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Full text of "Histoire naturelle des poissons : avec les figures dessinées d'après nature"

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HARVARD    UNIVERSITY. 


LIBRARY 

OF  THE 
MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY 

LiBEARY    OF 

SAMUEL  GARMAN 


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M  22 1929 


HISTOIRE    NATURELLE 


DES    POISSONS. 


HISTOIRE  NATURELLE 
DES    POISSONS, 

avec  les  figures  dessinées  d'après  nature 

PAR    BiiOCH. 

Ouvrage  classé  par  ordres ,  genres  et  espèces  , 
d'après  le  système  de  Linné  ; 

AVEC    LES    CARACTÈRES    GENERIQUES; 

Par  RENÉ-RICHARD  CASTEL ,  auteur  du  poëme 

des  Plantes. 

TOME    III. 


BE  L'IMPRIMERIE  DE  CRAPELET. 

A     PARIS, 

Chez  DETjERviLiiE,  rue  du  Battoir,  n^  i6. 

AN    IX. 

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HISTOIRE  NATURELLE 


DES   POISSONS. 


XXX'    GENRE. 


LE  GYMNETÈRE,  gymnetrus. 

Caractère  génér.  L'anus  sans  nageoire, 

LE    GYBINETÈRE  HAWKEN, 

GYMNETRUS    HATTR-ENII. 

C  E  poisson  se  distingue  par  sa  nageoire 
dn  ventre  à  deux  rayons. 

Chacun  de  ces  deux  rayons  se  par- 
tage vers  le  bout ,  en  plusieurs  ra- 
meaux qui  sont  enfermés  dans  une 
large  peau. 

D'ailleurs  ce  poisson  se  distingue  ea- 
oi^sons.  IIÏ,  I 


2  HISTOIRE   NATURELLE 

core  par  la  nageoire  de  la  queue ,  en 
forme  de  croissant. 

Le  corps  est  en  forme  de  glaive. 

Les  ouvertures  branchiales  sont 
larges. 

Les  rayons  sont  mous. 

Ce  poisson  m'a  été  envoyé  par 
M.  Hawken.  C'est  aussi  de  lui  que  j'ai 
reçu  le  dessin.  Il  m'a  écrit  en  même 
temps  ,  que  ce  poisson  avoit  été  pris 
aux  environs  de  Goa,  dans  la  mer  des 
Indes  ,  le  23  juillet  1788. 

Ce  poisson  avoit  deux  pieds  et  demi 
de  longueur ,  sur  dix  pouces  de  lar- 
geur ,  et  pesoit  dix  livres. 

On  nomme  ce  poisson  : 
Eu  allemand  ,   Hawkenfisch» 
En  français,  Gymnétère  Hauken. 
Et  en  anglais ,  Hawkens^Fish. 


DU     CHEVALIER. 


XXX  r     GENRE. 


LE  CHEVALIER  ,  eques. 

Caractère  générique.  Le  corps  avec  des 
bandes  :  plusieurs  rangs  de  dents  aux 
mâchoires. 

LE  CHEVALIER ,  eques  americanvs. 

La  première  nageoire  du  dos  très-éle- 
vée  fait  le  caractère  de  ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  porte  cinq 
rayons ,  la  nageoire  pectorale  en  a 
seize  ,  celle  de  l'anus  et  la  ventrale 
chacune  six,  celle  de  la  queue  dix- 
liuit ,  la  première  dorsale  onze  ,  et  la 
seconde  cinquante. 

La  tête  est  petite  ,  comprimée  ,  ar- 
rondie et  écailleuse  j  l'ouverture  de  la 


4  HISTOIRE    NATURELLE 

bouclie  est  petite  -,  les  os  des  lèvres 
sont  étroits,  les  narines  doubles  et  près 
des  yeux  ,  dont  la  prunelle  noire  est 
placée  dans  un  iris  orange.  Les  oper- 
cules sont  unis ,  et  Touverture  des 
ouies  est  large.  Le  tronc  comprimé  , 
large  sur  le  devant ,  se  rétrécit  vers  le 
derrière  ,  et  il  est  couvert  de  grandes 
écailles  dentelées.  La  ligne  latérale  est 
droite ,  et  va  le  long  et  au  milieu  de  la 
bande  noire.  L'anus  est  plus  voisin  de 
la  nageoire  de  la  queue  que  de  la  tête. 
Les  nageoires  du  dos,  de  l'anus  et  de 
la  queue  sont  entièrement  munies  de 
petites  écailles  ,  ce  qui  cause  leur  roi- 
deur.  Le  premier  raj'on  delà  ventrale 
et  de  la  nageoire  de  l'anus  est  piquant, 
mais  les  autres  sont  mous  et  ramifiés. 
Il  n'y  a  que  ceux  de  la  première  dor- 
sale qui  soient  simples  ,  et  qui  se  ter- 
minent en  filamcns  ,  lesquels  ressem- 
blent à  des  soies;  le  second  en  est  le 
plus  long.  Une  membrane  mince  joint 
les  deux  dorsales. 


DÛ     CHEVALIER.  5" 

Le  dos  est  brun  *,  les  côtés  et  le  ventre 
sont  jaunes  ;  les  bandes  sont  noires  et 
bordées  de  blanc.  La  première  bande 
traverse  la  tête  en  passant  les  yeux  , 
la  seconde  passe  sur  les  opercules  et  la 
poitrine,  et  la  troisième  commence  à 
la  première  nageoire  du  dos  ,  et  ne 
finit  qu'au  bout  de  la  nageoire  de  la 
queue. 

La  Guadeloupe  et  la  Caroline  sont 
la  contrée  oii  Eduard  vit  ce  beau 
poisson.  Parra  le  compte  parmi  les 
poissons  de  la  Havane  ;  pour  moi ,  je 
l'ai  reçu  de  mon  digne  ami ,  le  profes- 
seur Àbildgaard,  à  Copenhague. 
Les  Anglais  le  nomment  ,  Ribband^ 

Fish. 
Les  Français ,  Poisson  rayé  et  Poisson 

à  rubans  de  la  Caroline» 
Les  Espagnols  de  l'île^de  Barbados, 

Serrana. 
Et  les  Allemands,  den  amerikanischen 
Ritler. 


€  HISTOIRE   NATURELLE 

Eduard  nous  en  a  fourni  la  première 
description  :  il  en  a  aussi  donné  le  pre- 
mier dessin.  Duhamel  en  donne  à  la 
vérité  un  dessin  nouveau  ,  mais  il  est 
peu  fidèle  ;  car  le  devant  du  poisson 
est  trop  large  ,  et  le  derrière  trop 
droit  ;  le  dos  est  trop  arqué ,  et  la  se- 
conde dorsale  trop  éloignée  de  la  pre- 
mière. 

Bonnaterre  n'a  fait  que  traduire  le 
peu  que  Linné  remarque  de  notre 
poisson. 

Parra  a  donné  de  nouveau  un  bon 
dessin  de  ce  poisson» 


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JPaçe'  7 


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Be.reoe  ife/.  £e  Jtrre    <.fcti^t . 

1  X.E   SPAKE   a  1)  an  des  .  a  .  LA  FAUCILLE. 
3.1^  ÇXTSY^Qt  .  p.u^e   24. 


BU   SPAE.E   A  BANDES. 


XXXI  r    GENRE, 


LE    SPARE, 
otj  LA  BRÈME  DE  MER  ,  sparus. 

Caractère  génér.  Les  opercules  écail- 
leux,  non- dentelés  et  non  armés. 

LE    SPARE    A   BANDES, 

SPARUS     F  ASCI  AT  US. 

liES  bandes  transversales  et  la  ligne 
latérale  interrompue  font  des  carac-- 
tères  sûrs  pour  ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  montre 
cinq  rayons  ,  la  nageoire  pectorale  en 
compte  douze  ,  la  ventrale  six  ,  celle 
de  Panus  douze  ,  celle  de  la  queue 
treize  ,  et  la  dorsale  vingt* 

La  tête  est  comprimée  et  alépidote 


8  HISTOIRE   NATURELLE 

jusqu'aux  yeux  ,  la  bouche  grande, 
les   mâchoires    d'égale    longueur  ,    et 
par-devant  à  chaque  côté  garnies  d'une 
forte  dent  canine   recourbée  ;  entre 
ces  deux  dents  et  à  côté  d'elles  ,  i!  y  a 
un  rang  de  dents  fortes ,  serrées  et  co- 
niques. Outre  celles-ci ,  l'on  découvre 
encore   quelques  dents  en  forme  de 
perles    avant   et    derrière   les    dents 
mentionnées.   La  langue,  le  palais  et 
les  opercules  sont  lisses  ;  les  narines  so- 
litaires ,  oblongues ,  rondes  et  dans  la 
proximité  des  yeux  ,  qui  sont  petits  , 
à  prunelle  noire  et  iris  bleuâtre.  L'ou- 
verture des  ouiesest  large,  et  la  mem- 
brane découverte  pour  la  plus  grande 
partie  ;   l'intérieur  de    l'opercule   du 
devant   est    joint    par   une    branchie 
simple  ,  et  l'opercule  postérieur  ter- 
miné en  pointe  émoussée;  le  tronc  est 
large  ,  comprimé,  jaunâtre,  et  em- 
belli de  six  bandes  brunes  ;  les  écailles 
sont   larges  ,  minces  ,  lisses  ,  et   cou- 
vrent une  partie  des  nageoires  du  dos, 


DU  SPAHE  A  BANDES.  9 
de  l'anus  et  de  la  queue  ;  la  dernière, 
qui  a  le  bord  brun  ,  est  traversée  par 
une  bande  noire  :  la  tête  ,  la  poitrine  , 
le  bord  de  la  nageoire  de  l'anus  et  de 
celle  du  dos,  et  l'extrémité  de  la  na- 
geoire de  la  queue  ,  sont  parsemés  de 
petites  taches  :  la  ligne  latérale  est 
droite  et  double  ;  l'une  prend  au  dos  , 
et  va  en  direction  droite  jusqu'au  bout 
de  la  dorsale  ;  l'autre  commence  pres- 
qu'au  milieu  de  la  queue  et  se  perd 
dans  sa  nageoire.  Les  rayons  mous  se 
ramifient;  la  nageoire  dorsale  est  ar- 
mée de  neuf  aiguillons  ,  celle  de  l'anus 
de  trois  ,  et  la  ventrale  d'un  :  les  bords 
des  deux  premières  sont  bruns  ,  et 
Unissent  en  pointe. 

Ce  poisson  est  du  Japon. 
J'en  ai  deux  :  les  couleurs  du  petit  sont 
bien  plus  vives  que  celles  du  grand. 

On  le  nomme  : 
he  Spare  à  bandes ,  en  français. 
Der  handirte  Brassem  ,en  allemand. 
The  streàked  Gilt-head  ,  eu  anglais* 
i'oissQus.  III,  ar 


lO        HISTOIRE   NATXJRELLE 

LA  FAUCILLE  ,  spjirus  falcatus. 

Les  quatre  aigaillons  de  la  nageoire 
de  l'anus  désignent  parfaitement  bien 
ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  a  six 
rayons  ,  la  nageoire  pectorale  en  a 
dix,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
vingt-quatre  ,  celle  de  la  queue  dix , 
et  la  dorsale  vingt-un. 

La  tête  est  grande ,  et  elle  n'a  d'é- 
cailles  qu'aux  opercules;  la  bouche  est 
fort  ouverte  ;  les  mâchoires  sont  d'é- 
gale longueur ,  et  le  devant  en  est  armé 
de  quatre  fortes  dents  canines  recour- 
bées ;  chaque  côté  est  garni  de  beau- 
coup de  dents  arrondies  et  petites ,  et 
de  deux  fortes  dénis  pointues  sur  le 
derrière.  La  mâchoire  supérieure 
montre  deux  os  de  lèvre  larges  et 
verts  ,  et  l'on  apperçoit  près  des  yeux 
deux  ouvertures  ovales  et  autant  de 
rondes  •  la  prunelle  noire  est  dans  un 


DE    LA     FAUCILLE.       11 

iris  doré  ;  l'opercule  antérieur  est  com- 
posé de  deux  petites  lames  ,  et  l'antre 
forme  une  pointe  énioussée.  L'ouver- 
ture des  ouies  est  grande  ,  et  des  os 
forts  en  soutiennent  la  membrane  dé- 
gagée ;  le  tronc  est  large  par-devant  , 
le  ventre  court ,  et  l'anus  par  cette  rai- 
son n'est  guère  éloigné  de  la  tête;  la 
ligne  latérale,  voisine  du  dos,  preni 
une  légère  sinuosité  vers  la  fin.  Le^ 
écailles  sont  petites  ,  minces  ,  et  cou- 
vrent ,  outre  l'opercule  et  le  corps  9 
une  grande  partie  des  nageoires  du  dos, 
de  l'anus  et  de  la  queue  -,  la  tête  et  les 
nageoires  sont  vertes ,  et  ces  dernières 
jaunissent  vers  le  bord  ,  excepté  la 
seule  pectorale  qui  est  tonte  verte.  Les 
rayons  mous  ,  excepté  ceux  des  deux: 
bouts ,  sont  ramifiés  ;  et  outre  les  qua- 
tre aiguillons  de  la  nageoire  de  l'anus 
que  nous  avons  cités  ci-dessus ,  la  dor- 
sale en  porte  quatorze. 

Ce  beau  poisson  se  trouve  aux  An- 
tilles ,  oii  le  père  Plumier  l'a  dessiné. 


12  HISTOIRE    NATURELLE 

On  le  nomme  : 

La  Faucille  ,  en  français. 

Der  Sichdjlosser  ,  en  allemand. 

Et  The  Sickle-fin  ,  en  anglais. 

LE  SPARE  D'ABILDC^AARD  , 

5PARUS    ABILDGAARDI, 

C  E  poisson  est  aisé  à  recannoître  par 
ses  écailles  hexagones. 

Le  poisson  t[ue  je  possède  de  cette 
espèce  étant  rembourré ,  j'ignore  le 
nombre  des  rayons  de  la  membrane 
branchiale  :  la  nageoire  pectorale  a 
douze  rayons  ,  la  ventrale  six  ,  celle 
de  l'anus  douze ,  celle  de  la  queue  dix- 
sept,  et  la  dorsale  dix-neuf. 

La  tête  est  grande  et  comprimée  , 
large  par  le  haut,  et  sans  écailles  jus- 
qu'aux opercules  -,  l'ouverture  de  la 
bouche  est  grande  ;  les  mâchoires  sont 
éi^ales  et  armées  d'un  rang  de  dents 
fortes  ,  dont  les  antérieures  sont  sem- 
blables aux  dents  incisives,  et  les  pas- 


ro/n.jn. 


J*a</c  jz  ■ 


iLF,   SPAIU''.    aaliildo-naar    a  .  liA    OTTF.VE 


r. 


DU  SFARE  d'ABILDGAARD.  i3 
térieures  aux  dents  canines ,  avec  cett^ 
différence  que  les  premières  sont  plus 
cintrées ,  et  les  dernières  plus  obtuses. 
Les  lèvres  sont  grosses  ,  les  narines 
doubles  ,  celles  du  devant  rondes ,  lea 
autres  ovales  ;  les  unes  et  les  autres 
touchent  aux  yeux,  qui  sont  verti- 
caux et  ont  la  prunelle  noire  dans  un 
iris  bleu.  Sous  les  yeux ,  on  voit  un 
cercle  de  canaux  pituitaires  ;  l'oper- 
cule antérieur  consiste  en  deux  petites 
lames  ;  l'ouverture  des  ouies  est 
grande ,  et  une  partie  de  leur  mem- 
brane est  cachée  ;  la  tête  est  en  pente , 
le  dos  presque  droit ,  la  poitrine  large  , 
le  ventre  gros  et  court.  La  ligne  laté- 
rale, qui  est  ramagée  ,  prend  à  Tex- 
trémité  de  l'opercule  postérieur  ,  des- 
cend à  la  deuxième  couche  d'écailleS 
jusqu'au  bout  de  la  nageoire  dorsale  , 
où  elle  est  interrompue,  et  commence 
à  la  troisième  couche  d'écaillés  pour  so 
perdre  dans  la  queue.  L'anus  est  plus 
près  de  la  nageoire  de  la  queue  que  de 


l4  HISTOIRE  NATURELLE 
la  tête;  les  écailles  sont  grandes,  min- 
ces ,  arrondies  aux  opercules ,  et  hexa- 
gones au  tronc  -,  les  nageoires  sont  pe- 
tites ,  et  les  premiers  rayons  des  na- 
geoires de  la  queue  et  de  la  poitrine 
sont  simples;  les  autres  forment  huit 
ramifications.  Toutes  les  autres  na- 
geoires n'ont  que  des  rayons  ramilîés 
en  quatre,  et  les  aiguillons  de  la  dor- 
sale sont  ramentacés;  la  nageoire  du 
dos  a  neuf  aiguillons ,  et  la  ventrale  un  ; 
le  dos  est  violet  ;  la  tête  ,  les  flancs  et 
les  nageoires  sont  en  partie  jaunes ,  en 
partie  violets. 

Ce  poisson  est  de  Sainte  -  Croix  en 
Amérique.  Je  l'ai  reçu  de  mon  ami, 
M.  le  professeur  Abildgaard.  Il  doit 
être  d'une  taille  considérable. 

On  le  nomme  : 
Le  Spare  d' Abildgaard,  en  français. 
Abilgards  Gilt-head  ,  en  anglais. 
Et  Der  Abildgaardsche  Brassem,  en  al- 
lemand. 


DE   LA   QUEUE   VERTE.        l5 

LA  QUEUE  VERTE,  spakus  chlorovrus, 

La  ligne  latérale  interrompue,  et 
la  ventrale  en  pointe  longue  ,  caracté- 
risent suffisamment  ce  poisson. 

N'ayant  que  ce  poisson  séclié ,  je  ne 
puis  rien  fixer  ni  sur  les  os  de  la 
gueule  ,  ni  sur  une  brancliie  simple. 

On  trouve  cinq  rayons  dans  la  mem- 
brane branchiale  ,  douze  dans  la  na- 
geoire pectorale,  six  dans  la  ventrale, 
onze  dans  celle  de  l'anus  ,  quinze  dans 
celle  de  la  queue ,  et  dix-neuf  dans  la 
dorsale. 

La  tête  est  étroite ,  l'ouverture  de  la 
bouche  peu  grande  ;  les  mâchoires  sont 
d'égale  longueur  ,  et  vertes  comme 
tous  les  autres  os,  à  l'exception  des 
dents  mâchelières  :  dans  l'une  et  l'au- 
tre ,  il  y  a  deux  dents  canines  réflé- 
chies, et  les  côtés  en  sont  armés  d'un 
rang  de  dents  coniques,  courtes  et  sé- 
parées. Il  n'y  a  point  d'écaillés  entre 
l'ouverture  de  la  bouche  et  les  yeux  , 


iS  tlISTOIRE  NATURELLE 
mais  de  petites  taches  pâles  aux  âeme 
côtés,  et  des  narines  solitaires,  ovales. 
Les  yeux  sont  près  du  sommet ,  et  la 
prunelle  noire  est  entourée  d'un  iris 
rouge  ;  l'opercule  de  devant  est  com- 
posé de  deux  petites  lames  ,  et  l'autre 
fait  une  pointe  obtuse;  l'ouverture  des 
ouies  est  étroite,  et  la  membrane  est 
en  partie  cachée  j  le  tronc  est  fort 
mince  ,  et  presqu'aussi  large  sur  le  der- 
rière que  sur  le  devant.  La  ligne  laté- 
rale éloignée  d'un  seul  pouce  du  do5 , 
se  termine  au  bout  de  la  dorsale,  où  vis- 
à-vis  d'elle  une  autre  recommence,  qui 
va  au  milieu  de  la  nageoire  de  la 
queue.  L'anus  approche  plus  de  la  na- 
geoire de  la  queue  que  de  la  tcte  ;  les 
écailles  sont  larges  et  minces  -,  elles 
couvrent  encore  une  partie  de  la  na- 
geoire de  l'anus.  Les  rayons  mous  for- 
ment quatre  rameaux  ,  et  les  dix  aiguil- 
lons de  la  nageoire  du  dos  sont  ramen- 
tacés  ;  la  nageoire  de  l'anus  a  trois  ai- 
gnillons,  et  la  ventrale  un  j  le  fond  du 


DE   LA   QUEUE   VERTE.  l7 

poisson  est  vert ,  et  le  tronc  tire  sur  le 
jaunâtre  ;  les  nageoires  pectorales  sont 
jaunes,  les  autres  vert  foncé,  et  il  n'y 
a  que  l'extrémité  postérieure  de  la 
dorsale  qui  soit  jaunâtre.  Le  deuxième 
rayon  de  la  ventrale,  et  le  troisième  do 
la  nageoire  de  la  queue ,  forment  la 
longue  pointe. 

J'ai  deux  poissons  de  cette  espèce  ; 
l'un  est  du  Japon ,  l'autre  de  Saint- 
Domingue. 

liCS  Hollandais  l'appellent  groen  Pa- 
pagey-i^isch  ou  perroquet  vert.  Pour 
ne  pas    le  confondre   avec  le   scarus 
vert,  qui  en  allemand  porte  le  même 
nom,  je  l'ai  nommé  : 
La  Queue  verte ,  en  français. 
Der  Griinschwanz  ,  en  allemand. 
The  green-iailed  Gilt-head ,  en  anglais. 


l8  HISTOIRE    NATURELLE 

LA    QUEUE    ROUGE, 

SPARUS    ERY  THROURUS. 

* 

Les  dix  rayons  de  la  nageoire  de 
l'anus  et  les  dents  extrêmement  pe- 
tites caractérisent  ce  poisson. 

Je  n'ai  non  plus  de  cette  espèce 
qu'un  poisson  séché. 

La  nageoire  pectorale  a  quinzo 
rayons,  la  ventrale  six  ,  celle  de  l'anus 
dix  ,  celle  de  la  queue  et  la  dorsale 
vingt  rayons  chacune. 

La  tête  et  la  bouche  sont  petites  , 
mais  les  yeux  et  l'ouverture  des  onies 
sont  grands;  les  mâchoires  sont  d'é- 
gale longueur  ,  et  ne  sont  garnies-que 
d'un  rang  de  petites  dents  pointues; 
les  os  des  lèvres  sont  larges  et  rouget  , 
les  narines  ovales  et  solitaires.  Du  mu- 
seau jusqu'aux  yeux  ,  la  tête  n'a  point 
d'écaiiles;  mais  le  reste  de  la  tête  et  le 
tronc  sont  couverts  d'écaillés  larges  et 
minces. Les  nageoires  du  dos, de  l'anus 


l'cu^e^yS . 


De.^eve  d^r  Zé-  JGre    .icufp. 

i.LAQrEFE  ROI  CtE  .  ù.   EA  QTTF.UE  r>OR. 
S.I.E   SARGUET. 


ne. 

OAHiRlDGE.  MA  l 


DE  LA  QUEUE   ROUGE.         l9 
et  de  la  queue  en  portent  également 
en  partie  -,  mais  ici ,  de  même  qu'aux 
opercules   ,    elles    sont   plus    petites 
qu'au  tronc.  Les  yeux  presque  verti- 
caux sont  grands,  la  prunelle  noire, 
l'iris  rouge  ;  le  tronc  est  large,  sur-tout 
vers  la  poitrine  j  le  dos  ,  et  la  ligne  la- 
térale qui  lui  est  voisine  ,  forment  un 
arc  sur  le  devant  ;  le  ventre  est  long, 
et  par-là  l'anus  est  plus  près  de  la  na- 
geoire de  la  queue  que  de  la  tête;  les 
flancs  et  la  tête  sont  argentés  ,  le  dos 
bleu  ,  et  les  nageoires  rouges.  La  dor- 
sale est  composée  de  neuf  aiguillons  et 
de  onze  rayons  mous  ramifiée ,  celle  de 
l'anus  de  trois  aiguillons  et  de  sept 
rayons   mous    ramifiés.    Le    premier 
rayon  de   la  ventrale  est  piquant ,  le 
second  est  très-long ,  et  les  autres  sont 
ramifiés  :  le  troisième  rayon  de  la  na- 
geoire de  la  queue  est  le  plus  long,  et 
le  premier  est  simple  ,  le  second  dicho- 
•tome  ,  et  les  autres  divisés  en  huit  ra- 
meaux. L'on  trouve  dix  côtes  de  cJia- 


âO         HISTOIRE    NATURELLE 

que  côté  ,  et  vingt-trois  spoiidyles  for- 
ment l'épine  du  dos. 

Le  Japon  produit  ce  poisson. 

On  le  nomme  : 

La  Queue  rouge  ,  en  français. 

Der  Rothschwanr ,  en  allemand. 

Et  The  red-tailed  Gilt-head,  en  anglais. 

LA  QUEUE  D'OR,  sparus  chrysovR-us^ 

li  A  raie  jaune  qui  va  de  la  tête  à  la 
nageoire  de  la  queue ,  forme  le  carac- 
tère le  plus  sûr  de  ce  poisson. 

Ayant  emprunté  cette  figure  du  ma- 
nusci-it  du  prince  Maurice  ,  je  ne  puis 
rien  déterminer  ni  sur  la  membrane 
hi^ancbiale  ,  ni  sur  l'ouie  simple. 

La  nageoire  pectorale  est  munie  de 
quatorze  rayons  ,  la  ventrale  en  pos- 
sède six  ,  celle  de  l'anus  vingt-six , 
celle  de  la  queue  dix-neuf,  et  la  dor- 
sale vingt-sept. 

Ce  poisson  estalongé,la  tête  petite, 
çn  pente  ;  et  sans  écailles  jusqu'aux 


DE   LA   QUEUE   D'OR.        21 

opercules  ;  l'ouverture  de  la  bouclie 
n'est  pas  trop  grande  ;  les  mâchoires 
sont  garnies  d'une  grande  quantité  do 
dents  petites  et  pointues  ;  les  narines 
solitaires  et  près  des  yeux  ,  qui  sont 
très-petits,  et  dont  la  prunelle  noire 
est  placée  dans  un  iris  argentin.  Les 
opercules  forment  une  pointe  émous- 
sée.  L'ouverture  des  ouies  paroît  pe- 
tite ,  et  les  écailles  minces.  Outre  la 
raie  jaune  citée  ,  il  s'en  trouve  une 
semblable  au  ventre ,  mais  qui  ne  va 
que  de  la  nageoire  ventrale  à  celle  de 
l'anus  ;  celle-ci  est  d'un  jaune  doré 
comme  celle  de  la  queue  et  du  dos.  Le 
ventre  est  court;  c'est  pourquoi  l'anus 
approche  plus  de  la  tête  que  de  la  na- 
geoire de  la  queue.  Le  fond  de  ce  pois- 
son est  argentin  et  violet ,  couleur  qui 
est  très-bien  relevée  par  la  couleur  dor 
des  raies  et  des  nageoires.  Piso  soutient 
que  cette  dernière  couleur  est  telle- 
ment vive ,  que  lorsqu'il  y  a  un  nombre 
de  ces  poissons  assemblés  pendant  la 
Poissons.  Illt  3 


22         HISTOIRE    NATURELLE 

Huit ,  ils  répandent  une  clarté  où  Von 
peut  lire  :  phénomène  qui  ,  s'il  est 
vrai ,  pourroit  être  attribué  à  une  lu- 
mière pliospliorique ,  propre  à  plusieurs 
espèces  de  poissons  de  mer  ,  comme 
nous  le  savons  aujourd'hui,  mais  dont 
Piso  ne  savoit  rien  alors.  Les  nageoires 
se  terminent  toutes  en  pointe.  Les 
rayons  mous  sont  ramifiés.  La  dorsale 
a  dix  aiguillons,  celle  de  l'anus  trois, 
la  ventrale  un  :  cette  nageoire  tire  sur 
le  noir ,  et  celle  de  la  poitrine  est  grise. 
Ce  beau  poisson  habite  les  eaux  du 
Brésil  ;  et  sa  chair  rôtie  étant  une  dé- 
licatesse ajoute  à  son  prix.  Piso  le  com- 
pare pour  la  figure  et  la  taille  à  notre 
barbeau  •,  selon  le  prince  Maurice  ,  on 
le  pêche  grand  d'un  pied  et  demi ,  et 
Marcgraf  l'a  vu  de  deux  pieds.  Cet 
écrivain  raconte  encore  que  ce  pois- 
son est  fort  tourmenté  par  un  insecte. 
C'est  apparemment  une  sorte  de  taon 
de  mer  (  onisciis  ) ,  que  l'on  trouve  à 
plusieurs  poissons. 


DE   LA   QUEUE    D'OR.         2^ 

Il  est  appelé  : 
Acarapitanga  ou  Acarapitamba,  par  les 

Brasiliens, 
La  Queue  d'or ,  par  les  Français. 
Ver  GoldschwanZy  par  les  Allemands. 
The  gold-tailed  Gilt-head  y  par  les  An- 


glais. 


Et  Rçihirruhîa  ,  à  la  Havanna. 

C'est  à  Marcgraf  que  nous  sommes 
redevables  de  la  counoissance  de  ce 
poisson  ;  mais  il  s'en  faut  bien  que  son 
dessin  soit  aussi  bon  que  celui  du  prince 
Maurice. 

Les  figures  de  Piso ,  de  Jonston  ,  de 
Willughby  et  de  Ruyscli,ne  sont  que 
des  copies  de  celle  de  Marcgraf. 

Les  descriptions  pas  assez  caraclé- 
ristiques  de  Marcgraf  et  de  Piso  sont 
cause  apparemment  qu' Artédi  et  Linné 
ont  refusé  de  le  recevoir  dans  leurs  sys- 
tèmes. 


24         HISTOIRE    NATURELLE 

LE  CUNING,  sPARus  eu  ni  n  g. 

Les  dents  très-petites  et  les  quatorze 
rayons  de  la  nageoire  de  l'anus  mar- 
quent distinctement  ce  poisson. 

II  a  six  rayons  dans  la  membrane 
branchiale,  dix-huit  dans  la  nageoire 
pectorale  ,  six  dans  la  ventrale  ,  qua- 
torze dans  celle  de  l'anus ,  dix-neuf 
dans  celle  de  la  queue,  et  vingt-cinq 
dans  la  dorsale. 

La  tête  est  petite,  comprimée  et 
alépidote  jusqu'à  la  nuque.  La  mâchoire 
inférieure  est  la  plus  longue  ,  et  on  ne 
découvre  dans  l'une  et  l'autre  qu'un 
rang  de  dents  très-petites  et  très-poin- 
tues. La  langue  et  le  palais  sont  lisses, 
et  l'on  remarque  les  os  des  lèvres  à  la 
mâchoire  supérieure.  Entre  ceux-ci  et 
les  yeux  il  y  a  deux  ouvertures  rondes 
et  deux  ovales.  L'iris  est  argentin  et 
jaune  ,  la  prunelle  noire.  Les  deux 
opercules  sont  unis  et  couverts  d'é- 


DUCUNING.  25 

cailles  plus  petites  que  celles  du  tronc. 
L'opercule  antérieur  est  composé  do 
deux   lames  ,  et  le  postérieur  forme 
vers  la  nageoire  pectorale  une  pointe 
obtuse.  L'ouverture  des  ouies  est  large  , 
et  la  membrane  dégagée.  Je  n'ai  pas 
trouvé  de  branchiesimpleàce  poisson. 
Les  côtés  sont  comprimés  ;  il  a  le  dos 
et  le  ventre  tranchant,  ce  qui  lui  donne 
une  figure  ensiforme  ;  la  ligne  latérale  , 
voisine    du    dos  ,    est    presque    toute 
droite  ,  et  l'anus  s'éloigne  moins  de  la 
nageoire  de  la  queue  fourchue  que  de 
la  tête.  Les  écailles  sont  lisses  et  min- 
ces ;  elles  avancent  vers  la  nageoire  da 
dos,  et  y  forment  un  sillon  où  le  pois- 
son peut  mettre  la  nageoire.  Les  ven- 
trales sont  plus  en  arrière  que  les  pec- 
torales •    les  unes  et  les   autres  sont 
étroites  et  pointues.  Le  premier  rayon 
en  est  simple ,  les  autres  sont  mous  et 
à  quatre  rameaux.  La  nageoire  du  dos , 
comme  celle  de  l'anus  ,  est  composée 
d'aiguillons  qui  sont  simples  ,  et  da 


26         HISTOIRE   NATURELLE 

rayons  mous  qui  sont  fourchus.  La  na- 
geoire de  l'anus  a  trois  aiguillons,  celle 
du  dos  en  a  dix  et  celle  du  ventre  un. 
Le  dos  est  violet ,  les  côtés  sont  argen- 
tins ,  ornés  de  lignes  d'or.  Les  nageoires 
sont  jaunes  ,  à  Tcxception  de  la  partie 
antérieure  de  la  dorsale  et  de  celle  de 
l'anus  ,  qui  est  violette. 

J'ai  reçu  ce  poisson  des  Indes  orien- 
tales ,  sous  le  nom  de  Ikan  Tembrae 
Ciining ,  nom  qu'on  peut  lui  donner 
dans  nos  langues  européennes. 

LE  SPARE  RAYÉ ,  sparus  j^ittatus» 

Ce  poisson  est  aisé  à  reconnoître  par 
ses  deux  bandes  noires  et  ses  raies 
jaunes.  Une  bande  traverse  l'œil,  et 
l'aulre  la  poitrine  ;  et  quant  aux  raies 
mentionnées  ,  le  prince  Maurice  ,  du 
manuscrit  duquel  j'ai  tiré  mon  dessin , 
en  compte  sept  ;  et  c'est  en  quoi  Maro- 
graf  et  Piso  sont  du  même  avis. 

Le  nombre  des  rayons  de  la  mem- 


DU  SPARE  RAYE.  27 
brane  brcincliiale  et  l'intérieur  de  ce 
poisson  me  sont  inconnus,  ne  le  possé- 
dant pas  moi-même. 

La  nageoire  pectorale  a  douze  rayons, 
la  ventrale  six  ,  celle  de  l'anus  treize, 
celle  de  la  queue  seize ,  et  la  dorsale 
vingt-  trois ,  suivant  le  dessin  du  prince 
Maurice. 

Le  corps  est  large ,  mince  et  cou- 
vert d'écaillés  argentines  j  la  tête  n'a 
des  écailles  que  depuis  les  yeux.  La 
bouche  est  fort  ouverte  ;  les  mâchoires 
ont  la  même  longueur  et  sont  armées 
de  dents  pointues  et  serrées.  Les  na- 
rines sont  près  des  yeux  ,dont  la  pru- 
nelle noire  est  dans  un  iris  rougcâtre. 
L'ouverture  des  ouies  est  grande  ,  et 
les  deux  opercules  sont  à  bord  uni  et 
arrondis.  Le  dos  violet  forme  un  arc. 
Le  dessin  ne  présente  point  de  ligne 
lalérale  ',  apparemment  qu'à  la  proxi- 
mité du  dos  elle  lui  est  parallèle.  Le 
ventre  est  long ,  c'est  pourquoi  Panus 
approche    plus   de  la  nageoire   de  la 


28  HISTOIRE  NATURETXE 
queue  que  de  la  tête.  Les  écailles  saiî-- 
lantes  au  dos  forment  un  sillon  qui 
cache  la  nageoire.  Le  nombre  des  aiguil- 
lons de  la  dorsale  monte  à  neuf,  sui- 
vant le  dessin  du  prince  Maurice  :  mais 
apparemment  ce  poisson  a  dix  aiguil- 
lons, dont  on  n'a  point  apperçu  le  pre- 
mier qui  est  court.  La  ventrale  a  un 
aiguillon  ,  celle  de  l'anus  trois  ,  les 
rayons  mous  sont  presque  tous  à  quatre 
brandies.  Les  nageoires  pectorales  et 
ventrales  sont  pointues  ,  celles  du  dos 
et  de  l'anus  arrondies. 

Ce  poisson  est  du  Brésil,  et  suivant 
Marcgraf  il  n'excède  jamais  la  lon- 
gueur de  six  à  sept  pouces  ;  il  séjourne 
aux  rivages  pierreux  ,  où  l'eau  de  la 
wer  est  pure  et  féconde  en  frai.  Voilà 
pourquoi  Marcgraf  et  Piso  le  comptent 
parmi  les  poissons  de  bon  goût ,  dont  la 
cliair  est  meilleure  que  celle  de  la 
carpe. 

Marcgraf  a  le  premier  fait  mention 
de  ce  poisson ,  et  nous  en  a  donné  im 


DU     SARGUET.  29 

dessin  tolérable  à  l'égard  de  ses  autres 
dessins  :  Piso,  Jonston  et  Riiyscli  l'ont 
copié. 

Klein  et  Willugliby  sont  les  seuls 
qui  l'aient  reçu  dans  leurs  systèmes.  Il 
est  probable  qu'Artédi  et  Linné  ont 
trouvé  les  caractères  trop  peu  distincts 
pour  le  classifier. 

Si  au  reste  ce  poisson ,  selon  l'opi- 
nion de  Willugliby ,  est  le  même  que 
le  canthère  ,  c'est  ce  que  je  ne  saurois 
déterminer  ,  vu  que  je  n'ai  point  ce 
dernier  dans  ma  collection. 

liE  SARGUET,  sparus  sargus, 

Les  huit  dents  incisives  et  les  deux 
rangs  de  màchelièrcs  désignent  ce 
poisson. 

L'on  compte  six  rayons  dans  la 
membrane  branchiale  ,  seize  dans  la 
nageoire  pectorale  ,  six  dans  la  ven- 
trale ,  dix  -  sept  dans  celle  de  l'anus  , 
vingt-deux  dans  celle  de  la  queue,  et 
vingt -cinq  dans  la  dorsale. 


3o  HISTOIRE    NATURELLE 

La  tête  en  pente  est  alépidote  de- 
puis la  nuque  juqu'au  museau  ;  l'ou- 
verture de  la  bouche  est  petite  •,  les 
lèvres  sont  charnues  ,  et  les  mâchoires 
d'égale  longueur  ;  les  dents  incisives 
ont  le  bord  large  et  le  fond  étroit  ;  les 
quatre  dents  du  milieu  sont  plus 
grandes  et  plus  larges  que  les  autres 
quatre  des  côtés.  Derrière  celles  -  ci  , 
il  y  a  vme  quantité  de  dents  courtes  à 
surface  plate,  et  les  côtés  sont  arriîés 
d'un  double  rang  de  mâchelières  ar- 
rondies ,  dont  les  dernières  sont  les 
plus  fortes  :  la  bouche  tellement  armée 
fait  juger  que  ce  poisson  se  nourrit  de 
testacées,  savoir  ,  d'huîtres  ,  d'escar- 
gots ,  de  coraux  ,  etc.  Le  palais  et  la 
langue  sont  lisses ,  les  os  des  lèvres 
étroits  et  jninces  ;  les  narines  doubles 
sont  près  des  yeux  ;  les  ouvertures  de 
devant  sont  rondes,  les  autres  ovales  ; 
les  yeux  sont  grands  ,  et  pourvus 
d'une  membrane  clignotante  ;  la  pru- 
nelle  en   est  noire  ,    l'iris  argenté  ; 


ï)  u     s  A  R  G  u  r  T.  3l 

Fopercnlededevant  est  arrondi, l'autre 
est   bordé  de  noir.   Us    ont    tons   les 
deux  les  écailles  moins  grandes  que  le 
tronc.    L'ouverture     des    ouies     est 
grande  ,  et  la  membrane  est  à  demi- 
cachée  ;  le  tronc  est  large  sur  le  de- 
vant ,  le  ventre  rond ,  le  dos  tranchant 
et  arqué;  le  fond  du  poisson  est  ar- 
genté ,  où  les  raies  jaunes  et  les  bandes 
noirâtres  font  un  bel  effet  ;  la  ligne  la- 
térale est  noire  et  un  peu  arquée  à  peu 
de  distance  du  dos ,  l'anus  prend  le  mi- 
lieu entre  la  tête  et  la  queue.  Les  raies 
que  nous  venons  de  remarquer  sont 
formées  par  les   petites  lignes  qu'on 
voit  sur  les  écailles  ;  et  comme  les  cou- 
ches des  écailles  prennent  leur  direc- 
tion le  long  du  corps,  depuis  la  tête 
jusqu'à  la  queue  ,  il  en  résulte  autant 
de  raies  quily  a  de  couches  d'écaillés. 
Les  cinq  raies  au-dessus  de  la  ligne  la- 
térale ont  la  couleur  d'orange,  et  celles 
de  dessous  sont  jaunes  ;  les  écailles  des 
opercules  ont  des  bordures  jaunss  3  le« 


32  HISTOIRE  NATURELLE 
bandes  transversales  sont  plus  noires 
vers  le  dos  ;  la  nuque  et  le  dos  sont  noi- 
râtres ;  la  nageoire  ventrale  est  noire  ; 
la  dorsale,  celle  de  l'anus  et  celle  de  la 
queue  sont  jaunâtres,  et  la  dernière  a 
le  bord  noir;  la  nageoire  pectorale  est 
très  -  longue  ,  ce  qui  provient  des 
rayons  quatrième,  cinquième  et  sixiè- 
me alongés  :  ces  rayons  ont  quatre 
branches  ,  et  le  premier  seul  est  sim- 
ple. Le  premier  de  la  ventrale  est  pi- 
quant ,  et  les  autres  sont  ramifiés  ;  les 
trois  premiers  de  la  nageoire  de  l'anus 
sont  piquans;  les  autres  sont  mous  et 
ramifiés.  Il  en  est  de  même  des  rayons 
de  la  dorsale  ,  avec  cette  seule  diffé- 
rence que  celle  -  ci  a  douze  aiguillons 
que  le  poisson  peut  cacher  dans  le 
sillon  formé  au  dos  par  les  écailles.  Les 
nageoires  de  l'anus  ,  de  la  queue  et  du 
dos  se  couvrent  en  partie  d'écaillés  : 
celle  de  la  queue  a  des  rayons  ramifiés. 
L'on  trouve  ce  poisson  dans  la  Mé- 
diterranée ,  dans  la  Mer  Rouge  ,   et 


DU     S  A  R  G  U  E  T.  33 

flans  l'Océan  ,  près  du  gouvernement 
de  Poitou  et  d'Aunis.  Aristote  nous  a 
fait  connoître  son  existence  dans  les 
eaux  de  la  Grèce.  Willugliby  en  a  fait 
la  description  à  Venise,  etBrunniche 
à  Marseille.  Jovius  le  met  du  nombre 
des  poissons  romains  ,  et  Cetti  des 
poissons  sardes. 

On  le  voit  encore  en  France  aux 
rives  delà  Provence  et  du  Languedoc, 
Suivant  Belon  ,  le  Nil  en  produit  une 
quantité  si  énorme  ,  qu'on  le  trans- 
porte chez  les  habitans  du  mont  Sina 
qui  l'achètent. 

Ce  poisson  parvient  à  une  grandeur 
considérable;  car  dans  le  Poitou  on  en, 
prend  de  deux  pieds  et  plus.  Aristote 
l'a  compté  avec  raison  parmi  les  pois- 
sons de  rivage  qui  vont  en  troupe  \  car 
on  le  trouve,  pendant  toute  l'année  , 
près  des  rivages  en  assez  grande  quan- 
tité. 

Ce  poisson  se  nomme  :     - 
En  France  ,  Sar^o ,  Sar^ue  et  Sargus, 

Poissons.  III.  4 


v^4  HISTOIE.E    NATURELLE 

A  Toulon  et  à  Marseille  ,  Sar, 

En  Provence  ,  Sarguet  ou  Sarg. 

Chez  les  Anglais,  Base. 

En  Italie  et  dans  la  Sardaigne ,  Sargo^ 

En  Dalmalie  ,  Fasaro. 

Et  en  Allemagne,  Geisshrassemet  Ban- 

dirle-Brassem. 

Suivant  Aristote  ,  ce  poisson  doit 
frayer  au  printemps  et  en  automne-, 
mais  c'est  de  quoi  l'on  peut  douter, 
s'il  est  permis  de  juger  parles  poissons 
de  nos  contrées  de  ceux  des  autres  ,  vu 
que  les  nôtres  ne  fraient  qu'une  fois, 
et  cette  opération  se  fait  ordinaire-- 
ment  plutôt  chez  les  jeunes,  plus  laid 
chez  ceux  d'un  âge  moyen,  et  le  pln$ 
tard  chez  les  plus  âgés.  Mais  tous  les 
naturalistes  suivans  ne  fournissant  au- 
cune observation  nouvelle  sur  cet  ob- 
jet ,  je  souhaite  que  ceux  qui  ont  l'oc- 
casion d'observer  les  poissons  de  la 
Méditerranée  ,  l'examinent  de  plus 
près  pour  nous  en  donner  l'histoire. 

Oppian  soutient  qu'il  y  a  plus  de  fo- 


DU     S  A  R  G  U  E  T,  35 

melles  que  de  mâles  ,  et  toutes  mes  ob- 
servations me  prouvent  que  c'est  le  cas 
de  toutes  les  espèces  de  poissons. 

Lia  chair  de  ce  poisson  est  sèclie  , 
c'est  pourquoi  on  l'estime  moins  que 
la  dorade  que  je  vais  bientôt  décrire  : 
mais  pris  en  septembre  et  octobre  dans 
les  contrées  pierreuses  ,  il  est  aussi  bon 
que  celle-ci ,  frit  au  beurre  ou  à  l'huile 
fjaîche  dans  la  poêle.  Il  faut  qu'il  soit 
délicat ,  vu  que  de  celte  façon  la  chair 
devient  tendre  et  succulente.  Ce  pois- 
son est  Carnivore ,  et  il  dévore  non- 
seulement  d'autres  poissons,  mais  sur- 
tout aussi  des  crustacées,  comme  écre- 
visses  ,  escargots  ,  moules  ,  etc.  que  sa 
denture  est  très-propre  à  broyer. 

L'on  prend  ce  poisson  de  différentes 
manières ,  savoir  ,  au  filet  et  à  la  ligne  : 
l'on  dit  encore  qu'on  peut  le  prendre 
avec  la  main  dans  les  trous  des  rivages 
pierreux.  Il  ne  faut  pas  tarder  à  le 
manger  ,  parce  qu'il  se  gâte  aisément. 

L'estomac  est  grand  j  au  commen- 


36  HISTOIRE    NATURELLE 

cernent  du  canal  intestinal  qui  a  plu- 
sieurs sinuosités,  il  y  «i  trois  boyaux 
borgnes  :  le  foie  est  rougeâtre  ,  le  fiel 
jaune  ,  et  la  rate  noirâtre. 

Mon  poisson  ne  me  montre  point  la 
tache  annulaire  à  la  nageoire  de  la 
queue  ,  que  Linné  cite  pour  caractère 
de  cette  espèce.  Quelques  écrivains 
d'ailleurs  tiennent  cette  tache  pour  ir- 
régulière ,  et  la  plupart  en  font  men- 
tion comme  d'une  bande. 

Rai  se  trompe  ,  en  refusant  à  notre 
poisson  les  mâchelières  granuleuses. 
Artédi  n'a  suivi  probablement  que 
l'avis  de  Rai. 

Une  simple  faute  d'écriture  doit 
avoir  induit  Artédi  à  donner  à  notre 
poisson  les  lignes  transversales  pour 
caractère;  car  les  lignes  allant  le  long 
du  corps,  et  les  bandes  le  traversant , 
il  faut  lire  ou  fasciis  transversis  ,  ou 
lineis  longitudinaUbus. 

Belon  ,  Salvian  et  Klein  se  trom- 
pent, en  ne  donnant  qu'un  aiguillon  à 


DU     S  A  E-  G  U  E  T.  3/ 

la  nageoire  de  l'anus  ,  an  lieti  de  trois. 

Il  est  fort  aisé  de  réfuter  l'opinion 
de  Willagliby  ,  que  le  jaguaraca  de 
Marcgraf  soit  notre  poisson  ,  ou  da 
moins  très- semblable  au  nôtre  ,  en  fai- 
sant la  comparaison  avec  celui  de  la 
planche  225 ,  qui  est  ]e  jaguaraca. 

Quand  Pline  soutient  que  notre 
poisson  vit  d'excrémens  ,  il  n'a  pas 
plus  de  raison  que  quand  il  dit  qu'il 
sort  de  l'Océan. 

Je  réponds  négativement  à  la  de- 
mande de  Gronov  ,  si  le  hepatus  de 
Rondelet  est  le  nôtre  ?  car  c'est  le 
labrus  hepatus  de  Linné. 

Dubamel  distingue  à  la  vérité  le  sar 
du  sarguet  ;  mais  ni  les  descriptions, 
ni  les  dessins  ne  me  fournissant  des  ca- 
ractères essentiels  ,  ]e  n'en  fais  qu'une 
seule  espèce  ,  en  attendant  que  des  re. 
cherches  ultérieures  me  démontrent  le 
contraire. 

Ce  qu'Elian  et  Oppian  prétendent 
de  l'amour' remarquable  de  ce  poisson 


38  HISTOIRE  NATURELLE 
pour  les  chèvres,  ce  qu^ils  disent  de 
son  penchant  à  s'exposer  aux  rayons 
dn  soleil,  tient  du  merveilleux  dont 
l'histoire  naturelle  de  ces  temps  est 
chargée,  de  même  que  le  préjugé  qu'au 
temps  du  frai  les  mâles  se  disputent  les 
femelles  ,  et  qu'une  dent  de  ce  poisson 
que  l'on  porte  sur  soi  ,  adoucisse  les 
maux  de  dents. 

Belon  nous  a  donné  le  premier 
dessin  de  ce  poisson,  mais  il  est  mau- 
vais. 

Peu  après ,  Salvian  et  Rondelet 
nous  en  ont  donné  chacun  un  dessin 
nouveau  :  le  premier  représente  les 
lignes  longues  ,  et  le  dernier  les  bandes 
transversales  ;  l'un  et  l'autre  valent 
mieux  que  celui  de  Belon  ,  mais  ils  ne 
sont  pas  assez  fidèles  pour  être  bons. 

Gesner  nous  en  a  donné  aussi  un 
nouveau  dessin,  mais  qui  ne  vaut  pas 
mieux  que  les  autres. 

Aldrovand  a  non -seulement  copié 
eelui-ci ,  tnais  il  nous  en  a  laissé  deux 


ITY 
>.  USA 


-Pa^e   3ç 


Tom  .  m 


J)etrt?ve  i/f/. 


J-e  JUrre    Ocnù>. 

1  I^  SArPK    ^    LA  DOILVDE   3.LE  PAGRE. 


DELA    SAUF  E.  % 

clessms  nouveaux  ,  dont  l'un  est  plus 
mauvais  que  l'autre. 

Willugliby ,  Jonston  et  Ruysch  ont 
copié  Salvian. 

Enfin  Duhamel  nous  adonné  deux 
nouveaux  dessins,  mais  qui  représen- 
tent la  nageoire  de  l'anus  défectueuse. 
On  les  retrouve  dans  la  description  des 
âj  Is  et  métiers,  en  petit. 

LA    SAUPE,    SPARUS    SALPA. 

LfEseul  rang  de  dents  incisives,  dont 
cliacune  des  deux  mâchoires  est  armée, 
forme  un  caractère  pour  connoîlre  ce 
poisson  ;  car  je  n'en  ai  point  vu  encore 
dont  les  dents  eussent  une  structure 
semblable.  La  mâchoire  supérieure  en 
a  vingt,  l'inférieure  vingt-deux,  un 
peu  arquées  en  dehors  et  enfoncées  en 
dedans.  Les  dents  d'en  haut  ont  une 
petite  échancrure  au  milieu,  et  celles 
d'en  bas  forment  une  pointe  aiguë  à  la 
même  place.  Ces  pointes  mettent  le 


4o         HISTOIRE    NATURELLE 
poisson  en  étrd  de  mieux  tenir  sa  noiir- 
riluie.  Pour  plus  de  clarté  ,  j'ai  repré- 
senté l'embouchure   en  grand  sur  la  ' 
planche. 

La  membrane  branchiale  a  six  rayons, 
la  nageoire  pectorale  seize ,  la  ventral© 
six,  celle  de  l'anus  dix-sept,  celle  de 
la  queue  vingt,  et  la  dorsale  vingt-huit. 
La  têle,  comme  tout  le  poisson,  est 
fort  comprimée,  et  alépidote  jusqu'à  la 
nuque  ;  la  bouche  petite ,  les  mâchoires 
égales  ;  la  langue  dégagée ,  mince,  large 
et  lisse  comme  le  palais.  Les  narines 
sont  doubles ,  tout  près  des  yeux  l'on 
discerne  une  ouverture  ovale,  et  non 
loin  de-là  une  ouverture  ronde.  La  pru- 
nelle noire  est  placée  dans  un  iris  cou- 
leur d'or.  Les  opercules  arrondis  sont 
couverts  d'écaillés  moins  grandes  que 
celles  du  tronc  ;  le  postérieur  est  com- 
posé de  deux  petites  lames,  le  bord  de 
l'antérieur  paroît  dentelé  j  mais  il  ne 
Test  pas,  n'étant  point  aigu.  L'ouver- 
ture des  ouies  est  grande ,  et  la  mem- 


DE     LA     SAUPE.  4l 

brane  presque  entièrement  cachée.  Le 
venlre  est  long  et  arrondi  ;  la  ligne  la- 
térale presque  droite  approche  du  dos; 
les  écailles  sont  grandes ,  lisses ,  formant 
un  sillon  au  dos ,  et  elles  couvrent  en 
partie  la  nageoire  de  la  queue.  Le  dos 
est  tranchant ,  et  l'anus  approche  plus 
delà  nageoire  de  la  queue  quedela  tête. 
Au  fond  de  la  pectorale  on  remarque 
une  tache  noire  ;  le  premier  rayon  en 
est  court  et  simple  ,  le  deuxième ,  le 
troisième  et  le  quatrième  sont  ramifiés 
et  très- longs  ;  mais  les  autres  ont  huit 
branches.  Les  rayons  de  la  ventrale  , 
dont  le  premier  est  piquant ,  ressem- 
blent à  ces  derniers.  Les  nageoires  de 
l'anus  et  du  dos  sont  étroites  et  com- 
posées d'aiguillons  et  de  rayons  mous: 
la  première  a  trois  aiguillons ,  l'autre 
en  a  onze.  Les  rayons  de  ces  deux  na- 
geoires n'ont  que  quatre  branches,  mais 
ceux  de  la  queue  en  ont  huit.  Toutes 
les  nageoires  forment  une  pointe ,  mais 
celle  de  la  queue  çn  forme  deux.  L© 


42  HISTOIRE    NATURELLE 

dos  est  noirâtre  ,  les  côtés  et  le  ventre 
argentés  :  les  lignes  longitudinales  jau-   i 
nés  embellissent  ces  parties.  Les  na- 
geoires sont  grises  et  brunâtres  vers  le 
bord.  La  ligne  latérale  est  noire. 

Aristote  met  notre  poisson  au  rang 
de  ceux  que  Ton  trouve  en  pleine  mer 
et  dans  les  bayes  :  son  assertion ,  qu'il 
se  promène  isolé  dans  les  eaux ,  peut 
s'être  vérifiée  dans  les  contrées  de  la 
Grèce  ;  mais  à  Gênes ,  aux  côtes  de  la 
Sardaigne,  et  aux  îles  Baléares,  sur-tout 
près  d'Ivica  ,  on  le  trouve  en  quantité , 
et  on  y  en  prend  beaucoup.  Il  diiFère 
de  grandeur  selon  son  séjour  ;  Brunni- 
che  le  trouve  long  d'un  empan;  Duha- 
mel ,  en  Languedoc ,  lui  trouva  sept  à 
neuf  pouces,  et  Salviau  nous  dit  qu'à 
Rome  on  le  prend  toujours  long  d'un 
pied  ,  et  du  poids  d'une  livre  ;  ce  der- 
nier remarque  encore  qu'on  le  prend 
toujours  de  la  même  grandeur  et  pe- 
santeur. A  nous  en  rapporter  à  Belon , 
qui  d'ailleurs  est  bon  observateur,  il 


D  E    L  A     s  A  U  P  E.  43 

aitcint  le  poids  de  deux  livres.  Celai 
que  j'ai,  et  qui  a, servi  de  modèle  à  mon 
dessin  ,  est  long  d'un  pied. 

Il  fraie  en  octobre  ,  et  dépose  ses 
œufs  entre  les  herbes  marines.  Son  sé- 
jour ordinaire  est  dans  les  profondeurs; 
et  ces  poissons  se  rendent  en  grand 
nombre  aux  bas-fonds  du  rivage  pour 
s'y  nourrir  des  herbes  marines  et  des 
mousserons  ,  en  quoi  leurs  dents  inci- 
sives les  servent  bien.  Ce  poisson  a  la 
chair  molle  ,  coriace ,  avec  peu  d'arê- 
tes; elle  exhale  souvent  une  mauvaise 
odeur  ,  probablement  causée  par  les 
mousserons.  C'est  par  cette  raison  que 
le  poète ,  malgré  la  beauté  de  son  ex- 
térieur ,  l'a  dépeint  comme  un  mauvais 
poisson  (  i  ). 

On  le  prend  au  file  t  et  avec  des  citrouil- 
les ,  qu'il  aime  fort;  on  en  prend  le  plus 
en  hiver  dans  les  profondeurs  des  baies. 


(l)  Atque  immunda  chromis  merito  vi-^ 
Ihmna,  9alpa,  Ovid.  Hal.  v.  i3i. 


44  HISTOIRE   NATURELLE 

OÙ  il   séjourne  pendant  cette  saison. 

Suivant  les  observations  d'Aristote 
et  de  ses  imitateurs  Pline  et  Elian  ,  ce 
poisson  doit  avoir  Fouie  très  fine  ,  mais 
le  goût  mauvais  ,  se  nourrissant  d'ex- 
crémens,  ce  que  le  naturaliste  grec  a 
jugé  apparemment  par  analogie  ,  vu  la 
mauvaise  odeur  qu'il  répand  de  temps 
en  temps.  Mais,  quant  à  moi  ;  je  suis 
bien  plus  enclin  à  croire  qu'il  ne  vit  que 
d'herbes  et  de  mousserons,  nourriture 
qui  convient  à  ses  dents  en  forme  de 
faucille,  et  que  la  mauvaise  odeur  ne 
provient  que  des  mousserons. 

Ce  poisson  est  connu  sous  diffcrens 
noms. 

On  le  nomme  : 
En  France  ,  Saupe. 
En  Languedoc,   quand  il  est  petit, 

Vergadelle. 
A  Marseille,  Saupe  et  Sopl. 
Chez  les  Italiens,  Salpa. 
Chez  les  Génois  ,  Snrpa. 
A  l'ile  de  Malte  ,  Scilpa, 


D  E    L  A     s  A  U  P  E.  45 

En  Sai'daigne  ,  Salpa. 
En  Angleteri'e  ,  Goldlin. 
En  Hollande  ,  Goldstromer. 
Et  en  Allemagne,  Goldstrich. 

Le  péritoine  est  noir  ,  l'estomac 
grand  j  le  canal  intestinal  fort  long, 
comme  aux  quadrupèdes.  Dans  nn  pois- 
son de  la  longueur  d'un  pied,  ce  canal 
avoit  quarante -six  pouces;  quatre' 
boyaux  borgnes  très-forts  se  trouvent 
au  commencement  du  canal.  Le  foie 
consiste  en  trois  lobes  de  différentes 
grandeurs.  Le  plus  long  porte  une 
longue  vésicule  de  fiel  -,  la  rate  est 
grande  et  noirâtre  ;-l'ovaire  et  la  laite 
sont  doubles ,  et  s'étendent  jusqu'au 
diaphragme. 

Artédi  et  Linné  ayant  allégué  pour 
marque  dislinctive  les  onze  lignes  jau- 
nes, ont  fait  choix  d'un  caractère  va- 
riable; car  Duhamel  n'en  désigne  que 
huit  à  neuf-,  Salvian ,  Belon  et  Klein 
neuf-,  Brlinniche  et  Rai  dix  à  onze";  et 
WiHughby  onze. 

Poissons.  III.  5 


46         HISTOIRE    NATURELLE 

Klein  est  dans  l'erreur  ,  en  ne  don- 
nant qu'une  nageoire  ventrale  à  notre 
poisson  ,  et  cette  erreur  se  trouve  en- 
core dans  le  nouveau  Spectacle  de  la 
Nature. 

Sur  la  demande  de  Gronov  ,  si  lo 
Mormyre  de  Salvian  est  son  Cynaedus, 
que  nous  avons  cité  parmi  les  nôtres  , 
on  peut  répondre  négativement ,  va 
que  son  Cynaedus  a  des  dents  incisives , 
le  Mormyre ,  au  contraire  ,  des  dents 
pointues.  Par  la  même  raison  ,  les  aU" 
très  écrivains  sont  mal  cités. 

Le  poisson  que  l'abhé  Bonnaterre  a 
fait  dessiner  d'après  Catesby  pour  le 
nôtre,  n'est  point  la  saupe  ,  mais  la 
brème  de  pourpre  de  Linné ,  sparus 
synagris. 

Ovide  dît  que  notre  poisson  dépose, 
à  la  manière  des  oiseaux ,  ses  œufs  dans 
des  nids  :  cette  idée  lui  est  apparem- 
ment venue  ,  parce  que  l'on  trouve  lo 
frai  entre  les  mousserons  marins,  où  les 
petits,  seloului|  doivent  éclore  commq 


D  E     L  A    s  A  U  P  E.  k^ 

Jans  un  nid  :  mais  on  ne  peut  rien  dé- 
duire de- là,  parce  qu'en  général  les 
bêtes  déposent  leurs  œufs  là  où  la  cou- 
vée au  sortir  trouve  d'abord  sa  subsis- 
tance. 

Si  Belon  et  Salvlan  donnent  douze 
aiguillons  au  lieu  de  onze  à  la  dor- 
sale,  et  deux  au  lieu  de  trois  à  la 
nageoire  de  l'anus  ,  en  quoi  Duhamel 
les  imite  ,  il  faut  leur  passer  cette  er- 
reur, vu  que  le  premier  aiguillon  de 
l'anus  est  très-petit ,  et  que  beaucoup 
de  poissons  de  ce  genre  comptent  douze 
aiguillons  au  dos. 

Si  du  temgs  d'Aristote  il  n'y  avoit 
pas  un  autre  poisson  du  même  nom  , 
qui  fraie  deux  fois  par  an  \  et  si  cet 
auteur   ne    prétend   parler   que   d'un 
même  poisson  ,  il  est  en  contradiction 
avec  lui-même  :  car  il  dit  à  un  en- 
droit ,    qu'il  fraie    au    printemps  et 
quelquefois  en  automne  ,  et  dans  un 
autre  endroit  il  dit ,  qu'il  n'a  que  cette 
dernière  saison  pour  frayer.  Rondelet 


48  HISTOIRE   NATURELLE 

se  trompe  en  donnant  à  notre  poisson 
beaucoup  de  dents  en  forme  de  scie , 
et  Duhamel  en  lui  donnant  beaucoup 
de  dents  fines  tandis  qu'il  n'a  qu'un 
ordre  de  dents  incisives. 

Belon  et  Willughby  ,  qui  font 
monter  le  nombre  des  dents  de  la 
mâchoire  supérieure  à  seize ,  et  celles 
de  l'inférieure  à  dix-huit  ,  ont  tort  : 
car  j'en  ai  trouvé  quatre  de  plus  dans 
chaque  mâchoire.  Apparemment  qu'ils 
ont  eu  un  poisson  ,  qui  n'avoit  pas 
encore  fait  toutes  ses  dents. 

Nous  devons  le  premier  dessin  de  ce 
poisson  à  Belon  ;  mais  il  est  mauvais, 
vu  que  la  dorsale  est  trop  reculée  et 
la  bouche  représentée  trop  grande. 

Salvian  nous  en  donna  depuis  une 
meilleure  figure  ,  mais  il  attribue  trop 
d'aiguillons  et  trop  peu  de  rayons  à  la 
dorsale. 

Le  dessin  de  Rondelet ,  qui  parut 
en  même  temps  avec  la  figure  précé- 
àente ,  a  aussi  mal  réussi. 


D  E    L  A    D  O  R  A  T>  K.  49 

Les  naturalistes  semblent  n'avoir 
voulu  nous  laisser  que  des  dessins  bien 
mauvais  :  car  Gesner ,  Aldrovand  et 
Duhamel  nous  en  ont  fourni  de  nou- 
veaux ,  mais  qui  n'ont  aucun  prix. 
Celui  de  Gesner  est  passable  ,  celui 
d'Aldrovand  le  plus  mauvais  ;  celui  de 
Duhamel  représente  la  bouche  trop 
grande ,  la  dorsale  trop  reculée ,  et  tous 
ses  rayons,  même  ceux  de  la  nageoire 
de  l'anus  ,   comme  des  aiguillons. 

Jonston  a  encore  fait  une  nouvelle 
représentation  ,  mais  fort  inexacte  , 
dont  Ruysch  a  fait  une  copie  fidelle. 

LA  DORADE,  spjrus  aurata» 

Les  six  dents  incisives  de  chaque 
mâchoire  désignent  suffisamment  ce 
poisson. 

La  membrane  branchiale  contient 
six  rayons ,  la  nageoire  pectorale  en 
a  seize ,  la  ventrale  six  ,  celle  de  l'anus 
quinze  ,  celle  de  la  queue  dix-sept,  et 
la  dorsale  vingt-cinq. 


5a  HISTOIRE    NATURELLE 

La  lete  est  comprimée  ,  en  pente  , 
et  alépidote  jusqn'aux  opercules.  Les 
mâchoires  sont  d'égale  longueur  ;  Us 
lèvres  sont  charnues  ,  les  os  des  lèvres 
étroits,  et  la  bouche  est  peu  ouverte. 
Lcsdites  dents  incisives  sont  séparées 
et  arrondies.  Dans  la  première  rangée 
je  trouve  dix  mâchelières  de  chaque 
côté  ',  les  trois  premières  en  sont  plus 
larges,  pointues  par  le  haut  ,  et  res- 
semblent aux  dents  canines  des  hom- 
mes. Le  nombre  des  deux  autres  ran^s 
n'est  pas  si  grand  ,  et  il  s'en  trouve 
de  très-fortes  dans  le  troisième  rang  , 
dont  la  dernière  est  la  plus  grosse  ; 
laquelle  ,  suivant  Duhamel ,   est  en- 
châssée dans  des  bagues  ,  et  se  vend 
pour  des    crapaudines.    Les   orfèvres 
de   l'ile  de   Malte  gravent  une  tache 
jjoire  au  milieu  de  cette  pierre  avec 
de   Teau  forte,  et  la   débitent   pour 
des  yeux  de  serpent,  auxquels  ils  at- 
tribuent la  vertu  de  guérir  des  mala- 
dies. C'est  avec  ces  dents  fortes,  que 


D  E    L  A    D  O  R  A  D  E.         5l 

le  poisson  casse ,  ou  plie  les  liameçons , 
suivant  la  dureté  ou  la  souplesse  du 
fer.  Outre  ces  dents,  j'apperçois  dans 
mon  poisson  des  marques  d'un  qua- 
trième rang  de  dents  dans  la  mâclioire 
inférieure.  Le  poisson  n'ayant  pas ,  à 
beaucoup  près  ,  toute  sa  maturité  , 
je  crois  qu'il  n'a  pas  encore  toutes  ses 
dents  ,  et  qu'un  vieux  poisson  nous  en 
exposeroit  un  nombre  bien  plus  grand. 
La  langue  est  courte  ,  épaisse  et 
lisse  comme  le  palais.  Les  narines  sont 
doubles  ,  les  antérieures  rondes.  De- 
puis celles  -  ci  il  se  forme  un  sillon 
jusqu'aux  narines  postérieures  qui 
sont  ovales  et  tout  près  des  yeux  : 
ceux-ci  ont  la  prunelle  noire  et  l'iris 
d'or.  Une  tache  d'or  en  forme  de  crois- 
sant surmonte  l'œil.  Les  opercules  sont 
unis  et  arrondis  L'antérieur  paroit  à 
la  vérité  dentelé ,  mais  ce  ne  sont  que 
de  foibles  empreintes  superficielles  ; 
sa  surface  intérieure  présente  une 
branchie  simple.  Les  petits  arcs  des 


52         HISTOIRE    NATURELLE 
ouïes  sont  garnis  de  petites  excrois- 
sances noueuses.  L'ouverture  desouies 
est  grande  ,  la  membrane  en  est  ca- 
chée. Le  tronc  est  large  ,  le  dos  tran- 
chant ,  le  ventre    rond  ,   l'anus   plus 
voisin  de  la  queue  que  de  la  tête  ,  et 
la  ligne    latérale  un  peu   arquée  ap- 
proche du  dos.  Les  écailles  sont  ten- 
dres,   lisses,   plus   grandes    au    tronc 
qu'aux   opercules  ,  et  elles  couvrent 
mie  partie   de  la  nageoire  du  dos  et 
de   l'anus  ,  de  sorte   qu'elles  forment 
un  réservoir  pour  ces  nageoires  ,  dont 
la  première  est  munie  de  onze  aiguil- 
lons et  de  quatorze  rayons  fourchus  , 
la  seconde  de    trois  aiguillons    et  de 
douze    l'ayons    fourchus.    Les   rayons 
mous  des  autres  nageoires  ont  quatre 
branches  ,  et  le  premier  de  la  ventrale 
est   piquant.   Le  troisième   rayon   de 
la  pectorale  fait  le  tiers  de  la  longueur 
de  tout   le  corps.  Les  flancs ,  la  tête 
et  le  tronc  sont  argentés.  Le  dos  est, 
tant   que  le  poisson  est  dans  l'eau. 


DE    LA     D  O  11  A  D  E.        53 

d'un  beau  bien  clair ,  mais  à  l'air  ,  il 
devient  foncé,  et  noirâtre  enfin  lors- 
qu'il est  mort.  L'on  apperçoit  en  haut 
au  bord  de  l'opercule  postérieur  une 
tache  noire  ,  et  derrière  celle-ei  ,  au- 
dessus  de  la  nageoire  pectorale  ,  une 
tache  rouge  couleur  de  cerise  ,  cette 
dernière  est  quelquefois  claire.  L'on 
remarque  aux  deux  côtés  plusieurs 
lignes  longitudinales  d'une  couleur 
brun  pâle  ,  qui  sont  plus  foncées  au- 
dessus  de  la  ligne  latérale.  La  nageoire 
du  dos  et  celle  de  la  queue  sont  noi- 
râtres, celle  de  l'anus  brune ,  les  autres 
d'un  gris  foncé.  La  ligne  latérale  est 
aussi  de  cette  couleur. 

Nous  trouvons  ce  poisson  dans  la 
Méditerranée  ,  dans  la  Mer  Atlan- 
tique et  dans  celle  du  Nord.  La  Grèce 
doit  en  produire  en  abondance  ,  vu 
qu'Aristote  le  cite  fréquemment.  Il 
n'est  point  rare  en  France  ,  sur-tout 
en  Languedoc  ,  à  Rome  ,  en  Sardaigne 
et  près  de  Malte.  Au  cap  de  Bonne- 


54  HISTOIRE  NATURELLE 
Espérance  il  est  commun,  aux  côtes 
de  l'Angleterre  et  de  la  Hollande  il 
est  rare.  Il  parvient  à  une  grandeur 
considérable.  Hasselquist  le  vit  plus 
ïong  qu'une  aune  à  Smyrne.  Aux  en- 
virons de  Rome  il  ne  pèse  pas  plus 
tie  dix  livres  ,  mais  la  Sardaigne  en 
produit  de  vingt  livres.  Ce  poisson  a 
varié  de  nom  en  variant  de  taille  : 
en  Languedoc ,  long  de  six  pouces  il 
s'appelle  Sauquesne ,  long  d'un  pied , 
Dorade  ;  le  poisson  qui  tient  le  milieu 
entre  ces  deux  grandeurs,  se  nomme 
Méjanes ,  expression  qui  veut  dire 
moyen  :  a-t-il  au-delà  d'un  pied  ,  il 
reçoit  le  nom  de  Superdorado.  A  Nar- 
bonne  celui  de  six  pouces  s'appelle 
SaucanelU y  celui  de  neuf  pouces  Pau- 
jnergrav  ,  et  les  plus  grands,  Dorades. 
C'est  avec  raison  qu'Aristote  met 
notre  poisson  au  rang  de  ceux  qui  se 
tiennent  aux  rivages  de  la  mer;  Belon 
lui  assigne  les  rivages  de  roc  et  de  , 
sable  aussi  bien  que  la  pleine  mer  pour 


DE    LA     DORADE.         55 
séjour  ;  selon  Cetti  on  le  trouve  aussi 
dans  les  lacs  de  Sardaigne  ,  et  suivant 
Duhamel ,  dans  les  canaux  réunis  à 
la  mer  ,  et  dans  les  lacs  ,  où  il  prend 
d'ordinaire  beaucoup  de  graisse  ,  et 
qu'il  quitte  en  automne.  Dès-lors  il 
cherclie  les  eaux  profondes,  où  il  resta 
l'hiver ,  afin  de  se  garantir  du  froid  , 
qu'il  ne  peut  supporter  ,  de  façon  que 
quand   les    gelées    viennent  précipi- 
tamment ,  il  périt ,  ce  qui  arriva  l'an 
1766  ,  où  on  en  trouva  un  nombre 
infini  de  morts. 

Ce  poisson  vivant  dans  les  eaux 
douces  ,  il  faudroit  avoir  soin  de  1© 
transplanter,  vu  que  suivant  M.  Du- 
hamel il  se  multiplie  dans  ces  eaux , 
et  qu'il  est  d'un  goût  exquis  en  au- 
tomne. 

Aristote  le  fait  frayer  en  été. 

On  le  prend  en  France  aux  côtes  du 

Languedoc  ,  depuis  le   mois   de   mai 

jusqu'en  octobre ,  au  filet  ;  il  mord  aussi 

à  l'hameçon  ,  quand  on  y  attache  un 


56         HISTOIRE   NATURELLE 
morceau  de  moule ,  de  pince  d'écre- 
visse  ,  ou  quelque  poisson  ,  objets  qui 
font  sa  nourriture. 

Suivant  le  récit  de  Kolbe ,  on  en 
prend  en  grande  quantité  depuis  le 
mois  de  mai  jusqu'au  mois  d'août  , 
au  Cap  de  Bonne-Espérance  \  hors  ce 
temps  on  n'y  en  prend  point ,  mais 
en  Italie  on  en  pêche  dans  toutes  les 
saisons. 

Il  a  la  chair  très-tendre  ,  c'est  pour- 
quoi les  Romains  le  préférèrent  à  tous 
les  autres  poissons ,  et  le  payèrent 
fort  cher;  on  estime  sur- tout  celui 
qui  se  prend  en  hiver  en  pleine  mer. 
Ce  qui  ajoute  à  son  prix  ,  c'est  le 
préjugé  qui  le  fait  passer  pour  un 
purgatif. 

On  nomme  ce  poisson  : 

En  France ,  Dorade ,  Daurade  ou  AoU" 
rade. 

Les  Marseillais  le  nomment  particu- 
lièrement Aurado. 
Les    Languedociens   appellent    ceux 


DE     LA    DORADE.         67 

d'un  pied, DaMrjf?^;  ceux  d'une  gran- 
deur extraordinaire,  5u6rg-Daurad^; 
ceux  de  six  pouces  ,  Saaquesme  ,  et 
ceux  de  neuf  pouces  ,  Méjanes. 

A  Narboune  ,  les  poissons  de  six  pou- 
ces portent  le  nom  de  Saucanelles  ; 
ceux  de  huit  à  neuf  pouces,  dePou- 
merengues, 

A  Venise  on  le  nomme  Ora. 

A  Rome,  Orata. 

En  Sardaigne ,  Canina. 

A  Alger  particulièrement ,  Orada. 

A  Malte ,  Aurada. 

En  Espagne ,  Dorade. 

En  Hollande,  Fergulde  ou  Goudbraas^ 

sem. 

En  Angleterre  ,  Gilt-Head    et  Cilt- 
Poil. 

Les  Grecs  de  nos  jours  le  nomment 

Sippuris. 
Et  les  Allemands ,  Goldbrassem.  ' 

Le  péritoine  est  noir  en  dedans  , 
l'estomac  long,  muni  au  bout  de  trois 
boyaux  borgnes.  Le  canal  intestinal  a 

Poissons.  IIL  6 


5ê  HISTOIRE  NATURELLE 
trois  sinuosités,  le  foie  est  grand  ,  d'un 
jaune  pâle,  la  vésicule  du  fiel  est  lon- 
gue, la  rate  noirâtre  ,  la  vésicule  aé- 
rienne touche  au  dos ,  l'ovaire  et  la 
laite  sont  doubles. 

Linné  prend  pour  caractère  de  notre 
poisson ,  la  tache  d'or  en  forme  de  crois- 
sant   au-dessus  des  yeux  :  mais  cette 
tache  n'y  étant  pas  toujours  ,  et  dispa- 
roissant  aisément  après  sa  mort ,   elle 
ne  sauroit  servir  de  caractère.  Salvian 
dit  que  l'on  n'en  trouve   point  aux 
jeunes.  Millier  raconte  qu'on  n'en  voit 
point  dans  le  dessin  de  ce  poisson  ,  qui 
se   trouve  dans  la  collection  des  ta- 
bleaux des  animaux  de  l'Afrique  de 
Blirmann ,  et  sous  lequel  Linné  écrivit 
de  sa  propre  main  Sparus  Aurata.  Pour 
moi  ,  je  puis  assurer   également  que 
mon  poisson ,  que  j'ai  dans  de  Tesprit- 
de-vin,  n'en  présente  aucune  trace. 

Arlédi  cite  encore  outre  cette  tache , 
pour  caractère  ,1e  dos  tranchant;  mais 
ïa  plupart  de  ce  genre  ayant  le  dos 


DE  LA  DORADE.  5^ 
ainsi  formé  ,  il  ne  caractérise  point 
notre  poisson. 

La  tache  noire  de  la  nageoire  de  la 
queue  que  Linné  remarqua  dans  son 
poisson ,  ne  doit  être  qu'accidentelle , 
vu  qu'aucun  écrivain  n'en  fait  men- 
tion ,  et  que  Cetti  dit  expressément 
ne  l'avoir  jamais  remarquée.  C'est  ce 
que  je  puis  affirmer  aussi. 

Groiiov  cite  dans  sa  Zoopli.  le  pois- 
son décrit  sous  le  n^.  2'jo  pour  le  nôtre  : 
mais  comme  il  lui  donne  la  nageoire  de 
la  queue  en  croissant ,  des  dents  poin  - 
tues ,  la  mâchoire  inférieure  alongée  et 
une  tête  pointue ,  ce  ne  peut  être  lo 
nôtre. 

Loeffling  tient  le  cocliicato  des  Es- 
pagnols pour  le  nôtre  :  suivant  sa  des- 
cription c'est  bien  une  sorte  de  brème 
de  mer  ,  mais  le  sien  n'ayant  qu'onze 
rayons  dans  la  nageoire  de  l'anus  et 
une  tache  bleue  en  croissant,  celui-ci 
diffère  encore  du  nôtre. 

Belon  est  dans  l'erreur  quand  il  croit 


6o  HISTOIRE  NATURELLE 
que  notre  poisson  est  inconnu  en 
France  ,  et  que  c'est  un  autre  que  l'on 
y  désigne  par  ce  nom.  La  dernière  as- 
sertion est  vraie  ,  en  ce  que  deux  pois- 
sons difFérens,  savoir  le  nôtre  et  la  co- 
ripliène  tachetée  (  Coriphaena  HippU" 
ris  L.  )  portent  le  même  nom. 

Aristote  dit  que  notre  poisson  dort 
quelquefois  le  jour  ,  et  cela  parce  qu'on 
le  prend  le  jour  •,  il  le  tient  apparem- 
ment pour  un  poisson  bien  rusé  qui  sait 
échapper  aux  embûches  en  veillant, 
li'opiniond'Elian  que  notre  poisson  est 
le  plus  craintif  de  tous  ,  me  paroît  éga- 
lement mal  fondée. 

Salvian  qui  lui  donne  les  dents  en 
forme  de  scie  ,  ne  doit  pas  les  avoir 
examinées  de  près. 

Le  premier  dessin  de  ce  poisson  est 
de  Belon;  mais  il  est  infidèle  ,  la  bou- 
che étant  représentée  grande  et  la  na- 
geoire de  la  queue  tronquée. 

La  nouvelle  représentation  qui  lui 
succéda  peu  après,  et  que  Salvian  fit 


D  E  L  A  D  O  R  A  D  E.  6l 
graver ,  vaut  mieux  ;  cependant  tous 
les  rayons  des  nageoires  du  dos  et  do 
l'anus  y  sont  simples. 

La  nouvelle  figure  de  Rondelet ,  qui 
parut  presqu'au  même  temps, est  meil- 
leure ;  car  les  fautes  des  deux  précé- 
dentes n'y  sont  pas. 

Le  dessin  de  Gesner  rend  mal  les 
nageoires ,  mais  bien  le  tronc. 

Aldrovand  a  non-seulement  copié  1© 
dessin  de  Rondelet ,  il  en  a  encore  fait 
un  nouveau  ,  mais  chargé  des  mêmes 
fautes  que  nous  avons  remarquées  dans 
les  précédens. 

La  représentation  de  Jonston  rend 
ce  poisson  beaucoup  trop  étroit ,  et  les 
rayons  de  la  plus  grande  partie  des  na- 
geoires y  j)aroissent  simples. 

Tout  est  mal  dessiné  chez  Kolbe  ,  à 
l'exception  de  la  nageoire  pectorale. 

Willughby  a  copié  Salvian  ,  et 
Ruysch  est  imitateur  de  Jonston. 

La  figure  de  Statius  Mliller  repré- 
sente la  bouche  beaucoup  trop  grande, 


62         HISTOIRE   NATURELLE 

et  la  mâchoire  inférieure  trop  courte. 

Celle  de  Duhamel  a  bien  réussi  à 
peu  de  chose  près. 

Le  dessin  de  Pennant  n'est  pas  si  bon , 
parce  que  la  nageoire  de  la  queue  y  est 
presque  droite  ,  et  la  bouche  trop 
grande. 

Je  ne  devine  point  pourquoi  l'abbé 
Bonnaterre  a  mieux  aimé  copier  ce 
dessin,  que  la  figure  infiniment  meil- 
leure de  son  compatriote  Duhamel. 

La  description  des  arts  et  métiers 
renferme  une  copie  de  la  représenta- 
tion de  Duhamel. 

LE  PAGRE,  spjRvs  pagrus. 

La  peau  qui  enveloppe  le  dernier 
rayon  de  la  nageoire  du  dos  et  de  celle 
de  l'anus  de  ce  poisson  ,  le  distingue  de 
tous  les  autres.  Cette  peau  est  un  alon- 
gementde  celle  du  tronc  aux  deux  na- 
geoires susdites ,  et  couvre  non- seule- 
ment lesdits  rayons  ,  mais  encore  lA 


D  U    "P  A  G  R  E.  6^ 

base  des  rayons  mous  qui  composent 
ces  nageoires.  WilUigliby  est  le  pre- 
mier qui  ait  observé  cette  singularité, 
qu'on  ne  trouve  dans  aucun  autre  pois- 
son. 

La  membrane  branchiale  est  compO' 
sée  de  six  rayons  ,  quinze  forment  la 
nageoire  pectorale  ,  la  ventrale  en 
compte  six  ,  celle  de  l'anus  douze ,  il  y 
en  a  vingt  dans  celle  de  la  queue  ,  et  la 
dorsale  en  contient  vingt-deux. 

La  tête  comprimée  ne  commence  ses 
écailles  qu'aux  opercules  ,  l'ouverture 
de  la  bouche  est  petite  ,  les  mâchoires 
sont  d'égale  longueur  ,  et  par-devant 
armées  d'une  rangée  de  dents  serrées, 
petites  ,  pointues   et   réfléchies.   Les 
côtés  des  mâchoires  sont  garnis  de  deux 
rangs  de  dents  mâchelières  arrondies  , 
dont  les  dernières  du  haut  et  du  bas  se 
distinguent  par  leur  grosseur  ;  l'on  dc- 
couvre  derrière  les  dents  de  dev^ant 
beaucoup  de  dents  petites  ,  émoussécs , 
comme  nous  l'avons  représenté  sur  la 


64  HISTOIRE    NATURELLE 

planche  pour  plus  de  clarté.  Le  palais 
et  la  langue  sont  lisses ,  les  os  des  lèvres 
étroits  ,  les  lèvres  minces  ,  les  narines 
sont  doubles  et  tout  près  des  yeux  ,  les 
postérieures  sont  ovales.  Les  yeux  ver- 
ticaux sont  grands ,  et  la  prunelle  noire 
en  est  bordée  d'un  iris  argenté.  Le 
front  est  en  pente  et  la  nuque  large  , 
les  opercules  sont  unis  et  composés  de 
deux  petites  lames  cLacun.  L'ouver- 
ture des  ouies  est  grande  et  la  mem- 
brane couverte  en  partie  ;  la  ligne  la- 
térale prenant  la  direction  du  dos, 
n'en  est  pas  éloignée.  Le  do&  est  tran- 
chant ,  le  ventre  rond  ,  et  l'anus  est 
plus  près  de  la  nageoire  de  la  queue  que 
de  la  tête.  Les  nageoires  se  terminent 
en  une  pointe  ,  et  celle  de  la  queue 
seule  en  forme  deux  :  les  rayons  ont 
quatre  branches,  la  dorsale  a  douze 
aiguillons  ,  celle  de  l'anus  trois  et  la 
ventrale  un.  Le  fond  du  poisson  est 
rouge  ,  tirant  sur  le  jauue  ,  le  ventre 
argenté  et   les  nageoires    rouL^eâtres. 


D  U     P  A  G  E.  E.  65 

L'on  voit  sur  les  côtés  des  lignes  jaunes 
qui  vont  le  long  du  corps  ,  et  à  la  base 
de  la  nageoire  pectorale  l'on  apperçoit 
une  tache  noire  ,  de  même  qu'au-des- 
sus de  l'opercule  postérieur.  Les  écailles 
lisses  et  moyennes  forment  au  dos  1© 
sillon  connu. 

Ce  poisson  se  trouve  dans  la  Médi- 
terranée ,  l'Atlantique  et  dans  la  mer 
du  Nord.  Athénée  et  Elian  assurent 
qu'il  passe  aussi  dans  les  rivières.  Le 
dernier  raconte    que   son    apparition 
dans  le  Nil ,  après   laquelle  ce  fleuve 
déborde  et  abreuve  les  champs  arides , 
cause  en   Egypte   une  joie   générale 
parmi  le  peuple  ,  qui  attribue  cet  eiFel 
salutaire  à  ce  poisson ,  et  qui ,  par  un 
sentiment  de  gratitude  ,  lui  rend  des 
honneurs  divins ,  et  n'en  consomme  au- 
cun malgré  leur  grande  afflucnce  dans 
les  eaux  du  Nil.  11  passe  encore  dans  les 
rivières  de  France  ;  car  on  le  prend  dans 
leur  embouchure.  11  se  tient  en  pi  eine 
raer  et  près  des  côtes  ;  ici  il  arrive  au 


^(y  HISTOIRE  NATURELLE 
printemps ,  et  y  dépose  son  frai  sur  la 
fin  de  cette  saison  ,  suivant  l'opinion 
de  Rondelet.  En  hiver  il  cherche  les 
profondeurs  de  la  mer,  pour  se  mettre 
à  l'abri  du  froid ,  lequel ,  selon  Pline  , 
doit  le  priver  de  la  vue.  Le  pagre  se 
nourrit  de  mousserons  ,  de  testacées , 
et  il  est  sur-tout  très-avide  du  frai  de 
la  sèche  (  Sepia  )  ,  du  chat  de  mer 
(  Loligo  )  ,  et  de  Pécrevisse  de  sable 
(  Cancer  S cyllarus  )  ,  selon  Rondelet. 

La  chair  de   ce  poisson  est  sèche, 
ferme  ,  mais  non  coriace.  Celui  qu'on 
prend  dans  la  mer  a  la  chair  meilleure 
que  celui  qu^on  prend  dans  les  rivières. 
Au  contraire  l'esturgeon  (  Acipenser 
Sturio  )   et  l'alose    (  Clupea  Alosa  ) 
qu'on  prend  dans  les  rivières  sont  meil- 
leurs que  dans  la  mer.  Cela  vient  de  ce 
que  les  derniers  étant  ichthyophage» 
trouvent  l'abondance  dans  les  riviè- 
res ,  et  que  le  premier  n'y  trouve  pas 
tant  de  testacées  et  de  mousserons  qu» 
dans  la  mer. 


I>  U     P  A  G  R  E.  Sy 

On  cuit  d'ordinaire  ce  poisson  à  l'eau 
salée  j  on  le  mange  à  la  sauce  hollan- 
daise ,  ou  rôti  à  rhuile  ,  au  vinaigre , 
ou  bien  au  jus  de  citron.  Frit ,  épicé  et 
mis  dans  du  vinaigre  fort ,  il  se  conserve 
long-temps  ,  et  c'est  un  manger  ra- 
fraîchissant en  été. 

Ils  s'assemblent  d'ordinaire  en  grand© 
quantité  ,  et  l'on  en  prend  toujours  un 
bon  nombre  à-la-fois.  En  Sardaigne  on 
le  prend  en  si  grande  quantité ,  qu'on 
l'y  compte  parmi  les  poissons  les  plus 
communs.  On  le  prend  encore  aux  rives 
de  Malte ,  d'Angleterre  et  au  cap  Bre- 
ton. 

Il  devient  assez  grand  ;  Willughby 
en  vit  un  de  dix  livres  à  Gênes,  et  fut 
le  premier  qui  lui  remarqua  la  qualité 
de  répandre  dans  l'obscurité  une  lueur 
phosphorique  ,  et  de  reluire  comme  un 
charbon  ardent.  En  hiver  on  le  pêche 
dans  les  profondeurs  avec  le  rets  jeté 
au  fond  5  en  été  on  le  pêche  à  la  ligne  ; 
dans  les  endroits  sablonneux  eï  peu 


6S         HISTOIRE   NATURELLE 
profonds  ,  on  le  prend  à  une  petite  dis- 
tance du  rivage  ,  avec  des  filets  ordi- 
naires. 

L'estomac  est  long  ,  large ,  et  il  a 
au  bout  inférieur  deux  boyaux  bor- 
gnes longs  ,  et  deux*qui  sont  courts» 
Le  canal  intestinal  n'a  qu'une  sinuo- 
sité. Le  foie  est  rougeâtre  et  divisé  en 
deux  lobes  inégaux  ;  le  plus  grand 
porte  une  vésicule  de  fiel  longue.  La 
rate  est  noirâtre  ,  et  la  vésicule  aé- 
rienne est  attachée  aux  côtes  de  droite 
et  de  gauche. 

On  nomme  ce  poisson: 
En  France  ,  Pagre. 
En  Angleterre  ,  Hacke ,  Sea-Bream  et 

Red  Gilt-Head. 
Au  Cap-Breton ,  Arroquero» 
En  Portugal ,  Phagros. 
En  Espagne  ,  Parghi, 
A  l'ile  de  Malte  ,  Pagru. 
En  Sardaigne ,  Pas!;ra. 
A  Ancone  ,    Arhoretto. 
En  Dalmatie ,  Arbum. 


D  U    P  A  G  R  E.  69 

En  Turquie,  Merfsan. 

En  Allemagne ,  rothe  Brassem  et  Sack" 

Jlosser. 
En  Hollande  ,  Zack  Brassem. 

Pline  et  Rondelet  croient  que  ]e3 
petites  pierres  qui  se  trouvent  dans  le 
cerveau  de  ce  poisson  et  qui  font  pro- 
prement les  os  del'ouie,  sont  cause  que 
ce  poisson  ne  peut  supporter  le  froid. 
Cette  opinion  est  aussi  bien  un  préjugé 
de  ces  temps-là  que  le  conte  fabuleux, 
que  la  grande  dent  de  ce  poisson  por- 
tée pendant  cinq  jours  dans  les  che- 
veux ,  guérissoit  la  fièvre.  Si  au  reste 
ce  poisson  perd  la  vue  après  un  hiver 
rude  ,  comme  Pline  le  rapporte  égale- 
ment ,  c'est  ce  que  de  nouvelles  obser- 
vations des  naturalistes  peuvent  ou  con- 
firmer ou  réfuter. 

Quand  l'abbé  Bonnaterre  dit  que 
notre  poisson  a  quatre  dents  incisives, 
pointues  dans  la  mâchoire  supérieure  , 
que  ces  dents  sont  plus  grandes  que 
les  autres ,  et  qu'il  ne  parvient  qu'à 
Poissons.  III.  7 


70  HISTOIRE  NATURELLE 
trois  pouces  de  longueur,  il  faut  qu'il 
ait  eu  un  autre  poisson  ;  car  le  nôtre 
a  sur  le  devant  des  dents  petites  de 
longueur  égale ,  et  il  a  jusqu'à  dix  li- 
vres de  poids. 

Ce  poisson  a  beaucoup  de  ressem- 
blance avec  le  pagel ,  c'est  pourquoi 
Rondelet  et  Willughby  ont  exacte- 
ment recherché  et  annoncé  les  mar- 
ques distinctives  de  l'un  et  l'autre.  Le 
premier  n'a  pas  même  oublié  les  par- 
ties intérieures  ;  mais  ils  ont  cependant 
passé  sur  une  différence  essentielle  qui 
consiste  dans  la  structure  des  dents , 
vu  que  le  pagel  a  des  dents  fortes  sur  le 
devant ,  et  le  pagre  au  contraire  en  a 
de  menues. 

Nous  devons  le  premier  dessin  assez 
exact  à  Rondelet  ;  Gesner,  Willughby 
et  Bonnaterre  l'ont  copié. 

Aldrovand  nous  a  donné  un  dessin 
nouveau  ,  mais  fort  au-dessous  du  pre- 
mier. Jonston  et  Ruyscli  en  ont  em- 
prunté  le  leur. 


c 


A 


/'(U/e  /y. 


To//i  .  m. 


1.  \.\\    DENTK  .   a  .  r,A  JMIF.MK    de    luc. 
:î     LA    MKNDOI/K. 


1)  U     D  E  N  T  É.  71 

Belon  et  Aldrovand  dépeignent 
l'iris  d'or ,  Rondelet  et  les  autres  écri- 
vains le  disent  argentin.  Si  ce  change- 
ment provient  de  l'âge  ou  de  la  saison , 
c'est  ce  que  je  ne  puis  affirmer,  mais  iJ 
est  clair  par-là  que  la  couleur  de  l'iris 
ne  caractérise  pas  un  poisson  ,  quoi- 
qu'Artédi  et  Linné  le  donnent  souvent 
pour  caractère. 

Pennant  se  trompe  en  soutenant  que 
les  dents  de  ce  poisson  égalent  celles 
de  la  dorade  :  vu  que  celle-ci  aies  dents 
grandes,  et  le  nôtre  les  a  petites  et 
pointues. 

LE  DENTÉ,  spARus  dentex. 

Le  grand  nombre  de  petites  dents  et 
les  quatre  canines  ,  dont  chaque  mâ- 
choire est  armée  ,  caractérisent  ce 
poisson. 

La  memhrane  branchiale  a  six 
tayons ,  la  nageoire  pectorale  en  a 
quinze,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 


72  HISTOIRE    NATURELLE 

onze  ,  celle  de  la  queue  quinze  ,  et  la 
dorsale  vingt-deux. 

La  tête  est  comprimée  ,  en  pente  et 
sans  écailles  jusqu'à  la  nuque.  Les  mâ- 
choires sont  d'égale  longueur  ,  et  elles 
sont  garnies  l'une  et  l'antre  d'un  ran- 
gée de  dents  très-pointues  et  recour- 
bées. Des  quatre  canines  que  nous  ve- 
nons de  rapporter  ,  on  en  trouve  deux 
de  chaque  côté  ,  la  dernière  estlaplus 
grosse  ,  elles  sont  un  peu  séparées  afin 
qu'elles  puissent  s'engrener  avec  les 
dents  opposées,  et  mieux  tenir  leur 
proie.  Entre  les  grandes  dents,  il  yen 
a  de  petites ,  et  quelques-unes  de  celles 
qui  garnissent  les  côtés,  avancent  un 
peu  sur  les  autres.  J'ai  encore  apperçu 
dans  la  mâchoire  inférieure  quelques 
rangs  de  dents  très-courtes,  déliées  et 
aiguës.  Les  mâchoires  dessinées  sur 
notre  planche  le  démontrent.  La  lan- 
gue est  mince  ,  large  et  lisse  comme 
le  palais.  Les  lèvres  sont  fortes  ,  et  les 
i)s  en  sont  étroits.  Les  narines  sont  dou- 


D  U    D  E  N  T  É.  73 

feles  ,  les  postérieures  ovales, les  anté- 
rieures cylindriques ,   les  unes  et  les 
autres  touchent  aux  jœux ,  qui  sont 
verticaux,  et  dont  la  prunelle  noire 
est  placée  dans  un  iris  orange.  Les  oper- 
cules ont  les  écailles  plus  petites,  mais 
tout  aussi  dures  que  le  tronc.  Celui  du 
devant  a  un  grand  muscle  à  sa  surface 
intérieure  et  une  brancliie  simple.  Au 
bord  extérieur  de  la  première  ouie, 
l'on  voit  des  tubercules  larges,  poin- 
tus ,  dentelés  au  côté  interne,  et  le 
bord  intérieur  est  garni  de  bosses  épi- 
neuses ;  il  en  est  de  même  des  autres 
bords  des  ouies.  Il  faut  remarquer  que 
ces  bosses  sont  plus  petites  sur  la  se- 
conde brancliie  que  sur  la  première  ^ 
et  qu'elles  diminuent   dans  la  même 
proportion  sur  la  troisième  et  la  qua- 
trième.   Ces   éminences  servent  sans 
doute  à  fermer  l'entrée  aux   corpus- 
cules qui  sont  dans  l'eau  ,  pendant  que 
le  poisson  respire.     L'ouverture    des 
ouies  est  large ,  et  la  membrane  est 


■r 


74  HISTOIRE   NATURELLE 

cachée.  Le  tronc  est  large  et  milice, 
le  dos  trancliant  et  sillonné  par  ks 
écailles  avancées.  La  ligne  latérale  va 
le  long  et  prèsdu  dos;  l'anus  s'éloigne 
plus  de  la  tête  que  de  la  nageoire  de  la 
queue.  Les  écailles  couvrent  encore 
une  partie  de  la  nageoire  du  dos  et  de 
l'anus  et  presque  la  moitié  de  celle  de 
la  queue ,  la  pectorale  en  a  de  petites 
à  sa  base.  La  membrane  des  nageoires 
est  déliée.  Les  rayons  mous  de  la  ven- 
trale et  de  la  nageoire  de  la  queue  sont 
à  quatre  branches  et  les  autres  sont 
fourchus.  La  ventrale  porte  un  aiguil- 
lon ,  celle  de  l'anus  trois ,  et  la  dorsale 
en  a  onze. 

La  couleur  dominante  de  ce  poisson 
est  argentée  ,  nuancée  d'un  peu  de 
jaune.  La  tête  est  en  partie  argentée  , 
en  partie  verte  dorée  ,  le  dos  rouge- 
brun  ,  les  nageoires  du  ventre  et  de 
l'anus  sont  d'un  jaune  foncé ,  les  pec- 
toraJes  tirent  sur  le  rouge  ,  les  dor- 
sales et  celles  de  la  queue  sont  jaunes 


D  U     D  E  N  T  É.  j5 

et  se  terminent  en  couleur  bleuâtre.  Ce 
poisson  devenant  vieux  ,  prend  la  cou- 
leur pourpre  ,  et  on  le  dit  blanc  en 
hiver.  Les  deux  taches  noires  que  cite 
Willughby  ,  et  les  trois  bandes  noires 
remarquées  par  BrUnniclie  ne  se  trou- 
vent point  à  mon  poisson  ,  mais  j'y  ai 
bien  trouvé  des  points  bleus  aux  côtés, 
sur-tout  vers  le  dos. 

Ce  poisson  se  trouve  dans  la  Mer 
Rouge ,  dans  la  Méditerranée ,  et  à 
la  Jamaïque. 

Il  est  remarquable  que  suivant  Wil- 
lugliby  ,  les  petits  poissons  de  cette  es- 
pèce ne  se  prennent  que  très-rarement. 
Ce  poisson  a  pour  l'ordinaire  trois  à 
quatre  livres  j  dans  les  environs  de 
Rome  on  le  prend  au  poids  de  dix  livres; 
à  Narbonne  on  l'achète  souvent  au 
marché  du  poids  de  vingt-cinq  à  trente 
livres  ;  enfin  M.  Gortier  apprend  à 
M.  Duhamel  qu'il  en  a  vu  un  de  soi- 
xante-seize livres.  Rome  et  Venise  en 
prennent  un  grand  nombre;  il  estcom- 


76  HISTOIRE    NATURELLE 

mun  en  Sardaigne  ,  mais  rare  à  Mar- 
seille.  En  hiver  il  cherche  les  profon- 
deurs près  du  rivage  ;  il  les  quitte  au 
printemps  ,  et  se  porte  aux  bas-fonds 
et  vers  les  rivages.  Dans  les  chaleurs 
il  cherche  une  profondeur  de  huit  à  dix 
toises ,  qui  le  garantit  de  l'influence 
nuisible  des  rayons  du  soleil.  Il  fraie  au. 
mois  de  mai;  il  est  Carnivore.  C'est  un 
grand  voleur ,  et  les  endroits  de  son 
séjour  étant  toujours  bien  pourvus  de 
poissons ,  il  peut  aisément  et  en  peu 
de  temps  parvenir  à  une  grandeur  con- 
sidérable. 

On  le  prend  avec  toutes  sortes  do 
filets,  et  à  la  ligne. 

Ce  poisson  est  si  fort ,  qu'en  attaquant 
des  poissons  pris  au  filet ,  il  n'en  dé- 
mord qu'après  avoir  déchiré  le  filet. 
Aux  rives  de  laDalmatie  et  du  Levant 
la  pêche  en  est  si  grande  ,  qu'on  ne  sau- 
roit  le  consommer  frais,  mais  on  en 
transporte  une  grande  partie  marinée* 
Dans  ce  cas ,  l'on  dissèque  le  poisson  , 


DÛDENTÉ.  77 

on  le  cuit  à  demi ,  on  le  met  au  vinai- 
gre ,  en  y  ajoutant  des  épiceries,  et  ou 
l'entonne.  Ainsi  conditionné,  il  se  con- 
serve presqu'une  année  entière.  )3a 
moins  c'étoit  l'usage  du  temps  de  Jo- 
vius ,  usage  que  les  médecins  de  ce 
temps  qui  croyoient  ce  manger  fort  in- 
digeste ,  blâmèrent  extrêmement. 

Le  foie  est  composé  d'un  lobe  long 
et  d'un  court.  Au  premier  l'on  voit  at- 
tachée la  vésicule  du  fiel.  La  rate  est 
petite  ,  ronde  et  noirâtre.  L'estomac 
mince  porte  quatre  boyaux  borgnes  au 
bout.  La  laite  et  l'ovaire  sont  doubles  > 
la  vésicule  aérienne  est  attachée  le 
long  du  dos ,  et  paroît  être  divisée  en 
deux  réservoirs  par  un  rétrécissement. 

On  nomme  ce  poisson  : 
En  France  ,  Denté  et  Dentale. 
A  Narbonne,  on  lui  donne  le  nom  par- 
ticulier de  Dentillac. 
"En  Provence,  celui  de  il/armo. 
En  Sardaigne  ,  on  le  nomme  Dentice. 
A  File  de  Malte,  Dentici. 


78  HISTOIRE    NATURELLE 

Les  Grecs  d'aujourd'hui  le  nomment 

Synagrida. 
Les  Italiens,  Dentelé. 
îuCs  AnglsLis  y  Sea-Rough. 
Les  Hollandais ,  Taan-Braasem, 
Et  les  Allemands  ,  Zahnbrachsem    ou. 

Zahnbrassem. 

Je  trouve  que  depuis  Gesner ,  les 
iclitliyologues  ont  pris  le  dentex  de 
Belon  pour  notre  poisson.  Mais  sa  des- 
cription de  ce  poisson  ,  qui  lui  donne 
cinq  dents  incisives  dans  la  mâchoire 
supérieure ,  six  dans  l'inférieure,  puis 
de  chaque  côté  huit  raies  rouges  tirant 
sur  le  noir  le  long  du  corps,  une  tête 
en  pointe ,  et  vingt  aiguillons  dans  la 
dorsale  (  tous  caractères,  dont  mon 
poisson  n'a  aucune  trace  visible  ) ,  sa 
description,  dis-je,  comparée  avec  la 
nôtre  ,  fait  voir  d'abord  que  Belon 
a  parlé  d'un  poisson  différent  ;  et  que 
Duhamel  a  eu  tort  de  critiquer  Belon, 
pour  avoir  attribué  des  dents  incisives 
à  son  poisson.  Son  synagris  au  contraire 


U  U     D  E  N  T  E.  79 

a  dans  chaque  mâchoire  quatre  dents 
avancées  sur  les  autres;  circonstance 
qui  caractérise  notre  poisson ,  et  qui 
me  Fa  fait  citer  pour  le  denté. 

Willngliby  est  dans  l'erreur ,  croyant 
que  le  Denfex  et  le  Synagris  de  Belon 
sont  le  même  poisson  ,  vu  que  les  rai- 
sons alléguées  prouvent  leur  différence. 
Le  doute  de  Linné  ,  si  la  Dent  de  San- 
glier diffère  du  nôtre,  se  réfute  par  les 
onze  rayons  de  la  nageoire  de  l'anus  de 
celui-ci,  tandis  que  l'autre  n'en  a  que 
neuf. 

Klein  ne  doit  avoir  examiné  notre 
poisson  que  très-superficiellement,  vu 
qu'au  lieu  de  onze  aiguillons,  il  en  at- 
tribue quatorze  à  quinze  à  sa  dorsale. 

Le  caractère  qu'emprunte  Gronov 
des  deux  dents  extérieures  plus  grandes 
que  les  deux  autres,  n'existe  que  dans 
les  vieux  poissons  ;  car  j'en  ai  un  de  huit 
pouces ,  dont  les  quatre  dents  sont  par- 
faitement égales.  Ce  même  écrivain 
cite  encore  improprement  pour  le  nô- 


8o  HISTOIRE  NATURELLE 
tre  le  Gondvisch  de  Koîbe  ,  qui  est  la 
Dorade.  Sa  demande,  si  l'Acara  Aya 
de  Marcgraf  est  notre  poisson  ,  ne  peut 
s'affirmer  ,  parce  que  Marcgraf  dit  ex- 
pressément qu'il  n'est  armé  que  de 
deux  dents  grosses.  Encore  a-t-il  un  ai- 
guillon à  l'opercule.  L'Acara  de  Marc- 
graf, qu'il  cite  d'après  Rai ,  se  distingue 
tout-à-fait  du  nôtre j  car,  outre  que 
celui-ci  manque  de  grandes  dents,  il  a 
deux  taches  noires  ,  et  la  nageoire  de 
la  queue  tronquée. 

La  figure  de  Willugliby,  citée  par 
Linné  pour  notre  poisson,  est  une  co- 
pie de  l'Acara  Aya  de  Marcgraf,  dont 
nous  venons  de  démontrer  la  différence 
à  l'égard  du  nôtre. 

Rondelet  et  Salvian  nous  ont  donné 
un  dessin  au  même  temps;  celui-ci 
gravé  en  bois,  l'autre  en  taille-douce: 
l'un  et  l'autre  dessin  font  connoitre 
notre  poisson. 

Willugliby  les  a  copiés  tous  les  deux, 
et  Gesner  n'a  choisi  que  le  premier. 


1 

\ 


DE  LA  BRÈME  DE  MER.  Si 
Aldovrand  nous  donna  depuis  deux 
nouveaux  dessins,  njais  qui  sont  infé- 
rieurs aux  deux  précédens.  Les  copies 
de  Jonston  et  de  Ru5'^sch  ne  valent  pas 
mieux. 

Le  dessin  que  M.  l'abbé  Bonnaterre 
vient  de  mettre  au  jour,  est  d'après 
Salvian. 

Les  naturalistes  de  nos  jours  doivent 
vérifier ,  par  des  observations  ultérieu- 
res ,  si  Elian  a  raison  quand  il  nous  ra- 
conte que  les  poissons  de  cette  espèce 
qui  sont  du  même  âge  s'attroupent. 

LA   BRÊMÊ   DE   MER, 

s  P  AR  US     BRAMA. 

La  rangée  simple  de  dents  courtes 
et  pointues  de  chaque  mâchoire,  et  les 
écailles  plus  petites  au-dessus  qu'au- 
dessousde  la  ligne  latérale,  forment  les 
caractères  de  ce  poisson. 

Les  dents  de  la  mâchoire  supérieure 
sont  plus  larges  au  fond  que  celles  de 

Poissons.  III,  â 


Si         HISTOIRE   NATURELLE 
l'inférieure;  celles-là   sont   serrées, 
celles-ci  séparées  :  celles  du  haut  et  du 
bas  sont  recourbées. 

La  membrane  branchiale  a  six  rayons, 
la  nageoire  pectorale  en  a  quinze ,  la 
ventrale  six ,  celle  de  l'anus  treize,  celle 
de  la  c[ueue  dix -neuf,  et  la  dorsale 
vingt-deux. 

La  tête  est  petite,  comprimée,  et 
sans  écailles  jusqu'aux  opercules.  La 
bouche  est  petite ,  et  les  mâchoires  sont 
d'égale  longueur.  Les  lèvres  ne  sont 
point  fortes ,  et  les  os  des  lèvres  sont 
étroits.  La  langue  est  libre  et  lisse 
comme  le  palais.  Les  narines  sont  dou- 
bles, les  inférieures  en  forme  cylindri- 
que, les  supérieures  ovales,  les  unes  et 
les  autres,  touchent  aux  yeux;  ceux-ci 
sont  de  grandeur  moyenne  ;  la  prunelle 
est  d'un  bleu  foncé  tirant  sur  le  noir  , 
et  l'iris  argenté.  Les  opercules  unis ,  ar- 
rondis, portent  de  très-petites  écailles. 
Le  postérieur  est  composé  de  deux  pe- 
tites lames  ;  l'antérieur  est  pourvu  à  sa 


DE   LA   BRÈME   DE   MER.       85 

surface  intérieure  d'une  branchie  sim- 
ple. Le  bord  extérieur  de  la  première 
branchie  porte  des  feuilles  minces,  dont 
le  bas  est  large  ,  le  haut  terminant  en 
pointe,  et  qui  ont  l'intérieur  garni  d'ai- 
guillons. Le  côté  interne  arqué ,  et  les 
autres  côtés  présentent  de  petites  émi- 
nences.  L'ouverture  des  ouics  est  pe- 
tite ,  et  la  membrane  est  toute  cachée. 
Le  tronc  est  large  et  mince  -,  le  dos  tran- 
chant et  le  ventre  rond  ;  la  ligne  laté- 
rale est  large ,  courbée  sur  le  devant 
vers  le  haut ,  et  sur  le  derrière  vers  le 
bas.  Une  ligne  de  points  noirs  la  bord© 
des  deux  côtés.  Les  écailles, Irès-atta- 
chées  dans  la  peau,  sont  roides,  de-là 
le  poisson  est  rude  au  toucher  ,  lorsque 
l'on  porte  la  main  de  la  queue  à  la  tête. 
L'anus  approche  un  peu  plus  de  la  na- 
geoire de  la  queue  que  de  la  tête.  La 
dorsale  est  composée  de  dix  aiguillons 
et  de  douze  rayons  mous  ;  celle  de  l'a- 
nus de  trois  aiguillons  et  de  dix  rayons; 
et  le  ventre  n'a  qu'un  aiguillon  et  cinq 


84  HISTOIRE    NATURELLE 

rayons.  Tous  les  rayons  mous  sont  à 
quatre  brandies ,  et  les  premiers  en 
sont  simples.  Les  aiguillons  de  la  dor- 
sale sont  raclés  et  vont  au-delà  de  la 
membrane  qui  les  lie ,  et  qui  est  bordée 
de  noir.  Les  écailles  au-dessous  de  la 
ligne  latérale  sont  grandes;  mais  celles 
des  nageoires  de  la  poitrine  ,  du  dos , 
de  l'anus  et  de  la  queue  ,  sont  petites. 
Celles-ci  de  même  que  les  autres  na- 
geoires ,  sont  rougeâtres ,  les  côtés  sont 
d'un  blanc  luisant  qui  tire  sur  l'or  ;  le 
ventre  est  d'une  blancheur  matte,  et 
le  dos  est  gris. 

Ce  poisson  se  trouve  dans  le  Canal 
entre  la  France  et  l'Angleterre  ,  aux 
côtes  de  la  France ,  et  dans  la  Mer  At- 
lantique près  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance 11  se  tient  d'ordinaire  au  rivage 
et  dans  les  bas-fonds. 

Pour  le  prendre,  on  se  sert  du  filet 
et  de  la  ligne.  Les  mois  de  juin  et  de 
juillet  en  favorisent  la  pêche.  Il  est  du 
nombre  des  poissons  de  proie ,  les  œufs 


DE    LA   RREME    DE    MEH.       85 

et  l'alevin  des  autres  poissons  lui  ser- 
vent de  nourriture.  Il  a  la  chair  blan- 
che ,  mais  molle  ,  et  on  l'eslime  bien 
moins  que  la  dorade  ,  avec  laquelle  il 
a  d^aiîleurs  beaucoup  de  ressemblance. 
Ce  poisson  étant  grand  et  pris  dans  des 
endroits  pierreux,  devient  bon,  sur- 
tout lorsqu'étant  grillé  on  le  sert  avec 
une  sauce  aux  anchois.  Dans  un  orage 
ou  une  tempête ,  il  cherche  en  foule  les 
bas-fonds  ;  c'est  de  quoi  les  pêcheurs 
savent  tirer  bon  parti. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
En  France  ,  Brème  ou  Carpe  de  mer. 
En  Allemagne  ,  Seebrassem  ;  et  en  an- 
glais, the  Deep  water  Bream. 
La  description    que   M.   Duhamel 
donne  de  la  Brème  de  mer,  fait  voir 
que  c'est  notre  poisson ,  et  il  a  le  mé- 
rite d'être  le  premier  qui  l'a  fait  cou- 
noître. 

Je  ne  conçois  pas  pourquoi  M.  l'abbé 
Bonnaterre  a  omis  ce  poisson  dans  la 
partie  ichlhyologique  de  rEncycloî)c- 


SG  HISTOIRE  NATURELLE 
die  qui  vient  de  paroître ,  vu  qu'il  est 
du  nombre  des  poissons  de  son  pays  ; 
son  ouvrage  devroit,  suivant  le  titre  , 
donner  la  relation  de  tous  les  poissons 
connus.  Il  a  bien  parlé  d'une  brème  de 
mer  ;  ce  n'est  cependant  point  celle  de 
Uuhamel,  mais  la  brème  aux  nageoires 
jaunes  de  l'Amérique  {Sparus  rhom- 
boïdes j  Linn.  ). 

LA  MENDOLE,  sparus  m mn a. 

Les  treize  rayons  de  la  nageoire  de 
l'anus  et  les  petites  dents  en  forme  de 
poinçon,  sont  les  caractères  qui  distin- 
guent ce  poisson  des  au  très  de  son  genre. 

Les  dents  sont  serrées  ,  et  chaque 
mâclioire  en  a  une  rangée.  La  loupe  les 
représente  recourbées  ,  pointues  du 
haut ,  larges  au  milieu  ,  minces  et  ron- 
des vers  le  bout  ;  ayant  la  forme  d'un 
poinçon ,  je  les  ai  nommées  telles. 
Voyez  les  mâchoires  sur  notre  plan- 
che. Les  deux  mâchoires  sont  encore 


DE     LA     M  E  N  D  O  L  E.       87 

garnies  d'un  grand  nombre  de  dents 
petites  et  pointues,  placées  derrière  les 
premières. 

La  membrane  branchiale  a  six 
rayons ,  la  nageoire  pectorale  en  a 
quinze,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
treize,  celle  de  la  queue  dix-neuf,  et 
la  dorsale  vingt-trois. 

La  tête  est  de  grandeur  moyenne  , 
comprimée  et  sans  écailles  jusqu'à  la 
nuque.  La  bouche  est  petite ,  et  les  mâ- 
choires sont  de  longueur  égale.  Le  pa- 
lais est  rude ,  la  langue  libre  et  lisse.  Les 
narines  sont  doubles ,  les  antérieures 
rondes ,  les  postérieures  ovales  ;  elles 
touchent  les  unes  et  les  autres  aux 
yeux  ;  ceux-ci  sont  placés  près  du  som- 
met ,  ont  l'iris  rouge  ,  et  la  prunelle 
noire.  Les  opercules  sont  unis ,  arrondis 
et  couverts  d'écaillés.  Le  postérieur  est 
composé  de  deux  lames.  L'ouverture 
des  ouies  est  grande  ,  et  la  membrane 
est  cachée  en  grande  partie.  Le  tronc 
comprimé  est  couvert  d'écaillés  miu- 


88         HISTOIRE   NATURELLE 
ces.  La  ligne  latérale  est  presque  droite, 
et  plus  voisine  du  dos  que  du  ventre. 
L'anus  approche  plus  de  la  nageoire  de 
la  queue  que  de  la  tête.  Les  nageoires 
sont  rougeâtres ,   leurs  rayons  mous 
ont  quatre  rameaux,  et  les  aiguillons 
de  la  dorsale  sont  raclés.  La  nageoire 
dorsale  a  onze  aiguillons,  la  ventrale 
en  a  un ,  et  celle  de  l'anus  trois  ;  toutes 
les  nageoires  sont  rouges.  Le  fond  de 
ce  poisson  est  blanc  ,  nuancé  de  lignes 
bleues.  Les  côtés  présentent  une  tache 
noire  au  milieu.  L'on  sait  déjà  que  la 
couleur  des  poissons  varie  :  mais  aucun 
ne  change  plus  que  le  nôtre  ;  car  on 
soutient  généralement  qu'il  est  blanc 
en  hiver,  et  qu'il  étale  plusieurs  cou- 
leurs en  été,  sur-tout  le  bleu. 

Rondelet  nous  assure  avoir  trouvé 
les  couleurs  de  ce  poisson  bien  plus  vi- 
ves en  Italie  qu'en  France. 

Willughby  le  vit  tout  blanc  à  Ve- 
nise ,  où  il  passa  l'hiver ,  et  l'été  suivant 


DE  LA  M  E  N  D  O  L  E.  89 
il  en  vit  à  Rome  et  à  Naples,  décorés 
de  lignes  bleues. 

Ce  poisson  habite  la  Méditerranée  î 
on  le  trouve  en  quantité  sur-tout  erj 
Grèce  ,  Sardaigne  ,  à  Malte  ,  Venise  , 
Rome ,  Naples  ,  à  Marseille  et  Toulon. 
Ils  s'assemblent  en  fotde  près  des  ri- 
vages dans  les  endroits  pierreux  et  sa- 
blonneux ,  c'est  pourquoi  Aristote  I0 
met  du  rang  des  poissons  de  rivage  vi- 
vant en  société. 

C'est  un  poisson  iclithyopbage ,  qui 
fait  du  tort  à  la  pêche ,  vivant  d'alevin. 
Onen  prend  beaucoup  à  la  vérité;  mais 
n'étant  pas  d'un  grand  prix,  sa  pêche 
jie  compense  point  le  mal  qu'il  fait.  Il 
a  la  chair  maigre  ,  coriace  et  insipide; 
et  pendant  le  frai  la  chair  du  mâle 
doit  contracter  une  odeur  répugnante  ; 
c'est  pourquoi  les  anciens,  comme  nous 
le  dit  Martial ,  ne  firent  aucun  cas  de 
ce  poisson.  Cependant  la  qualité  de  ce 
poisson  dépend  de  la  nature  différento 
de  l'eau  et  de  la  nourriture  ,  comme 


9^  HISTOIRE  NATURELLE 

c'est  le  même  cas  à  l'égard  de  plusieurs 
autres  poissons.  Rondelet  dit,  qu'il 
prend  de  la  graisse  en  été ,  et  qu'il  n'est 
point  mauvais  alors.  La  femelle  étant 
remplie  d'œufs  vaut  bien  mieux  qu'en 
tout  autre  temps.  Il  se  multiplie  ex- 
trêmement ;  remarque  qu'a  aussi  faite 
Ovide. 

Cepoisson  ne  devient  pas  bien  grand  ; 
au  moins  M.  Brlinniche  ne  lui  donne 
qu'un  empan  ,  et  Rondelet  sept  à  huit 
pouces. 

On  le  pêche  au  filet  et  à  la  ligne.  On 
en  prend  tant  à  Venise,  qu'on  ne  le 
vend  ni  au  poids ,  ni  par  pièce ,  mais 
par  monceaux.  On  le  sale  à  cause  du 
grand  nombre.  Dioscoride  prétend  que 
sa  sauce  qu'on  boit  est  purgative,  de 
même  que  sa  saumure  appliquée  au 
ventre  -,  de-là  cette  dénomination  indé- 
cente des  anciens  Allemands  de  Scheys- 
serling ,  la  hollandaise  de  Zee-Schyter 
et  l'anglaise  de  Cackerel. 

Le  péritoine  est  noir  ;  il  y  a  quatre 


DE     LA     MENDOLE.       9I 

boyaux  borgnes  au  commencement  du 
canal  intestinal.  Le  foie  est  grand , 
pâle-jaune ,  et  composé  d'un  lobe  court 
et  d'un  autre  long  :  la  vésicule  du  fiel 
jaune  est  attachée  au  dernier  lobe.  La 
rate  est  noirâtre  ,  l'estomac  consiste 
en  une  membrane  mince  et  longue,  et 
la  vésicule  aérienne  est  attachée  aux 
côtes  des  deux  côtés. 

On  nomme  ce  poisson  : 

En  France ,  Mendole. 

Au  Languedoc  en  particulier,  Caga^ 

relie  fk  Narbonne,  Juscle  ^  à  Toulon, 

Gerle,  et  à  Marseille  Mundoure, 
En  Angleterre  on  l'appelle  Cackarel, 
En  Hollande,  Zee-Schyter, 
A  Rome  et  en  Sardaigne,  Menola. 
A  Venise,  Menelo. 
A  Malte,  Minula. 
Les  Grecs  d'aujourd'hui  le  nomment 

Maris. 
Les  anciens  Allemands  lui  donnèrent 

le  nom  de  Scheisserou  Scheysserling; 


92         HISTOIRE    NATURELLE 

les  Allemands  de  nos  jours  le  nom- 
ment Laxir-Fisch. 
Les  pêcheurs  de  la  Mer  Adriatique  ,lai 

ont  donné  le  nom  de  Sclave. 

Les  quatre  grandes  dents  ,  qu'Artédi 
cite  comme  un  caractère  de  notre  pois- 
son ,  ne  se  trouvent  point  dans  le  mien. 
Il  faut  croire  qu'il  a  épousé  l'opinion 
de  Willugbby,  qui  dit ,  que  les  quatre 
dents  antérieures  de  la  mâchoire  infé- 
rieure surpassoient  les  autres  en  gran- 
deur. 

Klein  confond  mal-à-propos  le  spare 
à  nageoires  rouges  de  Linné  avec  le 
nôtre  ',  car  celui  ci  n'ayant  absolument 
que  des  dents  pointues  ,  et  l'autre,  au 
contraire  ,  étant  armé  de  dents  inci- 
sives et  mâchclières  ,  l'on  distingue 
d'abord  les  deux  espèces. 

Les  caractères  dont  Linné  désigne 
ces  deux  poissons  sont  insuiïisans ,  n'é- 
tant empruntés  que  des  couleurs. 

Le  premier  dessin  de    Belon   est 
mauvais. 


DE     LA     M  E  N  D  O  L  E.       gS 
Rondelet  nous  en  donna  un  meilleur 
.peu  après. 

Gesner  en  donna  aussi  un  nouveau , 
mais  qui  ne  fait  qu'égaler  le  premier. 

Aldrovand  copia  celui  de  Rondelet, 
y  en  joignit  un  nouveau,  mais  qui  est 
au-dessous  du  premier. 

Willughby  a  copié  celui  de  Ronde- 
let ;  Jonston  et  Ruysch  ont  imité  Ges- 
ner. 

De  nos  jours,  Duîiamel  a  fait  faire 
un  nouveau  dessin  de  ce  poisson  ,  qui 
n'a  pas  non  plus  réussi  ;  car  les  nageoi  - 
res  y  sont  si  mal  dessinées,  qu'on  ne 
sauroit  distinguer  les  aiguillons  des 
rayons  mous. 

Le  dessin  de  Duhamel  a  été  imité 
dans  la  description  des  Arts  et  Mé- 
tiers. 

Enfin,  IM.  l'abbé  Bonnaterre  a,  de- 
puis peu ,  fait  copier  de  nouveau  le  des- 
sin de  Rondelet. 

Les  vertus  médicinales  que  Galène 
et  Pline  attribuent  à  notre  poisson  , 
Poissons,  TIÎ.  g 


9^         HISTOIRE    NATURELLE 

n'ont  point  été  confirmées  par  les  écrits 
suivans  des  médecins. 

LE  SPARAILLON,  sp.4rus  annularis. 

La  tache  noire  de  la  queue  et  les 
quatorze  rayons  de  la  nageoire  de  Fa- 
ims ,  distinguent  aisément  ce  poisson 
des  autres  de  son  genre. 

Il  a  six  rayons  dans  la  membrane 
branchiale,  quatorze  dans  la  nageoire 
pectorale,  six  dans  la  ventrale,  qua- 
torze dans  celle  de  l'anus,  vingt  dans 
celle  de  la  queue,  et  vingt- quatre  dans 
la  dorsale. 

La  tête  est  petite  ,  en  pente,  com- 
primée et  sans  écailles  jusqu'aux  oper- 
cules. Les  mâchoires  sont  de  longueur 
égale,  garnies  sur  le  devant  de  dents 
pointues  incisives ,  et  aux  deux  côtés 
de  mâchelières  arrondies. 

La  mâchoire  inférieure  présente 
deux  rangées  de  ces  dernières  ,  et  la 
supérieure  eu  a  quatre,  comme  notre 


>m  .1/1. 


J'm/c     ç4. 


lulL  SPAUAILT.ON.  2    T.'Œir.  DE   lUlAl  F 
3  .  liA  CAST.VGNOLE  . 


Y 


DU     S  P  A  R  A  I  L  L  O  N.        gS 

estampe  le  représente  pour  plus  de 
clarté.  Les  narines  sont  doubles,  celles 
de  devant  rondes  ,  les  autres  ovales  et 
toutes  les  deux  plus  près  des  yeux  que 
du  museau.  Les  lèvres  sont  içrosses  et 
les  os  en  sont  étroits.  La  lan<;ue  est 
libre  et  le  palais  est  lisse;  la  prunelle 
est  noire,  l'iris  jaune.  Les  opercules 
sont  arrondis  et  unis.  Le  premier  mon- 
tre au  côté  interne  une  brancbie  sim- 
ple. Le  corps  est  couvert  de  petites, 
écailles  lisses,  qui  s'étendent  aussi  sur 
la  base  de.^*  nageoires  de  l'anus  et  de  la 
queue.  Le  dos  est  trancbant ,  le  ventre 
rond;  la  ligne  latérale  est  plus  près  du 
dos  que  du  ventre,  et  l'anus  plus  près 
de  la  nageoire  de  la  queue  que  de  la. 
lête.  La  nageoire  dorsale  est  composée 
de  onze  aiguillons  et  de  treize  rayons 
ramifiés,  et  l'anus  de  trois  aiguillons  et 
de  onze  rayons  égaux  aux  précédens. 
La  ventrale  a  à  la  base  une  appendice; 
elle  est  composée  d'un  aiguillon  et  de 
wnq  rayons  mous,  divisés  en  quatre 


96  HISTOIRE    NATURELLE" 

pointes  comme  les  autres.  Le  fond  da 
poisson  est  jaune,  nuancé  par  les  écailles 
argentines.  Le  dos  avec  sa  nageoire ,  de 
même  que  celles  du  ventre  et  de  l'anus ^ 
sont  noirâtres  ;  des  raies  d'un  noir-brun 
traversent  le  poisson  depuis  le  dos  jus- 
ques  vers  le  ventre ,  où  elles  se  perdent» 
La  nageoire  pectorale   et   celle  de  la 
queue  bordée  de  noir,  sont  rougeâtres. 
Ce  poisson  se  tient  en  divers  endroits 
de  la  Méditerranée;  M.  Briinniche  le 
vit  à  Marseille  ,  V/illuglib}''  dans  la  mer 
Açlriatique;  Salvianle  met  au  nombre 
des  poissons  romains ,  et  Cetti  le  compte 
parmi  les  poisons  de  la  Sardaigne.  On 
le  trouve  encore  en  Turquie  et  en  Ara- 
bie   La  grandeur  de  ce  poisson  ne  va 
guère  au-delà  de  dix  pouces.  N'étant 
que  mince  et  ayant  la  chaire  molle,  les 
riches  ne  le  mangent  point  ;  cependant 
la  chair  devient  ferme  quand  on  la  rô- 
tit, et  alors  elle  n'est  pas  mauvaise.  Ils 
se  tiennent  en  troupe  près  des  rivages , 
el  ils  vont  aussi  aux  lacs  et  aux  rivières 


DU     SPARAILLON.         97 

OÙ  il  y  a  encore  de  l'eau  salée.  En  hi- 
ver, ils  se  caclient  dans  les  profondeurs  , 
se  serrant  de  bien  près  pour  se  garantir 
da  froid.  Après  une  longue  léthargie 
d'hiver,  ils  reparoissent  tout  maigres 
au  printemps.  Il  y  a  des  époques  où  ils 
font  des  voyages  considérables.  Plijie 
met  le  temps  du  frai  à  l'équinoxe.  lU 
se  multiplient  extrêmement  ,  vivant 
de  l'alevin  des  écrevisses  ,  crabes  , 
moules  et  limaçons;  ils  mordent  par- 
là  aisément  à  l'hameçon  muni  d'un 
morceau  de  crustacée.  On  les  prend 
d'ordinaire  au  filet.  On  en  prend  un 
grand  nombre  en  Sardaigne  ,  sur-tout 
au  mois  d'octobre.  Le  lac  de  Caçliari 
est  fort  célèbre  par  la  pêche  du  spa- 
raillon.  Sa  pêche  est  encore  considéra- 
ble dans  la  Mer  Adriatique,  mais  en- 
core plus  dans  les  eaux  de  la  Toscane. 
Le  péritoine  est  noir  ,  l'estomac 
long,  mince  ,  et  le  bout  garni  de  cinq 
appendices.  Le  canal  intestinal  est 
long,  et  forme  plusieurs  sinuosités-,  le 


gS         HISTOIRE    NATURELLE 
foie  est  rougeâtre  ,  la  vésicule  dn  fiel- 
longue,  et  contient  un  fiel  verd  clair^ 
La  rate  est  petite  et  bleuâtre. 

On  nomme  ce  poisson  : 
'EnFraxïce , Sparaillon ,  Sparulus,  Spat- 

gus  et  Spai'las. 
A  Narbonne  ,  il  a  le  nom  particulier 

de  Raspaillcn  ,  et   à   Marseille   de 

Canté. 
En  Italie  il  s'appelle ,  Sparlo, 
En  Dalmatie ,  PizL 
En  Turquie ,  Smind. 
En  Espagne,  Spargoil. 
En  Sardaigne,  Sparo  et  SparagUoreo 
A  l'île  de  Malte,  5parg-«. 
En  Angleterre  ,  Annulai'  Gilt-head. 
En  Allemagne,  Schwarzringel^  Rin^eî- 

brassem  et  Sparbi'assem. 

Les  iclithyologues  anciens  et  mo- 
dernes ne  sont  pas  d'accord,  si  Aristot» 
a  déjà  connu  notre  poisson ,  et  si  c'est 
î'asparaglus  d'Elian. 

"Rondelet  soutient  la  première  opi- 
nion ,  Salvian,  Aldrovand  et  Jonston 


DU     S  P  A  R  A  I  L  L  O  N".        ggr 

sont  pour  la  dernière.  Artédi  est  de 
l'opinion  de  Rondelet,  et  Sclineiderde 
celle  de  Salvian. 

Il  est  vrai  que  Belon  nous  a  donné 
la  première  figure  de  notre  poisson  ; 
mais,  outie  qu'elle  est  très -mauvaise  , 
elle  a  encore  le  défaut  de  lui  avoir 
donné  des  dents  incisives  larges. 

Rondelet  donna  également  un  des- 
sin nouveau ,  mais  mauvais  aussi. 

Celui  que  nous  tenons  de  Salvian  , 
vaut  un  peu  mieux;  cependant  il  re- 
présente tous  les  rayons  de  la  dorsale 
mous,  et  la  taclie  qui  désigne  la  queue 
y  est  omise. 

Aldrovand  nous  en  a  encore  laisse 
un  dessin  nouveau  ,  mais  peu  exact. 

Gesner  a  copié  Rondelet,  et  ajouté^ 
un  dessin  nouveau  ,  mais  bien  plus 
mauvais. 

Jonston ,  Ruyscîi  et  Willugliby  ont 
fait  copier  le  dessin  de  Salvian. 

De  nos  jours  ;  Duhamel  nous  en  a 


ÎOO      HISTOIRE   NATURELLE 
fourni  un  dessin  qui  a  été  copié  dans  la 
description  des  Arts  et  Métiers. 

C'est  avec  raison  que  Forskal  re- 
marque ,  contre  Linné  ,  que  notre  pois- 
son n'a  point  la  tache  bordée  ,  que 
Linné  cite  comme  caractéristique  , 
n'ayant  qu'une  simple  tache  noire  sans 
bordure. 

La  figure  de  Belon  est  cause  appa- 
remment qu'Artédi  donne  des  dents 
incisives  larges  à  notre  poisson;  faute 
qu'il  n'auroit  pas  commise  ,  s'il  avoit 
en  même  temps  lu  sa  description. 

Notre  poisson  ayant  tant  de  ressem- 
blance avec  la  dorade  et  le  sarcuet  , 
qu'à  Rome  il  n'a  point  de  nom  dis- 
tinctif ,  et  se  trouve  confondu  avec  les 
autres;  il  ne  sera  point  superflu  d'ana- 
lyser ici  les  points  qui  les  dilTérrn- 
cienL  Savoir  :  la  dorade  a  une  tache 
d'or  passant  sous  l'oeil  ,  et  une  tache 
violette  derrière  les  ouies  ;  mais  le 
nôtre  n'a  qu'une  tache  noire  à  la 
queue;  d'ailleurs,  le  noire  n'a  dans  ia 


D  E  l'  (E  I  L  D  E  B  (E  U  F.  JO  î 
mâchoire  inférieure  que  deux  rangs  de 
mâchelières,  mais  l'autre  en  a  trois. 
I^e  sarguet  a  des  lignes  d''or  longitudi- 
nales, qui  manquent  au  nôtre  ,  et  sur 
le  devant  il  a  des  dents  incisives,  et  le 
nôtre  en  a  de  pointues. 

Selon  les  observations  de  M.  Cavo- 
îini,  que  je  viens  de  lire  ,  notre  poisson 
se  rassemble  au  printemps,  quand  il 
veut  frayer  ,  en  foule  dans  les  creux 
qui  se  forment  sous  la  terre  des  ro- 
chers. 

L'(EIL     DE     BCEUF, 

s  P  A  R  U  s      MACR0PHTHAL3IUS, 

Ce  poisson  se  distingue  par  ses  grands 
yeux  ,  et  les  quatre  dents  canines  dans 
la  mâchoire  supérieure. 

La  membrane  branchiale  est  munie 
de  six  rayons  ,  la  nageoire  pectorale 
de  quinze  ,  la  ventrale  de  six,  celle 
de  l'anus  de  onze  ,  celle  de  la  queue 
de  vingt,  et  la  dorsale  de  vingt-deux. 


102      HISTOIRE    NATURELLE 

La  tête  est  en  pente  ,  cora primée 
et  sans  écailles  iiisqu'aux  opercules. 
La  bouche  grande  ,  les  mâchoires  de 
longueur  égale  ,  dont  les  côtés  sont 
garnis  seulement  d'une  rangée  de  dents 
petites  et  pointues ,  mais  sur  le  devant 
on  en  voit  plusieurs  rangées.  La  mâ- 
choire inférieure  a  les  huit  dents  du 
devant  plus  grandes  que  les  autres. 
Les  os  des  lèvres  sont  larges,  les  na- 
rines doubles  près  des  yeux.  La  langno 
libre  est  lisse  ;  les  grands  yeux  ont  la- 
prunelle  noire  ,  l'iris  rouge  et  jaune. 
Les  opercules  sont  unis  ,  composes  de 
deux  petites  lam€s,  et  à  l'opercule,  du 
devant  l'on  découvre  une  branclue 
simple.  Les  poils  des  franges  sont  sim- 
ples ,  les  dents  sur  le  petit  arc  bran- 
chial sont  rondes ,  et  dentelées  aux 
côtés.  Le  tronc  est  large  par-devant , 
étroit  par-derrière.  Le  dos  et  le  ventre 
sont  minces,  la  ligne  latérale  près  du 
dos  forme  avec  lui  un  arc  peu  courbé , 
et  l'anus  est  au  milieu  du  tronc.  Les 


DE  L'cSIL  DB  BdUF.  lo3 
écailles  forment  à  l'anus  et  au  dos  un 
sillon  •,  la  nageoire  de  l'anus  a  trois 
aiguillons  et  huit  rayons  mous  ,  la 
dorsale  dix  rayons  mous  ,  et  douze 
aiguillons  ;  la  ventrale  n'a  qu'un  seul 
aiguillon  ,  et  les  autres  nageoires  n'en 
ont  point.  Tous  les  rayons  mous,  à 
l'exception  du  premier  de  la  nageoire 
pectorale  et  de  celle  de  la  queue  ,  sont 
ramifiés  en  huit  brandies. 

La  couleur  est  jaune  ,  nuancée  par- 
les écailles  blanclies  et  dentelées  ;  les 
nageoires  ventrales  et  pectorales  sont 
rouges  à  leur  extrémité  et  jaunâtres 
à  leur  base  ;  la  nageoire  de  l'anus  est 
jaune  à  l'extrémité  et  rouge  à  la  base; 
la  dorsale  estrougeâtre  sur  le  devant, 
et  se  perd  dans  le  jaune  sur  le  der- 
rière j  celle  de  la  queue  est  jaune  et 
se  termine  en  couleur  grisâtre.  Les 
lignes  qui  descendent  de  la  tête  à  la 
queue,  sont  d'un  rouge  foncé  vers  le 
dos ,  et  jaunâtre  au  ventre. 


104       HISTOIRE    NATURELLE 
Ayant  reçu  ce  poisson  d'un  encan 

hollandais  ,  j'ignore  sa  patrie. 
On  le  nomme  : 

L'iEil  de  Bœuf ,  en  français. 

Vas  Grossauge  ,  en  allemand. 

Et  The  Goggle-eye ,  en  anglais. 

LA  CASTAGNOLE,  sparus  raii. 

Les  écailles  qu'on  voit  à  toutes  les 
nageoires  ,  font  le  caractère  distinctif 
de  ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  est  com- 
posée de  cinq  rayons ,  la  nageoire  pec- 
torale de  vingt ,  la  ventrale  de  six  , 
celle  de  l'anus  en  a  trente-deux  ,  celle 
de  la  queue  vingt-deux ,  et  la  dorsale 
trente-huit. 

Le  corps  comprimé  est  large  sur  le 
devant,  étroit  vers  la  queue;  la  tête 
très  en  pente  est  couverte  d'écaillés 
iusqu'au  nez.  La  mâchoire  inférieure 
est  la  plus  longue  ,  et  garnie  de  deux 
ranimées  de  dents  minces  et  pointues  » 


DE    LA    C  A  S  T  A  G  N  O  L  E.      1 OO 
la  ranffée   intérieure  a  les  dents  les 
plus  longues.  Les   unes  et  les  autres 
sont  recourbées  et  séparées  j  et  les  es- 
paces sont  occupés  par  d'autres  dents 
plus  petites.  La  mâchoire  supérieure 
est  armée  d'une  rangée  de  dents  sem- 
blables, derrière  lesquelles  l'on  en  voit 
un  grand  nombre  en  forme  de  lime. 
La  langue  est  aussi  denticulée  sur  le 
derrière  ,  ainsi   que  le  devant  de    la 
gueule  et  du  palais.  Les  os  des  lèvres 
sont  longs  et  larges;  les  narines  soli- 
taires touchent  aux  yeux;   ceux-ci 
sont  grands,  la  prunelle  en  est  noire  , 
l'iris  jaune.  Les  opercules  sont  unis  , 
et  les  ouvertures  des  ouies  très-grandes. 
Les  écailles  sont  molles ,  lisses  et  cou- 
vertes d'une  peau.  Les  nageoires  de 
l'anus  et  du  dos  ont  aussi  les  rayons 
couverts  d'écaillés.  La  ligne  latérale 
courbée  sur  le  derrière  n'est  guère  éloi- 
gnée du  dos  ,  et  l'anus  est  plus  près  de 
la  tète  que  de  la  nageoire  de  la  queue. 
Toutes  les  nageoires  se  terminent  en 
Poissons,  m.  lo 


ïo6    HISTOIRE  naturelle: 

pointe,  et  ont  des  rayons  mous  à 
quatre  branches.  Les  trois  premiers 
rayons  de  la  dorsale ,  les  deux  de  Tanus 
et  le  premier  de  la  ventrale  sont  les 
seuls  piquans  qu'il  ait.  L'on  remarqué 
une  appendice  à  la  base  de  la  dernière. 
Le  dos  est  noir,  les  côtés  sont  d'un 
bleu  clair ,  et  le  ventre  tire  sur  l'ar- 
gentin. Les  nageoires  de  la  poitrine 
et  du  ventre  sont  jaunes ,  les  autres 
bleues. 

Ce  poisson  dont  Rai  nous  a  fait  la 
première  description  ,  et  que  Jonston 
en  1681  trouva  pendant  la  marée 
basse  ,  au  rivage  de  la  baie  de  Middel- 
bourg,  habite  probablement  l'Océaa 
septentrional,  et  il  ne  peut  être  venu 
Jà  que  par  un  effet  du  hasard.  Pennant 
le  compte  à  la  vérité  du  nombre  des 
poissons  d'Angleterre  ,  et  Duhamel 
parmi  ceux  de  la  France  :  mais  ni  l'un 
ni  l'autre  n'ayant  rien  dit  ni  de  sa 
pèche  ,  ni  de  sa  valeur ,  ni  de  son  ap- 
prêt, il  doit  y  être  rare.  Donc  sa  vraie 


DE  LA  CASTAGNOLE.  I07 
patrie  m'est  inconnue.  Aussi  a-t-il 
trop  peu  de  ressemblance  avec  d'au- 
tres poissons  de  mer  et  de  rivière ,  pour 
pouvoir  con}ecturer  qu'il  se  vende  sous 
le  nom  d'autres  poissons,  comme  cela 
arrive  souvent. 

Le  poisson  de  Rai  avoit  vin?t-six: 
pouces  de  long  sur  seize  de  large  ;  le 
poisson  de  Duîiamel  avoit  dix: -huit 
pouces  de  long  ;  sur  dix  de  large  ;  le 
mien  est  un  peu  plus  grand. 

On  le  nomme  : 
T.n  anglais ,   Toothcd  Gilt-Head.. 
En  France  et  en  Allemagne  il  s'appelle, 

Castao^nole. 

Rai ,  le  premier  qui  ait  décrit  notre 
poisson  ,  le  rangea  parmi  les  carpes  ; 
mais  le  manque  de  dents  caractérisant 
ces  poissons,  et  le  nôtre  en  étant  armé  , 
il  doit  être  exclu  de  ce  genre.  Rai  a  en- 
core oublié  les  dents  en  forme  de  lime. 

Willugbby  nous  en  donne  le  premier 
dessin  ,  mais  les  nageoires  du  dos  et  de 

l'aniisy  sont  représentées  sans  écailles  j 


J08  HISTOIRE  NATURELLE 
et  les  rayons  isolés.  L'appendice  à  la 
nageoire  ventrale  et  la  ligne  latérale 
y  sont  aussi  omises.  Ces  deux  carac- 
tères manquent  encore  au  dessin  que 
Pennant  nous  a  donné  de  ce  poisson  , 
et  les  deux  dents  canines  dans  la  mâ- 
choire inférieure  ,  remarquées  par  cet 
auteur ,  ne  se  trouvent  ni  dans  mon 
poisson  ni  dans  les  dessins  de  Rai  et  de 
Duhamel.  Le  dernier  nous  a  doimé 
une  figure  nouvelle  et  bonne  ,  mais 
elle  ne  rend  point  les  écailles  des  na- 
geoires ,  dont  le  texte  ne  fait  men- 
tion non  plus.  Je  trouve  encore  qu'il 
n'y  a  que  les  trois  premiers  rayons 
qui  soient  durs  ,  et  non  les  six  pre- 
miers comme  cet  auteur  le  prétend. 
Outre  cela  ce  ne  sont  pas  les  huit 
premiers  rayons  de  la  dorsale  et  de 
la  nageoire  de  l'anas ,  qui  sont  les  plus 
longs  ,  mais  dans  la  première  ils  s'a- 
longent  depuis  le  quatrième  jusqu'au 
dixième  ,  et  dans  la  dernière  depuis  le 
troisième  jusqu'au  septième. 


DE  1.  A  :<3  A  S  T  A  G  N  O  L  Èe  1Q§ 
•  Ïj£l  descriptiori  et  la  figure  qui  se 
trouvent  dans  l'ouvrage  intitulé  ,  Des- 
cription des  Arts  et  Métiers ,  appar- 
tiennent à  Duhamel. 

11  faut  s'élônner  que  M.  l'abbé  Bon- 
naterre  ne  connoisse  ce  poisson  que 
d'après  Pennant  ,  dont  il  a  copié  le 
dessin  dans  la  partie  ichlhyologique 
de  l'Encyclopédie  ,  et  qu'il  lui  ait 
donné  le  nouveau  nom  de  Brème 
denté  ,  tandis  qu'il  eût  pu  adopter  la 
dénomination  plus  juste  ,  et  la  repré- 
sentation bien  meilleure  de  sou  coin - 
patriote  Duhameli    ''"''^  •  ''"''  ' 

Ce  poisson  ,  quoique  décrit  par  Rai 
et  peint  par  Willaglïby ,  n'a  point  été 
reçu  d'Artédi  ni  de  Linné.  Aussi^a*^ 
t-il  été  omis  dans  la  nouvelle  édition 
fort  augmentée  du  système  de  Linné 
par  Gmelin.  Enfin  il  faut  remarquer 
encore  ,  qu'il  est  trois  sortes  de  pois- 
sons en  France  connus  sons  le  nom 
de  Castagnole.  M.  Duhamel  en  cite 
deux ,  et  M.  Brlinniche  un. 


IIO      HISTOIRE   NATURELLE 

La  castagnole  des  Génois  et  des 
Sardes  n'est  point  notre  poisson  ,  mais 
bien  le  poisson  susmentionné  ,  le  Crin. 

LE  PAGEL ,  spjRus  erythrinus. 

Les  douze  aiguillons  ,  dont  la  dor- 
sale est  armée  ,  et  le  double  rang  de 
mâclielières  font  le  caractère  de  ce 
poisson. 

-!  La  membrane  brancbiale  m'offre 
cinq  rayons  ,  la  nageoire  pectorale  en 
.a,  dix-sept  ,  la  ventrale  six  ,  celle  de 
l'anus  douze  ,  celle  de  la  queue  vingt, 
et  la  dorsale  vingt-deux. 

La  tête  est  en  pente  et  alépidote, 
d'en  liaut  jusqu'à  la  nuque  et  des 
côtés  jusqu'aux  opercules  ;  les  mâ- 
choires sont  de  longueur  égale  ;  celle 
d'en  haut  est  munie  de  deux  os  de 
lèvres,  et  l'une  et  l'autre  sont  bien 
armées.  Les  dents  antérieures  sont 
fortes  et  pointues  ,  les  dents  latérales 
fiont  en  forme  de  perles ,  et  Ton  dé- 


Tom  .  J/I. 


Pa^e  jjo  . 


a.IJ'l  PAGEI.  .  ^.LF.  SPARFi  rave. 


3.1/ANCllK. 


.........     ;TY 

kr-.. _3E.  MA  USA 


DU     P  A  G  E  L.  lit 

couvre  derrière  les  dents  de  devant 
beaucoup  d'autres  petites  dents  poin- 
tues ,  rangées  sur  deux  lignes.  Il  a  les 
narines  doubles ,  les  yeux  grands  ,  la 
prunelle  noire,  l'iris  jaune  et  argen- 
tin. La  langue  est  libre ,  étroite  et  lisse  , 
de  même  que  le  palais.  L'opercule  an- 
térieur consiste  en  deux  lames  à  angles 
obtus  ,   et  le  postérieur  est   arrondi  ; 
l'ouverture    des  ouies  est  grande ,  la 
membrane  cacbéc  •,  \a.  surface  interne 
de  l'opercule   antériciir   montre  une 
brancbie  simple.  Le  tronc  est  large  et 
mince  ;  les  écailles  lisses  forment  un 
sillon  pour  la  nageoire  de  l'anus  et  du 
dos.   Le  dos  est  caréné  et  le  ventre 
rond  ;  l'anus  approche  plus  de  la  na- 
geoire de  la  queue  que  de  la  tête.  La 
couleur  rose  sur  les  côtés,  nuancée  par 
les   écailles   argentines  ,   donne    à   ce 
poisson  un  air  de  beauté.  Cette  cou- 
leur se  perd  chez  les  vieux  poissons. 
Les  nageoires  tirent  sur  le  rouge.  La 
dorsale  compte  douze  aiguillons  et  dix 


112-      HISTOIRE    NATURELLE 

rayons  fourchus,  la  nageoire  de  l'anus 
a  trois  aiguillons  et  neuf  ra)'"ons  mous 
à  quatre  branches  ,  la  ventrale  a  un 
aiguillon  simple  et  cinq  rayons  à  cinq 
branches  ,  les  rayons  des  nageoires 
pectorales  et  de  celle  de  la  queue  sont 
ramifiés. 

Ce  poisson  habite  plusieurs  mers! 
JuGS  Grecs  le  connurent  dans  leurs 
eaux  j  Jovius  et  Salvian  le  comptent 
parmi  les  poissons  romains,  Cetti  ^ 
parmi  ceux  de  la  Sardaigne,  Forskal; 
parmi  ceux  de  Malte  ,  Briinnichej 
parmi  ceux  de  Marseille  ,  et  Plumié^' 
J'a  dessiné  d'après  pâture  aux  An- 
tilles. 

Aristote  met  ce  poisson  dans  "là 
classe  de  ceux  qui  habitent  la  pleine 
mer  ,  Oppian  le  range  parmi  les  pois- 
sons des  rivages.  L'un  et  l'autre  n'ont 
raison  qu'en  partie  ;  car  en  hiver 
il  cherche  la  mer,  et  au  printemps 
comme  en  été  il  habite  les  rivages 
pour  y  déposer  son  frai  j  et  comme 


DU     P  A  G  E  L.  Iî3 

plusieurs  autres  poissons  s'y  rendent 
dans  le  même  dessein  ,  il  s'y  arrête 
encore,  pour  assouvir  sa  voracité  par 
l'alevin  :  et  étant  muni  d'un  double 
rang  de  mâcbelières  ,  il  cherche  aussi 
les  testacées  ,  comme  les  moules,  les 
limaçons  ,  les  écrevisses  ,  &c. 

Sa  grandeur  diffère  d'après  les  écri- 
vains. Salvian  prétend  qu'il  est  rare 
de  le  voir  plus  large  qu'une  main  ; 
Brîinniche  le  vit  à  Marseille ,  au  delà 
d'un  empan  et  demi ,  et  le  manuscrit 
du  père  Plumier  nous  dit  qu'aux  An- 
tilles il  prend  plus  d'un  pied.  La  cause 
dé  cette  différence  consiste  dans  les 
embûches  plus  ou  moins  fréquentes 
d'un  côté ,  et  de  l'autre  dans  le  manque 
ou  Tabondance  de  nourriture  suivant 
les  contrées. 

Le  dessin  que  je  donne  est  de  Plu-- 
miér.  Je  l'ai  comparé  avec  les  origi- 
naux que  î'ai  de  ce  poisson  ,  et  à  la 
grandeur  près  ,  tout  y  répond. 

Ce  poisson  ,  sur-^tout  pris  en  hiver 


Il4        HISTOIRE   NATURELLE 

et  en  pleine  mer  ,  a  la  cliair  blancîie , 
grasse  et  d'un  goût  exquis ,  particu- 
lièrement quand  il  est  frit.  Jovius  va 
même  jusqu'à  soutenir,  qu'étant  frit 
d'abord  après  la  pêche,  et  mis  ensuite 
pendant  quelques  jours  au  jus  d'orange 
épicé ,  il  surpasse  tous  les  autres  pois- 
sons pour  le  goût. 

Il  fraie  en  avril ,  vu  qu'au  commen- 
cement de  ce  mois  ses  ovaires  sont 
gonflés.  Il  se  multiplie  fort ,  et  son  ac- 
croissement dépend  de  la  contrée  plus 
ou  moins  abondante  en  nourriture  de 
son  séjour. 

Il  est  du  nombre  des  poissons  vivans 
de  proie,  qui  vont  par  troupe  ,  et  il 
dévore  non -seulement  de  petits  pois- 
sons ,  mais  aussi  nombre  de  testacées , 
comme  nous  venons  de  le  rapporter. 

Le  foie  de  ce  poisson  est  blanchâtre, 
et  consiste  en  deux  labes ,  l'un  long  et 
l'autre  court  ;  sous  le  premier  il  y  a 
un  estomac  long  ,  et  dont  la  membrane 
est  mince  •  on  y  voit  quelques  appen- 


D  U    P  A  G  E  L.  1 1  5 

âices  vermiculaires  ;  la  vésicule  du 
fiel  est  grande ,  le  canal  intestinal  est 
long ,  et  il  a  plusieurs  sinuosités  ;  la 
laite  et  l'ovaire  sont  doubles  j  la  rate 
est  grande  et  noirâtre. 

Ce  poisson  est  connu  sous  différens 
noms. 

Les    Allemands   le    nomment   Roth- 

schuppe. 
Les  Hollandais  ,  Roode  Brasem. 
Les  Français,  PageletPagear;\es  Mar- 
seillais en  particulier ,  Pageau  ;  les 
liabitans  d'Antibes  ,  Parreu. 
A  Rome  on  le  nomme  ,  Frangolino  et 

Fragolino. 
A  Venise  ,  Alhoro  et  Arboro» 
En  Espagne ,  Pogel 
A  Malte ,  Pagella. 
En  Sardaigne  ,  Pagello, 
Aux  Antilles,  Bouccanegre, 
Et  en  Angleterre,  Sea-Rough. 

Linné  donnant  entr'autres  pour  ca- 
ractère à  ce  poisson,  la  nageoire  de  la 
c[ueue  peu  échancrée  ;  doit  avoir  eu 


îl6  HISTOIE.E  NATURELLE 
un  poisson  endommagé  ,  ou  bien  un 
dessin  défectueux  ;  car  les  trois  pois- 
sons que  je  possède,  et  le  dessin  de 
Plumier  ,  ont  cette  nageoire  fourchue  ; 
et  d'ailleurs,  la  description  de  Belon  > 
le  dessin  de  Rondelet  et  de  Salviany 
répondent  parfaitement. 

Aristote  se  trompe,  en  disant  que 
cette  espèce  n'a  point  de  poissons  mâ- 
les ,  qu'elle  peut  se  propager  sans 
mâle  ,  et  qu'elle  est  remplie  d'oeufs  en 
toute  saison  \  car  Jovius  vit  souvent 
des  mâles,  et  trouva  l'ovaire  des  fe- 
melles sans  œufs.  Mais  si  cet  écrivain 
conclut  de-là  ,  que  Veiythrinus  d' Aris- 
tote diffère  dafragoli?io  des  Romains 
il  a  donné  trop  de  confiance  à  Aris- 
tote. On  a  remarqué  à  plusieurs  es 
pèces  de  poissons,  qu'il  y  en  avoit  plus 
de  femelles  que  de  mâles  :  apparem- 
ment qu' Aristote  n'avoit  vu  que  de 
femelles  qui  avoient  des  œufs  ,  et  jugé 
par-là  que  celte  espèce  n'avoit  point 
de   riiâles.  Pline  ,  qui  a  rectuilli  les 


DU     PAGE  L.  117 

observations  des  autres  sans  en  faire 
lui-même  ,  n'est  que  l'écho  de  son  pré- 
décesseur ,  et  il  dit  par  conséquent 
d'après  lui,  que  cette  espèce  n'étoit 
composée  que  de  femelles  toujours 
remplies  d'oeufs. 

C'est  à  tort  que  Millier  cite  le  I^arfe 
d'Olafsen  pour  le  nôtre  -,  car  le  dessin 
d'Olafsen  prouve  que  c'est  un  poisson 
étroit  )  avec  dix-huit  rayons  dans  la 
nageoire  du  dos  et  la  nageoire  de  la 
queue  ronde  ^  marques  qui  ne  se  trou- 
vent point  dans  le  nôtre. 

Belon  nous  a  donné  la  prf?mière 
représentation  de  ce  poisson  taillée  en 
bois  ,  et  peu  après,  Salvian  une  autre 
en  taille-douce  :  elles  ne  sont  pas  mau- 
vaises pour  leur  temps.  J'en  dirai  au- 
tant du  dessin  de  Rondelet ,  qui  parut 
bientôt  après  les  deux  premières. 

Gesner  encore  nous  donna  un  dessin 
nouveau,  qu'il  fît  faire  à  Venise,  et 
qui  ,  d'après  sbn  propre  aveu ,  ne  vaut 
pas  Celui  de  Rondelet. 

Puissons.  m,  H 


Il8      HISTOIRE   NATURELLE 

Aldrovand  nous  fournit  dans  la 
suite  deux  dessins  nouveaux  qui  sont 
bien  plus  mauvais  encore ,  et  il  se  con- 
tredit lui-même  ,  ne  donnant  au  pois- 
son que  la  largeur  d'une  main ,  tandis 
qu'il  le  représente  beaucoup  plus  long. 
AVillughby  a  copié  Salvian  ,  Jonston 
a  copié  Gesner  ,  et  Ruyscli  a  pris 
Jonston  pour  modèle. 

Le  dessin  que  nous  trouvons  dans  la 
partie  nouvellement  publiée  de  l'En- 
cyclopédie méthodique  ,  représente 
mous  tous  les  rayons  des  nageoires 
ventrales  et  de  celle  de  l'anus. 

Du  temps  que  tout  s'expliquoit  sui- 
vant les  principes  d'Aristote  ,  il  étoit 
fort  aisé  d'attribuer  à  cbaque  être  , 
suivant  la  nature  de  son  élément  pré- 
dominant ,  une  vertu  médicinale.  Or 
notre  poisson  ayant  la  chair  sèche  ,  et 
non  visqueuse  ,  elle  devoit  ,  suivant 
Galène  ,  guérir  la  diarrhée  provenant 
d'humeurs  superflues  :  mais,  considéré 
comme  poisson  en  général, étant  d'une 


DU  S  PARE  RAYÉ.'  115 
nature  humide  et  froide  ,  Jovius  s'in- 
dispose contre  les  médecins  qui  le  pro- 
hibent dans  les  maladies  chaudes,  con- 
tre le  sentiment  d'Hippocrate ,  qui 
soutient  que  les  remèdes  froids  sont 
salutaires  dans  ces  maladies. 

LE  SPARE  RAYÉ  ,  sp^rus  riTTATus. 

Les  trois  raies  bleues  loneitudi- 
nales  distinguent  ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  a  cinq 
rayons  ,  la  nageoire  pectorale  seize  , 
la  ventrale  six  ,  celle  de  l'anus  dix, 
celle  de  la  queue  dix  «-  huit ,  et  la  dor- 
sale dix-neuf. 

La  tête  est  en  pente  ,  comprimée  et 
alépidote  j  usqu'aux  opercules  ;  les  na- 
rines solitaires  et  rondes  sont  plus 
près  des  yeux  que  de  la  bouche  ;  la 
prunelle  des  yeux  noire  est  dans  u\\ 
iris  blanc  et  rouge.  Les  mâchoires 
presque  d'égale  longueur  sont  armées 
par-devant  de  quatre  dents  canines,  çt 


120       HISTOIRE    NATURELLE 

derrière  celles-ci,  comme  décote  ,  de 
beaucoup  de  petites  dents  pointues, 
dont  celles  de  la  mâchoire  inférieure 
sont  cependant  les  plus  grandes.  Les 
03  des  lèvres  à  la  mâchoire  supérieure 
sont  étroits;  le  palais  ,  les  opercules  et 
les  écailles  sont  lisses  ;  l'ouverture  des 
ouies  est  grande  ,  et  la  moitié  de  la 
membrane  branchiale  est  cachée  ;  le 
tronc  est  étroit;  l'anus  est  moins  loin 
de  la  queue  que  de  la  tête  ,  et  la  ligne 
latérale  est  fort  proche  du  dos. 

Les  trois  raies  bleues  prennent  à 
l'œil  ;  la  première  d'en  haut ,  qui  va  lo 
long  du  dos,  se  perd  à  la  fin  de  la  na- 
geoire dorsale  ,  les  deux  autres  se  ter- 
minent à  la  nageoire  de  la  queue  ;  elles 
embellissent  le  poisson  ,  en  nuançant 
bien  îe  fond  argentin.  Les  nageoires 
de  la  poitrine  et  du  ventre  sont  rou- 
geâtres  ,  les  autres  jaunes  et  bleues  en 
partie. Tous  les  rayons  mous  sont  rami- 
fiés :  la  dorsale  compte  onze  aiguillons, 
la  ventrale  un ,  et  celle  de  l'anus  trois. 


D  E     L'A  N  C  R  E.  lai 

Le  Japon  est  la  patrie  de  ce  poisson.' 

On  le  nomme  : 
En  français,  le  Spare  ra\L 
jKn  allemand  ,  der  Blaust-reiff. 
Et   en  anglais,  the  blue - striped  Gilt- 

head. 

L'ANCRE,  sPARus  ancho3.ago. 

Les  treize  aiguillons  du  dos  et  les 
canines  tournées  en  dehors,  caracté- 
risent ce  poisson  Les  dents  de  la  mâ- 
choire inférieure  étant  tournées  en  de- 
hors et  courbées  en  dedans ,  ressem- 
blent en  quelque  façon  à  une  ancre. 
Gela  m'a  donné  l'idée  de  le  nommer 
ainsi.  Les  anciens  donnèrent  le  nom 
d^ancliorado  au  saumon  ,  parce  que  la 
mâchoire  inférieure  du  mâle  fait  la 
figure  d'un  crochet. 

L'on  trouve  cinq  rayons  dans  la 
membrane  branchiale  ,  six  dans  la  na- 
geoire ventrale  ,  quinze  dans  la  pecf  o- 
rale  ,  douze  dans  celle  de  l'anus ,  seize 


122      HISTOIRE    NATURELLE 

dans  celle  de  la  queue  ,  et  vingt  -  uri 
dans  la  dorsale. 

La  tête   est  grande  ,  en  pente   et 
comprimée  ;  elle  n'a  point  d'écaillés 
jusqu'aux  opercules  :  l'ouverture  de  la 
bouche  est  grande  ;   les    lèvres    sont 
fortes,  et  les  mâchoires  d'égale  lon- 
gueur. Outre  les  susdites  dents  cani- 
nes, dont  on  voit  quatre  en  bas  et  deux 
en  haut ,  les  côtés  sont  encore  garnis 
d'un  rang  de  dents  petites  et  pointues, 
et  la  mâchoire  supérieure  en  a  une  à 
l'angle  ;   cette  dent  avance  sur  les  au- 
tres. La  langue  ,  le  palais  et  les  oper- 
cules sont  lisses  ;  les  narines  sont  soli- 
taires et  près  des  yeux  :  ceux-ci  tou- 
chant au  sommet ,  ont  la  prunelle  noire 
et   l'iris  bleu.  L'ouverture  des   ouies 
est  grande,  et  le  côté  interne  de  l'oper- 
cule antérieur  montre  une  branchie 
simple  ;  le  tronc  comprimé  est  caréné 
au  dos  ,  rond  au  ventre  ,  et  couvert 
d'écaillés  grandes  et  lisses  ;  la  ligne  la- 
térale forme  avé-c  le  dos  dont  elle  est 


D  E     L'A  NC  R  E.  l23 

voisine  un  arc  ;  la  dorsale  de  ce  pois- 
son n'est  point  aussi  longue  que  celle 
du  précédent  :  elle  est  composée  de 
treize  aiguillons  raclés  et  de  huit 
rayons  à  quatre  branches.  La  nageoire 
de  l'anus  a  trois  aiguillons  et  neuf 
rayons  mous  ;  la  ventrale  a  un  aiguillon 
et  cinq  rayons  mous  :  ces  derniers  sont 
à  huit  branches  ,  comme  ceux  des  au- 
tres nageoires.  Les  nageoires  ventrales 
sont  plus  en  arrière  que  les  pectorales  j 
toutes  forment  une  pointe,  mais  ccIIq 
de  la  queue  en  forme  deux.  La  tête  et 
les  nageoires  sont  rougeâtres,et  il  n'y 
a  que  la  dorsale  qui  tire  sur  le  bleu  , 
couleur  également  propre  aux  bandes 
transversales  dont  ce  poisson  est  mar- 
qué :  le  fond  est  jaune. 

Tenant  ce  poisson  d'un  encan  hol- 
landais ,  )e  n'en  puis  rien  dire  de  posi- 
tif ,  sinon  qu'il  appartient  au  nombre 
des  poissons  vivant  de  proie  ,  ayant  la 
bouche  si  bien  armée. 


12^*        HîbTOiRE    NATURELLE 

On  le  nomme  : 
En  France  ,  l'Ancre.         ar-   : 
En  Allemagne ,  der  Ankerzaîïri, 
En  Angleterre  ,  the  Anchor-toqllu      ', 


«i 


LE   SPARE   DU  JAPON, 

s  P  A  R  U  s     }  APON I  C  US, 

Tous  les  poissons  avec  la  nageoire 
de  la  queue  en  forme  de  croissant  , 
ayant  plus  ou  moins  de  dix  aiguillons 
au  dos,  le  nombre  de  dix  sert  à  carac- 
tériser celui-ci. 

L'a  '  membrane  brancîiialje  compte 
cinq  rayons  \  la  nageoire  pectorale  en  a 
dix-huit  ;  là  ventrale  en  contient  six; 
celîe^e  l'anus  est  composée  de  dix  ; 
dixt-îiait constituent  celle  dfe  la  queue  ^ 
et  la  dorsale  consiste  en  dix  -  neuf 
ra3'^ons. 

La  tête  courte,  en  pente,  comprf- 
mée  ,  n'a  point  d'écaillé^  jusqu'aux 
opercules  •  les  mâchoires  dont  l'infé- 
rieure est  la  plus  longue^  ne  sont  gar- 


Tom  .  m. 


-Poi/e  jz^ 


nc.ret'e   de/-  Jourdan    Jculp 

il.E    SPARF,    dn    Japon,   i  .  I-E   SVARK    de 
Smniiani.  3  . 1.A   DENT  DE  CHIKN  .  4  • 
1,1',    SPAT\11    à    aaatro    piqnauts  . 


t.... 


"Y 

.  uiA 


DU  SPARE  DU  JAPON.  125 
nies  que  d'une  seule  rangée  de  dents 
courtes  et  pointues  •  le  palais  et  la 
langue  sont  lisses,  les  os  des  lèvres 
longs  et  larges  ,les  narines  solitaires  et 
tout  près  des  yeux  :  ceux-ci  sont 
«rands  ,  verticaux  ,  et  ont  la  prunelle 
noire  et  bordée  d'un  iris  bleu  et  argen- 
tin. Les  opercules  sont  unis  -,  l'ouver- 
ture desouies  est  grande,  et  lenr  mem- 
brane est  cachée;  le  tronc  est  compri- 
mé ,  la  ligne  latérale  droite  et  près  du 
dos;  Fanus  avoisine  plus  la  nageoire 
de  la  queue  que  de  la  tête*,  les  écailles 
sont  grandes  et  lisses,  le  dos  en  est 
sillonné. 

La  dorsale  est  composée  de  dix  ai- 
guillons et  de  neuf  rayons  mous ,  la  na- 
geoire de  l'anus  de  trois  aiguillons  et 
de  sept  rayons  mous,  et  la  ventrale  , 
qui  est  longue  ,  est  arwiée  d'un  aiguil- 
lon et  de  six  rayons  mous.  Toutes  ont 
une  partie  rouge  et  une  grise.  Tous 
les  rayons  mous  ,  à  l'exception  des 
premiers  ,  sont  à  quatre  branclies. 


Ï2G       HISTOIRE    NATURELLE 

Le  haut  de  la  tête  est  brun,  le  bas 
argentin  ,  l'opercule  jaune  ,  le  tronc 
argentin  aux  flancs,  et  brun  au  dos  ; 
des  lignes  jaunes  vont  de  la  tête  à  la 
queue. 

Le  nom  du  poisson  en  désigne  la  pa- 
trie. Il  conserve  le  même  nom  en  an- 
glais et  en  allemand. 


LE  SPARE  DE   SURINA 

SPARUS     SURINA  M  ENSIS, 


M, 


Les  quinze  aiguillons  du  dos  et  la 

3igne  latérale  interrompue,  constituent 
les  caractères  de  ce  poisson. 

Il  a  cinq  rayons  dans  la  membrane 
branchiale ,  la  nageoire  pectorale  en 
compte  quinze  ,  la  ventrale  six  ,  celle 
de  l'anus  onze  ,  celle  de  la  queue  seize , 
et  la  dorsale  vin^t-huit. 

Le  corps  est  mince  ,  la  tête  fort  en 
pente  ,  n'a  point  d'écaillés  jusqu'aux 
opercules ,  l'ouverture'de  la  bouche  est 
|)etite  ,  les  mâchoires  sont  d'égale  Ion- 


DU  SPARE  DE  SURINAM.      127, 

gueur  et  garnies  d'une  rangée  de  pe- 
tites  dents    pointues.    Le  palais  ,  la 
langue  et  les  opercules  sont  lisses  ,  les 
narines  solitaires  prennent  le  milieu 
entre  les  yeux  et  la  bouche  ;  ces  pre- 
miers ont  la  prunelle  noire  et  l'iris  ar- 
genté. I/ouverture  des  ouies  est  grande 
et  la  membrane  cachée.  La  ligne  laté- 
rale s'interrompt  comme  de  coutume 
au  bout  de  la  dorsale,  vis-à-vis  de  celle- 
ci  ,  elle  reprend  et  va  en  ligne  droite 
jusqu'au  milieu  de  la  nageoire  de  la 
queue.  L'anus  approche  plus  de  cette 
dernière  que  de  la  tête.   Les  écailles 
sont  lisses  ,  minces  ,  plus  grandes  au 
tronc  qu'aux  opercules  ,  dont  l'anté- 
rieur les  a  plus  petites  que  le  posté- 
rieur ,  et  les  écailles  de  la  poitrine 
sont  plus  petites  que  toutes  les  autres. 
Des  bandes  rouges  traversent  le  fond 
jaune  de  ce  poisson.  Les  nageoires  sont 
jaunâtres  et  rayées  de  brun  ;  l'on  re- 
marque trois  taches  noires  aux  côtés, 
dont  l'une  est  près  de  l'opercule,  l'au- 


1:^8  HISTOIRE  naturelle' 
ti'e  au  milieu  du  corps ,  et  la  troisième 
touche  la  nageoire  de  la  queue.  Les 
rayons  mous  sont  tendres  et  pour  la 
plupart  fourchus.  La  dorsale  consiste 
en  quinze  aiguillons  raclés  et  en  treize 
rayons  mous  ,  celle  de  l'anus  a  trois 
aiguillons  et  huit  rayons  mous  ,  la  ven- 
trale est  longue  ,  et  n'a  qu'un  aiguillon 
sar  cinq  rayons  mous. 

Ce  poisson  est  nommé  d'après  Suri- 
nam ,  sa  patrie. 

LA   DENT    DE   CHIEN, 

SPARUS    CY  N  0  DO  X. 

Les  quatre  dents  canines  de  la  mâ- 
choire supérieure  ,  et  les  quatorze 
rayons  de  la  nageoire  de  l'ânus  distin- 
guent cette  espèce  de  poisson  des  autres 
du  même  genre. 

On  compte  cinq  rayons  danslamem- 
brane  branchiale  ,  quinze  dans  la  na- 
geoire pectorale  ,  six  dans  la  ventrale , 
nnatorze  dans  celle  de  l'anus  ,   vin^t 


DE  LA  DENT  DE  CHTEN.      129 

dans  celle  de  la  queue ,  et  vingt-cinq 
dans  la  dorsale. 

La  tête  termine  en  pointe  émoussée 
et  n'a  point  d'écaillés  jusqu'aux  oper- 
cules ;  les  yeux  grands  et  ovales  ont  la 
prunelle  noire  et  l'iris  bleu  argenté. 
Les  narines  sont  solitaires  ,  ovales  et 
près  des  yeux.  Les  opercules  sont  unis 
et  couverts  d'écaillés,  celui  de  derrière 
finit  en  pointe.  Les  mâchoires  sont  d'é- 
gale longueur  et  armées  d'une  rangée 
de  dents  séparées,  dont  celles  de  la  mâ- 
choire inférieure  sont  les  plus  longues 
après  les  canines  mentionnées.  L'ou- 
verture des  ouies  est  large ,  et  la  mem- 
brane des  ouies  est  couverte  en  partie  ; 
la  ligne  latérale  va  près  et  le  long  du 
dos  en  direction  presque  droite ,  et  l'a- 
nus est  plus  près  de  la  nageoire  de  la 
queue  que  de  la  tête.  Les  écailles  sont 
lisses ,  minces  et  petites.  La  tête  et  les 
côtés  sont  jaunes  ,  le  ventre  est  argen- 
tin tirant  sur  le  jaune  ,  le  dos  est  bru- 
wâtre  tirant  sur  le  verd,  les  nageoires 
Foissons.  IIX.  ^^ 


3  5o  HISTOIRE  NATURELLE 
de  la  poitrine,  du  ventre  et  de  la  queue 
sont  rouges ,  celle  du  dos  est  jaune  sur 
le  devant  et  rouge  sur  le  derrière ,  celle 
de  l'anus  est  jaune  à  la  base  et  rouge 
vers  l'extrémité.  La  dorsale  a  onze 
aiguillons ,  et  la  nageoire  de  l'anus  en 
a  trois.  Les  rayons  mous  ont  quatre 
brancLes ,  excepté  à  la  nageoire  de  la 
queue,  oij.  ils  sont  divisés  en  plusieurs 
rameaux. 

J'ai  reçu  ce  poisson  du  Japon  sous  le 
nom  6CIcan  Cacatoea  Ija  ;  les  Hollan- 
dais qui  habitent  le  Japon, lui  donnent 
le  nom  de  Papageifisch.  Mais  ayant  reçu 
de  ces  contrées  un  grand  nombre  de 
poissons  sous  ce  nom  ,  ses  dents  m'ont 
servi  à  le  dénommer  :    ' 
En  français  ,  la  Dent  de  chien. 
En  allemand,  der  Hundszahn, 
Et  en  anglais  ,  the  Do^s-toolh. 


DU     S  P  A  R  E  ,    Sec.  \3\ 

3L£  SPARE  A  QUATRE  PIQUANS  , 

SPARVS   TETRACANTIIUS. 

Les  quatre  aiguillons  de  la  nageoire 
de  l'anus  distinguent  ce  poisson  des 
autres  de  son  genre. 

La  nageoire  pectorale  a  treize  rayons, 
la  ventrale  huit ,  celle  de  l'anus  onze  , 
celle  de  la  queue  vingt-deux,  et  la  dor- 
sale dix-huit. 

La  tête  est  fort  en  pente  et  sans 
écailles  jusqu'aux  opercules,  les  os  des 
lèvres  sont  larges,  les  mâclioires  de 
longueur  égale  ,  et  les  narines  doubles^ 
occupent  le  milieu  entre  le  museau  et 
les  yeux  5  ceux-ci  ont  la  prunelle  noire 
dans  un  iris  argenté.  Les  écailles  des 
opercules  n'ont  pas  la  grandeur  de  celles 
du  tronc.  L'ouverture  des  onies  est 
large  ,  et  le  dessin  que  j'ai  emprunté  du 
père  Plumier ,  ne  montre  dans  la  mem- 
brane branchiale  que  trois  rayons.  Le 
tï;ouc  est  large  ,1a  ligne  latérale  près  du 


l32       HISTOIRE   NATURELLE 
dos  et  courbée  comme  celui-ci.  L'anus 
est  au  milieu  du  corps.  La  nageoire 
dorsale  a  onze  aiguillons  et  sept  rayons 
mous  à  cinq  ou  six  branches  ;  celle  de 
l'anus  a  quatre  aiguillons  et  sept  rayons 
mous,  les  autres  nageoires  sont  com- 
posées de  rayons  ramifies.  La  ventralo 
de  ce  poisson  se  distingue  de  tous  les 
autres  spares  ,  en  ce  qu'elle  est  com- 
posée d'un  aiguillon  et  de  sept  rayons 
mous. 

La  tête  ,  le  dos  et  les  nageoires  sont 
d'un  jaune  pâle  tirant  sur  le  violet ,  la 
ventre  est  argentin  et  le  dos  violet. 
La  ligne  latérale  commence  près  d'une 
tache  blanche  bordée  de  noir. 

Ce  poisson,  suivant  le  père  Plumier  ^ 
habite  les  eaux  des  Antilles.  Il  parvient 
à  une  grandeur  remarquable  ,  vu  que 
le  dessin  de  Plumier  est  bienplusgrand 
que  celui  que  je  présente. 
On  nomme  ce  poisson  : 
En  allemand ,  den  Vierstachel. 


DES  PERROQUETS  BE  MER.  î33 
En  français  ,    le  Spare    à  quatre  pi- 

quans. 
Et  en   anglais,  the four  spîned  Gilt' 

head, 

LES  PERROQUETS  DE  MER 
ou  SCARUS. 

DES  SCARUS  EN  GÉNÉRAL. 

Je  suis  arrivé  ,  suivant  la  réparti- 
tion de  Linné  ,  aux  quatre  genres  si 
difficiles  à  distinguer  d'après  le  senti- 
ment unanime  des  naturalistes.  Ce  sont 
les  sparaillons  (i),  les  perroquets  (2)^ 
lesombresdemer  (3)  etlesperclies  (4). 
Linné  convient  lui-même  qu'il  est  dif- 
ficile de  distinguer  les  sparaillons  des 
perroquets.  11  croit  que  les  ombres  de 


(  1  )  Sparî. 

(2)  Labrî. 

(3)  Sciaenoe. 
(4}  Percae. 


î34      HISTOIRE    NATURELLE 

mer  tiennent  le  milieu  entre  les  perro- 
quets et  les  perches ,  et  que  par-là  leurs 
caractères  deviennent  indéchiffrables; 
et  il  finit  par  soutenir  que  ces  derniers 
ne  diffèrent  des  trois  genres  précédens 
que  par  un  opercule  des ouies  dentelé; 
donc  il  seroit  inutile  de  prouver  par 
des  exemples  que  les  caractères  qu'il 
cite  ,  ne  peuvent  suffisamment  dési- 
gner et  différencier  les  espèces  de  cha- 
que genre.  Si  son  opinion ,  que  les  per- 
ches  se   distinguent   des  trois  autres 
genres  par  la  dentelure  de  l'opercule  , 
étoit  fondée,  le  premier  coup-d'œil  les 
discerneroit  aisément:  mais  nombre  de 
sparaillons,  de  perroquets  et  d'ombres 
de  mer  portant  la  même  marque,  elle 
ne  sauroit  entièrement  caractériser  les 
perches. 

Forskal,  vrai  disciple  de  Linné,  ss 
plaint  également  de  l'insuffisance  des 
caractères  que  son  maître  prête  aux: 
genres  mentionnés  ;  car  il  dit  avoir 
trouvé  à  quantité  de  perroquets  et  de 


DES  PERROQUETS  DE  MER.  i35 
perches ,  un  opercule  dentelé  j  plusieurs 
sparaillons  et  un  bon  nombre  de  per- 
ches, dit-il,  ont  aussi  bien  que  les  om- 
bres de  mer,  un  sillon  au  dos  qui  de- 
vroit  leur  être  généralement  propre  ; 
il  dit  encore  que  les  aiguillons  de  la  na- 
geoire dorsale  de  plusieurs  perches  ont 
leurs  ramiilcations ,  tandis  que  ce  ca- 
ractère ne  de  voit  appartenir  qu'aux 
pei^roquets.  Mes  propres  recherches 
m'obligent  non- seulement  de  confir- 
mer tout  ceci ,  mais  d'ajouter  encore 
que  j'ai  trouvé  ces  ramifications  à  nom- 
bre de  perroquets  et  de  sparaillons. 
Ajoutez  à  la  grande  ressemblance  de 
ces  poissons,  la  difficulté  causée  par  le 
grand  nombre  :  car  chez  Linné  même, 
qui  n'a  pas  reçu  dans  son  système  tous 
les  poissons  connus  de  son  temps  (pro- 
bablement parce  que  lés  descriptions 
ou  les  dessins  n'avoient  point  la  clarté 
nécessaire  pour  les  classifier) ,  les  pois- 
sons des  quatre  genres  cités  ,  font  de 
tous^ceux  de  son  système,  au-delà  du 


]56        HISTOIRE   NATURELLE 
quart ,  et  près  de  la  moitié  des  thoraci- 
ques.  Les  quatre  classes  du  chevalier 
donnent  quatre  cent  une  espèces ,  sa- 
voir :  vingt  apodes,  trente-cinq  jugu- 
laires ,  deux  cent  dix  -  neuf  thoraci- 
ques,  et  cent  vingt-sept  abdominaux, 
qu'il  répartit  en  quarante-sept  genres, 
dont  les  quatre  nommés  ci-dessus  con- 
tiennent cent  huit  espèces.  Ajoutez  à 
ces  cent  huit  les  poissons  des  autres  au- 
teurs, et  ceux  dont  je  donnerai  la  des- 
cription ,  espèces  qu'on  ne  trouve  pas 
chez  Linné ,  et  dont  le  nombre,  comme 
nousl'allons  voir,  va  jusqu'à  trois  cent 
vingt -deux,  et  vous  aurez  un  total  de 
quatre  cent  trente  poissons. 

Ces  circonstances  m'ont  porté  à  faire 
Renouvelles  répartitions,  et  à  les  ap- 
puyer sur  des  caractères  qui  soient  sta- 
bles et  qui  frappent  aisément  la  vue. 

Après  les  recherches  et  les  comparai- 
sons les  plus  exactes,  je  découvris  que 
les  écailles  et  les  aiguillons  de  la  tête  , 
les  opercules  unis  ou  dentelés,  les  na- 


DES  PERROQUETS  DE  IVTEE..  iSj 
geoires  du  dos  et  les  mâclioires  avan- 
cées caractérisent  avec  le  plus  de  certi- 
tude ,  les  genres  sous  lesquels  j'ai  rangé 
tous  Oeî»  poissons. 

Après  ces  considérations,  nous  reve- 
nons aux  scarus.  Le  caractère  généri- 
que de  ces  poissons  est  :  Des  mâchoires 
avancées  au  lieu  des  dents.  Piscis  maxil' 
lis  prominentihus  loco  dentium. 

Les  poissons  de  ce  genre  se  distin- 
guent aisément  par  les  mâchoires  den- 
telées et  avancées  au-delà  des  lèvres. 

Nous  citons,  à  la  vérité,  cette  mar- 
que ,  pour  caractériser  les  hérissons  ; 
mais  ceux  là  n'ayant  point  de  nageoires 
ventrales  ,  et  leur  substance  cartilagi- 
neuse les  faisant  ressortir  à  la  classe  des 
poissons  cartilagineux  ,  la  distinction 
est  aisée.  Les  mâchoires  fendues  de  ces 
poissons  ont  l'apparence  d'être  munies" 
de   quatre  dents  fortes.   Leur   forme 
denticulée  varie',  les  incisions  étant 
plus  profondes  chez  l'un  que  chez  l'au- 
tre. La  tète  est  grosse;  le  corps  charnu 


l38  HISTOIRE  NATURELLE 
a  sept  nageoires,  deux  au  ventre,  au- 
tant à  la  poitrine,  une  au  dos,  une  à  la 
queue  ,  et  la  dernière  entre  la  queue 
et  l'anus.  Leur  nourriture  consiste  ça 
écre visses  et  coquillages,  et  c'est  en  les 
broyant  que  les  mâchoires  fortes  les 
servent  bien. 

Ils  demeurent  dans  les  pays  chauds 
de  l'ancien  monde  ;  les  écrivains  ne  di- 
sent nulle  part,  si  les  eaux  méridio- 
nales du  nouveau  monde  en  nourrissent 
aussi  :  mais  j'en  ai  reçu  un  par  M.  le 
docteur  Isert,  du  nord  de  l'Amérique  , 
que  je  ne  tarderai  pas  à  décrire. 

Les  anciens  n'ont  aucun  poisson  dont 
la  description  puisse  me  servir  ici» 


J'at/c  j3(/ 


Tom  .  M 


i.I.E  &CARLr8    (ijoc.  a.  IX   SCAUHS  rouo-c. 


3.  \A\    SCAHUS    vci  a 


DU     8  C  A  R  U  S    GREC.       l'Sç^ 


XXXII  r    GENRE 


LE   SCARE,  scjRUS. 

Caractère  génér.  Des  mâclioires  avan- 
cées à  la  place  des  dents. 

LE    SCARUS     GREC, 

SCARUS    CRETENSIS. 

Ij  A  nageoire  dorsale  sans  aiguillons, 
sulfit  pour  caractériser  ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  me  présente 
quatre  rayons ,  la  nageoire  pectorale  en 
a  seize,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
onze,  celle  de  la  queue  dix -huit,  et 
celle  du  dos  vingt. 

Il  a  la  tête  grande  ,  en  pente  ,  et 
toute  couverte  d'écaillés.  Les  lèvres 
sont  grosses ,  les  mâchoires  denticu- 


l4o  HISTOIRE  NATURELLE 
lées.  Vers  l'angle,  on  y  découvre  trois 
crochets  courbés  en  arrière,  par  où  le 
poisson  pris,  lorsqu'il  résiste,  s'accro- 
clie  plus  sûrement.  Les  narines  sont 
rondes  ,  petites  ,  simples  et  près  des 
yeux  ;  l'ouverture  des  ouies  est  fort 
large,  et  leur  membrane  couverte  en 
)jartie.  Les  écailles  sont  très-grandes  et 
fortement  sillonnées;  la  ligne  latéral© 
commence  à  la  partie  supérieure  de  l'o- 
percule ,  s'étend  près  du  dos ,  et  forme 
sur  chaque  écaille  trois  jusqu'à  six 
rayons  d'un  brun  foncé.  L'anus  est  au 
milieu  du  corps.  La  couleur  des  flancs 
est  d'un  jaune  verd ,  celle  du  ventre 
tire  sur  le  jaune  ,  celle  du  dos  et  de  la 
tête  sur  le  verd  brun.  Les  nageoires 
sont  jaunes  ,  et  vertes  au  bout.  Un© 
prunelle  noire  dans  un  iris  blanc  et 
étroit ,  forme  l'œil  ;  les  rayons  des 
|uageoires  sont  forts  et  ont  beaucoup 
de  ramifications.  Les  nageoires  ven- 
trales s'éloignent  plus  de  la  tête  que 
les  pectorales.  L'opinion  que  ce  pois- 


BU    SCARUS     GREC.       î4l 
svn  se  trouve  dans  les  eaux  de  laGrèce^ 
Ji'est   fondée    que    sur    l'épilhète    de 
Cretois  qu'Aldrovand  donne  à  ce  pois- 
son. 

La  description  que  Listre  donne  de 
ce  poisson,  s'est  fait  apparemment  d'a- 
près un  original  indien,  comme  nous 
l'annonce  le  titre  :  Tardas  viridis  Indi- 
ens. On  le  trouve  encore  dessiné  parmi 
les  poissons  indiens  de  Renard. 

J'ai  reçu  le  mien,  qui  est  dessiné 
d'après  nature ,  d'un  encan  hollandais , 
dont  le  catalogue  lui  donne  les  Inde» 
pour  patrie ,  sous  le  nom  de  Kakatoe- 
visch» 

Les  Allemands  le  nomment  grie-^ 
cJiîsche  Papageifisch  ou  grunliche  Breit- 
sahn;  aux  Indes  il  s'appelle  Kakatoeha 
Capitâno,  et  les  Hollandais  de  ces  ré- 
gions la  nomment  Kakatoevisch. 

La  gravure  en  bois  d'Aldrovand  est 
assez  juste,  sauf  qu'elle  représente  la 
tête  sans  écailles,  et  les  nageoires  ven- 
trales antérieures  aux  pectoralerr.  L'cs- 

Foissons.  lit.  i3 


l42  HTSTOIRTJ  NATURELLE 
lampe  que  Willugbby  nous  donna  peu 
après  est  très-mauvaise,  de  même  que 
les  dessins  de  Jonston  et  de  Ruysch  ; 
celui  de  Klein  est  meilleur;  cependant 
il  y  a  omis  la  ligne  latérale  et  la  forme 
échancrée  de  la  nageoire  de  la  queue. 

A  la  question  de  Gronov  :  Si  la  dou- 
zième espèce  des  labres  d'Artédi  indi- 
que notre  poisson  ,  ]e  puis  répondre 
affirmativement  j  car  la  confrontation 
de  la  description  d'Artédi  et  du  dessin 
d'Aldrovand ,  sur  lequel  la  première 
est  appuyée  ,  avec  notre  figure  ,  dé- 
montre qu'il  s'agit  du  même  poisson. 

Il  faut  que  le  poisson  de  cette  es- 
pèce que  Gronov  a  eu  devant  les  yeux, 
ait  été  endommagé  ,  puisqu'on  des 
caractères  qu'il  lui  donne,  est  la  na- 
geoire de  la  queue  tronquée.  Il  se 
trompe  encore  en  confondant  le  caca- 
toelia  de  Banda  décrit  par  Valentyn 
avec  le  nôtre ,  car  c'est  le  Corypbasna 
pentadactyla  de  Linné.  Son  jugement 
est  également  faux  louchant  le  rasoir 


DU   se  A  RUS    ROUGE.     l43 

de  Gesner ,  qu'il  tient  pour  notre  pois- 
son, et  qui  appartient  aux  rasoirs. 
Mon  opinion  se  vérifiera  si  l'on  veut 
comparer  la  description  de  Gesner  et 
de  Linné  avec  celle  que  je  fais  de  ce 
poisson.  Les  dessins  de  Renard  et  de 
Valentyn ,  si  on  les  compare  à  leurs 
autres  mauvais  dessins  ,  passent  en- 
core. 

Apparemment  que  lesdits  dessins 
de  Renard  et  Valentyn  ont  porté  Bod- 
dart  à  soutenir  que  tous  les  rayons  de 
la  nageoire  dorsale  de  notre  poisson 
étoient  aigus  ;  mais  notre  auteur  a 
parfaitement  raison  de  critiquer  Gro- 
nov  pour  avoir  voulu  faire  de  notre 
poisson  un  coffre. 

LE    SCARUS    ROUGE, 

SCARUS      CROICENSIS. 

La  nageoire  de  la  queue  arrondi© 
distingue  ce  poisson  du  genre  précé- 
dent com.me  du  suivant. 


l44       HISTOIRE   NATURELLE 

Sa  membrane  branchiale  me  pré- 
sente quatre  rayons ,  sa  nageoire  pec- 
torale douze  ,  la  ventrale  en  a  six , 
celle  de  l'anus  onze  ,  celle  de  la  queue 
quinze,  et  celle  du  dos  dix-neuf.   ■ 

La  tête  est  plus  petite  que  celle  de 
ceux  de  l'espèce  précédente  ;  elle  est 
garnie  d'écaillesjusqu'au  front;  la  peau, 
des  lèvres  est  grosse,  et  une  recliercbe 
exacte  fait  voir  que  les  mâchoires 
sont  composées  de  petites  feuilles  bien, 
minces ,  couchées  les  unes  sur  les  au- 
tres comme  des  tuiles.  Le  plus  grand 
des  individus  que  je  possède  de  cetto 
espèce  et  qui  diffère  quant  à  la  gran- 
deur ,  me  fait  remarquer  à  la  mâchoire 
supérieure  un  crochet  courbé  en  ar- 
rière ;  et  sur  le  devant  j'ai  découvert 
deux  pointes  saillantes. 

La  mâchoire  inférieure  au  contraire 
ne  présente  point  de  pareille  émi- 
nence ,  et  les  petits  de  l'espèce  Wen 
ont  pas  non  plus  à  la  supérieure.  La 
langue  est  courte  ,  épaisse  et  lisse  ^  de 


DU  se  A  RUS  ROUGE.  i4J 
îïiême  que  le  palais.  Les  yeux  ont  la, 
prunelle  naire  et  l'iris  doré  ;  les  na- 
rines sont  doubles ,  très-voisines  des 
yenx ,  et  celles  de  devant  cylindri- 
ques ;  le  corps  est  assez  large  et  la 
queue  comprimée.  Le  fond  rouge 
perce  agréablement  la  couleur  argen- 
tine. Le  ventre  seul  est  blanc,  et  ua 
de  mes  individus  représente  deux 
bandes  de  la  même  couleur  qui  vont 
le  long  du  corps.  Les  nageoires  sont 
petites,  les  écailles  grandes,  minces, 
finement  rayonnées,  et  fort  dégagées. 
La  ligne  latérale  qui  commence  près 
des  yeux,  va  d'abord  parallèle  au  dos, 
mais  ensuite  elle  forme  une  courbure 
au  bout  de  la  nageoire  du  dos  et  va 
se  perdre  au  milieu  de  la  nageoire  de 
la  queue  j  elle  forme  plusieurs  rayons 
sur  chaque  écaille  qu'elle  traverse. 
Les  nageoires  pectorales  ,  celles  de  la 
queue  et  du  ventre  ont  la  racine  jaune 
et  l'extrémité  grise.  L'on  découvre  au 
fond  de  la  nageoire  ventrale  une  ap- 


l46  HISTOIRE  NATURELLE 
pcndice  osseuse.  L'anus  tient  le  milieu 
entre  la  tête  et  la  nageoire  de  la  queue, 
Xia  nageoire  dorsale  a  neuf  aiguillons, 
les  nageoires  du  ventre  et  de  l'anus 
n^en  ont  qu'un.  Chacun  des  neuf  pre- 
miers est  ramentacé  ou  garni  d'un  fila- 
ment. Les  rayons  mous  de  toutes  les 
nageoires  ont  les  extrémités  ramifiées. 

Ce  poisson  habite  les  deux  Indes.  Je 
l'ai  reçu  sous  le  nom  de  Ican  Cacataea 
merra ,  et  le  docteur  Isert,  qui  l'a  péché 
lui  -  même  aux  Antilles  près  de  l'île 
de  Ste-Croix  ,  me  l'a  envoyé  des  Indes 
occidentales. 

Les  Allemands  le  nomment  der 
rothe  Papageifisch  ;  chez  les  Japons  il 
porte  le  nom  que  nous  venons  de 
citer,  et  les  Hollandais  de  cette  con- 
trée l'appellent  de  rode  Papagei  Fisch.^ 


1>  tJ    s  C  A  R  U  s    V  E  R  D .     l^if 

LE    SCARUS     VERB^ 

SCARUS     VIRIDIS, 

La  ligne  latérale  interrompue  vers 
la  fin  de  la  nageoire  dorsale  distingue 
ce  poisson  des  deux  précédens. 

La  membrane  des  ouies  a  quatre 
rayons ,  la  nageoire  pectorale  quatorze , 
la  ventrale  six ,  celle  de  l'anus  onze , 
celle  de  la  queue  treize  ;  et  celle  du. 
dos  vingt. 

La  plus  grande  partie  de  la  ligne 
latérale  va  le  long  du  dos  ,  le  reste 
au  milieu  de  la  queue. 

La  nageoire  de  la  queue  est  droite  , 
elle  a  treize  rayons  verds  et  qui  sont 
l>eaucoup  ramentacés  ,  les  deux  der- 
Sjiers  sont  les  plus  longs.  Le  poisson 
a  les  mâchoires  très-fortes.  Le  plus 
grand  des  six  individus  que  je  pos- 
sède ,  me  montre  près  de  l'angle  de 
\a.  mâchoire  supérieure  un  petit  cra- 
eliet  courbe  eu  arrière  \  un  autre  beau- 


l48  HISTOIRE  NATURELLE 
coup  plus  petit  en  a  deux ,  l'un  en 
haut  et  l'autre  en  bas  ;  ceux  d'une 
grandeur  moyenne  en  ont  encore  deux 
de  la  même  façon,  mais  ils  manquerst 
totalement  aux  autres.  Cette  même 
variété  se  manifeste  dans  les  bandes 
vertes  de  la  tête  et  dans  les  rayons 
verds  de  la  nageoire  de  la  queue  ;  plus 
le  poisson  est  petit  et  plus  sa  couleur  est 
vive  et  frappante. Le  plus  petit  poisson, 
par  exemple,  a  la  nageoire  de  l'anus 
et  de  la  queue  tout-à-fait  verte ,  tandis 
que  le  plus  grand  a  les  nageoires  sim- 
plement bordées  de  verd.  Les  écailles 
sont  arrondies  ,  rayonnées  et  garnies 
d'un  bord  verd.  L'œil  C3t  petit  ,  la 
prunelle  noire  et  l'iris  rouge.  Dcnx 
ouvertures  rondes  qu'on  peut  appeler 
les  narines,  occupent  le  milieu  entre 
l'œil  et  la  bouche. 

Le  Japon  qui  est  la  patrie  de  ce 
poisson  ,  en  produit  un  grand  nombre. 
Je  ne  saurois  déterminer  sa  grandeur  ; 


BU    SCÀRT7S    VERD.     l49 

3'en  ai  pris  le  dessin  d'après  le  pluç 

grand  de  mes  individus. 

Le  nom  allemand  de  ce  poisson  est 

der  gr'ilne  Fapageîfisch  ,  les  Hollandais 

le  nomment  aussi  de  groene  Cacaioea  ^ 
et  au  Japon  on  l'appelle  Cacafoea  Yoe, 
LesjFrançais  l'appellent  Bodian. 

Je  trouve  dans  Renard  la  fiiînre  d'un 
poisson  ,  qui  appartient  à  ce  genre  ; 
mais  le  dessin  en  est  si  mauvais  ,  qu'il 
est  impossible  de  juger  si  c'est  celui 
dont  il  s'agit  ici. 


l5o      HISTOIRE    NATURELLE 


XXXIV    GENRE. 


LE  BODIAN,  BODiANUs. 

Caractère  gêner.  L'opercule  écailleux  , 
armé,  le  bord  uni. 

LE  BODIA-N",  BODIANUS  sodzakus. 

Les  douze  aiguillons  de  la  nageoire 
dorsale  et  les  pointes  de  toutes  les 
nageoires  sans  exception ,  font  le  ca- 
ractère qui  distingue  ce  poisson  des 
autres  de  ce  genre. 

iSa  nageoire  pectorale  est  munie  de 
treize  ,  celle  du  ventre  de  six ,  celle 
de  la  queue  de  quinze ,  et  la  dorsale 
de  vingt -deux  rayons. 

La  tête  est  petite  et  finit  en  pointe 
obtuse-,  les  mâchoires  sont  de  longueur 


f'om  .J//. 


J'a</e  yJo 


X.  liFi  BODIAN  .  %  .liR  JACOB  Evçrtscn  . 
aia:   JAGUAR. 


3^«  *  ^  •'  ^  w  ' 


DU     B  O  D  I  A  N.  l5l 

égale,  et  armées  de  plusieurs  rangs  de 
dents  cunéiformes  ;  les  rangs  anté- 
rieurs ont  de  chaque  côté  deux  dents 
fortes  sur  le  devant ,  et  beaucoup  de 
petites  sur  le  derrière. 

L'on  ne  découvre  que  deux  narines 
rondes  près  des  yeux  ,  les  écailles  sont 
si  douces  au  toucher ,  que  ,  suivant 
Marcgraf ,  on  croiroit  le  poisson  tout 
uni. 

Ce  poisson  a  les  écailles  petites  à 
la  tête  et  à  la  poitrine ,  mais  grandes 
au  reste  du  corps.  Les  yeux  un  peu 
saillans  ont  la  prunelle  noire  dans  un 
iris  blanc  et  rouge.  L'opercule  anté- 
rieur finit  par  un  gros  aiguillon.  La 
membrane  branchiale  présente  à  la 
vérité  quatre  rayons  à  la  vue  ;  mais 
je  n'en  puis  déterminer  le  nombre , 
parce  que  mon  dessein  est  pris  du 
manuscrit  du  prince  Maurice.  C'est 
cette  même  raison  encore,  qui  m'em- 
pèchc  de  déterminer  le  nombre  des 
rayons  de  la  nageoire  de  l'anus ,  c£ 


l52      HISTOIRE   NATURELLE 

de  désigner  la  ligne  latérale.  La  parlîe 
du    poisson  qui   forme    la   queue    est 
longue  et  "comprimée  ,  et  sa  nageoire 
ressemble  à  la  queue  d'une  hirondelle» 
La  plus  grande   partie    du  poisson   a 
le  fond  doré  ,  et  les  écailles  sont  bor- 
dées de  rouge  ;  la  moitié  du  dos  est 
pourpre  ,  et  les  écailles  ont  le  boi  d 
bleu  •,  les  nageoires  pectorales  et  ven- 
trales sont  pourprées;  le  milieu  de  la 
nageoire  de  l'anus  est  jaune  ,  le  reste 
est  de  la  couleur  des  autres  -,  la  na«- 
geoire  de  la  queue  est  bordée  de  roii- 
ge  -,  la  dorsale  est  au  commencement 
pourprée  ,  puis  rouge  ,  et  dorée  au 
bout. 

C'est  un  poisson  de  mer,  et, suivant 
la  relation  de  Piso  ,  les  Brasiliens  en 
tirent  le  parti  que  les  Européens  ti- 
rent de  la  carpe.  Sa  cliair  est  très- 
bonne  ',  il  atteint  la  grandeur  de  nos 
carpes  ,  selon  le  prince  Maurice  :  mais 
Marcgraf  prétend  qu'il  ne  surpasse 
point  celle  de  la  perche  }  ce  dernier 


t)U    JACOB    EVERTSEN.        t63 

iî'â  vu  apparemmenl  que  de  petits 
poissons  de  cette  espèce",  tandis  que 
l'aulre  en  a  vu  de  plus  grands. 

Ce  poisson  se  nomme  : 
Bodian  ,  en  Allemagne  et  en  France. 
u^ipimixira  et  Tetimixira  au  Brésil. 
Pudiano  et  Bodiano  vermelho  chez  les 

Portugais. 

La  description  de  Marcgraf  doit 
avoir  été  faite  d'après  un  poisson  , 
dont  la  nageoire  de  la  queue  avoit 
perdu  ses  pointes;  sans  quoi  il  n'eût 
pu  lui  prêter  une  forme  quarrée.  Son 
dessin,  copie  de  celui  du  prince  Mau- 
rice, donne  à  cette  nageoire  une  forme 
fourchue,  qu'elle  a  aussi  dans  le  nôtre. 
Piso,  Willugliby ,  Jonston  et  Ruysch, 
ont  copié  celui  de  Marcgraf. 

LE    JACOB    EVERTSEN, 
BODIJNUS    GUTTATUS, 

Ce  poisson  se  distingue  des  autres 
de  son  genre  par  les  deux  dents  ca- 
Poissons.  III.  lÀ 


l54      HISTOIRE   NATURELLE 

nines  à  cliaque  mâchoire  ,  et  par  les 
trois  aiguillons  de  l'opercule  ;  car  oa 
ces  dents  manquent  aux  autres  ,  ou 
leurs  opercules  ont  moins  d'aiguil- 
lons. 

lia  membrane  branchiale  m'offre 
cinq  rayons  ,  la  nageoire  pectorale 
quatorze  ,  celle  du  ventre  six ,  celle 
de  l'anus  onze ,  celle  de  la  queue  dix- 
sept  ,  et  la  dorsale  vingt-cinq. 

Ce  poisson  a  la  tête  longue  ,  l'oper- 
cule grand ,  l'ouverture  de  la  bouche 
large ,  et  la  mâchoire  inférieure  plus 
longue  que  la  supérieure.  Les  deux 
mâchoires  ont,  outre  les  deux  grandes 
dents  qui  rentrent  l'une  dans  l'autre, 
un  grand  nombre  de  petites  réfléchies. 

La  mâchoire  supérieure  peut  sor- 
tir -,  elle  est  garnie  des  deux  côtés , 
d'une  forte  moustache  ou  d'un  os  qui 
prend  la  place  de  la  lèvre.  Les  na- 
rines sont  doubles  ;  l'œil  a  la  prunelle 
noire  dans  un  iris  d'or  ;  l'ouverture 
des  ouies  est  fort  large ,  et  la  inem- 


BU  JACOB  EVERTSEN.  l5S 
brane  dégagée  s'appuie  sur  des  os  très- 
forts  et  courbés.  Le  corps  est  cliarnu^ 
d'un  brunâtre  jaune ,  jusqu'aux  na- 
geoires qui ,  près  du  fond ,  tirent  sur  le 
jaune.  Les  nageoires  du  dos,  du  venir© 
et  de  l'anus  ont  une  bordure  violette» 
L'on  voit  par-tout  des  taches  brunes  , 
rondes  ,  et  celles  des  nageoires  sont 
les  plus  foncées.  Les  écailles  sont  très- 
petites  et  très- serrées  ;  les  nageoires 
du  dos ,  de  la  queue  et  de  l'anus  en 
sont  couvertes  en  partie. 

C'est  à  ses  taches  que  ce  poisson  doit 
le  nom  de  Jacob  Evertsen;  car  un  pilote 
de  ce  nom  qui  étoit  présent  lorsque  lo 
poisson  fut  pris ,  avoit  le  visage  défi- 
guré par  des  taches  et  des  marques  de 
petite  vérole  ;  ce  qui  donna  occasion 
aux  matelots  de  nommer  ainsi  ce  pois- 
son par  raillerie  ,  et  c'est  depuis  ce 
temps  que  les  Hollandais  donnent  ce 
nom  à  tous  les  poissons  de  cette  espèce 
qui  ont  de  petites  taches. 

liCs  deux  Indes  et  l'Afrique  le  pro^. 


î56  HTSTOTRE  NATURELLE 
duisent.  On  en  prend  sur-tout  un  grand 
nombre  près  de  l'ile  Ste-Hélène  ;  ce- 
pendant Lister  observe  qu'il  donne  des 
maux  de  tête  quand  on  le  mange.  Si 
je  ne  me  trompe  pas  dans  l'opinion  que 
le  jewfîscli  de  Brown  est  le  même  que 
le  nôtre  ,  les  eaux  de  la  Jamaïque  le 
nourrissent  encore.  Suivant  cet  écri- 
vain il  pèse  deux  à  trois  cents  livres  • 
sa  chair  a  îe  goût  exquis,  et  il  est  fort 
estimé  dans  ces  contrées. 

Le  nombre  des  aiguillons  de  la  na- 
geoire dorsale  est  de  neuf  -,  les  troÎ3 
aiguillons  de  la  nageoire  de  l'anus  dif- 
fèrent, en  ce  que  le  premier  est  court  , 
les  deux  autres  .sont  longs  et  forts  ;  le 
premier  rayon  delà  nageoire  ventrale 
est  aussi  dur  et  simple  ,  mais,  lus  autres 
rayons  ,  de  même  que  ceux  des  autres 
nageoires  ,  sont  mous  et  ramifiés.  La 
ligne  latérale  est  large,  elle  s'étend  à 
la  proximité  du  dos,  depuis  la  tête 
jusqu'à  lanageoirQ  de  la  queue.  L'anus, 


DU   JACOB   nVEUTSEN",        i5j 

approche  plus  de  la  nageoire  de  la  queue 
que  de  la  lête. 

Ce  poisson  qui  a  la  chair  honne  et 
ferme  ,  vit  de  proie,  et  il  niord  aisé- 
ment à  l'hameçon.  J'en  ai  reçu  trois 
individus  du  Japon  ,  dont  le  plus  grand 
a  servi  pour  la  figure. 

On  nomme  ce  poisson  : 
Chez  les  Français,  le  Jacob  Evertse. 
Chez  les  Hollandais ,  Jacoh  Evertsen. 
En  Allemagne,  der  Jacob  Ei^ert6en, 
Chez  les  Anglais  ,  theJew-Fish. 
Au  Japon  ,  Ican  Ocara. 
Chez  les  Malais,  Ganimin.  ' 

Rai  se  trompe  croyant  que  le  cucu-  , 
puguacu  de  Marcgraf  soit  noire  pois- 
son, la  comparaison  du  dessin  de  Marc- 
graf avec  le  mien  ,  en  fait  sauter  hi 
différence  aux  yeux.  La  figure  que  le 
prince  Maurice  a  donnée  me  prouve 
encore  que  le  cucupuguacu  diffère  sen- 
siblement du  nôtre. 

Par  les  mêmes  raisons  le  cucupu  de 
Piso  n'est  pas  non  plus  le  nôtre  comme 


l5S  HISTOIRE  NATURELLE 
Gronov  le  prétend.  Cet  écrivain  cite 
encore  le  grooper  de  Brown  pour  le 
nôtre  ;  mais  cet  auteur  donnant  à  son 
poisson  quelques  points  noirs  aux  yeux 
et  une  grande  tache  noire  à  la  fin  de  la 
nageoire  dorsale ,  le  nôtre  au  contraire 
n'ayant  aucune  tache  au  dos,  tandis  que 
le  corps  en  est  entièrement  couvert  > 
ce  ne  peut  être  le  même  poisson.  Je 
trouve  bien  plus  de  ressemblance  entre 
le  mien  et  le  jew^fish  de  cet  auteur  , 
qui  est  tout-à-fait  tacheté  de  petits 
points  noirs. 

Le  premier  dessin  de  ce  poisson  est 
de  Bontius  ,  dessin  qui  est  fort  mau- 
vais ;  celui  de  Renard  n'est  guère  meil- 
leur ,  non  plus  que  celui  que  nous  te- 
nons de  Nieuhof ,  et  dont  nous  troa- 
vons  la  copie  dans  Willughby  ;  mais  la 
copie  que  nous  trouvons  dans  Séba  est 
assez  bonne. 

Je  viens  de  recevoir  un  transport  de 
poissons,  avec  une  lettre  de  M.  John  , 
daas  laquelle  il  aie  dojaucj  touchant  ce 


DU    JAGUAR,  i5^ 

poisson  qui  se  trouve  parmi  les  autres  y, 
le  renseignement  suivant  :  «  Le  pois- 
)i  son  marqué, qui  dans  la  langue  ma^ 
))  laie  est  appelé  Ganimirij  atteint  une 
»  longueur  de  quatre  pieds  ;  il  n'est  pas 
))  si  abondant  chez  nous  qu'à  Manar. 
«  On  le  prend  dans  toutes  les  saisons  \ 
»  il  est  très-gras  et  fort  estimé  des  Eu- 
»  ropéens.  Il  habite  la  mer  ,  mais  il 
î)  entre  dans  les  fleuves  au  temps  où  il 
M  fraie  ,  et  il  met  ses  œufs  en  des  en-* 
»  droits  pierreux  ». 

LE    JAGUAR, 

30D1ANVS     PENTACANTHUS. 

Les  cinq  aiguillons  de  l'opercule  an- 
térieur caractérisent  ce  poisson  ,  et  le 
font  discerner  des  autres  de  son  genre. 

La  nageoire  pectorale  a  quinze  ,  la 
ventrale  seize  ,  celle  de  Tanus  douze  , 
celle  de  la  queue  dix-huit  ,  et  celle  du 
dos  vingt-neuf  rayons. 

H  a.  la  tête  petite  et  tronquée,  H 


iGo     Histoire  naturelle 

mâchoire  supérieure  avance  sur  l'infé»- 
rieure  ,  et  un  os  en  place  de  lèvre  la 
garnit,  les  deux  mâchoires  sont  armées 
de  dents  pointues  et  détachées.  Les  na- 
rines doubles  ,  les  yeux  noirs,  l'iris  est 
blanc   et   argentin.    L'ouverture    des 
ouies  est  peu  large  et   la  membrane 
branchiale  couverte.  La  ligne  latérale 
forme  dans  la  proximité  du  dos  un  ai^ 
peu  courbé  ,  et  l'anus  occupe  le  milieu 
de  l'espace  qui  sépare  la  tête  de  la 
queue.   Les   écailles   argentines    sont 
dentelées   avec   une   bordure  rouge;, 
couleur  qui  embellit  tout  le  corps,  à 
l'exception  de  la  partie  antérieure  de 
Li  nageoire  dorsale  qui  est  jaune.  Les 
nageoires  pectorales  et  ventrales  sont 
étroiteset  finissent  en  pointe.  Tous  ces 
rayons  mous  des  nageoires  se  ramifienJt, 
et  l'on  trouve  un  aiguillon  dans  la  na- 
geoire ventrale  ,   deux  dans  celle  de 
l'anus  ,  et  onze  dans  celle  du  dos  ,  la- 
quelle se  retire  dans  un  sillon  au  gré 
au  poisson.  La  q,ueue   est  longue  et 


DU     J  A  G  U  A  E.  î6l 

roncîe ,  et  la  partie  supérieure  de  sa 
nageoire  fourchue  est  plus  longue  que 
l'inférieure. 

Ce  poisson  qui  habite  la  mer  du  Bré- 
sil ,  se  prend  à  l'hameçon  ,  entre  les 
écneils  oii  il  aime  à  demeurer.  Il  a  la 
chair  grasse  et  de  bon  goût  ;  sur-tout  il 
s'engraisse  ,  selon  Piso  ,  dans  le  temps 
des  grandes  pluies  ;  apparemment  que 
ces  pluies  amènent  beaucoup  de  nour- 
riture du  continent  à  la  mer. 

Jje  nom  que  nous  avons  donné  à  co 
poi'?st)n  ,  suivant  les  Brasiliens ,  est  : 
Jaguaraca  ,  au  Brésil. 
Le  Jaçruar  ,  chez  les  Français. 
Dec  Jaguar  y  en  Allcma<Tae. 
The  Jaguar  ,  en  Angleterre. 

J'ai  tiré  la  copie  de  ce  poisson  du 
manuscrit  du  prince  Maurice  ,  très- 
mal  copié  par  Mircgraf ,  à  qui  ni)us 
sommes  cependant  redevables  de  la  pre- 
mière description.  L'on  p?ut  en  <lire 
autant  des  figures  d^  Piso  ,  de  Wil- 
ÎLîghby ,  de  Jouoton  et  de  Ruysch,  qui 


î62       HISTOIRE   NATURELLE 
paroissent  toutes  tirées    de  celle  de 
Marcgraf ,  tant  elles  se  ressemblent. 

A  la  question  de  Gronov  :  Si  le  ja- 
guaraca  de  Marcgraf  est  son  deuxième 
holocendre  ?  je  puis  répondre  que  non  ^ 
car  celui-ci  ayant  la  mâchoire  infé- 
rieure plus  longue  que  la  supérieure  ^ 
et  le  nôtre  se  trouvant  dans  le  cas  op- 
posé ,  leur  différence  caractéristique 
est  sensible. 

L.E  BOENAC ,  bodiànus  boenjCc 

liE  corps  cerclé  et  la  uageaire  de  la 
queue  arrondie  ,  distinguent  ce  pois- 
son. 

Je  remarque  sept  rayons  à  la  mem- 
brane des  ouies  ,  quinze  à  la  nageoire 
pectorale,six  à  la  ventrale,  onze  à  celle 
de  l'anus,  dix  sept  à  celle  de  la  queue  , 
et  vingt-cinq  à  celle  du  dos. 
.  La  tête  est  étroite  ,  rayée  au  long, 
et  finit  en  pointe  ,  l'ouverture  de  la 
bouche  est  petite  ^  la  mâchoire  infé-? 


T,>„>  .  I//. 


J^qi/c  j02 


ZJej-eve   c/e/ .  Ze    illire    il\'u/i>  ■ 

1   liE   BORNAC  .   a  .  l/AYA.  . 


3  .  LK    r>Oi:)l AN  taclicte  . 


Cr.. 


TY 

3GE,  MA  U5A 


I 


D  U     13  OE  N  A  C.  l63 

iicnre  avancée  ,  les  deux  mâclioires 
sont  garnies  de  petites  dents  pointues , 
dont  cependant  les  deux  antérieures 
sont  les  plus  longues.  Les  narines  sont 
simples  et  tiennent  le  milieu  entre 
l'ouverture  de  la  bouche  et  l'œiL 
Celui-ci  est  noir  ,  entouré  d'un  iris 
jaune  et  près  du  sommet.  L'ouverture 
des  ouies  est  large  ,  et  la  membrane  , 
soutenue  par  des  os  forts  ,  est  dégagée. 
Les  écailles  de  Topercule  antérieur 
sont  très-petites ,  et  l^on  apperçoit  trois 
aiguillons  plats  à  l'opercule  postérieur 
qui  se  termine  en  une  pointe  molle.  La 
ligne  latérale,  en  se  courbant ,  descend 
près  du  dos  jusqu'à  la  nageoire  de  la 
queue. 

On  remarque  sur  le  corps  sept  bandes 
brunes,  dont  quelques-unes  se  divisent. 
Les  écailles  sont  petites  et  dentelées, 
les  nageoires  de  la  poitrine  et  de  la 
queue  sont  arrondies,  les  autres  finis- 
sent en  pointe  ;  toutes  sont  d'un  brun 
en  partie  foncé  et  en  partie  clair.  La 


i64     htstoTre  naturelle 

nageoire  du  ventre  a  un  aiguillon ,  celîe 
de  l'anus  en  a  trois  ,  rlont  le  second 
surprisse  les  deux  autres  en  longueur  et 
en  grosseur  ,  et  la  nageoire  dorsale  en 
compte  neuf  :  les  autres  rayons  des  na- 
geoires  se  ramifient.  Les  flancs  de  ce 
poisson  sont  d'un  brun  clair  qui  devient 
plus  foncé  vers  le  dos  cl  plus  clair  vers 
le  venti  e.  L'anus  approche  plus  de  la 
nageoire  dorsale  que  de  la  tele. 

J'ai  reçu  ce  poisson  du  Japon  ,  sous 
ladénominalion  deYcan  Boenak,  que 
je  lui  ai  laissée. 

Il  est  appelé  : 
Ycan  Boeitac  ,  au  Japon. 
L^jBo^nac  ,  par  les  Français. 
DerBoenac  j  en  aWemand. 
The  Boenac  ,  par  les  Anglais. 

J'en  possède  une  variété  qui  ne  dif- 
fère de  celui-ci  que  par  des  raies  plus 
claires  et  à  peine  perceptibles. 


DE     L'AIDA.  l65 

L'AYA,    30D1ANVS    AYA. 

L' AIGU  IL,  toN  à  l'opercule  ,  et  la 
nageoire  de  la  queue  échancréc  ou  en 
forme  de  croissant  ,  ne  sont  propres 
qu'à  ce  seul  poisson  parmi  ceux  de  sou 
genre. 

J'apperçoiscinq  rayonsdansla  mem- 
brane branchiale ,  seize  dans  la  nageoire 
pectorale ,  celle  du  ventre  en  a  six  , 
neuf  garnissent  la  nageoire  de  l'anus  , 
quinze  celle  de  la  queue  ,et  il  y  en  a 
"vingt-scpt  dans  la  nageoire  dorsale. 

Ce  poisson  a,  la  tête  longue ,  l'ouv^er- 
ture  de  la  bouche  grande,  la  mâchoire 
supérieure  tant  soit  peu  avancée,  et 
les  deux  mâchoires  munies  d'un  rang 
de  dents  cunéiformes  ,  dont  les  deux 
antérieures  sont  les  plus  longues.  Les 
narines  sont  doubles,  les  yeux  petits, 
vin  iris  blanc  et  rouge  entoure  la  pru- 
nelle noire.  L.'ouverture  des  ouies  est 
arge  ,1e  corps  de  même  ,  l'anus  très- 
Poi^spns.  IlL  j5 


l66       HISTOIRE    NATURELLE 

éloignéde  la  tête, la  ligne  latérale  passe 
plus  près  du  dos  que  du  ventre  :  celui  ci 
est  blanc  ,  l'autre  de  couleur  de  sang  , 
le  reste  du  corps  rouge.  Les  écailles  ont 
un  bord  argentin  ,  les  nageoires  pecto- 
rales se  terminent  en  pointes  ,  les  na- 
geoires du  dos  et  de  l'anus  sont  arron- 
dies ,  et  celle  de  la  queue  ,  comme  nous 
venons  de  dire  ,  forme  un  croissant. 
Tous  les  rayons  mous  sont  ramifiés  , 
la  nageoire  dorsale  porte  neuf  aiguil- 
lons ,  celle  de  l'anus  un  seul.  Le  dos  a 
une  cavité  qui  sert  à  recevoir  la  na- 
geoire. 

Ce  poisson  se  trouve  dans  les  lacs  du 
Brésil  ,  sa  longueur  va  jusqu'à  trois 
pieds.  On  le  mange  frais ,  on  le  sale 
comme  l'aigrefin  ,  on  le  sèche  au  soleil  ; 
c'est  de-là  qu'on  peut  juger  de  sa  mul- 
tiplication. 

La  ligure  que  nous  en  donnons  est 
lirée  du  manuscrit  du  prince  Maurice , 
d'après  lequel  j'ai  fait  aussi  ma  des- 
cription. 


DE     L'A  Y  A.  iGj 

J'ai  reçu  dans  nos  langues  le  nom 
que  ce  poisson  porte  au  Brésil.  Il  est 
appelé  : 
Acara  Aya  ou  Garanha,  chez  les  Brasi« 

liens. 
VAya  ,  par  les  Français. 
Aya  ,  par  les  Allemands. 
Et  The  Aya  ,  par  les  Anglais. 

Marcgraf ,  le  premier  qui  nous  a  fait 
connoître  ce  poisson  ,  nous  en  a  donne 
aussi  un  dessin  qui _,  outre  plusieurs  dé- 
fauts ,  a  celui  de  ne  point  du  tout  mar- 
quer les  écailles  de  la  tête,  et  de  repré- 
senter les  os  deslèvres  sortant  en  forme 
de  ramifications  ;  ces  défauts  ont  été 
copiés  par  Piso  ,  Willughby,  Jonstoii 
et  Ruysch. 

Gronov  a  tort  de  demander  si  le 
cynasdus ,  dont  il  fait  la  description 
n^.  245  ,  n'est  pas  le  noire  ;  car  celui- 
là  n'a  point  d'aiguillon  à  l'opercule  ;  il 
a  la  tête  plus  grosse  ,  les  nageoires  plus 
longues  ,  et  la  nageoire  du  dos  bien 
plus  remplie  d'aiguillons  que  le  nôtre. 


l68  HISTOIRE  NATURELLE 
On  sera  tlo  mon  avis  en  comparant  avec 
notre  dessin  la  table  V.  '6  de  Wiî- 
lughby  ,  sur  laquelle  Gronov  s'appuie. 
Marcgi^af  nous  a  donné  des  notions 
si  claires  sur  ce  poisson  ,  qu'Artédi  et 
Linné  eussent  bien  pu  le  recevoir  dans 
leur  système  aussi  bien  que  Klein  et 
Willughby. 

LE   BODÏAN    TACHETÉ, 

B  0  D  1  AN  us    MACVLATVS, 

La  forme  échancrée  de  la  queue  , 
jointe  aux  sept  aiguillons  de  la  na- 
geoire dorsale ,  caractérisent  ce  pois- 
son. 

La  membrane  brancliiale  porte  sept 
rayons ,  la  nageoire  pectorale  en  a 
quin/,e,  on  en  trouve  six  dans  la  na- 
geoire du  ventre  ,  dix  dans  celle  de 
j'anus,  vingt-un  dans  celle  de  la  queue, 
et  dix-neuf  dans  celle  du  dos. 

La  tète  est  courte  et  grosse,  l'ou- 
verture de  la  bouclie  grande  ,  les  ma- 


DU    BODIAN   TACHETÉ.       l(?9 
cîioires  égales ,  garnies  de  petites  dents 
pointues  et  dégagées  ',  les  deux  dents 
de  devant  sont  les  plus  longues  et  ré- 
fléchies, tiCS  narines  sont  simples,  ron- 
des et  voisines  des  yeux.  L'opercule 
antérieur  porte  trois  aiguillons  cour- 
bés en  avant  ,  et  le  postérieur  en  a 
deux  qui  sont  plats.  Les  yeux  près  da 
sommet  sont  grands,  la  prunelle  noire, 
l'iris  d'un  jaune  verdâtre  et  gris.  Dé 
petites  écailles  dures  et  dentelées  ,  gar- 
nissent les  deux  opercules  comme  le 
corps.  L'ouverture  des  ouiesest  gran- 
de, la  membrane  dégagée  et  soutenue 
de  sept  os  courbés.  Le  fond  jaune  de 
ce  poisson  est  couvert  de  plusieurs  ta- 
ches bleues  ,  oblongues,  de  grandeur 
inégale.  Le  ventre  est  plus  clair  que  le 
dos.  La  ligne  latérale  est  légèrement 
arquée  dans  le  voisinage  dû  la  nageoire 
pectorale  ;  l'anus  ne  s'éloigne  guère  de 
la  nageoire  de  la  queue;  celle-ci  et  les 
nageoires  de  la  poitrine  et  du  ventre 
sont  d'un  rouge  brun,  la  nageoire  de 


170      HISTOIRE   NATURELLE 

l'anus  est  bleuâtre,  bordée  de  brun 9 
dés  points  d'un  bleu  pâle  les  embellis- 
sent toutes  ;  la  nageoire  de  la  queue 
forme  un  croissant ,  la  pectorale  est 
arrondie  et  peu  large  ;  les  autres  for- 
ment une  pointe  obtuse.  Tous  les 
rayons  ,  à  l'exception  des  aiguillons  , 
se  ramifient  par  le  bout. 

Sans  compter  les  sept  aiguillons  men- 
tionnés, on  en  trouve  un  à  la  nageoire 
du  ventre  ,  et  deux  à  celle  de  l'anus 

J'ai  reçu  ce  poisson  du  Japon,  et  ses 
taches  m'ont  décidé  à  lui  donner  son 
nom. 

Je  l'appelle  : 

Le  Bcdian  tacheté ,  en  français. 
Der  gefîeckte  Bodian,  en  allemand. 
The  maculatee  Bodian^  en  anglais. 

Renard  cite  deux  poissons  sous  Id 
nom  de  JLucesie  Conig  et  Lucesie  Pla.-- 
bon,  qui  ont  l'un  et  l'autre  une  grande 
ressemblance  avec  le  nôtre,  mais  ils  ne 
sont  pas  caractérisés  de  façon  qu'où 


^. 


J'at/e  y//. 


jfhm  .  ///. 


1 


J/APT^S  .  :2.LJ:  BODIAN   à  giaudes  écaiUes 
3.LE  BODIAN   étoile.  4.  IJ'.  BODIAN    aïoeiUc 


DE     l'a  P  U  S.  171 

puisse  les  faire  connoître  d'une  ma- 
nière siire. 

L'A  VUS  jBODlJN  us  JPUJ. 

Les  sept  aiguillons  de  la  nageoire 
du  dos  et  celui  de  Topcrcule  font  le  ca- 
ractère de  ce  poisson. 

La  nageoire  pectorale  contient  quinze 
rayons,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
seize,  celle  de  la  queue  dix-sept,  et 
celle  du  dos  vingt-trois. 

La  tête  est  de  moyenne  grandeur ,  la 
mâchoire  inférieure  tant  soit  peu  avan- 
cée ,  et  les  deux  mâchoires  sont  garnies 
do  dents  pointues  ,  qui  s'engrènent;  les 
deux  dents  du  devant  sont  les  plus  lon- 


gues. 


Les  narines  doubles  se  rapprochent 
àla  proximité  de  l'œil,  qui  est  noir  avec 
un  iris  rouge.  L'opercule  postérieur 
porte  un  aiguillon.  La  couleur  domi- 
nante de  ce  poisson  est  rouge,  mais  elle 
lire  sur  le  gris  aux  deux  côtés,  et  sur  le 


J72  HISTOIRE  NATURELLE 
blanc  vers  le  ventre.  Le  corps  est  par- 
semé de  taches  noires  dont  celles  du 
dos  se  distinguent  par  leur  grandeur. 
Toutes  les  nageoires  sont  arrondies, 
rouges  ,  et  ont ,  à  l'exception  des  na- 
geoires pectorales,  un  bord  noir,  sur- 
monté d'une  liiine  blanche.  Leurs 
rayons  mous  se  terminent  en  quatre 
pointes.  Outre  les  sept  aiguillons  men- 
tionnés ci -dessus,  la  nageoire  du  ven- 
tre en  porte  un,  et  celle  de  l'anus  trois. 
L'anus  approche  plus  de  la  nageoire  de 
la  queue  que  de  la  tête  ;  la  ligne  laté- 
rale a  la  direction  presque  droite  ;  les 
écailles  du  ventre  sont  plus  grandes  que 
celles  de  la  tête. 

Ce  poisson  habite  au  Brésil  ;  c'est 
aussi  le  prince  Maurice  qui  nous  en  a 
donné  la  figure.  Les  rivières  le  produi- 
sent comme  la  mer.  En  été,  il  cherche 
lesécueils,  et  en  hiver  les  eaux  douces: 
il  appartient  donc  aux  poissons  de  pas- 


S'a^e. 


Sa  chair   est  grasse  et  d'un  goût 


D  E     L'A  PUS.  173 

exquis;  les  habitans  l'estiment  et  l'ai- 
ment  cuit  à  l'eau  salée  avec  du  vinai- 
gre, ou  avec  une  sauce  assaisonnée.  On 
en  prend  beaucoup,  et  souvent  il  pèse 
cinq  livres. 

Nous  avons  gardé  le  nom  que  le 
poisson  porte  dans  sa  patrie  •,  il  est  ap- 
pelé : 
Firati  Jpia  ou  Pirati  Apiia  ,  chez  les 

Brasi  liens. 
JJApas ,  chez  les  Français. 
DerApua,  chez  les  Allemands. 
The  Apue,  chez  les  Anglais. 

Marcgraf,  qui  l'a  décrit  le  premier, 
nous  en  a  fourni  aussi  un  dessin,  mais 
qui  est  mauvais,  vu  qu'il  n'exprime  ni 
les  dents  ni  les  écailles  de  l'opercule. 
Piso,  Willughby,  Jonston  et  Ruysch, 
ne  le  peignent  guère  mieux.  Marc- 
graf ayant  fait  une  description  assez 
distincte  de  ce  poisson,  pour  le  rece- 
voir dans  un  système ,  je  ne  vois  pas 
pourquoi  Artédi  et  Linné  n'en  ren- 
dent aucun  compte,  sur-tout  comme 


,17^      HISTOIRE    NATURELLE 
Willughby  et  Rai  l'ont  déjà  fait.  Je  le 
trouve  encore  chez  Klein  ,  qui ,  dans 
son  système;  le  range  parmi  les  petites 
perches. 

LE  BODIAN  A  GRANDES  ÉCAILLES  , 

SODIANUS    MACROLEPIDOTUS. 

Les  quatorze  aiguillons  de  la  na- 
geoire du  dos  de  ce  poisson  ,  nous  en 
donnent  un  caractère  bien  distinct. 

Je  remarque  quatre  ra5^ons  dans  la 
membrane  des  ouies  ,  quinze  dans  la 
nageoire  pectorale ,  six  dans  la  ven- 
trale, onze  dans  celle  de  l'anus,  vingt- 
deux  dans  celle  de  la  queue,  et  autant 
dans  celle  du  dos. 

La  tête  est  petite  et  en  pente  ;  les 
mâchoires  sont  de  longueur  égale,  et 
garnies  d'un  rang  de  dents  serrées  et 
formées  en  coin.  L'opercule  antérieur 
est  muni  de  petites  écailles;  le  posté- 
rieur en  porte  de  grandes;  ce  dernier 
Cl  un  aiguillon  rond  et  étroit.  Les  na- 


D  U  B  O  D  I  AN  ,  &c.  175 
rines  sont  simples  et  rondes  ,  les  yeux 
grands,  la  prunelle  noire ,  dans  un  iris 
jaune  et  brun.  L'ouverture  des  ouies 
est  grande ,  la  membrane  brancliiostègo 
dégagée  ,  repose  sur  quatre  os  forts  et 
courbés.  Le  corps  et  la  tête  sont  com- 
primés; les  écailles  qui  couvrent  la  poi- 
trine et  la  queue  derrière  la  nageoire 
de  l'anus,  sont  moins  grandes  que  celles 
qui  se  trouvent  sur  le  reste  du  corps; 
toutes  sont  rayonnées ,  avec  un  bord 
gris ,  et  dentelées.  L'anus  avoisine 
beaucoup  plus  la  nageoire  de  la  queue 
que  de  la  tête;  la  ligne  latérale,  prise 
à  la  nuque,  s'étend  en  ligne  paral- 
lèle le  long  dudos_,  et  se  perd  vers  le 
bout  de  la  nageoire  du  dos.  Le  fond  du 
poisson  est  gris  ;  cette  couleur  est  mê- 
lée de  rouge  à  la  tête ,  de  blanc  au  ven- 
tre ,  et  nuancée  d'un  brun  rougeâtre 
aux  deux  côtés.  Les  nageoires  de  la 
poitrine  et  du  ventre  sont  jaunâtres, 
et  se  terminent  en  pointe  ;  les  nageoir- 
res  du  dos  et  de  l'anus  sont  brunes  et 


176  HISTOIRE  NATURELLE 
arrondies  à  leur  extrémité ,  la  nageoire 
de  la  queue ,  en  forme  de  croissant ,  est 
noirâtre  aux  deux  cotés  et  grise  au 
milieu.  Outre  les  aiguillons  du  dos ,  on 
en  remarque  deux  dans  la  nageoire  de 
l'anus,  et  un  dans  celle  du  ventre  ;  tous 
les  autres  rayons  sont  flexibles  et  ra- 
mifiés à  leur  extrémité. 

Je  tiens  ce  poisson  d'un  encan  hol- 
landais, dont  le  catalogue  lui  donne  les 
Indes  orientales  pour  patrie. 

On  le  nomme  d'après  ses  grandes 
écailles  : 

Le  Bodian  à  grandes  écailles ,  en  fran- 
çais. 
Der  grossschuppîge  Bodian  ,  en  alle- 
mand. 
The  great-scaled  Bodian  y  en  anglais. 

LE    BODIAN    ÉTOILE, 

BODIANUS     S  TE  Lille  P  R. 

Iii  est  le  seul  de  son  genre  qui  se  ca- 
ractérise par  une  lêle  courte  et  troM- 
quée. 


DU  BODIAN  ÉTOILE.  177 
La  membrane  branchiale  offre  qua- 
tre rayons,  la  nageoire  pectorale  qua- 
torze ,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
en  a  dix,  celle  de  la  queue  dix  huit,  et 
celle  du  dos  trente-trois. 

La  bouche  est  grande ,  la  mâchoire 
supérieure  ,  où.  Von  découvre  un  os 
étroit ,  avance  un  peu  ;  les  deux  mâ- 
choires sont  munies  de  fort  petites 
dents.  La  langue  et  le  palais  sont  lisses, 
la  prunelle  est  noire,  Vuis  blanc,  en- 
vironné d'un  anneau  argentin  étoile. 
Les  narines  sont  rondes  ,  simples  à 
l'extérieur  ,  et  divisées  dans  Tinté- 
rieur.  L'opercule  postérieur  consiste 
en  deux  plaques  minces, dont  la  posté- 
rieure est  garnie  d'un  aiguillon.  L'ou- 
verture des  ouies  est  large,  et  la  mem- 
brane est  cachée.  Le  corps  est  com- 
primé des  deux  côtés  ,  et  couvert  d'é- 
cailies  argentines.  La  ligne  latérale 
s'étend  près  du  dos,  et  l'anus  approche 
plus  de  la  nageoire  de  la  queue  que  de 
la  tête.  Ce  poisson  est  blanc  aux  côtés 
Poissons.  III.  16 


178      HISTOIRE    NATURELLE 
et  au  ventre  ,  mais  le  dos  et  les  na- 
geoires sont  d'un  jaune  brun.  Les  na- 
geoires pectorales  et  ventrales  se  termi- 
nent en  pointe  j  la  nageoire  de  l'anus 
est  angulaire  ,  celle  de  la  queue  ovale  , 
et  celle  du  dos  a  le   milieu   enfoncé. 
Celle-ci  a   douze   aiguillons   simples, 
celle   de  l'anus  en  a  deux  ;  mais   les 
rayons  mous  sont  ramifiés  à  leur  ex- 
trémité. 

L'étoile  que  le  poisson  porte  à  l'œil , 
m'a  engagé  à  le  dénommer  : 
I.e  Bodian  étoile,  en  français. 
The  starry  Bodian,  en  anglais. 
Der  Sterntrager,  en  allemand. 

Le  Cap  de  Bonne-Espérance  le  pro- 
duit ,  suivant  le  catalogue  d'un  encan 
hollandais,  dont  je  l'ai  tiré. 

LE    BODIAN    ARGENTÉ 

BODIAN  us    ARGEN  TEUS. 

C  E  poisson  se  distingue  de  ceux  que 
nous  connoissons  déjà  ,    par  les  qua- 


DU  BODIAN  ARGENTÉ.  179 
torze  rayons  de  la  nageoire  de  l'anus. 

La  membrane  branchiale  porte  sept 
rayons,  la  nageoire  pectorale  seize  ,  la 
ventrale  six,  celle  de  l'anus  quatorze  , 
celle  de  la  queue  en  a  vingt-deux,  et  la 
nageoire  du  dos  vingt-quatre. 

Il  a  la  tête  étroite  et  longue ,  la  bou- 
cbe  petit  e  ;  et  les  deux  mâchoires ,  dont 
l'inférieure  est  plus  longue  ,  sont  ar- 
mées de  très-petites  dents.  Il  a  le  pa- 
lais et  la  langue  lisses,  les  narines  sim- 
ples ,  les  yeux  près  du  sommet ,  la  pru- 
nelle noire,  avec  un  iris  blanc  et  jaune. 
Les  deux  opercules  sont  composés  de 
plusieurs  petits  feuillets.  Le  postérieur 
porte  un  aiguillon  plat. 

L'ouverture  des  ouies  est  large,  et 
la  membrane  en  partie  dégagée.  La  li- 
gne latérale  forme  avec  le  dos, duquel 
e\le  approche ,  un  arc  plat  et  égal.  Les 
écailles  argentines  de  ce  poisson  sont 
tendres;  l'anus  est  au  milieu  du  corps  ; 
les  nageoires  tirent  sur  le  jaune,  et  les 
rayons  en  sont  aussi  tendres.  La  11a- 


l8o      HISTOIRE    NATURELLE 

geoireventraleporte  un  aiguillon,  celle 
de  l'anus  en  a  trois  ,  et  celle  du  dos 
neuf  ;  les  autres  rayons  ne  sont  point 
piquans  et  divisés  en  deux.  Les  na- 
geoires de  la  poitrine,  du  ventre  et  de 
la  queue ,  se  terminent  en  pointe ,  et  la 
dernière  est  bordée  de  bleu. 

J'ai  acheté  ce  poisson  à  un  encan  , 
dont  le  catalogue  marque  qu'il  se  trouve 
dans  la  Méditerranée. 

La  couleur  argentine  de  ce  poisson 
m'a  porté  à  le  nommer  : 
Le  Bodian  argenté,  en  français. 
The  SHver-Bûdian ,  en  anglais. 
DerSilber-Bodian,  en  allemand. 


MC7  îîrT»flpy 


Li 


USA 


l'at/c    i3i 


1    J  .T<^,    S  O  G O  .  3  .  I ;n  01. 0  CKNDRF.  vev  dati-e 
^  .  I/ONGITS  . 


DU     S  O  G  O.  l8l 


XX  XV^    GENRE. 


L'IIOLOOENDRE ,  holocentrus. 

Caractère  génêriqun.'Les  opcrcuîes  den- 
telés ,  garnis  d'écaillés  et  d'aiguillons. 

LE  S  O  G  O  ,  Hb  Là  e  È  K  f  nus   s  o  g  o. 

Les  liait  rayons  de  la  nageoire  Ven- 
trale distinguent  ce  poisson  nôn-sùulé- 
ment  des  autres  de  son  genre  ,  mais 
encore  de  tous  ceux  dont  les  nageoires 
Ventrales  sont  munies  d'un  aiguillon  ; 
Car  le  grand  nombre  dé  ceux  qui  ont 
un  aiguillon  à  la  nageoire  ventrale  , 
n'en  présente  aucun  qui  compte  autant 
de  rayons. 

La  membrane  branchiale  porte  huit 
rayons,  il  y  en  a  dis -sept  dans  la  na** 


lS'2       HISTOIRE    ÎJATURELLE 
geoire  pectorale,  celle  du  ventre  en  a 
ïiuit,  celle  de  l'anus  quatorze,  celle  de 
la  queue  vingt-neuf,  et  celle  du  dos  en 
a  dix-sept. 

Le  corps  est  comprimé,  et  a  à-peu- 
près  la  forme  d'un  rectangle.  La  queue 
ne  va  pas  en  diminuant  comme  celle 
des  autres  poissons,  mais  elle  diminue 
tout'à-coup,  et  garde  sa  largeur  jusqu'à 
sa  nageoire.  L'ouverture  de  la  bouche 
est  de  grandeur  moyenne  •  les  deux 
mâchoires ,  comme  le  palais ,  sont  gar- 
nies de  petites  dents  pointues  qui  font 
au  toucher  PelTet  d'une  lime.  La  lan- 
gue est  large  et  lisse ,  les  yeux  sont 
grands  et  saillans, la  prunelle  est  noire , 
1  iris  argentin ,  et  entouré  d'un  anneau 
jaune.  Le  sommet  est  sillonné  entre  les 
yeux,  et  sans  écailles.  Les  narines  sont 
ohlongues  et  simples.  L'opercule  anté- 
rieur porte  un  aiguillon,  le  postérieur 
en  a  deux  ;  ils  ont  l'un  et  l'autre  le  bord 
dentelé  ;  on  apperçoit  encore  deux  os 
dii  lèvres  forts  à  la  mâchoire  supé- 


DU     S  O  G  O.  l83 

rieure  ,  et  à  l'opercule  antérieur  un 
rang  d'écaillés  transversales.  L'ouver- 
ture des  ouies  est  large,  et  l'opercule 
qui  couvre  la  membrane  est  grand  ; 
tout  le  corps  est  armé  d'écaillcs  gran- 
des, dures,  tenaces,  à  bord  dentelé. 

Le  long  du  dos ,  on  voit  avancer  des 
deux  côtés  les  écailles  qui  forment  un 
sillon  assez  profond,  où  le  poisson  peut 
à  son  gré  cacher  la  nageoire  .Les  écailles 
couvrent  encore  une  partie  de  la  na- 
geoire de  l'anus ,  de  façon  que  cette 
partie  du  corps  du  poisson  paroît  aussi 
large  que  le  ventre.  La  ligne  latérale 
s'étend  près  du  dos ,  et  forme  un  aro 
peu  courbé  ;  elle  va  se  perdre  au  mi- 
lieu de  la  nageoire  de  la  queue.   Un 
beau  rouge  ,  par  lequel  perce  l'argen- 
tin des  écailles,  couvre  tout  le  poisson, 
et  ces  deux  couleurs  étant  interrom- 
pues par  les  lignes  d'un  jaune  clair,  il 
en  résulte  un  mélange  agréable  à  la 
vue.  Ses  nageoires  longues ,  d'un  rouge 
clair ,  et  ses  grands  yeux  ,  doivent  , 


l84  HISTOTUE  NATURELLE 
^nand  il  nage,  présenter  un  coup  d'œîl 
charmant;  ce  qui  me  fait  croire  que  si 
les  Romains,  qui  étoienl  si  sensuels, 
avoient  pu  transmettre  ce  poisson  dans 
leurs  eaux,  ils  l'auroient  payé  plus  cher 
que  le  surmulet. 

Toutes  les  nageoires  ,  celles  de  la 
poitrine  exceptées  ,  sont  formées  de 
rayons  simples  et  durs  ,  et  de  rayons 
mous  à  quatre  rameaux  ;  celle  du  dos 
a  onze  des  premiers,  celle  de  l'anus 
quatre  ,  et  celle  du  ventre  en  a  tin. 
Tous  les  os  de  la  tête  de  ce  poisson, 
se  terminant  en  piquans  grands  ou  pe- 
tits, Artédi  en  a  fait  un  genre  parti- 
culier en  lui  donnant  le  nom  d'Ho/o- 
cendre  (  ou  piqunut  par-tout  ),  dans  la 
collection  de  Séba  où  il  en  fait  la  des- 
cription. 

Outre  les  propriétés  citées  de  ce 
poisson,  il  y  faut  encore  remarquer  ce 
qui  suit  :  premièrement,  les  dix  aiguil- 
lons courts  de  la  nageoire  de  la  queue; 
«econdement;  un  os  orbiculaire  sous  la 


D  u     s  O  G  O.  l85 

nageoire  }3ectoial^  qui  est  l'apophyse 
ou  une  continuation  cle  l'omoplate  ; 
troisièmement,  l'aiguillon  très  fort  cle 
la  nageoire  de  l'anus;  et  enfin,  qua- 
trièmement ,  une  ouverture  que  l'on 
découvre  au  haut  de  la  bouche  lors- 
qu'on avance  la  mâchoire  supérieure. 
Les  aiguillons  forts  et  nombreux  ser- 
vent sans  doute  à  le  défendre  contre 
SCS  ennemis. 

Je  possède  encore  une  variété  de  ce 
poisson,  qui  diffère  de  celui  que  je 
viens  de  décrire  dans  les  points  sui- 
vans  : 

1.  L'espace  entre  l'oeil  et  la  bouche 
est  beaucoup  plus  petit-  de -là  sa  tête 
paroît  obtuse ,  tandis  que  celle  du  nôtre 
se  termine  en  pointe. 

2.  La  tète  entière  ne  montre  qu'un 
seul  pc'tit  aiguillon. 

3.  Le  onzième  aiguillon  de  la  na- 
geoire du  dos  ,  qui  est  le  plfts  court 
dans  notre  poisson ,  est  le  plus  long  ici  ^ 


i86       HISTOIRE    NATURELLE 
et  le  premier  de  ceux  de  la  partie  pos- 
térieure de  cette  nageoire. 

4.  Le  troisième  aiguillon  de  la  na- 
geoire de  l'anus  n'est  pas  à  beaucoup 
près  aussi  fort  qu'il  l'est  dans  le  nôtre. 

5.  Cette  nageoire  a  deux  rayons  ten- 
dres de  plus. 

6.  Les  lignes  jaunes  qui  vont  le  long 
du  corps  ne  sont  point  visibles. 

On  voit  par-là  qu'il  m'eût  été  aisé 
de  faire  une  espèce  particulière  de  ce 
poisson,  si  j'avois  le  dessein  d'en  am- 
plifier le  nombre. 

Je  l'ai  acheté  à  un  encan  hollandais, 
oiiil  avoit  l'inscription  roedeKaalskop- 
Visch  de  V Océan. 

On  trouve  notre  poisson  dans  toutes 
les  quatre  parties  du  monde.  Plumier 
l'a  dessiné  aux  Antilles,  BroAvn  le  vit 
à  la  Jamaïque  ;  celui  dont  Duhamel 
parle  étoit  dans  les  eaux  de  l'Europe  ; 
et  moi ,  je  le  tiens  du  docteur  Isert  , 
qui  l'a  tiré  de  l'Afrique,  où  les  habi- 
tans  le  nomment  Sogo.  Il  est  le  pluî»' 


DU     S  O  G  O.  187 

beau  de  son  genre.  Sa  chair  blanche  en 
forme  de  feuille,  le  fait  estimer  et  re- 
cherclier  par -tout. 

Ce  poisson  est  nommé  : 
SogOj  en  Afrique  et  par  les  Allemands, 
Le  Sogo  ,  par  les  Français. 
Scliouverdick  ,  par  les  Hollandais  aux 

Indes  orientales. 
IcanBadoerl  Jang  Ongoej  par  les  natu- 
rels du  pays. 
The  Welshman ,  par  les  Anglais  à  la  Ja- 
maïque, et  the  Squirrel,  par  ceux  de 
la  Caroline. 

Plumier  nous  a  bien  laissé  vers  la 
fin  du  siècle  précédent ,  une  copie  de. 
ce  poisson  ;  mais  Klein  nous  en  aj'^ant 
donné  la  première  description,  celui-ci 
mérite  l'honneur  de  la  publicité ,  quoi- 
que son  dessin  soit  fort  au-dessous  de 
celui  de  Plumier. 

La  copie  que  nous  donna  depuis  Séba 
est  assez  juste,  cependant  la  ligne  laté- 
rale y  est  omise  ;  le  dessin  de  Catesby  a 
le  même  défaut ,  encore  qu'il  se  soit 


î88      HISTOIRE    NATURELLE 

trompé  en  représentant  la  nageoire  du 
dos  composée  de  deux  parties. 

Duhamel  nous  en  a  donné  ensuite 
une  copie,  mais  qui  ne  représente  pas 
îa  nageoire  de  la  queue  fourchue.  Les 
ligures  faites  par  Valentyn  et  par  Re»» 
iiard  ont  le  moins  de  valeur. 

Le  premier  piquant  de  la  nageoire 
de  l'anus  étant  très-court,  et  pouvant 
aisément  échapper  à  la  vue ,  il  faut 
excuser  Gronov  et  Brown  de  n'avoir 
attribué  que  trois  piquans  à  cette  na- 
geoire. 

Boddart  se  trompe  en  prenant  le  la- 
bre operculaire  de  Linné  pour  notre 
poisson  j  car  non-seulement  le  nombre 
des  rayons  dans  les  nageoires  diffère  , 
mais  les  raies  du  nôtre  vont  le  long  du 
corps,  et  celui  de  Linné  a  les  bandes 
transversales. 

Enfin  Gronov  donnant  à  notre  pois- 
son le  bec  tronqué  ,  il  doit  avoir  envi- 
sagé la  copie  du  syiiième  de  Linné. 


DE    L  HOLOC£NDKE,  &c.      189 

L'HOLOCENDRE   VERDATRE , 

HÛLOCENTRUS    VIRES  CENS. 

Les  vingt -quatre  rayons  de  la  na- 
geoire du  dos  ,  et  la  nageoire  de  la 
queue  en  forme  de  croissant,  caractéri- 
sent ce  poisson. 

Je  remarque  six  rayons  dans  la  mem- 
brane branchiale,  qualorze  dans  la  na  - 
geoire  pectorale,  six  dans  la  ventrale, 
dix  dans  celle  de  Fanus  ,  dix-huit  dans 
celle  de  la  queue,  et  vingt-quatre  dans 
celle  du  dos. 

Le  corps  est  verdâtre  et  charnu,  la 
lète  longue  ,  la  mâchoire  inférieure 
avance,  les  deux  mâchoires  sont  gar- 
nies de  dents  pointues  et  dégagées  , 
dont  les  deux  du  devant  sont  les  plus 
longues.  La  mâchoire  supérieure  a  de 
chaque  côté  un  os  long  et  mince.  Les 
narines  sont  doubles ,  les  opercules  ont 
des  raies  jaunâtres.  Les  yeux  sont 
grands  et  placés  près  du  sommet  )  ils 
Poissons,   m.  17 


igo       HISTOIRE   NATURELLE 

ont  la  prunelle  noire ,  entourée  d'un 
iris  qui  est  composé  de  deux  cercles, 
dont  l'un  est  étroit  et  blanc  ,  l'autre 
large  et  de  couleur  rouge- jaunâtre. 
L'opercule  antérieur  est  dentelé  aux 
deux  bords ,  et  le  postérieur  est  muni 
de  deux  piquans.  La  ligne  latérale  est 
un  peu  courbée  près  du  dos  et  ressem- 
ble à  une  scie  ;  l'anus  est  au  milieu  du 
tronc,  et  tous  les  rayons  tendres  sont 
ramifiés.  La  nageoire  de  l'anus  porte 
trois  aiguillons ,  celle  du  dos  dix,  et  la 
ventrale  en  a  un.  L'on  découvre  plu- 
sieurs taches  d'un  verd  foncé  près  du 
dos  j  les  nageoires  ont  un  bord  foncé  , 
mais  au  ventre  le  verd  se  perd  dans  le 
blanc  ;  les  nageoires  pectorales  et  ven- 
trales sont  jaunâtres  vers  le  fond,  les 
premières  sont  arrondies  ,  et  les  der- 
nières finissent  en  pointe  comme  les 
autres.  Tout  le  corps  est  couvert  d'é- 
cailles  dures  et  dentelées. 

J'ai  acheté  ce  poisson  dans  un  encan 
hollandais  ;  et  suivant  le  catalogue ,  il 


DE     L'ONGUS.  191 

se  trouve  aux  Indes  occidentales  :  la 
structure  de  sa  bouche  fait  croire  qu'iî 
vit  de  proie. 

Je  l'ai  dénommé  par  rapport  à  sa 
couleur.  En  voici  le  nom  : 
UHolocendre  verdâtre  j  en  français. 
Ver  grûnliche  Sogo,  en  allemand. 
The  green  coloured  Holoccntre  ,  en  an- 
glais. 

L'ONGUS;   HOLOCENTRUS  ONGUS. 

Les  vingt-cinq  rayons  de  la  nageoire 
du  dos  et  celle  de  la  queue  arrondie , 
caractérisent  ce  poisson. 

On  compte  cinq  rayons  dans  la  mem- 
brane des  ouies,  douze  dan-s  la  nageoire 
pectorale  ,  six  dans  la  ventrale ,  onze 
dans  celle  de  l'anus,  dix- huit  dans  la 
nageoire  de  la  queue  ,  et  vingt -cinq 
dans  celle  du  dos. 

La  tête  est  longue  ,  les  deux  mâ- 
choires sont  armées  d'un  rang  de  dents 
courtes  et  pointues 3  le  palais  est  lisse  , 


192       HISTOIRE    NATURELLE 

et  les  os  de  la  lèvre  à  la  m  âchcjire  supé- 
rieure sont  larges.  Les  narines  sont 
doubles,  les  yeux  ont  Tiris  doré  ;  l'o- 
percule antérieur  n'a  qu'un  bord  den- 
telé ,  le  postérieur  est  muni  de  deux 
aiguillons.  L'ouverture  des  ouies  est 
fort  grande  ,  et  des  os  forts  servent 
d'appui  à  la  membrane  dégagée.  La  li- 
gne latérale  s'étend  proche  du  dos  ,  et 
l'anus  s'éloigne  plus  de  la  tète  que  de  la 
nageoire  de  lu  queue. 

Les  écailles  sont  petites  ,  à  bord 
uni  ;  le  fond  du  poisson  est  brun ,  vers 
le  ventre  il  devient  vcrdâtre  ,  et  l'on 
remarque  des  taches  jaunes  ailx  na- 
geoires de  l'anus ,  de  la  queue  et  du  dos. 
La  nageoire  de  la  poitrine  est  large,  et 
l'aiguillon  de  la  nageoire  ventrale  est 
très-fort;  ces  deux  nageoires  sont  de 
couleur  jaune.  Ce  poisson  a  la  nageoire 
de  l'anus  armée  de  troi:?  aiguillons  ,  et 
celle  du  dos  garnie  de  dix,  comme  le 
précédent.  Les  nageoires  de  la  poitrine, 
de  l'anus  et  de  la  queue  sont  arrondies. 


F:!cz  Ly-'-'-y 


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3  .   L'H Ol .  O  CF.ÎS  Dllti  dor é 


aro-eaite 


DE  L'HOLOCEKDRIS  RAYÉ,  igj 
les  nageoires  du  ventre  et  du  dos  par 
contre  forment  une  pointe  obtuse ,  mais 
la  raenibrane  qui  termine  l'opercule 
postérieur  forme  vme  pointe  aiguë. 

Il  a  pour  patrie  le  Japon ,  et  le  nom 
sous  lequel  il  y  est  connu  y  nous  sert  à 
le  nommer: 
Ican  Ongo  ,  au  Japon. 
UGfif^uSf  en  français. 
The  Ongoé ,  et!  anglais. 
Ver  On  o,  eu  allén'iand. 

L'âOLOCENDRE   RAYE, 

H  OLÛ  CÈN  T  RV  s     ST  RIaTVS. 

Auc¥N  des  poissons  de  ce  genre 
n'ayant  les  mâchoires  égales  réunies  à 
la  nageoire  de  la  queue  tronquée ,  ces 
caractères  sufEsent  pour  distinguer  l'es- 
pèce présente. 

Je  compte  quatre  rayons  dans  la 
membrane  des  otnes  ,  quinze  dans  la 
nageoire  pectorale  ,  six  dans  la  ven- 
trale ,  diît  dans  ôelle  de  l'anus  ,  quinze 


îg^       HISTOIRE    NATURELLE 

dans  celle  de  la  queue,   et  vingt-deux 
dans  celle  du  dos. 

Ce  poisson  est   comprimé   sur   les 
côtés  :  il  a  la  tête  en  pente ,   et  l'oeil 
garni  d'une  membrane  clignotante  j  la 
prunelle  noire  est  surmontée  d'un  iris 
blanc  et  brun  ;  les  narines  sont  dou- 
bles et  touchent  aux  yenx.  Les  mâ- 
choires   égales   sont  munies  de   dents 
très-petites  et  serrées.  La  langue  est 
lisse  j  et  le   palais  hérissé  de    petites 
dents.  La  mâchoire  supérieure  est  gar- 
nie d'un  03  de  lèvre  de  chaque   côté. 
L'opercule  antérieur  est  dentelé  par 
son  bord  postérieur  et  inférieur,  et  l'o- 
percule postérieur  ,  terminé  par  une 
pointe  membraneuse  ,  porte  un  aiguil- 
lon plat.  L'ouverture  des  ouies  est  fort 
grande  ,  et  la  membrane  avec  ses  os 
étroits  ne  se  découvre  qu'à  peine.  Les 
écailles  sont  petites  et  dentelées;  l'a- 
nus est  plus  près  de  la  nageoire  de  la 
queue  que  de  la  tête  ;  la  ligne  latérale  > 
voisine  du  dos ,  s'étend  parallèle  à  lui 


DE  L'HOLOCENDRE  RAYÉ.  igS 
tout  le  long  du  corps.  L'on  discerne 
sur  le  fond  d'un  blanc  sale  cinq  bandes 
brunes  qui  vont  transversalement  et 
dont  l'une  traverse  l'opercule  posté- 
rieur ,  une  autre  la  queue  ,  et  trois 
enveloppent  le  corps.  Les  nageoires 
ventrales  sont  foncées  ,  et  les  autres 
d'une  couleur  plus  claire.  Il  se  trouve 
trois  aiguillons  dans  la  nageoire  de  l'a- 
nus, et  dix  dans  celle  du  dos,  qui  est 
marquée  d'une  tache  noire.  Les  rayons 
mous  de  ces  deux  nageoires  sont  dicho- 
toraes  ;  mais  les  autres  nageoires  en 
ont  de  ramifiés.  La  nageoire  de  la  queue 
tronquée  est  en  partie  munie  d'écaillés. 

Un  encan  hollandais  m'a  encore 
fourni  ce  poisson ,  dont  j'ignore  la 
patrie. 

Les  raies  de  ce  poisson  m'ont  porté 
à  lui  donner  le  nom  qui  suit  : 
h'Holocendre  rayé  ,   en  français. 
Der  gestreifte  Sogo  ,   en  allemand. 
The  streaked  Holocentre ,  en  anglais. 


19^       HISTOIRE    NATURELLE 

L'IiOLOCENDRE   ARGENTÉ, 

HOLOCENTRUS   JRGENTINUS. 

Les  marques  caraCtéHslicjtlés  clé  Ce 
poisson  sont  sa  raie  blanche  argentée  et 
sa  nageoire  de  là  queue  tronquée. 

La  membrane  des  ouies  contient  cinq 
rayons ,  la  nageoire  pectorale  quatorze, 
la  ventrale  six,  eelle  de  Tânus  on^e  , 
celle  de  la  queue  quinze,  et  là  nageoire 
du  dos  en  a  vingt-cinq. 

La  tête,  comme  le  tronc,  est  com- 
primée et  couverte  d'éeailles  tendres 
et  âpres  ;  quant  à  là  tête  ,  il  n'y  a 
que  lêâ  opercules  qui  en  portent.  La 
mâchoire  inférieure  avancé  un  peu  , 
l'une  et  l'autre  portent  de  petites  déntS 
àicuëS  ,  tît  dégagées.  Lé  pa  làis  est  rude , 
la  langue  lisse  et  libre  ;  les  narines  sont 
tout  près  des  yeux  ,  dont  l'iris  argen- 
tin se  perd  dans  lé  jaune.  L'opercule 
antérieur  est  dentelé  aux  deux  bordi  , 
le  postérieur  composé  de  deux  feuil- 


DE  L'HOLOCENDRE  ,  &n.  Î97 
ïets  ,  fie  trois  piquans  et  d'une  mem- 
brane adhérente.  L'ouverture  des  ouies 
est  grande  ,  et  cinq  os  fins  et  courbés 
soutiennent  la  membrane  dégagée.  Le 
côté  interne  de  l'opercule  anléricuJr 
présente tineouie simple.  Lalignè  laté- 
rale ,  près  de  la  nageoire  pectorale  ,  se 
courbe  vers  le  dos,  et  va  se  perdre  dans 
la  nageoire  de  la  quçue.  L'anus  est 
presque  au  milieu  du  corps.  La  nageoire 
pectorale  est  arrondie  ,  et  ses  rayons 
sont  dicîiotomes.  La  nageoire  du  ven- 
tre se  perd  en  pointe,  et  ses  rayons  , 
si  l'on  en  exci-pte  le  premier  ,  sont  ra- 
mifiés •  la  nageoire  de  la  queue  est 
droite  et  seâ  rayons  sont  diclioloiïies 
aux  extrémités.  Tous  les  rayons  des 
nageoires  du  dos  et  de  l'anuâ  dont  la 
première  a  dix  aiguillons  ,  et  la  seconde 
trois  ,  sont  simples  et  s'élèvent  au  des- 
sus de  la  membrane  intermédiaire.  Ait 
commencement  du  dos  l'on  voit  une 
laclie  brune. 

Le  fond  de  ce  poisson  est  jaunâtre  ; 


198  HISTOIRE  NATURELLE 
le  dessus  de  la  tête  est  violet ,  les  côtés 
sont  argentés.  Les  nageoires  sont  d'un 
bleu  pâle  ;  et  il  n'y  a  que  les  nageoires 
de  la  poitrine  et  du  ventre  qui  soient 
bordées  de  jaune.  Sa  grandeur  et  le 
lieu  de  son  origine  me  sont  inconnus  , 
vu  que  je  le  tiens  d'un  encan  de  Hol- 
lande. 

Je  le  nomme,  d'après  sa  couleur  : 
JJHolocendre  atgentéy  en  français. 
The  Silver- Bol  oc  entre  ,   en  anglais. 
Ver  Silbersogo  ,  en  allemand. 

L'HOLOCENDRE   DORÉ, 

H  OLO  CE  N  T  RUS   AVE  AT  V  S. 

Les  petits  points  dont  le  corps  est 
parsemé  ,  et  les  neuf  aiguillons  de  la 
nageoire  dorsale  ,  font  suffisamment 
connoître  ce  poisson. 

La  membrane  brancliiale  a  six  rayons, 
la  nageoire  pectorale  en  a  seize,  la 
ventrale  six ,  celle  de   l'anus  douze  3 


DE  L'HOLOCENDRE  DORE.    199 

celle  de  la  queue  vingt ,  et  celle  du  dos 
vingt- quatre. 

Le  corps  de  ce  poisson  est  large  et 
comprimé  ;  une  peau  épaisse  et  des 
écailles  très-petites  en  font  la  surface. 
La  tête  est  de  grandeur  moyenne  ,  et 
depuis  les  yeux  jusqu'à  la  pointe  de  la 
bouche,  et  aux  côtés  jusqu^à  l'oper- 
cule ,  elle  n'a  point  d'écaillés.  Les  deux 
mâchoires  sont  armées  de  petites  dents 
pointues  ,  et  la  mâchoire  inférieure 
est  la  plus  longue;  la  supérieure  cepen- 
dant montre  deux  dents  un  peu  plus 
longues  et  deux  os  de  lèvre  larges.  Les 
narines  sont  doubles  et  près  des  yeux  , 
celles  de  devant  cylindriques ,  celles 
de  derrière  ovales.  La  langue  est  lisse , 
dégagée  et  longue  comme  celle  d'un 
oiseau.  Le  palais  est  armé  ;  les  lèvres 
qui  8ont  fortes  ont  deux  taches  à  leur 
pointe.  Les  yeux  un  peu  éminens  tou- 
chent au  sommet ,  la  prunelle  en  est 
noire  ,  et  l'iris  tire  sur  le  violet  et  le 
jaune  ,  avec  des  points  rouges.  L'oper- 


500  HISTOIRE  NATURELLE 
cule  antérieur  est  fineirieiit  dentelé  à 
son  bord  de  derrière  ,  et  l'opercule  pos- 
térieur qui  termine  en  pointe  mem- 
braneuse est  muni  de  trois  piquans 
plats.  L'ouverture  des  oiiies  est  fort 
grande  ,  la  membrane  à  moitié  cou- 
verte, et  1g  côté  interne  de  l'opercule 
antérieur  fait  appercevoir  une  bran- 
cbie simple.  La  ligne  latérale  se  courbe 
en  haut  sur  le  devant ,  et  en  bas  sur  le 
derrière.  L'anus  tient  presque  le  mi" 
lieu  du  tronc.  Une  belle  couleur  d'or 
couvie  le  corps  ,  cette  couleur  est  plus 
pâle  à  la  tête  et  au  ventre,  et  sur  le 
^os  plus  foncéejles  points  bruns  font  un 
bel  efffet  sur  ces  couleurs.  Toutes  les 
jiaeeoires  sont  arrondies ,  et  leurs 
rayons  «ont  ramifiés.  Le  fond  des  na- 
geoire» du  dos  ,  de  l'anus  et  de  la  queue 
est  jaune  ,  et  le  bord  de  couleur  d^écar- 
late  -,  les  nageoires  pectorales  sont  d'un 
violet  pâle  ,  et  les  ventrales  d'un  brun 
rouge.  Neuf  aiguillons  garnissent  la 
nageoire  dy  dos,  celle  du  ventre  en  a 


r'e2  UBRAJ^Y 


H 


Pacfe  ;toi 


7ôm  .  m. 


;i.  i;iI01,0CV\NnUK    à    bandes. 


DE  L'HOLOCENDRE  TIGRÉ.  201 
«n  ,  et  la  nageoire  de  l'anus  en  porte 
trois.  Les  neuf  aiguillons  du  dos  sont 
ramentacés  ,  et  la  membrane  attenant© 
est  bordée  d'un  brun  foncé. 

Voigt,  marcliand  naturaliste  à  Ams- 
terdam, m'a  vendu  ce  poisson.   Il  lui 
donne  pour  patrie  les  Indes  orientales. 
Il  doit  le  nom  que  je  lui  ai  donné  k 
sa  couleur.  Je  l'appelle  : 
UHolocendre  doré ,  en  français. 
DerGotd-Sogo  ,  en  allemand. 
The  golden  Holocentre  ,  en  anglais. 

L'HOLOCENDRE    TIGRÉ, 

HOLOCENTRVS    TIGRINVS, 

Le  corps  tacheté  et  la  nageoire  de 
la  queue  échancrée  font  le  caractère  de 
ce  poisson. 

La  membrane  des  ouies  contient  six: 
rayons ,  la  nageoire  pectorale  treize  ,  la 
ventrale  six ,  celle  de  l'anus  dix  ,  celle 
de  la  queue  quinze ,  et  celle  du  dos 
vingt- un. 

Poissons.  III.  i^ 


202      niSTOlRE    ^iTlTRELLE 

La  lête  est  étroite,  longue,  compri- 
mée et  tronquée.  Les  deux  mâchoires, 
garnies  de  petites  dents  pointues  et  sé- 
parées, diffèrent  en  ce  que  l'inférieure 
est  la  plus  longue  ;  à  la  supérieure,  on 
remarque  les  deux  os  de  lèvres  larges. 
La  langue  est  lisse  et  dégagée  •,  le  palais 
rude  ;  les  narines  doubles  touchent  aux 
yeux  :  les  premières  en  sont  cylindri- 
ques ,  et  les  autres  ovales.  Les  yeux  ont 
la  prunelle  noire  dans  un  iris  argentin  -, 
l'opercule  antérieur  est  dentelé  aux 
deux  bords,  et  le  postérieur  terminé 
en  pointe  membraneuse,  est  muni  de 
trois  aiguillons  plats.  Au  côté  interne 
de  l'opercule  antérieur,  on  découvre 
une  branchie  simple.  L'ouverture  des 
ouies  est  grande,  et  six  os  courbés  et 
forts  soutiennent  la  membrane  déga- 
gée. De  petites  écailles  fines  et  dente- 
lées couvrent  tout  le  corps  ,  excepté  la 
partie  antérieure  de  la  tête.  La  ligne 
1  itérale,  allant  parallèle  au  dos,  est  un 
peu  arquée  vers  la  fin  de  la  nageoire 


3>E  L'HOLOCCNDRIi  TÏG  llÉ.    20.1 

florsale  ;  et  l'anus  distant  desa  nageoire, 
tient  le  milieu  entre  la  nageoire  de  l;i 
queue  et  la  tête.  Le  corps  et  la  tête 
portent  des  taches  différentes  par  leur 
forme  ,  mais  qui  sont  presque  rondes 
aux  nageoires.  Ce  poisson  a  le  dos  bru- 
nâtre ,  les  flancs  au-dessus  de  la  ligne 
latérale  bleuâtres;  mais  au-dessous,  de 
même  qu'au  ventre ,  la  couleur  est  ar- 
gentine. La  nageoire  pectorale  est  ar- 
rondie avec  des  rayons  dichotomes  •,  les 
nageoires  du  ventre  et  de  l'anus  for- 
ment une  pointe,  et  les  rayons  en  sont 
ramifiés. 

Ce  poisson  est  des  Indes  orientales  ; 
il  a  la  chair  délicate ,  suivant  Valenty  n. 

Il  est  nommé  : 
Ikaji  makekae  ,  aux  Indes  orientales. 
Marquille  par  les  Hollandais  de  ces  con- 
trées. 
Der  getiegerte  Sogo  ,  en  allemand. 
JJHolocendre   tigré ,    en   français. 
The  checkred  Holocentre  ,  en  anglais. 
Valent  yn  a  traité  le  premier  de  ce 


2o4      HISTOIRE   NATURELLE 

poisson,  mais  son  dessin  est  mauvais; 
le  dessin  que  Renard  en  donne  est  tout 
aussi  défectueux  et  en  même  temps 
très-bigarré.  La  figure  qui  s'en  trouve 
dans  le  Voyage  général  n'est  qu'une 
copie  de  celle  de  Valenlyn. 

.Klein  qui  met  notre  poisson  au  rang 
de  ses  perches ,  nous  en  a  aussi  laissé  un 
dessin  qui  fait  bien  connoître  le  pois- 
son ,  mais  qui  ne  marque  point  la  ligne 
latérale,  représente  mal  la  tête,  et  ne 
donne  point  à  la  nageoire  de  la  queue  , 
la  forme  de  croissant.  Peu  après  cet 
auteur,  Séba  nous  donna  un  meilleur 
dessin  ,  qui  cependant  peint  tous  les 
rayons  de  la  nageoire  dorsale  comme 
aiguillons ,  la  nageoire  de  la  queue  tron- 
quée ,  et  l'opercule  uni ,  tandis  qu'il  est 
dentelé. 

L'ESCLAVE,  HOLOCEKTRUS  SERrU». 

liEs  trois  raies  courbes  au  tronc  et  la 
forme  écbancrée  de  la  nageoire  de  la 


DE     L' ESCLAVE.       2o5 

queue ,  déterminent  le  caractère  de  ce 
poisson. 

La  membrane  des  ouïes  me  montre 
quatre  rayons  ,  la  nageoire  pectorale 
douze  ,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
onze ,  celle  de  la  queue  seize ,  et  la  dor- 
sale vingt-un. 

La  tête  est  courte ,  épaisse ,  compri- 
mée et  en  pente  sur  le  devant  ;  les  mâ- 
choires ,  dont  la  supérieure  expose  deux 
os  de  lèvres,  ne  diffèrent  point  quant 
à  la  longueur,  et  sont  garnies  de  petites 
dents  séparées.  La  langue  est  lisse ,  le 
palais  rude;  l'opercule  antérieur  a  le 
bord  postérieur  et  inférieur  dentelé  ; 
l'opercule  postérieur  finit  par  un  ai- 
guillon long  :  ils  sont  couverts  l'un  et 
l'autre  ,  à  l'instar  du  corps,  d'écaillés 
très  petites  et»argenlines.  Les  yeux  , 
près  du  sommet,  ont  la  prunelle  noire 
dans  un  iris  doré  ;  les  narines  sont 
doubles  ,  et  se  trouvent  tout  près  des 
yeux  ;  la  ligne  latérale  s'approchant 
plus  du  dos  que  du  ventre  ;,  fait  à-peu- 


206  HISTOIRE  NATURELLE 
près  une  ligne  droite  ;  les  trois  raies 
mentionnées  ci  -  dessus  sont  noires  et 
arquées  parallèlement  au  ventre  ',  le 
fond  est  de  couleur  argentée  ;  l'anus 
approche  de  la  nageoire  de  la  queue  y 
les  nageoires  de  la  poitrine  et  du 
ventre  sont  jaunâtres  ;  la  première 
forme  une  pointe  émoussée  ,  l'autre 
une  pointe  aiguë  ;  l'une  et  l'autre  ont 
des  rayons  ramifiés  et  fort  tendres.  La 
naijeoire  de  l'anus  en  forme  de  fau- 
cille,  a  la  même  couleur  et  les  mêmes 
rayons,  avecla  seule  différence  qu'elle 
a  trois  aiguillons  ,  tandis  que  la  ven- 
trale n'en  a  qu'un.  La  nageoire  de  la 
queue  est  brunâtre,  et  ses  rayons  ne 
diffèrent  point  des  autres  ;  les  deux 
bouts  pointus  de  cette  nageoire  sont 
noirs,  et  son  milieu  est  rubané  de 
trois  raies  de  la  même  couleur  :  la  na- 
geoire dorsale  ,  qui  paroît  composée 
de  deux  nageoires,  a  cinq  taches  noi- 
res ,  douze  aiguillons  et  neuf  rayons 
mou3  et  ramifiés. 


ITY 

MA  USA 


^aqe   20/^ 


Tom  .  m. 


J)e,reve  dei  ■  Le  f^ffain  Jcit/p , 

1.  liHOLOOKMDRK  à  quatic  lignes  .  2  .  L'HOLOCI'JSmilI'.â 

ciutj  1  igii o s .  ;5 . i;H01 .0 1  IvN DRE pointé . 4  JiHOLOCTiNDllE, 

a  points  bleu  . 


13E  l'îÏOLOCENDRE  ,  SCc.  207 
Ce  poisson  habite  les  eaux  du  Japon  ; 
et  comme  il  y  est  en  grande  quantité  et 
qu'il  a  la  chair  maigre  ,  il  est  peu  esti- 
mé par  les  liabitans  riches  ,  ne  servaîvt 
de  nourriture  qu'aux  esclaves,  ce  qui 
a  engagé  les  Hollandais  à  lui  donner  le 
nom  (Vesclaue. 

Il  se  nomme  : 
Der  Sklavenfisch  ,  en  Allemagne. 
De  Slaven-Visch  ,  chez  les  Hollandais 

des  Indes. 
L'Esclaçe,  en  France. 
Et  The  Slavc-jish  ,  en  x\ngleterre, 

L'HOLOCENDRE  A  QUATRE  LIGNES  , 

HOLOCENTRUS    ÇU.4I)SILINE^4TUS. 

Le  corps  rubané  et  la  nageoire  de 
la  queue   arrondie  font  distinguer  cc^ 
poisson  des  autres  de  son  genre. 

La  membrane  branchiale  porte  six 
ra5rons ,  on  en  trouve  treize  dans  la  na- 
geoire pectorale ,  six  dans  la  ventrale  ; 
treize  dans  celle  de  l'auus";^  seize  daits 


208       HISTOIRE   NATURELLE 
celle  de  la  queue  ,  et  vingt-deux  dans 
la  dorsale. 

La  tête  est  de  moyenne  grandeur  , 
comprimée  et  un  peu  en  pente  ;  les  mâ- 
choires sont    de  longueur   égale  ,   et 
pourvues  de  dents  petites,  larges  vers 
ie  fond  ,  mais  aiguës  par  le  bout  ;  la  pe- 
tite ouverture  de  la  boucîie  m'a  em- 
pêché d'examiner  la  langue  et  le  palais  ; 
les    narines    sont   doubles,  les    anlé- 
tieures  sont  cylindriques,  et  les  deux 
paires  approchent  plus  des  yeux  que 
de  la  bouche.  Des  quatre    lignes  qui 
vont  le  long  du  corps ,  l'une  est  près 
du  dos  ,  l'autre  commence  au  front,  la 
troisième  à  la  pointe  de  la  bouche,  et  la 
quatrième  à  l'angle  de  la  bouche  Celle- 
ci  va  le  long  du  corps  jusqu'au  milieu  de 
la  nageoire  de  la  queue;  l'autre  passe  sur 
l'œil.  La  prunelle  est  noire  ,  l'iris  blanc 
bordé  de  rouge;  l'opercule  antérieur  est 
dentelé  aux  deux  bords  ^Topercule  pos- 
térieur  est  arrondi  et  muni  d'un  ai- 
guillon ;  ils  sont  garnis  l'un  et  l'autre 


DE  L'HOLOCENDRE  ,  &c.  20g 
d'écaillés  très-tendres  ,  de  même  que 
îe  corps.  Je  n'ai  pu  découvrir  la  bran- 
chie  simple  à  l'opercule  interne.  Le 
«îosun  peu  arqué  est  sillonné  de  façon 
que  sa  nageoire  s'y  peut  cacher  ;  la 
ligne  latérale  prend  à  l'opercule  posté- 
rieur, et  va  en  serpentant  jusqu'à  la 
nageoire  de  la  queue  ;  l'anus  s'éloigne 
plus  de  la  lête  que  de  la  nageoire  de  la 
queue  ;  le  fond  cendré  de  ce  poisson  est 
joliment  nuancé  par  les  raies  noirâ- 
tres ;  le  ventre  est  d'un  rongé- jaune  > 
le  dos  brunâtre  et  les  nageoires  couleur 
de  plomb  ;  il  n'y  a  que  les  nageoires  de 
la  poitrine  et  du  ventre  qui  soient 
bordées  de  couleur  jaunâtre.  Une  tache 
noire  ronde  avant  la  nageoire  du  dos, 
et  une  tache  noire  oblongue  à  la  na- 
geoire même ,  se  voient  des  deux  cô- 
tés ;  les  nageoires  de  la  poitrine  ,  de 
l'anus  et  du  ventre  sont  arrondies  ;  la 
ventrale  se  termine  en  pointe  ,  et  cellç 
du  dos  en  pointe  émoussée.  Tous  les 
rayons  y  sont  ramifiés ,  excepté  im 


210       HISTOIRE    NATURELLE 

rayon  piquant  dans  la  nngeoire  ven- 
trale ,  trois  dans  celle  de  l'anus ,  et 
douze  dans  la  dorsale ,  qui  sont  sim- 
ples. 

Ce  pefit  poisson  est  encore  de  TQ- 
rient  ;  mais  j'ignore  s'il  y  en  a  de  plus 
grands. 

Il  porte  le  nom  de 
Holocendre   à    quatre   lignes ,  chez  les 

Français. 
Vierniiigter  Sof:;o  ,  chez  les  Allemands. 
Four  striped  Holocentre  ,  chez  les  An- 
glais. 

L'HOLOCENDRE  A  CINQ  LIGNES  , 

HOLOCENTRUS    qUINqUELINEATVS . 

L  A  nageoire  de  la  queue  en  croissant, 
et  les  cinq  lignes  le  long  du  corps  sont 
les  marques  distinctives  de  ce  poisson, 
La  membrane  branchiale  a  six 
rayons  ,  la  nageoire  pectorale  seize  ,  la 
ventrale  six  ,  celle  de  l'auus  dix  ,  celle 
delà  queue  vingt  ^ et  celle  du  dos  vingt- 
quatre. 


DE    L'HOLOCENDRE  5  &C.      211 

La  tête  est  courte,  comprimée  et 
dépourvue  d'écaillés  jusqu'à  l'opercule^ 
celui-ci  est  couve it  de  petites  écailles  , 
le  tronc  en  a  de  grandes.  La  mâclioire 
supérieure  est  moins  longue  que  Finfé- 
rieure  ,  et  celle-ci  n'a  qu'un  rang  de 
dents  courtes  et  séparées  j  mais  lasupé- 
rieure  est  armée  ,  outre  ce  rang  ,  d'un 
grand  nombre  de  dents  serrées  et  irré- 
^ulièrement  placées  ;  le  palais  est  en- 
core muni  de  dents  pareilles.  Les  os 
des  lèvres  sont  larges, les  narines  dou- 
bles ,  les  antérieures  sont  rondes ,  les 
postérieures  oblongues.  Les  yeux 
grands  ,  toucliant  au  sommet ,  ont  la 
prunelle  noire  bordée  d'un  iris  jaune. 
L'on  remarque  à  l'opercule  postérieur, 
qui  se  termine  en  pointe  membraneuse, 
au  milieu  de  son  bord  de  devant  ,  un 
crochet  qui  prend  dans  l'écliancruru  de 
l'opercul^î  antérieur.  Le  bord  inférieur 
du  dernier  est  dentelé  ,  et  le  premier 
a  un  aiguillon  plat.  L'ouverture  des 
ouies  est  large  ,  la  membrane  dégagée 


212       HISTOIRE   NATURELLE 
et  munie  de  six  rayons  forts.  N'ayant 
de  cette  espèce  qu'un  poisson  séché , 
je  ne  saurois  déterminer  s'il  y  a  en- 
core une  brancliie    simple.  Des   cinq 
lignes  mentionnées,  quatre  prennent 
d'abord  à  l'œil  et  la  cinquième  à  l'ou- 
verture des  ouies.  La  première  finit  au 
milieu  de  la  nageoire  du  dos  ,  la  se- 
conde à  sa  fin ,  et  les  trois  autres  à  la 
nageoire  de  la  queue.  Elles  sont  d'un 
bleu  clair.  L'anus  approche  plus  de  la 
nageoire  de  la  queue  que  de  la  tête  ;  la 
ligne  latérale  ,  allant  dans  la  proximité 
du  dos  ,  tient  la  même  ligne  ,  les  na- 
geoires de  la  poitrine  et  du  ventre  sont 
longues  et  terminées  en  pointe,  les  na- 
geoires de  l'anus  et  du  dos  sont  arron- 
dies ,  et  celle  de  la  queue  en  croissant 
ainsi  que  nous  l'avons  rapporté.  Les 
rayons  tendres  sont  ramifiés  ;  l'on  ne 
trouve  qu'un  aiguillon  simple  dans  la 
nageoire  ventrale  ,  trois  dans  celle  de 
l'anus  ,    et  dix  dans  celle  du  dos.  Le 
fond  est  jaunâtre,  la  lête  et  les  na- 


BE  L'HOLOCENDRE  ,   &c.     tàlS 
geoires  ont  un   violet  tirant  sur   lo 


rouge. 


Ce  poisson  est  du  Japon.  Son  nom 

et  son  histoire  me  sont  inconnus. 
Je  l'ai  appelé  : 

UHolocendre  à  cinq  lignes  j  en  fran- 
çais. 

JDerfûnJlinigte  Sogo,  en  allemand. 

The  five-striped  Holocentre  ,    en  an- 
ilais. 


S' 


L^HOLOCENDRÉ  A  BANDES  , 

UOLOCENTRUS  PAS  C  UT  US. 

Les  bandes  qui  entourent  le  corps  et 
la  mâchoire  inférieure  avancée  carac- 
térisent ce  poisson.  J'ai  déjà  une  plan- 
che qui  représente  à  la  vérité  un  pois- 
son pourvu  de  bandes  brunes  dans  la 
même  direction  ;  mais  comme  elles 
n'enveloppent  point  tout  le  corps  ,  et 
que  ce  poisson-là  a  d'ailleurs  les  mâ- 
choires égales  ,  l'on  ne  sauroit  le-con- 
fbndre  avec  le  présent. 

Poissons,  m,  19 


2l4       HISTOIRE    NATURELLE 

Je  trouve  six  rayons  dans  la  menl- 
brane  biancliiale  ,  treize  dans  la  na- 
geoire pectorale  ,  six  dans  la  ventrale, 
dix  dans  celle  de  l'anns ,  seize  dans  celle 
de  la  queue  ,  et  vingt-cinq  dans  celle 
du  dos.. 

La  tête  est  comprimée  et  forme  une 
pointe  émoussée  ;  l'ouverture  de  la 
bouclie  est  grande  ,  et  la  mâchoire  su- 
péiieure  est  armée  de  plusieurs  rangs 
de  dents  petites  ,  parmi  lesquelles  les 
deux  de  devant  sont  cependant  assez 
longues  Mais  la  mâchoire  inférieure 
ne  contient  qu'un  rang  de  dents  plus 
grandes  et  réfléchies.  Deux  os  longs  et 
îîîincesde  la  mâchoire  supérieure  for- 
ment les  lèvres  de  ce  poisson.  Il  a  le 
palais  rude,  la  langue  lisse,  les  narines 
doubles  ;  les  yeux  près  du  sommet ,  la 
prunelle  noire  ,  l'iris  d'un  verd  jaunâ- 
tre. Les  deux  bords  de  l'opercule  anté- 
rieur sont  dentelés  ,  les  écailles  y  sont 
bien  plus  petites  que  celles  de  l'oper- 
cule postérieur ,  lequel  est  composé  d« 


BF.   L'HOLOCENDKE  ,    &c.     21 5 
deux  lames  ,  a  deux  aiguillons  et  le 
bord  muni  d'une  njembrane  dégagée. 
L'ouverture  des  cuies  est  fort  grande , 
et  la  ûiembrane  n'est  couverte  qu'en 
partie.  Le  côté  interne  de  l'opercule  du 
devant  porte  une  branchie  simple.  11  a 
le  tronc  mince,  les  écailles  dures,  den- 
telées et  de  grandeur  moyenne.   La 
ligne  latérale  est  droite ,  voisine  du  dos 
et  parallèle  ;  l'anus  est  bien  plus  près 
de  la  nageoire  de  la  queue  que  de  la 
tête.  Le  fond  de  ce  poisson  est  d'uu 
jaune  verdâtre  ,  qui  devient  plus  clair 
vers  le  ventre.  Les  bandes  qui  se  divi- 
sent en  deux  au  ventre ,  sont  cendrées  \ 
les  nageoires   qui  ont  la   couleur  du 
corps  ,  sont  arrondies  et  munies  de 
rayons  ramifiés.  La  nageoire  ventrale 
a  un  aiguillon",  celle  de  l'anus  en  a  trois. 
La  partie  antérieure  de  celle  du  dos  , 
composée  de  dix  aiguillons ,  est  plus 
basse  que  la  partie  postérieure,  dont 
les  rayons  sont  tendres. 

Je  ne  connois  pas  la  patrie  de  ce  pois- 


21 6      HISTOIRE   NATURELLE 

son  ,  je  le  tiens  d'un  encan  hollandais. 
Je  l'ai  nommé  d'après  ses  bandes  ; 

UHolocendre  à  bandes,  en  français. 

Ver  bandirte  Sogo  ,  en  allemand. 

The  double- streaked  Holocentre ^  en  an- 
glais. 

L'HOLOCENDRE  POINTÉ, 

HOLOCENTRVS  PUN  CTJTVS. 

Ce  poisson  se  distingue  de  ceux  de 
son  genre  par  son  corps  pointé  et  par 
les  onze  aiguillons  dans  la  nageoire  du 
dos. 

La  nageoire  pectorale  a  douze  rayons, 
la  yentrale  en  a  six  ,  celle  de  l'anus 
neuf,  celle  de  la  queue  dix-sept ,  et  celle 
du  dos  vingt-trois. 

L'ouverture  de  la  bouche  est  grande, 
les  mâchoires  sont  de  longueur  égale  . 
munies  de  dents  courtes  divergentes  , 
la  mâchoire  supérieure  a  deux  os  de 
lèvres.  Les  narines  sont  doubles  et  pe- 
tites 'j  les  yeux  éminens  ont  la  prunelle 


DE  L'HOLOCENDRE,  &C.  21 7 
bleue  avec  un  iris  jaunâtre.  Le  fronï 
est  en  penle  -,  le  tronc  comprimé,  est 
couvert  d'écaillés  dentelées,  ce  qui  fait 
que  ce  poisson  est  rude  au  toucher 
quand  on  passe  la  main  de  la  queue  à  la 
tête.  La  lii^nc  latérale  est  voisine  (In 
dos,  et  parallèle  avec  lui.  L'anus  ap- 
proclie  moins  de  la  tête  que  de  la  na- 
geoire de  la  queue.  Les' taches  qui  em- 
bellissent toules  les  parties  du  corps 
sont  rondes, les  unes  rouges,  les  autres 
noires.  L'opercule  antérieur  est  ar- 
rondi et  finement  dentelé  ,  le  posté- 
rieur terminé  en  pointe,  et  n'est  garni 
que  d'un  aiguillon  plat  ;  le  devant  de  la 
tête  n'a  point  d'écaillés,  l'ouverture 
des  ouics  est  très-  large ,  et  la  membrane 
couverte.  Ne  possédant  pas  moi-même 
ce  poisson  ,  et  en  ayant  emprunté  le 
dessin  du  manuscrit  du  prince  Maurice, 
je  ne  puis  déterminer  les  rayons  de  la, 
membrane  branchiale.  Toules  les  na- 
geoires sont  aiTondies  et  parsemées 
comme   le  corps  ;  de  taches  rondes. 


21  8  HISTOIRE  NATURELLE 
tant  rouges  que  noires.  Les  rayons 
mous  sont  raanfiés.  Outre  les  onze 
aiguillons  annoncés  à  la  nageoire  du 
clos  ,  on  en  trouve  un  dans  la  ventrale 
et  trois  dans  celle  de  l'anus.  Les  na- 
geoires de  la  poitrine  sont  tout-à-fait 
ronges  ;  les  autres  de  couleur  rouge  et 
jaunâtre. 

Ce  poisson  est  du  Brésil,  11  se  trouve 
dans  la  mer  entre  les  écueils;  les  Hol- 
landaisle  nomment  pour  cela  Galvisch, 
et  les  Portufjais  Pesche-Gatto  ou  Pois- 
son  de  roche.  Il  a  la  chair  blanche  , 
ferme  ,  de  bon  goût  et  qui ,  soit  cuite  , 
.soit  rôtie  ,  est  très-saine.  Il  parvient  à 
une  grandeur  médiocre.  Il  a  la  vie 
dure  :  car  Piso  raconte  qu'il  l'a  trouvé 
vivant  trois  heures  après  avoir  été  tiré 
de  l'eau,  et  que  l'ayant  ouvert  deux 
heures  après, le  cœur  palpitoit  encore. 
On  le  prend  dans  toutes  les  saisons  au 
filet. 

Ce  poisson  se  nomme: 
Pira-pixanga ,  chez  lesBrasilicns. 


DE   L'HOLOCENDRS  ,    &C.     2I9 

Gatt-Visch  ,  chez  les  Hollandais. 
Pesche  Gatto  ,  chez  les  Portugais. 
JJHoLocendre  pointé  ,   chez  les  Fran- 
çais. 
Der  punHirte    Sogo  ,    chez    les    Alle- 
mands. 
The  punciulated  Holocentre  y    chez  les 
Anglais. 

Marcgraf,  le  premier  qui  nous  l'a 
fait  connoîtrc ,  nous  en  a  donné  la  li- 
gure ,  qui  peut  être  regardée  comme 
une  des  meilleures  parmi  les  mauvaises 
que  nous  avons  de  lui.  Celles  de  Piso  , 
de  Willughby  ,  de  Jonston  et  de 
Kuysch  n'en  sont  que  des  copies.  Ar- 
tédi  et  Linné  n'ont  point  admis  ce 
poisson  dans  leurs  systèmes  ,  apparem- 
ment parce  que  la  description  n'en 
donnoit  pas  des  caractères  assez  dis-, 
tincts  ,  pour  l'admettre  à  un  genre 
quelconque. 

VVillughby  et  Rai  le  prennent  pour 
une  espèce  de^ merle  de  mer  ,  ou  sui- 
vant les  naturalistes  modernes  ,  pour 


220       HISTOIRE    NATURELLE 
un  labre  :  mais  ce  poisson  n'ayant  ni 
la  bouche  pelite  et  étroite ,  ni  les  lèvres 
grosses  et  charnues ,  il  ne  peut  être 
compté  de  ce  genre. 

Klein  approche  bien  plus  de  la  vérité 
en  le  rangeant ,  à  cause  de  ses  écailles 
rudes  ,  de  sa  bouche  large  ,  et  du  grand 
nombre  de  ses  petites  dents  ,  du  genre 
des  petites  perches  ,  et  Gronov  en  le 
mettant  au  nombre  des  perches.  Celui- 
ci  se  trompe  quand  il  soutient  que  le 
cucupuguaca  de  Sloan  ,  et  le  pira- 
pixanga  de  Marcgraf ,  qui  est  notre 
poisson  ,  sont  d'une  même  espèce  ,  va 
que  Sloan  dit  expressément  que  son 
poisson  n'a  point  de  nageoires  ven- 
trales. Il  ne  peut  non  plus  le  confondre 
avec  celui  de  Belon  ;  car  cet  auteur 
donne  seize  aiguillons  à  la  nageoire  du 
dos  de  son  poisson  ,  dont  la  description 
d'ailleurs  ne  répond  nullement  à  la  na- 
ture du  nôtre.  Son  jugement  est  éga- 
lement faux  encore ,  quand  il  assigne 
au  poi.sson  dont  il  est  question  ici ,  la 


'7  Lf^'^'^^.^Y 

3fTY 
MA  USA 


J*tzt/e  jiju  . 


7bm .  nr. 


De^ppoe    (M.  Jiarine    Jr/tZ/t 

1.  Iw\  liANCF-TTF.,;i   i;il03iOCKNnHV/(achcté. 
:î  l/HOJiOCliNDKE  de  Suriuaui .  4,,J.'ÉPKK0N. 


DE    LA    LANCETTE.        22î 
quinzième  espèce  des  perches  de  Klein. 
3La  différence  des  deux  espèces  sauto 
aux  yeux  lorsqu'on  compare  le  dessiri 
de  Klein  avec  le  nôtre. 

LA     LANCETTE, 

HOLOCENTRUS   LAN  CEOLATUS. 

Ce  poisson  se  distingue  par  ses  na- 
geoires finissant  eu  pointe,  et  par  les 
onze  aiguillons  de  la  nageoire  du  dos. 

La  membrane  branchiale  montre  six 
ra3''ons  ,  la  nageoire  pectorale  en  a 
seize,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus^ 
onze  ,  celle  de  la  queue  treize,  et  celle 
du  dos  vingt-six. 

La  tête  est  grande  ,  l'ouverture  de 
îa  bouche  ample  ,  les  os  des  lèvres  sont 
larges,  les  mâchoires  de  grandeur  égale 
et  armées  de  plusieurs  rangs  de  petites 
dents  pointues.  La  langue  est  lisse  et 
dégagée,  le  palais  rude,  les  narines 
sont  doubles  et  celles  de  derrière  tou- 
chent aux  yeux.  Point  d'écaillçs  jus- 


11^2.       HISTOIRE    NATURELLE 
que-là  ,  mais  ensuite  la  tête  est  garnie 
d'écaillés  petites  ,  molles  et  unies,  pa- 
reilles à  celles  du  tronc. Les  j'^eux  ont  la 
prunelle  noire  dans  un  iris  bleu.  L'oper- 
cule antérieur  consiste  en  deux  petites 
lames  arrondies ,  dont  celle  de  derrière  , 
est  fortement  dentelée.  Je  n'ai  point 
remarqué  de  brancliie  simple  du  côté 
interne.   L'ouverture    des    ouies    est 
grande  ,  el  la  moitié  de  la  membrane 
est  couverte.  Le  tronc  est  comprimé  et 
laî-ge ,    le    ventre   avance  ,   et    l'anus 
tient  le  milieu  du  corps.  Le  fond  est 
argenté  ,  les  bandes  et  les  taches  sont 
brunes.  Les  nageoires  toutes  pointues, 
ont  les  rayons  tendres  divisés  en  quatre 
rameaux  à  leur  extrémité.  Outre  les 
onze  aiguillons  simples  de  la  nageoire 
du  dos  ,  on  en  trouve  encore  un  dans 
la  nageoire  ventrale /el  trois  dans  celle 

de  l'anus. 

Les  Indes  orientales  nourrissent  ce 

poisson. 


DE    L'IIOLOCENDRE  ,    &C.     225 

Je  l'ai  dénommé  d'après  ses  nageoi- 
res en  forme  de  lancettes  : 
ha  Lancette ,  en  français, 
Der  Laiicettsogo  ,  en  allemand. 
The  Lancet-Holocentre  ,  en  anglais. 

Gronovfait  la  desci-iption  d'un  pois- 
son que  je  prendrois  pouç  le  nôtre  ,  s'il 
ne  disoit  en  termes  exprès ,  qu'il  lui 
avoit  trouvé  le  palais  rude. 

L'HOLOCENDRE  A  POINTS  BLEUS, 

HOLOCENTRVS    C^RULEO-FUNCTATUS.) 

Les  points  bleus  des  nageoires  et 
les  onze  aiguillons  du  dos-  font  con- 
iioître  ce  poisson.  Nous  venons  à  la 
•vérité  de  citer  les  points  de  l'iiolo- 
cendre  pointé ,  comme  caractéristi- 
ques :  mais  celui  dont  nous  traitons 
ici  ,  n'ayant  que  les  nageoires  ponc- 
tuées ,  et  celui-là  étant  ponctué  sur 
tout  le  corps ,  on  ne  sauroit  les  con- 
fondre. 
,  Ce  poisson  est  trop  petit  pour  pou- 


224  HISTOIRE  NATUPcELLS 
voir  en  compter  les  rayons  de  la  mem- 
brane branchiale.  La  nageoire  pecto- 
rale me  présente  douze  rayons ,  la 
ventrale  six  ,  celle  de  l'anus  onze  , 
celle  de  la  queue  treize  ,  et  celle  du  dos 
vingt' six. 

La  tête  est  en  pente  ,  l'ouverture 
de  la  bouche  grande  ,  la  mâchoire  de 
dessous  plus  longue  que  celle  de  dessus; 
la  dernière  a  deux  os  de  lèvres  ;  l'une 
et  l'autre  sont  garnies  de  dents  fines. 
La  langue  est  lisse  et  libre  ;  le  palais 
rude  ;  les  narines  sont  si  petites  qu'on 
a  de  la  peine  à  les  voir.  Les  yeux  ,  qui 
touchent  au  sommet  de  la  tête  ,  ont 
une   membrane   clignotante  j   un  iris 
blanc  en  borde  la  prunelle  noire.  Les 
écailles  des  opercules  comme  du  tronc 
sont  d'une  finesse  extrême;  l'opercule 
antérieur  est  arrondi  et  dentelé  aux 
deux   bords  ;    l'autre  ,    formant    une 
pointe  ,  est   muni  d'un  aiguillon  ,  et 
d'une  membrane  y  attenajile.   L'ou- 
verture des  oiiies  est  grande  ;  et  le 


DE  L'HOLO  cendre  ,  &C.  2:^5 
côlé  interne  de  l'opercule  antérieur 
n'offre  point  de  brancliie  simple  à  la 
vue.  Le  tronc  présente  de  grandes  ta- 
ches jaunes  sur  un  fond  bleu  pâle ,  et 
la  ligne  latérale  va  le  long  et  tout  près 
du  dos.  L'anus  est  plus  voisin  de  la 
nageoire  de  la  queue  que  de  la  tête. 
Les  nageoires  sont  brunes  ;  celles  de  la 
poitrine  et  de  la  queue  sont  arrondies, 
et  les  autres  terminent  en  pointe.  Les 
rayons  mous  sont  terminés  en  plusieurs 
divisions  ;  et  outre  les  onze  aiguillons 
de  la  nageoire  du  dos,  la  nageoire  de 
l'anus  en  porte  trois ,  et  la  ventrale  un. 
La  patrie  de  ce  poisson  m'est  incon- 
nue ,  car  je  le  liens  d'un  encan  hol- 
landais ,  sans  aucun  renseignement. 
La  même  raison  m'impose  silence  sur 
sa  grandeur. 

Ses  taches  bleues  me  l'ont  fait  nom- 
mer : 

UHolocendre  à  points  bleus ,  en  fran- 
çais. 
Ver  hlaupunJztirte  Sogo ,  en  allemand, 
roissons.  111.  ao 


226      HISTOIRE    NATURELLE 

The  hlue-punctulaled  Holocentre  ,  eu 


anglais. 


L'HOLOCENDRE  TACHETÉ  , 

HÛLOCENTRUS    MJCULJTUS. 

Les  tacîies  du  corps  et  les  onze 
aiguiilous  du  dos  caractérisent  ce 
poisson. 

La  membrane  brancliiale  a  six 
rayons  ,  la  pectorale  treize  ,  la  ven- 
trale six  ,  celle  de  l'anus  onze  ,  celle 
de  la  queue  quinze  ,  et  celle  du  dos 
vingt- six. 

La  tête  et  le  tronc  sont  également 
comprimés  ;  le  dos  est  tranchant  et  le 
ventre  rond  -,  les  mâchoires  sont  de 
grandeur  égale  et  garnies  de  dents 
égales  et  pointues.  La  langue  est  lisse  , 
le  palais  rude,  les  os  des  lèvres  larges, 
les  narines  à  peine  perceptibles  ;  les 
yeux  éminens  ont  la  prunelle  noire 
dans  un  iris  blanc.  De  très -petites 
écailles  couvrent  la  partie  postérieure 


DE  L'PIOLOCENDRE  ,  &C.  2127 
cic  la  tête  et  tout  le  tronc.  L'opercule 
de  devant  n'est  dentelé  qu'à  un  seul 
bord,  et  celui  de  derrière  qui  forme 
une  pointe  ,  est  armé  de  deux  aiguil- 
lons lins.  La  ligne  latérale  avoisine  le 
dos  par-devant ,  et  s'en  éloigne  par- 
derrière.  L'anus  est  plus  proche  de 
la  tête  que  de  la  nageoire  de  la  queue. 
La  couleur  du  poisson  est  grise ,  les 
taches  sont  blanches  ;  les  nageoires  du 
dos,  de  la  poitrine  et  de  la  queue  sont 
arrondies  ;  la  nageoire  de  l'anus  forme 
une  pointe  obtuse  ,  celle  du  ventre 
se  termine  en  pointe  aiguë.  Les  rayons 
tendres  de  toutes  les  nageoires  sont 
ramifiés ,  et  le  nombre  des  aiguillons 
est  le  même  que  celui  du  poisson  pré- 
cédent. 

Ce   beau  poisson   est   naturel   aux- 
Indes  orientales.  On  l'appelle  : 
L'Holocendre  tacheté  y  en  français. 
Ver  gejleckte  Sogo  ,  en  allemand. 
El  The  spotted  Holocenlre  ,  en  anglais. 

J'aurois  déclaré  le  petit  poisson  de 


228  HISTOIRE  NATURELLE 
Séba  pour  le  nôtre  ,  si  la  figure  n'en 
représentoit  la  nageoire  de  la  queue 
trop  longue  et  en  forme  de  lancette, 
et  si  la  description  ne  luidounoit  treize 
aiguillons  à  la  nageoire  du  dos. 

L'HOLOCENDRE  DE  SURINAM , 

HOLOCENTRUS  SUR1NJME^'S1S. 

C  E  genre  de  poissons  n'a  encore 
offert  aucune  espèce  dont  la  nageoire 
de  l'anus  ait  été  garnie  de  quinze 
rayons;  ce  qui  suffit  pour  caractériser 
le  poisson  présent  par  ces  rayons. 

JLa.  membrane  branchiale  contient 
six  os  forts  et  courbés  ,  la  nageoire 
pectorale  porte  quatorze  rayons  ,  la 
ventrale  six,  celle  de  l'anus  quinze, 
celle  de  la  queue  dix-sept,  et  celle  dii 
dos  vingt-luiit. 

La  tête  est  petite ,  un  peu  large  vers 
le  tant,  et  comprimée  sur  les  côtés. 
li'ouverture  de  la  bouche  est  élroite  ; 
1a  mdcboire  inférieure  est  la  plus  Ion- 


DE   l'hOLOCENDTIE  ,    &c.     229 
gue  des  deux ,  elle  n'a  qu'on  rang  de 
dents  courtes,  coniques  ,  divergentes, 
et  recourbées  en  dedans  ;  la  mâclioir© 
supérieure  au  contraire   a  un  grand 
nombre  de  dents  fines  placées  derrière 
le  rang  qu'elle  a  de  commun  avec  la 
mâchoire  inférieure.  Le  palais   et  la 
langue   sont  lisses.  L'intérieur  de  la 
tête  de  mon  poisson  étant  gâté ,  je  n© 
sais  pas  s'il  est  pourvu  d'une  brancliio 
simple.  Les  os  des  lèvres  ne  sont  qu'é- 
troits ;  les  narines  simples,  rondes  et 
près  des  yeux ,  dont  la  prunelle  noire 
est  placée  dans  un.  iris  moitié  rouge  , 
moitié    blanc.    L'opercule    antérieui' 
dentelé   à  ses  deux  bords,  a  des   ai-^ 
guillons   longs  à    l'angle  ;    l'opercule 
postérieur  est  arrondi ,  et  armé  d'un 
aiguillon  rond  et  long  ;  les  deux  oper-^ 
cules  portent  des  écailles  plus  petites 
q_ue  le  reste  du  corps  ;  les  écailles  en? 
général  sont  fort  dentelées  et  ont  beau- 
coup d'adhérence  avec  la  peau.  L'on- 
Ycrture  des  ouies  est  grande ,  et  leuï^ 


\ 

2*50       ÎÎISTOTRE    NATURELLE 

membrane  découverte.  Le  corps  est 
comprimé  ,  le  clos  et  le  ventre  s'arron- 
dissent. La  ligne  latérale  ,  qui  prend  à 
la  nuque,  approche  bien  plus  du  dos 
que  du  ventre  ,  et  l'anus  s'éloigne 
moins  de  la  nageoire  de  la  queue  que 
de  la  tête.  Le  palais  et  la  tête  sont 
de  couleur  de  sang  •,  le  tronc  est  marbré 
de  brun  ,  de  violet  et  de  jaune  ;  les 
nageoires  sont  jaunes  vers  le  fond  ,  et 
d\n\  violet  foncé  vers  l'extrémité  ; 
celle  de  la  queue  a  une  bande  trans- 
versale d'un  brun  clair,  celle  de  l'anus 
et  la  partie  postérieure  de  la  dorsale 
ont  des  taches  de  la  même  couleur. 
Les  nageoires  de  l'anus  ,  de  la  queue 
et  du  dos  sont  en  partie  couvertes 
d'écaillés.  Ces  nageoires  sont  arron- 
dies ,  de  même  que  les  autres  ,  et  leurs 
ravons  tendres  sont  ramifiés.  Dans  la 
nageoire  ventrale  le  premier  raj'on  est 
piquant ,  le  second  dicliotome ,  et  les 
antres  sont  ramifiés.  Dans  la  nageoire 
de  l'anus  les  trois  premiers  sent  pi- 


DE      L'É  P  E  R  O  N.  2il 

quans ,  le  quatrième  est  mou  et  sim- 
ple ,  et  les  autres  se  ramifient.  La  na- 
geoire du  dos  a  douze  aiguillons  que  le 
sillon  au  dos  peut  recevoir  -,  ces  aiguil- 
lons sont  ramentacés. 

Ce  poisson  atteint  la  grandeur  de 
notre  perche  ordinaire ,  il  a  la  cliair 
douce  et  grasse;  c'est  un  des  meilleurs 
poissons  de  Surinam. 

Il  est  nommé  : 
Par  les  Français ,  VHolocendre  de  Su- 
rinam. 
Far  les  Allemands  ,   der   Surinamsche 

Sogo. 
Et  par  les  Anglais,  The  Holocentre  of 
Surinam. 

L'  Ê  P  E  R  O  N  , 

HOLOCENTRUS   C  ALC  ARIF  ER.^ 

Tous  les  poissons  de  ce  genre  que 
nous  venons  de  connoître  ,  ont  la  na- 
geoire du  dos  garnie  d'un  plus  grand 
nombre  d'aiguillons  que  celui-ci;  donc 


q32     histoire  naturelle 

le  nombre  plus  petit  de  ces  aiguillons 
fait  le  caractère  distinctif  de  ce  poissoiv. 

La  membrane  branchiale  contient 
six  rayons  ^  la  nageoire  pectorale  en 
a  quinze,  la  ventrale  six,  celle  de 
l'anus  onze  ,  celle  de  la  queue  dix-sept 
et  celle  du  dos  dix-huit. 

lia  tête  est  un  peu  applatie  sur  le 
haut ,  et  comprimée  des  côtés  ;  la  mâ- 
choire inférieure  est  un  peu  plus  lon- 
gue que  la  supérieure  ;  elles  sont  gar- 
nies l'une  et  l'autre  ,  de  même  que  le 
palais ,  de  dents  très  fines  et  à  peine 
visibles,  mais  le  nombre  de  celles  de 
la  mâchoire  supérieure  surpasse  infi- 
niment celui  des  dents  de  l'inférieure. 
On  remarque  encore  à  la  mâchoire 
supérieure  deux  os  de  lèvres.  Les  na- 
rines sont  doubles ,  et  les  deux  supé- 
rieures sont  tout  près  des  yeux ,  qui 
sont  grands ,  placés  près  du  sommet , 
et  dont  un  iris  argentin  borde  la  prur 
nelle  noire.  La  partie  antérieure  de 
la  tête   est    lisse  ,   l'autre   couverte 


DL     L' ÉPERON.  Î253 

d'écaillés.  L'opercule  de  devant  den- 
telé est  encore  muni  de  quatre  aiguil- 
lons qui  res.^euiblout  à  un  éperon  , 
forme  d'après  laquelle  j'ai  dénommé 
ce  poisson.  L'opercule  postérieur  porto 
aussi  .un  aiguillon,  et  l'omoplate  est 
dentelée.  L'ouverture  des  ouies  est 
grande  ,  et  la  membrane  soutenue  par 
six  os  forts  ,  est  couverte  ponr  la  plus 
grande  partie.  Ce  poisson  n'a  point  de 
brancliie  simple^  Le  tronc  comprimé 
est  couvert  d'écaiiles  argentines  assea 
grandes,  dont  les  bords  sont  jaunes. 
Le  dos  est  brunâtre  ;  tirant  sur  lo 
violeL  Chaque  rang  d'écaiiles  est  mar- 
qué par  une  ligne  longitudinale.  La 
ligne  latérale  voisine  du  dos  est  droite; 
l'anus  approche  plus  de  la  nageoire  do 
la  queue  que  de  la  tète.  Les  nageoires, 
delapoitrineet  du  ventre  se  terminent 
en  pointe  ,  les  nageoires  de  l'anus  et 
de  la  queue  ,  embellies  par  quelques, 
lignes  brunes ,  sont  arrondies  ;  la  na- 
geoire dorsale  décline  vers  le  niiliciu 


534       HISTOIRE    NATURELLE 

Xia  partie  antérieure  de  cette  nageoire 
a  (les  aigniîlons  très-forts,  l'autre  a 
des  rayons  flexibles  à  quatre  rameaux. 
Les  rayons  mous  des  autres  nageoires 
sont  de  la  même  nature  ;  la  nageoire 
de  l'anus  est  armée  de  trois  aiguillons^ 
et  celle  du  ventre  en  porte  un.  Les  na- 
geoires de  la  poitrine  et  du  ventre 
sont  jaunâtres ,  les  autres  de  couleur 
brune  et  jaune.  '     ' 

Ce  poisson  est  nommé  : 
L'Eperon  ,  par  les  Français. 
Der  Sporntrager  ,  par  les  Allemands. 
The  spurred  Holocentre ,  par  les  An- 
glais. 
Il  naît  au  Japon. 

JL'HOLOCENDRE  DE  BENGALE, 

HOLOCENTRUS   BENGJLENSIS. 

Les  quatre  lignes  dont  le  corps  est 
rubané  ,  et  Fécliancrure  en  forme  de 
croissant  à  la  nageoire  de  la  queue  dé- 
signent ce  poisson.  Il  est  vrai  que  nous 


DE  L*HOLOCENDRE,  &C.  2^5 
en  avons  décrit  un  de  ce  genre  é^aîe- 
ment  marqué  par  quatre  lignes  j  mais 
celui-là  ayant  la  nageoire  de  la  queue 
arrondie ,  on  distinguera  fort  aisémctit 
les  deux  espèces. 

Je  trouve  six  rayons  dans  la  mem- 
brane branchiale ,  la  nageoire  pectorale 
en  a  quatorze ,  la  ventrale  six  ,  celle 
de  l'anus  dix ,  celle  de  la  queue  dix- 
huit  ,  et  celle  du  dos  vingt-cinq. 

La  tête  est  comprimée,  le  devant  en 
est  alépidote  ,  le  derrière  couvert  do 
petites  écailles  rondes  et  tenaces..  L'ou- 
verture de  la  bouche  est  de  grandeur 
moyenne;  les  os  des  lèvres  sont  assez 
larges  ;  les  mâchoires  d'égale  longueur, 
armées  d'un  rang  de  dents  pointues  et 
recourbées.  Les  cinq  dents  de  devant 
dans  la  mâchoire  supérieure  sont  bien 
plus  longues  que  les  autres,  et  suivies 
d'une  quantité  de  dents  courtes  et 
minces ,  dont  le  palais  est  également 
muni.  La  langue  est  lisse,  et  l'opercule 
de  devant  est  dentelé  aux  deux  bords: 


1>S6  HISTOIRE  NATURELLE 
le  plus  grand  bord  a  une  écliaiicrure  olI 
prend  une  sorte  de  crocliet  dont  l'o- 
percule postérieur  est  muni.  Ce  cro- 
chet paroît  servir  en  quelque  manière 
à  la  respiration  ;  car  j'ai  observé  ,  en 
ouvrant  la  bouclie  de  ce  poisson,  que 
l'opercule  antérieur  recula  ,  et  pressa  , 
par  le  moyen  du  crocliet ,  l'opercule 
postérieur  contre  la  poitrine  •,  ce  mou- 
vement ferma  l'ouverture  branchiale. 
Il  est  probable  que  ce  mouvement  sert 
à  garder  l'eau  avalée  plus  long -temps , 
afin  de  pouvoir  rafraîchir  le  sang.  L'on 
remarque  à  l'opercule  postérieur  deux 
aiguillons  fins,  une  échancrure,  et  sur 
celle-ci  un  endroit  dentelé.  L'ouver- 
ture des  ouies  est  large  et  sa  membrane 
dégagée.  Le  tronc  est  comprimé ,  les 
écailles  sont  petites  et  dentelées  ;  l'a- 
nus prend  le  milieu  du  corps.  La  ligne 
latérale  va  d'abord  en  droite  ligne  ; 
mais  elle  approche  du  dos  vers  le  mi- 
lieu de  la  nageoire  dorsale ,  le  quitte 
au  bout  de  cette  nageoire ,  et  va  se  per- 


DE    L'HOLOCENDÎIE  ,    &C.    25/ 

ûre  au  milieu  delà  nageoire  de  la  queue. 
Le  venlre  et  les  flancs  du  poisson  sont 
blancs,  mais  le  dos  et  le  haut  de  la  tête 
sont  rougeâtres  *,  les  lignes  sont  bleues, 
à  bord  brun  :  toutes  proviennent  de  la 
tête  ;  les  trois  premières  d'en  haut  vont 
se  perdre  dans  la  nageoire  du  dos  ,  et 
la  plus  basse  dans  la  nageoire  de  la 
queue  échancrée.  Les  nageoires  de  la 
poitrine  et  du  ventre  finissent  par 
une  pointe  ;  celle-ci  porte  un  aiguillon 
dur.  Les  rayons  flexibles  de  toutes  les 
nageoires  sont  ramifiés.  La  nageoire 
de  l'anus  et  celle  du  dos  sont  arrondies^ 
la  première  est  armée  de  trois  aiguil- 
lons ,  la  seconde  de  onze. 
Ce  poisson  se  nomme  : 
JJHolocendre  de  Bengale  ,  en  français. 
Ver  bengalische  Sogo,  en  allemand, 
The  Holocentre  of  Bengal ,  en  anglais. 
Le  nom  du  poisson  annonce  sa  patrie. 


Poissons.  IIÎ.  21 


s38       HISTOIRE   NATURELLE 


l.  J  V 


X  X  X  V  I\  GENRE. 


LE  LUTIAN,   LUTIANUS, 

Caractère  génér.  Les  opercules  écail- 
leiix,  dentelés  et  non  armés. 

LELUTIAN,  LVTiANvs   lutiauvs. 

Les  neuf  aiguillons  de  la  nageoire 
dorsale  caractérisent  ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  compte  six 
rayons,  la  nageoire  pectorale  en  a  dix- 
sept,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
onze  ,  celle  de  la  queue  dix-huit,  et  la 
dorsale  vingt -trois. 

La  tète  n'est  point  écailleuse  sur  le 
devant;  la  mâchoire  inférieure  avance 
sur  la  supérieure  ;  elles  ont  Tune  et 
l'autre  un  rang  de  dents  courtes,  re- 
courbées, séparées  de  manière  qu'elles 


Tom  .  HZ 


De^iieitp   de/.  Jtacine    iPcuIp , 

1 ,  i;k  ia  tian  .  >  .  la  iuiochk  . 

3.  TiK    LITTIAN    iaune  , 


\f 


7--Y 


DU     L  U  T  I  A  K.  P.O-J 

s*engrènent  lorsque  la  bouche  se  ferme. 
La  mâchoire  supérieure  a  sur  le  devant 
une  dent  forte  de  chaque  côté ,  et  l'on 
apperçoit  au-dedans  nombre  de  petites 
dents  ,  de  même  qu'au  palais.  Je  ne 
saurois  rien  dire  de  la  nature  de  la  lan- 
gue ,  vu  que  le  poisson  que  je  possède 
est  séché  et  éventré  ;  mais  la  branchie 
simple  étoit  collée  au  côté  interne  de 
l'opercule  antérieur.  Il  a  les  narines 
doubles,  les  yeux  grands,  la  prunelle 
noire ,  et  l'iris  de  couleur  d'or.  L'oper- 
cule antérieur  a  les  deux  bords  den- 
telés, l'autre  terminé  en  pointe  mem- 
braneuse. Un  sillon  sépare  en  partie 
l'omoplate  de  la  clavicule.  C'est  à  la 
première  que  commence  la  ligne  laté- 
rale ,  d'où  elle  va  à  la  proximi  té  et  dans 
la  direction  du  dos  jusqu'au  milieu  de 
la  nageoire  de  la  queue ,  où  elle  se  perd. 
Le  dos  est  rond  ,  le  ventre  caréné  ,  et 
les  flancs  comprimés.  Le  fond  du  pois- 
son est  blanc,  le  dos  jaune-brun;  depuis 
le  dos  jusqu'à  la  ligne  latérale,  on  dis- 


24o  HISTOIRE  NATURELLE 
cerne  des  lignes  bleues  transversales  ^ 
comme  chez  la  marquerelle  ;  mais  sous 
la  ligne  latérale  on  voit  deslignes  jaunes 
allant  le  long  du  corps.  Les  nageoires 
sont  rougeâtres ,  et  il  n'y  a  que  la  par- 
tie antérieure  de  la  nageoire  du  dos 
qui  soit  d'un  bleu-clair.  Les  nageoires 
pectorales  sont  longues  et  pointues  j  les 
ventrales  courtes  ;  celle  de  l'anus  est 
arrondie  ;  la  nageoire  de  la  queue  est 
large  et  forme  un  croissant  5  la  nageoire 
du  dos  est  courte  et  large  ;  les  rayons 
mous  dans  toutes  les  nageoires  sont  ra- 
mifiés. Outre  les  neuf  aiguillons  men- 
tionnés de  la  dorsale,  celle  de  l'anus  en 
a  trois ^  et  la  ventrale  un. 

I*e  Japon  produit  ce  poisson ,  oii  il 
porte  le  nom  de  Ikan  Lutjang ,  nom 
qui  m'a  servi  pour  la  dénomination  du 
S[enre  de  ces  poissons. 

Le  poisson  présent  s'appelle  ,  comme 
nous  venons  de  le  dire  : 
Ikan  Lutjang  ,  au  Japon. 


DE    LA     BROCHE.       2^n 
Liitian  f  chez  les  Français ,  les  Alle- 


mands et  les  Anglais. 


LA  BROCHE,  lutianus  hast  a. 

Ce  poisson  se  distingue  par  ses  douze 
aiguillons  au  dos ,  et  sa  nageoire  de  la 
queue  tronquée. 

La  membrane  branchiale  de  ce  pois- 
son ayant  été  endommagée  ,  je  ne  puis 
en  déterminer  le  nombre  des  rayons. 
La  nageoire  pectorale  en  a  seize ,  la 
ventrale  six  ,  celle  de  l'anus  dix  ,  celle 
do  la  queue  dix-huit,  et  celle  du  dos 
vinçt-six. 

Il  a  la  tête  forte  et  en  pente;  les  mâ- 
clioires  également  longues  ,  et  garnies 
d'un  rang  de  dents  non -serrées.  La 
mâchoire  supérieure  fait  voir  à  l'obser- 
vateur, outre  deux  os  de  lèvres  ,  un 
nombre  considérable  de  petites  dent», 
placées  derrière  les  grandes  de  dcv^ant  ; 
le  palais  est  aussi  denticulé.  Les  yeux 
qui  avancent  un  peU;  ont  la  prunelle 


24  2        HISTOIKE    NATURELLE 
d'an  bleu  foncé  ,  et  l'iris  de  couleur 
d'or.  L'opercule  de  devant  a  les  deux 
bords  bien  dentelés,  et  une  branchie 
simple  est  attachée  à  son  intérieur  ;  l'o^ 
moplate  est  aussi  dentelée.  L'opercule 
postérieur  est    presque   triangulaire  ; 
l'un  et  l'autre  sont  ,  de  même  que  le 
IronCj  garnis  d'écaillés  tendres  et  bien 
tenaces  à  la  peau.  L'o^uverture  des  ouies 
(^st  grande  ;  les  côtés  sont  comprimés  y 
et  ornés  de  petites  taches  cendrées,  for- 
mant diverses  lignes  irrégulières.  L'on- 
découvre  à  la  naj^eoire  du  dos  des  ta- 
elles  brunes.  La  ligne  latérale  qui  prend 
à  l'omoplate,  s'approchant  du  dos,  a- 
avec  celui-ci  la  même  direction  ,  fait 
une.  inflexion  vers  le  bout  du  dos  ,  et 
36  perd  au  milieu  de  la  nageoire  de  la 
queue.  L'anus  est  plus  proche  de  la  na- 
geoire de  la  queue  que  de  la  tête.  Les 
côtés  sont  jaunes  au-dessus  de  la  ligne 
latérale,  et  d'un  gris  argenté  au-des- 
30US  d'elle  ;  la  couleur  delà  tête  est  mê- 
lée de  jaune  et  de  brun.  Les  nageoires 


DU   LUTIAN    JAUNE.      2>5 

de  la  poitrine ,  du  ventre  et  de  la  qnene 
sont  rouges  ;  les  antres  nageoires  sont 
bleuâtres  tirant  sur  le  jaune.  La  pec- 
torale est  étroite  et  longue;  celle  de 
Fanus  courte  ,  et  parmi  ses  trois  aiguil- 
lons ,  celui  du  milieu  se  distingue  par 
sa  force  et  par  sa  longueur.  Les  susdits 
douze  aiguillons  de  la  nageoire  dorsale 
sont  beaucoup  plus  liajvts  que  les  rayons 
mous;  ceux-ci  ont,  comme  les  autres 
rayons  ,  deux  jusqu'à  quatre  rameaux 
à  leur  extrémité. 

Ce  poisson  naît  également  au  Japon. 

Il  se  nomme  : 
La  Broche ,  chez  les  Français. 
Der  Langstachelf  chez  les  Allemands, 
The  hcn^-'piks  ,  chez  les  Anglais. 

L-E   LUTTA  N    JAUNE^ 

L  UT  I  AU  us     LUT^US.  . 


Le  petit  nombre  d''aigurlîons  dans 
nageoire  dorsale  ( 
ière  de  ce  poisson. 


la  nageoire  dorsale  con.slituent  le  carac  - 

o 


244      HISTOIRE   NATURELLE 

Sa  nageoire  pectorale  contient  dix- 
sept  rayons  ,  la  ventrale  six,  celle  de 
l'anus  quinze  ,  celle  de  la  queue  seize  ^ 
et  la  dorsale  dix-neuf. 

Ce  poisson  est  large  et  mince ,  le  dos 
convexe  ,  le  ventre  sortant ,  la  tête 
en  pente  ,  et  l'ouverture  de  la  bouche 
peu  large.  Les  mâclioires  ,  garnies  de 
très-petites  dents  granuleuses,  ont  des 
lèvres  charnues  et  sont  de  longueur 
égale.  Au-dessus  de  la  mâchoire  supé- 
rieure onapperçoit  quatre  ouvertures , 
dont  celles  de  devant  sont  rondes,  et 
celles  de  derrière  oblongues.  Les  yeux 
sont  grands,  la  prunelle  noire  et  en- 
tourée d'un  iris  jaune  doré.  ;D'ici  jus- 
qu'au museau  ,  il  n'y  a  point  d'écaillés  , 
l'autre  partie  de  la  tête  est  couverte 
d'écaillés  moins  grandes  que  celles  du 
tronc  et  plus  grandes  que  celles  des  na- 
geoires. L'opereule  de  devant  est  ar-  ' 
rondi  et  dentelé  ;  celui  de  derrière  ter- 
miné en  pointe  molle.  L'ouverture  des 
OLiies  est  très-large ,  et  la  mcmbra}ie 


DU   LUTIAN   JAUNE.      245 

en  partie  couverte.  Je  ne  puis  rien  dé- 
terminer touchant  le  nombre  des 
rayons  qui  la  composent ,  non  plus  que 
sur  la  structure  intérieure  de  la  bou- 
che de  ce  poisson ,  ayant  emprunté  le 
dessin  du  manuscrit  du  père  Plumier. 
Il  est  probable  que  cet  auteur  l'a  nom- 
mé Hepatus  argenteus ,  à  cause  de  sa 
largeur  et  de  sa  couleur  argentine  :  car 
Rondelet  et  plusieurs  anciens  ichtbyo- 
logues  parlent  déjà  d'un  poisson  de 
mer,  large,  sous  la  dénomination  de 
Hépate.  La  couleur  argentine  de  ce 
poisson  relève  très-agréablement  les 
lignes  d'or  dont  le  corps  esl  rubané. 
Une  partie  de  ces  lignes  sont  au-des- 
sus ,  l'autre  au-dessous  de  la  ligne  laté- 
rale. Cette  ligne,  plus  proche  du  dos 
que  du  ventre  ,  se  courbe  sur  le  devant 
vers  le  haut ,  et  sur  le  derrière  vers  le 
bas,  l.'anus  est  moins  éloigné  de  la  na- 
geoire de  la  queue  que  de  la  tele. 
Tontes  les  nageoires  sont  jaunes,  et 
les  rayons  ramifiés  j  les  nageoires  peo- 


:iïG       HISTOIRE    NATURELLE 

toralesetventralestertninées  en  pointe. 
L.a  première  est  longue ,  l'autre  est 
armée  d'un  aiguillon,  La  nageoire  de 
la  queue  est  fourchue  j  parmi  les  aiguil- 
lons des  nageoires  de  l'anus  et  du  dos  ^ 
le  second  est  le  plus  fort.  La  première 
en  a. trois,  et  la  dorsale  huit,  comme 
nous  l'avons  annoncé.  Le  sillon  formé 
au  dos  par  les  écailles  éminentes  ,  peut 
cacher  celte  nageoire.  A  la  base  des  na- 
geoires de  l'anus  et  de  la  queue  ,  on  re- 
marque de  petites  écailles. 

Ce  poisson  se  trouve  aux  Antilles. 

Je  l'ai  appelé  d'après  la  couleur  de 
ses  nageoires  : 

Le  Lutian  jaune  ,  en  français. 
Der  Gelhjlosser ,  en  allemand. 
The  Yellow-fin  ,  en  anglais, 

L'(EIL   D'OR,    LVTIANUS  chrysops. 

Aucun  poisson  de  ce  genre  ne  s'est 
trouvé  jusqu'ici  avecl'attribut  de  trois 
aiguillons ,.  et  treize  rayons  mous  à  la 


Tofn.JZr. 


J'a^e  z^(?  . 


3. 


.1  /Q".lli  DOR.  2  .  LE  LITIAN  \  iiao'cou  esrouoes. 
3.  LE    CARASSIN  de  mei  .  4.LA    SELLE. 


-Y 

X 

..  ■•£■■ 


D  E     L'  (E  I  L     D'  O  R.  :^i 


7 


nageoire  de  l'anus  :  il  en  est  donc  suffi- 
samment caractérisé. 

Mon  peintre,  qui  en  a  fait  le  dessin 
dans  le  cabinet  de  M.  Linke  à  Leipsig, 
ayant  négligé  de  compter  les  rayons  de 
la  membrane  branchiale,  je  ne  saurois 
en  déterminer  le  nombre.  C^est  par  la 
même  raison  ,  que  je  ne  puis  rien  dire 
de  positif,  ni  de  la  structure  intérieure 
de  la  bouclie  ,  ni  de  l'existence  d'une 
branchie  simple. 

La   nageoire  pectorale    a   quatorze 
rayons  ,  la  ventrale  en  contient  six  , 
celle  de  l'anus  seize ,  celle  de  la  queue 
dix-huit ,  et  la  dorsale  en  a  vingt-cinq. 
La  tête  est  en  forme  de  coin  ;  l'ou- 
verture de  la  bouche  petite  ,  les  mâ- 
choires de  longueur   égale  et  garnies 
d'un  rang  de  dents  petites  ,  pointues 
et  séparées.  Les  narines  sont  doubles 
et  touchent  aux  yeux ,  dont  la  prunelle 
noire  est  entourée  d'un  iris  large  d'or. 
Le  devant  de  la  tête  n'a  point  d'écaillés; 
mais  le  derrière  est  garni    d^éoailles 


a4S       HISTOIRE   NATURELLE 
assez  grandes,  de  ipême  que  le  tronc  ; 
cependant  celles  du  tronc  sont  bien  plus 
grandes.  Chacun  des  deux  opercules 
est   composé  de  deux  lames  ;  l'un  et 
l'autre  sont  arrondis  ,  mais  il  n'y  a  que 
celui  du  devant  qui  soit  dentelé.  L'ou- 
verture des  ouies   est  grande ,   et  la 
membrane  est  cachée  sous  l'opercule. 
La    ligne    latérale    forme    en    allant 
près  du    dos ,    un   arc   peu    courbé  , 
elle  est  interrompue  à    la  fin    de  la 
nageoire    du   dos.    Ce    poisson  a  les 
flancs  comprimés,   et  l'anus  est  plus 
voisin  de  la  nageoire  de  la  queue  que 
de  la  tête.  La  nageoire   ventrale  est 
plus  reculée  que  la  pectorale.  Toutes  les 
deux ,  et  celle  de  l'anus ,   sont  d'un 
jaune  pâle  ,  et  violet  vers  le  bord  ;  celle 
de  la  queue  qui  a  la  forme  d'un  crois- 
sant est  brune  ,  de  même  que  celle  du 
dos    Les  côtés ,  le  ventre   et   la  tête 
sont  argentés ,  cette  couleur  se  perd 
dans  le  violet  vers  la  ligne  latérale,  et 
le  violet  devient  plus  foncé  à  la  nuqu© 


DU  L  U  T  I  A  K  5  &c.  :>49 
et  ail  dos.  La  nageoire  dorsale  contient 
onze  rayons  piquans  ,  et  quatorze 
rayons  mous  ',  la  nageoire  de  l'anus  a 
trois  aiguillons  et  treize  rayons  mous. 
Tous  les  rayons  mous  se  divisent  en 

-quatre  rameaux. 

J'ai  appelé  ce  poisson ,  d'après  son 

iris  d'or  : 

L'Œil  d'or  ,  en  français. 

Vas  Goldaugey  en  allemand  j 

^t  The  Gold-eye ,  en  anglais. 

XE  LUTIAN  A  NAGEOIRES  ROUGES, 

LUTIANUS    ERYTHROPTERVS. 

Ce  poisson  se  caractérise  par  onze 
aiguillons  dans  la  nageoire  du  dos  ,  et 
douze  rayons  dans  celle  de  l'anus.  Il 
est  vrai  ,  que  le  poisson  précédent  et 
celui  qui  suivra  le  présent ,  ont  égale- 
ment onze  aiguillons  au  dos  ;  mais  le 
dernier  ayant  onze  ,  l'autre  seize ,  et 
le  présent  douze  rayons  dans  la  na- 
geoire de   l'anus ,   ce   nombre  inégal 

Poissons.  III.  22 


sSo       HISTOIRE    NATURELLE 

des  rayons  les  différencie  très-bien. 
La  membrane  brancliiostège  montre 
six    rayons  ,    la    nageoire    pectorale 
quinze  ,  la  ventrale  six  ,  celle  de  l'anus 
douze  ,   celle  de  la  queue  vingt ,   et  la 
dorsale  vingt-quatre. 

La  tête  est  comprimée  ;  l'ouverture 
de  la  bouche  n'est  pas  bien  grande.  Les 
mâchoires  sont  d'égale   longueur ,  et 
n'ont  qu'un  seul  rang  de  dents  cour- 
tes ,  un  peu  fortes  ,  réfléchies  et  poin- 
tues; les  deux  dents  du  devant  de  la 
mâchoire    supérieure    surpassent    les 
autres  en  longueur  et  en  grosseur  :  le 
devant  du  palais  est  denticulé  et  rude 
comme  une  lime.  Les  os  de  lèvres  sont 
étroits  et  minces.  La  langue  est  lisse  ; 
la  partie  de  la  tête  entre  le  museau  et 
les  yeux  n'est  point  écaillcuse,  de  même 
que  le  menton.  Le  reste  de  la  têteetle 
tronc  sont   garnis  de  petites  écailles 
unies.  On  n'apperçoit  que  deux  nari- 
nes qui  sont  ovales.  Les  grands  yeux 
saillans,    ont  la  prunelle  noire  et  uu 


DU     L  U  T  I  A  N  ,   &C.        201 

iris  double,  de  couleur  jaune  et  vio- 
let. L'opercule  antérieur  n'est  dentelé 
qu'au  bord,  et  n'a  point  de  branrliie 
simple   au  côté  interne.  L'ouverture 
des  ouies  est  large  ,  et  la  membrane 
n'est  qu'à  demi  couverte.  La  ligne  laté- 
rale ,  presque  droite  ,  avoisine  plus  le 
dos  que  le  ventre,   et  l'anus  s'éloigne 
moins  de  la  nageoire  de  la  queue  que 
de  la  tête.  Cette  dernière  nageoire,  de 
même  que  celles  de  l'anus  et  du  dos  , 
sont   en   partie   couvertes  de   petites 
écailles,  qui  s'élèvent  des  deux  côtés 
du  dos,  et  forment,  par  leur  élévation  , 
un  sillon  propre  à  recevoir  la  nageoire 
dorsale.  Les  côtés  et  la  tête  sont  argen- 
tés ;  à  la  dernière  ,  cette  couleur  est 
mêlée  de  rouge;  le  dos  est  brun,  les 
nageoires  sont  rouges.  La  nageoire  pec- 
torale se  termine  en  pointe,  celle  de  la 
queue  est  légèrement  écliancrée  ,   les 
autres  nageoires  sont  arrondies.   Les 
rayons   mous  de  toutes  les  nageoires 
soîit  ramifiés.  On  trouve  ,  dans  la  na- 


252        HISTOIRE    NATURELLE 
çeoire  ventrale  ,  un  aiguillon  simple  , 
dans  celle  de  l'anus  trois,  et  onze  dans 
la  dorsale. 

J'ai  reçu  ce  poisson  du  Japon;  je  1© 
dénomme  d'après  la  couleur  de  ses  na- 


geoires : 


Le  Lutian  à  nageoires  rouges j  en  fran- 
çais. 
Der  liothflosser ,  en  allemand. 
The  Red-fin  ,  en  anglais. 

LE   CARASSIN    DE    MER, 

LUTIANUS      RUPESTRIS. 

Les  dix-sept  aiguillons  de  la  nageoire 
dorsale  que  nous  venons  de  marquer , 
distinguent  d'autant  mieux  ce  poisson, 
qu'aucun  autre  de  son  genre  n'en  a  au- 
tant. 

La  membrane  branchiale  contient 
cinq  rayons  ,  la  nageoire  pectorale 
treize  ,  la  ventrale  six ,  celle  de  l'anus 
onze,  celle  de  la  queue  dix-sept,  et  la 
dorsale  vingt-six. 


DU  CARASSIN  DE  MER.  253 
T>a  tête  est  sans  écailles  par-devant  ; 
elle  est  embellie  de  lignes  bleues  de 
chaque  côté,  et  se  termine  en  pointe 
tronquée.  La  bouche  est  petite  ;  les 
mâchoires  sont  de  longueur  égale  ,  et 
armées  d'un  rang  de  petites  dents 
pointues,  dont  les  quatre  antérieures 
de  la  mâchoire  supérieure  surpassent 
cependant  les  autres  en  longueur.  La 
langue  est  épaisse  ,  libre  et  lisse  ,  de 
même  que  le  palais.  On  découvre  à  la 
gueule  deux  os  opposés  l'un  à  l'autre, 
garnis  de  dents  courtes,  rondes  et  pro- 
pres à  broyer  les  alimens.  Les  lèvres 
sont  charnues  ,  les  narines  doubles  , 
les  premières  sont  rondes',  les  autres 
de  figure  ovale.  Les  yeux  ,  près  du 
sommet,  ont  la  prunelle  noire  dans  un 
iris  couleur  d'or.  L'opercule  antérieur, 
finement  dentelé,  est  composé  de  deux 
petites  lames,  et  porte  des  écailles  plus 
fines  que  l'autre.  Une  branchie  simple 
se  trouve  attachée  à  la  superficie  in- 
terne. L'ouverture  des  ouies  est  large, 


^54  HISTOIRE  NATURELLE 
et  la  membrane  couverte.  Les  écailles 
sont  unies,  et  la  ligne  latérale  voisine 
du  dos,  va  parallèle  à  lui  jusques  vers 
la  fin  de  la  nageoire  dorsale,  où  par  une 
inflexion  elle  va  se  perdre  dans  la  na- 
geoire de  la  queue.  L'anus  approche 
bien  plus  de  la  nageoire  de  la  queue 
que  de  la  tête.  Ce  poisson  a  le  ventre 
blanc,  et  le  dos  jaune- verdâtre.  Le 
corps  est  rubané  de  lignes  rougeâ- 
Ires,  et  ceinturé  de  raies  brunâtres 
transversales.  Le  haut  de  la  nageoire 
de  la  queue  ,  et  le  commencement 
de  la  dorsale  ,  du  côté  de  la  tête  , 
sont  marqués  par  une  tache  noire.  Les 
nageoires  sont  cendrées  et  courtes  ; 
celles  de  la  poitrine,  de  la  queue  et  du 
ventre  sont  arrondies  ,  celles  de  l'anus 
et  du  dos  se  terminent  en  pointe.  Tous 
les  rayons  mous  sont  ramifiés.  La  na- 
geoire ventrale  porte  un  aiguillon  , 
celle  de  l'anus  en  a  trois ,  et  la  dorsale  , 
comme  il  «  été  dit,  en  contient  dix- 
sept,  qui  sont  ramentacés. 


DU   CARASSIN    DE    MER.      :a55 

Ce  poisson  se  trouve  dans  la  mer  da 
Nord  ,  dans  le  Canal,  et  d'après  l'afiir- 
mation  de  mon  ami,  le  docteur  Wal- 
bauDi  à  Lubeck ,  on  le  trouve  ,  quoique 
rarement  ,  dans   la  Baltique.  On  en 
prend  beaucoup  aux  falaises  du  Dane- 
marck  et  de  la  Norwège ,  sur-tout  dans 
le  Christians-Sund.  31  diffère  pour  la 
taille,  suivant  la  différence  de  son  sé- 
jour :  M.  Abilgard  nous  dit  ,  qu'aux 
côtes  danoises  il  n'a  que  quatre  à  cinq 
pouces.  Il  a  la  chair  blanche  ,  et  se  di- 
gère bien ,  mais  il  faut  en  excepter  ceux 
que  l'on  prend  en  Norwège  dans  la  baie 
près  de  Weyle ,  où ,  selon  Pontoppidan  , 
ils  prennent  le  plus  de  graisse  et  d'em- 
bonpoint. On  l'apprête  de  plusieurs 
manières  ,  comme  notre  perche  de  ri- 
vière. 

L'estomac,  qui  consiste  en  une  mem- 
brane déliée,  est  long;  le  canal  intesti- 
nal, qui  forme  deux  inflexions,  prend 
au  bas  de  l'estomac.  Le  foie  est  long  , 
la  raîe  conrte,  la  laitance  double  j  la 


256       HISTOIRE    NATURELLE 

vésicule  aérienne  consiste ,  comme  celle 
delà  perche,  en  une  membrane  tendue 
le  long  du  dos,  tenant  des  deux  côtés 
aux  côtes.  Ce  poisson  a  onze  côtes  de 
chaque  côté. 

Ce  poisson  est  nommé  : 
Par  les  Danois,  Soe-Karusse. 
Par  les  Norwégiens  ,    Raate  ,   Berg^ 

Neppe  ,  Strand-Karudse  ,  Hai^-Ka- 

rudse  et  Soe-Karudse. 
Par  les  Suédois,  Oer-Snylta. 
Par  les  Anglais,  Goldsinny. 
Par  les  Allemands  ,  Seekarausclie  ou 

Felsenkriecher. 
Par  les  Français  ,  Carass'm  de  mer  et 

Carude. 

Le  docteur  Jago  nous  a  le  premier 
fait  connoître  ce  poisson  ;  Rai,  qui  le 
prend  pour  un  tourd  de  mer  (i) ,  nous 
en  a  donné  le  premier  dessin. 

Linné  l'a  d'abord  pris  pour  un  ombre 


(0  Turdus,  nommé  Labrus  par  les  mo- 
deïues. 


DE     LA     SELLE.  25'/ 

de  mer  ,  puis  pour  un  labre  ;  Mliller , 
Fabricius  et  Pennant  le  mettent  éga- 
ment  au  nombre  des  labres  j  M.  Abil- 
gard,  au  contraire,  le  compte  au  genre 
des  perches. 

L'opinion  de  Pennant,  que  le  pois- 
son qu'il  a  reçu  de  Cornwal ,  et  dont  il 
fait  la  description,  soit  le  goldsinny  du 
docteur  Jago,qui  répond  tout- à -fait 
an  nôtre,  paroît  mal  fondée,  vu  que 
non  -  seulement  les  dessins  diffèrent 
beaucoup,  mais  que  le  nombre  des  ai- 
guillons dans  la  nageoire  du  dos  n^est 
point  égal,  et  que  le  nôtre  n'a  point  de 
tache  noire  au  ventre  comme  le  sien. 

Bonnaterre  fait  mal  à  propos  deux 
espèces  de  notre  poisson. 

LA.   SELLE,   LUTIANUS  ephippium. 

Ce  poisson  ayant  seul  les  deux  oper- 
cules dentelés,  et  tous  les  autres  de  son 
genre  iCcn  ayant  que  l'antérieur  formé 
ainsi ,  il  en  est  fort  bien  caractérisé. 

La  membrane  des  ouiesa  six  rayons^ 


258       HISTOIRE    NATURELLE 
la  nageoire  pectorale  en  a  dix- neuf ,  la 
ventrale  six,  celle  de  l'anus  seize,  celle 
de  la  queue  autant ,  et  la  dorsale  en  con- 
tient vingt- six. 

La  tête  est  courte  ,  beaucoup  en 
pente  et  comprimée;  l'ouverture  de  la 
bouche  est  petite  et  un  peu  oblique  ;  et 
les  deux  mâchoires ,  dont  l'inférieure 
est  la  plus  longue  ,    sont  garnies  de 
dents  courtes ,  larges  et  pointues  vers 
le  haut.  La  langue  est  courte,  épaisse 
et  lisse  ,  de  même  que  le  palais.  Les  lè- 
vres sont  charnues  ,  leurs  os  courts  et 
étroits.  Les  narines  sont  solitaires;  les 
yeux  ,  à  prunelle  noire  ,   ont   un  iris 
jaune  ;  vn   bord  dentelé  en  forme  le 
dessous.  La  partie  de  la  tête  qui   est 
entre  la  bouche  et  les  yeux,  n'a  point 
d'écaillés;  le  reste  de  la  tête,  ainsi  que 
le  tronc  et  les  nageoires  du  dos ,  de  fa- 
nus  et  de  la  queue  ,  sont  garnis  de  pe- 
tites écailles  dentelées.  Les  deux  oper- 
cules sont  donlelés  à  leur  bord  posté - 
jieur  et  inférieur;  au  premier,  on  dé- 


DE     LA     SELLE.  239 

couvre  une  incision  provenant  du  moii- 
Ycment  de  la  nageoire  pectorale  qui  y 
louche.  Les  côtés  sont  larges  et  com- 
primés ,  le  dos  est  arqué  de  même  que 
la  ligne  latérale  qui  lui  est  parallèle;  la 
dernière  est  interrompue  à  la  fin  de  la 
nageoire  dorsale^  reprend  au  milieu  de 
la  queue,  et  se  perd  ensuite  dans  la  na- 
geoire de  la  queue  voisine.  L'anus  tient 
le  milieu  entre  la  tête  et  la  nageoire  de 
la  queue.  Le  fond  du  poisson  est  rou- 
geâtre ,  le  dos  a  le  fond  noir.  Cette  cou- 
leur s'étend  des  deux  côtés,  et  forme 
une  grande  tache,  qui  est  proportion- 
née, de  même  que  la  couleur  rouge  à 
la  grandeur  du  poisson;  plus  le  poisson 
est  petit,  plus  il  est  rouge,  et  plus  la 
tache  noire  est  petite  -,  plus  il  avance 
en  âge ,  plus  le  ronge  fait  place  au  noir. 
Les  quatre  individus  que  j'en  possède, 
m'ont  fait  remarquer  distinctement 
cette  diiférence. 

Les  Indes  orientales  produisent  qq 
poisson. 


26o       HISTOIRE   NATURELLE 

Je  l'ai  dénommé  d'après  la  figure  de 
sa  tache  noire  : 
La  Selle ,  en  français. 
Der  Sattel,  en  allemand. 
The  Saddle ,  en  anglais. 

Klein  ,  qui  nous  donna  la  première 
description  de  ce  poisson,  nous  en  a 
laissé  aussi  un  bon  dessin.  Séba  nous  en 
donna  un  autre  après  lui.  Le  premier 
met  ce  poisson  au  nombre  de  ses  pro- 
chiles,  et  Séba  le  range  parmi  les  ban- 
doulières. Klein  se  trompe  en  croyant 
les  écailles  de  ce  poisson  unies. 

LA    DENT    DOUBLE, 

LUT  I  A  N  us      BIDENS» 

Les  deux  dents  de  la  mâchoire  su- 
périeure caractérisent  suffisamment  ce 
poisson,  le  seul  de  son  genre  qui  ait  un 
si  petit  nombre  de  dents. 
.  La  membrane  branchiale  a  cinq 
rayons  ,  la  nageoire  pectorale  treize  , 
la  ventrale  six,  celle  de  l'anus  treize. 


Tom  .m . 


Paçe^  %âo  ■ 


x.lAi^EJ^T  DOUBUi .  ii.IJ?.  liUTlAl^ marqué. 

3  .  LE  LUTlAîs^  de  TinTce  .  4^.3.E  LIJTlAJsr  de 

Surinam  • 


A 


DE  LA  DEXT  DOUBLE.  261 
celle  de  la  queue  quinze ,  et  la  dorsale 
vingt-cinq. 

La  tcte  est  proportionnée  ,  compri- 
mée, étroite  et  sans  écailles  sur  le  de- 
vant; l'ouverture  de  la  bouche  est  pe- 
tite ,  les  lèvres  sont  charnues  ,  les  mâ- 
choires de  longueur  égale.  Les  deux 
dents  susdites  sont  larges,  la  mâchoire 
inférieure  est  garnie  d'un  rang  de  dents 
courtes  et  arrondies.  Les  narines ,  dont 
deux  seulement  se  découvrent  à  la  vue , 
sont  placées  près  du  bord  antérieur  de 
l'œil.  Les  yeux ,  tout  près  du  sommet , 
ont  la  prunelle  noire  et  l'iris  d'or  -,  il 
n'y  a  que  l'opercule  antérieur  qui  soit 
dentelé  •,  les  écailles  sont  unies,  et  aux 
deux  opercules  un  peu  plus  petites 
qu'au  tronc.  L'ouverture  des  ouies  est 
large  ,  la  membrane  à  demi  couverte. 
Unebranchie  simple  s'étend  sur  la  face 
intérieure  de  l'opercule  antérieur.  Le 
tronc  est  étroit,  un  peu  comprimé,  et 
la  ligne  latérale  bien  près  du  dos  ar- 
rondi ;   elle   a   la  direction   presque 

Foissons.  III.  2^^ 


:262      HISTOIRE    NATURELLE 

droite ,  est  interrompue  à  la  lin  de  la 
nageoire  dorsale ,  et  reprend  à  la  queue 
où  elle  se  porte  droit  au  milieu  de  la 
nageoire.  L*anus  est  plus  près  de  la  na- 
geoire de  la  queue  que  de  la  tête.  Le 
dos  est  rouge;  les  côtés  sont  d'un  rouge 
pâle  par  le  haut ,  et  vers  le  ventre  la 
couleur  devient  argentine.  Le  menton 
et  les  nageoires  sont  verds.  H  y  a  une 
tache  noire  à  la  base  de  la  nageoire 
pectorale ,  et  chaque  rang  d'écaillés 
montre  une  ligne  de  jaune  pâle.  Les 
nageoires  sont  toutes  arrondies  -,  les 
rayons  mous  des  nageoires  sont  rami- 
fiés en  quatre  divisions.  La  nageoire 
du  ventre  n'a  qu'un  aiguillon ,  celle  de 
l'anus  en  a  trois ,  celle  du  dos  seize  ;  ces 
derniers  sont  raclés. 

Ce  beau  poisson  habite  la  mer  du 
Nord. 

On  le  nomme: 
La  Dent  double,  en  français. 
DerDoppelzahn,  en  allemand. 
The  Doubte-iooth,  en  anglais. 


I3U    LUTIAN    MARQUÉ.         263 

LE    LUTIAN    MARQUÉ, 

LUTIANUS    N  0  T  yl  T  U  S, 

On  reconnoît  ce  poisson  aux  qua- 
torze aiguillons  de  la  nageoire  dorsale, 
et  aux  treize  rayons  de  celle  de  l'anus. 
Je  trouve  cinq  rayons  dans  la  mem- 
brane des  ouies,  quatorze  dans  la  na- 
geoire pectorale  ,  six  dans  la  ventrale  , 
treize  dans  celle  de  l'anus,  seize  dans 
celle  de  la  queue  ,  et  vingt-deux  dans 
la  dorsale. 

Latête  est  comprimée, et  se  termine 
en  pointe  tronquée  -,  les  lèvres  sont 
charnues,  l'ouverture  de  la  bouclie  est 
petite ,  la  langue  et  le  palais  sont  lisses  -, 
les  mâchoires ,  de  longueur  égale ,  n'ont 
qu'un  rang  de  dents  serrées  et  poin- 
tues. On  ne  découvre  que  deux  narines 
ovales  qui  touchent  le  bord  supérieur 
des  yeux  ",  à  ceux  -  ci  on  découvre ,  en 
les  examinant  de  près,  un  cercle  de 
petits  poireaux  qui  ont  une  ouverture 


264      HISTOIRE    NATURELLE 

au  milieu  ;  ces  poireaux  sont  les  ouver- 
tures de  petits  canaux  pituitaires.  Les 
yeux  ont  la  prunelle  verte ,  et  l'iris 
jaune  nuancé  de  blanc.  La  tête  n'a  des 
écailles  qu'aux  opercules.  Entre  les 
yeux  et  la  bouche,  il  y  a  plusieurs  pe- 
tits canaux  pituitaires.  L'opercule  an- 
térieur est  dentelé  par  les  deux  bords. 
L'ouverture  des  ouies  est  large  ,  la 
membrane  couverte.  Une  branchie 
simple  s'étend  sur  la  face  intérieure 
de  l'opercule  antérieur.  Les  écailles  du 
tronc  sont  plus  grandes  que  celles  de  la 
tête ,  toutes  sont  molles  et  unies.  La 
ligne  latérale,  très-voisine  du  dos,  est 
arquée  et  parallèle  au  dos  ;  mais  à  la  fin 
de  la  nageoire  dorsale  elle  se  courbe 
vers  le  milieu  de  la  queue  ,  et  se  perd 
dans  la  tache  noire  qui  se  trouve  au 
fond  de  la  nageoire  de  la  queue.  L'a- 
nus tient  le  milieu  entre  la  tête  et  !a 
nageoire  de  la  queue.  Le  jaune  sale  du 
poisson  est  marqué  par  des  taches  bru- 
nes. Les  nageoires  de  la  poitrine,  du 


DU  LUTIAN  DE  LINKE.  265 
ventre  et  de  l'anus  ,  finissent  en  poin- 
tes un  peu  arrondies.  Les  rayons  de  la 
nageoire  de  la  queue  sont  dicholomes, 
ceux  de  Ja  nageoire  du  dos  sont  sim- 
ples, et  ceux  des  autres  nageoires  ra- 
mitlés.  Les  aiguillons  de  la  nageoire  du 
dos  sont  ramentacés.  Le  nombre  des 
aiguillons  dans  les  autres  nageoires  de 
ce  poisson,  est  égal  à  celui  du  poisson 
précédent. 

Les  Indes  orientales  sont  la  patrie 
de  ce  poisson. 

.Te  l'ai  appelé  : 
Le  Lutian  marqué  ,  en  français. 
Dér  gezeichnete  Lutjan ,  en  allemand. 
Et  The  spotted  Lutian  ,  en  anglais. 

LE   LUTIAN    DE   LINKE, 

LUTIANVS     L  I  N  K  I  I. 

On  distingue  aisément  ce  poisson  de 
ceux  de  son  genre  par  les  quinze  ai- 
guillons de  la  nageoire  du  dos  ,  et  les 

quatoize  rayons  à  la  nagcoirede l'anus. 


266        HISTOIRE    NATURELLE 

N'ayant  que  ledessindu  poisson  qui  se 
trouve  dans  la  colleclion  de  M.  Linke 
à  Leipzig  ,  je  ne  puis  déteiminer  le 
nombre  des  rayons  de  la  membrane 
branchiale  :  la  nageoire  pectorale  a 
quatorze  rayons  ,  la  ventrale  six,  celle 
de  l'anus  quatorze ,  celle  de  la  queue 
treize  ,  et  la  dorsale  vingt-six. 

La  tête  est  étroite  par-devant  ,  et 
sans  écailles  ;  les  mâchoires  sont  de 
longueur  égale  ,  et  garnies  d'un  rang 
de  dents  fortes,  pointues  et  réfléchies; 
le  palais  et  la  langue  sont  lisses  ;  les 
narines  solitaires  et  ovales  sont  près 
des  yeux  :  ceux  -  ci  ont  la  prunelle 
noire  entourée  d'un  iris  bleu.  Les 
écailles  de  l'opercule  antérieur  dentelé 
sont  plus  petites  que  celles  de  l'oper- 
cule postérieur  ;  l'ouverture  des  ouies 
est  large,  et  la  membrane  cachée;  la 
ligne  latérale  tenant  avec  le  dos  la 
même  direction,  s'en  éloigne  vers  la 
nageoire  de  la  qncuc  ;  l'anus  est  plus 
voiiin  de  la  nageoire  de  la  queue  que 


DU  LUTIAN  DE  SURINAM.     267 

tle  la  lêle;  les  nageoires  ventrales  et 
pectorales  ont  les  rayons  mous  rami  - 
fiés  ,  mais  cenx  des  antres  nageoires 
sont  dicliotonics.  Ontre  les  quinze  ai- 
guillons mentionnés  de  la  dorsale  ,  la 
ventrale  en  présente  un  ,  et  celle  de 
l'anus  trois  :  la  tête  est  grise  ,  mais 
violette  au  nez  ;  le  reste  du  corps  est 
blanc  ,  tirant  sur  le  violet. 

Je  ne  connois  point  le  séjour  de  ce 
poisson.  Je  lui  ai  donné  le  nom  de 
M.Linke,dont  jele  tiens. 

LE  LUTIAN  DE  SURINAM  , 

LUTIJNUS    SURINJMENSIS. 

La  mâclioire  supérieure  sans  dents 
fait  le  caractère  distinctif  de  ce  poisson . 
On  remarque  six  rayons  dans  la 
membrane  branchiale  ,  seize  dans  la 
nageoire  pectorale  ,  six  dans  la  ven- 
frale  ,  dix  dans  celle  de  Tanus  ,  seize 
dans  celle  de  la  queue  ,  et  vingt-neuf 
dans  celle  du  dos. 


2G8        HISTOIRE   NATURELLE 

L'ouverture  de  la  bouche  est  petite  ; 
la    mâchoire  inférieure  armée    d'un 
grand  nombre  de  dents  petites  ,  poin- 
tues et  serrées,  est  plus  longue  que  la 
mâchoire  supérieure,  qui  est   munie 
de  deux  os  de   lèvres  ;  le  palais   est 
rude,  la  langue  lisse;  les   lèvres  sont 
fortes  ;  les  narines  sont  doubles,  celles 
du  devant  rondes,  les  autres  ovales  et 
tout    près   des   yeux.  Ceux  -  ci  sont 
grands,  la   prunelle  est  noire  ,    l'iris 
d'un  bleu  clair  ;  la  tête  est  en  pente  , 
et  sans  écailles  sur  le  devant  -,  les  écailles 
del'opercule  antérieur  sont  pluspeliles 
que  celles  du  postérieur  ,  mais  elles 
sont  toutes  dentelées  et  dures  comme 
celles  du  tronc  :  l'opercule  postérieur 
consiste  en  deux  lames,  et  se  termine  en 
pointe  obluse-,  l'antérieur  est  dentelé 
aux  deux  bords  ;  l'ouverture  des  oui  es 
est  fort  large  ,  et  la  membrane  cachée. 
Le  tronc,  large  sur  le  devant  ,  se  ré- 
trécit sur  le  derrière  ;  la  ligne  latérale 
que  l'on  apperçoit  près  du  dos,  a  la  di- 


DU  LUTIAN  DE  SURINAM.      2G() 
rection  presque  droite ,  et  l'anus  ap- 
proche plus  de  la  nageoire  de  la  queue 
que  delà  tête  ;  les  écailles  avancent  aa 
dos  arrondi ,  et  forment  un  sillon  pour 
y  recevoir  la  partie  antérieure  de  sa 
nageoire  :  la  partie  molle  de  cette  na- 
geoire est  couverte  ,  de  même  que  celle 
de  l'anus  et  de  la  queue ,  presqu'à  demi 
de  petites  écailles.  Les  nageoires  sont 
arrondies  ,  et  les  rayons  mous  se  divi- 
sent en  plusieurs  rameaux  ;  la  partie 
antérieure  de   la  nageoire  du  dos  est 
munie  de  quatorze  aiguillons ,  et  dé- 
cline fortement  sur  le  derrière  ;  le  pre- 
mier aiguillon  de  la  nageoire  de  l'anus 
est  petit ,  le  second  long  et  fort ,  et  le 
troisième  étroit;  il  n'y  a  que  le  pre- 
mier rayon  de  la  ventrale  qui  soit  pi- 
quant. Le  fond  du  poisson  est  rougcâ- 
tre  ,  avec  des  raies  et  des  taches  d'un 
gris  foncé  ;  les  nageoires  sont  bleues  , 
et  celle  de  la  queue  seule  est  rouge  par 
le  haut. 

Ce  poisson  est  natif  de  Surinam. 


il^O       HISTOIRE   NATURELLE 

Il  est  nommé  : 

Steen-Kaal-Kop ,  par  les  Hollandais. 

Stein^ahlkopf ,  par  les  Allemands. 

Le  Lutian  de  Surinam, ipar  lesFrançais, 

Et  The  Lutian  of  Surinam ,  parles  An- 
glais. 

LE   LUTIAN    VERDATRE, 

LU  TIJN  us    V  1RES  CENS. 

Le  rang  de  dents  à  chaque  mâchoire, 
et  les  douze  rayons  à  la  nageoire  de  la 
queue  ,  caractérisent  ce  poisson. 

Le  carassin  de  mer  ressemble  fort 
au  lutian  verdâtre  -,  mais  le  carassin 
n'ajMnt  que  deux  dents  dans  la  mâ- 
choire supérieure  ,  et  celui-ci  ayant 
plus  de  dents  et  plus  de  rayons  ,  on  ne 
peut  guère  les  confondre. 

La  membrane    branchiale    a    cinq 

rayons ,  la  pectorale  dou^e ,  la  ventrale 

six,  celle  de  l'anus  douze  ,  celle  de  la 

queue  seize,  et  la  dorsale  vingt-cinq. 

La  tête  est  alon^ée  et  obtuse  :  les 


7W 


m. 


Ffht/e   2.^0 


t.lj;  LlTTIAl>i  veidatre.  nAiW   GROIN.   3  .  LF- 
VWUIAT    de  inor.  4.  LE.  I/UTTA-N    do   Neoi-w^o-e- 


DU    LUTIAN    VERDATPlE.     S71 
lèvres  sont  charnues  ,  les  mâclioircs 
de  longueur  égale ,  et  armées  d'un  rang 
de  dents  pointues  et  serrées  ,  dont  les 
antérieures  sont  les  plus  fortes;  le  pa- 
lais et  la  langue  sont  lisses ,  et  la  gueule 
a  des  dents  en  forme  de  perles  ;   les 
os  de  lèvres   se   rétrécissent     par    le 
haut ,  et  s'élargissent  à  l'angle.  D'ici 
jusqu'aux  yeux  ,  la  tête  est  sans  écail- 
les ;  les  narines  sont  solitaires  ,  ovales, 
et  touchent  au  boid  des  yeux ,  dont  la 
prunelle  noire  est  bordée  d'un  iris  gris 
et  jaune  ;  l'opercule  antérieur  est  ar- 
rondi et  denticulé  par  ses  deux  bords  ; 
le  postérieur  se  termine  en  pointe  :  ils 
ont  l'un  et  l'autre  des  écailles  plus  pe- 
tites que  le  tronc  ,   et  qui  sont  toutes 
minces  et  lisses.  L'ouverture  des  ouies 
est  grande,  la  membrane  découverte, 
et  l'on  trouve  unebrauchie  simple;  le 
tronc  est  étroit  et  comprimé,  mais  le 
dos  et  le  ventre  sont  arrondis;  la  ligno 
latérale  allant   dans  la  proximité  du 
dos,  est  interrompue   au  bout  de  la 


ii72       HISTOIRE    NATURELLE 
nageoire  dorsale  ;  Fanus  est  plus  voisin 
de  la  nageoire  de  la  queue  que  de  la 
tête  ,  à  laquelle  on  voit ,  aussi  bien  qu'à 
cliaque  rang  d'écaillés  ,  des  lignes  vio- 
lettes :  le   fond  du  poisson  est  jau- 
nâtre ,  mais  les  nageoires  sont  vertes  j 
celles  du  dos  ,  de  l'anus  et  de  la  queue 
ont  des  lignes  violettes.  Les  seize  ai- 
guillons du  dos  et  les  trois  de  l'anus 
sont  ramentacés;  la  ventrale  est  aussi 
armée  d'un  aiguillon  ;  les  rayons  mous 
se  ramifient  en  plusieurs  branches  ,  et 
les  nageoires  sont  arrondie?;  les  na- 
geoires du  ventre  se  trouvent  plus  en 
arrière  que  celles  de  la  poitrine. 

J'ignoie  la  patrie  de  ce  poisson.  Je 
l'ai  reçu  d'un  encan  hambourgeois , 
sans  aucune  description. 

On  le  nomme  : 
Le  Lutian  verdâtre,  en  français, 
Der  Gr'ûnflosser  j  en  allemand. 
The  Green-firij  en  anglais. 


DU     GROIN.  273 

LE    GROIN,    LVTIANUS    rostratus. 

La  tête  en  pointe  obtuse  ,  et  la  na- 
geoire de  la  queue  tronquée ,  caracté- 
risent ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  porte  cinq 
rayons, la  nageoire  pectorale  douze,  la 
ventrale  six ,  celle  de  l'anus  douze  , 
celle  de  la  queue  quinze ,  et  la  dorsal© 
vingt-cinq. 

La  bouclie  est  petite  ,  la  mâchoire 
inférieure  la  plus  longue  :  un  rang  de 
dents  petites ,  minces ,  pointues  et  très- 
serrées  ,   les  garnit  toutes  deux,  et  la 
mâchoire  supérieure  fait  encore  voir 
deux    os    de  lèvres.   Le  palais  et   la 
langue  sont  lisses  ;  les  narines  solitai- 
res, rondes  et  placées  au  milieu  entre 
le  museau  et  les  yeux.  Ceux-ci  ont  l'iris 
couleur  turquoise  autour  d'une  pru- 
nelle noire.  La  tête  est  sans  écailles 
jusque-là  ;  l'opercule  antérieur  est  fine- 
ment dentelé  ;  les  deux  opercules  ar- 
rondis sont  couverts  d'écaillés  plus  pe- 
Poissons.  ni.  24 


27^  HISTOIRE  NATURELLE 
tites  que  celles  du  tronc  -,  l'ouvertiire 
des  ouies  est  grande  ,  et  la  membrane 
n'est  visible  qu'en  partie  \  le  côté  in- 
terne de  l'opercule  antérieur  est  garni 
d'une  branchie  simple;  le  ventre  est 
plus  arrondi  que  le  dos  -,  la  ligne  laté- 
rale allant  près  du  dos  ,  est  un  peu  ar- 
quée et  parallèle  au  dos  ;  l'anus  est  plus 
près  de  la  nageoire  de  la  queue  que 
de  la  tête  j  les  nageoires  ,  excepté 
celle  de  la  queue  ,  sont  courtes  ;  les 
rayons  mous  sont  ramifiés  ,  excepté 
dans  la  nageoire  de  la  queue  ,  où  ils 
sont  fourcbus.  Quinze  aiguillons  ar- 
ment la  nageoire  dorsale,  trois  celle  de 
l'anus ,  et  un  la  ventrale  :  les  premiers 
sont  ramentacés.  Le  dos  est  violet 
foncé,  le  ventre  violet  clair  ;  les  côtés 
sont  jaunâtres  :  les  nageoires  pectorales 
et  de  la  queue  ont  la  même  couleur 
au  fond  ,  mais  elles  jaunissent  aux 
bords  ;  les  autres  nageoires  présentent 
le  contraire. 

Je  lie  connois  point  le  séjour  de  ce 


DU    VERRAT    DE    MER.        275 

poisson,  que  je  tiens  de  M.  Vosmer à 
îa  Haye. 

On  le  nomme  : 
L.e  Groin  ,  en  français. 
Der  Rilssel,  en  allemand. 
Et  The  snouted  LutiariyCn  anglais. 

LE  VERRAT  DE   MER, 

LUT! AN  us     VERRES. 

Ce  poisson  se  distingue  aisément  de 
ceux  de  son  genre  ,  par  le  violet  du 
dos  ,  et  par  sa  bouche  en  forme  de 
groin. 

L'on  apperçoit  cinq  rayons  dans  la 
membrane  branchiale  ,  seize  dans  la 
nageoire  pectorale  ,  six  dans  la  ven- 
trale ,  treize  dans  celle  de  l'anus  , 
quinze  dans  celle  de  la  queue  ,  et 
vingt-deux  dans  la  dorsale. 

La  tête  comprimée  et  en  pente  se 
termine  en  pointe  obtuse  ;  la  bouche  est 
grande  ,  et  la  mâchoire  supérieure  est 
plus   longue    que    l'inférieure  ;  elles 


2/6      HISTOIRE    NATURELLE 
sont  l'une  et  l'antre  armées  de  dents  , 
qui  diffèrent    sensiblement    de    celles 
des  autres  poissons  de  ce  genre.  La  mâ- 
choire  inférieure  présente  par-devant 
quatre  grandes  dents,  pointues,  re- 
courbées, dont  celles  des  côtés  sont  les 
plus  fortes  ;  puis   viennent  six  dents 
très  -  courtes  ,   placées  deux  à  deux; 
celles-ci  sont  suivies  de  trois  dents 
plus  grandes  recourbées ,  et  puis  trois 
dents  courtes.  Mais  dans  la  mâchoire 
supérieure,    l'on    ne   voit,    outre  les 
quatre  dents  du  devant ,  semblables  à 
celles  de  la  mâchoire  inférieure  ,  que 
deux  dents  sur  le  derrière  ,    et  entre 
ces    deux    endroits  ,    l'on    remarque 
des  dents  isolées  ,  courtes  ,  en  forme 
de  perles  j  le  palais  en  a  de  semblables. 
On  remarque  une  branchie  simple  au 
côté  interne  de  l'opercule  antérieur 
dont  le  bord  est  dentelé.  La  tête  n'a 
point  d'écailles  jusqu'aux  yeux,  aux- 
quels tonchent  les  narines,  dont  on  ne 
voit  que  deux  3   la  prunelle  noire  est 


DU   VERRAT    DE   MER.        '2"]^ 
dans  un  iris  d'orange  ;  l'opercule  pos- 
térieur finit  en  pointe  obtuse  ;  l'ou- 
verlure  des  ouies  est  très-large  ,  et  la 
membrane  est  en  partie  couverte  -,  les 
écailles  des  opercules  n'ont  pas  la  gran- 
deur de  celles  du  tronc  ;  les  nageoires 
du  dos,  de  l'anus  et  de  la  queue  sont 
également  couvertes  ,    pour    la    plus 
grande   partie  ,   d'écaillés  semblables. 
Elles  sont  généralement  dures  et  den- 
telées. La  tête  ,  le  dos  et  les  flancs  en 
partie  brillent  d'une  couleur  pourpre, 
mais  le  reste  du  tronc  est  argentin;  la 
ligne  latérale  prend  une  direction  pres- 
que droite  iusqu'à  la  fin  de  la  nageoire 
du  dos  ,  oii  elle  fait  une  inflexion  vers 
le  milieu  de  la  queue;  l'anus  est  au  mi- 
lieu du  corps;  les  nageoires  pectorales  se 
terminent  en  pointe  obtuse  ,  les  autres 
en  pointe  aiguë.  Elles  ont  les  rayons 
mous  à  plusieurs  rameaux  ,  et  les  ai- 
guillons ramcntaccs  :  la  ventrale  a  un 
de  ces  derniers ,  celle  de  l'anus  trois  , 
et  la  doi'sale  douze.  La  nageoire  de  la 


278  HISTOIRE  NATURELLE 
queue  est  rouge;  celles  de  la  poitrine 
le  sont  à  la  base  ,  et  prennent  à  l'extré- 
mité  une  couleur  tirant  sur  le  violet  ; 
la  ventrale  est  d'un  violet  pâle  ;  celles 
du  dos  et  de  l'anus  sont  violettes  à  leur 
partie  antérieure  ,  et  rouges  à  la  par- 
tie postérieure. 

Ce  poisson  étoit  du  nombre  d'une 
collection  que  je  reçus  du  Japon  :  la 
ressemblance  de  sa  bouche  avec  le  groin 
du  verrat  m'engagea  à  lui  donner  ce 
nom  ,  ne  conuoissant  point  celui  qu'il 
porte  au  Japon.  Selon  Parra ,  on  le 
trouve  aussi  aux  environs  de  l'île  de 
Cuba-,  mais  cet  auteur  ae  dit  rien  tou- 
chant son  histoire. 

Il  se  nomme: 
Le  Verrat  de  mer ,  en  français. 
DerSee-Eberj  en  allemand. 
The  Sea-Boar,  en  anglais. 
JEitPerro  Colorado j  eu  espagnoL 


DU  LUTIAN  DE  NORWEGE.   279 
LE  LUTIAN  DE  NORWÈGE  , 

LUTIANUS  NORVEGICUS, 

Les  seize  aiguillons  du  dos  et  les 
treize  rayons  de  la  nageoii'e  de  l'anus 
distinguent  ce  poisson. 

La  membrane  brancliiale  porte  cinq 
rayons  ,1a  nageoire  pectorale  en  a  qua- 
torze ,  la  ventrale  en  contient  six  , 
treize  distinguent  celle  de  l'anus,  celle 
de  la  queue  en  compte  seize  ,  et  la  dor- 
sale est  camposéede  vingt- cinq  rayons.. 
L'ouverture  de  la  bouche  est  petite  , 
les  mâchoires  de  longueur  égale  sont 
armées  d'un  rang  de  petites  dents  très- 
serrées.   La  langue   et  le  palais  sont 
lisses  ,  et  la  gueule  ,  garnie  de  dents  en 
forme  de  perles ,  a  trois  os.  Les  lèvres 
sontgrosses,niaislesos  en  sont  étroits. 
Les  narines   sont  solitaires   et   très- 
proche  des  yeux,  dont  l'iris  doublé  de 
jaune  et  d'un  bleu-clair  entoure  la  pru- 
nelle noire.  Les  3^eux  sont  couverts  cil 


aSo  HISTOIRE  NATURELLE 
partie  d'une  membrane  clignotante. 
Autour  des  yeux  on  rem  arque  plusieurs 
petites  ouvertures  ,  lesquelles  étant 
pressées  rendent  une  humidité  pitui- 
teuse.  La  tête  n'a  point  d'écaillés  jus- 
qu'ici ,  et  sa  couleur  est  violette.  Le 
tronc  est  large  ,  Tanus  prend  le  milieu 
entre  la  tête  et  la  nageoire  de  la  queue  , 
l'opercule  antérieur  est  dentelé  ,  et 
l'autre  terminé  en  pointe  émoussée.  La 
superficie  intérieure  du  premier  oper- 
cule fait  appercevoir  une  branchie 
simple.  L'ouverture  des  ouies  est  fort 
large  ,  et  la  membrane  ne  se  cache 
qu'en  partie.  La  ligne  latérale  allant 
dans  la  proximité  du  dos  ,  fait  une  in- 
flexion très  -  forte  vers  sa  fin.  Les 
écailles  sont  dentelées  ,  dures  et  bien 
attachées  à  la  peau  ;  et  couvrant  en 
partie  la  nageoire  du  dos  et  de  l'anus  , 
elles  forment  non-seulement  un  sillon 
à  ces  deux  endroits  ,  mais  leur  émi- 
nence  donne  encore  à  ce  poisson  une 
forme  large.  Toutes  les  nageoires  sont 


DU  LUTIAN  DE  NORwÈGE.  281 
arrondies  et  leurs  rayons  ramifiés.  Les 
seize  aiguillons  mentionnés  de-  la  na- 
geoire dorsale  sont  ramentacés.  Outre 
cette  nageoire  ,  la  ventrale  est  armée 
d'un  aiguillon  ,  et  celle  de  l'anus  de 
trois.  La  nuque  et  le  dos  sont  violets  ; 
les  flancs  et  le  ventre  sont  jaunes  et 
tachetés  de  violet ,  de  même  que  la 
dorsale.  Les  nageoires  de  la  poitrine  et 
du  ventre  sont  bleues  ;  l'extrémité  des 
nageoires  de  Tanus  et  de  la  queue  est 
violette ,  le  reste  jaunâtre. 

Ce  poisson  est  de  la  Norwège.  J'en 
ai  reçu  trois  de  mon  ami  Spengler. 

On  lui  donne  le  nom  de  sa  patrie  : 
Le  Lutian  de  Norwège ,  en  français. 
T)er  Norwegische  Lutian  ,  en  allemand, 
The  Norvegian  Lutian ,  en  anglais. 

L'estomac  est  étroit,  le  canal  intes- 
tinal a  deux  sinuosités  ;  la  vésicule  aé- 
rienne est  courte  , large,  simple, d'une 
membrane  forte  et  attachée  aux  deux 
côtés  de  même  qu'à  l'épine. 


S82       HISTOIRE   NATURELLE 


XXXVir   GENRE. 


LE  LABRE,  labrus. 

Caractère  génér.  La  lèvre  supérieure 
double  et  extensible ,  les  lèvres 
grosses,  les  os  des  lèvres  couverts. 

PREMIÈRE     DIVISION. 


A     QUEUE     d'  II  I  R  G  N  I)  E  I,  L.  E. 


LE   LABRE   DU    BRESIL^ 

LJBRIS  BRJSILIENSIS, 

Les  lignes  serpeulées  de  la  nageoire 
du  dos  et  de  l'anus  de  ce  poisson  lui 
donnent  un  caractère  distinctif. 

L'on  découvre  onze  rayons  dans  la 
nageoire  pectorale ,  six  dans  la  veu- 


Tom  .m. 


J'qj^e   282. 


lie  f^/ffaÙL^  dcu/^ . 
i.LE  LABRE  du.  Brésil,  ii   I.E  CllOlSSATSTr 
3  .1.B  LABRE  verd. 


-"^f 


DU  LABRE  DU  BRESIL.  283 
traie  ,  vingt- cinq  dans  celle  de  l'anus  , 
dix  huit  dans  celle  de  la  queue  ,  et 
vingt-trois  dans  la  dorsale. 

La  tête  est  sans  écailles,  en  pente  et 
décorée  de  lignes  vermiculaires.  L'ou- 
verture de  la  bouche  est  petite  ,  les 
mâchoires  d'égale  longueur  ,  la  supé- 
rieure armée  de  deux  dents  canines 
recourbées,  l'inférieure  de  quatre  dents 
pareilles.  Une  rangée  de  petites  dents 
pointues  en  défend  les  côtés.  Les  dou- 
bles narines  sont  près  des  yeux  ,  dont 
la  prunelle  noire  est  placée  dans  un  iris 
rouge  foncé  et  bleu.  La  ligne  latérale 
est  arquée  comme  le  dos  ,  et  plus  près 
de  celui-ci  que  du  ventre  ;  l'anus  est 
-v^  plus  près  de  la  tête  que  de  la  nageoira 
de  la  queue.  Les  écailles  sont  grandes 
et  lisses  ,  les  rayons  ramifiés  ,  excepté 
dans  la  nageoire  du  dos  et  de  l'anus,  oii 
ils  sont  fourchus.  Tontes  les  nageoires 
sont  pointues.  La  dorsale  a  neuf  aiguil- 
lons ,  celle  de  l'anus  en  a  trois  ,  et  la 
ventrale  un.  L'or  fait  la  couleur  domi- 


284  HISTOIRE  NATURELLE 
liante  de  ce  poisson  ,  sur  laquelle  les 
taches  bleues  oblongues  dans  la  proxi- 
mité du  dos  font  un  bel  efifet.  Les  na- 
geoires du  dos  et  de  l'anus  sont  jaunes 
et  ornées  de  trois  lignes  bleues  cha- 
cune ,  et  les  autres  nageoires  sont  tout- 
à'fait  bleues. 

Ce  beau  poisson  habite  les  eaux  du 
Brésil,  et  suivant  Marcgraf  il  n'atteint 
que  dix  pouces  de  longueur  ;  mais  le 
prince  Maurice  soutient  qu'il  parvient 
à  la  taille  de  la  carpe.  Il  vit  de  proie  , 
mord  à  l'hameçon  ,  et  il  a  la  chair  très- 
bonne. 

On  nomme  ce  poisson  : 

Au  Brésil ,  Tetimixira. 

Chez  les  Portugais  ,  Bodiano  verde. 

Chez   les  Allemands  ,    Brasilianischer 

Lippfisch. 
Chez  les  Français  ,  Labre  da  Brésil. 
Et  chez  les  Anglais ,  Brasiliam  IFrasse. 

Marcgraf ,  qui  le  premier  nous  le  fit 
connoître  ,  en  a  aussi  laissé  un  dessin, 


DU  CROISSANT.  285 
copié  par  Piso  ,  Jonston  et  Rli5^sc}i  , 
mais  nonobstant  mauvais. 

La  nouvelle  figure  de  Willughby 
vaut  un  peu  mieux.  La  mienne  est  imi- 
tée du  manuscrit  du  prince  Maurice. 

LE   CROI  SSANT,  labrus  lunjirjs. 

Le  corps  violet  et  les  Iiuit  aiguil- 
lons de  la  nageoire  du  dos  caractérisent 
ce  poisson. 

Je  trouve  cinq  rayons  dans  la  mem- 
brane branchiale ,  dix-sept  dans  la  na- 
geoire pectorale  ,  six  dans  la  ventrale, 
treize  dans  celle  de  l'anus  ,  quatorze 
dans  celle  delà  queue,  et  vingt-un  dans 
la  dorsale. 

La  tête  est  petite  ,  comprimée  ,  alé- 
pidote  et  garnie  d'un  grand  nombre  de 
pores  pituiteux  ;  la  bouche  est  petite  , 
les  mâchoires  d'égale  longueur  avec  un 
seul  rang  de  dents  petites  et  pointues, 
dont  les  antérieures  sont  les  plus  lon- 
gues. La  langue  et  le  palais  sont  lisses, 
et  à  la  gueule  se  trouvent  des  os  avec 

roissons.  III,  a.'V 


:2SG      HISTOIRE    NATURELLE 
des  dents  en  forme  de  perles.  Les  yeux 
sont  petits ,  la  prunelle  est  bleue ,  l'iris 
argenté  ;  ils  ont  une  membrane  cligno- 
tante ;  les  narines  touclient  aux  yçux. 
L'opercule  postérieur  est  composé  de 
deux  petites  lames  ,  et  se  termine  eu 
pointe  obtuse.  L'antérieur  porte  un© 
brancliie  simple  en  dedans.  Le  tronc 
est   compi'imé    et    couvert     d'écaillés 
molles  et  unies.  Le  dos  est  taillant  ,  le 
ventre  en  avant  de  l'anus  est  rond  ,eii 
arrière  il  est  tranchant.  L'anus  est  plus 
voisin  de  la  tête  que  de  la  nageoire  de 
la  queue  ;  la  ligne  latérale  est  plus  près 
du  dos  que  du  ventre ,  elle  est  arquée 
le  long  du  dos ,  et  fait  une  inflexion 
forte  au  bout  de  la  dorsale.  Elle  se  di- 
vise en  trois  rameaux  sur  chaque  écaille. 
Les   rayons   mous    sont  à   quatre  ra- 
meaux ,  à  l'exception  du  premier  delà 
nageoire  pectorale    et  de  celle  de  la, 
queue.  Outre  les  huit  aiguillons  de  la 
nageoire  du  dos  qui  sont  raclés  ,  on  eu 
trouve  deux  dans  la  nageoire  de  l'anus. 


) 

DU  CROISSANT.  287 
et  un  dans  la  ventrale.  La  tête  et  la 
nageoire  du  dos  sont  d'un  bleu  foncé  ; 
la  ligne  latérale  ,1e  ventre  et  les  autres 
nageoires,  hormis  celles  de  la  poitrine  , 
sont  d'un  violet  clair  ;  ces  dernières 
sont  jaunes  à  la  base  ,  et  au  reste  d'un 
bleu  foncé.  La  nageoire  dorsale  est  bor- 
dée de  blanc  en  bas  et  en  liant ,  et  la 
nageoire  de  l'anus  a  un  bîeu  foncé  à  I4 
base. 

Ce  poisson  demeure  aux  Indes  orien- 
tales. 

On  le  nomme  : 
En  Hollande  ,  Caffehtaari, 
En  France ,  Croissant. 
En  Allemagne  ,  Mondschwanz  ,   hlaae 

Lippfischou  Gabeîschff'  artz. 
Et  en  Angleterre  ,  lanulated  Wrasse. 

Gronov  a  donné  la  première  des- 
cription de  ce  poisson,  avec  un  dessin 
fidèle,imité  par  Statius  Millier  et  l'abbé 
Bonnaterre  *,  mais  il  n'a  point  noté  les 
narines  et  les  pores  de  la  tête,  et  il  a 
représenté  la  ventrale  trop  en  arrière. 


288       HISTOIRE   NATURELLE 

LE     LABRE     VERD, 

LJBRUS     VIRIDIS. 

Le  beau  verd  qui  couvre  tout  ce 
poisson  ,  et  les  huit  aiguillons  du  dos 
donnent  des  caractères  bien  assurés. 

La  nageoire  pectorale  a  douze  rayons, 
six  munissent  la  ventrale  ,  treize  com- 
posent celle  de  l'anus  ,  la  nageoire  de  la 
queue  en  a  quatorze  ,  et  la  dorsale 
vingt. 

La  tête  est  petite ,  comprimée  ,  alé- 
pidote  et  ornée  de  raies  vertes  *,  l'ou- 
verture de  la  bouche  est  petite  ,  les 
mâchoires  d'égale  longueur  ont  un  rang 
de  dents  petites  ,  dont  les  antérieures 
sont  les  plus  longues.  Les  narines  qui 
sont  doubles  ,  se  trouvent  près  des 
yeux  :  ceux-ci  ont  la  prunelle  noire  et 
l'iris  doré.  Le  tronc  est  étroit  ,  com- 
primé et  couvert  d'écaillés  grandes, 
lisses  ,  bordées  de  jaune  et  de  verd.  La 
ligne  latérale  va  en  droite  direction 
comme  le  dos  y  et  se  courbe  au  bout  ; 


^a(/.  loi) 


To/n  .  IL 


al^ELLAIVRl^i   à  dcnix  bandes    a.  LE  liAURK  i. 
deux  Ls^iies.  3.1  iF.  I.AIÎRK  a    ou-andes    écailles. 
41  il:  niAlillF.    ai  OU'  . 


DU  LABRE  A  DEUX  BANDES.  2S9 
3e  dos  est  caréné  ,  le  ventre  mince  ,  et 
l'anus  au  milieu  du  corps.  Les  na- 
geoires du  dos  et  de  l'anus  sont  jaunes 
avec  une  bordure  verte  à  la  base  et  à 
l'extrémité  ,  les  autres  sont  jaunes  au 
milieu  et  vertes  aux  bords. 

Ce  poisson  est  du  Japon. 

Il  est  nommé  : 
Par  les  Hollandais  du  Japon ,  der  grûne 

Papageyfisch. 
!Par  les  Français,  le  Labre  verd. 
Par  les  Allemands  ,  der  grûne   Lipp- 

fisch. 
.Et  par  les  Anglais,  f/i^  green  Wrasse. 

LE  LABRE  A  DEUX  BANDES  , 

LABRUS   BIFASCIATUS. 

Les  deux  bandes  brunes  qui  embel- 
lissent ce  poisson ,  le  caractérisent  dis- 
tinctement. 

La  membrane  branchiale  est  munio 
de  cinq  rayons ,  la  nageoire  de  la  poi- 
trine de  douze  ,  celle  du  ventre  de  six, 
celle  de  Fauus  de  quatorze  ;  celle  de  la 


290       HISTOIRE    NATURELLE 
queue  de  treize  ,  et  celle  du  dos  do 
vingt-un. 

La  tête  est  sans  écailles  et  garnie  de 
petites  ouvertures  d'où  suinte  une  ma- 
tière visqueuse.  La  bouche  est  petite  , 
les  mâchoires  sont  d'égale  longueur  et 
armées  d'une  rangée  de  dents  serrées  , 
dont  celles  du  devant  sont  les  plus 
grandes.  L'opercule  antérieur  est  ar- 
rondi ,  le  postérieur  terminé  par  une 
pointe  obtuse  j  l'un  et  l'autre  sont  unis. 
Les  yeux  sont  petits  et  ont  la  prunelle 
noire  dans  un  iris  verd.  La  langue  et  le 
palais  sont  lisses ,  et  les  os  de  la  gueule 
portent  des  dents  en  forme  de  perles. 
Le  tronc  comprimé  et  alongé  est  cou- 
vert d'écailies  grandes  ,  minces  et 
lisses.  La  ligne  latérale  va  très-près  du 
dos  en  serpentant ,  et  forme  une  forte 
courbure  au  bout  de  la  dorsale.  L'anus 
est  plus  près  de  la  tête  que  de  la  na- 
geoire de  la  queue. 

La  tête  est  violette  ,  le  tronc  gris, 
avec  deux  larges  bandes  brunes  sur  le 


DU  LABRE  A  DEUX  BANDES.  29I 
devant  ;  la  nageoire  de  la  queue  esî: 
brune  aux  deux  bords  et  à  la  base  , 
mais  bleuâtre  au  milieu  ;  la  poitrine  est 
blanche ,  les  nageoires  ventrales  et  pec- 
torales sont  jaunes  ;  celles  de  l'anus  et 
du  dos  sont  rougeâtres  et  bordées  de 
bleu  clair  ;  la  nageoire  ventrale  porte 
un  aiguillon ,  celle  du  dos  est  compos  e 
de  neuf  aiguillons  raclés  et  de  douze 
rayons  mous  ,  celle  de  l'anus  a  trois 
aiguillons  et  onze  rayons  mous  ;  les 
rayons  de  ces  deux  nageoires  sont  four- 
chus, ceux  de  la  nageoire  de  la  queue 
sont  à  quatre  ,  et  ceux  des  autres  na- 
geoires à  plusieurs  rameaux.  La  dorsale 
a  sur  le  devant  une  longue  tache  noire. 
Les  Indes  orientales  produisent  ce 
poisson  ,  et  ce  sont  ses  bandes  qui  m'en 
ont  fourni  la  dénomination. 

Je  le  nomme  : 
Le  Lalre  à  deux  bandes  ,  en  français. 
Vas  Doppelband  ,  en  allemand. 
JEt  the  double  streaked  Wrasse  ,  en  an- 
glais. 


292      HISTOIRE   NATURELLE 
SECONDE     DIVISION. 

QUEUES      RONDES. 

à  tête  alépidote. 
LE  LABRE  A  DEUX  LIGNES  , 

LABRUS   BIVITTATVS. 

Les  deux  raies  brunes  qui  vont  lo 
long  du  corps  et  dont  l'une  passe  sur 
l'oeil ,  l'autre  sur  le  ventre  ,  font  con- 
iioitre  ce  poisson. 

Cinq  rayons  constituent  la  mem- 
brane branchiale ,  quatorze  la  nageoire 
pectorale  ,  six  la  Ventrale  ,  quatorze 
celle  de  l'anus ,  treize  celle  de  la  queue , 
et  vingt-un  celle  du  dos. 

La  tête  un  peu  large  par  le  haut  est 
comprimée  par  les  côtés  et  dépourvaie 
d'écaillés.  La  bouche ,  les  mâchoires , 
les  dents,  le  palais,  et  toutes  les  autres 
parties  de  la  tête ,  sont  formées  comme 
chez  les  autres  labres  )  les  yeux  dont  la 


DU  LABRE  A  DEUX  LIGNES.    SgS 
prunelle  vcrdâtre  est  surmontée  d'un 
iris  jaune  j  sont  couverts  d'une  mem- 
brane clignotante.  Le  tronc  est  étroit 
et  couvert  de  grandes  écailles  ;  la  ligne 
latérale  est  près  du  dos,  elle  fait  une 
courbure  à  la  fin   de  la  dorsale  ,  et 
s^étend  jusqu'au  milieu  de  la  nageoire 
de  la  queue.  L'anus  s'éloigne  plus  de 
la  nageoire  de  la  queue  que  de  la  tête. 
I^a  nageoire  de  la  queue  est  ronde ,  les 
autres  nageoires  se  terminent  en  pointe. 
Le  dos  et  le  ventre  sont  rouges ,  les 
cotés  jaunes  ,  et  le  jaune  des  nageoires 
est  nuancé  par  le  violet  ;  la  nageoire 
de  la  queue  est  violette  avec  des  taches 
jaunes.  La  dorsale  a  neuf  aiguillons  et 
douze  ra)''ons  à  deux  branches,  la  na- 
geoire de  l'anus  a  trois  aiguillons  et 
onze  rayons  à  deux  branches  ,  et  la 
ventrale  n'a  qu'un  aiguillon.  Les  rayons 
flexibles  de  celle-ci  comme  de  la  pec- 
torale et  de  la  nageoire  de  la  queue  ont 
quatre  branches.  Les  aiguillons  du  doS 
«t  de  l'anus  sont  raclés. 


294       HISTOIRE    NATURELLE 

Ayant  tiré  ce  poisson  d'un  encan 
hollandais,  j'en  ignore  la  patrie. 

On  le  nomme  : 
En  français,  le  Labre  à  deux  lignes, 
^n  aWemanà,  derDopplestrich. 
Et   en    anglais  ,   tJie  double  Streahd 

brasse. 

LE  LABRE  A  GRANDES  ÉCAILLES  , 

LABB.US   MACROLEFIItOTVS. 

Les  neuf  aiguillons  du  dos,  et  les 
seize  rayons  de  la  nageoire  de  l'anus, 
fournissent  les  caractères  de  ce  pois- 
son . 

La  membrane  branchiale  offre  cinq 
rayons  ,  la  nageoire  peclorale  en  a 
douze,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
seize,  celle  de  la  queue  dix-neuf,  et  la 
dorsale  vingt-deux. 

La  tête  est  courte,  lisse  et  compri- 
mée. Les  mâchoires  sont  de  longueur 
égale ,  et  un  seul  rang  de  dents  poin- 
tues ,  dont  les  antérieures  sont  les  plus 


D'U  LABRE,  &c.  '2^5 
grandes  ,  arme  l'une  et  l'autre.  Le  pa- 
lais et  la  langue  sont  lisses-,  la  gueule  a 
des  dents  en  forme  de  perles  ,  et  le 
côté  interne  de  l'opercule  antérieur 
porte  une  brancliie  simple.  On  ne  re- 
marque que  deux  narines  ovales  ,  te- 
nant le  milieu  entre  les  yeux  et  le 
museau  ,  et  divisées  en  dedans.  Les 
yeux  sont  verticaux  et  ont  la  prunelle 
noire  dans  un  iris  jaune.  L'on  voit 
sous  les  yeux  deux  demi -cercles  de 
pores  ou  d'ouvertures  de  canaux  pi- 
tuitaires.  L'ouverture  des  ouies  est 
large,  et  la  membrane  brancliiale  dé- 
gagée. Les  opercules  sont  composés  de 
plusieurs  petites  lames.  Le  tronc  est 
mince ,  le  dos  et  le  ventre  sont  carénés. 
La  ligne  latérale  va  dans  la  proximité 
du  dos,  et  est  interrompue  au  bout  de 
la  nageoire  du  dos.  Le  ventre  est  court 
et  l'anus  plus  près  de  la  tête  que  de  la 
najjeoire  de  la  queue.  Les  écailles  sont 
minces,  lisses,  arrondies,  et  elles  cou-. 
Vient  aussi  une  partie  de  la  nageoire 


296      HISTOIRE    NATURELLE 

de  la  queue  ;  la  dorsale  est  étroite , 
mais  plus  longue  que  celle  des  autres 
poissons  de  ce  genre  ;  car  elle  commence 
à  la  nuque  ,  et  s'étend  tout  le  long  du 
dos  jusqu'à  la  queue  :  elle  contient  neuf 
aiguillons  et  treize  rayons  mous,  celle 
de  l'anus  a  autant  de  rayons  mous  et 
trois  aiguillons.  Les  aiguillons  de  la 
dorsale  sont  ramentacés ,  les  rayons  de 
la  pectorale  et  de  la  ventrale  ont  pîu-f 
sieurs  branclieS;  et  les  autres  sont  four- 
chus. Le  tronc  est  d'un  brun  jaune, 
les  côtés  sont  plus  clairs  que  le  dos  et 
le  ventre.  La  tête  est  jaune  et  décorée 
de  taches  violettes  aux  opercules.  Les 
nageoires  sont  d'un  jaune  pâle  tirant 
sur  le  violet ,  et  l'on  discerne  quelques 
taches  bleues  au  commencement  de  la 
dorsale. 

Le  séjour  de  ce  poisson  m'est  in- 
connu. Le  catalogue  de  l'encan  dit 
qu'il  est  des  Indes  orientales,  mais  ces 
sortes  de  relations  manquent  d'autheii' 
licite. 


DU     LABRE     NOIR.      297 

On  le  nomme  : 
En  France  ,  le  Labre  à  grandes  écailles, 
E>n  allemand,  der  g^rossschuppige  Lipp- 

fisch. 
JEt  en  anglais,  the  great  scaled  JVrasse. 

LE    LABRE     NOIR, 

LABRUS     MELJPTERV  S. 

Les  nageoires  noires  et  les  huit  ai- 
guillons du  dos  suffisent  pour  désigner 
ce  poisson. 

La  membrane  brancliiaîe  a  cinq 
rayons  ,  la  nageoire  pectorale  en  a 
douze,  la  ventrale  six,  celle  de  l'anus 
treize ,  celle  de  la  queue  quinze ,  et  la 
dorsale  dix- neuf. 

La  tête  est  en  pente  et  sans  écailles, 
la  bouche  petite ,  et  chaque  mâchoire 
est  armée  de  deux  dents  canines  et 
d'une  rangée  de  mâchelièrcs  arron- 
dies. Les  deux  dents  canines  de  la  mâ- 
choire inférieure  sont  courbées  en  de- 
hors. Le  palais  est  lisse,  les  narine» 

Poissons.  III.  26 


âr)8      HISTOIRE   NATURELLE 

sont  solitaires,  rondes  et  près  des  yeux. 
Ceux-ci  sont  petits,  ont  la  prunelle 
noire  et  l'iris  d'orange  ,  et  sont  bordés 
de  canaux  pituitaires  en  forme  d'é- 
îoile.  L'opercule  antérieur  est  arrondi, 
le  postérieur  terminé  par  une  pointe 
tronquée.  La  membrane  brancLiale  est 
presque  toute  couverte.  L'ouverture 
des  ouies  est  large  ,  le  tronc  couvert 
de  grandes  écailles  lisses.  La  ligne  laté- 
rale est  proche  du  dos,  elle  va  en  direc- 
tion droite  jusqu'à  la  fin  de  la  nageoire 
dorsale ,  où  elle  fait  une  forte  courbure 
et  va  droit  à  la  nageoire  de  la  queue. 
L'anus  est  au  milieu  du  tronc.  La  dor- 
sale a  huit  aiguillons  et  onze  rayons 
mous  ,  la  nageoire  de  l'anus  a  trois 
aigiûllons  et  dix  rayons  mous  ,  et  la 
ventrale  a  un  aiguillon  et  cinq  rayons 
mous.  Les  aiguillons  de  la  dorsale  sont 
ramentacés,  les  rayons  de  la  nageoire 
de  la  queue  ont  quatre  rameaux,  et  les 
rayons  des  autres  nageoires  sont  à  plu- 
sieurs branches. 


I*a4^e  zçç 


Tom.  m 


2>e^eve  Je/.  Ze  Fî/hin  J'c»^' 

3  .  J^A   TETE  BI^UE  .  ii  .  EA  GHŒEEE  • 

3    EE  EABEE  à  Goiiites .  4^ .  EE  LABUF.  à 


DE   LA   TÊTE    BLEUE.     2g() 

La  tête  est  d'un  brun  rouge  sur  le 
devant  ;  les  canaux  pituitaires  ,  les 
opercules ,  le  ventre  et  la  queue  sont 
verds  ;  le  dos  a  la  couleur  du  devant 
de  la  tête,  les  côtés  sont  jaunâtres,  et 
les  nageoires  sont  noires,  excepté  celle 
de  la  poitrine  qui  est  brune  ;  les  écailles 
isont  ornées  pour  la  plupart  cliacun© 
d'une  taclie  brune  claire. 

Ce  poisson  est  du  Japon. 

Il  est  appelé  : 
Par  les  naturels,  l'an  Cacatoea. 
Par   les  Hollandais,  der  schwarze  Pa- 

page.yfisch. 
Par  les  Allemands,  der  Schwarz  jlosser^ 
Par  les  Fi:ançais,  le  Labre  noir. 
£t  par  les  Anglais,  the  Black- fin. 

LA     TETE    BLEUE, 

L4B  RU  S     CYJNOCEPHJLUS. 

La  tête  bleue  de  ce  poisson  et  la 
ligne  latérale  interrompue  ,  le.   font 


3oO      HISTOIRE   NATURELLE 

aisément  discerner  des  autres  de  sori 
genre. 

Il  a  cinq  rayons  dans  la  membrane 
branchiale ,  douze  dans  la  nageoire  pec- 
torale, six  4ans  la  ventrale,  quatorze 
dans  celle  de  l'anus ,  douze  dans  celle 
de  la  queue ,  et  vingt  dans  la  dorsale. 

La  structure  de  la  tête  ressemble 
parfaitement  à  celle  des  autres  labres. 
Les  narines  sont  solitaires,  ovales,  di- 
visées en  dedans,  et  presqu'au  milieu 
entre  l'œil  et  le  museau.  Les  yeux  sont 
petits,  l'iris  est  jaunâtre  et  la  prunelle- 
noire  ;  l'opercule  postérieur  terminé 
en  pointe  ;  l'ouverture  des  branchies 
est  grande  ,  et  la  membrane  dégagée. 
Le  tronc,  semblable  à  celui  des  autre» 
poissons  de  ce  genre  ,  a  le  dos  bleu 
foncé ,  et  les  flancs  argentés.  Les  na- 
geoires sont  grises  tirant  sur  le  verd, 
l'anus  est  à-peu- près  au  milieu  du 
corps;  la  ligne  latérale  près  du  dos  est 
interrompue  vers  le  bout  de  la  dorsale. 
Les  écailles  sont  minces^  grandes  et 


DE  LA  GIRELLE.  3oi 
rondes.  Les  rayons  de  la  nageoire  du 
dos  et  de  celle  de  l'anus  sont  tricho- 
tomes,  et  les  autres  à  plusieurs  bran- 
ches. La  dorsale  a  neuf  aiguillons,  la 
nageoire  de  l'anus  deux,  et  celle  du 
ventre  un. 

Je  ne  connois  point  la  patrie  de  ce 
poisson. 

On  le  nomme  : 
En  français  ,  la  Tête  bleue. 
En  allemand,  der  Blaukopf. 
Et  en  anglais ,  the.  Blue-head. 

LA  GIRELLE,  labrus  julis. 

Les  deux  aif^uillons  de  la  nageoire 
de  l'anus  et  la  raie  dentelée  le  long  du 
corps  caractérisent  ce  poisson. 

La  membrane  branchiale  compté 
six  rayons  ,  la  nageoire  pectorale  en  a 
quatorze  ,  la  ventrale  six  ,  celle  de  l'a- 
nus quatorze ,  celle  de  la  queue  quinze  , 
et  la  dorsale  vingt-un. 

La  tête  comprimée  et  sans  écailles. 


5o2       HISTOIRE   NATURELLE 
se  termine  en  pointe  obtuse.  Les  lèvre» 
sont  fortes  ,  les  mâchoires  d'égale  lon- 
gueur,  armées  sur  le  devant  de  quatre 
dents  pointues  recourbées,  et  des  deux 
côtés  de  deux  rangs  de  dents  coniques 
séparées.  Les  deux  dents  du  milieu 
sont  les  plus  grandes  de  celles  du  de- 
vant ,  et  les  dents  externes  latérales 
sont  plus  grandes  aussi  que  les  autres. 
Le  palais  et  la  langue  sont  lisses ,  la 
gueule  est  munie  d'os  renfermant  des 
dents  en  forme  de  perles.  Les  narines 
doubles  ,   les  antérieures  rondes  ,  les 
autres  ovales  sont  placées  à  la  proxi- 
mité des  yeux.  Ceux-ci  ont  la  prunella 
noirâtre  dans  un  iris  orange.  Les  oper- 
cules sont  unis,  le  postérieur  forme 
«ne  pointe  membraneuse  émoussée,  et 
l'antérieur  présente  une  branchie  sim- 
ple. L'ouverture  des  ouies  est  large,  et 
l'on  ne  voit  qu'une  partie  de  la  mem- 
brane. Le  tronc  est  étroit  et  mince, 
le  dos  et  le  ventre  sont  ronds.  L'anus 
est  plus  voisin  de  la  tête  que  de  la  na- 


DE    LA     G  I  R  E  L  L  E.      SoS 
geoire  de  la  queue.    La  ligne  latérale 
touche   au  dos  ;  elle  est  fort  courbée 
vers  le  bout  ,  et  chaque  écaille  la  re- 
présente ramiûéc  en  deux  canaux.  Les 
écailles  bien  afTermies  à  la  peau  sont 
petites,  minces  et  dentelées  ;  de-là  le 
toucher  du  poisson  est  rude,  lorsqu'on 
porte  la  mainde  la  queue  à  la  tête.  Les 
rayons  mous  sont  généralement  four- 
chus ,  et  les  aiguillons  n'ont  point  de 
roideur.  Le  dos  en  contient  neuf,  la 
nageoire  de  l'anus  deux  ,  la  ventrale 
un.  La  femelle  a  le  dos  noir  ,  le   mâle 
l'a  verd.  La  raie  mentionnée  ,  dont  la 
couleur  est  jaune  ,  prend  à  la  nuque  et 
descend  Jusqu'à  la  nageoire  de  la  queue. 
Une  autre  raie  violet  foncé  prend  de- 
puis le  museau  et  va  presque  jusqu'à 
la  queue.  Le  reste  des  côtés  et  le  ventre 
sont  d'un  blanc  avec  des  raies  violet 
clair.  Le  haut  de  la  dorsale  est  orange , 
la  base  d'un  violet  pâle ,  couleur  propre 
aux  nageoires  de  l'anus  et  de  la  queue , 
et  en  partie  à  celles  de  îa  poitrine  et  du. 


oo4  HISTOIRE  NATURELLE 
ventre.  Ces  couleurs  aussi  variées  qnè 
belles  et  brillantes  ,  lui  ont  valu  les 
noms  de  jungfer  (  vierge  )  ,  donzella 
(  demoiselle  ) ,  junkerfîscli  (  cadet  )  ,  re- 
genbogenflsch  (  arc-en-ciel  ),  etc. 

Belon  le  déclare  pour  le  plus  beau 
poisson  que  la  mer  produit  ;  mais  comme 
nous  avons  connu  depuis  d'autres  pois- 
sons des  Indes  orientales  et  occiden- 
tales, qui  ne  le  cèdent  pointa  celui-ci , 
quant  aux  couleurs,  Linné  se  contente 
de  lui  donner  le  premier  rang  à  l'égard 
de  la  beauté  ,  dans  les  eaux  de  l'Europe. 
Cetti  lui  dispute  encore  cette  préfé- 
rence ,  n'ayant  outre  les  raies  jaunes 
et  violettes  que  le  blanc  ordinaire  ,  efe 
une  couleur  rouge  et  jaune  mal  nuan- 
cée aux  nageoires  ;  observation  qu'il  a 
faite  lui-même  sur  ce  poisson  encore 
vivant  ,  et  au  moment  qu'on  l'avoit 
tiré  de  l'eau.  Mais  Salvian  ,  Rondelet  , 
Willuglib}'-,  et  de  nos  jours  Briinniclic  , 
se  joignent  à  Belon  pour  vanter  la 
beauté  de  ses    couleurs  j  il  en  est  sans 


DE    LA     GIRELLE.      3o5 

doute  de  ce  poisson',  comme  de  tel 
autre  ,  dont  nous  avons  parlé  ,  dont 
l'âge ,  la  nourriture  ,  la  saison  et  le  sé- 
jour influent  sur  les  couleurs.  Use  peut 
encore  que  M.  Cetti  n'ait  vu  que  des 
femelles  dont  les  couleurs  sont  au-des- 
sous de  celles  du  mâle. 

Ce  poisson  habite  la  Méditerranée  , 
où  on  le  trouve  en  plusieurs  endroits. 
Il  ne  doit  pas  être  rare  dans  les  eaux  de 
la  Grèce,  vu  qu'Aristote  le  met  du 
nombre  des  poissons  qui  vont  en  troupe. 
Rondelet  dit  en  avoir  vu  par  quantité 
à  Antibes  et  dans  le  golfe  de  Gènes  ; 
Hasselquist  l'a  trouvé  dans  le  Nil  -,  Sal- 
vian  le  dit  romain  ;  Cavolini ,  sarde  ; 
Forskal  ,  maltais;  et  Biiinnicbe,  mar- 
seillais. Rondelet  ne  lui  attribue  à  la 
vérité  que  la  longueur  d'un  doigt  ,  et 
les  autres  lui  donnent  un  empan  5  mais 
J'en  ai  un  qui  a  près  de  huit  pouces.  Il 
cherche  les  fonds  pierreux  ;  c'est  pour- 
quoi Oppian  le  met  avec  raison  du 
nombre  des  poissons  saxatiles  ,  et  Ga- 


3oG  HISTOIRE  NATURELLE 
lène  du  nombre  des  poissons  qui  se  di- 
gèrent aisément.  Il  est  vorace  et  vit  de 
frai  de  poissons  et  de  crustacées.  C'est 
aux  rives  pierreuses  qu'il  dépose  son 
frai  au  printemps.  On  le  prend  au  filet, 
mais  plus  aisément  à  la  ligne;  il  y  mord 
volontiers  lorsqu'on  y  attache  un  mor- 
ceau de  poisson ,  de  coquille  ou  d'écre- 
vissc.  Les  malades  et  les  cacochymes  1© 
mangent  cuit ,  ceux  qui  se  portent  bien 
le  font  frire  ;  accommodé  de  la  première 
façon  il  est  bien  plus  sain. 

L'estomac  est  petit  ,  le  canal  intes- 
tinal a  la  membrane  mince  et  sans  ap-* 
pendice  ,  le  foie  est  jaune-  pâle  ,  la  rate 
triangulaire  et  rougeâtre  ,  et  la  vési- 
cule du  fiel  est  large. 

Ce  poisson  est  nommé  : 
Parles  Hollandais,  Jonken/isch. 
Par   les    Anglais  ,  Sea  -  Jankerlin    et 

Rainbo.v-Fish. 

Par  les  Français  ,  Gitelle  ,  Girella. 

Parleshabitansd'Antibes  particulière- 
ment ,  Demoiselle. 


DE     LA     GIRELLE.      Sojj 
A  Venise  et  sur  le  Nil ,  Girelle, 
Chez  les  Sardes,  Zigarella. 
Chez  les  Italiens  ,  Donzella. 
A  Naples  ,  Menchina  di  Re. 
Dans  l'île  de  Candie  ,  Afdelles. 
Dans  l'île  de  Rhodes  ,  Zillo. 
Dans  l'île  de  Malte  ,  Harusa. 
En  Arabie ,  Arusa. 
En  AMemagne  y  SecfrauleinjMeerjunker 

et  Re^enhogenfisch, 

Bien  que  la  girelle  ait  excité  par  la 
beauté  de  ses  couleurs  l'attention  des 
écrivains  ,  et  même  qu'elle  habite  les 
endroits  où  les  artistes  ne  manquent 
point ,  nous  n'en  avons  encore  aucune 
bonne  représentation.  Celle  que  nous 
fournit  Belon, gravée  en  bois,  est  sup- 
portable comme  étant  la  première; 
mais  il  s'en  faut  beaucoup  qu'elle  soit 
exacte.  Peu  après  Rondelet  nous  en 
donna  une  seconde  aussi  en  bois  j  mais 
dans  laquelle  ou  ne  peut  reconnoître 
notre  poisson.  Au  même  temps  Salvian 
nous  donna  une  planche  ,  qui  repré- 


5o8  HISTOIRE  NATURELLE 
sente  la  poitrine  sans  écailles ,  et  peint 
mal  les  nageoires  de  la  poitrine  et  du 
ventre  ;  la  nageoire  de  la  queue  y  pa- 
roît  en  forme  de  croissant,  et  la  ligne 
latérale  y  manque  totalement. 

Gesner  augmenta  ces  mauvais  des- 
sins d'un  nouveau  ;  mais  il  ne  repré- 
sente rien  de  notre  poisson ,  excepté  la. 
raie  dentelée. 

Aussi  Aldrovand  nous  donna  un  des- 
sin qui  ne  vaut  guère  mieux  ,  mais  où 
notre  poisson  ,  quoique  les  écailles  n'y 
soient  pas  exprimées ,  se  reconnoît  plus 
aisément  que  dans  la  figure  de  Gesner. 

Jonstonet  Ruyscli  ont  copié  Gesner; 
"VVillughby  et  Bonnaterre  ont  suivi 
Salvian.  De  nos  jours  Klein  a  deux  fois 
contrefait  notre  poisson,  mais  l'une  et 
l'autre  fois  sans  aucune  exactitude. 

Si  Hasselquist  ne  donne  que  sept 
aiguillons  à  la  dorsale  de  notre  poisson, 
et  si  Linné  omet  absolument  les  aiguil- 
lons à  la  nageoire  de  l'anus  ,  cela  no 
pi  o vient  q^^ie  de  leui' mollesse  extrême. 


DE  LA  G  I  R  E  L  L  E.  ^09 
Il  paroît  encore  que  le  sentiment  de 
M.  Bomare  ,  que  ce  poisson  avoit 
deux  nageoires  du  dos  et  autant  do 
l'anus  ,  n'est  qu'une  simple  faute  d'é- 
criture. 

Elian  croit  notre  poisson  tellement 
venimeux  ,  que  la  chair  d'un  autre  qui 
a  touché  celui-ci,  doit  être  très-nui- 
sible à  l'-liomme;  «t  c'est  ce  qu'Oppiau 
croit  bonnement  avec  lui  ;  mais  ou 
Elian  a  été  trompé  par  les  pêcheurs  , 
ou  bien  il  parle  d'un  poisson  tout  dif- 
férent -,  car  aujourd'hui  on  mange  la 
girolle  non-seulement  sans  aucun  pré- 
judice ,mais  encore  Galène  la  compte 
parmi  les  poissons  salubres.  Rondelet 
ne  mérite  pas  plus  de  foi ,  en  rappor- 
tant que  ces  poissons  lui  ont  mordu  les 
pieds  en  se  baignant ,  aux  endroits  où 
la  peau  étoit  dure. 

Aristote  range  notre  poisson  parmi 
ceux  qui  se  tiennent  en  société  :  mais 
Salvian  nous  assurant  qu'il  ne  vient 
qu'isolément  aux  environs  de  Rome , 

Poissons,  ni.  2y 


5lO         HISTOIRE    NATURELLE 

l'avis  d'Aristote  ne  sauroit  être  géné- 
ralement vrai. 

Willngliby  ne  donnant  qu'un  rang 
de  dents  à  notre  poisson  ,  ne  doit  pas 
avoir  vu  les  dents  intérieures  ;  faute 
bien  pardonnable  à  l'égard  d'un  aussi 
petit  poisson  ,  dont  les  dents  sont  si 
petites. 

Duhamel  a  tort  de  faire  deux  es- 
pèces particulières  de  notre  poisson  , 
car  sa  demoiselle  d'Antibes  et  la  don- 
zella  de  Belon  ne  sont  que  le  même 
poisson  ,  savoir  la  girelle.  Il  semble  gé- 
néralement qu'il  n'a  point  vu  notre 
poisson  ,  et  qu'il  en  a  fait  la  description 
d'après  Rondelet  ;  et  celui-ci  ayant  re- 
présenté la  nageoire  de  la  queue  droite, 
il  la  lui  donne  aussi  quarrée. 

La  description  qui  se  trouve  dans 
les  Arts  et  Métiers  contient  les  mêmes 
erreurs. 


DU   LABRE   A    GOUTTES.     5ll 

LE  LABRE   A  GOUTTES, 

LABRVS    G  U  TTJTUS, 

Ce  poisson  se  caractérise  par  les 
taches  rondes  qui  embellissent  le  tronc 
entier  ,  et  par  les  rayons  mous  des  na- 
geoires. 

La  nageoire  pectorale  porte  treize 
rayons ,  la  ventrale  six ,  celle  de  l'anus 
neuf,  celle  de  la  queue  seize,  et  la 
dorsale  dix-neuf. 

La  tête  forme  une  pointe  obtuse  ,  et 
la  bouche  ressemble  à  celle  du  poisson 
précédent.  Les  doubles  narines  sont 
près  des  yeux  ;  ceux-ci  ont  l'iris  ar- 
genté autour  d'une  prunelle  noire. 
L'ouverture  des  ouies  est  grande  ;  la 
ligne  latérale  est  proche  du  dos  ,  et  fort 
courbée  vers  le  bout.  L'anus  est  placé 
au  milieu  du  corps.  Les  écailles  dures 
sont  couvertes  d'une  membrane  j  les 
flancs  sont  bleus  ,  le  dos  est  brun  et  le 
ventre  blanchâtre.  Les  taches  aux  côtés- 


3l2       HISTOIRE    NATURELLE 

et  celles  de  la  nageoire  de  l'anus  sont 
argentines  ,  celles  de  la  dorsale  sont 
jaunes.  La  tête  bleue  est  décorée  de 
taches  argentées  oblongues.  Les  rayons 
sont  tendres  et  divisés  en  plusieurs  ra- 
meaux. 

Je  ne  connois  point  la  patrie  de  ce 
beau  poisson. 

L'original  s'en  trouve  dans  la  col- 
lection de  M.  Linke ,  à  Leipzig. 

On  le  nomme  : 
3Sn  français ,  U  Labre  à  gouttes. 
En  allemand ,  der  getropfte  Lippfisch, 
Et  en  anglais,  the  droppedJVrasse. 

Nous  en  devons  la  connoissance  et 
ini  dessin  médiocre  à  Klein ,  mais  il  est 
dans  l'erreur ,  en  refusant  les  dents  au 
genre  des  procliylcs,  vu  qu'il  en  trouve 
au  nôtre ,  qu'il  ne  laisse  pas  de  mettre 
de  ce  genre. 


DU     LABRE,  &c.        3i3 
LE  ILABRE  A  NAGEOIRES  VERTES  , 

LABRUS    CHLOROPTERUS. 

Lr.s  deux  dents  canines  avancées, 
que  l'on  remarque  sur  le  devant  de 
chaque  mâclioire,  et  les  deux  aiguil- 
lons de  la  nageoire  de  l'anus ,  font  les 
caractères  distinctifs  de  ce  poisson. 

L'on  trouve  six  rayons  dans  la  mem- 
brane branchiale  ,  treize  dans  la  na- 
geoire pectorale,  six  dans  la  ventrale, 
douze  dans  celle  de  l'anus,  seize  dans 
celle  de  la  queue,  et  vingt  dans  la  dor- 
sale. 

La  tête  n'a  point  d'écaillés;  elle  est 
étroite  par-devant,  brunâtre  et  embel- 
lie de  raies  bleues.  La  bouche  est  pe- 
tite ,  les  mâchoires  sont  de  longueur 
égale ,  et  elles  portent ,  outre  les  deux 
dents  canines  marquées ,  chacune  deux 
rangs  de  dents  arrondies.  Celles  du 
rang  extérieur  sont  coniques  ,  et  les 
dents  de  devant  sont  bien  plus  grandes 


5l4        HISTOIRE    NATURELLE 

que  celles  de  derrière.  Celles  du  rang 
intérieur  sont  courtes  et  en  forme  de 
perles.  A  l'angle  de  la  bouche  ,  l'on 
trouve  encore  une  dent  saillante  et 
courbée  par  le  haut.  Cette  bouche  si 
bien  armée  ,  prouve  que  c'est  un  pois- 
son vorace ,  et  qu'il  se  nourrit  princi- 
palement de  crustacées.  Les  narines 
sont  doubles,  et  dans  la  proximité  des 
yeux,  dont  la  prunelle  noire  est  en- 
tourée d'un  iris  jaune  et  rouge.  L'ou- 
verture des  ouies  est  large  ,  et  la  mem- 
brane en  est  couverte  en  partie.  Le 
corps  est  mince,  les  écailles  sont  gran- 
des, lisses ,  à  bord  jaune ,  et  elles  cou- 
vrent une  partie  de  la  nageoire  de  la 
queue.  La  ligne  latérale  qui  va  le  long 
du  dos,  dont  elle  est  voisine  ,  fait  une 
forte  inflexion  vers  le  bout  de  la  dor- 
sale. L'anus  est  plus  près  de  la  tête  que 
de  la  queue  dont  la  nageoire  est  arron- 
die y  les  autres  nageoires  forment  une 
pointe  ;  celle  du  dos  consiste  en  neuF 
aiguillons  et  onze  rayons  mous,  celîa 


DU    LABRE,   &C.  5l5 

de  Fanns  a  deux  aiguillons  et  dix  rayons 
mous ,  la  ventrale  n'a  qu'un  aiguillon 
sur  cinq  rayons  mous.  Tous  les  rayons 
mous  sont  divisés  en  plusieurs  bran- 
ches ,  et  les  aiguillons  du  dos  sont  ra- 
clés. Le  fond  de  ce  poisson  est  verdâ- 
tre,  le  dos  est  le  plus  foncé,  les  côtés 
sont  plus  clairs  et  sur- tout  le  ventre. 
lies  nageoires  sont  généralement  ver- 
tes ,  excepté  que  les  unes  sont  moiais 
foncées  que  les  autres. 
Je  l'ai  reçu  du  Japon; 
Il  est  nommé  : 
Degroene  Papageyvisch ,  par  les  Hollan- 
dais au  Japon. 
Le  Labre  à  nageoires  inertes  ,  par  les 

Français. 
Der  Grûnjlosser,  par  les  Allemands, 
The  Green-fiîij  par  les  Anglais» 


SlG       HISTOIRE   NATURELLE 
TROISIÈME    DIVISION. 

AVEC       LA      QUEUE      11  ONDE, 

à  tête  écailleuse. 
LEPAON    ROUGE, 

LASRVS    CARNEUS. 

Trois  taclies  noires  ,  deux  à  la  par- 
tie postérieure  du  dos  ,  et  la  troisième 
près  de  la  nageoire  de  la  queue ,  dis- 
tinguent ce  poisson. 

Là  membrane  branchiale  a  cinq 
rayons ,  la  nageoire  pectorale  quinze  , 
la  ventrale  six  ,  celle  de  l'anus  qua- 
torze ,  celle  de  la  queue  seize  et  la  dor- 
sale trente. 

La  tête  est  étroite  et  sans  écailles 
jusqu'aux  yeux,  près  desquels  l'on  dis- 
çcrue  les  narines  doubles.  L'ouverture 
de  la  bouche  est  petite,  les  mâchoires 
sont  presque  d'égale  longueur,  et  ar- 
mées d'un  rang  de  dents  pointues , 


To?>i.J//. 


J'a</e    3jd. 


I)e,i'n>e  de/ .  /fJ/irt^/c//    ih-////' 

.1.  J.E.  TAON  rouoe  .  ii  .  1,E  J.AIMIK   à  baiiacs  . 

3.LK  rrjmOQUET  boisé.4.TuELABRF,  à 

.>   Tat-Ues  .  Towe    /  .  jt?n</  .u. 


w/  -. 


DU     V  A  O  N    ROUGE.    3l  7 

pai*ini  lesquelles  les  antérieures  sont 
les  plus  longues.  La  langue  libre  est 
lisse  comme  le  palais;  mais,  en  revan- 
clie,  la  gueule  est  armée  des  trois  os 
souvent  mentionnés,  garnis  de  mâche- 
lières  rondes.  La  prunelle  noire   est 
dans  un  iris  jaune.  L'opercule   anté- 
rieur porte  de  très -petites  écailles  et 
tine  brancliie  attachée  à  sa  face  inté- 
rieure ;  le  postérieur  ,   consistant  en 
deux  petites  lames,  forme  une  point© 
obtuse  ;  l'ouverture  des  ouies  est  gran- 
de, et  la  membrane  branchiale  se  cache 
pour  Ig.  plus  grande  partie.  Le  tronc  est 
étroit ,  les  écailles  sont  petites.  Elles 
couvrent  aussi  ime  partie  des  nageoires 
de  la  queue.  Le  ventre  est  rond,  le  dos 
tranchant  ;  la  ligne  latérale  approche 
plus  du  dos  que  du  ventre,  et  l'anus 
plus  de  la  nageoire  de  la  queue  que  de 
la  tête.  Les  nageoires  sont  courtes  et 
arrondies,  celles  du  ventre  plus  en  ar- 
rière que  les  pectorales;  elles  ont  toutes 
deux  des  rayons  à  quatre  branches.  Les 


2l8        HISTOIRE    NATURELLE 

rayons  des  autres  nageoires  sont  plus 
ramifies.  La  ventrale  porte  un  aiguil- 
lon, la  nageoire  de  l'anus  trois,  et  la 
dorsale  dix  -  sept  ;  les  aiguillons  de  la 
dernière  sont  raclés.  Les  nageoires  du 
dos ,  de  Tanus  et  de  la  queue ,  sont  bor- 
dées de  bleu.  Ce  poisson  est  couvert 
d'un  beau  rouge,  qui  devient  un  peu 
clair  aux  côtes. 

Le  paon  rouge  habite  «gaiement  la 
Norwège  ;  on  le  trouve  à  Christians- 
Sund,  près  de  Haaven.  Je  l'ai  reçu  de 
M.  Spengler,  inspecteur  du  cabinet  de 
curiosités  à  Copenhague  ,  de  la  gran- 
deur de  mon  tableau.   Il  vit  de  co- 
quilles ,  de  limaçons  et  d'autres  crus- 
tacées  :  mais  qu'il  doive  ses  belles  cou- 
leurs, suivant  M.  Ascanius ,  à  sa  nour- 
riture, c'est  ce  qui  est  fort  douteux  , 
vu  que  nombre  d'autres  poissons  qui 
ont  la  même  nourriture  ,  no  brillent 
point  par  les  mêmes  couleurs.  Selon 
M.  O  F  Millier ,  ce  poisson  a  la  chair  ' 
délicieuse. 


DU    LABRE    A    BANDES.       019 

Ce  poisson  se  nomme  : 
En  Norwège,  Suder  Naal. 
En  Allemagne  ,  rother  Lippjisc/i. 
En  français  ,  Paon  rouge, 
'En  anglais ,  Red  Wrasse. 

M.  Ascanius,  à  qui  nous  devons  la 
connoissance  de  ce  poisson ,  nous  en  a 
fourni  un  dessin  ,  qui  n'est  cependant 
pas  exact;  car  les  dents  sont  d'une  pe- 
titesse extrême  ,  la  tête  n'a  point  d'é- 
cailles  ,  celles  du  corps  y  sont  à  peine 
visibles,  et  les  aiguillons  des  nageoires 
y  manquent  entièrement. 

Je  suis  fort  étonné  que  M.  Gmelin 
n'ait  pas  admis  ce  poisson  dans  le  Sys- 
tème de  Linné,  qu'il  vient  de  mettre 
au  jour.  >ii-*i^  .  .  ;, 

LE   LABRE    A   BANDES, 

LA3RV  s    FJSCIATVS, 

Le  corps  ceinturé  et  les  huit  aiguil- 
lons de  la  nageoire  du  dos,  caractéri- 
sent ce  poisson. 


3-20      HISTOIRE   NATURELLE 

La  nageoire  pectorale  a  douze  rayons , 
la  ventrale  six  ,  celle  de  l'anus  treize  , 
celle  de  la  queue  quatorze,  et  la  dorsale 
dix-neuf. 

La  tête  est   comprimée  ,   et  sans 
écailles  jusqu'à  l'opercule  antérieur  ; 
les  mâchoires,  d'égale  longueur,  sont 
armées  d'un  rang  de  dents  courtes  et 
arrondies.--  Chaque  mâchoire  présente 
deux  dents  canines  sur  le  devant;  et 
ce  poisso.n  étant  pourvu  de  grosses  lè- 
vjL.es ,  il  tient  le  milieu  entre  les  brèmes 
de  mer  et  les  labres.  Ses  lèvres  ,  qui 
frappent  .la  vue  encore  plus   que  ses 
dents ,  m'ôi\t  cependant  empêché  de 
le  placer  dans  la  classe  des  brèmes.  Il 
a  le  palais  lisse,  et  les  narines  doubles 
tout  près  des  yeux  :  ceux-ci  ont  la  pru- 
nelle nbïre  et  l'iris  rouge.  L'opercule 
postérieur  est  sans  écailles  ,  composé 
de  deux  feuillets  ,   et  sa  couleur  est 
verte.  Le. tronc  est  couvert  de  grandes 
éqailles  unies  ,   et  entouré  de  quatre 
larges  bandes  brunes,  La  ligue  latérale 


DU    LABE.E    A   BANDES.       22î 
plus  proche  du  dos  que  du  ventre  ,  s'in- 
terrompt vers  la  fin  de  la  dorsale,  re- 
prend au  milieu  de  la  queue  et  se  perd 
dans  sa  nageoire.  Le  dos  est  trancliant, 
le  ventre  rond  ,  et  l'anus  plus  près  de 
la  nageoire  de  la  queue  que  de  la  tête. 
Le  tronc,  couleur  d'olive,  est  embelli 
de  bandes  brunes.   Les  nnseoires,  du 
dos  et  de  l'anus  sont  noirâtres,  les  au- 
tres brunes.  Toutes  les  nageoires  sont 
courtes  ,  et  ont  les  rayons  à  plusieurs 
branches.  Outre  les  huit  aiguillons  de 
la  nageoire  dorsale ,  celle  de  l'anus  en 

compte  deux,  et  la  ventrale  un. 

J'ai  reçu  ce  poisson  du  Japon,  de  la 

erandeur  de  mon  dessin. 
On  le  nomme  : 

Le  Labre  à  bandes,  en  français. 

Derbandlrte  Lippfisohy  en  allemand. 

Tàeslreaked  Jf^rassey  en  anglais. 


Poissons,  lîî.  28 


322      HISTOIRE    NATURELLE 

LE   PERROQUET   BOISÉ, 

LABRV  s     TESSELATVS. 

Le  petit  nombre  des  écailles  près  des 
yeux  et  à  l'opercule,  font  connoître  ce 
poisson. 

Il  a  quatre  rayons  dans  la  membrane 
branchiale  ,  seize  dans  la  nageoire  pec- 
torale ,  six  dans  la  ventrale ,  douze  dans 
celle  de  l'anus,  seize  dans  celle  de  la 
fjueue,  et  vingt-  Jujit  dans  la  dorsale. 

La  tête  est  comprimée  et  en  pente, 
la  bouche  petite  ;  les  mâchoires ,  d'é- 
gale longueur,  sont  munies  d'un  rang 
de  dents  petites  et  aiguës.  Le  corps  est 
alongé  et  couvert  de  très-petites  écailles 
molles.  Je  ne  remarque  à  la  tête ,  près 
des  yeux  et  vers  le  haut  de  l'opercule  , 
qu'une  petite  place  écailleuse.  Cette 
marque  n'étant  propre  à  aucun  autre 
labre,  elle  a  pu  me  servir  de  caractère. 

Les  yeux,  munis  d'une  membrane 
clignotante,  ont  la  prunelle  noire  dans 


DU    PERROQUET    BOISÉ.     3^'5 

un  iris  argenté  ;  devant  ceux-ci  on  dé- 
couvre les  doubles  narines,  et  dessous 
<iuatre  à  six  pores  apparemment  pitui- 
taires.  Les  opercules  et  la  poitrine  sont 
marqués  de  petites  taclies brunes,  mais 
•le  reste  du  corps  en  a  de  plus  grandes. 
Celles-ci  avant  un  air  de  boiserie, 
m'ont  fourni  la  dénomination.  Le  dos 
est  violet,  les  côtés  sont  argentés,  la 
nageoire  ventrale  est  noire  ,  celles  de 
la  poitrine  et  de  la  queue  sont  bleues-, 
à  celles  du  dos  et  de  l'anus  ,  cette  cou- 
leur est  marquée  de  jaune  et  de  bru* 
nâtre.  L'ouverture  des  ouies  est  gran- 
de, et  la  membrane  étroite  repose  sur 
quatre  rayons.  L'anus  est  plus  voisin 
de  la  nageoire  de  la  queue  que  de  la 
tetê.  La  ligne  latérale ,  parallèle  au  dos 
dont  elle  est  voisine,  fait  une  courbure 
à  la  fin  de  la  dorsale  vers  le  bas,  et  de- 
'là  elle  va  droit  jusqu'au  milieu  de  la 
nageoire  de  la  queue.  Toutes  les  na- 
geoires sont  arrondies  ,  et  tous  les 
rayons  ;  à  l'exception  des  aiguillons  , 


324   HISTOIRE  NATUR.ELLE,  &0. 
sont  à  plusieurs  branches;  les  dix-sept 
aiguillons  du  dos  sont  raclés  ;  la  na- 
geoire de  l'anus  a  trois  aiguillons  et  la 
ventrale  un. 

Je  dois  la  connoissance  de  ce  poisson 
à  M.  Spengler  ,  inspecteur  du  cabinet 
royal  de  curiosités  à  Stockliolm  ,  qui 
me  l'a  envoyé  ,  en  me  marquant  qu'il 
est  de  la  Norwèse, 

On  le  nomme  : 
Le  Perroquet  boisé  ,  en  français. 
Ver  getafelte  Lippfisch  ,  en  allemand. 
Et  The  wainscolted  JVrasse ,  en  anglais. 

J'ai  fait  des  reclierclies  dans  les 
écrits  des  naturalistes  célèbres  danois  , 
pour  savoir  si  notre  poisson  y  est  dé- 
crit; mais  une  comparaison  soigneuse 
sur-tout  des  poissons  de  Linné  et  de 
Fr.  Mliller  ,  démontre  qu'il  ne  se 
trouvcpasdans  leurs  écrits  :  les  grosses 
lèvres  me  l'ont  fuit  ranger  d'ailleurs, 
suivant  Linné,  dans  le  genre  des  labres. 

riN    DU    TOME    TROISIÈME. 


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