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LIBRARY
OF THE
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY
LiBEARY OF
SAMUEL GARMAN
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M 22 1929
HISTOIRE NATURELLE
DES POISSONS.
HISTOIRE NATURELLE
DES POISSONS,
avec les figures dessinées d'après nature
PAR BiiOCH.
Ouvrage classé par ordres , genres et espèces ,
d'après le système de Linné ;
AVEC LES CARACTÈRES GENERIQUES;
Par RENÉ-RICHARD CASTEL , auteur du poëme
des Plantes.
TOME III.
BE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET.
A PARIS,
Chez DETjERviLiiE, rue du Battoir, n^ i6.
AN IX.
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HISTOIRE NATURELLE
DES POISSONS.
XXX' GENRE.
LE GYMNETÈRE, gymnetrus.
Caractère génér. L'anus sans nageoire,
LE GYBINETÈRE HAWKEN,
GYMNETRUS HATTR-ENII.
C E poisson se distingue par sa nageoire
dn ventre à deux rayons.
Chacun de ces deux rayons se par-
tage vers le bout , en plusieurs ra-
meaux qui sont enfermés dans une
large peau.
D'ailleurs ce poisson se distingue ea-
oi^sons. IIÏ, I
2 HISTOIRE NATURELLE
core par la nageoire de la queue , en
forme de croissant.
Le corps est en forme de glaive.
Les ouvertures branchiales sont
larges.
Les rayons sont mous.
Ce poisson m'a été envoyé par
M. Hawken. C'est aussi de lui que j'ai
reçu le dessin. Il m'a écrit en même
temps , que ce poisson avoit été pris
aux environs de Goa, dans la mer des
Indes , le 23 juillet 1788.
Ce poisson avoit deux pieds et demi
de longueur , sur dix pouces de lar-
geur , et pesoit dix livres.
On nomme ce poisson :
Eu allemand , Hawkenfisch»
En français, Gymnétère Hauken.
Et en anglais , Hawkens^Fish.
DU CHEVALIER.
XXX r GENRE.
LE CHEVALIER , eques.
Caractère générique. Le corps avec des
bandes : plusieurs rangs de dents aux
mâchoires.
LE CHEVALIER , eques americanvs.
La première nageoire du dos très-éle-
vée fait le caractère de ce poisson.
La membrane branchiale porte cinq
rayons , la nageoire pectorale en a
seize , celle de l'anus et la ventrale
chacune six, celle de la queue dix-
liuit , la première dorsale onze , et la
seconde cinquante.
La tête est petite , comprimée , ar-
rondie et écailleuse j l'ouverture de la
4 HISTOIRE NATURELLE
bouclie est petite -, les os des lèvres
sont étroits, les narines doubles et près
des yeux , dont la prunelle noire est
placée dans un iris orange. Les oper-
cules sont unis , et Touverture des
ouies est large. Le tronc comprimé ,
large sur le devant , se rétrécit vers le
derrière , et il est couvert de grandes
écailles dentelées. La ligne latérale est
droite , et va le long et au milieu de la
bande noire. L'anus est plus voisin de
la nageoire de la queue que de la tête.
Les nageoires du dos, de l'anus et de
la queue sont entièrement munies de
petites écailles , ce qui cause leur roi-
deur. Le premier raj'on delà ventrale
et de la nageoire de l'anus est piquant,
mais les autres sont mous et ramifiés.
Il n'y a que ceux de la première dor-
sale qui soient simples , et qui se ter-
minent en filamcns , lesquels ressem-
blent à des soies; le second en est le
plus long. Une membrane mince joint
les deux dorsales.
DÛ CHEVALIER. 5"
Le dos est brun *, les côtés et le ventre
sont jaunes ; les bandes sont noires et
bordées de blanc. La première bande
traverse la tête en passant les yeux ,
la seconde passe sur les opercules et la
poitrine, et la troisième commence à
la première nageoire du dos , et ne
finit qu'au bout de la nageoire de la
queue.
La Guadeloupe et la Caroline sont
la contrée oii Eduard vit ce beau
poisson. Parra le compte parmi les
poissons de la Havane ; pour moi , je
l'ai reçu de mon digne ami , le profes-
seur Àbildgaard, à Copenhague.
Les Anglais le nomment , Ribband^
Fish.
Les Français , Poisson rayé et Poisson
à rubans de la Caroline»
Les Espagnols de l'île^de Barbados,
Serrana.
Et les Allemands, den amerikanischen
Ritler.
€ HISTOIRE NATURELLE
Eduard nous en a fourni la première
description : il en a aussi donné le pre-
mier dessin. Duhamel en donne à la
vérité un dessin nouveau , mais il est
peu fidèle ; car le devant du poisson
est trop large , et le derrière trop
droit ; le dos est trop arqué , et la se-
conde dorsale trop éloignée de la pre-
mière.
Bonnaterre n'a fait que traduire le
peu que Linné remarque de notre
poisson.
Parra a donné de nouveau un bon
dessin de ce poisson»
f''
H;
Y
-'UU'^E. MA U^A
JPaçe' 7
Tom
m
\
3.
i
\
Be.reoe ife/. £e Jtrre <.fcti^t .
1 X.E SPAKE a 1) an des . a . LA FAUCILLE.
3.1^ ÇXTSY^Qt . p.u^e 24.
BU SPAE.E A BANDES.
XXXI r GENRE,
LE SPARE,
otj LA BRÈME DE MER , sparus.
Caractère génér. Les opercules écail-
leux, non- dentelés et non armés.
LE SPARE A BANDES,
SPARUS F ASCI AT US.
liES bandes transversales et la ligne
latérale interrompue font des carac--
tères sûrs pour ce poisson.
La membrane branchiale montre
cinq rayons , la nageoire pectorale en
compte douze , la ventrale six , celle
de Panus douze , celle de la queue
treize , et la dorsale vingt*
La tête est comprimée et alépidote
8 HISTOIRE NATURELLE
jusqu'aux yeux , la bouche grande,
les mâchoires d'égale longueur , et
par-devant à chaque côté garnies d'une
forte dent canine recourbée ; entre
ces deux dents et à côté d'elles , i! y a
un rang de dents fortes , serrées et co-
niques. Outre celles-ci , l'on découvre
encore quelques dents en forme de
perles avant et derrière les dents
mentionnées. La langue, le palais et
les opercules sont lisses ; les narines so-
litaires , oblongues , rondes et dans la
proximité des yeux , qui sont petits ,
à prunelle noire et iris bleuâtre. L'ou-
verture des ouiesest large, et la mem-
brane découverte pour la plus grande
partie ; l'intérieur de l'opercule du
devant est joint par une branchie
simple , et l'opercule postérieur ter-
miné en pointe émoussée; le tronc est
large , comprimé, jaunâtre, et em-
belli de six bandes brunes ; les écailles
sont larges , minces , lisses , et cou-
vrent une partie des nageoires du dos,
DU SPAHE A BANDES. 9
de l'anus et de la queue ; la dernière,
qui a le bord brun , est traversée par
une bande noire : la tête , la poitrine ,
le bord de la nageoire de l'anus et de
celle du dos, et l'extrémité de la na-
geoire de la queue , sont parsemés de
petites taches : la ligne latérale est
droite et double ; l'une prend au dos ,
et va en direction droite jusqu'au bout
de la dorsale ; l'autre commence pres-
qu'au milieu de la queue et se perd
dans sa nageoire. Les rayons mous se
ramifient; la nageoire dorsale est ar-
mée de neuf aiguillons , celle de l'anus
de trois , et la ventrale d'un : les bords
des deux premières sont bruns , et
Unissent en pointe.
Ce poisson est du Japon.
J'en ai deux : les couleurs du petit sont
bien plus vives que celles du grand.
On le nomme :
he Spare à bandes , en français.
Der handirte Brassem ,en allemand.
The streàked Gilt-head , eu anglais*
i'oissQus. III, ar
lO HISTOIRE NATXJRELLE
LA FAUCILLE , spjirus falcatus.
Les quatre aigaillons de la nageoire
de l'anus désignent parfaitement bien
ce poisson.
La membrane branchiale a six
rayons , la nageoire pectorale en a
dix, la ventrale six, celle de l'anus
vingt-quatre , celle de la queue dix ,
et la dorsale vingt-un.
La tête est grande , et elle n'a d'é-
cailles qu'aux opercules; la bouche est
fort ouverte ; les mâchoires sont d'é-
gale longueur , et le devant en est armé
de quatre fortes dents canines recour-
bées ; chaque côté est garni de beau-
coup de dents arrondies et petites , et
de deux fortes dénis pointues sur le
derrière. La mâchoire supérieure
montre deux os de lèvre larges et
verts , et l'on apperçoit près des yeux
deux ouvertures ovales et autant de
rondes • la prunelle noire est dans un
DE LA FAUCILLE. 11
iris doré ; l'opercule antérieur est com-
posé de deux petites lames , et l'antre
forme une pointe énioussée. L'ouver-
ture des ouies est grande , et des os
forts en soutiennent la membrane dé-
gagée ; le tronc est large par-devant ,
le ventre court , et l'anus par cette rai-
son n'est guère éloigné de la tête; la
ligne latérale, voisine du dos, preni
une légère sinuosité vers la fin. Le^
écailles sont petites , minces , et cou-
vrent , outre l'opercule et le corps 9
une grande partie des nageoires du dos,
de l'anus et de la queue -, la tête et les
nageoires sont vertes , et ces dernières
jaunissent vers le bord , excepté la
seule pectorale qui est tonte verte. Les
rayons mous , excepté ceux des deux:
bouts , sont ramifiés ; et outre les qua-
tre aiguillons de la nageoire de l'anus
que nous avons cités ci-dessus , la dor-
sale en porte quatorze.
Ce beau poisson se trouve aux An-
tilles , oii le père Plumier l'a dessiné.
12 HISTOIRE NATURELLE
On le nomme :
La Faucille , en français.
Der Sichdjlosser , en allemand.
Et The Sickle-fin , en anglais.
LE SPARE D'ABILDC^AARD ,
5PARUS ABILDGAARDI,
C E poisson est aisé à recannoître par
ses écailles hexagones.
Le poisson t[ue je possède de cette
espèce étant rembourré , j'ignore le
nombre des rayons de la membrane
branchiale : la nageoire pectorale a
douze rayons , la ventrale six , celle
de l'anus douze , celle de la queue dix-
sept, et la dorsale dix-neuf.
La tête est grande et comprimée ,
large par le haut, et sans écailles jus-
qu'aux opercules -, l'ouverture de la
bouche est grande ; les mâchoires sont
éi^ales et armées d'un rang de dents
fortes , dont les antérieures sont sem-
blables aux dents incisives, et les pas-
ro/n.jn.
J*a</c jz ■
iLF, SPAIU''. aaliildo-naar a . liA OTTF.VE
r.
DU SFARE d'ABILDGAARD. i3
térieures aux dents canines , avec cett^
différence que les premières sont plus
cintrées , et les dernières plus obtuses.
Les lèvres sont grosses , les narines
doubles , celles du devant rondes , lea
autres ovales ; les unes et les autres
touchent aux yeux, qui sont verti-
caux et ont la prunelle noire dans un
iris bleu. Sous les yeux , on voit un
cercle de canaux pituitaires ; l'oper-
cule antérieur consiste en deux petites
lames ; l'ouverture des ouies est
grande , et une partie de leur mem-
brane est cachée ; la tête est en pente ,
le dos presque droit , la poitrine large ,
le ventre gros et court. La ligne laté-
rale, qui est ramagée , prend à Tex-
trémité de l'opercule postérieur , des-
cend à la deuxième couche d'écailleS
jusqu'au bout de la nageoire dorsale ,
où elle est interrompue, et commence
à la troisième couche d'écaillés pour so
perdre dans la queue. L'anus est plus
près de la nageoire de la queue que de
l4 HISTOIRE NATURELLE
la tête; les écailles sont grandes, min-
ces , arrondies aux opercules , et hexa-
gones au tronc -, les nageoires sont pe-
tites , et les premiers rayons des na-
geoires de la queue et de la poitrine
sont simples; les autres forment huit
ramifications. Toutes les autres na-
geoires n'ont que des rayons ramilîés
en quatre, et les aiguillons de la dor-
sale sont ramentacés; la nageoire du
dos a neuf aiguillons , et la ventrale un ;
le dos est violet ; la tête , les flancs et
les nageoires sont en partie jaunes , en
partie violets.
Ce poisson est de Sainte - Croix en
Amérique. Je l'ai reçu de mon ami,
M. le professeur Abildgaard. Il doit
être d'une taille considérable.
On le nomme :
Le Spare d' Abildgaard, en français.
Abilgards Gilt-head , en anglais.
Et Der Abildgaardsche Brassem, en al-
lemand.
DE LA QUEUE VERTE. l5
LA QUEUE VERTE, spakus chlorovrus,
La ligne latérale interrompue, et
la ventrale en pointe longue , caracté-
risent suffisamment ce poisson.
N'ayant que ce poisson séclié , je ne
puis rien fixer ni sur les os de la
gueule , ni sur une brancliie simple.
On trouve cinq rayons dans la mem-
brane branchiale , douze dans la na-
geoire pectorale, six dans la ventrale,
onze dans celle de l'anus , quinze dans
celle de la queue , et dix-neuf dans la
dorsale.
La tête est étroite , l'ouverture de la
bouche peu grande ; les mâchoires sont
d'égale longueur , et vertes comme
tous les autres os, à l'exception des
dents mâchelières : dans l'une et l'au-
tre , il y a deux dents canines réflé-
chies, et les côtés en sont armés d'un
rang de dents coniques, courtes et sé-
parées. Il n'y a point d'écaillés entre
l'ouverture de la bouche et les yeux ,
iS tlISTOIRE NATURELLE
mais de petites taches pâles aux âeme
côtés, et des narines solitaires, ovales.
Les yeux sont près du sommet , et la
prunelle noire est entourée d'un iris
rouge ; l'opercule de devant est com-
posé de deux petites lames , et l'autre
fait une pointe obtuse; l'ouverture des
ouies est étroite, et la membrane est
en partie cachée j le tronc est fort
mince , et presqu'aussi large sur le der-
rière que sur le devant. La ligne laté-
rale éloignée d'un seul pouce du do5 ,
se termine au bout de la dorsale, où vis-
à-vis d'elle une autre recommence, qui
va au milieu de la nageoire de la
queue. L'anus approche plus de la na-
geoire de la queue que de la tcte ; les
écailles sont larges et minces -, elles
couvrent encore une partie de la na-
geoire de l'anus. Les rayons mous for-
ment quatre rameaux , et les dix aiguil-
lons de la nageoire du dos sont ramen-
tacés ; la nageoire de l'anus a trois ai-
gnillons, et la ventrale un j le fond du
DE LA QUEUE VERTE. l7
poisson est vert , et le tronc tire sur le
jaunâtre ; les nageoires pectorales sont
jaunes, les autres vert foncé, et il n'y
a que l'extrémité postérieure de la
dorsale qui soit jaunâtre. Le deuxième
rayon de la ventrale, et le troisième do
la nageoire de la queue , forment la
longue pointe.
J'ai deux poissons de cette espèce ;
l'un est du Japon , l'autre de Saint-
Domingue.
liCS Hollandais l'appellent groen Pa-
pagey-i^isch ou perroquet vert. Pour
ne pas le confondre avec le scarus
vert, qui en allemand porte le même
nom, je l'ai nommé :
La Queue verte , en français.
Der Griinschwanz , en allemand.
The green-iailed Gilt-head , en anglais.
l8 HISTOIRE NATURELLE
LA QUEUE ROUGE,
SPARUS ERY THROURUS.
*
Les dix rayons de la nageoire de
l'anus et les dents extrêmement pe-
tites caractérisent ce poisson.
Je n'ai non plus de cette espèce
qu'un poisson séché.
La nageoire pectorale a quinzo
rayons, la ventrale six , celle de l'anus
dix , celle de la queue et la dorsale
vingt rayons chacune.
La tête et la bouche sont petites ,
mais les yeux et l'ouverture des onies
sont grands; les mâchoires sont d'é-
gale longueur , et ne sont garnies-que
d'un rang de petites dents pointues;
les os des lèvres sont larges et rouget ,
les narines ovales et solitaires. Du mu-
seau jusqu'aux yeux , la tête n'a point
d'écaiiles; mais le reste de la tête et le
tronc sont couverts d'écaillés larges et
minces. Les nageoires du dos, de l'anus
l'cu^e^yS .
De.^eve d^r Zé- JGre .icufp.
i.LAQrEFE ROI CtE . ù. EA QTTF.UE r>OR.
S.I.E SARGUET.
ne.
OAHiRlDGE. MA l
DE LA QUEUE ROUGE. l9
et de la queue en portent également
en partie -, mais ici , de même qu'aux
opercules , elles sont plus petites
qu'au tronc. Les yeux presque verti-
caux sont grands, la prunelle noire,
l'iris rouge ; le tronc est large, sur-tout
vers la poitrine j le dos , et la ligne la-
térale qui lui est voisine , forment un
arc sur le devant ; le ventre est long,
et par-là l'anus est plus près de la na-
geoire de la queue que de la tête; les
flancs et la tête sont argentés , le dos
bleu , et les nageoires rouges. La dor-
sale est composée de neuf aiguillons et
de onze rayons mous ramifiée , celle de
l'anus de trois aiguillons et de sept
rayons mous ramifiés. Le premier
rayon de la ventrale est piquant , le
second est très-long , et les autres sont
ramifiés : le troisième rayon de la na-
geoire de la queue est le plus long, et
le premier est simple , le second dicho-
•tome , et les autres divisés en huit ra-
meaux. L'on trouve dix côtes de cJia-
âO HISTOIRE NATURELLE
que côté , et vingt-trois spoiidyles for-
ment l'épine du dos.
Le Japon produit ce poisson.
On le nomme :
La Queue rouge , en français.
Der Rothschwanr , en allemand.
Et The red-tailed Gilt-head, en anglais.
LA QUEUE D'OR, sparus chrysovR-us^
li A raie jaune qui va de la tête à la
nageoire de la queue , forme le carac-
tère le plus sûr de ce poisson.
Ayant emprunté cette figure du ma-
nusci-it du prince Maurice , je ne puis
rien déterminer ni sur la membrane
hi^ancbiale , ni sur l'ouie simple.
La nageoire pectorale est munie de
quatorze rayons , la ventrale en pos-
sède six , celle de l'anus vingt-six ,
celle de la queue dix-neuf, et la dor-
sale vingt-sept.
Ce poisson estalongé,la tête petite,
çn pente ; et sans écailles jusqu'aux
DE LA QUEUE D'OR. 21
opercules ; l'ouverture de la bouclie
n'est pas trop grande ; les mâchoires
sont garnies d'une grande quantité do
dents petites et pointues ; les narines
solitaires et près des yeux , qui sont
très-petits, et dont la prunelle noire
est placée dans un iris argentin. Les
opercules forment une pointe émous-
sée. L'ouverture des ouies paroît pe-
tite , et les écailles minces. Outre la
raie jaune citée , il s'en trouve une
semblable au ventre , mais qui ne va
que de la nageoire ventrale à celle de
l'anus ; celle-ci est d'un jaune doré
comme celle de la queue et du dos. Le
ventre est court; c'est pourquoi l'anus
approche plus de la tête que de la na-
geoire de la queue. Le fond de ce pois-
son est argentin et violet , couleur qui
est très-bien relevée par la couleur dor
des raies et des nageoires. Piso soutient
que cette dernière couleur est telle-
ment vive , que lorsqu'il y a un nombre
de ces poissons assemblés pendant la
Poissons. Illt 3
22 HISTOIRE NATURELLE
Huit , ils répandent une clarté où Von
peut lire : phénomène qui , s'il est
vrai , pourroit être attribué à une lu-
mière pliospliorique , propre à plusieurs
espèces de poissons de mer , comme
nous le savons aujourd'hui, mais dont
Piso ne savoit rien alors. Les nageoires
se terminent toutes en pointe. Les
rayons mous sont ramifiés. La dorsale
a dix aiguillons, celle de l'anus trois,
la ventrale un : cette nageoire tire sur
le noir , et celle de la poitrine est grise.
Ce beau poisson habite les eaux du
Brésil ; et sa chair rôtie étant une dé-
licatesse ajoute à son prix. Piso le com-
pare pour la figure et la taille à notre
barbeau •, selon le prince Maurice , on
le pêche grand d'un pied et demi , et
Marcgraf l'a vu de deux pieds. Cet
écrivain raconte encore que ce pois-
son est fort tourmenté par un insecte.
C'est apparemment une sorte de taon
de mer ( onisciis ) , que l'on trouve à
plusieurs poissons.
DE LA QUEUE D'OR. 2^
Il est appelé :
Acarapitanga ou Acarapitamba, par les
Brasiliens,
La Queue d'or , par les Français.
Ver GoldschwanZy par les Allemands.
The gold-tailed Gilt-head y par les An-
glais.
Et Rçihirruhîa , à la Havanna.
C'est à Marcgraf que nous sommes
redevables de la counoissance de ce
poisson ; mais il s'en faut bien que son
dessin soit aussi bon que celui du prince
Maurice.
Les figures de Piso , de Jonston , de
Willughby et de Ruyscli,ne sont que
des copies de celle de Marcgraf.
Les descriptions pas assez caraclé-
ristiques de Marcgraf et de Piso sont
cause apparemment qu' Artédi et Linné
ont refusé de le recevoir dans leurs sys-
tèmes.
24 HISTOIRE NATURELLE
LE CUNING, sPARus eu ni n g.
Les dents très-petites et les quatorze
rayons de la nageoire de l'anus mar-
quent distinctement ce poisson.
II a six rayons dans la membrane
branchiale, dix-huit dans la nageoire
pectorale , six dans la ventrale , qua-
torze dans celle de l'anus , dix-neuf
dans celle de la queue, et vingt-cinq
dans la dorsale.
La tête est petite, comprimée et
alépidote jusqu'à la nuque. La mâchoire
inférieure est la plus longue , et on ne
découvre dans l'une et l'autre qu'un
rang de dents très-petites et très-poin-
tues. La langue et le palais sont lisses,
et l'on remarque les os des lèvres à la
mâchoire supérieure. Entre ceux-ci et
les yeux il y a deux ouvertures rondes
et deux ovales. L'iris est argentin et
jaune , la prunelle noire. Les deux
opercules sont unis et couverts d'é-
DUCUNING. 25
cailles plus petites que celles du tronc.
L'opercule antérieur est composé do
deux lames , et le postérieur forme
vers la nageoire pectorale une pointe
obtuse. L'ouverture des ouies est large ,
et la membrane dégagée. Je n'ai pas
trouvé de branchiesimpleàce poisson.
Les côtés sont comprimés ; il a le dos
et le ventre tranchant, ce qui lui donne
une figure ensiforme ; la ligne latérale ,
voisine du dos , est presque toute
droite , et l'anus s'éloigne moins de la
nageoire de la queue fourchue que de
la tête. Les écailles sont lisses et min-
ces ; elles avancent vers la nageoire da
dos, et y forment un sillon où le pois-
son peut mettre la nageoire. Les ven-
trales sont plus en arrière que les pec-
torales • les unes et les autres sont
étroites et pointues. Le premier rayon
en est simple , les autres sont mous et
à quatre rameaux. La nageoire du dos ,
comme celle de l'anus , est composée
d'aiguillons qui sont simples , et da
26 HISTOIRE NATURELLE
rayons mous qui sont fourchus. La na-
geoire de l'anus a trois aiguillons, celle
du dos en a dix et celle du ventre un.
Le dos est violet , les côtés sont argen-
tins , ornés de lignes d'or. Les nageoires
sont jaunes , à Tcxception de la partie
antérieure de la dorsale et de celle de
l'anus , qui est violette.
J'ai reçu ce poisson des Indes orien-
tales , sous le nom de Ikan Tembrae
Ciining , nom qu'on peut lui donner
dans nos langues européennes.
LE SPARE RAYÉ , sparus j^ittatus»
Ce poisson est aisé à reconnoître par
ses deux bandes noires et ses raies
jaunes. Une bande traverse l'œil, et
l'aulre la poitrine ; et quant aux raies
mentionnées , le prince Maurice , du
manuscrit duquel j'ai tiré mon dessin ,
en compte sept ; et c'est en quoi Maro-
graf et Piso sont du même avis.
Le nombre des rayons de la mem-
DU SPARE RAYE. 27
brane brcincliiale et l'intérieur de ce
poisson me sont inconnus, ne le possé-
dant pas moi-même.
La nageoire pectorale a douze rayons,
la ventrale six , celle de l'anus treize,
celle de la queue seize , et la dorsale
vingt- trois , suivant le dessin du prince
Maurice.
Le corps est large , mince et cou-
vert d'écaillés argentines j la tête n'a
des écailles que depuis les yeux. La
bouche est fort ouverte ; les mâchoires
ont la même longueur et sont armées
de dents pointues et serrées. Les na-
rines sont près des yeux ,dont la pru-
nelle noire est dans un iris rougcâtre.
L'ouverture des ouies est grande , et
les deux opercules sont à bord uni et
arrondis. Le dos violet forme un arc.
Le dessin ne présente point de ligne
lalérale ', apparemment qu'à la proxi-
mité du dos elle lui est parallèle. Le
ventre est long , c'est pourquoi Panus
approche plus de la nageoire de la
28 HISTOIRE NATURETXE
queue que de la tête. Les écailles saiî--
lantes au dos forment un sillon qui
cache la nageoire. Le nombre des aiguil-
lons de la dorsale monte à neuf, sui-
vant le dessin du prince Maurice : mais
apparemment ce poisson a dix aiguil-
lons, dont on n'a point apperçu le pre-
mier qui est court. La ventrale a un
aiguillon , celle de l'anus trois , les
rayons mous sont presque tous à quatre
brandies. Les nageoires pectorales et
ventrales sont pointues , celles du dos
et de l'anus arrondies.
Ce poisson est du Brésil, et suivant
Marcgraf il n'excède jamais la lon-
gueur de six à sept pouces ; il séjourne
aux rivages pierreux , où l'eau de la
wer est pure et féconde en frai. Voilà
pourquoi Marcgraf et Piso le comptent
parmi les poissons de bon goût , dont la
cliair est meilleure que celle de la
carpe.
Marcgraf a le premier fait mention
de ce poisson , et nous en a donné im
DU SARGUET. 29
dessin tolérable à l'égard de ses autres
dessins : Piso, Jonston et Riiyscli l'ont
copié.
Klein et Willugliby sont les seuls
qui l'aient reçu dans leurs systèmes. Il
est probable qu'Artédi et Linné ont
trouvé les caractères trop peu distincts
pour le classifier.
Si au reste ce poisson , selon l'opi-
nion de Willugliby , est le même que
le canthère , c'est ce que je ne saurois
déterminer , vu que je n'ai point ce
dernier dans ma collection.
liE SARGUET, sparus sargus,
Les huit dents incisives et les deux
rangs de màchelièrcs désignent ce
poisson.
L'on compte six rayons dans la
membrane branchiale , seize dans la
nageoire pectorale , six dans la ven-
trale , dix - sept dans celle de l'anus ,
vingt-deux dans celle de la queue, et
vingt -cinq dans la dorsale.
3o HISTOIRE NATURELLE
La tête en pente est alépidote de-
puis la nuque juqu'au museau ; l'ou-
verture de la bouche est petite •, les
lèvres sont charnues , et les mâchoires
d'égale longueur ; les dents incisives
ont le bord large et le fond étroit ; les
quatre dents du milieu sont plus
grandes et plus larges que les autres
quatre des côtés. Derrière celles - ci ,
il y a vme quantité de dents courtes à
surface plate, et les côtés sont arriîés
d'un double rang de mâchelières ar-
rondies , dont les dernières sont les
plus fortes : la bouche tellement armée
fait juger que ce poisson se nourrit de
testacées, savoir , d'huîtres , d'escar-
gots , de coraux , etc. Le palais et la
langue sont lisses , les os des lèvres
étroits et jninces ; les narines doubles
sont près des yeux ; les ouvertures de
devant sont rondes, les autres ovales ;
les yeux sont grands , et pourvus
d'une membrane clignotante ; la pru-
nelle en est noire , l'iris argenté ;
ï) u s A R G u r T. 3l
Fopercnlededevant est arrondi, l'autre
est bordé de noir. Us ont tons les
deux les écailles moins grandes que le
tronc. L'ouverture des ouies est
grande , et la membrane est à demi-
cachée ; le tronc est large sur le de-
vant , le ventre rond , le dos tranchant
et arqué; le fond du poisson est ar-
genté , où les raies jaunes et les bandes
noirâtres font un bel effet ; la ligne la-
térale est noire et un peu arquée à peu
de distance du dos , l'anus prend le mi-
lieu entre la tête et la queue. Les raies
que nous venons de remarquer sont
formées par les petites lignes qu'on
voit sur les écailles ; et comme les cou-
ches des écailles prennent leur direc-
tion le long du corps, depuis la tête
jusqu'à la queue , il en résulte autant
de raies quily a de couches d'écaillés.
Les cinq raies au-dessus de la ligne la-
térale ont la couleur d'orange, et celles
de dessous sont jaunes ; les écailles des
opercules ont des bordures jaunss 3 le«
32 HISTOIRE NATURELLE
bandes transversales sont plus noires
vers le dos ; la nuque et le dos sont noi-
râtres ; la nageoire ventrale est noire ;
la dorsale, celle de l'anus et celle de la
queue sont jaunâtres, et la dernière a
le bord noir; la nageoire pectorale est
très - longue , ce qui provient des
rayons quatrième, cinquième et sixiè-
me alongés : ces rayons ont quatre
branches , et le premier seul est sim-
ple. Le premier de la ventrale est pi-
quant , et les autres sont ramifiés ; les
trois premiers de la nageoire de l'anus
sont piquans; les autres sont mous et
ramifiés. Il en est de même des rayons
de la dorsale , avec cette seule diffé-
rence que celle - ci a douze aiguillons
que le poisson peut cacher dans le
sillon formé au dos par les écailles. Les
nageoires de l'anus , de la queue et du
dos se couvrent en partie d'écaillés :
celle de la queue a des rayons ramifiés.
L'on trouve ce poisson dans la Mé-
diterranée , dans la Mer Rouge , et
DU S A R G U E T. 33
flans l'Océan , près du gouvernement
de Poitou et d'Aunis. Aristote nous a
fait connoître son existence dans les
eaux de la Grèce. Willugliby en a fait
la description à Venise, etBrunniche
à Marseille. Jovius le met du nombre
des poissons romains , et Cetti des
poissons sardes.
On le voit encore en France aux
rives delà Provence et du Languedoc,
Suivant Belon , le Nil en produit une
quantité si énorme , qu'on le trans-
porte chez les habitans du mont Sina
qui l'achètent.
Ce poisson parvient à une grandeur
considérable; car dans le Poitou on en,
prend de deux pieds et plus. Aristote
l'a compté avec raison parmi les pois-
sons de rivage qui vont en troupe \ car
on le trouve, pendant toute l'année ,
près des rivages en assez grande quan-
tité.
Ce poisson se nomme : -
En France , Sar^o , Sar^ue et Sargus,
Poissons. III. 4
v^4 HISTOIE.E NATURELLE
A Toulon et à Marseille , Sar,
En Provence , Sarguet ou Sarg.
Chez les Anglais, Base.
En Italie et dans la Sardaigne , Sargo^
En Dalmalie , Fasaro.
Et en Allemagne, Geisshrassemet Ban-
dirle-Brassem.
Suivant Aristote , ce poisson doit
frayer au printemps et en automne-,
mais c'est de quoi l'on peut douter,
s'il est permis de juger parles poissons
de nos contrées de ceux des autres , vu
que les nôtres ne fraient qu'une fois,
et cette opération se fait ordinaire--
ment plutôt chez les jeunes, plus laid
chez ceux d'un âge moyen, et le pln$
tard chez les plus âgés. Mais tous les
naturalistes suivans ne fournissant au-
cune observation nouvelle sur cet ob-
jet , je souhaite que ceux qui ont l'oc-
casion d'observer les poissons de la
Méditerranée , l'examinent de plus
près pour nous en donner l'histoire.
Oppian soutient qu'il y a plus de fo-
DU S A R G U E T, 35
melles que de mâles , et toutes mes ob-
servations me prouvent que c'est le cas
de toutes les espèces de poissons.
Lia chair de ce poisson est sèclie ,
c'est pourquoi on l'estime moins que
la dorade que je vais bientôt décrire :
mais pris en septembre et octobre dans
les contrées pierreuses , il est aussi bon
que celle-ci , frit au beurre ou à l'huile
fjaîche dans la poêle. Il faut qu'il soit
délicat , vu que de celte façon la chair
devient tendre et succulente. Ce pois-
son est Carnivore , et il dévore non-
seulement d'autres poissons, mais sur-
tout aussi des crustacées, comme écre-
visses , escargots , moules , etc. que sa
denture est très-propre à broyer.
L'on prend ce poisson de différentes
manières , savoir , au filet et à la ligne :
l'on dit encore qu'on peut le prendre
avec la main dans les trous des rivages
pierreux. Il ne faut pas tarder à le
manger , parce qu'il se gâte aisément.
L'estomac est grand j au commen-
36 HISTOIRE NATURELLE
cernent du canal intestinal qui a plu-
sieurs sinuosités, il y «i trois boyaux
borgnes : le foie est rougeâtre , le fiel
jaune , et la rate noirâtre.
Mon poisson ne me montre point la
tache annulaire à la nageoire de la
queue , que Linné cite pour caractère
de cette espèce. Quelques écrivains
d'ailleurs tiennent cette tache pour ir-
régulière , et la plupart en font men-
tion comme d'une bande.
Rai se trompe , en refusant à notre
poisson les mâchelières granuleuses.
Artédi n'a suivi probablement que
l'avis de Rai.
Une simple faute d'écriture doit
avoir induit Artédi à donner à notre
poisson les lignes transversales pour
caractère; car les lignes allant le long
du corps, et les bandes le traversant ,
il faut lire ou fasciis transversis , ou
lineis longitudinaUbus.
Belon , Salvian et Klein se trom-
pent, en ne donnant qu'un aiguillon à
DU S A E- G U E T. 3/
la nageoire de l'anus , an lieti de trois.
Il est fort aisé de réfuter l'opinion
de Willagliby , que le jaguaraca de
Marcgraf soit notre poisson , ou da
moins très- semblable au nôtre , en fai-
sant la comparaison avec celui de la
planche 225 , qui est ]e jaguaraca.
Quand Pline soutient que notre
poisson vit d'excrémens , il n'a pas
plus de raison que quand il dit qu'il
sort de l'Océan.
Je réponds négativement à la de-
mande de Gronov , si le hepatus de
Rondelet est le nôtre ? car c'est le
labrus hepatus de Linné.
Dubamel distingue à la vérité le sar
du sarguet ; mais ni les descriptions,
ni les dessins ne me fournissant des ca-
ractères essentiels , ]e n'en fais qu'une
seule espèce , en attendant que des re.
cherches ultérieures me démontrent le
contraire.
Ce qu'Elian et Oppian prétendent
de l'amour' remarquable de ce poisson
38 HISTOIRE NATURELLE
pour les chèvres, ce qu^ils disent de
son penchant à s'exposer aux rayons
dn soleil, tient du merveilleux dont
l'histoire naturelle de ces temps est
chargée, de même que le préjugé qu'au
temps du frai les mâles se disputent les
femelles , et qu'une dent de ce poisson
que l'on porte sur soi , adoucisse les
maux de dents.
Belon nous a donné le premier
dessin de ce poisson, mais il est mau-
vais.
Peu après , Salvian et Rondelet
nous en ont donné chacun un dessin
nouveau : le premier représente les
lignes longues , et le dernier les bandes
transversales ; l'un et l'autre valent
mieux que celui de Belon , mais ils ne
sont pas assez fidèles pour être bons.
Gesner nous en a donné aussi un
nouveau dessin, mais qui ne vaut pas
mieux que les autres.
Aldrovand a non -seulement copié
eelui-ci , tnais il nous en a laissé deux
ITY
>. USA
-Pa^e 3ç
Tom . m
J)etrt?ve i/f/.
J-e JUrre Ocnù>.
1 I^ SArPK ^ LA DOILVDE 3.LE PAGRE.
DELA SAUF E. %
clessms nouveaux , dont l'un est plus
mauvais que l'autre.
Willugliby , Jonston et Ruysch ont
copié Salvian.
Enfin Duhamel nous adonné deux
nouveaux dessins, mais qui représen-
tent la nageoire de l'anus défectueuse.
On les retrouve dans la description des
âj Is et métiers, en petit.
LA SAUPE, SPARUS SALPA.
LfEseul rang de dents incisives, dont
cliacune des deux mâchoires est armée,
forme un caractère pour connoîlre ce
poisson ; car je n'en ai point vu encore
dont les dents eussent une structure
semblable. La mâchoire supérieure en
a vingt, l'inférieure vingt-deux, un
peu arquées en dehors et enfoncées en
dedans. Les dents d'en haut ont une
petite échancrure au milieu, et celles
d'en bas forment une pointe aiguë à la
même place. Ces pointes mettent le
4o HISTOIRE NATURELLE
poisson en étrd de mieux tenir sa noiir-
riluie. Pour plus de clarté , j'ai repré-
senté l'embouchure en grand sur la '
planche.
La membrane branchiale a six rayons,
la nageoire pectorale seize , la ventral©
six, celle de l'anus dix-sept, celle de
la queue vingt, et la dorsale vingt-huit.
La têle, comme tout le poisson, est
fort comprimée, et alépidote jusqu'à la
nuque ; la bouche petite , les mâchoires
égales ; la langue dégagée , mince, large
et lisse comme le palais. Les narines
sont doubles , tout près des yeux l'on
discerne une ouverture ovale, et non
loin de-là une ouverture ronde. La pru-
nelle noire est placée dans un iris cou-
leur d'or. Les opercules arrondis sont
couverts d'écaillés moins grandes que
celles du tronc ; le postérieur est com-
posé de deux petites lames, le bord de
l'antérieur paroît dentelé j mais il ne
Test pas, n'étant point aigu. L'ouver-
ture des ouies est grande , et la mem-
DE LA SAUPE. 4l
brane presque entièrement cachée. Le
venlre est long et arrondi ; la ligne la-
térale presque droite approche du dos;
les écailles sont grandes , lisses , formant
un sillon au dos , et elles couvrent en
partie la nageoire de la queue. Le dos
est tranchant , et l'anus approche plus
delà nageoire de la queue quedela tête.
Au fond de la pectorale on remarque
une tache noire ; le premier rayon en
est court et simple , le deuxième , le
troisième et le quatrième sont ramifiés
et très- longs ; mais les autres ont huit
branches. Les rayons de la ventrale ,
dont le premier est piquant , ressem-
blent à ces derniers. Les nageoires de
l'anus et du dos sont étroites et com-
posées d'aiguillons et de rayons mous:
la première a trois aiguillons , l'autre
en a onze. Les rayons de ces deux na-
geoires n'ont que quatre branches, mais
ceux de la queue en ont huit. Toutes
les nageoires forment une pointe , mais
celle de la queue çn forme deux. L©
42 HISTOIRE NATURELLE
dos est noirâtre , les côtés et le ventre
argentés : les lignes longitudinales jau- i
nés embellissent ces parties. Les na-
geoires sont grises et brunâtres vers le
bord. La ligne latérale est noire.
Aristote met notre poisson au rang
de ceux que Ton trouve en pleine mer
et dans les bayes : son assertion , qu'il
se promène isolé dans les eaux , peut
s'être vérifiée dans les contrées de la
Grèce ; mais à Gênes , aux côtes de la
Sardaigne, et aux îles Baléares, sur-tout
près d'Ivica , on le trouve en quantité ,
et on y en prend beaucoup. Il diiFère
de grandeur selon son séjour ; Brunni-
che le trouve long d'un empan; Duha-
mel , en Languedoc , lui trouva sept à
neuf pouces, et Salviau nous dit qu'à
Rome on le prend toujours long d'un
pied , et du poids d'une livre ; ce der-
nier remarque encore qu'on le prend
toujours de la même grandeur et pe-
santeur. A nous en rapporter à Belon ,
qui d'ailleurs est bon observateur, il
D E L A s A U P E. 43
aitcint le poids de deux livres. Celai
que j'ai, et qui a, servi de modèle à mon
dessin , est long d'un pied.
Il fraie en octobre , et dépose ses
œufs entre les herbes marines. Son sé-
jour ordinaire est dans les profondeurs;
et ces poissons se rendent en grand
nombre aux bas-fonds du rivage pour
s'y nourrir des herbes marines et des
mousserons , en quoi leurs dents inci-
sives les servent bien. Ce poisson a la
chair molle , coriace , avec peu d'arê-
tes; elle exhale souvent une mauvaise
odeur , probablement causée par les
mousserons. C'est par cette raison que
le poète , malgré la beauté de son ex-
térieur , l'a dépeint comme un mauvais
poisson ( i ).
On le prend au file t et avec des citrouil-
les , qu'il aime fort; on en prend le plus
en hiver dans les profondeurs des baies.
(l) Atque immunda chromis merito vi-^
Ihmna, 9alpa, Ovid. Hal. v. i3i.
44 HISTOIRE NATURELLE
OÙ il séjourne pendant cette saison.
Suivant les observations d'Aristote
et de ses imitateurs Pline et Elian , ce
poisson doit avoir Fouie très fine , mais
le goût mauvais , se nourrissant d'ex-
crémens, ce que le naturaliste grec a
jugé apparemment par analogie , vu la
mauvaise odeur qu'il répand de temps
en temps. Mais, quant à moi ; je suis
bien plus enclin à croire qu'il ne vit que
d'herbes et de mousserons, nourriture
qui convient à ses dents en forme de
faucille, et que la mauvaise odeur ne
provient que des mousserons.
Ce poisson est connu sous diffcrens
noms.
On le nomme :
En France , Saupe.
En Languedoc, quand il est petit,
Vergadelle.
A Marseille, Saupe et Sopl.
Chez les Italiens, Salpa.
Chez les Génois , Snrpa.
A l'ile de Malte , Scilpa,
D E L A s A U P E. 45
En Sai'daigne , Salpa.
En Angleteri'e , Goldlin.
En Hollande , Goldstromer.
Et en Allemagne, Goldstrich.
Le péritoine est noir , l'estomac
grand j le canal intestinal fort long,
comme aux quadrupèdes. Dans nn pois-
son de la longueur d'un pied, ce canal
avoit quarante -six pouces; quatre'
boyaux borgnes très-forts se trouvent
au commencement du canal. Le foie
consiste en trois lobes de différentes
grandeurs. Le plus long porte une
longue vésicule de fiel -, la rate est
grande et noirâtre ;-l'ovaire et la laite
sont doubles , et s'étendent jusqu'au
diaphragme.
Artédi et Linné ayant allégué pour
marque dislinctive les onze lignes jau-
nes, ont fait choix d'un caractère va-
riable; car Duhamel n'en désigne que
huit à neuf-, Salvian , Belon et Klein
neuf-, Brlinniche et Rai dix à onze"; et
WiHughby onze.
Poissons. III. 5
46 HISTOIRE NATURELLE
Klein est dans l'erreur , en ne don-
nant qu'une nageoire ventrale à notre
poisson , et cette erreur se trouve en-
core dans le nouveau Spectacle de la
Nature.
Sur la demande de Gronov , si lo
Mormyre de Salvian est son Cynaedus,
que nous avons cité parmi les nôtres ,
on peut répondre négativement , va
que son Cynaedus a des dents incisives ,
le Mormyre , au contraire , des dents
pointues. Par la même raison , les aU"
très écrivains sont mal cités.
Le poisson que l'abhé Bonnaterre a
fait dessiner d'après Catesby pour le
nôtre, n'est point la saupe , mais la
brème de pourpre de Linné , sparus
synagris.
Ovide dît que notre poisson dépose,
à la manière des oiseaux , ses œufs dans
des nids : cette idée lui est apparem-
ment venue , parce que l'on trouve lo
frai entre les mousserons marins, où les
petits, seloului| doivent éclore commq
D E L A s A U P E. k^
Jans un nid : mais on ne peut rien dé-
duire de- là, parce qu'en général les
bêtes déposent leurs œufs là où la cou-
vée au sortir trouve d'abord sa subsis-
tance.
Si Belon et Salvlan donnent douze
aiguillons au lieu de onze à la dor-
sale, et deux au lieu de trois à la
nageoire de l'anus , en quoi Duhamel
les imite , il faut leur passer cette er-
reur, vu que le premier aiguillon de
l'anus est très-petit , et que beaucoup
de poissons de ce genre comptent douze
aiguillons au dos.
Si du temgs d'Aristote il n'y avoit
pas un autre poisson du même nom ,
qui fraie deux fois par an \ et si cet
auteur ne prétend parler que d'un
même poisson , il est en contradiction
avec lui-même : car il dit à un en-
droit , qu'il fraie au printemps et
quelquefois en automne , et dans un
autre endroit il dit , qu'il n'a que cette
dernière saison pour frayer. Rondelet
48 HISTOIRE NATURELLE
se trompe en donnant à notre poisson
beaucoup de dents en forme de scie ,
et Duhamel en lui donnant beaucoup
de dents fines tandis qu'il n'a qu'un
ordre de dents incisives.
Belon et Willughby , qui font
monter le nombre des dents de la
mâchoire supérieure à seize , et celles
de l'inférieure à dix-huit , ont tort :
car j'en ai trouvé quatre de plus dans
chaque mâchoire. Apparemment qu'ils
ont eu un poisson , qui n'avoit pas
encore fait toutes ses dents.
Nous devons le premier dessin de ce
poisson à Belon ; mais il est mauvais,
vu que la dorsale est trop reculée et
la bouche représentée trop grande.
Salvian nous en donna depuis une
meilleure figure , mais il attribue trop
d'aiguillons et trop peu de rayons à la
dorsale.
Le dessin de Rondelet , qui parut
en même temps avec la figure précé-
àente , a aussi mal réussi.
D E L A D O R A T> K. 49
Les naturalistes semblent n'avoir
voulu nous laisser que des dessins bien
mauvais : car Gesner , Aldrovand et
Duhamel nous en ont fourni de nou-
veaux , mais qui n'ont aucun prix.
Celui de Gesner est passable , celui
d'Aldrovand le plus mauvais ; celui de
Duhamel représente la bouche trop
grande , la dorsale trop reculée , et tous
ses rayons, même ceux de la nageoire
de l'anus , comme des aiguillons.
Jonston a encore fait une nouvelle
représentation , mais fort inexacte ,
dont Ruysch a fait une copie fidelle.
LA DORADE, spjrus aurata»
Les six dents incisives de chaque
mâchoire désignent suffisamment ce
poisson.
La membrane branchiale contient
six rayons , la nageoire pectorale en
a seize , la ventrale six , celle de l'anus
quinze , celle de la queue dix-sept, et
la dorsale vingt-cinq.
5a HISTOIRE NATURELLE
La lete est comprimée , en pente ,
et alépidote jusqn'aux opercules. Les
mâchoires sont d'égale longueur ; Us
lèvres sont charnues , les os des lèvres
étroits, et la bouche est peu ouverte.
Lcsdites dents incisives sont séparées
et arrondies. Dans la première rangée
je trouve dix mâchelières de chaque
côté ', les trois premières en sont plus
larges, pointues par le haut , et res-
semblent aux dents canines des hom-
mes. Le nombre des deux autres ran^s
n'est pas si grand , et il s'en trouve
de très-fortes dans le troisième rang ,
dont la dernière est la plus grosse ;
laquelle , suivant Duhamel , est en-
châssée dans des bagues , et se vend
pour des crapaudines. Les orfèvres
de l'ile de Malte gravent une tache
jjoire au milieu de cette pierre avec
de Teau forte, et la débitent pour
des yeux de serpent, auxquels ils at-
tribuent la vertu de guérir des mala-
dies. C'est avec ces dents fortes, que
D E L A D O R A D E. 5l
le poisson casse , ou plie les liameçons ,
suivant la dureté ou la souplesse du
fer. Outre ces dents, j'apperçois dans
mon poisson des marques d'un qua-
trième rang de dents dans la mâclioire
inférieure. Le poisson n'ayant pas , à
beaucoup près , toute sa maturité ,
je crois qu'il n'a pas encore toutes ses
dents , et qu'un vieux poisson nous en
exposeroit un nombre bien plus grand.
La langue est courte , épaisse et
lisse comme le palais. Les narines sont
doubles , les antérieures rondes. De-
puis celles - ci il se forme un sillon
jusqu'aux narines postérieures qui
sont ovales et tout près des yeux :
ceux-ci ont la prunelle noire et l'iris
d'or. Une tache d'or en forme de crois-
sant surmonte l'œil. Les opercules sont
unis et arrondis L'antérieur paroit à
la vérité dentelé , mais ce ne sont que
de foibles empreintes superficielles ;
sa surface intérieure présente une
branchie simple. Les petits arcs des
52 HISTOIRE NATURELLE
ouïes sont garnis de petites excrois-
sances noueuses. L'ouverture desouies
est grande , la membrane en est ca-
chée. Le tronc est large , le dos tran-
chant , le ventre rond , l'anus plus
voisin de la queue que de la tête , et
la ligne latérale un peu arquée ap-
proche du dos. Les écailles sont ten-
dres, lisses, plus grandes au tronc
qu'aux opercules , et elles couvrent
mie partie de la nageoire du dos et
de l'anus , de sorte qu'elles forment
un réservoir pour ces nageoires , dont
la première est munie de onze aiguil-
lons et de quatorze rayons fourchus ,
la seconde de trois aiguillons et de
douze l'ayons fourchus. Les rayons
mous des autres nageoires ont quatre
branches , et le premier de la ventrale
est piquant. Le troisième rayon de
la pectorale fait le tiers de la longueur
de tout le corps. Les flancs , la tête
et le tronc sont argentés. Le dos est,
tant que le poisson est dans l'eau.
DE LA D O 11 A D E. 53
d'un beau bien clair , mais à l'air , il
devient foncé, et noirâtre enfin lors-
qu'il est mort. L'on apperçoit en haut
au bord de l'opercule postérieur une
tache noire , et derrière celle-ei , au-
dessus de la nageoire pectorale , une
tache rouge couleur de cerise , cette
dernière est quelquefois claire. L'on
remarque aux deux côtés plusieurs
lignes longitudinales d'une couleur
brun pâle , qui sont plus foncées au-
dessus de la ligne latérale. La nageoire
du dos et celle de la queue sont noi-
râtres, celle de l'anus brune , les autres
d'un gris foncé. La ligne latérale est
aussi de cette couleur.
Nous trouvons ce poisson dans la
Méditerranée , dans la Mer Atlan-
tique et dans celle du Nord. La Grèce
doit en produire en abondance , vu
qu'Aristote le cite fréquemment. Il
n'est point rare en France , sur-tout
en Languedoc , à Rome , en Sardaigne
et près de Malte. Au cap de Bonne-
54 HISTOIRE NATURELLE
Espérance il est commun, aux côtes
de l'Angleterre et de la Hollande il
est rare. Il parvient à une grandeur
considérable. Hasselquist le vit plus
ïong qu'une aune à Smyrne. Aux en-
virons de Rome il ne pèse pas plus
tie dix livres , mais la Sardaigne en
produit de vingt livres. Ce poisson a
varié de nom en variant de taille :
en Languedoc , long de six pouces il
s'appelle Sauquesne , long d'un pied ,
Dorade ; le poisson qui tient le milieu
entre ces deux grandeurs, se nomme
Méjanes , expression qui veut dire
moyen : a-t-il au-delà d'un pied , il
reçoit le nom de Superdorado. A Nar-
bonne celui de six pouces s'appelle
SaucanelU y celui de neuf pouces Pau-
jnergrav , et les plus grands, Dorades.
C'est avec raison qu'Aristote met
notre poisson au rang de ceux qui se
tiennent aux rivages de la mer; Belon
lui assigne les rivages de roc et de ,
sable aussi bien que la pleine mer pour
DE LA DORADE. 55
séjour ; selon Cetti on le trouve aussi
dans les lacs de Sardaigne , et suivant
Duhamel , dans les canaux réunis à
la mer , et dans les lacs , où il prend
d'ordinaire beaucoup de graisse , et
qu'il quitte en automne. Dès-lors il
cherclie les eaux profondes, où il resta
l'hiver , afin de se garantir du froid ,
qu'il ne peut supporter , de façon que
quand les gelées viennent précipi-
tamment , il périt , ce qui arriva l'an
1766 , où on en trouva un nombre
infini de morts.
Ce poisson vivant dans les eaux
douces , il faudroit avoir soin de 1©
transplanter, vu que suivant M. Du-
hamel il se multiplie dans ces eaux ,
et qu'il est d'un goût exquis en au-
tomne.
Aristote le fait frayer en été.
On le prend en France aux côtes du
Languedoc , depuis le mois de mai
jusqu'en octobre , au filet ; il mord aussi
à l'hameçon , quand on y attache un
56 HISTOIRE NATURELLE
morceau de moule , de pince d'écre-
visse , ou quelque poisson , objets qui
font sa nourriture.
Suivant le récit de Kolbe , on en
prend en grande quantité depuis le
mois de mai jusqu'au mois d'août ,
au Cap de Bonne-Espérance \ hors ce
temps on n'y en prend point , mais
en Italie on en pêche dans toutes les
saisons.
Il a la chair très-tendre , c'est pour-
quoi les Romains le préférèrent à tous
les autres poissons , et le payèrent
fort cher; on estime sur- tout celui
qui se prend en hiver en pleine mer.
Ce qui ajoute à son prix , c'est le
préjugé qui le fait passer pour un
purgatif.
On nomme ce poisson :
En France , Dorade , Daurade ou AoU"
rade.
Les Marseillais le nomment particu-
lièrement Aurado.
Les Languedociens appellent ceux
DE LA DORADE. 67
d'un pied, DaMrjf?^; ceux d'une gran-
deur extraordinaire, 5u6rg-Daurad^;
ceux de six pouces , Saaquesme , et
ceux de neuf pouces , Méjanes.
A Narboune , les poissons de six pou-
ces portent le nom de Saucanelles ;
ceux de huit à neuf pouces, dePou-
merengues,
A Venise on le nomme Ora.
A Rome, Orata.
En Sardaigne , Canina.
A Alger particulièrement , Orada.
A Malte , Aurada.
En Espagne , Dorade.
En Hollande, Fergulde ou Goudbraas^
sem.
En Angleterre , Gilt-Head et Cilt-
Poil.
Les Grecs de nos jours le nomment
Sippuris.
Et les Allemands , Goldbrassem. '
Le péritoine est noir en dedans ,
l'estomac long, muni au bout de trois
boyaux borgnes. Le canal intestinal a
Poissons. IIL 6
5ê HISTOIRE NATURELLE
trois sinuosités, le foie est grand , d'un
jaune pâle, la vésicule du fiel est lon-
gue, la rate noirâtre , la vésicule aé-
rienne touche au dos , l'ovaire et la
laite sont doubles.
Linné prend pour caractère de notre
poisson , la tache d'or en forme de crois-
sant au-dessus des yeux : mais cette
tache n'y étant pas toujours , et dispa-
roissant aisément après sa mort , elle
ne sauroit servir de caractère. Salvian
dit que l'on n'en trouve point aux
jeunes. Millier raconte qu'on n'en voit
point dans le dessin de ce poisson , qui
se trouve dans la collection des ta-
bleaux des animaux de l'Afrique de
Blirmann , et sous lequel Linné écrivit
de sa propre main Sparus Aurata. Pour
moi , je puis assurer également que
mon poisson , que j'ai dans de Tesprit-
de-vin, n'en présente aucune trace.
Arlédi cite encore outre cette tache ,
pour caractère ,1e dos tranchant; mais
ïa plupart de ce genre ayant le dos
DE LA DORADE. 5^
ainsi formé , il ne caractérise point
notre poisson.
La tache noire de la nageoire de la
queue que Linné remarqua dans son
poisson , ne doit être qu'accidentelle ,
vu qu'aucun écrivain n'en fait men-
tion , et que Cetti dit expressément
ne l'avoir jamais remarquée. C'est ce
que je puis affirmer aussi.
Groiiov cite dans sa Zoopli. le pois-
son décrit sous le n^. 2'jo pour le nôtre :
mais comme il lui donne la nageoire de
la queue en croissant , des dents poin -
tues , la mâchoire inférieure alongée et
une tête pointue , ce ne peut être lo
nôtre.
Loeffling tient le cocliicato des Es-
pagnols pour le nôtre : suivant sa des-
cription c'est bien une sorte de brème
de mer , mais le sien n'ayant qu'onze
rayons dans la nageoire de l'anus et
une tache bleue en croissant, celui-ci
diffère encore du nôtre.
Belon est dans l'erreur quand il croit
6o HISTOIRE NATURELLE
que notre poisson est inconnu en
France , et que c'est un autre que l'on
y désigne par ce nom. La dernière as-
sertion est vraie , en ce que deux pois-
sons difFérens, savoir le nôtre et la co-
ripliène tachetée ( Coriphaena HippU"
ris L. ) portent le même nom.
Aristote dit que notre poisson dort
quelquefois le jour , et cela parce qu'on
le prend le jour •, il le tient apparem-
ment pour un poisson bien rusé qui sait
échapper aux embûches en veillant,
li'opiniond'Elian que notre poisson est
le plus craintif de tous , me paroît éga-
lement mal fondée.
Salvian qui lui donne les dents en
forme de scie , ne doit pas les avoir
examinées de près.
Le premier dessin de ce poisson est
de Belon; mais il est infidèle , la bou-
che étant représentée grande et la na-
geoire de la queue tronquée.
La nouvelle représentation qui lui
succéda peu après, et que Salvian fit
D E L A D O R A D E. 6l
graver , vaut mieux ; cependant tous
les rayons des nageoires du dos et do
l'anus y sont simples.
La nouvelle figure de Rondelet , qui
parut presqu'au même temps, est meil-
leure ; car les fautes des deux précé-
dentes n'y sont pas.
Le dessin de Gesner rend mal les
nageoires , mais bien le tronc.
Aldrovand a non-seulement copié 1©
dessin de Rondelet , il en a encore fait
un nouveau , mais chargé des mêmes
fautes que nous avons remarquées dans
les précédens.
La représentation de Jonston rend
ce poisson beaucoup trop étroit , et les
rayons de la plus grande partie des na-
geoires y j)aroissent simples.
Tout est mal dessiné chez Kolbe , à
l'exception de la nageoire pectorale.
Willughby a copié Salvian , et
Ruysch est imitateur de Jonston.
La figure de Statius Mliller repré-
sente la bouche beaucoup trop grande,
62 HISTOIRE NATURELLE
et la mâchoire inférieure trop courte.
Celle de Duhamel a bien réussi à
peu de chose près.
Le dessin de Pennant n'est pas si bon ,
parce que la nageoire de la queue y est
presque droite , et la bouche trop
grande.
Je ne devine point pourquoi l'abbé
Bonnaterre a mieux aimé copier ce
dessin, que la figure infiniment meil-
leure de son compatriote Duhamel.
La description des arts et métiers
renferme une copie de la représenta-
tion de Duhamel.
LE PAGRE, spjRvs pagrus.
La peau qui enveloppe le dernier
rayon de la nageoire du dos et de celle
de l'anus de ce poisson , le distingue de
tous les autres. Cette peau est un alon-
gementde celle du tronc aux deux na-
geoires susdites , et couvre non- seule-
ment lesdits rayons , mais encore lA
D U "P A G R E. 6^
base des rayons mous qui composent
ces nageoires. WilUigliby est le pre-
mier qui ait observé cette singularité,
qu'on ne trouve dans aucun autre pois-
son.
La membrane branchiale est compO'
sée de six rayons , quinze forment la
nageoire pectorale , la ventrale en
compte six , celle de l'anus douze , il y
en a vingt dans celle de la queue , et la
dorsale en contient vingt-deux.
La tête comprimée ne commence ses
écailles qu'aux opercules , l'ouverture
de la bouche est petite , les mâchoires
sont d'égale longueur , et par-devant
armées d'une rangée de dents serrées,
petites , pointues et réfléchies. Les
côtés des mâchoires sont garnis de deux
rangs de dents mâchelières arrondies ,
dont les dernières du haut et du bas se
distinguent par leur grosseur ; l'on dc-
couvre derrière les dents de dev^ant
beaucoup de dents petites , émoussécs ,
comme nous l'avons représenté sur la
64 HISTOIRE NATURELLE
planche pour plus de clarté. Le palais
et la langue sont lisses , les os des lèvres
étroits , les lèvres minces , les narines
sont doubles et tout près des yeux , les
postérieures sont ovales. Les yeux ver-
ticaux sont grands , et la prunelle noire
en est bordée d'un iris argenté. Le
front est en pente et la nuque large ,
les opercules sont unis et composés de
deux petites lames cLacun. L'ouver-
ture des ouies est grande et la mem-
brane couverte en partie ; la ligne la-
térale prenant la direction du dos,
n'en est pas éloignée. Le do& est tran-
chant , le ventre rond , et l'anus est
plus près de la nageoire de la queue que
de la tête. Les nageoires se terminent
en une pointe , et celle de la queue
seule en forme deux : les rayons ont
quatre branches, la dorsale a douze
aiguillons , celle de l'anus trois et la
ventrale un. Le fond du poisson est
rouge , tirant sur le jauue , le ventre
argenté et les nageoires rouL^eâtres.
D U P A G E. E. 65
L'on voit sur les côtés des lignes jaunes
qui vont le long du corps , et à la base
de la nageoire pectorale l'on apperçoit
une tache noire , de même qu'au-des-
sus de l'opercule postérieur. Les écailles
lisses et moyennes forment au dos 1©
sillon connu.
Ce poisson se trouve dans la Médi-
terranée , l'Atlantique et dans la mer
du Nord. Athénée et Elian assurent
qu'il passe aussi dans les rivières. Le
dernier raconte que son apparition
dans le Nil , après laquelle ce fleuve
déborde et abreuve les champs arides ,
cause en Egypte une joie générale
parmi le peuple , qui attribue cet eiFel
salutaire à ce poisson , et qui , par un
sentiment de gratitude , lui rend des
honneurs divins , et n'en consomme au-
cun malgré leur grande afflucnce dans
les eaux du Nil. 11 passe encore dans les
rivières de France ; car on le prend dans
leur embouchure. 11 se tient en pi eine
raer et près des côtes ; ici il arrive au
^(y HISTOIRE NATURELLE
printemps , et y dépose son frai sur la
fin de cette saison , suivant l'opinion
de Rondelet. En hiver il cherche les
profondeurs de la mer, pour se mettre
à l'abri du froid , lequel , selon Pline ,
doit le priver de la vue. Le pagre se
nourrit de mousserons , de testacées ,
et il est sur-tout très-avide du frai de
la sèche ( Sepia ) , du chat de mer
( Loligo ) , et de Pécrevisse de sable
( Cancer S cyllarus ) , selon Rondelet.
La chair de ce poisson est sèche,
ferme , mais non coriace. Celui qu'on
prend dans la mer a la chair meilleure
que celui qu^on prend dans les rivières.
Au contraire l'esturgeon ( Acipenser
Sturio ) et l'alose ( Clupea Alosa )
qu'on prend dans les rivières sont meil-
leurs que dans la mer. Cela vient de ce
que les derniers étant ichthyophage»
trouvent l'abondance dans les riviè-
res , et que le premier n'y trouve pas
tant de testacées et de mousserons qu»
dans la mer.
I> U P A G R E. Sy
On cuit d'ordinaire ce poisson à l'eau
salée j on le mange à la sauce hollan-
daise , ou rôti à rhuile , au vinaigre ,
ou bien au jus de citron. Frit , épicé et
mis dans du vinaigre fort , il se conserve
long-temps , et c'est un manger ra-
fraîchissant en été.
Ils s'assemblent d'ordinaire en grand©
quantité , et l'on en prend toujours un
bon nombre à-la-fois. En Sardaigne on
le prend en si grande quantité , qu'on
l'y compte parmi les poissons les plus
communs. On le prend encore aux rives
de Malte , d'Angleterre et au cap Bre-
ton.
Il devient assez grand ; Willughby
en vit un de dix livres à Gênes, et fut
le premier qui lui remarqua la qualité
de répandre dans l'obscurité une lueur
phosphorique , et de reluire comme un
charbon ardent. En hiver on le pêche
dans les profondeurs avec le rets jeté
au fond 5 en été on le pêche à la ligne ;
dans les endroits sablonneux eï peu
6S HISTOIRE NATURELLE
profonds , on le prend à une petite dis-
tance du rivage , avec des filets ordi-
naires.
L'estomac est long , large , et il a
au bout inférieur deux boyaux bor-
gnes longs , et deux*qui sont courts»
Le canal intestinal n'a qu'une sinuo-
sité. Le foie est rougeâtre et divisé en
deux lobes inégaux ; le plus grand
porte une vésicule de fiel longue. La
rate est noirâtre , et la vésicule aé-
rienne est attachée aux côtes de droite
et de gauche.
On nomme ce poisson:
En France , Pagre.
En Angleterre , Hacke , Sea-Bream et
Red Gilt-Head.
Au Cap-Breton , Arroquero»
En Portugal , Phagros.
En Espagne , Parghi,
A l'ile de Malte , Pagru.
En Sardaigne , Pas!;ra.
A Ancone , Arhoretto.
En Dalmatie , Arbum.
D U P A G R E. 69
En Turquie, Merfsan.
En Allemagne , rothe Brassem et Sack"
Jlosser.
En Hollande , Zack Brassem.
Pline et Rondelet croient que ]e3
petites pierres qui se trouvent dans le
cerveau de ce poisson et qui font pro-
prement les os del'ouie, sont cause que
ce poisson ne peut supporter le froid.
Cette opinion est aussi bien un préjugé
de ces temps-là que le conte fabuleux,
que la grande dent de ce poisson por-
tée pendant cinq jours dans les che-
veux , guérissoit la fièvre. Si au reste
ce poisson perd la vue après un hiver
rude , comme Pline le rapporte égale-
ment , c'est ce que de nouvelles obser-
vations des naturalistes peuvent ou con-
firmer ou réfuter.
Quand l'abbé Bonnaterre dit que
notre poisson a quatre dents incisives,
pointues dans la mâchoire supérieure ,
que ces dents sont plus grandes que
les autres , et qu'il ne parvient qu'à
Poissons. III. 7
70 HISTOIRE NATURELLE
trois pouces de longueur, il faut qu'il
ait eu un autre poisson ; car le nôtre
a sur le devant des dents petites de
longueur égale , et il a jusqu'à dix li-
vres de poids.
Ce poisson a beaucoup de ressem-
blance avec le pagel , c'est pourquoi
Rondelet et Willughby ont exacte-
ment recherché et annoncé les mar-
ques distinctives de l'un et l'autre. Le
premier n'a pas même oublié les par-
ties intérieures ; mais ils ont cependant
passé sur une différence essentielle qui
consiste dans la structure des dents ,
vu que le pagel a des dents fortes sur le
devant , et le pagre au contraire en a
de menues.
Nous devons le premier dessin assez
exact à Rondelet ; Gesner, Willughby
et Bonnaterre l'ont copié.
Aldrovand nous a donné un dessin
nouveau , mais fort au-dessous du pre-
mier. Jonston et Ruyscli en ont em-
prunté le leur.
c
A
/'(U/e /y.
To//i . m.
1. \.\\ DENTK . a . r,A JMIF.MK de luc.
:î LA MKNDOI/K.
1) U D E N T É. 71
Belon et Aldrovand dépeignent
l'iris d'or , Rondelet et les autres écri-
vains le disent argentin. Si ce change-
ment provient de l'âge ou de la saison ,
c'est ce que je ne puis affirmer, mais iJ
est clair par-là que la couleur de l'iris
ne caractérise pas un poisson , quoi-
qu'Artédi et Linné le donnent souvent
pour caractère.
Pennant se trompe en soutenant que
les dents de ce poisson égalent celles
de la dorade : vu que celle-ci aies dents
grandes, et le nôtre les a petites et
pointues.
LE DENTÉ, spARus dentex.
Le grand nombre de petites dents et
les quatre canines , dont chaque mâ-
choire est armée , caractérisent ce
poisson.
La memhrane branchiale a six
tayons , la nageoire pectorale en a
quinze, la ventrale six, celle de l'anus
72 HISTOIRE NATURELLE
onze , celle de la queue quinze , et la
dorsale vingt-deux.
La tête est comprimée , en pente et
sans écailles jusqu'à la nuque. Les mâ-
choires sont d'égale longueur , et elles
sont garnies l'une et l'antre d'un ran-
gée de dents très-pointues et recour-
bées. Des quatre canines que nous ve-
nons de rapporter , on en trouve deux
de chaque côté , la dernière estlaplus
grosse , elles sont un peu séparées afin
qu'elles puissent s'engrener avec les
dents opposées, et mieux tenir leur
proie. Entre les grandes dents, il yen
a de petites , et quelques-unes de celles
qui garnissent les côtés, avancent un
peu sur les autres. J'ai encore apperçu
dans la mâchoire inférieure quelques
rangs de dents très-courtes, déliées et
aiguës. Les mâchoires dessinées sur
notre planche le démontrent. La lan-
gue est mince , large et lisse comme
le palais. Les lèvres sont fortes , et les
i)s en sont étroits. Les narines sont dou-
D U D E N T É. 73
feles , les postérieures ovales, les anté-
rieures cylindriques , les unes et les
autres touchent aux jœux , qui sont
verticaux, et dont la prunelle noire
est placée dans un iris orange. Les oper-
cules ont les écailles plus petites, mais
tout aussi dures que le tronc. Celui du
devant a un grand muscle à sa surface
intérieure et une brancliie simple. Au
bord extérieur de la première ouie,
l'on voit des tubercules larges, poin-
tus , dentelés au côté interne, et le
bord intérieur est garni de bosses épi-
neuses ; il en est de même des autres
bords des ouies. Il faut remarquer que
ces bosses sont plus petites sur la se-
conde brancliie que sur la première ^
et qu'elles diminuent dans la même
proportion sur la troisième et la qua-
trième. Ces éminences servent sans
doute à fermer l'entrée aux corpus-
cules qui sont dans l'eau , pendant que
le poisson respire. L'ouverture des
ouies est large , et la membrane est
■r
74 HISTOIRE NATURELLE
cachée. Le tronc est large et milice,
le dos trancliant et sillonné par ks
écailles avancées. La ligne latérale va
le long et prèsdu dos; l'anus s'éloigne
plus de la tête que de la nageoire de la
queue. Les écailles couvrent encore
une partie de la nageoire du dos et de
l'anus et presque la moitié de celle de
la queue , la pectorale en a de petites
à sa base. La membrane des nageoires
est déliée. Les rayons mous de la ven-
trale et de la nageoire de la queue sont
à quatre branches et les autres sont
fourchus. La ventrale porte un aiguil-
lon , celle de l'anus trois , et la dorsale
en a onze.
La couleur dominante de ce poisson
est argentée , nuancée d'un peu de
jaune. La tête est en partie argentée ,
en partie verte dorée , le dos rouge-
brun , les nageoires du ventre et de
l'anus sont d'un jaune foncé , les pec-
toraJes tirent sur le rouge , les dor-
sales et celles de la queue sont jaunes
D U D E N T É. j5
et se terminent en couleur bleuâtre. Ce
poisson devenant vieux , prend la cou-
leur pourpre , et on le dit blanc en
hiver. Les deux taches noires que cite
Willughby , et les trois bandes noires
remarquées par BrUnniclie ne se trou-
vent point à mon poisson , mais j'y ai
bien trouvé des points bleus aux côtés,
sur-tout vers le dos.
Ce poisson se trouve dans la Mer
Rouge , dans la Méditerranée , et à
la Jamaïque.
Il est remarquable que suivant Wil-
lugliby , les petits poissons de cette es-
pèce ne se prennent que très-rarement.
Ce poisson a pour l'ordinaire trois à
quatre livres j dans les environs de
Rome on le prend au poids de dix livres;
à Narbonne on l'achète souvent au
marché du poids de vingt-cinq à trente
livres ; enfin M. Gortier apprend à
M. Duhamel qu'il en a vu un de soi-
xante-seize livres. Rome et Venise en
prennent un grand nombre; il estcom-
76 HISTOIRE NATURELLE
mun en Sardaigne , mais rare à Mar-
seille. En hiver il cherche les profon-
deurs près du rivage ; il les quitte au
printemps , et se porte aux bas-fonds
et vers les rivages. Dans les chaleurs
il cherche une profondeur de huit à dix
toises , qui le garantit de l'influence
nuisible des rayons du soleil. Il fraie au.
mois de mai; il est Carnivore. C'est un
grand voleur , et les endroits de son
séjour étant toujours bien pourvus de
poissons , il peut aisément et en peu
de temps parvenir à une grandeur con-
sidérable.
On le prend avec toutes sortes do
filets, et à la ligne.
Ce poisson est si fort , qu'en attaquant
des poissons pris au filet , il n'en dé-
mord qu'après avoir déchiré le filet.
Aux rives de laDalmatie et du Levant
la pêche en est si grande , qu'on ne sau-
roit le consommer frais, mais on en
transporte une grande partie marinée*
Dans ce cas , l'on dissèque le poisson ,
DÛDENTÉ. 77
on le cuit à demi , on le met au vinai-
gre , en y ajoutant des épiceries, et ou
l'entonne. Ainsi conditionné, il se con-
serve presqu'une année entière. )3a
moins c'étoit l'usage du temps de Jo-
vius , usage que les médecins de ce
temps qui croyoient ce manger fort in-
digeste , blâmèrent extrêmement.
Le foie est composé d'un lobe long
et d'un court. Au premier l'on voit at-
tachée la vésicule du fiel. La rate est
petite , ronde et noirâtre. L'estomac
mince porte quatre boyaux borgnes au
bout. La laite et l'ovaire sont doubles >
la vésicule aérienne est attachée le
long du dos , et paroît être divisée en
deux réservoirs par un rétrécissement.
On nomme ce poisson :
En France , Denté et Dentale.
A Narbonne, on lui donne le nom par-
ticulier de Dentillac.
"En Provence, celui de il/armo.
En Sardaigne , on le nomme Dentice.
A File de Malte, Dentici.
78 HISTOIRE NATURELLE
Les Grecs d'aujourd'hui le nomment
Synagrida.
Les Italiens, Dentelé.
îuCs AnglsLis y Sea-Rough.
Les Hollandais , Taan-Braasem,
Et les Allemands , Zahnbrachsem ou.
Zahnbrassem.
Je trouve que depuis Gesner , les
iclitliyologues ont pris le dentex de
Belon pour notre poisson. Mais sa des-
cription de ce poisson , qui lui donne
cinq dents incisives dans la mâchoire
supérieure , six dans l'inférieure, puis
de chaque côté huit raies rouges tirant
sur le noir le long du corps, une tête
en pointe , et vingt aiguillons dans la
dorsale ( tous caractères, dont mon
poisson n'a aucune trace visible ) , sa
description, dis-je, comparée avec la
nôtre , fait voir d'abord que Belon
a parlé d'un poisson différent ; et que
Duhamel a eu tort de critiquer Belon,
pour avoir attribué des dents incisives
à son poisson. Son synagris au contraire
U U D E N T E. 79
a dans chaque mâchoire quatre dents
avancées sur les autres; circonstance
qui caractérise notre poisson , et qui
me Fa fait citer pour le denté.
Willngliby est dans l'erreur , croyant
que le Denfex et le Synagris de Belon
sont le même poisson , vu que les rai-
sons alléguées prouvent leur différence.
Le doute de Linné , si la Dent de San-
glier diffère du nôtre, se réfute par les
onze rayons de la nageoire de l'anus de
celui-ci, tandis que l'autre n'en a que
neuf.
Klein ne doit avoir examiné notre
poisson que très-superficiellement, vu
qu'au lieu de onze aiguillons, il en at-
tribue quatorze à quinze à sa dorsale.
Le caractère qu'emprunte Gronov
des deux dents extérieures plus grandes
que les deux autres, n'existe que dans
les vieux poissons ; car j'en ai un de huit
pouces , dont les quatre dents sont par-
faitement égales. Ce même écrivain
cite encore improprement pour le nô-
8o HISTOIRE NATURELLE
tre le Gondvisch de Koîbe , qui est la
Dorade. Sa demande, si l'Acara Aya
de Marcgraf est notre poisson , ne peut
s'affirmer , parce que Marcgraf dit ex-
pressément qu'il n'est armé que de
deux dents grosses. Encore a-t-il un ai-
guillon à l'opercule. L'Acara de Marc-
graf, qu'il cite d'après Rai , se distingue
tout-à-fait du nôtre j car, outre que
celui-ci manque de grandes dents, il a
deux taches noires , et la nageoire de
la queue tronquée.
La figure de Willugliby, citée par
Linné pour notre poisson, est une co-
pie de l'Acara Aya de Marcgraf, dont
nous venons de démontrer la différence
à l'égard du nôtre.
Rondelet et Salvian nous ont donné
un dessin au même temps; celui-ci
gravé en bois, l'autre en taille-douce:
l'un et l'autre dessin font connoitre
notre poisson.
Willugliby les a copiés tous les deux,
et Gesner n'a choisi que le premier.
1
\
DE LA BRÈME DE MER. Si
Aldovrand nous donna depuis deux
nouveaux dessins, njais qui sont infé-
rieurs aux deux précédens. Les copies
de Jonston et de Ru5'^sch ne valent pas
mieux.
Le dessin que M. l'abbé Bonnaterre
vient de mettre au jour, est d'après
Salvian.
Les naturalistes de nos jours doivent
vérifier , par des observations ultérieu-
res , si Elian a raison quand il nous ra-
conte que les poissons de cette espèce
qui sont du même âge s'attroupent.
LA BRÊMÊ DE MER,
s P AR US BRAMA.
La rangée simple de dents courtes
et pointues de chaque mâchoire, et les
écailles plus petites au-dessus qu'au-
dessousde la ligne latérale, forment les
caractères de ce poisson.
Les dents de la mâchoire supérieure
sont plus larges au fond que celles de
Poissons. III, â
Si HISTOIRE NATURELLE
l'inférieure; celles-là sont serrées,
celles-ci séparées : celles du haut et du
bas sont recourbées.
La membrane branchiale a six rayons,
la nageoire pectorale en a quinze , la
ventrale six , celle de l'anus treize, celle
de la c[ueue dix -neuf, et la dorsale
vingt-deux.
La tête est petite, comprimée, et
sans écailles jusqu'aux opercules. La
bouche est petite , et les mâchoires sont
d'égale longueur. Les lèvres ne sont
point fortes , et les os des lèvres sont
étroits. La langue est libre et lisse
comme le palais. Les narines sont dou-
bles, les inférieures en forme cylindri-
que, les supérieures ovales, les unes et
les autres, touchent aux yeux; ceux-ci
sont de grandeur moyenne ; la prunelle
est d'un bleu foncé tirant sur le noir ,
et l'iris argenté. Les opercules unis , ar-
rondis, portent de très-petites écailles.
Le postérieur est composé de deux pe-
tites lames ; l'antérieur est pourvu à sa
DE LA BRÈME DE MER. 85
surface intérieure d'une branchie sim-
ple. Le bord extérieur de la première
branchie porte des feuilles minces, dont
le bas est large , le haut terminant en
pointe, et qui ont l'intérieur garni d'ai-
guillons. Le côté interne arqué , et les
autres côtés présentent de petites émi-
nences. L'ouverture des ouics est pe-
tite , et la membrane est toute cachée.
Le tronc est large et mince -, le dos tran-
chant et le ventre rond ; la ligne laté-
rale est large , courbée sur le devant
vers le haut , et sur le derrière vers le
bas. Une ligne de points noirs la bord©
des deux côtés. Les écailles, Irès-atta-
chées dans la peau, sont roides, de-là
le poisson est rude au toucher , lorsque
l'on porte la main de la queue à la tête.
L'anus approche un peu plus de la na-
geoire de la queue que de la tête. La
dorsale est composée de dix aiguillons
et de douze rayons mous ; celle de l'a-
nus de trois aiguillons et de dix rayons;
et le ventre n'a qu'un aiguillon et cinq
84 HISTOIRE NATURELLE
rayons. Tous les rayons mous sont à
quatre brandies , et les premiers en
sont simples. Les aiguillons de la dor-
sale sont raclés et vont au-delà de la
membrane qui les lie , et qui est bordée
de noir. Les écailles au-dessous de la
ligne latérale sont grandes; mais celles
des nageoires de la poitrine , du dos ,
de l'anus et de la queue , sont petites.
Celles-ci de même que les autres na-
geoires , sont rougeâtres , les côtés sont
d'un blanc luisant qui tire sur l'or ; le
ventre est d'une blancheur matte, et
le dos est gris.
Ce poisson se trouve dans le Canal
entre la France et l'Angleterre , aux
côtes de la France , et dans la Mer At-
lantique près du cap de Bonne-Espé-
rance 11 se tient d'ordinaire au rivage
et dans les bas-fonds.
Pour le prendre, on se sert du filet
et de la ligne. Les mois de juin et de
juillet en favorisent la pêche. Il est du
nombre des poissons de proie , les œufs
DE LA RREME DE MEH. 85
et l'alevin des autres poissons lui ser-
vent de nourriture. Il a la chair blan-
che , mais molle , et on l'eslime bien
moins que la dorade , avec laquelle il
a d^aiîleurs beaucoup de ressemblance.
Ce poisson étant grand et pris dans des
endroits pierreux, devient bon, sur-
tout lorsqu'étant grillé on le sert avec
une sauce aux anchois. Dans un orage
ou une tempête , il cherche en foule les
bas-fonds ; c'est de quoi les pêcheurs
savent tirer bon parti.
Ce poisson se nomme :
En France , Brème ou Carpe de mer.
En Allemagne , Seebrassem ; et en an-
glais, the Deep water Bream.
La description que M. Duhamel
donne de la Brème de mer, fait voir
que c'est notre poisson , et il a le mé-
rite d'être le premier qui l'a fait cou-
noître.
Je ne conçois pas pourquoi M. l'abbé
Bonnaterre a omis ce poisson dans la
partie ichlhyologique de rEncycloî)c-
SG HISTOIRE NATURELLE
die qui vient de paroître , vu qu'il est
du nombre des poissons de son pays ;
son ouvrage devroit, suivant le titre ,
donner la relation de tous les poissons
connus. Il a bien parlé d'une brème de
mer ; ce n'est cependant point celle de
Uuhamel, mais la brème aux nageoires
jaunes de l'Amérique {Sparus rhom-
boïdes j Linn. ).
LA MENDOLE, sparus m mn a.
Les treize rayons de la nageoire de
l'anus et les petites dents en forme de
poinçon, sont les caractères qui distin-
guent ce poisson des au très de son genre.
Les dents sont serrées , et chaque
mâclioire en a une rangée. La loupe les
représente recourbées , pointues du
haut , larges au milieu , minces et ron-
des vers le bout ; ayant la forme d'un
poinçon , je les ai nommées telles.
Voyez les mâchoires sur notre plan-
che. Les deux mâchoires sont encore
DE LA M E N D O L E. 87
garnies d'un grand nombre de dents
petites et pointues, placées derrière les
premières.
La membrane branchiale a six
rayons , la nageoire pectorale en a
quinze, la ventrale six, celle de l'anus
treize, celle de la queue dix-neuf, et
la dorsale vingt-trois.
La tête est de grandeur moyenne ,
comprimée et sans écailles jusqu'à la
nuque. La bouche est petite , et les mâ-
choires sont de longueur égale. Le pa-
lais est rude , la langue libre et lisse. Les
narines sont doubles , les antérieures
rondes , les postérieures ovales ; elles
touchent les unes et les autres aux
yeux ; ceux-ci sont placés près du som-
met , ont l'iris rouge , et la prunelle
noire. Les opercules sont unis , arrondis
et couverts d'écaillés. Le postérieur est
composé de deux lames. L'ouverture
des ouies est grande , et la membrane
est cachée en grande partie. Le tronc
comprimé est couvert d'écaillés miu-
88 HISTOIRE NATURELLE
ces. La ligne latérale est presque droite,
et plus voisine du dos que du ventre.
L'anus approche plus de la nageoire de
la queue que de la tête. Les nageoires
sont rougeâtres , leurs rayons mous
ont quatre rameaux, et les aiguillons
de la dorsale sont raclés. La nageoire
dorsale a onze aiguillons, la ventrale
en a un , et celle de l'anus trois ; toutes
les nageoires sont rouges. Le fond de
ce poisson est blanc , nuancé de lignes
bleues. Les côtés présentent une tache
noire au milieu. L'on sait déjà que la
couleur des poissons varie : mais aucun
ne change plus que le nôtre ; car on
soutient généralement qu'il est blanc
en hiver, et qu'il étale plusieurs cou-
leurs en été, sur-tout le bleu.
Rondelet nous assure avoir trouvé
les couleurs de ce poisson bien plus vi-
ves en Italie qu'en France.
Willughby le vit tout blanc à Ve-
nise , où il passa l'hiver , et l'été suivant
DE LA M E N D O L E. 89
il en vit à Rome et à Naples, décorés
de lignes bleues.
Ce poisson habite la Méditerranée î
on le trouve en quantité sur-tout erj
Grèce , Sardaigne , à Malte , Venise ,
Rome , Naples , à Marseille et Toulon.
Ils s'assemblent en fotde près des ri-
vages dans les endroits pierreux et sa-
blonneux , c'est pourquoi Aristote I0
met du rang des poissons de rivage vi-
vant en société.
C'est un poisson iclithyopbage , qui
fait du tort à la pêche , vivant d'alevin.
Onen prend beaucoup à la vérité; mais
n'étant pas d'un grand prix, sa pêche
jie compense point le mal qu'il fait. Il
a la chair maigre , coriace et insipide;
et pendant le frai la chair du mâle
doit contracter une odeur répugnante ;
c'est pourquoi les anciens, comme nous
le dit Martial , ne firent aucun cas de
ce poisson. Cependant la qualité de ce
poisson dépend de la nature différento
de l'eau et de la nourriture , comme
9^ HISTOIRE NATURELLE
c'est le même cas à l'égard de plusieurs
autres poissons. Rondelet dit, qu'il
prend de la graisse en été , et qu'il n'est
point mauvais alors. La femelle étant
remplie d'œufs vaut bien mieux qu'en
tout autre temps. Il se multiplie ex-
trêmement ; remarque qu'a aussi faite
Ovide.
Cepoisson ne devient pas bien grand ;
au moins M. Brlinniche ne lui donne
qu'un empan , et Rondelet sept à huit
pouces.
On le pêche au filet et à la ligne. On
en prend tant à Venise, qu'on ne le
vend ni au poids , ni par pièce , mais
par monceaux. On le sale à cause du
grand nombre. Dioscoride prétend que
sa sauce qu'on boit est purgative, de
même que sa saumure appliquée au
ventre -, de-là cette dénomination indé-
cente des anciens Allemands de Scheys-
serling , la hollandaise de Zee-Schyter
et l'anglaise de Cackerel.
Le péritoine est noir ; il y a quatre
DE LA MENDOLE. 9I
boyaux borgnes au commencement du
canal intestinal. Le foie est grand ,
pâle-jaune , et composé d'un lobe court
et d'un autre long : la vésicule du fiel
jaune est attachée au dernier lobe. La
rate est noirâtre , l'estomac consiste
en une membrane mince et longue, et
la vésicule aérienne est attachée aux
côtes des deux côtés.
On nomme ce poisson :
En France , Mendole.
Au Languedoc en particulier, Caga^
relie fk Narbonne, Juscle ^ à Toulon,
Gerle, et à Marseille Mundoure,
En Angleterre on l'appelle Cackarel,
En Hollande, Zee-Schyter,
A Rome et en Sardaigne, Menola.
A Venise, Menelo.
A Malte, Minula.
Les Grecs d'aujourd'hui le nomment
Maris.
Les anciens Allemands lui donnèrent
le nom de Scheisserou Scheysserling;
92 HISTOIRE NATURELLE
les Allemands de nos jours le nom-
ment Laxir-Fisch.
Les pêcheurs de la Mer Adriatique ,lai
ont donné le nom de Sclave.
Les quatre grandes dents , qu'Artédi
cite comme un caractère de notre pois-
son , ne se trouvent point dans le mien.
Il faut croire qu'il a épousé l'opinion
de Willugbby, qui dit , que les quatre
dents antérieures de la mâchoire infé-
rieure surpassoient les autres en gran-
deur.
Klein confond mal-à-propos le spare
à nageoires rouges de Linné avec le
nôtre ', car celui ci n'ayant absolument
que des dents pointues , et l'autre, au
contraire , étant armé de dents inci-
sives et mâchclières , l'on distingue
d'abord les deux espèces.
Les caractères dont Linné désigne
ces deux poissons sont insuiïisans , n'é-
tant empruntés que des couleurs.
Le premier dessin de Belon est
mauvais.
DE LA M E N D O L E. gS
Rondelet nous en donna un meilleur
.peu après.
Gesner en donna aussi un nouveau ,
mais qui ne fait qu'égaler le premier.
Aldrovand copia celui de Rondelet,
y en joignit un nouveau, mais qui est
au-dessous du premier.
Willughby a copié celui de Ronde-
let ; Jonston et Ruysch ont imité Ges-
ner.
De nos jours, Duîiamel a fait faire
un nouveau dessin de ce poisson , qui
n'a pas non plus réussi ; car les nageoi -
res y sont si mal dessinées, qu'on ne
sauroit distinguer les aiguillons des
rayons mous.
Le dessin de Duhamel a été imité
dans la description des Arts et Mé-
tiers.
Enfin, IM. l'abbé Bonnaterre a, de-
puis peu , fait copier de nouveau le des-
sin de Rondelet.
Les vertus médicinales que Galène
et Pline attribuent à notre poisson ,
Poissons, TIÎ. g
9^ HISTOIRE NATURELLE
n'ont point été confirmées par les écrits
suivans des médecins.
LE SPARAILLON, sp.4rus annularis.
La tache noire de la queue et les
quatorze rayons de la nageoire de Fa-
ims , distinguent aisément ce poisson
des autres de son genre.
Il a six rayons dans la membrane
branchiale, quatorze dans la nageoire
pectorale, six dans la ventrale, qua-
torze dans celle de l'anus, vingt dans
celle de la queue, et vingt- quatre dans
la dorsale.
La tête est petite , en pente, com-
primée et sans écailles jusqu'aux oper-
cules. Les mâchoires sont de longueur
égale, garnies sur le devant de dents
pointues incisives , et aux deux côtés
de mâchelières arrondies.
La mâchoire inférieure présente
deux rangées de ces dernières , et la
supérieure eu a quatre, comme notre
>m .1/1.
J'm/c ç4.
lulL SPAUAILT.ON. 2 T.'Œir. DE lUlAl F
3 . liA CAST.VGNOLE .
Y
DU S P A R A I L L O N. gS
estampe le représente pour plus de
clarté. Les narines sont doubles, celles
de devant rondes , les autres ovales et
toutes les deux plus près des yeux que
du museau. Les lèvres sont içrosses et
les os en sont étroits. La lan<;ue est
libre et le palais est lisse; la prunelle
est noire, l'iris jaune. Les opercules
sont arrondis et unis. Le premier mon-
tre au côté interne une brancbie sim-
ple. Le corps est couvert de petites,
écailles lisses, qui s'étendent aussi sur
la base de.^* nageoires de l'anus et de la
queue. Le dos est trancbant , le ventre
rond; la ligne latérale est plus près du
dos que du ventre, et l'anus plus près
de la nageoire de la queue que de la.
lête. La nageoire dorsale est composée
de onze aiguillons et de treize rayons
ramifiés, et l'anus de trois aiguillons et
de onze rayons égaux aux précédens.
La ventrale a à la base une appendice;
elle est composée d'un aiguillon et de
wnq rayons mous, divisés en quatre
96 HISTOIRE NATURELLE"
pointes comme les autres. Le fond da
poisson est jaune, nuancé par les écailles
argentines. Le dos avec sa nageoire , de
même que celles du ventre et de l'anus ^
sont noirâtres ; des raies d'un noir-brun
traversent le poisson depuis le dos jus-
ques vers le ventre , où elles se perdent»
La nageoire pectorale et celle de la
queue bordée de noir, sont rougeâtres.
Ce poisson se tient en divers endroits
de la Méditerranée; M. Briinniche le
vit à Marseille , V/illuglib}'' dans la mer
Açlriatique; Salvianle met au nombre
des poissons romains , et Cetti le compte
parmi les poisons de la Sardaigne. On
le trouve encore en Turquie et en Ara-
bie La grandeur de ce poisson ne va
guère au-delà de dix pouces. N'étant
que mince et ayant la chaire molle, les
riches ne le mangent point ; cependant
la chair devient ferme quand on la rô-
tit, et alors elle n'est pas mauvaise. Ils
se tiennent en troupe près des rivages ,
el ils vont aussi aux lacs et aux rivières
DU SPARAILLON. 97
OÙ il y a encore de l'eau salée. En hi-
ver, ils se caclient dans les profondeurs ,
se serrant de bien près pour se garantir
da froid. Après une longue léthargie
d'hiver, ils reparoissent tout maigres
au printemps. Il y a des époques où ils
font des voyages considérables. Plijie
met le temps du frai à l'équinoxe. lU
se multiplient extrêmement , vivant
de l'alevin des écrevisses , crabes ,
moules et limaçons; ils mordent par-
là aisément à l'hameçon muni d'un
morceau de crustacée. On les prend
d'ordinaire au filet. On en prend un
grand nombre en Sardaigne , sur-tout
au mois d'octobre. Le lac de Caçliari
est fort célèbre par la pêche du spa-
raillon. Sa pêche est encore considéra-
ble dans la Mer Adriatique, mais en-
core plus dans les eaux de la Toscane.
Le péritoine est noir , l'estomac
long, mince , et le bout garni de cinq
appendices. Le canal intestinal est
long, et forme plusieurs sinuosités-, le
gS HISTOIRE NATURELLE
foie est rougeâtre , la vésicule dn fiel-
longue, et contient un fiel verd clair^
La rate est petite et bleuâtre.
On nomme ce poisson :
'EnFraxïce , Sparaillon , Sparulus, Spat-
gus et Spai'las.
A Narbonne , il a le nom particulier
de Raspaillcn , et à Marseille de
Canté.
En Italie il s'appelle , Sparlo,
En Dalmatie , PizL
En Turquie , Smind.
En Espagne, Spargoil.
En Sardaigne, Sparo et SparagUoreo
A l'île de Malte, 5parg-«.
En Angleterre , Annulai' Gilt-head.
En Allemagne, Schwarzringel^ Rin^eî-
brassem et Sparbi'assem.
Les iclithyologues anciens et mo-
dernes ne sont pas d'accord, si Aristot»
a déjà connu notre poisson , et si c'est
î'asparaglus d'Elian.
"Rondelet soutient la première opi-
nion , Salvian, Aldrovand et Jonston
DU S P A R A I L L O N". ggr
sont pour la dernière. Artédi est de
l'opinion de Rondelet, et Sclineiderde
celle de Salvian.
Il est vrai que Belon nous a donné
la première figure de notre poisson ;
mais, outie qu'elle est très -mauvaise ,
elle a encore le défaut de lui avoir
donné des dents incisives larges.
Rondelet donna également un des-
sin nouveau , mais mauvais aussi.
Celui que nous tenons de Salvian ,
vaut un peu mieux; cependant il re-
présente tous les rayons de la dorsale
mous, et la taclie qui désigne la queue
y est omise.
Aldrovand nous en a encore laisse
un dessin nouveau , mais peu exact.
Gesner a copié Rondelet, et ajouté^
un dessin nouveau , mais bien plus
mauvais.
Jonston , Ruyscîi et Willugliby ont
fait copier le dessin de Salvian.
De nos jours ; Duhamel nous en a
ÎOO HISTOIRE NATURELLE
fourni un dessin qui a été copié dans la
description des Arts et Métiers.
C'est avec raison que Forskal re-
marque , contre Linné , que notre pois-
son n'a point la tache bordée , que
Linné cite comme caractéristique ,
n'ayant qu'une simple tache noire sans
bordure.
La figure de Belon est cause appa-
remment qu'Artédi donne des dents
incisives larges à notre poisson; faute
qu'il n'auroit pas commise , s'il avoit
en même temps lu sa description.
Notre poisson ayant tant de ressem-
blance avec la dorade et le sarcuet ,
qu'à Rome il n'a point de nom dis-
tinctif , et se trouve confondu avec les
autres; il ne sera point superflu d'ana-
lyser ici les points qui les dilTérrn-
cienL Savoir : la dorade a une tache
d'or passant sous l'oeil , et une tache
violette derrière les ouies ; mais le
nôtre n'a qu'une tache noire à la
queue; d'ailleurs, le noire n'a dans ia
D E l' (E I L D E B (E U F. JO î
mâchoire inférieure que deux rangs de
mâchelières, mais l'autre en a trois.
I^e sarguet a des lignes d''or longitudi-
nales, qui manquent au nôtre , et sur
le devant il a des dents incisives, et le
nôtre en a de pointues.
Selon les observations de M. Cavo-
îini, que je viens de lire , notre poisson
se rassemble au printemps, quand il
veut frayer , en foule dans les creux
qui se forment sous la terre des ro-
chers.
L'(EIL DE BCEUF,
s P A R U s MACR0PHTHAL3IUS,
Ce poisson se distingue par ses grands
yeux , et les quatre dents canines dans
la mâchoire supérieure.
La membrane branchiale est munie
de six rayons , la nageoire pectorale
de quinze , la ventrale de six, celle
de l'anus de onze , celle de la queue
de vingt, et la dorsale de vingt-deux.
102 HISTOIRE NATURELLE
La tête est en pente , cora primée
et sans écailles iiisqu'aux opercules.
La bouche grande , les mâchoires de
longueur égale , dont les côtés sont
garnis seulement d'une rangée de dents
petites et pointues , mais sur le devant
on en voit plusieurs rangées. La mâ-
choire inférieure a les huit dents du
devant plus grandes que les autres.
Les os des lèvres sont larges, les na-
rines doubles près des yeux. La langno
libre est lisse ; les grands yeux ont la-
prunelle noire , l'iris rouge et jaune.
Les opercules sont unis , composes de
deux petites lam€s, et à l'opercule, du
devant l'on découvre une branclue
simple. Les poils des franges sont sim-
ples , les dents sur le petit arc bran-
chial sont rondes , et dentelées aux
côtés. Le tronc est large par-devant ,
étroit par-derrière. Le dos et le ventre
sont minces, la ligne latérale près du
dos forme avec lui un arc peu courbé ,
et l'anus est au milieu du tronc. Les
DE L'cSIL DB BdUF. lo3
écailles forment à l'anus et au dos un
sillon •, la nageoire de l'anus a trois
aiguillons et huit rayons mous , la
dorsale dix rayons mous , et douze
aiguillons ; la ventrale n'a qu'un seul
aiguillon , et les autres nageoires n'en
ont point. Tous les rayons mous, à
l'exception du premier de la nageoire
pectorale et de celle de la queue , sont
ramifiés en huit brandies.
La couleur est jaune , nuancée par-
les écailles blanclies et dentelées ; les
nageoires ventrales et pectorales sont
rouges à leur extrémité et jaunâtres
à leur base ; la nageoire de l'anus est
jaune à l'extrémité et rouge à la base;
la dorsale estrougeâtre sur le devant,
et se perd dans le jaune sur le der-
rière j celle de la queue est jaune et
se termine en couleur grisâtre. Les
lignes qui descendent de la tête à la
queue, sont d'un rouge foncé vers le
dos , et jaunâtre au ventre.
104 HISTOIRE NATURELLE
Ayant reçu ce poisson d'un encan
hollandais , j'ignore sa patrie.
On le nomme :
L'iEil de Bœuf , en français.
Vas Grossauge , en allemand.
Et The Goggle-eye , en anglais.
LA CASTAGNOLE, sparus raii.
Les écailles qu'on voit à toutes les
nageoires , font le caractère distinctif
de ce poisson.
La membrane branchiale est com-
posée de cinq rayons , la nageoire pec-
torale de vingt , la ventrale de six ,
celle de l'anus en a trente-deux , celle
de la queue vingt-deux , et la dorsale
trente-huit.
Le corps comprimé est large sur le
devant, étroit vers la queue; la tête
très en pente est couverte d'écaillés
iusqu'au nez. La mâchoire inférieure
est la plus longue , et garnie de deux
ranimées de dents minces et pointues »
DE LA C A S T A G N O L E. 1 OO
la ranffée intérieure a les dents les
plus longues. Les unes et les autres
sont recourbées et séparées j et les es-
paces sont occupés par d'autres dents
plus petites. La mâchoire supérieure
est armée d'une rangée de dents sem-
blables, derrière lesquelles l'on en voit
un grand nombre en forme de lime.
La langue est aussi denticulée sur le
derrière , ainsi que le devant de la
gueule et du palais. Les os des lèvres
sont longs et larges; les narines soli-
taires touchent aux yeux; ceux-ci
sont grands, la prunelle en est noire ,
l'iris jaune. Les opercules sont unis ,
et les ouvertures des ouies très-grandes.
Les écailles sont molles , lisses et cou-
vertes d'une peau. Les nageoires de
l'anus et du dos ont aussi les rayons
couverts d'écaillés. La ligne latérale
courbée sur le derrière n'est guère éloi-
gnée du dos , et l'anus est plus près de
la tète que de la nageoire de la queue.
Toutes les nageoires se terminent en
Poissons, m. lo
ïo6 HISTOIRE naturelle:
pointe, et ont des rayons mous à
quatre branches. Les trois premiers
rayons de la dorsale , les deux de Tanus
et le premier de la ventrale sont les
seuls piquans qu'il ait. L'on remarqué
une appendice à la base de la dernière.
Le dos est noir, les côtés sont d'un
bleu clair , et le ventre tire sur l'ar-
gentin. Les nageoires de la poitrine
et du ventre sont jaunes , les autres
bleues.
Ce poisson dont Rai nous a fait la
première description , et que Jonston
en 1681 trouva pendant la marée
basse , au rivage de la baie de Middel-
bourg, habite probablement l'Océaa
septentrional, et il ne peut être venu
Jà que par un effet du hasard. Pennant
le compte à la vérité du nombre des
poissons d'Angleterre , et Duhamel
parmi ceux de la France : mais ni l'un
ni l'autre n'ayant rien dit ni de sa
pèche , ni de sa valeur , ni de son ap-
prêt, il doit y être rare. Donc sa vraie
DE LA CASTAGNOLE. I07
patrie m'est inconnue. Aussi a-t-il
trop peu de ressemblance avec d'au-
tres poissons de mer et de rivière , pour
pouvoir con}ecturer qu'il se vende sous
le nom d'autres poissons, comme cela
arrive souvent.
Le poisson de Rai avoit vin?t-six:
pouces de long sur seize de large ; le
poisson de Duîiamel avoit dix: -huit
pouces de long ; sur dix de large ; le
mien est un peu plus grand.
On le nomme :
T.n anglais , Toothcd Gilt-Head..
En France et en Allemagne il s'appelle,
Castao^nole.
Rai , le premier qui ait décrit notre
poisson , le rangea parmi les carpes ;
mais le manque de dents caractérisant
ces poissons, et le nôtre en étant armé ,
il doit être exclu de ce genre. Rai a en-
core oublié les dents en forme de lime.
Willugbby nous en donne le premier
dessin , mais les nageoires du dos et de
l'aniisy sont représentées sans écailles j
J08 HISTOIRE NATURELLE
et les rayons isolés. L'appendice à la
nageoire ventrale et la ligne latérale
y sont aussi omises. Ces deux carac-
tères manquent encore au dessin que
Pennant nous a donné de ce poisson ,
et les deux dents canines dans la mâ-
choire inférieure , remarquées par cet
auteur , ne se trouvent ni dans mon
poisson ni dans les dessins de Rai et de
Duhamel. Le dernier nous a doimé
une figure nouvelle et bonne , mais
elle ne rend point les écailles des na-
geoires , dont le texte ne fait men-
tion non plus. Je trouve encore qu'il
n'y a que les trois premiers rayons
qui soient durs , et non les six pre-
miers comme cet auteur le prétend.
Outre cela ce ne sont pas les huit
premiers rayons de la dorsale et de
la nageoire de l'anas , qui sont les plus
longs , mais dans la première ils s'a-
longent depuis le quatrième jusqu'au
dixième , et dans la dernière depuis le
troisième jusqu'au septième.
DE 1. A :<3 A S T A G N O L Èe 1Q§
• Ïj£l descriptiori et la figure qui se
trouvent dans l'ouvrage intitulé , Des-
cription des Arts et Métiers , appar-
tiennent à Duhamel.
11 faut s'élônner que M. l'abbé Bon-
naterre ne connoisse ce poisson que
d'après Pennant , dont il a copié le
dessin dans la partie ichlhyologique
de l'Encyclopédie , et qu'il lui ait
donné le nouveau nom de Brème
denté , tandis qu'il eût pu adopter la
dénomination plus juste , et la repré-
sentation bien meilleure de sou coin -
patriote Duhameli ''"''^ • ''"'' '
Ce poisson , quoique décrit par Rai
et peint par Willaglïby , n'a point été
reçu d'Artédi ni de Linné. Aussi^a*^
t-il été omis dans la nouvelle édition
fort augmentée du système de Linné
par Gmelin. Enfin il faut remarquer
encore , qu'il est trois sortes de pois-
sons en France connus sons le nom
de Castagnole. M. Duhamel en cite
deux , et M. Brlinniche un.
IIO HISTOIRE NATURELLE
La castagnole des Génois et des
Sardes n'est point notre poisson , mais
bien le poisson susmentionné , le Crin.
LE PAGEL , spjRus erythrinus.
Les douze aiguillons , dont la dor-
sale est armée , et le double rang de
mâclielières font le caractère de ce
poisson.
-! La membrane brancbiale m'offre
cinq rayons , la nageoire pectorale en
.a, dix-sept , la ventrale six , celle de
l'anus douze , celle de la queue vingt,
et la dorsale vingt-deux.
La tête est en pente et alépidote,
d'en liaut jusqu'à la nuque et des
côtés jusqu'aux opercules ; les mâ-
choires sont de longueur égale ; celle
d'en haut est munie de deux os de
lèvres, et l'une et l'autre sont bien
armées. Les dents antérieures sont
fortes et pointues , les dents latérales
fiont en forme de perles , et Ton dé-
Tom . J/I.
Pa^e jjo .
a.IJ'l PAGEI. . ^.LF. SPARFi rave.
3.1/ANCllK.
......... ;TY
kr-.. _3E. MA USA
DU P A G E L. lit
couvre derrière les dents de devant
beaucoup d'autres petites dents poin-
tues , rangées sur deux lignes. Il a les
narines doubles , les yeux grands , la
prunelle noire, l'iris jaune et argen-
tin. La langue est libre , étroite et lisse ,
de même que le palais. L'opercule an-
térieur consiste en deux lames à angles
obtus , et le postérieur est arrondi ;
l'ouverture des ouies est grande , la
membrane cacbéc •, \a. surface interne
de l'opercule antériciir montre une
brancbie simple. Le tronc est large et
mince ; les écailles lisses forment un
sillon pour la nageoire de l'anus et du
dos. Le dos est caréné et le ventre
rond ; l'anus approche plus de la na-
geoire de la queue que de la tête. La
couleur rose sur les côtés, nuancée par
les écailles argentines , donne à ce
poisson un air de beauté. Cette cou-
leur se perd chez les vieux poissons.
Les nageoires tirent sur le rouge. La
dorsale compte douze aiguillons et dix
112- HISTOIRE NATURELLE
rayons fourchus, la nageoire de l'anus
a trois aiguillons et neuf ra)'"ons mous
à quatre branches , la ventrale a un
aiguillon simple et cinq rayons à cinq
branches , les rayons des nageoires
pectorales et de celle de la queue sont
ramifiés.
Ce poisson habite plusieurs mers!
JuGS Grecs le connurent dans leurs
eaux j Jovius et Salvian le comptent
parmi les poissons romains, Cetti ^
parmi ceux de la Sardaigne, Forskal;
parmi ceux de Malte , Briinnichej
parmi ceux de Marseille , et Plumié^'
J'a dessiné d'après pâture aux An-
tilles.
Aristote met ce poisson dans "là
classe de ceux qui habitent la pleine
mer , Oppian le range parmi les pois-
sons des rivages. L'un et l'autre n'ont
raison qu'en partie ; car en hiver
il cherche la mer, et au printemps
comme en été il habite les rivages
pour y déposer son frai j et comme
DU P A G E L. Iî3
plusieurs autres poissons s'y rendent
dans le même dessein , il s'y arrête
encore, pour assouvir sa voracité par
l'alevin : et étant muni d'un double
rang de mâcbelières , il cherche aussi
les testacées , comme les moules, les
limaçons , les écrevisses , &c.
Sa grandeur diffère d'après les écri-
vains. Salvian prétend qu'il est rare
de le voir plus large qu'une main ;
Brîinniche le vit à Marseille , au delà
d'un empan et demi , et le manuscrit
du père Plumier nous dit qu'aux An-
tilles il prend plus d'un pied. La cause
dé cette différence consiste dans les
embûches plus ou moins fréquentes
d'un côté , et de l'autre dans le manque
ou Tabondance de nourriture suivant
les contrées.
Le dessin que je donne est de Plu--
miér. Je l'ai comparé avec les origi-
naux que î'ai de ce poisson , et à la
grandeur près , tout y répond.
Ce poisson , sur-^tout pris en hiver
Il4 HISTOIRE NATURELLE
et en pleine mer , a la cliair blancîie ,
grasse et d'un goût exquis , particu-
lièrement quand il est frit. Jovius va
même jusqu'à soutenir, qu'étant frit
d'abord après la pêche, et mis ensuite
pendant quelques jours au jus d'orange
épicé , il surpasse tous les autres pois-
sons pour le goût.
Il fraie en avril , vu qu'au commen-
cement de ce mois ses ovaires sont
gonflés. Il se multiplie fort , et son ac-
croissement dépend de la contrée plus
ou moins abondante en nourriture de
son séjour.
Il est du nombre des poissons vivans
de proie, qui vont par troupe , et il
dévore non -seulement de petits pois-
sons , mais aussi nombre de testacées ,
comme nous venons de le rapporter.
Le foie de ce poisson est blanchâtre,
et consiste en deux labes , l'un long et
l'autre court ; sous le premier il y a
un estomac long , et dont la membrane
est mince • on y voit quelques appen-
D U P A G E L. 1 1 5
âices vermiculaires ; la vésicule du
fiel est grande , le canal intestinal est
long , et il a plusieurs sinuosités ; la
laite et l'ovaire sont doubles j la rate
est grande et noirâtre.
Ce poisson est connu sous différens
noms.
Les Allemands le nomment Roth-
schuppe.
Les Hollandais , Roode Brasem.
Les Français, PageletPagear;\es Mar-
seillais en particulier , Pageau ; les
liabitans d'Antibes , Parreu.
A Rome on le nomme , Frangolino et
Fragolino.
A Venise , Alhoro et Arboro»
En Espagne , Pogel
A Malte , Pagella.
En Sardaigne , Pagello,
Aux Antilles, Bouccanegre,
Et en Angleterre, Sea-Rough.
Linné donnant entr'autres pour ca-
ractère à ce poisson, la nageoire de la
c[ueue peu échancrée ; doit avoir eu
îl6 HISTOIE.E NATURELLE
un poisson endommagé , ou bien un
dessin défectueux ; car les trois pois-
sons que je possède, et le dessin de
Plumier , ont cette nageoire fourchue ;
et d'ailleurs, la description de Belon >
le dessin de Rondelet et de Salviany
répondent parfaitement.
Aristote se trompe, en disant que
cette espèce n'a point de poissons mâ-
les , qu'elle peut se propager sans
mâle , et qu'elle est remplie d'oeufs en
toute saison \ car Jovius vit souvent
des mâles, et trouva l'ovaire des fe-
melles sans œufs. Mais si cet écrivain
conclut de-là , que Veiythrinus d' Aris-
tote diffère dafragoli?io des Romains
il a donné trop de confiance à Aris-
tote. On a remarqué à plusieurs es
pèces de poissons, qu'il y en avoit plus
de femelles que de mâles : apparem-
ment qu' Aristote n'avoit vu que de
femelles qui avoient des œufs , et jugé
par-là que celte espèce n'avoit point
de riiâles. Pline , qui a rectuilli les
DU PAGE L. 117
observations des autres sans en faire
lui-même , n'est que l'écho de son pré-
décesseur , et il dit par conséquent
d'après lui, que cette espèce n'étoit
composée que de femelles toujours
remplies d'oeufs.
C'est à tort que Millier cite le I^arfe
d'Olafsen pour le nôtre -, car le dessin
d'Olafsen prouve que c'est un poisson
étroit ) avec dix-huit rayons dans la
nageoire du dos et la nageoire de la
queue ronde ^ marques qui ne se trou-
vent point dans le nôtre.
Belon nous a donné la prf?mière
représentation de ce poisson taillée en
bois , et peu après, Salvian une autre
en taille-douce : elles ne sont pas mau-
vaises pour leur temps. J'en dirai au-
tant du dessin de Rondelet , qui parut
bientôt après les deux premières.
Gesner encore nous donna un dessin
nouveau, qu'il fît faire à Venise, et
qui , d'après sbn propre aveu , ne vaut
pas Celui de Rondelet.
Puissons. m, H
Il8 HISTOIRE NATURELLE
Aldrovand nous fournit dans la
suite deux dessins nouveaux qui sont
bien plus mauvais encore , et il se con-
tredit lui-même , ne donnant au pois-
son que la largeur d'une main , tandis
qu'il le représente beaucoup plus long.
AVillughby a copié Salvian , Jonston
a copié Gesner , et Ruyscli a pris
Jonston pour modèle.
Le dessin que nous trouvons dans la
partie nouvellement publiée de l'En-
cyclopédie méthodique , représente
mous tous les rayons des nageoires
ventrales et de celle de l'anus.
Du temps que tout s'expliquoit sui-
vant les principes d'Aristote , il étoit
fort aisé d'attribuer à cbaque être ,
suivant la nature de son élément pré-
dominant , une vertu médicinale. Or
notre poisson ayant la chair sèche , et
non visqueuse , elle devoit , suivant
Galène , guérir la diarrhée provenant
d'humeurs superflues : mais, considéré
comme poisson en général, étant d'une
DU S PARE RAYÉ.' 115
nature humide et froide , Jovius s'in-
dispose contre les médecins qui le pro-
hibent dans les maladies chaudes, con-
tre le sentiment d'Hippocrate , qui
soutient que les remèdes froids sont
salutaires dans ces maladies.
LE SPARE RAYÉ , sp^rus riTTATus.
Les trois raies bleues loneitudi-
nales distinguent ce poisson.
La membrane branchiale a cinq
rayons , la nageoire pectorale seize ,
la ventrale six , celle de l'anus dix,
celle de la queue dix «- huit , et la dor-
sale dix-neuf.
La tête est en pente , comprimée et
alépidote j usqu'aux opercules ; les na-
rines solitaires et rondes sont plus
près des yeux que de la bouche ; la
prunelle des yeux noire est dans u\\
iris blanc et rouge. Les mâchoires
presque d'égale longueur sont armées
par-devant de quatre dents canines, çt
120 HISTOIRE NATURELLE
derrière celles-ci, comme décote , de
beaucoup de petites dents pointues,
dont celles de la mâchoire inférieure
sont cependant les plus grandes. Les
03 des lèvres à la mâchoire supérieure
sont étroits; le palais , les opercules et
les écailles sont lisses ; l'ouverture des
ouies est grande , et la moitié de la
membrane branchiale est cachée ; le
tronc est étroit; l'anus est moins loin
de la queue que de la tête , et la ligne
latérale est fort proche du dos.
Les trois raies bleues prennent à
l'œil ; la première d'en haut , qui va lo
long du dos, se perd à la fin de la na-
geoire dorsale , les deux autres se ter-
minent à la nageoire de la queue ; elles
embellissent le poisson , en nuançant
bien îe fond argentin. Les nageoires
de la poitrine et du ventre sont rou-
geâtres , les autres jaunes et bleues en
partie. Tous les rayons mous sont rami-
fiés : la dorsale compte onze aiguillons,
la ventrale un , et celle de l'anus trois.
D E L'A N C R E. lai
Le Japon est la patrie de ce poisson.'
On le nomme :
En français, le Spare ra\L
jKn allemand , der Blaust-reiff.
Et en anglais, the blue - striped Gilt-
head.
L'ANCRE, sPARus ancho3.ago.
Les treize aiguillons du dos et les
canines tournées en dehors, caracté-
risent ce poisson Les dents de la mâ-
choire inférieure étant tournées en de-
hors et courbées en dedans , ressem-
blent en quelque façon à une ancre.
Gela m'a donné l'idée de le nommer
ainsi. Les anciens donnèrent le nom
d^ancliorado au saumon , parce que la
mâchoire inférieure du mâle fait la
figure d'un crochet.
L'on trouve cinq rayons dans la
membrane branchiale , six dans la na-
geoire ventrale , quinze dans la pecf o-
rale , douze dans celle de l'anus , seize
122 HISTOIRE NATURELLE
dans celle de la queue , et vingt - uri
dans la dorsale.
La tête est grande , en pente et
comprimée ; elle n'a point d'écaillés
jusqu'aux opercules : l'ouverture de la
bouche est grande ; les lèvres sont
fortes, et les mâchoires d'égale lon-
gueur. Outre les susdites dents cani-
nes, dont on voit quatre en bas et deux
en haut , les côtés sont encore garnis
d'un rang de dents petites et pointues,
et la mâchoire supérieure en a une à
l'angle ; cette dent avance sur les au-
tres. La langue , le palais et les oper-
cules sont lisses ; les narines sont soli-
taires et près des yeux : ceux-ci tou-
chant au sommet , ont la prunelle noire
et l'iris bleu. L'ouverture des ouies
est grande, et le côté interne de l'oper-
cule antérieur montre une branchie
simple ; le tronc comprimé est caréné
au dos , rond au ventre , et couvert
d'écaillés grandes et lisses ; la ligne la-
térale forme avé-c le dos dont elle est
D E L'A NC R E. l23
voisine un arc ; la dorsale de ce pois-
son n'est point aussi longue que celle
du précédent : elle est composée de
treize aiguillons raclés et de huit
rayons à quatre branches. La nageoire
de l'anus a trois aiguillons et neuf
rayons mous ; la ventrale a un aiguillon
et cinq rayons mous : ces derniers sont
à huit branches , comme ceux des au-
tres nageoires. Les nageoires ventrales
sont plus en arrière que les pectorales j
toutes forment une pointe, mais ccIIq
de la queue en forme deux. La tête et
les nageoires sont rougeâtres,et il n'y
a que la dorsale qui tire sur le bleu ,
couleur également propre aux bandes
transversales dont ce poisson est mar-
qué : le fond est jaune.
Tenant ce poisson d'un encan hol-
landais , )e n'en puis rien dire de posi-
tif , sinon qu'il appartient au nombre
des poissons vivant de proie , ayant la
bouche si bien armée.
12^* HîbTOiRE NATURELLE
On le nomme :
En France , l'Ancre. ar- :
En Allemagne , der Ankerzaîïri,
En Angleterre , the Anchor-toqllu ',
«i
LE SPARE DU JAPON,
s P A R U s } APON I C US,
Tous les poissons avec la nageoire
de la queue en forme de croissant ,
ayant plus ou moins de dix aiguillons
au dos, le nombre de dix sert à carac-
tériser celui-ci.
L'a ' membrane brancîiialje compte
cinq rayons \ la nageoire pectorale en a
dix-huit ; là ventrale en contient six;
celîe^e l'anus est composée de dix ;
dixt-îiait constituent celle dfe la queue ^
et la dorsale consiste en dix - neuf
ra3'^ons.
La tête courte, en pente, comprf-
mée , n'a point d'écaillé^ jusqu'aux
opercules • les mâchoires dont l'infé-
rieure est la plus longue^ ne sont gar-
Tom . m.
-Poi/e jz^
nc.ret'e de/- Jourdan Jculp
il.E SPARF, dn Japon, i . I-E SVARK de
Smniiani. 3 . 1.A DENT DE CHIKN . 4 •
1,1', SPAT\11 à aaatro piqnauts .
t....
"Y
. uiA
DU SPARE DU JAPON. 125
nies que d'une seule rangée de dents
courtes et pointues • le palais et la
langue sont lisses, les os des lèvres
longs et larges ,les narines solitaires et
tout près des yeux : ceux-ci sont
«rands , verticaux , et ont la prunelle
noire et bordée d'un iris bleu et argen-
tin. Les opercules sont unis -, l'ouver-
ture desouies est grande, et lenr mem-
brane est cachée; le tronc est compri-
mé , la ligne latérale droite et près du
dos; Fanus avoisine plus la nageoire
de la queue que de la tête*, les écailles
sont grandes et lisses, le dos en est
sillonné.
La dorsale est composée de dix ai-
guillons et de neuf rayons mous , la na-
geoire de l'anus de trois aiguillons et
de sept rayons mous, et la ventrale ,
qui est longue , est arwiée d'un aiguil-
lon et de six rayons mous. Toutes ont
une partie rouge et une grise. Tous
les rayons mous , à l'exception des
premiers , sont à quatre branclies.
Ï2G HISTOIRE NATURELLE
Le haut de la tête est brun, le bas
argentin , l'opercule jaune , le tronc
argentin aux flancs, et brun au dos ;
des lignes jaunes vont de la tête à la
queue.
Le nom du poisson en désigne la pa-
trie. Il conserve le même nom en an-
glais et en allemand.
LE SPARE DE SURINA
SPARUS SURINA M ENSIS,
M,
Les quinze aiguillons du dos et la
3igne latérale interrompue, constituent
les caractères de ce poisson.
Il a cinq rayons dans la membrane
branchiale , la nageoire pectorale en
compte quinze , la ventrale six , celle
de l'anus onze , celle de la queue seize ,
et la dorsale vin^t-huit.
Le corps est mince , la tête fort en
pente , n'a point d'écaillés jusqu'aux
opercules , l'ouverture'de la bouche est
|)etite , les mâchoires sont d'égale Ion-
DU SPARE DE SURINAM. 127,
gueur et garnies d'une rangée de pe-
tites dents pointues. Le palais , la
langue et les opercules sont lisses , les
narines solitaires prennent le milieu
entre les yeux et la bouche ; ces pre-
miers ont la prunelle noire et l'iris ar-
genté. I/ouverture des ouies est grande
et la membrane cachée. La ligne laté-
rale s'interrompt comme de coutume
au bout de la dorsale, vis-à-vis de celle-
ci , elle reprend et va en ligne droite
jusqu'au milieu de la nageoire de la
queue. L'anus approche plus de cette
dernière que de la tête. Les écailles
sont lisses , minces , plus grandes au
tronc qu'aux opercules , dont l'anté-
rieur les a plus petites que le posté-
rieur , et les écailles de la poitrine
sont plus petites que toutes les autres.
Des bandes rouges traversent le fond
jaune de ce poisson. Les nageoires sont
jaunâtres et rayées de brun ; l'on re-
marque trois taches noires aux côtés,
dont l'une est près de l'opercule, l'au-
1:^8 HISTOIRE naturelle'
ti'e au milieu du corps , et la troisième
touche la nageoire de la queue. Les
rayons mous sont tendres et pour la
plupart fourchus. La dorsale consiste
en quinze aiguillons raclés et en treize
rayons mous , celle de l'anus a trois
aiguillons et huit rayons mous , la ven-
trale est longue , et n'a qu'un aiguillon
sar cinq rayons mous.
Ce poisson est nommé d'après Suri-
nam , sa patrie.
LA DENT DE CHIEN,
SPARUS CY N 0 DO X.
Les quatre dents canines de la mâ-
choire supérieure , et les quatorze
rayons de la nageoire de l'ânus distin-
guent cette espèce de poisson des autres
du même genre.
On compte cinq rayons danslamem-
brane branchiale , quinze dans la na-
geoire pectorale , six dans la ventrale ,
nnatorze dans celle de l'anus , vin^t
DE LA DENT DE CHTEN. 129
dans celle de la queue , et vingt-cinq
dans la dorsale.
La tête termine en pointe émoussée
et n'a point d'écaillés jusqu'aux oper-
cules ; les yeux grands et ovales ont la
prunelle noire et l'iris bleu argenté.
Les narines sont solitaires , ovales et
près des yeux. Les opercules sont unis
et couverts d'écaillés, celui de derrière
finit en pointe. Les mâchoires sont d'é-
gale longueur et armées d'une rangée
de dents séparées, dont celles de la mâ-
choire inférieure sont les plus longues
après les canines mentionnées. L'ou-
verture des ouies est large , et la mem-
brane des ouies est couverte en partie ;
la ligne latérale va près et le long du
dos en direction presque droite , et l'a-
nus est plus près de la nageoire de la
queue que de la tête. Les écailles sont
lisses , minces et petites. La tête et les
côtés sont jaunes , le ventre est argen-
tin tirant sur le jaune , le dos est bru-
wâtre tirant sur le verd, les nageoires
Foissons. IIX. ^^
3 5o HISTOIRE NATURELLE
de la poitrine, du ventre et de la queue
sont rouges , celle du dos est jaune sur
le devant et rouge sur le derrière , celle
de l'anus est jaune à la base et rouge
vers l'extrémité. La dorsale a onze
aiguillons , et la nageoire de l'anus en
a trois. Les rayons mous ont quatre
brancLes , excepté à la nageoire de la
queue, oij. ils sont divisés en plusieurs
rameaux.
J'ai reçu ce poisson du Japon sous le
nom 6CIcan Cacatoea Ija ; les Hollan-
dais qui habitent le Japon, lui donnent
le nom de Papageifisch. Mais ayant reçu
de ces contrées un grand nombre de
poissons sous ce nom , ses dents m'ont
servi à le dénommer : '
En français , la Dent de chien.
En allemand, der Hundszahn,
Et en anglais , the Do^s-toolh.
DU S P A R E , Sec. \3\
3L£ SPARE A QUATRE PIQUANS ,
SPARVS TETRACANTIIUS.
Les quatre aiguillons de la nageoire
de l'anus distinguent ce poisson des
autres de son genre.
La nageoire pectorale a treize rayons,
la ventrale huit , celle de l'anus onze ,
celle de la queue vingt-deux, et la dor-
sale dix-huit.
La tête est fort en pente et sans
écailles jusqu'aux opercules, les os des
lèvres sont larges, les mâclioires de
longueur égale , et les narines doubles^
occupent le milieu entre le museau et
les yeux 5 ceux-ci ont la prunelle noire
dans un iris argenté. Les écailles des
opercules n'ont pas la grandeur de celles
du tronc. L'ouverture des onies est
large , et le dessin que j'ai emprunté du
père Plumier , ne montre dans la mem-
brane branchiale que trois rayons. Le
tï;ouc est large ,1a ligne latérale près du
l32 HISTOIRE NATURELLE
dos et courbée comme celui-ci. L'anus
est au milieu du corps. La nageoire
dorsale a onze aiguillons et sept rayons
mous à cinq ou six branches ; celle de
l'anus a quatre aiguillons et sept rayons
mous, les autres nageoires sont com-
posées de rayons ramifies. La ventralo
de ce poisson se distingue de tous les
autres spares , en ce qu'elle est com-
posée d'un aiguillon et de sept rayons
mous.
La tête , le dos et les nageoires sont
d'un jaune pâle tirant sur le violet , la
ventre est argentin et le dos violet.
La ligne latérale commence près d'une
tache blanche bordée de noir.
Ce poisson, suivant le père Plumier ^
habite les eaux des Antilles. Il parvient
à une grandeur remarquable , vu que
le dessin de Plumier est bienplusgrand
que celui que je présente.
On nomme ce poisson :
En allemand , den Vierstachel.
DES PERROQUETS BE MER. î33
En français , le Spare à quatre pi-
quans.
Et en anglais, the four spîned Gilt'
head,
LES PERROQUETS DE MER
ou SCARUS.
DES SCARUS EN GÉNÉRAL.
Je suis arrivé , suivant la réparti-
tion de Linné , aux quatre genres si
difficiles à distinguer d'après le senti-
ment unanime des naturalistes. Ce sont
les sparaillons (i), les perroquets (2)^
lesombresdemer (3) etlesperclies (4).
Linné convient lui-même qu'il est dif-
ficile de distinguer les sparaillons des
perroquets. 11 croit que les ombres de
( 1 ) Sparî.
(2) Labrî.
(3) Sciaenoe.
(4} Percae.
î34 HISTOIRE NATURELLE
mer tiennent le milieu entre les perro-
quets et les perches , et que par-là leurs
caractères deviennent indéchiffrables;
et il finit par soutenir que ces derniers
ne diffèrent des trois genres précédens
que par un opercule des ouies dentelé;
donc il seroit inutile de prouver par
des exemples que les caractères qu'il
cite , ne peuvent suffisamment dési-
gner et différencier les espèces de cha-
que genre. Si son opinion , que les per-
ches se distinguent des trois autres
genres par la dentelure de l'opercule ,
étoit fondée, le premier coup-d'œil les
discerneroit aisément: mais nombre de
sparaillons, de perroquets et d'ombres
de mer portant la même marque, elle
ne sauroit entièrement caractériser les
perches.
Forskal, vrai disciple de Linné, ss
plaint également de l'insuffisance des
caractères que son maître prête aux:
genres mentionnés ; car il dit avoir
trouvé à quantité de perroquets et de
DES PERROQUETS DE MER. i35
perches , un opercule dentelé j plusieurs
sparaillons et un bon nombre de per-
ches, dit-il, ont aussi bien que les om-
bres de mer, un sillon au dos qui de-
vroit leur être généralement propre ;
il dit encore que les aiguillons de la na-
geoire dorsale de plusieurs perches ont
leurs ramiilcations , tandis que ce ca-
ractère ne de voit appartenir qu'aux
pei^roquets. Mes propres recherches
m'obligent non- seulement de confir-
mer tout ceci , mais d'ajouter encore
que j'ai trouvé ces ramifications à nom-
bre de perroquets et de sparaillons.
Ajoutez à la grande ressemblance de
ces poissons, la difficulté causée par le
grand nombre : car chez Linné même,
qui n'a pas reçu dans son système tous
les poissons connus de son temps (pro-
bablement parce que lés descriptions
ou les dessins n'avoient point la clarté
nécessaire pour les classifier) , les pois-
sons des quatre genres cités , font de
tous^ceux de son système, au-delà du
]56 HISTOIRE NATURELLE
quart , et près de la moitié des thoraci-
ques. Les quatre classes du chevalier
donnent quatre cent une espèces , sa-
voir : vingt apodes, trente-cinq jugu-
laires , deux cent dix - neuf thoraci-
ques, et cent vingt-sept abdominaux,
qu'il répartit en quarante-sept genres,
dont les quatre nommés ci-dessus con-
tiennent cent huit espèces. Ajoutez à
ces cent huit les poissons des autres au-
teurs, et ceux dont je donnerai la des-
cription , espèces qu'on ne trouve pas
chez Linné , et dont le nombre, comme
nousl'allons voir, va jusqu'à trois cent
vingt -deux, et vous aurez un total de
quatre cent trente poissons.
Ces circonstances m'ont porté à faire
Renouvelles répartitions, et à les ap-
puyer sur des caractères qui soient sta-
bles et qui frappent aisément la vue.
Après les recherches et les comparai-
sons les plus exactes, je découvris que
les écailles et les aiguillons de la tête ,
les opercules unis ou dentelés, les na-
DES PERROQUETS DE IVTEE.. iSj
geoires du dos et les mâclioires avan-
cées caractérisent avec le plus de certi-
tude , les genres sous lesquels j'ai rangé
tous Oeî» poissons.
Après ces considérations, nous reve-
nons aux scarus. Le caractère généri-
que de ces poissons est : Des mâchoires
avancées au lieu des dents. Piscis maxil'
lis prominentihus loco dentium.
Les poissons de ce genre se distin-
guent aisément par les mâchoires den-
telées et avancées au-delà des lèvres.
Nous citons, à la vérité, cette mar-
que , pour caractériser les hérissons ;
mais ceux là n'ayant point de nageoires
ventrales , et leur substance cartilagi-
neuse les faisant ressortir à la classe des
poissons cartilagineux , la distinction
est aisée. Les mâchoires fendues de ces
poissons ont l'apparence d'être munies"
de quatre dents fortes. Leur forme
denticulée varie', les incisions étant
plus profondes chez l'un que chez l'au-
tre. La tète est grosse; le corps charnu
l38 HISTOIRE NATURELLE
a sept nageoires, deux au ventre, au-
tant à la poitrine, une au dos, une à la
queue , et la dernière entre la queue
et l'anus. Leur nourriture consiste ça
écre visses et coquillages, et c'est en les
broyant que les mâchoires fortes les
servent bien.
Ils demeurent dans les pays chauds
de l'ancien monde ; les écrivains ne di-
sent nulle part, si les eaux méridio-
nales du nouveau monde en nourrissent
aussi : mais j'en ai reçu un par M. le
docteur Isert, du nord de l'Amérique ,
que je ne tarderai pas à décrire.
Les anciens n'ont aucun poisson dont
la description puisse me servir ici»
J'at/c j3(/
Tom . M
i.I.E &CARLr8 (ijoc. a. IX SCAUHS rouo-c.
3. \A\ SCAHUS vci a
DU 8 C A R U S GREC. l'Sç^
XXXII r GENRE
LE SCARE, scjRUS.
Caractère génér. Des mâclioires avan-
cées à la place des dents.
LE SCARUS GREC,
SCARUS CRETENSIS.
Ij A nageoire dorsale sans aiguillons,
sulfit pour caractériser ce poisson.
La membrane branchiale me présente
quatre rayons , la nageoire pectorale en
a seize, la ventrale six, celle de l'anus
onze, celle de la queue dix -huit, et
celle du dos vingt.
Il a la tête grande , en pente , et
toute couverte d'écaillés. Les lèvres
sont grosses , les mâchoires denticu-
l4o HISTOIRE NATURELLE
lées. Vers l'angle, on y découvre trois
crochets courbés en arrière, par où le
poisson pris, lorsqu'il résiste, s'accro-
clie plus sûrement. Les narines sont
rondes , petites , simples et près des
yeux ; l'ouverture des ouies est fort
large, et leur membrane couverte en
)jartie. Les écailles sont très-grandes et
fortement sillonnées; la ligne latéral©
commence à la partie supérieure de l'o-
percule , s'étend près du dos , et forme
sur chaque écaille trois jusqu'à six
rayons d'un brun foncé. L'anus est au
milieu du corps. La couleur des flancs
est d'un jaune verd , celle du ventre
tire sur le jaune , celle du dos et de la
tête sur le verd brun. Les nageoires
sont jaunes , et vertes au bout. Un©
prunelle noire dans un iris blanc et
étroit , forme l'œil ; les rayons des
|uageoires sont forts et ont beaucoup
de ramifications. Les nageoires ven-
trales s'éloignent plus de la tête que
les pectorales. L'opinion que ce pois-
BU SCARUS GREC. î4l
svn se trouve dans les eaux de laGrèce^
Ji'est fondée que sur l'épilhète de
Cretois qu'Aldrovand donne à ce pois-
son.
La description que Listre donne de
ce poisson, s'est fait apparemment d'a-
près un original indien, comme nous
l'annonce le titre : Tardas viridis Indi-
ens. On le trouve encore dessiné parmi
les poissons indiens de Renard.
J'ai reçu le mien, qui est dessiné
d'après nature , d'un encan hollandais ,
dont le catalogue lui donne les Inde»
pour patrie , sous le nom de Kakatoe-
visch»
Les Allemands le nomment grie-^
cJiîsche Papageifisch ou grunliche Breit-
sahn; aux Indes il s'appelle Kakatoeha
Capitâno, et les Hollandais de ces ré-
gions la nomment Kakatoevisch.
La gravure en bois d'Aldrovand est
assez juste, sauf qu'elle représente la
tête sans écailles, et les nageoires ven-
trales antérieures aux pectoralerr. L'cs-
Foissons. lit. i3
l42 HTSTOIRTJ NATURELLE
lampe que Willugbby nous donna peu
après est très-mauvaise, de même que
les dessins de Jonston et de Ruysch ;
celui de Klein est meilleur; cependant
il y a omis la ligne latérale et la forme
échancrée de la nageoire de la queue.
A la question de Gronov : Si la dou-
zième espèce des labres d'Artédi indi-
que notre poisson , ]e puis répondre
affirmativement j car la confrontation
de la description d'Artédi et du dessin
d'Aldrovand , sur lequel la première
est appuyée , avec notre figure , dé-
montre qu'il s'agit du même poisson.
Il faut que le poisson de cette es-
pèce que Gronov a eu devant les yeux,
ait été endommagé , puisqu'on des
caractères qu'il lui donne, est la na-
geoire de la queue tronquée. Il se
trompe encore en confondant le caca-
toelia de Banda décrit par Valentyn
avec le nôtre , car c'est le Corypbasna
pentadactyla de Linné. Son jugement
est également faux louchant le rasoir
DU se A RUS ROUGE. l43
de Gesner , qu'il tient pour notre pois-
son, et qui appartient aux rasoirs.
Mon opinion se vérifiera si l'on veut
comparer la description de Gesner et
de Linné avec celle que je fais de ce
poisson. Les dessins de Renard et de
Valentyn , si on les compare à leurs
autres mauvais dessins , passent en-
core.
Apparemment que lesdits dessins
de Renard et Valentyn ont porté Bod-
dart à soutenir que tous les rayons de
la nageoire dorsale de notre poisson
étoient aigus ; mais notre auteur a
parfaitement raison de critiquer Gro-
nov pour avoir voulu faire de notre
poisson un coffre.
LE SCARUS ROUGE,
SCARUS CROICENSIS.
La nageoire de la queue arrondi©
distingue ce poisson du genre précé-
dent com.me du suivant.
l44 HISTOIRE NATURELLE
Sa membrane branchiale me pré-
sente quatre rayons , sa nageoire pec-
torale douze , la ventrale en a six ,
celle de l'anus onze , celle de la queue
quinze, et celle du dos dix-neuf. ■
La tête est plus petite que celle de
ceux de l'espèce précédente ; elle est
garnie d'écaillesjusqu'au front; la peau,
des lèvres est grosse, et une recliercbe
exacte fait voir que les mâchoires
sont composées de petites feuilles bien,
minces , couchées les unes sur les au-
tres comme des tuiles. Le plus grand
des individus que je possède de cetto
espèce et qui diffère quant à la gran-
deur , me fait remarquer à la mâchoire
supérieure un crochet courbé en ar-
rière ; et sur le devant j'ai découvert
deux pointes saillantes.
La mâchoire inférieure au contraire
ne présente point de pareille émi-
nence , et les petits de l'espèce Wen
ont pas non plus à la supérieure. La
langue est courte , épaisse et lisse ^ de
DU se A RUS ROUGE. i4J
îïiême que le palais. Les yeux ont la,
prunelle naire et l'iris doré ; les na-
rines sont doubles , très-voisines des
yenx , et celles de devant cylindri-
ques ; le corps est assez large et la
queue comprimée. Le fond rouge
perce agréablement la couleur argen-
tine. Le ventre seul est blanc, et ua
de mes individus représente deux
bandes de la même couleur qui vont
le long du corps. Les nageoires sont
petites, les écailles grandes, minces,
finement rayonnées, et fort dégagées.
La ligne latérale qui commence près
des yeux, va d'abord parallèle au dos,
mais ensuite elle forme une courbure
au bout de la nageoire du dos et va
se perdre au milieu de la nageoire de
la queue j elle forme plusieurs rayons
sur chaque écaille qu'elle traverse.
Les nageoires pectorales , celles de la
queue et du ventre ont la racine jaune
et l'extrémité grise. L'on découvre au
fond de la nageoire ventrale une ap-
l46 HISTOIRE NATURELLE
pcndice osseuse. L'anus tient le milieu
entre la tête et la nageoire de la queue,
Xia nageoire dorsale a neuf aiguillons,
les nageoires du ventre et de l'anus
n^en ont qu'un. Chacun des neuf pre-
miers est ramentacé ou garni d'un fila-
ment. Les rayons mous de toutes les
nageoires ont les extrémités ramifiées.
Ce poisson habite les deux Indes. Je
l'ai reçu sous le nom de Ican Cacataea
merra , et le docteur Isert, qui l'a péché
lui - même aux Antilles près de l'île
de Ste-Croix , me l'a envoyé des Indes
occidentales.
Les Allemands le nomment der
rothe Papageifisch ; chez les Japons il
porte le nom que nous venons de
citer, et les Hollandais de cette con-
trée l'appellent de rode Papagei Fisch.^
1> tJ s C A R U s V E R D . l^if
LE SCARUS VERB^
SCARUS VIRIDIS,
La ligne latérale interrompue vers
la fin de la nageoire dorsale distingue
ce poisson des deux précédens.
La membrane des ouies a quatre
rayons , la nageoire pectorale quatorze ,
la ventrale six , celle de l'anus onze ,
celle de la queue treize ; et celle du.
dos vingt.
La plus grande partie de la ligne
latérale va le long du dos , le reste
au milieu de la queue.
La nageoire de la queue est droite ,
elle a treize rayons verds et qui sont
l>eaucoup ramentacés , les deux der-
Sjiers sont les plus longs. Le poisson
a les mâchoires très-fortes. Le plus
grand des six individus que je pos-
sède , me montre près de l'angle de
\a. mâchoire supérieure un petit cra-
eliet courbe eu arrière \ un autre beau-
l48 HISTOIRE NATURELLE
coup plus petit en a deux , l'un en
haut et l'autre en bas ; ceux d'une
grandeur moyenne en ont encore deux
de la même façon, mais ils manquerst
totalement aux autres. Cette même
variété se manifeste dans les bandes
vertes de la tête et dans les rayons
verds de la nageoire de la queue ; plus
le poisson est petit et plus sa couleur est
vive et frappante. Le plus petit poisson,
par exemple, a la nageoire de l'anus
et de la queue tout-à-fait verte , tandis
que le plus grand a les nageoires sim-
plement bordées de verd. Les écailles
sont arrondies , rayonnées et garnies
d'un bord verd. L'œil C3t petit , la
prunelle noire et l'iris rouge. Dcnx
ouvertures rondes qu'on peut appeler
les narines, occupent le milieu entre
l'œil et la bouche.
Le Japon qui est la patrie de ce
poisson , en produit un grand nombre.
Je ne saurois déterminer sa grandeur ;
BU SCÀRT7S VERD. l49
3'en ai pris le dessin d'après le pluç
grand de mes individus.
Le nom allemand de ce poisson est
der gr'ilne Fapageîfisch , les Hollandais
le nomment aussi de groene Cacaioea ^
et au Japon on l'appelle Cacafoea Yoe,
LesjFrançais l'appellent Bodian.
Je trouve dans Renard la fiiînre d'un
poisson , qui appartient à ce genre ;
mais le dessin en est si mauvais , qu'il
est impossible de juger si c'est celui
dont il s'agit ici.
l5o HISTOIRE NATURELLE
XXXIV GENRE.
LE BODIAN, BODiANUs.
Caractère gêner. L'opercule écailleux ,
armé, le bord uni.
LE BODIA-N", BODIANUS sodzakus.
Les douze aiguillons de la nageoire
dorsale et les pointes de toutes les
nageoires sans exception , font le ca-
ractère qui distingue ce poisson des
autres de ce genre.
iSa nageoire pectorale est munie de
treize , celle du ventre de six , celle
de la queue de quinze , et la dorsale
de vingt -deux rayons.
La tête est petite et finit en pointe
obtuse-, les mâchoires sont de longueur
f'om .J//.
J'a</e yJo
X. liFi BODIAN . % .liR JACOB Evçrtscn .
aia: JAGUAR.
3^« * ^ •' ^ w '
DU B O D I A N. l5l
égale, et armées de plusieurs rangs de
dents cunéiformes ; les rangs anté-
rieurs ont de chaque côté deux dents
fortes sur le devant , et beaucoup de
petites sur le derrière.
L'on ne découvre que deux narines
rondes près des yeux , les écailles sont
si douces au toucher , que , suivant
Marcgraf , on croiroit le poisson tout
uni.
Ce poisson a les écailles petites à
la tête et à la poitrine , mais grandes
au reste du corps. Les yeux un peu
saillans ont la prunelle noire dans un
iris blanc et rouge. L'opercule anté-
rieur finit par un gros aiguillon. La
membrane branchiale présente à la
vérité quatre rayons à la vue ; mais
je n'en puis déterminer le nombre ,
parce que mon dessein est pris du
manuscrit du prince Maurice. C'est
cette même raison encore, qui m'em-
pèchc de déterminer le nombre des
rayons de la nageoire de l'anus , c£
l52 HISTOIRE NATURELLE
de désigner la ligne latérale. La parlîe
du poisson qui forme la queue est
longue et "comprimée , et sa nageoire
ressemble à la queue d'une hirondelle»
La plus grande partie du poisson a
le fond doré , et les écailles sont bor-
dées de rouge ; la moitié du dos est
pourpre , et les écailles ont le boi d
bleu •, les nageoires pectorales et ven-
trales sont pourprées; le milieu de la
nageoire de l'anus est jaune , le reste
est de la couleur des autres -, la na«-
geoire de la queue est bordée de roii-
ge -, la dorsale est au commencement
pourprée , puis rouge , et dorée au
bout.
C'est un poisson de mer, et, suivant
la relation de Piso , les Brasiliens en
tirent le parti que les Européens ti-
rent de la carpe. Sa cliair est très-
bonne ', il atteint la grandeur de nos
carpes , selon le prince Maurice : mais
Marcgraf prétend qu'il ne surpasse
point celle de la perche } ce dernier
t)U JACOB EVERTSEN. t63
iî'â vu apparemmenl que de petits
poissons de cette espèce", tandis que
l'aulre en a vu de plus grands.
Ce poisson se nomme :
Bodian , en Allemagne et en France.
u^ipimixira et Tetimixira au Brésil.
Pudiano et Bodiano vermelho chez les
Portugais.
La description de Marcgraf doit
avoir été faite d'après un poisson ,
dont la nageoire de la queue avoit
perdu ses pointes; sans quoi il n'eût
pu lui prêter une forme quarrée. Son
dessin, copie de celui du prince Mau-
rice, donne à cette nageoire une forme
fourchue, qu'elle a aussi dans le nôtre.
Piso, Willugliby , Jonston et Ruysch,
ont copié celui de Marcgraf.
LE JACOB EVERTSEN,
BODIJNUS GUTTATUS,
Ce poisson se distingue des autres
de son genre par les deux dents ca-
Poissons. III. lÀ
l54 HISTOIRE NATURELLE
nines à cliaque mâchoire , et par les
trois aiguillons de l'opercule ; car oa
ces dents manquent aux autres , ou
leurs opercules ont moins d'aiguil-
lons.
lia membrane branchiale m'offre
cinq rayons , la nageoire pectorale
quatorze , celle du ventre six , celle
de l'anus onze , celle de la queue dix-
sept , et la dorsale vingt-cinq.
Ce poisson a la tête longue , l'oper-
cule grand , l'ouverture de la bouche
large , et la mâchoire inférieure plus
longue que la supérieure. Les deux
mâchoires ont, outre les deux grandes
dents qui rentrent l'une dans l'autre,
un grand nombre de petites réfléchies.
La mâchoire supérieure peut sor-
tir -, elle est garnie des deux côtés ,
d'une forte moustache ou d'un os qui
prend la place de la lèvre. Les na-
rines sont doubles ; l'œil a la prunelle
noire dans un iris d'or ; l'ouverture
des ouies est fort large , et la inem-
BU JACOB EVERTSEN. l5S
brane dégagée s'appuie sur des os très-
forts et courbés. Le corps est cliarnu^
d'un brunâtre jaune , jusqu'aux na-
geoires qui , près du fond , tirent sur le
jaune. Les nageoires du dos, du venir©
et de l'anus ont une bordure violette»
L'on voit par-tout des taches brunes ,
rondes , et celles des nageoires sont
les plus foncées. Les écailles sont très-
petites et très- serrées ; les nageoires
du dos , de la queue et de l'anus en
sont couvertes en partie.
C'est à ses taches que ce poisson doit
le nom de Jacob Evertsen; car un pilote
de ce nom qui étoit présent lorsque lo
poisson fut pris , avoit le visage défi-
guré par des taches et des marques de
petite vérole ; ce qui donna occasion
aux matelots de nommer ainsi ce pois-
son par raillerie , et c'est depuis ce
temps que les Hollandais donnent ce
nom à tous les poissons de cette espèce
qui ont de petites taches.
liCs deux Indes et l'Afrique le pro^.
î56 HTSTOTRE NATURELLE
duisent. On en prend sur-tout un grand
nombre près de l'ile Ste-Hélène ; ce-
pendant Lister observe qu'il donne des
maux de tête quand on le mange. Si
je ne me trompe pas dans l'opinion que
le jewfîscli de Brown est le même que
le nôtre , les eaux de la Jamaïque le
nourrissent encore. Suivant cet écri-
vain il pèse deux à trois cents livres •
sa chair a îe goût exquis, et il est fort
estimé dans ces contrées.
Le nombre des aiguillons de la na-
geoire dorsale est de neuf -, les troÎ3
aiguillons de la nageoire de l'anus dif-
fèrent, en ce que le premier est court ,
les deux autres .sont longs et forts ; le
premier rayon delà nageoire ventrale
est aussi dur et simple , mais, lus autres
rayons , de même que ceux des autres
nageoires , sont mous et ramifiés. La
ligne latérale est large, elle s'étend à
la proximité du dos, depuis la tête
jusqu'à lanageoirQ de la queue. L'anus,
DU JACOB nVEUTSEN", i5j
approche plus de la nageoire de la queue
que de la lête.
Ce poisson qui a la chair honne et
ferme , vit de proie, et il niord aisé-
ment à l'hameçon. J'en ai reçu trois
individus du Japon , dont le plus grand
a servi pour la figure.
On nomme ce poisson :
Chez les Français, le Jacob Evertse.
Chez les Hollandais , Jacoh Evertsen.
En Allemagne, der Jacob Ei^ert6en,
Chez les Anglais , theJew-Fish.
Au Japon , Ican Ocara.
Chez les Malais, Ganimin. '
Rai se trompe croyant que le cucu- ,
puguacu de Marcgraf soit noire pois-
son, la comparaison du dessin de Marc-
graf avec le mien , en fait sauter hi
différence aux yeux. La figure que le
prince Maurice a donnée me prouve
encore que le cucupuguacu diffère sen-
siblement du nôtre.
Par les mêmes raisons le cucupu de
Piso n'est pas non plus le nôtre comme
l5S HISTOIRE NATURELLE
Gronov le prétend. Cet écrivain cite
encore le grooper de Brown pour le
nôtre ; mais cet auteur donnant à son
poisson quelques points noirs aux yeux
et une grande tache noire à la fin de la
nageoire dorsale , le nôtre au contraire
n'ayant aucune tache au dos, tandis que
le corps en est entièrement couvert >
ce ne peut être le même poisson. Je
trouve bien plus de ressemblance entre
le mien et le jew^fish de cet auteur ,
qui est tout-à-fait tacheté de petits
points noirs.
Le premier dessin de ce poisson est
de Bontius , dessin qui est fort mau-
vais ; celui de Renard n'est guère meil-
leur , non plus que celui que nous te-
nons de Nieuhof , et dont nous troa-
vons la copie dans Willughby ; mais la
copie que nous trouvons dans Séba est
assez bonne.
Je viens de recevoir un transport de
poissons, avec une lettre de M. John ,
daas laquelle il aie dojaucj touchant ce
DU JAGUAR, i5^
poisson qui se trouve parmi les autres y,
le renseignement suivant : « Le pois-
)i son marqué, qui dans la langue ma^
)) laie est appelé Ganimirij atteint une
» longueur de quatre pieds ; il n'est pas
)) si abondant chez nous qu'à Manar.
« On le prend dans toutes les saisons \
» il est très-gras et fort estimé des Eu-
» ropéens. Il habite la mer , mais il
î) entre dans les fleuves au temps où il
M fraie , et il met ses œufs en des en-*
» droits pierreux ».
LE JAGUAR,
30D1ANVS PENTACANTHUS.
Les cinq aiguillons de l'opercule an-
térieur caractérisent ce poisson , et le
font discerner des autres de son genre.
La nageoire pectorale a quinze , la
ventrale seize , celle de Tanus douze ,
celle de la queue dix-huit , et celle du
dos vingt-neuf rayons.
H a. la tête petite et tronquée, H
iGo Histoire naturelle
mâchoire supérieure avance sur l'infé»-
rieure , et un os en place de lèvre la
garnit, les deux mâchoires sont armées
de dents pointues et détachées. Les na-
rines doubles , les yeux noirs, l'iris est
blanc et argentin. L'ouverture des
ouies est peu large et la membrane
branchiale couverte. La ligne latérale
forme dans la proximité du dos un ai^
peu courbé , et l'anus occupe le milieu
de l'espace qui sépare la tête de la
queue. Les écailles argentines sont
dentelées avec une bordure rouge;,
couleur qui embellit tout le corps, à
l'exception de la partie antérieure de
Li nageoire dorsale qui est jaune. Les
nageoires pectorales et ventrales sont
étroiteset finissent en pointe. Tous ces
rayons mous des nageoires se ramifienJt,
et l'on trouve un aiguillon dans la na-
geoire ventrale , deux dans celle de
l'anus , et onze dans celle du dos , la-
quelle se retire dans un sillon au gré
au poisson. La q,ueue est longue et
DU J A G U A E. î6l
roncîe , et la partie supérieure de sa
nageoire fourchue est plus longue que
l'inférieure.
Ce poisson qui habite la mer du Bré-
sil , se prend à l'hameçon , entre les
écneils oii il aime à demeurer. Il a la
chair grasse et de bon goût ; sur-tout il
s'engraisse , selon Piso , dans le temps
des grandes pluies ; apparemment que
ces pluies amènent beaucoup de nour-
riture du continent à la mer.
Jje nom que nous avons donné à co
poi'?st)n , suivant les Brasiliens , est :
Jaguaraca , au Brésil.
Le Jaçruar , chez les Français.
Dec Jaguar y en Allcma<Tae.
The Jaguar , en Angleterre.
J'ai tiré la copie de ce poisson du
manuscrit du prince Maurice , très-
mal copié par Mircgraf , à qui ni)us
sommes cependant redevables de la pre-
mière description. L'on p?ut en <lire
autant des figures d^ Piso , de Wil-
ÎLîghby , de Jouoton et de Ruysch, qui
î62 HISTOIRE NATURELLE
paroissent toutes tirées de celle de
Marcgraf , tant elles se ressemblent.
A la question de Gronov : Si le ja-
guaraca de Marcgraf est son deuxième
holocendre ? je puis répondre que non ^
car celui-ci ayant la mâchoire infé-
rieure plus longue que la supérieure ^
et le nôtre se trouvant dans le cas op-
posé , leur différence caractéristique
est sensible.
L.E BOENAC , bodiànus boenjCc
liE corps cerclé et la uageaire de la
queue arrondie , distinguent ce pois-
son.
Je remarque sept rayons à la mem-
brane des ouies , quinze à la nageoire
pectorale,six à la ventrale, onze à celle
de l'anus, dix sept à celle de la queue ,
et vingt-cinq à celle du dos.
. La tête est étroite , rayée au long,
et finit en pointe , l'ouverture de la
bouche est petite ^ la mâchoire infé-?
T,>„> . I//.
J^qi/c j02
ZJej-eve c/e/ . Ze illire il\'u/i> ■
1 liE BORNAC . a . l/AYA. .
3 . LK r>Oi:)l AN taclicte .
Cr..
TY
3GE, MA U5A
I
D U 13 OE N A C. l63
iicnre avancée , les deux mâclioires
sont garnies de petites dents pointues ,
dont cependant les deux antérieures
sont les plus longues. Les narines sont
simples et tiennent le milieu entre
l'ouverture de la bouche et l'œiL
Celui-ci est noir , entouré d'un iris
jaune et près du sommet. L'ouverture
des ouies est large , et la membrane ,
soutenue par des os forts , est dégagée.
Les écailles de Topercule antérieur
sont très-petites , et l^on apperçoit trois
aiguillons plats à l'opercule postérieur
qui se termine en une pointe molle. La
ligne latérale, en se courbant , descend
près du dos jusqu'à la nageoire de la
queue.
On remarque sur le corps sept bandes
brunes, dont quelques-unes se divisent.
Les écailles sont petites et dentelées,
les nageoires de la poitrine et de la
queue sont arrondies, les autres finis-
sent en pointe ; toutes sont d'un brun
en partie foncé et en partie clair. La
i64 htstoTre naturelle
nageoire du ventre a un aiguillon , celîe
de l'anus en a trois , rlont le second
surprisse les deux autres en longueur et
en grosseur , et la nageoire dorsale en
compte neuf : les autres rayons des na-
geoires se ramifient. Les flancs de ce
poisson sont d'un brun clair qui devient
plus foncé vers le dos cl plus clair vers
le venti e. L'anus approche plus de la
nageoire dorsale que de la tele.
J'ai reçu ce poisson du Japon , sous
ladénominalion deYcan Boenak, que
je lui ai laissée.
Il est appelé :
Ycan Boeitac , au Japon.
L^jBo^nac , par les Français.
DerBoenac j en aWemand.
The Boenac , par les Anglais.
J'en possède une variété qui ne dif-
fère de celui-ci que par des raies plus
claires et à peine perceptibles.
DE L'AIDA. l65
L'AYA, 30D1ANVS AYA.
L' AIGU IL, toN à l'opercule , et la
nageoire de la queue échancréc ou en
forme de croissant , ne sont propres
qu'à ce seul poisson parmi ceux de sou
genre.
J'apperçoiscinq rayonsdansla mem-
brane branchiale , seize dans la nageoire
pectorale , celle du ventre en a six ,
neuf garnissent la nageoire de l'anus ,
quinze celle de la queue ,et il y en a
"vingt-scpt dans la nageoire dorsale.
Ce poisson a, la tête longue , l'ouv^er-
ture de la bouche grande, la mâchoire
supérieure tant soit peu avancée, et
les deux mâchoires munies d'un rang
de dents cunéiformes , dont les deux
antérieures sont les plus longues. Les
narines sont doubles, les yeux petits,
vin iris blanc et rouge entoure la pru-
nelle noire. L.'ouverture des ouies est
arge ,1e corps de même , l'anus très-
Poi^spns. IlL j5
l66 HISTOIRE NATURELLE
éloignéde la tête, la ligne latérale passe
plus près du dos que du ventre : celui ci
est blanc , l'autre de couleur de sang ,
le reste du corps rouge. Les écailles ont
un bord argentin , les nageoires pecto-
rales se terminent en pointes , les na-
geoires du dos et de l'anus sont arron-
dies , et celle de la queue , comme nous
venons de dire , forme un croissant.
Tous les rayons mous sont ramifiés ,
la nageoire dorsale porte neuf aiguil-
lons , celle de l'anus un seul. Le dos a
une cavité qui sert à recevoir la na-
geoire.
Ce poisson se trouve dans les lacs du
Brésil , sa longueur va jusqu'à trois
pieds. On le mange frais , on le sale
comme l'aigrefin , on le sèche au soleil ;
c'est de-là qu'on peut juger de sa mul-
tiplication.
La ligure que nous en donnons est
lirée du manuscrit du prince Maurice ,
d'après lequel j'ai fait aussi ma des-
cription.
DE L'A Y A. iGj
J'ai reçu dans nos langues le nom
que ce poisson porte au Brésil. Il est
appelé :
Acara Aya ou Garanha, chez les Brasi«
liens.
VAya , par les Français.
Aya , par les Allemands.
Et The Aya , par les Anglais.
Marcgraf , le premier qui nous a fait
connoître ce poisson , nous en a donne
aussi un dessin qui _, outre plusieurs dé-
fauts , a celui de ne point du tout mar-
quer les écailles de la tête, et de repré-
senter les os deslèvres sortant en forme
de ramifications ; ces défauts ont été
copiés par Piso , Willughby, Jonstoii
et Ruysch.
Gronov a tort de demander si le
cynasdus , dont il fait la description
n^. 245 , n'est pas le noire ; car celui-
là n'a point d'aiguillon à l'opercule ; il
a la tête plus grosse , les nageoires plus
longues , et la nageoire du dos bien
plus remplie d'aiguillons que le nôtre.
l68 HISTOIRE NATURELLE
On sera tlo mon avis en comparant avec
notre dessin la table V. '6 de Wiî-
lughby , sur laquelle Gronov s'appuie.
Marcgi^af nous a donné des notions
si claires sur ce poisson , qu'Artédi et
Linné eussent bien pu le recevoir dans
leur système aussi bien que Klein et
Willughby.
LE BODÏAN TACHETÉ,
B 0 D 1 AN us MACVLATVS,
La forme échancrée de la queue ,
jointe aux sept aiguillons de la na-
geoire dorsale , caractérisent ce pois-
son.
La membrane brancliiale porte sept
rayons , la nageoire pectorale en a
quin/,e, on en trouve six dans la na-
geoire du ventre , dix dans celle de
j'anus, vingt-un dans celle de la queue,
et dix-neuf dans celle du dos.
La tète est courte et grosse, l'ou-
verture de la bouclie grande , les ma-
DU BODIAN TACHETÉ. l(?9
cîioires égales , garnies de petites dents
pointues et dégagées ', les deux dents
de devant sont les plus longues et ré-
fléchies, tiCS narines sont simples, ron-
des et voisines des yeux. L'opercule
antérieur porte trois aiguillons cour-
bés en avant , et le postérieur en a
deux qui sont plats. Les yeux près da
sommet sont grands, la prunelle noire,
l'iris d'un jaune verdâtre et gris. Dé
petites écailles dures et dentelées , gar-
nissent les deux opercules comme le
corps. L'ouverture des ouiesest gran-
de, la membrane dégagée et soutenue
de sept os courbés. Le fond jaune de
ce poisson est couvert de plusieurs ta-
ches bleues , oblongues, de grandeur
inégale. Le ventre est plus clair que le
dos. La ligne latérale est légèrement
arquée dans le voisinage dû la nageoire
pectorale ; l'anus ne s'éloigne guère de
la nageoire de la queue; celle-ci et les
nageoires de la poitrine et du ventre
sont d'un rouge brun, la nageoire de
170 HISTOIRE NATURELLE
l'anus est bleuâtre, bordée de brun 9
dés points d'un bleu pâle les embellis-
sent toutes ; la nageoire de la queue
forme un croissant , la pectorale est
arrondie et peu large ; les autres for-
ment une pointe obtuse. Tous les
rayons , à l'exception des aiguillons ,
se ramifient par le bout.
Sans compter les sept aiguillons men-
tionnés, on en trouve un à la nageoire
du ventre , et deux à celle de l'anus
J'ai reçu ce poisson du Japon, et ses
taches m'ont décidé à lui donner son
nom.
Je l'appelle :
Le Bcdian tacheté , en français.
Der gefîeckte Bodian, en allemand.
The maculatee Bodian^ en anglais.
Renard cite deux poissons sous Id
nom de JLucesie Conig et Lucesie Pla.--
bon, qui ont l'un et l'autre une grande
ressemblance avec le nôtre, mais ils ne
sont pas caractérisés de façon qu'où
^.
J'at/e y//.
jfhm . ///.
1
J/APT^S . :2.LJ: BODIAN à giaudes écaiUes
3.LE BODIAN étoile. 4. IJ'. BODIAN aïoeiUc
DE l'a P U S. 171
puisse les faire connoître d'une ma-
nière siire.
L'A VUS jBODlJN us JPUJ.
Les sept aiguillons de la nageoire
du dos et celui de Topcrcule font le ca-
ractère de ce poisson.
La nageoire pectorale contient quinze
rayons, la ventrale six, celle de l'anus
seize, celle de la queue dix-sept, et
celle du dos vingt-trois.
La tête est de moyenne grandeur , la
mâchoire inférieure tant soit peu avan-
cée , et les deux mâchoires sont garnies
do dents pointues , qui s'engrènent; les
deux dents du devant sont les plus lon-
gues.
Les narines doubles se rapprochent
àla proximité de l'œil, qui est noir avec
un iris rouge. L'opercule postérieur
porte un aiguillon. La couleur domi-
nante de ce poisson est rouge, mais elle
lire sur le gris aux deux côtés, et sur le
J72 HISTOIRE NATURELLE
blanc vers le ventre. Le corps est par-
semé de taches noires dont celles du
dos se distinguent par leur grandeur.
Toutes les nageoires sont arrondies,
rouges , et ont , à l'exception des na-
geoires pectorales, un bord noir, sur-
monté d'une liiine blanche. Leurs
rayons mous se terminent en quatre
pointes. Outre les sept aiguillons men-
tionnés ci -dessus, la nageoire du ven-
tre en porte un, et celle de l'anus trois.
L'anus approche plus de la nageoire de
la queue que de la tête ; la ligne laté-
rale a la direction presque droite ; les
écailles du ventre sont plus grandes que
celles de la tête.
Ce poisson habite au Brésil ; c'est
aussi le prince Maurice qui nous en a
donné la figure. Les rivières le produi-
sent comme la mer. En été, il cherche
lesécueils, et en hiver les eaux douces:
il appartient donc aux poissons de pas-
S'a^e.
Sa chair est grasse et d'un goût
D E L'A PUS. 173
exquis; les habitans l'estiment et l'ai-
ment cuit à l'eau salée avec du vinai-
gre, ou avec une sauce assaisonnée. On
en prend beaucoup, et souvent il pèse
cinq livres.
Nous avons gardé le nom que le
poisson porte dans sa patrie •, il est ap-
pelé :
Firati Jpia ou Pirati Apiia , chez les
Brasi liens.
JJApas , chez les Français.
DerApua, chez les Allemands.
The Apue, chez les Anglais.
Marcgraf, qui l'a décrit le premier,
nous en a fourni aussi un dessin, mais
qui est mauvais, vu qu'il n'exprime ni
les dents ni les écailles de l'opercule.
Piso, Willughby, Jonston et Ruysch,
ne le peignent guère mieux. Marc-
graf ayant fait une description assez
distincte de ce poisson, pour le rece-
voir dans un système , je ne vois pas
pourquoi Artédi et Linné n'en ren-
dent aucun compte, sur-tout comme
,17^ HISTOIRE NATURELLE
Willughby et Rai l'ont déjà fait. Je le
trouve encore chez Klein , qui , dans
son système; le range parmi les petites
perches.
LE BODIAN A GRANDES ÉCAILLES ,
SODIANUS MACROLEPIDOTUS.
Les quatorze aiguillons de la na-
geoire du dos de ce poisson , nous en
donnent un caractère bien distinct.
Je remarque quatre ra5^ons dans la
membrane des ouies , quinze dans la
nageoire pectorale , six dans la ven-
trale, onze dans celle de l'anus, vingt-
deux dans celle de la queue, et autant
dans celle du dos.
La tête est petite et en pente ; les
mâchoires sont de longueur égale, et
garnies d'un rang de dents serrées et
formées en coin. L'opercule antérieur
est muni de petites écailles; le posté-
rieur en porte de grandes; ce dernier
Cl un aiguillon rond et étroit. Les na-
D U B O D I AN , &c. 175
rines sont simples et rondes , les yeux
grands, la prunelle noire , dans un iris
jaune et brun. L'ouverture des ouies
est grande , la membrane brancliiostègo
dégagée , repose sur quatre os forts et
courbés. Le corps et la tête sont com-
primés; les écailles qui couvrent la poi-
trine et la queue derrière la nageoire
de l'anus, sont moins grandes que celles
qui se trouvent sur le reste du corps;
toutes sont rayonnées , avec un bord
gris , et dentelées. L'anus avoisine
beaucoup plus la nageoire de la queue
que de la tête; la ligne latérale, prise
à la nuque, s'étend en ligne paral-
lèle le long dudos_, et se perd vers le
bout de la nageoire du dos. Le fond du
poisson est gris ; cette couleur est mê-
lée de rouge à la tête , de blanc au ven-
tre , et nuancée d'un brun rougeâtre
aux deux côtés. Les nageoires de la
poitrine et du ventre sont jaunâtres,
et se terminent en pointe ; les nageoir-
res du dos et de l'anus sont brunes et
176 HISTOIRE NATURELLE
arrondies à leur extrémité , la nageoire
de la queue , en forme de croissant , est
noirâtre aux deux cotés et grise au
milieu. Outre les aiguillons du dos , on
en remarque deux dans la nageoire de
l'anus, et un dans celle du ventre ; tous
les autres rayons sont flexibles et ra-
mifiés à leur extrémité.
Je tiens ce poisson d'un encan hol-
landais, dont le catalogue lui donne les
Indes orientales pour patrie.
On le nomme d'après ses grandes
écailles :
Le Bodian à grandes écailles , en fran-
çais.
Der grossschuppîge Bodian , en alle-
mand.
The great-scaled Bodian y en anglais.
LE BODIAN ÉTOILE,
BODIANUS S TE Lille P R.
Iii est le seul de son genre qui se ca-
ractérise par une lêle courte et troM-
quée.
DU BODIAN ÉTOILE. 177
La membrane branchiale offre qua-
tre rayons, la nageoire pectorale qua-
torze , la ventrale six, celle de l'anus
en a dix, celle de la queue dix huit, et
celle du dos trente-trois.
La bouche est grande , la mâchoire
supérieure , où. Von découvre un os
étroit , avance un peu ; les deux mâ-
choires sont munies de fort petites
dents. La langue et le palais sont lisses,
la prunelle est noire, Vuis blanc, en-
vironné d'un anneau argentin étoile.
Les narines sont rondes , simples à
l'extérieur , et divisées dans Tinté-
rieur. L'opercule postérieur consiste
en deux plaques minces, dont la posté-
rieure est garnie d'un aiguillon. L'ou-
verture des ouies est large, et la mem-
brane est cachée. Le corps est com-
primé des deux côtés , et couvert d'é-
cailies argentines. La ligne latérale
s'étend près du dos, et l'anus approche
plus de la nageoire de la queue que de
la tête. Ce poisson est blanc aux côtés
Poissons. III. 16
178 HISTOIRE NATURELLE
et au ventre , mais le dos et les na-
geoires sont d'un jaune brun. Les na-
geoires pectorales et ventrales se termi-
nent en pointe j la nageoire de l'anus
est angulaire , celle de la queue ovale ,
et celle du dos a le milieu enfoncé.
Celle-ci a douze aiguillons simples,
celle de l'anus en a deux ; mais les
rayons mous sont ramifiés à leur ex-
trémité.
L'étoile que le poisson porte à l'œil ,
m'a engagé à le dénommer :
I.e Bodian étoile, en français.
The starry Bodian, en anglais.
Der Sterntrager, en allemand.
Le Cap de Bonne-Espérance le pro-
duit , suivant le catalogue d'un encan
hollandais, dont je l'ai tiré.
LE BODIAN ARGENTÉ
BODIAN us ARGEN TEUS.
C E poisson se distingue de ceux que
nous connoissons déjà , par les qua-
DU BODIAN ARGENTÉ. 179
torze rayons de la nageoire de l'anus.
La membrane branchiale porte sept
rayons, la nageoire pectorale seize , la
ventrale six, celle de l'anus quatorze ,
celle de la queue en a vingt-deux, et la
nageoire du dos vingt-quatre.
Il a la tête étroite et longue , la bou-
cbe petit e ; et les deux mâchoires , dont
l'inférieure est plus longue , sont ar-
mées de très-petites dents. Il a le pa-
lais et la langue lisses, les narines sim-
ples , les yeux près du sommet , la pru-
nelle noire, avec un iris blanc et jaune.
Les deux opercules sont composés de
plusieurs petits feuillets. Le postérieur
porte un aiguillon plat.
L'ouverture des ouies est large, et
la membrane en partie dégagée. La li-
gne latérale forme avec le dos, duquel
e\le approche , un arc plat et égal. Les
écailles argentines de ce poisson sont
tendres; l'anus est au milieu du corps ;
les nageoires tirent sur le jaune, et les
rayons en sont aussi tendres. La 11a-
l8o HISTOIRE NATURELLE
geoireventraleporte un aiguillon, celle
de l'anus en a trois , et celle du dos
neuf ; les autres rayons ne sont point
piquans et divisés en deux. Les na-
geoires de la poitrine, du ventre et de
la queue , se terminent en pointe , et la
dernière est bordée de bleu.
J'ai acheté ce poisson à un encan ,
dont le catalogue marque qu'il se trouve
dans la Méditerranée.
La couleur argentine de ce poisson
m'a porté à le nommer :
Le Bodian argenté, en français.
The SHver-Bûdian , en anglais.
DerSilber-Bodian, en allemand.
MC7 îîrT»flpy
Li
USA
l'at/c i3i
1 J .T<^, S O G O . 3 . I ;n 01. 0 CKNDRF. vev dati-e
^ . I/ONGITS .
DU S O G O. l8l
XX XV^ GENRE.
L'IIOLOOENDRE , holocentrus.
Caractère génêriqun.'Les opcrcuîes den-
telés , garnis d'écaillés et d'aiguillons.
LE S O G O , Hb Là e È K f nus s o g o.
Les liait rayons de la nageoire Ven-
trale distinguent ce poisson nôn-sùulé-
ment des autres de son genre , mais
encore de tous ceux dont les nageoires
Ventrales sont munies d'un aiguillon ;
Car le grand nombre dé ceux qui ont
un aiguillon à la nageoire ventrale ,
n'en présente aucun qui compte autant
de rayons.
La membrane branchiale porte huit
rayons, il y en a dis -sept dans la na**
lS'2 HISTOIRE ÎJATURELLE
geoire pectorale, celle du ventre en a
ïiuit, celle de l'anus quatorze, celle de
la queue vingt-neuf, et celle du dos en
a dix-sept.
Le corps est comprimé, et a à-peu-
près la forme d'un rectangle. La queue
ne va pas en diminuant comme celle
des autres poissons, mais elle diminue
tout'à-coup, et garde sa largeur jusqu'à
sa nageoire. L'ouverture de la bouche
est de grandeur moyenne • les deux
mâchoires , comme le palais , sont gar-
nies de petites dents pointues qui font
au toucher PelTet d'une lime. La lan-
gue est large et lisse , les yeux sont
grands et saillans, la prunelle est noire ,
1 iris argentin , et entouré d'un anneau
jaune. Le sommet est sillonné entre les
yeux, et sans écailles. Les narines sont
ohlongues et simples. L'opercule anté-
rieur porte un aiguillon, le postérieur
en a deux ; ils ont l'un et l'autre le bord
dentelé ; on apperçoit encore deux os
dii lèvres forts à la mâchoire supé-
DU S O G O. l83
rieure , et à l'opercule antérieur un
rang d'écaillés transversales. L'ouver-
ture des ouies est large, et l'opercule
qui couvre la membrane est grand ;
tout le corps est armé d'écaillcs gran-
des, dures, tenaces, à bord dentelé.
Le long du dos , on voit avancer des
deux côtés les écailles qui forment un
sillon assez profond, où le poisson peut
à son gré cacher la nageoire .Les écailles
couvrent encore une partie de la na-
geoire de l'anus , de façon que cette
partie du corps du poisson paroît aussi
large que le ventre. La ligne latérale
s'étend près du dos , et forme un aro
peu courbé ; elle va se perdre au mi-
lieu de la nageoire de la queue. Un
beau rouge , par lequel perce l'argen-
tin des écailles, couvre tout le poisson,
et ces deux couleurs étant interrom-
pues par les lignes d'un jaune clair, il
en résulte un mélange agréable à la
vue. Ses nageoires longues , d'un rouge
clair , et ses grands yeux , doivent ,
l84 HISTOTUE NATURELLE
^nand il nage, présenter un coup d'œîl
charmant; ce qui me fait croire que si
les Romains, qui étoienl si sensuels,
avoient pu transmettre ce poisson dans
leurs eaux, ils l'auroient payé plus cher
que le surmulet.
Toutes les nageoires , celles de la
poitrine exceptées , sont formées de
rayons simples et durs , et de rayons
mous à quatre rameaux ; celle du dos
a onze des premiers, celle de l'anus
quatre , et celle du ventre en a tin.
Tous les os de la tête de ce poisson,
se terminant en piquans grands ou pe-
tits, Artédi en a fait un genre parti-
culier en lui donnant le nom d'Ho/o-
cendre ( ou piqunut par-tout ), dans la
collection de Séba où il en fait la des-
cription.
Outre les propriétés citées de ce
poisson, il y faut encore remarquer ce
qui suit : premièrement, les dix aiguil-
lons courts de la nageoire de la queue;
«econdement; un os orbiculaire sous la
D u s O G O. l85
nageoire }3ectoial^ qui est l'apophyse
ou une continuation cle l'omoplate ;
troisièmement, l'aiguillon très fort cle
la nageoire de l'anus; et enfin, qua-
trièmement , une ouverture que l'on
découvre au haut de la bouche lors-
qu'on avance la mâchoire supérieure.
Les aiguillons forts et nombreux ser-
vent sans doute à le défendre contre
SCS ennemis.
Je possède encore une variété de ce
poisson, qui diffère de celui que je
viens de décrire dans les points sui-
vans :
1. L'espace entre l'oeil et la bouche
est beaucoup plus petit- de -là sa tête
paroît obtuse , tandis que celle du nôtre
se termine en pointe.
2. La tète entière ne montre qu'un
seul pc'tit aiguillon.
3. Le onzième aiguillon de la na-
geoire du dos , qui est le plfts court
dans notre poisson , est le plus long ici ^
i86 HISTOIRE NATURELLE
et le premier de ceux de la partie pos-
térieure de cette nageoire.
4. Le troisième aiguillon de la na-
geoire de l'anus n'est pas à beaucoup
près aussi fort qu'il l'est dans le nôtre.
5. Cette nageoire a deux rayons ten-
dres de plus.
6. Les lignes jaunes qui vont le long
du corps ne sont point visibles.
On voit par-là qu'il m'eût été aisé
de faire une espèce particulière de ce
poisson, si j'avois le dessein d'en am-
plifier le nombre.
Je l'ai acheté à un encan hollandais,
oiiil avoit l'inscription roedeKaalskop-
Visch de V Océan.
On trouve notre poisson dans toutes
les quatre parties du monde. Plumier
l'a dessiné aux Antilles, BroAvn le vit
à la Jamaïque ; celui dont Duhamel
parle étoit dans les eaux de l'Europe ;
et moi , je le tiens du docteur Isert ,
qui l'a tiré de l'Afrique, où les habi-
tans le nomment Sogo. Il est le pluî»'
DU S O G O. 187
beau de son genre. Sa chair blanche en
forme de feuille, le fait estimer et re-
cherclier par -tout.
Ce poisson est nommé :
SogOj en Afrique et par les Allemands,
Le Sogo , par les Français.
Scliouverdick , par les Hollandais aux
Indes orientales.
IcanBadoerl Jang Ongoej par les natu-
rels du pays.
The Welshman , par les Anglais à la Ja-
maïque, et the Squirrel, par ceux de
la Caroline.
Plumier nous a bien laissé vers la
fin du siècle précédent , une copie de.
ce poisson ; mais Klein nous en aj'^ant
donné la première description, celui-ci
mérite l'honneur de la publicité , quoi-
que son dessin soit fort au-dessous de
celui de Plumier.
La copie que nous donna depuis Séba
est assez juste, cependant la ligne laté-
rale y est omise ; le dessin de Catesby a
le même défaut , encore qu'il se soit
î88 HISTOIRE NATURELLE
trompé en représentant la nageoire du
dos composée de deux parties.
Duhamel nous en a donné ensuite
une copie, mais qui ne représente pas
îa nageoire de la queue fourchue. Les
ligures faites par Valentyn et par Re»»
iiard ont le moins de valeur.
Le premier piquant de la nageoire
de l'anus étant très-court, et pouvant
aisément échapper à la vue , il faut
excuser Gronov et Brown de n'avoir
attribué que trois piquans à cette na-
geoire.
Boddart se trompe en prenant le la-
bre operculaire de Linné pour notre
poisson j car non-seulement le nombre
des rayons dans les nageoires diffère ,
mais les raies du nôtre vont le long du
corps, et celui de Linné a les bandes
transversales.
Enfin Gronov donnant à notre pois-
son le bec tronqué , il doit avoir envi-
sagé la copie du syiiième de Linné.
DE L HOLOC£NDKE, &c. 189
L'HOLOCENDRE VERDATRE ,
HÛLOCENTRUS VIRES CENS.
Les vingt -quatre rayons de la na-
geoire du dos , et la nageoire de la
queue en forme de croissant, caractéri-
sent ce poisson.
Je remarque six rayons dans la mem-
brane branchiale, qualorze dans la na -
geoire pectorale, six dans la ventrale,
dix dans celle de Fanus , dix-huit dans
celle de la queue, et vingt-quatre dans
celle du dos.
Le corps est verdâtre et charnu, la
lète longue , la mâchoire inférieure
avance, les deux mâchoires sont gar-
nies de dents pointues et dégagées ,
dont les deux du devant sont les plus
longues. La mâchoire supérieure a de
chaque côté un os long et mince. Les
narines sont doubles , les opercules ont
des raies jaunâtres. Les yeux sont
grands et placés près du sommet ) ils
Poissons, m. 17
igo HISTOIRE NATURELLE
ont la prunelle noire , entourée d'un
iris qui est composé de deux cercles,
dont l'un est étroit et blanc , l'autre
large et de couleur rouge- jaunâtre.
L'opercule antérieur est dentelé aux
deux bords , et le postérieur est muni
de deux piquans. La ligne latérale est
un peu courbée près du dos et ressem-
ble à une scie ; l'anus est au milieu du
tronc, et tous les rayons tendres sont
ramifiés. La nageoire de l'anus porte
trois aiguillons , celle du dos dix, et la
ventrale en a un. L'on découvre plu-
sieurs taches d'un verd foncé près du
dos j les nageoires ont un bord foncé ,
mais au ventre le verd se perd dans le
blanc ; les nageoires pectorales et ven-
trales sont jaunâtres vers le fond, les
premières sont arrondies , et les der-
nières finissent en pointe comme les
autres. Tout le corps est couvert d'é-
cailles dures et dentelées.
J'ai acheté ce poisson dans un encan
hollandais ; et suivant le catalogue , il
DE L'ONGUS. 191
se trouve aux Indes occidentales : la
structure de sa bouche fait croire qu'iî
vit de proie.
Je l'ai dénommé par rapport à sa
couleur. En voici le nom :
UHolocendre verdâtre j en français.
Ver grûnliche Sogo, en allemand.
The green coloured Holoccntre , en an-
glais.
L'ONGUS; HOLOCENTRUS ONGUS.
Les vingt-cinq rayons de la nageoire
du dos et celle de la queue arrondie ,
caractérisent ce poisson.
On compte cinq rayons dans la mem-
brane des ouies, douze dan-s la nageoire
pectorale , six dans la ventrale , onze
dans celle de l'anus, dix- huit dans la
nageoire de la queue , et vingt -cinq
dans celle du dos.
La tête est longue , les deux mâ-
choires sont armées d'un rang de dents
courtes et pointues 3 le palais est lisse ,
192 HISTOIRE NATURELLE
et les os de la lèvre à la m âchcjire supé-
rieure sont larges. Les narines sont
doubles, les yeux ont Tiris doré ; l'o-
percule antérieur n'a qu'un bord den-
telé , le postérieur est muni de deux
aiguillons. L'ouverture des ouies est
fort grande , et des os forts servent
d'appui à la membrane dégagée. La li-
gne latérale s'étend proche du dos , et
l'anus s'éloigne plus de la tète que de la
nageoire de lu queue.
Les écailles sont petites , à bord
uni ; le fond du poisson est brun , vers
le ventre il devient vcrdâtre , et l'on
remarque des taches jaunes ailx na-
geoires de l'anus , de la queue et du dos.
La nageoire de la poitrine est large, et
l'aiguillon de la nageoire ventrale est
très-fort; ces deux nageoires sont de
couleur jaune. Ce poisson a la nageoire
de l'anus armée de troi:? aiguillons , et
celle du dos garnie de dix, comme le
précédent. Les nageoires de la poitrine,
de l'anus et de la queue sont arrondies.
F:!cz Ly-'-'-y
l\' -, , ,.c ,^
TY
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Tom . m.
2.
1 . 1 :H 0 L O C EN DKF: rave al /H OI.O CKN DJl \\
3 . L'H Ol . O CF.ÎS Dllti dor é
aro-eaite
DE L'HOLOCEKDRIS RAYÉ, igj
les nageoires du ventre et du dos par
contre forment une pointe obtuse , mais
la raenibrane qui termine l'opercule
postérieur forme vme pointe aiguë.
Il a pour patrie le Japon , et le nom
sous lequel il y est connu y nous sert à
le nommer:
Ican Ongo , au Japon.
UGfif^uSf en français.
The Ongoé , et! anglais.
Ver On o, eu allén'iand.
L'âOLOCENDRE RAYE,
H OLÛ CÈN T RV s ST RIaTVS.
Auc¥N des poissons de ce genre
n'ayant les mâchoires égales réunies à
la nageoire de la queue tronquée , ces
caractères sufEsent pour distinguer l'es-
pèce présente.
Je compte quatre rayons dans la
membrane des otnes , quinze dans la
nageoire pectorale , six dans la ven-
trale , diît dans ôelle de l'anus , quinze
îg^ HISTOIRE NATURELLE
dans celle de la queue, et vingt-deux
dans celle du dos.
Ce poisson est comprimé sur les
côtés : il a la tête en pente , et l'oeil
garni d'une membrane clignotante j la
prunelle noire est surmontée d'un iris
blanc et brun ; les narines sont dou-
bles et touchent aux yenx. Les mâ-
choires égales sont munies de dents
très-petites et serrées. La langue est
lisse j et le palais hérissé de petites
dents. La mâchoire supérieure est gar-
nie d'un 03 de lèvre de chaque côté.
L'opercule antérieur est dentelé par
son bord postérieur et inférieur, et l'o-
percule postérieur , terminé par une
pointe membraneuse , porte un aiguil-
lon plat. L'ouverture des ouies est fort
grande , et la membrane avec ses os
étroits ne se découvre qu'à peine. Les
écailles sont petites et dentelées; l'a-
nus est plus près de la nageoire de la
queue que de la tête ; la ligne latérale >
voisine du dos , s'étend parallèle à lui
DE L'HOLOCENDRE RAYÉ. igS
tout le long du corps. L'on discerne
sur le fond d'un blanc sale cinq bandes
brunes qui vont transversalement et
dont l'une traverse l'opercule posté-
rieur , une autre la queue , et trois
enveloppent le corps. Les nageoires
ventrales sont foncées , et les autres
d'une couleur plus claire. Il se trouve
trois aiguillons dans la nageoire de l'a-
nus, et dix dans celle du dos, qui est
marquée d'une tache noire. Les rayons
mous de ces deux nageoires sont dicho-
toraes ; mais les autres nageoires en
ont de ramifiés. La nageoire de la queue
tronquée est en partie munie d'écaillés.
Un encan hollandais m'a encore
fourni ce poisson , dont j'ignore la
patrie.
Les raies de ce poisson m'ont porté
à lui donner le nom qui suit :
h'Holocendre rayé , en français.
Der gestreifte Sogo , en allemand.
The streaked Holocentre , en anglais.
19^ HISTOIRE NATURELLE
L'IiOLOCENDRE ARGENTÉ,
HOLOCENTRUS JRGENTINUS.
Les marques caraCtéHslicjtlés clé Ce
poisson sont sa raie blanche argentée et
sa nageoire de là queue tronquée.
La membrane des ouies contient cinq
rayons , la nageoire pectorale quatorze,
la ventrale six, eelle de Tânus on^e ,
celle de la queue quinze, et là nageoire
du dos en a vingt-cinq.
La tête, comme le tronc, est com-
primée et couverte d'éeailles tendres
et âpres ; quant à là tête , il n'y a
que lêâ opercules qui en portent. La
mâchoire inférieure avancé un peu ,
l'une et l'autre portent de petites déntS
àicuëS , tît dégagées. Lé pa làis est rude ,
la langue lisse et libre ; les narines sont
tout près des yeux , dont l'iris argen-
tin se perd dans lé jaune. L'opercule
antérieur est dentelé aux deux bordi ,
le postérieur composé de deux feuil-
DE L'HOLOCENDRE , &n. Î97
ïets , fie trois piquans et d'une mem-
brane adhérente. L'ouverture des ouies
est grande , et cinq os fins et courbés
soutiennent la membrane dégagée. Le
côté interne de l'opercule anléricuJr
présente tineouie simple. Lalignè laté-
rale , près de la nageoire pectorale , se
courbe vers le dos, et va se perdre dans
la nageoire de la quçue. L'anus est
presque au milieu du corps. La nageoire
pectorale est arrondie , et ses rayons
sont dicîiotomes. La nageoire du ven-
tre se perd en pointe, et ses rayons ,
si l'on en exci-pte le premier , sont ra-
mifiés • la nageoire de la queue est
droite et seâ rayons sont diclioloiïies
aux extrémités. Tous les rayons des
nageoires du dos et de l'anuâ dont la
première a dix aiguillons , et la seconde
trois , sont simples et s'élèvent au des-
sus de la membrane intermédiaire. Ait
commencement du dos l'on voit une
laclie brune.
Le fond de ce poisson est jaunâtre ;
198 HISTOIRE NATURELLE
le dessus de la tête est violet , les côtés
sont argentés. Les nageoires sont d'un
bleu pâle ; et il n'y a que les nageoires
de la poitrine et du ventre qui soient
bordées de jaune. Sa grandeur et le
lieu de son origine me sont inconnus ,
vu que je le tiens d'un encan de Hol-
lande.
Je le nomme, d'après sa couleur :
JJHolocendre atgentéy en français.
The Silver- Bol oc entre , en anglais.
Ver Silbersogo , en allemand.
L'HOLOCENDRE DORÉ,
H OLO CE N T RUS AVE AT V S.
Les petits points dont le corps est
parsemé , et les neuf aiguillons de la
nageoire dorsale , font suffisamment
connoître ce poisson.
La membrane brancliiale a six rayons,
la nageoire pectorale en a seize, la
ventrale six , celle de l'anus douze 3
DE L'HOLOCENDRE DORE. 199
celle de la queue vingt , et celle du dos
vingt- quatre.
Le corps de ce poisson est large et
comprimé ; une peau épaisse et des
écailles très-petites en font la surface.
La tête est de grandeur moyenne , et
depuis les yeux jusqu'à la pointe de la
bouche, et aux côtés jusqu^à l'oper-
cule , elle n'a point d'écaillés. Les deux
mâchoires sont armées de petites dents
pointues , et la mâchoire inférieure
est la plus longue; la supérieure cepen-
dant montre deux dents un peu plus
longues et deux os de lèvre larges. Les
narines sont doubles et près des yeux ,
celles de devant cylindriques , celles
de derrière ovales. La langue est lisse ,
dégagée et longue comme celle d'un
oiseau. Le palais est armé ; les lèvres
qui 8ont fortes ont deux taches à leur
pointe. Les yeux un peu éminens tou-
chent au sommet , la prunelle en est
noire , et l'iris tire sur le violet et le
jaune , avec des points rouges. L'oper-
500 HISTOIRE NATURELLE
cule antérieur est fineirieiit dentelé à
son bord de derrière , et l'opercule pos-
térieur qui termine en pointe mem-
braneuse est muni de trois piquans
plats. L'ouverture des oiiies est fort
grande , la membrane à moitié cou-
verte, et 1g côté interne de l'opercule
antérieur fait appercevoir une bran-
cbie simple. La ligne latérale se courbe
en haut sur le devant , et en bas sur le
derrière. L'anus tient presque le mi"
lieu du tronc. Une belle couleur d'or
couvie le corps , cette couleur est plus
pâle à la tête et au ventre, et sur le
^os plus foncéejles points bruns font un
bel efffet sur ces couleurs. Toutes les
jiaeeoires sont arrondies , et leurs
rayons «ont ramifiés. Le fond des na-
geoire» du dos , de l'anus et de la queue
est jaune , et le bord de couleur d^écar-
late -, les nageoires pectorales sont d'un
violet pâle , et les ventrales d'un brun
rouge. Neuf aiguillons garnissent la
nageoire dy dos, celle du ventre en a
r'e2 UBRAJ^Y
H
Pacfe ;toi
7ôm . m.
;i. i;iI01,0CV\NnUK à bandes.
DE L'HOLOCENDRE TIGRÉ. 201
«n , et la nageoire de l'anus en porte
trois. Les neuf aiguillons du dos sont
ramentacés , et la membrane attenant©
est bordée d'un brun foncé.
Voigt, marcliand naturaliste à Ams-
terdam, m'a vendu ce poisson. Il lui
donne pour patrie les Indes orientales.
Il doit le nom que je lui ai donné k
sa couleur. Je l'appelle :
UHolocendre doré , en français.
DerGotd-Sogo , en allemand.
The golden Holocentre , en anglais.
L'HOLOCENDRE TIGRÉ,
HOLOCENTRVS TIGRINVS,
Le corps tacheté et la nageoire de
la queue échancrée font le caractère de
ce poisson.
La membrane des ouies contient six:
rayons , la nageoire pectorale treize , la
ventrale six , celle de l'anus dix , celle
de la queue quinze , et celle du dos
vingt- un.
Poissons. III. i^
202 niSTOlRE ^iTlTRELLE
La lête est étroite, longue, compri-
mée et tronquée. Les deux mâchoires,
garnies de petites dents pointues et sé-
parées, diffèrent en ce que l'inférieure
est la plus longue ; à la supérieure, on
remarque les deux os de lèvres larges.
La langue est lisse et dégagée •, le palais
rude ; les narines doubles touchent aux
yeux : les premières en sont cylindri-
ques , et les autres ovales. Les yeux ont
la prunelle noire dans un iris argentin -,
l'opercule antérieur est dentelé aux
deux bords, et le postérieur terminé
en pointe membraneuse, est muni de
trois aiguillons plats. Au côté interne
de l'opercule antérieur, on découvre
une branchie simple. L'ouverture des
ouies est grande, et six os courbés et
forts soutiennent la membrane déga-
gée. De petites écailles fines et dente-
lées couvrent tout le corps , excepté la
partie antérieure de la tête. La ligne
1 itérale, allant parallèle au dos, est un
peu arquée vers la fin de la nageoire
3>E L'HOLOCCNDRIi TÏG llÉ. 20.1
florsale ; et l'anus distant desa nageoire,
tient le milieu entre la nageoire de l;i
queue et la tête. Le corps et la tête
portent des taches différentes par leur
forme , mais qui sont presque rondes
aux nageoires. Ce poisson a le dos bru-
nâtre , les flancs au-dessus de la ligne
latérale bleuâtres; mais au-dessous, de
même qu'au ventre , la couleur est ar-
gentine. La nageoire pectorale est ar-
rondie avec des rayons dichotomes •, les
nageoires du ventre et de l'anus for-
ment une pointe, et les rayons en sont
ramifiés.
Ce poisson est des Indes orientales ;
il a la chair délicate , suivant Valenty n.
Il est nommé :
Ikaji makekae , aux Indes orientales.
Marquille par les Hollandais de ces con-
trées.
Der getiegerte Sogo , en allemand.
JJHolocendre tigré , en français.
The checkred Holocentre , en anglais.
Valent yn a traité le premier de ce
2o4 HISTOIRE NATURELLE
poisson, mais son dessin est mauvais;
le dessin que Renard en donne est tout
aussi défectueux et en même temps
très-bigarré. La figure qui s'en trouve
dans le Voyage général n'est qu'une
copie de celle de Valenlyn.
.Klein qui met notre poisson au rang
de ses perches , nous en a aussi laissé un
dessin qui fait bien connoître le pois-
son , mais qui ne marque point la ligne
latérale, représente mal la tête, et ne
donne point à la nageoire de la queue ,
la forme de croissant. Peu après cet
auteur, Séba nous donna un meilleur
dessin , qui cependant peint tous les
rayons de la nageoire dorsale comme
aiguillons , la nageoire de la queue tron-
quée , et l'opercule uni , tandis qu'il est
dentelé.
L'ESCLAVE, HOLOCEKTRUS SERrU».
liEs trois raies courbes au tronc et la
forme écbancrée de la nageoire de la
DE L' ESCLAVE. 2o5
queue , déterminent le caractère de ce
poisson.
La membrane des ouïes me montre
quatre rayons , la nageoire pectorale
douze , la ventrale six, celle de l'anus
onze , celle de la queue seize , et la dor-
sale vingt-un.
La tête est courte , épaisse , compri-
mée et en pente sur le devant ; les mâ-
choires , dont la supérieure expose deux
os de lèvres, ne diffèrent point quant
à la longueur, et sont garnies de petites
dents séparées. La langue est lisse , le
palais rude; l'opercule antérieur a le
bord postérieur et inférieur dentelé ;
l'opercule postérieur finit par un ai-
guillon long : ils sont couverts l'un et
l'autre , à l'instar du corps, d'écaillés
très petites et»argenlines. Les yeux ,
près du sommet, ont la prunelle noire
dans un iris doré ; les narines sont
doubles , et se trouvent tout près des
yeux ; la ligne latérale s'approchant
plus du dos que du ventre ;, fait à-peu-
206 HISTOIRE NATURELLE
près une ligne droite ; les trois raies
mentionnées ci - dessus sont noires et
arquées parallèlement au ventre ', le
fond est de couleur argentée ; l'anus
approche de la nageoire de la queue y
les nageoires de la poitrine et du
ventre sont jaunâtres ; la première
forme une pointe émoussée , l'autre
une pointe aiguë ; l'une et l'autre ont
des rayons ramifiés et fort tendres. La
naijeoire de l'anus en forme de fau-
cille, a la même couleur et les mêmes
rayons, avecla seule différence qu'elle
a trois aiguillons , tandis que la ven-
trale n'en a qu'un. La nageoire de la
queue est brunâtre, et ses rayons ne
diffèrent point des autres ; les deux
bouts pointus de cette nageoire sont
noirs, et son milieu est rubané de
trois raies de la même couleur : la na-
geoire dorsale , qui paroît composée
de deux nageoires, a cinq taches noi-
res , douze aiguillons et neuf rayons
mou3 et ramifiés.
ITY
MA USA
^aqe 20/^
Tom . m.
J)e,reve dei ■ Le f^ffain Jcit/p ,
1. liHOLOOKMDRK à quatic lignes . 2 . L'HOLOCI'JSmilI'.â
ciutj 1 igii o s . ;5 . i;H01 .0 1 IvN DRE pointé . 4 JiHOLOCTiNDllE,
a points bleu .
13E l'îÏOLOCENDRE , SCc. 207
Ce poisson habite les eaux du Japon ;
et comme il y est en grande quantité et
qu'il a la chair maigre , il est peu esti-
mé par les liabitans riches , ne servaîvt
de nourriture qu'aux esclaves, ce qui
a engagé les Hollandais à lui donner le
nom (Vesclaue.
Il se nomme :
Der Sklavenfisch , en Allemagne.
De Slaven-Visch , chez les Hollandais
des Indes.
L'Esclaçe, en France.
Et The Slavc-jish , en x\ngleterre,
L'HOLOCENDRE A QUATRE LIGNES ,
HOLOCENTRUS ÇU.4I)SILINE^4TUS.
Le corps rubané et la nageoire de
la queue arrondie font distinguer cc^
poisson des autres de son genre.
La membrane branchiale porte six
ra5rons , on en trouve treize dans la na-
geoire pectorale , six dans la ventrale ;
treize dans celle de l'auus";^ seize daits
208 HISTOIRE NATURELLE
celle de la queue , et vingt-deux dans
la dorsale.
La tête est de moyenne grandeur ,
comprimée et un peu en pente ; les mâ-
choires sont de longueur égale , et
pourvues de dents petites, larges vers
ie fond , mais aiguës par le bout ; la pe-
tite ouverture de la boucîie m'a em-
pêché d'examiner la langue et le palais ;
les narines sont doubles, les anlé-
tieures sont cylindriques, et les deux
paires approchent plus des yeux que
de la bouche. Des quatre lignes qui
vont le long du corps , l'une est près
du dos , l'autre commence au front, la
troisième à la pointe de la bouche, et la
quatrième à l'angle de la bouche Celle-
ci va le long du corps jusqu'au milieu de
la nageoire de la queue; l'autre passe sur
l'œil. La prunelle est noire , l'iris blanc
bordé de rouge; l'opercule antérieur est
dentelé aux deux bords ^Topercule pos-
térieur est arrondi et muni d'un ai-
guillon ; ils sont garnis l'un et l'autre
DE L'HOLOCENDRE , &c. 20g
d'écaillés très-tendres , de même que
îe corps. Je n'ai pu découvrir la bran-
chie simple à l'opercule interne. Le
«îosun peu arqué est sillonné de façon
que sa nageoire s'y peut cacher ; la
ligne latérale prend à l'opercule posté-
rieur, et va en serpentant jusqu'à la
nageoire de la queue ; l'anus s'éloigne
plus de la lête que de la nageoire de la
queue ; le fond cendré de ce poisson est
joliment nuancé par les raies noirâ-
tres ; le ventre est d'un rongé- jaune >
le dos brunâtre et les nageoires couleur
de plomb ; il n'y a que les nageoires de
la poitrine et du ventre qui soient
bordées de couleur jaunâtre. Une tache
noire ronde avant la nageoire du dos,
et une tache noire oblongue à la na-
geoire même , se voient des deux cô-
tés ; les nageoires de la poitrine , de
l'anus et du ventre sont arrondies ; la
ventrale se termine en pointe , et cellç
du dos en pointe émoussée. Tous les
rayons y sont ramifiés , excepté im
210 HISTOIRE NATURELLE
rayon piquant dans la nngeoire ven-
trale , trois dans celle de l'anus , et
douze dans la dorsale , qui sont sim-
ples.
Ce pefit poisson est encore de TQ-
rient ; mais j'ignore s'il y en a de plus
grands.
Il porte le nom de
Holocendre à quatre lignes , chez les
Français.
Vierniiigter Sof:;o , chez les Allemands.
Four striped Holocentre , chez les An-
glais.
L'HOLOCENDRE A CINQ LIGNES ,
HOLOCENTRUS qUINqUELINEATVS .
L A nageoire de la queue en croissant,
et les cinq lignes le long du corps sont
les marques distinctives de ce poisson,
La membrane branchiale a six
rayons , la nageoire pectorale seize , la
ventrale six , celle de l'auus dix , celle
delà queue vingt ^ et celle du dos vingt-
quatre.
DE L'HOLOCENDRE 5 &C. 211
La tête est courte, comprimée et
dépourvue d'écaillés jusqu'à l'opercule^
celui-ci est couve it de petites écailles ,
le tronc en a de grandes. La mâclioire
supérieure est moins longue que Finfé-
rieure , et celle-ci n'a qu'un rang de
dents courtes et séparées j mais lasupé-
rieure est armée , outre ce rang , d'un
grand nombre de dents serrées et irré-
^ulièrement placées ; le palais est en-
core muni de dents pareilles. Les os
des lèvres sont larges, les narines dou-
bles , les antérieures sont rondes , les
postérieures oblongues. Les yeux
grands , toucliant au sommet , ont la
prunelle noire bordée d'un iris jaune.
L'on remarque à l'opercule postérieur,
qui se termine en pointe membraneuse,
au milieu de son bord de devant , un
crochet qui prend dans l'écliancruru de
l'opercul^î antérieur. Le bord inférieur
du dernier est dentelé , et le premier
a un aiguillon plat. L'ouverture des
ouies est large , la membrane dégagée
212 HISTOIRE NATURELLE
et munie de six rayons forts. N'ayant
de cette espèce qu'un poisson séché ,
je ne saurois déterminer s'il y a en-
core une brancliie simple. Des cinq
lignes mentionnées, quatre prennent
d'abord à l'œil et la cinquième à l'ou-
verture des ouies. La première finit au
milieu de la nageoire du dos , la se-
conde à sa fin , et les trois autres à la
nageoire de la queue. Elles sont d'un
bleu clair. L'anus approche plus de la
nageoire de la queue que de la tête ; la
ligne latérale , allant dans la proximité
du dos , tient la même ligne , les na-
geoires de la poitrine et du ventre sont
longues et terminées en pointe, les na-
geoires de l'anus et du dos sont arron-
dies , et celle de la queue en croissant
ainsi que nous l'avons rapporté. Les
rayons tendres sont ramifiés ; l'on ne
trouve qu'un aiguillon simple dans la
nageoire ventrale , trois dans celle de
l'anus , et dix dans celle du dos. Le
fond est jaunâtre, la lête et les na-
BE L'HOLOCENDRE , &c. tàlS
geoires ont un violet tirant sur lo
rouge.
Ce poisson est du Japon. Son nom
et son histoire me sont inconnus.
Je l'ai appelé :
UHolocendre à cinq lignes j en fran-
çais.
JDerfûnJlinigte Sogo, en allemand.
The five-striped Holocentre , en an-
ilais.
S'
L^HOLOCENDRÉ A BANDES ,
UOLOCENTRUS PAS C UT US.
Les bandes qui entourent le corps et
la mâchoire inférieure avancée carac-
térisent ce poisson. J'ai déjà une plan-
che qui représente à la vérité un pois-
son pourvu de bandes brunes dans la
même direction ; mais comme elles
n'enveloppent point tout le corps , et
que ce poisson-là a d'ailleurs les mâ-
choires égales , l'on ne sauroit le-con-
fbndre avec le présent.
Poissons, m, 19
2l4 HISTOIRE NATURELLE
Je trouve six rayons dans la menl-
brane biancliiale , treize dans la na-
geoire pectorale , six dans la ventrale,
dix dans celle de l'anns , seize dans celle
de la queue , et vingt-cinq dans celle
du dos..
La tête est comprimée et forme une
pointe émoussée ; l'ouverture de la
bouclie est grande , et la mâchoire su-
péiieure est armée de plusieurs rangs
de dents petites , parmi lesquelles les
deux de devant sont cependant assez
longues Mais la mâchoire inférieure
ne contient qu'un rang de dents plus
grandes et réfléchies. Deux os longs et
îîîincesde la mâchoire supérieure for-
ment les lèvres de ce poisson. Il a le
palais rude, la langue lisse, les narines
doubles ; les yeux près du sommet , la
prunelle noire , l'iris d'un verd jaunâ-
tre. Les deux bords de l'opercule anté-
rieur sont dentelés , les écailles y sont
bien plus petites que celles de l'oper-
cule postérieur , lequel est composé d«
BF. L'HOLOCENDKE , &c. 21 5
deux lames , a deux aiguillons et le
bord muni d'une njembrane dégagée.
L'ouverture des cuies est fort grande ,
et la ûiembrane n'est couverte qu'en
partie. Le côté interne de l'opercule du
devant porte une branchie simple. 11 a
le tronc mince, les écailles dures, den-
telées et de grandeur moyenne. La
ligne latérale est droite , voisine du dos
et parallèle ; l'anus est bien plus près
de la nageoire de la queue que de la
tête. Le fond de ce poisson est d'uu
jaune verdâtre , qui devient plus clair
vers le ventre. Les bandes qui se divi-
sent en deux au ventre , sont cendrées \
les nageoires qui ont la couleur du
corps , sont arrondies et munies de
rayons ramifiés. La nageoire ventrale
a un aiguillon", celle de l'anus en a trois.
La partie antérieure de celle du dos ,
composée de dix aiguillons , est plus
basse que la partie postérieure, dont
les rayons sont tendres.
Je ne connois pas la patrie de ce pois-
21 6 HISTOIRE NATURELLE
son , je le tiens d'un encan hollandais.
Je l'ai nommé d'après ses bandes ;
UHolocendre à bandes, en français.
Ver bandirte Sogo , en allemand.
The double- streaked Holocentre ^ en an-
glais.
L'HOLOCENDRE POINTÉ,
HOLOCENTRVS PUN CTJTVS.
Ce poisson se distingue de ceux de
son genre par son corps pointé et par
les onze aiguillons dans la nageoire du
dos.
La nageoire pectorale a douze rayons,
la yentrale en a six , celle de l'anus
neuf, celle de la queue dix-sept , et celle
du dos vingt-trois.
L'ouverture de la bouche est grande,
les mâchoires sont de longueur égale .
munies de dents courtes divergentes ,
la mâchoire supérieure a deux os de
lèvres. Les narines sont doubles et pe-
tites 'j les yeux éminens ont la prunelle
DE L'HOLOCENDRE, &C. 21 7
bleue avec un iris jaunâtre. Le fronï
est en penle -, le tronc comprimé, est
couvert d'écaillés dentelées, ce qui fait
que ce poisson est rude au toucher
quand on passe la main de la queue à la
tête. La lii^nc latérale est voisine (In
dos, et parallèle avec lui. L'anus ap-
proclie moins de la tête que de la na-
geoire de la queue. Les' taches qui em-
bellissent toules les parties du corps
sont rondes, les unes rouges, les autres
noires. L'opercule antérieur est ar-
rondi et finement dentelé , le posté-
rieur terminé en pointe, et n'est garni
que d'un aiguillon plat ; le devant de la
tête n'a point d'écaillés, l'ouverture
des ouics est très- large , et la membrane
couverte. Ne possédant pas moi-même
ce poisson , et en ayant emprunté le
dessin du manuscrit du prince Maurice,
je ne puis déterminer les rayons de la,
membrane branchiale. Toules les na-
geoires sont aiTondies et parsemées
comme le corps ; de taches rondes.
21 8 HISTOIRE NATURELLE
tant rouges que noires. Les rayons
mous sont raanfiés. Outre les onze
aiguillons annoncés à la nageoire du
clos , on en trouve un dans la ventrale
et trois dans celle de l'anus. Les na-
geoires de la poitrine sont tout-à-fait
ronges ; les autres de couleur rouge et
jaunâtre.
Ce poisson est du Brésil, 11 se trouve
dans la mer entre les écueils; les Hol-
landaisle nomment pour cela Galvisch,
et les Portufjais Pesche-Gatto ou Pois-
son de roche. Il a la chair blanche ,
ferme , de bon goût et qui , soit cuite ,
.soit rôtie , est très-saine. Il parvient à
une grandeur médiocre. Il a la vie
dure : car Piso raconte qu'il l'a trouvé
vivant trois heures après avoir été tiré
de l'eau, et que l'ayant ouvert deux
heures après, le cœur palpitoit encore.
On le prend dans toutes les saisons au
filet.
Ce poisson se nomme:
Pira-pixanga , chez lesBrasilicns.
DE L'HOLOCENDRS , &C. 2I9
Gatt-Visch , chez les Hollandais.
Pesche Gatto , chez les Portugais.
JJHoLocendre pointé , chez les Fran-
çais.
Der punHirte Sogo , chez les Alle-
mands.
The punciulated Holocentre y chez les
Anglais.
Marcgraf, le premier qui nous l'a
fait connoîtrc , nous en a donné la li-
gure , qui peut être regardée comme
une des meilleures parmi les mauvaises
que nous avons de lui. Celles de Piso ,
de Willughby , de Jonston et de
Kuysch n'en sont que des copies. Ar-
tédi et Linné n'ont point admis ce
poisson dans leurs systèmes , apparem-
ment parce que la description n'en
donnoit pas des caractères assez dis-,
tincts , pour l'admettre à un genre
quelconque.
VVillughby et Rai le prennent pour
une espèce de^ merle de mer , ou sui-
vant les naturalistes modernes , pour
220 HISTOIRE NATURELLE
un labre : mais ce poisson n'ayant ni
la bouche pelite et étroite , ni les lèvres
grosses et charnues , il ne peut être
compté de ce genre.
Klein approche bien plus de la vérité
en le rangeant , à cause de ses écailles
rudes , de sa bouche large , et du grand
nombre de ses petites dents , du genre
des petites perches , et Gronov en le
mettant au nombre des perches. Celui-
ci se trompe quand il soutient que le
cucupuguaca de Sloan , et le pira-
pixanga de Marcgraf , qui est notre
poisson , sont d'une même espèce , va
que Sloan dit expressément que son
poisson n'a point de nageoires ven-
trales. Il ne peut non plus le confondre
avec celui de Belon ; car cet auteur
donne seize aiguillons à la nageoire du
dos de son poisson , dont la description
d'ailleurs ne répond nullement à la na-
ture du nôtre. Son jugement est éga-
lement faux encore , quand il assigne
au poi.sson dont il est question ici , la
'7 Lf^'^'^^.^Y
3fTY
MA USA
J*tzt/e jiju .
7bm . nr.
De^ppoe (M. Jiarine Jr/tZ/t
1. Iw\ liANCF-TTF.,;i i;il03iOCKNnHV/(achcté.
:î l/HOJiOCliNDKE de Suriuaui . 4,,J.'ÉPKK0N.
DE LA LANCETTE. 22î
quinzième espèce des perches de Klein.
3La différence des deux espèces sauto
aux yeux lorsqu'on compare le dessiri
de Klein avec le nôtre.
LA LANCETTE,
HOLOCENTRUS LAN CEOLATUS.
Ce poisson se distingue par ses na-
geoires finissant eu pointe, et par les
onze aiguillons de la nageoire du dos.
La membrane branchiale montre six
ra3''ons , la nageoire pectorale en a
seize, la ventrale six, celle de l'anus^
onze , celle de la queue treize, et celle
du dos vingt-six.
La tête est grande , l'ouverture de
îa bouche ample , les os des lèvres sont
larges, les mâchoires de grandeur égale
et armées de plusieurs rangs de petites
dents pointues. La langue est lisse et
dégagée, le palais rude, les narines
sont doubles et celles de derrière tou-
chent aux yeux. Point d'écaillçs jus-
11^2. HISTOIRE NATURELLE
que-là , mais ensuite la tête est garnie
d'écaillés petites , molles et unies, pa-
reilles à celles du tronc. Les j'^eux ont la
prunelle noire dans un iris bleu. L'oper-
cule antérieur consiste en deux petites
lames arrondies , dont celle de derrière ,
est fortement dentelée. Je n'ai point
remarqué de brancliie simple du côté
interne. L'ouverture des ouies est
grande , el la moitié de la membrane
est couverte. Le tronc est comprimé et
laî-ge , le ventre avance , et l'anus
tient le milieu du corps. Le fond est
argenté , les bandes et les taches sont
brunes. Les nageoires toutes pointues,
ont les rayons tendres divisés en quatre
rameaux à leur extrémité. Outre les
onze aiguillons simples de la nageoire
du dos , on en trouve encore un dans
la nageoire ventrale /el trois dans celle
de l'anus.
Les Indes orientales nourrissent ce
poisson.
DE L'IIOLOCENDRE , &C. 225
Je l'ai dénommé d'après ses nageoi-
res en forme de lancettes :
ha Lancette , en français,
Der Laiicettsogo , en allemand.
The Lancet-Holocentre , en anglais.
Gronovfait la desci-iption d'un pois-
son que je prendrois pouç le nôtre , s'il
ne disoit en termes exprès , qu'il lui
avoit trouvé le palais rude.
L'HOLOCENDRE A POINTS BLEUS,
HOLOCENTRVS C^RULEO-FUNCTATUS.)
Les points bleus des nageoires et
les onze aiguillons du dos- font con-
iioître ce poisson. Nous venons à la
•vérité de citer les points de l'iiolo-
cendre pointé , comme caractéristi-
ques : mais celui dont nous traitons
ici , n'ayant que les nageoires ponc-
tuées , et celui-là étant ponctué sur
tout le corps , on ne sauroit les con-
fondre.
, Ce poisson est trop petit pour pou-
224 HISTOIRE NATUPcELLS
voir en compter les rayons de la mem-
brane branchiale. La nageoire pecto-
rale me présente douze rayons , la
ventrale six , celle de l'anus onze ,
celle de la queue treize , et celle du dos
vingt' six.
La tête est en pente , l'ouverture
de la bouche grande , la mâchoire de
dessous plus longue que celle de dessus;
la dernière a deux os de lèvres ; l'une
et l'autre sont garnies de dents fines.
La langue est lisse et libre ; le palais
rude ; les narines sont si petites qu'on
a de la peine à les voir. Les yeux , qui
touchent au sommet de la tête , ont
une membrane clignotante j un iris
blanc en borde la prunelle noire. Les
écailles des opercules comme du tronc
sont d'une finesse extrême; l'opercule
antérieur est arrondi et dentelé aux
deux bords ; l'autre , formant une
pointe , est muni d'un aiguillon , et
d'une membrane y attenajile. L'ou-
verture des oiiies est grande ; et le
DE L'HOLO cendre , &C. 2:^5
côlé interne de l'opercule antérieur
n'offre point de brancliie simple à la
vue. Le tronc présente de grandes ta-
ches jaunes sur un fond bleu pâle , et
la ligne latérale va le long et tout près
du dos. L'anus est plus voisin de la
nageoire de la queue que de la tête.
Les nageoires sont brunes ; celles de la
poitrine et de la queue sont arrondies,
et les autres terminent en pointe. Les
rayons mous sont terminés en plusieurs
divisions ; et outre les onze aiguillons
de la nageoire du dos, la nageoire de
l'anus en porte trois , et la ventrale un.
La patrie de ce poisson m'est incon-
nue , car je le liens d'un encan hol-
landais , sans aucun renseignement.
La même raison m'impose silence sur
sa grandeur.
Ses taches bleues me l'ont fait nom-
mer :
UHolocendre à points bleus , en fran-
çais.
Ver hlaupunJztirte Sogo , en allemand,
roissons. 111. ao
226 HISTOIRE NATURELLE
The hlue-punctulaled Holocentre , eu
anglais.
L'HOLOCENDRE TACHETÉ ,
HÛLOCENTRUS MJCULJTUS.
Les tacîies du corps et les onze
aiguiilous du dos caractérisent ce
poisson.
La membrane brancliiale a six
rayons , la pectorale treize , la ven-
trale six , celle de l'anus onze , celle
de la queue quinze , et celle du dos
vingt- six.
La tête et le tronc sont également
comprimés ; le dos est tranchant et le
ventre rond -, les mâchoires sont de
grandeur égale et garnies de dents
égales et pointues. La langue est lisse ,
le palais rude, les os des lèvres larges,
les narines à peine perceptibles ; les
yeux éminens ont la prunelle noire
dans un iris blanc. De très -petites
écailles couvrent la partie postérieure
DE L'PIOLOCENDRE , &C. 2127
cic la tête et tout le tronc. L'opercule
de devant n'est dentelé qu'à un seul
bord, et celui de derrière qui forme
une pointe , est armé de deux aiguil-
lons lins. La ligne latérale avoisine le
dos par-devant , et s'en éloigne par-
derrière. L'anus est plus proche de
la tête que de la nageoire de la queue.
La couleur du poisson est grise , les
taches sont blanches ; les nageoires du
dos, de la poitrine et de la queue sont
arrondies ; la nageoire de l'anus forme
une pointe obtuse , celle du ventre
se termine en pointe aiguë. Les rayons
tendres de toutes les nageoires sont
ramifiés , et le nombre des aiguillons
est le même que celui du poisson pré-
cédent.
Ce beau poisson est naturel aux-
Indes orientales. On l'appelle :
L'Holocendre tacheté y en français.
Ver gejleckte Sogo , en allemand.
El The spotted Holocenlre , en anglais.
J'aurois déclaré le petit poisson de
228 HISTOIRE NATURELLE
Séba pour le nôtre , si la figure n'en
représentoit la nageoire de la queue
trop longue et en forme de lancette,
et si la description ne luidounoit treize
aiguillons à la nageoire du dos.
L'HOLOCENDRE DE SURINAM ,
HOLOCENTRUS SUR1NJME^'S1S.
C E genre de poissons n'a encore
offert aucune espèce dont la nageoire
de l'anus ait été garnie de quinze
rayons; ce qui suffit pour caractériser
le poisson présent par ces rayons.
JLa. membrane branchiale contient
six os forts et courbés , la nageoire
pectorale porte quatorze rayons , la
ventrale six, celle de l'anus quinze,
celle de la queue dix-sept, et celle dii
dos vingt-luiit.
La tête est petite , un peu large vers
le tant, et comprimée sur les côtés.
li'ouverture de la bouche est élroite ;
1a mdcboire inférieure est la plus Ion-
DE l'hOLOCENDTIE , &c. 229
gue des deux , elle n'a qu'on rang de
dents courtes, coniques , divergentes,
et recourbées en dedans ; la mâclioir©
supérieure au contraire a un grand
nombre de dents fines placées derrière
le rang qu'elle a de commun avec la
mâchoire inférieure. Le palais et la
langue sont lisses. L'intérieur de la
tête de mon poisson étant gâté , je n©
sais pas s'il est pourvu d'une brancliio
simple. Les os des lèvres ne sont qu'é-
troits ; les narines simples, rondes et
près des yeux , dont la prunelle noire
est placée dans un. iris moitié rouge ,
moitié blanc. L'opercule antérieui'
dentelé à ses deux bords, a des ai-^
guillons longs à l'angle ; l'opercule
postérieur est arrondi , et armé d'un
aiguillon rond et long ; les deux oper-^
cules portent des écailles plus petites
q_ue le reste du corps ; les écailles en?
général sont fort dentelées et ont beau-
coup d'adhérence avec la peau. L'on-
Ycrture des ouies est grande , et leuï^
\
2*50 ÎÎISTOTRE NATURELLE
membrane découverte. Le corps est
comprimé , le clos et le ventre s'arron-
dissent. La ligne latérale , qui prend à
la nuque, approche bien plus du dos
que du ventre , et l'anus s'éloigne
moins de la nageoire de la queue que
de la tête. Le palais et la tête sont
de couleur de sang •, le tronc est marbré
de brun , de violet et de jaune ; les
nageoires sont jaunes vers le fond , et
d\n\ violet foncé vers l'extrémité ;
celle de la queue a une bande trans-
versale d'un brun clair, celle de l'anus
et la partie postérieure de la dorsale
ont des taches de la même couleur.
Les nageoires de l'anus , de la queue
et du dos sont en partie couvertes
d'écaillés. Ces nageoires sont arron-
dies , de même que les autres , et leurs
ravons tendres sont ramifiés. Dans la
nageoire ventrale le premier raj'on est
piquant , le second dicliotome , et les
antres sont ramifiés. Dans la nageoire
de l'anus les trois premiers sent pi-
DE L'É P E R O N. 2il
quans , le quatrième est mou et sim-
ple , et les autres se ramifient. La na-
geoire du dos a douze aiguillons que le
sillon au dos peut recevoir -, ces aiguil-
lons sont ramentacés.
Ce poisson atteint la grandeur de
notre perche ordinaire , il a la cliair
douce et grasse; c'est un des meilleurs
poissons de Surinam.
Il est nommé :
Par les Français , VHolocendre de Su-
rinam.
Far les Allemands , der Surinamsche
Sogo.
Et par les Anglais, The Holocentre of
Surinam.
L' Ê P E R O N ,
HOLOCENTRUS C ALC ARIF ER.^
Tous les poissons de ce genre que
nous venons de connoître , ont la na-
geoire du dos garnie d'un plus grand
nombre d'aiguillons que celui-ci; donc
q32 histoire naturelle
le nombre plus petit de ces aiguillons
fait le caractère distinctif de ce poissoiv.
La membrane branchiale contient
six rayons ^ la nageoire pectorale en
a quinze, la ventrale six, celle de
l'anus onze , celle de la queue dix-sept
et celle du dos dix-huit.
lia tête est un peu applatie sur le
haut , et comprimée des côtés ; la mâ-
choire inférieure est un peu plus lon-
gue que la supérieure ; elles sont gar-
nies l'une et l'autre , de même que le
palais , de dents très fines et à peine
visibles, mais le nombre de celles de
la mâchoire supérieure surpasse infi-
niment celui des dents de l'inférieure.
On remarque encore à la mâchoire
supérieure deux os de lèvres. Les na-
rines sont doubles , et les deux supé-
rieures sont tout près des yeux , qui
sont grands , placés près du sommet ,
et dont un iris argentin borde la prur
nelle noire. La partie antérieure de
la tête est lisse , l'autre couverte
DL L' ÉPERON. Î253
d'écaillés. L'opercule de devant den-
telé est encore muni de quatre aiguil-
lons qui res.^euiblout à un éperon ,
forme d'après laquelle j'ai dénommé
ce poisson. L'opercule postérieur porto
aussi .un aiguillon, et l'omoplate est
dentelée. L'ouverture des ouies est
grande , et la membrane soutenue par
six os forts , est couverte ponr la plus
grande partie. Ce poisson n'a point de
brancliie simple^ Le tronc comprimé
est couvert d'écaiiles argentines assea
grandes, dont les bords sont jaunes.
Le dos est brunâtre ; tirant sur lo
violeL Chaque rang d'écaiiles est mar-
qué par une ligne longitudinale. La
ligne latérale voisine du dos est droite;
l'anus approche plus de la nageoire do
la queue que de la tète. Les nageoires,
delapoitrineet du ventre se terminent
en pointe , les nageoires de l'anus et
de la queue , embellies par quelques,
lignes brunes , sont arrondies ; la na-
geoire dorsale décline vers le niiliciu
534 HISTOIRE NATURELLE
Xia partie antérieure de cette nageoire
a (les aigniîlons très-forts, l'autre a
des rayons flexibles à quatre rameaux.
Les rayons mous des autres nageoires
sont de la même nature ; la nageoire
de l'anus est armée de trois aiguillons^
et celle du ventre en porte un. Les na-
geoires de la poitrine et du ventre
sont jaunâtres , les autres de couleur
brune et jaune. ' '
Ce poisson est nommé :
L'Eperon , par les Français.
Der Sporntrager , par les Allemands.
The spurred Holocentre , par les An-
glais.
Il naît au Japon.
JL'HOLOCENDRE DE BENGALE,
HOLOCENTRUS BENGJLENSIS.
Les quatre lignes dont le corps est
rubané , et Fécliancrure en forme de
croissant à la nageoire de la queue dé-
signent ce poisson. Il est vrai que nous
DE L*HOLOCENDRE, &C. 2^5
en avons décrit un de ce genre é^aîe-
ment marqué par quatre lignes j mais
celui-là ayant la nageoire de la queue
arrondie , on distinguera fort aisémctit
les deux espèces.
Je trouve six rayons dans la mem-
brane branchiale , la nageoire pectorale
en a quatorze , la ventrale six , celle
de l'anus dix , celle de la queue dix-
huit , et celle du dos vingt-cinq.
La tête est comprimée, le devant en
est alépidote , le derrière couvert do
petites écailles rondes et tenaces.. L'ou-
verture de la bouche est de grandeur
moyenne; les os des lèvres sont assez
larges ; les mâchoires d'égale longueur,
armées d'un rang de dents pointues et
recourbées. Les cinq dents de devant
dans la mâchoire supérieure sont bien
plus longues que les autres, et suivies
d'une quantité de dents courtes et
minces , dont le palais est également
muni. La langue est lisse, et l'opercule
de devant est dentelé aux deux bords:
1>S6 HISTOIRE NATURELLE
le plus grand bord a une écliaiicrure olI
prend une sorte de crocliet dont l'o-
percule postérieur est muni. Ce cro-
chet paroît servir en quelque manière
à la respiration ; car j'ai observé , en
ouvrant la bouclie de ce poisson, que
l'opercule antérieur recula , et pressa ,
par le moyen du crocliet , l'opercule
postérieur contre la poitrine •, ce mou-
vement ferma l'ouverture branchiale.
Il est probable que ce mouvement sert
à garder l'eau avalée plus long -temps ,
afin de pouvoir rafraîchir le sang. L'on
remarque à l'opercule postérieur deux
aiguillons fins, une échancrure, et sur
celle-ci un endroit dentelé. L'ouver-
ture des ouies est large et sa membrane
dégagée. Le tronc est comprimé , les
écailles sont petites et dentelées ; l'a-
nus prend le milieu du corps. La ligne
latérale va d'abord en droite ligne ;
mais elle approche du dos vers le mi-
lieu de la nageoire dorsale , le quitte
au bout de cette nageoire , et va se per-
DE L'HOLOCENDÎIE , &C. 25/
ûre au milieu delà nageoire de la queue.
Le venlre et les flancs du poisson sont
blancs, mais le dos et le haut de la tête
sont rougeâtres *, les lignes sont bleues,
à bord brun : toutes proviennent de la
tête ; les trois premières d'en haut vont
se perdre dans la nageoire du dos , et
la plus basse dans la nageoire de la
queue échancrée. Les nageoires de la
poitrine et du ventre finissent par
une pointe ; celle-ci porte un aiguillon
dur. Les rayons flexibles de toutes les
nageoires sont ramifiés. La nageoire
de l'anus et celle du dos sont arrondies^
la première est armée de trois aiguil-
lons , la seconde de onze.
Ce poisson se nomme :
JJHolocendre de Bengale , en français.
Ver bengalische Sogo, en allemand,
The Holocentre of Bengal , en anglais.
Le nom du poisson annonce sa patrie.
Poissons. IIÎ. 21
s38 HISTOIRE NATURELLE
l. J V
X X X V I\ GENRE.
LE LUTIAN, LUTIANUS,
Caractère génér. Les opercules écail-
leiix, dentelés et non armés.
LELUTIAN, LVTiANvs lutiauvs.
Les neuf aiguillons de la nageoire
dorsale caractérisent ce poisson.
La membrane branchiale compte six
rayons, la nageoire pectorale en a dix-
sept, la ventrale six, celle de l'anus
onze , celle de la queue dix-huit, et la
dorsale vingt -trois.
La tète n'est point écailleuse sur le
devant; la mâchoire inférieure avance
sur la supérieure ; elles ont Tune et
l'autre un rang de dents courtes, re-
courbées, séparées de manière qu'elles
Tom . HZ
De^iieitp de/. Jtacine iPcuIp ,
1 , i;k ia tian . > . la iuiochk .
3. TiK LITTIAN iaune ,
\f
7--Y
DU L U T I A K. P.O-J
s*engrènent lorsque la bouche se ferme.
La mâchoire supérieure a sur le devant
une dent forte de chaque côté , et l'on
apperçoit au-dedans nombre de petites
dents , de même qu'au palais. Je ne
saurois rien dire de la nature de la lan-
gue , vu que le poisson que je possède
est séché et éventré ; mais la branchie
simple étoit collée au côté interne de
l'opercule antérieur. Il a les narines
doubles, les yeux grands, la prunelle
noire , et l'iris de couleur d'or. L'oper-
cule antérieur a les deux bords den-
telés, l'autre terminé en pointe mem-
braneuse. Un sillon sépare en partie
l'omoplate de la clavicule. C'est à la
première que commence la ligne laté-
rale , d'où elle va à la proximi té et dans
la direction du dos jusqu'au milieu de
la nageoire de la queue , où elle se perd.
Le dos est rond , le ventre caréné , et
les flancs comprimés. Le fond du pois-
son est blanc, le dos jaune-brun; depuis
le dos jusqu'à la ligne latérale, on dis-
24o HISTOIRE NATURELLE
cerne des lignes bleues transversales ^
comme chez la marquerelle ; mais sous
la ligne latérale on voit deslignes jaunes
allant le long du corps. Les nageoires
sont rougeâtres , et il n'y a que la par-
tie antérieure de la nageoire du dos
qui soit d'un bleu-clair. Les nageoires
pectorales sont longues et pointues j les
ventrales courtes ; celle de l'anus est
arrondie ; la nageoire de la queue est
large et forme un croissant 5 la nageoire
du dos est courte et large ; les rayons
mous dans toutes les nageoires sont ra-
mifiés. Outre les neuf aiguillons men-
tionnés de la dorsale, celle de l'anus en
a trois ^ et la ventrale un.
I*e Japon produit ce poisson , oii il
porte le nom de Ikan Lutjang , nom
qui m'a servi pour la dénomination du
S[enre de ces poissons.
Le poisson présent s'appelle , comme
nous venons de le dire :
Ikan Lutjang , au Japon.
DE LA BROCHE. 2^n
Liitian f chez les Français , les Alle-
mands et les Anglais.
LA BROCHE, lutianus hast a.
Ce poisson se distingue par ses douze
aiguillons au dos , et sa nageoire de la
queue tronquée.
La membrane branchiale de ce pois-
son ayant été endommagée , je ne puis
en déterminer le nombre des rayons.
La nageoire pectorale en a seize , la
ventrale six , celle de l'anus dix , celle
do la queue dix-huit, et celle du dos
vinçt-six.
Il a la tête forte et en pente; les mâ-
clioires également longues , et garnies
d'un rang de dents non -serrées. La
mâchoire supérieure fait voir à l'obser-
vateur, outre deux os de lèvres , un
nombre considérable de petites dent»,
placées derrière les grandes de dcv^ant ;
le palais est aussi denticulé. Les yeux
qui avancent un peU; ont la prunelle
24 2 HISTOIKE NATURELLE
d'an bleu foncé , et l'iris de couleur
d'or. L'opercule de devant a les deux
bords bien dentelés, et une branchie
simple est attachée à son intérieur ; l'o^
moplate est aussi dentelée. L'opercule
postérieur est presque triangulaire ;
l'un et l'autre sont , de même que le
IronCj garnis d'écaillés tendres et bien
tenaces à la peau. L'o^uverture des ouies
(^st grande ; les côtés sont comprimés y
et ornés de petites taches cendrées, for-
mant diverses lignes irrégulières. L'on-
découvre à la naj^eoire du dos des ta-
elles brunes. La ligne latérale qui prend
à l'omoplate, s'approchant du dos, a-
avec celui-ci la même direction , fait
une. inflexion vers le bout du dos , et
36 perd au milieu de la nageoire de la
queue. L'anus est plus proche de la na-
geoire de la queue que de la tête. Les
côtés sont jaunes au-dessus de la ligne
latérale, et d'un gris argenté au-des-
30US d'elle ; la couleur delà tête est mê-
lée de jaune et de brun. Les nageoires
DU LUTIAN JAUNE. 2>5
de la poitrine , du ventre et de la qnene
sont rouges ; les antres nageoires sont
bleuâtres tirant sur le jaune. La pec-
torale est étroite et longue; celle de
Fanus courte , et parmi ses trois aiguil-
lons , celui du milieu se distingue par
sa force et par sa longueur. Les susdits
douze aiguillons de la nageoire dorsale
sont beaucoup plus liajvts que les rayons
mous; ceux-ci ont, comme les autres
rayons , deux jusqu'à quatre rameaux
à leur extrémité.
Ce poisson naît également au Japon.
Il se nomme :
La Broche , chez les Français.
Der Langstachelf chez les Allemands,
The hcn^-'piks , chez les Anglais.
L-E LUTTA N JAUNE^
L UT I AU us LUT^US. .
Le petit nombre d''aigurlîons dans
nageoire dorsale (
ière de ce poisson.
la nageoire dorsale con.slituent le carac -
o
244 HISTOIRE NATURELLE
Sa nageoire pectorale contient dix-
sept rayons , la ventrale six, celle de
l'anus quinze , celle de la queue seize ^
et la dorsale dix-neuf.
Ce poisson est large et mince , le dos
convexe , le ventre sortant , la tête
en pente , et l'ouverture de la bouche
peu large. Les mâclioires , garnies de
très-petites dents granuleuses, ont des
lèvres charnues et sont de longueur
égale. Au-dessus de la mâchoire supé-
rieure onapperçoit quatre ouvertures ,
dont celles de devant sont rondes, et
celles de derrière oblongues. Les yeux
sont grands, la prunelle noire et en-
tourée d'un iris jaune doré. ;D'ici jus-
qu'au museau , il n'y a point d'écaillés ,
l'autre partie de la tête est couverte
d'écaillés moins grandes que celles du
tronc et plus grandes que celles des na-
geoires. L'opereule de devant est ar- '
rondi et dentelé ; celui de derrière ter-
miné en pointe molle. L'ouverture des
OLiies est très-large , et la mcmbra}ie
DU LUTIAN JAUNE. 245
en partie couverte. Je ne puis rien dé-
terminer touchant le nombre des
rayons qui la composent , non plus que
sur la structure intérieure de la bou-
che de ce poisson , ayant emprunté le
dessin du manuscrit du père Plumier.
Il est probable que cet auteur l'a nom-
mé Hepatus argenteus , à cause de sa
largeur et de sa couleur argentine : car
Rondelet et plusieurs anciens ichtbyo-
logues parlent déjà d'un poisson de
mer, large, sous la dénomination de
Hépate. La couleur argentine de ce
poisson relève très-agréablement les
lignes d'or dont le corps esl rubané.
Une partie de ces lignes sont au-des-
sus , l'autre au-dessous de la ligne laté-
rale. Cette ligne, plus proche du dos
que du ventre , se courbe sur le devant
vers le haut , et sur le derrière vers le
bas, l.'anus est moins éloigné de la na-
geoire de la queue que de la tele.
Tontes les nageoires sont jaunes, et
les rayons ramifiés j les nageoires peo-
:iïG HISTOIRE NATURELLE
toralesetventralestertninées en pointe.
L.a première est longue , l'autre est
armée d'un aiguillon, La nageoire de
la queue est fourchue j parmi les aiguil-
lons des nageoires de l'anus et du dos ^
le second est le plus fort. La première
en a. trois, et la dorsale huit, comme
nous l'avons annoncé. Le sillon formé
au dos par les écailles éminentes , peut
cacher celte nageoire. A la base des na-
geoires de l'anus et de la queue , on re-
marque de petites écailles.
Ce poisson se trouve aux Antilles.
Je l'ai appelé d'après la couleur de
ses nageoires :
Le Lutian jaune , en français.
Der Gelhjlosser , en allemand.
The Yellow-fin , en anglais,
L'(EIL D'OR, LVTIANUS chrysops.
Aucun poisson de ce genre ne s'est
trouvé jusqu'ici avecl'attribut de trois
aiguillons ,. et treize rayons mous à la
Tofn.JZr.
J'a^e z^(? .
3.
.1 /Q".lli DOR. 2 . LE LITIAN \ iiao'cou esrouoes.
3. LE CARASSIN de mei . 4.LA SELLE.
-Y
X
.. ■•£■■
D E L' (E I L D' O R. :^i
7
nageoire de l'anus : il en est donc suffi-
samment caractérisé.
Mon peintre, qui en a fait le dessin
dans le cabinet de M. Linke à Leipsig,
ayant négligé de compter les rayons de
la membrane branchiale, je ne saurois
en déterminer le nombre. C^est par la
même raison , que je ne puis rien dire
de positif, ni de la structure intérieure
de la bouclie , ni de l'existence d'une
branchie simple.
La nageoire pectorale a quatorze
rayons , la ventrale en contient six ,
celle de l'anus seize , celle de la queue
dix-huit , et la dorsale en a vingt-cinq.
La tête est en forme de coin ; l'ou-
verture de la bouche petite , les mâ-
choires de longueur égale et garnies
d'un rang de dents petites , pointues
et séparées. Les narines sont doubles
et touchent aux yeux , dont la prunelle
noire est entourée d'un iris large d'or.
Le devant de la tête n'a point d'écaillés;
mais le derrière est garni d^éoailles
a4S HISTOIRE NATURELLE
assez grandes, de ipême que le tronc ;
cependant celles du tronc sont bien plus
grandes. Chacun des deux opercules
est composé de deux lames ; l'un et
l'autre sont arrondis , mais il n'y a que
celui du devant qui soit dentelé. L'ou-
verture des ouies est grande , et la
membrane est cachée sous l'opercule.
La ligne latérale forme en allant
près du dos , un arc peu courbé ,
elle est interrompue à la fin de la
nageoire du dos. Ce poisson a les
flancs comprimés, et l'anus est plus
voisin de la nageoire de la queue que
de la tête. La nageoire ventrale est
plus reculée que la pectorale. Toutes les
deux , et celle de l'anus , sont d'un
jaune pâle , et violet vers le bord ; celle
de la queue qui a la forme d'un crois-
sant est brune , de même que celle du
dos Les côtés , le ventre et la tête
sont argentés , cette couleur se perd
dans le violet vers la ligne latérale, et
le violet devient plus foncé à la nuqu©
DU L U T I A K 5 &c. :>49
et ail dos. La nageoire dorsale contient
onze rayons piquans , et quatorze
rayons mous ', la nageoire de l'anus a
trois aiguillons et treize rayons mous.
Tous les rayons mous se divisent en
-quatre rameaux.
J'ai appelé ce poisson , d'après son
iris d'or :
L'Œil d'or , en français.
Vas Goldaugey en allemand j
^t The Gold-eye , en anglais.
XE LUTIAN A NAGEOIRES ROUGES,
LUTIANUS ERYTHROPTERVS.
Ce poisson se caractérise par onze
aiguillons dans la nageoire du dos , et
douze rayons dans celle de l'anus. Il
est vrai , que le poisson précédent et
celui qui suivra le présent , ont égale-
ment onze aiguillons au dos ; mais le
dernier ayant onze , l'autre seize , et
le présent douze rayons dans la na-
geoire de l'anus , ce nombre inégal
Poissons. III. 22
sSo HISTOIRE NATURELLE
des rayons les différencie très-bien.
La membrane brancliiostège montre
six rayons , la nageoire pectorale
quinze , la ventrale six , celle de l'anus
douze , celle de la queue vingt , et la
dorsale vingt-quatre.
La tête est comprimée ; l'ouverture
de la bouche n'est pas bien grande. Les
mâchoires sont d'égale longueur , et
n'ont qu'un seul rang de dents cour-
tes , un peu fortes , réfléchies et poin-
tues; les deux dents du devant de la
mâchoire supérieure surpassent les
autres en longueur et en grosseur : le
devant du palais est denticulé et rude
comme une lime. Les os de lèvres sont
étroits et minces. La langue est lisse ;
la partie de la tête entre le museau et
les yeux n'est point écaillcuse, de même
que le menton. Le reste de la têteetle
tronc sont garnis de petites écailles
unies. On n'apperçoit que deux nari-
nes qui sont ovales. Les grands yeux
saillans, ont la prunelle noire et uu
DU L U T I A N , &C. 201
iris double, de couleur jaune et vio-
let. L'opercule antérieur n'est dentelé
qu'au bord, et n'a point de branrliie
simple au côté interne. L'ouverture
des ouies est large , et la membrane
n'est qu'à demi couverte. La ligne laté-
rale , presque droite , avoisine plus le
dos que le ventre, et l'anus s'éloigne
moins de la nageoire de la queue que
de la tête. Cette dernière nageoire, de
même que celles de l'anus et du dos ,
sont en partie couvertes de petites
écailles, qui s'élèvent des deux côtés
du dos, et forment, par leur élévation ,
un sillon propre à recevoir la nageoire
dorsale. Les côtés et la tête sont argen-
tés ; à la dernière , cette couleur est
mêlée de rouge; le dos est brun, les
nageoires sont rouges. La nageoire pec-
torale se termine en pointe, celle de la
queue est légèrement écliancrée , les
autres nageoires sont arrondies. Les
rayons mous de toutes les nageoires
soîit ramifiés. On trouve , dans la na-
252 HISTOIRE NATURELLE
çeoire ventrale , un aiguillon simple ,
dans celle de l'anus trois, et onze dans
la dorsale.
J'ai reçu ce poisson du Japon; je 1©
dénomme d'après la couleur de ses na-
geoires :
Le Lutian à nageoires rouges j en fran-
çais.
Der liothflosser , en allemand.
The Red-fin , en anglais.
LE CARASSIN DE MER,
LUTIANUS RUPESTRIS.
Les dix-sept aiguillons de la nageoire
dorsale que nous venons de marquer ,
distinguent d'autant mieux ce poisson,
qu'aucun autre de son genre n'en a au-
tant.
La membrane branchiale contient
cinq rayons , la nageoire pectorale
treize , la ventrale six , celle de l'anus
onze, celle de la queue dix-sept, et la
dorsale vingt-six.
DU CARASSIN DE MER. 253
T>a tête est sans écailles par-devant ;
elle est embellie de lignes bleues de
chaque côté, et se termine en pointe
tronquée. La bouche est petite ; les
mâchoires sont de longueur égale , et
armées d'un rang de petites dents
pointues, dont les quatre antérieures
de la mâchoire supérieure surpassent
cependant les autres en longueur. La
langue est épaisse , libre et lisse , de
même que le palais. On découvre à la
gueule deux os opposés l'un à l'autre,
garnis de dents courtes, rondes et pro-
pres à broyer les alimens. Les lèvres
sont charnues , les narines doubles ,
les premières sont rondes', les autres
de figure ovale. Les yeux , près du
sommet, ont la prunelle noire dans un
iris couleur d'or. L'opercule antérieur,
finement dentelé, est composé de deux
petites lames, et porte des écailles plus
fines que l'autre. Une branchie simple
se trouve attachée à la superficie in-
terne. L'ouverture des ouies est large,
^54 HISTOIRE NATURELLE
et la membrane couverte. Les écailles
sont unies, et la ligne latérale voisine
du dos, va parallèle à lui jusques vers
la fin de la nageoire dorsale, où par une
inflexion elle va se perdre dans la na-
geoire de la queue. L'anus approche
bien plus de la nageoire de la queue
que de la tête. Ce poisson a le ventre
blanc, et le dos jaune- verdâtre. Le
corps est rubané de lignes rougeâ-
Ires, et ceinturé de raies brunâtres
transversales. Le haut de la nageoire
de la queue , et le commencement
de la dorsale , du côté de la tête ,
sont marqués par une tache noire. Les
nageoires sont cendrées et courtes ;
celles de la poitrine, de la queue et du
ventre sont arrondies , celles de l'anus
et du dos se terminent en pointe. Tous
les rayons mous sont ramifiés. La na-
geoire ventrale porte un aiguillon ,
celle de l'anus en a trois , et la dorsale ,
comme il « été dit, en contient dix-
sept, qui sont ramentacés.
DU CARASSIN DE MER. :a55
Ce poisson se trouve dans la mer da
Nord , dans le Canal, et d'après l'afiir-
mation de mon ami, le docteur Wal-
bauDi à Lubeck , on le trouve , quoique
rarement , dans la Baltique. On en
prend beaucoup aux falaises du Dane-
marck et de la Norwège , sur-tout dans
le Christians-Sund. 31 diffère pour la
taille, suivant la différence de son sé-
jour : M. Abilgard nous dit , qu'aux
côtes danoises il n'a que quatre à cinq
pouces. Il a la chair blanche , et se di-
gère bien , mais il faut en excepter ceux
que l'on prend en Norwège dans la baie
près de Weyle , où , selon Pontoppidan ,
ils prennent le plus de graisse et d'em-
bonpoint. On l'apprête de plusieurs
manières , comme notre perche de ri-
vière.
L'estomac, qui consiste en une mem-
brane déliée, est long; le canal intesti-
nal, qui forme deux inflexions, prend
au bas de l'estomac. Le foie est long ,
la raîe conrte, la laitance double j la
256 HISTOIRE NATURELLE
vésicule aérienne consiste , comme celle
delà perche, en une membrane tendue
le long du dos, tenant des deux côtés
aux côtes. Ce poisson a onze côtes de
chaque côté.
Ce poisson est nommé :
Par les Danois, Soe-Karusse.
Par les Norwégiens , Raate , Berg^
Neppe , Strand-Karudse , Hai^-Ka-
rudse et Soe-Karudse.
Par les Suédois, Oer-Snylta.
Par les Anglais, Goldsinny.
Par les Allemands , Seekarausclie ou
Felsenkriecher.
Par les Français , Carass'm de mer et
Carude.
Le docteur Jago nous a le premier
fait connoître ce poisson ; Rai, qui le
prend pour un tourd de mer (i) , nous
en a donné le premier dessin.
Linné l'a d'abord pris pour un ombre
(0 Turdus, nommé Labrus par les mo-
deïues.
DE LA SELLE. 25'/
de mer , puis pour un labre ; Mliller ,
Fabricius et Pennant le mettent éga-
ment au nombre des labres j M. Abil-
gard, au contraire, le compte au genre
des perches.
L'opinion de Pennant, que le pois-
son qu'il a reçu de Cornwal , et dont il
fait la description, soit le goldsinny du
docteur Jago,qui répond tout- à -fait
an nôtre, paroît mal fondée, vu que
non - seulement les dessins diffèrent
beaucoup, mais que le nombre des ai-
guillons dans la nageoire du dos n^est
point égal, et que le nôtre n'a point de
tache noire au ventre comme le sien.
Bonnaterre fait mal à propos deux
espèces de notre poisson.
LA. SELLE, LUTIANUS ephippium.
Ce poisson ayant seul les deux oper-
cules dentelés, et tous les autres de son
genre iCcn ayant que l'antérieur formé
ainsi , il en est fort bien caractérisé.
La membrane des ouiesa six rayons^
258 HISTOIRE NATURELLE
la nageoire pectorale en a dix- neuf , la
ventrale six, celle de l'anus seize, celle
de la queue autant , et la dorsale en con-
tient vingt- six.
La tête est courte , beaucoup en
pente et comprimée; l'ouverture de la
bouche est petite et un peu oblique ; et
les deux mâchoires , dont l'inférieure
est la plus longue , sont garnies de
dents courtes , larges et pointues vers
le haut. La langue est courte, épaisse
et lisse , de même que le palais. Les lè-
vres sont charnues , leurs os courts et
étroits. Les narines sont solitaires; les
yeux , à prunelle noire , ont un iris
jaune ; vn bord dentelé en forme le
dessous. La partie de la tête qui est
entre la bouche et les yeux, n'a point
d'écaillés; le reste de la tête, ainsi que
le tronc et les nageoires du dos , de fa-
nus et de la queue , sont garnis de pe-
tites écailles dentelées. Les deux oper-
cules sont donlelés à leur bord posté -
jieur et inférieur; au premier, on dé-
DE LA SELLE. 239
couvre une incision provenant du moii-
Ycment de la nageoire pectorale qui y
louche. Les côtés sont larges et com-
primés , le dos est arqué de même que
la ligne latérale qui lui est parallèle; la
dernière est interrompue à la fin de la
nageoire dorsale^ reprend au milieu de
la queue, et se perd ensuite dans la na-
geoire de la queue voisine. L'anus tient
le milieu entre la tête et la nageoire de
la queue. Le fond du poisson est rou-
geâtre , le dos a le fond noir. Cette cou-
leur s'étend des deux côtés, et forme
une grande tache, qui est proportion-
née, de même que la couleur rouge à
la grandeur du poisson; plus le poisson
est petit, plus il est rouge, et plus la
tache noire est petite -, plus il avance
en âge , plus le ronge fait place au noir.
Les quatre individus que j'en possède,
m'ont fait remarquer distinctement
cette diiférence.
Les Indes orientales produisent qq
poisson.
26o HISTOIRE NATURELLE
Je l'ai dénommé d'après la figure de
sa tache noire :
La Selle , en français.
Der Sattel, en allemand.
The Saddle , en anglais.
Klein , qui nous donna la première
description de ce poisson, nous en a
laissé aussi un bon dessin. Séba nous en
donna un autre après lui. Le premier
met ce poisson au nombre de ses pro-
chiles, et Séba le range parmi les ban-
doulières. Klein se trompe en croyant
les écailles de ce poisson unies.
LA DENT DOUBLE,
LUT I A N us BIDENS»
Les deux dents de la mâchoire su-
périeure caractérisent suffisamment ce
poisson, le seul de son genre qui ait un
si petit nombre de dents.
. La membrane branchiale a cinq
rayons , la nageoire pectorale treize ,
la ventrale six, celle de l'anus treize.
Tom .m .
Paçe^ %âo ■
x.lAi^EJ^T DOUBUi . ii.IJ?. liUTlAl^ marqué.
3 . LE LUTlAîs^ de TinTce . 4^.3.E LIJTlAJsr de
Surinam •
A
DE LA DEXT DOUBLE. 261
celle de la queue quinze , et la dorsale
vingt-cinq.
La tcte est proportionnée , compri-
mée, étroite et sans écailles sur le de-
vant; l'ouverture de la bouche est pe-
tite , les lèvres sont charnues , les mâ-
choires de longueur égale. Les deux
dents susdites sont larges, la mâchoire
inférieure est garnie d'un rang de dents
courtes et arrondies. Les narines , dont
deux seulement se découvrent à la vue ,
sont placées près du bord antérieur de
l'œil. Les yeux , tout près du sommet ,
ont la prunelle noire et l'iris d'or -, il
n'y a que l'opercule antérieur qui soit
dentelé •, les écailles sont unies, et aux
deux opercules un peu plus petites
qu'au tronc. L'ouverture des ouies est
large , la membrane à demi couverte.
Unebranchie simple s'étend sur la face
intérieure de l'opercule antérieur. Le
tronc est étroit, un peu comprimé, et
la ligne latérale bien près du dos ar-
rondi ; elle a la direction presque
Foissons. III. 2^^
:262 HISTOIRE NATURELLE
droite , est interrompue à la lin de la
nageoire dorsale , et reprend à la queue
où elle se porte droit au milieu de la
nageoire. L*anus est plus près de la na-
geoire de la queue que de la tête. Le
dos est rouge; les côtés sont d'un rouge
pâle par le haut , et vers le ventre la
couleur devient argentine. Le menton
et les nageoires sont verds. H y a une
tache noire à la base de la nageoire
pectorale , et chaque rang d'écaillés
montre une ligne de jaune pâle. Les
nageoires sont toutes arrondies -, les
rayons mous des nageoires sont rami-
fiés en quatre divisions. La nageoire
du ventre n'a qu'un aiguillon , celle de
l'anus en a trois , celle du dos seize ; ces
derniers sont raclés.
Ce beau poisson habite la mer du
Nord.
On le nomme:
La Dent double, en français.
DerDoppelzahn, en allemand.
The Doubte-iooth, en anglais.
I3U LUTIAN MARQUÉ. 263
LE LUTIAN MARQUÉ,
LUTIANUS N 0 T yl T U S,
On reconnoît ce poisson aux qua-
torze aiguillons de la nageoire dorsale,
et aux treize rayons de celle de l'anus.
Je trouve cinq rayons dans la mem-
brane des ouies, quatorze dans la na-
geoire pectorale , six dans la ventrale ,
treize dans celle de l'anus, seize dans
celle de la queue , et vingt-deux dans
la dorsale.
Latête est comprimée, et se termine
en pointe tronquée -, les lèvres sont
charnues, l'ouverture de la bouclie est
petite , la langue et le palais sont lisses -,
les mâchoires , de longueur égale , n'ont
qu'un rang de dents serrées et poin-
tues. On ne découvre que deux narines
ovales qui touchent le bord supérieur
des yeux ", à ceux - ci on découvre , en
les examinant de près, un cercle de
petits poireaux qui ont une ouverture
264 HISTOIRE NATURELLE
au milieu ; ces poireaux sont les ouver-
tures de petits canaux pituitaires. Les
yeux ont la prunelle verte , et l'iris
jaune nuancé de blanc. La tête n'a des
écailles qu'aux opercules. Entre les
yeux et la bouche, il y a plusieurs pe-
tits canaux pituitaires. L'opercule an-
térieur est dentelé par les deux bords.
L'ouverture des ouies est large , la
membrane couverte. Une branchie
simple s'étend sur la face intérieure
de l'opercule antérieur. Les écailles du
tronc sont plus grandes que celles de la
tête , toutes sont molles et unies. La
ligne latérale, très-voisine du dos, est
arquée et parallèle au dos ; mais à la fin
de la nageoire dorsale elle se courbe
vers le milieu de la queue , et se perd
dans la tache noire qui se trouve au
fond de la nageoire de la queue. L'a-
nus tient le milieu entre la tête et !a
nageoire de la queue. Le jaune sale du
poisson est marqué par des taches bru-
nes. Les nageoires de la poitrine, du
DU LUTIAN DE LINKE. 265
ventre et de l'anus , finissent en poin-
tes un peu arrondies. Les rayons de la
nageoire de la queue sont dicholomes,
ceux de Ja nageoire du dos sont sim-
ples, et ceux des autres nageoires ra-
mitlés. Les aiguillons de la nageoire du
dos sont ramentacés. Le nombre des
aiguillons dans les autres nageoires de
ce poisson, est égal à celui du poisson
précédent.
Les Indes orientales sont la patrie
de ce poisson.
.Te l'ai appelé :
Le Lutian marqué , en français.
Dér gezeichnete Lutjan , en allemand.
Et The spotted Lutian , en anglais.
LE LUTIAN DE LINKE,
LUTIANVS L I N K I I.
On distingue aisément ce poisson de
ceux de son genre par les quinze ai-
guillons de la nageoire du dos , et les
quatoize rayons à la nagcoirede l'anus.
266 HISTOIRE NATURELLE
N'ayant que ledessindu poisson qui se
trouve dans la colleclion de M. Linke
à Leipzig , je ne puis déteiminer le
nombre des rayons de la membrane
branchiale : la nageoire pectorale a
quatorze rayons , la ventrale six, celle
de l'anus quatorze , celle de la queue
treize , et la dorsale vingt-six.
La tête est étroite par-devant , et
sans écailles ; les mâchoires sont de
longueur égale , et garnies d'un rang
de dents fortes, pointues et réfléchies;
le palais et la langue sont lisses ; les
narines solitaires et ovales sont près
des yeux : ceux - ci ont la prunelle
noire entourée d'un iris bleu. Les
écailles de l'opercule antérieur dentelé
sont plus petites que celles de l'oper-
cule postérieur ; l'ouverture des ouies
est large, et la membrane cachée; la
ligne latérale tenant avec le dos la
même direction, s'en éloigne vers la
nageoire de la qncuc ; l'anus est plus
voiiin de la nageoire de la queue que
DU LUTIAN DE SURINAM. 267
tle la lêle; les nageoires ventrales et
pectorales ont les rayons mous rami -
fiés , mais cenx des antres nageoires
sont dicliotonics. Ontre les quinze ai-
guillons mentionnés de la dorsale , la
ventrale en présente un , et celle de
l'anus trois : la tête est grise , mais
violette au nez ; le reste du corps est
blanc , tirant sur le violet.
Je ne connois point le séjour de ce
poisson. Je lui ai donné le nom de
M.Linke,dont jele tiens.
LE LUTIAN DE SURINAM ,
LUTIJNUS SURINJMENSIS.
La mâclioire supérieure sans dents
fait le caractère distinctif de ce poisson .
On remarque six rayons dans la
membrane branchiale , seize dans la
nageoire pectorale , six dans la ven-
frale , dix dans celle de Tanus , seize
dans celle de la queue , et vingt-neuf
dans celle du dos.
2G8 HISTOIRE NATURELLE
L'ouverture de la bouche est petite ;
la mâchoire inférieure armée d'un
grand nombre de dents petites , poin-
tues et serrées, est plus longue que la
mâchoire supérieure, qui est munie
de deux os de lèvres ; le palais est
rude, la langue lisse; les lèvres sont
fortes ; les narines sont doubles, celles
du devant rondes, les autres ovales et
tout près des yeux. Ceux - ci sont
grands, la prunelle est noire , l'iris
d'un bleu clair ; la tête est en pente ,
et sans écailles sur le devant -, les écailles
del'opercule antérieur sont pluspeliles
que celles du postérieur , mais elles
sont toutes dentelées et dures comme
celles du tronc : l'opercule postérieur
consiste en deux lames, et se termine en
pointe obluse-, l'antérieur est dentelé
aux deux bords ; l'ouverture des oui es
est fort large , et la membrane cachée.
Le tronc, large sur le devant , se ré-
trécit sur le derrière ; la ligne latérale
que l'on apperçoit près du dos, a la di-
DU LUTIAN DE SURINAM. 2G()
rection presque droite , et l'anus ap-
proche plus de la nageoire de la queue
que delà tête ; les écailles avancent aa
dos arrondi , et forment un sillon pour
y recevoir la partie antérieure de sa
nageoire : la partie molle de cette na-
geoire est couverte , de même que celle
de l'anus et de la queue , presqu'à demi
de petites écailles. Les nageoires sont
arrondies , et les rayons mous se divi-
sent en plusieurs rameaux ; la partie
antérieure de la nageoire du dos est
munie de quatorze aiguillons , et dé-
cline fortement sur le derrière ; le pre-
mier aiguillon de la nageoire de l'anus
est petit , le second long et fort , et le
troisième étroit; il n'y a que le pre-
mier rayon de la ventrale qui soit pi-
quant. Le fond du poisson est rougcâ-
tre , avec des raies et des taches d'un
gris foncé ; les nageoires sont bleues ,
et celle de la queue seule est rouge par
le haut.
Ce poisson est natif de Surinam.
il^O HISTOIRE NATURELLE
Il est nommé :
Steen-Kaal-Kop , par les Hollandais.
Stein^ahlkopf , par les Allemands.
Le Lutian de Surinam, ipar lesFrançais,
Et The Lutian of Surinam , parles An-
glais.
LE LUTIAN VERDATRE,
LU TIJN us V 1RES CENS.
Le rang de dents à chaque mâchoire,
et les douze rayons à la nageoire de la
queue , caractérisent ce poisson.
Le carassin de mer ressemble fort
au lutian verdâtre -, mais le carassin
n'ajMnt que deux dents dans la mâ-
choire supérieure , et celui-ci ayant
plus de dents et plus de rayons , on ne
peut guère les confondre.
La membrane branchiale a cinq
rayons , la pectorale dou^e , la ventrale
six, celle de l'anus douze , celle de la
queue seize, et la dorsale vingt-cinq.
La tête est alon^ée et obtuse : les
7W
m.
Ffht/e 2.^0
t.lj; LlTTIAl>i veidatre. nAiW GROIN. 3 . LF-
VWUIAT de inor. 4. LE. I/UTTA-N do Neoi-w^o-e-
DU LUTIAN VERDATPlE. S71
lèvres sont charnues , les mâclioircs
de longueur égale , et armées d'un rang
de dents pointues et serrées , dont les
antérieures sont les plus fortes; le pa-
lais et la langue sont lisses , et la gueule
a des dents en forme de perles ; les
os de lèvres se rétrécissent par le
haut , et s'élargissent à l'angle. D'ici
jusqu'aux yeux , la tête est sans écail-
les ; les narines sont solitaires , ovales,
et touchent au boid des yeux , dont la
prunelle noire est bordée d'un iris gris
et jaune ; l'opercule antérieur est ar-
rondi et denticulé par ses deux bords ;
le postérieur se termine en pointe : ils
ont l'un et l'autre des écailles plus pe-
tites que le tronc , et qui sont toutes
minces et lisses. L'ouverture des ouies
est grande, la membrane découverte,
et l'on trouve unebrauchie simple; le
tronc est étroit et comprimé, mais le
dos et le ventre sont arrondis; la ligno
latérale allant dans la proximité du
dos, est interrompue au bout de la
ii72 HISTOIRE NATURELLE
nageoire dorsale ; Fanus est plus voisin
de la nageoire de la queue que de la
tête , à laquelle on voit , aussi bien qu'à
cliaque rang d'écaillés , des lignes vio-
lettes : le fond du poisson est jau-
nâtre , mais les nageoires sont vertes j
celles du dos , de l'anus et de la queue
ont des lignes violettes. Les seize ai-
guillons du dos et les trois de l'anus
sont ramentacés; la ventrale est aussi
armée d'un aiguillon ; les rayons mous
se ramifient en plusieurs branches , et
les nageoires sont arrondie?; les na-
geoires du ventre se trouvent plus en
arrière que celles de la poitrine.
J'ignoie la patrie de ce poisson. Je
l'ai reçu d'un encan hambourgeois ,
sans aucune description.
On le nomme :
Le Lutian verdâtre, en français,
Der Gr'ûnflosser j en allemand.
The Green-firij en anglais.
DU GROIN. 273
LE GROIN, LVTIANUS rostratus.
La tête en pointe obtuse , et la na-
geoire de la queue tronquée , caracté-
risent ce poisson.
La membrane branchiale porte cinq
rayons, la nageoire pectorale douze, la
ventrale six , celle de l'anus douze ,
celle de la queue quinze , et la dorsal©
vingt-cinq.
La bouclie est petite , la mâchoire
inférieure la plus longue : un rang de
dents petites , minces , pointues et très-
serrées , les garnit toutes deux, et la
mâchoire supérieure fait encore voir
deux os de lèvres. Le palais et la
langue sont lisses ; les narines solitai-
res, rondes et placées au milieu entre
le museau et les yeux. Ceux-ci ont l'iris
couleur turquoise autour d'une pru-
nelle noire. La tête est sans écailles
jusque-là ; l'opercule antérieur est fine-
ment dentelé ; les deux opercules ar-
rondis sont couverts d'écaillés plus pe-
Poissons. ni. 24
27^ HISTOIRE NATURELLE
tites que celles du tronc -, l'ouvertiire
des ouies est grande , et la membrane
n'est visible qu'en partie \ le côté in-
terne de l'opercule antérieur est garni
d'une branchie simple; le ventre est
plus arrondi que le dos -, la ligne laté-
rale allant près du dos , est un peu ar-
quée et parallèle au dos ; l'anus est plus
près de la nageoire de la queue que
de la tête j les nageoires , excepté
celle de la queue , sont courtes ; les
rayons mous sont ramifiés , excepté
dans la nageoire de la queue , où ils
sont fourcbus. Quinze aiguillons ar-
ment la nageoire dorsale, trois celle de
l'anus , et un la ventrale : les premiers
sont ramentacés. Le dos est violet
foncé, le ventre violet clair ; les côtés
sont jaunâtres : les nageoires pectorales
et de la queue ont la même couleur
au fond , mais elles jaunissent aux
bords ; les autres nageoires présentent
le contraire.
Je lie connois point le séjour de ce
DU VERRAT DE MER. 275
poisson, que je tiens de M. Vosmer à
îa Haye.
On le nomme :
L.e Groin , en français.
Der Rilssel, en allemand.
Et The snouted LutiariyCn anglais.
LE VERRAT DE MER,
LUT! AN us VERRES.
Ce poisson se distingue aisément de
ceux de son genre , par le violet du
dos , et par sa bouche en forme de
groin.
L'on apperçoit cinq rayons dans la
membrane branchiale , seize dans la
nageoire pectorale , six dans la ven-
trale , treize dans celle de l'anus ,
quinze dans celle de la queue , et
vingt-deux dans la dorsale.
La tête comprimée et en pente se
termine en pointe obtuse ; la bouche est
grande , et la mâchoire supérieure est
plus longue que l'inférieure ; elles
2/6 HISTOIRE NATURELLE
sont l'une et l'antre armées de dents ,
qui diffèrent sensiblement de celles
des autres poissons de ce genre. La mâ-
choire inférieure présente par-devant
quatre grandes dents, pointues, re-
courbées, dont celles des côtés sont les
plus fortes ; puis viennent six dents
très - courtes , placées deux à deux;
celles-ci sont suivies de trois dents
plus grandes recourbées , et puis trois
dents courtes. Mais dans la mâchoire
supérieure, l'on ne voit, outre les
quatre dents du devant , semblables à
celles de la mâchoire inférieure , que
deux dents sur le derrière , et entre
ces deux endroits , l'on remarque
des dents isolées , courtes , en forme
de perles j le palais en a de semblables.
On remarque une branchie simple au
côté interne de l'opercule antérieur
dont le bord est dentelé. La tête n'a
point d'écailles jusqu'aux yeux, aux-
quels tonchent les narines, dont on ne
voit que deux 3 la prunelle noire est
DU VERRAT DE MER. '2"]^
dans un iris d'orange ; l'opercule pos-
térieur finit en pointe obtuse ; l'ou-
verlure des ouies est très-large , et la
membrane est en partie couverte -, les
écailles des opercules n'ont pas la gran-
deur de celles du tronc ; les nageoires
du dos, de l'anus et de la queue sont
également couvertes , pour la plus
grande partie , d'écaillés semblables.
Elles sont généralement dures et den-
telées. La tête , le dos et les flancs en
partie brillent d'une couleur pourpre,
mais le reste du tronc est argentin; la
ligne latérale prend une direction pres-
que droite iusqu'à la fin de la nageoire
du dos , oii elle fait une inflexion vers
le milieu de la queue; l'anus est au mi-
lieu du corps; les nageoires pectorales se
terminent en pointe obtuse , les autres
en pointe aiguë. Elles ont les rayons
mous à plusieurs rameaux , et les ai-
guillons ramcntaccs : la ventrale a un
de ces derniers , celle de l'anus trois ,
et la doi'sale douze. La nageoire de la
278 HISTOIRE NATURELLE
queue est rouge; celles de la poitrine
le sont à la base , et prennent à l'extré-
mité une couleur tirant sur le violet ;
la ventrale est d'un violet pâle ; celles
du dos et de l'anus sont violettes à leur
partie antérieure , et rouges à la par-
tie postérieure.
Ce poisson étoit du nombre d'une
collection que je reçus du Japon : la
ressemblance de sa bouche avec le groin
du verrat m'engagea à lui donner ce
nom , ne conuoissant point celui qu'il
porte au Japon. Selon Parra , on le
trouve aussi aux environs de l'île de
Cuba-, mais cet auteur ae dit rien tou-
chant son histoire.
Il se nomme:
Le Verrat de mer , en français.
DerSee-Eberj en allemand.
The Sea-Boar, en anglais.
JEitPerro Colorado j eu espagnoL
DU LUTIAN DE NORWEGE. 279
LE LUTIAN DE NORWÈGE ,
LUTIANUS NORVEGICUS,
Les seize aiguillons du dos et les
treize rayons de la nageoii'e de l'anus
distinguent ce poisson.
La membrane brancliiale porte cinq
rayons ,1a nageoire pectorale en a qua-
torze , la ventrale en contient six ,
treize distinguent celle de l'anus, celle
de la queue en compte seize , et la dor-
sale est camposéede vingt- cinq rayons..
L'ouverture de la bouche est petite ,
les mâchoires de longueur égale sont
armées d'un rang de petites dents très-
serrées. La langue et le palais sont
lisses , et la gueule , garnie de dents en
forme de perles , a trois os. Les lèvres
sontgrosses,niaislesos en sont étroits.
Les narines sont solitaires et très-
proche des yeux, dont l'iris doublé de
jaune et d'un bleu-clair entoure la pru-
nelle noire. Les 3^eux sont couverts cil
aSo HISTOIRE NATURELLE
partie d'une membrane clignotante.
Autour des yeux on rem arque plusieurs
petites ouvertures , lesquelles étant
pressées rendent une humidité pitui-
teuse. La tête n'a point d'écaillés jus-
qu'ici , et sa couleur est violette. Le
tronc est large , Tanus prend le milieu
entre la tête et la nageoire de la queue ,
l'opercule antérieur est dentelé , et
l'autre terminé en pointe émoussée. La
superficie intérieure du premier oper-
cule fait appercevoir une branchie
simple. L'ouverture des ouies est fort
large , et la membrane ne se cache
qu'en partie. La ligne latérale allant
dans la proximité du dos , fait une in-
flexion très - forte vers sa fin. Les
écailles sont dentelées , dures et bien
attachées à la peau ; et couvrant en
partie la nageoire du dos et de l'anus ,
elles forment non-seulement un sillon
à ces deux endroits , mais leur émi-
nence donne encore à ce poisson une
forme large. Toutes les nageoires sont
DU LUTIAN DE NORwÈGE. 281
arrondies et leurs rayons ramifiés. Les
seize aiguillons mentionnés de- la na-
geoire dorsale sont ramentacés. Outre
cette nageoire , la ventrale est armée
d'un aiguillon , et celle de l'anus de
trois. La nuque et le dos sont violets ;
les flancs et le ventre sont jaunes et
tachetés de violet , de même que la
dorsale. Les nageoires de la poitrine et
du ventre sont bleues ; l'extrémité des
nageoires de Tanus et de la queue est
violette , le reste jaunâtre.
Ce poisson est de la Norwège. J'en
ai reçu trois de mon ami Spengler.
On lui donne le nom de sa patrie :
Le Lutian de Norwège , en français.
T)er Norwegische Lutian , en allemand,
The Norvegian Lutian , en anglais.
L'estomac est étroit, le canal intes-
tinal a deux sinuosités ; la vésicule aé-
rienne est courte , large, simple, d'une
membrane forte et attachée aux deux
côtés de même qu'à l'épine.
S82 HISTOIRE NATURELLE
XXXVir GENRE.
LE LABRE, labrus.
Caractère génér. La lèvre supérieure
double et extensible , les lèvres
grosses, les os des lèvres couverts.
PREMIÈRE DIVISION.
A QUEUE d' II I R G N I) E I, L. E.
LE LABRE DU BRESIL^
LJBRIS BRJSILIENSIS,
Les lignes serpeulées de la nageoire
du dos et de l'anus de ce poisson lui
donnent un caractère distinctif.
L'on découvre onze rayons dans la
nageoire pectorale , six dans la veu-
Tom .m.
J'qj^e 282.
lie f^/ffaÙL^ dcu/^ .
i.LE LABRE du. Brésil, ii I.E CllOlSSATSTr
3 .1.B LABRE verd.
-"^f
DU LABRE DU BRESIL. 283
traie , vingt- cinq dans celle de l'anus ,
dix huit dans celle de la queue , et
vingt-trois dans la dorsale.
La tête est sans écailles, en pente et
décorée de lignes vermiculaires. L'ou-
verture de la bouche est petite , les
mâchoires d'égale longueur , la supé-
rieure armée de deux dents canines
recourbées, l'inférieure de quatre dents
pareilles. Une rangée de petites dents
pointues en défend les côtés. Les dou-
bles narines sont près des yeux , dont
la prunelle noire est placée dans un iris
rouge foncé et bleu. La ligne latérale
est arquée comme le dos , et plus près
de celui-ci que du ventre ; l'anus est
-v^ plus près de la tête que de la nageoira
de la queue. Les écailles sont grandes
et lisses , les rayons ramifiés , excepté
dans la nageoire du dos et de l'anus, oii
ils sont fourchus. Tontes les nageoires
sont pointues. La dorsale a neuf aiguil-
lons , celle de l'anus en a trois , et la
ventrale un. L'or fait la couleur domi-
284 HISTOIRE NATURELLE
liante de ce poisson , sur laquelle les
taches bleues oblongues dans la proxi-
mité du dos font un bel efifet. Les na-
geoires du dos et de l'anus sont jaunes
et ornées de trois lignes bleues cha-
cune , et les autres nageoires sont tout-
à'fait bleues.
Ce beau poisson habite les eaux du
Brésil, et suivant Marcgraf il n'atteint
que dix pouces de longueur ; mais le
prince Maurice soutient qu'il parvient
à la taille de la carpe. Il vit de proie ,
mord à l'hameçon , et il a la chair très-
bonne.
On nomme ce poisson :
Au Brésil , Tetimixira.
Chez les Portugais , Bodiano verde.
Chez les Allemands , Brasilianischer
Lippfisch.
Chez les Français , Labre da Brésil.
Et chez les Anglais , Brasiliam IFrasse.
Marcgraf , qui le premier nous le fit
connoître , en a aussi laissé un dessin,
DU CROISSANT. 285
copié par Piso , Jonston et Rli5^sc}i ,
mais nonobstant mauvais.
La nouvelle figure de Willughby
vaut un peu mieux. La mienne est imi-
tée du manuscrit du prince Maurice.
LE CROI SSANT, labrus lunjirjs.
Le corps violet et les Iiuit aiguil-
lons de la nageoire du dos caractérisent
ce poisson.
Je trouve cinq rayons dans la mem-
brane branchiale , dix-sept dans la na-
geoire pectorale , six dans la ventrale,
treize dans celle de l'anus , quatorze
dans celle delà queue, et vingt-un dans
la dorsale.
La tête est petite , comprimée , alé-
pidote et garnie d'un grand nombre de
pores pituiteux ; la bouche est petite ,
les mâchoires d'égale longueur avec un
seul rang de dents petites et pointues,
dont les antérieures sont les plus lon-
gues. La langue et le palais sont lisses,
et à la gueule se trouvent des os avec
roissons. III, a.'V
:2SG HISTOIRE NATURELLE
des dents en forme de perles. Les yeux
sont petits , la prunelle est bleue , l'iris
argenté ; ils ont une membrane cligno-
tante ; les narines touclient aux yçux.
L'opercule postérieur est composé de
deux petites lames , et se termine eu
pointe obtuse. L'antérieur porte un©
brancliie simple en dedans. Le tronc
est compi'imé et couvert d'écaillés
molles et unies. Le dos est taillant , le
ventre en avant de l'anus est rond ,eii
arrière il est tranchant. L'anus est plus
voisin de la tête que de la nageoire de
la queue ; la ligne latérale est plus près
du dos que du ventre , elle est arquée
le long du dos , et fait une inflexion
forte au bout de la dorsale. Elle se di-
vise en trois rameaux sur chaque écaille.
Les rayons mous sont à quatre ra-
meaux , à l'exception du premier delà
nageoire pectorale et de celle de la,
queue. Outre les huit aiguillons de la
nageoire du dos qui sont raclés , on eu
trouve deux dans la nageoire de l'anus.
)
DU CROISSANT. 287
et un dans la ventrale. La tête et la
nageoire du dos sont d'un bleu foncé ;
la ligne latérale ,1e ventre et les autres
nageoires, hormis celles de la poitrine ,
sont d'un violet clair ; ces dernières
sont jaunes à la base , et au reste d'un
bleu foncé. La nageoire dorsale est bor-
dée de blanc en bas et en liant , et la
nageoire de l'anus a un bîeu foncé à I4
base.
Ce poisson demeure aux Indes orien-
tales.
On le nomme :
En Hollande , Caffehtaari,
En France , Croissant.
En Allemagne , Mondschwanz , hlaae
Lippfischou Gabeîschff' artz.
Et en Angleterre , lanulated Wrasse.
Gronov a donné la première des-
cription de ce poisson, avec un dessin
fidèle,imité par Statius Millier et l'abbé
Bonnaterre *, mais il n'a point noté les
narines et les pores de la tête, et il a
représenté la ventrale trop en arrière.
288 HISTOIRE NATURELLE
LE LABRE VERD,
LJBRUS VIRIDIS.
Le beau verd qui couvre tout ce
poisson , et les huit aiguillons du dos
donnent des caractères bien assurés.
La nageoire pectorale a douze rayons,
six munissent la ventrale , treize com-
posent celle de l'anus , la nageoire de la
queue en a quatorze , et la dorsale
vingt.
La tête est petite , comprimée , alé-
pidote et ornée de raies vertes *, l'ou-
verture de la bouche est petite , les
mâchoires d'égale longueur ont un rang
de dents petites , dont les antérieures
sont les plus longues. Les narines qui
sont doubles , se trouvent près des
yeux : ceux-ci ont la prunelle noire et
l'iris doré. Le tronc est étroit , com-
primé et couvert d'écaillés grandes,
lisses , bordées de jaune et de verd. La
ligne latérale va en droite direction
comme le dos y et se courbe au bout ;
^a(/. loi)
To/n . IL
al^ELLAIVRl^i à dcnix bandes a. LE liAURK i.
deux Ls^iies. 3.1 iF. I.AIÎRK a ou-andes écailles.
41 il: niAlillF. ai OU' .
DU LABRE A DEUX BANDES. 2S9
3e dos est caréné , le ventre mince , et
l'anus au milieu du corps. Les na-
geoires du dos et de l'anus sont jaunes
avec une bordure verte à la base et à
l'extrémité , les autres sont jaunes au
milieu et vertes aux bords.
Ce poisson est du Japon.
Il est nommé :
Par les Hollandais du Japon , der grûne
Papageyfisch.
!Par les Français, le Labre verd.
Par les Allemands , der grûne Lipp-
fisch.
.Et par les Anglais, f/i^ green Wrasse.
LE LABRE A DEUX BANDES ,
LABRUS BIFASCIATUS.
Les deux bandes brunes qui embel-
lissent ce poisson , le caractérisent dis-
tinctement.
La membrane branchiale est munio
de cinq rayons , la nageoire de la poi-
trine de douze , celle du ventre de six,
celle de Fauus de quatorze ; celle de la
290 HISTOIRE NATURELLE
queue de treize , et celle du dos do
vingt-un.
La tête est sans écailles et garnie de
petites ouvertures d'où suinte une ma-
tière visqueuse. La bouche est petite ,
les mâchoires sont d'égale longueur et
armées d'une rangée de dents serrées ,
dont celles du devant sont les plus
grandes. L'opercule antérieur est ar-
rondi , le postérieur terminé par une
pointe obtuse j l'un et l'autre sont unis.
Les yeux sont petits et ont la prunelle
noire dans un iris verd. La langue et le
palais sont lisses , et les os de la gueule
portent des dents en forme de perles.
Le tronc comprimé et alongé est cou-
vert d'écailies grandes , minces et
lisses. La ligne latérale va très-près du
dos en serpentant , et forme une forte
courbure au bout de la dorsale. L'anus
est plus près de la tête que de la na-
geoire de la queue.
La tête est violette , le tronc gris,
avec deux larges bandes brunes sur le
DU LABRE A DEUX BANDES. 29I
devant ; la nageoire de la queue esî:
brune aux deux bords et à la base ,
mais bleuâtre au milieu ; la poitrine est
blanche , les nageoires ventrales et pec-
torales sont jaunes ; celles de l'anus et
du dos sont rougeâtres et bordées de
bleu clair ; la nageoire ventrale porte
un aiguillon , celle du dos est compos e
de neuf aiguillons raclés et de douze
rayons mous , celle de l'anus a trois
aiguillons et onze rayons mous ; les
rayons de ces deux nageoires sont four-
chus, ceux de la nageoire de la queue
sont à quatre , et ceux des autres na-
geoires à plusieurs rameaux. La dorsale
a sur le devant une longue tache noire.
Les Indes orientales produisent ce
poisson , et ce sont ses bandes qui m'en
ont fourni la dénomination.
Je le nomme :
Le Lalre à deux bandes , en français.
Vas Doppelband , en allemand.
JEt the double streaked Wrasse , en an-
glais.
292 HISTOIRE NATURELLE
SECONDE DIVISION.
QUEUES RONDES.
à tête alépidote.
LE LABRE A DEUX LIGNES ,
LABRUS BIVITTATVS.
Les deux raies brunes qui vont lo
long du corps et dont l'une passe sur
l'oeil , l'autre sur le ventre , font con-
iioitre ce poisson.
Cinq rayons constituent la mem-
brane branchiale , quatorze la nageoire
pectorale , six la Ventrale , quatorze
celle de l'anus , treize celle de la queue ,
et vingt-un celle du dos.
La tête un peu large par le haut est
comprimée par les côtés et dépourvaie
d'écaillés. La bouche , les mâchoires ,
les dents, le palais, et toutes les autres
parties de la tête , sont formées comme
chez les autres labres ) les yeux dont la
DU LABRE A DEUX LIGNES. SgS
prunelle vcrdâtre est surmontée d'un
iris jaune j sont couverts d'une mem-
brane clignotante. Le tronc est étroit
et couvert de grandes écailles ; la ligne
latérale est près du dos, elle fait une
courbure à la fin de la dorsale , et
s^étend jusqu'au milieu de la nageoire
de la queue. L'anus s'éloigne plus de
la nageoire de la queue que de la tête.
I^a nageoire de la queue est ronde , les
autres nageoires se terminent en pointe.
Le dos et le ventre sont rouges , les
cotés jaunes , et le jaune des nageoires
est nuancé par le violet ; la nageoire
de la queue est violette avec des taches
jaunes. La dorsale a neuf aiguillons et
douze ra)''ons à deux branches, la na-
geoire de l'anus a trois aiguillons et
onze rayons à deux branches , et la
ventrale n'a qu'un aiguillon. Les rayons
flexibles de celle-ci comme de la pec-
torale et de la nageoire de la queue ont
quatre branches. Les aiguillons du doS
«t de l'anus sont raclés.
294 HISTOIRE NATURELLE
Ayant tiré ce poisson d'un encan
hollandais, j'en ignore la patrie.
On le nomme :
En français, le Labre à deux lignes,
^n aWemanà, derDopplestrich.
Et en anglais , tJie double Streahd
brasse.
LE LABRE A GRANDES ÉCAILLES ,
LABB.US MACROLEFIItOTVS.
Les neuf aiguillons du dos, et les
seize rayons de la nageoire de l'anus,
fournissent les caractères de ce pois-
son .
La membrane branchiale offre cinq
rayons , la nageoire peclorale en a
douze, la ventrale six, celle de l'anus
seize, celle de la queue dix-neuf, et la
dorsale vingt-deux.
La tête est courte, lisse et compri-
mée. Les mâchoires sont de longueur
égale , et un seul rang de dents poin-
tues , dont les antérieures sont les plus
D'U LABRE, &c. '2^5
grandes , arme l'une et l'autre. Le pa-
lais et la langue sont lisses-, la gueule a
des dents en forme de perles , et le
côté interne de l'opercule antérieur
porte une brancliie simple. On ne re-
marque que deux narines ovales , te-
nant le milieu entre les yeux et le
museau , et divisées en dedans. Les
yeux sont verticaux et ont la prunelle
noire dans un iris jaune. L'on voit
sous les yeux deux demi -cercles de
pores ou d'ouvertures de canaux pi-
tuitaires. L'ouverture des ouies est
large, et la membrane brancliiale dé-
gagée. Les opercules sont composés de
plusieurs petites lames. Le tronc est
mince , le dos et le ventre sont carénés.
La ligne latérale va dans la proximité
du dos, et est interrompue au bout de
la nageoire du dos. Le ventre est court
et l'anus plus près de la tête que de la
najjeoire de la queue. Les écailles sont
minces, lisses, arrondies, et elles cou-.
Vient aussi une partie de la nageoire
296 HISTOIRE NATURELLE
de la queue ; la dorsale est étroite ,
mais plus longue que celle des autres
poissons de ce genre ; car elle commence
à la nuque , et s'étend tout le long du
dos jusqu'à la queue : elle contient neuf
aiguillons et treize rayons mous, celle
de l'anus a autant de rayons mous et
trois aiguillons. Les aiguillons de la
dorsale sont ramentacés , les rayons de
la pectorale et de la ventrale ont pîu-f
sieurs branclieS; et les autres sont four-
chus. Le tronc est d'un brun jaune,
les côtés sont plus clairs que le dos et
le ventre. La tête est jaune et décorée
de taches violettes aux opercules. Les
nageoires sont d'un jaune pâle tirant
sur le violet , et l'on discerne quelques
taches bleues au commencement de la
dorsale.
Le séjour de ce poisson m'est in-
connu. Le catalogue de l'encan dit
qu'il est des Indes orientales, mais ces
sortes de relations manquent d'autheii'
licite.
DU LABRE NOIR. 297
On le nomme :
En France , le Labre à grandes écailles,
E>n allemand, der g^rossschuppige Lipp-
fisch.
JEt en anglais, the great scaled JVrasse.
LE LABRE NOIR,
LABRUS MELJPTERV S.
Les nageoires noires et les huit ai-
guillons du dos suffisent pour désigner
ce poisson.
La membrane brancliiaîe a cinq
rayons , la nageoire pectorale en a
douze, la ventrale six, celle de l'anus
treize , celle de la queue quinze , et la
dorsale dix- neuf.
La tête est en pente et sans écailles,
la bouche petite , et chaque mâchoire
est armée de deux dents canines et
d'une rangée de mâchelièrcs arron-
dies. Les deux dents canines de la mâ-
choire inférieure sont courbées en de-
hors. Le palais est lisse, les narine»
Poissons. III. 26
âr)8 HISTOIRE NATURELLE
sont solitaires, rondes et près des yeux.
Ceux-ci sont petits, ont la prunelle
noire et l'iris d'orange , et sont bordés
de canaux pituitaires en forme d'é-
îoile. L'opercule antérieur est arrondi,
le postérieur terminé par une pointe
tronquée. La membrane brancLiale est
presque toute couverte. L'ouverture
des ouies est large , le tronc couvert
de grandes écailles lisses. La ligne laté-
rale est proche du dos, elle va en direc-
tion droite jusqu'à la fin de la nageoire
dorsale , où elle fait une forte courbure
et va droit à la nageoire de la queue.
L'anus est au milieu du tronc. La dor-
sale a huit aiguillons et onze rayons
mous , la nageoire de l'anus a trois
aigiûllons et dix rayons mous , et la
ventrale a un aiguillon et cinq rayons
mous. Les aiguillons de la dorsale sont
ramentacés, les rayons de la nageoire
de la queue ont quatre rameaux, et les
rayons des autres nageoires sont à plu-
sieurs branches.
I*a4^e zçç
Tom. m
2>e^eve Je/. Ze Fî/hin J'c»^'
3 . J^A TETE BI^UE . ii . EA GHŒEEE •
3 EE EABEE à Goiiites . 4^ . EE LABUF. à
DE LA TÊTE BLEUE. 2g()
La tête est d'un brun rouge sur le
devant ; les canaux pituitaires , les
opercules , le ventre et la queue sont
verds ; le dos a la couleur du devant
de la tête, les côtés sont jaunâtres, et
les nageoires sont noires, excepté celle
de la poitrine qui est brune ; les écailles
isont ornées pour la plupart cliacun©
d'une taclie brune claire.
Ce poisson est du Japon.
Il est appelé :
Par les naturels, l'an Cacatoea.
Par les Hollandais, der schwarze Pa-
page.yfisch.
Par les Allemands, der Schwarz jlosser^
Par les Fi:ançais, le Labre noir.
£t par les Anglais, the Black- fin.
LA TETE BLEUE,
L4B RU S CYJNOCEPHJLUS.
La tête bleue de ce poisson et la
ligne latérale interrompue , le. font
3oO HISTOIRE NATURELLE
aisément discerner des autres de sori
genre.
Il a cinq rayons dans la membrane
branchiale , douze dans la nageoire pec-
torale, six 4ans la ventrale, quatorze
dans celle de l'anus , douze dans celle
de la queue , et vingt dans la dorsale.
La structure de la tête ressemble
parfaitement à celle des autres labres.
Les narines sont solitaires, ovales, di-
visées en dedans, et presqu'au milieu
entre l'œil et le museau. Les yeux sont
petits, l'iris est jaunâtre et la prunelle-
noire ; l'opercule postérieur terminé
en pointe ; l'ouverture des branchies
est grande , et la membrane dégagée.
Le tronc, semblable à celui des autre»
poissons de ce genre , a le dos bleu
foncé , et les flancs argentés. Les na-
geoires sont grises tirant sur le verd,
l'anus est à-peu- près au milieu du
corps; la ligne latérale près du dos est
interrompue vers le bout de la dorsale.
Les écailles sont minces^ grandes et
DE LA GIRELLE. 3oi
rondes. Les rayons de la nageoire du
dos et de celle de l'anus sont tricho-
tomes, et les autres à plusieurs bran-
ches. La dorsale a neuf aiguillons, la
nageoire de l'anus deux, et celle du
ventre un.
Je ne connois point la patrie de ce
poisson.
On le nomme :
En français , la Tête bleue.
En allemand, der Blaukopf.
Et en anglais , the. Blue-head.
LA GIRELLE, labrus julis.
Les deux aif^uillons de la nageoire
de l'anus et la raie dentelée le long du
corps caractérisent ce poisson.
La membrane branchiale compté
six rayons , la nageoire pectorale en a
quatorze , la ventrale six , celle de l'a-
nus quatorze , celle de la queue quinze ,
et la dorsale vingt-un.
La tête comprimée et sans écailles.
5o2 HISTOIRE NATURELLE
se termine en pointe obtuse. Les lèvre»
sont fortes , les mâchoires d'égale lon-
gueur, armées sur le devant de quatre
dents pointues recourbées, et des deux
côtés de deux rangs de dents coniques
séparées. Les deux dents du milieu
sont les plus grandes de celles du de-
vant , et les dents externes latérales
sont plus grandes aussi que les autres.
Le palais et la langue sont lisses , la
gueule est munie d'os renfermant des
dents en forme de perles. Les narines
doubles , les antérieures rondes , les
autres ovales sont placées à la proxi-
mité des yeux. Ceux-ci ont la prunella
noirâtre dans un iris orange. Les oper-
cules sont unis, le postérieur forme
«ne pointe membraneuse émoussée, et
l'antérieur présente une branchie sim-
ple. L'ouverture des ouies est large, et
l'on ne voit qu'une partie de la mem-
brane. Le tronc est étroit et mince,
le dos et le ventre sont ronds. L'anus
est plus voisin de la tête que de la na-
DE LA G I R E L L E. SoS
geoire de la queue. La ligne latérale
touche au dos ; elle est fort courbée
vers le bout , et chaque écaille la re-
présente ramiûéc en deux canaux. Les
écailles bien afTermies à la peau sont
petites, minces et dentelées ; de-là le
toucher du poisson est rude, lorsqu'on
porte la mainde la queue à la tête. Les
rayons mous sont généralement four-
chus , et les aiguillons n'ont point de
roideur. Le dos en contient neuf, la
nageoire de l'anus deux , la ventrale
un. La femelle a le dos noir , le mâle
l'a verd. La raie mentionnée , dont la
couleur est jaune , prend à la nuque et
descend Jusqu'à la nageoire de la queue.
Une autre raie violet foncé prend de-
puis le museau et va presque jusqu'à
la queue. Le reste des côtés et le ventre
sont d'un blanc avec des raies violet
clair. Le haut de la dorsale est orange ,
la base d'un violet pâle , couleur propre
aux nageoires de l'anus et de la queue ,
et en partie à celles de îa poitrine et du.
oo4 HISTOIRE NATURELLE
ventre. Ces couleurs aussi variées qnè
belles et brillantes , lui ont valu les
noms de jungfer ( vierge ) , donzella
( demoiselle ) , junkerfîscli ( cadet ) , re-
genbogenflsch ( arc-en-ciel ), etc.
Belon le déclare pour le plus beau
poisson que la mer produit ; mais comme
nous avons connu depuis d'autres pois-
sons des Indes orientales et occiden-
tales, qui ne le cèdent pointa celui-ci ,
quant aux couleurs, Linné se contente
de lui donner le premier rang à l'égard
de la beauté , dans les eaux de l'Europe.
Cetti lui dispute encore cette préfé-
rence , n'ayant outre les raies jaunes
et violettes que le blanc ordinaire , efe
une couleur rouge et jaune mal nuan-
cée aux nageoires ; observation qu'il a
faite lui-même sur ce poisson encore
vivant , et au moment qu'on l'avoit
tiré de l'eau. Mais Salvian , Rondelet ,
Willuglib}'-, et de nos jours Briinniclic ,
se joignent à Belon pour vanter la
beauté de ses couleurs j il en est sans
DE LA GIRELLE. 3o5
doute de ce poisson', comme de tel
autre , dont nous avons parlé , dont
l'âge , la nourriture , la saison et le sé-
jour influent sur les couleurs. Use peut
encore que M. Cetti n'ait vu que des
femelles dont les couleurs sont au-des-
sous de celles du mâle.
Ce poisson habite la Méditerranée ,
où on le trouve en plusieurs endroits.
Il ne doit pas être rare dans les eaux de
la Grèce, vu qu'Aristote le met du
nombre des poissons qui vont en troupe.
Rondelet dit en avoir vu par quantité
à Antibes et dans le golfe de Gènes ;
Hasselquist l'a trouvé dans le Nil -, Sal-
vian le dit romain ; Cavolini , sarde ;
Forskal , maltais; et Biiinnicbe, mar-
seillais. Rondelet ne lui attribue à la
vérité que la longueur d'un doigt , et
les autres lui donnent un empan 5 mais
J'en ai un qui a près de huit pouces. Il
cherche les fonds pierreux ; c'est pour-
quoi Oppian le met avec raison du
nombre des poissons saxatiles , et Ga-
3oG HISTOIRE NATURELLE
lène du nombre des poissons qui se di-
gèrent aisément. Il est vorace et vit de
frai de poissons et de crustacées. C'est
aux rives pierreuses qu'il dépose son
frai au printemps. On le prend au filet,
mais plus aisément à la ligne; il y mord
volontiers lorsqu'on y attache un mor-
ceau de poisson , de coquille ou d'écre-
vissc. Les malades et les cacochymes 1©
mangent cuit , ceux qui se portent bien
le font frire ; accommodé de la première
façon il est bien plus sain.
L'estomac est petit , le canal intes-
tinal a la membrane mince et sans ap-*
pendice , le foie est jaune- pâle , la rate
triangulaire et rougeâtre , et la vési-
cule du fiel est large.
Ce poisson est nommé :
Parles Hollandais, Jonken/isch.
Par les Anglais , Sea - Jankerlin et
Rainbo.v-Fish.
Par les Français , Gitelle , Girella.
Parleshabitansd'Antibes particulière-
ment , Demoiselle.
DE LA GIRELLE. Sojj
A Venise et sur le Nil , Girelle,
Chez les Sardes, Zigarella.
Chez les Italiens , Donzella.
A Naples , Menchina di Re.
Dans l'île de Candie , Afdelles.
Dans l'île de Rhodes , Zillo.
Dans l'île de Malte , Harusa.
En Arabie , Arusa.
En AMemagne y SecfrauleinjMeerjunker
et Re^enhogenfisch,
Bien que la girelle ait excité par la
beauté de ses couleurs l'attention des
écrivains , et même qu'elle habite les
endroits où les artistes ne manquent
point , nous n'en avons encore aucune
bonne représentation. Celle que nous
fournit Belon, gravée en bois, est sup-
portable comme étant la première;
mais il s'en faut beaucoup qu'elle soit
exacte. Peu après Rondelet nous en
donna une seconde aussi en bois j mais
dans laquelle ou ne peut reconnoître
notre poisson. Au même temps Salvian
nous donna une planche , qui repré-
5o8 HISTOIRE NATURELLE
sente la poitrine sans écailles , et peint
mal les nageoires de la poitrine et du
ventre ; la nageoire de la queue y pa-
roît en forme de croissant, et la ligne
latérale y manque totalement.
Gesner augmenta ces mauvais des-
sins d'un nouveau ; mais il ne repré-
sente rien de notre poisson , excepté la.
raie dentelée.
Aussi Aldrovand nous donna un des-
sin qui ne vaut guère mieux , mais où
notre poisson , quoique les écailles n'y
soient pas exprimées , se reconnoît plus
aisément que dans la figure de Gesner.
Jonstonet Ruyscli ont copié Gesner;
"VVillughby et Bonnaterre ont suivi
Salvian. De nos jours Klein a deux fois
contrefait notre poisson, mais l'une et
l'autre fois sans aucune exactitude.
Si Hasselquist ne donne que sept
aiguillons à la dorsale de notre poisson,
et si Linné omet absolument les aiguil-
lons à la nageoire de l'anus , cela no
pi o vient q^^ie de leui' mollesse extrême.
DE LA G I R E L L E. ^09
Il paroît encore que le sentiment de
M. Bomare , que ce poisson avoit
deux nageoires du dos et autant do
l'anus , n'est qu'une simple faute d'é-
criture.
Elian croit notre poisson tellement
venimeux , que la chair d'un autre qui
a touché celui-ci, doit être très-nui-
sible à l'-liomme; «t c'est ce qu'Oppiau
croit bonnement avec lui ; mais ou
Elian a été trompé par les pêcheurs ,
ou bien il parle d'un poisson tout dif-
férent -, car aujourd'hui on mange la
girolle non-seulement sans aucun pré-
judice ,mais encore Galène la compte
parmi les poissons salubres. Rondelet
ne mérite pas plus de foi , en rappor-
tant que ces poissons lui ont mordu les
pieds en se baignant , aux endroits où
la peau étoit dure.
Aristote range notre poisson parmi
ceux qui se tiennent en société : mais
Salvian nous assurant qu'il ne vient
qu'isolément aux environs de Rome ,
Poissons, ni. 2y
5lO HISTOIRE NATURELLE
l'avis d'Aristote ne sauroit être géné-
ralement vrai.
Willngliby ne donnant qu'un rang
de dents à notre poisson , ne doit pas
avoir vu les dents intérieures ; faute
bien pardonnable à l'égard d'un aussi
petit poisson , dont les dents sont si
petites.
Duhamel a tort de faire deux es-
pèces particulières de notre poisson ,
car sa demoiselle d'Antibes et la don-
zella de Belon ne sont que le même
poisson , savoir la girelle. Il semble gé-
néralement qu'il n'a point vu notre
poisson , et qu'il en a fait la description
d'après Rondelet ; et celui-ci ayant re-
présenté la nageoire de la queue droite,
il la lui donne aussi quarrée.
La description qui se trouve dans
les Arts et Métiers contient les mêmes
erreurs.
DU LABRE A GOUTTES. 5ll
LE LABRE A GOUTTES,
LABRVS G U TTJTUS,
Ce poisson se caractérise par les
taches rondes qui embellissent le tronc
entier , et par les rayons mous des na-
geoires.
La nageoire pectorale porte treize
rayons , la ventrale six , celle de l'anus
neuf, celle de la queue seize, et la
dorsale dix-neuf.
La tête forme une pointe obtuse , et
la bouche ressemble à celle du poisson
précédent. Les doubles narines sont
près des yeux ; ceux-ci ont l'iris ar-
genté autour d'une prunelle noire.
L'ouverture des ouies est grande ; la
ligne latérale est proche du dos , et fort
courbée vers le bout. L'anus est placé
au milieu du corps. Les écailles dures
sont couvertes d'une membrane j les
flancs sont bleus , le dos est brun et le
ventre blanchâtre. Les taches aux côtés-
3l2 HISTOIRE NATURELLE
et celles de la nageoire de l'anus sont
argentines , celles de la dorsale sont
jaunes. La tête bleue est décorée de
taches argentées oblongues. Les rayons
sont tendres et divisés en plusieurs ra-
meaux.
Je ne connois point la patrie de ce
beau poisson.
L'original s'en trouve dans la col-
lection de M. Linke , à Leipzig.
On le nomme :
3Sn français , U Labre à gouttes.
En allemand , der getropfte Lippfisch,
Et en anglais, the droppedJVrasse.
Nous en devons la connoissance et
ini dessin médiocre à Klein , mais il est
dans l'erreur , en refusant les dents au
genre des procliylcs, vu qu'il en trouve
au nôtre , qu'il ne laisse pas de mettre
de ce genre.
DU LABRE, &c. 3i3
LE ILABRE A NAGEOIRES VERTES ,
LABRUS CHLOROPTERUS.
Lr.s deux dents canines avancées,
que l'on remarque sur le devant de
chaque mâclioire, et les deux aiguil-
lons de la nageoire de l'anus , font les
caractères distinctifs de ce poisson.
L'on trouve six rayons dans la mem-
brane branchiale , treize dans la na-
geoire pectorale, six dans la ventrale,
douze dans celle de l'anus, seize dans
celle de la queue, et vingt dans la dor-
sale.
La tête n'a point d'écaillés; elle est
étroite par-devant, brunâtre et embel-
lie de raies bleues. La bouche est pe-
tite , les mâchoires sont de longueur
égale , et elles portent , outre les deux
dents canines marquées , chacune deux
rangs de dents arrondies. Celles du
rang extérieur sont coniques , et les
dents de devant sont bien plus grandes
5l4 HISTOIRE NATURELLE
que celles de derrière. Celles du rang
intérieur sont courtes et en forme de
perles. A l'angle de la bouche , l'on
trouve encore une dent saillante et
courbée par le haut. Cette bouche si
bien armée , prouve que c'est un pois-
son vorace , et qu'il se nourrit princi-
palement de crustacées. Les narines
sont doubles, et dans la proximité des
yeux, dont la prunelle noire est en-
tourée d'un iris jaune et rouge. L'ou-
verture des ouies est large , et la mem-
brane en est couverte en partie. Le
corps est mince, les écailles sont gran-
des, lisses , à bord jaune , et elles cou-
vrent une partie de la nageoire de la
queue. La ligne latérale qui va le long
du dos, dont elle est voisine , fait une
forte inflexion vers le bout de la dor-
sale. L'anus est plus près de la tête que
de la queue dont la nageoire est arron-
die y les autres nageoires forment une
pointe ; celle du dos consiste en neuF
aiguillons et onze rayons mous, celîa
DU LABRE, &C. 5l5
de Fanns a deux aiguillons et dix rayons
mous , la ventrale n'a qu'un aiguillon
sur cinq rayons mous. Tous les rayons
mous sont divisés en plusieurs bran-
ches , et les aiguillons du dos sont ra-
clés. Le fond de ce poisson est verdâ-
tre, le dos est le plus foncé, les côtés
sont plus clairs et sur- tout le ventre.
lies nageoires sont généralement ver-
tes , excepté que les unes sont moiais
foncées que les autres.
Je l'ai reçu du Japon;
Il est nommé :
Degroene Papageyvisch , par les Hollan-
dais au Japon.
Le Labre à nageoires inertes , par les
Français.
Der Grûnjlosser, par les Allemands,
The Green-fiîij par les Anglais»
SlG HISTOIRE NATURELLE
TROISIÈME DIVISION.
AVEC LA QUEUE 11 ONDE,
à tête écailleuse.
LEPAON ROUGE,
LASRVS CARNEUS.
Trois taclies noires , deux à la par-
tie postérieure du dos , et la troisième
près de la nageoire de la queue , dis-
tinguent ce poisson.
Là membrane branchiale a cinq
rayons , la nageoire pectorale quinze ,
la ventrale six , celle de l'anus qua-
torze , celle de la queue seize et la dor-
sale trente.
La tête est étroite et sans écailles
jusqu'aux yeux, près desquels l'on dis-
çcrue les narines doubles. L'ouverture
de la bouche est petite, les mâchoires
sont presque d'égale longueur, et ar-
mées d'un rang de dents pointues ,
To?>i.J//.
J'a</e 3jd.
I)e,i'n>e de/ . /fJ/irt^/c// ih-////'
.1. J.E. TAON rouoe . ii . 1,E J.AIMIK à baiiacs .
3.LK rrjmOQUET boisé.4.TuELABRF, à
.> Tat-Ues . Towe / . jt?n</ .u.
w/ -.
DU V A O N ROUGE. 3l 7
pai*ini lesquelles les antérieures sont
les plus longues. La langue libre est
lisse comme le palais; mais, en revan-
clie, la gueule est armée des trois os
souvent mentionnés, garnis de mâche-
lières rondes. La prunelle noire est
dans un iris jaune. L'opercule anté-
rieur porte de très -petites écailles et
tine brancliie attachée à sa face inté-
rieure ; le postérieur , consistant en
deux petites lames, forme une point©
obtuse ; l'ouverture des ouies est gran-
de, et la membrane branchiale se cache
pour Ig. plus grande partie. Le tronc est
étroit , les écailles sont petites. Elles
couvrent aussi ime partie des nageoires
de la queue. Le ventre est rond, le dos
tranchant ; la ligne latérale approche
plus du dos que du ventre, et l'anus
plus de la nageoire de la queue que de
la tête. Les nageoires sont courtes et
arrondies, celles du ventre plus en ar-
rière que les pectorales; elles ont toutes
deux des rayons à quatre branches. Les
2l8 HISTOIRE NATURELLE
rayons des autres nageoires sont plus
ramifies. La ventrale porte un aiguil-
lon, la nageoire de l'anus trois, et la
dorsale dix - sept ; les aiguillons de la
dernière sont raclés. Les nageoires du
dos , de Tanus et de la queue , sont bor-
dées de bleu. Ce poisson est couvert
d'un beau rouge, qui devient un peu
clair aux côtes.
Le paon rouge habite «gaiement la
Norwège ; on le trouve à Christians-
Sund, près de Haaven. Je l'ai reçu de
M. Spengler, inspecteur du cabinet de
curiosités à Copenhague , de la gran-
deur de mon tableau. Il vit de co-
quilles , de limaçons et d'autres crus-
tacées : mais qu'il doive ses belles cou-
leurs, suivant M. Ascanius , à sa nour-
riture, c'est ce qui est fort douteux ,
vu que nombre d'autres poissons qui
ont la même nourriture , no brillent
point par les mêmes couleurs. Selon
M. O F Millier , ce poisson a la chair '
délicieuse.
DU LABRE A BANDES. 019
Ce poisson se nomme :
En Norwège, Suder Naal.
En Allemagne , rother Lippjisc/i.
En français , Paon rouge,
'En anglais , Red Wrasse.
M. Ascanius, à qui nous devons la
connoissance de ce poisson , nous en a
fourni un dessin , qui n'est cependant
pas exact; car les dents sont d'une pe-
titesse extrême , la tête n'a point d'é-
cailles , celles du corps y sont à peine
visibles, et les aiguillons des nageoires
y manquent entièrement.
Je suis fort étonné que M. Gmelin
n'ait pas admis ce poisson dans le Sys-
tème de Linné, qu'il vient de mettre
au jour. >ii-*i^ . . ;,
LE LABRE A BANDES,
LA3RV s FJSCIATVS,
Le corps ceinturé et les huit aiguil-
lons de la nageoire du dos, caractéri-
sent ce poisson.
3-20 HISTOIRE NATURELLE
La nageoire pectorale a douze rayons ,
la ventrale six , celle de l'anus treize ,
celle de la queue quatorze, et la dorsale
dix-neuf.
La tête est comprimée , et sans
écailles jusqu'à l'opercule antérieur ;
les mâchoires, d'égale longueur, sont
armées d'un rang de dents courtes et
arrondies.-- Chaque mâchoire présente
deux dents canines sur le devant; et
ce poisso.n étant pourvu de grosses lè-
vjL.es , il tient le milieu entre les brèmes
de mer et les labres. Ses lèvres , qui
frappent .la vue encore plus que ses
dents , m'ôi\t cependant empêché de
le placer dans la classe des brèmes. Il
a le palais lisse, et les narines doubles
tout près des yeux : ceux-ci ont la pru-
nelle nbïre et l'iris rouge. L'opercule
postérieur est sans écailles , composé
de deux feuillets , et sa couleur est
verte. Le. tronc est couvert de grandes
éqailles unies , et entouré de quatre
larges bandes brunes, La ligue latérale
DU LABE.E A BANDES. 22î
plus proche du dos que du ventre , s'in-
terrompt vers la fin de la dorsale, re-
prend au milieu de la queue et se perd
dans sa nageoire. Le dos est trancliant,
le ventre rond , et l'anus plus près de
la nageoire de la queue que de la tête.
Le tronc, couleur d'olive, est embelli
de bandes brunes. Les nnseoires, du
dos et de l'anus sont noirâtres, les au-
tres brunes. Toutes les nageoires sont
courtes , et ont les rayons à plusieurs
branches. Outre les huit aiguillons de
la nageoire dorsale , celle de l'anus en
compte deux, et la ventrale un.
J'ai reçu ce poisson du Japon, de la
erandeur de mon dessin.
On le nomme :
Le Labre à bandes, en français.
Derbandlrte Lippfisohy en allemand.
Tàeslreaked Jf^rassey en anglais.
Poissons, lîî. 28
322 HISTOIRE NATURELLE
LE PERROQUET BOISÉ,
LABRV s TESSELATVS.
Le petit nombre des écailles près des
yeux et à l'opercule, font connoître ce
poisson.
Il a quatre rayons dans la membrane
branchiale , seize dans la nageoire pec-
torale , six dans la ventrale , douze dans
celle de l'anus, seize dans celle de la
fjueue, et vingt- Jujit dans la dorsale.
La tête est comprimée et en pente,
la bouche petite ; les mâchoires , d'é-
gale longueur, sont munies d'un rang
de dents petites et aiguës. Le corps est
alongé et couvert de très-petites écailles
molles. Je ne remarque à la tête , près
des yeux et vers le haut de l'opercule ,
qu'une petite place écailleuse. Cette
marque n'étant propre à aucun autre
labre, elle a pu me servir de caractère.
Les yeux, munis d'une membrane
clignotante, ont la prunelle noire dans
DU PERROQUET BOISÉ. 3^'5
un iris argenté ; devant ceux-ci on dé-
couvre les doubles narines, et dessous
<iuatre à six pores apparemment pitui-
taires. Les opercules et la poitrine sont
marqués de petites taclies brunes, mais
•le reste du corps en a de plus grandes.
Celles-ci avant un air de boiserie,
m'ont fourni la dénomination. Le dos
est violet, les côtés sont argentés, la
nageoire ventrale est noire , celles de
la poitrine et de la queue sont bleues-,
à celles du dos et de l'anus , cette cou-
leur est marquée de jaune et de bru*
nâtre. L'ouverture des ouies est gran-
de, et la membrane étroite repose sur
quatre rayons. L'anus est plus voisin
de la nageoire de la queue que de la
tetê. La ligne latérale , parallèle au dos
dont elle est voisine, fait une courbure
à la fin de la dorsale vers le bas, et de-
'là elle va droit jusqu'au milieu de la
nageoire de la queue. Toutes les na-
geoires sont arrondies , et tous les
rayons ; à l'exception des aiguillons ,
324 HISTOIRE NATUR.ELLE, &0.
sont à plusieurs branches; les dix-sept
aiguillons du dos sont raclés ; la na-
geoire de l'anus a trois aiguillons et la
ventrale un.
Je dois la connoissance de ce poisson
à M. Spengler , inspecteur du cabinet
royal de curiosités à Stockliolm , qui
me l'a envoyé , en me marquant qu'il
est de la Norwèse,
On le nomme :
Le Perroquet boisé , en français.
Ver getafelte Lippfisch , en allemand.
Et The wainscolted JVrasse , en anglais.
J'ai fait des reclierclies dans les
écrits des naturalistes célèbres danois ,
pour savoir si notre poisson y est dé-
crit; mais une comparaison soigneuse
sur-tout des poissons de Linné et de
Fr. Mliller , démontre qu'il ne se
trouvcpasdans leurs écrits : les grosses
lèvres me l'ont fuit ranger d'ailleurs,
suivant Linné, dans le genre des labres.
riN DU TOME TROISIÈME.
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