kalkœven-
visch j KaUœntje et Amboynische^
vischj en Hollande.
Ikan Suangi et Loun , aux Indes.
Renard nous a donné quatre dessins
très-mauvais de ce poisson. Ceux de
Valentin et de Ruysh ne valent pas
mieux.
Boldaert se trompe , quand il prend
le premier de ces dessins pour \a. perça
chrysoptera de Linné ; car comme ce
poisson n'a pas l'opercule des ouies
dentelé, il ne saurait être de la famille
des perches.
Nous devons à Séba le premier des-
sin de ce poisson. 11 est en même temps
très-bon. Celui de Klein est imparfait ;
car on y a omis les écailles et la ligne
latérale.
Linné a eu tort de compter notre
poisson parmi les cpinoches , car il a
les piquans liés par une peau.
l5o HISTOIRE NATURELLE
LA SCORPÉNE A ANTENNES ,
SCO RP (E N J ANTENNATA.
Ce poisson se reconnoît par la bande
brune qui passe sur les yeux. On
compte six rayons à la membrane des
ouies, dix-sept àla nageoire pectorale ,
six à la nageoire ventrale , dix à celle
de l'anus , douze à celle de la queue ,
et vingt- quatre à celle du dos.
La tête est rude , à cause du grand
nombre de piquans -, le fond en est
jaune ; elle est tachetée jusque vers les
sourcils. L'ouverture de la bouche est
large ; les mâchoires sont d'égale lon-
gueur et garnies d'un grand nombre de
rangs de petites dents pointues. Le pa-
lais est uni ; la langue dégagée et poin-
tue. Le poisson peut avancer et retirer
la lèvre supérieure ) elle consiste en
deux os larges qui forment une échan-
crure à l'endroit où ils se touchent. Au-
dessus de ces os , on apperçoit trois bar-
DE Ll SCORPÈNE , &C. l5l
billoiis ; et entre les narines on voit
encore denx autres barbillons qui sont
ronds , unis et pointus à l'extrémité.
Au-dessus de l'extrémité de la lèvre
supérieure on apperçoit un barbillon ,
et un peu plus en arrière, près des os
maxillaires , encore deux autres , qui
sont rayonnes et en forme de bassin.
Au-dessus des joues on trouve un dou-
ble rang de piquans dans des directions
opposées. Dans la nuque sont encore
deux autres de ces rangs. Les yeux sont
grands et garnis de quelques piquans
au bord supérieur : au-dessus d'eux se
trouvent deux barbillons bruns et tu-
bercules : les narines doubles et rondes
.sont en avant du bord. Le menton est
blanc, l'ouverture des ouies large; la
membrane branchiale a six rayons
ourbes : elle est en partie cachée sous
l'opercule des ouies, qui se termine en
une pointe. Le corps a des bandes bru-
nes, entre lesquelles on apperçoit des
lignes jaunes et blanches. Les rayons
î52 HISTOIRE NATURELLE
des nageoires pectorales sont simples ,
blancs et longs. La membrane qui les
unit , est violette , avec des taches
noires et une bordure de cett© couleur.
Les autres nageoires , l'anus, la ligne
latérale et le dos sont comme au pois-
son précédent ; mais les écailles sont
plus grandes et les bandes plus larges.
Ce poisson vit dans les mêmes eaux
que le précédent •, il est aussi du nom-
bre des poissons voraces. On le prend
an filet et à l'hameçon. Il a une chair
blanche et de bon goût. Il est un peu
plus grand que l'autre. La conforma-
tion est la même dans les deux pois-
sons.
Piii/e jS3 .
7b,n . JI.
1.1-E COQ \o mer . a.I>A DOT\KK .
3 .liK GAl. A lono's cheveux .
DE LA DOREE. i55
XXVir GENRE.
LE ZÈE ou LA DORÉE,
ZBU s»
Caractère générique. Une membrane
verticale placée transversalement
sous la lèvre supérieure.
LA DORÉE,
ou POISSON SAINT-PIERRE,
Z E US FABER.
On recoMnoît la dorée à la nageoire
ronde de la queue et à la tache brune
qu'on trouve aux côtés. On compte
sept rayons à la membrane des ouies ,
douze à la nageoire de la poitrine , neuf
à celle du ventre , cinq à la premif re
de l'anus , vingt-un à la seconde , treize
Poissons. If, i4
l54 HISTOIRE NATURELLE
à la queue ,dix à la première nageoire
dorsale , et vingt-deux à la seconde.
La tête est grosse, et l'ouverture de la
bouche grande • la mâchoire inférieure
avance sur la supérieure. On apperçoit
au menton deux pointes , et une à
chaque coin de la mâchoire. Ce poisson
peut avancer la mâchoire supérieure ,
et la retirer à son gré. Les deux mâ-
choires sont garnies de dents pointues ,
placées en rangées et recourbées en de-
dans, et on trouve de chaque côté un
os large dans la lèvre. Les yeux sont
grands , placés au sommet de la tète ;
la prunelle est noire, et l'iris jaune.
Immédiatement avant ,on voit les na-
rines. Les opercules des ouies sont
grands et composés de deux lames • les
rayons de la membrane des ouies sont
larges et longs , et l'ouverture des ouies
est très -large ; la couleur des joues,
aussi bien que celle des côtés , est un
mélange de vert et de jaune , et don-
nent au poisson un air doré. Ces cou-
DE LA DORÉE. l55
leurs , vives par elles-mêmes , sont en-
core relevées par la couleur brune du
dos et parla tache aux côtés. Les omo-
plates qui servent de soutien aux na-
geoires pectorales , offrent deux pointes
qui avancent, l'une plus longue, l'autre
plus courte : la première est tournée
vers le ventre, et la seconde vers le dos.
La ligne latérale sort de derrière l'oeil ,
forme une ligne courbe versla queue, et
se perd au milieu de la nageoire de la
queue : le dos est garni de piqûres ,
aussi bien que le ventre ; le premier a
nue rangée simple de pointes jusqu'au
bout de la seconde nageoire dorsale ;
de-là jusqu'à la nageoire de la queue,
il a une rangée de doubles pointes iné-
gales en longueur. Les premières sont
les apophyses des rayons delà nageoire
dorsale ; les autres sont formées par les
extrémités des boucliers qui couvrent
le dos. Les écailles sont petites et min-
ces , ce qui fait sans doute que Salvian
a douté de leur existence , et que les
l56 HISTOIRE NATURELLII
antres iclithyologistes ne les ont pas re-
présentées. Ce poisson, selon Gellius,
doit aussi, lorsqu'on le saisit, rendre
un son, qui vient, selon lui , du mou-
vement du grand opercule des ouies.
Les nageoires pectorales sont cour-
tes, rondes, grises, garnies d'une bor-
dure jaune , et ramifiées comme les
rayons des nageoires ventrales ; les
rayons de la première nageoire de l'a-
nus finissent en une pointe dure , et la
peau qui les unit , est noirâtre comme
à la première nageoire dorsale ; lase-^
conde nageoire du dos est grise comme
la seconde de l'anus -, les rayons de
l'une et de l'autre sont simples : la
nageoire de la queue est ronde et rayée
de jaune.
On trouve ce poisson dans la mer du
Nord , mais en petite quantité. Il ha-
bite aussi la Méditerranée. Ovide en
parle comme d'un poisson rare , ce qui
me fait présumer qu'il n'y est pas fort
commun. Il parvient à la grandeur
DE LA DO R }> E. l5j
d'an pied ou d'un pied et demi , et on
en a pêche qui pesoient dix à douze
livres. Celui dont je donne ici le des-
sin , m'est venu de Hambourg, où les
pêcheurs lui donnent le nom de roi des
harengs. On voit à sa bouche grande
et armée, qu'il doit être rapace. Sa
grande voracité est cause qu'il mord
presqu'à toute sorte d'appât. On le
trouve vers les bords et les côtes, où
il se rend pour poursuivre les poissonâ
qui viennent y frayer. Sa chair est de
bon goût , surtout quand il est gras.
L'estomac est petit , et le canal in-
testinala plusieurs sinuosités. Le foie
est d'un jaune pâle ; la rate rougeâtre :
la laite et l'ovaire sont doubles. On
trouve trente-une vertèbres à l'épine
du dos.
Ce poisson est connu sous difiPéreng
noms. On le nomme :
St. Peterfisch , Sonnenfisch , en Alle-
«lagne.
l58 HISTOIRE NATURELLE
Heringskœnig , àHeiligeland et à Ham-
bourg.
Skrabba , en Suède.
Sonnenvis , en Hollande.
La Dorée ou Foule de mer y en France,
Coq , à Bayonne.
Troueie et St.-Pierre , à Marseille.
Pesce San Piedro , Citula et Rotula , en
Italie.
Il Pesce Fabro , en Sardaigne.
JJAurata , dans l'ile de Malte.
Fabro , en Dalmatie.
Dorée ou Durn, en Angleterre.
Columella se trompe , quand il dit
qu'on ne trouve la dorée que dans la
mer Atlantique.
Nous devons la première connois-
sance de notre poisson à Pline , et le
premier dessin à Belon.
D U G A L , &c. 1 5g
LE GAL A LONGS CHEVEUX ,
ZEUS CI LI ARIS.
Ce poisson diffère des autres dorées
par les six rayons capillaires de la na-
geoire du dos et de l'anus , qui sont
très-longs. On compte sept rayons à la
membrane des ouies , dix-sept à la na-
geoire pectorale , cinq à la nageoire
ventrale, dix - neuf à celle de l'anus ,
vingt-un à la queue j et trente à celle
du dos.
Le corps est en forme de losange ;
il est presqu'aussi large que long, très-
mince et sans écailles. La tête est pe-
tite et fort en pente ; l'ouverture de
la bouche est de médiocre grandeur;
les deux mâchoires sont garnies de
dents courtes et pointues ; l'inférieure
avance par-dessus la supérieure , et la
lèvre supérieure est composée de deux
os longs et larges. Tout près des yeux ,
se trouvent les narines qui sont dou-
iBo HISTOIRE NATURELLE
bles et rondes- les yeux sont grands et
ronds -, la pi unelle est noire , el l'iris
argentin ; l'opercule des ouies consiste
en deux plaques -, l'ouverture des ouies ~
est large , et la membrane brancliios-
tège couverte à moitié : le dos et le
ventre sont arqués , aussi bien que là
ligne latérale à son commencement.
L'anus est à égale distance de la bouche
jet de la nageoire de la queue : îe tronc
et la tête sont de couleur argentine -,
mais le dos tire sur le blanchâtre, et
l'opercule des ouies sur le jaune. Toutes
les nageoires sont brunes ; celles du
ventre sont très-longues ; et ont des
rayons simples. Les nageoires pecto-
rales sont étroites -, celle de la queue
est divisée au milieu presqu'à sa nais-
sance ,et garnie de rayons ramifiés. Les
onze premiers rayons de la nageoiie
dorsale sont simples el très - courts j
ceux du milieu sont longs, et les douze
derniers, qui sont courts, se termi-
nent en deux poiales molles. Cn ap
DU G A L , &c. 1 G l
perçoit de pareils rayons à la nageoire
de l'anus : cependant il n'y en a
qu'onze après les longs, et seulement
un court en devant.
Ce poisson habile les Indes orien-
tales. Celui que j'ai entre les mains ,
est de Surate , et m'a été envoyé par
feu M. le docteur Kœnig : la structure
de sa bouche piouve qu'il faut le mettre
au nombre des poissons voraces. Son
corps est mince j sa chair maigre, co-
riace et fade. C'est par cette raison que
les habilans de ces contrés ïiea font
aucun cas.
Les rayons longs et capillaires m'ont
engagé à donner à ce poisson le nom
de Gai à longs cheveux j en français , et
celui de Langhaariger-Spiegelfiscà , en
allemand.
l62 HISTOIRE NATURELLE
LE COQ DE MER , zeus gallus.
On reconnoît ce poisson par le
dixième rayon de la nageoire dorsale ,
et le second de celle de l'anus , qui sont
les plus grands de tous. On compte sept
rayons à la membrane des ouies, seize
à la nageoire pectorale , six à la na-
geoire ventrale , quatorze à celle de
l'anus , vingt-quatre à la queue , et au-
tant à celle du dos.
Le corps est très-mince , d'une cou-
leur argentine tirant sur le vert , et
sans écailles ; la tête est grande , fort en
pente , et l'ouverture de la bouche est
large ; les deux mâchoires sont garnies
de très-petites dents , et la lèvre supé-
rieure de deux os larges ; les narines
doubles sont près des yeux, qui sont
ronds et grands ; la prunelle est noire ,
et l'iris d'un brun tirant sur le gris ar-
gentin; l'ouverture des ouies est large ,
l'opercule est long, et ne consiste qu'eu
DU COQ DE MER. l63
une seule longue plaque, sous laquelle la
membrane branchiale est cachée : la
ligne latérale est arquée à son commen-
cement, l'anus n'est pas loin des na-
geoires ventrales. Toutes les nageoires
ont une belle couleur verte. Dans la na-
geoire dorsale, les neuf premiers rayons
sont courts et durs, les quatre suivans
longs et mous : les uns et les autres sont
simples. Les nageoires de la poitrine ,
du ventre et de la queue ont des
rayons ramifiés.
Marcgraf assure que ce poisson est
d'une couleur argentine par tout le
corps , et qu'il n'y a que les deux rayons
longs qui sont noirs ; mais le prince
Maurice l'a dessiné tel qu'on le voit re-
présenté ici : car j'ai fait peindre cette
figure d'après le dessin qui se trouve
dans son manuscrit. Pison dit aussi que
la couleur des nageoires est verte.
Ce poisson vit tant dans les pays
chauds que dans les pays froids et tem-
pérés. Marcgraf et Pison font men-
l64 HISTOIRE NATURELLE
lion d'un du Brésil. Browne l'a vu à îa
Jamaïque , du Tertre aux Antilles ,
Nieulioff dans les Indes orientales, et
Forskael à Malte. Selon le prince Mau-
rice , il parvient à la longueur d'ua
demi-pied. Sa ctair est d'un bon goût.
Jl se nourrit de vers , d'insectes et d'au-
tres petits animaux de mer. S'il en faut
croire Pison , il grogne coaime un co-
chon lorsqu'il est pris.
Ce poisson se nomme :
Meerhan , en Allemagne.
Soesmed , KolUvsiulernak , eu Groen-
land.
MeerhcEhn , Bonle laertje , en Hollande.
Larger - SUverfish , aux Colonies an-
glaises de la Jamaïque.
Abacaluaja , au Brésil.
Peixe Gallo , aux Colonies portugaises
de ce pays.
Ikan-Kapelle , aux Indes orientales.
Serduk , à Malte.
Coq de mer et Lune , en France.
Quand Grongv demande , si le pois-
DU RUSÉ. l65
soiî dont parle Linné dans la dixième
édition de son Système , sous l'article
de dorée , est le même que le nôtre, on
doit lui répondre affirmativement , car
Linné dit de ce poisson , que le dixième
rayon de la nageoire dorsale est le plus
long. Il est probable que cet auteur n'a
jamais vu le coq de mer ; sans cela il
n'auroit pas cité pour notre poisson la
guaperça et Vabacatuaja de Marcgraf.
Brown est aussi cité à faux ; car je fe-
rai voir dans la suite qu'il a décrit un
poisson tout différent du nôtre. Dans
Klein , notre poisson se trouve deux
fois. Pour s'en convaincre , il suffit de
comparer les dessins de cet auteur.
Marcgraf se trompe , quand il dit que
notre poisson n^a point de dents.
LE RUSE, ZEUS I NSIDI AT 0 R.
On reconnoit ce poisson à l'ouver-
ture de sa bouche qui est petite. On
compte sept rayons à la membrane des
Poissons. II. i5
lG6 HISTOIRE NATURELLE
ouies, seize à la nageoire pectorale, six
à la nageoire ventrale, vingt à celle de
l'anus, dix-huit à la queue, et vingt-
quatre à celle du dos.
Celte dorée n'est pas si large que les
autres. Sa tête est petite et un peu
concave sur le devant. Labouclie offre
une structure particulière. La mâ-
choire inférieure, qui s'élève dans une
direction droite , a sa jointure dans
l'angle qui est près de l'endroit où.
commence le menlon. Si on la saisit
pour ouvrir la bouche, cette dernière
avance et prend une direction droite.
La mâchoire supérieure avance aussi :
et le tout ensemble forme un museau
en forme de cylindre. L'ouverture de
la bouche qui étoit à la partie supé-
rieure de la tête , se trouve alors au
milieu. Si le poisson retire la mâchoire
supérieure , l'inférieure la suit aussi ,
et le poisson reprend sa forme précé-
dente. Ce mécanisme de l'animal sert
à lui faire prendre sa proie : car lors-
DU RUS É. iGf
qu'il nage près de la surface , comme il
fait communément , et qu'il apperçoil
quelque mouche ou insecte, soit sur les
bords , soit sur l'eau , il avance aussi-tol
le museau, et en seringuant sur eux
l'eau entrée par les ouies , il les a])at ,
et en fait sa proie. Admirons l'Auteur
de la Nature , dout la sagesse est si
féconde en moyens de conserver ce
qu'elle a créé !
Comme ce poisson se sert d'une ruse
pour attraper sa proie, je crois que le
nom que je lui ai donné, lui convient
assez. Les deux mâchoires sont garnies
de très -petites dents pour arrêter les
insectes. Les narines se trouvent fort
près des 5'"eux. Ceux-ci ont une pru-
nelle noire dahs un iris d'une couleur
d'or. L'opercule des ouies consiste en
deux petites plaques. La membrane
branchiale, qui est cachée sous ces pla-
ques , est soutenue par sept rayons.
L'ouverture des ouies est très- large.
La lii^iie latérale, qui règne non loiî>
3 68 HISTOIRE NATURELLE
du dos, forme à son origine un arc lâ-
che , et est interrompue non loin de
l'extrémité de la nageoire dorsale. Elle
reparoît au milieu de la queue , et va
se perdre dans la nageoire de cette par-
tie. L'anus est derrière les petites na-
geoires ventrales, qu'il touche, et dont
le quatrième rayon est piquant. Les cô-
tés sont argentins et tiquetés d'un grand
nombre de points noirs. Le dos est brun
et marque de taches noires : à son bord ,
on apperçoit deux rangs d'aiguillons
courbés en arrière, et entre eux un sil-
lon destiné à recevoir la nageoire. Les
sept premiers rayons de la nageoire
dorsale et les trois antérieurs de celle
de l'anus sont durs et simples; mais les
autres rayons de ces deux nageoires,
sont mous et divisés aux extrémités.
Les rayons des nageoires de la poi tri ne ,
du ventre et de la queue sont ramifiés.
La dernière est fourchue.
Je dois ce poisson remarquable à
mon digne ami Spengler, de Coppenha-
D U V O M E R. 1G9
gue, inspecteur du Cabinet des curio-
sités naturelles de Sa Majesté le Roi
de Dannemarck. Il l'avoit reçu de feu
M. le docteur Kœnig , à Surate. Ce
poisson vit dans les eaux douces de ce
pays. Sa chair est grasse et d'un bon
goût. Au lieu d'écaillés, ce poisson est
garni d'une peau mince qui ressemble
à une feuille d'argent. On le prend tant
au filet qu'à Thameçon, auquel on at-
tache un insecte ailé.
Les raisons que nous avons alléguées
plus haut , m'ont engagé à donner à ce
poisson les dénominations suivantes '■
Rusé, en français, et listiger Spiegel-
fisch , en allemand.
LE VOMER, zEus r o mer.
On reconnoît ce poisson au second
rayon de la nageoire du dos et de l'a-
nus , qui sont plus longs que le tronc
même. On compte sept rayons à la
membrane des ouies, dix-huit à la 11a-
îfO- HISTOIRE NATURELLE
geoire pectorale , six à la nageoire ven- i
traie, vingt deux à celle de l'anus, dix-
rjcuf à la queue, et trente -un à celle
du dos.
Le corps est large , mince et sans
écailles. La tête est fort en pente ,
mince et longue. L'ouverture de la
bouche est de médiocre grandeur, et
Tes deux mâchoires , dont l'inférieure
est la pins longue , sont garnies de très-
petites dents pointues. Les narines sont
fort près des 3'"eux. Ces derniers sont
ronds. La prunelle est noire-, l'iris ar-
gentin et entouré d'un cercle violet.
L'opercule des ouies , qui ne consiste
qu'en une plaque étroite et mince, est
long ; l'ouverture des ouies est large ,
et la membrane branchiale est cachée
sous la plaque. La ligne latérale forme
un arc vers le dos. L'anus est immé-
diatement derrière les nageoires ven-
trales, qui sont longues et étroites, et
les deux piquans se trouvent devant la
naf^noire de l'anus. Le tronc aussi bien
DU Y G M E E . 17 1
qtic la tête de celui qu'on trouve au
Brésil, sont de couleur argentine ti-
rant sur le bleu ; mais dans celui do
Norwège , ces parties tirent sur le
pourpre. Toutes les nageoires sont lon-
gues , et ont une belle couleur bleue.
Ce poisson vit dans les eaux du Bré-
sil. Suivant les observations du prince
Maurice, il parvient à la longueur d'un
demi -pied. Il n'a que peu de chair ,
mais elle est d'un bon ^orit. Il se nour-
rit de coquillages et de petits crabes.
On le prend tant à l'hameçon qu'au
filet.
Ce poisson se nomme :
PJJtigsc/iaar ,en Allemagne.
Siher-Sîirahha, en Suède.
Sohphtter , Gnld-Fisk,en Norwège.
Vomer, en France.
Zilvervisch , en Hollande.
Larger Siher-Fish , aux Colonies an-
glaises de la Jamaïque.
Guaperva Ahacatuajarana , au Brésil.
MarcgraT^ qui est le premier qui
172 HISTOIRE NATURELLE
nous ait fait connoître ce poisson , nous
en a donné aussi un assez bon dessin,
dont nous trouvons la copie dans Wil-
lughby, Jonston et Ruyscli.
Linné prétend que notre poisson a
deux nageoires dorsales et deux pi-
quans courbés en arrière , dont l'un
tient au dos et l'autre à l'anus ; mais
les quatre exemplaires que je possède ,
n'ont qu'une nageoire dorsale , et point
de piquans recourbés. Je ne les trouve
pas non plus dans le dessin de Marc-
graf, ni dans celui du prince Maurice,
ni dans la figure que Linné nous en a
donnée lui-même.
Il est très-probable que Klein a dé-
crit notre poisson comme deux espèces
différentes. Selon cet auteur , sa hui-
tième espèce diffère de sa septième, en
ce qu'elle n'a que des rayons courts ;
mais on voit , par le dessin qu'il en
donne , qu'il a eu sous les yeux un
exemplaire séché , auquel les ra3^ons
longs manquoient.
U E LA PLIE. Ij'S
XX Ylir GENRE.
LE PLEURONECTES (nageur
de côté) ou LA SOLE,
PLEURONECTES,
Caractère générique. Les yeux à la sur-
face supérieure.
SOLES QUI ONT l'cEIL A DROITE (l).
LA PLIE, PLEURONECTES PLATESSA.
Cette espèce de poisson se clistingne
de toutes les autres par les six éminen-
(i) Pour déterminer la position des yeux,
on suppose le poisson placé sur le ventre ,
la queue vers la poitrine de l'observateur ;
alors les j'eux sont réputés à droite ou à
gauche , selon qu'ils se dirigent vers l'une
ou l'autre main.
174 HISTOIRE MATtJRELLE
ces qu'elle a à la tête. On trouve six
rayons à la membrane des ouies, douze
à la nageoire de la poitrine , six à celle
du ventre, cinquante-quatre à celle de
l'anus , dix-neuf à la queue, et soixan-
te-huit à la nageoire dorsale.
Le corps de ce poisson est revêiu
d'écaillés minces et molles , placées
dans de petits enfoncemens ; ce qui
fait que le poisson semble uni au lou-
cher. Les écailles se détachent aisé-
ment du tronc ; mais à la tête , elles
tiennent si fortement, qu'on ne peut
lesdélacher qu'avec beaucoup de peine.
La bouche est petite; la mâchoire infé-
rieure avance sur la supérieure, et l'on
voit des deux côtés un os large dans la
lèvre. Les narines sont près des yeux ,
qui sont de moyenne grandeur; ils ont
une prunelle bleuâtre, entourée d'un
i ris d'un] aune verd. Derrière les yeux,
on trouv^e les six éminences dont j'ai
parlé : la première est plus grosse que
les autres. Les deux mâchoires sont ai>
DE LA PLIE. 175
mées d'une rangée de petites dents
émoussées. On trouve à l'œsopliage
deux os rudes. Le palais et la langue
sont unis. La membrane des ouies , qui
est cachée sous leurs opercules, a des
rayons ronds. Le tronc est marbré de
brun et de gris; cendré en dessus, et
blanc en dessous : il est parsemé de ta-
ches rondes couleur d'orange , aussi
bien que les nageoires du dos et de l'a-
nus. La ligne latérale passe au milieu
du corps dans une direction droite. Les
rayons des nageoires du dos, de l'anus
et de la queue , sont plus longs que la
peau qui les unit ; ils sont longs et cou-
verts jusqu'à la moitié d'écaillés. Tou-
tes les nageoires sont d'un gris foncé.
La nageoire dorsale commence imnié-
diatement au-delà de l'oeil, et finit
près de celle de la queue. Avant la na-
geoire de l'anus , on trouve un fort pi-
quant.
Nous trouvons ce poisson en quan-
tité dans la Baltique, et sur-toul dans
IJ^ HISTOIRE NATURELLE
la mer du Nord , où H se tient dans le
fond. Il en sort dans la belle saison ,
pour chercher les endroits des côtes et
des fleuves où les rayons du soleil fa-
vorisent sa propagation. Il vit de pe-
tits poissons , mais sur-tout de coquil-
lages et de petits escargots. J'ai trouvé
dans les intestins une quantité de co-
quilles pulvérisées.
La plie parvient à une grosseur assez
considérable, et pèse jusqu'à quinze à
seize livres. Elle fraie en février et
mars , et dépose ses œufs entre les
pierres et dans les herbages.
On prend les plies avec des hame-
çons dormans, auxquels on attache de
petits poissons coupés. On les prend
aussi de la manière suivante : Lorsqu'il
fait vui beau soleil , et que l'eau est
tranquille , les pêcheurs cherchent les
places unies sur les côtes , le rivage ,
ou les bancs de sable. Lorsqu'ils y dé-
couvrent une plie, ils lui lancent un
plomb attaché à une ficelle, et auquel
D E L A P L I E. 177
on a assujetti un fer à trois ou quatre
pointes crocliues. Lorsque les crochets
tombent bien snr le corps, le mouve-
ment circulaire du sable fait connoître
au pêcheur que le poisson fait des ef-
forts pour se détacher des crochets.
Lorsqu'il n'y a pas plus de deux à trois
brasses de fond, ils prennent la plie
avec une perche , à laquelle ils atta-
chent des crochets de la même espèce ;
et de cette manière , le poisson leur
échappe rarement. Cependant , dans
ces deux cas , il est nécessaire que le
bateau soit dans un repos parfait; et
quand quelques petites vagues l'agi-
tent , ils tâchent de le mettre en re-
pos par de l'huile qu'ils jettent dans
l'eau.
La plie est un poisson de bon goût ,
presque généralement estimé ; mais
qui n'est pas par-tout également bon.
Les plus petites et les plus minces sont
les plus mauvaises , parce que leur
chair devient molle et gluante par la
Poiasons. II. 16
Î78 HISTOIRE NATURELLE
cuisson. Les grosses ont, au contraire,
la chair ferme , grasse et de bon goût.
3L»es premières sont par-dessous d'un
blanc bleuâtre ; les autres ont une cou-
leur d'un blanc rougeâtre. Les plus
mauvaises se salent , se sèclient à l'air ^
et on en fait des paquets qu'on envoie
de tous côtés. On les fait ensuite ra-
mollir et cuire avec des pois. Cepen-
dant elles ne sont pas une bonne nour-
riture pour les malades. L'espèce la
plus grosse et la meilleure se sèche
aussi ; et après en avoir ôté la peau ,
on la mange en guise de fromage. On
accommode les fraîches de différentes
manières. s
La cavité delà poitrine est petite,
et le cœur forme un carré long. Le
foie est long , simple , et la vésicule
du fiel grosse. L'estomac est long et pas
fort large. Le canal des intestins a plu-
sieurs sinuosités ; et au commence-
ment, on trouve deux à quatre ap-
pendices. Le foie est rond et d'un brun
D E L A P L I E. 1 79
ronge. La laite et l'ovaire sont dou-
bles. Le diaphragme est noir par en
haut , et blanc par en bas. On trouve
quarante-trois vertèbres à l'épine du
dos.
Ce poisson est connu sons difFércns
noms. Ou le nomme :
SchuUe , à Hambourg.
Platteiss et SchoUe , dans plusieurs en-
droits de TAIlemagne.
Rœdspœtte , Schullcr, en Danemarck.
Hellebult ,Sondmœr-Kong, Faar-Guld,
Floender-SIaeter , en Norwège.
Shalla , en Suéde.
Karkole , en Islande.
SchoUe , en Plollande.
Plaise , en Angleterre.
Plyê ou Plie , en France.
Corne et Jei , au Japon.
Bot ou Plie , aux îles Moluques.
Selon M. Deslandes , il y a un conte
fort commun dans divers cantons de
l'Angleterre et de la France ; c'est que
la plie est engendrée par îa chevretle
l8o HISTOIRE NATURELLE
OU cevrette , espèce d'écrevisse de la
grosseur du petit doigt. Pour remonter
à l'origine de ce conte , cet auteur fit
plusieurs expériences : il mit plusieurs
de ces chevrettes dans un vase plein
d'eau de mer , qui avoit trois pieds de
diamètre. Au bout de douze ou treize
jours, il y découvrit huit à dix pe-
tites pl'.es , qui grossirent peu à peu,
Aj'^ant essayé plusieurs fois la même
chose , il vit toujours le même efFet,
Ensuite , au mois d'avril , il mit des
plies dans un vase , et dans l'autre des
écrevisses et des plies tout ensemble.
Quoique ces poissons frayassent dans
les deux vases , il ne vit paroi tre des
plies que dans celui où étoient les pe-
tites écrevisses. Ayant ensuite exa-
miné de plus près ces écrevisses , il
trouva entre les pattes de petites ves-
sies de différentes grosseurs, qui étoient
fortement attachées au ventre par le
moyen d'une liqueur visqueuse. Il
ouvrit ces vessies avec précaution ,
DE LA PLIE. l8i
et y trouva quelque chose de sembla-
ble à un embryori; peu développé, qui
avoit entièrement la figure d'une plie 3
et il en conclut que ce poisson ne pou-
voit éclorre sans être couvé par ces
écrevisses. Quoique cette expérience
soit fort remarquable , il ne paroît pas
cependant qu'on doive en conclure ce
qu'en conclut M. Deslandes. Car il
est impossible que ces poissons aient
pu frayer dans un vase aussi petit ,
où il n'y avoit ni pierres ni herbages •
choses contre lesquelles il faut néces-
sairement que le poisson se frotte pour
faire sortir ses œufs. Les œufs que
M. Deslandes a trouvés dans les vases,
étoient ceux que le poisson avoit per-
dus par hasard lorsqu'on l'avoit pris ,
et ils n'étoient point fécondés comme
ceux qu'on trouve dans les réservoirs
et les filets au temps du frai. Il est plus
vraisemblable que les œufs des plies ,
que les écrevisses cherchent beaucoup,
pour les manger, sont restés attachés
l82 HISTOIRE natltrellï:
par Iiasard aux écrevisses par le moyeïj
de la liqueur visqueuse que l'on re-
"marque ordinairemcîit sur ces œufs
dans îe temps du frai : et voilà pour-
quoi on les trouve sous leur ventre. Si
l'on adoptoitl'opinionde M. Deslandesy
on ne pourroit expliquer comment se
fait la grande multiplication de ce
poisson ; il faudroit supposer que quand
les plies fraient , les écrevisses se trou-
veroient en assez grand nombre, ci
seroient assez complaisantes pour se
mettre sur le dos , afin de recevoir sur
leur ventre la grande quantité d'œufs
qu'elles poudroient , et les y laisser
couver tranquillement. On ne peut pas
objecter ici que les insectes déposent
de même leurs œufs sur les plantes et
les animaux. Les œufs des insectes
sont fécondés avant que la femelle les
ponde , et un instinct particulier porte
ces animaux à les déposer sur des en-
droits où leur postérité puisse trouver
lUi développe ment et une nourriture
DE LA P L I F. 18.7
convenable : choses que le poisson peut,
trouver par-tout dans Télément où it
doit vivre.
BeTon , Rondelet , Gesner et Al-
drovand ont représenté ce poisson avec
les deux yeux à gauche. Cette faute
vient sans doute de ce que ces auteurs
n'ont pas pris assez d'attention à diri-
ger îe travail de leur artiste. Le gra-
veur grave son modèle à rehours sur
le bois ou le cuivre, afin de le faire
paroître sur l'épreuve dansla situation
de l'original. Or comme notre poisson
aies yeux du même coté, il auroit
fallu ouïe dessiner à rebours, ou le
graver à la lueur d'un miroir. C'est
une chose à laquelle ni Belon ni ses
successeurs n'ont fait attention. Cette
chose indifférente dans tout autr&
genre , ne l'est point du tout ici , puis-
que la position des yeux de ces pois-
sons à droite ou à gauche forme leur
caractère rjistinctif. C'est cette confu-
ï:ion des dessins qui^ scion moi, a
l84 HISTOIRE NATURELLE
multiplié sans nécessité les espèces des
anciens ichthyologistes.
Nous répondons négativement à
Klein quand il demande s'il faut re-
garder comme notre plie le struffbut
de Sclioneveld : car le struffbut , qui
estnotrc moineau de mer , a des piquans
au fond de la nageoire du dos et à celle
de l'anus. Cet auteur rapporte aussi
faussement noire poisson comme deux
espèces.
LA BARBUE,
P LEURON ECT ES RHO M BUS.
Ce poisson se distingue des autres
du même genre , par son corps large
et uni , et par la position des yeux à
gauche. On trouve six rayons à la
membrane des ouies , douze à celle de
la poitrine , six à la nageoire du ven-
tre , cinquante-sept à celle de l'anus ,
seize à la queue , et soixante^onze à
la nageoire dorsale.
DE LA BARBUE. l85
La tête est petite et large , et l'ou-
verture fie la bouche en forme d'arc.
La mâchoire inférieure est un peu
avancée sur la supérieure : l'une et
l'autre sont armées de plusieurs ran-
gées de petites dents pointues , dont
les antérieures sont les plus grandes.
Ce poisson peut avancer et reculer les
deux nageoires à son gré. Les narines
sont tout près des yeux \ les derniers
ont une prunelle noire , entourée d'un
iris blanc. Les opercules des ouiessont
dirigés vers le dos en forme d'angle
obtus. Les écailles , qui couvrent le
corps , sontoblongues; et comme outre
cela , elles sont molles , le corps paroît
uni au toucher. La têle est brune par
en haut aussi bien que le corps , et le
tronc est marbré de brun et de jaune.
Le côté inférieur est blanc, et la ligue
latérale forme une courbure près de
la tête; puis elle passe au milieu du
corps dans une direction droite. Les
nageoires sont marbrées , et ont des
lS6 HISTOIRE NATURELLE
taches brunes , blanclies et jaunes. La
nageoire dorsale commence tout près
tle la mâchoire supérieure , et finit h
lu nageoire de la queue , qui est longue
et un peu arrondie. On ne voit pas le
2:)i quant de l'anus.
Ce poisson est un des plus communs
de tout le genre. On le trouve dans
tous les endroits de la mer du Nord ,
dans la Méditerranée et sur les côtes
de Sardaigne , où il se tient au fond
comme le précédent. Il est avec le
turbot le plus large de tout ce genre ,
et parvient à une grosseur considéra-
ble. On en pécha un , sous le règne de
l'empereur Domitien , qui avoit vingt
aunes de long et un pied d'épaisseur.
Ce poisson est rapace comme le précé-
dent : on le prend et on l'accommode
de la même manière.
La barbue a l'œsophage large , la
membrane de l'estomac épaisse , et
deux appendices en forme d'entonnoir.
DE LA BARBUE. 187
Les parties intérieures ^nnt oona.^o
dans le poisson précédent.
Ce poisson est connu sous différens
noms. On le nomme :
Glatthutt, Winchelbutt j en Allemagne.
Elbbuttf à Hambourg.
Slaetwar , en Danemarck.
Sand-Flynder , en Norwège.
Pigghuars , en Suède.
Cript , en Hollande,
Pearl , à Londres.
Lug-aleaf , dans la province de Corn-
Tvallis.
Barbue et RJiomboide , en France.
BJiombo , en Italie.
Artédi croit que le rhombus de Pline
est notre poisson. Mais comme ce der-
nier dit expressément que le passer
diffère du rhombus et de la sole à l'é-
gard de la position des yeux , en ce
que le premier a les yeux à droite et
les deux autres à gauche (i), je crois
( I ) Voiai ce qu'il en dit : Marinorum
l88 HISTOIRE NATURELLE
qu'on peut avec plus de raison pren-
dre le dernier pour notre poisson.
Willughby et Ray ont fait de leur
lug-aleafet du rhomboïde de Rondelet
deux espèces ; mais on n'a qu'à com-
parerles descriptions et les figuresqu'ils
en donnent, et l'on verra que ce n'est
qu'une espèce.
4 '
LE FLEZ , PLEURONECTES FLJSSirS.
Cette espèce de sole , qui a les yeux
adroite, se distingue des autres de
cette classe par la quantité de petits
piquans , qui rendent sa surface iné-
gale et rude. Ou trouve six rayons à
la membrane des ouies , douze à lana-
alii sunt plani , ut rhombi ^ soleœ acpas-
seres , quia rhumhi situ tantum corpo-
runi differunt ; dexter resupinatus est illis,
passer i lœvis. Ces passages obscurs s'en-
tendent plus aiscjnent , àce que je crois , de
la situation des yeux à droite ou à gauche.
D U F L E Z. 1 (S9
^eaiie de la poitrine , six à celle da
ventre, quarante- quatre à celle de
i'anus, seize à la queue, et cinquante-
neuf à la nageoire du dos.
Si Ton considère au microscope les
piquans de la tête et du tronc , ]es uns
paroissent courbes , les autres droits.
Les premiers sont dispersés sur toute
la surface du corps ; les autres sont
placés sur la ligne latérale et à la marge
inférieure des nageoires du ventre , de
l'anus et du dos , où ils sont rangés
en croix sur les éminenceS osseuses que
l'on trouve sur ces nageoires. Le côté
supérieur. de ce poisson est d'un brun
foncé , interrompu par des taches bru-
nes , olivâtres, d'un verd jaune et
noir. Le côté inférieur est blanc , avqc
des ombres brunes garnies de taches
noires. On voit aussi à ce côté des pi-
quans sur la marge inférieure des na-
geoires , et à la ligne latérale. Les
deux côtés sont couverts d'écaillés
minces et oblongues , qui sont telle-
Poissons, II. 17
1^0 HISTOIRE NATURELLE
ment enfoncées et attacliées à la peau ,
qu'on peut à peine les appercevoir.
L'ouverture de la bouclie est petite ,
îa mâchoire inférieure plus longue que
la supérieure , la langue courte et
étroite, et on trouve à l'œsophage
deux os ronds et rudes. Les yeux sont
avancés', et leur prunelle noire est
entourée d'un iris jaune. Les oper-
cules des ouies forment une pointe
émoussée , et leur ouverture est large.
La ligne latérale, qui s'approche Un
peu du dos , forme une courbure au-
dessus de la nagïïoire pectorale , -et se
perd au milieu de la nageoire d€ la
queue. Les nageoires sont brunâtres ,
et celles de l'anus , de la queue et du
dos sont tachetées de noir. D'ailleurs ,
elles sont toutes comme à la plie. On
voit un fort piquant entre la nageoire
de l'anus et celle du ventre.
On trouve le fiez non-seulement dans
la mer du Nord , mais aussi dans la
Baltique. Au printemps , il se rend
.i-
DU F L E 7.. 191
«'omme le précédent vers Its livages et
les embouchures des fleuves. En An-
gleterre ,il remonte fort avant dans les
fleuves; mais cbez nous il ne vient que
dans le HaiT. Selon Willughby , ceux
que l'on prend dans les rivières , ont
une chair plus molle et une couleur
plus claire que ceux de la mer. La res-
semblance de la couleur de ceux qu'on
prend dans les rivières avec celle du
moineau , leur a fait donner par quel-
ques auteurs le nom de passer Jluvialilis
(moineau de mer). On le prend comme
le précédent. La pêche s'en fait en Po-
méranie , auprès de Rugenwalde , de-
puis le printemps jusqu'en automne ;
car après la St. Jean , c'est le temps où
il est le plus charnu et le plus gras. La
bonté de sa chair dépend en général
des diiférentes contrées où il a vécu ,
et de la quantité plus ou moins grande
de nourriture qu'il a trouvée. Ceux que
l'on prend près de Memel , passent pour
les meilleurs de la Baltique , quoique.
192 HISTOIRE NATURELLE
leur chair n'approche pas de la bonté
de celle de la plie. On l'accommode
comme le précédent.
Le flez ne parvient pas à la grosseur
de la plie; les plus gros ne pèsent pas
plus de six livres. Il a la vie dure et
s'avance dans les eaux douces. Comme
on peut le transporter dans des vais-
seaux l'espace de quelques milles , il
seroit à souhaiter que nous le missions
dans des étangs comme ont fait les ha-
bitans de la Frise.
Les parties intérieures de ce pois-
son sont comme celles de la plie , ex-
cepté les deux appendices que l'on
trouve à l'entrée du canal des intes-
tins , qui sont beaucoup plus petites. On
trouve trente- cinq vertèbres à l'épine
du c^os.
Ce poisson est connu sous dilTcrens
noms. On le nomme :
Flinder et Flonder , en Prusse.
Butte et Flunderj en Livonie.
DU F L E Z. 193
Battes , Lestes , Plehkstes , cTiez les
Lettes.
Lœst et Kamlias, en Estonie.
Skey ySandskraa , en Nor^vège.
Kola et Lura, en Islande.
Flounder , Bw^ , en Angleterre.
Fiez , en France.
Butte , Sandskrehle , cnDanemarck.
Flundra et Slaettskaeda , en Suède.
^0^ , Amsterdamse-Bot , Fey-Bot , en
Hollande.
Het'Tey , aux environs de la mer.
Rondelet se trompe en prenant le
helbut des Anglais pour notre poisson.
Klein a tort de citer la plie de Wil-
Ingliby et le rhomboïde de Sclioneveld
pour notre poisson. Le dessin de cet
auteur ressemble aussi plus à la plio
qu'au flez.
Quand Arlédidit que le côlé gauche
âc ce poisson n'a point de piquans ,il
f:iut qu'il ait examiné un jeune pois-
son où ces piquans n'étoient pas sen-
sibles.
Kji HISTOIRE NATURELLE
Gronov cite mal-à-propos comme
notre poisson , la quatrième espèce du
passer de Ray, et la Hmancle de Linné*
LA SOLE, PLEURONECTES SOLE A,
' Cette espèce de soie se distingue des
autres poissons de ce genre, par l'avan-
cement de la mâchoire supérieure, et
par ses écailles dures et ralx)teuses. On
trouve six rayons à la membrane des
ouieSjdix à la nageoire de la poitrine,,
sept à celle du ventre, soixante-un à
celle de l'anus , dix-sept à la queue , et
quatre-vingt-un à la nageoire du dos.
Ce poisson est presque trois fois aussi
long que large. Le côté supérieur et
l'inférieur sont couverts de petites
écailles dures, dentelées et fortement
attachées à la peau ; ce qui les rend
rudes au toucher": l'un est blanc, l'au-
tre olivâtre. La tête est petite et ar-
rondie par en haut. L'ouverture de la
bouche se distingue en ee que la ma-
J'ili/*" /o^
1.1. \ i.iM\xi>K i.i.K n.i'.T\N :i.i.\ SOl.K.
e ;IDGE. MA USA
DE LA SOLE. 1()5
dioire supérieure est taillée en crois-
sant : la mâchoire inférieure seule est
garnie de plusieurs rangées de petites
dcntspointucs.A l'œsophage, on trouve
en haut deux os ronds en forme de
lune , et autant en bas qui sont longs.
Les deux mâchoiics sont garnies au
côté inférieur d'un grand nombre de
petits barbillons de couleur blanche.
Les deux narines sont cylindriques :
l'une est au côlé supérieur et l'antre
à l'inférieur , tout près des bords de la
bouche. Les yeux ne sont pas si près
l'un de l'autre que dans lés autres es-
pèces de ce genre j la prunelle est
bleuâtre et l'iris jaunâtre. L'opercule
des ouies est rond , et consiste en une
seule lame , sous laquelle est cachée la
membrane des ouies. La ligne Jatéralc
est droite et un peu plus près du doa
que du ventre. Les nageoires du ventre
et de la poitrine sont petites. Sous les
dernières , on trouve l'anus tout près
ile la tête ; et près de Fanus, on voit
igC HISTOIRE NATURELLE
un piquant court et fort, La nageoire
dorsale commence au-dessus de l'ou-
verture de la bouche ; celle de l'anus
est tout près de celle du ventre : toutes
deux se terminent à la nageoire de la
queue ; les rayons de l'une et de l'autre
sont couverts d'écaillés presque jusqu'à
la moitié. La nageoire de la queue , qui
est ronde , a des rayons ramifiés. Toutes
les nageoires sont de couleur olivâtre
par en haut , et blanches par en bas.
Nous trouvons ce poisson non-seule-
ment dans les eaux de la mer Baltique
et du Nord , mais aussi dans la mer
Méditerranée et dans celle de Surinam :
ce qui fait qu'il est connu non-seule-
ment des Européens , mais aussi des
Turcs, des Arabes et des Américains.
Cependant on le prend rarement dans
la Baltique aux environs de la Pomé-
lanie ; maison le pcclie en grande quan-
tité sur les côtes d'Orytana et dcSt.-An-
tioclie en Sardaigne. Il vit des œufs et
des petits des autres poissons, Il a pou'F
DE LA SOLE. 197
ennemis les crabes , qui mangent ses
petits. Il ne devient pas plus long que
deux pieds ; et pèse alors huit livres.
Une chose remarquable , c'est que sur
quelques côtesd' Angleterre ,ce poisson
ne passe pas la pesanteur d'une livre ,
et sur d'autres , on en trouve de six à
luiit livres.
Tout ce que nous avons dit du frai ,
de la pêche et de la manière d'accom-
moder la plie , peut être appliqué à la
sole. Nous remarquerons seulement en-
core , que celle-ci a la chair beaucoup
plus tendre que les autres espèces ; ce
qui hii fait donner en France le nom
de perdrix de mer. C.dles qu'on prend
au Cap de Bonne-Espérance , passent
pour les meilleures. En général , les
])liis petites ont la chair beaucoup plus
tendre que les grosses.
La cavité du ventre étoit courte dans
le poisson que je représente ici : elle
s'étendoit entre les deux côtés et les
vertèbres de la longueur de trois pouces
19^ inSTOIRE NATURTTLT-E
vers la queue. Le canal des intestiiî&
avoit plusieurs sinuosités , et étoit pres-
qu'une fois aussi long que tout le corps.
JLes autres intestins étoient pareils à
ceux des précédens. J'ai trouvé qua-
rante-huit vertèbres à l'épine du dos.
Ce poisson est connu sous difiFérens
noms. On le nomme :
Zunge , Seerephuhn , en Allemagne.
Tunge , Hunde-Tvngey Tunge-Pledder,
Hav-Ager, Hone , en Danemarck.
Tunga Sola , en Suède.
Tonge, en Hollande et en Norwège.
Sol , en Angleterre.
Sole, et Perdrix de mer, en France.
L,ins;uata , en Italie.
Sagliola, en Sardaigne.
Linguato , en Espagne.
Vit Baluck , en Turquie.
Samakmusi , en Arabie.
Sole , Zeetong et Bot , à Surinam.
Dans Belou , qui a le premier décrit
la sole , les yeux sont à droite. Chcs
Rondelet ils sont à i^auche. Gesney le*
Cl
DELA LIMANDE. 1 99
a représentés une fois adroite, une
fois à gauche. Dans Aldrovand, Ruyscli
et Willughby, les dessins sont justes ;
celui de Jonston ne l'est pas.
Quant à ce que dit Artédi que les
deux narines se trouvent sur le côté
supérieur , l'expérience m'a montré
1« contraire.
Bomare se trompe en disant que
notre poisson n'a point de dents.
LA LIMANDE,
FLEURON ECTES Lî M AN DA,
Les écailles d ures , dentelées , et l'arc
que forme la ligne latérale à son com-
mencement, sont les caractères qui dis-
tinguent ce poisson des autres poissons
de la même classe. On trouve six rayons
à la membrane des ouies , onze à la
nageoire de la poitrine , six à celle dti
ventre , soixante-un à celle de l'anus ,
quinze à la queue, et soixante -six à la
nageoire du dos.
SCO HISTOIRE NATUPcELLE
Ce poisson est jaune sur le côté su-
périeur et blanc sur l'inférieur. Ces
deux côtés sont couverts d'écaillés as-
sez grandes. La tête est petite, oblon-
gue, et l'ouverture de la bouche étroite.
Les deux mâchoires hont d'égale lon-
gueur : à la supérieure , on voit beau-
coup plus de petites dents qu'à l'infé-
rieure. Les yeux avancent , ont une
prunelle noire entourée d'un iris cou-
leur d'or. La ligne latérale , qui est
noirâtre , commence près de l'oeil et
finit vers la nageoire de la queue. Toutes
les nageoires sont blanches au côté in-
férieur , et d'un brun jaune sur le
supérieur : celle de la queue est d'un
brun foncé. Les rayons de la na-
geoire de l'anus et du dos sont couverts
d'écaillés , et on apperçoit un piquant
à l'anus.
Ce poisson se trouve également dans
la Baltique , dans la Méditerranée et
danslanierdu Nord. On m'en a envoyé
un de Poméranie sous le nom de
DE LA L I M A N D E. 2ol
glahrke , et un autre de Hambourg sous
celui de kliesche.
La limande n'est pas si commune
que le fiez et la plie , ni si épaisse que
cette, dernière. D'ailleurs , on la pêche
et on la prépare de la même manière.
Quoiqu'elle ne soit pas si grosse que la
plie , elle la surpasse cependant en
bonté. Lesmois où elleestlameilleure,
sont ceux de février et d'avril. Ello
fraie plus tard que les précédens ; c'est-
à-dire au mois de mai , et quand il fait
froid , en juin. Dans ce temps sa chair
est molle et de mauvais goût. Elle vit
d'insectes et de vers , et sur-tout de
petits crabes : j'en ai trouvé souvent
dans son estomac.
Les intestins de ce poisson sont sem-
blables à ceux de la plie. L'épine du dos
n'a que cinquante-une vertèbre^f.
Ce poisson est connu sous dijBFérens
noms. On le nomme :
Kleische et Kliesche , à Hambourg.
Glahrke , en Poméranie.
Poissons. IL i8
202 HISTOIRE NATURELLE
Skruhbe , en Danemarck.
Grette , en Hollande.
Dab , en Angleterre.
Limande , en France.
hima , en Sardaigne.
Belon est le premier qui ait décrit
ce poisson , et Rondelet en a donné le
premier dessin. Dans cet anteur, ainsi
que dans Aldrovand et Willugliby , la
limande a les yeux à droite*, dans Ges-
ner , elle les a à gauche .
Klein se trompe quand il dit que le
poisson qui est représenté sur la plan-
che F. 5 de Willugliby est le nôtre :
c'est sûrement une faute du copiste ou
de l'imprimeur.
Je n'ai pu remarquer les piquans qui ,
selon Linné , doivent se trouver sur les
•nageoires du ventre et du dos.
D
DU FLÉTAN. 203
LE FLÉTAN,
P LE U RONEC T ES H I P PO G L 0 S S U S,
Le flétan se distingue des autres es-
pèces de soles, par l'écliaricrure de la
nageoire de la queue en forme de crois-
sant. On trouve sept rayons à la mem-
brane desouies, quatorze à la nageoire
de la poitrine, sept à celle du ventre ,
quatre-vingt-deux à celle de l'anus ,
dix-huit à la queue , et cent sept à la
nageoire du dos.
Le côté supérieur de ce poisson est
couleur de cuir ; l'infcrieur est blanc.
La couleur change dans tous les pois-
sons, selon qu'ils sont plus ou moins
gras. Chez le ilétan, les maigres sont
d'une couleur noirâtre. Les deux côtés
sont couverts d'écaillés oblongues , for-
tement attachées , et qui étant molles
et couvertes d'une matière visqueuse ,
ne se sentent presque point au toucher:
Qïi ne les remarque que lorsque le pois-
2o4 HISTOIRE NATURELLE
son est sec. La tête est petite , l'ouver-
ture de la bouche large , et les deux
mâchoires garnies de plusieurs dents
longues , pointues , courbes et séparées
les unes des autres. La lèvre supérieure
est mobile et garnie d'un os large. Les
yeux sont près l'un de l'autre , grands,
ont la prunelle noire et l'iris blanc.
L'opercule des ouies consiste en trois
lames ;l'ouverture des ouies est grande ,
et leur membrane passe en dehors La
nageoire de la poitrine est oblongue ,
jaune , avec une bordure brune -, celles
du ventre et de la queue sont brunes ,
et celles du dos et de l'anus jaunes, L'a-
nus est plus éloigné de la têle que dans
les autres poissons de ce genre. On voit
un piquant au commencement de la
nageoire de l'anus. La ligne latérale
forme un arc à la poitrine , et va eur
suite dans une direction droite jusqu'à
la nageoire de la queue.
Le flétan paroît faire en quelque
sorte le passage des soles aux autres
DU FLÉTAN. 2o5
genres Je poissons. Ilapproclie plus que
toute autre espèce de sole des autres
genres de poissons , par la forme de la
nageoire de la queue , la largeur de la
membrane des ouies , la grandeur des
yeux , l'ouverture de la bouche , la
grandeur de son corps charnu et alongé.
Après la baleine , le flétan est le plus
gros de tous les poissons. On en pêche
en Angleterre qui pèsent deux à trois
cents livres \ et en Islande , on en a pris
de quatre cents. Olafsen en a vu qui
àvoient cinq aunes de long. En Nor-
^vège on en prend qui sont si gros ,
qu'un seul suffit pour couvrir une na-
celle de ce pays Ce poisson mériteroit
par conséquent plutôt le surnom de
maximus que celui à qui on l'a donné.
On le trouve dans l'Océan septentrio-
nal dans la mer du Nord ; et ce sont les
Anglais et les peuples septentrionaux
qui le pèchent en plus grande quantité.
Les Anglais le tirent de Neufoundland,
et les Français de Terre-Neuve.
206 HISTOIB.E NATURELLE
Le flétan est si rapace , qu'il dévore
les raies , les crabes et les aigrefins ; il
avale aussi les lièvres de mer ( Cyclop-
terus lumpus ) qui sont attachés aux
rocliers,et en est sur-tout friand. Ces
poissons se tiennent en rangées dans
le fond de la mer, et épient, la gueule
ouverte, les poissons qui passent, afin
de les engloutir. Quand ils sont affa-
més , ils se mangent la queue les uns
les autres.
On prend ce poisson au croc ou à
l'hameçon. Les Suédois prennent pour
appât de la merluche verte , et les
Groenlandais du scorpion de mer. Les
pêclieursdu Nord nomment cet instru-
ment gan^i'aaden ou gangwad : il con-
siste en une grosse corde de la longueur
de trois cents brasses , à laquelle on
attache trente autres cordes moins
grosses avec de gros crochets à chaque
bout. Ils attachent aussi des planches
à la grosse corde , afin de pouvoir re-
td'ouver l'instrument quand ils l'ont
1) U FLETAN. 207
jeté dans la mer. Après l'avoir laissé
vingl-quatre heures dans l'eau , on
l'élève , et il n'est pas rare d'y prendre
quatre à cinq ilétans à-la- fois. Au lieu
de corde de chanvre , les Groenlandais
se servent de baleines fendues, ou de
bandes de peau de chien de mer. On tue
aussi ce poisson au javelot , lorsque
pendant la chaleur , il se repose sur les
bancs de sable , ou les endroits unis
de la mer. Dès que les pêcheurs re-
marquent qu'ils en ont pris un gros >
de peur qu'il ne renverse le bateau ,
ils ne le tirent pas tout d'un coup , mais
ils le laissent se débattre jusqu'à ce
qu'il soit rendu: alors ils l'élèvent et lo
tuent à coups de massue. C'est en Nor-
wège qu'on prend le plus de ces pois-
sons , depuis le premier de mai jusqu'à
la St. Jean. C'est le temps où les nuits
étant claires , les pêcheurs peuvent plus
aisément les découvrir dans les bas
fonds. Plus tard , ils ne le pèchent
plusj car comme après ce temps l'air
208 HISTOIRE NATURELLE
devient fort chaud , ce poisson qui est
extrêmement gras , ne peut plus si
bien sécher , et le raff etrœckcl qu'ils
font avec sa chair ne se conserve pas-
Nous parlerons bientôt de cettcpré-
paration.
On trouve quelquefois quelques-uns
de ces poissons , qu'on nomme drée-
^ueite , auxquels sont attachés une
quantité d'insectes de mer. On les re-
garde ordinairement comme très-
vieux ; mais j'en doute , parce qu'ils
sont petits. Ils sont en général très-
gras et d'un mauvais goût. Peut-être
est-ce la maladie qui les oblige de quit-
ter le fond. Ils deviennent assez sou-
vent la proie des animaux voraces qui
nagent vers la surface , et particulière-
ment de l'aigle de mer ( Vultur al-
tiola ). Celui-ci est souvent victime
de sa témérité. Qu;ind le poisson est
assez fort , il l'entraîne avec lui dans
l'abime : l'aigle attaché au dos du pois-
son , fait des efforts et des cris inu-
DU FLÉTAN. 209
tiles , et est obligé de périr dans cet
état.
Les Groenlandais mangent la chair
de ce poisson fraîche et séchée ', ils
mangent aussi la peau et le foie après
l'avoir préparé avec de l'empetron. Ils
se servent de la membrane de l'esto-
mac pour faire des carreaux de fe-
nêtres.
En Suède , en Islande et sur-tout en
Norwège , on fait de ce poisson ce
qu'on appelle raff et rœckel. Le pre-
mier n'est autre chose que les nageoires
avec la peau grasse à laquelle elles sont
attachées -, le second , des morceaux de
la chair grasse de ce poisson coupés en
long. On coupe aussi la chair maigre en
longues bandes , que l'on nomme skare^
Jlog ou squarre-queite. Tous ces mor-
ceaux , avant d'être emballés , sont sa-
lés et séchés à l'air sur des bâtons. On
les sale aussi comme le hareng , et on
prétend qu'ils valent mieux. Le meil-
leur raiFetle meilleur rœckel viennent
210 HISTOIRE NATURELLE
de Samosé près de Bergen : celui qu'oR
prépare en hiver est préféré , parc©
que le froid de cette saison contribue
beaucoup à sa bonté. Cet aliment n'est
guère en usage que pour les ij^ens de la
campagne et des matelots , qui ont un
estomac robuste ; car il incomaioderoit
les gens de la ville , dont la délicatesse
affoiblit le tempérament. En Hol-
lande et à Hambourg on donne la
cliair fraîche de ce poisson à bas prix ;
mais la tête , qui est délicate, est plus
chère.
Ce poisson fraie au printemps , et
dépose ses œufs d'un rouge pâle sur le
rivage , entre les pierres. Tant que ces
poissons sont encore jeunes , ils de-
viennent la proie des raies; mais les
plus gros ont dans le dauphin un en-
nemi redoutable , qui avec ses fortes
dents , arrache des morceaux de chair
tout entiers de leur corps. Les pêcheurs
en ont trouvé souvent qui étoient ainsi
mutilés.
DU FLETAN, î2ll
Le poisson dont je donne ici l'ana-
tomie , avoit vingt-un pouces et demi
de long , sans compter la nageoire de
]a queue , et dix pouces et demi de
large , sans compter la nageoire du dos
et celle de l'anus; il étoit épais de deux
pouces et demi , et pesoit six livres.
Juia. cavité du ventre étoit petite , le
foie oblong et posé en travers. L'esto-
mac étoit grand , la peau en étoit
mince , et j'y ai trouvé un jwisson dti
genre des cabliaux , long de six pouces.
Le canal intestinal avoit huit pouces
de lonç et deux sinuosités. Une chose
remarquable, c'est qu'il avoit à l'esto-
mac une appendice longue de deux pou-
ces et demi , qui communiqiioit avec le
principal canal. L'ovaire étoit double
et chaque partie avoit la forme d'une
lancette. Dans cet ovaire , qui pesoit
six onces et demie, j'ai trouvé trois
cent cinquante-sept mille et quatre
cents œufs. J'ai compté soi:5i;ante-cinq
vertèbres à l'épine du dos.
iil2 HISTOIRE NATURELLE
Ce poisson est connu sous différens
noms. On le nomme :
Heilbiitt y Hilibut , à Hambourg.
Hellejlynder , en Danemarck.
Haelgflundra , en Suède.
Helleflynder , Qaeite , Sandskiehhe ,
Skrobbe-Flvnder , en Norwège.
Flydra , Heilop Fisk , en Islande.
La petite Qyeite-Barn , dans le Groen-
land ;
La moyenne Styving ;
La grosse , Netarnak.
Baldes y €\\\j3i^on\e.
Heilbot , en Hollande.
HoîibutjTurbotouTurbut,enA.ng\cterYe.
Flétan ou Faitan , en France.
Rondelet est le premier qui ait décrit
ce poisson , et qui en ait donné un des-
sin avec les yeux à droite.
Gesner , qui le tira de Rondelet , lui
mit les yeux à gauche. Dans Aldro-
vand , ils ont la même position , et son
dessin ressemble autant à la sole qu'à
notre poisson.
y
'Y
Pa<r. ^i5
>/'(?/n ■ y/.
i.l,K ZKUUK do nier, a .TiA PLIE, rude
DE LA PLIE RUDE. 21 3
C'est à Willngliby que nous devons
le premier dessin supportable de notre
poisson. Cet auteur l'a représenté avec
les yeux placés dans leur juste posi-
tion. Dans Jonston , ih sont de même ;
mais chez Ruysch , ils sont ma?! placés.
Quand Artédi ne lui donne que deux
pieds de long , il paroît n'avoir pas
connu le gros flétan que l'on pêche dans
la mer du Nord.
Bomare se trompe quand il dit que
notre poisson n'a point d'écaillés. Une
question singulière que fait cet auteur ,
c'est si le flétan n'appartiendroit point
au genre des raies ? Il est du nombre
des poissons osseax , et non des carti-
lagineux.
LA PLIE RUDE,
PLE'U RO N ECT ES L I M A N D o'i DES.
Ce poisson se reconnoît par son corps
rude et alongé, et par la ligne laté-
rale qui est large et droite. On compte
onze rayons à la nageoire de la poi-;
Poissons. II. 1^
2l4 HISTOIRE NATURELLE
trine, six à celle du ventre, soixante-
trois à celle de l'anns , quinze à la
queue , et soixantedix-neuf à la na-
geoire dorsale.
La tête est petite, l'ouvertune de la
bouche large , les deux mâchoires sont
armées de plusieurs rangées de dents
pointues ; la langue est dégagée , mince,
et unie comme le palais. Dans le go-
sier ; on trouve deux os rudes j la lèvre
supérieure consiste en deux os, que le
poisson peut avancer et retirer à son
gré. Au - dessus d'elle , on apperçoit
deux narines rondes, qui sont dans un.
enfoncement : lesyeux,qui sont très-
près l'un de l'autre , ont une prunelle
noire et un iris argentin; l'opercule
des ouies consiste en une petite plaque
mince, et est garni de petites écailles,
ainsi que le reste de la tête. L'ouver-
ture des ouies est large, et la membrane
branchiale est cachée sous l'opercule :
les écailles du tronc sont grandes et
dentelées; ce qui fait que le poisson
DELATLIERUDB. 2l5
est très-rude au louclier , lorsqu'on y
passe la main à rebours. Le ccté supé-
rieur est d'un brun-jaune tirant sur le
blanc , et le côté inférieur est blanc 5
la ligne latérale qui commence non
loin des yeux, est large, et passe parle
milieu du corps ; l'anus est sur le bord ,
non loin des nageoires ventrales ; les
rayons des nageoires du dos , de la
queue et de l'anus sont garnis de pe-
tites écailles, et liés entr'eux par une
membrane claire : la nageoire dorsale
commence en avant des yeux , et va
se terminer non loin de celle de la
queue. Cette dernière , aussi bien que
la nageoire de l'anus et du ventre , ont
des rayons simples ; mais celles de la
poitrine et du dos en ont de fourchus.
Ce poisson ressemble beaucoup à la
limande et à la plie : cependant il dif-
fère de la première espèce par la ligne
latérale qui est droite , et par la na-
geoire ronde de la queue ; et de la der-
nière, par les écailles plus serrées et
!2i6 HISTOIRE NATURELLE
dentelées : enfin il se distingue de ces
deux espèces par son corps plus alongé.
J'ai reçu ce poisson de Hambourg :
on l'y pêche à Thameçon dans la mer
du Nord , non loin de Ileiligeland. Il
habite les sables au fond de la mer , et
vit de jeunes crabes et de petits ho-
marts. Sa chair est blanche et d'un
bon goût.
La cavité de la poitrine est petite ,
et le cœur a la figure d'une losange ; le
foie est oblong et sans divisions , et la
vésicule du fiel est grande -, l'estomac
est oblong , mais pas trop large j le ca-
nal des intestins a plusieurs courbures,
et au commencement deux à quatre
appendices courtes et épaisses : le foie
est presque rond et d'un brun - rouge •
la laite et l'ovaire sont doubles.
Les Allemands nomment ce poisson
Rauhe - Scîiolle , et les Français Plie
rude.
DU ZEB RE DE MER. 21 7
LE ZI>BRE DE MER,
PLEURONECTBS ZEBRA,
On reconnoît ce poisson par les
bandes dont il est marqué. On compte
quatre rayons à la nageoire pectorale ,
isix à la nageoire ventrale , quarante-
huit à celle de l'anus , dix à la queue,
et quatre-vingt-un à celle du dos.
Le corps est alongé , la tête petite ,
la bouche arquée ; la mâchoire supé-
rieure est la plus longue *, l'une et
l'autre sont garnies de petites dents
pointues. Les yeux sont très - petits -,
la prunelle n'est qu'un point noir , et
l'iris est d'un vert de mer- On n'ap-
perçoit qu'une narine , tant au côté
supérieur qu'à l'inférieur ; l'opercule
des ouies est grand , et l'ouverture des
ouies large. Tout le corps est couvert
d'écaillés dentelées , ce qui fait que le
poisson est trcs-rude au toucher. La
igné latérale , qui commence à l'oeil
2l8 HISTOIRE NATURELLE
supérieur , est droite , et passe par-
dessus le milieu du corps : elle s'étend
jusque vers la queue. L'anus est plus
éloigné de la tête que dans les autres
soles : le fond du côté supérieur est
brunâtre vers les bords, et blanc au.
milieu , avec des bandes brunes , dont
deux se trouvent toujours ensemble ;
mais vers la queue , elles se confon-
dent. Les nageoires ont des bandes
jaunes et brunes ; les rayons de toutes
les nageoires sont simples , excepté
ceux de la nageoire de la queue , qui
sont fourchus. Je n'ai pu trouver en
aucun rayon les écailles qu'on y ap-
perçoit dans les autres espèces de
soles. Les nageoires pectorales sont si
fines, qu'il faut la plus grande atten-
tion pour les appercevoir ; les nageoires
du dos et de l'anus sont unies à celles
de la queue; la première commence à
la lèvre supérieure.
Ce poisson est originaire des Indes
orientales. Il est clair que sa chair est
- -rt
MA USA
Ptnj . 2Jt)
'J'om . //.
JJi'<ré't>e (/e/ ■ Jonrdan tl^u/v,
I.J/ÂIIGITS .2.1.11 TURBOT. 3 . liA SOLl'l
a dcnx Iiomios.
DE L' A R G U S. 219
d'un bon goût , comme celle des autres
espèces de soles, et qu'il se nourrit,
comme elles, de coquilles et de ieunes
crabes.
Je crois que le nom de zèbre de mer
que je lui ai donné, lui convient fort
bien , à cause de la ressemblance de
ces bandes avec celles du zèbre : les
Allemands l'appellent die handirte
Zunge.
SOLES QUI ONT LES YEUX
A GAUCHE.
L'ARGUS, PLEURONECTES .4RGUS.
Cette espèce de sole se distingue
des autres poissons de ce genre qui ont
les yeux à gauche , par les taches bleues
en forme de croissant, qui se trouvent
sur la surface supérieure. On trouve
dix rayons à la nageoire de la poi-
•trine , huit à celle du ventre , soixante-
neuf à celle de l'anus, dix -sept à la
2'20 HISTOIRE NATURELLE
queue , et soixante-dix-iieuf à la na-
geoire du dos.
Ce beau poisson a sur la surface su-
périeure de son corps des taches d'un
jaune clair, garnies de points brans,
bordées d'un bleu clair , e t formant tan-
lôt un cercle entier, tantôt deux ou
trois segmens. Entre ces segmens, ou
voit par-tout de petites taches bleues
et des points d'un brun foncé. Outre
cela , on trouve dans le dessin du père
Plumier, une tache d'un brun foncé ^
non loin de la queue ; mais je ne sau-
rois décider si c'est un signe essentiel
ou accidentel. L.a tête est large ; les
yeux sont à une grande distance l'un
de l'autre ; ils ont une prunelle bleue ,
entourée d'un iris brun et blanc. L'oeil
qui est tourné vers le dos, est pUis
grand que l'autre; les mâchoires sont
d'égale longueur , et armées de petites
dents pointues j la peau qui joint les
rayons des nageoires est jaunâtre , et
les rayons sont bruns : les uns et les
DE L'A R G U S. 221
autres sont ornés de taches bleues. La
nageoire de la poitrine a, comme celle
de la queue , des rayons à plusieurs
branches : la première a quelques
rayons qui finissent en filets , et l'autre
est arrondie. La nageoire dorsale s'é-
tend depuis le nez jusqu'à la nageoire
de la queue ; la ligne latérale forme une
courbure au-dessus de la nageoire de la
poitrine , puis passe au milieu du corps ;
le côté inférieur est cendré : tous les
deux sont couverts de petites écailles
molles. L'anus et les autres parties sont
comme dans les autres poissons de ce
genre.
Marcgraf trouva l'argus au Brésil ;
le père Plumier aux environs des An-
tilles ; Catesby dansl'ile de la Caroline ;
Solander dans celle d'Utahite , et
Forster dans celle de Roterdam. Ce
poisson parvient à la longueur d'un à
deux pieds. En hiver -, il se tient dans
le fond de la mer ; au printemps, il
remonte dans les fleuves, où il reste
222 HISTOIRE NATURELLE
pendant l'été. C'est là où sa chair de-
vient tendre et d'an goût fort estimé.
Ce poisson est connu sous ditférens
noms. On le nomme :
Sichelcliwartz et Ar^us,Gn Allemagne»
Arguas , en France.
Aramaca , au Brésil.
Lin^uada , Cubrîcunha , en Portugal.
Tunge , en Hollande.
PatJù-Manre yilRns l'île d'Utahite.
Badé , dans l'ile do Rotterdam , ou
Anamoka.
Blarcgraf est le premier qui nous fît
connoître l'argus; mais le dessin qu'il
en donne est faux. Pison , Willugbby,
Jonston et Ruysch l'ont copié.
Catesby nous en donna un dessin ,
oi!i la nageoire pectorale et la ligne la-
térale manquent : les écailles sont aussi
trop grandes , et le poisson trop alongé.
Dans Marcgraf, Pison , Willughby,
Catesby et Ruysch , l'argus a les yeux
placés à droite -, dans Jonston , Plumier
et Broussonet , ils sont à gauche.
13 IT T U E. B O T. 22.5
Ijinné se trompe , en disant que
notre poisson a la nageoire de la queue
en forme de croissant, et en citant
Varamacade Marcgraf à sa seizième es-
pèce de sole.
LE TURBOT,
FLEURON ECTES M A X I M U S.
Ij E S petites éminenccs osseuses ter-
minées en pointes émonssées , dont le
côté supérieur est couvert , distinguent
ce poisson des autres espèces de la
même classe. On trouve sept rayons à
la membrane des ouies , dix à la na-
geoire de la poitrine, six à celle da
ventre , quarante-six à celle de l'anus,
seize à la queue, et soixante-sept à la
nageoire du dos.
Ce poisson a le corps long et arrondi ;
il est marbré, brun et jaune sur 1©
côté supérieur , et sur l'inférieur blanc
avec des taches brunes. Les éminences
clu côté supérieur sont beaucoup plus
224 HISTOIRE NATURELLE
grosses que celles de l'inférieur : les
luies et les autres sont couvertes d'ér
cailles minces. La tête est large et
rade au toucher comme le tronc , à
cause des éminences qui la rendent iné-
gale ; les yeux sont grands , ont une
prunelle d'un vert de mer, entourée
d'un iris brun -, l'ouverture des ouies est
large ; la mâclioire inférieure avance ,
et l'une et l'autre sont armées de plu-
sieurs rangées de petites dents ; les na-
geoires sont jaunâtres , parsemées de
taches et de points noirs ; la ligne laté-
rale , après avoir formé un arc à la
poitiine, divise le corps en deux par-
ties égales, et n'a point d'éminences.
Nous trouvons ce poisson non-seu-
lement dans la mer du Nord et la Bal-
tique , mais aussi dans la Méditerra-
née. 11 parvient à une grosseur très-
considérable. Rondelet en a vu qui
avoient cinq aunes de long , quatre de
large , et un pied d'épaisseur. En An-
gleterre , on tu prend qui pèsent vingt
DU T U Pc B O T. 225
à trente livres : la pêche de ce poisson
est si considérable dans ce pays , qu'on
en apporte annuellement aux marchés
de Londres plus de trente mille livres.
On prend ce poisson comme les pré-
cédens , mais sur-tout avec l'hameçon
de fond. En Suède , on se sert du ha-
reng pour appât , et en Angleterre de
l'aigrefin et du hareng coupés en petits
morceaux : ce sont les poissons qu'il
aime le mieux. Cependant, comme ce
poisson est fort difficile dans le choix
de sa nourriture, et qu'il ne mord pas
à toute sorte d'appât, sur-tout quand
il y a douze heures que le poisson est
mort , on prend pour cela des poissons
vivans , et sur -tout de petites lam-
proies , petromyzon Jluviatilis y qui ont
la vie très-dure. Pour cet effet, les pê-
cheurs d'Angleterre achètent tous les
ans aux pêcheurs hollandais pour plus
de sept cents livres sterlings de lam-
proies. Pour pêcher ce poisson , les An-
glais prennent un canot; où ils se met-
Poissons. II. 20
226 HISTOIRE NATURELLE
tent trois. La ligne dont ils se servent ,
a trois milles anglais de long , et
chaque pêcheur a trois lignes de cette
espèce : ils y attachent à une certaine
distance d'environ six pieds deux pou-
ces, un crochet , par le moyen d'une
ficelle de crin ; de sorte qu'un tel canot
jette dans la mer deux mille cinq cent
vingt crochets de cette espèce. Ils atta-
chent un plomb à la corde de la ligne ,
afin de l'assujettir au fond, et y atta-
chent aussi des morceaux de liège , afin
de pouvoir la retrouver quand ils veu-
lent. Comme le flux et reflux change
toutes les six heures sur les côtes d'An-
gleterre , les pêchears doivent se ré-
gler en conséquence pour jeter et
lever leurs lignes.
Le turbot a la chair ferme et de bon
goût. On le prépare comme la plie. Il
habite les profondeurs de la mer com-
me les autres poissons de son genre. Il
a une membrane clignotante, qui lui
sert y comme aux autres espèces , à eni-
DU TURBOT. 227
pêcher, pendant les tempêtes, le sable
de lui faire du mal. ]1 est dn nombre
des poissons voraces , et vit sur -tout
d'insectes et de vers.
Les intestins sont comme ceux de la
barbue.
Ce poisson est connu sous diffcrens
noms. On le nomme :
Steinhatt , dans nos contrées.
Botte et Steinbotte , en Prusse.
Pigvar, Tonne et Steenbut , en Dane-
marck.
Vrang Flonder , Skrabe-Flynder., en
Norwèiie.
Butta , en Suède.
Tarboth, en Hollande.
Turbot et Breet , en Angleterre.
Turbot, en France.
Bertonneau , en Normandie.
liombi aspri , en Sardaigne.
Turbot, à Surinam.
Willughby, Ray et Pennant refusent
les écailles à ce poisson ; mais il faut
qu'ils ne les aient pas remarquées ,
228 HISTOIRE NATURELLE
parce qu'elles sont tendres et enfon-
cées dans la peau. Les deux premiers
rapportent notre poisson sous deux
noms difiPérens: une fois sous celui de
rhomhe à pointes j et l'autre sous celui
de grand rhomhe.
Klein l'a aussi décrit comme deux
espèces différentes. Il cite faussement
ici le moineau de m^rd'Artédi.
Jonston et Ruysch ont fait aussi
deux espèces différentes de ce poisson.
Belon est le premier qui l'ait dé-
crit , et il le représente faussement
avec les yeux à droite. C'est ce que
font aussi ses successeurs Rondelet ,
Gesner et Ruysch.
Willugliby l'a représenté une fois
avec les yeux à droite, et une autre
fois à gauche.
Fischer rapporte à notre poisson la
troisième espèce de Klein ^ mais com-
me ce dernier est représenté avec la
ligne latérale droite , ce n'est point
notre poisson , mais plutôt le suivant.
Y
'^^u-w^.i-ov^tu MA U:6A
y w no
Tom . J/.
Ocd'eoe </e/.
t^ÛUfl^tVl clc/t//> .
] r.i: ATOINKAU de mer . a. .LA SOl.E K o^^andes
écailles . a . 1,K TARGEIIR .
DU MOINEAU DE MER. 229
liE MOINEAU DE MER,
PLEURONECTES PASSER.
Les piquans qui se trouvent sur la
surface de ce poisson , depuis la tête
jusqu'à la moitié de la ligne latérale ,
forment son caractère distinctif. On
trouve six rayons à la membrane des
o«ies , douze à la nageoire de la poi-
trine, six à celle du ventre, quarante-
trois à celle de l'anus, seize à la queue,
et cinquante-neuf à la nageoire du dos.
Outre la tête et la ligne latérale, le
fond des rayons des nageoires du dos et-
de l'anus est aussi garni d'éminences
osseuses , sur lesquelles sont des pi-
quans : le reste du corps est uni à sa
surface supérieure. Sur le côté infé-
rieur , je n'ai remarqué aucun piquant,
si ce n'est au fond des nageoires , et
quelques - uns à la tête. Le côté supé-
rieur est marbré de gris et de jaune,
l'inférieur est blanc. Le tronc est alon-
23o HISTOTKE NATURELLE
gé , aussi bien que la tête. La mâchoire
inférieure avance sur la supérieure :
l'une et l'autre sont armées de petites
dents. Les yeux sont petits, près l'un
de l'autre ; la prunelle est d'un verd
jaune , et l'iris d'un brun foncé Les
deux côtés sont couverts de petites
écailles minces. La liîjne latérale a une
direction presque droite. Les nageoires
sont jaunâtres, avec des taches brune»;
d'ailleurs, elles sont comme celles d©
la plie : on voit aussi un piquant à
l'anus.
On trouve ce poisson en quantité
dans la mer du Nord et dans la Balti-
que. On le prend , on le prépare comme
les autres espèces de ce genre. Sa chair
a bon goût , et est un peu plus dure que
celle du fiez. Le temps du frai et la
conformation des parties intérieures
sont les mêmes que dans les autres da
même genre. Il parvient ordinaire-
ment à la grosseur de la plie : on en
trouve cependant de six à huit livres.
DU MOINEAU DE MER. !j3l
Le moineau de mer est coufondu dans
quelques pays avec le fiez.
Ce poisson est connu sous différens
noms. On le nomme :
'Iheerhott , à Danlzig.
Sruffbutt, à Hambourg.
Verkehrther Elbult , pour le distinguer
du Fiez.
Stachelbut , en Livonic.
Ahte et Grabbe , chez les Lettes.
Moineau de mer, en France.
Passera, en Sardaigne.
Les anciens ichtîiyologistes n'ont pas
su non plus distinguer ce poisson du
Ûgz. Artédi est le premier qui en fît
une espèce particulière ; mais il cite
faussement pour ce poisson les auteurs
qui ont parlé du turbot. La courbure
de la ligne latérale que lui donne Be-
lon , le poids que lui attribue Ronde-
let, et la quantité d'éminences que le
dessin offre , prouvent que ces écri-
vains ont voulu parler du turbot et
non du moineau de mer.
Î252 HISTOIRE NATURELLE
Gronov se trompe lorsqu'il regarde
comme une variété du fiez , le rliom-
bus maximus de Klein, qui est notre
poisson. Le flez a les yeux à droite, et
l'autre à gauclie . Par conséquent toutes
les parties de ce poisson vers la tête ,
sont dans une proportion renversée ; et
en nageant , il doit prendre une direc-
tion opposée. Ajoutez à cela que le flez
est garni de piquans par tout le corps,
au lieu que noire poisson n'en a qu'à la
tête , à la ligne latérale et au fond
des nageoires du dos et de l'anus. En-
fin , on voit sur le premier deux espèces
de piquans, des droits et des courbes ,
et ceux du moineau de mer sont tous
droits : sans parler de la chair de celui-
ci, qui est plus forte, de sa couleur qui
est plus claire , parce que cette difFé'-
Tence pourroit venir de celle des eaux ,
ou de quelque cause accidentelle.
Parles mêmes raisons, je ne sauroîs
approuver M. Pennant quand il ne fait
qu'une espèce de no tre poisson ctdafle^.
DE LA SOLE, SCC. 233
On répond aussi affirmativement à
Klein et à Gronov , quand ils deman-
dent si la dixième espèce d'Artédi et
le passer de Linné sont le même pois-
son que le troisième rhombe de Klein.
LA SOLE A DEUX LIGNES,
PLEURONECTES BILINEATUS,
Les deux lignes latérales qu'on
trouve à cliaqne côté , sont. un carac-
tère par lequel on peut distinguer ce
poisson de toutes les autres espèces de
soles. On compte quatre rayons à la
membrane des ouies , autant à la na-
geoire ventrale, et cent soixante-qua-
torze aux nageoires de l'anus , de la
queue et du dos.
Le corps est mince et alongé. La
tête est grosse , l'ouverture de la bou-
che petite et en forme de croissant.
Les deux mâchoires sont garnies de
petites dents obtuses. Tout près de la
lèvre supérieure , on voit , aux deux
2^4 HISTOIRE NATURELLE
côtés , deux narines, dont l'inférieure
est en forme de tuyau. Les yeux sont
petits; la prunelle blanche est entou-
rée d'un iris d'un verd de mer et d'une
ligne blanche. C'est le premier poisson
où j'ai remarqué une prunelle claire et
un iris foncé. Les ouvertures desouies
sont larges ; l'opercule des ouies con-
siste en une seule petite plaque , sous
laquelle la membrane branchiale est
cachée. La tête aussi bien que le tronc ,
sont couverts de petites écailles dente-
lées et presque rondes. L'une des lignes
latérales dont nous avons fait mention ,
louche le dos; l'autre est sur le milieu
du corps : l'une et l'autre commencent
à l'extrémité delà tête, et s'étendent
jusqu'à la queue, en gardant touiours
«ne direction parallèle. Outre ces deux
lignes, on en voit encore deux autres
transversales, dont l'une commence à
la lèvre inférieure, forme une cour-
bure près de l'opercule des ouies, et va
se perdre dans la ligne latérale qui est
DE LA S O L E , &C. 255
près de cet opercule. La seconde com-
mence au-dessus d'elle , près de la ligne»
latérale supérieure, et traverse le pois^
son en allant aboutir à la supérieure.
Toutes les nageoires sont brunes, et
ont des rayons simples. La nageoire
dorsale , qui entoure la têle , se perd
dans la nageoire de la queue , ainsi que
celle de l'anus. L'anus se voit non loin
de l'ouverture des ouies. C'est le pre-
mier poisson auquel je n'ai point trouvé
de nageoire pectorale. J'en possède qua-
tre, que j'ai examinés attentivement
et à l'aide d'une loupe; mais je n'en ai
découvert nulle trace dans aucun. Je
n'ai pu non plus remarquer des écaillesr
aux rayons des nageoires , excepté à
celle de la queue. Le côté supérieur est
brun vers les bords et j aune au milieu ;
Je côté inférieur est blanc tirant sur le
rougeâtre.
Ce poisson habite les mers de la
Chine et celles des Indes orientales j
du moins les quatre exemplaires que
/>56 HISTOIRE NATURELLE
j'ai, viennent de ces pays. De ces qua-
tre exemplaires , j'en dois deux à la
tonte de M. Spengler, inspecteur du
cabinet d'histoire naturelle du roi de
Danemarck , et les deux autres à
M. Cliemnitz, prédicateur de la gar-
nison à Copenhague. Le premier m'é-
crit les avoir reçus de la Chine , et le
second des Indes orientales. Sa chair
est probablement d'un bon goût comme
celle des autres soles. Il se nourrit
comme elles, de coquilles et de petits
crabes. On le prend à l'hameçon et an
filet. Je ne saurois déterminer sa véri-
table grandeur. Le dessin qu'on voit
ici , est fait d'après le plus grand de
mes exemplaires.
Le foie étoit oblong, et consistoit en
un seul lobe. La rate étoit ronde et pe-
tite. L'estomac étoit mince et en forme
de sac. Le canal intestinal avoit plu-
sieurs courbures. Je n'ai trouvé ni œufs
ni laites.
Les noms que je lui ai donnés, tirent
l«.
/'a^e :i.37
al.li COIilJlill. 1 . lil. MULAT . 3 . JiA
IiA]^DOI]LlÈRr. RbomLoiao. /^^//^ .W .
DU' T A R G E U R. 2^7
leur origine Je ses caractères distinc-
lifs.
Je le nomme Doppellinie en alle-
mand , et Sole à deux lignes en fran-
çais.
LE TARGEUR,
FLEURON ECTES PUNCTATUS.
Ce poisson se distingue de la barbue,
du turbot et de l'argus, par ses écailles
rudes et par son corps marbré, et des
autres soles par la largeur de son corps.
On compte onze rayons à la nageoire
pectorale, six à la nageoire ventrale,
soixante -huit à celle de l'anus, qua-
torze à la queue, et quatre-vingt-neuf
à celle du dos.
Le corps est ovale, la tête de médio-
cre grosseur et garnie de très -petites
écailles. L'ouverture de la bouche est
large ; les mâchoires sont garnies d'un
grand nombre de rangs de dents très-
serrées et courbées en dedans. La lèvre
Poissons, II, 21
a38 HISTOIRE NATURELLE
supérieure a deux os, et peut s'avan-
cer et se retirer : au-dessus d'elle , oa
voit une narine oblongue. Les yeux
sont saillans ; la prunelle est noire , et
l'iris d'un verd de mer : un peu en ar-
rière, est une bande noire. Les écailles
sont petites, dentelées et très-serrées.
La ligne latérale qui commence à l'œil
supérieur, forme, en passant sur la na-
geoire pectorale, une courbure dirigée
vers le bas; mais ensuite elle va daus
une direction droite j usqu'à la nageoire
de la queue. Le côté supérieur est brun
sur le bord , et d'un gris cendré vers le
milieu. Le côté inférieur est d'un blanc
tirant sur le rouge. Les nageoires sont
grises •, les rayons larges et couverts
d'écaillés. La nageoire dorsale com-
mence à la lèvre supérieure , et va se
terminer près de celle de la queue. L'a-
nus n'est pas loin de la tête : tout près
de lui commence la nageoire de l'anus ,
qui va aboutir vis-à-vis de celle du dos.
Jja nageoire de la queue est courte et
DU TARGEtTR. 2?9
ronde. Le tronc aussi bien que les na-
geoires , sont garnis de taclies noirâ-
tres , tantôt rondes et tantôt oblon-
gues. Les points rouges dont ce pois-
son est parsemé , et sa ressemblance
avec le turbot , lui ont sans doute fait
donner le nom de Rothhutt par les Al-
lemands , et celui de Rœttbutt par les
Danois.
Le targeur se trouve dans la mer
(lu nord Jago en a vu à Cornouaille,
M. Pennant à Londres ; et celui dont
je présente ici le dessin, m'a été en-
voyé de Copenhague par mon ami p
M. le ministre Chemnitz. Ray le
compte parmi les poissons rares de
Cornouaille. Mais à Copenbague , on
en vend beaucoup à la poissonnerie :
on a donc lieu de s'étonner que ni
Statius Millier , ni Pontoppidan n'en
fassent pas mention. Cette espèce de
sole parvient aussi à une grosseur con-
sidérable; car celle que décrit M. Pen-
nant avoit dix-huit pouces de long sur
2io HISTOIRE NATURELLE
sept de Jarge, sans y comprendre les
nageoires. Selon Ray , la chair de ce
poisson est maigre et coriace : on n'eu
fait point de cas dans la province de
Cornouaille, à cause du grand nombre
d'autres poissons meilleurs que l'on y
trouve. Il habite communément 1©
fond de la mer dans des endroits sa-
blonneux , et se nourrit de crabes , do
coquilles et de limaçons. On le pêche à
la ligne de fond , lorsqu'on l'a tendue
pour prendre d'autres poissons. Le lar-
geur qu'on pèche aux environs de Co-
penhague, a une chair qui est de boii
goût et facile à digérer.
Ce poisson se nomme :
Whiff, en Angleterre.
Targenr , en France.
Rœttbutt , en Danemarck.
Rothbutt y en Allemagne.
Jago est le premier qui a découvert
ce poisson , et Ray nous en a donné le
premier dessin. Je ne saurois décider
s'il est bon ou non, car l'estampe man-
DE LA SOLE, &C. 24 1
que dans mon livre. La figure que Du-
hamel nous en a donnée est bonne.
LA SOLE A GRANDES ÉCAILLES,
FLEURONECTES MACROLEFIBOTVS.
Ce poisson est facile à distinguer des
autres espèces de soles , à cause de ses
grandes écailles. On compte quatorze
rayons à la nageoire pectorale , six à
]a nageoire ventrale , quarante-cinq à
celle de l'anus , dix-sept à la queue ,
et soixante-neuf à celle du dos.
Le corps est alongé , la tête grande
et sans écailles ; l'ouverture de la bou-
che est large , la mâchoire inférieure
plus longue que la supérieure; l'une
et l'autre sont armées de dents en
forme de coin , qui se terminent en une
pointe. La langue est unie , dégagée ,
et se termine en pointe. Les yeux sont
près l'un de l'autre ; la prunelle est
noire, enlouréed'un iris blanc et d'une
ligne brune. En avant des yeux , on
S42 HISTOIRE NATURELLE
voit les narines doubles. L'ouverture
des ouies est large,. et l'opercule des
ouies consiste en deux petites plaques.
Le fond du poisson est d'un brun jaune
à la partie supérieure, et blanc à l'in-
férieure. A la première, on apperçoit
sur chaque écaille une tache de la même
couleur : plus ces taches approchent du
dos , plus elles deviennent foncées. La
ligne latérale, qui commence non loin
de la nuque , forme un arc plat vers la
partie inférieure , et va se perdre dans
Je milieu de la nageoire de la queue ?
qui est ronde. Les rayons des nageoires
du dos et de l'anus sont simples; mais
ceux des autres nageoires sont rami-
lles. Toutes les nageoires sont brunes.
Ce poisson habite la mer du Brésil,
où il demeure dans le sable. Il se nour-
rit de crabes , de coquilles et de pois-
sons. Parmi toutes les espèces de soles
que je connois , il a les dents les plus
longues. Suivant le témoignage du
prince Maurice, il parvient ù une Ion-
DE LA SOLE, ^C 243
giienr de deux pieds. On le prend tant
au filet qu'à l'hameçon , après qu'on y
a attaché un petit poisson ou une pince
d'écrevisse. Sa chair a un bon coût.
Le dessin que j'offre ici, a été copié
de l'original qu'on a eu la complaisance
de me communiquer du cabinet des
curiosités naturelles du duc de Bruns-
>vic. Après cela , j'ai aussi trouvé ce
poisson parmi les dessins du prince
Maurice,
Ce poisson se nomme :
Aramaca , au Brésil.
Lingoada et Cuhricunlia ^ dans les co-
lonies portugaises de ce pays.
Tonge , chez les Hollandais.
Grossschuppigte Scholle , chez les Al-
lemands.
Sole à grandes écailles , parmi les Fran-
çais.
Dans Gesner, je trouve un dessin
qui ressemble beaucoup au nôtre. Il
dit qu'il l'a reçu de Rome , oii le pois-
son est connu sous le nom de pecten»
244 HISTOIRE NATURELLE
Mais aucun auteur italien ne fait men-
tion d'une sole ainsi appelée ; et même
Jovius , qui a écrit un traité particu-
lier des poissons de Rome , n'en fait
pas mention. Je crois donc qu'on a
lieu de douter de l'assertion de Gesner.
On doit excuser Klein quand il dé-
crit ce poisson comme n'ayant que de
petites écailles ; car il est probable
qu'il a fait sa description d'après le
dessin de Marcgraf, où elles sont indi-
quées par de petits points seulement.
Marcgraf nous a donné le premier
dessin de ce poisson ; mais il est mau-
vais. Les dessins de Piso, Jonston et
Ruyscli , qui sont faits d'après celui
de cet auteur, ne valent pas mieux.
Celui que nous devons à Gesner, est
meilleur.
Dans le manuscrit du prince Mau-
rice, ce poisson est représenté , avec
raison , avec les yeux à gauclie. Ce-
pendant Marcgraf et Piso, qui l'ont co-
pié , lèsent placés à droite. Jouslon,
DE LA SOLE, &C. 'A5
qui a tiré son dessin d'un de ces au-
teurs , les a représentés à gauche , et
Ruyscb , qui a copié ce dernier , les
a mis à droite. Gesner a commis la
même faute. On voit par-là qu'aucuu
de ces auteurs n'a pris assez d'atten-
tion pour placer ces parties dans leur
situation naturelle.
a^6 HISTOIRE NATURELLE
XXIX* GENRE.
LE CH^TODON,
ou LA BANDOULIÈRE,
C H JE T O D O N.
Caractère générique. Xjcs dents sétacées.
LA BANDOULIÈRE DORÉE,
CHJETODOK jiURE US,
La belle couleur d'or dont brille ce
poisson , et le piquant fort de l'os
maxillaire , en sont les caractères. On
compte douze rayons à la nageoire pec-
torale , six à la nageoire ventrale ,
quinze à celle de l'anus et à la queue,
et vingt-quatre à celle du dos.
Le corps forme un ovale jusqu'à la
queue ; et à l'exception des nageoires
Tom .JI.
J'/ïçe 2^0\
De.feve </e^ . Racine J\'u//>.
i.I-ABANDOULIFJlK doiée. a.LABANDOlIAKUK
à tache /^^// z^^ç ■ 3 .LA. JiANDOUl.lFi^K à Avc./>a^.2(iû
ne
C>
c. iy>-
I)E LA BANDOULIÈRE , &C. 24/
pectorales et ventrales , il est garni
d'écaillés dures et dentelées. L'ouver-
ture de la bouche est petite , les deux
inâcboires sont armées de dents seta-
cées , les lèvres sont fortes ; les narines
doubles et placées non loin des yeux.
Ces derniers ont une prunelle jaune
entourée d'un iris rougeâtre. L'oper-
cule des ouies consiste en une plaque ,
qui se termine en pointe près de la na-
geoire pectorale. L'ouverture des ouies
est large , et la membrane branchiale
est cachée sous l'opercule. La ligne la-
térale , qui commence non loin de
l'œil , forme un arc lâche , et l'anua
se voit auprès de la nageoire qui porte
ce nom. Le fond des nageoires est jaune
et les extrémités sont vertes. Dans la
nageoire dorsale , on apperçoit douze
piquans , et deux dans celle de l'anus.
Les rayons de toutes les nageoires sont
ramifiés. Les nageoires de la queue et
de la poitrine sont rondes , et les au-
tres ont la forme d'une faucille.
248 HISTOIRE NATURELLE
Ce beau poisson que je trouve parmi
les dessins du père Plumier, vit daus
les eaux des Autilles. Comme ce père
n'en dit autre chose que ce que j'ai rap-
porté au commencement , je ne sau-
rois non plus en dire davantage , si ce
ïi'est que c'est un poisson Carnivore ;
puisque sa bouche est armée de dents
propres à saisir sa proie. Les noms que
je lui ai donnés sont pris de sa belle
couleur.
L'EMPEREUR DU JAPON,
CH jE T 0 DO y 1 M P ERATO R.
On reconnoît ce poisson à ses stries
longitudinales , et aux quatorze pi-
quans de la nageoire dorsale. On
compte dix-huit rayons à la nageoire
pectorale , six à la nageoire ventrale ^
vingt-trois à celle de l'anus, seize à
celle de la queue , trente-quatre à celle
du dos.
La tête est grande et garnie par-
DE l'empereur DU JAPON. 249
tout de petites écailles. Les yeux qui
sont grands, ont une prunelle noire
et un iris orangé. Autour de ce der-
nier, on apperçoit une strie bleue et
arquée. L'os maxillaire est bordé de
bleu et pourvu d'un piquant fort- L'o-
percule des ouies consiste en deux
plaques , sur chacune desquelles on.
voit une strie bleue. La ligne latérale,
qui commence à la nuque, règne le
long du corps et non loin du dos : à
l'extrémité de la nageoire dorsale , elle
forme une courbure vers la partie in-
férieure , et va se perdre au milieu de
la nageoire de la queue. La couleur du
fond est jaune , et les rayons longitu-
dinaux sont bleus. Les nageoires du
dos et de l'anus sont épaisses , roides
et arrondies. La dernière est armée,
à son commencement, de trois piquans,
qui sont courts et forts. La nageoire
Ventrale n'en a qu'un seul , qui est
long. Tous les rayons sont ramifiés.
J'ai trouvé ce poisson bigarré dans
Poissons. II. 22
q5o histoire naturelle
la collection qu'on m'a envoyée du
Japon.
Suivant le rapport de Ruysclietcîe
Renard , ce poisson est encore plus
gras que le saumon , et le meilleur de
tous les poissons des Indes orientales.
Comme on n^en pêche que très-peu ,
ces poissons sont très-chers , et ne pa-
roissent que sur la table des grands :
c'est aussi ce qui leur a fait donner le
nom de Vempr.reur du Japon , et non
la couronne , dont on dit que leur tête
est ornée, comme Ruysch assure.
LA BANDOULIÈRE RAYÉE ,
C H JETODON F ASCI AT US.
On reconnoît ce poisson à son corps
fascié et aux sept piquans de la na-
geoire de l'anus. On compte seize
rayons à la nageoire pectorale , six à
la nageoire ventrale , vingt-un à celle
de l'anus, quatorze à la queue, et
vingt-trois à celle du dos.
om
/r
J^a^ . 2S0
J..
i.IiÂBANnOUJ-IKUT^ ravee. a Ti'ORBK.
DE LA BANDOULIÈRE, &c. nSl
La tête jles écailles, et l'ouveituro
de la bouche sont petites. Les mâchoi-
res sont d'égale longueur, et armées
de pareilles dents que les autres. Les
lèvres sont fortes , et les narines dou-
bles se trouvent non loin des yeux. Ces
derniers ont une petite prunelle noire
entourée d'un iris blanc et bleu. Sur
le front , au-dessus et au-dessous des
yeux, aussi bien que derrière eux, on
apperçoit des stries bleues. L'os maxil-
laire est dentelé , et se termine en un
piquant fort. L'opercule des ouies con-
siste en une plaque mince , l'ouverture
des ouies est large , et la membrane
branchiale est cachée sous l'opercule.
La couleur du fond est blanche, avec
des stries bleues , qui ont une bordure
brune. La ligne latérale commence à
l'oeil , s'approche du dos , le long du-
quel elle s'étend dans une direction
parallèle , forme une courbure à l'ex-
trémité de la nageoire dorsale, et se
perd comme à l'ordinaire. L'anus est
^52 HISTOIBE NATURELLE
placé au milieu du corf»s. La nageoire
pectorale est courte , claire et arron-
die. Dans la nageoire venlrale , je ne
trouve qu'an piquant , et quatorze dans
celle du dos. Lesautresnivonsde toutes
les autres nageoires , sont mous et ra-
mifiés. Aux bandes bleues de la na-
geoire de l'anus, je ne trouve pas la
bordure brune qu'on voit sur le tronc.
Ce poisson bigarré , que les Japon-
iiais appellent duc, probablement à
cause de ses bandes de diverses cou-
leurs , est originaire des Indes orien-
tales. J'en ai reçu le dessin et la des-
cription de monsieur Boddaert , doc-
teur en médecine à Utrecht. Mais
comme je ne trouve rien sur son his-
toire naturelle ni dans Valentyn , ni
dans Ru3^scli et Renard , je ne saurois
en donner une description plus détail-
lée. Il paroît seulement par sa bonclie
armée qu'il est du nombre des poissons
voraces.
DE LA BANDOULIÈRE, &C. 2d3
Ce poisson se nomme :
Geslreifter Klippfisch , chez les Alle-
mands.
Bandoulière rayée , chez les Français.
Ikan sengadji molakho , aux Indes.
Moluksche Hertog , dans les colonies
hollandaises de ce pays.
Valentyn , qui nous a le premier
décrit ce poisson , en a donné aussi un
dessin assez bon. On peut faire le
même jugement des figures que nous
devons à Ruysch et à Renard. Dans
l'ouvrage de ce dernier , je trouve en-
core deux autres dessins qui ressem-
blent à notre poisson ; mais comme
ces dessins ne sont accompagnés d'au-
cune description , je ne saurois décider
si cet auteur a augmenté les espèces
déjà connues , ou si ce ne sont que des
variétés.
254 HISTOIRE NATURELLE
LA BANDOULIÈRE TACHETÉE ,
chjî:todon gu tt AT us.
Le premier et le dernier rayon de la
nageoire ventrale , qui sont piquans ,
forment le caractère distinctif de ce
poisson. Oïl compte quinze rayons à
la nageoire pectorale , cinq à la ven-
trale , seize à celles de la queue et de
l'anus j et vingt-trois à celle du dos.
Le corps à proportion de celui des
autres bandoulières, est étroit-, il est
couvert de petites écailles. L'ouverture
de la bouche est plus grande qu'aux
autres poissons du même genre. Les
mâchoires sont d'égale longueur et ar-
mées de dents aiguës. Les lèvres sont
fortes : le poisson peut avancer et reti-
rer la supérieure ,qui consiste en deux
os. Les yeux sont grands et ronds. La
prunelle est noire et l'iris jaune foncé.
Devant ce dernier, on apperçoit les
narines qui sont doubles. L'opercule
DE LA BANDOULIÈRE, fCc. q55
des ouies consiste en une seule tablette
mince et longue ,souslaqucllela mem-
brane branchiale est cachée. L'ouver-
i ure des ouies est large. Les côtes sont
^n^is vers le dos , blancs vers le ventre ,
et ornés de taches rondes d'un bran
rouge , qui ressemblent à des gouttes
d'eau. La ligne latérale , qui commence
à l'opercule des ouies , s'approche du
dos et forme un arc lâche. Les nageoires
de ce poisson sont sans écailles. La na-
geoire pectorale est d'un brun jaune,
la ventrale grise, celle de la queue jau-
nâtre , celles du dos et de l'anus d'un
gris foncé. Les rayons de toutes les
nageoires , excepté ceux qui sont pi-
quans, sont ramifiés, et ceux de la
queue ornés de points d'nn brun rou-
geâtre. La nageoire du dos est garnie
de treize piquans,et celle de l'anus do
sept.
Ce beau poisson, inconnu jusqu'ici ,
s^est trouvé aussi parmi la collection
du Japon dont j'ai fait mention. Il
Iî56 HISTOIU^ NATURELLE
est plus gros qu'il n'est représenté ici.
Comme c'(^st le seul poisson connu
de ce genre qui soit marqué par- tout de
tacLes rondes , je crois que les noms
que je lui ai donnés , lui conviennent
assez.
LA BANDOULIÈRE NOIRE,
C HMT OD 0 N PARU.
On reconnoît cette bandoulière aux
douze piquansde la nageoire du dos et
aux cinq de celle de l'anus. Je ne sau-
rois déterminer le nombre des rayons
de la nageoire du dos et de celle de l'a-
nus ; car le prince Maurice , du manus-
crit duquel j'ai prisée dessin , a repré-
senté ces nageoires pliées ; mais je
compte quatorze rayons à la nageoire
pectorale , six à la ventrale et quinze
à celle de la queue.
La tête est petite et l'ouverture de la
bouche un peu plus large qu'aux autres
poissons du même genre. La màclioire
l onv.JI.
J'a^*? 2ià^ •
2.
Dafeve de/. , J'^ T7//ain i/cu^-
1 LÀ Ti AND OTIilERE noue . 2 . LA GIHSELLE
3 . 1 ,K M OITC HARK A. . /^a^e 3o3.
/
DE LA BANDOULIÈRE, &c. r^Oy
inrérieure avance sur la supérieure :
l'une et l'autre sont armées de dénis
propres à ce genre de poisson. La lèvre
supérieure consiste en deux os longs ,
étroits et minces. Les yeux sont pelits ;
la prunelle est noire et entourée d'un
iris couleur d'or. Devant les yeux , oii
n'apperçoit que deux narines. L'oper-
cule des ouies consiste en deux plaque« ,
et se termine en bas en un piquant fort.
L'ouverture des ouies n'est pas si large
qu'auxautres bandoulières, et la mem-
brane branchiale est cachée sous l'oper-
cule. La tête et la poitrine sont cou-
vertes de petites écailles , mais sur le
reste du corps on en voit de grandes
qui ont toutes une bordure jaune. De-
vant la nageoire de la poitrine il y a
une tache jaune. Le fond du poisson
est noir , et ce n'est que sur les côtés
où les écailles argentines ne le couvrent
que fort peu , que la couleur noire qui
paroît à travers , le lend gris. Dans
l'original duquel ce dessin a été copié ,
25S HISTOIRE NATURELLE
je n'ai point trouvé de ligne latérale :
probablement elle a la même direction
qu'aux autres poissons de ce genre.
L'anus est placé au milieu du corps.
Les nageoires de la poitrine et de la
queue sont courtes et rondes-, celles du
ventre , du dos et de l'anus sont longues
et en forme de faucille.
Lapatrie de ce poisson estl'Amérique»
On le trouve sur-tout au Brésil et à la
Jamaïque. Marcgraf et Pison en dé-
crivent un du premier pays, etBrown
un autre du second. Le premier lui
donne une lonsueur de neuf à dix
pouces ; mais , selon le prince Maurice ,
il peut parvenir jusqu'à seize. Il est du
nombre des poissons dont on mange la
cliair; il se nourrit d'autres animaux
aquatiques. On le prend tant au filet
qu'à l'hameçon.
Ce poisson se nomme :
Paru , au Brésil.
Variegated An^ed-Fish , aux colonies
anglaises de la Jamaïque.
DE LA BANDOULIÈRE , &c. 25()
Schwarzer Klippfisch , chez les Alle-
mands.
Bandoulière noire , cliez les Français.
Marcgraf , qui est le premier qui ait
décrit ce poisson , nous en donne aussi
un dessin , qui a été copié par Pison ,
Willnglîby , Jonslon et Ruyscli ; et
comme Artédi Ta aussi admis dans son
système , je m'étonne que Linné l'ait
omis dans le sien.
Artédi doute avec raison , que le
grand paru de Lister soit le même que
notre poisson.
Gronov, se trompe quand il prend,
notre poisson pour la troisième espèce
de l'acarauna major de Willughby :
c'est plutôt le peigne , que nous allons
bientôt décrire. Quand il demande si
sous l'acarauna major de Catesby on
doit entendre notre poisson , nous lui
répondons négativement ; car ce pois-
son a beaucoup de piquansà l'os maxil-
laire , et il n'a que trois rayons osseux
à la nageoire dorsale : de plus , le pois-
36o HTSTOTRE NATURELLE
son de Catesby a les écailles plus grandes
et le corps plus large que le noire.
LE PAON DE L'INDE,
CHuET ODON PAV 0.
On reconnoît ce poisson à sa figure
alongée et aux quatorze rayons de la
nageoire dorsale. On compte quatre
rayons à la membrane desouies , quinze
à la nageoire pectorale ,sixà la nageoire
ventrale , dix-sept à celle de l'anus,
seize à la queue , et vingt-sept à celle
du dos.
La tête est grosse , l'ouverture de la
bouche pe Lite. Les deux mâchoires sont
armées de dents fines et ont de fortes
lèvres. Au-dessus d'elles sont deux na-
rines rondes, et entr'elles et les yeux
on voit des ligues bleues. La prunelle
est nuire et l'iris d'un blanc verd. Der-
rière les yeux et près du commence-
ment de laliffne latérale, est une tache
ronde et bleue. Le fond de la tête et
To/ti . //.
J'û^e 2,ùo
Dégrevé d<^/- Le ////a/'/t cCcu/p-
1 . 1.E PAON de l'iiide . a. 3. A BAND01TIJFJ\}:
k oraiiaes écaifles • 3 . liA BAT^DOXHilÈRr, a
o
uao'coires larges. df.\i¥i HERON de mer.
uiA
DU PAON DE L'INDE. 26l
cle la poitrine est d'un brun jaune et
marqué de belles taches d'un bleu clair.
L'opercule des ouies consiste en une
plaque; l'ouverture desouics est large,
et la membrane branchiale , qui est
tout-à-fait dégagée , est appuyée par
quatre rayons. Tout le corps est si bi-
garré , et les diverses couleurs sont
mêlées si agréablement , qu'il ressem-
ble à une queue de paon. Dans ce pois-
son, la ligne latérale commence aussi
en haut vers l'opercule des ouies ,
forme un arc lâche aussi bien que le
dos, près duquel elle est située , et va
se perdre à l'extrémité de la nageoire
dorsale ; le reste se voit au milieu de
la queue. L'anus se trouvfî au milieu
du corps. Les nageoires pectorales sont
courtes et transparentes. Aux nageoires
ventrales, on apperçoit vers le com-
mencement une appendice osseuse :
elles n'ont qu'un rayon piquant; celle
de l'anus en a deux. Les rayons des au-
tres nageoires sont mous et ramifiés.
Poissons, lï. 25
2B2 HISTOIRE NATURELLE
Lapatrie de ce poisson est dans l'Inde
orientale. Je ne saurois déterminer
exactement sa grandeur ; je sais seule-
ment qu'il faut le mettre au nombre
des poissons carnivores , à cause de sa
bouciie armée. Le mélange de ses belles
couleurs m'a engagé à lui donner I0
nom de paon de l'Inde.
LA BANDOULIÈRE A TROIS BANDES >
en ^T O D ON ARU ANUS.
On reconnoît ce poisson à ses trois
bandes noires et à la nageoire du dos
et de l'anus qui sont très-courtes. La
première bande passe par - dessus la
tête^ la seconde par-dessus la poitrine,
et la troisième s'étend depuis l'extré-
mité de l'anus jusqu'à celle de la na-
geoire dorsale. Comme le fond est dô
couleur argentine , les bandes noires
paroissent très - bien à travers. On
compte dix-sept rayons à la nageoire
pectorale , cinq à. U ventrale, treiise à
"^(mhS.
iuiey
i^2,
■i liA BAlSDOin.IKlîK à nageoires noires
DE LA BANDOULIÈRE , &C. 263
celle de l'anus , seize à la queue et vingt-
quatre à celle du dos.
La tête est grande , l'ouverture de
la bouche petite. Les mâchoires sont
d'égale longueur et armées de petites
dents aiguës qui se terminent en forme
de coin. Le front et l'iris sont bruns.
Les narines se trouvent tout près de la
lèvre supérieure. Les os des joues sont
dentelés ; l'opercule des ouies consiste
en une petite plaque qui forme une
pointe à son milieu ; l'ouverture des
ouies est large , et la membrane bran-
chiale est cachée sous l'opercule. Le
dos et sa nageoire sont jaunâtres , ex-
cepté l'endroit où les bandes noires
passent sur ces parties, La nageoire
ventrale est longue et noire , et celle
de l'anus jaunâtre. A la première, on
compte un piquant , à la dernière deux ,
et à celle du dos douze : les autres
rayons sont mous et ont plusieurs ra-
mifications. La nageoire pectorale est
transparente , celle de la queue grise
Ii64 HISTOIRE NATURELLE
et ronde. Les écailles sont petites ; elles
garnissent aussi les nageoires du dos ,
de l'anus et de la queue , comme on voit
à la plupart des autres bandoulières.
On trouve ce poisson dans les Indes
orientales et en Arabie. Forskaœl en
décrit un du dernier pays ; et le mien
m'a été envoyé du premier. Il se tient
parmi les coraux , et se nourrit de po-
lypes et autres petits animaux de mer.
Sa, chair est mangeable. On îe prend à
riiumcçon et au filet.
Ce poisson se nomme:
Abu-Dafur y en Arabie./
Bandoulière à trois bandes , chez les
Français.
Buy t-KLip pare , en Suède.
BoLirgonjese Kliphauns , honte Duifje ,
en Hollande.
Schwarzlopf , chez les Allemands.
Klein, à qui nous devons la première
description de ce poisson , et Linné ,
nous en ont donné un bon dessin. Il est
vrai que le dernier nous l'a représenté
DE LA BANDOULTÈRE, 8cc. 265
avec une petite écliancriire à la na-
geoire de la queue , qu'il donne aussi
pour un des caractères du poisson ; mais
comme dans mon exemplaire cette par-
tie est ronde , ainsi que dans celui de
Klein , il y a apparence qne le poisson
de Linné a souffert quelqu'endomma-
gement à cet endroit. A cette occasion ,
je m'en vais corriger quelques fautes
d'impression qui se sont glissées dans
l'ouvrage de cet auteur. Dans son sys-
tème , il donne trente-deux rayons à
la nageoire dorsale , au lien de vingt-
deux; car dans le Muséum ,où il décrit
ce poisson avec exactitude, il en com pto
vingt-deux. Quand dans le dernierou-
vrage ce poisson porte le nom d'arcua-
*us , tant dans le texte que sur laplan-
•'Iie , je crois plutôt qu'il faut lire
nruanus ;caY c'est sous le premier nom
»ju'il décrit , page 62 , le poisson à ban-
ies arquées, et qu'il le représente sur
la planche trente-troisième , lig. 5.
Ce poisson tient ^ pour ainsi dire , îe
aSG HISTOIRE NATURELLE
milieu entre les bandoulières et les
perches. Ses dents et les os des joues
sont comme aux dernières; mais par
le tronc, il ressemble aux premières ;
car il est large , orné de bandes , et les
nageoires sont garnies d'écaillés. Mai»
comme ses dents ne ressemblent pas à
des poils , ce qui est le caractère dis-
tinctif des bandoulières ; il faut plutôt
le compter parmi les perches. Appa-
remment Linné n'a pas bien examiné
ses dents : cependant comme je ne fais
pas un système, j'ai suivi cet auteur
en le mettant dans le genre des ban-
doulières.
LA BANDOULIÈRE A NAGEOIRES
NOIRES , CH^TODON TEIRA.
On reconnoît ce poisson à ses trois
bandes noires , et aux nageoires du dos
et de l'anus qui sont extrêmement
longues. On compte sept rayons à la
membrane des ouies jonze àla nageoire
pectorale, six à la ventrale , vingt-six
BELA BANDOULIERE, 5cc. 267
à celle de l'anus , dix-sept'à celle de la
queue , et trente -quatre à celle du clos.
Le corps très mince , est aussi lai^e
que long, et en pente sur le devant, i»
tête et l'ouverture de la bouche sont
petites. Les dents sont comme celles
des autres bandoulières. Les narines
doubles sont tout près des yeux. La
prunelle est noire et l'iris d'un blanc
tirant sur le rouge. L'opercule des
ouies consiste en une petite plaque ;
l'ouverture des ouies est large , et la
membrane branchiale est cachée en
partie sous l'opercule. La ligne latérale
forme un arc considérable , et est com-
posée de points blancs. L'anus n'est pas
loin des nageoires ventrales.Les écailles
sont très-petites et dentelées. Le fond
du poisson est blanc , et les trois bandes
noires qui le traversent y font un très-
bon effet. La première commence au
front, entoure les yeux et va se ter-
miner au menton ; la seconde s'étend
depuis le dos jusqu'à l'anus j et la troi-
liGS HISTOIRE NATURELLE
sième , qui est près de la queue , passe
sur une partie de la nageoire du dos et
de l'anus. Le reste de ces nageoires ,
amsi bien que celles de la poitrine et
de la queue , sont blanches ; mais celle
du ventre est noire. La nageoire du
dos a cinq piquans à sa naissance , et
celle de l'anus en a trois.
Ce poisson vit dans la mer de l'Ara-
bie et dans celle des Indes orientales.
Celui qu'on voit représenté ici vient
de la dernière. Forskaoel dit qu'il par-
vient à la longueur d'une aune; que sa
chair est bonne à manger; qu'il vit de
coraux et de coquilles. On le prend tant
au hlel qu'à l'hameçon.
Ce poisson se nomme :
Schwarzjlosser , chez les Allemands.
BreedvuinL<j;e Klippjîsch y Zeehotje ^ en
Hollande.
T'andonlière à nageoires noires , chez les
Français.
Teyra , en Arabie , lorsqu'il est petit y
et Daakar, quand il est grand.
DE LA BANDOULIÈRE , &C. 269
îkan Carnbingj aux Indes orientales.
Bokkenvish , dans les colonies hollan-
daises de ce dernier pays.
Boddaert , dans son texte de l'ou-
vrage de Renard , se trompe quand il
prend la figure 6 de la planche 26 du
tome m de Séba , et le n". 193 du Mu-
séum de Gronov pour le poisson dont
nous parlons ici : car comme , selon ce
dernier auteur , les nageoires du dos et
de l'anus n'ont que la longueur du
corps , et qu'il ne dit rien des bandes
dans sa description , d'ailleurs très-
exacte, il est clair qu'il ne paile point
de notre poisson ; et quant à la première
figure , il suffit de la comparer avec la
nôtre ou avec celle de Renard , pour
se convaincre que mon jugement est
fondé.
LA BANDOULIÈRE A LARGES
NAGEOIRES,
CHJETOVON V E S P ERT J L J O.
Ce poisson diffère des autres du
znême genre par les nageoires du dos
S/O HISTOIRE NATURELLE
et de l'anus qui sont larges , et par la
bande noire qu'on apperçoit àlaqueuCo
On compte cinq rayons à la membrane
desouies, dix -huit à la nageoire pecto-
Tale , six à la nageoire ventrale , trente-
trois à celle de l'anus, dix -sept à la
queue , et quarante-un à celle du dos.
Cette bandoulière est aussi large
€jue longue. La tête est dépourvue
d'écailles ; les lèvres sont fortes ; et
non loin des yeux , on n'apperçoit que
deux ouvertures rondes. Les yeux ont
■une prunelle noire , qui est entourée
d'une ligne blanche et d'un iris jaune ;
l'opercule des ouies consiste en deux
petites plaques argentines ) l'ouverture
des ouies est très-large, et la mem-
brane branchiale est en partie cachée
sous l'opercule -, le tronc , qui est cou-
vert de très-petites écailles , est gris
vers le dos, et blanchâtre au ventre.
Toutes les nageoires ont des rayons à
plusieursramifications, et sont grises,
H J'exceptiou de celles cin dos et dQ
t)E LA BANDOULIÈRE) &c. 27 1
î'anus , dont la partie qui est couverte
d'écaillés a une couleur jaunâtre : lo
premier rayon de la longue nageoire
ventrale est piquant. Dans la nageoire
de l'anus , je trouve trois piquans, et
dans celles du dos cinq. Ces deux der-
nières nageoires sont extrêmement
larges et épaisses ; et c'est ce qui m'a
engagé à donner à ce poisson les noms
qu'il porte. Je l'ai trouvé parmi les
poissons qu'on m'a envo5^és du Japon.
Dansl'ouvragede Willughby , plan-
che O. 5 , je trouve un poisson qui a
des nageoires aussi larges que le nôtre.
Si le dessin est fidèle , il appartient à
une toute autre classe ; car les na-
geoires pectorales se trouvent à la
gorge. Dans l'autre cas, cela pourroit
bien être notre poisson : cependant le
dessin seroit encore mauvais , en ce
que ni les écailles , ni la ligue latéral©
n'y sont marquées»
2/2 HISTOIRE NATURELLE
LA BANDOULIÈRE A GRANDES
ÉCAILLES,
CHJETODON MACROLEPIDOTUS,
Ce poisson diffère des antres de son
genre par les deux bandes larges qu'on
apperçoit snr son tronc , et qui s'éleu-
dent jusqu'aux nageoires, par la na-
geoire de la queue qui est droite, et
par le quatrième rayon de la nageoire
dorsale très-long, qui ressemble à du
poil. On compte seize rayons à la na-
geoire pectorale, six à la nageoire ven-
trale , vingt-quatre à celle de l'anus,
dix-huit à la queue , et trente-quatre
à celle du dos.
La tête est petite ; les mâcboires
sont d'égale longueur , les yeux ronds ;
la prunelle est noire, eL l'iris bleuâtre.
En avant de ce dernier , on apperçoit
deux petites ouvertures. Au-dessusdes
yeux, on voit une tacLc brune , et en
devant une autre de celte couleur.
DE LA BANDOULIÈRE , &C. a/S
L'opercule des ouies consiste en une
seule plaque ; l'ouverture des ouies est
large , et la membrane branchiale est
cachée sous Topercule ; les écailles de
la lête sont petites , mais elles vont
toujours en augmentant insensible-
ment jusqu'à la quei;e; la ligne laté-
rale forme un arc, et l'anus est pres-
qu'au milieu du corps ; les bandes bru-
nes sur le fond argentin , font un très-
bel effet. La nageoire dorsale a onze
rayons durs , celle de l'anus trois , et
celle du ventre un : les autres rayons
ont plusieurs ramifications.
Ce beau poisson vit dans les eaux
des Indes orientales. Il parvient à une
grandeur considérable ; car fî cnard as-
sure qu'on en trouve à File d'Hila , non
loin d'Amboine , qui pèsent vingt à
vingt-cinq livres; et comme il est très-
mince , il doit donc être très - grand.
Selon Valentyn , sa chair est grasse et
d'un très - bon goût , et ressemble à
celle de la sole.
Poissons. II, 24
27* HISTOIRE NATURELLE
Ce poisson se nomme :
Grossschuppigter-Klippjisch , chez les
Allemands.
Bandoulière à larges écailles , chez les
Français.
Tafelmsch , hezaante Klipvisch , groote
TafeWiscli , moorse Afgott , Speer-
ifisch , Pampusvisch et Vaandrager ,
en Hollande.
îcan - Pampus et Tereloc , aux Indes
orientales.
Valentyn , Ruysch , Kenard et Séba
nous ont donné chacun un assez bon
dessin de ce poisson.
Gronov cite pour notre poisson la
fis- ^ » P'* ^^ ^ ^^^ muséum du roi de
Suède; mais il suffit de comparer ce
dessin avec le nôtre, pour se con-
vaincre que ce sont deux poissons dif-
férens.
Je ne saurois non plus être de Tavis
de Gronov, quand il prend pour notre
poisson celui que Klein a représenté
pi. 12 ;/g. 2 ; car à ce dernier la bande
DU HÉRON DE MER. 276
passe par-dessous la tête, et la nageoire
de la queue est divisée-, au lieu que dans
le nôtre cette partie est arrondie, et la
bande passe par-dessus la poitrine. Je
prends plutôt ce poisson de Klein pour
le Cornutus de Linné, comme je le fe-
rai voir dans la suite.
Dans l'ouvrage de Valentyn , on
trouve plusieurs poissons qui ressem-
blent beaucoup au nôtre ; mais les des-
sins en sont trop mauvais , pour qu'on
puisse juger si ce sont de nouvelles es-
pèces ou non.
I.E HÉRON DE MER ,
CHJETODON CORNUTVS.
Les caractères distinctifs de ce
poisson sont : la bouche qui est cylin-
drique , le troisième rayon de la na-
geoire dorsale très-long , et la nageoire
de la queue en forme de croissant. On
compte quatre rayons à la membrane
des ouies, dix-huit à la nageoire pec-
S/S HTSTOIRE NATURELLE
torale , six à la ventrale , trente deux
à celle de l'anus, seize à la queue , et
quarante-cinq à celle du dos.
Le corps de ce poisson est mince , et
couvert d'écaillés très- fines -, les mâ-
choires sont d'égale longueur : au liea
d'un rang de dents , j'y en apperçois
deux. Les j^eux , qui ont une prunelle
noire et un iris rougeâtrc, sont tout
près du sommet. Devant les yeux , on
voit quatre petites ouvertures. L'oper-
cule desouies, qui consiste en une pe-
tite plaque, est rond; l'ouverture dea
ouies est large , et la membrane bran-
chiale est cachée sous l'opercule ; la
ligne latérale forme un arc considé-
rable , et l'anus est au milieu du corps ;
le fond blanc est relevé par les bandes
ïioires ; la bande qui est sur le devant ,
«t qui passe sur l'œil , est divisée , dans
quelques poissons, par une raie claire.
Dans la nageoire dorsale, je trouve
trois rayons durs.
Le héron de mer a pour patrie les
nu HÉRON DE MER. IfJ
Indes orientales. Selon Valentyn, sa
chair est d'un très -bon goût.
Ce poisson se nomme :
Seereihery chez les Allemands.
Héron de mer, chez les Français.
Ican Paroelij Betina , Jang , Djantan ,
Mferez , Ican Sivangi et Vjawa ,
dans les Indes.
Manneken van de Paroeli - Visch , Ja-
vaansche Faandrig , Bezaantje Klip-
visch f Speer-visch et Moorse Afgodtp
chez les Hollandais.
Quand Linné compte sept piquans
à la nageoire dorsale , c'est probable-
ment une faute d'écriture ou d'impres-
sion ; car aux trois exemplaires que je
possède , je n'en ai pu voir que trois.
Je n'ai pas trouvé non plus à mes
trois exemplaires , les deux points au-
dessus des yeux, dont Artédi a fait un
caractère distinctif. Je ne saurois dé-
terminer si ce poisson n'a ces points
qu'à un certain âge , ou si celui de
Séba, d'après lequel Artédi a fait sa
278 HISTOIRE NATURELLE
description , est une variété du mien.
Klein a tort de faire de ce poisson
deux espèces ; car il suffit d'examiner
ce dessin , pour se convaincre qu'ils
ne difiPèrent qu'en ce que la bande an-
térieure de l'un de ces deux poissons
est divisée. Nous avons remarqué plns^
haut que cette division est quelque
cliose d'accidentel. Il est vrai qu'à
l'une des deux figures la bouche est re-
présentée plus longue qu'à l'autre ;
mais cela paroît être aussi un effet du
hasard , et venir de ce que l'un des
exemplaires étoit séché.
Valentyn a fait de notre poisson
quatre espèces, et Renard trois; du
moins je ne trouve point de différence
essentielle entre les dessins qu'ils en
donnent.
DE LA BANDOULIÈRE, &c. 27^
La bandoulière a tache ,
CH.ETODON VNIMJCVLJTUS.
L A tache noire sur la ligne latérale
et les treize piquans de la nageoire
dorsale , sont les caractères distinctifs
de ce poisson. On compte quatorze
rayons à la nageoire pectorale, six à la
nageoire ventrale, vingt trois à celle
dé l'anus , seize à la queue, et trente-
cinq à celle du dos.
La tête est petite , et ornée d'une
bande noire qui passe sur l'oeil ; les
mâchoires sont d'égale longueur, et les
deux narines très -près des yeux ; la
prunelle est noire , et entourée d'une
ligne blanche et d'un iris brun; l'oper*
cule des ouies est composé de deux pe-
tites plaques , et la membrane bran-
chiale qui est cachée dessous , est sou-
tenue par quatre osselets. Les côtés
sont blancs , couverts d'écaillés , et
crues de lignes jaunes transversales y
i28o HISTOIRE NATURELLE
la ligne latérale, qui commence à la nu-
que, s'approche du dos , forme un arc
avec lui , et va se perdre au milieu de
la nageoire de la queue : le dos est gris ,
et à la queue , on voit une bande
brune. Toutes les nageoires sont jau-
nâtres , et leurs rayons ont plusieurs
ramifications. Je trouve treize piquans
dans la nageoire dorsale , et trois dans
celle de Fanus , dont celui du milieu est
le plus fort. Ces deux nageoires sont
courtes , arrondies , et bordées de
brun.
Ce poisson a pour patrie les Indes
orientales. Il est du nombre de ceux
qu'on m'a envoyés du Japon.
LA BANDOULIÈRE A ARC,
CHjETODON arcvatvs.
On reconnoît ce beau poisson aux
neuf piquans de la nageoire du dos , et
aux cinq bandes blanches , qui font un
très-bel effet sur le fond brun. La pre-
DE LA BANDOULIÈRE , &C. 2^1
mière de ces bandes entoure la bouche,
et la dernière la nageoire de la queue ;
les autres passent par-dessus le tronc ,
et sont arquées ; c'est ce qui a engagé
Linné à donner à ce poisson le nom.
que nous avons dit. On compte six
rayons à la membrane des ouies, seize
à la nageoire pectorale , six à la na-
geoire ventrale , vingt-cinq à celle de
l'anus , quatorze à la queue , et qua-
rante-trois à celle du dos.
La tête est grosse j les yeux se trou-
vent au sommet , et sont petits ; la
prunelle est noire , et l'iris d'un jaune
d'or. L'ouverture des ouies est large ,
et à l'opercule des ouies, on apperçoit
un piquant ; la ligne latérale consiste
en points blancs \ l'anus se trouve au
milieu du corps. Le fond est brun :
vers le dos , cette couleur tire sur le
noir. En général , ce poisson paroît
être couvert de velours et marqueté
d'ivoire , ce qui le rend très-agréable à
la vue. Comme on ne sauroitdonc bien
a§2 HISTOIRE NATURELLE
appercevoir les écailles , j'en ai fait
représenter une à part.
La bandoulière à arc habite les
mers du Brésil. Selon Marcgraf, elle
n'a que trois ou quatre pouces de
long ; mais l'exemplaire queje possède ,
et d'après lequel j'ai fait faire le des-
sin qu'on voit ici , prouve qu'il s'ea
trouve encore de plus grands. Dans
l'ouvrage de Séba , on en voit un autre
qui est bien plus grand encore.
Ce poisiîon se nomme :
Bogenfisch , en Allemagne.
Bugt-Klippare , en Suède.
Bandoulière à arc , chez les Français.
Arc-Fish , chez les Anglais.
Guaperi/a f au Brésil.
Marcgrafnousenadonnéle premier
dessin , mais il est mauvais. Willughby
qui l'a copié , en donne encore un nou-
veau. Ce dernier dessin, ainsi que celui
que Linné nous a communiqué dans le
muséum du roi de Suède , sont meil-
leurs que celui de Marcgraf: cepen-
DE LA BANDOULIÈRE ^ &c. 283
dant les deux dessins que nous devons
à Séba , sont les seuls qu'on peut ap-
peler bons.
Gronov a raison , quand il prend la
fig. 5 de la pi. 25 de Séba pour une
variété de notre poisson ; car il ne lui
manque que la bordure blanche de la
nageoire de la queue *, et la nageoire de
l'anus est un peu plus longue que celle
de la bandoulière à arc ; mais cet au-
teur se trompe , quand il prend Vaca-
rauna major de Willugbby pour notre
poisson; car, outre les bandes qui lui
manquent tout-à-fait, les rayons de la
nageoire du dos et de l'anus sont aussi
plus longs. C'est plutôt le peigne , que
nous allons bientôt décrire. Les autres
auteurs que Gronov allègue , n'ont
pas décrit non plus la bandoulière à
arc , mais le paru de Marcgraf , ou la
bandoulière noire. Pour s'en convain-
cre, il suffit de lire ces auteurs, et de
voir le dessin de Marcgraf.
284 HISTOIRE NATURELLE
LA BANDOULIÈRE A BEC,
CHyETODON ROSTRJTUS.
Ce poî&son se distingue de tous les
autres de ce genre par son bec cylin-
drique , et par la taclie noire et bordée
qui est sur le dos. On compte douze
rayons à la nageoire pectorale, six à la
nageoire ventrale, vingt -trois à celle
de l'anus , quinze à la queue , et trente-
neuf à celle du dos.
Le tronc est large et mince. La tête
est étroite et longue, et l'ouverture de
la boucîie petite. Les mâchoires sont
d'égale longueur, et garnies de petites
dents. Les narines sont simples, cylin-
driques et fort près des yeux. La pru-
nelle est noire ; l'iris jaune, et couvert
en partie d'une bande brune qui passe
par-dessus l'oeil. La ligne latérale ar-
quée , règne non loin du dos. L^'anus
est au milieu du corps. Sur le fond
blanc de ce poisson , on appcrçoit des
DJS LA BANDOULIERE, &C. 285
lignes brunes longitudinales , et quatre
bandes transversales. Sur la queue , il
y a aussi une bande , et sur le dos une
tache. Toutes les bandes , aussi bien
que celte tache, sont noires et bordées
d.'une ligne blanche. On compte un
rayon simple et dur à la nageoire ven-
trale, trois à celle de l'anus, et neuf à
la nageoire dorsale. Les autres rayons
de toutes les nageoires, ont plusieurs
ramifications.
Ce poisson vit dans les mers des
Indes orientales. Selon le rapport de
M. Hommel, inspecteur de l'hôpital à
Batavia , il habite ordinairement les
bas fonds de la mer , et sur-tout les em-
bouchures des rivières. Ce beau poisson
est très-remarquable , à cause de la ma-
nière singulière dont il cherche sa nour-
riture. Voici comme il at trape les mou-
ches qu'il appcrçoit sur les plantes ma-
rines qui avancent hors de l'eau. Il s'ap-
proche jusqu'à la distance de quatre à
six pieds, et de -là il seringue de l'eau
' Poissons. II. 2J
286 HISTOIRE NATURELLE
sur l'insecte avec tant de force , qu'il
ne manque jamais de le précipiter dans
l'eau pour en faire sa proie. Comme
c'est un spectacle très - amusant , les
grands seigneurs de la plupart des îles
des Indes orientales, entretiennent de
ces poissons dans de grands vases, pour
se divertir de cette chasse. M. Hom-
mel a fait lui-même cette expérience.
Il fit mettre quelques-uns de cçs pois-
sons dans un large vaisseau rempli d'eau
de la mer. Après qu'ils furent accoutu-
més à cette prison, il perça une mon-
che avec une épingle, et Tattacha sur
le côté du vaisseau : alors il eut le plai-
sir de voir que ces poissons s'empres-
soient à l'envi de s'emparer de la mou-
che , et qu'ils lançoicut sans cesse , et
avec la plus grande vitesse, de petites
gouttes d'eau, sans manquer jamais le
but. On prend ce poisson au filet et
à l'hameçon auquel on attache une
mouche. Sa chair est saine et de hou
goût.
DE LA BANDOULIÈRE , &C. 1$J
On. le nomme :
Schnahelfisch , Rûsseljisch , Spritzfisch et
Schutze j en Allemagne.
Spuyt-i^ischj en Hollande.
Nos-Klippare, en Suède.
Bandoulière à bec, chez les Français.
Linné nous en a donné le premier
dessin qui soit assez bon , mais celui de
Séba est encore meilleur.
Grouov se trompe quand il prend le
pilot-fisch de Sloan pour le même pois-
son que le nôtre. Il suffit de voir le des-
sin de Sloan , pour se convaincre quo
c'est une espèce de dorée. C'est par la
même raison aussi que Gronov a cité
à faux Ray et Klein.
Quand Gronov demande si la co-
quette qu'on trouve dans Y Appendice
de Vlchthyolo^ie de Wiliugliby , PL 5 ,
jig. A- , est le même poisson que le nôtre ,
on doit répondre négativement ; car
c'est le chœtodon - capriscus. Si l'on
veut bien comparer ces deux dessins ^
288 HISTOIRE NATURELLE
on verra d'abord que mon jugement
est fondé.
L'ORBE, CH JETOD ON ORBIS.
On reconnoît ce poisson à sou corps
qui est en forme de disque , et aux dix-
neuf rayons de la nageoire de l'anus.
On compte dix -huit rayons à la na-
geoire pectorale, six à la nageoire ven-
trale, dix-neuf à celle de l'anus, seize
à la queue, et vingt -huit à celle du
dos.
La tête est petite et fort en pente.
Les narines sont simples et non loin
des yeux. La prunelle est noire, et l'i-
ris d'un jaune d'or. Les mâchoires sont
d'égalelongueur; l'ouverture desouies
est très -large , et la membrane bran-
chiale est cachée sous l'opercule , qui
est étroit. La ligne latérale a chez c©
poisson une autre direction qu'aux au-
tres bandoulières; car au lieu de l'arc
ordinaire , elle forme plusieurs lignes
DE L' O R B E. 289
t!roiles interrompues , qui font un an-
gle obtus du côté du dos. L'anus est
placé au milieu du corps. La nageoire
ventrale qui est longue , a un piquant ;
celle de l'anus en a trois , et celle du
dos sept. Dans cette dernière, le se-
cond , le troisième et le quatrième .
rayon se terminent en des barbillons
sétacés. Les autres rayons de toutes les
nageoires ont plusieurs ramifications.
Le fond du poisson est bleuâtre.
Il est originaire des Indes orientales,
d'où je l'ai r^çu avec beaucoup d'autres
poissons.
Les Allemands nomment ce poisson
Scheibe y et les Français Orbe.
LE PERSIEN,
CH MT OD 0 N N IG R 1 C A N S.
Les dents crénelées, et le piquant
qui se trouve non loin de la nageoire
fourchue delà queue, sont les carac-
tères par lesquels on peut distinguer ce
290 HISTOIRE NATURELLE
poisson de tous les aulres de son genre.
On compte quatre rayons à la mem-
brane des ouies , dix-huit à la nageoire
pectorale , six à la nageoire ventrale ,
vingt-sept à celle de l'anus , vingt-un
à la queue , et trente-six à celle du dos.
Q uand on examine les dents à l'aide
d'un microscope, elles paroissent sous
la forme d'une rangée de mains, car
elles sont étroites et rondes par en bas,
et larges par en haut, et se terminent
en des pointes jaunes, dont l'une est
toujours un peu plus élevée que l'au-
tre, comme on le voit à la figure repré-
sentée ici. J'ai compté seize dents à la
mâchoire supérieure, et dix à l'infé-
rieure. Le corps de ce poisson est plus
charnu que celui des autres bandou-
lières; il est couvert do petites écailles.
La tête est petite , la langue courte et
épaisse. Les yeux sont grands ; la pru-
nelle est noire et l'iris argentin. Immé-
diatement devant les yeux, on apper^
çoit deux ouvertures. L'opercule des
DU PERSIEN. 291
ouies est long et étroit , et la ligne la-
térale qui commence à sa partie supé-
rieure, s'étend non loin du dos et dans
une direction parallèle avec ce dernier.
Le piquant dont nous avons fait men-
tion , a un enfoncement oblong au mi-
lieu, et sa pointe est tournée vers la
tête. Le tronc est noirâtre sur le dos ,
brun sur les côtés , et blanc vers le ven-
tre. Les nageoires pectorales sont gri-
ses, celles du ventre noires, et les unes
et les autres garnies de rayons qui ont
plusieurs ramifications. Les nageoires
du dos et de l'anus ont le fond blanc ;
elles sont brunâtres vers le bord , et
leurs rayons sont fourchus. La nageoire
de la queue est d'un gris blanc, avec
des rayons qui ont plusieurs ramifica-
tions , dont les externes sont très-
longs.
On trouve ce poisson dans plusieurs
pays. Marcgraf en a vu au Brésil , Has-
;5elquist dans la mer rouge , et Valen-
tyn aux Indes orientales. Il parvient à
'M)^ HISTOIRE NATURELLE
une grandeur considérable. Celai que
je possède est plus long que le dessin ;
celui que Hasselquist a vu au Caire ,
avoit un pied et demi de long. Le
prince Maurice lui donne une Ion-
loueur de deux pieds. Sa chair est ferme
et d'un bon goiit. Il se nourrit de co-
quilles et de petits crabes. On le prend
au filet et à l'hameçon.
Le foie est jaune, gros, long, et va
j usqu'à l'anus. L'csloniac est très long ;
le canal des intestins large, épais, et a
beaucoup de courbures. La cavité du
ventre est grande, longue, et s'étend
jusqu'au milieu de la nageoire de l'a-
nus. L'ovaire consistoit en un sac uni-
que et courbé , situé en dessous de la
cavité du ventre. La vésicule aérienne
étoit attachée au dos, des deux côtés.
Ce poisson se nomme :
Caantje of Verkenskopf , Oester'éeter ,
Boanos Klip-Vischje, en Ilollaude.
Acarauna, au Brésil.
Ikan Batoe Boano , aux Indes.
DU TERSIEN. 29^
Persien , chez les Français.
Perser, en Allemagne.
Séba fait deux espèces différentes de
ce poisson. Il est vrai qu'il donne au
N"^. 2 quelques rayons de moins dans la
nageoire dorsale , qu'on n'en voit au
IN". 3. Mais comme la seconde descrip-
tion a été faite d'après un exemplaire
séché , et la première d'après un exem-
plaire frais, ce qu'on peut voir par les
dessins , il est probable que dans le pre-
mier quelques rayons étoient unis en-
tr'eux : et comme cet exemplaire n'é-
toit que très-petit , il n'y pouvoit voir
les écailles ; voilà la raison pourquoi
elles ne sont pas indiquées dans le des-
sin.
Quand Hasselquist demande si 1©
chaetodon nigricans d'Artédi est le
même que notre poisson, je crois pou-
voir répondre affirmativement ; car les
deux descriptions s'accordent parfai-
tement , à l'exception de la nageoire
de la queue qu'il dit être droite. Cq-^
294 HISTOIRE NATUR^ELLE
pendant il est probable que la descrip-
tion d^Artédi a été faite d'après un
exemplaire séché, dont la pointe pou-
voit avoir été cassée.
Hasselquist a remarqué deux pi-
quans à chaque côté de son poisson.
Mais je ne saurois décider si l'exem-
plaire qu'il avoit sous les yeux , étoit
un mâle, ou si le nombre des piquans
augmente avec l'âge , ou enfin si ce
poisson n'en a qu'un qui tombe tous
les ans, et qui est remplacé par un au-
tre, comme fait l'aigle de mer. Dans
ce cas, l'exemplaire deHasselquistn'a-
voit pas encore quitté l'ancien piquant
quand l'autre a paru. J'ignore tout
cela , aussi bien que la raison pourquoi
l'Auteur de la Nature a donné ces ar-
mes à notre poisson.
Dans l'ouvrage de Valentyn , on
trouve un poisson avec un piquant à
la queue, et dans Renard, on eu trouve
un autre qui a deux piquans à cette
partie; mais les dessins soiit trop mau-
DE L' A R G U S. SgS
vais pour qu'on puisse décider si c'est
noire poisson , ou une autre espèce.
L'un de ceux de Renard est même re-
présenté avec deux langues qui sortent
de la bouche.
Marcgraf nous a donné le premier
dessin de ce poisson , mais il est mau-
vais. Il a été copié par Pison , Wil-
lughby, Jonston et lluysch. Ensuite,
Klein nous a donné un nouveau des-
sin, et Séba deux; cependant il n'y a
qu'un dessin de ce dernier qui soit bon,
savoir celui qui a été fait d'après un
exemplaire frais.
L'ARGUS , CHMTODON ARGUS.
L'argus se distingue par son corps
tacheté , et par les quatre piquans de la
nageoire de l'anus. On compte quatre
rayons à la membrane des ouies , dix-
huit à la nageoire pectorale, six à la
nageoire ventrale , dix-huit à celle de
l'anus, quatorze à la queue, et vingt-
huit à celle du dos.
D96 HISTOIRE NATURKLLE
Ce poisson est presque quarré , si l'on
ôte la tête et la quene. Les mâclioirea
sont d'égale longueur. Entre la bouche
et les yeux , on voit deux ouvertures.
La prunelle est noire , et Tiris d'un
}aune d'or. L'ouverture des onies est
large , et la membrane brancliiale est
dégagée. La ligne latérale forme un
arc. Les côtés qui sont marquetés de
taches brunes, sont violets vers le dos,
et blancs vers le ventre. Toutes les na-
geoires sont courtes et jaunes , et c^lle
du dos a onze piquans.
L'argus vit dans les eaux douces des
Indes orientales, et habite communé-
ment les endroits marécageux , où il
trouve beaucoup d'insectes , dont il
fait sa nourriture. Ruysçh assure qu'il
suit les vaisseaux, et qu'il mange tout
ce que l'on jette dans la mer. Selon
Valentyn , sa chair est saine , grasse et
d'un bon poni.
Ce poisson se nomme :
^rgiis , chez les Allemands.
DU VAGABOND. 297
Cevîackter Klip-visch , Stronl-visch et
gesterden Catoeha-'visch , chez les
Hollandais.
Ican TacijlcanFay ^ Cacatocha.Babin-
tang et Ican Catoeha Babintang ,
parmi les Indiens.
V Argus j cliez les Français.
L E VA G A B O N D,
CH^TODON V AGA3V NDVS,
li A bouche cylindrique , la bande sur
Pœil , et les treize piquans de la na-
geoire du dos, sont les caractères dis-
tinctifs de ce poisson. On compte dix-
huit rayons à la nageoire pectorale , six
à la nageoire ventrale , vingt à celle de
l'anus, quatorze à la queue, et trente-
trois à celle du dos.
La tête est garnie de petites écailles;
celles du tronc sont grandes. A la pre-
mière, on apperçoit une bande noire ,
et au second , une ligne brune. La ligne
latérale est comme aux autres pois3on?L
Poissons. II. ii6
298 HISTOIRE NATURELLE
de ce genre; mais l'anus est plus près
de la nageoire de la queue que de la
tête. L'opercule des ouies consiste en
deux petites plaques, et la membrane
branchiale est dégagée. La prunelle
noire est entourée d'un iris brun et
d'une ligne blanche. Devant les yeux ,
on voit deux ouvertures. Le fond du
poisson est jaune. A l'extrémité du
tronc et au milieu de la nageoire de la
queue , on remarque une bande noire.
Cette nageoire , aussi bien que celles du
dos et de l'anus , ont une bordure noire.
Toutes les nageoires sont jaunes , et
leurs rayons ont plusieurs ramifica-
tions , excepté ceux qui sont piquans.
Ce beau poisson vit aussi dans les
mers des Indes orientales. Selon Va-
lentyn , sa chair est grasse , ferme et
d'un bon goût.
On le nomme :
Schivarmery en Allemagne.
Voumng Prins , Douyving Hertogin y
DU VAGABOND. 299
V rince sse-Visch , Japanscke Prins^en
PloUande.
Ican Poetri , Param-poeva et îcan Sa-
jadji , parmi les Indiens.
Vagabond, en ^rsirïce,
Boddaert dans sa description des fi-
gures de Renard , se trompe quand il
assure que ce poisson n'avoit jamais été
décrit, et que Linné citoit faussement
la fig. 18 delà pi. xxv du tom. m de
l'ouvrage de Séba. Il suffit de compa-
rer ce dessin avec le nôtre , et la des-
cription de Linné, pour se convaincre
que c'est le même poisson.
Dans Valentyn et Renard, je trouve
trois poissons qui paroissent être de la
même espèce que le nôtre.
Selon Klein , le poisson que nous
avons cité pour le nôtre, a dix-sept
piquans , au lieu de treize -, mais comme
sa figure s'accorde parfaitement avec
la nôtre, cette petite difiFérence peut
fort bien venir de ce que dans son pois-
son séché , la peau s'étant rctrécie, le
^00 HISTOIRE NATURELLE
dessinateur a pris les pointes saillantes
clés ramifications pour autant de pi-
quans.
L'ONAGRE ou LE ZÈBRE,
CH jET ODON STRIAT V S.
Ce poisson se distingue des autres
de son genre par les bandes brunes , par
la nageoire arrondie de la queue , et
par les treize piquans de la nageoire
dorsale. On compte seize rayons à la
nageoire pectorale, six à la nageoire
ventrale , vingt-deux à celle de l'anus,
dix-huit à la queue , et trente- deux à
celle du dos.
La tête est petite , et garnie de
grandes écailles. Les yeux sont grands;
la prunelle , qui est noire , est entou-
rée d'une ligne jaune et d'un iris blanc.
Immédiatement devant les yeux , on
apperçoit deux petites ouvert ures. L'o.
percule des ouies, sous lequel la mem-
brane branchiale est cachée , consiste
Tom ■ H.
J^a^e 3oo
3 I.'ï.MPE.RÏ'iUlV dii Jaj^oïi.^^^ 2/<^-
DE L' ONAGRE. 3oi
en deux plaques. La ligne latérale s'é-
tend parallèlement avec le dos ; et l'a-
nus est plus près de la tête que de la
queue. Le fond du poisson est jaune
vers le dos , et blanc vers le ventre.
Les écailles sont bordées d'un brun
clair. Les nageoires sont jaunes au
fond , et brunes vers le bord. La na-
geoire pectorale est tout-à-fait brune,
et celle du ventre noire. Le fond du
poisson qui est jaune , est très- rehaussé
par les bandes brunes.
On trouve celte bandoulière tant
dans les Indes orientales qu'en Améri-
que -, car la mienne étoit dans la col-
lection qu'on m'a envoyée du Japon ;
et M. 33uhamel l'a reçue de l'Améri-
que. Valentyn assure que sa cliair est
d'un goût excellent.
Ce poisson se nomme :
Bandirter Klippfisch , en Allemagne.
Strim-Klippare , en Suède.
Onagre ou Zèbre , en France.
S02 HISTOIRE NATURELLE
Heerlykke Klippvisch , en Hollande.
îcan Batoe moelia , aux Indes.
JLinné , qui a pris d'abord ce pois-
son pour un perroquet, a eu raison de
le mettre dans son système au nombre
des bandoulières. Quand cet auteur
demande si le jaguacaguara de Marc-
graf est le même poisson que le nôtre ^
on doit lui répondre négativement ;
car c'est le moucharra que je vais bien-
tôt décrire.
Dans l'ouvrage de Valentyn , je
trouve plusieurs dessins qui ont de la
ressemblance avec notre poisson; mais
comme ils sont rarement fidèles , on
ne sauroit déterminer lequel d'entre
eux lui appartient.
Les taches blanches que Klein a re-
présentées sur sa figure , ne sont pas
de véritables taches ; mais elles vien-
nent des écailles qui sont tombées.
Nous devons le premier dessin de
notre poisson à Séba. Après cela Linné,
Klein , Duhamel et Valcntvn nous en
DE LA COQUETTE , &C. 5o3
ont donné cliacun un nouveau. Tous
ces dessins sont assez bons ; il n'en faut
excepter que celui de Valcntyn , qui
est très -mauvais.
LA COQUETTE DES ISLES AMÉRIQUES,
CHMTODON CAPISTRATVS,
On reconnoit ce poisson à la taclie
noire bordée d'un cercle blanc, qui est
non loin de la nageoire de la queue ,
et aux treize piquans de la nageoire
dorsale. On conîpte cinq rayons à la
membrane des ouies, quatorze à la na-
geoire pectorale , six à la nageoire ven-
trale , dix-neuf à celle de l'anus, seize
à la queue,, et trente-trois à celle du
dos.
En comparaison des autres bandou-
lières , ce beau poisson a la tête et l'oeil
assez grands. La prunelle qui est noire,
est entourée d'un iris rougeâtre. L'o-
percule des ouies consiste en deux pe-
tites plaques ; sous lesquelles la mem-
5o4 HISTOIRE NATURELLE
brane brancliiale est cachée; l'ouver-
ture des ouies est très - large. Sur le
tronc , on apperçoit des écailles assez
grandes , et des lignes dirigées l'une
contre l'autre : les supérieures vont
du dos vers la tête ; les autres partent
du ventre pour aboutir au même en-
droit, et se rencontrent au milieu. Au
commencement de la nageoire de la
queue , on apperçoit une bande brune ,
et à l'extrémité de la nageoire du dos
et de l'anus, se voit une bordure de la
même couleur. Les lignes brunes dont
nous venons de parler, font un très-
bel effet sur le fond qui est jaune. L'o-
percule des ouies aussi bien que les pi-
quansde la nageoire du dos et de l'a-
nus, sont d'un verd de mer*, mais les
autres raj'-ons sont mous , et ont plu-
sieurs ramifications. Toutes les na-
geoires sont jaunâtres. La ligne laté-
rale forme un arc lâche, et l'anu* est
au milieu du corps.
Ce poisson vit dans la mer de la Ja-
DE LA COQUETTE , &c. 3o5
maïque. Il n'est que très-petit et Ircs-
niince ] car on ne le trouve guère plus
long que de deux à trois pouces : il de-
vient donc la proie des poissons vo-
races.
On le nomme :
Soldatenfisch , en Allemagne^
Coquette des Isles amériques , chez les
Français.
Grimm-Klippare f en Sueàe.
Strived An^el-Fish , dans les colonies
anglaises de la Jamaïque.
Quand Linné demande, si la ûg.
16 de la pi. -25 du tom. m de l'ou-
vrage de Séba est la même que notre
poisson , on doit répondre affirmative-
ment ; car le dessin et la description
s'accordent parfaitement avec lui. Je
suis du même avis que Gronov , qui
prend le sea - bulterfly de Brown
pour notre poisson \ car selon sa des-
cription , ces deux poissons s'accordent
en tout , excepté par le piquant qui est
à l'opercule des ouies. Peut-être que
3oG HISTOIRE NATURELLE
ce piquant dont parle cet auteur , étoît
quelque cliose d'accidentel • mais quand
même il seroit propre à ce poisson , on
ne pourroit le prendre tout au plus que
pour une variété du nôtre. Mais quand
Gronov prend la coquette de Nieulioff
pour le même , je ne saurois être de
son avis ; car la tache de son poisson
n'est pas près de la nageoire de la
queue : je crois plutôt que c'est l'œil
de paon.
Nous devons le premier dessin de
notre poisson à Séba. Après cela , Linné
et Duhamel nous en ont donné chacun
un nouveau. Tous ces dessins sont
bons.
L*ACARAUNA , ch^todon bicolor.
Parmi le grand nombre de poissons
singulièrement peints que la zonetor-
ride produit , on distingue sur-tout ce-
lui-ci à cause du contraste de ses deux
couleurs. On compte quatorze rayons
DE l'acarauna. 30f
à la nageoire pectorale , six à la na-
geoire ventrale , dix-huit à celle de
l'anus, seize à la queue , et trente-cinq
à celle du dos.
Ce poisson est oblong , et l'opercule
des ouies dentelé et garni d'un pi-
quant. La tête , la moitié du corps et
la queue sont blancs ; mais tout le reste
est brun. Les nageoires pectorales sont
claires , et celles du dos et de l'anus
garnies d'écailles jusqu'au bord. Oi>
apperçoit trois rayons simples et durs
à la dernière , et quinze à la première.
Les rayons de toutes les nageoires
sont mous et ramifiés. Les yeux sont
grands -, la prunelle est noire , et l'iris
rouge.
On trouve ce beau poisson dans les
deux Indes. Edouard en a rapporté un
du Brésil , et Valentyn un autre des
Indes orientales.
On le nomme :
Zweifarhi^er Klippfisch, chez les Al-
lemands.
2o8 HISTOIRE NATURELLE
Acarauna da Brésil , ou Veuve Coquette^
en France.
Groene Koelar , tweekleiirige Klipvhch
et Color Sousounam y en Hollande.
Ikan Koelar, Ekorkounin^ . aux Indes.
LE MOUCHARRA,
CHMT ODON S AXAT ILIS.
Ce poisson se distingue des autres de
ce genre , par son corps alongé et fas-
cié , et par les treize rayons de la na-
geoire de l'anus. On compte dix-liuit
rayons à la nageoire pectorale, six à
la nageoire ventrale, treize à celle de
l'anus , dix-neuf à la queue , et vingt-
six à celle du dos.
Lies écailles de ce poisson sont très-
grandes à proportion de son corps ;
celles des nageoires seulement sont pe-
tites. Les yeux sont très-grands ; la
prunelle est noire, et l'iris jaune. De-
vant les yeux, on apperçoit quatre pe-
tites ouvertures. La membrane bran-
DU M O U C H A R R A. ^09
chiale est dégagée , el l'ouverture des
ouies très-large. La ligne latérale com-
mence à l'opercule des ouies , s'étend
dans une direction droite jusqu'à l'ex-
trémité de la nageoire dorsale , où
elle est interrompue , et reparoît non
loin de la queue. Sur le fond qui est
blanc , on voit cinq bandes noires.
Toutes les nageoires sont noires \ celle
de la queue est fourchue.
Ce poisson habite les eaux du Bré-
sil , des Indes orientales et de l'Arabie»
Marcgraf en a trouvé dans le premier
pays ; Valentyn dans le second , et
Forskaol dan? le troisième. Il se tient
au fond de la mer entre les moraux, et
se nourrit de pol^'-pes. Il parvient ra-
rement à plus de six à huit pouces de
long. Sa chair est blanche, mais co-
riace ; et par cette raison , il n'y a que
le peuple qui en mange. Comme son.
séjour au fond de la mer le met à l'a-
bri des poursuites des hommes, on n'en
voit pas beaucoup dans les marchés.
Poissons. IL 27
,•^10 HISTOIRE NATURELLE
On le nomme :
Gahdschwanz , chez les Allemands.
(Er-Klippare , en Suède.
Siamze-Fisch , Lootsmannetje , Looh-
manii des Hayen et Groene Loots-
mann, en Hollande.
Moucharra , en France.
J a^aacaguare , au Brésil.
Jaqaeta , dans les colonies pox'tugaises
de ce dernier pays.
Ican Siam , aux Indes orientales.
Gaie y Gete , Gat^àt , en Arabie.
Dans Marcgraf , nous trouvons le
premier dessin -, mais il n'est pas fidèle :
Pison , Jonston et Ruyscli n'ont fait
que le copier. Dans Valentyn , nous
en trouvons trois, et deux autres dans
Renard , dont le premier , selon cet
auteur , représente le mâle, et le se-
cond la femelle.
Comme ce poisson a quelque ressem-
blance à plusieurs autres de divers
genres , à cause de ses dents sétacées ,
de son corps alongé et ûiscié , et de ses
DE LA BANDOULIÈRE j &C. ^ï 1
grandes écailles dentelées, les aiiieuis
l'ont comparé tantôt à ce genre et tan-
tôt à un autre. Marcgraf , par exem-
ple, le prend pour une perche; Pison
le compare avec le morme de Salvien ',
et Gronov le compte parmi lesdorades.
Linné étoit d'abord de l'avis de ce der-
nier auteur; mais dans la suite il l'a
mis au nombre des bandoulières.
LA BANDOULIERE BORDÉE ,
CH^TODON MJRGINJTUS.
On reconnoît ce beau poisson à ses
nageoires bordées , qui se terminent
en pointe. On compte douze rayons à
la nageoire pectorale , huit à la na-
geoire ventrale , seize à celle de l'anus ,
vingt à la queue , et vingt-cinq à celle
du dos.
Outre ces caractères , il se distingue
encore des autres de ce genre , en ce
qu'il n'a point d'écaillcs aux nageoires
de l'anus, de la queue et du dos,^ et
5l2 HISTOIRE NATURELLE
que celte dernière seule a des rayons
durs. La tête et le ventre sont blan-
châtres , et les côtés et le dos jaunes.
Les écailles sont grandes ; les nageoires
du ventre , de la poitrine et de l'anus ^
ainsi que la partie postérieure de celle
du dos, sont grises; mais la partie an-
térieure et la nageoire de la queue qui
est fourchue, sont jaunes. Toutes les
nageoires ont des rayons ramifiés ,
outre les douze piquans du dos. La
ligne latérale forme la courbure ordi-
naire 5 mais l'anus est placé beaucoup
plus près de la nageoire de la queue
qu'aux autres espèces. Les yeux , au
lien d'être ronds, comme à l'ordinaire,
ont une forme oblongue , et la mem-
brane branchiale est dégagée, Dn reste ,
la prunelle est noire , et l'iris argen-
tin. Devant les yeux , on apperçoit
deux petites ouvertures rondes. Les^
huit bandes d'un brun clair rendent
ce poisson très-agréable à la vue.
Cette bandoulière vit dans la nier
nu CHIRURGIEN. 3i^î
qui baigne les côtes des Antilles ; elle
se tient dans les endroits pierreux et
aux embouchures des rivières. Elle se
nourrit de petits poissons. Sa chair est
d'un bon goût. On ne la trouve guère
plus grande que l'exemplaire repré-
senté ici, que j'ai fait copier du ma-
nuscrit du père Plumier (i).
Les Allemands nomment ce poisson ,
p.îng^fasster fdippfisch , et les Français ,
Bandoulière bordée.
LE CHIRURGIEN^
CH^TODON CHIRURGUS.
Le piquant unique à la queue et les
quatorze au dos , sont des caractères
distinctifs pour ce poisson. On compte
seize rayons à la nageoire pectorale ,
six à la nageoire ventrale , vingt à
celle de l'anus , seize à la queue , et
vingt-six à eelle du dos.
Ce poisson a aussi des nageoires dé-
pourvues d'écaillés. La tête est grosse^
( : ) Edit. in-fol.
^l^ HISTOIRE NATURELLE
la mâchoire supérieure est la plus lon-
gue ; et la lèvre supérieure consiste^^
en deux os larges et minces. L'ouver-
ture (les ouies est très -large, et la
membrane brancliiale est désaxée. Les
yeux remis ont une prunelle noire ,
entourée d'une ligne blanche et d'un
iris jaune. Devant les yeux, on voit
deux petites ouvertures rondes, ha.
tête est mélangée de violet et de noir;
le dos et les côtés sont jaunes, le
ventre bleuâtre ; les nageoires pecto-
rales et ventrales violettes ; celle de
l'anus est de la même couleur , et porte
des bandes jaunes. La nageoire de la
queue a le fond jaune ; elle est vio-
lette à l'extrémité ; et la nageoire dor-
sale est marbrée de jaune et de violet.
Au tronc , on apperçoit cinq bandes
étroites et violettes. C'est sans doute
le piquant en forme de lancette qui
est à la queue , qui a fait donner à ce
poisson le nom de chirurgien. La ligne
latérale a la direction, ordinaire. L'a-
DE LA BANDOULIÈRE, &C. 3»<^
nus est plus près de l'ouvevtnre de tei
bouche que de la nageoire de la queue.
Ce poisson vit aussi dans la mer des
Antilles; il habite les mêmes endroits
que le précédent ; sa chair est d'un
bon goiit. Notre dessin est tiré du ma-
nuscrit du père Plumier.
Les François le nomment, Chirur-
gien , et îes Allemands , PFundarzt,
LA BANDOULIÈRE RHOMBOÏDE ,
CH^ T OU ON RH 0MB o'iï)ES,
Les cinq piquans du dos et les troi^
de l'anus , sont les caractères de ce
poisson. On compte dix-huit rayons
à la nageoire pectorale , six à la na-
geoire ventrale , vingt-quatre à celle
d-e l'anus, -vingt-six à la qneue ^ et
vingt-deux à celle du dos.
Le corps qui est couvert d'écaillés
de médiocre grandeur ,. a la forme
d'un rhombe, si on le dépouille des
nûgeoires ; c'est ce qui m'a engagé è
3l6 HISTOIRE NATURELLE
lui donner le nom de bandoulière rhom-
boïde. Par en haut, la tête est d'une
couleur verte , et argentine aux côtés.
L'ouverture de la bouclie est plus
grande , et les dents sont plus petites
qu'à tous les autres poissons de ce
genre. La lèvre supérieure est com-
posée de deux os longs et minces. Les
yeux sont grands , ronds , et ont une
prunelle noire entourée d'une ligne
blanche et d'un iris rouge. Devant
chaque oeil , on voit deux petites ou-
vertures. L'opercule des ouies consiste
en deux petites plaques ; et la mem-
brane branchiale qui est dégagée , est
située tout près de l'ouverture des
ouies qui est large. Le verd foncé du
dos , se change sur les côtés en verd
de mer ; et vers le ventre cette cou-
leur se perd en trois bandes : l'inter-
valle de ces bandes est blanc , et le
ventre jaune. La ligne latérale est un
peu arquée , et l'anus se trouve an
ïiîilieu du corps. Les nag-oireg pecto-
Y
jPaçe 3j.
'/07fl . M
J)eifeoe def.
i.lAlk\Nl)OlTLIKRE Uen. 3 JA BANJ)OriJFJlE
de Ciuassaii. ^3 1,F. FOKGERON
DE LA BANDOULIÈRE, &C. 017
lales et ventrales sont jaunes au mi-
lieu , et violettes vers le bord. Les
nageoires de l'anus , de la queue et du
dos ont une bordure verte.
Ce beau poisson vit dans les eaux
de r Amérique. Il parvient probable-
ment à une grandeur considérable ;
car le dessin du père Plumier , duquel
nous avons copié le nôtre , est pres-
que deux fois aussi grand.
Les Français le nomment , Ban-
doulière rhomboïde , et les Allemands
rautenformiger Klippfisch.
LA BANDOULIÈRE BLEUE,
CHyETODON GLAUCVS.
La ligne latérale qui est droite , et
les cinq piquans du dos, sont les ca-
raclères distinctifs de ce poisson. On
compte douze ra3'^ons à la nageoire
pectorale , six à la nageoire ventrale ,.
dix-sept à celle de l'anus , et vingt à;
celles du dos et de la queue.
3i8 HISTOIRE NATURELLE
Outre les caractèi^es dont nous ve-
nons de parler , ce poisson a encore
ceci de particulier , que la nageoire
de l'anus n'est composée que de rayons
jnous, et que les nageoires du ventre
sont très- petites. Le corps est alongé ,
et couvert d'écaillés de médiocre gran-
deur. La tête est petite , et l'ouver-
ture de la bouche un peu plus large
qu'aux autres bandoulières. Les lèvres
sont fortes , et composées de plusieurs
os. Les yeux sont petits ; la prunelle
grande et noire est entourée d'un iris
blanc. Entre les premiers et la bou-
che, on voit quatre petites ouvertu-
res. La membrane branchiale est dé-
gagée , et l'ouverture des ouies très-
large. Le dos et les côtés sont bleus
jusqu'à la ligne latérale; mais en des-
sous de cette dernière, ils sont d'une
couleur argentine. Les six bandes
noires qu'on apperçoit au tronc , sont
étroites et courtes. Les nageoires de
la poitrine et du ventre sont }au;iâ-
TY
Tom . JT
i LAliANnOlLIKllK \o plu.nur. i.l/ŒII. I)K
PAON. 3.IiA.liANl)0l LlkllK bordéo.yV /^//.
DE LA BANDOULIÈRE, &C. 3l^
très au fond, et bleues vers le bordj
les autres sont noirâtres , et se ter-
minent en de longues pointes. Toutes
les nageoires ont des rayons ramifiés ,
à l'exception des cinq piquans courts
du dos.
J'ai pris aussi ce poisson des des-
sins du père Plumier , où il est un
peu plus grand qu'ici. Il vit aussi dans
les eaux de TAmérique. Selon Plumier,
il parvient à la longueur d'une aune,
et sa cliair est blanche et d'un très-
bon goût.
Les Français nomment ce poisson,
Bandoulière bleue , et les Allemands.
blauer Klippfisch.
LA BANDOULIÈRE DE PLUMIER ,
CHJETODON PLUMIERI,
La tête dépourvue d'écaillés et les
deux nageoires du dos , sont les ca-
ractères distinctifs de ce poisson. On
compte quatre rayons à la membrane
020 HISTOIRE NATURELLE
des ouies , quatorze à la nageoire pec-
torale , six à la nageoire ventrale ,
vingt-cinq à celle de l'amis , douze à
la queue , cinq à la première du dos ,
et trente- quatre à la seconde.
Si Ton ôte la queue , le tronc a une
forme rondelette. 11 est orné de six
bandes vcrdàtres , et couvert par en
haut de petites écailles. La tête est
petite , brune en haut, et blanche aux
côtés. Les lèvres sont fortes. Les yeux
ont un air blanc tirant sur l'orange ;
au-dessus d'eux, on voit une éléva-
tion , au-dessous de laquelle je trouve
deux ouvertures rondes. L'opercule
des ouies consiste en deux petites pla-
ques , et la membrane branchiale qui
a des rayons larges, est dégagée. I<e
dos est brunâtre ; les côtés sont jau-
nâtres , et le ventre blanc. La ligne
latérale forme un arc. Les nageoires
dépourvues d'écaillés , ont une cou-
leur verte , une bordure d'un verd
foncé , et des rayons ramifiés j il en
DE L'ŒEIL DE PAON. 32l
faut pourtant excepter le premier
rayon de la nageoire ventrale , les
deux antérieurs de celle de l'anus ,
et ceux de la première nageoire du
dos , qui sont durs et simples.
J'ai pris aussi ce poisson du manus-
crit du père Plumier. On le trouve
dans les eanx des Indes occidentales ,
où il habite les endroits pierreux de
la mer , comme le précédent ; et comme
tous les poissons qu'on trouve dans
ces endroits sont d'un bon goût , il
sera aussi du nombre de ceux qu'on
peut manger.
Les Allemands nomment ce pois-
son ^ Vlamiersche Klippp,sch , et les
Français, Bandoulière de Plumier.
L'(EIL DE PAON,
CHjETODON 0 C E LL AT V S^
Ce poisson se distingue des autres
bandoulières par la bande noire qui
passe par-dessus Voeil; par ses douze
Poissons. U. sS
.322 HISTOIRE NATURELLE
piquans , et par la tache ronde et,
noire du dos , qui est bordée de blanc.
On compte cinq rayons à la membrane
des ouies , seize à la nageoire pecto-
rale , six à la nageoire ventrale , vingt-
deux à celle de l'anus, dix -huit à
celle de la queue , et trente-quatre à
celle du dos.
- Les mâchoires qui sont d'égale lon-
gueur , avancent un peu ; les lèvres
sont fortes. Entre ces dernières et les
5'"eux , on apperçoit quatre petites ou-
vertures. La tête et les nageoires sont
couvertes de petites écailles ; celles
du tronc sont grandes. L'opercule des
ouies consiste en une plaque qui est
courte et couleur d'or ; et la mem-
brane branchiale est dégagée. Le dos
est brun ; les côtés et le ventre sont
blancs. La ligne latérale a une direc-
tion bien différente de celle des auties
bandoulières ; car elle s'étend en ligne
droite , depuis le bout supérieur de
ropercule des ouies , jusqu'à la tache
DE LA BANDOULIÈRE, &c. 3'23
ronde Je la nageoire dorsale , où elle
se perd ; mais elle reparoît vis-à-vis
de cette tache, et va se terminer au
milieu de la queue. Toutes les na-
geoires ont une couleur grise et des
rayons ramifies • il en faut seulement
excepter le premier rayon de la na-
geoire ventrale , et les trois de celle
de l'anus qui sont simples et durs.
Ce poisson se trouve aussi aux Indes
orientales.
Les Français le nomment, (EU de
Paon , et les Allemands , Pfauenauge.
LA BANDOULIÈRE DE CURASSAU,
CHJlùTOnON CURjICAO.
Les treize piquans du dos et les
deux de l'anus, sont les caractères
distinctifs de ce poisson. On compte
douze rayons à la nageoire pectorale ,
six à la nageoire ventrale , seize à celles
de l'anus et de la queue , et vingt-cinq,
à celle du dos.
324 HISTOIRE NATURELLE
La tête est grosse ; les mâchoires
sont d'égale longueur , et les lèvres
fortes. Entre ces dernières et les 3'^eux ,
on voit à chaque côté une petite ou-
verture cylindrique. Les yeux ont un
iris blanc , bordé de jaune , au milieu
duquel est une prunelle noire. L'oper-
cule des ouies est large : il a une cou-
leur violette et de grandes écailles.
Le dos est bleuâtre ; et sur les côtés ,
on voit trois taches , dont les écailles
sont d'une couleur argentine et bor-
dées de violet. La ligne latérale est
interrompue , comme au poisson pré-
cédent. L'anus est placé au milieu du
corps. Toutes les nageoires sont jau-
nes , et garnies de ra5'ons ramifiés ,
excepté les piquans mentionnés et le
premier rayon de la nageoire ventrale.
La nageoire de la queue est fourchue ,
et celle de l'auus très-forte.
Ce poisson se trouve dans les eaux
de l'Amérique méridionale , et sur-
tout aux environs de l'île de Curas-
DU FORGERON. 525^
sau. Il est plus gros que les autres de
ce genre , et sa chair est grasse et d'un
bon goût.
On le nomme :
Curacaoscher Klippfisch , parmi les Al-
lemands.
Angelsfish cf Curaçao , en Angleterre.
bandoulière de Curassau , chez les
Français.
LE FORGERON,
CH^TOD ON FJBER.
Les bandes sur le corps et le troi-
sième piquant de la nageoire dorsale ,
qui avance de beaucoup par -dessus
les autres , sont les caractères distinc-
tifs de ce poisson. On compte huit
rayons à la membrane des ouies, seize
à la nageoire pectorale , six à la na-
geoire ventrale , vingt-quatre à celle
de l'anus, et trente-un à celle du dos.
Le corps est mince -, le fond est
arg al in ; et orné de six bandes d'un
326 HISTOIRE NATURELLE
bleu foncé, dont la première n'est que
foiblement colorée. Les yeux onl une
prunelle noire entourée d'un iris jaune.
La membrane brancliiale est cachée
sous l'opercule. La ligne latérale qui
n'est pas loin du dos , forme avec lui
un arc \ et l'anus est placé au milieu
du corps. Les nageoires ventrales et
pectorales sont noires; les autres d'un
bleu foncé. On compte un rayon sim-
ple et dur à la première , trois à
celle de l'anus , et neuf à celle du
dos; les autres rayons sont mous et
ramifiés.
Ce poisson habite les eaux de l'A-
mérique méridionale. Il parvient à
une grosseur assez considérable ; du
moins le dessin que je trouve dans le
manuscrit du père Plumier a onze
pouces de long , sur huit de large. Sa
chair est d'un bon «roût.
Les Français le nomment, Forge-
ron , et les Allemands , Sclimid.
C'est à M. Broussonet que nous de-
..A
-Pa^/e 32^
Tcm . //
j .
i.LA BzKNDOI IJERE du Pi-ince Maui-icc .
a .LA B.\N1)0IT1JÈjRï: A^ Bmoale .
3.XA BANJ)OXUjkll]". iacLciôo.J^/./r' 2.//.
DE LA BANDOULIÈRE, &C. 32/
vons la première description clu for-
S^eron ; il nous en a donné en même
temps un bon dessin : cependant tous
les auteurs qu'il cite relativement à
G€ poisson n^cn ont pas parlé. Il suffit
de comparer les dessins de ces auteurs
avec celui de M. Broussonet , et Ton
verra d'abord que mon jugement est
fondé.
LA BANDOULIÈRE DU PRINCE
MAURICE, chjT.todon mavritii.
On reconnoît ce poisson aux trois
piquans de l'anus et aux onze de la na-
geoire dorsale. On compte quatorze
rayons à la nageoire pectorale , six à la
nageoire ventrale , treize à celle de l'a-
nus , dix-huit à la queue, et vingt-trois
à celle du dos.
Le corps est alongé et couvert de
petites écailles. L'ouverture de la bou-
che est large *, la lèvre supérieure con-
iislc eij deux os minces. Les yenx ouf
328 HISTOIRE NATURELLE
lin iris argentin tirant sur le jaune :
devant eux on voit les narines qui
sont étroites. L'ouverture des ouics est
large , et la membrane branchiale est
cachée sous l'opercule. Le dos qui ne
forme qu'un arc lâche, est d'un bleu
foncé -jle ventre est blanc , et par-des-
sus les côtés, qui sont d'un bleu clair ,
passent six bandes noires. La ligne la-
térale est non loin du dos, et l'anus se
ti'ouve plus près de la nageoire de la
queue que de la tête. Les nageoires
ventrales sont jaunes , celles de la poi-
t rine d'un bleu foncé , et les autres d'un
bleu clair au bord et rougeâtres au
fond : dans toutes , les rayons sont
mous et ramifiés , excepté ceux qui
sont piquans, dont nous avons parlé ci-
dessus.
Selon le prince Maurice, ce poisson
se trouve au Brésil. Il parvient à une
longueur de deux pieds. Sa chair est
bianche et d'un boii^oût.
DE LA BANDOULIÈRE , &C. 55()
Onle nomme :
3Ioritzischer Klippfisch , parmi les Al-
lemands,
Jaguacaguare , au Brésil.
Bandoulière du prince Maurice , chez \e^
Français.
LA BANDOULIÈRE DE BENGALE ,
CHJETOVON BENGALENSIS»
Les treize piquans rie la nageoire du
dos et les deux derrière l'anus qu^on
apperçoil à ce poisson fascié , sont des
caractères par lesquels on peut le dis-
tinguer des autres bandoulières. On-
compte quatre rayons à la membrane
des ouies , seize à la nageoire pecto-
rale , six à la nageoire ventrale , qua-
torze à celle de l'anus , dix-huit à la
queue , et vingt-cinq à celle du dos.
Le corps est large ; et sur le fond
qui est bleuâtre , on voit cinq bandes
couleur de châtaigne. Les nageoires
sont brunes au fond et bleues sur Ici
3.0O HISTOIRE NATURELLE
bords. Les écailles de la tête et des na-
geoires sont petites ; mais celles du
tronc sont grandes. L'onv.erture des
otiics est large et la membrane bran-
cliiale est cachée sous l'opercule. Les
yeux ont une prunelle noire, qui est
entourée d'un iris blanc tirant sur le
jaune. La ligne latérale, qui forme un
arc lâche non loin du dos, est inter-
rompue vers la fin de ce dernier ; elle
reparoît non loin de la nageoire de la
queue , dans laquelle elle va se perdre.
L'anus se trouve plus près de la queue
que de la tête.
Cette bandoulière se trouve au Ben-
gale. Je la dois à mon savant ami ,
M. Chemnitz, prédicateur delà garni-
son à Copenhague.
Ce poisson ressemble le plus au mou-
diarra.Voici cependant où ils diffèrent:
1°. Le nôtre est plus large que ce der-
nier. 2°. Le moucharra a six bandes
noires, et le nôtre en a cinq qui sont
brunes. 5". Ce dernier n'a que deux
DU P E I G X E. 33l
piquatis derrière l'anus; le premier eu
a trois. 4^\ Les nageoires du dos et de
l'anus du moucliarra sont en forme de
lancette , et au nôtre elles sont arron-
dies. 5?. Enfin j la nageoire de la queue
du dernier poisson se termine en deu:C
pointes aiguës, et celle du premier en
deux pointes obtuses.
LE PEIGNE, CH^TODON CILIARIS.
Le piquant à la joue et les éléva-
tions capillaires qui garnissent les bords
des écailles, sont les caractères distinc-
tifs de ce poisson. On compte six rayons
à la membrane des ouies, vingt à la na-
geoire pectorale , six à la nageoire ven-
trale , vingt-deux à celle de l'anus ,
seize à la queue , et trente-cinq à celle
du dos.
La tête et les nageoires sont garnies
de petites écailles, celles du tronc sont
grandes. Pour mieux distinguer les
lignes capillaires sur les écailles , qui
f7T7
002 HISTOIRE NATURELLE
commencent au milieu d'elles, et qui
avancent par-dessus le bord , j'ai fait
graver sur notre planche une écaille ,
telle qu'elle se présente au microscope.
L'ouverture de la bouche est fort pe-
tite ; les mâchoires sont d'égale lon-
gueur et les lèvres fortes. Entre ces
dernières et les yeux on apperçoit
quatre ouvertures rondes. Les yeux
ont une prunelle noire et un iris blanc
tirant sur le rouge. Sur le dos , qui est
d'un gris foncé , et devant sa nageoire,
on remarque un cercle noir. Les côtés
sont gris ; les nageoires qui sont de la
même couleur , ont une bordure brune,
et le ventre est blanc. Les joues ou les
opercules antérieurs des ouies sont
dentelés , et devant le piquant long se
trouvent encore deux autres plus pe-
tits. L'ouverture des ouies est lar^e et
la membrane branchiale est cachée eu
partie. La ligne latérale s'étend non
loin du dos dans une direction parai*
lèle. L'anus est placé au milieudu corps.
î) U PEIGNE. 333
Je compte un rayon simple et dur à la/
nageoire ventrale , trois à celle de l'a-
iiiis et quatorze à celle du dos. Tous les
autres rayons sont mous et ramilles.
Ce poisson , à ce que m'a assuré le
marchand de curiosités naturelles du-
quel je l'ai acheté , est venu des Indes
occidentales. Cela me paroît vraisem-
lilable , à cause des nageoires du dos et
de l'anus qui sont longues : car presque
tous les poissons que je trouve dans
Marcgraf , Pison et dans le manuscrit
du père Plumier , y sont représentés
avec des nageoires du dos et de l'anus
très-longues -, au lieu que ceux que j'ai
reçus des Indes orientales , et qu'on
voit dans Valentyn , ont presque tous
des nageoires arrondies. Je ne saurois
déterminer sa véritable grandeur.
L'estomac est grand et large ; il a
une position courbe et forme un arc :
dans l'exemplaire que j'ai ouvert , il
étoit rempli de petits crabes à moitié
digérés. Le canal des intestins est très-
Poissons. II. 29
334 HISTOIRE NATURELLE
long ; il forme un grand nombre de
courbures , et est attaclié au mésen-
tère comme aux quadrupèdes. Le foie
qui est mince , consiste en deux lobes.
La vésicule aérienne est forte ; elle est
attachée aux deux côtés, comme aux
perches. Je n'ai pu remarquerni ovaire
ni laite.
Les Français nomment ce poisson ,
le Peigne , et les Allemands , die Haars-
chuppe.
LA BANDOULIERE A HUIT BANDES ,
CITJETODON OCTOF^SCIATVS.
Ce beau poisson se distingue de tous
les autres, par les huit bandes transver-
sales et par les onze piquans de la na-
geoire dorsale. Oji compte seize rayons
à la nageoire pectorale , six à la nageoire
ventrale , seize à celle de l'anus , douze
à la queue , et vingt-huit à celle du
dos.
La têto est pclite ; les mâchoires
J'o/n . JJ
J'a^/e 3éi^.
I —^- Aacine Je»//'-
ÀjGE.-iÂk u3A
D£ LA BANDOULIÈRE, &c. 335
avancent et sont d'égale longueur. Les
yeux ont un iris blanc tirant sur le
jvinne -, et devant les premiers , on ap-
pcrçoit deux ouvertures rondes. La
couleur du fond est blanche tirant sur
le violet. Les nageoires du dos et de
l'anus sont bordées de brun , et les au-
tres de gris. Les bandes sont brunes et
posées deux à deux ensemble, La ligne
latérale qui ne forme qu'un arc lâche ,
est large. L'anus est placé au milieu du
corps.
Ce poisson a pour patrie les Indes
orientales.
Les Français le nomment , Bandou»
Hère à huit bandes y el les Allemands ,
achihandisL^er KUppfisch.
Linné a tort de regarder notre pois-
son comme une perche. Pour s'en con-
vaincre, il suffit de comparer la figure
de Séba qu'il cite , et l'on verra que ce
n'est pas une perche , mais une bandou=
lière.
336 HISTOIRE NATURELLE
L'ANNEAU, CHJETODON annularis.
O N reconnoît ce poisson à ses stries
longitudinales et à l'anneau qui est sur
la ligne latérale , non loin de la tête. On
compte seize rayons à la nageoire prc-
torale , six à la nageoire ventrale ,
vingt-huit à celle de l'anus , seize à la
queue , et quarante-un à celle du dos.
Les stries mentionnées sont aunonj-
bre de six : elles ont toutes une direc-
tion un peu courbe. Près des yeux ,
dont l'iris est argentin , on voit quatre
petites ouvert ures. L'opercule des ouies
consiste en deuK petites plaques, dont
l'antérieure est dentelée et garnie d'ua
piquant. Les écailles sont petites j l'a-
nus est placé au milieu du corps , et la
ligne latérale est parallèle avec le dos.
La couleur du fond est brunâtre ; les
stries sont d'un bleu clair j les nageoires
de la poitrine, du ventre et de la queua
sont blanches , et celles de l'anus et div
dos noirer. La première est ronde cfe
DU COLLIER. :>37
ornée d'une bande d'un bleu clair j la
dernière se termine en pointe.
On trouve ce poisson aux Indes
orientales. Selon Valentyn, sa chair est
extrêmement tendre.
On le nomme :
Dciiwinr Marquis , camhodische Pam-
pusvisch , en Hollande.
Anneau , en France.
Ring , en Allemagne.
Ikan Pampas Camhodia , Ikan Batoe
Jang , Aboe et Aboe Eetina , aux
ïufles orientales.
Dans Valentyn, je trou ve deux mau-
vais dessins , dont Renard nous donne
trois copies bigarrces.
LE COLLIER, cujetobon coLLARn*
Les cinq J>andes à la tête , dont deux
sont blanches et les autres noires, et
les douze piquans de la nageoire dor-
sale , sont les caractères distinclifs de
ce poisson. On compte quatre rayons à
3.58 HISTOIRE NATURELLE
Ja membrane des ouies, quatorze à la
nageoire pectorale , six à la nageoire
ventra.le , vingt-qnalre à celle de l'a-
nus , vingt à la queue et quarante à
celle du dos.
Les mâchoires avancent. Les yeux
qui sont grands , ont une prunelle
3\oire , un iris bleu , et sont pourvus
d'une membrane cliijnotante. Devant
les yeux , on apperçoit deux petites
ouvertures. Le front est fort tronqué.
Les écailles de la tête et des nageoires
sont petites ; mais celles du tronc sont
fort grandes. La membrane branchiale
est cachée sous l'opercule. La ligne
latérale forme un angle obtus près de
la nageoire dorsale ; elle est interrom-
pue à l'extrémité de cette dernière ,
et reparoît non loin de la nageoire de
la queue. Les côtés et le dos sont bleus ,
le ventre est jaunâtre, la nageoire pec-
torale jaune , la nageoire ventrale grise ,
les autres sont jaunâtres et bordées de
brua. A la nageoire dorsale , on apper-
DU M U L A T. «5%
çoit une bande jaune , et à la queue
une autre qui est brune.
Ce poisson m'a aussi été envoyé du
Japon.
Les Allemands le nomment , Hals-
Innde , et les Français , Collier.
Le dessin de Séba scroit bon , si Ta
ligne latérale n'y étoit omise , et si les
endroits où le poisson est dépourvu
d'écailles , ne ressembloient à des
laclies.
LE MULAT, cnjETODON MESOLEUCUS,
La bande noire qui passe par-dessus
l'œil , l'opercule des ouies qui est armé ,
et les douze piquansde la nageoire dor-
sale , sont les caractères distinctifs de
ce poisson. On compte seize rayons à la
nageoire pectorale , six à la nageoire
ventrale , vingt-un à celle de l'anus ,
seize à la queue , et vingt-neuf à celle
du dos.
34o HISTOIRE xN^ATURELLE
Cette bandoulière , qui a une figure
obîongue et arrondie , est couverte de
petites écailles. La partie aiiiérieurc
du corps est blanche tirant sur le bleu ,
et la partie postérieure noire. Les na-
geoires du dos et de l'anus ont cette
dernière couleur , et les autres la pre-
mière. Les yeux sont grands ; et de-
vant eux se trouvent deux ouvertures
oblongues. L'opercule des ouies con-
siste en deux petites plaques ; et sous
le grand piquant on en remarque quel-
ques petits. L'ouverture des ouies est
large , et la membrane branchiale est
en partie dégagée. L'anus se trouve au
milieu du corps , et la ligne latérale non
loin du dos.
J'ai aussi reçu ce poisson du Japon.
Les Allemands le nomment ^ Mvu"
latte y et les Français , Mutât.
''t^ KtPi
Y
J^ai/e ,'ij^j .
Tom . JJ
Bi'iteit^ Je/. Le Jlire 'frif/^^
x.LABANDOnJERE de S^irate. a.LABANDOnxÈRE
de Klein 3 . LA BAND OTTXJERK \ 2 taclies . 4 . LA
B.\NDOTn,lÈRE a <x aigmllons .
DE LA BANDOULIÈRE , 8cc. 3'n
LA BANDOULIÈRE DE SURATE,
CHjETODOK s VRu^TE NSI s..
liF. grand nombre de$ aiguillons dont
la nageoire dorsale et celle de l'anns
o
de ce poisson sont armées ^ le distingue
de tous ceux de sa race.
Je trouve cinq rayons dans la mem-
brane des ouies , seize dans la nageoire
ventrale, vingt-trois dans celle de l'a-
nus, seize à celle de la queue et trente-
un à celle du dos.
L'ouverture de la bouche est pe-
tite-, les lèvres sont charnues, les na-
rines, tenant le milieu entre les yeux
et la bouche , sont rondes et simples ;
le front est penché , et un iris argen-
tin borde les yeux. L'ouverture des
ouies est large, et la membrane bran-
chiostège dégagée et soutenue par cinq
osselets courbés. La ligne latérale qui
passe le long du corps près du dos, e-=!t
in.tci rompue vers le bout, et recouv
s 12 HISTOIRE NATURELLE
mence au milieu de la queue. L'on dc-
couvre une tache noire tout près de
l'opercule des ouies , sous la nageoire
pectorale. L'on voit sur le fond blanc
du poisson , nuancé de violet, nombre
de petites taches argentines, et six bru-
nes dont cependant la première ne va
que jusqu'à la nageoire pectorale. L'a-
nus s'approche plus de la tête que de
la queue. Les nageoires ventrales sont
noires, celles du dos et de l'anus, tout
le long des aiguillons, sont violettes ,
mais les parties non armées sont gri-
ses. Les aiguillons de ces nageoires sont
munis de jllamens mous et larges.
Je dois ce poisson à la bonté de
M. Chemnitz , ministre de la parole
de Dieu à Copenhague , qui l'a reçu
deSurale par le missionnaire sir John ;
motif qui m'a porté à lui donner ct^
nom.
DE LA BANDOULIÈRE, &C. 343
LA BANDOULIÈRE DE LA CHINE ,
CHjETODON chinensis.
Les dix-huit aiguillons à la nageoire
de l'anus donnent à ce poisson un ca-
ractère sûr et distincLif , vu qu'il est
l'unique qui en compte autant parmi
les quarante-deux bandoulières dont] o
fais la description.
La membrane des ouies contient
cinq rayons , la nageoire pectorale eu
a dix, la ventrale six, celle de l'anus
vingt-huit, la nageoire de la queue en
compte seize , et la dorsale vingt-qua-
tre. Le milieu de ce poisson est large ,
les deux bouts sont comprimés. La
tête et l'ouverture de la bonclie soiit
petites ; un iris bleuâtre borde les yeux,
et l'on voit à l'opercule des ouies une
tache noire en forme ovale , bordée
d'un anneau blanc. L'on en trouve
deux antres oblongues de la mcme cou-
leur entre l'opercule eU'œil. Lamem-
344 HISTOIRE NATURELLE
brane branchioslège se cache sons Vo-
percule des ouies ; la ligne latérale
s'étend à côté du dos, et parallèlement
avec lui, et l'anus est près de la tête.
Le fond blanc du poisson est coupé par
dix bandes brunes étroites dont plu-
sieurs sont divisées. Les nageoires pec-
torale et ventrale sont grises, les au-
tres violettes j les nageoires pectorale
et dorsale sont courtes ; celle de l'anus
longue.
Outre le nombre annoncé des ai-
guillons à la nageoire de l'anus , celle
du dos en porte également quinze.
Je tiens ce poisson et quelques au-
tres encore du sieur Ritzius qui les a
reçus de la Chine. Je lui ai donné le
nom de sa patrie.
Les navigateurs n'étant guères na-
turalistes, celui qui me l'a envoyé n'a
pu m'inatruire sur sa taille ni sur ses
autres qualités.
DE LA BANDOULIÈRE , &c. 345
LA BANDOULIÈRE DE KLEIN,
CH JET OV O N JCLEIlfl r,
liA bande qui traverse l'œil et Li
tête, et les dix-sept aiguillons de la
nageoire dorsale caractérisent ce pois-
son.
lia membrane des ouies contient
cinq rayons , la nageoire pectorale en
a quinze , celle du ventre six , celle de
l'anus vingt-trois, celle de la queue
dix-huit, et celle du dos trente-six.
Cette bandoulière est de celles qui
ont la forme orbiculaire. L'ouverture
^e la bouche est très-petite ; les nari-
nes sont simples ; un iris blanc borde
la prunelle noire des yeux; l'opercule
des ouies est composé de deux feuilles
minces; l'ouverture des ouies est large,
et la membrane dégagée. La ligne la-
térale près du dos forme un arc et se
perd dans la nageoire de la queue. Ce
poisson a l'anus au milieu du corps, 1©
Poissons. II. 3o
346 HISTOIRE NATURELLE
fond de son corps est blanc , le dos
brun et les nageoires d'un jaune doré.
Ce poisson habite aux Indes orien-
tales : je ne peux fixer sa grandeur ,
n'en ayant qu'un petit individu; mais
la figure a été faite d'après un plus
grand qui se trouve dans l'excellente
collection de sir Linke, conseiller de
commerce à Leipzig.
Klein est le premier qui nous fit
çonnoître ce poisson , et cela m'a dé-
terminé à le nommer d'après lui.
La copie qu'il nous en laisse est
boiane.
LA BANDOULIÈRE A DEUX TACHES,
ÇHJETODON BIMACVLATUS.
Les deux taclies de la nageoire à\\
dos, et la bande qui traverse les yeux,
caractérisent ce poisson.
Aucun des poissons de ce genre ,
qui ont été décrits jusqu'ici , n'a ces
deux taches à la nageoire du dos; c'est
DE LA BANDOULIÈRE^ &.C. 347
pourquoi elles suffiroient pour désigner
ce poisson; mais comme il peut arri-
ver qu'il s'efface une tache par quel-
que endommagement de la nageoire y
j'ai ajouté un deuxième caractère.
La membrane branchiale est pour-
vue de six rayons , la nageoire pecto-
rale de quatorze , la ventrale de six ,
celle de l'anus de dix-huit , celle de la
queue de dix-sept , et celle du dos
de trente-quatre.
Les nageoires sont oblongues, les na-
rines doubles et placées près des yeux ,
dont laprunelleest noire etl'iris jaune.
L'ouverture des ouies est large , et la
membrane cachée sous l'opercule. La li-
gne latérale qui avoisine plus le dos
que le ventre , s'étend jusqu'à la partie
antérieure de la queue. Le fond est
blanc tirant sur le gris ; les nageoires ,
pectorale et ventrale , sont rouges , les
autres sont jaunes au fond, mais grises
aux extrémités ; la bande ainsi que les
taches sont bordées de noir et de blanc,
S48 HISTOIRE NATURELLE
Tune des dernières se trouve au fond ^
et l'autre au bord de la nageoire du dos.
Les Indes orientales produisent ap-
paremment ce poisson.
Un exemplaire de la collection de
M. Linke à Leipzig m'a servi d'ori-
ginal.
Je l'ai nommé d'après ses taches.
On nomme ce poisson en allemand,
der zweifleckîge Klippfisch.
Klein nous l'a fait connoître le pre-
mier , mais son dessin qui n'est que
médiocre n'en expose ni les taches ni
la ligne latérale.
LA BANDOULIÈRE A DEUX
AIGUILLONS,
■ CHJETODON B 1 ACV luEATV S.
Aucune bandoulière n'ayant deux
aiguillons sous Toeil , ce caractère suffit.
La membrane branchiale a quatre
rayons, la nageoire pectorale dix-huit,
la ventrale six , celle de l'anus dix-
DE LA BANDOULIERE , 8cc. 3ig
sept, celle de la queue le même nom-
bre , et la dorsale en compte vingt-
sept.
Le corps est alongé, le dos bleu, le
ventre blanc -, trois bandes l'entourent,
la première prend la tête , la seconde
le tronc,etlatroisième la queue. Ayant
le corps moins large , l'ouverture de la
bouche moins petite, les dents moins
serrées que les autres poissons de son
genre, il est au milieu entre ce genre
et le suiva.nt. Un iris brunâtre borde
sa prunelle. L'aiguillon postérieur des
deux qu'il porte sous les yeux est bien
plus long que l'antérieur. Les deux
opercules sont dentelés*, la ligne laté-
rale s'étend près du dos , et l'anus se
trouve au milieu du corps. Toutes les
nageoires sont grises, et ne diffèrent
qu'à l'égard de la forme : car les na-
geoires pectorales et de l'anus sont
rondes, et les autres finissent en pointe.
La nageoire dorsale armée de dix ai-
guillons a une écliancrurc au milieu 3
35o HISTOIRE NATURELLE
la nageoire de l'anus est munie de deux
aiguillonS;mais la ventrale n'en a qu'un
seul.
Ce poisson vit dans les Indes orien-
tales.
Je l'ai tiré d'un original qui se trouve
dans la collection de M. Linke à Leipzig.
Ses deux aiguillons m'en ont fourni
le nom.
On nomme ce poisson en allemand ,
der zjveistacliliche Klippjisch.
Artédi nous a donné la première
description de ce poisson dans l'ou-
vrage de Séba, qui en fournit aussi la
première copie; mais l'échancrure de
la nageoire dorsale , dont parle Ar-
tédi , y est omise \ les bandes et les deux
aiguillons de la nageoire de l'anus y
manquent également. Sauf ces petites
erreurs, la copie e^t fidèle.
G;
;E, MA u:a
Ta^e 3Jj
Toni . J.,
/)f.rcif^ de/. jyTiirdi'fH i.Crtiiff.
1 LK niKTOnON tiicolor . a . l.K SKTON-
.5. \,\ l'Ai CIMJ-' . 4. M', VOII.lKll.
DU CHETODON TRICOLOR. 3^1
LE CHETODON TRICOLOR,
CHETODON TRICOLOR.
On reconnoît ce poisson à ses trois
couleurs, et au long aiguillon de l'oper-
cule.
On trouve six rayons dans la mem-
brane branchiale , douze dans la na-
geoire de la poitrine , six dans la ven-
trale, vingt - un dans celle de l'anus ,
quinze dans celle de la queue , et
trente-trois dans la dorsale,
La tête et la bouche sont petites
et les narines doubles.
Les opercules et les nageoires sont
bordés de rouge , et la bouche est bor-
dée de noir.
La tête , la poitrine , le ventre et
les nageoires sont jaunes , et le resté
du corps est noir j la prunelle est aussi
noire , et l'iris orange.
L'opercule de devant est dentelé , et
celui de derrière est rond j l'ouverture
552 HISTOIRE NATURELLE
branchiale est large, cl la membrane
en est couverte.
lie dos est tranchant , et le ventre
arrondi.
La ligne latérale forme un arc plat *,
elle est plus proche du dos que du
ventre.
L'anus est plus près de la tête que
de la queue.
Les écailles sont dures, dentelées,
fortement attachées à la peau , et bor-
dées de rouge comme les nageoires.
La nageoire du dos ut celle de l'anus
sont si couvertes d'écaillés , qu'elles en
sont toutes roides \ celle de l'anus a
trois aiguillons, et celle du dos en a
quatorze.
Le prince Maurice a dessiné notre
poisson au Brésil même , et d'après
nature. J'ai confronté avec ce dessin le
poisson que j'ai reçu de l'Amérique,
et j'ai trouvé le dessin juste, à quel-
ques nuances près.
Ce superbe poisson se trouve dans la
DU CHETODON TRICOLOR. 35^
mer du Brésil , ainsi que près de l'île
de Cuba. C'est M. Parra qui nous ap-
prend qu'on le trouve près de Cuba , et
le prince Maurice rend témoignage de
ce qu'il se trouve aussi au Brésil. Ce
dernier nous apprend encore que ce
poisson atteint la longueur de deux
pieds. M. Duhamel a reçu le sien de la
Guadeloupe.
On nomme ce poisson :
Au Brésil , Acaraune.
En Allemagne , der dreîfarhige Klipp'
fisch.
En France , Chetodon tricolor.
Et en Angleterre, trehle Coîoured.
Il ne faut pas confondre notre aca-
raune du prince Maurice , avec l'aca-
ratino de Marcgraf , ni avec celle de
risa ; car comme ceux-ci donnent à
leur poisson un aiguillon à la queue ,
il faut qu'ils aient eu un autre poisson
devant les yeux.
Duhamel a donné le premier dessin
^.Vl HISTOmE NATURELLE
de notre poisson ; mais ce dessin est dé-
fectueux , parce que :
1°. Le* pectorales sont trop courtes ;
2°. Les nageoires de l'anus et du dos
sont fêlées ;
3°. Une pointe de la queue manque;
Et 4°. il n'y est fait aucune mention
de la ligne latérale.
Le dessin que nous a donné Parra
de notre poisson , est bien meilleur.
LE SETON, CHJETODON setjfer,
La longue soie, et la taclie ronde
et noire , bordée de blanc , dans la
nageoire du dos , font les caractères
distinctifs de ce poisson.
Il y a six rayons dans la membrane
branchiale , dans la nageoire de la poi-
trine quinze , dans celle du ventre six,
dans celle de l'anus vingt-quatre , dans
celle de la queue vingt , et dans celle
du dos trente-sept.
La tête est petite , et le bec est
mince et court.
DU S E T O N. 355
L'orifice de la bouche est très-petit ^
les lèvres sont grosses , et un bandeau
noir, bordé de blanc, orne la tête do
ce poisson.
La ligne latérale forme une voûte ;
elle est beaucoup plus proche du dos
que du ventre.
L'anus occupe le milieu entre la na-
geoire de la queue et le bec.
Dans la nageoire du dos , on trouve
treize rayons durs , dans celle de l'anus
trois , et dans celle du ventre un
rayon dur.
Le corps est couvert de grandes
écailles , dures et dentelées.
Les lignes rouges qui traversent le
corps , font un très - bel effet sur le
fond , qui est jaune.
Les écailles qui sont sur les na-
geoires de la queue , de l'anus et du
dos , rendent ces nageoires roides. Ces
nageoires sont encore embellies d'un
bord noir.
356 HISTOIRE NATURELLE
J'ai l'obligation de ce poisson à
M. Jolin.
Les Allemands le nomment, Borslen-
trader.
Les Français , Selon.
Et les Anglais , Brislle-Chetodon.
"LA FAUCILLE , ch^todon falcula.
Les deux grandes taches noires en
forme de faucille , bordées do blanc ,
qui descendent du dos de ce poisson ,
lui servent de marque distinctive.
La membrane branchiale a six
rayons ; la nageoire pectorale en a
quinze, celle du ventre six , celle de
l'anus vingt -quatre , celle de la queue
vingt, et celle du dos trente-sept.
La tête est petite; le bec a presque
la forme d'une trompe; l'orifice de la ,
bouche est petit ; les dents sont très- "
finjçs ; les narines sont simples, et tout
près des yeux ; la prunelle est noire ,
fort grande et entourée d'un iris bleu
assez étroit.
DE LA FAUCILLE. i5f
Ce poisson , ainsi que le précédent ,
a un grand bandeau noir , qui lui en-
toure presque la tête , et dans lequel
se trouvent les yeux : ce bandeau est
bordé d'une étroite bande blanche.
L'opercule de devant a une fine
dentelure ; celui de derrière est ar-
rondi j tous les deux sontbordés d'une
ligne noire.
Les écailles de la tête sont petites ,
ainsi que celles des nageoires ; celles
du corpssont grandes : ces écailles tien-
nent ferme à la peau, sont dentelées
tît dures.
La ligne latérale est proche du dos ,
et forme presqu'un demi-cercle.
L'anus est placé au centre de gra-
vité.
Les nageoires du dos, du ventre et
de la queue , sont toutes couvertes
d'écaillés bordées de noir , et leurs
rayons sont ramifiés.
Plusieurs jolies bandes régulières et
brunâtres qui descendent du dos , lu
Poissons. II. 3i
558 HISTOIRE NATURFXLE
bordure des écailles, etc. sur le fond
blanc du poisson , y font un très - bel
effet. Autour de la queue, tout proche
du tronc , on trouve une large bandç
noire , parallèle à la bordure de sa na-
geoire , et qui est bordée de blanc des
deux côtés.
Au reste , ce poisson ressemble assez
au précédent.
Il habite les environs des côtes de
Coromandel.
Ce poisson se nomme :
En allemand , der Sicheljlech,
En français , la Faucille.
Et en anglais, Sikle-Chetodon.
LE BANDOULIER KAKAITSEL,
CHjETODON maculatus.
Les dix-huit aiguillons dans la dor-
sale , et les douze aiguillons ou piquans
de l'anus , font le caractère distinctif
de ce poisson.
On trouve six rayons dans la mem-
DU BANDOULIER, &C. 35ij
îjrane branchiale , seize dans la na-
geoire de la poitrine , treize dans la
ventrale , vingt dans la nageoire de
l'anus , et tout autant dans celle de la
queue , et vingt-six dans la dorsale.
Outre cela, ce poisson se distingue
encore , en ce qu'il a moins de taille ,
que son corps est plus étendu , et que
ses écailles sont moins dures et qu'elles
reluisent comme des paillettes d'or.
Selon que me le marque M. John ,
ce poisson ne doit atteindre que la
taille d'un dessin qu'il m'en avoit en-
voyé ; mais ce dessin n'est que la moi-
tié aussi grand que celui que j'ai fait
faire , d'après les exemplaires que j'ai
reçus de Surinam.
On trouve ce poisson en abondance
dans les étangs des côtes de Coroman-
del , de même que dans les eaux douces
de Surinam.
M. John me marque encore , qu'il a
une quantité d'arêtes, et qu'à cause de
36o HISTOIRE N-ATUllELLE, k.C.
cela, personne ne le mange ; que les
Nègres.
La tête est petite et tronquée; les
os des lèvres sont étroits, les dents en
forme de scies, les irarines simples et
proches des yeux.
La prunelle est noire , et entourée
de deux iris , dont le premier est
, étroit et jaune, etl'autrebrun et large.
Les opercules sont unis, et l'ouver-
ture branchiale est large.
Le fond du poisson est jaune.
On le nomme :
En langue malabare', Kakait-SelleL
En français , le Bandoulier Kakaitsel.
En anglais , Macalated-Chetodon.
En allemand , der gejleckie Klippfisch,
riN DU TOME sI:co^^D.