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3546
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6May'60'
HISTOIRE NATURELLE
DU DÉPARTEMENT
DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
HISTOIRE
NATURELLE
DU DÉPARTEMENT
DES PYRÉNÉES-ORIENTALES,
Par le Docteur LOUIS COMPANYO,
Créateur et Conservateur du Muséum d'Histoire Naturelle de la ville de Perpignan ,
Ancien Officier de Santé des Armées, Chirurgien de la première ambulance
légère du grand quartier -général impérial, Membre de la Société
Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales,
et de plusieurs autres sociétés savantes.
TOME TROISIÈME.
PERPIGNAN.
IMPRIMERIE DE J.-R. ALZINE,
Uue des Trois-Rois , \.
IS63.
HISTOIRE NATURELLE
DU DEPARTEMENT
DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
QUÀTKIEMK PABTIË.
RÈGNE ANIMAL.
Généralités.
Rien n'est plus capable d'élever l'âme et le cœur
de l'homme, que le sublime spectacle que lui offre le
monde des Animaux. Quelle splendeur, quelle magni-
ficence! Comment contempler à la fois tant de mer-
veilles! Les détails échappent au calcul, et l'ensemble
au génie : l'imagination même reste épouvantée devant
la grandeur de la création. Des hommes éminents,
des philosophes, des génies immortels ont consacré
à son élude leur existence tout entière.
6 RÈGNE ANIMAL.
L'histoire raisonnée des Animaux constitue, sous
le nom de Zoologie, un vaste ensemble de connais-
sances dans le domaine desquelles rentre nécessai-
rement tout ce que nos sens et notre raison peuvent
nous apprendre sur les Animaux. La Zoologie implique
par sa grande généralité , la nécessité d'établir, dans
une science aussi vaste, de nombreuses divisions, et
c'est à juste titre qu'on a établi différentes circons-
criptions particulières : Y Anthropologie, ou étude de
l'Homme; la Tétrapodologie, qui traite des Quadrupèdes;
Y Ornithologie, celle qui traite des Oiseaux ; YHerpéto-
logie, qui traite des Reptiles; Y Ichtyologie, celle qui
traite des Poissons; la Conchyliologie, celle qui s'occupe
des Mollusques et des autres Animaux Conchifères;
Y Entomologie, celle qui s'occupe des Insectes.
Les Animaux varient infiniment par la forme, la
grosseur, les mœurs, l'intelligence et le milieu dans
lequel ils vivent et se reproduisent : quelle différence
entre le Moucheron et l'Éléphant ou l'immense Gé-
tacé, le Cheval ou la Tortue, l'Oiseau ou les Poissons!
Mais les différences de taille sont à peine sensibles en
passant de l'espèce à l'espèce voisine, et en remontant
ou en descendant l'échelle des Êtres ; ces différences,
si grandes ou si petites entre les Animaux des classes
GÉNÉRALITÉS. 7
éloignées ou rapprochées, se remarquent chez le môme
Animal aux diverses époques de son existence : voyez
l'œuf, la chenille, la chrysalide, le papillon.
Toutes les actions des Animaux ont un double but :
la conservation de l'Individu et la conservation de la
Race. La conservation de l'Individu est ordinairement
confiée à ses soins; la Nature s'est réservé celle de
la Race, qui est infiniment supérieure. L'instinct,
dans l'Animal, est cette volonté de la Nature qui
veille à la conservation de l'Individu pour obtenir
celle de la Race.
Pour conserver leur vie, les Animaux respirent et
se nourrissent.
Pour respirer, les uns ont des poumons, les autres
des branchies, des trachées; d'autres absorbent l'oxy-
gène par leurs pores.
Pour se nourrir, il en est qui attendent, immo-
biles, la nourriture qui vient à eux; les autres vont
à leur nourriture, qui les fuit le plus souvent, qui
lutte même pour se défendre. Dans cette recherche
de l'alimentation , qui est l'incessante occupation des
Animaux, la Nature offre le spectacle incompréhen-
sible d'une lutte immense de tous contre tous. Ils
vivent tous les uns aux dépens des autres. En même
8 RÈGNE ANIMAL.
temps qu'ils attaquent, ils sont obligés de se défendre ;
aussi tous sont armés pour l'attaque et la défense :
dards , cuirasses , ruses , poisons , promptitude de
l'attaque, rapidité de la fuite, nombre suppléant à la
faiblesse, rien n'est oublié. Une fois maîtres de leur
proie, certains animaux l'engloutissent vivante; les
autres la broient entre leurs meulières; les autres la
déchirent. Comme moyen d'action pour pousser
l'Animal à la recherche de la nourriture, dit un
auteur, la Nature lui a donné la douleur de la faim
et de la soif, et le plaisir de les satisfaire.
Tous assurent l'avenir de leur race par la repro-
duction. Pour cela, les uns s'accouplent; les autres
fraient ; d'autres se reproduisent de bouture , à la
manière des plantes. Les Animaux grands et terribles,
destinés à une longue vie, qui, trop multipliés,
nuiraient aux autres races, n'enfantent que rare-
ment, et ne donnent qu'un ou deux petits; les Ani-
maux petits , dont la vie est courte et périlleuse , se
reproduisent souvent, et en nombre considérable,
souvent incalculable. Le nombre des Jeunes indique
quelle est la voracité des ennemis. L'Éléphant
engendre un petit; une Morue produit en un seul
accouchement neuf millions d'œufs! Le premier est
GÉNÉRALITÉS. 0
presque à l'abri de tout danger; la seconde nage dans
un océan hérissé de gueules menaçantes. On dirait
que la somme de la vie et de la matière, doit être
balancée dans chaque espèce par la taille et le nom-
bre des individus.
Pour pousser les Animaux à la reproduction,
moyen de perpétuer la race, la Nature n'agit plus ici
par la douleur. Mais, par le plaisir seul, cette sensa-
tion joue un si grand rôle dans la vie des Animaux,
qu'elle semble être le but de leur existence. Les
phénomènes principaux qui accompagnent l'acte
de la reproduction, sont le déploiement de toute la
beauté et de toutes les forces de chaque individu,
les amours, les tendresses mutuelles des sexes, leurs
voluptés, leurs étreintes; les jalousies, les combats,
les unions conjugales, soit passagères, soit constantes;
la gestation des femelles, soit vivipares, soit ovipares;
l'hermaphroditisme , la dioïcité, l'absence d'organes
sexuels, la parturition , le nombre des petits, leur
éducation, la jeunesse, l'âge fait, la vieillesse et la
durée de la vie de chaque espèce.
Tous les Animaux meurent après un temps dont
la limite extrême est déterminée pour chaque espèce.
Ainsi l'Ours, le Chien et le Loup vivent rarement plus
10 RÈGNE ANIMAL.
de vingt années; le Renard vit quatorze ou seize ans;
le Chat vit une quinzaine d'années; l'Écureuil vit sept
ou huit ans ; le Lapin vit sept ans environ ; l'Éléphant
vit jusqu'à quatre cents ans. Lorsqu'Alexandre-le-Grand
vainquit Porus, roi de l'Inde, il lui enleva un éléphant
qui avait combattu avec une telle vaillance, que le
Roi l'appelait Ajax. Le conquérant en fit hommage
au Soleil, et lui rendit la liberté après l'avoir marqué
de cette inscription : Alexandre, le fds de Jupiter, a
dédié Ajax au Soleil, et trois cent cinquante ans
après , cet Éléphant vivait encore.
Des Poules ont vécu trente ans; des Rhinocéros,
vingt ans. On cite un cheval qui a vécu soixante ans ;
mais ces animaux atteignent à peine vingt-cinq ou
trente ans. Des Chameaux atteignent parfois cent ans.
Selon Cuvier, les Baleines vivent un millier d'années;
les Marsouins vivent trente ans; un Aigle est mort, à
Vienne, à l'âge de cent quatre ans; des Corbeaux
atteignent fréquemment la centaine; des Cygnes ont
vécu trois cent soixante ans ; une Tortue a vécu cent
sept ans; un Crapaud, trente-six ans, et comme il
mourut par suite d'un accident, on peut croire la
longévité plus grande dans son espèce.
Tous les êtres organisés ne se propagent pas de
GÉNÉRALITÉS. 11
la même manière ; mais la propagation a produit la
succession nécessaire, déterminée, des générations de
toute espèce vivante, avec les caractères indélébiles
qui les distinguent, depuis le premier ou les premiers
individus créés, jusqu'à ceux dont il nous est donné
d'observer l'histoire; et nous citerons cette pensée si
juste et si profonde d'Aristote : que les fonctions de
reproduction, ne sont que le dernier développement
et le perfectionnement des fonctions de nutrition.
La création a commencé l'existence de chaque es-
pèce, la propagation la continue.
Tous les Animaux ne restent point sédentaires dans
le lieu qui les a vu naître; plusieurs émigrent, et leurs
excursions au-dehors, ont trois causes déterminantes :
l'instinct conservateur, l'instinct des voyages et le désir
de se reproduire. Il est de ces migrations qui se renou-
vellent régulièrement chaque année, et pendant toute
la durée de la vie de l'Animal. Il en est qui se renou-
vellent un certain nombre de fois seulement ; d'autres
qui ont pour but un changement durable et définitif.
Les migrations dans les différentes classes d'Ani-
maux, tiennent à des circonstances physiques et
physiologiques : il en est qui sont occasionnées par
une perturbation atmosphérique, comme un ouragan,
42 RÈGNE ANIMAL.
une tempête. Les Oiseaux et les Poissons, doués de
facultés plus favorables à la locomotion, sont aussi
les Animaux les plus voyageurs. Les Mammifères et
les Reptiles sont généralement sédentaires.
Les Animaux émigrants partent, les uns par troupes
et les autres isolément. Les Hirondelles, les Cygnes,
les Oies, les Canards, les Grues, les Hérons, etc.,
émigrent au loin et à époques fixes. Les Alouettes,
les Ortolans, les Rossignols, les Pinsons, etc., partent
également à des époques fixes, mais s'éloignent moins
que les précédents.
Par une prévoyance admirable du Créateur, tous les
Animaux sont couverts de laine, de fourrures, de poils,
de plumes qui les garantissent à la fois du froid et de
l'humidité. La prévoyance va plus loin, et les besoins
de tous les êtres ont été calculés avec tant de justesse,
que le même Animal revêt une fourrure différente
selon les saisons et les climats différents.
Les Animaux sont susceptibles d'éducation. La
Nature leur a donné l'instinct , qui , selon Buflbn ,
n'est qu'un pur mécanisme ; mais l'Homme , par
Y instruction, développe leur intelligence.
« Nous voyons tous les jours, dans nos cirques,
« dit M. Flourens , des Chiens , des Chevaux , des
GÉNÉRALITÉS. 43
« Ours, etc., qui font des choses qu'assurément ils
<( n'eussent point faites, abandonnés à eux seuls. On
« leur apprend à faire ces choses; on les y instruit;
« on les y prépare. Ils ne les font pas du premier
« coup : ils commencent par faire mal; puis ils font
« mieux ; puis bien .... Ainsi l'intelligence des bêtes
«c n'agit que par instruction , par expérience ; tandis
« que l'instinct agit sans instruction , ne fait point de
« progrès, est toujours particulier à l'animal, qui fait
« des choses sans être apprises : l'Araignée n'apprend
« point à faire sa toile, ni le Ver à soie son cocon,
« ni l'Oiseau son nid, ni le Castor sa cabane. »
C'est dans les Rongeurs que l'intelligence se montre
au plus bas degré. Elle est plus développée dans les
Ruminants; beaucoup plus dans les Pachydermes , à
la tête desquels il faut placer l'Éléphant et le Cheval;
plus encore dans les Carnassiers, à la tête desquels il
faut placer le Chien, et dans les Quadrumanes, à la tête
desquels se placent l'Orang-Outan et le Chimpanzée.
La nature des Animaux, quant à leur organisation
et à leur mode de vie , change selon les climats , les
lieux, les éléments, les saisons; suivant la chaleur,
le froid, la sécheresse, l'humidité, la stérilité ou la
fertilité; d'après l'élévation ou la profondeur des sites,
14 RÈGNE ANIMAL.
et, en général , leur nombre croît avec la température
des climats % Ce nombre est infini sur la surface du
globe. Nous en voyons des myriades voltiger dans
les airs, nager dans les eaux, courir, sauter, ram-
per, glisser sur la terre, grimper sur les arbres,
végéter sur les rochers des rivages et au fond des
mers. Le nombre des Animaux visibles n'est connu
que de Dieu seul. Mais, une multitude plus consi-
dérable encore échappe à notre vue: chaque Animal,
chaque feuille d'Arbre , chaque brin d'Herbe , est
une autre Planète , qui a ses mers , ses montagnes ,
ses vallées où plongent de gigantesques Baleines mi-
croscopiques, où des Loups voraces poursuivent les
Brebis et les Chèvres. Qui pourrait embrasser, par
la pensée seulement, ce qu'il naît, ce qu'il meurt
d'Animaux sur toute la terre, dans le court espace
d'une seconde! Quelle imagination ne sera confondue
devant la pensée de ce qu'il en est mort depuis que
la terre fut livrée au souffle de la vie! Des îles
entières, de vastes archipels s'élèvent du sein des
mers profondes , et ces îles , ces archipels sont
(*) Les Animaux qui peuplent aujourd'hui les terres du conti-
nent, y sont venus du Nord. Buffon, Époques de la Nature,
tom. 2, p. 520.
GÉNÉRALITÉS. 15
formés par les débris des générations successives de
quelques espèces d'Animaux maritimes !
Mais, il y a encore quelque chose de plus sublime
que l'infinie variété et la multitude des Animaux,
c'est que parmi eux il s'en trouve un capable de les
passer tous en revue, comme un chef son armée,
de les compter et dire leur structure intime, leur
vêtement, leur mode de vie et leur reproduction.
Cet Animal divin c'est l'Homme. Si grand que soit
le nombre des Animaux, il est parvenu à les connaître
en grande partie,- et à les classer méthodiquement.
Linnée, Guvier, Lamark, Blainville, Geoffroy Saint-
Hilaire, etc., ont établi les classifications naturelles
ou systématiques les plus célèbres. Nous avons
adopté, quant à nous, la méthode de Guvier, dont
nous donnons le tableau détaillé et que nous suivrons
dans le cours de cet ouvrage.
M. Guvier divise le Règne Animal en dix-neuf
classes, groupées dans quatre divisions principales,
qu'il nomme des embranchements.
Le premier embranchement, celui des Vertébrés,
comprend quatre classes : les Mammifères, les Oiseaux,
les Reptiles, les Poissons.
Le deuxième embranchement, celui des Mollusques,
16 RÈGNE ANIMAL.
renferme six classes : les Céphalopodes, les Ptéréopodes,
les Gastéropodes, les Acéphales, les Brachiopodes, les
Girrhipèdes.
Le troisième embranchement, celui des Articulés,
comprend quatre classes : les Crustacés, les Arach-
nides, les Insectes, les Annélides ou Vers à sang rouge.
Le quatrième embranchement contient cinq classes:
les Échinodermes, les Acéphales, les Vers-Intestinaux,
les Polypes, les Infusoires.
Notre Faune n'embrasse point toutes ces classes.
Elle se borne à parler des Animaux, qui, dans le pre-
mier embranchement, composent les Mammifères, les
Oiseaux, les Reptiles et les Poissons; dans le second
embranchement, les Mollusques terrestres et fluviatiles;
dans le troisième embranchement, les Insectes Coléop-
tères et Lépidoptères.
Les Animaux dont nous avons constaté l'existence,
dans le département des Pyrénées-Orientales, sont:
Espèces ou Variétés.
Mammifères 89
Oiseaux 376
Reptiles 45
Poissons 211
Mollusques terrestres et d'eau douce 83
Insectes coléoptères , 2.580
Insectes lépidoptères 1 .353
MAMMIFÈRES. 17
CHAPITRE PREMIER.
ANIMAUX VERTÉBRÉS.
PREMIÈRE CLASSE.
Mammifères.
Les Animaux désignés sous le nom commun de Mam-
mifères, forment la première classe du grand type des
Vertébrés, et occupent ainsi le premier rang dans la
création zoologique. La dénomination de Mammifères,
introduite par Linné, est une de celles qui ont été le
plus heureusement choisies dans la langue zoologique.
En indiquant que les Animaux auxquels elle convient
portent, des mamelles, elle rappelle implicitement les
rapports qui existent entre les Parents et les Jeunes,
l'état d'imperfection et de dépendance dans lequel nais-
sent ces derniers, et la qualité de l'aliment qu'ils reçoi-
vent après être sortis vivants du sein de la mère. Par la
nature même de leurs fonctions, les mamelles sont, en
outre, des organes tellement spéciaux, que signaler leur
existence, c'est présenter immédiatement à l'esprit l'idée
d'une organisation particulière et concordante; c'est
résumer à la fois par un trait saillant, les caractères de
l'adulte et ceux du jeune animal. (E. Baudemont.)
TOME III. 2
D. H. HILL LIBRARY
North Carolina State Collège
18 HISTOIRE NATURELLE.
M. Cuvier a classé les Mammifères en neuf Ordres :
1er Ordre les Bimanes;
2e Ordre les Quadrumanes;
3e Ordre tes Carnassiers;
4e Ordre les Marsupiaux;
5e Ordre les Rongeurs;
6e Ordre. ..... les É dentés;
7e Ordre les Pachydermes ;
8e Ordre les Ruminants;
9e Ordre. les Cétacés.
Nous n'avons pas à nous occuper des deux premiers
Ordres : les Bimanes et les Quadrumanes.
TROISIEME ORDRE.
CARNASSIERS.
Caractères. — Trois sortes de dents, modifiées selon le
genre de nourriture : point de pouce opposable à leurs
pieds antérieurs; le nombre de mamelles variable.
Cet Ordre se divise en trois Familles :
4° Les Chéiroptères;
2° Les Insectivores ;
3° Les Carnivores,
MAMMIFÈRES. 1 '.I
ire Famille. — Chéiroptères.
Chauves-Souris, Vespertilio, Lin.; en catalan
Ratapanera.
Les Chauves-Souris forment une division caractérisée
par les doigts des mains excessivement allongés, et enve-
loppés dans une membrane formant de véritables ailes,
qui égalent et surpassent celles de beaucoup d'oiseaux.
Le pouce porte un ongle crochu , qui leur sert a se sus-
pendre aux voûtes des cavernes ou contre les murailles.
Les pieds de derrière sont faibles, ayant cinq doigts
onguiculés et séparés. Les mâchoires portent trois sortes
de dents bien caractérisées.
Toutes ces espèces, qu'on ne peut bien distinguer
que par une observation constante, portent le nom de
Chauve -Souris, en catalan Ratapanera. Ces animaux,
pendant le jour, se cachent dans les trous des arbres,
des cavernes, des vieux édifices; pendant l'hiver ils sont
engourdis, et restent suspendus par les pieds postérieurs
aux voûtes de leur retraite. Dès que les beaux jours
arrivent, ils sortent de leur engourdissement, et, à
l'approche de la nuit, ils parcourent les airs d'un vol
entrecoupé et en zig-zag, comme le font les Hirondelles,
pourchassant les insectes crépusculaires ou nocturnes
dont ils font leur principale nourriture. Ils se font entre
eux une guerre cruelle, et se brisent les membres avec
leurs dents.
Genre Rhlnolophe, Rhinolophus, Géoff.
Caractères. — Dents au nombre de trente-deux; quatre
incisives en bas et deux plus petites en haut; cinq mo-
-2(1 HISTOIRE NATURELLE.
laires à la mâchoire supérieure, el six à l'inférieure ; nez
placé dans une cavité bordée de membranes fort com-
pliquées, qui ont la forme d'un fer à cheval; oreilles
moyennes manquant d'oreillons; queue enveloppée jus-
qu'à son extrémité, dans la membrane interfémorale.
1. Rhinolophe grand fer à cheval, Rhin, unihastatus, Buff.
La feuille nazale double, la postérieure en fer de lance, l'anté-
rieure en lance verticale et carrée ; pelage cendré-clair et roux
en dessus, gris-jaunâtre en dessous. Longueur, 7 centimètres et
demi; envergure, 40 centimètres.
2. Rhinolophe petit fer à cheval, Rhin, bihastatns, Géoff.
Feuille nazale double: toutes deux en fer de lance; oreilles
sinueuses et profondément échancrées ; pelage d'un gris-roussâtre
en dessus, d'un gris-cendré en dessous. Longueur, 5 centimètres;
envergure, 25 centimètres.
Ressemble au précédent : constamment plus petit. Ses oreilles
ont vers leur partie inférieure une échancrure plus profonde, et
les deux feuillets du front sont en fer de lance , tandis que dans
le précédent l'antérieur est carré.
Ces Rhinolophes vivent d'insectes , qu'ils attrapent au vol, au
crépuscule et pendant la nuit. Leur vol est indécis, oblique et
mal dirigé. Ils font entendre un bruit comme s'ils grinçaient des
dents ; très-souvent, étant à la chasse des Sphinx, au crépuscule,
nous avons entendu ce bruit, et les avons vu saisir les Papillons
qui butinaient sur les fleurs. Les femelles portent leurs petits
attachés à leurs mamelles, qu'elles soutiennent en repliant leur
membrane interfémorale. Ces animaux fuient la grande lumière,
el ne sortent de leur retraite qu'au crépuscule.
Les deux espèces se trouvent en abondance dans le départe-
ment. Les vastes souterrains du château de Salses leur servent
île repaire; elles se tiennent suspendues aux voûtes par les pieds
MAMMIFÈRES. 21
et s'enveloppent de leurs ailes. L'escalier souterrain qui conduit
au puits de Sainte-Florentine, à la citadelle de Perpignan, ainsi
que les souterrains des lunettes des fortifications de la ville,
recèlent beaucoup d'individus de ces deux espèces.
Genre Vespertilion, Vespertilio, Lin.
Caractères. — Museau fort simple, n'ayant ni feuille,
ni chanfrein sillonné. Les oreilles séparées sur la tête ou
réunies a leur base; l'oreillon, interne. Quatre incisives
à la mâchoire supérieure, et quelquefois deux seulement.
La queue est presque toujours enveloppée dans la mem-
brane interfémorale.
1. Vespertilion murin, Vespertilio muriniis, Lin., Chauve-
Souris ordinaire.
La face de cette espèce est. presque nue ; le nez lisse, et le
front très-velu ; six molaires de chaque côté aux deux mâchoires ;
oreilles ovales, l'oreillon en forme de faulx; pelage d'un brun-
roussàtre en dessus, d'un gris-blanc en dessous : les jeunes ont
le pelage d'un gris-cendré. Longueur du corps jusqu'à la base
de la queue, 9 centimètres et demi ; envergure, de 43 à 45 cent.
Habite les vieilles masures, les vieux édifices, les trous des
clochers : ne se trouve jamais dans les arbres.
2. Vespertilion échancré, Vespertilio emarginatas, Géofï.
Six molaires de chaque côté aux deux mâchoires; le pelage
est à peu près comme le précédent, moins foncé; oreilles échan-
crées à leur bord intérieur, oreillon en forme d'alêne. Membranes
des ailes noirâtres, l'interfémorale de cette même couleur, avec
des nervures transversales très-prononcées et blanchâtres. Lon-
gueur du corps, 5 cent, et demi; envergure des ailes, 24 cent, et
demi. Il vit dans les souterrains. Plus petit et moins abondant
que le précédent.
Z± HISTOIRE NATURELLE.
5. Vesperlilion pipistrelle, Vespertilio pipistrelus, Daub.
Nez large, déprimé, les narines à rebord renflé; front couvert
de poils assez grands; cinq molaires de chaque côté aux deux
mâchoires; oreilles plus courtes que la tête, ovales, triangu-
laires, échancrées sur le bord extérieur ; oreillons presque droits
et terminés par une tête arrondie; queue très-longue compa-
rativement aux autres espèces et à sa petite taille. Longueur,
4 centimètres; envergure, 17 à 19 centimètres. Pelage, d'un
brun-noirâtre en dessus et d'un brun-fauve en dessous. Mem-
branes noires, celles des ailes ayant une fine bordure blanchâtre
au bas de la première échancrure qui suit les pieds : elle se fond
dans la suivante. Cette bordure n'est pas si apparente chez tous
les individus, ce qui probablement dépend de l'âge.
Cette Chauve-Souris vit en société sous les combles de nos habi-
tations, dans les vieux monuments et. dans les clochers ; elle vole
dès le crépuscule du soir, et on la voit encore dans les airs pen-
dant celui du matin. Il lui arrive souvent de quitter sa retraite
pendant le jour et de voler; elle rase alors les eaux des mares ou
des fossés tout aussi bien qu'elle le fait pendant la nuit. Ce Chéi-
roplcre apparaît le soir dans les rues et. à la campagne, où il l'ait
la chasse aux insectes ailés; il est commun dans les environs de
Céret et le long des Albères.
i. Vespertilion noctule, Vespertilio noctula, Daub.
Ce Vespertilion a cinq molaires de chaque côté des deux mâ-
choires; oreilles plus courtes que la tête, triangulaires en forme
de rein; oreillons arqués, à tête large et. arrondie; face nue;
front très-velu; museau court, épais et relevé; narines renflées,
à ouvertures latérales; pelage fauve, roux, plus pâle aux parties
inférieures du corps.
Les membranes des ailes, le long du bras et de l'avant-bras,
ont 'des narties~'cvelues,rce qu'on ne trouve point généralement
dans les autres espèces. 11 est très-commun; on le voit voltiger
MAMMIFÈRES. 'il!
souvent dans les régions élevées, longtemps avant que le soleil
ne soit couché ; mais il abaisse son vol avec le déclin du jour.
Habite les vieux édifices, les troncs vermoulus des arbres et les
greniers des maisons de campagne. Longueur, 8 centimètres;
envergure des ailes, 40 centimètres.
5. Vespertilion barbastelle, Vespertiiio barbastellm, Bufl'.
Gomme la précédente, cette espèce a le museau court, les
joues renllées; mais ses oreilles, beaucoup moins longues, la font
distinguer au premier coup d'œil. Les oreilles réunies par leur
bord intérieur, sont plus larges que longues; l'oreillon est large
à sa base et pointu à l'extrémité ; quatre molaires de chaque côté ;
membranes des ailes brunes; pelage d'un brun-noir, la pointe
des poils fauve. Longueur du. corps, 5 centimètres et demi;
envergure des ailes, 30 centimètres. Les vieux édifices et les
souterrains lui servent de retraite pendant le jour. Elle est peu
commune.
6. Vespertilion sérotine, Vespertiiio serotinus, Oaub.
La Sérotine a quatre molaires de chaque côté de la mâchoire
supérieure et cinq à l'inférieure ; oreilles ovales, plus courtes que
la tête; les oreillons en demi-cœur; face presque nue; front très-
velu; les poils du dos longs et soyeux; lèvre supérieure garnie de
verrues ; poil brun-châtain, foncé en dessus, jaunâtre en dessous ;
les membranes des ailes plus noires que dans les précédentes.
Longueur du corps, 8 cent. ; l'envergure des ailes, 38 cent.
Cette espèce est plus solitaire que les autres ; on ne la trouve
guère que par paires. Elle se retire dans les troncs décrépits des
arbres, ou sous les toits des masures isolées près des marécages ;
elle ne se réveille de son sommeil d'hiver que lorsque le soleil
du printemps a déjà fait sentir à la terre toute son heureuse
influence. Elle se voit dans les environs des villages situés près
des êtanes de Salses cl de Saint-Laurent.
"24 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Oreillard, Pletocus, GéofF.
Caractères.— Différent des autres Chauves -Souris par
de très-grandes oreilles, qui sont unies l'une à l'autre sur
le crâne. Oreillon grand et lancéolé. Les dents sont les
mêmes que dans le genre précédent.
1. Oreillard commun, Plet. auritus, Géoff., ou Vespert.
auritus, Lin.
Ce Pletocus est remarquable par la grandeur de ses oreilles,
qui atteignent presque l'extrémité du corps quand elles sont ra-
battues; leur largeur égale le tiers de leur longueur; elles sont
réunies à leur base. Tête aplatie, museau renflé; cinq molaires
supérieures de chaque côté , six inférieures ; soies éparses sur la
face; front velu; queue très-grande; poils noirâtres à leur base,
d'un gris-roussâtre à leur extrémité. Longueur du corps, 5 cent.;
envergure des ailes, 31 centimètres. Il vit isolé, et choisit, pour
sa retraite, les vieux clochers et autres édifices élevés. Commun
dans le pays.
2me Famille. — Insectivores.
Caractères. — Leurs pieds sont courts et armés d'ongles
solides ; ceux de derrière ont toujours cinq doigts, et leur
plante du pied appuie en entier sur le sol en marchant.
Leurs molaires sont hérissées de pointes. Ces animaux
ont les mouvements très-lents; ils mènent une vie le
plus souvent nocturne, et se cachent dans des terriers.
Leur nourriture consiste ordinairement en insectes et en
fruits. Ces animaux s'engourdissent pendant l'hiver.
Genre Hérisson, Herinaceus, Lin.; en catalan
Erissou, Palluc de castanya.
Caractères, — Corps garni de piquants au lieu de poils;
MAMMIFÈIIES. 25
l'orme lourde et ramassée; museau pointu; queue courte;
yeux petits. Ces animaux peuvent se rouler en boule, en
rentrant leur tète comme dans un fourreau.
\. Hérisson d'Europe, Erinaceus Europeus, Buff.
Animal nocturne, vivant de fruits, d'insectes, de limaçons;
museau pointu; mâchelières hérissées de pointes coniques; six
incisives à la mâchoire supérieure, deux à l'inférieure; pieds
libres à cinq doigts, ongles propres à fouir; corps armé de
piquants; susceptible de se rouler en boule; oreilles courtes.
Longueur du corps, de 25 à 30 centimètres.
Le Hérisson a les formes trapues, les jambes très-basses,
traînant le ventre contre la terre dans sa marche; tète allongée,
se terminant par un museau pointu; partie supérieure, depuis
le front, armée de piquants d'un blanc-sale, ornés d'un anneau
noirâtre aux deux tiers de leur longueur. Le dessous de son
corps est garni de poils d'un roux-clair ; les oreilles , le museau
et les pieds sont nus et d'un brun-violet.
Au moindre danger, le Hérisson se roule en boule pour cacher
ses parties internes et ne présenter à son ennemi qu'un corps
hérissé de pointes aiguës, difficiles à saisir; à ce moyen de
défense, il ajoute l'éjaculation de son urine, dont l'odeur désa-
gréable suffit pour éloigner ceux qui seraient tentés de lui faire
la chasse. Il se retire, pendant le jour, dans le tronc des vieux
arbres ou dans des tas de pierres, et n'en sort que la nuit pour
pourvoir à sa nourriture. Il purge nos jardins des limaces, et
quoiqu'il mange quelques fruits, il fait peu de mal.
Il n'est pas très-répandu dans ce département ; on l'a trouvé
dans les garrigues du côté de Néfiach, quelquefois dans les plaines
de la Salanque : on m'en a porté un tué à Claira.
On distingue deux variétés de cette espèce : une dont le museau
est plus allongé, le Hérisson-Pourceau; l'autre dont le museau est
plus court, le Hérisson-Chien.
20 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Musaraigne, Sorex, Lin.; en catalan Mourru
de trumpète.
Caractères. — Museau long, effilé, mobile; les oreilles
courtes, souvent cachées par les poils ; queue quadrilatère
et comprimée : dans quelques espèces, elle est garnie de
poils ras et égaux; chez les autres, il existe une rangée
de poils longs, parsemés à petites distances sur les côtés.
Leurs dents sont tantôt colorées de rougeâtre ou de brun
a leur extrémité; tantôt elles sont entièrement blanches:
le nombre varie de trente à trente-deux; leurs ongles ne
sont pas propres à fouir la terre.
Les Musaraignes sont de très-petits quadrupèdes noc-
turnes qui vivent d'insectes terrestres et aquatiques, selon
les espèces. Elles établissent leur demeure dans des trous
ou des excavations ayant déjà servi à d'autres animaux.
Leur naturel est cruel ; elles se font entre elles une guerre
d'extermination.
1 . Musaraigne vulgaire, Sorex aranens, Géofï.
Museau court et pointu; oreilles amples et nues ayant en dedans
deux lobes placés l'un au dessus de l'autre ; deux incisives supé-
rieures, deux inférieures entièrement blanches; les lèvres et les
pieds sont couleur de chair; poil gris de souris, plus pâle en
dessous; queue carrée et nue. On trouve plusieurs variétés de
cette espèce ; une entièrement blanche.
Cette Musaraigne est commune dans les jardins et les prairies,
et près des habitations rurales, où elle pénètre pendant l'hiver;
on la trouve en quantité sous les amas de foin, lorsqu'il est fauché.
Les Chats la tuent, mais ne la mangent point, à cause de l'odeur
musquée qu'elle répand, odeur produite par la sécrétion des
glandes situées sous la queue de l'animal.
Longueur, 0 centimètres; queue, ï centimètres.
MAMMIFÈKKS. 27
2. Musaraigne carrelet, Sorex tetragonurus, Géoff.
Un peu plus grande que la précédente ; la tête plus forte et le
museau moins fin; les incisives brunes à l'extrémité; huit canines
à la mâchoire supérieure; oreilles courtes; queue longue et à
forme carrée ; robe noirâtre en dessus, cendré-brun au dessous ;
les pieds velus. Longueur, 6 centimètres; queue, 5 centimètres.
Habite les endroits moins humides que la précédente.
o. Musaraigne rayée, Sorex lineatus, Géoff.
Forme plus allongée que les précédentes; la queue est remar-
quable par une ligne fortement élevée en carène en dessous;
incisives brunes à l'extrémité; pelage d'un brun -noirâtre en
dessus, plus pâle en dessous; gorge cendrée; il part une ligne
étroite et blanche du front aux narines; tache de môme couleur
aux oreilles; queue ronde, longue de 5 centimètres; longueur
du corps, 7 centimètres. Habite les prairies humides des bords
de la mer.
i. Musaraigne d'eau, Sorex fodiens, Geml.
Cette espèce est très-rare ; elle double les autres en grosseur,
18 centimètres environ. Pelage noir, velouté en dessus, plus ou
moins blanchâtre en dessous, ressemble assez à celui de la taupe.
Museau gros; les bords de la lèvre supérieure un peu blanchâtres ;
une tache de cette même couleur en arrière des yeux; queue
presque de la longueur du corps, noirâtre et frangée en dessous,
sur toute la longueur, par des poils raides, blanchâtres, qui aident
l'animal dans la natation ; pieds d'un cendré-foncé et bordés de
poils ciliés, grisâtres; moustaches noires. C'est toujours près de*
eaux courantes des parties élevées du département qu'on trouve
cette espèce: commune dans les territoires de Vernet, de Castell
et dans les environs d'Àiies-sur-Tech.
o. Musaraigne porte-rame, Sorex remifer, Géoff.
La plus grande des espèces que l'on trouve en France : a te
28 HISTOIRE NATURELLE.
museau gros et court, les incisives brunes à l'extrémité, les for-
mes plus trapues; pelage d'un brun-foncé en dessus, ventre d'un
brun-cendré, gorge d'un cendré-clair; queue carrée dans la
première moitié, et marquée d'un sillon en -dessous, qui se
change en carène dans la moitié suivante, aplatie en forme de
rame, d'où lui vient son nom. Longueur, 20 à 21 centimètres.
Habite les bords des eaux vers les parties élevées du département :
j'en ai pris un individu près de Costa-Bona, aux environs de la
source du Tech.
Genre Desman, Migale, Géoff.
Caractères. — Corps assez allongé, couvert de poils fort
doux, les uns soyeux plus ou moins irisés, les autres
duveteux et formant une sorte de bourre; l'oreille externe
presque nulle; leurs pattes ont cinq doigts, armés d'on-
gles robustes ; les antérieures propres à fouiller ; les pos-
térieures palmées, disposées pour la natation. A la base
de la queue existent des cryptes, par lesquelles suinte une
humeur musquée.
1 . Desman des Pyrénées, Migale Pyrenaïca, Géoff.
Museau très-prolongé, en forme de trompe très-flexible, qu'il
agile continuellement; oreilles extérieures nulles; les yeux très-
petits; queue plus courte que le corps, écailleuse et aplatie sur
les côtés; les pieds postérieurs palmés lui servent pour se diriger
au sein des eaux, où il se plaît. Il creuse sur les bords des ruis-
seaux, des galeries dont l'entrée est sous l'eau. Il vit de vers, de
sangsues, de coléoptères, et, à défaut, de racines et de plantes
aquatiques. J'ai trouvé dans l'estomac d'un individu (les Amara
montana, que j'ai pu conserver pour ma collection entomologique.
Le Desman ne sort guère qu'aux approches de la nuit pour pour-
voir à sa subsistance. Il est à peu près de la grosseur de la Taupe.
Celui qui nous a été apporté mesurait 15 cent.; la queue, 11 cent.;
MAMMIFÈRES. 89
la circonférence du corps, prise au milieu de la poitrine, était de
13 cent. Son pelage est d'un brun-marron au dessus, d'un gris-
brunàtre sur les flancs, et d'un gris-d'argent sous le ventre.
Il habite les régions élevées du département. Un individu m'a
été envoyé de Saint-Laurent-de-Cerdans en août 1824: il fut pris
en curant le ruisseau qui conduit l'eau à la forge de M. Delcros-
Rodor. Malgré la recommandation du propriétaire et les soins
qu'il avait pris pour me le faire parvenir, la distance étant assez
grande 'et la température très-élevée , la putréfaction était déjà
très-avancée et je n'ai pu le conserver.
Au sujet de cet animal, M. Guvier m'écrivait :
« Un animal découvert depuis peu, et qui ne se trouve que
« près des Pyrénées, c'est un Desman, c'est-à-dire une grande
« espèce de Musaraigne. Je ne puis pas espérer de le recevoir
« vivant, quand même vous vous le procureriez, parce que cet
« animal vit d'insectes et qu'il ne supporterait pas la captivité.
« Mais si par hasard vous l'obteniez en vie , vous m'obligeriez
« d'en faire faire un dessin, dont le trait serait bien pur; et,
« pour les détails, j'y suppléerais par l'individu que vous pourrez
« m'envoyer dans l'esprit de vin. »
Deux ans plus tard, j'eus le bonheur de pouvoir satisfaire
M. Cuvier : un individu fut tué dans la même localité, et mis de
suite dans l'esprit de vin par les soins de M. Delcros. Je ne pus
en faire le dessin ; mais je l'envoyai tel quel à notre savant maître,
qui m'en témoigna toute sa gratitude. .(Voir la Planche, fig. i.)
Genre Taupe, Talpa, Lin.; en catalan Taupa.
Caractères. — Museau plus ou moins prolongé; pieds
antérieurs palmés, à ongles tranchants, propres à fouir;
yeux peu visibles, cachés par les poils; oreilles à conque
extérieure nulle. Ces animaux, connus par leur habileté
à creuser des galeries souterraines, vivent de vers, d'in-
sectes et de racines tendres.
30 HISTOIRE NATURELLE.
1. Taupe d'Europe, Tidpa Europea, Lin.
En voyant l'organisation extérieure de la Taupe, on ne peut se
méprendre sur les habitudes de ce petit animal. Museau plus ou
moins prolongé, très-mobile, et terminé par un petit os ou bou-
toir; yeux presque imperceptibles; corps cylindrique et trapu;
membres antérieurs courts et robustes, terminés par des mains
larges et palmées, à ongles tranchants, disposés en scie, pomme
de la main tournée en dehors. Toutes ces dispositions indiquent
un animal destiné à creuser des galeries souterraines, où il doit
vivre et y chercher la nourriture, qui consiste en vers et insectes.
La Taupe a 13 à 14 centimètres de longueur; la queue, 4 cent.;
son pelage est noir, velouté et très-luisant. Son habitation est
dans les terres ordinairement cultivées, douces et légères de
préférence, parce qu'elle y trouve une nourriture plus abondante
et qu'elle peut creuser ses galeries avec plus de facilité; rare-
ment on voit les terrains rocailleux labourés par les Taupes.
Le soin de chercher sa nourriture , oblige la Taupe à faire ses
chemins souterrains, qu'elle creuse avec une grande activité,
et c'est presque toujours à des heures réglées : elle commence
au point du jour, à dix heures du matin, à midi et vers la nuit.
C'est à ce dernier moment de la journée qu'elle les pousse avec
plus d'activité, afin de porter à son gîte une nourriture plus
abondante pour elle et ses petits. La Taupe construit dans la terre
son habitation avec une intelligence singulière, où aboutissent
un grand nombre de galeries , pour qu'au moindre danger elle
puisse soustraire toute sa famille à ses ennemis. Sous le dôme de
son habitation, se trouvent amoncelées quantité de feuilles sèches,
assez élevées, afin que les petits soient à l'abri de l'humidité:
c'est autour de cette couchette que viennent aboutir les nom-
breuses galeries qui servent à sa retraite en cas de besoin.
La Taupe est très-répandue dans le département. On la trouve
quelquefois toute blanche: c'est le résultat de la maladie albine;
on la trouve aussi toute grise , et cette couleur est plus ou
MAMMIFÈRES. M
moins claire, selon les individus; d'autres toutes tachetées de
diverses couleurs. Nous en possédons une qui a une couleur
uniforme nankin : la partie supérieure du dos est couverte de
trois taches noires, de forme irrégulière; les deux antérieures
se joignent par un petit isthme, tandis que celle qui se trouve
située sur le train de derrière est ronde et touche presque à la
queue, qui est aussi noire en partie. C'est probablement cette
couleur nankin qu'on voit sur certaines Taupes, qui avait contri-
bué à faire donner le nom de Taupe d'Alais à cet animal. Mais il
n'existe aucune différence sensible sur l'organisation de cette
Taupe qui puisse justifier une espèce nouvelle : même grandeur
de l'animal, même disposition de la tête et de la bouche, les
pieds n'offrent aucune différence. La coloration seule donc ne
suffit pas pour en faire une espèce différente. Tous les jours,
nous rencontrons des animaux qui présentent diverses nuances
dans les couleurs de leur robe, et qui toutefois ne peuvent pas
être séparés de leur espèce.
3me Famille . — Carnivores .
Cette famille a été divisée en trois tribus, par rapport
à la conformation de leurs membres et à la différence
de leurs mouvements. Les Plantigrades forment la pre-
mière tribu : quand ils marchent, ils appuient sur le sol
la plante entière des pieds. Les Digitigrades forment la
seconde tribu : ceux-ci, dans leur marche, ne touchent
la terre que de l'extrémité de leurs doigts. La troisième
tribu est formée par les Amphibies : la conformation de
leurs membres les rend impropres à la marche ; car ils
ressemblent à des nageoires , et ne peuvent guère servir
que pour la natation.
lre Triru. — Plantigrades.
Caractères. — Les Plantigrades marchent en appuyant
32 HISTOIRE NATURELLE.
entièrement la plante des pieds de derrière sur le sol ,
ce qui leur facilite le moyen de se dresser sur leurs pieds
et de grimper sur les arbres. Cinq doigts à chaque pied;
dents carnassières ordinairement peu caractérisées. Plu-
sieurs de ces animaux sont nocturnes, et sujets à un
engourdissement hivernal .
Genre Ours, Ursus, Lin.; en catalan Os.
\. Ours brun, Ursus arctos, Lin.
L'Ours brun a le front convexe, l'œil petit, la conque des oreilles
médiocrement développée, le cartillage du nez prolongé et mobile,
le corps trapu, les membres épais. Il marche sur la plante entière
des pieds, ce qui lui donne plus de facilité pour se dresser sur ses
pieds de derrière. Son adresse est plus grande que ne paraît
l'indiquer sa démarche, ses formes lourdes et peu gracieuses; sa
queue est très-courte; son pelage est brun, plus ou moins lai-
neux. On en voit de presque jaunes; d'autres d'un brun lisse à
reflets, presque argentés. La hauteur de leurs jambes varie éga-
lement, sans rapport constant d'âge ni de sexe.
De tous les carnivores, l'Ours est le moins sujet à rechercher
les substances animales. Il vit ordinairement de jeunes pousses,
de racines, de châtaignes, de sorbes et autres fruits; ne mange de
chair que par circonstance, et lorsqu'il y est poussé par le besoin.
Sur la fin de la belle saison, son embonpoint est remarquable;
et c'est alors qu'il cherche une retraite sûre pour y passer l'hiver
dans un état d'engourdissement léthargique plus ou moins pro-
fond, selon la durée et l'intensité du froid. Pendant tout ce temps,
il se contente de lécher ses pattes de devant. Quand il se réveille,
et lorsque le beau soleil du printemps réchauffe l'atmosphère, il
abandonne sa retraite, pour reprendre la vie ordinaire, et se
refaire du long jeûne qu'il a fait et qui l'a beaucoup amaigri.
MAMMIFÈRES. 33
La femelle fait deux ou trois petits. Pris jeunes, on peut les
élever, et sont susceptibles d'une certaine éducation. Nous
voyons, dans nos villes, des hommes qui se livrent à toutes sortes
de jeux avec ces animaux.
Cet animal devient très-rare dans nos contrées, à cause de la
dévastation de nos forêts. Il habite les montagnes les plus éle-
vées; se retire dans les lieux les moins accessibles, dans les forêts
sombres et ténébreuses, dont les pas de l'homme troublent rare-
ment le silence. En 1825, en visitant la forêt des Fanges, le garde
nous assura qu'une femelle y avait ses petits, et nous recommanda
bien de ne pas nous écarter de crainte d'accident. Dans les vastes
forêts de la partie élevée du Canigou, on voit quelquefois des
Ours ; ils viennent livrer des combats avec les Taureaux, qui, à la
belle saison, habitent ces régions élevées. En 1819, en visitant
cette partie de montagnes, les gardes des jasses de Cadi nous
firent remarquer un Taureau qui avait été blessé par l'Ours. Nous
ne savons si c'est un conte ; mais les gardiens nous assurèrent
que ce Taureau, qui avait commencé le combat, ne manquait pas,
tous les jours, de se rendre à la même place pour attendre son
adversaire. Le Taureau s'adosse contre un rocher; et, dans cette
attitude, il ne craint pas l'Ours, qui ne peut le prendre par derrière.
Genre Blaireau, Mêles, Storr; en catalan Taixô
( prononcez taïchou ) .
Caractères. — Remarquable en ce que ses jambes
sont courtes ; semble plutôt ramper que marcher ;
pieds à cinq doigts ; ongles robustes ; queue courte ,
velue; une poche située sous la queue, d'où suinte une
humeur grasse et fétide ; ses ongles de devant, pro-
pres à fouir la terre, lui servent à creuser des terriers
profonds; dent carnassière caractérisée. Animal solitaire
et nocturne.
TOMR III. 8
:U HISTOIRE NATURELLE.
1. Blaireau d'Europe, Ursus mêles, Lin.
Le Blaireau a le corps naturellement bas sur jambes ; et ce qui
le fait paraître encore davantage, c'est la longueur de ses poils ,
qui sont noirs, blancs et roux, donnant à l'animal une teinte
grisâtre plus ou moins foncée. La tête est blanchâtre en dessus;
une bande noire longitudinale enveloppe l'œil, passe sur l'oreille
et vient se perdre sur le cou. Les oreilles et la queue courtes; les
pieds à cinq doigts; les ongles de devant très-allongés et robustes,
le rendent habile à fouir la terre. Il se creuse des terriers, et
passe dans la solitude les trois quarts de son existence. Il ne sort
que la nuit et se nourrit de Mulots, de Lapereaux, de Crapauds;
il mange aussi des fruits, et souvent il vient dévaster des champs
où l'on a semé du blé de Turquie, du blé noir, des courges; les
vignes près de son habitation sont aussi ravagées. La chair en
est bonne à manger quoique très-mollasse.
La peau du Blaireau, est très-estimée. Les muletiers de nos
montagnes s'en servent pour orner les harnais de leurs mulets ;
nos bergers s'en font des vestes, et leur poil est utilisé par les
fabricants de pinceaux. Lorsque le Blaireau est surpris par le
chasseur, il se gonfle, se roule en boule, se laisse aller le long
d'une pente pour fuir plus vite son ennemi.
Il est assez répandu dans le département ; presque toujours
sur nos montagnes moyennes. On en distingue deux espèces :
Blaireau à tête de Chien, que nos chasseurs appellent Cani, et
Blaireau à tête de Cochon, Porqui.
2me Tribu.— Digitigrades.
Caractères. — Corps long et fluet, comme voûté, lorsque
l'animal est en repos ; point de poche à l'anus, mais
des glandes sécrétant une matière d'une odeur pénétrante
et fétide. Dans leur marche, ils ne touchent le sol que de
l'extrémité de leurs doigts, pouvant tenir leurs ongles
MAMMIFÈRES. 35
redressés pendant leur marehe , ne les recourbant que
lorsqu'ils veulent déchirer leur proie. On les a appelés
Vermiformes, parce que leur corps, allongé et bas sur
jambes, opère dans la marche des ondulations analogues
à un mouvement vermiculaire : ils peuvent pénétrer ainsi
dans les cavités, en passant à travers les plus petites
ouvertures ; ils joignent aux mœurs les plus féroces , la
taille et la force nécessaires pour assouvir leurs sangui-
naires penchants.
Genre Marte, Muslela, Lin.
4. Putois, Mustela putorius, Linné; en catalan Puden
(prononcez pouden).
Très-sanguinaire, le Putois est la terreur des poulaillers et
des garennes. Quand il s'y introduit, il commence par tuer tout
ce qu'il peut atteindre; puis, il emporte ses victimes une à une.
L'odeur fétide qu'il répand justifie bien le nom qu'on lui donne
en catalan : Puden (qui sent mauvais). C'est, en effet, le plus puant
du genre : sa tête est courte, son corps mince et allongé, ses
jambes courtes, sa robe est brune, formée de longs poils noirs,
et d'autres plus courts laineux et demi blanc-sale; son dos est
brun, ses flancs et le ventre sont fauves où le poil court est
moins caché; la tête est tachetée de blanc, surtout autour de la
bouche.
Très-commun dans le département , il habite les bois rappro-
chés de nos habitations rurales; il se retire au bas des troncs
caverneux des vieux arbres ; il ne sort que lorsque la nuit arrive,
et parcourt en tapinois les jardins et les champs voisins de son
repaire ; il fait la guerre aux Rats , aux Mulots et autres petits
Mammifères; il se glisse parfois dans nos basses-cours, où il fait
un ravage épouvantable. Il paraît ne pas dédaigner le poisson ,
36 HISTOIRE NATURELLE.
el il entre facilement dans l'eau pour s'en procurer. 11 est long
de 53 à 55 centimètres; sa queue a de 36 à 37 centimètres.
La femelle est toujours plus petite que le mâle.
Sa fourrure n'est guère estimée.
2. Furet, Mustela furo, Lin.; en catalan Fura (prononcez
fonre).
Plus petit, plus élancé que le Putois, le Furet a sa robe jaunâtre,
les yeux roses, la tête moins grosse. Il n'est connu dans le pays
qu'à l'état de domesticité ; il nous vient d'Espagne, et on l'emploie
à la chasse au Lapin, dont il est le plus cruel ennemi.
M. Ciwier nous écrivait au sujet du furet :
« . . .Le Furet y est-il, ou non, à l'état sauvage? Je ne serais
« point étonné qu'on n'eût pas sur ces espèces les notions les plus
« justes, et que l'on en confondît plusieurs en une seule; mais,
« c'est surtout dans les familles des rongeurs et des omnivores
« qu'il doit y avoir le plus d'observations nouvelles à faire. La
« plupart des espèces dont elles se composent sont petites, vivent
« dans la retraite et fuient le voisinage de l'homme. Par exemple,
« ce qu'on a toujours regardé comme une variété de YEcureuil
« fauve, YEcureuil brun, qui paraît se rencontrer principalement
« dans les contrées des montagnes , n'est-il pas une espèce dis-
es; tincte? C'est ce que vous pourriez peut-être nous apprendre?
« Mais voilà bien des questions; ne les trouvez pas, je vous prie,
« indiscrètes : elles ont pour objet une science que nous cultivons
« tous deux et qui doit par conséquent leur servir d'excuse. »
5. Belette, Mustela vulgaris, Lin.; en catalan Mustela
(prononcez moustèle).
La Belette, au corps long et fluet, au nez pointu, jouit d'une
grande agilité; sa robe est d'un brun-fauve ou jaunâtre; le des-
sous du corps est blanc. Ce petit animal, qui est susceptible de
sp familiariser, et qui devient très-docile en domesticité, est,
MAMMIFÈRES. 37
à l'état sauvage, d'une férocité peu croyable : s'il pénètre dans un
pigeonnier ou dans un poulailler, il se contente avec ses canines
très-aiguës, de saigner les Poules au cou et de les laisser sur place.
La Belette détruit les œufs ou les petits des oiseaux qui nichent
dans les haies qu'elle habite; elle fait la guerre aux Rats qui sont
dans les environs de son domaine ; elle attaque même les jeunes
Lapins et les Levrauts, et parvient à en faire sa proie. Elle est
commune dans tout le département.
4. Hermine, Mustela herminea, Lin.; en catalan Mustela
blanca.
L'Hermine est plus allongée que la Belette, et a les mêmes for-
mes; sa queue est toujours noire à l'extrémité; pelage blanc durant
l'hiver, roux en été, ce qui avait fait donner à cet animal, pen-
dant cette époque, le nom de Roselet. L'observation a rectifié cette
erreur, en faisant connaître le changement qui s'opérait dans sa
robe pendant ces deux saisons. Elle est peu commune dans notre
département. Un seul individu me fut apporté de Gastell pendant
l'hiver de 1829. Des chasseurs m'avaient dit avoir vu des Belettes
blanches sur nos montagnes, et j'étais curieux de savoir si c'étaient
des Hermines : j'ai pu le constater. Cet animal vit sur les parties
élevées de nos montagnes. L'Hermine n'acquiert jamais, ici, l'état
de blancheur éclatante qui donne tant de prix aux fourrures de ces
animaux qu'on porte de Sibérie. Comme tous ses congénères, ses
habitudes sont de faire une guerre impitoyable aux petits animaux
qui vivent autour d'elle.
5. Marte, Mustela Martes, Lin.; en catalan Martra,
Les Maries, proprement dites, diffèrent des espèces précé-
dentes du genre , en ce qu'elles ont le museau un peu plus
allongé, les ongles acérés, un petit tubercule intérieur à leur
carnassière d'en haut et d'en bas.
L'Europe en fournit deux espèces très-voisines l'une de l'au-
tre, et qu'on trouve sur nos montagnes.
38 HISTOIRE NATURELLE.
La Marte, dont la fourrure est très-estimée, peut-être facilement
confondue avec la Fouine.
Dans une de ses lettres, M. Cuvier nous demandait à ce sujet :
« Dites-moi, je vous prie, si les hommes qui, de vos côtés, s'occu-
« pent de la chasse des animaux à pelleterie, distinguent h Fouine
« de la Marte, et quels sont, pour eux, les caractères de celle-ci? »
Nous lui écrivîmes que la Marte se distinguait par la finesse
de son poil, et particulièrement par la tache jaune qu'elle porte
sous la gorge, et par les poils qui garnissent la plante de
SES PIEDS.
M. Cuvier nous répondit :
« Je ne saurais trop vous remercier de la complaisance que
« vous mettez à répondre à mes importunes demandes ; mais
« notre science, à nous autres pauvres naturalistes français, ne
« se nourrit que de faits bien moins intéressants pour l'esprit
a que ces vues élevées, ces vastes spéculations qui font l'objet
« des sciences plus abstraites.
« Les renseignements que vous me donnez sur le caractère
« spécifique de la Marte, sont très-curieux et tout à fait nouveaux,
« et me font vivement désirer d'en avoir la confirmation par une
« peau, à laquelle la tête et les pattes seraient restées atta-
« chées, etc. »
La Marte est uu peu plus forte de taille que la Fouine; sa robe
est plus brune; elle a les mêmes habitudes, mais n'approche
jamais des habitations. Elle est plus rare, et vit dans les parties
les plus élevées et les plus sauvages du département. On la ren-
contre en Cerdagne, et particulièrement dans les forêts du Gapcir.
Sa longueur est de 50 à 52 centimètres; sa queue, de 34 centi-
mètres, et la circonférence de son corps, 30 centimètres.
6. Fouine, Mustela foina, Lin.; en catalan Fagina, Gal-
Fagi.
La Fouine a sa robe d'un brun ardoisé; les jambes et la queue
MAMMIFÈRES. 39
noirâtres; le dessous du corps beaucoup plus clair. Elle habite les
parties montueuses du déparlement, près des petites habitations ;
elle sort de son gîte dès que la nuit est obscure; parcourt les
environs de sa retraite, et si elle peut s'introduire dans les pou-
laillers, elle fait, comme les autres animaux du même genre, un
dégât épouvantable ; et lorsqu'elle a mis à mort tout ce qu'elle a
trouvé, elle emporte sa proie pièce à pièce. On a vu la Fouine
attaquer des Poules en plein jour, et les emporter dans son char-
nier; elle fait aussi la guerre aux petits rongeurs, tels que Rais,
Mulots, Lérots ; les Scarabées satisfont aussi son appétit, et nous
avons souvent vu dans sa fiente les élitres de nos beaux Carabus,
Rutilans, Splendens, etc. Sa fourrure est estimée. Sa longueur
est de 48 centimètres; sa queue, de 31 centimètres; la circon-
férence du corps est de 27 centimètres. On la confond souvent
avec la Marte, dont elle se distingue par les caractères que nous
avons indiqués.
Genre Loutre, Luira, Storr; en catalan Lludria
(prononcez lioudri).
Caractères. — Tête large et plate, langue rude, oreilles
très-courtes, moustaches raides et fortes; corps épais et
allongé, jambes courtes, pieds à cinq doigts, palmés
comme ceux des Canards; queue aplatie horizontalement.
Habite les bords des eaux douces et salées; poursuit les
poissons dans les eaux, nage et plonge avec une admirable
facilité. Sa fourrure rend sa peau très-recherchée.
1. Loutre commune, Mustela luira, Lin.
Tête grosse, aplatie, museau large, épais, bouche largement
fendue, yeux petits, d'un noir bleuâtre, oreilles très-petites, cou
aussi gros que le corps, qui est presque cylindrique, gros et trapu;
jambes courtes et épaisses, pieds palmés, queue longue de 38 à
40 centimètres, aplatie horizontalement. Cette conformation seule
40 I11STOME NATURELLE.
fait voir que c'est un animal obligé à chercher sa nourriture dans
l'eau : en effet, c'est toujours au bord de nos rivières ou des
canaux qui aboutissent aux étangs qu'on le trouve. La Loutre vit
constamment dans les lieux à portée des rivières et des marais ;
elle fait une très-grande destruction de poisson. Comme tous les
animaux du genre, elle se plaît à détruire; et l'on voit, dans le
voisinage du lieu qu'elle fréquente, quantité de poissons à demi
mangés, ce qui souvent est cause de sa perte, car cet indice seul
fait soupçonner sa présence, et on l'attend, à la brune, lorsqu'elle
sort de sa retraite pour aller chercher sa nourriture : c'est toujours
de cette manière qu'on peut se la procurer. Elle est assez com-
mune dans le département. Sa chair est bonne à manger, surtout
celle des jeunes sujets; mais c'est surtout sa fourrure qui est très-
estimée et qui se vend très-cher. La Loutre adulte a 65 et 70 cent,
de longueur; la circonférence du corps est de 48 à 50 centimètres;
sa robe est d'un brun-foncé au dessus du corps, brun-châtain aux
parties inférieures; les lèvres sont d'un blanc-sale, et la gorge et
une partie du poitrail d'un blanc-argenté ; le poil de toutes les
parties du corps est très-fourré et très-fin.
Genre Chien, Canis, Lin.; en catalan
Gos, Ca.
Caractères. — Point de poche à l'anus; cinq doigts aux
pieds de devant , quatre à ceux de derrière ; sa langue
est douce; trois fausses molaires en haut, quatre en
bas, deux tubercules derrière l'une et l'autre carnassière;
ses incisives supérieures sont fortement échancrées ;
ses pupilles toujours circulaires; la queue recourbée en
arc. Actifs et intelligents, ces animaux, dont l'homme a
su s'attacher une espèce (aujourd'hui subdivisée en variétés
innombrables) vivent de chair fraîche, de cadavres et de
matières végétales: quelques-uns se creusent des terriers;
MAMMIFÈRES. Il
d'autres se contentent de se cacher dans les lieux les
plus fourrés des forêts.
1. Chien domestique, Canis familiaris, Lin.
Pour faire un tableau parlait du Chien, laissons parler l'auteur
de la Nature , dont les descriptions variées sont toujours vraies
et si éloquentes :
« Faire la description du Chien réduit à l'état de domesticité,
serait chose superflue, puisqu'il présente autant de variétés dans
sa robe que d'individus. La grande quantité de Chiens que l'homme
élève, fait voir de quelle utilité cet animal est dans la vie domes-
tique. Le Chien est un des plus anciens et le plus fidèle de tous
les compagnons que l'homme se soit choisis parmi les animaux.
Facile à nourrir, puisque toutes sortes d'aliments contentent son
appétit, il est employé à toutes sortes de travaux, à la garde des
habitations et à celle des troupeaux; on le dresse pour la chasse;
on l'utilise à faire mouvoir des roues ; on l'attelle à de petites
voitures, à des traîneaux; on le dresse à diverses choses, et le
sentiment délicat du Chien, perfectionné par l'éducation, le rend
un animal parfait et digne d'entrer en société avec l'homme. Il
sait concourir à ses desseins, veiller à sa sûreté, l'aider, le
défendre, le flatter; il sait, par ses services assidus, par ses
caresses réitérées, se concilier son maître, le captiver, et de
son tyran se faire un prolecteur.
« Le Chien, indépendamment de la beauté de sa forme, de la
vivacité, de la force, de la légèreté, a , par excellence, toutes les
qualités intérieures qui peuvent lui attirer les regards de l'homme.
Un naturel ardent, colère, même féroce et sanguinaire, rend le
Chien sauvage redoutable à tous les animaux, et cède dans le Chien
domestique aux sentiments les plus doux, au plaisir de s'attacher
et au désir de plaire. Il vient, en rampant, mettre au pied de son
maître son courage, sa force, ses talents; il attend ses ordres
pour en faire usage; il le consulte, il l'interroge, il le supplie:
42 HISTOIRE NATURELLE.
un coup d'œil suffit; il entend les signes de sa volonté. Sans
avoir, comme l'homme, la lumière de la pensée, il a toute la
chaleur du sentiment; il a de plus que lui la fidélité, la cons-
tance dans ses affections; nulle ambition, nul intérêt, nul désir
de vengeance, nulle crainte que celle de déplaire; il est tout zèle,
tout ardeur et tout obéissance. Plus sensible au souvenir des bien-
faits qu'à celui des outrages, il ne se rebute pas par les mauvais
traitements ; il les subit, les oublie ou ne s'en souvient que pour
s'attacher davantage ; loin de s'irriter ou de fuir, il s'expose de
lui-même à de nouvelles épreuves ; il lèche cette main, instrument
de douleur, qui vient de le frapper; il ne lui oppose que la plainte,
et la désarme enfin par la patience et la soumission. — Buffon. »
Le Chien présente trois principales races :
1" Les Mâtins, à museau allongé, cerveau médiocrement
développé ;
2° Les Epagneuls, à museau allongé, cerveau très-développé ;
3° Les Dogues, à museau raccourci, crâne très-élevé.
Chaque race présente de nombreuses variétés.
Race des Mâtins W.
i° Mâtin, Canis lanarius, Buff. (Chien des Pyrénées).
Cette belle race se conserve pure dans quelques habitations
de nos montagnes. Fier et majestueux, fort et courageux, il est
employé à la garde des habitations et quelquefois à la chasse du
loup, avec lequel il se bat sans le craindre.
2° Danois, Canis Danicus, Buff.
Employé, chez les grands, à courir devant les équipages.
3° Lévrier, Canis grajus, Buff.
(I) Je crois superflu de faire ici la description de toutes les variétés con-
nues de chaque race; je me contenterai d'en indiquer les noms.
MAMMIFÈRES. 43
Museau très-allongé, taille élancée, jambes longues et minces;
employé à la chasse, au courre, du Lièvre et du Lapin. A cette
race appartiennent les Chiens de la Nouvelle-Hollande, de Terre-
Neuve, de la Nouvelle-Irlande, etc.
Race des Epagneuls.
\° Épagneul, Canis extrarius, Lin.
Ce Chien est très-intelligent; il sert de chien couchant ou d'arrêt.
On lui connaît de nombreuses variétés, qui sont: le Pctit-Épagnciil,
le Gredin, le Pyrame, le Bichon, le Chien-Lion.
2° Barbet, Canis aquaticus, Lin. Vulgairement appelé
Caniche ou Chien Canard.
Va à l'eau où il se plaît ; il nage très-bien et peut être employé
à la chasse du gibier d'eau. Les Chiens célèbres, connus sous les
noms de Munito, Bianco, etc., dont on a admiré l'intelligence
dans toute l'Europe, peuvent donner une idée des dispositions
naturelles de cette espèce.
5° Chien courant, Canis g allions, Lin.
L'excellence de son odorat et la dextérité de ses jambes, le
font employer à la chasse du Lièvre et des bêtes fauves.
4° Braque, Canis avicularis, Lin.
Cette espèce sert principalement comme chien-d'arrèt.
5° Basset, Canis vertagus.
Employé aussi pour la chasse. On distingue deux variétés : le
Basset à jambes droites, et le Basset à jambes torses; les jambes
du devant, dans cette variété, sont arquées en dehors,
6° Chien de berger, Canis domeslicus.
Utile pour la garde des troupeaux.
44 HISTOIRE NATURELLE.
7° Chien loup, Canis pomeranus, Lin.
Employé aussi pour la garde des bestiaux.
Les Chiens des Esquimaux et de Sibérie, appartiennent à celte
race; mais nous ne les avons pas dans ces contrées.
Race des Dogues.
1° Dogue, Canis molossus, Lin.
Gardien fidèle des maisons, il est dressé au combat des ani-
maux; il est célèbre dans certaines contrées. Rare dans ce pays.
2° Dogue de forte race, Canis anglicus, Buff.
Plus gros et plus fort que le précédent, il est employé à traîner
d'assez lourds fardeaux lorsqu'on l'attelle à de petites charrettes.
Nos bouchers l'emploient à exciter les Taureaux; quand on le
lance, il se pend aux oreilles de cet animal, et les déchire.
3° Doguin, Canis friscator, Lin.
Connu sous le nom de Carlin, de Dogue-âe-Boulogne ; d'une
utilité à peu près nulle.
4° Petit Danois, Canis variegatus, Lin.
5° Roquet, Canis hybridus, Lin.
6° Chien d'Artois, Buff. Nommé aussi Chien Lillois et
Quatre-Vingts.
7° Chien Turc, Canis JEgyptius, Lin. Appelé aussi Chien
de Barbarie.
La peau noire et presque entièrement nue. Le Chien Turc à
crinière en est une variété. On rapporte encore à la race des
Dogues, les Chiens Anglais, d'Islande et d'Alicante.
Toutes les variétés sont plus ou moins abondantes dans le
département.
MAMMIFÈRES. 45
2. Loup, Canis lupus, Lin.; en catalan Llop (pr. lioup).
. Au premier abord , il est difficile de le distinguer du Chien ,
auquel il ressemble. Animal féroce, il vit retiré et caché dans
les forêts les plus touffues, d'où il ne sort guère que la nuit pour
chercher sa nourriture; pressé par la faim, il fond en. plein jour
sur les troupeaux dans les lieux écartés ; il rôde en hiver autour des
habitations, et pénètre dans les bourgs; se réunit dans les saisons
rigoureuses en troupes assez nombreuses pour chercher fortune;
il attaque nos plus grands animaux, et au besoin il dévore les
charognes, qu'il évente de bien loin. Son pelage est d'un gris-fauve
chez les adultes , avec une raie noire sur les jambes de devant ;
tête grosse, terminée par un museau noir, effilé, yeux obliques,
queue droite et touffue. Les jeunes sujets sont d'un brun-châtain.
Les Loups sont plus nombreux dans nos plaines en hiver qu'en
été. Les neiges qui couvrent les montagnes, les forcent à descendre
dans les plaines pour y chercher un refuge contre le froid, en
même temps qu'ils peuvent s'y procurer une nourriture plus
abondante. Ils sont très-communs dans le département, et se
distinguent par leur grande taille. La longueur du Loup est de
1 mètre 10 centimètres; la queue, de 35 centimètres; la circon-
férence du corps, de 73 centimètres.
5. Loup noir, Canis lycaon, Lin.; en catalan Llop-Cerver.
Moins grand que le précédent et plus rare, il ressemble, au
premier aspect, au Loup ordinaire, excepté du pelage qui est
d'un brun-noir et uniforme ; ses oreilles sont plus distantes et
il a les yeux plus petits. Se trouve dans les régions élevées; nos
paysans l'appellent Llop-Cerver, Loup-Cervier.
Sous-Genre Renard, Vulpes, Lin.; en catalan
Gmlla .
Les Renards se distinguent des Loups et des Chiens,
par une queue plus longue et touffue; par leur museau
if» HISTOIRE NATURELLE.
plus pointu, et par des pupilles, qui, le jour, se contrac-
tent verticalement.
4. Renard commun, Canis vulpes.
La finesse et la ruse de cet animal sont devenues proverbiales.
Il approche de nos habitations rurales pendant la nuit; tâche de
s'introduire dans nos basses-cours, et fait un ravage épouvantable
en mettant à mort toutes les volailles qu'il y rencontre ; puis il
cherche à les emporter dans son charnier ou les cache dans un
lieu voisin de son habitation sous les mousses, les feuilles sèches,
ou sous terre , d'où il ne les retire , pour les manger, que lors-
qu'elles ont un commencement de putréfaction ; il paraît même
préférer la viande dans cet état que lorsqu'elle est fraîche.
Le Renard est long de 75 à 80 centimètres. Le pelage est fauve
en dessus et blanc-sale en dessous; son museau est plus effilé
que celui du Loup; ses oreilles, droites et pointues, sont noires
par derrière: sa queue est horizontale quand il marche, et touche
à terre dans le repos; elle est grosse, très-touffue et terminée
par un bouquet de poils noirs, et longue de 38 centimètres.
La circonférence du corps est de 30 centimètres. Il fait la guerre
aux Lièvres, aux Lapins; il s'embusque pour prendre les Perdrix,
les Cailles et autres oiseaux; il mange également les œufs, les
fruits; au besoin il se contente de Sauterelles, Hannetons et autres
insectes. Très-répandu dans tout le département.
Dans notre contrée il offre deux variétés :
1° Le Renard charbonnier, Canis alopex, Lin.
Plus trapu, moins haut sur jambes; poil plus fourni, et d'une
couleur plus foncée, presque bleuâtre sur le dos.
2° Le Renard porte-croix, Canis crucigera, Rrisson.
Plus élancé, plus haut sur jambes, poils plus rares, d'un brun
plus clair.
MAMMIFÈRES. 47
Genre Civette, Viverra, Lin.; en catalan
Janetta.
Caractères. — La Civette a, sous la queue, un léger enfon-
cement provenant de la saillie de deux glandes qui sécrè-
tent une liqueur d'une odeur de musc bien prononcée;
marche digitigrade et vermicidaire ; ses ongles peuvent
se retirer entre ses doigts comme ceux des Chats. Queue
longue et non susceptible de s'enrouler.
1. Genette, Viverra genetta.
Grande comme une Marte et beaucoup plus effilée, la Genette
est la terreur des pigeonniers; grimpe avec une adresse infinie
le long des murs des maisons, et s'y introduit : elle détruit en
peu de temps toute la famille.
Elle est très-répandue dans ce département. Sa couleur géné-
rale est d'un gris très-foncé, avec des taches ovales, d'autres
rondes, noires, parsemées sur le corps; la queue annelée de
noir; une tache blanche sur les joues. Elle habite nos forêts,
dans les troncs des vieux arbres, dans la plaine comme à la
montagne , les vieilles masures ; elle s'introduit et se cache dans
les galetas des grandes habitations des villes, d'où elle sort la
nuit pour aller à la campagne chercher sa nourriture , ou dans
les pigeonniers ou volaillers des environs. La peau de la Genette
est une fourrure assez estimée. Les jeunes Genettes s'apprivoisent
très-facilement, et dans les maisons elles font l'office des Chats.
La longueur de la Genette est de 55 à 60 centimètres; sa queue,
de 46 centimètres; la circonférence du corps, de 40 centimètres.
En faisant l'inventaire de l'ancienne poudrière de Perpignan ,
on trouva dans un galetas sept Genettes, qu'on tua et qu'on
m'apporta. Je pus disposer d'un individu pour M. Cuvier, qui me
demandait cet animal, 'et qui était bien surpris d'apprendre qu'il
fût abondant dans cette contrée. Plus tard, j'ai eu le bonheur de
lui envoyer, par la diligence, un individu en vie, qui aura servi
48 HISTOIRE NATURELLE.
à compléter les observations qu'il devait faire. Le passage sui-
vant de sa lettre du 22 février 1831, prouve combien il tenait à
la recevoir :
« Je ne saurais trop vous remercier des soins que vous voulez
« prendre pour nous procurer la Genette de France. Je sens plus
« que jamais le besoin d'en posséder un individu dont l'origine
« ne soit pas douteuse. Depuis quelques mois, nous avons reçu du
« Cap-de-Bonne-Espérance, de l'Inde, de Sumatra, de Java, des
« Genettes qui diffèrent très-peu les unes des autres, et qui ont
« beaucoup de rapport avec la nôtre; mais appartiennent-elles à
« son espèce? c'est ce qui ne pourra être décidé que lorsqu'on
« la possédera de manière à bien l'étudier, ce qui ne peut jamais
« être sur des individus empaillés. Les renseignements que vous
« me donnez sur cette Genette des Pyrénées et sur les Lynx, ont
« beaucoup d'intérêt. Nous étions loin de nous douter que les
<( premiers de ces animaux fussent en assez grande abondance ,
« pour fournir à un commerce de pelleterie. C'est que les natu-
« ralistes travaillent trop dans leurs cabinets ! Aussi , comment
« concilier l'érudition que la science exige, et les observations
« qui lui seraient également nécessaires? c'est ce que j'ignore. »
Genre Chat, Felis, Lin.
Caractères. — Tête ronde; mâchoires courtes, molaires
toutes tranchantes; langue hérissée de papilles cornées;
train de derrière aussi haut que celui de devant ; ongles
entièrement rétractiles pouvant se redresser par le moyen
de ligaments élastiques, ce qui empêche leur pointe de
s'user. Ces caractères, joints à leur grande souplesse,
en font des animaux redoutables. C'est à ce genre
qu'appartiennent les animaux les plus sanguinaires et
les plus terribles, comme le Lion, le Tigre, etc. Leurs
fourrures sont très-estimées.
MAMMIFÈRES. 49
1. Lynx, Felis lynx, Lin.
Cet animal, qui diffère essentiellement du Loup, est devenu
fort rare, et les chasseurs de la montagne lui donnent encore le
nom de Loup-Cervier (les fourreurs le désignent aussi sous cette
dénomination). Plus grand que le Chat le plus fort que l'on
connaisse, très-trapu, jambes fort robustes, corps ramassé,
et malgré cela d'une légèreté dont peu d'animaux approchent, il
grimpe sur les arbres, où il se tient caché et immobile, pour se
laisser tomber sur sa proie lorsqu'elle passe ; son poil est fauve-
roussàtre , avec quelques taches noirâtres, irrégulières et claire-
ment parsemées sur le dos; la queue courte, grosse et touffue,
terminée de noir; les oreilles droites, sont surmontées d'un bou-
quet de poils effilés et longs, qui les fait paraître terminées par
un pinceau.
M. Cuvier désirant savoir si le Lynx existait dans cette contrée,
m'écrivait en 1821 :
« Ayez la bonté de me dire si le Lynx, Felis lynx, Lin., se
« trouve vers les parties orientales des Pyrénées? On l'a ren-
« contré vers les parties occidentales, et il n'est pas très-rare
« sur les montagnes de l'Espagne et du Portugal. Il serait inté-
« ressant de déterminer les limites dans lesquelles cette espèce
« est restreinte; et nous pourrons devoir cette connaissance à
« vos soins, etc. »
A cette époque, on en avait tué un très-beau à la forêt de For-
miguères, et je pus donner à M. Cuvier les renseignements qu'il
me demandait. Cet animal est très-rare ; je n'en ai vu qu'un autre
sujet qui avait été tué à Salvanère.
2. Chat ordinaire, Felis catus, Lin.; en catalan Gat,
A l'étal de domesticité, le Chat présente des variétés innom-
brables dans les couleurs de sa robe; il n'en est pas ainsi à l'état
sauvage, où il conserve les couleurs qui sont propres à son espèce,
et elles ne varient point. Une femelle fut tuée pendant l'hiver de
TOME m. 4
")!> HISTOIRE NATURELLE.
1840 dans nos forêts, où cet animal n'est pas rare. Ses couleurs
paraissent avoir servi de type à la description qu'en a donnée
Buffon : pelage gris, marqué de bandes noires, en long sur le
dos, en travers sur les flancs; membres robustes; tête plus grosse
que celle des Chats domestiques, et généralement tout le corps
plus fort; lèvres et plantes des pieds noires; queue annelée avec
le bout noir. On le trouve assez ordinairement dans nos forêts,
mais toujours seul: il vient, dans la belle saison, dans les vignes
qui sont près de nos garrigues. Il fait la chasse aux Lièvres et
aux petits quadrupèdes; il grimpe très-facilement sur les arbres
où il poursuit les oiseaux.
A l'état de domesticité, le Chat est défiant et traître. Il s'attache
peu à son maître; mais il paraît s'attacher de préférence à l'habi-
tation, car lorsqu'on le transporte dans un autre lieu, il le quitte
aussitôt pour revenir dans sa première demeure. Il gronde en
mangeant, lorsqu'il craint qu'un autre animal vienne lui enlever
sa proie; il recouvre ses excréments de terre ou de poussière,
et lance une urine très-fétide. Dans sa jeunesse , il est très-fami-
lier; joue avec les moindres objets; les saisit, les pousse, s'en
amuse avec ses pattes, les guette, leur saute brusquement dessus,
et s'exerce ainsi à la chasse qu'il fera bientôt aux Souris, pour la
destruction desquelles nous le gardons dans nos maisons. Le Chat
a le sommeil léger, la vue excellente et l'ouïe très-fine.
On remarque principalement les variétés suivantes :
1° Le Chat domestique tigré; Felis catus domesticus, Lin.
Analogue au Chat sauvage.
2° Le Chat des Chartreux, Felis catus cœruleus, Lin.
Poil très-fin, un peu long, gris-ardoisé.
3° Le Chat d'Espagne, Felis catus Hispanicus, Lin.
Robe tachée irrégulièrement de blanc, de roux et de noir.
4" Le Chat d'Angora, Felis catus Angorensis, Lin.
Poils très-longs, principalement autour du cou, sous le ventre
et la queue, gris, blancs, fauves ou mélangés.
MAMMIFÈRES. ">l
5me Tribu. — Amphibies.
Gemre Phoque, Phoca, Lin. ; en catalan Serène.
Caractères. — Animaux autrement conformés que tous
ceux qui précèdent : pieds horizontaux très-courts, enve-
loppés dans la peau, ne laissant voir que les extrémités,
ne pouvant servir que pour les aider à ramper lorsqu'ils
abordent le rivage ; ils s'en servent aussi pour ramer, et,
ils sont si agiles au sein des mers, qu'ils ne le cèdent
en vitesse à aucun Cétacé ; l'eau est leur véritable élément;
ils se nourrissent de poissons, de mollusques et d'herbes
marines. Ils sont intelligents, faciles à apprivoiser, s'atta-
chent à l'homme et lui obéissent. Leur tête est ronde;
le nez quelquefois prolongé; narines susceptibles de se
fermer complètement; queue rudimentaire.
Deux espèces visitent nos côtes.
1. Phoque moine, Phoca monacus , Geml.
Ce Phoque, qui atteint jusqu'à 3 et 4 mètres de longueur, parait
assez rare sur les côtes de ce département. Toutefois, de gros
temps en ont rejeté sur les bords de la mer, et nos pécheurs en
ont eu pris, ce qui prouve que cette espèce n'est pas bornée à
l'Adriatique, où elle est seulement plus commune. Son pelage
est d'un brun-noirâtre en dessus, blanc en dessous. Ses mous-
taches sont lisses. Il est intelligent, facile à dresser à plusieurs
exercices, et susceptible de s'attacher à l'homme. Il vit de pois-
sons et de plantes marines.
Au moment où je mets en ordre cet article pour le livrer à
l'impression, un fait, aussi rare qu'intéressant, vient s'ajouter à
tout ce que j'ai dit sur la présence de cet Amphibie sur nos côtes.
M. le docteur Penchinal, de Port-Vendres, m'écrit sous la date
du v21 septembre 1861 :
a Le 10 du courant, dans la rade de Banyuls-sur-Mer, un
52 HISTOIRE NATURELLE.
« Phoque femelle est venu mettre bas, en plein jour, sur les
« récifs qui abritent la petite anse de Fontansé, au lieu dit La
« Ginastère-Bella. Des enfants, passant sur ce point, aperçurent,
« presque à toucher terre , un énorme animal qui leur fit peur,
« et auquel ils jetèrent des pierres. Cet animal sauta à la mer,
« laissant sur les roches un fœtus à terme et bien vivant, encore
« muni de son cordon et de son placenta. Des pêcheurs, accourus
« à l'appel de ces enfants, montèrent dans une embarcation, et
« furent prendre ce petit Phoque, qui, en rampant sur les récifs,
« était parvenu à gagner la mer. Ce fœtus, de la taille d'un Chien
« ordinaire, a été emporté à Perpignan , et montré comme chose
« curieuse et fort curieuse en effet; vous l'avez peut-être vu.
« On vient de m'annoncer qu'il a succombé. La mère a cherché
« son petit le restant du jour, et l'on m'a affirmé que deux chas-
« seurs , ayant été le soir même sur ces parages , l'ont vue assez
« distinctement pour lui tirer à petite portée. Depuis lors, elle a
« disparu. Je ne puis comprendre comment un animal aussi
« timide que le Veau-Marin, a choisi, pour mettre bas, un lieu
« habité et très-fréquenté en ce moment par les baigneurs, lors-
« qu'il existe, sur la côte, plusieurs lieux solitaires où la bête
« aurait pu se débarrasser en toute sécurité, si elle avait été libre
« de choisir sa place. Mais il est probable que la grande quantité
« de Souffleurs gigantesques qui sont sur nos côtes depuis quelque
« temps, avaient dû la forcer à chercher un refuge près des lieux
« habités, et que là, arrivée à terme, elle a dû mettre bas au
a premier endroit à sa portée. Ne pouvant point, sans danger
« pour la vie de son petit, le déposer dans l'eau profonde, elle
« a dû alors grimper en toute hâte sur les récifs signalés, où
« elle a été rencontrée sitôt après son opération : les rochers
« étaient encore teints de sang. »
Ce jeune Phoque, que j'avais vu à Perpignan, mesurait lra,35
de longueur; la couleur de sa peau était d'un brun-foncé sur la
partie supérieure, et blanche sur les parties inférieures, ce qui
me porte à croire qu'il appartenait au Phoque-Moine.
MAMMIFÈRES. 53
L'histoire du Phoque est encore si obscure, qu'il est bon d'en-
registrer les moindres faits qui peuvent l'éclairer. On a vu que
c'est vers le milieu du mois de septembre 1861, qu'une femelle a
mis bas sur un rocher de la rade de Banyuls-sur-Mer; cependant,
tous les auteurs disent, Buffon et autres, que les Phoques mettent
bas en hiver. On lit encore dans le Dictionnaire universel d'His-
toire Naturelle de M. Ch. d'Orbigny, que le chef de la famille a
beaucoup d'affection pour ses femelles, et qu'il les défend avec un
courage furieux contre toute agression étrangère. « C'est surtout
« quand elles mettent bas, c'est-à-dire de novembre en janvier,
« qu'il redouble de soins et de tendresse pour elles.» Notre femelle
était seule, et aucun mâle n'est venu l'assister dans ce pressant
danger.
2. Phoque commun, Phoca vitulina, Lin.
Il est beaucoup plus petit que le précédent, puisque les plus
grands ne dépassent jamais 1 mètre 30 à 50 centimètres. Il habite
principalement les mers du nord, mais il fréquente assez souvent
nos côtes, où il n'est pas rare. Son intelligence est très-développée;
il est susceptible d'éducation, de reconnaissance et d'attachement
envers l'homme; il obéit aux commandements de son maître.
Nous en avons vu un qui fut pris sur les côtes de la Catalogne,
près du golfe de Rosas, qui était excessivement privé ; on pouvait
le caresser à^volonté, et, au commandement de son maître, il se
tournait sur le dos et lançait avec sa nageoire de l'eau sur les
assistants. Il vivait depuis assez longtemps en captivité. Il se
nourrit de poissons, de mollusques et de plantes marines.
QUATRIEME ORDRE.
MARSUPIAUX.
Cet ordre comprend nombre de Mammifères tous
étrangers à l'Europe.
54 HISTOIRE NATURELLE.
CINQUIÈME ORDRE.
RONGEURS.
Caractères. — Deux grandes incisives à chaque mâchoire,
séparées des molaires par un espace vide; point de
canines. Les incisives leur servent à limer leurs aliments,
à les réduire par un travail long et obstiné, ou plutôt à
les ronger, d'où leur vient le nom de Rongeurs.
Ces Mammifères sont en général faibles; mais très-
prompts, très-agiles pour échapper à une foule d'ennemis
de toute espèce qui les entourent. Plusieurs vivent dans
des terriers profonds; d'autres grimpent sur les arbres.
Leur nourriture consiste en matières dures : écorces,
noisettes, glands, châtaignes, noix, etc. Us ne sortent
de leurs retraites que pendant la nuit, et font un mal im-
mense aux récoltes. Quelques-uns sont sujets à tomber
en léthargie lorsque la température est basse. Leurs en-
nemis sont les Carnassiers et les Oiseaux de proie diurnes
et nocturnes, qui en font une grande destruction.
Genre Écureuil, Sciurus, Lin. ,
Caractères. — Les Écureuils se distinguent des autres
rongeurs, par des incisives inférieures très-comprimées,
des molaires qui sont au nombre de cinq en haut et de
quatre en bas ; les oreilles portent un pinceau de poils à
leur extrémité ; leurs yeux sont gros et saillants , relati-
vement à leur tête; ils ont une longue queue, bien garnie
de poils, qu'ils relèvent en panache en l'étendant sur le
corps, et qui vient dépasser la tête quand ils sont au repos.
1. Écureuil commun, Se. vuUjaris, Bufl.; en cat. Esqairol.
MAMMIFERES. ;>.>
Habitant de nos grandes forêts de hêtres, de pins et de sapins,
rËcureiiil est, sans contredit, le plus leste et le plus agile de tous
les rongeurs; il grimpe sur les arbres avec une adresse et une
promptitude vraiment inconcevables; quand il saute de branche
en branche, il semble voler, tant ses mouvements sont subits.
Son œil est vif et saillant, son dos arqué, ses jambes postérieures
allongées et disposées pour le saut ; son pelage est ordinairement
d'un roux assez vif, quelquefois obscur, d'une couleur blanchâtre
en dessous; ses oreilles sont terminées par un bouquet de poils.
Il a 25 à 28 centimètres de longueur; sa queue est aussi longue
que le corps, touffue et garnie sur les côtés de poils disposés
comme les barbes d'une plume , qu'il agite comme un balancier
dans ses bons précipités; et, lorsqu'il est en repos, il la relève
comme un élégant panache. L'Écureuil vit de noisettes, de faines,
de semences et autres fruits secs, dont il fait ample provision et
qu'il entasse dans les troncs des arbres les plus élevés. Son nid
est admirable par sa construction. Il s'apprivoise facilement, et
devient très-familier. On le dispose dans une cage où se trouve
une galerie cylindrique en fil de fer, que ce petit animal fait
tourner avec une rapidité étonnante.
Nous trouvons dans certaines localités de nos montagnes, à
Salvanère surtout, des Écureuils qui ont une couleur brune très-
prononcée, et qui sont plus petits que les Écureui-ls fauves qui
abondent dans nos forêts. Cette différence tient probablement à
la localité ; car, en portant toute notre attention sur les principaux
caractères de ces animaux, nous n'avons rien distingué d'assez
saillant pour admettre deux espèces différentes. Nous avons
soumis nos observations à M. Cuvier, qui, après avoir examiné
deux dépouilles que nous lui avions envoyées sur sa demande,
a partagé notre opinion, et n'a vu dans la différence de la couleur
de la robe et de la taille qu'une simple variété.
Une variété qu'on trouve en Pologne et dans le nord de l'Europe,
devient d'un gris-clair aux approches de l'hiver. Cette fourrure,
connue sous le nom de petit-gris, est très-estimée.
56 HISTOIRE NATURELLE.
2. Loir, Mioxusglis, Lin.; en catal. Rat grill, Rat esquirol.
Le Loir habite les forêts des montagnes moyennes de ce dépar-
tement. Il a de 15 à 16 cent, de long; il est d'un gris-d'ardoise
clair en dessus, blanchâtre en dessous; sa queue, longue de 12
à 14 centimètres, est fournie comme celle de l'Ecureuil; il la
relève à volonté, et lui donne un air fort gracieux. Ses yeux sont
très-saillants; son museau est pointu, et ses ongles très-aigus
lui donnent la facilité de grimper sur les arbres. Il saute de
branche en branche avec une agilité surprenante. Sa nourriture
consiste en noisettes, châtaignes et autres fruits. Il attaque aussi
les petits oiseaux. Il niche dans le creux des arbres : sa portée
est de cinq ou six petits. Le Loir s'engourdit dès que la tempé-
rature est basse, et il passe l'hiver dans un sommeil léthargique.
Il habite différentes localités de nos montagnes et particulièrement
Serdinya , d'où nous avons tiré tous ceux que nous avons eus.
Le Musée de Paris ne possédait pas cette espèce, à laquelle
M. Cuvier tenait beaucoup. Voici ce qu'il m'écrivait à la réception
de ceux que je lui fis passer en vie par la diligence :
« Les Loirs que vous nous avez envoyés sont arrivés dans le
« meilleur état, grâces aux soins que vous avez pris en les confiant
a à la diligence, et ils se portent encore fort bien. J'espère les
« conserver longtemps et bien assez sûrement pour en tirer tout
« ce que des animaux hors de leur état de nature peuvent donner.
« J'en ai déjà fait faire une fort belle peinture, et leurs dépouilles
« enrichiront nos cabinets d'anatomie et de zoologie, qui étaient
« fort pauvres des diverses parties de cette espèce, etc. »
5. Lérot, Mioxus nitela, Geml.; en catalan Rat dormidor.
Cet animal, très-agile, fait beaucoup de dégâts dans nos jardins,
où il est très-répandu. Il est d'un gris-fauve en dessus, front
jaunâtre, museau pointu, œil saillant et entouré d'une bande
noire, qui se dirige en dessous de l'oreille et va se perdre sur le
cou. Le dessous de son corps est blanchâtre ; sa queue, vers l'extré-
MAMMIFÈRE*. 57
mité, est un peu velue, noirâtre et terminée par une toull'e de
poils blancs. Il passe l'hiver dans un état d'engourdissement, ce
qui lui a fait donner le nom de Rat dormidor par nos paysans,
qui le trouvent souvent dans cet état pendant l'hiver. Sa longueur
est de 11 à 12 centimètres; sa queue a de 8 à 9 centimètres.
Commun dans le pays.
4. Muscardin, Myoxm avellanarius , Linné; en catalan
Menge baUanes (mange noisettes).
II est beaucoup plus petit que le précédent, puisqu'il ne dépasse
jamais 7 à 8 centimètres, plus joli, plus agile et plus gracieux, d'un
fauve-clair en dessus, presque blanc en dessous; sa queue est
aplatie, à poils disposés en barbes de plume; il abonde dans nos
plantations de noisetiers, où il fait son nid dans le genre de celui
de l'Ecureuil. Il passe aussi l'hiver dans un état d'engourdissement
dans le creux d'un vieux tronçon d'arbre, où il dépose beaucoup
de graines et de provisions.
M. Cuvier nous écrivait au sujet de ces deux dernières espèces:
«Les notes que vous me donnez sur les animaux de vos contrées,
<i sont extrêmement précieuses, et j'en ferai sûrement un très-utile
« usage, en les publiant et, comme de raison, en vous en attri-
« huant le mérite. Je recevrai donc, avec bien de la reconnaissance,
« tout ce que vous voudrez bien m'envoyer, en observations comme
a en objets matériels, et je tâcherai, monsieur, que vos peines ne
« soient pas perdues. Notre administration est instruite de celles
«: que vous voulez bien prendre pour enrichir le Muséum Royal,
« et votre nom a même déjà été placé sur un des Loirs que nous
« vous devons, et que j'ai eu le malheur de perdre. Celui que vous
« m'offrez pourra le remplacer; et, si par la même occasion, vous
« aviez des Lérots à me faire passer, je les recevrais avec plaisir,
« ne fût-ce que pour constater leur identité avec ceux de ce pays-ci.
« Il est une troisième espèce de Loir connue en France, c'est le
« Mnsrardin, qui est extrêmement rare aux environs de Paris, et
« qui serait peu-être plus commun dans le Midi, etc. »
58 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Rat, Mus, Cuv.; en catalan Rêtil
Caractères. — Incisives supérieures assez courtes, en
coin; les inférieures, longues, comprimées, arquées et
fort aiguës à leur extrémité; molaires simples, couronne
garnie de tubercules mousses; museau assez prolongé;
oreilles oblongues, souvent nues; yeux saillants; queue
presque toujours plus longue que le corps, composée d'un
grand nombre d'anneaux écaillés, entre lesquels paraissent
de petits poils raides. Ces petits animaux ont suivi l'homme
partout où il a fixé sa demeure. Ils s'introduisent dans nos
habitations; rongent nos meubles et nos effets; mangent
nos provisions. Nous les voyons partout, autour de nous.
i. Rat d'Alexandrie, Mus Alexandrinus , Geoffroy Saint-
Hilaire.
Beaucoup plus gros que le suivant. Museau assez allongé,
aplati en dessus ; de très-longues moustaches, composées de poils
noirs et blancs; oreilles grandes, larges et ovales; yeux grands,
très-noirs; corps couvert de poils cendrés mêlés de ferrugineux,
mais de très-longs poils, gros et noirs, clairsemés, répandus
sur toute la partie supérieure du corps; le dessous d'un blanc
jaunâtre; pieds forts, d'un blanc-jaunâtre en dessus; les doigts
couverts de poils raides; queue robuste et très-longue, 24- cent.;
le corps, y compris la tète, mesure 18 centimètres.
Apporté probablement en Europe, par quelque navire de com-
merce, ce Rat s'est propagé dans nos contrées. Je reçus, dans le
temps, une caisse d'objets d'histoire naturelle; la femelle de ce
rongeur avait fait son nid dans un grand Oursin, et j'y trouvai
sept petits vivants. La mère n'avait pas abandonné sa famille; car
nous la tuâmes en ouvrant la caisse : les petits étaient encore
sans poil. La caisse nous venait de l'île de Sardaigne. 11 est
commun dans tout le pays.
MAMMIFÈRES. 5D
'2. Rat noir, Mus domesticus, Lin.; en catalan Ratai
Les anciens ne connaissaient point ce rongeur. On le dit origi-
naire d'Amérique; mais il n'existe aucune donnée pour appuyer
cette opinion. Il paraît qu'il a pénétré en Europe dans le moyen-
;1ge. Beaucoup trop commun, puisqu'il dévaste tout dans nos
habitations. Il a le museau pointu, la mâchoire supérieure plus
avancée que l'inférieure, les yeux saillants, la queue très-longue
et écailleuse*, d'une couleur noirâtre en dessus, d'un cendré-
obscur en dessous. Il a 15 à 18 centimètres de long, C'est la nuit
qu'il sort de sa retraite pour pénétrer dans nos greniers et y
porter une dent avide ; il attaque les jeunes Pigeons, les Poussins,
même les jeunes Lapins. Pour nous venger de cet hôte incom-
mode, nous avons admis dans nos demeures le Chat, qui lui fait
une guerre à mort. La Fouine, la Genette, la Belette, plusieurs
Oiseaux de proie nocturnes, sont encore pour le Rat autant
d'ennemis irréconciliables. On se sert, pour détruire les Rats, de
divers pièges à ressort, du quatre de chiffre, et des poisons qu'on
mêle à des appâts.
Sa couleur varie beaucoup : on en trouve d'entièrement noirs,
d'autres qui sont tout à fait blancs.
5. Rat des toits. Mus tedorum, Savi.
La partie supérieure de son corps est d'un cendré légèrement
ferrugineux, les poils sont longs, souples et doux au toucher; les
plus longs, parsemés clairement, sont fort minces; le dessous
du corps est d'un blanc grisâtre; le museau est pointu; mousta-
ches longues, bien fournies et noires; oreilles très-développées;
yeux grands; pieds garnis de petits poils grisâtres; la queue
longue, mince, couverte de poils llexibles, longue de 18 cent.
Le corps avec la tète mesurent 15 centimètres.
Moins gros que le précédent, ce rongeur l'ait un mal immense
à nos jardins, où il se trouve abondamment. Il grimpe sur les
arbres pour y manger les fruits. Les grenades, les oranges douces
60 HISTOIRE NATURELLE.
sont particulièrement dévorées par ce rongeur, qui n'en laisse
que l'écorce; et, lorsqu'on veut cueillir ces fruits, on ne trouve
plus que leur enveloppe.
4. Rat souris, Mus musculus, Lin. ; en catalan Rat furet.
Dans sa petite taille, la Souris a les formes du Rat ; sa couleur est
grise en dessus, cendrée en dessous. Elle atteint de 8 à 9 cent,
de longueur; sa queue est longue comme le corps, plus velue
que celle du Rat, et son poiLest plus soyeux. Elle habite aussi nos
demeures, où elle commet des dégâts multipliés. Retirée pendant
le jour dans les galeries qu'elle sait se creuser, dès que la nuit
parait, elle sort; et s'avance d'un pas timide, l'oreille au guet, pour
se livrer à ses penchants destructeurs. On en trouve quelquefois
des variétés blanches, d'autres couleur isabelle tachetée, gris-
clair, avec le ventre rose. Cette espèce vit à nos dépens et sous
nos yeux. Sa multiplication est extraordinaire, et ses ravages
dans les maisons sont quelquefois effrayants. Les souricières et
les Chats sont chargés de nous délivrer de son importunité.
5. Rat mulot, Mus silvaticus, Lin.; en cat. Rat campestre.
Le Mulot a les yeux saillants, les oreilles larges et allongées,
les jambes proportionnellement plus grandes que les autres Rats;
sa longueur est de 11 à 12 centimètres; son pelage d'un gris-
fauve en dessus , blanchâtre en dessous ; queue plus courte que
le corps , d'une couleur obscure sur la face supérieure , et blan-
châtre en dessous. On trouve des Mulots de diverses tailles ;
cependant, ils ne diffèrent en rien par rapport à l'espèce : le
museau quelquefois est plus allongé dans certains individus; mais
la tache caractéristique qu'ils portent sur la poitrine, qui est petite
et fauve, est constante à tous les individus n'importe leur taille.
Ce rongeur répand une mauvaise odeur; son naturel est méchant.
Us se livrent entre eux des combats, et les plus faibles sont dévorés
par les vainqueurs. On le trouve partout, et sa multiplication est
prodigieuse. Il habite les bois et les champs; s'y creuse une
MAMMIFÈRES. 61
retraite, ou profite des trous que le hasard lui offre, et y amasse
ses provisions, qui consistent en graines et en fruits. Il est très-
nuisible aux blés et aux céréales.
6. Rat surmulot, Mus decumanus , Pallas ; en catalan
Rat dels fossats.
Le nom seul indique qu'il surpasse par la taille le précédent,
quoiqu'il ait une partie de ses habitudes; cependant, il se rap-
proche beaucoup plus par ses formes du Rat commun. Il est long
de 22 à 24 cent.; son pelage est d'un roux grisâtre en dessus,
blanc en dessous; queue nue, écailleuse, presque aussi longue
que le corps. Il vit dans les lieux les plus humides et les plus
malpropres de nos habitations: les conduits d'eau, les latrines,
les aqueducs qui débouchent dans la ville, en sont encombrés;
il infeste aussi les campagnes et les granges, où il fait des dégâts
considérables à nos récoltes. Il est très-vorace; attaque les
Pigeons, les Lapins, la volaille ; c'est un ennemi terrible du Rat
noir. Il se défend avec courage contre les petits carnassiers qui
osent lui faire la guerre. Le Chat même l'attaque avec crainte.
On le dit originaire de l'Inde.
Genre Campagnol, Arvicola, Lacep.
Caractères. — Museau court, obtus; oreilles larges,
courtes, ne dépassant pas le poil; yeux petits; quatre
doigts à ongles robustes aux pieds antérieurs; les posté-
rieurs en ont cinq en comptant le pouce qui est rudi-
mentaire. Queue ronde, velue, atteignant. la moitié du
corps; trois mâchelières partout, formées chacune de
prismes triangulaires, placées alternativement sur deux
lignes.
Ces rongeurs vivent dans les bois ou dans les champs
ensemencés; leurs dégâts dans nos récoltes sont quel-
quefois effrayants ; ils se réunissent en société , et font
62 HISTOIRE NATURELLE.
des excursions au loin ; ils se creusent des terriers sous
le sol. Très-abondants dans le nord de la France, ils le
sont moins dans le midi.
1. Campagnol des champs, Arvicola arvalis, Lacep. ; en
catalan Rat de terre, Rat dels camps.
Tête courte, assez grosse, yeux grands, à fleur de tête; oreilles
grandes, garnies de petits poils souples et fauves. Couleur géné-
rale d'un fauve grisâtre; sur les flancs, cette couleur est plus
claire; les parties inférieures sont d'un blanc-sale; pieds garnis
de poils courts et raides, d'un blanc-jaunâtre. Queue courte,
atteignant rarement le quart du corps, couverte de poils courts,
d'un jaune-sale. Longueur totale, 13 à 14 centimètres.
2. Campagnol fauve ou Campagnol des prés, Arvicola
fidvus, Desm. ; en catalan Rat dels prats.
Beaucoup plus petit que le précédent, il habite généralement
les prairies humides des parties basses. Sa longueur totale est de
10 à 11 centimètres, en y comptant la queue, qui est de 3 à 4
centimètres. Pelage d'un fauve presque jaunâtre au dessus du
corps; dessous blanc ou jaunâtre, selon les individus. Pieds
couverts de poils serrés, d'un blanc -jaunâtre; tête petite, un
peu effilée; yeux noirs, très -petits; moustaches grisâtres, à
poils très-souples.
Un individu fut pris dans les propriétés du Mas de Leule, et
me fut envoyé par le propriétaire. Il a le corps gris-jaunâtre,
entouré d'une bande blanche. Cette bande part des deux côtés
de l'abdomen, et vient se réunir sur le dos : elle a 3 centimètres
de large. La partie blanche de l'abdomen couvre tout le poitrail
et le dessous de la mâchoire inférieure.
5. Rat d'eau, Mus amphibkis, Lin.; en catalan Rat bufot,
Rat d'aygua.
Le museau renflé et court fait paraître sa tête plus grosse;
MAMMIFÈRES. t'i!!
il a los oreilles courtes et velues; le pelage d'un gris-noirâtre en
dessus, plus clair en dessous; queue plus longue que la moitié
du corps, d'une couleur plus foncée ; son corps est plus ramassé
et il a 16 à 18 centimètres de longueur. Les pieds postérieurs
ciliés, lui permettent de nager facilement dans les ruisseaux, au
bord desquels il s'établit ordinairement, dans les trous que lais-
sent les racines des arbres. De là, il est à portée de faire ses
excursions pour chercher sa nourriture, qui consiste en sangsues
et en larves des insectes aquatiques; au besoin il vit de racines,
il ne peut demeurer sous l'eau que très-peu de temps, son orga-
nisation le forçant à venir respirer l'air extérieur. Il est commun
dans toute la contrée : nos paysans recherchent beaucoup sa
chair. On nous apporta de Sainte-Marie-la-Mer deux Rats d'eau,
mâle et femelle, entièrement blancs.
Genre Lièvres, Lepiis, Lin.
Caractères. — Les Lièvres diffèrent des autres rongeurs
par les incisives supérieures doubles; par l'intérieur de
leurs lèvres garnies de poils ; la lèvre supérieure fendue ;
les oreilles très-longues ; les pattes postérieures très-
longues, et le dessous des pieds velu comme le reste du
corps; la queue courte et relevée.
1. Lièvre ordinaire, Lepus timidus, Lin.; en catalan
LIebra, Llabrau.
La timidité de cet animal est passée en proverbe. Ordinaire-
ment, c'est le partage de tous les animaux faibles; et les moyens
de défense du Lièvre consistent dans l'agilité de ses jambes. Sa
longueur est de 50 à 52 centimètres; son pelage est formé d'un
mélange de fauve et de gris plus ou moins nuancé d'obscur;
oreilles plis longues que la tête, cendrées à leur face postérieure,
noires à l'extrémité; queue courte, blanchâtre avec une ligne
noire en dessus. Cet animal vit d'herbes, de racines et de fruits;
64 HISTOIRE NATURELLE.
il ronge aussi l'écorce des arbres. A l'état de domesticité, il pro-
page difficilement son espèce ; il est susceptible d'éducation. Il
est commun dans le pays; ceux qui habitent les montagnes
moyennes sont plus petits et leur chair est de meilleur goût.
Une variété bien plus grande, d'un tiers au moins, vit sur les
hautes montagnes du département : ses oreilles sont larges; sa
tête plus allongée; ses jambes très-longues; son pelage est d'un
roux clair ; sa chair est moins succulente, dure, et par cela même
moins recherchée.
La robe du Lièvre varie beaucoup : on en trouve qui ont le
pelage plus ou moins brun; j'ai vu un sujet qui était presque
noir; d'autres plus ou moins blancs, tout-à-fait blancs. Cette
dernière couleur ne serait-elle pas l'effet de la maladie? Je le
présume, car tous les Lièvres que j'ai vus dans cet état, étaient
maigres et paraissaient souffrants; leur chair n'était pas bonne.
Le poil du Lièvre a un certain prix dans le commerce pour la
fabrication des chapeaux de feutre.
Les Renards, les Fouines et quelques Oiseaux de proie, sont,
après l'homme, ses ennemis mortels.
2. Lapin, Lepus cuniculus, Lin. ; en catalan Llapin.
Beaucoup moins grand que le Lièvre et non moins estimé, le
Lapin est d'un naturel aussi inquiet, mais plus industrieux que
lui. Il choisit, pour sa demeure, les bois touffus, et y établit des
terriers, où il passe la journée à l'abri des Loups, des Renards
et des Oiseaux de proie qui sont ses puissants ennemis. Son pelage
est gris nuancé de fauve en dessus, blanchâtre en dessous; oreilles
un peu plus courtes que la tête, d'une seule couleur; une tache
rousse à la nuque ; sa chair blanche et agréable, diffère beaucoup
de celle du Lièvre. Ces animaux multiplient énormément, et nui-
sent souvent aux récoltes; leur taille varie beaucoup, et mesurent
de 35 à 40 centimètres de longueur.
Le Lapin sauvage est la souche de tous les Lapins que nous éle-
MAMMIFÈRES. 65
vous en domesticité, et dont les couleurs sont si variables : blanc,
noir, roux, ou d'un gris plus ou moins nuancé d'autres couleurs.
Le Lapin riche, Lcpus cuniculus argenteus, plus grand que le
lapin ordinaire, d'un gris d'ardoise argenté, particulier au nord
de la France, est élevé dans beaucoup de nos maisons rurales;
sa chair, lorsqu'il est bien nourri, est très-bonne : cette espèce
produit moins que la première.
Genre Coraye, Cavia, Illig.
Caractères. — Ses molaires n'ont chacune qu'une lame
simple et une fourchue; les doigts séparés; deux mamelles
ventrales; point de queue; oreilles très-courtes. Ce sont
de petits jolis animaux qui se privent facilement; l'espèce
qui a été apportée en Europe, a sa robe de toutes les
couleurs.
1. Cobaye, Cochon d'Inde, Cavia cobaya, Gmel; en
catalan Porc mari.
Ce petit animal varie en couleur comme tous les animaux
domestiques ; son pelage offre de grandes taches noires, blanches
et fauves. Il est long de 28 à 30 centimètres.
Il paraît qu'il vient d'un animal nommé Aperea, qu'on trouve
dans les bois du Brésil et du Paraguay, et qui est de même forme
et taille; mais son pelage est entièrement gris. Le Cobaye s'est
acclimaté dans toutes les contrées de l'Europe ; il multiplie pro-
digieusement ; il est facile à nourrir; sa chair est fade. C'est de
sa forme et de son grognement que lui vient son nom.
SIXIÈME ORDRE.
ÉDENTÉS.
Tatous, Pangolins, etc., etc., tous appartenant aux pays
d'outre-mer.
66 HISTOIRE NATURELLE.
SEPTIÈME ORDRE.
PACHYDERMES.
Les Éléphants, les Rhinocéros, etc., appartiennent à
ce genre : ce sont les plus grands quadrupèdes connus.
Le mot Pachyderme signifie peau épaisse, ce qui leur a
valu leur nom. Les seuls Pachydermes d'Europe sont :
le Sanglier, l'Ane et le Cheval.
Genre Sanglier, Sus, Lin.
Caractères. — Quatre doigts à tous les pieds , deux
très-grands armés de forts sabots, deux très-petits placés
extérieurement, ne touchant presque pas la terre lorsque
l'animal marche ; des incisives en nombre variable ; les
canines fortes, sortant de la bouche, se recourbant vers
le haut; museau tronqué, terminé par un boutoir; corps
garni de poils raides appelés soies; douze mamelles.
1. Sanglier commun, Sus scropha, Lin.; en catalan
Porc singla.
Cet animal a été très-répandu dans le département ; mais la
dévastation de nos forêts, ayant donné au chasseur la facilité de
parcourir nos montagnes, a empêché sa propagation. Cependant,
la vallée de La Vall, canton d'Argelès, est garnie de grandes
forêts où le Sanglier se trouve communément ; il franchit quel-
quefois ces retraites impénétrables, et s'aventure sur la cime des
Albères où l'on en tue quelquefois.
Long de lm,50 à 2 mètres, le Sanglier a le corps trapu, le
pelage noir et peu épais ; les soies longues, rudes et hérissées ;
les oreilles droites; la bouche est armée de deux défenses pris-
MAMMIFÈRES. 67
matiques recourbées en dehors et un peu vers le haut. La chair
en est excellente ; sa hure surtout est très-estimée. La femelle
du Sanglier porte le nom de Laie; ses petits, celui de Marcassins;
ils sont bariolés de blanc et de noir tant qu'ils sont jeunes.
Le Sanglier est la souche de nos Cochons domestiques et de
leurs nombreuses variétés. De tous les Mammifères, le Cochon
est peut-être le plus brut ; toutes ses habitudes sont grossières,
tous ses goûts sont immondes. Les produits qu'on retire du porc
sont nombreux, et il rend de très-grands services à l'homme. Sa
chair fraîche est excellente; elle se sale très-aisément; se conserve
très-bien, et par là facilite les grands voyages. Les jambons, le
lard et beaucoup d'autres parties du Cochon, dédaignés dans les
autres animaux domestiques, sont une nourriture recherchée;
et quels services ne rendent-ils point aux habitants des campa-
gnes ! Tout dans le Porc a un degré d'utilité : l'axonge fraîche
sert dans nos cuisines et en pharmacie pour diverses prépara^
tions ; elle sert encore h préserver les voitures du frottement des
essieux; la peau sert à faire des cribles, et le poil est employé
à la confection des brosses et des pinceaux.
Les jeunes Cochons de lait sont un excellent mets très-recherché
dans notre pays.
On remarque les variétés domestiques suivantes :
1° Le Cochon commun ou à grandes oreilles, à pelage de
couleurs très-variées, à oreilles longues et pendantes, à queue
tortillée.
Les races indigènes les plus remarquables sont celles du Péri-
gord, du Bourbonnais, de la Champagne, de la Bretagne et de
la Normandie; nous en voyons d'une très-forte dimension; notre
pays en élève en abondance.
2° Le Cochon de Siam, ou Porc-Chinois, a les oreilles courtes
et droites, la peau noire, le ventre touchant presque à terre.
On commence à le propager dans notre département.
08 histoire naturelle.
Famille des Solïpèdes.
Genre Cheval, Equus', Cuv.
Caractères. — Six incisives aux deux mâchoires; cani-
nes existant chez les mâles à la mâchoire supérieure, et
quelquefois à toutes les deux, manquant très-souvent
chez les femelles. Sept molaires de chaque côté aux deux
mâchoires, marquées de nombreux replis d'émail et
séparées des canines par un espace vide appelé barre;
pied à un seul doigt apparent , mais offrant sous la peau
deux autres doigts rudimentaires. Les mamelles sont
placées entre les cuisses ; mais, par exception, les mâles
en sont tout-a-fait privés.
i. Cheval, Equus caballus, Lin.; en catalan Caball.
De tous les Mammifères connus , sans contredit, le Cheval est
celui qui rend les services les plus nombreux à l'homme. Tous
les jours il doit se féliciter d'avoir fait sa conquête, et d'avoir
ainsi réduit au moindre de ses caprices, ce fougueux et superbe
animal. L'existence du Cheval est liée aujourd'hui aux besoins
de l'homme, à ses commodités et à ses jouissances ; il est employé
au labour où il rend des services signalés à l'agriculture; on
l'utilise comme bête de trait, de charge et de roulage; dans le
service des camps, il facilite les excursions militaires, en traînant
les bagages et les vivres; l'artillerie traînée par le Cheval con-
tribue souvent à faire remporter la victoire ; il partage avec le
guerrier les dangers du combat. A l'aide du Cheval, le voyageur
est transporté à des distances considérables; par la rapidité de
sa course, le chasseur obtient de grands avantages sur d'autres
Mammifères non moins légers, et sous la direction d'un écuyer
habile, il déploie toutes les grâces de son corps.
Nous avons plusieurs races de Chevaux dans le département.
Dans les vastes plaines de la Salanque, on a besoin de forts Che-
MAMMIFÈRES. 69
vaux de trait; aussi, y voit-on généralement des Limousins, des
Poitevins et des Bourbonnais; dans d'autres localités, on a les
races d'Auvergne, de Bretagne et de Navarre. Dans le temps, on
citait, pour la monte, les Chevaux originaires de la Cerdagne
française; ils se rapprochaient, par leur forme et leur finesse,
de la race Andalouse; mais, actuellement, les propriétaires de
cette contrée, n'élevant presque plus de Chevaux, ont trouvé un
bien plus grand avantage pécuniaire à l'élève des Mulets, qu'ils
vendent et font passer en Espagne dès l'âge de six à neuf mois.
Le Cheval, outre les services qu'il rend à l'homme pendant sa
vie, est encore après sa mort d'une grande utilité : ainsi son cuir
est employé à divers usages; sa graisse sert pour diverses prépa-
rations; ses crins sont employés par les bourreliers; ses sabots
par les fabricants de peignes et autres ouvrages de corne ; ses os
par les boutonniers, les tourneurs, etc., etc.
2. Ane, Equus asinus; en catalan Burro (pr. bourrou).
L'Ane, non moins utile que le Cheval, se fait admirer par sa
sobriété. Employé à toutes sortes de travaux, on a l'avantage de
pouvoir le nourrir des pâturages que les autres animaux domes-
tiques dédaignent ou refusent de manger : il se contente des
plantes les plus dures et les plus épineuses. Cette sobriété le
rend précieux pour les propriétaires peu fortunés , chez lesquels
on le voit communément de service; il n'est point de cultivateur
ou de brassier qui n'ait son Ane, sans souvent posséder même un
pouce de terre; il est peu de départements où l'Ane soit aussi
répandu. D'un naturel doux et patient, mais d'un tempérament
robuste, il peut porter les plus grands poids relativement à sa
taille. Il ne demande aucun soin, et en récompense d«s services
qu'il nous rend, nous n'avons pour cet animal que le plus parfait
mépris : on soigne, on instruit, on exerce un Cheval, tandis que
l'éducation de l'Ane est abandonnée à la grossièreté du dernier
des valets; et comme le dit fort bien Bulï'on, si l'Ane n'avait pas
70 HISTOIRE NATURELLE.
un grand fonds de bonnes qualités, il les perdrait, en effet, par
la manière dont on le traite. Il est le jouet, le plastron, le bardeau
des rustres, qui le conduisent le bâton à la main, qui le frappent,
le surchargent, l'excèdent sans précaution, sans ménagement.
Si l'Ane nous rend les plus grands services par son travail,
l'Ànesse, par les bonnes qualités de son lait, rétablit notre santé
débile, toutes les fois qu'une longue maladie a épuisé nos forces;
ainsi, on ne saurait trop employer de soins à l'éducation de ces
animaux. L'accouplement de l'Ane et de la Jument produit le
Mulet, animal plus sobre et plus facile à nourrir, qui rend de
très-grands services dans les pays montagneux. Comme bête de
somme, on l'utilise pour le labour et pour le trait; on se sert
même de ces animaux dans certaines contrées, en Espagne sur-
tout, pour les voitures des grands.
Le Cheval et l'Anesse donnent une espèce de Mulet qui est plus
petit que le précédent, plus robuste peut-être, que l'on nomme
Bardot; il sert aux mêmes usages.
Les dépouilles de l'Ane sont employées comme celles du Che-
val, et il n'est pas moins utile que lui après sa mort.
HUITIÈME ORDRE.
RUMINANTS.
Caractères. — Faculté de ramener à la bouche les
aliments, après les avoir avalés, pour le6 mâcher une
seconde fois. Cette singularité résulte de la structure de
leur estomac. Point d'incisives à la mâchoire supérieure;
incisives inférieures presque toujours au nombre de huit;
pieds terminés par deux doigts et deux sabots à face
interne aplatie, de manière à ressembler à un seul sabot
qui aurait été séparé par le milieu. Cette disposition leur
a valu la dénomination de pieds fourchas. Tous les ani-
MAMMIFÈRES. 71
maux que comprend cet ordre, ont un air de ressem-
blance qui les caractérise parfaitement; ils ne forment
qu'une seule famille et paraissent avoir été faits sur le
même modèle. Ils sont pour l'homme d'une grande
utilité : toute nourriture leur est bonne ; ils rendent de
grands services, et les produits qu'on en retire sont
considérables.
Genre Antilope, Antilope, Lin.
Remarquable par l'élégance de ses formes et par la
légèreté de sa course.
1 . Antilope chamois, Antilope rupicapra, Pallas ; en ca-
talan Isard.
Le Chamois habite les parties les plus élevées de nos monta-
gnes; il se rapproche toujours des sommités occupées par les
neiges ; il vit en troupes quelquefois très-considérables, et comme
chez tous les animaux réunis en famille , des sentinelles avan-
cées sont chargées de la garde et de la sûreté de la compagnie.
Au moindre bruit qui frappe ces animaux, un sifflement aigu
part de leurs narines, et se répète par intervalles jusqu'à ce que
leurs yeux ou leur odorat les aient fixés sur la nature du danger
qui peut les menacer; alors, ils partent comme des flèches,
gravissent ou descendent des pentes effroyables ; s'élancent
d'une pointe de rocher à l'autre à des distances considérables,
sans qu'on puisse deviner comment ils peuvent poser leurs pieds.
Lorsqu'on fait la chasse de ces animaux, et que la troupe se dirige
vers vous , il faut bien se garder de la détourner de son chemin ;
il faut tâcher au contraire d'éviter sa rencontre, car elle renver-
serait l'homme qui se trouverait sur son passage ; et, comme on
est toujours près de précipices, on pourrait bien, sans le vouloir,
en mesurer la profondeur, et perdre la vie.
72 HISTOIRE NATURELLE.
La longueur du Chamois est ordinairement de lm,20 à lm,25.
Ses cornes ont de 20 à 22 centimètres de longueur, un peu incli-
nées en avant, droites, lisses, la pointe courbée en arrière en forme
d'hameçon W; elles sont noires et très-aiguës ; nos maréchaux
s'en servent pour saigner les Chevaux et les Bœufs par la bouche,
ce qu'ils appellent donner un coup de corne. Son pelage est '
gris-cendré ou fauve-clair en été, brun et très-velu en hiver;
une bande obscure descend obliquement de l'œil vers le museau.
Il n'y a aucune différence ni pour la robe ni pour les cornes
dans les deux sexes. Sa chair est fort bonne à manger. Au prin-
temps, la femelle met bas un petit, rarement deux; dès sa nais-
sance, il suit le troupeau.
11 paraît que dans les temps reculés, le Cerf a habité nos con-
trées; mais le défrichement de nos vastes forêts, a contribué à
l'en faire disparaître depuis bien longtemps.
Il en est de même du Chevreuil. Bien que certains chasseurs
m'aient assuré qu'il existe sur nos montagnes, je n'ai jamais pu
parvenir à m'en procurer un individu , ce qui me porte à croire
qu'il ne s'y trouve point.
(-J) Je ne sais à quoi pont servir cette disposition des cornes; car elle
ne parait point favorable à la défense de l'animal. Les chasseurs au Chamois
prétendent que, si cet animal tombe accidentellement dans un précipice,
ou que, trop pressé par les chiens, il soit forcé de s'y jeter, il s'accroche
avec les cornes à un arbuste ou à la pointe d'un rocher, et reste ainsi
suspendu jusqu'à ce que le danger qui le menace ait passé; alors, par un
effort il se dégage, arrive à terre, et reprend sa course pour rejoindre sa
compagnie. Je ne sais jusqu'à quel point ce fait est croyable.
Il est des Chamois dont les cornes ont une autre direction, et nos paysans
pensent que c'est une espèce différente. Nous croyons, nous, que cela tient
à quelque accident, survenu à l'animal quand il était encore jeune; car
nous n'avons remarqué sur les Chamois dont les cornes ont celte dispo-
sition , aucune autre différence ni aucun caractère tranchant qui puissent
nous autoriser à les croire d'une espèce différente. Nous avons remarqué
aussi , avec d'autres naturalistes, que l'espèce qui se trouve dans cette
contrée, est beaucoup plus forte de taille que celle des Alpes,
MAMMIFÈRES. T.i
Genre Chèvre, Capra, Lin.
Caractères. — Ce genre est remarquable par les cornes
dirigées en haut et recourbées en arrière; leur menton
est ordinairement garni d'une barbe pendante.
1. Chèvre ordinaire, Capra hircus, Lin.; en catalan Cabra.
Tous les animaux domestiques s'éloignent plus ou moins de
la souche primitive, et la Chèvre est du nombre de ceux dont la
domesticité a donné une quantité innombrable de variétés. Il
parait, d'après les observations des naturalistes anciens, que
notre Chèvre dérive de YEgagre ou Chèvre sauvage , qui vit en
troupes sur les montagnes de la Perse, et qui fournit le bézoard
oriental, espèce de concrétion qu'on trouve dans ses intestins :
dans l'état d'indépendance où elle vit, la couleur de sa robe est
constante, tandis qu'à l'état de domesticité où nous l'avons
réduite, elle varie à l'infini. La Chèvre conserve toujours un
caractère capricieux, qui la rend quelquefois insupportable au
garde qui la conduit: elle aime les lieux secs et sauvages; semble
fréquenter avec plaisir les parties difficiles à gravir, ce qui prouve
que, malgré son état de domesticité, elle tient à son origine
montagnarde. Elle se nourrit d'herbes grossières et de pousses
d'arbustes, et porte par ses goûts le plus grand dommage à nos
forêts.
La chair de la Chèvre n'est pas très-bonne à manger; il n\ a
guère que celle du Chevreau qui soit succulente et de bon goût.
La Chèvre a la tête ornée de cornes, dont la face antérieure forme
un angle aigu; la face postérieure est arrondie. Le mâle ou Bouc
se fait remarquer par ses belles cornes , qui deviennent très-
grandes, et par la belle touffe de poils qui lui pend au menton.
Le lait de la Chèvre est employé à divers usages domestiques :
on en fait, dans certaines contrées, de très-bons fromages. Son
suif sert h fabriquer les chandelles. Son poil, qu'on enlève tous
les ans, est employé à divers usages : avec le plus grossier ou
74 HISTOIRE NATURELLE.
le jarre, on fait des feutres; filé, on en fabrique des bouracans et
autres étoffes ; le duvet ou capelin, est employé à faire des étoffes
plus fines. Sa peau est utilisée pour des outres et. autres objets non
moins essentiels. Ses cornes, comme celles des autres ruminants,
servent à la fabrication des peignes et des manches de couteau.
Le département avait été doté d'une espèce de Chèvre bien
précieuse et qui s'y était fort bien acclimatée ; je veux parler
de la Chèvre du Thibet. Aujourd'hui elle n'existe plus dans le
pays. J'ignore les causes qui ont amené ce triste résultat.
Genre Mouton, Ovis, Lin.
Caractères. — Cornes dirigées en arrière et revenant
plus ou moins en avant, en spirale; son chanfrein est
généralement convexe; il ne porte point de barbe.
1. Mouton ordinaire, Ovis, Aries, Lin.; en catalan Moltô,
vulgairement Mouton.
Tout le monde connaît la douceur et la timidité du Mouton.
De tous les animaux c'est celui qui donne les moindres marques
d'intelligence; il est probable que c'est le premier animal que
l'homme a soumis à son empire. On fait dériver toutes nos races
domestiques du Mouflon, espèce sauvage qui habite les montagnes
de la Corse, de la Sardaigne et'de la Grèce, ou de YArgali,
autre Mouton sauvage qui vit sur les plateaux de la Sibérie et
autres parties de l'Asie.
De nombreux troupeaux de Moutons sont répandus sur toute
la surface de ce département; plusieurs variétés sont élevées
par nos cultivateurs. Les produits que ces animaux fournissent
sont bien différents. C'est surtout la laine qui en est un des
principaux. Dans les plaines ou parties basses, la laine a toujours
été de meilleure qualité que celle des troupeaux qui sont élevés
sur nos montagnes, où elle est plus grossière, et donne des
produits moins satisfaisants; mais, c'est surtout depuis le croi-
MAMMIFÈRES. 75
sèment de nos bètes avec les Mérinos d'Espagne, que nous
avons eu des métis dont la laine a été de beaucoup supérieure
à celle déjà trés-eslimée qu'on avait anciennement. De nos
jours, dans toute la plaine, les cultivateurs qui ont des troupeaux
de Moutons, en ont tellement amélioré la qualité, qu'il n'y a
presque pas de différence avec la race pure qui vient de l'Espa-
gne. Outre la laine, la chair de cet animal forme une excellente
nourriture. Son lait nous donne de bons fromages; son suif
sert à la fabrication des chandelles; de sa peau on fait la basane,
le parchemin, et des rognures on obtient une colle très-gluti-
neuse. Son fumier, répandu sur nos terres au moyen du par-
cage, économise le transport, et répand partout la fertilité.
Genre Bœuf, Bos, Lin.
Caractères. — Un large mufle; chanfrein droit; cornes
creuses dirigées de côté, et tendant à s'éloigner l'une de
l'autre; un fanon ou repli de la peau sous le cou; taille
trapue; jambes robustes : ce sont de grands animaux
doués d'une force extraordinaire.
J. Bœuf ordinaire, Bos, Taurus, Lin.; en catalan Bou.
La force du Bœuf nous prouve toute l'adresse et la supériorité
dont l'homme est doué, pour parvenir à réduire et à contraindre
ce redoutable animal aux travaux domestiques auxquels il l'a
soumis: de quelle utilité ce ruminant n'est-il pas pour le labour
et le charroi? La souche primitive paraît ne plus exister à l'état
sauvage. On avait cru la retrouver dans YAurogs et l'Yack; mais
il a été impossible d'établir ce rapprochement, puisque ces deux
espèces ont quatorze côtes, tandis que les Boeufs n'en ont que
treize.
La chair du Bœuf est de tous les aliments, le plus sain et le
plus nourrissant ; le lait que produisent les Vaches est utilisé de
76 HISTOIRE NATURELLE.
différentes manières aux usages domestiques; le suif sert à la
fabrication des chandelles; la peau donne les cuirs les plus forts
et les plus durables; les poils trouvent leur emploi chez les bour-
reliers; les cornes et les ongles reçoivent mille formes diverses
pour notre usage et nos besoins; et les engrais que nous en reti-
rons sont les plus abondants de tous ceux que fournissent nos
bestiaux.
Dans le département nous avons plusieurs races, qui sont plus
ou moins productives, selon les localités ; mais aucune ne lui est
propre.
NEUVIÈME ORDRE.
CÉTACÉS.
Nous n'avons pas à nous occuper de la première
famille des Cétacés , comprenant les Lamantins , les
Dugong, les Stellaires, qui ne vivent pas dans nos mers.
Nous passons à la deuxième famille qui comprend des
sujets qui fréquentent nos côtes.
2me famille. —Cétacés Ordinaires.
Caractères. — Narines placées au sommet de la tête
nommées évents; appareil singulier au moyen duquel
ces animaux lancent des jets d'eau au-dessus de leur
tète , particularité qui a toujours attiré l'attention des
navigateurs l*>. Peau lisse et très -douce; au-dessous,
se trouve un lard très-épais qui sert a faire l'huile.
Mamelles situées près de l'anus; bras ou nageoires
impropres à saisir un objet. Ces Cétacés se tiennent
(1) Les pécheurs donnent généralement le nom de Souffleurs à tous les
Cétacés, à cause de l'eau que ces animaux rejettent par l'ouverture des évents.
MAMMIFÈRES. 77
toujours dans la mer; mais, comme ils respirent par
des poumons, ils sont obligés de monter souvent à la
surface du liquide pour prendre de l'air.
Nous arrivons à cette classe de Mammifères qui
diffèrent, par leur structure, de tous ceux que nous avons
signalés. Si les premiers, par la forme de quelques-uns
de leurs organes, se soutiennent dans les airs comme
les Chauves-Souris, ceux-ci, au contraire, ont été destinés
par leur nature à vivre constamment dans l'eau. En effet,
comment concevoir que de pareils colosses pussent se
mouvoir sur la terre, puisque leur longueur est démesurée;
qu'ils ont un poids considérable (1>; qu'ils sont dépourvus
de membres abdominaux , et que leur tronc se continue
par une queue longue et épaisse , que termine une na-
geoire cartilagineuse horizontale.
Genre Dauphin, Delphinus, Lin.
Caractères. — Il parait, d'après Cuvier, que c'est le plus
carnassier, et, proportion gardée avec sa taille, le plus
cruel de l'ordre. On le distingue sans peine à son front
bombé et à son museau allongé qui ressemble presque a
un bec de canard.
i. Dauphin vulgaire, Delphinus delphis, Lacep.; en ca-
talan Porc de mar (Cochon de mer).
La longueur de ce Cétacé ne dépasse guère 3m,50 ; son corps
est allongé, le museau très-avancé, déprimé; la mâchoire armée
de chaque côté de quarante-cinq à quarante-sept dents, grêles,
arquées et pointues ; son corps est noir en dessus et blanc en
(I) Les auteurs de célologic évaluent les Baleines de 50 mètres de lon-
gueur, au poids de \ 30.000 kilogrammes.
78 HISTOIRE NATURELLE.
dessous. On en voit des troupes assez nombreuses qui approchent
très-souvent de nos côtes. Ses mouvements sont prompts et
précipités; il a assez de force, dit-on, pour s'élancer sur le
tillac des navires (Lacep.).
2. Grand dauphin, Delphinus tursio, Bonnat.
On voit cette espèce très-rarement : son museau est court,
large et très-déprimé; ses mâchoires sont armées de vingt à
vingt-trois dents coniques, et souvent émoussées, dit Cuvier.
Son corps, mince et très-allongé, d'un bleu-noirâtre en dessus
et blanc en dessous, atteint ordinairement 5 mètres.
5. Dauphin orque, Delphinus orca, Lacep.
Ce Dauphin est très-rare sur nos rivages. Son corps est mince
et atteint une grande dimension; le museau arrondi, très-court;
la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure, qui est
plus large ; les dents dont elles sont armées, sont inégales, coni-
ques et recourbées à leur sommet ; nageoire dorsale placée au
milieu de la longueur du corps. J'ai vu un individu, pris par des
pêcheurs, à notre plage de Ganet ; ils l'avaient déjà mutilé pour
en faire de l'huile.
4. Dauphin marsouin, Delphinus phocena, Lacep.
Le Marsouin est, au contraire, excessivement commun sur nos
côtes. On le voit très-souvent se rapprocher du rivage et des
barques de nos pêcheurs, contre lesquelles il vient se frotter. Il
n'est pas bien grand, et il est rare d'en trouver qui dépassent
2 mètres de longueur; son museau, court et arrondi, est armé
de vingt-cinq dents de chaque côté, très-pointues. Ce Marsouin
est noirâtre en dessus et blanc en dessous. Nous en avons dis-
séqué un dont nous conservons le squelette ; il fut pris à Saint-
Laurent-de-la-Salanque.
MAMMIFÈRES. "/'.»
Genre Cachalot, Physeter, Lacep.
Caractères. — Tête très-volumineuse, très-renlïée sur
le devant ; mâchoire inférieure étroite , armée de chaque
côté d'une rangée de dents coniques qui entrent dans
des cavités correspondantes de la mâchoire supérieure;
évents situés au bout du museau. Ces animaux sont
chassés, non pour leur lard qui est peu de chose, mais
pour un liquide graisseux, très-estimé, qui se coagule en
se refroidissant et qu'on désigne sous le nom de sperma
eeti, adipocvre, ou blanc de baleine, qu'on emploie à
divers usages. On trouve aussi dans les intestins des
Cachalots, cette matière précieuse odorante qu'on nomme
ambre gris.
1. Cachalot macrocéphale, Physeter macrocephalus, Lacep.
Tète monstrueuse; mâchoire inférieure longue de 4 mètres et
demi, armée de vingt-cinq dents de chaque côté, de 16 centimè-
tres de longueur, coniques et très-fortes ; corps très-volumineux,
long de 20 mètres, terminé par une nageoire de 4ra,60 de largeur;
peau unie, d'un blanc-obscur, ventre blanc. Il existe, à Collioure,
un dessin qui représente un Cachalot, échoué à La Selva, dont les
mâchoires, qu'on voit encore dans la cour des salles d'anatomie
comparée au Jardin des Plantes de Paris, furent envoyées au
Musée royal de cette ville, il y a plus de quatre-vingts ans.
Les détails de cette prise nous furent donnés par M. Bélieu, fils,
naturaliste, à Collioure; nous les rapportons icK1).
(I) « Un Cétacé fut pris à La Selva, il y a plus de quatre-vingts ans.
M. Lanquine (Nicolas) en envoya les mâchoires à Louis XV, qui, en récom-
pense, lui fit une pension de 200 fr. Il existe à Collioure une gravure, en
mauvais état, qui représente ce Cachalot ; elle fut faite à l'époque où il fut
pris : elle porte les dimensions et autres détails consignés dans la noie
suivante :
80 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Baleine, Balœna, Lin.
Caractères. — Tête moins renflée sur le devant que celle
des Cachalots; dents nulles; mâchoire supérieure munie
d'une grande quantité de lames transversales, minces et
serrées, terminées en franges semblables à des soies de
porc, et formées d'une espèce de corne fibreuse ou de
poils agglutinés les uns contre les autres. Ces lames,
appelées fanons, connues aussi sous le nom de baleines,
atteignent une longueur de 2nl, 50 à o mètres, existent
au nombre de huit ou neuf cents de chaque côté, et
servent à ces animaux pour retenir leur nourriture. La
taille de quelques-unes est gigantesque.
Deux cônes adossés par leur base composent le corps
de ces Mammifères. Le postérieur très-étroit et relevé
longitudinalement en arête, s'élargit à son extrémité pour
former la nageoire de la queue, tandis que le cône anté-
rieur est interrompu vers l'endroit où sont placés les
bras, puis se continue en avant d'une manière allongée
et irrégulière. Leur tête a une forme monstrueuse et un
Pieds. Pouces.
« Longueur 60 »
« Hauteur 22 6
« Longueur de la mâchoire inférieure -14 9
« Longueur de l'aile ou nageoire -12 »
« Longueur de la pelle ou rame 44 »
« Hauteur depuis la lèvre supérieure jusqu'au sommet
de la tète \\ 7
« Trous par où il jetait l'eau A 6
« Largeur du trou du gosier 4 6
« Hauteur du gosier 6 G
« Peau unie, d'un blanc-obscur, ventre blanc; la mâchoire inférieure
avait cinquante dents de six pouces de longueur; son poids était de \ .800
quintaux; ses boyaux remplirent six bateaux de soixante quintaux chacun. »
MAMMIFÈRES. 81
développement extérieur considérable. Leur cavité encé-
phalique ne correspond point, généralement, à la grosseur
de leur tête; celle-ci se joint au tronc par un cou si court
et si gros qu'on n'y aperçoit aucun rétrécissement; il
est composé par des vertèbres cervicales très-minces,
relativement à celles qui forment le reste de la colonne
vertébrale. Leur cavité pectorale est très-large : ici sont
attachés les membres antérieurs, qui ont les os raccour-
cis, aplatis et enveloppés dans une membrane tendineuse
qui leur donne la forme d'une véritable nageoire. Les
extrémités postérieures manquent tout-à-fait, et le bassin
est composé par deux os rudimentaires. Ces animaux,
destinés à vivre dans l'eau, ont presque en tout la forme
extérieure des poissons, excepté que leur nageoire cau-
dale est verticale, afin de faciliter leurs mouvements et
de pouvoir revenir souvent à la surface pour y prendre
de l'air et respirer.
La Baleine n'habite point nos mers; ce n'est qu'à des
circonstances extraordinaires, que nous devons l'appari-
tion des Cétacés sur nos côtes (du moins des grandes
espèces). C'est toujours à la suite de quelque ouragan
qu'ils viennent s'échouer sur le rivage, et ils sont ordi-
nairement dans un état de putréfaction plus ou moins
avancé.
Les trois espèces que nous voyons quelquefois sur nos
côtes, sont : la Baleinoptère rorqual, la Baleinoptère
jubarte et la Baleinoptère museau pointu.
1. Baleinoptère rorqual, Balœna musculus, Lin.
Mâchoire inférieure arrondie, plus avancée et beaucoup plus
large que celle d'en haut ; tête courte à proportion de son corps
TOMR m. t>
82 HISTOIRE NATURELLE.
et de sa queue ; mâchoire supérieure garnie de fanons ; les évents
placés à la partie antérieure du front, sur une éminence pyra-
midale charnue très-irrégulière ; œil situé au-dessus de l'angle
formé par la commissure des lèvres, très-élevé aux parties laté-
rales de la tête ; nageoires pectorales en fer de lance, dont un
des angles est plus allongé ; des plis longitudinaux sous la gorge,
sous la poitrine et sur le ventre ; enveloppe tégumenteuse gris-
d'ardoise foncé, gorge, poitrine et partie du ventre blancs.
Longueur du corps, 25ra,60; circonférence, 12 mètres.
Une Baleine de ce genre échoua sur la côte de Saint-Cyprien ,
en novembre 1828; j'en ai monté le squelette, qui se trouve
aujourd'hui au Musée de Lyon.
Voici quelques détails sur la charpente osseuse de ce mammi-
fère et les dimensions des parties les plus essentielles :
Longueur totale du corps 25,n 60e
Longueur de la tête 5 »
Longueur de la mâchoire inférieure 4 55
Longueur des os maxillaires supérieurs 3 60
Distance de l'extrémité d'une apophyse postérieure
à l'autre de l'os hyoïde 1 10
Longueur des cornes de l'os hyoïde 1 37
Soixante vertèbres composent la colonne rachi-
dienne.
Sept vertèbres cervicales très-aplaties , les apophy-
ses de quelques-unes très-développées.
Distance d'une apophyse transverse de la seconde
vertèbre cervicale ou axis » 90
Quatorze vertèbres thorachiques composent la poi-
trine.
Longueur des plus grandes apophyses épineuses de
ces vertèbres » 52
Longueur des apophyses latérales » 28
MAMMIFÈRES. 83
Quatorze côtes très-développées sont attachées à ces
dernières vertèbres, et laissent à la poitrine une capa-
cité considérable. L'homme de la plus haute stature
peut s'y promener sans toucher à la partie supérieure.
Longueur de la plus longue côte qui est la qua-
trième 2,n GOc
Longueur de la dernière 1 68
Quinze vertèbres lombaires très-compactes, et qui
se font remarquer par le développement très-consi-
dérable de toutes ses parties et annonçant que des
muscles très-vigoureux viennent s'y attacher et lui
donnent une force prodigieuse.
Les apophyses épineuses de cette région, ont de
longueur » 55
Les apophyses latérales ont de saillie » 28
Ici sont attachés les os du bassin qui sont rudimen-
taires et ont une forme triangulaire.
Les vertèbres caudales sont au nombre de vingt-quatre, qui
vont en diminuant à mesure qu'on se rapproche de l'extrémité
caudale. Le corps des premières est très-développé et d'une
pesanteur extraordinaire ; les apophyses sont plus épaisses et
moins saillantes, et finissent par disparaître tout-à-fait; les six
dernières vertèbres n'offrent point la moindre trace d'apophyses ;
diverses aspérités s'y font remarquer et servent d'attache aux
tendons des muscles qui la font mouvoir. Un rang d'apophyses
en forme de V et au nombre de seize, composent une seconde
épine en dessous des vertèbres caudales ; elles sont placées en
travers et s'articulent à la fois sur deux points des deux vertèbres
correspondantes, en commençant entre la trente-septième et
trente-huitième, et augmentent de volume progressivement jus-
qu'à la quarante-troisième vertèbre ; de celle-ci, elles vont en
diminuant jusqu'à ce qu'elles disparaissent entièrement à la
cinquante-deuxième. Ce rang- d'apophyses est mobile, et cela était
84 HISTOIRE NATURELLE.
nécessaire pour laisser à la caudale toute la faculté de se mou-
voir, afin de donner à l'animal l'impulsion dont il a besoin pour
ses divers mouvements. Deux larges omoplates sont placées sur
la partie antérieure et supérieure de la poitrine ; elles ont une
forme triangulaire, large à la base de lm,25 : la hauteur de cet
os, en le mesurant au centre, est de 74 centimètres; leurs
cavités glénoïdes sont larges -de 21 centimètres et hautes de 25.
A ces os sont articulées les nageoires pectorales, qui offrent une
longueur de 2m,32 , et une largeur de 55 centimètres.
2. Baleinoptère jubarte, Balcena boops, Lin.
Nuque élevée et arrondie ; le museau avancé, large et un peu
arrondi ; des tubérosités presque demi sphériques au devant des
évents; dorsale courbée en arrière. Longueur totale, 18 à 20
mètres ; circonférence du corps, 8 mètres. Largeur de la
mâchoire inférieure, vers le milieu de sa longueur, lm,50.
Il échoua à Y Escale, tout près du golfe de Rosas, une Jubarte,
en août de l'année 1829 ; elle mesurait 15m,50. L'état de putré-
faction dans lequel elle se trouvait, et la chaleur qui se faisait
sentir, furent cause qu'on ne put profiter de son squelette que la
mâchoire inférieure : tout le reste fut enterré par ordre de
l'autorité.
5. Baleinoptère museau pointu, Balœna rostrata, Lin.
Moins grande que toutes les autres, elle ne dépasse guère
huit à neuf mètres de longueur. Mâchoire supérieure garnie
de fanons très-courts et blancs, moins longue et moins large
que l'inférieure, toutes deux très-pointues ; ouverture des évents
placée à la partie supérieure de la tête, entourée de quelques
tubérosités irrégulières; peau unie, d'un blanc d'ardoise obscur
sur toute la partie supérieure du corps; gorge, poitrine et partie
de l'abdomen d'un blanc-argenté, et garnie d'une quantité de plis
longitudinaux d'un rose-vif, susceptibles d'une grande dilatation,
et que l'animal gonfle selon ses besoins; yeux placés aux parties
MAMMIFÈRES. 85
latérales et supérieures de la tête, parallèles aux commissures
des lèvres; nageoires pectorales lancéolées; nageoire dorsale
placée à peu près au-dessus de l'anus, échancrée et inclinée vers
la queue; nageoire caudale divisée en deux lobes, l'échancrure
qui les sépare étroite et profonde.
En octobre 18-40, un jeune sujet de cette espèce échoua sur
les rochers qui bordent la panlière des côtes de Collioure. Son
squelette, monté par nous, fait partie du Cabinet de la ville de
Perpignan.
En voici les dimensions :
Longueur totale 5m 40e
Circonférence du corps, prise à la partie moyenne
du thorax 3 70
Longueur de la tète 1 30
Distance du bout du museau aux ouvertures des
évents ... » 95
Distance du bout du museau à la commissure des
lèvres » 90
Diamètre des orbites (largeur) » 15
Id. Id. (hauteur) » 10
Longueur de la mâchoire inférieure. 1 13
Sa circonférence, à la partie antérieure » 15
Id. au centre » 20
Id. auprès du condile » 28
Longueur des os maxillaires supérieurs » 74
Largeur de leur base » 15
Largeur du corps de l'os hyoïde » 9
Distance de l'extrémité d'une apophyse postérieure
à l'autre » 30
Longueur des cornes de l'os hyoïde » 20
Longueur du sternum , , . » 15
Sa largeur à la partie supérieure » 10
Longueur des nageoires pectorales » 80
80 HISTOIRE NATURELLE.
Leur plus grande largeur »,n 24r
Hauteur de l'omoplate prise au centre » 24
Sa largeur à la partie supérieure » 35
Longueur de l'humérus » 12
Sa circonférence » Irï
Longueur du cubitus » 22
Sa circonférence au centre — » 12
Longueur du radius » 22
Sa circonférence » 8
Longueur des doigts :
\<* doigt » 16
2rac doigt » 29
3rae doigt » 30
4me doigt » 23
La colonne vertébrale se compose de quarante-cinq
vertèbres : sept vertèbres cervicales très -aplaties;
douze vertèbres thorachiques, dont cinq sternales et
sept abdominales ; dix vertèbres lombaires ; seize ver-
tèbres caudales.
Douze côtes : cinq sont attachées au sternum par
des cartilages ; cinq, abdominales, tiennent aux car-
tilages qui se prolongent du sternum ; deux sont
flottantes, la dernière est rudimentaire.
Longueur de la première côte qui est très-large. . . » 32
Longueur de la quatrième côte qui est la plus
longue » 76
Longueur des plus longues apophyses épineuses
des vertèbres dorsales » 20
Longueur des apophyses latérales » 10
Longueur des apophyses épineuses des vertèbres
lombaires » 18
Longueur des apophyses transverses » 9
MAMMIFÈRES. 87
Entre la dernière vertèbre lombaire et la première vertèbre
caudale, sont attachés les os du bassin qui sont rudimentaires.
Entre chaque vertèbre caudale, sont articulées des apophyses
très-fortes, où sont attachés des muscles vigoureux qui impriment
à cette partie de l'animal, cette force qui lui est nécessaire pour
l'aire mouvoir cette masse dans l'élément liquide; on sait que
toute la force des Baleine? réside dans leur queue. Les vertèbres
caudales diminuent de volume à mesure qu'elles se rapprochent
de l'extrémité de la queue.
Voilà donc trois échouements de Baleines dans l'espace de
onze ans, qui se sont opérés sur la plage de la Méditerranée, à
une distance de deux lieues : deux sur le territoire du départe-
ment des Pyrénées-Orientales, h demi-lieue de différence l'un
de l'autre, et un dans le territoire espagnol, peu distant de la
frontière française.
OISEAUX. 89
CHAPITRE II.
ANIMAUX VEUTÉIiRÉS.
DEUXIÈME CLASSE.
Oiseaux.
Les Vertébrés Ovipares ont une organisation toute parti-
culière. Leur circulation et leur respiration sont doubles;
leurs poumons, très-étendus dans de larges cavités, don-
nent un libre passage à l'air, qui est distribué dans toutes
les parties du corps au gré de l'animal. L'intérieur même
des os , dont les extrémités sont spongieuses , ont la
propriété de retenir une portion d'air, selon que l'Oiseau
tend à s'élever dans l'atmosphère ou à s'abaisser; et cette
particularité était rigoureusement nécessaire, afin de les
rendre propres à se maintenir dans les régions aériennes.
Il est peu de contrées de l'Europe, d'une aussi petite
étendue que le département des Pyrénées-Orientales, qui
présentent autant d'espèces différentes d'Oiseaux et surtout
autant d'espèces intéressantes. Ces gracieux habitants des
airs forment la classe la plus nombreuse des animaux
vertébrés : ils charment par l'élégance de leurs formes,
par les riches couleurs du plumage et par la modulation
90 HISTOIRE NATURELLE.
de leur voix. C'est au lever de l'aurore, au moment où
les rayons vivifiants du soleil apparaissent sur l'horizon,
que tous les habitants des forêts s'empressent de le saluer
par des chants éclatants, ou par de doux gazouillements;
quelques-uns prolongent cette allégresse jusqu'au soleil
couchant; certains même chantent pendant la nuit.
Le corps garni de plumes disposées de diverses ma-
nières, les font soutenir et se balancer dans les airs.
La locomotion aérienne étant la première puissance pour
les Oiseaux, elle exigeait de la nature des ailes solidement
iixées; aussi, voit-on la poitrine, la partie la plus développée
de l'Oiseau, composée de larges os , unis ensemble par de
puissantes articulations, couverts par de forts muscles,
qui donnent aux ailes l'agilité et la force nécessaires pour
exécuter, dans le vol, tous les mouvements qu'exige cette
manière de se transporter aisément, et à de grandes dis-
tances, d'un lieu dans un autre. Les ailes ou membres
antérieurs, composées du bras, avant-bras et main, ont
la forme allongée; elles sont couvertes par des plumes
élastiques et celluleuses qui étendent beaucoup leur sur-
face, et portent, selon leur place, les noms de tectrices,
rémiges, bâtardes et scapulaires. Cette disposition n'aurait
pas sultt à l'Oiseau pour le soutenir et le diriger dans les
airs; aussi la nature y a pourvu, en lui donnant une queue
plus ou moins longue, composée d'une rangée de fortes
pennes, avec laquelle il dirige sa marche ; c'est en quel-
que sorte une espèce de gouvernail. Cette disposition était
d'autant plus nécessaire, que les Oiseaux qui ont une
queue très-courte, ont ordinairement les jambes longues
et disposées de manière à les porter en arrière, étendues,
et servant, comme la queue, a diriger leurs mouvements
t»lSKAl.\. 01
dans les airs. Plus une espèce a le vol rapide et soutenu,
plus elle a les pieds courts et la queue développée.
En général, le corps de l'Oiseau est couvert de plumes,
qui varient souvent par la forme, la finesse et le coloris.
C'est, en quelque sorte, une espèce de tégument propre
à le garantir des rapides variations de température aux-
quelles ses mouvements l'exposent. Les plumes, ainsi
que les pennes, sont composées d'une tige creuse à sa
base et de barbes plus ou moins grandes; leur tissu,
leur éclat, leur force varient à l'infini. Ces beaux orne-
ments tombent une fois tous les ans, et chez la plupart
même deux fois ; ils sont vite remplacés par d'autres :
c'est ce qu'on appelle la mue, et cette chute périodique
ne se fait jamais sans que la santé de l'Oiseau ne soit
compromise. Dans certaines espèces, le plumage ordinaire
diffère de celui du printemps , qu'on nomme plumage
d'amour, au point qu'on ne reconnaît-plus le même Oiseau
lorsqu'il est revêtu de cette robe : c'est ce changement
qui a donné lieu a de graves erreurs. Ordinairement, les
couleurs du plumage sont moins vives chez la femelle
que chez le mâle; quant aux jeunes, leur plumage res-
semble beaucoup h celui de la femelle.
L'œil de l'Oiseau a une forme orbiculaire; il est disposé
de manière à distinguer également les objets de loin
comme de près. Son organisation a reçu les modifications
nécessaires à ces deux facultés : outre les paupières ordi-
naires, l'Oiseau en a une troisième placée à l'angle interne
de l'œil, qui, au moyen d'un appareil musculaire remar-
quable, peut couvrir à volonté le devant de l'œil comme
un rideau.
L'organe de l'odorat est très-sensible dans plusieurs
02 HISTOIRE NATURELLE.
espèces; il est caché dans l'intérieur du bec, dans des
cornets cartilagineux, qui varient en complication selon
les espèces.
Le toucher doit être très-faible dans les Oiseaux. D'a-
bord, leurs mains garnies de plumes le rendent nul; le
bec est le seul organe qui puisse permettre ce sens; et,
comme il est toujours corné, ce sens doit être bien
insensible. Cependant, il doit y avoir des exceptions;
car certains Oiseaux cherchent leur nourriture en plon-
geant le bec dans la vase, et alors ce n'est qu'à l'aide du
toucher qu'ils peuvent distinguer les vermisseaux ou les
larves des insectes aquatiques dont ils font leur unique
nourriture. Aussi, l'extrémité du bec, dans ces espèces,
est ordinairement longue et terminée par une portion molle
où réside sans doute ce sens; divers Gralles : les Vanneaux,
les Bécasses, les Barges, les Courlis, sont de ce nombre.
Les pieds, disposés, chez plusieurs espèces, à gratter la
terre pour y prendre une partie de leur nourriture, ne
peuvent pas être le siège du toucher, puisqu'ils sont re-
vêtus d'écaillés en dessus et qu'une peau calleuse couvre
tout le dessous.
L'ouïe de l'Oiseau est très-fine. L'oreille externe est
peu développée chez la plupart. Les Oiseaux de nuit ont
seuls une grande conque extérieure, qui ne fait pourtant
pas de saillie ; mais elle est chez tous recouverte par des
plumes à barbes plus effilées que les autres. L'oreille
interne est plus développée; les canaux semi-circulaires
sont grands et logés dans une partie du crâne, environnés
de toutes parts de cavités aériennes qui communiquent
avec la caisse et qui rendent cet organe très-sensible.
La tête des Oiseaux est généralement petite. Cette
OISEAUX. 93
conformation les aide à fendre l'air dans leur vol. Le
cou est plus ou moins long, toujours en proportion
relative aux habitudes de l'espèce et a la longueur des
jambes. Les Échassiers ont les tarses longs; les Nageurs,
au contraire, les ont courts, et leurs doigts sont enve-
loppés d'une membrane qui les unit, et qui leur sert de
rame; tandis que chez les Oiseaux qui vivent dans les
forêts, les doigts sont robustes et terminés par des ongles
crochus, qui leur donnent la facilité de se cramponner
aux branches pour s'y percher.
La conformation de l'Oiseau ne lui permet point de
prendre, chez tous, les aliments de la même manière.
Chaque espèce est donc forcée de chercher sa nourri-
ture selon la disposition de son bec et de ses goûts.
Les Omnivores se contentent de toute sorte d'aliments;
les Rapaces, de chair palpitante; les Insectivores ou
Becs-Fins mangent quelques baies, mais particulièrement
des Insectes, et les Granivores nous dérobent une partie
du grain destiné à nous nourrir, et vivent à nos dépens.
Il y a, cependant, certaines modifications qui portent à
conclure que le choix des aliments est exclusif dans
certaines espèces. L'Oiseau ne mâche pas, il avale tout
d'un trait; mais l'appareil digestif est disposé de telle
manière que les aliments subissent diverses préparations
avant d'être entièrement digérés. L'Oiseau augmente la
force de son estomac, en avalant des graviers plus ou
moins gros pour aider les fonctions de ce viscère. Les
expériences faites pour prouver ce fait, ont été des plus
concluantes.
Lorsque le printemps arrive, on voit les Oiseaux, sou-
ples, vifs, légers, chercher à payer à la nature le tribut
94 HISTOIRE NATURELLE.
de la reproduction. Certains ne recherchent la femelle
que pour le plaisir du moment : ce sont les Polygames ;
d'autres, plus constants, partagent avec elle les soins
d'élever leurs petits : ce sont les Monogames , qui la
secondent dans la construction du berceau destiné à
recevoir bientôt le fruit d'une union intime, et leur pré-
voyance est vraiment admirable à cet égard.
Les œufs des Oiseaux varient selon les espèces, non-
seulement sous le rapport des couleurs, mais sous celui
de la forme: ils sont blancs, ou bleuâtres, ou verts, ou
jaunâtres, ou fauves, ou roux; ils sont bigarrés, ou par-
semés de taches de différentes grandeurs et de différentes
nuances. Ces taches, régulièrement ou irrégulièrement
groupées, tantôt vers l'un ou l'autre pôle, tantôt dans
le milieu de l'œuf, sont généralement noires , rousses \
rougeâtres ou brunes. La couleur, quelle que soit son
intensité, est tout-à-fait extérieure, et ne forme sur la
coquille qu'une couche légère. Les œufs, pondus dans
des cavités qui les mettent à l'abri de la lumière, sont
généralement d'un blanc pur, rarement piquetés ou ta-
chetés : tels sont ceux des Hiboux , des Pics, des Marti-
nets, des Guêpiers, des Martins-Pêcheurs , de quelques
Mésanges, etc.
Quant à la forme des œufs et à leur volume, rien n'est
plus variable. Depuis celui que l'Autruche confie au sable
du désert, jusqu'à celui que l'Oiseau-Mouche dépose sur
l'ouate, on trouve, sous ces deux rapports, toutes les
différences possibles.
« Lorsque les nids sont faits; lorsque les œufs sont
pondus, c'est à peine si les sollicitudes maternelles ont
commencé : alors, c'est le soin pénible de l'incubation.
OISEAUX. M
Il faut que ces tendres mères, oublieuses de leurs autres
besoins, et redevables quelquefois à leurs mâles du peu
de nourriture qu'elles prennent, demeurent accroupies
sur les œufs jusqu'au moment où ils éclosent. Il est des
espèces chez lesquelles le couple se partage le soin de
couver : ce sont , en général , celles qui vivent en mono-
gamie. A des heures fixes, la femelle peut vaquer à ses
besoins, sans que les œufs qu'elle abandonne, aient à souf-
frir de l'action de l'air ; car le maie la remplace alors dans
ces fonctions. Beaucoup d'Oiseaux d'eau, parmi ceux qui
nichent en commun, pondent et couvent aussi en commun.
Une femelle communiquera sa chaleur à ses œufs , aussi
bien qu'à ceux de sa voisine. Il est d'autres espèces qui,
vivant en polygamie, doivent seules prendre souci de leur
couvée, comme aussi elles veilleront seules à l'éducation
de leurs petits. Mais alors, par une prévoyance que leur
instinct leur dicte, elles ont soin, toutes les fois qu'elles
abandonnent le nid qui recèle leurs œufs, de recouvrir
ceux-ci soit de feuilles sèches, soit de plumes que, préala-
blement, elles ont arraché de leur ventre. L'édredon, cette
matière douce et élastique , que la sensualité humaine a
su si bien utiliser, n'est autre chose que le duvet dont
l'Eider (Anas mollissima) enveloppe ses œufs, et qu'il
fait tomber de tout son corps , mais principalement de
l'abdomen. Toutes les femelles polygames ne prennent
pas , il est vrai , les mêmes précautions : il en est beau-
coup qui vont pourvoir à leur subsistance, sans paraître
avoir souci de ce qu'elles abandonnent; mais la plupart de
celles-ci ont rendu toute précaution inutile, en choisis-
sant, pour y faire leur ponte, des lieux abrités et exposés
au midi. Enfin, il n'est pas d'Oiseau, qui, par ses actes,
90 HISTOIRE NATURELLE.
ne trahisse l'attachement qu'il a pour les produits émanés
de son sein , et destinés à le perpétuer
« Les Oiseaux qui viennent de naître, n'ont pas immé-
diatement besoin de prendre de nourriture. Ils peuvent
même, sans inconvénient, supporter une abstinence de
deux ou trois jours; car la vésicule ombilicale (organe
qui renferme les matériaux nécessaires à leur dévelop-
pement ovarien) rentre chez eux dans l'abdomen, encore
assez pourvue de matière nutritive, pour qu'ils puissent se
passer de tout autre aliment; mais tous réclament, a des
degrés différents, les soins de leurs parents. Ils éclosent
nus et faibles; peu à peu ils se couvrent de duvet; puis
viennent les plumes. Ce n'est que lorsque celles-ci ont
acquis un certain accroissement; ce n'est que lorsqu'ils
pourront se servir de leurs ailes, que, prenant leur essor,
ils abandonneront le nid dans lequel le père et la mère
les ont alternativement nourris W »
« Les habitudes des Oiseaux , dit Buffon , ne sont pas
aussi libres qu'on pourrait se l'imaginer. Leur conduite
n'est pas le produit d'une pure liberté de volonté, ni même
un résultat de choix, mais un effet nécessaire qui dérive
de l'exercice de leurs facultés physiques. Déterminés et
fixés chacun à la manière de vivre que cette nécessité
leur impose , nul ne cherche à l'enfreindre et ne peut
s'en écarter; c'est par cette nécessité, tout aussi variée
que leurs formes , que se sont trouvés peuplés tous les
districts de la nature. L'Aigle ne quitte point ses rochers
ni le Héron ses rivages : l'un fond du haut des airs sur
( I ) Z. Gerbe, Dictionnaire universel d'Histoire Naturelle, de Ch. d'Orbigny,
tome IX, p. 46.
OISEAUX. 97
l'Agneau, qu'il enlève ou déchire, par le seul droit que
lui donne la force de ses armes, et par l'usage qu'il fait
de ses serres cruelles; l'autre, le pied dans la fange,
attend, à l'ordre du besoin, le passage de sa proie
fugitive; le Pic n'abandonne jamais la tige des arbres à
l'entour de laquelle il lui est ordonné de ramper; la
Barge doit rester dans ses marais, l'Alouette dans ses
sillons, la Fauvette sous ses bocages; et ne voyons-nous
pas tous les Oiseaux granivores chercher les pays habités,
et suivre nos cultures, tandis que ceux qui préfèrent à nos
grains, les fruits sauvages et les baies, constants à nous
fuir, ne quittent pas les bois et les lieux escarpés des
montagnes, où ils vivent loin de nous et seuls avec la
nature, qui, d'avance, leur a dicté ses lois et leur a
donné les moyens de les exécuter? Elle retient la Geli-
notte sous l'ombre épaisse des sapins, le Merle solitaire
sur son rocher, le Loriot dans les forêts, dont il fait
retentir les échos, tandis que l'Outarde va chercher les
friches arides, et le Râle les humides prairies. Les lois
de la nature sont des décrets éternels, immuables, aussi
constants que la forme des êtres. »
S'il a été possible de découvrir les lois qui régissent
la distribution des Mammifères à la surface du globe; s'il
a été facile d'assigner à chacun d'eux une patrie, et par-
conséquent une circonscription géographique, la difficulté
a été grande lorsqu'on a voulu entreprendre pour les
Oiseaux ce qu'on avait fait pour les Mammifères. Dans
l'impossibilité où l'on s'est trouvé de pouvoir circonscrire
géographiquement les Oiseaux d'après des lois certaines,
on s'est borné à faire une récapitulation numérique des
espèces observées dans les diverses contrées du globe.
«)8 HISTOIRE NATURELLE.
Ainsi, l'on a reconnu que l'Europe et l'Afrique australe
comptent environ cinq cents espèces; les États-Unis
d'Amérique quatre cents; le Brésil et les îles de l'Archipel
plus d'un mille; les parties explorées de la Nouvelle-
Hollande à peu près trois cents, etc. Dans cette nomen-
clature, le département des Pyrénées-Orientales compte,
à lui seul, trois cent trente-huit espèces et plusieurs
variétés.
« La singularité que présente l'organisation des Oiseaux,
dit Gerbe; la variété de leurs mœurs, de leur chant, etc.,
sont des circonstances dignes de l'attention des natura-
listes; mais, pour étudier avec fruit ces circonstances,
dans tous leurs détails, il était nécessaire, avant tout,
que l'on pût distinguer avec précision les espèces dans
lesquelles on voulait les observer; et, c'est pour arriver
plus facilement à cette distinction, que les naturalistes
ont besoin de créer la nomenclature et la méthode,
c'est-a-dire ces deux parties fondamentales de la science,
qui consistent, l'une à imposer des noms aux objets, et
l'autre à disposer ces objets selon leurs rapports ou affi-
nités réciproques (1>. »
Parmi les auteurs qui ont essayé de classer systéma-
tiquement et méthodiquement les Oiseaux, nous comptons
un de nos compatriotes. Le docteur Barrère, membre cor-
respondant de l'Académie des Sciences de Paris, dans son
Ornithologiœ spécimen novum(\7A5), distribue les Oiseaux
en quatre classes : celle des Palmipèdes, parmi lesquels
compte le genre Avocette; celle des Semipalmipèdes, pour
les espèces dont quelques auteurs ont fait de nos jours
(I) Ouvrage ri lé.
OISEAUX. 99
l'ordre des Pinnatipèdes; une troisième pour celles qu'il
nomme Fissipèdes, dans laquelle se trouvent confondus
les Phœnicoptères, les Oiseaux de proie, les Perroquets,
l'Autruche; une quatrième, enfin, pour les Semi fissipèdes,
dont font indifféremment partie les genres Héron, Martin-
Pêcheur, Perdrix, etc.
Mais, de tous les systèmes proposés, celui de Tem-
minck l'emporte sur les autres par la simplicité de la
méthode et surtout par une classification fondée, non-
seulement, sur les caractères physiques, mais aussi sur
les mœurs et le genre de vie des Oiseaux. C'est celui
que nous avons adopté; et, comme cet auteur, nous
diviserons les Vertébrés Ovipares en seize ordres.
1er ordre Rapaces Rapaces.
2e ordre Omnivores Omnivores.
3e ordre Insectivores Insectivores.
4e ordre Granivores Granivores.
5e ordre Zigodactyles Zigodaetyli.
6e ordre , . Anisodactvles Anisodactyli .
7e ordre Alcyons Alcyones.
8e ordre Chélidons Chelidones.
9e ordre Pigeons Columbœ.
10e ordre Gallinacés Gallinœ.
11e ordre Alectorides Alecto7'ides.
12e ordre Coureurs > . . . Cursores.
13e ordre Gralles Grallatores.
14e ordre Pinnatipédes Pinnatipedes.
15é ordre Palmipèdes Palmipèdes.
16e ordre Inertes Inertes.
10<! HISTOIRE NATURELLE.
PREMIER ORDRE.
RAPACES.
Les Oiseaux qui composent cet ordre , et qu'on appelle
Oiseaux de proie, sont tous inconnaissables à leur bec et
à leurs ongles crochus, acérés, rétractiles et arqués;
c'est avec ces armes redoutables qu'ils font une guerre
continuelle et acharnée aux autres Oiseaux et même aux
Quadrupèdes, ainsi qu'aux Reptiles et aux Poissons.
Presque tous se nourrissent de chair. Les uns purgent
la terre des cadavres; les autres attaquent les animaux
vivants, soit Mammifères ou Oiseaux; quelques-uns de
ceux-ci ne font la chasse qu'aux Poissons et aux Reptiles;
un petit nombre (ce sont les espèces les moins grandes)
ne se nourrissent que d'Insectes, particulièrement de
Coléoptères. Doués d'un organe de vision très-parfait,
ils découvrent des régions aériennes les plus élevées,
l'animal qui doit leur servir de pâture, et, munis d'armes
redoutables, ils sont la terreur des autres Oiseaux.
Ils sont divisés en Diurnes et en Nocturnes.
Oiseaux de proie diurnes.
GENRE PREMIER.
Vautour, Vultur, Illig. — Cette classe est appelée
en catalan VoUor.
Caractères. — Yeux petits, à fleur de tête, qui est petite
par rapport à la grosseur du corps; narines nues, laté-
rales, percées diagonalement vers les bords de la cire;
les tarses nus et réticulés ; bec droit et crochu vers le
OISEAUX. 101
bout; une partie de la tète et du cou toujours plus ou
moins dénudée de plumes, souvent remplacées par un
duvet.
1. Vautour oricou, Vullur auricularis , Doub.; très-rare.
C'est dans la vallée de Saint-La urent-de-Cerdans et de La
Minière, surtout vers les escarpements de Sant-Anyol, qu'on
appelle Cingles de Sant-Anyol, qu'on le voit quelquefois.
2. Vautour arrian, Vullur cinereus, Lin.; rare.
3. Vautour griffon, Vullur fulvns, Lin.
Ces deux Vautours deviennent plus rares de jour en jour. Ils
arrivent au printemps, et se répandent dans les vallées profondes
des Pyrénées; ils choisissent les lieux les plus escarpés pour y
élever leur famille ; on les voit rarement dans la plaine , à
moins qu'ils n'y soient attirés par l'appât de quelques animaux
morts, dont les émanations emportées parle vent arrivent jusqu'à
eux. Ils sont solitaires; mais, si le cadavre d'un bœuf ou d'un
cheval est jeté dans quelque lieu écarté des populations, on les
voit, par troupes, venir partager et se disputer cette nourriture;
ils se livrent entre eux des combats très-acharnés. Ils sont très-
avides; et, s'ils font parfois de longs jeûnes, ils se dédommagent
bien lorsqu'ils en trouvent l'occasion. Quand ils sont repus, ils
perdent de leur agilité et de leur férocité. C'est ainsi qu'une
femme du Boulou en prit un qui avait son estomac si distendu,
qu'il ne pouvait bouger. Elle lui enveloppa la tète avec son
tablier, lui attacha les pattes, et nous l'apporta dans cet état.
Un charretier prit un Vautour- Arrian de la même manière.
L'animal vomit des aliments en si grande abondance, que cet
homme, étonné de leur volume, eut la curiosité d'en constater
le poids, qui fut de 7 kilogrammes.
4. Vautour chasse-fiente, Vullur Kolbii, Daub.
On distingue facilement celte espèce des autres, par ses formes
10:2 HISTOIKE NATURELLE.
plus trapues, par la teinte générale du plumage, de couleur de
café-au-lait clair. Les vieux sont d'un isabelle-blanchâtre. Les
plumes des ailes et des parties inférieures, sont toujours arrondies
à leur bout, tandis qu'elles sont pointues chez les autres. La
collerette est plus fournie de plumes effilées.
Nous en avons possédé un individu qui était tout-à-fait couleur
de suie, sans la moindre tache. Le Chasse -Fiente vit sur les
montagnes des contreforts du Ganigou, dans les bois des environs
de la Tour de Batère.
GENRE DEUXIÈME.
Catharte, Cathartes, Temm.
Caractères. — Bec droit, long, comprimé, mince,
entouré à sa base d'une cire atteignant la moitié du bec;
mandibule supérieure renflée vers la pointe et crochue;
l'inférieure plus courte , obtuse à sa pointe ; narines
longitudinalement fendues, larges et percées de part
en part.
1. Catharte alimoche, Cathartes percnopterus, Temm.
Cette intéressante espèce, décrite comme étant de Nonvége et
d'Egypte, est commune dans les montagnes calcaires qui nous
séparent du département de l'Aude (les Corbières) et sur les
Albères, où elle se reproduit. Vers la fin de l'été, les jeunes se
répandent dans nos plaines, où ils trouvent une nourriture plus
abondante que sur les montagnes : ils se plaisent à voler le long
des cours d'eau. On voit souvent les vieux, qu'on reconnaît de
suite à leur plumage, venir voler le long de nos rivières pendant
le temps qu'ils élèvent leurs petits. C'est probablement l'appât
des cadavres d'animaux qu'on y jette habituellement, qui les
attire dans ces lieux.
oiseaux. 103
GENRE TROISIÈME.
Gypaète, Gypaëtus , Stor.
Caractères. — Bec fort, long; mandibule supérieure
exhaussée vers la pointe, qui se courbe en crochet; un
bouquet de poils raides sous la mandibule inférieure
formant une barbe; narines transversales, cachées sous
des poils raides dirigés en avant; pieds courts; tarses
emplumés jusqu'à la racine des doigts; ongles faibles,
peu crochus.
1. Gypaète barbu, Gypaëtus barbatus , Cuv.; en catalan
Trencalôs (Casseur d'os).
C'est le plus grand des Oiseaux de proie de l'ancien monde.
Il choisit les lieux les plus escarpés de nos montagnes, et par
conséquent les moins fréquentés. La Roca de Nos, dans les environs
de Villefranche, point inaccessible, voit tous les ans ce Vautour
y élever sa famille. Les gorges retirées du Bac de Bolquère, les
roches à l'entrée de la vallée d'Eyne, sont les endroits qu'il choisit
encore. C'est le véritable Trencalôs de Barrère (Casseur d'os).
Il a l'habitude, lorsqu'une charrogne est dépouillée de ses chairs,
d'en prendre les os avec ses serres, de s'élever à une hauteur
prodigieuse, et de les laisser tomber sur les rochers, où ils se
brisent ; alors il s'abat sur ces éclats , qu'il avale et qu'il digère
parfaitement. J'ai nourri un de ces Gypaètes pendant, longtemps,
et je me suis convaincu que ce n'est pas la faim qui lui fait choisir
cette nourriture : il paraît qu'elle lui est nécessaire pour exercer
les forces de son estomac; car, bien qu'il eût d'autres aliments,
il donnait souvent la préférence à des fémurs et à des tibias que
j'avais cassés. Lorsqu'il était nourri avec des os seulement, il
buvait beaucoup, et ses excréments étaient très-durs: ils ressem-
blaient à de la craie (album grecum). Cet animal était très-privé,
et ne faisait aucun mal, à moins <|ii'on ne l'irritât.
104 HISTOIRE NATURELLE.
M. Fournols, de Villefranche , avait privé un Gypaète barbu,
qu'il gardait depuis trois ans. Cet Oiseau allait , pendant le jour,
sur la montagne et revenait la nuit chez son maître. Il ne man-
quait jamais de monter à la citadelle à dix heures du matin et
à quatre heures du soir, parce que c'était l'heure des repas des
militaires, qui lui donnaient à manger. Lorsque, dans les rues
de la ville, il voyait les soldats revenir de la distribution de la
viande, il cherchait à leur barrer le passage en étendant ses
ailes, et en criant comme si on l'eût irrité; on lui jetait un débris
qu'il dévorait aussitôt, et laissait passer l'escouade.
Je n'ai jamais vu cet animal se jeter sur la proie vivante, quoi-
qu'il fût pressé par la faim. Je l'ai laissé jeûner exprès, et j'ai mis
avec lui des Lapins, des Chats, des Poules; il n'a jamais osé les
attaquer, tandis qu'il se jetait avec voracité sur leur cadavre, dès
qu'on lui en présentait un.
La domesticité influerait-elle sur son courage?
Cuvier dit, cependant, qu'il attaque les Agneaux, les Chèvres,
les Chamois, et même, à ce que l'on dit, Içs Hommes endormis; on
prétend qu'il lui est arrivé d'enlever des enfants.
Tout cela est bien hasardé; et, malgré la force de ce Vautour,
je crois qu'il n'attaque pas les animaux vivants, et encore moins
l'homme.
Il est probable que ces Vautours étaient plus répandus sur nos
montagnes, lorsqu'elles étaient moins fréquentées et plus garnies
de forêts; car certaines localités conservent encore la dénomi-
nation de Roche des Vautours (Roc dels Voltors). En Capcir, on
croit encore qu'une partie de la peau du jabot, appliquée sur la
région épigastrique, relève les forces de l'estomac et donne de
l'appétit. Je n'ai pas besoin de dire qu'on ne doit pas ajouter foi
à de pareilles erreurs, que la crédulité et l'ignorance des peuples
perpétue.
Cette espèce hiverne dans le département.
OISEAUX. 105
GENRE QUATRIÈME.
Faucon, Falco, Lin.; en catalan Falco , Tagarrot,
Xuriguer.
Caractères. — Tête couverte de plumes; bec crochu,
souvent courbé dans sa base. Chez les uns, les tarses
sont emplumés, chez les autres, couverts d'écaillés;
ongles très-crochus et mobiles; narines latérales, ouver-
tes, arrondies ou ovoïdes, percées dans la cire. La
femelle est généralement plus grande que le mâle; et
c'est à cause de cela que ce dernier est désigné sous le
nom de Tiercelet.
lre Division. — Faucons proprement dits.
Oiseaux de rapine nobles. Leur port, l'ensemble de
leurs formes et les mouvements qu'ils exécutent, portent
les indices de leur manière de vivre et de se nourrir,
différentes de celles propres aux Vautours, aux Cathartes
et aux Gypaètes. La force et la ruse forment les apanages
de cette grande famille de Rapaces. Ils sont pourvus
d'armes offensives que les genres d'Oiseaux de rapine
ignobles, n'ont point reçues en partage; les moyens de
vol, de préhension et de vision des uns et des autres,
sont aussi très-différents. Ils portent de chaque coté de
la mandibule supérieure, une et quelquefois deux échan-
crures ou dents. Le courage qu'ils mettent à poursuivre
une proie les a fait longtemps rechercher pour la chasse
au vol. Le nom d'Oiseaux de proie nobles, qui leur a été
donné, leur vient probablement de la prérogative attachée
autrefois au droit de fauconnerie, prérogative dont la
seule noblesse était en possession. Celte chasse, en
100 HISTOIRE NATURELLE.
Europe, n'est plus usitée que dans quelques provinces
de l'Allemagne , où l'on voit encore des Jockeis-Clups
faire leurs délices de la chasse au Faucon.
1. Faucon gerfaut, Falco islandicus, Lath.
De passage, au printemps, dans notre pays de la plaine. Il n'y
séjourne pas beaucoup; se tient dans les lieux couverts, nos
olivettes surtout; il fait sa nourriture de petits Quadrupèdes,
des Oiseaux, sur lesquels il s'élance avec une rapidité étonnante,
le plus souvent en se laissant tomber en ligne perpendiculaire
sur la proie qu'il a découverte, et qu'il emporte dans ses serres
pour aller la dépecer dans un lieu sûr.
2. Faucon lanier, Falco lanarius, Lin.
On le voit, presque tous les ans, dans nos plaines boisées,
mais en petit nombre. 11 vit aussi de proie vivante; il fait la
cbasse aux petits Oiseaux.
o. Faucon pèlerin, Falco peregrinus, Lin.
Habite ordinairement nos régions élevées; quelquefois, il des-
cend dans la plaine. Il est fort, trapu; son courage et sa vigueur
le rendent redoutable; il attaque la proie de front et la terrasse.
Il rôde souvent autour des maisons de campagne voisines des fo-
rêts pour y saisir les Poules et les Pigeons qu'il emporte dans ses
serres. Nos paysans l'appellent Menge Ga/Jmes(Mangeur de Poules).
i. Faucon hobereau, Falco subbuteo, Lath.; en catalan
Falco de las mostaxes nègres.
Le Hobereau est très-commun dans nos contrées; il niche dans
les trous des hautes tours et des fortifications, dans les rochers
inaccessibles des contrées basses des Corbières; nous le voyons
en toute saison. Il se nourrit de petits Oiseaux; il poursuit les
volées de Pinsons dans nos olivettes, ainsi que les Alouettes; les
Grives même sont aussi attaquées par cet Oiseau.
01SLAUX. 10"
5. Faucon émérillon, Falco œsalon, Temm.; en catalan
Petit Falco.
Cette espèce est très-commune dans nos environs; elle est aussi
la plus petite que nous ayons vue, et pourtant elle est très-intrépide
à la chasse des Alouettes et d'autres petits Oiseaux. Elle se repro-
duit dans ce pays; elle niche sur le haut des arbres et dans les
trous des vieux murs.
6. Faucon cresserelle, Falco tinnunculus, Lin.; en catalan
Muxet.
La Cresserelle abonde dans notre contrée ; elle habite les murs
des fortifications de la citadelle et les premiers étages de nos
montagnes; elle fait une chasse acharnée aux petits Oiseaux, aux
Souris, Mulots, Grenouilles, Lézards et Hannetons. Elle se soutient
longtemps dans l'air à une grande élévation , en répétant un cri
très-aigu, et se laisse tomber comme la foudre sur la proie qu'elle
a guettée. Cette espèce se reproduit dans ce pays ; elle varie
beaucoup dans les couleurs de son plumage, suivant l'âge.
7. Faucon cresserellette, Falco tinnunculoïdes, Natter.
Cette espèce est très-rare ; elle ressemble assez à la Cresse-
relle, quoique pourtant plus petite; mais ce qui la distingue d'une
manière constante, ce sont ses ongles qui sont blancs, tandis qu'ils
sont noirs dans la Cresserelle. Se tient habituellement dans les
montagnes arides et calcaires de Saint-Anloine-de-Galamus.
Sa nourriture consiste en Insectes.
8. Faucon à pieds rouges ou kobez, Falco rufipes, Beclist.
Le Faucon-Kobez est assez rare. Nous passons quelques années
sans le remarquer; et son apparition n'a lieu qu'accidentellement.
Toutefois, cette espèce est portée abondamment à notre marché
dans certaines circonstances. Nous ne pensons pas qu'elle niche
dans la contrée, quoique nous l'ayons observée aussi bien au
printemps qu'en automne. Elle fréquente d'ordinaire les jardins,
108 HISTOIRE NATURELLE.
où elle doit être attirée par le nombre d'insectes qui s'y trouvent,
et dont elle fait sa principale nourriture. Ce sont les jardiniers
qui l'apportent au marché. Ils reconnaissent, au cri aigu qu'elle
fait entendre, le lieu où elle se pose dans les jardins: ordinai-
rement c'est au sommet des grands arbres. Nous n'avons pas
vu d'Oiseau dont le plumage soit plus changeant; il n'y en a pas
deux qui se ressemblent d'une manière complète, si ce n'est par
les pieds et le tour des yeux qui sont constamment rouge-cramoisi.
2me Division. — Aigles proprement dits.
« L'Aigle , dit Buffon , est le roi des Oiseaux. Il a
plusieurs convenances physiques et morales avec le Lion :
la force , et par conséquent l'empire sur les autres
Oiseaux, comme le Lion sur les Quadrupèdes, la magna-
nimité. Ils dédaignent l'un et l'autre les petits animaux
et méprisent leurs insultes; ce n'est qu'après avoir été
longtemps provoqué par les cris importuns de la Corneille
ou de la Pie, que l'Aigle se détermine à les punir de
mort C'est de tous les Oiseaux, celui qui s'élève le
plus haut et dont le vol est le plus rapide. »
Caractères. — Bec fort, assez long, ne se courbant
point subitement dès sa base; pieds forts, nerveux;
tarses nus ou couverts de plumes; doigts robustes,
armés d'ongles formidables et très-courbés. Les Aigles
sont la terreur des habitants de l'air, autant par la
puissance de leur vol , que par leurs armes redoutables :
ils poursuivent la proie à tire-d'aile; la saisissent avec
les serres, l'apportent encore palpitante à leurs petits,
et la déchirent devant eux pour les nourrir. L'Aigle vit
du produit de sa chasse, et ce n'est que bien rarement
qu'il touche aux cadavres.
OISEAUX. 409
i. Aigle impérial, Falco imperîalis, Temm.; en catalan
Aliga coronada.
Tous ces grands Oiseaux de proie deviennent très-rares dans
le pays. La destruction de nos grandes forêts, et la fréquentation
par l'homme des lieux retirés où ils s'établissent, en sont la prin-
cipale cause. La Cerdagne et le Capcir sont les lieux où on les voit
encore. La vallée de La Vall est aussi fréquentée par cette espèce.
Ils font rarement plus de deux petits; et, s'ils dépassent ce nom-
bre, les autres sont sacrifiés.
2. Aigle royal, Falco fulvus, Lin.; en cat. Aliga nègre.
Cette espèce, moins rare que la première, ne se voit pas com-
munément; elle vit aussi dans les endroits les plus escarpés de
nos montagnes. Elle élève sa famille dans les lieux solitaires;
plusieurs fois nos paysans nous ont apporté de jeunes Aiglons
qu'ils avaient dénichés. Cette espèce devient très-douce par la
captivité : lorsqu'on la garde quelque temps, elle paraît s'attacher
à celui qui la soigne, et ne cherche jamais à lui faire du mal, à
moins qu'on ne l'irrite.
Ce qui distingue l'Aigle Royal de l'Aigle Impérial, c'est que,
dans cette dernière espèce, les plumes scapulaires sont toujours
d'un blanc pur, et cinq écailles recouvrent la dernière phalange
du doigt du milieu, ce qu'on ne voit jamais dans l'Aigle Royal,
qui n'a que trois écailles et aucune plume blanche au scapulaire.
5. Aigle criard, Falco nœvius , Lin.; en catalan Aliga
cri -cri.
Cet Oiseau est fort commun dans le département; il habite les
hautes régions de nos montagnes. Les Albères, Prats-de-Mollô,
Montalba, la Font de Comps, le Capcir sont ses lieux de prédi-
lection. Cet Aigle, quoique d'une assez forte taille, n'a pas le
courage ni la hardiesse des précédentes espèces; cependant, il
se jette sur les basses-cours des maisons de campagne isolées, el
HO HISTOIRE NATURELLE.
enlève les Poules et les Pigeons; mais le cri très-aigu qu'il répète
souvent quand il chasse, donne l'éveil aux métayers, qui le mettent
en fuite en criant et faisant du tapage. Il fait son aire sur les arbres
les plus élevés de nos forêts, ou dans les trous des rochers hors de
portée de l'homme.
J'ai nourri des Aiglons de cette espèce. Ils étaient dans un grand
appartement; et, lorsqu'ils furent assez forts, ils attaquaient
violemment les animaux vivants qu'on leur donnait; les Chats
étaient de suite dévorés. Après les avoir terrassés, ils débutaient
par leur enlever les yeux; leur ouvraient le ventre; en retiraient
le foie, qui était le premier viscère dévoré. Je les ai vus se disputer
ce morceau, qui doit être friand pour eux.
Je mis un Catharte-Alimoche, déjà fort, puisqu'il était âgé de
cinq mois, dans le même appartement des Aigles : il ne fut pas
respecté. Quel fut mon étonnement, le lendemain, de ne voir,
épars sur le plancher, que les os et les plumes de cet animal.
4. Aigle botté, Falco pennatus, Lin.; en catalan Aliga
calsada.
Celte espèce est de passage accidentel; nous la voyons très-
rarement dans cette contrée. On la prendrait facilement pour
une Buse-Patue, parce qu'elle a les pieds emplumés jusqu'aux
doigts; mais on la distingue par le dessus de la queue, qui est
toute brune et sans bandes, et par un bouquet de plumes blan-
ches à l'insertion des ailes. Je ne pense pas qu'elle se reproduise
dans le pays.
o. Aigle Jean le blanc, Falco brachydactylus , Volf.; en
catalan Marsenc.
Pendant le courant du mois de mars, arrive une quantité consi-
dérable d'Aigles de cette espèce; ils planent dans les régions les
plus élevées de l'air. Leur apparition, à cette époque de l'année,
leur a fait donner dans le pays le nom d'Auseils Marsencs (Oiseaux
OISEAUX. 111
de Mars). Nos paysans disent encore que leur arrivée pronostique
la continuation du mauvais temps. Ils se reproduisent dans les
forêts des Corbières, où nous les avons remarqués en été. On les
voit repasser dans le courant de septembre.
6. Aigle balbusard, Falco haliœtus , Lin.; en catalan
Aliga d'eslany.
On prend quelquefois le Balbusard près de nos lacs et près des
rivières bordées par de grands arbres. Il fréquente ces lieux
de préférence, afin de s'approprier sa proie favorite, le poisson.
Il épie l'Instant où il se montre à la surface des eaux; et, au
moment favorable, il se précipite sur cette proie. Nous voyons
cet Aigle pendant l'hiver ; il nous quitte dès que le printemps
arrive.
7. Aigle pigargue, Falco albicilla, Temm.; en catalan
Aliga de mar.
Cette espèce fréquente de préférence les bords des étangs salés
qui touchent à la mer, ainsi que les côtes, lorsque de grands arbres
sont à portée. M. Durand, de Saint-Nazaire, en tua un individu
tout près de l'étang de ce nom. M. Maurice Matthieu, briquetier,
en tua un superbe individu, bien adulte, dans le bois des Routes,
appartenant à M. Jxiume, près de la mer, à Saint-Gyprien.
8. Aigle à tête blanche, Falco leucoœphalus , Lin.; en
catalan Aliga del cap blanc.
Cet Aigle, qui est d'assez forte taille, vit dans les forêts de nos
montagnes, à Mont-Louis, à Prats-de-Mollô ; nous ne le voyons
dans la plaine qu'accidentellement. M. Carlier nous avait envoyé un
superbe individu, très-adulte, qui avait été tué à Axât, dans l'Aude.
9. Aigle Bonelli.
Nous n'avons jamais observé cet Aigle dans notre département
11-2 HISTOIRE NATURELLE.
3me Division. — Autours.
Caractères. — Ailes courtes ; les jambes longues et
écussonnées. L'Autour est cruel, sanguinaire et féroce ; il
attaque impitoyablement les Oiseaux de basse-cour, qu'il
met à mort, et ne se contente jamais d'une seule victime.
1. Autour, Falco palumbarius , Lin.; en catalan Aliga
gallinera.
L'Autour se tient dans les hautes régions, sur les lisières des
bois, et il rôde toujours près des maisons rurales; il descend
rarement dans la plaine.
2. Épervier, Falco nisus, Lin.; en catalan Muxet.
Cet Épervier a un cri désagréable, qu'il fait entendre souvent
lorsqu'il chasse. Les Oiseaux en sont effrayés, et fuient devant lui;
mais il ne se lasse pas de les poursuivre, et il ne les quitte que
lorsqu'il a fait quelque victime. Il niche dans les roches escarpées
de nos hautes montagnes. Il vient souvent chasser sur les terres
de la plaine, et se lient dans les lieux couverts d'arbres.
4me Division. — Milans.
Caractères. — Narines obliques, dont le bord extérieur
est marqué d'un pli ; ailes longues ; queue fourchue ; jam-
bes courtes. Leur vol est majestueux; ils semblent nager
dans les airs.
1. Milan royal, Falco milvus, ïemm.; en catalan Mila,
Tartarassa.
Assez commun dans les forêts des montagnes des Albères;
surtout dans les bois et les gorges de Laroque et de Sorède, où
il se reproduit. Pendant l'hiver, il se répand dans la plaine,
et ne quitte pas le pays.
OISEAUX. 113
"2. Milan noir ou parasite, Falco ater; en catalan Milana
negra.
Cette espèce n'est pas très-répandue. Quand elle paraît, et
c'est toujours accidentellement, on la voit fréquenter les bords
des rivières et des lacs de l'intérieur des terres. On a fait de cet
Oiseau plusieurs espèces , dues à la variété de son plumage aux
différents âges de la vie, variété qui a été cause de plusieurs
erreurs. If. Leisler affirme que celte espèce préfère le poisson à
toute autre nourriture ; il n'est pas étonnant alors de la voir plus
fréquemment au bord des eaux.
5me Division. — Élanions.
Cette division, nouvellement formée par M. Temminck,
ne compte que deux Oiseaux de proie observés depuis
peu en Europe ; ce sont : YElanion Blac et YElanion
Eléonore. Ils n'ont pas été trouvés dans notre départe-
ment.
6me Division. — Buses.
Caractères. — Bec petit, se courbant subitement dès sa
base; pieds robustes, à tarses courts; cuisses culottées.
Ces Oiseaux ont le vol lourd; ils guettent leur proie
placés en embuscade sur un arbre ; leur tête est grosse,
et leur corps massif.
1. Buse commune, Falco buteo, Lin.; en catalan Âligat.
Cet Oiseau ne se voit guère qu'en hiver. Il habite les parties
basses des vallées montagneuses, et ne quitte pas les parties
boisées. Il se pose sur le haut d'un arbre, d'où il épie sa proie.
Il parait slupide, et, malgré cela, il se laisse approcher difficile-
ment, ce qui fait dire à nos paysans, qu'il sent l'odeur de la poudre
comme les Corbeaux.
tomc m. 8
114 HISTOIRE NATURELLE.
2. Buse patue, Falco lagopus, Lin.; en catalan Milana,
Busaroca (prononcez bousaroca).
Répandue dans nos plaines pendant l'hiver, elle se pose souvent
sur les arbres isolés ; fréquente les bois d'oliviers , et y fait la
chasse au petit gibier. Pendant l'été , elle se retire dans les bois
de nos montagnes pour s'y reproduire.
3. Buse bondrée, Falco apivorus , Un.; en cat. Aligat.
C'est du 10 au 15 mai, si le vent du nord souffle avec violence,
qu'on voit arriver cette espèce par bandes nombreuses venant
du sud vers le nord : elle saisit cette époque pour faire la tra-
versée et se répandre dans nos forêts et sur nos montagnes. Le
plumage de cet Oiseau est excessivement varié ; il est de toute
impossibilité d'en donner une description exacte. Lorsqu'il arrive,
il paraît très-fatigué et peu farouche, puisqu'on peut en tuer plu-
sieurs sur le même arbre, sans que les autres tentent de s'envoler.
Il est d'ordinaire très-gras , mais sa chair est coriace et de mau-
vais goût. On en tue énormément dans nos plaines de la Salanque
au moment de son arrivée.
7me Division. — Busards.
Caractères. — Moins lourds et plus rusés que les Buses,
ils ont les pieds à tarses plus longs et minces; corps
svelte; queue longue et arrondie; ailes longues; sai-
sissent leur proie à terre. On les trouve habituellement
dans les marais où croissent beaucoup de joncs et de
plantes élevées.
1. Busard harpaye ou de marais, Falco rufus, Lin.; en
catalan Àligat ciels petits .
C'est toujours dans les contrées marécageuses qu'on trouve
celte espèce, qui ne quitte pas le pays et y est assez commune.
OISEAUX. Hô
On la tire assez difficilement, parce qu'elle ne quitte guère les
marais, où elle fait une grande destruction de Grenouilles et
même des Oiseaux de marais, puisqu'on la voit s'emparer de
ceux qui étaient pris dans les lacets des chasseurs.
2. Busard Saint-Martin, Falco cyaneus, Mont.
5. Busard montagu, Falco cyneraceus, Mont.
Il a fallu les observations de M. Temminck, pour présenter avec
clarté la distinction de ces trois espèces : on ne peut plus les
confondre actuellement. Nous les voyons assez communément
dans cette contrée; le Busard-Saint-Martin, est assez commun;
le Busard-Montagu est beaucoup plus rare.
4. Busard blafard, Falco pallidus, Sykes.
Oiseau de proie connu depuis peu de temps. Il habite l'Espagne,
où il est commun dans certaines contrées. On l'a vu accidentel-
lement dans quelques départements du Midi de la France ; mais
je ne l'ai jamais vu dans les Pyrénées-Orientales.
Oiseaux de proie nocturnes.
GENRE CINQUIÈME.
Chouette, Strix, Lin.; en catalan Cabeca.
Caractères. — Tous les Rapaces nocturnes ont une
physionomie particulière qui les fait distinguer au premier
coup d'œil des espèces diurnes. Tête grande, aplatie,
très-emplumée ; bec comprimé , courbé dès sa racine ;
yeux très-grands, placés dans des orbites larges, entourés
de plumes raides; une membrane clignotante; iris brillant;
pieds couverts d'un duvet jusqu'aux ongles ; plumage
doux et soyeux. Leur vol est peu bruyant.
416 HISTOIRE NATURELLE.
lre Division. — Chouettes proprement dites.
lre Section. — Chouettes accipitrines.
Elles y voient pendant le jour. Cette division , qui se
compose de quatre espèces, Lapone, Harfang, de Loural
et Caparacoch, manque dans ce département; du moins
ces espèces ont échappé à nos recherches.
2me Section. — Chouettes nocturnes.
Elles chassent au crépuscule, et se cachent quand il
fait jour.
1 . Chouette nébuleuse, Strix nebulosa, Lin .
Je dois considérer cet Oiseau comme de passage et très-acci-
dentel, ne l'ayant vu qu'une seule fois dans notre département.
Il fut tué en mars 1830, dont l'hiver avait été si rigoureux.
2. Chouette hulotte, Strix aluco, Mey.; en catalan Oliba
de nit.
Cette Chouette habite les contrées élevées et boisées; elle se
tient pendant le jour dans les creux des arbres ou dans les fentes
des rochers. Son cri est fort et soutenu, et retentit dans la vallée
pendant la nuit. Elle est peu abondante, et ne descend guère
dans la plaine.
5. Chouette effraie, Strix flammea, Lin.; en catalan Xura,
Rut a, Xuca-Oli.
Cette dernière dénomination, qui veut dire buveur d'huile, lui a
été donnée par nos paysans, qui prétendent que, lorsqu'elle peut
s'introduire dans les églises, elle va boire l'huile des lampes.
Ce fait n'est pas fondé ; il est plus probable, qu'habitant constam-
ment les tours des grands édifices et les clochers, la Chouette
pénètre dans les églises pour faire la chasse aux Rats, et non
pour boire l'huile des lampes.
OISEAUX. H 7
C'est dans les trous des murs des vieilles fortifications, des
églises et des clochers, que cette espèce fait son habitation. Elle
se répand dans la campagne, dès que la nuit est venue, pour faire
la chasse aux Rats et aux petits Oiseaux.
A. Chouette chevêche, Strix passerina, Temm.
5. Chouette tengmalm, Strix tengmalmi, Lin.
(En les confondant, on les appelle en catalan Xot petit.)
On confondrait assez souvent ces deux espèces, si on n'apportait
toute son attention sur la disposition des poils qui recouvrent les
tarses. La Chevêche a les doigts couverts, à claire-voie, de quelques
poils blancs; la Tengmalm a les tarses et les doigts garnis jus-
qu'aux ongles d'un duvet très-abondant. Elles sont de la même
taille, et la couleur du plumage est la même ; elles ont les mêmes
habitudes, et font leur demeure dans les trous des vieilles ma-
sures ou des vieux troncs d'arbres. Elles descendent, en hiver,
dans les bois d'oliviers de la plaine; et, lorsqu'elles s'aventurent
à sortir de leur retraite pendant le jour, elles sont assaillies par
les Oiseaux, qui, par leurs cris répétés, attirent tous ceux des
environs, et se précipitent sur les Chouettes comme pour les
piquer. Celte scène ne se termine jamais, sans qu'il n'y ait une
victime ; car si quelque imprudent s'approche trop de la Chouette,
elle le saisit et le dévore.
6. Chouette chevèchette, Strix acadica, Lin.
Cette toute petite Chouette vit constamment dans nos bois
d'oliviers de la plaine. Elle se cache dans les trous des souches
des vieux troncs, ou dans les trous des chênes ou de tout autre
arbre; elle est fort commune, et y voit assez pendant le jour
pour faire la chasse aux petits oiseaux. On la prend quelquefois
dans les filets qui sont tendus pour les Pinsons et les Bruants :
lorsqu'on peut la priver, on s'en sert avantageusement pour
chasser les petits oiseaux.
118 HISTOIRE NxVTURELLE.
2mc Division. — Chouette-Hibou; en catalan Xot banyut,
Chouette cornue (prononcez chot baniout).
Caractères. — Tous les Hiboux sont des Oiseaux de proie
nocturnes. Ils chassent au crépuscule ou au clair de lune;
leurs yeux sont éblouis par le grand jour. Ils ne diffèrent
des Chouettes proprement dites, que par deux bouquets
de plumes placés plus ou moins avant de leur front, et
qui sont capables d'érection.
1. Hibou brachyote, Strix brachyotos, Lath.
Sa grande ressemblance avec la Hulotte , avait fait classer ce
Hibou parmi les Chouettes; mais les petites plumes du front,
qu'il redresse en forme de cornes, lui assignent sa place parmi
les Hiboux. Il fréquente les champs ombragés de la plaine, et au
commencement du printemps on en prend quelques sujets,
2. Hibou grand duc, Strix bubo, Lin.; en catalan Son-
guer, Mussol, Gamarous.
Très-répandu dans les forêts de nos montagnes, qu'il fait re-
tentir de son cri lugubre, il fréquente les taillis de la plaine pendant
l'hiver. Il fait sa première nichée de très-bonne heure. Nous avons
vu, en mars, déjeunes Ducs avec presque tout leur plumage; il
niche dans les creux des rochers de nos basses montagnes. La chair
de cet animal est blanche, tendre et d'un goût agréable.
5. Hibou moyen duc, Strix otus, Lin.
Le Moyen-Duc est fort répandu, au printemps et en automne,
dans tout le département; il fréquente les propriétés voisines des
bois, est fort gras dans cette dernière saison, et sa chair est d'un
goût fort délicat.
4. Hibou petit duc, Strix scops, Lin.; en catalan Xot.
Le Scops est commun en toute saison, ce qui prouverait qu'il
OISEAUX. 110
est sédentaire dans ce pays. Perché sur les arbres des promenades,
des jardins et près des maisons rurales, il fait entendre, la nuit,
son cri plaintif, qu'il répète souvent, sur divers tons, et qui imite
le miaulement des petits Chats; il niche dans les creux des arbres.
Les espèces qui composent cette seconde division, sont toutes
assez répandues dans notre département; elles s'y reproduisent,
et, lorsqu'on connaît l'endroit où le Grand-Duc, surtout, établit
sa famille, on est sûr d'y trouver du bon gibier. C'est ainsi qu'un
homme du Perthus, avait l'adresse de visiter souvent un de ces
nids; de nourrir les jeunes Ducs avec de la mauvaise viande, et
d'en retirer des Lapins et des Perdrix que les vieux apportaient
à leurs petits.
DEUXIEME ORDRE.
OMNIVORES.
Caractères. — Bec médiocre, fort, robuste, convexe et
tranchant sur les bords, un peu courbé vers la pointe;
mandibule supérieure plus ou moins échancrée à la pointe;
ailes médiocres , à pennes terminées en pointe ; pieds à
quatre doigts, trois devant, un derrière.
Ainsi que l'explique leur dénomination, ils vivent de
toute sorte de nourriture; leur chair est dure, coriace
et de mauvais goût.
GENRE SIXIÈME.
Corbeau, Corvus. Lin.; en catalan Gorb ou Corbas.
Caractères. — Bec droit à la racine, gros, comprimé sur
les côtés, courbé vers la pointe, tranchant sur les bords;
narines basales, ouvertes, cachées par des poils dirigés
en avant. Ces Oiseaux ont l'odorat très-lin ; défiants à
120 HISTOIRE NATURELLE.
l'excès, ils savent éviter tous les pièges. Une nourriture
quelconque, leur convient : ils rendent de grands services
aux cultivateurs, en détruisant dans les champs les larves
des insectes.
4 re Section. — Corbeau proprement dit.
1. Corbeau noir, Corvus corax, Lin.
Cette espèce vit toujours isolée. On voit ces Corbeaux voyager
par paires dans les terres de la plaine, pour y chercher leur pâture;
ils nichent sur les rives élevées des cours d'eau. Jetle-t-on une
charogne à la voirie, on les voit, par troupes très-nombreuses,
se disputer sa chair, et se livrer des batailles terribles, à coups de
bec et avec les ailes; ils la disputent quelquefois aux Chiens qui
viennent leur en dérober quelques morceaux.
2. Corneille noire, Corvus corone, Lin.; en cat. Graula.
Les Corneilles ne paraissent sur nos terres, qu'à l'approche du
mauvais temps ; elles sont très-abondantes en hiver, et elles le
sont d'autant plus que cette saison est plus rigoureuse. Pendant
les frimats, on en voit passer des bandes qui étonnent l'imagina-
tion , allant du nord au midi ; et , dès que la température se met
au beau, nous les voyons repasser en sens inverse.
Cette espèce, qu'il ne faut pas confondre avec le Corbeau noir,
est très-recherchée de nos paysans, qui la trouvent excellente,
et dont ils font la soupe.
3. Corneille mantelée, Corvus cornix, Lin.; en catalan
Gorb calvo (Corbeau vieillard).
Cette espèce a le cou et tout le corps d'un beau gris-cendré ; son
plumage varie accidentellement; il est alors presque entièrement
blanc ou presque totalement noirâtre.
La Corneille noire et la Corneille mantelée s'allient quelquefois,
et produisent des métis qui tiennent de l'une et de l'autre espère.
OISEAUX. 121
Ceci a lieu dans les contrées méridionales ou orientales de l'Eu-
rope où la Corneille noire est rare ; mais on n'en trouve point
d'exemple dans les pays où les deux espèces sont communes.
La Corneille mantelée est très-rare dans le département; on
ne la voit qu'au moment de l'année où les bandes de Corneilles
noires traversent le pays. Leurs plumes blanches font dire à nos
paysans que c'est un Corbeau très-vieux.
4. Corbeau freu, Corvus frugilegus, Lin., j en catalan
5. Corbeau choucas, Corvus monedula, Lin.,) Graula.
Ces deux espèces nous arrivent avec les grandes bandes de
Corneilles, quand elles font leur voyage du nord au midi. Il en
reste toujours quelques-unes dans nos plaines; mais les deux
espèces y sont toujours fort rares.
Les Corbeaux Leucophée et Chouc n'ont pas été obser-
vés dans le département.
GENRE SEPTIÈME.
Garrule, Garrulus, Briss.
2me Section. — Pies.
Caractères. — Queue très-longue, le plus souvent conique.
La section qui comprend les Pies, dit Temminck, est assez
bien caractérisée, par la forme de la queue, de celle des
Corbeaux proprement dits; mais elle l'est si peu de la
troisième section , qui se compose des Oiseaux vulgai-
rement connus sous le nom de Geais, que cette division
devient presque conventionnelle, et ne peut être déter-
minée par des caractères rigoureux.
1. Pie ordinaire, Corvus ■pica, Lin.; en catalan Margot,
Garsa.
'122 HISTOIRE NATURELLE.
La Pie , très-commune dans les départements de l'Aude et de
l'Ariége, qui nous avoisinent, se voit très-rarement dans le nôtre.
Je ne sais si les montagnes calcaires et très-arides qui nous sépa-
rent d'un côté, et les grands lacs qui bordent la Méditerranée de
l'autre, sont un obstacle à leurs excursions; il est de fait qu'on
voit très-rarement des Pies dans les Pyrénées-Orientales. On en
voit quelquefois de toutes blanches.
On élève facilement cet Oiseau, qui apprend à répéter certains
mots; il devient incommode par son inclination naturelle à
dérober tout ce qui reluit, et à le cacher dans un trou de
muraille. Tout le monde connaît l'histoire de la Pie voleuse, et,
dans chaque contrée, on a un conte, vrai ou faux, à débiter sur
cet Oiseau.
3me Section. — Geais.
Caractères. — Queue égale ou légèrement arrondie.
1. Geai glandivore, Corvus glandarius, Lin.; en catalan
Gatx, Gralla.
Le Geai se reproduit dans les parties basses de nos montagnes,
et habite les bois fourrés qui en occupent les sommets. Il descend
en hiver dans la plaine, où il ne séjourne pas longtemps; il
fréquente de préférence les propriétés garnies de grands arbres
situées le long des Albères.
GENRE HUITIÈME.
Casse-Noix, Nucifraga, Briss.
Caractères. — Bec en cône, long, droit et effilé à la
pointe; mandibule supérieure arrondie, sans arête sail-
lante, plus longue que l'inférieure, toutes deux terminées
en pointe obtuse et déprimée; narines basales cachées
par des poils dirigés en avant.
OISEAUX. 123
1. Casse-Noix, Nucifraga caryocatactes, Briss.
Il est Irès-rare dans le département ; on le voit par intervalles
très-éloignés; il est donc de passage très-accidentel, et n'apparaît
que dans les hivers rigoureux.
GENRE NEUVIÈME.
Pyrrhocorax , Pyrrhocorax, Cuv.
Caractères. — Bec médiocre, un peu grêle, plus long que
la tête , arrondi , arqué et pointu ; pieds forts , robustes ;
doigt intermédiaire soudé à la base avec l'interne ; ongles
forts, arqués; ailes longues. Il a les mêmes habitudes
que les Corbeaux ; il vit sur les montagnes ; se nourrit de
toutes sortes d'aliments; se réunit en grandes troupes.
Ses cris, son vol, ses mouvements sont les mêmes
que ceux des Choucas; il niche dans les crevasses des
rochers.
1. Pyrrhocorax choquard, Pyrrhocorax pyrrhocorax, Cuv.
2. Pyrrhocorax coracias, Pyrrhocorax gracidus, Temm.;
en catalan Gratta à bec grog et Gratta à bec rotj.
Ces deux espèces se tiennent constamment dans les régions
élevées du département, où elles se reproduisent. Il faut que
l'hiver soit bien rigoureux, pour qu'elles paraissent dans la
plaine. Les environs de Mont-Louis et de la Cerdagne, voient
ces Oiseaux presque toute l'année. Les crevasses de La Fou de
Cortsavi, sont aussi peuplées de ces deux espèces, qui vivent
en famille et en bonne intelligence dans cette vaste horreur.
On élève facilement ces Oiseaux, et ils ont un grand attachement
pour celui qui leur donne des soins. Les propriétaires de l'éta-
blissement thermal du Vernet en avaient nourri deux, qui vivaient
en pleine liberté dans les prairies et jardins de cette belle vallée.
124 HISTOIRE NATURELLE.
Us allaient sur la montagne, et on les voyait quelquefois se battre
dans les airs avec d'autres Corneilles; mais, aussitôt que leur
maître les rappelait, en imitant leur cri, ces Oiseaux descendaient
à tire-d'aile, et venaient se poser sur son épaule, en lui béque-
tant la figure.
Il serait difficile de distinguer les deux espèces, si la couleur
constante du bec, qui est rouge-cramoisi chez l'une, et jaune-
citron chez l'autre, ne les désignaient suffisamment.
GENRE DIXIÈME.
Jaseur, Bombycivora.
Ce genre se compose d'une seule espèce. Cet Oiseau
n'a pas été observé dans notre département.
GENRE ONZIÈME.
Rollier, Coracias, Lin.
Caractères. — Bec fort, comprimé vers le bout, plus haut
que large, droit, tranchant, crochu vers la pointe; narines
basales percées diagonalement, à moitié fermées par une
membrane garnie de plumes; doigts du pied entièrement
divisés; ailes longues.
i. Rollier vulgaire, Coracias garrtda, Lin.; en catalan
Gralla blava.
Les belles couleurs aigue-marine et bleu -clair se partagent la
livrée de cet Oiseau , et le font de suite distinguer : le dos et le
scapulaire sont fauves ; ses habitudes sont farouches. Se tenant
toujours à l'abri dans les fourrés des bois de nos montagnes, il est
difficile à chasser; si on en tue quelqu'un, c'est qu'on le surprend
dans sa retraite. Rarement, cet Oiseau se montre à découvert;
mais, au moment où ses petits sont nés, il brave les périls pour
OISEAUX. 1-2,*)
pourvoir à leur subsistance. Les bois des Albères et des environs
de Saint-Laurent-de-Cerdans, sont les parties du département
où on le Toit en plus grand nombre.
GENRE DOUZIÈME.
Loriot, Oriolus, Temm.
Caractères. — Bec en cône allongé, comprimé et tran-
chant, avançant un peu vers les plumes du front; narines
basales nues, percées horizontalement dans une grande
membrane ; pieds ayant trois doigts devant et un derrière,
celui du milieu soudé à la racine avec l'interne; ailes
médiocres.
\. Loriot vulgaire, Oriolus galbula, Lin.; en catalan Oriol,
Oropendola, Menje- Figues.
La couleur dominante du plumage des mâles est le jaune, et
ce caractère est constant chez le plus grand nombre des espèces
exotiques connues. Le Loriot vit solitaire; on le voit apparaître
dans les premiers jours du printemps. Il habite nos montagnes;
on le trouve communément aux environs de Prades, Oms, Llauro;
et, quand il a terminé ses couvées, il reparait dans la plaine. Il
est alors très-gras; sa chair est fine et délicate, et nos marchés
en sont approvisionnés.
GENRE TREIZIÈME.
Étourneau, Sturnns, Lin.
Caractères. — Bec médiocre, droit, longicône, déprimé,
à pointe obtuse et un peu aplatie; narines basales à moitié
fermées par une membrane voûtée; pieds, doigt intermé-
diaire réuni à sa base avec le doigt extérieur; ailes longues.
12t) HISTOIRE NATURELLE.
1. Étourneau vulgaire, Sturnus vulgaris, Lin.; en catalan
Estomell.
Les Étourneaux arrivent, comme les Grives, dans notre dépar-
tement, à la fin de septembre ; ils y passent l'hiver d'assez bonne
intelligence avec les Vanneaux, dans nos prairies humides et
fréquentées par le bétail ; ils nous quittent aux approches de la
belle saison. Quelquefois, ils se présentent par bandes très-
considérables; et, lorsqu'ils se jettent ainsi sur une olivette ayant
ses fruits mûrs, ils y font un mal immense. Nos cultivateurs expé-
rimentés, prétendent que cet Oiseau pillard emporte avec lui trois
olives : une au bec et une à chaque griffe. La couleur de leur
plumage est très-variée. Leur chair est dure et un peu amère.
2. Étourneau unicolore, Sturnus unicolor, Marm.
Cette espèce, originaire de l'île de Sardaigne, n'émigre jamais,
et reste constamment dans les lieux qui l'ont vue naître. Cepen-
dant, cette règle n'est pas sans exception; car, en 1837, il en fut
tué un sujet dans les environs de Perpignan, au milieu d'une
bande d'Étourneaux vulgaires. C'est le seul individu que j'aie vu;
il est donc d'un passage très-accidentel.
GENRE QUATORZIÈME.
Martin, Pastor, Temrainck.
Caractères. — Bec en cône allongé, très -comprimé,
convexe en-dessus; mandibule supérieure un peu incli-
née à la pointe; narines basales ovoïdes, à moitié fer-
mées par une membrane garnie de plumes; pieds forts;
ailes moyennes.
Le plus grand nombre des espèces portent des orne-
ments accessoires à la tête, soit huppes, soit caroncules.
L'espèce d'Europe, la seule que nous avons, porte une
OISEAUX. 127
huppe de plumes effilées sur la tête, qui se rabat sur le
derrière de la nuque.
1. Martin roselin, Pastor roseus, Tem.; en catalan Merle
rose hupat.
Cette espèce est rare, quoique de passage assez régulier.
Elle avait été déjà observée par M. Barrère, médecin, à Prades.
M. Charles Miquel en a tué plusieurs individus au territoire
d'Àrgelès, où on la voit régulièrement tous les ans. Elle paraît
franchir nos montagnes par la vallée de La Vall, qui débouche
en Espagne. Prend-elle cette route dans sa migration?
En juin 1837, deux individus furent tués, sur cinq dont se
composait la bande ; des deux qui restèrent sur place , l'un était
une femelle, et l'autre un jeune sujet. Ce fait me porterait à
croire que cette espèce se reproduit dans notre département;
mais, manquant d'observations précises, je n'oserais l'affirmer.
Depuis lors, on m'a apporté plusieurs sujets pendant l'été, parmi
lesquels il y en avait toujours de jeunes. Ceci confirmerait ma
première opinion; mais, je le répèle, je n'ai pas d'observation
précise pour l'affirmer.
TROISIEME ORDRE.
INSECTIVORES.
Caractères,' — Bec médiocre ou court, droit, arrondi,
faiblement tranchant ou en alêne; mandibule supérieure
courbée et échancrée vers la pointe , le plus souvent
garnie à sa base de poils rudes dirigés en avant; pieds
à trois doigts devant et un derrière, articulés sur le
même plan, l'extérieur soudé à sa base et uni jusqu'à
la première articulation au doigt du milieu.
1:28 BISTOIRE iNATUHELLE.
GENRE QUINZIÈME.
Pie-Grièche, Lanius, Lin.; en catalan Margassa, Escanya
bruxot.
Caractères. — Bec médiocre, robuste, droit, très-com-
primé; mandibule supérieure courbée vers la pointe, où
se forme un crochet, base garnie de poils rudes dirigés
en avant; narines latérales, à moitié fermées par une
membrane voûtée; pieds à tarse plus long que le doigt
du milieu; trois doigts devant, un derrière, entièrement
divisés.
Petits Oiseaux de rapine, les Pie-Grièches se distin-
guent par leur courage et par leur cruauté. Leur proie,
qu'elles saisissent et emportent avec le bec, consiste
principalement en gros insectes; mais elles attaquent aussi
les petits oiseaux, et les déchirent en se servant de leurs
doigts comme moyen de préhension. Elles demeurent et
nichent habituellement sur les arbres et dans les bois
de la plaine, quelquefois dans les grands buissons.
Cinq espèces se reproduisent dans le département;
elles ne quittent point nos contrées, et on les y voit en
toute saison.
1. Pie-Grièche grise, Lanius excubitor, Lin.; commune.
2. Pie-Grièche méridionale, L.meridionalis, Tem.; rare.
5. Pie-Grièche à poitrine rose, L.minor, Lin.; très-rare.
4. Pie-Grièche rousse, L. rufus, Briss.; commune.
5. Pie-Grièche écorcheur, L. colluris, Briss.; très-rare.
Celte dernière espèce est la plus rare de cette famille. Le nom
de Bourreau, qu'on donne à la Pie-Grièche écorcheur, lui vient de
l'habitude qu'elle a de suspendre, entre l'enfourchement de deux
branches, les petits oiseaux et les lézards qu'elle a saisis. Quand
OISBAUX. 1-29
elle prend de gros insectes, tels que des Ateudms, des Seura-
beus, des Melolontes, elle les embroche aux épines des buissons.
Le nom de Bourreau (lo Bureu), lui a été également donné par
nos paysans.
GENRE SEIZIÈME.
Gobe-Mouches, Musicapa, Lin.; en catalan Beca-Figues,
Pela-Figues ( Bectigue ) .
Caractères. — Bec médiocre, déprimé à la base, com-
primé vers la pointe, qui est forte, garni de poils raides à
la base; narines latérales ovoïdes; pieds ayant trois doigts
devant et un derrière, l'ongle de ce dernier très-arqué.
Quatre espèces de Gobe-Mouches sont connues en Eu-
rope : toutes les quatre sont de passage dans ce dépar-
tement, et s'y reproduisent. Elles habitent les bois de nos
montagnes, et descendent dans la plaine dès les premiers
froids de septembre. La nourriture des Gobe-Mouches
consiste en insectes et en petites mouches , qu'ils attra-
pent en voltigeant de branche en branche ou en rasant
la terre.
1 . Gobe-Mouches gris , Musicapa grisola , Linné ; très-
commun.
2. Gobe-Mouches à collier, Musicapa albicollis, Temm.;
commun.
3. Gobe-Mouches becfigue, Musicapa luctuosa, Temm.;
très-commun,
i. Gobe-Mouches rougeâtre, Musicapa parva, Besc; rare.
C'est au commencement du printemps, que nous arrivent les
Gobe-Mouches par bandes considérables. Ils quittent bientôt la
plaine, pour aller sur nos montagnes passer la belle saison, où ils se
10MR m. 9
130 HISTOIRE NATURELLE.
reproduisent; mais, vers la fin d'août, ils rentrent dans nos vergers
et potagers, où ils trouvent une nourriture abondante. Ils s'agitent
beaucoup, et sont d'une agilité étonnante : ils ne restent pas un
moment en place ; leur queue, leurs ailes sont toujours en mou-
vement. C'est à leur rentrée qu'on leur fait une guerre acharnée :
ils sont alors très-gras, et leur chair, fort délicate , est estimée
comme celle de tous les Becs-Fins. C'est aux savantes obser-
vations de M. Temminck , que nous devons la connaissance des
caractères qui distinguent tous ces oiseaux, qu'au premier abord
on confond ensemble, tant leur plumage se ressemble.
GENRE DIX-SEPTIÈME.
Merle, Turdus, Lin.
Caractères. — Bec médiocre, tranchant, jamais crochu;
mandibule supérieure échancrée vers la pointe; narines
basales, latérales, ovoïdes; pieds, trois doigts devant, le
doigt extérieur soudé à celui du milieu.
La chair de ces Oiseaux est très-bonne à manger; sa
délicatesse et son parfum la fait rechercher pour nos
tables. Ces Oiseaux vivent tantôt solitaires, tantôt réunis
en famille ; ils émigrent au printemps , et reviennent en
automne; quelques-uns sont sédentaires et se repro-
duisent dans nos bois.
Les insectes sont leur principale nourriture ; ils recher-
chent les baies sauvages et les vers. On les a séparés
en deux sections.
lie Section. — Sylvains.
Nichent et vivent dans les bois; fréquentent de préfé-
rence les lieux fourrés; sont plus frugivores que ceux de
la deuxième section. Leurs voyages se font par grandes
OISEAUX. 131
bandes, el leur nourriture se compose uniquement de
baies ; mais pendant l'éducation des jeunes , les insectes
sont alors leur principal aliment.
i. Merle draine ou Grive, Turdus viscivorus, Lin.
2. Merle litorne ou Grive, Turdus pilaris, Lin.
Ces deux espèces sont appelées en catalan Grives.
Les Merles Draine et Litorne nichent sur les arbres des forêts
de pins de nos montagnes; lorsque le froid les chasse de ces lieux,
ils se répandent dans la plaine.
5. Merle Grive ou Tourd, Turdus musicus, Lin.; en ca-
talan Tort.
4. Merle Mauvis, Turdus iliacus, Lin.; en catalan Tort,
Ala rotj.
Ces deux espèces sont très-recherchées. Après la vendange,
elles sont très-grasses; on en prend snr la lisière des bois des
masses considérables, qu'on porte au marché, où elles se vendent
très-bien.
Les Merles Grive et Mauvis n'habitent notre département que
pendant l'hiver; ils nous quittent à la belle saison pour aller
nicher, avec les Étourneaux et les Ramiers, sur les tours et les
édifices de la Vieille-Castille. J'ai vu, du côté de Guadalajara,
prendre, en été, dans des trous pratiqués exprès sur les clochers,
quantité de jeunes Grives el d'Étourneaux; ils étaient très-gras,
et avaient une chair très-délicate.
5. Merle à plastron, Turdus torquatus , Lin.; en catalan
Merta de montanya.
Le Merle à plastron niche sur nos montagnes; il se voit, en
hiver, dans nos plaines; il est asspz rare.
132 HISTOIRE NATURELLE.
6. Merle noir, Turdus merula, Lin.; en catalan Merla et
les jeunes, Merlats.
Cette espèce est très-répandue dans nos forêts et dans les
vergers. Elle ne quitte pas la contrée; son chant est éclatant, et
se fait écouter avec plaisir, surtout lorsqu'il déploie toutes les
ressources de sa voix au milieu d'une nature sauvage ; en capti-
vité, ce n'est plus la même mélodie.
Le Merle au plumage blanc, se voit clans nos hautes régions,
en Capcir et en Cerdagne. M. Canta en avait un, dans sa collec-
tion, qui était café-au-lait.
7. Merle erratique, Turdus migratorius, Temm.; rare.
8. Merle à gorge noire, Turdus atrogularis, Tem.; rare.
Nous avons trouvé des caractères très-différents dans les indi-
vidus de cette dernière espèce; nous pensons qu'ils tiennent à la
différence d'âge. Il paraît qu'elle se reproduit dans le départe-
ment, mais dans les régions élevées; car, la plupart des individus
que nous avons vus, sont de jeunes sujets.
9. Merle Naumann, Turdus Naumanni, Tem.; très-rare.
Les Merles Blafard et à Sourcils-Blancs, n'ont pas été
observés dans les Pyrénées-Orientales.
2me Section. — Saxicoles.
Cette section, qui se compose de deux espèces en
Europe, a été formée pour les séparer des autres Merles.
Leurs habitudes sont tout-à-fait différentes ; ils fréquen-
tent toujours les rochers escarpés des hautes montagnes ;
nichent dans les fentes des rocs, et vivent solitaires. Leur
nourriture se compose uniquement d'insectes; cependant,
ils se rabattent quelquefois sur les baies.
OISEAUX. 133
10. Merle de roche, Turdus saxatilis, Lath.; en catalan
Passera de les Rojes.
1 1. Merle bleu, Turdus cyaneus, Geml.; en catalan Merla
roquer.
Les Merles de Roche et Bleus fréquentent peu nos plaines. Ils
se tiennent constamment dans les lieux solitaires de nos monta-
gnes, sur les roches très-escarpées et fort accidentées par des
torrents, où ils aiment à vivre : c'est-là qu'ils élèvent leur famille,
et les jeunes ne s'éloignent pas beaucoup du lieu qui les a vus
naître ; ils y demeurent longtemps en compagnie de leurs parents.
Le Merle-Bleu est plus répandu dans les parties basses, les lisières
des bois, le bord des vignes. Quand il fait froid, il vient se faire
prendre aux filets tendus pour les Grives , et, en automne, on en
apporte beaucoup sur nos marchés.
GENRE DIX-HUITIÈME.
Cincle, Cinclus, Temminck.
Caractères. — Bec médiocre, tranchant, élevé, comprimé
et arrondi par le bout , finement dentelé sur les bords ;
narines basales, longitudinalement fendues, recouvertes
par une membrane; tête petite, le front long et venant
aboutir aux narines; pieds, trois doigts devant et un
derrière, l'extérieur soudé à sa base; corps ramassé;
ailes et queue courtes.
Les mœurs des Cincles présentent des faits très-extraor-
dinaires.
1. Cincle plongeur, Cinclus aquaticus, Bechst.
Habite les lieux montueux du département, où il se reproduit.
Je l'ai observé souvent autour des jasses des montagnes où l'on
parque les bestiaux. Pendant la belle saison, il recherche les
M 4 HISTOIRE NATURELLE.
eaux limpides des torrents qui abondent dans ces contrées; il
s'immerge au fond de l'eau, s'y promène et s'y maintient assez
longtemps pour chercher sa nourriture; il fouille aussi les
bouses des vaches, où il trouve des larves d'insectes, qu'il
dévore. Les grands froids l'obligent à descendre dans la plaine;
et là, il conserve ses habitudes, c'est-à-dire, qu'on le voit tou-
jours près des ruisseaux ou près des rigoles de nos prairies.
Les Cincles de Pallas et les Cincles à ventre noir,
n'ont pas été observés dans ce département, ou du moins
ils ont échappé à nos recherches.
GENRE DIX-NEUVIÈME.
Bec-Fin, Sylvia, Temminck.
Caractères. — Bec droit, grêle, en forme d'alêne, base
plus élevée que large; pointe de la mandibule supérieure
souvent échancrée; narines basales, ovoïdes, à moitié
fermées par une membrane; pieds, trois doigts devant
et un derrière, l'ongle de celui-ci arqué; ailes à pennes
bâtardes, rémiges très-variables selon les espèces.
Ce genre comprend les plus petites espèces d'oiseaux qui
vivent en Europe : tout ce qui est connu sous le nom de
Fauvette appartient à cette classe. Le chant du plus grand
nombre est doux, sonore, flexible et accentué; ils se
répandent dans nos jardins, nos parcs, nos bocages, nos
taillis, et c'est-la qu'ils font entendre leur douce et mélo-
dieuse voix ; d'autres , moins privilégiés , sous le rapport
de la voix, vivent habituellement aux bords des eaux, à
l'ombre des roseaux et des joncs , où ils se font remar-
quer par leur babil continuel, qui égayé et charme la
monotonie de ces lieux peu fréquentés. La plupart des
OISEAUX. 135
Oiseaux de ce genre, émigrent, en automne, vers les
pays chauds, et reviennent avec les beaux jours d'avril.
Beaucoup sont sédentaires, et leur migration se fait dans
le département, de la plaine à la montagne.
lre Section. — Riverains.
Ceux-ci vivent au bord des eaux, près des fleuves et des
marais; escaladent habituellement les roseaux, les joncs,
et se nourrissent d'insectes qui fourmillent sous les om-
brages humides et au milieu des vastes marécages. Le
chant ou le cri d'appel du mâle n'est pas cadencé, com-
me chez les Becs-Fins Sylvains; mais il consiste en une
espèce de craquement, non interrompu, peu mélodieux.
1. Bec-Fin rousserole, Sylvia turdoïdes, Tem.; en catalan
Carreler, Gran Rosinyol d'Aygua.
Cette belle espèce habite les parties très-couvertes d'arbres et
de broussailles des contrées humides de la Salanque. Son chant,
peu agréable, accentué sur deux syllabes, souvent répétées : cha-rio,
cha-rio, lui a valu, dans le pays, le nom de Carreler (Charretier),
parce qu'il semble commander à un attelage de voiture. C'est,
encore, un ventriloque consommé ; on le croit à droite et il est
à gauche, ce qui égare l'oiseleur qui veut le chasser.
2. Bec-Fin rubigineux, Sylvia galadotes, Tem.; très-rare.
Nous avions déjà observé un individu de cette espèce, tué dans
le pays en 1839. Nous avons pu constater, plus tard, sa présence
par un autre sujet qui fut pris au filet au moment du passage du
printemps, en 1847, ce qui donnerait à croire que cette Fauvette
est accidentellement de passage dans le département.
o. Bec-Fin riverain, Sylvia fluviatilis, Meyer.; très-rare.
136 HISTOIRE NATURELLE.
Nous voyons très-rarement cette Fauvette dans ce pays. Nous
n'avons pu constater si elle y passe l'hiver ; mais on en prend
quelques sujets, de temps à autre, dans les lacets qu'on tend
pour prendre les oiseaux, au printemps, au moment de leur
passage.
4. Bec-Fin locustelle, Sylvia locusteUa, La th.; rare.
5. Bec-Fin trapu, Sylvia certhiola, Temm.; très-rare.
Nous avions observé quelque différence entre cette dernière
espèce et la précédente, et nous l'avions attribuée à l'âge ou aux
différentes mues; mais M. Temminck a fait connaître, par des
observations fort justes, consignées dans la seconde édition de son
ouvrage, les caractères qui ne permettent plus de les confondre.
6. Bec-Fin aquatique, Sylvia aqualica, Lath.; en catalan
Salta marges (Saute buissons).
Cette petite Fauvette habite les parties de la Salanque où l'eau
séjourne, et le long des ruisseaux où existent de grandes haies.
L'habitude qu'elle a de sauter d'une haie à l'autre, lui a valu le
nom que lui donnent nos paysans.
7. Bec-Fin lïagmite, Sylvia phragmites, Bech.; en catalan
Buscàrla.
On confondait facilement ces deux dernières espèces; mais
leurs vrais caractères, signalés par M. Temminck, ne laissent aucun
doute à ce sujet, et permettent de les distinguer d'une manière
précise. Le Bec-Fin Fragmite habite le bord des marécages, il vit
parmi les roseaux et les plantes aquatiques qui croissent dans ces
lieux; il y construit son nid, et l'attache à ces plantes; il se nourrit
de petits hannetons, limaces, taons, cousins et demoiselles, qui
abondent dans ces parages.
8. Bec-Fin des roseaux ou effarvatte, Sylvia arundinacea,
Lath.; en catalan Tri-Tri.
0Ï9BAUX. 137
Espèce assez répandue dans tout le voisinage des mares d'eau
de la Salanque, tout auprès de la mer, parmi les roseaux dits
Semyls (Phragmites commmis), où elle se cache et. qu'elle ne quitte
jamais. Elle y construit son nid, y élève sa famille et y trouve une
nourriture abondante. Son cri, répété souvent dans les mouve-
ments qu'elle exécute, lui a valu le nom catalan qu'elle porte:
tri, tri, tri; on se la procure très-difficilement.
î). Bec-Fin verderole, Sylvia palustris, Bech.; en catalan
Menje mosquits (Mangeur de moucherons).
Il arrive dans cette contrée au moment où les saules entrent
en végétation, en mars, et nous quitte en septembre. On le voit
constamment dans les parties basses et humides où les saules
sont en grand nombre, sautant de branche en branche, pour y
prendre les cousins et les mouches dont il fait sa principale
nourriture. Il fait son nid parmi les roseaux ou les tamarix,
qui abondent dans ces terrains, et y élève sa famille.
10. Bec-Fin bouscarle ou cetti, Sylvia cetti, Marin.; en
catalan Buscale, Rossinyol bastart.
Cette espèce n'est pas très-répandue ; cependant , il est des
années où on la voit assez communément dans les lieux humides
et très-fourrés de la Salanque, aux endroits où les buissons abon-
dent, au milieu desquels elle se cache pour y élever sa famille.
Son nid, négligemment fait, est placé dans les buissons; mais,
très-bas, presque ras de terre. Elle est inconstante, et ne parait
pas toujours dans les mômes localités, remarque qui a été faite
sur plusieurs espèces de cette famille.
Les Becs-Fins des Saules et a Moustaches Noires iront
pas été observés dans ce département.
11. Bec-Fin cisticole, Sylvia cisticola, Tem.; en catalan
Bardaleta ou Castanyola.
138 HISTOIRE NATURELLE.
Le Bec-Fin cisticole paraît très-rarement. M. Ganta l'avait
trouvé le premier; il me communiqua cette espèce, qui lui pa-
raissait douteuse. Deux autres sujets furent pris en 1839; depuis
lors, nous l'avons trouvé plusieurs fois parmi une infinité de
petits oiseaux qui sont pris au filet, au printemps. Celte Fauvette
se tient dans les parties basses de la Salanque, près des mares
les plus rapprochées de la mer.
2me Section. — Sylvains.
Caractères. — Les Oiseaux qui appartiennent à cette
section, et qu'on appelle généralement Fauvettes, sont
ceux dont la voix douce et harmonieuse salue par des
accents d'amour le retour du printemps. Ils se répandent
dans les bois, les champs, les haies et les jardins; ils se
nourrissent de baies, de vers et d'insectes; leur corps
est svelte; la queue est longue, et ils la portent horizon-
talement, large et a pennes égales; le bec est droit, grêle,
comprimé à la pointe.
12. Bec-Fin rossignol, Sylvia luscinia, Lath.; en catalan
Rossini/ol (prononcez roussignol).
On dirait, que le Rossignol est jaloux de faire entendre sa belle
voix, douce, large, flexible et accentuée; car c'est le chantre de
nos bocages qui aime le plus à venir fixer sa demeure d'été dans
les endroits les plus rapprochés de l'habitation de l'homme ; il
vient saisir sa proie presque à nos pieds. C'est l'oiseau qui se
familiarise le mieux; il prend des doigts, une mouche, un ver,
qu'on lui offre, et dont il est très-friand. Il est peu de cantons
de nos campagnes, où il ne soit répandu : la nature a voulu
que son chantre le plus mélodieux animât tous les lieux par ses
amoureux concerts. 11 s'habitue facilement en cage; seulement,
il devient importun à cause de sa nourriture, difficile à pré-
parer, et qu'il faut renouveler tous les jours. C'est pour ce motif
OISEAUX. 139
qu'il n'est pas aussi commun dans nos volières que les Oiseaux
granivores.
45. Bec-Fin philomèle, Sylvia philomela, Bech.; en cat,
Rossinyol dels grossos.
Quoique plus gros que le Lucinia, son plumage, presque le
même, le ferait facilement confondre avec le précédent, si toutes
ses teintes n'étaient pas plus claires; il a les mêmes habitudes;
il fréquente les endroits très-ombragés et humides, et sa voix,
aussi harmonieuse et plus forte, le fait préférer pour l'élever en
captivité.
14. Bec-Fin orphée, Sylvia orphea, Temm.; en catalan
Rossinyol mascarat.
Comme toutes les Fauvettes, l'Orphée arrive dans nos contrées
vers le mois d'avril, et se répand dans les bois des parties basses;
mais il quitte bientôt, la plaine pour aller se fixer au pied des
montagnes, sur le bord des ravins et sur les lisières des bois
touffus qui les garnissent : il se cache sous l'épais feuillage des
arbres, en faisant entendre sa voix, toujours mélodieuse. Sa
nourriture consiste en insectes et baies sauvages; il niche sur
les arbres bas et touffus; mais le plus souvent dans les buissons
épais; quelquefois sous les toits des habitations isolées.
15. Bec-Fin rayé, Sylvia nisoria, Bech.; rare.
De passage très-accidentel. Cette jolie Fauvette se voit très-
rarement. On ne connaît pas ses habitudes; on la prend quelque-
lois aux filets, à l'époque du passage des oiseaux, au printemps.
16. Bec-Fin rubigineux, Sylvia rxbiginosa, Temm.
Nous avons vu ce Bec-Fin une seule fois, il y a déjà longtemps,
en 1835; il avait été pris au filet, à Collioure. (Tn de mes parents
me l'envova; et, malgré ma recommandation, il n'a pu m'en
14(1 HISTOIRE NATURELLE.
procurer d'autres depuis lors. On ne peut donc considérer cet
oiseau que comme de passage très-accidentel.
17. Bec-Fin à tête noire, Sylvia atracapilla, Lath.; en
catalan Cap nègre.
Commune dans toute la contrée , cette Fauvette , dès qu'elle
arrive, se tient dans nos jardins potagers; mais, bientôt après,
elle s'éloigne de la plaine , pour prendre domicile dans les bois
écartés des habitations qui couvrent nos premiers contreforts des
montagnes; elle est très-farouche, et se multiplie dans les lieux
déserts. On en prend beaucoup dans les deux passages de mai et
de septembre; dans l'arrière saison, elle est très-grasse , et c'est
un manger délicat.
18. Bec-Fin mélanocéphale, Sylvia melanocepjiala, Lath.;
en catalan Cap nègre à ull rotj.
Cette jolie petite Fauvette est fort commune dans ce pays. Nous
la voyons , toute l'année , sur le bord des haies des ravins et des
propriétés où elle se tient cachée dans les fourrés, à Mailloles, à
Orle, aux côtes de Chàteau-Roussillon. La nudité qui entoure ses
yeux est d'un rouge-cramoisi, qui se ternit aussitôt que l'animal
est mort ; sa queue est légèrement étagée ; sa robe est d'un gris-
d'ardoise très-sombre , et elle a une couronne noire sur la tète ;
elle fait son nid dans les buissons fourrés des localités où elle vil.
19. Bec-Fin fauvette, Sylvia hortensis, Bech.; en catalan
Russeta, Piula.
Fort commune dans toute la contrée, cette espèce s'établit dans
les parties basses de nos montagnes, où elle élève sa famille, niche
dans les buissons, pond cinq à six œufs blanchâtres, parsemés
de taches verdàtres. Elle est très-estimée en septembre, parce
qu'elle est grasse. Nos paysans l'appellent Piula, à cause de son
cri, qu'elle fait souvent entendre.
OISEAUX. I il
20. Bec-Fin grisette, Sylvia cinerea , Latli.; en catalan
Busqaeta, Pica cireres.
On lui a donné son nom de Busqueta, en Roussillon , parce,
qu'elle se plait dans les bois clair-semés , et qu'elle sautille tou-
jours d'une branche à l'autre, sans jamais rester en place. Elle
se plait près des maisons rurales; elle établit son nid dans les
haies des jardins ou dans les buissons touffus qui entourent les
propriétés.
21. Bec-Fin babillard, Sylvia curraca, Lath.; en catalan
Charrayre (Babillard).
Cette espèce est aussi commune que la Grisette ; mais elle se
tient constamment dans les bois taillis très-fourrés, près des cours
d'eau où les plantes aquatiques abondent. Autant la Grisette
parait rechercher les habitations, autant celle-ci, très-farouche,
les fuit et se tient toujours cachée dans les buissons épais. On
voit quelquefois le mâle sortir de sa retraite, s'élever dans les
airs en faisant entendre son chant qui n'est pas du tout agréable ;
il sautille de branche en branche dans les buissons, en babillant
continuellement, et, c'est pour cela, sans doute, que Brisson lui
imposa le nom de Fauvette-Babillarde. Elle construit son nid
entre les plantes aquatiques ou entre les Arundo phragmites qui
abondent près des eaux; elle le soigne très-peu. On en prend
considérablement au passage du printemps.
22. Bec-Fin à lunettes, Sylvia conspicillata , Mann.; en
catalan Tric-Tric ou Trauca mates.
En avril, avec tous les Sylvains, arrive le Bec-Fin à Lunettes.
Il s'établit d'ordinaire sur les collines couvertes de bois taillis et
de buissons, qui paraissent lui plaire de préférence; il se tient
constamment sur les branches les plus élevées, en faisant entendre
son cri de prédilection : trie, trie, trie, plusieurs fois répété, et
appuyant sur Vr, Pendant l'incubation , le mâle ne s'éloigne pas
14-2 HISTOIRE NATURELLK.
du buisson où est la famille, et il fait entendre un joli petit
ramage, où il mêle son trie, trie. Son nid est construit avec des
graminées, artistement arrangées, dont l'intérieur est garni de
brins très-fins; la femelle pond de cinq à six œufs d'un blanc
azuré, garnis détaches brunes, irrégulièrement distribuées.
23. Bec-Fin pitchou, Sylvia provincialis, Geml.; en cata-
lan Busqueta.
En arrivant, au printemps, avec les autres Sylvains, le Pitchou
va, de suite, s'établir dans les bois qui couvrent les premiers con-
treforts de nos montagnes, au milieu des buissons et des bruyères.
Cet oiseau, très-vif, ne reste jamais en place ; il se cache dans les
fourrés, et disparaît sans qu'on s'en aperçoive, parce qu'il file
facilement; et, volant ras de terre, va bientôt se loger dans un
autre buisson ; mais sa voix le trahit aussitôt. Il construit son nid
au milieu d'un épais buisson , et la femelle pond cinq à six œufs
d'un blanc sale, avec de petits points bruns, plus grands vers le
gros bout. Il se nourrit de petits insectes et de baies sauvages.
24. Bec-Fin passerinette, Sylvia passerina, Lath.; en
catalan Busqueta.
Cette Fauvette préfère les bois touffus des montagnes, où
d'abondantes bruyères couvrent le sol, où de grosses broussailles
et des ronces forment des amas considérables. Elle est très-farou-
che, et, dès qu'elle entend le moindre bruit, elle s'élève dans les
airs, en poussant un cri désagréable; puis, elle retombe comme
un trait, et disparaît dans le plus épais des buissons, où elle niche
et cache sa demeure.
25. Bec -Fin rouge-gorge, Sylvia rubecula, Lath.; en
catalan Pit-Rotj.
Le Rouge-Gorge ne quitte jamais le département; on le voit
dans toutes les saisons. En hiver, il abandonne les bosquets de
OISEAUX. 143
nos montagnes, et vient se rapprocher des maisons rustiques,
où il entre même ramasser les miettes ; il est très-familier, et sa
voix est douce et agréable.
26. Bec-Fin gorge-bleue, Sylvia cyanecula, Meyer; en
catalan Blaveta.
Cette jolie Fauvette arrive dès les premiers jours du printemps;
elle est assez abondante, et se tient de préférence vers la Salanque,
près des mares et des prairies humides; mais elle disparaît bientôt
pour aller se reproduire ailleurs. Elle présente plusieurs varié-
tés, dont les caractères me paraissent ne devoir être attribués qu'à
l'Age : ainsi, les unes ont une zone sur le jabot, bien caractérisée
en bleu-de-ciel, encadrée de noir et de fauve, la tache du centre
d'un blanc-argenté; tandis que chez d'autres individus, cette tache
est marron-clair, et la zone de diverses nuances. D'après les nou-
velles observations de M. Temminck, ces diverses nuances seraient
constantes, et constitueraient , alors, deux espèces différentes:
l'une, Bec-Fin gorge-bleue, à miroir du centre blanc, Sylvia
cyanecula; l'autre, Bec-fin gorge-bleue, à miroir roux, Sylvia
suecica, Temm. Toutes les deux se prennent dans les filets, au
printemps.
27. Bec-Fin rouge-queue, Sylvia tithys, Scop.; en cata-
lan Cua-Rotj (prononcez coua rotj).
28. Bec-Fin des murailles, Sylvia phœnicurus, Lath.; en
catalan Carboner.
Ces deux espèces, qu'on pourrait confondre facilement par
leurs couleurs générales, mais que l'observation fait bientôt distin-
guer, ont à peu près les mêmes habitudes ; elles aiment les lieux
isolés et escarpés. Lorsqu'elles arrivent, au printemps, on les voit
dans les haies, sur les buissons, sur les arbres et sur les maisons
de campagne isolées, où elles s'attachent aux murs, se posent
sur les toits et sur les cheminées. Mais ces Fauvettes nous quit-
tent bientôt pour aller à la montagne se reproduire; elles repas-
144 HISTOIRE NATURELLE.
sent en septembre; elles sont alors Tort grasses, et leur chair,
très-délicate, les fait rechercher des gourmets.
Nous n'avons jamais observé, dans ce département,
les trois Becs-Fins Soyeux, de Ruppel et Sarde. Il serait
possible qu'ils eussent Réchappé à nos observations; car
ces petites espèces peuvent souvent passer inaperçues.
3me Section. — Muscivores; en catalan Mosquetas.
29. Bec-Fin à poitrine jaune, Sylvia hippolais, Lath.
50. Bec-Fin siffleur, Sylvia sibïlatrix, Bech.
Ces deux Fauvettes ont à peu près les mêmes mœurs et les
mêmes habitudes. Nos arbres en sont couverts aux premiers jours
du printemps ; elles se plaisent surtout le long des ruisseaux où se
trouvent de grands arbres ; elles voltigent d'une branche à l'autre
pour attraper les mouches, leur principale nourriture. Elles font
leur nid dans les buissons, et sont très-attachées à leurs couvées.
Quand on déniche leurs petits, elles suivent pendant longtemps
l'individu qui leur enlève la famille , en faisant entendre un cri
qui dénote toute leur colère. Elles disparaissent aux approches
de l'hiver.
51. Bec-Fin ictérine, Sylvia icterina, Vieill.
32. Bec-Fin pouillot, Sylvia trochilus, Lath.
Ces deux espèces, que l'on confond souvent à cause de leur
grande ressemblance, sont assez communes, au printemps, dans
nos prairies basses entourées de saules, arbre sur lequel elles se
tiennent de préférence. Elles habitent aussi les taillis qui se
trouvent au bord des cours d'eau; elles font entendre un cri
plaintif, tout en sautant ou pour mieux dire tout en grimpant
le long des branches. On les prend, avec le filet, dès qu'elles
arrivent, et c'est toujours en très-grand nombre.
55. Bec-Fin véloce, Sylvia rufa, Lath.; très-rare.
OISEAUX. I 15
Celte Fauvette aime le voisinage de l'homme; elle se rapproche
des habitations dès que le mauvais temps arrive. On la voit sau-
tiller sur les arbres de nos parterres, sur les touffes des rosiers,
et surtout au milieu des orangers, où elle trouve beaucoup
d'insectes, qui sont sa seule nourriture; elle pénètre dans nos
séries, où elle cherche, sur les plantes et les arbustes, les insectes
qui s'y tiennent cachés. Au printemps, chaque couple s'éloigne de
nous pour aller, sur nos collines et près des ravins, établir sa
nichée.
Nous n'avons jamais vu le Bec-Fin Natterer dans notre
voisinage.
GENRE VINGTIÈME.
Roitelet, Régulas, Teinm.
Caractères. — Bec très-grêle, très-comprimé, même à
sa base , très-aigu ; les narines sont couvertes de poils
dirigés en avant. Ce sont les plus petits Oiseaux d'Europe.
Leur conformation et leurs habitudes les rapprochent des
Mésanges. M. Temminck dit qu'ils forment le passage
gradué des vrais Sylvains avec les Mésanges.
1. Roitelet ordinaire, Regulus cristatus, Lath.; en catalan
Rey petit.
Habite, tout l'été, nos fraîches vallées des montagnes, et niche
sur les arbres, qui sont auprès des habitations. Dès que les frimats
arrivent, il descend dans la plaine; et, mêlé cà la Mésange-Bleue,
il se rabat sur nos plantations d'oliviers et dans nos vergers pour
y faire la chasse aux insectes. Ces Oiseaux sont très-nombreux,
car leur reproduction est énorme : chaque femelle pond douze à
quatorze œufs, et fait ordinairement trois nichées.
2. Roitelet triple bandeau, Regulus ignicapiMus, Brehm.
TOME III. 10
146 HISTOIRE NATURELLE.
Nous avions pris cette espèce pour une variété du Cristatas,
ou pour de jeunes sujets qui n'étaient pas encore avec toute leur
livrée; mais les observations de M. Brehm ne laissent plus de
doute: c'est une espèce distincte, à laquelle il a donné le nom
de Regulus ignicapillus. Ces Oiseaux se trouvent mêlés avec le
Cristatus, sur les mêmes arbres; ont les mêmes mœurs et les
mêmes habitudes ; ils nichent dans les mêmes localités.
GENRE VINGT ET UNIÈME.
Troglodyte, Troglodytes, Cuvier.
Caractères. — Bec très-grêle, légèrement arqué, pointu;
la queue et les ailes courtes; la queue toujours relevée.
Ce genre vit, le plus souvent, caché dans les buissons
près des ruisseaux, et se montre rarement h découvert
sur les arbres.
La dénomination de Troglodyte, explique parfaitement
l'habitude que ces Oiseaux ont de pénétrer dans les
cavernes et les vieux murs, dans les trous desquels ils
aiment à s'enfoncer.
1. Troglodyte ordinaire, Troglodytes vulgaris , Temm.;
en catalan Rey menut, Car goulet.
Il est dans le département toute l'année. Au printemps, il va
habiter les gorges des basses montagnes, où il se reproduit, se
rapprochant toujours des habitations, où il construit son nid
dans les trous des murs ou sous la moindre crevasse des solives
des toits. L'hiver, il se rapproche de nos habitations de la plaine,
des jardins, des haies des champs, des parterres situés même au
milieu des villes. 11 aime à fouiller dans les lieux obscurs; il tient
constamment la queue relevée, et saute de branche en branche
dans les buissons; il fait entendre, tout en faisant ces exercices,
un petit cri saccadé ; le mâle a un tout petit et joli ramage, qu'il
fait entendre dans toutes les saisons.
OISEAUX. 147
GENRE VINGT-DEUXIÈME.
ïraquet, Saxicola, Bech.
Caractères.— Bec plus large que haut; arête saillante
s'avançant sur le front ; mandibule en alêne, la supérieure
courbée à la pointe; quelques poils à la racine du bec;
narines basales, ovoïdes, à moitié fermées par une mem-
brane.
Le nom de Saxicola a été donné à ce genre, parce que
ces Oiseaux sont toujours au milieu des roches et des ter-
rains pierreux, stériles; on ne les trouve jamais dans les
grands bois. Ils sont vifs, remuants, méfiants, difficiles
à tuer, parce qu'ils vivent le plus souvent cachés par les
pierres et les crevasses des rochers, où ils nichent dans
les trous , souvent aussi à terre , entre les racines des
buissons. Leur nourriture se compose uniquement d'in-
sectes, qu'ils saisissent le plus souvent en courant avec
célérité.
1. Traquet rieur, Saxicola cachinnans, Tem.; en catalan
Passera de las negras, Cua blanc.
Le Traquet-Rieur est peu commun; on ne le voit jamais en
plaine. Agile et très-méfiant, il se tient ordinairement sur les
rochers, au milieu des ravins et des rivières de nos montagnes.
Il vient jusqu'à Villefranche, jamais plus bas; il habite les gorges
de Saint-Marlin-du-Canigou, les ravins de la vallée d'Évol, le long
de la rivière et aux Graus d'Olette; mais, son pays de prédilection
est le plateau escarpé de la Mouga , près de Costujes. Il se livre,
dans ce pays sauvage et rocailleux, à toutes sortes d'évolutions;
il y niche, et construit son nid à terre, entre les rochers, avec
des brins de fines graminées; il le garnit en dedans de matières
cotonneuses. La femelle pond quatre à cinq œufs blancs et
claif-semés de tnrhos roussâtfês.
148 HISTOIRE NATURELLE.
2. Traquet motteux, Saxicola œnanthe, Bech.; en catalan
Cul blanc.
5. Traquet stapazin, Saxicola stapazina, Temm.
4. Traquet oreillard, Saxicola aurita, Temm.
Ces Oiseaux arrivent au printemps. Ils choisissent leur demeure
dans les steppes et les lieux incultes de nos montagnes, voisins
des bois; ils se reproduisent dans ces lieux solitaires, et vivent
isolés. Dès le mois d'août, ils se répandent dans nos champs
labourés de la plaine, pour y saisir les insectes, dont ils font
leur nourriture. Ils aiment à se poser sur une motte élevée; font
quelques mouvements de tête et de queue, et recommencent leur
course, ne restant jamais une minute tranquilles. A cette époque
de Tannée, ils sont très-gras; leur chair est très-fine et bonne à
manger; aussi leur fait-on une chasse acharnée.
5. Traquet tarier, Saxicola rubelra, Bech.; en catalan
Ric-Chec, Cague manecs. .
Les deux syllabes ric-chec, souvent répétées, lorsque cet Oiseau
se pose, lui ont valu dans le pays cette dénomination; celle de
Cague manecs, lui vient de l'habitude qu'il a de se planter sur le
manche des outils de nos travailleurs, délaissés pendant leur repos.
Ces Oiseaux sont attirés par la présence des vers qui se trouvent
sur la terre fraîchement remuée. Ils ne quittent pas le départe-
ment, où nous les voyons dans toutes les saisons; ils nichent dans
les buissons des pays montagneux , et s'y retirent au printemps ;
ils rentrent dans la plaine après avoir élevé leur famille. Ils ont
toujours l'habitude de se poser sur les rameaux les plus élevés.
0. Traquet rubicole, Saxicola rubicola, Bech.
Cette espèce habite les monts peu élevés de nos basses mon-
tagnes; y niche, et vient aussitôt se répandre dans nos plaines.
D'un naturel vif et gai, on voit toujours cet Oiseau sautiller,
OISEAUX. 149
s'élever dans l'air, en Taisant entendre une petite voix rauque ;
il revient ensuite se percher sur l'extrémité des brins secs d'un
buisson.
Le Traquet-Leucomèle n'a pas été observé dans le
département.
GENRE VINGT-TROISIÈME.
Accenteur, Accentor, Bech.; en catalan Cerca boras.
Caractères. — Bec plus haut que large à sa base, droit,
pointu, à bords recourbés en dedans; mandibule supé-
rieure un peu fléchie à son extrémité; narines basales,
percées au milieu d'une membrane.
Les Accenteurs sont assez répandus dans ce départe-
ment; ils se reproduisent dans nos montagnes, et, en
hiver, ils se rapprochent des plaines, toujours sur les bords
des champs, près des haies; leur nourriture consiste en
insectes et en graines ; ils ne sont pas farouches ; leur
voix est mélodieuse.
1. Accenteur pegot ou des Alpes, Accentor alpinus, Bech.
C'est la plus grosse espèce. Elle est de la grosseur de la Calandre.
Elle vit ordinairement dans les régions élevées et dans les lieux
escarpés, où elle fait ses nichées; les pays coupés par des vallées
et des torrents sont ceux qu'elle préfère. En hiver, elle descend
vers les basses montagnes; elle se traîne de buisson en buisson,
comme tous les oiseaux du genre, ce qui lui a fait donner par
nos paysans le nom de Cerca boras.
2. Accenteur calliope, Accentor calliope, Lin.
C'est la seule espèce qui n'habite pas le département; elle y est
de passage Irès-accidentel.
150 HISTOIRE NATURELLE.
5. Accenteur mouchet, Accentor modularis, Cuv.
Cet Accentew habite, pendant la belle saison, les vallées infé-
rieures, où il se reproduit. Il se répand dans la plaine dès que
les froids se font sentir; il est plein de confiance, ne redoute
point l'approche de l'homme, et se rapproche des travailleurs
pendant leur repas : si on lui jette quelque miette, il vient la
saisir. Il fait entendre, dans les buissons, sa petite voix, qui ne
manque pas d'agrément.
4. Accenteur montagnard, Accentor montanellus, Temm.
Très-rare et de passage très-accidentel. J'en ai vu deux : l'un
tué par M. Canta, en septembre 1838; l'autre, au marché de la
ville de Perpignan, en 1842.
GENRE VINGT-QUATRIÈME.
Bergeronnette, Motacilla, Lin.; en catalan Cua llarg.
Caractères. — Bec grêle, cylindrique, en forme d'alêne;
narines sur le bord d'une membrane nue; pieds a tarses
élevés, minces; queue longue, qu'elle agite constam-
ment; ailes médiocres.
Ces Oiseaux se plaisent dans les lieux découverts, dans
les champs labourés, où ils se posent sur les mottes:
jamais dans les forêts. Quand on arrose une propriété, ils
suivent l'eau en faisant entendre leur petit cri d'appel ; ils
aiment aussi à suivre le bétail, et se posent sur le dos des
moutons pour y saisir les insectes qui y sont attachés;
lorsqu'on laboure un champ, ils ne manquent pas de
suivre le sillon nouvellement fait.
1. Bergeronnette lugubre, Motacilla lugubris, Pallas.
2. Bergeronnette grise, Motacilla alba, Lin.
OISEAUX. 151
5. Bergeronnette jaune ou boarule, Motacilla boanda, Lin.
Ces trois espèces sont sédentaires. On les voit toute l'année
dans les champs : elles ont les mêmes habitudes ; se posent sur
les bestiaux, et suivent les troupeaux et les laboureurs. Elles
aiment les bords des mares ; elles s'y promènent sur la vase et
le limon, pour y rechercher les insectes et les vermisseaux. Elles
nichent dans les herbes, près des mares ou des cours d'eau.
I. Bergeronnette citrine, Motacilla cilreola, Pallas.
De passage très-accidentel ; elle se lient sur les bords de la mer.
Nous n'avons vu cette rare espèce que deux fois, prise au filet, à
l'époque du grand passage d'avril, en 1835 et 1840. Depuis lors,
malgré nos recommandations, nous n'avons pu nous la procurer
de nouveau.
5. Bergeronnette printanière, Motacilla flava, Lin.
6. Bergeronnette flaveole, Motacilla flaveola, Gérai.; en
catalan Cugnic.
Ces deux espèces arrivent au printemps, et se répandent dans
les champs découverts et près des eaux, dans les pâturages, pour
v chercher leur nourriture, qui consiste en insectes et vermisseaux.
Ces Oiseaux sont familiers, et se posent tout près des hommes
qui travaillent à la campagne; ils arrivent, par bandes consi-
dérables, en poussant un cri aigu, qui est leur cri d'appel. Ils
nichent dans les prairies et les terres qui ont été inondées. Ces
deux Oiseaux vivent dans la plus grande intelligence ; et, pendant
longtemps, nous les avions confondus. Nous pensions que les
légères différences qui existent dans leur plumage, dépendaient
des sexes ou de l'âge; mais les justes observations de M. Gould
ont levé tout doute, et nous nous sommes convaincu que ce sont
deux espèces tout-à-fait distinctes. Leurs habitudes sont les
mêmes.
\Ô2 HISTOIRE NATURELLE.
GENRE VINGT-CINQUIÈME.
Pipit, Anthus, Bech.; en catalan Piula grosse.
Caractères. — Bec droit, grêle, en forme d'alêne, à bords
fléchis en dedans, vers le milieu; base de la mandibule
supérieure en arête, pointe légèrement échancrée; narines
à demi cachées; tarses nus; ongle postérieur plus ou
moins arqué, quelquefois très-long; ailes à grandes cou-
vertures; point de pennes bâtardes.
Ces Oiseaux ont été rangés, pendant longtemps, par les
ornithologistes, avec les véritables Alouettes. Ils en dif-
fèrent essentiellement par leur manière de vivre, et par
leurs caractères particuliers. Ils ont tous la tête longi-
cône, et la queue très-longue, caractères qu'on ne trouve
dans aucune espèce d'Alouette. Us se rapprochent plus
des Bergeronnettes, par leurs habitudes et leur nour-
riture, qui leur sont communes. On serait tenté de les
ranger parmi ces dernières, si la forme des ongles, celle
des ailes, ainsi que la distribution des couleurs du plu-
mage, ne les rapprochaient des Alouettes.
\. Pipit Bichard, Anthus Richardi, Vieill.
Le Pipit-Richard est le plus gros Oiseau du genre ; il ne paraît
pas au passage du printemps. C'est vers le mois de septembre qu'il
commence à se présenter, et il reste dans nos basses prairies et
dans les luzernes pendant tout l'hiver. Il vit, comme toutes les
autres espèces du genre, toujours à terre, courant pour chercher
sa nourriture ; il ne perche pas.
2. Pipit spioncelle, Anthus aquaticus, Bech.; en catalan
(irasset.
OISEAUX. 153
Toujours dans nos prairies, cette espèce passe toute la belle
saison dans la plaine, où elle se reproduit. Elle est très-grasse
dès le mois d'octobre, et. sa chair est fort délicate. Quand on la
(liasse, elle se lève de terre en poussant un cri plaintif, et se pose
sur un saule, arbre qui est ordinairement abondant autour des
propriétés où cet Oiseau se tient de préférence. Il est alors si gras,
qu'il ne bouge pas de l'arbre, et on le tire avec la plus grande
facilité.
o. Pipit rousseline, Anthus rufescens, Tem.; en catalan
Calandrina.
La Rousseline arrive en avril par bandes très-nombreuses, et
se répand dans les terres marécageuses de la Salanqne et sur les
dunes qui y sont contiguës. Elle y passe la belle saison , et s'y
reproduit; elle disparaît après, et nous ne la voyons plus de tout
l'hiver. Lorsqu'elle arrive, elle est grasse, et on en prend en
quantité; sa chair est très-bonne et recherchée.
4. Pipit farlousse, Anthus yratensis, Bêches.; en catalan
Coturliu.
Cette espèce habite le pays toute l'année; elle se reproduit sur
les garrigues montagneuses du centre du département, et sur les
plateaux découverts. En automne, elle vient dans la plaine, et c'est
toujours par petites troupes qu'on la trouve dans les prairies,
les luzernes et les vignes. Quand on approche, elle se lève, en
poussant un cri d'appel, par bandes, qui vont se poser un peu
plus loin; elle paraît ne pas craindre l'approche de l'homme.
On en prend beaucoup quand on chasse les Alouettes à la lumière;
sa chair, fine et grasse, est très-estimée.
o. Pipit à gorge rousse, Anthus rufugularis, Temm.
Cette espèce ne se montre qu'accidentellement. Nous n'avons
vu la Gorge-Rousse que trois fois, au passage du printemps; elle
454 HISTOIRE NATURELLE.
avait été prise au iilet, avec divers autres oiseaux. Nous ne con-
naissons pas ses habitudes, ni l'endroit où elle se reproduit.
6. Pipit des buissons, Anthus arboreus, Bech.; en catalan
Cuï-Cuï.
Ce petit Oiseau est très-commun au passage d'automne dans
toutes les prairies basses, les luzernes et les champs nouvelle-
ment travaillés et humides. Il devient très-gras; aussi est-il très-
recherché, à cause de la saveur de sa chair, qui est très-estimée.
QUATRIÈME ORDRE.
GRANIVORES.
Caractères. — Bec fort, court, gros, plus ou moins allongé;
arête plus ou moins aplatie, s'avançantsur le front; narines
à la base du bec, demi closes par une membrane; pieds à
trois doigts devant et un derrière; l'ongle de celui-ci plus
ou moins long et arqué.
Ils vivent ordinairement par couples et se rassemblent
en grandes bandes pour leurs voyages. Ils restent ainsi
pendant tout l'hiver; mais, dès que le temps des amours
se fait sentir, ils se divisent, et chaque couple travaille aux
soins à donner a sa famille. Leur nourriture consiste en
graines et en semences, dont ils écartent l'enveloppe ; les
insectes leur servent d'aliment dans le temps destiné à la
nourriture de leur progéniture. Leur chair est estimée.
GENRE VINGT-SIXIÈME.
Alouette, Alauda, Lin.; en catalan Llauseta, Alova.
Caractères. — Bec cylindrique, plus ou moins long, plus
ou moins arqué ou droit; de petites plumes raides, ser-
OISEAUX. 1 55
rées, à la base du bec; pieds nus; le doigt du milieu
soudé, a sa base, avec l'extérieur; ongle du doigt de
derrière, droit, plus long que le doigt.
Les Alouettes qui font partie de cet ordre, nichent dans
les terres asprcs, dans les vignes, etc.; elles sont très-
matinales : dès la première aurore, elles s'élèvent dans les
airs, et commencent a faire entendre leur chant, qui est
doux et varié. Toutes les Alouettes peuvent être élevées
en cage; elles vivent de graines.
lre Section.
Bec aussi long ou plus long que la tète, faiblement
arqué.
1. Alouette Dupont, Alauda Duponti, Vieil.
2. Alouette bifasciée, Alauda bifasciata, Lin.
Ces deux espèces, de passage très -accidentel, se trouvent
quelquefois parmi le grand nombre dWlouettes-des-Champs,
qu'on prend au filet et à la lumière. Nous les avions considérées
comme une nombreuse variété de la même espèce; mais les
descriptions de M. Temminck sont si exactes qu'on ne peut plus
les confondre.
Les Alouettes à hausse-col noir et Kolly, n'ont pas été
observées dans ce département.
2me Section.
Bec un peu plus grêle, a peu près droit, de forme
longicône.
5. Alouette des champs, Alauda arvensis, Lin.
Cette espèce est la plus commune. Elle arrive au commence-
ment d'octobre, par bandes très-nombreuses, qui s'étendent dans
1 56 HISTOIRE NATURELLE.
les champs de la plaine; elle devient très-grasse; on lui t'ait
une chasse acharnée au fusil, au filet, au miroir, à la lumière :
on en tue considérablement. Au printemps, ces Oiseaux se sépa-
rent par couples, et vont nicher dans les vignes des plateaux un
peu élevés et dans les basses montagnes du centre du déparlement.
Leur voix est douce et mélodieuse ; ils aiment à s'élever à une
grande hauteur dans les airs, surtout dès que le jour paraît, et c'est
de cette région élevée qu'ils donnent plus d'éclat à leur ramage.
4. Alouette lulu, Alauda arborea, Lin.; en catalan Llau-
setina.
La Lulu se tient ordinairement dans les parties arides du
département. Elle aime à se poser dans les broussailles, dans les
endroits où les herbes sont fourrées, les garrigues, les vignes;
on la voit par petites troupes, qui font entendre, en volant, leur
cri d'appel, qui est triste. Au temps des couvées, on se sépare
pour se livrer à l'éducation de la nichée, et le nid est fait à terre,
entre les broussailles, et au pied des souches des vignes.
5. Alouette cochevis, Alauda cristata; en catalan Cugu-
llada (prononcez cougouillade).
Cette Alouette ne quitte jamais le pays; elle ne se réunit jamais
en famille, et vit toujours isolée par couples; elle est très-méfiante;
elle se répand dans les champs et les vignes, où elle fait son nid.
Sa petite voix est fort agréable, et lorsqu'on l'apprivoise elle est
susceptible d'apprendre les airs qu'on lui joue avec une serinette.
La Cochevis se promène sur les grand'routes, éparpillant la fiente
du bétail, pour y chercher les graines non digérées.
6. Alouette calandrelle, Alauda brachidactyla , Temm.;
en catalan Calandreta.
C'est la plus petite espèce du genre. Elle vient au printemps,
par troupes nombreuses, le long du littoral, sur les sables des
OISEAUX. I">7
dunes; elle y élève sa famille, et construit son nid à terre, dans
les broussailles; dès que le mois d'août arrive, elle disparait, et
reste absente pendant tout l'hiver.
3me Section.
Bec gros, fort, plus haut que large.
1. Alouette calandre, Alauda calcmdra, Lin.; en catalan
Calandra.
La Calandre est fort répandue dans les parties basses du dépar-
tement, où elle vit en troupes très-nombreuses. Pendant l'hiver,
nos marchés en sont pourvus, et sa chair très-fine et délicate, la
fait rechercher. Au printemps, la troupe se sépare, et l'accou-
plement se fait. Toutefois, cette espèce est très -nombreuse
dans les parties qu'elle choisit pour y élever sa famille : ce sont
ordinairement les plateaux un peu élevés, couverts de vignes.
La Calandre est un oiseau chanteur par excellence ; sa voix est
forte, sonore, et imite le chant d'un grand nombre d'oiseaux;
elle s'apprivoise facilement, retient les airs qu'on veut lui
apprendre, imite ceux qu'elle entend. Nous avons possédé un
individu entièrement blanc, ayant les yeux roses.
GENRE VINGT-SEPTIÈME.
Mésange, Parus, Lin.; en catalan Marllengua , Xinxerra
( prononcez Chincherra ) .
Caractères. — Bec court, fort, conique, droit, pointu,
tranchant, base garnie de petits poils; narines arrondies,
cachées par des plumes ; pieds forts ; doigts divisés ; ongle
postérieur plus fort; ailes à pennes bâtardes ou de moyenne
longueur.
Les Mésanges recherchent la société de leurs semblables.
Leurs mouvements sont lestes et pleins de grâce; vives et
I5S HISTOIRE NATURELLE.
légères, elles sont sans cesse en action, parcourant, par
petites volées, brusques et courtes, les branches des ar-
bres ; furetant dans toutes les gerçures de l'écorce , pour
y chercher des araignées, des chenilles et des insectes,
ce qui ne les empêche point de manger des graines et des
semences; elles attaquent aussi les bourgeons des arbres.
Les espèces qui composent la première section , nichent
dans les trous naturels des vieux troncs d'arbres; celles
qui font partie de la seconde section, construisent avec
art des nids entrelacés dans les roseaux et les joncs , ou
à l'extrémité des branches des arbres : toutes pondent
un grand nombre d'œufs, et nourrissent leur nombreuse
famille avec un zèle et une activité infatigables. Passé le
temps de l'incubation, on les voit par petites troupes.
La Mésange a une si grande force dans son bec, qu'elle
perce les noix et les amandes pour en extraire la subs-
tance. Ce sont des oiseaux hargneux, courageux et grands
destructeurs d'insectes.
lre Section. — Sylvains.
La première rémige de l'aile de moyenne longueur.
Cette espèce vit dans les bois, les buissons et les haies,
et niche dans les trous naturels des grands arbres ; elle
émigré en hiver.
1. Mésange charbonnière, Parus major, Lin.; en catalan
Carboner.
Elle est fort commune dans nos bois; elle se répand aussi sur
les arbres des jardins et des promenades; elle n'est pas craintive;
on la voit escaladant, dans fous les sens, les troncs et les branches,
pour y rechercher les insectes, en faisant entendre son cri d'appel.
OISEAUX. 159
"2. Mésange petite charbonnière, Parus citer, Lin.
A les mêmes habitudes que la précédente, et fréquente les
mêmes lieux; elle n'a aucune méfiance, et vient sur les arbustes
les plus rapprochés des travailleurs.
5. Mésange bleue, Parus cœruleus, Lin.
La Mésange-Bleue se voit par troupes considérables dans nos
bois d'oliviers, dès que les froids commencent à se faire sentir.
Elle descend des montagnes avec les Roitelets, et parait vivre
avec eux en bonne intelligence. On la voit se cramponner aux
branches des arbres pour y chercher les insectes cachés dans
l'écorce et sur les feuilles, et cela sans la moindre méfiance.
Elle se reproduit sur nos montagnes.
4. Mésange buppée, Parus cristatus, Lin.
Cette espèce reste constamment sur les montagnes. Nous ne
la voyons jamais dans la plaine; elle est commune dans les envi-
rons de Mont-Louis.
5. Mésange nonnette, Paras palustris, Lin.
Elle habite indifféremment les bois, les vergers et les lieux
marécageux; s'accroche parles pieds aux rameaux flexibles des
arbres et des buissons; grimpe le long des roseaux: elle parait
ne venir ici qu'accidentellement et dans les hivers rigoureux.
On l'a tuée dans les joncées du Cagareïl, près de Canet
6. Mésange azurée, Parus cyaneus, Pall.
Elle n'est pas très-commune; elle vit avec la Mésange-Bleue.
7. Mésange à longue queue, Parus caudatus, Lin.
La Mésange à longue queue habile nos montagnes, où elle se
reproduit. Dès que les froids se font sentir, elle se répand dans
la plaine, mais, toujours, le long des grands cours d'eau: c'est
160 HISTOIRE NATURELLE-
sur les grands arbres qui bordent nos rivières qu'elle se plait.
Elle a les mêmes habitudes que les autres espèces; elle se sus-
pend aux branches. Les bords du Tech, dans les parties basses
du territoire d'Elne, sont les lieux où je l'ai vue le plus souvent.
2n,e Section. — Riverains.
La première rémige nulle ou presque nulle ; mandibule
supérieure un peu recourbée sur l'inférieure.
Cette espèce vit dans les roseaux, dans les joncs et dans
les buissons proches des eaux, on elle pratique des nids
artistement construits.
8. Mésange à moustaches, Parus biarmicm, Lin.
Cette jolie Mésange se tient constamment dans les marais qui
bordent le littoral et où croissent beaucoup de plantes aquatiques :
elle y vit isolée, et n'est pas très-abondante. On en prend quelque-
fois dans les lacets que l'on tend pour la Bécassine : c'est la seule
manière de se la procurer, ou bien il faut la tirer au fusil, ce
qui est assez difficile, parce qu'elle se tient toujours au milieu
des grandes pièces inondées. Le Cagarell, près Canet, est le lieu
où on la prend le plus communément. Elle est très-agile, et
grimpe sur les joncs et sur les roseaux.
3me Section. — Pendulines.
Bec droit, effilé et très-aigu.
9. Mésange remis, Parus pendulinus, Lin.; en catalan
MUxayre.
La Penduline devient très-rare dans ce département; la cons-
truction de son nid en est la principale cause. Ce nid, chef-ttfœuvie
d'adresse et de patience, est admirablement tissé avec des (ils de
chanvre, du crin et de la laine; il a la forme d'une grande bourse
OISEAUX. 161
un peu allongée, dont le sommet présente ordinairement deux
ouvertures, préservées de la pluie par un petit bourrelet, qui leur
sert d'auvent. C'est au fond de ce berceau moelleux, suspendu
sur les eaux et fixé à l'extrémité la plus flexible d'une branche
de saule ou de peuplier, que repose la couvée, à l'abri de
l'atteinte des Couleuvres et des Lézards, mais non de la rapacité
de ces petits vauriens qui hantent les bocages j*ur dénicher les
oiseaux. En effet, ce nid, par sa forme et son volume, est très-
facilement découvert, et les petits qu'il contient sont mis à mort.
La Penduline se plait sur les arbres qui bordent les rivières et les
ruisseaux.
GENRE VINGT-HUITIÈME.
Bruant, Emberiza, Lin.
Caractères. — Bec fort, conique, un peu comprimé latéra-
lement; mandibules ayant leurs bords rentrés en dedans,
la supérieure moins large que l'inférieure, un tubercule
saillant intérieurement à la mandibule supérieure; narines
arrondies, cachées en partie par les plumes du front;
doigts divisés, l'ongle postérieur court et fléchi; queue
fourchue.
Les Bruants se nourrissent de semences farineuses;
ils ajoutent aussi des insectes à cet aliment; la plupart
vivent dans les bois et les jardins, et nichent dans les
broussailles; les sexes offrent, dans presque toutes les
espèces, des différences très-caractérisées, les mâles sont
parés de couleurs que les femelles ne partagent pas; leur
chant, quoique agréable, n'est pas varié ; ils font entendre
leur voix pendant la nuit, surtout lorsqu'il fait clair de
lune.
TOME III. -i t
162 HISTOIRE NATURELLE.
1» Seclion. — Bruants proprement dits.
L'ongle postérieur court et courbé; ils vivent dans les
bois, dans les champs, dans les jardins et autour des
habitations rurales. Le plumage des mâles, au printemps,
prend les teintes les plus vives, qu'il perd après la mue
d'été. «
1. Bruant crocote, Emberiza melanocephala, Scopol.
Cette espèce n'est pas très-répandue dans ce département;
elle est de passage accidentel; on la prend au filet lors des
grandes passes du printemps.
2. Bruant jaune, Emberiza citrinella, Lin.; en catalan
Barduell.
Cette jolie espèce se reproduit sur les montagnes de ce dépar-
tement. Elle vient, en hiver, par bandes très-considérables, dans
nos plaines, et se rabat dans les champs nouvellement fumés; au
moindre bruit, la volée se lève, voltige en décrivant un cercle et
revient sur la même place. Si on se trouve à portée pour tirer
ces oiseaux, on en fait tomber une grande quantité, tant ils se
tiennent serrés ; on en prend aussi beaucoup au filet.
5. Bruant proyer, Emberiza miliaria, Lin.; en catalan
Santa-Catharina, Durdulla .
Cet Oiseau, qui est assez abondant toute l'année, se reproduit
dans nos plaines, et fait son nid parmi les herbes épaisses de nos
prairies humides. Le" mâle se perche sur une branche de saule,
où il répète son chant particulier pendant des heures entières;
c'est surtout lorsque la femelle est occupée à l'incubation et à
soigner sa couvée. En hiver, on le voit par troupes; mais il ne
s'éloigne guère des lieux qu'il a habités pendant l'été ; sa chair
est bonne. Nous possédons un individu tout-à-fait albinos; un
autre dont les ailes seulement sont blanches.
i. Bruant des roseaux, Emberiza schœmcuhis, Lin.
OISEAUX. 168
Le Bruant des roseaux niche dans les parties élevées du dépar-
tement. A rapproche de l'hiver, il nous arrive par bandes consi-
dérables, et s'étend dans les haies des champs et des jardins.
Ce Bruant est peu méfiant; on l'approche d'assez près sans qu'il
cherche à fuir. Ses mouvements sont gracieux et animés; son
cri est triste, et il le répète souvent. Les couleurs de sa robe sont
très-variées. f
5. Bruant des marais, Emberiza palustris, Savi.
Je crois, avec M. Temminck, que cette espèce et la précédente
doivent être réunies; elles sont constamment ensemble, et la
couleur de leur plumage ne diffère pas beaucoup.
Le Bruant à couronne lactée, ne vient pas dans ce
département.
6. Bruant ortolan, Emberiza hortulana, Lin.; en catalan
Bardaula, Hortolana.
Cette espèce est très-répandue dans notre département : les
vignes sont les lieux qu'elle fréquente le plus, surtout lorsqu'il y
a beaucoup d'arbres. Les Ortolans se reproduisent dans le pays;
leur nid est construit sur les arbres et sur les souches des vignes;
ils arrivent au commencement d'avril, par bandes nombreuses;
on leur fait une chasse à outrance avec le filet, et on en prend
considérablement; on les engraisse en les tenant dans un appar-
tement étroit et obscur; on les nourrit avec du millet et de la
salade. Collioure et Port-Yendres ont le monopole de ce com-
merce : on les vend de 1 à 2 francs pièce.
7. Bruant cendrillard, Emberiza cœsia, Temm.
De passage accidentel et très-rare; on le prend au filet, avec
les autres Bruants, au passage du printemps.
8. Bruant zizi ou de haie, Emberiza cirhis, Linné; en
catalan Chic-CIiic, par imitation de son cri.
164 HISTOIRE NATURELLE.
Très-répandu pendant l'hiver dans tout le département, il
disparaît à l'époque du printemps, pour aller se reproduire
dans les forêts des montagnes.
9. Bruant fou ou de pré, Emberiza cia, Lin.
Assez commun pendant l'hiver. Nous en avons trouvé un sujet
tout-à-fait blanc. Il se plait dans les endroits fourrés, les lisières
des bois, les pentes des ravins plantés de vignes.
10. Bruant rustique, Emberiza rustica, Pall.
41. Bruant gavoué, Emberiza provincialis, Lin.
Ces deux espèces sont très-rares et ne passent que très-
accidentellement dans le pays. Je ne les ai vues qu'une seule fois
prises par les filets, au moment du passage.
t
2me Section. — Bruants Eperonniers.
Les deux espèces qui constituent cette section, n'ont
pas été observées dans ce département.
GENRE VINGT-NEUVIÈME.
Bec-Croisé, Loxia, Briss.; en catalan Pica pînyas,
Trenca pinyas.
Caractères. — Bec fort, très-comprimé latéralement ; les
deux mandibules également courbées, crochues, leur bout
allongé, se croisant; narines étroites, cachées sous de pe-
tites plumes serrées; ongles très-crochus; ailes médiocres.
Les Bec-Croisés sont peu nombreux en espèces ; ils se
nourrissent de semences d'arbres et d'arbustes alpestres;
le bec, de forme très-extraordinaire, leur sert à arracher
les semences de dessous les écailles des pommes de pin.
Les deux espèces, qui vivent sur nos montagnes, toujours
OISEAUX. 165
dans les régions des neiges, dans les forêts de pins, nichent
an milieu de l'hiver; c'est en janvier qu'elles font leur
ponte, ce qui est une anomalie dans l'ordre de la nature.
1. Bec-Croisé perroquet, Loxia pytiopsittacus, Bech.
2. Bec-Croisé des pins, Loxia curvirostra, Lin.
Ces deux espèces, fort communes dans les bois de pins et de
sapins de nos hautes montagnes, sont très-farouches ; et, lors-
qu'on parcourt les forêts, elles fuient de très-loin, en faisant
entendre un cri très-aigu.
GENRE TRENTIÈME.
Bouvreuil, Pyrrhula, Briss.
Caractères. — Bec fort et court, dur, conico-convexe ,
bombé sur les côtés, comprimé à la pointe ; arête s'avan-
çant un peu sur le front; narines latérales arrondies ; ailes
courtes.
Les Bouvreuils ont beaucoup de ressemblance , par la
taille et par leurs habitudes , avec les Bec-Croisés. Les
semences les plus dures leur servent de nourriture ; ils en
brisent aisément l'enveloppe. Sont faciles à reconnaître.
1. Bouvreuil commun, Pyrrhula vulgaris, Briss.
Les hivers rigoureux nous amènent les Bouvreuils. Ces Oiseaux,
de passage au printemps, font beaucoup de mal aux arbres frui-
tiers, en détruisant les bourgeons. C'est la seule espèce que nous
ayons observée dans ce département où elle est de passage régu-
lier. Ce charmant Oiseau joint à la beauté de son plumage, les
plus aimables qualités : il apprend à prononcer quelques mots
et à retenir les airs qu'on lui siffle ; il montre beaucoup d'atta-
chement à ceux qui le soignent, dont il reconnaît la voix.
Le sommet de la tête , le tour du bec , la gorge , les ailes et la
160 HISTOIRE NATURELLE.
queue sont d'un noir lustré de violet; la nuque et le menton,
cendrés; les joues, le cou, la poitrine, les flancs et le ventre
sont rouges; le croupion et l'abdomen sont d'un blanc pur;
une large bande transversale, d'un blanc-grisâtre, sur les ailes;
les pieds bruns, et le bec d'un brun-noirâtre.
GENRE TRENTE-UNIÈME.
Gros-Bec, Fringilla, Illiger.
Caractères. — Bec robuste, bombé, épais, conique;
mandibule supérieure droite ou inclinée à la pointe , en-
tière ou munie vers le milieu d'une dent obtuse, souvent
s'avançant dans les plumes du front; narines rondes, en
partie cachées par les plumes du front; ailes courtes;
pieds à trois doigts devant et un derrière.
Ces Oiseaux se nourrissent de toutes sortes de graines
et de semences, qu'ils ouvrent avec le bec pour en rejeter
l'enveloppe. Ils sont très-nombreux en espèces, et habitent
tous les pays du globe : les uns vivent sédentaires dans nos
contrées, d'autres n'y sont que de passage en hiver; ils
s'attroupent en nombre assez considérable, et leur voyage
s'exécute par bandes nombreuses. Plusieurs de ceux qu'on
trouve en Europe, sont doués d'une voix agréable et variée ;
ils sont très-faciles à apprivoiser.
l,e Section. — Laticônes.
Bec gros, bombé, plus ou moins renflé sur les côtés.
i. Gros-Bec vulgaire, Fringilla cocothraustes , Tem.; en
catalan Bec de ferru (prononcez ferrou).
Le bec, dont l'extrémité ressemble à l'acier bronzé, est d'une
srande force. Cet Oiseau vient dans notre pays au commencement
OISEAUX. 167
de l'hiver, et passe toute la mauvaise saison répandu dans nos
olivettes; il est plus nombreux au printemps, lorsque les arbres
commencent à bourgeonner, et c'est à cette époque qu'on peut
se le procurer facilement.
2. Gros-Bec verdier, Fringilla chloris, Tem.; en catalan
Bardarol.
Le Verdier se voit dans nos parages pendant toute l'année. Il
se reproduit dans nos jardins, dans les bois de la plaine et des
coteaux de nos montagnes ; il s'apprivoise facilement, et devient
utile à ceux qui élèvent de jeunes oiseaux, car il a la bonhomie
de nourrir toute sorte de petits, comme s'ils étaient les siens.
Son chant est peu agréable.
3. Gros-Bec incertain, Fringilla incerta, Biss.
Cette espèce est de passage accidentel; elle se fait remarquer'
très-rarement.
4. Gros-Bec soulcie, Fringilla petronia, Lin.; en catalan
P ardai de montanya.
En hiver, il se répand par bandes très-nombreuses dans nos
plaines et dans nos bois. On en prend beaucoup avec les Bruants;
mais, dès que le beau temps arrive, il se retire dans les bois des
montagnes, où il se reproduit.
5. Gros-Bec moineau, Fringilla domestica. Linné; en
catalan Fardai.
Les Moineaux sont toujours réunis par troupes très-nombreuses,
soit dans les villes, soit à la campagne, plus particulièrement dans
les villes au milieu de nous , et malgré nous ils partagent notre
domicile; ils sont très-pillards, mangent nos premiers fruits, et
dévorent nos récoltes. Ils se réunissent, le soir, sur les grands
arbres des cours, des jardins, des promenades, et là, ils font
entendre un piaillement peu agréable et assourdissant.
168 HISTOIRE NATURELLE.
6. Gros-Bec cisalpin, Fringilla cisalpina, Temm.
On le prend quelquefois, mais rarement, dans le mois d'octobre.
Ce Moineau, qui se réunit à notre Moineau commun, est de pas-
sage accidentel. C'est aux observations judicieuses de MM. Vieillot
et Temminck que l'on doit la connaissance de cette espèce.
7. Gros-Bec espagnol, Fringilla hispaniolensis ; Temm.
Ces deux dernières espèces diffèrent si peu de celles qu'elles
avoisinent, qu'il est fort aisé de les confondre. Nous avons pensé
longtemps que ce n'étaient que des variétés; mais, après un
examen très-attentif et suivant les observations si concluantes
de M. Temminck, nous avons pu nous convaincre qu'elles doivent
être séparées et former deux espèces distinctes. Elles sont toutes
deux de passage accidentel; nous restons plusieurs années sans
les voir.
8. Gros-Bec friquet, Fringilla montana, Lin.; en catalan
P ardai roquer.
Le Friquet, toujours actif et pétulant, est très-nombreux dans
toute la contrée. Il ne vient pas dans les villes; tient toujours la
campagne, et fait son nid au sommet des plus grands arbres.
0. Gros-Bec serin ou Sini, Fringilla serinus, Lin.; en
catalan Canari bourcl, Canari de montanya.
Sédentaire dans nos montagnes où il se reproduit, le Sini
approche de la plaine lorsque les grands froids le chassent des
parages qu'il habite. C'est par troupes nombreuses qu'il visite
nos plaines; mais il n'y séjourne pas longtemps; son ramage
est fort agréable. Si on accouple le mâle avec une femelle du
Serin des Canaries, ils produisent des métis qui sont très-variés
de couleurs et qui sont d'excellents chanteurs. Le plumage du
Sini est d'un jaune-verdâtre, nuancé de grisâtre, ventre d'un
blanc-jaunâtre.
OISEAUX. 169
2me Section. — Brevicônes.
Le bec est en cône plus ou moins court, droit et cylin-
drique, souvent conique partout.
10. Gros-Bec pinson, Fringilla cœlebs, Lin.; en catalan
Pinsâ.
Les Pinsons sont répandus dans nos basses montagnes pendant
toute la belle saison, et s'y reproduisent. Ils viennent, en octobre,
occuper la plaine, se mêlent aux Yerdiers, aux Bruants et aux
Linottes; ils arrivent en grandes bandes, se répandent sur nos
champs entourés d'arbres, dans nos vignes et surtout dans nos
olivettes; ils sont peu méfiants et se laissent prendre au filef.
Le ramage que fait entendre le mâle est plein d'agrément; on le
prive avec facilité, il sert d'appeau, et attire les Oiseaux dans les
pièges qui leur sont tendus.
11. Gros-Bec dardennes, Fringilla montifringilla, Lin.;
en catalan Pinsâ mec.
Le Pinson-Dardennes se reproduit sur les parties élevées de
ce département. Nous ne le voyons dans la plaine, que lorsque le
froid très-vif l'oblige de quitter les parages couverts de neige;
il arrive alors par grandes bandes, et les chasseurs en font une
grande destruction. Le chant de ce Pinson est faible et peu varié.
Cette espèce est moins farouche que la précédente.
12. Gros-Bec niverole, Fringilla nivalis, Lin.
Cette espèce ne vient jamais dans la plaine ; elle habile les
régions élevées et froides de nos montagnes , près des neiges.
15. Gros-Bec linotte, Fringilla canabina, Lin.; en catalan
Possarell vermeil.
Ce petit et joli Oiseau est très-répandu dans tout le pays.
170 HISTOIRE NATURELLE.
Il abonde partout, dans les bois, les jardins, les olivettes, et
surtout dans les vignes; il fait son nid dans les souches des
vignes, clans les charmilles, sur les arbustes, où on le voit en
tout temps. Le chant du mâle est des plus agréables; il est faible,
mais il se compose d'une suite de tons soutenus , de cadences et
de modulations variées. On le prive facilement, et, en cage, il
chante presque toute l'année.
14. Gros-Bec de montagne, Fringilla montium, Geml.;
en catalan Passarell par do.
Mêmes habitudes que la précédente espèce, avec laquelle il
vit dans les mêmes localités et en parfait accord.
3rae Section. — Longicônes.
Bec en cône droit, long et comprimé, terminé en pointe
très-aiguë.
15. Gros-Bec venturon, Fringilla citrinella, Lin.
Il faut de grands froids pour forcer cet Oiseau à quitter ses
lieux de prédilection. On ne le voit dans nos plaines, que dans
les hivers les plus rigoureux ; encore s'y trouve-t-il en petit
nombre.
16. Gros-Bec tarier, Fringilla spinns, Lin,; en catalan
Llucaret.
Le Tarier demeure toujours sur nos montagnes, où il se repro-
duit, et ne descend dans les vallées inférieures qu'au moment des
grands froids. Alors, on en prend avec le filet ou avec la glu; il
se prive facilement, et, en cage, il chante beaucoup; son chant
est fort agréable; c'est le boute-en-train de la volière.
17. Gros-Bec boréal, Fringilla borealis, Temm.
Cette espèce se fait remarquer à des intervalles très-éloignés.
OISEAUX. 171
J8. Gros-Bec sizerain, FHngilla linaria, Lin.; en catalan
Gaffarou.
Ce tout petit et fort joli Oiseau est assez commun dans tout le
pays; il se reproduit dans nos jardins, nos vignes et nos olivettes;
il construit son nid dans les souches des vignes, sur les arbres
très-'élevés et à l'extrémité des branches. C'est un excellent chan-
teur, et s'apprivoise sans peine; il est plus ou moins abondant
selon l'époque, mais on le voit en toute saison.
19. Gros-Bec chardonneret, FringiUa carduelis, Lin.;
en catalan Cardina.
Le Chardonneret est très-répandu dans le département; il s'y
reproduit et y passe l'année. Son nom lui vient des semences de
chardon qu'il recherche en automne. C'est un des plus beaux
Oiseaux d'Europe. S'il était plus rare, il serait plus apprécié:
il se prive facilement; il est très-doux, et, en cage, il apprend
diverses choses si on a la patience de les lui enseigner.
Nous avons possédé un Chardonneret ordinaire, qui, à la suite
d'an accident dont nous allons parler, changea tout-à-coup son
plumage. Cet Oiseau vivait depuis deux ans en captivité; il était
très-apprivoisé. Un jour, un Chat, qui le guettait, sauta sur la
cage suspendue à une croisée. Chat et cage tombèrent dans la
rue. L'Oiseau ne prit aucun mal; mais, quelques jours après, ce
Chardonneret mua , et, à notre grande surprise, se revêtit d'un
plumage tout blanc, excepté le tour de la tête qui, au lieu d'être
rouge-cramoisi, devint orange-clair. Ce fait, assez singulier, nous
porterait à croire que la frayeur contribue à ce changement subit;
et on pourrait attribuer à quelque accident pareil, la couleur
blanche de divers oiseaux qu'on trouve dans la campagne.
M. Ganta et moi, avons eu plusieurs oiseaux de diverses espè-
ces, dont les plumes étaient blanches ou café-au-lait; tous étaient
dans un état maladif, ou bien un de leurs membres offrait la trace
de quelque blessure.
172 HISTOIRE NATURELLE.
CINQUIÈME ORDRE.
ZIGODACTYLES.
Caractères. — Bec de forme variée, plus ou moins arqué,
quelquefois très-crochu, souvent droit et angulaire; pieds,
deux doigts devant et deux derrière , le doigt extérieur de
derrière souvent réversible.
M. Temminck a créé cet Ordre d'Oiseaux pour y faire
entrer les espèces dont le doigt externe peut se diriger
à volonté en arrière ou en avant, et un grand nombre
d'autres qui ont habituellement les doigts par paires. Il
résulte de cette conformation, un appui plus solide que
quelques genres mettent à profit pour se cramponner et
pour escalader le tronc et les branches des arbres, tandis
que d'autres s'en servent encore avec avantage comme
moyens de préhension.
lre Famille.
Caractères. — Bec plus ou moins arqué; pieds, deux
doigts devant, et plus habituellement deux derrière;
quelquefois, le doigt extérieur de derrière réversible.
GESRE TREINTE- DEUXIÈME.
Coucou, Cuculus, Lin.
Caractères. — Bec de la longueur de la tête, comprimé,
faiblement arqué; mandibules sans échancrures; narines
basales, percées dans le bord de la mandibule; pieds
emplumés au-dessous du genou, deux doigts devant,
deux derrière, entièrement divisés; queue longue, plus
ou moins étagée; ailes médiocres.
OISEAUX. 173
Ces Oiseaux sont farouches; ils vivent solitaires dans
les vallées de nos montagnes; ils arrivent au printemps
pour pondre, et nous quittent en automne. Ils ne cons-
truisent pas de nids : la femelle dépose ses œufs dans le
nid de différentes espèces de petits Oiseaux, d'ordinaire
dans celui des Fauvettes, et laisse ainsi a d'autres mères
le soin d'élever sa progéniture.
1. Coucou gris, Cuculus canorus, Lin.; en catalan Cucut,
Cuyul.
Dans les premiers jours d'avril, ces Oiseaux arrivent et se
répandent dans les vallées de nos montagnes inférieures couvertes
de bois et de prairies. Leur voix forte s'entend de loin. Méfiants
à l'excès, on les aborde difficilement. On trouve les Coucous avec
deux robes, dont les couleurs sont très-différentes, ce qui avait
donné lieu à l'établissement d'une seconde espèce que les
auteurs désignaient par Coucou-Roux : les observations judi-
cieuses de M. Temminck les a fait réunir dans la même espèce.
S'ils diffèrent quelquefois, cela ne peut être attribué qu'à
l'âge de l'oiseau.
2. Coucou geai ou tacheté, Cuculus glandarius, Lin.
Nous avons remarqué, à des époques très-éloignées, l'appa-
rition de cette espèce dans nos contrées montagneuses, ce qui
nous porte à croire qu'elle n'est ici que de passage très-accidentel.
Le premier qui nous fut apporté, fut tué dans les bois des envi-
rons de Cortsavi, par M. Do, aîné, de Céret; il reconnut de
suite que c'était un Oiseau étranger, et nous l'envoya. Depuis
lors, nous avons vu cet Oiseau au marché de Perpignan, mais
très-rarement.
Le Coucou-Cendrillard n'a pas été observé dans notre
département.
174 HISTOIRE NATURELLE.
2me Famille.
Caractères. — Bec long, droit, conique, tranchant; pieds,
deux doigts devant, deux derrière ; ongles très-crochus ;
queue a pennes raides , les deux du milieu dépassant en
longueur toutes les autres.
GENRE TRENTE-TROISIÈME.
Pic, Picus, Lin.
Caractères. — Bec long, droit, anguleux, comme com-
primé, en coin à son extrémité ; narines cachées par des
poils dirigés en avant; pieds forts; ongles aigus, arqués;
ailes courtes; queue à pennes raides et élastiques, étagées.
En général, les Oiseaux qui composent ce genre, habi-
tent les grandes forêts ou les lieux peuplés d'arbres à haute
futaie. Ils sont sans relâche occupés au travail pénible qui
pourvoit à leur existence. Ils grimpent sur les troncs et
sur les branches qu'ils frappent à coups redoublés, afin
d'en faire sortir les insectes qui se nichent sous l'écorce;
ils font ainsi le tour de la souche et prennent les insectes
que leurs coups de bec ont fait déplacer. Ce manège a
donné lieu à une croyance populaire qui est assez accré-
ditée : nos paysans prétendent que cet Oiseau, après avoir
frappé à coups redoublés sur la souche, va aussitôt derrière
l'arbre, voir s'il l'a percé de part en part.
1. Pic noir, Picus martius , Lin.; en catalan Picot cap
rutg.
Ce bel Oiseau est fort rare. Il habite les grandes forêts du
Capcir et de la Cerdagne; il ne vient jamais dans la plaine.
M. Estève, de Bourg-Madame, m'a envoyé deux fois cette belle
espèce.
OISEAUX. \1~>
2. Pic vert, Picus viridis, Lin.; en catalan Picot vert.
Beaucoup plus commun que le précédent, ce Pic habite aussi
les grandes forêts de nos montagnes; mais, en hiver, il visite
quelquefois la plaine, se tenant toujours sur les lieux où les
arbres abondent.
5. Pic cendré, Picus canus, Geml.
Nous le voyons très-accidentellement, et nous l'avions confondu
avec le Pic-Vert; mais les savantes observations de M. Temminck
ont levé tout doute.
4. Pic épeiche, Picus major, Lin.
L'Epeiche, quoique habitant aussi les forêts, se rapproche
plus des parties basses de nos vallées que les autres espèces; on
le voit souvent dans nos grands jardins, grimpant sur les arbres.
Nos marchés en sont plus souvent pourvus que des autres.
5. Pic leuconote, Picus leuconotus, Bech.
Très-accidentellement de passage.
6. Pic mar, Picus médius, Lin.
On a souvent confondu cette espèce avec le Pic-Épeiche. Leur
robe est à peu près la même; mais ils ont des caractères que
M. Temminck a parfaitement saisis et démontrés, ce qui ne laisse
plus de doute à cet égard.
7. Pic épeichette, Picus minor, Lin.
Celte espèce est assez rare, et habite les hautes forêts des
régions froides; mais, lorsque la neige couvre nos montagnes,
elle descend dans les bois inférieurs et plus tempérés, et alors
on en porte quelquefois au marché : c'est la seule manière de se
la procurer.
8. Pic tridactyle, Picus tridactylus, Lin.
176 HISTOIRE NATURELLE.
Excessivement farouche, se tenant toujours dans les grandes
forêts des régions les plus élevées, il vient très-accidentellement
dans les forêts de chênes des vallées inférieures. On le porte au
marché très-rarement.
GENRE TRENTE-QUATRIÈME.
Torcol, Yunx, Lin.
Caractères, — Bec court, droit, en cône déprimé, effilé
vers la pointe; arête arrondie; mandibules sans échan-
crures; narines percées dans les bords concaves de l'arête,
nues, en partie fermées par une membrane ; pieds, deux
doigts devant, soudés à leur origine, deux derrière divisés;
ailes médiocres; queue à pennes larges, flexibles, arron-
dies à leur bout.
Les Torcols n'ont point, comme les Pics, l'habitude
de grimper en s'élevant contre les arbres. Le peu de fer-
meté des pennes de la queue, rend ce mouvement d'ascen-
sion impossible : ils se contentent de se cramponner aux
troncs pour saisir entre les fentes de l'écorce, les Fourmis
et autres insectes dont ils se nourrissent. Leur langue
très-extensible et glutineuse, posée à terre ou sur l'écorce,
attire les Fourmis, et dès qu'elle en est couverte, ils la
retirent et avalent celles qui s'y trouvent attachées; ils
se tiennent le plus souvent à terre, sur le passage des
Fourmis, dont ils font une grande destruction.
1. Torcol ordinaire, Yunx torquilla, Lin.; en catalan
Formigué.
L'habitude de cet Oiseau de présenter sa longue langue, enduite
d'une liqueur visqueuse auprès des trous des Fourmis pour les
manger ensuite, lui a fait donner le nom catalan de Formigué;
OISEAUX. 177
il est ici dans la belle saison où il se reproduit. D'un naturel
lent et peu farouche, cet Oiseau se laisse facilement approcher.
S'il s'envole, c'est pour se poser à peu de distance, et, quelque-
fois, même on le prend, sans effort, à la main. Lorsqu'on est
près de lui, il se baisse, et porte sa tète en arrière, qu'on dirait
' pouvoir tourner dans tous les sens , ce qui lui a fait donner le
nom de Torcol. Dans le temps des amours, le mâle se pose sur
une branche basse ; fait entendre un son plaintif, et étale sa
queue en rond, comme les Paons, en écartant ses ailes, et faisant
beaucoup de contorsions avec sa tête. Il se tient longtemps dans
cette attitude, si on ne l'inquiète point.
SIXIÈME ORDRE.
ANISODACTYLES.
Caractères. — Bec plus ou moins arqué, souvent droit,
toujours subulé, effilé et grêle, moins large que le front;
pieds, trois doigts devant et un derrière, l'extérieur soudé
à sa base au doigt du milieu, le postérieur le plus souvent
long; tous pourvus d'ongles assez longs et courbés.
M. Temminck a cru devoir réunir à cet ordre tous les
genres d'Oiseaux , tant indigènes qu'exotiques , qui parti-
cipent plus ou moins des habitudes et des mœurs des
Zigodactyles grimpeurs. Comme eux, la plupart escaladent
les troncs et les branches des arbres ou les pans verticaux
des roches, ou bien, ils se cramponnent fortement à ceux-ci.
Presque tous sont insectivores, et se nourrissent, quoique
avec d'autres moyens, à la manière des Pics.
GENRE TRENTE-CINQUIÈME.
Sitelle, Sitta, Lin.
Caractères.— Bec droit, cylindrique, conique, tranchant
TOME III. 4-
178 HISTOIRE NATURELLE.
à la pointe; narines recouvertes à claire-voie par des poils
dirigés en avant; pieds, trois doigts devant, l'extérieur
soudé à sa base à celui du milieu ; doigt postérieur très-
long, l'ongle arqué; queue à baguettes faibles.
Les Sitelles ne sont pas nombreuses en Europe. Elles
s'attachent aux arbres, et montent et descendent le long
des troncs, avec la même facilité; elles diffèrent, en
cela, des Pics, qui ne peuvent grimper qu'en montant
sur l'arbre : une seule espèce vit dans le département.
1. Sitelle torchepot, Sitta Europea, Lin.; en catalan Pic
bastard.
Habite les forêts de nos montagnes , et ne vient jamais dans la
plaine; elle est très-commune dans les environs de Saint-Laurent-
de-Gerdans. Nous avons admiré longtemps les habitudes de ces
oiseaux. Ils grimpent sur les troncs et les branches des arbres,
en faisant entendre leur cri d'appel; alors, plusieurs accourent,
et suivent les évolutions du premier, qui monte et descend avec
une rapidité étonnante, comme s'il rampait; toute la troupe suit
à la file en faisant le même manège, en courant ainsi d'un arbre
à l'autre pendant longtemps.
La Sitelle Syriaque ou des Rochers n'a pas été observée.
GENRE TRENTE-SIXIÈME.
Grimpereau, Certhia, Temminck.
Caractères. — Bec long, plus ou moins arqué, triangu-
laire, effilé, aigu ; narines à moitié fermées par une mem-
brane voûtée; ailes médiocres; queue étagée, à baguettes
piquantes; pieds, trois doigts devant, l'extérieur soudé
a sa base au doigt du milieu, un doigt derrière; ongles
très-courbés , celui de derrière le plus long.
OISEAUX. 179
Les Grimpereaux escaladent les arbres, en s'appuyant
sur les pennes fortes et élastiques de leur queue.
1. Grimpereau familier, Certhia familiaris, Lin.
Le Grimpereau-Familier se reproduit dans ce département.
Il vit dans les forêts des montagnes moyennes; après la ponte, il
vient dans nos champs, jardins et vergers, où il se livre à ses
évolutions ordinaires, grimpant tout autour des arbres, ne restant
jamais en place. Très-actif sans être farouche, on peut admirer
tous ses mouvements, dans lesquels il est d'une agilité peu com-
mune ; il n'est pas rare au mois de septembre dans nos vastes
plantations d'oliviers.
GENRE TRENTE-SEPTIÈME.
Tichodrome, Tichodroma, Illiger.
Caractères. — Bec très-long, faiblement arqué, grêle,
cylindrique, base angulaire, pointe déprimée; narines
nues, percées horizontalement, à moitié fermées par une
membrane voûtée; pieds, trois doigts devant, un doigt
derrière, portant un ongle très-long; queue arrondie, à
baguettes faibles; ailes larges.
Tout ce que le Grimpereau fait sur les arbres, le Ticho-
drome le fait sur les pans verticaux des roches ou des murs,
sur lesquels il se cramponne pour y découvrir les insectes
dont il se nourrit.
\ . Tichodrome échelette, Tichodroma phenicoptera, Tem.;
en catalan Pica aranyas, Menja aranyas.
Habite les rochers escarpés des hautes régions. Aux approches
du mauvais temps, lorsque la neige le chasse de ses demeures de
prédilection, il vient exécuter ses évolutions sur les murs des
181) HISTOIRE NATURELLE.
édifices et des clochers des villes ou des villages les plus voisins
des montagnes, Villefranche , Prades, Rigarda, Prats-de-Mollô ,
Arles, Géret. Nous en possédons un superbe individu que nous
devons à l'obligeance de notre ami, M. Coder, pharmacien et
botaniste distingué. M. Xatart, de Prats-de-Mollô, nous en avait
aussi envoyé un. Quoique assez rare, cet Oiseau se voit tous les
ans dans les localités que nous avons signalées.
GENRE TRENTE-HUITIÈME.
Huppe, Upupa, Lin.
Caractères. — Bec très-long , faiblement arqué , grêle ,
triangulaire, comprimé; narines placées à la base du
bec, couvertes par les plumes du front; doigt inter-
médiaire réuni à la base avec l'externe; ongles courts
et peu courbés; queue carrée; ailes à pennes bâtardes
très-courtes.
La Huppe vit solitaire; on la voit toujours par couples,
plutôt à terre que perchée; elle court sur lé niveau du
terrain, dans les champs et les prairies humides, pour
s'y procurer les larves des insectes dont elle fait sa
nourriture ; elle fait son nid dans les crevasses des vieux
murs ; elle le fait mal , et le construit avec la bouse des
bestiaux.
i. Huppe puput, Upupa epops, Lin.; en catalan Gall fabè,
Puput, Paput (prononcez poupout).
Cette espèce se reproduit dans les vallées de nos basses mon-
tagnes, près des habitations isolées; elle établit son nid dans les
vieilles masures, dans les trous ou sous les toits, quelquefois
dans les troncs des vieux arbres ; elle nous quitte en septembre,
pour aller vivre dans des contrées plus chaudes.
OISEAUX. 181
SEPTIÈME ORDRE.
ALCYONS.
Caractères. — Bec médiocre ou long, pointu, presque
quadrangulaire, faiblement arqué ou droit; pieds à tarse
très-court; trois doigts devant réunis, un doigt derrière.
M. Temminck a cru, avec raison, nécessaire d'établir
cet Ordre d'Oiseaux, parce qu'ils se rapprochent beaucoup,
par leurs caractères habituels, des genres qui composent
l'ordre suivant ou les Chélidons. Comme eux, les Alcyons
volent avec une grande célérité ; leurs mouvements sont
prompts et brusques; ils ne peuvent, par la forme de
leurs pieds, ni marcher ni grimper; ils saisissent leur
nourriture en plein vol, ou à la surface des eaux, se
posent rarement à terre; ils nichent dans les trous pra-
tiqués dans la terre, le long des rives.
GENRE TRENTE-NEUVIÈME.
Guêpier, Merops, Lin.
Caractères. — Bec médiocre, tranchant, pointu, légè-
rement courbé, arête élevée, sans échancrure; narines
ouvertes, cachées a claire-voie par des poils dirigés en
avant; pieds à tarse court, trois doigts devant, l'extérieur
soudé jusqu'à la seconde articulation au doigt du milieu,
et celui-ci avec l'intérieur jusqu'à la première articulation;
doigt de derrière large a sa base ; ongles, celui de derrière
plus petit.
Ces oiseaux vivent d'Abeilles et de Guêpes, qu'ils sai-
sissent au vol. C'est de ces dernières que dérive leur nom;
18"2 HISTOIRE NATURELLE.
ils construisent leur nid sur les bords escarpés des fleuves,
les coteaux de terres et de sables ; ils y pratiquent des trous
obliques et profonds qu'ils tapissent intérieurement avec
de la mousse. Leur robe est parée de belles couleurs.
1. Guêpier vulgaire, Merops apiaster, Lin.; en catalan
Abellerola, Sirena de mar.
Nous voyons cet Oiseau au moment de son passage , en avril ;
en général, il séjourne très-peu dans le pays. Si le temps est
favorable , on en prend assez au filet , à Collioure ; on en tue
aussi dans nos campagnes. Il s'arrête près des ruches où il fait
une grande destruction d'Abeilles. En 1845, il y en eut une
passe considérable : un couple s'établit dans les escarpements
des falaises de Chàteau-Roussillon , près la*métairie Anglada.
Nous le vîmes, tout l'été, voler le long de ces rives avec ses
petits ; il disparut à la fin d'août.
Nous avons vu ces Oiseaux en grand nombre en Espagne, dans
une vallée , après Salamanca , vers les frontières du Portugal ; ils
y vivent en famille, et, comme les Hirondelles, ils volent conti-
nuellement. Nos soldats en avaient élevé déjeunes, qu'ils nour-
rissaient avec de la viande hachée.
GENRE QUARANTIÈME.
Martin-Pêcheur, Alcedo, Temm.
Caractères. — Bec long, quadrangulaire, droit, pointu,
à bords tranchants, k mandibules égales ; narines basales,
latérales, presque fermées par une membrane nue; pieds
courts, nus au-dessous du genou.
Le vol du Martin-Pêcheur est extrêmement rapide; il
est toujours sur le bord des rivières et des ruisseaux,
dans les endroits les plus cachés, épiant sa proie, sur
laquelle il se jette comme une flèche , en effleurant
OISEAUX. 183
l'eau; il est très-rusé, et on l'approche avec beaucoup
de peine; il ne vit jamais en famille, on le voit toujours
isolé, près des eaux ; il est orné de belles couleurs vives,
où le bleu domine.
1. Martin-Pêcheur alcyon, Alcedo ispida, Lin.; en catalan
Amé, Blabet.
On prend beaucoup d'Alcyons à la chasse à la lumière, pendant
le mois de septembre. On les vend communément an marché,
et à un très-bon prix, à cause d'une tradition populaire qui
prétend que ces Oiseaux, desséchés et conservés dans une armoire,
ont la propriété de garantir les objets en drap de la piqûre des
teignes. Si ce fait était vrai, cet Oiseau ne serait pas lui-même
dévoré par ces insectes destructeurs des collections. C'est de
cette prétendue propriété, que lui est venu le nom catalan Amé;
celui de Blabet, de la couleur bleue-aigue-marine dont ses plumes
sont parées.
HUITIÈME ORDRE.
CHÉLIDONS.
Caractères. — Bec très-court, déprimé, très-large à sa
base; mandibule supérieure courbée à sa pointe; pieds
courts, trois doigts devant, entièrement divisés, ou unis à
la base par une courte membrane; le doigt de derrière
souvent réversible; les ongles très-crochus; ailes longues.
Le vol de ces Oiseaux est rapide et brusque ; leur vue
est perçante, leur cou court, le gosier large; leur large
bec, que, le plus habituellement, ils tiennent entr'ouvert
ou bâillant, sert à engloutir les insectes qui se présentent
autour d'eux; leur nourriture consiste purement en insectes;
ils ne touchent a aucun autre aliment.
184 HISTOIRE NATURELLE.
GENRE QUARANTE-UNIÈME.
Hirondelle, Hirundo, Lin.; en catalan Aurcndola,
Aulendra.
Caractères. — Bec court, large à sa base, déprimé, fendu
jusque près des yeux; mandibule supérieure entaillée, un
peu crochue à sa pointe; narines basales, closes en arrière
par une membrane; pieds nuds, courts, quelquefois emplu-
més; ongles faibles; ailes longues; queue souvent fourchue.
Les Hirondelles aiment à vivre près des eaux où les
mouches et les autres insectes volants, qu'elles saisissent
avec une grande dextérité, sont les plus multipliés; leur
vol est longtemps soutenu, très-rapide; leurs mouvements
sont brusques et promps à les rendre maîtresses d'une
proie également agile. C'est en rasant la surface de l'eau
qu'elles étanchent leur soif, et c'est même en plein vol
qu'on les voit se baigner. Les nids formés par toutes les
espèces qui composent ce genre , ont à l'extérieur une
construction solide, formée de matières dures; mais
l'intérieur, sur lequel les œufs sont déposés, est toujours
composé de matières molles.
1. Hirondelle de cheminée, Hirundo rustica, Lin.
Cette espèce arrive dans notre pays presque à jour fixe ; il est
rare de ne pas la voir dans nos maisons le jour de Notre-Dame
de mars. Posée sur nos croisées ou dans nos basses-cours, elle
souhaite sa bienvenue par ses chants mélodieux; elle recherche
la société de l'homme jusqu'à construire son nid dans sa demeure.
Fidèle à ses souvenirs, cette Hirondelle retourne dans le même nid
qu'elle avait occupé l'année précédente, ou en construit un autre
à côté si quelque accident a dérangé le premier. Cet Oiseau est
inolfensif et timide.
OISEAUX. 185
2. Hirondelle rousseline, Hirundo rufula, Levaillant.
Cette rare espèce ne parait qu'accidentellement et à des épo-
ques très-éloignées. Elle vit dans V Afrique-Méridionale ; on la
trouve néanmoins en Egypte, et c'est probablement de ce pays
que nous viennent quelques sujets, mêlés avec les Hirondelles
ordinaires.
5. Hirondelle de fenêtre, Hirundo urbica, Lin.
Elle arrive à la même époque, et se fait aussitôt remarquer
par ses cris, en volant autour de nos demeures, où elle ne pénètre
pas; mais elle construit son nid sous les corniches des toits des
maisons et des grands édifices. Ce n'est pas seulement sur les
habitations de l'homme, qu'elle fait sa demeure; elle bâtit égale-
ment son nid contre les pans des rochers taillés à pic, situés sur
les bords des rivières et des vallées exposées au midi; elle se
dispute souvent avec le Moineau, qui s'empare de son nid. Cette
Hirondelle a le croupion blanc.
4. Hirondelle de rivage, Hirundo riparia, Lin.
Cette petite Hirondelle arrive à peu près aux mêmes époques.
Elle s'établit aussitôt sur les rochers et sous les ponts de nos
grands cours d'eau, un peu en amont dans nos vallées; elle vit
sur le bord des eaux, sur les terrains sablonneux, dont elle rase
continuellement la surface d'un vol rapide, pour y saisir les
insectes ailés dont elle fait son unique nourriture; elle se pose
sur les rochers où elle s'accroche au moyen de ses ongles aigus.
Elle nous quitte, comme les autres, à la fin de septembre.
o. Hirondelle de rocher, Hirundo rupestris, Lin.; en
catalan Aurendola roquera.
Cette espèce, moins commune que les autres, s'établit dans
les gorges supérieures de nos montagnes, sur les grands rochers
les plus escarpés; on la voit rarement dans les champs. Son vol
186 HISTOIRE NATURELLE.
est moins rapide que celui des autres espèces ; on dirait qu'elle
se balance dans les airs sans gagner du chemin. Elle se pose sur
les corniches des roches où elle construit son nid dans les fentes;
et c'est sur les crêtes au-dessus des grands abîmes, qu'on la voit
en filière avec ses petits, qui commencent à exercer leurs ailes,
jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour aller chercher eux-mêmes
leur nourriture. Cette Hirondelle quitte nos vallées plus tard que
les autres espèces.
GENRE QUARANTE-DEUXIÈME.
Martinet, Cypselns, Illi.
Caractères. — Bec très-court, triangulaire, large à sa
base, fendu jusqu'au-dessous des yeux; narines ouvertes,
le bord garni de petites plumes ; pieds très-courts, à demi
emplumés; quatre doigts, dirigés en avant, entièrement
divisés; ongles très-crochus; queue fourchue; ailes très-
longues.
Les Martinets sont continuellement en mouvement dans
les airs ; ils remuent peu les ailes et semblent voguer dans
cet élément; ils ne se posent jamais à terre, et rarement
sur des lieux élevés. Il n'est pas d'oiseau plus favorisé
pour le vol : la structure de son squelette, la longueur
de ses ailes, contribuent à lui procurer une locomotion
aérienne des plus rapides et des plus soutenues. C'est
dans les trous des vieux édifices ou dans les fentes des
hauts rochers, qu'il construit son nid et qu'il élève sa
famille.
1. Martinet à ventre blanc, Cypselns alpinus, Temm.; en
catalan Ballasté, Martinet.
Cette espèce est assez rare, el ne niche pas dans nos villes.
(USKAUX. î 87
Elle s'établit toujours sur les roches les plus escarpées de nos
vallées supérieures, et on la voit peu dans la plaine.
2. Martinet de muraille, Cypselus murarius, Temm.
Très-commun sur les édifices des villes, où il niche, on le voit
en mouvement continuel dans les airs, faisant entendre un cri
d'appel, soit en volant, soit lorsqu'il se pose contre les trous des
murs où il a établi son nid. A l'approche de quelque orage, il
paraît plus agité que jamais, et ses cris redoublent; plusieurs se
suivent alors à la file, en criant tous à la fois. Il nous quitte vers
le mois de septembre.
GENRE QUARANTE-TROISIÈME.
Engoulevent, Caprimulgus, Linné.
Caractères. — Bec très-court, flexible, déprimé, légère-
ment courbé, peu apparent, fendu jusqu'au-delà des yeux;
mandibule supérieure crochue à la pointe , garnie de poils
raides dirigés en avant; narines larges, fermées par une
membrane, surmontées par les plumes du front; pieds,
trois doigts devant, tous réunis par une membrane jus-
qu'à la première articulation; le doigt de derrière réver-
sible; ongles courts, celui du milieu long, édenté en scie;
queue arrondie; ailes longues.
Les Engoulevents ont de grands yeux et de grandes
oreilles; ils ont la vue offusquée par la clarté du soleil.
Ce sont des oiseaux nocturnes, qui sortent de leur retraite
au crépuscule du soir et du matin ; ils chassent aussi pen-
dant la nuit, lorqu'elle est éclairée par la lune; ils vivent
de Papillons et des Insectes de nuit, qu'ils saisissent au
vol; leur large bouche, qu'ils tiennent ouverte pendant
leur vol, permet l'entrée de la proie, qui reste collée
188 HISTOIRE NATURELLE.
contre les parois de leur ample œsophage, à une liqueur
gluante, dont il est imbibé; leur vol est peu bruyant;
leurs plumes sont douces et soyeuses. Si, dans le jour,
ils sont obligés de quitter leur retraite , ils se posent à
peu de distance , parce que leur vue ne peut supporter
la lumière.
1. Engoulevent ordinaire, Caprimulgus Europeus, Tem.;
en catalan Teta cabra, Enganya pastors.
Désirant connaître le motif qui induisait nos paysans à donner
le nom de Engamja Pastors à cet Oiseau , ce qui veut dire iïompe
bergers, j'ai questionné plusieurs campagnards de la contrée
où l'Engoulevent se reproduit, et où il est très-abondant, les
garrigues de Thuir, par exemple. Tout le monde, dans le pays,
s'accorde à dire que cet Oiseau, qui ne soigne pas son nid , pond
ses œufs à terre sans la moindre précaution; et que s'il advient
que ce nid soit découvert, il ne manque point de changer les
œufs de place en les transportant dans un autre lieu, et dans
une direction tout opposée, pour les dérober à la rapine des
bergers, qui, par état, parcourant sans cesse la campagne, sont
plus à même de découvrir ses couvées. La conformation de la
bouche et du bec, est propre à faire croire que cet Oiseau a un
pareil instinct. Du reste, ce fait m'a été confirmé par des per-
sonnes dignes de foi.
Cet Oiseau n'est pas gracieux. La couleur sombre de son plu-
mage, ses courtes jambes, qui le, forcent à être toujours accroupi ;
ses grands yeux et sa large bouche, lui donnent un air très-
singulier. Il est toujours seul ou par paires; il ne vole jamais
pendant le jour, à moins que quelque accident ne l'y force;
mais, dès que le crépuscule arrive, il sort de sa retraite pour
chercher sa nourriture. Cet Oiseau devient très-gras en au-
tomne; sa chair est alors très-savoureuse, et il quitte notre pays
OISEAUX. 189
pour aller chercher une température plus douce dans les terres
d'Afrique.
L'Engoulevent à collier roux, se voit quelquefois dans nos envi-
rons; il a les mêmes habitudes que l'Engoulevent ordinaire, dont
nous l'avions toujours considéré comme une variété. M. Tem-
minck, d'après les observations de M. Natterer, en a fait une
espèce distincte; nous ne pouvons nous empêcher de nous
ranger à cet avis.
NEUVIEME ORDRE.
PIGEONS.
Caractères. — Bec voûté; base de la mandibule supé-
rieure couverte d'une peau molle, dans laquelle les nari-
nes sont percées, pointe plus ou moins courbée; pieds,
trois doigts devant, entièrement divisés; un doigt derrière.
Les Pigeons, par leurs mœurs douces et familières, ont
beaucoup de rapport avec les Gallinacés. Leur nourriture,
qui consiste en graines et semences, obtient préalablement
une espèce de macération dans le jabot avant de passer
dans l'estomac: ce sont ces aliments, ainsi macérés,
qu'ils dégorgent dans le bec de leurs petits. Les jeunes
ne quittent le nid que lorsqu'ils sont en état de voler, et
reçoivent jusqu'à cette époque les aliments que leurs
parents leur apportent. Tous les Pigeons ont l'habitude
de boire d'un trait en plongeant leur bec dans l'eau.
L'acte de l'accouplement est précédé de caresses et de
roucoulements uniquement propres aux Oiseaux de cet
Ordre, quon peut diviser en deux genres. Dans quelques
pays de l'Europe, ce sont des Oiseaux de passage; dans
d'autres, ils sont sédentaires.
190 HISTOIRE NATURELLE.
GENRE QUARANTE-QUATRIÈME.
Pigeon, Columba, Lin.; en catalan Colom.
Caractères. — Bec médiocre, droit, comprimé, voûté,
pointe courbée; base de la mandibule supérieure couverte
d'une peau molle, plus ou moins renflée; narines au milieu
du bec, percées en fente longitudinale dans la peau molle
qui les recouvre; pieds, le plus souvent rouges, à trois
doigts devant, entièrement divisés; un doigt postérieur,
s'articulant à niveau de ceux de devant; ailes médiocres
ou courtes.
Les Pigeons vivent par couples; les deux époux, une
fois unis, se séparent rarement. Les bois et les buissons
sont leurs demeures habituelles. Ils font deux pontes par
an, composées de deux œufs; les Pigeons réduits à l'état
de domesticité font plusieurs pontes, mais toujours aussi
composées de deux œufs, qui produisent ordinairement
un mâle et une femelle. Le mâle et la femelle couvent
alternativement, et montrent un grand attachement l'un
pour l'autre.
Le genre Pigeon se divise en deux sections, dont on
trouve en Europe seulement les espèces qui appartiennent
à la première division, sous le nom de Colombes.
4. Colombe ramier, Columba palumbus, Lin.
Les Ramiers passent en octobre par masses considérables dans
notre départemeut; on leur fait une chasse à outrance. Dans
certaines vallées de nos montagnes, on en tue beaucoup au fusil.
En février, ils repassent de nouveau; quelques-uns restent isolés
sur nos hautes montagnes, où ils se reproduisent, mais c'est
chose rare. Nous avons vu dans certaines contrées de la Vieille-
Castille, dans des tours isolées, bâties exprès, les Ramiers s'y
OISEAUX. 191
réunir en grandes troupes, s'y reproduire, et disparaître, ne
laissant que les jeunes, qui ne pouvaient suivre la bande dans
ses migrations; puis revenir quelque temps après sur les mêmes
lieux.
2. Colombe colombier, Columba œnas, Lia.; en catalan
Todo.
Cette espèce passe aussi en octobre ; mais elle n'est pas aussi
abondante que la première; elle se répand dans nos bois, et
quelques couples s'y reproduisent. Nos paysans l'appellent Todo
ou Toudou , à cause de son roucoulement , qui exprime ce mot ,
en appuyant sur la dernière syllabe.
3. Colombe bizet, Columba livia, Bristh.; en catalan
Xixell, Bizet.
Le Bizet passe habituellement en septembre et octobre; on lui
fait la chasse dans quelques endroits privilégiés ; on en tue aussi
beaucoup dans les moyennes vallées.
Le Bizet vit parmi nous en une sorte de captivité volontaire,
dans les gîtes que nous lui préparons, et que nous appelons
Colombiers. Il se répand dans les campagnes; mais il rentre au
Pigeonnier: quelques-uns s'établissent dans les tours des édilices,
mais ils y sont rares aujourd'hui.
Les variétés des Pigeons qu'on élève en domesticié, proviennent
d'une seule et même souche. S'il en était autrement, les espèces
mêlées ne se reproduiraient pas, et suivraient la loi commune
des Mulets.
D'après un travail très-consciencieux, publié par M. Lesson,
on attribue à l'accouplement du Bizet avec le Pigeon-Boussard ,
Columba guinea, Lath., et à celui du Pigeon à Taches d'Edwrards
avec le Bizet, les nombreuses variétés de Pigeons domestiques
que se plaisent à élever les amateurs. Il parait prouvé que l'ac-
couplement de ces trois Pigeons entre eux, a donné lieu à quatorze
192 HISTOIRE NATURELLE.
races principales, qui se .subdivisent en quarante-huit variétés,
lesquelles peuvent s'augmenter encore par de nouveaux accou-
plements.
4. Colombe tourterelle, Columba turtar, Un.; en catalan
Turtre (prononcez tourtre).
Les Tourterelles, à leur arrivée d'Afrique, ne restent pas
longtemps dans nos environs; elles cherchent à gagner les vallées
fraîches et ombragées des montagnes. On entend de loin leur
monotone roucoulement; elles sont très-sauvages, et on les appro-
che avec difficulté , car elles se posent toujours sur les arbres les
plus touffus. En août, elles ont fini leur ponte; elles se répandent
alors dans nos vallées de la plaine, toujours près des cours d'eau
où existent ordinairement beaucoup de grands arbres. A cette
époque, elles sont très-grasses, et leur chair est fort bonne.
La Tourterelle à collier et la Tourterelle blanche , qu'on élève
très-privées dans les maisons, nous viennent de l'Inde et du
Sénégal; elles se reproduisent beaucoup en captivité. Les deux
sexes ont, l'un pour l'autre, un grand attachement et une grande
fidélité, ce qui est passé en proverbe.
DIXIÈME ORDRE.
GALLINACÉS.
Caractères. — Bec court, convexe; dans le plus petit
nombre des genres, couvert d'une cire ; mandibule supé-
rieure voûtée, courbée depuis sa base, ou seulement à
la pointe ; narines latérales recouvertes d'une membrane
voûtée, nue, ou bien garnie de plumes; pieds a tarse
long; trois doigts devant, réunis par une membrane; le
doigt de derrière s'articulant plus haut sur les tarses,
OISEAUX. 193
au-dessus des articulations des doigts de devant; rare-
ment trois doigts, divisés ou réunis, sans doigt posté-
rieur, ou celui-ci très-petit.
Les Oiseaux de différents genres qui composent cet
Ordre , sont lourds et ont le corps très-charnu : le plus
grand nombre ont les ailes courtes ; tous grattent la terre
et se roulent dans la poussière; ils se nourrissent
principalement de graines et de semences; un petit
nombre d'espèces ajoutent à cet aliment des baies et
des bourgeons ; la plupart mangent aussi des insectes , et
les aliments subissent dans leur gésier une première
macération. Ils construisent à terre, sans aucun apprêt,
un nid caché dans les buissons; ils font plusieurs
pontes par an, et toutes très -nombreuses; les petits
courent et mangent au sortir de l'œuf; la mère les
conduit, et ils continuent à vivre en famille jusqu'au
renouvellement de la saison des amours; les mâles ne
couvent point.
GENRE QUARANTE-CINQUIÈME.
Faisan, Phasianus, Lin.
1. Faisan vulgaire, Phasianus colchicus, Lin.
Les seuls Faisans que nous ayons vu dans le département,
furent apportés de Paris par M. Villanova , de Thuir, qui voulait
les naturaliser dans son domaine de Cortsavi. Certes le lieu était
bien choisi. Ce domaine, entouré de forêts considérables de
chênes et de châtaigniers, donnait toute liberté à ces oiseaux.
L'épreuve ne fut pas heureuse. Il est probable qu'on ne sut pas
leur donner les soins que réclame le premier âge ; car le Faisan
peut se propager aussi bien en Roussillon qu'à Paris.
TOME III. ^5
194 HISTOIRE NATURELLE.
GENRE QUARANTE-SIXIÈME.
Dindon, Meleagris, Lin.
1 . Dindon commun , Meleagris gallo pavo , Linné ; en
catalan Pioc.
Tout le monde connaît la Dinde et la bonté de sa chair. Sa
grande multiplication fait qu'on en élève partout; car elle est
naturalisée dans presque toutes les contrées du globe. La domes-
ticité agit sur elle comme chez tous les autres oiseaux : on voit des
Dindes de toutes les couleurs. Elle est originaire de l'Amérique-
Méridionale, et fut apportée en Europe par les Jésuites.
GENRE QUARANTE-SEPTIÈME.
Pintade, Numida, Lin.
1. Pintade domestique, Numida meleagris, Linné; en
catalan Pintada.
Gomme la Dinde, la Pintade a été naturalisée dans nos basses-
cours; mais elle conserve toujours une tendance à l'indépen-
dance, car on n'a pu l'assujettir à pondre comme les Poules.
Elle vit bien en leur société; mais elle va toujours pondre dans
un buisson écarté de la maison rurale , et souvent elle cache si
bien ses œufs, qu'on ne la voit apparaître que lorsqu'elle est
suivie par vingt ou vingt-quatre petits. Les jeunes Pintades ont
besoin de beaucoup de soin dans leur bas-âge. Sa chair est fort
bonne et très-recherchée.
GENRE QUARANTE-HUITIÈME.
Paon, Pavo, Lin.
1. Paon domestique, Pavo cristatus, Lin.; en cat. Pago.
Ce superbe Oiseau, originaire des Indes-Orientales, est natu-
ralisé dans quelques-unes de nos fermes. Il serait plus commun ,
oiseaux. 495
s'il était plus docile, et s'il faisait moins de dégâts dans les jardins
et aux toits des maisons. Il conserve son indépendance, et couche
sur les endroits les plus élevés des toits ou sur les plus hauts
arbres du voisinage. Sa chair est excellente. On en élèverait
davantage s'il était moins délicat dans son bas-âge. C'est le plus
bel ornement de nos basses-cours.
GENRE QUARANTE-NEUVIÈME.
Coq, Gallus, Briss.
1. Le Coq et la Poule ordinaire, Phasianus gallus, Lin.;
en catalan le mâle s'appelle Gall; la femelle, Gallina;
les jeunes, Pullastres.
Les Coqs et les Poules sont, sans contredit, le plus précieux
gibier qu'on ait pu rendre domestique. Tout le monde connaît
leur utilité ; chacun connaît les nombreuses variétés qui peuplent
nos basses-cours. Le mâle chante la nuit et de très-grand matin;
il est l'horloge de la ferme, est belliqueux et très-lascif, et peut
féconder un très-grand nombre de femelles, tout en montrant
pour toutes une égale prévenance. L'on est à peu près d'accord
sur leur origine, et l'on pense que la souche sauvage nous vient
de la Perse. M. Lesson croit que c'est l'Inde qui nous les a four-
nis; car il dit avoir trouvé des Poules et des Coqs pareils aux
nôtres, dans toutes les îles de la mer du Sud, et chez les peu-
plades avec lequelles les Européens n'ont jamais eu la moindre
relation.
L'esclavage de ce gallinacé, qui remonte au temps les plus
reculés, a produit une immense quantité de variétés, plus belles
les unes que les autres.
GENRE CINQUANTIÈME.
Tétras, Telrao, Lin.
Caractères.— Bec fort, base nue, mandibule supérieure
196 HISTOIRE NATURELLE.
voûtée, convexe, courbée depuis son origine. Narines
basales, à moitié fermées par une membrane voûtée,
cachées par les plumes avancées du front. Sourcils nus ,
garnis de papilles rouges. Pieds, trois doigts devant,
réunis jusqu'à la première articulation, un doigt derrière,
tous garnis sur les bords d'aspérités ; tarse emplumé jus-
qu'aux doigts, et souvent jusqu'aux ongles; ailes courtes.
Ces Oiseaux vivent en polygamie et habitent particu-
lièrement les grandes forêts de nos montagnes. Quant aux
Gelinottes, elles fréquentent plus souvent les forêts de la
plaine, et les Lagopèdes sont plus spécialement confinés
dans les régions glaciales du déparlement. Ces derniers
se tiennent habituellement dans les broussailles, dans les
amas de bouleaux ou de saules.
Leur nourriture consiste presque uniquement en feuilles
ou en baies ; les graines sont pour eux des accessoires,
dont ils ne font usage que dans la plus grande disette.
Ce sont de grands oiseaux , pesants et lourds , dont le
corps est très-charnu; leur voix est très-sonore.
Dès que les femelles sont fécondées, le mâle s'en éloi-
gne pour vivre solitairement; les jeunes restent avec la
mère jusqu'au renouvellement de la saison des amours.
Les seuls Lagopèdes vivent en bandes très-nombreuses.
1. Tétras auerhan ou Coq de bruyère, Tetrao urogallus,
Lin.; en catalan Gall salvatge.
Habite les grands bois des régions les plus élevées du dépar-
tement, qu'il ne quitte jamais; il se reproduit dans la Cerdagne
et le Capcir. Lorsque la saison des amours arrive, le mâle se
pose sur le tronc d'un arbre, au milieu d'une clairière, et par
sa voix sonore, fortement répétée, fait venir les femelles, qui
OISEAUX. 197
accourent à son appel; quand elles sont réunies, il descend de
l'arbre, et l'accouplement a lieu. C'est lorsque le mâle est ainsi
occupé à appeler les femelles, qu'on peut l'approcher pour le
tirer; autrement il est toujours dans des fourrés impénétrables.
Il est d'un tiers plus gros que la femelle. Sa robe est parée de
très-belles couleurs métalliques et brillantes; les plumes du
sommet de la tête et de la gorge se relèvent; les sourcils sont
d'un rouge-cramoisi. La femelle a les couleurs ternes, et ne
porte pas sur la tête les agréments du mâle. Elle couve seule, et
a soin de sa famille.
Ces Oiseaux vivent de chatons de pin. Leur chair est un manger
détestable lorsqu'on ne connaît pas le moyen de la dégager de
l'odeur de la térébenthine qui la pénètre. Ce moyen consiste à
faire rougir au feu cinq à six cailloux de rivière, gros comme une
pomme moyenne, et lorsque l'animal est plumé et vidé, à les
mettre tout brûlants dans le ventre et la poitrine ; on arrose ces
cailloux d'un demi verre de vinaigre, et l'on roule immédia-
tement le tout dans une toile propre. La chaleur et la vapeur
du vinaigre pénètrent les chairs, la térébenthine s'évapore et
vient s'attacher à la toile. On laisse ainsi vingt-quatre heures,
et on peut être assuré qu'on mange alors un morceau exquis.
2. Tétras rakkelhan , Tetrao médius, Meyer.
Cette espèce est moins abondante ; vit presque dans les mêmes
parages, et ne descend jamais dans les bois des basses montagnes.
Sa chair est estimée; et, comme elle se nourrit de la même façon
que l'espèce précédente, on est obligé d'avoir recours au même
moyen pour pouvoir la manger. Nous l'avons vue dans les taillis
du Llaurenti.
5. Tétras birkhan, Tetrao tetrix, Lin.; en catalan Cua
furxude (queue fourchue).
Cette petite espèce est plus répandue que les autres ; elle vit
198 HISTOIRE NATURELLE.
dans les bois et les bruyères des hautes Corbières ; se plaît dans
les régions fraîches, visite les champs de sarrazin, niche dans
les taillis ou les bruyères épaisses, parmi le genêt à balais, plante
très-commune dans cette contrée. La chair de cet Oiseau est
tendre et fort bonne; elle n'est pas sujette à sentir la résine,
parce qu'il ne se nourrit pas exclusivement de chatons de sapin.
4. Tétras gelinotte, Tetrao bonasia, Lin.; en cat. Grebul.
Ce Tétras ne se reproduit point sur nos montagnes; mais il
visite tous les ans notre département en automne. C'est toujours
à l'époque des vendanges qu'il exécute ses voyages , et c'est alors
qu'on en apporte sur nos marchés. Sa chair est très-délicate,
et cet Oiseau, toujours bien recherché, se vend très-cher.
Pendant notre occupation en Espagne, dans la province de
Valladolid, nous allions chasser la Gelinotte dans les bois de
fuentés qui bordent le Duero. Elle s'y reproduit, et lorsque,
vers la fin d'août, nous trouvions une compagnie de ces oiseaux,
nous étions sûr d'en abattre un grand nombre, de jeunes surtout.
5. Tétras rouge, Tetrao scoticus, Lath.
N'a jamais été observé dans ce département.
6. Tétras ptarmigan, Tetrao lagopus, Lin.; en catalan
Perdiu blanca.
Cette espèce ne quitte jamais les hautes régions du dépar-
tement; elle se plaît parmi les neiges, où elle se vautre
à la manière des Poules sur le sable. On la voit toujours
par compagnies nombreuses , excepté à l'époque de la ponte.
Lorsque le froid est trop rigoureux, elle descend dans les vallées
plus tempérées, jamais dans la plaine. Elle perd au printemps
la belle couleur blanche qu'elle avait conservée pendant tout
l'hiver; elle revêt alors une couleur grisâtre, jaspée de jaune,
qu'elle garde tout l'été. De sorte qu'on peut avoir cet Oiseau de
OISEAUX. 199
trois robes différentes, selon l'époque où on le tue: en hiver,
plumes blanches, excepté les rémiges extérieures de la queue et
des ailes qui sont noires; au printemps et en automne, plumes
bariolées, sur un fond blanc plus ou moins prononcé, et en été,
plumes grises, jaspées de jaune. Sa chair est coriace et conserve
une odeur qui tient probablement à sa nourriture.
7. Tétras des saules, Tetrao saliceti, Temm.
Cette espèce n'a jamais paru dans notre département.
GENRE CINQUANTE-UNIÈME.
Ganga, Pterocles, Temm.
Caractères. — Bec médiocre, comprimé, grêle dans
quelques espèces; mandibule supérieure droite, courbée
vers la pointe ; narines basales, à moitié fermées par une
membrane couverte par les plumes du front, ouvertes en
dessous ; pieds à doigts courts , celui de derrière pres-
que nul, s'articulant très -haut sur le tarse, les trois
doigts de devant réunis jusqu'à la première articulation
et bordés de membranes , le devant du tarse couvert de
petites plumes très-courtes, le reste nu. Ongles très-
courts, celui de derrière acéré, ceux de devant obtus;
queue conique , dans quelques espèces , les deux plumes
du milieu allongées en fils; ailes longues, acuminées.
Les Gangas vivent dans les plaines et dans les déserts
sablonneux des contrées chaudes; ils ne sont pas com-
muns en Europe. Ce sont des oiseaux voyageurs, aimant
à se déplacer; ils parcourent d'un vol soutenu.de vastes
solitudes; ils nichent à terre dans les sables et les
bruyères.
200 HISTOIRE NATURELLE.
1. Ganga unibande, Pterocles arenarius, Temm.
Cette espèce est excessivement rare dans ce département. Une
seule fois, depuis que je m'occupe d'ornithologie, j'ai vu cet
Oiseau au marché de Perpignan. On peut dire qu'il y vient très-
accidentellement, et par des causes fortuites que je ne puis
apprécier.
Au moment où je mets en ordre cet article, 18 octobre 1859,
on m'apporte un second individu du Ganga-Unibande. C'est
une femelle fort jolie et adulte ; on l'a tuée dans les garrigues
de Saint-Nazaire , et la femme qui me l'a remise n'a pas manqué
de dire : « Voici un Oiseau que vous n'avez jamais vu. Mon
mari, qui est braconnier, dit qu'il n'en avait jamais tué de pareil,
quoiqu'il ait chassé beaucoup de Gangues. »
J'ai observé ce Ganga dans la province de Valladolid , lorsque
nous occupions l'Espagne pendant les guerres du premier Empire;
il se reproduit dans les vastes steppes de cette contrée. Toujours
solitaire et fuyant de très-loin, il était très-rare de pouvoir le
tuer, à moins qu'il ne vint passer à portée du chasseur. Je l'ai
aussi vu dans les garrigues de Miranda de Ebro.
2. Ganga cata, Pterocles setarius, Temm.; en catalan
Ganga, Perdiu d'Angleterre, Perdiu de garriga.
Cette espèce abonde dans ce département où elle se reproduit.
Toujours farouche et méfiante, il est très-difficile de l'approcher.
Cet Oiseau se tient constamment dans les plaines découvertes ou
dans les garrigues; il est très-rare qu'on puisse le tirer à portée.
On le tue à l'abreuvoir. Lorsqu'on a découvert l'endroit où il vient
boire, on s'embusque dans les taillis; on saisit le moment où il
plonge la tête dans l'eau à la manière des Pigeons : c'est le seul
moyen de s'en procurer quelques-uns. En hiver, lors de la chasse
aux Alouettes à la lumière, on rencontre quelques Gangas qu'on
prend endormis. Ces Oiseaux ne se réunissent jamais en grand
nombre; ils vivent par groupes de trois à quatre.
OISEAUX. 201
Le mâle, en amour, fait entendre un cri grave et rauque; il
épanouit la queue en éventail, en la portant par côté et la laissant
traîner à terre, pour la relever ensuite comme le Paon; laissant
alors tomber ses ailes, il fait la roue, piaffe et s'agite beaucoup
pendant quelques instants.
La femelle pond trois à cinq œufs sur quelques brins de paille,
rassemblés entre des pierres ou des mottes de terre, en rase
campagne. Les œufs sont gros comme ceux de la Perdrix-Rouge,
moins pointus vers le petit bout, d'un blanc sale, tachés de noir
et de jaune; ces taches sont irrégulièrement parsemées, et plus
grosses vers le gros bout. La chair du Ganga est coriace ; les
jeunes sont plus estimés.
M. Boubée, dans son Bulletin de Voyages, parle d'un Ganga
noir qui se trouve dans les environs de Perpignan. Nous pensons
qu'il a été induit en erreur par la personne qui lui a donné ce
renseignement. Nous n'avons jamais observé cette prétendue
espèce ; nous pensons du moins que, si elle existait, ce serait un
phénomène qu'on devrait attribuer à quelque cause acci-
dentelle, comme cela arrive à d'autres oiseaux qui souvent ont
des couleurs différentes de leur plumage ordinaire sans qu'on
puisse l'expliquer.
Nous avons vu beaucoup de ces Oiseaux. On en porte tous les
jours à notre marché de Perpignan, et nous n'avons jamais
observé d'autres changements à leur robe que ceux occasionnés
par la mue, et qui consistent à avoir les plaques de leur robe
plus ou moins variées; le noir n'y domine jamais.
GENRE CINQUANTE-DEUXIÈME.
Perdrix, Ver dix, Lath.
Caractères. — Bec court, comprimé, fort, nu à sa base;
mandibule supérieure fortement voûtée, courbée vers la
pointe, couvrant l'inférieure; narines à moitié fermées
202 HISTOIRE NATURELLE.
par une membrane nue; trois doigts devant et un derrière,
les antérieurs réunis par une membrane jusqu'à la pre-
mière articulation ; queue composée de quinze à dix-huit
pennes; ailes courtes.
Les Perdrix sont abondantes dans certaines contrées;
elles sont très-multipliées dans les climats tempérés et
chauds. Elles passent toute leur vie à terre, et ne volent
que lorsqu'on les surprend ; elles vivent par couples ; une
fois unis, le mâle ne quitte point la femelle; il est rare
qu'un autre accident que la mort les sépare ; lorsque les
jeunes sont éclos, la mère les conduit, les avertit par ses
cris des dangers qui les menacent, et les rappelle quand
ils se sont séparés; ils restent ainsi réunis en famille
jusqu'au printemps.
lre Section. — Francolins à collier roux.
Cette espèce n'a pas été observée dans le département.
2rae Section. — Perdrix proprement dites.
Les tarses munis d'une callosité ou entièrement lisses;
elles vivent dans les champs et ne se perchent point sur
les arbres.
2. Perdrix bartavelle, Perdix saxatilis, Mey.; en catalan
Perdiu de roca.
Celte espèce est assez rare dans le département; nous ne la
voyons jamais dans la plaine; elle se tient dans les montagnes
calcaires des hautes Corbières. Les paysans qui portent le charbon
deTuchan et deVingrau,nous en apportent quelquefois. On confond
cette Perdrix avec la Rouge ; elle est cependant un peu plus grosse.
3. Perdrix rouge, Perdix rubra, Lath.; en catalan Perdiu
roja; les jeunes, Perdigalls.
OISEAUX. 203
La Perdrix-Rouge est très-commune dans la plaine, dans les
basses montagnes, dans nos vallées, nos vignes et nos olivettes;
elle se plaît et se multiplie partout. Elle fait deux couvées, quel-
quefois trois, qui sont ordinairement de quinze à vingt œufs.
La mère conduit les petits, et a pour sa progéniture un
amour vraiment admirable; car, si l'on vient à surprendre sa
jeune famille, elle emploie toute sorte de moyens ingénieux pour
la sauver; elle ne craint pas même de braver le péril pour atteindre
ce but. La chair de la Perdrix est très-estimée ; elle a un goût
particulier qu'on ne trouve point aux autres oiseaux; les jeunes
Perdreaux surtout sont très-recherchés, aussi leur fait-on une
chasse à outrance.
La robe de la Perdrix varie accidentellement. Nous possédons
des individus dont le poitrail est blanc, ainsi qu'une partie des
ailes et du croupion; la tête est toute jaspée de blanc. Un autre
individu a la robe marron-clair, et la partie supérieure de la tête
de la même couleur que la Perdrix-Rouge ; les mailles des flancs
à peine marquées d'une teinte légère. Un autre individu entiè-
rement blanc : celui-ci faisait partie d'une volée de dix-huit ou
vingt; il habitait le bois des Abeilles, dans la vallée de Ranyuls.
Un chasseur le remarqua parmi les Perdrix de cette compagnie,
et il le poursuivit pendant plusieurs jours sans pouvoir l'ajuster,
car il partait le premier et était toujours en avant des autres.
Ce sujet figure dans les collections du Cabinet d'Histoire natu-
relle de la ville de Perpignan.
4. Perdrix gambra, Perdix petrosa, Lath.
Nous ne l'avons pas encore vue dans ce département.
5. Perdrix grise, Perdix cinerea, Lath.; en catalan Perdiu
xerri, Perdiu grise.
Cette espèce est très-abondante dans les parties élevées de nos
montagnes , les environs de Mont-Louis , le Capcir, la Cerdagne ,
204 HISTOIRE NATURELLE.
Prats-de-Mollô ; elle se tient dans les champs de blé et de sarrazin,
de préférence aux bois; elle est toujours par bandes. Moins esti-
mée que la Perdrix-Rouge, elle se reproduit dans ces localités
et s'en éloigne rarement. Nous ne la voyons jamais dans la plaine.
3me Section. — Cailles.
Caractères. — Queue courte, penchée en bas et cachée
par les plumes du croupion ; la première rémige des ailes
la plus longue.
Les Cailles sont voyageuses; elles se réunissent en
grand nombre pour leurs migrations.
6. Caille ordinaire, Perdix columix, Lath.; en catalan
G ailla.
Les Cailles nous arrivent au printemps des côtes d'Afrique.
Plus le vent du nord est violent, plus elles sont abondantes ; elles
se répandent par nuées dans nos vastes plaines. On leur fait
diverses chasses et on en prend considérablement. Nous possé-
dons plusieurs variétés, qui diffèrent par la couleur du plu-
mage. Nous citerons parmi les plus précieuses, un individu dont
le plumage est vert ; un autre dont le plumage est noir avec des
taches jaunes, le bec, les jambes et les pieds sont très-noirs; ce
sujet fut tué en août 1830. M. Temminck prétend que la couleur
noire des Cailles en captivité , vient de la graine de chanvre pro-
diguée comme nourriture. La nôtre fut prise dans les champs;
c'est donc ù une autre cause que doit être attribuée cette couleur.
Enfin, d'autres individus, par opposition, sont blancs. M. Canta
possédait une Caille couleur café-au-lait, et une autre qui avait
les rémiges des ailes toutes blanches.
GENRE CINQUANTE-TROISIÈME.
Turnix, Hemipodius, Temm.
1. Turnix à croissant, Hemipodius lunatus, Temm.
1
OISEAUX. 205
2. Turnix tachydrorae, Hemipodius taclujdromus, Temm.
Je n'ai pas vu ces deux espèces d'Oiseaux; mais, feu M. Xatart,
de Prats-de-Mollô , naturaliste distingué , m'avait assuré qu'elles
vivaient sur les pelouses des parties basses de nos Pyrénées.
Je n'ai pu me les procurer pour les examiner.
ONZIEME ORDRE.
ALECTORIDES.
Caractères. — Bec plus court que la tête ou de la même
longueur, robuste, fort et dur; mandibule supérieure
courbée, convexe, voûtée, souvent crochue à la pointe;
pieds à tarses longs, grêles; trois doigts devant, un
derrière; le postérieur articulé plus haut sur le tarse
que ceux de devant.
Cet Ordre a été divisé par M. Temminck, en Campes-
tres et en Riverains, et se compose tout entier d'Oiseaux
étrangers à l'Europe , à l'exception d'un seul , le Genre
Glaréole, qui vit sur notre littoral.
GENRE CINQUANTE-QUATRIÈME.
Glaréole, Glareola, Briss.
Caractères. — Bec court, convexe en dessus, très-fendu;
mandibule supérieure crochue à son extrémité; le doigt
postérieur ne portant a terre que sur le bout; les ailes
longues et pointues.
Les Glaréoles ont été rangés dans différents Genres;
ce sont des Oiseaux des climats tempérés. M. Temminck,
206 HISTOIRE NATURELLE.
dit : « Ils fréquentent les bords des eaux douces et lim-
« pides ; leur apparition sur les bords de la mer est très-
« rare. » Nous sommes loin de vouloir critiquer les obser-
vations d'un savant aussi distingué que M. Temminck;
cependant , notre province ne manque point de cours
d'eaux douces et limpides , puisque le bassin du
Roussillon, qui n'a pas une forte étendue, est traversé
par quatre rivières assez importantes, qui vont aboutir à
la mer, et les Glaréoles ne se voient jamais sur les bords
de nos rivières ; on les voit constamment le long du lit-
toral, toujours sur le bord de la mer, cherchant les
insectes qui sont rejetés par les vagues. Us nichent sur
les sables maritimes , et leurs petits , en sortant du nid ,
suivent la mère sur ces mêmes sables. Nos paysans ne
connaissent ces oiseaux que sous le nom de Perdrix-de-
Mer; dénomination que leur avait déjà donnée Buffon, en
l'accompagnant d'une figure très-exacte.
Les Glaréoles ont le vol très-rapide ; s'élèvent haut et
se soutiennent longtemps dans l'air, en faisant entendre
leur cri d'appel, qu'ils répètent aussi lorsqu'ils cou-
rent sur la grève avec une rapidité étonnante ; ils nichent
sur le sable , sans s'occuper beaucoup de la préparation
de leur nid.
1. Glaréole à collier, Glareola torquata, Mey.; en catalan
Perdiu de mar, Pica palsol.
Ces Oiseaux viennent sur nos plages au commencement
d'avril, y séjournent tout l'été; et, lorsque l'éducation de leurs
petits est complète, ils quittent le département. Nous n'en voyons
aucun en hiver; ils sont de passage régulier.
OISEAUX. 201
DOUZIÈME ORDRE.
COUREURS.
Caractères. — Bec médiocre ou court; tarses longs, nus
au-dessus du genou ; les yeux grands ; point de pouce ,
seulement deux ou trois doigts dirigés en avant.
Les Oiseaux qui composent cet Ordre, vivent toujours
dans les champs et dans les lieux déserts , évitant les bois
et les taillis; ils se nourrissent de graines, d'insectes et
d'herbes. Quelques espèces ont les ailes impropres au
vol ; les autres volent peu et près de terre ; aussi courent-
ils avec une grande célérité, non-seulement lorsqu'ils sont
poursuivis, mais aussi d'habitude. Tous les Coureurs
doués de la faculté de s'élever de terre , étendent leurs
jambes en arrière lorsqu'ils volent; ils sont très-farouches,
rusés pour se soustraire aux poursuites des hommes, et
par là difficiles à observer.
GENRE CINQUANTE-CINQUIÈME.
Outarde, Otis, Lin.
Caractères. — Bec de la longueur de la tête ou plus court,
droit, conique, comprimé ou légèrement déprimé à la base;
pointe de la mandibule supérieure un peu voûtée; narines
ovales, ouvertes, rapprochées, éloignées de la base; pieds
longs, nus au-dessus du genou, trois doigts devant, courts,
réunis à leur base, bordés par des membranes; ailes mé-
diocres.
Les Outardes sont des oiseaux lourds, qui se tiennent
plus à terre qu'ils ne volent; et lorsque par la course elles
208 HISTOIRE NATURELLE.
ne trouvent plus moyen de se soustraire aux poursuites,
on les voit raser la terre par un vol rapide et soutenu.
Elles vivent dans les campagnes couvertes de broussailles,
dans les champs ensemencés de blé et découverts; elles
se nourrissent d'herbes , d'insectes , de graines et de
semences. Un mâle suffit à plusieurs femelles, qui vivent
solitaires après avoir été fécondées. Leur chair est déli-
cate; c'est un mets très-recherché.
Ces Oiseaux sont divisés en deux sections :
lre Section. — Les mandibules comprimées à la base.
1. Outarde barbue, Otis tarda, Lin.; en catalan Pioc
salvatge.
Ce n'est que pendant les hivers les plus rigoureux que les
Outardes, surtout la Barbue, viennent visiter nos plaines: elles
n'y sont jamais communes. Ce fut dans l'hiver exceptionnel de
1829 à 1830, qui fit descendre dans notre département le ther-
momètre centigrade à 9°-0, que nous vîmes cette Outarde en
grand nombre. Notre marché de Perpignan en fut bien pourvu,
mais on y vit fort peu de mâles. La chair de cette Outarde est
fort recherchée, et, comme on la voit rarement dans le pays, elle
est toujours très-chère.
2. Outarde canepetière, Otis tetrax, Lin.
Cette dernière passe régulièrement en mars et en septembre.
C'est dans cette dernière saison qu'on en tue beaucoup, et qu'on
la voit abondamment sur nos marchés ; elle est plus rare en mars.
Si les hivers sont bien rigoureux, on la voit en grand nombre
dans nos plaines de la Salanque, sur les bords des étangs salés et
sur la plage de la mer. On ne voit ordinairement que des femelles;
un seul mâle a été apporté au marché de Perpignan depuis que
je m'occupe d'ornithologie; ce fut pendant le grand hiver de 1 829 :
depuis lors je n'ai plus vu cet Oiseau.
OISEAUX. 209
2me Section. — Les mandibules déprimées à la base.
5. Outarde houbara, Otis houbara, Lin.
Nous avons vu une seule fois cet Oiseau. On l'avait apporté au
marché de Perpignan; mais il était tellement mutilé, qu'il nous
fut impossible de le préparer. Nous en constatâmes l'espèce par
la description qu'en donne M. Temminck.
GENRE CINQUANTE-SIXIÈME.
Court- Vite, Cursorius, Lath.
Caractères. — Bec plus court que la tête, déprimé à la
base, un peu voûté à la pointe, faiblement courbé, pointu;
narines ovales, surmontées par une petite protubérance;
pieds longs, grêles, trois doigts très -courts, presque
entièrement divisés , doigt intérieur, de moitié plus court
que celui du milieu; ongles très-petits; ailes médiocres,
grandes couvertures aussi longues que les rémiges.
Ce Genre ne comprend que trois espèces connues;
une seule espèce se montre très-accidentellement dans
les pays les plus méridionaux de l'Europe : nous la
voyons fort rarement dans les terrains sablonneux de
ce département. Ces Oiseaux courent avec une vitesse
extrême sur les sables de la plage.
1. Court- Vite isabelle, Cursorius isabellinus, Mey.
Cet Oiseau étant très -rare, et son apparition ne se faisant
remarquer qu'à des intervalles trés-éloignés, je crois essentiel
d'en donner la description. L'individu qui est sous nos yeux,
diffère en quelques points de la description qui en a été donnée
par Buffon et Temminck.
Description. — Bec plus court que la tête, noir, déprimé à sa
base, un peu voûté à la pointe, qui est très-aigu ë, légèrement
210 HISTOIRE NATURELLE.
courbée; narines ovales, surmontées d'une petite protubérance;
pieds longs, grêles, trois doigts très-courts, presque entièrement
divisés, l'extérieur uni par une membrane jusqu'au tiers de sa
longueur, l'intérieur de moitié plus court que celui du milieu ;
ongles très-petits , noirs et fort acérés ; ailes médiocres , la pre-
mière rémige presque aussi longue que la deuxième , qui est la
plus longue ; grandes couvertures, aussi longues que la quatrième
rémige. Front, parties inférieures, cou, dos, queue et couvertures
alaires d'un roux-isabelle ; quelques taches d'un noir-brunâtre
parsemées sur les plumes, beaucoup plus nombreuses vers
l'extrémité des grandes couvertures; rémiges noires, bordées
de cendré; quelques taches noires, disposées en zig-zag, se font
remarquer à l'extrémité des plumes du manteau; plumes atta-
chées à la mandibule inférieure et gorge blanchâtres; un trait
noir part des yeux et se dirige vers la nuque, et en s'unissant avec
celui du côté opposé, ils forment une pointe. Les plumes qui
forment celte raie sont couleur isabelle à leur origine, noires
vers leur extrémité et très-serrées, ce qui forme la raie noire.
Cette raie, qui a environ 0m 006 de large, est surmontée
d'une raie blanche, encadrée par une seconde raie noire, moins
étendue, qui se termine aussi en pointe, et forme un triangle
dont la pointe est dirigée vers la nuque. Les plumes du front,
sont couleur isabelle, légèrement pointillées de noir. Le sommet
de la tête est couleur ardoise-clair, qui devient plus foncée en se
rapprochant de la raie noire; ces plumes sont assez longues
pour recouvrir une partie de la seconde raie noire; elles sont
disposées de manière à faire croire que l'Oiseau les relève à
volonté. Les pennes de la queue sont de couleur isabelle; les trois
latérales, de chaque côté, ont une tache noire à leur extrémité;
les deux suivantes, la quatrième et la cinquième, sont légèrement
tachées; les autres n'ont point de taches. Nous n'avons pas
remarqué la tache blanche au centre, que lui donnent Buffon
et Temminck. Abdomen et couvertures inférieures de la queue,
blanchâtres; iris noir; jambes et pieds couleur de chair-pâle.
OISEAUX. 211
L'Oiseau que nous venons de décrire est un mâle ; il a 27 centi-
mètres de long.
On lit dans la deuxième édition du Manuel d'Ornithologie de
M. Temminck (1840): « Ce n'est qu'accidentellement que des
« individus égarés de l'une de ces espèces , se montrent dans
« les pays les plus méridionaux de l'Europe ; leur apparition
« dans nos contrées, est extraordinairement rare ; on n'en peut
« citer que quatre exemples positifs. » Il n'est donc pas étonnant
que son apparition, dans notre département, se fasse à des épo-
ques très-éloignées.
Nous n'avons vu cet Oiseau que trois fois : la première fois,
en octobre 1816. La seconde fois, le 3 novembre 1837. M. Viaud,
ornithologiste, l'avait acheté au marché de Perpignan, et nous le
communiqua pour en faire la description, que nous présentâmes
à la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-
Orientales. La troisième fois, fin octobre 1849. Voilà donc
trois sujets pris dans le département, toujours avec la robe
d'automne. Il serait à désirer qu'on en prît un au passage de
mars, pour voir s'il différerait des autres par son plumage. On
saurait alors s'ils ont une double mue, ce qu'on ignore jusqu'à
présent.
TREIZIEME ORDRE.
GRALLES.
Caractères. — Bec de forme variée, le plus souvent droit,
en cône très-allongé, comprimé, rarement déprimé ou plat;
pieds grêles, longs, plus ou moins nus au-dessus de genou,
trois doigts devant et un derrière, le doigt postérieur arti-
culé à niveau de ceux de devant ou plus élevé.
Ces Oiseaux , dont les espèces sont très-nombreuses ,
sont presque tous demi-nocturnes; tous ont les ailes Ion-
Î12 HISTOIRE NATURELLE.
gues et propres à fournir au voyage lointain qu'ils exé-
cutent périodiquement, et pour lequel ils se réunissent en
bandes ; plusieurs volent de nuit comme de jour ; ils fré-
quentent les bords de la mer, des lacs, des fleuves, des
marais; ils sont très-rusés et farouches. Leur nourriture
varie avec les lieux et les saisons ; ils mangent indistinc-
tement des poissons, du frai, des reptiles et des insectes
aquatiques ou de terre, selon la forme ou la solidité de
leur bec. Les jeunes, dans leurs migrations, ne suivent
pas la même route que les vieux.
lre Division. — Grattes à trois doigts.
Ils manquent toujours de doigt postérieur.
GENRE CINQUANTE-SEPTIÈME.
JEdicnème, JEdienemus, Temminck.
Caractères. — Bec plus long que la tête, droit, fort,
très-fendu, renflé à l'extrémité ; narines placées au milieu
du bec, longitudinalement fendues, percées de part en
part; pieds longs, grêles; trois doigts devant, réunis par
une membrane qui se prolonge le long des doigts; queue
fortement étagée; ailes médiocres.
L'Europe ne fournit qu'une seule espèce d'iEdicnème,
qui vit par couples sur les guérets ou les terres incultes.
Partout sa course est d'une grande célérité; elle voyage
plus la nuit que le jour, et toujours en poussant un cri
qui s'entend de très-loin.
1. iEdicnème criard, JEdienemus crepitans, Temm.; en
catalan Galdrie , Toru de garriga.
OISEAUX. 213
Cet Oiseau habite le département toute l'année; on le trouve
dans les grandes plaines des Aspres, sur les grands plateaux
de vignes, et sur les bords des étangs salés. Pendant la nuit,
il voyage pour chercher sa nourriture, en faisant entendre son
cri; dans le jour, il reste blotti sous quelque touffe, et n'en
sort que si on le surprend. Il dépose ses œufs dans quelque
enfoncement sur la terre, sans la moindre précaution ; sa couvée
n'est ordinairement que de deux œufs. La chair de cet Oiseau
n'est pas estimée; elle est coriace.
GENRE CINQUANTE-HUITIÈME.
Sanderling, Calidris, Illig.
Caractères. — Bec médiocre, grêle, droit, mou, flexible
dans toute sa longueur, comprimé depuis sa base,
déprimé à la pointe, aplati, plus large que dans le
milieu, sillon nasal très-prolongé vers la pointe; narines
latérales, longitudinalement fendues; pieds grêles, trois
doigts dirigés en avant, presque entièrement divisés;
ailes médiocres.
Le genre Sanderling ne compte qu'une seule espèce,
qui avait toujours été confondue avec le genre Bécasseau.
Des caractères extérieurs l'en distinguent; ses mœurs
offrent également des disparités.
\. Sanderling variable, Calidris arenaria, Lin.; en cata-
lan Courriol dels grosses.
Cet Oiseau arrive par grandes bandes ; il séjourne le long des
côtes maritimes , d'où il ne s'écarte guère que pour aller sur les
bords des étangs salés; il hiverne dans le département, et disparait
aussitôt que les beaux jours arrivent. On en porte beaucoup au
marché de Perpignan.
214 HISTOIRE NATURELLE.
GENRE CINQUANTE-NEUVIÈME.
Échasse, Himantopus, Briss.
Caractères. — Bec grêle, long, pointu; mandibules can-
nelées latéralement jusqu'à la moitié de leur longueur;
narines latérales, linéaires, longitudinales; pieds très-
longs, grêles, flexibles, trois doigts dirigés en avant,
réunis à leur base; ongles très-petits, plats; ailes très-
longues.
1. Échasse à manteau noir, Himantopus melanopterus ,
Mey.; en catalan Camas llargas (jambes longues).
Les Échasses arrivent par petites bandes au commencement
du printemps, et se réunissent près des marais salés et dans les
parties basses de la Salanque. Elles fréquentent aussi les bords
de la mer qui ne sont pas éloignés de ces étangs ; nichent sur de
petits monticules de terre, au milieu de ces vastes terrains sub-
mergés, et trouvent dans ces lieux une nourriture abondante.
Ces Oiseaux nous quittent en septembre; il est très-rare d'en
voir en hiver.
GENRE SOIXANTIÈME.
Huîtrier, Hœmatopus, Linné.
Caractères.— Bec droit, fort, comprimé, taillé en ciseaux;
narines latérales, longitudinales; pieds forts, réticulés,
trois doigts dirigés en avant, bordés par un rudiment
membraneux, les extérieurs réunis à leur base par une
membrane ; ailes moyennes , première rémige la plus
longue.
Les Huîtriers vivent toujours le long de la mer, sur
les falaises ou sur la grève ; suivent la lame pour saisir
les insectes marins qu'elle entraîne sur le rivage; se ras-
OISEAUX. 215
semblent en grandes troupes pour leurs voyages, mais
vivent solitairement pendant le temps de la reproduction.
1. Huîtrier pie, Hœmatopus ostralegus, Lin.; en catalan
Garsa de mar.
L'Huîtrier fréquente nos rivages pendant l'hiver; il ne s'éloigne
pas des bords de la mer et des étangs salés qui sont près des dunes.
On en remarque peu au passage du printemps. Je ne pense point
qu'il se reproduise dans le pays.
GENRE SOIXANTE-UNIÈME.
Pluvier, Charadrms, Lin.
Caractères. — Tête ronde; bec droit, médiocre, presque
rond, un peu obtus à son extrémité; narines longitudi-
nales placées au milieu d'une membrane; pieds-grêles,
longs ou médiocres; le doigt extérieur réuni à sa base à
celui du milieu par une petite membrane; ailes moyennes,
première rémige la plus longue.
Les Pluviers sont nombreux en espèces; on en trouve
dans toutes les contrées du globe; ils fréquentent les
bords des étangs, des marais, des fleuves et les plaines
bumides; ils se nourrissent d'insectes et de vers.
1. Pluvier doré, Charadrius pluvialis , Lin.; en catalan
Daurada.
Cet Oiseau nous arrive par grandes bandes au commencement
d'octobre , et reste sur nos terres basses pendant toute la saison
d'hiver. Beaucoup ne restent pas probablement dans ce pays,
puisqu'il y a aussi en mars un passage considérable qui paraît
se diriger en sens inverse de celui de l'automne. Cet Oiseau est
très-estimé; sa chair délicate et fine le fait rechercher. On en
tue et on en prend beaucoup à la chasse à la lumière, dans les
nuits très-obscures.
216 HISTOIRE NATURELLE.
2. Pluvier guinard, Charadrius morinettus, Lin.
Celle espèce séjourne tout l'hiver dans les parties basses du
département, le long des rivières, des étangs salés et de la grève.
On en porte beaucoup au marché ; on la prend aux lacets tendus
pour les Bécassines; sa chair est estimée. Elle niche dans le
Nord de la Russie.
5. Grand Pluvier à collier, Charadrius hiaticula, Lin.;
en catalan Courriol.
On voit ce petit et joli Oiseau se répandre par petites bandes
sur les bords de la mer, des cours d'eau et dans les lieux où le
sable abonde, courant avec une rapidité étonnante, se poursui-
vant, faisant de petites volées et. criant toujours. Il reste
dans le département toute la belle saison, et s'y reproduit; il nous
quitte dès que le mauvais temps arrive. Il ne prend pas de grandes
précautions pour établir son nid; c'est entre les pierres ou les
coquillages, sur le sable nu, qu'il dépose quatre ou cinq œufs, que
la femelle couve, et qui ne s'éloigne guère de l'endroit où elle
a déposé sa couvée, si on l'inquiète, et pousse des cris très-
aigus qu'elle ne cesse de répéter tant qu'on est près de son nid.
4. Petit Pluvier à collier, Charadrius minor, Mey.
Cette espèce vit plus particulièrement sur les bords des che-
mins sablonneux, le long des torrents et des rivières; ne va
presque pas sur les bords de la mer. Elle est, comme les autres
espèces, très-vive, ne restant jamais tranquille , et poussant pen-
dant son vol et sa course un cri de détresse très-aigu. Elle pond
aussi sur le sable, auprès de quelque touffe de graminée.
5. Pluvier à collier interrompu, Char, cantianus, Lath.
Plus rare que les autres espèces , ce Pluvier ne quitte pas les
bords de la mer et des étangs salés; y passe toute la belle saison
et s'y reproduit. Son nid n'est pas mieux soigné que celui des
OISEAUX. 217
autres espèces; c'est aussi dans un trou de sable qu'il dépose ses
œufs. Les trois espèces visitent tous les ans le département; s'y
reproduisent, et y passent la belle saison. La vitesse avec laquelle
il parcourt les sables des parties marécageuses et des petits
ruisseaux de l'intérieur des terres, lui a fait donner le nom
catalan de Courriol, qui veut dire coureur.
2me Division. — Gralles à quatre doigts.
Le pouce est toujours distinct; mais il varie en lon-
gueur.
GENRE SOIXANTE-DEUXIÈME.
Vanneau, Vanellus, Briss.
Caractères. — Bec court, grêle, droit, comprimé, pointe
des deux mandibules renflée ; fosse nasale de la longueur
des deux tiers du bec; narines longitudinales; tarses grêles;
trois doigts devant, un derrière, celui-ci n'appuyant pas à
terre; ailes acuminées ou amples. Quelques espèces étran-
gères ont le poignet de l'aile armé d'un éperon long et
acéré.
Les Vanneaux sont, comme tous les oiseanx vermivores,
de passage régulier à deux époques de l'année. Ils voya-
gent en famille; ont le vol élevé et soutenu; habitent les
lieux humides et inondés où ils cherchent les vers, les
insectes aquatiques, les petits limaçons, dont ils font leur
nourriture.
lrc Section. — La première rémige de l'aile la plus longue.
4. Vanneau pluvier, Vanellus melanog aster, Bech.; en cat.
Pigre ciels grisos.
Ce Pluvier vit dans le pays pendant toute la mauvaise saison.
218 HISTOIRE NATURELLE.
Il fréquente les parties basses de laSalanque, près des prairies
inondées; on le voit par petites bandes. On le prend facilement,
parce qu'il n'est pas d'un naturel farouche et qu'on peut l'appro-
cher pour le tirer. La mue change beaucoup sa robe, de sorte,
qu'en automne, on croit voir un tout autre oiseau. Dès que le
mois de mars arrive, cet Oiseau quitte le pays pour aller se
reproduire vers le nord.
2me Section. — Les trois rémiges extérieures également étagées;
la quatrième et la cinquième les plus longues.
2. Vanneau huppé, Vanellus cristatus, Mey.; en catalan
Pigre upat.
Ces Vanneaux nous visitent vers la fin d'octobre; se répandent
sur nos prairies basses et nos champs humides par troupes assez
nombreuses; restent toute la mauvaise saison dans le pays, et,
comme tant d'autres espèces, l'abandonnent en mars pour aller
se reproduire dans un autre climat. Nous les voyons souvent
mêlés à des bandes d'Étourneaux avec lesquels ils vivent d'assez
bonne intelligence. Ce Vanneau est très-méfiant; il est très-
difficile à tirer, parce qu'il ne se laisse pas approcher. Toutefois
on en prend beaucoup , soit au lacet, soit à la chasse à la lumière
pendant la nuit. Sa chair est un mets si délicat, que son nom est
passé en proverbe.
GENRE SOIXANTE-TROISIÈME.
Tourne-Pierre, Strepsilas, Illig.
Caractères. — Bec médiocre, dur à la pointe, fort, droit,
en cône allongé, légèrement courbé en haut, arête aplatie;
pointe droite, tronquée; narines longues, latérales, à
moitié fermées par une membrane, percées de part en
part; pieds médiocres, trois doigts devant et un derrière,
ce dernier articulé sur le tarse; ailes acuminées.
OISEAUX. 219
\. Tourne-Pierre à collier, Strepsilas collaris, Temm.;
en catalan Ramena rocs (remue pierres).
On le trouve constamment sur la grève ou sur les bords des
étangs, jamais en grand nombre; il passe ici toute la mauvaise
saison. L'habitude propre à cet Oiseau de chercher sa nourriture
sous chaque pierre, qu'il tourne avec beaucoup de dextérité au
moyen de son bec, dur, court et comprimé vers le bout, lui a valu
le nom qu'il porte en catalan. On le voit souvent examiner
soigneusement un petit emplacement, retourner chaque pierre,
et y saisir les vers et les insectes qui s'y sont réfugiés. Lorsqu'il
est gras , sa chair est de bon goût.
GENRE SOIXANTE-QUATRIÈME.
Grue, Gras, Pallas.
Caractères. — Bec de la longueur ou plus long que la
tête, fort, droit, comprimé, pointe en cône allongé , obtus
vers le bout; base latérale de la mandibule profondément
cannelée; arête élevée; narines au milieu du bec, percées
de part en part dans la rainure, fermées par derrière par
une membrane; région des yeux et base du bec souvent
nues ou couvertes de mamelons; pieds longs, forts, un
grand espace nu au-dessus du genou sur les trois doigts
de devant, celui du milieu est réuni à l'extérieur par un
rudiment de membrane, l'intérieur divisé, le doigt pos-
térieur s'articulant plus haut sur le tarse; ailes médio-
cres, la première rémige plus courte que la deuxième,
et celle-ci presque aussi longue que la troisième qui est
la plus longue; pennes secondaires les plus proches du
corps arquées, ou très-longues et subulées chez quelques
espèces étrangères.
Ces Oiseaux voyageurs , dont une seule espèce est
220 HISTOIRE NATURELLE.
connue en Europe, cherchent en hiver les climats doux et
tempérés. Nous les voyons arriver en octobre par bandes
considérables, rangés à la file l'un de l'autre, formant
ordinairement un triangle et à une élévation telle qu'à
peine on peut les distinguer. Un cri très-sonore qu'ils
répètent souvent, avertit de leur passage. Si le temps est
beau ils ne font que traverser le département; mais, si le
mauvais temps se déclare au moment de leur passage,
ils se rabattent sur nos champs ensemencés ou dans les
immenses prairies de nos contrées basses, où d'ordinaire
ils ne séjournent pas longtemps; ils vont passer l'hiver
plus au midi. En mars, nous les voyons passer de nouveau,
gagnant le nord pour aller s'y reproduire.
1. Grue cendrée, Grus cinerea, Bech.; en catalan Grua,
Gabilan.
La Grue ne fait que passer au printemps et en automne. Si elle
est contrainte par le mauvais temps de s'arrêter dans nos parages,
on en tue alors quelques-unes qu'on porte sur notre marché.
Il y a quelques années qu'un métayer des environs de Céret vit
une compagnie de Grues s'abattre dans une prairie de sa ferme:
un violent orage avait forcé ces oiseaux à s'arrêter; c'était à la
chute du jour. Dès que la nuit fut bien sombre, il se dirigea, muni
d'une lanterne, vers l'endroit où étaient les Grues, en saisit deux
par le cou et les emporta vivantes.
Les Grues sont des oiseaux connus de la plus haute antiquité ;
il en est question dans les livres les plus anciens ; il est vrai que
la fiction et le merveilleux se trouvent dans leurs récits tenir lieu
de la vérité. Cependant, l'observation constante de la périodicité
de leur migration, la direction de leurs courses, l'époque de leur
arrivée, ainsi que celle de leur départ, la concordance de leur
apparition avec telle époque de l'année, et la variation de ces
OISEAUX. ±21
apparitions, suivant que les saisons avaient suivi leurs cours
régulier, ou avaient éprouvé quelque perturbation , tout cela est
un témoignage certain de l'intérêt que ces oiseaux avaient inspiré
aux anciens peuples. Ces admirables observations avaient porté
les anciens à tirer des pronostics qu'ils avaient appliqué à
l'agriculture;, mais tout cela est mêlé d'un merveilleux dont
il est difficile d'apprécier les motifs.
Généralement, on méprise la chair de la Grue. Cette opinion
tient sans doute à la manière de l'apprêter : tel mets paraît
souvent détestable, qui, approprié avec soin, serait très-bon à
manger. Nous avons l'ait préparer des Grues, qui ont été trouvées
excellentes par tous ceux qui en ont goûté. Il faut dire aussi
que nous avions eu le soin de faire enlever la peau de l'oiseau, et
laissé ignorer aux convives le mets qu'ils avaient devant les yeux.
GENRE SOIXANTE-CINQUIÈME.
Cigogne, Ciconia, Briss.
Caractères. — Bec long, fort, uni, droit, cylindrique, en
cône allongé, aigu, tranchant; arête arrondie, d'égale
hauteur avec la tête ; mandibule inférieure se recourbant
un peu en haut; narines longitudinalement fendues, pla-
cées près du front; tour des yeux nu; jambes longues,
nues; les doigts de devant réunis par une membrane à
leur base; ongles courts, déprimés, sans dentelures; ailes
médiocres.
Les Cigognes ont, de tout temps, attiré l'attention des
peuples qui les ont connues; elles sont au nombre des
espèces privilégiées. Dans tous les pays du monde on
s'abstient de les tuer, à raison des grands services qu'elles
rendent en détruisant une multitude d'animaux nuisibles,
comme les reptiles, rainettes et leur frai; elles se nour-
222 HISTOIRE NATURELLE.
rissent aussi de poissons et de petits mammifères. Elles
émigrent par grandes bandes, mais ne séjournent pas
dans les Pyrénées-Orientales.
1. Cigogne blanche, Ciconia alba, Bellon; en catalan
Ganta, Cigonya.
De passage en automne et au printemps, cet Oiseau ne
séjourne pas dans nos contrées ; il s'arrête peu de temps
dans nos marécages pour y prendre quelque nourriture, et
il continue son voyage. Nos paysans en tuent toutefois quel-
qu'un. Il n'en est pas ainsi dans les pays où il se reproduit.
Je l'ai vu en Pologne et dans la province de Valladolid, en
Espagne, nicher sur les toits des maisons et des clochers;
confiant, et sans nulle crainte de l'homme, il va jusque dans
les jardins, chercher à côté de lui la nourriture destinée à sa
couvée. On le voit passer, entraînant avec son bec, de longs
serpents qu'il apporte à ses petits. Des peines sévères au-
raient été infligées à celui qui aurait tué un de ces Oiseaux.
Les jeunes Cigognes font entendre continuellement un cliquetis
désagréable avec leur bec, qui finit par importuner cejui qui loge
auprès d'une nichée.
La Cigogne choisit toujours la partie la plus élevée d'un édifice
pour y construire son nid, qui est fait de bûchettes entrelacées
avec du gramen et autres matières végétales. J'ai été témoin d'un
fait curieux, à Astorga, pays des Maragatos. Sur le clocher de
l'église principale, est placé, sur une tige en fer d'une certaine
élévation, un mannequin en fer ou en tôle, qui sert de girouette.
Ce mannequin, dont les proportions sont colossales, est en cos-
tume du pays , le chapeau qui couvre sa tête est à larges bords ;
c'est sur le chapeau de ce mannequin qu'une paire de Cigognes
avaient établi leur nid. J'ai pu les contempler toute une année, des
fenêtres de mon logement, très-voisin de cette église ; et lorsqu'il
faisait du vent, ces Oiseaux étaient balancés par les mouvements
OISEAUX. 223
de la girouette qui tournait sans cesse sans les déranger. Les
habitants assurent que cela existe de temps immémorial, et que
tous les ans une famille élève ses petits sur la tête du Muragato.
2. Cigogne noire, Ciconia nigra, Bellon; en catalan
Ganta negra.
Cette Cigogne paraît, à de rares intervalles, dans ce dépar-
tement. Je n'en ai vu que deux au marché de notre ville, et
toujours au printemps. Elles furent tuées dans les marais du
Cagarell, près Canet.
Cette année (16 septembre 1861) un chasseur a surpris, de
très-grand matin , dans les garrigues de Pézilla , une famille de
Cigognes-Noires. Elles étaient au nombre de cinq, quand elles
se sont levées; un coup de fusil en a abattu deux, précisément
mâle et femelle adultes. Je les ai préparées pour la collection de
la ville. C'est la seule fois que je vois cet Oiseau au passage
d'automne.
GENRE SOIXANTE - SIXIÈME .
Héron, Ardea, Lin.
Caractères. — Bec long, fort, droit, comprimé, en cône
allongé, tranchant, aigu; mandibule supérieure faible-
ment cannelée; arête arrondie; narines latérales, presque
à la base du bec; yeux entourés par une nudité qui com-
munique avec le bec; jambes et doigts longs; l'extérieur
et celui du milieu réunis à leur base; le doigt postérieur
s'articulant intérieurement et à niveau des autres; ongles
longs, comprimés, aigus, celui du milieu dentelé inté-
rieurement; ailes médiocres.
Les Hérons vivent sur les bords des lacs, des rivières
ou dans les marais. Leur nourriture consiste en poissons
et leur frai, en grenouilles, moules d'eau douce, en cam-
224 HISTOIRE NATURELLE.
pagnols, musaraignes, ainsi qu'en toute sorte d'insectes,
de limaçons et de vers. Ils se posent rarement sur les
arbres, et y nichent quelquefois.
lre Section. — Hérons proprement dits.
Bec plus long que la tête; une portion du tibia nue;
ils se nourrissent de poissons.
1. Héron cendré, Ardea cinerea, Lath.; en catalan Barnad
pescayre, Capô d'aygua, Agro.
Cet Oiseau est sédentaire dans ce département; il vit isolé dans
nos grands marais; il en vient souvent de l'extrême nord, qui
ne sont que de passage. Cet Oiseau est très-rusé; il se place au
milieu de l'eau, et reste immobile pendant longtemps, attentif,
attendant qu'une proie passe à sa portée, pour s'en emparer
avec son long bec , qu'il dirige comme un trait , avec une
dextérité surprenante.
Le nom générique de tous les Hérons est, en langue catalane,
Capô d'aygua (chapon d'eau), ou Barnad pescayre (sot pêcheur);
seulement quelques espèces ont des noms particuliers que j'indi-
querai.
Les couleurs du plumage de cet Oiseau varient beaucoup selon
l'âge, ce qui avait donné lieu à une multitude d'espèces que
M. Temminck a réduites avec juste raison.
Nous possédons dans le pays plusieurs espèces de Hérons, qui
sont fort remarquables par la variété de leur taille et par les
couleurs de leur plumage.
Plusieurs de ces espèces quittent les bords de la mer
et des marais, et s'aventurent dans l'intérieur des terres. Nous
possédons, au Cabinet, un Crabier (Ardea ralloïdes) adulte et
très-beau, tué à Caudiès, en 1816. M. Palégri, chasseur intré-
pide, étonné de voir cet oiseau dans ce territoire, le poursuivit et
parvint à le tuer. Le voyant si beau, il l'envoya à M. Duvilliers
OISEAUX. 255
du Terrage, alors préfet de ce déparlement, que les travaux
administratifs n'empêchaient pas de se livrer avec succès à
l'histoire naturelle. Ce magistrat me pria de le monter et de le
joindre à ma collection. C'est un superbe individu, dont la nuque
est ornée d'une admirable touffe de plumes, belles et effilées.
Un fait curieux, relatif aux voyages du Héron-Cendré, est digne
d'être rapporté dans cet article. Un Oiseau de ce genre, mâle et
adulte, fut tué, le 15 avril 1845, à la métairie des Fanais, appar-
tenant à M. Lacombe-Saint-Michel. Il portait une plaque en cuivre
rivée au-dessus du genou, sur laquelle étaient inscrits ces mots
en allemand :
Falkenjagd Traduction: Faucon -Héronnier
gezelsshatc. au bec dentelé.
N« Lo ol843. N°Lool843.
Ce fait me parut si singulier, que je rédigeai à ce sujet un
article que je fis insérer dans le journal du département, où
j'exposais le fait et où je manifestais l'opinion que cet Oiseau
s'était échappé de la Ménagerie du Roi de Hollande. Sachant que
M. Temminck était directeur de cette Ménagerie et du Cabinet
d'Histoire naturelle, je lui adressai un exemplaire du journal.
Ce savant naturaliste m'écrivit aussitôt pour me dire que ce
Héron n'était pas échappé de la Ménagerie du Roi ; mais qu'à
Loo il existait un Jokei-Club, composé de jeunes gens des familles
nobles du pays, qui se livraient à la chasse au Faucon, et que
toutes les fois qu'un Héron était pris, on lui rendait la liberté,
après lui avoir attaché à la jambe la plaque en question. De sorte
que ce Héron portait cette plaque depuis deux ans, et il était
venu se faire tuer dans les Pyrénées-Orientales.
En 1856, le même fait se répéta. Un Héron de la même espèce
et portant une plaque pareille, avec la même légende , fut tué à
Alénya, au bord de la mer, sur les terres de M. Jouy-d'Arnaud,
maire de Perpignan. Ce Héron, mâle et très-adulte, portait sa
plaque depuis sept ans.
2ïi) HISTOIRE NATURELLE.
2. Héron pourpré, Ardea purpurea, Lin.; en catalan
Agro rotj.
Ce Héron s'écarte beaucoup plus des côtes que les autres
espèces, et suit les cours d'eau qui traversent le département.
On l'a tué différentes fois dans l'intérieur des terres très-éloi-
gnées du littoral; il niche dans nos marais, et il en reste toujours
quelques-uns pendant l'hiver.
5. Héron aigrette, Ard. egretta, Lin.; en cat. Agro blanc.
Ce superbe Oiseau, dont la parure est admirable, relève, quand
il est agité, ses belles plumes scapulaires, effilées, qui forment un
beau panache. Il vit dans les marécages de Salses et s'y reproduit.
Nous le voyons avec sa belle robe de noces, qu'il perd dès qu'il a
élevé sa famille. Il est beaucoup plus rare que les deux précédents.
4. Héron garzette, Ard. garzetta, Lin.; en cat. Agro blanc.
Celte belle espèce se voit aussi parfois dans nos marécages;
nous ne pensons pas qu'elle s'y reproduise. C'est toujours dans les
lieux couverts de roseaux qu'on voit et qu'on tue quelques-uns
de ces oiseaux, au passage du printemps. Leur belle aigrette, et
les ornements du bas du cou les rendent intéressants. Ils sont
toujours très-rares.
2me Section. — Butor.
Mandibule supérieure courbée en bas, cou moins long,
épais; la nudité du tibia est très-petite.
5. Héron grand Butor, Ardea stellaris, Lin.; en catalan
Butor, Capô d'aygua.
Méfiant et toujours caché dans les broussailles des mares, le
Butor fait entendre la nuit sa voix rauque. Dans le jour, il se
pose dans l'eau, une patte en l'air, et guette sa proie des heures
entières dans une parfaite immobilité. Il est très-rusé. Si on le
oiseaux. -2"2~
tire, et qu'il ne soit que blessé, on doit prendre toutes les pré-
cautions possibles pour le saisir; car il contracte son cou et
lance son bec avec une rapidité étonnante, en visant toujours à
la ligure. D'ailleurs cela est commun à tous les oiseaux du genre;
j'ai vu des chasseurs imprudents, qui ont failli être éborgnés
en saisissant des Hérons sans précaution. Je ne pense pas qu'il
se reproduise dans le pays. En hiver, on en porte assez au
marché de Perpignan, et lorsqu'il est gras, sa chair est fort
bonne, seulement elle a un goût de marais très-prononcé.
6. Héron crabier, Ardea ralloïdes, Scopol; en catalan
Capô d'aygua ros.
Ce joli oiseau ne se voit qu'à l'époque du passage du printemps,
toujours isolé, fréquentant plutôt les rivières que nos marais; se
transportant assez loin dans les terres, se posant sur les arbres,
où il reste assez longtemps si on ne l'inquiète point. Il est assez
patient par caractère , lourd dans ses mouvements et triste dans
son maintien ; il se nourrit comme les autres espèces du genre,
et niche sur les arbres.
7. Héron blongios, Ardea minuta, Linné en catalan
Rasclet dels nègres.
Le Blongios est le plus petit des Hérons d'Europe; il se tient,
comme les autres, dans les terrains inondés et bas, où les roseaux
et les tamarix sont abondants. On le voit sortir de sa retraite et
s'élancer dans les airs, en poussant des cris rauques. Il se pose
sur les arbustes ou sur les roseaux pour épier sa proie, et s'élance
avec une grande dextérité pour la saisir; il niche dans les joncs
qui sont au-dessus de l'eau , et quitte notre pays aux approches
de l'hiver.
GENRE SOIXANTE-SEPTIÈME.
Nycticorax, Nycticorax, Cuv.
Caractères. —Bec gros, large et dilaté à sa base; quel-
±28 HISTOIRE NATURELLE.
ques plumes longues pendantes à l'occiput; les ongles
courts, celui du doigt du milieu pectine.
L'Europe ne fournit qu'une seule espèce.
1. Bihoreau à manteau noir, Nycticorax arcleola , Tem.;
en catalan Toru, de garriga.
Le Bihoreau est de passage dans ce département. Nous le voyons
en avril et en octobre, toujours isolé, le long- des cours d'eau où
il y a de grands arbres, et où il se tient parfaitement caché dans le
jour: il faut lui tomber dessus pour qu'il s'envole; il paraît
craindre la clarté du jour. La nuit, en voltigeant pour chercher
sa nourriture, il fait entendre sa voix, grosse et grave, qui imite
un peu celle du Taureau, et c'est probablement ce qui lui a fait
donner dans le pays le nom de Toru de garriga. Il porte
derrière la nuque trois et quelquefois quatre plumes blanches,
très-effilées et longues, qu'il relève lorsqu'il vole. C'est un
oiseau lourd et peu gracieux. Sa chair n'est pas très-bonne.
GENRE SOIXANTE-HUITIÈME.
Flammant, Phœnicopterus , Linné.
Caractères. — Bec garni d'une membrane à sa base,
plus haut que large, conique vers la pointe, qui est
recourbée en bas, les bords finement dentelés; narines
étroites, fendues en long; yeux à fleur de tête; pieds
très-longs, grêles; les trois doigts de devant enveloppés
dans une membrane échancrée; pouce très-court; ailes
moyennes; la deuxième rémige la plus longue.
Ces singuliers oiseaux, dont une seule espèce vient
nous faire visite, tiennent tout à la fois des Échassiers
et des. Palmipèdes; ils vivent en grandes bandes dans
les marais, dans les étangs salés et dans le voisinage de
la mer; ils se nourrissent de coquillages, d'insectes et
OISEAUX. 229
de frai de poisson , qu'ils pèchent au moyen de leur long
cou, et en retournant leur tête pour employer avec avan-
tage le crochet de leur bec. Ils nichent en société, et
font dans les marais un cône de terre élevé au-dessus
des eaux , où ils placent leurs œufs au nombre de trois au
plus, et se mettent à cheval pour les couver, parce
que leurs longues jambes les empêchent de s'y prendre
autrement.
J. Flammant rose, Phœnicopterus antiquorum, Temm.;
en catalan Alic rolj.
Cet Oiseau, dont les couleurs sont si brillantes et la stature
si remarquable , par la longueur de ses jambes, par un cou long
et grêle, surmonté d'une tête dont la forme est si bizarre, est
appelé par nos chasseurs Alic rotj. Cette dénomination est
vicieuse; car Alic veut dire Aigle, et rotj, rouge, et certes ce
n'est pas ce qu'on veut exprimer. L'Oiseau ayant les ailes rouges,
on devrait plutôt dire Ala rotj (aile rouge), et je suis persuadé
que c'est là l'expression primitive, qui a été dénaturée.
Les Flammants se voient ici par bandes très-nombreuses sur
nos marécages et sur nos étangs. Sans pouvoir affirmer que ces
Oiseaux se reproduisent dans ce pays, puisque je n'ai pu vérifier
par moi-même ce fait, je serais cependant porté à le croire, d'après
les observations suivantes. Fin juillet 1819, cinq Flammants, deux
vieux et trois jeunes, traversaient l'anse de mer qui entre dans
les terres d'Argelès. Le plus faible n'ayant pas eu la force d'ar-
river à terre se laissa tomber dans la mer. Comme il y a fort peu
d'eau sur cette plage, un homme fut le chercher. Les vieux
avaient plongé sur lui plusieurs fois pour tâcher de l'emmener,
et leurs efforts avaient été infructueux. Cet Oiseau n'était pas
blessé; la fatigue seule l'avait forcé à s'abattre, et on fit la
remarque qu'il paraissait le plus petit de la troupe. Il me fut
envoyé par M1,e Rière. Les couleurs du plumage, la taille et son
230 HISTOIRE NATURELLE.
duvet me donnèrent la conviction qu'il était très-jeune. Si cet
Oiseau n'était pas né dans le pays, je doute qu'il se fût trouvé
ici à cette époque.
Une autre fois, étant à la chasse des insectes, dans les plaines
de Saint-Nazaire qui bordent l'étang de ce nom, c'était en juin , je
vis deux Flammants qui se promenaient sur les bords de ce vaste
lac. Le lendemain un des deux fut tué et on me l'apporta; c'était
une femelle très-adulte. Je lui trouvai deux œufs; la coque de
l'un était presque formée. Il est probable que ce couple avait
son nid dans les environs ou dans les marais du Cagarell qui
n'en sont pas bien éloignés. C'est donc une preuve assez évidente
que leur reproduction se fait dans ce département.
GENRE SOIXANTE-NEUVIÈME.
Avocette, Recarvirostra , Linné.
Caractères. —Bec très-long, grêle, faible, déprimé dans
toute sa longueur, la pointe flexible, se recourbant en haut ;
mandibule supérieure sillonnée à sa surface; mandibule
inférieure sillonnée latéralement; narines à la surface du
bec, linéaires, longues; pieds longs; les trois doigts
antérieurs réunis par une membrane échancrée; ailes
acuminées.
Les Avocettes fréquentent habituellement les eaux salées;
elles vivent sur les plages que baigne la mer, toujours à
l'embouchure des rivières, ou dans les lieux vaseux ou
couverts de limon, et où l'eau est à une hauteur pro-
portionnée à la longueur de leurs jambes. Dans leurs
migrations, elles sont toujours par paires; leur vol est
rapide et soutenu, Leur nourriture consiste en insectes
presque imperceptibles, qu'elles enlèvent avec leur bec
de dessus la vase.
OISEAUX. 231
1. Avocette à nuque noire, Recurvirostra avocetta, Lin.;
en catalan Bec cl 'aliéna.
Nous voyons cet étrange Oiseau, en avril et en novembre;
il ne séjourne pas longtemps dans nos marais salants où il se
tient sur les bords pour y chercher sa nourriture. On le
voit rarement dans l'été , ce qui est une preuve que sa repro-
duction ne se fait pas dans ce pays.
GENRE SOIXANTE-DIXIÈME.
Spatule, Platalea, Lin.
Caractères. — Bec très-long, fort, très-aplati, pointe
dilatée, arrondie en forme de spatule; mandibule supé-
rieure cannelée, transversalement sillonnée h sa base;
narines à la surface du bec, rapprochées; face et tête,
en partie ou entièrement nues; pieds longs et robustes;
les doigts réunis jusqu'à la seconde articulation.
Les Spatules vivent en société dans les marais boisés,
près de l'embouchure des fleuves. Elles se nourrissent
de très-petits poissons, de frai et de très-petites coquilles
fluviatiles, ainsi que de petits reptiles et d'insectes aqua-
tiques. Elles nichent sur les arbres de haute futaie, sur
les buissons ou dans les joncs, selon la localité.
1. Spatule blanche, Platalea leucorodia, Lin.; en catalan
Bec plané, Spatula.
Ce singulier Oiseau ne paraît dans le pays qu'au moment du
passage, dans les deux saisons; il est toujours isolé ou par paires;
il se tient toujours sur les bords des marécages ou des rivières;
on ne le voit jamais dans l'intérieur des terres, et ne s'éloigne
guère du littoral. La Spatule est de passage accidentel.
-232 HISTOIRE NATURELLE.
GENRE SOIXANTE-ONZIÈME.
Ibis, Ibis, Lacep.
Caractères. — Bec long, grêle, arqué, large a sa base,
pointe déprimée, obtuse, arrondie; mandibule supérieure
sillonnée dans toute sa longueur; narines linéaires; face
nue; quelquefois une partie de la tête et du cou man-
quent de plumes; pieds grêles et longs; ailes médiocres.
Les Ibis, qu'on ne doit pas confondre avec les Courlis,
fréquentent les bords des fleuves et des lacs, où ils se
nourrissent d'insectes, de vers, de coquillages, et souvent
même de végétaux; mais l'on doit mettre au rang des
fables populaires, la réputation qu'ils ont d'être grands
destructeurs de serpents et de reptiles venimeux, aux-
quels ils ne touchent jamais. Ces Oiseaux entreprennent
de longs voyages; ils émigrent à des époques périodiques.
L'Ibis fut longtemps l'objet d'une grande vénération chez
les peuples de l'antiquité, et, de nos jours, on trouve
encore leurs restes embaumés à côté des momies des
anciens Rois d'Egypte.
1. Ibis falcinelle, Ibis falcinellus, Tem.; en catalan Polit
castany, Polit vert.
L'Ibis-Faleinelle se voit assez régulièrement dans le commen-
cement du printemps; selon le temps, il séjourne plus ou moins
dans le pays. Ces Oiseaux vont par petites troupes, et sont peu
farouches. Les premiers qui attirèrent l'attention, furent tués
par MM. Rigaud et Lafage, aîné, en 1818 : une volée de soixante
individus était posée dans une prairie ; ils se laissèrent approcher,
et la première décharge en fit rester neuf sur place. Deux me
furent apportés. M. Rigaud en conserva un vivant, auquel il fut
fait l'amputation d'une aile que le coup avait meurtrie. Il vécut
oiseaux. 233
fort longtemps dans son jardin, traversé par un ruisseau, qui
donnait à l'Oiseau de quoi se nourrir.
On regarda la présence de cet oiseau comme un phénomène.
Personne ne l'avait remarqué, disaient les anciens chasseurs.
Cependant, l'ayant vu depuis lors, presque tous les ans, à la
même époque, je suis porté à croire que si on n'en avait pas fait
la remarque, c'était parce que l'ornithologie était très-négligée
dans ce pays, et que personne depuis longtemps ne s'en occu-
pait. La chair de cet Oiseau est détestable, par le goût très-
prononcé de sardine que rien ne peut lui faire perdre.
GENRE SOIXANTE-DOUZIÈME.
Courlis, Numenius, Briss.
Caractères. — Bec long, grêle, arqué comme dans l'Ibis;
la mandibule supérieure un peu plus longue que l'infé-
rieure; narines percées dans la cannelure; pieds longs,
grêles; doigts courts; les antérieurs réunis à leur base
par une membrane.
Les Courlis vivent dans les lieux arides et couverts de
sables, mais toujours dans le voisinage des eaux et des
marais. Leur nourriture consiste en vers de terre, en
insectes terrestres et aquatiques, en limaçons et en co-
quillages. Ils émigrent par grandes troupes; leur vol est
soutenu et très-élevé. Ils vivent isolés et par couples
pendant le temps de leur reproduction.
1. Grand Courlis cendré, Numenius arquata, Lath.; en
catalan Polit gris.
Ce Courlis est fort commun pendant tout l'hiver; nous le
voyons plus abondant dès le commencement d'octobre; il est
alors gras, et sa chair est très-estimée, parce qu'elle a un bon
goût. Il se répand dans les plaines basses et marécageuses, eu
23-4 HISTOIRE NATURELLE.
faisant entendre son cri, courrili, courrili, ce qui lui a donné
probablement le nom qu'il porte. Pendant l'hiver, cette espèce
vit par bandes de dix à douze, qui se séparent par couples
dès qu'arrive le moment des amours , et s'établissent près
des cours d'eau ou des marais couverts de vase, pour y élever
leur famille.
2. Courlis corlieu, Numenius phœopus, La th.; en catalan
Polit petit.
Cette petite espèce arrive dans le département en septembre,
et passe tout l'hiver dans nos plaines littorales ; elle a les mêmes
habitudes que le Courlis-Cendré; elle est aussi abondante que
ce dernier pendant tout l'hiver, mais elle nous quitte dès que les
beaux jours paraissent. Sa chair n'est pas aussi estimée que celle
du précédent.
GENRE SOIXANTE-TREIZIÈME.
Bécasseau, Tringa, Briss.
Caractères. — Bec un peu grêle, flexible, presque rond,
droit ou un peu arqué, médiocre ou long, sillonné en
dessus, lisse et dilaté à la pointe; doigts totalement
séparés, les extérieurs unis à leur base par une mem-
brane; pouce portant a terre sur le bout; ailes médiocres.
Ce Genre est très-nombreux. Il comprend les plus
petites espèces d'Oiseaux qui courent sur les plages ou
qui vivent au bord des eaux. Le plus grand nombre
voyagent par petites troupes le long des bords de la mer;
d'autres suivent le cours des rivières. Ils se réunissent
plusieurs dans une même localité pour nicher. Ils fouil-
lent indistinctement dans les limons, dans la boue, dans
le sable mouvant des rives, ou parmi les grands amas
de fucus, dans lesquels ils trouvent leur nourriture, qui
oiseaux. 235
consiste en insectes à élytres, en larves, en vers mous,
en mollusques et en de très-petits coquillages bivalves.
Ils muent deux fois, et le plumage du printemps a tou-
jours des couleurs plus brillantes et plus variées que celui
de l'automne.
lre Section. — Bécasseaux proprement dits.
Les doigts entièrement séparés.
1. Bécasseau cocorli, Tringa subarquata, Temm.; en
catalan Viudetas.
Le Genre Bécasseau est généralement désigné, en idiome
roussillonnais, par le nom de Viudetas, qui veut dire petites
veuves. C'est apparemment à cause de leur robe tapissée de blanc
et de couleurs foncées où le noir domine, que cette dénomination
leur a été donnée par nos paysans qui, les voyant courir le
long des eaux , leur trouvent assez de rapports d'habi-
tudes avec les Bergeronnettes, auxquelles on donne le même
nom.
Ce Bécasseau apparaît au commencement du printemps; mais
il ne fait pas un long séjour; il reparaît de nouveau vers le mois
d'octobre, et se répand dans tout le pays, où il passe l'hiver.
On en prend beaucoup dans nos marais; sa chair est délicate.
2. Bécasseau brunette ou variable, Tringa variabilis, Mey.
La Brunette nous arrive en grand nombre au printemps, venant
des côtes d'Espagne ; elle ne s'arrête pas longtemps sur les bords
de nos marais; elle paraît très-agitée ; le besoin de s'accoupler
se fait déjà sentir, et, en parcourant les rivages de la mer et des
étangs, elle pousse un cri d'appel fréquemment répété. Ce
Bécasseau vole très-ras de terre, et nous quitte bientôt pour
reparaître en aussi grand nombre en octobre; il séjourne pres-
que tout l'hiver dans ce département.
236 HISTOIRE NATURELLE.
3. Bécasseau platyrinque, Tringa platyrhincha, Temm.
De passage accidentel sur nos côtes. On le trouve mêlé aux
autres espèces qu'on porte au marché de Perpignan dans le
mois d'octobre.
4. Bécasseau violet, Tringa maritima, Brun.
5. Bécasseau Temmia, Tringa Temminckii, Leisl.
Ces deux espèces sont fort rares ; on les porte très-rarement sur
nos marchés, et c'est ordinairement pendant les hivers rigoureux
que nous les voyons mêlées aux autres espèces de ce genre.
6. Bécasseau échasse, Tringa minuta, Leisl.
7. Bécasseau canut ou maubèche, Tringa cinerea, Lin.
Ces deux petites espèces nous arrivent ordinairement en
automne; elles séjournent sur les bords des étangs pendant tout
l'hiver, et nous quittent de bonne heure au printemps; elles se
mêlent ordinairement au Bécasseau-Variable.
L'Échasse est beaucoup plus rare que le Canut.
2me section.
Le doigt du milieu et l'extérieur unis jusqu'à la pre-
mière articulation. Les mâles sont ornés, pendant le
temps des amours, de longues plumes de parade qui
forment une grande fraise embrassant tout le cou.
8. Bécasseau combattant, Tringa pugnax, Lin.
Ce Bécasseau est très-commun à son passage d'automne; il
séjourne sur nos plages pendant tout l'hiver; c'est très-rare
d'en trouver quelque individu au passage du printemps, alors
qu'il est dans sa belle livrée. Malheureusement la chasse
n'est plus permise à cette époque, et il nous arrive que, malgré
la passe, on n'en porte plus au marché.
oiseaux. 837
Ces Oiseaux se livrent des combats terribles à l'époque des
amours. Les mâles ont une livrée particulière dans ce moment,
livrée si bariolée et si disparate qu'aucun ne se ressemble; ils se
disputent la possession d'une femelle, au point de se donner la
mort. Ils vont vers le Nord s'occuper de leur progéniture.
GENRE SOIXANTE-QUINZIÈME.
Chevalier, Totanus, Bech.
Caractères. — Bec médiocre, un peu grêle ou long,
tranchant à la pointe, sillonné; mandibule supérieure
légèrement courbée sur l'inférieure; narines tendues en
long; pieds longs, grêles, nus au-dessus du genou;
doigt du milieu réuni à l'extérieur par une assez forte
membrane ; le pouce ne portant que faiblement à terre.
Ces Oiseaux voyagent par petites troupes; vivent sur
les bords des lacs et des rivières, ainsi que sur les prairies
qui avoisinent les eaux douces. Ils sont montés sur de
longues jambes. Leur nourriture se compose d'insectes,
de vers, de coquillages.
lre Section. — Chevaliers proprement dits.
Mandibules droites, pointe de la supérieure courbée
sur l'inférieure ; le doigt du milieu et l'extérieur unis,
ou les trois doigts plus ou moins réunis.
En général, les Chevaliers sont désignés en catalan
sous le nom de Camas vermellas, à cause de la couleur
carmin qui couvre les jambes de quelques espèces.
1. Chevalier semi-palmé, Totanus semi-palmatus , Tem.
Cette espèce ne visite pas ce déparlement; elle n'y a pas été,
du moins, observée.
*23X HISTOIRE NATURELLE.
2. Chevalier arlequin, Totanus fuscus, Leisl.
Cette espèce est commune sur les bords des marécages, au
moment des deux passages et une partie de l'hiver; puis elle
disparaît pour aller au Nord faire sa ponte.
5. Chevalier gambette, Totanus calidris, Bech.
Très-commun au moment des deux passages. Il est fort vif,
et, dans sa course sur les bords des marais, il pousse, avec une
volubilité extrême, un cri plaintif.
A. Chevalier stagnatile, Totanus stagnalilis, Bech.
Le Chevalier-Stagnatile se voit dans ce pays pendant tout l'hiver;
il arrive en octobre, et disparaît à mesure que nous approchons
du printemps.
5. Chevalier à longue queue, Totanus bartramia, Will.
Cet Oiseau est de passage très-accidentel. Un seul individu
m'est tombé sous la main; il avait été tué sur la plage, en octo-
bre 1820; nous ne l'avons plus revu sur notre marché.
6. Chevalier cul-blanc, Totanus ochropus, Temm.
Le Cul-Blanc est fort abondant le long des cours d'eau ; il vole
avec une rapidité extrême et court de même, en répétant son cri
plaintif; il passe deux fois, mais un grand nombre séjournent ici
pendant l'été et s'y reproduisent.
7. Chevalier Sylvain, Totanus glareola, Temm.
Très-abondant dans les deux passages, il séjourne tout l'hiver
aux bords des marais, et fréquente en été les terres basses sablon-
neuses qui ne sont pas éloignées des cours d'eau, et s'y reproduit.
8. Chevalier guinette, Totanus hypoleucos, Temm.
Très-répandu sur toutes nos terres sableuses de la Salanque,
OISEAUX. 23V»
au moment des deux passages; puis disparaît. Tous les Oiseaux
de ce genre, pendant l'automne et l'hiver, sont portés en abon-
dance, au marché de Perpignan; leur chair est très-estimée et
fort recherchée.
Dans cette Classe se sont reproduites les mêmes erreurs qui
ont eu lieu dans le Genre Sanderling. Les méthodistes, trompés
par le jeune âge et par la mue, ont créé une multitude d'espèces
différentes. En multipliant ainsi la nomenclature par le seul
motif d'une différence dans la couleur du plumage, on augmen-
terait à l'infini certaines classes, surtout les Riverains et les
Nageurs. Nous devons au savant M. Temminck d'avoir mis de
la clarté dans cette partie de l'ornithologie.
Le Chevalier-Perlé n'a pas été observé dans ce pays.
2me Section. — Chevalier à bec retroussé.
Mandibules un peu recourbées en haut, droites et pres-
que égales à la pointe; bec gros et fort; doigt du milieu
et l'extérieur unis.
9. Chevalier aboyeur, Totanus glottis, Bech.
Dans les deux passages, on voit cet Oiseau se répandre sur les
sables des parties basses inondées en hiver par nos rivières; il
fait entendre une voix glapissante; il séjourne ici une partie de
l'hiver, et pendant cette saison on en porte au marché; en
automne, surtout, il est très-abondant. Sa chair est estimée.
GENRE SOIXANTE-SEIZIÈME.
Barge, Limosa, Briss.
Caractère. — Bec très-long, plus ou moins recourbé
en haut, mou et flexible dans toute sa longueur, pointe
plate, dilatée, obtuse; narines fendues en long, situées
240 HISTOIRE NATURELLE.
dans une rainure; pieds longs et grêles; ailes médiocres.
Les Barges sont d'assez grands oiseaux, montés sur
de longues jambes , un long bec , mou, propre à fouiller
dans les boues, dans les limons, ou dans le sable mou-
vant baigné par les eaux. A celte fin, ce bec est doué
certainement d'une grande délicatesse de tact , et leur
fait distinguer, à une certaine profondeur, dans la vase
ou le sable mouvant, le petit crustacé, le ver aquatique,
propres à leur nourriture.
1. Barge à nuque noire, Limosa melanura, Leisl.
2. Barge rousse, Limosa ru fa, Briss.
Ces deux espèces sont de passage dans les deux saisons; elles
se répandent en octobre dans nos terres marécageuses , où elles
séjournent pendant tout l'hiver; mais elles sont beaucoup plus
communes à l'époque des deux passages.
Nos paysans appellent les Barges, Becassas de las camas llargas
(Bécasses aux longues jambes).
GENRE SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME.
Bécasse, Scolopax, Illig.
Caractères. — Bec long, renflé à la pointe, sillonné
dans sa longueur; mandibule supérieure dépassant l'in-
férieure et formant un crochet au bout; narines laté-
rales longitudinalement fendues; pieds médiocres.
Les Bécasses sont des oiseaux voyageurs et passent
deux fois, en automne et au printemps; elles se répan-
dent dans nos bois et vivent solitaires. Leur tête com-
primée, de gros yeux placés en arrière, leur donnent
un air très-stupide, qu'elles ne démentent point par leurs
mœurs.
OISE Al \. r>41
lre Section. — Bécasse proprement dite.
Le tibia empluraé jusqu'au genou. Elle habite les
bois de la plaine ou de la montagne.
\. Bécasse ordinaire, Scolopax rmticola, Lin.; en catalan
Becada, Becassa.
Dès que les froids se font sentir, nous avons ces Oiseaux en
abondance dans les parties humides de la plaine, dans les taillis
qui bordent les rivières, les haies fourrées des jardins. A leur
arrivée , ils se répandent aussi dans nos vallées supérieures ; en
effet, pendant les mois d'octobre et de novembre, ceux que nous
voyons au marché nous viennent de la montagne, et, dès qu'il
fait un peu froid, ils reviennent dans la plaine, ce qui fait dire à
nos chasseurs : il a gelé à la montagne. On ne voit point voler ces
Oiseaux pendant le jour; ils restent blottis dans les broussailles.
Leur chair est fort estimée et très-recherchée des gourmets.
2rae Section. — Bécassine.
Partie inférieure du tibia dénuée de plumes, tarses
allongés. Elle vit dans les plaines marécageuses, au bord
de nos étangs.
2. Grande ou double bécassine, Scolopax major, Lin.;
en catalan Mec.
Rare dans son passage d'automne, plus abondante en mars;
mais ne séjourne pas longtemps dans le pays et ne fait que
passer. Quelquefois, pendant l'hiver, on en porte au marché;
c'est parce qu'il y a toujours, dans les Oiseaux voyageurs, quel-
ques retardataires que des circonstances fortuites retiennent
dans certaines localités.
3. Bécassine ordinaire, Scolopax gallinago, Lin.; en ca-
talan Becadell.
tomt m. Iti
H"> HISTOIRE NATUKKLLE.
-4. Bécassine sourde, Scolopax galiïnula, Lin.; en catalan
Becadell ciels sourds.
Ces deux Bécassines arrivent en abondance au commencement
du mois d'octobre, et se répandent dans les marécages du
littoral, dans les prairies humides de tout le département , où
elles séjournent tout l'hive'r. On leur fait une rude chasse, au
filet, au lacet, au fusil, et on en tue en très-grand nombre, quoi-
qu'on les tire difficilement à cause de leur vol rapide et tortueux.
Elles partent en poussant un cri d'alarme; on les laisse filer un
moment; leur vol devient plus régulier, et on les vise alors avec
plus de sûreté. Leur chair est un mets très-recherché.
La Bécassine-Ponctuée, qui forme la troisième section
de ce genre, n'a jamais été observée dans ce pays.
GENRE SOIXANTE-DIX-HUITIÈME.
Raie, Ralus, Lin.
Caractères. — Bec plus ou moins long que la tête, grêle,
droit, comprimé à sa base ; mandibule supérieure sillon-
née; narines longues, percées de part en part, à demi
cachées par une membrane; pieds longs, forts, un petit
espace nu au-dessus du genou; les doigts antérieurs
réunis à leur base ; ailes médiocres, arrondies.
Le corps de ces oiseaux est très-comprimé, et ils sem-
blent être faits pour pénétrer dans les herbages des prai-
ries et des marécages, où ils font leur demeure habituelle.
Cette disposition leur permet de courir parmi les joncs
avec une grande célérité; et quoique leurs pieds soient
sans palmures, ils n'en nagent pas moins dans les eaux
où croissent beaucoup de plantes. Ils se nourrissent d'in-
sectes, de vers, de limaçons, et au besoin de plantes.
oiseaux. 243
I . Kale d'eau, Retins aquaticas, Lin.; en cat. Gallina sega.
Très-commun toute l'année dans les amas d'eau bien fourrés
de plantes aquatiques, où il se reproduit. C'est assez difficile
d'aller le prendre dans sa retraite, d'où il ne sort que pendant
la nuit, à moins que quelque accident ne le force à la quitter.
Nos chasseurs trouvent cependant le moyen de s'en emparer, et
en prennent beaucoup en leur tendant divers pièges. Ces Oiseaux
sont ordinairement très-gras, leur chair est succulente et très-
bonne, aussi sont-ils recherchés par nos gourmets. Ils sont plus
abondants à l'époque du passage du printemps.
GENRE SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME.
Poule-d'Eau, Gallinida, Lath.
Caractères. — Bec plus haut que large, plus court que
la tête , comprimé ; arête s'avançant sur le front , et se
dilatant quelquefois à former une plaque qui, au prin-
temps, se colore de rouge; narines au milieu du bec,
percées de part en part, et couvertes en partie par une mem-
brane ; pieds longs, nus au-dessus du genou ; les doigts
antérieurs longs, divisés, munis d'une bordure étroite.
Les Poules-d'Eau ont aussi le corps comprimé et
aplati dans toute sa longueur; elles ont les mêmes habi-
tudes que les Raies et se plaisent dans les mêmes lieux.
Elles nagent aussi avec vitesse , plongent avec la même
facilité, et courent très-vite sur la terre, même dans les
fourrés les plus épais d'herbes et de joncs. Leur nourri-
ture consiste , comme celle des Raies , en insectes et en
végétaux.
lre Section.
Arête de la mandibule supérieure se dirigeant entre
les plumes du front, mais sans se dilater en plaque nue.
"2bi HISTOIRE NATURELLE.
1. Poule-d'Eau de genêt, Gallinula crex, Lath.; en ca-
talan Gatlla mareza, Rey de gatllas.
Arrive au premier printemps; se répand dans les pays inondés
couverts de joncs, dans les luzernes et dans toutes les prairies;
se reproduit dans le pays qu'elle quitte en octobre. Sa chair est
très-bonne lorsqu'elle est bien grasse; il en paraît beaucoup
au marché, et on la recherche.
2. Poule-d'eau marouette, Gallinula porzana, Lath.
5. Poule-d'eau poussin, Gallinula puzilla, Bech.
4. Poule-d'Eau Bâillon, Gallinula Baillonii, Vieil.
Le nom générique catalan de ces trois espèces, est
Rasclet et Pollas d'aygua petites.
Ces trois espèces ont à peu près les mêmes habitudes que la
précédente; elles sont constamment dans les marécages et les
flaques d'eau couverts de plantes aquatiques. Nous les voyons
toute l'année dans notre pays, où elles se reproduisent; cepen-
dant, elles sont plus nombreuses au moment de leur passage.
Leur chair est très-bonne, ce qui les fait rechercher.
2me Section.
Arête de la mandibule supérieure se dilatant sur le
front en une plaque nue.
5. Poule-d'Eau ordinaire, Gallinula chloropus, Lath., en
catalan Polla d'aygua.
Comme les autres espèces du Genre, nous la voyons aux mêmes
époques, et fréquenter les mêmes lieux où elle se reproduit. Elle
est plus abondante à son passage du printemps. L'excellence de
sa chair, lorsqu'elle est grasse, la fait rechercher.
OJSEAUX, -i->
GENRE QUATRE-VINGTIÈME.
Talève, Porphyrio, Briss.
Caractères. — Bec fort, dur, épais, conique, presque
aussi haut que long, plus court que la tête; arête de
la mandibule supérieure déprimée, se dilatant très-
avant sur le crâne; narines latérales près de l'arête, per-
cées dans la masse cornée du bec, à peu près rondes,
ouvertes de part en part; pieds longs, forts; doigts très-
longs dans quelques espèces; les antérieurs entièrement
divisés; tous garnis latéralement de petites membranes
très-étroites; ailes médiocres.
Les Talèves vivent à peu près comme les Poules-d'Eau;
comme elles, ils ont les eaux douces pour lieu habituel de
demeure; mais les marais et les immenses rizières du
Midi leur servent également d'asile et de retraite. Ils se
promènent et courent au milieu des herbes aquatiques.
Leur livrée est ordinairement parée de belles couleurs
bleues, avec divers reflets. Leur nourriture consiste en
graines et en plantes dont ils brisent les tiges les plus
dures avec le bec. Ils se posent souvent sur un seul pied
et de l'autre ils portent les aliments à leur bec.
1. Talève porphyrion, Porphyrio hyacinthinus , Temm.
La présence de cet Oiseau dans le département est un fait à
constater, en ce qu'il détruit ce que j'avais avancé, que le Genre
Talève n'avait pas de représentant dans ce pays M, où il est fort
rare. Cet Oiseau n'a été observé en France que par M. Verneuil,
qui dit qu'on en voit parfois des individus isolés dans le Dau-
(I) Quatrième Bulletin de la Société Agricole. Scientifique et Littéraire
des Pyrénées-Orientales, p. 53, I8">9.— Catalogue îles Oiseaux trouvés Jans
le département des Pvrénées-Orienlales, soi l sédentaires, soit de passage.
246 HISTOIRE NATURELLE.
phiné, et que le Musée de Grenoble en possède un sujet qui fut
tué dans les marais de Bourgoin.
Celui qui se trouve dans les vitrines de notre Musée a été tué,
en 1845, dans les environs du Grau d'Argelès, près Collioure.
Fidèle à sa manière de vivre , c'est sur le bord du lac qui entre
dans les terres de ce canton , que le chasseur le surprit.
Le corps de cet Oiseau est ramassé ; sa tête est posée majes-
tueusement sur un long cou; ses jambes, un peu longues,
donnent à son port un air noble. Ajoutons à toutes ces dispositions,
la beauté d'un plumage éclatant, où le bleu de turquoise domine,
et nous dirons , avec raison , que c'est un des plus beaux oiseaux
que nous possédions en France.
Cet Oiseau a les mœurs si douces et si faciles, qu'il semble
vouloir lui-même se plier à la domesticité , et l'on est surpris de
voir qu'on n'ait pas encore cherché à l'élever dans le Midi de la
France, pour en orner nos parcs et nos jardins, comme on le fait
dans diverses villes de la Sicile, où l'on en voit qui se promènent
sur les places publiques, et recueillent les débris d'horlolage qu'on
rejette, ainsi que le feraient des Poules ordinaires. Les Grecs et
les Romains connaissaient déjà cet Oiseau, et en faisaient un cas
tout à fait extraordinaire, non comme un objet de luxe extravagant
de leurs tables somptueuses; mais comme un hôte digne d'être
placé dans les temples et dans les autres sanctuaires de leurs
divinités, ainsi que le fait remarquer M. Temminck, enceintes
qui renfermaient les premières collections d'histoire naturelle.
QUATORZIÈME ORDRE.
PINNATIPÈDES.
Caractères. — Bec médiocre, droit; mandibule supérieure
un peu courbée a la pointe ; pieds médiocres, tarses grêles
ou comprimés; trois doigts devant et un derrière; des
oiseaux. 247
rudiments de membranes le long des doigts; le doigt
postérieur entièrement articulé sur le tarse.
Cet Ordre comprend peu d'espèces européennes, qu'il
sera toujours facile de distinguer par leurs caractères
extérieurs. Ces Oiseaux, quoique monogames, vivent en
grandes bandes dans le même lieu; ils nagent et plon-
gent avec une grande facilité. Lorsque quelque danger
les menace, ils s'enfoncent dans le liquide, et vont sortir
au loin en ne montrant que le sommet de la tête. Bien
que ces Oiseaux soient constamment dans l'eau, ils s'en
élèvent sans toucher la terre, et traversent d'un vol très-
rapide des espaces considérables.
GENRE QUATRE-VINGT-UNIÈME.
Foulque, Fulica, Briss.
Caractères. — Bec médiocre, fort, conique, droit, com-
primé h sa base, beaucoup plus haut que large; arête
s'avançant sur le front et se dilatant en une plaque nue;
pointes des deux mandibules comprimées, d'égale lon-
gueur; la supérieure légèrement courbée, évasée à sa
base; l'inférieure formant un angle; narines latérales
au milieu du bec, longitudinalement fendues, à moitié
fermées par la membrane qui recouvre l'évasure, percées
de part en part; pieds longs, grêles, nus au-dessus du
genou ; trois doigts devant et un derrière ; tous les doigts
très-longs, réunis à leur base, garnis latéralement de
membranes en feston; ailes médiocres.
On voit rarement les Foulques à terre; l'élément liquide
est leur domaine, et bien qu'elles n'aient qu'une partie
des doigts garnis de membranes, elles nagent et plongent
avec une égale facilité. Elles habitent les fleuves et les
248 HISTOIRE NATURELLE.
rivières, mais elles préfèrent les étangs et les marais
salants. Leur nourriture consiste en insectes et en végé-
taux aquatiques.
1 . Foulque macroule , Fulica atra , Linné ; en catalan
Folliga, Gallinassa d'aygua, Folga.
La Foulque est sédentaire dans ce canton ; on en voit toute
l'année en|très-grand nombre sur les étangs de tout le littoral,
même dans quelques-uns de l'intérieur des terres , et on en tue
énormément. Sa chair n'est pas très-eslimée dans le pays. Les
conducteurs de diligences et les employés des chemins de fer,
en exportent de grandes quantités, et les vendent, sous le nom de
Macreuses, dans les villes de l'intérieur. Quand cet Oiseau se
vendait pour les seuls besoins du pays, une Foulque ne valait que
40 à 50 centimes; actuellement, son prix a doublé.
La Foulque se reproduit dans nos étangs couverts de plantes
aquatiques. Au moment de la mue, qui a lieu vers la fin d'août,
on en prend beaucoup, parce qu'alors elle ne vole point, et à
l'aide d'un bon chien, on en tue un très-grand nombre.
Le plumage de la Foulque, ordinairement tout noir, varie
quelquefois. J'ai un individu qui a une zone blanche, large de
six centimètres, qui traverse la poitrine; a une partie de la tête
et du cou presque blancs.
GENRE QUATRE-VINGT-DEUXIÈME.
Phalarope, Phalaropus, Briss.
Caractères. — Bec long, grêle, faible, droit, déprimé à
sa base; les deux mandibules sillonnées jusqu'à la pointe;
extrémité de la mandibule supérieure courbée sur l'infé-
rieure, obtuse; pointe de la mandibule inférieure en alêne;
narines linéaires situées dans une rainure; pieds médio-
oiseaux. 249
cres, grêles, tarses comprimés; les doigts antérieurs réunis
à leur base, garnis d'une membrane découpée en festons
dentelés sur les bords ; doigt de derrière sans membrane,
articulé du côté intérieur; ailes médiocres.
Ces Oiseaux sont de forts bons nageurs; ils voguent
sur les eaux avec une grâce et une vitesse admirables;
ils ne redoutent point les vagues, et nagent avec une
égale facilité sur les lacs, ainsi qu'en pleine mer. Ils se
nourrissent de vers marins.
1. Phalarope hyperboré, Phalaropus hyperboreus, Lath.
Les Phalaropes vivent dans l'extrême Nord , qu'ils ne quittent
guère , et ne paraissent dans le Midi qu'à des époques très-rares,
lors de ces hivers exceptionnels, comme celui de 1829 à 1830.
Nos climats ne leur conviennent guère; je n'ai vu cet Oiseau que
deux fois dans ce département; il y est donc de passage très-
accidentel.
GENRE QUATRE-VINGT-TROISIÈME.
Grèbes, Podiceps, Lath.
Caractères. — Bec médiocre, droit, dur, comprimé, en
cône allongé et pointu; pointe de la mandibule supérieure
légèrement inclinée; l'inférieure formant l'angle; narines
oblongues, percées de part en part; pieds longs, hors
l'équilibre du corps; tarses très-comprimés; trois doigts
devant, un derrière, festonnés; ongles larges, très-dépri-
més; ailes courtes; queue nulle.
La démarche des Grèbes est gauche et embarrassée.
Leur attitude à terre est droite, les jambes étant retirées
dans l'abdomen, hors l'équilibre du corps. Ils nagent avec
une égale facilité à la surface des eaux, comme entre deux
eaux. Dans cette dernière natation, ils se servent des
250 HISTOIRE NATURELLE.
ailes, et semblent voler dans l'élément liquide. Ils plon-
gent longtemps; ils voyagent et émigrent sur les eaux.
Ils y cherchent leur nourriture.
1. Grèbe huppé, Podiceps cristatus, Lath.; en catalan
Calabria. C'est le nom des grandes espèces, tandis
qu'on nomme les petites Capbousset.
Le Grèbe-Huppé est le plus grand du genre. Il ne paraît dans
ce département que dans les hivers les plus rigoureux, encore se
voit-il peu abondant. Lorsque les glaces le chassent des régions
du nord, il vient chercher sa nourriture sous notre douce
température. Quoique cet Oiseau soit constamment sur l'eau,
il vole avec une vitesse extrême lorsqu'il cherche à se dépla-
cer, en cinglant la surface des eaux.
2. Grèbe jou-gris, Podiceps rnbricollis, Lath.
Cette espèce est moins rare que la précédente ; elle fréquente
nos marais dans les mauvais temps. Nous la voyons souvent sur
nos marchés.
5. Grèbe cornu ou esclavon, Podiceps cornutus, Lath.
Ce Grèbe est plus abondant sur nos marais salants que les
autres espèces; tous les hivers il vient, en nombre, jouir de
notre douce température , et se joint aux grandes bandes de
Canards qui vivent sur nos étangs. Le marché en est pourvu.
4. Grèbe oreillard, Podiceps auritus, Lath.
o. Grèbe castagneux, Podiceps minor, Lath.
Ces deux espèces sont excessivement communes, toute l'année,
sur nos étangs salés et s'y reproduisent; elles vont dans l'épaisseur
des plantes aquatiques élever leur famille. Les chasseurs préten-
dent que ces Oiseaux évitent le coup de fusil par un plongeon
rapide lorsque le coup part. C'est probablement une erreur po-
pulaire. Nous en voyons souvent sur nos marchés.
OISEAUX. 251
QUINZIÈME ORDRE.
PALMIPÈDES.
Caractères. — Bec de forme variée; pieds courts, plus
ou moins retirés dans l'abdomen; doigts antérieurs à
moitié garnis de membranes découpées, ou entièrement
réunis par des membranes ( dans quelques genres les
quatre doigts sont réunis par une seule membrane); le
doigt postérieur articulé intérieurement sur le tarse, ou
manquant totalement dans quelques genres.
Les oiseaux qui composent cet ordre , peuvent être
désignés par le nom {Y Oiseaux de Mer; car ils habitent
toutes les mers du globe et toutes les côtes maritimes.
S'ils paraissent sur les eaux douces, c'est par accident.
Le plus grand nombre des espèces qui composent les
premiers genres de cet ordre , se reposent sur la surface
de la mer, volent le plus souvent, ne nagent point
d'habitude, et ne plongent jamais; d'autres nagent et
plongent; le plus petit nombre vit toujours en pleine
mer, ne vient jamais à la surface du liquide que pour
respirer, et ne se montre à terre que pendant les pontes.
Tous se nourrissent de poissons , de frai , de coquillages
bivalves et d'insectes marins. Leur corps est garni d'un
duvet très-serré; le plumage est abondant et lustré.
GENRE QUATRE-VINGT-QUATRIÈME.
Hirondelle-de-Mer, Sterna, Lin.
Caractères. — Bec de la longueur ou plus long que la tête,
presque droit, comprimé, effilé, tranchant, pointu; mandi-
252 HISTOIRE NATURELLE.
bules d'égale longueur, la supérieure légèrement inclinée
vers la pointe ; narines au milieu du bec ; pieds courts ;
doigts antérieurs réunis par une membrane; queue plus
ou moins fourchue; ailes très-longues, acuminées.
Les Hirondelles-de-Mer se trouvent sur toutes les mers
et sur toutes les côtes du globe , et leur vol est presque
continuel; elles se reposent le plus souvent à terre et
rarement sur les eaux; on ne les voit point nager. C'est
en se laissant tomber d'aplomb, ou en rasant la surface
des eaux qu'elles saisissent leurs aliments, qui consistent
en poissons vivants et en insectes marins et aériens.
1. Hirondelle-de-Mer tschegrava, Sterna caspia, Pallas;
en catalan Aulendras-de-Mar.
Cette espèce est très-rare dans notre pays; elle est de passage
très-accidentel au mois de mars, et c'est toujours à la suite d'un
hiver rigoureux.
2. Hirondelle-de-Mer caugek, Sterna cantiaca, Geml.
Cette Hirondelle arrive au commencement du printemps par
bandes nombreuses. Elle ne se contente point de voler sur les
étangs près des plages ; elle vient aussi sur les rivières et même
les ruisseaux qui sont dans l'intérieur des terres; elle n'est pas
effrayée par la présence de l'homme , car elle vient effleurer ses
habits en volant.
5. Hirondelle-de-Mer Dougall, Sterna Dougalli, Mont.
4. Hirondelle-de-Mer Pierre Garin, Sterna hirundo, Lin.
Ces deux espèces arrivent aussi au printemps, et se répandent
sur les lacs les plus près des côtes; elles ne visitent guère les
cours d'eau de l'intérieur des terres. La Dougall est plus rare;
on en trouve parfois quelques-unes qui se sont réunies aux fortes
bandes de la Pierre-Garin.
oiseaux. 258
5. Hirondelle-de-Mer moustac, Sterna leucopareia, Natt.
Elle n'est pas très-répandue dans ce département; quelquefois
même nous restons quelques années sans la voir.
6. Hirondelle-de-Mer leucoptère, Sterna leucoptera, ïem.
La Leucoptère est facile à distinguer des autres espèces par la
couleur générale de son plumage, qui est noir. Elle visite ce pays
tous les printemps, mais jamais en grand nombre.
7. Hirondelle-de-Mer épouvantail, Sterna nigra, Lin.
L'Épouvantail arrive au printemps, et se répand par grandes
bandes sur les lacs, les rivières, les ruisseaux, manœuvrant à
la file, sur plusieurs rangs, volant sans cesse, et faisant
entendre un cri aigu. Nous la voyons pendant tout l'été; elle
se reproduit dans nos marais.
8. Petite Hirondelle-de-Mer, Sterna minuta, Lin.
C'est la plus petite de toutes celles du Genre; elle arrive aussi
au printemps, se répand sur nos lacs et sur nos rivières; elle est
souvent en compagnie de la Pierre-Garin ; s'agite beaucoup , en
faisant entendre son cri d'appel. Il parait qu'elle a besoin de faire
souvent des excursions sur la mer; car on la voit par bandes
parcourir le rivage et s'abattre souvent sur l'eau , probablement
pour y saisir sa proie. Niche dans le pays.
Les Hirondelles-de-Mer, en général, arrivent au commencement
du printemps, par bandes très-nombreuses; elles volent sur les
rivières et sur les marécages. Les enfants se postent sur les bords
des ruisseaux et leur font la chasse à coups de pierres; elles sont
si compactes, lorsque la volée passe, qu'une pierre lancée avec
force en fait tomber plusieurs.
Les Hirondelles-de-Mer Arctique et Hansel n'ont pas
été observées dans ce département.
254 HISTOIRE NATURELLE.
GENRE QUATRE-VINGT-CINQUIÈME.
Mauve ou Mouette, Larus, Linné.
Caractères. — Bec long ou médiocre, fort, dur, com-
primé, tranchant, courbé vers la pointe; mandibule infé-
rieure formant un angle saillant; narines latérales, fendues
longitudinalement au milieu du bec , étroites , percées de
part en part ; pieds grêles, nus au-dessus du genou ; tarse
long, trois doigts devant entièrement palmés, le doigt
de derrière libre, court, s'articulant très-haut sur le tarse;
queue à pennes d'égale longueur; ailes longues.
Les Mouettes sont nombreuses sur les bords de la mer.
Elles sont voraces et lâches ; quelques-unes vivent aussi
sur les eaux douces. Ces Oiseaux bravent les plus fortes
tempêtes, volent presque continuellement, et se reposent
aussi bien sur les bords du rivage que sur la surface de
l'eau. Leur nourriture consiste en poissons vivants ou
morts, en frai, voiries ou charognes. On prétend que
lorsque les grandes espèces s'avancent dans les terres
c'est un signe de mauvais temps.
lre Section. — Goéland; en catalan Gabilan.
\. Goéland burgermeister, Larus glaucus, Brunn.
De passage très-accidentel au mois de septembre. Je n'ai vu
cet Oiseau que deux fois dans ce pays.
2. Goéland à manteau noir, Larus marinus, Lin.
Paraît à des époques indéterminées, la saison n'y étant pour
rien; les gros temps sont peut-être la cause de son apparition.
Il se tient sur les bords de la mer, et va souvent sur les lacs salés
des environs. On ne peut pas préciser s'il a un passage régulier.
OISEAUX. 25Ô
3. Goéland à manteau bleu, Larus argentatns , Brunn.
Nous voyons cette espèce toute l'année sur nos côtes mari-
times; il paraît qu'un voyage s'effectue au printemps, car, à cette
époque, ce Goéland est plus abondant. On le voit voler tout le
long- de la côte, faire des excursions dans la pleine mer, s'aven-
turer quelquefois sur les lacs salés, mais il revient immédiatement
sur la mer.
4. Goéland à pieds jaunes, Larus fuscus, Lin.
Cette espèce est la plus commune de cette section; nous la
voyons toute l'année sur les bords de la mer et sur les étangs
salés; en volant, elle fait entendre son cri d'appel. Au moment
du passage, elle est plus abondante; mais, après cette époque,
ceux qui restent sédentaires s'occupent de leur reproduction et
se retirent dans les lieux peu fréquentés.
2rae Section. — Mouette; en catalan Gabine de Mar.
On trouve beaucoup de variétés parmi les oiseaux de ce
Genre; ceci dépend de l'âge et des époques de la mue.
o. Mouette blanche ou sénateur, Larus ebumeus, Lin.
N'a pas été observée dans ce département. C'est par erreur que
nous l'avions citée dans la publication de ce Catalogue, en 1839.
6. Mouette à pieds bleus, Larus canus, Lin.
Commune le long de nos côtes à certaines époques de l'année,
surtout au moment du gros temps; elle se répand alors sur les
lacs des environs, voltigeant toujours en faisant entendre un
cri de détresse. A l'époque du passage du printemps, elle est
plus abondante.
7. Mouette tridactyle, Larus tridactylus, Lath.
Cette îMouette, sans être bien commune, est pourtant assez
256 HISTOIRE NATURELLE.
répandue dans notre département; elle ne reste pas sur les
côtes et s'avance beaucoup le long des rivières assez éloignées
de la mer; elle fréquente aussi les marais des parties basses.
On la reconnaît de suite à la belle couleur orange de l'intérieur
de sa bouche.
8. Mouette à capuchon noir, Larus melanocephalus , Natt.
Parait quelquefois sur nos côtes à des époques indéterminées.
C'est toujours après les gros temps des équinoxes que quelques
individus sont tués.
9. Mouette a capuchon plombé, Larus atricilla, Lin.
Commune en tout temps sur les bords de la mer; elle vole
souvent sur les lacs de la côte , et vient tout le long des rivières
assez loin dans les terres. Nous la tuons le long de la rivière de
la Basse, à Perpignan.
10. Mouette rieuse ou à capuchon brun, Larus ridibun-
dus, Leisl.
Aussi très-commune. C'est celle qu'on voit le plus constam-
ment sur notre marché; cela seul prouve qu'elle abonde dans le
pays. Elle varie beaucoup selon l'époque où elle a été tuée.
11. Mouette pigmée, Larus minutus, Pall.
C'est la plus petite des Mouettes qui fréquentent nos côtes
maritimes. Elle y est entraînée par quelque accident; car elle
n'y est point d'ordinaire, ni à des époques que nous puissions
attribuer aux voyages qu'exécutent ces oiseaux, voyages qui sont
en général réguliers et à des époques fixes; au contraire, ce
n'est qu'en hiver et pendant les mauvais temps que nous la
voyons sur nos marchés.
La Mouette à masque brun n'a pas paru sur notre
côte.
oiseaux. 257
GENRE QUATRE-VINGT-SIXIÈME.
Stercoraire, Lestris, Illig.
Caractères. — Bec médiocre, fort, dur, cylindrique, tran-
chant, comprimé, courbé et crochu à la pointe; mandibule
supérieure couverte d'une cire, l'inférieure formant un an-
gle saillant; narines vers la pointe du bec, à demi fermées ;
tarses longs; trois doigts devant, entièrement palmés; le
doigt de derrière presque nul; ongles grands, très-crochus ;
queue faiblement arrondie, les deux pennes du milieu tou-
jours allongées; ailes médiocres.
Les Stercoraires, ainsi appelés par suite d'une erreur
mal fondée, fréquentent les bords de la mer, et ne se
font voir qu'accidentellement dans l'intérieur des terres.
C'est en automne et en hiver qu'ils apparaissent sur nos
côtes maritimes, et quelquefois en plaine, où ils se tien-
nent de préférence dans les champs de blé. Ils volent
avec beaucoup de rapidité. Le vent le plus violent paraît
fort peu contrarier la direction de leur vol. Ils ont dans
le port et le faciès quelque chose de l'oiseau de proie.
Ce sont de vrais tyrans de la mer, et ils méritent surtout
ce titre vis-à-vis des Mouettes, des Sternes, et même des
Fous et des Cormorans, qu'ils poursuivent avec acharne-
ment, afin de leur enlever leur proie. Si l'un d'eux aper-
çoit une Mouette ou une Sterne qui vienne de saisir un
poisson ou toute autre pâture , il fond aussitôt sur elle ,
la poursuit dans l'air, la harcelle, la frappe, et finit pres-
que toujours par lui faire dégorger la proie qu'elle avait
saisie et dont il s'empare à son tour avec la plus grande
habileté, avant qu'elle ne tombe dans la mer. Ce fait,
légèrement observé, avait donné lieu à une opinion erro-
TOME III. 17
258 HISTOIRE NATURELLE.
née, que nos marins du département partagent, et que
tous nos efforts n'ont pu détruire : on a cru longtemps
que les excréments des Mouettes, des Sternes, etc., étaient
leur nourriture ; c'est ce qu'atteste le nom de Stercoraire
qu'on leur donne. On les voyait s'acharner après d'autres
oiseaux ; on voyait ceux-ci rendre quelque chose , les
Stercoraires saisir dans l'air ce quelque chose, et, sans
regarder ce fait de trop près, on avait tout naturellement
pensé qu'ils mangeaient les excréments des espèces qu'ils
pourchassaient. Mais, lorsqu'on a mieux observé, on a pu
se convaincre que les Mouettes, les Sternes, etc., péchaient
la plupart du temps au profit des Stercoraires.
La chair du Stercoraire et de la Mouette a un goût
détestable, qui répugne; aussi est-elle délaissée. Ceux
de ces oiseaux qui sont tués et apportés au marché, ne
sont achetés que par la basse classe.
i. Stercoraire cataracte, Lestris cataractes, Temm.
Cette espèce est excessivement rare. Je n'ai vu cet Oiseau que
deux fois sur notre marché, et toujours après de fortes tempêtes,
qui probablement les auront fait égarer dans leur marche.
2. Stercoraire pomarin, Lestris pomarinus, Temm.
Le Pomarin se voit plus fréquemment que le Cataracte sur nos
côtes; il vole aussi sur nos étangs salés, et on le reconnaît faci-
lement aux crochets qu'il fait dans sa course aérienne. Il poursuit
continuellement les Mouettes, qui en ont une frayeur extraordi-
naire, ce qu'elles manifestent par des cris très-aigus. Le Pomarin
se jette sur elles, leur fait rendre le poisson qu'elles ont dans
leur jabot et s'en empare. Son vol est très-rapide.
3. Stercoraire parasite ou labbe, Lestris parasiticus, Boy.
C'est le plus commun du genre dans ce pays. Il a les mêmes
oiseaux. 259
habitudes que les précédentes espèces de courir sur les Mouettes
et sur les Hirondelles-de-Mer pour leur faire dégorger leurs ali-
ments, dont il s'empare.
GENRE QUATRE-VINGT-SEPTIÈME.
Pétrel, Procellaria, Lin.
Caractères. — Bec médiocre, de la longueur ou plus long
que la tête, fort, dur, tranchant, déprimé et dilaté à sa
base; pointe comprimée, arquée; les deux mandibules
cannelées, subitement fléchies à la pointe; l'inférieure
comprimée, creusée en gouttière, formant un angle en
dessous; narines réunies dans un seul tube, placées à la
surface du bec ; trois doigts antérieurs, entièrement pal-
més; doigt de derrière nul, remplacé par un ongle très-
pointu; ailes longues.
Les Pétrels se divisent en deux sections. La première,
composée des Pétrels proprement dits, dont le tube nasal
est un peu long et renferme les deux orifices. La seconde,
qui comprend les Pétrels-Puffins , dont le bec est plus
allongé et plus grêle, et qui se distinguent par deux tubes
distincts placés à la surface du bec.
Les Pétrels vivent toujours sur les mers où les Cétacés
abondent. Ce sont les oiseaux qui s'éloignent le plus de
la terre. On les voit rarement le long des côtes maritimes,
où leur apparition est toujours l'avant-coureur de fortes
tempêtes. Ce n'est aussi qu'accidentellement qu'ils sont
poussés dans l'intérieur des terres. Leur vol est aisé et
gracieux; ils semblent effleurer les vagues de la mer, et
on les voit souvent piétiner sur la surface de l'élément
liquide, d'où leur est venu le nom de Pétrel (Petrus), c'est-
à-dire marcher sur l'eau comme saint Pierre. Lorsqu'ils
260 HISTOIRE NATURELLE.
marchent sur l'eau, ils tiennent leurs ailes droites et en
l'air. Leur nourriture consiste en chair de morses et de
cétacés, en insectes, en mollusques, et en vers qui flottent
à la surface des mers.
Les Pétrels de la première section ne paraissent jamais
sur nos côtes.
GENRE QUATRE-VINGT-HUITIÈME.
Puffin, Puflinus, Rai.
Caractères.— Bec généralement plus long que la tête,
grêle, fortement déprimé a la pointe; mandibule infé-
rieure formant un crochet aigu; narines à la surface du
bec, présentant deux tubes rapprochés.
1. Puffin cendré, Puflinus cireneus, Temm.
Paraît parfois sur nos côtes par petites troupes rasant la
surface des eaux; mais, dès qu'une tempête se fait sentir, il se
rapproche de la terre pour y chercher un abri. N'est pas très-
commun.
2. Puffin Manks, Puflinus Anglorum, Temm.
Ce Puffin ne parait sur nos côtes qu'à des époques indétermi-
nées; peut-être vient-il chercher un refuge à terre quand il
prévoit de grandes tempêtes : on en tue peu, parce qu'il est
ordinairement en petit nombre.
GENRE QUATRE-VINGT-NEUVIÈME.
Thalassidrome, Thalassidroma , Vig.
Caractères.— Bec moins long que la tête, très-comprimé
a la pointe; narines réunies en un seul tube ou ayant deux
orifices distincts; tarses longs.
OISEAUX. 261
1. Thalassidrome tempête, Thalassidroma pelagica, Lin.
Cet Oiseau ne se voit pas souvent sur les côtes de ce dépar-
tement. Après de fortes tempêtes, nos marins en trouvent de
morts sur la grève. Le seul que nous ayons vu en vie, est dû à
un accident de mer, comme on n'en voit pas souvent. Le 17
décembre 1821, après un ouragan des plus terribles, parut, sur
la plage de Torreilles, un Oiseau qui ressemblait à un Martinet
et qui volait constamment. M. Pla, surpris de voir un pareil
Oiseau à cette époque, le poursuivit et parvint à le tuer. Ses pieds
palmés et la forme du bec , lui donnèrent la conviction que ce
n'était pas un Martinet. Les plus anciens chasseurs assurèrent
qu'ils n'avaient pas observé un pareil oiseau. M. Pla eut l'obli-
geance de me le faire porter, et je reconnus que c'était le
Thalassidroma pelagica. Par la taille, la couleur de son plumage,
la forme du bec et des pieds palmés, il ressemblait parfaitement
à l'Oiseau que M. Temminck a décrit sous ce nom, excepté les
scapulaires et les pennes secondaires des ailes, qui n'étaient
point terminées de blanc; tout le reste du plumage était conforme
à la description donnée par ce savant. Depuis lors, je n'ai plus
remarqué cet Oiseau, ce qui me donne la certitude que son
apparition ne fut due qu'à cette grande tempête.
« On a toujours cru, dit M. Temminck, mais par erreur, que
ces petits Oiseaux, lorsqu'ils font leur apparition en mer et sui-
vent le sillage des vaisseaux, sont des indices d'une tempête
prochaine, ou doivent faire craindre aux marins quelque coup
de vent impétueux. Ce n'est pas pour se mettre à l'abri qu'ils
s'attachent, de jour comme de nuit, à la suite d'un navire fendant
les ondes; mais tout simplement pour être mieux à même de
saisir les substances' qui leur servent de nourriture : certaines
graines de plantes marines, et quelques espèces de très-petits
mollusques qu'ils recherchent, flottant habituellement entre deux
eaux, et à une petite distance de leur surface. Les Thalassidromes,
qui ne plongent pas, ne sauraient s'en saisir; mais par le sillage
262 HISTOIRE NATURELLE.
du vaisseau s'opère le remous, qui porte à la surface leur proie,
dont ils s'emparent plus facilement au milieu de la tourmente
des eaux. »
GENRE QUATRE-VINGT-DIXIÈME.
Oie, Anse?*, Vieill; en catalan Oca.
Caractères. — Bec plus haut que large à sa base, qui est
garnie d'une carnosité ou totalement lisse; mandibule
supérieure plus large que l'inférieure , a bords dentelés ;
narines latérales placées au milieu du bec; pieds palmés.
Les Oiseaux compris dans ce Genre aiment à vivre
sur les eaux, où ils nagent avec grâce et facilité; ils
font des voyages lointains, et s'unissent en famille pour
les exécuter. Les Oies voyagent par troupes et décrivent
un angle pour fendre les airs , leur vol est élevé ; leur
démarche, quand elles sont à terre, est vacillante et
embarrassée. Leur nourriture consiste en poissons, in-
sectes, coquillages, végétaux et graines; elles font usage
de leur long cou pour saisir les aliments qui leur sont
nécessaires, ayant la tête plongée dans l'eau ainsi qu'une
partie du corps.
1. Oie cendrée ou Première, Anser ferriis, Lath.; en
catalan Oca salvatje.
C'est lorsque les froids du mois de décembre commencent à
se faire sentir, que les bandes d'Oies sauvages arrivent et s'éten-
dent dans nos marécages et dans les étangs de nos côtes. On les
entend passer pendant la nuit, en suivant le cours des rivières.
Elles séjournent dans ce pays jusqu'aux premiers jours de mars,
et vont se reproduire dans le Nord de l'Europe. C'est à cette
espèce que remonte la souche primitive des races domestiques.
OISEAUX. 263
2. Oie vulgaire ou sauvage, Anser segetum, Teram.; en
catalan Oca salvatje.
Cette espèce arrive de meilleure heure, et comme la précédente
elle s'installe aussi par bandes plus nombreuses dans nos étangs
salés et dans nos marécages; elle passe l'hiver dans notre pays.
On la voit plus souvent sur notre marché, ce qui prouve qu'elle
est beaucoup plus abondante et plus commune. On l'a souvent
confondue avec la Cendrée ; mais la couleur jaune-orange du
milieu du bec, est un signe qui la distingue toujours de l'autre
espèce, outre qu'elle est presque d'un tiers plus petite. Sa chair
est dure, coriace et peu estimée.
3. Oie rieuse à front blanc, Anser albifrons, Lin.
Cette Oie est beaucoup plus rare dans notre département, et
il faut des froids rigoureux pour qu'elle vienne visiter nos maré-
cages. Elle se fait remarquer par l'éclat de sa voix, qui simule
un éclat de rire; elle le fait retentir lorsqu'elle vole sur les
pièces d'eau qu'elle fréquente, et surtout au moment où elle veut
s'élever pour changer de place.
4. Oie bernache, Anser leucopsis, Temm.
Cette jolie espèce ne visite notre département, que lorsque les
hivers très-rigoureux ont gelé fortement les eaux douces des
marécages du Midi. Elle vient alors chercher un refuge et des
aliments sous notre climat plus tempéré , où elle ne séjourne
pas longtemps, et regagne des climats plus froids dès que la
température se radoucit. Elle est rare.
o. Oie cravant, Anser bernicla, Lin.
C'est encore une de ces espèces qui se montrent dans ce pays
lorsque les glaces se sont emparé des cours d'eau de l'intérieur.
Notre beau climat voit alors arriver tous les oiseaux qui se plai-
sent dans les contrées froides; il est donc bien rare que cette
espèce se montre dans ce département.
264 HISTOIRE NATURELLE.
L'Oie hyperborée et l'Oie à col roux sont les seules de
l'espèce que nous n'ayons pas observé dans ce pays;
elles ne quittent guère les régions glaciales du Nord.
GENRE QUATRE-VINGT-ONZIÈME.
Cygne, Cygnus, Lin.; en catalan Signa.
Caractères. — Bec d'égale largeur partout, beaucoup plus
haut que large à la base, déprimé à la pointe; les deux
mandibules dentelées, à lamelles transversales; narines
oblongues, latérales, percées au milieu du bec; pieds hors
de l'équilibre, courts, palmés; le pouce petit et libre.
Les Cygnes sont de tous les Palmipèdes ceux qui
nagent le plus longtemps et qui se fatiguent le moins.
Les formes élégantes et gracieuses qu'ils déploient dans
leurs mouvements, leur ont fait attribuer l'empire des
eaux. Leur caractère doux et paisible, et la beauté
de leur port, sont la cause qu'on les élève pour en orner
les parcs et les jardins publics. Ils font leur principale
nourriture de substances végétales.
\. Cygne à bec jaune ou sauvage, Cygnus musicus, Lin.
Cette espèce ne paraît dans ce pays que pendant les hivers
les plus rigoureux, et c'est alors seulement qu'elle vient jouir de
notre douce température. L'hiver de 1829 à 1830 fut très-froid;
aussi cet Oiseau fut-il signalé dans des contrées où on ne l'avait
pas encore remarqué. Chassé par les frimas du Nord, le Cygne
vient chercher dans le Midi le calme que nous donne notre beau
ciel. L'hiver de 1837 à 1838, très-rude dans le Nord, ne le fut
pas dans le Roussillon, car le thermomètre ne descendit point à
2°,-0, et nous devons à cette cause d'avoir eu divers Cygnes
sur nos marais. Ceux que nous possédons dans les collec-
tions de la ville de Perpignan, ont été pris à cette époque.
oiseaux. 265
2. Cygne tubercule ou domestique, Cygnus olor, Lin.
Cette espèce vient sur nos étangs plus régulièrement; nous la
voyons assez souvent quoique la température ne soit pas très-
froide. C'est ce Cygne qu'on est parvenu à rendre docile et à
élever en domesticité; c'est lui qui fait l'ornement des bassins
et des grandes pièces d'eau de nos parcs et des promenades
publiques ; il se multiplie très-bien dans cet état de domesticité.
A l'état de liberté , il vit sur les grandes mers et sur les étangs
de l'intérieur, vers le Nord.
En 1829, une bande de Cygnes sauvages s'abattit dans les
environs de Barcelone (Espagne). Ce fut un grand événement
que l'apparition de ces Oiseaux dans cette contrée. On leur
donna la chasse et on en tua plusieurs : un fut blessé à l'aile ;
il subit l'amputation et on le déposa dans le bassin du jardin
public de la ville, avec les Cygnes domestiques qu'on y élevait.
On ne put le familiariser ; il y resta parce qu'il y était contraint,
mais il se tenait toujours seul et à l'écart des autres; et lorsque
les Cygnes domestiques s'approchaient de lui, il les recevait
très-mal, leur lançait des coups de bec qui les forçaient à
s'éloigner.
On a découvert, depuis quelques années, une troisième espèce
de Cygne. Son plumage est tout-à-fait noir; il habite la Nouvelle-
Hollande. Nous avons vu des sujets de celte espèce faire partie
de la Ménagerie impériale du Jardin des Plantes de Paris.
GENRE QUATRE-VINGT-DOUZIÈME.
Canards, Anas, Lin.; en catalan, le mâle domestique,
Canard; la femelle, Canarda; le petit Tira. — Le
sauvage , Anech ou Canard salvatje.
Les Canards se divisent en deux sections, que M Tem-
minck désigne par A et B.
266 HISTOIRE NATURELLE.
Section A. — Le doigt de derrière sans membrane.
Caractères. — Bec très-déprimé, large vers la pointe;
dentelures longues et aplaties; doigt de derrière libre,
sans membrane ou avec un rudiment libre.
Les Canards se plaisent sur les eaux, où ils nagent
et plongent avec une égale adresse. Bien que la plupart
soient habitants des grandes mers , ils préfèrent cepen-
dant les embouchures des fleuves et des rivières. Ils
émigrent annuellement du Nord au Midi et du Midi au
Nord , en formant des bandes nombreuses, qui se répan-
dent dans les étangs et les rivières de l'intérieur. Leur
nourriture se compose de poissons, de vers et de coquil-
lages, qu'ils saisissent en plongeant et en fouillant la vase
des marais. En général leur chair est un aliment agréable.
1. Canard kasarka, Ànas rutila, Pall.
Ce n'est que pendant les hivers les plus rigoureux que nous
voyons , en petite quantité , cette espèce dans ce pays ; elle y est
de passage très-accidentel.
2. Canard tadorne, Anas tadorna, Lin.
Le Canard-Tadorne est fort rare; on ne le trouve sur nos
étangs qu'à l'époque des grands froids.
5. Canard sauvage, Anas boschas, Linné; en catalan,
le mâle, Coll-Vert; la femelle, Canarda.
Le Canard sauvage arrive dans notre département par bandes
nombreuses qui se répandent dans nos prairies inondées, nos
étangs et nos rivières. C'est l'espèce la plus commune que nous
ayons; elle demeure dans le pays jusqu'à la belle saison et elle
reprend alors la route du Nord. Il en reste toutefois un assez
grand nombre dans nos étangs , où l'espèce se reproduit ; elle
fait son nid, tantôt dans les champs de blé, près des étangs,
OISEAUX.
tantôt dans les broussailles des haies ou dans les creux des
arbres qui bordent les eaux.
Dans le Canard sauvage, Anas boschas, les variétés sont fort
nombreuses, et quoique M. Temminck ait dit dans son Manuel
d'Ornithologie, seconde édition, 1840 : « Dans l'état sauvage, les
variétés tapirées de blanc, blanchâtres ou blanches sont très-
rares, » on pourra voir, en examinant les variétés que nous
avons recueillies dans le département des Pyrénées-Orientales ,
que les variétés blanches ne sont pas aussi rares qu'avait pu le
penser cet ornithologiste célèbre.
lre Variété. — Mâle. Noir, à reflets métalliques; miroir violet;
collier blanc, large de 6 centimètres; tête et gorge tapirée
de blanc, sur fond vert-lustré.
2>ne Variété. — Mâle. A peu près la même robe, moins le collier
et la tête tapirée de blanc.
3me Variété. — Mâle. Couleur générale du dos et des flancs isa-
belle, avec diverses plaques d'un jaune-clair lustré, une large
plaque d'un blanc pur sur la poitrine, qui s'étend en forme
de collier sur le bas du cou et remonte jusqu'au dessous du bec.
Cette même couleur embrasse toute la partie de l'abdomen.
Tète brune, tapirée de blanc.
4me Variété. — Femelle. Couleur générale isabelle sans reflets,
toutes les plumes finement liserées de noir, qui forment un
dessin agréable sur la robe de l'animal, sans reflets métalliques ;
miroir brun , à peine sensible.
5me Variété. — Femelle. Même robe, avec un collier blanc, large
de 3 centimètres , qui couvre la partie antérieure du cou ; le
miroir n'est pas sensible.
6rae Variété. — Femelle. Robe d'un blanc pur, sans reflets ni
taches; bec et pattes jaune-citron.
7me Variété. — Femelle. Même robe d'un blanc pur ; quelques
petites taches brunes se font remarquer ça et là; miroir violet,
à reflets métalliques; bec et pattes jaune-citron.
268 HISTOIRE NATURELLE.
gme Variété. — Femelle. Robe toute tapirée de jaune et de noir;
collier blanc, s'étendant sur le cou jusqu'au dessous du bec.
Cette couleur embrasse toute la poitrine et s'étend sur l'abdo-
men. Miroir violet, à reflets.
gme Variété. — Femelle. Couleur du plumage noir lustré; toutes
les plumes liserées de jaune sombre; poitrail et devant du cou
blancs, avec quelques taches noires et jaunes; tête tapirée de
blanc ; miroir presque pas sensible.
C'est le Canard sauvage qui est la souche de toutes les espèces
et variétés élevées en domesticité et que l'homme s'est appro-'
priées pour ses besoins; aussi, son choix a été admirable, car
de toutes les espèces sauvages , c'est celle dont la chair a le
meilleur goût, et nos Canards domestiques , qui sont bien nour-
ris, sont un mets très-délicat.
4. Canard chipeau ou ridenne, Anas strepera , Linné; en
catalan Griset.
Mêlée au Canard sauvage, cette espèce se répand dans les
mêmes localités et habite ce déparlement tout l'hiver; mais elle
n'y reste pas pendant la belle saison pour s'y reproduire : dès
que le beau temps arrive, elle remonte vers le Nord pour y faire
sa ponte. Cette espèce devient très-grasse, et sa chair est aussi
estimée que celle du Canard sauvage.
5. Canard à longue queue ou Pilet, Anas acuta, Linné;
en catalan Cua-Llarg , Cua d'Aulendra.
Très-commun dans les deux passages, il en reste beaucoup sur
nos marais tout l'hiver. On en porte en quantité sur nos marchés;
sa chair, toujours maigre, n'a pas un bon goût, et n'est pas
recherchée.
6. Canard sifïleur, Anas penelope, Linné; en catalan
Piula, Chiulayre (siffleur).
Le Canard-Siffleur est assez abondant dans les mêmes parages
oiseaux. 269
qu'habitent les autres espèces ; il passe chez nous tout l'hiver,
mais il nous abandonne aussitôt que le beau temps paraît, pour
aller vers le Nord. Sa chair est bonne.
7. Canard souchet, Anas clypeata, Lin.; en catalan Bec
de spatula (probablement à cause de son bec, qui
est en forme de spatule).
Nous voyons cette espèce très-souvent sur notre marché. Elle
est aussi fort commune dans nos marécages pendant tout l'hiver;
mais elle nous quitte dès les premiers jours du printemps. Sa
chair n'est pas très-bonne.
8. Canard sarcelle d'été, Anas querquedula , Linné; en
catalan Sarcetta d'estiu.
Il est très-rare de voir cette espèce dans le département en
hiver; elle n'est abondante qu'à l'époque du passage de mars.
On la porte alors en grande quantité sur notre marché ; sa chair
est très-bonne. Son plumage est fort joli.
6. Canard sarcelle d'hiver, Anas crecca, Lin.; en catalan
Sarcetta.
La Sarcelle d'hiver habite toute l'année notre département.
Elle se reproduit dans nos marécages bien couverts par les plantes
aquatiques; mais elle est bien plus abondante pendant l'hiver et
couvre nos étangs ; les marchés en sont amplement pourvus. Sa
chair est fort délicate.
Section B. — Au doigt de derrière une membrane lâche.
10. Canard eider, Anas mollissima, Lin.
Il faut des hivers très-rigoureux pour que cette espèce arrive
sur nos marais. On la remarque facilement par sa taille , qui est
270 HISTOIRE NATURELLE.
d'un tiers plus grande que celle des autres espèces, et par la
couleur de son plumage. C'est l'Eider qui fournit l'édredon,
cette matière douce et élastique, que la sensualité humaine a
su si bien utiliser, et qui n'est autre chose que le duvet dont
l'Eider enveloppe ses œufs et qu'il fait tomber de tout son corps
et principalement de l'abdomen. Cet Oiseau habite les mers gla-
ciales du pôle, et n'est que de passage dans les parties tempérées
de, notre continent. Ce fut pendant l'hiver de 1838 que j'ai
vu le premier sur notre marché ; le second me fut apporté en
mars 1844. La chair de cet oiseau est fort bonne.
11. Canard double macreuse, Anas fusca, Lin.; en catalan
Cullera (à raison de son bec en forme de cuiller).
Ce Canard est très-estimé. Il n'est pas bien commun dans le
pays; cependant, tous les ans, on en tue quelques-uns sur nos
marécages.
12. Canard macreuse, Anas nigra, Lin.
Encore plus rare que le précédent. Il passe, toutefois, chaque
année, mais ne s'arrête guère sur nos étangs, de sorte qu'il est
très-difficile de se le procurer.
15. Canard couronné, Anas leucocephala, Lath.
J'ai vu une seule fois cette espèce sur notre marché , pendant
l'hiver de 1829 à 1830; c'est donc très-accidentellement qu'il
arrive parmi nous. Il ne quitte guère les régions froides du
Nord, où il se reproduit.
14. Canard de Miclon, Anas glacialis, Lin.
Comme la précédente espèce, le Canard de Miclon est excessi-
vement rare; c'est toujours dans les hivers où la température
descend très-bas qu'il en paraît quelques sujets sur nos marchés.
Ce fut en 1830 que le premier me fut apporté. Deux sujets, mâle
OISEAUX. 271
et femelle adultes, furent tués à Salses, en 1856, et font partie
des collections de la ville de Perpignan.
15. Canard siffleur huppé, Anas rufina, Pall.; en catalan
Bec vermeil, lo Mont (le Muet, parce que les chas-
seurs prétendent qu'il ne chante pas).
Le Siffleur huppé est de passage habituel dans ce département.
C'est une jolie espèce; mais sa chair sent la sardine et est très-
peu estimée.
16. Canard milouinan, Anas marila, Un.; en catalan
Buixot.
Cette espèce est fort commune. On la voit par bandes consi-
dérables sur les marécages, mêlée avec l'espèce suivante; elle
se prend aux mêmes arrêts tendus, et on la porte assez souvent
sur nos marchés. Sa chair est bonne.
17. Canard milouin, Anas ferina, Lin.; en cat. Buixot.
Ce Canard arrive en automne par troupes très-nombreuses, et
se répand sur toutes nos surfaces liquides ; il se fait remarquer,
dès que la nuit arrive, par un grand bruissement d'ailes et par
un cri qui lui est particulier. On en prend beaucoup sur nos
étangs, et nos marchés en sont pourvus. Sa chair, qui d'ordinaire
est grasse, est fort estimée.
18. Canard garrot, Anas clangula, Lin.
Le Garrot est de passage régulier dans ce département, et il y
reste tout l'hiver, car il est très-souvent porté sur notre marché
pendant cette saison. Il est ordinairement fort gras ; mais sa chair
sent un peu le poisson.
19. Canard morillon, Anas fulligula, Lin.
Le Morillon est très-répandu sur nos étangs pendant tout l'hiver,
272 HISTOIRE NATURELLE.
et beaucoup plus encore au moment du passage du printemps ;
notre marché en est pourvu. Sa chair n'est pas des meilleures.
20. Canard à iris blanc ou nyroca, Anasleucophthalmos,
Bech.
Ce Canard paraît arriver de bonne heure sur nos marécages ;
car nous le voyons un des premiers sur notre marché et en assez
grande abondance. Il passe tout l'hiver dans ce pays; mais il
nous quitte avec les premiers jours de beau temps. Sa chair est
bonne.
21. Canard à collier ou histrion, Anas histrionica, Lin.
Ce Canard est excessivement rare dans ce département; il quitte
peu les contrées glaciales où il vit, et il faut des hivers exception-
nels pour qu'il vienne visiter nos parages ; mais c'est toujours en
petit nombre.
Les Canards à tête grise et Marchand, qui se repro-
duisent dans les mers glaciales, sont les seules espèces
que nous n'ayons pas observées dans ce pays.
GENRE QUATRE-VINGT-TREIZIÈME.
Harle, Mergus, Lin.
Caractères. — Bec médiocre ou long, droit, grêle, en
cône allongé et presque cylindrique , base large ; pointe
de la mandibule supérieure très-courbée , onguiculée,
crochue; bords des deux mandibules dentelées en scie,
ces dentelures dirigées en arrière; narines latérales,
elliptiques , percées de part en part ; pieds courts , pal-
més, retirés dans l'abdomen; ailes médiocres.
Les Harles ressemblent beaucoup aux Canards. Ils
oiseaux. 273
vivent sur les eaux, où ils nagent avec le corps le plus
souvent submergé. Leur démarche est plus embar-
rassée que celle des Canards, a cause de la situation de
leurs pieds. On ne les voit qu'en hiver dans nos climats
tempérés; leur demeure habituelle est dans les pays
froids où ils se reproduisent.
4. Grand Harle, Mergus merganser, Lin.; en catalan Bec
de serra gran (Bec de scie. Son bec ressemble, en
effet, aux dents d'une scie.)
Cette très-jolie espèce, quoique se reproduisant dans les pays
très-froids, visite tous les ans les contrées méridionales; se
répand sur nos marécages pendant toute la saison d'hiver, et
se trouve plus ou moins abondante selon que le froid est plus ou
moins vif. C'est la plus grosse espèce. On en porte souvent au
marché ; sa chair n'est pas estimée à cause de l'odeur de
sardine qu'elle exhale.
2. Harle huppé, Mergus serrator, Lin.; en catalan Bec
de serra mitja (Bec de scie moyen).
Cette espèce paraît dans ce pays comme la précédente pendant
l'hiver; y séjourne toute la mauvaise saison, et nous quitte pour
aller se reproduire dans l'extrême nord. Sa chair exhale aussi
l'odeur de sardine. Les Harles sont mêlés sur nos étangs aux
Canards, avec lesquels ils paraissent vivre en bonne intelligence.
3. Harle piette, Mergus albellus, Lin.; en catalan Bec de
serra petit (Bec de scie petit).
La robe du Harle-Piette est fort jolie. Cette espèce arrive
comme les autres au commencement de l'hiver, et reste sur nos
marais jusqu'en mars. Elle y est plus abondante; aussi la voit-on
plus souvent sur nos marchés. Sa chair n'est pas meilleure que
celle de ses congénères.
TOME Ul. 48
274 HISTOIRE NATURELLE.
GENRE QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME.
Pélican, Pelecanus, Lin.
\. Pélican blanc, Pelecanus onocrotalus, Lin.
Depuis que je m'occupe d'ornithologie (50 ans environ), cet
Oiseau ne s'est jamais montré dans ce département : il est pro-
bable, à moins de quelque événement surnaturel, qu'il n'y
paraîtra jamais.
GENRE QUATRE-VINGT-QUINZIÈME.
Cormoran, Carbo, Mey.
Caractères. — Bec médiocre ou long, droit, comprimé,
arête arrondie; mandibule supérieure très-courbée vers
la pointe, crochue; mandibule inférieure comprimée,
base engagée dans une petite membrane qui s'étend sur
la gorge ; face et gorge nues ; pieds robustes, retirés dans
l'abdomen; les quatre doigts réunis par une membrane;
ongles, celui du doigt du milieu dentelé, en scie; ailes
médiocres.
Les Cormorans se distinguent facilement des Pélicans
et des Fous, avec lesquels ils ont été confondus. Ces
Oiseaux sont d'excellents plongeurs; ils poursuivent avec
une vitesse étonnante, et comme à tire-d'aile, entre deux
eaux, une proie très-agile dont ils s'emparent avec
adresse. Ils ont le vol droit et vigoureux; ils marchent
mieux que les Harles. Leur longue queue, à pennes fortes
et à baguettes élastiques, leur sert de soutien; ils s'en
servent comme d'un troisième point d'appui.
1. Grand Cormoran, Carbo cormoranus, Mey.; en catalan
Gorb de mar (Corbeau de mer).
Cette espèce est la seule du genre que nous voyons dans le
oiseaux. 275
pays, et elle n'y est pas même très-abondante. On en prend quel-
quefois d;ms les arrêts tendus pour les poissons; d'autres fois
avec le fusil. Porté au marché, cet Oiseau se vend difficilement,
sa chair n'étant pas très-estimée. Nous en avons de très-adultes
dans les collections de la ville de Perpignan.
GENRE QUATRE-VINGT-SEIZIÈME.
Fou, Sula, Briss.
Habitant toujours les parties les plus froides de l'extrême
nord, cet Oiseau ne vient jamais dans nos parages. S'il y paraît
quelquefois, ce ne doit être que par exception , et il a échappé à
nos recherches; aussi, ai-je dit, en publiant le Catalogue des
Oiseaux du département, que le Genre Fou n'avait pas de repré-
sentant dans les Pyrénées-Orientales.
GENRE QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME .
Plongeon, Colymbus, Lath.; en catalan Calabria.
Caractères. — Bec médiocre, fort, droit, très-pointu,
comprimé; narines basales, latérales, concaves, oblon-
gues, à moitié fermées par une membrane, percées de
part en part; pieds retirés dans l'abdomen, hors l'équilibre
du corps, médiocres; tarses comprimés; trois doigts devant,
très-longs, entièrement palmés; le doigt de derrière court,
articulé sur le tarse, portant une petite membrane lâche;
ongles plats; ailes courtes.
Les Plongeons et les genres suivants ont reçu, pour
ainsi dire, l'élément fluide pour demeure habituelle.
Ils vivent toujours sur les eaux; ils y restent le plus
souvent cachés à nos regards, parce qu'ils n'en reti-
rent la tête, que pour respirer un instant. Il est rare
de les voir à terre, si ce n'est au moment de l'incu-
276 HISTOIRE NATURELLE.
bation. Ils émigrent sur les eaux; ils volent très-bien,
mais rarement. Ils se nourrissent de poissons, de frai,
d'insectes aquatiques, et aussi de végétaux.
1. Plongeon imbrin, Colymbus glacialis, Lin.
2. Plongeon lumme ou à gorge noire, Col. arcticas, Lin.
3. Plongeon cat-marin ou à gorge rouge, Colymbus sep-
tentrionalis , Lin.; en catalan, Calabria gros, et
Calabria petit.
Les Plongeons Imbrin et Lumme sont très-rares ici ; Le Cat-
Marin l'est moins. Ce n'est que par les hivers les plus rigoureux
que ces Oiseaux apparaissent sur nos côtes. Ils fréquentent les
lacs salés qui ne sont pas éloignés de la mer. Pendant l'hiver de
1819, un Imbrin, tué à l'étang de Saint-Nazaire, me fut apporté:
depuis j'ai eu occasion d'en voir au marché diverses fois; — le
Lumme se laisse voir moins souvent; — le Cat-Marin presque
tous les ans. Leur chair est détestable, par l'odeur de sardine et
par une huile repoussante qui en suinte pendant la cuisson.
GENRE QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME.
Guillemot, Uria, Briss.
lre Section. — Bec plus long que la tête.
Caractères. — Bec médiocre ou court, fort, droit, pointu
et comprimé; mandibule supérieure légèrement courbée
vers la pointe, l'inférieure formant un angle plus ou moins
ouvert; narines basales, latérales, longitudinalement fen-
dues, à moitié fermées par une membrane couverte de
plumes, percées de part en part; pieds courts, retirés dans
l'abdomen hors l'équilibre du corps; tarses grêles ; trois
doigts devant seulement, entièrement palmés; ongles
courbés; ailes courtes.
oiseaux. 277
Habitant les vastes mers qui baignent les arides bords
des contrées polaires, ces Oiseaux sont relégués dans les
climats couverts de frimas élernels. Forcés par les glaces
de quitter ces parages, ils émigrent en hiver le long des
côtes maritimes, et vont chercher une température plus
douce. Les roulis, les brisants, les rafales, les forcent
quelquefois à abandonner leur élément favori, et on ne les
voit à terre, que lorsqu'ils y sont poussés par des causes
accidentelles.
J. Guillemot à capuchon, Uria troile, Lath.
2. Guillemot à gros bec, Uria brunnichii, Sab.
3. Guillemot a miroir blanc, Uria gryUe, Lath.
2me Section. — Bec plus court que la tête.
4. Guillemot nain, Uria aile, Temm.
Les Oiseaux qui composent ce genre , ne se voient dans nos
parages que très-accidentellement; et même ceux que nous
avons eu occasion de voir, ont-ils été rejetés par la mer sur nos
plages. A la suite de grandes tempêtes on les trouve morts sur
le sable des dunes; c'est ordinairement dans le mois de mars,
ou au commencement d'avril. Nous supposons que, surpris par
le gros temps au moment de leur passage, ils ne peuvent résister
à la tourmente , et que la mer les rejette alors sur les côtes.
En mars 1840, il en échoua une si grande quantité, que la plage
de Canet en était couverte. La seule espèce de ce genre qui ne
faisait pas partie de ceux échoués, et que nous n'avons jamais
observée sur nos côtes, est le Guillemot à gros bec.
GENRE QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME.
Macareux, Mormon, Illig.
Caractères. — Bec plus court que la tête, plus haut que
278 HISTOIRE NATURELLE.
long, très -comprimé; les deux mandibules arquées,
sillonnées transversalement, échancrées vers la pointe;
arête de la supérieure, tranchante, élevée au-dessus du
niveau du crâne; narines latérales, nues, presque entiè-
rement fermées par une grande membrane nue; pieds
courts, retirés dans l'abdomen; seulement trois doigts
devant, entièrement palmés; ongles très-crochus; ailes
courtes.
Les Macareux, qu'on a confondus pendant longtemps
avec les Pingouins, doivent, d'après M. Temminck, for-
mer un genre distinct. Ces Oiseaux forment, avec deux
genres voisins étrangers à l'Europe, les derniers chaînons
par lesquels la nature se prépare à terminer la grande
famille des oiseaux. Les oiseaux de ce geure volent peu;
cependant, ils ne sont pas privés de cette faculté, et on
les voit effleurer assez rapidement la surface des mers, et
souvent ils se soutiennent sur l'eau à l'aide de la palmure
de leurs pieds. Ils habitent les mers du pôle arctique.
Chassés par les glaces, ils émigrent en hiver et viennent
jusque sur nos côtes.
1. Macareux moine, Mormon fratercula, Tem.; en catalan
Frare (moine).
Le genre Macareux se voit plus souvent que le genre précé-
dent. Presque tous les ans quelques sujets sont apportés sur nos
marchés; mais nous les devons aux mêmes causes qui amènent
les Guillemots, car nous ne les avons jamais vus que rejetés par
les vagues. C'est presque toujours aux mêmes époques, fin février
ou mars. Il est probable qu'en exécutant leur voyage de migration,
ils sont surpris par quelque ouragan auquel ils ne peuvent résister;
ils meurent, et sont alors rejetés sur la grève.
oiseaux. 279
GENRE CENTIÈME.
Pingouin, Alca, Linné.
Caractères. — Bec droit, large, comprimé, très-courbé
vers la pointe; les deux mandibules à moitié couvertes
de plumes, sillonnées vers la pointe; la supérieure, cro-
chue; l'inférieure, formant un angle saillant; narines
latérales, marginales, linéaires, vers le milieu du bec,
presque entièrement fermées par une membrane couverte
de plumes; pieds courts, retirés dans l'abdomen; trois
doigts devant, entièrement palmés; ongles peu courbés;
ailes courtes.
Les Pingouins ont les mêmes habitudes que les Guil-
lemots et les Macareux, ainsi que les autres oiseaux qui
terminent l'échelle, qui sont privés d'ailes et qui vivent
dans les mers du Sud. Ils quittent rarement les côtes, et
on ne les voit sur le rivage qu'au moment des pontes;
autrement, leur apparition n'est due qu'à des causes
accidentelles.
1. Pingouin macroptère, Alca torda, Lin.
2. Pingouin brachiptère Alca impennis, Lin,
Nous n'avions jamais vu de Pingouins que ceux rejetés par la
mer sur les sables de nos rivages ; mais , quelle ne fut pas notre
surprise lorsque, en juin 1826, deux Pingouins -Macroptères,
tués sur nos côtes, nous furent apportés; c'étaient mâle et
femelle adultes, ce qui nous porterait à croire que ces Oiseaux,
retardataires sans doute par quelque cause inconnue , viennent
quelquefois nicher sur les rochers escarpés qui bordent quelques
endroits de nos côtes. C'est peu probable; mais comment se
trouvaient-ils alors sur nos parages?
Le Pingouin-Brachiptère n'a pas été observé dans notre
département.
280 HISTOIRE NATURELLE.
SEIZIÈME ORDRE.
INERTES.
Cet Ordre se compose de deux Oiseaux, qui forment
deux Genres distincts. Tous les deux sont étrangers à
l'Europe.
GENRE CENT-UNIÈME.
Apterix, Aptéryx, Shaw.
Espèce unique. Aptéryx australis, Shaw.
L'unique du genre, qui a été établi sur un individu, le seul
qui existe dans les collections.
GENRE CENT-DEUXIÈME.
Dronte, Didus, Lin.
Espèce unique. Didus ineptus, Lin.
Espèce qui semble avoir été l'unique du genre , et qui paraît
ne plus exister.
On conserve encore en Angleterre , dit M. Temminck, le bec
et le pied de cet oiseau, figurés très-exactement dans Shaw-
Miscellan. Ces parcelles prouvent, de la manière la plus authen-
tique, l'existence d'un oiseau qui n'est nullement fabuleux,
ainsi que quelques naturalistes l'assurent.
Les ailes de ces deux genres d'oiseaux étaient impropres au
vol.
REPTILES. 281
CHAPITRE III.
A N I II A U X VERTÉBRÉS.
TROISIÈME CLASSE.
Reptiles.
Sous la dénomination de Reptiles , on comprend une
classe d'Animaux , dissemblables par la forme , la taille ,
l'enveloppe, la couleur tégumentaire et le milieu dans lequel
ils vivent. Les uns marchent, les autres rampent, certains
se traînent, plusieurs nagent et quelques-uns volent W. Il
y en a de terrestres, d'amphibies, de marins. Un certain
nombre ont des membres, tels sont les Lézards; d'autres
ont des nageoires, tels que les Tortues de mer; enfin, il
y en a qui n'ont ni membres ni nageoires, tels sont les
Serpents. La bizarrerie de leur forme, dit M. Gervais,
leur aspect en général repoussant, la sensation de froid et
comme cadavérique qu'ils donnent le plus souvent quand
(I) De petits Reptiles inoffensifs , appartenant aux Iguaniens, dans Tordre
des Sauriens, ont pour caractère principal des espèces d'ailes , formées par
la peau de leurs flancs: elles sont destinées à les soutenir dans l'air quand
ils s'élancent à la poursuite des insectes dont ils font leur nourriture. —
Voir pour plus de détail le Dictionnaire Universel d'Histoire naturelle de
M. Ch. d'Orbigny, articles Dragon , Reptiles , rédigés par le savant pro-
fesseur P. Gervais, à qui nous empruntons la plupart des faits généraux
contenus dans ce chapitre.
282 HISTOIRE NATURELLE.
on veut les saisir, et surtout les propriétés malfaisantes
et le redoutable venin de certains d'entre eux, ont inspiré
à toutes les époques et chez toutes les nations, les mêmes
sentiments de curiosité et de crainte. Des préjugés sans
nombre ont pris naissance à leur occasion : les charlatans
en ont fait, à toutes les époques, les instruments ou les
gages de leur prétendue puissance, et les anciennes
cosmogonies que nous a léguées l'Orient, leur font jouer
des rôles aussi redoutés que fantastiques. Les moindres
Reptiles nous inspirent souvent de la frayeur, et toujours
de la répugnance; aussi les espèces les plus innocentes,
aussi bien que celles qui sont les plus venimeuses, sont-
elles frappées d'une égale réprobation. Cette sorte d'effroi
que nous causent les Reptiles, a été ressenti de tout
temps , et n'a pas peu contribué à faire exagérer, par les
conteurs ou les artistes, la bizarrerie des formes propres
aux Reptiles. De là, ces êtres effrayants et étranges,
qui, sous le nom de Dragon, moitié Chauve- Souris,
moitié Quadrupède et Serpent, figurent jusque dans les
livres liturgiques W. Il n'y a guère d'exception que pour
les Lézards, que l'on dit amis de l'homme, pour la Rai-
nette et pour un petit nombre d'autres.
La taille, comme la forme des Reptiles, est fort variable.
Certaines espèces restent, pendant toute leur vie, très-
petites, ainsi qu'on en voit parmi les Agames, les Lézards,
les Serpents, les Crapauds ou les Salamandres ; tandis que
d'autres acquièrent de grandes dimensions. On voit des
Crocodiles et des Serpents qui ont jusqu'à 7 à 8 mètres
(I) Le Dragon des auteurs grecs, avant le christianisme, était un Serpent
ou Léiard , à vue très-perçante, <jui gardait des trésors et dévorait les
gens.
REPTILES. 283
de long. On sait que certains Reptiles des temps géolo-
giques, mais principalement de la période secondaire,
atteignent une longueur presque aussi considérable que
celle de nos Cétacés actuels , et ce fait est d'autant plus
curieux, que, parmi ces géants des Reptiles, il y en avait
dont le genre de vie était complètement terrestre.
La forme est également susceptible , chez les mêmes
Animaux, de très-grandes variations. Mais elle peut être
ramenée à trois dispositions générales : celle des Lézards,
dont le corps est quadrupède, bas sur pattes, et terminé
par une queue en général fort longue ; celle des Tortues
ou des Grenouilles, qui est plus ramassé, et dont la queue
est courte ou nulle; et, enfin, celle des Serpents, qui est
caractérisée par l'absence des membres, rallongement du
corps, ainsi que de la queue, et la forme plus ou moins
cylindrique de celui-là.
La peau, qui se moule sur la forme même des Animaux,
et qui nous en donne l'expression, en même temps qu'elle
traduit à l'extérieur les principales dispositions de leur
organisation interne, montre chez les Reptiles quelques
particularités de structure. Elle est pourvue, chez les
Chéloniens, les Crocodiles, les Sauriens et les Serpents,
d'un épidémie résistant, d'apparence écailleuse , et par
lequel l'Animal est plus complètement isolé du monde
extérieur. Chez les Cécilies, les Grenouilles, les Sala-
mandres et les animaux qui leur ressemblent, l'aspect de
la peau est essentiellement muqueux. Chez eux, elle est
riche en cryptes mucipares, et an lieu d'un épidémie épais
et desséché, elle ne représente qu'un épithélium fin et sans
importance, qui est loin de lui fournir une protection
égale à celle que le derme des Reptiles écailleux reçoit de
284 HISTOIRE NATURELLE.
leur épidémie. Cette distinction des Reptiles en écailleux et
en nus, est fondamentale en herpétologie. Les Reptiles nus
ou Ratraciens, de M. Rrongniart, sécrètent, en abondance,
par leur peau , un mucus acre dans beaucoup d'espèces.
Selon Robert Towsson, les Grenouilles et les Rainettes
absorbent l'eau par la peau au lieu de la boire, et la
rendent par la transpiration au lieu de la rejeter par
l'urèthre.
La peau de certains Reptiles est sujette à des mues plus
ou moins fréquentes. On rencontre souvent la dépouille
épidermique abandonnée par ces animaux, et les carac-
tères extérieurs des Reptiles y sont si bien imprimés,
que l'inspection d'une semblable dépouille suffit pour
faire déterminer l'espèce dont elle provient.
Les couleurs des Reptiles, sans être aussi vives que
celles des Oiseaux ou des Poissons, ne laissent pas que
d'être fort agréables dans certains cas. La belle teinte
verte des Lézards, les taches ou les raies noires, bleues
ou blanches qui en relèvent la vivacité, les nuances rouges
ou roses de leur ventre et parfois de leur dos, ont été
remarquées de tout le monde. Mais une particularité
difficile à comprendre et que nous montrent beaucoup
de Reptiles, est leur versicoloréité , c'est-à-dire la pro-
priété qu'ils ont de changer plusieurs fois, et en peu
d'instants, les nuances naturelles de leur peau. Nuls ne
sont plus célèbres, sous ce rapport, que les Caméléons;
d'autres Reptiles jouissent d'une semblable propriété,
tels les Marbrés, etc. Les Ratraciens varient aussi leur
nuance sous l'impression des circonstances environnantes.
On remarque ce phénomène chez les Rainettes, et nos
Grenouilles elles-mêmes n'en sont pas exemptes.
REPTILES. 285
Comme les autres familles des vertébrés , les Reptiles
sont carnivores, herbivores ou insectivores. Les uns ont
des dents, les autres en sont privés; les Chéloniens sont
tous dans ce dernier cas. Ces organes leur servent à
saisir leur proie, à se défendre, à introduire même dans
les plaies qu'ils déterminent, des liquides venimeux que
sécrètent des glandes analogues aux glandes salivaires.
Rarement les dents leur servent à mâcher, et leur forme
est le plus souvent un cône aigu. Parmi les Reptiles doués
d'appareils venimeux, on cite toujours en première ligne
certains Serpents, les Najas, les Crotales, les Trigono-
céphales , les Vipères , doublement terribles et par la
subtilité de leur venin et par la quantité que leurs cro-
chets versent dans la plaie qu'a faite leur morsure. Tout
le monde sait que le caractère fondamental de la Vipère
est l'existence de crochets à venin placés à la mâchoire
supérieure, crochets qui manquent chez les Ophidiens
du genre des Couleuvres.
Les Reptiles ont tous des poumons ; mais leur respi-
ration est moins active que celle des Mammifères et des
Oiseaux, et comme leur circulation est incomplètement
double, il en résulte que la quantité de sang qui reçoit le
bénéfice de l'oxygénation, est proportionnellement moindre
que chez les autres vertébrés. Les Reptiles produisent, à
cause de cela, moins de chaleur, et on les classe, avec
les Poissons, parmi les animaux à sang froid. Néanmoins,
le sang des Reptiles est rouge et se compose des mêmes
éléments que celui des vertébrés. La plupart des Reptiles
nus viennent au monde avec des branchies, et leur respi-
ration se fait alors par le moyen de ces organes. Un petit
nombre d'entre eux conservent même ces branchies après
286 HISTOIRE NATURELLE.
que leurs poumons se sont développés, et ils peuvent res-
pirer à l'air libre et dans l'eau. La peau nue des Gre-
nouilles est aussi un moyen de respiration. Elle absorbe
l'oxygène de l'air ou celui qui est dissous dans l'eau, et
dégage de l'acide carbonique. La respiration pulmonaire
peut alors être suspendue, et l'ablation même des pou-
mons n'empêche pas l'oxygénation du sang. Ainsi s'expli-
que l'hibernation des Grenouilles, des Tritons, etc., dans
la vase, et la possibilité qu'ont ces animaux d'y rester
longtemps plongés sans en souffrir.
Les Reptiles font rarement entendre une véritable voix.
La force avec laquelle ils introduisent l'air dans leurs
poumons ou avec laquelle ils l'en chassent, et l'impres-
sion passionnée qu'ils donnent à cet acte lorsque le désir
ou la crainte les animent, sont presque l'unique phonation
des Reptiles, des Serpents et des Tortues : c'est une sorte
de sifflement. Les Crocodiles et les Batraciens proprement
dits ont bien une véritable voix; celle des Batraciens est
assez variée suivant les espèces. Comparable au chant du
Scops, dans le Crapaud sonnant, elle a, chez certaines
Rainettes, une véritable analogie avec le chant du Canard,
quoiqu'elle se produise à des intervalles plus longs. Celle
des Grenouilles est connue de tout le monde.
La fonction de la reproduction conserve chez tous les
Reptiles une importance considérable , et domine , pour
ainsi dire , toutes les autres par le rôle important qu'elle
remplit dans la physiologie des animaux. Les Crapauds
recherchent et étreignent la femelle même après avoir été
mutilés; les Tortues de mer, les Serpents et surtout les
Batraciens produisent un nombre considérable de petits, et
la multiplication de ces derniers est réellement prodigieuse
REPTILES. 287
dans la plupart des cas; mais si leurs œufs et leurs têtards
sont innombrables, les animaux carnivores et même les cir-
constances physiques en détruisent une grande quantité.
La plupart des Reptiles pondent des œufs. Ces œufs
ont une coquille calcaire chez les Tortues terrestres, Tes
Émvdes et les Crocodiles; flexible au contraire, mais
encore assez résistante, chez les Lézards et les Serpents,
et tout-à-fait molle et transparente chez les Reptiles nus
appartenant aux genres Triton, Grenouille, Rainette et
Crapaud. D'autres espèces de Reptiles sont ovovivipares.
Leurs petits, après s'être développés dans les oviductes,
éclosent dans le sein de la mère et naissent vivants. Les
Orvets, les Vipères et autres Serpents de la même famille,
les Salamandres terrestres, sont dans ce cas.
Après que la ponte ou la parturition des Reptiles ovi-
pares ou vivipares a eu lieu, les parents ne continuent
guère à donner leurs soins à ces produits de leur géné-
ration; mais on remarque, dans la manière dont ils pla-
cent leurs œufs et dans le choix des lieux où ils déposent
leurs petits, mille preuves de cette admirable prévoyance,
dont les œuvres de la création nous montrent partout tant
et de si beaux exemples. Certaines espèces ovipares cons-
truisent même de véritables sortes de nids, et il en est
qui enveloppent leurs œufs des replis de leurs corps, et
qui les soumettent à une incubation aussi prolongée et
presque aussi active que celle des Oiseaux.
Les Reptiles jouissent de la propriété remarquable de
reproduire certaines parties de leur corps qui leur ont
été enlevées par la mutilation. Tout le monde sait que
les Lézards et les Orvets, dont la queue se rompt avec
une si grande facilité et se sépare du corps, ont la pro-
-288 HISTOIRE NATURELLE.
priété de pouvoir reproduire cet organe après qu'ils en
ont perdu une partie plus ou moins considérable; et
souvent on prend des individus dont la queue est de
nouvelle formation , ce qu'on reconnaît facilement à la
couleur plus terne, à la longueur plus courte et plus
obtuse de celle qu'elle remplace. Il peut même arriver
que la queue repousse double ou triple. Sa régénération
est plus rapide en été qu'en toute autre saison. Au bout
de quinze jours, il y en a déjà un long moignon. On a
coupé la queue à des Tritons et on la vue repousser.
Les membres de ces animaux, lorsqu'on les ampute, se
régénèrent aussi au bout de quelque temps : M. Bonnet
a eu la patience de faire reproduire le même membre
jusqu'à quatre fois consécutives sur le même individu;
enfin, M. Duméril, après avoir emporté avec des ciseaux
les trois quarts de la tête d'un Triton marbré, a vu cet
animal vivre encore trois mois au fond d'un large bocal
de cristal , où il avait le soin d'entretenir de l'eau fraîche
à la hauteur de deux centimètres, renouvelée au moins
une fois par jour. Par malheur, cet animal périt par le
défaut de soins d'une personne à laquelle il l'avait recom-
mandé pendant une absence.
Quelque répugnance que l'on ait pour les Reptiles,
en général, on les mange dans beaucoup de circonstances
et dans des pays très-divers. La Grenouille verte et la
Grenouille rousse sont estimées dans plusieurs parties
de l'Europe; en France, on mange aussi des Couleuvres
dans quelques départements du Midi, sous le nom d'An-
guilles des haies, et les paysans du Roussillon ne les
dédaignent pas. Le bouillon de Grenouille, de Vipère et
de Tortue figure depuis longtemps dans l'arsenal thé-
REPTILES. 289
rapeutique. Les Tortues sont recherchées partout, et il
serait à désirer qu'on propageât la Tortue-Franche, dont
la chair si exquise est employée comme aliment à Mau-
rice, à la Réunion et aux Antilles. M. Salles, capitaine
au long cours, vient de faire à ce sujet un rapport à la
Société d'Acclimatation , où il démontre que rien ne
serait plus facile aux riverains de la Méditerranée que
d'avoir des parcs où la Tortue-Franche se reproduirait
d'une façon prodigieuse.
Les Reptiles ne sont ni bien nombreux ni bien variés
en espèces dans les contrées froides ou tempérées; on
n'en compte donc qu'un petit nombre dans nos pays.
D'après l'ouvrage du prince Bonaparte, intitulé Amphibia
Europœa, il y a , en Europe, quatre-vingt-quatorze espèces
de Reptiles et de Batraciens, et l'on peut actuellement
en porter le nombre à cent. C'est à la région méditer-
ranéenne qu'appartiennent les plus nombreux, principa-
lement à la Crimée, à la Grèce, à la Turquie, à l'Italie,
ainsi qu'à l'Espagne ; la Provence et le Languedoc ,
quoique un peu moins riches, le sont cependant beau-
coup plus que l'Europe-Centrale, et presque autant que
les localités que nous venons de citer. Le département
des Pyrénées-Orientales en nourrit quarante-quatre espèces
et plusieurs variétés. Mais les Reptiles réunis dans les
Musées, et rapportés en grand nombre de tous les points
du globe ou recueillis à la surface des mers par les
naturalistes, ne s'élèvent pas à moins de douze cents
espèces (1>.
(I) Le Cabinet d'Histoire naturelle de Perpignan, possède une intéressante
collection de Reptiles étrangers, recueillis par M. le docteur Pages, notre
compatriote, pendant ses voyages aux Antilles et particulièrement à Cayenne.
tome m. 49
y 0 HISTOIRE NATURELLE.
Il existe plusieurs méthodes de classification des Rep-
tiles. Toutes présentent d'importantes observations pour
la division des Genres et des Familles. Mais la plus
généralement suivie est celle d'Alexandre de Brongniart,
adoptée par Cuvier dans son Règne animal. Cette mé-
thode, que nous suivrons dans la description des espèces
qui vivent dans le département des Pyrénées-Orientales,
divise les Reptiles en quatre ordres :
jer Ordre, Chéloniens ou Tortues;
2me Ordre, Sauriens ou Lézards;
3me Ordre, Ophidiens ou Serpents;
4me Ordre, Batraciens ou Grenouilles, Crapauds, Salamandres.
PREMIER ORDRE.
CHÉLONIENS.
Caractères. — Corps renfermé dans un double bouclier
osseux, recouvert de lames écailleuses. Le supérieur,
nommé carapace, se compose des apophyses épineuses
des vertèbres dorsales aplaties , et des côtes élargies et
réunies par des sutures. L'inférieur, nommé plastron,
est composé de pièces aussi très-élargies, qui représentent
le sternum. Quatre pieds terminés en moignon ou aplatis
en nageoires; cinq ongles aux pieds de devant, quatre à
ceux de derrière. Point de dents; les mâchoires garnies
d'une substance cornée, qui sert à déchirer les aliments.
Tête et pieds pouvant se retirer entre les boucliers.
REPTILES. 294
L'ordre des Chéloniens se divise en trois genres :
4° Les Tortues de terre, Testudo;
2° Les Tortues d'eau douce, Emys;
3° Les Tortues de mer, Chelonia.
Genre Testudo.
Tortues de terre, Testudo, Brong.; en catalan Tortugas.
Caractères. — Carapace bombée, soutenue par une char-
pente osseuse toute solide, soudée par la plus grande
partie de ses bords latéraux au plastron ; les jambes
comme tronquées, à doigts courts, réunis de très-près
jusqu'aux ongles, pouvant, ainsi que la tête, se retirer
entièrement entre les boucliers; les pieds de devant ont
cinq ongles, ceux de derrière quatre, tous gros et coniques.
Plusieurs espèces se nourrissent de matières végétales.
4. Tortue Mauresque, Testudo Mauritanica, Dum.
Apportée d'Afrique depuis notre occupation, cette Tortue a
été répandue dans notre département où elle est aujourd'hui
très-commune. Elle se reproduit dans les jardins et même dans
les cours des maisons. Elle ressemble beaucoup à la Tortue-
Grecque, seulement sa carapace paraît moins bombée. Le fond
de la couleur de la Tortue-Mauresque offre une teinte olivâtre,
tandis que chez la Grecque elle est d'un jaune-verdâtre plus foncé.
Dans beaucoup d'individus des deux espèces, il serait difficile de
distinguer ces couleurs.
2. Tortue Grecque, Testudo Grœca, Lin.; en catalan Tor-
tuga de garriga.
Carapace très-bombée, à écailles relevées, tachetée de jaune et
de noir par grandes marbrures, les bords très-larges et le pos-
292 HISTOIRE NATURELLE.
térieur ayant dans son milieu une proéminence recourbée sur la
queue ; les doigts recouverts d'une membrane.
Cette espèce est la plus commune d'Europe. Elle atteint rare-
ment 35 centimètres de long ; vit de feuilles, de fruits, d'insectes,
de vers; se creuse un trou pour y passer l'hiver; s'accouple au
printemps, et pond quatre ou cinq œufs semblables à ceux des
Pigeons. Elle se reproduit dans ce département, et habite les
garrigues qui avoisinent Salses et Banyuls-sur-Mer; elle y est
même assez commune. Elle vit aussi en domesticité dans nos
maisons et nos jardins. Nous avons remarqué que cette Tortue a
une prédilection pour la couleur jaune. Si on a des fleurs dont
la corolle soit jaune, on est sûr de les voir enlever par la Tortue;
jetez-lui la peau d'une orange ou toute autre chose de cette
couleur, on la voit de suite se précipiter sur l'objet et le manger.
Sa chair est fort bonne.
Genre Emys.
Tortue d'eau douce, Emys, Brong.; en catalan
Tortuga de aygua.
Caractères. — Ne se distingue des précédeutes que par
des doigts plus séparés , terminés par des ongles plus
longs, et dont les intervalles sont occupés par des mem-
branes; encore y a-t-il des nuances à cet égard. On lui
compte de même cinq ongles devant et quatre derrière.
La forme de ses pieds lui donne des habitudes plus aqua-
tiques. Elle ne vit guère que d'insectes, de petits pois-
sons , etc. Son enveloppe est assez généralement plus
aplatie que celle des Tortues de terre.
3. Tortue d'eau douce d'Europe, Testudo Europœa, Schn.
C'est l'espèce la plus répandue; on l'observe dans tout le Midi
et l'Orient de l'Europe, jusqu'en Prusse. Sa carapace est ovale,
REPTILES. 2913
peu convexe, assez lisse, noirâtre, toute parsemée de points jau-
nâtres, disposés en rayon. Elle atteint jusqu'à 30 centimètres de
long. On mange sa chair, et pour cela on l'élève avec du pain,
de jeunes herbes; elle mange. aussi des insectes, des limaces,
de petits poissons, etc. On la nourrit chez les pharmaciens pour
divers usages , et particulièrement pour préparer des bouillons
médicinaux. Elle est commune dans nos marécages , surtout à
Salses.
Genre Chélonée.
Tortue de mer, Chdonia , Brong.; en catalan Tortuga
de mar.
Caractères. — Corps généralement aplati ; enveloppe
osseuse, trop petite pour recevoir la tête et surtout les
pieds, qui sont extrêmement allongés; tous les doigts,
étroitement réunis par une membrane, sont disposés en
nageoires et très-propres à la natation. Les deux premiers
doigts de chaque pied ont seuls des ongles pointus, qui
tombent à un certain âge. Les pièces du plastron ne
forment point une plaque continue; mais sont diverse-
ment dentelées, et laissent de grands intervalles qui ne
sont occupés que par du cartilage. La tête est garnie
d'un casque osseux continu.
4. Tortue caouane, Testudo caouana, Schœpf.
Est plus ou moins brune ou rousse, et a quinze écailles, dont
les mitoyennes sont relevées en arêtes, surtout vers leur extré-
mité; la pointe du bec supérieur crochue, et les pieds de devant
plus longs et plus étroits que dans les espèces voisines, et conser-
vant deux ongles plus marqués. Elle vit. dans plusieurs mers; se
nourrit de coquillages; a la chair mauvaise, et l'écaillé peu esti-
mée, mais fournit une huile bonne à brûler.
294 HISTOIRE NATURELLE.
Cette espèce fréquente les côtes de ce département, où il n'est
pas rare de la pêcher. Nous trouvant un jour sur la plage , près
la métairie des Routes, appartenant à M. Jaunie, des pêcheurs en
prirent une très-grande en notre présence. M. God, de Banyuls-
sur-Mer, capitaine au long cours, en prit une d'énorme, à son
retour d'Alger, il y a déjà quelques années. Il vit cette Tortue,
endormie en pleine mer, dans le Golfe de Lyon et s'en empara.
Il l'apporta vivante à Perpignan. Nous la conservâmes quelque
temps dans un bassin du Jardin-Botanique ; mais, ne trouvant
pas probablement une nourriture suffisante dans ce bassin , elle
mangea des feuilles de laurier-rose qui croissaient sur ses bords.
Cet aliment l'empoisonna. Ses dépouilles, qui figurent au Cabinet
de la ville de Perpignan, mesurent en longueur, 95 centimètres,
et en largeur, 65 centimètres.
Nos marins prétendent que les Tortues de mer montent à la
surface de l'eau lorsqu'elles veulent dormir et jouir des rayons
du soleil, et que, étant endormies, elles ne se réveillent point
quelque bruit que l'on fasse autour d'elles. C'est alors qu'on peut
s'en approcher et s'en emparer; mais si elles sont éveillées, elles
plongent quand elles voient approcher le navire.
Nous avons vu que M. Salles, capitaine au long cours, dans
un mémoire adressé, en 1861, à la Société d'Acclimatation, dit:
que rien ne serait plus facile aux riverains de la Méditerranée
que d'avoir des parcs où la Tortue-Franche (Testudo mydas, Lin.),
à chair si exquise, se multiplierait d'une façon prodigieuse. Il
ajoute, qu'il ne s'agit pas ici d'une acclimatation à faire; mais
à protéger les couvées de ces animaux qui, malgré les éléments
de destruction acharnés après leurs petits, sont tellement nom-
breux encore, qu'on ne fait jamais une traversée d'été dans cette
mer, sans en prendre à la main presque sans danger.
Nous pensons que ce navigateur se trompe sur l'espèce de
Tortue qu'il a vue dans ses voyages à travers la Méditerranée.
Il se pourrait bien qu'il eût confondu la Torlue-Caouane , très-
REPTILES.
-295
abondante, avec la Tortue-Franche, très-rare dans notre mer;
car nous n'avons jamais vu cette dernière sur notre littoral.
5. Tortue luth, Testudo coriacea, Lin.
La Tortue-Luth se distingue des autres Tortues, tant marines
que terrestres, en ce qu'elle n'a point de plastron apparent.
Sa carapace est placée sur son dos , comme une sorte de grande
cuirasse ; mais elle ne s'étend pas assez par devant et par derrière
pour que la Tortue puisse mettre sa tête, ses pattes et sa queue,
à couvert sous cette espèce d'arme défensive. Cependant, elle
se termine par derrière en pointe si aiguë et si allongée, qu'on
croirait voir une seconde queue placée sur la véritable queue de
ranimai.
Cette espèce surpasse quelquefois par sa longueur, les plus
grandes Tortues-Franches. M. Amouroux a donné dans le temps,
à la Société Royale de Montpellier, la description d'une Tortue-
Luth pùchée au port de Cette, et dont la longueur totale était de
cinq pieds sept pouces (1 mètre 86 centimètres).
Des circonstances qu'il serait difficile de préciser, puisque cela
arrive très-rarement, font que l'on pêche quelquefois cette Tortue
sur nos côtes; mais c'est si rare, qu'on regarde le fait comme
un grand événement. Une seule fois j'ai vu pêcher cette Tortue
dans la baie de Banyuls-sur-Mer. Un vieux pêcheur de notre
côte m'a dit l'avoir pêchée deux fois en sa vie. Je puis donc
affirmer que c'est très-accidentellement, qu'elle apparaît sur notre
littoral.
La Fable raconte que Mercure , en sortant, de la caverne où il
avait tué les bœufs d'Apollon, trouva une Tortue broutant l'herbe.
Il la tua, la vida et tendit sur sa carapace des cordes faites avec
des lanières de la peau des bœufs qu'il venait d'écorcher, et en
fit la première lyre ou luth. De là vient que dans l'antiquité on
représenta souvent Mercure avec une Tortue. M. Lacepède dit
aussi que la Tortue-Luth est une de celles que les anciens Grecs
296 HISTOIRE NATURELLE.
ont la mieux connue, parce qu'elle habitait leur patrie. « Tout
« le monde sait, dit-il, que dans les contrées de la Grèce ou
« dans les autres pays situés sur les bords de la Méditerranée,
« la carapace d'une grande Tortue fut employée par les inven-
« teurs de la musique comme un corps d'instrument, sur lequel
« ils attachèrent des cordes de boyau ou de métal. On a écrit
« qu'ils choisirent la couverture d'une Tortue-Luth; et elle fut la
« première lyre grossière, qui servit à faire goûter à des peuples
« peu civilisés encore, le charme d'un art dont ils devaient tant
« accroître la puissance. »
Pendant longtemps le luth ou lyre s'appela testudo.
DEUXIEME ORDRE.
SAURIENS.
Caractères. — Corps allongé, arrondi, écailleux ou cha-
griné, terminé par une queue allongée, ayant le plus
souvent quatre pattes, à doigts garnis d'ongles; cloaque
le plus souvent transversal ; tête garnie de mâchoires à
branches soudées ; bouche constamment privée de lèvres ,
largement fendue, armée de dents; yeux garnis de pau-
pières visibles; conduit auditif, distinct; côtes mobiles,
en partie attachées au sternum , pouvant se soulever ou
s'abaisser pour la respiration ; cœur composé de deux
oreillettes et d'un ventricule divisé par des cloisons
imparfaites.
M. Cuvier divise cet ordre en six familles :
i° Les Crocodiliens, genre Crocodiles;
2° Les Lacertiens, genres Monitors, Lacerta ou Lézards
proprement dits;
REPTILES. IMl
5° Les Iguaniens , genres Stellions, A g âmes, Basilics,
Dragons, Marbrés, Anolis;
¥ Les Geckotiens, genre Geckos;
5° Les Caméléoniens, genre Caméléons;
6° Les Scincoïdiens , genres Scinques, Seps, Bipèdes,
Chalcides, Chirotes ou Bimanes.
lre Famille. — Les Crocodiliens.
Nous n'avons point à nous occuper de cette famille :
les Crocodiles ne vivent point en Europe.
2me Famille. — Les Lacertiens.
Genre Monitors.
Les Monitors n'habitant pas l'Europe non plus, nous
ne croyons pas devoir les décrire.
Genre Lacerta.
Lézards proprement dits ; en catalan Lloerts.
Caractères. — Corps très-effilé, terminé par une queue
longue et conique, traînant sur le sol; peau écailleuse,
sans crête saillante; colonne vertébrale composée d'un
grand nombre de vertèbres, dont les articulations per-
mettent des mouvements prompts et variés; quatre pattes
courtes, fortes, terminées chacune par cinq doigts légè-
rement comprimés ; tête en pyramide , quadrangulaire ,
aplatie, rétrécie en avant, couverte de plaques cornées,
symétriques, à tympan distinct, tendu, soit à fleur de
tête, soit en dedans du trou de l'oreille; yeux, le plus
souvent à trois paupières mobiles; palais armé de deux
298 HISTOIRE NATURELLE.
rangées de dents ; un collier sous le cou formé par une
rangée transversale de larges écailles, séparées de celles
du ventre par un espace où il n'y en a que de petites
comme sous la gorge; une partie des os du crâne s'avan-
cent sur les tempes et sur les orbites, en sorte que tout
le dessus de la tête est muni d'un bouclier osseux.
1. Lézard des souches, Lacerta stirpium, Daudin; en
catalan Lloert de las vinyes (Lézard des vignes).
Tête grosse, courte, un peu obtuse, couverte de onze plaques
écailleuses, qui sont à quatre ou cinq angles sur les joues; les
écailles qui couvrent le tour des mâchoires sont plus petites,
d'un blanc sale, avec de petits traits noirâtres sur les angles;
l'arcade sourcilière très-saillante; les yeux, enfoncés dans l'or-
bite, sont d'un jaune de feu. Corps trapu, allongé; les pattes
antérieures fortes, les postérieures plus allongées, munies de
cinq doigts comprimés ; la plante des pieds blanche. Le dessus
de la tête, le dos et le commencement de la queue sont bruns;
les côtés du dos et de la queue d'un blanc sale, marqués de
points blanchâtres; les flancs et le dessous du corps d'un joli
vert-clair; sur chaque flanc deux rangées longitudinales de taches
noires, légèrement ocellées et marquées de points blancs ; toutes
les écailles de dessous le corps et la queue ont une petite tache
ou un point de couleur noire. Les écailles qui recouvrent le
dessus du cou, le corps et les membres sont petites, hexagones
ou arrondies. La queue est cylindrique, plus longue que le corps.
Nous avons des sujets qui ont une longueur totale de 26 centi-
mètres; la queue en compte 14.
La femelle a le dessus du corps et les côtés d'un brun-clair;
le dos marqué de taches noirâtres; le long des flancs, on voit
deux séries de taches noires, papillées de blanc. Elle est toujours
moins grosse que le mâle.
Ce Lézard habite les parties arides du département, les bords
REPTILKS. 2g9
des propriétés où sont beaucoup de ronces, des arbustes et des
fourrés de plantes, tous les aspres et les petites collines de la
vallée du Réart, les environs de Perpignan, les chemins
creux de la Passiô-Vella , du Sarrat-d'en-Vaquer, de celui de las
Guillas, teMaUloles, les bords des vignes à'Orle et du Moulin de
Vignals, le pied des vieux troncs d'olivier où il grimpe facile-
ment, les coteaux' de Saint-Sauveur et de Château-Roussillon.
Ce Lézard n'a pas toujours la robe telle que nous venons de la
décrire; ses couleurs sont plus ou moins altérées selon l'âge
selon même les localités. Quelques sujets ont certaines parties
du corps couvertes d'une couleur d'un brun plus ou moins vif,
particulièrement le dessous du cou, la partie supérieure du corps
et une portion de la queue: cette coloration se trouve émaillée
de petits points noirâtres. Si l'on avait égard à toutes ces diffé-
rences de coloration, on pourrait faire, au moins, trois variétés
de cette espèce de Lézard; mais elles tiennent à l'âge, et souvent
aux lieux qu'habite l'animal, et ne méritent pas d'être prises en
considération.
2. Lézard vert, Lacerta viridis, Daud.; en catalan Lloert
vert.
La beauté de ce Lézard fixe les regards de tous ceux qui l'aper-
çoivent. Le dessus du corps est d'un vert plus ou moins mêlé de
jaune, de gris, de brun et quelquefois de rouge. Il brille de tout
son éclat lorsque, ayant quitté sa vieille peau, il expose au soleil
son corps émaillé des plus vives couleurs. Ces teintes sont sujettes
à varier; elles pâlissent dans certains temps de l'année et surtout
après la mort de l'animal. Les variétés que fournit cette espèce
sont très-nombreuses; toutes ont été formées par leur système
de coloration différent, et, en outre, comme ce Reptile, dans son
jeune âge, ne ressemble pas à ce qu'il sera plus tard, il en résulte
des variations telles que plusieurs zoologistes ont fait des espèces
particulières avec de simples variétés.
300 HISTOIRE NATURELLE.
Le Lézard-Vert est très-commun dans ce département. On le voit
partout, dans les bois, dans les lieux herbeux, dans les champs, sur
le bord des routes, dans les haies, dans les buissons sur lesquels
il aime à se poser. Lorsque le soleil chauffe l'atmosphère, il se
plaît à absorber ses rayons en se mettant à l'abri du vent au pied
des arbres, sur lesquels il grimpe avec une grande facilité, mais
en tournant autour de la souche. Il se nourrit de petits insectes.
Nous l'avons vu manger les œufs des petits oiseaux qui nichent
dans les buissons.
Chez les Lézards, la rupture ou la séparation d'une partie de
la queue est si facile, que beaucoup d'entre eux en sont privés;
mais elle se régénère bientôt, comme nous l'avons dit. On recon-
naît facilement que cette queue est de nouvelle formation, à la
couleur plus terne, à la longueur plus courte et plus obtuse que
celle qu'elle remplace. Ce qu'il y a de remarquable dans ce fait,
c'est que la portion de queue ainsi régénérée ne possède plus de
vertèbres ossifiées, comme dans l'état normal; elle reste cartila-
gineuse ; il peut même arriver que la queue pousse double ou
triple, et il n'est pas rare de trouver des individus avec deux ou
trois queues, ou des rudiments de queue.
Mais , un fait bien digne de remarque , c'est un Lézard-Vert à
deux têtes que possédait M. Rigail, pharmacien, à Argelès-sur-
Mer. Ce petit animal, qu'il gardait en captivité depuis deux ans,
avait été pris fort jeune, et avait grandi dans son esclavage jus-
qu'aux deux tiers de sa grandeur naturelle. Chaque tête, parfai-
tement conformée, était réunie à un cou distinct, bien constitué,
de la longueur ordinaire. Ces deux cous sortaient, en se bifurquant
l'un à droite, l'autre à gauche, d'un thorax commun. Le corps avait
quatre pattes et une queue; une cinquième patte était attachée
à la jonction des deux cous. L'animal mangeait indifféremment
des deux bouches. Mais, ce qui était, curieux à observer, c'étaient
les combats qui agitaient ce Lézard toutes les fois qu'on lui offrait
quelque chose à manger. On voyait ses yeux s'animer et les deux
REPTILES. 301
têtes darder simultanément leur convoitise sur l'objet qui leur
était présenté. Le corps restait immobile ; il ne s'avançait pour
saisir la proie, que lorsque cette petite émotion était calmée;
alors, il s'élançait, les deux bouches béantes, et c'était toujours
celle qui était la plus rapprochée de l'appât qui s'en emparait.
J'ai eu occasion de voir ce Lézard , pendant une course d'explo-
ration faite à Port-Vendres et à Banyuls-sur-Mer, en compagnie
de M. Beltrami, naturaliste du plus haut mérite, ancien procureur-
général delà Cour Impériale de Milan, révoqué à la chute du
premier Empire. En passant' à Argelès-sur-Mer, on nous parla
de ce Lézard, et, pendant que nos chevaux se reposaient, nous
allâmes voir ce bicéphale. M. Beltrami en fut si émerveillé, qu'il
pria M. Rigail de lui céder ce petit animal : il se proposait d'écrire
un mémoire à ce sujet et de le présenter à l'Académie des Sciences
de Paris, avec le Lézard à l'appui. Je ne sais s'il a mis ce projet à
exécution, car je n'ai plus entendu parler de cet homme distingué.
Au moment de mettre sous presse , on nous communique un
numéro de la Revue Encyclopédique (mai 1831), où nous lisons,
page -402 :
« M. Beltrami adresse, à l'Académie des Sciences, quelques
« détails intéressants sur un Lézard à deux têtes. Cet animal
« curieux fut découvert, le 2 octobre 1829, par M. Rigail, phar-
« macien d'Argelès, dans le Roussillon. Il ne tarda pas à s'appri-
« voiser, à tel point qu'il obéissait à la voix de M. Rigail ; venait
« prendre sa nourriture dans ses mains, et, si on l'exposait au
« soleil, on le voyait sortir tranquillement de sa boîte pour jouir
« de l'influence de sa chaleur. Il ne se nourrissait que d'insectes
«: vivants; morts, il les refusait. Telle était la finesse d'instinct
« de ce petit animal pour exprimer ses besoins, que s'il avait
« seulement soif et qu'on lui donnât à manger, il se bornait à
« lécher l'appât : c'était l'indice qu'il voulait boire; s'il n'avait
« que faim, il frappait de sa queue l'eau qu'on lui présentait:
« c'était l'indice qu'il voulait manger. Les deux têtes mangeaient
302 HISTOIRE NATURELLE.
a à la fois quand l'animal pouvait librement saisir l'aliment par
<$ lui-même; si l'appât lui était offert, toutes les deux se mon-
« traient également avides ; si on ne le donnait qu'à une seule ,
« l'autre se tournait vivement et s'efforçait de le lui arracher;
« mais l'une était-elle rassasiée , l'autre , quoiqu'elle n'eût rien
« mangé, cessait de demander, refusait même. Ce qui n'empêchait
« pas que, si l'on présentait à boire à celle-ci , elle n'acceptât et
« ne bût pour l'autre, qui, sa compagne étant satisfaite, refusait
« à son tour de boire. Ces circonstances portent à croire, dit
« M. Beltrami, qu'il n'y a qu'un seul estomac auquel aboutissent
« deux œsophages; c'est ce qu'on vérifiera à l'autopsie. L'animal
* a cinq pattes, quatre de locomotion, composées et placées
« comme celles de tous les Sauriens ; la cinquième est sise entre
« les deux tètes, sur la partie supérieure de la jonction des deux
« cous. La mort de cet animal a été occasionnée par un accident:
« M. Rigail, craignant l'influence du froid de l'hiver, plaçait toutes
« les nuits la boîte renfermant son petit monstre dans son lit. Un
« matin il trouva la boîte renversée et le Lézard étouffé. »
3. Lézard ocellé, Lacerta ocellata, Daud.
La dimension de cette espèce est à peu près celle du Lézard-
Vert; elle est aussi très-commune dans nos environs; elle habite
presque les mêmes localités. Cependant, elle se plaît davantage
sur les parties un peu élevées.
Le Lézard-Ocellé diffère du Lézard-Vert par ses écailles dor-
sales circulaires, granuleuses, juxtaposées; la paupière inférieure
opaque, squammeuse. Le dessus du corps est vert, varié, tacheté,
réticulé ou ocellé de noir; de grandes taches bleues, arrondies,
se remarquent sur les flancs; le dessous du corps est blanc,
glacé de vert. Le système de coloration diffère avec l'âge de l'in-
dividu, comme dans les autres espèces, et on pourrait en faire,
comme dans le Lézard-Vert, sept à huit variétés; ainsi, le Lézard-
Gentil, de Daudin, n'est absolument qu'un Lézard-Ocellé, qui
REPTILBS. 303
n'a pas encore atteint tout son développement, et ce naturaliste
en a fait une nouvelle espèce. Ce Lézard est robuste; le thorax
est épais; ses membres bien musclés et forts; la tête grande; le
museau obtus et comprimé sur les côtés, et les tempes renflées.
4. Lézard gris des murailles, Lacerta muralis, Laurenti;
en catalan Singlantana.
Tout le monde connaît le Lézard-Gris des murailles, le plus doux,
le plus innocent, le plus gentil et l'un des plus utiles des Lézards;
il est le plus commun de tous ceux du genre. Il vit auprès de
nous; s'introduit même dans nos demeures. Toujours inoffensif,
les enfants jouent avec lui ; et, malgré qu'ils le manient de toutes
les manières, il ne cherche jamais à les mordre, et, par suite de
la douceur de son caractère, il devient si familier avec eux, qu'on
dirait qu'il cherche à leur rendre caresse pour caresse. La nature
ne lui a pas prodigué les belles couleurs qui parent la robe des
espèces précédentes ; mais elle lui a donné une parure élégante ;
sa petite taille svelte, son mouvement agile, sa course si prompte
qu'il échappe à l'œil aussi rapidement que l'oiseau qui vole. Il a
le dessus de la tète d'un gris-cendré, ainsi que le dos, qui est
marqué régulièrement de points et de traits brunâtres. Il présente
sur les flancs, depuis l'angle postérieur de chaque œil jusqu'à la
base des cuisses, une large bande brune, formée de traits réticulés
et finement dentelée sur les bords, qui sont blanchâtres; son
ventre et le dessous de la queue sont d'un blanc luisant, verdâ-
tre , et quelquefois piqueté de noir.
Pendant les beaux jours, on voit ce joli et petit animal, grim-
per avec une agilité extrême sur les vieux murs, sur les vases de
nos terrasses, sur les arbres. La vivacité de ses mouvements, la
grâce de sa démarche, sa forme agréable et déliée, le font généra-
lement remarquer. Dans ce département, on le voit toute l'année;
dans les pays, plus froids, il se creuse un trou dans la terre, s'y
enferme et s'y engourdit. Il passe l'hiver dans cet état, et, dès les
304 HISTOIRE NATURELLE.
premiers jours de beau temps, il reparaît; s'accouple, et veille à
sa progéniture. La femelle pond six à huit œufs, qu'elle a soin
de mettre sous terre, quelquefois dans le fond d'un vase, où elle
pénètre par le trou d'où s'épanche l'eau, quelquefois, au pied
d'un mur exposé au midi, ou dans le fumier. Elle ne donne aucun
soin à sa famille, qui cherche sa nourriture aussitôt qu'elle est
née : elle consiste en Fourmis, Mouches et Coléoptères de petites
espèces.
Dans cette espèce de Lézard, on peut former aussi trois ou
quatre belles variétés, qui se distinguent entre elles par diverses
nuances de la couleur de la peau , par la disposition des lignes
sur le corps, par les points de couleurs différentes qui couvrent
certaines parties de l'animal, et par des bandes en zig-zag et
multitude de points de couleurs variées, parsemés sans ordre sur
la superficie de ce gentil Saurien.
5. Lézard gris des sables, Lacerta arenicola, Daud.
Plus petit que le Lézard -des -Murailles et aussi gentil, est
très-agile; il se trouve en abondance sur le littoral et sur les
dunes de sable que les vents accumulent dans certaines parties.
Il se cache dans les touffes de plantes qui vivent sur ces lieux
stériles, et on le saisit avec facilité dans sa retraite. Il ne
cherche pas à mordre quand on s'en empare , et devient
aussitôt familier. On en a fait un nouveau genre, dont les
caractères essentiels sont : écaillure du dos et de la queue
composée de petites pièces rhomboïdales, carénées, entaillées;
les plaques du ventre ou petites lamelles ont quatre côtés; la
queue, qui est légèrement aplatie à son origine, a quatre
faces. On lui a donné le nom de Psammodrome, Psammo-
dromus, Fitz, et Psammodromiis Edwarsii, que M. Duméril a
dédié au savant M. Edwards.
6. Lézard vivipare, Lacerta vivipara, Jacq.
Ce Lézard est moins grand que le Lézard-Gris, avec lequel on
REPTILES. 305
le confondrait aisément, si on n'y faisait attention. Il est plus
trapu ; sa couleur générale est d'un brun-rougeâtre ; le dos tra-
versé longitudinalement par une raie noire, de chaque côté de
laquelle sont des stries noires; la gorge est rosée; l'abdomen et
le dessous des membres sont verdâtres, avec de nombreux points
noirs. Il se nourrit d'insectes. La femelle fait, vers le mois de
juin, cinq à sept œufs, d'où quelques minutes après qu'ils sont
pondus, les petits sortent parfaitement développés, ce qui leur a
vallu le nom de Vivipares.
Nous ne voyons jamais ce petit Lézard en plaine ; il se tient
sur les rocailles, surtout dans les montagnes calcaires, aux
environs de Casas-de-Pena, à Força-Real et vers le haut de
la Trencada-d' Ambutta.
7. Lézard oxycéphale, Lacerta oxycephala, Schl.
Aussi petit et tout aussi agile que le Lézard-Gris des murailles,
rOxycéphale s'en distingue par la dépression de sa tête, qui est
beaucoup plus grande ; par sa coloration plus roussâtre ou plus
bleuâtre en dessus, et par sa longueur un peu moindre.
Sa présence sur les roches les plus élevées des vallées d'Eyne
et de Llo attira notre attention ; et , en le comparant avec cette
série de petits Lézards qui fourmillent dans nos environs, nous
ne tardâmes pas à nous assurer que c'était une espèce différente
et qu'elle appartenait à l'Oxycéphale.
Genre Acanthodactyle , Acanthodactylus , Fitz.
Caractères. — Ce genre, créé par MM. Duméril et Bibron,
est une sous-famille des Lacertiens. Les Acanthodactyles
ressemblent à nos Lézards ordinaires : ils ont des pau-
pières, des oreilles ouvertes extérieurement, cinq doigts
à chaque patte, carénés en dessous et dentelés latéra-
lement, des pores fémoraux. Les lamelles squammeuses
inMi. m. 20
30b HISTOIRE NATURELLE.
qui protègent le ventre, sont moins grandes et plus nom-
breuses que chez les Lézards proprement dits.
Les Acanthodactyles fréquentent de préférence les lieux
secs, arides, sablonneux. On en connaît quatre espèces,
dont trois sont d'Egypte ; la quatrième se trouve en Es-
pagne, en Italie, dans le Midi de la France et dans notre
département. C'est l'Acanthodactyle commun.
i. Acanthodactyle commun, Acanthodactylus vulgaris,
Duméril.
De la grosseur à peu près du Lézard-Gris des murailles, sa
couleur générale est d'un brun-noirâtre. Quatre raies blanches
longent chaque côté du corps; une neuvième suit le milieu du
dos. La partie postérieure du dos a une teinte un peu rougeâtre.
Cette petite et jolie espèce se trouve sur les roches calcaires
de la vallée de Conat, en allant à la Font de Coins. Elle se tient
sur les pierres exposées au soleil , et se plaît sur les plantes qui
croissent parmi les rocailles. Elle guette sa proie, sur laquelle elle
fond comme un trait. Elle est d'une dextérité extrême et très-
difficile à saisir, parce qu'elle se réfugie de suite entre les fentes
des rochers ou sous les touffes des plantes.
3me Famille. — Les Iguaniens.
L'Europe ne possédant qu'un seul Iguanien, le Stellio
vulgaris, et cette espèce ne vivant pas dans le départe-
ment, nous n'avons pas à nous occuper de cette famille.
4me Famille. — Les Geckotiens.
Genre Geckos.
Caractères. — Doigts élargis sur toute leur longueur, ou
au moins à leur extrémité, garnis en dessous d'écaillés
ou replis de la peau très-réguliers , au moyen desquels
REPTILES. Si)"'
ils font le vide et se tiennent cramponnés contre les
corps lisses, ce qui leur permet de marcher sous des pla-
fonds. En général, les Geckos n'ont point la forme élancée
des Lézards; ils sont, au contraire, apjatis, surtout par
la tête ; leur marche est lourde et rampante ; ils ont de
très-grands yeux dont la pupille se rétrécit à la lumière
comme celle des Chats , ce qui en fait des animaux noc-
turnes qui, le jour, se tiennent dans les lieux obscurs.
Leurs ongles sont rétractiles, et conservent leur tranchant
et leurs pointes. Ce caractère, ainsi que leurs yeux, peu-
vent faire comparer les Geckos, parmi les Sauriens, à ce
que sont les Chats parmi les Mammifères carnassiers.
Ils vivent d'insectes, qu'ils poursuivent surtout la nuit.
Ce genre est nombreux et répandu dans les pays chauds
des deux continents. L'air triste et lourd des Geckos, et
une certaine ressemblance avec les Salamandres et les
Crapauds, les ont fait haïr et accuser de venin, mais sans
aucune preuve réelle.
M. Cuvier fait plusieurs divisions des Geckos, qu'il
nomme Platy dactyles, Hémidactyles, Thécadactyles, etc.
Le département des Pyrénées-Orientales en nourrit deux
espèces : une dans les Platydactyles, c'est le Gecko des
murailles; une dans les Thécadactyles, c'est le Gecko des
maisons.
1. Gecko des murailles, Lacerta maurilanica, et Lacerta
turcica, Gmel.; en catalan Drago.
Animal hideux qui se cache dans les trous des murailles, les
tas de pierres, et se recouvre le corps de poussière et d'ordures.
Commun dans les murs des fortifications de Collioure et dans les
maisons de cette ville où il fait bien des défais. Lorsqu'il peut
308 HISTOIRE NATURELLE.
s'introduire dans une armoire où il y a du linge, il le perce de
trous et le triture comme du duvet. 11 vit aussi dans tous les
villages qui longent le pied des Albères, sur la rive droite du
Tech, tandis que sur la rive gauche il n'en existe pas un seul.
Nos paysans croient généralement que cet animal est malfaisant;
ils prétendent qu'il porte un venin dangereux; ils assurent que
si, pendant leur sommeil dans les champs, ce Gecko leur marche
sur une partie découverte du corps, il y produit de petites am-
poules, suivies de picotements.. Nous pensons avec M. Cuvier
que cette irritation, qui n'a jamais rien de dangereux, est plutôt
occasionnée par la pointe des ongles de cet animal, qui sont très-
fins, et qui s'implantent dans la peau.
2. Gecko des maisons, Lacerta gecko, Hasselquist.
« Cette espèce, dit M. Cuvier, est lisse, gris-roussâlre piqueté
« de brun; les écailles et les tubercules très-petits. Cette espèce
« est commune dans les maisons des divers pays qui bordent la
« Méditerranée au midi et à l'orient; au Caire, on nomme ce Gecko
« Abou burs (père de la lèpre), parce qu'on prétend qu'il donne
« ce mal en empoisonnant avec ses pieds les aliments, et surtout
« les salaisons, qu'il aime beaucoup. Quand il marche sur la peau,
« il y fait naître des rougeurs ; mais peut-être seulement à cause
« de la finesse de ses ongles. Sa voix ressemble à celle des Gre-
« nouilles. »
On le trouve à la citadelle de Perpignan.
5me Famille. — Les Caméléoniens.
Genre Caméléons.
Caractères. — Le corps est comprimé et le dos comme
tranchant; la peau chagrinée par de petits grains écail-
leux; les pattes ont une conformation très-bizarre, ce qui
leur donne une grande facilité pour grimper; cinq doigts
à tous les pieds, mais divisés en deux paquets, l'un de
REPTILES. 309
deux, l'autre de trois, chaque paquet réuni par la peau
jusqu'aux ongles; la queue ronde et prenante, comme
celle de certains Mammifères, est susceptible de s'accro-
cher aux corps environnants; la tête est grosse et d'un
aspect singulier, presque immédiatement appliquée sur
le tronc, quelquefois armée d'appendices en forme de
cornes et considérablement augmentée à la nuque ; la
bouche, largement fendue, est garnie de dents trilobées,
avec une langue charnue , cylindrique , extrêmement
allongéable, qui peut, quand l'animal la lance, atteindre
une longueur égale à celle de son corps : c'est une chose
surprenante que la vitesse avec laquelle il la darde sur
une Mouche et la ramène dans sa gueule avec sa proie :
il est pour tout le reste d'une lenteur excessive. Les
yeux, dont le globe est considérable, quoique leur ouver-
ture pupillaire soit fort petite , offrent la singulière pro-
priété de se mouvoir l'un indépendamment de l'autre,* ce
qui permet à l'animal de regarder simultanément dans
deux directions tout à fait opposées. Mais le trait le plus
important des Caméléons, celui qui a fait leur grande
réputation, c'est la versatilité de leurs couleurs. Ordinai-
rement la teinte de cet animal est celle du jaune-pâle,
plus ou moins marbrée par place; sa nuance varie, mais
dans des limites assez restreintes. Plusieurs théories ont
été professées relativement a cette versicolorité, et aux
dispositions organiques qui permettent à ces animaux de
prendre des couleurs assez différentes suivant les instants.
M. Cuvier dit à ce sujet : « La grandeur de leur poumon
« est ce qui leur donne la propriété de changer de cou-
rt leur, non pas , comme on l'a cru , selon les corps sur
« lesquels ils se trouvent , mais selon leurs besoins et
310 IHSTOIRE NATURELLE.
« leurs passions. Leur poumon, en effet, les rend plus
« ou moins transparents ; contraint plus ou moins le sang
« à refluer sur la peau; colore même ce fluide plus ou
« moins vivement, selon qu'il se remplit ou se vide d'air. »
Ces animaux sont essentiellement grimpeurs, et se tien-
nent constamment sur les arbres ; ils sont ovipares et vivent
de petits insectes. On compte quatorze espèces de Camé-
léons, dont une seule vit en Europe : c'est le Caméléon
ordinaire (Lacerta Africana) qui se trouve dans le Midi de
l'Espagne, et qui est originaire d'Egypte et de Barbarie.
\. Caméléon ordinaire, Lacerta Africana, Gmel.
Les Caméléons n'étaient pas connus dans le département des
Pyrénées-Orientales avant notre conquête de l'Algérie; mais,
depuis cette époque, on en a tellement importé qu'ils sont
devenus très-communs.
Sans affirmer qu'ils se reproduisent dans le pays, je puis citer
un exemple qui prouve qu'avec quelque soin on parviendrait à les
acclimater. On m'avait donné deux Caméléons, mâle et femelle;
ils se promenaient dans mon parterre etgrimpaient sur les arbustes.
Après quelque temps, quelle fut ma surprise de voir un paquet
d'œufs qui avaient été faits par la femelle; elle devait en avoir
caché quelques-uns dans de la terre sablonneuse que j'avais au
pied des orangers, car je vis sortir de cet endroit plusieurs jeunes
Caméléons. Ils vécurent quelque temps. Mais, cette année, l'au-
tomne fut très-froid et humide. Ces jeunes animaux ne trouvant
plus la nourriture qui leur était nécessaire, périrent. Ce fait prou-
verait que si la femelle pondait au commencement du printemps,
et que les petits vinssent dans la belle saison pour avoir le temps
de grandir et de se fortifier, ils prospéreraient dans notre climat,
qui n'est guère plus froid que l'Algérie. C'est dans le mois
d'août 1837 que ces Caméléons sont éclos dans mon parterre,
et ils ont vécu jusqu'au 15 novembre de la même année.
REPTILES. 841
6me Famille. — Les Scincoïdiens.
Caractères. — Les Scincoïdiens sont reconnaissables à
leurs pieds courts, à la langue non extensible et aux
écailles qui couvrent tout leur corps comme des tuiles;
ils ont plutôt la forme d'un Serpent que d'un Lézard.
Cette famille se divise en plusieurs genres, dont un
seul, le Seps, est représenté en Roussillon.
Genre Seps, Seps, Daud.
Caractères. — Il diffère des Scinques , premier genre
de la famille des Scincoïdiens, par son corps plus allongé,
ressemblant à celui des Orvets; les pieds très-petits, et
les deux paires très-éloignées l'une de l'autre.
Bien que les Seps aient quatre pattes munies de doigts
à ongles très-acérés, ils ne peuvent que ramper, car les
pattes ne sortent du corps que de 0m,004 de longueur,
et sont placées, les antérieures, à la naissance du cou, les
postérieures, près de l'anus, à la naissance de la queue.
Cette disposition ne permet pas a l'animal de soutenir le
corps au-dessus du sol. Lorsque le Seps doit se mouvoir,
ses pattes agissent avec une telle agilité , que l'animal
parcourt la distance comme un trait, soit pour saisir sa
proie, soit pour se soustraire à la poursuite de ses ennemis.
Et malgré toute l'attention de l'observateur, on ne peut
distinguer s'il marche ou s'il rampe.
Nos campagnards craignent beaucoup le Seps. Ils pré-
tendent que lorsqu'il est irrité, il laisse sur l'herbe qu'il
foule un certain venin qui fait périr les animaux qui en
mangent. Aussi, lorsqu'ils voient un Seps sur la prairie,
ils se gardent bien de le toucher, à moins qu'ils ne soient
armés d'un instrument pour l'assommer sur place.
312 HISTOIRE NATURELLE.
\. Seps chalcide, Lacerta chalcides, Lin.; en catalan DuU
(prononcez douill).
Au premier aspect, on croit voir un Serpent. Sa tête, assez
grosse par rapport à son corps, est un peu plate, et son museau
est pointu; ses yeux sont presque imperceptibles, ainsi que ses
pieds qu'on distingue à peine de chaque côté de son corps. Il
glisse sur l'herbe avec tant de rapidité , qu'on a de la peine à
suivre ses mouvements. Sa queue, très-longue, se termine en
pointe. La couleur générale de toute la partie supérieure du corps
est d'un gris plus ou moins foncé, avec des couleurs métalliques
bronzées, sur lesquelles paraissent des raies longitudinales blan-
ches, une de chaque côté du corps, piquetées de noir; tout le
dessous du corps est d'une couleur jaunâtre ; un jaune plus vif
se fait remarquer à côté des deux raies blanches des flancs.
Au reste, chez les Seps, comme chez les Lézards, on trouve
des différences très-grandes sur les couleurs générales du corps,
et on pourrait en former plusieurs variétés qui ne manqueraient
point d'intérêt, autant par la disposition des teintes, que par celle
des raies qui ornent la robe de ces Sauriens.
Le Seps-Chalcide est commun dans nos prairies humides,
surtout au pied des Albères. Je l'ai trouvé assez souvent dans
les environs de Céret et dans les prairies d'Arles. C'est un animal
inoffensif qui se cache au moindre bruit; et si avec une baguette
on lui coupe toute retraite, il se roule sur lui-même et ne
cherche point à mordre le bâton qu'on lui présente; il prend
la fuite aussitôt qu'on cesse de l'inquiéter, et va se cacher dans
un buisson ou parmi les broussailles et les pierres les plus
voisines.
REPTILES. 313
TROISIÈME ORDRE.
OPHIDIENS.
M. Cuvier les caractérise ainsi : Reptiles sans pieds,
et par conséquent ceux de tous qui méritent le mieux la
dénomination de Reptiles. Leur corps, très-allongé, se
meut au moyen de replis qu'il fait sur le sol.
Ils sont divisés en trois familles : les Anguis, les vrais
Serpents, les Serpents nus.
lre Famille.— Les Anguis.
Caractères. — Tête osseuse, dents et langue semblables
à celles des Seps ; leur œil est muni de trois paupières ;
ce sont pour ainsi dire des Seps sans pieds.
1. Orvet fragile, Anguis fragilis , Lin.; en catalan Serp
de vidre (Serpent de verre).
La peau de ce Reptile est fine et unie, et ne paraît pas avoir
des écailles, tant sont lisses celles qui couvrent le corps de cet
Ophidien. Il ne diffère du Seps, que parce qu'il n'a point de pattes.
La couleur générale est roussâtre, parsemée de très-petites taches.
Deux taches plus grandes paraissent, l'une au-dessus du museau et
l'autre sur le derrière de la tête, d'où partent deux raies longitu-
dinales roussâtres, qui s'étendent jusqu'à la queue, ainsi que deux
raies qui partent de dessous les yeux, et qui sont d'un roux tirant
sur le jaune-d'ocre. Le ventre est brun très-foncé, et la gorge
marbrée de blanc, de noir et de jaunâtre. La disposition de toutes
ces couleurs varie beaucoup suivant l'âge et le sexe; et on pourrait
faire de l'Orvet autant de variétés qui pourraient être désignées
selon les dispositions qu'affecteraient les couleurs sur la surface
de la peau de cet animal. L'Orvet est excessivement fragile ; le
3U HISTOIRE NATURELLE.
moindre coup d'une simple baguette le divise en plusieurs mor-
ceaux : c'est cette fragilité qui lui a valu le nom de Serpent-de-
Verre que lui donnent nos paysans.
L'Orvet est très-commun dans nos prairies. Il aime les endroits
frais et humides ; aussi le trouve-t-on souvent sur les bords des
fossés, parmi les mottes de terre ou sous les pierres qui sont sur
leurs bords; on trouve quelquefois des nichées entières qui sont
cachées sous la même pierre ou sous les racines des arbres.
Ce petit Serpent est inotïensif ; cependant il a la réputation, que
l'ignorance perpétue, d'être venimeux, et nos paysans ne lui font
jamais grâce lorsqu'ils le rencontrent. Il est si commun dans nos
prairies que, lorsqu'on porte le foin, on en charge toujours quel-
qu'un sur les charrettes, et on le voit souvent dans les maisons
à grenier, donner l'épouvante aux habitants, jusqu'à ce qu'un
plus hardi l'ait brisé à coups de bâton, ce qui est très-aisé.
2me Famille. — Les vrais Serpents.
Cette famille est de beaucoup la plus nombreuse;
M. Cuvier l'a divisée en deux tribus : 1° les Doubles-
Marcheurs; 2° les Serpents proprement dits.
1 re Tribu . — ■ Doubles- Marcheurs.
Les Doubles-Marcheurs sont des espèces exotiques
desquelles nous ne devons pas nous occuper. Ils sont
du reste peu nombreux.
2me Tribu. — Serpents proprement dits.
Les Serpents proprement dits se divisent en non veni-
meux etJen venimeux.
Ve Section. — Serpents non venimeux.
Les non venimeux forment deux genres : \° les Boas;
2° les Couleuvres.
REPTILES. 315
Nous n'avons point à nous occuper des Boas, qui ne
vivent pas dans notre hémisphère.
Genre Couleuvre, Coluber, Lin.; en catalan
Serp, Culobra.
Caractères. — Les plaques ventrales et celles du dessous
de la queue sont divisées en deux, c'est-à-dire rangées
par paires; absence de crochets à venin, qui est le carac-
tère fondamental pour les distinguer des Serpents veni-
meux ; leur tête, peu ou point triangulaire, est couverte
d'écaillés plus grandes que celles du reste du corps.
« Les Couleuvres sont des Serpents non venimeux,
vivant habituellement d'œufs, de rongeurs de petite taille,
d'Oiseaux, et plus souvent encore de Reptiles Sauriens
et Batraciens. Elles sont entièrement inoffensives pour
l'homme, et la réputation fâcheuse qu'on leur a faite en
les mettant au même rang que les Vipères, n'est pas du
tout méritée. Aucune de leur espèce n'a les dents canne-
lées ou tubuleuses des Serpents venimeux; aucune n'a
de glande pour la sécrétion d'une liqueur vénéneuse que
distilleraient ces dents, et, en Europe du moins, il est
extrêmement aisé de les distinguer des Serpents nui-
sibles. Les Couleuvres ont le corps plus allongé que les
Vipères ; leurs mouvements sont aussi plus agiles ; elles
habitent les lieux secs ou arides où elles se tiennent de
préférence ; leur tête, moins séparée du tronc, n'est pas
aussi élargie, et elle n'est que peu ou point triangulaire.
L'épiderme de la tête est aussi d'une forme bien diffé-
rente, et les grandes plaques qu'il constitue sur celle des
Couleuvres, sont remarquables par la fixité de leur nombre
autant que par celle de leur forme. Ce n'est pas toutefois
316 HISTOIRE NATURELLE.
qu'on n'y observe quelque différence, si on les compare
d'une Couleuvre à une autre ; mais ces notes différen-
tielles se présentent avec une uniformité pour ainsi dire
géométrique dans tous les individus de la même espèce.
D'autres semblent , au contraire , caractéristiques des
genres, et il a été possible de les classer elles-mêmes
en établissant le nom et la valeur caractéristique de cha-
cune, absolument comme on classe les espèces et comme
on en reconnaît l'essence. Ces caractères, tirés de
l'écaillure, sont assez persistants, pour qu'il soit aisé de
reconnaître l'espèce même d'un Serpent au moyen de
son épiderme seul, après que l'animal s'en est dépouillé
par la mue
( Les Couleuvres peuvent avaler des animaux d'un
diamètre plus considérable que celui de leur propre
corps ; elles boivent aussi comme les Lézards. C'est par
préjugé qu'on leur attribue l'habitude de têter les Vaches;
leurs lèvres endurcies ne permettraient point la succion,
et leurs dents rétroverses les empêcheraient de quitter
le pis après qu'elles l'auraient saisi. Il est peu de per-
sonnes qui ne sachent que le prétendu dard des Serpents
est un appareil bien inoffensif; leur langue, bifide à sa
pointe, est douée de mouvements rapides et rétractiles
dans un fourreau basilaire. Il est des pays où l'on connaît
asï>ez l'innocuité des Couleuvres pour les rechercher
comme aliment; on les nomme alors Angtiilles de haies.
Leur chair est sèche, d'une saveur assez fade, mais qui
ne rappelle en rien l'odeur repoussante des Couleuvres.
Toutefois, elle est si peu abondante qu'une mince
Anguille vaut mieux qu'une grosse Couleuvre (1>. »
(I) P. (îervais, Dictionnaire universel d'Histoire Naturelle.
REPTILES. 317
i . Couleuvre verte et jaune , Coluber atro-virens, Lacep.
C'est la plus jolie Couleuvre que nous ayons dans nos environs.
Elle atteint d'assez fortes dimensions; avec la Quatre-Raies, ce
sont les deux plus grosses du pays. Cette Couleuvre porte sur la
tête neuf plaques ou écailles disposées en rangs ; toutes ces écailles
sont lisses et unies. Les plaques abdominales sont au nombre de
deux cent six, et celles de la queue, cent sept paires.
Le dessus du corps est d'un vert-noirâtre ; plusieurs raies longi-
tudinales, composées de petites taches jaunes, forment diverses
figures et des nuances de coloration diverse. La tête est un peu
aplatie, les yeux sont bordés de jaune-d'or. Le ventre est jaunâtre,
et les plaques qui le composent portent un point noir aux deux
bouts. Toutes ces couleurs se marient ensemble et sont distri-
buées avec assez de symétrie.
Cette Couleuvre est la plus commune que nous ayons dans nos
environs. Elle vit sur le bord des haies, parmi les broussailles,
dans les endroits assez peuplés d'arbres, surtout sur le bord
des propriétés où l'on accumule beaucoup de pierres et où
les ronces croissent en abondance. Elle se plaît au soleil, roulée
ou étendue sur les pierres ou sur les plantes qui avoisinent sa
demeure. Elle se nourrit de petits Mammifères, d'Oiseaux, de
Lézards et de Grenouilles, qu'elle avale en les broyant, lors-
qu'elle ne peut pas les avaler tout d'un trait à cause de leur
grosseur.
La Verte et Jaune est inoffensive; elle s'apprivoise facilement;
elle ne cherche pas à mordre, à moins qu'on ne l'irrite; elle
devient très-grande avec l'âge. La plus belle que j'aie vue fut
prise au fond de la promenade des Platanes , après l'inondation
de la Saint-Barthélemi , en 1840. Elle avait 2 mètres 25 centi-
mètres de longueur et 18 centimètres de circonférence à la partie
moyenne du corps. Elle est conservée dans l'alcool, au Cabinet
de Perpignan, où elle remplit un grand bocal.
318 HISTOIRE NATURELLE.
2. Couleuvre à quatre raies, Coluber elaphis, Shaw., et
Quadri lineatus, Daud.; en catalan Serp, Anguila
de marge (Anguille de haie).
La Quatre-Raies a sa tête garnie de neuf grandes plaques,
disposées sur quatre rangs ; les écailles du dos carénées ; celles
des flancs sont lisses. Les plaques abdominales des grandes
espèces sont au nombre de deux cent dix-huit et soixante-treize
paires de caudales; deux paires de petites plaques entre les
grandes plaques et l'anus.
Une couleur blanc-roussâtre, plus ou moins foncée, couvre le
dessus du corps; quatre raies longitudinales parcourent le corps,
et sont d'un brun-foncé; les deux extérieures se prolongent
jusqu'au-dessus des yeux, derrière lesquels elles forment une
tache noire très -allongée, et vont se joindre au-dessus du
museau.
Cette Couleuvre est commune dans les parties arides du dé-
partement; elle aime, comme la Jaune et Verte, les contrées
rocailleuses et couvertes de plantes épaisses, les grands amas
de ronces, dans l'intérieur desquels elle se réfugie. Elle atteint
à peu près la même grosseur que la Jaune et Verte; elle est
aussi inoffensive et s'apprivoise aisément. Elle vit de la même
manière.
Dans l'été de 1861, une Couleuvre bicéphale morte, nous fut
donnée par M. Malègue, conducteur des Ponts-et-Chaussées à
Perpignan. Elle mesurait 28 centimètres de longueur. Les deux
têtes, parfaitement conformées, prenaient naissance à l'extrémité
du cou. Elle vécut quelque temps entre les mains d'un canton-
nier, qui n'eut pas pour elle tous les soins qu'elle méritait, et
qui ne sut nous donner aucun renseignement sur son genre de
vie. Nous le regrettons d'autant plus que, prévenu à temps, nous
aurions pu faire sur cet Ophidien des remarques curieuses.
Nous pensons, d'après la couleur générale, que cette Couleuvre
est un jeune sujet de la Quatre-Raies.
REPTILES. 319
3. Couleuvre à deux raies, Coluber hermanni, Vieil.
Cette espèce a aussi sa tête garnie de neuf plaques sur quatre
rangs ; les écailles du dos oblongues et un peu carénées, relevées
par une arête ; deux cent vingt plaques abdominales et soixante-
douze de caudales. Je crois qu'on ne doit pas trop s'arrêter au
nombre fixe de plaques abdominales et caudales : elles augmen-
tent en nombre selon la grosseur de l'animal; car, les ayant
comptées régulièrement, sur diverses Couleuvres de la même
espèce, elles ont toujours différé en nombre selon l'âge et la
dimension des individus.
Cette Couleuvre a le dessus du corps d'un brun très-foncé;
deux bandes noirâtres sur toute la face supérieure, depuis le
derrière de la tête jusque sur la queue; le dessous du corps,
d'un jaune-d'ocre'plus ou moins foncé et uniforme.
Dans les Couleuvres on pourrait aussi établir diverses variétés,
par rapport à l'âge, la taille et les dispositions des couleurs géné-
rales du corps, des points et des raies qui couvrent toute l'enve-
loppe. Ces variétés ne produiraient rien en faveur de la science;
elles augmenteraient le nombre des individus, sans faire mieux
connaître les caractères de l'espèce principale à laquelle elles se
rapporteraient.
4. Couleuvre à collier, Coluber natrix, Lin.
La Couleuvre-à-Collier a la tête un peu aplatie ; le sommet est
recouvert de neuf grandes plaques disposées sur quatre rangs :
le premier et le second, à compter du museau, sont composés
de deux pièces; le troisième de trois, et le quatrième de deux.
Les parties supérieures du corps et de la tête sont d'un gris-
cendré, quelquefois un peu bleuâtre; la nuque est couverte
d'une tache jaune transversale qui forme un demi-collier, suivi
d'une tache fourchue noire; le corps est marqueté, de chaque
côté, de taches noires irrégulières, qui aboutissent aux plaques
du ventre; et au milieu des deux rangées formées par les taches,
320 HISTOIRE NATURELLE.
s'étendent, depuis la tête jusqu'à la queue, deux autres rangées
longitudinales de taches plus petites et moins sensibles. Le des-
sous du ventre est varié de noir, de blanc et de bleuâtre ; mais
de manière que les taches noires augmentent en nombre et en
étendue à mesure qu'elles sont plus près de la queue , où ces
plaques sont presque entièrement noires. Il y a communément
cent soixante-dix grandes plaques sous le ventre, et cinquante-
trois paires de petites sous la queue.
Cette espèce est très-commune partout, dans la plaine et sur
nos montagnes; elle habite toujours les lieux frais et ombragés,
et se plaît même dans l'eau, où elle reste longtemps au fond.
5. Couleuvre lisse, Coluber austriacus, Gmel.
Sommet de la tête garni de neuf grandes écailles très-luisantes
et très-polies, disposées sur quatre rangs; ses yeux couleur de feu,
sont placés au milieu d'une bande très-brune qui s'étend depuis
le coin de la bouche jusqu'aux narines; les écailles qui couvrent
les mâchoires sont bleuâtres. Le fond de la couleur du dos est
bleuâtre, mêlé de roux vers les côtés du corps; deux rangées de
taches consécutives régnent depuis le haut du cou jusqu'à l'extré-
mité de la queue, et sont brunes ou noirâtres; les plaques du
dessous du corps et de la queue sont très-luisantes, un peu trans-
parentes, blanchâtres, avec des taches rousses, beaucoup plus
grandes à mesure qu'elles approchent de la queue. Les grandes
plaques de dessous le ventre sont au nombre de cent quatre-
vingt-dix-huit, et les paires de petites plaques de dessous la
queue au nombre de cinquante-six.
La Lisse est aussi fort commune dans les endroits ombragés
de nos vallées inférieures, dans les haies qui bordent les champs,
les prairies et dans les bois. Elle est inoffensive et fort tmiide,
à moins qu'on ne la mette en colère : alors elle agite, avec
une volubilité extrême, sa langue fourchue, en faisant entendre
un sifflement aigu , et menaçant de s'élancer sur l'objet qui
REPTILES. 321
l'inquiète. Mais, dès qu'on ne l'agace plus, elle tâche de se glisser
dans les broussailles, et fuit se cacher dans sa retraite.
6. Couleuvre d'Esculape, Coluber sEsculapii, Shaw.
Tête assez grosse et oblongue en proportion du corps; le
dessus garni de nœuf grandes écailles disposées sur quatre rangs ;
cent soixante et quinze plaques abdominales et soixante-quatre
paires de plaques caudales ; les écailles du dos sont ovales et
relevées par une arête ; celles des côtes unies. La couleur géné-
rale de la peau est roussâtre ; une bande longitudinale de chaque
côté du dos noirâtre et un peu bleuâtre, avec une rangée de
petites taches triangulaires et blanchâtres de chaque côté du
ventre. Les plus fortes Couleuvres de cette espèce mesurent de
1 mètre 45 centimètres à 1 mètre 50.
Ce Serpent est extrêmement timide, doux, s'apprivoise facile-
ment et ne cherche pas à mordre lorsqu'on le caresse ; l'inno-
cence de ses mœurs et la douceur de ses habitudes l'avaient fait
désigner, dans les temps anciens, comme le symbole de la divinité
bienfaisante. Les charlatans profitent de sa douceur pour s'attri-
buer aux yeux du peuple un pouvoir merveilleux sur les animaux
les plus funestes. Il se plaît dans les endroits frais, près des
maisons d'habitation de nos campagnes ; s'introduit même dans
les granges; il grimpe très-facilement sur les arbres pour s'em-
parer des petits oiseaux qui sont encore trop jeunes pour fuir,
ou pour manger les œufs qui ont été pondus par la mère.
Dans une maison du faubourg Notre-Dame de cette ville , on
avait emmagasiné du foin et probablement une Couleuvre d'Es-
culape y avait été apportée avec le fourrage. On avait placé une
souricière dans le grenier pour y prendre des Souris : quel ne
lut pas l'étonnement du propriétaire, allant visiter le matin sa
souricière, de voir dans l'intérieur un Serpent, roulé et par-
faitement tranquille, digérant deux Souris qu'il avait avalées!
une troisième était encore dans sa gueule. On me l'apporta; je
TOME III. 2-1
322 HISTOIRE NATURELLE.
lui fis rendre sa proie, et je le préparai pour le Musée, où il est
encore parfaitement conservé, malgré que trente ans se soient
déjà écoulés.
7. Couleuvre Bordelaise, Coluber Girondicus, Daud.
La Bordelaise a une tête grosse par rapport à sa taille, bombée
en arrière et comprimée vers le cou ; neuf grandes plaques gar-
nissent le dessus de la tête ; elles sont disposées en travers ; le
museau est obtus.
La couleur générale du dessus du corps est d'un cendré-
clair; deux raies noires partent de la nuque, longent un peu en
zig-zag le milieu du corps et vont se perdre à l'extrémité de la
queue; le centre de ces raies est occupé par une série de taches
plus noires, parfaitement espacées et qui produisent un joli effet.
Le dessous du corps est d'un bleu-jaunâtre, avec des taches à
peine apparentes; les flancs sont marqués par des taches sans
ordre. Sa longueur est à peu près de 95 centimètres.
Elle est commune aux garrigues de Baixas et de Casas-de-Pena,
où on la trouve dans l'herbe et sur les bords des fossés des vignes.
Dès qu'on trouble son repos, elle se dresse et menace de s'élancer;
elle pousse des sifflets aigus, et se jette sur la baguette qu'on lui
présente; mais sa morsure n'est pas dangereuse, et aussitôt qu'on
cesse de l'irriter, elle cherche à se dérober en se glissant dans
les broussailles.
8. Couleuvre vipérine, Coluber viperinus, Latr.; en cata-
lan Serp de aygua.
La Vipérine, au premier aspect, ressemble à la Vipère com-
mune par sa taille, sa grosseur et son faciès général ; mais sa tête,
ovale et un peu obtuse en avant, la fait aussitôt distinguer. Elle
est munie de neuf grandes écailles, disposées en quatre rangs,
comme chez toutes les Couleuvres. Sa couleur générale est d'un
gris-brun-foncé, avec des taches noires le long du dos, et des
REPTILES. 323
taches plus petites, œillées, le long des côtes; le dessous tacheté,
en damier, de noir et de grisâtre. Son aspect général ressemble
à la Bordelaise, dont elle n'atteint jamais les dimensions.
Cette espèce se trouve dans toutes les terres basses humides,
presque toujours dans les fossés, et constamment dans l'eau;
nos paysans l'appellent Serp de aygua (serpent d'eau). Elle est
inoffensive et cherche à éviter le danger en se cachant sous les
pierres ou parmi les plantes aquatiques.
On pourrait faire de cette Couleuvre plusieurs variétés, comme
pour la plupart des autres espèces, soit par la coloration générale,
soit par la disposition des raies et des taches qui couvrent le corps
dans les divers âges.
9. Couleuvre de Montpellier, Col. Moiispessulanus , Mer.
On la confondrait aisément avec la Jaune et Verte, et pendant
longtemps nous l'avions considérée ainsi; mais les plaques bleues
des écailles des flancs la font bientôt distinguer. Elle n'atteint
pourtant jamais la grosseur de sa congénère.
Elle a la tète garnie aussi de neuf grandes écailles, disposées
aussi sur quatre rangs. Les écailles du dessus du corps ont une
forme ovale ; elles sont creusées en gouttière sur le milieu ; celles
du côté du corps ont la forme hexagone. Tout le dessus du corps
est d'un cendré-verdàtre un peu foncé; les écailles qui couvrent
les côtés ont une teinte bleuâtre mêlée de jaune; les plaques
transversales du dessous du corps sont jaunes bordées d'un vert-
noirâtre. Toutes ces couleurs sont plus sombres sur les parties
antérieures, et plus claires postérieurement. Le dessous de la
tête est jaune, ainsi que les yeux.
Elle est commune sur les plateaux des montagnes secondaires,
près des ravins garnis de broussailles et de plantes fourrées; elle
se plait à s'étendre sur les graminées qui couvrent les bords des
tossés, et au moindre bruit elle cherche par la fuite à éviter
l'importun qui trouble son repos. Si on l'irrite, elle se dresse,
324 HISTOIRE NATURELLE.
siffle et semble prête à s'élancer sur l'objet qui l'attaque. Sa
morsure n'est pas dangereuse. Elle peut être facilement appri-
voisée, car elle s'habitue bientôt aux caresses qu'on lui fait lors-
qu'elle est en captivité.
2mc Section. — Serpents venimeux.
Parmi les Serpents doués d'appareils venimeux, on cite
toujours en première ligne les Najas, les Crotales ou
Serpents à sonnette et les Trigonocéphales. La puissance
du venin versé dans les plaies que font ces dangereux
Reptiles, est telle sur l'économie, qu'il suffit de quelques
minutes pour occasionner la mort. Tous ces animaux
vivent dans les Amériques, et nous n'avons pas heureu-
sement à craindre leurs terribles blessures. Nous n'avons,
dans les Pyrénées-Orientales, qu'un seul Serpent veni-
meux, encore sa morsure n'est pas si dangereuse qu'on
a voulu le dire : il suffit de quelques soins pour en para-
lyser l'effet, lorsque malheureusement on se trouve mordu
par lui.
Genre Vipère, Vipera, Daud.
Caractères.' — Les principaux caractères du genre Vipère,
peuvent être résumés de la manière suivante : corps
cylindrique, écailleux ; tête raccourcie, obtuse en avant,
élargie postérieurement et comme corniforme ; queue
courte et obtuse, garnie en dessous d'une double rangée
de plaques disposées par paires, ou, plus rarement, de
plaques simples en tout ou en partie ; plaques de l'abdo-
men entières et en nombre variable ; anus transversal,
simple et sans ergot corné; dessus du crâne garni
REPTILES. 325
d'écaillés granulées ou de plaques; dents aiguës aux
deux mâchoires ; les sus-maxillaires antérieures portant
des crochets venimeux, recourbés et mobiles, parcourus
longitudinalement par un canal qui verse dans la plaie
mordue un venin sécrété par une glande spéciale dont
ce canal continue le conduit excréteur. Comme on le
voit, l'existence des crochets à venin à la mâchoire supé-
rieure est le caractère fondamental qui dislingue les
Vipères des Couleuvres. Outre le caractère spécial que
la Vipère tire de la présence de crochets mobiles et veni-
meux, elle se distingue encore des Couleuvres par la
forme plus obtuse de sa tète, plus élargie en arrière, et
par la portion caudale plus courte et plus obtuse. Quand
l'animal ne veut pas se servir de son arme, il la couche
en arrière et la cache dans un repli de la gencive ; quand
il attaque sa proie, il redresse ce terrible crochet et verse
ainsi , dans la plaie, le venin distillé par la glande volu-
mineuse située au-dessous de l'œil. Derrière chaque
crochet, se montrent plusieurs germes destinés à les
remplacer s'ils viennent à se casser dans l'acte de la
morsure. (P. Gervais.)
Les Vipères sont vivipares.
i. Vipère commune, Vipera berus , Daud.; Coluber
berus, Lin.; en catalan Bipera.
Ce Serpent est d'une couleur brun-cendré, le dessous du corps
est ardoisé ; une rangée de taches transverses, souvent en zig-zag,
couvre les parties latérales supérieures; une rangée de taches
noires sur chaque flanc. Sur la partie la plus large de la tète,
sont deux grosses taches brunes , et une troisième au milieu de
la nuque. Les veux sont couverts d'une plaque. La mâchoire
326 HISTOIRE NATURELLE.
supérieure est armée de deux crochets à venin, pouvant se
reproduire s'ils venaient à se casser par l'acte de la morsure.
Toutes les couleurs et taches que nous venons de désigner, ne
sont pas toujours très-régulières ; elles se confondent ou se réu-
nissent selon l'âge de l'individu, ce qui a donné lieu à faire de
cette Vipère plusieurs variétés. Celle dont les taches du dos se
réunissent pour former une seule bande longitudinale qui couvre
toute la longueur de l'animal, avait été désignée par Linné sous
le nom de Couleuvre aspic.
La Vipère-Bérus est commune dans les parties les plus élevées
du département. Il semble que la nature ait voulu la reléguer dans
les parties rocheuses et de difficile accès pour l'homme, afin de
le soustraire aux dangers de sa morsure. On la trouve à Mont-
Louis et dans ses environs, sur les parties escarpées du Canigou,
où elle est très-commune, à La Preste, à Prats-de-Mollô, et sur
toutes les régions élevées et peu fréquentées du département.
QUATRIÈME ORDRE.
BATRACIENS.
Caractères.— Corps trapu, arrondi ou allongé, terminé
par une queue ou privé de ce membre ; peau nue, molle,
sans aucune apparence de carapace ni d'écaillés, excepté
chez les Cécilies; tête déprimée, à contours semi-circu-
laires; cou nul ou non distinct de la tête ou du tronc;
pattes nulles, incomplètes ou variables par leur nombre
et leurs proportions; doigts dépourvus d'ongles ou munis
tout au plus de petits étuis cornés, et généralement très-
propres à recevoir les impressions tactiles ; fonctions
sensoriales obtuses. Point d'organes copulaleurs chez les
REPTILES. 327
mâles; ils disposent les femelles à pondre des œufs par
des embrassements qui se prolongent pendant plusieurs
jours ; les œufs, à enveloppe membraneuse, sont fécondés,
dans plusieurs espèces, au moment de leur sortie; ils
grossissent beaucoup dans l'eau où la femelle vient tou-
jours les déposer. Les petits, avant d'arriver à l'état
parfait, subissent divers degrés de transformation : la
forme et le développement que prennent ces embryons
leur ont valu le nom de Têtards. Au moment où le jeune
Têtard sort de l'œuf, il ressemble beaucoup a un petit
poisson et ne peut vivre que dans l'eau ; sa tête est très-
grosse, son ventre renflé; et son corps, dépourvu de
membres, se termine par une queue longue et compri-
mée ; sa bouche n'est encore qu'un petit trou à peine
perceptible ; il respire par des branchies analogues à
celles des Poissons. Ce n'est qu'au bout d'un certain
temps que le Têtard se transforme ; alors sa peau se fend
sur le dos, et on voit sortir un animal ayant quatre
pattes, mais qui conserve encore une queue qui diminue
chaque jour de volume et finit par disparaître dans les
Grenouilles et les Crapauds, et qui, au contraire, reste
persistante dans les Salamandres. Les Batraciens vivent
dans l'eau ou dans les lieux humides ; ils sont herbivores
dans leur premier âge , et deviennent carnivores en
passant à l'état parfait, mais jamais ils ne se nourrissent
de débris d'animaux.
M. Cuvier divise les Batraciens en quatre familles et
plusieurs genres.
lre Famille. Les Grenouilles (Rana, Lin.), comprenant :
1° les Grenouilles proprement dites, Rana; 2° les Rai-
nettes, Ht/la; ô° les Crapauds, Rufo ; ¥ les Pipa.
328 HISTOIRE NATURELLE.
2me Famille. Les Salamandres (Salamanclra, Brong.),
comprenant : 1° les Salamandres terrestres, Salamandra ;
2° les Salamandres aquatiques, Triton.
5me Famille. Les Protées {Proteus, Laur.), comprenant
une seule espèce vivant dans les eaux souterraines des
lacs de la Carniole.
4me Famille. Les Sirènes (Siren, Lin.), comprenant
également une seule espèce étrangère à l'Europe.
Famille des Grenouilles.
Genre Grenouilles proprement dites, Rana, Lin.
Caractères. — Tête plate et triangulaire ; museau
arrondi ; gueule très-fendue, large ; langue molle, grande,
ne s'altachant pas au fond du gosier, mais aux bords de
la mâchoire et se repliant en dedans; forme du corps
svelte; peau ordinairement lisse, toujours humide; quatre
pattes, celles du devant n'ont que quatre doigts, celles
de derrière en ont cinq, palmés, et quelquefois le rudi-
ment d'un sixième.
Ces animaux nagent et plongent avec grâce et beau-
coup d'aisance. Quand les Grenouilles sont sur la terre,
elles franchissent , au moyen de leurs longues pattes
postérieures, de très -grands espaces avec une agilité
vraiment étonnante ; pendant le beau temps, elles vivent
dans l'eau et sur les bords des fossés; en hiver, elles
s'enfoncent dans la vase et y restent cachées jusqu'au
retour des beaux jours. C'est au printemps qu'on entend,
pendant la nuit, leurs aigres coassements, composés de
sons rauques, tout-à-fait discordants et peu distincts les
uns des autres, d'une monotonie fatigante, réunie à une
REPTILES. dZV
rudesse propre à blesser l'oreille la moins délicate. Elles
font une masse innombrable d'œufs, qu'elles déposent
dans les eaux peu profondes, et, sans le moindre soin
de la part de la mère, de chaque œuf sort un Têtard,
qui accomplit sa métamorphose dans l'espace de trois
a quatre mois et prend alors la môme forme que ses
parents.
i. Grenouille commune ou verte, Rana esculenta, Lin.;
en catalan Granyola.
Partie supérieure du corps verdâtre, marquée de taches irré-
gulièrement posées, noires ou brunes, avec des bandes jaunes;
dessous du corps blanc-sale ; deux bandes ou raies noires sur le
bout du museau; les yeux d'un beau jaune.
Ces mêmes couleurs , diversement disposées , plus ou moins
vives, forment une infinité de variétés.
Cette Grenouille est excessivement commune. Elle vit dans les
eaux courantes des fossés herbeux dont le fond est couvert de
vase; dans les marais à eau dormante; dans les flaques d'eau
que les pluies d'hiver amassent dans les parties basses du littoral :
elles se trouvent par milliers dans ces endroits. La chair de la
Grenouille est fort bonne et très-estimée. On voit, au beau temps,
ce Batracien porté sur nos marchés en grande quantité. La
blancheur de sa chair, dépouillée de sa peau, excite le désir
des acheteurs pour en foire des fritures ou pour le fricasser
en blanquettes ou autre préparation. Ces animaux donnent dans
tous les pièges, et on les prend avec la plus grande facilité : un
petit morceau de drap rouge, formé en pelote, attaché par un
fd au bout d'un bâton, sert d'appât: il n'est pas plutôt lancé dans
l'eau, que les Grenouilles y accourent en masse; l'une d'elles
avale l'objet et se trouve prise aussitôt. Cette chasse est si fruc-
tueuse, qu'en une matinée on peut en prendre des quantités
considérables. On leur fait aussi la chasse pendant la nuit, au
330 HlSTOIftE NATURELLE.
(lambeau; les Grenouilles se laissent prendre à la main sans taire
le moindre mouvement pour s'esquiver.
Les Têtards, premier état des Grenouilles quand elles viennent
de naître, qu'on voit nager dans toutes les petites mares d'eau ou
dans tous les ruisseaux, se nomment, en catalan, Cap de Bou
(tète de Bœuf).
2. Grenouille rousse, Rana temporaria, Lin.
Cette espèce a le dessus du corps d'un roux obscur, moins
foncé lorsqu'elle a renouvelé sa peau, et qui vient comme mar-
brée vers le milieu de l'été. Le ventre est blanc et tacheté de noir
à mesure qu'elle vieillit. Les cuisses sont rayées de brun. La
région latérale de la tête ou tympanique, est recouverte d'une
tache noire, qui lui a fait donner le nom de Temporaria. Les
yeux sont saillants et d'un jaune-d'or.
La Grenouille-Rousse passe une grande partie de la saison à
terre, et ce n'est qu'à la fin de l'automne qu'elle regagne les
endroits marécageux. Elle s'enfonce dans la vase lorsque les
froids deviennent plus vifs, s'y engourdit, et reste dans cet état
jusqu'à ce que le printemps arrive.
5. Grenouille ponctuée, Rana punctata, Daud.
Cette espèce a les formes élancées de la Rainette ; la tête est
déprimée et triangulaire; le bout du museau proéminant et un
peu arrondi ; les flancs sont séparés du bas-ventre par un repli
de la peau.
Le fond de la couleur générale est d'un cendré-verdàtre, et
quelquefois fauve , avec des taches d'un vert-tendre sur tout le
corps, plus grandes sur les membres; le dessous est blanc-
jaunâtre, quelquefois avec une teinte couleur de chair. Ses habi-
tudes diffèrent un peu des autres espèces; elle fréquente les
li 3ux pierreux, les vignes, les chemins; mais aussitôt que la
saison des amours arrive, cette Grenouille va à l'eau, y dépose
REPTILES. 331
ses œufs, et revient dans ses lieux de prédilection. Nos paysans
la prennent pour un Crapaud et ne la mangent point. On en a
fait un nouveau genre sous le nom de Pélodyte ponctué : il se
compose de cette seule espèce, et c'est le prince Charles Bona-
parte qui l'a instituée dans sa Faune italienne.
Genre Rainette, Hyla.
Caractères. — Il diffère des Grenouilles en ce que
l'extrémité de ses doigts est élargie et arrondie en une
espèce de pelote visqueuse , qui lui permet de se fixer
aux corps et de grimper aux arbres. Il s'y tient, en effet,
tout l'été, et y poursuit les insectes ; mais il pond dans
l'eau et, en hiver, s'enfonce dans la vase comme les
autres Grenouilles. Le mâle a sous la gorge une poche
qui se gonfle quand il crie. (Cuvier.)
1. Rainette commune, Rana arborea, Lin.; Hyla viridis,
Laur.; en catalan Reyneta.
Toutes les parties supérieures d'un beau vert-pomme; une
ligne d'un jaune-pâle part des yeux, se prolonge en festonnant
jusque sur les membres postérieurs. Cette ligne est bordée en
dessous par une teinte noire qui entoure les yeux, et se fond
sous les flancs; tout le dessous est blanc; les yeux couleur d'or;
le bout des doigts est d'une teinte rosée.
Les teintes de diverses nuances qui couvrent la peau de ce
Batracien, en feraient une infinité de variétés. C'est dommage
que ces teintes ne se conservent point dès que l'animal est mort;
car nous en trouvons quelquefois qui sont entièrement bleu-de-
ciel : je n'ai jamais pu conserver cette couleur après la mort de
l'individu.
Ce petit animal est peu méfiant; posé sur une feuille dont il a la
couleur, il se laisse prendre sans la moindre difficulté. Sa forme
svelle, ses mouvements légers et gracieux lui ont attiré l'attention
332 HISTOIRE NATURELLE.
de tout le monde, et il doit être considéré comme le plus élégant
de tous les Batraciens. Aucun ne peut, comme celui-ci, nager,
sauter et grimper sur les arbres. Comme tous les autres Batra-
ciens, les Rainettes se tiennent dans l'eau pour accomplir leurs
désirs amoureux et reproduire leur espèce.
Genre Crapaud, Bufo.
Caractères. — Corps gros, ventru, court, couvert de
pustules ou verrues d'où suinte une liqueur fétide, très-
âcre, qu'on regarde à tort comme un venin; un gros
bourrelet derrière l'oreille; bouche très-fendue; langue
courte, épaisse; pattes de derrière peu allongées.
« Ils sont peu nageurs ; et à terre, où ils se tiennent
de préférence, ils marchent ou ils courent, mais ils ne
sautent guère. On les trouve assez loin des eaux, dans
des endroits souvent arides , ou dans les bois , se réfu-
giant dans des trous, sous des pierres ou dans des creux
d'arbres. Ils sortent de préférence le soir, et font enten-
dre, surtout à l'époque des amours , un chant plaintif et
flûte, qui, dans certaines espèces, rappelle celui des
oiseaux de nuit. Ils se rendent aux lacs , aux étangs ou
aux simples flaques d'eau pour s'accoupler et déposer
leurs œufs, et leurs petits, après l'éclosion, suivent les
mêmes phases que les Têtards des Grenouilles. >»
(P. Gervais. )
Partout les Crapauds sont regardés comme un objet
de dégoût; on les accuse d'être un instrument de mort,
et par cela seul ils portent avec eux la haine universelle.
Ce sont pourtant des animaux paisibles et incapables de
nuire; ils ne recèlent aucun venin, et n'ont, pour toute
défense, que cette liqueur acre que sécrètent leurs pus-
REPTILES. 333
tules, et leur urine qui répand une odeur infecte : rare-
ment on les voit le jour; la lumière leur fait peur; ils ne
sortent que la nuit.
Depuis quelque temps, il se fait à Paris et à Londres
un commerce considérable de Crapauds. Les marchands
qui trafiquent de cette bizarre denrée, la renferment au
fond de grands tonneaux , dans lesquels ils puisent à
chaque instant, sans redouter le moins du monde pour
leurs bras et leur mains nus. A Londres, ils se vendent
6 schellings la douzaine, tandis que, à Paris, ils ne valent
encore que 2 fr. 50 centimes la douzaine. Ce Batracien
est employé à purger les terres cultivées d'insectes
nuisibles.
« Les Crapauds, dit La Maison de Campagne , sont
devenus depuis quelques années les auxiliaires presque
indispensables de nos maraîchers. Beaucoup de ceux-ci
en peuplent leurs jardins, pour débarrasser d'une foule
d'insectes nuisibles, les légumes qu'ils récoltent si labo-
rieusement à l'aide d'une culture toute factice. Les Cra-
pauds font une guerre acharnée aux Limaces et aux
Limaçons qui, en une seule nuit, peuvent ôter toute
valeur commerciale aux laitues, aux carottes, aux asper-
ges et même aux fruits de primeur. »
Comme on le voit, les Crapauds sont susceptibles de
rendre de grands services à l'agriculture : cela seul devrait
leur épargner tous les mauvais traitements qu'on leur
fait subir dès qu'on en rencontre un individu.
Selon M. Pennant, cité par M. Paul Gervais dans le
Dictionnaire Universel d'Histoire naturelle, les Crapauds
seraient doués d'une longévité assez grande. Un de ces
animaux (Bufo vulgaris), s'étant réfugié sous un escalier,
334 HISTOIRE NATURELLE.
s'était accoutumé à venir tous les soirs, dès qu'il aper-
cevait la lumière, dans une salle à manger située tout
près de là. Il se laissait prendre et placer sur une table,
où on lui donnait à manger des Vers, des Mouches et
des Cloportes; il semblait même, par son attitude, deman-
der à être mis à sa place lorsqu'on négligeait de l'y ins-
taller. Ce Crapaud vécut ainsi trente-six ans ; et comme
il mourut par suite d'un accident, on peut croire la
longévité plus grande dans son espèce.
4. Crapaud commun , Ram bufo, Lin.; Bufo vulgaris ,
Laur.; en catalan Galapet, Grapau.
La couleur générale de sa robe varie beaucoup. D'un gris-
roussàtre ou brun, quelquefois olivâtre ou noirâtre; le dos
couvert de beaucoup de tubercules arrondis, gros comme des
lentilles ; le ventre garni de tubercules plus petits et plus serrés ;
les pieds de derrière demi-palmés. Le corps ramassé et presque
rond; le ventre gonflé; la tête grosse; les yeux couleur de feu.
Il est très-commun par tout. On le trouve le soir sur les che-
mins et sur le bord des fossés ; mais aussitôt que le soleil se fait
sentir, il se retire dans son trou ou sous le feuillage du bord des
haies.
2. Crapaud vert ou des joncs, Bufo viridis, Laur., ou
Rana bufo calamita, Gmel.
D'une taille moindre que le Crapaud commun, le corps plus
étroit, ses couleurs très-diversifîées ; son dos est olivâtre et pré-
sente trois raies longitudinales, dont celle du milieu est couleur
de soufre ; les deux des côtés , ondulées et dentelées d'un rouge-
clair, mêlé d'un jaune plus foncé vers les parties inférieures; les
côtés du ventre, les quatre pattes et le tour de la queue, sont
marquetés de plusieurs taches inégales et olivâtres.
REPTILES. 335
Ce Crapaud se tient, le jour, dans les creux de la terre ou
dans les cavités des murs. Il grimpe sur les murs ou sur les
arbres, en s'arrètant souvent; et, à l'aide de ses doigts séparés et
de ses faux ongles, il gagne ainsi sa retraite : il ne vil pas seul.
On en trouve souvent plusieurs dans le même trou, d'où ils ne
sortent que pendant la nuit pour aller chercher leur nourriture.
Au mois de juin, ils se retirent dans les joncs et les roseaux
aquatiques pour l'accouplement. Le mâle fait entendre un coas-
sement tout-à-fait singulier.
3. Crapaud brun, Rana bombina, Gmel.; Bufo fusais,
Laur.
La peau lisse, sans aucune verrue, et marquetée de grandes
taches brunes, qui se touchent ; les plus larges et les plus foncées
sont sur le dos, au milieu duquel s'étend une petite bande plus
claire. Les yeux sont remarquables; la fente que laisse la pau-
pière, en se contractant, est située verticalement, au lieu de
l'être transversalement. La femelle se distingue du mâle par les
taches qu'elle a sous le ventre.
Ce Crapaud se tient plus dans l'eau que sur la terre. Il exhale
une odeur très-forte, semblable à l'odeur de l'ail ou de la poudre
à canon qui brûle.
Wagler en a fait un nouveau genre, sous le nom de Pélobate,
Pelobates.
4. Crapaud à ventre jaune, Rana bombina, Gmel.; Bufo
bombinus, Daud.; Bombinator ignus, Dum.
Corps oblong, un peu trapu, plus petit et plus aquatique que
les autres Crapauds; grisâtre ou brun en dessus; bleu-noir avec
des taches aurores en dessous; les pieds complètement palmés,
et presque aussi longs que ceux des Grenouilles : aussi saute-t-il
aussi bien qu'elles; les yeux sont saillants.
Ce Crapaud se tient dans les marais saumâtres et dans les
336 HISTOIRE NATURELLE.
fossés. Il s'accouple en juin; ses mouvements dans l'eau et sur
la terre sont aussi vifs que ceux des Grenouilles. Les environs
du Cagarell, près Canet, et YAgoulla de la Mar, dans les parties
basses, sont sa demeure habituelle; il y est commun.
C'est encore Wagler qui a établi ce nouveau genre, sous le
nom de Sonneur, Bombinator.
5. Crapaud accoucheur, Bufo obstetricans , Laur.; Alytes
obstetricans, Wagl.
Tète déprimée, obtuse, plane derrière; les yeux saillants;
l'iris doré; la couleur supérieure cendré-verdâtre-sale ou brun-
olivâtre, avec de petites taches brunes, parmi lesquelles on en
voit de roussâtres, et couleur de brique sur les côtés du corps;
dessous de la gorge finement marqueté de noirâtre, et cela se fait
remarquer vers l'extrémité de l'abdomen, dans les aines et sous
les tarses; le fond de toutes ces parties est blanc ou blanchâtre.
Ce petit animal est fort remarquable. La femelle pond de 50 à
70 œufs, petits et arrondis. Le mâle vient en aide à la femelle
pour l'en débarrasser; il les attache par petits paquets sur ses
deux cuisses, au moyen d'une liqueur gluante, qui les fait tenir
comme un chapelet. Chargé du fruit de son union, il se retire
pendant le jour dans un trou sous terre, où il les surveille , et
dès qu'ils doivent éclore, il cherche une eau dormante pour les
y déposer : l'enveloppe se fend aussitôt, et le petit Têtard en sort,
nage et cherche sa nourriture, qui consiste en de petits animaux
aquatiques.
Le Crapaud-Accoucheur n'est pas rare; il se tient dans les lieux
pierreux et humides, sous les ponts des grand'routes et le long des
murs humides.
C'est encore Wagler qui, en établissant un nouveau genre, le
sépare des Crapauds, pour lui donner le nom d'Alytes, Alytes
obstetricans, Ch. Bonaparte.
6. Crapaud variable, Rafla variabilis, Grael.
REPTILES. 337
Ce Crapaud pourrait bien ne pas constituer une espèce, et
n'être qu'une variété pas tout-à-fait développée du Crapaud-
Vert; mais, comme jusqu'à présent, personne n'a encore bien
déterminé ce fait, nous le maintenons sous cette dénomination.
Son corps est blanchâtre, tacheté de vert; mais ce qui le rend
fort remarquable, ce sont les changements qui s'opèrent sur sa
peau, selon qu'il dort ou qu'il veille, s'il est à l'ombre ou au
soleil. Il est de la grosseur de la Grenouille commune; sa tête
est arrondie ; sa bouche est sans dents; sa langue est épaisse et
charnue; le corps parsemé de verrues; les pieds de devant ont
quatre doigts, ceux de derrière en ont cinq, réunis par une
membrane. Il a les mêmes habitudes que le Crapaud-Accoucheur,
et il n'aime pas trop l'eau; car on le trouve presque toujours sur
la terre.
Genre Pipa, Pipa, Laur.
Le Pipa est une espèce de Crapaud qui vit dans la
Guyane et le Brésil dont nous n'avons pas à nous
occuper.
Famille des Salamandres, Salamandra, Brong.
Caractères.— : Corps allongé, nu, luisant; quatre pieds;
quatre doigts à ceux de devant, cinq à ceux de derrière,
manquant d'ongles; une longue queue, le plus souvent
aplatie sur les côtés, ce qui leur donne la forme générale
des Lézards. Linné les avait rangées dans cet ordre, mais
elles ont les caractères des Batraciens. Leur tête aplatie
en dessus, ainsi que tous les autres caractères, les rap-
prochent des Grenouilles, et font le passage de celles-ci
aux Poissons.
Buffon dit : « Il semble que plus les objets de la
« curiosité de l'homme sont éloignés de lui, et plus il
10MB III 22
338 HISTOIRE NATURELLE.
« se plaît à leur attribuer des qualités merveilleuses, ou
« du moins, à supposer à des degrés trop élevés celles
« dont ces êtres, rarement bien connus, jouissent réelle-
« ment. Nous voici maintenant à l'histoire d'un Lézard,
« pour lequel l'imagination humaine s'est surpassée;
« on lui attribue la plus merveilleuse de toutes les pro-
« priétés. Tandis que les corps les plus durs ne peuvent
« échapper à la force de l'élément du feu , on a voulu
« qu'un petit Lézard, non-seulement ne fût pas consumé
« par les flammes, mais parvînt même à les éteindre;
« et comme les fables agréables s'accréditent aisément,
a Ton s'est empressé d'accueillir celle d'un petit animal
« si privilégié, si supérieur à l'agent le plus actif de la
« Nature, et qui devait fournir tant d'objets de compa-
« raison à la poésie, tant d'emblèmes galants à l'amour,
« tant de brillantes devises à la valeur. Les anciens ont
« cru à cette brillante propriété de la Salamandre : dési-
« rant que son origine fût aussi surprenante que sa
« puissance, et voulant réaliser les fictions ingénieuses
« des poètes , ils ont écrit qu'elle devait son existence
« au plus pur des éléments, qui ne pouvait la consumer,
« et ils l'ont dite fille du feu. Les modernes ont adopté
« les fables ridicules des anciens ; et, comme on ne peut
« jamais s'arrêter quand on a dépassé les bornes de la
« vraisemblance , on est allé jusqu'à penser que le feu
« le plus violent pouvait être éteint par la Salamandre
« terrestre. Des charlatans vendaient ce petit Lézard,
« qui, jeté dans le plus grand incendie, devait, disaient-
« ils, en arrêter le progrès. Il a fallu que des physiciens,
« que des philosophes prissent la peine de prouver par
a le fait ce que la raison seule aurait dû démontrer; et
REPTILES. 339
« ce n'est que lorsque les lumières de la science ont été
« très-répandues, qu'on a cessé de croire à la propriété
« de la Salamandre. »
De nos jours encore, le vulgaire attribue aux Sala-
mandres quelque chose de surnaturel. On ne ferait
pas boire de l'eau d'une fontaine à un homme du
peuple, s'il savait qu'une Salamandre y a été trouvée,
parce qu'il suffît qu'elle ait touché quelque chose pour
que son venin exerce une action délétère sur la per-
sonne qui en fera usage ; mais , si l'individu voit la
Salamandre avant qu'elle n'ait pu l'apercevoir, l'action
du venin est neutralisée. Bien d'autres contes sont
débités sur ces pauvres animaux, qui, certainement,
sont plutôt bienfaisants que nuisibles.
Les Salamandres sont terrestres ou fluviatiles; elles
vivent dans les endroits humides, dans les lacs, dans les
étangs et même dans les moindres flaques. Elles aiment
les eaux dormantes et les endroits retirés ou sombres.
Leur régime est animal, et consiste principalement en
Insectes, Vers de terre, petites Sangsues, Mollusques, etc.
Elles sont quadrupèdes, et, suivant que leur vie doit se
passer à terre ou dans l'eau , elles ont la queue ronde ,
ou, au contraire, comprimée ; leur taille est, en général,
petite, et offre une différence de 5 à 6 centimètres.
Les Salamandres, en général, ne sont pas parées de
couleurs brillantes, excepté cependant la terrestre qui a
de grandes taches jaunes très-brillantes sur son corps et
qui sont toujours luisantes. Leur peau est tuberculeuse,
couverte d'un enduit gluant, et ressemble assez à celle
des Crapauds ; leurs formes sont massives; leurs mouve-
ments paresseux; leurs habitudes tristes et solitaires.
340 HISTOIRE NATURELLE.
Leur peau sécrète une humeur visqueuse qui répand une
odeur désagréable, et qui en fait un objet d'horreur et de
dégoût pour tout le monde.
Salamandres Terrestres, Salamandra, Laur.
Caractères. — Elles ont, dans l'état parfait, la queue
ronde ; ne se tiennent dans l'eau que pendant leur état
de Têtard , qui dure peu , ou quand elles veulent mettre
bas. Les œufs éclosent dans l'oviductus. (Cuvier.)
1. Salamandre terrestre commune, Lacerta Salamandra,
Lin.; Salamandra maculosa , Lacep.; Salamandra
terrestris, Daud.; en catalan Salamandra.
Nous ne possédons dans le département qu'une seule Sala-
mandre terrestre. Elle est d'un noir-verdâtre sur tout le corps;
deux grosses taches jaunes de chaque côté sur la tête; des taches
longitudinales sur le côté du corps et sur la queue, et d'autres
taches, mais plus petites, sur les flancs et sur les membres; les
pattes de devant ont quatre doigts, celles de derrière en ont cinq;
tous sont séparés et sans ongles. Elle est de la longueur de 18 à
20 centimètres.
J'ai pris beaucoup de Salamandres; mais, sur la quantité, je
n'ai pas trouvé deux individus qui fussent entièrement semblables,
soit par la grosseur, soit par la disposition des taches ou lignes
qui ornent la peau de cette espèce.
Cette Salamandre est la plus grande de l'espèce d'Europe; elle
habite les régions élevées du département. Je l'ai prise dans des
lieux bien différents par rapport à leur altitude et par rapport à
la différence du séjour : sur le Canigou , dans l'eau d'un ravin
aux Jasses de Cady; à Mont-Louis, dans les endroits les plus
humides; à Prals-de-Mollô ; à Força-Real, l'endroit le plus aride
de la contrée, sur les roches d'ardoise ; sur la montagne calcaire
REPTILES. 341
et très-aride de Saint-Antoine-de-Galamus; enfin, sur des schistes
de la vallée de Banyuls, au mois d'août, par une chaleur étouf-
fante. On ne peut donc préciser les endroits où elle vit de préfé-
rence, puisqu'on la rencontre dans des stations si différentes.
Salamandres Aquatiques, Triton, Laur.
Caractères. — Peau lisse, molle, granuleuse; côtes très-
courtes, grêles; queue à peu près égale en longueur au
corps, toujours comprimée verticalement; doigts allongés,
grêles, libres, lobés ou incomplètement palmés; des
verrues plantaires.
Ces animaux sont abondants partout, dans les eaux
stagnantes, les marais et les étangs; on les appelle vul-
gairement Lézards d'eau. Autant ces Reptiles sont lents
et embarrassés à la surface du sol, autant ils sont adroits
et vifs dans l'eau. Leur queue comprimée est une rame
dont ils se servent avec dextérité; et comme ils n'ont,
grâce à leurs poumons chargés d'air, qu'une densité
spécifique à peine différente de celle du liquide au milieu
duquel ils sont plongés, une petite dépense de force
suffit aux besoins de leur locomation. (P. Gervais.)
Quand les mares sont desséchées, et dans d'autres
circonstances encore, les Tritons s'éloignent plus ou
moins des eaux. On voit souvent sous les pierres humides,
dans la mousse, etc., des Salamandres du genre Triton,
et quelquefois elles sont assez éloignées des eaux. Leur
queue est moins comprimée, et les mâles n'ont de crête
ni sur cette partie du corps, ni sur le dos. Au contraire,
celles qui sont restées dans l'eau ont la queue très-
amincie, et, pendant la saison des amours, les mâles ont
sur tout le dessus du corps, sauf sur la tête, une crête
3-42 HISTOIRE NATURELLE.
îtîince et frangée. Leurs couleurs sont égalemerit très-
vives et très-variées pendant cette partie de l'année. (P-
Gervais.)
Ces animaux font entendre un petit bruit qui leur est
propre, et lorsqu'on les touche ils répandent une odeur
tout-à-fait caractéristique. Nos différentes espèces de
Tritons sont ovipares et non ovovivipares comme les
Salamandres terrestres. Les femelles n'abandonnent pas
leurs œufs à mesure qu'elles les pondent; au lieu de les
laisser tomber en chapelet au fond de l'eau, elles les dépo-
sent un à un sous les feuilles aquatiques des Persicaires,
des Graminées, etc., ayant soin de les y coller et de replier
sur chacun d'eux là feuille qui devra les protéger. C'est ce
que M. Rusconi a vu et décrit avec beaucoup de soin dans
l'ouvrage qu'il a publié, en 1821, sous le titre piquant
d' Amours des Salamandres Aquatiques, et c'est ce dont
nous nous sommes plusieurs fois assuré. (Idem.)
1. Salamandre marbrée, Salamandra marmorata, Latr.;
Triton gemeri, Laur.; en cat. Salamandra de aygua.
La couleur de sa peau est d'un vert assez clair, avec de larges
taches brunes et comme marbrées ; une ligne de couleur rougeàtre
le long du dos. Sur cette partie, chez le mâle, existe une petite
crête, découpée, qui s'étend sur la queue, tachée de noir. Le des-
sous du corps est rougeàtre, avec une multitude de points blancs,
très-rapprochés sur les côtés; quatre doigts aux pattes de devant,
cinq à celles de derrière. Sa longueur est de 10 à 12 centimètres.
Cette Salamandre est assez commune dans les fossés qui ont
été inondés pendant l'hiver et qui se dessèchent en été ; on la
trouve sur les bords des fossés, sur l'herbe. Elle ne s'éloigne
pourtant pas beaucoup de l'eau, où on la voit souvent se sub-
merger; elle est aussi tout-à-fait inoffensive.
REPTILES. 343
2. Salamandre crêtée, Salamandra cristala, Latr.; Trilon
cristatus, Laur.
La peau chagrinée, d'un brun-foncé un peu rougeâtre dessus,
ce rouge un peu plus vif sur les côtés du corps; orange ou fauve
en dessous, avec des taches très-variables noirâtres; les côtés
pointillés de blanc; une crête assez grande, très-découpée en
long, sur le milieu du corps; l'iris est rougeâtre, un peu doré;
la queue est large et très-aplatie.
La disposition d«s couleurs de sa peau est fort jolie ; et lorsque
cet animal est dans l'eau, les couleurs sont encore plus vives.
On le trouve constamment dans les eaux limpides, dans les fossés
des eaux vives, dont il s'écarte peu.
5. Salamandre ponctuée, Salamandra punctata, Latr.;
Lissotriton punctalus , Bell.
La couleur générale de cette espèce, est d'un brun-clair; sa
peau est lisse, sans tubercules ; le dessous du corps est d'un blanc-
jaunâtre qui varie beaucoup; une teinte orange sur le milieu du
ventre; des taches noires et rondes sur tout le corps; des raies
noires sur la tête; la crête du mâle plus prononcée et festonnée;
quatre doigts aux pattes de devant, cinq à celles de derrière, un
peu élargis.
Cette espèce est commune dans les fossés des fortifications,
derrière la citadelle, aux lunettes et dans les mares au-dessous
de Château-Roussillon. On la voit dans les eaux se promener au
fond et nager avec lenteur quand on ne la trouble pas.
4. Salamandre ceinturée, Salamandra cincta, Latr.
Petite, d'un gris-verdâtre, tirant sur le jaune en dessus; le
dessous d'un brun-clair et quelquefois safrané; divers points
noirâtres parsemés sur le corps.
Cette espèce est commune dans les mares des fossés des vignes
du territoire de Torremila. Je ne comprends pas qu'elle puisse
344 HISTOIRE NATURELLE.
vivre dans un pays aussi aride, où l'eau ne séjourne dans les
fossés que pendant l'hiver et une partie du printemps, puis
s'évapore complètement aux premières chaleurs de l'été. Cepen-
dant, malgré des conditions aussi défavorables à son existence,
on la revoit, tous les ans, dans les mêmes lieux.
5. Salamandre palmipède, Salamandra palmata, Latr.
Couleur générale d'un brun-olivâtre au-dessus du corps ; d'un
jaunâtre pointillé de noir sur la tête et sur les membres anté-
rieurs; un trait noir derrière les yeux; ventre jaune-clair, un
peu orangé vers le milieu , avec quelques points noirs ; la queue
est comprimée à sa naissance, et se termine par une partie mince
et ronde; quatre doigts libres aux pattes antérieures; cinq aux
postérieures, entièrement palmés.
Cette Salamandre habite les eaux dormantes des parties basses
de la Salanque, et les mares de toutes les parties du littoral. Elle
est la plus petite du genre.
Famille des Protées, Proteus, Laur.
Une seule espèce connue, Proteus anguinus , Laur.,
ou Sir en anguina, Sch., habite les eaux souterraines par
lesquelles certains lacs de la Carniole communiquent
ensemble; elle est inconnue dans ce département.
Famille des Sirènes, Sir en, Laur.
Inconnue en Europe : une seule espèce, Siren lacertina,
Laur., habite les marais de la Caroline, surtout ceux
qu'on établit pour la culture du riz.
poissons. 345
CHAPITRE IV.
ANIMAUX VERTÉBRÉS.
QUATRIÈME CLASSE.
Poissons.
Les Poissons forment la quatrième et dernière classe
des animaux vertébrés. « Ils sont, dit M. Laeepède, le
« lien remarquable par lequel les animaux les plus parfaits
« ne forment qu'un tout avec ces légions si multipliées
« d'Insectes, de Vers et d'autres animaux peu composés,
« et avec ces tribus non moins nombreuses de Végétaux
« plus simples encore. »
Destinés à vivre dans l'eau, les Poissons ont des carac-
tères particuliers qui les distinguent des autres vertébrés.
Le plus important consiste dans la conformation des
organes de la respiration, que l'on nomme branchies , et
qui sont destinés à remplacer les poumons. Ces bran-
chies, placées dans une cavité qui n'est qu'une prolon-
gation de l'intérieur de la gueule, sont formées par des
arcs solides, d'une courbure plus ou moins considérable,
sur lesquels sont rangées de petites lames solides et
flexibles dont la figure varie suivant le genre et quelque-
fois suivant l'espèce de Poisson. Le nombre des branchies
316 HISTOIRE NATURELLE.
est de quatre de chaque côté, quelquefois plus, quelque-
fois moins. On les aperçoit en soulevant les ouïes, grandes
fentes qu'on remarque à la surface extérieure du corps,
placées de chaque côté dé là têlë. La respiration se fait
au moyen de l'air dissous dans l'eau, et a lieu à la sur-
face des lamelles très-vâsculaires fixées sur les arcs
branchiaux dont nous avons parlé. L'eau nécessaire à la
respiration entre dans la bouche, et, par un mouvement
de déglutition , passe par les fentes que les arcs bran-
chiaux laissent entre eux , et arrive de la sorte aux
branchies dont elle baigne la surface; puis elle s'échappe
au dehors par les ouvertures des ouïes. Dans ce jeu des
organes, les Poissons, de même que les Animaux qui
ont reçu des poumons, absorbent une quantité plus ou
moins grande de gaz oxygène qui fait partie de l'air
atmosphérique, et qui se retrouve jusque dans les plus
grandes profondeurs de la mer. C'est ce gaz oxygène,
qui, en se combinant dans les branchies avec le sang des
P Dissons, le colore en rouge et lui donne la chaleur
nécessaire à la vie de ces animaux.
Lorsque les Poissons demeurent hors de l'eau, ils
périssent promptement par asphyxie, non pas que l'oxy-
gène leur manque, mais parce que les lamelles branchiales
n'étant plus soutenues par l'eau, s'affaissent, se dessè-
chent et deviennent impropres a remplir leurs fonctions.
Cependant, certains Poissons peuvent vivre longtemps
hors de l'eau : tout le monde sait, dit M. Valenciennes,
que l'Anguille sort presque régulièrement toutes les
nuits de l'eau, et rampe a travers les prairies souvent
très-loin de l'élément d'où elle est sortie. Elle y prend
des Limaces, attrape même quelquefois de petits ron-
POISSONS. 317
geurs. Mais elle n'est pas seule â jouir de cette faculté.
D'autres petits Poissons, comme la plupart des Gobies
et des Blennies vivent très-longtemps hors de l'eau. Leè
Périophthalmes, ajoute M. Valenciennes, usent de la lon-
gueur de leurs nageoires pectorales pédiculées, pour courir
sur la grève desséchée par un soleil ardent. Nous conser-
vons, dit-il, dans la collection du Jardin des Plantes, une
de ces espèces, qui a été tuée d'Un coup de fusil sur la
plage du Sénégal. Le naturaliste qui se l'est procurée
croyait tirer sur un Lézard, tant était grande la rapidité
de la marche de ce Poisson. Enh'n, M. Cuvier cite le
Sennal (Perça scàndens, Daldorff, ou Ànlhias testucli-
neus, Bl.) qui rampe sur le rivage, grimpe sur les arbres,
le long des troncs des Palmiers, et se tient, pendant les
sécheresses, dans l'eau de pluie amassée entre les bases
de leurs feuilles.
Les Poissons sont admirablement conformés pour vivre
dans l'eau: leur corps, plus ou moins fusiforme, n'a
point de cou, parce que la tète est unie au tronc sans
qu'il y ait entre elle et lui aucun rétrécissement; leur
queue, qui commence à l'ouverture de l'anus, ne se
distingue pas du reste du corps. Pour se mouvoir au
milieu de l'élément liquide qu'ils sont destinés à habiter,
la Nature les a pourvus de nageoires , qui représentent
les quatre membres des autres Animaux vertébrés : deux
sont lixées de chaque côté du tronc, immédiatement der-
rière l'ouverture des ouïes, et sont appelées nageoires
pectorales; deux autres occupent la partie inférieure du
corps : on les nomme nageoires ventrales. Outre ces
organes locomoteurs, les Poissons sont munis d'autres
nageoires qui occupent la ligne médiane du corps, et qui
348 HISTOIRE NATURELLE.
se distinguent en nageoires dorsales , nageoires anales
et nageoires caudales, suivant qu'elles sont placées sur
le dos, sous la queue ou à son extrémité. Du reste, les
unes et les autres ont la même structure, et consistent
presque toujours en un repli de la peau, soutenu par des
rayons osseux ou cartilagineux, et à peu près de la
même manière que les ailes des Chauves-Souris.
La plupart des Poissons nagent avec une grande
agilité. On assure, dit M. Milne Edwards, que le Saumon,
par exemple, avance quelquefois avec une vitesse de huit
mètres par seconde, et parcourt en une heure l'espace de
trois ou quatre myriamètres. En général, c'est en frap-
pant latéralement l'eau par des flexions alternatives de la
queue et du tronc, qu'ils se meuvent de la sorte; aussi
les muscles destinés à courber latéralement la colonne
vertébrale sont si développés, qu'ils constituent ordinai-
rement à eux seuls la majeure partie de la masse du corps.
Les nageoires médianes, c'est-à-dire la caudale, la dor-
sale et l'anale, servent à augmenter l'étendue de cette
espèce de rame ; mais les nageoires latérales, c'est-a-dire
les pectorales et les ventrales, ne concourent que peu
à la progression, et ont en général pour usage principal
d'influer sur la direction de la course et surtout de
maintenir l'animal en équilibre. Chez un petit nombre
de Poissons, les nageoires pectorales présentent un
développement extrême, et permettent à l'animal de se
soutenir quelques instants dans l'air, lorsqu'il s'élance
hors de l'eau : tels sont les Poissons-Volants ; le Dacty-
loptère en offre un exemple.
Presque tous les Poissons ont un organe intérieur,
situé dans la partie la plus haute de l'abdomen, qui leur
poissons. 349
est d'un grand secours dans la natation : c'est la vessie
natatoire, espèce de poche remplie d'air, qui peut être
gonflée ou comprimée* à volonté, et qui, suivant le volume
qu'elle occupe, donne au corps du Poisson une pesanteur
spécifique qui lui permet de rester en équilibre, de des-
cendre dans l'eau ou d'en monter. On a remarqué qu'elle
manque souvent, et que généralement elle est très-petite
dans les espèces destinées a nager au fond des eaux ou
même a s'enfouir dans la vase, telles que les Raies, les
Soles, les Turbots et les Anguilles.
Les Poissons sont recouverts d'une peau qui revêt
presque toute leur surface; elle est molle et enduite
d'une matière gluante qui la pénètre profondément;
quelquefois elle est à peu près nue, mais presque tou-
jours elle est recouverte d'écaillés. La forme des écailles
est très-diversifiée ; mais le plus souvent elles s'étendent
en lames minces, unies, rondes ou ovales, se recouvrant
les unes les autres comme les tuiles d'un toit.
Le corps des Poissons est presque toujours paré des
plus belles couleurs. Leurs écailles reflètent les nuances
les plus éclatantes; les sept couleurs du spectre solaire
sont reproduites tantôt isolément, tantôt combinées, et
leur donnent l'éclat brillant des métaux polis. Aucune
classe d'animaux n'a été aussi favorisée à cet égard;
aucune n'a reçu une parure plus élégante, plus variée,
plus riche. «Que ceux, dit Lacepède, qui ont vu nager à
« la surface d'une eau tranquille, des Zées, des Chétodons,
« des Spares, disent si jamais l'éclat des plumes du Paon
« et du Colibri, la vivacité du diamant, la splendeur de
« l'or, le reflet des pierres précieuses, ont été mêlés à
« plus de feu, et ont renvoyé à l'œil de l'observateur, des
350 HISTOIRE NATURELLE.
« images plus parfaites de cet arc merveilleusement coloré
« dont l'astre du jour fait le plus souvent le plus bel
« ornement des cieux ! »
Les Poissons sont dotés d'armes redoutables. Certains,
tel que le Diodon, par exemple, sont couverts de piquants
comme le Hérisson ; d'autres, comme le Narval, l'Espa-
don, le Squale-Scie, sont pourvus de cornes, d'éperons,
de lames dentelées avec lesquels ils peuvent assaillir
vivement et blesser profondément leurs ennemis; ils ont
tous une queue plus ou moins déliée, mue par des mus-
cles puissants, qui peut être assez rapidement agitée
pour frapper une proie par des coups violents et redou-
blés. Mais l'instrument le plus redoutable sont les dents :
qui ne connaît le Requin, ce tigre de la mer, comme le
nomme Lacepède, féroce autant que vorace, avide de
sang et insatiable de proie, dont la gueule formidable est
armée dans le haut comme dans le bas de six rangs de
dents acérées, et qui d'un seul coup de mâchoire peut couper
un homme en deux. Ces armes offensives, quelque multi-
pliées et quelque dangereuses qu'elles puissent être , ne
sont pas les seules données, par la nature, aux Poissons;
quelques-uns sont doués de la singulière faculté de
développer de l'électricité, et de donner ainsi des commo-
tions très-fortes aux animaux qui les touchent. La Gym-
note ou Anguille électrique, qui habite les mares et les
petits ruisseaux que l'on rencontre ça et là dans les
plaines de l'Amérique méridionale au pied des Cordilières,
donne à volonté et dans la direction qu'elle choisit, des
décharges électriques si violentes , qu'elle abat hommes
et chevaux. La Torpille qui habite nos côtes, jouit de la
même propriété, mais à un degré moins développé.
poissons. 351
La vie d'un Poisson se passe presque entièrement à
pourvoir à sa subsistance et à fuir ses ennemis ; ses sens
extérieurs ne paraissent lui donner que des impressions
obtuses, et ses facultés sont des plus bornées. On sait,
cependant, que les Poissons ont rouie très-fine; mais leur
goût est très-peu développé, car ces Animaux ne font
qu'engloutir leur proie sans la conserver longtemps dans
la bouche, à cause de la position et du jeu des organes
respiratoires. Le tact est peu sensible; ce n'est qu'au
moyen de leurs lèvres et des barbillons que l'on voit
autour de la bouche, qu'ils peuvent exercer le sens du
toucher. L'appareil olfactif semble plus énergique; il les
guide dans la recherche de la nourriture, tout autant
que le sens de la vue, qui est le plus développé de tous.
En général, voici dans quel ordre la Nature a donné aux
Poissons les sources de leur sensibilité : la vue, l'odorat,
l'ouïe, le toucher, le goût. Quoi qu'il en soit des facultés
bornées des Poissons, on a reconnu qu'avec très-peu de
soins on peut les apprivoiser et les rendre familiers : qui
ne sait, par exemple, que des Poissons nourris dans des
bassins, accourent à la voix qui les appelle, et prennent
la nourriture des mains de ceux qui la leur offrent. Dans
une grande partie de l'Allemagne, dit M. Lacepède, on
accoutume les Truites, les Carpes et les Tanches à se
rassembler au son d'une cloche, et à venir prendre la
nourriture qu'on leur destine.
La plupart des Poissons se nourrissent de matières
animales. Un très-grand nombre des plus voraces avalent
des poissons, sans épargner les individus de leur propre
espèce. On les trouve engloutis tout entiers dans leur
vaste estomac. Ceux-là se jettent sur les petits Oiseaux
352 HISTOIRE NATURELLE.
aquatiques ou sur les petits Mammifères qui fréquentent
les bords des eaux; les Reptiles deviennent quelquefois
aussi leur proie. D'autres espèces se nourrissent exclusi-
vement de Crustacés; d'autres mangent des Insectes.
Quelques espèces, dit M. Valenciennes , sont devenues
célèbres par le merveilleux instinct dont la nature les a
douées : elles peuvent, en allongeant leur bouche en un
long tube, lancer des gouttes d'eau sur des Insectes qui
volent à plus d'un mètre au-dessus de la surface, et les
faire tomber de manière à les pouvoir prendre pour
nourriture. Mais le plus grand nombre de Poissons
préfèrent des Vers marins , de rivière ou de terre , des
Insectes aquatiques, des œufs pondus par leurs femelles,
et, en général, tous les animaux qu'ils peuvent rencontrer
au milieu des eaux. Quelques-uns se contentent de plantes
marines, et particulièrement d'algues ; il en est qui ont
un goût très-vif pour des graines et d'autres parties de
végétaux terrestres ou fluviatiles. Enfin, d'autres espèces
remplissent leurs intestins de la vase du fond des eaux,
si riche en animalcules microscopiques, et puisent dans
la digestion de ces matières animales une nourriture
suffisante.
La chair de beaucoup de Poissons devient malfaisante :
cela dépend de la nourriture que prend l'animal. Les
espèces qui se nourrissent de Méduses, de Vélelles et de
plusieurs espèces d'Acalèphes, acquièrent une propriété
urticante qui peut devenir un véritable poison.
Les Poissons se distinguent par leur prodigieuse
fécondité; leur multiplication est facile sous tous les
climats. Ils se reproduisent au moyen d'œufs, et le
nombre de ceux-ci est quelquefois immense. A peine le
poissons. 353
soleil du printemps commence-t-il de répandre sa chaleur
vivifiante, dit M. Lacepède; à peine son influence réno-
vatrice et irrésistible pénètre-t-elle jusque dans les pro-
fondeurs des eaux, qu'un organe particulier se développe
et s'agrandit dans les Poissons mâles. Cet organe, qui
est double et qui s'étend dans la partie supérieure de
l'abdomen dont il égale presque la longueur, est celui
qui a reçu le nom de laite. C'est aussi vers le milieu
ou la fin du printemps, que les ovaires des femelles
commencent à se remplir d'œufs encore presque imper-
ceptibles. Ces ovaires , au nombre de deux dans le plus
grand nombre des Poissons, occupent dans l'abdomen
une place analogue à celle des laites. Les œufs croissent
à mesure que les ovaires se tuméfient; leur nombre est si
considérable, que, dans plusieurs espèces de Poissons, et
particulièrement dans les Gades, une seule femelle con-
tient plus de neuf millions d'œufs. Lorsque les œufs sont
assez gros pour être presque mûrs, c'est-à-dire assez
développés pour recevoir la liqueur fécondante du mâle,
ils s'échappent d'eux-mêmes par l'anus ; et si leur sortie
n'est pas assez déterminée par les efforts intérieurs, on
voit les femelles froisser plusieurs fois leur ventre contre
les bas-fonds , les graviers et les divers corps durs qui
peuvent être a leur portée. C'est alors que les mâles
arrivent auprès des œufs laissés sur le sable ou le gravier :
ils accourent de très-loin, attirés par leur odeur; un
sentiment assez vif paraît même les animer. Mais , cette
sorte d'affection n'est pas pour les femelles déjà absentes;
elle ne les entraîne que vers les œufs qu'ils doivent fé-
conder. Ils s'en nourrissent cependant quelquefois, au lieu
de chercher à leur donner la vie; mais, le plus souvent,
TOME III. 2"
354 HISTOIRE NATURELLE.
ils passent et repassent au-dessus de ces petits corps
organisés, jusqu'à ce que les fortes impressions que les
émanations de ces œufs font éprouver à leur odorat,
augmentant de plus en plus le besoin qui les aiguillonne,
ils laissent échapper de leurs laites pressées, le suc actif
qui va porter le mouvement dans ces œufs inanimés.
Les femelles des Raies, des Squales, de quelques
Blennies, de quelques Silures, ne pondent pas leurs
œufs, qui parviennent dans le ventre de la mère à tout
leur développement; y grossissent d'autant plus facile-
ment qu'ils sont, pour ainsi dire, couvés par la cha-
leur intérieure de la femelle; y éclosent, et les petits
arrivent tout formés à la lumière.
Le temps qui s'écoule depuis le moment où les œufs
déposés par la femelle sont fécondés par le mâle, jusqu'à
celui où les petits viennent à la lumière, varie suivant
les espèces : il est quelquefois de quarante et même de
cinquante jours, et d'autres fois il n'est que de huit ou
de neuf.
Partout où il y a un grand amas d'eau, il y a des
Poissons : il y en a dans toutes les eaux douces ou ma-
rines. Ce sont de tous les Animaux, ceux dont le domaine
est le moins circonscrit; ils parcourent les mers depuis
l'équateur jusqu'au pôle de la terre, depuis la surface de
l'Océan jusqu'à ses plus grandes profondeurs. Les fleuves,
les rivières, les lacs, les étangs, les marais, en renferment
une plus ou moins grande quantité. Ce domaine, dont les
bornes sont si reculées, n'est pas indistinctement habité
par toutes les espèces; chaque famille paraît préférer un
espace particulier plus ou moins étendu : telles vivent
dans les profondeurs de l'Océan, tandis que d'autres se
poissons. 355
multiplient dans des réservoirs naturels, placés au som-
met des plus hautes montagnes et à plus de deux mille
mètres au-dessus du niveau de la mer. Ils trouvent pres-
que à toutes les latitudes, et en s'élevant ou s'abaissant
plus ou moins dans l'Océan, le degré de chaleur qui
convient à leur conservation.
Les Poissons, de même que les Oiseaux, se réunissent
régulièrement, à certaines époques fixes, pour se trans-
porter d'un climat dans un autre. Les Thons sortent des
profondeurs de l'Atlantique pour entrer dans la Méditer-
ranée, et s'approcher, en suivant une route bien connue,
des différentes côtes de cette mer. Les Maquereaux, les
Sardines, les Anchois, visitent périodiquement nos côtes
et y donnent lieu à des pêches importantes. Le Hareng
est un des Poissons les plus remarquables sous ce rap-
port , et le plus célèbre pour l'importance des pêches
dont il est l'objet. Il habite les mers du Nord, et arrive
chaque année en légions innombrables sur diverses par-
ties des côtes de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique;
mais il ne descend guère au-dessous du 4o° de latitude
nord.
La classe des Poissons, dit M. Cuvier, est celle qui
offre le plus de difficultés quand on veut la subdiviser
en ordres d'après des caractères fixes et sensibles. Ce
grand naturaliste, dont nous suivons dans cet ouvrage
la classification ichthyologique , divise les Poissons en
deux grandes séries, d'après la nature cartilagineuse ou
osseuse de leur squelette. Les Poissons cartilagineux
forment deux Ordres et quatre Familles; les Poissons
osseux forment sixOrdres et plusieurs Familles : ensemble
huit Ordres et vingt-six Familles.
355 HISTOIRE NATURELLE.
POISSONS CARTILAGINEUX.
1" Ordre. Chondroptérigiens a branchies fixes.
Deux Familles : Cyclostomes , Sélaciens.
2me Ordre. Chondroptérigiens a branchies libres.
Deux Familles : Sturioniens, Polyodons.
POISSONS OSSEUX.
3rae Ordre. Plectognathes.
Deux Familles : Gymnodontes, Sclérodermes.
4rae Ordre. Lophobranches.
Quatre Familles : Syngnathes, Hippocampes, Solénos-
tomes, Pégases.
5me Ordre. Malacoptérigiens abdominaux.
Cinq Familles : Salmones, dupées, Esoces, Cyprins,
Siluroïdes.
6me Ordre. Malacoptérigiens subbranchiens.
Trois Familles : Gades, Pleuronectes , Discoboles.
lme Ordre. Malacoptérigiens apodes.
Une Famille : Anguilli formes.
gme Ordre. Acanthoptérigiens.
Sept Familles : Ténioïdes, Gobioïdes, Labroïdes, Percoï-
des, Scombéroïdes, Sqiiammipennes, Bouches en flûte.
S'il fallait entrer dans les descriptions minutieuses de
tous les Poissons qui fréquentent notre littoral Méditer-
ranéen , cela nous conduirait à un travail trop long et
nous éloignerait tout-à-fait de notre sujet; nous donne-
rons tout simplement le catalogue de ceux que nous
avons observés dans la région qui borde les côtes des
Pyrénées-Orientales, et de ceux qui vivent dans les
rivières , lacs et étangs du département , en faisant
connaître, autant que possible, les noms catalans que
leur donnent nos marins et les habitants du pays.
poissons. 357
POISSONS CARTILAGINEUX.
PREMIER ORDRE.
CHONDROPTÉRIGIENS A BRANCHIES FIXES.
Famille des Suceurs, Cyclostomcs, Dum.
M. Cuvier désigne par l'épithète caractéristique de
Suceurs, un genre de Poissons qui a reçu de M. Dumé-
ril le nom plus généralement adopté de Cyclostomes ,
parce qu'il exprime le caractère extérieur le plus saillant
de leur organisation. Ils ont tous un corps cylindrique,
arrondi en avant et comprimé en arrière ; ils n'ont ni
pectorales ni ventrales; leur bouche, arrondie ou demi-
circulaire, se prête aux différents besoins de l'animal;
elle est formée par une lèvre épaisse, charnue, plus ou
moins continue sur tout le bord, et l'anneau cartilagineux
qui supporte cette lèvre, résulte de la soudure des pala-
tins et des mandibules.
Genre Lamproie, Petromyzon, Lin.
(Petromyzon signifie suce-pierre.)
Caractères. Se reconnaît aux sept ouvertures branchiales
qu'il a de chaque côté. La peau se relève au-dessus et au-
dessous de la queue en une crête longitudinale qui tient
lieu de nageoire, mais où les rayons ne s'aperçoivent que
comme des fibres à peine sensibles. Les Lamproies ont
l'habitude de se fixer par la succion et par leurs dents
fortes, et crochues aux rochers , aux bas-fonds limo-
358 HISTOIRE NATURELLE.
neux, aux bois submergés et aux autres corps solides, ce
qui leur a fait donner le nom qu'elles portent. C'est aussi le
moyen qu'elles emploient pour attaquer les grands Pois-
sons qu'elles parviennent souvent à percer et à dévorer.
Cependant leur nourriture principale consiste en Vers
marins et en Poissons très-jeunes.
1. Grande Lamproie, Petromyzon maximus, Lin.; en
catalan Set ulls (sept yeux). Le peuple prend l'ou-
verture des ouïes pour des yeux.
Elle est longue de 0m,80 à 1 mètre. Marbrée de brun sur un
tond jaunâtre; elle a la première dorsale bien distincte de l;i
seconde, et deux grosses dents rapprochées au haut de l'anneau
maxillaire. Elle vit dans la Méditerranée. Au printemps, elle
remonte dans les embouchures des fleuves. Celles qu'on nous
apporte sur notre marché, se pèchent à la mer; car nos rivières
ayant peu de fond, elles ne remontent pas leur cours. Sa peau
est très-visqueuse, et sa chair délicate est un mets fort estimé.
2. Lamproie de rivière, ou Pricka, ou Sept-œil, Petro-
myzon fluviatïlis, Lin., en catalan Set ulls.
Cette espèce atteint -45 à 50 centimètres de longueur; elle est
argentée, noirâtre ou olivâtre suivie dos; elle a la première,
dorsale bien distincte de la seconde , et deux grosses dents écar-
tées en haut de l'anneau maxillaire.
5. Petite Lamproie de rivière ou Sucet, Petromyzon
planeri, Blo.
Longue de 20 à 25 centimètres ; les couleurs et les dents de
la précédente ; mais les deux dorsales sont contiguës.
Ces deux espèces vivent dans nos rivières et remontent assez
haut dans leur cours. On les rencontre assez souvent dans les
canaux d'arrosage et même dans les prairies traversées par ces
poissons. 359
canaux. On prit une Pricka, après un grand orage, dans la rigole
de la place Saint-Jacques, à Perpignan. Cette Lamproie n'avait
pu arriver jusque-là qu'en franchissant le barrage du ruisseau
de Las Canals, qui a sa prise dans la Tet, à Ille , à 25 kilomètres
en amont de Perpignan.
Famille des Sélaciens, Plagiostomes, Dum.
Les Sélaciens contiennent deux genres considérables
de Poissons : les Squales et les Raies, parmi lesquels on
compte les Scies, les Marteaux, les Requins, les Anges,
les Torpilles, etc. Leur peau n'a point d'écaillés et est
hérissée d'aspérités plus ou moins fines, dont les arts
ont su tirer parti. Ils sont généralement de grande taille;
et certains d'entre eux, munis d'armes redoutables, ne
craignent point d'attaquer les plus gros Cétacés.
Genre Squale , Squalus , Linné.
Roussettes, ScyUium, Cuv.
1. Grande Roussette, Squalus canicula, Lin.; en catalan
Ca de mar (Chien de mer).
2. Petite Roussette, Squalus catulus, Lin.; en catalan
Gai de mar (Chat de mer).
On prend assez communément ces cartilagineux sur nos côtes,
au moyen du filet traînant, appelé bou (bœuf). On ne mange point
la chair de ces Poissons. Leur peau est mise à profit dans les arts
pour polir le bois.
Squales proprement dits.
Caractères. Museau proéminent sous lequel sont des
narines non prolongées en sillon; nageoire caudale se
rapprochant plus ou moins de la forme fourchue.
3G0 HISTOIRE NATURELLE.
Les Requins, Carcharias, Cuv.
Tribu nombreuse et la plus célèbre; a les dents tran-
chantes, pointues, et le plus souvent dentelées sur leurs
bords; la première dorsale bien avant les ventrales, et la
deuxième à peu près vis-à-vis l'anale ; ce Poisson manque
d'évents.
5. Le Requin proprement dit ou Requiem, Squalus car-
charias, Bello.; en catalan Reqin; Llamie.
Le Requin, ou plutôt Requiem, selon la belle expression de
Lacepède, est très-rare sur nos côtes; c'est un événement lors-
qu'on prend quelque sujet.
4. La Faux ou Renard, Squalus vulpes, Rond.; en cata-
lan Peix espasa (Poisson épée).
C'est ordinairement au printemps et pendant Tété qu'on pèche
ce Poisson, qui est de grande taille. On l'apporte sur notre
marché où il est débité par tranches. Sa chair est estimée
parce qu'elle est très-blanche, tendre et d'un goût fort agréable.
Nos marins appellent ce Squale, Poisson épée, à cause de sa
caudale qui est très-prolongée et se termine en pointe.
5. Le Squale nez, Squalus cornubicus, Sch.; en catalan
Nas llarg (long nez).
Ce Poisson est beaucoup plus commun sur nos côtes que le
Requin. On en porte assez souvent sur notre marché. Sa chair
esl estimée et recherchée par son bon goût.
Les Marteaux, Zy gaina, Cuv.
6. Le Squale marteau, Squalus zygœna, Lin.; en catalan
Lo Martell (le marteau).
Ce singulier Poisson esl pêche sur nos côtes à l'approche du
poissons. 361
beau temps. Sa chair, ferme, blanche et délicate, le l'ait recher-
cher. On en prend plusieurs dans la belle saison ; il paraît très-
vorace. Celui que nous possédons au Cabinet, avait dans son
estomac un Esturgeon, coupé en deux, qui mesurait 1 mètre de
long, et qui n'était pas du tout altéré par la digestion; il avait été
avalé probablement peu de temps avant que l'animal ne fût pris.
Ce Squale devient aussi grand que le Requin.
7. Le Pantouflier de Risso, Zygœna macrocephala , Ris.
8. Le Vrai pantouflier, Zyg. tiburo ou Squalus tiburo, Lin.
Leur ressemblance et leur dimension les rapprochant du
Marteau, leur font donner le même nom par nos marins.
Ils fréquentent nos parages, et pendant la belle saison on en
prend quelques sujets, qui, portés au marché, sont aussitôt
vendus. Leur chair ayant un très-bon goût, est très-estimée.
Les Milandres.
9. LaMilandre ou Lamiola de Rond., Squalus galeus, Lin.
Ce redoutable Squale est pris quelquefois par nos pêcheurs;
mais sa chair étant d'un très-mauvais goût et fort coriace, on
n'en fait aucun cas : sa peau seulement est conservée, comme
celle de tous les Poissons de ce genre, pour servir aux ébénistes
à polir le bois.
Les Émissoles, Mustelus, Cuv.
10. L'Émissole commune, Squalus mustelus, Linné; en
catalan Mustela de mac.
14. L'Émissole tachetée de blanc, Squalus variegatus, ou
Lent Mat, Rond.
Ces deux espèces fréquentent nos parages. On les prend aussi
dans les filets, mais assez rarement, parce que, selon nos pêcheurs,
elles se tiennent à de grandes profondeurs, et ne viennent à portée
362 HISTOIRE NATURELLE.
que lorsque la température est très-chaude. En effet, on ne les
voit sur le marché qu'en juillet et août; mais on ne fait aucun
cas de leur chair, qui est de très-mauvais goût.
Les Grisets.
12. L'Émissole gnsel, Squahis griseus, Lin.;) en catalan
15. L'Émissole vache, Squakis vacca, Lin.;) Mussola.
Ces Poissons ne sont pas d'une très-forte taille. On en prend
beaucoup sur nos côtes pendant le printemps; ils sont peu esti-
més et ne sont achetés que par la basse classe.
Les Aiguillats, Spinaoc, Cuv.
14. L'Aiguillât, Squalus acanthias, Lin.; en cat. Agollat.
Très-commun sur nos côtes. Porté très-abondamment sur nos
marchés, sa chair, sans être des meilleures, se vend encore
assez bien.
15. Le Squale sagre de Broussonnet, Squalus spinax, Lin.
Les Humantins, Centrina, Cuv.
16. Le Squale humantin, Squalus centrina, Lin.
17. Le Squale écailleux(Brouss.),£gwai. squammosus, Gm.
Les Leiches, Scymnus, Cuv.
18. La Leiche ou Liche(Brouss.), Squal, Americanus, Gmel.
« C'est par erreur que Gmelin a donné ce nom à ce Squale.
« Ce naturaliste a confondu le Cap-Breton, près de Bayonne,
« avec le Cap-Breton, près de Terre-Neuve. » (Guvier.)
Genre Ange, Squatina, Dum.
19. L'Ange, Squalus squatina, Lin.; Squatina levis,
Cuv.; en catalan Angel.
poissons. 363
L'Ange prend des proportions assez fortes. Il est fréquent sur
les côtes du département, et les filets de nos pêcheurs en amènent
souvent dans la belle saison. Sa chair, blanche et fort délicate,
le fait rechercher ; aussi est-il bientôt enlevé du marché par de
nombreux acheteurs qui estiment ce bon Poisson.
L'Ange se rapproche , par sa forme , des Raies ; mais sa chair
est plus estimée, et on en sait faire la différence.
Genre Scie, Pristis, Lath.
20. La Scie, Squalus pristis, Lin.; Pristis antiquorum,
Lath.; en catalan Serra.
La Scie se voit rarement sur nos côtes : elle se tient dans la
haute mer; cependant, en poursuivant les Poissons voyageurs,
elle vient se faire prendre quelquefois dans les filets tendus non
loin du rivage. La Scie acquiert une assez forte taille et conserve
une grande agilité. Elle ne craint pas, avec son arme redouta-
ble, d'attaquer les plus gros Poissons.
Genre Raie, Rai a, Lin.
i. La Raie rhinobate, Rata rhinobatus, Lin.
On la porte très-communément sur nos marchés. Elle est
recherchée pour la bonté de sa chair. C'est l'espèce qui, par sa
forme, se rapproche le plus de l'Ange.
Les Torpilles, Torpédo, Dum.
2. La Torpille vulgaire, Torpédo Narke, Rond.
5. La Torpille maculée, Torpédo miimamlata, Ris.
4. La Torpille, Torpédo marmorata, Rond.
o. La Torpille galvanique, Torpédo galvanii, Rond.
Ces espèces ne sont guère estimées. On en porte beaucoup
dans la belle saison ; mais le peuple seul en achète.
364 HISTOIKE NATURELLE.
La conformation de ces Poissons les rapproche des Raies;
mais la singularité de leur appareil électrique, placé sur le
thorax, en forme une section séparée.
Les Raies proprement dites, Raia, Cuv.
6. Raie bouclée, Raia clavata, Lin.; en catal. Clavellada.
Son nom catalan dérive de clavell (clou). Nos marins prenant
pour caractère, les taches qu'on remarque sur le dos de la
Raie-Bouclée, les ont assimilées à des têtes de clous, et ont
étendu le nom de Clavellada (semée de clous) à tout le genre.
7. Raie chardon, Raia fullonica, Lin.
8. Raie lentillat, Raia oxyrhincus, Rond.
9. Raie étoilée, Raia asterias, Rond.
10. Raie bordée, Raia rostellata, Ris.
11. Raie miralet, Raia miraletus, Rond.
12. Raie chagrinée, Raia aspera, Rond.
13. Raie ronce, Raia rubus, Lin.
14. Raie blanche ou cendrée, Raia bâtis, Lin.
15. Raie oculée, Raia oculata aspera, Rond.
16. Raie oculée, Raia oculata levis, Rond.
Ces deux dernières espèces n'offrent que de petites différences,
et on serait porté à croire qu'elles ne font qu'une seule et même
espèce avec la Raie-Bouclée. C'est probablement à l'âge qu'on
doit attribuer le peu de différence qu'on remarque entre elles.
17. Raie épineuse, Raia spinosa, Rond.
Les Pastenagues, Trygon, Adan.
18. La Pastenague commune, Raia pastinaca, Lin.
poissons. :ït*r*
Les Mourines, Myliobatis, Dum.
19. L'Aigle de mer, Rata aquila, Lin.
Les Céphaloptères, Cephaloptera, Dum.
20. La Céphaloptère, Rata cephaloptera, Schn.
La Céphaloptère est l'espèce la plus grande que l'on pêche
sur nos côtes; elle atteint des proportions gigantesques.
Tous les Poissons de cette nombreuse tribu sont des Raies,
appelées en catalan Clavellada. On les porte en grande quantité sur
nos marchés. Certains acquièrent de très-grandes dimensions; de
ce nombre sont la Céphaloptère, la Blanche ou Cendrée, qui d'or-
dinaire est une des plus grandes ; vient ensuite la Pastenague et
Y Aigle de mer. Leur prix est modéré ; leur viande est bonne , et
nos ménagères achètent ce Poisson avec plaisir, parce qu'elles
n'ont pas à craindre les arêtes, et qu'elles peuvent le donner aux
enfants avec la plus grande sécurité. Le genre Raie laisse beau-
coup à désirer dans la classification des espèces ; il y a beaucoup
de confusion dans les descriptions , et de nouvelles observations
seraient nécessaires pour les classer plus méthodiquement.
On expédie au loin ce Poisson, qui n'est pas sujet à se gâter
aussi vite que les autres espèces.
Genre Chimère, Chimœra, Lin.
1 . La Chimère arctique , vulgairement Roi des Harengs ,
Chimœra monstrosa, Lin.
Ce cartilagineux est fort rare sur cette côte, car il se tient
toujours dans la haute mer. Si on le surprend quelquefois dans
les filets, c'est lorsqu'il poursuit les bandes des poissons voya-
geurs qui fréquentent notre littoral ; c'est à cette époque seu-
lement qu'on en porte sur nos marchés. Sa chair passe pour
n'être pas bien savoureuse; aussi est-elle peu recherchée.
366 HISTOIRE NATURELLE.
DEUXIÈME ORDRE.
LES CHONDROPTÉRIGIENS A BRANCHIES LIBRES.
Famille des Sturioniens.
En prenant pour type l'Esturgeon commun, dont le
nom spécifique est Sturio, M. Guvier a formé le nom de
Sturioniens. Les Poissons de celte famille ressemblent
aux Squales par l'allongement de leur corps, la forme
de la nageoire caudale qui est divisée en deux lobes
inégaux, et leur bouche placée sous le museau dont l'ex-
trémité est plus ou moins prolongée en avant.
Genre Esturgeon, Acipenser, Lin.
1. L'Esturgeon ordinaire, Acipenser sturio, Lin.; en
catalan Estorjeon.
Les Poissons de ce genre ont l'habitude de remonter dans les
grands fleuves pour y déposer leur frai; et, dans les parages
qu'ils fréquentent , on en prend considérablement.
Des trois espèces bien connues , la seule que nous voyons sur
nos côtes est l'Esturgeon ordinaire; elle a les mêmes habitudes
que ses congénères ; mais nos rivières n'ayant pas beaucoup
d'eau, et quelquefois même étant à sec, ne peuvent lui donner
asile: c'est donc à la mer seulement qu'on la pêche, et nous
la voyons assez souvent sur nos marchés. C'est un mets très-
délicat; sa chair ferme, blanche et d'un goût exquis, la fait
rechercher.
Les autres espèces sont répandues dans les grandes mers, et
toutes ont l'habitude de remonter les grands fleuves pour y faire
poissons. 367
la laite. L'Acipenser-Strélet, qui n'atteint pas loul-à-fait la taille
du nôtre, et dont la chair est aussi très-bonne, habite la mer
Caspienne, le Wolga, l'Oural, et il vient rarement dans la Bal-
tique.
Frédéric Ier, roi de Suède, l'a introduit avec succès dans le
lac Mœler et dans d'autres lacs de la Suède. Le Roi de Prusse
en a fait autant, en le faisant reproduire dans un très-grand
nombre d'endroits de la Poméranie et de la Marche du Bran-
debourg.
Voilà comment l'homme peut augmenter les ressources qui
lui sont utiles, lorsqu'il sait, à son profit, détourner, combiner,
accroître, modifier, dompter même les forces de la nature, en
introduisant certaines espèces animales et végétales pour les
faire prospérer et multiplier sous sa domination. (Lacepède.)
Genre Polyodon (Lacep.), Spatularia, Sh.
1. Le Polyodon feuille, Polyodon folium, Lacep.; Squalus
spatula, Maud.; en catalan Girueta (girouette).
Nos Pêcheurs appellent ce Poisson la Girouette, parce qu'ils
prétendent qu'en le tenant suspendu par un fil passé au milieu
du corps, son museau, qui est très-prolongé , se tourne toujours
du côté du vent régnant. On en porte rarement sur notre marché ;
mais, aussitôt qu'il en paraît un, les marchandes s'empressent de
le suspendre sur leur étal. Sa chair n'est pas estimée.
Ce Poisson, dont la couleur est grise, et dont la taille est
d'environ 25 à 30 centimètres de longueur, se reconnaît sur le
champ à une énorme prolongation du museau, à laquelle les
bords élargis donnent la figure d'une feuille d'arbre, et à leur
gueule très-fendue et garnie de beaucoup de petites dents.
Mais, ce qui nous a paru singulier, c'est la présence de ce
Poisson sur nos côtes, tandis que les auteurs le signalent comme
habitant le Mississipi !
308 HISTOIRE NATURELLE.
POISSONS OSSEUX.
TROISIÈME ORDRE.
les plectognathes.
Famille des Gymnodontes.
Cette famille comprend les Poissons qui, au lieu de
dents apparentes, ont les mâchoires garnies d'une subs-
tance d'ivoire , divisée intérieurement en lames dont
l'ensemble représente un bec à Perroquet, Leur forme
est globuleuse et ils ont la propriété de se gonfler déme-
surément : dans cet état, ils ressemblent au fruit du
Marronnier, car leur peau est armée de toutes parts d'ai-
guillons pointus. Une seule espèce se pêche sur notre
côte, c'est le Tétrodon-Lune.
Genre Tétrodon, Tetraodon, Lin.
i. Tétrodon lune ou Môle, Tetraodon mola , Lin.; en
catalan Bot (outre), Llune (lune).
La facilité qu'a ce Poisson de se gonfler considérablement et
sa forme sphérique, lui ont valu les noms que lui donnent nos
marins. On le prend avec le filet traînant , et nos pêcheurs
s'amusent à le faire rouler sur la plage; alors, il se gonfle de
plus en plus, et devient comme une boule. On ne mange pas
sa chair qui passe pour venimeuse.
Famille des Sclérodermes.
La famille des Sclérodermes est principalement carac-
térisée par le museau conique ou pyramidal prolongé
depuis les yeux, terminé par une petite bouche armée
poissons. 369
de dents distinctes et en petit nombre à chaque mâchoire.
Leur peau est généralement âpre et revêtue d'écaillés
dures. Une seule espèce se pêche sur nos côtes : c'est la
BaUste-Caprisque.
Genre Baliste, Balistes, Lin.
1. Baliste caprisque, Batistes capriscus, Lin.; en catalan
Pur œil (pourceau).
Ce genre de Poisson est très-nombreux; sa robe est parée des
plus belles couleurs. La Nature a été large en faveur des Balistes;
elle leur a donné les couleurs les plus vives, les plus agréables
et les mieux opposées. A la vérité, les Balistes habitent les climats
les plus chauds du globe. On ne les a vues (une seule exceptée)
que dans les contrées équatoriales , où des Ilots de lumière et
toutes les influences d'une chaleur productive, pénètrent, pour
ainsi dire, l'air, la terre et les eaux; où volent dans l'atmosphère
les Oiseaux-Mouche, ceux de Paradis, les Colibris, les Perroquets,
et tant d'autres oiseaux richement décorés.
La Baliste qui vit sur nos côtes, est aussi fort jolie. Tout le corps
est violet-clair et chatoyant comme la gorge du Pigeon ; l'iris ,
assez grand, d'un bleu très-vif et bordé d'un jaune éclatant; des
taches bleues sont semées sur le corps , et les nageoires ont de
plus que les taches bleues, quelques taches rouges, qui sont d'un
superbe effet. La chair de ce Poisson est fort bonne et très-
recherchée.
QUATRIÈME ORDRE.
les lophobranches.
Famille des Syngnathes.
Cette famille offre des Poissons dont la forme est très-
bizarre; ils sont entièrement cuirassés, tel que l'Hippocampe
ou Cheval-Marin; ils n'ont aucune qualité alimentaire.
370 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Syngnathes proprement dits,
Syngnathus, Lin.
\. Aiguille de mer, Syngnathus typhle, Lin.
2. Syngnathe aigu, Syngnathus acus, Lin.
Ces deux espèces sont appelées en catalan Agulla de
mar.
Ces Poissons ont de fort belles couleurs ; leur forme est allon-
gée. La grande quantité de petites arêtes et la mauvaise odeur de
leur chair, les font repousser ; les classes peu aisées seulement les
consomment à cause de leur bas prix. On en prend assez à la
belle saison, mêlés à plusieurs autres espèces qui ont les mêmes
inconvénients.
Famille des Hippocampes,
Hippocampus, Cuv.
3. Hippocampe Cheval-marin, Syngnathus hippocampus,
Lin.; en catalan Cavall mari.
Ce Poisson est un objet de curiosité par sa forme bizarre, et
n'est d'aucune utilité comme aliment.
CINQUIÈME ORDRE.
LES MALACOPTÉRIGIENS ABDOMINAUX.
Cet ordre est le plus nombreux; il contient la plupart
des Poissons d'eau douce. ïl a été divisé par M. Cuvier
en cinq familles.
Famille des Salmones.
Ce sont des Poissons écailleux. Presque tous remon-
tent dans les rivières, et ont une chair très-agréable qui
poissons. 371
les fait rechercher; ils sont d'un naturel vorace. La
structure de leurs mâchoires varie étonnamment.
Genre Saumon, Salmo, Cuv.
1. Le Saumon, Salmo salar, Lin.
Ce Poisson , dont la chair est si recherchée pour la table et
pour la salaison , ne vient dans notre mer que très-accidentelle-
ment, et il est très-rare d'en voir sur notre marché. Mais, si le
Saumon nous fait défaut, un autre Poisson du genre, la Truite,
est très-répandue dans nos rivières.
2. La Truite commune, Salmo fario, Lin.; en cat. Truyte.
La Truite est excessivement répandue dans nos rivières et
dans tous les ruisseaux de nos montagnes. Mais, si elle vit cons-
tamment dans les parties élevées et jusquà la région des neiges,
il est très-rare de la voir dans le bassin de La Tet descendre
jusqu'à Yinça. Ce n'est qu'à l'époque des grands orages qu'elle
est entraînée vers les parties inférieures ; mais, dès que l'eau cesse
d'être bourbeuse, elle regagne les parties élevées, et, quel que
soit l'obstacle qu'elle rencontre , elle sait le franchir. C'est un
Poisson très-estimé, qu'on prend en abondance clans les parties
supérieures du Tech et de La Tet, et dans tous les cours alpestres
qui aboutissent à ces deux grandes artères.
La Truite ne vit pas dans la rivière de l'Agly, dont les eaux ne
sont pas assez froides; mais elle est commune dans La Boulzane,
affluent qui prend sa source dant les hautes montagnes de la forêt
de Salvanère. Cependant, il est rare que ce Poisson descende jus-
qu'à Saint-Paul, où cette rivière se jette dans l'Agly.
3. La Truite de montagne, Salmo alpinus, Lin.
Celte espèce est plus petite ; elle vit dans les petites rivières
ou ruisseaux des parties les plus élevées du déparlement, dans
les lacs des plateaux des Boiiillouses et les lacs de Carlite. Sa chair
est fort délicate.
372 HISTOIRE NATURELLE.
4. La Truite saumonnée, Salmo Imita, Lin.
Celte espèce est la plus grosse que nous ayons dans le pays.
Elle habite les lacs supérieurs. On en prend de très-grosses à
Carença, aux lacs de Carlite et aux plateaux de la Noux, où les
eaux sont toujours très-froides. Ces Poissons viennent admira-
blement dans ces localités, et on en prend beaucoup dans la
belle saison.
Genre Éperlan, Osmerus, Arted.
\. L'Éperlan, Salmo eperlanus, Lin.
L'Éperlan fréquente nos côtes; il remonte dans nos rivières,
mais nous ne le trouvons pas en très-grande quantité. Sa chair
délicieuse le fait rechercher.
2. L'Osmère saure ou Saure de la Méditerranée , Salmo
saurus, Lin.
5. L'Osmère fascié ou à bandes, Salmo fasciatus, Lin.
Ces deux espèces fréquentant nos parages, sont pêchées très-
abondamment sur nos côtes, et portées sur nos marchés, où elles
se vendent très-bien à cause de la bonté de leur chair qui est fort
estimée, surtout celle du Saure de la Méditerranée. On pêche ces
Poissons aux mois d'avril et de mai, à l'aube du jour: ils consti-
tuent en grande partie cette masse de poissons qu'on appelle en
catalan peix de l'alba (poissons de l'aube). Parmi les espèces
très-variées qui forment l'objet de cette pêche, le Saure de la
Méditerranée est en grande proportion.
Genre Ombre, Coregonus, Arted.
4. L'Ombre commune, Sal. thymallus, L.; en cat. Umbra.
Ce Poisson vit en petit nombre dans nos cours d'eau ; il est plus
commun que la Truite dans les parties inférieures de nos rivières.
Sa chair blanche, légère et de très-bon goût, est aussi recherchée
que celle de ce dernier poisson.
poissons. 373
Les Raiis, Myletes, Cuv.
5. La Serpe, Salmo humboldii, Ris.
6. L'Aulope filamenteux, Salmo filamentosus, Bloch.
Ce sont des Poissons de petite taille, qui vivent dans nos eaux
douces et qui sont de peu de valeur pour la table. Le dernier est
porté en abondance des pêcheries de nos côtes. Il remonte clans
nos eaux douces, mais les quitte aussitôt; quelques sujets pour-
tant y séjournent, et on en prend quelques-uns de temps à autre.
Famille des Clupées.
Cette famille comprend les innombrables légions de
Harengs, Sardines, Anchois, etc., dont la fécondité, si
admirable et si inépuisable , a donné lieu à plusieurs
remarques importantes pour l'Histoire Naturelle. Une
seule femelle de Harengs pond , dans une année , de
21.000 à 56.000 œufs, selon la grosseur des individus,
et Bloch élève ce nombre à 68.000. Tout considérables
que nous paraissent ces chiffres, si l'on se rappelle ce
que présentent plusieurs autres espèces, ils paraîtront
très-faibles, puisque l'on porte à un million les œufs
pondus par une seule Morue.
Genre Hareng, Clupea, Lin.
1. Le Hareng commun, Clupea harengus, Lin.; en catalan
Hareng.
Quoique le Hareng commun ne fréquente point la Méditer-
ranée, on en pêche quelquefois sur nos côtes.
2. Le Céland ou Pilchard, Clupea pilchardus, Bl.
Cette espèce, plus petite que le Hareng ordinaire, se voit sur
nos côtes et remonte dans nos rivières. On le prend dans les
374 HISTOIRE NATURELLE.
gouffres des eaux douces de la plaine; à la drague du pont du
chemin de fer, à Perpignan, on en a pris plusieurs.
3. La Sardine, Clupea sprattus , Lin.; en catalan Sarda,
Sarclinyola.
Les Sardines se prennent en masse sur nos côtes. On en fait
un commerce considérable dans certains villages; on les sale et
on les dispose dans des barils. Elles sont excellentes à manger
fraîches , cuites sur le gril.
4. L'Alose, Clupea alosa, Lin.; en catalan Alose.
11 est porté au marché en abondance; ce Poisson est fort estimé.
Il ne s'aventure point dans nos cours d'eau, probablement à
cause de leur peu de profondeur.
5. L' Anchois vulgaire, Clupea encrasichohis , Lin.; en
catalan Anxova.
L'Anchois est pêchée en très-grande abondance sur notre côte;
mais elle n'y vient pas aussi régulièrement que la Sardine: elle se
tient plus vers la haute mer. Elle disparaît quelquefois pendant
plusieurs années; mais lorsque les bancs se montrent de nou-
veau, on en fait des pèches miraculeuses. Comme la Sardine,
elle est un objet de commerce important : c'étaient les pêcheurs
génois qui venaient faire la pêche de l'Anchois sur nos côtes;
ils s'établissaient ordinairement à Collioure. Nos marins ont
profité de leur exemple, et ils ont parfaitement réussi : ils leur
font une grande concurrence.
Famille des Ésoces.
Cette famille comprend des Poissons très-importants,
parmi lesquels le Brochet (Esox) sert de type. Ils sont
voraces ; ils ont l'ouverture de la bouche très-fendue , le
gosier large, les mâchoires garnies de dents nombreuses,
poissons. 375
fortes et pointues, le museau aplati; point de barbillons;
l'opercule et l'ouverture des branchies très-grandes ; le
corps et la queue très-allongés et comprimés latérale-
ment; les écailles dures. Plusieurs remontent dans les
rivières; tous ont une vessie natatoire.
Genre Brochet, Esox, Lin.
Le Brochet ne vit pas dans les eaux douces de ce
département.
Les Microstomes, Mierostoma, Cuv.
1. La Serpe microstome, Serpa mierostoma, Ris.
La Serpe a été détachée des Chipées; on en prend abondamment
sur nos côtes, mais son mauvais goût la fait dédaigner.
Les Stomias, Cuv.
2. Le Stomias, Esox boa, Ris.
Les Orphies, Belone, Cuv.
5. La Belone, Esox belone, Lin.
Ces deux dernières espèces, qu'on pèche sur nos côtes, et que
la conformation anguilliforme fait bientôt remarquer, sont appor-
tées sur notre marché au printemps; mais la sécheresse de leur
chair et la masse de petites arêtes que contiennent ces Poissons,
sont cause qu'ils ne sont pas recherchés.
Genre Exocets, Exocetus, Lin.
1. L'Exocet commun, Exocetus exiliens, Bl.
2. L'Exocet volant, Exoc. volitans, BL; en cat. Peix volant.
Ces deux espèces se montrent sur nos côtes. On en pêche
quelquefois ; mais leur petite taille et leur chair peu agréable ne
les font pas rechercher. Le Volitans, grâce au développement de
376 HISTOIRE NATURELLE.
ses pectorales, jouit de la faculté de s'élever dans les airs, et de
parcourir ainsi une assez longue dislance; non pas, comme on
l'a dit, par un simple mouvement de projection, mais en exécu-
tant suivant sa volonté, des mouvements d'élévation et d'abais-
sement qui rendent son vol assez semblable à celui des Criquets.
Cette propriété leur est funeste ; [car, dans leur trajet dans l'air,
ils sont souvent la proie des Goélands.
Famille des Cyprins.
Tous les Poissons de cette famille habitent les eaux
douces; on y compte les Carpes, les Tanches, les Bar-
beaux, les Goujons et tous les Poissons blancs. Leur
pêche fait les délices des amateurs à la ligne, et l'on voit
des hommes assez patients rester des heures entières à
la même place pour happer un Goujon.
Genre Carpe, Cyprinus, Lin.
1. La Carpe vulgaire, Cyprinus carpio, Lin.; en catalan
Carpa .
La Carpe est assez répandue dans nos étangs, où elle pénètre
par les graus qui communiquent avec la mer; mais elle ne
s'aventure guère dans nos rivières qui, manquant d'eau assez
souvent, ne lui fourniraient point un abri suffisant pour y
séjourner.
2. La Gibelle, Cyprinus gibellio, Gmel.; en catalan Carpa
molle.
Moins commune que la Carpe-Vulgaire, elle vit dans les mômes
localités; on la pêche au Bordigol et au Grau-d'Argelès. Sa chair
sent toujours la vase.
3. Le Doré de la Chine, Cyprinus auratus, Lin.
Ce joli Poisson fait l'ornement des bassins de lotis nos par-
poissons. 377
terres; on l'élève pour le plaisir et pour l'amusement, et ses belles
couleurs cramoisi le font estimer comme objet de curiosité. Il se
reproduit parfaitement dans notre climat, et il affecte diverses
couleurs qu'on doit attribuer à son état de domesticité ou à l'âge ;
car dès qu'il est adulte on lui voit reprendre sa belle couleur
rouge.
4. Le Barbeau, Cyprinus barbus, Cuv.; en catalan Barp.
Toutes nos rivières nourrissent le Barbeau, où il est même
commun. Il est l'amusement des pêcheurs à la ligne, car il donne
dans tous les appâts. Sa chair, quoique molle, est estimée.
5. Le Goujon, Cyprinus gobio, Lin.; en catalan Tragan.
Il est aussi dans toutes nos rivières. On en prend beaucoup et
nos pêcheurs à la ligne en font leurs délices.
6. La Tanche vulgaire, Cyprinus tinca, Cuv.; en catalan
Tenca.
La Tanche n'est pas très-répandue dans les eaux du départe-
ment; il y a peu de localités qui lui soient propres. Les parties
où on la trouve plus abondante sont le grau d'Argelès et quel-
ques fossés des parties basses de la Salanque où l'eau douce ne
manque jamais. Dans quelques maisons de campagne du pays,
on élève ce Poisson dans des viviers: il s'y multiplie très-bien;
mais il sent toujours la vase.
7. La Brème commune, Cyprinus brama, Lin.
8. La Brème bordelière ou petite Brème, Cyprinus blicca^
Gmel.
Ces deux espèces vivent dans nos rivières et surtout dans toutes
les eaux dormantes. La Brème commune surtout est fort répandue
dans la rivière de La Basse; elle vit aussi et se multiplie dans les
grands réservoirs des jardins. Elle aime les fonds vaseux.
378 HISTOIRE NATURELLE.
9. Le Meunier, Cyprinus dobula, Lin.
10. Le Rosse, Cyprinus rutilus, Lin.
11. La Vandoise, Cyprinus leuciscus, Lin.
12. L'Ablette, Cyprinus alburnus, Lin.
13. Le Véron, Cyprinus phoxinus, Lin.
Toutes ces petites espèces de poissons sont répandues dans
les eaux douces du département, surtout dans celles qui ont
un cours tranquille et presque stagnant. Elles ne sont guère
estimées, parce qu'elles ont presque toutes de nombreuses arêtes,
et que leur chair sent la vase dans laquelle elles vivent conti-
nuellement, de sorte qu'on les recherche fort peu pour la table.
Elles sont généralement connues sous le nom de Poissons blancs,
en catalan Peix blanc.
Genre Loche ou Dormille, Cobitis, Lin.
1. La Loche franche, Cobitis barbalula, Lin.
Cette espèce est assez commune dans les cours d'eau de ce
département; on la prend à la ligne et à l'épervier. Sa chair
ayant un fort bon goût, est très-estimée.
2. La Loche d'étang, Cobitis fossiiis, Lin.
Elle est plus abondante que la précédente dans les eaux
dormantes; elle y contracte un goût de vase qui la fait rejeter
de la consommation.
3. La Loche des rivières, Cobitis ténia, Lin.; en catalan
Grata-conills.
Elle est très-répandue dans les rivières et les petits ruisseaux
d'eau douce, dans La Basse surtout. Cette espèce est petite et a
de nombreuses arêtes, une chair molle et de mauvais goût.
Famille des Siluroïdes.
Cette famille n'est pas représentée dans les eaux des
Pyrénées-Orientales.
poissons. 379
SIXIEME ORDRE.
MALACOPTÉRIGIENS SUBBRANCHIENS .
Famille des Gades, Gaclus , Linné.
Cette famille compte un grand nombre de Poissons
utiles à l'homme , et a pour principaux représentants la
Morue , le Merlan et la Merluche. Leur corps en général
allongé, atténué et comprimé vers la queue, est revêtu
d'écaillés; mais l'abdomen n'étant pas très-grand, et les
muscles du dos ayant a leur origine une épaisseur assez
considérable, il en résulte qu'il y a dans ces Poissons
une grande quantité de chair musculaire, et, comme
cette chair est généralement légère et de bon goût, tous
donnent à l'homme un aliment recherché. Ils produisent
un nombre considérable de petits ; le nombre des œufs
se compte par centaines de mille : aussi donnent-ils lieu
à des pêches abondantes. M. Lacepède raconte dans son
Histoire Naturelle des Poissons, qu'une Morue « ayant
« treize décimètres de longueur et pesant vingt-cinq kilo-
ce grammes , l'ovaire de ce Gade en pesait sept, et renfer-
« mait neuf millions d'œufs. On en a compté neuf millions
« trois cent quarante-quatre mille dans une autre Morue.
« Quelle immense quantité de reproduction ! Si le plus
« grand nombre de ces œufs n'étaient ni privés de la
« laite fécondante du mâle , ni détruits par divers acci-
« dents, ni dévorés par différents animaux, on voit aisé-
« ment combien peu d'années il faudrait pour que l'espèce
« de la Morue eùt,[pour ainsi dire, comblé le vaste bassin
« des mers. »
380 histoire naturelle.
Les Morues.
Les Morues sont des Poissons tout-à-fait marins et se
pèchent dans les mers septentrionales de l'Europe, et prin-
cipalement dans l'Amérique-du-Nord , sur le grand banc
de Terre-Neuve. Elles n'existent pas dans la Méditerranée.
Les Merlans.
\. Le Merlan commun, Gadtis merlangus, Lin.; en cata-
lan Llos.
C'est un Poisson dont le nom et la forme extérieure sont le
mieux connus. On le distingue à sa taille, d'environ 25 à 30
centimètres, à la couleur du dos d'un gris tirant un peu au
verdâtre, à son ventre argenté, et à sa mâchoire supérieure
plus longue.
Le Merlan habite toutes les mers d'Europe. On le pêche en
abondance sur les côtes de ce département, et l'on assure que
sa chair est plus délicate que celle du Merlan de l'Océan, à
cause des fonds de roches et de gravier qui bordent notre
littoral.
2. Le Colin ou Merlan noir, Gadtis carbonarkis , Lin.;
en catalan Lo Carboner (le charbonnier).
Ce Poisson, qui atteint jusqu'à un mètre de longueur, est péché
quelquefois sur nos côtes. On l'a nommé Charbonnier, à cause de
ses couleurs. En effet, la teinte olivâtre qu'il présente dans sa
jeunesse, se change en noir lorsqu'il est adulte; les nageoires
sont entièrement noires, excepté celle de la queue, qui n'est que
brune, et les deux premières dorsales, ainsi que les pectorales,
dont la base est un peu olivâtre; une tache noire très-marquée
est placée au-dessous de chaque nageoire pectorale.
Les Merluches.
5. Le Merlus ordinaire, Gadus merluccius, Lin.
C'est un grand Poisson de la famille des Gades, habitant
poissons. 381
l'Océan d'Europe et la Méditerranée; il est long de 40 à 50
centimètres et quelquefois beaucoup plus; il a le corps très-
allongé, comprimé vers la queue, arrondi en avant; la gueule
bien fendue, les mâchoires hérissées de longues dents en crochets
et pointues sur plusieurs rangs; la couleur du dos est d'un gris
plus ou moins blanchâtre; le ventre est blanc-mat. C'est un
Poisson vorace, qui vit par troupes et dont on fait une pêche
abondante le long des côtes de la Méditerranée. Sa chair est
excellente, et on le vend comme un grand Merlan, avec lequel
il est confondu sur notre marché.
Les Lotes.
1. La Lote commune, Gadus Iota, Bloch.; en catalan
Llote.
La Lote a le corps très-allongé; elle est longue de 35 à 65
centimètres. On voit sur son dos deux nageoires dorsales, res-
semblant à celles qui garnissent le dos des Murènes. Sa peau,
variée de jaune et de brun sur le dos, et de blanc -bleuâtre
semé de taches brunes sur l'abdomen, est enduite d'une humeur
visqueuse très-abondante, comme celle de l'Anguille. Au lieu
d'habiter dans les profondeurs de la mer, comme tous les autres
Gades, elle passe sa vie dans les lacs et les rivières, à de très-
grandes distances de la mer. Elle est assez rare dans les eaux
douces de ce département; on en pêche pourtant quelques-unes
dans La Basse. Sa chair est fort estimée, et surtout son foie, qui
est singulièrement volumineux.
Les Phycis.
1. La Môle ou Tanche de mer, Phycis Mediterraneus ,
Lar.; Phycis tinca, Schn.
Corps oblong, d'un gris-noirâtre sur le dos, et d'un argenté-
bleuâtre sur l'abdomen. Sa longueur est d'environ 7 déci-
mètres.
382 HISTOIRE NATURELLE
2. Le Merlus barbu, Phycis blennoïdes, Schn.; Gadus
albidus, Gmel.; Blennius godoides, Ris.; Gadus fur-
catus, Penn.; en catalan Peix de roca (poisson de
roche).
Son corps est plus arrondi que celui de l'espèce précédente;
il a la tète rouge et la jugulaire blanc-argenté. Il n'atteint guère
que i décimètres de longueur. On le pêche assez abondamment
près des roches où croissent beaucoup d'algues.
Ces deux espèces, très-communes dans la Méditerranée, sont
assez recherchées pour la délicatesse de leur chair.
Les Grenadiers, Lepidolepus, Ris.
On en connaît deux espèces qui se tiennent habituelle-
ment à de grandes profondeurs dans la Méditerranée.
1. Le Grenadier, Lepidolepus cœlorhynchus, Ris.
2. Le Grenadier, Lepidolepus trachyrhynchus, Ris.
Ils vivent à de grandes profondeurs, et rendent un son comme
les Grondins quand on les tire de l'eau.
Famille des Pleuronectes.
Cette famille comprend tous les Poissons plats, tels
que Soles, Turbots, Plies, etc. Les Pleuronectes sont
remarquables principalement par le défaut de symétrie
de leur tête, où les deux yeux sont du même côté, lequel
reste supérieur quand l'animal nage, et est toujours coloré
fortement, tandis que le côté dépourvu d'yeux est tou-
jours blanchâtre. Le reste de leur corps, bien que disposé
et gros comme à l'ordinaire, participe un peu de cette
irrégularité. Ainsi les deux côtés de la bouche ne sont
point égaux, et il est rare que les deux pectorales le
soient. Le corps est très-comprimé, haut verticalement;
poissons. 383
la dorsale règne tout le long du dos; l'anale occupe le
dessous du corps ; les ventrales semblent continuer
l'anale, d'autant plus qu'elles sont souvent unies ensem-
ble. La cavité abdominale est petite, et ils n'ont point
de vessie natatoire.
Les Pleuronectes fournissent le long des côtes, dans
presque tous les pays , une nourriture agréable et saine.
Les Plies, Platessa, Cuv.
\. La Plie franche ou Carrelet, Pleuronectes platessa, Lin.; v
en catalan Rum.
La forme des Plies est rhomboïdale , et la plupart ont les yeux
à droite. La Plie-Franche se reconnaît à six ou sept tubercules
formant une ligne sur le côté droit de la tête, entre les yeux, et
aux taches aurore qui relèvent le brun du corps de ce même côté.
Elle est commune sur nos côtes et entre dans les étangs du littoral
qui communiquent avec la mer. On en pêche considérablement;
c'est une des espèces dont la chair est la plus tendre. Elle est
fort abondante sur nos marchés.
2. La Limande, Pleuronectes limanda, Lin.; en catalan
Rum.
Forme rhomboïdale comme la Plie-Franche; les yeux sont
assez grands, et présentent entre eux une ligne saillante. Sa ligne
latérale éprouve une forte courbure au-dessus de la pectorale.
Ses écailles sont plus âpres que chez les autres espèces de ce
genre, d'où lui vint son nom : Lima, lime. Le côté des yeux est
brun-clair, avec quelques taches effacées, brunes ou blanchâtres.
Cette espèce, quoique plus petite que la précédente, est plus
estimée et nos marchés en sont abondamment pourvus.
5. La Plie large, Pleuronectes latus, Cuv.
4. Le Flet ou Picaud, Pleuronectes flesus, Lin.
384 HISTOIRE NATURELLE.
Les Turbots, Rhombus, Cuv.
1. Le Turbot, Pleuronectes maximus, Lin.; en catalan
Rum-Clavellat.
Le corps du Turbot est rhomboïdal, hérissé de petits tuber-
cules calcaires à base étoilée, plus nombreux du côté brun que
du côté opposé. C'est ce caractère qui lui a fait donner, en cata-
lan, l'épithète de Clavellat, parce que nos marins, ainsi que
nous l'avons dit pour la Raie-Bouclée, ont assimilé ces tuber-
cules à des clous. Les deux yeux du Turbot sont sur le côté
gauche de la tête, qui est coloré en brun-roussâtre, comme tout
le reste de la surface du tronc. A droite il est blanc et sans tache.
La dorsale s'avance sur la tête jusque entre les deux yeux. Le
Turbot-Maximus est une des plus grandes espèces de ce genre ;
Rondelet dit avoir vu dans la Baltique un individu de cette espèce
qui avait cinq coudées de long , quatre coudées de large et un pied
d'épaisseur. Les nôtres ne sont pas de cette taille; mais on en
prend quelquefois qui pèsent de 10 à 45 kilogrammes. On pêche
le Turbot en assez grande abondance sur notre littoral; sa chair
ferme et d'un goût exquis, lui a valu le nom de Faisan d'eau ou
Faisan de mer, pendant qu'on a donné à la Sole le nom de Per-
drix de mer.
2. La Barbue, Pleuronectes rhombus, Lin.; en cat. Rum.
Cette espèce a le corps plus ovale que le Turbot; la peau est
lisse et sans tubercules. Ce Poisson se trouve dans tous les lieux
où l'on prend le Turbot; il devient aussi grand, et sa chair est
tout aussi estimée; on la croit même plus légère et d'une diges-
tion plus facile ; on peut donc la recommander aux convalescents
uu aux personnes délicates.
Les Soles, Solea, Cuv.
1. La Sole commune, Pleuronectes solea, Lin.; en catalan
Ruarde.
poissons. 385
Les caractères particuliers sont : la bouche contournée et comme
monstrueuse du côté opposé aux yeux, et garnie seulement de ce
côté-là de fines dents en velours serré, tandis que le côté des yeux
n'a aucune dent. Leur forme est oblongue; le corps comprimé, haut
verticalement; le museau rond, et presque toujours plus avancé
que la bouche; la dorsale commençant sur la bouche, et régnant,
aussi bien que l'anale, jusqu'à la caudale. Les«Soles diffèrent des
Plies et des Flétons, en ce que les Poissons de ces deux ordres ont
une dorsale beaucoup moins étendue; elles se distinguent aussi
des Turbots, qui n'ont pas la bouche contournée.
Ce Poisson est recherché, même pour les tables les plus somp-
tueuses. Sa chair est si tendre, si délicate et si agréable au goût,
qu'on l'a surnommé la Perdrix de mer. Il est commun sur nos
côtes, et la Méditerranée en nourrit plusieurs espèces.
2. La Pôle, Pleuronedes pola, Cuv.
3. La Pégouze, Pleuronedes oculata, ou Solea oculata,
Rond.
On lui a donné le nom de Pégouze ou Pagouse, parce que ses
écailles sont adhérentes à la peau comme de la poix, et ne peu-
vent être détachées facilement qu'après qu'elle a été trempée dans
de l'eau chaude.
Les Monochires.
Cuvier désigne sous le nom de Monochires, des Soles
qui n'ont qu'une pectorale extrêmement petite du côté
des yeux, et où celle du côté opposé est presque imper-
ceptible, ou manque tout-a-fait. On n'en connaît qu'une
espèce qui vit dans la Méditerranée : c'est le Linguatula
de Rondelet, Pleuronedes microchirus, Lac.
Famille des Discoboles.
Cette famille est ainsi nommée par Cuvier, à cause du
TOMF. III. 25
38») HISTOIRE NATURELLE.
disque formé par leurs ventrales; elle comprend deux
genres peu nombreux.
Genre Porte-Écuelle, Lepadog aster , Gouan,
Son caractère principal consiste dans la forme des
nageoires ventrales, qui représentent un large disque ou
bassin : de là le nom de Portc-Ecuelle. Les mers d'Eu-
rope en renferment plusieurs espèces dont la principale
est le Porte-Écuelle de Gouan, Lepadogaster Gouani,
Lacep. C'est un Poisson long de 5 à 6 centimètres, de
couleur brune ponctuée de blanc ; sa chair ne peut servir
d'aliment.
SEPTIÈME ORDRE.
les malacoptérigiens apodes.
Famille des Anguilliformes.
Les Poissons de cette famille unique, ont une forme
allongée, une peau épaisse et visqueuse, avec ou sans
écailles, peu d'arêtes ; ils manquent de ventrales, le plus
souvent de pectorales, et quelquefois n'ont aucune
nageoire. Les principales espèces qui la composent sont :
les Anguilles , les Congres , les Serpents de mer , les
Murènes, les Gymnotes, les Donzelles, etc.
Genre Anguille, Murcena, Lin.
Les Anguilles proprement dites, Marœna, Lacep.
\. L'Anguille vulgaire, Murœna anguilla, Lin.; en catalan
Anguila.
Ce Poisson est fort abondant sur nos côtes. On en distingue
plusieurs variétés par la couleur de leur peau et souvent aussi
poissons. 387
par leur forme, ce qui doit probablement tenir à l'âge de l'animal.
Tous nos cours d'eau sont peuplés d'Anguilles; nos étangs en
fournissent considérablement, et ceux qui communiquent avec la
mer se peuplent d'eux mêmes et les Anguilles y deviennent très-
grosses. Elles n'y contractent point l'odeur de vase, qui se com-
munique si aisément aux Turbots et aux Soles.
M. Louis Giraud, marchandant des Anguilles à la poissonnerie
de cette ville, en vit une d'entièrement blanche : il l'acheta et
nous l'apporta. Elle avait 35 centimètres de longueur; sa peau
était d'un blanc-pur, sans la moindre tache; une légère teinte
rosée se faisait remarquer à la partie supérieure ; les yeux étaient
d'un rouge-vif. Nous l'avons conservée dans l'alcool. Est-ce que
ces animaux seraient sujets à l'albinie comme les mammifères?
Nous avons vu bien des pêcheries d'Anguilles ; mais nous n'avons
jamais vu d'autre Anguille blanche que celle qui nous fut donnée
par M. Giraud.
Les Congres.
2. Le Congre commun, Murœna conger, Lin.; en catalan
Cungre, Mussole.
Le Congre ressemble à l'Anguille; mais il est beaucoup plus
grand; il est très-commun sur nos côtes, aussi en pêche-t-on
beaucoup. Sa chair est blanche, maigre, courte, et n'est bonne que
vers les muscles pectoraux. Le reste du Poisson est rejeté, parce
que les petites arêtes dont il est rempli le rendent immangeable.
3. Le Myre, Murœna tnyrus, Lin.
Beaucoup plus petit que le Congre, ce Poisson est pris en assez
grande abondance. Sa chair est plus estimée; 11 est toutefois
considéré comme ayant peu de valeur.
4. Le Congre des îles Baléares, Murœna Balearica, Ris.
o. Le Congre mystax, Murœna mystax, Ris.
388 HISTOIRE NATURELLE.
6. Le Congre noir, Murœna nigra, Ris.
Toutes ces espèces, différenciées par la couleur de leur peau,
sont abondantes sur nos marchés. Une infinité d'autres, plus
petites, sont aussi pêchées et sont confondues sous le nom com-
mun de Congres: il faudrait, ici, comme chez les Turbots, des
observations longtemps continuées pour éclaircir certains faits
et établir d'une manière certaine la différence qui caractérise les
espèces. Il y a encore beaucoup à faire.
Les Ophisures, Ophisurus, Lacep.
7. Le Serpent de mer, Murœna serpens, Lin.; en catalan
Culobre de mar.
Cette Murène, longue de lra,50 à 2 mètres, et de la grosseur
du bras, ressemble beaucoup à un Serpent. On la confondrait
avec ce reptile , si ce n'était une nageoire dorsale qui parcourt
toute la longueur de l'animal. Elle vit sur nos côtes, surtout à
Collioure et à Banyuls. On en prend quelquefois; mais, sa chair,
parsemée de petites arêtes, la fait rejeter. Il est rare qu'on en
porte au marché, car personne n'en veut.
Les Murènes proprement dites, Murœna, Thunb.
8. La Murène commune, Murœna helena, Lin.; en cata-
lan Murena.
Ce Poisson, très-répandu dans la Méditerranée, habite les côtes
rocheuses du déparlement. Son corps, tout marbré de brun et de
jaunâtre, atteint 1 mètre et plus de longueur. On ne le pêche
guère que sur le littoral compris entre le </wmd'Argelès, Collioure,
Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer, bordé par les montagnes des
Albères. C'est un Poisson très-estimé , dont la chair, grasse et
fine, n'est pas indigeste comme celle de l'Anguille; aussi est-il
très-recherché par les gourmets.
9. La Murène sagra, Murœna sagra, Ris.
poissons. 389
Celte variété est plus petite et plus délicate que là précédente.
On la pêche dans les mêmes parages. Sa couleur est plus verdàtre
et les taches de la peau sont moins prononcées.
Les Donzelles, Ophidium, Lin.
i. La Donzelle commune, Ophidium barbatum, Blain.
2. La Donzelle brune, Oph. vassah. Lin.; en cat. Metge.
Ces deux Poissons atteignent environ 25 centimètres de lon-
gueur. Leur corps, presque cylindrique, a beaucoup de rapport
avec celui des Murènes. Ils vivent sur les côtes de ce département,
et, pendant la belle saison, on en prend beaucoup. Ces Poissons
sont enlevés aussitôt qu'ils paraissent sur notre marché. Leur chair,
agréable et légère, est donnée aux malades en convalescence:
c'est à cause de cela peut-être qu'on leur a donné dans le pays
le nom de Metge, qui veut dire Médecin, Poisson du Médecin.
HUITIÈME ORDRE.
LES AC ANTHOPTÉRIGIENS.
Cet ordre comprend tous les Poissons osseux à
mâchoire supérieure mobile et à branchies pectinées,
dont la première nageoire dorsale est soutenue par des
rayons osseux et spiriformes ; il renferme les trois quarts
des Poissons connus, et se subdivise en sept familles et
plusieurs genres.
Famille des Ténioïdes.
Sous le nom de Ténioïdes ou Poissons en ruban,
M. Cuvier a formé un groupe naturel, ayant de très-
petites écailles, et dont le corps est très-allongé et très-
aplati, ce qui explique le nom générique qui les désigne.
Ils n'ont aucune valeur alimentaire.
390 HISTOIRE NATURELLE.
Les Rubans, Cepola, Lin.
î. La Cépole ténia, Cepola tœnia, Lin.; en catalan
Flama (flamme).
2. La Cépole rouge ou Cépole serpentiforme de Lacep.,
Cepola rubescens, Lin.; en catalan Flama.
On a confondu ces deux espèces en une seule. Leur différence
cependant est bien tranchée, à moins que l'âge de l'animal ne la
produise, ce qui pourrait bien être. La première a une longueur
d'environ l,n,20, et sa couleur est d'un blanc-d'argent magni-
fique, avec une teinte légèrement rosée sur l'abdomen; l'autre
ne dépasse jamais 60 centimètres, et elle est d'une couleur de
chair plus ou moins vive. Leur forme est la môme. Ce sont des
Poissons qu'on néglige de pêcher, parce qu'ils ne sont bons à
rien: ils sont tout au plus un objet de curiosité à conserver dans
l'alcool. Depuis quarante ans que je fais ma collection, j'ai vu
deux ibis ce Poisson au marché de cette ville.
Les Gymnètres, Gymnestrus, Bl.
o. Le Gymnètre cépédien, Gymnestrus cepedianus , Ris.;
en catalan Flama,
Même forme que le Ténia, moins long, argenté, avec des taches
rondes et noires parsemées sur le corps; les pectorales rouges.
C'est un fort joli Poisson; mais qui n'a aucune valeur alimentaire.
Les Sabres, Trachypterus , Gouan.
4. Le Trachyptère ténia, Trachypterus tœnia, Gouan.
Il est à peu près comme les autres Cépoles, quant à la forme
et à la couleur ; seulement il a des ventrales thorachiques et une
caudale distincte. Le Trachyptère a environ 1 mètre de long.
Les Jarretières, Lepidopus, Gouan.
5. La Jarretière de Pérou, Lepidopus Peronii, Gouan,
poissons. 391
C'est encore uneCépole très-longue et argentée, mais qui diffère
des autres par la caudale et deux écailles pointues et mobiles,
qui lui tiennent lieu de nageoires ventrales. Ce Poisson est de
nulle valeur pour la table. On le pêche rarement.
Famille des Gobioïdes.
Les Gobioïdes forment une famille assez considérable
de Poissons qui se reconnaissent à leurs épines dorsales
grêles et flexibles; tous ont à peu près les mêmes viscères,
c'est-à-dire un canal intestinal égal, ample, sans cœcum,
et point de vessie natatoire. Quelques genres, comme les
Blennies, les Gobies, vivent très-longtemps hors de l'eau,
et les Périophthalmes usent de la longueur de leurs pecto-
rales pédiculées, pour courir sur la grève. Ils habitent
toutes les mers, et leur taille varie considérablement.
Certaines espèces n'ont aucune valeur alimentaire, tandis
que d'autres passent pour les Poissons les plus délicats.
Les Blennies ou Baveuses, Blennius, Lin.
1. Blennie Lièvre, Blennius Lepus, Lin.
2. Blennie phycis, Blennius phycis, Lin.
o. Blennie Paon, Blennius Pavo, Ris.
4. Blennie galerite, Blennius galerita, Lin.
5. Blennie d'Audifred, Blennius Audifredi, Ris.
En catalan, le nom commun des Blennies, est Môle,
ou Peix de roca.
Ces Poissons fréquentent les côtes rocheuses du département
où les plantes marines et la vase s'accumulent, ce qui leur fait
contracter un très-mauvais goût. Leur chair très-molle et leur
peau toujours enduite d'une mucosité, les rendent peu agréables
au goût; aussi sont-ils peu recherchés.
392 HISTOIRE NATURELLE.
Les Gobies, Boulereaux ou Goujons de mer,
Gobius, Lin.
1. Le Boulereau noir, Gobius niger, Lin.
2. Le Boulereau blanc, Gobius minutus, Lin.
5. Le Paganel, Gobius cyprinoïdes , Briss.
Les Boulereaux sont assez nombreux ; nos côtes en fournissent
quelques espèces qui sont fort estimées. Leur chair, quoique
molle , est légère et d'un bon goût.
Les Callionymes, Callionymus, Lin.
1. Le Callionyme dragon, Callionymus dracunculus, Bl.
2. Le Callionyme lyre, Callionymus lyra, Bl.
Ces Poissons fréquentent nos côtes, et nos marchés en sont
pourvus au printemps. Leur peau est bariolée; leurs formes sont
assez bizarres. Ils ont beaucoup d'arêtes; leur chair est bonne,
légère. Ces Poissons sont excellents pour faire la soupe; leur
chair est mangée à la vinaigrette.
Famille des Labroïdes.
Cette famille est nombreuse en belles espèces de Pois-
sons, réparties dans les genres Labres, Rasons, Chromis,
Scares, Labran. Les Labroïdes se reconnaissent aux
caractères suivants : corps écailleux à forme oblongue;
une seule dorsale, soutenue en avant par des rayons épi-
neux, garnie le plus souvent d'un lambeau membraneux ;
mâchoires recouvertes par des lèvres charnues, etc.
Genre Labre, Labrus, Lin.
Les Labres sont des Poissons parés des couleurs les
plus belles et nuancées agréablement; le jaune, le vert,
le bleu, le rouge, y forment soit des taches, soit des
poissons. 393
bandes, que rehaussent encore de brillants reflets métal-
liques. Ils abondent dans la Méditerranée, et se tiennent
réunis, sans former cependant des troupes nombreuses,
sur les côtes rocheuses, où ils se nourrissent de petits
coquillages, d'oursins, de crustacés. Au printemps, ils se
réunissent parmi les fucus et les autres algues marines,
où leurs petits trouvent un abri contre la violence des
vagues. La chair de ces Poissons, blanche et ferme, est
recherchée comme une nourriture saine et agréable.
Leur taille varie entre 55 a 50 centimètres.
Les Labres proprement dits; en catalan
Donzelles (donzelles).
1. La Vieille commune, Labrus vetula, Bl.
2. Le Labre tacheté, Labrus gutlalus, Bl.
3. Le Labre moucheté, Labrus maculatus.
4. Le Labre à bandes, Labrus fascialus.
5. Le Labre mélagastre, Labrus melagaster, Lacep.
6. Le Girelle de la Méditerranée, Labrus julis, Lin.
Genre Rasons, Novacula, Cuv.
Ce sont des Poissons semblables aux Labres par le
corps; ils sont couverts de grandes écailles. Ce genre est
abondant dans les grandes mers ; la Méditerranée n'a de
bien connu que le Rasoir.
1 . Le Rason ou Rasoir de la Méditerranée , Coryphœna
• novacula, Lin.
Le Rasoir est rouge, diversement rayé de bleu. On estime sa
chah" uV'licate et de facile digestion.
3Ui HISTOIRE NATURELLE.
Les Chromis, Cuvier.
Linné avait compris dans le genre des Spares un petit
Poisson de la Méditerranée, qu'il avait nommé Spams
chromis. M. Cuvier en a fait le type d'un genre nouveau,
qu'il désigne sous le nom de Chromis, et auquel il associe
plusieurs Poissons étrangers. Il a placé ce nouveau genre
parmi les Labroïdes.
1. Le Petit Castagneau, Spams chromis, Lin.
Ce petit Poisson se pêche par milliers sur notre littoral; il
n'est pas estimé.
Famille des Percoïdes.
La Perche commune (Perça fluviatilis) a fourni le type
de cette famille. Les Poissons qui la composent, sont
caractérisés par un corps oblong, plus ou moins com-
primé, couvert d'écaillés généralement dures, et dont
la surface extérieure est plus ou moins âpre et les bords
dentelés et ciliés; la bouche est assez grande et les ouïes
bien fendues.
Tous les Poissons qui composent cette nombreuse fa-
mille sont plus ou moins estimés pour la table, quoique
leur chair contienne beaucoup d'arêtes.
Les Picarels, Smaris, Cuv.; en catalan
Picarell.
1. La Mendole, Spams marna, Lin,
2. Le Picarel commun, Spams smaris, Lin.
o. Le Zébré, Spams zébra, Ris.
4. Le Spare à deux lobes, Spams bilobe, Ris.
poissons. 395
Les Bogues, Boops, Cuv.; en catalan Bogas,
o. La Saupe, Spams salpa, Lin.
6. L'Oblade, Sparus meîanurus, Rond.
7. La Bogue ordinaire, Sparus boops, Lin., Rond.
Tous ces Poissons ne sont pas de grande taille; le vulgaire les
confond sous le nom de Bogues. Ils sont péchés en très-grande
abondance toute Tannée; mais surtout dans la belle saison.
Leur chair est estimée.
Geinre Spares, Sparus, Cuv.
8. La Sargue ordinaire, Sparus sargus, Lin.
Les Daurades.
9. La Daurade ordinaire, Sparus aurata, Lin.; en catalan
Daurada.
La Daurade est Irès-abondante, et, dans la belle saison, on en
prend des masses considérables. Sa chair esl d'un goût exquis.
Les Pagres, Pagrus, Cuv.
10. Le Pagre ordinaire, Sparus argenteus, Schn., Rond.;
en catalan Bagre, sans doute par corruption de la
première lettre.
H. Le Pagel, Sparus erytrinus. Lin.; en catalan Pagett.
12. Le Mormyre, Sparus morm.yrus, Rond.
13. Le Bogarave, Sparus bogaraveo, Rond.
Ces quatre dernières espèces sont pêchées en très-grande
abondance toute l'année; mais particulièrement pendant la belle
saison; et comme leur chair est très-délicate, on en fait une
grande consommation.
396 HISTOIRE NATURELLE.
Les Dentés, Dentex, Cuvier.
14. Le Denté ordinaire, Spams dentex, Lin.; en catalan
Dente.
Ce grand et très-beau Poisson est pris abondamment, dans la
belle saison, sur les côtes du département; sa chair blanche,
tendre et d'un goût exquis le fait rechercher des gourmets. On
prend , parmi les Poissons de ce genre , quatre espèces ou
variétés qui sont différentes par la taille, les couleurs de la peau
et la grosseur des yeux ; mais, quoique leur conformation soit la
même, il serait possible que ce fussent des espèces différentes.
Les Spares forment une de ces grandes tribus que la Nature a
répandues à profusion dans toutes les régions du globe, afin que
les habitants de tous les pays pussent en faire leur nourriture.
La plus grande partie sont de grande taille; leur chair délicate,
ferme et d'une saveur très-agréable , les fait estimer, et partout
on les recherche comme un excellent mets. Plus de cent espèces
bien distinctes sont connues, et nous sommes loin encore de
connaître toutes celles que contiennent les eaux des diverses
mers. Nos côtes en fournissent un bon nombre, et toutes celles
qui sont portées sur nos marchés se font admirer par leur belle
couleur, par leurs formes agréables et plus encore par la bonté
de leur chair. Ces Poissons font les délices des bonnes tables ; le
pauvre trouve aussi dans les diverses espèces de quoi satisfaire
ses goûts.
Les Lutjans, Lutjanas, Bloch; en catalan
Picarells.
1. Le Lutjan anthias, Lutjanus anthias, Lin.
2. Le Lutjan verdâtre, Lutjanus viridis, Risso.
5. Le Lutjan de Lamarck, Lutjanus Lamarckii, Risso.
4. Le Lutjan Méditerranéen, Lutjanus Mediterraneus, Lin.
5. Le Lutjan serran, Lut} amis serranus, Risso.
poissons. 397
Ce genre contient aussi de nombreuses espèces ; on en connaît
plus de quatre-vingts. Ces Poissons peuplent toutes les mers,
et partout ils offrent une excellente nourriture. Ils abondent
sur nos côtes et leur bon goût les fait rechercher. Ajoutons
que leur robe, où la nature n'a rien oublié pour la parer de
brillantes couleurs, est un attrait pour l'acheteur.
Les Serrans, Serranus, Cuv.
i. Le Serran écriture, Serranus scriba, Cuv. et Valenc,
ou Perça scriba, Lin.
2. Le Serran proprement dit, Serranus cabrilla, Cuv. et
Valenc., ou Perça cabrilla, Lin.
3. Le Petit Serran à tache noire sur la dorsale, Serranus
hepatus, Valenc, ou Labrus hepatus, Lin.
4. Le Barbier, Serranus anthias, Cuvier, ou Labrus an-
thias, Lin.
5. Le Mérou brun, Serranus gigas, Cuv.; en cat. Mero,
Ce dernier est reconnaissable à sa couleur brune et à sa
grande taille qui arrive jusqu'à 1 mètre. Son corps est oblong et
recouvert de petites écailles ; ses lèvres sont charnues ; sa langue
libre, pointue, lisse; ses pectorales sont grandes. Sa chair est
estimée et aromatique. Les marins espagnols de la côte voisine
de ce département, vantent la chair du Mérou à l'égal de celle du
Mouton , et disent avec emphase : De la tierra lo Carnero y de la
mur lo Mero.
Les Rascasses, Scorpœna, Lin.; en catalan Escorpit
de mar (Scorpion de mer).
4. La Grande Scorpène rouge, Scorpœna scrofa, Lin.; en
catalan Rascasse, Escorpit.
Elle est grande, rouge, à écailles larges et lisses, munie de bar-
billons et de nombreux lambeaux charnus, épines dorsales inégales.
398 HISTOIRE NATURELLE.
2. La petite Scorpène brune, Scorpœna porcus; en cata-
lan Rascasse, Escorpit.
Elle est plus petite, plus brune, à écailles plus petites et âpres,
à barbillons moins nombreux, et dont les épines de la dorsale sont
à peu près égales.
Ces deux espèces sont très-communes sur nos côtes. Les piquants
qui garnissent la dorsale et particulièrement les deux dards atta-
chés aux opercules, font des blessures qui peuvent devenir fâcheuses
et qui dans tous les cas font éprouver une douleur très-aiguë. Nous
avons soigné des personnes blessées par ces piquants, dont la main
et le bras s'étaient singulièrement enflés; aussi nos marins assi-
milant cette arme venimeuse au dard des Scorpions, ont nommé
ce poisson Escorpit de mar ( Scorpion de mer). Mais cette circons-
tance, non plus que leur laideur, n'empêchent pas que l'on ne s'en
nourrisse, et une bollinade (bouille à baisse des Provençaux) n'est
jamais parfaite, si une Scorpène n'a pas été mise dans la marmite.
Les Athrriïnes, Atherina, Lin.; en catalan
Joells.
1 . Le Sauclet, ou Mêles, Prestres, Gras d'eau, Atherina
hepsetus, Lin.
C'est un petit poisson de couleur ordinairement verdâtre sur
le dos, blanche sous le ventre, avec une bandelette argentée plus
ou moins large le long des flancs. Les petits demeurent rassemblés
en masses considérables pendant les premiers jours qui suivent
leur naissance; c'est ce qu'on vend sur nos marchés sous le nom de
Joells et que l'on mange en friture. Lorsqu'ils sont adultes, ils vivent
aussi en troupes assez grandes pour être l'objet d'une pèche, et
on les vend sous le nom de Faux-Eperlants. Sur quelques points
de la côte de Bretagne , on a l'habitude de les saler ou de les
conserver dans l'huile , pour les vendre en même temps que les
Sardines.
poissons. 399
Les Sphyrènes, Sphyrœna, Lacep.
1. Le Spet ou Brochet de mer, Esox sphyrœna, Lin.; en
catalan Peix escomer.
Ce Poisson a le corps très-allongé, arrondi, le museau pointu,
la gueule très-fendue, la mâchoire inférieure dépassant la supé-
rieure, toutes deux armées de dents nombreuses, serrées, tran-
chantes. Ce Poisson, à l'état adulte, est plombé sur le dos, argenté
sur les côtés et sous le ventre. Les jeunes ont une livrée qui con-
siste en larges marbrures brunes, qui finissent par se perdre dans
la teinte uniforme du dos. Le Spet atteint 1 mètre de longueur et
sa chair est agréable.
Les Mulles ou Surmulets, Mullus, Lin.
4. Le Vrai Rouget ou Rouget-Barbet, Mullus barbatus,
Lin.; en catalan Ruget.
2. Le Surmulet ou Grande Mulle rayée de jaune, Mullus
surmuletus, Lin.; en catalan Ruget gros.
Ces Poissons vivent sur notre littoral ; on les prend en quantité
dans tous les parages, mais plus ordinairement sur les fonds limo-
neux. Leur chair est blanche, ferme, friable, agréable; elle se
digère aisément parce qu'elle n'est pas grasse.
Les Muges ou Mulets, Mugit, Lin.; en cal. Llisse.
1. Le Muge doré, Mugit auratus, Risso.
2. Le Muge à large tête, Mugit cephalus, Lin.
Ce dernier atteint près de 70 centimètres de longueur, et pèse
jusqu'à 8 et 9 kilogrammes.
Les Muges sont fort communs sur nos côtes. Ces Poissons
s'introduisent en grand nombre dans nos étangs salés, et vivent
longtemps dans les eaux douces qui se dégorgent dans ces étangs.
On en prend beaucoup au Bordigol de Torreilles; à Salses, on
les voit en quantité dans les rigoles qui portent les eaux des fou-
400 HISTOIRE NATURELLE.
taines Est ramer et Font-Dame dans l'étang. Lorsque la tempé-
rature s'abaisse, ces Poissons quittent l'étang et se réfugient en
troupes très-nombreuses dans les eaux tièdes de ces deux fon-
taines. Les pêcheurs placent des nasses aux embouchures des
rigoles, et le Poisson vient s'y enfermer. Cette pêche se fait
surtout pendant le carême. L'on est sûr, toutes les fois qu'on
retire la nasse, d'en prendre des quantités considérables, qu'on
expédie à Narbonne et à Carcassonne , lorsque le marché de
Perpignan est pourvu. Aujourd'hui que les voies ferrées arrivent
jusqu'à nous, ces Poissons iront sans doute fournir les villes
plus éloignées.
Genre Perches, Perça, Linné.
Perches proprement dites.
1. Perche commune d'eau douce, Perça fliiviatilis, Un.;
en catalan Perça (prononcez perque).
Ce Poisson n'est pas très-répandu dans nos rivières, et c'est
probablement parce qu'elles sont souvent sans eau. Nos étangs
en fournissent d'excellentes, qui sont bien recherchées.
2. Le Loup de mer, Perça labrax, Linné; en catalan
Llobarro.
On pêche considérablement ce Poisson sur nos côtes ; il est
recherché pour le bon goût et la délicatesse de sa chair.
Les anciens avaient rendu sa cruauté célèbre.
Les Apogons, Lacep.
1. L'Apogon ou Roi des Rougets, Mullus imberbis, Lin.,
ou Apoyon ruber, Lacep.
Ce Poisson est fort commun sur nos côtes. Sa chair ne le cède
en rien à celle des Rougets ; aussi est-il bien recherché.
POISSONS. 401
Genre Sciennes, Sciœna, Lacepède.
Les Ombrines, Umbrina, Cuv.
1. L'Ombrine commune ou Barbue de la Méditerranée,
Sciœna cirrhosa, Lin., ou Umbrina vulgaris, C. et V.
Les Sciennes proprement dites.
2. Le Corb noir ou Corbeau, Sciœna umbra, Linné, ou
Corbina nigra, Cuv.
5. Le Fégaro ou Maigre, Aigle, etc., Sciœna aquila, Duh.
Ces trois dernières espèces sont fort communes sur nos côtes.
Leur chair est bonne, ferme et très-succulente.
Genre Vives, Trachinus, Lin.; en catalan Aranyas
de mar (Araignées de mer).
i. La Vive ordinaire, Trachinus draco, Lin.
2. La Vive araignée, Trachinus araneus, Risso.
o. La Vive radiée, Trachinus radiatus, Cuv
4. La Vive vipère, Trachinus videra, Cuv.
Les Vives sont très-dangereuses, quand on les saisit avec la main;
les fortes épines de leur opercule, et la finesse des pointes de
celles de leur première nageoire, les rendent redoutables aux
pêcheurs. Il est prudent, avant de nettoyer ces Poissons, d'enlever
les pointes avec des ciseaux. Ils vivent dans le sable ; leur chair
est agréable, et, en effet, c'est un Poisson excellent.
Genre Uranoscopes , Uranoscopus , Lin.
i. Uranoscope vulgaire, Uranoscopus , Scaber, Blo.; en
catalan Rat.
LTranoscope est remarquable par la position des yeux, qui
rapprochés l'un de l'autre et placés sur la partie supérieure de
tome ni. 26
402 HISTOIRE NATURELLE.
la tête, ne lui permettent de regarder que le ciel, ce qui lui a valu
le nom d' Uranoscope (qui regarde le ciel). Ce Poisson est exces-
sivement abondant sur les côtes de ce département; sa chair est
bonne, et on en fait une grande consommation.
Genre Trigles ou Grondins, Trigla, Lin.;
en catalan Cabotilles.
Ce sont des Poissons remarquables par leur grosse
tête cuirassée, et par l'énormité du premier sous-orbi-
taire qui couvre entièrement la joue. Les nageoires
pectorales sont grandes dans toutes les espèces. Dans
certaines, elles le deviennent assez pour donner aux
individus la faculté de s'élever en l'air pendant quelques
instants, et d'exécuter une espèce de vol. Tous ces Pois-
sons font entendre sous l'eau, et aussi dans les filets des
pêcheurs, un grognement plus ou moins fort, ce qui leur
a valu le nom de Grondins. On leur donne aussi à Paris
le nom de Rougets, parce que l'une des espèces qui vient
en plus grande abondance sur ce marché, est d'un beau
rouge. On les nomme aussi Gallines, Gallinettes ou Coq
de mer. En catalan nous les nommons Cabotilles.
Tous ces Poissons sont communs sur les côtes de ce
département. Ils sont très-estimés pour préparer la soupe
à la bollinade; leur chair blanche, ferme, légère et de
facile digestion, est mangée à la vinaigrette; on la donne
aux convalescents.
1. Le Gronau ou Lyre, Trigla lyra, Lin.
2. L'Hirondelle ou Perlon, Trigla hirundo, Lin.
5. Le Gurnau, Trigla gurnardus, Bl.
4. Le Rouget ou Grondin, ou Coucou, Trig. cuculus, Lin.
5. L'Orgue, Trigla lucerna, Brunn.
poissons. 403
Les Malarmats, Peristedion, Lacep.
6. Le Malarmat, Trigla cataphracta, Linné; en catalan
Mal armât.
Il est d'un beau rouge de minium. M. Cuvier pense que ce
nom de Malarmat lui a été donné en Provence, par antiphrase.
Les Pirabèbes, Dactylopterus, Lacep.
7. L'Hirondelle de mer ou Rouget volant, etc., Trigla
volitans, Lin.; en catalan Aulendra de mar.
Elle est longue d'environ 33 centimètres, brune en dessus,
rougeâtre en dessous, avec les nageoires noires et diversement
tachetées de bleu. Sa chair maigre et dure, est peu recherchée.
« Un des attributs les plus frappants des Dactyloptères , qui
leur a valu l'attention de tous les peuples et les ont fait décrire
avec une exactitude remarquable par les auteurs les plus anciens,
est la faculté dont ils jouissent à un plus haut degré que tous les
autres poissons volants, de s'élever au-dessus des eaux. Les rayons
de leurs pectorales sont réunis à cet effet par une large membrane
qui en forme aussi bien une aile qu'une nageoire. La puissance
du vol, quoique limitée, leur permet néanmoins de s'élever à une
assez grande hauteur au-dessus de la mer, et de parcourir ainsi
un espace d'une trentaine de mètres ; ils s'en servent d'autant
plus souvent, que, malgré l'épine longue et érectile qui arme leur
préopercule et peut faire de graves blessures, ils sont poursuivis
avec acharnement par les Bonites, les Dorades, etc.; mais en
cherchant à leur échapper par une fuite rapide à travers les airs,
ils se livrent à des ennemis non moins redoutables, et les Frégates,
les Goélands, les Albatros sont là qui les attendentpour les dévorer.
Dans les mers calmes, dit Lacepède, on voit voler en troupes des
milliers de Dactyloptères , qui offrent au navigateur un spectacle
aussi agréable que varié; et dans les nuits obscures, ils brillent
quelquefois d'une lumière phosphorescente très-resplendissante.»
(Gervais.)
404 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Chabots, Cottus, Lin.
1. Le Chabot commun ou Meunier, Cottus gobio, Lin.
C'est un petit Poisson de rivière, à gueule large, fendue; il est
armé sur chaque mâchoire d'une large bande de dents en velours ;
l'opercule est épineux; le préopercule a la pointe recourbée en
dessus; la peau est nue, muqueuse, sans écailles visibles; le des-
sous de son corps est blanc ; le dos gris, avec des taches brunes,
et la femelle avec des taches noires. Sa chair est bonne, salubre
et devient rouge par la cuisson. Il faut le saisir avec précaution.
Genre Baudroies, Lophius, Lin.
4. La Baudroie commune, Lophius piscatorius, Lin.; en
catalan Buldroy.
C'est un Poisson célèbre par sa taille, qui va jusqu'à lm,70,
et par sa forme bizarre et laide; il a une tête énorme, déprimée
et comme circulaire ; une vaste gueule s'ouvre à la partie anté-
rieure de la tête ; la mâchoire inférieure dépasse la supérieure ;
les dents sont longues et en herse. L'habitude de ce Poisson est
de vivre dans le sable ou enfoncé dans la vase. On ie pêche toute
l'année sur nos côtes; sa chair, blanche et tendre, est de fort
bon goût.
Famille des Scombéroïdes.
La famille des Scombéroïdes comprend les espèces de
Poissons les plus utiles à l'homme par leur goût agréable
et par leur inépuisable reproduction , qui les ramène
périodiquement dans les mêmes parages. Ces espèces sont
l'objet des plus grandes pêches.
Genre Scombre, Scomber, Lin.
Les Maquereaux.
1. Le Maquereau commun, Scomber scombrus, Lin.; en
catalan Barat.
poissons. 405
2. Le Petit Maquereau, Scomber collas, Cuv.; en catalan
Bizet.
Semblable au précédent, mais plus mince et pourvu d'une
vessie natatoire qui manque à la plupart des autres espèces.
Les Maquereaux sont répandus à profusion dans toutes les mers
chaudes ou tempérées des quatre parties du monde. On en pêche
considérablement sur nos côtes, et dans les mois de juin et de
juillet nos marchés en sont encombrés. Ce Poisson est connu
sous différents noms par les pêcheurs, et ces noms varient quel-
quefois en raison des localités; d'autres fois en raison de l'état
ou de l'âge de l'animal quand on le pêche. En Roussillon, on le
nomme Barat; dans le Bas-Languedoc, Verrat; en Provence,
Aurion ou Aariol; en Espagne, Cogolï. En sortant de l'eau, le
Maquereau a le dos d'un beau bleu métallique, changeant en vert
irisé. On dit qu'un Maquereau est chevillé, lorsqu'il cesse d'être
plein après avoir déposé ses œufs.
Les Thons, Thynnus, Cuv.
1. Le Thon commun, Scomber thynnus, Lin., ou Thynnus
vulgaris, Cuv. et Valenc.
2. Le Thon à pectorales courtes, Thtjnnus brachypterus ,
Cuv. et Valenc.
5. La Thonine, Thynnus thunnina, Cuv. et Valenc.
4. La Thonine a pectorales courtes, Thynnus brevipennis,
Cuv. et Valenc.
Le nom catalan de ces quatre espèces est Tonynct
(prononcez Tougnine).
La pêche du Thon se pratique dans la Méditerranée depuis la
plus haute antiquité. M. Lacepède dit à ce sujet :
« On donne le nom de Thonnaire ou Tonnaire à une enceinte
« de filets que l'on forme promptement dans la mer pour arrêter
« les Thons au moment de leur passage. On a eu pendant long-
406 HISTOIRE NATURELLE.
(( temps recours à ce genre d'industrie auprès de Collioure, où
« on le pratiquait, et où peut-être on le pratique encore, chaque
« année, depuis le mois de prairial jusqu'au commencement de
« celui de vendémiaire. Pour favoriser la prise des Thons, les
« habitants de Collioure entretenaient, pendant la belle saison,
« deux hommes expérimentés qui, du haut de deux promon-
« toires , observaient l'arrivée de ces Scombres vers la côte. Dès
« qu'ils apercevaient de loin ces Poissons qui s'avançaient par
« bandes de deux ou trois mille, ils en avertissaient les pêcheurs
« en déployant un pavillon, par le moyen duquel ils indiquaient
« de plus l'endroit où ces animaux allaient aborder. A la vue de
« ce pavillon, de grands cris de joie se faisaient entendre, et
« annonçaient l'approche d'une pêche dont les résultats impor-
« tants étaient toujours attendus avec une grande impatience.
« Les habitants couraient alors vers le port , où les patrons des
« bâtiments pêcheurs s'empressaient de prendre les filets néces-
« saires, et de faire entrer dans leurs bateaux autant de personnes
« que ces embarcations pouvaient en contenir, afin de ne pas
« manquer d'aides dans les grandes manœuvres qu'ils allaient
« entreprendre. Quand tous les bateaux étaient arrivés à l'endroit
« où les Thons étaient réunis, on jetait à l'eau des pièces de filets,
a lestées et flottées, et on en formait une enceinte demi-circulaire,
« dont la concavité était tournée vers le rivage, et dont l'intérieur
« était appelé jardin. Les Thons, renfermés dans ce jardin, s'agi-
« taient entre la rive et les filets, et étaient si effrayés par la vue
« seule des barrières qui les avaient subitement environnés, qu'ils
« osaient à peine s'en approcher à la distance de 6 ou 7 mètres.
« Cependant, à mesure que ces Scombres s'avançaient vers la
« plage, on resserrait l'enceinte, ou plutôt on en formait une
« nouvelle, intérieure et concentrique à la première, avec des
« filets qu'on avait tenus en réserve. On laissait une ouverture à
« cette seconde enceinte jusqu'à ce que tous les Thons eussent
« passé dans l'espace qu'elle embrassait; et en continuant de
« diminuer ainsi, par des clôtures successives, et toujours d'un
poissons. 407
« plus petit diamètre, l'étendue clans laquelle les poissons étaient
« enfermés, on parvenait à les retenir sur un fond recouvert uni-
ce quement de quatre brasses d'eau : alors on jetait dans ce parc
« maritime un grand boulier, espèce de seine, dont le milieu est
« garni d'un manche. Les Thons, après avoir tourné autour de ce
« filet, dont les ailes sont courbes, s'enfonçaient dans la poche
« ou manche : on amenait, à force de bras, le boulier sur le
« rivage; on prenait les petits poissons avec la main, les gros avec
« des crochets; on les chargeait sur les bateaux pêcheurs, et on
« les transportait au port de Collioure. Une seule pêche produisait
« quelquefois plus de 15.000 myriagrammes de Thons ; et, pendant
« un printemps, dont on a conservé avec soin le souvenir, on
« prit dans une seule journée seize mille Thons, dont chacun
« pesait de 10 à 15 kilogrammes. »
La longueur du Thon dépasse généralement 1 mètre ; il paraît
que quelquefois il acquiert une dimension triple. On en prend
souvent sur les côtes de Sardaigne, qui pèsent plus de 500 kilo-
grammes; ceux de 50 à 150 kilogrammes, ne sont appelés que
des demi-Thons. On en a cité qui pesaient 900 kilogrammes.
A certaines époques de l'année, les Thons longent les côtes de
la Méditerranée en légions innombrables, et longtemps on a cru
qu'ils n'y étaient que de passage, qu'ils y entraient par le Détroit
de Gibraltar pour s'avancer au-delà du Bosphore, et revenir
ensuite vers l'Ouest; mais il paraît que leurs voyages ne sont
pas aussi longs, et que, nés dans ces parages, ils passent une
partie de l'année dans les eaux profondes , tandis qu'à d'autres
époques ils approchent de la terre et la côtoyent. Ordinairement
les troupes de Thons sont précédées par des Sardines ; souvent
ils sont poursuivis par les Dauphins, qui les forcent à se réfugier
dans les filets, au grand avantage des pêcheurs; mais, lorsque ce
sont des Espadons qui les chassent, ces derniers causent de grands
dommages aux pêcheurs, car outre qu'ils brisent les filets avec
leur arme redoutable, ils ouvrent en même temps une issue aux
captifs.
408 HISTOIRE NATURELLE.
Les anciens donnaient le nom de Pélamide an jeune Thon qui
n'avait pas encore atteint l'âge d'un an. Ces animaux venant
d'éclore dans la Mer-Noire, repassaient, pendant l'automne, dans
l'Hellespont et la Méditerranée, à la suite des nombreuses légions
des auteurs de leurs jours. Arrivés dans la Méditerranée, ils y
prenaient le nom de Pélamides pendant les premiers mois de
leur croissance ; et ce n'était qu'après un an, que la dénomination
de Thon leur était appliquée. Nos marins du Roussillon, préten-
dent que les Pélamides sont les poissons les plus délicats de la
mer. Un dicton populaire exprime cette opinion en termes
énergiques :
ho que menja Palamide,
Pare y mare desolbide,
qui se traduit par ces mots : On oublie père et mère quand on savoure
des Pélamides.
Pélamides, Pelamys, Cuv.
Ce sous-genre établi par MM. Cuvier et Valenciennes
aux dépens des Thons, diffère de ceux-ci par un corps
plus allongé, l'œil plus petit, le museau plus long et la
gueule plus fendue.
\. Pélamide commune ou Bonite à dos rayé, Pelamys
sarda, Cuv., ou Scomber sarda, Bl.; en catalan
Bonita.
La taille de ce Poisson est d'environ 70 centimètres; sa couleur
est argentée et teintée sur le dos de bleu-clair. Huit à dix lignes
noirâtres se dessinent sur ce fond, en descendant très-obliquement
d'arrière en avant.
2. Le Bonitol, Scomber Mediterrancus, Bond.
A dos bleu, marqué de larges bandes transversales noirâtres.
Ces deux espèces sont inférieures au Thon.
poissons. 400
Les Germons, Orcymis, Cuv.
1. Le Germon, Scomber germon, Lacep., ou Orcymis
alalonga.
Le Germon, dont la taille approche de celle des Thons, a
communément plus d'un mètre de longueur; il pèse jusqu'à
40 kilogrammes. Sa couleur est d'un bleu-noirâtre sur le dos,
d'un bleu très-pur et très-beau sur le haut des côtés, tl'un bleu-
argenté sur le bas de ces mêmes côtés et d'une teinte argentée
sans mélange sur sa partie inférieure. La chair du Germon est
plus blanche que celle du Thon, et son goût est très-agréable.
Les Caranx, Caranx, Lacep.
1. Le Saurel ou Maquereau bâtard, Scomber trachurus ,
Lin.; en catalan Bizet.
C'est un mauvais Poisson huileux, qui a la forme du Maquereau
commun; son dos est bleuâtre, son ventre argenté, et il porte de
chaque côté plus de soixante écailles très-larges. Il est plus grand
et plus épais que le Maquereau ordinaire.
Les Sérioles, Seriola, Cuv.
1 . La Sériole, Seriola Bumerilii, Cuv., ou Caranx Dume-
rilii, Riss.; en catalan Sariola.
Cette Sériole peut devenir très-grande et on en pêche qui
pèsent jusqu'à 80 kilogr. Elle est d'une belle couleur d'argent,
dorée sur les flancs, teintée de bleu-violàtre sur le dos; ses
nageoires sont gris-jaunâtre. Elle se tient dans les lieux inacces-
sibles et n'approche de la côte que lorsque la faim l'y contraint.
Sa chair, très-estimée, est ferme et rougeâtre.
Genre Tétragonure, Tétragonurus, Riss.
i. Le Corbeau de mer, Tétragonurus Cuvieri, Riss.
Ce Poisson est noir ; il a toutes les écailles profondément striées
410 HISTOIRE NATURELLE.
et dentelées. C'est encore un Scombéroïde, qu'on prend rarement
parce qu'il reste dans les profondeurs des eaux. C'est avec le filet
traînant qu'on en prend quelquefois. Sa chair, quoique blanche
et de belle apparence, est rejetée parce qu'on la dit venimeuse,
ce que nous n'avons pas pu constater.
Genre Épinoche, Gasterosterus, Lin.
1. La Grande Épinoche, Gasterosterus aculeatus, Lin.
C'est un petit poisson commun dans nos ruisseaux, et dont la
taille ne s'élève pas au-delà d'un décimètre. Il est rejeté à cause
de la grande quantité d'arêtes qu'il contient.
2. La Petite Épinoche ou Êpinochette, Gasterosterus pun-
gitius, Lin.
C'est le plus petit des poissons d'eau douce. On n'en fait aucun cas.
Les Liches, Lichia, Cuv.
1. La Liche amie, Lichia amia, Cuv., ou Scomber amia,
Bloch.
Ce Poisson, long d'environ lm,50, vit sur nos côtes; il a une
teinte argentée. Liche veut dire friandise; ce nom lui est parfai-
tement appliqué, car il est recherché pour la délicatesse de sa chair.
Les Dorées ou Zées, Zeus, Lin.
1. La Dorée ou Poisson Saint-Pierre, Zeusfaber, Lin.
Ce Poisson atteint de 60 à 80 centimètres ; son corps est com-
primé, ovalaire, terminé par une queue courte d'une forme
singulière ; sa couleur est d'un gris d'argent à reflets métalliques,
et traversé de bandes jaunâtres. Sa chair est délicieuse. Le nom
de Saint-Pierre lui a été donné par les Pêcheurs, parce qu'ils
prétendent que c'est le Poisson que cet apôtre retira de l'eau,
pour prendre, par l'ordre du Sauveur, la pièce de monnaie qui
se trouvait dans la bouche de l'animal et qui devait satisfaire le
POISSONS. 411
fisc : deux taches noires, une de chaque côté du dos, sont le
résultat de l'impression des doigts de saint Pierre.
Les Espadons, Xiphtas, Lin.
Ainsi nommés à cause de leur museau semblable à
une lame d'épée tranchante des deux côtés, terminée en
pointe aiguë. Toutes les espèces connues deviennent
très-grandes, et ont leur chair ferme et bonne à manger.
1. L'Espadon commun, Xiphias gladius, Lin.; en cata-
lan Peix espasa.
Le corps de l'Espadon est recouvert d'une peau rude, qui est
même hérissée de petits tubercules chez les jeunes sujets; mais
ces aspérités disparaissent avec l'âge. Les couleurs de l'Espadon
sont le bleu-noirâtre sur le dos et le blanc-argenté très-brillant
sous le ventre. L'Espadon devient énorme, car il n'est pas rare
d'en voir de 4 mètres, et l'on en cite de 6 à 7 mètres de longueur
et du poids de 150 à 200 kilogrammes. Il visite notre littoral et
l'on en pêche pendant la passe des Thons. Sa chair, quoique
sèche, est d'assez bon goût; on estime surtout la queue.
Les Coryphèines, Coryphœna, Lin.
1. La Dorade, Coryphœna hippurus, Lin. (Ne pas confon-
dre avec la Daurade commune, Sparus aurata.)
C'est un Poisson de la haute mer, remarquable par la beauté de
ses couleurs. Il est long de lm à lra,25, d'un beau bleu-argenté,
tacheté de jaune; presque toutes ses nageoires jaunes. On prend
ce poisson sur nos côtes lorsqu'il est à la poursuite de sa proie,
surtout des Poissons volants. Si ses couleurs sont brillantes, sa
chair n'est pas estimée.
Famille des Squammipennes.
Cette famille comprend un grand nombre de Poissons
très-remarquables par l'éclat et la variété de leurs couleurs,
412 HISTOIRE NATURELLE.
l'originalité de leur conformation et de leurs habitudes ;
mais , presque tous appartiennent aux mers étrangères ;
deux espèces seulement vivent dans la Méditerranée : ce
sont la Castagnole et la Fiatole.
Les Castagnoles.
1. La Castagnole, Sparus raïi, Bl.
La couleur de ce Poisson est un blanc-argenté un peu obscur,
tirant sur l'étain. 11 pèse de 5 à 6 kilogrammes, et quelquefois il
est long de 85 centimètres. Il est commun dans la Méditerranée
et sur les côtes de ce département. Sa chair est estimée.
Les Stromatées.
4. La Fiatole, Stromateus fiatola, Lin.
Ce Poisson est remarquable par ses taches et ses bandes inter-
rompues de couleur dorée, sur un fond gris de plomb.
Famille des Bouches en fliite.
Le nom de cette famille vient de la forme allongée de
toute la partie antérieure de la tête, à l'extrémité de
laquelle se trouve la bouche. Deux genres se partagent
cette famille : les Fistulaires et les Centriques. Les Fistu-
laires habitent les Antilles et la mer des Indes. Les
Centriques n'ont qu'un seul représentant dans la Médi-
terranée, vulgairement appelé Bécasse-de-Mer.
Genre Centrique, Centriscus, Lin.
1. La Bécasse de mer, Centriscus scolopax, Lin.; en cata-
lan Trumpcte (trompette).
Cette espèce est très-commune sur notre littoral ; sa longueur
est d'environ 20 centimètres; sa couleur est argentée et rosée
sur la tête et sur le dos. Sa chair est dédaignée.
MOLLUSQUES. 413
CHAPITRE V.
ANIMAUX INVERTÉBRÉS.
mollusques.
Les Mollusques forment une classe d'êtres bizarres,
aussi curieux par la forme extérieure que par la nature
de leur organisation interne. Ce sont des animaux mous,
sans squelette interne ou externe, et sans membres arti-
culés. Leur système nerveux ne se réunit point en une
moelle épinière, mais seulement en un certain nombre
de masses médullaires dispersées en différents points du
corps , et dont la principale , que l'on peut appeler cer-
veau, est située en travers sur l'œsophage qu'elle enve-
loppe d'un collier nerveux. Leurs organes du mouvement
et des sensations n'ont pas la même uniformité de nom-
bre et de position que dans les animaux vertébrés, et la
variété est plus frappante encore pour les viscères et
surtout pour la position du cœur et des organes respira-
toires.
Chez un petit nombre de ces êtres, il existe des
appendices flexibles et allongés destinés à la locomotion ;
mais, dans la plupart des cas, l'animal ne peut se dépla-
cer que par les contractions successives des divers
points de la surface inférieure de son corps.
414 HISTOIRE NATURELLE.
La peau des Mollusques, toujours molle et visqueuse,
forme souvent des replis qui enveloppent plus ou moins
complètement le corps, et cette disposition a fait donner
le nom de manteau à la portion des téguments qui
forment d'ordinaire ces expansions. Souvent le manteau
est presque entièrement libre, et constitue deux grandes
voiles qui cachent tout le reste de l'animal , ou bien les
deux lames se réunissent de manière à former un tube;
mais d'autres fois il ne consiste qu'en une espèce de
disque dorsal dont les bords seuls sont libres ou entou-
rent plus exactement le corps sous la forme d'un sac.
En général, cette peau molle est protégée par une espèce
de cuirasse pierreuse nommée coquille. C'est une sécré-
tion ayant quelque analogie avec celle de l'épidémie, qui
produit cette enveloppe. Les follicules, logés d'ordinaire
dans les bords du manteau, déposent à sa surface une
matière semi-cornée mêlée à une proportion plus ou
moins forte de carbonate calcaire qui se moule sur les
parties sous-jacentes et se solidifie. La lame ainsi formée
s'épaissit et s'accroît par le dépôt successif de matières
nouvelles. Quelquefois la coquille reste renfermée dans
l'épaisseur de la peau des Mollusques ; mais, en général,
elle est extérieure et dépasse même les bords du manteau,
de façon à fournir à l'animal un abri parfait. On donne
communément le nom de Mollusques nus à ceux qui
sont dépourvus de coquilles, ou qui n'ont qu'une coquille
intérieure, et le nom de Conchifères à ceux dont la
coquille est visible au dehors.
L'étude des Mollusques terrestres et fluviatiles avait
été négligée dans ce département; aucun naturaliste n'avait
tourné ses regards sur des êtres qui ne paraissaient offrir
MOLLUSQUES. 415
qu'un médiocre intérêt, et que leur petitesse, la modestie
de leur parure, leur utilité contestable, la facilité de se
les procurer, car tous vivent plus ou moins près de nous,
faisaient dédaigner. Mais en 1856, M. Aleron , modeste
ouvrier de notre ville, qui pendant ses heures de loisir
s'appliquait à l'étude de l'histoire naturelle , offrit à la
Société Philomathique de Perpignan, un tableau dans
lequel il avait rassemblé toutes les coquilles terrestres et
fluviatiles qu'il avait pu ramasser dans le pays. Je fus
chargé de faire un rapport sur cette collection, et je
saisis cette circonstance pour publier dans le troisième
Bulletin de la Société (1857) le catalogue raisonné des
Mollusques terrestres et d'eau douce découverts jusqu'alors
dans les Pyrénées-Orientales.
Depuis cette époque, plusieurs espèces nouvelles ont
été découvertes par M. Aleron, par M. Farines, pharma-
cien, par M. le Docteur Paul Massot, par M. Michaud,
par M. le Docteur Penchinat et par nous-même. Nous
les rapportons toutes dans cette Histoire Naturelle , les
faisant suivre d'une description très-concise, mais suffi-
sante pour les déterminer facilement.
Nous avons adopté la classification de M. Dupuy, en
apportant, dans les espèces, les modifications indiquées
par M. Moquin-Tandon , dans son admirable Histoire
Naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de la
France, ouvrage que nous n'avons pu consulter que
malheureusement trop tard.
Le tableau ci-après fera voir l'ensemble des Ordres,
des Familles et des Genres qui font partie de notre
travail.
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HISTOIRE NATURELLE.
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MOLLUSQUES. 417
lrc Section. — Pulmonés inopercidés terrestres, comprenant
trois familles.
lre Famille. — Limaciens, Lam.
Caractères. — Animal. Allongé, non enroulé postérieure-
ment, rampant sur un plan locomoteur, presque aussi long
que le corps, et qui en est peu distinct; une cuirasse à la
partie supérieure; tête munie de quatre tentacules, dont
les deux supérieurs oculés au sommet; mufle médiocre;
mâchoire solitaire ou nulle; pied non distinct du corps,
servant à la reptation ; organes générateurs k orifice com-
mun, du côté droit.
La Limace est un Mollusque Gastéropode , allongé, variable
dans sa forme, à cause de son extrême contractilité ; mais qui,
observée au moment où elle rampe à la surface du sol, présente
assez exactement la forme d'un ellipsoïde très-allongé , dont la
tête est à l'une des extrémités. La surface par laquelle elle est en
contact avec le sol, est plane et porte le nom de pied; l'autre sur-
face est convexe, formée par la peau qui constitue la face dorsale
de l'animal; elle se termine en pointe à l'extrémité postérieure.
Vers l'extrémité antérieure, on remarque sur le milieu du dos,
une partie de la peau, saillante, comme détachée, sous laquelle
l'animal peut ordinairement cacher sa tête lorqu'il la contracte :
on lui a donné le nom particulier de cuirasse. Elle est ornée de
stries transversales, diversement 'contournées, qui forment une
espèce de bourrelet.
La tête est à peine distincte du reste de l'animal par un étran-
glement qui ressemble à un cou. Cette tête est généralement
petite, obtuse, séparée du pied par un sillon peu profond, et
présentant en avant une ouverture transverse , qui est celle
de la bouche; quatre tentacules la surmontent. Ces tentacules
sont cylindracés et terminés en avant par une petite dilatation
sphérique, sur laquelle la peau est très-amincie. Deux de ces
TOME III. 27
418 HISTOIRE NATURELLE.
tentacules sont plus courts; ils sont antérieurs et inférieurs. Les
deux autres, plus allongés, se rapprochent par leur base; ils sont
supérieurs et postérieurs par rapport aux premiers. A l'extré-
mité de ceux-ci, on remarque un point noir, qui, d'après les
observations de M. Swammerdam, présente les parties consti-
tuantes d'un organe de vision. Ces tentacules sont un prolon-
gement de la peau ; ils sont creux en dedans, formés principalement
de muscles annulaires, au moyen desquels ils peuvent opérer l'un
de leurs mouvements principaux ; car ces organes peuvent rentrer
sur eux-mêmes et sortir de l'intérieur du corps de la même ma-
nière qu'un doigt de gant que l'on retourne.
En observant attentivement la Limace, on voit au-dessous de
la base du grand tentacule droit, un mamelon très-obtus, percé
au centre d'une ouverture peu apparente. Cette ouverture donne
issue aux organes de la génération au moment de l'accouplement.
Sur le côté droit du bouclier, et creusée dans l'épaisseur de son
bord, se montre une ouverture assez grande, très-contractile,
et dont la contractilité peut se comparer à celle de l'iris de l'œil.
Cette ouverture donne accès à l'air dans une cavité assez grande,
destinée à la respiration. Enfin, tout près de celle-ci, et un peu
en arrière , se trouve une troisième ouverture , qui termine l'in-
testin et donne issue aux excréments.
L'enveloppe générale des Limaces est comparée à une mem-
brane muqueuse. On voit s'établir à la surface une abondante
sécrétion qui, quelquefois, ruisselle dans les sillons dont elle est
creusée. Cette matière, muqueuse, gluante, permet à l'animal
de ramper sur les corps les plus lisses, et de s'y attacher avec
assez de solidité. C'est encore cette matière qui, abandonnée par
l'animal, en une couche mince, partout où il passe, laisse une
trace luisante qui décèle- la route qu'il a parcourue.
Corps nu, sans coquille extérieure.
Genre Arion, Avion, Fer.; en catalan Llimau.
M. de Férussac, ayant voulu faire deux genres des Li-
MOLLUSQUES. 419
maces, a réuni sous le nom d'Avion toutes les espèces qui
portent à l'extrémité postérieure du corps un crypte mu-
queux ou glande mucipare. Ce caractère ne se traduisant
à l'intérieur par aucune modification apparente dans l'or-
ganisation , beaucoup de naturalistes ont rejeté ce genre
comme inutile.
. ( Arion des charlatans, Avion empivicovum, Fer.
, ' ( Arion roux, Avion vufus, Drap.
Animal. Fortement ridé, dos arrondi, terminé par un pore
muqueux; cuirasse grenue, ovale, s'élargissant postérieurement;
ouverture pulmonaire très-grande, et située à la partie antérieure
de la cuirasse.
Couleur. D'un jaune-rougeâtre ou fauve-noirâtre ; la marge
du pied, rougeâtre-orangé; tentacules noirâtres; concrétions
nombreuses, inégales.
Sa longueur est de 10 à 12 centimètres.
La diversité de la couleur plus ou moins foncée qu'affecte cette
Limace, ainsi que sa grosseur, sont trop variables pour pouvoir
établir des caractères suffisants pour en faire diverses espèces;
aussi, ces différences de coloration et de taille, ont donné lieu à
une infinité de variétés, que nous ne rapporterons pas, et qui
sont signalées dans les divers auteurs qui ont traité cette matière.
Cette Limace est assez commune dans les fossés humides, les
jardins, les bois et les prairies de toute la plaine du Roussillon.
Nous la trouvons aussi, dans les mêmes conditions, dans les bois
humides des parties basses de nos montagnes.
2. Arion des jardins, Avion hovtensis, Fer., ou subfuscus,
Pfeiff.
Animal. Corps arrondi, sans carène, finement strié, d'un gris-
roussàtre ou brun, variant beaucoup; pied séparé du corps par
un pore muqueux, à la partie postérieure; cuirasse légèrement
420 HISTOIRE NATURELLE.
rugueuse, ovale, orangée, rétrécie antérieurement; les tentacules
supérieurs allongés, noirâtres; les inférieurs courts; ouverture
pulmonaire à la partie antérieure de la cuirasse; pied, tantôt
grisâtre ou blanchâtre, les bords souvent un peu orangés.
Sa longueur est de 35 à 45 millimètres.
Dans son jeune âge, sa couleur est blanche et affecte diverses
nuances de gris; puis, lorsqu'elle arrive à son parfait accrois-
sement, elle devient d'un brun-sombre, et le bord de son pied
prend une couleur orange.
On pourrait aussi faire une infinité de variétés de cette espèce*,
si on avait égard aux différences de coloration et de taille de ces
animaux, depuis leur naissance jusqu'à leur parfait accroissement.
Beaucoup trop commune dans les champs humides et les jar-
dins, où elle fait de très-grands ravages, nos cultivateurs doivent
prendre les plus minutieuses précautions pour s'opposer à ses
dégâts.
Genre Limace, Limax, Fer.; en catalan Llimau.
Caractères. — Animal. Glande mucipare caudale nulle,
un rudiment testacé, aplati dans l'épaisseur de la cuirasse;
cuirasse à la partie antérieure et supérieure du corps;
cavités respiratoires et anales sous le repli, s'ouvrant du
côté droit; orifices des organes générateurs à droite,
près du grand tentacule.
Coquille intérieure (développée dans l'intérieur de la
cuirasse) rudimentaire, solide, ovale, non spirale, repré-
sentée dans quelques cas par de très-petites granulations
calcaires.
1. Limace des anciens ou gigantesque, Limax maximus,
Lin.; antiquorum, Fer.; cinereus, Mull., Drap.
Animal. Strié, rugueux; dos arrondi, caréné; extrémité posté-
rieure aiguë; pied adhérent au dos; cuirasse finement grenue,
MOLLUSQUES. 421
ovale-allongée; ouverture pulmonaire à la partie postérieure;
tentacules supérieurs longs et déliés, gris ou vineux, oculésî
les inférieurs courts. La couleur générale du corps est d'un gris
cendré, orné de belles taches noires ou noirâtres, diversement
disposées; le dessous d'un cendré-roussâtre.
Coquille. Assez épaisse, ovalaire, longue de 10 à 12 milli-
métrés, et large de 6 à 8 millimètres.
C'est la plus grande de toutes les Limaces : lorsqu'elle est bien
développée par une température humide, elle mesure 140 à 160
millimètres de long. Elle habite les forêts de nos montagnes,
celles qui sont très-ombragées et où les rayons du soleil pénè-
trent peu, toujours près des ravins humides et souvent aux
endroits où des matières sont en putréfaction; la forêt des
Moines, à Saint-Martin-du-Canigou ; la forêt de Salvanère; le
bois des Fanges, etc. Elle est très-commune dans cette dernière
localité.
Cette espèce présente trois variétés bien belles :
V. A. Se distingue par une couleur gris -cendré, avec des
lignes longitudinales noires et la cuirasse bleuâtre.
V. B. Une couleur uniforme grise et la cuirasse tachetée de
noir.
V. C. Dos fascié de noir, et la cuirasse parsemée de taches de
la même couleur; mais diversement disposées.
Si l'on voulait avoir égard à la diversité des couleurs aux
divers âges, on en ferait des variétés plus nombreuses.
2. Limace agreste, Limax agrestis, Lin., Drap.
Animal. Finement strié; dos caréné à la partie postérieure,
terminé en pointe par la carène ; cuirasse grenue et parfois gib-
beuse postérieurement; ouverture pulmonaire bordée de blan-
châtre; couleur d'un gris-cendré pur, quelquefois pointillé de
noir; la tète et les tentacules, noirâtres; pied d'un blanc-jaunâtre
ou gris-sale, les bords très-pâles.
Habite les taillis humides, les jardins des parties basses, les
422 HISTOIRE NATURELLE.
champs, sous Chàteau-Roussillon. Elle fait des ravages dans nos
potagers.
Longueur de 35 à 45 millimètres.
3. Limace des bois, Limax aylvaticm, Drap.
Animal. Finement strié; dos arrondi antérieurement, caréné à
la partie postérieure, et terminé en pointe par la carène ; cuirasse
ovale-allongée, avec une forte saillie à la partie postérieure;
ouverture pulmonaire jaunâtre; couleur générale, violâtre-pâle
ou lie-de-vin; tête et tentacules noirâtres.
Habite les bois et les ravins humides des montagnes infé-
rieures. Je l'ai souvent trouvée dans les châtaigneraies des mon-
tagnes de Céret et de Saint-Laurent-de-Cerdans.
Longueur de 40 à 50 millimètres.
On confondrait cette Limace avec la Limace-Agreste, si la gib-
bosité de la cuirasse ne la distinguait de cette dernière ; car les
couleurs, la taille et les habitudes sont presque les mêmes, et
nous ne pensons point que ce soit une simple variété, comme
quelques naturalistes l'ont prétendu.
4. Limace jayet, Limax gagates, Drap.
Animal. Strié, ridé, la carène traverse le corps depuis la cui-
rasse jusqu'à l'extrémité postérieure, qui est aiguë; la carène
est séparée postérieurement du plan musculaire du pied par un
pore muqueux; cuirasse, ovale-allongée, très-ridée, surmontée
d'un disque plus petit, de même forme; ouverture pulmonaire,
vers la partie postérieure ; tentacules supérieurs , renflés à leur
base et allongés; les inférieurs, courts.
Son nom seul indique la couleur de son corps, qui est d'un
noir de jais-luisant ; le dessous du pied est un peu moins foncé.
Habite les prairies basses et humides, les bords des fossés
humides des routes, les ravins des parties basses des montagnes.
Sa longueur est de 65 â 70 millimètres.
MOLLUSQUES. 4-23
5. Limace marginée, Limax marginalus, Drap.
Animal. Son aspect général est ridé; dos fortement caréné,
depuis le bouclier jusqu'à l'extrémité postérieure, qui est obtuse
et presque bilobée; carène jaunâtre; un pore muqueux sépare
le dos du plan musculaire du pied ; cuirasse ovale-arrondie ,
très-grenue, comme jaspée de jaune et entourée d'un cercle
noir; tentacules supérieurs courts et renflés; les inférieurs
très-courts, de couleur fauve. La couleur est d'un gris-jaunâtre,
quelquefois verdâtre, pointillé de noir, quelquefois ces points
forment des lignes longitudinales interrompues.
Habite les lieux où sont déposés des décombres, entre les
pierres des vieux murs , sous les pierres près des vieilles habi-
tations rurales, dans les parties humides des glacis des fortifi-
cations de Perpignan.
Sa longueur est de 80 à 85 millimètres.
Genre Testacelle, Testacella, Drap., Cuv., Lam.
Caractères. — Animal. Limaciforme, cuirasse nulle, la
partie postérieure du corps recouverte d'une coquille
petite, solide, aplatie, à peine spirale, ouverture très-
grande, point de pore muqueux terminal.
1. Testacelle hormier, Testacella haliotidea, Drap.
Animal. Allongé, d'un gris légèrement roussâtre, uni, quel-
quefois tacheté de noir, demi -cylindrique, un peu ridé, sans
carène; manteau très-petit, mince, débordant à peine la coquille;
pied large, d'une teinte jaunâtre en dessous; tentacules courts,
et de la même couleur que le reste du corps.
Coquille. Solide, très-aplatie , rudiment de spire petit, l'ou-
verture très-large, formant à elle seule la presque totalité de la
coquille, sur laquelle on voit les stries d'accroissement qui la
rendent rugueuse à l'extérieur ; l'intérieur est lisse et presque
424 HISTOIRE NATURELLE.
nacré. La longueur de la coquille est de 8 millimètres, sur 5
dans sa largeur.
Habite les lieux humides, les jardins, les bords des sources
des eaux vives, dans les ravins des basses montagnes.
2. Testacelle de Companyo, Testacella Companyonii, Dup.
M. Moquin-Tandon ne l'admet que comme une variété remar-
quable de la Testacelle-Hormier, par le grand développement de
sa coquille.
Animal. De la forme d'une Limace, dépourvu de cuirasse,
point de carène, très-rugueux à la partie supérieure du corps,
rides irrégulières; couleur générale d'un vert jaspé de points
irréguliers noirâtres, qui deviennent plus nombreux en s'éloi-
gnant du centre, finissant par se réunir et former sur les côtés
du corps des lignes longitudinales noires interrompues, et qui
tranchent d'une manière bien distincte avec le reste du corps de
l'animal; pied large, d'un jaune-vif , qui fait ressortir les lignes
noires des côtés du corps , le jaune beaucoup plus prononcé sur
les bords; tentacules courts, rétractiles; les supérieurs oculés
et de couleur verdâtre.
Coquille. Ovale, auriforme, un peu allongée, rétrécie anté-
rieurement et élargie postérieurement, convexe en dessus, irré-
gulièrement et assez grossièrement striée; le rudiment de spire
est assez petit, mamelonné et obtus ; il n'est point, comme dans
la Bisulcata, séparé du reste de la coquille par un sinus apparent;
mais, à deux millimètres au-dessous, on voit une sinuosité assez
bien marquée, qui est le résultat de l'enroulement de la colu-
melle et de la jonction du bord extérieur au bord columellaire.
L'ouverture est très-ample, sensiblement rétrécie antérieurement,
et arrondie postérieurement; le bord columellaire, déprimé et
sinué vers sa jonction avec le bord droit, y forme une gouttière
bien marquée, et présente à son extrémité antérieure une très-
légère trace de troncature.
MOLLUSQUES. 425
La couleur de la coquille est d'un gris sale extérieurement,
d'un blanc pur et nacré dans l'intérieur.
Dimensions de la coquille W : longueur, 17 millimètres; lar-
geur, 8 millim.; épaisseur, 2 millim. »/2, (Voyez la description
qu'en a donnée M. l'abbé Dupuy dans son ouvrage.)
Habite les parties humides de la fontaine du jardin des Moines,
sous Saint-Martin-du-Canigou, où nous avons trouvé la première
en 1822; les lieux humides de la métairie Pallarès, sur la mon-
tagne de Glorianes, près de Rigarda, qui, par sa position, est à
peu près à la même altitude, et où nous en avons pris deux en 1830 ;
elle est encore au bord du ravin qui traverse le bois des Moines,
aux parties supérieures de Sainl-Martin-du-Canigou, où nous
l'avons trouvée en juillet 1854. C'est sur l'individu pris dans cette
dernière localité que nous avons pu faire la description de l'ani-
mal, et, en rappelant bien nos souvenirs, ce sont bien les mêmes
couleurs que nous avions observées sur les autres individus, dont
nous n'avions pas pris note.
En communiquant à la Société Philomathique la découverte
de celte Testacelle, je n'osais pas affirmer que ce fût une espèce
nouvelle, et je disais: « Nous avons trouvé un individu de ce genre
à Saint-Martin-du-Canigou, dont la coquille, communiquée à
M. Boubée, a été citée dans le Bulletin des Voyages de ce natu-
raliste, comme un fait très-remarquable par son développement :
elle a 17 millimètres de longueur, sur 8 de largeur. Depuis lors,
nous avons trouvé deux autres individus dans une localité, qui,
par sa position , correspond assez à celle où nous avions trouvé
la première (dans les lieux humides de la métairie de M. Pallarès,
sur la montagne de Glorianes, près de Rigarda, en Confient).
Nous ne pouvons pas affirmer si c'est une espèce différente; des
observations que nous pourrons terminer, nous l'espérons, l'été
prochain en revenant sur les mêmes lieux, nous permettront de
nous décider d'une manière positive. Ce que nous pouvons affîr-
(I) Voyez Planche /, fig. 2 et 3.
426 HISTOIRE NATURELLE.
mer seulement dans ce moment, c'est que la grosseur de l'animal
et les couleurs habituelles de son corps, sont bien différentes.
Nous rendrons compte de nos observations à la Société, aussitôt
que nous saurons quelque chose de positif; car notre habitude
n'est point de nous prononcer sur l'établissement d'une espèce
nouvelle, à la moindre différence. Il faut qu'une série de faits
bien constatés, et des caractères spéciaux viennent à son appui. »
Nous avons été assez heureux de trouver un autre individu de
cette Testacelle dans le ravin qui traverse le bois des Moines, au-
dessus de Saint-Martin-du-Canigou. Nous avons pu en prendre le
dessin et en faire la description ; nous sommes donc assuré main-
tenant que c'est une espèce qui n'a aucun rapport avec celles qui
avaient été décrites avant celle-là.
L'aspect de la coquille seule, après l'avoir comparée avec celles
des Testacella haliotidea et bisulcata, déterminèrent M. l'abbé
Dupuy à en faire une nouvelle espèce, qu'il a eu la bonté de
me dédier dans le savant ouvrage qu'il a publié sur l'histoire
naturelle des Mollusques terrestres et d'eau douce qui vivent en
France.
Les dimensions de celte coquille avaient déjà éveillé l'attention
de M. Boubée, peu de temps après qu'elle avait été prise. M. Dupuy,
dans ses conclusions, en parlant de cette coquille, s'exprime ainsi :
« Assez heureux pour avoir pu comparer l'échantillon qui reste
a seul à M. Gompanyo, soit avec ceux de la Testacella haliotidea,
« si commune dans une grande partie de la France, soit avec la
« Testacella bisulcata, dont M. Mouton a bien voulu m'adresser
« un grand nombre d'exemplaires, je crois pouvoir mettre hors
« de doute la légitimité de cette espèce. A ne considérer d'abord
« que sa taille, elle esta peu près double de celle de la Testacella
« haliotidea, et les plus grands échantillons de la Testacella bisul-
« cata n'atteignent que les deux cinquièmes de sa longueur, d'où
« nous devons conclure une différence énorme dans l'animal.
« Cette différence est plus sensible encore, lorsqu'on la compare
MOLLUSQUES. 427
« avec cette dernière. Elle est d'ailleurs séparée de la première,
« par tous les caractères qui distinguent la Testacella bisulcata de
« la Testacella haliotidea, puisqu'elle a les plus grands rapports
« avec la Testacelle à deux sillons.
« D'un autre côté, elle diffère de celle-ci : 1° par sa taille;
a 2° par la convexité de sa coquille , la première étant toujours
« à peu près plane ; 3° par son sommet mamelonné, et non séparé
« intérieurement du reste de la coquille par un sinus nettement
«tranché; 4° par la troncature antérieure de la columelle,
« beaucoup moins prononcée dans celle-ci; enfin, par plusieurs
« autres caractères, qu'il est facile de voir en comparant les
« figures et les descriptions. »
2me Famille. — Limaçons, Fer., Escargots, Cuv.;
en catalan Cargols.
Caractères. — Animal. Allongé, corps distinct du plan
locomoteur, roulé en spirale et renfermé en tout ou en
partie dans une coquille; tête munie de quatre tenta-
cules, dont les deux supérieurs oculés et renflés au
sommet.
Coquille. Très-variable, mais toujours extérieure et
roulée en spirale.
Les animaux de cette famille ont les mêmes mœurs
que les Limaces. L'hiver, ils ferment leur coquille au
moyen d'une ou plusieurs cloisons membraneuses, que
l'on a nommées épiphragmes.
Genre Vitrine, Vitrina, Drap.
1. Vitrine allongée, Vitrina elongata, Drap., Vitrina
semilimax, Moq.-Tand.
Animal. Grêle, d'un gris-vineux; ne peut jamais être contenu
dans la coquille.
428 HISTOIRE NATURELLE.
Coquille. Extrêmement brillante, très-mince et fragile, parfai-
tement transparente, imperforée, aplatie et transversalement
allongée.
Hauteur, 1 millim. l/2 à 3 millimètres; longueur, de 4 à 6
millimètres ; largeur, de 3 à 4 millimètres.
Habite sous la mousse dans les châtaigneraies humides de la
vallée de Saint-Laurent-de-Cerdans, au pied des arbres, près
des ravins et sous les pierres humides; à Serrallongue et à La
Manère, dans les mêmes lieux. Dans la vallée de Valmanya , nous
l'avons prise dans les ravins de la métairie de M. Jaubert de
Passa.
2. Vitrine diaphane, Vitrina diaphana, Drap.
Animal. D'un gris-blanchâtre; le manteau, un peu noirâtre.
Coquille. Convexo-plane, allongée transversalement, extrê-
mement brillante, très-fragile, parfaitement transparente.
Hauteur, de 3 à 5 millimètres; longueur, de 6 à 7 millimètres;
largeur, de 3 à 4 millimètres.
Habite les lieux humides de la vallée de la Tet; dans tout le
riverai sous les pierres humides, et au pied des arbres des fossés
où l'eau passe souvent. On la trouve aussi attachée aux feuilles
des broussailles qui ont servi à arrêter l'eau dans les fossés, et
parmi les luzernes qui sont au bord de la rivière ; dans les ravins
humides des environs de Consolation, vallée de Collioure.
3. Vitrine transparente, Vitrina pellucida, Drap.
Animal. Variant beaucoup , en gris , fauve , rougeâtre ; quel-
quefois sa couleur est uniforme ou irrégulièrement tachetée.
Coquille. Déprimée, fragile, très-brillante, mince, vitrée,
d'un transparent un peu jaunâtre; à la loupe, paraissant fine-
ment striée.
Hauteur, de 3 à 5 millimètres; longueur, de 6 à 8 millimètres;
largeur, de 4 à 6 millimètres.
MOLLUSQUES. 429
Habite sous Chûteau-Roussillon, dans les fossés des jardins
et des prairies, au pied des arbres, dans les gazons, sous les
pierres et près des mares d'eaux vives, sur les feuilles mortes
qui sont au bord , et parmi les broussailles qui forment les bar-
rages ; dans les environs de Port-Vendres et de Consolation , au
bord des ravins.
4. Vitrine globuleuse, Vitrina subglobosa, Mich.
Animal. D'un gris légèrement jaunâtre ; tentacules grisâtres ;
yeux noirs ; pied blanchâtre.
Coquille. Subglobuleuse, très-fragile, transparente, vitrée,
d'un vert-tendre, subperforée, ouverture ovale-arrondie, sommet
mamelonné et proéminent.
Hauteur, de 3 à 5 millimètres; longueur, de 3 à 6 millimètres;
largeur, de 4 à 5 millimètres.
Habite au bord des ravins , et tous les lieux humides du bois
des Fanges ; les ravins de la vallée de Saint-Laurent-de-Cerdans,
parmi les bois de châtaigniers , au pied des arbustes garnis de
mousse , et sur les feuilles et les écorces charriées par les eaux
des ravins. Assez commune aux Fanges, où nous l'avions déjà
prise lorsque M. Michaud la fît connaître.
Genre Ambrette, Succinea, Drap.
Caractères. — Animal. Épais, pouvant à peine être
contenu dans sa coquille ; muni de quatre tentacules
contractiles et rétractiles; les inférieurs, très-grêles;
pied ovale-allongé.
Coquille. Extérieure, dextre, ovale-allongée, en forme
d'oublié, mince, plus ou moins transparente ; spire courte,
le dernier tour est à lui seul beaucoup plus grand que tous
les autres ensemble; ombilic nul.
1. Ambrette amphibie, Succinea putris , Lin., Succinea
amphibia, Drap.
430 HISTOIRE NATURELLE.
Animal. D'un blanc-grisâtre ou jaunâtre en dessus, plus clair
en dessous, paraissant lisse à l'œil nu, et, à la loupe, un peu
granuleux, glutineux; tentacules supérieurs allongés, renflés à
l'extrémité; les inférieurs, à peine apparents; pied large, non
frangé, d'un roux-jaunâtre, plus pâle en dessous.
Coquille. Ventrue, allongée, mince et finement striée; ouver-
ture très-large et ovale; sommet mamelonné; couleur, d'un vert-
jaunâtre. Hauteur, de 16 à 25 millimètres; largeur, de 10 à 14.
Habite les bords des ruisseaux de toute la partie basse de la
Salanque, les mares d'eau que laissent les inondations; elle se
prend aux feuilles des plantes qui viennent dans les mares, et sur
les broussailles des bords des fossés.
2. Ambrette oblongue, Succinea oblonga, Drap., Succinea
longiscata, Morel.
Animal. Blanchâtre ou blanc-grisâtre, avec une teinte légè-
rement verdâtre, qui tient à ce que cette espèce est constamment
dans les marécages; les tentacules supérieurs noirâtres, légè-
rement renflés à l'extrémité; les inférieurs, presque pas appa-
rents ; le manteau, un peu ponctué et plus foncé.
Coquille. Ovale-allongée, finement et irrégulièrement striée;
ouverture ovale et légèrement oblique, très-mince; d'un vert-
pâle ou blanchâtre. Hauteur, de 16 à 18 millimètres; largeur,
de 6 à 9 millimètres.
Habite tous les bas-fonds marécageux de tout le littoral se
rapprochant des prairies maritimes, parmi les joncs et les plantes
qui vivent dans ces lieux.
3. Ambrette de Pfeiffer, Succinea Pfeifferi, Rossm.
Animal. Glutineux, gris, épais, quelquefois noirâtre, finement
granuleux ; tentacules supérieurs épais , allongés , légèrement
renflés à l'extérieur; les inférieurs très-courts; pied large, de
couleur pâle en dessous.
MOLLUSQUES. 431
Coquille. Ventrue, allongée, mince, plus solide que la pré-
cédente, finement striée, nacrée à l'intérieur; d'une couleur
d'ambre très-prononcée, presque transparente ; ouverture ovale-
allongée. Hauteur, de 12 à 20 millimètres; largeur, de 9 à 12.
Habite les mares de toute la Salanque; elle est attachée au
pied des arbustes et des plantes qui sont au bord des eaux crou-
pissantes.
Nous avions confondu cette espèce avec l'Ambrette-Amphibie ;
mais , en observant l'animal , et surtout la forme de la coquille,
nous avons dû les séparer; en effet, cette dernière est moins
ventrue et plus allongée, et sa coquille est dans un état de
torsion dans toutes ses parties, ce qu'on ne remarque point
dans l'Ambrette-Amphibie.
Genre Hélice, Hélix, Drap.; en catalan
Cargol.
Caractères. — Animal. Allongé, postérieurement roulé
en spirale, muni d'un manteau charnu, en forme de
collier, entourant le cou et se continuant en une tunique
membraneuse qui revêt le corps; quatre tentacules, les
deux supérieurs beaucoup plus longs , épaissis à leur
extrémité , globuleux et oculifères ; les inférieurs sont
plus courts, s'inclinent ordinairement vers le corps, sur
lequel l'animal marche, et sont destinés au tact.
Coquille. Dextre, très-variable dans sa forme, selon
les espèces, globuleuse, conoïde ou discoïde; ouverture,
la plupart du temps, plus large que haute, de forme
variable, le plus souvent demi-lunaire, aplatie ou angu-
leuse, contiguë à l'axe de la coquille ; péristome épaissi
ou refléchi, continu ou disjoint; columelle, sans tronca-
ture à la base.
L'ouverture de la coquille est ordinairement fermée
432 HISTOIRE NATURELLE.
par un épiphragme qui varie beaucoup selon les espèces.
Il se forme lorsque l'animal se retire dans la coquille
pour y prendre quelque temps de repos. L'animal peut
toujours se retirer en entier dans la coquille.
Bien que les coquilles des animaux appartenant à ce
genre soient toujours dextres, elles offrent quelquefois
des individus sénestres. C'est toujours à la suite de
quelque accident que cette bizarrerie se forme. Nous en
possédons plusieurs de sénestres et de différentes espè-
ces, et nous avons toujours remarqué que les coquilles
offrent la trace de quelque accident; elles ne sont pas
toujours aussi bien faites que celles qui sont dextres.
Nous voyons aussi des coquilles squalaires à divers
degrés; c'est aussi quelque accident qui occasionne la
forme qu'affecte la coquille. Nous avons élevé des Lima-
çons de ce genre; d'abord, afin de permettre à l'animal
d'achever sa coquille, si elle n'était pas bien formée, et,
puis, pour nous assurer si l'accouplement donnerait des
individus scalaires. Nos observations ont toujours été
négatives. Les animaux produits par ces accouplements,
ont toujours été dans l'état normal de l'espèce.
A. Enflées, Inflatœ.
1. Hélice naticoïde, Hélix naticoides, Drap., Hel. aperta,
Born.; en catalan Cargol tapât.
Animal. Épais, rugueux, d'un gris-jaunâtre-brun, trois bandes
longitudinales d'un bleu-cendré sur le cou; pied large, non
frangé, d'un brun-jaunâtre.
Coquille. Ovale , globuleuse , grossement striée ; ouverture
très-ample; de couleur verte ou brun-foncé; épiphragme très-
bombé et solide. Hauteur, de 24 à 30 millimètres; diamètre, de
20 à 26 millimètres.
MOLLUSQUES. 433
Habite les vignes et les champs ; parmi les broussailles et les
haies des parties basses des Albères.
Elle .est très-recherchée; sa chair est bonne.
2. Hélice mélanostome, Hélix melanostoma, Drap.
Animal. Gros, épais, brunâtre, rugueux, trois bandes longitu-
dinales blanchâtres, dont celle du milieu plus étroite ; pied d'un
jaune-sale.
Coquille. Globuleuse, finement et irrégulièrement striée,
solide; couleur d'un blanc-cendré, fasciée de brun; gorge et
péristome d'un pourpre-noirâtre; épiphragme mince, de cou-
leur blanche. Hauteur, de 34 à 40 millimètres; diamètre, de 32
à 38 millimètres.
Habite les haies des vignes, les plantations d'oliviers et les
roches calcaires des environs de Maury et de Saint-Paul-de-
Fenouillet.
5. Hélice vigneronne, Hélix pomatia, Lin.; en catalan
Cargol gros.
Animal. Épais et lourd, très-grossement rugueux, d'un gris-
jaunâtre ou verdâtre; tentacules très-longs, d'un gris-jaunâtre;
pied très-large, un peu jaunâtre sur ses bords.
Coquille. Forte, globuleuse, irrégulièrement striée, ouver-
tement perforée; péristome , évasé et réfléchi, recouvrant en
partie la fente ombilicale; test solide, d'une couleur blanchâtre-
sale, entourée de bandes fauves assez obscures; la gorge et le
pourtour de l'ouverture d'un blanc-sale. Hauteur, de 40 à 50
millimètres; diamètre, de 38 à 50 millimètres.
L'épiphragme est solide, convexe, d'un gris-blanchâtre, opa-
que, crétacé , très-adhérent en hiver. C'est la plus grosse espèce
que nous ayons dans le pays.
L'Hélice-Vigneronne n'est pas de ce département; cependant
elle s'y reproduit, et notre climat paraît bien lui convenir. Voici
comment elle y a été introduite : M. Kindelan, colonel du 40me
tome ni. 28
434 HISTOIRE NATURELLE.
de ligne, conchyliologiste distingué, habitait Perpignan en 1822.
Son chirurgien -major, qui était de Mâcon, où cette Hélice est
commune et fort estimée des gourmets , faisait venir de son pays
de temps à autre un panier de ces Escargots, qui étaient desti-
nés à la table du colonel. J'eus l'idée de propager le Pomatia
dans le pays, et j'en déposai quelques individus dans le jardin
de M. Rigaud, aux Tanneries. Ces Hélices se trouvèrent si bien
dans ce lieu, qu'à la seconde année on se vit forcé de les
détruire; le jardin et surtout les treilles étaient dévastés, tant
leur multiplication était grande.
A la même époque, M. Aleron déposa dans sa vigne, au terroir
du Vernet, plusieurs exemplaires de Y Hélix pomatia, qui lui
avaient été donnés par M. le colonel Kindelan. Ces Hélices se
reproduisirent, et les jeunes vinrent fort bien; mais leur chair
étant très-bonne et la coquille fort grosse , elles furent recher-
chées par les vignerons, qui en rendirent l'espèce rare.
M. Calmettes en avait aussi apporté de Paris, qu'il déposa dans
ses propriétés à Elne. Elles se reproduisirent fort bien ; mais ,
comme les campagnards font une razia complète de toute espèce
d'Escargots, ceux-ci présentant un plus gros volume et une chair
plus fine que les autres espèces, sont devenus fort rares.
Dans le Nord, ce Limaçon est très-recherché, et on voit dans
l'étalage des marchands de comestibles, à Paris, des corbeilles
remplies de cette Hélice. On le sert au gratin ou de toute autre
manière dans les restaurants. Les Romains en faisaient un grand
cas et en étaient très-friands ; car, dans leurs villas, ils avaient des
parcs où cette espèce était élevée : elle était réservée à la partie
opulente de la société.
B. Chagrinées, Aspersa.
4t. Hélice chagrinée, Hélix aspersa, Mull.; en catalan
Cargol boca moll.
Animal. Robuste, d'un jaune-verdâtre en dessus, un peu pale
en dessous; tentacules supérieurs longs, ponctués de noirâtre,
MOLLUSQUES. 435
renflés au sommet; les inférieurs courts; pied non frangé,
légèrement horde de jaunâtre.
Coquille. Conique, globuleuse, stries chagrinées et éloignées,
opaque, grise, fauve ou brunâtre; le fond est d'une couleur plus
foncée, toujours coupé par des bandes continues ou interrompues;
elle varie à l'infini par les couleurs et par la grosseur des individus,
selon la localité où ils vivent. Péristome très-évasé, blanc inté-
rieurement, non ombiliqué.
Moins bonne que la précédente , elle est cependant très-
recherchée par nos travailleurs , qui ne font pas un repas dans
les champs sans cette coquille. Ils la font cuire sur un brasier
ardent, et l'assaisonnent de sel. Hauteur, de 30 à 45 millimètres ;
diamètre, de 24 à 46 millimètres.
Habite tout le pays, les jardins, les haies des champs, les
vignes, etc.; très-commune dans les calcaires des montagnes où
croissent les buis, elle y prend de fortes dimensions, et, si on ne
la laisse pas jeûner pendant quelques jours, elle a un goût amer
qui est désagréable.
On l'emploie comme médicament. Quelques individus, bouillis
dans du lait sucré, forment une tisane préconisée dans les affec-
tions catarrhales. On en fait des bouillons, qu'on administre
dans les affections de poitrine. On l'administre crue, roulée dans
du sucre, dans la deuxième période de la phthisie pulmonaire.
Nous avons, de cette espèce, plusieurs exemplaires scalaires à
divers degrés. Un surtout, à tours entièrement séparés, et présen-
tant, en quelque sorte, une corne d'abondance.
Nous possédons trois individus séneslres. L'épiphragme est
mince, d'un cendré-blanchâtre. Nous trouvons des variétés très-
nombreuses, selon les localités.
C. Splendide, Splendidœ.
5. Hélice vermiculée, Hélix vermiculata, Mull.; en cata-
lan Monjoya.
Animal. Rugueux supérieurement, à rides oblongues, moins
43G HISTOIRE NATURELLE.
gros que l'espèce précédente, d'un gris-jaunâtre un peu ardoisé,
assez clair; tentacules longs, minces, ardoisés; pied un peu
arrondi antérieurement, dessous d'un brun-jaunâtre.
Coquille. Globuleuse, déprimée, finement striée, épaisse,
opaque, blanche ou légèrement jaunâtre, avec des bandes fauves
ou brunâtres, continues ou interrompues, variant beaucoup par
la disposition des bandes, quelquefois sans bandes et parsemée
de petits traits blanchâtres; péristome interrompu, un peu ré-
fléchi, blanc-sale intérieurement. Hauteur, de 18 à 30 millim.;
diamètre, de 24 à 35 millimètres.
Plus estimée que la précédente, on en fait une grande consom-
mation; sa chair est plus fine et meilleure. On en trouve d'entiè-
rement blanches, et on pourrait faire plusieurs variétés par la
disposition des bandes ou par la couleur de la coquille.
Habite dans les champs, les haies et particulièrement les vignes ;
elle s'attache aux souches et se met aussi dans la terre ; elle se
reproduit énormément. J'en possède un exemplaire sénestre.
6. Hélice lactée, Hélix lactea, Mull.; en catalan Llobera.
Animal. Rugueux, plus effilé que dans l'espèce précédente,
plus allongé; les tentacules plus longs, plus grêles; la couleur
générale plus sombre; le manteau plus noir et parsemé de
petits points, qui simulent une poussière grisâtre; pied non
frangé, arrondi par devant, dessous un peu noirâtre.
Coquille. Déprimée, très-obtuse au sommet, guillochée de
stries fines et transverses, qui ne sont visibles qu'à la loupe.
Elle est irrégulièrement parsemée de points très-nombreux et
apparents, d'un blanc-de-lait pur sur un fond brun-noir; l'ouver-
ture est transversalement ovale ; d'une couleur fauve ou pourpre-
noirâtre à la gorge et dans tout l'intérieur. Elle est très-variable
dans sa couleur. Sa forme est assez constante ; péristome inter-
rompu, très-évasé, épaissi, blanchâtre ou d'un jaune-sale inté-
rieurement.
MOLLUSQUES. 437
Habite les vignes et les champs des coteaux de Château-
Roussillon, et les vignes des àspres de toute cette région. Elle
se trouve en très-grande quantité a las Lloberas, contrée coupée
de ravins, où le soleil darde avec force, et formant un triangle
assez étendu entre Perpignan, Cabestany et Chàteau-Roussillon.
Elle est très-recherchée, car sa chair est bonne et fine.
Hauteur, de 35 à 45 millimètres ; diamètre, de 30 à 40 millim.
J'en possède un exemplaire scalaire, et comme cette diffor-
mité n'a pas encore été signalée dans cette espèce, je l'ai fait
dessiner. (Voyez Planche I, fig. 4. )
Nos paysans appellent cette espèce Llobera. Est-ce parce
qu'elle habite la localité qui porte ce nom? ou bien, est-ce le
Mollusque qui a imposé son nom à cette localité , où il est très-
commun? C'est ce que je n'ai pu découvrir. Elle vit là, depuis
un temps immémorial, et s'y reproduit d'une manière admirable
et très-constante dans ses couleurs.
Nous avons reçu de l'Algérie , de Valence et de Barcelone des
variétés nombreuses de VHelix lactea; elles différaient, tant par la
forme plus ou moins grande, que par la disposition des couleurs
et des lignes plus ou moins variées de leur coquille ; mais nous
n'avons pu obtenir ici leur reproduction similaire. — M. Canta
avait déposé dans une de ses propriétés, voisine de la localité des
Lloberas, plusieurs individus, variant de formes et de couleurs,
qu'il avait reçus de Valence (Espagne). Les jeunes sujets qui
vinrent durent supporter l'hiver si rigoureux de 1829 à 1830.
Ceux qui résistèrent à cette froide température, n'atteignirent ni
la grosseur ni les brillantes couleurs de ceux venus d'Espagne.
Il paraît que cette espèce exotique a besoin de beaucoup de
chaleur pour se développer; car les nôtres, celles du pays, sont
régulières dans leur forme et varient peu dans leurs couleurs.
7. Hélice deCompanyo, Hélix Companyonii, Aleron.
Animal. Grisâtre , tout le dessus du corps est parsemé de
petites taches noires régulièrement espacées, qui lui donnent
438 HISTOIRE NATURELLE.
un aspect élégant, surtout lorsqu'il s'allonge pour se transporter
d'un lieu à un autre ; les bords du pied sont blanchâtres et fran-
gés ; tentacules gros à la base , d'un gris d'ardoise ; yeux très-
petits à l'extrémité des tentacules, noirs et apparents.
Coquille. Déprimée, quelquefois légèrement globuleuse, très-
obtuse au sommet, imperforée, et si finement striée, qu'il faut le
secours d'une loupe pour bien observer les stries ; ouverture trans-
versalement ovale ; péristome évasé , épaissi et blanc intérieure-
ment; test presque opaque et assez solide. La coquille est brillante
en dessous ; d'un aspect mat en dessus, sur un fond blanc ou blan-
châtre. Elle présente en dessus une surface, comme maculée et
toute bigarrée d'un fauve plus ou moins fortement prononcé :
toutes ces taches ne présentent point la même couleur uniforme.
Le dessous est blanc-brillant et radié de fauve. Épiphragme com-
plet, mince, blanc, aplati, opaque, non irisé, papyracé, bords
miroitants. Hauteur, de 9 à 12 millim.; diamètre, de 15 à 20.
Habite la dernière anse de la vallée de Banyuls-sur-Mer, sur
les bords d'un ravin des Albères qui se dégorge à la mer au Cap-
Cerbère. Elle se cache dans les fentes des rochers, dans les brous-
sailles et au pied des arbustes, le long de ce ravin.
En 1818, nous prîmes ce Mollusque en assez grande quantité
dans la localité que nous signalons, et nous le distribuâmes à
plusieurs naturalistes. Nous avions pensé que c'était une variété
de YHelix ondulata ou de YHelix serpenlina , desquelles il se
rapproche beaucoup. Plus tard, M. Aleron l'ayant pris dans la
même localité, et l'ayant observé attentivement, reconnut que
c'était une nouvelle espèce, qu'il me dédia.
M. Dupuy, dans son savant ouvrage, lui a conservé le nom que
lui avait donné M. Aleron. M. Canta, explorant cette même vallée
de Banyuls, a trouvé la même coquille dans un autre ravin qui
descend aussi d'une gorge des Albères, et qui va se jeter à la
mer. Le docteur Penchinat nous dit que , ayant parcouru cette
contrée, il n'y a pas trouvé cette Hélice.
MOLLUSQUES. 439
8. Hélice splendide, Hélix splendida, Drap.
Animal. Grêle, blanchâtre, très-délicat, presque pellucide,
finement rugueux en dessus; pied d'un blanc -jaunâtre, très-
peu frangé.
Coquille. Déprimée, imperforée, très-brillante et lisse ; ouver-
ture très -oblique, ovale; péristome interrompu, légèrement
épaissi, blanc ou rosé intérieurement. Cette coquille est assez
solide; le fond est d'un blanc plus ou moins pu^ orné de cinq
bandes fauves plus ou moins foncées, souvent continues et quel-
quefois interrompues.
Elle varie extraordinairement par la disposition des bandes et
par la couleur qu'elles affectent. C'est une fort jolie coquille ;
on la range en séries , selon la disposition des bandes et des
points qui l'entourent.
Habite les vignes de toute la région calcaire , sur les plantes
et les buissons, Casas-de-Pena et le long de l'Agly, Salses et
toutes les basses Corbières. Nous la retrouvons au bas des Albè-
res et sur les monts de la vallée du Réart.
La variété Rose est très-estimée : elle vit sur les garrigues de
La Cantarane, sur les garrigues de Thuir, Castelnau et Corbère;
à Saint-Antoine-de-Galamus.
Il est des individus qui n'ont que la bouche rose ; d'autres ,
dont la couleur est plus ou moins prononcée sur toute la
coquille, qui est alors comme jaspée de petits points noirs,
et où le rose est très-prononcé vers la callosité du bord colu-
mellaire. Dans les individus roses, le manteau prend une teinte
rosée.
On en fait plusieurs variétés, dont une a été dédiée à notre
savant confrère, M. Penchinat, qui l'avait trouvée sur les Albères.
Cette variété est entourée de cinq lignes brunes et est nuancée de
rose-obscur en dessus et en dessous; péristome rose-vif.
M. Penchinat l'a trouvée au Cap-Béam, près du phare; il a
aussi trouvé ce type à Consolation.
440 HISTOIRE NATURELLE.
D. Némorales, Nemorales.
9. Hélice sylvatique, Hélix sylvatica, Drap.
Animal. Robuste, allongé, assez grossement rugueux; tenta-
cules d'un beau noir ou violet ; deux larges bandes régnent le
long du dos, d'un gris ou d'un pourpre-noirâtre, séparées par
une ligne médiane d'un blanc-jaunâtre; pied non frangé, d'un
brun-noirâtre-foncé , plus clair sur les bords.
Coquille. Globuleuse, déprimée, imperforée, lisse et brillante;
ouverture arrondie; péristome légèrement évasé, d'un brun-violet
au bord et garni en dedans d'un bourrelet blanc, quelquefois légè-
rement fauve. Cette coquille est assez solide, brillante, blanche ou
blanchâtre en dessus; le dessous est souvent d'un blanc-jaunâtre.
Comme toutes les coquilles à plusieurs bandes, elle est sujette à
beaucoup varier par la disposition de ces bandes et par leurs
couleurs. Épiphragme assez mince, blanchâtre et très-opaque.
Habite. M. Aleron la rapportée des bois des Albères, où elle
est commune. Je l'ai prise moi-même sur la montagne de Céret,
dans les bois du Puits de la Neige, et à Saint-Laurent-de-Cerdans,
dans les châtaigneraies un peu élevées.
10. Hélice némorale, Hélix nemoralis, Lin.
Animal. Pâle, la tête et les tentacules cendrés; de leur base
partent deux lignes grisâtres, qui se prolongent parallèlement
sur le cou.
Coquille. Finement striée, globuleuse, imperforée ; ouverture
subarrondie, le plus souvent ovale, solide, brillante, ornée de
bandes fauves ou d'un pourpre-noirâtre, rarement interrompues,
variant à l'infini, selon les individus, par la disposition des bandes,
par leur nombre et par la couleur du test de la coquille ; péris-
tome légèrement réfléchi, d'un fauve-pourpre; la gorge, qui est
aussi de cette couleur, est toujours moins foncée que le péris-
tome. Hauteur, de 14 à 26 millimètres; diamètre, de 20 à 30
millimètres.
[mollusques. 441
On peut faire des variétés à l'infini , si on a égard à la dispo-
sition des bandes et à leur nombre : 1° à bandes distinctes; 2° à
bandes soudées; 3° à bandes interrompues, réduites à des taches
ou à des points; 4° à des bandes demi-effacées, souvent transpa-
rentes. Chacune de ces divisions peut donner de trente à quarante
variétés différentes.
Habite les bois, les vignes, les haies des jardins; elle est dans
toutes les régions du département, même les plus élevées, puis-
qu'on la trouve dans la vallée de Carol, et dans cette localité les
individus sont très-gros et les couleurs très-brillantes.
M. Hélice des jardins, Hélix hortensis, Mull.
Animal. Diffère peu de l'Hélice-Némorale; il parait un peu
plus délicat.
Coquille. Entièrement semblable à celle de l'Hélice-Némorale;
elle est généralement un peu plus petite ; le péristome est toujours
blanc; épiphragme plan, opaque, mince et d'un blanc-jaunâtre.
Hauteur, de 14 à 25 millimètres; diamètre, de 18 à 30.
On forme aussi de cette espèce, comme de la précédente, pres-
que la même quantité de variétés, par la même disposition des
bandes qui couvrent le test de la coquille.
Habite. Moins répandue que la Némorale, on ne la trouve
presque jamais dans les mêmes localités; seulement, j'ai remarqué
qu'elle ne vit point dans les hautes régions et qu'elle ne dépasse
pas les limites des basses montagnes.
12. Hélice porphyre, Hélix arbustorum, Lin.
Animal. Allongé, d'un brun-noirâtre plus ou moins foncé, très-
variable dans ses couleurs; points oculaires très-noirs.
Coquille. Globuleuse, très-finement striée; ouverture arron-
die; péristome réfléchi, épaissi, très-blanc en dedans. Elle est
d'une couleur habituellement très-fauve, variant à l'infini par les
nuances de son test, qui, cependant, a une teinte fauve plus ou
moins claire ; on la trouve souvent avec des bandes plus ou moins
442 HISTOIRE NATURELLE.
bien formées. Hauteur, de 12 à 26 millimètres; diamètre, de 16
à 26 millimètres.
Habite les bois des montagnes moyennes, à une certaine élé-
vation, c'est-à-dire que nous ne la trouvons jamais à la hauteur
de la région des sapins; elle est commune parmi les broussailles
et les haies, ainsi que dans les clairières des bois de chênes,
chênes-verts et frênes qui couvrent les régions peu élevées.
15. Hélice de Xatart, Hélix Xatartii, Far.
(Une des plus belles variétés de l'Hélice-Porphyre. Moq.-Tand.)
M. Farines ne donne point la description de l'animal ; mais ,
comme nous avons pris ce Mollusque dans diverses localités de
nos montagnes, nous avons pu le décrire et le comparer avec
celui de l'Hélice-Porphyre, avec lequel il a beaucoup de rapports.
Animal. Il paraît généralement plus clair, et ses points oculaires
sont moins noirs que dans l'Hélice-Porphyre.
Coquille. M. Farines décrit la coquille à l'état adulte : « Test
solide, d'u ne couleur jaunâtre tirant sur le vert, brunâtre et comme
rôti, surtout sur le tour inférieur de la spire, qui est marqué
d'une bande brune, clair-semée de taches jaunes, plus nom-
breuses vers la partie postérieure de la coquille ; ouverture
semi- ovale; péristome blanc, peu réfléchi; trou ombilical
moyen et un peu masqué par la columelle. Celte coquille est
très-striée et comme côtelée par des replis très-saillants, qui
sont probablement des restes d'anciens péristomes. Ces stries,
beaucoup plus apparentes en dessous qu'en dessus de la coquille,
constituent un caractère distinctif entre cette Hélice et V Hélix
arbastorum. La spire, quoique un peu convexe, est beaucoup
plus aplatie, et sa grosseur beaucoup moins variable que dans
les différentes variétés de YHelix arbustorum.
<r Dans le jeune âge, cette coquille est transparente, fragile, d'une
couleur jaune-verdâtre, unie, sans bande brune ni taches jaunes,
profondément striée ; son ombilic est en grande partie recouvert
MOLLUSQUES. Mo
par la columelle. Au fur et à mesure qu'elle avance en âge, elle
acquiert de la solidité, se fonce en couleur, l'ombilic se déve-
loppe et se découvre.
«Habite sur toute la chaîne des Pyrénées-Orientales, à une
élévation de 1.200 mètres au-dessus du niveau de la mer, parti-
culièrement du côté de Prats-de-Mollô, au lieu dit le Col de las
Molas. Elle est assez commune sur le chemin de Nuria, par
Campredon, sur le gazon et sur les pierres, le long d'un petit
ruisseau, en face de la Coma de la Vaca, sur le pendant de Font
Lleteru. Je l'ai prise, mais en petite quantité, auprès d'une fon-
taine de la vallée d'Orry, sur un pied de YAconitum napellus, et
en assez grande quantité à l'extrémité de la vallée de Carença ,
près de la Cullade de las très Creus. »
Nous avons pris nous-même cette coquille dans plusieurs loca-
lités, toujours sur des points très-élevés (2.000 mètres d'altitude),
à la Font de la Conque, avand d'arriver à Cady ; h la Jasse de la
Llapoudère, revers méridional de Cady; au plateau de Cambres
d'Aze; à la vallée d'Eyne; à la vallée de Llo, tout près de la fon-
taine du Sègre. Examinée de bien près, on pourrait constituer
une nouvelle variété pour chaque localité, soit par la couleur
générale de la coquille, soit par rapport à certaines raies et points
qui sont parsemés sur le test, soit même par sa grosseur. Cepen-
dant, il en est.une qui l'emporte en beauté sur toutes les autres,
c'est celle qui se trouve à l'extrémité de la vallée de Llo.
Hauteur, de 12 à 25 millimètres; diamètre, de 14 à 24.
E. Porcelaines, Candidissimœ .
14. Hélice porcelaine, Hélix candidissima, Drap., Zoniies
candidissimus, Moq.-Tand.
Animal. Raccourci, trapu, fortement rugueux, brunâtre ou
d'un brun-rougeàtre; tentacules épais à la base, globuleux;
points oculaires noirs ; pied d'un cendré-roussàtre, très-finement
bordé de noirâtre.
444 HISTOIRE NATURELLE.
Coquille. Globuleuse, solide et fort dure, uniformément
convexe en dessus, aplatie en dessous, striée en dessus, lisse en
dessous, très-blanche à l'extérieur et d'un fauve-jaunâtre à l'in-
térieur; ouverture arrondie; péristome simple; épiphragme assez
solide, plan et opaque, d'un blanc-pur.
Hauteur, de 10 à 15 millimètres; diamètre, de 16 à 22.
Habite le bas des Albères. M. Aleron l'a recueillie sur la roule
de Sorède à Laroque, dans les haies des champs et des vignes.
Je l'ai prise à la montagne de Céret , dans les gorges exposées
au midi.
F. Alpines, Alpinœ.
Ce groupe n'a pas de représentant dans ce département.
G..Planospires, Planospirœ.
15. Hélice des Pyrénées, Hélix Pyrenaica, Drap.
Animal. Finement granuleux, grêle, allongé, d'un cendré-
bleuâtre ; tentacules supérieurs grêles et noirâtres ; pied assez
large, caréné postérieurement.
Coquille. Déprimée, assez aplatie en dessus, ombiliquée,
très-finement striée, mince, presque transparente, d'une cou-
leur olivâtre lorsqu'elle est fraîche; ouverture assez ovale;
péristome réfléchi, d'un blanc-pur après la mort de l'animal;
épiphragme très-mince, finement plissé, très-miroitant. Hauteur,
de 8 à 10 millimètres; diamètre, de 16 à 26 millimètres.
Habite. Commune aux environs de Prats-de-Mollô, dans les
lieux frais et ombragés; aux environs de La Preste; à Arles, au
pied des montagnes du Mas de la Guardia; dans les environs de
Villefranche , à la Trencada d'Ambulla ; sur la route de Vernet
à Castell, près de la rivière qui descend de Saint-Martin-du-
Canigou. Elle manque dans la vallée de l'Agly.
16. Hélice de Quimper, Hélix Quimperiana, Fer., Hélix
Kermorvani, Moq . -Tand .
MOLLUSQUES. 445
Animal. Grêle et effilé, d'un brun-rougeâtre, rugueux en dessus;
tentacules très-minces et longs; côtés du corps et dessous du pied
d'un blanc-jaunâtre.
Coquille. Très-déprimée en dessus, à spire entièrement plane,
irrégulièrement striée, mince, très-fragile, d'un roux-fauve;
ombilic ouvert, laissant voir tous les tours de la spire ; péristome
interrompu, réfléchi; bourrelet interne rosé ou blanc; ouverture
arrondie, échancrée; épiphragme très-mince et vitreux. Hauteur,
de 10 à 12 millimètres ; diamètre, de 22 à 30 millimètres.
Habite les lieux frais , près des eaux vives , dans les parties
basses sous Château-Roussillon.
Ce Mollusque fut apporté de Brest par M. le baron Kindelan.
Ses habitudes, dans la Bretagne, sont de vivre dans les lieux frais
et ombragés; je crus qu'il se propagerait en le déposant dans un
lieu semblable; je choisis les environs de Château-Roussillon,
où des eaux vives abondent et où le pays est couvert de beaucoup
d'arbres. 11 s'y reproduisit fort bien, et pendant plusieurs années,
je recueillis divers sujets; mais, soit que pendant l'été la chaleur
ait été trop forte, soit que ce Mollusque n'ait pas trouvé la nour-
riture qui lui convenait, soit enfin qu'une forte inondation de La
Tétait couvert de vase tous les bas fonds, il a fini par se perdre,
car depuis quelques années nous ne le trouvons plus.
17. Hélice cornée, Hélix comea, Drap.
Animal. Grêle, allongé, finement rugueux, à rides allongées;
noirâtre en dessus, s'aflaiblissant à mesure qu'on approche du
manteau ; pied assez étroit, d'un roux-noirâtre en dessous.
Coquille. Déprimée, peu convexe en dessus et légèrement
bombée en dessous, ombiliquée, finement striée, assez solide,
brillante, d'une couleur de corne assez claire; ombilic très-ouvert;
ouverture ovale. Hauteur, de 6 à 8 millimètres; diamètre, de 12
à 16 millimètres. — On trouve des individus qui sont entièrement
blancs, mais ils sont rares.
446 HISTOIRE NATURELLE.
Habite les bois de châtaigniers de la montagne la Senyorial
d'Arles. Nous l'avons prise dans les bois des basses Albères,
toujours près des ruisseaux, sur le gazon frais et au pied des
arbres et des roches qui les avoisinent; dans la vallée de La Tet
à Serdinya, Villefranche, Estoher, etc., etc.
18. Hélice squammeuse, Hélix squammatina, Marcel de
Serres.
(Variété de YHelix cornea, Moq.-Tand.)
Animal. Se rapporte parfaitement à celui de YHelix cornea;
seulement, sa couleur est lie-de-vin très-prononcée.
Coquille. Mêmes caractères de la précédente ; seulement les
stries plus prononcées, sont comme des squammes superposées
très-régulièrement les unes au-dessus des autres.
Hauteur, de 5 à 7 millimètres; diamètre, de 10 à 44 milli-
mètres.
Habite les lieux frais des châtaigneraies de Saint-Laurent-
de-Cerdans, où l'eau coule toujours; sur les roches humides
des environs de La Preste , surtout au bord du ruisseau qui est
auprès de la route , sur une grande roche de marbre près
l'établissement thermal.
Celte espèce est considérée par MM. Dupuy et Moquin-Tandon
comme une variété de YHelix cornea; cependant elle en diffère
d'une manière notable par l'habitat, par la couleur lie-de-vin et
par les squammes plus prononcées. Soumise à M. Marcel de
Serres, ce naturaliste n'avait pas hésité à la considérer comme
une espèce nouvelle.
Ce Mollusque ne s'est point reproduit aux environs de Perpi-
gnan où nous l'avions déposé; cependant, nous avions choisi
un lieu qui se rapprochait beaucoup de celui où nous l'avions
trouvé. Mais la température de la plaine, beaucoup plus élevée
que celle de La Preste et de Saint-Laurent-de-Cerdans, ne lui
a pas été favorable.
MOLLUSQUES. 447
19. Hélice de Desmoulins, Hélix Desmolinsii, Far.
Animal. Grêle, allongé, finement rugueux, à rides allongées;
d'une couleur de chair-sale, une double bande obscure sur le
cou; pied d'un jaune-rougeâtre en dessous.
Coquille (description de M. Farines). « Solide, transparente,
couleur de corne-clair ou blanc-sale, légèrement fasciée, striée
longitudinalement; ouverture un peu ovale, presque orbiculaire,
caractère qui la distingue de Y Hélix cornea, qui a l'ouverture
beaucoup plus ovale, et dont le péristome forme un angle un
peu droit à son bord gauche. Ce caractère est saillant si on met
ces deux coquilles l'une à côté de l'autre. Péristome continu,
blanc, réfléchi; ombilic un peu évasé, très -profond; spire
aplatie, mais un peu moins que celle de YHelix cornea.
« Habite les endroits frais et gazonnés de la montagne des Al-
bères, surtout dans les jardins de l'ermitage de N.-D. du Castell,
au pied des murs et entre les pierres, où on la trouve abondam-
ment un jour de pluie, et dans bien d'autres localités de cette
montagne. »
Nous l'avions recueillie à La Preste, en 1823, et sous Saint-
Martin-du-Canigou, au bord de la rivière, au-dessus du village de
Castell. Après l'avoir examinée attentivement, nous vîmes bien
qu'elle avait quelque chose de particulier qui la distinguait de
YHelix cornea, de laquelle elle se rapproche beaucoup; mais, le
caractère qui l'en sépare tout-à-fait, c'est que le péristome est
constamment continu. Nous avions dans notre collection cette co-
quille sous le nom d'Hélix cornea de La Preste, 1823, à observer.
Notre confrère, le docteur Penchinat, en nous indiquant les
localités des Albères, où vivent certains Mollusques, nous écrit
au sujet de YHelix Desmoiilinsii : « Vit à l'ermitage de Notre-Dame
du Castell, près de Sorède. Je l'ai trouvée sur plusieurs points
de la chaîne des Albères, au-dessus de Consolation; à la Tour-
du-Midi, au-dessus de Banyuls-sur-Mer, toujours à des altitudes
de 5 à 600 mètres ; je ne l'ai jamais trouvée plus bas. »
448 HISTOIRE NATURELLE.
M. Moquin-Tandon considère cette espèce comme une variété
de la Cornea. Cependant, la continuité constante de son péris-
tome la distinguera toujours de la Cornea, dont le péristome
n'est jamais continu. De plus, le dernier tour caréné de la
Desmolinsii, son ouverture qui n'est jamais gibbeuse au bord
columellaire, son test beaucoup plus mince, son aspect mat et
soyeux, et son faciès général seront des caractères assez sensibles
pour distinguer ces deux espèces.
20. Hélice lampe, Hélix lapicida, Lin.
Animal. Grêle, finement rugueux, noirâtre et quelquefois
cendré; tentacules noirâtres; deux lignes de la même couleur
s'étendent et se prolongent jusque vers le manteau; pied étroit,
aigu, plus pâle en-dessous, finement bordé de blanchâtre.
Coquille. Déprimée, convexe sur les deux faces; stries trans-
versales, coupées par de plus petites stries flexueuses; solide,
opaque, roussâtre, ou d'un roux-jaunâtre, quelquefois flammulée
de taches plus ou moins obscures. On trouve souvent des indi-
vidus entièrement blancs; néanmoins l'animal conserve sa cou-
leur noirâtre. Ouverture ovalaire; péristome continu, réfléchi,
mince, blanc intérieurement; épiphragme fort mince et vitreux.
Hauteur, de 7 à 10 millimètres; diamètre, de 14 à 20 millim.
Habite le pied de nos montagnes, au bas des murs, sur les
routes, sur les buissons; elle se plaît sur les terrains calcaires
et rocailleux; fort commune à Céret et le long des Albères;
dans les montagnes inférieures de la vallée de La Tet, jusqu'à
la hauteur d'Olette.
21. Hélice mignone, Hélix pulchella, Mull., Drap.
Animal. Gélatineux, grêle, d'un blanc-diaphane en-dessus,
plus foncé en dessous, fort agile dans ses mouvements ; tentacules
très-courts, fort transparents, d'un blanc à peine jaunâtre; pied
large, blanc-jaunâtre, légèrement bordé de blanchâtre.
MOLLUSQUES. 449
Coquille. Déprimée, finement striée, aplatie en-dessus,
convexe en dessous, solide, glabre et brillante; ombilic large;
ouverture très-oblique, transversalement ovale; péristome ré-
fléchi, mince, blanc intérieurement; épiphragme fort mince et
vitreux.
Hauteur, de 1 millimètre à 1 millimètre l/îj diamètre, de
1 millimètre 1/2 à 2 millimètres {l2-
Habite les parties basses des montagnes, près des lieux hu-
mides; sur les rochers et dans les broussailles des deux vallées
du Tech et de La Tet; nous la trouvons assez fréquemment au
bord des ruisseaux et parmi les broussailles sous le Mas Anglada,
près Chàteau-Roussillon.
22. Hélice à côtes, Hélix costata, Mull.
Animal. Presque pas de différence avec l'espèce précédente.
On les confondrait si on les examinait sans faire attention à la
coquille.
Coquille. Solide, d'une couleur grise et mate, subdéprimée,
assez aplatie en dessus, convexe en dessous, relevée de côtes
bien prononcées , largement ombiliquée ; ouverture arrondie ;
péristome réfléchi, à bords épaissis à l'intérieur; épiphragme
vitreux et fort mince.
Hauteur, de 1 millimètre i/2 à 2 millimètres; diamètre, de 2
à 4 millimètres.
Habite les lieux humides de la montagne de Céret, Arles et
Saint-Laurent-de-Cerdans ; jamais dans la plaine. On la confond
souvent avec la précédente; mais, en y faisant attention, on la
distingue bientôt à sa plus forte taille et aux côtes bien pronon-
cées de la coquille.
25. Hélice planorbe, Hélix obvoluta, Mull., Drap.
Animal. Noirâtre, allongé, finement rugueux en dessus; ten-
tacules assez longs; manteau un peu couleur de chair.
TOME m. 29
450 HISTOIRE NATURELLE.
Coquille. Déprimée, plane, même un peu concave en dessus,
convexe en dessous, ombiliquée, assez mince, opaque, hérissée
de poils assez raides , disposés en lignes , d'un fauve-rougeâtre
uniforme ; ouverture triangulaire ; péristome réfléchi , rosé ;
épiphragme blanc et assez solide. Hauteur, de 6 à 8 millim.;
diamètre, de 12 à 15 millimètres.
Habite sur les roches calcaires et humides, au bas de la Tren-
eada d'Ambulla et aux environs de Villefranche. Nous l'avons prise
aussi dans les environs de Castell et à Sainl-Martin-du-Canigou ,
où elle n'est pas commune.
H. Personnées, Personatœ.
Cette section manque totalement dans ce département.
I. Fauves , Fulvœ.
Manquent dans ce pays.
J. Rousses, Rufœ.
N'ont pas de représentants dans ce département.
K. Hispides, Hispidœ.
24. Hélice hispide, Hélix hispida, Lin., Drap.
Animal. De couleur noirâtre, un peu ardoisé en dessus, brun-
grisâtre en dessous, finement rugueux; tentacules supérieurs
assez longs.
Coquille. Déprimée, ouvertement ombiliquée, finement striée,
cornée, assez solide, fauve et quelquefois jaunâtre, de couleur
rougeâlre dans l'état frais, lorsqu'elle est parée de poils courts,
épais et raides; ouverture ovalaire échancrée; péristome à peine
évasé et tranchant; épiphragme vitreux et mince. Hauteur, de
5 à 7 millimètres; diamètre, de 6 à 10 millimètres.
Habite les endroits frais des environs de La Manère, de Prats-
de-Mollô. Nous l'avons rapportée des environs de Saint-Martin-
du-Canigou, du bois des Moines, des clairières du Randé, en
montant à Cady; elle est commune dans le bois des Fanges.
MOLLUSQUES. 451
L. Chartreuses , Carthusiance.
2o. Hélice strigelle, Hélix strigella.
Animal. Affectant tantôt le gris, le jaune, le roux ou le blan-
châtre; tentacules noirs; manteau de la même couleur du resle
de l'animal, parsemé de taches noires.
Coquille. Globuleuse, déprimée, médiocrement ombiliquée,
obliquement striée, assez solide, d'un fauve-rougeâtre, quelquefois
de couleur de corne-claire ou blanchâtre; péristbme réfléchi,
avec un bourrelet intérieur blanc ou roux, orné d'une bande
blanche au milieu du dernier tour, nettement tracée; épiphragme
vitreux et mince. Hauteur, de 9 à 12 millimètres; diamètre, de
15 à 18 millimètres.
Habite les haies et les buissons, sous les pierres et au pied
des arbres de tous les bois de nos montagnes moyennes. Amenée
probablement par les inondations à la pépinière départementale
de Perpignan, elle est commune dans les taillis et dans les
buissons qui bordent la rivière. C'est dans cet endroit plus par-
ticulièrement qu'on trouve la variété rougeâtre avec la bande
blanche sur le dernier tour. La variété d'un brun-obscur s'y
trouve rarement. Le Dr Penchinat l'a trouvée sur les Albères.
Nous l'avons trouvée dans les environs de La Preste; elle est
très-rare dans cette localité.
26. Hélice chartreuse, Hélix cartlmsiana, Mull., Drap.
Animal. Allongé, blanchâtre, ou d'un blanc-jaunâtre, finement
rugueux en dessus; manteau brun, parsemé de taches bleuâtres
irrégulières.
Coquille. Subdéprimée, presque aplatie en dessus, finement
striée , solide , mince , transparente , cornée ou blanchâtre ;
ouverture demi-arrondie; péristome opaque et assez mince;
épiphragme blanc-de-lait. Hauteur, de 7 à 9 millim.; diamètre,
de 12 à 18 millimètres.
Habite les haies des jardins de Saint-Estève et les champs de
452 HISTOIRE NATURELLE.
cette contrée, dans les broussailles qui ont servi d'arrêt à l'eau
des arrosages, sur les plantes et les arbustes du bord des fossés;
les jardins Saint-Jacques, et les bas fonds de Chàteau-Roussillon.
27. Hélice à lèvre rousse, Hélix rufilabris, Jeffr.
Animal. Finement rugueux, allongé, noir; tentacules grêles et
longs; manteau bleuâtre, marbré de blanc-jaunàtre.
Coquille. Déprimée, perforée, polie, solide, opaque, rous-
sâtre ou d'un roux -blanchâtre, quelquefois marquée de deux
bandes d'un blanc-mat un peu obscur; ouverture arrondie;
périslome simple, bordé de roux intérieurement; épiphragme
vitreux et mince. Hauteur, de 6 à 8 millimètres; diamètre, de
8 à 10 millimètres.
Habite la vallée d'Estoher, dans les lieux arides des coteaux
de cette contrée. Lorsqu'une plante est à sa convenance, elle s'y
trouve ordinairement en grande compagnie. Je l'ai prise sur la
Centaurea aspera.
M. Moquin-Tandon la classe V. B. minor, Drap., Hélix rufi-
labris, Jeffr.
28. Hélice marginée, Hélix limbata, Drap.
Animal. Effilé, d'un gris-jaunâtre, légèrement rauSsâlre anté-
rieurement; tentacules allongés, d'un gris-foncé; manteau blanc,
marqué de petits points et de lignes d'un fauve-rougeâtre.
Coquille. Globuleuse, convexe des deux côtés, finement striée,
solide, assez mince, presque brillante, marquée sur le milieu du
dernier tour d'une bande blanche, quelquefois roussâtre ou rou-
geâtre; ouverture ovale; péristome réfléchi, avec un bourrelet
intérieur blanc ou fauve. Hauteur, de 8 à 12 millim.; diamètre,
de 12 à 15 millimètres.
Habite les haies des propriétés rurales dans les environs
d'Arles-sur-Tech , Serrallongue, le pied des Albères, entre Le
Boulou et Sorède. Dans une journée humide , on la voit sur
les buissons et sur les plantes.
MOLLUSQUES. 453
29. Hélice cinctelle; Hélix cinctella, Drap.
Animal. Très-délicat, blanchâtre ou d'un blanc légèrement
jaunâtre; tentacules allongés, d'un gris-ardoisé, transparent;
pied très-long, étroit, très-finement bordé de blanchâtre.
Coquille. Subglobuleuse, déprimée, convexe des deux côtés,
carénée, finement striée, très-mince, transparente, d'un jaune-
rougeâtre, avec une bande d'un blanc-mat sur la carène du dernier
tour; ouverture ovale, anguleuse à la carène; péristome inter-
rompu, droit, peu évasé, mince; épiphragme vitreux, fort mince,
transparent. Hauteur, de 6 à 8 millim.; diamètre, de 10 à 12.
Habite dans la vallée du Tech, aux environs de La Manère,
de Prats-de-Mollô et de La Preste, où elle est assez commune.
Par une matinée humide, on la voit se promener sur les buis.
Elle se trouve aussi aux environs de la Tour de Mir. Je l'ai prise
sur les ronces dans les environs de Serdinya et d'Olette, vallée
de La Tel.
M. Lamellées, Lamellatœ.
30. Hélice des rochers, Hélix rupeslris, Drap.
Animal. Noir, plus ou moins foncé; tentacules supérieurs
courts, les inférieurs ne sont visibles qu'à la loupe; l'animal
porte la coquille très-élevée quand il marche.
Coquille. Petite, fauve ou d'un fauve-noirâtre, subglobuleuse,
largement ombiliquée, très-finement striée en dessus; péristome
interrompu, droit, concolore, à bords assez rapprochés, très-
convergents. Hauteur, de 1 millim. à 1 millim. l/2; diamètre,
de 1 millim. 1/2 à 2 millimètres.
Habite toutes les parties inférieures des montagnes calcaires ,
où elle est appliquée en très-grande abondance contre les rochers;
Casas-de-Pena, les garrigues de Baixas, de Salses, de Castelnau,
de Thuir, d'Arles-sur-Tech et la Trencada d'Ambulla.
N. Brillantes, Nitentes.
51. Hélice pygmée, Hélix pygmœa, Drap.
454 HISTOIRE NATURELLE.
Animal. Petit, ramassé, gris ou noirâtre; tentacules très-longs,
demi-transparents; le point oculaire très-noir; pied d'un gris-
ardoisé assez clair.
Coquille. Très-petite, déprimée, un peu convexe des deux côtés,
brillante, cornée ou d'un roux-fauve, largement ombiliquée ; ouver-
ture arrondie ; péristome droit, simple et aigu ; épiphragme vitreux
et très-mince. Hauteur, 1/2 millimètre; diamètre, 1 millimètre.
Habite. Son extrême petitesse la rend difficile à trouver. Arles,
dans les prairies au bord du Tech, sous le Mas de la Guardia; dans
les lieux ombragés et humides le long des Albères, près des ruis-
seaux, parmi les broussailles et sous les pierres, sur les feuilles
mortes et charriées par l'eau, et sous les pierres au bord des
torrents.
52. Hélice brillante, Hélix nitida, Mull., Zonites nitidus,
Moq.-Tand.
Animal. Rugueux, noir; tentacules de la même couleur, les
supérieurs épais et assez allongés ; pied un peu tronqué antérieu-
rement et de la couleur du corps, le dessous un peu plus clair
vers le centre et à l'extrémité.
Coquille. Subglobuleuse, un peu déprimée, finement striée
longitudinalement, mince, transparente, luisante, cornée et quel-
quefois verdàtre; ombilic assez large; ouverture très-arrondie;
péristome simple , à bords écartés ; épiphragme mince , transpa-
rent, un peu irisé, membraneux. Hauteur, de 3 à 5 millimètres ;
diamètre, de 5 à 8 millimètres.
Habite les lieux frais et ombragés des prairies de la Salanque,
près des flaques d'eau, parmi les broussailles et dans les mousses
qui croissent au pied des arbustes; mêmes gîtes dans les jardins
de Saint-Jacques de Perpignan ; les prairies et les fossés de la
vallée de Vernet-les-Bains.
5o. Hélice semi-rousse, Hélix olivetorum, Gmel., Zonites
olivetomm, Moq .-Tand .
MOLLUSQIES. 455
Animal. Ramassé et rugueux, d'un gris-bleuâtre-ardoisé très-
foncé par dessus, plus clair sur les côtés, avec une très-légère
teinte de jaune-brun intérieurement; tentacules de la même
couleur, allongés, presque transparents; pied assez long, large,
fortement rebordé, bilobé par devant, gris-ardoisé, légèrement
brun et bordé de noir.
Coquille. Globuleuse , assez largement ombiliquée, très-fine*
ment striée, assez solide, brillante, d'une couleur de corne-
roussâtre en dessus, un peu jaunâtre en dessous ; ouverture
subarrondie, peu oblique; péristome mince; épiphragme peu
sensible. Hauteur, de 12 à 15 millim.; diamètre, de 20 à 25.
Habite les lieux frais et ombragés de nos montagnes secon-
daires, dans la vallée de Rigarda et de Glorianes, près des ravins
et des bois humides. Je l'ai prise aussi dans les ravins du bois
des Fanges et de Saint-Martin, près de Fosse.
34. Hélice nitidule, Hélix nitidula, Drap., Zonites niti-
dulus, Moq.-Tand.
Animal. Très-petit, gris de perle, tacheté de points irréguliers
noirs et blancs ; tentacules effilés et longs ; le point oculaire très-
noir.
Coquille. Subglobuleuse, déprimée, largement ombiliquée,
très-finement striée, mince, glabre, très-peu brillante, légère-
ment transparente, d'un roux-fauve en-dessus, mate et d'un blanc
légèrement bleuâtre en dessous , surtout autour de l'ombilic ;
ouverture subovale-arrondie; péristome simple, à bords écartés.
Hauteur, de 4 à 6 millimètres; diamètre, de 8 à 10 millimètres.
Habite le pied des roches humides sur les montagnes, à une
certaine élévation , sur les mousses , sous les pierres et parmi
les détritus. On la trouve, après les fortes crues de nos rivières,
parmi les broussailles et les terres qui ont été déposées par l'eau
au bord des fossés et au pied des arbres dans les plaines des trois
bassins; mais alors il est rare de la trouver vivante. Je l'ai prise
456 HISTOIRE NATURELLE.
dans les environs de La Preste et dans les lieux humides des bois
de la Font de Comps.
35. Hélice lucide, Hélix lucida , Drap., Zonites lucidm,
Moq.-Tand.
Animal. Grêle, allongé, d'un gris-bleuâtre en dessus, plus foncé
en dessous; tentacules supérieurs effilés, d'un brun presque noir;
pied grisâtre, transparent, non frangé sur les bords.
Coquille. Convexe en dessus, finement striée, très-mince,
transparente, glabre, brillante, fauve en dessus, blanchâtre en
dessous près de l'ombilic ; ouverture ovale ; péristome droit ;
épiphragme très-mince et transparent. Hauteur, de 6 à 10 mill.;
diamètre, de 15 à 18 millimètres.
Habite. Très-rare dans les environs de Perpignan, et toujours
amenée par les eaux; on la trouve alors dans les détritus des
broussailles, dans les prairies basses des trois bassins et dans
la vase déposée dans les fossés. Je l'ai prise assez abondamment
aux environs de Céret et d'Arles, dans les ravins et les prairies
humides, sous les pierres et surtout dans les trous des murs en
pierre sèche qui séparent les propriétés.
36. Hélice luisante, Hélix niiens, Mich., Z orales nitens,
Moq.-Tand.
Animal. Grêle, effilé, strié longitudinalement, d'un gris-bleuâtre
plus ou moins ardoisé ; pied non frangé, d'un gris légèrement brun.
Coquille. Déprimée, un peu convexe, striée en dessus, mince,
brillante, blanchâtre, quelquefois roussâlre et variant beaucoup ;
ombilic assez large; péristome simple, à bords un peu écartés;
épiphragme rarement complet, irisé, membraneux. Hauteur, de
4 à G millimètres; diamètre, de 8 à 12 millimètres.
Habite. Nous l'avons toujours trouvée dans les environs de
Torreilles, dans les dépôts résultant d'une forte crue de l'Agly,
ce qui nous porterait à croire qu'elle doit habiter les montagnes
de cette vallée, où nous ne l'avons jamais prise.
MOLLUSQUES. 457
57. Hélice cristalline, Hélix cristallina, Mull., Zonites
crislallinus, Moq.-Tand.
Animal. Gélatineux, très-minime; tentacules supérieurs très-
grêles; points oculaires très-noirs; manteau d'un jaune-léger et
transparent; pied étroit, très-aigu en arrière.
Coquille. Très-mince, déprimée, très-brillante, d'un blanc
transparent; ombilic petit; ouverture arrondie; péristome mince;
épiphragme incomplet. Hauteur, de 1 millim. à 1 millim. !/2;
diamètre, de 2 à 3 millimètres.
Habite. Il est probable qu'elle habite les bois de nos monta-
gnes; mais sa petitesse a été cause que nous ne l'avons jamais
rencontrée; elle est toujours, après le débordement des rivières,
dans les détritus amenés par les eaux et déposés sur nos prairies
marécageuses dans les trois bassins.
58. Hélice peson, Hélix algira, Lin., Zonites algirus,
Moq.-Tand.
Animal. Gros et rugueux, d'un gris-ardoisé plus ou moins foncé ;
tentacules très-allongés et grêles ; points oculaires petits et noirs,
peu saillants, à peine apparents ; pied non frangé, fortement bordé
de noirâtre.
Coquille. Convexo-déprimée en dessus, largement ombiliquée,
fortement et irrégulièrement striée en dessus, glabre, solide, d'une
couleur de corne légèrement verdâtre ou jaunâtre en dessus, plus
pâle, souvent blanchâtre et luisante en dessous; ombilic large;
ouverture subarrondie; péristome à peine épaissi en dedans; épi-
phragme complet, lisse, mince, plissé, peu transparent, irisé,
un peu nacré dans quelques parties. Hauteur, de 16 à 25 inill.;
diamètre, de 30 à 50 millimètres.
Habite les coteaux de Château-Roussillon, dans les parties
basses; les coteaux du Mas del Comte, et les fossés de la citadelle.
VHelix algira ne vivait point en Roussillon; nous en portâmes
quelques sujets de Montpellier, où elle est fort commune, et nous
458 HISTOIRE NATURELLE.
les déposâmes dans les trois localités que nous venons de signaler.
Ils se sont reproduits, et leur espèce se conserve, grâce à leur
chair coriace, qui est dédaignée de nos cultivateurs, tandis que la
Pomatia a presque disparu.
O. Boutons, Rotundatœ.
59. Hélice bouton, Hélix rotunclata, Mull.
Animal. Allongé, grisâtre ou d'un noir-bleuâtre, ponctué de
noir en dessus et latéralement; tentacules supérieurs fort longs
et grêles , de la même couleur que le corps ; boutons oculaires
gros , assez globuleux , très-arrondis ; pied étroit , fortement
rebordé, non-frangé.
Coquille. Très-ouvertement ombiliquée, convexe en dessus,
à tours de spire très-serrés, subcarénée, régulièrement striée,
côtelée, assez solide, couleur- de corne, flammulée de fauve-
rougeâtre ; ouverture transversalement ovalaire , déprimée et
rétrécie ; épiphragme vitreux et fort mince. Hauteur, de 2 à 4
millimètres; diamètre, de 5 à 8 millimètres.
Habite le long de La Tet, dans les bosquets et les taillis, où
elle est fort commune. On la prend en abondance dans les allu-
vions , après une forte crue.
40. Hélice lenticule, Hélix lenticula, Fer.
Animal. Grêle, finement rugueux, blanchâtre ou d'un gris-
bleuâtre en dessus, plus clair sur les côtés, blanc-jaunâtre en
dessous; tentacules supérieurs épais et médiocrement allongés;
pied long et étroit, pointu antérieurement.
Coquille. Déprimée, légèrement bombée en dessus et bien
convexe en dessous, ouvertement ombiliquée, très-finement striée,
solide , d'un corné-fauve ou roussâtre et unicolore ; carène assez
aiguë; ouverture arrondie, légèrement échancrée et anguleuse à
la carène; épiphragme d'un blanc-de-lait opaque. Hauteur, de
3 à 4 millimètres; diamètre, de 7 à 8 millimètres.
MOLLUSQUES. 459
Habite. On la trouve dans les environs de Chàteau-Roussillon,
autour des ruines de cette localité. Très-commune à Collioure,
au pied des murs des glacis de la place et du fort Miradou,
attachée aux orties qui y croissent abondammemt. Elle y est en
compagnie de YHelix Nitens, Conspurcata, Pulchella, Verniculata.
$e trouve aussi à Cosperons, d'après le docteur Penchinat.
Ai. Hélice de Rang, Hélix rangiana, Desh.
Animal. Très-grêle, délicat, finement chagriné en dessus,
presque transparent, d'un gris légèrement bleuâtre en dessous;
pied presque tronqué antérieurement, d'un jaune-clair un peu
roussàlre.
Coquille. Lenticulaire, presque aplatie en dessus et convexe
en dessous, fortement ombiliquée et carénée, striée, côtelée,
assez solide quoique mince, d'une couleur cornée-fauve uni-
forme, un peu plus claire en dessous; ouverture rétrécie et
échancrée en croissant; péristome non continu, réfléchi, bi-
denté; épiphragme vitreux et fort mince. Hauteur, de 4 à 5
millim. */a '■> diamètre, de 7 à 8 millimètres.
Habite entre Collioure et Consolation , à mi-chemin à gauche
de la route, tout près d'une rangée de peupliers; dans les murs
des vignes, où elle est abondante, et autour des habitations de
la chapelle de Consolation , au pied des murs et des jardins.
M. Rang, en station à Port-Vendres, trouva cette coquille dans
le ravin qui descend de Consolation. On crut qu'elle était amenée
par l'eau de la montagne où est située la Tour du Diable; on la
chercha vainement dans cette localité. M. Bélieu, qui s'occupait
alors de conchyliologie et qui habitait Collioure, fit des recherches
et découvrit les endroits où elle se trouve en abondance : c'est
lui qui la propagea. Bien qu'on la trouve avec beaucoup de diffi-
culté, à cause de sa petitesse et des gîtes qu'elle choisit, elle
n'est pourtant pas rare; elle se lient de préférence clans les lieux
humides, et ne sort que la nuit; elle s'enfonce à une grande
profondeur dans la (erre pendant les fortes chaleurs, ce qui fit
460 HISTOIRE NATURELLE.
dire à M. Boubée, qui la cherchait et ne la trouva point, qu'on
l'avait trompé sur l'habitat. Ce n'était pas étonnant : il avait été
à Consolation en juillet, par une température de 30 à 35 degrés
et une sécheresse extrême. Ce n'est point avec un temps pareil
qu'on doit chercher les Mollusques, surtout de cette taille. Si on
va sur les lieux par une journée de pluie, on est sûr d'en faire^
une bonne provision.
M. Penchinat m'écrit, 2 mars 1861, au sujet de cette coquille:
« On la trouve au pied des murs humides, à Consolation, dans les
vignes et partout où ce Mollusque trouve à s'abriter du jour et du
vent; son animal est très-sensible et se cache de suite dans les
murailles, qu'il faut démolir pour l'attraper. J'ai trouvé cette
coquille partout depuis le Cap-Cerbère , à Banyuls-sur-Mer, à
Cosperons, à Port-Vendres et à Collioure, jusques au torrent du
Ravenal, qu'elle ne dépasse pas. N'est pas très-commune. »
P. Variables, Variabiles.
42. Hélice albelle, Hélix explanata, Mull., H. albella, Drap.
Animal. Grêle, allongé, pâle, fauve-roussâtre en dessus, plus
clair en dessous ; tentacules supérieurs assez allongés ; point
oculaire noir et apparent; côtés du corps d'un blanc-jaunâtre;
pied non frangé sur les bords, qui sont un peu relevés, un peu
transparents, d'une brun-jaunâtre clair.
Coquille. Très-déprimée, très-aplatie en dessus, convexe en
dessous; stries peu apparentes, fines; un peu épaisse, solide,
mate, opaque, d'un blanc-jaunâtre, plus pâle vers l'ombilic : ce
dernier très-large ; ouverture très-oblique , peu échancrée par
l'avant-dernier tour; péristome interrompu, droit, avec un bour-
relet intérieur blanc ou roussâtre. Hauteur, de 5 à 7 millimètres ;
diamètre, de 12 à 16 millimètres.
Habite sur les plages, aux environs de l'étang du Bordigol,
près de Torreilles, et dans les environs de Salses, sur les dunes
qui séparent l'étang de la mer; beaucoup plus commune près de
Leucate et à l'île Sainte-Lucie, sur les plantes et sur les arbustes.
MOLLUSQUES. 461
43. Hélice petit troque, Hélix trochilus, Poir.
Animal. Assez grêle, couvert de légères rugosités allongées;
tentacules supérieurs minces et allongés ; corps d'un blanc-
jaunàtre ou roussâtre.
Coquille. Conique, déprimée, assez convexe en dessous, un
peu ombiliquée, solide, blanche, plutôt d'un blanc -jaunâtre,
quelquefois ornée d'une bande brun-fauve à la partie supérieure
des tours; carène très-comprimée; ouverture ovale. Hauteur, de
4 à 5 millimètres; diamètre, de 8 à 10 millimètres.
Habite le bord de la plage, entre Saint-Laurent et Salses,
sur les tiges des graminées et dans les champs de luzerne. Nous
l'avions confondue avec VElegans, avec laquelle elle a beaucoup
de rapports, et qui habite les mêmes lieux; elles sont souvent
mêlées sur la même plante.
44 Hélice élégante, Hélix elegans, Gmel.
Animal. Petit, arrondi en avant, transparent, d'un gris-rous-
sâtre en dessus, gris-jaunàtre-sale en dessous; tentacules gros,
jaunâtres ; points oculaires noirs ; pied sans franges , fortement
arrondi antérieurement; dessous du pied de couleur uniforme,
bordé de grisâtre.
Coquille. Offrant peu de différence par la forme avec celle
de l'espèce précédente. De couleur uniforme blanche, entourée
de la base au sommet d'une petite bande cornée-fauve ou d'un
pourpre-noirâtre; elles varient par la disposition des couleurs,
ce qui permet d'en faire plusieurs variétés ; ombilic très-petit ;
ouverture peu oblique; péristome droit, peu épaissi, blanc, à
bords très-écartés ; épiphragme complet, épais, solide, opaque,
inégalement crétacé. Hauteur, de 6 à 8 millimètres; diamètre,
de 8 à 10 millimètres.
Habite les plages maritimes et les luzernières qui se rappro-
chent le plus des dunes, à Canet, Saint-Laurent, Salses, et surtout
aux environs de La Nouvelle et à l'île Sainte-Lucie. Commune
sur les glacis du Fort Caire à Collioure.
462 HISTOIRE NATURELLE.
45. Hélice conique, Hélix trochoïdes, Poir., Hélix conica,
Drap.
Animal. Grêle, d'un gris-noiràtre ; tentacules supérieurs effilés,
finement ponctués de noirâtre; manteau jaunâtre; pied étroit,
d'un blanc-jaunâtre, non frangé, plus clair vers les bords.
Coquille. Globuleuse, conique, obtuse au sommet, finement
striée, perforée, opaque, solide, presque brillante, blanchâtre et
souvent entourée de la base au sommet d'une ou plusieurs bandes
fauves plus ou moins prononcées, entières ou interrompues, quel-
quefois tachetée et souvent unicolore; ombilic très-petit; ouverture
transversalement ovalaire-arrondie, plus large que haute; péris-
tome interrompu, droit, un peu épais, roussâtre ou blanchâtre
intérieurement; épiphragme blanc, mince, légèrement opaque.
Hauteur, de 4 à 7 millimètres; diamètre, de 6 à 8 millimètres.
Habite toutes nos plages , dans les pelouses et les prairies
les plus rapprochées de la mer, sur les plantes, de préférence
sur les chicoracées qui abondent dans ces lieux.
La disposition des lignes qui couvrent cette coquille, permet
d'en faire plusieurs variétés.
46. Hélice pyramidée, Hélix pyramidata, Drap.
Animal. Effilé, grêle, d'un gris-noirâtre en dessus, d'un blanc-
jaunâtre en dessous ; tentacules supérieurs très-effilés et plus
foncés que le reste de l'animal ; manteau d'un gris-jaunâtre.
Coquille. Globuleuse , de forme conique en dessus, perforée,
très-finement striée , épaisse , solide , opaque , presque brillante,
unicolore , blanche , quelquefois diversement fasciée de fauve ou
de noirâtre, et les bandes souvent interrompues; ombilic petit;
ouverture oblique, transversalement ovale; péristome interrompu,
droit, roussâtre ou blanc; épiphragme mince, très-peu transpa-
rent, crétacé, avec une petite tache opaline. Hauteur, de 6 à 10
millimètres; diamètre, de 8 à 12 millimètres.
Habite les lieux stériles, les fossés des fortifications de la cita-
MOLLUSQUES. 463
délie et des lunettes de Perpignan , les pelouses qui bordent les
dunes de nos plages; elle est très-commune au bas des coteaux
qui entourent la plage de las Elmas, près de Banyuls-sur-Mer.
Je l'ai trouvée aussi à l'île Sainte-Lucie.
47. Hélice apicine, Hélix apicina, Lam.
Animal. Epais, trapu, arrondi antérieurement, d'un gris-
noirâtre; tentacules supérieurs gros, d'un brun-grisâtre; point
oculaire très-noir; pied large, presque tronqué en avant, d'un
gris-noirâtre.
Coquille. Globuleuse, subdéprimée, légèrement aplatie en
dessus, renflée en dessous, striée légèrement et irrégulièrement,
mince, opaque, blanchâtre ou grisâtre, ornée de taches cornées,
qui lui donnent un aspect flammulé, couverte de poils rares et
courts; ombilic médiocre; ouverture ronde, un peu échancrée
par l'avant -dernier tour; épiphragme mince, blanc, opaque,
subcrétacé. Hauteur, de -4 à 5 millim.; diamètre, de 8 à 10 mill.
Habite les prairies des bords de l'Agly, près de Saint-Antoine-
de-Galamus, où M. Aleron l'a trouvée le premier. Nous l'avons
prise dans la même vallée, dans les chaumes des champs, entre
Casas-de-Pena et Rivesaltes, surtout dans les environs d'Espira-
de-1'Agly.
48. Hélice sale, Hélix conspurcata. Drap.
Animal. Gris, ou d'un gris-bleuâtre en dessus, trapu, presque
tronqué antérieurement; tentacules supérieurs allongés, de la
même couleur que le corps, gros à l'extrémité; point oculaire
noir et très-prononcé; pied presque tronqué antérieurement,
côtés assez transparents, d'un brun-jaunâtre; dessous du pied
d'un brun-sale, largement bordé de taches noires.
Coquille. Déprimée, à peine légèrement convexe en dessus,
et très-convexe en dessous, striée, côtelée, mince, opaque, hispi-
dule, de couleur de corne-cendrée, finement tachetée, étroite-
ment ombiliquée; ouverture oblique, ovale-arrondie, peu échan-
464 HISTOIRE NATURELLE.
crée ; péristome droit, interrompu, mince, à bords un peu
écartés; épiphragme vitreux, mince, aplati, en partie transparent.
Hauteur, de 3 à 5 millimètres; diamètre de 6 à 8 millimètres.
Habite Perpignan, dans les fossés de la citadelle, au pied des
murs et sur les plantes ; fort commune dans le cimetière de là
porte Saint-Martin. .
49. Hélice striée, Hélix stria ta. Drap.
Animal. Court, d'un gris-jaunâtre, largement bordé de noirâ-
tre ; quatre lignes plus obscures partent des quatre tentacules et
s'étendent sur le corps ; pied presque tronqué antérieurement ;
côtés assez larges, se rétrécissant en avant, d'un gris-jaunâtre.
Coquille. Déprimée, un peu globuleuse, striée, légèrement
échancrée, solide, épaisse, blanchâtre ou d'un blanc-jaunâtre,
quelquefois unicolore , souvent fasciée de fauve ou de brun ;
ouverture oblique, ovale-arrondie , médiocrement échancrée ;
péristome interrompu, presque droit, avec un bourrelet intérieur
blanc ou roussâtre; épiphragme plus ou moins complet, plissé,
très-mince, transparent, irisé, membraneux. Hauteur, de 5 à 7
millimètres; diamètre, de 8 à 10 millimètres.
Habite les garrigues de Calce, dans les ravins, sous les pierres
et sur les plantes; nous l'avons aussi trouvée dans la vallée du
Réart, dans les environs de Notre-Dame du Col et dans les ravins
des monts des environs de celte chapelle.
50. Hélice des gazons, Hélix cespitum, Drap.
Animal. Allongé, gros, finement rugueux, rides allongées,
d'un blanc-jaunâtre-pâle plus foncé en dessus; tentacules supé-
rieurs très -allongés; point oculaire noir; pied sans franges,
légèrement pointu antérieurement, dessous de couleur uniforme.
Coquille. Subglobuleuse, déprimée, striée régulièrement,
opaque, passant du blanc-de-lait à la couleur pourpre-noirâtre,
unicolore ou fasciée d'un fauve-purpurescent plus ou moins foncé ;
les bandes varient considérablement en nombre et en couleur;
MOLLUSQUES. 465
ombilic très-ouvert ; ouverture oblique, arrondie, peu échancrée
par l'avant-dernier tour ; périslome interrompu, droit, un léger
bourrelet blanc intérieurement; épiphragme lisse, très-mince,
peu transparent, à peine irisé, peu miroitant. Hauteur, de 12 à
18 millimètres; diamètre, de 20 à 28 millimètres.
Habite tout le pied des Albères ; très-commune aux environs
de Céret, dans les jardins et surtout au Castellas (vieux château),
auprès duquel se trouvent les carrières à plâtre. M. Michel en
trouva un individu sénestre, sorte de monstruosité qui n'avait
pas encore été signalée dans cette espèce. On peut en faire
diverses variétés, si on considère la disposition des raies qui
couvrent son test.
51. Hélice ruban, Hélix ericetorum, Mull.
Animal. Un peu grêle, rugueux, rides allongées, d'un gris-
bleuâtre en dessus; tentacules supérieurs effilés et de la même
couleur; points oculaires noirs, apparents; pied un peu anguleux
en avant, transparent, d'un brun-jaunâtre, finement bordé de
blanchâtre.
Coquille. Déprimée, très-finement striée, stries irrégulières
et éloignées les unes des autres, mince, blanche ou cendrée,
unicolore, ou bien ornée de une à cinq bandes, tantôt larges,
tantôt filiformes, largement ombiliquée; ouverture très-oblique,
arrondie, peu échancrée par l'avant-dernier tour; péristome
interrompu, droit, avec un bourrelet intérieur blanc ou rous-
sâtre; épiphragme vitreux, très-mince, transparent, membra-
neux, irisé. Hauteur, de 8 à 12 millimètres; diamètre, de 14 à
25 millimètres.
Habite les gazons et les pelouses des parties montueuses de
nos montagnes moyennes, les basses Albères, les montagnes de
Céret et Amélie-les -Bains, dans la vallée de Saint-Marsal
jusqu'au pied de la Tour de Batère. Celles que nous trouvons
dans cette dernière localité, sont plus petites. C'est encore une
TOME m. 50
466 HISTOIRE NATURELLE.
de celles dont on peut établir diverses variétés, si on a égard à
la disposition des bandes ou lignes qui couvrent la coquille.
52. Hélice négligée, Hélix neglecta, Drap.
Animal. On ne peut guère établir de différence avec celui de
l'Hélice-Ruban.
Coquille. Globuleuse, déprimée, plus ou moins aplatie en
dessus, bombée en dessous, presque lisse, solide, opaque,
blanche, souvent d'un fauve-rougeâtre , ornée de plusieurs ban-
des entières ou interrompues, qui sont quelquefois flammulées;
ouverture oblique, arrondie, un peu échancrée par l'avant-dernier
tour; péristome interrompu, droit et tranchant, avec un bourrelet
intérieur roux; épiphragme vitreux, mince, transparent, miroi-
tant, irisé. Hauteur, de 7 à 12 millim.; diamètre, de 10 à 15.
Habite les montagnes de la vallée du Réart, vers la Cantarana,
Llaurô et ses environs , Oms et toute cette contrée, dans les pelouses
et dans les jardins qui se trouvent dans la gorge.
53. Hélice submaritime, Hélix submaritima, Rossin.
Animal. Entièrement semblable à celui de l'Hélice-Variable.
Nous avions confondu pendant longtemps cette espèce avec une
des nombreuses variétés de YHelix variabilis; seulement elle était
toujours moins forte de taille.
Coquille. Globuleuse, déprimée, finement et irrégulièrement
striée, solide, blanchâtre, tantôt unicolore, tantôt ornée de bandes
brunes ou fauves , continues ou interrompues , dont les disposi-
tions sont très-variables, médiocrement ombiliquée; ouverture
oblique, arrondie, un peu échancrée par l'avant-dernier tour;
péristome interrompu, droit, à bords peu rapprochés; épiphragme
très-mince. Hauteur, de 8 à 12 millimètres; diamètre, de 14 à 18
millimètres.
Habite les prairies des environs de Perpignan, les jardins des
bords de la rivière, dans les clairières des taillis et sous Château-
Roussillon ; je l'ai aussi trouvée dans plusieurs de nos vallées, à
MOLLUSQUES. 467
Estoher, à Vernet, à Saint-Antoine-de-Galamus , vivant et se
collant sur diverses plantes, toujours en grand nombre, comme
le fait YHelix variabilis.
54. Hélice variable, Hélix variabilis, Drap.
Animal. Assez court, blanchâtre, grisâtre, plus souvent noirâtre
ou tout noir en dessus; tentacules supérieurs allongés, sans être
bien grêles, et d'une couleur plus foncée que le cou; pied large-
ment arrondi antérieurement, sans franges, un peu jaunâtre;
dessous du pied un peu roussâtre, bordé de blanc.
Coquille. Globuleuse, élevée ou subdéprimée, finement et
irrégulièrement striée, solide, opaque, blanche, extrêmement
variable dans sa couleur, comme aussi dans la disposition des
bandes nombreuses dont elle se couvre, qui sont brunes,
entières , interrompues ou réduites à des flammes ou à des
points, ce qui lui a probablement valu le nom de variable;
ombilic variable dans son ouverture ; ouverture arrondie , un
peu échancrée par l'avant-dernier tour; péristome interrompu,
droit, avec un bourrelet intérieur brun-rouge ou blanchâtre;
épiphragme vitreux et mince. Hauteur, de 10 à 18 millimètres;
diamètre, de 13 à 22 millimètres.
Habite partout dans le département, depuis les bords de la
mer, jusqu'à la hauteur des montagnes moyennes, dans toutes
nos vallées; on la trouve ordinairement en grand nombre sur les
plantes, les chardons surtout et les lamarix. On peut en faire aussi
un bon nombre de variétés; on en trouva de toutes blanches, avec
la bouche rosée.
55. Hélice maritime, Hélix maritima, Drap.
Animal. 11 existe peu de différence entre l'animal de YHelix
variabilis et celui de YHelix rnaritima. On les confondrait aisé-
ment si on les voyait séparément; cependant, on en a établi une
espèce, et tout porterait à croire que ce n'est qu'une des nom-
breuses variétés qu'on trouve dans YHelix variabilis.
468 HISTOIRE NATURELLE.
Coquille. Elle ne présente pas non plus beaucoup de diffé-
rence avec l'espèce précédente, et elle se rapproche beaucoup de
certaines variétés de Y Hélix variabilis; mais, d'après Draparnaud
et M. Dupuy, « elle s'en distingue par sa forme un peu plus coni-
que, par sa consistance plus solide, par sa carène plus prononcée,
par sa petitesse toujours constante, par son trou ombilical plus
étroit, et surtout par la vivacité de ses couleurs. Les bandes sont
d'un brun-foncé, quelquefois noires, ordinairement très-rappro-
chées, presque confondues et interrompues, de façon que la
coquille paraît souvent brune ou noirâtre, avec de petites bandes
et taches agréablement entremêlées. »
Ajoutons à cela une grande dose de bonne volonté pour en faire
une nouvelle espèce. Quand on considère les nombreuses variétés
des deux coquilles, si ce n'était la petitesse de l'Hélice-Maritime,
qui est presque toujours d'un tiers plus petite que l'Hélice-
Variable, on serait porté à les confondre; car, souvent dans les
variétés de la première, on trouve des individus qui ne sont guère
plus gros que les plus avantageux de la seconde. Hauteur, de 7 à
10 millimètres; diamètre, de 7 à 10 millimètres.
Habite les plages de la mer, et les prairies maritimes des bords
de l'Agly, près Saint-Laurent-de-la-Salanque, et celles AuBordigol,
près de Torreilles. Nous la trouvons aussi assez éloignée des dunes,
sur les plantes des prairies des environs des cours d'eau près de
Perpignan et de Rivesalles. On ferait de cette coquille les mêmes
variétés qu'on peut faire de l'Hélice-Variable.
56. Hélice rhodostome, Hélix pisana, Mull.
Animal. Allongé, rugueux, d'un gris-jaunâtre en dessus, d'un
jaune-roussâtre en dessous; tentacules supérieurs coniques, al-
longés, transparents, d'un gris-jaunâtre; points oculaires petits,
saillants, noirs ; pied large, sans franges, un peu tronqué antérieu-
rement, dessous transparent sur les bords, d'un fauve-rougeâtre.
Coquille. Globuleuse, très-variable dans ses couleurs, blanche,
jaunâtre ou grisâtre, tantôt unicolore, souvent ornée de bandes
MOLLUSQUES. 469
fauves ou pourprées, quelquefois la coquille est comme fiammu-
lée, d'autres fois elle est d'un blanc-de-lait uniforme, avec le
bourrelet d'un rose très-vif, très-étroitement perforée, irrégu-
lièrement striée; ouverture arrondie, quelquefois ovalaire, assez
fortement échancrée par l'avant-dernier tour; péristome presque
droit, avec un bourrelet qui, dans la plupart des individus, est
coloré de rose; épiphragme vitreux et mince, excepté en hiver,
saison pendant laquelle l'animal fixe sa coquille sur les plantes au
moyen de son épiphragme, qui prend alors une consistance assez
forte. Hauteur, de 14 à 22 millim.; diamètre, de 16 à 26 millim.
C'est peut-être une des coquilles qui offre le plus de variétés
par la grosseur et par la disposition de ses couleurs.
Habite. Partout dans le département, et dans les trois bassins ;
on la trouve abondamment dans les fossés des fortifications de
Perpignan, attachée à toute sorte de plantes, sur le bord des gran-
des routes, dans les champs, les jardins : elle est si abondante,
qu'on la récolte pour en nourrir les Canards; édule, nos paysans
en consomment énormément.
57. Hélice conoïde, Hélix conoïdea, Drap.
Animal. Peu rugueux, d'un blanc-roussàtre, plus pâle en
dessous, assez allongé, transparent; tentacules grêles, assez
longs et plus foncés que le cou; pied étroit et un peu pointu pos-
térieurement, blanchâtre, nuancé de gris-roussâtre.
Coquille. Globuleuse, conoïde, plus haute que large, striée
irrégulièrement, solide, blanche, unicolore ou ornée de bandes
brunes ou fauves, variant beaucoup par leur disposition ; ombilic
petit; ouverture peu oblique, presque arrondie, très-peu échan-
crée par l'avant-dernier tour; péristome interrompu, droit,
mince, concolore, à bords assez rapprochés, convergents ; épi-
phragme mince, transparent. Hauteur, de 6 à 8 millimètres;
diamètre, de 5 à 7 millimètres.
Habite sur les plantes, le long de nos côtes marines, et surtout
dans les expositions méridionales de la vallée de Banyuls.
470 HISTOIRE NATURELLE.
58. Hélice bulimoïde, Hélix bulimoïdes, Moq.-Tand.
Animal. Allongé, fortement tronqué par devant, se rétrécissant
brusquement par derrière, un peu transparent, d'un brun-jaunâ-
tre en dessus, plus clair en dessous; tentacules très-longs, grêles,
cylindroconiques , finement chagrinés; points oculaires petits,
noirs, transparents; pied arrondi par devant, largement bordé;
dessous du pied de couleur uniforme, transparent sur les bords.
Coquille. Allongée, conique, ventrue, turriculée en dessus,
très -bombée en dessous, à stries longitudinales assez larges,
inégales; mince, solide, un peu luisante, glabre, blanchâtre,
presque opaque, avec une bande brune un peu transparente;
ombilic très-petit ; ouverture oblique, presque longitudinalement
ovale, un peu échancrée par l'avant-dernier tour; péristome
interrompu, droit, mince, à bords un peu écartés; épiphragme
complet, un peu épais, très-peu plissé, transparent, irisé. Hau-
teur, de 8 à 12 millimètres ; diamètre, de 5 à 8 millimètres.
Habite toutes les prairies maritimes et les luzernes sur tout le
littoral, attachée aux tiges des plantes. Varie beaucoup par la
grosseur et par la couleur de la coquille.
Genre Bulime, Bulimus, Brug.
Animal. Semblable à celui des Hélices ; tortillon plus
allongé et tentacules inférieurs plus courts.
Coquille. Ovale, oblongue ou turriculée ; dernier tour
plus grand que le pénultième; ouverture ovale, bords
inégaux, toujours désunis; columelle lisse, droite et sans
troncature a la base.
1. Bulime ventru, Bulimus ventrosus, Lud., Pfeiff.,
Bulimus venir icolus, Drap.
Animal. Gris-jaunâtre, roussâtre, et souvent noirâtre, finement
rugueux ; tentacules supérieurs allongés , fortement boutonnés à
l'extrémité ; point oculaire d'un roux-noirâtre.
MOLLUSQUES. 471
Coquille. Ovale-conique, obtuse au sommet, subperforée, irré-
gulièrement striée, solide, opaque, blanche et plus souvent grise,
ornée de bandes brunes ou fauves diversement disposées, qui
rendent la coquille tachetée et comme bigarrée; ouverture obli-
quement ovale, échancrée par l'avant-dernier tour. Hauteur, de
8 à 12 millimètres; diamètre, de 6 à 8 millimètres.
Habite les prairies maritimes le long du littoral ; on la trouve
abondamment dans les champs de luzerne, même assez loin de
la côte.
2. Bulime aigu, Bulimus acutus, Brug.
(M. Moquin-Tandon n'admet pas cette espèce. )
Animal. Peu différent de celui qui précède, mais plus minime.
Coquille. Conique-turriculée, presque aiguë au sommet, striée
irrégulièrement, assez solide et opaque, blanche ou grise, très-
diversement fasciée de brun et de fauve ; épiphragme mince et
vitreux. Hauteur, de 12 à 20 millim.; diamètre de 6 à 8 millim.
Habite les prairies du pied de Château-Roussillon, près de la
rivière ; on la trouve dans les prairies de toute la Salanque et
dans celles qui bordent le pied des Albères; aux environs d'Arles
dans les prairies du bord du Tech.
3. Bulime radié, Bulimus radiatus, Brug., Bulimus
détritus, Desh.
Animal. Jaunâtre, rugueux, à rides un peu allongées ; tenta-
cules supérieurs assez épais, très-obtus et bleuâtres ; point ocu-
laire noir.
Coquille. Ovale-allongée, ventrue vers le milieu, conoïde vers
le sommet, obtuse, solide, brillante, blanche, variant beaucoup
par la disposition de taches cornées qui couvrent quelquefois la
coquille ; ouverture ovale ; épiphragme vitreux. Hauteur, de 24 à
34 millimètres ; diamètre, de 8 à 12 millimètres.
Habite la base de toutes nos montagnes, jusqu'à une certaine
élévation : Saint-Antoine-de-Galamus, Villefranche , Serdinya,
472 HISTOIRE NATURELLE.
Olette, Géret et les montagnes de la vallée du Réart, Oms,
Llaurô, la vallée de Saint-Laurent-de-Cerdans et les environs de
Coustouges. On pourrait faire diverses variétés si on s'attachait à
la coloration et aux bandes qui couvrent cette coquille.
4. Bulime montagnard, Bulimus montanus, Drap.
Animal. Trapu, finement rugueux, peu transparent, d'un gris-
noirâtre ou bleuâtre; tentacules supérieurs assez longs, d'un
brun-roussâtre , finement piquetés de brun; pied non frangé,
grisâtre.
Coquille. Conique-oblongue, finement striée, un peu ventrue,
mince, assez solide, glabre, un peu luisante, d'un jaune-rougeâ-
tre ; ombilic étroit ; ouverture un peu oblique, ovalaire ^péris-
tome interrompu, évasé, épais, rougeâtre ou blanchâtre; épi-
phragme mince, lisse, assez transparent. Hauteur, de 14 à 18
millimètres ; diamètre, de 5 à 7 millimètres.
Habite les forêts des régions alpines, la Font de Comps, les
bois avant d'arriver au Randé, en montant à Cady; les environs
de La Preste. Je l'ai trouvée dans les forêts qui avoisinent Salva-
nère, au pied des arbres, dans la mousse, dans les broussailles
amenées par les eaux, mais toujours en petit nombre.
5. Bulime obscur, Bulimus obscurus, Drap.
Animal. Noir ou d'un gris-noirâtre ; tentacules supérieurs
assez épais ; manteau de la même couleur que le corps.
Coquille. Ovale-oblongue, petite, striée, fragile, subpellucide,
d'un brun uniforme plus ou moins foncé , munie d'une fente
ombilicale; ouverture ovale, peu échancrée; péristome réfléchi.
Hauteur, de 9 à 12 millimètres; diamètre , de 5 à 6 millimètres.
Habite les lieux frais des bois de nos montagnes inférieures,
dans la mousse qui couvre le pied des arbres , parmi les brous-
sailles au bord des torrents.
6. Bulime décollé, Bulimus decollalus, Brug.
MOLLUSQUES. 473
Animal. Gros et grossièrement rugueux, d'un gris-ardoisé plus
ou moins foncé ; tentacules supérieurs épais; manteau d'un gris-
bleuâtre.
Coquille. Cylindrique-allongée, tronquée au sommet, irrégu-
lièrement striée, solide, d'une couleur de corne uniforme plus
ou moins foncée. On trouve des sujets entièrement blancs, surtout
derrière la citadelle de Perpignan, dans les lieux où on a déposé
des décombres. Hauteur, de 26 à 36 millimètres; diamètre, de
10 à 16 millimètres.
Habite les haies des champs et des vignes, sous les pierres,
partout dans les trois bassins ; très-commune dans les fossés des
fortifications de la ville et de la citadelle de Perpignan, dans les
lieux où on a déposé des décombres, sous les pierres, près des
buissons et au pied des chardons qui abondent dans ces lieux.
Genre Agathine, Achatina, Lam.
Animal. Semblable à celui des Bulimes.
Coquille. Ovale-oblongue ou turriculée, semblable à
celle des Bulimes dont elle ne diffère que par la colu-
melle nettement tronquée à la base.
1. Agathine aiguillette, Achatina acicula, Lam.
(M. Moquin-Tandon l'a portée au genre Bulime, Bul. acicula.)
Animal. Grêle, délicat, blanchâtre; tentacules filiformes, non
renflés au sommet.
Coquille. Très-allongée, petite, imperforée, très-lisse et bril-
lante, ordinairement blanche, prend souvent une teinte roussâtre;
ouverture oblongue ; péristome simple , sans bourrelet et sans
ombilic. Hauteur, de 4 à 6 millimètres; diamètre, 1 millimètre.
Habite. Elle est fort commune dans toutes les prairies des par-
ties basses des trois bassins, dans la Salanque, surtout vers les
parties les plus rapprochées des dunes.
474 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Zue, Zua, Leac.
Animal. Semblable extérieurement a celui des Agathi-
nes, mais il est ovovivipare.
(Les observations de M. Moquin-Tandon ne laissent aucun
doute à ce sujet. )
Coquille. Ovale-allongée, imperforée; ouverture sans
dents , piriforme , rétrécie et lancéolée à la partie supé-
rieure; péristome simple; entièrement lisse et brillante.
1. Zue brillante, Zua lubrica, Leac.
Animal. Allongé, d'un gris-bleuâtre, rugueux; tentacules assez
allongés, plus foncés que le corps.
Coquille. Allongée, un peu ventrue, imperforée, cornée, très-
lisse et brillante, variant beaucoup par la taille; ouverture ovale,
fortement échancrée; péristome assez droit; columelle présentant
à la base un indice de troncature. Hauteur, de 4 à 7 millimètres;
diamètre, de 1 millim. V2 à 3 millimètres.
Habite toutes nos prairies, dans les lieux frais et humides,
près des ruisseaux où coule l'eau pour l'arrosage, sous les détritus,
et attachée aux feuilles et aux broussailles. Commune dans les
prairies de Thuir.
M. Moquin-Tandon l'a rapportée au genre Bulime et en a fait
son Bulime-Brillant.
2. Zue follicule, Zua folliculus, Dup.
Animal. Allongé, délicat, d'un gris-clair; tentacules courts et
épais, plus foncés que le corps.
Coquille. Ovale, subcylindrique, aiguë au sommet, imperforée,
d'un corné-roussâtre, très-lisse, très-brillante ; ouverture allon-
gée, rétrécie; péristome droit, tranchant, légèrement bordé de
blanc-roussâtre. Hauteur, de 7 à 9 millimètres; diamètre, de 2
à 3 millimètres.
Habite dans les vignes du Vernet, près Pia; dans le Haut-
MOLLUSQUES. 475
Vernet de Perpignan; les monticules du Mas del Comte, et au
Sarrat de las Guillas; Casas-de-Pena ; sous les pierres et dans les
broussailles des endroits frais de toutes ces localités; se plaît au
pied de certaines plantes, et, un jour d'humidité, on la voit marcher
sur les tiges de ces plantes, surtout sur le fenouil, qui abonde dans
ces lieux. En temps de sécheresse, elle s'enfonce très-profondé-
ment dans la terre, au pied de ses plantes de prédilection; en
arrachant les tiges, on la trouve en grande quantité dans la terre
qu'on soulève. Ce fait, que j'ai remarqué à Casas-de-Pena pour la
première fois, et que je dois au hasard , a été mis en pratique
dans diverses circonstances, toujours avec succès.
M. Moquin-Tandon a fait son Bulime-Follicule de cette coquille.
Genre Clausilie, Clausilia, Drap.
Animal. Semblable à celui des Bulimes, plus petit en
tout point, le tortillon plus délié.
Coquille. Sénestre (hors quelques rares espèces),
turriculée-fusiforme , mince, obtuse au sommet; ouver-
ture ovale, plissée; péristome continu, réfléchi; un osse-
let élastique (clausilium), columellaire.
1. Clausilie lisse, Clausilia laminata, Turt.
Animal. Médiocrement allongé, d'un gris-bleuâtre uniforme;
tentacules épais, les supérieurs allongés et de la même couleur
de l'animal.
Coquille. Fusiforme , un peu ventrue , assez solide , presque
transparente, d'une couleur fauve un peu rougeâtre; ouverture
ovale, piriforme ; péristome continu, épais et blanchâtre. Hau-
teur, de 12 à 18 millimètres; diamètre, de 4 à 5 millimètres.
Habite les roches d'où suinte l'eau dans les parties mon-
tueuses, le bord des ravins dans les endroits sombres et humides
près Saint-Martin-du-Canigou ; à Saint-Antoine-de-Galamus, au
bord de la rivière; dans les environs de Villefranche, dans les
fentes des roches humides près du ruisseau.
476 HISTOIRE NATURELLE.
2. Clausilie solide, Clausilia solida, Drap.
Animal. Jaunâtre; tentacules supérieurs très-grêles, de la
même couleur que le corps; le point oculaire très-noir.
Coquille. Cylindrique, fusiforme, très-finement striée ; gorge
plissée en dehors, gibbeuse, comprimée à la base, brillante,
solide, d'un blanc-corné; ouverture arrondie; péristome épais,
blanc. Hauteur, de 12 à 15 millim.; diamètre, de 2 à 3 millim.
Habite les prairies des parties moyennes de toutes nos monta-
gnes, dans les murs de soutènement d'où suinte l'eau des irriga-
tions; sur les plantes près de l'eau et sur les roches humides de
Casas-de-Pena ; dans quelques vallons des gorges de l'Albère, et
près d'Arles , au pied de la montagne.
5. Clausilie bidentée, Clausilia bidens, Turt.
Animal. Grêle, d'un gris-roux et un peu noirâtre vers le mufle ;
tentacules supérieurs épais, d'un gris-foncé.
Coquille. Allongée, ventrue, un peu striée, assez mince,
brillante, d'un roux-jaunâtre; fente ombilicale étroite; ouver-
ture arrondie; péristome subcontinu. Hauteur, de 12 à 15 milli-
mètres; diamètre, de 2 à 3 millimètres.
Habite les murs des vieilles masures, surtout de celles qui sont
couvertes de plantes et qui ont une certaine humidité ; les roches
humides près des cours d'eau et dans les prairies, au pied des
montagnes, dans la vallée du Tech.
4. Clausilie ridée, Clausilia rugosa, Drap.
Animal. Grêle, d'un gris-noirâtre ; tentacules supérieurs allon-
gés, boutonnés au sommet, de même couleur que le corps.
Coquille. Fusiforme, très -grêle, finement striée, côtelée,
fragile, d'un corné-fauve; ouverture ovale, piriforme ; péris-
tome continu, bordé tle blanc; gorge bossue et ridée. Hauteur,
de 12 à 16 millimètres; diamètre, de 2 à 3 millimètres.
Habite les roches humides, les murs des canaux et les fentes
MOLLUSQUES. 477
des vieilles murailles des propriétés rurales d'où suinte l'eau,
dans les environs de Prades; dans les ravins des bois qui
avoisinent le Mas Carol de M. Delcros, à Céret. Je l'ai aussi
prise dans les environs de La Manère.
5. Clausilie ventrue, Clausilia ventricosa, Drap.
Animal. Assez gros, rugueux, à rides allongées; tentacules
supérieurs allongés, d'un gris-noirâtre; point oculaire noir.
Coquille. Fusiforme, ventrue, fortement striée, côtelée, so-
lide, d'un fauve-rougeâtre , quelquefois très-brun; ouverture
piriforme; péristome continu, réfléchi; gorge peu gibbeuse, sans
sillon. Hauteur, de 18 à 22 millim.; diamètre, de 4 à 5 millim.
Habite les environs de Prats-de-Mollô, près des eaux abon-
dantes des fontaines qui sourdent des montagnes, sur les pierres,
sur les plantes, et sur les mousses qui croissent dans les environs.
Genre Balée, Balœa, Leac.
Animal. Ressemble en tout point à celui des Clausilies.
Coquille. Comme celle des Clausilies; mais manquant
de clausilium, ce qui la faisait ranger dans le genre Pupa.
1. Balée fragile, Balœa fragilis, Leac.
Animal. D'un gris-jaunâtre, quelquefois verdâtre; tentacules
supérieurs courts, boutonnés ; points oculaires très-noirs.
Coquille. Sénestre, presque conique, très-finement côtelée,
striée, subperforée, tendre, fragile, de couleur de corne un peu
claire; ouverture ovale; columelle sans lamelle. Hauteur, de 7 à
10 millimètres; diamètre, de 1 millim. i/2 à 2 millim. J/2-
Habite les lieux frais, les herbes, les mousses, se colle sur les
murs humides, sur les pierres et sur l'écorce des vieux arbres
des bas-fonds d'Arles-sur-Tech , de la vallée de Saint-Laurent-de-
Cerdans , de Prats-de-Mollô , et surtout dans les environs de
La Preste. Cette coquille avait été distraite des Maillots pour en
478 HISTOIRE NATURELLE.
former le genre Balée, mais M. Moquin-Tandon l'a rapportée
aux Maillots.
Genre Maillot, Pupa, Drap.
Animal. On ne saurait lui trouver de différence entre
celui des Clausilies et des Bulimes.
Coquille. Perforée ou à fente ombilicale, ovale, plus ou
moins ventrue; tours de spire augmentant graduellement;
ouverture très-irrégulière , armée de dents ou de plis.
1. Maillot à quatre dents, Pupa quadridens, Drap.
Animal. Roussâtre, plus foncé sur la partie antérieure; tenta-
cules supérieurs effilés, les inférieurs grêles; manteau d'un
blanc-roussâtre.
Coquille. Sénestre , oblongue-cylindrique , lisse , brillante ,
solide, couleur de corne-roux; fente ombilicale à peine sensible ;
ouverture semi-ovale ; péristome évasé, blanc en dedans, à quatre
dents, l'une au bord apertural, une seconde au bord extérieur,
et deux au bord columellaire. Hauteur, de 6 à 14 millimètres;
diamètre, de 2 à 4 millimètres.
Habite sous les pierres, dans les fissures des rochers et dans
les vieilles murailles des habitations isolées des basses montagnes.
Je l'ai prise au Castellas (vieux château) de Céret, et sur les forti-
fications de Villefranche. M. Aleron l'a prise sur les coteaux de
Château-Roussillon. M. Penchinat l'a trouvée au-dessus de Conso-
lation, dans la Coba de la Mare de Deu (grotte de Notre-Dame).
M. Moquin-Tandon rapporte cette coquille aux Bulimes ; il en
a fait le Bulimus quadridens.
2. Maillot à trois dents, Pupa tridens, Drap.
Animal. Épais, brun plus ou moins foncé en dessus; tentacules
épais, allongés, légèrement enflés au sommet avec le point ocu-
laire brun-foncé ; pied d'un brun-noirâtre , d'un blanc-sale en
dessous.
MOLLUSQUES. 479
Coquille. Fusiforme, souvent ventrue, très-finement striée
au point qu'elle paraît lisse, solide, presque luisante, d'un roux
de corne un peu jaunâtre, uniforme. Hauteur, de 8 à 12 milli-
mètres; diamètre, de 3 à 5 millimètres.
Habite la base de toutes nos montagnes calcaires, les environs
de Céret, Arles, Villefranche , la Trencada d'Ambulla, Casas-de-
Pena, Estagel, et jusqu'à Saint-Paul-de-Fenouillet.
M. Moquin-Tandon l'a rapporté au genre Bulime; il en a fait
le Bulimus tridens.
5. Maillot variable, Pupa variabilis, Drap.
Animal. Épais, brun, finement tacheté de noir; tentacules
supérieurs épais, presque pas renflés au sommet qui est noir.
Coquille. Cylindrico -conique, presque aiguë au sommet,
variant beaucoup par la forme, striée très-finement, de couleur
brun-uniforme, brillante et presque transparente ; ouverture
semi-ovale; péristome non continu, réfléchi, bordé de blanc.
Hauteur, de 9 à 15 millimètres; diamètre, de 3 à 5 millimètres.
Habite les roches calcaires de toute la chaîne des Corbières ;
nous avons pris abondamment cette coquille dans les environs de
Maury; très-commune à la Trencada d'Ambulla, parmi le gazon
des fortificatioûs de Villefranche et à la montagne Saint-Jacques.
4. Maillot froment, Pupa frumentum, Drap.
Animal. On ne saurait lui trouver de différence avec celui du
Maillot- Variable.
Coquille. Ovale-allongée, acuminée, finement et obliquement
striée, gorge un peu gibbeuse, couleur de corne-jaunâtre, presque
transparente; fente ombilicale à peine marquée; ouverture semi-
ovale et dentée ; péristome légèrement réfléchi, bordé de blanc.
Hauteur, de 6 à 9 millimètres ; diamètre de 2 à 3 millimètres.
Habite les parties basses de Casas-de-Pena, au pied des roches,
parmi les herbes, et souvent on la voit attachée sur les rochers ;
à Estagel, sur les calcaires; aux environs de Villefranche, parmi
480 HISTOIRE NATURELLE.
les graminées qui croissent au pied des roches calcaires, dans la
partie nord des fortifications de la ville, et à la Trencadad'Ambulla.
5. Maillot seigle, Pupa secale, Drap.
Animal. Allongé, variant par la couleur générale du gris au
noir fortement prononcé ; tentacules supérieurs courts et gros ,
boutonnés à l'extrémité qui est très-noire; pied frangé, d'un
brun-grisâtre.
Coquille. Cylindrico-conique, atténuée au sommet et presque
obtuse, solide, brillante, de couleur de corne, brun ou fauve;
ouverture obovale, un peu étroite ; péristome interrompu, évasé,
épais, un peu tranchant, sans bourrelet extérieur. Hauteur, de
6 à 9 millimètres; diamètre, de 2 à 3 millimètres.
Habite les basses montagnes de la vallée du Réart, parmi les
broussailles et dans les fentes des rochers ; on la voit marcher de
grand matin ou pendant les jours humides, sur les pierres et
sur les plantes. On la trouve aussi sur les montagnes de Corbère,
Castelnau , Thuir , dans la partie qu'on appelle le Cake.
6. Maillot de Boileau, Pupa Boileausiana, Charp.
Animal. Peu différent de l'animal du Maillot-Seigle.
Coquille. On l'a confondue souvent avec celle du Maillot-
Seigle; cependant, en l'observant de bien près, on aperçoit un
petit pli ajouté au grand pli extérieur de la paroi aperturale, et
un autre pli très-mince qui suit l'angle supérieur du bord colu -
mellaire; mais souvent ces deux plis s'oblitèrent, et alors il est
bien difficile de les distinguer. Hauteur, de 5 à 8 millimètres ;
diamètre, de 1 millim. l/2 à 2 millimètres.
Habite. Commune à la Trencada d'Ambulla et dans les envi-
rons de Villefranche, attachée aux roches et aux murs; on la
trouve aussi parmi les graminées au pied des roches.
M. Moquin-Tandon la regarde comme une variété du Maillot-
Seigle.
MOLLUSQUES. 481
7. Maillot clausilioïde, Pupa clausilioïdes, Boub.
(M. Moquin-Tandon le regarde comme une variété du Pupa
Pyrenœaria. )
Animal. Allongé, d'un gris-brun très-foncé en dessus, d'un
jaune-clair sur tout le reste du corps; tentacules supérieurs
allongés et fortement boutonnés à l'extrémité.
Coquille. Gylindracée, atténuée aux deux extrémités, obtuse,
fendue obliquement, finement striée; fente ombilicale bien
marquée; ouverture ovale, oblique; péristome non continu,
bordé de blanc; les tours de spire, au nombre de dix à douze,
bien marqués par une suture qui les sépare ; couleur de corne-
rousse, assez brillante. Hauteur, de 8 à 10 millimètres ; diamètre,
2 millimètres.
Habite les roches calcaires des environs de La Preste , sur
lesquelles on le voit grimper dans les matinées humides ; il y
est assez commun. Nous ne l'avons pas trouvé dans d'autres
localités du département.
Au premier aspect, on croit voir une Clausilie. Nous avions
pris ce Maillot en abondance à La Preste en 1823, et nous l'avions
classé sous le nom de Clausilie rare , à observer. Communiqué
à M. Boubée, à son passage à Perpignan, il crut aussi que c'était
une Clausilie. Examiné très-attentivement avec MM. De Boissi et
Aleron, après en avoir ouvert plusieurs individus pour bien voir
la conformation intérieure de la bouche, nous avons pensé que
c'était un Maillot; ses habitudes sont celles des Maillots. Cepen-
dant, au premier aspect, on croit voir une Clausilie; car il est
allongé comme la plupart d'entre elles , et la bouche , quand on
n'y porte pas beaucoup d'attention , ressemble à celle des Clau-
silies. Tous les naturalistes, au premier abord, s'y sont mépris,
et ont cru voir une Clausilie.
8. Maillot des Pyrénées, Pupa pyrenœaria, Mich.
Animal. Grêle, effilé, variant pour la couleur générale d'un
TOME III. 51
482 HISTOIRE NATURELLE.
gris-noirâtre à un gris-jaunâtre; tentacules supérieurs effilés et
boutonnés à l'extrémité, qui est très-noire ; le pied est d'un blanc
presque transparent.
Coquille. Oblongue, obtuse au sommet, finement striée, assez
solide, couleur de corne brune, d'un aspect presque soyeux;
ombilic assez ouvert ; ouverture subovale arrondie , armée de
cinq à six plis; péristome continu, blanc, réfléchi; columelle
calleuse par la continuation du péristome qui la recouvre.
Hauteur, de 5 à 8 millimètres; diamètre, 2 millimètres.
Habite les environs de La Manère, sur les confins des limites
du département avec l'Espagne, sur les buis et parmi les pierres;
on le trouve aussi dans les environs de La Preste, mais il y est
fort rare; au plateau de la Tour de Mir, près de Prats-de-Mollô,
où il est fort abondant dans les rochers calcaires couverts par les
buis, et parmi les graminées qui se trouvent au pied des arbustes
de cette région très-élevée.
La variété à bord détaché et avancé, est fort commune à la
Tour de Mir.
9. Maillot avoine, Pupa avenacea, Moq.
Animal. Presque tout noir; tentacules supérieurs épais, bou-
tonnés à l'extrémité, dont le point oculaire est très-noir.
Coquille. Conique, un peu allongée, aiguë au sommet, per-
forée, lisse, assez solide, d'un fauve-brunâtre, brillante; ouver-
ture semi-ovale; péristome simple, légèrement bordé de blanc-
roussâtre. Hauteur, de 6 à 8 millim.; diamètre, 2 millimètres.
Habite les environs de Saint-Paul-de-Fenouillet, sur les ro-
chers et sur les plantes qui croissent à Saint-Antoine-de-Galamus
et au pont de la Fou, dépendances de la même localité; on le
trouve aussi sur les roches de la même chaîne , vers le col
Saint-Louis.
10. Maillot de Farines, Pupa Farinesi, Desmo.
Animal. Petit, oblong, pointu en arrière, d'un brun très-foncé,
MOLLUSQUES. 433
presque noir; tentacules très-gros, lisses, noirâtres; pied faible-
ment frangé, noirâtre ou d'un brun-foncé.
Coquille. Cylindracée-conique, à rides longitudinales presque
pas saillantes, serrées, très-fines, mince, un peu solide, luisante,
d'un brun-vineux et quelquefois un peu grisâtre; ombilic ouvert,'
demi-entouré par la base du dernier tour; ouverture ovale, obtuse
à la base, plis nuls; péristome interrompu, très-peu réfléchi,
mince, tranchant, sans bourrelet extérieur, d'un blanc-roussâtre!
Habite sur les rochers , où on le voit appliqué et grimpant
lorsquej'atmosphère est humide. Commun à La Preste, au Coral,
à Casas-de-Pena, à Saint- Antoine-de-Galamus , aux environs dé
Prades et de Villefranche, à la Trencada d'Ainbulla.
i\. Maillot à grands bords, Pupa megacheylos, Ros.
Animal. Semblable à celui du Maillot de Farines ; seulement il
est plus rugueux sur le cou; pied arrondi par devant, d'un brun-
roussâtre un peu clair, bordé de noirâtre.
Coquille. Dextre, cylindrico-conique, obtuse au sommet, per-
forée, finement striée, solide, cornée-fauve ou un peu rougeâtre-
opaque; ouverture rétrécie d'en-bas, anguleuse vers la partie
inférieure du bord columellaire; péristome étalé, aplati et large-
ment bordé de blanc. En bien considérant le Maillot à Grands
Bords, on le trouve un peu plus avantageux de taille que celui
de Farines.
Habite les mêmes localités que le précédent; ils sont souvent
ensemble collés sur les mêmes roches calcaires.
12. Maillot grain, Pupa granum, Drap.
Animal. Très -petit, presque oblong, opaque, d'un noir-
roussâtre, ou d'un gris-foncé ; tentacules gros, presque lisses,
d'un gris-noirâtre; point oculaire noir; pied non frangé, d'un
gris-foncé.
Coquille. Cylindrique, obtuse au sommet, finement striée»
mince, de couleur de corne-clair, subpellucide, presque bril-
484 HISTOIRE NATURELLE.
lante; fente ombilicale bien marquée; ouverture semi-ovale,
péristome presque simple , à peine bordé de blanc-roussâtre.
Habite les coteaux de Château-Roussillon , sous les plantes et
les pierres; les coteaux pierreux du Haut-Vernet de Perpignan;
sur les calcaires des bords de la Fou, chemin d'Arles à Gortsavi.
13. Maillot polyodonte, Pupa polyodon, Drap.
Animal. Trapu, un peu ridé en dessus, d'un roux variant du
clair au noirâtre; tentacules supérieurs un peu allongés; point
oculaire noir, assez saillant; pied à rebords larges, d'un brun-
jaunâtre uniforme.
Coquille, Dextre, ovale-oblongue, ventrue, atténuée au som-
met, finement striée, assez solide, d'un corné-jaunâtre et bril-
lante; ouverture arrondie; péristome légèrement réfléchi, peu
épais, sans bourrelet extérieur, blanchâtre.
Habite les environs de Villefranche, sur les roches calcaires;
la vallée du Tech, aux environs de Céret, Arles, et remonte dans
cette vallée jusqu'à Prats-de-Mollô et La Preste.
14. Maillot de Dufour, Pupa Dufourii, Dup.
Animal. Se rapprochant assez du Maillot -Polyodonte, mais
beaucoup plus grêle.
Coquille. Dextre , cylindrique , presque obtuse au sommet ,
très-finement striée, perforée, solide, cornée, un peu jaunâtre,
d'un aspect soyeux et opaque ; ouverture arrondie, subovalaire ;
péristome réfléchi, épaissi, bordé de blanc.
Habite les carrières de Baixas, sur les calcaires et dans les
broussailles qui se trouvent entre les roches; les fortifications
de Villefranche et la montagne de la Trencada d'Ambulla; les
carrières de Reynès et les environs d'Arles sur la route de
Cortsavi.
D'après M. Moquin-Tandon, on devrait le rapporter au Pupa
cylindrica.
45. Maillot semblable, Pupa similis, Drap.
MOLLUSQUES. 485
Animal. Roussâtre, peu rugueux; tentacules supérieurs assez
effilés; points oculaires roux-noirâtre; pied étroit, allongé et
aigu en arrière, d'un brun-verdàtre-foncé, bordé de noirâtre.
Coquille. Dextre, subfusiforme, aiguë au sommet, presque
fendue et lisse, assez solide, un peu luisante, opaque, d'un
blanc-cendré, et souvent marbrée de bleu, légèrement cornée;
ouverture ovale ; péristome presque continu , mince , dilaté ,
gorge rousse à l'intérieur.
Habite sur les roches calcaires et les vieux murs de Salses et
d"Opol ; les mêmes lieux dans les environs d'Estagel et des mon-
tagnes voisines.
D'après M. Moquin-Tandon , c'est le Pupa quinque dentata.
16. Maillot barillet, Pupa doliolum, Drap.
Animal. Grisâtre en dessus; tentacules supérieurs gros et
allongés, d'une couleur un peu plus foncée; corps très-délicat
et presque gélatineux.
Coquille. Ovale-cylindrique, obtuse au sommet, fendue, striée
très-finement, assez solide, d'un gris-verdâtre ou jaunâtre unifor-
mes, luisante et peu transparente; ouverture ovale-arrondie ;
péristome un peu épais, non continu, réfléchi, bordé de blanc
ou de fauve.
Habite au pied des arbres garnis de mousse, dans les bois
avant d'arriver à la région des sapins ; sous les pierres et parmi
les broussailles de la vallée de Conat, avant d'arriver à la Font
de Comps; les bois de la gorge de Finestret, en montant à Val-
manya , à la hauteur de la métairie de M. Jaubert de Passa , et
darîs les environs de Cortsavi, vallée du Tech.
17. Maillot des mousses, Pupa muscorum, Lara.
Animal. Épais, noir; tentacules très-allongés et fortement
boutonnés à l'extrémité, qui est très-noire; pied non frangé,
grisâtre, avec une légère teinte brune ponctuée de noirâtre.
Coquille. Dextre, petite, ovale-cylindrique, obtuse au sommet,
486 HISTOIRE NATURELLE.
finement striée, stries peu flexueuses, solide, presque brillante,
d'un fauve-rougeâtre ; ouverture arrondie, un peu échancrée,
gorge roussâtre ; péristome non continu , très-peu réfléchi , for-
tement bordé de blanc.
Habite dans les bois, sous la mousse, les pierres et les brous-
sailles de toute la région des Albères; très-commun dans les
alluvions des torrents qui descendent de ces montagnes.
18. Maillot ombiliqué, Pupa umbilicata, Drap.
Animal. Moyen, ovale-allongé, d'un brun-grisâtre, nuancé de
noir; tentacules supérieurs allongés, renflés à l'extrémité; point
oculaire très-noir; pied assez large, rebords très-marqués, lar-
ges, sans franges.
Coquille. Dextre, petite, oblongue, à stries longitudinales
presque effacées, très-serrées, assez solide, presque pellucide,
d'un corné-jaunâtre ou fauve, unicolore, perforée, ombiliquée,
lisse; ouverture semi-ovale, unidentée; péristome non continu,
large, un peu réfléchi, très-épais, blanchâtre et souvent roux.
Habite parmi les broussailles des montagnes calcaires de Casas-
de-Penà; les environs d'Estagel, Corbère et Thuir; les Graus-
d'Olette, et à mi-côte de la Font de Comps. Le docteur Penchinat
l'a trouvé sous les pierres, autour du phare du Cap-Béarn,
49. Maillot antivertigo, Pupa antivertigo, Drap.
Animal. Épais, court, d'un gris-noir très-ardoisé ; tentacules de
la même couleur, peu enflés à leur extrémité ; point oculaire noir ;
pied oblong, étroit, bordsjnon frangés, d'un gris-ardoisé uniforme.
Coquille. Dextre, très-petite, ovale, ventrue, perforée, lisse,
assez solide, brillante, d'un fauve-jaunâtre; ouverture bidentée;
péristome réfléchi , fortement sinué.
Habite sous les pierres et parmi les broussailles des prairies
riveraines de La Tet et du Tech jusqu'à Prades et Arles.
M. Moquin-Tandon a classé cette espèce dans le genre Vertigo
antivertigo.
MOLLUSQUES. 487
20. Maillot vertigo, Pupa pusilla, Drap.
Animal. Très-petit , oblong et arrondi en avant , d'un brun-
ardoisé en dessus ; tentacules presque cylindriques , finement
granulés, d'un gris-noirâtre; point oculaire noir; pied large
et arrondi antérieurement , les côtés transparents , d'un brun-
noiràtre-clair.
Coquille. Sénestre, très-petite, ovale, ventrue, perforée,
très-finement striée, ces dernières un peu flexueuses, solide,
brillante, transparente, d'un fauve-brun ou jaunâtre unicolore;
ouverture subcordiforme et bidentée; péristome réfléchi, presque
continu, épaissi et sinué, assez solide, subpellucide, transparent,
d'un fauve-jaunâtre unicolore.
Habite sous les pierres et parmi les broussailles des prairies
du Riu-Ferrer, près d'Arles-sur-Tech ; dans les prairies des envi-
rons de Vinça et dans la gorge de Finestret. Nous trouvons ces
deux dernières espèces dans les alluvions du bord de la mer,
après de fortes inondations.
ome Famille. — Auriculés, Fer.
Genre Carichie, Carichium, Mull.
Animal. Allongé; corps distinct du plan locomoteur,
roulé en spirale et pouvant se renfermer à volonté dans
une coquille ; tête munie de deux tentacules contractiles ;
yeux à leur base postérieure.
Coquille. Fusiforme, le dernier tour égalant au moins
la moitié de la coquille; ouverture ovalaire, dentée.
1. Carichie naine, Carichium minimum, Mull.
Animal. Très-petit, d'un blanc transparent, à peine jaunâtre ;
tentacules fort gros, un peu renflés; points oculaires très-noirs;
pied non frangé, fortement arrondi antérieurement, de couleur
blanchâtre, ponctué de noir.
188 HISTOIRE NATURELLE.
Coquille. Petite, obtuse, ovale, presque fendue, irrégulière-
ment et finement striée, quelquefois très-lisse, solide, blanche,
changeant de couleur lorsque l'animal en est séparé; ouverture
ovale, tridentée; bords inclinés l'un vers l'autre et presque réunis
par une callosité ; péristome réfléchi.
Habite sous les pierres, parmi les mousses et les plantes dans
les prairies humides de Castell-Rossellô, et près des flaques d'eau,
où elle s'attache aux feuilles qui flottent dans ces flaques; les
prairies entre Céret et Arles, sur le bord du Tech ; dans la vallée
de La Tet, les prairies des environs de Prades, et dans ia vallée
de Vernet, les prairies près de la rivière.
2. Carichie myosote, Carichium myosotis, Brap.
Animal. Moyen, ovoïde -allongé, ridé antérieurement, d'un
noir-verdàtre en dessus, gris-ardoisé dessous; tentacules supé-
rieurs divergents, gros, faiblement coniques, d'un brun-sale plus
foncé à l'extrémité; pied non frangé, d'un noir-grisâtre.
Coquille. D'un cône allongé, striée longitudinalement, stries
fines et flexueuses, mince, assez solide, luisante, un peu trans-
parente, d'un brun-fauve et variant beaucoup, tantôt unicolore,
tantôt flammulée de diverses couleurs; ouverture obliquement
ovale et un peu oblongue, étroite, obtuse à la base, aiguë au
sommet; péristome interrompu, un peu évasé, légèrement épais,
non tranchant, blanchâtre.
Habite les prairies humides des bords de l'étang de Salses;
sur les joncs et les plantes qui bordent les rigoles qui conduisent
l'eau des fontaines Estramer et de Font-Dame à l'étang : elle n'y
est point abondante.
2ine Section. — Pulmonés-inoperculés aquatiques, comprenant
deux familles.
ire Famille. — Limnéens, Lam.
Genre Planorbe, Planorbis, Guett.
Animal. Allongé, à tours de spire bien enroulés sur
MOLLUSQUES. 489
eux-mêmes dans un même plan horizontal; tentacules
allongés ; yeux à la base interne des tentacules.
Coquille. Discoïde, à tours enroulés les uns sur les
autres et visibles presque toujours des deux côtés ; ouver-
ture anguleuse, plus ou moins échancrée par l'avant-
dernier tour.
\ . Planorbe contourné, Planorbis contortus, Mull.
Animal. Fort petit, d'un noir-rougeâtre en dessus, plus sombre
en dessous; tentacules allongés, très-grêles, filiformes, peu
transparents; pied d'un noir un peu rougeâtre, plus clair sur les
bords, rétréci en arrière, large et arrondi en avant.
Coquille. Dextre, petite, aplatie, presque pas concave en
dessus, concave et profondément ombiliquée en dessous, lisse,
mince, de couleur de corne transparente, mais presque toujours
noirâtre à cause d'une croûte de limon qui s'y attache; péristome
simple, droit et tranchant.
Habite les eaux stagnantes des parties basses de la Salanque,
près de Ganet, le Cagarell et les canaux entretenus par les eaux
qui sourdent dans le voisinage des prairies de cette région.
2. Planorbe corné, Planorbis corneus, Poir.
Animal. Petit, faiblement marginé en avant, rétréci posté-
rieurement, d'un noir luisant en dessus, moins foncé et un peu
grisâtre en dessous ; tentacules écartés, filiformes, grêles, arron-
dis au bout, peu transparents, d'un brun-sale; yeux ronds, noirs,
très-peu apparents; pied opaque, très-faiblement translucide à la
marge, à peu près noir, d'un roux plus ou moins foncé sur les
bords.
Coquille. Profondément ombiliquée en dessus, presque plane
en dessous, à rides longitudinales, sensibles, serrées, inégales,
coupées à angle droit dans les premiers tours par d'autres rides,
épaisse, très-solide, glabre, assez luisante, d'un corné-brun-
olivâtre en dessus, jaunâtre ou blanchâtre en dessous; ouverture
490 HISTOIRE NATURELLE.
assez grande, assez échancrée par l'avant-dernier tour ; péris-
tome subcontinu, évasé, mince, tranchant, sans bourrelet.
Habite les eaux vives et dormantes du moulin d'Ansignan,
tout près de l'embouchure de la Désix avec l'Agly, seule localité
du département où il existe.
o. Planorbe blanc, Planorbis albus, Mull.
Animal. Très-petit, ramassé, avec une grosse tête, d'un brun-
sale foncé et un peu rougeâtre ; tentacules longs, grêles, un peu
sétacés, transparents, d'un jaune-rougeâtre assez clair; points
oculaires noirs; pied d'un brun -rougeâtre foncé, finement
rugueux, grisâtre en dessous avec quelques petits points noirs.
Coquille. A peine convexe en dessus, mince, fragile, un peu
hispide, assez transparente, d'un vert-jaunâtre ou blanchâtre,
unicolore ; rides longitudinales à peine sensibles, très-fines, iné-
gales, coupées à angle droit par les rides spirales ; ouverture ovale-
arrondie, un peu échancrée par l'avant-dernier tour; péris-
tome subcontinu, évasé, très-mince, tranchant, sans bourrelet.
Habite toutes les parties basses du littoral; il grimpe sur les
plantes des fossés dont l'eau n'est pas courante. Le canal dit
YAgulla de la Mar, qui traverse toutes les terres depuis Bages
jusqu'à la mer, est le lieu où je l'ai pris assez communément.
4. Planorbe nautiliforme , Planorbis nautileus , Desh.,
Planorbis imbricatns, Mull.
Animal. D'un blanc-grisâtre, un peu noirâtre vers la tête qui
est très-grosse; tentacules 'subcylindriques, obtus au sommet;
points oculaires gros, peu saillants et noirs; pied d'un gris un
peu rouge, plus transparent et plus clair sur les bords.
Coquille. Dextre, très-petite, à peine ombiliquée en dessus et
profondément en dessous, finement striée, mince, de couleur
corne transparente, verdâtre et même un peu fauve ; ouverture
arrondie, subovalaire, un peu comprimée; périslome évasé,
mince, tranchant, non flexueux, à bord supérieur peu avancé.
MOLLUSQUES. 491
Habite les eaux vives des jardins de la Poudrière de Perpignan
et dans les fossés un peu vaseux ; c'est en remuant avec la main
la vase des bords de ces fossés, qu'on le trouve abondamment. Je
ne l'ai jamais vu marcher.
o. Planorbe spirorbe, Planorbis spirorbis.
Animal. Court, épais, d'un gris-noirâtre ou rougeàtre; tenta-
cules allongés, très-minces, très-pointus ; points oculaires très-
petits, ronds, très-noirs; pied un peu plus transparent sur les
bords.
Coquille. Dextre, petite, aplatie, à peine concave en dessus
et presque aplatie en dessous, très-finement et irrégulièrement
striée, assez mince ; d'une couleur de corne claire , unicolore,
presque transparente et un peu luisante ; ouverture arrondie ,
cchancrée ; péristome simple, droit, tranchant et subcontinu.
Habite les fossés des prairies de Canohès, les ruisseaux des
puits artésiens des environs de Toulouges, les fossés des prairies
de Thuir et dans les eaux vives peu courantes du riverai.
6. Planorbe tourbillon, Planorbis vortex, Mull.
Animal. D'un brun-rougeàtre, grêle, terminé en avant par une
tête fort grosse arrondie vers le bord antérieur; tentacules grêles,
élargis à la base, transparents, d'un brun-jaunàtre un peu clair;
points oculaires faiblement saillants, petits, ovoïdes, noirs; pied
d'un brun-rouge un peu jaunâtre, plus clair sur les bords.
Coquille. Dextre, petite, très-comprimée, très-finement striée,
légèrement ombiliquée en dessus et plane en dessous, fragile,
luisante, transparente, d'un corné-pàle en dessus et en dessous,
souvent encroûtée de limon; ouverture ovale, aiguë des deux
extrémités; péristome simple, droit et tranchant, non tlexueux,
sans bourrelet, à bord supérieur peu avancé.
Habite dans les mares des eaux naissantes des fossés des forti-
fications de la ville et de la citadelle de Perpignan ; nous le trou-
vons aussi dans les fossés des r;iu\ vives des prairies de la
Salanque.
492 HISTOIRE NATURELLE.
M. Michel a trouvé dans les fossés des fortifications de Perpi-
gnan, derrière la caserne Saint-Jacques, un exemplaire de cette
espèce tout-à-fait scalaire; les tours de spire allaient en sens
inverse, ce qui fait une double anomalie chez le même sujet.
7. Planorbe bouton, Planorbis rotundatus, Poir.
Animal. Très-petit, échancré antérieurement et brusquement
atténué en arrière, d'un brun-rougeâtre tirant sur le noir en
dessus, d'une teinte ardoisée claire en dessous; tentacules très-
grêles, filiformes, d'un brun-grisâtre; points oculaires petits,
ronds, noirs ; pied noirâtre, transparent vers les bords, dessous
un peu plus foncé.
Coquille. Déprimée, concave en dessus, aplatie en dessous,
à stries longitudinales peu sensibles, très-fines, inégales, mince,
glabre, un peu luisante, transparente, d'un corné-pâle ou fauve
en dessus et en dessous, unicolore ; ouverture ovale, à peine
échancrée par le dernier tour, à peine oblique ; péristome con-
tinu, un peu évasé, avec un léger bourrelet intérieur blanchâtre.
Habite les fossés des eaux vives de la Salanque d'Argelès, et
plus particulièrement de Taxô-de-Baix, toutes les mares fangeuses
du pied des Albères. Le docteur Penchinat a trouvé celte espèce,
sous le nom de Planorbis leucostoma, Mill., dans le petit étang des
anses Polilles.
8. Planorbe caréné, Planorbis carenatus, Mull.
Animal. Très-petit, d'un brun plus ou moins noirâtre surtout
vers le mufle; tentacules grêles et pointus, d'un blanc-jaunâtre ;
points oculaires très-petits, ronds, noirs ; pied arrondi antérieure-
ment, d'un noir-rougeâtre, dessous d'un gris-rougeâtre plus foncé
vers le milieu. .
Coquille. Dextre, médiocre, légèrement concave en dessus,
convexe en dessous, finement striée longitudinalement , stries
serrées, subinégales, arquées; assez mince, peu solide, un peu
luisante, assez transparente, de couleur cornée-pâle-jaunâtre en
MOLLUSQUES. 493
dessus et en dessous, unicolore ; ouverture ovale, anguleuse des
deux côtés ; péristome simple, droit, tranchant et subcontinu.
Habite les eaux stagnantes des fossés des fortifications de
Perpignan, les fossés des prairies des bords de la mer et les
mares de tout le littoral.
9. Planorbe marginé, Planorbis complanatus, Drap.
Animal. Petit, un peu bilobé antérieurement, grêle et presque
pointu à la partie postérieure, d'un rouge-violet-foncé; tentacules
grêles, filiformes, pointus ; points oculaires noirs.
Coquille. Dextre, légèrement concave en dessus, plane en
dessous, très-finement striée, peu solide, de couleur cornée-
jaunâtre ou fauve en dessus et en dessous, unicolore, quelquefois
salie de limon ; ouverture transversalement ovale ; péristome
subcontinu, droit, tranchant, presque simple et bordé de blanc
à l'intérieur.
Habite les mêmes lieux que la précédente espèce; mais elle est
plus abondante dans les fossés des prairies de toute la Salanque.
Genre Physe, Physa, Drap.
Animal. Ovale, spiral ; deux tentacules allongés, oculi-
férés à leur base interne; pied allongé; manteau bilobé,
quelquefois frangé sur les bords.
Coquille. Sénestre, spirale-oblongue ; ouverture allon-
gée, quelquefois lancéolée; columelle torse, bord extérieur
mince et tranchant.
\. Physe aiguë, Physa acuta, Drap.
Animal. D"un brun-foncé parsemé de points noirâtres eri
dessus, d'un brun-grisâtre plus sombre en dessous, assez grand
relativement à la coquille , terminé antérieurement par une tète
assez large; tentacules écartés, grêles, filiformes, un peu obtus
au bout, peu transparents, d'un jaune-roussâtre; yeux très-peu
494 HISTOIRE NATURELLE.
saillants, assez grands, ronds, noirs; pied peu transparent, d'un
brun-foncé, rétréci en arrière, un peu ardoisé, plus clair sur les
côtés.
Coquille. Allongée-ovoïde, assez ventrue, lisse, à stries longi-
tudinales très-fines (il faut les voir à la loupe), mince, solide,
luisante, presque opaque, couleur de corne claire ou blanchâtre ;
ouverture obliquement étroite -ovale, aiguë supérieurement;
péristome interrompu, un peu épaissi, avec un rudiment de
bourrelet intérieur, à bord columellaire tordu, évasé, réfléchi,
épais. Hauteur, de 10 à 16 millimètres; diamètre, de 6 à 9.
Habite parmi les plantes qui couvrent les fossés de toutes les
prairies qui avoisinent les fontaines Estramer et Font-Dame;
nous l'avons aussi trouvée dans les rigoles qui conduisent les
eaux des thermes de Vernet dans la rivière.
2. Physe des mousses, Physa hypnorum, Drap.
Animal. Oblong, tête peu large, étroit, très-obscur, d'un gris-
brun, quelquefois noir, faiblement bleuâtre, velouté ; tentacules
écartés, longs, subulés, très-aigus, d'un gris-blanchâtre; pied
oblong-lancéolé, étroit, obtus, tronqué antérieurement, rétréci
en arrière; les bords présentent une ligne translucide gris-
blanchâtre.
Coquille. Ovoïde, oblongue, presque lisse, à stries longitu-
dinales, perceptibles à la loupe, mince, un peu solide, très-
brillante, un peu transparente, fauve, quelquefois avec une
teinte rougeâtre. Hauteur, de 10 à 14 millimètres; diamètre, de
4 à 7 millimètres.
Habite les ruisseaux qui arrosent les champs et les prairies
des environs de l'étang de Saint-Nazaire ; nous l'avons trouvée
aussi dans les eaux des prairies des environs de Thuir.
5. Physe cornée, Physa cornea, Massot.
Notre confrère, le docteur Paul Massot, découvrit cette Physe
MOLLUSQUES. 495
dans les ruisseaux des environs de la Poudrière de Perpignan,
et la décrivit dans le Bulletin de la Société Agricole, Scientifique
et Littéraire des Pyrénées-Orientales (1845). M. Moquin-Tandon
n'admet pas celte espèce, et dit que c'est une variété de la Physe-
des-Mousses. Nous ne partageons par cette opinion, car la forme
extérieure est trop différente entre ces deux espèces.
M. Massot décrit ainsi la Physe-Gornée :
« Coquille. Sénestre, très-allongée et conique vers son som-
a met, qui est aigu ; terne quoique lisse, avec des stries longitu-
« dinales très-légères ; couleur cornée à peine transparente ;
« cinq tours de spire, dont le dernier est plus grand que les
« autres , proportion gardée ; ouverture ovale-oblongue , très-
« rétrécie supérieurement, sa longueur n'égale pas à beaucoup
« près la moitié de la longueur totale de la coquille. La base de
« la columelle présente un léger bourrelet avec un bord rougeà-
« tre; péristome simple. Hauteur, 8 millim.; diamètre, 3 millim.
« Habite les Pyrénées-Orientales ; Perpignan , avenue de la
« Poudrière.
« Si cette espèce ressemble par sa forme à la Physe-des-
« Mousses, elle en diffère par sa couleur, par le nombre des
« tours de spire, par son ouverture, et notamment par sa grosseur
« et sa taille. »
4. Physe torse, Physa contorta, Mich.
Nous la portons comme mémoire. M. Michaud l'a trouvée dans
les ravins qui descendent des Albères, entre Collioure et Port-
Vendres. M. Canta la possédait sans pouvoir préciser la localité
où il l'avait trouvée; mais nous avons cherché vainement ce
Mollusque dans ces localités, et notre confrère, le Dr Penchinat,
qui habite Port-Vendres , nous écrit : « Je n'ai pas trouvé la
Physa conforta de Michaud, indiquée entre Collioure et Port-
Vendres, dans les ravins qui coulent des montagnes ; nous n'avons
pas de Physe ici. »
496 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Lymnée, Lymnœa, Brug.
Animal. Ovale-allongé, pouvant être contenu tout
entier dans sa coquille; tortillon non enroulé sur le
même plan, formant une spire plus ou moins allongée;
tentacules aplatis , courts , subtriangulaires ; pied ovale,
grand, fortement émarginé antérieurement, obtus posté-
rieurement.
Coquille. Dextre, oblongue, quelquefois subglobu-
leuse, mince, plus ou moins transparente , à spire géné-
ralement saillante; ombilic nul ou réduit à une petite
fente oblique ; columelle un peu torse ; ouverture ovale,
étroite, anguleuse en haut; péristome mince, un peu
tranchant, sans bourrelet.
1. Lymnée ovale, Lymnœa ovata, Lam.
Animal. Court, épais, gris-noirâtre ou jaune-verdâtre, parsemé
de plusieurs petits points noirâtres et jaunâtres, le dessous plus
pâle; tentacules dilatés, peu pointus, grisâtres, bordés en avant
de jaune-blanchâtre; pied ovale-allongé, très-large et obtus en
avant; il l'est moins postérieurement.
Coquille. Assez ventrue, à stries longitudinales peu sensibles,
serrées, fines, peu flexueuses, mince, très-fragile, luisante, trans-
parente, de couleur de corne pâle; ombilic en partie recouvert;
ouverture, grande, ovale, aiguë supérieurement; péristome sub-
continu, peu évasé, mince, à bord columellaire sensiblement
tordu, dilaté, réfléchi. Hauteur, de 22 à 30 millim.; diamètre,
de 14 à 20 millimètres.
Habite dans les ruisseaux qui bordent les remparts des forti-
fications de la Ville-Neuve, à Perpignan; les fossés des prairies
de Thuir, et dans les prairies de la Salanque.
2. Lymnée voyageuse, Lymnœa peregra, Lam.
MOLLUSQUES. 497
Animal. Très-ramassé, terminé antérieurement par une tête
grosse, large, courte, semi-circulaire, rétréci et arrondi posté-
rieurement, d'un brun-verdâlre à peine transparent, plus foncé
en dessous; tentacules longs de 3 millimètres, triangulaires, très-
larges à la base, un peu pointus au bout, d'un gris-verdàtre très-
clair; pied presque tronqué en avant, d'un brun-verdâtre-sale.
Coquille. Ovoïde-oblongue, à stries longitudinales un peu
sensibles, fines, serrées, à peine flexueuses, mince, assez solide,
peu luisante, d'un corné-fauve, quelquefois brune, rougeâtre ou
grisâtre; ombilic recouvert en très-grande partie, fort étroit,
quelquefois nul; ouverture grande, ovale-allongée, aiguë supé-
rieurement ; péristome subcontinu , peu évasé , mince , à bord
columellaire sensiblement tordu, très-dilaté, épaissi et à bord
extérieur peu détaché de la coquille , arqué. Hauteur, de 10 à
22 millimètres; diamètre, de G à 12 millimètres.
Habite les fossés des fortifications derrière la citadelle de Per-
pignan; les fossés des prairies de Canohès, dans la plaine de
l'ancien étang; les prairies souvent inondées de Yall-Ric, sous
Yilleneuve-de-la-Raho.
3. Lymnée palustre, Lymnœa palustris, Drap.
Animal. Oblong, presque cordiforme, un peu dilaté en tête
de clou et fendu antérieurement, arrondi postérieurement, d'un
gris presque noir,' quelquefois d'un noir-violet, comme velouté,
d'un gris un peu verdàtre en dessous; tentacules écartés, larges
à la base, aplatis, un peu pointus, légèrement arqués, peu trans-
parents, brunâtres, très-clairs vers l'extrémité; pied oblong, à
peu près de la largeur du chaperon, noirâtre, plus clair sur les
côtés et en arrière, faiblement granuleux.
Coquille. Ovoïde-allongée, à stries longitudinales sensibles,
inégales, très-fines, mince, assez solide, peu luisante, subopaque,
cornée-fauve ou brunâtre; ombilic presque couvert, extrêmement
étroit ou nul ; ouverture formant plus du tiers de la hauteur, ovale,
un peu étroite, légèrement anguleuse supérieurement; péristome
498 HISTOIRE NATURELLE.
subcontinu, faiblement évasé, mince, dilaté, réfléchi, un peu épais.
Hauteur, de 12 à 24 millimètres; diamètre, de 6 à 12 millimètres.
Habite toutes les mares stagnantes du littoral, à Sainte-Marie-
la-Mer, Canet, Saint-Nazaire, Saint-Cyprien , etc., etc.
4. Lyranée petite, Lymnœa minuta, Lam.
Animal. Trapu, se dilatant à la partie antérieure, émarginé,
arrondi postérieurement , d'un brun - noirâtre , très-finement
ponctué de noir, plus foncé en dessus, un peu ardoisé en des-
sous; tentacules triangulaires, larges à la base, un peu grêles à
l'extrémité, transparents, d'un gris-clair, très-finement pointillés
de noirâtre sur les bords; pied long, un peu moins large que le
chaperon, dessous presque tronqué antérieurement, un peu plus
clair sur les côtés.
Coquille. Ovoïde-oblongue, un peu ventrue, stries longitu-
dinales peu sensibles, serrées, fines, un peu flexueuses, mince,
assez solide, légèrement luisante, d'un corné-pâle ou cendré-
grisâtre, quelquefois un peu violacé; ombilic en partie recou-
vert; ouverture anguleuse supérieurement; péristome subcontinu,
non évasé, mince, à bord columellaire faiblement tordu, très-
dilalé, très-réfléchi. Hauteur, de 9 à 10 millimètres; diamètre,
de 3 à 5 millimètres.
Cette coquille varie beaucoup par sa forme, et on peut en faire
plusieurs variétés.
Habite les marais des environs de Saint-Nazaire, et dans les
environs de Canet, les rigoles de tous les bas-fonds; aux envi-
rons de Collioure , dans les ravins et les flaques d'eau.
Genre Ancyle, Ancylus.
Animal. Ovoïde, relevé en cône, aplati en dessous,
pouvant tout juste être contenu dans sa coquille, sans
tortillon spiral ; tentacules courts, subulés ; pied ovalaire,
un peu plus court que le corps, obtus en avant et en
arrière, attaché par un pédicule rudimentaire.
MOLLUSQUES. 499
Coquille. Dextre ou sénestre, conique, non spirale,
mince , peu transparente , à sommet pointu , légèrement
recourbé en arrière; ombilic nul; colunielle nulle; ouver-
ture arrondie, ovalaire ou elliptique; péristome mince,
tranchant, sans bourrelet, continu; épiphragme nul.
i. Ancyle lluviatile, Âncylus fluviatilis, Mull.
Animal. Oblong, arrondi aux deux extrémités, lisse, plus ou
moins transparent, d'un gris-ardoisé, rougeâtre au centre, fine-
ment ponctué de noirâtre; tentacules très-écartés , dirigés en
avant, grêles, filiformes, lisses, transparents, d'un blanc-grisâtre;
pied non frangé, dessus lisse, d'un brun-jaunâtre, très-large
latéralement; dessous oblong, élargi et arrondi à la partie anté-
rieure.
Coquille. Conique, en forme de bonnet phrygien plus ou
moins élevé, à stries longitudinales fines, quelquefois presque
nulles, mince, testacée, fragile, mate, d'un blanc-sale-grisâtre
ou jaunâtre ; sommet plus ou moins rapproché du bord posté-
rieur, dirigé en arrière, plus ou moins obtus; ouverture ovale-
arrondie, tout-à-fait circulaire; péristome simple, mince, tran-
chant, intérieur lisse, luisant, d'un blanc un peu nacré. Hauteur,
de 3 à 6 millimètres; diamètre, de 4 à 10 millimètres.
Habite. Commune dans toutes nos rivières et dans tous nos
ruisseaux. Nous l'avons trouvée dans les ruisseaux des fontaines
de la partie supérieure des Albères, à 1.000 mètres d'altitude.
2. Ancyle lacustre, Anctjlus lacustris, Mull.
Animal. Petit, terminé antérieurement par une grosse tête,
peu transparent, d'un jaune-verdàtre, un peu ponctué de noirâtre;
tentacules très-écartés, dirigés en avant, gros, pointus au bout,
transparents, d'un gris-blancliâtre; pied d'un jaune-verdâtre,
peu transparent; côtés pointus antérieurement, élargis brus-
quement d'avant en arrière; dessous un peu moins coloré que
le dessus.
500 HISTOIRE NATURELLE.
Coquille. Subconique, plus ou moins déprimée, très-oblique,
lisse, à stries longitudinales excessivement fines, coupées par
d'autres stries circulaires, très-mince, très-fragile, mate, assez
transparente, couleur de corne blanchâtre ou grisâtre ; sommet
presque médian, dirigé en arrière et à gauche, assez pointu;
ouverture elliptique-allongée ; péristome simple , très-mince ,
tranchant, intérieur lisse, luisant, blanchâtre, à peine nacré.
Hauteur, de 2 à 3 millimètres; diamètre, de 5 à 8 millimètres.
Habite dans les mares de toute la Salanque, sur les tiges des
plantes aquatiques; on la trouve souvent prise sous les feuilles
mortes qui flottent dans les mares d'eau stagnante. Elle se trouve
en abondance près de la métairie Picas, sur les feuilles des plantes
qui vivent dans un large fossé produit par une inondation.
2me Sous-Ordre. — Operculés.
Cyclostomacés.
Genre Cyclostome, Cyclostoma.
Animal. Spiral, oblong, sans collier ni cuirasse; ten-
tacules cylindracés-subulés, un peu renflés à l'extrémité ;
pied petit, allongé.
Coquille. Dextre, ovale, assez épaisse, opaque, tours
de spire convexes ; ouverture arrondie, régulière, entière,
sans lames ni dents; péristome peu épais, souvent réflé-
chi, presque continu; opercule épais et calcaire, ou
mince et subcorné ; accroissement spiral.
1. Cyclostome élégant, Cyclostoma elegans, Drap.
Animal. Grand, ovale, très-épais, obtus et fortement bilobé en
avant, noir en dessus, plus pâle en dessous ; tentacules très-écartés
à la base, un peu renflés au sommet, opaques, presque noirs;
pied arrondi antérieurement, non frangé, très-sombre.
Coquille. Ventrue, conique-ovoïde, fortement et élégamment
MOLLUSQUES. 501
striée dans le sens de la spire, et coupée transversalement par
des stries fines et peu apparentes, épaisse, très-solide, un peu
luisante, d'un violacé-grisâtre ou roussàlre, avec des taches brunes
ou violettes; sommet violet-foncé; ouverture arrondie, les deux
bords formant à leur insertion un angle peu prononcé; péristome
continu, presque droit, un peu épais; opercule spiral assez épais.
Hauteur, de 12 à 18 millim.; diamètre, de 8 à 12 millimètres.
Habite les baies et les broussailles de tous les champs, et les
vignes qui bordent le pied de nos basses montagnes; est commun
par tout; on le trouve, avec toutes ses variétés, aux fortifications
de Yillefranche, et dans tous les environs, jusqu'à Olette.
2. Cyclostome obscur, Cyclostoma obscurum, Drap.
Animal. Un peu vermiforme, arrondi par devant, d'un roux-
vineux en dessus, gris-blanchâtre en dessous; tentacules subulés,
très-grêles, presque pointus à l'extrémité, transparents, d'un
jaune-roussâtre ; pied très-grand , large , transparent sur les
bords, en arrière, non frangé.
Coquille. Allongée-conique, légèrement renflée inférieure-
ment , striée longiludinalement , mince , assez solide , un peu
mate, d'un cendré-roussâtre, souvent avec des rangées de points
ou de petites taches d'une couleur fauve-rougeâtre; ombilic un
peu ouvert, étroit; ouverture arrondie, un peu anguleuse supé-
rieurement, roussâtre intérieurement; péristome réfléchi, très-
évasé, mince, blanc. Hauteur de 10 à 14 millimètres; diamètre,
de 4 à 6 millimètres.
Habite tous les bois et les champs des coteaux des basses mon-
tagnes, de toute la vallée du Réart; les basses Albères, et dans
la vallée du Tech, remonte jusqu'à Prats-de-Mollô ; dans la vallée
de La Tet, même habitat jusqu'à Olette; et dans celle de l'Agly,
depuis Estagel jusqu'à Caudiès.
3. Cyclostome de Noulet, Cyclostoma Nouleti, Dup.
Animal. Petit, allongé, arrondi en avant, d'un brun-violacé
en dessus, les côtés roussâlres; tentacules grêles, cylindriques,
502 HISTOIRE NATURELLE.
pointus à l'extrémité, transparents, d'un violacé plus clair que le
corps; pied très-large, transparent, avec un rebord d'un blanc-
roussâtre, non frangé, arrondi en avant; queue longue, pyra-
midale et roussâlre.
Coquille. Conoïde, renflée intérieurement, à rides longitu-
dinales saillantes, écartées, fortes, un peu flexueuses, mince,
mate, peu solide, à peine transparente, couleur d'un gris-noirâ-
tre, avec des taches brunes peu apparentes, parsemées sur le
dernier tour, sommet obtus, blanchâtre et un peu ridé; ombilic
ouvert, très-étroit; ouverture arrondie, ovalaire, anguleuse à la
partie supérieure, l'intérieur d'un brun-roussâtre; péristome
subcontinu, adhérent au dernier tour, évasé, rélïéchi, avec un
bourrelet intérieur, mince au bord, blanc, bordé de roussâlre.
Hauteur, de 10 à 12 millimètres; diamètre, de 4 à 5 millimètres.
Habite la partie supérieure de la Trencada d'Ambulla; les
parties élevées des fortifications de Villefranche , au lieu dit
montagne de Saint-Jacques; commun dans les Gorbières, entre
Caudiès et La Pradelle, où il vit dans les broussailles, au pied
des roches et souvent sur les roches.
Nous applaudissons à l'heureuse idée de M. Dupuy d'avoir
dédié cette espèce à l'homme laborieux, au savant modeste, qui
a fait connaître par des publications dignes d'intérêt une grande
partie de l'histoire naturelle du bassin sous-pyrénéen.
4. Cyclostome évasé, Cyclostoma patidum, Drap.
Animal. Petit, oblong, presque pointu antérieurement, très-
arrondi en arrière, lisse, transparent, d'un gris -roussâlre,
ponctué de noirâtre ; tentacules grêles , filiformes , pointus à
l'extrémité, lisses, d'un gris-ardoisé; pied sans frange, d'un
gris-roussâtre, plus clair sur la marge.
Coquille. Conoïde-allongée, à stries longitudinales peu sail-
lantes, très-fines, flexueuses, mince, solide, presque opaque,
d'un roux-grisâtre; sommet un peu pointu, d'un gris-jaunâtre;
ombilic presque recouvert, très-étroit; ouverture d'un gris-
MOLLUSQUES. 503
blanchâtre intérieurement; péristome continu, très-évasé, un
peu réfléchi, toul-à-fait plan, blanchâtre; opercule enfoncé.
Hauteur, de 5 à 8 millimètres; diamètre, de 2 à 3 millimètres.
Habite les petits bois de Maury et de Saint-Antoine-de-Galamus;
les bois qui bordent la rivière de l'Agly, rive droite, entre le pont
de la Fou et Ansignan. On le trouve au pied des arbres et des
arbustes , souvent attaché aux pierres.
Genre Pomatias.
N'a point de représentant dans le département.
Genre Acmée.
N'est pas représenté dans le pays.
ORDRE DES PEGTINIRRANGHES.
Famille des Péristomiens.
Genre Bithinie, Bithinia.
Animal. Ovale-allongé, a tortillon spiral, pouvant être
contenu tout entier dans sa coquille; tentacules cylin-
driques, sétacés, pointus; pied ovalaire ou arrondi,
souvent étroit, ne dépassant pas le mufle.
Coquille. Dextre, ovoïde ou conoïde-allongée, à spire
saillante , mince , transparente , souvent encroûtée de
matière végétale, à tours convexes; ombilic petit ou
couvert ; ouverture presque droite, arrondie ou ovale ;
péristome un peu épais, souvent avec un bourrelet inté-
rieur, non réfléchi; opercule mince, subtestacé, orbi-
culaire ou ovale, à noyau central.
i. Bithinie de Férussac, Bithinia Ferussina, Dup., Pa-
hidina Ferussina, Desmoul.
Animal. Très -petit, transparent, d'un gris presque blanc,
504 HISTOIRE NATURELLE.
terminé en avant par une tête demi-ovalaire ; tentacules très-
grêles, filiformes, un peu atténués, arrondis au bout, blanchâtres;
pédicule long, grêle, cylindrique, couché en arrière, paraissant
d'un gris-verdâtre.
Coquille. Allongée, étroite, à peine ventrue vers la base, à
stries longitudinales, très-fines et très-serrées, mince, fragile,
transparente, d'un corné-pâle; sommet comme tronqué; ouver-
ture arrondie-ovale, anguleuse; péristome continu, évasé au
bord extérieur, mince, sans bourrelet; opercule très-mince,
transparent, à fines stries rayonnantes. Hauteur, de 2 millim. i/i
à 4 millimètres; diamètre, de 4 millim. à 4 millim. l/i.
Habite les environs de l'étang de Salses, dans les canaux des
petites sources qui s'y dégorgent; elle s'attache aux plantes qui
vivent dans les eaux un peu stagnantes, et en promenant le filet
dans la vase qui en couvre le fond, on en rapporte en quantité.
2. Bithinie raccourcie, Bithinia abbreviata, Dup.
Animal. Filiforme, blanchâtre, transparent; tentacules très-
grêles, grisâtres, noirs à la pointe, qui est obtuse; pédicule
très-grêle, allongé, noirâtre.
Coquille. Subcylindrique, à peine ventrue, lisse, striée longi-
tudinalement , mince, luisante, d'un corné-clair, peu solide;
sommet obtus; ouverture ovale-arrondie; péristome continu,
réfléchi au bord columellaire, un peu épais, sans bourrelet ni
varice; opercule assez foncé, très-mince. Hauteur, de 2 millim.
à 2 millim. '/2; diamètre, de 4 millim. à 4 millim. 3/4.
Habite dans les environs de Saint-Antoine-de-Galamus, atta-
chée aux pierres, sur les bords de la rivière de l'Agly, et dans les
nombreuses sources chaudes qui sourdent au pont de la Fou,
près de Sainl-Paul-de-Fenouillel. Nous l'avons prise aussi dans
les petites sources qui se jettent dans Le Tech près d'Arles.
5. Bithinie verte, Bithinia viridis, Dup., Paludina viri-
dis, Hart.
MOLLUSQUES. 505
Animal. Très-petit, un peu trapu, tête assez grosse, arrondi
en arrière, d'un brun-grisâtre parsemé de petits points noirs;
tentacules gros, cylindriques, arrondis au bout, d'un gris très-
clair; pied dilaté antérieurement en deux lobes assez gros, arron-
dis, un peu recourbés, dessous un peu ardoisé.
Coquille. Assez ventrue, presque lisse, très-mince, un peu
luisante, blanchâtre ou cendrée, quelquefois verdâtre ; sommet
obtus; ombilic tout-à-fait recouvert ; ouverture arrondie; péris-
tome continu, un peu réfléchi au bord columellaire, légèrement
épaissi; opercule enfoncé, mince, à spire peu apparente. Hauteur,
de 3 à 3 millim. V2J diamètre, de 1 millim. lf2 à 2 millim. {f2.
Habite sous les pierres des fontaines et des ruisseaux qui se
jettent dans Le Tech au-dessus d'Arles ; elle paraît cependant
préférer les sources des lieux un peu élevés, car on la trouve en
abondance dans ces localités.
4. Bithinie semblable, Bithinia similis, Dup., Paludina
similis, Mich.
Animal. D'un brun-noirâtre, trapu, tète grosse; tentacules
grêles, cylindriques, obtus au bout, d'un brun-clair; pied long,
cylindrique, dilaté en avant, arrondi postérieurement, d'un
ardoisé-obscur et parsemé de petits points noirs.
Coquille. Ventrue, épaisse, presque mate, d'un corné-pâle,
quelquefois blanchâtre, roussâtre ou verdâtre; stries longitudi-
nales fines, serrées, inégales; sommet un peu obtus; ombilic à
moitié recouvert; ouverture oblique, faiblement anguleuse supé-
rieurement ; péristome continu, réfléchi au bord columellaire,
légèrement épaissi ; opercule mince, roux, à stries légèrement
courbes. Hauteur, de 5 à 7 millim.; diamètre, de 2 millim. l/2 à 5.
Habite les fossés des environs de l'étang de Saint-Xazaire ,
parmi les plantes aquatiques ; on la trouve attachée sur les tiges,
les broussailles et les pierres qui sont dans l'eau et au bord des
fossés. On la trouve aussi, mais moins fréquente, dans les mares
des parties basses de Canet, Sainte-Marie et dans l'étang de Salses.
506 HISTOIRE NATURELLE.
5. Bithinie impure, Bithinia tenlaculata, Gray., Paludina
impur a, Brard.
Animal. Grand, un peu allongé, arrondi aux deux bouts, l'an-
térieur surmonté d'une tête petite, ovalaire, d'un noir-foncé ;
tentacules très-écartés, longs, filiformes, larges à la base, pointus
au bout , d'un brun-noirâtre et parsemés de points jaunes ; pied
long, large, arrondi en avant, très-peu transparent, grisâtre sur
les bords.
Coquille. Ovoïde-allongée, ventrue, assez lisse, striée longi-
ludinalement, mince, solide, luisante, d'un corné-jaune, quel-
quefois fauve et souvent rougeâtre; sommet presque aigu ; ombilic
tout-à-fait couvert; ouverture ovalaire; péristome continu, pres-
que droit, un peu épaissi, sans bourrelet; opercule placé à l'entrée
de la coquille, mince, un peu concave, très-peu transparent.
Hauteur, de 8 à 15 millimètres; diamètre, de 5 à 8 millimètres.
Habite dans tous les fossés des environs de l'étang de Salses,
où elle est fort commune ; nous la trouvons aussi dans les fossés
qui aboutissent au Cagarell, près de Canet.
Genre Valvée, Valvata.
Animal. Court, a tortillon spiral, pouvant être contenu
dans sa coquille; tentacules fort longs, obtus et rappro-
chés, les yeux à leur base interne; pied ovale, un peu
émarginé antérieurement, arrondi postérieurement ; bran-
chies longues en plumet.
Coquille. Dextre, conoïde ou discoïde, un peu épaisse,
opaque , à spire généralement peu saillante ; ombilic
ouvert ; columelle presque droite ; péristome continu,
mince, un peu évasé; opercule orbiculaire, très-mince,
corné, à tours de spire croissant lentement et à noyau
central.
1 . Valvée piscinale, Valvata piscinalis, Fer.
MOLLUSQUES. 507
Animal. Grand, bilobé antérieurement, très-arrondi postérieu-
rement, transparent, d'un gris-jaunàtre-clair; tentacules longs,
un peu gros, élargis à la base, le bout obtus, transparents, d'un
gris-jaunàtre-clair; pied long, séparé de la trompe, d'un gris-
jaunàtre, dessous presque blanc sur les bords.
Coquille. Arrondie, conoïde, à stries longitudinales fines,
serrées, égales, mince, solide, légèrement luisante, olivâtre plus
ou moins pâle et parfois verdâtre; sommet obtus; ombilic à peine
échancré par le bord columellaire, assez évasé ; ouverture arron-
die, légèrement anguleuse au sommet; péristome continu, simple,
un peu évasé, droit, mince et tranchant au bord extérieur; oper-
cule parfaitement circulaire, mince, de la couleur de la coquille.
Hauteur, de 4 à 8 millimètres; diamètre, de 4 à 8 millimètres.
Habite toutes les mares et les fossés dont l'eau est stagnante
dans foute la plaine, entre Perpignan et la mer.
Famille des Néritacés.
Genre Néritine, Nerita.
Animal. Globuleux, à tortillon spiral, pouvant être
contenu tout entier dans sa coquille ; tentacules filifor-
mes, allongés, pointus, offrant les yeux pédicules à leur
base externe; pied plus court que la coquille, tronqué
postérieurement; branchies pectiniformes; orifices géné-
rateurs du côté droit.
Coquille. Dextre, demi-globuleuse, aplatie, operculée,
assez épaisse, opaque; ombilic nul; columelle formant
un bord dilaté, tranchant; ouverture semi-lunaire; péris-
tome mince, tranchant, un peu évasé; opercule calcaire,
demi orbiculaire, muni d'une proéminence latérale du
côté interne.
1. Néritine fluviatile, Nerila fluviatiUs, Lin.
Animal. Assez grand, arrondi en disque, d'un gris-noirâtre en
508 HISTOIRE NATURELLE.
dessus, blanchâtre en dessous, pointillé de noir; tentacules longs,
grêles, sétacés, presque pointus au bout, d'un gris-d'ardoise-
clair; pied très-large, arrondi en avant, côtés étroits, fortement
inclinés, dessous blanchâtre.
Coquille. Ovalaire, à stries longitudinales, fines, peu égales,
mince, très-solide, peu luisante, opaque, jaunâtre ou verdâtre,
avec des taches, des flammes ou des linéoles en zig-zag olivâtres
ou d'un brun-rougeâtre; ouverture semi-lunaire; péristome très-
mince, tranchant; bord columellaire non dentelé. Hauteur, de 4
à 8 millimètres; diamètre, de 6 à 12 millimètres.
Habite aux environs de Saint-Paul-de-Fenouillet, dans les
eaux vives du bord de L'Agly; à Torreilles, sur les bords du Bor-
digol; excessivement abondante à la Font Estramer, près de Salses,
attachée aux roches calcaires qui en forment le bassin, et dans
la rigole qui conduit l'eau dans l'étang.
DEUXIÈME CLASSE.— ACÉPHALES.
Acéphales bivalves.
Famille des Nayades.
Genre Anodonte, Anodonta.
Animal. Ovalaire, plus ou moins allongé ; manteau a
bords épais et frangés; branchies a tubes onduleux,
formant par leur réunion une sorte de dentelle.
Coquille. Ovalaire ou allongée, plus ou moins mince,
régulière, équivalve, à sommets peu saillants, souvent
éraillés; charnière sans dents; ligament linéaire, allongé;
impressions musculaires écartées, distinctes, mais peu
profondes.
4. Anodonte des Cygnes, Anodonta Cygnea, Drap.
Animal. Ovale, comprimé, gris-jaunâtre ou roussâtre ; pied
MOLLUSQUES. 509
d'un jaune-sale, orangé ou rougeâtre; manteau frangé, noirâtre;
branchies d'un gris-rougeâlre.
Coquille. Très-grande, ovale-allongée, ventrue et comprimée
postérieurement, généralement mince, fragile, luisante, sillonnée
d'un jaune-verdàtre avec des bandes transversales brunes, arron-
die au côté antérieur, allongée postérieurement en bec obtus et
médian, les deux bords presque parallèles; ligament allongé;
lamelles rugueuses ; impressions musculaires superficielles, légè-
rement striées; nacre brillante, d'un blanc un peu azuré et
violacé, quelquefois couleur de chair. Hauteur, de 9 à 12 centim.;
longueur, de 15 à 20 centimètres; épaisseur, de 5 à 8 centim.
Habite dans les eaux du Grau d'Argelès. Dans cette grande
mare qui communique très-souvent avec la mer et dont l'eau est
très-saumàtre, ce Mollusque paraît se bien trouver, puisqu'il y
acquiert de très-fortes dimensions. Nous le trouvons aussi dans
les eaux de la rivière de La Tet, entre Perpignan et la mer,
toujours dans les anses que forme cette rivière , et surtout dans
celles qui se rapprochent le plus de son embouchure : les coquilles
de cette localité sont plus grandes que celles qu'on trouve au
Grau d'Argelès.
V. Y, Ventricosa de Pfeiff. , dont la coquille est plus grande,
plus allongée et plus ventrue, se trouve au Grau d'Argelès.
(Penchinat.)
2. Anodonte anatine, Anodonta anatina, Lam.
Animal. Presque ovale, fortement comprimé, d'un gris-foncé ;
pied d'un jaune-roussàtre ; manteau brunâtre sur les bords ;
papilles postérieures très-foncées ; branchies gris-sale.
Coquille. Petite, ovale-allongée, fort peu ventrue, comprimée
postérieurement, à sillons transverses assez marqués, mince, un
peu fragile, luisante, opaque, d'un brun-obscur; côté antérieur
arrondi ; bord inférieur à peine arqué, médiocrement tranchant;
bord supérieur arqué, non anguleux à sa jonction avec le bord
antérieur ; sommets très-peu élevés , rapprochés du bord anté-
510 HISTOIRE NATURELLE.
rieur, très-obtus, usés et souvent excoriés ; ligament très-saillant,
épais, brunâtre ; impressions musculaires assez marquées ; nacre
brillante, azurée, tachée de roux ou de verdâtre. Hauteur, de 35
à 45 millimètres; longueur, de 45 à 70 millimètres; épaisseur,
de 12 à 20 millimètres.
Habite la rivière de la Basse qui longe les remparts des Tan-
neries de Perpignan, surtout vers l'endroit où se trouve le barrage
pour conduire l'eau dans le ruisseau des Jardiniers.
La Y. S, Rayii, Dup., dont la coquille elliptique, atténuée en
avant, terminée en arrière par un rostre court, peu obliquement
tronqué, assez convexe inférieurement, arquée, anguleuse supé-
rieurement, a été trouvée par le docteur Penchinat aux environs
d'Argelès-sur-Mer, ainsi que la V. 3, Coarctata, Pot. et Mich.,
qui se distingue par la coquille plus petite, ovale-allongée, à peine
atténuée en avant, terminée en arrière par un rostre court et
émoussé, peu convexe inférieurement, arquée, aiguë supérieu-
rement.
Nous avons trouvé, avec le docteur Paul Massot, la V. Z,
Rostrata, Dup., dans la Basse, aux environs de Perpignan. Cette
espèce est remarquable par sa coquille oblongue, à peine atténuée
en avant, terminée en arrière par un rostre assez allongé, presque
verticalement tronqué, presque droite inférieurement, assez ar-
quée supérieurement.
Si on voulait multiplier les variétés dans les Anodontes et les
Unio, sans avoir égard à leur âge et aux lieux qu'elles habitent,
ce serait à l'infini.
Genre Margaritane.
Ce genre n'a pas de représentant dans le département.
Genre Mulette, Unio.
Animal. Allongé, ovalaire, arrondi, subtétragone ou
subtrigone ; manteau à bords épais, à peine frangés ;
MOLLUSQUES. 511
branchies à tubes presque droits, formant par leur réu-
nion une sorte de grillage.
Coquille. Allongée, ovalaire, arrondie, quelquefois
subtétragone ou subtrigone, plus ou moins épaisse, à
sommets saillants, plus ou moins profondément excoriés ;
charnière dentée ; impressions musculaires écartées, assez
profondes.
1. Mulette littorale, Unio littoralis, Cuv., Unio rhomboï-
deus, Moq.-Tand.
Animal. Grisâtre, nuancé tantôt de rose, de jaunâtre ou de
verdâtre ; pied médiocre , d'un brun-rouge-jaunâtre ; manteau
bordé de brunâtre ; branchies d'un roux-obscur.
Coquille. Forte, épaisse, ovale, légèremeut comprimée, sub-
tétragone, brunâtre ou presque noire, fortement et inégalement
striée ; extrémité antérieure courte et arrondie , la postérieure
subanguleuse, rétrécie et tronquée ; sommets proéminents, ondu-
lés-tubercules, excoriés lorsque la coquille est adulte; ligament
médiocre, un peu oblique; dents cardinales très-épaisses et
crénelées; impressions musculaires très-fortes et rugueuses;
nacre d'un blanc-azuré très-brillant. Hauteur, de 40 à 50 millim.;
longueur, de 50 à 80 millim.; épaisseur, de 20 à 30 millim.
Habite tous les cours d'eau de la plaine, surtout ceux dont le
courant est peu rapide : les ruisseaux des Jardiniers, de Malloles,
la Basse de Perpignan, les canaux des prairies de Thuir et de
Canohès.
M. Farines a découvert, dans le ruisseau de Pia, une Mulette
qu'il a décrite dans le premier Bulletin de la Société Philomathi-
que de Perpignan, et qu'il a nommée Unio Pianensis; c'est une
variété fort remarquable par la couleur incarnée que prend l'ani-
mal, et qu'il communique à l'intérieur de la coquille. Sa forme
est snbelliptique, à peine sinueuse inférieurement, peu atténuée
postérieurement. M. Moquin-Tandon prétend que c'est une variété
542 HISTOIRE NATURELLE.
de la Mulette-Littorale ; mais quand on y regarde de près, on
remarque quelque différence tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de
la coquille.
Habite le ruisseau de Pia, aux endroits les plus vaseux, où
M. Farines l'a recueillie. M. Canta l'a trouvée dans le ruisseau de
Malloles, et nous l'avons trouvée en nombre considérable et
mêlée avec la Littorale, à la Basse vieille, près d'Orle.
Une variété de la même espèce , remarquable par sa coquille
subtétragone, droite ou subsinueuse inférieurement, peu atténuée
postérieurement, est YUnio subtetragona, Mich., V. A, Subtetra-
gone-Noulet. Les réflexions justes que M. le professeur Noulet
fait sur cette dernière variété, nous font croire qu'elle ne peut
être séparée de la Mulette-Littorale.
Nous trouvons YUnio subtetragona au ruisseau de YEscourridou
de Perpignan, presque à son embouchure avec La Tet. Nous
concluons que si on voulait avoir égard aux formes variées qu'af-
fecte YUnio littoralis, dans ses divers âges et selon la localité où
elle vit, on en ferait un grand nombre de variétés.
2. Mulette de Requien, Unio Requienii, Mich.
Animal. D'un gris-jaunâtre; pied allongé, mince, d'un jaune-
d'ocre-sale; manteau bordé de brun-foncé; papilles postérieures
.d'un brun-noir; branchies grisâtres.
Coquille. Oblongue, assez ventrue, médiocrement épaisse,
solide, d'un brun un peu rougeâtre, avec des zones transversales
brunâtres ou noirâtres; extrémité antérieure courte, arrondie,
la postérieure à rostre médiocre, tronquée; bords parallèles,
dont l'inférieur droit, un peu tranchant, le supérieur droit, puis
brusquement oblique; sommets assez rapprochés de l'extrémité
antérieure, enflés, striés, rarement usés; ligament médiocre,
allongé, droit; dents cardinales fortes, peu épaisses, la posté-
rieure de la valve gauche très-peu développée ; impressions
musculaires antérieures profondes , les postérieures faiblement
MOLLUSQUES. 513
marquées; nacre blanche, légèrement azurée. Hauteur, de 22 à
40 millim.; longueur, de 30 à 40 millim.; épaisseur, de 15 à 30.
Habite dans un gouffre profond, très-vaseux, qu'a creusé Le
Tech, un peu loin de son lit, sous Banyuls-dels-Aspres; ce gouffre
est alimenté par les filtrations souterraines. Ce Mollusque y vit
depuis un temps immémorial , et c'est-là qu'on trouve le vrai
type toujours uniforme de la Mulette de Requien.
V. A, Unio Aleronii, Comp. et Massot. J'avais découvert dans
le ruisseau des prairies de Thuir, une Mulette qui était si diffé-
rente de Y Unio Requienii de Mich., que nous avions cru, avec
mon confrère M. Paul Massot, qui l'avait aussi trouvée plus tard
dans la vieille Basse, que c'était une nouvelle espèce. Nous
l'avions décrite, figurée et dédiée à notre ami Aleron. Notre
mémoire fut inséré dans le Bulletin de la Société Agricole, etc.,
des Pyrénées-Orientales, année 1846.
M. Moquin-Tandon, dans ses éludes sur les Mollusques terres-
tres et d'eau douce, basées particulièrement sur l'organisation
de l'animal, a cru que la Mulette-Aleron n'était qu'une variété
de la Mulette-Requien, et l'a classée dans les nombreuses variétés
de cette espèce.
V. B, Unio Turtonii, Payr. Remarquable par sa coquille
allongée, sinuée inférieurement, arquée, un peu dilatée posté-
rieurement; sommets plus comprimés. M. Moquin-Tandon a
rangé aussi cette coquille parmi les variétés de Y Unio Requienii.
Notre confrère, le docteur Penchinat, l'a trouvée dans les eaux
douces des environs d'Argelès-sur-Mer, où elle est commune.
3. Mulette des peintres, Unio pictorum, Lin.
Animal. D'un roux-clair ou grisâtre; pied roifssâtre, assez
grand; manteau bordé de brunâtre; papilles postérieures allon-
gées, brunes; branchies grisâtres.
Coquille. Ovale-allongée, cunéiforme, ventrue, assez épaisse,
solide, d'un jaune-verdàtre, avec des zones transversales brunes;
côté antérieur court et arrondi; côté postérieur à rostre long,
TOMK III.
514 HISTOIRE NATURELLE.
aigu, tantôt obtus ou tronqué; bords presque parallèles, l'infé-
rieur rétus ou droit, un peu tranchant, le supérieur oblique;
sommets un peu rapprochés de l'extrémité antérieure , souvent
usés; ligament fort, allongé, presque droit; dents cardinales
fortes, comprimées, épaisses, la postérieure de la valve gauche
rudimentaire; impressions musculaires assez marquées; nacre
blanche, un peu azurée ou légèrement rosée. Hauteur, de 25 à
40 millim.; longueur, de 60 à 80 millim.; épaisseur, de 20 à 30.
Habite les ruisseaux des prairies de Canohès et de Thuir; les
eaux vives des environs de Saint-Féliu.
La Y. E, Rostratus, Moq.-Tand., est remarquable par sa coquille
brunâtre, plus allongée en arrière, lancéolée. Elle a été trouvée
par notre confrère, M. Paul Massot, dans la Basse, à la prise d'eau
du ruisseau des Jardiniers , près la promenade des platanes à
Perpignan.
-4. Mulette de Moquin, Unio Moquinianus, Dup.
Animal. D'un gris-jaunâtre; pied grand, d'un gris-rougeâlre ;
manteau d'un brun-noirâtre; les papilles postérieures d'un brun-
rougeâtre; branchies grisâtres, quelquefois un peu rousses.
Coquille. Oblongue, assez épaisse, solide, d'un brun-olivâtre
assez foncé; côté antérieur court et arrondi, le postérieur dilaté,
subarrondi -tronqué ; bords presque parallèles; sommets assez
rapprochés de l'extrémité antérieure, tubercules, fortement exco-
riés; ligament épais, allongé; dents cardinales très-petites, à peine
comprimées , à peine denticulées ; impressions musculaires pro-
fondes, les postérieures à peine marquées; nacre d'un blanc-
bleuâtre, quelquefois rosé. Hauteur, de 25 à 35 millimètres;
longueur, de 50 à 70 millim.; épaisseur, de 18 à 25 millim.
Habite YAgidia de la Mar, aux environs de Vall-Ric, sous
Villeneuve-de-la-Raho ; à la vieille Basse, territoire de Perpignan,
où on la trouve abondamment mêlée à la Mulelte-Aleron , avec
laquelle on la confondrait au premier abord. Les jeunes sujets
de cette dernière ont avec elle de très-grands rapports.
mollusques. 515
Famille des Cardiacés ou Cyclades.
Cette famille se compose de deux genres : 1° Pisidie;
2° Cyclade.
Genre Pisidie, Pisidium.
Animal. Ovoïde ou subglobuleux, inéquilatéral ; man-
teau à bords épais et denticulés; pied plus ou moins étroit.
Coquille. Subovoïde, inéquilatérale, à sommets plus
ou moins antérieurs; ligament sur l'extrémité la plus
courte, assez en arrière, extérieur ou subintérieur; dents
cardinales peu obliques; dents latérales doubles dans la
valve droite, presque simples dans la gauche.
4. Pisidie fluviale, Pisidium amnicum, Jen., Cyclas
pcdustris, Drap.
Animal. Petit, transparent, d'un blanc -grisâtre; pied peu
allongé, un peu épais, et légèrement pointu; manteau bordé
de gris.
Coquille. Ovalaire, inéquilatérale, à rides transversales sail-
lantes, assez grosses et régulières, un peu épaisse, solide, opaque,
d'un cendré-jaunàtre et souvent marquée de deux ou trois bandes
noirâtres; côté antérieur arrondi; côté postérieur moins avancé
plus haut que l'antérieur; bord inférieur un peu arqué, obtus;
bord supérieur très-convexe ; sommets élevés, faiblement ridés,
luisants, un peu excoriés; ligament court, étroit, peu visible à
l'extérieur; charnière épaisse: dents cardinales peu développées,
disposées en V renversé ; dents latérales un peu grandes, élevées'
obtuses; nacre d'un blanc-azuré. Hauteur, de 6 à 8 millimètres ;
longueur, de 7 à i°2 millimètres; épaisseur, de 4 à 6 millimètres.
Habite la vase et au pied des plantes aquatiques des ruis-
seaux des prairies de Toulouges, Canohès et Thuir; on la trouve
parfois attachée à des morceaux de bois qui ont séjourné long-
temps dans ces lieux.
516 HISTOIRE NATURELLE.
Nous avons trouvé la V. B, Striolatum, Jen., dont la coquille
est plus petite, un peu plus bombée, et parsemée de rides plus
saillantes et plus écartées, dans la vase des ruisseaux qui abou-
tissent à la vieille Basse.
2. Pisidie brillante, Pisidium nitidum, Jen., Cyclas
nitida, Hanl.
Animal. Blanchâtre; pied un peu long, pointu, dilaté à la
base; manteau bordé de gris-sale.
Coquille. Assez ventrue, à stries transversales peu marquées,
fines, égales, très-mince, peu solide, d'un jaune plus ou moins
pâle, transparente , souvent avec des bandes transversales grisâ-
tres; côté antérieur arrondi, côté postérieur moins avancé que
l'antérieur, subtronqué ; bords inférieur et supérieur convexes ;
sommets enflés, élevés, assez obtus, luisants; ligament non
visible à l'extérieur; charnière mince; dents cardinales très-
petites, peu saillantes, accolées obliquement; dents latérales
médiocres, minces, obtuses; les antérieures un peu plus grandes
que les postérieures; nacre blanchâtre. Hauteur, de 2 à 3 milli-
mètres; longueur, de 2 à 3 millimètres; épaisseur, de 1 millim.
1/2 à 2 millim. l/2.
Habite les fossés, les mares des environs du Cagarell, près
le Mas de l'Esparrou, et toutes les mares et fossés des prairies
maritimes de Canet.
3. Pisidie naine, Pisidium pusillum, Jen., Cyclas fonti-
nalis, Drap.
Animal. Blanchâtre , un peu rosé ; pied un peu plus long que
la coquille, très-grêle, un peu obtus; manteau bordé de gris-
roussâtre.
Coquille. Orbiculaire, peu ventrue, à stries transversales peu
marquées, fines, inégales, mince, peu solide, luisante, peu trans-
parente, d'un jaune-pâle et quelquefois cendrée; côté antérieur
arrondi et un peu anguleux; côté postérieur moins avancé que
MOLLUSQUES. 517
l'antérieur et convexe; bord inférieur arqué, un peu tranchant;
bord supérieur très-convexe; sommets enflés et élevés, obtus,
sans stries; ligament étroit, non visible à l'extérieur; charnière
mince; dents cardinales très-petites, peu saillantes; dents laté-
rales médiocres, minces et obtuses. Hauteur, de 2 à 3 millimètres;
longueur, de 2 à i millimètres; épaisseur, de 1 à 2 millimètres.
Habite la vase des fossés des eaux vives des jardins de la Pou-
drière, et les mêmes lieux dans les environs de Bonpas.
Genre Cyclade, Cyclas.
Animal. Ovoïde ou subglobuleux ; manteau à bords
épais, (lenticules; pied plus ou moins large; siphon anal
développé; branchies inégales, striées.
Coquille. Subglobuleuse, à sommets plus ou moins
médians; ligament sur l'extrémité la plus courte, inté-
rieur ou extérieur ; dents cardinales assez obliques , une
ou deux dans la valve droite, deux dans la valve gauche;
dents iatérales doubles dans la valve droite, simples dans
la gauche.
1. Cyclade cornée, Cyclas cornea, Lam.
Animal. Grisâtre, quelquefois roussâtre; pied plus long que la
coquille, lancéolé, assez pointu, un peu laiteux, légèrement rosé
vers l'extrémité; manteau à bords gris; siphons un peu allongés,
couleur de chair-pâle, tronqués.
Coquille. Subelliptique-courte, presque arrondie, très-enflée,
à rides transversales faiblement marquées, peu régulières; mince,
solide, un peu transparente, légèrement luisante, d'un gris-oli-
vâtre, souvent avec des zones transversales inégales plus foncées;
coté antérieur obtus, côté postérieur avancé comme l'antérieur,
arrondi; bord inférieur arqué, tranchant; bord supérieur convexe;
sommets assez élevés, lisses; ligament non visible à l'extérieur;
charnière petite; dents cardinales petites, en V renversé, assez
518 HISTOIRE NATURELLE.
évasées, l'antérieure assez oblique, étroite, presque carrée, la
postérieure oblique aussi et un peu plus étroite ; dents latérales
minces, un peu obtuses; les antérieures plus grandes que les
postérieures ; impressions musculaires à peine visibles ; nacre
d'un blanc-bleuâtre. Hauteur, de 6 à 10 millimètres; longueur,
de 8 à 15 millimètres; épaisseur, de 5 à 8 millimètres.
Habite les ruisseaux des environs de Perpignan où l'eau
est stagnante et où il s'amasse de la vase ou du sable; elle s'y
enfonce, et ce n'est qu'en y plongeant la main qu'on peut la saisir.
On la trouve quelquefois attachée à des tronçons de bois qui ont
séjourné plus ou moins longtemps dans ces lieux.
2. Cyclade lacustre, Cyclas lacustris , Moquin-Tandon ,
Cyclas caliculata, Drap.
Animal. Blanchâtre, un peu rosé ; pied deux fois plus long que
la coquille, obtus à son extrémité ; manteau à bords grisâtres;
siphons allongés.
Coquille. Arrondie ou elliptique, comprimée, à rides trans-
versales, fines, peu apparentes, inégales, fort mince et fragile,
luisante, transparente, cendrée ou roussâtre, quelquefois des
zones transversales plus foncées couvrent son test ; côté antérieur
arrondi, presque tronqué, côté postérieur un peu plus haut et
tronqué; bord inférieur arqué et tranchant, bord supérieur
droit; sommets élevés, aigus, petits, mamelonnés, obtus et lui-
sants; ligament non visible à l'extérieur, court; charnière mince;
dents cardinales très - petites , à peine pointues, l'antérieure
tronquée au sommet, la postérieure rudimentaire ou nulle, les
latérales petites, très-minces; impressions musculaires, très-peu
apparentes; nacre blanchâtre, légèrement azurée. Hauteur, de
8 à 10 millimètres; longueur, de 8 à 12 millimètres; épaisseur,
de 4 à 6 millimètres.
Habite dans la vase de la rivière de la Basse, surtout dans les
mares bourbeuses de la vieille Basse, vers Toulouges. En fouillant
la vase on est sur d'en faire bonne provision.
MOLLUSQUES. 519
3. Cyclade de Mouchons, Cyclas Mouchousii, N. S.
Animal. D'un gris-jaunâtre, un peu rosé; pied plus allongé
que la coquille, dilaté antérieurement et renflé vers l'extrémité
postérieure, d'un rose-vif; manteau rose-foncé sur les bords, qui
sont un peu frangés ; siphons allongés, transparents, de couleur
de chair-pâle, tronqués; le respiratoire cylindracé, à orifice
médiocre; l'anal court, à orifice petit.
Coquille. Subelliptique, courte, arrondie, très-peu ventrue,
subéquilatérale, à rides transversales très-marquées, égales, très-
régulières, un peu épaisse, assez solide, luisante, transparente,
couleur de corne-clair, unicolore. Je n'ai remarqué dans aucun
individu, et j'en ai pris beaucoup, de zones colorées sur la coquille
ni des bandes marginales. Côtés antérieur et postérieur également
avancés, arrondis, subtronqués, très-égaux; bord inférieur légè-
rement arqué, tranchant; bord supérieur convexe; sommets élevés,
lisses, luisants, un peu recourbés en dedans ; ligament non visible
à l'extérieur, très-court; charnière mince, offrant en dessous un
relief arqué, très-sinueux; dents cardinales petites, disposées en
V renversé très-évasé; l'antérieure peu oblique, presque carrée,
tronquée au sommet; la postérieure rudimentaire, presque nulle;
dents latérales petites, minces, subtriangulaires, obtuses; les anté-
rieures plus grandes que les postérieures; impressions musculaires
et palléales, très-peu apparentes; nacre d'un blanc légèrement rosé,
qui se perd bientôt après la mort de l'animal. Hauteur, de 8 à 10
millim.; longueur, de 6 à 8 millim.; épaisseur, de 4 à 6 millim.
Rapports. Elle aurait au premier abord quelque ressemblance
avec la Cvclade-Cornée; mais elle s'en éloigne par le faciès général
de l'animal, ainsi que par l'aspect de la coquille. Les rides trans-
versales très-régulières qui couvrent son test, jamais des bandes
marginales colorées ; les côtés antérieur et postérieur, également
avancés et arrondis, l'en distinguent tout-à-fait. Sa taille aussi
diffère un peu. Elle se rapprocherait encore de la Cyclade-La-
cùstre, mais elle s'en éloigne par l'aspect général de la coquille.
Les rides transversales de cette dernière sont très-peu apparentes,
520 HISTOIRE NATURELLE.
tandis qu'elles sontlrès-visiblesettrès-régulièressur notre coquille.
La disposition des dents cardinales sont aussi très^différentes, ce
qui les sépare d'une manière complète. N'ayant pas trouvé dans
les coquilles de ce genre aucune espèce à laquelle je puisse la
rapporter, je me suis convaincu que c'était une espèce nouvelle.
Je me fais un plaisir de la dédier à mon ami M. Henri Mou-
chous. L'intérêt qu'il porte au progrès des sciences naturelles
et surtout à ce qui intéresse le Roussillon, m'en fait un devoir.
Habite dans les lacs de l'extrémité de la vallée de Cady, los
Estanyols, petites mares à plus de 2.000 mètres d'altitude, sur
une montagne couverte de neige pendant huit mois de l'année.
Ces mares sont alimentées par les eaux des neiges supérieures que
la chaleur de l'été ne peut fondre en entier. Ce Mollusque vit dans
ces mares, parmi les plantes qui croissent dans ces eaux très-
froides, et dans la vase qui en tapisse le fond. J'avais visité avec
attention les divers lacs de nos montagnes, ceux de Nohèdes, de
Carença, de Carlite, les Bouillouses, sans y avoir jamais découvert
la moindre trace de Mollusque. En visitant Cady, le hasard me
conduisit à vouloir arracher un pied de Plantago-Monosperma de
Pourret; quel fut mon étonnement de trouver parmi la vase qui
tenait aux racines de la plante et à son collet, un Mollusque qui
vivait à une si haute élévation, et pour ainsi dire parmi la neige.
Je fouillai la vase des bords et j'en trouvai un grand nombre. Ayant
comparé ce mollusque et sa coquille à tout ce qui a été décrit en
ce genre, je me suis convaincu que c'était une espèce inédite.
Famille des Dreïssénadées.
Genre Dreïssène, Dreïssena. (Le seul qui compose cette famille.)
Moules d'eau douce qui habitent dans les fleuves et
les rivières. Ces coquilles ne vivent pas dans les eaux du
département des Pyrénées-Orientales; nos rivières, à leur
embouchure, sont à sec une partie de l'année, et lorsque
elles ont de l'eau, ce sont des torrents très-impétueux qui
n'offrent pas de sécurité à ce genre de Mollusques.
INSECTES. 521
CHAPITRE VI.
ENTOMOLOGIE.
Insectes Coléoptères.
L'Entomologie est la partie de la Zoologie qui traite
de la connaissance des Insectes.
Il n'entre pas dans notre cadre d'embrasser les divers
groupes d'animaux dont s'occupe l'Entomologie ; nos
études se bornent a la partie qui traite des Insectes
Coléoptères et Lépidoptères.
Le caractère saillant des Insectes Coléoptères est
d'avoir le corps articulé, c'est-à-dire formé d'anneaux
plus ou moins solides, placés les uns à la suite des
autres et maintenus par une membrane commune ou
peau; d'être pourvus de trois paires de pattes, de deux
antennes et de quatre ailes dont les supérieures, plus ou
moins dures ou coriaces, appelées élytres, servent d'étui
aux inférieures qui sont des pièces membraneuses sèches,
élastiques, transparentes et pliées en travers sous les
premières dans le repos. Indépendamment de ce dernier
caractère qui leur est exclusivement propre, les Coléop-
tères se distinguent encore des autres Insectes à quatre
ailes, par leurs mâchoires libres et non terminées en
galète, comme dans les Orthoptères.
522 HISTOIRE NATURELLE.
On distingue dans les Coléoptères, comme dans tous
les Insectes, le tronc et les membres. Le tronc est com-
posé de trois régions principales : la tête, le thorax ou
corselet et l'abdomen. Les membres, au nombre de dix,
sont les quatre ailes, dont nous avons déjà parlé, et six
pattes attachées par paires au corselet. La tête, de gran-
deur et de forme variées, offre constamment a l'observa-
tion : le crâne, qui s'articule en arrière avec le prothorax;
la bouche, qui est formée de diverses parties disposées
symétriquement; deux yeux et deux antennes.
On distingue deux sortes d'yeux dans plusieurs ordres
d'Insectes : les yeux lisses, dont le nombre varie, et les
yeux composés ou à facettes, qui n'excèdent jamais deux.
Les Coléoptères ont toujours des yeux à facettes.
Les antennes varient singulièrement de forme et de
proportion dans les Coléoptères, non seulement selon
les familles ou les genres, mais entre chaque sexe. Elles
sont ordinairement plus volumineuses dans les mâles.
Les élytres, dans le repos, se joignent l'un contre
l'autre par leur bord interne, et forment sur le dos de
l'Insecte une ligne médiane qu'on nomme suture. Us
ne peuvent s'écarter du corps qu'à angle droit, et ne
frappent pas l'air dans le vol : une fois étendus ils
restent fixes.
Les Coléoptères, ainsi que les autres Insectes, ont
deux sexes séparés, et l'acte de la reproduction est un
véritable accouplement.
Les sexes, dans les Coléoptères, se distinguent à l'ex-
térieur par des différences , soit dans les antennes , soit
dans les pattes, soit dans d'autres parties du corps qu'il
serait trop long d'énumérer ici. Leur accouplement n'a
INSECTES. 523
lieu qu'une fois, et sa durée varie depuis quelques heures
jusqu'à un ou deux jours. La copulation achevée, le mâle
ne tarde pas à périr, et la femelle meurt immédiatement
après la ponte.
Les œufs, qui varient pour le volume, la forme, la
couleur et la consistance , sont déposés en des lieux et
dans des substances analogues au genre de vie des larves
qui doivent en naître. Quelques espèces pondent dans
des eaux tranquilles ; d'autres les placent sur certaines
plantes; plusieurs à l'aide de leur tarière, les introduisent
dans le bois ; des tribus entières les déposent sur les
matières animales ou végétales en décomposition et sur
les cadavres en putréfaction; un grand nombre enfin les
enferment dans la terre.
Les larves qui naissent de ces œufs diffèrent singuliè-
rement entre elles. En général, elles ressemblent à un
ver molasse composé de douze anneaux plus ou moins
distincts, non compris la tête. La plupart de ces larves
ont la faculté locomotive très-peu développée.
Le temps que les larves des Coléoptères mettent à
croître, depuis leur sortie de l'œuf jusqu'à leur transfor-
mation en nymphe, est plus ou moins long, suivant le
genre de nourriture. On a remarqué que celles qui se
nourrissent de feuilles, atteignent toute leur taille au bout
d'un mois ou six semaines, tandis que celles qui vivent
de racines ou dans l'intérieur du tronc des arbres n'y
arrivent qu'au bout de deux ou trois ans.
C'est principalement sous la forme de larves que les
Coléoptères font le plus de tort à l'agriculture et à l'in-
dustrie. Les ravages causés par les larves des Bruches,
des Charançons, des Calandres, des Hannetons, des
524 HISTOIRE NATURELLE.
Anthrènes, des Dermestes, des Altisses, des Galeruques
et autres analogues, ne sont que trop connus.
Les Coléoptères sont répandus partout. Les uns sont
aquatiques, et vivent dans les eaux dormantes ; les autres,
en bien plus grand nombre, sont terrestres et ont des
habitudes très-variées; on en rencontre courant sur la
terre ou sur le sable; on en trouve dans les fientes des
animaux, dans la terre, sous les pierres, sous la mousse,
à la racine des végétaux, dans les troncs ou sous les
écorces des arbres morts ou vivants, dans les cadavres
en putréfaction, dans les matières animales ou végétales
en décomposition, dans celles qui sont desséchées; enfin,
on en voit fréquemment sur les fleurs et les feuilles des
plantes et des arbres. Les uns sont diurnes, les autres
sont nocturnes ; ceux-ci se tiennent cachés pendant le
jour, font la chasse aux autres Insectes et les dévorent.
Il est a remarquer qu'on ne trouve aucun Insecte veni-
meux parmi les Coléoptères; pas un n'est armé d'aiguil-
lon pour blesser, comme on le voit chez beaucoup
d'Hyménoptères, Seulement, quelques-uns pourvus de
fortes mandibules, comme les Scarites, les Cerfs-Volants,
les Capricornes, etc., mordent ou pincent fortement
quand on les saisit sans précaution ; mais il n'en résulte
d'autre mal que celui d'une petite coupure ou d'une
petite déchirure (1).
L'entomologie de nos contrées n'était pas connue il y a
cinquante ans : les naturalistes qui visitaient les Pyrénées-
Orientales n'y séjournaient pas assez pour en apprécier
les richesses. Personne dans la localité ne s'en était occupé
(I) Voir \c dictionnaire universel d'Histoire Naturelle, par Cil, d'Orbigny.
INSECTES. 525
encore. Nous avons été le premier à colliger les Insectes
que nos diverses régions fournissent, et notre collection a
toujours été ouverte à ceux qui ont témoigné le désir de
s'occuper de cette branche des sciences naturelles.
A l'origine de nos études entomologiques , nous
n'avions aucun document, aucune collection pour com-
parer nos espèces à celles déjà découvertes ; aussi avons-
nous marché à tâtons pendant longtemps. En 1821 ,
MM. Baslard et Leclerc-Thouin , aides naturalistes du
Jardin-des-Plantes de Paris, visitèrent notre département.
Leurs conseils nous furent très-favorables ; ils nous
aidèrent de leur expérience pour classer nos collections,
et emportèrent à Paris les espèces douteuses, pour les
étudier dans le silence du cabinet. Ils nous encouragèrent
à persévérer dans les recherches que nous avions entre-
prises.
Peu de temps après, M. le comte Dejean, dont l'obli-
geance a été extrême pour nous, parcourut aussi les
Pyrénées-Orientales; nous eûmes même la satisfaction
de l'accompagner dans quelques-unes de ses courses ;
depuis cette époque, notre collection s'étendit considé-
rablement par des échanges et par les bons rapports
que nous avons toujours conservés avec cet entomolo-
giste célèbre.
M. Dejean nous mit en relations avec les naturalistes
de l'Allemagne, de la Suisse et de toutes les parties de
la France; ceux-ci sollicitèrent des échanges, et c'est
ainsi que notre collection prit un grand accroissement.
Plus tard , M. Audouin, professeur du Jardin-des-Plantes,
vint aussi étudier les Insectes nuisibles à la vigne et aux
oliviers. Nous lui fimes part de nos observations à ce
526 HISTOIRE NATURELLE.
sujet ; nous lui donnâmes beaucoup d'Insectes du pays ;
il nous en dédommagea, par bon nombre d'espèces
étrangères et rares qu'il nous adressa à sa rentrée à Paris.
Quoique nous ayons réuni un grand nombre d'Insectes,
nous n'avons pas la prétention de croire qu'ils représen-
tent la statistique complète des Coléoptères du départe-
ment ; nous sommes persuadé , au contraire , qu'il reste
beaucoup d'espèces à découvrir, et nous engageons les
jeunes gens à diriger leurs études vers cette branche des
connaissances naturelles, qui donne tant d'attraits, et
fait passer bien des moments heureux, en contemplant
les merveilles de la nature dans ses infîniments petits :
il y a beaucoup a faire dans les petites espèces qui n'ont
pas été suffisamment étudiées. Nos travaux, tout incom-
plets qu'ils sont, auront du moins le mérite d'avoir
ouvert la marche à ceux qui nous succéderont. L'Ento-
mologie n'est pas un but de curiosité seulement; son
étude peut être très-utile à l'agriculture, en faisant con-
naître les moyens de détruire les Insectes qui dévorent
nos récoltes. Des hommes du plus haut mérite y ont
consacré leurs veilles; des hommes sérieux y ont porté
toute leur attention ; des guerriers n'ont pas dédaigné
de s'en occuper d'une manière spéciale ; et nous avons
été témoin qu'au milieu des combats, un homme, haut
placé , mettait pied à terre pour ramasser un Insecte.
L'Empereur faisait un grand cas de cet homme, puisqu'il
l'avait attaché à sa personne comme aide-de-camp W.
(I) l£n 1809 M. le comte Dejean , colonel du 9me Dragons, faisait
partie de la division Kelerman dans les Asturies : nous battions en retraite
d'Oviedo, et nous montions les jjorges de Pajarcs , pour venir sur le
royaume de Léon, sous le feu de la mousu.ueteric des Espagnols, cachés
INSECTES.
527
Notre travail contient rémunération des Coléoptères
observés jusqu'à ce jour dans le département des Pyré-
nées-Orientales, avec l'indication précise des localités où
nous les avons trouvés.
Pour montrer l'abondance et la variété des produits
de notre département, nous avons indiqué à la suite du
nom de l'auteur, la région où l'espèce avait été primiti-
vement trouvée.
La classification que nous avons suivie, est celle que
M. le comte Dejean a adoptée dans son catalogue des
Coléoptères, publié en 1837, et que nous exposons dans
le tableau ci-après.
CLASSIFICATION DES COLÉOPTÈRES,
D'APRÈS M. LE COMTE DEJEAN.
1" Section.
PENTAMÈRES.
Carabiques.
Hydrocanthares.
Brachélytres.
Sternoxes.
Malacodermes.
Térédiles.
Clavicornes.
Palpi cornes.
Lamellicornes.
2° Section.
HÉTÉROMÈRES.
Mélasomes.
Taxicornes.
Ténébrionites.
Hélopiens.
Trachélides.
Vésicants.
Sténélytres.
3" Section.
TÉTRAMÈRES.
Curculionites.
Xylophages.
Longicornes.
Chrysomélines.
4e Section.
TRUIÈRES.
5" Section.
DIMÉRES.
clans les bois qui couvrent ces montagnes difficiles. Dans cette circonstance,
je ie vis descendre de cheval pour ramasser un Carabe que les soldats dans
leur marche avaient chassé des broussailles. Toutes les lois que la division
faisait une halte , il explorait les lieux voisins. C'est ainsi qu'il était
parvenu, en récoltant des Insectes de tous les pass, à faire la collection la
plus riche d'Europe: elle renfermait, en Coléoptères seulement, vingt-deux
mille trois cent quatre-vingt-dix-neuf espèces et une infinité de variétés.
J'étais loin di me douter alors que je verrais plus tard M. le comte Dejean,
lieutenant-général, venir parcourir les Pyrénées-Orientales en entomolo-
giste, et que moi-même je m'adonnerais avec ardeur à l'étude de cette science.
528 HISTOIRE NATURELLE.
PENTAMÈRES.
Famille des Carabiques.
La famille des Carabiques, selon M. Dejean, se com-
pose des Insectes pentamères qui ont six palpes, des
antennes filiformes ou sétacées , quelquefois monili-
formes, et des pattes uniquement propres à la course.
Tous sont carnassiers.
Cette famille joue parmi les Insectes, le même rôle
que celle des Carnassiers parmi les Mammifères. Obligés,
par leur organisation , de vivre aux dépens des autres
Insectes, tantôt ils les attaquent à force ouverte, tantôt
ils se tiennent en embuscade pour les surprendre. Des
mandibules fortes, tranchantes et plus ou moins aiguës
à l'extrémité, une grande force musculaire dans leurs
pattes qui leur permet autant de vigueur que de promp-
titude dans leurs mouvements, tout dans leur structure
leur donne un grand avantage sur ceux dont ils font leur
proie. Cependant, à l'exception des Cicindèles, qui volent
avec la plus grande légèreté, les espèces des autres genres
font peu usage de leurs ailes quand elles en ont; car la
plupart en manquent, surtout les grandes espèces; mais
en revanche, elles sont très-agiles à la course. Ces In-
sectes ne chassent ordinairement que la nuit, et se tien-
nent cachés pendant le jour sous des pierres, dans la
mousse, au pied des vieux arbres ou bien sous les écorces.
Le plus grand nombre d'entre eux répandent une odeur
fétide; et, quand on les prend, ils laissent échapper par
la bouche en même temps que par l'anus, un liquide acre
et caustique qui, dans quelques-uns, sort avec bruit, sous
la forme d'une vapeur blanchâtre.
[NSECTES. 529
Premier Genre, Cicindela, Lin.
Les Cicindèles sont le plus souvent ornées de couleurs
métalliques très-brillantes, avec des taches plus claires
que le fond. Elles ont la tête forte, plus large que le
corselet, de gros yeux, des antennes presque filiformes,
des mandibules allongées, terminées par un crochet aigu
et quadridentées au côté interne, des palpes velues, des
ailes propres au vol sous leurs élytres, et des pattes grêles
et longues, avec des tarses très-déliés. Ce sont des Insectes
carnassiers et voraces, dont la démarche est vive et légère,
et le vol court et rapide. On les rencontre le plus souvent
dans les lieux sablonneux exposés au soleil , où ils cher-
chent leur proie ; cependant quelques espèces, telles que
la Germanica, ne se rencontrent que dans les champs,
où elles courent entre les herbes, sans jamais faire usage
de leurs ailes.
1. Cicindela campestris, Geer. Gallia.
Commune dans les champs, le long des chemins sablonneux,
dans tout le département.
2. Cicindela Marocana, Fab. Gallia meridionalis.
Elle est regardée comme une variété de la précédente. On la
trouve dans les mêmes lieux; elle diffère de la première par les
couleurs générales plus sombres, et par les taches des élytres qui
sont moins apparentes, quelquefois même sans la moindre tache.
5. Cicindela silvicola, Meg., Dej. Gallia orientalis.
Trouvée constamment dans les prairies des parties montueuses
du bois de Boucheville; au Randé, près Cady, et dans les prairies
qui bordent Le Tech à La Preste. Nous avons pris dans les mêmes
localités une variété dont les lignes de dessus les élytres, sont
TOME III. 54
530 HISTOIRE NATURELLE.
moins prononcées, quoique ayant les mêmes dispositions et les
couleurs moins vives. Nous avons reçu celte espèce de nos cor-
respondants d'Allemagne, sous le nom de Cicindela hybrida.
A. Cicindela silvatica, Fab. Paris.
Cette espèce est assez rare. On la trouve dans les clairières des
bois un peu élevés; nous l'avons rapportée de la Font de Comps,
avant d'arriver au plateau; nous l'avons prise aussi dans les prai-
ries de la Borde Girvès, et au Pla dels Abellans, au-dessus de
Mont-Louis.
5. Cicindela trisignata, Illig. Gallia meridionalis.
Trouvée sur les sables de la rivière de La Tet, près de son
embouchure; aux environs des mares et des dunes, près Canet;
à l'embouchure de l'Agly, près Saint-Laurent-de-la-Salanque.
6. Cicindela circumdata, Dej. Gallia meridionalis.
Cette jolie espèce se trouve sur les sables du bord de l'étang
de Saint-Laurent-de-la-Salanque, près des salins, et dans les
marais salants de l'île Sainte-Lucie.
7. Cicindela littoralis, Fab. Gallia meridionalis.
Elle habite les champs qui ont été inondés et le bord des
flaques d'eau le long du littoral, d'où elle ne s'éloigne point;
elle est difficile à saisir, car elle vole très-loin ; de grand matin,
en parcourant ces parages avant le lever du soleil, on la prend
plus facilement.
8. Cicindela flexuosa, Fab. Gallia meridionalis.
On la prend communément sur les sables, le long de la rivière
de La Tet, à la pépinière départementale; .sur les dunes, près
Canet, et sur tout le littoral, à l'embouchure des torrents et
rivières qui se perdent dans les sables.
[NSECTES; 531
9. Cicindela scalaris. Dejean. \
paludosa, Dufour. G*a meridioml^
equestris, Bonelli. ) Hispania.
On prend cette jolie espèce dans les prairies maritimes près
Canet, et dans celles du Bordigol, près Torreilles. Il faut la chercher
de grand matin sur les masses de joncs qui bordent les routes;
on peut alors en faire grande provision , car elle s'y tient blottie.
Mais dès que le soleil a échauffé l'atmosphère , elle vole avec
une telle rapidité, qu'on la saisit très-difficilement. Il y a dans
cette espèce trois variétés bien distinctes par la disposition
des couleurs et par celle des lignes qui sont sur les élytres;
ce n'est donc pas étonnant qu'elle ait été signalée sous trois
noms différents. Le filet à insecte est d'une grande utilité pour
la prendre.
Helvetia.
10. Cicindela litterata, Sulzer.
sinuata, Clairy.
Cette jolie espèce se trouve dans les parties humides des envi-
rons de l'étang de Salses qui ont été inondées pendant l'hiver;
nous l'avons prise aussi aux environs de la Franqui, près les
salins de M. Lacombe Saint-Michel, et à l'île Sainte-Lucie.
11. Cicindela maura, Fab. Hispania.
Cette belle et rare espèce habite l'embouchure des ravins qui
se jettent dans la mer, près le Cap-Cerbère, aux limites du dépar-
tement; elle est beaucoup plus abondante un peu plus loin, au
Golfe de Roses, et sur le littoral de toute la Catalogne espagnole.
M. le docteur Pujade nous l'a envoyée de l'Algérie où elle est
abondante.
12. Cicindela Germanica, Fab. Gallia.
caerulea, Herb. Austria.
Italica, Dupont. Itah'a.
53:2 HISTOIRE .NATURELLE.
Cette toute petite et intéressante espèce est commune dans les
prairies et les luzernes des parties basses de Château-Roussillon,
et dans toute la Salanque; elle ne vole point; elle est très-agile
pourtant, et, en écartant les plantes, on peut en faire une ample
provision. Elle varie beaucoup par la couleur de tout son corps
et par les points qui sont sur les élytres; ce n'est donc pas
étonnant que plusieurs noms lui aient été donnés.
Deuxième Genre, Odacantha, Fab.
1. Odacantha melanura, Fab. Paris.
Lieux humides, sous les débris des végétaux, près des prairies
des parties basses des environs de Ganet et de Sainle-Marie-
la-Mer.
Troisième Genre, Drypta, Fab.
\. Drypta emarginata, Fab. Paris.
On la voit communément parmi les broussailles , au pied des
arbres et dans les herbes des fossés des remparts de la ville et
de la citadelle de Perpignan.
2. Drypta distincta, Rossi. ) „. .
cylindricollis, Fab. )
Cette rare et jolie petite espèce se trouve dans les haies des
prairies marécageuses des environs de Canel, et dans le bassin
de l'Agly, entre le Bordigol et l'embouchure de cette rivière.
Nous l'avons aussi trouvée dans les prairies des environs de la
Font-Dame, près de Salses. M. Canta l'a prise dans les environs
de Pézilla, sous les débris du millet dépiqué, blottie parmi la
paille, avec une multitude de petits Carabiques : elle est rare
dans toutes les localités.
Quatrième Genre, Zuphium, Latr.
I. Zuphium olens, Fab. Gallia meridionalis.
INSECTES. 533
Ce joli petit Insecte se trouve sous les pierres humides des
ravins des parties élevées; on le trouve sur la plage après les
débordements de nos rivières sous les débris des végétaux en-
traînés par les eaux et rejetés par la mer. Nous l'avons pris dans
les trois bassins que nos cours d'eau traversent pour se jeter à
la mer, toujours près des matières qui sont en putréfaction et
souvent sur les champignons qui se décomposent (très-rare).
Cinquième Genre, Polistichus, Bonelli.
1. Polistichus vittatus, Brul. ) _ ... ...
_.. \ u allia meridionalis.
fasciolatus, 01. )
Sous les pierres, dans les broussailles et au pied des arbres
des ravins des régions supérieures , et sous les détritus des
végétaux rejetés par les eaux dans toute la plaine (commun).
2. Polistichus discoïdeus, Dej. Russia meridionalis.
Cette jolie espèce, beaucoup plus rare que la précédente, se
trouve dans les mêmes localités et avec les mêmes circonstances.
Nous l'avons prise aussi dans les ravins des montagnes calcaires
des Corbières, sous les pierres et dans les broussailles.
Sixième Genre, Cymindis, Latr.
\. Cymindis humeralis, Fab. Gallia.
Sous les pierres, dans les ravins des montagnes secondaires et
dans les broussailles emmenées par les cours d'eau qui arrosent
les prairies de ces localités (commun).
2. Cymindis lineata, Schônheer. Gallia meridionalis.
Sous les pierres humides des ravins des environs de Cady et
du Randé; aux environs de Mont-Louis, sous les pierres et les
conduites d'eau des prairies (rare).
3. Cymindis homagrica, Dufts. Auslria.
534 HISTOIRE NATURELLE.
Les ravins de la montagne de Céret et aux environs de la forêt
communale , parmi les broussailles et sous les pierres ; acci-
dentellement près de la ville de Géret, où il est probablement
entraîné par les eaux; on le trouve aussi dans la vallée d'Arles-
sur-Tech (assez rare).
4. Cymindis coadunata, Dej. Gallia meridionalis.
Parmi les broussailles des ravins de la vallée de l'Agly, envi-
rons de Saint-Paul; à Gaudiès, au bois des Fanges, parmi les
débris des végétaux; aux Albères, près Notre-Dame du Castel,
dans les bois sous les pierres qui bordent les ravins (rare).
5. Cymindis melanocephala, Dej. Pyrenœis.
Trouvé dans la vallée d'Eyne, sous les pierres, près des Jasses
où se retirent les bestiaux; dans les mêmes gîtes, au Ganigou,
près la Jasse de la Llapoudère, et à La Preste (rare).
6. Cymindis axillaris, Dufts. Gallia meridionalis.
Torrents de la vallée de Finestret, sous les pierres, près du
Nentilla; sous les pierres et les broussailles des parties élevées
de la vallée de Rigarda (commun).
7. Cymindis basalis, Gyllenh. )
punctata, Bonelli. )
Cette jolie espèce est assez rare ; nous l'avons prise dans la
vallée de Cornella et de Vernet-les-Bains, au bord des champs
sous les pierres et les broussailles.
8. Cymindis miliaris, Fab. Gallia.
Trouvé sous les pierres et les broussailles des torrents dans
les parties moyennes du Canigou, au-dessus de Saint-Martin,
particulièrement dans la forêt appelée des Moines ; nous l'avons
aussi trouvé dans la vallée de Valmanya et près de Gortsavi (rare).
INSECTES. Ô3Ô
9. Cymindis buf'o, Fabric. ) _. ...
J ^ . .. ^ . | Siciba.
Fammn, Dejean. )
Cette petite et jolie espèce se trouve sous les pierres et parmi
les détritus des végétaux des parties basses situées au pied de
nos montagnes ; mais elle y est entraînée par les eaux qui ,
toujours après les fortes pluies , font déborder nos rivières.
On rencontre la plupart des espèces de ce genre sous les brous-
sailles que les inondations entraînent et qui sont rejetées par la
mer sur la grève (rare).
10. Cymindis meridionalis, Dej. Gallia meridionalis.
Variété de YHomagrica, Dufts,
Nous avons trouvé cette intéressante espèce sous les pierres
et sous les broussailles, dans les ravins des montagnes intermé-
diaires qui séparent Thuir d'Oms ; elle diffère par des caractères si
tranchés du Cym. homagrica de Dufts., que nous avons cru devoir
lui conserver le nom donné par M. Dejean. Les stries des élytres
sont moins profondes, moins fortement ponctuées; une tache
numérale un peu allongée se détache du bord extérieur; il y
a absence de la bande longitudinale des élytres; corselet plus
allongé et plus rouge; tète plus foncée; couleur des élytres plus
brune (rare).
Septième Genre, Demetrias, Bonel.
i. Demetrias unipunctatus, Creuts. Gallia.
Sous les broussailles qui ont été rejetées par les eaux, et dans
les fossés des parties basses de Canet; au printemps on le prend
en fauchant avec le filet sur les fourrés des prairies (commun).
2. Demetrias atricapillus, Lin. Paris.
On le trouve au pied des arbres des prairies de Thuir et de
Canohès, et dans la belle saison, en fauchant avec le filet sur
536 HISTOIRE NATURELLE.
les plantes; en hiver, dans les broussailles et fossés des prairies
de Canet(rare).
5. Demetrias elongatus, Zenk. Paris.
Peu de chose le distingue du précédent, dont il parait n'être
qu'une variété ; on le trouve dans les mêmes lieux.
Huitième Genre, Dromius, Bonel.
\. Dromius linearis, Bonel. Paris.
Bord des fossés des champs et prairies des parties élevées du
département; ravins du bois de Bouchevjlle, et dans les ravins
parmi les broussailles au-dessus de Gastell, près Vernet (rare).
2. Dromius melanocephalus, Dej. Paris.
Sous les écorces des vieux troncs à demi pourris; sous les
pierres et fossés humides des prairies des parties basses du lil-
toral des bassins de l'Agly et de La Tet.
5. Dromius sigma, Ros. Russia.
Sous les pierres, au pied des arbres et dans les prairies et
champs de toute la Salanque; on en prend beaucoup en fau-
chant avec le filet (commun).
4. Dromius quadrisignatus, Dej. G allia.
Sous les écorces des vieux troncs des prairies élevées ; souvent
aussi dans la plaine après une inondation.
5. Dromius quadrinotatus, Dufts. Paris.
Je l'ai trouvé assez fréquemment dans les prairies humides de
l'embouchure du Tech, près Saint-Cyprien, et à Céret, dans les
prairies des environs du pont.
6. Dromius quadrimaculatus, Puz. Paris.
INSECTES. 537
Prairies du Capcir el de la Cerdagiie, sous les pierres et sous
les broussailles; après les inondations, parmi les broussailles du
bassin du Tech et de La Tet; dans le Llaurenti auprès de Mijanès
(rare).
7. Dromius agilis, Fab. Paris.
Commun au pied des arbres, sous les écorces et parmi les
broussailles des parties basses de tout le littoral.
8. Dromius meridionalis, Dej. Gallia meridionalis.
Prairies et champs aux environs de Thuir, sous les pierres, au
bord des fossés et sous les broussailles (assez commun).
9. Dromius quadrillum, Dufts. Austria.
Variété du Dromius qaadripustidatus, Fab.
Nous l'avons toujours trouvé avec \e Dromius sigma dans les
mêmes circonstances, les mêmes localités, et plus abondamment.
10. Dromius corticalis, Duf. Hispania.
Variété du Dromius plagiatus, Dufts.
Habite, entre Arles et Saint-Laurent-de-Cerdans, les prairies
humides, les rigoles qui conduisent les eaux, parmi les brous-
sailles et sous les pierres; les rigoles des environs de Costujes
(rare).
11. Dromius foveola, Gyllenh. Suecia.
Ravins et rigoles des prairies, derrière La Preste et au pied
de Costa-Bona, aux environs de Peyre-Feu (rare).
12. Dromius albonotatus, Dej.
Toutes les rigoles des prairies des environs de Mont-Louis,
sous les pierres cpii servent à dévier l'eau, et dans toute la
Cerdagne.
538 HISTOIRE NATURELLE.
Neuvième Genre, Plochionus, Dej.
i. Plochionus Bonfilsii, Dej. G allia meridionalis.
Je n'ai trouvé cet Tnsecte qu'une seule fois, accidentellement,
après l'inondation de 1842, sur la plage de Torreilles, parmi
les broussailles rejetées par la mer; ce qui me fait présumer que
ce joli et petit Insecte, doit vivre dans la vallée de l'Agly, mais
je ne puis indiquer de localité précise (très-rare).
Dixième Genre, Lebia, Latr.
1. Lebia pubipennis, Du. ; rr.
„ ..... ~ . Hispania.
fulvicolhs, Dej. ) r
Fossés herbeux des parties basses de Canet, parmi les brous-
sailles et détritus des végétaux rejetés par la mer après les
inondations (commune).
2. Lebia cyanocephala, Fab. Gallia meridionalis.
3. Lebia chlorocephala, Ent. Gallia borealis.
Les deux espèces se trouvent sous les pierres de la rivière de
l'Agly, et les rigoles des environs de Casas-de-Pena ; après les
inondations, sur la plage des trois bassins (communes).
4. Lebia caeruleocephala, Dhal. Gallia borealis.
Cette espèce, regardée par M. Dejean comme une variété de la
Lebia cyanocephala, Fab., se trouve sous les pierres, au sommet
des montagnes à'Albadère et de Glorianes, exposition du midi;
elle est mêlée à une foule d'autres Carabiques.
Malgré tout le respect que nous portons aux observations faites
par ce savant entomologiste, nous ne pouvons être de son avis:
la Cœruleocephala a les élytres verts avec des stries ponctuées ,
bien marquées : les intervalles des. stries sont aussi ponctués; le
corselet et les pattes sont rougeàtres, tandis que la Cyanocephala
a les élytres d'un beau bleu, sans stries ni points; les pattes
INSECTES. 539
et les antennes sont noires. Celte différence, ainsi que celle qui
existe dans l'habitat, nous font penser que ce sont deux espèces
différentes (rare).
5. Lebia rufipes, Dej. Gallia meridionalis.
Commune dans les broussailles des fossés des prairies mari-
times; elle y est amenée par les inondations. Je l'ai souvent
trouvée sous les pierres des cours d'eau des parties élevées.
6. Lebia crux-minor, Lin. Gallia.
Prairies de la Cerdagne et des parties élevées du Canigou, le
long des cours d'eau, sous les pierres (assez rare).
7. Lebia violacea, N. S. Dej. Nord.
Cette jolie espèce habite le bord des eaux des parties élevées
et froides; les vallées de la Cerdagne et les diverses vallées du
Canigou, revers méridional vers Costa-Bom (rare).
8. Lebia haemorrhoïdalis, Fab. Paris.
Fossés des parties basses de Canet et de Saint-Cyprien, parmi
les broussailles et. au pied des arbres; broussailles rejetées par le
Réart, aux environs de S'-Nazaire, après un débordement (rare).
Onzième Genre, Aptinus, Bonel.
1. Aptinus Pyrenseus, Dej.
Parties élevées des environs de Prals-de-Mollô, sous les pier-
res, parmi les broussailes, mêlé et très-abondant parmi les Bra-
chinus, Bombarda et Explodens; aux environs de La Preste, dans
les haies, aux endroits où se reposent les bètes à laine; nous
l'avons pris à la Roca de! Muix , près la Font de Comps, grande
excavation où les troupeaux vont s'abriter des orages; à la vallée
de Lié, dans les broussailles des haies qui bordent le ruisseau
d'écoulement des thermes de M. Girvès (il n'est pas rare dans
cette localité).
540 HISTOIRE NATURELLE.
2. Aptinus displosor, Dnf. ) „.
1 , ,,. T11; ( Hispania.
balhsta, Ilhg. ) r
Cette belle et très-intéressante espèce se trouve sous les pierres
et parmi les broussailles, derrière le château-fort de Bellegarde,
et dans la garrigue exposée au midi près du fortin. En remuant
les grosses pierres, surtout celles qui sont adossées à un amas
de ronces, ou aux plantes OCUlex, on est sûr de trouver Y Aptinus
en compagnie du Scorpion de Sauvinargues. On le trouve aussi près
de Porl-Vendres et dans les garrigues de la vallée cle Banyuls,
ainsi que sur toutes les Albères. La détonation qu'il fait entendre
quand on remue la pierre sous laquelle il est blotti, est très-
forte; la liqueur qu'il rejette est très-corrosive, et lorsqu'on en a
piqué un certain nombre, les doigts sont noircis, et cette couleur
ne disparaît que lorsque la peau se renouvelle.
Douzième Genre, Brachinus, Weber.
\. Brachinus humeralis, Ahr. ) „ „. ... ,.
_ . haliia meridionalis.
causticus, Dej. v
Près des fossés qu'on a nouvellement curés, parmi les brous-
sailles et les mottes de terre, dans toute la plaine de la Salanque;
aussi sous les détritus des végétaux auprès des marais salants
(rare).
2. Brachinus nigricornis, Dej. Gallia meridionalis.
Parmi les broussailles des fossés herbeux des environs de Ca-
net; dans les terres inondées pendant l'hiver; sous les végétaux
en décomposition, lorsque l'eau s'est retirée (rare).
3. Brachinus crepitans, Lin. Paris.
Sous les broussailles et les haies des fossés des champs de
toute la plaine; sous les pierres des parties élevées des mon-
tagnes secondaires (commun).
LNSECTES. 541
4. Brachinus immaculicornis , Dej. Gallia meridionalis.
Au bord des marais salants, sous les détritus des végétaux, dans
tout le littoral, mêlé à d'autres espèces de son genre et à beaucoup
de petits Carabiques qui s'y amassent lorsque l'eau se retire (rare).
5. Brachinus explodens. Dufts. Paris.
Mêmes localités que le précédent et très-commun ; on le trouve
aussi sur les parties élevées des montagnes secondaires, dans les
broussailles et sous les pierres (commun).
6. Brachinus dabratus, Dej.
' u allia meridionalis
strepitans? Dufts.
Dans les broussailles de toutes les parties basses du littoral,
dans les fossés herbeux et au pied des arbres. Il est plus long
que le Brachinus explodens, avec lequel on le confond souvent;
cependant quand on le considère de près, on remarque que
les côtes de ses élytres sont plus apparentes et les articles des
antennes sont sans tache (il n'est pas rare).
7. Brachinus psophia, Dej. Gallia meridionalis.
Mêmes localités que le Glabratus. Je l'ai trouvé en abondance
près des fortifications du fort Bellegarde (commun).
8. Brachinus bombarda, Dej. Gallia meridionalis.
Cette jolie espèce se trouve dans toute la plaine, dans les fossés
des champs, parmi les détritus des végétaux; nous l'avons aussi
trouvée dans la vallée de Banyuls-sur-Mer (assez commune).
9. Brachinus sclopeta, Fab. Paris.
Mêmes localités que le précédent, mais beaucoup plus répandu.
10. Brachiuus exhalans, Ros. Gallia meridionalis.
Cette espèce se trouve très-répandue; elle vit sous les pierres
542 histoire naturllle.
et parmi les broussailles, dans les champs qui ont été inondés,
dans les parties basses de Canet, et sur tout le littoral. Je l'ai
trouvée aussi très-abondamment en Cerdagne.
Remarque : après les fortes inondations, lorsque la mer a rejeté
sur la grève cette masse de bois et de plantes que l'eau de nos
torrents ont entraînés, il est remarquable de voir la quantité consi-
dérable de Garabiques qu'on trouve mêlés à ce détritus; le genre
Brachine y est en grand nombre; on est sur, en parcourant la plage,
de faire une ample récolte.
Treizième Genre, Scarites, Fab.
4. Scarites gigas, Fab, , Gallia meridionalis ,
pyracmon, Bonel. ) Sicilia.
Cette belle espèce est très-commune sur tout le littoral et sur
les dunes. Pour se la procurer abondamment, il faut la chercher
pendant la nuit, à la lanterne, ou bien à la pointe du jour. Aussitôt
que le soleil se lève, cet Insecte rentre dans le sable; les mois
de mai et juin sont ceux où on le trouve abondamment.
2. Scarites arenarius, Bonel. Gallia meridionalis.
Cette espèce est commune à l'île Sainte-Lucie , sur les dunes
de sable, près de l'étang, en face des salins. Je l'ai aussi trouvée
près des salins de M. Saint-Michel, à la Franqui.
3. Scarites laevigatus, Fab. Gallia meridionalis.
Je n'ai trouvé cet Insecte qu'une seule fois, entre l'embou-
chure de La Tet et Canet : j'en pris deux sur le bord de la mer.
J'ai visité ces lieux différentes fois depuis ; mais je n'ai plus
retrouvé l'Insecte ; il est probable cependant qu'il doit vivre dans
ces parages (très-rare).
4. Scarites terricola, Bonel. Gallia meridionalis.
J'ai trouvé cet Insecte dans les mêmes localités que le précé-
dent, avec les mêmes circonstances (il est aussi très-rare).
INSECTES. 543
Quatorzième Genre, Clivina, Latr.
i. Clivina arenaria, Fab. ; „
_ [ Uermama.
lossor, Lin. )
Lieux sablonneux et humides; bords des cours d'eau, sous les
pierres et parmi les détritus des végétaux; aussi bien dans les
parties basses du littoral où elle est emmenée par le débordement
des rivières, que clans les ravins des parties élevées des trois bassins
où elle est commune; elle varie beaucoup par sa couleur plus
ou moins foncée (commune).
Quinzième Genre, Ditomus, Bonel.
1. Ditomus calydonius, Dej.
. Sardaiqne.
tricuspidatus, Fab. )
Vallée de l'Agly, dans les terres sablonneuses, au bord des
champs cultivés, sous les pierres et parmi les broussailles (rare).
2. Ditomus fnlvipes, Latr. Paris.
Prairies des parties basses, dans les trois bassins, au pied des
arbres et parmi les broussailles, au bord des fossés herbeux;
nous l'avons pris aussi dans la vallée de Prades , au bord des
fossés des champs qui bordent la rivière de La Tet et les ravins
qui y aboutissent (rare).
3. Ditomus capito, Illig. G allia meridionalis.
Cette espèce se trouve aussi sous les pierres et parmi les brous-
sailles, surtout dans la vallée de l'Agly; on la trouve rarement
dans la vallée de La Tet.
4. Ditomus sulcatus, Fab.; Ditomus clypeatus, Ros.
Nous avons trouvé cette espèce dans les prairies et au bord des
fossés des champs, dans toute la plaine et dans les trois bassins,
sous les pierres et parmi les broussailles (elle n'y est point rare).
S>44 HISTOIRE NATURELLE.
0. Ditomus sphaerocephalus , Oliv. Gallia meridionalis.
Moins répandu que le précédent; il se trouve dans les mêmes
localités.
Seizième Genre, Apotomus, Dej.
J . Apotomus rufus, Oliv. Gallia meridionalis.
On trouve cette espèce communément sous les pierres et parmi
les broussailles des parties basses des trois bassins; en hiver au
pied des arbres et des buissons, près des fossés humides de
toute la Salanque.
Dix-septième Genre, Cychrus, Fab.
1. Cychrus rostratus, Lin. Gallia.
Trouvé sous les pierres, auprès de la Massana, et dans les bois
de toutes les Albères, sous les pierres et au pied des vieux troncs;
nous l'avons pris aussi à l'entrée de la vallée d'Eyne, et dans les
rigoles des prairies de la plaine de Llô (rare).
2. Cychrus Italicus, Bonel. Italia.
Plus rare que le précédent. Nous l'avons pris sous les pierres
et au bord des fossés des prairies et dans les bois 'des parties
moyennes du Canigou; dans la vallée de Valmanya; dans la vallée
de La Tet, le bois à droite de la route avant d'arriver à Railleu.
Dix-huitième Genre, Procrustes, Bonel.
1. Procrustes coriaceus, Lin. Paris.
Sous les pierres et parmi les broussailles des fossés de la cita-
delle de Perpignan ; sous les pierres et aux souches des oliviers
de Malloles; dans les vallées de Prades, d'Arles, et jamais en
grand nombre; nous l'avons pris aux montagnes calcaires d'Opol
et de Tautavel, ainsi qu'aux environs de Quérigut, en Llaurenti.
INSECTES. 545
Dix-neuvième Genre, Carabus, Lin.
Le genre Carabe a été converti en tribu, à cause du
grand nombre d'espèces qu'il renferme. Il présente les
caractères suivants : les quatre premiers articles des tarses
antérieurs dilatés dans les mâles; les trois premiers for-
tement, le quatrième un peu moins; le dernier article des
palpes plus ou moins sécuriforme, et plus dilaté dans les
mâles; antennes filiformes; le troisième article cylin-
drique et à peine plus long que les autres ; lèvre supé-
rieure trilobée; mandibules légèrement arquées, plus ou
moins aiguës, lisses et n'ayant qu'une dent à leur base;
une très-forte dent au milieu de l'échancrure du menton ;
corselet plus ou moins cordiforme ; élytres en ovale plus
ou moins allongé; jamais d'ailes propres au vol.
Ces Coléoptères sont éminemment carnassiers; ils se
nourrissent de larves et d'insectes parfaits plus faibles
qu'eux; poursuivent leur proie avec opiniâtreté, et ils
sont tellement voraces , qu'ils s'entre - dévorent quel-
quefois. Ils sont très -communs dans les montagnes
et dans les grandes forêts, où ils se tiennent pendant le
jour, sous les pierres, la mousse, les feuilles sèches et
dans les vieux troncs d'arbres ; on en trouve aussi plu-
sieurs espèces dans les champs , les jardins et près des
endroits habités ; une très-grande partie habitent l'Eu-
rope. Ils exhalent une odeur très-forte qui approche de
celle du tabac, et, lorsqu'on les prend, ils répandent par
la bouche et par l'anus, une liqueur noirâtre, très-âcre,
très-irritante et nauséabonde. Leur larves vivent dans la
terre. Des couleurs métalliques très-brillantes couvrent
leur corps, et leurs élytres sont ornés de divers dessins.
TOMG III. 55
7i4lj HISTOIRI NATL'RKLLE.
M. Dejean a établi sur ce genre seize divisions, d'après
la forme du corps et les dessins des élytres.
1. Carabus catenulatus, Fab. Paris.
Commun dans les régions élevées des trois vallées du Tech ,
de La Tet et de l'Agly, sous les pierres, près des ravins, dans
les prés, au bord des champs, parmi les broussailles, et jus-
qu'aux extrémités des vallées les plus froides, aux régions des
neiges; sa couleur et le dessin des élytres varient beaucoup.
2. Carabus Italicus, Dej. Italia.
Sous les pierres, les broussailles, dans les bois fourrés des
parties élevées des Albères, où il est rare; il est plus abondant
sur le revers méridional, au bois de Racasens.
3. Carabus cancellatus, Illig. Gallia.
Très-commun dans tout le Confient, en Cerdagne, dans le
Capcir, sur les routes, dans les champs, partout. Plusieurs
variétés se font remarquer par la différence de la couleur de
leurs corps, du vert-bronzé jusqu'au noir parfait : il n'est donc
pas étonnant que les auteurs lui aient donné plusieurs noms.
4. Carabus auratus, Fab. Paris.
Ce joli Carabe est très-rare dans ce déparlement. Je l'ai pris
dans les environs de Caudiès; il est commun au bois des Fanges,
sous les pierres, dans les prairies et parmi les broussailles; au
Uaurenti, dans les environs de Mijanès.
5. Carabus punctato-auratus, Dej.
Cette belle espèce habite les régions élevées, sous les pierres
et parmi les broussailles. On commence à la trouver dans les
bois des environs de Mont-Louis; à la Motte de Planés; vers le
milieu de la vallée d'Eyne, à la jasse du four à chaux ; à la vallée
INSECTES. 547
de Llô, et vers le milieu de la montagne de Garlite; au Canigou,
vers la Jasse de Cady; au plateau de la Llapoudère et au versant
de Py; sur tout le Pîa Guillem; mais toujours près des jasses
où se réunissent les bestiaux. On remarque sur elle plusieurs
nuances, qui la font varier du vert brillant et métallique, presque
jusques au noir foncé.
6. Carabus Farinesi, Dej.
Les observations que nous avons faites sur cet Insecte, nous
font penser que c'est une variété du Carabus festivus , étranger
à notre département , mais très-commun dans les environs de
Sorèze. Nous n'avons jamais trouvé le Farinesi dans les Pyrénées-
Orientales, et M. Aleron, qui est un chercheur infatigable, n'a
pas été plus heureux que nous. M. Andréosy, naturaliste à Cas-
telnaudary, qui était à portée de se procurer le Festivus abon-
damment, l'a comparé avec le Farinesi, et il affirme qu'il n'y a
d'autre différence entre ces deux Insectes que dans la couleur
des cuisses et des premiers articles des antennes qui sont plus
ou moins noirs dans le Farinesi; mais il pense, avec juste
raison, que ces caractères ne peuvent constituer une espèce
nouvelle, attendu qu'on voit assez souvent de ces différences
dans les Carabes à couleur métallique.
7. Carabus melancholicus, Fab. Gallia meridionalis .
costatus, Dej. Hispania.
Ce joli Carabe qui fut trouvé par M. Dejean, pour la première
fois, aux environs de Bourg-Madame, dans la Cerdagne, est
commun dans les parages de cette localité, sous les pierres et
sous les détritus des végétaux, dans les champs et la lisière du
Sègre et des affluents des torrents qui s'unissent à cette rivière
au-dessous du village. Nous l'avons vu dans la vallée de Finestret.
Nous l'avons pris aussi dans les bois de la pépinière départe-
mentale, et dans les fossés des fortifications de la Ville-Neuve;
548 HISTOIRE NATURELLE.
quelquefois sur le bord de la mer. Nous pensons qu'il avait été
amené dans ces localités, après une forte crue de la rivière de
La Tet.
8. Carabus purpurascens, Fab. Paris.
Commun dans toutes les prairies de la plaine et de la mon-
tagne, ainsi que dans toutes nos vallées, sous les pierres et parmi
les broussailles. Comme dans bien d'autres espèces, il y a aussi
plusieurs variétés qui se distinguent par la taille, par les couleurs
plus ou moins prononcées des élytres et de la ligne qui les borde.
9. Carabus hortensis, Fab. Paris.
Cette espèce est commune dans les bois des régions moyennes
de nos montagnes ; on la trouve sous les pierres et au pied des
arbres des ravins, et sous les troncs pourris; le bois des Fanges
et de Boucheville en fournissent une variété fort grosse et très-
jolie, qu'on pourrait bien prendre pour une espèce nouvelle.
La localité qui produit ;la plus belle variété de ce Carabe, est la
vallée de L16 et celle de Carença. Les sujets qu'on y trouve sont
d'un tiers moins grands, plus plats, ornés de belles couleurs
métalliques bronzées, et les élytres sont finement parsemés de
points. Cette variété fort remarquable a été souvent envoyée sous
le nom de Pyrenœus, et nous l'avons vu accepter de bonne foi,
sous ce nom, par quelques amateurs.
10. Carabus monticola, Dej. Gallia meridionalis .
Ce petit et joli Carabe se trouve dans les environs de Mont-
Louis et dans les vallées de la Cerdagne, sous les pierres, auprès
des ravins et au bord des fossés des prairies. Nous l'avons pris
aussi dans les vallées du Canigou, du côté de Castell, et, dans
la vallée du Tech, au bas de Costa-Bona.
11. Carabus convexus Fab. Paris.
Trouvé dans toutes les Corbières et sur toutes nos montagnes
INSECTES. 549
secondaires, dans les bois, les prairies humides, sous les pierres
et près des fossés; jamais en grande quantité.
12. Carabus splendens, Fab. Pyrenœis.
Ce beau Carabe est très-commun dans le bois des Fanges, sous
les pierres, auprès des arbres et dans les broussailles, auprès des
ravins, surtout vers l'endroit qu'on appelle le Cremat: c'est en
explorant cette localité avec M. le comte de Jenisson, en 1822,
que nous l'y avons récolté; nous l'avons pris aussi dans les bois
qui avoisinent las Fonts, près de Taurinya, au pied du Canigou.
13. Carabus rutilans, Fab.
aragonensis, Lin.
En 1818, en explorant avec M. Canta la vallée de Vernet-les-
Bains , pour monter au Canigou par Castell , nous prîmes un
Rutilans qui traversait la route; nous fumes frappés de la beauté
de cet Insecte ; nous en cherchâmes d'autres vainement ; pas
possible d'en avoir un second individu. On le trouve toujours
isolément, et, pour se le procurer en nombre, il faut charger
les gardiens des bestiaux de le rechercher, ce qu'ils ne manquent
pas de faire moyennant une rétribution. Deux ans après, MM. Bas-
tard et Leclerc-Thuin, aides naturalistes au Jardin-des-Plantes,
venant explorer les Pyrénées -Orientales, me prièrent de leur
céder ce beau Carabe, ce que je fis avec plaisir. Peu de jours
après, M. le comte Dejean passa aussi pour explorer nos riches
vallées; nous lui parlâmes de ce beau Carabe, et il se proposait
de le faire chercher dans la vallée de Vernet, lorsque le plus
grand des hasards lui fit découvrir une autre localité où il paraît
être plus abondant. De Perpignan, il se dirigea sur les Albères,
pour gagner la vallée du Tech; arrivé à Prats-de-Mollô , il parla
de mon carabe à M. Xatart qui l'avait vu chez moi. La servante
de ce dernier, ayant vu M. Dejean ramasser des insectes, trouva
un Rutilans en revenant du jardin, et l'apporta à M. Dejean, qui
la gratifia de cinq francs. Les enfants se mirent à la recherche de
550 HISTOIRE NATURELLE.
ce Carabe, et en peu de temps on en prit plusieurs. Cette vallée
et les environs de La Preste sont une des meilleures localités pour
se le procurer; mais toujours isolé, il faut charger les enfants de
ce soin ou les gardiens des troupeaux. C'est de cette seule manière
que nous l'avons eu en quantité; car j'ai parcouru toutes les
localités où on le trouve communément , et souvent sans en voir
un seul individu. On le rencontre à Prats-de-Mollô, La Preste,
Vernet-les-Bains , Castell, Lit» , au lieu appelé la Soutane; à la
vallé d'Err('); sur les parties élevées des Cornières, et notamment
(•l) M. le comte Dejean m'écrivait de Carcassonne, le 20 juillet 4 821 :
(i Après vous avoir quitté au Pla Guillem, je 6uis descendu à Vernet;
je suis allé de là à Mont-Louis et Bourg-Madame ; puis j'ai été visiter les
quatre vallées d'Eyne, de L16, d'Osséjà et d'Err; de retour à Mont-Louis,
j'ai fait une course aux étangs de Carlite et à la source de La Tet.
« Je suis assez content de mon voyage. J'ai trouvé plusieurs Carabes
que je n'avais pas encore vus dans nos montagnes: 1° Le Cancellalus , très-
commun en Cerdagne, dans les champs et sur les routes; 2° Le Coslatus,
sous les pierres, autour de Bourg-Madame, très-belle espèce qui n'avait
pas encore été trouvée en France : je Lavais apportée d'Espagne (Ici la
description. C'est le Melancholicus ); 5° Une espèce qui approche de ÏAuro-
nitens, mais que je crois nouvelle, sous les pierres, à peu près à moitié de
la montagne qui est à gauche de Mont-Louis, et aussi à moitié de la vallée
d'Eyne (Description. C'est le Punclalo-auralns) ; A0 Une espèce que je crois
être le Pyrenœus , mais je n'en suis pas certain, sous les pierres, au fond
de la vallée d'Eyne, et près le pic de Carlite; celui-ci approche beaucoup
du Calenulalus, il est un peu plus petit, plus plat, plus allongé, et il a
la léte proportionnellement beaucoup plus grosse, la couleur et le dessin
des élytres sont à peu près les mêmes (C'est le Pyrcnœus , mais qui diffère
beaucoup de celui qu'on trouve sur les divers pics des Pyrénées centrales
et occidentales.)
k J'ai aussi trouvé, dans la vallée d'Err, un superbe individu du beau
Carabe, que j'appellerai provisoirement Aragonensis.
« Si vous trouvez, mon cher Docteur, quelques-uns des Carabes dont je
vous ai parlé, je vous prie de les mettre de côté pour moi , à l'exception
du premier. Vous savez que nous en avons trouve cinq espèces ensemble :
les Calenulalus , Purpurascens , Horlensis , Convexus et Aragonensis. Ainsi en
voilà dix espèces dans cette partie des Pyrénées; je suppose qu'il doit y eu
avoir d'autres. »
INSECTES. ÔM
au-dessus de Caudiès, dans les bois qui avoisinent la grand'route,
près du col Saint-Louis. Comme tous les autres Carabes, il est,
dans le jour, blotti et caché sous les pierres et dans les brous-
sailes.
14. Carabus Pyrenseus, Dut*. Pyrenœis.
Cette rare et belle espèce se trouve dans les régions les plus
élevées et les plus froides du département, toujours près des
neiges ; dans le fond de la vallée d'Eyne , aux environs du Pla
de la Baguda, avant de gravir la Collada de Nuria; au sommet
de la vallée de Lié, sous les pierres, près la fontaine du Sègre ;
près le pic de Carlile, et au-dessus de la Font de la Conque, revers
septentrional du Canigou (toujours en petit nombre).
Vingtième Genre, Calosoma, Weber.
1. Calosoma sycophanta, Lin. Paris.
Commun dans toute la plaine, dans les taillis qui bordent les
cours d'eau, grimpant sur les arbustes et les plantes, à la re-
cherche des larves d'autres Insectes; dans les champs et les
prairies, sous les détritus des végétaux.
2. Calosoma inquisitor, Lin. Paris.
Dans les bois des parties basses des Corbières, où il n'est pas
rare ; on en a trouvé quelques individus aussi dans les jardins
de Saint-Estève.
5. Calosoma indagator, Fab. Gallia meridionalis.
On trouve cette belle espèce dans les prairies et dans les champs
de toute la Salanque, mais près des dunes. Lorsqu'on a fauché la
luzerne, en suivant les hommes qui la ramassent, on est sur d'en
faire une bonne provision, car elle s'y tient blottie : si l'on no
prend cette précaution, il est difficile de se la procurer.
4. Calosoma auropunctatum, Payk. Il a lia.
552 HISTOIRE NATURELLE.
On prend cette espèce, mais en petit nombre, dans les jardins
et dans les champs de la plaine. Quand on ramasse les gerbes
de blé , on s'en procure plus facilement quelques individus.
Je me suis demandé souvent, si c'est une espèce distincte de
VIndagator; j'en doute. On prétend que YAuropunctatum est
plus gros , et que les points de dessus les élytres sont dorés au
lieu d'être argentés, comme le sont ceux de VIndagator. Nous
avons des individus des deux espèces dont on ne peut apprécier
ni la différence de la taille ni la couleur de la ponctuation.
Vingt-unième Genre, Leistus, Frsehlich.
1. Leistus spinibarbis, Fab. Paris.
Espèce très-agile et difficile à prendre. On la trouve sous les
pierres, près des cours d'eau de l'Agly et du Tech, non loin de
leur embouchure (commune).
2. Leistus fulvibarbis, Hofm. Hispania.
Moins commun que le précédent; habite les mêmes localités.
3. Leistus rufomarginatus, Dufts. Austria.
Bord des ravins des vallées élevées, parmi les broussailles;
environs de Cady, et revers du Canigou, dans la vallée de Val-
manya.
4. Leistus spinilabris, Fab. Paris.
5. Leistus praeustus, Fab. ) „
. _. _ . ( Germama.
termmatus, Pauz. et Dej.^
Ces deux espèces se trouvent sous les pierres humides des
bords des ravins, entre Saint-Paul et Boucheville ; dans les envi-
rons du bois de Salvanère, sous les pierres et les broussailles :
assez répandues dans les deux localités.
6. Leistus angusticollis, Dej. Hispania.
INSECTES. 553
J'ai rapporté cette espèce des ravins de la partie méridionale
des Albères ; elle vit sous les pierres et au pied des arbres où
sont amassées des broussailles et de la mousse (rare).
Vingt-deuxième Genre, Nebria, Latr.
\. Nebria complanata, Lin. )
arenaria, Fab. ( Gallm meridion^-
Les bords de la mer, près Canet et tout le littoral, sous les
amas de paille et de broussailles, où se trouvent des matières
animales en putréfaction. Elle marche avec une vitesse extrême;
et, si on ne la surprend dans sa retraite, on la saisit difficilement.
Elle n'est pas rare, fin avril et mai.
2. Nebria Iateralis, Fab. Germania.
Nous avons pris cette espèce sous les pierres et parmi la
mousse, près des ravins du Gapcir, et près de la rivière qui des-
cend de l'étang du Llaurenti (toujours fort rare).
3. Nebria psammodes, Rossi. Gallia meridionalis .
4. Nebria piscicornis, Fab. Gallia orientalis.
Ces deux espèces ne sont pas rares sous les pierres , le long
des torrents qui descendent de nos montagnes; à la rivière de
Rigarda, près le gourg Golomer; à la rivière de Molitg, sous l'éta-
blissement thermal; à Vernet-les-Bains, et dans tous les ravins
à une certaine élévation; dans la plaine, à la suite des débor-
dements des rivières.
5. Nebria brevicollis, Fab. Paris.
Sous les pierres et parmi les broussailles humides des ravins,
près d'Oms et de Llaurô; mêmes lieux dans les ravins qui abou-
tissent à la rivière de Saint-Marsal (rare).
6. Nebria Gyllenhalii, Schoen. Suecia.
Dd-i HISTOIRE NATURELLE.
Cette jolie et rare espèce vit constamment dans les régions les
plus élevées de nos vallées, près des neiges, sous les pierres et
parmi les broussailles. On la trouve à Carlite ; aux vallées de Llô
et d'Eyne; au Canigou, ravins de Cady; à la Llapoudère, et à la
Font de la Conque; dans la vallée du Tech , près les bains de La
Preste, et au pied de Costa-Bona (très-rare).
7. Nebria tibialis, Bonel. Jtalia.
Régions tempérées de nos montagnes moyennes, sous les
pierres, dans les prairies, au bord des fossés et parmi les brous-
sailles (rare).
8. Nebria Olivieri, Dej.
Environs de Prats-de-Mollô , glacis des fortifications, sous les
pierres et les mousses; près de Mosset, dans les champs, au
bord des fossés, sous les pierres (rare).
Vingt-troisième Genre, Omophron, Latr.
1. Omophron limbatum, Fab. Paris.
Très-répandu dans tous les fossés où l'eau séjourne ; les mares
d'eau des parties basses de Château-Roussillon, de Canet, du
Cagarell, du Bordigol et dans tous les ravins de nos montagnes
de la région moyenne.
2. Omophron variegatum, Oliv. Hispania.
Cette jolie espèce est très-rare. Nous l'avons prise dans les
ravins du vallon de Banyuls, près de leur embouchure à la
mer; aussi clans les ravins qui descendent des Albères, du côté
de Sorède et de La Roca.
Vingt-quatrième Genre, Blethisa, Bonel.
1. Blethisa multipunctata, Lin. Gallia.
Sous les pierres, près des étangs de Saint-Nazaire et de Saint-
Laurent-de-la-Salanque, entre l'étang et la mer (commune).
INSECTES. 000
Vingt-cinquième Genre, Elaphrus, Fab.
1. Elaphrus uliginosus, Fab. Gallia.
Commun sous les pierres et parmi les broussailles, au bord
des mares d'eau, sur tout le littoral.
2. Elaphrus cupreus, Dufts., Meg. Germania.
Habite les lieux vaseux de nos cours d'eau dans toute la plaine,
en se rapprochant surtout de la Salanque ; il est très-agile et se
laisse prendre difficilement (assez rare).
5. Elaphrus splendidus, Dej. Kamtschatka.
Cette belle espèce est fort rare. Elle habite sous les pierres,
parmi les mousses et la vase du bord des rivières des environs
de La Preste; et entre Olette et Mont-Louis, bord des ravins
qui se jettent dans La Tet.
4. Elaphrus riparius, Fab. ) „
paludolus, Oliv. )
On le trouve sous les pierres humides du bord des rivières,
très-près de l'eau; à l'Agly, sous Casas-de-Pena ; au Tech, dans
les environs de Céret.
5. Elaphrus aureus, Mull. ) „
littoral*,, Dej. I Himg"na-
Quoique assez rare, cette espèce se trouve sous les pierres
très-voisines de l'eau, dans les ravins qui débouchent à La Tet,
aux environs de Prades; nous l'avons prise au bord de l'Agly,
environs de Saint-Paul.
Vingt-sixième Genre, Noliophilus, Du mer.
1. Noliophilus aqualicus, Lin. Paris.
On le trouve dans tous les lieux humides, au bord des fossés,
parmi les broussailles et au pied des arbres (commun).
556 HISTOIRE NATURELLE.
2. Notiophilus semipunctatus, Fab. Paris.
Variété du Biguttalus, Fab.
Dans les parties basses des champs de la plaine, sous les mottes
et sous les pierres, (très-commun).
3. Notiophilus quadripunctatus, Fab. Paris.
Sous les pierres et les broussailles amassées dans les champs
par Teau des ravins de la chaîne des Corbières ; dans les ravins
des garrigues, entre Thuir et Oms (rare).
Vingt-septième Genre, Panagœus, Latr.
1. Panagaeus crux major, Lin. Gallia.
En hiver, dans toute la plaine, au pied des arbres, mêlé à
d'autres Carabiques; au pied des murs des fortifications de la
Ville-Neuve, à Perpignan; au printemps, dans les prairies et les
champs cultivés (il n'est pas rare).
2. Panagaeus trimaculatus, Dej. Gallia.
Cette variété est plus rare que la précédente. On la trouve
dans tous les ravins des montagnes moyennes , sous les pierres
et parmi les broussailles, au bord des fossés et dans les champs.
3. Panagœus quadripustulatus, Sturm. Paris.
J'ai rapporté cette jolie espèce du Capcir, prise dans les champs,
au bord des fossés et sous les pierres ; je l'ai aussi trouvée au Llau-
renti, dans les ravins, en montant à l'étang de Quérigut (rare).
On a fait de cette espèce une variété du Trimaculatus, et je crois
qu'on a raison; car la seule différence qui existe entre elles, c'est
l'interruption des bandes qui forment la croix des élytres.
Vingt-huitième Genre , Loricera, Latr.
1. Loricera pilicornis, Fab. Gallia.
Bord des fossés humides et des mares, sous les broussailles et
les pierres, dans toute la plaine (commune).
INSECTES. ÔOi
Vingt-neuvième Genre, Callistus, Bonel.
1. Callistus lunatus, Fab. Germania.
Au pied des arbres, parmi les broussailles, dans les champs,
sous les pierres et les mottes de terre des trois vallées, et, après
une inondation abondante, sous Château-Roussillon (commun).
Trentième Genre, Chlœnius, Bonel.
1. Chlœnius velutinus, Dufts. Gallia meridionalis.
Dans toutes les parties basses du littoral des trois bassins, sous
les broussailles et au pied des arbustes qui sont baignés par les
mares d'eau saumàtre (rare).
2. Chlœnius festivus, Fab. Gallia meridionalis.
Dans les lieux vaseux des champs de la Salanque peu éloignés
des mares d'eau saumàtre ; sous les broussailles et parmi les
détritus des végétaux des fossés humides.
3. Chlœnius spoliatus, Rossi. Gallia meridionalis.
Les bords des ravins des parties élevées des Corbières; entre
Mosset et Molitg, champs de cette vallée ; ravins et bord des fossés
de la métairie de Sahilla de M. Jaubert de Passa , vallée de Val-
manya , sous les pierres et les détritus des végétaux (rare).
4. Chlœnius agrorum, Oliv. )
variegatus, Four. )
Répandu partout: dans les champs, sous les mottes de terre et
les débris des végétaux, au bord des fossés humides.
o. Chlœnius vestitus, Fab. Paris.
Celte es; ùce est commune dans tous les lieux vaseux, sous les
broussailles et sous les pierres, surtout vers les parties basses de
toute la contrée.
558 HISTOIRE NATURELLE.
6. Chlaenius Sohrankii, Dufts. Atistria.
Bord des fossés des champs et prairies des bois humides des
parties élevées et froides; vallée de La Tet, au dessus de la Borde
Girvès, vers le Pla dels Abellans, à la base du Pic Carlite et du
Puig Peyric, et dans le Capcir (rare).
7. Chlaenius nigricornis, Fab. Gallia borealis.
On trouve cette jolie espèce sous les pierres des vallées élevées
du Ganigou; vers La Preste, et aux vallées d'Eyne et de L16
(assez rare).
8. Chlaenius nigripes, Dej. Hispania.
Ravins et bord des fossés humides d'Arles à Prats-de-Mollô ;
sous les pierres et les broussailles des environs de Prades, Ville-
franche et Vernet-les-Bains (rare).
9. Chlaenius tibialis, Dej. Paris.
Sous les broussailles et sous les pierres humides; dans les taillis
qui bordent nos cours d'eau, et dans toutes les prairies basses des
trois bassins (commun).
10. Chlaenius holosericeus, Fab. Gallia.
Nous avons trouvé cette espèce dans les vallées élevées du
Canigou et de la Gerdagne, environs de la Borde, près Mont-
Louis (rare); nous l'avons trouvée plus communément dans les
vallées du Llaurenti, sous les pierres humides, les broussailles
des ravins et des bois.
11. Chlaenius chrysocephalus, Rossi. Gallia meridionalis.
Champs humides de la Salanque, vallées de La Tet et de l'Agly ;
aux environs du Bordigol, sous les pierres, les mottes de terre et
les broussailles, toujours après les inondations (assez rare).
INSECTES. 559
Trente-unième Genre, Epomis, Bonel.
1. Epomis circumscriptus, Dufts. Gallia meridionalis.
Dans les fossés humides, sous les broussailles des prairies qui
bordent le Cagarell, et vers la métairie de YEsparrou; nous l'avons
aussi trouvé clans les fossés des fortifications de Perpignan, sous
le bastion Saint-Dominique, qui est souvent inondé (toujours
très-rare).
Trente-deuxième Genre, Dinodes, Bonel.
1. Dinodes ruflpes, Dei. ) „ „.
_ . [ ualha meridionalis.
azureus, Dufts. )
Commun après les inondations , sous les détritus des végétaux
rejetés par la mer; dans la vallée de l'Agly, nous ne l'avons jamais
trouvé qu'entre son embouchure et le Bordigol. Il est probable
qu'il doit vivre dans les ravins ou dans les champs des Gorbières,
d'où il doit être entraîné par les eaux.
Trente-troisième Genre, Oodes, Bonel.
i . Oodes helopioïdes, Fab. Paris.
Au bord des cours d'eau, sous les pierres et lieux humides de
la vallée du Tech ; nous l'avons trouvé sous les pierres humides
des torrents, dans le vallon de Banyuls-sur-Mer (rare).
Trente-quatrième Genre, Licinus, Latr.
\ . Licinus agricola, Oliv. Gallia meridionalis.
On le trouve dans les fossés qui bordent les champs, entre Ille
et Vinça, et dans cette dernière localité, champs au bord de La Tet
(assez rare).
2. Licinus silphoïdes, Fab. Gallia.
Fossés ùcs fortifications de la citadelle de Perpignan et parties
basses de Canet, sous les pierres; dans la vallée de l'Agly et du
Tech, sous les pierres et les broussailles (commun).
560 HISTOIRE NATURELLE.
3. Licinus granulatus, Dej. Hispania.
Diffère peu du Licinus silphoïdes. Il est plus rare et se trouve
dans les alluvions, parmi les broussailles qu'entraîne le Réart,
près l'étang de Saint-Nazaire; il doit vivre dans les ravins du
plateau d'Oms et de Galmeilles, d'où il doit être entraîné par les
inondations.
4. Licinus œquatus, Dej. Gallia meridionalis.
Sous les pierres et les ravins des parties élevées de la vallée
du Tech, au bord des champs, au pied des arbres et des forti-
fications de Prats-de-Mollô (rare).
5. Licinus cassideus, Fab. Paris.
Ravins des montagnes calcaires des Corbières, sous les pierres
et les broussailles, et aux environs de Tuchan ; nous l'avons pris
aussi dans le Llaurenti (rare).
6. Licinus depressus, Payk. Gallia.
Dans le vallon de Rigarda, environs de la métairie Pallarès,
ravins et bord des fossés humides , sous les pierres et au pied
des arbres; métairie de la Fou, près Joch, ravins et bois humi-
des, sous les pierres (commun).
7. Licinus Hoffmanseggii, Pauz. Gallia.
Cette petite et jolie espèce se trouve sous les pierres et au pied
des arbres garnis de mousse, dans les bois humides des régions
élevées; les environs des gouffres de Nohèdes et d'Evol, sont les
localités où nous l'avons trouvée (rare).
Trente-cinquième Genre, Badister, Clairv.
\. Badister cephalotes, Dej. i p .
unipustulatus, Bon. )
Parmi les détritus des végétaux de toute la Salanque, el com-
mun dans tous les fossés humides qui bordent les prairies basses.
INSECTES. 561
2. Badister bipustulatus, Fab. Suecia.
Sous les pierres el les détritus des végétaux, le long des ravins
et des champs, au pied des Albères, vers Sorède et La Roca
(commun).
3. Badister peltatus, Panz. Gallia.
Prairies et champs qui bordent Le Tech sous Elne où on le trouve
sous les pierres et les mottes de terre et parmi les broussailles ;
habite aussi les prairies basses de la vallée de l'Agly (rare).
4. Badister humeralis, Bonel. Austria.
Dans les bois des régions moyennes, sous les pierres et au
pied des arbres (commun).
Trente-sixième Genre, Pogonus, Ziegler.
1. Pogonus luridipennis, Germar. Gallia borealis.
Ravins qui descendent des Albères et dans le vallon de Ranyuls*
sur-Mer, sous les pierres et les broussailles humides; aussi sous
les détritus des végétaux, le long de la plage de Canet, après une
inondation (rare).
2. Pogonus iridipennis, Nicolai. Ger mania.
Au bord des fossés des champs, au pied des arbres et sous les'
pierres près des cours d'eau, dans la vallée de l'Agly (rare).
5. Pogonus littoralis, Meger. Gallia meridionalis.
Insecte très-agile et difficile à saisir. Il vit au bord des terres
qui ont été inondées, sous les détritus des végétaux et au pied
des tamarix, entre Sainl-Cyprien et l'étang de Saint-Nazaire
(assez commun).
•4. Pogonus gilvipes, Dej. Gallia meridionalis.
Le long de la mer, sous les broussailles, dans les trois bassins
(commun).
TOME m. 56
:,{)■> HISTOIRJK NATURELLE.
5. Pogonus riparius, Dej. G allia meridionalia.
Bolides étangs salés et. le long du littoral, sous les broussailles
quj, ont été rejetées par les eaux.
6. Pogonus meridionalis, Dej. Gallia meridionalis.
Mêmes localités que le Littoralis, et aussi agile que lui. Nous
les trouvons tous les deux sur la plage, parmi les broussailles,
après une inondation.
Trente-septième Genre, Patrobus, Meger.
1. Patrobus rufîpes, Fab. , „
_. , buecia.
excavatus, Payk. >
Ravins des parties élevées, entre Prats-de-Mollô et La Preste;
entre Olette et Fontpédrouse, sous les pierres, dans le sable,
quelquefois très-profondément (rare).
2. Patrobus rufipennis, Hoffm. Gallia meridionalis.
Dans tous les ravins des Albères, surtout entre Port-Vendres
et Banyuls; dans la vallée de Rigarda aux environs du gourg
Colomer; nous l'avons pris aussi sous les pierres, à la Trencada
d'Ambulla et en montant à la Font de Comps.
Trente-huitième Genre, Dolichus, Bonel.
1. Dolichus flavicornis, Fab. Ilalia.
Ce joli Insecte se trouve dans les luzernes des environs du
mas Bcarn, sous les pierres humides ; au mas Fraisse à Puix-Sec,
parmi les amas de végétaux qui servent à barrer l'eau dans les
rigoles d'arrosage; à Géret, prairies des environs du pont; et,
après les inondations, le long de la mer, dans les trois vallées
(commun).
Trente-neuvième Genre, Pristonychus, Dej.
1, Priston. terricola, Oliv. ) n .
! Parts.
subcvaneus, G vil.
INSECTES. 563
Lieux humides et obscurs, notamment dans les souterrains des
fortifications de Collioure.
2. Pristonychus Alpinus, Dej. Gallia meridionalis.
Régions très-élevées, près des neiges, vallées d'Eyne et de Llô;
au Canigou, à la Llapoudère et au sommet de Costa-Bona; toujours
sous les pierres, très-près de l'eau et sous les broussailles (rare)»
3. Pristonychus complanatus, Dej. Gallia meridionalis.
Ravins de toute la Cerdagne, et rigoles conduisant l'eau aux
prairies, sous les pierres et les détritus des végétaux (rare),
Quarantième Genre, Calathus, Bonel.
1. Calathus latus, Lin.
< Germania.
cisteloides, Illig.
Les deux variétés sont communes dans toutes les parties basses
de la plaine, où elles sont amenées par les eaux; on les trouve au
bord des champs sous les pierres, les mottes, les broussailles et au
pied des arbres; on les trouve aussi dans les rigoles des prairies delà
région moyenne de nos montagnes, dans les trois vallées (comm.).
2. Calathus luctuosus, Hoffm. Helvetia.
On le trouve sous les mottes, sous les pierres, au pied des
arbres des régions moyennes; abondant, après une crue, parmi
les détritus des végétaux rejetés par les eaux , dans les parties
basses des trois bassins.
3. Calathus limbatus, Dej. ) _ „.
~ ; Gallia meridionalis.
circumceptus, der. \
Cette jolie espèce se trouve sous les broussailles, le long des
fossés des parties basses de la plaine; sous les grosses mottes,
près YAgullade laMar, entre Vall-Ricet l'étang de Saint-Nazaire.
En automne, fossés des fortifications de la citadelle et de la Ville-
Neuve de Perpignan, et parmi les plantes au pied des remparts.
564 BISTOIKK NATURELLE.
4. Calathus fulvipes, Gyll. Austria.
Sous les pierres et sous les broussailles des champs et prairies
des parties basses de La Tet et du Tech (commun).
5. Calathus melanocephalus, Lin. Paris.
. Sous les pierres et les broussailles de toutes les prairies, les
champs et les ravins de La Tet à Vinça; à Rigarda, mêmes lieux
au bord de la rivière (commun).
6. Calathus ochropterus, Ziegl. Gallia.
Mêmes lieux que le précédent , mais beaucoup plus rare ; on
le trouve plus abondant aux parties basses de Ganet, après une
inondation.
7. Calathus frigidus, Fab. Germania.
Variété du Calathus cisteloïdes d'Illiger.
Il se trouve dans les mêmes lieux que le Cisteloïdes et dans les
mêmes circonstances. Il est un peu plus grand; a les stries plus
légèrement ponctuées, et les points plus rares; les pattes d'un
brun-noirâtre, et les antennes plus obscures (rare).
Quarante-unième Genre, Taphria, Bonel.
1. Taphria vivalis, Illig. Gallia borealis.
Cet Insecte est très-rare : nous l'avons trouvé dans le bois des
Fanges au pied des arbres garnis de mousse, et dans la forêt qui
est sous la Font de Comps (montagne de Gonat) au pied des arbres
et sous les pierres humides.
Quarante-deuxième Genre, Sphodrus, Clairv.
1. Sphodrus, planus, Fab. ) „ „.
. . ., . [ Gallia.
spiniger, Payk. )
Gel Insecte se trouve dans les parties sombres et humides des
caves de la ville, sous les pierres et les pièces de bois vermoulues,
INSECTES. 505
et dans les lieux humides des magasins de la citadelle de Perpi-
gnan (rare).
Quarante-troisième Genre, Platynus, Bonel.
1. Platynus scrobiculatus, Fab. Austria.
Sous les pierres et au pied des arbres, dans les bois humides
des régions moyennes; sous les débris des végétaux dans la
plaine, après les inondations.
2. Platynus piceus, Dej. Nord.
Commun sous les broussailles rejetées par les eaux après les
inondations, et sous les broussailles des fossés qui bordent les
prairies basses de la plage de Ganet et de Torreilles.
3. Platynus complanatus, Bonel. Pedemonte.
Commun dans le bassin de l'Agly, sous les broussailles après
les inondations, et sous les pierres et les ravins des environs de
Saint-Paul et de Fossa.
Quarante-quatrième Genre, Anchomenus, Erichson.
1. Anchomenus angusticollis, Dej. Paris.
Trouvé sous les pierres et les broussailles près des régions
élevées du Capcir et des régions moyennes du Llaurenti (rare).
2. Anchomenus cyaneus, Dej. Pyrenœis.
Ce joli Insecte se trouve dans les prairies de toute la Cerdagne,
sous les amas de végétaux et sous les pierres qui servent à dévier
l'eau des rigoles d'arrosage, et dans toutes les prairies élevées des
bassins du Tech et de La Tet (rare).
3. Anchomenus memnonius, Knoch.
, Suecia.
livens, Gyll.
Sous les pierres et au pied des arbres de toutes les régions
élevées; bois au-dessus cTAiguatébia , route d'Olette au Capcir
par le Coll de Creu (rare).
o66 HISTOIRE NATURELLE.
i. Aiichomenus prasinus, Thunb. Paris.
Abondant dans les haies et sous les broussailles amenées par
les eaux clans les fossés des parties basses de Château-Roussillon ,
et dans toutes les parties basses des trois bassins (commun).
5. Anchomenus pallipes, Fab. » nania
albipes, Erich. )
Se trouve avec le précédent et dans les mêmes circonstances
(très-commun).
6. Anchomenus oblongus, Fab. Gallia.
Je l'ai trouvé Jdans les mêmes localités que les deux derniers,
mais beaucoup plus rare.
Quarante-cinquième Genre, Agonum, Bonel.
\. Agonum marginatum, Lin. Paris.
Sous les broussailles , dans les haies des prairies et sous les
pierres , dans toutes les parties basses des trois bassins.
2. Agonum modestum, Sturm. Germania.
Lieux élevés, sous les pierres, les broussailles et les ravins de la
vallée de Carença, et mêmes lieux dans la vallée de La Preste (rare).
3. Agonum sexpunctatum, Lin. Gallia.
Le long des rivières de La Tet et du Tech , lieux pierreux et
humides; quelquefois dans les détritus des végétaux et au pied
des arbres des parties basses de la plaine (rare).
4. Agonum parumpunctatum, Fab. Paris.
Sous les mottes dans les terres humides, près des ravins,
vallées de La Tet et du Tech (commun).
o. Agonum viduum, Panz. Germania.
INSECTES. DD7
Les belles couleurs métalliques qui couvrent son corps, des
élytres plus larges et les stries plus prononcées, le font distinguer
àuLugubris. On le trouve dans les prairies humides et dans les bois
un peu élevés, sous les pierres et au pied des arbres (ralre).
6. Agonum lugubre, Sturm. i
ll, cyt | Austria.
Hungancum, Friv. )
Très-commun dans toute la plaine, sous les pierres et les haies
des prairies humides.
7. Agonum gracile, Dej. ,
picipes, Gyll.
Trouvé sous les pierres, près du ravin et contre la jasse du
Llaurenti, avant de monter la dernière montagne pour aller à
l'étang (très-rare).
8. Agonum scitulura, Dej. GeDiiania borealis.
Cette espèce est assez commune dans les plaines du Capcir et
du Llaurenti; nous l'avons aussi trouvée aux environs de Bourg-
Madame, en Gerdagne.
9. Agonum quadripunctatum, Payk. Suecia.
Bord des ravins du vallon de Banyuls-sur-Mer; vallée de Bigarda,
et environs de Tuchan (Aude) aux bonis de la rivière.
Quarante-sixièrriè Genre, Olisthopus, Dej.
1 . Olisthopus rottindatiis. Payk. G'allia.
Montagnes calcaires de Calce et de Casas-de-Pena , sous les
pierres des ravins (commun).
2. Olisthopus Hispanicus. Dej. HispaiiiU.
Sous les pierres des ravins et dans les bois des parties méri-
dionales des Albères. vallon de Banyuls (très-rare).
568 HISTOIRE NATURELLE.
3. Olisthopus fuscatus, Dej. Gallia meridionalis.
Assez commun sous les pierres des parties élevées de nos mon-
tagnes de la région moyenne, exposées au midi, vallées de Val-
manya et de Rigarda.
Tribu des Féroniens, Feronia (Déesse des Bois) ,
Latreille.
Cette tribu, fondée par Latreille et adoptée parDejean, se
borne aux espèces qui présentent les caractères suivants :
les trois premiers articles des tarses antérieurs dilatés
dans les mâles , moins longs que larges et fortement
triangulaires ou cordiformes; dernier article des palpes
cylindrique ou légèrement sécuriforme; lèvre supérieure
en carré moins long que large, quelquefois presque trans-
versale , coupée carrément ou légèrement échancrée ;
mandibules plus ou moins avancées, plus ou moins ar-
quées et plus ou moins aiguës; une dent bifide au milieu
de l'échancrure du menton; corselet plus ou moins cordi-
forme , arrondi , carré ou trapézoïde , jamais transversal ;
élytres plus ou moins allongés, ovales ou parallèles;
jambes intermédiaires toujours droites. Ce genre ren-
ferme un très-grand nombre d'espèces, réparties par
Dejean dans dix divisions.
lre Division.
Insectes de taille moyenne, ordinairement ailés, quelque-
fois aptères, de couleur verte ou métallique, quelquefois
bleue ou noire, très-agiles et courant rapidement en plein
jour pendant la plus grande chaleur; corps assez allongé;
corselet cordiforme ou presque carré; articles des antennes
comprimés; palpes assez minces; dernier article cylindrique.
Dix-sept espèces d'Europe sont mentionnées par Dejean.
INSECTES. 569
Quarante-septième Genre, Feronia, Latr.,
Pœcilas, Bonel.
1. Feronia punclulata, Fab. Paris.
Sous les pierres et les broussailles, au pied des arbres dans
toutes les forêts des montagnes de la région moyenne.
2. Feronia cuprea, Fab. Gallia.
Commune sous les pierres, les broussailles, les mottes de terre,
dans les champs et haies de tous les trois bassins.
3. Feronia cursoria, Dej. Gallia meridionalis.
Sous les pierres et les haies qui avoisinent Saint-Antoine-
de-Galamus et les environs de l'Agly. Celte espèce est souvent
confondue avec la Feronia cuprea, qui lui ressemble beaucoup;
cependant, sa couleur plus violette et les points de la troisième
strie qui ne sont qu'au nombre de deux, la font aussitôt distinguer.
4. Feronia dimidiata, Fab. Gallia.
Elle est moins commune que la Cuprea, et se trouve dans les
mêmes localités.
o. Feronia lepida, Fab. Paris.
Commune sous les pierres, dans les prairies et les champs de
tout le Capcir et de la Cerdagne.
6. Feronia crenulata, Dej. Hispania.
Trouvée dans les détritus des végétaux de la plaine de Canet;
sous les broussailles et les pierres des parties élevées des vallées
de Rigarda et de Glorianes.
7. Feronia viatica, Bonel. Italia.
Cette espèce paraîtrait n'être qu'une variété de la Lepida. Nous
l'avons trouvée sous les pierres et les broussailles entraînées par
les eaux aux environs d'Arles-sur-Tech (rare).
5nD HISTOIRE NATURELLE.
8. Feronia infuscala. Hoff. GcUtia mèn'diondus.
Au-dessous de Castell et de Saint-Martin-de-Caoigou, sous
les pierres; aux Corhières. sous les pierres et au pied des arbres,
parmi les broussailles; montagnes de la région moyenne.
9. Feronia puncticollis, Dej. Gallia meridionalis.
Commune sous les pierres et les broussailles de toutes les
prairies basses, et dans les champs des bassins de l'Agly et de
La Tet.
10. Feronia dimidiata, Fab. Paris.
Plage de Saint-Cyprien, au milieu des broussailles rejetées par
les eaux; fossés des champs et sous les pierres près des ravins
des vallons de Céret et d'Arles (rare).
•2e Division.
Insectes presque toujours au-dessous de la taille moyenne,
ordinairement ailés, quelquefois aptères, de couleur noire
ou brune, très-rarement métallique, assez agiles, mais
moins que les Pcrcibis, dont ils ont d'ailleurs les carac-
tères, excepté quelques espèces, qui ont le corps large et
déprimé. Ils se tiennent sous les pierres, aux bords des
eaux: ils habitent ordinairement les montagnes. Vingt-
quatre espèces d'Europe sont mentionnées par Dejean.
Quarante-huitième Genre. Feronia, Latr..
Ârgutor, Meg.
1. Feronia vernalis, Gyll. Paris.
Commune sous les détritus des végétaux, au pied des arbres
des taillis des prairies et des fossés des trois'bassins.
2. Feronia maritima. Gaubil. GnUia mrrirlionaUs.
INSECTES. Ô71
Prairies inondées pendant l'hiver, broussaille> et pied^ des
tamarix, dans toute cette large plaine qui s'étend de l'étang de
Saint-Xazaire à Yestanyol de Saint-Cyprien (assez commune).
3. Feronia Sturmii, Dej. Germania.
Sous les pierres et les broussailles des ravins du Pla Guilîem,
et près de la jasse de la fontaine de la Perdrix, non loin de la
croix en fer, versants de Py (rare).
4. Feronia erudita, Dej. Paris.
Cette espèce est assez commune sous les pierres et parmi les
broussailles des cours d'eau du Tech, près Le Boulou, et près
de Millas, vallée de La Tet.
o. Feronia strenua, Panzer. GalUa.
Vallées élevées de Prats-de-Mollo. sous les pierres, dans les
bois et près des ravins, et dans la vallée de La Tet, près de
Fontpédrouse (rare).
6. Feronia pusilla, Dej. Pyrenœis.
Cette toute petite et jolie espèce se trouve sous les pierres, au
bord des champs et des prairies de la Cerdagne (rare).
7. Feronia pumilio, Dej. Pyiïenœù.
8. Feronia amaroïdes, Dej. Pyrenœis.
Ces deux espèces se trouvent dan> les régions alpines près
des jasses où se retirent les bestiaux, à la Conque de la Llapou-
dère, et à la Font de la Conque près Cady; dans la vallée d'Eyne.
à la Jasse d'en Dahnau (rare).
9. Feronia abaxoïdes, Dej. Pyrenœis.
Sous les pierres et les broussailles des régions froides de la
vallée du Capcir vers Carlite, et hux environs de l'étang du
Llaurenù (rare h
572 HISTOIRE NATURELLE.
3e Division.
Insectes au-dessus de la taille moyenne, ordinairement
aptères, quelquefois ailés, de couleur noire et luisante,
peu agiles, se tenant habituellement sous les pierres; corps
assez allongé ; corselet presque carré, tronqué postérieu-
rement; élytres légèrement ovales et presque parallèles;
pattes assez fortes et assez allongées; antennes assez fortes
et filiformes; dernier article des palpes presque cylindrique.
Dejean en mentionne seize espèces d'Europe.
Quarante-neuvième Genre, Feronia, Latr.,
Omaseus, Zieg.
1. Feronia melanaria, Illig. Paris.
Sous les pierres , les broussailles et dans les champs de toute
la plaine, près des fossés humides.
2. Feronia leucophthalma, Fab. Paris.
On en a fait une variété de la Melanaria, avec laquelle on la
trouve constamment; cependant, il existe quelques différences:
son corselet est moins arrondi et les élytres moins fortement
striés. Elle est aussi plus rare.
3. Feronia mêlas, Creutz. Dalmatia.
Cet Insecte se trouve communément sous les pierres et les
broussailles des bois des Albères; près des ravins et dans les
bois des Corbières.
4. Feronia nigrita, Fab. Gallia.
5. Feronia anthracina, Illig. Gallia.
Ces deux espèces se trouvent dans les mêmes localités, sous
les pierres, les broussailles et dans tous les fossés qui bordent
les champs et les prairies maritimes de tout le littoral. Elles ont
assez de ressemblance, et on les confondrait souvent, si on ne
INSECTES. 573
faisait attention que la dernière a son corselet plus long, sinué
sur les côtés près de la base, et les dentelures postérieures
presque pas sensibles (communes).
6. Feronia elongata, Dufts. Gallia meridionalis .
Prairies maritimes entre l'Agly et le Bordigol, sous les brous-
sailles et au pied des arbustes (rare).
7. Feronia meridionalis, Dej. Gallia meridionalis.
Cette rare espèce se trouve sous les broussailles et au pied des
tamarix dans les plaines basses et souvent inondées des étangs
de Saint-Nazaire et du Cagarell, près Canet.
8. Feronia nigerrima, Dej. Hispania.
Comme la précédente espèce, on la trouve dans les mêmes
localités; elle y est plus commune.
4e Division.
Insectes au-dessus de la taille moyenne, toujours aptè-
res, de couleur noire et luisante, carrément brune ou
métallique, ressemblant beaucoup à ceux de la division
précédente, mais ayant le corselet arrondi postérieure-
ment et les élytres plus ovales et plus convexes. Huit
espèces d'Europe sont mentionnées par Dejean.
Cinquantième Genre, Feronia, Latr.,
Sleropus, Meg.
1. Feronia madida, Fab. Gallia.
2. Feronia concinna, Sturm. Germania.
On a fait de cette dernière espèce une variété de la première;
cependant, la première a constamment les cuisses rouges. On les
trouve communément ensemble, sous les pierres près des ravins
et des champs des régions moyennes ; après les inondations ,
dans les parties basses de la plaine.
574 HISTOIRE NATURELLE.
5. Feronia aethiops, Illig. Nord.
Très-rare. Sous les pierres près des ravins qui traversent les
bois des régions supérieures et froides de la Cerdagne.
5e Division.
Insectes de différentes dimensions, aptères ou ailés, ordi-
nairement de couleur métallique ou noire, et quelquefois
brune, ressemblant à ceux des divisions précédentes, mais
ayant le corselet cordiforme ou rétréci postérieurement.
Le dernier catalogue de Dejean en mentionne dix-sept
espèces d'Europe.
Cinquante-unième Genre, Feronia, Latr.,
Platysma, Bonel.
1. Feronia picimana, Creutz. Gallia.
Après les inondations dans toutes les plaines basses des trois
bassins, parmi les broussailles rejetées par les eaux (commune).
2. Feronia oblongopunclata, Fab. Paris.
Bois et coteaux des régions moyennes du Canigou ; vallées de
La Tet et du Tech (rare).
3. Feronia angustata, Meg. Germania.
Sous les broussailles du bord des champs, des fossés humides
et des prairies de la Cerdagne et du Gapcir (rare).
Cet Insecte est plus commun dans les prairies du Llaurenti.
6e Division.
Insectes au-dessus de la taille moyenne, toujours aptè-
res, de couleur noire et luisante, ressemblant aux Omaseus
de Ziegler, mais ayant le corps plus allongé et cylindrique,
les antennes un peu plus courtes et les palpes un peu plus
INJECTES. 575
fortes. Cette division est la moins nombreuse; elle ne ren-
ferme, d'après Dejean, que quatre espèces : trois de Hon-
grie, une de Grèce.
Cette division des Féromes de M. Dejean, comprenant
le cinquante -deuxième genre, n'a pas de représentant
dans ce département ; du moins, nous n'ayons trouvé
aucun insecte qui puisse y être rapporté.
7e Division.
Cette division renferme les plus brillantes espèces des
Feronia. Si l'on en excepte un petit nombre , dont la
livrée est toute noire, les autres sont revêtues de cou-
leurs métalliques, dorées, cuivreuses ou bronzées. Leurs
élytres sont parsemés de points profonds et diversement
disposés, qui les font paraître comme guillochés dans
quelques espèces. Ces points varient de forme et de posi-
tion presque sur chaque individu, ce qui rend très-difficile
la détermination de la plupart des espèces; aussi est-il plus
que probable qu'il existe beaucoup d'erreurs ou de doubles
emplois dans leur nomenclature. On trouve ces Insectes
sous les pierres, sur le bord des ruisseaux et des torrents,
particulièrement dans les montagnes. Leur corps est plat
et quelquefois assez court; le dernier article de leurs palpes
est un peu élargi à l'extrémité. On remarque sur le dernier
segment de l'abdomen des mâles, une petite crête ou élé-
vation longitudinale. Cinquante espèces sont mentionnées
par Dejean ; elles appartiennent toutes à l'Europe.
Cinquante-troisième Genre, Feronia, Latr.,
Pterosticus, Bon.
i. Feronia nigra, Fab. Paris.
576 HISTOIRE NATURELLE
Commune sous les pierres et les broussailles rejetées par les
eaux dans nos plaines après les inondations ; dans les prairies et
fossés des champs de tout le département.
2. Feronia fasciatopunctata, Fab. Austria.
Entre Prats-de-Mollô et La Preste, champs et ravins sous les
pierres; environs de Saint-Sauveur, dans les champs (rare).
3. Feronia parumpunctata, Dej. Pyrenœis.
Cette belle espèce se trouve communément sur les parties
élevées des trois bassins, sous les pierres, sous les broussailles,
au bord des fossés des champs et des prairies aux environs de
Prats-de-Mollô, La Preste et au Canigou près \dJasse de Cady;
entre Vinça et Rigarda , rigoles des champs ; vallées de la Cer-
dagne, Eyne, Llô; et au Llaurenti (commune).
4. Feronia femorata, Dej. Gallia orientalis.
Sous les broussailles et sous les pierres des bords des champs
et près des ravins de la vallée de Vernet, près Castell (rare).
5. Feronia Dufourii, Dej. Pyrenœis.
Dans les régions froides, sous les pierres des champs et bords
des fossés, environs de Mont-Louis et de Bolquère (rare).
6. Feronia obscura, Slev. Russia meridionalis.
Trouvée sous les pierres et sous les broussailles près des fossés
des régions élevées, environs de la Borde Girvès, et Pla deh Abel-
lans, bassin supérieur de La Tet, au-delà de Mont-Louis (rare).
7. Feronia cribrata, Bonel. Pedemonte.
Régions élevées, sous les pierres et les broussailles des bords
des champs et prairies de la Cerdagne, et à la vallée d'Eyne, près
des jasses. Nous avons encore trouvé cet Insecte à la Solanette
de Costa-Bona.
8. Feronia rutilans, Bonel. Alp. Pedemonte.
INSECTES. 577
Cette belle et rare espèce habite les régions très-élevées et
froides, près des jasses de Carlite, du Puig-Peyric et à l'extrémité
de la vallée d'Evne, sous les pierres près des neiges, souvent sous
la même pierre avec le Carabus Pyrenœus.
9. Feronia Xatartii, Dej. Pyrenœis.
Environs de Prats-de-Mollô, de Costa-Bona; vallées de Garença,
de Cady, d'Evne et de Lié, près des jasses où l'on trouve le
Punctato-aiiratus. — M. Xatart communiqua ce bel insecte à
M. Dejean qui le lui dédia.
10. Feronia bicolor, Peir. Italia.
Cette jolie espèce est, d'après M. le comte Dejean, une variété
de la Feronia jurinei de Panzer. Je l'ai trouvée près des étangs
de Carença, sous les pierres et parmi les broussailles (très-rare).
11. Feronia multipunctata, Dej. Helvelia.
Parties élevées du Pic Carlite, près des jasses où se retirent
les bestiaux, et parties élevées du LJaurenti (rare).
8e Division.
On reconnaît les espèces de cette division à leur forme
large et aplatie. Ce sont des insectes de taille moyenne,
toujours aptères, d'un noir luisant, peu agiles, et se tenant
habituellement sous les pierres, dans les endroits humides.
Leur corselet, presque carré ou trapézoïdal, est aussi large
qne les élytres à la base; ceux-ci sont presque parallèles
et peu allongés. Le dernier catalogue de Dejean en men-
tionne douze espèces d'Europe.
Cinquante-quatrième Genre, Feronia, Latr.,
Abax, Bonel.
1. Feronia striola, Fab. ; M .
a u i- ™ [ Austna.
2. Feronia ovahs, Meg. )
frigida, Fab.. Gallia.
TOMF. lit. 37
578 HISTOIRE NATURELLE.
Ces deux espèces se trouvent ensemble sous les pierres des
bords des champs et sous les broussailles des fossés, dans les
bois des régions moyennes; après les inondations, elles sont
abondantes parmi les détritus des végétaux rejetés sur la grève
par la mer, et dans les prairies maritimes.
5. Feronia Pyrenaea, Dej. Pyrenœis.
Les vallées élevées, La Preste et ses environs ; la vallée de Cady;
les vallées d'Eyne et de Lié, sous les pierres et les broussailles,
près des endroits où couchent les bestiaux. Cette espèce diffère de
la Striola par sa taille plus allongée ; les bords latéraux des ôlytres
n'offrent que quelques points à la base et à l'extrémité (rare).
4. Feronia carinata, Dufts. Austria.
Bois et plateaux des montagnes moyennes exposées au midi,
sous les pierres et parmi les broussailles , près des haies et
fossés ; à Glorianes et ses environs ; à la métairie Pallarès, vallon
de Rigarda (commune).
5. Feronia parallela, Dufts. Austria.
Dans les terres de la plaine, entre La Tet et l'Agly, bord des fos-
sés des champs et des prairies, sous les pierres et les broussailles.
9e Division.
Insectes au-dessus de la taille moyenne, quelquefois
assez grands, toujours aptères, d'un noir luisant, quel-
quefois mat, peu agiles ; se trouvent sous les pierres dans
les parties méridionales de l'Europe ; ressemblent aussi
quelquefois aux Abax pour la forme, mais sont toujours
plus allongés, et quelquefois aussi aux Sleropus, mais
n'ont jamais de rebords à la base des élytres, tandis
que ces rebords existent toujours dans toutes les autres
divisions. Dejean fait mention de dix-huit espèces, toutes
des pays chauds de l'Europe.
INSECTES. 579
Cinquante-cinquième Genre, Feronia, Latr.,
Perçus, Bonel.
1. Feronia navarica, Latr. Pyrenœis.
patruelis, Dut'. Hispania.
Commune sous les pierres et les broussailles des environs du
fort Bellegarde; dans toutes les Albères, les vallons de Banyuls-
sur-Mer et de Port-Yendres; quelquefois aussi clans les garrigues
de Gabestany et de Canet.
10e Division.
Insectes au-dessus de la taille moyenne, toujours ap-
tères, d'un noir luisant, quelquefois tirant sur le brun.
Très-peu agiles, ils se tiennent sous les pierres; leur corps
est court, assez épais, avec les pattes fortes, assez courtes,
et le corselet cordiforme ou presque carré. Dix espèces,
toutes d'Europe, sont mentionnées par Dejean.
Cinquante-sixième Genre, Feronia, Latr.,
Molops, Bonel.
i. Feronia elata, Fab. Germania.
2. Feronia terricola, Fab. Gallia.
Ces deux espèces sont toujours ensemble sous les pierres et
parmi les broussailles des montagnes calcaires ; aux environs des
marbrières de Baixas, dans les lieux ombragés par les haies des
vignes ; à Casas-de-Pena, bord des ravins ; dans la vallée du Ver-
double, près de la rivière (communes).
5. Feronia spinicollis, Dej. Pyrenœis or ientalis.
Les bassins de La Tet et de l'Agly, parmi les broussailles
rejetées par les eaux après les inondations ; fossés des prairies
maritimes, parmi les détritus des végétaux (rare).
Cinquante-septième Genre, Cephaloles, Bonel.
4. Cephalotes vulgaris, Bonel. Paris.
Ô80 HISTOIRE NATURELLE.
Dans les lieux humides et ombragés des bois des montagnes
moyennes ; après les inondations , dans les parties basses parmi
les broussailles (commun).
2. Cephalotes politus, Dej. Sicilia.
Parmi les broussailles des fossés et sous les pierres des champs,
près du Tech, environs du pont de Céret; après les inondations,
au milieu des broussailles du bord de la mer, plage de Saint-
Gyprien (commun).
Cinquante-huitième Genre, Stomis, Clairv.
1. Stomis pumicatus, Panz. Gallia.
Commun dans tous les fossés des prairies inondées des plaines
basses des trois bassins, sous les détritus des végétaux, les haies
et au pied des arbres.
Cinquante-neuvième Genre, Pelor, Bonel.
1. Pelor spinipes, Fab.
blaptoïdes, Creutz.
Cette intéressante espèce se trouve constamment sous les brous-
sailles rejetées par la mer après les inondations; passé cette époque,
on ne la trouve plus ; évidemment elle doit vivre dans nos champs,
mais nous l'avons cherchée en vain dans les trois bassins (rare).
Soixantième Genre, Zabrus; Clairv.
1. Zabrus curtus, Latr. Gallia.
Sous les pierres et les broussailles, au bord des champs et
prairies des parties élevées des montagnes de la région moyenne
(commun).
2. Zabrus obesus, Latr. Pyrenœis.
Dans les vallées de la Cerdagne, et celles d'Eyne et de L16, sous
les pierres, près des jasses dans les lieux fourrés. Nous l'avons
aussi trouvé dans la vallée de Carença.
INSECTES. 581
5. Zabrus gibbus, Fab. Germania.
Commun sous les pierres dans tout le département; on le voit
souvent se promener sur les routes et dans les champs.
4. Zabrus piger, Dej. Gallia meridionalis.
Dans les terres de la Cerdagne, sous les pierres, et, en plein
jour, courant sur les sentiers (commun).
Soixante-unième Genre, Amara, Bonel.
1. Amara patricia, Creutz. Gallia.
2. Amara zabroïdes, Dej. Gallia meridionalis.
Nous avons trouvé la première espèce aux environs de Bourg-
Madame, sous les pierres, et aussi dans la vallée de Carol, sous
les pierres et les broussailles (rare).
Nous trouvons abondamment la seconde espèce, après une
inondation, dans les bassins de La Tet et de l'Agly, sous les
broussailles rejetées par les eaux. Nous la voyons également
sous les pierres et les broussailles des champs qui ne sont pas
éloignés de la rivière de La Tet dans toute la plaine du Riverai,
depuis Ille jusqu'au dessous de Saint-Félin.
•
5. Amara complanata, Dej. Dalmatia.
Coteaux arides de Saint-Antoine-de-Galamus et de la Trencada
d'Ambulla; à Casas-de-Pena sous les pierres des vignes et des
ravins.
4. Amara fusca, Sturm. Gallia meridionalis .
A Céret, champs et prairies près du pont, sous les pierres et
les broussailles ; après les inondations , plage de Saint-Cyprien ,
broussailles rejetées par les eaux ; quelquefois sur la plage de
Torreilles entre le Bordigol et l'embouchure de l'Agly, brous-
sailles rejetées par les eaux.
7)82 HISTOIRE NATURELLE.
o. Amara nionticola, Zimmer, Alp. Pedemontc.
6. Amara montana, Dej. Pyrenœis.
Sous les pierres, dans les champs et coteaux exposés au midi
à l'endroit dit : La Redoute, près Saint-Laurent-de-Cerdans,
et sur les montagnes environnantes (rare).
7. Amara bifrons, Gyll. Suecia.
8. Amara livida, Duf. Hispania.
Les vallées d'Eyne et de Carença nous ont fourni ces deux
jolies espèces; elles y sont assez rares, et vivent sous les pierres
près des jasses et dans les ravins.
9. Amara plebeja, Gyll. Gallia.
Trouvée assez rarement dans les vallées froides du Canigou,
dans les clairières des bois, sous les pierres et dans les détritus
des végétaux de cette montagne.
10. Amara similata, G vil.
, Gallia.
11. Amara commums, rab. )
Ces deux espèces sont assez communes sous les pierres et les
broussailles qui entourent les jasses des vallées supérieures de
Cady et d'Eyne. Nous les voyons quelquefois dans la Gerdagne
sur les routes, les diamps et sous les pierres.
12. Amara obsoleta, Dufts. Gallia.
Sous les pierres el les broussailles des coteaux arides exposés au
midi dans toutes les montagnes de la région moyenne (commune).
13. Amara acuminala, Payk. Suecia.
14. Amara eurynota, Kugell. Gallia.
Comme YObsoleta, on les trouve assez communément sur les
parties arides des montagnes moyennes.
15. Amara vulgaris, Fab. Suecia.
INSECTES. 583
Communément sur les chemins et sous les broussailles des
montagnes de la région moyenne; dans la plaine et sur les bords
de la mer, après les inondations.
16. Amara apricaria, Fab. Paris.
Détritus des végétaux dans les prairies basses des bassins de
La Tet et du Tech (rare).
17. Amara fulva, Degéer. Suecia.
18. Amara ferruginea, Lin. Paris.
Le long de nos cours d'eau, sous les pierres humides dans les
trois bassins; abondantes sous les broussailles rejetées par l'eau
après une inondation , et dans les prairies maritimes.
19. Amara aulica, Illig. Paris.
20. Amara spinipes, Lin. Suecia.
Moins communes que la Vulgaris, sous les pierres et les brous-
sailles des terres sablonneuses dans tout le littoral.
21. Amara Pyrensea. Dej. Pyrenœis orientalis.
Vallées élevées des Pyrénées, la Conque de la Llapoudère ,
Canigou, Cady; vallées d'Eyne, deLlô, Carlite, près desjasses,
sous les pierres (rare).
22. Amara puncticollis, Dej. Pyrenœis orientalis.
Sous les pierres et les broussailles des vallées élevées des Pyré-
nées : Cosla-Dona; la Tour de Batère, du côté de Saint-Marsal ;
environs du Iiandé, vallée de Cady (plus rare que la précédente).
25. Amara crenata, Dej. Gallia méridionales.
Lieux secs et arides de nos Àspres, au bord des champs, sous
les [lierres et parmi les amas de détritus des végétaux dans les
fossés à sec (commune).
584 HISTOIRE NATURELLE.
24. Aniara sabulosa, Dej. Gallia.
Sous les pierres près des haies et sous les broussailles des
terrains calcaires aux environs d'Estagel, et vignes des vallons
environnants (commune).
25. Amara eximia, Dej. Gallia meridionalis.
Après les inondations parmi les broussailles rejetées par les
eaux, et dans les prairies maritimes sous les pierres et les détri-
tus des trois bassins.
26. Amara glabrata, Dej. Gallia.
Terrains arides, bord des vignes, sous les pierres et les brous-
sailles, à Casas-de-Pena ; à Saint-Paul, coteaux en montant à
Saint-Antoine-de-Galamus (assez commune).
Soixante-deuxième Genre, Mazoreus, Ziegl.
1 . Mazoreus luxatus, Creutz. Paris.
Bois arides des parties élevées, Bac de Bolquère et bois des
environs de la Borde près Mont-Louis, sous les pierres et au pied
des arbres. Nous avons pris aussi cet Insecte dans les bois du
Llaurenti (rare).
Soixante-troisième Genre, Acinopus, Ziegl.
1. Acinopus megacephalus, Illig. Gallia meridionalis.
Bois arides des régions moyennes, sous les pierres et au pied
des arbres, Font de Comps; bois des Moines au-dessus de Saint-
Martin-de-Canigou (rare).
2. Acinopus tenebrioïdes, Duf'ts. Gallia meridionalis.
Mêmes stations que le précédent. Cet Insecte y est plus com-
mun et diffère du Megacephalus par son corselet plus étroit en
arrière, par les stries des clylres finement ponctuées et sans
points enfoncés; la tète du mâle est très-grande.
INSECTES. 585
Soixante-quatrième Genre, Selenophorus, Dej.
1. Selenophorus lucidulus, Dej. Nord et Llaurentî.
Trouvé sous les pierres et les broussailles, au bord des champs
des environs de Mijanés, dans le Llaurenti (rare).
Soixante-cinquième Genre, Anisodactylus, Dej.
1. Anisodactylus virens, Dej. G allia meridionalis .
Belle et jolie espèce qu'on trouve sur les plateaux élevés, sous
les pierres et les détritus des végétaux des vallées de Carença et
de Lié (rare).
% Anisodactylus signatus, Illig. Paris.
Lieux humides et pierreux, non loin des. ravins, parmi les
broussailles, au pied de Força-Real et à Caladroy.
5. Anisodactylus intermedius, Dej. Gallia meridionalis.
Vallée de l'Agly, broussailles rejetées par les eaux après une
inondation. Je l'ai aussi trouvé dans les prairies des environs
d'Arles-sur-Tech. (rare).
4. Anisodactylus binotatus, Fab.
5. Anisodactylus spurcaticornis, Ziegl
Dans les prairies et au bord des champs des environs de Mont-
Louis et de la Motte-de-Planès ; après les inondations sur les
bords des prairies qui bordent La Tet, parties basses de Canet
(commun).
6. Anisodactylus nemorivagus, Dufts. Austria.
7. Anisodactylus gilvipes, Ziegl. Gallia.
Sous les pierres et parmi les broussailles, dans tous les ravins
des vallées des montagnes moyennes: Montoriol, 0ms et jus-
qu'aux environs de Saint-Marsal (commun).
580 HISTOIRE NATURELLE.
Soixante-sixième Genre, Gynandromorphus, Dej.
1. Gynandromorphus etruscus, Schonh. Gcdlia merid.
Cette jolie espèce a été rare pendant longtemps. M. Aleron en
avait trouvé quelques individus isolés daits les parties basses de
Ghâteau-Roussillon. M. Canta, plus tard, trouva cet Insecte dans
les prairies et parmi les broussailles de Palau-del-Vidre; mais
l'inondation du mois d'avril 1841 en fournit une telle abondance
dans les trois bassins , sous les broussailles rejetées par la mer,
que nous pûmes en faire une ample provision.
Tribu des Harpaliens, Ilarpalus, Latr.
Les Harpaliens ont généralement le corps plat, en carré
allongé et un peu ovalaire; le corselet plus large que long
et les élytres sinueux à l'extrémité. Leurs pattes sont
robustes et propres à la marche, quoique assez courtes.
Les caractères les plus saillants de cette tribu sont d'avoir
les quatre premiers articles des quatre tarses antérieurs
très-fortement dilatés dans les mâles; les mandibules peu
avancées, arquées et peu aiguës, et une dent simple et
plus ou moins prononcée au milieu de l'échancrure du
menton. Plusieurs espèces sont d'un vert cuivreux ou
bronzé ou d'un bleu métallique assez brillant; les autres
sont noires ou d'un brun noirâtre luisant. Ces Insectes
préfèrent les endroits arides ou sablonneux, où ils se
tiennent sous les pierres, lorsqu'ils ne courent pas après
leur proie. Leurs habitudes, au reste, diffèrent peu de
celles des Féroniens.
lre Division.
Soixante-septième Genre, Ophonus, Ziegl.
I. Ophonus columbinus, Gerniar. Gallia nicridionalis.
INSECTES. .~>S7
2. Ophonus sabulicola, Panz. Paris.
Ces deux espèces sont fort communes et se trouvent ensemble
dans toutes les haies des fossés, et au milieu des broussailles des
parties basses de Canet; après les inondations, parmi les bois
rejetés par la mer. Le Sabulicola se distingue du Columbinus par
les élytres d'un bleu-verdàtre, le corselet moins large et moins
arrondi sur les côtés.
o. Ophonus montieola, Dej. G allia meridionalis.
4. Ophonus ohscurus, Fab. Auslria.
Ces espèces se trouvent dans les régions élevées des montagnes
moyennes, sous les pierres humides des bois et des fossés des.
prairies. La première ressemble au Sabulicola, avec lequel on la
confondrait, mais elle est plus allongée, plus fortement ponctuée;
elle a les palpes, les antennes et les pattes moins rouges (rare).
o. Ophonus diffinis, Dej. Gallia meridionalis.
Trouvé constamment dans les fossés, parmi les broussailles
des champs et des prairies maritimes des bassins de l'Agly et de
La Tet, après les inondations (très-abondant).
6. Ophonus incisus, Dej. Gallia meridionalis.
Cette rare espèce se fait bientôt remarquer par les palpes, les
antennes et les pattes d'un rouge ferrugineux, qui contraste
singulièrement avec le beau noir qui couvre son corps. Elle se
trouve dans les fossés et les broussailles des parties basses de
Canet. En automne, on voit cet Insecte assez abondant dans les
fossés des fortifications de la citadelle de Perpignan, principa-
lement sur les fenouils, ainsi qu'aux ruines de Malloles; on le
trouve alors accouplé.
7. Ophonus meridionalis, Dej. Gallia meridionalis.
Sous Château-Roussillon, prairies, champs, broussailles, fossés
588 HISTOIRE NATURELLE.
et au pied des arbres ; dans les bassins de La Tet et de l'Agly,
prairies et champs près des dunes, parmi les broussailles après
les inondations (commun).
8. Ophonus rotundatus, Dej. Dalmatia.
9. Ophonus cordatus, Dufts. Gallia meridionalis.
Ces deux espèces ne sont pas rares sous les pierres et sous les
mottes de terre, dans les champs et au bord des prairies des
environs d'Arles-sur-Tech. Nous les avons aussi trouvées, mais
moins abondantes, dans les environs de Saint -Laurent-de-
Gerdans.
10. Ophonus rupicola, Sturm. ) ,„ „.
. m rx , f , ^ • (rallia.
11. Ophonus subcordatus, Dej. )
Dans les environs de Costujes et à La Manère, sous les pierres
des ravins, parmi les broussailles et au pied des arbustes où sont
amassés quelques détritus de végétaux (rare).
12. Ophonus puncticollis, Payk. Gallia.
Commun sous les pierres, au pied des arbres des bois humides,
dans les parties élevées des montagnes moyennes. Cette espèce se
trouve fort rarement dans la plaine; c'est après une inondation.
13. Ophonus maculicornis, Meg. Gallia.
Nous avons pris quelquefois cette espèce sous les pierres, dans
les fossés des fortifications de la ville et à la lunette de la porte
Canet; mais plus abondante parmi les broussailles rejetées par
la mer après une inondation, vallées de l'Agly et de La Tet.
14. Ophonus hirsutulus, Stév. Riissia meridionalis.
Derrière La Preste, champs et prairies, sous les pierres; envi-
rons de Mont-Louis, mêmes gîtes (rare).
15. Ophonus îuendax, Rossi. Ilalia.
INSECTES. 589
Trouvé sous les pierres et les mottes, dans les champs et les
vignes, entre Saint-Paul et Caudiès (il n'est pas commun).
16. Ophonus Germanus, Fab. Gallia.
On distingue bientôt cet Insecte parmi les autres par ses belles
couleurs tranchées; et quoique très-commun, on ne peut résis-
ter au désir d'en ramasser beaucoup tant il est joli. Les parties
basses des trois bassins , après les inondations , en offrent
une grande masse. Dans le nombre on trouve une variété dont
les couleurs sont plus claires et les taches des élytres presque pas
apparentes; elle est plus rare. Nous conservons cet Insecte parmi
les Ophonus, bien qu'on en ait fait un genre nouveau, sous le
nom de Diaehromus.
17. Ophonus velutinus, Aleron et Companyo.
Cette toute petite et belle espèce est commune après le débor-
dement de nos rivières, parmi les broussailles, dans les parties
basses de Canet. Elle est excessivement agile et on la saisit avec
beaucoup de difficulté.
18. Ophonus oblongiusculus, Dej. Gallia.
Cette espèce, jolie et très-petite, se trouve dans les champs et
les prairies des parties élevées, sous les pierres et parmi les brous-
sailles de la vallée de Valmanya et aux environs de Cortsavi (rare).
19. Ophonus dorsalis, Dej. Gallia.
Commun au bord des champs et des bois, sous les pierres et
les broussailles, entre Céret et Le Perthus.
20. Ophonus chlorophanus, Zenker. Gallia.
Nous avons pris quelquefois cette espèce sous les pierres et dans
les fossés des fortifications de la ville, et à la lunette de la porte
Canet; mais plus abondamment parmi les broussailles rejetées
par la mer après les inondations, vallées de l'Agly et de La Tet.
590 HISTOIRE NATURELLE.
21. Ophonus obsolelus, Dej, Gallia meridionalis .
cerinus, Stev. (var.) Russia meridionalis.
Il n'est pas rare de trouver cette espèce dans tous les fossés
qui entourent les mares d'eau de toutes les parties basses du
littoral, ainsi que dans les broussailles et au pied des arbres
des bassins de l'Agly et de La Tet.
22. Ophonus azureus, Illig. Gallia meridionalis.
Cette jolie espèce se trouve dans les broussailles et sous les
pierres des prairies et des fossés de toute la Cerdagne et du
Capcir; nous l'avons prise aussi dans le Llaurenti. Sa belle cou-
leur violette attire aussitôt l'attention.
2e Division.
Soixante-huitième Genre, Harpalus, Latr.
1 . Harpalus ruficornis, Fab. Paris.
Commun dans les champs, sous les pierres et dans les fossés de
toute la plaine, dans les ravins et les bois des montagnes moyennes.
2. Harpalus griseus, Panz, Paris.
Très-commun dans toute la plaine; après les inondations, il
pullule dans les broussailles qui sont entraînées par les eaux et qui
sont rejetées par la mer; on le trouve aussi dans toute la plaine de
la Cerdagne.
3. Harpalus œneus, Fab. Paris,
Commun dans les mêmes lieux que le précédent.
4. Harpalus distinguendus, Dufts. Paris.
virens, Ménét. (var.) Russia meridionalis.
Nous croyons qu'il existe une différence bien marquée entre
ces deux variétés. Le Virens a une plus petite taille, ses couleurs
sont beaucoup plus vives et ses élytres sont un peu striés (rare).
INSECTES* 594
5. Harpalos patruelis, Dej. Gallia meridionalis.
On le trouve dans les champs et les fossés des environs de Vinça
et de Prades; dans la Salanque, après les inondations.
6. Harpalus cupreus, Dej. Gallia.
Commun dans les champs et les prairies maritimes des trois
bassins. On le trouve aussi sur les parties élevées des montagnes
de la région moyenne.
7. Harpalus pigmœus, Dej. Gallia meridionalis.
Cette toute petite espèce est commune dans les broussailles,
au pied des tamarix de toutes les prairies maritimes voisines des
mares d'eau saumâtre.
8. Harpalus sulfuripes, Koron. Dalmatia.
Cette espèce que nous avons trouvée dans les environs de Bourg-
Madame, dans les sables et les broussailles de la rivière qui descend
de la vallée de Carol, est assez rare.
9. Harpalus perplexus. Dej. Paris.
Petifii, Meg. (var.) Austria.
Assez rare dans les environs de Mont-Louis, vers la Borde Girvès,
sous les pierres et les broussailles.
40. Harpalus limbatus, Dufts. Suecia.
nitidus, Dej. (var.) Gallia.
Nous avons trouvé cette espèce, aux environs de Mosset, sous
les pierres des terres arides. Nous l'avons retrouvée près de
Mijanès, dans le Llaurenti.
44. Harpalus sobrinus, Dej. Pyrenœis orienlalis.
La Preste et ses environs jusqu'au pied de Costa-Bona, sous les
pierres près du Tech; sous les pierres des jasses de Cad y et
de la Lhtpoiidère, montagne du Canigou.
591 HISTOIRE NATURELLE.
12. Harpalus semiviolaceus, Brong. Gallia.
Sous les mottes, les broussailles et dans toutes les haies des
prairies maritimes (commun).
15. Harpalus impiger, Meg. Gallia.
Cette petite espèce qui se distingue aussitôt par les pattes d'un
rouge ferrugineux, se trouve sous les pierres et les broussailles
de tous les lieux où se retire le bétail, dans les hautes régions
(rare).
14. Harpalus tardus, Gyll. Paris.
15. Harpalus fuliginosus, Dufts. Austria.
Ces deux espèces qu'on rencontre souvent ensemble , sont re-
gardées par les auteurs comme deux variétés. Elles se trouvent
dans les bois sous les pierres des parties arides et élevées; à la
montagne de Céret, dans le bois communal et dans les champs
qui avoisinent cette forêt.
16. Harpalus segnis, Dej. Germania.
17. Harpalus Frolichii, Meger. Austria.
Coteaux de Château-Roussillon, sous les pierres et les brous-
sailles des environs de la métairie de M. Guiraud de Saint-Marsal
et de la bergerie nationale.
18. Harpalus anxius, Dufts. Austria.
19. Harpalus nigripes, Sturm. Germania.
Coteaux arides des Albères, dans les bois de ces montagnes,
au pied des arbres et sous les pierres. On les trouve aussi moins
abondants sous les pierres des champs des environs de Sorède.
20. Harpalus picipennis, Meg. Austria.
Commun sous les pierres, dans les bois et sous les broussailles
de toutes les régions moyennes.
INSECTES. 593
21. Harpalus satyrus, Knoc. Austria.
castaneus, Dej. (var.) Gallia.
Vallée de Vinça, champs et prairies au bord de La Tel, sous
les pierres et dans les broussailles (commun).
22. Harpalus distinguendus. Dufts. Paris.
virens, Ménétr. (var.) Russia meridionalis.
Celte dernière espèce dont on a fait une variété du Distinguen-
dus, en diffère, cependant, par sa taille plus petite, ses couleurs
beaucoup plus vives et ses élytres un peu striés (rare).
25. Harpalus servus, Creutz. Hun g aria.
Sables arides et pierreux des ravins des montagnes calcaires
des Corbières (rare).
24. Harpalus hirtipes, Panz. Hungaria.
Cette espèce habite les régions élevées et froides : Cosla-Bona;
les environs de la vallée d'Eyne ; la base du Cambres-d'Aze, vers
Mont-Louis, sous les pierres et les broussailles (rare).
2o. Harpalus serripes, Dufts. Paris.
Coteaux arides des montagnes calcaires de Calce, Caladroy et
environs de Força-Real.
26. Harpalus hottentota, Dufts. ) p . ...
conformis,Dej. (var.)j
Commun dans la vallée de l'Agly, parmi les broussailles rejetées
par la mer après les inondations. Nous l'avons aussi trouvé dans
les environs de Saint-Antoine-de-Galamus.
27. Harpalus calceatus, Creutz. Paris.
Environs de Casas-de-Pena, dans les ravins qui avoisinent la
rivière, sous les pierres et les broussailles. Nous l'avons trouvé
aussi dans la vallée de Rigarda (rare).
TOME m. 38
JlJ4 HISTOIRE NATURELLE.
Soixante-neuvième Genre, Stenolophus, Meg.
\. Stenolophus vaporariorum, Fab. Paris.
Commun au pied des arbres et sous les broussailles de tous les
fossés des parties basses des trois bassins.
2. Stenolophus marginatus, Dej. Gallia meridionalis.
Cette très-jolie espèce se trouve parmi les broussailles au bord
des fossés des champs des régions moyennes, et sous les pierres
qui conservent des détritus dans les canaux des prairies de ces
régions (rare).
5. Stenolophus elegans, Dej. Gallia meridionalis.
Sous les pierres, au bord des champs et parmi les détritus
des fossés humides des prairies des trois bassins; et, après les
inondations, au milieu des broussailles amenées par les eaux.
4. Stenolophus proximus, Dej. Gallia meridionalis.
Mares desséchées des environs du Cagarell près Canet , sous
les broussailles arrêtées au pied des tamarix, et dans les fossés
parmi les détritus (commun).
5. Stenolophus vespertinus, Ulig. Gallia.
Bois des régions moyennes, au pied des arbres où sont amassés
des détritus de végétaux, et sous les pierres des bords des ravins,
vallée de Rigarda ; ravins des environs du Mas de la Fou de
M. Jaubert de Passa (rare).
6. Stenolophus rufus, Godart, Pyrenœis orientalis.
Cette petite et très-jolie espèce a été trouvée, par M. le capi-
taine Godard, dans les environs de Canet, parmi les détritus des
végétaux des fossés des champs près le Cagarell (rare).
Sa description est insérée dans le Bulletin de la Société Agricole,
Scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, 1845, p. 222.
INSECTES. 59.",
Soixante-dixième Genre, Aucupctlpns , Latr.
1. Aucupalpus placidus, Gyll. Suecia.
Il n'est pas rare de trouver cette espèce dans tous les fossés
des propriétés qui entourent les mares d'eau des parties basses du
littoral : Argelès, Saint-Nazaire, Torreilles, et parmi les brous-
sailles et les détritus rejetés par les eaux.
2. Aucupalpus harpalinus, Dej. Gallia.
Vallons d'Arles et de Prats-de-Mollô , sous les pierres dans les
champs et les prairies qui ne sont pas éloignés du Tech (rare).
5. Aucupalpus distinctus, Dej. Gallia meridiondlis.
Dans tous les environs de Prades , fossés des champs et des
prairies, sous les pierres et les broussailles (commun).
4. Aucupalpus similis, Dej. Germania.
Environs de Mont-Louis, prairies et champs, ainsi que dans
toute la Cerdagne, sous les pierres et les broussailles (commun).
5. Aucupalpus dorsalis, Fab. Suecia.
Commun au bord des champs et des bois, sous les pierres et
les broussailles, entre Céret et Le Perthus.
Soixante-onzième Genre, Hispalis, Rambur.
Aucupalpus, Dej.
i. Hispalis metallescens, Dej. Gallia meridiondlis.
Cette jolie espèce a été trouvée près des rivières et ravins qui
serpentent dans le bois de Boiicheville ; sous les pierres et près
des ravins du bois de Salvanère (commun).
Soixante-douzième Genre, Trechus, Glairv.
1. Trechus rubens, Fab. Paris.
2. Trechus microps. Herb. Germania.
590 HISTOIRE NATURELLE.
Communs dans les lieux humides près des cours d'eau, sous les
pierres; après les inondations, sous les broussailles des parties
basses de Ganet et de Saint-Cyprien.
5. Trechus littoralis, Zieg. Gallia.
longicornis, Strum. (var.) Germania.
Près des mares d'eau, dans la plaine du bassin de La Tet;
après les inondations, sous les broussailles entraînées par les
eaux, bassins de La Tel et de l'Agly (commun).
4. Trechus secalis, Payk. Suecia.
Champs et prairies des environs de Nohédas, sous les pierres
et les broussailles (rare).
5. Trechus Pyrenaeus, Dej. Pyrenœis orimtalis.
Environs de Prats-de-Mollô et de La Preste , sous les pierres
des champs et des prairies ; aussi dans toute la Cerdagne , sous
les pierres près des rigoles (rare).
Tribu des Bembidions, Bembidium, Latr.
Les Bembidions renferment un grand nombre d'espèces,
divisées en dix groupes dont il serait trop long de rapporter
ici les caractères. Ce sont en général des Coléoptères très-
petits, vivant presque tous au bord des eaux, dans le sable,
sous les débris des végétaux ou courant sur la vase. On
en trouve aussi communément sous les pierres, dans les
endroits humides. Quelques espèces ne se rencontrent que
dans les montagnes et quelques autres sous les écorces.
lie Division.
Soixante-treizième Genre, Cillenum, Leach.
Ce genre se compose d'une seule espèce qui n'a pas
île représentant dans le département.
INSECTES. 597
2e Division.
Soixante-quatorzième Genre, Blemus, Ziegl.
1. Bembidium areolatum, Creutz. Gallia.
Trouvé dans les fossés humides, parmi les broussailles des
prairies maritimes des trois bassins et sous les broussailles que
la mer rejette sur la grève (commun).
3e Division.
Soixante-quinzième Genre, Tachis, Meg.
2. Bembidium bistriatum, Meg. Gallia.
5. Bembidium pulicarium, Dej. Gallia meridionalis.
On trouve ces deux Insectes près des eaux du Tech, entre
Le Boulou et Céret, dans les rigoles des champs et des prairies
sous les pierres et les détritus (communs).
4. Bembidium pumilio, Dufts. Gallia.
quinque striatum, Gyll. (var.) Suecia.
Sous les broussailles entraînées par les eaux après les inon-
dations, dans toutes les parties basses des plages de Ganet et de
Saint-Cyprien.
o. Bembidium quadrisignatum, Creutz. Gallia merid.
Trouvé sous les pierres et parmi les broussailles des fossés
des champs et prairies, vallon de Prades5 au bord de la rivière
(rare).
6. Bembidium angustatum, Dej. Gallia meridionalis.
7. Bembidium hemorroïdale, Dej. Dalmatia.
Ces deux Insectes se trouvent sous les pierres et les brous-
sailles des ravins des environs de Céret , à la Font d'en daudev
et d'en Fils (communs).
598 IIISTOIKE NATURELLE.
Ie Division.
Soixante-seizième Genre, Notaphus, Meg.
8. Bembidium ustulatum, Fab. Germania.
Cet Insecte se trouve généralement le long de La Tet, sous les
pierres et parmi le sable près des eaux , et au pied des plantes
où s'amassent des broussailles. 11 est d'une agilité étonnante et
difficile à saisir.
9. Bembidium obliquum, Sturm. Germania.
A Casas-de-Pena, sous les pierres et les broussailles très-près
de l'Agly. Il est aussi très-agile.
10. Bembidium pallidipenne, Dej. Gallia meridionalis.
ephippium, Brigt. (var.) Ânglia.
Nous trouvons cette espèce parmi les broussailles, dans les
fossés des prairies maritimes de Canet et de Torreilles, après
les inondations; probablement elle doit vivre aussi près des cours
d'eau supérieurs (rare).
5e Division.
Soixante-dix-septième Genre. — Idem ■
11. Bembidium paludosum, Panz. Germania.
12. Bembidium l'oraminosum , Sturm. Gallia.
Ces deux espèces habitent sous les pierres humides près des
torrents et rivières de toutes les montagnes calcaires : Casas-
de-Pena, auprès de l'Agly; à Saint-Paul, aux environs du pont
de la Fou et au bord du Verdouble près Tuchan (communes).
6e Division.
Soixante-dix-huitième Genre. — Idem.
15. Bembidium striatum, Fab. Paris.
IHSE6TES. Ô09
14. Bembidium andreae, Gvll. ) „
pallidipenne, lllig. (var) J
Gomme les précédents, ces deux Insectes habitent les bords
des eaux, sous les pierres et les broussailles; mais nous les avons
trouvés constamment dans les régions élevées, prairies de Llô et
d'Err où l'eau abonde; aussi à l'entrée de la vallée d'Eyne.
15. Bembidium ruficolle, Ulig. Suecia.
Cette jolie espèce est fréquente sous les pierres près des eaux
de l'Agly, à Casas-de-Pena , et dans les ravins qui viennent se
jeter dans cette rivière.
7e Division.
Soixante-dix-neuvième Genre, Peryphus, Meg.
16. Bembidium eques, Sturm. Gatlia orientalis.
Commun après les inondations, parmi les broussailles rejetées
par les eaux dans toutes les parties basses du littoral.
17. Bembidium tricolor, Fab. Gallia meridionalis.
On le trouve dans les mêmes localités que le précédent, avec
lequel on le confondrait, si celui-ci ne présentait pour différence
une plus petite taille, la couleur des élytres d'un vert éclatant,
les cuisses et le premier article des antennes jaunes (rare).
18. Bembidium modestum, Fab. Austria.
Sous les pierres et le gros sable, près des mares d'eau et parmi
les broussailles des régions moyennes; rivières de Rigarda et
de Xentilla (rare).
19. Bembidium rupestre, Fab. ]
20. Bembidium obsoletum, Dej. [ Àustria.
prudens, Zieg. (var.)'
600 HISTOIRE NATURELLE.
21. Bembidium fasciolatum, Meg. Austria.
Ces trois espèces se trouvent généralement sous les pierres et
sous les broussailles des torrents des montagnes moyennes ; après
les inondations, dans les lieux vaseux, les mares d'eau et parmi
les détritus des végétaux de toute la Salanque.
22. Bembidium fluviatile, Dej. )
Paris.
23. Bembidium cruciatum, Dej. )
signatum, Sturm. (var.) Austria.
On trouve ces deux espèces sous les pierres près des rivières
de La Tet et du Tech, à Perpignan et à Elne (communes).
24. Bembidium cseruleum, Dej. Gallia.
25. Bembidium tibiale, Meg. Austria.
26. Bembidium décorum , Zenker. Gallia.
Après les inondations nous trouvons fréquemment ces trois
espèces sous les pierres et les broussailles qui avoisinent les
étangs et mares d'eau de toutes les parties basses de la Salanque,
dans les trois bassins (communes).
8e Division.
Quatre-vingtième Genre, Leja, Meg.
27. Bembidium chalcopterum , Zieg. Gallia.
pigmaeum, Fab. (var.) Austria.
Cette espèce se trouve près des ravins des endroits pierreux et
humides des hautes régions; dans les broussailles et au pied des
arbustes qui avoisinent les cours d'eau des vallées de la Cerdagne.
Nous l'avons trouvée aussi au Llaurenti, parties élevées (rare).
28. Bembidium celere, Fab. \
[ Suecia.
29. Bembidium gullulum , Fab. )
On trouve souvent ces deux espèces ensemble dans les brous-
INSECTES. 601
sailles et sous les pierres des ravins des montagnes. Elles parais-
sent se plaire clans les endroits très-pierreux et près des chutes
d'eau (communes).
30. Bembidium Pyrenœum, Dej. Pyrenœis orientalis.
Cette jolie espèce se trouve sous les pierres et les broussailles
près les cours d'eau des régions moyennes; elle se trouve
quelquefois aussi sous les broussailles amenées par les eaux dans
la plaine (rare).
51 . Bembidium Sturmii, Panz. Paris.
52. Bembidium rivulare, Sturm. Gallia meridionalis.
Ces deux espèces habitent les bords des eaux des régions froi-
des, sous les pierres et les broussailles, au pied de Costa-Bona et
dans les environs de Mont-Louis. Le Bembidium lineolatum qu'on
trouve aussi dans les mêmes parages n'est, d'après M. Dejean,
qu'une variété du Sturmii (rare).
35. Bembidium biguttatum, Fab. Suecia.
Sous les broussailles et sous les pierres dans les ravins des
régions moyennes des montagnes de Céret ; aux environs de
Saint-Martin-du-Canigou et de Castell.
9e Division.
Quatre-vingt-unième Genre, Lopha, Meg.
54. Bembidium quadrigultatum, Fab. Paris.
55. Bembidium latérale, Dej. Gallia meridionalis.
56. Bembidium quadripustulatum , Fab. Gallia.
Ces trois espèces sont fréquemment trouvées sous les pierres et
les broussailles des ravins des régions moyennes, et près des rivières
duTech et de LaTet, à la hauteur de Céret et de Viin;a; dans la plaine,
après les inondations, parmi les broussaillesdesprairies maritimes.
T»U2 IIISTOIKE NATURELLE.
57. Bembidium articulatum, Dufts. Paris.
Lieux vaseux près des mares d'eau dans tout le littoral, sous
les pierres et les détritus des végétaux. On trouve dans les mêmes
localités le Bembidium pœcilum, Dej., qui a été rangé comme une
variété de V Articulatum; en effet il n'existe pas de différence sen-
sible entre ces deux sujets qui ont les mêmes habitudes (commun).
lO Division.
Quatre-vingt-deuxième Genre, Tachypns, Meg.
58. Bembidium picipes, Meg.
Gallia.
59. Bembidium pallipes, Meg.
Tous les lieux qui ont été inondés, nous fournissent les deux
espèces sous les débris des végétaux; sous les pierres et la vase
des mares d'eau lorsqu'elles sont desséchées (communes).
10. Bembidium flavipes, Fab. Paris.
Cette jolie espèce se trouve sous les pierres des ravins des
montagnes moyennes et parmi les broussailles amenées par les
crues d'eau dans les endroits pierreux et humides de ces mêmes
régions (rare).
Nota. La section des Pentamères dont nous avons
oublié d'indiquer les caractères en tête des Carabiques,
se distingue des autres Insectes Coléoptères par cinq
articles à tous les tarses. Elle se divise en neuf familles :
Carabiques, Hydrocantbares, Brachélytres , Sternoxes,
Malacodermes , Térédiles , Clavicornes , Palpicornes ,
Lamellicornes.
insectes. s03
Famille des Hydrocanthares.
Les Hydrocanthares comprennent les Coléoptères pen-
lamères carnassiers qui vivent clans l'eau. Destinés à se
mouvoir dans un milieu plus résistant que l'air , ils ont
reçu une structure propre à la locomotion aquatique; ils
offrent les caractères suivants : corps ordinairement
ovalaire et déprimé, quelquefois cependant presque glo-
buleux ; tête large et enfoncée jusqu'aux yeux dans le
corselet; antennes sétacées ou filiformes, de onze articles;
labre petit, court, généralement échancré et garni de
poils ; menton trilobé ; palpes au nombre de six , les
maxillaires externes de quatre articles, les internes de
deux, et les labiaux de trois ; languette légèrement élargie
à son extrémité, et coupée presque carrément; mandibules
courtes, très-robustes et dentées a l'extrémité; mâchoires
très-aiguës, arquées et ciliées intérieurement; corselet
plus large que long, généralement prolongé en pointe en
arrière, recouvrant quelquefois l'écusson; élytres larges,
recouvrant entièrement l'abdomen, quelquefois sillonnés
ou chagrinés dans les femelles; ailes constantes; pros-
ternum très-prolongé en arrière ; métasternum très-grand
et soudé avec les hanches des pattes postérieures; paltes
antérieures et intermédiaires très-rapprochées à leur
base, les postérieures généralement longues, larges,
aplaties en forme de rame, et ne pouvant se mouvoir que
latéralement; tarses de cinq articles bien distincts dans
le plus grand nombre , mais ne paraissant que quadri-
articulés chez les autres, le quatrième article étant très-
petit et caché dans l'échancrure du troisième; tarses
antérieurs des mâles dilatés en forme de palette et garnis
604 HISTOIRE NATURELLE.
en dessous, ainsi que les intermédiaires, de cupules
pétiolées, de grandeur variable, et faisant l'office de
ventouses.
Leur forme est une ellipse ou un ovale plus ou moins
allongé; les nageoires sont remplacées par leurs pattes
postérieures, dont le mouvement latéral imprime à leur
corps une forte impulsion dans la natation; aussi, nagent-
ils avec la plus grande facilité. Ils se tiennent de préfé-
rence dans les eaux stagnantes des lacs, des étangs et
des marais, à la surface desquelles ils remontent de
temps en temps pour respirer. Ils sont très-voraces et se
nourrissent de petits animaux qui font comme eux leur
séjour dans l'eau; munis d'ailes bien développées sous
leurs élytres, ils s'en servent chaque fois qu'ils veulent
se transporter d'un étang à un autre; mais ils attendent
pour cela le coucher du soleil. Leur vol est lourd et
bourdonnant comme celui des Hannetons. Leurs larves,
encore plus voraces que l'insecte parfait, vivent égale-
ment dans l'eau et n'en sortent que pour se transformer
en nymphe dans la terre.
Premier Genre, Dytiscus, Lin.
1. Dytiscus dimidiatus, Illig. Gallia.
Nous trouvons cette espèce dans les fossés des parties basses
de Château-Roussillon dont l'eau est stagnante; dans les mares
d'eau près Canet et dans le Cagarell (rare).
2. Dytiscus marginalis, Fab. Paris.
Commun dans les mares d'eau de toutes les parties basses du
littoral.
3. Dytiscus circumcinclus, Ahr. Gallia.
INSECTES. 605
Fossés vaseux des prairies de Thuir et de Canokèe. Il ressemble
beaucoup au Marginalis; mais sa forme un peu plus allongée et
plus rétrécie sur le devant, le fait bientôt distinguer (rare).
4. Dytiscus circumflexus, Fab. Paris.
Toutes ces espèces se ressemblent beaucoup et habitent les
mêmes lieux. Il faut faire une grande attention pour les distin-
guer entre elles. Celle-ci se rapproche beaucoup des deux
dernières. Ce qui la distingue, c'est que la couleur générale est
d'un vert plus clair, et que l'écusson est jaune (commune).
5. Dytiscus punctulalus, Fab. Paris.
6. Dytiscus perplexus, Dej. Gallia borealis.
Ces deux espèces sont assez communes dans les fossés et mares
d'eau près du Cagarell, à Canet, et dans toutes les eaux bourbeuses
des parties basses de la Salanque.
Deuxième Genre, Trochalus, Eschs.
1. Trochalus Roselii, Fab. Paris.
Se trouve dans les fossés des eaux vives de toute la plaine du
Roussillon, et dans les fossés des parties basses de la Salanque
(commun).
2. Trochalus patruelis, Dej. Nord.
Dans les eaux qui séjournent dans les fossés des fortifications,
derrière la citadelle de Perpignan, et dans les eaux stagnantes de
la lunette (rare).
Troisième Genre, Acilius, Leach.
1. Acilius sulcatus, Fab. Paris.
2. Acilius dispar, Ziegl. Gallia borealis.
Ces deux espèces sont communes dans les eaux qui séjournent
dans les fossés des prairies de Thuir, de Canohès et de la Salanque.
60b' HISTOIRE NATURELLE.
5. Acilius canaliculatus, Illig. Hispania.
Nous avons pris cette espèce dans les gouffres des ravins des Al-
bères, aux environs de Sorède et dans le vallon de Banyuls (rare).
Quatrième Genre, Graphoderus , Eschs.
1. Graphoderus bilineatus, Payk. Gallia borealis.
2. Graphoderus cinereus, Fab. Paris.
iNous avons constamment trouvé ces deux espèces dans les
mêmes lieux, c'est-à-dire les fossés des parties basses de tout le
littoral où les eaux séjournent; nous les avons encore prises dans
les fossés couverts d'eau du Cagarell, près Canet (communes).
Cinquième Genre, Hydaticus, Leach.
1. Hydaticus transversalis, Fab. Paris.
Cette jolie espèce se trouve fréquemment dans les ruisseaux
des eaux vives de Thuir et de Millas, parties basses.
% Hydaticus hybneri, Fab. Paris.
Dans les eaux qui coulent sous le fortin de Bellegarde, du côté
de l'Espagne (rare).
3. Hydaticus distinctus, Dej. Gallia meridionalis.
A Céret, gouffres sous la fontaine d'en Dauder, et dans les
gouffres des ravins environnants (rare).
Sixième Genre, Scutopterus, Eschs.
1. Scutopterus coriaceus, Hoffm. Gallia meridionalis.
Cette jolie espèce habite les mares d'eau des ravins des mon-
tagnes de la région moyenne ; toutes les Albères et les ravins qui
en dépendent; les environs du fort Bellegarde: la montagne de
Céret; le vallon de Banyuls-sur-Mer; tous les ravins de la mon-
tagne de Forca-Real.
INSECTES. 607
Septième Genre, Cymatopterus, Eschs.
1. Cymatopterus fuscus, Fab. \
2. Cymatopterus striatus, Fab. > Saecia.
5. Cymatopterus dolabratus, Payk. )
Ces trois espèces se trouvent généralement dans toutes les
mares d'eau, dans tous les fossés de la Salanque, et dans tous
les cours d'eaux vives qui sont un peu dormantes. Peu de diffé-
rence distingue les deux premières espèces , et il est facile de les
confondre. Le Striatus, cependant, diffère du Fuscus par le cor-
selet jaunâtre, avec une tache noire (communes).
Huitième Genre, Liopterus, Eschs.
1. Liopterus oblongus, Ulig. Paris.
Gomme le genre précédent, il vit dans toutes les mares d'eau
et fossés stagnants. On le trouve parmi la vase, en retirant le
filet lorsqu'on chasse pour se procurer les insectes de cette
famille (rare).
Neuvième Genre, Rantus, Eschs.
i. Rantus suturalis, Dej. Germania.
2. Rantus nota tus, Fab. Paris.
Ces deux espèces sont communes dans les eaux stagnantes des
fossés de la citadelle, et des fossés de la lunette neuve à Perpignan.
5. Rantus agilis, Fab. Paris.
4. Rantus adspersus, Fab. Gallia.
Nous avons constamment trouvé ces deux espèces dans les eaux
des parties basses de Saint-Cyprien, et dans la grande Agulla de
la Mar, qui traverse la plaine de Bages à Vall-Ric, et se jette à
la mer sous YAsparrou.
008 HISTOIRE NATURELLE.
Dixième Genre, Colymbetes, Clairv.
1. Colymbetes bipustulatus, Fab. \
2. Colymbetes ater, Fab. / _ .
3. Colymbetes fenestratus, Fab. (
4. Colymbetes fuliginosus, Fab.
5. Colymbetes guttatus, Payk. ^
6. Colymbetes convexus, Dej. \
C'est dans la vase des fossés ou des mares dont l'eau est stag-
nante, qu'on doit rechercher les individus qui appartiennent au
genre Colymbettes. Ainsi, toutes les parties basses du littoral
nous les fournissent: les eaux vives de Canohès, de Thuir, de
Millas et de Saint-Féliu sont les endroits où il faut les chercher.
Il y a cependant quelques exceptions : certaines espèces du genre
se trouvent dans les mares des montagnes de la région moyenne.
Le Bipustulatus se distingue des autres espèces, par deux points
très-rouges sur la partie postérieure de la tête (assez communs).
7. Colymbetes biguttatus, Oliv. ) ■ „.
„ _ . . . , r. , (rallia meridionahs.
8. Colymbetes brunneus, Fab. )
castaneus, Schon. (var.) Hispania.
Dans les eaux des fossés des fortifications, derrière la citadelle
de Perpignan et à la lunette neuve. Cette dernière espèce s'y
trouve rarement.
9. Colymbetes bipunctatus, Fab. Paris.
J'ai trouvé cette jolie espèce dans les eaux des fossés du Mas
de Leule. Le corselet est jaune, avec deux points noirs, qui con-
trastent singulièrement avec sa couleur ; les élylres sont mélangés
de jaune et d'un brun obscur (rare).
10. Colymbetes chalconatus, Panz. Paris.
11. Colymbetes didymus, Oliv. Gallia meridionalis.
INSECTES. bUy
■12. Colymbetes maculatus, Fab.
. Paris.
13. Colymbetes Sturmii, Schon.
Ces quatre espèces sont assez communes dans les eaux vives
et dormantes de la plaine. Le Chalconatus se fait remarquer par
la couleur générale d'un bronzé obscur, avec deux points ferru-
gineux sur la tête; tandis que le Maculatus a son corselet traversé
par une large bande ferrugineuse , et les élytres marqués de
petites taches longitudinales pâles. Le Sturmii est beaucoup plus
rare que les autres.
14. Colymbetes nigricollis, Dahl. Sicilia.
15. Colymbetes arcticus, Payk. Lapponia.
Ces deux espèces se trouvent plus particulièrement dans les
eaux des fossés des fortifications de la citadelle de Perpignan;
dans les eaux des fossés des parties basses de Canet, mais moins
fréquemment.
16. Colymbetes paludosus, Fab. Gallia.
17. Colymbetes uliginosus, Fab. Suecia.
18. Colymbetes aquilus, Dej. Gallia meridionalis.
Ces trois espèces habitent les eaux vives de la contrée de Thuir;
nous les avons trouvées très-rarement dans nos marais. Le Colym-
betes paludosus est plus bombé que les autres; il est d'un noir
brillant; les bords du corselet et les parties de la bouche sont
rougeâtres; les élytres bruns avec des points enfoncés, forment,
vers l'extrémité, des stries irrégulières.
19. Colymbetes femoralis, Payk. Paris.
20. Colymbetes abbreviatus, Fab. Gallia.
21. Colymbetes basalis, Dej. )
) Gallia meridionalis.
22. Colymbetes meridionalis, Dej.)
TOME III. 39
010 HISTOIRE NATURELLE.
23. Colymbetes quadriguttatus, Dej. Paris.
24. Colymbetes congener, Gyllen. Suecia.
Ces six espèces se trouvent dans les eaux des parties basses
de la Salanque, dans les mares d'eau des environs du Cagarell
et à YAgulla de la Mar. C'est toujours en traînant le filet sur
la vase et parmi les plantes aquatiques qu'on est sûr de se les
procurer.
Onzième Genre, Laccophilus, Leach.
i. Laccophilus minutus, Fab. Suecia.
2. Laccophilus obscurus, Panz. Paris.
3. Laccophilus variegatus, Knoch. Gallia meridionalis .
On trouve ces trois espèces dans les mares du littoral et dans
les eaux vives de la plaine, notamment à la lunette neuve, située
au pied de la citadelle de Perpignan. Le Variegatus est plus rare
que les autres espèces. Dejean regarde Y Obscurus comme une
variété du Minutus : nous pensons que cette remarque est juste.
On ne peut lui trouver de différence bien marquée, si ce n'est
la couleur générale plus sombre et les taches moins distinctes.
Douzième Genre, Noterus, Latr.
1. Noterus laevis, Dej. Gallia meridionalis.
2. Noterus crassicornis, Fab. Paris.
Comme les précédents, il vit dans les mares et les fossés dont
l'eau est stagnante, derrière la citadelle de Perpignan, et dans
les parties basses de Canet et de Chàteau-Roussillon.
Treizième Genre, Hygrobia, Latr.
I. Hygrobia Hermanni, Fab. Paris.
Trouvée sur la route de Port-Vendres, au-delà du pont sur le
Tech, dans les eaux vives et stagnantes, cette espèce est très-
rare.
INSECTES. 611
Quatorzième Genre, Haliplus, Latr.
1. Haliplus œquatus, Dej. Lombardia.
2. Haliplus elevatus, Panz. Gallia.
5. Haliplus ferrugineus, Lin. Suecia.
4. Haliplus badius, Ullrich. Gallia meridionalis .
o. Haliplus variegatus, Dej. ^ p
6. Haliplus impressus, Fab. )
marginepunctatus, Sturm. (var.) Germania.
7. Haliplus bistriolatus, Duftschmid. ) n
r '• Paris.
8. Haliplus obliquus, Fab. )
9. Haliplus rotundatus, Dahl. Gallia meridionalis.
Comme tous les Insectes de la famille des Hydrocanthares, ce
genre se trouve dans les eaux vaseuses. Leur petite taille les
fait échapper à nos recherches; cependant, lorsqu'on retire le
filet des eaux, après l'avoir promené quelque temps sur la vase,
il n'est pas rare d'y en trouver quelques-uns; ils se tiennent aussi
sous les pierres, au fond des fossés ou des mares. Les Obliquus,
Ferrugineus et Variegatus sont plus rares que les autres.
Quinzième Genre, Hydroporus, Latr.
\. Hydroporus picipes, Fab.
2. Hydroporus sexpustulatus, Fab.
5. Hydroporus erythrocephalus, Fab. \ Paris.
4. Hydroporus planus, Fab.
5. Hydroporus tristis, Payk.
Il faut encore chercher les espèces de ce genre dans les eaux
stagnantes. Elles se tiennent dans la vase, au pied des plantes
aquatiques qui croissent au milieu des eaux et sous les pierres
du fond des mares. C'est avec le filet qu"on peut les saisir, en le
promenant et en l'agitant sur la vase. On trouve assez commu-
nément ces cinq espèces.
51 ~2 HISTOIRE NATURELLE.
6. Hydroporus duodecimpustulatus, Fab. Gallia.
Cette très-jolie espèce est assez rare ; on la trouve plus parti-
culièrement dans les petits gouffres des torrents qui descendent
des Albères , à Sorède et dans le vallon de Banyuls-sur-Mer.
Elle est d'un jaune-rougeàtre, avec le bord antérieur du corselet
noir; les élytres sont noirs, surmontés de six larges taches chacun,
qui ont les bords rougeâtres.
7. Hydroporus distinctus, Dei. ) „ ...
_ „ . . T11. [ ballia meridionalis.
8. Hydroporus opatnnus, Illig. )
9. Hydroporus lineatus, Fab. Paris.
Ces trois espèces sont communes dans toutes les eaux des par-
ties basses de la Salanque. UOpatrinus est pubescent, ponctué et
d'un noir assez luisant. Le Lineatus a les élytres noirâtres, avec
le bord extérieur jaunâtre, et quatre lignes longitudinales de la
même couleur.
10. Hydroporus pictus, Fab. i .
11. Hydroporus inaequalis, Fab. )
12. Hydroporus fluviatilis, Leach. Anglia.
15. Hydroporus cristalus, Dej. Gallia meridionalis.
Ces quatre espèces sont très-petites et on les saisit avec diffi-
culté; elles se trouvent aussi au fond des eaux vaseuses. Le Pictus
est noir et ponctué ; les élytres offrent une tache jaune irrégulière à
la base, et une autre tache crochue à l'extrémité, réunies ensemble
par une ligne de la même couleur. Nous trouvons quelquefois une
variété fort remarquable de cette espèce , à laquelle la ligne qui
réunit les deux taches des élytres manque tout à fait.
14. Hydroporus reticulatus, Fab. Paris.
quinquelineatus, Zetters. (\ar.)Lapponia.
Cette espèce se trouve quelquefois sur les plantes, dans le
voisinage des eaux. Elle est d'un jaune-ferrugineux; les élytres
sont noirs et sinués (rare).
INSECTES. 613
15. Hydroporus griseostriatus, Gyll. Suecia.
16. Hydroporus lepidus, Schon. ) „ „.
._ _ , . . _ . [ Gallia meridionalis.
\t. Hydroporus neglectus, Dej. )
18. Hydroporus nigrita, Fab. Paris.
Ces quatre espèces sont communes dans les eaux vives du ter-
ritoire de Canohès. Nous les trouvons aussi sous Chàteau-Rous-
sillon, dans les eaux de cette contrée, toujours dans la vase et
parmi les plantes aquatiques.
19. Hydroporus geniinus, Fab. ) „ .
( Paris
20. Hydroporus flavipes, Oliv. S
21. Hydroporus pumilus, Dej. Gallia méridionales.
22. Hydroporus lineolatus, Dabi. Italia.
Ces quatre espèces, excessivement petites, sont communes dans
toutes les eaux des parties basses des deux bassins de La Tet et du
Tech, près des étangs et des eaux stagnantes des fossés; on les
saisit avec difficulté à cause de leur très-petit volume. M. Dejean
regarde le Lineolatus comme une variété du Flavipes.
23. Hydroporus dorsalis, Fab. Paris.
On le trouve dans les eaux bourbeuses. C'est une très-petite
et fort jolie espèce: elle offre deux variétés. Dans l'une, les
taches de la base des élytres, réunies au bord externe, forment
une espèce de faciès assez bizarre ; dans l'autre , ces taches
n'existent pas.
24. Hvdroporus cuspidatus, Germar. / „
J r * Germama.
2o. Hydroporus lincellus, Gyllen. N
26. Hydroporus velutinus, Dej. Nord.
27. Hydroporus minutissimus, Dej. Gallia meridionalis.
Comme toutes les espèces de ce genre, celles-ci sont très-petites,
et se trouvent aussi dans la vase et sur les plantes qui vivent dans
l'eau, sous les pierres qui sont au fond. On ne peut se les pro-
614 HISTOIRE NATURELLE.
curer qu'à l'aide du ftlet, qu'on promène dans la vase. Les eaux
vives et dormantes sont celles où on les trouve de préférence.
28. Hydroporus fasciatus, Dahl. Italia.
29. Hydroporus varius, Dej. Gallia meridionalis.
30. Hydroporus canaliculatus, Illig. Hispania.
51. Hydroporus nigrolineatus, Stev. Russia meridionalis .
Nous avons constamment trouvé ces espèces dans les eaux
stagnantes des fossés aux environs de Salses, vers les parties
basses; c'est aussi à l'aide du filet qu'on peut se les procurer.
Leur petite taille est cause qu'elles échappent souvent à nos
recherches.
Seizième Genre, Hyphidrus, Latr.
1 . Hyphidrus variegatus, Illig. Gallia meridionalis.
2. Hyphidrus ovatus, Lin. Suecia.
3. Hyphidrus ovalis, Fab. (var. de YOvatus.) Paris.
Ce genre se trouve aussi dans les eaux de toute la Salanque,
les fossés où l'eau séjourne , et les flaques d'eau que la rivière
forme par ses débordements. Il ressemble assez au genre pré-
cédent; mais le corps court, épais, ovale, presque globuleux,
le fait bientôt distinguer.
Dix-septième Genre, Gyrinus, Lin.
1. Gyrinus lineatus, Hoffman. Gallia.
2. Gyrinus natator, Fab. Paris.
5. Gyrinus marinus, Gyll. Gallia.
4. Gyrinus minutus, Fab. Suecia.
5. Gyrinus angustatus, Dabi. Dalmatia.
6. Gyrinus elongatus, Dahl. Austria.
7. Gvrinus bieolor, Payk. ; _
» „ ; , ,. î Suecia.
<S. Gvnnus dorsabs, Gvll. )
INSECTES. 615
Le genre Gyrin est un des plus naturels qui existent ; aussi
a-l-il été admis par tous les entomologistes. Placé par Geoffroy
et Linné parmi les Hydrocanlhares , à cause de ses mœurs
aquatiques et carnassières, il devrait, cependant, en être séparé
en raison de l'organisation extérieure de l'Insecte à l'état parfait.
En effet, les Gyrins, quoiqu'ils aient la même manière de vivre et
presque les mêmes habitudes que les Hydrocanthares, en diffèrent
beaucoup, non-seulement, par leur forme considérée générale-
ment, mais encore par la structure particulière de leurs antennes
et de leurs pattes, et surtout par la manière dont leurs yeux sont
séparés en deux par les parties latérales de la tête; de sorte qu'ils
semblent en avoir quatre, deux en dessus et deux en dessous.
Singulière anomalie dans l'ordre des Coléoptères.
Cette séparation a été faite par M. le docteur Aube , qui en a
fait une famille distincte , divisée en sept genres. Voici comment
il caractérise cette famille : « Corps ovalaire, plus ou moins con-
vexe en dessus, plat en dessous; tête en partie engagée dans le
corselet; deux paires d'yeux, l'une supérieure et l'autre infé-
rieure; antennes très-courtes, offrant onze articles, le premier
très-petit, le second très-gros, presque sphérique, le troisième
triangulaire , dirigé en dehors en forme d'oreillette , les huit
suivants très-serrés , à peine distincts , et formant une petite
massue allongée. Elles sont insérées dans une cavité latérale,
profonde, située un peu en avant des yeux supérieurs. Menton
très-profondément échancré; mandibules courtes et bidentées;
mâchoires très-aiguës et ciliées en dedans; palpes au nombre de
quatre, les maxillaires internes n'existant pas; corselet trans-
versal ; écusson, tantôt apparent, tantôt invisible ; élytres tronqués
à l'extrémité et ne couvrant pas entièrement l'abdomen; ailes
constantes; prosternum très-court et comprimé en carène; pattes
antérieures très-longues, grêles, ayant les tarses garnis de brosses
soyeuses dans les mâles, se plaçant, dans le repos, dans un large
sillon oblique situé sur les côtés de la poitrine, les intermédiaires,
assez éloignées des antérieures, sont, ainsi que les postérieures.
616 HISTOIRE NATURELLE.
très-courtes; larges, fortement comprimées, presque membra-
neuses et garnies en dehors de petits cils aplatis ; les articles de leurs
tarses, au nombre de cinq, sont presque confondus, le premier,
large, triangulaire; les deuxième et troisième, très-étroits et lon-
guement prolongés en dehors ; le quatrième est également étroit
et supporte à son extrémité le cinquième, qui est très-petit et
garni de deux petits crochets peu visibles. Ces deux dernières
paires de pattes sont propres à la natation. Le prolongement
des tranches postérieures est peu saillant et offre de chaque côté
une espèce de sillon pour loger les pattes de derrière. Presque
toujours placés à la surface de l'eau , les Gyrins y reçoivent la
lumière d'une manière directe , et comme ils sont revêtus de
couleurs métalliques bronzées et très-brillantes, on croirait voir
autant de perles s'agiter sur l'eau lorsque le soleil frappe ces
Insectes de ses rayons pendant qu'ils exécutent leurs évolutions.
Us se meuvent dans toutes les directions avec une vitesse et une
aisance que n'offrent point les Poissons les plus agiles; mais
leurs mouvements sont plus particulièrement circulaires , ce qui
leur a valu le nom de Tourniquet, que leur a donné Geoffroy W.
La disposition de leurs yeux, qui leur permet de voir ce qui se
passe en dessus comme en dessous d'eux, les rend extrêmement
difficiles à surprendre. »
Les Gyrins se réunissent souvent en grand nombre à la sur-
face de l'eau ; alors seulement on peut espérer de s'en procurer
quelques-uns, en s'y prenant adroitement avec le filet, car
presque tous échappent à l'adresse du pêcheur par leur vigilance
et la promptitude de leur fuite. Us se transportent d'une mare
à une autre en volant; leurs ailes bien développées leur per-
mettent la locomotion aérienne. Les Gyrins sont généralement
des insectes très-petits. On en voit pendant toute la belle saison
dans les lacs, les marais, les étangs, en un mol dans toutes les
eaux tranquilles ; on en trouve même dans de petites mares
formées momentanément dans quelques cavités par les pluies.
(f) Nos paysans loi donnent le nom de Pos$a de Angtiila (puce d'anguille).
INSECTES. fit 7
Dix-huitième Genre, Orectochilus, Eschs.
1. Orectochilus villosus, Fab. Gallia.
On a séparé cette espèce du genre Gyrinus pour en former le
type du genre Orectochilus, qui est le quatrième genre de la famille
des Gyrws du docteur Aube. Cet Insecte est olivâtre et couvert en
dessus d'un léger duvet gris. Il vit dans les eaux courantes (rare).
Famille des Brachelytres.
La famille des Brachelytres ou Staphylins créée par
Latreille et adoptée par tous les entomologistes français,
est une des plus difficiles à étudier , à cause du grand
nombre d'espèces presque microscopiques ou peu carac-
térisées qu'elle renferme. M. Erichson en a fait la mono-
graphie après avoir réuni les matériaux épars de plusieurs
entomologistes qui s'étaient occupés spécialement de cette
famille, tels que Paykull, Gravenhorst, Mannerheim, Nord-
mann, etc.
Ce qui frappe le plus, au premier coup-d'œil, dans les
caractères des espèces de cette famille , c'est une forme
très-allongée, aplatie; une tête large, avec des antennes
courtes et des mandibules fortes et avancées; un pro-
thorax court ; un abdomen très-long et couvert seulement
en partie par les élytres, qui sont plus ou moins courts
et tronqués carrément ou obliquement à leur extrémité;
des pattes médiocres et assez grêles, avec les tarses anté-
rieurs ordinairement dilatés.
Ces_ Insectes sont tous très-agiles , et volent pour la
plupart assez bien; néanmoins, ils font assez rarement
usage de leurs ailes. Celles-ci, quoique protégées par des
élytres très-courts, sont cependant très-longues quand elles
sont développées, et se trouvent, dans l'état de repos,
618 HISTOIRE NATURELLE.
pliées sur elles-mêmes en trois ou quatre parties. Pres-
que tous les Insectes de cette famille ont l'habitude de
relever en courant leur abdomen. Cette partie de leur corps
est extrêmement flexible, et c'est à l'aide des mouvements
qu'ils lui donnent, qu'ils font rentrer leurs ailes sous les
élytres lorsqu'ils cessent de voler. Leur anus est garni de
deux vésicules coniques, velues, que l'Insecte fait sortir à
volonté, et d'où s'échappe une vapeur très-subtile et très-
odorante. Les espèces qui vivent de matières animales ou
végétales décomposées, exhalent une odeur de musc parti-
culière à tous les Coléoptères nécrophages.
Les Brachelytres sont en général très-voraces. On les
trouve dans les cadavres, le fumier, les matières excrémen-
tielles, les plaies des arbres, les bolets et sous les écorces.
Quelques-uns ne fréquentent que les fleurs, et un petit
nombre vit en société avec la Formica rufa, Fab. (rabaxi,
en catalan). Leurs larves ressemblent beaucoup a l'insecte
parfait; vivent dans les mêmes endroits, et se nourrissent
des mêmes matières. Il est assez rare de les rencontrer,
et on n'en connaît qu'un très-petit nombre.
Premier Genre, Velleius, Leach.
i . Velleius dilata tus, Fab. Gallia.
On le trouve près des monceaux de fumier et dans les champs
où il en a été répandu, sous les mottes et parmi les broussailles;
il est toujours isolé et probablement attiré en ces lieux par les
larves des divers insectes qui s'y tiennent (rare).
Deuxième Genre, Emus, Leach.
1 . Emus maxillosus, Fab. Paris.
Il est commun près des tas de fumier des écuries à la cam-
INSECTES. 619
pagne; il n'est pas rare de le voir voltiger dans les mes où se
trouve une écurie avec du fumier (commun).
2. Emus hirtus, Fab. Paris.
Cette espèce se trouve constamment près des corps morts, des
reptiles en putréfaction, des taupes, et de toute sorte d'animaux
qui se décomposent. En fouillant dans ces cadavres, on est sûr
d'y trouver ce joli Insecte (commun).
5. Emus erythropterus, Fab. Paris.
dimidiaticornis, Zieg. Austria.
Cette espèce se trouve particulièrement parmi les broussailles
entraînées par les eaux dans les parties basses de tout le littoral
(commune).
4. Emus oleus, Fab. Paris.
5. Emus fossor, Fab. Gallia.
On trouve ces deux espèces dans les champs, sous les pierres
et les broussailles, souvent aussi près des corps morts. Lorsqu'on
place quelque cadavre comme appât pour y prendre des insectes,
il n'est pas rare d'y trouver ces deux espèces réunies (communes).
6. Emus nebulosus, Fab. ; _ .
' Parts
7. Emus cyaneus, Fab. \
cyanescens, Zieg. (var.) Styria.
H. Emus similis, Fab. Paris.
alpestris, Dabi, (var.) i
9. Emus fuscatus, d'aveuli. S
10. Emus morio, Fab. Paris.
Ces cinq espèces se trouvent répandues dans les champs,
sous les mottes, dans les broussailles et sous les pierres où il
y a de l'humidité. Les Fmcatus et Morio sont regardés comme
deux variétés de la même espèce, et réellement les caractères qui
620 HISTOIRE NATURELLE.
peuvent les distinguer, sont peu sensibles. Ils sont plus rares que
les autres.
11. Emus pubescens, Fab. ) _ .
> rdV'IS.
12. Emus aeneocephalus, Fab. \
On trouve ces deux espèces sous les broussailles qui ont été
accumulées dans les fossés par les eaux, dans toutes les parties
basses et près des étangs de toute la Salanque ; elles n'y sont pas
cependant très-communes.
15. Emus rufipes, Latr. Paris.
Dejeanii, Dabi. Dalmatia.
Nous avons constamment trouvé cette espèce dans les régions
élevées de nos montagnes, dans les champs, sous les mottes de
terre et parmi les broussailles des fossés (rare).
14. Emus lutarius, Gravenhorst. Gallia.
15. Emus mûri nus, Fab.
16. Emus rufipalpis, Dej.
17. Emus jucundus, Dej, Jtalia.
Dans les champs, les vignes, les olivettes, au pied des arbres
où se sont accumulées des broussailles putrescibles. Près des tas
de fumier formés depuis quelque temps; en en remuant les bords,
on est sûr d'y trouver quelqu'un de ces insectes. Le Murinus et
le Jucundus sont plus rares.
Troisième Genre, Astrapeus, Grav.
1. Astrapeus ulmineus, Fab. Paris.
2. Astrapeus picipes, Payk. Styria.
On trouve ces deux espèces dans les bois des régions moyen-
nes, sous les écorces et parmi les broussailles du pied des arbres,
près des charognes et des matières végétales en putréfaction
(très-rares).
INSECTES.
621
Quatrième Genre, Microsaurus, Dej.
1. Microsaurus fuliginosus, Grav.)
2. Microsaurus impressus, Grav.[ Paris.
5. Microsaurus floralis, Dahl. )
4. Microsaurus boops, Grav. Suecia.
o. Microsaurus lœvigatus, Gyll. Gallia.
6. Microsaurus vicinus, Dej. Paris.
Les espèces de ce genre se trouvent répandues dans la plaine
et dans les régions moyennes de nos montagnes ; en général
dans les champs, sous les mottes, les bouses, les broussailles,
et partout où il y a des excréments.
V Impressus et le Lœvigatus sont assez rares.
1. Staphy
2. Staphy
3. Staphy
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14. Staphy
15. Staphy
nquième Genre, Staphy linus, Lin.
nus cyanipennis, Grav. Gallia.
nus cœrulescens, Dej. Paris.
nus consimilis, Dej. Italia.
nus ruhmanus, Dej. Gallia meridionalis.
nus tristis, Zieg. Austria.
nus œneus, Grav. Paris.
nus cœnosus, Grav. Gallia.
nus politus, Fab. j
nus intermedius, Dej. [ Paris.
nus sanguinolentus, Grav. )
nus punctus, Grav. Gallia.
nus bimaculatus, Grav. Austria.
nus quisquiliarius, Gyll. )
nus varians, Gyll. J
nus nigrans, Dahl. Austria.
Parii
622 HISTOIRE NATURELLE.
16. Staphylinus ebeninus, Grav. ( u
17. Staphylinus bipustulatus, Fab. )
18. Staphylinus dimidiatus, Dej. Austria.
19. Staphylinus dimidiatipennis, Dej.) „ ...
20. Staphylinus distinguendus, Dej. )
21. Staphylinus virgo, Grav. i _ .
22. Staphylinus splendidulus, Grav. \ L
25. Staphylinus vernalis, Grav. Austria.
Ce genre très-nombreux est répandu dans tout le département.
On trouve ces Insectes dans des endroits si différents, qu'on ne
peut leur assigner de localité fixe ; mais toutes les matières pu-
trescibles, les charognes, les fumiers, les excréments de toute
espèce, les amas de végétaux, le pied des arbres garnis de débris
et de mousses, sont leur repaire ; ils s'y trouvent bien parce que
ces endroits recèlent beaucoup de larves dont ils font leur nour-
riture.
Toutes ces espèces ne sont pas aussi communes les unes que
les autres. Nous citerons comme les plus rares, le Dimidiatus,
le Splendens, le Rufimanus et le Distinguendus.
Sixième Genre, Cafius, Leach.
1. Cafius xantholoma, Grav. Gallia.
2. Cafius littoralis, Dej. Gallia meridionalis.
Ces deux espèces, quoique rares, se trouvent dans les bouses
des prairies montagneuses fréquentées par les bestiaux.
Septième Genre, Xantholinus, Dahl.
1. Xantholinus pyropterus, Grav. Paris.
2. Xantholinus meridionalis, Dej. Gallia meridionalis.
Paris.
o. Xantholinus fulgidus, Grav.
4. Xantholinus elongatus, Grav.
INSECTES. biâ
5. Xantholinus elegans, Grav. Germania.
6. Xantholinus ochraceus, Grav. Paris.
longiceps, Gyll. (var.) Suecia.
7. Xantholinus minutus, Dej. Gallia meridionalis.
8. Xantholinus Hispanicus, Dej. Hispania.
9. Xantholinus lentus, Grav. Suecia.
10. Xantholinus cadaverinus, Dahl. ) . A .
f Austria.
11. Xantholinus episcopalis, Knoch. ^
Répandus dans tout le département, ces Insectes n'ont pas de
localité fixe. Nous les avons pris dans des endroits bien différents,
mais de préférence sous les pierres humides où il y a des matières
en décomposition. Le Pyropterus, le Minutus, Y Hispanicus, le
Cadaverinus et Y Episcopalis sont rares.
Huitième Genre, Saur iodes, Dej.
1. Sauriodes fulminans, Grav. Paris.
2. Sauriodes punctatissimus , Dej. Gallia meridionalis.
5. Sauriodes alternans, Grav. Germania.
4. Sauriodes melanocephalus, Grav. Austria.
Mêmes habitudes que le genre précédent; on les trouve dans
les mêmes localités, répandus dans tout le département. Ils sont
assez rares.
Neuvième Genre, Âchenium, Leach.
1. Achenium cordatum, Dahl. Paris.
2. Achenium depressum, Grav. Austria.
5. Achenium testaceum, Dej. Hispania.
4. Achenium anale, Dej. Rassia meridionalis.
Pour se procurer les Insectes de ce genre , il faut fouiller les
écorces des arbres; quelquefois on les trouve au pied des arbres
garnis de mousse, dans les endroits humides et aussi sous les pierres.
t)24 HISTOIRE NATURELLE.
Dixième Genre, Lathrobium, Grav.
1. Lathrobium pilosum, Grav. Austria.
2. Lathrobium elongatum, Fab. Paris.
3. Lathrobium fuliginosum, Dej. ]
4. Lathrobium biguttulum, Meg. J G allia meridionalis .
5. Lathrobium méridionale, Dej. )
6. Lathrobium ançusticolle, Dahl. ) n .
} Paris .
7. Lathrobium multipunctatum, Grav. )
8. Lathrobium rufipenne, Gyll. Suecia.
Ce genre se trouve généralement sous les pierres humides , le
long des cours d'eau, notamment à l'embouchure des canaux qui
charrient les immondices de la ville, et dans les ruisseaux où se
trouvent des matières putréfiées. Le Biguttulum et YAngusticoUe
sont très-rares.
9. Lathrobium brunipes, Fab. Gallia borealis.
10. Lathrobium Gyllenhalii, Dej. Suecia.
H. Lathrobium siculum, Dej. Sicilia.
12. Lathrobium difficile, Dej. Italia.
Ces quatre espèces ont été trouvées sur les bords des ravins qui
se jettent dans la rivière de Vernet, entre Saint-Martin-du-Canigou
et Castell, sous les pierres et les détritus des végétaux. Probable-
ment elles doivent habiter les environs des jasses de la première
station des bestiaux (rares).
Onzième Genre, Pœderus, Fab.
1 . Paederus littoralis, Grav. Paris.
2. Paederus riparius, Fab. Gallia.
3. Paederus melanurus, Gêné. Italia.
A. Paederus ruficollis, Fab. Paris.
Il faut, pour se procurer les Insectes de ce genre, parcourir les
bords des rivières de La Tet et du Tech, et les bords des torrents
INSECTES. &2~>
qui viennent se jeter dans ces rivières; les pierres humides et
les broussailles renferment la plupart des espèces de ce genre.
Le Ruficollis est rare.
Douzième Genre, Lithocaris, Dej.
1. Lithocaris testacea, Dej. Paris.
2. Lithocaris ferruginea, Dej. Hispania.
5. Lithocaris bicolor, Grav. Austria.
I. Lithocaris misella, Dej. Gallia meridionalis.
5. Lithocaris exigua, Dej. Italia.
6. Lithocaris minuta, Dej. Gallia meridionalis.
7. Lithocaris pusilla, Dej. Dalmatia.
8. Lithocaris fuscula, Ziegl. Austria.
Non-seulement ce genre habite sous les pierres humides le
long des cours d'eau, mais on le rencontre encore dans tous les
endroits humides où se trouvent des broussailles amassées. Ces
Insectes sont petits, très-agiles et difficiles à saisir. Les Pusilla
et Fuscula sont très-rares.
Treizième Genre, Rugilus, Leach.
1. Rugilus orbiculalus, Fab. Paris.
megacephalus, Dahl. (var.) Austria.
2. Rugilus scabricollis, Dahl. Austria.
5. Rugilus fragilis, Grav. Italia.
Les Rugilus sont des Insectes qu'il faut aussi chercher sous
les pierres humides et parmi la mousse du pied des arbres. Les
deux derniers sont très-rares; on les trouve dans les ravins des
environs d'Oms, sous les amas de végétaux en putréfaction.
Quatorzième Genre, Astenus, Dej.
1. Astenus procerus, Knoch. Paris.
2. Astenus anguinus, Dej. Gallia meridionalis.
TOME III. 40
6?t> HISTOIRE NATURELLE.
5. Àstenus quadricollis, Dej. Hispania.
4. Astenus bimaculatus, Dej. Gallia meridionalis.
T>. Astenus intermedius, Dej. Italia.
Lieux humides et pierreux , mais toujours près des matières
en décomposition. Nous les avons trouvés dans toutes les régions.
Quinzième Genre, Dianous, Leach.
4. Dianous rugulosus, Leach. Anglia.
2. Dianous eordatus, Grav. Gallia meridionalis.
Mêmes habitudes et mêmes lieux que le genre précédent, dont
ils diffèrent peu.
Seizième Genre, Sternes, Fab.
1. Slenus biguttatus/Fab.
2. Stenus oculatus, Grav.
3. Stenus ater, Dabi. i
4. Stenus cicindeloïdes, Grav. ]
5. Stenus brunipes, Dej. Suecia.
6. Stenus spécula tor, Dabi. Paris.
7. Stenus geniculatus, Dej. Gallia meridionalis.
8. Stenus rusticus, Dej. Italia.
9. Stenus binotatus, Grav. Paris.
JO. Stenus carbonarius, Dej. Suecia.
41. Stenus contractatus, Dej. Italia.
42. Stenus fuscipes, Grav. Suecia.
15. Stenus latifrons, lùiocb. Austria.
14. Stenus bifoveolatus, Gyll, Suecia.
15. Stenus circularis, Grav. Austria.
Les Insectes qui appartiennent à ce groupe, se trouvent dans
des localités si différentes qu'on ne peut en indiquer de bien
précises. Cependant, ce sont toujours les endroits humides qu'il
INSECTES. 6'2"t
faut touiller pour les avoir, sous les écorces, sous les pierres,
dans la mousse au pied des arbres, sous les débris des végétaux.
On en trouve de répandus dans toutes les régions, et, en fouillant
les bouses des environs des jasses des régions moyennes, on en
fait bonne provision.
Dix-septième Genre, Oxiporus, Fab.
1. Oxiporus rul'us, Fab. Paris.
2. Oxiporus maxillosus, Fab. Germania.
C'est encore sous les pierres humides, au bord des cours d'eau
qu'on trouve ce genre d'insectes.
Dix-huitième Genre, Prognatus, Latr.
1. Prognatus quadricornis, Kirb. Gallia occidentales.
Nous avons trouvé toujours cet Insecte, qui du reste est fort
rare, dans les fourmilières.
Dix-neuvième Genre, Bled lus, Leach.
1. Bledius armatus, Dej. Gallia meridionalis.
2. Bledius tricornis, Grav. Gallia.
5. Bledius taurus, Dej. Gallia meridionalis.
4. Bledius litigiosus, Dej. Ilalia.
o. Bledius vitulus, Dej. Gallia meridionalis.
6. Bledius procerus, Dahl. Austria.
7. Bledius maxillosus, Dej. Gallia meridionalis.
8. Bledius obscurus, Leach. Ânglia.
9. Bledius femoralis, Dej. ) _
Mf\ ru i- i ~ ,. [ Suecia.
10. Bledius talpa, Gyll. )
U. Bledius unicornis, Dej. llhjria.
Lieux humides, parmi les broussailles, le pied des arbres
garnis de mousse, dans les bouses et les fourmilières. UObscurus
et Y Unicornis sont fort rares.
tï2K HISTOIRE NATURELLE.
Vingtième Genre, Platystethus, Mann.
1. Platystethus Cornatus, Grav. î .
2. Platystethus striolatus, Ziegl. \
3. Platystethus nodifrons, Mann. Russia borealis.
Mêmes lieux que le genre précédent, dont il a toutes les habi-
tudes. Ces trois Insectes sont fort rares.
Vingt-unième Genre, Oxitelus , Grav.
1. Oxitelus l'uscatus, Dej. Nord.
2. Oxitelus piceus, Grav. j
3. Oxitelus flavipes, Dahl. [ Paris.
4. Oxitelus depressus, Grav. )
5. Oxitelus fusculus, Sturm. Germania.
6. Oxitelus rugosus, Leach. Anglia.
Comme les genres précédents, ils habitent les mêmes lieux,
sous les débris des végétaux amassés dans les endroits humides ,
sous les pierres et les mousses, et sont répandus dans toutes les
contrées où se trouvent des matières putrescibles. Les trois der-
niers sont très-rares.
Vingt-deuxième Genre, Anthophagus, Grav.
1. Anthophagus ohscurus, Grav. Suecia.
2. Anthophagus ambiguus, Dej. \
5. Anthophagus tlavipennis, Dej. > Gallia meridionalis.
4. Anthophagus dichrous, Grav. )
0. Anthophagus rufîpennis, Dej. Gallia orientalis.
6. Anthophagus bimaculatus, Dahl. Austria.
1. Anthophagus Hispanicus, Dej. Hispania.
8. Anthophagus binotatus, Fab. Gallia orientalis.
9. Anthophagus caraboïdes, Grav. Suecia.
10. Anthophagus cribarrus, Dej. Ttalia.
TNSFCTES.. 620
Habitent les bouses, sous les écorces, les fourmilières et les lieux
humides où se trouvent des broussailles amassées. Le Dichrous et le
Flavipennis sont fort rares. J'ai trouvé les quatre dernières espèces
sous les bouses et les matières végétales en décomposition près la
•lasse de la Solanète, à Cqpta-Bona.
Vingt-troisième Genre, Anthobium.
1. Anthobium oblongum, Dej. j
2. Anthobium rivulare, Grav. j
0. Anthobium fuliginosum, Dej. Gallia.
i. Anthobium Italicum, Dej. Italia.
5. Anthobium florale, Grav. Paris.
6. Anthobium oxiacanlhœ, Dabi. Auslria.
7. Anthobium cgesum, Gyll. Suecia.
8. Anthobium angusticolle, Leach. Anglia.
9. Anthobium salicinum, Gyll. Suecia.
Comme le genre précédent, dont ils ont toutes les habitudes,
ils se trouvent aussi dans les mêmes lieux. Les deux dernières
espèces sont rares.
Vingt-quatrième Genre, Àcidota, Kirb.
1. Acidota crenata, Fab. Paris.
2. Acidota rufa, Dahl. Auslria.
3. Acidota ferruginea, Dej. Paris.
On trouve ces Insectes dans les bouses et les fourmilières, et
sous les pierres des lieux humides.
Vingt-cinquième Genre, Omalium, Grav.
1. Omalium testaceum, Grav. Paris.
2. Omalium productum, Dej. Pijreuœi orientales.
o. Omalium luridum, Dej. Gallia orieatalis.
i. Omalium ophthalmicum, Gyll. Gallia,
680 HISTOIRE NATURELLE.
5. Omalium abdominale, Sturm. Germania.
6. Omalium pygmœum, Grav. Suecia.
Ce genre se compose d'espèces assez petites, qui ont les mêmes
habitudes que les genres précédents. On se les procure dans les
mêmes lieux et dans les mêmes circonstances.
Vingt-sixième Genre, Proteinus, Latr.
1. Proteinus brachypterus, Fab. Paris.
Nous avons toujours trouvé ce petit Insecte sous les écorces des
arbres qui se dessèchent et quelquefois dans les fourmilières (rare).
Vingt-septième Genre, Phlœobium, Dej.
1. Phlœobium depressum, Gyll. Suecia.
2. Phlœobium nitiduloïdes, Dej. Paris.
5. Phlœobium corticale, Dej. Gallia occidentalis.
\. Phlœobium marginicolle, Dej. Paris.
Sous les écorces des arbres abattus dans des lieux humides, les
amas de végétaux rejetés par les inondations et quelquefois dans
les bouses.
Vingt-huitième Genre, Bryocharis, Lacord.
1 « Bryocharis Dahlii, Dej. (var. du Bicolor, Dahl.) Auslria.
Cet Insecte, qui est excessivement rare, a été toujours trouvé
aux Albèrcs dans les fourmilières et très-profondément.
Vingt-neuvième Genre, Bolitobius, Leach,
1. Bolitobius atricapillus, Fab. Paris.
"2. Bolitobius distinctus, Dej. Gallia.
3. Bolitobius trimaculatus, Fab. ) _
,_,... „ . ; Suecia.
4. Bolitobius pygmœus, rah. \
5. Bolitobius merdarius, Fab. Auslria.
6. Bolitobius terminatus, Dej. Oroatia.
INSECTES. 0$
7. Bolitobius lormosus, Grav. Russia boreulis.
8. Bolitobius brunneus, lllig, Auslria.
Insectes très-petits, qui habitent les mêmes lieux que les genres
voisins, et qu'on trouve disséminés dans toutes les localités que1
nous venons d'énumérer; quelques-uns sont fort rares.
Trentième Genre, Mycetoporus, Mann.
1. Mycetoporus rufescens, Dej. Paris.
Insecte fort joli et très-rare, de bien petite taille. On ne le trouve
que sur le bord des eaux, sous les pierres humides.
Trente-unième Genre, Tachinus , Grav.
1. Tachinus humeralis, Grav. Paris.
2. Tachinus ruiîpennis, Gyll. Suecia.
5. Tachinus marginellus, Fab. Paris*
i. Tachinus subterraneus, Fab.
5. Tachinus collaris, Grav.
6. Tachinus punctatus, Dej. Ausjtria.
7. Tachinus scapularis, Dej. Russia borealis.
8. Tachinus dubius, Gyll. Finlandia.
9. Tachinus laticollis, Grav. Suecia,
Ce genre se compose d'insectes de très-petite taille. Ils habitent
les bouses, les champignons et sous les écorces. Quelques-uns
sont fort rares.
Trente-deuxième Genre, Tachyporus, Grav.
1. Tachyporus margïnatus, Grav. Paris.
2. Tachyporus chrysomelinus, Fab. Suecia.
5. Tachyporus pubescens, Grav. ) . J .
•' l . [ Auslna.
ï. Tachyporus saginalus, Grav. S
">. Tachyporus analis, Fab. Paris.
Suecia.
632 HISTOIRE NATURELLE.
^ . \ J* . { Gallia meridionalis.
7. Tachyporus circumdatus, Dej. )
8. Tachyporus humerosus, Knoch. Austria.
9. Tachyporus abdominalis, Fab. Suecia.
Les Insectes qui composent ce genre ont des couleurs très-
variées et sont excessivement agiles. Quand on découvre leur
retraite, ils fuient en relevant leur abdomen, et sont difficiles
à saisir. Ils habitent les champignons et les bords des tas de
fumier, lorsqu'il est déposé dans les champs.
Trente-troisième Genre, Hypocyphtus, Schup.
1. Hypocyphtus globulus, Dej. Paris.
2. Hypocyphtus longicornis, Gyll. Suecia.
Habitent les fourmilières et les champignons; ils sont très-
petits et très-agiles. On les prend avec difficulté.
Trente-quatrième Genre, Lomechusa, Grav.
1. Lomechusa paradoxa, Grav. Gallia.
2. Lomechusa emarginata, Fab. Suecia.
3. Lomechusa intermedia, Dej. Styria.
Comme les genres précédents, ils sont de petite taille; leurs
couleurs sont agréablement disposées. Us habitent les mêmes
localités.
Trente-cinquième Genre, Âleocharâ, Grav.
1 . Aleocharâ fuscipes (var . du Brevicomis), Dahl. Austria.
2. Aleocharâ lanuginosa, Grav. Paris.
5. Aleocharâ bilineata, Gyll. Suecia.
4. Aleocharâ bipunctata, Grav. Paris.
o. Aleocharâ angustala, Chevrier. Nouv. Espèce. Suecia.
6. Aleocharâ melancholica, Dej. Austria.
7. Aleochara carnivora, Grav
8. Aleochara fumata, Grav.
insectes. 63^
( Suecia.
Mêmes lieux que le genre précédent , dont ils ne sont qu'une
section, et que peu de chose distingue. Les quatre derniers sont
fort rares.
Trente-sixième Genre, Gyrophœna, Mann.
1. Gyrophœna araabilis, Dej. Paris.
2. Gvrophœna nitidnla, Gvll. ) _
_ * , „ > Suecia.
0. Gyrophœna nana, Grav. )
4. Gyrophaena Genei, Dej. Italia.
Les espèces de ce genre sont très-petites. Ces Insectes courent
avec une vitesse extraordinaire lorsqu'on les découvre dans leurs
retraites, toujours sous les végétaux en décomposition et dans
les bouses. On les saisit avec une grande difficulté.
Trente-septième Genre, Oxipoda, Mann.
1. Oxipoda trimadulata, Dej. Gallia orientait*.
2. Oxipoda pallidipennis, Dej. Âustria.
7t. Oxipoda alternans, Grav. Paris.
4. Oxipoda flavicornis, Dej. Italia.
o. Oxipoda obfuscata, Grav. Suecia.
6. Oxipoda anthracina, Dej. Italia.
7. Oxipoda subtilis, Dej. Austria.
8. Oxipoda distincta, Dej. Italia.
Comme le genre précédent, ces Insectes vivent dans les mêmes
localités. Ils sont très-difficiles à saisir, très-agiles et fort petits.
UObfuscata et le Subtilis sont très-rares.
Trente-huitième Genre, Bolitochara, Mann.
\. Bolitochara misella, Dej. )•«»,■ •,• •«
_ ^ ,. * _ . (rallia meridionalis.
2. Bolitochara consentanea, \)e\.y
63 i HISTOIRE NATURELLE.
5. Bolitochara nigriceps, Dej. Gallia.
4. Bolitochara angustula, Gyll. Suecia.
5. Bolitochara boleti, Grav. Paris.
0. Bolitochara melanocephala, Dej. Gallia meridionalis.
7. Bolitochara confusa, Dej. Italia.
8. Bolitochara ruficollis, Dahl. Austria.
9. Bolitochara brevicollis, Dej. Dalmatia.
10. Bolitochara crassicornis, Gyll. Suecia.
11. Bolitochara alricollis, Dahl. Austria.
12. Bolitochara modica, Dej. Italia.
Les Bolitochara, nombreux en espèces, sont assez répandus
dans toutes les parties basses du littoral; ils courent avec vitesse
lorsqu'on les découvre; ils vivent dans les hautes régions, au
milieu des bouses, des fientes, des fourmilières et dans les bolets
en décomposition. Les quatre dernières espèces, qu'on trouve
toujours dans les régions supérieures, sont très-rares.
Trente-neuvième Genre, Drusilla, Leach.
1. Drusilla canaliculata, Fab. Paris.
A peine ce! Insecte diffère-t-il du genre précédent, dont il a
les habitudes. On le trouve surtout dans les champignons.
Quarantième Genre, Homàlota, Mann.
1. Homalota plana, Gyll. Suecia.
Gel Insecte habite les fourmilières dans les bois des régions
moyennes. Nous ne l'avons jamais trouvé dans la plaine (rare).
Quarante-unième Genre, Falagria, Leach.
1. Falagria obscura, Grav. ) ■ .
Paris
2. Falagria lineolata, Dej. j
7). Falagria armiger, Chevrier. Suecia...
INSECTES. 639
I. Falagrïa bimaculata, Chevrier. Sxiecié,
5. Falagria picea, Grav. Austrin.
Ce genre se compose d'insectes de petite tuille, qu'on trouve
dans les prairies humides, sous les bouses et sous les écorces
des arbres. Ils sont très-agiles, et on les prend avec beaucoup
de difficulté.
Quarante-deuxième Genre, Autalia, Leaçh.
J . Autalia rivularis, Grav. Siœcia.
■2. Autalia impressa, Grav. Paris.
Les Autalia sont aussi très-petits et ont les mêmes habitudes
que le genre précédent. On se procure ces Insectes dans les
mêmes lieux et dans les mêmes conditions.
Famille des Sternoxes.
La famille des Sternoxes a été divisée en deux tribus:
celle des BupresUdeset celle des Elaterides; cette dernière
est caractérisée par un appareil particulier placé sous le
sternum et qui lui sert à sauter.
Leurs caractères généraux sont : Mandibules entières;
palpes terminées généralement par un article presque
cylindrique ou ovoïde, quelquefois globuleux; yeux ova-
les; corps le plus souvent ovalaire ; pattes très-courtes.
La forme de ces Insectes est très-variée : les uns sont
cylindriques; d'autres sont aplatis et elliptiques; d'autres
sont ovoïdes; d'autres presque triangulaires; d'autres
enfin linéaires, et, dans tous, l'extrémité des élytres est
plus ou moins acuminée. Toutes ces formes sont géné-
ralement peu gracieuses, ce qui tient d'une part à ren-
foncement de la tète dans le prolhorax, et d'une autre,
a la jonction presque intime de celui-ci avec la base des
63fi . HISTOIRE NATURELLE.
élytres, organisation qui ôte à l'Insecte la liberté de ses
mouvements dans ces diverses parties, et le fait paraître
tout d'une pièce. Mais si, sous ce rapport, les Buprestides
le cèdent à la plupart des autres Coléoptères, notamment
aux Longicomes aux formes élancées , ils l'emportent
sur tous par l'éclat et la vivacité des couleurs dont la
nature s'est plue à les parer. Ici, c'est l'éclat de l'or poli,
brillant sur un fond d'émeraude, ou l'azur qui se détache
sur un fond d'or; là, ce sont des couleurs non métalli-
ques, mais les plus vives et les plus tranchées, et néan-
moins assorties de manière à ne pas offenser l'œil le plus
délicat; enfin, il en est qui, indépendamment de leurs
belles couleurs, sont garnis de touffes ou de pinceaux
de poils auxquels ils doivent un aspect singulier : aussi,
cette tribu est-elle la plus recherchée des amateurs.
Geoffroy, dans son style pittoresque, a donné à ces Insec-
tes le nom de Richards. Leur taille n'est pas moins
variée que leur forme, et présente les plus grands con-
trastes. Généralement les espèces exotiques l'emportent
par leur beauté sur les espèces d'Europe.
Leurs mœurs, à l'état parfait , n'offrent rien de bien
intéressant. L'extrême brièveté de leurs pattes, fait qu'ils
ont beaucoup de peine à marcher ; mais, en revanche,
ils volent avec beaucoup d'agilité , surtout par un temps
sec et chaud. Cependant, lorsqu'on veut les saisir, soit
sur une fleur, soit sur une feuille, soit sur le tronc d'un
arbre où ils aiment à se reposer, ils préfèrent se laisser
choir plutôt que de s'envoler, ce qu'ils peuvent faire sans
se blesser, vu l'extrême dureté de leurs téguments qui
fait souvent rebrousser l'épingle de l'entomologiste qui
veut les transpercer. Les femelles sont pourvues d'une
INSECTES. G37
tarière cornée, au moyen de laquelle elles déposent leurs
œufs dans le bois dont leurs larves doivent se nourrir.
Quant ii celles-ci, elles sont encore peu connues.
Premier Genre, Acmœodera, Eschs.
1. Acmaeodera tœniata, Fab.
2. Acmœodera vestita, Dej. f _ „. ...
* . } trama meridionalis.
o. Acmœodera vanegata, Dej. i
4. Acmaeodera sexpustulata, Dej. '
5. Acmaeodera hirsutula, Dej. Hispania.
6. Acmœodera piloselke, Bonel. Gallia meridionalis .
7. Acmœodera Pedemontana, Dej. Pedemonte.
Ces Insectes vivent dans toutes les régions , et se tiennent sur
les branches des arbustes dans une immobilité complète ; si
on touche la branche, quand on va les prendre, ils se laissent
aussitôt tomber à terre. Comme ils sont ordinairement sur les
aubépines et sur les arbustes qui forment les haies des pro-
priétés, on les perd facilement dans les broussailles ; il faut donc
prendre la précaution de placer au-dessous le parapluie ou le
fdet avant de battre l'arbuste. A de rares exceptions près ,
les Insectes de la famille des Sternoxes vivent sur l'arbre,
l'arbuste ou la plante qui a nourri les larves. Si on veut se
procurer de beaux sujets , il faut les rechercher sur les végétaux
qui les ont nourris. Le Tœniata , le Vestita, VHirsutula et le
Pedemontana sont fort rares.
Deuxième Genre, Capnodis, Eschs.
\ . Capnodis tenebricosa, Fab. Gallia meridionalis.
2. Capnodis cariosa, Fab. Italia.
5. Capnodis tenebrionis, Fab. Gallia meridionalis.
Comme le genre précédent, ces Insectes se tiennent sur les
branches des arbustes et dans les haies ; ils se laissent aussi
038 HISTOIRE NATURELLE.
tonobcr à terre au moindre mouvement qu'on imprime à l'ar-
buste; il faut donc prendre les mômes précautions pour les
avoir. Le Cariosa est très-rare, tandis que les deux autres sont
fort communs.
Troisième Genre, Dicera, Eschs.
1. Dicera aenea, Lin. Gattià meridionalis.
2. Dicera berolinensis, Fab. Gallia.
5. Dicera acuminata, Fab. Suecia.
4. Dicera aurulenta, Chev. Paris.
0. Dicera cruciata, Corap. N. E. Pyrenœi orientales.
Nous trouvons les espèces de ce genre dans les forêts de
chêne et de chêne-vert qui couvrent les pentes des montagnes
moyennes. Elles se tiennent sur les rameaux des arbustes, et de
préférence sur les jeunes pousses, quelquefois sur les plantes
environnantes : en passant le filet dessus, on en prend beau-
coup. Elles ont aussi l'habitude de se laisser tomber dès qu'on
touche à la branche ; il faut donc prendre les mêmes précau-
tions.
Quatrième Genre, Chalcophora, Serv.
1. Chalcophora mariana, Fab. Germania.
2. Chalcophora Fabricii, Rossi. Italia.
Comme le genre précédent, ces Insectes se tiennent sur les
jeunes pousses. En fauchant avec le lîtet sur les fourrés, on en
saisit quelques-uns. Ils sont rares.
Cinquième Genre, Perotis, Meg.
1. Perotis lugubris, Fab. Austria.
Dans les prairies, sur les plantes, et surtout sur la bardane où
il est commun; on le prend abondamment en promenant le filet
sur les fourrés herbeux.
INSECTES. 63j9
Sixième Genre, Ancylochcira , Eschs.
4. Ancylocheira rustica, Fab.
2. Ancylocheira ilavomaculata, Fab. ,
- A , , . ,„ . > (rallia.
o. Ancylocheira octoçuttata. *ab.
4. Ancylocheira punctata, Fab.
5. Ancylocheira strigata, Gebl. Siberia.
On peut se procurer les espèces de ce genre, en les cherchant
sur les jeunes pousses des bois taillis, les buissons, les haies qui
couvrent les coteaux de nos montagnes de la région moyenne.
Il faut aussi prendre certaines précautions pour les avoir, car
ces Insectes se laissent tomber à terre. La larve du Flavomaculata
vit sur le chêne.
6. Ancylocheira sexmaculata, Comp. N. E. Pyr. orient.
Cette nouvelle espèce, que nous avons découverte aux environs
de Perpignan, se fait remarquer par sa tète d'un jaune-ocracé;
corselet d'un vert-bronzé métallique à rellets brillants ; élytres
couvrant entièrement l'abdomen , acuminés à l'extrémité posté-
rieure, d'un vert métallique à reflets; une large tache d'un rouge
de feu à l'extrémité humérale des élvtres et deux taches moins
grandes de la même couleur, l'une à la partie moyenne externe,
l'autre au tiers inférieur externe des élvtres; pattes brunes;
antennes pectinées. Longueur, 15 millim.; largeur, 7 millim.
La larve de cet Insecte vit sur le buisson ardent (Catoneasler
pyracantha, Spach.), et c'est toujours sur cet arbuste ou au pied
que nous avons trouvé ce joli Bupreste.
Septième Genre, Eurythyrea, Serv.
i. Eurythyrea micans, Fab. Italia.
La larve de cet Insecte vit dans le bois des diverses espèces
de peupliers; car nous la trouvons constamment sur les troncs
altérés de ces arbres, près des cours d'eau. M. Pellet en a récolté
plusieurs sujets sortant d'un vieux tronc du brousonetia ou mûrier
à papier (rare).
640 HISTOIRE NATURELLE.
Huitième Genre, Lampra, Meger.
1. Lampra compressa, Gyll. Gallia.
2. Lampra plebeja, Herb. (var.) Germania.
5. Lampra rutilans, Fab. Gallia.
4. Lampra festiva, Fab. Gallia meridionalis.
Les Lampra se tiennent sur les arbres et quelquefois sur les
plantes, mais plus particulièrement sur les arbres; très-souvent
sur leurs troncs et sur les tiges. Ce sont des Insectes qu'il faut
saisir vite; car ils sautent aussitôt qu'ils voient approcher la
main : il est bon d'avoir toujours le filet prêt à les saisir. Les
Rutilans et Festiva sont rares. Leur larve vit sur l'ormeau.
Neuvième Genre, Ptosima, Serv.
1. Ptosima novem maculata, Fab. Gallia meridionalis.
Cet Insecte est assez rare. On le trouve constamment sur les
cerisiers et les pruniers sauvages. La larve vit aux dépens de ces
arbustes, qui sont fort communs dans les fourrés des coteaux de
Saint-Sauveur, entre Perpignan et Chàteau-Roussillon ; sur les
coteaux du Sarrat d'en Vaquer, du Sarrat de las Guillas, et sur
le bord des ruisseaux qui aboutissent à la Basse. Cet Insecte
offre diverses variétés, qui se distinguent par leur taille plus ou
moins grande et par le nombre des taches placées sur les élytres.
M. Villers a nommé Ptosima sex maculata une de ces variétés qui
a six taches et qui est plus petite que la Novem maculata. Il en
est qui ont huit taches et d'autres onze ; je ne crois pas que cela
suffise pour constituer des espèces. Le filet promené sur les
fourrés procure cet Insecte, ou bien on place une toile au-dessous
des arbustes avant de les secouer ; par cette méthode, on se pro-
cure une infinité d'Insectes très-intéressants.
Dixième Genre, Chrysobothris , Eschs.
1. Chrysobothris chrysostigma, Fab. Suecia.
2. Chrysobothris afmis, Fab. Gallia.
INSECTES. 641
Ces deux espèces ont constamment été trouvées en fauchant
avec le filet sur les chaumes fourrés où croit on abondance la
camomille; elles n'y sont pas rares. Leurs larves se nourrissent
sur l'amandier et sur le chène-blanc.
5. Chrysobothris sexgultula, Chevrier. Genève.
Nous avons trouvé celte espèce sur les buissons qui entourent
les propriétés de la plaine , et parmi les haies des vignes du
Vernet et de Malloles. La larve vit, d'après M. Pellet, naturaliste
distingué, dans le bois du cerisier.
4. Chrysobothris multipunctata, Corap. Nouv, Espèce.
Pyrenœi orientales.
Corps ellipsoïdal, déprimé, un peu aplati en dessus, d'un
bronzé métallique brillant ; élylres parsemés de points sans
ordre, légèrement rougeàtres; le dessous du corps terne, un
peu jaunâtre; pattes noires; antennes filiformes. Longueur,
12 millimètres; largeur, 8 millimètres.
Nous avons découvert cet Insecte sur l'aubépine (Cratœgus
monogina, Jacq., ou Mespillus oxiacnntha, Dec), arbuste com-
mun dans toutes les haies du département.
Onzième Genre, Anthaxia, Eschs.
1. Anlhaxia candens, Fab. Illyria.
2. Anthaxia manca, Fab. Paris.
3. Anthaxia chicorii, Oliv. Gallia meridionalis.
4. Anthaxia nitidula, Fab. Paris.
On trouve habituellement ces quatre espèces, qui sont très-
intéressantes, dans les haies qui bordent les vignes et les torrents
de Casaa-de-Pena. Ces Insectes se tiennent ordinairement sur
les fleurs des campanulacées, des liserons surtout, qui sont très-
abondants dans cette contrée. Leurs larves, d'après M. Pellet,
vivraient dans l'amandier et principalement sur l'orme.
TOME III. 41
642 HISTOIRE NATURELLE.
o. Anthaxia umbellatarum, Fab. Gallia meridionalis.
6. Anthaxia quadripunctata, Fab. Germania.
Ces deux espèces sont souvent trouvées sur le Diplotaxis ,
commun au bord des routes , des fossés des champs et des
prairies de toute la plaine, ainsi que dans les fossés des fortifi-
calions de la ville et de la citadelle de Perpignan.
7. Anthaxia maculicollis, Dej. Gallia meridionalis.
8. Anthaxia salicis, Fab. Germania.
9. Anthaxia viminalis, Ziegl. Gallia meridionalis.
Nous avons constamment trouvé ces trois espèces sur les plantes
des taillis et des prairies de toute la contrée : c'est en fauchant
que nous les avons toujours retirées du filet. Rarement en aper-
çoit-on un individu isolé sur une plante.
Douzième Genre, Sphenoptera , Dej.
1 . Sphenoptera geminata, Illig. Gallia meridionalis.
2. Sphenoptera gemellata, Dej. Gallia meridionalis.
Insectes constamment trouvés sur les ombellifères et les cam-
panulacées, dans les fourrés des taillis, près des cours d'eau.
Treizième Genre, Agrilus, Meg.
\. Agrilus biguttatus, Fab. Paris.
Ne se prend que sur les chardons et surtout sur Yonopordon
illyricum.
2. Agrilus rubi, Fab. Gallia meridionalis.
5. Agrilus viridis, Fab. Paris.
4. Agrilus linearis, Fab. Austria.
5. Agrilus sinuatus, Oliv. Gallia.
6. Agrilus angustulus, Illig. Austria.
7. Agrilus elatus, Fab. Gallia meridionalis.
8. Agrilus tauricus, Dej. Russia meridionalis.
INSECTES. 643
9. Agrilus laticornis, Illig. Gallia meridionalis.
10. Agrilus filuni, Schon. Hungaria.
11. Agrilus undatus, Fab. Paris.
12. Agrilus bifasciatus, Oliv. ) _ „. ... ,.
._ . .. , _... [ u alita meridionalis.
lo. Agrilus amelhystinus, Oliv. )
Nous rencontrons généralement les espèces de ce genre sur
toute sorte de plantes, surtout sur les ombellifères et les cam-
panulacées, sur beaucoup d'arbustes fleuris aussi; mais la plus
grande partie sont retirées du filet après avoir fauché sur les
fourrés des champs et des prairies, tant à la montagne que dans
la plaine. Quelques-unes de ces espèces sont assez rares. La larve
du Rubi et du Sinuatus vit sur diverses ronces; celle de ÏAme-
thystinus vit sur la carlina corimbosa.
Quatorzième Genre, Trachys, Fab.
1. Trachys minuta, Fab. Paris.
2. Trachys pygmaea, Fab. Gallia.
3. Trachys aenea, Dej. Gallia meridionalis.
On trouve ces trois espèces après avoir fauché sur les plantes
qui bordent les haies des champs et des routes dans tout le pays,
surtout près des forêts. En examinant avec attention le diplolaxis
latifolia, on est sûr d'y trouver quelques-uns de ces Insectes;
mais il faut prendre la précaution de placer le lilet sous la plante,
car, au moindre mouvement, ils se laissent tomber à terre, et il
est très-difficile de les retrouver. La larve du Pijgmœa vit sur la
mauve, et, en battant celle piaule, on est certain de la prendre
en abondance.
Quinzième Genre, Aphanislicus, Latr.
1. Aphanislicus pusillus, Oliv. ) _ „.
a i i • • • i- u Gallia.
2. Aphanislicus emargmatus, Fab. \
C'est encore au moyen du filet que nous prenons ces deux
petites espèces. Elles se plaisent sur les bords herbeux des
644 HISTOIRE NATURELLE.
propriétés de la plaine, surtout près des fossés qui contiennent
de l'eau où vit la guimauve; leur larve se nourrit de celte plante.
Seizième Genre, Melasis , Fab,
1. Melasis flavellicornis, Fab. Gallia.
Nous avons sans cesse trouvé cette espèce, qui est excessive-
ment rare, sur les arbres résineux et sur les pins qui abondent
dans les forêts des environs de Mont-Louis et de la Font de Comps,
au-dessous de la Tartarasse.
Dix-septième Genre, Cerophitum, Latr.
1. Cerophitum elateroïdes, Latr. Paris.
On le rencontre parfois sur les champignons qui sont en putré-
faction; il est très-rare. La larve de cet Insecte vivrait-elle sur
celte plante ?
(Elaters proprements dits.)
Dix-huitième Genre, Synaptus, Esclis.
1. Synaptus filiformis, Fab. Gallia.
Cette espèce est très-commune sur toutes les plantes. On la
trouve aussi dans le filet, après avoir fauché sur les bords
herbeux des prairies, dans la plaine et sur les montagnes. On la
rencontre aussi dans les broussailles, au bord de la mer, après
les inondations. La larve vil sur les saules, et l'on y trouve l'In-
secte parfait en grand nombre.
Dix-neuvième Genre, Cratonychus, Dej.,
Melanutus, Eschs.
i . Cratonychus obscurus, Fab. Paris.
2. Cratonychus cinerascens, Dej. Gallia meridionalis.
5. Cratonychus niger, Fab. Austria.
A. Cratonychus spretus, Dej. Nord.
INSECTES. 645
On rencontre les insectes de ce genre sur toute sorte de plantes
et d'arhustes. On les- prend aussi sur les chardons et les ombelli-
fères. Le Spretus est plus rare; le Niger est très-commun sur
l'ormeau. Sa larve y vit-elle?
Vingtième Genre, Agrypnus, Eschs.
\. Agrypnus atomarius, Fab. Gallia méridional is.
2. Agrypnus carbonarius, Oliv. Pyrenœi orientales.
Ces deux Insectes ont de si grandes ressemblances qu'on
serait tenté de n'en faire qu'une seule espèce ; mais ils diffèrent
tellement par la taille, qu'on ne peut s'empêcher de les séparer.
Nous les avons constamment trouvés sur les oliviers des environs
de Malloles, près Perpignan, et les olivettes des environs de Céret.
J'ai pris un insecte parfait de V Atomarius sur le tronc d'un olivier;
je l'ai vu sortir et se débarrasser de son enveloppe. M. Pellet
l'a pris sur le tronc d'un peuplier noir, sortant avec sa chemise.
Us sont fort rares.
5. Agrypnus fascialus, Fab. Gallia meridionalis.
4. Agrypnus murinus, Fab. Paris.
Ces deux espèces sont assez communes sur toute sorte de
plantes, dans les prairies et dans les champs de la plaine et des
montagnes. M. Pellet m'écrivait: : « J'ai pris un grand nombre
A'Âgrypnus murinus, Fab., sur un sureau en fleur, au pied des
fortifications de Mont-Louis. »
5. Agrypnus ferrugineus, Chevrier. Genève.
Cette espèce est très-rare. Nous l'avons toujours prise sur le
saule et quelquefois sur l'olivier, près Chàteau-Roussillon.
6. Agrypnus rubro-testaceus , Comp. Nouvelle Espèce.
Pyrenœi orientales.
Corps de couleur brune uniforme; élytres de la même nuance
et striés longitudinalement; tête et corselet rouges: antennes
pectinées; pattes noires. Longueur, 12 millimètres.
646 HISTOIRE NATURELLE.
Nous avons recueilli cet Insecte dans le mois de juin, sur les
saules des coteaux de Saint-Sauveur, vers la métairie de M. Gui-
raud-de-Saint-Marsal, près Chàteau-Roussillon (très-rare).
Vingt-unième Genre, Allions, Eschs.
i. Alhous Dejeanii, Ivan. Gallia meridionalis.
Vit toujours dans les régions élevées, sur toute sorte de plantes.
Nous trouvons celte espèce en fauchant avec le filet sur les prairies
et les bords herbeux des ravins de ces contrées. Cet Insecte est rare.
2. Athous hirtus, Herb. Auslria.
3 Athous niger, Oliv. Gallia meridionalis.
4. Athous subfuscus, Gyll. Gallia.
5. Athous longicollis, Fab. Paris.
6. Athous hsemoiToïdalis, Fab. Gcrmania.
7. Athous leucophœus, Dej. Gallia.
8. Athous marginalis, Dahl. Italia.
Il est bien difficile de préciser les plantes sur lesquelles on
trouve les insectes de ce genre. Quand on les découvre, le hasard
y est pour beaucoup ; car on les rencontre sur les arbres , les
arbustes, les graminées, les orties et les ombellifères : ils sont
partout. Ainsi, le naturaliste n'a qu'à bien examiner tout, s'il
veut obtenir des espèces variées. Le filet est l'instrument
par excellence pour se procurer les petites espèces; on ne doit
jamais négliger d'en faire un constant usage. Les broussailles
entraînées par les eaux, les monceaux de fumier, les pailles qui
sont sur nos prairies maritimes et sur les bords des fossés des
champs, doivent aussi être examinés : on y rencontre souvent de fort
intéressants insectes de ce genre. La larve du Niger vit sur l'orme.
Vingt-deuxième Genre, Campylus, Fischer
1. Campylus linearis, Fab. Gallia.
2. Campylus variabilis, Eschs. Kamlschatka.
INSECTES. 647
On trouve ces deux espèces, qui ont une très-belle couleur
cannelle, clans toutes les prairies maritimes sur le tamarix, et a
terre parmi les broussailles.
Vingt-troisième Genre, Limonius, Eschs.
1. Limonius cvlindricus, Payk. ) _
~ T . . . . ' , . \ Suecia.
2. Limonius serraticornis, Payk.)
5. Limonius nigricornis, Ziegl. Àuslria.
4. Limonius nigripes, Gyll. ]
5. Limonius œruginosus, Oliv. I Paris.
6 Limonius bipustulatus, Fab. ;
C'est surtout sur les différentes espèces de chardons , qui
croissent sur les bords des champs et des routes dans tout le
déparlement, qu'il faut chercher les espèces de ce genre, dont
plusieurs sont très-intéressantes et estimées.
Vingt-quatrième Genre, Cardiophorus, Eschs.
1. Cardiophorus thoracicus, Fab.^ .
2. Cardiophorus equiseti, Herb. S
5. Cardiophorus testaceus, Fab. Styria.
ï. Cardiophorus rufipes, Fab. Paris.
o. Cardiophorus albipes, Meg. Austria.
6. Cardiophorus luridipes, Dej. G allia.
7. Cardiophorus submaculatus, Dej. Gallia meridion.
8. Cardiophorus bisignatus, Dej. Hispania.
Les plantes marécageuses, les graminées, les liserons, tous
les arbustes qui bordent les fossés des prairies maritimes, les
amoncellements de végétaux que les inondations amènent sur
le littoral, et toutes les parties basses qui sont souvent inondées,
nous fournissent les espèces de ce genre.
Vingt-cinquième Genre, Ampedus, Meger.
I . Ampedus sanguineus, Fab. Paris,
648 HISTOIRE NATURELLE.
2. Ampedus semiruber, Leach. Anglia.
On trouve ces deux Insectes sur les coteaux de Château-Rous-
sillon, dans le bois des vieux saules, vers le Mas Anglada. La
larve vit sur le bois du saule, ou dans le terreau qui garnit le
creux de cet arbre.
5. Ampedus crocatus, Ziegl. Paris.
4. Ampedus morio, Ziegl. Gallia meridionalis.
5. Ampedus ephipium, Fab. Austria.
Nous prenons ces trois espèces sur les jeunes pousses des taillis
le long des cours d'eau, et sur les ombellifères, dans les fourrés
herbeux des mêmes localités.
6. Ampedus anthracinus, Dej. Gallia meridionalis.
7. Ampedus praeustus, Fab. Suecia.
Ces deux espèces, qui sont assez rares, vivent habituellement
sous les écorces des vieux bois de toutes les forêts des régions
moyennes; quelquefois sur les plantes, près des fossés de ces
localités.
8. Ampedus elongalulus, Fab.
9. Ampedus nigerrimus, Dej. > Paris.
10. Ampedus tibialis, Meg. )
Ces trois espèces habitent les taillis qui bordent nos cours d'eau
dans les trois bassins. Elles se tiennent sur les jeunes branches des
saules et des peupliers, quelquefois sur les larges feuilles de la
consoude officinale.
Vingt-sixième Genre, Cryptohypnus, Eschs.
1. Cryptohypnus pulchellus, Fab. Gallia.
2. Cryptohypnus, exiguus, Dej.
3. Crypt. quadripustulatus, Fab. ( _ „. ... ,.
, „ ' . . _. . } Gallia meridionalis.
4. Cryptohypnus minimus, Dej. \
o. Cryptohypnus troglodytes. Dej.
INSECTES. 649
6. Cryptohypnus riparius, Bonel. Pedemonie.
La plupart des espèces de ce genre, se trouvent sur les grami-
nées et sur les fleurs dans les prairies maritimes. Quelques-unes
sont à terre, parmi les broussailles, YExiguus et. le Minimus
surtout, tandis que le Troglodytes et le Riparius sont constam-
ment sur les jeunes arbres.
( Nord.
Vingt-septième Genre, Oophorus, Eschs.
1. Oophorus trilineatus, Dej.
2. Oophorus distinguendus, Dej. S
Ces deux espèces, très-rares, se tiennent sur les troncs des
vieux arbres, dans les bois des régions élevées. On les rencontre
quelquefois aux Albères, dans les bois exposés au nord ; à la mon-
tagne de Céret, et dans le bois de la Fou au-dessus de Rigarda.
Vingt-huitième Genre, Drasterius , Eschs.
1. Drasterius bimaculatus, Fab. Gallia meridionalis.
Nous avons pris cette espèce dans une seule localité , sur les
jeunes pousses de chêne-vert des environs de Caladroy, près le
château de M. de Ginestous ; quelques sujets sur les plantes
environnantes. Toujours très-rare.
Vingt-neuvième Genre, Ludius, Latr.
\. Ludius aulicus, Panz. Gallia meridionalis.
2. Ludius signatus, Panz. Austria.
5. Ludius apicalis, Dej. Pyrenœi.
Vivent sur les plantes et les fleurs des parties arides. On trouve
ces trois espèces dans les champs voisins des vignes de Casas-
de-Pena. On est sûr de se les procurer dans les fourrés et les
chaumes.
4. Ludius hœmatodes. Fah Gattia
650 HISTOIRE NATURELLE.
5. Ludius cupreus, Fab. Germania.
6. Ludius lalus, Fab. Austria.
En promenant le filet sur les graminées et sur les fleurs des
champs avoisinant les bois, à la base de nos montagnes, on est
sûr de se procurer ces trois espèces en abondance.
7. Ludius Pyrenaeus, Dej. Pyrenœi orientales.
Pour se procurer cette espèce, qui n'est pas très-commune,
il faut s'élever jusqu'à la rencontre des régions alpines : on en
trouve sur les plantes des prairies et le long des ruisseaux.
8. Ludius seneus, Fab. Gallia.
9. Ludius holosericeus, Fab. Paris.
10. Ludius cruciatus, Fab. Germania.
11. Ludius rugosus, Meg. Styria.
Ces espèces vivent dans les bois des régions moyennes, sur les
arbrisseaux et sur les plantes des haies ; dans les amas de végé-
taux entrainés dans les ravins de ces mêmes régions. Les deux
dernières espèces sont assez rares.
d2. Ludius metallicus, Payk. Paris.
iô. Ludius pectinicornis, Fab. Germania.
14. Ludius tessellatus, Fab. Paris.
C'est dans les régions alpines que nous trouvons ces trois espè-
ces, tantôt sur les arbustes et les plantes, tantôt sur les graminées :
on est sur alors, en fauchant sur les fourrés herbeux, de se les
procurer. Le Pectinicornis est très-beau, et se fait remarquer par
les jolis panaches des antennes du mâle.
Trentième Genre, Agriotes, Eschs,
1. Agriotes pilosus, Fab. j .
2. Agriotes obscurus, Oliv.
o. Agriotes segetis, Gyll. Succia.
INSECTES. 651
4. Agriotes gilvellus, Ziegl.
i Paris.
0. Àgrioles sputator, Fab.
6. Agriotes fuscicollis, Parr. Suecia.
7. Agriotes rusticus, Dej. Gattia méridionalis.
On trouve généralement les espèces de ce genre sur les
graminées, les ombellifères, les liserons et sur les plantes des
prairies cl des champs de la plaine et des régions moyennes.
C'est en fauchant qu'on est sûr de s'en procurer le plus grand
nombre.
Trente-unième Genre, Sericosomus , Serv.
1. Sericosomus brunneus, Fab. Germania.
C'est dans les bois de chênes qu'on trouve celte belle espèce ;
nous l'avons rencontrée le plus souvent aux environs des Albères.
Trente-deuxième Genre, Dolopius, Meg.
i. Dolopius marginatus, Fab. Germania.
2. Dolopius rufipennis, Dej. Gallia méridionalis.
Vivent sur les arbustes des bois des régions moyennes : Cala-
droy, les montagnes^d'Oms et de Llaurô (rares).
Trente-troisième Genre, Ectinus, Eschs.
1. Ectinus aterrimus, Lin. Suecia.
Les chênes parsemés sur la lisière des champs dans toute la
plaine, nous donnent cette intéressante espèce, qui est fort rare.
Trente-quatrième Genre, Adrastus, Meg.
i. Adrastus limbatus, Fab. Paris.
2. Adrastus humeralis, Ziegl.
, Aiislria.
ù. Adrastus pusillus, Ziegl
Gallia merid.
4. Adrastus quadrimaculatus, Fab.
o. Adrastus styriacus, Dej.
C'est encore au filet qu'il faut avoir recours pour se procurer
ces petites espèces. Elles se plaisent sur les graminées, les ombel-
652 HISTOIRE NATURELLE.
lifères et les plantes herbassées des fourrés. On en rencontre
aussi dans les tas de végétaux que les inondations déposent sur
la partie basse du littoral. Le Limbatus est très-commun sur
l'ormeau. Je tiens de M. Pellet qu'il a pris le Quairimaculatus
en battant les roseaux qui se trouvent au-dessous de Chàteau-
Roussillon. Je dois faire observer que des plantes de fougère
sont souvent au milieu de ces roseaux et s'élèvent à une assez
grande hauteur.
Famille des Malacodermes.
Celte famille, formée par Latreille et composée de
cinq tribus, a été modifiée par divers auteurs. Elle a
pour caractères généraux : corps presque toujours de
consistance molle ; prosternum point dilaté ni avancé
antérieurement en forme de mentonnière, et très-rare-
ment prolongé en pointe reçue dans une cavité ou à
l'extrémité antérieure du mesosternum ; tête inclinée en
avant; antennes ne se logeant pas dans une fossette sous
le corselet.
Les Malacodermes sont nombreux en espèces; mais
ils sont peu remarquables sous le rapport de la taille ou
des couleurs ; cependant, quelques espèces sont brillantes
et métalliques. Ces Insectes fréquentent les fleurs, les
végétaux, le bois mort; quelques-uns vivent à terre.
Presque tous sont pourvus d'ailes, et sont carnassiers au
plus haut degré, mais plus particulièrement à l'état de
larves.
Premier Genre, Cebrio, Fab.
1. Cebrio xanlhomerus, Hoff. Gallia meridionalis.
C'est la seule espèce du genre que nous trouvons dans ce
département. Il est loujours difficile de se la procurer; car il
faut aller la chercher pendant les fortes pluies d'orage qui arri-
INSECTES. 653
vent dans les mois d'août et de septembre. Cet Insecte ne sort
qu'après la première forte averse, lorsque la terre a été humec-
tée. Alors, s'il continue de pleuvoir, on voit les mâles en grand
nombre voltigeant çà et là, cherchant la femelle qui montre à
peine son oviducte au-dessus de la terre. Pendant longtemps la
femelle du Cebrio xanthomerus était restée ignorée; on ne con-
naissait ni sa forme, ni sa couleur, ni ses mœurs, ni ses lieux
d'affection; mais on soupçonnait que, semblable à celle du Cebrio
gigas, elle restait à terre et ne s'élevait point dans l'air. Mais où
la découvrir?.... A M. Farines revient l'honneur d'avoir trouvé
la première noyée dans une flaque d'eau. Plus tard, M. Aleron
découvrit son gîte et le moyen de se la procurer en quantité.
Elle vit en grand nombre sur les glacis de la promenade des
platanes, à Perpignan, et probablement en beaucoup d'autres
endroits de notre contrée. Pour plus de détails, nous renvoyons
nos lecteurs aux notices très-intéressantes que MM. Farines et
Aleron ont publiées sur cet Insecte dans le troisième bulletin
de la Société Phïlomathique de Perpignan, année 1837.
Pour se procurer la femelle du Xanthomerus , on doit suivre,
par une pluie battante, le vol rapide du mâle, et observer avec
attention le point sur lequel il s'est laissé tomber â terre; la fe-
melle n'est pas loin. Bientôt, d'autres mâles arrivent et s'agitent
comme les abeilles dans un essaim, et ils sont si impétueux à s'ac-
coupler qu'on en voit plusieurs s'abattre sur la même femelle :
alors, on introduit la pointe d'un couteau dans la terre; on la
soulève, et la femelle se trouve prise avec son mâle. C'est la
seule manière de se la procurer. Quelquefois, lorsque la pluie
tombe par torrents, on trouve des femelles noyées dans les mares;
mais c'est très-rare.
On a prétendu que le bruit du tonnerre faisait sortir les Cébrions
de terre. Ce qui avait accrédité cette erreur, c'est que dans tout
le Midi nous n'avons généralement de pluie en celte saison que
par des orages accompagnés de tonnerre ; et comme on ne voit
cet Insecte qu'avec de fortes averses, on avait pensé que Fin-
654 HIST0IHE NATURELLE.
fluence électrique l'obligeait à sortir. Nous pouvons affirmer
que, dans certaines années où les pluies d'automne étaient arri-
vées tard et sans le moindre bruit de tonnerre, les Cébrions n'ont
pas manqué de se présenter et de s'accoupler dès que la terre
a été humectée par de fortes averses. Une année surtout, les
pluies ne vinrent qu'en novembre, et les Cébrions sortirent alors
de leur retraite pour accomplir l'acte de leur reproduction. Un
fait récent a confirmé mes observations. Au mois d'août 1801,
je faisais arroser une plate-bande de mon parterre: la sécheresse
était extrême. Quel fut mon élonnement de voir sortir de terre
deux Cébrions mâles. J'examinai très-attentivement la partie
arrosée; j'y lis revenir l'èau, et j'eus la satisfaction de voir
apparaître sept femelles de Cébrions.
Deuxième Genre, Atopa, Fabricius,
Dascillus , Latr.
1. Atopa cinerea, Fab. ) „ „.
a . r, . Gallia.
2. Atopa cervina, Fab. )
On trouve ces Insectes sur les fleurs et sur les tiges des plantes
le long des routes et des fossés. La Cervina est plus rare.
Troisième Genre, Cyphon, Fabricius,
Elodes, Latr.
1. Cyphon pallidus, Fab. ) .
2. Cyphon pubescens, Fab. )
5. Cyphon flavicollis, Dej. Gallia.
4. .Cyphon limbatus, Dej. Paris.
Quoiqu'ils fassent très-rarement usage de leurs ailes, les In-
sectes de ce genre sont très-difficiles à saisir. Ils sont excessi-
vement agiles; ils se tiennent ordinairement sur les plantes dans
les prairies et les champs humides, et dans les bois à clairières
fourrées et humides. C'est avec le tilet qu'il faut les chasser;
alors, en fauchant sur les lieux que nous avons indiqués, on est
INSECTES. 655
sûr de s'en procurer plusieurs espèces. Leurs couleurs sont
ordinairement sombres.
Quatrième Genre, Eubria, Ziegl.
4. Eubria palustris, Ziegl. Gallia.
Cinquième Genre, Scyrtes , Latr.
1. Scyrtes hemispluericus, Fab. Paris.
En promenant le filet sur les plantes aquatiques des mares et
des fossés de toutes les parties basses du littoral, on est sûr d'en
retirer des insectes de ces deux genres. Ils sont très-petits , et
on peut facilement les confondre ; car ils se ressemblent beaucoup
au premier aspect. Cependant, examinés à la loupe, on voit bientôt
que l'un est pubescent, tandis que l'autre ne l'est point, et c'est
ce caractère seul qui les fait distinguer.
Sixième Genre, Nydens, Latr.
\. Nycteus hsemorrhous, Ziegl. Austria.
Très-petit Insecte qu'on voit dans les fleurs au bord des fossés
des champs, et qu'on ne peut se procurer qu'en fauchant avec le
filet. Non-seulement il est très-agile, mais encore, pour s'échap-
per, il fait usage de ses ailes (rare).
Septième Genre, Lygistopterus, Dej.
\ Lygistopterus sanguineus, Fab. Paris.
On trouve cette jolie espèce, qui se laisse prendre avec la plus
grande facilité, sur les ombellifères des prairies des montagnes
moyennes. Elle n'y est pas très-commune.
Huitième Genre, Dyctyopterus, Latr.
1. Dyctyopterus aurora, Fab. \
2. Dyctyopterus rubens, Meg. [ Gallia.
3. Dyctyopterus minutus, Fab. '
656 HISTOIRE NATURELLE.
Les espèces de ce genre sont jolies et recherchées ; elles habi-
tent les forêts, les prairies et les bords des champs de nos hautes
régions; elles se tiennent sur les fleurs et surtout sur les ombelli-
fères. On les voit facilement à cause de leurs belles couleurs, et
on peut les prendre i la main. En faisant usage du filet, on
est sûr d'en saisir bon nombre. Les deux dernières sont plus
rares.
Neuvième Genre, Omalisus, Geoff.
1. Omalisus suturalis, Fab. Paris.
Ce joli et rare Insecte se tient aussi sur les fleurs des hautes
régions, sur les ombellifères de préférence. On le prend avec
facilité; mais, comme il est très-petit, l'usage du filet est bon
pour se le procurer abondamment.
Dixième Genre, Pyractomena, Dej.
1. Pyractomena xantholoma, Dej. Nord.
Nous n'avons remarqué qu'une seule fois cet Insecte sur les
fleurs, dans les prairies du Capcir, sur la route qui conduit au
Llaurenti (rare).
Onzième Genre, Lampyris, Lin.
\. Lampyris noctiluca, Fab. Paris.
2. Lampyris splendidula, Fab. Gallia meridionalis.
5. Lampyris bellieri, Reich. Pyrenœi orientales.
Cette dernière espèce vit dans les environs de Vernet-les-Bains
et de Castell. On prend le mâle assez facilement, en tenant la
nuit une lampe allumée près d'une croisée ouverte. Dans les
premiers jours de juin , il est abondant dans cette localité.
On emploie le même moyen pour se procurer le mâle des
autres espèces qui , dans le jour, se relire sous les pierres et
dans les buissons.
INSECTES. 057
Douzième Genre, Geopyris, Dej.
1. Geopyris hemiptera, Fab. Paris.
Nous avons toujours trouvé cette espèce dans les bois des
régions moyennes de nos montagnes. Nous ne l'avons jamais
remarquée dans la plaine (rare).
Treizième Genre, Colophotia, Dej.
1. Colophotia Italica, Fab. Gallia meridionalis.
Ce genre se trouve au contraire dans les bois de la plaine,
parmi les fourrés des bords de La Tet et de l'Agly. Pendant les
belles nuits d'été, on le voit comme des étincelles lumineuses
traverser les airs; son abdomen phosphorescent, comme celui
de la femelle du Lampyris noctiluca ou Ver luisant, produit cet
effet et trahit sa présence.
Quatorzième Genre, Drilus, Oliv.
1. Drilus flavescens, Fab. Paris.
2. Drilus flavicollis, Dej. Dalmatia.
3. Drilus ater, Dej. Germania.
Les Driles sont des insectes très-petits ; les mâles surtout sont
de deux tiers plus petits que les femelles. Leurs couleurs, quoique
sombres en général, sont assez jolies. Ils se tiennent sur les Heurs
et sur les plantes des prairies, des champs et des taillis près des
cours d'eau. En faisant usage du filet, on en saisit beaucoup.
Quinzième Genre, Cantharis, Lin.,
Téléphonas, Schoff.
1. Cantharis dispar, Fab, Paris. .
2. Cantharis nigricans, Fab. Suecia.
3. Cantharis obscura, Fab. Paris. ,
658 HISTOIRE NATURELLE.
4. Cantharis rufa, Lin. Germania.
5. Cantharis melanura, Fab. ) „ .
« ^ , • ^ ^ Pans.
6. Cantharis testacea, Fab. )
7. Cantharis paludosa, Gyll. Suecia.
8. Cantharis pallidipennis, Dej. Gallia meridionalis.
9. Cantharis livida, Fab. Paris.
10. Cantharis clypeata, Illig. ) „
. . _ . . „. ' , J Germania.
11. Cantharis pallipes, Fab. )
12. Cantharis Italica, Dej. Italia.
13. Cantharis thoracica, Gyll. Suecia.
14. Cantharis fuscipennis, Dej. Dalmatia.
15. Cantharis lateralis, Fab. Paris.
16. Cantharis tristis, Fab.
17. Cantharis varipes, Dej.
JO/-..L- 1.1 -i- r. i. / Gallia meridionalis
18. Cantharis abdominahs, Fab.
19. Cantharis flavicollis, Dej.
20. Cantharis nitida, Ram. Hispania.
Il serait assez difficile de désigner d'une manière exacte, le gîte
de prédilection de chacune des espèces de ce genre. Nous les
trouvons partout sur les arbres, sur les fleurs, et particuliè-
rement sur les ombellifères ; elles s'y arrêtent de préférence.
On les prend avec facilité à la main ; mais dans les endroits
fourrés et dans les prairies , l'usage du filet est d'un grand
secours : de cette manière on en prend davantage , et surtout
les petites espèces qu'on peut à peine apercevoir.
Quelques-unes sont beaucoup plus rares , telles que la Palu-
dosa, la Pallidipennis, la Fuscipennis, la Lateralis. La Melanura
paraît vivre sur la carotte ; V Italica sur les lis, où elle est abon-
dante aux parties basses de Chàteau-Roussillon; la Flavicollis sur
la guimauve, au bord des étangs et dès mares saumâtres, parties
basses du littoral.
INSECTES. 05U
Seizième Genre, Silis, Meg.
1. Silis spinicollis, Meg. Paris.
Au bord des chemins, sur les plantes et sur les fleurs, le long-
dès fossés herbeux près la pépinière, dans les fossés des fortifi-
cations de Perpignan et au bas de Chàteau-Roussillon.
Dix-septième Genre, Malthinus, Latr.
1. Malthinus flavus, Latr. Paris.
2. Malthinus angusticollis, Dej. Pyrenœi orientales.
7). Malthinus bieuttatus, Fab. ) ' .
,,.,,• • t Pans.
4. Malthinus marginatus, Latr. )
5. Malthinus rubricollis, Dej. Gallia orientalis.
6. Malthinus discicollis, Dej. Gallia meridionalis.
7. Malthinus atratus, Dej. Pyrenœi orientales.
8. Malthinus brevicollis, Payk. Suecia.
Le genre Malthinus est comme le genre Cantharis. On ne peut
lui assigner de gîte certain ; il faut le chercher partout , et si
l'on veut faire une bonne récolte, on doit faire fonctionner le filet,
seul moyen de se procurer de fort jolies espèces. Le Flavus et le
Biguttatus se trouvent régulièrement sur l'aubépine. Leurs larves
se nourrissent-elles sur cet arbuste?
Dix-huitième Genre, Malachius , Fab.
1. Malachius neneus, Fab.
Paris
2. Malachius bipustulatus, Dej.
5. Malachius spinipennis, Ziegl. Gallia meridionalis.
4. Malachius pulicarius, Fab. \
5. Malachius equestris, Fab. [ Paris.
6. Malachius thoracicus, Fab. - )
7. Malachius marginatus, Dej. ; „ „.
0 ,r , . . „ ° . [ Gallia meridionalis.
8. Malachius rufus, Fab. )
060 HISTOIRE NATURELLE.
9. Malachius làsciatus, Kab. ) p .
10. Malachius marginellus, Fab. )
11. Malachius rufitarsis, Dej. \
12. Malachius lepidus, Dej. j
13. Malachius suturalis, Dej. \ Gallia meridionalis.
14. Malachius venustulus, Dej. \
15. Malachius hemipterus, Dej. /
16. Malachius immaculatus, Dej. ) n . ...
. , _ . f Pyrenœi orientales.
17. Malachius unicolor, Dej. )
Insectes de très-petite taille en général, recouverts de couleurs
très-jolies et tranchantes, se tenant ordinairement sur les plantes
et sur les fleurs de toute espèce; leur corps est mou et leurs
élytres flexibles. Ils sont munis de quatre vésicules rétractiles ,
qu'ils font sortir et rentrer à volonté. Ces vésicules sont rouges
ou jaunes; elles contrastent singulièrement avec les couleurs du
reste de leur corps. C'est encore le filet qu'il faut faire agir dans
les fourrés des champs, les lisières des bois et des cours d'eau,
pour se procurer beaucoup d'espèces. On est sûr de faire ample
provision là où se trouvent réunies beaucoup de fleurs. Parmi
les plus rares, nous comptons les Suturalis, Bipustulatus, Venus-
tulus et Hemipterus.
Dix-neuvième Genre, Charopus, Kies.
Ce genre a été fait au détriment des Malachius ; il ne
compte qu'une seule espèce.
1. Charopus docilis, Kies. Pyrenœi orientales.
Découvert dans les environs de Collioure, sur les fleurs, le 30
mai 1860, par M. Delarouzé, qui nous le communiqua.
Vingtième Genre, Dasytes, Fab.
1. Dasvtes ater, Fab. ) „ „. ... ,.
J ........ t (rallia meridionalis.
fc2. Dasvtes nobihs, lllig.
INSECTES. 661
5. Dasytes pilosus, Ram. Hispania meridionalis.
A. Dasytes bipustulatus, Fab. Italia.
o. Dasytes niger, Fab. Germania.
6. Dasytes subseneus, Schon. Gallia meridionalis.
7. Dasytes flavipes, Fab. \
8. Dasytes plumbeus, Oliv. j Paris.
9. Dasytes pallipes, Illig. /
10. Dasytes obscurus, Gyll. Suecia.
11. Dasytes raaurus, Dej.
, Gallia meridionalis.
12. Dasytes cyhndncus, Dej.
Ce genre n'est pas décoré d'aussi belles couleurs que le genre
précédent. Ces Insectes se tiennent d'ordinaire sur les plantes
et sur les fleurs d'espèces diverses. Dès qu'on veut les saisir, ils
se laissent tomber à terre et ne bougent plus ; il est difficile alors de
les prendre, car ils se tiennent toujours dans les endroits fourrés.
Il faut encore employer le filet, si l'on veut en faire provision.
VAter se trouve constamment sur le genêt d'Espagne.
15. Dasytes ciliatus, Graells. Hispania.
Le 13 juin 1860, M. Delarouzé trouva cet Insecte sur les fleurs
dans les environs de Collioure; il s'empressa de me le commu-
niquer comme une espèce nouvelle , ou peu connue en France.
Vingt-unième Genre, Zigia, Fab.
1. Zigia oblonga, Fab. /Egyptus.
Les Zigies avaient été considérées comme des Insectes appar-
tenant à l'Egypte. Nous avons été le premier à les découvrir
dans notre contrée : c'est sur les toits des vieilles maisons qu'on
les trouve ; elles vivent dans les vieux bois des toitures ; la larve
est d'un rose très-joli. M. Henri Mouchons, faisant voir sa collec-
tion à M. Marcel de Serres, la Zigia attira l'attention de ce natu-
raliste, qui lui dit : Vous avez là un insecte nouveau; il l'examina
662 HISTOIRE NATURELLE.
attentivement elle nomma Coryneliesbuocata. Quelques jours avant,
j'avais fait un envoi à M. le comte Dejean, et j'y avais mis quelques
Zigies; mais ce dernier connaissait déjà cet insecte, qu'il avait
reçu d'Egypte, et me donna son véritable nom, en me priant de
lui communiquer tous les renseignements que je pouvais avoir,
ce que je ne manquai pas de faire. J'avais une vieille porte à
l'issue du toit de ma maison , d'où sortaient tous les ans une
infinité de Zigies. C'est aussi de cette môme porte que j'ai vu
sortir la larve. Celles qui sortent en avril ou mai ne tardent pas
à se convertir en nymphes, et à la fin de juin, en insecte parfait.
En examinant les vieux bois des maisons, on est sûr, dans le
commencement de juillet, d'y trouver des Zigies, et toujours sous
les combles ou sur les toits. Un jour où le soleil est. caché par un
temps brumeux, en restant sur le toit, on voit les Zigies se pro-
mener. Les deux sexes se recherchent pour satisfaire leurs désirs;
si on les contrarie dans leur marche, ils relèvent leurs élytres verts
et laissent voir, en les étendant, leurs ailes membraneuses, qui
sont d'un rose tendre. Nous ne les avons jamais vu prendre le vol.
C'est de nous que la plus grande partie des collections de France
en ont été pourvues. Nous n'en avons jamais trouvé que clans la
ville de Perpignan.
Vingt-deuxième Genre, Melyris, Fab.
\ . Melyris granulata, Fab. Gallia meridionalis.
C'est sur la terre, près des charognes, et quelquefois même
sur les os décharnés et les cartilages des articulations, qu'on
trouve cet Insecte. C'est toujours lorsque le cadavre d'un bœuf,
d'un cheval ou d'un autre animal a été dévoré par les chiens et
par une infinité de larves, qui n'ont laissé que les os, qu'on voit
apparaître les Melyris. C'est donc sur toute espèce de charogne
décharnée et presque desséchée qu'il faut chercher cet Insecte.
11 est rare.
insectes. 563
Famille des Térédiles.
Les Térédiles de Dejean composent une famille qui devrait
nécessairement être réformée; car elle renferme des In-
sectes de formes et de mœurs si différentes, qu'il faudrait
presque à chacun des genres une description particulière,
tant leurs caractères généraux sont différents.
Plusieurs genres vivent dans l'intérieur du bois, où
leurs larves subissent toutes leurs métamorphoses; ils
font de très-grands ravages dans les forêts et dans les
chantiers de construction. L'Insecte parfait, de couleur
sombre, se trouve sur le bois.
D'autres genres, de très-petite taille, rongent nos
meubles, et sont connus par le bruit qu'ils produisent
lorsqu'ils veulent s'accoupler. Ce bruit, qui se tait parti-
culièrement remarquer au milieu de la nuit, impressionne
le menu peuple, qui leur a donné le nom (Y Horloge de
Ja mort.
Certains genres très-petits, ayant le faciès des Arai-
gnées et le corps transparent, vivent dans les endroits
sombres et peu fréquentés des maisons, au milieu des
débris des végétaux, parmi les vieux papiers, et font un
mal immense à nos collections d'Histoire naturelle et à
nos bibliothèques.
Divers genres ont des couleurs brillantes et variées ;
leur corps est garni de poils et de duvet; ils sont pourvus
d'ailes et fréquentent les fleurs ; leurs larves sont carnas-
sières, et se nourrissent de celles des Hyménoptères.
Enfin, d'autres genres, aussi de petite taille, à élytres
plus larges que le corselet et légèrement aplatis, à cou-
leurs assez éclatantes, sont tout à fait carnassiers et
(')!'> i HISTOIRE NATURELLE.
vivent aux dépens des corps en putréfaction. M. le comte
de Castelnau les a classés parmi les Malacodermes,
famille composée aussi de genres très-divers, et qui
aurait besoin d'une grande réforme.
Premier Genre, Tillus, Fab.
1. Tillus elongatus, Fab. Paris. .
2. Tillus tricolor, Dej. Gallia borealis.
5. Tillus ambulans, Fab. Germania.
Dans les prairies qui bordent le bois des Fanges, sur les fleurs
et spécialement sur les ombellifères.
Deuxième Genre, Notoxus, Fab.,
Capîlo, Latr.
1. Notoxus subfasciatus, Ziegl. Gallia m&ridionalis.
2. Notoxus mollis, Fab. Paris.
5. Notoxus univittatus, Ross. Italia.
C'est encore dans les parties moyennes de nos montagnes et
sur les fleurs qu'il faut les chercher.
Troisième Genre, Trichodes, Fab.,
Cleras , Latr.
J. Trichodes octopunctatus, Fab. Gallia meridionalis.
On trouve cet Insecte répandu dans toute la plaine , sur les
fleurs des prairies et des jardins.
2. Trichodes alvearius, Fab. Paris.
Celte espèce n'est pas aussi commune. On la trouve sur les
fleurs, mais dans les parties élevées de nos montagnes ; elle s'ar-
rête surtout de prédilection sur les ombellifères.
5. Trichodes apiarius, Fab. Paris.
INSECTES. 665
Le Trichodes apiarius est très-commun. Son habitude est aussi
de se poser sur les fleurs des prairies, des moissons, des fossés
herbeux de tout le déparlement.
4. Trichodes favarius, Illig. Styria.
5. Trichodes leucopsideus, Oliv. G allia meridionalis.
6. Trichodes ammios, Fab. Hispania.
Ces trois espèces vivent sur les parties moyennes de nos mon-
tagnes; elles recherchent aussi les fleurs des prairies, et se posent
de prédilection sur les ombellifères.
Quatrième Genre, Clerus, Fab.
1. Clerus mutillarius, Fab. Paris.
Nous trouvons cette jolie espèce sur les fleurs de toute sorte
de plantes des prairies montagneuses. Elle y est rare.
2. Clerus formicarius, Fab. Paris.
Cette espèce, qui est assez commune, se trouve sur les bois et
sur les vieux troncs qui tombent de vétusté; on la trouve quel-
quefois à terre et même sur quelques plantes, mais toujours
dans le voisinage d'un vieux arbre.
3. Clerus quadrimaculatus, Fab. Germania.
Cette jolie espèce se rencontre toujours sur le tronc des
arbres dans les forêts des régions moyennes. Elle n'est pas très-
commune.
Cinquième Genre, Coryneks, Fab.,
Necrobia, Latr.
1. Corynetes chalibeus, Knoch. \
2. Corynetes violaceus, Fab. ! Paris.
5. Corynetes rufipes, Fab. )
666 HISTOIRE NATURELLE.
4. Corynetes ruficollis, Fab. Gallia meridionalis W.
Ce genre d'insectes paraît vivre constamment aux dépens des
corps en putréfaction. C'est à cause de cela qu'on le trouve
(I) Une anecdote fort curieuse, ignorée de beaucoup de monde, au sujet
de ce petit insecte, trouve sa place ici :
« Au moment de la Terreur, M. Latreille fui arrêté à Brives et dirigé
sur les prisons de Bordeaux , et là condamné , lui soixante-treizième, à la
déportation. Accablé sous le poids des mêmes infortunes que l'illustre Ilaily,
avec lequel il s'était rencontré à Paris et lié d'amitié , la science et ses
consolations devinrent pareillement ses voies de salut.
« Le médecin des prisons de Bordeaux s'étonne un jour do voir un pri-
sonnier absorbé dans la contemplation d'un insecte, quand sa tête est mena-
cée. C'est un insecte très-rare, répond M. La treille aux questions qu'il lui
adresse. L'insecte est demandé et obtenu pour un naturaliste de Bordeaux,
alors jeune homme d'une très-grande espérance, aujourd'hui notre confrère,
M. Bory de Saint-Vincent. Celui-ci, flatté de tenir ce don d'un entomolo-
giste dont le nom était déjà connu par d'honorables travaux, s'impose le
devoir de soustraire M\ La treille au danger qui le menace; et bientôt il a
le bonheur de voir ses démarches et celles de leur ami commun Dargelas,
couronnées du plus heureux sucres. Latreille est rendu à la liberté et à la
science! On frémit en pensant qu'un mois plus tard, il pouvait périr avec
ses compagnons d'infortune ensevelis dans les flots de la Gironde. Miraculeuse
délivrance, si on la rapporte à sa cause, la rencontre fortuite d'un Insecte!
« La Nécrobie à collier roux (Corynetes ruficollis, Fab.), très-petit Coléop-
tère que Linneus rangea d'abord, à cause de ses habitudes, parmi les Der-
mestes; mais qu'llliger , adoptant les vues de détermination de Paykul et
de Fabricius, proposa de maintenir dans le genre Corynele. Cependant,
Latreille avait jugé à propos d'en détacher trois espèces, dont il fit son
genre Nécrobie, exprimant par ce nom que ces petits Coléoptères vivent de la
mort, ou voulant du moins consacrer par cette étymologie qu'on les trouve
ordinairement sur des cadavres.
« La plupart des entomologistes de France conservent , dans une place
privilégiée de leurs collections , en souvenir de son bienfait , l'Insecte de la
prison de Bordeaux, la Nécrobie Lalreille ; et, comme si cela n'était point
assez pour l'élan de leurs cœurs, une inscription apprend qu'ils ont demandé
et qu'il leur a été accordé de tenir, des mains mêmes de leur honoré
inaftre, l'individu consacré à la commémoration d'un aussi miraculeux
événement. » (Extrait du discours prononcé sur la tombe de M. Latreille,
le 8 février -1855, par M. le chevalier Geoffroy-Saint-Hilaire, Annales de la
Société Entomologique de France, Ier trimestre (855.)
INSECTES. 667
toujours sur les cadavres dont la décomposition est parfaite; et
lorsqu'il ne reste plus rien, les Corynetes sont encore là : ils sont
les derniers à quitter la partie, car on en trouve toujours de
cachés auprès des cartilages des articulations. Le Rufipes et le
Ruficollis fréquentent les caves des épiciers : on est sûr d'en faire
ample provision dans les vieux fromages.
Sixième Genre, Enoplium, Latr.
1. Enoplium serraticorne, Fab. Gallia meridionalis.
2. Enoplium sanguinicolle, Fab. Gallia.
Ces Insectes, qui sont fort jolis, se trouvent quelquefois sur les
Heurs; le plus souvent sur le bois, dans les forêts des régions
basses de nos montagnes : on ne les trouve jamais en grand
nombre (rare).
Septième Genre, Lymexylon , Fab.
1. Lymexylon navale, Fab. Paris.
Huitième Genre, Hylecoetus , Latr.
1. Hylecoetus dermestoïdes, Fab. Germania.
On trouve les Insectes de ces deux genres sur les bois des,
chantiers; dans les maisons où on a emmagasiné du vieux bois.
Leurs larves s'y nourrissent, y subissent leurs métamorphoses,
et en sortent après à l'état parfait : ces insectes restent alors sur
le bois qui les a nourris. On peut les prendre avec facilité.
Neuvième Genre, Rhysodes, Latr.
1. Rhysodes Europœus, Fab Gallia.
C'est encore sur le vieux bois qu'on trouve cette espèce. On la
prend souvent en soulevant l'écorcc d'un arbre, lorsque cette
écorce a subi quelque altération par suite d'une plaie faite au
tronc.
668 HISTOIRE NATURELLE.
Dixième Genre, Ptilinus, Geoff.
1. Ptilinus pectinicornis, Fab. ) .
2. Ptilinus flabellicornis, Meg. )
Insectes de petite taille, vivant sur le bois et s'y métamorpho-
sant. On les trouve souvent dans les maisons , ainsi que sous les
écorces des vieux arbres dans les forêts. On rencontre quelquefois
le Pectinicornis sur les noisetiers.
Onzième Genre, Xyletinus, Latr.
1. Xyletinus pectinatus, Fab. Germania.
2. Xyletinus subrotundus, Ziegl. \
5. Xyletinus cardui, Dej. [ Gallia meridionalis.
4. Xyletinus murinus, Dej. )
Les Insectes de ce genre ressemblent assez à ceux du genre
précédent; ils paraissent avoir les mêmes mœurs. C'est aussi sur
les vieux bois qu'on les trouve.
Douzième Genre, Dorcatoma, Fab.
1. Dorcatoma rubens, Koch. Germania.
2. Dorcatoma dresdense, Fab. Paris.
5. Dorcatoma bovistœ, Koch. Germania.
Ce sont encore de très-petits insectes , qui vivent aussi sur le
bois et sur les agarics. On les trouve sous les écorces et dans les
bolets, aux régions moyennes des montagnes.
Treizième Genre, Ochina, Ziegl.
4. Ochina hederae, Germar. Paris.
2. Ochina sanguinicollis, Ziegl, Austria.
Les Ochines vivent aussi dans les bois, et c'est toujours sous
les écorces des vieux arbres qu'on doit les chercher. Les forêts
des régions un peu élevées , sont celles où on les trouve de
préférence.
INSECTES. 609
Quatorzième Genre, Anobium, Ziegl.
1. Anobium vestilum, Dej. Gallia meridionalis.
2. Anobium striatum, Fab. Germania.
3. Anobium tessellatum, Fab. Paris.
4. Anobium pertinax, Fab. Suecia.
5. Anobium oblongum, Ziegl. Gallia meridionalis.
6. Anobium abietis, Fab. Suecia.
7. Anobium villosum, Bonel. Gallia meridionalis.
8. Anobium pusillum, Gyll. Suecia.
Les Insectes de ce genre, qui est assez nombreux, vivent géné-
ralement dans le bois ; ils sont de petite taille, avec des couleurs
sombres. On les trouve partout: dans les maisons, dans les caves,
sur les fleurs, dans le bois, sous les écorces. Les petits trous que
l'on aperçoit sur les bois, même après qu'ils sont travaillés, sont
produits par ces Insectes. Lorsqu'ils sont en nombre dans quelque
meuble, et qu'ils cherchent à s'accoupler, ils font entendre un
bruit qui a donné lieu à des idées superstitieuses parmi le bas
peuple : ils attribuent ce bruit à la présence de revenants.
Quinzième Genre, Hedobia, Ziegl.
\. Hedobia pubescens, Fab. Paris.
Comme les Insectes du genre précédent, les Hedobia vivent
aussi dans le bois, et on les trouve dans les maisons, de même
que sous les écorces des vieux arbres.
Seizième Genre, Cocotes.
1. Cocotes javeti, J. Duval. Pyrenœi orientales.
Cet insecte, découvert par M. Delarouzé, qui le prit le 13 juin
1860, vit dans les environs de Collioure, sur les fleurs.
Dix-septième Genre, Plinus, Lin.
1. Plinus rufipes, Fab. ) „ .
.■..._,, Parts.
2. Plinus imperialis, Fab. v
670 HISTOIRE NATURELLE.
3. Ptinus sexpunctatus, Panz. Germania.
4. Ptinus fur, Fab. Paris.
5. Ptinus quadriguttatus, Dej. Gallia meridionalis.
Les Ptines sont aussi des insectes de petite taille, avec des
couleurs sombres en général. Ils vivent également dans le bois ,
et c'est dans les maisons qu'on les trouve, ainsi que sur les troncs
des vieux arbres. Lorsqu'on les touche, ils restent immobiles, à
tel point qu'on pourrait croire qu'ils sont morts ; mais un instant
après, ils reprennent leur mouvement, qui est très-rapide.
Dix-huitième Genre, Gibbium, Scop.
4. Gibbium scotias, Fab. Paris.
2. Gibbium sulcicolle, Sturm. Germania.
Très-petits Insectes transparents, et qu'on prend souvent pour
une Araignée, tant leur forme se rapproche de celle de ces in-
sectes. On les trouve aussi dans les maisons, dans les lieux peu
fréquentés. Il n'est pas rare d'en trouver dans les collections
d'histoire naturelle, les herbiers, les débris de végétaux, les
vieux papiers. A la campagne, on en trouve quelquefois dans
les fourmilières.
Dix-neuvième Genre, Scydmœnus, Latr.
1. Scydmœnus Olivieri, Dej. Hispania.
2. Scydmœnus Latreilli, Dej. Nord.
5. Scydmœnus Panzeri, Dej. Germania.
4. Scydmœnus Hehvigii, Fab. Paris.
5. Scydmœnus Pelleralii, Genis. Dresde.
6. Scydmœnus Reaumurii, Dej. Gallia meridionalis.
Les Scydmènes sont de très-petite taille. On les trouve dans
les lieux où il y a des végétaux amoncelés et en décomposition ;
dans les fourmilières; quelquefois au pied des arbres qui sont
garnis de mousse ou de plantes amenées par les eaux. Leurs
couleurs sont sombres en général.
INSECTES. 671
Famille des Clavicornes.
Grande famille établie par Latreille dans l'ordre des
Coléoptères Pentamères, et dont le principal caractère
est d'avoir les antennes grossissant insensiblement de la
base au sommet ou terminées en massue, tantôt solide,
tantôt perfoliée. Elle se divise en deux sections. La pre-
mière comprend huit tribus , qui ont pour caractères
communs : antennes plus longues que la tête, toujours
composées de onze articles dont le deuxième n'est pas
dilaté, et qui, à partir du troisième, ne forment pas de
massue en fuseau ou cylindrique ; le dernier article des
tarses, ainsi que ses crochets, de longueur moyenne ou
petit. La seconde section se compose de deux tribus ; elle
se distingue de la première par une réunion de caractères
qu'il serait trop long d'exposer. Nous nous bornerons à
dire, que les Insectes qu'elle renferme sont aquatiques
ou vivent sur le bord des eaux, tandis que ceux de la
première section sont terrestres. Tous se nourrissent de
matière animale, au moins à l'état de larves.
Cette famille a subi de très-grands changements, par
les divers auteurs qui ont modifié le système de Dejean
que nous suivons.
Premier Genre, Necrophorus, Fab.
1. Necrophorus Germanicus, Fab. \
2. Necrophorus humator, Fab. / _ .
îLlVlS.
3. Necrophorus vespillo, Fab. (
4. Necrophorus sepultor, Dej.
o. Necrophorus investigator, Dej. Austria.
6. Necrophorus mortuorum, Fab. Paris.
672 HISTOIRE NATURELLE.
7. Necrophorus interruptus, Dej. Hispania.
Tous les Insectes de ce genre vivent dans les cadavres. La plu-
part ont des couleurs tranchantes et jolies par leur disposition.
Ils sont remarquables par l'instinct qu'ils ont de transporter les
cadavres des petits animaux d'un lieu à un autre, en se mettant
plusieurs ensemble pour faire cette opération ; ils répandent une
forte odeur de musc. Ainsi, le naturaliste qui voudra les posséder,
ne devra pas négliger de visiter les cadavres de tous les animaux
qu'il rencontrera dans la campagne: ceux des taupes, des rats,
des lézards, des serpents, qui commencent à entrer en putré-
faction ; il sera sûr, en les secouant , d'y trouver quelques-uns
de ces jolis Insectes. Lorsqu'on place quelque part le cadavre
d'un animal, ou de la chair pour se procurer des Insectes, on
est toujours certain d'y prendre quelque Nécrophore, et c'est de
cette manière que nous sommes parvenu à recueillir les espèces
que nous possédons. Le Germanicus, Y Interruptus et YHumator
sont fort rares.
Deuxième Genre, Necrodes, Wilk.
1. Necrodes simplicipes, Dej. ) .
2. Necrodes littoralis, Fab. j
Ces deux Insectes ont les mêmes mœurs que le genre précé-
dent, et c'est aussi sur les cadavres qu'il faut aller fouiller pour
se les procurer.
Troisième Genre, Silpha, Lin.
1. Silpha Hispanica, Dej. ]
2. Silpha granulata, Oliv. [ Gallia meridionalis.
5. Silpha nigrita, Creutz. )
4. Silpha obscura, Fab. ]
5. Silpha reticulata, Fab. f Paris.
6. Silpha quadripunctata, Fab, )
INSECTES. 073
7. Silpha levigata, Fab.
8. Silpha atrata, Fab.
9. Silpha sinuata, Fab. \ Paris.
10. Silpha rugosa, Fab. \
11. Silpha thoracica, Fab.
12. Silpha Alpina, Bonel. Helvetia.
13. Silpha carinata, Ulig. Paris.
14. Silpha tristis, Illig. Gallia.
Quoiqu'on trouve les Insectes de ce genre très-répandus dans
la campagne, les fossés des fortifications de la ville et de la cita-
delle de Perpignan , et dans tous les parages de la contrée , il
n'est pas moins vrai que ces Insectes se trouvent aussi toujours
sur les cadavres ou dans les environs des lieux où gît un corps
mort : c'est là surtout qu'on peut en faire ample provision , et on
les y trouve en plus grand nombre à mesure que la décomposition
est plus complète , ce qui faisait dire au comte de Genisson :
« Les Silpha sont toujours les derniers à quitter la partie. »
Les Silpha Hispanica, Alpina et Quadripunctata se trouvent dans
les régions élevées : les deux premiers aux environs de Mont-
Louis, le troisième dans les bois de ces hautes régions ; les autres
espèces vivent dans nos environs, et sont répandues dans toutes
les localités du département.
Quatrième Genre, Sphœrites, Dufts.,
Sarapus, Fisch.
1. Sphœrites glabratus, Fab. Suecia.
Cinquième Genre, Agyrtes, Frœhl.
1. Agyrtes castaneus, Fab. Paris.
On trouve les Insectes de ces deux genres sous les amas de
végétaux que les eaux ont rejetés, et au milieu desquels vivent
beaucoup d'autres Insectes. Ils y sont attirés probablement par
TOHF. III. 43
674 HISTOIRE NATURELLE.
ces derniers, qui leur servent de pâture. Nous les avons cons-
tamment pris sur la plage et dans les prairies maritimes de notre
département. Le Castaneus est très-rare.
Sixième Genre, Scaphidium, Fab.
1. Scaphidium agaricinum, Fab.
2. Scaphidium quadrimaculatum, Fab.,
5. Scaphidium immaculatum, Fab.
4. Scaphidium fasciatum, Dup.
Nous avons constamment trouvé ces Insectes sur les champi-
gnons ; quelquefois dans le bois, mais c'est accidentellement.
Le Quadrimaculatum et le Fasciatum sont tort rares.
Septième Genre, Catops, Fab.,
Choleva, Latr.
1, Catops morio, Fab. Paris.
2. Catops luridus, Dej. Hispania.
5. Catops oblongus, Latr. \
4. Catops chrysomeloïdes, Latr. ( Paris.
5. Catops rufescens, Fab. >
6. Catops flavescens, Dej. Hispania.
Les Insectes de ce genre vivent généralement sur les champi-
gnons, mais ce n'est pas là qu'on les trouve toujours; ils sont
répandus dans diverses localités de la plaine et de la montagne,
sous les écorces, dans le bois, sous les débris des végétaux,
quelquefois même dans les maisons. V Oblongus et le Chryso-
meloïdes sont beaucoup plus rares que les autres.
Huitième Genre, Leptinus, Mull.
Ce genre, qui n'est pas porté dans le catalogue de
Dejean, figure dans la famille des Silphœ du catalogue
de M. Gaubil.
INSECTES. 075
1. Leptinus testaceus, Mull. Helvetia.
Il fut trouvé par M. Delarouzé dans les environs de La Preste,
le 10 juillet 1860.
Neuvième Genre, Peltis, Fab.
Germania.
1. Peltis oblonga, Fab. )
2. Peltis ferrugïnea, Fab. \
Fah \
Suecia.
3. Peltis grossa, Fab.
4. Peltis dentata, Fab.
C'est sous les écorces des vieux arbres, dans les forêts, qu'il
faut chercher les Peltis. Les régions moyennes en fournissent le
plus grand nombre ; cependant, c'est aux régions les plus élevées
que nous avons constamment trouvé le Dentata, qui est le plus rare.
Dixième Genre, Thymalus, Latr.
1. Thymalus limbatus, Fab. Alpes gallicœ.
Onzième Genre, Thyreosoma, Dej.
1. Thyreosoma cassideum, Dej. Nord.
Ce sont encore les champignons qui recèlent les Insectes de ces
deux genres; et c'est toujours aux parties moyennes des monta-
gnes qu'il faut aller les chercher. On les trouve aussi quelquefois
sous les écorces des arbres. Ils ne sont pas très-communs.
Douzième Genre, Colobicus, Latr.
1. Colobicus marginatus, Latr. Paris.
Cet Insecte, qu'on croirait devoir vivre dans les champignons,
se trouve généralement sous les écorces des arbres. Il vit dans
les forêts du pied des Albères; mais il n'y est pas commun.
Treizième Genre, Ips, Fabr.
1. Ips abreviata, Panz. Paris.
676 HISTOIRE NATORELLE.
2. Ips quadripustulata, Fab. ) _
1 ' : . _ . [ uermania.
3. Ips quadnguttata, rab. )
4. Ips quadripunctata, Payk. Suecia.
5. Ips ferruginea, Fab. Paris.
6. Ips quadrinolata, Fab. Auslria.
7. Ips bimaculata, Gyll. Gallia meridionalis.
Ordinairement, presque tous les Insectes de ce genre se
trouvent sur les troncs, sous les écorces des arbres, et souvent
les fruitiers de nos vergers en sont infestés; à l'état de larve ils
font un mal immense. Les forêts des régions moyennes sont celles
qui en recèlent le plus grand nombre; quelques-uns, cependant,
paraissent aimer les régions froides, car nous les trouvons dans
les forêts des parties les plus élevées. La Quadrinotata et la
Quadripunctata sont de ce nombre, et ce sont les plus rares.
Quatorzième Genre, Strongylus, Herbst.
d. Strongylus luteus, Fab. ) .
2. Strongylus ferrugineus, Fab. j
3. Strongylus floralis, Dej. Gallia meridionalis.
4. Strongylus quadripunctatus, Illig. Suecia.
5. Strongylus strigatus, Fab. Paris.
6. Strongylus sericeus, Sturm. Germania.
Les trois premières espèces se trouvent généralement sur les
fruits et sur les arbres; elles sont répandues dans nos jardins,
surtout dans les environs d'Arles, auprès du Tech, où se trou-
vent des prairies plantées d'un grand nombre de pommiers.
Les trois dernières espèces ont été constamment trouvées sur
les champignons, surtout sur les lycoperdons (ou vesses de chien).
Cette espèce de bolet est assez répandue dans nos prairies de la
plaine et des montagnes, ainsi que dans les bois de toutes les
régions.
INSECTES. 071
Quinzième Genre, Nitidula, Fab.
1. Nitidula punctatissima, Illig. Gallia.
2. Nitidula varia, Fab. Suecia.
3. Nitidula colon, Fab. Paris.
4. Nitidula hœmorroïdalis, Payk. Suecia.
Les trois premières espèces ont été trouvées généralement
sous les écorces des vieux arbres de la région moyenne.
5. Nitidula rurîpes, Gyll. Suecia.
La Rufîpes a été constamment trouvée sous les écorces des
arbres de toute la plaine.
6. Nitidula bipustulata, Fab. Paris.
7. Nitidula sestiva, Gyll. Suecia.
8. Nitidula obsoleta, Fab. ) „ .
Parts
9. Nitidula pedicularia, Fab. (
On trouve très-souvent ces quatre espèces dans les maisons,
où elles ont été probablement apportées avec le bois. On les
prend aussi sur les fleurs et sous les écorces des vieux arbres.
La Pedicularia est assez rare.
10. Nitidula senea, Fab. Paris.
11. Nitidula viridescens, Fab. (Var. de la précédente.)
12. Nitidula obscura, Fab. ) _ .
> Parts.
15. Nitidula discoïdes, Fab. )
Ces quatre espèces se trouvent sur toute sorte de fleurs
répandues dans les bois , les prairies et les jardins de la plaine
et des montagnes moyennes.
14. Nitidula flexuosa, Fab.
' trama meriatonalts .
15. Nitidula sinuatocollis, Dej.
16. Nitidula decemguttata, Fab. Suecia.
678 HISTOIRE NATURELLE.
Ces trois dernières espèces se tiennent toujours sous les
écorces, surtout dans les bois humides des régions moyennes.
La Decemguttata est plus rare que les autres.
Seizième Genre, Cercus, Latr.,
Catheretes, Herbst.
1. Cercus atratus, Dej.
2. Cercus urtiese, Fab. /
5. Cercus pedicularis, Fab. (
4. Cercus ferrugineus, Dej.
5. Cercus rubicundus, Dej. Gallia meridionalis.
6. Cercus pulicarius, Latr. Paris.
Les Insectes de ce genre sont très-petits et vivent généralement
sur les fleurs, où on les trouve pendant la belle saison; ils sont
répandus danstoute la plaineet dansles régions moyennes. VUrticœ
et le Pulicarius sont constamment sur les orties. Ils sont excessi-
vement agiles, et c'est avec le filet qu'on doit se les procurer.
Dix-septième Genre, Micropeplus, Latr.
1 . Micropeplus sulcatus, Herbst. Paris.
2. Micropeplus caelatus, Schùp. Germania borealis.
C'est sur les fleurs de toute espèce qu'on trouve les Insectes
de ce genre; ils sont répandus dans les champs, les lisières des
bois taillis et dans les prairies de tout le département.
Dix-huitième Genre, Bt/turus, Dej.
i. Bvturus tomentosus, Fab. / _ .
< Parts.
2. Bvturus fumatus, Fab. )
Les Byturus sont encore des Insectes qui vivent sur les fleurs;
on se les procure en promenant le filet sur les prairies de la
plaine. Nous regardons le Fumatus, comme une variété du
Tomentosus.
INSECTES. 1)79
Dix-neuvième Genre, Engis , Fab.,
Dacitc, Lalr.
1. Engis humeralis, Fab. Paris.
2. Engis caerulea, Latr. Nord.
0. Engis sanguinicollis, Fab. Germania.
4. Engis ruûfrons, Fab. Gallia.
Ce genre vit sur les bolets, et cependant on le trouve quelque-
fois sous les pierres, sous les écorces des vieux chênes et des
chênes-verts, dans les régions moyennes. C'est sous l'écorce du
chène-liége que nous avons constamment trouvé le Sanguinicollis
et le Rufifrons, espèces très-jolies et fort rares.
Vingtième Genre, Antherophagus, Knocli.
1. Antherophagus nigricornis, Fab. Paris.
2. Antherophagus pallens, Fab. Gallia.
C'est sur les fleurs qu'il faut chercher ces Insectes; ils sont
répandus dans toute la plaine. Le Nigricornis nous fournit une
variété à antennes rougeâtres, qui est fort jolie.
Vingt-unième Genre, Cryptophagus, Herbst.
1. Cryptophagus typhae, Gyll. j pg^
2. Cryptophagus cellaris, Fab. (
5. Cryptophagus quadricollis, Dej. Gallia meridionalis.
4. Cryptophagus nigricollis,Mark. (V. duRufipennis^e}.)
5. Cryptophagus mesomelus, Payk.
6. Cryptophagus nigripennis, Payk./
7. Cryptophagus hirtus, Gyll.
8. Cryptophagus pusillus, Payk.
9. Cryptophagus globulus, Payk. Suecia.
10. Cryptophagus testaceus, Dej= Paris.
11. Cryptophagus rotundicollis, Dej. Hispania,
1)80 HISTOIRE NATURELLE.
Les Insectes de ce genre sont de très-petite taille; ils vivent dans
le bois, et il n'est pas rare d'en trouver beaucoup d'espèces dans
nos habitations. On peut s'en procurer plusieurs sous les écorces
des vieux chênes et des chènes-liége, dont la rugosité leur donne
un abri sûr. Le pied des arbres garnis de broussailles en contient
un grand nombre. Nous n'en avons jamais trouvé dans le filet, ce
qui ferait croire avec raison qu'ils ne se tiennent ni sur les fleurs
ni sur les plantes. Le Nigripennis et le Pusillus sont fort rares.
Vingt-deuxième Genre, Ptiliwm, Schûp.
l.'Ptilium fasciculare, Herbs. Gallia.
2. Ptilium pusillum, Gyll. Suecia.
Coléoptères de très-petite taille, qu'on trouve sur le tronc des
vieux arbres et sous leurs écorces; on les prend aussi dans les
fourmilières. Ils vivent dans le bois qu'ils percent de petits trous
et y font un grand mal ; on les trouve aussi dans les maisons.
Vingt-troisième Genre, Dermestes, Lin.
1. Dermestes lardarius, Fab. j
2. Dermestes vulpinus, Fab. ! Paris.
o. Dermestes murinus, Fab. )
4. Dermestes tessellatus, Fab. Gallia.
5. Dermestes ater, Oliv. ) ., ,,. ... ,.
_ _ _ . [ Gallia meriaionalis.
b. Dermestes thoraeicus, Dej. )
7. Dermestes roseiventris, Pey. Pyrenœi.
8. Dermestes spinipennis, Chevrier. Geneva.
9. Dermestes bicolor, Fab. Italia.
Généralement ces Insectes vivent sur les cadavres, et c'est
particulièrement là qu'il faut les chercher : on les y trouve en
abondance. Si l'on place quelque part le cadavre d'un animal
pour se procurer des Insectes, les Dermestes ne tardent pas à
s'y porter en nombre. Cependant, ce n'est pas exclusivement sur
INSECTES. 081
les cadavres qu'on les trouve toujours : le pied des arbres garnis
de mousse, les amas de végétaux dans les lieux humides, leur
servent souvent de repaire ; ils y sont attirés sans doute par une
masse de larves dont ils font leur pâture. Si, près des dunes,
l'on voit le cadavre de quelque poisson, -on est certain d'y trouver
des Dermestes. Ainsi, le naturaliste ne doit pas se rebuter par la
mauvaise odeur que répandent les corps morts qui commencent
à se décomposer; car c'est dans les charognes infectes qu'il est
sûr de trouver de fort belles espèces.
Les Dermestes sont à redouter dans les collections d'histoire
naturelle. Ils y font un dégât énorme; cependant, ils sont utiles
dans la nature, et nous rendent de grands services, en contri-
buant à la destruction des parties tendineuses et nerveuses des
cadavres. Lorsqu'on touche ces Insectes, ils restent immobiles,
et on les croirait morts; mais bientôt après ils prennent la fuite
pour échapper au danger : ils sont très-agiles.
Vingt-quatrième Genre, Attagenus, Latr.
1. Attagenus trifasciatus, Fab. Gallia meridionalis.
2. Attagenus undatus, Fab.
5. Attagenus pellio, Fab.
4. Attagenus vigintiguttatus, Fab. Germania.
5. Attagenus megatoma, Fab. Gallia meridionalis.
6. Attagenus Schaefferi, Illig. Germania. 0
7. Attagenus flavicornis, Dej. Gallia meridionalis.
Insectes de petite taille, se nourrissant aussi de cadavres. Ils
sont funestes aux collections , et s'attachent de préférence aux
Mammifères; leurs larves surtout font le plus grand mal. Quel-
ques larves de cette tribu se tiennent sous les écorces et au pied
des vieux arbres, où probablement elles se nourrissent de cada-
vres d'autres insectes. On trouve l'Insecte parfait, en tout temps,
près des corps morts. Le Trifasciatus et le Flavicornis sont fort
rares.
( Paris.
082 HISTOIRE NATURELLE.
Vingt-cinquième Genre, Megatoma, Latr.
1. Megatoma serra, Fab. Paris.
Cet Insecte, qui est de très-petite taille, et qui probablement se
nourrit aussi de cadavres, ne se trouve, cependant, que sous les
écorces des vieux arbres, aux endroits surtout où il y a un suin-
tement occasionné par une plaie qui laisse échapper la sève; il
paraît se plaire sur cette partie humide.
Vingt-sixième Genre, Trogoderma, Latr.
1. Trogoderma elongatulum, Fab. Gcrmania.
2. Trogoderma ruficornis, Latr. Gallia.
Les Trogoderma sont aussi de très-petite taille. Ils ont les
mêmes mœurs des autres Insectes de cette famille; cependant
on les trouve toujours sur les fleurs, et le filet est le plus sûr
moyen de se les procurer.
Vingt-septième Genre, Anthrenus, Fab.
4. Anthrenus museorum, Fab. Paris.
2. Anthrenus scrophulariae, Fab. Germania.
3. Anthrenus pimpinella, Fab. Paris.
4. Anthrenus albidus, Dei. ) -, „. ... ,.
J; , > Gallia meridionahs.
5. Anthrenus glabratus, Fab. )
6. Anthrenus verbasci, Gyll. Suecia. (Var. du Tricolor.)
Ce genre fait le désespoir des collecteurs et des ménagères.
Quand ces Insectes pénètrent dans une collection d'histoire natu-
relle, ils la dévorent; comme aussi lorsqu'ils s'introduisent dans
une armoire où l'on conserve des objets en laine, ils font un mal
immense. Le naturaliste ne saurait prendre assez de précautions
ni assez de moyens pour s'en défendre; leurs larves sont si petites
qu'elles passent par la moindre fente, et la femelle a l'instinct de
déposer ses œufs imperceptibles sur le rebord de la jonction des
armoires. Dans le Midi, surtout, il faut un soin tout particulier
[RSECTBS. 083
pour conserver les collections. On les trouve sur toute espèce do
plantes en fleurs : les campanulacées et les ombellifères surtout
en sont couvertes au premier printemps. VAlbidus et le Pimpi-
nella sont assez rares.
Vingt-huitième Genre, Aspidiphorus , Ziegl.
1. Aspidiphorus orbiculatus, Gyll. Suecia.
Insecte de petite taille, qu'on trouve sur les cadavres en décom-
position et sous les écorces des vieux arbres. On s'en empare
très-difficilement à cause de sa petite taille et de son agilité. On
le trouve aussi sur les plantes en fleurs; et quand on a fauché
quelque temps avec le tilet, on est sûr d'y trouver quelques-uns
de ces Insectes , mais en petit nombre , car ils sont rares.
Vingt-neuvième Genre, Hister, Lin.
lrc Division.
1. Hister major, Fab. Gallia meridionalis .
Dans les bouses des vaches qui ont séjourné quelque temps
sur les prairies (rare).
1. Hister cadaverinus, Payk. Suecia.
Cadavres et fientes (très-commun).
5. Hister unicolor, Fab. Paris.
Détritus des végétaux, cadavres et fientes (très-commun).
4. Hister lunatus, Fab. Paris.
Bouses et cadavres (commun).
5. Hister inaequalis, Fab. Gallia meridionalis.
Bouses un peu sèches.
6. Hister merdarius, Payk. Paris.
Dans les excréments humains (commun).
G84 HISTOIRE NATURELLE.
7. Hister binotatus, Dej. Gallia meridionalis.
Bouses et cadavres.
2e Division.
8. Hister sinuatus. Payk. Suecia.
9. Hister quadrinotatus, Payk. Austria.
Bouses et cadavres.
3e Division.
10. Hister corvinus, Ger. Paris.
Généralement dans les champignons et les cadavres.
11. Hister bimaculatus, Fab. Paris.
Dans les bouses et les détritus (assez rare).
12. Hister duodecimstriatus, Payk. Paris.
Dans les bouses et sous le fumier amoncelé dans les champs
(commun).
4e Division.
13. Hister purpurascens, Fab. Paris.
Bouses et détritus.
14. Hister carbonarius, Payk. Paris.
Sous les amas de plantes en décomposition et les fumiers.
15. Hister fimetarius, Payk. Austria.
Fumiers et bouses.
16. Hister stercorarius, Payk. Paris.
17. Hister sinuatus, Fab. Austria.
Se trouvent aussi dans les bouses et les fumiers.
5e Division.
18. Hister cruciatus, Payk. Gallia meridionalis.
Cadavres et détritus de végétaux. Il est assez rare.
19. Hister semipunctatus, Fab. Gallia meridionalis.
Cadavres,
INSECTES. 685
20. Hister nitidulus, Fab. Paris.
21. Hister intricatus, Latr. ) „ „.
ac. TT. _, . \ h allia meridionalis.
zz. Hister massihensis, Dej. )
25. Hister Algericus, Payk. Hispania.
Ces quatre espèces se trouvent dans les cadavres et dans les
bouses. Les deux dernières sont fort rares.
6e Division.
24. Hister œneus, Fab. Paris.
Cadavres et fourmilières.
25. Hister aflfmis, Payk. Gallia meridionalis.
Détritus des végétaux.
26. Hister dimidiatus, Payk. Gallia meridionalis.
Mêmes lieux que le précédent.
27. Hister metallicus, Fab. Germania.
28. Hister metallesceus, Dej. Gallia meridionalis.
Ces deux espèces se trouvent dans les cadavres et dans les bouses.
29. Hister rufipes, Payk. Gallia meridionalis.
Dans les cadavres avancés (très-rare).
30. Hister œreus, Dej. Hispania.
Détritus et cadavres (très-rare).
31. Hister speculifer, Payk. Paris.
52. Hister virescens, Payk. Gallia.
Ces deux derniers se trouvent dans les bouses et sur les cada-
vres. Ils sont assez rares.
Comme on vient de le voir, on rencontre les Insectes de celte
famille dans les cadavres, les ordures, les fumiers, les bolets en
dissolution , les fourmilières et sous les amas de végétaux en
décomposition. Voilà des gîtes bien différents : ils y sont attirés
086 HISTOIRE NATURELLE.
par la réunion de larves et d'Insectes de divers genres , qui s'y
trouvent amassés, et dont ils font leur pâture. Ces Insectes sont
généralement de moyenne taille, de forme ovalaire et un peu
bombée. Leurs couleurs sont sombres ou métalliques. Quelques-
uns (en petit nombre) ont des taches; d'autres ont des lignes en
forme de croix sur'les élytres. Leur faciès est si ressemblant,
que leur étude est excessivement difficile. Paykull l'a facilitée en
les divisant en sections, et en attribuant à chacune des caractères
plus ou moins distincts : sa monographie du genre Hister est
bonne à consulter.
On rencontre les Hister en toute saison ; mais c'est particuliè-
rement pendant l'été qu'on les trouve en plus grand nombre.
Après une forte inondation, on les voit en masse sous les débris
des végétaux rejetés sur la grève par la mer; et alors on rencontre
réunis tous ceux qu'on trouve ordinairement isolés dans d'autres
circonstances.
Les Hister sont si voraces, qu'ils détruisent une grande quantité
d'autres Insectes ; et si , par malheur, on en renferme quelqu'un
dans la boîte de chasse , quand on rentre le soir, on a le regret
de reconnaître qu'il a dévoré la plus grande partie des Insectes
qu'elle contenait : il est donc essentiel d'avoir un compartiment
exprès pour le genre Hister.
Trentième Genre, Dendrophilus, Leach.
1. Dendrophilus rotundatus, Fab. Paris.
2. Dendrophilus miniums, Dej. Gallia.
3. Dendrophilus troglodytes, Payk. Gallia meridionalis.
4. Dendrophilus pygmreus, Payk. Suecia.
5. Dendrophilus punctatus, Payk. Germania.
Ces Insectes, petits et plus bombés que le genre précédent,
se trouvent généralement sous les écorces et sous les pierres
humides; quelques-uns dans les fourmilières : ils paraissent vivre
aussi aux dépens des larves d'autres Insectes.
INSECTES. 687
Trente-unième Genre, Abrœus, Leach.
1. Abrœus globulus, Payk. Auslria.
2. Abrœus globosus, Payk. Paris.
5. Abrœus vulneratus, Panz. Suecia.
C'est aussi sous les écorces , les fourmilières , les détritus des
végétaux et sur les bolets , qu'il faut chercher ces très-petits
Insectes, qui sont difficiles à saisir. Le Vulneratus est très-rare.
Trente-deuxième Genre, Hœterius, Godet.
\ . Hœterius quadratus, Payk. Germania.
Ce genre, qui est excessivement rare, a toujours été trouvé
sous les écorces des vieux arbres.
Trente-troisième Genre, Onthophilus, Leach.
\. Onthophilus sulcatus, Fab. Gallia meridionalis.
2. Onthophilus costatus, Dej. Nord.
3. Onthophilus striatus, Fab. Paris.
Insectes de très-petite taille, qu'on trouve habituellement sous
les détritus des végétaux, sous les écorces et sous les pierres, au
printemps. Leur agilité les rend difficiles à saisir; ils se laissent
tomber dès qu'on les approche, et restent dans une complète
immobilité. Le Sulcatus est fort rare.
Trente-quatrième Genre, Platysoma, Leach.
i. Platysoma depressum, Fab. Paris.
2. Platysoma pini, Solier. Gallia meridionalis.
5. Platysoma oblongum, Fab. \
4. Platysoma frontale, Payk. J Germania.
5. Platysoma complanatum, Payk. )
6. Platysoma ançustatum, Pavk. , ,,
_ _, / . . _ ' ' Suecia.
i. Platvsoma picipes, Fab. )
688 HISTOIRE NATURELLE.
Ce genre vit, comme les précédents, sous les écorces, sous les
pierres, sous les détritus et sur les bolets. C'est dans ces gîtes
qu'il faut le chercher et qu'on le trouve, au printemps, à l'état
d'Insecte parfait.
Trente-cinquième Genre, Hyporhagus, Dej.,
Monomma, Klug.
1. Hyporhagus gibbosus, Dej. Nord.
Nous avons toujours trouvé cet Insecte, qui est fort rare, sous
les écorces du chêne-liége, lorsque surtout quelque partie de
l'arbre a été altérée par une plaie récemment faite, et qui laisse
couler une liqueur visqueuse.
Trente-sixième Genre, Throscus, Latr.
1. Throscus adstrictor, Fab. Suecia.
En visitant, lorsqu'elles commencent à se décomposer, les
fleurs qui tombent à terre, en été, on est sur d'y trouver ce petit
Insecte. Il doit probablement aussi se rencontrer sous les pierres.
Nous ne l'avons jamais trouvé dans notre filet en fauchant, ce qui
nous fait penser qu'il ne se plaît pas sur les fleurs. Il est rare.
Trente-septième Genre, Nosodendron, Latr.
1. Nosodendron fasciculare, Fab. Paris.
Il paraît vivre particulièrement dans les plaies faites aux arbres;
car on y trouve en même temps les larves et les insectes parfaits.
Il fréquente aussi les fleurs, et le filet sert à se le procurer. Nous
l'avons trouvé sur diverses espèces d'arbres, même sur les arbres
fruitiers, dans nos jardins. Il est rare.
Trente-huitième Genre, Byrrhus, Fab.
1. Byrrhus gigas, Fab. Carniolia.
2. Byrrhus pilula, Fab. i p .
5. Byrrhus varius, Fab. )
INSECTES. 689
4. Byrrhus ornatus, Panz. Austria.
5. Byrrhus Pyrenœus, Dej. Pyrenœi.
6. Byrrhus dorsalis, Fab. Paris.
7. Byrrhus murinus, Fab. Suecia.
8. Byrrhus arenarius, Dufts. Austria.
9. Byrrhus nitens, Fab. Paris.
10. Byrrhus striatopuuctatus, Dej. Hispania.
M. Byrrhus vestitus, Dej. Germania.
Les Byrrhus ont diverses stations. Nous les trouvons dans les
bouses, sous les pierres, sur les plantes et sur les fleurs; ils
habitent les endroits sablonneux, les prairies, les bois et les
champs. Ce sont des Insectes de petite taille; ils volent avec
facilité ; leur démarche est lente, et au moindre danger ils res-
tent immobiles. Le Pyrenœus, Y Ornatus et le Striatopunctatus
sont rares.
Trente-neuvième Genre, Limnichus, Ziegl.
1. Limnichus riparius, Dej. Gallia meridionalis.
Nous trouvons dans les mêmes localités cet Insecte, qui se
rapproche beaucoup des Byrrhus par sa forme. Il en a les mœurs
et les habitudes (rare).
Quarantième Genre, Georisus, Latr.
\. Georisus pygmaeus, Fab. Paris.
2. Georisus canaliculatus, Dej. Hispania.
5. Georisus striatus, Dej. Gallia meridionalis.
4. Georisus sulcatus, Dej. Hispania.
Les Georisus sont de très-petits Insectes qui vivent dans les
lieux humides, sous les amas de végétaux ayant un commence-
ment de décomposition. On les trouve aussi au bord des mares
d'eau, parmi les mousses et les plantes aquatiques.
TOME III. 44
690 HISTOIRE NATURELLE.
Quarante-unième Genre, Elmis, Latr.,
Limnius, Illig.
1. Elmis Volckmari, Mull. ) paHs
2. Elmis œneus, Mull. )
3. Elmis obscurus, Mull. Germania.
4. Elmis subviolaceus, Nées. Gallia,
5. Elmis parallelipipedus, Mull. Paris.
6. Elmis Maugetii, Latr. Gallia.
Les Elmis sont de très-petits Insectes qu'il faut aller chercher
dans les eaux. Ils se trouvent fixés dans les cavités des pierres qui
sont au fond des eaux; on les trouve aussi attachés aux racines
des plantes aquatiques et aux bois qui sont fixés dans la vase.
On les trouve encore en abondance dans les endroits pierreux,
vers les bords de La Tet et du Tech. UObscurus et le Subvio-
laceus sont très-rares.
Quarante-deuxième Genre, Macronichus, Mull.
1. Macronichus quadrituberculatus, Mull. Germania.
Quarante-troisième Genre, Potamophilus, Germ.
4. Potamophilus acuminatus, Fab. Germania.
Ces deux genres habitent les mêmes lieux que les Elmis. Us
paraissent en avoir les habitudes.
Quarante-quatrième Genre, Parnus, Fab.,
Driops, Oliv.
\. Parnus striatopunctatus, Dej. Gallia meridionalis.
2. Parnus prolifericornis, Fab. Germania.
o. Parnus Dumerilii, Latr. Gallia meridionalis.
4. Parnus auriculatus, Illig. Suecia.
Les Insectes de ce genre paraissent ne pas avoir les mêmes
habitudes que les précédents. Quoique se tenant dans les eaux,
INSECTES. 691
on ne les trouve jamais pris aux pierres, mais bien aux plantes
aquatiques qui croissent au bord des eaux dormantes, et dans les
mares, surtout celles qui sont submergées en hiver. Le Striato-
punctatus et le Dumerilii sont rares.
Quarante-cinquième Genre, Heterocerus, Fab.
\ . Heterocerus marginatus, Fab. Paris.
2. Heterocerus minutus, Dej. Hispania.
Les Hétérocères paraissent éminemment fouilleurs. C'est dans
la vase, dans le sable humide, au bord des mares ou des rivières
qu'ils se tiennent. On les fait sortir de ces lieux en remuant la
vase : ils marchent avec agilité et sont difficiles à saisir.
APPENDICE A LA FAMILLE DES CLAVICORNES.
Dans l'année 4860, M. Delarouzé nous communiqua
plusieurs Insectes de la famille des Clavicornes qui ne
figurent point dans le catalogue de Dejean, mais qui
sont décrits dans l'entomologie de M. Fairmaire. Nous
les avons réunis dans cet appendice.
Genre Catopsimorphiis.
1. Catopsimorphus Fairmairii, Delarouzé. Pyr. orient.
2. Catopsimorphus Marqueti, Fairmaire.
Trouvés le 10 mars 1860, aux environs de Collioure, sous les
pierres, au bord de la mer.
Genre Crocotus.
1. Crocotus unicolor, Lucas.
Trouvé dans la même localité, le 23 juin, même année.
Genre Plegaderas.
1. Plegaderus pusillus, Rossi. Italia.
Même localité, le 5 juin 1860.
692 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Antomaria.
4. Antomaria Rhenorum, Krantz.
Même localité, le 8 novembre 1860.
Genre Throscus.
4. Throscus elateroïdes, Heer. Helvetia.
Le 8 novembre 1860, même localité.
Famille des Palpicornes.
Cette famille a été établie par Latreille; elle a subi de
grandes modifications. Elle comprenait deux tribus, les
Hydrophiliens et les Spheriodites , et a pour caractères :
antennes terminées en massue et ordinairement perfoliées
de six a neuf articles, insérées sous les bords latéraux
avancés de la tête , guère plus longues qne les palpes
maxillaires; menton grand, en forme de bouclier; corps
ovoïde, hémisphérique, bombé ou voûté; pieds, dans
plusieurs, propres a la natation, et n'ayant alors que
quatre ou cinq articles bien distincts , le premier beau-
coup plus court que le deuxième.
Les Insectes de la première tribu, lorsqu'ils sont dans
l'eau, étendent leurs palpes et retiennent alors leurs
antennes cachées ; mais lorsqu'ils sont en dehors de cet
élément, c'est tout le contraire, ils développent leurs
antennes, cachent leurs palpes et se servent des premières
pour toucher les corps environnants et pour diriger leur
marche.
Premier Genre, Elophorus, Fab.
4 . Elophorus grandis, Illig. ) parù
2. Elophorus nubilus, Fab. \
INSECTES. 693
o. Elophorus minutus, Fab. Paris.
4. Elophorus griseus, Gyll. (Var. du précédent.)
0. Elophorus ruçosus, Oliv. ) „ „. ...
_ _. , ; .. ^ . } Gallia meridionalis.
6. Elophorus mtermedius, Dej. )
7. Elophorus tuberculatus, Gyll. Suecia.
Les Insectes de cette tribu vivent dans l'eau. Leurs larves se
tiennent dans la vase; et lorsqu'elles deviennent insectes parfaits,
elles grimpent sur les plantes aquatiques. Ils sont de petite taille,
peu agiles, marchent mal; on les trouve sur la vase, au bord des
étangs ou des mares ; ils nagent mal , et on prétend qu'ils ne
volent pas du tout. Le Rugosus et YIntermedhis sont rares.
Deuxième Genre, Hydrochus, Germar.
1. Hydrochus nilidicollis, Dej. Gallia orientalis.
2. Hydrochus crenatus, Fab. Gallia meridionalis .
3. Hydrochus costatus, Dej. Paris.
4. Hydrochus brevis, Payk. Suecia.
Les Hydrochus sont aussi très-petits; ils vivent dans les eaux,
comme le genre précédent, dont ils ont les mœurs.
Troisième Genre, Ochthebins , Leach.
1. Ochthebius meridionalis, Dej. Gallia meridionalis.
2. Ochthebius riparius, Illig. Paris.
5. Ochthebius impressifrons, Dej.]
4. Ochthebius impressicollis, Dej.[ Gallia meridionalis.
5. Ochthebius obscurus, Dej.
Comme les deux genres précédents, les Ochthebius ont les mêmes
habitudes. Ce sont des Insectes de très-petite taille, qu'on trouve
dans les mêmes localités.
Quatrième Genre, Hydrama, Kugel.
1. Hydr?ena longipalpis, Schô. Svecia.
694 HISTOIRE NATURELLE.
2. Hydrœna gracilis, Mull. Germania.
5. Hydrsena minutissima, Gyll. Suecia.
Insectes de très-petite taille, ne différant point par leurs habi-
tudes des genres précédents, et qu'on doit chercher dans les
mêmes lieux, sous les pierres, dans l'eau, dans la vase et sur les
plantes aquatiques.
Cinquième Genre, Sperchœus, Fab.
1. Sperchœus emarginatus, Fab. G allia borealis.
Insecte qu'on trouve très-rarement, soit que ses habitudes
diffèrent de celles des autres espèces de cette tribu, soit qu'il
ne quitte guère l'endroit où il se fixe. Nous l'avons toujours
trouvé cramponné au collet des racines des plantes aquatiques,
dans les mares d'eau de la Salanque et du littoral.
Sixième Genre, Berosus, Leach.
1. Berosus signaticollis, Meg. Paris.
2. Berosus luridus, Fab. Suecia.
5. Berosus punctatissimus, Dej. Paris.
Comme tous les Insectes de celle famille, les Berosus sont diffi-
ciles à se procurer : ils vivent comme eux dans le fond des eaux
des étangs et des ruisseaux. C'est par hasard , qu'après avoir
promené le filet sur la vase, on en retire quelques-uns. Le Lu-
ridus est fort rare.
Septième Genre, Hydrophilus, Fab.
1. Hydrophilus piceus, Fab. Paris.
2. Hydrophilus scrobiculatus, Panz. Gallia meridion.
o. Hydrophilus caraboïdes, Fab. Paris.
Les Hydrophiles sont des Insectes de grande taille. Ils sont
abondants dans toutes les eaux du département, dans les ma-
res , comme dans les eaux vives , lorsqu'il v a de la vase ; ils
INSECTES. 695
paraissent ne se plaire que dans les lieux vaseux, et ils nagent
avec facilité. C'est avec le filet qu'on peut se les procurer; quel-
quefois même, sur le bord des mares, on peut les saisir avec la
main. Ils abondent dans les agullas du Cagarell, près Canet, et
dans toutes les mares de la Salanque.
Huitième Genre, Hydrobius, Leach.
1. Hydrobius picipes, Fab. Paris.
2. Hydrobius convexus, Illig. Gallia meridionalis .
5. Hydrobius scarabeoïdes, Fab. Suecia.
4. Hydrobius grisescens, Dej. Austria.
5. Hydrobius griseus, Fab. \
6. Hydrobius globulus, Payk. j
7. Hydrobius bipunctatus, Fab. \ Paris.
8. Hydrobius truncatellus, Fab. \
9. Hydrobius orbicularis, Fab. ]
10. Hydrobius hemisphœricus, Dej. Gallia.
Ces Insectes sont moins grands qne ceux du genre précédent;
ils vivent comme eux dans les mares, les étangs et toutes les eaux
vaseuses. On peut aussi les saisir en promenant le filet sur la vase ;
ils sont attachés quelquefois aux plantes aquatiques. Toutes les
mares des parties basses du littoral en fournissent abondamment.
Le Globuhis, Y Hemisphœricus et le Bipunctatus sont rares.
Neuvième Genre, Sphœridium, Fab.
1. Sphœridium scarabeoïdes, Fab. ) _ .
} Paris.
2. Sphœridium bipustulatum, Fab. j
Les Insectes qui appartiennent à ce genre sont de petite taille,
et vivent dans les excréments des animaux herbivores plus parti-
culièrement. Dès qu'on les trouble dans leurs demeures, ils fuient
avec une extrême agilité. On les trouve dans toutes les localités
fréquentées par les bœufs et les juments.
696 HISTOIRE NATURELLE.
Dixième Genre, Cercyon, Leach.
1. Cercyon littorale, Gyll. Suecia.
2. Cercyon hsemorroïdale, Fab. \
5. Cercyon atomarium, Fab. > Paris.
4. Cercyon unipunctatum, Fab. '
5. Cercyon centrimaculatum, Strum. Gallia.
Mêmes mœurs et habitudes que les Insectes du genre précédent ;
cependant quelques espèces se trouvent dans le fumier, au bord
des eaux et dans les détritus des végétaux. Les parties basses du
département sont les lieux qu'ils habitent de préférence.
Famille des Lamellicornes.
Cette famille, établie par Latreille, a subi de grandes
modifications. Les réformes dont elle a été l'objet ont
porté un peu de clarté au milieu du grand nombre de
genres et d'espèces qui la composent. C'est parmi les
Lamellicornes que se trouvent les plus beaux Insectes
pentamères; ils se distinguent autant par la dimension
du corps que par la variété des formes et l'éclat de leurs
couleurs.
Les Lamellicornes offrent pour caractères généraux,
des antennes insérées dans une fossette profonde, sous
les bords latéraux de la tète, toujours courtes, de neuf à
dix articles, et terminées en une massue composée ordi-
nairement des trois derniers, qui sont en forme de lame.
Cette massue est tantôt disposée en éventail ou à la manière
des feuillets d'un livre ; elle est quelquefois contournée et
s'emboîtant concentriquement, le premier article ou l'in-
férieur de cette massue ayant la forme d'un demi-entonnoir
et recevant les autres; tantôt elle est disposée perpendi-
culairement à l'axe et formant une sorte de peigne.
INSECTES. 697
Le corps est généralement ovoïde ou ovalaire et épais;
le côté extérieur des deux jambes antérieures est denté,
et les articles des tarses, à l'exception de quelques mâles,
sont entiers et sans brosses ni pelotes en dessous. L'ex-
trémité antérieure de la tête s'avance ou se dilate le plus
souvent en manière de chaperon; le menton est grand,
recouvre la languette ou est incorporé avec elle, et porte
les palpes; les mandibules de plusieurs sont membra-
neuses, caractère unique pour cette famille. Souvent les
mâles diffèrent des femelles, soit par des élévations en
forme de cônes ou de tubercules du corselet ou de la
tête, soit par la grandeur des mandibules.
La plupart des Lamellicornes se nourrissent de végé-
taux décomposés , tels que le fumier , le tan , ou de
matières excrémentielles. Les Melitophiles se rencontrent
sur les fleurs ou sur le tronc d'arbres ulcérés; mais leurs
larves vivent de détritus ligneux.
Premier Genre, Atevchvs, Fab.
1. Ateuchus sacer, Fab. Gallia meridionalis.
2. Ateuchus semipunctatus, Fab. Italia.
Ces deux espèces se trouvent très-communément sur tout le
littoral de notre déparlement. On les voit voler sur les dunes, et
traîner souvent sur le sable une grosse boule qu'elles conduisent
à un trou pratiqué au pied d'une plante, sur une motte élevée
et un peu éloignée de la mer. Celle boule, formée par des excré-
ments, renferme les œufs que la femelle y a pondus : les larves
en naissant commencent à y trouver leur première nourriture
(très-communes).
5. Ateuchus variolosus, Fab. Dalmatia.
4. Ateuchus pius, Illig. Hungaria.
698 HISTOIRE NATURELLE.
Ces deux espèces sont assez communes au pied des Albères,
dans toute la plaine qui longe leur base. Elles fouillent les
fientes des cochons plus particulièrement. Leurs boules, qu'elles
traînent comme les deux espèces précédentes, sont faites avec
cette même fiente; elles les cachent aussi dans les terres légères,
au bord des fossés des champs et des routes. Le Plus est plus rare.
5. Ateuchus puncticollis, Dej. Hispania.
6. Ateuchus laticollis, Fab. Gallia meridionalis .
On trouve ces deux espèces dans la plaine, sur les terres éloi-
gnées de la mer, le long du riverai de nos trois cours d'eau :
elles ne se trouvent pas aussi fréquemment que les autres espèces,
dont elles ont les habitudes.
Deuxième Genre, Gymnopleurus, Illig.
1. Gymnopleurus pilularius, Fab. Gallia.
Cette espèce est fort commune dans tout le département. On la
trouve par masses considérables sur les bouses, le long des routes,
et dans les champs. Aussitôt qu'ils sont inquiétés, ces Insectes
prennent le vol ; cependant on a toujours le temps d'en ramasser
un grand nombre. C'est l'habitude de former des boules avec les
fientes qui leur a fait donner le nom de Pilularius.
2. Gymnopleurus flagellatus, Fab. Gallia.
Le Flagellatus est moins commun. Il reste d'habitude clans les
terres arides : les vignes, les olivettes des parties élevées du centre
du département. Comme le dernier, on le rencontre toujours dans
les bouses et souvent dans les excréments humains (rare).
Troisième Genre, Sisyphus, Latr.
1. Sisyphus Schaefferi, Fab. Paris.
Très-commun dans les bouses, sur les chemins et les champs
de toute la plaine,
INSECTES. 699
Quatrième Genre, Pygurvs, Dej.
1. Pygurus productus, Dej. Nord.
Mêmes habitudes que le précédent (rare).
Cinquième Genre, Copris, Fab.
1. Copris Hispana, Fab. Gallia meridionalis.
Nous avons constamment trouvé cette espèce au milieu des
bouses de vaches, dans les prairies qui bordent la plage d'Argelès-
sur-Mer et dans celles de la plaine de Palau. Plus rare dans le
vallon de Banyuls-sur-Mer.
2. Copris lunaris, Fab.
, Paris.
3. Copris emarginata, Fab.
Ces deux espèces sont communes dans la bouse des vaches,
dans toute la plaine, dans les prairies des bords de la mer, et
dans toute la Salanque.
4. Copris paniscus, Fab. Gctllia meridionalis.
Celte espèce, beaucoup plus petite que les autres, se trouve
aussi dans les bouses, mais dans les bois arides des parties mon-
tueuses, les environs de Saint-Laurent-de-Cerdans et de Costujes.
Elle y est rare.
5. Copris granulata, Dej. Nord.
Assez commune dans la bouse des vaches, sur les prairies
élevées, Mont-Louis et ses environs. Nous l'avons aussi trouvée
dans les bouses, sur les prairies, vers la région moyenne du
Canigou (rare).
Sixième Genre, Onthophagus, Latr.
\. Onthophagus vacca, Fab. Gallia meridionalis.
2. Onthophagus hybueri, Fab. Austria.
3. Onthophagus taurus, Fab. Paris,
700 HISTOIRE NATURELLE.
4. Onthophagus fracticornis, Fab. Gallia.
5. Onthophagus Schreberi, Fab. Paris.
6. Onthophagus furcatus, Fab. Gallia.
7. Onthophagus ovatus, Fab. Paris.
8. Onthophagus ernarginatus, Dej. Gallia meridionalis.
9. Onthophagus hirtus, Illig. Lusitania.
10. Onthophagus nutans, Fab. j
11 Onthophagus cœnobita, Fab. | Paris.
12. Onthophag. nuchicornis, Fab.)
15. Onthophagus camelus, Fab. Germania.
Il faut encore chercher les espèces de ce nombreux genre dans
la bouse des bestiaux, dans les excréments humains même; on
les trouve en masse dans les prairies de la plaine et de la mon-
tagne. Le naturaliste ne doit pas craindre de remuer ces objets
infects : il se trouve dédommagé par les fort jolies et rares espèces
qu'il y rencontre.
Septième Genre, Bubas, Meg.
1. Bubas bison, Fab. Gallia meridionalis.
Nous trouvons cette espèce dans la bouse des bestiaux, dans
les terrains arides, les olivettes de Malloles et dans la contrée de
Thuir (assez rare).
2. Bubas bubalus, Latr. Gallia meridionalis.
Le Bubalus est assez commun : on le trouve de bonne heure,
fin février déjà, dans la bouse des bestiaux répandue dans toute
la plaine, dans toute la Salanque et dans les prairies maritimes
de tout le littoral.
Huitième Genre, Onitis, Fab.
1. Onitis Olivieri, Illig. Gallia meridionalis.
Les habitudes de cet Insecte sont les mêmes que celles des
genres précédents. Il faut aussi le chercher dans la bouse des
INSECTES. 701
vaches, sur les prairies et champs du bord de la mer, sur tout le
littoral. Il s'enfonce dans la terre, où il faut souvent aller le
chercher assez profondément : en remuant la bouse, on s'aper-
çoit bientôt du trou qu'il a fait dans la terre, et alors il est très-
facile de se le procurer en enfonçant à côté une lame de couteau
et soulevant la terre (il est commun).
2. Onitis furcifer, Ros. Italia.
3. Onitis Vandelli, Fab. Lusitania.
Ces deux espèces ont" les mêmes habitudes, et c'est sous les
bouses qu'il faut aussi les chercher. Elles vivent dans les champs
et prairies de l'intérieur des terres, assez éloignées de la mer;
car jamais nous ne les avons rencontrées dans les mêmes lieux
que YOUvieri. Elles sont très-rares.
Neuvième Genre, Oniticellus, Ziegl.
1. Oniticellus festivus, Stev. Russia meridiojialis.
2. Oniticellus flavipes, Fab. Paris.
Ces deux Insectes, comme tous ceux de cette tribu, se trouvent
dans les fientes des bestiaux, dans toutes les prairies de la plaine,
et dans celles de la montagne jusqu'aux élévations moyennes.
Dixième Genre, Aphodius, Fab.
1. Aphodius faetens, Fab.
2. Aphodius scybalarius, Fab.
5. Aphodius rufescens, Fab.
4. Aphodius porcus, Fab. [ p .
5. Aphodius pubescens, Ziegl.
6. Aphodius contaminatus, Fab.
7. Aphodius inquinatus, Fab.
8. Aphodius luridus, Fab.
9. Aphodius nigripes, Fab. Suecia.
10. Aphodius pécari, Fab. Gallia meridionalis.
702 HISTOIRE NATURELLE.
li. Aphodius rufipes, Fab.
Paris.
Paris
12. Aphodius erraticus, Fab.
15. Aphodius scrutator, Fab. Austria.
14. Aphodius subterraneus, Fab. Paris.
15. Aphodius hœmorroïdalis, Fab. Germania.
16. Aphodius constans, Dufts. Dalmatia.
17. Aphodius carbonarius, Strum.
18. Aphodius tristis, Panz.
19. Aphodius sus, Fab. Suecia.
20. Aphodius testudinarius, Fab.
21. Aphodius fimetarius, Fab.
22. Aphodius fossor, Fab.
/ Paris
25. Aphodius immundus, Sturm.
24. Aphodius nitidulus, Fab.
25. Aphodius prodromus, Fab.
26. Aphodius bipunctatus, Fab. Russia meridionalis.
27. Aphodius bimaculatus, Fab. ]
28. Aphodius quadrimaculatus, Fab.) Paris.
29. Aphodius merdarius, Fab. )
50. Aphodius monticola, Dej. Gallia meridionalis.
Les Insectes de cette nombreuse tribu, habitent toutes les lati-
tudes du département. Les bouses, les fientes des bestiaux de toute
sorte, les excréments humains, les fumiers; enfin, toutes les
substances putrescibles les attirent en grand nombre : en fouillant
ces déjections, on est sûr d'en faire ample provision. Ils vivent en
nombreuse famille dans le même gîte ; et, lorsqu'on découvre une
bouse, il n'est pas étonnant de les voir fuir ou s'enfoncer dans la
terre par centaines. Bon nombre d'espèces sont rares.
Onzième Genre, Oxyomus, Eschs.
1 . Oxyomus porcatus, Fab. Paris.
2. Oxiomus sabulosus, Dej. Gallia meridionalis.
INSECTES. 703
Douzième Genre, Psammodius , Gyll.
1. Psammodius porsicollis, Illig. Gallia meridionalis.
2. Psammodius vulneratus, Strum. Hungaria.
Treizième Genre, Mgialia, Latr.
\ . /Egialia globosa, Illig. Gallia borealis.
Ces trois genres ont été séparés du genre Aphodius. Il faudrait
taire bien d'autres coupures pour mettre de la clarté dans l'étude
de cette nombreuse tribu. Ils ont les mêmes habitudes et fré-
quentent les mêmes lieux que les Aphodius; c'est donc dans les
mêmes parages et avec les mêmes moyens qu'on se les procurera.
Ils sont excessivement agiles; et, dès qu'on découvre leur retraite,
ils cherchent à s'évader; la plupart restent dans une immobilité
complète pendant très-longtemps, au point de faire croire qu'ils
sont morts.
Quatorzième Genre, Trox, Fab.
1. Trox granulatus, Fab. Hispania.
Cette espèce se trouve sur les routes sablonneuses de la plaine
des Aspres, sur les lieux arides (rare).
2. Trox perlatus, Strum. j .
5. Trox hispidus, Fab. j
Ces deux espèces sont communes dans les lieux sablonneux
des prairies maritimes de tout le littoral.
4. Trox sabulosus, Fab. Suecia.
5. Trox arenarius, Fab. Paris.
Sur les dunes de tout le littoral on trouve en abondance ces
deux espèces, surtout près des cadavres de quelque poisson rejeté
par la mer; on les rencontre aussi dans les terres sablonneuses
de la plaine, près des fientes.
704 HISTOIRE NATURELLE.
6. Trox cadaverinus, Illig. Germania borealis.
Le Cadaverinus est beaucoup plus rare. On le trouve dans la
plaine, près des cadavres, surtout lorsqu'ils sont presque dessé-
chés; dans les fossés des fortifications de la ville et de la citadelle
de Perpignan.
Quinzième Genre, Lelhrus, Fab.
i. Lethrus cephalotes, Fab. Hungaria.
Seizième Genre, Geotrupes, Latr.
Ce sont encore les fientes des bestiaux qu'il faut remuer pour
y trouver les espèces de ce genre. Sur les grandes routes, dans
les champs et les prairies fréquentées par les bestiaux, on est
sûr d'en rencontrer à la tombée de la nuit : on les voit alors
courir sur les chemins, et pendant le jour on les voit voler.
\. Geotrupes dispar, Fav. Russia meridionalis.
Cette rare espèce se trouve dans les prairies et les champs qui
sont dans la plaine de Saint-Genis, au pied des Albères.
2. Geotrupes typhseus, Fab.
3. Geotrupes sylvaticus, Fab.
Ces deux espèces sont fréquentes dans les bouses, prairies de
Saint-Cyprien et d'Elne.
4. Geotrupes vernalis, Fab. Paris.
Avec cette espèce, commune dans les régions élevées de La
Preste et de Mont -Louis, on trouve les deux belles variétés
Autumnalis et Splendens de Ziegler.
5. Geotrupes stercorarius, Fab. Paris.
6. Geotrupes levigatus, Fab. Gallia meridionalis.
Les fientes des bestiaux renferment ces deux espèces. On les
voit partout, sur les routes, les champs et les prairies de toute
la plaine.
Paris.
INSECTES. 705
7. Geotrupes hypoerita, Schneid. Paris.
Cette jolie espèce n'est pas très-répandue. Nous l'avons trouvée
dans les régions élevées. Comme les autres espèces du genre,
elle vit dans les fientes des bestiaux.
8. Geotrupes Hoffmanseggii, Dej. Hùpania.
Cette espèce est excessivement rare. Elle a les mêmes habitudes
que les autres : c'est dans les bouses, dans les vignes et sur les
garrigues du vallon de Banyuls-sur-Mer seulement, que nous
l'avons trouvée.
Dix-septième Genre, Hybosorus, Mac-Leay.
1. Hybosorus a rat or, Fab. G allia meridionalis.
C'est encore dans les fientes et les champignons qu'on trouve
cette espèce, qui est fort rare.
Dix-huitième Genre, Ochodœus, Meg.
1. Ochodœus chrysomelinus, Fab. Austria.
Je ne puis donner de grands renseignements "sur cette espèce,
ne l'ayant prise qu'une seule fois en 1822. Nous allions à la
promenade avec le comte de Genisson. Mon fils, fort jeune alors,
prit un Ochodœus chrysomelinus, et fit de suite la remarque que
c'était une espèce que nous n'avions pas encore trouvée. Il avait
l'habitude de me suivre dans mes courses entomologiques, et il
était content quand nous trouvions quelque chose de nouveau :
nous étions sur les glacis des fortifications de la ville, au-dessus
de l'allée des platanes. Nous avons beaucoup cherché depuis;
mais nous n'avons plus trouvé cet Insecte, dont les habitudes
doivent être, cependant, celles de toutes les espèces de cette
tribu, et il doit vivre dans les fientes et les broussailles.
Dix-neuvième Genre, Hybalus, Dej.
1. Hybalus cornifrons, Dej. Italia meridionalis.
TOME HI. 45
706 HISTOIRE NATURELLE.
Trouvé sur la route de Castell à Saint-Martin de Canigou, une
seule fois, ce qui me fait croire que cet Insecte est fort rare.
Vingtième Genre, Bolboceras, Kirb.,
Odontœus, Meg.
1. Bolboceras mobilicornis, Fab. Paris.
2. Bolboceras Lusitanicus, Dej. Lusitania.
C'est dans la vallée de l'Agly que se trouvent ces deux espèces.
Je ne puis préciser le lieu où elles vivent; mais, après la forte
inondation du mois de mai 1842, elles furent assez abondantes
sur la plage de Torreilles, parmi la grande quantité de broussailles
rejetées par la mer. Le débordement des deux rivières, La Tet
et l'Agly , avait couvert toutes les terres de la Salanque , et
entraîné des masses de broussailles sur la grève. Jamais je n'ai
vu tant d'insectes réunis : les dunes de tout le littoral en étaient
couvertes; aussi en avons-nous fait ample provision.
Les Insectes de ce genre doivent avoir les mêmes habitudes que
les autres espèces de cette tribu ; et si on les trouve quelquefois
dans les luzernes de ces parages, c'est qu'il y a des bouses
déposées par les bestiaux.
Vingt-unième Genre, Oryctes, Illig.
1. Oryctes grypus, Illig. Gallia meridionalis.
2. Oryctes nasicornis, Fab. Paris.
Ces deux espèces vivent dans les terres arides, les olivettes des
environs de Perpignan, ùeMalloles surtout; tout le long de la base
des Albères; à Thuir, Ille et en d'autres lieux. On les voit, après
le coucher du soleil, sortant de leur trou pour se porter vers les
lïenles des bestiaux; dans la journée elles rentrent dans la terre.
Lorsqu'on laboure les champs, on en soulève quelquefois avec la
charrue. En fouillant auprès de vieux troncs d'oliviers, là où il
y a des broussailles surtout, on les y trouve blotties. Quand on
découvre un des trous qui conduit à leur retraite, on n'a qu'à
INSECTES. 707
y jeter de l'eau, el l'Insecle ne tarde pas à sortir : c'est de cette
manière qu'on peut se les procurer. La première est moins rare
que la seconde.
3. Oryctes silenus, Fab. Gallia meridionalis.
Cette espèce est très-commune aux environs de la ville, sur
les glacis des fortifications près la promenade des platanes, autour
des remparts intérieurs de la ville près la caserne de cavalerie,
et le long de la route qui borde la pépinière départementale.
On la voit, après le coucher du soleil, sortir des fourrés et
venir sur la grand'route visiter les fientes que les bestiaux v
ont déposé. Elle est très-commune en juin et juillet.
Vingt-deuxième Genre, Scarabams, Latr.
\. Scarabœus puncticollis, Dej. Gallia meridionalis.
2. Scarabœus monodon, Fab. Hungaria.
On rencontrait très-rarement ces deux Insectes dans les terres
et près des dunes; mais en 1842 ils furent très-abondants sous
les broussailles, qui couvraient toute la plage après l'inondation.
Comme ces Insectes ne sortent de leur retraite que pendant la
nuit, il n'est pas étonnant qu'on les trouve rarement. Le Monodon
est plus rare.
Vingt-troisième Genre, Pachypns, Dej.
1. Pachypus truncatifrons, Dej. Gallia meridionalis.
On trouve cet Insecte , qui est rare , dans les amas de brous-
sailles rejetées par les eaux, et au pied des arbres garnis de ces
mêmes broussailles.
Vingt-quatrième Genre, Anomala, Meg.
1 . Anomala vitis, Fab. Gallia meridionalis.
2. Anomala julii, Fab. Paris.
5. Anomala Frischii, Fab. (Var. du précédent.)
708 HISTOIRE NATURELLE.
Communes, en juin et juillet, sur les jeunes pousses des saules
dans les taillis qui bordent nos cours d'eau, la pépinière dépar-
tementale et tous les taillis des bords de La Tet et de l'Agly; la
couleur varie du beau vert jusqu'au bleu parfait dans le Yitis.
4. Anomala junii, Dufts. Gallia meridionalis.
On trouve celte espèce ordinairement sur les plantes et sur les
jeunes pousses des arbres qui bordent les fossés des parties basses
de Canet, et, dans tout le littoral, près des mares d'eau salée qui
se rapprochent le plus des bords de la mer. Elle est moins com-
mune que les deux autres.
Vingt-cinquième Genre, Anisoplia, Meg.
1. Anisoplia arvicola, Fab. Gallia meridionalis.
Commune sur les jeunes pousses des peupliers, le long de La
Tet et de tous les cours d'eau.
2. Anisoplia campestris, Latr. Gallia meridionalis.
Bord des champs sur les graminées, bord des fossés des routes
dans tout le département.
3. Anisoplia horticola, Fab. Paris.
4. Anisoplia Austriaca, Herbst. Âustria.
Ces deux espèces se trouvent habituellement sur toutes les
plantes qui croissent au bord des fossés des champs de toutes
les terres aspres.
5. Anisoplia fruclicola, Fab. Austria.
6. Anisoplia floricola, Fab. Hispania.
La rosa canina, qui borde une grande partie des fossés et des
haies des champs dans toute la contrée, est dévorée par ces deux
Insectes qui s'y tiennent par masses. La Fruclicola est plus
rare.
INSECTES. 709
7. Anisoplia agricola, Fab. Paris.
Les prairies et les luzernes de toutes les parties basses do la
Salanque; celles qui sont près des bords des rivières, sont cou-
vertes de cette espèce tant elle est commune.
Vingt-sixième Genre, Melolonlha, Fab.
1. Melolonlha fullo, Fab. G allia.
Cette très-jolie espèce n'est pas très-commune, ou du moins
il est très-difficile de se la procurer, parce qu'elle a l'habitude de
s'élever très-haut et de voltiger autour des sommités de nos plus
grands arbres. Les sujets qu'on peut se procurer sont ceux tombés
à terre par suite d'accident.
2. Melolontha vulgaris, Fab. Paris.
A la chute du jour, on voit cette espèce voler autour des
arbres de toute la plaine; elle sort de terre, et il est facile de
se la procurer.
5. Melolonlha hippocastani, Fab. Paris.
Cette espèce n'est pas Irès-commune dans ce pays. Je ne l'ai
trouvée qu'aux parties un peu élevées de la province , dans le
vallon de Saint-Laurent-de-Cerdans seulement.
Vingt-septième Genre, Catalasis, Dej.
\. Catalasis Australis, Schœn. Gallia meridionalis.
Elle est excessivement commune sur les dunes au bord de la
mer; on la trouve attachée aux plantes qui vivent dans ces parages.
Dès que le soleil quitte l'horizon, elle vole en si grand nombre,
que les personnes qui se trouvent au bord de la mer en sont exces-
sivement incommodées: elles viennent bourdonner par centaines
autour de la tète. Elle ne quitte jamais les environs des dunes.
2. Catalasis pilosa, Fab. Austria.
710 HISTOIRE NATURELLE.
3. Catalasis villosa, Fab. Paris. (Variété.)
Ces deux variétés sont aussi très-communes sur tout le littoral.
Elles se répandent dans les terres, et voltigent autour des arbres:
je les ai vues sur tous les points du littoral et dans toute la plaine.
4. Catalasis lanuginosa, Cornp. N. E. Pyren. oriental.
Cette espèce est fort rare par l'habitude qu'elle a de ne sortir de
terre que vers les onze heures du soir. Elle habite aussi les dunes
et se tient dans le sable : jamais, dans le jour, je ne l'ai trouvée
sur les plantes. Elle est d'un noir très-foncé; la suture et le bord
des élytres sont d'un blanc sale; les segments de l'abdomen sont
jaunâtres, et un duvet lanugineux couvre toutes les parties infé-
rieures ; elle est de la grosseur du Pilosa. M. le comte de Genisson
lui donna le nom de Lunuginosa. Je venais d'en faire la découverte
par le plus grand des hasards. On faisait tant de bruit sur la plage,
que, ne pouvant dormir, j'allumai ma lanterne pour chasser aux
Scarites, lorsque je vis sortir cet Insecte de terre. Son aspect me
frappa ; j'en fis provision , et depuis lors , quand j'ai voulu le pren-
dre, j'ai dû aller coucher sur la plage de Canet, car c'est l'endroit
où je l'ai découvert : je me suis parfaitement convaincu qu'il ne
sort de terre qu'au milieu de la nuit. Envoyé à M. le comte Dejean,
il reconnut que c'était une espèce nouvelle, et il adopta le nom que
que nous lui avions donné.
Vingt-huitième Genre, Rhisotrogus, Latr.
1. Rhisotrogus solsticialis, Fab. Paris.
On trouve assez communément le Solsticialis dans les prairies
maritimes qui sont près de nos étangs salés. Il vole à la chute du
jour ou de grand matin avant le lever du soleil , et se pose sur
les plantes, ce qui permet de le saisir facilement.
2. Rhisotrogus pini, Fab. Gallia meridionalis .
Cette jolie espèce n'est pas très-commune. On la rencontre fort
INSECTES. 7 H
rarement, et toujours en petit nombre dans diverses localités. Je
l'ai prise dans les terres voisines de la mer et à la lunette neuve,
derrière la citadelle de Perpignan. On la trouve en plus grand
nombre dans le vallon de Saint-Laurent-de-Cerdans et à Prats-
de-Mollô.
5. Rhisotrogus paganus, Oliv. Paris.
Les habitudes de cette intéressante espèce sont de voler très-ras
de terre aussitôt après le lever du soleil. Elle se tient dans toutes
les prairies maritimes qui bordent les dunes de Canet et du Bor-
digol; elle est difficile à prendre. Petite et volant très-vite, on la
distingue à peine, à cause de sa couleur sombre, sur les plantes
où elle se pose.
i. Rhisotrogus rufescens, Latr. ) n
> Pttt'îS .
5. Rhisotrogus ater, Fab. )
On trouve assez communément ces deux espèces dans les Cor-
bières. Elles viennent le soir butiner autour des arbres. Je les ai
prises aussi dans la région moyenne des Albères et de la montagne
de Céret.
6. Rhisotrogus «stivus, Oliv. Paris.
J'ai pris cette espèce dans les environs de Céret, sur la route
d'Àmélie-les-Bains, butinant le matin autour des buissons fleuris,
et quelquefois aussi dans la plaine volant autour des saules.
7. Rhisotrogus tropicus, Schôn. Gallia meridionalis.
Cette espèce est assez rare. On la trouve quelquefois volant
avec le Paganus dans les prairies maritimes, et toujours ras de
terre. En faisant usage du filet, on parvient à se procurer quel-
ques sujets.
8. Rhisotrogus perplexus, Dej. Gallia meridionalis.
Sur les dunes de Canet, près du Mm de l'Êspdrrou, entre l'étang
712 HISTOIRE NATURELLE.
et la butte où est située la métairie. On peut se le procurer à la
chute du jour, volant sur les joncs; il sort des mottes de sable
accumulées autour de ces plantes (rare).
Vingt-neuvième Genre, Omaloplia, Meg.,
Serica, Mac-Leay.
1. Omaloplia aquila, Dej. Gallia meHdionalis.
Cette intéressante espèce a été fort commune dans le temps; elle
est devenue très-rare depuis quelques années. Elle vivait dans les
taillis clair-semés du bord de la rivière, près la pépinière dépar-
tementale. Vers la chute du jour on était sûr de la prendre par
centaines entassées sur les plantes des taillis, quelquefois sur
les arbres : elle sortait des tas de sable que la rivière amoncelait
en cet endroit. Depuis que cette partie est devenue un bois fourré,
cette espèce a disparu et nous ne la voyons plus. Elle paraissait
de très-bonne heure, fin avril et commencement de mai (rare).
2. Omaloplia ruricola, Fab. ) _ .
îttVIS,
3. Omaloplia brunea, Fab. )
On trouve ces deux espèces sur les jeunes saules qui bordent
nos cours d'eau. Elles sont communes dans les parties basses de
la Salanque, tout près des dunes.
Trentième Genre, Hymenontia, Eschs.
1 . Hymenontia strigosa, lllig. Gallia meridionalis.
Cette très-petite et intéressante espèce se trouve communément,
sur les graminées, autour de la ville, surtout au bas de la pro-
menade des platanes et dans les taillis qui bordent la rivière vers
VEscourridou. Elle y abonde, et on trouve plusieurs sujets sur la
môme plante.
Trente-unième Genre, Chasmatopterus, Dej.
1. Chasmatopterus villosulus. Illig. Hispania.
INSECTES. 743
Les bords de la mer, entre Banynls et le Cap de Creus, nous
fournissent cette rare espèce. On la voit voltiger sur les plantes;
on la prend aussi sur les tiges des arbustes où elle se pose.
Trente-deuxième Genre, Hoplia, Ulig.
\. Hoplia farinosa, Fab. Gallia.
On voit cette jolie espèce, qui émaille les plantes sur lesquelles
elle se pose, dans toutes les prairies, les champs, les haies du
pays. Elle est très-abondante partout.
2. Hoplia argentea, Oliv. Paris.
UArgentea se trouve sur les jeunes pousses des saules qui vivent
au bord des cours d'eau, dans la partie basse de notre Salanque,
toujours très-près de la mer.
3. Hoplia squamosa, Fab. Austria.
Sur les jeunes pousses des peupliers des taillis qui bordent la
rivière de La Tel au-dessous du pont de la Pierre et vers Château-
Roussillon (rare).
4. Hoplia lepidota, Illig. Italia.
5. Hoplia rupicola, Bonel. (Variété de la précédente.)
Nous avons pris cette espèce et cette variété sur les plantes qui
croissent au bord des fossés des champs de la région moyenne de
nos montagnes; à l'avenue des acacias de la forge de M. Delcros
à Saint-Laurenl-de-Cerdans, et sur la montagne à droite du fort
de Bellegarde.
Trente-troisième Genre, Amphicoma. Latr.
\. Amphicoma bombyliformis, Fab. Russia meridion.
Insecte excessivement rare. Je ne l'ai trouvé qu'une seule fois
sur une jeune pousse d'acacia au bord de La Tet, vers Château-
Roussillon.
714. HISTOIRE NATURELLE.
Trente-quatrième Genre, Osmoderma, Encyclopédie.
i. Osmoderma eremita, Fab. Gallia.
Au bas de la chaîne des Albères, sur les plantes, au bord des
chemins et sur les troncs des vieux arbres , entre Saint-Génis et
La Roca. Elle vole au milieu du jour, et on peut facilement la
saisir avec le fdet. Elle n'est pas très-commune.
Trente-cinquième Genre, Gnorimus, Encyclopédie.
\. Gnorimus nobilis, Fab. Paris.
Trouvé généralement sur les ombellifères à la partie méridio-
nale des Albères et à la base de la montagne de Céret. Cet Insecte
y est assez répandu.
Trente-sixième Genre. Trichius, Fab.
1. Trichius fasciatus, Fab. Suecia.
2. Trichius gallicus, Dej. Paris.
Ces Insectes sont assez communs sur les fleurs : les roses et
l'aubépine en sont couvertes dans toutes les parties méridionales
de nos montagnes moyennes, Céret, les Albères, les Corbières.
Trente-septième Genre, Valgus, Scrib.,
Acanthurus, Kirb.
1 . Valgus hemipterus, Fab. Paris.
Commun sur les fleurs. On le trouve dans toutes les parties
basses des montagnes de Saint-Paul, Casas-de-Pena et dans les
environs de Céret.
Trente-huitième Genre, Cetonia, Fab.
\. Cetonia afïînis, Dufts. Gallia meridionalis.
Assez rare sur les fleurs, les fruits et sur les troncs des vieux
chênes. Je l'ai prise au pied de toutes les parties méridionales
de nos montagnes, ainsi que dans les jardins de la plaine.
INSECTES. 71^
2. Cetonia metallica, Fab. Gallia meridionalis.
On trouve cette espèce en quantité sur les fleurs du sureau
yèble (S. ebulus, Lin.); on la prend aussi sur les roses de Provins
qui bordent les baies des vignes et des ebamps.
3. Cetonia aurata, Fab. ) _ .
i riXTIS.
4. Cetonia obscura, Dufts. )
Comme la précédente, ces deux espèces abondent sur les mêmes
fleurs, ainsi que sur le genêt d'Espagne et les troncs des vieux
chênes qui laissent échapper de leurs plaies une certaine liqueur
visqueuse. Elles sont communes dans tout le département.
5. Cetonia morio, Fab. ) _ „.
_ _ . _ . Gallia meridionalis.
6. Cetonia oblonga, Dej. ^
Ces deux espèces sont encore assez répandues tant dans la plaine
que sur la montagne. On les trouve surtout sur les fleurs des char-
dons, principalement sur l'onoporde (0. illyricum). Communes
dans beaucoup d'endroits du département.
7. Cetonia angustata, Ger. Dalmatia.
8. Cetonia marmorata, Fab. Paris.
9. Cetonia lucidula, Ziegl. Gallia meridionalis.
On prend ces trois espèces sur les fleurs des rosiers sauvages,
sur l'aubépine et le genêt; mais les deux premières se trouvent
généralement sur les pentes des montagnes secondaires, les haies
des vignes et les terrains incultes; la butte du phare de Port-
Vendres; le vallon de Banyuls, et sur le penchant des Albères.
La Lucidida vit sur les mêmes fleurs, mais dans la plaine. Toutes
les trois sont peu abondantes.
10. Cetonia aenea, Gyll. Suecia.
11. Cetonia cardai, Dej. Gallia méridionales.
716 HISTOIRE NATURELLE.
On trouve assez abondamment ces deux espèces sur les fleurs
des chardons et des artichauts de nos jardins. On les prend aussi
quelquefois sur les fleurs du sureau.
12. Cetonia hirta, Fab. j p^
13. Cetonia stictica, Fab. )
Elles se tiennent constamment sur les fleurs de l'aubépine, des
roses et du genêt, dans nos vignes et haies des champs des parties
arides; elles y sont abondantes. La Stictica offre une variété
remarquable et très-jolie.
Trente-neuvième Genre, Lucanus, Lin.
1. Lucanus cervus, fc*. £** j paHs
2. Lucanus capreolus, FaJ>. 9 \
On les prend dans les bois de nos montagnes. Ils sont assez
communs sur les troncs des vieux arbres. Nos paysans les ap-
pellent Escanya Poïkts (étrangle poulets).
Un fait fort singulier eut lieu il y a déjà quelques années. Nous
eu mes une sécheresse extrême celle année-là. Une nuée de Lucanus
cervus, à obstruer le soleil, traversa toute la plaine qui sépare les
Corbières des Albères du nord au sud. Dans certains endroits
les paysans en furent effrayés. Au Boulou, village rapproché des
Albères, on en vit tomber quelques-uns à terre et on nous en
apporta deux attachés avec un fil; nous reconnûmes que c'étaient
des Lucanus : à quoi tenait une pareille émigration? C'est ce que
nous nous garderons bien d'expliquer. Les Corbières sont exces-
sivement arides et les Albères sont toujours couvertes de verdure.
Ces Insectes ont-ils été attirés par leur instinct? Nous avons com-
muniqué ce fait à M. le comte Dejean, qui nous écrivit qu'il ne
pouvait comprendre' la cause d'un pareil déplacement.
Quarantième Genre, Dorcus, Meg.
1 . Dorcus parallelipipedus, FaK Paris,
h
INSECTES. 717
Cet Insecte grimpe fort lentement sur les troncs des vieux saules
et autres arbres de tout le département; il se laisse prendre sans
difficulté (très-commun).
Quarante-unième Genre, Tarandus, Meg.
\ . Tarandus tenebrioïdcs, Fab. Suecia.
Cette espèce est fort rare. On la voit quelquefois sur le tronc
des arbres qui tombent de vétusté, dans les bois des régions
moyennes. Nous l'avons prise au bois communal de Céret et aux
Corbières.
Quarante-deuxième Genre, Plalycerus , Latr.
1. Platycerus caraboïdes, J^D^Pam.
2. Platycerus rufîpes, ï*s(b. Germania.
Répandus dans les bois de chêne et de chène-vert de toutes nos
montagnes à une élévation moyenne. On trouve ces deux Insectes
sur les troncs vermoulus. Le Rufîpes est plus rare.
Quarante-troisième Gejire, Msalus, Fab.
1. /Esalus scarabœoïdes, Fs(b. Auslna.
Comme celles des deux derniers Insectes, les larves des /Esalus
vivent dans le bois des vieux chênes. On trouve cet Insecte sur les
vieux troncs de nos forêts, à une élévation moyenne (rare).
Quarante-quatrième Genre, Sinodendron, Fab.
1. Sinodendron cylîndricum, ï1*^ ùallia.
Celle espèce est excessivement rare. Comme celle des autres
Insecles de celle famille, sa larve vit dans le vieux bois. Nous
l'avons trouvée la première fois, en 182°2, dans le bois communal
de la montagne de Céret. Depuis, nous l'avons prise deux fois
aux Albères et aux bois de la Font de Comps, toujours isolée, ce
qui nous porte à croire qu'elle est excessivement rare.
718 HISTOIRE NATURELLE.
HÉTÉROMÈRES.
Les Hétéromères se distinguent par cinq articles aux
tarses des quatre pattes antérieures, et par quatre articles
aux tarses des deux pattes postérieures. Ils forment sept
familles.
Famille des Mélasomes.
Les Mélasomes présentent les caractères suivants :
corps généralement aptère , à élytres souvent soudés ;
antennes le plus souvent grenues, et quelquefois un peu
renflées à l'extrémité, le troisième article long; mâchoires
terminées intérieurement par une dent cornée ; yeux
oblongs.
Ces Insectes sont généralement nocturnes; vivent à
terre, dans le sable ou sous les pierres et les décombres;
ils sont presque universellement de couleur noire, d'où
leur est venu leur nom. Leurs mouvements sont souvent
assez lents ; leur nourriture semble consister en matières
végétales décomposées.
Premier Genre, Erodius, Fab.
\. Erodius Europœus, Dej. Sicilia.
Deuxième Genre, Zophosis, Latr.
1 . Zophosis minuta, Herbst. Liisitania.
Les Insectes de ces deux genres sont petits et très-agiles. Ils
se tiennent dans les bouses des prairies maritimes, et dans les
détritus que les eaux ont amassés près des fossés. Quand on veut
les prendre, ils s'enfoncent dans la terre avec une dextérité qui
les fait échapper à nos recherches, si on ne les saisit pas aussitôt.
Ils ne sont pas très-rares.
INSECTES. 719
Troisième Genre, Pimelia, Fab.
1. Pimelia granulata, Dej. Tripoli.
2. Pimelia Sardea, Deloche. Sardini.
Le département ne possède que deux espèces de ce genre, qui
est nombreux : la première est répandue sur les sables des dunes
de l'étang de Salses, et plus encore sur les lagunes de la Franqui,
près du salin de M. Lacombe Saint-Michel; la Sardea se trouve
plus particulièrement sur les sables des ravins près de la mer, à
l'extrémité du vallon de Banyuls, et en plus grande abondance si
l'on se rapproche des lagunes de Roses, en Espagne.
Quatrième Genre, Morica, Dej.
1. Morica grossa, Oliv. Nord.
Cet Insecte se trouve dans les broussailles des parties élevées,
vers Prals-de-Mollô. Nous l'avons pris au pied du bois de la Font
de Comps. Il est fort rare.
Cinquième Genre, Àkis, Fab.
1. Akis spinosa, Fab. Hispania.
Insecte excessivement rare, qu'on ne trouve que dans les sou-
terrains de toutes les fortifications du département, au milieu des
vieux bois et des décombres.
2. Akis Italica, Dej. Italia.
5. Akis punctata, Thumberg. Gallia meridionalis.
Ces deux espèces sont assez communes dans les mêmes lieux
que la précédente; mais plus particulièrement dans les fortifica-
tions de Collioure, au fort Miradou.
Sixième Genre, Elenophorus, Meg.
1. Elenophorus collaris, Fab. Gallia meridionalis.
Comme les précédents, cet Insecte parait aussi craindre la
720 HISTOIRE NATURELLE.
lumière, et se trouve constamment dans les souterrains de la
citadelle de Perpignan, parmi les décombres. Il existe aussi dans
les souterrains des forts de Collioure, et c'est en remuant les vieux
bois qu'on le trouve.
Septième Genre, Scaurus, Fab.
1. Scaurus tristis, Oliv. ) „ „.
__ „ . [ Gallia meridionalis.
2. Scaurus stnalus, rab. )
3. Scaurus lugubris, Dej. Tripoli.
4. Scaurus punctatus, Herbst. Hispania.
5. Scaurus atratus, Fab. Gallia meridionalis.
Les Scaures ne craignent pas autant la lumière que les précé-
dents. Ou les trouve toujours parmi les broussailles ou au milieu
d'excréments humains dans les fossés des fortifications de la ville
et de la citadelle de Perpignan; le Tristis et le Lugubris dans les
fossés des fortifications de Collioure. Je n'ai jamais pris le Punc-
tatus que dans les environs des deux Saint-Féliu, toujours dans
les recoins remplis d'immondices.
Huitième Genre, Tagenia, Latr.
4. Tagenia filiformis, Fab. Gallia meridionalis.
2. Tagenia cylindrica, Dej. Hispania.
3. Tagenia Italica, Dej. Italia.
4. Tagenia minuta, Latr. Hispania.
Ces Insectes fréquentent les lieux sablonneux près des étangs
salés; ou les trouve sur le sable des dunes près Canet. VItalica
et le Minuta sont plus particulièrement dans les anses maritimes
formées par les montagnes des Albères, et dans les ravins qui se
dégorgent à la mer, depuis Collioure jusqu'au Cap Cerbère.
Neuvième Genre, Tentijria, Latr.
1. Tentyria orbiculata, Fab. Gallia meridionalis.
INSECTES. 721
2. Tentyria grandis, Dej. Sicilia.
UOrbiwlata est très-commune le long des dunes sur tout le
littoral ; la Grandis est moins fréquente, et devient plus abondante
à mesure qu'on s'approche du Cap Cerbère; et, lorsqu'on a dépassé
le promontoire qui nous sépare de l'Espagne, on la trouve en plus
grand nombre. Elles courent sur les sables en plein soleil, et parais-
sent chercher les matières animales dont elles font leur nourriture.
Dixième Genre, Asida, Latr.
1. Asida grisea, Fab. Paris.
2. Asida oblonga, Dej. Hispania.
3. Asida Pyrena?a, Dej. Pyrenœi orientales.
4. Asida sabulosa, Dej. Gallia meridionalis.
5. Asida obscura, Dej.
6. Asida pigmaea, Ram. Hispania.
7. Asida porcata, Dej. )
Le genre Asida est répandu dans tout le département. On le
trouve sur tous les terrains secs et arides de la plaine et de la
montagne; sous les pierres et sur les sables de la mer; sur les
routes et dans les lieux où les matières putrescibles abondent. La
Pyrenœa, YObscura et la Pigmœa sont plus particulièrement dans
les régions élevées : au Canigou, à Costa-Bona et aux environs
de Mont-Louis.
Onzième Genre, Gnaptor, Meg.
1. Gnaptor spinimanus, Pal. Russia meridionalis.
Cet Insecte est assez rare. Je ne l'ai trouvé qu'une seule fois
et en petit nombre parmi les broussailles d'un ravin qui descend
des Albères, au-delà de l'anse de Polilles, près Port-Vendres.
Douzième Genre, Blaps, Fab.
\. Blaps producta, Dej. )
% Blaps gages, Fab. J Gallm ™ridionalis.
TOME III. 46
722 HISTOIRE NATURELLE.
5. Blaps obtusa, Strum. Paris.
4. Blaps fatidica, Illig. G allia.
5. Blaps Australis, Dej. Italia.
Le Blaps producta est commun parmi les broussailles qui com-
mencent à se putréfier, et qu'on amasse au pied des oliviers de
toute la plaine, des vieux troncs surtout, et particulièrement dans
les olivettes de Malloles : il vit en société ; le Gages est commun
dans les caves humides de tout le déparlement, parmi les débris
de bois ; Y Obtusa et le Fatidica sont communs dans les lieux hu-
mides et malpropres : ils vivent en société , et exhalent une très-
mauvaise odeur; V Australis a été pris parmi les broussailles dans
les ravins des environs de Bellegarde , pentes méridionales.
Treizième Genre, Acanthopus, Meg.
ï. Acanthopus caraboïdes, Germ. Dalmatia.
Quatorzième Genre, Pedinus, Latr.
1. Pedinus femoralis, Fab. J ^^
2. Pedinus dermestoïdes, Fab. j
3. Pedinus meridianus, Dej. Gallia meridionalis.
Ces deux genres d'insectes vivent sur les routes sablonneuses
de toutes les parties basses du littoral dans les trois bassins. On
les trouve assez abondamment dans les broussailles qui sont
rejetées par la mer après une inondation, et qui contiennent des
matières animales en décomposition : on les y voit affluer attirés
par l'appât de ces matières qui composent leur nourriture.
Quinzième Genre, Heliopates, Dej.
1. Heliopates hybridus, Latr. Gallia meridionalis.
2. Heliopates Hispanicus, Dej. Hispania.
5. Heliopates gibbus, Fab. Gallia borealis.
Les Heliopates ont les mêmes habitudes que les Pedinus, et on
INSECTES. 723
les trouve souvent ensemble dans les mêmes lieux. Ils sont,
toutefois, plus abondants dans les parties méridionales des envi-
rons de Banyuls-sur-Mer, vers l'Espagne.
4. Heliopates avarus, Mulz. Pyrenœi orientales.
M. Delarouzé chassant, le 10 juin 1860, dans les environs de
Gollioure, découvrit cet Insecte qu'il me communiqua comme
n'ayant pas encore été trouvé en France.
Seizième Genre, Pandarus, Meg.
1. Pandarus tristis, Rossi. G allia meridionalis.
2. Pandarus emarginatus, Dej. Hispania.
Les Pandarus sont des Insectes qui ont les mêmes habitudes que
les deux genres précédents. On les trouve dans les mêmes localités
et dans les mêmes circonstances; pourtant ceux-ci sont plus sou-
vent sur les sables; il sont très-voraces.
Dix-septième Genre, Opatrinus, Dej.
1. Opatrinus exaratus, Dej. Nord.
VExaratus est un insecte fort rare. Je l'ai trouvé dans les ravins
des parties élevées, vers Mont-Louis et ses alentours, sur les sables
et parmi les broussailles de ces hautes régions.
Dix-huitième Genre, Philax, Meg.
1. Philax meridionalis, Dej. ) „ „. ... ,.
_ _. ., _ . • \ Gallia meridionalis.
2. Philax crenatus, Dej. )
o. Philax striatus, Sol. ; TT. . . . ,.
. _, ., . _ , £ Hispania onentalis.
4. Philax punctato striatus, Sol. )
Les Insectes de ce genre s'éloignent peu des Pandarus. Leurs
habitudes sont les mêmes ; ils courent sur les sables des rivières
et des ravins qui débouchent à la mer; ils paraissent aussi très-
voraces et on les trouve souvent sur les poissons en putréfaction.
724 HISTOIRE NATURELLE.
Dix-neuvième Genre, Opatrum, Fab.
1. Opatrum perlatum, Dej. Hispania.
2. Opatrum sabulosum, Fab. Paris.
3. Opatrum verrucosum, Germai1. Dalmatia.
4. Opatrum pusillum, Fab. \
5. Opatrum pigmseum, Dej. ! Gallia meridionalis .
6. Opatrum fuscum, Herbst. )
7. Opatrum strigosum, Dej. /Egyptus.
Le genre Opatrum est beaucoup plus répandu. On le trouve
parsemé sur les terres, dans toutes les régions basses et moyennes
du département, sur les routes sablonneuses, parmi les brous-
sailles, sur toutes les dunes et dans toutes les anses que forment
les ravins qui débouchent à la mer. 11 se nourrit aussi de subs-
tances animales, car lorsqu'il se trouve quelque cadavre sur
les lieux, on est sûr d'y trouver bon nombre de ces insectes.
Le Pigmœum et le Verrucosum sont rares.
Vingtième Genre, Microzoum, Dej.
1. Microzoum tibiale, Fab. Paris.
Ce genre a été détaché des Opatrum, dont il a toutes les habi-
tudes ; on trouve souvent les deux ensemble dans les mêmes lieux.
Il paraît craindre la lumière; car il se tient caché dans les brous-
sailles et souvent sous les pierres.
Vingt-unième Genre, Leichenum, Dej.
1. Leichenum pictum, Fab. Austria.
Vingt-deuxième Genre, Crypticus, Latr.
4. Crypticus glaber, Fab. Paris.
2. Crypticus gibbosus, Schô. Gallia meridionalis.
3. Crypticus Alpinus, Gêné, ltalia.
INSECTES. 725
Ces deux derniers genres ont aussi beaucoup de rapports avec
la plupart des genres précédents. On les trouve parmi les brous-
sailles el les détritus que la mer a rejetés, ou que nos rivières
ont amenés sur le bord des fossés de toutes les parties basses du
littoral. Quand on veut les saisir, ils ont soin de s'enfoncer dans
le sable et dans la terre humide.
Famille des Taxicornes.
Cette famille se distingue de la précédente, par les
mâchoires, qui n'ont pas d'onglet corné à leur côté
interne. Les antennes sont souvent grenues ou perfoliées ;
la tête est ovoïde, et s'enfonce en arrière dans le corselet,
sans présenter d'enfoncement brusque en forme de coin.
Ces Insectes sont presque tous munis d'ailes. La
plupart habitent dans les champignons ou sous les écor-
ces des arbres; quelques autres vivent à terre sous les
pierres.
Premier Genre, Trachyscelis, Latr.
I. Trachyscelis aphodioïdes, Latr. ; _, „. ...
»„,,,.«, î hailia mendton.
1. Irachyscelis ruius, Latr. )
Les Insectes de ce genre habitent les dunes. On les voit, dans
le jour, courir sur le sable et s'y enfoncer lorsque quelque danger
les menace; ils se nourrissent aussi de cadavres de poissons en
putréfaction qu'on trouve abondamment sur la plage.
Deuxième Genre, Phaleria, Latr.
J. Phaleria cadaveriria, Fab. \
2. Phaleria bimaculata, Dej. [ G allia mèridionalîs,
5. Phaleria hemisphaerica, Dej.
Les Phaleria sont aussi des insectes des bords des plages mari-
times; elles sont communes sur tout le littoral. Elles se tiennent
726 HISTOIRE NATURELLE.
cachées dans le sable, et, lorsqu'on le remue, dans le voisinage
d'un cadavre de poisson ou de tout autre animal, on est sur de
les trouver en quantité. La Bimaculata n'est qu'une variété de la
précédente. UHetnisphœrka se trouve toujours sur le cadavre de
quelque insecte, et notamment sur les Ateuchus, les Blaps ou les
Scarabeus.-
Troisième Genre, Eudophlœus, Dej.
1. Eudophlœus spinosulus, Latr. Paris.
Ce genre s'éloigne peu du précédent par ses mœurs et ses
habitudes. Il fréquente aussi les sables maritimes, et paraît vivre,
comme les Phaleria, des cadavres des poissons qui sont sur la
grève: toutefois ces insectes sont moins abondants (rare).
Quatrième Genre, Bolitophagus, Fab.
1. Bolitophagus crenatus, Fab. Suecia.
2. Bolitophagus reticulatus, Oliv. Germania.
3. Bolitophagus agricola, Latr. Paris.
Les espèces de ce genre sont de petite taille , ont le corps un
peu globuleux, et se tiennent généralement dans les champignons
quand ils commencent à se faner; on est sûr alors de les trouver
en nombre. Rarement on les rencontre autre part , et presque
jamais on ne les voit sur les plantes, ni courir sur la terre, ce
qui fait qu'on se les procure difficilement.
Cinquième Genre, Anisotoma, Fab.
1. Anisotoma cinnamomeum. Panz. Germa nia.
2. Anisotoma fémorale, Dej. Gallia.
ù. Anisotoma levigatum, Dej. Gallia borealis.
4. Anisotoma castaneum, Payk. Suecia.
5. Anisotoma gibbulum, Schup. Germania.
Les Insectes de celte famille sont comme les Phaleria. On les
INSECTES. 727
prend toujours dans le sable et près des cadavres, le long des
dunes : ils sont d'une agilité très-remarquable, et ils échappent
dès qu'on les découvre si on ne les saisit aussitôt. Il faut remuer
le sable avec beaucoup d'attention ; car ils se cachent très-pro-
fondément. Le Levigatum et le Gibbuhim sont assez rares.
Sixième Genre, Pentaphylus, Meg.
1. Pentaphylus testaceus, Gyll. Paris.
2. Pentaphylus melanophthalmus, Meg. G allia merid.
Ces insectes se trouvent aussi près des cadavres, le long des
dunes. Ils ont les mêmes habitudes que le genre précédent ;
quelquefois aussi nous les voyons sur les fleurs des prairies qui
ne sont pas éloignées de la mer.
Septième Genre, Neomida, Ziegl.
1. Neomida violacea, Fab. Paris.
2. Neomida tristis, Stev. Russia.
5. Neomida bicolor, Fab. Gallia.
4. Neomida bituberculata, Oliv. Paris.
Les Neomida se plaisent dans les détritus des troncs des vieux
arbres. Ces jolis Insectes sont difficiles à trouver. Dès qu'on
remue la poussière qui les recèle, ils s'enfoncent, et il faut souvent
piocher longtemps pour se les procurer. Il est vrai que ce n'est
pas du temps perdu; car, en remuant les troncs pourris, on y
trouve bien d'autres espèces, la plupart très-rares.
Huitième Genre, Diaperis, Fab.
1. Diaperis boleti, Fab. Paris.
2. Diaperis bipustulata, Dej. Hispania.
Le genre Diaperis vit en société dans toute espèce de bolets,
les champignons du saule surtout. Lorsque ces végétaux sont en
putréfaction, on est sûr, si on fouille leur intérieur, de faire
bonne provision de ces Insectes.
728 HISTOIRE NATURELLE.
Neuvième Genre, Cossyphus, Fab.
1. Cossyphus Hoffmanseggii, Herbst. Hispania.
2. Cossyphus Dejeanii, Ram. Hispania meridionalis .
0. Cossyphus siculus, Dej. Sicilia.
Ce genre, original de forme, est de couleur terne et très-aplati ;
il se trouve ordinairement sur les' murs des jardins, sur les sou-
ches des arbres. Il faut une grande habitude, pour découvrir cet
Insecte, dont la couleur de feuille-morte, le l'ait confondre avec
l'écorce sur laquelle il est blotti; il se trouve par fois sur les
Heurs des ombellifères, et il est alors plus facile à saisir.
Dixième Genre, Heteropkaga , Dej.
1. Heterophaga mauritanica, Fab.
M. Dejean signale cet Insecte comme vivant au Sénégal. 31. Pellet
l'a, cependant, toujours pris dans les plaies des peupliers aux
environs de Béziers et de Perpignan.
Onzième Genre, Uloma, Meg.
I. Uloma culinaris, Fab. Gallia.
Les Uloma se prennent sur les cadavres et dans la terre qui les
entoure; les fleurs des plantes chicoracées en contiennent aussi.
C'est en bien examinant le terrain , qu'on parvient à se les pro-
curer : ils sont assez rares.
Douzième Genre, Hypophlœus, Fab.
1 . Hypophlœus castaneus, Fab. Paris.
2. Hypophheus pini, Panz. Gallia.
5. Hypophlœus depressus, Fab. Paris.
A. Hypophlœus min u tus, Dej. Dalmatia.
5. Hypophlœus bicolor, Fab. Paris.
Ce genre d'Insectes est encore de ceux qu'il faut chercher sous
les écorces des vieux arbres, et au milieu du terreau que cou-
INSECTES. 729
tiennent les troncs pourris. Il existe aussi parmi les détritus des
matières végétales rejetées par les eaux. Le Castaneus a été pris
constamment sous les écorces. La plupart des Hypophlœus sont
assez rares.
Treizième Genre, Sarrotrium, Fab.
i . Sarrotrium muticum, Fab. Saecia.
Les écorces des vieux troncs et les plaies des arbres , doivent
être visitées attentivement, si on veut posséder cet Insecte, qui
est toujours rare.
Famille des Ténébrionites.
Les caractères de cette famille sont : corps muni d'ailes,
ordinairement ovale ou oblong, déprimé ou peu élevé,
avec le corselet carré ou trapézoïde, de la largeur de
l'abdomen à son extrémité postérieure; palpes plus grosses
à leur extrémité; le dernier article des maxillaires en
forme de triangle renversé ou de hache; menton peu
étendu en largeur, laissant à découvert la base des
mâchoires.
Premier Genre, Eustrophus, lllig.
1. Eustrophus dermestoïdes, Fab. Paris.
Ou trouve quelquefois cet Insecte, mais toujours en petit
nombre, en fouillant dans les vieux troncs des saules et d'autres
arbres où s'amasse du terreau. Il est rare.
Deuxième Genre, Orchesia, Latr.
I . Orchesia micans, Fab. Paris.
Nous ne pouvons déterminer le lieu précis où se tient ce petit
et joli Insecte. C'est toujours après avoir fauché dans les fourrés
des chaumes des lieux bas, que nous en avons trouvé quelques
sujets (rare).
730 HISTOIRE NATURELLE.
Troisième Genre, Hallomenus, Payk.
1. Hallomenus fuscus, Gyll. Suecia.
Nous avons toujours trouvé cet Insecte dans les vieux troncs
et clans les détritus qui se trouvent au pied des arbres , et où la
mousse abonde (rare).
Quatrième Genre, Dircœa, Fab.
1. Dircœa discolor, Fab. Germania.
2. Dircsea variegata, Fab. Gallia.
5. Dircsea undulata, Dej. Gallia meridionalis .
Les Insectes de ce genre se trouvent d'habitude dans la terre,
près des cadavres et sous les détritus accumulés près des fossés
des prairies maritimes. C'est en fouillant avec une grande atten-
tion , qu'on peut se les procurer.
Cinquième Genre, Serropalpus, Payk.
1 . Serropalpus striatus, Latr. Paris.
2. Serropalpus barbatus, Fab. Suecia.
Ces petits et fort jolis Insectes se tiennent sur les souches de
bois mort et déjà vermoulu, dans les régions élevées, à la Font
de Comps et au Canigou. Ils sont difficiles à saisir et plus encore
à piquer. Il faut, quand on les prend, les mettre dans un llacon
rempli de sciure de bois humectée de benzine.
Sixième Genre, Melandria, Fab.
1. Melandria serrata, Fab. Paris.
*2. Melandria barbata, Genis. Germania. (Variété.)
3. Melandria flavicornis, Dufts. Austria.
Les Melandria se tiennent aussi cachées dans les détritus des
vieux troncs d'arbres, surtout dans les vieux saules de toutes les
parties basses des trois bassins.
INSECTES. 731
Septième Genre, Pytho, Fab.
1. Pytho depressus, Lin. Suecia.
Les Insectes de ce genre sont moux et volent avec peine. Ils se
tiennent sur les (leurs qui croissent dans les prairies des régions
moyennes; ils répandent une odeur forte. Quand on les pique,
leur corps transsude une liqueur visqueuse qui répand une très-
mauvaise odeur.
Huitième Genre, Upis, Fab.
1. Upis ceramboïdes, Fab. Suecia.
2. Upis brunipes, Latr. Nord.
Les Upis se tiennent sous les broussailles répandues au bord
des fossés des prairies maritimes, sur tout le littoral. On les prend
avec facilité; mais au moindre bruit ils s'arrêtent, et, si on tarde
à les saisir, ils reprennent leur essor, et courent avec une vitesse
telle qu'on a de la peine à les prendre. Il faut donc profiter du
premier moment d'arrêt, pour s'en emparer.
Neuvième Genre, Tenebrio, Fab.
Paris.
1. Tenebrio obscurus, Fab. ,
2. Tenebrio molitor, Fab. S
5. Tenebrio transversales, Dufts. Âustria.
Le genre Tenebrio se trouve généralement dans les maisons,
parmi les détritus des lieux obscurs, les caves où il y a beaucoup
de bois un peu décomposé. Ce sont des insectes à couleurs obs-
cures, et qui généralement ne sont pas rares. Le Transversale se
trouve sous les pierres du bord des fossés des vignes de la pou-
drière, Bas-Vernet de Perpignan.
Dixième Genre, Calcar, Dej.
1. Calcar elongatus, Herbst. Hispania.
1. Calcar procerus, Schup. Gallia meridionalis.
732 HISTOIRE NATURELLE.
Les Insectes de ce joli genre fréquentent les broussailles reje-
tées par les eaux, où sont accumulés beaucoup d'autres insectes
ou beaucoup de larves qui ont été entraînées par les courants.
Jls font probablement leur pâture de ces larves, car ils ont tous
l'instinct des insectes carnassiers.
Famille des Hélopiens.
Ce qui distingue les Hélopiens des autres Hétéromères,
c'est d'avoir la base des antennes ordinairement recou-
verte par les bords avancés de la tête ; l'extrémité des
mandibules toujours bifide ou bidentée; le corps arqué
et des ailes sous les élytres. A ces caractères, il faut
ajouter, d'après M. Blanchard, que leurs antennes sont
presque filiformes, c'est-à-dire peu ou point élargies vers
l'extrémité, ce qui permet de les distinguer des Diapériens
de Latreille. Comme chez ces derniers, leur tête est
enfoncée dans le thorax jusqu'aux yeux, et leurs formes
sont assez dissemblables, bien que leurs caractères zoolo-
giques diffèrent peu. Ces Coléoptères vivent, à l'état de
larve , dans les champignons ou le bois décomposé ; à
l'état parfait, les uns se tiennent sous les écorces, les
autres fréquentent les fleurs et volent à l'ardeur du soleil.
Les Hélopiens sont , en général , parés de couleurs vives
et souvent métalliques.
Premier Genre, Helops, Fab.
1. Helops lanipes, Fab. Paris.
2. Helops laticollis, Dej. Pyrenœi orientales.
5. Helops caraboïdes, Panz. ) „
, TT , , .. , ,... uermania.
4. Helops dermestoides, Ilhg. \
5. Helops rotundicollis, Dej. ) „ „.
n TT , ^ . ï (rallia meriatonalis.
b. Helops teslaceus, Dej. )
INSECTES. 733
7. Helops assimilis, Dej. ]
8. Helops meridianus, Dej. [ Gallia meridionalis.
9. Helops cœruleus, Fab. )
10. Helops pigmœus, Illig. Lusilania.
11. Helops parvulus, Ram. Hispania meridionalis.
12. Helops harpaloïdes, Dej. Gallia meridionalis.
Pour se procurer les Insectes de ce genre, qui est très-nombreux,
il faut fouiller les pieds des vieux arbres où croissent beaucoup
de mousses. Là, se retirent des larves de diverses tribus, dont les
Helops font leur nourriture. On trouve également des Helops parmi
les végétaux que les eaux ont accumulés, et surtout au milieu des
broussailles que la mer a rejetées sur la grève après une inonda-
tion. Le naturaliste qui voudra faire ample provision de ces insectes,
ne devra pas négliger de bien fouiller tous ces divers gîtes, et il est
sûr de ne pas perdre son temps. Le Cœruleus se trouve d'ordinaire
sous l'écorce des vieux châtaigniers ; le Parvulus sous les écailles
de l'écorce des souches de la vigne.
15. Helops Pyrenœus, Dej. Pyrenœi orientales.
M. Delarouzé trouva cet Insecte dans les environs de Collioure,
le 5 novembre 1859, et me le communiqua aussitôt. Je ne l'avais
pas encore rencontré dans mes chasses.
Deuxième Genre, Mycetochares, Latr.
1. Mycetochares barbata, Latr. Paris.
2. Mycetochares flavipes, Fab. Suecia.
5. Mycetochares quadripustulata, Dej. Gallia meridion.
4. Mycetochares humeralis, Fab Suecia.
Ce sont encore les écorces des vieux arbres, les trous des vieux
troncs et les détritus de végétaux, qu'on doit fouiller pour se
procurer ce genre d'Insectes. Les régions supérieures nous en
ont fourni la plupart. Le Flavipes et YHumeralis sont assez rares.
734 HISTOIRE NATURELLE.
Troisième Genre, Omophlus, Meg.
4. Omophlus lepluroïdes, Fab. /'■-,„. .,. ,.
_ _ ,, „.,. . „ Galhameridionahs.
2. Omophlus pallidipennis, Meg. )
3. Omophlus picipes, Fab. Germania.
4. Omophlus ruficollis, Fab. Hispania.
5. Omophlus curvipes, Dej. Gallia meridionalis.
Les Omophlm se tiennent plus particulièrement sous les écorces
des vieux chênes. Les fissures des vieux chênes-liége nous ont
fourni la plupart des espèces que nous avons ramassées. C'est
donc dans la région moyenne de nos montagnes, qu'on doit les
chercher: les Albères,lesmontagnesd'Oms et deLlaurô doivent être
visitées. On les trouve aussi sur les fleurs dans les mêmes lieux.
Le Lepturoïdes vit en famille sur les jeunes pousses du chêne-blanc.
Quatrième Genre, Cistela, Fab.
1. Cistela fusca, Panz. Paris.
2. Cistela lutea, Dej. Hispania meridionalis.
3. Cistela ceramboïdes, Fab. Paris.
4. Cistela nigrita, Fab. Dalmatia.
5. Cistela sulphurea, Fab. Paris.
6. Cistela sulphuripes, Dahl. Hungaria.
7. Cistela bicolor, Fab. ]
8. Cistela murina, Fab. [ Paris.
9. Cistela atra, Fab. >
Le genre Cistela se trouve répandu sur toute sorte de plantes
et d'arbustes. Quelques espèces se tiennent sur les jeunes pousses
des arbres; d'autres ne s'obtiennent qu'en fauchant dans les fourrés.
C'est donc en faisant usage du filet, qu'on peut en recueillir beau-
coup. On trouve aussi quelques sujets en fouillant les détritus des
végétaux. On ne peut assigner le lieu précis qu'elles habitent, car
on en a trouvé dans tout le département. M. Pellet a pris Y Atra sur
le tronc vermoulu d'un olivier, et la Murina sur l'aubépine.
insectes. 735
Famille des Trachélides.
La famille des Trachélides se distingue par la tête
plus ou moins cordiforme ou triangulaire, portée sur
une sorte de col , bien d tachée et jamais endossée dans
le corselet ; les mâchoires n'ont pas l'onglet des Méla-
somes; les antennes ne sont pas perfoliées; les élytres
sont généralement assez moux.
Cette famille renferme un très-grand nombre d'Insec-
tes ; la plupart habitent sur les plantes, dont ils dévorent
les feuilles, ou sucent le miel des fleurs.
Premier Genre, Lagria, Fab.
1 . Lagria glabrata, Oliv. Gallia meridionalis.
2. Lagria lata, Fab. Hispania.
5. Lagria pubescens, Fab. Paris.
4. Lagria punctatissima, Dej. Nord.
5. Lagria hirta, Fab. Paris.
Les Lagria se tiennent constamment sur les pousses tendres des
jeunes arbres, surtout des chênes. Il faut se hâter de les saisir ou
de les faire tomber dans le filet, autrement elles prennent le vol
et on ne peut les atteindre. En fauchant sur les jeunes taillis
herbeux, on s'en procure quelques espèces qui échappent à la
vue et que le filet retient. La Lata et la Punctatissima sont assez
rares; on les trouve aussi sur les fleurs dans toute la plaine.
La Hirta vit sur les graminées.
Deuxième Genre, Pyrochroa, Fab.
î. Pyrochroa coccinea, Fab. Germania.
2. Pyrochroa rubens, Fab. Paris.
3. Pyrochroa pectinicornis, Fab. Suecia.
En bien examinant les taillis et les clairières des bois, on peut
se procurer ces Insectes; mais il faut être bien attentif. S'il fait
736 HISTOIRE NATURELLE.
un peu chaud, ils s'envolent facilement, et ce n'est qu'avec la
fraîcheur du matin qu'on peut les saisir sur les jeunes pousses.
On les trouve aussi sur les ombellifères. Le Pectinicomis est fort
rare.
Troisième Genre, Monocerns, Meg.
4. Monocerus major, Dej. Gallia meridionalis.
2. Monocerus platycerus, Hoff. Hispania.
5. Monocerus monoceros, Fab. Paris.
4. Monocerus cornutus, Fab. Gallia meridionalis.
5. Monocerus binotatus, Gebl. Siberia.
6. Monocerus rhinocéros, Fab. Gallia orientalis.
En général, les Insectes de ce genre se trouvent cachés sous les
pierres humides et sous les détritus des végétaux. En cherchant
dans ces endroits on est sûr d'en faire bonne provision. Nous les
avons trouvés dans les trois bassins et dans les régions moyennes.
Le Comutns et le Monoceros vivent sur les saules : on se les pro-
cure en battant ces arbres. Le Rhinocéros se trouve constamment
sur le sable des grèves.
Quatrième Genre, Anthicus, Fab.
1. Anthicus antherinus, Fab.
2. Anthicus floralis, Fab.
3. Anthicus unifasciatus, Dej. Gallia meridionalis.
4. Anthicus hirtellus, Fab. Paris.
5. Anthicus quadripustulatus, Dahl. Austria.
6. Anthicus plumbeus, Dej. \
7. Anthicus riparius, Dei. / „ „. ... ,.
. _ * , ) Gallia meridionalis.
8. Anthicus pedestns, fab. (
9. Anthicus instabilis, Hoff. '
Les Anthicus sont des insectes qu'on trouve sur les plantes et
parmi les détritus des végétaux que les crues de nos rivières
amoncellent dans certains endroits. On se les procure également
INSECTES. 737
en fauchant sur les fourrés herbeux et dans les chaumes, quel-
ques-uns même dans les trous et au pied des arbres. Il faut les
chercher partout si Ton veut se procurer ces intéressants insectes,
dont quelques-uns sont assez rares. Le Ripavius, YInstabilis et
VHirtellus sont de ce nombre.
Cinquième Genre, Xylophilus, Bonel.
1. Xylophilus populneus, Fab. Paris.
2. Xylophilus oculatus, Gyil. Suecia.
3. Xylophilus pumilus, Dej. G allia.
Ce genre est assez commun sur les fleurs et parmi les débris de
végétaux; on le prend avec facilité. V Oculatus est assez rare, et
c'est dans les prairies des régions basses qu'il faut le chercher.
Le Populneus vit sur le chêne-blanc; c'est en secouant les bran-
ches qu'on en fait provision.
Sixième Genre, Scraptia, Latr.
1. Scraptia fusca, Latr. ) _ .
i Paris
"2. Scraptia minuta, Dej. )
Septième Genre, Ptilophorus, Dej.
1. Ptilophorus Dufourii, Latr. Gallia meridionalis.
2. Ptilophorus Frivaldjskyi, Strum. Hungaria.
Les Insectes de ces deux derniers genres, se tiennent ordinai-
rement parmi les détritus de végétaux en décomposition. Le filet
en apporte quelques individus lorsqu'on le promène quelque
temps sur les fourrés herbeux des bords des prairies maritimes
des trois bassins. D'après M. Pellet, on prend le Dufourii après le
coucher du soleil, en promenant le filet sur la galactites totnentosa.
«Un de mes correspondants du Var, m'écrivait-il, l'a pris en
promenant le filet sur les cistes;» il se trouve aussi sur le chêne-
liége et quelquefois sur les pins, mais toujours dans les lieux où
croit le cistus Monspeliensis , ce qui lui avait fait supposer que
tome m. 47
738 HISTOIRE NATURELLE.
la larve de cet Insecte devait vivre sur cette plante. Il l'y a cher-
chée inutilement, et il croit que cette larve doit vivre en parasite
dans les nids de Guêpes. Cette dernière opinion est partagée par
d'autres entomologistes.
Huitième Genre, Metœcus, Dej.
1. Metœcus paradoxus, Fab. Paris.
Cet Insecte se pose constamment sur les fleurs de Veringium
campestris. On doit le prendre avec les pinces; car autrement on
se pique les doigts et l'Insecte s'envole. Il est rare, et difficile à
saisir.
Neuvième Genre, Ripiphorus, Fab.
i. Ripiphorus flabellatus, Fab. ) _, „. ... ,.
_ *. . , . . ^ , f Gallia meridtonahs.
2. Ripiphorus bimaculatus, rab. )
3. Ripiphorus quadrimaculatus, Schô. Hungaria.
Ces Insectes se tiennent généralement sur les fleurs. Ils volent
avec difficulté, et, s'ils prennent leur essor, c'est au milieu du jour,
lorsque la chaleur est très-forte. Le Flabellatus se tient sur la fleur
de la menthe sauvage; les deux autres sur la fleur de Veringium
campestris.
Dixième Genre, Myodes, Latr.
1. Myodes subdipterus, Fab. Gallia meridionalis.
On peut se procurer le Myodes supdipterus après la mi-août
jusque fin septembre, sur les fleurs de Veringium maritimum;
mais si on le cherche lorsque les ardeurs du soleil commencent
à se faire sentir, après huit heures du matin, on le voit voltiger
et on le prend facilement avec le filet.
Onzième Genre, Mordela, Fab.
1. Mordela fasciata, Fab. ; „ .
f I CITIS
2. Mordela biguttata, Dej. )
INSECTES. 739
5. Mordela micans, Dej. Dalmatia.
4. Mordela grisea, Frsehl. Gallia méridionale.
5. Mordela tibialis, Dej. ) n .
' Parts.
6. Mordela elongata, Dej. *
7. Mordela abdominalis, Fab. Germania.
8. Mordela varieeata, Fab. ) .,
> Paris.
9. Mordela brunea, Dej. j
10. Mordela angustata, Dej. Gallia meridionalis .
11. Mordela pusilla, Meg. ) n .
i Pans
12. Mordela aculeata, Fab. S
7 •
Le genre Mordela fournit une grande quantité d'espèces de très-
petite taille, et il faut beaucoup d'habitude pour les bien distinguer
entre elles. Ces Insectes sont difficiles à saisir; ils se tiennent sur
les ombellifères. On en voit en quantité sur les fleurs; mais dès
qu'on touche la plante, ils se laissent tomber ou bien ils pren-
nent le vol. Le mieux est de placer le filet au-dessous de la plante
et de la secouer; de cette manière on en saisit beaucoup. Il faut
une grande attention pour les piquer; car ils ont une forme qui
les fait glisser facilement des doigts, et au moment d'enfoncer
l'épingle sur leurs élytres, qui sont très-durs, ils vous échappent.
Douzième Genre, Anaspis, Geoff.
i. Anaspis frontalis, Fab. Paris.
2. Anaspis rufilabris, Struin, Suecia. (V. du précédent.)
o. Anaspis tlava, Fab. | p .
4. Anaspis maculata, Geoff. )
5. Anaspis collaris, Dej. Gallia meridionalis.
6. Anaspis rufîcollis, Fab. i p
7. Anaspis thoracica, Fab. )
C'est encore sur les fleurs des ombellifères, où ils se tiennent
généralement, qu'il faut chercher ces jolis Insectes. On en trouve
■J40 HISTOIRE NATURELLE.
quelques-uns sous les détritus des végétaux. D'autres échappe-
raient à nos recherches, si le (ilet ne les rapportait des fourrés
où on le promène. Le Ruficollis et le Collaris sont souvent sur
les roses; le Bkolor et le Thoracica sont fort rares.
Famille des Vésicants.
Cette famille se distingue par des antennes filiformes
ou moniliformes, de onze articles, allant en grossissant,
le premier gros, le deuxième très-petit, quelques-uns
des intermédiaires de forme très-variable, souvent très-
comprimés et dilatés dans les mâles , présentant l'aspect
le plus irrégulier, simples dans les femelles; palpes velues,
presque filiformes; labre avancé en carré transverse,
échancré en avant ; mandibules dentelées au côté interne ;
mâchoires formées de deux lobes velus ; lèvre transver-
sale, un peu cordiforme ; corps renflé, tantôt raccourci,
tantôt allongé, de consistance très-molle; tête grande,
un peu triangulaire, a angles arrondis ; corselet petit, plus
ou moins carré; écusson non visible; élytres presque
toujours plus courts que l'abdomen, et souvent très-rac-
courcis; abdomen très-long dans certaines espèces;
pattes assez fortes ; tarses grands ; crochets bifides.
Les Vésicants sont assez nombreux en espèces. Ils
habitent sur les plantes basses et sur les arbres; la
plupart sont remarquables par leurs jolies couleurs, et
bon nombre présentent des bandes transversales, jaunes
ou rouges, qui se détachent avec élégance sur un fonds
de velours. Plusieurs espèces sont aptères et d'assez
forte taille, et lorsqu'on les touche, elles répandent une
liqueur oléagineuse et un peu caustique qui s'échappe
des articulations des pattes.
INSECTES. "Il
Premier Genre, Meloe, Fabr.
Les Meloes sont des Insectes moux qui rampent sur la terre, et
qu'on trouve presque toute l'année dans tontes les latitudes du
département. Quelques-uns même pendant l'hiver, tels que le
Prosearabœus , le Cyaneus et le Scabrosus. Ce dernier dans les
champs de blé et de trèfle, à gauche de la lunette de la porte
Canet. Dans une belle journée des mois de novembre et décembre,
on est certain d'en faire une ample provision. Cet Insecte parait
se plaire de préférence dans cette région aride. C'est très-rare si
on en trouve quelque sujet isolé autre part. Le Scabrosus et le
Violaceus se trouvent dans les fossés des fortifications. Le Majalis
se trouve partout. Dès que la chaleur du printemps se fait sentir,
on le voit marcher dans les haies herbeuses des champs. Il est re-
marquable par les belles bandes cramoisies qui ceignent soncorps.
t. Meloe proscarabaeus, Fab. Suecia.
2. Meloe cyaneus, Fab. Paris.
ô. Meloe violaceus, Gyll. Suecia.
4. Meloe autumnalis, Oliv. Paris.
5. Meloe tuccius, Rossi. ) _ „. ... ,'.
_ _. . , „. , halha méridionaux.
6. Meloe rugulosus, Ziegl. >
7. Meloe coriarius, Ho If. Germa nia.
8. Meloe scabrosus, Illig. Auslria.
9. Meloe scabroso punctatus, Gomp. N. E. Pyren. orient.
Pendant longtemps nous avions pris ce dernier Méloé pour une
variété du Scabrosus; mais, après l'avoir examiné avec atten-
tion, et bien que la couleur bronzée-violette soit la même dans
les deux sujets , nous avons cru devoir les séparer pour en
former deux espèces distinctes. En effet, le Scabroso-punctatus
a la tète moins grosse, les antennes moins développées, le
corselet plus petit, les élytres moins grands et plus évasés, leur
dessin plus saillant, et leur granulation, avec la suture mé-
diane plus prononcées; le corps est plus allongé et moins gros.
742 HISTOIRE NATURELLE.
•
Le Scabroso-pundatus, dans son plus grand développement, reste
toujours d'un tiers plus petit que le Scabrosus. Nous avons trouvé
assez souvent notre Méloé accouplé, et nous n'avons jamais vu
qu'il le fût avec le Scabrosus. Ayant gardé longtemps, dans une
même boite, des mâles et des femelles des deux espèces, nous
n'avons jamais pu réussir à les l'aire accoupler. Ces remarques
justifient la séparation que nous avons faite.
10. Meloe majalis, Fab. Gallia meridionalis.
11. Meloe macrocephala , Marcel de Serres. Noitv. Esp.
Pyrenœi orientales.
On avait envoyé à M. Marcel de Serres un Méloé pris à Perpi-
gnan, dont l'abdomen peu développé donnait à cet Insecte une
forme toute particulière. La grosseur de la tète surtout le faisait
remarquer. Ce caractère lui avait valu son nom. L'ayant examiné
de plus près, je lui trouvai tant de rapports avec le Majalis, que
je pensai de suite qu'il devait être un jeune sujet de cette
espèce. Je ne tardai pas à m'affermir dans cette opinion. Je pris
plusieurs Macrocephala et les enfermai dans des boites avec la
nourriture qui leur convenait. A mesure que leur développement
se faisait, je vis apparaître les bandes cramoisies qui entourent le
corps du Majalis, et j'acquis la certitude que ce prétendu Meloe
macrocephala n'était qu'un jeune sujet du Majalis qui n'avail pas
encore atteint tout son développement. En prenant un peu de
peine, et en fréquentant au mois d'avril les lieux que ces Insectes
préfèrent, on trouve beaucoup de jeunes Méloés sur lesquels, de
jour en jour et à mesure que l'abdomen grossit, on voit apparaître
ces bandes qui sont d'abord jaunes et qui deviennent cramoisies
lorsque l'Insecte finit de se développer, ce qui n'est pas très-
long. Vers la fin d'avril, on ne trouve plus déjeunes Méloés, et
tous ceux qu'on rencontre sont ornés des belles bandes cramoi-
sies qui caractérisent le Majalis.
12. Meloe aeneus, Latr. Hispania,
INSECTES. 743
• \
Deuxième Genre, Cerocoma, Fab.
1. Cerocoma Schsefferi, Fab. Paris.
2. Cerocoma Schreberi, Fab. •)/,„.
- „ .. .... n . [ Gallia menai onaiis.
0. Cerocoma Vahln, Fab. )
Le genre Cerocoma, fort original par sa forme, très-joli par les
couleurs métalliques de sa robe en général, par la disposition de
ses antennes rameuses et de couleur tranchante, vit sur les fleurs
des anthémis et des hypericum. C'est sur les chaumes, près des
cours d'eau, qu'on le trouve généralement.
Troisième Genre, Dices. Latr.
1. Dices bilbergi, Schô. Gallia meridionalis .
Nous avons constamment pris le Dices bilbergi, aux environs
de Casas-de-Pena, sur les coteaux fourrés, près de la rivière, et
dans les vallons qui y débouchent. Nous ne l'avons jamais vu sur
les plantes; et c'est toujours après avoir fauché, que nous en avons
trouvé quelques sujets dans le filet. Il est assez rare.
. Quatrième Genre, Mylabris, Fab.
1. Mylabris variabilis, Oliv. Gallia meridionalis.
2. Mylabris mutabilis, Dej. Hispania.
3. Mylabris melanura, Pal las. Russia meridionalis.
A. Mylabris Fuesslini, Panz. ) TT
5. Mylabris Dahlii, Dej. S Hm9ana-
6. Mylabris geminata, Fab. Gallia meridionalis.
7. Mylabris varians, Dej. Hispania.
Le genre Mylabris est assez commun dans tout le département
et dans toutes les latitudes. On le prend sur les fleurs, et plusieurs
espèces affectent de se poser de préférence sur certaines plantes,
sur lesquelles on peut en faire ample provision. En fauchant avec
le filet sur les bords des fossés herbeux, dans les fourrés des taillis
et des clairières des bois, on est sûr d'en recueillir bon nombre,
744 HISTOIRE NATURELLE. ,
qui échappent à l'œil le plus exercé. Le Melanura el le Dàklii
sont plus rares, et nous les avons pris constamment dans les
régions un peu élevées.
Cinquième Genre, Lydns, Meg.
i. Lydns Algériens, Fab. ïtalia.
2. Lydus humeralis, Schô. Nord.
5. Lydus trimaculatus, Fab. Hungaria.
Comme les Mylabris, les insectes du genre Lydus se tiennent
sur les fleurs et surtout sur les chicorées. On les prend avec la
plus grande facilité. Ils ne volent qu'avec la forte chaleur, et sont
toujours nombreux sur la même plante.
Sixième Genre, Lytta, Fab.
\. Lytta vesicatoria, Fab. Paris.
2. Lytta myagri, Ziegl. Auslria.
0. Lytta herbivora, Ram. Hispania meridionalis .
Le genre Lytta n'est pas très-répandu dans notre département;
mais l'espèce Vesicatoria, vulgairement connue en médecine,
sous le nom de mouche cantharide, se voit en nombre sur les
frênes et sur les jeunes pousses d'olivier. On la prend avec
facilité. Les deux autres espèces sont rares; elles vivent sur les
plantes et sur les arbustes du vallon de Banyuls-sur-Mer. En
fauchant sur les lantisques et les aynus castus, on trouve dans
le filet quelques individus des deux espèces.
Septième Genre, Zonitis, Fab.
1. Zonitis mutica, Fab. ; „ „. ... ..
_ . . . , .. ■ ' Gallia meridionalis.
2. Zonitis sexmaculata, Ohv. \
5. Zonitis fulvipennis, Fab. Hungaria.
4. Zonitis nuadripunctala, Fab. ; ,,, „. .,. ,.
1 l [ dama méridionaux.
o. Zonitis prseusta, Fab. )
6. Zonitis bifasciata, Meg. Hungaria.
7. Zonitis humeralis, Dej. Hispania.
INSECTES. 745
Nous trouvons les Insectes de ce genre sur les fleurs des plantes
radiées et des chardons. Le filet est d'un grand secours dans cette
chasse. La Prœtista vit sur Yeringium campestris; la Mutka sur
la centaurea lanata; jamais la Prœusta se trouve sur cette plante.
Huitième Genre, Nemognatha, Latr.
1 . Nemognatha chrysomelina, Fab. Gallia méridionales.
Les Nemognatha vivent aussi sur les fleurs des régions un peu
élevées. Le vallon de Banyuls et la pente des Albères fournissent
la seule espèce de ce genre; elle y est même assez rare.
Neuvième Genre, Sitaris, Latr.
i. Sitaris humeralis, Fab. Paris.
2. Sitaris abdominalis, Dej. Hispania.
5. Sitaris thoracica, Dej. Gallia meridionalis.
Nous n'avons jamais pu voir ces Insectes sur les fleurs qui leur
servent de gite. C'est toujours dans le filet, après l'avoir promené
pendant quelque temps sur les plantes des fourrés, que nous en
avons trouvé quelques sujets, ce qui nous fait croire qu'ils sont
assez rares.
Famille des Sténélitres.
Les Sténélitres se distinguent des autres familles de
la section, par un corps le plus souvent oblong, arqué en
dessus, avec les pieds allongés. Les mâles ressemblent
aux femelles par la taille ainsi que par les antennes qui
ne sont ni grenues ni perfoliées, et dont l'extrémité, dans
le plus grand nombre, n'est point épaissie.
Ces Insectes sont généralement très-agiles : les uns
se trouvent courant à terre, les autres se rencontrent sur
les feuilles et sur les fleurs, ou sur les vieilles écorces
des arbres; ils constituent une famille fort peu naturelle,
et son adoption ne peut être que provisoire.
746 HISTOIRE NATURELLE.
Premier Genre, Calopus, Fab.
1 . Calopus serraticornis, Fab. Suecia.
Deuxième Genre, Sparedrus, Meg.
i. Sparedrus testaceus, Ander. Austria.
Les Insectes qui appartiennent à ces deux genres, se tiennent
sur les tleurs des plantes ombellifères dans les prairies des régions
élevées des bois des Fanges et de Boucheville, des Corbières, du
Ganigou, au-dessus de Saint-Martin, et de la vallée de Valmanya,
le long de la rivière. Ce sont des Insectes fort intéressants,
qu'on prend avec facilité le matin, avant que le soleil ne soit
trop élevé; car ensuite ils volent avec une grande vitesse. Le Calo-
pus serraticornis se trouve plus particulièrement sur les fleurs,
dans les environs de Gastell et de Saint-Martin-de-Canigou. Mon
ami, M. Pellet l'a pris dernièrement dans cette localité.
Troisième Genre, Nacerdes, Stev.
1. Nacerdes notata, Fab. Gallia meridionalis .
2. Nacerdes decempunctata, Dej.^ Y ,
5. Nacerdes palliata, Dej. )
Les Nacerdes vivent aussi sur les mêmes plantes que les deux
genres précédents; mais dans des régions plus élevées et sur les
prairies du bord des eaux.
Quatrième Genre, Asclera, Dej.
1. Asclera xanthoderes, Mulx. Pyrenœi orientales.
Habite les environs de Collioure. Cet Insecte m'a été commu-
niqué par M. Delarouzé, qui l'a pris le 13 juin 1860, après avoir
promené le filet sur les fleurs.
Cinquième Genre, Anogcodes, Dej.
1 . Anogcodes melanura, Fab. Germania.
INSECTES. 747
2. Anogcodes affinis, Dej. Germania.
3. Anogcodes ruficollis, Fab. Gallia meridionalis.
4. Anogcodes ustulata, Fab. Paris.
C'est encore le filet, après l'avoir promené quelque temps sur
les prairies basses et fourrées, qui nous apporte quelques-uns de
ces Insectes ; les haies des bords des fossés des grandes routes
nous en fournissent aussi quelques espèces. C'est sur les fleurs
que la plupart se tiennent.
i Paris.
Sixième Genre, sEdemera, Oliv.
1. .Edemera podagraria?, Fab.
2. .Edemera caerulea, Fab.
3. /Edemera clavipes, Fab. i „. „.
, ri, , i „' ', ualua meridionahs.
4. .Edemera barbara, Fab. )
0. .Edemera tlavescens, Lin. Germania.
6. .Edemera virescens, Fab. Suecia.
Les Mdemera se tiennent sur les plantes en général. Ce sont
des Insectes inoll'ensifs ; mais très-lestes à se laisser tomber à
terre dès qu'on touche la plante sur laquelle ils se posent, de
sorte que la meilleure manière de faire une bonne récolte, c'est
de promener le filet sur les haies des bords des routes et sur les
fourrés des champs de tout le département. Les Clavipes, Vires-
cens et le Barbara sont plus rares que les autres espèces.
Septième Genre, Stenostoma, Latr.
1. Stenostoma rostrata, Fab. Gallia meridionalis.
Huitième Genre, Mycterus, Oliv.
1. Mvcterus curculioïdes, Fab. ) ,, „, ... ,.
_ „ , „ _ , [ G allia meridionahs.
2. Mycterus umbellatarum, Fab. )
Toutes les fleurs radiées sont le refuge des Stenostoma et des
Mycterus. On peut en faire ample provision avec le filet.
748 HISTOIRE NATURELLE.
Neuvième Genre, Salpingus. Gyll.
i. Salpingus rufilabris, Dej. Suecia.
2, Salpingus rufescens, Dej. Germania.
5. Salpingus limbatus, Dej. Gallia.
J'ai toujours trouvé dans le filet ces petits Insectes, après l'avoir
promené quelque temps sur les fleurs. Je n'ai jamais pu voir où ils
se tiennent; c'est toujours dans des lieux très-fourrés, et il est
très-difficile de les voir.
Dixième Genre, Rhinosimus, Latr.
i. Rhinosimus planirostris, Fab.) .
2. Rhinosimus ruficollis, Panz. )
3. Rhinosimus roboris, Fab. Germania.
En cherchant sous les écorces des vieux troncs d'arbres, on
trouve quelques-uns de ces Insectes ; mais la plupart nous vien-
nent par le filet, après avoir fauché quelque temps. C'est donc
sur les fleurs et les plantes basses qu'il faut les chercher, et
comme ce sont de très-petits insectes, ils échappent souvent aux
recherches.
TÉTRAMÈRES.
Les Tétramères se distinguent par quatre articles aux
tarses de toutes les pattes. Ils forment quatre familles.
Famille des Curculionites.
Les Curculionites ou Charançons se distinguent des
autres Coléoptères tétramères, par leur tête plus ou moins
prolongée en une sorte de bec, que Latreille appelle
probosei-roslrum (museau-trompe), pour le distinguer du
rostre des Hémiptères. Ce bec, ou museau-trompe, qui
varie de forme et de longueur, et qui est tantôt courbé
et tantôt droit, suivant les genres ou les tribus, est
INSECTES. 749
terminé par la bouche, qui se trouve d'autant plus petite
que le bec est plus effilé. Les antennes sont le plus
souvent en massue, tantôt droites et plus fréquemment
coudées; le nombre de leurs articles varie de neuf à
douze. Le prothorax est généralement plus étroit et beau-
coup plus court que les élytres ; les pattes sont généra-
lement très-robustes.
On rencontre chez ces Coléoptères, les formes les plus
diverses. On en voit qui sont presque linéaires ou très-
allongés, d'autres qui sont ovoïdes ou globuleux; mais
en général, ce sont des Insectes trapus, et organisés
plutôt pour grimper que pour marcher sur une surface
plane ; aussi leur démarche est elle très-lente, et, comme
ils ne peuvent échapper au danger par la fuite, étant pour
la plupart dépourvus d'ailes, la nature prévoyante leur a
donné, pour les protéger contre leurs ennemis, des
téguments extrêmements durs. Cette famille n'a rien à
envier aux autres pour l'éclat et les variétés des couleurs,
ainsi que pour la taille : on y trouve les deux extrêmes.
Premier Genre, Bruchus, Fab.
1 . Bruchus imbricornis, Panz. Paris.
2. Bruchus ruficornis, Dej. Gallia meridionalis.
3. Bruchus oblongus, Duf. Hispania.
4. Bruchus pisi, Fab. Paris.
5. Bruchus lentis, Koyi. Italia.
6. Bruchus laticollis, Schô. Gallia meridionalis.
7. Bruchus alni, Fab.
8. Bruchus lati, Gyll. / p „.
9. Bruchus cisti, Fab.
10. Bruchus lateicornis, Illig.
750 HISTOIRE NATURELLE.
11. Bruchus signaticornis, Dej.
12. Bruchus granarius, Fab. J
15. Bruchus nubilus, Dej. ( „
14. Bruchus rutimanus, Schô. (
15. Bruchus canus, Germ. ]
16. Bruchus pusillus, Meg. /
17. Bruchus varius, Oliv. (Var. de YImbricornis.)
18. Bruchus pulchellus, Dej. ) „ „. ... ..
.^ ^ . _ . . Galha mcndionahs.
19. Bruchus pectinatus, Dej. \
20. Bruchus histrio, Schô. Hispania.
21. Bruchus cinereus, Dej. G allia meridionalis.
Ce nombreux genre, qu'on trouve répandu dans toutes les
latitudes du département, vit au détriment de beaucoup de plantes,
et on ne peut assigner la demeure de la plupart de ces petits
insectes. On s'en procure beaucoup en fauchant sur les plantes des
fourrés herbeux, en battant les arbres et les arbustes après avoir
placé dessous une toile pour les recevoir; car, sans cette précau-
tion, on en perdrait beaucoup dans les broussailles. En raclant
les écorces des troncs des vieux arbres, on en découvre quelques-
uns. Il ne faut pas négliger non plus de visiter les broussailles
que l'eau a rejetées sur la grève. Ce sont des dépôts qui en four-
nissent un grand nombre. Quelques-uns vivent sur l'euphorbe,
Euph. characias, Lin. Lorsqu'en hiver, on déchire la tige de cette
plante, on y trouve des larves de différents âges et des insectes
parfaits.
22. Bruchus sericatus, Schô. Russia meridionalis.
Communiqué par M. Delarouzé, qui l'a trouvé dans les envi-
rons de Collioure, le 12 juin 1861.
Deuxième Genre, Spermophagus, Stev.
1. Spermophagus cardui, Schô. Russia meridionalis.
2. Spermophagus cisti, Oliv. Gallia meridionalis.
INSECTES. 751
Le Spermopkagus cardai et cisti, de deux auteurs différents, et
trouvés dans des contrées bien différentes, ne sont que le même
insecte. Le Cisti d'Olivier n'est qu'une variété du Cardui de
Schonherr. On se procure ces deux insectes en fouillant les
détritus des végétaux; et quelquefois en fauchant les fourrés, on
en prend quelqu'un. En visitant les tiges des chardons, on y
découvre quelques-unes de leurs larves, qui se nourrissent de
cette plante, et souvent on y trouve l'insecte parfait. J'ai déchiré
bien des fois des tiges de cistes pour y découvrir la larve ou l'in-
secte parfait du Cisti; mais je n'en ai jamais trouvé la moindre
trace sur ces plantes. Ce fait, s'il s'était vérifié, aurait seul pu faire
adopter comme espèce distincte l'insecte d'Olivier qui ne peut
être considéré que comme une simple variété de l'autre espèce.
Troisième Genre, Urodon, Schô.
1. Urodon rufipes, Fab. Paris.
2. Urodon pigmseus, Hoff. Gallia meridionalis .
5. Urodon suturalis, Fab. Paris.
On se procure les Insectes de ce genre en fouillant les détritus
des végétaux; et en battant les branches des arbres, on en voit
tomber à terre. Le Suturalis surtout est toujours sur les arbres.
D'autres sont pris en fauchant avec le filet.
Quatrième Genre, Anthribus , Fab.
1. Anthribus albinus, Fab. Gallia.
C'est dans les maisons qu'on trouve généralement cet Insecte.
Il sort probablement du bois qu'on y enserre; car c'est toujours
dans les bûchers qu'on le trouve.
Cinquième Genre, Tropideres, Schô.
i. Tropideres albirostris, Fab. ) _ .
} Pans.
2. Tropideres niveirostris, Fab. j
5. Tropideres undulatus, Panz. Gallia orientalis.
752 HISTOIRE NATURELLE.
4. Tropideres cinctus, Payk. Slyria.
Les Tropideres vivent sur les arbustes et sur les arbres. En
imprimant des secousses sur les troncs, on fait détacher des
branches quelques-uns de ces insectes. Le filet en amène aussi,
mais en petit nombre.
Sixième Genre, Platyrhinus, Clairv.
\. Platyrhinus latirostris, Fab. Paris.
Septième Genre, Brachytarsus, Schô.
1 . Brachytarsus scabrosus, Fab. Paris.
2. Brachytarsus varius, Fab. Germania.
3. Brachytarsus niveirostris, Dej. Gallia.
Les Insectes de ces deux genres vivent ordinairement sur les
peupliers. Nous les prenons donc sur les jeunes pousses dans les
taillis du bord de l'eau des trois bassins. Le Brachytarsus scabrosus
se trouve souvent en raclant l'écorce des vieux peupliers-blancs,
ce qui prouverait que la larve vit sous l'écorce de cet arbre.
Huitième Genre, Apoderus, Oliv.
1. Apoderus avellanœ, Lin. Austria.
% Apoderus coryli, Fab. Suecia.
Ces deux beaux Insectes paraissent vivre sur le noisetier; car
nous les trouvons toujours dans les vallées où croît cet arbre;
cependant, j'ai souvent examiné de près les pousses du noise-
tier, sans jamais y avoir découvert des traces de la larve de ce
curculionite. On trouve quelquefois le Coryli sur les jeunes
trembles.
Neuvième Genre, Attelabus, Lin.
\ . Attelabus curculionoïdes, Fab. Paris.
Cet Insecte paraît vivre sur le chêne; car on le trouve toujours
Paris.
INSECTES. 753
sur les jeunes pousses de cet arbre. Il est très-nombreux
dans le canton de Thuir et sur les Albères, où le chêne est
commun.
Dixième Genre, Rhynchites, Herbst.
1. Rhynchites cseruleocephalus, Fab. Gallia meridion.
2. Rhynchites aequatus, Fab.
5. Rhynchites bacchus, Fab.
4. Rhynchites betuleti, Fab.
5. Rhynchites populi, Fab.
6. Rhynchites conicus, Illig.
7. Rhynchites punctatus, Oliv.
8. Rhynchites cupreus, Fab. Suecia.
9. Rhynchites auratus, Scop. Gallia meridionalis.
10. Rhynchites pubescens, Fab.
11. Rhynchites nanus, Payk.
12. Rhynchites fragarise, Sturm. Germania.
15. Rhynchites minutus, Gyll. Suecia.
14. Rhynchites Hispanicus, Dej. Hispania.
15. Rhynchites sericeus, Herbst. Germania.
Ce genre, abondant en espèces de petite taille, revêtues de fort
jolies couleurs, est disséminé dans toutes les vallées du dépar-
tement. On le trouve partout, et sur des végétaux bien variés.
Le filet en fournit bon nombre d'espèces, et en fouillant dans les
détritus des végétaux, on en trouve aussi plusieurs. La vigne nous
fournit le Bacchus et le Betideti. Ce dernier vit sur la vigne d'une
façon toute particulière. L'Insecte fait une incision à la partie
supérieure de la feuille, tout près du pédoncule et incise ce
dernier à moitié; il dépose ses œufs à la partie supérieure de la
feuille, du même côté de l'incision ; la feuille se flétrit, se roule
sur elle-même, enveloppe les œufs et tombe; quelque temps
après les larvés naissent, grimpent sur la souche et pénètrent
tome m. 48
754 HISTOIRE NATURELLE.
dans les interstices de l'écorce, où elles vivent. UdEquatus et le
Cœruleocephalus vivent sur les jeunes chênes; le Conicus et le
Pubescens sur les pommiers; le Pojmli sur les trembles. Nous
avons trouvé les autres espèces sous les détritus des végétaux,
ou en fauchant avec le filet.
Onzième Genre, Amorphocephalus, Schh.
1. Amorphocephalus coronatus, Germar. Italia.
Le Coronatus vit en parasite dans les nids des fourmis ; on le
trouve en fouillant les monceaux de terre que ces insectes accu-
mulent près du trou de leurs fourmilières. C'est dans les régions
moyennes de nos montagnes qu'il faut le chercher. Il est rare.
Douzième Genre, Diodyrhynchus, Germar.
1. Diodyrhynchus pallidus, Dej. Pyrenœi orientales.
2. Diodyrhynchus Austriacus, Meg. Gallia meridionalis.
L'aubépine paraît donner la nourriture à ce genre, qui n*est
pas nombreux en espèces. Ces Insectes se rapprochent beaucoup
des Rhinomaces par la forme de leurs élytres , qui sont oblongs
et linéaires. Nous les trouvons constamment sur l'aubépine.
Treizième Genre, Apion, Herbst.
1. Apion vernale, Fab. Paris.
2. Apion malvse, Fab. Gallia.
5. Apion nigritarse, Kirb. \
4. Apion albicans, Dej. ( Paris.
5. Apion flavipes, Fab. )
6. Apion varipes, Germar. Suecia.
7. Apion viciœ, Payk. \
8. Apion vorax, Herbst. [ Paris.
9. Apion violaceum, Kirb. )
10. Apion superciliosum, Gyll. Saecia.
INSECTES. 755
H. Apion astragali, Payk. Suecia.
12. Apion elegantulum, Germar. ) _ .
f Pans.
15. Apion seniculus, Kirb. )
14. Apion tubiferuni, Dej. G allia meridionalis .
Jo. Apion frumentarium, Fab. Suecia,
16. Apion tamarisci, Dej. G allia meridionalis.
17. Apion brevirostre, Herbst. Germania.
18. Apion pisi, Fab. )
19. Apion miniatum, Schô. '. Paris.
20. Apion sorbi, Fab. )
21. Apion cyanescens, Dej. Gallia meridionalis.
22. Apion iuscirostre, Fab. Gallia.
Genre très-nombreux en espèces, toutes de très-petite taille,
et qui sont généralement de couleur blanche ou verte; quelques-
unes sont rouges. Elles se tiennent ordinairement sur les fleurs;
mais, pourtant, nous les trouvons aussi sous les pierres, dans la
mousse, sous les détritus des végétaux, sur les luzernes, sur
les orties et sur beaucoup d'autres plantes. C'est pourquoi le
filet est d'un grand secours pour se les procurer. Il est rare,
après avoir fauché quelque temps sur les fourrés et sur les
chaumes herbeux , de ne pas trouver quelques Apions dans le
filet. Aussi, le naturaliste qui voudra se procurer le plus grand
nombre de ces intéressants insectes, ne doit rien négliger; il doit
tout fouiller, et il sera dédommagé de ses peines. Nous devons
aux travaux de MM. Germar et Kirby la connaissance d'un grand
nombre d'espèces. L' Astragali vit sur le chêne-vert; le Tubi-
ferum, sur les cistes; le Miniatum, sur le lamarix; le Fusci-
rostre, sur le genêt épineux.
25. Apion angusticolle, Schb.
Communiqué par M. Delarouzé, qui l'a trouvé dans les environs
de Collioure, le 25 octobre 1860.
756 HISTOIRE NATURELLE.
Quatorzième Genre, Ramphus, Clairv.
1. Ramphus flavicornis, Clairv. Paris.
2. Ramphus pratensis, Germar. Germania.
3. Ramphus seneus, Dej. G allia meridionalis.
Les Insectes qui appartiennent à ce genre sont très-petits, peu
nombreux et revêtus de très-jolies couleurs. Ils se trouvent sur
les plantes basses et sautent avec une grande facilité. Il faut
employer le filet pour se les procurer. Après un débordement,
on en trouve quelques-uns sous les détritus amoncelés près des
fossés, dans les trois bassins.
Quinzième Genre, Brachycerus, Fab.
\. Brachycerus undatus, Fab. ) _ ... ... ..
J . . _ . [ Gallia meridionalis.
2. Brachycerus algirus, *ab. )
Ces Insectes sont peu nombreux sur notre continent, tandis
qu'ils sont très-abondants dans la partie la plus chaude de l'Afrique.
En général, ils sont revêtus de couleurs métalliques très-brillantes.
Les deux espèces que nous possédons , vivent sur le prunier sau-
vage, qui croît le long des haies des prairies maritimes. L'Insecte
s'accroche au fruit, y fait un trou, et en suce la substance à l'aide
de sa trompe. Les espèces d'Europe ont les couleurs ternes, et le
corps toujours couvert d'une poussière qui les fait paraître sales.
Seixième Genre, Thylacites , Germar.
\. Thylacites fritillum, Panz. Gallia meridionalis.
2. Thylacites asphodeli, Ramb. Hispania meridionalis.
ù. Thylacites subterraneus, Dej. Gallia meridionalis.
4. Thylacites pilosus, Fab. Germania.
Ce genre, peu nombreux en espèces, paraît se tenir sur les fleurs
des plantes herbacées. C'est avec le filet qu'on peut en récolter
quelques rares individus. Les débris des végétaux rejetés par les
eaux nous en fournissent aussi, mais en petit nombre; cependant,
IXSECTES. 75"
il faut les fouiller peu de temps après que l'eau s'est retirée, car
aussitôt que la putréfaction commence, on n'y trouve plus les
espèces de ce genre.
Dix-septième Genre, Cneorhinus, Schô.
1. Cneorhinus albieans, Dej. Gattia meridionalis .
2. Cneorhinus squamulatus, Fab. Suecia.
5. Cneorhinus corvli, Fab. (Var. du Globatus, Sturm.)
4. Cneorhinus hispidus, Dej. Gattia meridionalis.
0. Cneorhinus limbatus, Fab. Suecia.
Vivent sous les pierres, sous les détritus des végétaux et sur les
plantes. J'ai trouvé souvent V Albieans et le Limbatus sur les tama-
rix, dans les parties basses du littoral.
Dis-huitième Genre, Sciaphilus, Schô.
1. Sciaphilus muritacus, Fab. Paris.
2. Sciaphilus fulvipes, Dej. Gattia meridionalis.
5. Sciaphilus oblongus, Dej. Hispania.
C'est presque toujours le filet qui nous rapporte les Insectes
de ce genre , après avoir fauché quelque temps sur les plantes
des lisières des bois, dans la partie moyenne de nos montagnes.
Nous les trouvons aussi sur les détritus entraînés par les eaux
après une inondation.
Dix-neuvième Genre, Brachyderes, Schô.
1. Brachyderes incanus, Fab. Paris.
2. Brachyderes Lusitanicus, Fab.) _, „. ... ,.
; Gattia meridionalis.
o. Brachyderes pubescens, Dej. )
C'est toujours sur les pins que nous avons pris les Insectes de
ce genre peu nombreux. C'est donc dans les parties élevées qu'il
faut aller les chercher : à la Font de Comps, à Saint-Martin-de-
Canigou et à Costa-Bona. Le Pubescens se trouve quelquefois sur
les chènes-verts.
758 HISTOIRE NATURELLE.
Vingtième Genre, Eusomus, Germai
1. Eusomus ovulum, Illig. Austria.
Nous n'avons jamais trouvé cet Insecte que dans les prairies
maritimes des trois bassins. Il vit sur le tamarix; car, c'est parmi
les plantations de cet arbuste que nous l'avons pris en abondance.
Vingt-unième Genre, Chlorophanus , Dalman,
\. Chlorophanus pollinosus, Fab. Austria..
2. Chlorophanus fallax, Illig. Hunçjaria.
5. Chlorophanus viridis, Fab. Gallia.
Ce genre, revêtu de fort jolies couleurs, qui varient suivant
la plante qu'il fréquente le plus, et qui ne sont produites qu'au
dépens du pollen des fleurs qui s'attache à sa robe, se trouve
toujours sur les peupliers et les saules des taillis plantés sur le
bord des cours d'eau. On doit faire attention, en le piquant, de
ne pas enlever cette poussière, qui fait son seul mérite; car on
n'aurait qu'un insecte tout noir. Si on veut l'avoir dans sa plus
grande beauté, on doit le placer sur le coussinet à piquer; le
maintenir par les pattes avec le doigt, et le percer de l'épingle.
Il n'est pas rare.
Vingt-deuxième Genre, ^'Tanymechus, Germar.
1. Tanymechus palliatus, Fab. Austria.
2. Tanymechus viaticus, Dej. Sicilia.
Les Tanymechus fréquentent les parties basses des prairies
maritimes des trois bassins. C'est en fauchant qu'on s'en procure
bon nombre. On les trouve aussi parmi les broussailles rejetées
par les eaux.
Vingt-troisième Genre, Silona, Germar.
J. Silona lineatus, Fab. Paris.
2. Sitona promptus, Scho. Gallia meridionalis.
INSECTES. 759
5. Sitona discoïdeus, Gyll. Austria. (Var. du précédent.)
4. Sitona tibialis, Gyll. Suecia.
5. Sitona hispidulus, Fab. Paris.
Les espèces de ce genre, qui ne sont pas très-nombreuses dans
notre département, se trouvent sous les mousses du pied des arbres
des régions moyennes et parmi les détritus que les eaux amon-
cellent au bord des fossés des prairies maritimes; quelques-unes
se tiennent sur les arbres, dont on les fait tomber en les secouant;
d'autres se trouvent dans les greniers à grains. C'est donc en cher-
chant de diverses manières, qu'on peut se les procurer.
Vingt-quatrième Genre, Polydrusus, Germar.
1. Polvdrusus undatus, Fab. ; n .
' caris.
2. Polvdrusus flavipes, Gyll. \
5. Polydrusus smaragdinus, Meg. Austria.
i. Polydrusus cervinus, Lin. Suecia.
o. Polydrusus atomarius, Greutz. (Var. du précédent.)
6. Polydrusus picus, Fab. Austria.
7. Polydrusus perplexus, Dej. Paris.
8. Polydrusus paganus, Dej. GaUia meridioiialis.
C'est en fauchant avec le filet, qu'on parvient à se procurer la
plus grande partie de ces petits insectes. Ils paraissent se tenir
sur les plantes de nos prairies maritimes, peut-être même sur les
graines de quelques légumineuses, communes dans ces contrées.
Les plus grosses espèces se trouvent sur les arbres ; et c'est en les
ébranlant fortement qu'on les fait tomber, surtout en imprimant
à l'arbre des secousses brusques et souvent répétées. De celle
manière on se procure beaucoup de jolis insectes, qui échap-
peraient à nos recherches, parce qu'il serait difficile d'aller les
prendre sur le sommet des arbres; les secousses qu'on imprime
les;font détacher et tomber sur la toile qu'on a eu soin de placer
dessous.
760 HISTOIRE NATURELLE.
Vingt-cinquième Genre, Scytropus, Schô.
1. Scytropus mustela, Herbst. Germania.
Ce genre ne nous offre qu'un seul Insecte. Nous l'avons cons-
tamment trouvé sur les orties qui croissent dans les fossés des
fortifications et des lunettes de Perpignan. Il faut recourir au filet
pour se le procurer. Il n'est pas rare.
Vingt-sixième Genre, Metallites , Schô.
1. Metallites mollis, Germar, Gallia meridionalis.
2. Metallites atomarius, Oliv. Germania.
5. Metallites iris, Oliv. Paris.
ht. Metallites murinus, Dej. Gallia meridionalis.
C'est surtout en fauchant avec le filet qu'on peut faire ample
provision des insectes de ce genre. Ils sont petits et se tiennent
sur les plantes. On en trouve aussi parmi les broussailles des
prairies maritimes. Ils ne sont pas rares.
Vingt-septième Genre, Cleonis , Meg.
\ . Cleonis sulcirostris, Fab. Paris.
2. Cleonis glaucus, Fab. Suecia.
3. Cleonis obliquus, Fab. ]
ht. Cleonis gramineus, Panz. [ Gallia meridionalis.
5. Cleonis conicirostris, Oliv. )
6. Cleonis marmoratus, Fab. Gallia.
7. Cleonis brevirostris, Dej. Gallia meridionalis.
8. Cleonis plicatus, Oliv. Paris.
9. Cleonis excoriatus, Illig. Gallia.
10. Cleonis ophthalmicus, Rossi. Dalmatia.
Les chardons, la bardane, les pruniers sauvages et le verbascum
sont les plantes sur lesquelles nous trouvons les insectes de ce
genre. On les prend avec facilité; cependant, il faut faire attcn-
INSECTES. 761
tion quand on veut les saisir, car ils se laissent tomber dès qu'on
touche la plante. Il faut donc prendre la précaution de placer
le filet au-dessous. Leurs élytres sont très-durs, et pour les piquer,
on doit assujettir l'animal par les pattes, si on ne veut enlever la
poussière dorée qui couvre tout le corps. Le Plicatus se trouve
souvent sur les feuilles du verbascum; YOplithalmicus, sur l'aman-
dier en fleur; le Sulcirostris, sur le circium lanceolatum et arvense;
le Conicirostris, au pied des soucies, sur le littoral.
Vingt-huitième Genre, Pachycerus, Gyll.
1. Pachycerus mixtus, Fab. Gallia.
2. Pachycerus scabrosus, Dej. Gallia meridionalis.
Nous trouvons ces deux Insectes sur Yechïum pyramidale et sur
Yechium pmtulatum.
Vingt-neuvième Genre, Gronops, Scho
1 . Gronops lunatus, Fab. Paris.
Trentième Genre, Alophus, 'Sclio.
i. Alophus triguttatus, Fab. Paris.
Trente-unième Genre, Liophkms, Germar.
1. Liophlœus nubilus, Fab. Gallia.
2. Liophlœus pulverulentus, Dej. Hispania.
Les trois genres ci-dessus, peu nombreux en espèces, vivent
sur les plantes et les arbustes. C'est encore le filet qu'il faut mettre
en œuvre pour les avoir. Le Nubilus se trouve constamment sur
les orties.
Trente-deuxième Genre, Barynotus, Germar.
1. Barynotus obscurus, Fab. Suecia.
2. Barynotus alternans, Dej. Gallia méridional is.
3. Barynotus squamosus, Dej. Pyrenœi orienlales.
762 HISTOIRE NATURELLE.
i. Barynotus Pyrenœus, Dej. Pyrenœi.
5. Barynotus levigatus, Dej. Gallia meridionalis.
Les Barynotus fréquentent les plantes de tout genre, et on
ne saurait assigner leur habitat. On les trouve quelquefois dans
les bois des régions élevées, et c'est en secouant les arbres qu'on
peut se les procurer. Le Pyrenœus et le Squamosus se trouvent
blottis sous les pierres dans les bois des régions élevées, et dans
les prairies du pied de Costa-Bona et de quelques vallées moyennes
du Canigou.
Trente-troisième Genre, Lepyrus, Germar.
i. Lepyrus colon, Fab. Paris.
2. Lepyrus binotatus, Fab. Suecia.
0. Lepyrus bimaculatus, Oliv. Paris.
Nous trouvons constamment ces insectes sur les plantes, dans
toutes les régions moyennes de nos montagnes. Après une inon-
dation, nous les avons recueillis dans les broussailles qui ont
été amenées par les eaux et déposées sur le bord des propriétés
maritimes des trois bassins. Nous pensons, avec M. Dejean , que
le Bimaculatus d'Olivier n'est qu'une variété du Colon de Fabri-
cius. Rien ne nous démontre que ce soit une espèce nouvelle.
Le Colon et le Bimaculatus sont souvent sur le saule.
Trente-quatrième Genre, Hylobius, Germar.
1. Hylobius pinastri, Gyll. Suecia.
2. Hylobius abietis, Fab. Gallia.
5. Hylobius arcticus, Fab. Laponia.
\. Hylobius pineti, Fab. Suecia.
Trente-cinquième Genre, Molytes, Schô.
1. Molytes Germanus, Lin. ) „
_ __ v „ . „ . \ Germania.
2. Molytes hiscomaculatus, rab. x
INSECTES.
m
5. Molytes coronatus, Latr. Paris.
i. Mûlytes bajulus, Oliv. Gallia.
5. Molytes pertusus, Dej. Hispania.
Les espèces qui appartiennent aux genres Hylobius et Molytes, se
trouvent généralement clans les bois de pins des régions moyennes
de nos montagnes, sous les broussailles, sous les pierres, au pied
des arbres, parmi la mousse. Je les ai trouvées au bois des Moines,
à Saint-Martin-de-Canigou; dans les bois avant d'arriver à la
Uapoudère; aux environs de La Preste et de Costa-Bona.
Trente-sixième Genre, Plinlhas, Germai*.
1. Plinthus porculus, Fab. Gallia meridionalis.
2. Plinthus caliginosus, Fab. Paris,
C'est toujours dans les broussailles que nous avons pris ces
deux Insectes, et nous ne les avons jamais trouvés sur les plantes;
cependant, ils doivent bien avoir quelque plante de prédilection.
Le filet ne nous a jamais rapporté aucun sujet de ce genre,
et c'est toujours dans nos prairies marécageuses que nous en
avons trouvé.
Trente-septième Genre, Phytonomus, Schô.
1. Phytonomus rumicis, Fab. Germama.
2. Phytonomus punctatus, Fab. Aaslria.
o. Phytonomus murinus, Fab. i n .
taris.
ï. Phytonomus polygoiii, Fab. \
5. Phytonomus posticus, Gyll. Suecia.
6. Phytonomus crinitus, Dej. ,
•7i Phytonomus hispidulus, Dej. [ Gallia weridionalis,
8. Phytonomus lateralis, Dej.
9. Phytonomus oxalis, Jlerbst. Âustria.
10. Phytonomus mêlez, Fab. Gallia.
11. Phvtonomus nkrirostris. Fab. Pans
764 HISTOIRE NATURELLE.
12. Phytonomus tigrinus, Dej. Gallia borealis.
15. Phytonomus parallelus, Sturm, Germcmia.
14. Phytonomus plantaginis, Fab. Gallia.
Il serait difficile de désigner l'habitation des insectes de ce
genre nombreux. Nous les trouvons répandus dans toutes les
régions du département, sur les arbres, sous les pierres, parmi
les broussailles et les détritus des végétaux. Le filet, en fauchant,
nous en apporte quelques-uns. Ils vivent aussi sous la mousse,
au pied des arbres des régions élevées, et dans les haies. C'est donc
en visitant attentivement toutes les localités, qu'on parviendra à se
procurer bon nombre d'insectes de cette intéressante tribu.
Gallia meridionalis.
Trente-huitième Genre, Coniatus, Germar.
1 . Coniatus tamarisci, Fab.
2. Coniatus répandus, Fab.
Les prairies maritimes bordées de tamarix nous fournissent en
masse ces deux insectes; les plantes en sont couvertes, et, en
frappant dessus, après avoir placé le filet dessous, on est sûr
d'en faire une ample provision. Ils sont communs dans les trois
bassins, surtout dans les prairies les plus rapprochées des dunes.
Trente-neuvième Genre, Rhytirhinus, Schô.
1. Rhytirhinus impressicollis, Dej. Gallia meridionalis.
2. Rhytirhinus sabulosus, Dej. Hispania.
C'est sous les broussailles, le long des dunes de tout le littoral,
que nous trouvons ces deux espèces. Nous ne pouvons leur assi-
gner de station particulière : nous les avons toujours trouvées
répandues un peu partout.
Quarantième Genre, Phyllobius, Schô.
1. Phyllobius oblongus, Fab. Paris.
2. Phyllobius argentatus, Fab. Gallia.
INSECTES. 765
5. Phyllobius betule, Fab. Paris.
4. Phyllobius mus, Fab. Gallia meridionalis.
5. Phyllobius viridicollis, Fab. Âuslria.
6. Phyllobius tlavipes, Sturm. Germania.
7. Phyllobius calcaratus, Fab. Gallia.
8. Phyllobius pyri, Fab. Saecia.
9. Phyllobius angustatus, Dej. Lusilania.
Les espèces appartenant à ce genre se trouvent un peu partout,
sur les arbres, sur les plantes, parmi les broussailles, et, en fau-
chant, le filet en amène quelques individus. C'est donc en bien
cherchant, qu'on parvient à se les procurer. Le Viridicollis et
le Calcaratus sont assez rares. Le Mus et YArgentatus se tiennent
particulièrement sur le saule.
Quarante-unième Genre, Trachyphlœus, Germai*.
1. Trachyphheus scabriculus, Fab. Paris.
2. Trachyphlaeus aristatus, Gyll. Suecia.
0. Trachyphlœus spinosulus, Dej.) „.
, „ , ,, ... ^ . Hispama.
4. Irachyphlœus metalhcus, Dej.)
Quarante-deuxième Genre, Omias, Germai*.
1. Omias rotundatus, Fab. Auslria.
2. Omias hirsutulus, Fab. Germania.
o. Omias provincialis, Dej. Gallia meridionalis.
4. Omias gracilis, Beck. Germania. (Var. du Brunipes,
Olivier.)
Quarante-troisième Genre, Perileius, Germar.
4. Peritelus sphéroïdes, Creutz. Hungaria.
2. Peritelus oblongus, Dej. \
3. Peritelus canus, Dej. [ Gallia meridionalis.
4. Peritelus senex, Dej.
766 HISTOIRE NATURELLE.
5. Peritelus albolineatus, Germar. Germania.
Ces trois derniers genres fournissent quelques espèces rares.
Ils sont répandus dans tout le département, sur les arbres, sous
les pierres, parmi les broussailles, sur les plantes, dans la mousse;
en fauchant avec le filet, on en amène quelques-uns. Le Trachy-
phlœus ari&tatus est rare. L'Orna» grades de Beck n'est qu'une
variété du Brunipes d'Olivier; il est très-rare. C'est donc en
explorant les divers gîtes que nous signalons, qu'on parviendra à
se procurer les belles espèces. Le Peritelus senex se trouve sou-
vent sur le saule et sur la moutarde noire (sinapis nigra).
Quarante-quatrième Genre, Otiorhynchus, Germar.
1. Otiorhynchus armadillo, Rossi. Italia.
2. Otiorhynchus fuscipes, Oliv. Gallia meridionalis.
5. Otiorhynchus Pyrenaeus, Dej. Pyrenœi.
4. Otiorhynchus ligustici, Fab. Paris.
5. Otiorhynchus unicolor, Herbst. Gallia.
6. Otiorhynchus Navaricus, Dej. Pyrenœi.
7. Otiorhynchus planatus, Fab. Styria.
8. Otiorhynchus picipes, Fab. Paris.
9 Otiorhynchus perdix, Oliv. Austria.
10. Otiorhynchus cribicollis, Dej. Gallia meridionalis.
11. Otiorhynchus crispatus, Ziegl. Dalmatia.
12. Otiorhynchus rancus, Fab. ) n .
, \ Parts
\o. Otiorhynchus ovatus, Fab. (
14. Otiorhynchus ligneus, Oliv. Gallia meridionalis.
15. Otiorhynchus obscurus, Duf. Hispania.
16. Otiorhynchus Parisiensis, Dej. Paris.
17. Otiorhynchus maxillosus, Dej. Austria.
18. Otiorhynchus tristis, Dej. \
19. Otiorhynchus fulvipes, Dej. ! Gallia meridionalis.
20. Otiorhynchus tomentosus,Dej.)
Pyren. orientales.
insectes. 767
21. Otiorhynchus gracilis, Dej. Gallia meridionalis.
22. Otiorhynchus carbonarius, Dej.
25. Otiorhynchus coracinus, Dej.
Les Otiorhynchus, nombreux eu espèces, vivent dans tout le
déparlement. On les trouve sur les arbres, parmi la mousse,
parmi les broussailles, quelques-uns sur les plantes et d'autres
sous les pierres. Nous signalerons, comme les ayant toujours
trouvés sur les orties, le Clavipes, le Ligustici et le Fuscipes;
d'autres vivent sur les plantes herbacées. Le Crispatus de Ziegler
n'est qu'une belle variété du Seabrosus de Marsham. Le Pyve-
nœus, YUnicolor et le Perdix se trouvent sous les pierres, dans
les vallées supérieures.
Quarante-cinquième Genre, Lixus, Fab.
1. Lixus paraplecticus, Fab. Paris.
2. Lixus cylindricus, Fab. , \ „ „.
_ ¥ . _, . k allia meridionalis.
o. Lixus angustatus, Lab. )
4. Lixus cribricollis, Dej. ! p •
5. Lixus filiformis, Fab. )
6. Lixus troglodytes, Dej. j
7. Lixus pollinosus, Germar. [ Gallia meridionalis.
8. Lixus rufîtarsis, Scho. )
9. Lixus scolopax, Dej. Dalmalia.
10. Lixus spartii, Oliv. Gallia meridionalis.
11. Lixus ascanii, Fab. Paris.
Le genre Lixus se trouve aussi un peu partout. Il vit sur les
chardons, sur les arbustes des haies, sur les fleurs des artichauts,
sur la bardane; nous en prenons quelques espèces avec le filet et
parmi les broussailles. On le voit facilement sur les plantes,
parce qu'il est généralement couvert du pollen des fleurs. Il
faut avoir l'attention , quand on veut le saisir, de placer le filet
sous la plante, car il se laisse tomber aussitôt dans les herbes
768 HISTOIRE NATURELLE.
ou les broussailles. On trouve certaines espèces sur quelques
plantes de prédilection : YAngustatus sur le chardon-Marie (car-
duus Marianus, Lin.); le Pollinosus sur Yonopordon illyricum; le
Rufitarsis sur le carduus tenniflorus; le Scolopax sur la carlina
corymbosa, et plus souvent sur le cynara cardunculus; YAscanii
sur le sinapis nigra.
Quarante-sixième Genre, Larinus, Schiïp.
1. Larinus cinarœ, Fab. \
2. Larinus maculosus, Besser. ^ ^ meridiomlis,
5. Larinus scolymi, Oliv. I
4. Larinus flavescens, Dej. ]
5. Larinus jaceœ, Fab. / Paris J
6. Larinus carlinœ, Oliv. \
7. Larinus hypocrita, Dej. J
8. Larinus confinis, Dej. ! Galliameridionalis.
9. Larinus ursus, Fab. )
10. Larinus marginicollis, Dahl. Sicilia.
11. Larinus conspersus, Dej. \
12. Larinus oblongus, Dej. ! Galliameridionalis.
13. Larinus cylindrirostris, Dej. )
14. Larinus buccinator, Oliv. Hispania.
15. Larinus turbinatus, Dej. Gallia meridionalis.
Comme le genre précédent, les Larinus se trouvent aussi dissé-
minés sur diverses plantes, et dans des localités bien différentes.
Ils sont aussi couverts du pollen des fleurs qu'ils fréquentent, ce
qui oblige à faire une grande attention quand on veut les saisir,
afin de conserver leur fraîcheur. En examinant les plantes sur
lesquelles ils se tiennent, on est sûr d'en prendre beaucoup; le
filet en procure quelques espèces. Le Cinarœ se tient de préfé-
rence sur Yonopordon illyricum; le Maculosus, sur le cynara car-
dunculus; le Scolymi, sur Yechynops ritro; le Carlinœ, sur la carlina
INSECTES. 769
lanata; VHypocrita, sur le cirsium arvense\ le Flavescens et VOblon-
gus, sur le cirsium lanceolatum et sur la centaurea lanata; le Turbi-
natus, sur le cirsium lanceolatum et arvense; YUrsus, sur la carlina
corimbosa; le MarginicoUis, sur le buphtalmum spinosum, le Con/ï-
nis, sur la centaurea aspera.
Quarante-septième Genre, Rhinocyllus , Germar.
i. Rhinocyllus odontalgicus, Oliv. Paris.
2. Rhinocyllus sulcifrons, Dej. Gallia méridional is.
5. Rhinocyllus Olivieri, Meg. Austria.
Ces trois espèces se trouvent aussi sur les fleurs des chardons
eu général, et pénètrent profondément dans la corole, ce qui est
cause qu'elles échappent à nos recherches; pour les trouver,
il faut bien examiner l'intérieur de la fleur. Elles sont assez
rares. UOlivieri se trouve plus particulièrement sur le carduus
tenuiflorus et le cirsium lanceolatum.
Quarante-huitième Genre, Pissodes, Germar.
1. Pissodes pini, Fab. Germania.
2. Pissodes notatus, Fab. Austria.
3. Pissodes Gyllenhalii, Schô. Suecia.
Nous n'avons jamais pris les espèces de ce genre sur les
plantes. Elles vivent à terre ; car on les trouve constamment sous
les pierres, parmi les broussailles et au pied des arbres dans
les mousses.
Quarante-neuvième Genre, Thamnophilus, Schô.
1 . Thamnophilus phlegmaticus, Herbst. )
2. Thamnophilus cerasi, Lin. )
5. Thamnophilus carbonarius, Meg. Gallia meridionalis.
A. Thamnophilus pruni, Fab. Paris.
S. Thamnophilus indigena, Comp. N. E. Pyr. orientales.
tome m. 49
770 HISTOIRE NATURELLE.
Les Thamnophilus sont aussi des insectes qu'il faut chercher à
terre, sous les grandes masses de végétaux à demi décomposés
et rejetés par les eaux; quelques-uns, sous les pierres, dans les
haies où croissent l'aubépine et le prunier sauvage.
Cinquantième Genre, Erirhimis, Schô.
1. Erirhinus acridulus, Zieffl.
' Germania.
2. Erirhinus scirpi, Fab.
5. Erirhinus festucse, Gyll. Suecia.
C'est encore sous les pierres et les broussailles des plantations
de tamarix, au bord des prairies marécageuses, qu'on trouve les
espèces de ce genre.
Cinquante-unième Genre, Dorytomus, Germai*.
\. Dorytomus vorax, Fab. Paris.
2. Dorytomus tremulaa, Fab. Suecia.
3. Dorytomus plagiatus, Chevrier. Gallia orientales.
4. Dorytomus juratus, Chevrier. Helvetia.
5. Dorytomus pectoralis, Fab.
6. Dorytomus tortrix, Fab. [ Suecia.
7. Dorytomus dorsalis, Fab. )
8. Dorytomus cervinus, Dej. Gallia meridionalis .
On trouve ces Insectes dans les taillis de peupliers, et on se
les procure en secouant les arbres. On les trouve aussi sur les
trembles, les tilleuls et plusieurs autres arbres; le Vorax et le
Tortrix, sur le chêne-vert. On en rencontre quelqu'un dans les
broussailles, mais accidentellement.
Cinquante-deuxième Genre, Hydronomus, Schô.
\. Hydronomus alismatis, Gyll. Suecia.
2. Hydronomus hispidulus, Dej. Gallia meridionalis.
INSECTES. 771
Cinquante-troisième Genre, Ellescus, Meg.
1. Ellescus bipunctatus, Fab. ) _
a i-n • t- t [ Suecia.
2. Lllescus scaninus, Fab. )
Cinquante-quatrième Genre, Lignyodes, Schô.
\. Lignyodes enucleator, Panz. Germania.
Les Insectes de ces trois derniers genres, se trouvent sous les
broussailles qui sont amenées par les eaux dans nos prairies
maritimes des trois bassins. Ceci prouverait qu'ils sont répandus
dans les diverses localités du département. Nous trouvons le
Lignyodes enucleator sur la moutarde noire (sinapis nigra);
Y Ellescus scaninus, sur le saule.
Cinquante-cinquième Genre, Anthonomus, Germar.
1. Anthonomus druparum, Fab. Paris.
2. Anthonomus ulmi, Gyll. Saecia.
3. Anthonomus pomorum, Fab. ) „ .
4. Anthonomus rubi, Fab. )
5. Anthonomus incurvus, Germar. Austria.
6. Anthonomus sorbi, Germar. Germania.
Cinquante-sixième Genre, Balaninus, Germar.
4. Balaninus nucum, Fab. Paris.
2. Balaninus ferrugineus, Ziegl. Austria.
3. Balaninus cerasorum, Payk. Helvetia.
4. Balaninus villosus, Fab. Paris.
5. Balaninus crux, Fab. Germania.
6. Balaninus ochreatus, Dej. Gallia meridionalis.
7. Balaninus salicivorus, Payk. Suecia.
Les Anthonomus et les Balaninus habitent les arbres des diverses
régions du département. C'est en battant les arbres qu'on en fait
772 HISTOIRE NATURELLE.
tomber bon nombre d'espèces. Les haies où croissent beaucoup
d'arbustes, nous en fournissent aussi un certain nombre, et il ne
faut pas négliger non plus de fouiller les broussailles et les pierres
du bord des haies. Le Balaninus crux et YOehreatus se trouvent
sur les saules.
Cinquante-septième Genre, Tychius, Germar.
1. Tychius quinquepunctatus, Fab. Paris.
2. Tychius tseniatus, Dej. \
5. Tychius vicinus, Dej. [ Gallia meridionalis.
4. Tychius sparsutus, Oliv. '
5. Tychius picirostris, Fab. Paris.
6. Tychius cuprifer, Panz. Gallia meridionalis.
7. Tychius tomentosus, Herbst. Gallia.
Le filet, en fauchant, est le moyen le plus sûr pour se procurer
les petits insectes de ce genre. Ils se tiennent sur les plantes;
quelques-uns aussi parmi les broussailles, mais ils y sont rares.
Le Quinquepunctatus se trouve sur la centaurea uspera.
Cinquante-huitième Genre, Micronyx, Scho.
1. Micronyx cyaneus, Dej. Gallia meridionalis.
Cinquante-neuvième Genre, Acalyptus, Schô.
i . Acalyptus carpini, Gyll. Suecia.
2. Acalyptus rufipennis, Scho. Gallia meridionalis.
Soixantième Genre, Phytobius, Schm.
1. Phytobius quadricornis, Gyll. Suecia.
2. Phytobius velatus, Germar. Germania.
Soixante-unième Genre, Anoplns, Schùp.
1. Anoplus plantaris, Gyll. Paris.
INSECTES. 773
C'est dans les alluvions des trois bassins que nous trouvons les
insectes qui appartiennent à ces quatre genres. On est sûr d'en
faire bonne provision, en visitant les broussailles rejetées par nos
cours d'eau, après une crue. Us paraissent répandus dans les diver-
ses contrées que traversent, nos rivières. UAcalyptus rufipemh vit
sur les saules.
Soixante-deuxième Genre, Orchestes, Ulig.
1. Orchestes quercus, Lin.
2. Orchestes rufus, Oliv. / .
3. Orchestes alni, Fab. (
4. Orchest. melanocephalus,Oliv.
5. Orchestes stigma, Gerniar. Germania.
6. Orchestes salicis, Fab. ]
7. Orchestes populi, Fab. [ Paris.
8. Orchestes fagi, Gyll. )
9. Orchestes scutellaris, Fab. Suecia.
\0. Orchestes bimaculatus, Dej. Dalmalia.
11. Orchestes jota, Fab. Paris.
12. Orchestes pubescens, Schô. Germania.
Les Orchestes sont de très-petite taille. C'est sur les plantes
des fourrés herbeux, et sur les plantations de jeunes chênes,
saules et aulnes qu'il faut les chercher. Le Rufus, Y Alni et le
Melanocephalus se trouvent souvent sur l'ormeau; le Pubescens
est constamment sur le chêne-blanc.
Soixante-troisième Genre , Bagous, Gerniar.
1. Bagous laticollis, Schô. Paris.
2. Bagous lutulentus, Gyll. Suecia.
7>. Bagous cryptocephalus, Dej. Hispauia.
Soixante-quatrième Genre, Baris, Germât.
i . Baris timidus, Oliv. Gallia meridionalis.
774 HISTOIRE NATURELLE.
2. Baris lucidus, Dej. Austria.
5. Baris punctatissimus, Dej. )
-4. Baris lepidii, Muller. )
5. Baris analis, Oliv. Gallia meridionalis.
Les Bagous et les Baris se tiennent probablement sur les plantes
herbacées; et comme ce sont des espèces assez petites, on les dis-
tingue difficilement. C'est donc au filet qu'il faut avoir recours ;
et, en fauchant sur les chaumes et sur la lisière des bois, on en
fait ample récolte. Les broussailles doivent aussi être visitées ;
car ils s'y tiennent blottis.
Soixante-cinquième Genre, Cryptorhynchùs, Illig.
1. Cryptorhynchùs lapathi, Fab. Paris.
2. Cryptorhynchùs Alpinus, Dej. Pyrenœi orientales.
Nous trouvons constamment sur les saules les Insectes de ce
genre. C'est donc en battant ces arbres qu'on parvient à se les
procurer. 11 faut placer une toile dessous. Sans cette précaution
plusieurs échapperaient aux recherches.
Soixante-sixième Genre, Acalles, Schô.
\. Acalles hypocrita, Creutz. ) „ „. ... ..
Jr _ . Gallia meridionalis.
2. Acalles contractus, Dej. )
3. Acalles sulcicollis, Dej. Pyrenœi orientales.
4. Acalles globatus, Dej.. Gallia meridionalis.
Les Acalles doivent être recherchés parmi les broussailles
amenées par les eaux dans les prairies marécageuses. Le filet
en procure aussi quelques-uns. Les fourmilières doivent être
visitées attentivement; car elles fournissent quelques bonnes
espèces (assez rares).
Soixante-septième Genre, Acentrus, Chevr.
1. Acentrus histrio, Schô. Gallia meridionalis.
Suecia .
insectes. 775
Vit au milieu des champs ensemencés de céréales, sous les
mottes de terre et sous les pierres, auprès des haies. On trouve
encore cet Insecte sur le chêne-kermès , qui couvre une partie
de nos garrigues, et qu'on nomme vulgairement garrulla.
Soixante-huitième Genre, Ceutorhynchus, Schùp.
1. Ceutorhynchus didymus, Fab.,
2. Ceutorhynchus gultula, Fab. ' Paris.
3. Ceutorhynchus alauda, Fab. '
4. Ceutorhynchus assimilis, Fab. Austria.
5. Ceutorhynchus geranii, Payl
6. Ceutorhynchus litura, Fab.
7. Ceutorhynchus miercus, Fab. ) „ .
' Pons.
8. Ceutorhynchus contractus, Narsh. \
9. Ceutorhynchus albosignatus, Dahl. Austria.
10. Ceutorhynchus floralis, Fab. Paris.
il. Ceutorhynchus glaucinus, Dahl. Austria.
12. Ceutorhynchus subrufus, Fab. Suecia.
15. Ceutorhynchus troglodytes, Fab.) _ .
| Pans.
14. Ceutorhynchus horridus, Panz. )
15. Ceutorhynchus asperifoliarum, Kirb. Suecia.
16. Ceutorhynchus trimaculatus, Fab. Austria.
17. Ceutorhynchus erica3, Gyll. Suecia.
18. Ceutorhynchus cyanipennis, lllig. Germania.
19. Ceutorhynchus seniculus, Dej. Gallia occidentalis .
20. Ceutorhynchus marginatus, Payk. Suecia.
21 . Ceutorhynchus sysimbrii, Fab. Paris.
22. Ceutorhynchus epylobii, Payk. Suecia.
Ces Insectes, très-petits et fort nombreux, parmi lesquels il
en est qui ont des couleurs très-brillantes, sont répandus dans
toutes les latitudes du département. On les trouve partout : sur
776 HISTOIRE NATURELLE.
les arbres et les arbustes, sur les montagnes et dans la plaine,
sur les fleurs des jardins, parmi les broussailles amenées par les
eaux, sous les pierres et les détritus au bord des haies. Le filet,
en fauchant, en amène un grand nombre; de sorte qu'il faut tout
scruter, si on veut se procurer les bonnes espèces de cette belle
tribu, qui par leur petitesse et leur genre de vie échapperaient à nos
recherches, si on n'y apportait la plus grande attention. Le Litura,
YHorridus et YAlbosignatus se trouvent constamment sur la galac-
tites tomentosa, et le Trimaculatus, sur Y echium pyramidale.
Soixante-neuvième Genre, Campylirhynchus, Meg.
1. Campylirhynchus pericarpius, Fab. Paris.
2. Campylirhynchus interstitialis, Sturm. Germania.
0. Campylirhynchus tibialis, Dej. Paris.
Ces très-petits insectes vivent sous les pierres et les détritus.
On les trouve quelquefois sur les arbustes des haies qui bordent
nos champs. Le Cam. interstitialis de Sturm est regardé comme
une variété fort remarquable du Camp, quadricornis de Dejean.
Soixante-dixième Genre, Mononychus , Schùp.
1. Mononychus pseudacori, Fab. Paris.
Soixante-onzième Genre, Orobilio, Germar.
i. Orobitio globosus, Fab. Snccia.
Ces deux genres, peu nombreux en espèces, se trouvent ordi-
nairement sous les pierres et sous les broussailles des haies des
champs aspres du département. Tout le plateau de Chàteau-
Roussillon nous les fournit. Ils n'y sont pas communs.
Soixante-douzième Genre, Cionus, Glairv.
1. Cionus scrophulariae , Fab. ; _ .
2. Cionus verbasci, Fab. )
3. Cionus ocellatus, Illig. Lusitania.
INSECTES. 777
4. Cionus blattariae, Fab. Paris.
0. Cionus fraxini, Fab. Suecia.
6. Cionus thapsus, Fab. Paris.
7. Cionus hortulanus, Gyll. Suecia. (Var. du précédent.)
Soixante-treizième Genre, Gymnœlron, Schô.
1. Gymnaetron campanulae, Fab. Suecia.
2. Gymnaetron ellipticus, Herbst. Gallia meridionalis.
0. Gymnaetron becabungae, Fab. Suecia.
4. Gymnaetron plantarum, Dej. Gallia meridionalis.
5. Gymnaetron minutus, Dej. Hispania.
6. Gymnaetron scolopax, Dej. Gallia meridionalis.
Les Cionus et les Gymnœtron se trouvent assez répandus dans
toute la contrée, sur les plantes, parmi les broussailles et sous
les pierres. Le filet, en fauchant dans les clairières des bois et
sur les haies en amène quelques espèces. Le Cionus verbasri, qui
est une variété du Thapsus ou Olivieri de Chevrolat, se trouve
communément sur les verbascim.
Soixante-quatorzième Genre, Mecinus , Germar.
1. Mecinus haemorrhoïdalis, Fab. Paris.
2. Mecinus limbatus, Dej. Gallia meridionalis.
5. Mecinus ulmi, Chevr. Paris.
\. Mecinus violaceus, Meg. Auslria.
Ce genre se trouve ordinairement sur les arbustes. En les
battant et en prenant la précaution de mettre une toile dessous,
on en récolte quelques sujets. Les broussailles en contiennent
aussi. Il faut donc les chercher dans les endroits où l'eau en a
amené, et on est sur d'y en trouver. Ces Insectes étant très-
petits, demandent beaucoup de précautions pour les prendre.
Soixante-quinzième Genre, Nanodes, Schô.
1. Nanodes globulus, Germar. Germaina.
778 HISTOIRE NATURELLE.
2. Nanodes tamarisci, Dej. ) _ „.
_ „ , . - • [ (j allia mendionahs.
3. Nanodes bimaculatus, Dej. )
Les Nanodes se trouvent sur le tamarix dans les plaines du
littoral, et parmi les broussailles amenées par les eaux après
un débordement,
Soixante-seizième Genre. Calandra, Fab.
1. Calandra picea, Fab. Gallia meridionalis .
2. Calandra abbreviata, Fab. Paris.
o. Calandra meridionalis, Dej. ) „ „. ... ,.
.*,:,-. ,. L . i f rallia meridionalis.
4. Calandra intermedia, Dej. )
5. Calandra granaria, Fab. Pans.
Les Insectes de ce genre se trouvent d'ordinaire dans les brous-
sailles et les haies des environs des étangs salants près Canet, et
plus particulièrement dans les greniers où l'on a renfermé des
céréales.
Nos lecteurs savent que le Charançon est de tous les parasites
le plus terrible ennemi du blé, et la cause des perles énormes
qu'éprouvent l'agriculture et la consommation générale. Ce petit
Insecte, dont la femelle, à l'époque de la ponte, perce chaque
grain et y dépose un œuf, joint à une infatigable activité des-
tructive, une égale puissance de reproduction. Une seule mère,
d'après le célèbre entomologiste baron de Geer, peut, dans le
cours d'une année, être la souche de 23.000 charançons. On
comprend dès lors les dangers qui menacent un grenier d'appro-
visionnement, si l'on ne parvient à détruire une telle myriade de
larves; car, partout où l'on transporte le blé, le Charançon le suit.
Plusieurs moyens ont été préconisés. La ventilation à la pelle est
mise en pratique depuis longtemps; mais celle opération ne détruit
pas entièrement le mal. On a essayé le sulfure de carbonne, qui a
obtenu le succès le plus complet, Quelques grammes suffisent
pour préserver un sac de blé, et détruire toutes les larves de
charançons qu'il pourrait contenir.
INSECTES. 779
Soixante-dix-septième Genre, Dryophthorus, Schiïp. .
i. Dryophthorus lymexylon, Fab. Paris.
Soixante-dix-huitième Genre, Cossonus, Fab.
1. Cossonus calandroïdes, Dej. Gallia meridionalis .
2. Cossonus cylindricus, Dej. Paris.
3. Cossonus ferrugineus, Oliv. Gallia.
Les espèces de ces deux genres se tiennent sous les détritus
de végétaux et sous les pierres des parties basses et rapprochées
de la mer, dans les trois bassins. Nous n'avons jamais trouvé
aucun de ces Insectes sur les plantes; cependant le filet en
amène parfois quelqu'un.
Soixante-dix-neuvième Genre, Rhyncolus , Creutz.
1. Rhyncolus velutinus, Dej. Germania.
2. Rhyncolus crassirostris, Meg. Paris.
3. Rhyncolus cloropus, Fab. Gallia meridionalis.
Les Rhyncolus se trouvent presque toujours dans les brous-
sailles et au pied des arbres où se sont amassées des plantes.
Les écorces des vieux troncs vermoulus, en renferment aussi
quelques individus.
4. Rhyncolus angustus, Fairm.
Communiqué par M. Delarouzé, qui l'a trouvé dans les envi-
rons de Collioure, le 2 mars 1860. .
Famille des Xylophages.
Les Xylophages se reconnaissent à leur tête sans pro-
longement ni saillie en forme de trompe; aux antennes
insérées devant les yeux, toujours courtes, souvent plus
grosses à leur extrémité que dans le reste de leur étendue,
quelquefois, cependant, de même grosseur ou plus grêles;
780 HISTOIRE NATURELLE.
palpes courtes, presque filiformes ; labre allongé, un peu
dilaté en cœur à son extrémité; tarses le plus souvent
de quatre articles, rarement de cinq. Insectes, en partie,
de petite taille.
Les Insectes qui composent cette famille , comme
l'indique leur nom, vivent la plupart dans le bois. Leurs
larves attaquent souvent les arbres, surtout les pins, les
sapins, les chênes, et même les oliviers; les creusent et
les sillonnent dans tous les sens, en faisant ordinairement
leurs galeries, dont les formes varient selon les espèces
qui les ont pratiquées, entre l'écorce et l'aubier. Lorsque
les Xylophages sont répandus en très-grande abondance
dans une forêt, ils font périr en très-peu de temps une
prodigieuse quantité d'arbres, qui, étant perforés et
sillonnés de tous côtés, ne sont plus propres à être em-
ployés pour les constructions. Les larves se métamor-
phosent en nymphes dans l'intérieur du bois; mais, dès
que les Insectes parfaits en sortent, ils abandonnent leur
ancienne demeure et n'y reviennent que pour pondre
leurs œufs. D'autres habitent dans les champignons, les
bolets, qu'ils rongent ; quelques espèces se rencontrent
dans les fourmilières, et vivent en société avec leurs
habitants, sans que l'on sache quelles sont les matières
qui servent à leur nourriture.
Les Xylophages se rencontrent dans toutes les parties du
globe; les plus grosses espèces proviennent de l'Afrique.
Premier Genre, Hylurgus, Latr.
1 . Hvlurgus ater, Fab. ) „
a „", . . ^ . uermama.
z. Hylurgus piniperda, Fab. v
3. Hylurgus palliatus, Gyll. Suecia.
INSECTES. 781
4. Hylurgus cylindricus, Dej. Gallia meridionalis.
Deuxième Genre, Hylesinus, Fab.
1. Hylesinus fraxini, Fab. ) a
a, rT i • r^ i buecia.
2. Hylesinus crenatus, Fab. )
5. Hylesinus oleiperda, Fab. Gallia meridionalis.
Les deux genres Hylurgus et Hylesinus, se trouvent sous l'écorce
des troncs de quelques vieux arbres ; quelquefois, on les découvre
parmi les mousses qui croissent au pied des arbres. Les cham-
pignons en décomposition nous en fournissent aussi quelques
espèces. VHylurgus paUiatus est assez rare ; toutefois on en
trouve dans les bûchers de nos maisons.
Troisième Genre, Phloiotribus, Latr.
1. Phloiotribus oleœ, Fab. Gallia meridionalis.
Cet Insecte vit sur l'olivier et y fait un ravage considérable.
Sa larve attaque les jeunes pousses, celles qui porteraient du fruit
l'année suivante. Elle creuse des galeries entre l'écorce et l'au-
bier, et fait périr les jeunes branches qui se flétrissent, se dessè-
chent et meurent. C'est vers la première quinzaine de juin que
s'opère la transformation de l'insecte parfait, et c'est alors qu'on
peut s'en emparer; mais, comme il est très-petit et fort agile, il
faut apporter la plus grande attention dans la chasse. Le meilleur
moyen de se le procurer, est de couper, vers la fin de mai, quel-
ques jeunes pousses d'olivier, déjà flétries, et de les placer dans
un bocal. On ne tarde pas à voir apparaître l'insecte. Nous avons
publié sur cet insecte et sur les ravages qu'il fait à nos olivettes,
un mémoire inséré dans le XIe Bulletin de la Société Agricole ,
Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales, année 1858.
(Voyez planche 1, figure 5.)
Quatrième Genre, Scolytus, Geofî.
1. Scolytus destructor, Oliv. Pans.
782 HISTOIRE NATURELLE,
2. Scolytus pygmaeus, Fab. Paris.
Les frênes anciens nous fournissent les insectes de ce genre.
Lorsqu'on a du bois de cet arbre dans le bûcher, il n'est pas rare
de trouver quelques-uns de ces insectes au milieu de la pous-
sière qui se forme dans les vieux troncs, et qui n'est autre qu'un
détritus du bois fait par les larves. On les voit sortir quelquefois
des vieilles chaises faites de frêne, en catalan fatj.
Cinquième Genre, Bostrichus, Fab.
1. Bostrichus bidens, Fab. ) _
i Suficid
2. Bostrichus octodentatus, Gyll. )
5. Bostrichus laricis, Fab. Germania.
4. Bostrichus abietis, Ziegl.
5. Bostrichus bispinus, Meg.
6. Bostrichus monographus, Fab. Paris.
7. Bostrichus retusus, Dej. )
8. Bostrichus villosus, Gyll. \
9. Bostrichus dispar, Fab. ]
10. Bostrichus pusillus, Gyll. ! Suecia.
11. Bostrichus tilliœ, Fab. )
12. Bostrichus micrographus, Fab. Paris.
15. Bostrichus limbatus, Fab. Suecia.
14. Bostrichus typographus, Fab. Gallia.
15. Bostrichus minimus, Fab. Gallia meridionalis.
Celte nombreuse tribu habite aussi dans l'intérieur du bois.
Elle y fait de grands dégâts en le percillant de tous côtés. Les
bûchers des maisons en fournissent quelques bonnes espèces.
Les écorces des vieux arbres, les troncs pourris, et tous les en-
droits où il a été fait une plaie à l'arbre , sont le repaire de ces
Insectes. Quelques-uns s'attaquent de préférence à une seule espèce
d'arbres, tandis que d'autres les attaquent tous indifféremment.
INSECTES. 783
Sixième Genre, Platypus, Herbst.
I . Platypus cylindricus, Fab. Paris.
Ce genre se trouve constamment sous les écorces des vieux
chênes, et c'est en écorchant ce végétal, qu'on se procure l'in-
secte. L'intérieur du tronc pourri en fournit aussi.
Septième Genre, Paussus, Lin.
i. Paussus Favieri, Fairmaire. Tanger.
Trouvé dans les environs de Tanger par M. Favier, et décrit
dans les Annales de la Société Entomologique de France , en
1852, pages 76 et 77. (Voyez planche 1, figure G.)
Description. Longueur, 3 millimètres 1/2. Allongé; d'un testacé
rougeâtre; antennes ayant le deuxième article épais, à peu près
triangulaire; le dernier, très-grand, renflé, presque ovalaire,
muni en dedans de quatre dentelures peu profondes, formant
des sillons transverses, l'angle interne se prolongeant en une
forte dent obtuse; sur le vertex une épine acérée, très-fine;
corselet allongé, étranglé au milieu par un fort sillon transversal,
offrant quelques gros points écartés; élytres allongés, presque
parallèles, mais cependant un peu plus larges à l'extrémité, qui
est tronquée, à points épars, peu marqués, quelquefois en arrière
deux gros points de chaque côté de la suture; dessus du corps
couvert de longs poils, assez écartés, mais plus serrés sur les
élytres; dessous du corps d'un brun-noirâtre; pygidium ponctué,
largement impressionné au milieu, et armé inférieurement de
deux petits crochets.
M. Delarouzé, en me communiquant cet Insecte, m'écrivait:
« C'est une capture intéressante que je viens de faire dans les
« environs de Collioure. Le premier individu a été capturé par
«le capitaine Pouzau , commandant la place à Collioure, qui
« chassait avec moi. C'est donc lui qui l'a découvert. »
Le Paussus Favieri vit en parasite dans les nids des fourmis.
784 HISTOIRE NATURELLE.
On le trouve sur les pentes orientales des Albères et sur la rive
gauche du torrent Ravané W, à 500 mètres environ au-dessous
du Mas-Rimbaud , et à 25 ou 30 mètres du bord du torrent. Cet
Insecte paraît dans les premiers jours de mars. C'est le 2 mars
1861 que le premier individu a été trouvé. M. Pouzau, qui habite
Collioure, a été plusieurs fois sur les lieux, et s'est assuré que
c'est toujours dans la première quinzaine de mars qu'il paraît le
plus communément.
Cet Insecte n'est pas cantonné à la seule localité du Ravané;
il vit dans une plus grande étendue de cette région; et, en effet,
tout récemment, MM. les docteurs Aube et Grenier, chassant
dans les premiers jours de juin 1862, aux environs de Banyuls-
sur-Mer, y ont pris quatre ou cinq Paussus Favieri. Il est pro-
bable que lorsque des recherches plus étendues seront faites sur
les montagnes des Albères, on y trouvera cet Insecte et plusieurs
autres inconnus jusqu'à présent.
Les Paussus sont placés d'après les plus récentes classifications
à la suite des Pselaphilns , entre les genres Claviger et Articerus;
mais, fidèle à la classification de Dejean, que nous suivons dans
notre travail, nous les classons dans les Xylophages, entre les
genres Platypns et Apate.
Huitième Genre, Apate, Fab.
1. Apate luctuosa, Oliv. Gallia meridionalis.
2. Apate capucina, Fab. Paris.
3. Apate appendiculata, Dej. \
4. Apate sexdentata, Oliv. / _ „. ... ,.
v . . „ . > Gallia meridionalis.
5. Apate sinuata, Fab. \
6. Apate humeralis, Dej.
(1) Le Ravané prend sa source au pied de la montagne de SaU-t'ore, à
quelque distance de l'ancienne abbaye de Vallbona; et, après avoir suivi
cette longue gorge, il traverse la route de Collioure et se jette à la mer.
INSECTES. 785
Les diverses espèces de ce genre sortent toutes du bois que
l'on enferme dans les maisons, quelquefois même de certains
vieux meubles. On en voit peu à la campagne, et le filet n'en a
jamais amené aucune, ce qui prouve bien que ce genre se tient
toujours dans les vieux bois. On est toujours sûr d'en trouver
dans les chantiers, et souvent elles y font un grand mal. L'Appen-
diculata et YHumeralis sont fort rares.
Neuvième Genre, Cis, Latr.
1. Cis reticulatus, Fab.
2. Cis boleti, Fab.
5. Cis festivus, Gyll. Suecia.
4. Cis bidentatus, Gyll. Germania.
5. Cis pubescens, Dej. Hispania.
Ce genre ne vit que sur les vieux champignons, dans les four-
milières et sous les détritus des végétaux de toutes les régions
un peu élevées. Le Festivus est fort rare.
Dixième Genre, Latridius, Herbst.
1. Latridius gibbosus, Payk. Paris.
2. Latridius pubescens, Illig. Suecia.
5. Latridius elongatus, Schùp. Germania.
4. Latridius rufipes, Dej. Gallia meridionalis .
5. Latridius porcatus, Herbst. Paris.
Les fourmilières et les pieds des arbres des régions moyennes,
nous fournissent les Insectes de ce genre. En fouillant les troncs
couverts de lichens et de mousses , on est sûr d'y trouver quel-
ques bonnes espèces. Le Rufipes est rare.
Onzième Genre, Mycetophagus, Fab.
\. Mycetophagus quadrimaculatus, Fab. Paris.
2. Mycetophagus populi, Fab. Suecia.
5. Mycetophagus variabilis, Gyll. Paris,
IOMIS Jll. 50
"86 HISTOIRE NATURELLE.
Douzième Genre, Triphyllus, Meg.
1. Triphyllus bifasciatus, Fab. Paris.
2. Triphyllus fumatus, Lin. Suecia.
Les Insectes de ces deux genres , habitent les vieux troncs des
arbres de chêne et chène-liége. Lorsque ces arbres tombent de
vétusté , on est sûr de trouver ces Insectes sous leur écorce ou
dans l'intérieur des troncs à demi pourris. On en trouve quel-
ques espèces dans les détritus , quand on remue les masses de
végétaux qui ont été amenés par les eaux.
Treizième Genre, Cerylon, Latr.
1. Cerylon histeroïdes, Fab. Paris.
Quatorzième Genre, Monotoma, Herbst.
1. Monotoma formicetorum, Chevr. Paris.
2. Monotoma longicolle, Schô. Suecia.
On trouve ces deux genres auprès des cadavres des animaux
en putréfaction, sous les pierres, parmi les broussailles, dans
les fourmilières et sous les détritus de végétaux. Le Longicolle
est fort rare.
Quinzième Genre, Rhyzophagus, Herbst.
1. Rhyzophagus politus, Fab. ]
2. Rhyzophagus dispar, Payk. ( Paris.
3. Rhyzophagus ferrugineus, Payk. )
4. Rhyzophagus parallelicollis, Schô. Suecia.
Seizième Genre, Bitoma, Herbst.
1. Ritoma crenata, Fab. Paris.
Nous trouvons toujours les Insectes de ces deux genres parmi
les détritus près des cours d'eau. Probablement leurs larves
vivent sur les plantes herbacées, et sont entraînées par les eaux
INSECTES. 787
et déposées dans les masses de végétaux qui s'accumulent sur
les bords des rivières.
Dix-septième Genre, Lyctus, Fab.
1. Lyctus canaliculatus, Fab. Paris.
2. Lyctus impressus Dej. G allia meridionalis.
3. Lyctus colydioïdes, Dej. Paris.
Les Lyctus sortent tous des bois, et les bûchers des maisons
les fournissent en grand nombre. On les trouve aussi sous les
écorces des arbres et dans les trous des vieux troncs pourris;
les chênes surtout en donnent beaucoup.
Dix-huitième Genre, Teredus, Dej.
1. Teredus puncticollis, Dej. Nord.
Dix-neuvième Genre, Colydium, Fab.
1. Colydium elongatum, Fab. Paris.
2. Colydium ustulatum, Dej. Gallia meridionalis.
3. Colydium sulcatum, Fab. Paris.
Les Insectes de ces deux genres se trouvent sous les écorces
des vieux bois, et sous les matières végétales à demi décomposées.
Vingtième Genre, Silvanus, Latr.
1. Silvanus denticollis, Dej. Gallia.
2. Silvanus unidentatus, Fab. Paris.
Vingt-unième Genre, Trogosita, Fab.
1. Trogosita cœrulea, Fab. Gallia meridionalis.
2. Trogosita caraboïdes, Fab. Paris.
Les détritus des arbres, les vieux troncs pourris des chênes et
autres arbres, en général, recèlent la plupart des Insectes de ces
deux genres. Il n'y a qu'à fouiller tout ce qu'on aperçoit à demi
788 HISTOIRE NATURELLE.
pourri dans la campagne, pour en faire une bonne provision.
Le naturaliste doit tout voir et ne doit pas se rebuter, s'il veut
acquérir ou compléter sa collection.
Vingt-deuxième Genre, Biophlœus, Dej.
\. Biophlaeus dermestoïdes, Fab. Suecia.
2. Biophlaeus pusillus, Dej. Styria.
Vingt-troisième Genre, Cucujus, Fab.
1. Cucujus depressus, Fab. Austria.
Les vieux bois des maisons fournissent les Insectes de ces deux
genres; ils sortent des soliveaux et des bois des bûchers. Quel-
ques-uns, en petit nombre, se trouvent sous les écorces des vieux
troncs d'arbre. On les rencontre quelquefois sur les fleurs.
Vingt-quatrième Genre, Lœmophlœus, Dej.
\ . Laemophlaeus monilis, Fab. Austria.
2. Lœmophlœus clemativii, Chevrier. Gallia orientalis.
3. Laemophlaeus testaceus, Fab. Paris.
Ils sont constamment sous les écorces des vieux arbres, surtout
de ceux qui sont recouverts de lichens et de mousses ; au pied de
ces mêmes arbres, lorsqu'il s'y est amassé des broussailles.
Vingt-cinquième Genre, Broutes, Fab.
4. Brontes flavipes, Fab. Paris.
Vingt-sixième Genre, Dendrophagus, Gyll.
1. Dendrophagus crenatus, Payk. Suecia,
Ces deux derniers genres se trouvent sous les écorces des vieux
arbres et dans les cavités des troncs remplies de terreau. Le filet
amène quelquefois le Dendrophagus crenatus. Se tiendrait-il sur
quelque plante herbacée? C'est probable; mais ne l'ayant jamais
vu sur place, nous ne pouvons l'affirmer.
insectes. 789
Famille des Longicornes.
Les Longicornes se distinguent par un corps ordinai-
rement long, assez élancé; antennes filiformes ou sétacées,
souvent de la longueur du corps au moins, tantôt simples
dans les deux sexes , tantôt en scie , pectinées ou en
éventail dans les mâles. Les yeux d'un grand nombre
sont réniformes, et entourent les antennes à leur base ;
labre très-petit, coriace, en carré transverse ; mandibules
cornées, robustes, souvent très-grandes; mâchoires cour-
tes, ayant un ou deux lobes; corselet en forme de tra-
pèze, ou rétréci en avant dans ceux où les yeux sont
arrondis; pattes fortes, les antérieures souvent plus lon-
gues que les intermédiaires; tarses de quatre articles,
les premiers garnis de brosses; le quatrième profondé-
ment bilobé.
Les Longicornes sont, la plupart, de grande taille, et les
Insectes les plus gracieux; leurs couleurs sont variées,
quelquefois très-vives ; ils sont remarquables par le déve-
loppement de leurs antennes, qui dépassent souvent de
beaucoup la longueur du corps; presque tous sont pour-
vus d'ailes, et volent sur les fleurs. Ces Insectes produi-
sent un petit bruit ou son aigu par le frottement du
pédicule de la base de leur abdomen contre la paroi
intérieure du corselet ; quelques-uns d'entre eux exhalent
des odeurs suaves, qui se répandent au loin et qui font
découvrir leur demeure.
Les larves de ces Coléoptères vivent dans l'intérieur
des arbres, ou sous leur écorce. Elles y font de très-
grands ravages, et les percent, à une énorme profondeur,
d'une multiplicité de trous, quelquefois considérables.
-J90 HISTOIRE NATURELLE.
Plusieurs se, contentent de ronger l'écorce en rampant
sur l'aubier; d'autres ne s'attachent qu'a la substance
médullaire.
Premier Genre, Spondylis , Fab.
1. Spondylis buprestoïdes, Fab, Gallia.
Deuxième Genre, Ergates, Serv.
1. Ergates faber, Fab. Suecia.
Les Insectes de ces deux genres se trouvent dans les bois de
nos montagnes : le premier dans la région des pins; le second
dans la région des chênes, les Albères surtout. Nous les avons
toujours pris dans la forêt de Notre-Dame-de-Vie, près Argeles-
sur-Mer.
Troisième Genre, /Egosoma, Serv.
\. /Egosoma scabricorne, Fab. Gallia.
Cet Insecte est commun sur les saules de toutes les parties
basses du littoral, surtout sur ceux où vivent en quantité les
chenilles du Bombix dispar, dont il parait faire sa nourriture.
Pendant le jour, il se tient blotti dans les trous ou dans les fentes
de* l'écorce de cet arbre, et, à la brune, on le voit voler d'une
branche à l'autre, à la recherche de sa proie.
Quatrième Genre, Prionus, Geoff.
1. Prionus coriarius, Fab. Paris.
Cet Insecte vit sur les vieux troncs des châtaigniers et des
chênes des parties élevées; quelquefois même sur les pins ver-
moulus. C'est donc toujours vers les régions alpines qu'il faut le
chercher (rare).
Cinquième Genre, Hammaticherus, Meg.
1. Hammaticherus héros, Fab. Paris,
INSECTES. 791
2. Hammalicherus miles, Bonel. Italia.
0. Hammaticherns velutinus, Dej. Gallia meridionalis .
4. Hammaticherus cerdo, Fab. Paris.
Les Hammaticherus vivent aussi dans les bois : le Héros, sur le
chêne-blanc et sur les vieux poiriers; le Miles, qui se fait remar-
quer par des antennes excessivement plus longues que celles des
autres espèces, vit sur le chêne et sur le chêne-liége; le Velu-
tinus est constamment sur le chêne-liége , et le Cerdo, sur les
sureaux et les saules.
Sixième Genre, Purpuricenus, Ziegl.
1. Purpuricenus Ksehleri, Fab. Germania.
2. Purpuricenus globullicollis, Dej. Gallia meridionalis.
Les Insectes de ce genre, à couleurs si tranchantes de noir et
de rouge, se prennent ordinairement sur les fleurs des plantes
ombellifères des régions moyennes. Le bruit qu'ils produisent
avec le corselet, est très-aigu, et quand on les saisit, ils s'agitent
beaucoup et ce bruit redouble.
Septième Genre, Rosalia, Serv.
\. Rosalia Alpina, Fab. Gallia.
La Rosalia Alpina vit sur le hêtre (fagus silvestris). Ce joli
Insecte est assez commun sur la montagne de Sorède, au bois
communal de la montagne de Céret, et sur les Corbières élevées,
où le hêtre est cultivé.
Huitième Genre, Aromia, Serv.
1. Aromia moschata, Fab. Paris.
2. Aromia ambrosiaca, Stev. Russia meridionalis.
La Moschata vit en grand nombre sur les saules plantés le long
de nos cours d'eau. L'odeur de roses qu'elle répand la fait bientôt
découvrir; car cette odeur se fait sentir d'assez loin. V Ambrosiaca
792 HISTOIRE NATURELLE.
est plus rare ; elle est cantonnée aux environs de Prades , où
beaucoup de haies sont garnies du saule à cinq étamines (salix
pentandra); c'est sur cet arbuste que nous la prenons.
Neuvième Genre, Callichroma, Latr.
1. Callichroma ruf'escens, Dej. ) _T .
~ « 11. , i r, • Nord.
2. Callichroma luctuosa, Dej. )
C'est sur les saules et les sureaux qui croissent parmi les haies
des jardins qui bordent La Tet au-dessous d'Ille, que nous avons
trouvé ces deux espèces. Nous ne pouvons affirmer sur lequel de
ces deux végétaux la larve vit; mais l'insecte parfait a toujours
été trouvé sur les deux dans cette localité.
Dixième Genre, Stromatium, Serv.
1. Stromatium strepens, Fab. Hispania.
Les noyers qui sont un peu vermoulus, nous fournissent ce bel
Insecte. Probablement que la larve vit dans le cœur de cet arbre;
car c'est constamment sur le tronc que nous avons pris l'insecte
parfait (rare).
2. Stromatium sexpustulatum, Comp. N. E. Pyr. orient.
L'aspect de cet Insecte est, en général, celui du genre Stroma-
tium; on ne peut s'y tromper. La tète grosse, prolongée en arrière,
en forme de cou; mandibules courtes, arquées et pointues à leur
extrémité; palpes maxillaires, guère plus longues que les labiales;
antennes filiformes, glabres, légèrement écartées à leur insertion,
plus longues que le corps, ayant leur premier article un peu
renflé à l'extrémité, le second fort court, les suivants quelque
peu déprimés et presque coniques; corselet, rétréci antérieure-
ment, avec côtés mutiques; élytres linéaires, arrondis et presque
mutiques à leur extrémité; ailes de la longueur des élytres;
pattes assez longues, grêles, les tarses ayant leur dernier article
droit et allongé.
INSECTES. 793
La couleur de cet Insecte est, en général, fauve; son corselet
a deux taches de couleur noisette très-tranchée, une de chaque
côté; les élytres ont aussi deux taches dans le même sens: l'une
tout près du corselet, l'autre à l'extrémité des élytres, qui sont
ovalaires et d'une couleur noisette très-prononcée, ce qui donne
un faciès fort joli. Il a 20 millimètres de longueur et 5 de largeur.
Ses antennes sont fauves, plus longues que le corps, glabres;
elles ont onze articles, le premier un peu renflé à l'extrémité,
presque en cône renversé; le second, fort court; les suivants,
un peu déprimés; le dernier, plus aplati et mousse; les pattes
fauves, plus claires que le reste du corps, minces et assez longues,
leur dernier article droit, allongé, se terminant par deux crochets.
Cet Insecte vit dans le bois de l'olivier; sa larve y creuse des
galeries. Il paraît fort rare, du moins on se le procure difficilement.
Je n'en ai trouvé que deux individus, dont un sur un olivier. Je
croyais qu'il n'y était que par hasard , ayant pris sur les vieux
figuiers plusieurs sujets du même genre, Stromatium strepens,
dont la larve vit sur le figuier et sur le noyer; et, comme dans
nos plantations d'oliviers il y a aussi des figuiers , j'avais pensé
que ma nouvelle espèce vivait aussi dans le bois des figuiers :
l'individu que je décris fut pris sur le tronc d'un vieux olivier,
au moment où il sortait de sa retraite. Plus de doute donc que
c'est sur l'olivier que la larve passe sa vie.
Je donne à cet Insecte le nom de Strom. sexpustulatum, Nobis,
à cause des six taches, qui ressemblent à des pustules, placées
symétriquement sur les élytres et le corselet (Voy. pi. i, fig. \).
Onzième Genre, Hespcrophanes , Dej.
1. Hesperophanes holosoriceus, Ross. Italia.
2. Hesperophanes mixtus, Fab. , _ .
i rCtVIS.
o. Hesperophanes nebulosus, Oliv.)
Les Hesperophanes vivent sur les fleurs des plantes ombellifères,
qui croissent dans les bois de nos régions moyennes. Nous les
794 HISTOIRE NATURELLE.
trouvons aussi sur les troncs des arbres. Ces Insectes ne sont
pas très-communs. Le Nebulosns vit sur l'amandier.
Douzième Genre, Criocephahm, Dej.
1. Criocephalum rusticum, Fab. Gallia.
2. Criocephalum ferum, Dej. Gallia meridionalîs.
Treizième Genre, Isarthron, Dej.
1. Isarthron luridum, Fab. Suecia.
Quatorzième Genre, Asemum, Eschs.
\. Asemum striatum, Fab. Germania.
Quinzième Genre, Hyloirupes, Serv.
\. Hylotrupes bajulus, Fab. Paris.
Les Insectes qui appartiennent à ces quatre genres, se trouvent
constamment sur les fleurs des plantes qui croissent au flanc de
nos montagnes; les arbustes qui bordent les lisières des bois et
des prairies de ces régions en fournissent quelques espèces.
Seizième Genre, Callidium, Fab.
1. Callidium insubricum, Ziegl. Italia.
2. Callidium violaceum, Fab. Gallia.
5. Callidium sanguineum, Fab. Paris.
4. Callidium unifasciatum, Fab. Gallia orientalis.
5. Callidium alni, Fab. Paris.
6. Callidium thoracicum, Dej. Hispania.
1. Callidium macropus, Ziegl. Austria.
C'est sur toute sorte de plantes qu'on trouve généralement les
espèces assez nombreuses de ce genre. Elles vivent encore sur le
tronc des saules de la plaine; mais on ne peut leur assigner de
lieu précis,
INSECTES. 795
Dix-septième Genre, Clytus, Fab.
1. Clytus arcuatus, Fab. ) Paris.
2. Clytus tropicus, Panz. (
5. Clytus ornatus, Fab. Gallia meridionalis.
4. Clytus semipunctatus, Fab. Austria.
5. Clytus arietis, Fab. Paris.
6. Clytus trifasciatus, Fab. Gallia meridionalis.
7. Clytus quadripunctatus, Fab.
8. Clytus arvicola, Oliv.
9. Clytus plebejus, Fab. I .
10 Clytus gazella, Fab.
11. Clytus massiliensis, Fab.
12. Clytus verbasci, Fab. /
13. Clytus floralis, Fab. Austria.
14. Clytus détritus, Fab. ) .
15. Clytus mysticus, Fab. \
16. Clytus ruticornis, Oliv. Gallia meridionalis.
Les Clytus sont nombreux en espèces. Ils sont partout, et prin-
cipalement sur les plantes herbacées; on les trouve aussi sur les
chardons et les ombellifères. On se les procure en quantité en
fauchant avec le filet. La larve de Y Arcuatus vit dans le hêtre;
celle de Y Arietis, dans le pommier. On trouve très-souvent
YOmatus et le Trifasciatus , sur Yeringium campestre.
Dix-huitième Genre, Cartallum, Meg.
1. Cartallum ruficolle, Fab. Gallia meridionalis.
Ce joli petit Insecte, à corselet cramoisi et à élytres violets,
est assez commun sur la roquette (diplotaxis erucoïdes), qui croît
abondamment sur le bord des routes et des champs dans toute
la plaine. Dès qu'on veut le prendre, il se laisse tomber à terre;
mais, en fauchant avec le filet sur cette plante, qui forme des
796 HISTOIRE NATURELLE.
bordures assez épaisses , on est certain d'en prendre une grande
quantité.
Dix-neuvième Genre, Deilus, Serv.
1. Deilus fugax, Fab. Gallia meridionalis.
Vingtième Genre, Stenopterus, lllig.
1. Stenopterus rufus, Fab. Paris.
2. Stenopterus pra?ustus, Fab. ) „ „.
_ „ , rx • 1 Gallia meridionalis.
ô. Stenopterus ustulatus, Dej. J
Vingt-unième Genre, Molorchus, Fab.
1. Molorchus abbreviatus, Fab. Paris.
2. Molorchus umbellatarum, Fab. Gallia.
Les Insectes de ces trois derniers genres vivent dans le bois.
C'est dans les magasins où beaucoup de bois est entassé, que nous
les prenons ordinairement; quelquefois à la campagne, sur les
vieux troncs, mais c'est rare.
Vingt-deuxième Genre, Astynomus, Dej.
1 . Astynomus œdilis, Fab. Gallia.
2. Astynomus atomarius, Fab. Gallia orientalis.
Vingt-troisième Genre, Pogonocherus, Meg.
I . Pogonocherus hispidus, Fab. Paris.
C'est dans les régions alpines, sur les troncs vermoulus et sur
les plantes, mais plus particulièrement sur le bois, que nous
prenons les insectes de ces deux genres. Les mâles se font re-
marquer par des antennes très-longues, qui contrastent avec un
corps court et assez épais.
Vingt-quatrième Genre, Pachystola, Dej.
1. Pachystola, textor, Fab, Paris.
INSECTES. 797
Cet Insecte se trouve constamment sur les saules des taillis qui
bordent les cours d'eau des trois bassins. Le soir, lorsque le soleil
se couche, on le voit monter le long- des tiges et gagner le sommet,
allant à la recherche des larves de divers insectes qui se nour-
rissent sur cet arbre.
Vingt-cinquième Genre, Morimus, Serv.
1. Morimus lugubris, Fab. G allia meridionalis.
2. Morimus tristis, Fab. Austria.
o. Morimus funestus, Fab, Gallia meridionalis.
Les Morimus sont des insectes qui vivent aussi sur les saules;
mais surtout sur les grands arbres de celte espèce qui sont très-
communs dans toutes les régions basses des trois bassins.
Pendant longtemps, on avait confondu dans la même espèce le
Pachystola textor et le Morimus lugubris. Cependant, le Lugubris
se fait remarquer par les grandes taches de ses élytres, et par la
longueur prodigieuse des antennes du mâle ; tandis que le Textor
se distingue par des antennes courtes dans les deux sexes, par
l'absence des taches et par la couleur grisâtre des élytres. On
disait que le Lugubris était le mâle, et le Textor la femelle. Cette
confusion cessa le jour où M. Dejean et moi, faisant une course
dans les jardins Saint-Jacques, banlieue de Perpignan, nous
rencontrâmes par hasard deux insectes de l'espèce Lugubris
accouplés. M. Dejean, frappé de ce fait, me demanda si j'avais
vu souvent deux Lugubris accouplés , et sur mon affirmation , il
sépara le Textor du Lugubris.
Le Morimus tristis est plus rare que le Lugubris, et se trouve
dans les régions plus élevées ; le Morimus funestus habile les
taillis qui bordent nos cours d'eau.
Vingt-sixième Genre, Mesosa, Meg.
\. Mesosa curculionoïdes, Fab. Paris.
2. Mesosa nebulosa, Fab. Austria.
798 HISTOIRE NATURELLE.
Ces deux espèces se tiennent sur les plantes des bois des régions
élevées, les ombellifères surtout.
Vingt-septième Genre, Dorcadion, Dalman.
1. Dorcadion méridionale, Dej. Gallia meridionalis.
2. Dorcadion Pyrenœum, Dej. Pyrenœi orientales.
3. Dorcadion lineola, Illig. Gallia.
4. Dorcadion cruciatum, Fab. Russia meridionalis.
5. Dorcadion rufîpes, Fab. Austria.
6. Dorcadion Italicum, Dej. Italia.
7. Dorcadion fuliginator, Fab. Paris.
8. Dorcadion striola, Dej. Pyrenœi orientales.
Les Dorcadion sont des insectes qu'on trouve constamment à
terre, sous les mottes ou sous les pierres,, rarement sur les plantes.
En juin, dans les environs de Mont-Louis, et sur les pelouses des
parties moyennes du Canigou, on surprend sous les pierres le
Pyrenœum, et, à cette époque, toujours accouplé; le Lineola vit
sous les pierres, dans le fossé de la lunette de la porte Canet, à
Perpignan, toujours accouplé. Les autres* espèces se trouvent
un peu partout, dans les bois, et toujours à terre.
Vingt-huitième Genre, Anœsthetis , Dej.
1 . Anaasthetis testacea, Fab. Gallia.
Vingt-neuvième Genre, Saperda, Fab.
\. Saperda carcharias, Fab. Paris.
2. Saperda scalaris, Fab. \
3. Saperda tremula, Fab. ! Gallia.
4. Saperda punctata, Fab. )
5. Saperda populnea, Fab. Paris.
Trentième Genre, Anœtia, Dej.
1 . Ansetia praeusta, Fab. Paris.
INSECTES. 799
Trente-unième Genre, Oberea, Meg.
f. Oberea oculata, Fab. \
2. Oberea pupillata, Scho. ! Gallia.
3. Oberea erythrocephala, Fab. 1
4. Oberea linearis, Fab. Pans.
Les Insectes qui appartiennent à ces quatre genres, sont pres-
que toujours sur les arbres. On se les procure en secouant avec
force les branches. Les Saperda carcharias et Scalaris se prennent
facilement sur les peupliers et sur les saules; la Tremula et la
Punctata, sur l'orme; YOberea oculata et linearis, sur les saules
des taillis qui bordent nos cours d'eau; les autres, sur les plantes
herbacées des prairies maritimes.
Trente-deuxième Genre, Phytœcia, Dej.
1. Phytœcia lineola, Fab. Gallia.
2. Phytœcia virescens, Fab. Paris.
3. Phytœcia cylindrica, Fab. Suecia.
4. Phytœcia ephippium, Fab. (rallia meridionalis.
5. Phytœcia molybdœna, Germai*. Gallia orientalis.
Les Insectes de ce genre, vivent sur les plantes et surtout sur
les borraginées. C'est particulièrement sur ces dernières que nous
les prenons. La Lineola et la Virescens vivent sur Yechium italicum
et pyramidale. Ils se laissent tomber à terre, dès qu'on remue la
plante, et on doit prendre des précautions pour ne pas les perdre.
Trente-troisième Genre, Agapanthia, Serv.
i. Agapanthia suturalis, Fab. Gallia meridionalis.
2. Agapanthia cynarœ, Germar. Dalmatia.
3. Agapanthia cardui, Fab. Gallia.
4. Agapanthia leucaspis, Scho. Russia meridionalis.
5. Agapanthia angusticollis, Scho. Gallia.
11 parait que certains chardons nourrissent la larve de ces insec-
800 HISTOIRE NATURELLE.
tes; car c'est constamment sur cette plante qu'on les trouve, dans
toutes nos régions basses et moyennes des Cornières. Ils se plaisent
sur les onopordon iUyricum et acanthium, qui croissent sur le bord
des routes dans toute la contrée. Quelquefois, on les prend aussi
sur les ombellifères et surtout sur la thapsia villosa, qui croît
abondamment le long des dunes et à la base de Força-Real.
Trente-quatrième Genre, Vesperus, Dej.
1. Vesperus strepens, Fab. ) „ „. ... ,.
_ _T r _ r .. ' • (rallia meridionalis .
2. Vesperus Xatartn, Dej. )
3. Vesperus luridus, Rossi. Italia.
Les Vesperus sont des insectes qui vivent dans le bois. Nous
les avons pris sur les vieux figuiers et sur les noyers. Le Strepens
et le Luridus sont assez communs. M. Aleron avait un établi en
noyer, duquel sortirent plusieurs Strepens. Un vieux figuier de
ma vigne, apporté chez moi, m'a fourni une quantité considérable
de ces insectes. Le Xatartii est plus rare. Je crois qu'il vit sur le
poirier sauvage; car c'est toujours sur les souches de cet arbre
que nous le trouvons. M. Xatart l'a recueilli près de Prats-de-
Mollô, et moi-même je l'ai pris dans la vallée de Saint-Laurent-
de-Cerdans, près des jardins de Costujes, où le poirier sauvage
est abondant.
Trente-cinquième Genre, Rhagium, Fab.
i. Rhagium mordax, Fab. Paris.
2. Rhagium inquisitor, Fab. ) „ „.
„ -m ■ . j ^ , (rallia.
o. Rhagium mdagator, Fab. )
Les Rhagium paraissent vivre sur les sapins. C'est, du moins,
dans les régions où se plaît cet arbre, que nous les prenons sur
les vieilles souches et sous les écorces couvertes de lichens.
Trente-sixième Genre, Rhamnnsium, Meg.
\. Rhamnusium salicis, Fab. Paris.
INSECTES. 801
Le Rhamnushim vit aux dépens du saule. C'est toujours sur cet
arbre que nous trouvons cet insecte.
Trente-septième Genre, Toxotus, Meg.
1. Toxotus cursor, Fab. Gallia.
2. Toxotus meridianus, Fab. Paris.
Les Toxotus paraissent vivre aussi aux dépens du saule, et quoi-
que nous les trouvions généralement sur les ombellifères, c'est
toujours dans la localité où les saules croissent qu'on les prend ;
quelquefois même au pied de l'arbre , dans les broussailles.
Trente-huitième Genre, Pachyta, Meg.
1. Pachyta quadrimaculata, Fab. Gallia orientales.
2. Pachyta interrogations, Fab. Suecia.
3. Pachyta clathrata, Fab. Helvetia.
4. Pachyta virginea, Fab. Gallia meridionalis.
5. Pachyta collaris, Fab. Paris.
Trente-neuvième Genre, Strangalia, Serv.-
1. Strangalia calcarata, Fab. Paris.
2. Strangalia attenuata, Fab. Gallia.
Les Insectes de ces deux genres se trouvent sur les plantes
de toute espèce. En fauchant, le filet en amène bon nombre.
On les voit souvent sur les ombellifères ; le fenouil surtout en
recèle plusieurs espèces.
Quarantième Genre, Stenura, Dej.
1. Stenura aurulenta, Fab. Paris.
2. Stenura pubescens, Fab. Gallia meridionalis.
5. Stenura atra, Fab. ]
4. Stenura melanura, Fab. ' Paris.
5. Stenura cruciata, Oliv. )
TOME III. ùl
£02 HISTOIRE NATURELLE.
6. Stenura septempunctata, Fab. Austria.
7. Stenura distigma, Hoff. Hispania.
8. Stenura nigra, Fab. Paris.
C'est en secouant les arbustes des haies, et en fauchant avec
le filet dans les chaumes fourrés des parties basses des trois
bassins, qu'on se procure les insectes de ce genre. La Cruciata,
VAurulenta et la Distigma sont très-rares.
Quarante-unième Genre, Leptura, Fab.
1. Leptura virens, Fab. Suecia.
2. Leptura hastata, Fab. Gallia meridionahs.
3. Leptura rubrotestacea, Illig. Gallia.
4. Leptura rufa, Dej. Gallia meridionalis.
5. Leptura scutellata, Fab. Paris.
6. Leptura sanguinosa, Gyll. Siberia.
7. Leptura sanguinolenta, Fab. Germania.
8. Leptura unipunctata, Fab. Gallia meridionalis.
9. Leptura bipunctata, Fab. Hungaria.
10. Leptura rufipes, Fab. Gallia.
11. Leptura rubens, Meg. Austria.
12. Leptura timida, Chevrier. Suecia.
Les Leptura se trouvent sur toute sorte de plantes : sur les
ombellifères, sur les roses, sur les anthémis, beaucoup dans les
prairies. Le filet est un instrument par excellence pour se pro-
curer ces insectes.
Famille des Chrysomélines.
Les Chrysomélines se distinguent des Curculionites par
l'absence du rostre ; des Longicornes par les antennes ,
généralement plus courtes que le corps; des Xylophages
par leur corps généralement arrondi, convexe et surtout par
leurs habitudes de vivre sur les plantes et de s'en nourrir.
INSECTES. 803
Ces Insectes ont presque tous des ailes. Leur démarche
est lente et mal assurée. Quand on les saisit, ils rendent
par la bouche une liqueur roussàtre et abondante; ils rai-
dissent leurs pattes, se tiennent immobiles, comme morts.
Les Chrysomélines sont disséminées dans toutes les
parties du globe; plus des deux tiers appartiennent à
l'Europe et à l'Amérique; elles se rencontrent à toute
élévation. La plupart sont oruées de riches couleurs d'or,
de cuivre rouge, de bronze, de vert métallique, de bleu-
foncé, d'azur, de violet, d'argent nacré. S'il en est d'un
aspect obscur et triste, c'est le petit nombre.
Cette famille a subi de grandes modifications : on en a
formé diverses tribus, qui ont été réparties en genres
très-nombreux qui en facilitent l'étude. Quoique nous
suivions la classification de Dejean, nous applaudissons
aux changements qui ont été faits, parce que nous en
reconnaissons l'avantage réel.
'rv
Paris.
Premier Genre, Donacia, Fab.
1. Donacia lemnœ, Fab. Suecia,
2. Donacia sagittaria, Fab.
3. Donacia impressa, Payk.
4. Donacia discolor, Hoppe. Germania.
5. Donacia linearis, Hoppe. j
6. Donacia simplex, Fab. )
7. Donacia menyanthidis, Fab. Suecia.
8. Donacia nymphe<e, Fab. Gallia.
9. Donacia dentipes, Fab. Suecia.
10. Donacia cincta, Germar. ) „
la ru:.
11. Donacia hydroeharidis, Fab. \
12. Donacia dentata, Ahrens. fier mu nia.
is.
804 HISTOIRE NATURELLE.
15. Donacia sparganii, Ahrens. Germania.
14. Donacia reticulata, Schô. Illyria.
15. Donacia bidens, Sturm. Germania.
16. Donacia affinis, Kunze. Paris.
17. Donacia discolor, Gyll. Suecia. (Variété.)
18. Donacia tomentosa, Illig. Germania.
19. Donacia crassipes, Fab. Suecia.
Les Donacia, genre assez nombreux en belles et rares espèces,
se trouvent généralement sur les plantes qui vivent dans les cours
d'eau ou sur leurs bords. Le fdet est d'un grand secours pour
se procurer ces intéressants insectes. On peut en prendre beau-
coup à la main, en explorant les plantes aquatiques qui bordent
les fossés des prairies de Thuir, de Canohès et de toute la Salan-
que, dans les trois bassins. On les voit souvent se poser sur les
feuilles des iris , des roseaux et autres plantes qui bordent
les fossés. La Cincta, YHydrocharidis, la Discolor et Y Affinis sont
assez rares.
Deuxième Genre, Hœmonia, Meg.
1. Haemonia equiseti, Fab. Germania.
2. Haemonia zosterse, Fab. Suecia.
Troisième Genre, Orsodacna, Latr.
1 . Orsodacna limbata, Oliv. Paris.
2. Orsodacna humeralis, Latr. Germania.
3. Orsodacna oxyacanthœ, Schot.J .
4. Orsodacna cerasi, Fab. ^
Quatrième Genre, Auchenia, Meg.
1. Auchenia melanocephala Bonel. Gallia meridionalis.
2. Auchenia subspinosa, Fab. Paris.
Les Insectes de ces trois derniers genres paraissent se tenir de
INSECTES. 805
préférence sur les arbres des parties humides de nos trois bassins,
et près des cours d'eau. En secouant les arbres, on en fait tomber
un grand nombre, surtout lors de la floraison des saules et des
peupliers. Le filet est aussi d'un grand secours ; on en récolte
bon nombre d'espèces en battant les haies des prairies maritimes
et les fourrés herbeux.
Cinquième Genre, Lema, Fab.
1. Lema asparagi, Fab.
Paris .
2. Lema merdigera, Fab
o. Lema paracenthesis, Oliv. Gallia meridionalis .
4. Lema duodecimpunctata, Fab.) „ .
5. Lema melanopa, Fab.
cyanipennis, Ulrich, lllyria. (V. du précédent.)
6. Lema cyanella, Fab. Paris.
7. Lema suturalis, Oliv. Gallia meridionalis.
8. Lema campestris, Fab. Italia.
9. Lema brunnea, Fab. Gallia.
Les Lema se tiennent sur les plantes d'asperges, dans les jar-
dins et sur les haies où croît Yasparagus acutifolius. Quelques
espèces fréquentent les plantes herbacées de nos haies et de nos
prairies arides. On est sûr, en fauchant, d'en amener quelques
bonnes espèces. La Melanopa se plait ordinairement sur la gui-
mauve.
Sixième Genre, Hispa, Lin.
1. Hispa testacea, Fab. Gallia meridionalis.
2. Hispa atra, Fab. Paris.
5, Hispa acanthomelas, Dej. Nord.
Les Hispa sont des insectes de très-petite taille, d'un corps
souvent épineux et de couleur sombre. On les trouve sur les
cistes de nos montagnes moyennes et sur les bruyères. En faisant
806 HISTOIRE NATURELLE.
bien attention, on peut en prendre beaucoup à la main;
mais ils se laissent facilement tomber à terre lorsqu'on touche la
plante, et alors il est fort difficile de les trouver. Le filet vient en
aide, et, après avoir fauché quelque temps, on est sûr d'y trouver
bon nombre d'individus. VAtra est fort rare.
Septième Genre, Cassida, Lin.
1. Cassida muroea, Fab. Paris.
2. Cassida sanguinolenta, Fab. Germania.
3. Cassida equestris, Fab. Paris.
4. Cassida meridionalis, Dej. Gallia meridionalis.
5. Cassida atrata, Fab. Austria.
6. Cassida vibex, Fab. ) p ■
7. Cassida viridis, Fab. )
8. Cassida rubiginosa, Gyll.
Stipct et
9. Cassida viridula, Payk.
10. Cassida herbacea, Dej. Gallia meridionalis.
11. Cassida sileziana, Chevrier. Suecia.
12. Cassida uobilis, Favri. Paris.
Ce genre est nombreux en espèces, surtout dans les pays
chauds. Ce sont des insectes à corps orbiculaire et souvent dé-
primé, revêtus de fort belles couleurs qui se ternissent ordinai-
rement après la mort de l'animal. Nous les trouvons sur diverses
plantes, les genêts, les chrysanthèmes, les cistes, les bruyères;
mais c'est le filet qui nous en apporte beaucoup après avoir fauché
sur les fourrés herbeux des coteaux un peu arides. UEquestris,
la Nobilis et la Meridionalis se trouvent souvent sur la carJina
corymbosa.
13. Cassida Bohemanni, Brisout de Barneville.
Trouvée par M. Delarouzé, dans les environs de Collioure, le
lOiuin 1861.
INSECTES. 807
Huitième Genre, Adimonia, Laich.
1. Adimonia brevipennis, Illig. Gallia meridionalis.
2. Adimonia littoralis, Fab. Paris,
0. Adimonia artemisiœ, Ram. .
•4. Adimonia rubieunda, Dej. ) ^
5. Adimonia caprea?, Fab. \
6. Adimonia ruslica, Fab. > Paris.
7. Adimonia tanaceti, Fab. )
8. Adimonia florentina, Dabi. Italia.
On peut se procurer les Insectes assez nombreux de ce genre,
en fauchant les plantes qui bordent les fossés, les prairies et les
luzernes, dans toute la Salanque. Nos greniers à foin en recèlent
bon nombre, qu'on y apporte avec le fourrage. Nous n'avons ja-
mais vu ces insectes sur les plantes, et ce n'est qu'à l'aide du filet
que nous parvenons à nous les procurer.
Neuvième Genre, Galleruca, Geoff.
1. Galleruca nymphéa?, Fab.
Paris.
2. Galleruca calmariensis, Fab
3. Galleruca sublineata, Dej. Gallia meridionalis.
4. Galleruca lineola, Fab.
5. Galleruca lythri, Gyll.
6. Galleruca viburni, Payk. Gallia borealis.
7. Galleruca tenella, Fab. Paris.
Dixième Genre, Malacosoma, Chevr.
\. Malacosoma Lusitanica, Oliv. Gallia meridionalis.
Onzième Genre, Phyllobrotica, Chevr.
1. Phyllobrotica quadrimaculata, Fab. Paris.
2. Phyllobrotica adusta, Fab. Austria.
i Paris.
808 HISTOIRE NATURELLE.
Les Insectes de ces trois genres vivent sur les plantes el sur
l'aulne. Tous vivent au détriment du parenchyme des feuilles;
leur corps est mou en général, et leur démarche est lente. On
peut en prendre beaucoup à la main; mais c'est en s'aidant du
filet et en battant les haies herbeuses des contrées un peu arides
qu'on se procure beaucoup d'espèces.
Douzième Genre, Lepurus, Geoff.
1. Lepurus Pyrenœus, Dej. Pyrenœi orientales.
2. Lepurus flavipes, Fab.
5. Lepurus rufipes, Fab.
4. Lepurus suturalis, Dej. Hispania.
5. Lepurus pallipes, Dej. Austria.
6. Lepurus suturella, Illig. Paris.
Les Lepurus paraissent avoir des habitudes différentes des genres
précédents. C'est en battant les saules , les peupliers et les
bruyères en arbre, qui croissent sur nos montagnes moyennes,
que nous parvenons à récolter ces espèces. Le Flavipes a été
trouvé par notre ami Pellet sur le genêt épineux au-dessus de
Saint-Martin-du-Canigou, près Castell.
Treizième Genre, Lithonoma, Chevr.
1. Lithonoma marginella, Fab. Hispania.
Quatorzième Genre, Graptodera, Chevr.
1, Graptodera oleracea, Fab. Paris.
2. Graptodera mercurialis, Fab. Gallia.
o. Graptodera vitis, Chevr. Paris.
4. Graptodera xanthopus, Dej. Nord.
Quinzième Genre, Crepidodera, Chevr.
4. Crepidodera lineata, Rossi. Gallia occidenlalis.
2. Crepidodera transversa, Marsham. Paris.
INSECTES. 809
o. Crepidodera ruficornis, Fab. Gallia.
\. Crepidodera melanopus, Dej. Pyrenœi orientales.
5. Crepidodera concolor, Dej. Gallia meridionalis.
6. Crepidodera nitidula, Fab. Gallia borealis.
7. Crepidodera peyrolerii, Dej. Styria.
8. Crepidodera helxines, Fab. Paris.
Seizième Genre, Phyllotreta, Chev.
i. Phyllotreta amabilis, Dej. Pyrenœi orientales.
2. Phyllotreta serea, Dej. Gallia meridionalis.
o. Phyllotreta lepidii, Ent. Hefte.) .
-_,,_ T-i-i t m Lit to •
4. Phyllotreta nemorum, Fab.
5. Phyllotreta antennata, Ent. Hefte. Gallia.
6. Phyllotreta llexuosa, Ent. Hefte. Suecia.
Les Insectes assez nombreux et de petite espèce des quatre
derniers genres, vivent sur les plantes. Les crucifères en général
en nourrissent beaucoup; l'épilobe velu en recèle quelques es-
pèces. Le filet est l'instrument par excellence pour se procurer
ceux qui échapperaient à nos recherches; car il est fort difficile
de les apercevoir. La Crepidodera helxines , pourtant, se tient sur
les saules, et c'est en battant les branches qu'on peut en prendre
quelques-unes.
Dix-septième Genre, Aphthona, Chevr.
i. Aphthona cyparissiœ, Ent. Hefte. Paris.
1. Aphthona lutescens, Gyll. Suecia.
5. Aphthona cœrulea, Payk. in,
A. Aphthona palustris, Chevr. \
Dix-huitième Genre, Teinodactyla, Chevr.
i. Teinodactyla echii, Ent. Hefte. Paris.
2. Teinodactyla flavipes, Dej. Htspania.
810 HISTOIRE NATURELLE
0. Teinodactyla quadripustulata, Fab. Paris.
1. Teinodactyla sanguinolenta, Dej. Hispania.
5. Teinodactyla atricilla, Fab. Paris.
6. Teinodactyla pusilla, Payk. Suecia.
Dix-neuvième Genre, Dibolia, Latr.
1. Dibolia punctatissima, Chevr, Styria.
2. Dibolia maura, Dej. Gallia borealis.
3. Dibolia ovata, Dej. Paris.
A. Dibolia cynoglossi, Ent. Hfte. Russia meridionalis.
Les euphorbes en général nourrissent la plupart des Insectes
de ces trois derniers genres ; les chicoracées et les borraginées
en recèlent quelques-uns. On doit donc explorer ces plantes, qui
sont fort répandues dans tout notre département. On ne doit pas
négliger de faucher sur les fourrés herbeux.
Vingtième Genre, Psylliodes, Latr.
\. Psylliodes dulcamara, Ent. Hefte. Paris.
2. Psylliodes vicina, Dej. Gallia meridionalis.
7>. Psylliodes affinis, Payk. Suecia.
A. Psylliodes chrysocepbala, Lin.j .
5. Psylliodes hyosciami, Fab. )
6. Psylliodes cyanoptera, Illig. Hispania.
Les Psylliodes se trouvent sur les plantes, sur les solanées sur-
tout; quelques espèces vivent sur les arbustes. Ces très-petits
Insectes se tiennent comme collés sur les plantes , et il faut
employer la plus grande attention, si on veut se les procurer.
La Cyanoptera a été trouvée dans les environs de Collioure par
M. Delarouzé, le 13 juin 1861.
Vingt-unième Genre, Pledroscelis, Chevr.
1. Pledroscelis meridionalis, Dej. j „ „. .'..
a „. .. n . J \ Gallia meridwn.
2. Plectroscehs pumila, Dej.
INSECTES. 811
5. Plectroscelis dentipes, Ent. Het'te. Paris.
4. Plectroscelis insolita, Dej.
5. Plectroscelis Schùppelii, Ullr. / „ „. ... ,.
n _, ;. .. .. _ . > h allia meridwnalis.
6. Plectroscelis soliern, Dej. \
7. Plectroscelis viridissima, Dej.
8. Plectroscelis aridella, Payk. Suecia.
Vingt-deuxième Genre, Balanomorpha, Chevr.
1. Balanomorpha declarata, Dei. ) „ „. ... ,,.
_ _ , , . T11. h allia meridwnalis.
2. Balanomorpha rustica, Ilhg. )
0. Balanomorpha semisenea, Fab. Suecia.
Les Insectes de ces deux genres vivent sur les plantes, les
chicoracées et les borraginées surtout , et c'est en fauchant
qu'on parvient à s'en procurer.
Vingt-troisième Genre, Apleropeda, Chevr.
1. Apteropeda ciliata, Oliv. Gallia.
2. Apteropeda orbicularis, Ziegl. Styria.
Vingt-quatrième Genre, Podagrka, Chevr.
1. Podagrica malvœ, Illig. Germania.
2. Podagrica fulvipes, Fab. Paris.
5. Podagrica thoracica, Chevr. Gallia meridionaUs.
C'est encore à l'aide du filet, et en fauchant sur les coteaux
herbeux exposés au midi, qu'on parvient à se procurer ces insectes.
La Thoracica, fort commune dans le département, est une variété
fort remarquable de la Malvœ.
Vingt-cinquième Genre, Argopus, Fisch.
1. Argopus cardui, Kirb. Paris.
2. Argopus hemisphœricus, Ziegl. Austria.
5. Argopus testaceus, Fab. Paris.
812 HISTOIRE NATURELLE.
Vingt-sixième Genre, Cyrtonus, Dalman.
1. Cyrtonus rotundatus, Dej. Gallia meridionalis.
2. Cyrtonus coarctatus, Dej. Pyrenœi orientales.
5. Cyrtonus nobilis, Dej. Lusitania.
Les diverses espèces de chardons nourrissent les Insectes de
ces deux genres ; et comme il est difficile de les prendre sur les
fleurs épineuses de ces plantes, le filet vient parfaitement en aide
pour les saisir.
Vingt-septième Genre, Timarcha, Meg.
1. Timarcha tenebricosa, Fab. Paris.
2. Timarcha pratensis, Meg. Dalmatia.
0. Timarcha metallica, Fab. Styria.
A. Timarcha italica, Dej. Gallia meridionalis.
5. Timarcha gibba, Chevrier. Geneva.
6. Timarcha coriaria, Fab. Paris.
Les insectes de ce genre sont gros et globuleux, et ont des
couleurs sombres et métalliques. Ils vivent dans les haies des
champs des terres aspres, dans les prairies des régions élevées et
sur les bords des chemins. Leur démarche lente les fait prendre
avec facilité. Dès qu'on les touche, ils répandent une liqueur qui
est assez corrosive pour laisser des traces sur les doigts. V Italica
et la Gibba, qu'on trouve dans les régions assez élevées, sont rares.
Vingt-huitième Genre, Chrysomela, Lin.
1. Chrysomela caerulea, Meg. Austria.
2. Chrysomela hsemoptera, Fab. Paris.
3. Chrysomela morosa, Dej. Hispania meridionalis.
4. Chrysomela femoralis. Oliv. Gallia meridionalis.
5. Chrysomela serea, Meg. Styria.
6. Chrysomela globata, Dahl. Hungaria.
7. Chrysomela bicolor, Germar. Dalmatia
INSECTES. 813
8. Chrysomela hottentota, Fab.
Paris.
PctTtS ,
9. Chrysomela sanguinolenta, Fab/
10. Chrysomela rossia, Illig. Italia.
11. Chrysomela lymbata, Fab. Germania.
12. Chrysomela Banksii, Fab. Gallia meridionalis.
15. Chrysomela ignita, Oliv. Hispania.
14. Chrysomela varians, Fab. Paris.
15. Chrysomela lamina, Fab. Auslria.
16. Chrysomela salvia?, Dej, Illyria.
17. Chrysomela fucata, Oliv. ) _ .
' i(tris
18. Chrysomela centaurei, Fab. S
19. Chrysomela asclepiadis, Villa. Lombardia alpina.
20. Chrysomela graminis, Fab.
21. Chrysomela fastuosa, Fab.
22. Chrysomela grossa, Fab. Gallia meridionalis.
25. Chrysomela lucida, Oliv. Italia.
24. Chrysomela distincta, Dej. Gallia.
25. Chrysomela Americana, Fab. j
26. Chrysomela cerealis, Fab. [ Paris.
27. Chrysomela polita, Fab. )
28. Chrysomela dichroa, Hoff. Gallia meridionalis.
Le genre Chrysomela, très-nombreux en espèces fort élégantes,
se fait remarquer par des couleurs métalliques tranchantes pour
la plupart. Il est assez répandu dans le pays et dans toutes ses
régions. Ces Insectes vivent sur les plantes, sur les arbustes et
sur les arbres. On peut, en se donnant quelque peine, en faire
une ample provision, et quoiqu'ils soient faciles à saisir, beaucoup
échapperaient à nos recherches, si le filet ne venait en aide. C'est
donc en fauchant, sur toute espèce de plantes et dans tous les lieux,
qu'on parvient à collectionner cette nombreuse tribu. Les petites
espècessont fort jolies; elles ne pourraientètre prises sans le secours
du filet; quelques-unes sont fort rares; plusieurs vivent dans les
814 HISTOIRE NATURELLE.
broussailles et sous les pierres; d'autres sur la souche des arbres,
lorsque l'écorce est raboteuse.
Vingt-neuvième Genre, Oreina, Chevr.
1. Oreina speciosa, Fab. Gallia meridionalis.
2. Oreina gloriosa, Fab. Styria.
3. Oreina senecionis, Andersen. Germania.
4. Oreina venusta, Dej. Gallia orientalis.
5. Oreina tristis, Oliv. Gallia meridionalis.
6. Oreina Pyrenaica, Dut'. Pyrenœi.
7. Oreina viridis, Ziegl. Styria.
8. Oreina rimosa, Chevr. Gallia meridionalis.
Trentième Genre, Lina, Meg.
1. Lina populi. Fab. ) „
& » • ' V "r. i Paris.
2. Lina tremulse, Fab. J
3. Lina vigintipunctata, Fab. Auslria.
4. Lina collaris, Fab. Germania.
5. Lina senea, Fab. Gallia.
6. Lina cuprea, Fab. Auslria.
Les espèces de ces deux genres, vivent sur les plantes de nos
montagnes et de la plaine. On les prend au filet.
Trente-unième Genre, Enlomoscelis, Chevr.
4. Entomoscelis adonidis, Fab. Gallia meridionalis.
Trente-deuxième Genre, Gonioctena, Chevr.
\. Gonioctena decempunctata, Fab. Styria.
2. Gonioctena pallida, Fab. Italia.
5. Gonioctena rufipes, Payk. Suecia.
Les Insectes de ces deux genres se trouvent sur les cucurbi-
tacées. En explorant ces plantes cl surtout la brione, qui est
INSECTES. 815
commune dans les lieux arides de la plaine , on est certain d'en
faire bonne provision.
La Rufipes n'est qu'une variété de la Decempunctata , quoique
le nombre de points des élytres ne soit pas toujours le même.
Elles se trouvent constamment sur la même plante.
Trente-troisième Genre, Spartophila , Chevr.
1. Spartophila litura, Fab. Paris.
2. Spartophila spartii, Oliv. Hispania.
Trente-quatrième Genre, Plagiodera, Chevr.
4. Plagiodera armoraciae, Fab. Paris.
Trente-cinquième Genre, Gastrophysa, Chevr.
\ . Gastrophysa polygoni, Fab. Paris.
2. Gastrophysa raphani, Fab. Suecia.
Dans ces trois genres, les insectes sont de fort petite taille; ils
vivent sur les ileurs, et le filet en amène une grande quantité.
Les détritus des matières végétales, après une inondation, en
contiennent beaucoup d'intéressants ; il ne faut pas négliger de
fouiller ces matières rejetées par les eaux.
Trente-sixième Genre, Phratora, Chevr.
1. Phratora vitellinae, Fab. Paris.
Trente-septième Genre, Phœclon, Meg.
1 . Phaedon pyritosum, Rossi, Gallia meridionalis .
2. Phaedon cochleariae, Fab. Paris.
0. Phaedon egenum, Ziegl. Germania.
4. Phaedon auclum, Fab. Gallia.
Trente-huitième Genre, Hdodes, Fab.
1. Helodes marginella, Fab. Germania.
2. Helodes phellandrii, Fab. Paris.
816 HISTOIRE NATURELLE.
5. Helodes violacea, Fab. Paris.
4. Helodes marginicollis, Dabi. Sicilia.
Gomme les genres précédents, ces Insectes vivent sur les plantes
de nos prairies et sur celles qui bordent les fossés. Partout on
peut en prendre lorsqu'on l'ait usage du filet.
Trente-neuvième Genre, Colaspis, Fab.
1. Colaspis diversa, Dej. Nord.
2. Colaspis barbara, Comp. Nouv. Esp. Pyren. orient.
J'adressai à M. Dejean ce petit Coléoptère qui fait un mal im-
mense à nos luzernes. Je lui avais donné le nom de Colaspis
barbara. Il me répondit que c'était une nouvelle espèce , et
qu'il la désignerait sous cette dénomination. Elle est beaucoup
trop commune, et malheureusement on n'a pas encore trouvé
de moyen pour s'en débarrasser.
Quarantième Genre, Colposcelis, Dej.
1. Colposcelis badia, Latr. ) „. ,
a ^ i i- - r, ■ \ Nord.
z. Colposcelis stnata, Dej. )
Quarante-unième Genre, Edusa, Chevr.
1. Edusa viridicollis, Dei. ) mr ,
« t^j t Nord.
2. Ldusa hirtopunctata, Latr. )
Quarante-deuxième Genre, Colaphus, Meg.
\. Colaphus areatus, Hoff. Hispania.
2. Colaphus atra, Oliv. Gallia meridionalis.
Quarante-troisième Genre, Dia , Dej.
4. Dia aeruginea, Fab. Gallia meridionalis.
2. Dia pubens, Dut'. Hispania.
INSECTES. 81 "3
Quarante-quatrième Genre, Bromius, Chevr.
i. Bromius obscurus, Fab. Gallia.
2. Bromius vitis, Fab. Paris.
Quarante-cinquième Genre, Chrysochus, Chevr.
1. Chrysochus pretiosus, Fab. Paris.
Quarante-sixième Genre, Pachnephorus, Chevr.
1. Pachnephorus cylindricus, Hoff. Gallia meridionalis.
2. Pachnephorus villosus, Meg. Anstria.
0. Pachnephorus troglodytes, Dej. Gallia meridionalis.
Les Insectes des sept derniers genres, se tiennent sur les plantes
de nos prairies et de nos luzernes. Leurs larves y font un mal
immense, celle du Colaspis barbara surtout. Lorsque celle-ci
attaque une luzerne, et souvent elle s'y trouve par millions, elle la
détruit entièrement en peu de jours. Sa larve est très-vorace,
surtout au moment de se métamorphoser; elle mange avec
tant d'avidité, qu'elle ne laisse que la tige de la plante, et la coupe
du mois de juin est tout à fait perdue. Il faut employer le filet pour
se procurer ces Insectes.
Quarante-septième Genre, Babia, Chevr.
1. Babia signatipennis, Dej. Nord.
Quarante-huilième Genre, Clylhra, Laich.
1. Clylhra quadripunctata, Fab. Paris.
2. Clythra alraphaxidis, Fab. Gallia meridionalis.
5. Clylhra quinquemaculata, Dej. Nord.
Quarante-neuvième Genre, Labidostomis, Chevr.
1. Labidostomis taxicornis, Fab. ) -
~ r ,., ., . . r.r.f Gallia mendion.
2. Labidostomis longipennis, Dahl.}
l'OMG m 32
q\$ HISTOIRE NATURELLE.
5 Labidostomis eyanicornis, Dabi. Paris.
■
4. Labidostomis viridieollis, Dej. Gallia meridionalis .
0. Labidostomis tridenlata, Lin. Paris.
6. Labidostomis humeralis, Panz. Austria.
7. Labidostomis scapularis, Dej. j „ ... ... ..
... . _ , . Gallia meridionalis.
8. Labidostomis axillans, Dabi. \
9. Labidostomis longimana, Fab. Paris.
10. Labidostomis Hispanica, Dej. Hispania.
Cinquantième Genre, Lachnaia, Chevr.
1. Lacbnaia tripunctata, Fab. \
2. Lachnaia macrodactyla, Dej. [ Gallia meridionalis.
3. Lachnaia rufipennis, Dej. )
4. Lachnaia puncticollis, Dej. Hispania.
5. Lachnaia cylindrica, Dej. ) ... '.
I , . . . „ * Gallia meridionalis.
b. Lachnaia tnstigma, Hon. )
Cinquante-unième Genre, Macrolenes, Chevr.
1. Macrolenes ruficollis, Fab. Gallia meridionalis.
2. Macrolenes dispar, Dej. Sicilia.
3. Macrolenes sexpunctata, Oliv.
4. Macrolenes sexmaculata, Fab.
Ces cinq derniers genres sont d'une taille plus avantageuse que
les précédents. Ils se font remarquer par des couleurs rouges
assez prononcées et des pattes fort longues. Ils vivent sur les
jeunes pousses des arbres et arbustes ; les chênes et chènes-verts
surtout, sont leurs arbres de prédilection; ils en dévorent les jets
tendres, et leurs larves y font un grand ravage. Ces Insectes
volent avec facilité. L'usage du filet est d'un grand secours pour
quelques petites espèces qui échapperaient à nos recherches. On
doit faire une grande attention quand on veut les piquer.
La Lachnaia Imiigma se trouve sur le tamarix près des dunes.
Gallia meridionalis.
INSECTES. 819
Cinquante-deuxième Genre, Coptocephala , Chevr.
1. Coptocephala scopolina, Fab. Gallia meridionalis.
2. Coptocephala quadrimaculata, Fab. Auslria.
5. Coptocephala floralis, Oliv. Hispania.
Cinquante-troisième Genre, Smaragdina, Chevr.
1. Smaragdina concolor, Fab. Gallia meridionalis.
2. Smaragdina hypocrita, Stev. Russia meridionalis.
Cinquante-quatrième Genre, Cyaniris, Chevr.
4. Cyaniris aurita, Fab. Paris.
2. Cyaniris alïinis, Illig. Gallia.
5. Cyaniris fuscitarsis, Dej. Gallia meridionalis.
4. Cyaniris cyanea, Fab. Paris.
Cinquante-cinquième Genre, Pachybrachis, Chevr.
J. Pachybrachis viridissimus, Dej. Hispania.
2. Pachybrachis histrio, Fab. Gallia.
5. Pachybrachis tamarisci, Dej. Gallia meridionalis.
4. Pachybrachis minutissimus, Dej. Pyrenœi orientales.
Ces quatre derniers genres se posent sur les jeunes pousses
des arbustes des haies, et sur les fleurs de nos champs; quel-
ques-uns sur les plantations des plaines maritimes. On les
trouve aussi parmi les broussailles amenées par les eaux. Le filet
est d'un grand secours pour chasser ces insectes.
Cinquante-sixième Genre, Cryptocephalns, Geoff.
1. Cryptocephalus bimaculalus, Fab. \
2. Cryptocephalus grandis, Hoff. f ~ „.
_ * , , , ™- > Gallia mendion.
ô. Cryptocephalus sexmaculatus, 01iv.|
4. Cryptocephalus imperialis, Fab.
820 HISTOIRE NATURELLE.
5. Cryptocephalus bipunctatus, Fab. Paris.
6. Cryptocephalus decempunctatus, Fab. Suecia.
7. Cryptocephalus etruscus, Dej. Elruria.
8. Cryptocephalus humeralis, Fab. ) Gallia
9. Cryptocephalus quadripunctatus, Oliv.j meridionalis.
10. Cryptocephalus coryli, Fab. Paris.
Jl. Cryptocephalus variabilis, Fab. Gallia.
12. Cryptocephalus gravidus, Dej. ) ~ ... ...
Jr l D ' * . Gallia meridion.
13. Cryptocephalus punctulatus, Dej.)
14. Cryptocephalus quadripustulatus, Fab. Suecia.
15. Cryptocephalus marginellus, Oliv. )„ ... ...
Jl l ° ' J Gallia meridion
16. Cryptocephalus elegans, Dej. )
17. Cryptocephalus sericeus, Fab. Paris.
18. Cryptocephalus marginatus, Fab. Gallia.
19. Cryptocephalus violaceus, Fab. Paris.
20. Cryptocephalus hybneri, Fab. Gallia.
21. Cryptocephalus bilineatus, Lin. Suecia.
22. Cryptocephalus pigmseus, Fab. j
23. Cryptocephalus gracilis, Fab. [ Paris.
24. Cryptocephalus minutus, Fab.
2o. Cryptocephalus Ramburii, Dej. Hispania meridion.
Ce genre, nombreux en espèces Tort jolies, est répandu sur
toute sorte de plantes, arbres et arbustes. C'est en explorant
avec beaucoup d'attention les fourrés, les ronces, les saules, les
taillis près des cours d'eau, et en faisant usage du filet qu'on
parviendra à l'aire une chasse abondante. Le Ramburii, qui m'a
été communiqué par M. Délarouzé, a été trouvé dans les environs
de Collioure, le 13 juin 1861.
Cinquante-septième Genre, Disopus, Chevr.
1. Disopus pini, Fab. Gallia.
INSECTES. 821
Cinquante-huitième Genre, Triplax, Fab.
i. Triplax nigripennis, Fab. Paris.
2. Triplax melanocephala, Dej. Hispania.
Ces deux genres se trouvent sur les lieux un peu élevés.
C'est sur les plantes et parmi les broussailles qu'il faut les
chercher.
Cinquante-neuvième Genre, Phalacrus, Payk.
1. Phalacrus granulatus, Dej. Gallia meridionalis.
2, Phalacrus globosus, Sturm. Germania.
5. Phalacrus bicolor, Fab. Paris.
4. Phalacrus aterrimus, Dej. Hispania.
5. Phalacrus striatus, Dej. Paris.
6. Phalacrus dimidiatus, Sturm. Germania.
7. Phalacrus piceus, Sturm. Paris.
Soixantième Genre, Agathidium , lllig.
1. Agathidium megacephalum, Dej. Gallia borealis.
2. Agathidium globum, Fab. ] _ .
! Parts.
3. Agathidium seminulum, Fab. \
4. Agathidium varians, Sturm. ; _
\ Germante '.
0. Agathidium carbonarium, Sturm.)
(î. Agathidium orbiculatum, Gyll. Saecta.
7. Agathidium thoracicum, Dej. Germania.
Ces deux genres ont l'habitude de se tenir sur les plantes
basses; on en prend beaucoup en faisant usage du filet. On en
trouve aussi dans les alluvions, et parmi les mousses et les plantes
amassées au pied des arbres; il faut explorer ces lieux avec
beaucoup d'attention.
Soixante-unième Genre, Cyrtocephalus , Andon.
1. Cyrtocephalus cephalotes, Dej. Paris.
822 HISTOIRE NATURELLE.
Soixante-deuxième Genre, Clypeaster, Andersen.
1. Clypeaster Iuridus, Dej. Gallia meridionalis.
2. Clypeaster cassidoïdes, Hoff. Germanie.
5. Clypeaster obscurus, Dej. Paris.
4. Clypeaster pusillns, Gyll. Suecia.
5. Clypeaster lividus, Dej. Paris.
6. Clypeaster ater, Ziegl. Styria.
Je ne pourrais préciser si quelques-unes des larves de ces
insectes vivent sur le châtaignier; mais il est un fait bien certain,
c'est que les insectes parfaits de ces deux genres, se prennent sur
les cercles de châtaigniers de nos caves. D'autres sont recueillis
avec le filet sur les fourrés; d'autres dans les broussailles.
TRIMÈRES.
Cette section se compose de tous les Coléoptères qui
ont trois articles à tous les tarses. Leurs antennes sont
en massue ou plus grosses à leur extrémité, et leur corps,
généralement petit, est hémisphérique ou ovale.
Premier Genre, Hippodamia , Chevr.
1. Hippodamia tredecimpunctata, Fab. Paris.
2. Hippodamia septemmaculata, Fab. Suecia.
Deuxième Genre, Anisosticta, Chevr.
4. Anisosticta nigra, Fab. Suecia.
Les plantes aquatiques sont le repaire des insectes de ces deux
genres. En fauchant sur leurs fleurs, on en prend quelques indi-
vidus. Les détritus des végétaux doivent aussi être visités.
Troisième Genre, Coccinella, Lin.
1. Coccinella hieroglyphica, Fab. Paris.
± Coccinella undecimpunctata, Fab. Gallia meridion.
INSECTES. 823
3. Coccinella sexpustulata, Fab. Péris,
ï. Coccinella Hungarica, Dej. Hungaria.
0. Coccinella bipunctata, Fab.
6. Coccinella quinquepunctata, Fab. /
T. Coccinella vigintipunctata, Fab. \ Paris.
8. Coccinella sexdecimpunctala, FabA
9. Coccinella conglomerata, Fab.
10. Coccinella novemdecimnotata, Dej. Russia meridion.
11. Coccinella variabilis, Illiff. / n .
' Paris
12. Coccinella quatuordecimpustulata, Fab.^
13. Coccinella lyncea, Oliv. Hispania.
14. Coccinella oblongoguttata, Fab. Gallia.
. Les Coccinelles sont des insectes globuleux et fort intéressants.
Ils sont revêtus de couleurs brillantes; le corselet et les élytres
sont couverts de points qui diffèrent beaucoup de la couleur géné-
rale de l'insecte : ces points, quelquefois très-nombreux, sont
disposés de diverses manières. Ces Insectes volent, mais ils sont
lents à prendre l'essor, de sorte qu'on s'en empare facilement;
le filet cependant est d'un grand secours. Ils vivent sur toute
sorte de plantes; on les voit courir sur les souches des arbres
et sur les plantes, où ils paraissent vivre en famille. Ils sont, en
généra], nombreux sur les arbres fruitiers et sur les sureaux.
Quatrième Genre, Hyperaspis, Chevr.
1. Hyperaspis lateralis, Fab. Gallia.
2. Hyperaspis marginella, Fab. Paris.
Cinquième Genre, Micraspis, Chevr.
I . Micraspis duodecimpunctala, Fab. Paris.
Sixième Genre, Cliilocorus, Leacb.
1. Chilocorus bipustulatus, Fab. ) „ „. ... ,.
.^ 0, ., . .. .. ' . Gallia mmcuoîiaiis.
z. Chilocorus mendionalis, Dej. >
82* HISTOIRE NATURELLE.
5. Chilocorus auritus, Schneid. Austria.
4. Chilocorus quadriverrucatus, Fab. Paris.
Septième Genre, Epilachna, Chevr.
\. Epilachna chrysomelina, Fab. Gallia meridionalis.
2. Epilachna undecimmaculata, Fab. Gallia.
Huitième Genre, Cynegetis, Chevr.
1. Cynegetis globosa, Illig. Paris.
2. Cynegetis aptera, Payk. Suecia.
Neuvième Genre, Scymnus, Herbst.
1. Scymnus flavipes, Illig. Suecia.
2. Scymnus parvulus, Fab.
5. Scymnus flavilabris, Payk. /
4. Scymnus morio, Fab. I
5. Scymnus discoïàeus, Fab.
6. Scymnus fulvicollis, Dej. Gallia meridionalis.
7. Scymnus arcuatus, Rossi. Paris.
Les Insectes qui appartiennent à ces six derniers genres, sont
de petite taille, assez communs et répandus partout dans le pays.
Ils vivent sur les fleurs des plantes herbacées; mais le filet en
amène fort peu. Nous les trouvons en grand nombre dans les
broussailles entraînées par les eaux après les inondations.
Dixième Genre, Nundina, Dej.
1 . Nundina litura, Fab. Paris.
2. Nundina discimacula, Ziegl. Dalmatia.
Onzième Genre, Coccidula, Meg.
1. Coccidula scutellata, Fab. /
2. Coccidula pectoralis, Fab. \
Paris.
INSECTES. 825
Douzième Genre, Endomycfms , Weber.
1 . Endomychus coccineus, Fab. Paris.
Treizième Genre, Lycoperdina , Latr.
1. Lycoperdina eruciata, Fab. Siiecia.
2. Lycoperdina bovistœ, Fab. ) .
3. Lycoperdina fasciata, Fab. )
Quatorzième Genre, Dapsa, Ziegl.
i. Dapsa trisignata, Dej. Hispania.
2. Dapsa trimaculata, Meg. Austria.
Quinzième Genre, Orestia, Chevr.
I . Orestia Alpina, Ziegl. Styria.
Seizième Genre, Dasycerus, Brong.
1. Dasycerus sulcatus, Brong. Paris.
Les bolets en putréfaction, les mousses du pied des arbres, les
détritus des végétaux, recèlent ordinairement les insectes de ces
sept derniers genres. Quelques-uns se trouvent aussi sur les fleurs,
car, en fauchant, le filet en amène toujours.
Les Lycoperdina surtout, se trouvent constamment sur les bolets.
La Nundina discimacula ou Rizobius discimaada de Mulzan, a été
trouvée dans les environs de Collioure par M. Delarouzé, le 5 no-
vembre 1860. Nous l'avions trouvée dans les ravins qui avoi-
sinent le fort Bellegarde.
DIMÈRES.
Cette section, établie par Duméril , et adoptée par les
entomologistes français, terminait la série des Coléoptè-
res. Elle se composait des Insectes auxquels on n'avait
aperçu que deux articles à tous les tarses; mais un exa-
826 HISTOIRE NATURELLE.
men plus attentif a fait connaître qu'ils en avaient trois,
dont un, le premier, excessivement petit; de sorte que
la section des Dimères a été supprimée dans la classifi-
cation, avec d'autant plus de raison qu'elle ne compre-
nait qu'un petit groupe d'Insectes , qui , par la brièveté
de leurs élytres et le reste de leur organisation, rentrent
naturellement dans la famille des Brachélytres.
Cependant, pour nous conformer à la classification de
Dejean, nous avons conservé cette famille,
Premier Genre, Chennium, Latr.
1. Chennium bituberculatum, Latr. G allia meridionalis .
Deuxième Genre, Tyrus, Aube.
1. Tyrus mucronatus, Panz. Germania.
Troisième Genre, Clenistes, Reich.
1. Ctenistes Dejeanii, Encyclop. Gallia meridionalis.
Quatrième Genre, Pselaphus, Herbst,
1. Pselaphus dresdensis, Herbst. Suecia.
2, Pselaphus longicollis, Reich. Germania,
Cinquième Genre, Bryaxis. Knoch,
1. Bryaxis longicornis, Leach. Gallia.
2. Bryaxis sanguinea, Fab. \
3. Bryaxis fossulata, Reich. ! Paris.
4. Bryaxis laminata, Victor. )
5. Bryaxis rubripennis, Aube. Gallia.
6. Bryaxis antennata, Aube. ]
7. Bryaxis juncorum, Leach. [ Paris.
H. Bryaxis Lefebvrei, Aube, )
INSECTES. 827
C'est encore dans les lieux humides, sons les détritus, parmi
les mousses et les broussailles que les eaux rejettent, qu'il faut
chercher les Insectes de ces cinq genres; quelques-uns vivent sur
les fleurs. Ainsi, l'on fauchera sur les plantes, sur les orties
surtout, et l'on prendra quelques espèces que l'œil ne peut
distinguer.
Sixième Genre, Bythinus, Leach.
1. Bythinus curtisii, Leach. Paris.
2. Bythinus bulbifer, Reich. Germania.
5. Bythinus securiger, Reich. Paris.
Septième Genre, Tychus, Leach.
1. Tychus niger, Payk. Germania.
Huitième Genre, Trimium, Aube.
1. Trimium brevicorne, Reich. Germania.
Neuvième Genre, Batrims, Aube.
1. Batrisus oculatus, Dej. Dalmatia.
Dixième Genre, Euplectus, Kirb.
i. Euplectus sulcicollis, Beich. Suecia.
2. Euplectus sanguineus, Denny. Paris.
3. Euplectus ambiguus, Reich. Germania borealis.
4. Euplectus bicolor, Denny. Paris.
Onzième Genre, Claviger , Mull.
1. Claviger longicornis, Mull ]
a r\ q i , Af h i Germania.
2. Claviger foveolatus, Mull. \
Les broussailles de toute espèce, dans un commencement de
décomposition, les mousses, les lichens, les champignons et
828 HISTOIRE NATURELLE.
toute sorte de matières putrides qui commencent à se dessécher,
attirent les Insectes de ces derniers genres. C'est en explorant
ces divers objets, qu'on parvient à en faire provision. Le
naturaliste ne doit se rebuter de rien : il doit être armé de
patience et de beaucoup de bonne volonté, s'il veut réussir à se
faire une collection passable.
PAPILLONS. 829
CHAPITRE Vil.
Insecte*» Lépidoptères.
L'ordre des Lépidoptères ou Papillons, comprend tous
les Insectes qui présentent les caractères suivants : quatre
ailes recouvertes, sur les deux surfaces, de petites écail-
les colorées, semblables à une poussière farineuse; une
trompe plus ou moins longue, roulée en spirale; deux
palpes plus ou moins relevées, composées de trois arti-
cles et insérées sur une lèvre fixe; deux antennes de
forme variable et toujours composées d'un grand nombre
d'articles; une pièce assez développée, appelée plérigode
ou épaulelte, située en dessus de la base des ailes supé-
rieures; un abdomen dépourvu de tarière; jamais que
deux sortes d'individus, des mâles et des femelles*.
Les Lépidoptères sont des Insectes a métamorphoses
complètes. A l'état d'Insecte parfait, la femelle est, en
général, un peu plus grande que le mâle, et les couleurs
sont moins brillantes. La différence des couleurs est
parfois si marquée, qu'on prendrait les deux sexes d'une
même espèc? pour deux espèces distinctes; dans le genre
Argus, par exemple, les femelles sont presque toutes
brunes, et les mâles bleus.
830 HISTOIRE NATURELLE.
Les Lépidoptères se divisent en trois grandes familles :
les Diurnes, les Crépusculaires et les Nocturnes. A l'état
parfait, l'existence des Lépidoptères est de courte durée :
le mâle périt presque aussitôt après l'accouplement, et la
femelle après la ponte. Les œufs se déposent générale-
ment sur la plante qui doit nourrir la jeune chenille. Au
moment où ils viennent d'être pondus, ils sont enduits
d'une matière gluante, insoluble dans l'eau, qui sert a les
fixer sur le végétal nourricier. La fécondité de ces Insec-
tes est grande, et si certaines pontes ne donnent qu'une
quarantaine d'œufs, il en est qui en fournissent plusieurs
milliers. Ces œufs paraissent peu sensibles à l'action de
la température, puisqu'ils conservent leur force vitale à
65 degrés centigrades au-dessus de zéro, et que les plus
grands froids de Sibérie ne les détruisent pas, et n'em-
pêchent pas la reproduction même des espèces des pays
chauds, telles que celle des vers à soie. Presque toutes
les espèces européennes sortent de l'œuf à l'automne ou
à la fin de l'été; mangent jusqu'à l'époque de la mauvaise
saison; passent l'hiver engourdies; se réveillent aux pre-
miers jours du printemps, et se métamorphosent au com-
mencement de l'été. La plupart des chenilles mangent
la nuit, et restent immobiles le jour; la manière dont
elles se changent en chrysalides, varie suivant les espèces.
En général, elles se renferment dans une enveloppe par-
ticulière; ne mangent plus; demeurent immobiles et
comme sans vie, jusqu'à ce qu'elles soient devenues
Papillons. Les chrysalides sont tantôt enfoncées dans la
terre; tantôt elles se présentent à sa surface, enveloppées
d'une coque filée par la chenille : on sait ce que l'indus-
trie a pu faire du cocon du ver à soie. Lorsque l'éclosion
PAPILLONS. 834
doit avoir lieu, le Papillon fend sa chrysalide pour en
sortir: il est d'abord mou, sans consistance, couvert
d'humidité; il s'étend, se sèche, et bientôt prend son vol.
On connaît un grand nombre de Lépidoptères. Plus
de six mille espèces ont été indiquées dans les différentes
parties du monde : l'Europe en présente près de quatre
mille, et la France deux mille à elle seule. C'est surtout
dans les pays chauds et humides, qu'on trouve les plus
belles espèces de Diurnes. L'Europe, et en particulier la
France et l'Allemagne, produisent, en plus grand nombre,
des Crépusculaires et des Nocturnes.
PREMIÈRE FAMILLE.
Diurnes, Diurna.
Première Tribu.
Genre Papillon, Papilio, Latreille.
1. Pap. alexanor, Pap. alexanor, Esp. et Ochs.
Ce beau Papillon porte queue, et paraît en juin et juillet; il
se pose sur les chardons de la plaine. Sa chenille n'est pas
connue ici (très-rare).
2. Pap. flambé, Pap. podalirius, Lin.
Paraît pendant toute la belle saison, etse pose sur toute sortede
plantes; il est très-commun partout. Sa chenille vit sur le prunier
sauvage. Cette espèce fournit une variété plus blanchâtre, qu'on
a nommée FeslameUi : rien, cependant, ne le justifie.
5. Pap. à queue du fenouil, Pap. machaon, Lin.
Très-commun partout, dans la plaine et les montagnes de la
région moyenne; il paraît pendant toute la belle saison. Sa che-
nille vit sur le fenouil et sur les diverses espèces de carottes.
832 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Parnassien, Parnassius, Latr.
1. Par. Apollon, Par. Apollo, Lin.
Il faut s'élever jusqu'aux régions alpines, pour se procurer ce
joli Papillon : La Preste, les pentes du Canigou de la région des
pins, le plateau de Mont-Louis, les vallées d'Eyne et de Llô, les
Bouillouses et le Bac de Bolquère. Sa chenille vil sur les saxifrages
et les orpins. Il parait en juin , juillet et août.
% Par. Phœbus, Par. Phœbus, Hubn.
Il diffère peu de l'Apollon, et quoique plus petit, il est encore
plus alpin. C'est toujours dans les gorges les plus élevées de nos
montagnes qu'on le trouve. Il est rare.
3. Par. mnémosyne, Par. mnemosyne, Lin.
Se tient dans les mêmes régions que l'Apollon. Il paraît un
mois plutôt, mais il est moins commun.
Genre Thaïs, Thais, Fab.
i. Tha. medesicaste, Tha. medesicaste, Ochs.
Paraît vers la fin de mai et juin. Il est commun dans les vignes
des coteaux de Baixas, deCasas-de-Pena, sur toutes les Corbières,
et la chaîne de Vinçaetde Prades. Sa chenille vit sur l'aristoloche
ronde. Dans les premiers jours de mai, il est facile de faire pro-
vision de ces chenilles en fouillant cette plante; elles sont alors
sur le point de se transformer, et on a ainsi de très-beaux sujets.
2. Tha. hypsipyle, Tha. hypsipylœ, Fab.
Plus rare que le précédent, il se trouve, à la même époque,
dans les mêmes parages. Sa chenille vit sur l'aristoloche clématite.
Le Thaïs rumina n'a pas été observé dans ce pays.
Genre Coliade, Colias, Lin.
1. Col. citron, Col. rhamni, Lin.
PAPILLONS. 833
Paraît do très-bonne heure et sans discontinuer jusqu'à la fin
d'octobre; on le rencontre sur toutes les montagnes moyennes.
Sa chenille vil sur les nerpruns.
2. Col. Cléopâlre, Col. Cleopaira, Lin.
Ce joli Papillon paraît au premier printemps, et nous le voyons
tout l'été, dans le pays, sur les coteaux du centre.
3. Col. pal en o, Col. palœno, Lin.
Ce Papillon paraît en juin et juillet. C'est toujours sur les
pâturages des gorges alpines que nous le trouvons; il se repose
sur les ombellifères. Sa chenille nous est inconnue.
4 Col. phicomone, Col. phicomone, Esp.
Le Phicomone est plus alpin. C'est toujours dans les pâturages
très-élevés qu'on le trouve : à Cady, au Pla Guillem, à Costa-Bona,
à la vallée d'Eyne et au plateau de Mont-Louis.
5. Col. soufre, Col. hyale, Lin.
Ce Papillon est assez commun dans les prairies et les
champs de la plaine, surtout dans les luzernes : on le voit pen-
dant toute la belle saison. Sa chenille vit sur les coronilles.
6. Col. souci, Col. causa, Fab.
Le Souci est très-commun dans les plaines du département.
On le rencontre partout et pendant la belle saison. Sa chenille
vit sur les trèfles. O.i trj.ivj una variété de ce Papillon qui n'a
d'autre différence que d'être plus pâle; le dessin et la ponctua-
tion étant les mêmes, on l'a nommée Hélice.
Genre Piéride, Picris, Hubn.
1. Piér. eupliéno, Pier. eupheno, Fab.
Viiljj Aurore Je l'rovencp.
On le trouve dans les gorges et près des cours d'eau des men-
ions ni. 53
834 HISTOIRE NATURELLE.
tagnes moyennes: le bois de Boucheville, la vallée de Castell et
celle d'Arles. Il paraît au premier printemps. Sa chenille vit sur
les crucifères.
2. Piér. aurore, Pier. cardamines, Lin.
H;ibite dans les jardins, les bois et les torrenls frais situés au
pieJ de nos montagnes. 11 ne parait qu'une seule fois, dans les
premiers jours d'avril. Sa chenille vit sur le cresson.
5. Piér. ausonia, Picr. ausonia, Illig.
UAusonia se trouve dans tous les endroits frais des régions
basses, au pied de nos montagnes. Ce Papillon se pose souvent
sur les fleurs; on le saisit avec facilité. Il paraît au commen-
cement d'avril et séjourne tout l'été.
4. Piér. bélia, Pier. belia, Huhn.
Le dessus du Bélia ressemble assez à Y Ausonia, et, long-
temps, on les a confondus; mais le dessous les a fait distinguer.
Il parait à la même époque et dans les mêmes lieux. Sa chenille
se trouve souvent sur les biscutelles.
5. Piér. daplidice, Picr. daplidice, Lin.
Vul|;. Blanc marbré de vert.
Ce Papillon paraît de bonne heure au printemps, et en été
on le trouve partout dans la plaine, les potagers, les champs et
tous les lieux frais et ombragés. Sa chenille se nourrit sur les
choux, sur le thlaspi et la capselle.
6. Piér. callidice, Pier. callidice, Hubn.
Celle Piéride fréquente tout l'été les pelouses alpines, le bord
des ravins frais et ombragés. Sa chenille vil sur les crucifères.
7. Piér. de la Bryone, Pier. Napi, Hubn.
M. Godart ayant toujours vu ce Lépidoptère sur les mon-
PAPILLONS. 835
lagnes alpines, et le trouvant plus petit que ïeCallidice, avec
lequel il a beaucoup de rapport, le considéra comme une
espèce nouvelle, et le nomma Brionia.
8. Piér. du navet, Fier, napi, Lin.
Vuljj. Blanc veiné de vert.
Celte espèce est commune dans les prairies et les bois pendant
toute la belle saison. Sa chenille vit sur le navet, les résédas,
l'arabèle.
9. Piér. du chou, Pier. brassicœ, Lin.
Vulg. Grand Papillon du chou.
Très-commun partout, dans la belle saison, dans les jardins
et les champs. Sa chenille dévore les carrés de toutes espèces
de choux.
10. Piér. de la rave, Pier. rapœ, Lin.
Vuljf. Petit Pan. blanc du chou.
Aussi commun que le précédent, et dans les mêmes lieux.
Sa chenille vit sur les navels.
11. Piér. gazé, Pier. cratœgi, Lin.
Ce Papillon commence à paraître vers la fin de mai. Il est très-
commun en juin et juillet sur les coteaux des montagnes moyennes
et dans les prairies el les clairières des bois. Sa chenille vit sur
l'aubépine et sur le cerisier odorant.
12. Piér. de la moutarde, Pier. sinapis, Lin.
Vulg. Papillon lilauc de lait.
Commun au pied de loules nos montagnes, sur les prés et les
champs frais, au printemps et en été. Sa chenille vit sur les
lotiers et sur la gesse des prés.
Genre Libythée, Libylhea, Fab.
1. Lib du micocoulier, Lib. cellis, Fab.
836 HISTOIRE NATURELLE.
Ce joli Lépidoptère est très-commun aux environs de La
Roca et de Sorède, dans les endroits frais des ravins. Il paraît à
la fin de mai, et à la seconde époque fin août. Sa chenille vit sur
le micocoulier (celtis australis), cultivé en grand dans les gorges
de ces montagnes.
Genre Argine, Arginis, Fab.
1. Arg. cynara, Arg. cynara, Fab.
Vulj Le Cardinal, la Pandore.
Grande et belle espèce, rare dans les environs de Perpignan,
fort commune dans la vallée de Sainl-Laurent-de-Cerdans, et qui
paraît aux mois de juin et de juillet. Sa chenille vil sur le chêne;
le papillon se pose et butine sur les chardons.
2. Arg. tabac d'Espagne, Arg. paphia, Lin.
Belle espèce, commune sur tous les plateaux des régions alpi-
nes, dans les lieux frais et ombragés; elle descend peu dans
la plaine. On la prend avec facilifé sur les fleurs des ronces et des
chardons où elle aime à se poser; elle parait à la fin de juin et
reste jusqu'à la mi-août. Sa chenille vit sur le framboisier et sur
la violelle.
3. Arg. Aglaé, Arg. Aglaia, Lin.
Yulg. Le grand nacré.
Nous trouvons ce Papillon dans les mêmes localités que le pré-
cédent. Il paraît en juin et juillel, et se pose aussi sur les mêmes
fleurs. Sa chenille vil sur les mêmes plantes.
4. Arg. Adippé, Arg. Adippe, Esp.
Ressemble, en dessus, à Y Aglaé. Elle paraît en juillet et août,
el habite les mêmes régions que les deux précédentes espèces.
Sa chenille vit sur la violette et la pensée sauvage.
5. Arg. Niobé, Arg. Niobe, Lin.
PAPILLONS. 837
Ce Papillon est caractérisé par les taches noires de la côte des
premières ailes, qui représentent le nombre 1376; il paraît en
juillet, août cl septembre, el habite les régions alpines. Sa che-
nille vit sur les plunlius et sur lu pensée.
G. Arg. petit nacré, Arg. lalhonia, Lin.
Ce Papillon parait au printemps et au mois de septembre. Il
est commun partout: dans les prairies, les chemins herbeux, les
vignes de toute la plaine el des basses montagnes; il se pose sur
les fieurs ct'à lerre. On le prend sans peine. Sa chenille vit sur
la bourrache et le sainfoin.
7. Arg. Daplmé, Arg. Daphne, Fab.
Vnljf, l.a [j ran île violelle.
Paraît en juin et juillet. Se trouve sur les pelouses des mon-
tagnes moyennes; est facile à saisir.
8. Arg. Ino, Arg. Ino, Herbst.
Paraît à la même époque que la précédente el dans les mêmes
localités. On l'a confondue longtemps avec la Daphné; elle est
plus petite cependant.
9. Arg. amathuse, Arg. amalhusia, Fab.
Paraît au mois de juillet, et se tient près des ravins boisés
des montagnes moyennes, sur les prairies des environs. Sa che-
nille vit sur la renouée.
10. Arg. petite violette, Arg. dia, Lin.
Ce Papillon paraît deux fois : en mai et juin, et en août et
septembre. Il est commun dans les bois et les prairies des basses
montagnes. Sa chenille vit sur les plantes des violettes.
11. Arg. paies, Arg. pales, Fab.
Espèce paraissant en juin et en août. C'est toujours sur les
838 HISTOIRE NATURELLE.
parties élevées de nos montagnes qu'il faut aller la prendre. Elle
rase le sol en volant, est difficile à saisir, son vol étant rapide.
12. Arg. séléné, Arg. selene, Fab.
Vul{j. Petit collier argenté.
Paraît deux fois, en juillet et en septembre. Elle est commune
sur les coteaux des basses montagnes, toujours sur les pelouses
et sur les plantes des bords des ravins.
13. Arg. collier argenté, Arg. euphrosyne, Lin.
Ce Papillon paraît deux fois, au commencement de mai et en
août. Il se plaît dans les prairies sèches de toute la plaine, sur
les bords des champs arides. Il se pose à terre et sur les fleurs,
en étendant ses ailes. Il n'est pas difficile à prendre. Sa chenille
se nourrit de feuilles de violeltjas.
14. Arg. hécate, Arg. hernie, Fab.
Vulg. Agave.
L'Hécate paraît en juillet et août, et se trouve sur les prairies
sèches du pied (le nos montagnes; elle y est assez abondante.
15. Arg. aphirape, Arg. aphirape, Hubn.
Cette Argine est plus alpine. Elle paraît en août et on la prend
sur les pelouses des parties élevées de nos montagnes : au Randé,
au bas de Costa-Bona (rare).
16. Arg. didyma, Arg. didymœ, Encycl. Meth.
Ce Papillon paraît en juillet. On le trouve dans les basses régions
de nos montagnes, sur les pelouses et les bois, au bas de la vallée
de Valmanya, à La Preste, à Sainl-Marlin-du-Canigou. Sa chenille
vit sur les linaires et sur l'armoise.
17. Arg. cinxia, Arg. cinxia, Lin.
Parait deux fois, en mai et août. Elle est commune dans toutes
PAPILLONS. 839
les montagnes moyennes, et se plaîl, le matin, sur les fleurs
des prairies et des haies. On la prend à Montoriol, à Oms, à
Sainl-Laurent-de-Cerdans. Sa chenille vit sur les planlins et
sur la véronique.
18. Arg. Phœbé, Arg. Phœbe, Fab.
Viilj;. Le j;ran<l damier.
Ce Papillon fréquente les bois des basses régions, la base des
Albères et de la monlagne de Céret; nous le voyons aussi dans la
vallée du Réart, vers le Mas LHnas. 11 parait deux fois, en juin
et septembre. Sa chenille vit sur les centaurées.
19. Arg. Alhalie, Arg. Athalia, Esper.
Vulf». Le damier.
Cette espèce paraît deux fois, dans le mois de mai et fin juillet.
Elle se plaît dans les endroits frais et ombragés des coteaux de nos
montagnes : Saint-Paul, Caudiès et le bois des Fanges. Sa chenille
vit sur les plantins.
20. Arg parthénie, Arg. parthenie, Borkh.
Paraît aussi deux fois, en mai et fin août. Elle se plaît sur les
coteaux arides des basses montagnes, la butte de Sainl-Ferréol,
près de Céret, et toutes les collines environnantes. Sa chenille
se nourrit sur les plantins.
21. Arg. dictynne, Arg. diclynna, Esp.
Cette Argine est tout-à-fait alpine. Nous la trouvons voltigeant
sur les plateaux supérieurs, vers la lin de juillet et août, à Costa-
Bona, nu Pla Quillem, au sommet de Prats-Balaguer, au Llaurenti .
22. Arg. malurne, Arg. maturna, Fab.
Cette espôcea été regardée pendant longtemps comme une variété
de YAthalie. Elle ne parait qu'une seule fois, iîn juillet et août.
Elle se plaît dans les gorges sombres des montagnes moyennes,
et dans les prairies humides près des ravins. Sa chenille vit sur
le saule marceau, la soabieuse, le tremble.
840 HISTOIRE NATURELLE.
23. Arg. artémis, Arg. artemis, Fab.
Ce tout petit Papillon paraît à la fin de mai. Il est commun sur
les pelouses des basses montagnes du centre du déparlement, et
se plaît aussi dans les clairières des bois de ces mêmes régions.
Sa chenille vit sur les scabieuses et sur les plantins.
24. Arg. lucine, Arg. lucina, Lin.
Petit Papillon tout-à-fait alpin. Il paraît au mois de juillet
sur les sommets les plus élevés de nos montagnes. Il est
commun entre La Preste et La Tour de Mir, aux abords des
étangs de Carença, cl sur les plateaux de loutc la chaîne. Il vole
en rasant les pelouses, et se pose par intervalles. Il est difficile à
saisir. Sa chenille vit sur le bouleau et les saules.
Genre Vanesse, Vanessa, Fab.
1. Van. C blanc. Van. C album, Lin.
Vuljf. Gamma.
2. Van. L blanche, Van. L album, Hubn.
Ces deux Vanesses se ressemblent beaucoup en dessus. Ce qui
les distingue, c'est la lettre blanche sur le fond très-obscur des
ailes inférieures. Elles paraissent aux mêmes époques(en marsjus-
qu'en septembre); souvent même on les trouve en hiver. Elles sont
communes partout dans la plaine et sur les montagnes moyennes.
Elles aiment les bois elles haies où sont de grands arbres; elles se
posent sur les souches, et on les prend avec facilité. Leurs che-
nilles vivent sur le noisetier, le chèvrefeuille, le houblon et l'ortie.
3. Van. grande tortue, Van. polychloros, Lin.
Ce beau Papillon paraît de très-bonne heure, au premier prin-
temps, et on le voit en été et en automne. Il se pose sur les arbres
d'où suinte la sève par une plaie de la souche. Il est commun
partout, et n'est pas difficile à prendre. Sa chenille vit sur le
rbène, l'orme, le saule et les arbres à fruit.
PAPILLONS. 841
-i. Van. tortue moyenne, Van. xanthomelas, Fabr.
Ce Papillon est un peu plus petit que le précédent. Ils se res-
semblent beaucoup, et il faut avoir de la bonne volonté pour
accepter la Tortue moyenne, comme espèce distincte. Elle paraît
à la môme époque et dans les mêmes lieux.
5. Van. petite tortue, Van. urticœ, Lin.
Ce fort joli Papillon est commun dans toute la plaine et sur
les premiers contreforts de nos montagnes. Il paraît de très-
bonne heure, au printemps, et nous le voyons jusqu'à l'automne;
il aime à se tenir dans les sentiers ombragés. Sa chenille vit sur
l'ortie, et lorsqu'on la rencontre, c'est toujours en grand nombre.
6. Van. morio, Van. morio, Lin.
Ce superbe Papillon, que nous voyons voltiger dans nos champs,
les jardins et les vergers presque toute l'année, se pose sur les
branches des arbres, et on le prend avec la plus grande facilité.
Si on le manque, il ne faut pas le poursuivre, car il ne tarde pas
à revenir au même endroit. Sa chenille vit sur le saule, le peu-
plier, l'orme et le bouleau.
7. Van. paon du jour, Van. io, Lin.
Ce Papillon est fort commun pendant la belle saison et même
en hiver. Il se plaît dans les chemins ombragés de grands
arbres, dans toute la plaine; il se repose sur les souches, et on
le prend avec facilité. Sa chenille vit en société sur les orties et
sur le houblon.
8. Van. Vulcain, Van. alalanta, Lin.
Vulg. L'amiral.
Comme le précédent, on trouve ce Papillon dans les mêmes
lieux, et aux mêmes époques; il est commun partout. Sa eheiiilln
vit sur les orties.
842 HISTOIRE NATURELLE.
9. Van. belle-dame, Van. cardui, Lin.
La Belle-Dame paraît de très-bonne heure et reste toute la
belle saison; on la voit même en hiver. Ce Papillon est très-
commun partout. Sa chenille est quelquefois en si grande abon-
dance, que lorsqu'elle a tout dévoré dans la campagne, elle se
jette en masse dans les jardins et détruit le jardinage : c'est
un véritable fléau. Dans les temps ordinaires, la chenille vit sur
les chardons.
40. Van. carte géographique fauve, Van. levana, Lin.
H. Van. carte géographique brune, Van. prorsa, Lin.
Ces deux espèces paraissent à la même époque, dans le com-
mencement du printemps. Elles aiment les lieux solitaires et
humides, les bois fourrés du pied des montagnes; elles se lais-
sent prendre avec facililé. La chenille vit sur l'ortie dioïque.
On trouve une variété, qu'on a nommée Carte géographique
rouge, et dont ou ne peut pas préciser la chenille qui lu produit.
Genre Nymphale, Nymphalis, Lin.
1. Nym. jasius, Nym. jasius, Lin.
Ce beau Papillon paraît deux fois : dans les premiers jours de
juin et pendant le mois de septembre. On le trouve communément
dans les bois d'arbousiers ( arbutus unedo, Lin. ) de la métairie
Limas, près Monloriol. Il aime à se poser sur les troncs des arbres,
lorsque quelque plaie laisse suinter la sève; il est facile à prendre.
Il ne faut pas le poursuivre, car alors il vole très-haut. La chenille,
qui vit sur l'arbousier, s'y trouve très-abondante. On l'élève faci-
lement, et on est sûr d'avoir des sujets très-frais et très-beaux.
Ce Papillon vit aussi dans les bois des Corbières, où l'arbousier
est commun: nous l'avons pris à Saint-Anloine-de-Galamus. Un
exemplaire fut pris au territoire de la Llabanère, près Perpignan.
C'est le seul sujet que nous ayons vu dans la plaine.
PAPILLONS. 843
2. Nym. grand Sylvain, Nym. popidi, Lin.
Il parait en juin, et se tient dans les parties de nos basses
montagnes où abondent les arbres de haute futaie : les trembles,
les peupliers blancs et noirs; sa chenille en dévore les feuilles.
On le prend facilement lorsqu'il est posé sur les fientes des ani-
maux. Par une sombre matinée, on est certain d'en faire une
ample provision. 11 est commun au pied des Albères et à la mon-
tagne de Cérel, près d'Estoher et dans les gorges des environs.
ô. Nym. petit Sylvain, Nym. sibilla, Lin.
i. Nym. Sylvain azuré, Nym. camilta, Fab.
o. Nym. Sylvain cénobite, Nym. lucilla, Lin.
Ces trois espèces aiment les endroits frais, humides et ombragés
des ravins des basses montagnes. Elles paraissent en juin, aux envi-
rons de Nolre-Dame-de-Consolation et dans beaucoup de gorges
des Albères. Leur chenille vit sur le chèvrefeuille.
Les Sylvains grand et petit Mars, ne sont pas de nos parages.
Genre Satyre, Satyrus, Lin.
i. Sat. silène, Sat. circe, Fab.
2. Sat. sylvandre, Sat. hermione, Lin.
Ces deux espèces vivent dans les forêts des basses montagnes;
elles aiment les parties ombragées et fraîches. Elles paraissent en
jnin et juillet, et se posent sur les fleurs des bords des ravins: on
peut les prendre facilement. Leur chenille vit sur les graminées.
5. Sat. hermite, Sat. briseis, Lin.
4. Sat. agreste, Sat. semele, Lin.
5. Sat. petit agreste, Sat. arethusa, Fab.
Ces trois espèces sont très-communes sur les bruyères de toutes
les collines arides du département : la Llabanère, Casas-de-Pena,
les Albères, etc. Elles paraissent en juin et juillet. Leurs chenilles
vivent sur les graminées.
844 HISTOIRE NATURELLE.
6. Sat. faune, Sat. fauna, Fab.
7. Sat. actsea, Sat. actœa, Hubn.
8. Sat. Phœdra, Sat. Phœdra, Lin.
9. Sat. blandinia, Sat. blandinia, Fab.
Ces quatre espèces paraissent en juin et juillet. Elles sont
communes sur les glacis de la ville et de la citadelle de Perpignan,
el dans toutes les parties arides de la plaine et des montagnes
inférieures. Leurs chenilles vivent à lerre sur les graminées.
10. Sat. fidia, Sat. fidia, Lin.
11. Sat. neomiris, Sat, neomiris, Godart.
12. Sat. trislan, Sat. hyperanlhus,. Lin.
13. Sat. bacchante, Sat. dejanira, Lin.
Ces quatre espèces paraissent en juin; elles sont de courte
durée, excepté le Trislan, qui dure tout l'été. Jolies habitent les
coteaux des régions basses des montagnes, el sont faciles à saisir,
le Bacchante surtout, qui se balance dans l'air el vole par saccades;
elles se posent sur les ronces. Leurs chenilles vivent sur les gra-
minées.
1-4. Sat. céphale, Sat. arcanius, Lin.
15. Sat. mégère, Sat. megœra, Lin.
10. Sat. msera, Sat. mœra, Lin.
17. Sat. amaryllis, Sat. tithonius, Lin.
18. Sat. myrlil, Sat. janira, Lin.
Nous trouvons ces espèces très-communément dans toute la
plaine, sur les sentiers herbeux et ombragés; elles se reposent
sur la lerre, sur les pierres el sur les ronces. Elles paraissent en
mai et août; le Céphale seulement paraît une seule fois en juillet,
et se trouve sur les coteaux arides des basses montagnes. Leurs
chenilles vivent sur les graminées.
19. Sat. demi-deuil, Sat. galathea, Lin
PAPILLONS. 845
20. Sat. lachésis, Sat. lachesis, Herbst.
21. Sat. Psyché, Sat. Psyché, Hubn.
Ces trois Papillons sont blancs et tachés de lignes et de points
noirs; ils se ressemblent beaucoup en dessus, mais ils se disl li-
guent par le dessous. Ils paraissent à la fin de juin : le Demi-Deuil
sur les plateaux des montagnes moyennes, jamais dans la plaine;
les Lachésis et Psyché, au contraire, sont fort communs dans toute
la plaine; mais le Phsyché est. de courte durée, quinze jours au
plus, et ses stations sont bornées à trois localités : les glacis de
la citadelle de Perpignan, les coteaux de Saint-Sauveur, vers la
glacière, et la butte du Moulin à Vent, près Sainl-Roch.
22. Sat. bryce, Sat. bryce, Hubn.
23. Sat. cordula, Sat. corthda, Fab.
24. Sat. ligea, Sat. ligea, Lin.
Ces trois espèces vivent sur les clairières des forêts des basses
régions; elles paraissent en juillet. Les deux premières se res-
semblent beaucoup, et peuvent facilement être confondues. Le
Ligea offre deux variétés fort remarquables. Toutes se posent sur
les fleurs des buissons, des ronces surtout.
25. Sat. euryale, Sat. euryale, Esp.
2(3. Sat. stygné, Sat slygne, Ochs.
27. Sat. mêlas, Sat. mêlas, Herbst.
28. Sat. aleclon, SA. alecto, Hubn.
Ces Satyres ont des couleurs très-sombres; leurs ailes sont
parsemées de divers points de couleurs claires qui les distinguent
cuire eux. Ils paraissent eu juillet, sont alpins et habitent les
gorges du Canigou. On les trouve sur les sentiers et sur le bord
des ravins. On les prend avec facilité; le malin surtout, lorsqu'ils
sont engourdis par le froid, on peut les saisir sur les fleurs.
29. Sat. gorgé, Sat. gorge, Esp,
840 HISTOIRE NATURELLE.
50. Sat. goanté, Sat. goante, Fab.
51. Sat. epiphron, Sat. epiphron, Fab.
52. Sat. céto, Sat. ceto, Hubn.
55. Sat. arachné, Sat. arachne, Fab.
Ce sont des Satyres très-alpins, qu'on trouve pendant le mois de
juillet dans les gorges des montagnes les plus élevées. Leurs ailes
sont très-sombres, parsemées de points ou jaspées en dessous;
ils sont tous de la même taille, et on les confondrait très-facilement
si on n'y apportait la plus grande attention. Quelques espèces sont
moins abondantes.
54. Sat. pyrrha, Sat. pyrrha, Fab.
55. Sat. cassiope, Sat. cassiope, Fab.
56. Sat. mélampus, Sat. melampus, Esp.
57. Sat. dromus, Sat. cleo, Hubn.
58. Sat. manto, Sat. manto, Fab.
59. Sat. méduse, Sat. médusa, Fab.
Ces six espèces vivent aussi dans les régions alpines. C'est en
juillet qu'elles paraissent, et qu'il faut aller les chercher sur les
plateaux des hautes montagnes. Le Cleo offre trois variétés que
les points des ailes supérieures distinguent.
40. Sat. Œdipe, Sat. OEdipus, Fab.
41. Sat. ida, Sat. ida, Fab.
42. Sat. bathseba, Sat. bathseba, Fab.
45. Sat. Eudora, Sat. Eudora, Fab.
Moins grandes, avec des couleurs plus tranchantes et plus
agréables, ces quatre espèces sont communes dans la plaine, aux
environs de Perpignan; elles paraissent en juin et juillet. Le
Bathseba, pourtant, fait exception, car il ne descend pas lout-
à-fait dans la plaine, et se tient sur les coteaux et les vignes arides
de Baixas, de Ca$as-de-Pena , etc., etc.
PAPILLONS. 84"
44. Sat. iphis, Se!*, iphis, Wien.
45. Sat. davus, Sut. daims, Fab.
46. Sat. dorus, Sut. duras, Herbst.
47. Sat. corinuus, Sat. corinna, Hubn.
48. Sut. lyllus, Sat. lyllus, Orchs.
49. Sat. pamphile, Sat. pamphilus, Fab.
50. Sat. phileus, Sat. pkileus, Lin.
Plus petites que celles des précédents Satyres, ces sept espèces
paraissent en mai et juillet. Elles se trouvent communément sur
les prairies humides situées au pied des montagnes, et se tien-
nent dans les sentiers, sur la lisière des champs et des prairies
ombragées. Elles sont fort délicates; leurs ailes se froissent faci-
lement, et on doit prendre de grandes précautions pour ne pas
les gâter. Leurs chenilles vivent sur les graminées.
51. Sat. mélibée, Sat. hero, Lin.
52. Sat. pamphile, Sat. pamphilus, Lin.
Ces deux espèces paraissent deux fois, en mai et en juillet.
Le Mélibée se trouve dans les gorges boisées du Canigou, en
montant à la forge de Liée, par la vallée d'Esloher; il se tient sur
les sentiers et se pose sur les fientes. Le Pamphile est un petit
papillon fort délicat, qui fréquente les prairies de la plaine en-
tourées de fortes haies, le long desquelles il se lient de préférence,
et se pose sur les fleurs.
Genre Polyommate, Polyommate.
\. Pol. du marronnier, Pal. œsculi, Illig.
2. Pol. de l'acacia, Pol. acaciœ, Fab.
3. Pol. du prunelier, Pol. spini, Illig.
Se trouvent sur nos garrigues arides. Ils paraissent en juin
et juillet. Ils se ressemblent beaucoup extérieurement; mais on
dislingue bientôt les espèces en examinant le dessous des ailes.
Ils sont fort délicats.
848 HISTOIRE NATURELLE.
4. Pol. du bouleau, Pal. betulœ, Lin.
o. Pol. du prunier, Pol pruni, Lin.
6. Pol. W blanc, Pol. W album, Hubn.
7. Pol. lyncée, Pol. lynceus, Fab.
Ces quatre espèces paraissent en juillet, et se tiennent ordinai-
rement sur les coteaux et dans les bois clair-semés des régions
moyennes. On peut les prendre jusqu'en septembre. Leurs che-
nilles vivent sur le bouleau, le prunier, l'orme, le chêne, etc.
8. Pol. argus, Pol. argus, Scop.
9. Pol. arion, Pol. arion, Lin.
10. Pol. cyllarus, Pol. cyllarus, Fab.
Ces trois espèces, à couleur bleue un peu sombre, et marquées
de quelques points rouges, sont de nos régions basses. Les lieux
secs et couverts de bruyères, les prairies arides, sont ceux qu'elles
préfèrent. Elles paraissent en juin, juillet et août. Leurs chenilles
vivent sur le mélilot, le sainfoin, les genêts.
H. Pol. du chêne, Pol. quercus, Lin.
12. Pol. de la ronce, Pol. rubi, Lin.
15. Pol. agestis, Pol. agestis, Hubn.
Communs sur les sentiers des bois, au pied des montagnes des
Albères, des collines du centre, Casas-de-Pena et Trencada d'Am-
bulla, voltigent sur les ronces et les fleurs. Ils paraissent en juin
et août. Leurs chenilles vivent sur les genêts, les cistes, l'espar-
cette, la ronce.
14. Pol. phlaeas, Pol. phlœas, Lin.
la. Pol. strié, Pol. boelicus, Lin.
16. Pol. amyntas, Pol. amynlos, Fab.
17. Pol. xanlbé, Pol. xanthe, Fab.
Ces quatre espèces paraissent en juin et août; se tiennent sur
les prairies des régions basses, les sentiers et le bord des champs,
PAPILLONS. 849
voltigent sur les ronces et sur les fleurs aux environs de Château-
Roussillon; leurs ailes sont fort délicates.
18. Pol. chryseis, Pol. chryseis, Fab.
19. Pol. hippothoé, Pol. hippothoe, Lin.
20. Pol. de la verge d'or, Pol. virgaureœ, Lin.
21. Pol. corydon, Pol. corydon, Fab.
Les espèces de ce groupe, fréquentent nos prairies de toutes
les régions basses et fraîches, même marécageuses, excepté la
Verge d'or, qui ne s'éloigne guère des régions alpines. Elles parais-
sent en juin et août, voltigent sur les fleurs et s'y posent souvent.
Leurs chenilles vivent sur les patiences, la verge d'or, etc.
22. Pol. Adonis, Pol. Adonis, Fab.
25. P. Alexis ou argus bleu, Pol. Alexis, Hubn.
24. Pol. segon, Pol. œgon, Hubn.
25. Pol. hylas, Pol. hylas, Fab.
26. Pol. euphemus, Pol. euphemus, Hubn.
27. Pol. acis ou demi argus, Pol. acis, Fab.
28. Pol. argiolus, Pol. argiolus, Lin.
Les espèces de cette section, à ailes excessivement délicates,
d'un bleu azuré, se ressemblent beaucoup. Leurs différences se
trouvent au-dessous des ailes ; sans cela on les confondrait On
les rencontre, pendant tout le beau temps, sur les fleurs des
prairies et des champs de la plaine et des montagnes moyennes;
quelques-unes voltigent sur les buissons : Y Argiolus et WEgon
sont de ce nombre. En général, leurs chenilles vivent sur les
genêts, les nerpruns, le sainfoin, le fraisier, etc.
29. Pol. méléagre, Pol. meleager, Fab.
50. Pol. damon, Pol. dam on, Fab.
51. Pol. hellé, Pol. belle, Illig.
52. Pol. hiéré, Pol. hiere, Fab.
Tour, m. o4
850 HISTOIRE NATURELLE.
33. Pol. gordius, Pol. gordius, Esp.
Ces jolis Polyommatcs paraissent en mai et juillet; se tiennent
dans les prairies ombragées de la plaine et des premiers coteaux
des montagnes, et butinent sur les fleurs des haies. Ils sont très-
délicats et couverts d'écaillés chatoyantes qui tombent au moindre
frottement, ce qui enlève leur fraîcheur. On doit prendre de
grandes précautions pour les conserver intacts.
34. Pol. eumedon, Pol. eumedon, Esp.
55. Pol. de l'orpin, Pol. battus, Latr.
36. Pol. optilète, Pol. optilete, Fab.
ou Argus bleu lurquin.
37. Pol. orbitule, Pol. orbitulus, Latr.
58. Pol. phérétés, Pol. alis, Latr.
59. Pol. alcon, Pol. alcon, Fab.
40. Pol. alsus, Pol. alsus, Fab.
Celte série se compose de Papillons de petite taille, ayant le
dessus des ailes d'un bleu plus ou moins clair, et le dessous orné
de taches, de lignes, de points, noirs, blancs, bleus, rouges,
diversement groupés, qui leur donnent un faciès agréable. Ils
paraissent en juillet et août, el se tiennent ordinairement sur les
pelouses alpines; quelques-uns même sur les sommets de nos
montagnes. Le Phérétés, qui est très-rare, est de ce nombre,
ainsi que Y Optilète, qui est fort joli et très-petit; Y Orbitulus l'est
moins. Leurs chenilles vivent de graminées.
41. Pol. evipus, Pol. evipus, Hubn.
42. Pol. telicanus, Pol. telicanus, Latr.
45. Pol. thersamon, Pol. thersamon, Fab.
44. Pol. eurydice, Pol. eurydice, Esp.
De ces quatre Polyommates, deux sont communs sur les prairies
et les luzernes de la plaine; ils butinent sur toute sorte de fleurs:
ce sont Y Evipus et le Telicanus, qui est fort joli, excessivement
PAPILLONS. 851
délicat, difficile à préparer, et l'un des plus petits de ce genre;
Y Eurydice et le Thersamon, au contraire, sont très-alpins et fré-
quentent le^ pelouses élevées des montagnes, et les environs des
jasses où se réunissent les bestiaux: ils butinent sur les framboi-
siers de ces régions, et sur les plantes des bords des torrents. Tous
les quatre paraissent de juin à la fin d'août.
Genre Hespérie, Hesperia, Fab.,
Plébéiens, Urbicoles, Lin., les Estropiés, Geoff.
1. Hesp. miroir, Hesp. aracinlhus, Fab.
2. Hesp. Sylvius, Hesp. Sylvius, Borkh.
o. Hesp. échiquier, Hesp. paniscus, Fab.
Ces trois espèces habitent les bois tourbeux et les prairies
humides des montagnes, presque à la région des pins. Elles se
plaisent dans les clairières, butinent sur les fleurs des cressons
et des saxifrages. On les trouve dès le mois de juin jusqu'à la fin
de juillet.
4. Hesp. comma, Hesp. comma, Lin.
o. Hesp. plain-chant, Hesp. tesselum, Hubn.
6. Hesp. actéon, Hesp. actœon, Hubn.
7. Hesp. du sida, Hesp. sidœ, Fab.
Vulg. Le chamarré.
8. Hesp. de la mauve, Hesp. malvœ, Fab.
9. Hesp. de la guimauve, Hesp. altheœ, Hubn.
Les six espèces de cette section se plaisent dans les prairies,
les champs, les routes, et surtout dans les petits sentiers bordés
de ronces et autres plantes de toute la plaine et des basses mon-
tagnes du département. Elles voltigent toujours ras de terre;
se posent sur les gazons, et ne sont pas difficiles à saisir. On les
trouve vers la fin de mai jusqu'à la fin de juillet. Leurs chenilles
se nourrissent de graminées et de malvacées.
852 HISTOIRE NATURELLE.
10. Hesp. fritillaire, Hesp. fritillum, Fab.
H. Hesp. sao, Hesp. sao, Hubn.
12. Hesp. de la lavaterre, Hesp. lavaterrœ, Latr.
13. Hesp. bande noire, Hesp. linea, Fab.
\A. Hesp. Sylvain, Hesp. sylvanus, Fab.
15. Hesp. du chardon, Hesp. alveolus, Hubn.
16. Hesp. grisette, Hesp. tages, Lin.
Les Papillons de cette section, sont communs dans toutes les
gorges des basses montagnes du centre du département. Ils recher-
chent les endroits frais et ombragés; ils paraissent généralement
vers la tin du mois de mai, et on les voit encore fin août. Ils bu-
tinent sur les fleurs, et notamment sur les ronces, dans les
clairières des bois et les sentiers bien couverts. Leurs chenilles
vivent sur les chardons et sur les graminées.
DEUXIÈME FAMILLE.
Crépusculaires , Crepuscularia.
Première Triru.
Sphingides, Sphingides.
Genre Sphinx, Sphinx, Latr.
1. Sph. du laurier rose, Sph. nerii, Lin.
Très-rare dans le département; sa chenille vit sur le laurier
rose (nerium oleandeiy).
J'avais cueilli, l'an dernier, des jets fleuris de cet arbrisseau,
que j'avais mis dans un vase. Trois jours après, je m'aperçus que
les fleurs étaient dévorées, et que beaucoup de fiente était ré-
pandue sur la console où ils étaient placés. En examinant de
plus près, je vis une belle chenille, qui ne tarda pas à se méta-
morphoser. J'en obtins, peu de jours après, un très-beau
papillon. C'est la seule fois que j'ai pris ce Sphinx dans le pays;
cependant, on l'y a trouvé en plusieurs circonstances.
PAPILLONS. 853
2. Sph. à tète de mort, Sph. atropos, Lin.
Est très-commun. Son apparition a lien en juin, juillet et août.
Sa chenille vit sur la pomme de terre; elle mange aussi plusieurs
autres plantes.
5. Sph. du troène, Sph. Ugustri, Lin.
Paraît au printemps. Sa chenille vit sur le troène, le lilas,
l'auréole commune (daphne laureola). Ce beau Papillon fournit
plusieurs variétés, qui se distinguent par les couleurs plus ou
moins vives des ailes.
i. Sph. à cornes de bœuf, Sph. convolvuli, Lin.
Il est très-commun pendant l'été et l'automne; au crépuscule,
il butine sur les fleurs, surtout sur le datura stramonium; on le
prend sans nulle difficulté. Sa chenille vit sur les liserons.
o. Sph. du pin, Sph. pinastri, Lin.
Ce Sphinx n'est pas très-commun. On se le procure toutefois
en cherchant au pied des pins. Sa chenille s'y cache pour se
métamorphoser, et vif en général sur les pins et surtout sur
le pin de Corse.
6. Sph. du tithymale, Sph. euphorbiœ, Lin.
Très-commun au printemps et à la fin de l'été. Il butine sur
les fleurs des parterres et sur la saponaire, qui végète au bord
des fossés de toute la contrée. Sa chenille vit sur toutes les
euphorbes, mais principalement sur l'euphorbe à cyprès (euphor-
bia cyparissias, Lin.).
7. Sph. de Nice, Sph. Nicea.
Ce Papillon est d'un tiers plus grand que celui du Tithymale,
avec lequel il a les plus grands rapports par ses couleurs, excepté
qu'elles sont un peu plus vives. Sa chenille vit sur le daphne
mezereum.
854 HISTOIRE NATURELLE.
8. Sph. de la garance, Sph. gallii, Hubn.
9. Sph. livournien, Sph. lincata.
Ces deux Sphinx paraissent de bonne heure, au premier prin-
temps, et reparaissent ensuite en août et septembre. Ils butinent
sur les fleurs pendant le crépuscule : ils sont abondants. Leurs
chenilles vivent sur la garance, sur le gaillet jaune (galium verum,
Lin.) et sur le laitron des champs (sonchus arvensis),
JO. Sph. phénix, Sph. celerio, Lin.
11. Sph. de la vigne, Sph. elpenor, Lin.
On trouve presque toujours ces deux jolis Sphinx dans la
belle saison, butinant sur toute sorte de fleurs, surtout sur les
campanulacées et sur les saponaires. Le Celerio est néanmoins
plus rare. Leurs chenilles vivent sur l'épilobe et ses variétés, sur
la salicaire, le gaillet jaune et sur la vigne.
12. Sph. petit pourceau, Sph. porcellus, Lin.
ou Petit île la vigne .
Ce Sphinx n'est pas très-commun; il paraît en juin et butine
aussi sur toute sorte de fleurs. Sa chenille vit sur diverses plantes,
mais en particulier sur le gaillet jaune.
Le Sphinx de l'énothère n'a pas été observé dans les Pyrénées-
Orientales. Sa chenille pourtant vit sur les épilobes, plantes assez
communes dans les ravins de nos montagnes. Peut-être qu'on
n'est pas allé sur les lieux au moment de l'apparition de ce
Papillon, et qu'il passe ainsi inaperçu.
15. Sph. rnoro-sphinx, Sph. slellatarum, Lin.
En eatal. Bufe forais (souffle Irons).
On ne devrait pas considérer ce Sphinx comme crépusculaire;
car on le voit voltiger partout, en plein jour, dans les champs,
dans les jardins, dans les maisons, et en tout temps. Sa chenille
vit sur les gaillets, surtout sur le jaune.
PAPILLONS. 855
14. Sph. fuciforme, Sph. fuciformis, Lin.
15. Sph. bombiliforme, Sph. bombiliformis, Fab.
Ces deux espèces sont beaucoup plus rares que les autres du
genre. Nous les prenons quand elles butinent sur les fleurs, au
crépuscule du soir. Leurs chenilles vivent sur les chèvrefeuilles,
les scabieuses, les gaillets.
Genre Smérinthe, Smerinthe.
i. Sniér. du tilleul, Smer. Ulliœ, Lin.
On prend rarement les papillons de ce genre voltigeant sur
les fleurs. Le jour, ils se tiennent cramponnés sur la souche
des arbres, et toujours du côté opposé au vent. On se les
procure au pied des arbres où l'on trouve la chenille qui
s'y est métamorphosée. La chenille du Smérinthe du filleul
vit sur le tilleul, sur l'orme et sur le marronnier d'Inde. Cette
espèce a plusieurs variétés, remarquables par les diverses cou-
leurs qui décorent les ailes et le corps de l'animal.
2. Smér. demi paon, Smer. ocellata, Lin.
ou du saule,
5. Smér. du peuplier, Smer. populi, Lin.
Ces deux jolis Sphinx sont très-paresseux, et on les voit rare-
ment voltiger. On les trouve à la campagne, attachés aux souches
des arbres, et l'on s'en empare facilement. Leurs chenilles vivent
sur le saule, l'osier, le pécher, l'amandier et sur divers peupliers.
i. Smér. du chêne, Smer. quercûs, Lin.
Ce Smérinthe est aussi très-paresseux; il est fort rare. On le
trouve collé sur l'écorce raboteuse du chêne dans les contrées
où cet arbre est cultivé. Je l'ai pris dans les environs de Thuir,
et sur les terres de la métairie de la Grange, située au pied des
Albères, où cet arbre abonde. C'est vers la fin de juillet qu'on se
le procure.
856 HISTOIRE NATURELLE,
LesSphinxvespertilio ethippophae n'ont pas été observés
dans ce département.
Deuxième Tribu.
Zigénides , Zigenides , Latr.
Genre Sésie, Sesia, Fab.
1. Ses. apiforme, Ses. apiformis, Fab.
2. Ses. asiliforme, Ses. asiliformis, Fab.
3. Ses. vespiforme, Ses. vespiformis, Fab.
4. Ses. culiciforme, Ses. culiciformis, Fab.
5. Ses. formiciforme, Ses. formiciformis, Lesp.
6. Ses. tipuliforme, Ses. Upuliformis, Lin.
Ce genre est très-nombreux, et contient vingt espèces. Ces
Papillons butinent sur les fleurs, ressemblent aux Abeilles, et
l'on hésite à les saisir. Mais, pendant les fraîches matinées du
printemps, avant que le soleil ne les ait réchauffés; quand ils
sont posés sur la souche des arbres ou sur les plantes, on peut
alors s'en emparer avec facilité. La chenille vit sur les saules,
les peupliers, le millepertuis, le prunier, le pommier, les gro-
seillers. C'est dans les jardins surtout que nous les trouvons.
Genre Thyris, Thyris.
1. Thyr. ienestrée, Thyr. fenestrina, Fab.
Ce tout petit et fort joli Papillon se trouve, au printemps^
voltigeant dans les jardins; il se pose sur les fleurs, des om-
bellifères surtout. Sa chenille vit sur la laitue.
Genre Zigène, Zigœna , Fab.
4. Zig. de la filipendule, Zig. filipeudulœ, Fab.
2. Zig. peucédan, ■ Zig. peucedani, Lin.
PAPILLONS. 857
Ces deux Zigènes vivent dans les prairies de la plaine. On les
voit posées sur les fleurs, et on les saisit avec la plus grande
facilité lorsque le temps est sombre. La Peucedani offre plusieurs
variétés qui se distinguent par la manière dont les taches des
ailes sont disposées. Leurs chenilles vivent sur la véronique, les
trèfles, le peucédan officinal. On les trouve en juin et juillet.
o. Zig. du chèvre-feuille, Zig. lonicerœ, Hubn.
4. Zig. de l'hippocrèpe, Zig. hippocrepidis, Ochs.
Les prairies alpines sont fréquentées par ces deux belles espèces :
les gorges du Randé au Canigou, le bas de Costa-Bona, sont les
localités où nous les trouvons le plus communément. Elles se
posent sur les fleurs des prairies, et sur celles qui croissent au bord
des ravins. Leurs chenilles vivent sur les lotiers, les chèvrefeuilles,
les astragales et l'hippocrèpe.
5. Zig. du cytise, Zig. cytisi, Hubn.
6. Zig. de l'artichaut, Zig. cynarœ. Ochs.
La première de ces Zigènes se trouve dans les environs do
Villefranche, dans les fourrés de la Trencada d'Ambulla, et à mi-
côte de Força-Real: elle est d'un bleu-violet, avec des taches
rouges oblongues sur les ailes ; la seconde, dans les prairies des
environs de Canet. Elles paraissent en juin et juillet.
7. Zig. spardéon, Zig. spardeon, Ochs.
8. Zig. rhadaraanthe, Zig. rhadamanthus, Ochs.
9. Zig. de la lavande, Zig. lavandulœ, Fab.
Ces trois espèces vivent dans des localités bien différentes : la
Spardéon se trouve répandue sur la montagne de Céret, dans
les prairies du Mas Companyo et du Mas Garol, avant d'arriver
à la limite du bois communal; la Rhadamanthe , sur les
champs et prairies des basses Albères; la Lavande, sur la mon-
tage de Finestret et aux environs de Conat, sur la roule de la
Font deComps. On se les procure en juillet et août.
858 HISTOIRE NATURELLE.
10. Zig. du sainfoin, Zig. hedysarœ, Ochs.
M. Zig. du Languedoc, Zig. Occitanica, Ochs.
12. Zig. de la bruyère, Zig. fausta, Lin.
La Zigène du sainfoin buline les fleurs des fraîches prairies
de la plaine: on la trouve dès le commencement de juin;
celle du Languedoc, les fleurs des sentiers des champs et
prairies entre Arles et Saint-Laurent-de-Cerdans; celle de la
Bruyère, butine dans les lieux arides des garrigues de Baixas,
Casas-de-Pena et Força-Real. (Test toujours en juin et juillet
qu'on les rencontre en plus grand nombre.
Genre Syntomis, Syntomis.
1. Syn. phegea, Syn. phegea, Fab.
La Phegea à couleur violette, marquetée de blanc, est la plus
grande de cette tribu; elle se trouve dans les prairies situées au
pied du Canigou. Nous l'avons prise dans les deux vallées du Tech
et de La Tet; mais toujours très-près de la montagne, et pas en
très-grande abondance. Sa chenille vit sur la scabieuse, le planlin
et le pissenlit.
Genre Procris, Procris, Fab.
1. Pro. de la statice, Pro. stalices, Fab.
2. Pro. de la globulaire, Pro. globularia, Esp.
Ces deux espèces, dont une pourrait bien être une variété de
l'autre, car leur différence n'est pas très-sensible, vivent sur les
plantes des lieux arides qui couronnent le plateau qui sépare
Prades de Rabouillet, et où vit en abondance la statice armeria,
Lin. On les trouve dans tous les environs de ce plateau en juillet
et août.
5. Pro. du prunelier, Pro. pruni, Fab.
Cette espèce est fort commune dans les environs de Perpignan.
On la trouve sur les haies du ruisseau et des vignes de Malloles,
PAPILLONS. 859
du Sarrat de las Guillas et du Sarrat d'en Vaquer, où abonde le
prunus spinosa , Lin. En août, en frappant sur les buissons
fourrés de cette plante, on en fait sortir beaucoup.
Genre Aglaope, Aglaope.
1. Agi. des haies, Agi. infausta, Fab.
Les haies où le houblon abonde, servent de gîte à ce Papillon.
On le trouve en grand nombre à la pépinière de Perpignan, et au
bord des champs et des vignes du Moulin d'en Yifjnals. 11 faut le
faire sortir en battant les haies, car il est très-paresseux.
Genre Stigie, Stigia, Drap.
1. Sti. australe, SU. australis, Drap.
M. Farines a trouvé, le premier, ce joli petit papillon dans les
environs de notre ville. M. Duponchel l'avait pris entre Argelès
et Collioure. Nous avons découvert sa chenille, qui vil dans l'in-
térieur de la tige de Yechium vulgare, plante commune dans les
environs de Perpignan; elle se métamorphose en août.
TROISIÈME FAMILLE.
Nocturnes, Nocturnœ.
Première Tribu.
Bombiciles, Bombicites , Hubner.
Genre Hépiale, Hepiale, Fab.
1. Hép. du houblon, Hep. humuli, Fab.
2. Hép. hecta, Hep. hectus, Fab
5. Hép. louvette, Hep. lupulinus, Fab.
On ne peut se procurer les Hépiales, qu'en les chassant des haies
où ils se tiennent dans le jour. Celui du Houblon paraît en juin et
juillet, et se montre en abondance sur les buissons de la pépinière
de Perpignan ; VHeeta vit sur les buissons des alentours de Gbn-
860 HISTOIRE NATURELLE.
solation : il paraît en grand nombre en juillet et août; on
trouve le Lupulinus en juin sur les châtaigniers des montagnes
de Céret, d'Arles et de Saint-Laurent-de-Gerdans.
Genre Cossus , Cossus.
1. Cos. sylvine, Cos. sylvina, Lin.
2. Cos. gâte-bois, Cos. ligniperda, Fab.
Ces Lépidoptères volent peu dans le jour; on les trouve sur
les souches des arbres, sur les murs, et on s'en empare sans diffi-
culté. La Sylvine offre trois variétés différentes, selon la couleur
des ailes inférieures ; la Gâte-Bois vit dans l'intérieur des chênes
et des frênes : sa chenille passe trois ans dans l'intérieur de ces
arbres.
Genre Zeuzère, Zeuzere.
1. Zeuz. du marronnier, Zeuz. esculi, Fab.
Viiljj. La roquette.
On trouve ce joli Papillon, au printemps, sur la souche des
arbres. Sa chenille vit dans l'intérieur des frênes; quand elle est
en nombre sur le même arbre, elle le fait périr. C'est ainsi que
sont morts les arbres de la roule d'Espagne et de la route de
Prades, aux portes de Perpignan.
Genre Bombix, Bombix.
i. Boni, grand paon, Boni, pavonia major, Lin.
Ce beau Papillon, le plus grand des Bombix d'Europe, n'est pas
rare dans le pays; il parait en mai. Sa chenille vit sur toute sorte
d'arbres. Pour posséder le papillon frais, il faut se procurer le
cocon, en le recherchant au pied des arbres, à la fin de l'été.
Le papillon éclot en mai; la chenille est très-belle.
2. Bom. moyen paon, Boni, pavonia média, Fab.
3. Bom. petit paon, Bom. pavonia minor, Lin.
i. Bom. tau, Bom. tau, Fab.
PAPILLONS. 861
Si l'on veut avoir des sujets frais, il faut, comme pour le Grand
Paon, se procurer les chenilles ou les crysalides, qui vivent sur
le prunier sauvage, le chêne à kermès, le bouleau, la ronce, le
hêtre; en cherchant au pied de ces végétaux, on y trouve le
cocon. Dès le mois d'avril, le papillon sort de sa coque, et on
peut alors prendre quelques sujets dans la campagne; mais ils
laissent toujours à désirer, tandis qu'en s'emparant du cocon ou
de la chenille , on obtient toujours de beaux échantillons.
5. Boni, feuille de chêne, Boni, quercifolia, Lin.
6 Boni, feuille de peuplier, Boni, populifolia, Fab.
7. Boni, feuille de bouleau, Boni, betulifolia, Ochs.
8. Boni, feuille de l'yeuse, Boni, illicifolia, Lin.
C'est aussi sur les souches des arbres où vivent les chenilles
de ces quatre espèces, qu'on prend leur papillon; le cocon
se trouve au pied de l'arbre. Ces Papillons ne volent que
la nuit. Leurs chenilles vivent sur les peupliers, les frênes, le
bouleau, le sorbier des oiseaux, la myrtille, le chêne-vert. Avec
un peu de patience ou d'habitude, on se procure les chenilles ou
les cocons, et on obtient des sujets frais.
9. Boni, du prunier, Bom. pruni, Lin.
10. Bom. du pin, Bom. pini, Lin.
41. Boni, buveur, Bom. poialoria, Lin.
Ces trois espèces viennent au printemps; elles sont assez com-
munes. La première se trouve sur les haies des jardins Saint-
Jacques, et sa chenille vit sur l'orme, sur le prunier; on prend
le B. du pin dans la région où vit cet arbre; le B. buveur est assez
commun sur les haies des champs où vit le roseau; son papillon
se pose sur les feuilles; la chenille se nourrit de diverses gra-
minées. Les deux sexes de cette espèce sont très-différents.
12. Bom. du cliène, Bom. quercûs, Lin.
862 HISTOIRE NATURELLE.
C'est un fort joli Papillon, dont les deux sexes sont très-diffé-
rents. Il est assez commun dans les vallées de Céret et d'Arles.
La chenille se nourrit sur le genêt, le lilas, le prunier; elle est
l'acile à élever, et on obtient de très-beaux sujets.
15. Bom. du trètle, Boni, trifolii, Fab.
14. Bom. des buissons, Bom. dtimœli, Lin.
15. Bom. du pissenlit, Bom. taraxaci, Fab.
Ils sont communs aux environs de Perpignan. Nous trouvons
la première espèce sur la redoute du Moulin à Vent et dans les
fossés de la citadelle de Perpignan: sa chenille vit sur le trèfle et
le genêt ; la seconde, sur les coteaux de nos environs : sa chenille
vit sur l'épervière ; la troisième se plaît dans les jardins situés au
pied de Château-Roussillon: sa chenille vit sur la laitue et le pis-
senlit. C'est donc sur ces plantes qu'il faut la chercher; elle
sort de très-bonne heure, en mars.
16. Bom. évérie, Bom. everia, Fab.
17. Bom. catax, Bom. catax, Lin.
18. Bom. lobuline, Bom. lobulina, Lin.
19. Bom. de l'aubépine, Bom. crategi, Lin.
C'est au commencement de mai que paraissent les espèces de
ce groupe sur nos montagnes moyennes : les Albères, Céret,
Força-ReaJ, etc. On les trouve sur les buissons et sur les plantes.
Leurs chenilles se nourrissent sur le bouleau, le prunier, le chêne,
le pin, l'aubépine, le cerisier.
20. Bom. processionnaire, Bom. processionea, Lin.
21. Bom. pityocampe, Bom. pilyocampa, Fab.
Nous trouvons ces deux espèces sur les collines entre Thuir et
Oms. Elles sont communes sur les buissons et sur les fourrés
herbeux. Leurs chenilles vivent sur les chênes.
22. Bom. de la ronce, Bom. rubi, Lin.
PAPILLONS. 863
Ce beau Papillon est un peu rare. Sa chenille, très-belle et
grosse, est difficile à élever. On la trouve assez abondamment en
automne; elle est très-lente, mange à peine, et passe l'hiver ainsi.
Au printemps, elle prend de la vigueur; mange de la laitue et des
jeunes pousses de ronces; se métamorphose, et peu de temps
après, le papillon sort de la coque. Il est fort joli.
25. Bom. neustrien, Bom. neustria, Lin.
La chenille de ce beau papillon vit sur le chêne. Elle fournit
trois variétés fort remarquables, différenciées par des couleurs
bien tranchées.
24 Bom. castrense, Bom. castrensis, Lin.
2o. Bom. franconier, Bom. franconica, Fab.
Tous les coteaux de Baixas, Casas-de-Pena, Castelnau et Ter-
rats, où se trouvent des cistes, donnent naissance à ces Papillons,
qui se tiennent dans les touffes de graminées et dans les haies.
Le Castrensis fournit trois jolies variétés; la femelle du Fran-
conica est d'un tiers plus grande que le mâle.
26. Bom. versicolore, Bom. versicolor, Lin.
Ce beau Papillon est assez commun sur les montagnes de Céret,
d'Arles et des environs de Cortsavi. En automne, on peut se pro-
curer des chenilles, qui, au printemps d'après, fournissent de
beaux papillons ; elles vivent sur le noisetier, le tilleul, etc.
27. Bom. du mûrier, Bom. mori, Lin.
Le Ver à Soie est connu de tout le monde ; on ne l'obtient que
par l'éducation.
28. Bom. queue fourchue, Bom. vimila, Lin.
Ce beau Papillon paraît dans le mois de mai ; il se pose sur le
tronc des arbres. Sa chenille, qui a la partie postérieure terminée
par une queue fourchue, vit sur le saule. Lorsqu'elle veut se
864 HISTOIRE NATURELLE.
transformer, elle descend au pied de l'arbre, et se file une coqiu-
très-dure, attachée à l'arbre ras de terre ; elle est commune.
Le Bombix herminea, qui paraît être une variété de la
précédente espèce, n'a pas été observé dans le dépar-
tement.
29. Boni, de la molène,
30. Boni, du hêtre,
31. Boni, zig-zag,
52. Boni, torva,
55. Boni, dromadaire,
Boni, verbasci, Fab.
Bom. fagi, Lin.
Bom. zig-zag, Lin.
Bom. trilophus, Esp.
Boni, dromadarius, Lin.
Les Bombix de ce groupe, sont répandus, au printemps, sur les
haies des coteaux des environs de Perpignan : Chàteau-Roussillon,
le Sarrat d'en Vaquer, la Passiô-Vella, Ode, Mail oies, etc.
Leurs chenilles se nourrissent du bouillon blanc, du hêtre, du
peuplier, de l'orme ; à la fin d'août, en secouant les branches de
ces arbres, on en fait tomber les chenilles qui sont sur le point
de se transformer.
54. Bom. carmélite,
35. Bom. dictgea,
36. Bom. à plumet,
37. Bom. bicolore,
Bom. carmelita, Esp.
Bom. didœa, Fab.
Bom. plumigera, Fab.
Bom. bicolora, Fab.
C'est sur les coteaux des régions moyennes, qu'il faut chercher
les Bombix de ce groupe ; ils se posent sur les broussailles des
ravins et sur le tronc des arbres. Leurs chenilles se nourrissent
de gramen, de peuplier, de saule, d'érable, de bouleau, de chêne.
Le Bicolore est fort rare.
58. Boni, vélite,
59. Bom. chaonier,
40. Bom. druide,
41. Boni, timide,
Bom. velitaris, Esp.
Bom. chaonia, Hubn,
Bom. querna, Fab.
Bom. tremula, Hubn.
PAPILLONS. 865
42. Bom. anachorète, Bom. anachoreta, Fab.
45. Bom. courtaud, Bom. curtula, Lin.
Ce groupe vit de préférence dans les bois, au-dessus de Vernet,
de Castell, et dans les environs de La Preste. Ces Papillons sont
très-difficiles à trouver, car ils se cachent dans les broussailles.
Leurs chenilles vivent, en général, sur le chêne, le chêne-vert,
l'aune, les peupliers, et c'est en battant ces arbres, en août et
septembre, qu'on se les procure ; au printemps suivant, elles se
transforment en papillons.
44. Bom. bucéphale, Bom. bucephala, Lin.
Cette jolie espèce est très-commune dans les bois de la pépi-
nière de Perpignan, et les taillis qui bordent les cours d'eau; elle
paraît deux fois, en mai et septembre. Quand on trouve l'arbre
sur lequel se nourrit la chenille (le peuplier ordinairement), on
peut faire ample provision de celle-ci, car elle y vit en famille
nombreuse, et, par ce moyen, on obtient des papillons bien frais.
La chenille, en se métamorphosant, file une soie très-fine et s'en-
roule dans les feuilles de l'arbre.
45. Bom. pudibond, Bom. pudibunda, Lin.
46. Bom. du sapin, Boni, abietis, Esp.
47. Bom. porte-brosses, Bom. fascelina.
Ces trois espèces sont dans les bois des régions moyennes, et
se cachent dans les broussailles. On s'en empare en secouant les
haies, ou bien en cherchant leurs chenilles, ce qui est préférable.
Elles vivent sur le chêne, le hêtre, le tilleul, le sapin. La chenille
de la Fascelina passe l'hiver sans se transformer ; elle se nourrit
sur le groseillier, la ronce, le plantin et le genêt.
48. Bom. gonostigma, Bom. gonosligma, Lin.
49. Bom. antique, Bom. anliqua, Lin.
Ces deux espèces vivent sur les arbres de nos potagers. Leurs
TOME 111. 35
860 HISTOIRE NATURELLE.
femelles sont aptères, et ne volent point; on les trouverait diffici-
lement, si les mâles ne trahissaient leur retraite. Leurs chenilles
se nourrissent sur l'abricotier, le pommier, le framboisier, l'églan-
tier, etc. Les ailes de ces Papillons sont fort délicates; on obtient
des sujets parfaits en s'ernparant de leurs chenilles.
50. Boni, disparate, Boni, dispar, Lin.
Le nom lui est parfaitement appliqué. La femelle est grise; ne
vole guère, quoique ayant des ailes, et reste sur le tronc des saules.
Son corps est si gros et si laineux que ses ailes, quoique bien déve-
loppées, ne suffisent point pour la transporter d'un lieu dans un
autre. Le mâle, qui est brun et de deux tiers moins gros que la
femelle, est très -actif, et vient la féconder. Les arbres où ce
Papillon s'établit en sont infestés, et il est très-facile d'avoir des
sujets parfaits. On voit les crysalides attachées dans les creux de
la souche des saules.
51. Bom. morio, Boni, morio, Fab.
La femelle de ce Bombix se rapproche des aptères. Elle a,
comme celle du Dispar, des ailes qui ne lui servent point, et qui
sont toutes chiffonnées. Son corps, aussi très-gros, la force de
rester sur la souche des arbres, où le mâle vient la féconder;
elle vit dans la région moyenne des montagnes.
52. Bom. moine, Bom. monacha, Lin.
53. Bom. rougeâtre, Bom. rubea, Fab.
54. Bom. cul doré, Bom. auriflua, Fab.
Ces trois Bombix sont dans les bois des régions moyennes.
Leurs papillons sont difficiles à saisir; car ils se cachent dans les
fourrés des buissons : il faut donc chercher leurs chenilles, qui
vivent sur les pins, le chêne, l'aubépine, le peuplier, le saule.
Elles sont parfois très-communes.
55. Bom. du gramen, Bom. graminella, God.
PAPILLONS. 867
50. Boni, pelucheux, Bom. villosella, God.
57. Bom. de la vesse, Bom. viciella, Fab.
58. Bom. lustré, Bom. nitidella, God.
59. Bom. moucheron, Bom. muscclla, God.
Ce groupe est fort original. Ce sont de très-petites espèces
qu'on voit rarement voler dans la campagne. Quelquefois le filet
en amène quelques sujets ; mais on se procure avec facilité la che-
nille, qui est clans une espèce de fourreau qu'elle traîne toujours
après elle, et qu'elle agrandit à mesure qu'elle croît en filant une
soie très-fine, qu'elle entremêle du détritus des feuilles dont elle
se nourrit. On la voit collée sur les murs, les souches et les feuiles
des arbres; on élève sans difficulté ces chenilles, qui se nourrissent
de gramen, de vesse, d'osier, et on obtient de jolis petits papillons,
mais difficiles à préparer.
Deuxième Tribu.
Noctuo bombicites , Latreille.
Genre Écaille.
M. Godart en a fait son genre Chelonia.
1. Éca. caja, Bom. caja, Lin.
Cette Ecaille est fort jolie. Elle vit sur diverses plantes ; on élève
sa chenille très-facilement; et, ce qu'il y a de bien extraordinaire,
la nourriture influe sur la couleur des ailes du papillon. Les che-
nilles qu'on élève, donnent quatre variétés différentes, rouge plus
ou moins vif, noir et jaune. Cette espèce habite les montagnes
moyennes.
2. Éca. flavia, Boni, flavia, Fab.
o. Éca. hebe, Bom. hebe, Lin.
4. Ëca. fasciée, Boni, fasciata, Lin.
Ces trois jolies Ecailles se trouvent à la base des montagnes
secondaires. Leurs chenilles sont presque polyphages, et elles
868 HISTOIRE NATURELLE.
mangent tonte sorte de plantes. Leurs papillons se laissent pren-
dre avec facilité; ils se tiennent sur les plantes des terres incultes
et des vignes des vallons de Port-Vendres, de Banyuls-sur-Mer,
Céret, Prades et Villefranche. Les chenilles passent l'hiver engour-
dies; au printemps, elles se métamorphosent, et le papillon nait
ordinairement à la mi-juin.
5. Éca. pudique, Boni, pudica, Fab.
Très-commune dans les fossés de la citadelle de Perpignan.
La chenille passe l'hiver sous les pierres, et vit de gramen. Au
printemps, on la trouve blottie dans la terre, où elle reste long-
temps dans une espèce de coque faite avec quelque brin de
soie mêlée à de la terre et aux excréments qu'elle rejette. Elle
reste ainsi jusqu'en août, époque de sa transformation : en
élevant la chenille, on obtient de fort jolis papillons.
6, Éca. chaste, Boni, casta, Fab.
Cette Écaille se trouve dans les endroits secs et incultes des
o-arrigues de Baixas et de Casas-de-Pena. Je l'ai prise aussi à
Doma-Nova, sur les collines qui environnent l'ermitage. La che-
nille vit sur les rubiacées.
\J Écaille Latreille de Godart , n'a été trouvée qu'une
seule fois dans les environs de Bourg-Madame. Nous ne
connaissons rien de ses habitudes.
Les Écailles Dejean et Lapone n'ont pas été observées
dans le département.
7. Éca. du plantin, Boni, plantaginis, Lin.
8. Éca. civique, Boni, civica, Hubn.
9. Éca. aulique, Bom. aulica, Lin.
10. Éca. matrone, Bom. matrona, Hubn.
PAPILLONS. 869
Ces quatre espèces vivent sur les pelouses incultes des monta-
gnes de la région moyenne. C'est à la fin du printemps qu'elles
paraissent comme toutes les autres du genre; elles se tiennent
cachées dans le jour. Leurs chenilles vivent sur le lamium album,
le plantin, la millefeuille, le mouron , la cynoglosse. La Matrona
est des régions plus élevées ; sa chenille vit sur le noisetier, le
cerisier, l'armoise, etc.
11. Éca. fermière, Boni, villica, Lin.
12. Éca. pourprée, Boni, purpurea, Lin.
Ces deux espèces sont polyphages. Elles s'accommodent de
foutes sortes de plantes: genêts, asperges, ormes, centaurées.
Leurs chenilles, qui se trouvent assez abondantes dans les ter-
rains arides de la plaine et dans les fortifications de la citadelle
de Perpignan, sont faciles à élever. On obtient leurs papillons
fin juin. Elles donnent trois variétés remarquables par les nuances
de noir, rouge, jaune, dont sont couvertes leurs ailes infé-
rieures.
15. Éca. roussette, Boni, russuîa, Lin.
14. Éca. mendiante, Boni, mendica, Lin.
Ces deux espèces se trouvent sur les plateaux arides de la plaine
couverts de steppes. Elles se tiennent dans les fourrés et dans les
haies. Le mâle de la Mendiante est noir, tandis que la femelle est
blanche et pointillée de noir; sa chenille vit sur les plantins,
l'ortie, le pissenlit. Les Ecailles tachetée, fuligineuse et deuil,
vivent au printemps sur diverses plantes des jardins.
15. Éca. lubiïcipède, Boni, lubricipeda, Fab.
16. Éca. de l'ortie, Boni, miicœ, Esp.
Ces deux Ecailles vivent sur les coteaux arides du centre du
département. On les rencontre dans les premiers jours de juin.
Leurs chenilles se nourrissent du sureau, de l'épilobe, du fram-
boisier, des orties; celle de YUrtkœ est très-rare.
870 HISTOIRE NATURELLE.
Les Écailles Luzer et de la Menthe n'ont pas été
observées dans le département.
Genre Callimorphe, Callimorpha, Latr.
1. Cal. hera, Boni, liera, Fab.
La Hera est un peu polyphage; on la trouve sur plusieurs
plantes. Sa chenille vit sur la eynoglosse officinale, sur le chêne,
le hêtre, le pommier, le framboisier, le saule et le genêt. On la
rencontre dans toutes les latitudes du département; mais tou-
jours isolée et cachée dans les buissons. Elle est difficile à saisir,
car elle vole avec une rapidité étonnante. On la voit par-ci par-là
pendant toute la belle saison.
2. Cal. dominule, Boni, domimda, Fab.
Cette espèce offre trois variétés bien distinctes : les ailes infé-
rieures rouges et parsemées de taches noires; jaunes et parse-
mées de taches noires; toute noire, avec les ailes supérieures
parsemées de taches jaunes et rouges. Elle se trouve dans les
jardins des environs de Perpignan, au premier printemps.
3. Cal. du séneçon, Boni, jacobe, Scop.
La Jacobe se trouve aussi au printemps dans les jardins et dans
les haies des champs voisins. Sa chenille vit sur le séneçon.
4. Cal. servante, Boni, obscura, Fab.
5. Cal. ménagère, Boni, serva, Hubn.
6. Cal. rosette, Boni, rubicunda, Hubn.
7. Cal. rameuse, Boni, ramosa, Fab.
Ces quatre espèces, dont les deux premières sont de petite taille,
et se ressemblent au point qu'il faut une grande habitude pour les
distinguer, vivent dans les lieux arides des montagnes moyennes.
Elles se tiennent cachées dans les buissons; on doit battre les
haies, pour les faire sortir : on s'en empare alors avec le filet.
PAPILLONS. 871
8. Cal. jaune d'or, Boni, aurita, Esp.
9. Cal. roscide, Boni, roscida, Fab.
10. Cal. gris-souris, Boni, murina, Esp.
Ces trois espèces très-inléressantes, sont assez communes sur
les buissons des ravins à la base des montagnes. Nous les trouvons
surtout, à la fin du printemps, dans les environs de Consolation.
Leurs belles couleurs les font distinguer. 11 faut secouer les plan-
tes pour les faire sortir; car elles ont toutes l'habitude de se cacher
dans les fourrés. Leurs ailes sont fort délicates.
Les Callimorphes Arrosée, Jeannette, Mêlogome et Mon-
daine, n'ont pas été observées dans ce département.
Troisième Tribu.
Tin éi tes, limites, Latreille.
Genre Lithosie, Lithosia, Latreille.
1. Lit. mesomela, Lit. eborina, Hubn.
2. Lit. quadrille, Lit. quadra, Lin., noclua, F.
On les prend en juin et juillet dans les bois, les haies et dans
les broussailles. En général, ce genre a des ailes très-délicates
et demande beaucoup d'attention pour les saisir. La Quadra se
pose sur le tronc des arbres; elle est jaune, marquée de quatre
points noirs, avec une bordure rosée autour des ailes.
5. Lit. aplatie, Lit. complanata, Och.
4. Lit. grammica, LU. grammica, God.
o. Lit. à collier rouge, Lit. rubricollis, Och.
„ T . .,, \ Lit. mdchella, God.
6. Lit. gentille, î v » ; ; u u
( Var. B. pulchra, Hubn.
La Complanata, jolie par la diversité de la couleur des ailes, les
supérieures noires, bordées de jaune d'or, les inférieures d'un
872 HISTOIRE NATURELLE.
rose très-pâle, se trouve sur les haies où croît le genêt; sa che-
nille vit sur cette plante. La Grammica varie beaucoup; ses cou-
leurs sont plus ou moins sombres : sa chenille vit sur l'armoise,
le genêt, le gaillet. La Rubrieollis, toute noire, avec un collier
rouge, le bout de l'abdomen jaune d'ocre, se trouve dans les
mêmes lieux. La Pulchella est très-répandue dans les champs et
les vignes où vit l'héliotrope; la chenille de celte jolie espèce dévore
celle plante, et le papillon ne s'en écarte pas. On peut en faire une
ample provision. Elle est d'un fond blanc, pointillé de rouge et
de bleu; les ailes inférieures sont blanches, bordées de noir.
Les Lithosies Crible, Candide et Tamis, fort délicates,
à ailes supérieures blanches plus ou moins pointillées de
noir, les inférieures plus ou moins brunes, se prennent
sur les broussailles et les haies des mêmes localités.
Quatrième Tribu.
Noctuélites, Noduelites, Latreille.
Genre Noctuelle ou Lichnées.
i. Noc. du frêne, Noc. fraxini, Lin.
Grande, belle et rare espèce, que nous trouvons dans les régions
moyennes de nos montagnes et jamais dans la plaine. Les ailes
inférieures sont noires, traversées par une bande festonnée bleu
de ciel. Sa chenille vit sur le frêne , le noisetier, le châtaignier.
On trouve le papillon sur le tronc de ces arbres.
2. Noc. mariée, Noc. nupta, Lin.
3. Noc. choisie, Noc. electa, Hubn.
4. Noc. déplacée, Noc. elocata, Esp.
Ces trois espèces sont grandes et fort jolies. Elles ont les ailes
supérieures grises et très-bariolées de lignes noires diversement
disposées ; les ailes inférieures sont rouges et traversées aussi
de bandes noires plus ou moins en zig-zag. Elles se ressemblent
PAPILLONS. 873
beaucoup et on les différencie en portant toute l'attention sur
la disposition des bandes. Leurs chenilles vivent sur le saule et le
peuplier; le papillon se trouve sur le tronc des arbres ou sur les
murs, dans toute la plaine et jusqu'aux régions moyennes des
montagnes.
5. Noc. courtisane, Noc. pellex, Hubn.
6. Noc. conjointe, Noc. conjuncta, Esp.
La Courtisane est un peu plus petite que les précédentes espèces;
elle en diffère par les couleurs générales plus pâles. On la trouve sur
les mêmes lieux; mais plus particulièrement sur les haies et les
chênes du Bas-Vernet, vers la poudrière. La Conjointe est de la
taille de la précédente; les couleurs sont disposées de la même
manière ; seulement elles sont très-vives.
7. Noc. désirée, Noc. optata, God.
8. Noc. accordée, Noc. pacta, Lin.
Ces deux Noctuelles ont de très-grandes ressemblances pour la
grandeur et la disposition des lignes et des couleurs des ailes;
cependant, Y Accordée a le corps rouge, tandis que la Désirée l'a
gris. Leurs chenilles vivent sur le bouillon-blanc.
9. Noc. fiancée, Noc. sponsa, Lin.
Celle Noctuelle varie beaucoup en grandeur. Les couleurs des
ailes et des lignes est la même que dans les autres espèces. Nous
la trouvons à l'arrière saison, en septembre et octobre, sur la
souche des arbres, les murs des habitations rurales (commune).
10. Noc. converse, Noc. conversa, Esp.
il. Noc. nymphe, Noc. nymphœa, God.
12. Noc. paranymphe, Noc. paranympheœ, Lin.
Peu de chose différencie ces trois espèces. On les trouve très-
souvent ensemble dans les bois, surtout sur les chênes. Les ailes
inférieures sont d'un jaune plus ou moins vif, et les bandes noires
qui les traversent sont à peu de chose près les mêmes.
874 HISTOIRE NATURELLE.
13. Noc. hyménée, Noc. hymenœa, Fab.
14. Noc. parthénias, Noc. parthénias, Lin.
Ces deux espèces font partie du même groupe que les trois
précédentes. Elles se distinguent par leur taille beaucoup plus
petite : Y Hyménée par les couleurs plus vives et une tache trian-
gulaire noire sur le bord postérieur des ailes inférieures; la
Parthénias est encore plus petite : les couleurs sont les mêmes,
et elle forme deux variétés qui ne se ressemblent pas du tout.
On les trouve sur le tronc des arbres, et dans les fourrés herbeux
des bords des fossés de la plaine.
Les Noctuelles Monogramma, Triquetre, Glyphique et
Mi, qui appartiennent au groupe précédent, ont presque
les mêmes couleurs, mais disposées différemment. Elles
sont communes dans les prairies des parties basses près
des sables de tout le littoral. On peut en faire provision
en juin et juillet.
Les Noctuelles Alchimiste, Leucomélas , Algérienne,
Géométrique et Badaude, sont dans les mêmes localités,
surtout dans les bordures de tamarix; leurs chenilles
vivent sur celte plante et sur le trèfle des prés. On les
trouve à la même époque.
15. Noc. spectre, Noc. spectrum, Fab.
16. Noc. maure, Noc. maura, Lin.
La chenille de la première de ces deux espèces vit sur le genêt
d'Espagne. A la fin de juin, elle a fait sa coque entre les branches
de cette plante, et on peut en faire ample provision. La seconde
doit être cherchée à la même époque. On la trouve sous les pon-
ceaux qui avoisinent les moulins à farine, et dans les aqueducs;
elle se colle aux murs de ces lieux humides , où elle est assez
abondante.
17. Noc. tirracha, Noc. lirraçha, Fab.
PAPILLONS. 875
Cette belle espèce est excessivement rare. Je l'ai prise une
seule fois sur les haies de grenadiers qui bordent les champs
et les vignes des environs de Cabestany. Les ailes supérieures
sont vertes, bordées de noir; les inférieures et le corps sont
jaune-paille, avec une tache noire.
Les Noctuelles Lunaire, Illunaire et de la Vesse , se
trouvent dans les haies des champs et des prairies des
parties supérieures de Château-Roussillon et de Canet.
\S. Noc. livide, Noc livida, Fab.
19. Noc. cythérée, Noc. cytherea, God.
Nous avons pris la Livide à la montagne de Céret, sur le tronc
des chênes et des frênes; la Cythérée, sur les coteaux de Château-
Roussillon et au pied de Forçu-Heal, sur les chardons et sur les
arbres.
Les Noctuelles Facétieuse, Bouffonne, Efféminée, Pyra-
midale et Conique, se trouvent sur le tronc des arbres
des bois des basses montagnes exposées au midi : Sainte-
Colombe, Castelnau et toutes les Corbières.
20. Noc. pronuba, Noc. pronuba, Lin.
Cette belle Noctuelle présente plusieurs variétés. Les ailes supé-
rieures sont d'un brun très-foncé, avec des dessins presque im-
perceptibles; puis, couleur chocolat-clair, avec des dessins plus
apparents; enfin, les ailes sont sillonnées de dessins irréguliers,
comme \eèLiehnées. Les ailes inférieures sont d'un jaune plus ou
moins clair. Sa chenille vit au pied des arbres, sur le mouron et
sur le pissenlit, coteaux et roules des environs de Perpignan.
21. Noc interposée, Noc. interjecta, Hubn.
22. Noc. janthina, Noc. janthina, Fab.
Ces deux Noctuelles sont communes, après la moisson, sur les
chaumes des parties arides de Château-Roussillon et de Canet.
876 HISTOIRE NATURELLE.
23. Noc. frangée, Noc. fimbria, Lin.
24. Noc. flammerole, Noc. flammata, Fab.
Ces deux espèces sont fort communes sur les plantes et sur les
troncs d'arbres, à la base de Força-Real, dans les environs de
Casas-de-Pena, Estagel et Maury. La première offre deux variétés
bien distinctes par la vivacité des couleurs des ailes et des dessins
qui les couvrent.
25. Noc. C-noir, Noc. C-nigrum, Lin.
26. Noc. parée, Noc. fesliva, Wien.
27. Noc. belle, Noc. bella, God.
28. Noc. incarnate, Noc. carnea, God.
Ces quatre Noctuelles habitent communémentles chaumes fourrés
où la camomille abonde. Elles se posent sur les chardons qui bor-
dent les champs, sur les buttes du Mas del Comte, du Sarrat de las
Guillas, de Malloles, A'Orle, près Perpignan.
29. Noc. mosaïque, Noc. mussivœ, Hubn.
30. Noc. obélisque, Noc. obelisca, God.
Ces deux belles espèces sont assez communes dans les taillis des
environs de Saint-Paul, en montant à Saint-Antoine-de-Galamus,
et le long de la rivière, après avoir passé la Fou, route
d'Ansignan. Nous avons trouvé leurs chenilles sur la chicorée
et sur le gaillet. Le papillon se pose sur les plantes dans les
fourrés.
31 . Noc. ocellaire, Noc. ocelina, God.
32. Noc. porte-pieux, Noc. valligera, God.
55. Noc. du froment, Noc. tritici, Lin.
54. Noc. porte-drapeau, Noc. signifera, Fab.
Nous trouvons assez communément ces quatre belles espèces
sur les coteaux des basses Albères, dans les champs et sur les
broussailles. Elles voltigent pendant le jour, et se posent assez sou-
PAPILLONS. 877
vent sur les chardons et sur les scabieuses. Leurs chenilles se
nourrissent de pissenlit, de lithymales et de cochiéaria.
55. Noc. épaisse, Noc. crassa, God.
56. Noc. exclamation, Nue. exclamationis, Lin.
57. Noc. polygone, Noc. polygona, Fab.
58. Noc. moissonneuse, Noc. segells, Fab.
Ces quatre Noctuelles, originales par les dessins qui couvrent
leurs premières ailes, sont assez fréquentes sur les chaumes des
champs arides. Elles se posent sur les troncs des arbres qui
entourent les propriétés aux environs du Mas-Deu, Passa, Four-
qùes, Terrats et tous les aspres.
59. Noc. égale, Noc. œqua, Hubn.
40. Noc. blessée, Noc. saucia, God.
41. Noc. du pancratium, Noc. pancratii, God.
42. Noc. enfumée, Noc. fumosa, God.
45. Noc. lucipète, Noc. kicipeta, Fab.
44. Noc. double-raie, Noc. birivia, God.
4o. Noc. cendrée, Noc. cinerea, God.
Ce groupe se plaît dans les fourrés herbeux, et dans les buissons
de ronces où croît le houblon. On le trouve à la pépinière de la
ville, dans les taillis des bords des cours d'eau, le long de La Tet
jusqu'à 111e, et le long du Tech jusqu'à Céret. En battant les
fourrés, ces espèces en sortentetse posent sur la souche des arbres
voisins. Dès que le papillon éclot, il grimpe sur la souche des
saules. Si on cherche la chrysalide, on la trouve dans la terre,
au pied des arbres, où la chenille est venue accomplir sa
dernière métamorphose. Elles vivent sur le pissenlit, le houblon,
la bourse du pasteur.
46. Noc. précoce, Noc. prœcox, Lin.
47. Noc. hâtive, Noc. prœceps, Wien.
878 HISTOIRE NATURELLE.
48. Noc. fugace, Noc. fugax, Ochs.
49. Noc. augure, Noc. augur, Fab.
Ce groupe est digne de remarque par les belles couleurs distri-
buées sur les ailes. Nous prenons ces espèces sur les chaumes
des parties basses de la plaine où les arbres sont nombreux. Elles
se posent sur les troncs, souvent sur les chardons, et abondent
en juin et juillet.
50. Noc. apparente, Noc. calaphanes, Hubn.
51. Noc. rénigère, Noc. renigera, Ochs.
Nous avons pris ces deux espèces dans le vallon de Doma-Nova.
Cette localité, coupée de ravins, de monticules et de beaucoup
d'arbres de diverses espèces, nous a fourni une grande quantité
de Papillons nocturnes : aussi l'avons-nous visitée souvent , et
nos chasses, la nuit, à la lanterne, ont été très-productives.
52. Noc. du plantin, Noc. plantaginis, Hubn.
53. Noc. ambiguë, Noc. ambigua, Fab.
Ces deux jolies Noctuelles ont les ailes inférieures totalement
blanches, bordées d'une petite ligne noire. On les confondrait si
les ailes supérieures n'étaient différentes par les dessins qui les
couvrent. Nous les prenons sur les chaumes des parties mon-
tueuses.
54. Noc. tache effacée, Noc. cœlimacula, Wien.
55. Noc. I double, Noc. I geminum, God.
Les haies des vignes et des champs de Salses à Opol, et tous les
environs, nous fournissent ces deux belles espèces ; elles se posent
sur les troncs des amandiers et quelquefois sur les chardons.
56. Noc. glabre, Noc. erytrocephala, Fab.
57. Noc. silène, Noc. silène, Fab.
58. Noc. liture, Noc. litura, Lin.
PAPILLONS. 879
Ces trois Noctuelles ne sont pas communes. Nous les avons
prises sur lés pentes de Belloch, en allant à la Font de Comps.
Les chaumes des environs de ce village, recèlent bon nombre de
Noctuelles de diverses espèces.
59. Noc. point blanc, Noc. albipunctata, Fab.
60. Noc. lavée, Noc. lavata, Lin.
61. Noc. satellite, Noc. satellitia, Lin.
On confondrait, au premier abord, ces trois jolies espèces, leur
couleur générale étant presque la même ; mais ce qui les fait distin-
guer, ce sont les points différemment placés sur les ailes supé-
rieures. Ces Papillons sont de la même taille et se tiennent dans
les fourrés des haies de toutes les basses montagnes.
62. Noc. upsilon, Noc. ypsilon, Hubn.
65. Noc. fardée, Noc. mimosa, Hubn.
64. Noc. rétuse, Noc. retusa, Lin.
65. Noc. rieuse, Noc. ridens, Fab.
Ces quatre Noctuelles abondent sur les glacis des fortifications
de la citadelle et des lunettes de la ville de Perpignan, parmi les
fourrés où croissent beaucoup de chardons, sur lesquels elles se
posent. Nous les trouvons quelquefois sur les ormeaux ou sur
les mûriers des environs, en juillet et août.
66. Noc. octogène, Noc. octogena, Esp.
67. Noc. oo, Noc. oo, Lin.
68. Noc. de l'osier, Noc. viminalis, Fab.
69. Noc. du gramen, Noc. graminis, Lin.
Ces belles espèces, à couleurs assez tranchantes, vivent dans
le vallon de Latour, aux environs du bois de Couchoux. On les
voit, dans le jour, posées sur le tronc des arbres, et, la nuit,
elles butinent sur les fleurs. On prend, dans cette localité, plu-
sieurs espèces variées, lorsqu'on y chasse à la lanterne.
880 HISTOIRE NATURELLE.
70. Noc. du lichen, Noc. lichenes, Fab.
71. Noc. perle, Noc. perla, Hubn.
72. Noc. chloé, Noc. algœ, Fab.
Ces Irais petites et fort jolies Noctuelles se trouvent dans nos
environs, sur les écorces des arbres qui entourent les glacis inté-
rieurs de la citadelle. La première offre trois variétés bien dis-
tinctes par la couleur plus ou moins sombre des ailes. La Perle et
la Chloé sont difficiles à saisir, parce que leur couleur ressemble
beaucoup aux lichens qui couvrent souvent la souche des arbres
où elles se posent. La fin de l'été est la saison la plus propice
pour les chasser.
73. Noc. psi, Noc. spi, Ochs.
7-4. Noc. trident, Noc. tridens, Fab.
Ces deux espèces pourraient bien n'être qu'une variété l'une
de l'autre. Nous trouvons leurs chenilles dans les mêmes lieux.
Les papillons se ressemblent tellement, qu'une simple nuance,
plus vive dans le Trident, peut seule les faire différencier, et l'on
sait que ce caractère seul ne peut constituer une espèce.
75. Noc. lièvre, Noc. leporina, Lin.
Celte jolie espèce est commune dans les bois des régions
moyennes. Elle se pose sur les écorces et sur les roches, et
comme son fond est blanc, on la distingue difficilement. Elle vole
lorsqu'on bat les fourrés des haies; on peut alors s'en emparer
avec le filet.
76. Noc. chevelure dorée, Noc. auricoma, Hubn.
77. Noc. de la patience, Noc. rurnicis, Lin.
78. Noc. de l'euphorbe, Noc. euphorbiœ, Wien.
79. Noc. de l'érable, Noc. aceris, Lin.
des Noctuelles se trouvent dans diverses localités. On les prend
dans les haies, sur le tronc des arbres qui croissent au pied des
PAPILLONS. 881
Albères, et en battant les broussailles on les force à voler. Les
environs de Consolation, et surtout les vallons de Port-Vendres
et de Banyuls en sont remplis. Leurs chenilles et leurs chrysalides
se tiennent, dans les mêmes lieux, au pied des arbres et des
arbustes.
80. Noc. protée, Noc. protea, Hubn.
81. Noc. typique, Noc. li/pica, Lin.
82. Noc. de l'ivraie, Noc. lolii, Esp.
85. Noc. leucophée, Noc. leucophœa, Wien.
On ne saurait préciser le lieu de prédilection où nous trouvons
ces Noctuelles; car nous les avons prises dans des régions très-
différentes, et toujours sur les coteaux: à Força-Real, Casas-
de-Pena, Opol, Saint-Anloine-de-Galamus, près des bois ou des
haies de ces localités.
84. Noc. du genêt, Noc. genislœ, Hubn.
83. Noc. contique, Noc. contiqua, Fab.
86. Noc. thalassine, Noc. thalassina, Borkh.
87. Noc. méticuleuse, Noc. meticulosa, Lin.
88. Noc. embrasée, Noc. empyrea, God.
89. Noc. adulatrice, Noc. adidatrix, Hubn.
Les espèces de ce groupe, se trouvent sur les plateaux des
montagnes peu élevées, ainsi que dans les fourrés des bois de la
plaine. Les trois premières sont assez communes dans les bois
de la vallée du Réarl, tandis que les autres se tiennent dans les
taillis et fourrés de la pépinière de la ville : elles se posent sur
les arbustes. VAdnlatrix a un faciès qui la distingue, et des cou-
leurs blanche, symétriquement disposées sur le fond vert de
ses ailes.
90. Noc. arrangée, Noc. compacta, Illig.
91. Noc. parée, Noc. continua, Hubn.
TOME HI. 56
882 HISTOIRE NATURELLE.
Ces deux Noctuelles se ressemblent assez. Elles sont fort com-
munes dans les bois des basses montagnes : aux environs de
Consolation , de Notre-Dame-de-Vie et tout le long des Albères.
On les voit butiner sur les fleurs, et on peut en faire provision
dans le courant de juillet.
92. Noc. runique, Noc. runica; Fab.
93. Noc. remarquable, Noc. prospicua, Kub.
Le Calce de Thuir, de Sainte-Colombe et toutes les garrigues
de cette région, nous fournissent la première de ces deux espèces,
qui se pose sur le tronc des chênes et des oliviers ; la couleur
verte des ailes supérieures et les dessins blancs qui les recou-
vrent, la font aussitôt distinguer. La seconde a les ailes supé-
rieures d'une belle couleur verte, et les inférieures de couleur
marron , bordée de noir. Elle butine sur les chardons des glacis
de la citadelle de Perpignan.
94. Noc. couleur de lichen, Noc. lichenea, Hubn.
95. Noc. cappa, Noc. cappa, Hubn.
La première de ces deux espèces est fort rare. On la prend sur
les glacis de la place de Perpignan, et dans les chaumes des envi-
rons. La Cappa est commune dans le vallon de Banyuls-sur-Mer;
sa chenille vit sur le delphinium staphisagria, et sa nymphe se
trouve au pied de cette plante.
96. Noc. larroche, Noc. atriplicis, Lin.
97. Noc. pityphage, Noc. piniperda, Esp.
Ces deux belles Noctuelles sont communes sur les chaumes :
la première, à l'île Sainte-Lucie et dans le voisinage de Saint-
Nazaire, sur les plantes des mares salées; la Pityphage, sur les
roches et les troncs d'arbres d'une région bien opposée, le plateau
supérieur de la Font de Comps. Juillet et août sont les époques les
plus propices pour leur faire la chasse.
PAPILLONS. 883
98. Noc. didyme, Noc. didyma, Esp.
Très-commune sur les chaumes et les haies, ainsi que sur les
glacis des fortifications de Perpignan.
99. Noc. du pois, Noc. pisi, Lin.
100. Noc. potagère, Noc. oleracea, Lin.
101. Noc. couleur de suie, Noc. suasa, Lin.
102. Noc. de la persicaire, Noc. persicariœ, Lin.
103. Noc. du chou, Noc. brassicœ, Lin.
Les Noctuelles de cette section, ont des couleurs très-sombres.
Elles sont communes pendant les mois de juillet et août dans
les haies des vastes jardins des environs de Perpignan ; elles se
posent sur le tronc des arbres, et souvent on les voit butiner sur
les fleurs en plein midi.
104. Noc. bâtis, Noc. bâtis, Lin.
105. Noc. conigère, Noc. conigera, Illig.
106. Noc. verdoyante, Noc. virem, Lin.
107. Noc. L blanche, Noc. L album, Lin.
108. Noc. pâle, Noc. pallens, Lin.
En juillet et août, on voit ces cinq dernières espèces butinant,
en plein jour, sur les plantes qui croissent au bord des ruisseaux,
et sur les chardons des glacis des fortifications de la place de
Perpignan, entre la promenade des platanes et les remparts, en
remontant vers Saint-Jacques, ainsi que dans les fossés des
lunettes de la porte Canet.
109. Noc. perspicillaire, Noc. perspicillaris, Lin.
110. Noc. du pin, Noc. pinaslri, Lin.
111. Noc. ancienne, Noc. vetusta, Hubn.
112. Noc. antique, Noc. exoleta, Lin.
Les deux premières de ces Noctuelles habitent les environs de
La Preste ; elles sont paresseuses, et ne volent que lorsqu'on les
884 HISTOIRE NATURELLE.
force dans leur retraite: nous les trouvons sur les troncs des arbres
raboteux. Les deux dernières sont moins alpines; elles ont assez
de ressemblance entre elles; se posent sur le tronc des arbres;
volent peu dans le jour, et si on les fait fuir en battant les buis-
sons, leur vol est court, et elles vont se réfugier 'dans les brous-
sailles. Eu juin et juillet , on les trouve au pied de la montagne
de Géret.
113. Noc. agréable, Noc. jucurida, Hubn.
114. Noc. de la cardère, Noc. dipsacœa, Hubn.
llo. Noc. peltigère, Noc. pcltigera, Hubn.
116. Noc. armigère, Noc. armigera, Hubn.
117. Noc. adulatrice, Noc. adulatrix, Hubn.
La Jucunda est très-petite et fort jolie. Je l'ai prise dans le
ravin de Consolation : elle s'échappa d'un tas de broussailles que
je remuais en y cherchant des Coléoptères; elle est rare. Les trois
espèces suivantes Voltigent, pendant le jour, dans les prairies
maritimes et sur les luzernes; elles se posent sur les fleurs du
pissenlit. L' Adulatrice se voit, partout, butiner sur les fleurs des
chardons, sur les chaumes des parties arides, et sur les bords des
fossés des routes.
118. Noc. solaire, Noc. solaris, Hubn.
119. Noc. en deuil, Noc. luctuosa, Hubn.
Ces deux belles espèces sont répandues dans toutes les parties
basses qui touchent les sables maritimes. Elles butinent, et se
posent sur les fleurs de Veryngium maritimum et campestre.
120. Noc. du maïs, Noc. zeœ, God.
Celte espèce est commune dans la plaine du riverai où le maïs
est cultivé. La chenille se loge entre la paille et l'épi, dont elle
se nourrit, et elle en gâte le grain lorsqu'il est tendre. Elle est
souvent très-nombreuse, et fait alors le plus grand mal à la
récolte.
PAPILLONS. 885
121. Noc. sulfurée, Noc. sulfurea, Hubn.
122. Noc. ancre, Noc. itnca, Hubn.
Ces deux Noctuelles ont une robe fort jolie, et sont communes
dans les prairies basses des environs de Canet. Elles volent pen-
dant le jour, et butinent sur les joncs et les plantes qui vivent au
bord des mares, si fréquentes dans cette contrée.
Genre Cuculie, Cuculia, Ocbseinheimer.
1. Cuc. du bouillon blanc, Cuc. verbasci, Ochs.
2. Cuc. blattaire, Cuc. blatlaria, Treits.
On voit rarement voler ce$Nochtélites. La chenille de la Verbasci
se trouve abondamment sur le verbaseum tapsus : on la nourrit
avec cette plante, et on obtient en juillet des sujets très-frais.
La Blaltaria ressemble beaucoup à la précédente ; elle est plus
petite ; ses couleurs sont plus claires, et le dessin des ailes su-
périeures est moins régulier; elle paraît à la même époque.
5. Cuc. ombrageuse, Cuc. umbricata, Ochs.
I. Cuc. de la laitue, Cuc. laclucœ, Hubn.
5. Cuc. de la tanaisie, Cuc. tanaceti, Ochs,
G. Cuc. lucifuge, Cuc. lucèfuga, Hubn.
Ces quatre Cueillies sont très-communes dans les taillis de la
pépinière de la ville. Ce genre se tient très-cacbé, pendant le
jour, dans les fourrés; et, à la brune, lorsqu'on chasse les Sphinx,
on prend ces Lépidoptères butinant sur la saponaire cl sur les
autres plantes.
Genre Xanthie, Xanthia, Ocbseinheimer.
1. Xan. safranée, Xan. croleago, Ochs.
2. Xan. citronnée, Xan. cilrago, Ochs.
Ces deux fort jolies Xanthies sont paresseuses à voler. Pendant
le jour, elles resfenl Woflips dans les broussailles ou attachées sur
886 HISTOIRE NATURELLE.
le tronc des arbres; mais, la nuit, elles butinent sur les fleurs
avec une ardeur extrême. Nous les avons prises sur les collines
des environs de Perpignan.
5. Xan. cirée, Xan. cerago, Ochs.
4. Xan. ocracée, Xan. silago, Ochs.
5. Xan. cendrée, Xan. gilvago, Ochs.
6. Xan. rufine, Xan. rufina, Ochs.
7. Xan. vitelline, Xan. vitellina, Ochs.
Les trois premières espèces de ce groupe se ressemblent beau-
coup, et il faut une grande attention pour les différencier. Elles
offrent, en outre, plusieurs variétés; on les prend d'ordinaire dans
les chasses de nuit ou au crépuscule, aux environs de Perpignan.
Les deux autres sont assez rares. Nous les avons prises dans les
environs de Jau et d'Eslagel, près de la rivière. En battant les
buissons, oh les fait lever; elles se posent sur les roches, et alors
on peut s'en emparer avec facilité.
Genre Gonoplère, Gonoptera, Latr.
\. Gon. découpure, Gon. libatrix, Latr.
Nous trouvons cette belle Noctuélite dans les fourrés, sous
Château-Roussillon : elle y est parfois abondante. On la fait fuir
en battant les buissons; mais son vol est court, et elle se pose
bientôt dans les broussailles. Elle craint le grand jour.
Genre Calyptre, Calyptra, Ochs.
i. Cal. du pigamon, Cal. thalictri, Ochs.
Nous n'avons jamais trouvé ce Papillon, bien que sa chenille,
qui vit sur le Ihnlictrum flavum , soit excessivement commune
dans les prairies et les bords des ruisseaux de tous nos environs.
On élève avec facilité la chenille, qui se convertit en nymphe
vers le 15 mai, et vingt-huit jours après on a le papillon parfait.
PAPILLONS. 887
Nous en avons pourvu les collections de la capitale et de l'Alle-
magne ; car ce papillon n'a encore été trouvé en France, qu'aux
environs de Perpignan.
Genre Plusie, Plusia, Ochseinheimer.
1 Plu. chryside, Plu. chrijsilis, Ochs.
2. Plu. iota, Plu. iota, Ochs.
5. Plu. gamma, Plu. gamma, Ochs.
La première de ces Plusies est très-commune dans les prairies
des environs de Prades ; elle vole pendant le jour, et se pose sur
les fleurs. Les deux autres sont très-jolies, et vivent sur les prairies
de la vallée de Prats-Balaguer. On les fait lever en battant les
plantes, et on en prend beaucoup en août.
Plu. ni, Ochs.
Plu. interrogalionis, Ochs.
Plu. circonflexa, Ochs.
Plu. cliver gens, Ochs.
Plu. a in, Ochs.
Les trois premières Plusies de ce groupe, sont assez communes
sur les chaumes et les fourrés des environs de Perpignan.
Quand on les force, elles volent avec une rapidité étonnante;
mais elles se posent bientôt pour s'enfoncer dans les brous-
sailles. L'Ain et la Divergente sont alpines, et nous les avons
prises dans les environs de La Preste, où elles ne sont pas
communes. On les fait lever en ballant les haies et les buissons ;
elles se posent aussitôt pour se cacher dans les broussailles.
Genre Chrysoptère, Chrysoptera, Latr.
1. Chr. monnaie, Chr. moneta, Ochs.
La Moneta est assez commune dans la vallée de Saint-Laurenl-
de-Cerdans et de Costujes. On la prend sur les haies qui bordent
les champs et les routes.
4.
Plu.
ni,
o.
Plu.
interrogation,
(].
Plu.
circonflexe,
7.
Plu.
divergente,
8.
Plu.
ain,
888 HISTOIRE NATURELLE.
Genre Platypterix, Platypterix, Lasp.
1. Pla. faucille, Pla. fulcula, Lasp.
2. Pla. harpon, Pla. curvatula, Lasp.
5. Pla. hameçon, Pla. hamiila, Lasp.
4. Pla. petite-épine, Pla. spinula, Lasp.
Les trois premières espèces de ce groupe sont jolies et fort
originales. Elles sont assez communes dans les environs de
Consolation, de Port-Vendres et du vallon de Baiiyuls; les buis-
sons des bords des torrents qui descendent de la montagne, en
sont couverts en juillet et en août. La Spinula se trouve sur les
buissons des environs de Mali oies, près Perpignan, en juin et
en septembre.
Cinquième Tribu.
Phalénites, Phalenites , Latreille.
Cette jolie et nombreuse tribu est abondante dans
le département. La forme des Papillons est assez
bizarre; leurs chenilles sont arpenleuses, et dès qu'on
touche la feuille ou qu'on secoue la branche où elles se
tiennent, elles se laissent tomber par un ni de soie qui
les maintient à quelque distance de terre.
Genre Rumie, Rumia, Boisduval.
i. Rum. de l'alisier, Rum. cratœgata, Treits.
Nous trouvons cette jolie espèce dans les ravins des environs
de La Roca et de Sorède, et à Nolre-Dame-del-Coll, dans les
jardins des environs de la chapelle, sur les haies et les buissons
de celle contrée.
Genre Ennomos, Ennomos, Treits.
1. Enn. de l'aune, Enn. alnearia, Treits.
2. Enn. du tilleul. Enn. tiliaria, Treits.
PAPILLONS. 889
3. Enn. anguleuse, Enn. ungularia, Treits.
Les deux premières espèces de ce groupe, sont .issez communes
dans les environs d'Améliè-les-Bâins, d'Arles et de Corlsavi. Le
papillon est difficile à conserver; car, pour peu qu'on le touche,
la poussière des ailes s'enlève. Pour l'avoir bien Irais, il faut se
procurer la chrysalide, qu'on trouve au pied des arbres et des
broussailles. L'Anguleuse fournit trois variétés, bien distinctes
par la couleur des ailes du papillon, qui sont d'un fond jaune-
safran plus ou moins nuancé, et par la disposition de leurs taches
et de leurs lignes. Elle est commune dans les environs du bois
de Saint-Antoine-de-Galamus, et dans toute la vallée de Candies.
La femelle se tient collée sur les troncs dos arbres ou sur les
roches, et le mâle butine sur les fleurs.
4. Enn. rongée, Enn. crosaria, Treits.
5. Enn. dentelée, Enn. dentaria, Treits.
6. Enn. du lilas, Enn. çyringaria, Treits.
Les Papillons de ce groupe sont fort délicats. Les deux premiers
se tiennent sur les haies et les buissons de la montagne de Cércl,
près du bois communal, cl on les fait lever en battant les haies;
mais, pour avoir de beaux papillons, il faut se procurer les chry-
salides. La Syringaria voltige pendant le jour dans les jardins etles
parterres; elle se pose sur les fleurs el sur le tronc des arbres.
Genre Minière, Hiniera, tëoisduval.
\. Him. plume, Him. pmnaris, Treits.
Les bois et les taillis des environs d'Ouïs et de toute la vallée
supérieure du Réart, nous fournissent ce beau Papillon, qui se
fait remarquer par sa belle couleur pêche, et par des raies trans-
verses noires el blanches sur les ailes supérieures.
Genre Crocalle, Crocallis, Treits.
1. Cro. aglossp. Cm. elinguaria, Treits.
890 HISTOIRE NATURELLE.
Commune dans les taillis et les buissons, sous Château-
Roussillon.
Genre Àngerone, Angerona, Boisduval.
J. Ang. du prunier, Ang. prwiaria, Boisduval.
On doit chercher ce beau Papillon dans les jardins et dans les
haies qui les entourent. Il se (ait remarquer par les teintes jaune
d'ocre et des taches plus obscures sur les ailes. Il fournit deux
belles variétés.
Genre Eurymène, Eurymena, Boisduval.
I. Eur. doloire, Eur. dolabraria, Treits
Dans le premier printemps et en septembre, nous trouvons ce
petit Papillon dans les bois des basses Albères. Il n'est pas rare.
Le Genre Aventie n'a pas été remarqué dans notre
département.
Genre Philobie, Philobia, Boisduval.
1. Phi. marquée, Phi. notatarïa, Treits.
2. Phi. alternée, Phi. aUernqria, Treits.
o. Phi. estimée, Phi. œstimaria, Treits.
Les Philobies sont communes sur toutes les prairies du littoral,
bordées de lamarix, et sur les plages où cette plante abonde.
Genre Épione, Epione, Boisduval.
î. Epi. étrangère, Epi. advenaria, Treits.
- 2. Épi. émargée, Epi. emarginaria, Treits.
Ces Papillons habitent les mêmes localités que le genre précé-
dent. Ils sont très-délicats, et, quand on les saisit, la poussière
se détache de leurs ailes avec facilité.
Genre Timandre, Timandra, Boisduval.
|. Tim. aimée, Tim. amoforia, Treits.
PAPILLONS. 891
2. Tim. imitée, Tim. imitaria, Treits.
0. Tim. changée, Tim. œmidaria, Treits.
Ces petites et fort, jolies Noctuélites, sont communes clans les
bois des environs de Saint-Martin-du-Canigou ; on les trouve
même sur les haies au bord du chemin , entre Vernet et Gastell.
Genre Hémilhée, Hemithea, Boisduval.
1. Hém du buplèvre, Hem. buplevraria, Treits.
2. Hém. d'été, Hem. œsti varia, Treits.
3. Hém., coupée, Hem. putataria, Treits.
Les Hémithées sont communes entre Ria et Villefranche, sur
les ronces et les broussailles, ainsi que dans toutes les gorges de
la Trencada d'AmbuUa.
Genre Amphidase, Amphidasis, Treits.
1. Amp. du bouleau, Amp. betularia, Treits.
2. Amp. précoce, Amp. prodomaria, Treits.
3. Amp. hérissée, Amp. hirtaria, Treits.
Le genre Amphidase est plus alpin que le précédent. Il fournit
de fort jolis papillons de couleur blanc sale, couverts de taches
brunes et noires; ils habitent les bois des régions moyennes.
On les trouve dans la vallée de Conat, au milieu des bois à mi-côte
de la Font de Comps, et dans les bois situés à quelque distance de
Saint-Martin-du-Canigou.
Genre Nyssie, Nyssia, Boisduval.
Ce genre est peu nombreux; les femelles sont aptères.
1. Nys. hispide, Ni/s. hispidaria, Treits.
2. Nys. zone, Nys. zonaria, Treits.
5. Nys. pomone, Nys. pomonaria, Treits.
C'est, sur les escarpements du Ravané, près Collioure, et sur
ceux de la Trencada d'AmbuUa que nous avons trouvé les Nyssies.
892 HISTOIRE NATURELLE.
Il ne faut pas négliger, quand on trouve un mâle sur une plante,
de bien chercher au pied de celte plante : on est sûr d'y prendre
la femelle. La chenille vit sur les graminées; et si on peut la
trouver au premier printemps, en juin on a de beaux papillons.
Genre Hibernie, Ilibernia, Latr.
1. Hib. défeuillée, Hib. defoliaria, ïreits.
2. Hib. hâtive, Hib. progemmaria, Treits.
5. Hib'. de l'érable, Hib. aceraria, Treits.
4. Hib. grisâtre, Hib. leucophœaria; Treits.
Les Hibernies aiment les bois qui couvrent les montagnes de
Castéll, de Vernet et de Fillols. Plusieurs se trouvent dans
les potagers et les vergers de ces localités. Les femelles sont
aptères.
Genre Boarmie, Boarmia, Treits.
\. Boa. du chêne, Boa. roboraria, Treits.
2. Boa. parente, Boa. consortaria, Treits.
ô. Boa. crépusculaire, Boa. crepuscularia, Treits.
i. Boa. ombrée, Boa. umbraria, Hubn.
5 Boa. ceinte, Boa. cinctaria, Treits.
6. Boa. languedocienne, Boa. occitanaria, Boisduval.
7. Boa. pétrifiée, Boa. pelrificaria, Treits.
8. Boa. assortie, Boa. consonaria, Hubn.
C'est dans les bois et les haies des montagnes moyennes, les
haies des champs et des vignes des coteaux de la plaine, ainsi
que dans les jardins, que se tiennent les Papillons de ce groupe.
Us ont les ailes très-délicates et méritent toute l'attention du
naturaliste. Les trois premières espèces se trouvent dans les
régions moyennes; YOrkbrée, la Ceinte et la Languedocienne se
tiennent dans les vignes et les jardins des coteaux de Saint-
Sâutfeuf; la Pétrifiée et Y Assortie vivent plus particulièrement
PAPILLONS. 8U3
dans les jardins de Saint-Jacques et de Saint-Estève : elles se
posent sur la souche des arbres. Les mois d'août et de septembre
sont les plus propices pour les chercher.
Genre Fidonie, Fidonîa, Treits.
1. Fid. plumet, Fid. plumistaria, Treits.
Cette Fidonie est très-abondante dans les ruines de Saint-
Marlin-du-Canigou. Quand on pénètre, en été, dans la chapelle
souterraine, on peut la prendre par centaines; on la trouve aussi
dans les broussailles des haies des environs.
2. Fid. pennigère, Fid. pennigeraria, Treits.
Celle espèce, dont les couleurs sont plus pâles, vit aussi dans
les environs de Saint-Marlin-du-Canigou; mais nous ne l'avons
jamais remarquée, comme l'autre, dans le souterrain de l'église.
5. Fid. picotée, Fid. atomaria, Treits.
Cette Fidonie se trouve dans les bois des basses montagnes;
elle y est abondante, et varie beaucoup par la taille et par les
couleurs plus ou moins vives de ses ailes.
4. Fid. du pin, Fid. piniaria, Treiis.
5. Fid. bordée, Fid. limbaria, Treits.
6. Fid. du genêt, Fid. spariiaria, Treits.
Ces trois espèces se trouvent dans les forêts des régions alpines,
surtout la première qui vit sur le plateau de la Font de Comps;
les deux autres, dans les bois des parties basses de ces mêmes
régions où croissent des genêts.
7. Fid. zébrée, Fid. zebraria, Treits.
8. Fid. voisine, Fid. concordaria, Treits.
9. Fid. hépatique, Fid. hepataria, Treits.
10. Fid. aurore, Fid. auroraria, Treits.
894 HISTOIRE NATURELLE.
Ces quatre jolies et délicates espèces vivent dans les taillis des
parties basses et humides, au pied de toutes nos montagnes,
parmi les broussailles et les fourrés herbeux; il faut de grandes
précautions pour les conserver.
M. Fid. cendrée, Fid. cineraria, Boisduval.
12. Fid. gris-souris, Fid. murinaria, Treits.
15. Fid. de la bugrane, Fid. onoraria, Treits.
14. Fid. arrosée, Fid. conspersaria, Treits.
15. Fid. saupoudrée, Fid. perspersaria, Treits.
16. Fid. plumeuse, Fid. plumaria, Treits.
Les trois premières espèces de ce groupe sont fort abondantes
sur les chaumes et les luzernes des parties basses du littoral. Elles
volent en plein jour, et sont fort délicates; les trois dernières vivent
dans les prairies et dans les taillis de la région moyenne. Pour s'en
emparer facilement, il faut battre les buissons.
Genre Ligie, Ligia, Boisduval.
1. Lig. de Jourdan, Lig. Jourdanaria, De Villi.
2. Lig. opaque, Lig. opacaria, Hubn.
Jusqu'ici ce sont les deux seules espèces du genre : elles habi-
tent les lieux solitaires des plateaux arides de la vallée du Réart,
et les garrigues où croissent beaucoup de ronces et de graminées;
les endroits les plus fourrés leur servent de gîte. Juillet et août
sont les mois les plus favorables pour les prendre.
Le genre Numérie n'a pas encore été trouvé dans le
département.
Genre Cabère, Cabera, Treits.
1. Cab. strigillée, Cab. strigillaria, Treits.
2. Cab. virginale, Cab. pusuria, Schm.
3. Cab. tachée, Cab. conta minaria, Hubn.
PAPILLONS. 895
("'est dans les bois des plateaux des environs de Musset, de
Rabouillet et surtout au bois des Fanges, qu'on peut, en juillet,
se procurer ces Noduêlites.
Genre Éphyre, Ephyra, Boisduval.
1. Éph. trilignée, Eph. Irilinearia,
2. Eph. ponctuée, Eph. punctuaria, Treits.
5. Éph. pupillée, Eph. pupillarïa, Treits.
4. Éph. orbiculaire, Eph. orbicularia, Hubn.
Ce genre est assez commun dans les chaumes et dans les lu-
zernes de la plaine. Les espèces que nous avons remarquées volent
de grand matin; dans la journée, elles se posent sur les touffes
des plantes, où elles s'enfoncent à mesure que le soleil s'élève
sur l'horizon.
Genre Dosislhée, Dosislhea, Boisduval.
i. Dos. ornée, Dos. omataria, Treits.
2. Dos. de la fougère, Dos. filicaria, Treits.
o. Dos. invariable, Dos. immutaria, Treits.
4. Dos. vieillie, Dos. iwunaria, Treits.
Les Dosisthées sont dans les bois et taillis de nos basses régions.
Elles se plaisent dans les touffes des buissons où on les trouve
en grand nombre; de sorte que lorsqu'on frappe les haies, on les
voit sortir par bandes nombreuses. Elles sont difficiles à préparer.
Genre Acidalie, Acidalia, Treits.
\ . Aci. pâle, Aci. pallidaria, Treits.
2. Aci. rousse, Aci. rvfaria, Treits.
5. Aci. dégénérée, Aci. degeneraria, Treits.
4. Aci. détournée, Aci. avcrsaria, Treits.
5. Aci. double ceinture, Aci. aureulario, Treits.
6. Aci. rougeâlre, Aci. rubricaria, Treits.
896 HISTOIRE NATURELLE.
Les Acidulies aiment les bois des parties basses, les garrigues
de la vallée du Réart, celles de la vallée du Boules et celles des
basses Albéres. On les trouve parfois sur les murs, sur les rochers
et sur les écorces ; elles sont fort délicates. La Rougeâtre offre
deux variétés qui se distinguent par des couleurs plus vives.
Genre Aspilate, Âspilates, Treits.
i. Asp. ocracée, Asp. gilvaria, Treits.
2. Asp. citronnée, Asp. citraria, Treits.
5. Asp. sacrée, Asp. sacraria, Treits.
4. Asp. pourprée, Asp. purpuraria, Treits.
5. Asp. ensanglantée, Asp. cruentaria, Treits.
6. Asp. brillante, Asp. mundataria, Treits.
Ce genre se plaît dans les plateaux arides, dans les clairières
des taillis, dans les garrigues qui ne sont pas très-élevées. La
plupart de ces espèces volent dans le jour, et on peut les saisir
avec le filet ; mais leurs ailes sont si délicates, que, rarement, on
a un papillon frais si on n'élève pas la chenille, ce qui n'est pas
très-facile.
Genre Pellonie, Pcllonia, Boisduval.
1. Pel. calabroise, Pel. calabraria. Treits.
2. Pel. flagellée, Pel. vibicaria. Treits.
Ce genre, très-restreint, se compose de deux espèces, qui se
trouvent dans les garrigues et les bois du vallon de Banyuls-
sur-Mer, et le long des basses Albèrcs.
Le genre Clèogène, qui se compose de quatre espèces,
n'a pas été observé dans les Pyrénées-Orientales.
Genre Phasiane, Phasiane, God.
i. Plia, plombée, Plia, plumburia, Treits.
2. Plia, oblique, Pha. obliquaria, Boisduv.
PAPILLONS. 897
3. Plia, liée, Plia, vincularia, Treits.
4. Pha. accolée, Pha. artcsiaria, Treits.
5. Pha. écussonnée, Pha. scutidaria, Ramb.
Ce genre fréquente les garrigues arides et fourrées où les buis-
sons abondent, et sur lesquels les Phasianes se tiennent de préfé-
rence; en ballant les fourrés, on les force à sortir. Juin et juillet
sont les mois où l'on peut se les procurer.
Genre Eubolie, Eubolia, Boisduval.
1. Eub. entourée, Eub. peribolaria, God.
2. Eub. mesurée, Eub. mensuraria, God.
3. Eub. cervine, Eub. cervinaria, Treits.
4. Eub. du troène, Eub. ligustraria, Treits.
5. Eub. rouillée, Eub. ferrugaria, Treits.
6. Eub. biponctuée, Eub. bipunctuaria, Treits.
Les Papillons de ce genre, dont les espèces sont petites, se
tiennent dans les bois de la lisière des régions alpines. C'est en
frappant les arbres, les haies et les touffes de ronces, qu'on les
force à voler; ils sont excessivement délicats.
Genre Urapterix, Urapterix, Kirby.
1. Ura. du sureau, lira, sambucata, God.
Cette espèce, aux belles couleurs citron, avec diverses raies
plus ou moins rouges sur les ailes, est assez commune dans les
jardins des environs de Perpignan . C'est à la chute du jour qu'elle
vole, et qu'on peut la prendre ; dans le jour, elle se tient cachée
dans les broussailles.
Genre Gnophos, Gnophos, Treitschke.
1. Gno. tannée, Gno. pullata, God.
2. Guo. glauque, Gno. glaucinata, God.
3. Gno. bigarrée, Gno. variegata, God.
TOME III. 57
898 HISTOIRE NATURELLE.
4. Gno. claire, Gno. dilucidaria, Treits.
5. Gno. trompée, Gno. obfnscata, God.
6. Gno. charbonnée, Gno. carbonaria, God.
Tontes les espèces de ce genre vivent dans les bois des coteaux
un peu élevés, et restent cachées dans le jour. C'est en battant
les haies et les arbres touffus, qu'on les fait voler, et qu'on peut
s'en emparer. On les voit souvent sur les troncs des vieux arbres
couverts de lichens, avec lesquels on les confond.
Genre Vénilie, Yenilia, God.
\ . Yen tachetée, Ven. maculata, Treits.
Cette espèce forme à elle seule ce genre. Elle est petite, d'un
jaune d'ocre et tachetée de noir, avec une frange entrecoupée
qui entoure les ailes; elle est fort délicate. Elle habite les bois
des montagnes de la vallée du Réart; je l'ai prise en juillet et en
août dans les garrigues des environs de la Cantarane et de Llinas.
Genre Zerène, Zerene, Treitschke.
1. Zer. du groseillier, Zer. grosulariata, Treits.
2. Zer. de l'orme, Zer. ulmata, Treits.
o. Zer. du frêne, Zer. pontata, Treits.
4. Zer. criblée, Zer. cribrata, Treits.
Les Zerènes, dont les chenilles sont arpenteuses, vivent sur les
arbres. Lorsque le vent agite l'arbre, ou qu'on le secoue, les
chenilles se laissent tomber, au moyen d'un fil de soie; mais
elles n'arrivent jamais à terre, et restent ainsi suspendues. Les
personnes qui fréquentent la pépinière, ont souvent à se débar-
rasser la figure de ces chenilles qui flottent dans l'air. Elles sont
très-nombreuses sur l'orme et sur le frêne. Celle du Groseillier
se voit dans les jardins ; elle est commune dans le bois de Salva-
nère et à la vallée de Carença.
Le Genre Corycie, composé de deux espèces, n'a pas
été trouvé dans les Pyrénées-Orientales.
PAPILLONS. 899
Genre Mélanthie, Melanthia, Boisduval.
1. Méï. de la ronce, Mel. albicillata, Treits.
2. Mél. du fusain, Mel. adnstala, Treits.
3. Mél. ondée, Mel. fluctuata, Treits.
4. Mél. du gaillet, Mel. gcdiata, Treits.
5. Mél. ocellée, Mel. ocellata, Treits.
6. Mél. montagnarde, Mel. montanaria, Treits.
Les espèces de ce genre se plaisent dans les endroits herbeux
aux bords des ruisseaux des montagnes moyennes ; quelques-
unes sur les bois touffus des montagnes de cette région. Toutes
sont de grandeur moyenne et fort délicates.
Genre Mélanippe, Melanippe, Duponchel.
1. Mél. marginée, Mel. marginata, Treits.
2. Mél. hastée, Mel. haslata, Treits.
5. Mél. triste, Mel. tristata, God.
4. Mél. alchemille, Mel. alchemillata, Boisduv.
5. Mél. riveraine, Mel. rivata, Boisduval.
Les Mélanippes se tiennent dans les bois peu élevés et frais.
Elles sont fort paresseuses, et on doit battre les haies et les
fourrés pour les saisir avec le filet. Il faut les préparer avant
qu'elles ne soient sèches ; car elles ne peuvent pas supporter le
ramollissement.
Genre Cidarie, Cidaria, Treitschke.
1. Cid. de l'anserine, Cid. chenopodiata , Boisduv.
2. Cid. du peuplier, Cid. populata, Treits.
5. Cid. marbrée, Cid. marmorata, God.
4. Cid. pyrale, Cid. ■pyralata, Treits.
5. Cid. fauve, Cid. fidvata, Treits.
6. Cid. du prunier, Cid. prunata, God.
900 HISTOIRE NATURELLE.
7. Cid. rompue, Cid. ruptata, God.
8. Cid. sœur, Cid. sororiata, God.
9. Cid. rongeâtre, Cid. rubidata, Treits.
Les espèces de ce genre sont de moyenne grandeur, et ont
leurs ailes fort délicates. Elles habitent partout : certaines vivent
d.ms les bois des régions moyennes; d'autres sur les tamarix
des prairies maritimes; quelques-unes, dans les jardins; toutes
so:!t paresseuses et craignent le jour. Il faut donc battre les
arbres, les haies et les fourrés pour s'en emparer.
Genre Anaïte, Anaitis, God.
1. Ana. triple raie, Ana. plagiata, Treits.
2. Ana. rétrécie, Ana. coarctata, Treits.
Ce genre se compose de trois espèces. Elles sont alpines : nous
en trouvons deux dans le bois de la Font de Comps et dans la
vallée de Prats-Balaguer ; elles se posent souvent sur le tronc
des arbres. Elles paraissent fin août.
Genre Larentie, Larentia, Treitschke.
\. Lar. douteuse, Lar. dubidata, Treits.
2. Lar. certaine, Lar. certata, God.
3. Lar. du nerprun, Lar. rhamnata, God.
4. Lar. sillonnée, Lar. rigata, God.
5. Lar. double ligne, Lar. biiineata, God.
Ce genre est très-nombreux. Quelques espèces sont de moyenne
grandeur. Ce groupe vil au milieu des bois des régions moyennes.
Nous prenons ces papillons sur les souches des arbres, sur les
rochers qui forment des clôtures, sur les murs des maisons rura-
les ; ils pénètrent souvent dans l'intérieur des habitations.
6 Lar. de la clématite, Lar. vitalbata, God.
7. Lar. essayeuse, Lar. tersata, God.
PAPILLONS. SOI
8. Lar. aqueuse, Lar. aquata, God.
9. Lar. polygramme, Lar. polygrammata, God.
Ces quatre espèces sont des régions arides. Elles habitent les
garrigues de Saint-Estève et de Baixas; se posent sur les clôtures,
sur les écorces, sur les murs des habitations rurales; elles sont
fort délicates.
10. Lar. perroquet, Lar. psillacata, God.
M. Lar. geai, Lar. coraciata, God.
Ces deux petites espèces vivent dans les jardins; s'abritent
dans les maisons et sur les arbres. On peut se les procurer faci-
lement dans les mois de juillet et août.
Il y a, dans ce genre, une infinité d'espèces très-petites,
qui vivent dans les bois et les garrigues, et qui ont échappé
à nos recherches. La difficulté de les prendre,' de les conserver
et de les préparer, en sont les principales causes. Il faudrait
pouvoir se procurer les chenilles, et les élever pour avoir des
papillons frais, ce qui demande beaucoup de temps.
Genre Amathie, Amathia, God.
1. Ama. hexaptère, Ama. hexapterata, God.
2. Ama. six ailes, Ama. sexalata, God.
3. Ama lobée, Ama. lobulata, God.
Les trois espèces, sur quatre dont se compose ce genre, et que
nous avons ramassées, vivent dans les jardins et les haies des
champs qui avoisinent Ille, Millas et Sainl-Féliu; il faut les
chercher en juillet.
Genre Chésias, Chesias, Treitschke.
1. Ché. du genêt, Che. spartiata, God.
2. Ché. du genévrier, Che. Juniper ata, God.
3. Ché. polycome, Che. polycomata, God.
902 HISTOIRE NATURELLE.
â. Ché. obélisque, Che. obeliscata, Treits.
Les deux premières espèces de ce groupe, sont communes dans
les bois de Caladroy, domaine de M. de Ginestous, où le genêt et
le genévrier abondent. La Spartiata a été trouvée aussi au Sarrat
de Puig-Joan, banlieue de Perpignan. Les deux dernières sont
alpines; elles se trouvent dans les bois de pins des plateaux éle-
vés; volent dans les clairières, et se posent sur le genêt à balais,
commun dans ces régions.
Genre Strénie, Strenia, Boisduval.
1. Str. à barreaux, Str. clathrala, Boisduval.
Cette espèce est fort commune dans les luzernes. En agitant
les plantes, elle s'élève dans l'air et on la saisit avec le filet : il
faut une grande attention pour la piquer. Elle présente deux
variétés, dont les couleurs sont plus ou moins foncées; cela
dépend, je crois, de l'état de fraîcheur du papillon.
Le genre Tanaque, composé de deux espèces, n'a pas
été observé dans le département.
Genre Psodos, Psoclos, Treitschke.
1. Pso. équestre, Pso. equestra, Treits.
2. Pso. menaçante, Pso. torvaria, Treits.
Ces deux très-petites espèces volent en plein jour, et se repo-
sent sur les fleurs du rhododendron. C'est donc sur les régions
alpines qu'il faut les chercher: elles sont communes sur tous les
points où croît cette plante.
Les deux genres Sione et Minoa, très-peu nombreux
en espèces et qui terminent cette nombreuse tribu,
n'ont pas été observés dans le département des Pyré-
nées-Orientales.
papillons. 903
Sixième Tribu.
Pyralites, pyralites, Duponchel.
Les Pyralites offrent la même variété de mœurs que
les Phalénites. On les trouve partout, dans les prairies
humides, dans la plaine, sur les coteaux et les monta-
gnes, dans les bois, les jardins, dans les maisons même.
La plupart volent dans le jour; leur vol est bas, court,
et souvent elles se reposent sur la terre; beaucoup se
tiennent cachées sous les feuilles. Les chenilles de cer-
tains genres se nourrissent de substances animales grasses
et desséchées; celles-ci sont appliquées contre les murs
des maisons. Celles qui appartiennent aux genres Py-
raustes et Ennychies , voltigent sur les fleurs en plein
soleil, et au moment de la plus forte chaleur; quelques
genres, au contraire, recherchent l'ombre et la fraîcheur
des eaux. Les Hercynes sont fréquentes sur les hautes
montagnes; le genre Eudorée se cache dans les crevasses
des roches, et dans les troncs des arbres dont l'écorce
est rugueuse.
C'est à la tribu des Pyralites qu'appartient le Papillon
qui, lorsqu'il est encore à l'état de larve, fait tant de
ravages dans nos vignobles : c'est le Pyralis vitrtna,
Fah., le Tortrix pillerimia , Schiffermuller , la Pyrale
de la vigne de tous les auteurs modernes , en catalan
caca (lisez conque). Voir, ci-après, la lettre de M. Audouin.
Septième Tribu.
Platyomides, Platyomidœ , Duponchel.
Cette tribu est très-nombreuse ; elle se compose de
plus de trois cents espèces, dont les chenilles sont très-
petites. Les unes vivent à découvert sur les feuilles où
904 HISTOIRE NATURELLE.
elles construisent leur cocon ; d'autres se nourrissent du
parenchyme des feuilles qu'elles plissent sur leurs bords
et qu'elles roulent en cornet pour s'en former un abri :
telles sont celles du genre Tortrix ; d'autres, pour se
soustraire à leurs ennemis, vivent au centre de plu-
sieurs feuilles qu'elles lient ensemble par des fils de
soie.
Il en est qui vivent dans l'intérieur des fruits à pépin
et à noyau ; beaucoup vivent entre l'écorce et l'aubier
des arbres fruitiers, où elles se creusent des galeries d'où
s'écoule une humeur qui trahit leur présence.
Certaines habitent les jeunes branches des pins , où
elles forment des bourrelets, au milieu desquels elles
subissent leur dernière métamorphose. Ce même arbre a
ses jeunes pousses dévorées par les chenilles de la Bou-
liana, qui, lorsqu'elles y sont en nombre, ce qui arrive
souvent, occasionnent sa mort.
Le genre Cochylis, qui appartient encore à cette* tribu,
dévore les jeunes bourgeons de la vigne. Sa chenille,
quoique plus petite, est aussi dangereuse que celle de la
Pyrale;e\\e n'exerce pas ses ravages sur nos vignobles,
mais elle fait un mal immense dans les vignes du nord.
Enfin , il en est qui se nourrissent sur les plantes
rampantes, et se métamorphosent dans une toile com-
mune, et ce ne sont pas les moins dangereuses; car elles
font un grand mal à la propriété où elles établissent leur
domicile.
Un entomologiste qui étudierait bien les mœurs de
cette nombreuse variété de chenilles, ferait une multi-
tude d'observations très -curieuses.
Les Papillons sont de très-petite taille ; mais, dans
PAPILLONS. 905
cette petitesse, rien n'a été négligé, plusieurs offrant sur
leurs ailes l'éclat des métaux les plus précieux : il semble
que la nature a voulu reproduire, sur une petite échelle,
les espèces les plus remarquables des autres tribus.
Huitième Tribu.
Crambites, Crambites, Latreille.
Cette tribu n'est pas très-nombreuse : huit genres et
cent huit espèces la composent. Les Crambites, à l'état
parfait, diffèrent très-peu des Pyralites; elles s'en éloi-
gnent beaucoup par leurs chenilles. Les Crambites ont
un faciès particulier, qui ne permet pas de les confondre
avec les autres Lépidoptères ; la forme de leurs ailes est
étroite et très-allongée, et, au repos , leur corps en est
enveloppé comme dans un fourreau.
Les Papillons de cette tribu, sont petits et très-délicats.
La nature n'a rien épargné pour les parer des plus belles
couleurs ; ils sont ornés de taches, de bandes, de points
d'or, d'argent, de nacre, admirablement distribués. On
doit les chercher dans les clairières des bois où croissent
de hautes plantes, et dans les prairies; quelques-uns
dans les bruyères ou sur les feuilles des arbres. Leur vol
est court, bas, et lorsqu'ils s'abattent, c'est dans les
endroits les plus touffus : ils sont si lestes à se cacher,
qu'il est difficile de les saisir.
Leurs chenilles sont peu connues : la plupart vivent et
se métamorphosent sous la mousse ; d'autres dans les
tiges des joncs et des roseaux ; quelques-unes ne se
trouvent que dans les prairies des hautes montagnes.
Les Galleria ont l'instinct de déposer leurs œufs dans
les ruches ; leurs chenilles vivent et se métamorphosent
906 HISTOIRE NATURELLE.
dans l'intérieur des ruches d'Abeilles et des nids de
Bourdons.
Neuvième Tribu.
Yponomeutides, Yponomeutidœ, Stephens.
Cette tribu est une des moins nombreuses : cinq genres,
divisés en vingt espèces, la composent. Le genre Ypono-
meute, qui donne son nom à la tribu, comprend sept
espèces. Cette tribu se fait remarquer par la couleur uni-
forme de leurs premières ailes, qui est d'un blanc plus
ou moins pur, sur lequel tranchent des taches ou des
points noirs rangés symétriquement, et plus ou moins
nombreux suivant les espèces.
Le genre Myelophila vit et se métamorphose dans la
tige des chardons , où elle passe l'hiver ; son papillon
s'écarte peu du lieu qui l'a vu naître; il vole à l'ardeur
du soleil. D'autres genres vivent solitairement sur les
plantes herbacées, et leurs Papillons, pendant le jour,
se tiennent appliqués sur le tronc des arbres.
Dixième Tribu.
Tinéides, Tineidœ, Latreille.
Nous arrivons à cette nombreuse tribu qui se compose
de trente-deux genres, offrant deux cent soixante-quatre
Papillons de très-petites espèces.
En général, ces Papillons sont parés de couleurs vives
et brillantes, souvent avec des reflets métalliques, qui
ne le cèdent en rien aux tribus les plus belles; ils sont
encore remarquables par la forme élégante et la coupe
singulière de leurs ailes. Leurs chenilles, au contraire,
comme toutes celles qui vivent dans les lieux obscurs et
PAPILLONS. 907
qui fuient la lumière, sont peu brillantes et ont, en
général, une couleur livide.
Toutes les Tinéides que l'on connaît, peuvent être divi-
sées en seize classes , et par rénumération des mœurs
de leurs chenilles et de leurs Papillons, on sera vile au
fait du mal qu'elles nous causent.
La première classe se plait sur les arbres, et la che-
nille, qui se développe en se cachant entre deux feuilles,
se métamorphose dans un double tissu. Les Papillons de
cette classe sont de couleur terne , et ne quittent guère
la souche des arbres où ils sont éclos.
La deuxième classe se nourrit dans les champignons
et le bois pourri ; les chenilles s'y pratiquent des galeries,
qu'elles tapissent de soie et où elles se changent en
chrysalides. Deux espèces de cette classe sont remarqua-
bles par leur taille, et par les belles couleurs qui ornent
leurs ailes ; les antennes des mâles sont largement pec-
tinées.
La troisième classe est composée par les Teignes pro-
prement dites. Elles vivent aux dépens de tout ce qui sert
à l'homme : les vêtements, les meubles en laine, le crin,
les plumes, et toutes les substances animales et végétales
desséchées. Les chenilles rongent ces substances, non-
seulement pour s'en nourrir, mais aussi pour s'en couvrir
et se mettre ainsi à l'abri des attaques de leurs ennemis;
les dégâts qu'elles font dans les ménages sont effrayants.
Leurs Papillons n'ont pas des couleurs vives; ils sont
constamment parmi nous, et c'est dans nos demeures
qu'il faut les chercher; tout le monde les connaît.
Les chenilles des Tinéides, comme toutes celles de
cette tribu, passent l'hiver dans l'engourdissement, et,
008 HISTOIRE NATURELLE.
lorsque cette saison arrive, elles attachent leur fourreau,
tantôt par les deux bouts à l'étoffe qu'elles ont rongée,
tantôt elles se suspendent dans les angles des murs
ou dans les plafonds; ce n'est qu'au printemps qu'elles
se changent en chrysalides. Elles restent sous cette forme
pendant vingt jours, au bout desquels le Papillon se
développe et vole pour chercher à s'accoupler. Après
l'accouplement, qui dure sept à huit heures, la femelle
va déposer les œufs sur les étoffes ou autres matières
qui lui conviennent, suivant son espèce, et meurt après
la ponte; quinze jours après, les chenilles éclosent, et
commencent leurs ravages.
Dans cette même classe viennent se placer YAsopia
farinalis, Treits., dont la chenille vit. dans la farine, et
s'y trouve quelquefois en grande quantité; YOEcophora
granella. Dup. (teigne des blés), qui ronge l'intérieur du
froment, du seigle, de l'orge, etc. La chenille de ce petit
Papillon lie ensemble plusieurs grains pour s'en faire
une sorte d'enveloppe ; après en avoir mangé plusieurs,
elle s'enferme dans l'un d'eux, ou se retire sur les murs
et les poutres des magasins, pour y achever ses transfor-
mations, et se changer en Papillon au printemps suivant.
Lorsque cette chenille se multiplie dans nos greniers,
elle y fait des dégâts considérables. Pour les prévenir,
il faut remuer le grain et l'aérer; car tous les insectes
de ce genre n'aiment pas à être dérangés : il suffît de
déplacer souvent les objets qu'ils touchent, pour les voir
s'en éloigner. M. Herpin a inventé un instrument appelé
Tarare brise-insectes, dont l'emploi préserve nos blés des
ravages de cette Tinéide.
La quatrième classe vit, tantôt solitaire, tantôt en
PAPILLONS. 909
Camille; elle réunit en paquet plusieurs feuilles attachées
par des fils, et se métamorphose dans le tissu qu'elle a
ainsi préparé.
La cinquième classe, qui n'est pas la moins nombreuse,
vit dans l'intérieur des tiges des plantes aquatiques; il
est bien difficile de se la procurer. Les Papillons ont une
couleur terne et uniforme.
La sixième classe vit sur les arbres fruitiers, et forme
une coque en forme de nacelle, d'un tissu serré, dans
laquelle elle subit sa transformation. Les Papillons sont
remarquables par la forme uncinée de leurs ailes.
La septième classe forme entre les feuilles un tissu
mince, et s'y métamorphose ; les Papillons sont généra-
lement ornés de couleurs assez vives.
La huitième classe se tient cachée, dans un tissu lâche,
entre les feuilles qui lui servent de nourriture, et quitte
cette demeure au moment de se métamorphoser; elle
forme alors une coque avec de la mousse et de la terre.
Les Papillons de cette classe sont remarquables par la
coupe de leurs ailes.
Les Alucites, qui composent la neuvième classe , atta-
quent de préférence les plantes potagères et les arbris-
seaux. Leur transformation a lieu dans un réseau fin et
artistement travaillé qui laisse voir la chrysalide. Les
Papillons se distinguent par la délicatesse de leurs
dessins; l'éclat de leur couleur est terne.
Les Alucites ( Alucita cerealella, Encyclop., Butalis
cercalella, Guerin.) attaquent aussi le blé sur pied. Ces
petits Lépidoptères , dont la chenille vit dans l'intérieur des
grains de blé, ont causé de véritables disettes en dimi-
nuant de 80 p. % les récoltes de certaines années. La
910 HISTOIRE NATURELLE.
ponte se fait sur le grain presque mûr ; et lorsqu'une pro-
priété est attaquée parles Alucites, on doit, pour prévenir
leurs ravages, couper les blés avant leur maturité. Mais
l'Insecte le plus malfaisant à nos récoltes de blé , c'est la
Cécidomye, Cecidomya tritici, Latr. Si elle est en nom-
bre, nos pertes sont considérables; mais ses ravages
s'exercent plus particulièrement dans le nord, et nous
voyons très-peu de Cécidomyes dans nos champs.
La dixième classe vit à découvert sur les arbrisseaux.
Les chenilles se métamorphosent en attachant leur chry-
salide par une soie , comme certains Papillons diurnes.
Les Papillons de cette classe, ont des couleurs assez
variées.
Là onzième classe vit sous l'écorce des arbres ou dans
le bois pourri, et s'y métamorphose ; quelquefois les che-
nilles vont opérer leur transformation dans la mousse.
Les Papillons ont des couleurs vives et tranchées.
La douzième classe vit et se métamorphose dans des
feuilles roulées comme les tordeuses. Plusieurs genres
en font partie ; leurs Papillons sont généralement de
couleurs sombres, mais d'un dessin assez varié, quoique
peu arrêté.
La treizième classe vit sur les plantes rampantes et
sur les arbres ; les chenilles sont cachées dans des four-
reaux portatifs qu'elles agrandissent à mesure, et dans
lesquels elles se métamorphosent; ces fourreaux sont
très-originaux et de formes variées. Les Papillons fournis
par cette classe, sont généralement parés de couleurs
brillantes et souvent métalliques.
La quatorzième classe comprend les Mineuses. Elles
se creusent des galeries dans l'épaisseur des feuilles,
PAPILLONS. 911
dont elles mangent le parenchyme, sans toucher aux
deux épidémies, qui leur servent d'abri et entre lesquels
elles se métamorphosent. Les Papillons qu'elles produi-
sent, sont les plus petits de la tribu ; mais la nature
semble avoir voulu les dédommager de leur petite taille,
en les parant des couleurs les plus vives, mêlées à l'éclat
des métaux les plus précieux : ce sont les Colibris et les
Oiseaux-Mouches des Lépidoptères.
La quinzième classe comprend les chenilles, qui se
nourrissent de feuilles d'arbre et de plantes rampantes,
et se renferment dans des fourreaux portatifs où elles se
métamorphosent. Elles forment, avec la soie seulement,
ces fourreaux, qui n'en sont pas moins admirables par
leurs formes et par le soin qu'apporte l'animal à leur
donner des formes régulières, tout en s'y ménageant une
retraite sûre pour se mettre à l'abri. Les uns sont en
forme de crosse de pistolet, les autres cylindriques, por-
tant à leur base deux appendices ressemblant aux deux
battants d'une coquille bivalve. Leurs Papillons sont très-
petits et ont des couleurs sombres.
La seizième classe se compose de chenilles, qui se
nourrissent des lichens qui croissent sur les pierres. Ces
chenilles se tiennent aussi renfermées dans des tuyaux
portatifs , composés de soie et de molécules pierreuses ,
dont la forme est assez bizarre : les uns sont à trois pans,
les autres en forme de cône avec la pointe un peu recourbée ;
une troisième espèce contourne son étui comme une hélice.
De ces trois formes de fourreaux, ceux de forme conique
sont les plus communs.
Cette énuméralion fait voir que les chenilles des Tinéi-
des réunissent, à elles seules, les différents genres de vie
912 HISTOIRE NATURELLE.
et les divers modes de transformation qui se trouvent
disséminés dans les autres tribus, et qu'elles sont, sous
ce rapport, une mine inépuisable d'observations très-
curieuses. Quant aux Papillons, ils n'offrent rien de
remarquable.
Peu de personnes s'adonnent à la recherche des Lépi-
doptères de cette tribu ; leur petitesse , la délicatesse de
leurs ailes, les rendent très-difficiles à préparer. Ceux
des naturalistes qui ont cette patience, en sont récom-
pensés par la variété des formes et la richesse des cou-
leurs de leurs collections.
Onzième Tribu.
Ptérophorides, Pterophoridœ , Geoffroy.
Cette tribu, peu nombreuse, se compose de deux gen-
res seulement. Le premier (Ptérophores), qui a donné
son nom a la tribu, est de trente espèces. Dix-neuf
seulement sont bien connues et décrites : leurs Papillons
se tiennent dans les haies, les broussailles, les bois frais
et les jardins. Leur forme est gracieuse, leurs ailes sont
découpées en plusieurs branches, et ont la forme de bar-
bes de plumes, ce qui ne favorise nullement leur vol,
qui est court, saccadé, et d'autant moins rapide, que
leurs ailes sont plus profondément divisées. Ils sont
à la fois diurnes et crépusculaires ; mais le plus grand
nombre ne se montrent que pendant le jour. C'est en
juin, juillet et août qu'on les trouve à l'état parfait; on
s'en empare facilement, parce qu'ils se posent sur les
plantes, où on peut les saisir. La nature leur a prodigué
ses faveurs : les ailes de cette tribu sont ornées des
couleurs les plus brillantes, admirablement disposées,
PAPILLONS. 913
dont la coupe singulière, les rend d'une beauté qui ne
le cède en rien à la généralité des autres tribus. Leurs
chenilles vivent ordinairement sur les plantes herbacées :
nous sommes parvenu à nous en procurer beaucoup, en
visitant nos luzernières, et eu ramassant toutes celles
qui y fourmillent dans les premiers jours d'avril et mai.
En écartant les plantes de luzerne, on voit, sur le sol,
du mouron et de fines graminées sur lesquels vivent
beaucoup de ces chenilles. On les ramasse; on les en-
ferme dans un grand bocal ou dans une caisse disposée
exprès recouverte avec une toile métallique, et on ne s'en
inquiète plus, que pour leur donner, tous les jours, une
poignée de ces mêmes plantes fraîches. Quelque temps
après, en secouant ces broussailles, les chrysalides tom-
bent et on les place dans une boite pour les faire éclore.
A mesure que les Papillons naissent , on les pique et on
les prépare; par ce moyen on a des sujets d'une fraî-
cheur parfaite.
Les fourrés de la pépinière, les glacis des fortifications
de la place et de la citadelle de Perpignan, les taillis qui
bordent les cours d'eau , les coteaux herbeux de Saint-
Sauveur et Château-Roussillon, nous fournissent quantité
de ces beaux Insectes ; mais rien n'égale , quand on
veut s'en donner la peine , ceux que l'on se procure en
élevant les chenilles de la manière que nous venons
d'indiquer.
S'il est difficile de composer une belle collection d'In-
sectes, il est bien plus difficile de la conserver; car une
foule d'ennemis concourent a la détruire. Si le soin, la
propreté, n'ont pas empêché ces ennemis de pénétrer
dans les boites, les tiroirs, les armoires où sont réunis
TOUR III. «JB
914 HISTOIRE NATURELLE.
les animaux, et d'y déposer leurs œufs, bientôt on voit
la collection ravagée par des myriades de larves, à la
peau couverte de poils droits, disposés en aigrette sur les
côtés de l'abdomen, qui changent plusieurs fois de peau
et qui passent à l'état de chrysalide dans leur dernière
dépouille : ce sont les larves A'Anlhrènes, contre lesquel-
les on a préconisé divers moyens qui ne produisent pas
toujours des résultats satisfaisants. Notre expérience nous
a démontré, que le meilleur nécrentome était la chaleur
portée à 100 degrés. A cet effet, nous avons fait cons-
truire un vase en fer-blanc, à double enveloppe, supporté
par quatre pieds en fer, de trente centimètres de hauteur.
Nous remplissons la double enveloppe d'eau bouillante,
et nous l'entretenons à cette température par un petit
foyer de charbon embrasé placé sous l'appareil. Dans la
partie vide, qui se ferme au moyen d'un couvercle, nous
plaçons deux ou trois boîtes, selon leur grosseur, et
nous les maintenons dans l'appareil pendant quinze
minutes, temps suffisant pour faire périr les larves et
tous les petits insectes qui se seraient introduits dans
notre collection. Je fais tous les deux ans cette opéra-
tion, et par ce moyen mes collections se maintiennent
propres et bien conservées : les Insectes les plus déli-
cats, les Papillons aux ailes si tendres, n'ont jamais
souffert la moindre altération du séjour prolongé qu'ils
ont fait dans mon étuve au bain-marie.
Nous avions borné nos recherches sur les Insectes
Lépidoptères, à la tribu des Pualéniles, parce que les six
autres trihus, qui terminent celte classe d'animaux,
n'offrent, en général, que des Papillons très-petits, diffi-
ciles à prendre et plus encore h préparer. D'un autre
PAPILLONS. 915
côté, nous trouvions que nous avions déjà embrassé trop
de sujets d'étude, pour traiter celui-ci avec l'attention
minutieuse qui le recommande à tout homme qui s'adonne
à l'histoire naturelle, et nous l'avions négligé; mais, en
1858, la P y raie de la vigne fit de si grands ravages sur
les vignobles de France, que le gouvernement s'en émut,
et envoya dans les départements ravagés, le savant pro-
fesseur Audouin, pour étudier le mal et y porter remède.
De toute part les naturalistes se mirent à l'œuvre ; nous sui-
vîmes nous même l'impulsion générale : nous ne pouvions
rester spectateur indifférent du mouvement qui s'opérait,
notre vignoble étant un des plus maltraités par le
fléau. Nous étudiâmes avec ardeur les mœurs de la che-
nille et du Papillon de la Pyrale, et nous consignâmes
le résultat de nos observations dans un mémoire publié,
en 1859, dans le quatrième bulletin de la Société Phylo-
mathiquede Perpignan; et lorsque M. Audouin arriva daus
notre pays, nous fûmes heureux de lui présenter notre
travail, qui, nous dit-il, facilitait sa tâche dans les Pyré-
nées-Orientales.
Comme il est bon de rappeler à l'attention publique,
ce qui a été dit sur cette matière, je vais rapporter la
lettre que M. Audouin m'écrivit après sou retour à Paris,
celle de Mme Audouin, qui, après la mort de son mari,
fut chargée de terminer son œuvre, et celle que m'écrivit
S. Exe. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce.
Ces lettres feront comprendre toute l'importance de la
question qui s'agitait alors ,• question aussi grave que
celle de l'oïdium qui nous occupe aujoura'nui.
91G HISTOIRE NATURELLE.
Paris, 24 septembre -(858, une heure du matin.
<( Monsieur et cher confrère ,
« C'est un peu tardivement que je prends la plume pour répondre
à votre excellente lettre du 19 juillet dernier ; mais j'étais en voyage
lorsqu'elle est arrivée à Paris, et je n'ai eu pleine connaissance de
son contenu que dans les premiers jours de septembre, à mon
retour du Maçonnais. Pour compléter mes observations, j'ai dû
revoir encore cette localité importante au moment où devait se
faire la cueillette des œufs, et ma satisfaction a été grande, lorsque
j'ai vu que le bien avait été si général dans les localités où l'on
avait opéré l'an dernier et dans les points environnants, qu'il n'y
a eu que fort peu d'enlèvements d'œufs à faire
« Quoi qu'il en soit, me»voici de retour de mes diverses excur-
sions, et tellement occupé de la rédaction de mon travail, que j'y
consacre tout mon temps et même une partie de la nuit, reléguant
ma correspondance à une heure du matin, et ne me couchant qu'à
deux heures. Vous devez donc compter sur la publication de mes
recherches : elles formeront un fort volume grand in-8° ou in-4°,
qui, j'espère, paraîtra au printemps prochain. Grâce à vos bonnes
indications, je pourrai m'étendre un peu sur les dégâts que l'In-
secte exerce dans votre département. Votre carte, avec les numéros
qui y sont placés, et qui correspondent à des renseignements clairs
et précis, me permettront d'en faire dresser une sur la même échelle
que celles des départements du Rhône et de Saône-et-Loire.
« J'aurais besoin, avant de la livrer au graveur, que vous répon-
dissiez aux questions suivantes :
PAPILLONS. .117
« 4° Quelle est l'échelle de votre carte? N
« 2° Combien de cantons comprend le pays vignoble, et com-
bien ces cantons comprennent-ils de communes. Le cadastre vous
dirait cela, et il serait possible d'en faire le tracé sur la carte que
je ferai graver. Vous pourriez m'envoyer un simple calque des
diverses circonscriptions?
« 3° Quelle meilleure carte connaissez-vous de votre dépar-
tement, et qui pourrait me servir de guide pour tracer un peu
exactement les montagnes?
« 4° Sur votre carte , certaines localités sont marquées par un
rond plus ou moins grand. Cette grandeur est-elle en rapport
avec l'étendue du lieu, et ce signe désigne-t-il une commune?
Celui qui est marqué par une petite maison , indique-t-il un
simple hameau?
« 5° Pour les terres non cultivées en vignes, y a-t-il moyen
d'indiquer la nature de la culture, seulement en céréales, prairies
et bois? J'ai cette distinction pour d'autres localités. J'attends vos
renseignements pour donner votre carte à la gravure.
« Lorque je vous ai dit, monsieur et ami, que j'userais de votre
obligeance, et lorsque vous avez été assez aimable pour me dire
que vous me donniez carte blanche, vous ne saviez peut être pas
à quoi vous vous engagiez; mais, croyez que je saurai apprécier
ce que votre amitié pour moi et votre zèle pour la science vous
porteront à faire. Vos compatriotes vous en devront aussi quelque
reconnaissance, et je ne manquerai pas l'occasion de leur faire
savoir que je partage vivement ce sentiment.
« Je vous remercie bien de l'envoi des numéros du Journal des
Pyrénées-Orientales où il a été question de la séance de la Société
Philomathique; depuis lors j'ai reçu les numéros des 4 et 18 août
où se trouvent insérés vos Quelques mots sur la Pyrale. Je les ai
lus avec beaucoup d'intérêt, et j'en ferai bon usage à l'occasion ;
mais je ne crois pas encore avoir tout ce qui a été écrit à ce sujet.
918 HISTOIRE NATURELLE.
Ainsi, vous citez dans le deuxième article, qui a paru le 18 août,
un travail que vous dites avoir paru dans le journal du 26 juillet.
Je n'ai pas eu ce numéro. Dans le cas où vous ne pourriez me le
procurer, veuillez, s'il vous plaît, faire copier ce qui y est dit.
Je tiens à avoir sous les yeux, pendant que je rédige mon travail,
tout ce qui a été publié. Quelque peu d'importance que vous
donniez à ces articles, ils ont pour moi une valeur réelle; et, si je
n'y trouve pas des faits nouveaux, ils me donnent la confirmation
de ceux que j'ai observés, et me permettent de citer, en les faisant
ressortir, les observations qui coïncident avec les miennes. Je ne
suis pas moins désireux de connaître les objections qu'on élève
contre la méthode que je préconise, comme aussi tout ce qui se
dit d'absurde sur l'histoire de l'Insecte; c'est ainsi que je voudrais
bien avoir une copie exacte des articles de M. Ducos et de ceux
de M. Dcspax. Vous citez la France Méridionale, numéro du 23
juin, et la Gazette du Languedoc, numéros des 13, 15 et 23 juin.
Je n'ai rien vu de tout cela, et n'ai aucun moyen d'en avoir
connaissance.
« Vous me parlez encore d'un autre mémoire que vous vous
proposez de publier à l'occasion de YAllica (Babot de votre pays).
Je voudrais bien le connaître et le posséder dans mes notes.
« Vous m'aviez promis un bon nombre de Pijrales, obtenues de
larves que vous éleviez, et un bon nombre de parasites; envoyez-
moi ces objets par la diligence. L'histoire des Parasites de la Pyrale
aura une large place dans mon ouvrage, et j'aurais besoin de voir
ceux de Perpignan, qui, peut-être, me fourniront des espèces
nouvelles à faire graver et à décrire.
« Qu'cnlendez-vous par aijininate; quelle est l'étymologic de ce
mot, et à quelle mesure légale correspond-elle?
« J'aurai sans doute bien d'autres questions à vous faire; elles
se présenteront lorsque, dans un article spécial, je traiterai de
Perpignan : je vous les adresserai plus tard. Mais veuillez ne pas
PAriLLONS. 019
les attendre pour me donner de vos nouvelles, et eu même temps
pour recueillir cl me Irausmcllre tout ce que vous pourrez ap-
prendre sur la Pyrale. Savez-vous quelque chose sur l'époque
où elle a commencé à paraître? Quelque vieille chronique ferait-
elle mention du ver de la vigne? Je possède pour le Maçonnais un
document précieux : c'est une convention entre les habitants de
la commune de Romanèche et le Curé de la paroisse, pour que
celui-ci eût à f;iire, lorsqu'il en sérail requis, des processions
dans les vignes, afin d'en chasser les vers. La convention est de
la fin du siècle dernier. Consultez un peu vos Curés sur ce point,
et si vous en trouvez d'obligeants, engagez-les à faire des recher-
ches dans leurs archives de sacristie.
« Adieu, monsieur et cher confrère; il est bien heure de prendre
un peu de repos. Mes yeux, d'ailleurs, me refusent un peu leur
service, et je compte sur les vôtres et votre bonne amitié pour
excuser mon griffonnage et le décousu de cette lettre.
« Votre bien dévoué et très-affectionné confrère.
« V. Audouin.
« P. S. J'avais cru avoir terminé ma lettre; mais je m'aperçois
que j'ai encore un renseignement important à vous demander.
Votre lettre cl l'article que vous avez publié dans le Journal des
Pyrénées-Orientales, le A août, cherchaient à établir la différence
de prix qu'il y a entre l'enlèvement des pontes et l'échenillage;
ils concluent que l'échenillage coûte la moitié de plus que la
cueillette des pontes, c'est-à-dire, que l'échenillage coûtant
12 fr. 40 c. par ayminate, la cueillette coûtera G fr. 20 c. Or,
je ne vois pas bien comment serait établi ce chiffre de G fr. 20 c.
Il est bien dit plus haut qu'une vigne de M. Pages a nécessité
sept journées par ayminate pour l'enlèvement des pontes; mais, je
ne vois pas bien comment vous établissez qu'il en a fallu quatorze
pour l'enlèvement des chenilles. Puis, je désirerais savoir, quant
à l'enlèvement des pontes, si on entend qu'on y a passé une fois.
92U HISTOIRE NATURELLE.
Cela n'est pas sans doute; et alors combien de fois a-t-on parcouru
la vigne, pour que l'opération soit bien faite? La même question
se présente pour l'échenillage : à combien de reprises a-t-il eu
lieu?
« Le calcul que vous faites a une grande importance. Je compte
le reproduire dans mon ouvrage; mais, en vous citant, il faut que
je vous comprenne bien , et , ensuite , il faut que cette compré-
hension parfaite nous la communiquions au public. Veuillez donc
revoir votre article sous ce point de vue, et y changer ce que vous
croiriez être moins clair, en y substituant une exposition simple,
intelligible pour les moins intelligents. Disons simplement, une
ayminate, pour être purgée des chenilles, en la parcourant tant
de fois, demande tant de journées; la même étendue de sol, pour
être purgée des pontes, en la parcourant tant de fois, demande
tant de journées.
« M. Pages aurait-il des notes à me fournir, et qui m'éclaire-
raient sur les époques où la Pyrale a sévi davantage? a-t-il fait
écheniller avant 1819, et le nombre plus ou moins élevé des
journées indique-t-il assez exactement le mal de chaque année,
en sorte, qu'en 1821 et 1827, par exemple, il y aurait eu plus
de dégâts? A-t-il des observations postérieures à 1830? M. Bassal
est aussi une personne qui mériterait d'être consultée , pour
connaître les années où le fléau a été plus grave, et sur quels
points. »
C'est pendant la rédaction de son utile travail, que la
maladie dont était menacé M. Audouin fit des progrès
rapides, et ce fut en retouchant quelques parties de
son manuscrit, alin de terminer la publication de cet
PAPILLONS. 921
ouvrage, auquel il avait consacré les dernières années
de sa vie, que la mort vint le surprendre : il succomba
au commencement de 1842.
Mme Audouin, sa compagne fidèle, avait accompagné
son mari dans ses divers voyages. Elle était initiée à
toutes les recherches; et les opinions de son mari a ce
sujet, lui étaient familières. Ce fut elle qui se chargea de
terminer cette œuvre importante ; et, comme il lui man-
quait sur notre contrée quelques observations, nous
reçûmes de Mme Audouin la lettre suivante :
« Monsieur le Docteur,
« L'amitié que vous portiez à mon pauvre mari, et l'intérêt que
je suis bien sûre que vous inspire ma douloureuse position, me font
espérer que je ne vous paraîtrai pas trop indiscrète en recourant
à votre obligeance pour vous demander quelques renseignements
utiles pour terminer complètement l'ouvrage sur la Pyrale, qui
l'occupait depuis plusieurs années, et que je trouverai une triste
consolation à terminer avec le soin qu'il y mettait lui-même. Cet
ouvrage, qui était presque terminé, pourra être publié bientôt,
et paraitra au plus tard au mois de juin. Mais la cruelle maladie
qui est venue l'assaillir, à peine arrivé à Paris, et qui nous l'a
enlevé au bout de si peu de semaines, l'a empêché de joindre à
son travail les renseignements plus récents que vous avez , sans
doute, eu la bonté de lui donner lors de notre passage à Perpignan,
« Tout ce qui regarde le département des Pyrénées-Orientales,
m'a paru très-complet, sauf l'état actuel du mal. C'est en 1839
que s'arrêtent les derniers renseignements que vous aviez bien
voulu lui transmettre, et il me semble convenable de dire aussi
quelques mots sur l'état du département durant les deux années
suivantes. J'ose donc compter sur votre amitié, monsieur, pour
922 HISTOIRE NATURELLE.
ine répondre quelques lignes à ce sujet. Elles viendront compléter
une partie du travail où votre coopération lui avait déjà été très-
précieuse; et, sachant bien toute la confiance que lui inspiraient
vos observations , j'ai cru suivre encore ses inspirations en
venant en réclamer de nouvelles. L'étendue des ravages pendant
les années les plus malheureuses, ne me semble pas non plus
spécifiée d'une manière très-positive.
« Veuillez excuser, monsieur, mon indiscrétion. Mon seul bon-
heur aujourd'hui sur la terre, est de tâcher de voir son nom aussi
complètement honoré qu'il le méritait, et je pense que cet ouvrage
pourra atteindre ce but. Soyez assez bon, monsieur, pour me dire
si M. Audouin vous avait remis la première livraison, ou si vous
l'avez reçue directement du Ministère. Or, dans le premier cas,
j'aurai l'honneur de vous envoyer la suite.
« Veuillez agréer, monsieur, l'expression de mes sentiments
les plus distingués et de toute ma reconnaissance.
« Signé : M. Audouin.
» Jardin du Roi, 24 mars -1 8--Î 2 . «
Avant la mort de M. Audouin, nous avions reçu de
Monsieur le Ministre de l'Agriculture et du Commerce la
lettre suivante :
t Paris, le 22 septembre -J8Î0.
a Monsieur le docteur Companyo,
« Un de mes prédécesseurs , informé des dégâts considérables
que la Pijrale causait dans les vignobles de plusieurs départements,
avait chargé, en 1838, M. Audouin, professeur au Muséum d'His-
PAPILLONS. 923
toire Naturelle, d'aller étudier sur les lieux la manière de vivre de
cet Insecte, et de rechercher et appliquer les moyens de s'opposer
à ses ravages. Il s'est acquitté avec un plein succès de cette
mission, et il s'occupe maintenant de la publication d'un ouvrage
destiné à faire connaître le résultat de ses travaux à ce sujet.
« M. Audouin, en me rendant compte des différentes circons-
tances de sa mission, ne m'a pas laissé ignorer le zèle empressé
que vous avez mis à lui en faciliter l'accomplissement, en tout ce
qui pouvait dépendre de vous. Désirant vous en témoigner ma
satisfaction, j'ai jugé convenable, sur la proposition qu'il m'en
a faite, de disposer, en votre faveur, d'un exemplaire de son
ouvrage, dont la première livraison vient de paraître.
« Lorsqu'il sera terminé, j'aurai l'honneur de vous en informer,
et de vous donner l'indication du lieu où vous devrez taire prendre
l'exemplaire que je vous destine.
« Recevez, etc.
«Le Ministre de l'Agriculture et du Commerce,
« Signé : Goum. »
FIN DU TROISIEME ET DERNIER VOLUME.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Fig. /.— Desman des Pyrénées, de grandeur naturelle.
Fig. 2. — Testacelle de Companyo portant sa coquille, de gran-
deur naturelle.
A, Coquille vue en dessus.
B, Coquille vue en dessous.
Fig. 3. — Hélix lactea ou punctatissima , aberration scalaire qui
n'avait pas encore été signalée dans cette espèce, de
grandeur naturelle.
Fig. 4. — Phlaeotribe de l'olivier, très-grossi. Le trait qui se
trouve à côté désigne la grandeur de l'Insecte.
Fig. 5. — Paussus de Favier, très-grossi. Le trait qui se trouve
à côté de l'Insecte désigne sa grandeur naturelle.
Fig. 6. — Stromatium sexpustulatum, nouvelle espèce, de gran-
deur naturelle.
ABRÉVIATIONS.
925
LISTE ET ABRÉVIATIONS DES NOMS D'AUTEURS
CITÉS DANS CE VOLUME.
Adanson Adan.
Ahr Ahr.
Aleron Aie.
Allionii Alli.
Andersen Ander.
Archiac (d') D'Arch.
Aube Aub.
Barrère Bar.
Barthélemi Bart.
Bauhini Bauh.
Beaumon Elie (de) Beau. E.
Bechestein Bech.
Bell Thomas Bell Th.
Bellard Bella.
Bellon Bello.
Bentham Bent.
Berge Berg.
Beudant Beud.
Bibron Bib.
Bieb Bieb.
Billot Bill.
Blainville Blain.
Bloch Blo.
Bluff Bluff.
Bonaparte Ch Bona. Ch.
Bonelli Bonel.
Bonnat Bonnat.
Boreau Bor.
Born Born.
Bossi Bos.
Bouis Bou.
Bousingault Bousi.
Boyer Boy.
Brocchi Broc.
Brongniart Brong.
Brown Brow.
Broussonnet Brous.
Brehm Brehm.
Bristhool Brist.
Brugyère Brug.
Brunnich Brun.
Buffon Buf.
Bung Bung.
Carrère Carr.
Clairville Clair.
Chaix Chai.
Charpentier Char.
Chevrier Chevrier.
Chevrolat Chev.
Cordier Cord.
Creutzer Creut.
Dahl ..... Dahl.
Daubenton Daub.
Davidson Dav.
926
ABRÉVIATIONS.
Decandole Deçà.
Dejean Dej.
Delessert Deles.
Deshaies Desh.
Desvaux Desv.
Degéer Degéer.
Desmaretz Desm.
Deslongcharaps . . . Deslo.
Dilwing Dilw.
Draparnaud Drap.
Dufour Duf.
Dufrenoy Dufr.
Dubois. . , Dub.
Duftschmid Duft.
Dumorlier Durao.
Duméril Damé.
Durocher Duro.
Durieu Dur.
Dubi Dub.
Dupont Dupo.
Dupuy Dupuy.
Edwards (Mil.) Edw.
Endress End.
Eschschothz Eschs.
Erich Eri.
Fabricius Fab.
Farines Fari.
Férussac (de) De Féru.
Fischer Fisch.
Fries Frie.
Friw Friw.
Frœhlich . Frœhl.
Frivaldjsky Friv.
Fuchs
Gaubill
Gaudichon
Gay
Gêné
Geoffroy Sf-Hilaire.
Germar
Gmelin
Godart
Gœrtn
Gravenhorst.
Grenier et Godron.
Gyllenhal
Gysselen
Huiler
Hacnk
Haening
Herbsting
Hoffmansegg
Iloppe
Illiger
Jacq
Jussieu
Kiesso
Kirby
Kirschl
Knoch
Koch
Kugell
Lacépède
Lacordaire
Laicharting
Lamark
Fuch.
Gaub.
Gaud.
Gay.
Gêné.
Geoff.
Germ.
Gmel.
God.
Gœr.
Grav.
Gre. God.
Gyll.
Gyss.
liai.
Hrenk.
ILe:ii.
Herb.
Hoff.
Hop.
Illig.
Jacq.
Jus.
Kies.
Kir.
Kirs.
Kno.
Koch.
Kugell.
Lacep.
Lacord.
Lair.
Lani.
ABRÉVIATIONS.
927
Lantivi Lant.
Laroche Lar.
Lalbam Lath.
Latreille Latr.
Leachc Leach.
Leistter Leist.
Leski Lesk.
Lessueur Less.
Levaillant Levail.
Leymerie Leym.
Linné Lin.
Loiseleur Lois.
Marcel de Serres. . M. de Ser.
Mark Mark.
Marm Mann.
Maudnit Mand.
Ménétries Mené.
Megerle Meg.
Meyer Mey.
Miehaud Mich.
Morisson' Moris.
Mulzan Mulz.
Munster Miins.
Mutel Mut.
Narsham Narsh.
Natterer Natt.
Neust Neus.
Nos nés Nog.
Noulel Noul.
Ochseinheimer. .. . Ochs.
Olivier Oliv.
Omalius Daloy. . . . Omal.
Orbigny (Achille d') D'Orb.
Paillette Pail.
Pairrey. Pair.
Pallas Pall.
Panzer Panz.
Paykul Payk.
Petivier Peti.
Pfeifer Pfei.
Poirret Poir.
Pourret Pour.
Rai Rai.
Rambure Ram.
Rang Rang.
Rehb Reh.
Reichembac Reich.
Risso Ris.
Roemer Roem.
Rondelet Rond.
Rossmaler Ross.
Sabine Sab.
Savi Savi.
Schcrrer Sche.
Schniits Schm.
Schbnherr Seho.
Schlolhs Schl.
Schrand Schr.
Schulh... Schu.
Schuppel Schûp.
Scopol Scop.
Scriba Scrib.
Serville . Serv.
Sibth Sib.
Solier Sol.
Sowerbi Sow.
928
ABREVIATIONS.
Spach Spac.
Spanzer Span.
Sprengel Spren.
Stahl Stah.
Stév Stév.
Storr Storr.
Sturm , . . Stur.
Sykes Syk.
Tauche Tau.
Tenore Ten.
Timeroy Tim.
Thuilier Thui.
Tournai Tour.
Treitschke Treits.
Valenciennes Vale.
Vieilliot Vieil.
Vig Vig.
Villars Vill.
Wagler Wag.
Wahlenb Wah.
Wallr Wall.
Wilkin Wilk.
Willd Willd.
Wulflf Wulff.
Ulrich Ulr.
Young You.
Zenker Zenk.
Zettersttedt Zetters.
Ziegler. . ,\ Ziear.
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
Pages.
QUATRIÈME PARTIE.
Règne Animal. — Généralités. 5
CDAPITBE I.
Mammifères , 17
Classification d'après Cuvier. . 18
5e Ordre. — Carnassiers 4 S
4te Famille. — Chéiroptères . 19
Genre Rhinnlophe 19
— Vesperlilion 21
— Oreillard 24
2e Famille. — Insectivores . . 24
Genre Hérisson 24
— Musaraigne 26
— Desmau -8
— Taupe 29
5* Famille. — Carnivores . . 51
\te Tribu. — Plantigrades. . . 51
Genre Ours 52
— Blaireau 55
2e Tribu. — Digitigrades ... 54
Genre Marte 55
— Loutre 59
— Cliien 40
iomr m.
Pages
Race des Matins 42
Race des Épagneuls 43
Race des Dogues 44
Le Loup 45
Sous-genre Renard 45
Genre Civette 47
— Chat 48
5e Tribu. — Amphibies 51
Genre Phoque 51
4e Ordre. — Marsupiaux .... 53
5e Ordre. — Rongeurs 54
Genre Ecureuil 54
Le Loir, le Lérot 56
Muscardin 57
Genre Rat 58
— Campagnol Cl
— Lièvres 63
— Cobaye 65
0e Ordre — Éden lés 65
7e Ordre. — Pachydermes ... 66
Genre Sanglier 66
Famille des Solipèdes 68
Genre Cheval 68
8'* Ordre. — Ruminants ... 7o
59
930
TABLE DES MATIÈRES.
Genre Antilope 71
— Chèvre 73
— Mouton 74
— Bœuf 75
9e Ordre. — Cétacés 76
2e Famille. — Cétacés ordinai-
res 76
Genre Dauphin 77
— Cachalot 79
— Baleine 80
CBAPITRE II.
Oiseaux 89
Généralités 89
Classification d'après Teraminck. 99
4er Ordre. — Rapaces 400
Diurnes , Genre Vautour ... 400
Genre Catharte 4 02
— Gypaète 4 05
— Faucon 4 05
4 f Division 4 05
2e Division. — Aigles 408
3e Division. — Autours 442
4 e Division. — Milans 442
5e Division. — Elanions 443
6e Division. — Buses 443
7e Division. — Busards .... 444
Oiseaux de proie nocturnes,
Genre Chouette 445
•pe Division 446
2e Division. — Hiboux 448
2e Ordre. — Omnivores 449
Genre Corbeau . . . . . '49
. — Garrule 4 24
_ Casse Noix 122
— Pyrrhocorax 425
Genre Jaseur 424
— Rollier 424
— Loriot 425
— Etourneau 425
— Martin 426
3e Ordre. — Insectivores. ... 427
Genre Pie-Grièche 428
— Gobe-Mouches 429
— Merle 430
4re Section. — Sylvains 4 30
2e Section. — Saxicoles 432
Genre Cincle 455
— Bec-Fin 434
4re Section. — Riverains. ... 435
2e Section. — Sylvains 438
5e Section. — Muscivores. ... 444
Genre Roitelet 445
— Troglodyte 446
— Traquet 447
— Accenteur 449
— Bergeronnette 4 50
— Pipit 452
4e Ordre. — Granivores 454
Genre Alouette 454
4" Section 455
2e Section 455
5e Section 4 57
Genre Mésange 457
4re Section. — Sylvains 458
2e Section. — Riverains 460
5e Section. — Pendulines. . . . 460
Genre Bruant 4 64
4re Section. — Bruants propre-
ments dits 462
2° Section. — Eperonniers. . . 464
Genre Bec-Croisé 464
TABLE DES MATIÈRES.
931
Génie Bouvreuil 465
— Gros-Bec 4 66
4re Section. — Lalicones .... 166
2e Section. — Brevicônes. ... 469
3e Section. — Longicônes ... 470
5e Ordre. — Zigodartyles ... 472
4 re Famille. — Genre Coucou. 472
2e Famille. — Genre Pic 474
Genre Torcol 476
6e Ordre. — Anisodaclyles. . . 477
Genre Sitelle 477
— Grimpereau 478
— Tichodrome 479
— Huppe 480
7e Ordre. — Alcyons.. 484
Genre Guêpier 484
— Martin- Pécheur .... . 482
8e Ordre. — Chélidons 483
Genre Hirondelle. . . 484
— Martinet 486
— Engoulevent 487
9e Ordre. — Pigeons 489
Genre Pigeon 490
40e Ordre. — Gallinacés 492
Genre Faisan ... 493
— Dindon... 494
— Pintade 494
— Paon 494
— Coq 493
— Tétras 495
— Ganga 499
— Perdrix 204
4re Section. — Francolius . . . 202
2e Section. — Perdrix propre-
ment dites 202
5" Section . — Cailles 204
Genre Turnix 204
41e Ordre. — Alectorides 205
Genre Glaréole 205
12e Ordre. — Coureurs 207
Genre Outarde 207
Genre Court-Vite 209
4 5e Ordre. — Gralles 24 1
lre Division. — Gralles à trois
doigts 242
Genre ^Edicnème 242
— Sanderling 243
— Échasse 244
— Huitrier 214
— Pluvier 215
2e Division. — Gralles à qua-
tre doigts 247
Genre Vanneau 247
4re Section 247
2« Section 248
Genre Tourne-Pierre 218
— Grue 249
— Cigogne 224
— Héron 223
4" Section. — Hérons propre-
ment dits 224
2« Section. — Butor 226
Genre Nycticorax 227
— Flammant 228
— Avocette 230
— Spatule 234
— Ibis 232
— Courlis. . . 253
— Bécasseau 234
l'e Section. — Bécasseaux pro-
prement dits 235
2e Section 256
932
TABLE DES MATIÈRES.
Genre Chevalier 257
•lr« Section. — Chevaliers pro-
prement dils 237
2* Section 259
Genre Barge 259
— Bécasse 240
•lre Section. — Bécasse propre-
ment dite 24 1
2e Section. — Bécassine 241
Genre Raie 242
— Poule-d'Eau 2i5
ire Section 245
2e Section 244
Genre Talève 245
44e Ordre. — Pinnalipèdes. . 246
Genre Foulque 247
— Phalarope 248
— Grèbes 249
\ 5e Ordre. — Palmipèdes... 251
Genre Ilirondclle-de-Mer .... 251
— Mauve ou Mouette. .. . 2'ô't
4** Section. — Goéland 25î
2e Section. — Mouette 255
Genre Stercoraire 257
— Pétrel 259
— Puffin 260
— Thalassidrome 260
— Oie 262
— Cygne 26 i
— Canards 265
Section A 266
Section B 269
Genre lia. le 272
— Pélican 274
— Cormoran 274
— Fou 275
Genre Plongeon . . 275
— Guillemot 276
lre Section. — Bec plus long
que la tète 276
2e Section. — Bec plus court
que la tète 277
Genre Macareux 277
— Pingouin. 279
^ 6e Ordre. — Inertes 280
Genre Apterix 280
— Dronte 280
CHAPITnE III.
Reptiles. — Généralités 281
Classification des Reptiles.. . . 290
*'«• Ordre. — Chéloniens 290
Genre Tortue 291
— Emys 292
— Chélouée 295
2' Ordre. — Sauriens 296
lr« Famille. — Crocodiliens.. 297
2« Famille. — Lacertiens 297
Genre M oui lors 297
-- Lézards 297
— Acauthodactyle 505
5e Famille. — Iguaniens .... 506
4* Famille. — Geckoliens . . . 506
5e Famille. — Caméléonicns. 508
(icure Caméléons 508
6e Famille. — Scincoïdicns. . 511
Genre Seps 511
5e Ordre. — Ophidiens 515
lre Famille. — Les Anguis . . 515
2e Famille. — Les vrais Ser-
pen ts 514
lre Tribu- Doubles marcheurs 514
TABLE DES MATIERES.
933
2e Tribu. — Serpents propre-
ment* dits 514
tre Section. — Serpents non
venimeux 5 M
Genre Couleuvre 515
2e Section. — Serpents veni-
meux 524
Genre Vipère 524
5' Ordre. — Batraciens 520
Famille des Grenouilles . . . 52X
Genre Grenouille 528
— fiainette 55 1
— Crapaud 552
— Pipa 557
Famille des Salamandres .... 557
Salamandres Terrestres 540
Salamandres Aquatiques .... 541
Famille des Protées 544
Famille des Sirènes 544
CHAPITRE IV.
Poissons 555
Généralités 545
Classification 556
Poissons Cartilagineux 557
lfr Ordre. — Chondroptéri-
giens à branchies fises .... 557
Famille des Suceurs 557
Genre Lamproie 557
Famille des Sélaciens 559
Genre Squale 559
Roussettes 559
Squales proprement dits. . . . 559
Les Hequins 5G0
Les Marteaux 560
Les iVIilandres 56 1
Les Fmissoles. .
Les Grisels. . . .
Les Aiguillais. .
Les flumantins.
Les Leiclies. . . .
Genre Ange. . .
— Scie . . . .
— Haie.
Les Torpilles
Les liaies proprement dites.. .
Les Pastenagues
Les Mourines
Les Céphaloptères
Genre Chimère. .
2e Ordre. — Chondroptéri-
giens à branchies libres. . .
Famille des Sturioniens ....
Genre Esturgeon
— Polvodon .
Poissons Osseux
5e Ordre. — Les Pleclognathes.
Famille des Gymnodontes. . . .
Genre Tétrodon
Famille des Sclérodermes.. . .
Genre Daliste
A* Ordre. — Les Lophobran-
ches. . .
Famille des Syngnathes
Genre Svngnalhes proprement
dits
Famille des Hippocampes. . . .
5e Ordre. — Les Malacoptéri-
giens abdominaux
Famille des Salmones
Genre Saumon
- Eperlan
561
562
562
562
562
562
565
565
565
564
564
565
565
565
566
566
566
567
568
568
568
568
568
569
569
569
570
570
570
570
571
572
934
TABLE DES MATIERES.
Genre Ombre
Les Raiis
Famille des Clupées.
Genre Hareng
Famille des Esoces
Genre Brochet
Les Microstomes
Les Stomias
Les Orphies
Genre Exocets
Famille des Cyprins
Genre Carpe
— Loche ou Dormille. . . .
Famille des Siluroïdes
6e Ordre. — Malacoptérigiens
Subbranchiens
Famille des Gades
Les Morues ,
Les Merlans
Les Merluches
Les Lotes
Les Phycis
Les Grenadiers
Famille des Pleuronectes. . . .
Les Plies
Les Turbots
Les Soles
Les Monochires
Famille des Discoboles
Genre Porte-Ecuelle
7e Ordre. — Malacoptérigiens
Apodes
Famille des Anguillil'ormes . .
Genre Anguille
Les Congres
Les Ophisures
572
373
373
373
574
375
375
375
375
375
576
576
578
578
579
579
580
580
580
581
381
382
582
585
584
384
385
385
586
586
586
586
587
588
Les Murènes proprement dites. 588
Les Donzelles 589
8e Ordre. — Les Acanthopté-
rigiens 589
Famille des Ténioïdes 589
Les Rubans 590
Les Gymnètres 590
Les Sabres 590
Les Jarretières 390
Famille des Gobioïdes 39-4
Les Blennies ou Baveuses. . . . 591
LesGobies, Bouleraux ou Gou-
jons de mer 592
Les Callionyraes 392
Famille des Labroides 392
Genre Labre 592
Les Labres proprement dits . . 595
Genre Razons 593
Les Chromis 394
Famille des Percoïdes. ...... 594
Les Picarels 594
Les Rogues 595
Genre Spares 395
Les Daurades 595
Les Pagres 595
Les Dentés 596
Les Lutjaus 596
Les Serrans 597
Les Rascasses 597
Les Athérines 398
Les Sphyrènes 399
Les Mulles ou Surmulets .... 599
Les Muges ou Mulets 599
Les Perches 400
Les Apogons 400
Genre Sciennes 404
TABLE DES MATIÈRES.
935
Les Ouabrines 404
Les Seiennes proprement dites . 401
Genre Vives '«01
— Dranoscopes 401
— Trigles ou Grondins. . . 402
Les Malarraats 405
Les Pirabèbes 405
Genre Chabots 404
— Baudroies 404
Famille des Scombéroïdes . . . 404
Genre Scombre 404
Les Maquereaux 404
Les Thons 405
Pélamides 408
Les Germons 400
Les Caranx 409
Les Sérioles 409
Genre Tétragouure 409
— Epinocbe 410
Les Liches 410
Les Dorées ou Zées 410
Les Espadons 411
Les Coryphènes 4H
Famille des Squammipennes. . 411
Les Castagnoles 412
Les Stromatées 412
Famille des Bouches en Flûte. 412
Genre Cenlrique 412
Mollusques 445
Généralités 415
Classiflcation ou Tableau sy-
noptique 416
■irs Section. — l'ulmonés ino-
perculés terrestres VI 7
•I'e Famille. — Limaciens.. . .
Genre Ariou
— Limace
— Testacelle
2e Famille. — Limaçons . . .
Genre Vitrine
— Ambrette
— Hélice
A. Enflées.. . . f
B. Chagrinées
C. Splendides
D. Némorales
E. Porcelaines
F. Alpines, G. Planospires ..
H. Personnées, L Fauves, J.
Rousses, K. Hispides
L. Chartreuses
M. Lamellées
N. Brillantes
O. Boutons
P. Variables
Genre Bulime
— Agathine
— Zue
— Clausilie =
— Balée
— Maillot
5e Famille. — Auiiculés
Genre Carichie
2e Section. — Pulmonés ino
perculés aquatiques
|re Famille. — Limnéens . . .
Genre Planorbe
— Physe
— Lymnée.
~ Ancyle.
417
418
420
423
427
427
429
431
452
454
455
440
443
444
450
451
453
453
458
460
470
473
474
475
477
47S
487
487
488
488
488
495
496
498
936
TABLE DES MATIERES.
2e Sous-Ordre. — Opercules,
Cyclostomacés 500
Genre Cyelostome 500
— Pomatias 503
— Acmée 503
Ordre des Peclinibranehes. . . 505
Famille des Péristomiens .... 503
Genre Bilhinie 503
— Valvée t 506
Famille des Néiïlacés 507
Genre Néritine 507
2e Classe. — Acéphales , Acé-
phales bivalves 508
Famille des Nayades 508
Genre Anodonte 508
— Mar|;aritane 510
— Mulette 510
Famille des Cardiacés ou Cy-
clades 515
Genre Pisidie 515
— Cyelade 517
Famille des Dreïssénadées.. . . 520
Genre Dreïssène 520
CHAPITRE VI.
Entomologie 521
Insecles Coléoptères. - — Géné-
ralités 521
Classification des Coléoptères
d'après M. le comte Dejean. 527
Pentamères 528
Famille des Carabiques 528
Genre Cicindela 529
Genres Odacantha , Drypta ,
Zuphium , Polistichus, Cy-
mindis , Demetrias. . 532 à 533
Genres Dromius, Plochionus,
Lebia , Aptinus, Brachinus,
Scarilcs, Clivina, Ditomus,
Apotomus, Cychrus, Pro-
crusles 536 à
Genres Carabtis , Calosoma ,
Leislus, Nebria, Omophrnn,
Blethisa 545 à
Genres Flaphrus, Nolinphilus,
Pnnaj[îcus, l.oricera, C.illis-
tus, Cblxnius 535 à
Genres Fpomis, Dinodes, Oo-
des, Licînus, Badister, Po-
(jonus , Patrobus , Poli-
chus 539 à
Genres Pristonychus, Calathus,
Taphria , Sphodrus , Plaly-
nus, Anchomenus . . 502 à
Genres Ajonum , Olisthopus.
566 à
Tribu des Féroniens
Ire Division
2e Division
5e Division
4e Division
5e et 6e Divisions
7e Division
8e Division
9e Division
10e Division.. • ,
Genres Cephalotcs, Stomis, Pc-
lor, Zabrus, Amara, Mazo-
reus , Acinopus, Selenopbo-
rus , Anisodactylus, Gynan-
dromorphus 580 à
544
554
557
562
565
507
568
568
570
5-2
573
574
575
577
578
579
586
TABLE DES MATIÈRES.
937
Tribu des Marpaliens 586
ire Division 586
2e Division 590
Tribu des Bembidions 596
1" Division 596
2e et 5e Divisions 597
4e, 5e et 6e Divisions 598
7e Division 599
8e Division 600
9e Division 601
\ 0e Division 602
Famille des Hydrocanlliares. . 003
Genres Dytisous , Tkroralus ,
Acilius, Graphoderus , Uy-
dalicus, Seutopterus, Cyma-
topterus , Liopterus , Ran-
tus 604 à 607
Genres Colymbetes , Lacroplii-
lus, Noterus, Hygrobia, Ha-
liplus, Hydroporus. . 608 à 6U
Genres llypbidrus, Gyrinus,
Orectochilus 614 à 617
Famille des Bracbelytres .... 617
Genres Velleius , Emus , As-
trapeus , Microsaurus , Sla-
pliylinus, Caiius , Xantho-
linus 617 à 622
Genres Sauriodes, Aclienium ,
Lalhrobium, Pœderus, Li-
Ibocaris, Rugilus, Astenus,
Dianous, Slenus. . . . 625 à 626
Genres Oxiporus, Prognatus,
Bledius, Platystelbus, Oxi-
telus, Antbophagus. . 627 à 628
Genres Antbobium , Acidota,
Omalium,Proteinns,Pblœo-
bium, Bryocharis , Bolito-
bius , Myeeloporus , Tacbi-
nus, Tacbyporus . . . 629 à 631
Genres Hyporyphtus, Lome-
rbusa , Aleocbara , Gyro-
pbœna , Oxipoda , Bolito-
ebara 632 à 633
Genres Drusilla, Homalota ,
Falagria, Aulalia. . . 65 5 à 655
Famille des Sleriioxes 655
Genres Acmasodera, Capnodis,
Dicera, Cbalcopbora, Pero-
tis, Ancyloebeira, Eurylhy-
rea,Lanipr3, Ptosima, Cbry-
sobolbris, Antbaxin. 657 à 641
Genres Sphenoptera, Agrilus,
Traebys , Apbanisticiis, Me-
lasis, Ceropbitum, Synaptus,
Cratonyrbus , Agrypnus,
Allions, Campylus. . 642 à 646
Genres Limonius, Cardiopbo-
rus, Ampedus, Cryptobyp-
nus, Oophorus, Drasterius,
Ludius , Agriotes. . . 647 à 650
Genres Sericosomus, Dolopius,
Ectinus, Adrastus 651
Famille des iMalaeodermes . . 652
Genres Cebrio, Atopa,Cypbon,
Eubria , Scyrtes , Nycteus,
Lygistopterus , Dyctyopte-
rus 652 à 655
Genres Omalisns , Pyraclome-
na , Lampyris , Geopyris ,
Colopbolia, Drilus, Ganlha-
ris 656 à 657
Genres Silis. Malthinus . Aîa-
938
TABLE DES MATIERES.
lachius , Charopus , Dasy-
tes, Zigia, Melyris. . 659 à 662
Famille des Térédiles 665
Genres Tillus, Notosus, Tri-
chodes , Clerus , Corynetes,
Eooplium, Lymexylon, Hy-
lecoetus, Rbysodes.. 664 à 667
Genres l'tilinus , Xyletinus,
Dorcatoma, Ochina , Ano-
biura , Hedobia , Cocotes ,
Ptinus, Gibbium , Scydmœ-
nus 668 à 670
Famille des Clavicornes. . . . 674
Genres Necrophorus , Necro-
des , Silpha , Sphaerites,
Agyrtes,Scaphidium, Galops,
Leptinus 671 à 674
Genres Peltis, Thymalus, Thy-
reosoma , Colobicus , Ips ,
Strongylus, INitidula, Cer-
cus , iMicropeplus , Bvtu-
rus 675 à 678
Genres Engis, Antberophagus,
Cryptopbagns , Ptilium ,
Dermestes, Attagenus, Me-
gatoma, Trogoderma, An-
threnns, Aspidiphorus. 679 à 685
Genres Hister, Dendrophilus,
Abraeus, Hœterius, Ontbo-
philus, Platysoma, rlyporha-
gus , Tbroscus , Nosoden-
dron, Byrrhus 685 à 688
Genres Limnichus, Georisus,
Elmis, Macronicbus , Pota-
mophilus, Parnus, Hetero-
reros, Catopsimorphus, Cro-
cotus, Plegaderus, Antoma-
ria, Tbroscus 689 à 692
Famille des Palpicornes 692
Genres Elophorus, Hydrochus,
Ocblbebius, llydrœna, Sper-
chœus, Berosus, Hydrophi-
lus , Hydrobius , Sphœri-
dium, Cercyon 692 à 696
Famille des Lamellicornes . . 696
Genres Ateuchus, Gymuopleu-
rus , Sisyphus , Pygurus,
Copris, Onthophagus, Bu-
bas , Onitis , Onilicellus ,
Âphodius, Oxyomus.. 697 à 702
Genres Psammodius, .(Egialia,
Trox, Lethrus, Geotrupes,
Hybosorus, Ocbodaeus, Hy-
balus 705 à 705
Genres Bolboceras , Oryctes ,
Scarabœus, Pachypus, Ano-
mala, Anisoplia, Melolon
tha , Gatalasis , Rhisotro-
gus 706 à 740
Genres Omaloplia, Hymenon-
tia, Cbasmatopterus,Hoplia,
Ampbiccmia , Osmoderma,
Gnorimus 742 à 744
Genres Trichius , Valgus, Ce-
tonia , Lucanus , Dorcus ,
Tarandus, Platycerus, JEsa-
lus, Sinodendron. . . 714 à 74 7
Hétéromères 718
Famille des Mélasomes 718
Genres Erodius , Zophosis ,
Pimelia, Morica, Akis, Ele-
TABLE DES MATIERES.
939
nophorus, Scanrus,Tagenia,
Tcntyria 7 1 8 à 720
Genres Asida, Gnaptor, Blaps,
Aoanlbopus, Pedinus, He-
liopates, Pandarus , Opatri-
nus, Philax, Opatrum, Mi-
crozoum, Leichenum, Cryp-
ticus 721 à 724
Famille des Taxicornes 72a
Genres Trachyscelis, Phaleria,
Eudophlœus, Bolitopbagus,
Anisotoma , Pentaphylus ,
Neomida, Diaperis, Cossy-
phus , Heteropbaga , Ulo-
ma, Hypophlaeus, Sarro-
trium 725 à 729
Famille des Ténébrionites. . . . 729
Genres Euslropbus, Orcbesia,
Hallomenus, Pircaea, Serro-
palpus, Melandria, Pytho,
Upis,Tenebrio, Calcar. 729 à 751
Famille des Hélopiens 752
Genres Hélops, Mycetoehares ,
Omopblus, Cistela . . 752 à 755
Famille des Traehélides 755
Genres Lagria, Pyrochroa, Mo-
noeerus, Anthicus, Xylophi-
lus, Scraptia, Ptilopborus,
Metœcns, Ripiphorus, Myo-
des, Mordela, Anaspis. 755 à 759
Famille des Vésicants 740
Genres Meloe , Cerocoma , Di-
res, Mylabris, Lydus, Lytta,
Zouitis, Nemognatha, Sita-
ris . 741 à 745
Famille des Sténélitres 7 55
Genres Galopus , Sparedrus,
Nacerdes, Asclera, Anogco-
des, iFldemera, Stenosloina,
Mycterus, Salpingus, Rhi-
nosimus 746 à 748
Tetra mères 748
Famille des Curculionites. ... 748
Genres Brucbus, Spermopba-
gus, Urodou , Antbribus,
Tropideres , Plathyriiuis ,
Brachytarsns , Apoderus ,
Attelabus 749 à 752
Genres Rhyncbites, Amorpho-
cephalus , Diodyrhynehus ,
Apion, Bamphus, Bracby-
cerus, Tylacites .... 755 à 756
; Genres Cneorhinus, Sciaphi-
Ins, Brachyderes, Eusomus,
Chlorophanus,Tanymechus,
Sitona 757 à 758
| Genres Polydrusus, Scytropus,
I Metallites , Cleonis, Pachy-
cerus, Gronops, Alophus ,
Liophlœns, Barynotus 759 à 761
Genres Lepyrus, Hylobius, Mo-
Ivtes, Plintbus, Pbytono-
mus, Coniatus, Bylirhinus,
Pbyllobius 7G2à764
Genres Tracbyphlaens, Omias,
Peritelus, Otioryncbus, Ll-
sus, Larinus, Bbinocyllus,
Pissodes , Thamnopbilus.
765 à 769
Genres Frirhinus, Dorytomus,
Hydronomus, Ellescus, Lig-
nyodes. Antbonotnus, Bala-
940
TABLE DES MATIERES.
ninus, Thyebius, Micronyx,
Acalyplus, Pbytobius, Ano-
plus 770 à
Genres Orchestes , Bagous ,
Baris , Cryptorhyncbus ,
Acalles , Arenlrus, Ceuto-
rliynchus 775 à
Genres Campylirbynebus, Mo-
uonychus, Orobitio, Cionus,
Gymnaelron, Mecinus, Na-
nodes , Calandra, Dryopb-
iborus, Cossonu», Rbynco-
lus 77G à
Famille des Xylophages
Genres flylurgus, Ilylesinus,
Phloiotribus, Seolvtus, Bos-
tricbus, Plalypus, Paussns,
Apate 780 à
Genres Gis , Latridius , Myce-
lopbagus , Tripbyllus, Cc-
rylon, iWonotoma, Rvzopba-
gus, Biloma 785 à
Genres Lyctus, Teredus, Goly-
dium, Silvanus, Trogosita,
Biopblœus, Cucujus, La?mo-
pblœus, Broutes, Dendro-
phagus 787 à
Famille des Longicornes ....
Genres Spondylis , Frgates ,
^Egosoma, Prionus, Ham-
malieberus, Purpuricenus ,
Rosalia, Aromia. . . . 790 à
Genres Calliebroma, Stroma-
lium, Hesperopbanes, Grio-
fephalum, Isarthron. Ase-
772
775
779
779
784
78G
788
789
791
mum , Hylotrupes, Calli-
dium 792 à
Genres Glytus , Gartallum ,
Deilus, Stenopterus, Molor-
cbus, Astynomus, Pogono-
cberus, Pacbystola . . 795 à
Genres Morimtis, Mesosa,Dor-
cadion,Anœsthelis, Saperda,
Anœlia, Oberea 797 à
Genres Pbyla»eia, Agapanthia,
Vesperus, Rbagium, liham-
nusium, Toxotus, Paehyla,
Strangalia, Slenura. Lep-
lura 799 à
Famille des Gbrysomélines. . .
Genres Donaeia, lloemonia, Or-
sodacna , Aucbenia, Lema,
Hispa, Cassida 805 à
Genres Adiinonia , Gallerura.
Malacosoma, Phyllohrotica,
Lepurus, Lilhouoma, Grap-
todera , Grepidodera , Phyl-
lo(reta, Aphtbona.. . 807 à
Genres Teinodactyla, Dibolia ,
Psylliodes, Plectroscelis, Ba-
lanomorpha , Apteropeda ,
Podagricu, Argopus. 809 à
Genre» Cyrtonus, Timarcba,
Cbrysomela , Oreina , Lina,
Entoinosrelis , Gonioctena ,
Spartopbila , Plagiodera.
812 à
Genres Gastrophysa, Pbratora,
Pbaedon, Helodes, Golaspis,
Colposcelis, Edusa , Cola-
phus, Dia 815 à
794
790
799
802
802
80fi
809
SU
si:
816
TABLE DES MATIÈRES.
941
Genres Bromius, Chrysochus ,
Pachuepborus, Babia, Cly-
thra, Labidostomis, Lach-
naia , Macrolenes , Coptoce-
phala, Smaragdina.. 817 à 819
Genres Cyaniris, Pacbybrachis,
Cryptocepbalus , Disopus,
Triplas, Pbalacrus, Agatbi-
diuui, Cyrtocephalus, Cly-
peaster 819 à 822
Trimères 822
Genres Hippodamia, Anisos-
ticta, Coceinella, Hyperas-
pis, Micraspis, Chilocorus,
Epilachna 822 à 824
Genres Cynegctis , Scymnus,
ISundina, Coccidula, En-
dotnychus, Lycoperdina ,
Dapsa , Orestia , Dasycerus.
824 à 825
Dimèi es 825
Genres Chenninm, Tyrus ,
Ctenistes, Pselaphus, Brya-
xis, Bylbinus, Tycbus, Tri-
îniuin, Batrisus, Euplcctus,
Claviger 826 à 827
CHAPITRE VII.
Insectes Lépidoptères. — Gé-
néralités 829
Première Famille. — Diurnes. 831
4re Tribu. — Genre Papillon. 831
Genres Parnassien , Tbuïs ,
Coliade 832
Genres Piéride, Libylbée, Ar-
gine 855 à 856
Genres Vanesse , Nyinpha-
le 840 à 842
Genres Satyre , Polyommate ,
Hespérie 845 à 854
Deuxième Famille. — Crépus-
culaires 852
\™ Tribu. — Sphingides, Genre
Sphinx 852
Genre Smérinthe 855
2e Tribu. — Zigénides 856
Genre Sésie 856
Genres Thyris, Zigène, Synto-
mis, Procris, Aglaope , Sti-
gie 856 à 859
Troisième Famille.— Noctur-
nes 859
4 re Tribu. — Bombiciles 859
Genres Hépiale, Cossus , Zeu-
zère, Bombix 859 à 860
2e Tribu. — Noctuo bombici-
tes 867
Genre Ecaille 867
Genre Callimorphe 870
5e Tribu. — Tinéites 871
Genre Lilbosie 871
4« Tribu. — Noctuélites 872
Genre Noctuelle ou Lichnées.. 872
Genre Cuculie 885
Genres Xantbie , Gonoptère ,
Calyptre, Plusie, Cbrysop-
tère, Platypterix. . . . 885 à 888
5e Tribu. — Phalénites 888
Genres Bumie, Ennomos, Hi-
mère , Crocalle, Angerone,
Eurvmène, Plulobie, Epion-
ne, Timandre 888 à 890
942J
TABLE DES MATIÈRES.
Genres Hémithée, Ampbidase,
Nyssie, Hibernie, Boarmie,
Fidonic 891 à 895
Genres Ligie, Cabère, Ephyre,
Dosislhée, Acidalie. . 894 à 895
Genres Aspilate , Pellonie ,
Pbasiane, Eubolie, Urapte-
ris , Gnophos , Vénilie ,
Zerène , 896 à 898
Genres Mélanthie, Mélanippe,
Gidarie, Anaïte, Larentie,
Amathie, Chésias, Strénie,
Psodos 899 à 902
6e Tribu. — Pyralites 905
7e Tribu. — Platyomides 905
8« Tribu. — Crambites 905
9<s Tribu. — Yponomeutides . 906
40e Tribu. — Tiuéides 906
\\° Tribu. — Ptérophorides.. 912
Lettre de M. le professeur
Audouin 916
Lettre de Mme Audouin 921
Lettre de M. le Ministre de
l'Agriculture et du Com-
merce 922
Explication de la planche. . . . 924
Liste et abréviations des noms
d'auteurs cités dans ce vo-
lume 925
Table des matières 929
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.
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