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Full text of "Histoire naturelle du département des pyrénées-orientales"

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NORTW    C«OLINi4    ST4TE    COLLEGE 


ENTOMOLOGIG4L  COLLECTION 


IH 


3546 

This  book  may  be  kept  out  TWO  WEEKS 
ONLY,  and  is  subject  to  a  fine  of  FIVE 
CENTS  a  day  thereafter.  It  is  due  on  the 
day  indicated  below: 


6May'60' 


HISTOIRE  NATURELLE 


DU   DÉPARTEMENT 


DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 


HISTOIRE 

NATURELLE 


DU  DÉPARTEMENT 


DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES, 


Par  le  Docteur  LOUIS  COMPANYO, 

Créateur  et  Conservateur  du  Muséum  d'Histoire  Naturelle  de  la  ville  de  Perpignan , 

Ancien  Officier  de  Santé  des  Armées,  Chirurgien  de  la  première  ambulance 

légère  du  grand  quartier -général  impérial,  Membre  de  la  Société 

Agricole,  Scientifique  et  Littéraire  des  Pyrénées-Orientales, 

et  de  plusieurs  autres  sociétés  savantes. 


TOME  TROISIÈME. 


PERPIGNAN. 

IMPRIMERIE   DE   J.-R.    ALZINE, 
Uue  des  Trois-Rois  ,  \. 

IS63. 


HISTOIRE  NATURELLE 


DU  DEPARTEMENT 


DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 


QUÀTKIEMK   PABTIË. 

RÈGNE    ANIMAL. 


Généralités. 

Rien  n'est  plus  capable  d'élever  l'âme  et  le  cœur 
de  l'homme,  que  le  sublime  spectacle  que  lui  offre  le 
monde  des  Animaux.  Quelle  splendeur,  quelle  magni- 
ficence! Comment  contempler  à  la  fois  tant  de  mer- 
veilles! Les  détails  échappent  au  calcul,  et  l'ensemble 
au  génie  :  l'imagination  même  reste  épouvantée  devant 
la  grandeur  de  la  création.  Des  hommes  éminents, 
des  philosophes,  des  génies  immortels  ont  consacré 
à  son  élude  leur  existence  tout  entière. 


6  RÈGNE   ANIMAL. 

L'histoire  raisonnée  des  Animaux  constitue,  sous 
le  nom  de  Zoologie,  un  vaste  ensemble  de  connais- 
sances dans  le  domaine  desquelles  rentre  nécessai- 
rement tout  ce  que  nos  sens  et  notre  raison  peuvent 
nous  apprendre  sur  les  Animaux.  La  Zoologie  implique 
par  sa  grande  généralité ,  la  nécessité  d'établir,  dans 
une  science  aussi  vaste,  de  nombreuses  divisions,  et 
c'est  à  juste  titre  qu'on  a  établi  différentes  circons- 
criptions particulières  :  Y  Anthropologie,  ou  étude  de 
l'Homme;  la  Tétrapodologie,  qui  traite  des  Quadrupèdes; 

Y  Ornithologie,  celle  qui  traite  des  Oiseaux  ;  YHerpéto- 
logie,  qui  traite  des  Reptiles;  Y  Ichtyologie,  celle  qui 
traite  des  Poissons;  la  Conchyliologie,  celle  qui  s'occupe 
des  Mollusques  et  des  autres  Animaux  Conchifères; 

Y  Entomologie,  celle  qui  s'occupe  des  Insectes. 

Les  Animaux  varient  infiniment  par  la  forme,  la 
grosseur,  les  mœurs,  l'intelligence  et  le  milieu  dans 
lequel  ils  vivent  et  se  reproduisent  :  quelle  différence 
entre  le  Moucheron  et  l'Éléphant  ou  l'immense  Gé- 
tacé,  le  Cheval  ou  la  Tortue,  l'Oiseau  ou  les  Poissons! 
Mais  les  différences  de  taille  sont  à  peine  sensibles  en 
passant  de  l'espèce  à  l'espèce  voisine,  et  en  remontant 
ou  en  descendant  l'échelle  des  Êtres  ;  ces  différences, 
si  grandes  ou  si  petites  entre  les  Animaux  des  classes 


GÉNÉRALITÉS.  7 

éloignées  ou  rapprochées,  se  remarquent  chez  le  môme 
Animal  aux  diverses  époques  de  son  existence  :  voyez 
l'œuf,  la  chenille,  la  chrysalide,  le  papillon. 

Toutes  les  actions  des  Animaux  ont  un  double  but  : 
la  conservation  de  l'Individu  et  la  conservation  de  la 
Race.  La  conservation  de  l'Individu  est  ordinairement 
confiée  à  ses  soins;  la  Nature  s'est  réservé  celle  de 
la  Race,  qui  est  infiniment  supérieure.  L'instinct, 
dans  l'Animal,  est  cette  volonté  de  la  Nature  qui 
veille  à  la  conservation  de  l'Individu  pour  obtenir 
celle  de  la  Race. 

Pour  conserver  leur  vie,  les  Animaux  respirent  et 
se  nourrissent. 

Pour  respirer,  les  uns  ont  des  poumons,  les  autres 
des  branchies,  des  trachées;  d'autres  absorbent  l'oxy- 
gène par  leurs  pores. 

Pour  se  nourrir,  il  en  est  qui  attendent,  immo- 
biles, la  nourriture  qui  vient  à  eux;  les  autres  vont 
à  leur  nourriture,  qui  les  fuit  le  plus  souvent,  qui 
lutte  même  pour  se  défendre.  Dans  cette  recherche 
de  l'alimentation ,  qui  est  l'incessante  occupation  des 
Animaux,  la  Nature  offre  le  spectacle  incompréhen- 
sible d'une  lutte  immense  de  tous  contre  tous.  Ils 
vivent  tous  les  uns  aux  dépens  des  autres.  En  même 


8  RÈGNE   ANIMAL. 

temps  qu'ils  attaquent,  ils  sont  obligés  de  se  défendre  ; 
aussi  tous  sont  armés  pour  l'attaque  et  la  défense  : 
dards ,  cuirasses ,  ruses ,  poisons ,  promptitude  de 
l'attaque,  rapidité  de  la  fuite,  nombre  suppléant  à  la 
faiblesse,  rien  n'est  oublié.  Une  fois  maîtres  de  leur 
proie,  certains  animaux  l'engloutissent  vivante;  les 
autres  la  broient  entre  leurs  meulières;  les  autres  la 
déchirent.  Comme  moyen  d'action  pour  pousser 
l'Animal  à  la  recherche  de  la  nourriture,  dit  un 
auteur,  la  Nature  lui  a  donné  la  douleur  de  la  faim 
et  de  la  soif,  et  le  plaisir  de  les  satisfaire. 

Tous  assurent  l'avenir  de  leur  race  par  la  repro- 
duction. Pour  cela,  les  uns  s'accouplent;  les  autres 
fraient  ;  d'autres  se  reproduisent  de  bouture ,  à  la 
manière  des  plantes.  Les  Animaux  grands  et  terribles, 
destinés  à  une  longue  vie,  qui,  trop  multipliés, 
nuiraient  aux  autres  races,  n'enfantent  que  rare- 
ment, et  ne  donnent  qu'un  ou  deux  petits;  les  Ani- 
maux petits ,  dont  la  vie  est  courte  et  périlleuse ,  se 
reproduisent  souvent,  et  en  nombre  considérable, 
souvent  incalculable.  Le  nombre  des  Jeunes  indique 
quelle  est  la  voracité  des  ennemis.  L'Éléphant 
engendre  un  petit;  une  Morue  produit  en  un  seul 
accouchement  neuf  millions  d'œufs!  Le  premier  est 


GÉNÉRALITÉS.  0 

presque  à  l'abri  de  tout  danger;  la  seconde  nage  dans 
un  océan  hérissé  de  gueules  menaçantes.  On  dirait 
que  la  somme  de  la  vie  et  de  la  matière,  doit  être 
balancée  dans  chaque  espèce  par  la  taille  et  le  nom- 
bre des  individus. 

Pour  pousser  les  Animaux  à  la  reproduction, 
moyen  de  perpétuer  la  race,  la  Nature  n'agit  plus  ici 
par  la  douleur.  Mais,  par  le  plaisir  seul,  cette  sensa- 
tion joue  un  si  grand  rôle  dans  la  vie  des  Animaux, 
qu'elle  semble  être  le  but  de  leur  existence.  Les 
phénomènes  principaux  qui  accompagnent  l'acte 
de  la  reproduction,  sont  le  déploiement  de  toute  la 
beauté  et  de  toutes  les  forces  de  chaque  individu, 
les  amours,  les  tendresses  mutuelles  des  sexes,  leurs 
voluptés,  leurs  étreintes;  les  jalousies,  les  combats, 
les  unions  conjugales,  soit  passagères,  soit  constantes; 
la  gestation  des  femelles,  soit  vivipares,  soit  ovipares; 
l'hermaphroditisme ,  la  dioïcité,  l'absence  d'organes 
sexuels,  la  parturition ,  le  nombre  des  petits,  leur 
éducation,  la  jeunesse,  l'âge  fait,  la  vieillesse  et  la 
durée  de  la  vie  de  chaque  espèce. 

Tous  les  Animaux  meurent  après  un  temps  dont 
la  limite  extrême  est  déterminée  pour  chaque  espèce. 
Ainsi  l'Ours,  le  Chien  et  le  Loup  vivent  rarement  plus 


10  RÈGNE   ANIMAL. 

de  vingt  années;  le  Renard  vit  quatorze  ou  seize  ans; 
le  Chat  vit  une  quinzaine  d'années;  l'Écureuil  vit  sept 
ou  huit  ans  ;  le  Lapin  vit  sept  ans  environ  ;  l'Éléphant 
vit  jusqu'à  quatre  cents  ans.  Lorsqu'Alexandre-le-Grand 
vainquit  Porus,  roi  de  l'Inde,  il  lui  enleva  un  éléphant 
qui  avait  combattu  avec  une  telle  vaillance,  que  le 
Roi  l'appelait  Ajax.  Le  conquérant  en  fit  hommage 
au  Soleil,  et  lui  rendit  la  liberté  après  l'avoir  marqué 
de  cette  inscription  :  Alexandre,  le  fds  de  Jupiter,  a 
dédié  Ajax  au  Soleil,  et  trois  cent  cinquante  ans 
après ,  cet  Éléphant  vivait  encore. 

Des  Poules  ont  vécu  trente  ans;  des  Rhinocéros, 
vingt  ans.  On  cite  un  cheval  qui  a  vécu  soixante  ans  ; 
mais  ces  animaux  atteignent  à  peine  vingt-cinq  ou 
trente  ans.  Des  Chameaux  atteignent  parfois  cent  ans. 

Selon  Cuvier,  les  Baleines  vivent  un  millier  d'années; 
les  Marsouins  vivent  trente  ans;  un  Aigle  est  mort,  à 
Vienne,  à  l'âge  de  cent  quatre  ans;  des  Corbeaux 
atteignent  fréquemment  la  centaine;  des  Cygnes  ont 
vécu  trois  cent  soixante  ans  ;  une  Tortue  a  vécu  cent 
sept  ans;  un  Crapaud,  trente-six  ans,  et  comme  il 
mourut  par  suite  d'un  accident,  on  peut  croire  la 
longévité  plus  grande  dans  son  espèce. 

Tous  les  êtres  organisés  ne  se  propagent  pas  de 


GÉNÉRALITÉS.  11 

la  même  manière  ;  mais  la  propagation  a  produit  la 
succession  nécessaire,  déterminée,  des  générations  de 
toute  espèce  vivante,  avec  les  caractères  indélébiles 
qui  les  distinguent,  depuis  le  premier  ou  les  premiers 
individus  créés,  jusqu'à  ceux  dont  il  nous  est  donné 
d'observer  l'histoire;  et  nous  citerons  cette  pensée  si 
juste  et  si  profonde  d'Aristote  :  que  les  fonctions  de 
reproduction,  ne  sont  que  le  dernier  développement 
et  le  perfectionnement  des  fonctions  de  nutrition. 
La  création  a  commencé  l'existence  de  chaque  es- 
pèce, la  propagation  la  continue. 

Tous  les  Animaux  ne  restent  point  sédentaires  dans 
le  lieu  qui  les  a  vu  naître;  plusieurs  émigrent,  et  leurs 
excursions  au-dehors,  ont  trois  causes  déterminantes  : 
l'instinct  conservateur,  l'instinct  des  voyages  et  le  désir 
de  se  reproduire.  Il  est  de  ces  migrations  qui  se  renou- 
vellent régulièrement  chaque  année,  et  pendant  toute 
la  durée  de  la  vie  de  l'Animal.  Il  en  est  qui  se  renou- 
vellent un  certain  nombre  de  fois  seulement  ;  d'autres 
qui  ont  pour  but  un  changement  durable  et  définitif. 

Les  migrations  dans  les  différentes  classes  d'Ani- 
maux, tiennent  à  des  circonstances  physiques  et 
physiologiques  :  il  en  est  qui  sont  occasionnées  par 
une  perturbation  atmosphérique,  comme  un  ouragan, 


42  RÈGNE   ANIMAL. 

une  tempête.  Les  Oiseaux  et  les  Poissons,  doués  de 
facultés  plus  favorables  à  la  locomotion,  sont  aussi 
les  Animaux  les  plus  voyageurs.  Les  Mammifères  et 
les  Reptiles  sont  généralement  sédentaires. 

Les  Animaux  émigrants  partent,  les  uns  par  troupes 
et  les  autres  isolément.  Les  Hirondelles,  les  Cygnes, 
les  Oies,  les  Canards,  les  Grues,  les  Hérons,  etc., 
émigrent  au  loin  et  à  époques  fixes.  Les  Alouettes, 
les  Ortolans,  les  Rossignols,  les  Pinsons,  etc.,  partent 
également  à  des  époques  fixes,  mais  s'éloignent  moins 
que  les  précédents. 

Par  une  prévoyance  admirable  du  Créateur,  tous  les 
Animaux  sont  couverts  de  laine,  de  fourrures,  de  poils, 
de  plumes  qui  les  garantissent  à  la  fois  du  froid  et  de 
l'humidité.  La  prévoyance  va  plus  loin,  et  les  besoins 
de  tous  les  êtres  ont  été  calculés  avec  tant  de  justesse, 
que  le  même  Animal  revêt  une  fourrure  différente 
selon  les  saisons  et  les  climats  différents. 

Les  Animaux  sont  susceptibles  d'éducation.  La 
Nature  leur  a  donné  l'instinct ,  qui ,  selon  Buflbn , 
n'est  qu'un  pur  mécanisme  ;  mais  l'Homme ,  par 
Y  instruction,  développe  leur  intelligence. 

«  Nous  voyons  tous  les  jours,  dans  nos  cirques, 
«  dit  M.  Flourens ,  des  Chiens  ,  des  Chevaux ,  des 


GÉNÉRALITÉS.  43 

«  Ours,  etc.,  qui  font  des  choses  qu'assurément  ils 
<(  n'eussent  point  faites,  abandonnés  à  eux  seuls.  On 
«  leur  apprend  à  faire  ces  choses;  on  les  y  instruit; 
«  on  les  y  prépare.  Ils  ne  les  font  pas  du  premier 
«  coup  :  ils  commencent  par  faire  mal;  puis  ils  font 
«  mieux  ;  puis  bien ....  Ainsi  l'intelligence  des  bêtes 
«c  n'agit  que  par  instruction ,  par  expérience  ;  tandis 
«  que  l'instinct  agit  sans  instruction ,  ne  fait  point  de 
«  progrès,  est  toujours  particulier  à  l'animal,  qui  fait 
«  des  choses  sans  être  apprises  :  l'Araignée  n'apprend 
«  point  à  faire  sa  toile,  ni  le  Ver  à  soie  son  cocon, 
«  ni  l'Oiseau  son  nid,  ni  le  Castor  sa  cabane.  » 

C'est  dans  les  Rongeurs  que  l'intelligence  se  montre 
au  plus  bas  degré.  Elle  est  plus  développée  dans  les 
Ruminants;  beaucoup  plus  dans  les  Pachydermes ,  à 
la  tête  desquels  il  faut  placer  l'Éléphant  et  le  Cheval; 
plus  encore  dans  les  Carnassiers,  à  la  tête  desquels  il 
faut  placer  le  Chien,  et  dans  les  Quadrumanes,  à  la  tête 
desquels  se  placent  l'Orang-Outan  et  le  Chimpanzée. 

La  nature  des  Animaux,  quant  à  leur  organisation 
et  à  leur  mode  de  vie ,  change  selon  les  climats ,  les 
lieux,  les  éléments,  les  saisons;  suivant  la  chaleur, 
le  froid,  la  sécheresse,  l'humidité,  la  stérilité  ou  la 
fertilité;  d'après  l'élévation  ou  la  profondeur  des  sites, 


14  RÈGNE   ANIMAL. 

et,  en  général ,  leur  nombre  croît  avec  la  température 
des  climats  %  Ce  nombre  est  infini  sur  la  surface  du 
globe.    Nous  en  voyons  des  myriades  voltiger  dans 
les  airs,  nager  dans  les  eaux,  courir,  sauter,  ram- 
per, glisser  sur  la  terre,  grimper  sur  les  arbres, 
végéter  sur  les  rochers  des  rivages  et  au  fond  des 
mers.  Le  nombre  des  Animaux  visibles  n'est  connu 
que  de  Dieu  seul.  Mais,  une  multitude  plus  consi- 
dérable encore  échappe  à  notre  vue:  chaque  Animal, 
chaque  feuille  d'Arbre ,   chaque  brin  d'Herbe ,   est 
une  autre  Planète ,  qui  a  ses  mers ,  ses  montagnes , 
ses  vallées  où  plongent  de  gigantesques  Baleines  mi- 
croscopiques, où  des  Loups  voraces  poursuivent  les 
Brebis  et  les  Chèvres.   Qui  pourrait  embrasser,  par 
la  pensée  seulement,  ce  qu'il  naît,  ce  qu'il  meurt 
d'Animaux  sur  toute  la  terre,  dans  le  court  espace 
d'une  seconde!  Quelle  imagination  ne  sera  confondue 
devant  la  pensée  de  ce  qu'il  en  est  mort  depuis  que 
la  terre  fut  livrée   au   souffle  de  la  vie!  Des  îles 
entières,  de  vastes  archipels  s'élèvent  du  sein  des 
mers    profondes ,    et  ces   îles ,   ces  archipels  sont 

(*)  Les  Animaux  qui  peuplent  aujourd'hui  les  terres  du  conti- 
nent, y  sont  venus  du  Nord.  Buffon,  Époques  de  la  Nature, 
tom.  2,  p.  520. 


GÉNÉRALITÉS.  15 

formés  par  les  débris  des  générations  successives  de 
quelques  espèces  d'Animaux  maritimes  ! 

Mais,  il  y  a  encore  quelque  chose  de  plus  sublime 
que  l'infinie  variété  et  la  multitude  des  Animaux, 
c'est  que  parmi  eux  il  s'en  trouve  un  capable  de  les 
passer  tous  en  revue,  comme  un  chef  son  armée, 
de  les  compter  et  dire  leur  structure  intime,  leur 
vêtement,  leur  mode  de  vie  et  leur  reproduction. 
Cet  Animal  divin  c'est  l'Homme.  Si  grand  que  soit 
le  nombre  des  Animaux,  il  est  parvenu  à  les  connaître 
en  grande  partie,-  et  à  les  classer  méthodiquement. 
Linnée,  Guvier,  Lamark,  Blainville,  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  etc.,  ont  établi  les  classifications  naturelles 
ou  systématiques  les  plus  célèbres.  Nous  avons 
adopté,  quant  à  nous,  la  méthode  de  Guvier,  dont 
nous  donnons  le  tableau  détaillé  et  que  nous  suivrons 
dans  le  cours  de  cet  ouvrage. 

M.  Guvier  divise  le  Règne  Animal  en  dix-neuf 
classes,  groupées  dans  quatre  divisions  principales, 
qu'il  nomme  des  embranchements. 

Le  premier  embranchement,  celui  des  Vertébrés, 
comprend  quatre  classes  :  les  Mammifères,  les  Oiseaux, 
les  Reptiles,  les  Poissons. 

Le  deuxième  embranchement,  celui  des  Mollusques, 


16  RÈGNE   ANIMAL. 

renferme  six  classes  :  les  Céphalopodes,  les  Ptéréopodes, 
les  Gastéropodes,  les  Acéphales,  les  Brachiopodes,  les 
Girrhipèdes. 

Le  troisième  embranchement,  celui  des  Articulés, 
comprend  quatre  classes  :  les  Crustacés,  les  Arach- 
nides, les  Insectes,  les  Annélides  ou  Vers  à  sang  rouge. 

Le  quatrième  embranchement  contient  cinq  classes: 
les  Échinodermes,  les  Acéphales,  les  Vers-Intestinaux, 
les  Polypes,  les  Infusoires. 

Notre  Faune  n'embrasse  point  toutes  ces  classes. 
Elle  se  borne  à  parler  des  Animaux,  qui,  dans  le  pre- 
mier embranchement,  composent  les  Mammifères,  les 
Oiseaux,  les  Reptiles  et  les  Poissons;  dans  le  second 
embranchement,  les  Mollusques  terrestres  et  fluviatiles; 
dans  le  troisième  embranchement,  les  Insectes  Coléop- 
tères et  Lépidoptères. 

Les  Animaux  dont  nous  avons  constaté  l'existence, 
dans  le  département  des  Pyrénées-Orientales,  sont: 

Espèces  ou  Variétés. 

Mammifères 89 

Oiseaux 376 

Reptiles 45 

Poissons 211 

Mollusques  terrestres  et  d'eau  douce 83 

Insectes  coléoptères ,  2.580 

Insectes  lépidoptères 1 .353 


MAMMIFÈRES.  17 


CHAPITRE  PREMIER. 

ANIMAUX     VERTÉBRÉS. 

PREMIÈRE   CLASSE. 
Mammifères. 

Les  Animaux  désignés  sous  le  nom  commun  de  Mam- 
mifères, forment  la  première  classe  du  grand  type  des 
Vertébrés,  et  occupent  ainsi  le  premier  rang  dans  la 
création  zoologique.  La  dénomination  de  Mammifères, 
introduite  par  Linné,  est  une  de  celles  qui  ont  été  le 
plus  heureusement  choisies  dans  la  langue  zoologique. 
En  indiquant  que  les  Animaux  auxquels  elle  convient 
portent,  des  mamelles,  elle  rappelle  implicitement  les 
rapports  qui  existent  entre  les  Parents  et  les  Jeunes, 
l'état  d'imperfection  et  de  dépendance  dans  lequel  nais- 
sent ces  derniers,  et  la  qualité  de  l'aliment  qu'ils  reçoi- 
vent après  être  sortis  vivants  du  sein  de  la  mère.  Par  la 
nature  même  de  leurs  fonctions,  les  mamelles  sont,  en 
outre,  des  organes  tellement  spéciaux,  que  signaler  leur 
existence,  c'est  présenter  immédiatement  à  l'esprit  l'idée 
d'une  organisation  particulière  et  concordante;  c'est 
résumer  à  la  fois  par  un  trait  saillant,  les  caractères  de 
l'adulte  et  ceux  du  jeune  animal.  (E.  Baudemont.) 

TOME    III.  2 

D.  H.  HILL  LIBRARY 
North  Carolina  State  Collège 


18  HISTOIRE   NATURELLE. 

M.  Cuvier  a  classé  les  Mammifères  en  neuf  Ordres  : 

1er  Ordre les  Bimanes; 

2e  Ordre les  Quadrumanes; 

3e  Ordre tes  Carnassiers; 

4e  Ordre les  Marsupiaux; 

5e  Ordre les  Rongeurs; 

6e  Ordre.  .....  les  É  dentés; 

7e  Ordre les  Pachydermes  ; 

8e  Ordre les  Ruminants; 

9e  Ordre. les  Cétacés. 

Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  des  deux  premiers 
Ordres  :  les  Bimanes  et  les  Quadrumanes. 


TROISIEME  ORDRE. 

CARNASSIERS. 

Caractères. — Trois  sortes  de  dents,  modifiées  selon  le 
genre  de  nourriture  :  point  de  pouce  opposable  à  leurs 
pieds  antérieurs;  le  nombre  de  mamelles  variable. 

Cet  Ordre  se  divise  en  trois  Familles  : 

4°  Les  Chéiroptères; 
2°  Les  Insectivores  ; 
3°  Les  Carnivores, 


MAMMIFÈRES.  1  '.I 

ire  Famille.  —  Chéiroptères. 

Chauves-Souris,   Vespertilio,  Lin.;  en  catalan 

Ratapanera. 

Les  Chauves-Souris  forment  une  division  caractérisée 
par  les  doigts  des  mains  excessivement  allongés,  et  enve- 
loppés dans  une  membrane  formant  de  véritables  ailes, 
qui  égalent  et  surpassent  celles  de  beaucoup  d'oiseaux. 
Le  pouce  porte  un  ongle  crochu ,  qui  leur  sert  a  se  sus- 
pendre aux  voûtes  des  cavernes  ou  contre  les  murailles. 
Les  pieds  de  derrière  sont  faibles,  ayant  cinq  doigts 
onguiculés  et  séparés.  Les  mâchoires  portent  trois  sortes 
de  dents  bien  caractérisées. 

Toutes  ces  espèces,  qu'on  ne  peut  bien  distinguer 
que  par  une  observation  constante,  portent  le  nom  de 
Chauve -Souris,  en  catalan  Ratapanera.  Ces  animaux, 
pendant  le  jour,  se  cachent  dans  les  trous  des  arbres, 
des  cavernes,  des  vieux  édifices;  pendant  l'hiver  ils  sont 
engourdis,  et  restent  suspendus  par  les  pieds  postérieurs 
aux  voûtes  de  leur  retraite.  Dès  que  les  beaux  jours 
arrivent,  ils  sortent  de  leur  engourdissement,  et,  à 
l'approche  de  la  nuit,  ils  parcourent  les  airs  d'un  vol 
entrecoupé  et  en  zig-zag,  comme  le  font  les  Hirondelles, 
pourchassant  les  insectes  crépusculaires  ou  nocturnes 
dont  ils  font  leur  principale  nourriture.  Ils  se  font  entre 
eux  une  guerre  cruelle,  et  se  brisent  les  membres  avec 
leurs  dents. 

Genre  Rhlnolophe,  Rhinolophus,  Géoff. 

Caractères. — Dents  au  nombre  de  trente-deux;  quatre 
incisives  en  bas  et  deux  plus  petites  en  haut;  cinq  mo- 


-2(1  HISTOIRE   NATURELLE. 

laires  à  la  mâchoire  supérieure,  el  six  à  l'inférieure  ;  nez 
placé  dans  une  cavité  bordée  de  membranes  fort  com- 
pliquées, qui  ont  la  forme  d'un  fer  à  cheval;  oreilles 
moyennes  manquant  d'oreillons;  queue  enveloppée  jus- 
qu'à son  extrémité,  dans  la  membrane  interfémorale. 

1.  Rhinolophe  grand  fer  à  cheval,  Rhin,  unihastatus,  Buff. 

La  feuille  nazale  double,  la  postérieure  en  fer  de  lance,  l'anté- 
rieure en  lance  verticale  et  carrée  ;  pelage  cendré-clair  et  roux 
en  dessus,  gris-jaunâtre  en  dessous.  Longueur,  7  centimètres  et 
demi;  envergure,  40  centimètres. 

2.  Rhinolophe  petit  fer  à  cheval,  Rhin,  bihastatns,  Géoff. 

Feuille  nazale  double:  toutes  deux  en  fer  de  lance;  oreilles 
sinueuses  et  profondément  échancrées  ;  pelage  d'un  gris-roussâtre 
en  dessus,  d'un  gris-cendré  en  dessous.  Longueur,  5  centimètres; 
envergure,  25  centimètres. 

Ressemble  au  précédent  :  constamment  plus  petit.  Ses  oreilles 
ont  vers  leur  partie  inférieure  une  échancrure  plus  profonde,  et 
les  deux  feuillets  du  front  sont  en  fer  de  lance ,  tandis  que  dans 
le  précédent  l'antérieur  est  carré. 

Ces  Rhinolophes  vivent  d'insectes ,  qu'ils  attrapent  au  vol,  au 
crépuscule  et  pendant  la  nuit.  Leur  vol  est  indécis,  oblique  et 
mal  dirigé.  Ils  font  entendre  un  bruit  comme  s'ils  grinçaient  des 
dents  ;  très-souvent,  étant  à  la  chasse  des  Sphinx,  au  crépuscule, 
nous  avons  entendu  ce  bruit,  et  les  avons  vu  saisir  les  Papillons 
qui  butinaient  sur  les  fleurs.  Les  femelles  portent  leurs  petits 
attachés  à  leurs  mamelles,  qu'elles  soutiennent  en  repliant  leur 
membrane  interfémorale.  Ces  animaux  fuient  la  grande  lumière, 
el  ne  sortent  de  leur  retraite  qu'au  crépuscule. 

Les  deux  espèces  se  trouvent  en  abondance  dans  le  départe- 
ment. Les  vastes  souterrains  du  château  de  Salses  leur  servent 
île  repaire;  elles  se  tiennent  suspendues  aux  voûtes  par  les  pieds 


MAMMIFÈRES.  21 

et  s'enveloppent  de  leurs  ailes.  L'escalier  souterrain  qui  conduit 
au  puits  de  Sainte-Florentine,  à  la  citadelle  de  Perpignan,  ainsi 
que  les  souterrains  des  lunettes  des  fortifications  de  la  ville, 
recèlent  beaucoup  d'individus  de  ces  deux  espèces. 

Genre  Vespertilion,    Vespertilio,  Lin. 

Caractères.  —  Museau  fort  simple,  n'ayant  ni  feuille, 
ni  chanfrein  sillonné.  Les  oreilles  séparées  sur  la  tête  ou 
réunies  a  leur  base;  l'oreillon,  interne.  Quatre  incisives 
à  la  mâchoire  supérieure,  et  quelquefois  deux  seulement. 
La  queue  est  presque  toujours  enveloppée  dans  la  mem- 
brane interfémorale. 

1.  Vespertilion  murin,  Vespertilio  muriniis,  Lin.,  Chauve- 

Souris  ordinaire. 

La  face  de  cette  espèce  est.  presque  nue  ;  le  nez  lisse,  et  le 
front  très-velu  ;  six  molaires  de  chaque  côté  aux  deux  mâchoires  ; 
oreilles  ovales,  l'oreillon  en  forme  de  faulx;  pelage  d'un  brun- 
roussàtre  en  dessus,  d'un  gris-blanc  en  dessous  :  les  jeunes  ont 
le  pelage  d'un  gris-cendré.  Longueur  du  corps  jusqu'à  la  base 
de  la  queue,  9  centimètres  et  demi  ;  envergure,  de  43  à  45  cent. 

Habite  les  vieilles  masures,  les  vieux  édifices,  les  trous  des 
clochers  :  ne  se  trouve  jamais  dans  les  arbres. 

2.  Vespertilion  échancré,  Vespertilio  emarginatas,  Géofï. 

Six  molaires  de  chaque  côté  aux  deux  mâchoires;  le  pelage 
est  à  peu  près  comme  le  précédent,  moins  foncé;  oreilles  échan- 
crées  à  leur  bord  intérieur,  oreillon  en  forme  d'alêne.  Membranes 
des  ailes  noirâtres,  l'interfémorale  de  cette  même  couleur,  avec 
des  nervures  transversales  très-prononcées  et  blanchâtres.  Lon- 
gueur du  corps,  5  cent,  et  demi;  envergure  des  ailes,  24  cent,  et 
demi.  Il  vit  dans  les  souterrains.  Plus  petit  et  moins  abondant 
que  le  précédent. 


Z±  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Vesperlilion  pipistrelle,  Vespertilio  pipistrelus,  Daub. 

Nez  large,  déprimé,  les  narines  à  rebord  renflé;  front  couvert 
de  poils  assez  grands;  cinq  molaires  de  chaque  côté  aux  deux 
mâchoires;  oreilles  plus  courtes  que  la  tête,  ovales,  triangu- 
laires, échancrées  sur  le  bord  extérieur  ;  oreillons  presque  droits 
et  terminés  par  une  tête  arrondie;  queue  très-longue  compa- 
rativement aux  autres  espèces  et  à  sa  petite  taille.  Longueur, 
4  centimètres;  envergure,  17  à  19  centimètres.  Pelage,  d'un 
brun-noirâtre  en  dessus  et  d'un  brun-fauve  en  dessous.  Mem- 
branes noires,  celles  des  ailes  ayant  une  fine  bordure  blanchâtre 
au  bas  de  la  première  échancrure  qui  suit  les  pieds  :  elle  se  fond 
dans  la  suivante.  Cette  bordure  n'est  pas  si  apparente  chez  tous 
les  individus,  ce  qui  probablement  dépend  de  l'âge. 

Cette  Chauve-Souris  vit  en  société  sous  les  combles  de  nos  habi- 
tations, dans  les  vieux  monuments  et.  dans  les  clochers  ;  elle  vole 
dès  le  crépuscule  du  soir,  et  on  la  voit  encore  dans  les  airs  pen- 
dant celui  du  matin.  Il  lui  arrive  souvent  de  quitter  sa  retraite 
pendant  le  jour  et  de  voler;  elle  rase  alors  les  eaux  des  mares  ou 
des  fossés  tout  aussi  bien  qu'elle  le  fait  pendant  la  nuit.  Ce  Chéi- 
roplcre  apparaît  le  soir  dans  les  rues  et.  à  la  campagne,  où  il  l'ait 
la  chasse  aux  insectes  ailés;  il  est  commun  dans  les  environs  de 
Céret  et  le  long  des  Albères. 

i.  Vespertilion  noctule,  Vespertilio  noctula,  Daub. 

Ce  Vespertilion  a  cinq  molaires  de  chaque  côté  des  deux  mâ- 
choires; oreilles  plus  courtes  que  la  tête,  triangulaires  en  forme 
de  rein;  oreillons  arqués,  à  tête  large  et.  arrondie;  face  nue; 
front  très-velu;  museau  court,  épais  et  relevé;  narines  renflées, 
à  ouvertures  latérales;  pelage  fauve,  roux,  plus  pâle  aux  parties 
inférieures  du  corps. 

Les  membranes  des  ailes,  le  long  du  bras  et  de  l'avant-bras, 
ont 'des  narties~'cvelues,rce  qu'on  ne  trouve  point  généralement 
dans  les  autres  espèces.  11  est  très-commun;  on  le  voit  voltiger 


MAMMIFÈRES.  'il! 

souvent  dans  les  régions  élevées,  longtemps  avant  que  le  soleil 
ne  soit  couché  ;  mais  il  abaisse  son  vol  avec  le  déclin  du  jour. 
Habite  les  vieux  édifices,  les  troncs  vermoulus  des  arbres  et  les 
greniers  des  maisons  de  campagne.  Longueur,  8  centimètres; 
envergure  des  ailes,  40  centimètres. 

5.  Vespertilion  barbastelle,  Vespertiiio  barbastellm,  Bufl'. 

Gomme  la  précédente,  cette  espèce  a  le  museau  court,  les 
joues  renllées;  mais  ses  oreilles,  beaucoup  moins  longues,  la  font 
distinguer  au  premier  coup  d'œil.  Les  oreilles  réunies  par  leur 
bord  intérieur,  sont  plus  larges  que  longues;  l'oreillon  est  large 
à  sa  base  et  pointu  à  l'extrémité  ;  quatre  molaires  de  chaque  côté  ; 
membranes  des  ailes  brunes;  pelage  d'un  brun-noir,  la  pointe 
des  poils  fauve.  Longueur  du.  corps,  5  centimètres  et  demi; 
envergure  des  ailes,  30  centimètres.  Les  vieux  édifices  et  les 
souterrains  lui  servent  de  retraite  pendant  le  jour.  Elle  est  peu 
commune. 

6.  Vespertilion  sérotine,  Vespertiiio  serotinus,  Oaub. 

La  Sérotine  a  quatre  molaires  de  chaque  côté  de  la  mâchoire 
supérieure  et  cinq  à  l'inférieure  ;  oreilles  ovales,  plus  courtes  que 
la  tête;  les  oreillons  en  demi-cœur;  face  presque  nue;  front  très- 
velu;  les  poils  du  dos  longs  et  soyeux;  lèvre  supérieure  garnie  de 
verrues  ;  poil  brun-châtain,  foncé  en  dessus,  jaunâtre  en  dessous  ; 
les  membranes  des  ailes  plus  noires  que  dans  les  précédentes. 
Longueur  du  corps,  8  cent.  ;  l'envergure  des  ailes,  38  cent. 

Cette  espèce  est  plus  solitaire  que  les  autres  ;  on  ne  la  trouve 
guère  que  par  paires.  Elle  se  retire  dans  les  troncs  décrépits  des 
arbres,  ou  sous  les  toits  des  masures  isolées  près  des  marécages  ; 
elle  ne  se  réveille  de  son  sommeil  d'hiver  que  lorsque  le  soleil 
du  printemps  a  déjà  fait  sentir  à  la  terre  toute  son  heureuse 
influence.  Elle  se  voit  dans  les  environs  des  villages  situés  près 
des  êtanes  de  Salses  cl  de  Saint-Laurent. 


"24  HISTOIRE   NATURELLE. 

Genre  Oreillard,  Pletocus,  GéofF. 

Caractères.— Différent  des  autres  Chauves -Souris  par 
de  très-grandes  oreilles,  qui  sont  unies  l'une  à  l'autre  sur 
le  crâne.  Oreillon  grand  et  lancéolé.  Les  dents  sont  les 
mêmes  que  dans  le  genre  précédent. 

1.  Oreillard  commun,  Plet.  auritus,  Géoff.,  ou  Vespert. 
auritus,  Lin. 

Ce  Pletocus  est  remarquable  par  la  grandeur  de  ses  oreilles, 
qui  atteignent  presque  l'extrémité  du  corps  quand  elles  sont  ra- 
battues; leur  largeur  égale  le  tiers  de  leur  longueur;  elles  sont 
réunies  à  leur  base.  Tête  aplatie,  museau  renflé;  cinq  molaires 
supérieures  de  chaque  côté ,  six  inférieures  ;  soies  éparses  sur  la 
face;  front  velu;  queue  très-grande;  poils  noirâtres  à  leur  base, 
d'un  gris-roussâtre  à  leur  extrémité.  Longueur  du  corps,  5  cent.; 
envergure  des  ailes,  31  centimètres.  Il  vit  isolé,  et  choisit,  pour 
sa  retraite,  les  vieux  clochers  et  autres  édifices  élevés.  Commun 
dans  le  pays. 

2me  Famille. — Insectivores. 

Caractères. — Leurs  pieds  sont  courts  et  armés  d'ongles 
solides  ;  ceux  de  derrière  ont  toujours  cinq  doigts,  et  leur 
plante  du  pied  appuie  en  entier  sur  le  sol  en  marchant. 
Leurs  molaires  sont  hérissées  de  pointes.  Ces  animaux 
ont  les  mouvements  très-lents;  ils  mènent  une  vie  le 
plus  souvent  nocturne,  et  se  cachent  dans  des  terriers. 
Leur  nourriture  consiste  ordinairement  en  insectes  et  en 
fruits.  Ces  animaux  s'engourdissent  pendant  l'hiver. 

Genre  Hérisson,  Herinaceus,  Lin.;  en  catalan 

Erissou,  Palluc  de  castanya. 

Caractères, — Corps  garni  de  piquants  au  lieu  de  poils; 


MAMMIFÈIIES.  25 

l'orme  lourde  et  ramassée;  museau  pointu;  queue  courte; 
yeux  petits.  Ces  animaux  peuvent  se  rouler  en  boule,  en 
rentrant  leur  tète  comme  dans  un  fourreau. 

\.  Hérisson  d'Europe,  Erinaceus  Europeus,  Buff. 

Animal  nocturne,  vivant  de  fruits,  d'insectes,  de  limaçons; 
museau  pointu;  mâchelières  hérissées  de  pointes  coniques;  six 
incisives  à  la  mâchoire  supérieure,  deux  à  l'inférieure;  pieds 
libres  à  cinq  doigts,  ongles  propres  à  fouir;  corps  armé  de 
piquants;  susceptible  de  se  rouler  en  boule;  oreilles  courtes. 
Longueur  du  corps,  de  25  à  30  centimètres. 

Le  Hérisson  a  les  formes  trapues,  les  jambes  très-basses, 
traînant  le  ventre  contre  la  terre  dans  sa  marche;  tète  allongée, 
se  terminant  par  un  museau  pointu;  partie  supérieure,  depuis 
le  front,  armée  de  piquants  d'un  blanc-sale,  ornés  d'un  anneau 
noirâtre  aux  deux  tiers  de  leur  longueur.  Le  dessous  de  son 
corps  est  garni  de  poils  d'un  roux-clair  ;  les  oreilles ,  le  museau 
et  les  pieds  sont  nus  et  d'un  brun-violet. 

Au  moindre  danger,  le  Hérisson  se  roule  en  boule  pour  cacher 
ses  parties  internes  et  ne  présenter  à  son  ennemi  qu'un  corps 
hérissé  de  pointes  aiguës,  difficiles  à  saisir;  à  ce  moyen  de 
défense,  il  ajoute  l'éjaculation  de  son  urine,  dont  l'odeur  désa- 
gréable suffit  pour  éloigner  ceux  qui  seraient  tentés  de  lui  faire 
la  chasse.  Il  se  retire,  pendant  le  jour,  dans  le  tronc  des  vieux 
arbres  ou  dans  des  tas  de  pierres,  et  n'en  sort  que  la  nuit  pour 
pourvoir  à  sa  nourriture.  Il  purge  nos  jardins  des  limaces,  et 
quoiqu'il  mange  quelques  fruits,  il  fait  peu  de  mal. 

Il  n'est  pas  très-répandu  dans  ce  département  ;  on  l'a  trouvé 
dans  les  garrigues  du  côté  de  Néfiach,  quelquefois  dans  les  plaines 
de  la  Salanque  :  on  m'en  a  porté  un  tué  à  Claira. 

On  distingue  deux  variétés  de  cette  espèce  :  une  dont  le  museau 
est  plus  allongé,  le  Hérisson-Pourceau;  l'autre  dont  le  museau  est 
plus  court,  le  Hérisson-Chien. 


20  HISTOIRE  NATURELLE. 

Genre  Musaraigne,  Sorex,  Lin.;  en  catalan  Mourru 
de  trumpète. 

Caractères. — Museau  long,  effilé,  mobile;  les  oreilles 
courtes,  souvent  cachées  par  les  poils  ;  queue  quadrilatère 
et  comprimée  :  dans  quelques  espèces,  elle  est  garnie  de 
poils  ras  et  égaux;  chez  les  autres,  il  existe  une  rangée 
de  poils  longs,  parsemés  à  petites  distances  sur  les  côtés. 
Leurs  dents  sont  tantôt  colorées  de  rougeâtre  ou  de  brun 
a  leur  extrémité;  tantôt  elles  sont  entièrement  blanches: 
le  nombre  varie  de  trente  à  trente-deux;  leurs  ongles  ne 
sont  pas  propres  à  fouir  la  terre. 

Les  Musaraignes  sont  de  très-petits  quadrupèdes  noc- 
turnes qui  vivent  d'insectes  terrestres  et  aquatiques,  selon 
les  espèces.  Elles  établissent  leur  demeure  dans  des  trous 
ou  des  excavations  ayant  déjà  servi  à  d'autres  animaux. 
Leur  naturel  est  cruel  ;  elles  se  font  entre  elles  une  guerre 
d'extermination. 

1 .  Musaraigne  vulgaire,  Sorex  aranens,  Géofï. 

Museau  court  et  pointu;  oreilles  amples  et  nues  ayant  en  dedans 
deux  lobes  placés  l'un  au  dessus  de  l'autre  ;  deux  incisives  supé- 
rieures, deux  inférieures  entièrement  blanches;  les  lèvres  et  les 
pieds  sont  couleur  de  chair;  poil  gris  de  souris,  plus  pâle  en 
dessous;  queue  carrée  et  nue.  On  trouve  plusieurs  variétés  de 
cette  espèce  ;  une  entièrement  blanche. 

Cette  Musaraigne  est  commune  dans  les  jardins  et  les  prairies, 
et  près  des  habitations  rurales,  où  elle  pénètre  pendant  l'hiver; 
on  la  trouve  en  quantité  sous  les  amas  de  foin, lorsqu'il  est  fauché. 
Les  Chats  la  tuent,  mais  ne  la  mangent  point,  à  cause  de  l'odeur 
musquée  qu'elle  répand,  odeur  produite  par  la  sécrétion  des 
glandes  situées  sous  la  queue  de  l'animal. 

Longueur,  0  centimètres;  queue,  ï  centimètres. 


MAMMIFÈKKS.  27 

2.  Musaraigne  carrelet,  Sorex  tetragonurus,  Géoff. 

Un  peu  plus  grande  que  la  précédente  ;  la  tête  plus  forte  et  le 
museau  moins  fin;  les  incisives  brunes  à  l'extrémité;  huit  canines 
à  la  mâchoire  supérieure;  oreilles  courtes;  queue  longue  et  à 
forme  carrée  ;  robe  noirâtre  en  dessus,  cendré-brun  au  dessous  ; 
les  pieds  velus.  Longueur,  6  centimètres;  queue,  5  centimètres. 
Habite  les  endroits  moins  humides  que  la  précédente. 

o.  Musaraigne  rayée,  Sorex  lineatus,  Géoff. 

Forme  plus  allongée  que  les  précédentes;  la  queue  est  remar- 
quable par  une  ligne  fortement  élevée  en  carène  en  dessous; 
incisives  brunes  à  l'extrémité;  pelage  d'un  brun -noirâtre  en 
dessus,  plus  pâle  en  dessous;  gorge  cendrée;  il  part  une  ligne 
étroite  et  blanche  du  front  aux  narines;  tache  de  môme  couleur 
aux  oreilles;  queue  ronde,  longue  de  5  centimètres;  longueur 
du  corps,  7  centimètres.  Habite  les  prairies  humides  des  bords 
de  la  mer. 

i.  Musaraigne  d'eau,  Sorex  fodiens,  Geml. 

Cette  espèce  est  très-rare  ;  elle  double  les  autres  en  grosseur, 
18  centimètres  environ.  Pelage  noir,  velouté  en  dessus,  plus  ou 
moins  blanchâtre  en  dessous,  ressemble  assez  à  celui  de  la  taupe. 
Museau  gros;  les  bords  de  la  lèvre  supérieure  un  peu  blanchâtres  ; 
une  tache  de  cette  même  couleur  en  arrière  des  yeux;  queue 
presque  de  la  longueur  du  corps,  noirâtre  et  frangée  en  dessous, 
sur  toute  la  longueur,  par  des  poils  raides,  blanchâtres,  qui  aident 
l'animal  dans  la  natation  ;  pieds  d'un  cendré-foncé  et  bordés  de 
poils  ciliés,  grisâtres;  moustaches  noires.  C'est  toujours  près  de* 
eaux  courantes  des  parties  élevées  du  département  qu'on  trouve 
cette  espèce:  commune  dans  les  territoires  de  Vernet,  de  Castell 
et  dans  les  environs  d'Àiies-sur-Tech. 

o.  Musaraigne  porte-rame,  Sorex  remifer,  Géoff. 

La  plus  grande  des  espèces  que  l'on  trouve  en  France  :  a  te 


28  HISTOIRE   NATURELLE. 

museau  gros  et  court,  les  incisives  brunes  à  l'extrémité,  les  for- 
mes plus  trapues;  pelage  d'un  brun-foncé  en  dessus,  ventre  d'un 
brun-cendré,  gorge  d'un  cendré-clair;  queue  carrée  dans  la 
première  moitié,  et  marquée  d'un  sillon  en -dessous,  qui  se 
change  en  carène  dans  la  moitié  suivante,  aplatie  en  forme  de 
rame,  d'où  lui  vient  son  nom.  Longueur,  20  à  21  centimètres. 
Habite  les  bords  des  eaux  vers  les  parties  élevées  du  département  : 
j'en  ai  pris  un  individu  près  de  Costa-Bona,  aux  environs  de  la 
source  du  Tech. 

Genre  Desman,  Migale,  Géoff. 

Caractères. — Corps  assez  allongé,  couvert  de  poils  fort 
doux,  les  uns  soyeux  plus  ou  moins  irisés,  les  autres 
duveteux  et  formant  une  sorte  de  bourre;  l'oreille  externe 
presque  nulle;  leurs  pattes  ont  cinq  doigts,  armés  d'on- 
gles robustes  ;  les  antérieures  propres  à  fouiller  ;  les  pos- 
térieures palmées,  disposées  pour  la  natation.  A  la  base 
de  la  queue  existent  des  cryptes,  par  lesquelles  suinte  une 
humeur  musquée. 

1 .  Desman  des  Pyrénées,  Migale  Pyrenaïca,  Géoff. 

Museau  très-prolongé,  en  forme  de  trompe  très-flexible,  qu'il 
agile  continuellement;  oreilles  extérieures  nulles;  les  yeux  très- 
petits;  queue  plus  courte  que  le  corps,  écailleuse  et  aplatie  sur 
les  côtés;  les  pieds  postérieurs  palmés  lui  servent  pour  se  diriger 
au  sein  des  eaux,  où  il  se  plaît.  Il  creuse  sur  les  bords  des  ruis- 
seaux, des  galeries  dont  l'entrée  est  sous  l'eau.  Il  vit  de  vers,  de 
sangsues,  de  coléoptères,  et,  à  défaut,  de  racines  et  de  plantes 
aquatiques.  J'ai  trouvé  dans  l'estomac  d'un  individu  (les  Amara 
montana,  que  j'ai  pu  conserver  pour  ma  collection  entomologique. 

Le  Desman  ne  sort  guère  qu'aux  approches  de  la  nuit  pour  pour- 
voir à  sa  subsistance.  Il  est  à  peu  près  de  la  grosseur  de  la  Taupe. 
Celui  qui  nous  a  été  apporté  mesurait  15  cent.;  la  queue,  11  cent.; 


MAMMIFÈRES.  89 

la  circonférence  du  corps,  prise  au  milieu  de  la  poitrine,  était  de 
13  cent.  Son  pelage  est  d'un  brun-marron  au  dessus,  d'un  gris- 
brunàtre  sur  les  flancs,  et  d'un  gris-d'argent  sous  le  ventre. 

Il  habite  les  régions  élevées  du  département.  Un  individu  m'a 
été  envoyé  de  Saint-Laurent-de-Cerdans  en  août  1824:  il  fut  pris 
en  curant  le  ruisseau  qui  conduit  l'eau  à  la  forge  de  M.  Delcros- 
Rodor.  Malgré  la  recommandation  du  propriétaire  et  les  soins 
qu'il  avait  pris  pour  me  le  faire  parvenir,  la  distance  étant  assez 
grande  'et  la  température  très-élevée ,  la  putréfaction  était  déjà 
très-avancée  et  je  n'ai  pu  le  conserver. 

Au  sujet  de  cet  animal,  M.  Guvier  m'écrivait  : 

«  Un  animal  découvert  depuis  peu,  et  qui  ne  se  trouve  que 
«  près  des  Pyrénées,  c'est  un  Desman,  c'est-à-dire  une  grande 
«  espèce  de  Musaraigne.  Je  ne  puis  pas  espérer  de  le  recevoir 
«  vivant,  quand  même  vous  vous  le  procureriez,  parce  que  cet 
«  animal  vit  d'insectes  et  qu'il  ne  supporterait  pas  la  captivité. 
«  Mais  si  par  hasard  vous  l'obteniez  en  vie ,  vous  m'obligeriez 
«  d'en  faire  faire  un  dessin,  dont  le  trait  serait  bien  pur;  et, 
«  pour  les  détails,  j'y  suppléerais  par  l'individu  que  vous  pourrez 
«  m'envoyer  dans  l'esprit  de  vin.  » 

Deux  ans  plus  tard,  j'eus  le  bonheur  de  pouvoir  satisfaire 
M.  Cuvier  :  un  individu  fut  tué  dans  la  même  localité,  et  mis  de 
suite  dans  l'esprit  de  vin  par  les  soins  de  M.  Delcros.  Je  ne  pus 
en  faire  le  dessin  ;  mais  je  l'envoyai  tel  quel  à  notre  savant  maître, 
qui  m'en  témoigna  toute  sa  gratitude. .(Voir  la  Planche,  fig.  i.) 

Genre  Taupe,  Talpa,  Lin.;  en  catalan  Taupa. 

Caractères. — Museau  plus  ou  moins  prolongé;  pieds 
antérieurs  palmés,  à  ongles  tranchants,  propres  à  fouir; 
yeux  peu  visibles,  cachés  par  les  poils;  oreilles  à  conque 
extérieure  nulle.  Ces  animaux,  connus  par  leur  habileté 
à  creuser  des  galeries  souterraines,  vivent  de  vers,  d'in- 
sectes et  de  racines  tendres. 


30  HISTOIRE   NATURELLE. 

1.  Taupe  d'Europe,  Tidpa  Europea,  Lin. 

En  voyant  l'organisation  extérieure  de  la  Taupe,  on  ne  peut  se 
méprendre  sur  les  habitudes  de  ce  petit  animal.  Museau  plus  ou 
moins  prolongé,  très-mobile,  et  terminé  par  un  petit  os  ou  bou- 
toir; yeux  presque  imperceptibles;  corps  cylindrique  et  trapu; 
membres  antérieurs  courts  et  robustes,  terminés  par  des  mains 
larges  et  palmées,  à  ongles  tranchants,  disposés  en  scie,  pomme 
de  la  main  tournée  en  dehors.  Toutes  ces  dispositions  indiquent 
un  animal  destiné  à  creuser  des  galeries  souterraines,  où  il  doit 
vivre  et  y  chercher  la  nourriture,  qui  consiste  en  vers  et  insectes. 
La  Taupe  a  13  à  14  centimètres  de  longueur;  la  queue,  4  cent.; 
son  pelage  est  noir,  velouté  et  très-luisant.  Son  habitation  est 
dans  les  terres  ordinairement  cultivées,  douces  et  légères  de 
préférence,  parce  qu'elle  y  trouve  une  nourriture  plus  abondante 
et  qu'elle  peut  creuser  ses  galeries  avec  plus  de  facilité;  rare- 
ment on  voit  les  terrains  rocailleux  labourés  par  les  Taupes. 

Le  soin  de  chercher  sa  nourriture ,  oblige  la  Taupe  à  faire  ses 
chemins  souterrains,  qu'elle  creuse  avec  une  grande  activité, 
et  c'est  presque  toujours  à  des  heures  réglées  :  elle  commence 
au  point  du  jour,  à  dix  heures  du  matin,  à  midi  et  vers  la  nuit. 
C'est  à  ce  dernier  moment  de  la  journée  qu'elle  les  pousse  avec 
plus  d'activité,  afin  de  porter  à  son  gîte  une  nourriture  plus 
abondante  pour  elle  et  ses  petits.  La  Taupe  construit  dans  la  terre 
son  habitation  avec  une  intelligence  singulière,  où  aboutissent 
un  grand  nombre  de  galeries ,  pour  qu'au  moindre  danger  elle 
puisse  soustraire  toute  sa  famille  à  ses  ennemis.  Sous  le  dôme  de 
son  habitation,  se  trouvent  amoncelées  quantité  de  feuilles  sèches, 
assez  élevées,  afin  que  les  petits  soient  à  l'abri  de  l'humidité: 
c'est  autour  de  cette  couchette  que  viennent  aboutir  les  nom- 
breuses galeries  qui  servent  à  sa  retraite  en  cas  de  besoin. 

La  Taupe  est  très-répandue  dans  le  département.  On  la  trouve 
quelquefois  toute  blanche:  c'est  le  résultat  de  la  maladie  albine; 
on  la  trouve  aussi  toute  grise ,  et  cette  couleur  est  plus  ou 


MAMMIFÈRES.  M 

moins  claire,  selon  les  individus;  d'autres  toutes  tachetées  de 
diverses  couleurs.  Nous  en  possédons  une  qui  a  une  couleur 
uniforme  nankin  :  la  partie  supérieure  du  dos  est  couverte  de 
trois  taches  noires,  de  forme  irrégulière;  les  deux  antérieures 
se  joignent  par  un  petit  isthme,  tandis  que  celle  qui  se  trouve 
située  sur  le  train  de  derrière  est  ronde  et  touche  presque  à  la 
queue,  qui  est  aussi  noire  en  partie.  C'est  probablement  cette 
couleur  nankin  qu'on  voit  sur  certaines  Taupes,  qui  avait  contri- 
bué à  faire  donner  le  nom  de  Taupe  d'Alais  à  cet  animal.  Mais  il 
n'existe  aucune  différence  sensible  sur  l'organisation  de  cette 
Taupe  qui  puisse  justifier  une  espèce  nouvelle  :  même  grandeur 
de  l'animal,  même  disposition  de  la  tête  et  de  la  bouche,  les 
pieds  n'offrent  aucune  différence.  La  coloration  seule  donc  ne 
suffit  pas  pour  en  faire  une  espèce  différente.  Tous  les  jours, 
nous  rencontrons  des  animaux  qui  présentent  diverses  nuances 
dans  les  couleurs  de  leur  robe,  et  qui  toutefois  ne  peuvent  pas 
être  séparés  de  leur  espèce. 

3me  Famille  .  —  Carnivores  . 
Cette  famille  a  été  divisée  en  trois  tribus,  par  rapport 
à  la  conformation  de  leurs  membres  et  à  la  différence 
de  leurs  mouvements.  Les  Plantigrades  forment  la  pre- 
mière tribu  :  quand  ils  marchent,  ils  appuient  sur  le  sol 
la  plante  entière  des  pieds.  Les  Digitigrades  forment  la 
seconde  tribu  :  ceux-ci,  dans  leur  marche,  ne  touchent 
la  terre  que  de  l'extrémité  de  leurs  doigts.  La  troisième 
tribu  est  formée  par  les  Amphibies  :  la  conformation  de 
leurs  membres  les  rend  impropres  à  la  marche  ;  car  ils 
ressemblent  à  des  nageoires ,  et  ne  peuvent  guère  servir 
que  pour  la  natation. 

lre  Triru. — Plantigrades. 
Caractères. —  Les  Plantigrades  marchent  en  appuyant 


32  HISTOIRE   NATURELLE. 

entièrement  la  plante  des  pieds  de  derrière  sur  le  sol , 
ce  qui  leur  facilite  le  moyen  de  se  dresser  sur  leurs  pieds 
et  de  grimper  sur  les  arbres.  Cinq  doigts  à  chaque  pied; 
dents  carnassières  ordinairement  peu  caractérisées.  Plu- 
sieurs de  ces  animaux  sont  nocturnes,  et  sujets  à  un 
engourdissement  hivernal . 

Genre  Ours,  Ursus,  Lin.;  en  catalan  Os. 

\.  Ours  brun,  Ursus  arctos,  Lin. 

L'Ours  brun  a  le  front  convexe,  l'œil  petit,  la  conque  des  oreilles 
médiocrement  développée,  le  cartillage  du  nez  prolongé  et  mobile, 
le  corps  trapu,  les  membres  épais.  Il  marche  sur  la  plante  entière 
des  pieds,  ce  qui  lui  donne  plus  de  facilité  pour  se  dresser  sur  ses 
pieds  de  derrière.  Son  adresse  est  plus  grande  que  ne  paraît 
l'indiquer  sa  démarche,  ses  formes  lourdes  et  peu  gracieuses;  sa 
queue  est  très-courte;  son  pelage  est  brun,  plus  ou  moins  lai- 
neux. On  en  voit  de  presque  jaunes;  d'autres  d'un  brun  lisse  à 
reflets,  presque  argentés.  La  hauteur  de  leurs  jambes  varie  éga- 
lement, sans  rapport  constant  d'âge  ni  de  sexe. 

De  tous  les  carnivores,  l'Ours  est  le  moins  sujet  à  rechercher 
les  substances  animales.  Il  vit  ordinairement  de  jeunes  pousses, 
de  racines,  de  châtaignes,  de  sorbes  et  autres  fruits;  ne  mange  de 
chair  que  par  circonstance,  et  lorsqu'il  y  est  poussé  par  le  besoin. 
Sur  la  fin  de  la  belle  saison,  son  embonpoint  est  remarquable; 
et  c'est  alors  qu'il  cherche  une  retraite  sûre  pour  y  passer  l'hiver 
dans  un  état  d'engourdissement  léthargique  plus  ou  moins  pro- 
fond, selon  la  durée  et  l'intensité  du  froid.  Pendant  tout  ce  temps, 
il  se  contente  de  lécher  ses  pattes  de  devant.  Quand  il  se  réveille, 
et  lorsque  le  beau  soleil  du  printemps  réchauffe  l'atmosphère,  il 
abandonne  sa  retraite,  pour  reprendre  la  vie  ordinaire,  et  se 
refaire  du  long  jeûne  qu'il  a  fait  et  qui  l'a  beaucoup  amaigri. 


MAMMIFÈRES.  33 

La  femelle  fait  deux  ou  trois  petits.  Pris  jeunes,  on  peut  les 
élever,  et  sont  susceptibles  d'une  certaine  éducation.  Nous 
voyons,  dans  nos  villes,  des  hommes  qui  se  livrent  à  toutes  sortes 
de  jeux  avec  ces  animaux. 

Cet  animal  devient  très-rare  dans  nos  contrées,  à  cause  de  la 
dévastation  de  nos  forêts.  Il  habite  les  montagnes  les  plus  éle- 
vées; se  retire  dans  les  lieux  les  moins  accessibles,  dans  les  forêts 
sombres  et  ténébreuses,  dont  les  pas  de  l'homme  troublent  rare- 
ment le  silence.  En  1825,  en  visitant  la  forêt  des  Fanges,  le  garde 
nous  assura  qu'une  femelle  y  avait  ses  petits,  et  nous  recommanda 
bien  de  ne  pas  nous  écarter  de  crainte  d'accident.  Dans  les  vastes 
forêts  de  la  partie  élevée  du  Canigou,  on  voit  quelquefois  des 
Ours  ;  ils  viennent  livrer  des  combats  avec  les  Taureaux,  qui,  à  la 
belle  saison,  habitent  ces  régions  élevées.  En  1819,  en  visitant 
cette  partie  de  montagnes,  les  gardes  des  jasses  de  Cadi  nous 
firent  remarquer  un  Taureau  qui  avait  été  blessé  par  l'Ours.  Nous 
ne  savons  si  c'est  un  conte  ;  mais  les  gardiens  nous  assurèrent 
que  ce  Taureau,  qui  avait  commencé  le  combat,  ne  manquait  pas, 
tous  les  jours,  de  se  rendre  à  la  même  place  pour  attendre  son 
adversaire.  Le  Taureau  s'adosse  contre  un  rocher;  et,  dans  cette 
attitude,  il  ne  craint  pas  l'Ours,  qui  ne  peut  le  prendre  par  derrière. 

Genre  Blaireau,  Mêles,  Storr;  en  catalan  Taixô 
(  prononcez  taïchou  ) . 

Caractères.  —  Remarquable  en  ce  que  ses  jambes 
sont  courtes  ;  semble  plutôt  ramper  que  marcher  ; 
pieds  à  cinq  doigts  ;  ongles  robustes  ;  queue  courte , 
velue;  une  poche  située  sous  la  queue,  d'où  suinte  une 
humeur  grasse  et  fétide  ;  ses  ongles  de  devant,  pro- 
pres à  fouir  la  terre,  lui  servent  à  creuser  des  terriers 
profonds;  dent  carnassière  caractérisée.  Animal  solitaire 
et  nocturne. 

TOMR   III.  8 


:U  HISTOIRE   NATURELLE. 

1.  Blaireau  d'Europe,  Ursus  mêles,  Lin. 

Le  Blaireau  a  le  corps  naturellement  bas  sur  jambes  ;  et  ce  qui 
le  fait  paraître  encore  davantage,  c'est  la  longueur  de  ses  poils , 
qui  sont  noirs,  blancs  et  roux,  donnant  à  l'animal  une  teinte 
grisâtre  plus  ou  moins  foncée.  La  tête  est  blanchâtre  en  dessus; 
une  bande  noire  longitudinale  enveloppe  l'œil,  passe  sur  l'oreille 
et  vient  se  perdre  sur  le  cou.  Les  oreilles  et  la  queue  courtes;  les 
pieds  à  cinq  doigts;  les  ongles  de  devant  très-allongés  et  robustes, 
le  rendent  habile  à  fouir  la  terre.  Il  se  creuse  des  terriers,  et 
passe  dans  la  solitude  les  trois  quarts  de  son  existence.  Il  ne  sort 
que  la  nuit  et  se  nourrit  de  Mulots,  de  Lapereaux,  de  Crapauds; 
il  mange  aussi  des  fruits,  et  souvent  il  vient  dévaster  des  champs 
où  l'on  a  semé  du  blé  de  Turquie,  du  blé  noir,  des  courges;  les 
vignes  près  de  son  habitation  sont  aussi  ravagées.  La  chair  en 
est  bonne  à  manger  quoique  très-mollasse. 

La  peau  du  Blaireau,  est  très-estimée.  Les  muletiers  de  nos 
montagnes  s'en  servent  pour  orner  les  harnais  de  leurs  mulets  ; 
nos  bergers  s'en  font  des  vestes,  et  leur  poil  est  utilisé  par  les 
fabricants  de  pinceaux.  Lorsque  le  Blaireau  est  surpris  par  le 
chasseur,  il  se  gonfle,  se  roule  en  boule,  se  laisse  aller  le  long 
d'une  pente  pour  fuir  plus  vite  son  ennemi. 

Il  est  assez  répandu  dans  le  département  ;  presque  toujours 
sur  nos  montagnes  moyennes.  On  en  distingue  deux  espèces  : 
Blaireau  à  tête  de  Chien,  que  nos  chasseurs  appellent  Cani,  et 
Blaireau  à  tête  de  Cochon,  Porqui. 

2me  Tribu.—  Digitigrades. 

Caractères. — Corps  long  et  fluet,  comme  voûté,  lorsque 
l'animal  est  en  repos  ;  point  de  poche  à  l'anus,  mais 
des  glandes  sécrétant  une  matière  d'une  odeur  pénétrante 
et  fétide.  Dans  leur  marche,  ils  ne  touchent  le  sol  que  de 
l'extrémité  de  leurs  doigts,  pouvant  tenir  leurs  ongles 


MAMMIFÈRES.  35 

redressés  pendant  leur  marehe ,  ne  les  recourbant  que 
lorsqu'ils  veulent  déchirer  leur  proie.  On  les  a  appelés 
Vermiformes,  parce  que  leur  corps,  allongé  et  bas  sur 
jambes,  opère  dans  la  marche  des  ondulations  analogues 
à  un  mouvement  vermiculaire  :  ils  peuvent  pénétrer  ainsi 
dans  les  cavités,  en  passant  à  travers  les  plus  petites 
ouvertures  ;  ils  joignent  aux  mœurs  les  plus  féroces ,  la 
taille  et  la  force  nécessaires  pour  assouvir  leurs  sangui- 
naires penchants. 

Genre  Marte,  Muslela,  Lin. 

4.  Putois,  Mustela  putorius,  Linné;  en  catalan  Puden 
(prononcez  pouden). 

Très-sanguinaire,  le  Putois  est  la  terreur  des  poulaillers  et 
des  garennes.  Quand  il  s'y  introduit,  il  commence  par  tuer  tout 
ce  qu'il  peut  atteindre;  puis,  il  emporte  ses  victimes  une  à  une. 
L'odeur  fétide  qu'il  répand  justifie  bien  le  nom  qu'on  lui  donne 
en  catalan  :  Puden  (qui  sent  mauvais).  C'est,  en  effet,  le  plus  puant 
du  genre  :  sa  tête  est  courte,  son  corps  mince  et  allongé,  ses 
jambes  courtes,  sa  robe  est  brune,  formée  de  longs  poils  noirs, 
et  d'autres  plus  courts  laineux  et  demi  blanc-sale;  son  dos  est 
brun,  ses  flancs  et  le  ventre  sont  fauves  où  le  poil  court  est 
moins  caché;  la  tête  est  tachetée  de  blanc,  surtout  autour  de  la 
bouche. 

Très-commun  dans  le  département ,  il  habite  les  bois  rappro- 
chés de  nos  habitations  rurales;  il  se  retire  au  bas  des  troncs 
caverneux  des  vieux  arbres  ;  il  ne  sort  que  lorsque  la  nuit  arrive, 
et  parcourt  en  tapinois  les  jardins  et  les  champs  voisins  de  son 
repaire  ;  il  fait  la  guerre  aux  Rats ,  aux  Mulots  et  autres  petits 
Mammifères;  il  se  glisse  parfois  dans  nos  basses-cours,  où  il  fait 
un  ravage  épouvantable.  Il  paraît  ne  pas  dédaigner  le  poisson , 


36  HISTOIRE   NATURELLE. 

el  il  entre  facilement  dans  l'eau  pour  s'en  procurer.  11  est  long 
de  53  à  55  centimètres;  sa  queue  a  de  36  à  37  centimètres. 

La  femelle  est  toujours  plus  petite  que  le  mâle. 

Sa  fourrure  n'est  guère  estimée. 

2.  Furet,  Mustela  furo,  Lin.;  en  catalan  Fura  (prononcez 
fonre). 

Plus  petit,  plus  élancé  que  le  Putois,  le  Furet  a  sa  robe  jaunâtre, 
les  yeux  roses,  la  tête  moins  grosse.  Il  n'est  connu  dans  le  pays 
qu'à  l'état  de  domesticité  ;  il  nous  vient  d'Espagne,  et  on  l'emploie 
à  la  chasse  au  Lapin,  dont  il  est  le  plus  cruel  ennemi. 

M.  Ciwier  nous  écrivait  au  sujet  du  furet  : 

«  . .  .Le  Furet  y  est-il,  ou  non,  à  l'état  sauvage?  Je  ne  serais 
«  point  étonné  qu'on  n'eût  pas  sur  ces  espèces  les  notions  les  plus 
«  justes,  et  que  l'on  en  confondît  plusieurs  en  une  seule;  mais, 
«  c'est  surtout  dans  les  familles  des  rongeurs  et  des  omnivores 
«  qu'il  doit  y  avoir  le  plus  d'observations  nouvelles  à  faire.  La 
«  plupart  des  espèces  dont  elles  se  composent  sont  petites,  vivent 
«  dans  la  retraite  et  fuient  le  voisinage  de  l'homme.  Par  exemple, 
«  ce  qu'on  a  toujours  regardé  comme  une  variété  de  YEcureuil 
«  fauve,  YEcureuil  brun,  qui  paraît  se  rencontrer  principalement 
«  dans  les  contrées  des  montagnes ,  n'est-il  pas  une  espèce  dis- 
es; tincte?  C'est  ce  que  vous  pourriez  peut-être  nous  apprendre? 
«  Mais  voilà  bien  des  questions;  ne  les  trouvez  pas,  je  vous  prie, 
«  indiscrètes  :  elles  ont  pour  objet  une  science  que  nous  cultivons 
«  tous  deux  et  qui  doit  par  conséquent  leur  servir  d'excuse.  » 

5.  Belette,  Mustela  vulgaris,  Lin.;   en  catalan  Mustela 
(prononcez  moustèle). 

La  Belette,  au  corps  long  et  fluet,  au  nez  pointu,  jouit  d'une 
grande  agilité;  sa  robe  est  d'un  brun-fauve  ou  jaunâtre;  le  des- 
sous du  corps  est  blanc.  Ce  petit  animal,  qui  est  susceptible  de 
sp  familiariser,  et  qui  devient  très-docile  en  domesticité,  est, 


MAMMIFÈRES.  37 

à  l'état  sauvage,  d'une  férocité  peu  croyable  :  s'il  pénètre  dans  un 
pigeonnier  ou  dans  un  poulailler,  il  se  contente  avec  ses  canines 
très-aiguës,  de  saigner  les  Poules  au  cou  et  de  les  laisser  sur  place. 
La  Belette  détruit  les  œufs  ou  les  petits  des  oiseaux  qui  nichent 
dans  les  haies  qu'elle  habite;  elle  fait  la  guerre  aux  Rats  qui  sont 
dans  les  environs  de  son  domaine  ;  elle  attaque  même  les  jeunes 
Lapins  et  les  Levrauts,  et  parvient  à  en  faire  sa  proie.  Elle  est 
commune  dans  tout  le  département. 

4.  Hermine,  Mustela  herminea,  Lin.;  en  catalan  Mustela 

blanca. 

L'Hermine  est  plus  allongée  que  la  Belette,  et  a  les  mêmes  for- 
mes; sa  queue  est  toujours  noire  à  l'extrémité;  pelage  blanc  durant 
l'hiver,  roux  en  été,  ce  qui  avait  fait  donner  à  cet  animal,  pen- 
dant cette  époque,  le  nom  de  Roselet.  L'observation  a  rectifié  cette 
erreur,  en  faisant  connaître  le  changement  qui  s'opérait  dans  sa 
robe  pendant  ces  deux  saisons.  Elle  est  peu  commune  dans  notre 
département.  Un  seul  individu  me  fut  apporté  de  Gastell  pendant 
l'hiver  de  1829.  Des  chasseurs  m'avaient  dit  avoir  vu  des  Belettes 
blanches  sur  nos  montagnes,  et  j'étais  curieux  de  savoir  si  c'étaient 
des  Hermines  :  j'ai  pu  le  constater.  Cet  animal  vit  sur  les  parties 
élevées  de  nos  montagnes.  L'Hermine  n'acquiert  jamais,  ici,  l'état 
de  blancheur  éclatante  qui  donne  tant  de  prix  aux  fourrures  de  ces 
animaux  qu'on  porte  de  Sibérie.  Comme  tous  ses  congénères,  ses 
habitudes  sont  de  faire  une  guerre  impitoyable  aux  petits  animaux 
qui  vivent  autour  d'elle. 

5.  Marte,  Mustela  Martes,  Lin.;  en  catalan  Martra, 

Les  Maries,  proprement  dites,  diffèrent  des  espèces  précé- 
dentes du  genre ,  en  ce  qu'elles  ont  le  museau  un  peu  plus 
allongé,  les  ongles  acérés,  un  petit  tubercule  intérieur  à  leur 
carnassière  d'en  haut  et  d'en  bas. 

L'Europe  en  fournit  deux  espèces  très-voisines  l'une  de  l'au- 
tre, et  qu'on  trouve  sur  nos  montagnes. 


38  HISTOIRE   NATURELLE. 

La  Marte,  dont  la  fourrure  est  très-estimée,  peut-être  facilement 
confondue  avec  la  Fouine. 

Dans  une  de  ses  lettres,  M.  Cuvier  nous  demandait  à  ce  sujet  : 
«  Dites-moi,  je  vous  prie,  si  les  hommes  qui,  de  vos  côtés,  s'occu- 
«  pent  de  la  chasse  des  animaux  à  pelleterie,  distinguent  h  Fouine 
«  de  la  Marte,  et  quels  sont,  pour  eux,  les  caractères  de  celle-ci?  » 

Nous  lui  écrivîmes  que  la  Marte  se  distinguait  par  la  finesse 
de  son  poil,  et  particulièrement  par  la  tache  jaune  qu'elle  porte 
sous  la  gorge,  et  par  les  poils  qui  garnissent  la  plante  de 

SES  PIEDS. 

M.  Cuvier  nous  répondit  : 

«  Je  ne  saurais  trop  vous  remercier  de  la  complaisance  que 
«  vous  mettez  à  répondre  à  mes  importunes  demandes  ;  mais 
«  notre  science,  à  nous  autres  pauvres  naturalistes  français,  ne 
«  se  nourrit  que  de  faits  bien  moins  intéressants  pour  l'esprit 
a  que  ces  vues  élevées,  ces  vastes  spéculations  qui  font  l'objet 
«  des  sciences  plus  abstraites. 

«  Les  renseignements  que  vous  me  donnez  sur  le  caractère 
«  spécifique  de  la  Marte,  sont  très-curieux  et  tout  à  fait  nouveaux, 
«  et  me  font  vivement  désirer  d'en  avoir  la  confirmation  par  une 
«  peau,  à  laquelle  la  tête  et  les  pattes  seraient  restées  atta- 
«  chées,  etc.  » 

La  Marte  est  uu  peu  plus  forte  de  taille  que  la  Fouine;  sa  robe 
est  plus  brune;  elle  a  les  mêmes  habitudes,  mais  n'approche 
jamais  des  habitations.  Elle  est  plus  rare,  et  vit  dans  les  parties 
les  plus  élevées  et  les  plus  sauvages  du  département.  On  la  ren- 
contre en  Cerdagne,  et  particulièrement  dans  les  forêts  du  Gapcir. 
Sa  longueur  est  de  50  à  52  centimètres;  sa  queue,  de  34  centi- 
mètres, et  la  circonférence  de  son  corps,  30  centimètres. 

6.  Fouine,  Mustela  foina,  Lin.;  en  catalan  Fagina,  Gal- 
Fagi. 

La  Fouine  a  sa  robe  d'un  brun  ardoisé;  les  jambes  et  la  queue 


MAMMIFÈRES.  39 

noirâtres;  le  dessous  du  corps  beaucoup  plus  clair.  Elle  habite  les 
parties  montueuses  du  déparlement,  près  des  petites  habitations  ; 
elle  sort  de  son  gîte  dès  que  la  nuit  est  obscure;  parcourt  les 
environs  de  sa  retraite,  et  si  elle  peut  s'introduire  dans  les  pou- 
laillers, elle  fait,  comme  les  autres  animaux  du  même  genre,  un 
dégât  épouvantable  ;  et  lorsqu'elle  a  mis  à  mort  tout  ce  qu'elle  a 
trouvé,  elle  emporte  sa  proie  pièce  à  pièce.  On  a  vu  la  Fouine 
attaquer  des  Poules  en  plein  jour,  et  les  emporter  dans  son  char- 
nier; elle  fait  aussi  la  guerre  aux  petits  rongeurs,  tels  que  Rais, 
Mulots,  Lérots  ;  les  Scarabées  satisfont  aussi  son  appétit,  et  nous 
avons  souvent  vu  dans  sa  fiente  les  élitres  de  nos  beaux  Carabus, 
Rutilans,  Splendens,  etc.  Sa  fourrure  est  estimée.  Sa  longueur 
est  de  48  centimètres;  sa  queue,  de  31  centimètres;  la  circon- 
férence du  corps  est  de  27  centimètres.  On  la  confond  souvent 
avec  la  Marte,  dont  elle  se  distingue  par  les  caractères  que  nous 
avons  indiqués. 

Genre  Loutre,  Luira,  Storr;  en  catalan  Lludria 
(prononcez  lioudri). 

Caractères. — Tête  large  et  plate,  langue  rude,  oreilles 
très-courtes,  moustaches  raides  et  fortes;  corps  épais  et 
allongé,  jambes  courtes,  pieds  à  cinq  doigts,  palmés 
comme  ceux  des  Canards;  queue  aplatie  horizontalement. 
Habite  les  bords  des  eaux  douces  et  salées;  poursuit  les 
poissons  dans  les  eaux,  nage  et  plonge  avec  une  admirable 
facilité.  Sa  fourrure  rend  sa  peau  très-recherchée. 

1.  Loutre  commune,  Mustela  luira,  Lin. 

Tête  grosse,  aplatie,  museau  large,  épais,  bouche  largement 
fendue,  yeux  petits,  d'un  noir  bleuâtre,  oreilles  très-petites,  cou 
aussi  gros  que  le  corps,  qui  est  presque  cylindrique,  gros  et  trapu; 
jambes  courtes  et  épaisses,  pieds  palmés,  queue  longue  de  38  à 
40  centimètres,  aplatie  horizontalement.  Cette  conformation  seule 


40  I11STOME   NATURELLE. 

fait  voir  que  c'est  un  animal  obligé  à  chercher  sa  nourriture  dans 
l'eau  :  en  effet,  c'est  toujours  au  bord  de  nos  rivières  ou  des 
canaux  qui  aboutissent  aux  étangs  qu'on  le  trouve.  La  Loutre  vit 
constamment  dans  les  lieux  à  portée  des  rivières  et  des  marais  ; 
elle  fait  une  très-grande  destruction  de  poisson.  Comme  tous  les 
animaux  du  genre,  elle  se  plaît  à  détruire;  et  l'on  voit,  dans  le 
voisinage  du  lieu  qu'elle  fréquente,  quantité  de  poissons  à  demi 
mangés,  ce  qui  souvent  est  cause  de  sa  perte,  car  cet  indice  seul 
fait  soupçonner  sa  présence,  et  on  l'attend,  à  la  brune,  lorsqu'elle 
sort  de  sa  retraite  pour  aller  chercher  sa  nourriture  :  c'est  toujours 
de  cette  manière  qu'on  peut  se  la  procurer.  Elle  est  assez  com- 
mune dans  le  département.  Sa  chair  est  bonne  à  manger,  surtout 
celle  des  jeunes  sujets;  mais  c'est  surtout  sa  fourrure  qui  est  très- 
estimée  et  qui  se  vend  très-cher.  La  Loutre  adulte  a  65  et  70  cent, 
de  longueur;  la  circonférence  du  corps  est  de  48  à  50  centimètres; 
sa  robe  est  d'un  brun-foncé  au  dessus  du  corps,  brun-châtain  aux 
parties  inférieures;  les  lèvres  sont  d'un  blanc-sale,  et  la  gorge  et 
une  partie  du  poitrail  d'un  blanc-argenté  ;  le  poil  de  toutes  les 
parties  du  corps  est  très-fourré  et  très-fin. 

Genre  Chien,  Canis,  Lin.;  en  catalan 
Gos,  Ca. 

Caractères. — Point  de  poche  à  l'anus;  cinq  doigts  aux 
pieds  de  devant ,  quatre  à  ceux  de  derrière  ;  sa  langue 
est  douce;  trois  fausses  molaires  en  haut,  quatre  en 
bas,  deux  tubercules  derrière  l'une  et  l'autre  carnassière; 
ses  incisives  supérieures  sont  fortement  échancrées  ; 
ses  pupilles  toujours  circulaires;  la  queue  recourbée  en 
arc.  Actifs  et  intelligents,  ces  animaux,  dont  l'homme  a 
su  s'attacher  une  espèce  (aujourd'hui  subdivisée  en  variétés 
innombrables)  vivent  de  chair  fraîche,  de  cadavres  et  de 
matières  végétales:  quelques-uns  se  creusent  des  terriers; 


MAMMIFÈRES.  Il 

d'autres  se  contentent  de  se  cacher  dans  les  lieux  les 
plus  fourrés  des  forêts. 

1.  Chien  domestique,  Canis  familiaris,  Lin. 

Pour  faire  un  tableau  parlait  du  Chien,  laissons  parler  l'auteur 
de  la  Nature ,  dont  les  descriptions  variées  sont  toujours  vraies 
et  si  éloquentes  : 

«  Faire  la  description  du  Chien  réduit  à  l'état  de  domesticité, 
serait  chose  superflue,  puisqu'il  présente  autant  de  variétés  dans 
sa  robe  que  d'individus.  La  grande  quantité  de  Chiens  que  l'homme 
élève,  fait  voir  de  quelle  utilité  cet  animal  est  dans  la  vie  domes- 
tique. Le  Chien  est  un  des  plus  anciens  et  le  plus  fidèle  de  tous 
les  compagnons  que  l'homme  se  soit  choisis  parmi  les  animaux. 
Facile  à  nourrir,  puisque  toutes  sortes  d'aliments  contentent  son 
appétit,  il  est  employé  à  toutes  sortes  de  travaux,  à  la  garde  des 
habitations  et  à  celle  des  troupeaux;  on  le  dresse  pour  la  chasse; 
on  l'utilise  à  faire  mouvoir  des  roues  ;  on  l'attelle  à  de  petites 
voitures,  à  des  traîneaux;  on  le  dresse  à  diverses  choses,  et  le 
sentiment  délicat  du  Chien,  perfectionné  par  l'éducation,  le  rend 
un  animal  parfait  et  digne  d'entrer  en  société  avec  l'homme.  Il 
sait  concourir  à  ses  desseins,  veiller  à  sa  sûreté,  l'aider,  le 
défendre,  le  flatter;  il  sait,  par  ses  services  assidus,  par  ses 
caresses  réitérées,  se  concilier  son  maître,  le  captiver,  et  de 
son  tyran  se  faire  un  prolecteur. 

«  Le  Chien,  indépendamment  de  la  beauté  de  sa  forme,  de  la 
vivacité,  de  la  force,  de  la  légèreté,  a ,  par  excellence,  toutes  les 
qualités  intérieures  qui  peuvent  lui  attirer  les  regards  de  l'homme. 
Un  naturel  ardent,  colère,  même  féroce  et  sanguinaire,  rend  le 
Chien  sauvage  redoutable  à  tous  les  animaux,  et  cède  dans  le  Chien 
domestique  aux  sentiments  les  plus  doux,  au  plaisir  de  s'attacher 
et  au  désir  de  plaire.  Il  vient,  en  rampant,  mettre  au  pied  de  son 
maître  son  courage,  sa  force,  ses  talents;  il  attend  ses  ordres 
pour  en  faire  usage;  il  le  consulte,  il  l'interroge,  il  le  supplie: 


42  HISTOIRE    NATURELLE. 

un  coup  d'œil  suffit;  il  entend  les  signes  de  sa  volonté.  Sans 
avoir,  comme  l'homme,  la  lumière  de  la  pensée,  il  a  toute  la 
chaleur  du  sentiment;  il  a  de  plus  que  lui  la  fidélité,  la  cons- 
tance dans  ses  affections;  nulle  ambition,  nul  intérêt,  nul  désir 
de  vengeance,  nulle  crainte  que  celle  de  déplaire;  il  est  tout  zèle, 
tout  ardeur  et  tout  obéissance.  Plus  sensible  au  souvenir  des  bien- 
faits qu'à  celui  des  outrages,  il  ne  se  rebute  pas  par  les  mauvais 
traitements  ;  il  les  subit,  les  oublie  ou  ne  s'en  souvient  que  pour 
s'attacher  davantage  ;  loin  de  s'irriter  ou  de  fuir,  il  s'expose  de 
lui-même  à  de  nouvelles  épreuves  ;  il  lèche  cette  main,  instrument 
de  douleur,  qui  vient  de  le  frapper;  il  ne  lui  oppose  que  la  plainte, 
et  la  désarme  enfin  par  la  patience  et  la  soumission. — Buffon.  » 

Le  Chien  présente  trois  principales  races  : 
1"  Les  Mâtins,  à  museau   allongé,  cerveau  médiocrement 
développé  ; 
2°  Les  Epagneuls,  à  museau  allongé,  cerveau  très-développé  ; 
3°  Les  Dogues,  à  museau  raccourci,  crâne  très-élevé. 
Chaque  race  présente  de  nombreuses  variétés. 

Race  des  Mâtins  W. 

i°  Mâtin,  Canis  lanarius,  Buff.  (Chien  des  Pyrénées). 

Cette  belle  race  se  conserve  pure  dans  quelques  habitations 
de  nos  montagnes.  Fier  et  majestueux,  fort  et  courageux,  il  est 
employé  à  la  garde  des  habitations  et  quelquefois  à  la  chasse  du 
loup,  avec  lequel  il  se  bat  sans  le  craindre. 

2°  Danois,  Canis  Danicus,  Buff. 

Employé,  chez  les  grands,  à  courir  devant  les  équipages. 

3°  Lévrier,  Canis  grajus,  Buff. 

(I)  Je  crois  superflu  de  faire  ici  la  description  de  toutes  les  variétés  con- 
nues de  chaque  race;  je  me  contenterai  d'en  indiquer  les  noms. 


MAMMIFÈRES.  43 

Museau  très-allongé,  taille  élancée,  jambes  longues  et  minces; 
employé  à  la  chasse,  au  courre,  du  Lièvre  et  du  Lapin.  A  cette 
race  appartiennent  les  Chiens  de  la  Nouvelle-Hollande,  de  Terre- 
Neuve,  de  la  Nouvelle-Irlande,  etc. 

Race  des  Epagneuls. 

\°  Épagneul,  Canis  extrarius,  Lin. 

Ce  Chien  est  très-intelligent;  il  sert  de  chien  couchant  ou  d'arrêt. 
On  lui  connaît  de  nombreuses  variétés,  qui  sont:  le  Pctit-Épagnciil, 
le  Gredin,  le  Pyrame,  le  Bichon,  le  Chien-Lion. 

2°  Barbet,   Canis  aquaticus,  Lin.    Vulgairement  appelé 
Caniche  ou  Chien  Canard. 

Va  à  l'eau  où  il  se  plaît  ;  il  nage  très-bien  et  peut  être  employé 
à  la  chasse  du  gibier  d'eau.  Les  Chiens  célèbres,  connus  sous  les 
noms  de  Munito,  Bianco,  etc.,  dont  on  a  admiré  l'intelligence 
dans  toute  l'Europe,  peuvent  donner  une  idée  des  dispositions 
naturelles  de  cette  espèce. 

5°  Chien  courant,  Canis  g  allions,  Lin. 

L'excellence  de  son  odorat  et  la  dextérité  de  ses  jambes,  le 
font  employer  à  la  chasse  du  Lièvre  et  des  bêtes  fauves. 

4°  Braque,  Canis  avicularis,  Lin. 

Cette  espèce  sert  principalement  comme  chien-d'arrèt. 

5°  Basset,  Canis  vertagus. 

Employé  aussi  pour  la  chasse.  On  distingue  deux  variétés  :  le 
Basset  à  jambes  droites,  et  le  Basset  à  jambes  torses;  les  jambes 
du  devant,  dans  cette  variété,  sont  arquées  en  dehors, 

6°  Chien  de  berger,  Canis  domeslicus. 
Utile  pour  la  garde  des  troupeaux. 


44  HISTOIRE   NATURELLE. 

7°  Chien  loup,  Canis  pomeranus,  Lin. 

Employé  aussi  pour  la  garde  des  bestiaux. 
Les  Chiens  des  Esquimaux  et  de  Sibérie,  appartiennent  à  celte 
race;  mais  nous  ne  les  avons  pas  dans  ces  contrées. 

Race  des  Dogues. 
1°  Dogue,  Canis  molossus,  Lin. 

Gardien  fidèle  des  maisons,  il  est  dressé  au  combat  des  ani- 
maux; il  est  célèbre  dans  certaines  contrées.  Rare  dans  ce  pays. 

2°  Dogue  de  forte  race,  Canis  anglicus,  Buff. 

Plus  gros  et  plus  fort  que  le  précédent,  il  est  employé  à  traîner 
d'assez  lourds  fardeaux  lorsqu'on  l'attelle  à  de  petites  charrettes. 
Nos  bouchers  l'emploient  à  exciter  les  Taureaux;  quand  on  le 
lance,  il  se  pend  aux  oreilles  de  cet  animal,  et  les  déchire. 

3°  Doguin,  Canis  friscator,  Lin. 

Connu  sous  le  nom  de  Carlin,  de  Dogue-âe-Boulogne ;  d'une 
utilité  à  peu  près  nulle. 

4°  Petit  Danois,  Canis  variegatus,  Lin. 

5°  Roquet,  Canis  hybridus,  Lin. 

6°  Chien  d'Artois,  Buff.  Nommé  aussi  Chien  Lillois  et 
Quatre-Vingts. 

7°  Chien  Turc,  Canis  JEgyptius,  Lin.  Appelé  aussi  Chien 
de  Barbarie. 

La  peau  noire  et  presque  entièrement  nue.  Le  Chien  Turc  à 
crinière  en  est  une  variété.  On  rapporte  encore  à  la  race  des 
Dogues,  les  Chiens  Anglais,  d'Islande  et  d'Alicante. 

Toutes  les  variétés  sont  plus  ou  moins  abondantes  dans  le 
département. 


MAMMIFÈRES.  45 

2.  Loup,  Canis  lupus,  Lin.;  en  catalan  Llop  (pr.  lioup). 

.  Au  premier  abord ,  il  est  difficile  de  le  distinguer  du  Chien , 
auquel  il  ressemble.  Animal  féroce,  il  vit  retiré  et  caché  dans 
les  forêts  les  plus  touffues,  d'où  il  ne  sort  guère  que  la  nuit  pour 
chercher  sa  nourriture;  pressé  par  la  faim,  il  fond  en. plein  jour 
sur  les  troupeaux  dans  les  lieux  écartés  ;  il  rôde  en  hiver  autour  des 
habitations,  et  pénètre  dans  les  bourgs;  se  réunit  dans  les  saisons 
rigoureuses  en  troupes  assez  nombreuses  pour  chercher  fortune; 
il  attaque  nos  plus  grands  animaux,  et  au  besoin  il  dévore  les 
charognes,  qu'il  évente  de  bien  loin.  Son  pelage  est  d'un  gris-fauve 
chez  les  adultes ,  avec  une  raie  noire  sur  les  jambes  de  devant  ; 
tête  grosse,  terminée  par  un  museau  noir,  effilé,  yeux  obliques, 
queue  droite  et  touffue.  Les  jeunes  sujets  sont  d'un  brun-châtain. 
Les  Loups  sont  plus  nombreux  dans  nos  plaines  en  hiver  qu'en 
été.  Les  neiges  qui  couvrent  les  montagnes,  les  forcent  à  descendre 
dans  les  plaines  pour  y  chercher  un  refuge  contre  le  froid,  en 
même  temps  qu'ils  peuvent  s'y  procurer  une  nourriture  plus 
abondante.  Ils  sont  très-communs  dans  le  département,  et  se 
distinguent  par  leur  grande  taille.  La  longueur  du  Loup  est  de 
1  mètre  10  centimètres;  la  queue,  de  35  centimètres;  la  circon- 
férence du  corps,  de  73  centimètres. 

5.  Loup  noir,  Canis  lycaon,  Lin.;  en  catalan  Llop-Cerver. 

Moins  grand  que  le  précédent  et  plus  rare,  il  ressemble,  au 
premier  aspect,  au  Loup  ordinaire,  excepté  du  pelage  qui  est 
d'un  brun-noir  et  uniforme  ;  ses  oreilles  sont  plus  distantes  et 
il  a  les  yeux  plus  petits.  Se  trouve  dans  les  régions  élevées;  nos 
paysans  l'appellent  Llop-Cerver,  Loup-Cervier. 

Sous-Genre  Renard,  Vulpes,  Lin.;  en  catalan 
Gmlla . 

Les  Renards  se  distinguent  des  Loups  et  des  Chiens, 
par  une  queue  plus  longue  et  touffue;  par  leur  museau 


if»  HISTOIRE   NATURELLE. 

plus  pointu,  et  par  des  pupilles,  qui,  le  jour,  se  contrac- 
tent verticalement. 

4.  Renard  commun,  Canis  vulpes. 

La  finesse  et  la  ruse  de  cet  animal  sont  devenues  proverbiales. 
Il  approche  de  nos  habitations  rurales  pendant  la  nuit;  tâche  de 
s'introduire  dans  nos  basses-cours,  et  fait  un  ravage  épouvantable 
en  mettant  à  mort  toutes  les  volailles  qu'il  y  rencontre  ;  puis  il 
cherche  à  les  emporter  dans  son  charnier  ou  les  cache  dans  un 
lieu  voisin  de  son  habitation  sous  les  mousses,  les  feuilles  sèches, 
ou  sous  terre ,  d'où  il  ne  les  retire ,  pour  les  manger,  que  lors- 
qu'elles ont  un  commencement  de  putréfaction  ;  il  paraît  même 
préférer  la  viande  dans  cet  état  que  lorsqu'elle  est  fraîche. 

Le  Renard  est  long  de  75  à  80  centimètres.  Le  pelage  est  fauve 
en  dessus  et  blanc-sale  en  dessous;  son  museau  est  plus  effilé 
que  celui  du  Loup;  ses  oreilles,  droites  et  pointues,  sont  noires 
par  derrière:  sa  queue  est  horizontale  quand  il  marche,  et  touche 
à  terre  dans  le  repos;  elle  est  grosse,  très-touffue  et  terminée 
par  un  bouquet  de  poils  noirs,  et  longue  de  38  centimètres. 
La  circonférence  du  corps  est  de  30  centimètres.  Il  fait  la  guerre 
aux  Lièvres,  aux  Lapins;  il  s'embusque  pour  prendre  les  Perdrix, 
les  Cailles  et  autres  oiseaux;  il  mange  également  les  œufs,  les 
fruits;  au  besoin  il  se  contente  de  Sauterelles,  Hannetons  et  autres 
insectes.  Très-répandu  dans  tout  le  département. 

Dans  notre  contrée  il  offre  deux  variétés  : 
1°  Le  Renard  charbonnier,  Canis  alopex,  Lin. 

Plus  trapu,  moins  haut  sur  jambes;  poil  plus  fourni,  et  d'une 
couleur  plus  foncée,  presque  bleuâtre  sur  le  dos. 

2°  Le  Renard  porte-croix,  Canis  crucigera,  Rrisson. 
Plus  élancé,  plus  haut  sur  jambes,  poils  plus  rares,  d'un  brun 
plus  clair. 


MAMMIFÈRES.  47 

Genre  Civette,  Viverra,  Lin.;  en  catalan 
Janetta. 
Caractères. — La  Civette  a,  sous  la  queue,  un  léger  enfon- 
cement provenant  de  la  saillie  de  deux  glandes  qui  sécrè- 
tent une  liqueur  d'une  odeur  de  musc  bien  prononcée; 
marche  digitigrade  et  vermicidaire ;  ses  ongles  peuvent 
se  retirer  entre  ses  doigts  comme  ceux  des  Chats.  Queue 
longue  et  non  susceptible  de  s'enrouler. 

1.  Genette,  Viverra  genetta. 

Grande  comme  une  Marte  et  beaucoup  plus  effilée,  la  Genette 
est  la  terreur  des  pigeonniers;  grimpe  avec  une  adresse  infinie 
le  long  des  murs  des  maisons,  et  s'y  introduit  :  elle  détruit  en 
peu  de  temps  toute  la  famille. 

Elle  est  très-répandue  dans  ce  département.  Sa  couleur  géné- 
rale est  d'un  gris  très-foncé,  avec  des  taches  ovales,  d'autres 
rondes,  noires,  parsemées  sur  le  corps;  la  queue  annelée  de 
noir;  une  tache  blanche  sur  les  joues.  Elle  habite  nos  forêts, 
dans  les  troncs  des  vieux  arbres,  dans  la  plaine  comme  à  la 
montagne ,  les  vieilles  masures  ;  elle  s'introduit  et  se  cache  dans 
les  galetas  des  grandes  habitations  des  villes,  d'où  elle  sort  la 
nuit  pour  aller  à  la  campagne  chercher  sa  nourriture ,  ou  dans 
les  pigeonniers  ou  volaillers  des  environs.  La  peau  de  la  Genette 
est  une  fourrure  assez  estimée.  Les  jeunes  Genettes  s'apprivoisent 
très-facilement,  et  dans  les  maisons  elles  font  l'office  des  Chats. 
La  longueur  de  la  Genette  est  de  55  à  60  centimètres;  sa  queue, 
de  46  centimètres;  la  circonférence  du  corps,  de  40  centimètres. 

En  faisant  l'inventaire  de  l'ancienne  poudrière  de  Perpignan , 
on  trouva  dans  un  galetas  sept  Genettes,  qu'on  tua  et  qu'on 
m'apporta.  Je  pus  disposer  d'un  individu  pour  M.  Cuvier,  qui  me 
demandait  cet  animal, 'et  qui  était  bien  surpris  d'apprendre  qu'il 
fût  abondant  dans  cette  contrée.  Plus  tard,  j'ai  eu  le  bonheur  de 
lui  envoyer,  par  la  diligence,  un  individu  en  vie,  qui  aura  servi 


48  HISTOIRE   NATURELLE. 

à  compléter  les  observations  qu'il  devait  faire.  Le  passage  sui- 
vant de  sa  lettre  du  22  février  1831,  prouve  combien  il  tenait  à 
la  recevoir  : 

«  Je  ne  saurais  trop  vous  remercier  des  soins  que  vous  voulez 
«  prendre  pour  nous  procurer  la  Genette  de  France.  Je  sens  plus 
«  que  jamais  le  besoin  d'en  posséder  un  individu  dont  l'origine 
«  ne  soit  pas  douteuse.  Depuis  quelques  mois,  nous  avons  reçu  du 
«  Cap-de-Bonne-Espérance,  de  l'Inde,  de  Sumatra,  de  Java,  des 
«  Genettes  qui  diffèrent  très-peu  les  unes  des  autres,  et  qui  ont 
«  beaucoup  de  rapport  avec  la  nôtre;  mais  appartiennent-elles  à 
«  son  espèce?  c'est  ce  qui  ne  pourra  être  décidé  que  lorsqu'on 
«  la  possédera  de  manière  à  bien  l'étudier,  ce  qui  ne  peut  jamais 
«  être  sur  des  individus  empaillés.  Les  renseignements  que  vous 
«  me  donnez  sur  cette  Genette  des  Pyrénées  et  sur  les  Lynx,  ont 
«  beaucoup  d'intérêt.  Nous  étions  loin  de  nous  douter  que  les 
<(  premiers  de  ces  animaux  fussent  en  assez  grande  abondance , 
«  pour  fournir  à  un  commerce  de  pelleterie.  C'est  que  les  natu- 
«  ralistes  travaillent  trop  dans  leurs  cabinets  !  Aussi ,  comment 
«  concilier  l'érudition  que  la  science  exige,  et  les  observations 
«  qui  lui  seraient  également  nécessaires?  c'est  ce  que  j'ignore.  » 

Genre  Chat,  Felis,  Lin. 

Caractères. — Tête  ronde;  mâchoires  courtes,  molaires 
toutes  tranchantes;  langue  hérissée  de  papilles  cornées; 
train  de  derrière  aussi  haut  que  celui  de  devant  ;  ongles 
entièrement  rétractiles  pouvant  se  redresser  par  le  moyen 
de  ligaments  élastiques,  ce  qui  empêche  leur  pointe  de 
s'user.  Ces  caractères,  joints  à  leur  grande  souplesse, 
en  font  des  animaux  redoutables.  C'est  à  ce  genre 
qu'appartiennent  les  animaux  les  plus  sanguinaires  et 
les  plus  terribles,  comme  le  Lion,  le  Tigre,  etc.  Leurs 
fourrures  sont  très-estimées. 


MAMMIFÈRES.  49 

1.  Lynx,  Felis  lynx,  Lin. 

Cet  animal,  qui  diffère  essentiellement  du  Loup,  est  devenu 
fort  rare,  et  les  chasseurs  de  la  montagne  lui  donnent  encore  le 
nom  de  Loup-Cervier  (les  fourreurs  le  désignent  aussi  sous  cette 
dénomination).  Plus  grand  que  le  Chat  le  plus  fort  que  l'on 
connaisse,  très-trapu,  jambes  fort  robustes,  corps  ramassé, 
et  malgré  cela  d'une  légèreté  dont  peu  d'animaux  approchent,  il 
grimpe  sur  les  arbres,  où  il  se  tient  caché  et  immobile,  pour  se 
laisser  tomber  sur  sa  proie  lorsqu'elle  passe  ;  son  poil  est  fauve- 
roussàtre ,  avec  quelques  taches  noirâtres,  irrégulières  et  claire- 
ment parsemées  sur  le  dos;  la  queue  courte,  grosse  et  touffue, 
terminée  de  noir;  les  oreilles  droites,  sont  surmontées  d'un  bou- 
quet de  poils  effilés  et  longs,  qui  les  fait  paraître  terminées  par 
un  pinceau. 

M.  Cuvier  désirant  savoir  si  le  Lynx  existait  dans  cette  contrée, 
m'écrivait  en  1821  : 

«  Ayez  la  bonté  de  me  dire  si  le  Lynx,  Felis  lynx,  Lin.,  se 
«  trouve  vers  les  parties  orientales  des  Pyrénées?  On  l'a  ren- 
«  contré  vers  les  parties  occidentales,  et  il  n'est  pas  très-rare 
«  sur  les  montagnes  de  l'Espagne  et  du  Portugal.  Il  serait  inté- 
«  ressant  de  déterminer  les  limites  dans  lesquelles  cette  espèce 
«  est  restreinte;  et  nous  pourrons  devoir  cette  connaissance  à 
«  vos  soins,  etc.  » 

A  cette  époque,  on  en  avait  tué  un  très-beau  à  la  forêt  de  For- 
miguères,  et  je  pus  donner  à  M.  Cuvier  les  renseignements  qu'il 
me  demandait.  Cet  animal  est  très-rare  ;  je  n'en  ai  vu  qu'un  autre 
sujet  qui  avait  été  tué  à  Salvanère. 

2.  Chat  ordinaire,  Felis  catus,  Lin.;  en  catalan  Gat, 

A  l'étal  de  domesticité,  le  Chat  présente  des  variétés  innom- 
brables dans  les  couleurs  de  sa  robe;  il  n'en  est  pas  ainsi  à  l'état 
sauvage,  où  il  conserve  les  couleurs  qui  sont  propres  à  son  espèce, 
et  elles  ne  varient  point.  Une  femelle  fut  tuée  pendant  l'hiver  de 

TOME  m.  4 


")!>  HISTOIRE   NATURELLE. 

1840  dans  nos  forêts,  où  cet  animal  n'est  pas  rare.  Ses  couleurs 
paraissent  avoir  servi  de  type  à  la  description  qu'en  a  donnée 
Buffon  :  pelage  gris,  marqué  de  bandes  noires,  en  long  sur  le 
dos,  en  travers  sur  les  flancs;  membres  robustes;  tête  plus  grosse 
que  celle  des  Chats  domestiques,  et  généralement  tout  le  corps 
plus  fort;  lèvres  et  plantes  des  pieds  noires;  queue  annelée  avec 
le  bout  noir.  On  le  trouve  assez  ordinairement  dans  nos  forêts, 
mais  toujours  seul:  il  vient,  dans  la  belle  saison,  dans  les  vignes 
qui  sont  près  de  nos  garrigues.  Il  fait  la  chasse  aux  Lièvres  et 
aux  petits  quadrupèdes;  il  grimpe  très-facilement  sur  les  arbres 
où  il  poursuit  les  oiseaux. 

A  l'état  de  domesticité,  le  Chat  est  défiant  et  traître.  Il  s'attache 
peu  à  son  maître;  mais  il  paraît  s'attacher  de  préférence  à  l'habi- 
tation, car  lorsqu'on  le  transporte  dans  un  autre  lieu,  il  le  quitte 
aussitôt  pour  revenir  dans  sa  première  demeure.  Il  gronde  en 
mangeant,  lorsqu'il  craint  qu'un  autre  animal  vienne  lui  enlever 
sa  proie;  il  recouvre  ses  excréments  de  terre  ou  de  poussière, 
et  lance  une  urine  très-fétide.  Dans  sa  jeunesse ,  il  est  très-fami- 
lier; joue  avec  les  moindres  objets;  les  saisit,  les  pousse,  s'en 
amuse  avec  ses  pattes,  les  guette,  leur  saute  brusquement  dessus, 
et  s'exerce  ainsi  à  la  chasse  qu'il  fera  bientôt  aux  Souris,  pour  la 
destruction  desquelles  nous  le  gardons  dans  nos  maisons.  Le  Chat 
a  le  sommeil  léger,  la  vue  excellente  et  l'ouïe  très-fine. 

On  remarque  principalement  les  variétés  suivantes  : 

1°  Le  Chat  domestique  tigré;  Felis  catus  domesticus,  Lin. 

Analogue  au  Chat  sauvage. 

2°  Le  Chat  des  Chartreux,  Felis  catus  cœruleus,  Lin. 

Poil  très-fin,  un  peu  long,  gris-ardoisé. 

3°  Le  Chat  d'Espagne,  Felis  catus  Hispanicus,  Lin. 

Robe  tachée  irrégulièrement  de  blanc,  de  roux  et  de  noir. 

4"  Le  Chat  d'Angora,  Felis  catus  Angorensis,  Lin. 

Poils  très-longs,  principalement  autour  du  cou,  sous  le  ventre 
et  la  queue,  gris,  blancs,  fauves  ou  mélangés. 


MAMMIFÈRES.  ">l 

5me  Tribu. — Amphibies. 

Gemre  Phoque,  Phoca,  Lin.  ;  en  catalan  Serène. 

Caractères.  —  Animaux  autrement  conformés  que  tous 
ceux  qui  précèdent  :  pieds  horizontaux  très-courts,  enve- 
loppés dans  la  peau,  ne  laissant  voir  que  les  extrémités, 
ne  pouvant  servir  que  pour  les  aider  à  ramper  lorsqu'ils 
abordent  le  rivage  ;  ils  s'en  servent  aussi  pour  ramer,  et, 
ils  sont  si  agiles  au  sein  des  mers,  qu'ils  ne  le  cèdent 
en  vitesse  à  aucun  Cétacé  ;  l'eau  est  leur  véritable  élément; 
ils  se  nourrissent  de  poissons,  de  mollusques  et  d'herbes 
marines.  Ils  sont  intelligents,  faciles  à  apprivoiser,  s'atta- 
chent à  l'homme  et  lui  obéissent.  Leur  tête  est  ronde; 
le  nez  quelquefois  prolongé;  narines  susceptibles  de  se 
fermer  complètement;  queue  rudimentaire. 

Deux  espèces  visitent  nos  côtes. 

1.  Phoque  moine,  Phoca  monacus ,  Geml. 

Ce  Phoque,  qui  atteint  jusqu'à  3  et  4  mètres  de  longueur,  parait 
assez  rare  sur  les  côtes  de  ce  département.  Toutefois,  de  gros 
temps  en  ont  rejeté  sur  les  bords  de  la  mer,  et  nos  pécheurs  en 
ont  eu  pris,  ce  qui  prouve  que  cette  espèce  n'est  pas  bornée  à 
l'Adriatique,  où  elle  est  seulement  plus  commune.  Son  pelage 
est  d'un  brun-noirâtre  en  dessus,  blanc  en  dessous.  Ses  mous- 
taches sont  lisses.  Il  est  intelligent,  facile  à  dresser  à  plusieurs 
exercices,  et  susceptible  de  s'attacher  à  l'homme.  Il  vit  de  pois- 
sons et  de  plantes  marines. 

Au  moment  où  je  mets  en  ordre  cet  article  pour  le  livrer  à 
l'impression,  un  fait,  aussi  rare  qu'intéressant,  vient  s'ajouter  à 
tout  ce  que  j'ai  dit  sur  la  présence  de  cet  Amphibie  sur  nos  côtes. 
M.  le  docteur  Penchinal,  de  Port-Vendres,  m'écrit  sous  la  date 
du  v21  septembre  1861  : 

a  Le  10  du  courant,  dans  la  rade  de  Banyuls-sur-Mer,  un 


52  HISTOIRE   NATURELLE. 

«  Phoque  femelle  est  venu  mettre  bas,  en  plein  jour,  sur  les 
«  récifs  qui  abritent  la  petite  anse  de  Fontansé,  au  lieu  dit  La 
«  Ginastère-Bella.  Des  enfants,  passant  sur  ce  point,  aperçurent, 
«  presque  à  toucher  terre ,  un  énorme  animal  qui  leur  fit  peur, 
«  et  auquel  ils  jetèrent  des  pierres.  Cet  animal  sauta  à  la  mer, 
«  laissant  sur  les  roches  un  fœtus  à  terme  et  bien  vivant,  encore 
«  muni  de  son  cordon  et  de  son  placenta.  Des  pêcheurs,  accourus 
«  à  l'appel  de  ces  enfants,  montèrent  dans  une  embarcation,  et 
«  furent  prendre  ce  petit  Phoque,  qui,  en  rampant  sur  les  récifs, 
«  était  parvenu  à  gagner  la  mer.  Ce  fœtus,  de  la  taille  d'un  Chien 
«  ordinaire,  a  été  emporté  à  Perpignan ,  et  montré  comme  chose 
«  curieuse  et  fort  curieuse  en  effet;  vous  l'avez  peut-être  vu. 
«  On  vient  de  m'annoncer  qu'il  a  succombé.  La  mère  a  cherché 
«  son  petit  le  restant  du  jour,  et  l'on  m'a  affirmé  que  deux  chas- 
«  seurs ,  ayant  été  le  soir  même  sur  ces  parages ,  l'ont  vue  assez 
«  distinctement  pour  lui  tirer  à  petite  portée.  Depuis  lors,  elle  a 
«  disparu.  Je  ne  puis  comprendre  comment  un  animal  aussi 
«  timide  que  le  Veau-Marin,  a  choisi,  pour  mettre  bas,  un  lieu 
«  habité  et  très-fréquenté  en  ce  moment  par  les  baigneurs,  lors- 
«  qu'il  existe,  sur  la  côte,  plusieurs  lieux  solitaires  où  la  bête 
«  aurait  pu  se  débarrasser  en  toute  sécurité,  si  elle  avait  été  libre 
«  de  choisir  sa  place.  Mais  il  est  probable  que  la  grande  quantité 
«  de  Souffleurs  gigantesques  qui  sont  sur  nos  côtes  depuis  quelque 
«  temps,  avaient  dû  la  forcer  à  chercher  un  refuge  près  des  lieux 
«  habités,  et  que  là,  arrivée  à  terme,  elle  a  dû  mettre  bas  au 
a  premier  endroit  à  sa  portée.  Ne  pouvant  point,  sans  danger 
«  pour  la  vie  de  son  petit,  le  déposer  dans  l'eau  profonde,  elle 
«  a  dû  alors  grimper  en  toute  hâte  sur  les  récifs  signalés,  où 
«  elle  a  été  rencontrée  sitôt  après  son  opération  :  les  rochers 
«  étaient  encore  teints  de  sang.  » 

Ce  jeune  Phoque,  que  j'avais  vu  à  Perpignan,  mesurait  lra,35 
de  longueur;  la  couleur  de  sa  peau  était  d'un  brun-foncé  sur  la 
partie  supérieure,  et  blanche  sur  les  parties  inférieures,  ce  qui 
me  porte  à  croire  qu'il  appartenait  au  Phoque-Moine. 


MAMMIFÈRES.  53 

L'histoire  du  Phoque  est  encore  si  obscure,  qu'il  est  bon  d'en- 
registrer les  moindres  faits  qui  peuvent  l'éclairer.  On  a  vu  que 
c'est  vers  le  milieu  du  mois  de  septembre  1861,  qu'une  femelle  a 
mis  bas  sur  un  rocher  de  la  rade  de  Banyuls-sur-Mer;  cependant, 
tous  les  auteurs  disent,  Buffon  et  autres,  que  les  Phoques  mettent 
bas  en  hiver.  On  lit  encore  dans  le  Dictionnaire  universel  d'His- 
toire Naturelle  de  M.  Ch.  d'Orbigny,  que  le  chef  de  la  famille  a 
beaucoup  d'affection  pour  ses  femelles,  et  qu'il  les  défend  avec  un 
courage  furieux  contre  toute  agression  étrangère.  «  C'est  surtout 
«  quand  elles  mettent  bas,  c'est-à-dire  de  novembre  en  janvier, 
«  qu'il  redouble  de  soins  et  de  tendresse  pour  elles.»  Notre  femelle 
était  seule,  et  aucun  mâle  n'est  venu  l'assister  dans  ce  pressant 
danger. 

2.  Phoque  commun,  Phoca  vitulina,  Lin. 

Il  est  beaucoup  plus  petit  que  le  précédent,  puisque  les  plus 
grands  ne  dépassent  jamais  1  mètre  30  à  50  centimètres.  Il  habite 
principalement  les  mers  du  nord,  mais  il  fréquente  assez  souvent 
nos  côtes,  où  il  n'est  pas  rare.  Son  intelligence  est  très-développée; 
il  est  susceptible  d'éducation,  de  reconnaissance  et  d'attachement 
envers  l'homme;  il  obéit  aux  commandements  de  son  maître. 
Nous  en  avons  vu  un  qui  fut  pris  sur  les  côtes  de  la  Catalogne, 
près  du  golfe  de  Rosas,  qui  était  excessivement  privé  ;  on  pouvait 
le  caresser  à^volonté,  et,  au  commandement  de  son  maître,  il  se 
tournait  sur  le  dos  et  lançait  avec  sa  nageoire  de  l'eau  sur  les 
assistants.  Il  vivait  depuis  assez  longtemps  en  captivité.  Il  se 
nourrit  de  poissons,  de  mollusques  et  de  plantes  marines. 


QUATRIEME  ORDRE. 

MARSUPIAUX. 

Cet   ordre  comprend   nombre    de    Mammifères   tous 
étrangers  à  l'Europe. 


54  HISTOIRE   NATURELLE. 

CINQUIÈME  ORDRE. 

RONGEURS. 

Caractères. — Deux  grandes  incisives  à  chaque  mâchoire, 
séparées  des  molaires  par  un  espace  vide;  point  de 
canines.  Les  incisives  leur  servent  à  limer  leurs  aliments, 
à  les  réduire  par  un  travail  long  et  obstiné,  ou  plutôt  à 
les  ronger,  d'où  leur  vient  le  nom  de  Rongeurs. 

Ces  Mammifères  sont  en  général  faibles;  mais  très- 
prompts,  très-agiles  pour  échapper  à  une  foule  d'ennemis 
de  toute  espèce  qui  les  entourent.  Plusieurs  vivent  dans 
des  terriers  profonds;  d'autres  grimpent  sur  les  arbres. 
Leur  nourriture  consiste  en  matières  dures  :  écorces, 
noisettes,  glands,  châtaignes,  noix,  etc.  Us  ne  sortent 
de  leurs  retraites  que  pendant  la  nuit,  et  font  un  mal  im- 
mense aux  récoltes.  Quelques-uns  sont  sujets  à  tomber 
en  léthargie  lorsque  la  température  est  basse.  Leurs  en- 
nemis sont  les  Carnassiers  et  les  Oiseaux  de  proie  diurnes 
et  nocturnes,  qui  en  font  une  grande  destruction. 

Genre  Écureuil,  Sciurus,  Lin.  , 

Caractères.  —  Les  Écureuils  se  distinguent  des  autres 
rongeurs,  par  des  incisives  inférieures  très-comprimées, 
des  molaires  qui  sont  au  nombre  de  cinq  en  haut  et  de 
quatre  en  bas  ;  les  oreilles  portent  un  pinceau  de  poils  à 
leur  extrémité  ;  leurs  yeux  sont  gros  et  saillants ,  relati- 
vement à  leur  tête;  ils  ont  une  longue  queue,  bien  garnie 
de  poils,  qu'ils  relèvent  en  panache  en  l'étendant  sur  le 
corps,  et  qui  vient  dépasser  la  tête  quand  ils  sont  au  repos. 

1.  Écureuil  commun,  Se.  vuUjaris,  Bufl.;  en  cat.  Esqairol. 


MAMMIFERES.  ;>.> 

Habitant  de  nos  grandes  forêts  de  hêtres,  de  pins  et  de  sapins, 
rËcureiiil  est,  sans  contredit,  le  plus  leste  et  le  plus  agile  de  tous 
les  rongeurs;  il  grimpe  sur  les  arbres  avec  une  adresse  et  une 
promptitude  vraiment  inconcevables;  quand  il  saute  de  branche 
en  branche,  il  semble  voler,  tant  ses  mouvements  sont  subits. 
Son  œil  est  vif  et  saillant,  son  dos  arqué,  ses  jambes  postérieures 
allongées  et  disposées  pour  le  saut  ;  son  pelage  est  ordinairement 
d'un  roux  assez  vif,  quelquefois  obscur,  d'une  couleur  blanchâtre 
en  dessous;  ses  oreilles  sont  terminées  par  un  bouquet  de  poils. 
Il  a  25  à  28  centimètres  de  longueur;  sa  queue  est  aussi  longue 
que  le  corps,  touffue  et  garnie  sur  les  côtés  de  poils  disposés 
comme  les  barbes  d'une  plume ,  qu'il  agite  comme  un  balancier 
dans  ses  bons  précipités;  et,  lorsqu'il  est  en  repos,  il  la  relève 
comme  un  élégant  panache.  L'Écureuil  vit  de  noisettes,  de  faines, 
de  semences  et  autres  fruits  secs,  dont  il  fait  ample  provision  et 
qu'il  entasse  dans  les  troncs  des  arbres  les  plus  élevés.  Son  nid 
est  admirable  par  sa  construction.  Il  s'apprivoise  facilement,  et 
devient  très-familier.  On  le  dispose  dans  une  cage  où  se  trouve 
une  galerie  cylindrique  en  fil  de  fer,  que  ce  petit  animal  fait 
tourner  avec  une  rapidité  étonnante. 

Nous  trouvons  dans  certaines  localités  de  nos  montagnes,  à 
Salvanère  surtout,  des  Écureuils  qui  ont  une  couleur  brune  très- 
prononcée,  et  qui  sont  plus  petits  que  les  Écureui-ls  fauves  qui 
abondent  dans  nos  forêts.  Cette  différence  tient  probablement  à 
la  localité  ;  car,  en  portant  toute  notre  attention  sur  les  principaux 
caractères  de  ces  animaux,  nous  n'avons  rien  distingué  d'assez 
saillant  pour  admettre  deux  espèces  différentes.  Nous  avons 
soumis  nos  observations  à  M.  Cuvier,  qui,  après  avoir  examiné 
deux  dépouilles  que  nous  lui  avions  envoyées  sur  sa  demande, 
a  partagé  notre  opinion,  et  n'a  vu  dans  la  différence  de  la  couleur 
de  la  robe  et  de  la  taille  qu'une  simple  variété. 

Une  variété  qu'on  trouve  en  Pologne  et  dans  le  nord  de  l'Europe, 
devient  d'un  gris-clair  aux  approches  de  l'hiver.  Cette  fourrure, 
connue  sous  le  nom  de  petit-gris,  est  très-estimée. 


56  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Loir,  Mioxusglis,  Lin.;  en  catal.  Rat  grill,  Rat  esquirol. 

Le  Loir  habite  les  forêts  des  montagnes  moyennes  de  ce  dépar- 
tement. Il  a  de  15  à  16  cent,  de  long;  il  est  d'un  gris-d'ardoise 
clair  en  dessus,  blanchâtre  en  dessous;  sa  queue,  longue  de  12 
à  14  centimètres,  est  fournie  comme  celle  de  l'Ecureuil;  il  la 
relève  à  volonté,  et  lui  donne  un  air  fort  gracieux.  Ses  yeux  sont 
très-saillants;  son  museau  est  pointu,  et  ses  ongles  très-aigus 
lui  donnent  la  facilité  de  grimper  sur  les  arbres.  Il  saute  de 
branche  en  branche  avec  une  agilité  surprenante.  Sa  nourriture 
consiste  en  noisettes,  châtaignes  et  autres  fruits.  Il  attaque  aussi 
les  petits  oiseaux.  Il  niche  dans  le  creux  des  arbres  :  sa  portée 
est  de  cinq  ou  six  petits.  Le  Loir  s'engourdit  dès  que  la  tempé- 
rature est  basse,  et  il  passe  l'hiver  dans  un  sommeil  léthargique. 
Il  habite  différentes  localités  de  nos  montagnes  et  particulièrement 
Serdinya ,  d'où  nous  avons  tiré  tous  ceux  que  nous  avons  eus. 

Le  Musée  de  Paris  ne  possédait  pas  cette  espèce,  à  laquelle 
M.  Cuvier  tenait  beaucoup.  Voici  ce  qu'il  m'écrivait  à  la  réception 
de  ceux  que  je  lui  fis  passer  en  vie  par  la  diligence  : 

«  Les  Loirs  que  vous  nous  avez  envoyés  sont  arrivés  dans  le 
«  meilleur  état,  grâces  aux  soins  que  vous  avez  pris  en  les  confiant 
a  à  la  diligence,  et  ils  se  portent  encore  fort  bien.  J'espère  les 
«  conserver  longtemps  et  bien  assez  sûrement  pour  en  tirer  tout 
«  ce  que  des  animaux  hors  de  leur  état  de  nature  peuvent  donner. 
«  J'en  ai  déjà  fait  faire  une  fort  belle  peinture,  et  leurs  dépouilles 
«  enrichiront  nos  cabinets  d'anatomie  et  de  zoologie,  qui  étaient 
«  fort  pauvres  des  diverses  parties  de  cette  espèce,  etc.  » 

5.  Lérot,  Mioxus  nitela,  Geml.;  en  catalan  Rat  dormidor. 

Cet  animal,  très-agile,  fait  beaucoup  de  dégâts  dans  nos  jardins, 
où  il  est  très-répandu.  Il  est  d'un  gris-fauve  en  dessus,  front 
jaunâtre,  museau  pointu,  œil  saillant  et  entouré  d'une  bande 
noire,  qui  se  dirige  en  dessous  de  l'oreille  et  va  se  perdre  sur  le 
cou.  Le  dessous  de  son  corps  est  blanchâtre  ;  sa  queue,  vers  l'extré- 


MAMMIFÈRE*.  57 

mité,  est  un  peu  velue,  noirâtre  et  terminée  par  une  toull'e  de 
poils  blancs.  Il  passe  l'hiver  dans  un  état  d'engourdissement,  ce 
qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  Rat  dormidor  par  nos  paysans, 
qui  le  trouvent  souvent  dans  cet  état  pendant  l'hiver.  Sa  longueur 
est  de  11  à  12  centimètres;  sa  queue  a  de  8  à  9  centimètres. 
Commun  dans  le  pays. 

4.  Muscardin,  Myoxm  avellanarius ,  Linné;   en  catalan 
Menge  baUanes  (mange  noisettes). 

II  est  beaucoup  plus  petit  que  le  précédent,  puisqu'il  ne  dépasse 
jamais  7  à  8  centimètres,  plus  joli,  plus  agile  et  plus  gracieux,  d'un 
fauve-clair  en  dessus,  presque  blanc  en  dessous;  sa  queue  est 
aplatie,  à  poils  disposés  en  barbes  de  plume;  il  abonde  dans  nos 
plantations  de  noisetiers,  où  il  fait  son  nid  dans  le  genre  de  celui 
de  l'Ecureuil.  Il  passe  aussi  l'hiver  dans  un  état  d'engourdissement 
dans  le  creux  d'un  vieux  tronçon  d'arbre,  où  il  dépose  beaucoup 
de  graines  et  de  provisions. 
M.  Cuvier  nous  écrivait  au  sujet  de  ces  deux  dernières  espèces: 
«Les  notes  que  vous  me  donnez  sur  les  animaux  de  vos  contrées, 
<i  sont  extrêmement  précieuses,  et  j'en  ferai  sûrement  un  très-utile 
«  usage,  en  les  publiant  et,  comme  de  raison,  en  vous  en  attri- 
«  huant  le  mérite.  Je  recevrai  donc,  avec  bien  de  la  reconnaissance, 
«  tout  ce  que  vous  voudrez  bien  m'envoyer,  en  observations  comme 
a  en  objets  matériels,  et  je  tâcherai,  monsieur,  que  vos  peines  ne 
«  soient  pas  perdues.  Notre  administration  est  instruite  de  celles 
«:  que  vous  voulez  bien  prendre  pour  enrichir  le  Muséum  Royal, 
«  et  votre  nom  a  même  déjà  été  placé  sur  un  des  Loirs  que  nous 
«  vous  devons,  et  que  j'ai  eu  le  malheur  de  perdre.  Celui  que  vous 
«  m'offrez  pourra  le  remplacer;  et,  si  par  la  même  occasion,  vous 
«  aviez  des  Lérots  à  me  faire  passer,  je  les  recevrais  avec  plaisir, 
«  ne  fût-ce  que  pour  constater  leur  identité  avec  ceux  de  ce  pays-ci. 
«  Il  est  une  troisième  espèce  de  Loir  connue  en  France,  c'est  le 
«  Mnsrardin,  qui  est  extrêmement  rare  aux  environs  de  Paris,  et 
«  qui  serait  peu-être  plus  commun  dans  le  Midi,  etc.  » 


58  HISTOIRE   NATURELLE. 

Genre  Rat,  Mus,  Cuv.;  en  catalan  Rêtil 

Caractères.  —  Incisives  supérieures  assez  courtes,  en 
coin;  les  inférieures,  longues,  comprimées,  arquées  et 
fort  aiguës  à  leur  extrémité;  molaires  simples,  couronne 
garnie  de  tubercules  mousses;  museau  assez  prolongé; 
oreilles  oblongues,  souvent  nues;  yeux  saillants;  queue 
presque  toujours  plus  longue  que  le  corps,  composée  d'un 
grand  nombre  d'anneaux  écaillés,  entre  lesquels  paraissent 
de  petits  poils  raides.  Ces  petits  animaux  ont  suivi  l'homme 
partout  où  il  a  fixé  sa  demeure.  Ils  s'introduisent  dans  nos 
habitations;  rongent  nos  meubles  et  nos  effets;  mangent 
nos  provisions.  Nous  les  voyons  partout,  autour  de  nous. 

i.  Rat  d'Alexandrie,  Mus  Alexandrinus ,  Geoffroy  Saint- 
Hilaire. 

Beaucoup  plus  gros  que  le  suivant.  Museau  assez  allongé, 
aplati  en  dessus  ;  de  très-longues  moustaches,  composées  de  poils 
noirs  et  blancs;  oreilles  grandes,  larges  et  ovales;  yeux  grands, 
très-noirs;  corps  couvert  de  poils  cendrés  mêlés  de  ferrugineux, 
mais  de  très-longs  poils,  gros  et  noirs,  clairsemés,  répandus 
sur  toute  la  partie  supérieure  du  corps;  le  dessous  d'un  blanc 
jaunâtre;  pieds  forts,  d'un  blanc-jaunâtre  en  dessus;  les  doigts 
couverts  de  poils  raides;  queue  robuste  et  très-longue,  24- cent.; 
le  corps,  y  compris  la  tète,  mesure  18  centimètres. 

Apporté  probablement  en  Europe,  par  quelque  navire  de  com- 
merce, ce  Rat  s'est  propagé  dans  nos  contrées.  Je  reçus,  dans  le 
temps,  une  caisse  d'objets  d'histoire  naturelle;  la  femelle  de  ce 
rongeur  avait  fait  son  nid  dans  un  grand  Oursin,  et  j'y  trouvai 
sept  petits  vivants.  La  mère  n'avait  pas  abandonné  sa  famille;  car 
nous  la  tuâmes  en  ouvrant  la  caisse  :  les  petits  étaient  encore 
sans  poil.  La  caisse  nous  venait  de  l'île  de  Sardaigne.  11  est 
commun  dans  tout  le  pays. 


MAMMIFÈRES.  5D 

'2.  Rat  noir,  Mus  domesticus,  Lin.;  en  catalan  Ratai 

Les  anciens  ne  connaissaient  point  ce  rongeur.  On  le  dit  origi- 
naire d'Amérique;  mais  il  n'existe  aucune  donnée  pour  appuyer 
cette  opinion.  Il  paraît  qu'il  a  pénétré  en  Europe  dans  le  moyen- 
;1ge.  Beaucoup  trop  commun,  puisqu'il  dévaste  tout  dans  nos 
habitations.  Il  a  le  museau  pointu,  la  mâchoire  supérieure  plus 
avancée  que  l'inférieure,  les  yeux  saillants,  la  queue  très-longue 
et  écailleuse*,  d'une  couleur  noirâtre  en  dessus,  d'un  cendré- 
obscur  en  dessous.  Il  a  15  à  18  centimètres  de  long,  C'est  la  nuit 
qu'il  sort  de  sa  retraite  pour  pénétrer  dans  nos  greniers  et  y 
porter  une  dent  avide  ;  il  attaque  les  jeunes  Pigeons,  les  Poussins, 
même  les  jeunes  Lapins.  Pour  nous  venger  de  cet  hôte  incom- 
mode, nous  avons  admis  dans  nos  demeures  le  Chat,  qui  lui  fait 
une  guerre  à  mort.  La  Fouine,  la  Genette,  la  Belette,  plusieurs 
Oiseaux  de  proie  nocturnes,  sont  encore  pour  le  Rat  autant 
d'ennemis  irréconciliables.  On  se  sert,  pour  détruire  les  Rats,  de 
divers  pièges  à  ressort,  du  quatre  de  chiffre,  et  des  poisons  qu'on 
mêle  à  des  appâts. 

Sa  couleur  varie  beaucoup  :  on  en  trouve  d'entièrement  noirs, 
d'autres  qui  sont  tout  à  fait  blancs. 

5.  Rat  des  toits.  Mus  tedorum,  Savi. 

La  partie  supérieure  de  son  corps  est  d'un  cendré  légèrement 
ferrugineux,  les  poils  sont  longs,  souples  et  doux  au  toucher;  les 
plus  longs,  parsemés  clairement,  sont  fort  minces;  le  dessous 
du  corps  est  d'un  blanc  grisâtre;  le  museau  est  pointu;  mousta- 
ches longues,  bien  fournies  et  noires;  oreilles  très-développées; 
yeux  grands;  pieds  garnis  de  petits  poils  grisâtres;  la  queue 
longue,  mince,  couverte  de  poils  llexibles,  longue  de  18  cent. 
Le  corps  avec  la  tète  mesurent  15  centimètres. 

Moins  gros  que  le  précédent,  ce  rongeur  l'ait  un  mal  immense 
à  nos  jardins,  où  il  se  trouve  abondamment.  Il  grimpe  sur  les 
arbres  pour  y  manger  les  fruits.  Les  grenades,  les  oranges  douces 


60  HISTOIRE   NATURELLE. 

sont  particulièrement  dévorées  par  ce  rongeur,  qui  n'en  laisse 
que  l'écorce;  et,  lorsqu'on  veut  cueillir  ces  fruits,  on  ne  trouve 
plus  que  leur  enveloppe. 

4.  Rat  souris,  Mus  musculus,  Lin.  ;  en  catalan  Rat  furet. 

Dans  sa  petite  taille,  la  Souris  a  les  formes  du  Rat  ;  sa  couleur  est 
grise  en  dessus,  cendrée  en  dessous.  Elle  atteint  de  8  à  9  cent, 
de  longueur;  sa  queue  est  longue  comme  le  corps,  plus  velue 
que  celle  du  Rat,  et  son  poiLest  plus  soyeux.  Elle  habite  aussi  nos 
demeures,  où  elle  commet  des  dégâts  multipliés.  Retirée  pendant 
le  jour  dans  les  galeries  qu'elle  sait  se  creuser,  dès  que  la  nuit 
parait,  elle  sort;  et  s'avance  d'un  pas  timide,  l'oreille  au  guet,  pour 
se  livrer  à  ses  penchants  destructeurs.  On  en  trouve  quelquefois 
des  variétés  blanches,  d'autres  couleur  isabelle  tachetée,  gris- 
clair,  avec  le  ventre  rose.  Cette  espèce  vit  à  nos  dépens  et  sous 
nos  yeux.  Sa  multiplication  est  extraordinaire,  et  ses  ravages 
dans  les  maisons  sont  quelquefois  effrayants.  Les  souricières  et 
les  Chats  sont  chargés  de  nous  délivrer  de  son  importunité. 

5.  Rat  mulot,  Mus  silvaticus,  Lin.;  en  cat.  Rat  campestre. 

Le  Mulot  a  les  yeux  saillants,  les  oreilles  larges  et  allongées, 
les  jambes  proportionnellement  plus  grandes  que  les  autres  Rats; 
sa  longueur  est  de  11  à  12  centimètres;  son  pelage  d'un  gris- 
fauve  en  dessus ,  blanchâtre  en  dessous  ;  queue  plus  courte  que 
le  corps ,  d'une  couleur  obscure  sur  la  face  supérieure ,  et  blan- 
châtre en  dessous.  On  trouve  des  Mulots  de  diverses  tailles  ; 
cependant,  ils  ne  diffèrent  en  rien  par  rapport  à  l'espèce  :  le 
museau  quelquefois  est  plus  allongé  dans  certains  individus;  mais 
la  tache  caractéristique  qu'ils  portent  sur  la  poitrine,  qui  est  petite 
et  fauve,  est  constante  à  tous  les  individus  n'importe  leur  taille. 
Ce  rongeur  répand  une  mauvaise  odeur;  son  naturel  est  méchant. 
Us  se  livrent  entre  eux  des  combats,  et  les  plus  faibles  sont  dévorés 
par  les  vainqueurs.  On  le  trouve  partout,  et  sa  multiplication  est 
prodigieuse.   Il  habite  les  bois  et  les  champs;  s'y  creuse  une 


MAMMIFÈRES.  61 

retraite,  ou  profite  des  trous  que  le  hasard  lui  offre,  et  y  amasse 
ses  provisions,  qui  consistent  en  graines  et  en  fruits.  Il  est  très- 
nuisible  aux  blés  et  aux  céréales. 

6.  Rat  surmulot,  Mus  decumanus ,  Pallas  ;   en    catalan 
Rat  dels  fossats. 

Le  nom  seul  indique  qu'il  surpasse  par  la  taille  le  précédent, 
quoiqu'il  ait  une  partie  de  ses  habitudes;  cependant,  il  se  rap- 
proche beaucoup  plus  par  ses  formes  du  Rat  commun.  Il  est  long 
de  22  à  24  cent.;  son  pelage  est  d'un  roux  grisâtre  en  dessus, 
blanc  en  dessous;  queue  nue,  écailleuse,  presque  aussi  longue 
que  le  corps.  Il  vit  dans  les  lieux  les  plus  humides  et  les  plus 
malpropres  de  nos  habitations:  les  conduits  d'eau,  les  latrines, 
les  aqueducs  qui  débouchent  dans  la  ville,  en  sont  encombrés; 
il  infeste  aussi  les  campagnes  et  les  granges,  où  il  fait  des  dégâts 
considérables  à  nos  récoltes.  Il  est  très-vorace;  attaque  les 
Pigeons,  les  Lapins,  la  volaille  ;  c'est  un  ennemi  terrible  du  Rat 
noir.  Il  se  défend  avec  courage  contre  les  petits  carnassiers  qui 
osent  lui  faire  la  guerre.  Le  Chat  même  l'attaque  avec  crainte. 
On  le  dit  originaire  de  l'Inde. 

Genre  Campagnol,  Arvicola,  Lacep. 

Caractères.  —  Museau  court,  obtus;  oreilles  larges, 
courtes,  ne  dépassant  pas  le  poil;  yeux  petits;  quatre 
doigts  à  ongles  robustes  aux  pieds  antérieurs;  les  posté- 
rieurs en  ont  cinq  en  comptant  le  pouce  qui  est  rudi- 
mentaire.  Queue  ronde,  velue,  atteignant.  la  moitié  du 
corps;  trois  mâchelières  partout,  formées  chacune  de 
prismes  triangulaires,  placées  alternativement  sur  deux 
lignes. 

Ces  rongeurs  vivent  dans  les  bois  ou  dans  les  champs 
ensemencés;  leurs  dégâts  dans  nos  récoltes  sont  quel- 
quefois effrayants  ;   ils  se  réunissent  en  société  ,  et  font 


62  HISTOIRE  NATURELLE. 

des  excursions  au  loin  ;  ils  se  creusent  des  terriers  sous 
le  sol.  Très-abondants  dans  le  nord  de  la  France,  ils  le 
sont  moins  dans  le  midi. 

1.  Campagnol  des  champs,  Arvicola  arvalis,  Lacep.  ;  en 

catalan  Rat  de  terre,  Rat  dels  camps. 

Tête  courte,  assez  grosse,  yeux  grands,  à  fleur  de  tête;  oreilles 
grandes,  garnies  de  petits  poils  souples  et  fauves.  Couleur  géné- 
rale d'un  fauve  grisâtre;  sur  les  flancs,  cette  couleur  est  plus 
claire;  les  parties  inférieures  sont  d'un  blanc-sale;  pieds  garnis 
de  poils  courts  et  raides,  d'un  blanc-jaunâtre.  Queue  courte, 
atteignant  rarement  le  quart  du  corps,  couverte  de  poils  courts, 
d'un  jaune-sale.  Longueur  totale,  13  à  14  centimètres. 

2.  Campagnol  fauve  ou  Campagnol  des  prés,  Arvicola 

fidvus,  Desm.  ;  en  catalan  Rat  dels  prats. 

Beaucoup  plus  petit  que  le  précédent,  il  habite  généralement 
les  prairies  humides  des  parties  basses.  Sa  longueur  totale  est  de 
10  à  11  centimètres,  en  y  comptant  la  queue,  qui  est  de  3  à  4 
centimètres.  Pelage  d'un  fauve  presque  jaunâtre  au  dessus  du 
corps;  dessous  blanc  ou  jaunâtre,  selon  les  individus.  Pieds 
couverts  de  poils  serrés,  d'un  blanc -jaunâtre;  tête  petite,  un 
peu  effilée;  yeux  noirs,  très -petits;  moustaches  grisâtres,  à 
poils  très-souples. 

Un  individu  fut  pris  dans  les  propriétés  du  Mas  de  Leule,  et 
me  fut  envoyé  par  le  propriétaire.  Il  a  le  corps  gris-jaunâtre, 
entouré  d'une  bande  blanche.  Cette  bande  part  des  deux  côtés 
de  l'abdomen,  et  vient  se  réunir  sur  le  dos  :  elle  a  3  centimètres 
de  large.  La  partie  blanche  de  l'abdomen  couvre  tout  le  poitrail 
et  le  dessous  de  la  mâchoire  inférieure. 

5.  Rat  d'eau,  Mus  amphibkis,  Lin.;  en  catalan  Rat  bufot, 
Rat  d'aygua. 
Le  museau  renflé  et  court  fait  paraître  sa  tête  plus  grosse; 


MAMMIFÈRES.  t'i!! 

il  a  los  oreilles  courtes  et  velues;  le  pelage  d'un  gris-noirâtre  en 
dessus,  plus  clair  en  dessous;  queue  plus  longue  que  la  moitié 
du  corps,  d'une  couleur  plus  foncée  ;  son  corps  est  plus  ramassé 
et  il  a  16  à  18  centimètres  de  longueur.  Les  pieds  postérieurs 
ciliés,  lui  permettent  de  nager  facilement  dans  les  ruisseaux,  au 
bord  desquels  il  s'établit  ordinairement,  dans  les  trous  que  lais- 
sent les  racines  des  arbres.  De  là,  il  est  à  portée  de  faire  ses 
excursions  pour  chercher  sa  nourriture,  qui  consiste  en  sangsues 
et  en  larves  des  insectes  aquatiques;  au  besoin  il  vit  de  racines, 
il  ne  peut  demeurer  sous  l'eau  que  très-peu  de  temps,  son  orga- 
nisation le  forçant  à  venir  respirer  l'air  extérieur.  Il  est  commun 
dans  toute  la  contrée  :  nos  paysans  recherchent  beaucoup  sa 
chair.  On  nous  apporta  de  Sainte-Marie-la-Mer  deux  Rats  d'eau, 
mâle  et  femelle,  entièrement  blancs. 

Genre  Lièvres,  Lepiis,  Lin. 

Caractères.  —  Les  Lièvres  diffèrent  des  autres  rongeurs 
par  les  incisives  supérieures  doubles;  par  l'intérieur  de 
leurs  lèvres  garnies  de  poils  ;  la  lèvre  supérieure  fendue  ; 
les  oreilles  très-longues  ;  les  pattes  postérieures  très- 
longues,  et  le  dessous  des  pieds  velu  comme  le  reste  du 
corps;  la  queue  courte  et  relevée. 

1.  Lièvre  ordinaire,   Lepus  timidus,   Lin.;    en    catalan 

LIebra,  Llabrau. 

La  timidité  de  cet  animal  est  passée  en  proverbe.  Ordinaire- 
ment, c'est  le  partage  de  tous  les  animaux  faibles;  et  les  moyens 
de  défense  du  Lièvre  consistent  dans  l'agilité  de  ses  jambes.  Sa 
longueur  est  de  50  à  52  centimètres;  son  pelage  est  formé  d'un 
mélange  de  fauve  et  de  gris  plus  ou  moins  nuancé  d'obscur; 
oreilles  plis  longues  que  la  tête,  cendrées  à  leur  face  postérieure, 
noires  à  l'extrémité;  queue  courte,  blanchâtre  avec  une  ligne 
noire  en  dessus.  Cet  animal  vit  d'herbes,  de  racines  et  de  fruits; 


64  HISTOIRE   NATURELLE. 

il  ronge  aussi  l'écorce  des  arbres.  A  l'état  de  domesticité,  il  pro- 
page difficilement  son  espèce  ;  il  est  susceptible  d'éducation.  Il 
est  commun  dans  le  pays;  ceux  qui  habitent  les  montagnes 
moyennes  sont  plus  petits  et  leur  chair  est  de  meilleur  goût. 
Une  variété  bien  plus  grande,  d'un  tiers  au  moins,  vit  sur  les 
hautes  montagnes  du  département  :  ses  oreilles  sont  larges;  sa 
tête  plus  allongée;  ses  jambes  très-longues;  son  pelage  est  d'un 
roux  clair  ;  sa  chair  est  moins  succulente,  dure,  et  par  cela  même 
moins  recherchée. 

La  robe  du  Lièvre  varie  beaucoup  :  on  en  trouve  qui  ont  le 
pelage  plus  ou  moins  brun;  j'ai  vu  un  sujet  qui  était  presque 
noir;  d'autres  plus  ou  moins  blancs,  tout-à-fait  blancs.  Cette 
dernière  couleur  ne  serait-elle  pas  l'effet  de  la  maladie?  Je  le 
présume,  car  tous  les  Lièvres  que  j'ai  vus  dans  cet  état,  étaient 
maigres  et  paraissaient  souffrants;  leur  chair  n'était  pas  bonne. 
Le  poil  du  Lièvre  a  un  certain  prix  dans  le  commerce  pour  la 
fabrication  des  chapeaux  de  feutre. 

Les  Renards,  les  Fouines  et  quelques  Oiseaux  de  proie,  sont, 
après  l'homme,  ses  ennemis  mortels. 

2.  Lapin,  Lepus  cuniculus,  Lin.  ;  en  catalan  Llapin. 

Beaucoup  moins  grand  que  le  Lièvre  et  non  moins  estimé,  le 
Lapin  est  d'un  naturel  aussi  inquiet,  mais  plus  industrieux  que 
lui.  Il  choisit,  pour  sa  demeure,  les  bois  touffus,  et  y  établit  des 
terriers,  où  il  passe  la  journée  à  l'abri  des  Loups,  des  Renards 
et  des  Oiseaux  de  proie  qui  sont  ses  puissants  ennemis.  Son  pelage 
est  gris  nuancé  de  fauve  en  dessus,  blanchâtre  en  dessous;  oreilles 
un  peu  plus  courtes  que  la  tête,  d'une  seule  couleur;  une  tache 
rousse  à  la  nuque  ;  sa  chair  blanche  et  agréable,  diffère  beaucoup 
de  celle  du  Lièvre.  Ces  animaux  multiplient  énormément,  et  nui- 
sent souvent  aux  récoltes;  leur  taille  varie  beaucoup,  et  mesurent 
de  35  à  40  centimètres  de  longueur. 

Le  Lapin  sauvage  est  la  souche  de  tous  les  Lapins  que  nous  éle- 


MAMMIFÈRES.  65 

vous  en  domesticité,  et  dont  les  couleurs  sont  si  variables  :  blanc, 
noir,  roux,  ou  d'un  gris  plus  ou  moins  nuancé  d'autres  couleurs. 
Le  Lapin  riche,  Lcpus  cuniculus  argenteus,  plus  grand  que  le 
lapin  ordinaire,  d'un  gris  d'ardoise  argenté,  particulier  au  nord 
de  la  France,  est  élevé  dans  beaucoup  de  nos  maisons  rurales; 
sa  chair,  lorsqu'il  est  bien  nourri,  est  très-bonne  :  cette  espèce 
produit  moins  que  la  première. 

Genre  Coraye,  Cavia,  Illig. 

Caractères.  —  Ses  molaires  n'ont  chacune  qu'une  lame 
simple  et  une  fourchue;  les  doigts  séparés;  deux  mamelles 
ventrales;  point  de  queue;  oreilles  très-courtes.  Ce  sont 
de  petits  jolis  animaux  qui  se  privent  facilement;  l'espèce 
qui  a  été  apportée  en  Europe,  a  sa  robe  de  toutes  les 
couleurs. 

1.  Cobaye,  Cochon  d'Inde,   Cavia   cobaya,    Gmel;    en 
catalan  Porc  mari. 

Ce  petit  animal  varie  en  couleur  comme  tous  les  animaux 
domestiques  ;  son  pelage  offre  de  grandes  taches  noires,  blanches 
et  fauves.  Il  est  long  de  28  à  30  centimètres. 

Il  paraît  qu'il  vient  d'un  animal  nommé  Aperea,  qu'on  trouve 
dans  les  bois  du  Brésil  et  du  Paraguay,  et  qui  est  de  même  forme 
et  taille;  mais  son  pelage  est  entièrement  gris.  Le  Cobaye  s'est 
acclimaté  dans  toutes  les  contrées  de  l'Europe  ;  il  multiplie  pro- 
digieusement ;  il  est  facile  à  nourrir;  sa  chair  est  fade.  C'est  de 
sa  forme  et  de  son  grognement  que  lui  vient  son  nom. 

SIXIÈME  ORDRE. 

ÉDENTÉS. 

Tatous,  Pangolins,  etc.,  etc.,  tous  appartenant  aux  pays 
d'outre-mer. 


66  HISTOIRE   NATURELLE. 

SEPTIÈME  ORDRE. 

PACHYDERMES. 

Les  Éléphants,  les  Rhinocéros,  etc.,  appartiennent  à 
ce  genre  :  ce  sont  les  plus  grands  quadrupèdes  connus. 
Le  mot  Pachyderme  signifie  peau  épaisse,  ce  qui  leur  a 
valu  leur  nom.  Les  seuls  Pachydermes  d'Europe  sont  : 
le  Sanglier,  l'Ane  et  le  Cheval. 

Genre  Sanglier,  Sus,  Lin. 

Caractères.  —  Quatre  doigts  à  tous  les  pieds ,  deux 
très-grands  armés  de  forts  sabots,  deux  très-petits  placés 
extérieurement,  ne  touchant  presque  pas  la  terre  lorsque 
l'animal  marche  ;  des  incisives  en  nombre  variable  ;  les 
canines  fortes,  sortant  de  la  bouche,  se  recourbant  vers 
le  haut;  museau  tronqué,  terminé  par  un  boutoir;  corps 
garni  de  poils  raides  appelés  soies;  douze  mamelles. 

1.  Sanglier  commun,   Sus  scropha,   Lin.;    en  catalan 
Porc  singla. 

Cet  animal  a  été  très-répandu  dans  le  département  ;  mais  la 
dévastation  de  nos  forêts,  ayant  donné  au  chasseur  la  facilité  de 
parcourir  nos  montagnes,  a  empêché  sa  propagation.  Cependant, 
la  vallée  de  La  Vall,  canton  d'Argelès,  est  garnie  de  grandes 
forêts  où  le  Sanglier  se  trouve  communément  ;  il  franchit  quel- 
quefois ces  retraites  impénétrables,  et  s'aventure  sur  la  cime  des 
Albères  où  l'on  en  tue  quelquefois. 

Long  de  lm,50  à  2  mètres,  le  Sanglier  a  le  corps  trapu,  le 
pelage  noir  et  peu  épais  ;  les  soies  longues,  rudes  et  hérissées  ; 
les  oreilles  droites;  la  bouche  est  armée  de  deux  défenses  pris- 


MAMMIFÈRES.  67 

matiques  recourbées  en  dehors  et  un  peu  vers  le  haut.  La  chair 
en  est  excellente  ;  sa  hure  surtout  est  très-estimée.  La  femelle 
du  Sanglier  porte  le  nom  de  Laie;  ses  petits,  celui  de  Marcassins; 
ils  sont  bariolés  de  blanc  et  de  noir  tant  qu'ils  sont  jeunes. 

Le  Sanglier  est  la  souche  de  nos  Cochons  domestiques  et  de 
leurs  nombreuses  variétés.  De  tous  les  Mammifères,  le  Cochon 
est  peut-être  le  plus  brut  ;  toutes  ses  habitudes  sont  grossières, 
tous  ses  goûts  sont  immondes.  Les  produits  qu'on  retire  du  porc 
sont  nombreux,  et  il  rend  de  très-grands  services  à  l'homme.  Sa 
chair  fraîche  est  excellente;  elle  se  sale  très-aisément;  se  conserve 
très-bien,  et  par  là  facilite  les  grands  voyages.  Les  jambons,  le 
lard  et  beaucoup  d'autres  parties  du  Cochon,  dédaignés  dans  les 
autres  animaux  domestiques,  sont  une  nourriture  recherchée; 
et  quels  services  ne  rendent-ils  point  aux  habitants  des  campa- 
gnes !  Tout  dans  le  Porc  a  un  degré  d'utilité  :  l'axonge  fraîche 
sert  dans  nos  cuisines  et  en  pharmacie  pour  diverses  prépara^ 
tions  ;  elle  sert  encore  h  préserver  les  voitures  du  frottement  des 
essieux;  la  peau  sert  à  faire  des  cribles,  et  le  poil  est  employé 
à  la  confection  des  brosses  et  des  pinceaux. 

Les  jeunes  Cochons  de  lait  sont  un  excellent  mets  très-recherché 
dans  notre  pays. 

On  remarque  les  variétés  domestiques  suivantes  : 

1°  Le  Cochon  commun  ou  à  grandes  oreilles,  à  pelage  de 
couleurs  très-variées,  à  oreilles  longues  et  pendantes,  à  queue 
tortillée. 

Les  races  indigènes  les  plus  remarquables  sont  celles  du  Péri- 
gord,  du  Bourbonnais,  de  la  Champagne,  de  la  Bretagne  et  de 
la  Normandie;  nous  en  voyons  d'une  très-forte  dimension;  notre 
pays  en  élève  en  abondance. 

2°  Le  Cochon  de  Siam,  ou  Porc-Chinois,  a  les  oreilles  courtes 
et  droites,  la  peau  noire,  le  ventre  touchant  presque  à  terre. 
On  commence  à  le  propager  dans  notre  département. 


08  histoire  naturelle. 

Famille  des  Solïpèdes. 

Genre   Cheval,    Equus',    Cuv. 

Caractères.  —  Six  incisives  aux  deux  mâchoires;  cani- 
nes existant  chez  les  mâles  à  la  mâchoire  supérieure,  et 
quelquefois  à  toutes  les  deux,  manquant  très-souvent 
chez  les  femelles.  Sept  molaires  de  chaque  côté  aux  deux 
mâchoires,  marquées  de  nombreux  replis  d'émail  et 
séparées  des  canines  par  un  espace  vide  appelé  barre; 
pied  à  un  seul  doigt  apparent ,  mais  offrant  sous  la  peau 
deux  autres  doigts  rudimentaires.  Les  mamelles  sont 
placées  entre  les  cuisses  ;  mais,  par  exception,  les  mâles 
en  sont  tout-a-fait  privés. 

i.  Cheval,  Equus  caballus,  Lin.;  en  catalan  Caball. 

De  tous  les  Mammifères  connus ,  sans  contredit,  le  Cheval  est 
celui  qui  rend  les  services  les  plus  nombreux  à  l'homme.  Tous 
les  jours  il  doit  se  féliciter  d'avoir  fait  sa  conquête,  et  d'avoir 
ainsi  réduit  au  moindre  de  ses  caprices,  ce  fougueux  et  superbe 
animal.  L'existence  du  Cheval  est  liée  aujourd'hui  aux  besoins 
de  l'homme,  à  ses  commodités  et  à  ses  jouissances  ;  il  est  employé 
au  labour  où  il  rend  des  services  signalés  à  l'agriculture;  on 
l'utilise  comme  bête  de  trait,  de  charge  et  de  roulage;  dans  le 
service  des  camps,  il  facilite  les  excursions  militaires,  en  traînant 
les  bagages  et  les  vivres;  l'artillerie  traînée  par  le  Cheval  con- 
tribue souvent  à  faire  remporter  la  victoire  ;  il  partage  avec  le 
guerrier  les  dangers  du  combat.  A  l'aide  du  Cheval,  le  voyageur 
est  transporté  à  des  distances  considérables;  par  la  rapidité  de 
sa  course,  le  chasseur  obtient  de  grands  avantages  sur  d'autres 
Mammifères  non  moins  légers,  et  sous  la  direction  d'un  écuyer 
habile,  il  déploie  toutes  les  grâces  de  son  corps. 

Nous  avons  plusieurs  races  de  Chevaux  dans  le  département. 
Dans  les  vastes  plaines  de  la  Salanque,  on  a  besoin  de  forts  Che- 


MAMMIFÈRES.  69 

vaux  de  trait;  aussi,  y  voit-on  généralement  des  Limousins,  des 
Poitevins  et  des  Bourbonnais;  dans  d'autres  localités,  on  a  les 
races  d'Auvergne,  de  Bretagne  et  de  Navarre.  Dans  le  temps,  on 
citait,  pour  la  monte,  les  Chevaux  originaires  de  la  Cerdagne 
française;  ils  se  rapprochaient,  par  leur  forme  et  leur  finesse, 
de  la  race  Andalouse;  mais,  actuellement,  les  propriétaires  de 
cette  contrée,  n'élevant  presque  plus  de  Chevaux,  ont  trouvé  un 
bien  plus  grand  avantage  pécuniaire  à  l'élève  des  Mulets,  qu'ils 
vendent  et  font  passer  en  Espagne  dès  l'âge  de  six  à  neuf  mois. 

Le  Cheval,  outre  les  services  qu'il  rend  à  l'homme  pendant  sa 
vie,  est  encore  après  sa  mort  d'une  grande  utilité  :  ainsi  son  cuir 
est  employé  à  divers  usages;  sa  graisse  sert  pour  diverses  prépa- 
rations; ses  crins  sont  employés  par  les  bourreliers;  ses  sabots 
par  les  fabricants  de  peignes  et  autres  ouvrages  de  corne  ;  ses  os 
par  les  boutonniers,  les  tourneurs,  etc.,  etc. 

2.  Ane,  Equus  asinus;  en  catalan  Burro  (pr.  bourrou). 

L'Ane,  non  moins  utile  que  le  Cheval,  se  fait  admirer  par  sa 
sobriété.  Employé  à  toutes  sortes  de  travaux,  on  a  l'avantage  de 
pouvoir  le  nourrir  des  pâturages  que  les  autres  animaux  domes- 
tiques dédaignent  ou  refusent  de  manger  :  il  se  contente  des 
plantes  les  plus  dures  et  les  plus  épineuses.  Cette  sobriété  le 
rend  précieux  pour  les  propriétaires  peu  fortunés ,  chez  lesquels 
on  le  voit  communément  de  service;  il  n'est  point  de  cultivateur 
ou  de  brassier  qui  n'ait  son  Ane,  sans  souvent  posséder  même  un 
pouce  de  terre;  il  est  peu  de  départements  où  l'Ane  soit  aussi 
répandu.  D'un  naturel  doux  et  patient,  mais  d'un  tempérament 
robuste,  il  peut  porter  les  plus  grands  poids  relativement  à  sa 
taille.  Il  ne  demande  aucun  soin,  et  en  récompense  d«s  services 
qu'il  nous  rend,  nous  n'avons  pour  cet  animal  que  le  plus  parfait 
mépris  :  on  soigne,  on  instruit,  on  exerce  un  Cheval,  tandis  que 
l'éducation  de  l'Ane  est  abandonnée  à  la  grossièreté  du  dernier 
des  valets;  et  comme  le  dit  fort  bien  Bulï'on,  si  l'Ane  n'avait  pas 


70  HISTOIRE   NATURELLE. 

un  grand  fonds  de  bonnes  qualités,  il  les  perdrait,  en  effet,  par 
la  manière  dont  on  le  traite.  Il  est  le  jouet,  le  plastron,  le  bardeau 
des  rustres,  qui  le  conduisent  le  bâton  à  la  main,  qui  le  frappent, 
le  surchargent,  l'excèdent  sans  précaution,  sans  ménagement. 

Si  l'Ane  nous  rend  les  plus  grands  services  par  son  travail, 
l'Ànesse,  par  les  bonnes  qualités  de  son  lait,  rétablit  notre  santé 
débile,  toutes  les  fois  qu'une  longue  maladie  a  épuisé  nos  forces; 
ainsi,  on  ne  saurait  trop  employer  de  soins  à  l'éducation  de  ces 
animaux.  L'accouplement  de  l'Ane  et  de  la  Jument  produit  le 
Mulet,  animal  plus  sobre  et  plus  facile  à  nourrir,  qui  rend  de 
très-grands  services  dans  les  pays  montagneux.  Comme  bête  de 
somme,  on  l'utilise  pour  le  labour  et  pour  le  trait;  on  se  sert 
même  de  ces  animaux  dans  certaines  contrées,  en  Espagne  sur- 
tout, pour  les  voitures  des  grands. 

Le  Cheval  et  l'Anesse  donnent  une  espèce  de  Mulet  qui  est  plus 
petit  que  le  précédent,  plus  robuste  peut-être,  que  l'on  nomme 
Bardot;  il  sert  aux  mêmes  usages. 

Les  dépouilles  de  l'Ane  sont  employées  comme  celles  du  Che- 
val, et  il  n'est  pas  moins  utile  que  lui  après  sa  mort. 

HUITIÈME  ORDRE. 

RUMINANTS. 

Caractères.  —  Faculté  de  ramener  à  la  bouche  les 
aliments,  après  les  avoir  avalés,  pour  le6  mâcher  une 
seconde  fois.  Cette  singularité  résulte  de  la  structure  de 
leur  estomac.  Point  d'incisives  à  la  mâchoire  supérieure; 
incisives  inférieures  presque  toujours  au  nombre  de  huit; 
pieds  terminés  par  deux  doigts  et  deux  sabots  à  face 
interne  aplatie,  de  manière  à  ressembler  à  un  seul  sabot 
qui  aurait  été  séparé  par  le  milieu.  Cette  disposition  leur 
a  valu  la  dénomination  de  pieds  fourchas.  Tous  les  ani- 


MAMMIFÈRES.  71 

maux  que  comprend  cet  ordre,  ont  un  air  de  ressem- 
blance qui  les  caractérise  parfaitement;  ils  ne  forment 
qu'une  seule  famille  et  paraissent  avoir  été  faits  sur  le 
même  modèle.  Ils  sont  pour  l'homme  d'une  grande 
utilité  :  toute  nourriture  leur  est  bonne  ;  ils  rendent  de 
grands  services,  et  les  produits  qu'on  en  retire  sont 
considérables. 

Genre  Antilope,  Antilope,  Lin. 

Remarquable  par  l'élégance  de  ses  formes  et  par  la 
légèreté  de  sa  course. 

1 .  Antilope  chamois,  Antilope  rupicapra,  Pallas  ;  en  ca- 
talan Isard. 

Le  Chamois  habite  les  parties  les  plus  élevées  de  nos  monta- 
gnes; il  se  rapproche  toujours  des  sommités  occupées  par  les 
neiges  ;  il  vit  en  troupes  quelquefois  très-considérables,  et  comme 
chez  tous  les  animaux  réunis  en  famille ,  des  sentinelles  avan- 
cées sont  chargées  de  la  garde  et  de  la  sûreté  de  la  compagnie. 
Au  moindre  bruit  qui  frappe  ces  animaux,  un  sifflement  aigu 
part  de  leurs  narines,  et  se  répète  par  intervalles  jusqu'à  ce  que 
leurs  yeux  ou  leur  odorat  les  aient  fixés  sur  la  nature  du  danger 
qui  peut  les  menacer;  alors,  ils  partent  comme  des  flèches, 
gravissent  ou  descendent  des  pentes  effroyables  ;  s'élancent 
d'une  pointe  de  rocher  à  l'autre  à  des  distances  considérables, 
sans  qu'on  puisse  deviner  comment  ils  peuvent  poser  leurs  pieds. 
Lorsqu'on  fait  la  chasse  de  ces  animaux,  et  que  la  troupe  se  dirige 
vers  vous ,  il  faut  bien  se  garder  de  la  détourner  de  son  chemin  ; 
il  faut  tâcher  au  contraire  d'éviter  sa  rencontre,  car  elle  renver- 
serait l'homme  qui  se  trouverait  sur  son  passage  ;  et,  comme  on 
est  toujours  près  de  précipices,  on  pourrait  bien,  sans  le  vouloir, 
en  mesurer  la  profondeur,  et  perdre  la  vie. 


72  HISTOIRE   NATURELLE. 

La  longueur  du  Chamois  est  ordinairement  de  lm,20  à  lm,25. 
Ses  cornes  ont  de  20  à  22  centimètres  de  longueur,  un  peu  incli- 
nées en  avant,  droites,  lisses,  la  pointe  courbée  en  arrière  en  forme 
d'hameçon  W;  elles  sont  noires  et  très-aiguës  ;  nos  maréchaux 
s'en  servent  pour  saigner  les  Chevaux  et  les  Bœufs  par  la  bouche, 
ce  qu'ils  appellent  donner  un  coup  de  corne.  Son  pelage  est  ' 
gris-cendré  ou  fauve-clair  en  été,  brun  et  très-velu  en  hiver; 
une  bande  obscure  descend  obliquement  de  l'œil  vers  le  museau. 
Il  n'y  a  aucune  différence  ni  pour  la  robe  ni  pour  les  cornes 
dans  les  deux  sexes.  Sa  chair  est  fort  bonne  à  manger.  Au  prin- 
temps, la  femelle  met  bas  un  petit,  rarement  deux;  dès  sa  nais- 
sance, il  suit  le  troupeau. 

11  paraît  que  dans  les  temps  reculés,  le  Cerf  a  habité  nos  con- 
trées; mais  le  défrichement  de  nos  vastes  forêts,  a  contribué  à 
l'en  faire  disparaître  depuis  bien  longtemps. 

Il  en  est  de  même  du  Chevreuil.  Bien  que  certains  chasseurs 
m'aient  assuré  qu'il  existe  sur  nos  montagnes,  je  n'ai  jamais  pu 
parvenir  à  m'en  procurer  un  individu ,  ce  qui  me  porte  à  croire 
qu'il  ne  s'y  trouve  point. 

(-J)  Je  ne  sais  à  quoi  pont  servir  cette  disposition  des  cornes;  car  elle 
ne  parait  point  favorable  à  la  défense  de  l'animal.  Les  chasseurs  au  Chamois 
prétendent  que,  si  cet  animal  tombe  accidentellement  dans  un  précipice, 
ou  que,  trop  pressé  par  les  chiens,  il  soit  forcé  de  s'y  jeter,  il  s'accroche 
avec  les  cornes  à  un  arbuste  ou  à  la  pointe  d'un  rocher,  et  reste  ainsi 
suspendu  jusqu'à  ce  que  le  danger  qui  le  menace  ait  passé;  alors,  par  un 
effort  il  se  dégage,  arrive  à  terre,  et  reprend  sa  course  pour  rejoindre  sa 
compagnie.   Je  ne  sais  jusqu'à  quel  point  ce  fait  est  croyable. 

Il  est  des  Chamois  dont  les  cornes  ont  une  autre  direction,  et  nos  paysans 
pensent  que  c'est  une  espèce  différente.  Nous  croyons,  nous,  que  cela  tient 
à  quelque  accident,  survenu  à  l'animal  quand  il  était  encore  jeune;  car 
nous  n'avons  remarqué  sur  les  Chamois  dont  les  cornes  ont  celte  dispo- 
sition ,  aucune  autre  différence  ni  aucun  caractère  tranchant  qui  puissent 
nous  autoriser  à  les  croire  d'une  espèce  différente.  Nous  avons  remarqué 
aussi ,  avec  d'autres  naturalistes,  que  l'espèce  qui  se  trouve  dans  cette 
contrée,  est  beaucoup  plus  forte  de  taille  que  celle  des  Alpes, 


MAMMIFÈRES.  T.i 

Genre  Chèvre,  Capra,  Lin. 

Caractères.  —  Ce  genre  est  remarquable  par  les  cornes 
dirigées  en  haut  et  recourbées  en  arrière;  leur  menton 
est  ordinairement  garni  d'une  barbe  pendante. 

1.  Chèvre  ordinaire,  Capra  hircus,  Lin.;  en  catalan  Cabra. 

Tous  les  animaux  domestiques  s'éloignent  plus  ou  moins  de 
la  souche  primitive,  et  la  Chèvre  est  du  nombre  de  ceux  dont  la 
domesticité  a  donné  une  quantité  innombrable  de  variétés.  Il 
parait,  d'après  les  observations  des  naturalistes  anciens,  que 
notre  Chèvre  dérive  de  YEgagre  ou  Chèvre  sauvage ,  qui  vit  en 
troupes  sur  les  montagnes  de  la  Perse,  et  qui  fournit  le  bézoard 
oriental,  espèce  de  concrétion  qu'on  trouve  dans  ses  intestins  : 
dans  l'état  d'indépendance  où  elle  vit,  la  couleur  de  sa  robe  est 
constante,  tandis  qu'à  l'état  de  domesticité  où  nous  l'avons 
réduite,  elle  varie  à  l'infini.  La  Chèvre  conserve  toujours  un 
caractère  capricieux,  qui  la  rend  quelquefois  insupportable  au 
garde  qui  la  conduit:  elle  aime  les  lieux  secs  et  sauvages;  semble 
fréquenter  avec  plaisir  les  parties  difficiles  à  gravir,  ce  qui  prouve 
que,  malgré  son  état  de  domesticité,  elle  tient  à  son  origine 
montagnarde.  Elle  se  nourrit  d'herbes  grossières  et  de  pousses 
d'arbustes,  et  porte  par  ses  goûts  le  plus  grand  dommage  à  nos 
forêts. 

La  chair  de  la  Chèvre  n'est  pas  très-bonne  à  manger;  il  n\  a 
guère  que  celle  du  Chevreau  qui  soit  succulente  et  de  bon  goût. 
La  Chèvre  a  la  tête  ornée  de  cornes,  dont  la  face  antérieure  forme 
un  angle  aigu;  la  face  postérieure  est  arrondie.  Le  mâle  ou  Bouc 
se  fait  remarquer  par  ses  belles  cornes ,  qui  deviennent  très- 
grandes,  et  par  la  belle  touffe  de  poils  qui  lui  pend  au  menton. 
Le  lait  de  la  Chèvre  est  employé  à  divers  usages  domestiques  : 
on  en  fait,  dans  certaines  contrées,  de  très-bons  fromages.  Son 
suif  sert  h  fabriquer  les  chandelles.  Son  poil,  qu'on  enlève  tous 
les  ans,  est  employé  à  divers  usages  :  avec  le  plus  grossier  ou 


74  HISTOIRE  NATURELLE. 

le  jarre,  on  fait  des  feutres;  filé,  on  en  fabrique  des  bouracans  et 
autres  étoffes  ;  le  duvet  ou  capelin,  est  employé  à  faire  des  étoffes 
plus  fines.  Sa  peau  est  utilisée  pour  des  outres  et.  autres  objets  non 
moins  essentiels.  Ses  cornes,  comme  celles  des  autres  ruminants, 
servent  à  la  fabrication  des  peignes  et  des  manches  de  couteau. 
Le  département  avait  été  doté  d'une  espèce  de  Chèvre  bien 
précieuse  et  qui  s'y  était  fort  bien  acclimatée  ;  je  veux  parler 
de  la  Chèvre  du  Thibet.  Aujourd'hui  elle  n'existe  plus  dans  le 
pays.  J'ignore  les  causes  qui  ont  amené  ce  triste  résultat. 

Genre  Mouton,  Ovis,  Lin. 

Caractères.  —  Cornes  dirigées  en  arrière  et  revenant 
plus  ou  moins  en  avant,  en  spirale;  son  chanfrein  est 
généralement  convexe;  il  ne  porte  point  de  barbe. 

1.  Mouton  ordinaire,  Ovis,  Aries,  Lin.;  en  catalan  Moltô, 
vulgairement  Mouton. 

Tout  le  monde  connaît  la  douceur  et  la  timidité  du  Mouton. 
De  tous  les  animaux  c'est  celui  qui  donne  les  moindres  marques 
d'intelligence;  il  est  probable  que  c'est  le  premier  animal  que 
l'homme  a  soumis  à  son  empire.  On  fait  dériver  toutes  nos  races 
domestiques  du  Mouflon,  espèce  sauvage  qui  habite  les  montagnes 
de  la  Corse,  de  la  Sardaigne  et'de  la  Grèce,  ou  de  YArgali, 
autre  Mouton  sauvage  qui  vit  sur  les  plateaux  de  la  Sibérie  et 
autres  parties  de  l'Asie. 

De  nombreux  troupeaux  de  Moutons  sont  répandus  sur  toute 
la  surface  de  ce  département;  plusieurs  variétés  sont  élevées 
par  nos  cultivateurs.  Les  produits  que  ces  animaux  fournissent 
sont  bien  différents.  C'est  surtout  la  laine  qui  en  est  un  des 
principaux.  Dans  les  plaines  ou  parties  basses,  la  laine  a  toujours 
été  de  meilleure  qualité  que  celle  des  troupeaux  qui  sont  élevés 
sur  nos  montagnes,  où  elle  est  plus  grossière,  et  donne  des 
produits  moins  satisfaisants;  mais,  c'est  surtout  depuis  le  croi- 


MAMMIFÈRES.  75 

sèment  de  nos  bètes  avec  les  Mérinos  d'Espagne,  que  nous 
avons  eu  des  métis  dont  la  laine  a  été  de  beaucoup  supérieure 
à  celle  déjà  trés-eslimée  qu'on  avait  anciennement.  De  nos 
jours,  dans  toute  la  plaine,  les  cultivateurs  qui  ont  des  troupeaux 
de  Moutons,  en  ont  tellement  amélioré  la  qualité,  qu'il  n'y  a 
presque  pas  de  différence  avec  la  race  pure  qui  vient  de  l'Espa- 
gne. Outre  la  laine,  la  chair  de  cet  animal  forme  une  excellente 
nourriture.  Son  lait  nous  donne  de  bons  fromages;  son  suif 
sert  à  la  fabrication  des  chandelles;  de  sa  peau  on  fait  la  basane, 
le  parchemin,  et  des  rognures  on  obtient  une  colle  très-gluti- 
neuse.  Son  fumier,  répandu  sur  nos  terres  au  moyen  du  par- 
cage, économise  le  transport,  et  répand  partout  la  fertilité. 

Genre  Bœuf,  Bos,  Lin. 

Caractères.  —  Un  large  mufle;  chanfrein  droit;  cornes 
creuses  dirigées  de  côté,  et  tendant  à  s'éloigner  l'une  de 
l'autre;  un  fanon  ou  repli  de  la  peau  sous  le  cou;  taille 
trapue;  jambes  robustes  :  ce  sont  de  grands  animaux 
doués  d'une  force  extraordinaire. 

J.  Bœuf  ordinaire,  Bos,  Taurus,  Lin.;  en  catalan  Bou. 

La  force  du  Bœuf  nous  prouve  toute  l'adresse  et  la  supériorité 
dont  l'homme  est  doué,  pour  parvenir  à  réduire  et  à  contraindre 
ce  redoutable  animal  aux  travaux  domestiques  auxquels  il  l'a 
soumis:  de  quelle  utilité  ce  ruminant  n'est-il  pas  pour  le  labour 
et  le  charroi?  La  souche  primitive  paraît  ne  plus  exister  à  l'état 
sauvage.  On  avait  cru  la  retrouver  dans  YAurogs  et  l'Yack;  mais 
il  a  été  impossible  d'établir  ce  rapprochement,  puisque  ces  deux 
espèces  ont  quatorze  côtes,  tandis  que  les  Boeufs  n'en  ont  que 
treize. 

La  chair  du  Bœuf  est  de  tous  les  aliments,  le  plus  sain  et  le 
plus  nourrissant  ;  le  lait  que  produisent  les  Vaches  est  utilisé  de 


76  HISTOIRE  NATURELLE. 

différentes  manières  aux  usages  domestiques;  le  suif  sert  à  la 
fabrication  des  chandelles;  la  peau  donne  les  cuirs  les  plus  forts 
et  les  plus  durables;  les  poils  trouvent  leur  emploi  chez  les  bour- 
reliers; les  cornes  et  les  ongles  reçoivent  mille  formes  diverses 
pour  notre  usage  et  nos  besoins;  et  les  engrais  que  nous  en  reti- 
rons sont  les  plus  abondants  de  tous  ceux  que  fournissent  nos 
bestiaux. 

Dans  le  département  nous  avons  plusieurs  races,  qui  sont  plus 
ou  moins  productives,  selon  les  localités  ;  mais  aucune  ne  lui  est 
propre. 

NEUVIÈME  ORDRE. 

CÉTACÉS. 

Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  de  la  première 
famille  des  Cétacés ,  comprenant  les  Lamantins ,  les 
Dugong,  les  Stellaires,  qui  ne  vivent  pas  dans  nos  mers. 
Nous  passons  à  la  deuxième  famille  qui  comprend  des 
sujets  qui  fréquentent  nos  côtes. 

2me  famille.  —Cétacés  Ordinaires. 

Caractères.  —  Narines  placées  au  sommet  de  la  tête 
nommées  évents;  appareil  singulier  au  moyen  duquel 
ces  animaux  lancent  des  jets  d'eau  au-dessus  de  leur 
tète ,  particularité  qui  a  toujours  attiré  l'attention  des 
navigateurs l*>.  Peau  lisse  et  très -douce;  au-dessous, 
se  trouve  un  lard  très-épais  qui  sert  a  faire  l'huile. 
Mamelles  situées  près  de  l'anus;  bras  ou  nageoires 
impropres  à  saisir  un   objet.   Ces  Cétacés   se  tiennent 

(1)  Les  pécheurs  donnent  généralement  le  nom  de  Souffleurs  à  tous  les 
Cétacés,  à  cause  de  l'eau  que  ces  animaux  rejettent  par  l'ouverture  des  évents. 


MAMMIFÈRES.  77 

toujours  dans  la  mer;  mais,  comme  ils  respirent  par 
des  poumons,  ils  sont  obligés  de  monter  souvent  à  la 
surface  du  liquide  pour  prendre  de  l'air. 

Nous  arrivons  à  cette  classe  de  Mammifères  qui 
diffèrent,  par  leur  structure,  de  tous  ceux  que  nous  avons 
signalés.  Si  les  premiers,  par  la  forme  de  quelques-uns 
de  leurs  organes,  se  soutiennent  dans  les  airs  comme 
les  Chauves-Souris,  ceux-ci,  au  contraire,  ont  été  destinés 
par  leur  nature  à  vivre  constamment  dans  l'eau.  En  effet, 
comment  concevoir  que  de  pareils  colosses  pussent  se 
mouvoir  sur  la  terre,  puisque  leur  longueur  est  démesurée; 
qu'ils  ont  un  poids  considérable (1>;  qu'ils  sont  dépourvus 
de  membres  abdominaux ,  et  que  leur  tronc  se  continue 
par  une  queue  longue  et  épaisse ,  que  termine  une  na- 
geoire cartilagineuse  horizontale. 

Genre  Dauphin,  Delphinus,  Lin. 

Caractères. — Il  parait,  d'après  Cuvier,  que  c'est  le  plus 
carnassier,  et,  proportion  gardée  avec  sa  taille,  le  plus 
cruel  de  l'ordre.  On  le  distingue  sans  peine  à  son  front 
bombé  et  à  son  museau  allongé  qui  ressemble  presque  a 
un  bec  de  canard. 

i.  Dauphin  vulgaire,  Delphinus  delphis,  Lacep.;  en  ca- 
talan Porc  de  mar  (Cochon  de  mer). 

La  longueur  de  ce  Cétacé  ne  dépasse  guère  3m,50  ;  son  corps 
est  allongé,  le  museau  très-avancé,  déprimé;  la  mâchoire  armée 
de  chaque  côté  de  quarante-cinq  à  quarante-sept  dents,  grêles, 
arquées  et  pointues  ;  son  corps  est  noir  en  dessus  et  blanc  en 

(I)  Les  auteurs  de  célologic  évaluent  les  Baleines  de  50  mètres  de  lon- 
gueur, au  poids  de  \  30.000  kilogrammes. 


78  HISTOIRE  NATURELLE. 

dessous.  On  en  voit  des  troupes  assez  nombreuses  qui  approchent 
très-souvent  de  nos  côtes.  Ses  mouvements  sont  prompts  et 
précipités;  il  a  assez  de  force,  dit-on,  pour  s'élancer  sur  le 
tillac  des  navires  (Lacep.). 

2.  Grand  dauphin,  Delphinus  tursio,  Bonnat. 

On  voit  cette  espèce  très-rarement  :  son  museau  est  court, 
large  et  très-déprimé;  ses  mâchoires  sont  armées  de  vingt  à 
vingt-trois  dents  coniques,  et  souvent  émoussées,  dit  Cuvier. 
Son  corps,  mince  et  très-allongé,  d'un  bleu-noirâtre  en  dessus 
et  blanc  en  dessous,  atteint  ordinairement  5  mètres. 

5.  Dauphin  orque,  Delphinus  orca,  Lacep. 

Ce  Dauphin  est  très-rare  sur  nos  rivages.  Son  corps  est  mince 
et  atteint  une  grande  dimension;  le  museau  arrondi,  très-court; 
la  mâchoire  supérieure  plus  avancée  que  l'inférieure,  qui  est 
plus  large  ;  les  dents  dont  elles  sont  armées,  sont  inégales,  coni- 
ques et  recourbées  à  leur  sommet  ;  nageoire  dorsale  placée  au 
milieu  de  la  longueur  du  corps.  J'ai  vu  un  individu,  pris  par  des 
pêcheurs,  à  notre  plage  de  Ganet  ;  ils  l'avaient  déjà  mutilé  pour 
en  faire  de  l'huile. 

4.  Dauphin  marsouin,  Delphinus  phocena,  Lacep. 

Le  Marsouin  est,  au  contraire,  excessivement  commun  sur  nos 
côtes.  On  le  voit  très-souvent  se  rapprocher  du  rivage  et  des 
barques  de  nos  pêcheurs,  contre  lesquelles  il  vient  se  frotter.  Il 
n'est  pas  bien  grand,  et  il  est  rare  d'en  trouver  qui  dépassent 
2  mètres  de  longueur;  son  museau,  court  et  arrondi,  est  armé 
de  vingt-cinq  dents  de  chaque  côté,  très-pointues.  Ce  Marsouin 
est  noirâtre  en  dessus  et  blanc  en  dessous.  Nous  en  avons  dis- 
séqué un  dont  nous  conservons  le  squelette  ;  il  fut  pris  à  Saint- 
Laurent-de-la-Salanque. 


MAMMIFÈRES.  "/'.» 

Genre  Cachalot,  Physeter,  Lacep. 

Caractères. — Tête  très-volumineuse,  très-renlïée  sur 
le  devant  ;  mâchoire  inférieure  étroite ,  armée  de  chaque 
côté  d'une  rangée  de  dents  coniques  qui  entrent  dans 
des  cavités  correspondantes  de  la  mâchoire  supérieure; 
évents  situés  au  bout  du  museau.  Ces  animaux  sont 
chassés,  non  pour  leur  lard  qui  est  peu  de  chose,  mais 
pour  un  liquide  graisseux,  très-estimé,  qui  se  coagule  en 
se  refroidissant  et  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  sperma 
eeti,  adipocvre,  ou  blanc  de  baleine,  qu'on  emploie  à 
divers  usages.  On  trouve  aussi  dans  les  intestins  des 
Cachalots,  cette  matière  précieuse  odorante  qu'on  nomme 
ambre  gris. 

1.  Cachalot  macrocéphale,  Physeter  macrocephalus,  Lacep. 

Tète  monstrueuse;  mâchoire  inférieure  longue  de  4  mètres  et 
demi,  armée  de  vingt-cinq  dents  de  chaque  côté,  de  16  centimè- 
tres de  longueur,  coniques  et  très-fortes  ;  corps  très-volumineux, 
long  de  20  mètres,  terminé  par  une  nageoire  de  4ra,60  de  largeur; 
peau  unie,  d'un  blanc-obscur,  ventre  blanc.  Il  existe,  à  Collioure, 
un  dessin  qui  représente  un  Cachalot,  échoué  à  La  Selva,  dont  les 
mâchoires,  qu'on  voit  encore  dans  la  cour  des  salles  d'anatomie 
comparée  au  Jardin  des  Plantes  de  Paris,  furent  envoyées  au 
Musée  royal  de  cette  ville,  il  y  a  plus  de  quatre-vingts  ans. 
Les  détails  de  cette  prise  nous  furent  donnés  par  M.  Bélieu,  fils, 
naturaliste,  à  Collioure;  nous  les  rapportons  icK1). 

(I)  «  Un  Cétacé  fut  pris  à  La  Selva,  il  y  a  plus  de  quatre-vingts  ans. 
M.  Lanquine  (Nicolas)  en  envoya  les  mâchoires  à  Louis  XV,  qui,  en  récom- 
pense, lui  fit  une  pension  de  200  fr.  Il  existe  à  Collioure  une  gravure,  en 
mauvais  état,  qui  représente  ce  Cachalot  ;  elle  fut  faite  à  l'époque  où  il  fut 
pris  :  elle  porte  les  dimensions  et  autres  détails  consignés  dans  la  noie 
suivante  : 


80  HISTOIRE  NATURELLE. 

Genre  Baleine,  Balœna,  Lin. 

Caractères. — Tête  moins  renflée  sur  le  devant  que  celle 
des  Cachalots;  dents  nulles;  mâchoire  supérieure  munie 
d'une  grande  quantité  de  lames  transversales,  minces  et 
serrées,  terminées  en  franges  semblables  à  des  soies  de 
porc,  et  formées  d'une  espèce  de  corne  fibreuse  ou  de 
poils  agglutinés  les  uns  contre  les  autres.  Ces  lames, 
appelées  fanons,  connues  aussi  sous  le  nom  de  baleines, 
atteignent  une  longueur  de  2nl,  50  à  o  mètres,  existent 
au  nombre  de  huit  ou  neuf  cents  de  chaque  côté,  et 
servent  à  ces  animaux  pour  retenir  leur  nourriture.  La 
taille  de  quelques-unes  est  gigantesque. 

Deux  cônes  adossés  par  leur  base  composent  le  corps 
de  ces  Mammifères.  Le  postérieur  très-étroit  et  relevé 
longitudinalement  en  arête,  s'élargit  à  son  extrémité  pour 
former  la  nageoire  de  la  queue,  tandis  que  le  cône  anté- 
rieur est  interrompu  vers  l'endroit  où  sont  placés  les 
bras,  puis  se  continue  en  avant  d'une  manière  allongée 
et  irrégulière.  Leur  tête  a  une  forme  monstrueuse  et  un 

Pieds.  Pouces. 

«  Longueur 60  » 

«  Hauteur 22  6 

«  Longueur  de  la  mâchoire  inférieure -14  9 

«  Longueur  de  l'aile  ou  nageoire -12  » 

«  Longueur  de  la  pelle  ou  rame 44  » 

«  Hauteur  depuis  la  lèvre  supérieure  jusqu'au  sommet 

de  la  tète \\  7 

«  Trous  par  où  il  jetait  l'eau A  6 

«  Largeur  du  trou  du  gosier 4  6 

«  Hauteur  du  gosier 6  G 

«  Peau  unie,  d'un  blanc-obscur,  ventre  blanc;  la  mâchoire  inférieure 
avait  cinquante  dents  de  six  pouces  de  longueur;  son  poids  était  de  \  .800 
quintaux;  ses  boyaux  remplirent  six  bateaux  de  soixante  quintaux  chacun.  » 


MAMMIFÈRES.  81 

développement  extérieur  considérable.  Leur  cavité  encé- 
phalique ne  correspond  point,  généralement,  à  la  grosseur 
de  leur  tête;  celle-ci  se  joint  au  tronc  par  un  cou  si  court 
et  si  gros  qu'on  n'y  aperçoit  aucun  rétrécissement;  il 
est  composé  par  des  vertèbres  cervicales  très-minces, 
relativement  à  celles  qui  forment  le  reste  de  la  colonne 
vertébrale.  Leur  cavité  pectorale  est  très-large  :  ici  sont 
attachés  les  membres  antérieurs,  qui  ont  les  os  raccour- 
cis, aplatis  et  enveloppés  dans  une  membrane  tendineuse 
qui  leur  donne  la  forme  d'une  véritable  nageoire.  Les 
extrémités  postérieures  manquent  tout-à-fait,  et  le  bassin 
est  composé  par  deux  os  rudimentaires.  Ces  animaux, 
destinés  à  vivre  dans  l'eau,  ont  presque  en  tout  la  forme 
extérieure  des  poissons,  excepté  que  leur  nageoire  cau- 
dale est  verticale,  afin  de  faciliter  leurs  mouvements  et 
de  pouvoir  revenir  souvent  à  la  surface  pour  y  prendre 
de  l'air  et  respirer. 

La  Baleine  n'habite  point  nos  mers;  ce  n'est  qu'à  des 
circonstances  extraordinaires,  que  nous  devons  l'appari- 
tion des  Cétacés  sur  nos  côtes  (du  moins  des  grandes 
espèces).  C'est  toujours  à  la  suite  de  quelque  ouragan 
qu'ils  viennent  s'échouer  sur  le  rivage,  et  ils  sont  ordi- 
nairement dans  un  état  de  putréfaction  plus  ou  moins 
avancé. 

Les  trois  espèces  que  nous  voyons  quelquefois  sur  nos 
côtes,  sont  :  la  Baleinoptère  rorqual,  la  Baleinoptère 
jubarte  et  la  Baleinoptère  museau  pointu. 

1.  Baleinoptère  rorqual,  Balœna  musculus,  Lin. 

Mâchoire  inférieure  arrondie,  plus  avancée  et  beaucoup  plus 
large  que  celle  d'en  haut  ;  tête  courte  à  proportion  de  son  corps 
TOMR  m.  t> 


82  HISTOIRE   NATURELLE. 

et  de  sa  queue  ;  mâchoire  supérieure  garnie  de  fanons  ;  les  évents 
placés  à  la  partie  antérieure  du  front,  sur  une  éminence  pyra- 
midale charnue  très-irrégulière  ;  œil  situé  au-dessus  de  l'angle 
formé  par  la  commissure  des  lèvres,  très-élevé  aux  parties  laté- 
rales de  la  tête  ;  nageoires  pectorales  en  fer  de  lance,  dont  un 
des  angles  est  plus  allongé  ;  des  plis  longitudinaux  sous  la  gorge, 
sous  la  poitrine  et  sur  le  ventre  ;  enveloppe  tégumenteuse  gris- 
d'ardoise  foncé,  gorge,  poitrine  et  partie  du  ventre  blancs. 
Longueur  du  corps,  25ra,60;  circonférence,  12  mètres. 

Une  Baleine  de  ce  genre  échoua  sur  la  côte  de  Saint-Cyprien , 
en  novembre  1828;  j'en  ai  monté  le  squelette,  qui  se  trouve 
aujourd'hui  au  Musée  de  Lyon. 

Voici  quelques  détails  sur  la  charpente  osseuse  de  ce  mammi- 
fère et  les  dimensions  des  parties  les  plus  essentielles  : 

Longueur  totale  du  corps 25,n  60e 

Longueur  de  la  tête 5      » 

Longueur  de  la  mâchoire  inférieure 4    55 

Longueur  des  os  maxillaires  supérieurs 3    60 

Distance  de  l'extrémité  d'une  apophyse  postérieure 

à  l'autre  de  l'os  hyoïde 1     10 

Longueur  des  cornes  de  l'os  hyoïde 1     37 

Soixante  vertèbres  composent  la  colonne  rachi- 
dienne. 

Sept  vertèbres  cervicales  très-aplaties ,  les  apophy- 
ses de  quelques-unes  très-développées. 
Distance  d'une  apophyse  transverse  de  la  seconde 

vertèbre  cervicale  ou  axis »    90 

Quatorze  vertèbres  thorachiques  composent  la  poi- 
trine. 
Longueur  des  plus  grandes  apophyses  épineuses  de 

ces  vertèbres »     52 

Longueur  des  apophyses  latérales »    28 


MAMMIFÈRES.  83 

Quatorze  côtes  très-développées  sont  attachées  à  ces 
dernières  vertèbres,  et  laissent  à  la  poitrine  une  capa- 
cité considérable.  L'homme  de  la  plus  haute  stature 
peut  s'y  promener  sans  toucher  à  la  partie  supérieure. 

Longueur  de  la  plus  longue  côte  qui  est  la  qua- 
trième        2,n  GOc 

Longueur  de  la  dernière 1     68 

Quinze  vertèbres  lombaires  très-compactes,  et  qui 
se  font  remarquer  par  le  développement  très-consi- 
dérable de  toutes  ses  parties  et  annonçant  que  des 
muscles  très-vigoureux  viennent  s'y  attacher  et  lui 
donnent  une  force  prodigieuse. 

Les  apophyses  épineuses  de  cette  région,  ont  de 
longueur »    55 

Les  apophyses  latérales  ont  de  saillie »    28 

Ici  sont  attachés  les  os  du  bassin  qui  sont  rudimen- 
taires  et  ont  une  forme  triangulaire. 

Les  vertèbres  caudales  sont  au  nombre  de  vingt-quatre,  qui 
vont  en  diminuant  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  l'extrémité 
caudale.  Le  corps  des  premières  est  très-développé  et  d'une 
pesanteur  extraordinaire  ;  les  apophyses  sont  plus  épaisses  et 
moins  saillantes,  et  finissent  par  disparaître  tout-à-fait;  les  six 
dernières  vertèbres  n'offrent  point  la  moindre  trace  d'apophyses  ; 
diverses  aspérités  s'y  font  remarquer  et  servent  d'attache  aux 
tendons  des  muscles  qui  la  font  mouvoir.  Un  rang  d'apophyses 
en  forme  de  V  et  au  nombre  de  seize,  composent  une  seconde 
épine  en  dessous  des  vertèbres  caudales  ;  elles  sont  placées  en 
travers  et  s'articulent  à  la  fois  sur  deux  points  des  deux  vertèbres 
correspondantes,  en  commençant  entre  la  trente-septième  et 
trente-huitième,  et  augmentent  de  volume  progressivement  jus- 
qu'à la  quarante-troisième  vertèbre  ;  de  celle-ci,  elles  vont  en 
diminuant  jusqu'à  ce  qu'elles  disparaissent  entièrement  à  la 
cinquante-deuxième.  Ce  rang-  d'apophyses  est  mobile,  et  cela  était 


84  HISTOIRE  NATURELLE. 

nécessaire  pour  laisser  à  la  caudale  toute  la  faculté  de  se  mou- 
voir, afin  de  donner  à  l'animal  l'impulsion  dont  il  a  besoin  pour 
ses  divers  mouvements.  Deux  larges  omoplates  sont  placées  sur 
la  partie  antérieure  et  supérieure  de  la  poitrine  ;  elles  ont  une 
forme  triangulaire,  large  à  la  base  de  lm,25  :  la  hauteur  de  cet 
os,  en  le  mesurant  au  centre,  est  de  74  centimètres;  leurs 
cavités  glénoïdes  sont  larges  -de  21  centimètres  et  hautes  de  25. 
A  ces  os  sont  articulées  les  nageoires  pectorales,  qui  offrent  une 
longueur  de  2m,32  ,  et  une  largeur  de  55  centimètres. 

2.  Baleinoptère  jubarte,  Balcena  boops,  Lin. 

Nuque  élevée  et  arrondie  ;  le  museau  avancé,  large  et  un  peu 
arrondi  ;  des  tubérosités  presque  demi  sphériques  au  devant  des 
évents;  dorsale  courbée  en  arrière.  Longueur  totale,  18  à  20 
mètres  ;  circonférence  du  corps,  8  mètres.  Largeur  de  la 
mâchoire  inférieure,  vers  le  milieu  de  sa  longueur,  lm,50. 

Il  échoua  à  Y  Escale,  tout  près  du  golfe  de  Rosas,  une  Jubarte, 
en  août  de  l'année  1829  ;  elle  mesurait  15m,50.  L'état  de  putré- 
faction dans  lequel  elle  se  trouvait,  et  la  chaleur  qui  se  faisait 
sentir,  furent  cause  qu'on  ne  put  profiter  de  son  squelette  que  la 
mâchoire  inférieure  :  tout  le  reste  fut  enterré  par  ordre  de 
l'autorité. 

5.  Baleinoptère  museau  pointu,  Balœna  rostrata,  Lin. 

Moins  grande  que  toutes  les  autres,  elle  ne  dépasse  guère 
huit  à  neuf  mètres  de  longueur.  Mâchoire  supérieure  garnie 
de  fanons  très-courts  et  blancs,  moins  longue  et  moins  large 
que  l'inférieure,  toutes  deux  très-pointues  ;  ouverture  des  évents 
placée  à  la  partie  supérieure  de  la  tête,  entourée  de  quelques 
tubérosités  irrégulières;  peau  unie,  d'un  blanc  d'ardoise  obscur 
sur  toute  la  partie  supérieure  du  corps;  gorge,  poitrine  et  partie 
de  l'abdomen  d'un  blanc-argenté,  et  garnie  d'une  quantité  de  plis 
longitudinaux  d'un  rose-vif,  susceptibles  d'une  grande  dilatation, 
et  que  l'animal  gonfle  selon  ses  besoins;  yeux  placés  aux  parties 


MAMMIFÈRES.  85 

latérales  et  supérieures  de  la  tête,  parallèles  aux  commissures 
des  lèvres;  nageoires  pectorales  lancéolées;  nageoire  dorsale 
placée  à  peu  près  au-dessus  de  l'anus,  échancrée  et  inclinée  vers 
la  queue;  nageoire  caudale  divisée  en  deux  lobes,  l'échancrure 
qui  les  sépare  étroite  et  profonde. 

En  octobre  18-40,  un  jeune  sujet  de  cette  espèce  échoua  sur 
les  rochers  qui  bordent  la  panlière  des  côtes  de  Collioure.  Son 
squelette,  monté  par  nous,  fait  partie  du  Cabinet  de  la  ville  de 
Perpignan. 

En  voici  les  dimensions  : 

Longueur  totale 5m  40e 

Circonférence  du  corps,  prise  à  la  partie  moyenne 

du  thorax 3  70 

Longueur  de  la  tète 1  30 

Distance  du  bout  du  museau  aux  ouvertures  des 

évents ...  »  95 

Distance  du  bout  du  museau  à  la  commissure  des 

lèvres »  90 

Diamètre  des  orbites  (largeur) »  15 

Id.                Id.     (hauteur) »  10 

Longueur  de  la  mâchoire  inférieure. 1  13 

Sa  circonférence,  à  la  partie  antérieure »  15 

Id.            au  centre »  20 

Id.            auprès  du  condile »  28 

Longueur  des  os  maxillaires  supérieurs »  74 

Largeur  de  leur  base »  15 

Largeur  du  corps  de  l'os  hyoïde »  9 

Distance  de  l'extrémité  d'une  apophyse  postérieure 

à  l'autre »  30 

Longueur  des  cornes  de  l'os  hyoïde »  20 

Longueur  du  sternum , , .  »  15 

Sa  largeur  à  la  partie  supérieure »  10 

Longueur  des  nageoires  pectorales »  80 


80  HISTOIRE   NATURELLE. 

Leur  plus  grande  largeur »,n  24r 

Hauteur  de  l'omoplate  prise  au  centre »  24 

Sa  largeur  à  la  partie  supérieure »  35 

Longueur  de  l'humérus »  12 

Sa  circonférence »  Irï 

Longueur  du  cubitus »  22 

Sa  circonférence  au  centre —  »  12 

Longueur  du  radius »  22 

Sa  circonférence »  8 

Longueur  des  doigts  : 

\<*  doigt »     16 

2rac  doigt »    29 

3rae  doigt »    30 

4me  doigt »    23 

La  colonne  vertébrale  se  compose  de  quarante-cinq 
vertèbres  :  sept  vertèbres  cervicales  très -aplaties; 
douze  vertèbres  thorachiques,  dont  cinq  sternales  et 
sept  abdominales  ;  dix  vertèbres  lombaires  ;  seize  ver- 
tèbres caudales. 

Douze  côtes  :  cinq  sont  attachées  au  sternum  par 
des  cartilages  ;  cinq,  abdominales,  tiennent  aux  car- 
tilages qui  se  prolongent  du  sternum  ;  deux  sont 
flottantes,  la  dernière  est  rudimentaire. 
Longueur  de  la  première  côte  qui  est  très-large. . .       »    32 
Longueur  de  la  quatrième  côte  qui  est  la  plus 

longue »     76 

Longueur  des  plus  longues  apophyses  épineuses 

des  vertèbres  dorsales »    20 

Longueur  des  apophyses  latérales »     10 

Longueur  des  apophyses  épineuses  des  vertèbres 

lombaires »     18 

Longueur  des  apophyses  transverses »      9 


MAMMIFÈRES.  87 

Entre  la  dernière  vertèbre  lombaire  et  la  première  vertèbre 
caudale,  sont  attachés  les  os  du  bassin  qui  sont  rudimentaires. 

Entre  chaque  vertèbre  caudale,  sont  articulées  des  apophyses 
très-fortes,  où  sont  attachés  des  muscles  vigoureux  qui  impriment 
à  cette  partie  de  l'animal,  cette  force  qui  lui  est  nécessaire  pour 
l'aire  mouvoir  cette  masse  dans  l'élément  liquide;  on  sait  que 
toute  la  force  des  Baleine?  réside  dans  leur  queue.  Les  vertèbres 
caudales  diminuent  de  volume  à  mesure  qu'elles  se  rapprochent 
de  l'extrémité  de  la  queue. 

Voilà  donc  trois  échouements  de  Baleines  dans  l'espace  de 
onze  ans,  qui  se  sont  opérés  sur  la  plage  de  la  Méditerranée,  à 
une  distance  de  deux  lieues  :  deux  sur  le  territoire  du  départe- 
ment des  Pyrénées-Orientales,  h  demi-lieue  de  différence  l'un 
de  l'autre,  et  un  dans  le  territoire  espagnol,  peu  distant  de  la 
frontière  française. 


OISEAUX.  89 


CHAPITRE    II. 

ANIMAUX    VEUTÉIiRÉS. 


DEUXIÈME  CLASSE. 
Oiseaux. 

Les  Vertébrés  Ovipares  ont  une  organisation  toute  parti- 
culière. Leur  circulation  et  leur  respiration  sont  doubles; 
leurs  poumons,  très-étendus  dans  de  larges  cavités,  don- 
nent un  libre  passage  à  l'air,  qui  est  distribué  dans  toutes 
les  parties  du  corps  au  gré  de  l'animal.  L'intérieur  même 
des  os ,  dont  les  extrémités  sont  spongieuses ,  ont  la 
propriété  de  retenir  une  portion  d'air,  selon  que  l'Oiseau 
tend  à  s'élever  dans  l'atmosphère  ou  à  s'abaisser;  et  cette 
particularité  était  rigoureusement  nécessaire,  afin  de  les 
rendre  propres  à  se  maintenir  dans  les  régions  aériennes. 

Il  est  peu  de  contrées  de  l'Europe,  d'une  aussi  petite 
étendue  que  le  département  des  Pyrénées-Orientales,  qui 
présentent  autant  d'espèces  différentes  d'Oiseaux  et  surtout 
autant  d'espèces  intéressantes.  Ces  gracieux  habitants  des 
airs  forment  la  classe  la  plus  nombreuse  des  animaux 
vertébrés  :  ils  charment  par  l'élégance  de  leurs  formes, 
par  les  riches  couleurs  du  plumage  et  par  la  modulation 


90  HISTOIRE   NATURELLE. 

de  leur  voix.  C'est  au  lever  de  l'aurore,  au  moment  où 
les  rayons  vivifiants  du  soleil  apparaissent  sur  l'horizon, 
que  tous  les  habitants  des  forêts  s'empressent  de  le  saluer 
par  des  chants  éclatants,  ou  par  de  doux  gazouillements; 
quelques-uns  prolongent  cette  allégresse  jusqu'au  soleil 
couchant;  certains  même  chantent  pendant  la  nuit. 

Le  corps  garni  de  plumes  disposées  de  diverses  ma- 
nières, les  font  soutenir  et  se  balancer  dans  les  airs. 
La  locomotion  aérienne  étant  la  première  puissance  pour 
les  Oiseaux,  elle  exigeait  de  la  nature  des  ailes  solidement 
iixées;  aussi,  voit-on  la  poitrine,  la  partie  la  plus  développée 
de  l'Oiseau,  composée  de  larges  os ,  unis  ensemble  par  de 
puissantes  articulations,  couverts  par  de  forts  muscles, 
qui  donnent  aux  ailes  l'agilité  et  la  force  nécessaires  pour 
exécuter,  dans  le  vol,  tous  les  mouvements  qu'exige  cette 
manière  de  se  transporter  aisément,  et  à  de  grandes  dis- 
tances, d'un  lieu  dans  un  autre.  Les  ailes  ou  membres 
antérieurs,  composées  du  bras,  avant-bras  et  main,  ont 
la  forme  allongée;  elles  sont  couvertes  par  des  plumes 
élastiques  et  celluleuses  qui  étendent  beaucoup  leur  sur- 
face, et  portent,  selon  leur  place,  les  noms  de  tectrices, 
rémiges,  bâtardes  et  scapulaires.  Cette  disposition  n'aurait 
pas  sultt  à  l'Oiseau  pour  le  soutenir  et  le  diriger  dans  les 
airs;  aussi  la  nature  y  a  pourvu,  en  lui  donnant  une  queue 
plus  ou  moins  longue,  composée  d'une  rangée  de  fortes 
pennes,  avec  laquelle  il  dirige  sa  marche  ;  c'est  en  quel- 
que sorte  une  espèce  de  gouvernail.  Cette  disposition  était 
d'autant  plus  nécessaire,  que  les  Oiseaux  qui  ont  une 
queue  très-courte,  ont  ordinairement  les  jambes  longues 
et  disposées  de  manière  à  les  porter  en  arrière,  étendues, 
et  servant,  comme  la  queue,  a  diriger  leurs  mouvements 


t»lSKAl.\.  01 

dans  les  airs.  Plus  une  espèce  a  le  vol  rapide  et  soutenu, 
plus  elle  a  les  pieds  courts  et  la  queue  développée. 

En  général,  le  corps  de  l'Oiseau  est  couvert  de  plumes, 
qui  varient  souvent  par  la  forme,  la  finesse  et  le  coloris. 
C'est,  en  quelque  sorte,  une  espèce  de  tégument  propre 
à  le  garantir  des  rapides  variations  de  température  aux- 
quelles ses  mouvements  l'exposent.  Les  plumes,  ainsi 
que  les  pennes,  sont  composées  d'une  tige  creuse  à  sa 
base  et  de  barbes  plus  ou  moins  grandes;  leur  tissu, 
leur  éclat,  leur  force  varient  à  l'infini.  Ces  beaux  orne- 
ments tombent  une  fois  tous  les  ans,  et  chez  la  plupart 
même  deux  fois  ;  ils  sont  vite  remplacés  par  d'autres  : 
c'est  ce  qu'on  appelle  la  mue,  et  cette  chute  périodique 
ne  se  fait  jamais  sans  que  la  santé  de  l'Oiseau  ne  soit 
compromise.  Dans  certaines  espèces,  le  plumage  ordinaire 
diffère  de  celui  du  printemps ,  qu'on  nomme  plumage 
d'amour,  au  point  qu'on  ne  reconnaît-plus  le  même  Oiseau 
lorsqu'il  est  revêtu  de  cette  robe  :  c'est  ce  changement 
qui  a  donné  lieu  a  de  graves  erreurs.  Ordinairement,  les 
couleurs  du  plumage  sont  moins  vives  chez  la  femelle 
que  chez  le  mâle;  quant  aux  jeunes,  leur  plumage  res- 
semble beaucoup  h  celui  de  la  femelle. 

L'œil  de  l'Oiseau  a  une  forme  orbiculaire;  il  est  disposé 
de  manière  à  distinguer  également  les  objets  de  loin 
comme  de  près.  Son  organisation  a  reçu  les  modifications 
nécessaires  à  ces  deux  facultés  :  outre  les  paupières  ordi- 
naires, l'Oiseau  en  a  une  troisième  placée  à  l'angle  interne 
de  l'œil,  qui,  au  moyen  d'un  appareil  musculaire  remar- 
quable, peut  couvrir  à  volonté  le  devant  de  l'œil  comme 
un  rideau. 

L'organe  de  l'odorat  est  très-sensible  dans  plusieurs 


02  HISTOIRE  NATURELLE. 

espèces;  il  est  caché  dans  l'intérieur  du  bec,  dans  des 
cornets  cartilagineux,  qui  varient  en  complication  selon 
les  espèces. 

Le  toucher  doit  être  très-faible  dans  les  Oiseaux.  D'a- 
bord, leurs  mains  garnies  de  plumes  le  rendent  nul;  le 
bec  est  le  seul  organe  qui  puisse  permettre  ce  sens;  et, 
comme  il  est  toujours  corné,  ce  sens  doit  être  bien 
insensible.  Cependant,  il  doit  y  avoir  des  exceptions; 
car  certains  Oiseaux  cherchent  leur  nourriture  en  plon- 
geant le  bec  dans  la  vase,  et  alors  ce  n'est  qu'à  l'aide  du 
toucher  qu'ils  peuvent  distinguer  les  vermisseaux  ou  les 
larves  des  insectes  aquatiques  dont  ils  font  leur  unique 
nourriture.  Aussi,  l'extrémité  du  bec,  dans  ces  espèces, 
est  ordinairement  longue  et  terminée  par  une  portion  molle 
où  réside  sans  doute  ce  sens;  divers  Gralles  :  les  Vanneaux, 
les  Bécasses,  les  Barges,  les  Courlis,  sont  de  ce  nombre. 
Les  pieds,  disposés,  chez  plusieurs  espèces,  à  gratter  la 
terre  pour  y  prendre  une  partie  de  leur  nourriture,  ne 
peuvent  pas  être  le  siège  du  toucher,  puisqu'ils  sont  re- 
vêtus d'écaillés  en  dessus  et  qu'une  peau  calleuse  couvre 
tout  le  dessous. 

L'ouïe  de  l'Oiseau  est  très-fine.  L'oreille  externe  est 
peu  développée  chez  la  plupart.  Les  Oiseaux  de  nuit  ont 
seuls  une  grande  conque  extérieure,  qui  ne  fait  pourtant 
pas  de  saillie  ;  mais  elle  est  chez  tous  recouverte  par  des 
plumes  à  barbes  plus  effilées  que  les  autres.  L'oreille 
interne  est  plus  développée;  les  canaux  semi-circulaires 
sont  grands  et  logés  dans  une  partie  du  crâne,  environnés 
de  toutes  parts  de  cavités  aériennes  qui  communiquent 
avec  la  caisse  et  qui  rendent  cet  organe  très-sensible. 

La  tête  des  Oiseaux  est  généralement  petite.    Cette 


OISEAUX.  93 

conformation  les  aide  à  fendre  l'air  dans  leur  vol.  Le 
cou  est  plus  ou  moins  long,  toujours  en  proportion 
relative  aux  habitudes  de  l'espèce  et  a  la  longueur  des 
jambes.  Les  Échassiers  ont  les  tarses  longs;  les  Nageurs, 
au  contraire,  les  ont  courts,  et  leurs  doigts  sont  enve- 
loppés d'une  membrane  qui  les  unit,  et  qui  leur  sert  de 
rame;  tandis  que  chez  les  Oiseaux  qui  vivent  dans  les 
forêts,  les  doigts  sont  robustes  et  terminés  par  des  ongles 
crochus,  qui  leur  donnent  la  facilité  de  se  cramponner 
aux  branches  pour  s'y  percher. 

La  conformation  de  l'Oiseau  ne  lui  permet  point  de 
prendre,  chez  tous,  les  aliments  de  la  même  manière. 
Chaque  espèce  est  donc  forcée  de  chercher  sa  nourri- 
ture selon  la  disposition  de  son  bec  et  de  ses  goûts. 
Les  Omnivores  se  contentent  de  toute  sorte  d'aliments; 
les  Rapaces,  de  chair  palpitante;  les  Insectivores  ou 
Becs-Fins  mangent  quelques  baies,  mais  particulièrement 
des  Insectes,  et  les  Granivores  nous  dérobent  une  partie 
du  grain  destiné  à  nous  nourrir,  et  vivent  à  nos  dépens. 
Il  y  a,  cependant,  certaines  modifications  qui  portent  à 
conclure  que  le  choix  des  aliments  est  exclusif  dans 
certaines  espèces.  L'Oiseau  ne  mâche  pas,  il  avale  tout 
d'un  trait;  mais  l'appareil  digestif  est  disposé  de  telle 
manière  que  les  aliments  subissent  diverses  préparations 
avant  d'être  entièrement  digérés.  L'Oiseau  augmente  la 
force  de  son  estomac,  en  avalant  des  graviers  plus  ou 
moins  gros  pour  aider  les  fonctions  de  ce  viscère.  Les 
expériences  faites  pour  prouver  ce  fait,  ont  été  des  plus 
concluantes. 

Lorsque  le  printemps  arrive,  on  voit  les  Oiseaux,  sou- 
ples, vifs,  légers,  chercher  à  payer  à  la  nature  le  tribut 


94  HISTOIRE  NATURELLE. 

de  la  reproduction.  Certains  ne  recherchent  la  femelle 
que  pour  le  plaisir  du  moment  :  ce  sont  les  Polygames  ; 
d'autres,  plus  constants,  partagent  avec  elle  les  soins 
d'élever  leurs  petits  :  ce  sont  les  Monogames ,  qui  la 
secondent  dans  la  construction  du  berceau  destiné  à 
recevoir  bientôt  le  fruit  d'une  union  intime,  et  leur  pré- 
voyance est  vraiment  admirable  à  cet  égard. 

Les  œufs  des  Oiseaux  varient  selon  les  espèces,  non- 
seulement  sous  le  rapport  des  couleurs,  mais  sous  celui 
de  la  forme:  ils  sont  blancs,  ou  bleuâtres,  ou  verts,  ou 
jaunâtres,  ou  fauves,  ou  roux;  ils  sont  bigarrés,  ou  par- 
semés de  taches  de  différentes  grandeurs  et  de  différentes 
nuances.  Ces  taches,  régulièrement  ou  irrégulièrement 
groupées,  tantôt  vers  l'un  ou  l'autre  pôle,  tantôt  dans 
le  milieu  de  l'œuf,  sont  généralement  noires ,  rousses  \ 
rougeâtres  ou  brunes.  La  couleur,  quelle  que  soit  son 
intensité,  est  tout-à-fait  extérieure,  et  ne  forme  sur  la 
coquille  qu'une  couche  légère.  Les  œufs,  pondus  dans 
des  cavités  qui  les  mettent  à  l'abri  de  la  lumière,  sont 
généralement  d'un  blanc  pur,  rarement  piquetés  ou  ta- 
chetés :  tels  sont  ceux  des  Hiboux ,  des  Pics,  des  Marti- 
nets, des  Guêpiers,  des  Martins-Pêcheurs ,  de  quelques 
Mésanges,  etc. 

Quant  à  la  forme  des  œufs  et  à  leur  volume,  rien  n'est 
plus  variable.  Depuis  celui  que  l'Autruche  confie  au  sable 
du  désert,  jusqu'à  celui  que  l'Oiseau-Mouche  dépose  sur 
l'ouate,  on  trouve,  sous  ces  deux  rapports,  toutes  les 
différences  possibles. 

«  Lorsque  les  nids  sont  faits;  lorsque  les  œufs  sont 
pondus,  c'est  à  peine  si  les  sollicitudes  maternelles  ont 
commencé  :  alors,  c'est  le  soin  pénible  de  l'incubation. 


OISEAUX.  M 

Il  faut  que  ces  tendres  mères,  oublieuses  de  leurs  autres 
besoins,  et  redevables  quelquefois  à  leurs  mâles  du  peu 
de  nourriture  qu'elles  prennent,  demeurent  accroupies 
sur  les  œufs  jusqu'au  moment  où  ils  éclosent.  Il  est  des 
espèces  chez  lesquelles  le  couple  se  partage  le  soin  de 
couver  :  ce  sont ,  en  général ,  celles  qui  vivent  en  mono- 
gamie. A  des  heures  fixes,  la  femelle  peut  vaquer  à  ses 
besoins,  sans  que  les  œufs  qu'elle  abandonne,  aient  à  souf- 
frir de  l'action  de  l'air  ;  car  le  maie  la  remplace  alors  dans 
ces  fonctions.  Beaucoup  d'Oiseaux  d'eau,  parmi  ceux  qui 
nichent  en  commun,  pondent  et  couvent  aussi  en  commun. 
Une  femelle  communiquera  sa  chaleur  à  ses  œufs ,  aussi 
bien  qu'à  ceux  de  sa  voisine.  Il  est  d'autres  espèces  qui, 
vivant  en  polygamie,  doivent  seules  prendre  souci  de  leur 
couvée,  comme  aussi  elles  veilleront  seules  à  l'éducation 
de  leurs  petits.  Mais  alors,  par  une  prévoyance  que  leur 
instinct  leur  dicte,  elles  ont  soin,  toutes  les  fois  qu'elles 
abandonnent  le  nid  qui  recèle  leurs  œufs,  de  recouvrir 
ceux-ci  soit  de  feuilles  sèches,  soit  de  plumes  que,  préala- 
blement, elles  ont  arraché  de  leur  ventre.  L'édredon,  cette 
matière  douce  et  élastique ,  que  la  sensualité  humaine  a 
su  si  bien  utiliser,  n'est  autre  chose  que  le  duvet  dont 
l'Eider  (Anas  mollissima)  enveloppe  ses  œufs,  et  qu'il 
fait  tomber  de  tout  son  corps ,  mais  principalement  de 
l'abdomen.  Toutes  les  femelles  polygames  ne  prennent 
pas ,  il  est  vrai ,  les  mêmes  précautions  :  il  en  est  beau- 
coup qui  vont  pourvoir  à  leur  subsistance,  sans  paraître 
avoir  souci  de  ce  qu'elles  abandonnent;  mais  la  plupart  de 
celles-ci  ont  rendu  toute  précaution  inutile,  en  choisis- 
sant, pour  y  faire  leur  ponte,  des  lieux  abrités  et  exposés 
au  midi.  Enfin,  il  n'est  pas  d'Oiseau,  qui,  par  ses  actes, 


90  HISTOIRE   NATURELLE. 

ne  trahisse  l'attachement  qu'il  a  pour  les  produits  émanés 

de  son  sein ,  et  destinés  à  le  perpétuer 

«  Les  Oiseaux  qui  viennent  de  naître,  n'ont  pas  immé- 
diatement besoin  de  prendre  de  nourriture.  Ils  peuvent 
même,  sans  inconvénient,  supporter  une  abstinence  de 
deux  ou  trois  jours;  car  la  vésicule  ombilicale  (organe 
qui  renferme  les  matériaux  nécessaires  à  leur  dévelop- 
pement ovarien)  rentre  chez  eux  dans  l'abdomen,  encore 
assez  pourvue  de  matière  nutritive,  pour  qu'ils  puissent  se 
passer  de  tout  autre  aliment;  mais  tous  réclament,  a  des 
degrés  différents,  les  soins  de  leurs  parents.  Ils  éclosent 
nus  et  faibles;  peu  à  peu  ils  se  couvrent  de  duvet;  puis 
viennent  les  plumes.  Ce  n'est  que  lorsque  celles-ci  ont 
acquis  un  certain  accroissement;  ce  n'est  que  lorsqu'ils 
pourront  se  servir  de  leurs  ailes,  que,  prenant  leur  essor, 
ils  abandonneront  le  nid  dans  lequel  le  père  et  la  mère 
les  ont  alternativement  nourris  W » 

«  Les  habitudes  des  Oiseaux ,  dit  Buffon ,  ne  sont  pas 
aussi  libres  qu'on  pourrait  se  l'imaginer.  Leur  conduite 
n'est  pas  le  produit  d'une  pure  liberté  de  volonté,  ni  même 
un  résultat  de  choix,  mais  un  effet  nécessaire  qui  dérive 
de  l'exercice  de  leurs  facultés  physiques.  Déterminés  et 
fixés  chacun  à  la  manière  de  vivre  que  cette  nécessité 
leur  impose ,  nul  ne  cherche  à  l'enfreindre  et  ne  peut 
s'en  écarter;  c'est  par  cette  nécessité,  tout  aussi  variée 
que  leurs  formes ,  que  se  sont  trouvés  peuplés  tous  les 
districts  de  la  nature.  L'Aigle  ne  quitte  point  ses  rochers 
ni  le  Héron  ses  rivages  :  l'un  fond  du  haut  des  airs  sur 

(  I  )  Z.  Gerbe,  Dictionnaire  universel  d'Histoire  Naturelle,  de  Ch.  d'Orbigny, 
tome  IX,  p.  46. 


OISEAUX.  97 

l'Agneau,  qu'il  enlève  ou  déchire,  par  le  seul  droit  que 
lui  donne  la  force  de  ses  armes,  et  par  l'usage  qu'il  fait 
de  ses  serres  cruelles;  l'autre,  le  pied  dans  la  fange, 
attend,  à  l'ordre  du  besoin,  le  passage  de  sa  proie 
fugitive;  le  Pic  n'abandonne  jamais  la  tige  des  arbres  à 
l'entour  de  laquelle  il  lui  est  ordonné  de  ramper;  la 
Barge  doit  rester  dans  ses  marais,  l'Alouette  dans  ses 
sillons,  la  Fauvette  sous  ses  bocages;  et  ne  voyons-nous 
pas  tous  les  Oiseaux  granivores  chercher  les  pays  habités, 
et  suivre  nos  cultures,  tandis  que  ceux  qui  préfèrent  à  nos 
grains,  les  fruits  sauvages  et  les  baies,  constants  à  nous 
fuir,  ne  quittent  pas  les  bois  et  les  lieux  escarpés  des 
montagnes,  où  ils  vivent  loin  de  nous  et  seuls  avec  la 
nature,  qui,  d'avance,  leur  a  dicté  ses  lois  et  leur  a 
donné  les  moyens  de  les  exécuter?  Elle  retient  la  Geli- 
notte sous  l'ombre  épaisse  des  sapins,  le  Merle  solitaire 
sur  son  rocher,  le  Loriot  dans  les  forêts,  dont  il  fait 
retentir  les  échos,  tandis  que  l'Outarde  va  chercher  les 
friches  arides,  et  le  Râle  les  humides  prairies.  Les  lois 
de  la  nature  sont  des  décrets  éternels,  immuables,  aussi 
constants  que  la  forme  des  êtres.  » 

S'il  a  été  possible  de  découvrir  les  lois  qui  régissent 
la  distribution  des  Mammifères  à  la  surface  du  globe;  s'il 
a  été  facile  d'assigner  à  chacun  d'eux  une  patrie,  et  par- 
conséquent  une  circonscription  géographique,  la  difficulté 
a  été  grande  lorsqu'on  a  voulu  entreprendre  pour  les 
Oiseaux  ce  qu'on  avait  fait  pour  les  Mammifères.  Dans 
l'impossibilité  où  l'on  s'est  trouvé  de  pouvoir  circonscrire 
géographiquement  les  Oiseaux  d'après  des  lois  certaines, 
on  s'est  borné  à  faire  une  récapitulation  numérique  des 
espèces  observées  dans  les  diverses  contrées  du  globe. 


«)8  HISTOIRE   NATURELLE. 

Ainsi,  l'on  a  reconnu  que  l'Europe  et  l'Afrique  australe 
comptent  environ  cinq  cents  espèces;  les  États-Unis 
d'Amérique  quatre  cents;  le  Brésil  et  les  îles  de  l'Archipel 
plus  d'un  mille;  les  parties  explorées  de  la  Nouvelle- 
Hollande  à  peu  près  trois  cents,  etc.  Dans  cette  nomen- 
clature, le  département  des  Pyrénées-Orientales  compte, 
à  lui  seul,  trois  cent  trente-huit  espèces  et  plusieurs 
variétés. 

«  La  singularité  que  présente  l'organisation  des  Oiseaux, 
dit  Gerbe;  la  variété  de  leurs  mœurs,  de  leur  chant,  etc., 
sont  des  circonstances  dignes  de  l'attention  des  natura- 
listes; mais,  pour  étudier  avec  fruit  ces  circonstances, 
dans  tous  leurs  détails,  il  était  nécessaire,  avant  tout, 
que  l'on  pût  distinguer  avec  précision  les  espèces  dans 
lesquelles  on  voulait  les  observer;  et,  c'est  pour  arriver 
plus  facilement  à  cette  distinction,  que  les  naturalistes 
ont  besoin  de  créer  la  nomenclature  et  la  méthode, 
c'est-a-dire  ces  deux  parties  fondamentales  de  la  science, 
qui  consistent,  l'une  à  imposer  des  noms  aux  objets,  et 
l'autre  à  disposer  ces  objets  selon  leurs  rapports  ou  affi- 
nités réciproques  (1>.  » 

Parmi  les  auteurs  qui  ont  essayé  de  classer  systéma- 
tiquement et  méthodiquement  les  Oiseaux,  nous  comptons 
un  de  nos  compatriotes.  Le  docteur  Barrère,  membre  cor- 
respondant de  l'Académie  des  Sciences  de  Paris,  dans  son 
Ornithologiœ  spécimen  novum(\7A5),  distribue  les  Oiseaux 
en  quatre  classes  :  celle  des  Palmipèdes,  parmi  lesquels 
compte  le  genre  Avocette;  celle  des  Semipalmipèdes,  pour 
les  espèces  dont  quelques  auteurs  ont  fait  de  nos  jours 

(I)  Ouvrage  ri  lé. 


OISEAUX.  99 

l'ordre  des  Pinnatipèdes;  une  troisième  pour  celles  qu'il 
nomme  Fissipèdes,  dans  laquelle  se  trouvent  confondus 
les  Phœnicoptères,  les  Oiseaux  de  proie,  les  Perroquets, 
l'Autruche;  une  quatrième,  enfin,  pour  les  Semi fissipèdes, 
dont  font  indifféremment  partie  les  genres  Héron,  Martin- 
Pêcheur,  Perdrix,  etc. 

Mais,  de  tous  les  systèmes  proposés,  celui  de  Tem- 
minck  l'emporte  sur  les  autres  par  la  simplicité  de  la 
méthode  et  surtout  par  une  classification  fondée,  non- 
seulement,  sur  les  caractères  physiques,  mais  aussi  sur 
les  mœurs  et  le  genre  de  vie  des  Oiseaux.  C'est  celui 
que  nous  avons  adopté;  et,  comme  cet  auteur,  nous 
diviserons  les  Vertébrés  Ovipares  en  seize  ordres. 

1er  ordre Rapaces Rapaces. 

2e  ordre Omnivores Omnivores. 

3e  ordre Insectivores Insectivores. 

4e  ordre Granivores Granivores. 

5e  ordre Zigodactyles Zigodaetyli. 

6e  ordre , .     Anisodactvles Anisodactyli . 

7e  ordre Alcyons Alcyones. 

8e  ordre Chélidons Chelidones. 

9e  ordre Pigeons Columbœ. 

10e  ordre Gallinacés Gallinœ. 

11e  ordre Alectorides Alecto7'ides. 

12e  ordre Coureurs > . . .     Cursores. 

13e  ordre Gralles Grallatores. 

14e  ordre Pinnatipédes Pinnatipedes. 

15é  ordre Palmipèdes Palmipèdes. 

16e  ordre Inertes    Inertes. 


10<!  HISTOIRE   NATURELLE. 

PREMIER  ORDRE. 

RAPACES. 

Les  Oiseaux  qui  composent  cet  ordre ,  et  qu'on  appelle 
Oiseaux  de  proie,  sont  tous  inconnaissables  à  leur  bec  et 
à  leurs  ongles  crochus,  acérés,  rétractiles  et  arqués; 
c'est  avec  ces  armes  redoutables  qu'ils  font  une  guerre 
continuelle  et  acharnée  aux  autres  Oiseaux  et  même  aux 
Quadrupèdes,  ainsi  qu'aux  Reptiles  et  aux  Poissons. 
Presque  tous  se  nourrissent  de  chair.  Les  uns  purgent 
la  terre  des  cadavres;  les  autres  attaquent  les  animaux 
vivants,  soit  Mammifères  ou  Oiseaux;  quelques-uns  de 
ceux-ci  ne  font  la  chasse  qu'aux  Poissons  et  aux  Reptiles; 
un  petit  nombre  (ce  sont  les  espèces  les  moins  grandes) 
ne  se  nourrissent  que  d'Insectes,  particulièrement  de 
Coléoptères.  Doués  d'un  organe  de  vision  très-parfait, 
ils  découvrent  des  régions  aériennes  les  plus  élevées, 
l'animal  qui  doit  leur  servir  de  pâture,  et,  munis  d'armes 
redoutables,  ils  sont  la  terreur  des  autres  Oiseaux. 

Ils  sont  divisés  en  Diurnes  et  en  Nocturnes. 

Oiseaux  de  proie  diurnes. 

GENRE   PREMIER. 

Vautour,  Vultur,  Illig. — Cette  classe  est  appelée 
en  catalan  VoUor. 

Caractères. — Yeux  petits,  à  fleur  de  tête,  qui  est  petite 
par  rapport  à  la  grosseur  du  corps;  narines  nues,  laté- 
rales, percées  diagonalement  vers  les  bords  de  la  cire; 
les  tarses  nus  et  réticulés  ;  bec  droit  et  crochu  vers  le 


OISEAUX.  101 

bout;  une  partie  de  la  tète  et  du  cou  toujours  plus  ou 
moins  dénudée  de  plumes,  souvent  remplacées  par  un 
duvet. 

1.  Vautour  oricou,  Vullur  auricularis ,  Doub.;  très-rare. 

C'est  dans  la  vallée  de  Saint-La urent-de-Cerdans  et  de  La 
Minière,  surtout  vers  les  escarpements  de  Sant-Anyol,  qu'on 
appelle  Cingles  de  Sant-Anyol,  qu'on  le  voit  quelquefois. 

2.  Vautour  arrian,  Vullur  cinereus,  Lin.;  rare. 

3.  Vautour  griffon,   Vullur  fulvns,  Lin. 

Ces  deux  Vautours  deviennent  plus  rares  de  jour  en  jour.  Ils 
arrivent  au  printemps,  et  se  répandent  dans  les  vallées  profondes 
des  Pyrénées;  ils  choisissent  les  lieux  les  plus  escarpés  pour  y 
élever  leur  famille  ;  on  les  voit  rarement  dans  la  plaine ,  à 
moins  qu'ils  n'y  soient  attirés  par  l'appât  de  quelques  animaux 
morts,  dont  les  émanations  emportées  parle  vent  arrivent  jusqu'à 
eux.  Ils  sont  solitaires;  mais,  si  le  cadavre  d'un  bœuf  ou  d'un 
cheval  est  jeté  dans  quelque  lieu  écarté  des  populations,  on  les 
voit,  par  troupes,  venir  partager  et  se  disputer  cette  nourriture; 
ils  se  livrent  entre  eux  des  combats  très-acharnés.  Ils  sont  très- 
avides;  et,  s'ils  font  parfois  de  longs  jeûnes,  ils  se  dédommagent 
bien  lorsqu'ils  en  trouvent  l'occasion.  Quand  ils  sont  repus,  ils 
perdent  de  leur  agilité  et  de  leur  férocité.  C'est  ainsi  qu'une 
femme  du  Boulou  en  prit  un  qui  avait  son  estomac  si  distendu, 
qu'il  ne  pouvait  bouger.  Elle  lui  enveloppa  la  tète  avec  son 
tablier,  lui  attacha  les  pattes,  et  nous  l'apporta  dans  cet  état. 

Un  charretier  prit  un  Vautour- Arrian  de  la  même  manière. 
L'animal  vomit  des  aliments  en  si  grande  abondance,  que  cet 
homme,  étonné  de  leur  volume,  eut  la  curiosité  d'en  constater 
le  poids,  qui  fut  de  7  kilogrammes. 

4.  Vautour  chasse-fiente,  Vullur  Kolbii,  Daub. 

On  distingue  facilement  celte  espèce  des  autres,  par  ses  formes 


10:2  HISTOIKE   NATURELLE. 

plus  trapues,  par  la  teinte  générale  du  plumage,  de  couleur  de 
café-au-lait  clair.  Les  vieux  sont  d'un  isabelle-blanchâtre.  Les 
plumes  des  ailes  et  des  parties  inférieures,  sont  toujours  arrondies 
à  leur  bout,  tandis  qu'elles  sont  pointues  chez  les  autres.  La 
collerette  est  plus  fournie  de  plumes  effilées. 

Nous  en  avons  possédé  un  individu  qui  était  tout-à-fait  couleur 
de  suie,  sans  la  moindre  tache.  Le  Chasse -Fiente  vit  sur  les 
montagnes  des  contreforts  du  Ganigou,  dans  les  bois  des  environs 
de  la  Tour  de  Batère. 

GENRE   DEUXIÈME. 

Catharte,  Cathartes,  Temm. 

Caractères.  —  Bec  droit,  long,  comprimé,  mince, 
entouré  à  sa  base  d'une  cire  atteignant  la  moitié  du  bec; 
mandibule  supérieure  renflée  vers  la  pointe  et  crochue; 
l'inférieure  plus  courte ,  obtuse  à  sa  pointe  ;  narines 
longitudinalement  fendues,  larges  et  percées  de  part 
en  part. 

1.  Catharte  alimoche,  Cathartes  percnopterus,  Temm. 

Cette  intéressante  espèce,  décrite  comme  étant  de  Nonvége  et 
d'Egypte,  est  commune  dans  les  montagnes  calcaires  qui  nous 
séparent  du  département  de  l'Aude  (les  Corbières)  et  sur  les 
Albères,  où  elle  se  reproduit.  Vers  la  fin  de  l'été,  les  jeunes  se 
répandent  dans  nos  plaines,  où  ils  trouvent  une  nourriture  plus 
abondante  que  sur  les  montagnes  :  ils  se  plaisent  à  voler  le  long 
des  cours  d'eau.  On  voit  souvent  les  vieux,  qu'on  reconnaît  de 
suite  à  leur  plumage,  venir  voler  le  long  de  nos  rivières  pendant 
le  temps  qu'ils  élèvent  leurs  petits.  C'est  probablement  l'appât 
des  cadavres  d'animaux  qu'on  y  jette  habituellement,  qui  les 
attire  dans  ces  lieux. 


oiseaux.  103 

GENRE  TROISIÈME. 

Gypaète,  Gypaëtus ,  Stor. 

Caractères.  —  Bec  fort,  long;  mandibule  supérieure 
exhaussée  vers  la  pointe,  qui  se  courbe  en  crochet;  un 
bouquet  de  poils  raides  sous  la  mandibule  inférieure 
formant  une  barbe;  narines  transversales,  cachées  sous 
des  poils  raides  dirigés  en  avant;  pieds  courts;  tarses 
emplumés  jusqu'à  la  racine  des  doigts;  ongles  faibles, 
peu  crochus. 

1.  Gypaète  barbu,  Gypaëtus  barbatus ,  Cuv.;  en  catalan 
Trencalôs  (Casseur  d'os). 

C'est  le  plus  grand  des  Oiseaux  de  proie  de  l'ancien  monde. 
Il  choisit  les  lieux  les  plus  escarpés  de  nos  montagnes,  et  par 
conséquent  les  moins  fréquentés.  La  Roca  de  Nos,  dans  les  environs 
de  Villefranche,  point  inaccessible,  voit  tous  les  ans  ce  Vautour 
y  élever  sa  famille.  Les  gorges  retirées  du  Bac  de  Bolquère,  les 
roches  à  l'entrée  de  la  vallée  d'Eyne,  sont  les  endroits  qu'il  choisit 
encore.  C'est  le  véritable  Trencalôs  de  Barrère  (Casseur  d'os). 
Il  a  l'habitude,  lorsqu'une  charrogne  est  dépouillée  de  ses  chairs, 
d'en  prendre  les  os  avec  ses  serres,  de  s'élever  à  une  hauteur 
prodigieuse,  et  de  les  laisser  tomber  sur  les  rochers,  où  ils  se 
brisent  ;  alors  il  s'abat  sur  ces  éclats ,  qu'il  avale  et  qu'il  digère 
parfaitement.  J'ai  nourri  un  de  ces  Gypaètes  pendant,  longtemps, 
et  je  me  suis  convaincu  que  ce  n'est  pas  la  faim  qui  lui  fait  choisir 
cette  nourriture  :  il  paraît  qu'elle  lui  est  nécessaire  pour  exercer 
les  forces  de  son  estomac;  car,  bien  qu'il  eût  d'autres  aliments, 
il  donnait  souvent  la  préférence  à  des  fémurs  et  à  des  tibias  que 
j'avais  cassés.  Lorsqu'il  était  nourri  avec  des  os  seulement,  il 
buvait  beaucoup,  et  ses  excréments  étaient  très-durs:  ils  ressem- 
blaient à  de  la  craie  (album  grecum).  Cet  animal  était  très-privé, 
et  ne  faisait  aucun  mal,  à  moins  <|ii'on  ne  l'irritât. 


104  HISTOIRE    NATURELLE. 

M.  Fournols,  de  Villefranche ,  avait  privé  un  Gypaète  barbu, 
qu'il  gardait  depuis  trois  ans.  Cet  Oiseau  allait ,  pendant  le  jour, 
sur  la  montagne  et  revenait  la  nuit  chez  son  maître.  Il  ne  man- 
quait jamais  de  monter  à  la  citadelle  à  dix  heures  du  matin  et 
à  quatre  heures  du  soir,  parce  que  c'était  l'heure  des  repas  des 
militaires,  qui  lui  donnaient  à  manger.  Lorsque,  dans  les  rues 
de  la  ville,  il  voyait  les  soldats  revenir  de  la  distribution  de  la 
viande,  il  cherchait  à  leur  barrer  le  passage  en  étendant  ses 
ailes,  et  en  criant  comme  si  on  l'eût  irrité;  on  lui  jetait  un  débris 
qu'il  dévorait  aussitôt,  et  laissait  passer  l'escouade. 

Je  n'ai  jamais  vu  cet  animal  se  jeter  sur  la  proie  vivante,  quoi- 
qu'il fût  pressé  par  la  faim.  Je  l'ai  laissé  jeûner  exprès,  et  j'ai  mis 
avec  lui  des  Lapins,  des  Chats,  des  Poules;  il  n'a  jamais  osé  les 
attaquer,  tandis  qu'il  se  jetait  avec  voracité  sur  leur  cadavre,  dès 
qu'on  lui  en  présentait  un. 

La  domesticité  influerait-elle  sur  son  courage? 

Cuvier  dit,  cependant,  qu'il  attaque  les  Agneaux,  les  Chèvres, 
les  Chamois,  et  même,  à  ce  que  l'on  dit,  Içs  Hommes  endormis;  on 
prétend  qu'il  lui  est  arrivé  d'enlever  des  enfants. 

Tout  cela  est  bien  hasardé;  et,  malgré  la  force  de  ce  Vautour, 
je  crois  qu'il  n'attaque  pas  les  animaux  vivants,  et  encore  moins 
l'homme. 

Il  est  probable  que  ces  Vautours  étaient  plus  répandus  sur  nos 
montagnes,  lorsqu'elles  étaient  moins  fréquentées  et  plus  garnies 
de  forêts;  car  certaines  localités  conservent  encore  la  dénomi- 
nation de  Roche  des  Vautours  (Roc  dels  Voltors).  En  Capcir,  on 
croit  encore  qu'une  partie  de  la  peau  du  jabot,  appliquée  sur  la 
région  épigastrique,  relève  les  forces  de  l'estomac  et  donne  de 
l'appétit.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  qu'on  ne  doit  pas  ajouter  foi 
à  de  pareilles  erreurs,  que  la  crédulité  et  l'ignorance  des  peuples 
perpétue. 

Cette  espèce  hiverne  dans  le  département. 


OISEAUX.  105 

GENRE    QUATRIÈME. 

Faucon,  Falco,  Lin.;  en  catalan  Falco ,  Tagarrot, 
Xuriguer. 

Caractères.  —  Tête  couverte  de  plumes;  bec  crochu, 
souvent  courbé  dans  sa  base.  Chez  les  uns,  les  tarses 
sont  emplumés,  chez  les  autres,  couverts  d'écaillés; 
ongles  très-crochus  et  mobiles;  narines  latérales,  ouver- 
tes, arrondies  ou  ovoïdes,  percées  dans  la  cire.  La 
femelle  est  généralement  plus  grande  que  le  mâle;  et 
c'est  à  cause  de  cela  que  ce  dernier  est  désigné  sous  le 
nom  de  Tiercelet. 

lre  Division.  —  Faucons  proprement  dits. 

Oiseaux  de  rapine  nobles.  Leur  port,  l'ensemble  de 
leurs  formes  et  les  mouvements  qu'ils  exécutent,  portent 
les  indices  de  leur  manière  de  vivre  et  de  se  nourrir, 
différentes  de  celles  propres  aux  Vautours,  aux  Cathartes 
et  aux  Gypaètes.  La  force  et  la  ruse  forment  les  apanages 
de  cette  grande  famille  de  Rapaces.  Ils  sont  pourvus 
d'armes  offensives  que  les  genres  d'Oiseaux  de  rapine 
ignobles,  n'ont  point  reçues  en  partage;  les  moyens  de 
vol,  de  préhension  et  de  vision  des  uns  et  des  autres, 
sont  aussi  très-différents.  Ils  portent  de  chaque  coté  de 
la  mandibule  supérieure,  une  et  quelquefois  deux  échan- 
crures  ou  dents.  Le  courage  qu'ils  mettent  à  poursuivre 
une  proie  les  a  fait  longtemps  rechercher  pour  la  chasse 
au  vol.  Le  nom  d'Oiseaux  de  proie  nobles,  qui  leur  a  été 
donné,  leur  vient  probablement  de  la  prérogative  attachée 
autrefois  au  droit  de  fauconnerie,  prérogative  dont  la 
seule   noblesse   était    en    possession.   Celte  chasse,  en 


100  HISTOIRE  NATURELLE. 

Europe,  n'est  plus  usitée  que  dans  quelques  provinces 
de  l'Allemagne ,  où  l'on  voit  encore  des  Jockeis-Clups 
faire  leurs  délices  de  la  chasse  au  Faucon. 

1.  Faucon  gerfaut,  Falco  islandicus,  Lath. 

De  passage,  au  printemps,  dans  notre  pays  de  la  plaine.  Il  n'y 
séjourne  pas  beaucoup;  se  tient  dans  les  lieux  couverts,  nos 
olivettes  surtout;  il  fait  sa  nourriture  de  petits  Quadrupèdes, 
des  Oiseaux,  sur  lesquels  il  s'élance  avec  une  rapidité  étonnante, 
le  plus  souvent  en  se  laissant  tomber  en  ligne  perpendiculaire 
sur  la  proie  qu'il  a  découverte,  et  qu'il  emporte  dans  ses  serres 
pour  aller  la  dépecer  dans  un  lieu  sûr. 

2.  Faucon  lanier,  Falco  lanarius,  Lin. 

On  le  voit,  presque  tous  les  ans,  dans  nos  plaines  boisées, 
mais  en  petit  nombre.  11  vit  aussi  de  proie  vivante;  il  fait  la 
cbasse  aux  petits  Oiseaux. 

o.  Faucon  pèlerin,  Falco  peregrinus,  Lin. 

Habite  ordinairement  nos  régions  élevées;  quelquefois,  il  des- 
cend dans  la  plaine.  Il  est  fort,  trapu;  son  courage  et  sa  vigueur 
le  rendent  redoutable;  il  attaque  la  proie  de  front  et  la  terrasse. 
Il  rôde  souvent  autour  des  maisons  de  campagne  voisines  des  fo- 
rêts pour  y  saisir  les  Poules  et  les  Pigeons  qu'il  emporte  dans  ses 
serres.  Nos  paysans  l'appellent  Menge  Ga/Jmes(Mangeur  de  Poules). 

i.  Faucon  hobereau,  Falco  subbuteo,  Lath.;  en  catalan 
Falco  de  las  mostaxes  nègres. 
Le  Hobereau  est  très-commun  dans  nos  contrées;  il  niche  dans 
les  trous  des  hautes  tours  et  des  fortifications,  dans  les  rochers 
inaccessibles  des  contrées  basses  des  Corbières;  nous  le  voyons 
en  toute  saison.  Il  se  nourrit  de  petits  Oiseaux;  il  poursuit  les 
volées  de  Pinsons  dans  nos  olivettes,  ainsi  que  les  Alouettes;  les 
Grives  même  sont  aussi  attaquées  par  cet  Oiseau. 


01SLAUX.  10" 

5.  Faucon  émérillon,  Falco  œsalon,  Temm.;  en  catalan 

Petit  Falco. 
Cette  espèce  est  très-commune  dans  nos  environs;  elle  est  aussi 
la  plus  petite  que  nous  ayons  vue,  et  pourtant  elle  est  très-intrépide 
à  la  chasse  des  Alouettes  et  d'autres  petits  Oiseaux.  Elle  se  repro- 
duit dans  ce  pays;  elle  niche  sur  le  haut  des  arbres  et  dans  les 
trous  des  vieux  murs. 

6.  Faucon  cresserelle,  Falco  tinnunculus,  Lin.;  en  catalan 

Muxet. 
La  Cresserelle  abonde  dans  notre  contrée  ;  elle  habite  les  murs 
des  fortifications  de  la  citadelle  et  les  premiers  étages  de  nos 
montagnes;  elle  fait  une  chasse  acharnée  aux  petits  Oiseaux,  aux 
Souris,  Mulots,  Grenouilles,  Lézards  et  Hannetons.  Elle  se  soutient 
longtemps  dans  l'air  à  une  grande  élévation ,  en  répétant  un  cri 
très-aigu,  et  se  laisse  tomber  comme  la  foudre  sur  la  proie  qu'elle 
a  guettée.  Cette  espèce  se  reproduit  dans  ce  pays  ;  elle  varie 
beaucoup  dans  les  couleurs  de  son  plumage,  suivant  l'âge. 

7.  Faucon  cresserellette,  Falco  tinnunculoïdes,  Natter. 
Cette  espèce  est  très-rare  ;  elle  ressemble  assez  à  la  Cresse- 
relle, quoique  pourtant  plus  petite;  mais  ce  qui  la  distingue  d'une 
manière  constante,  ce  sont  ses  ongles  qui  sont  blancs,  tandis  qu'ils 
sont  noirs  dans  la  Cresserelle.  Se  tient  habituellement  dans  les 
montagnes  arides  et  calcaires  de  Saint-Anloine-de-Galamus. 
Sa  nourriture  consiste  en  Insectes. 

8.  Faucon  à  pieds  rouges  ou  kobez,  Falco  rufipes,  Beclist. 
Le  Faucon-Kobez  est  assez  rare.  Nous  passons  quelques  années 

sans  le  remarquer;  et  son  apparition  n'a  lieu  qu'accidentellement. 
Toutefois,  cette  espèce  est  portée  abondamment  à  notre  marché 
dans  certaines  circonstances.  Nous  ne  pensons  pas  qu'elle  niche 
dans  la  contrée,  quoique  nous  l'ayons  observée  aussi  bien  au 
printemps  qu'en  automne.  Elle  fréquente  d'ordinaire  les  jardins, 


108  HISTOIRE   NATURELLE. 

où  elle  doit  être  attirée  par  le  nombre  d'insectes  qui  s'y  trouvent, 
et  dont  elle  fait  sa  principale  nourriture.  Ce  sont  les  jardiniers 
qui  l'apportent  au  marché.  Ils  reconnaissent,  au  cri  aigu  qu'elle 
fait  entendre,  le  lieu  où  elle  se  pose  dans  les  jardins:  ordinai- 
rement c'est  au  sommet  des  grands  arbres.  Nous  n'avons  pas 
vu  d'Oiseau  dont  le  plumage  soit  plus  changeant;  il  n'y  en  a  pas 
deux  qui  se  ressemblent  d'une  manière  complète,  si  ce  n'est  par 
les  pieds  et  le  tour  des  yeux  qui  sont  constamment  rouge-cramoisi. 

2me  Division.  —  Aigles  proprement  dits. 

«  L'Aigle ,  dit  Buffon ,  est  le  roi  des  Oiseaux.  Il  a 
plusieurs  convenances  physiques  et  morales  avec  le  Lion  : 
la  force ,  et  par  conséquent  l'empire  sur  les  autres 
Oiseaux,  comme  le  Lion  sur  les  Quadrupèdes,  la  magna- 
nimité. Ils  dédaignent  l'un  et  l'autre  les  petits  animaux 
et  méprisent  leurs  insultes;  ce  n'est  qu'après  avoir  été 
longtemps  provoqué  par  les  cris  importuns  de  la  Corneille 
ou  de  la  Pie,  que  l'Aigle  se  détermine  à  les  punir  de 

mort C'est  de  tous  les  Oiseaux,  celui  qui  s'élève  le 

plus  haut  et  dont  le  vol  est  le  plus  rapide.  » 

Caractères. — Bec  fort,  assez  long,  ne  se  courbant 
point  subitement  dès  sa  base;  pieds  forts,  nerveux; 
tarses  nus  ou  couverts  de  plumes;  doigts  robustes, 
armés  d'ongles  formidables  et  très-courbés.  Les  Aigles 
sont  la  terreur  des  habitants  de  l'air,  autant  par  la 
puissance  de  leur  vol ,  que  par  leurs  armes  redoutables  : 
ils  poursuivent  la  proie  à  tire-d'aile;  la  saisissent  avec 
les  serres,  l'apportent  encore  palpitante  à  leurs  petits, 
et  la  déchirent  devant  eux  pour  les  nourrir.  L'Aigle  vit 
du  produit  de  sa  chasse,  et  ce  n'est  que  bien  rarement 
qu'il  touche  aux  cadavres. 


OISEAUX.  409 

i.  Aigle  impérial,  Falco  imperîalis,  Temm.;  en  catalan 
Aliga  coronada. 

Tous  ces  grands  Oiseaux  de  proie  deviennent  très-rares  dans 
le  pays.  La  destruction  de  nos  grandes  forêts,  et  la  fréquentation 
par  l'homme  des  lieux  retirés  où  ils  s'établissent,  en  sont  la  prin- 
cipale cause.  La  Cerdagne  et  le  Capcir  sont  les  lieux  où  on  les  voit 
encore.  La  vallée  de  La  Vall  est  aussi  fréquentée  par  cette  espèce. 
Ils  font  rarement  plus  de  deux  petits;  et,  s'ils  dépassent  ce  nom- 
bre, les  autres  sont  sacrifiés. 

2.  Aigle  royal,  Falco  fulvus,  Lin.;  en  cat.  Aliga  nègre. 

Cette  espèce,  moins  rare  que  la  première,  ne  se  voit  pas  com- 
munément; elle  vit  aussi  dans  les  endroits  les  plus  escarpés  de 
nos  montagnes.  Elle  élève  sa  famille  dans  les  lieux  solitaires; 
plusieurs  fois  nos  paysans  nous  ont  apporté  de  jeunes  Aiglons 
qu'ils  avaient  dénichés.  Cette  espèce  devient  très-douce  par  la 
captivité  :  lorsqu'on  la  garde  quelque  temps,  elle  paraît  s'attacher 
à  celui  qui  la  soigne,  et  ne  cherche  jamais  à  lui  faire  du  mal,  à 
moins  qu'on  ne  l'irrite. 

Ce  qui  distingue  l'Aigle  Royal  de  l'Aigle  Impérial,  c'est  que, 
dans  cette  dernière  espèce,  les  plumes  scapulaires  sont  toujours 
d'un  blanc  pur,  et  cinq  écailles  recouvrent  la  dernière  phalange 
du  doigt  du  milieu,  ce  qu'on  ne  voit  jamais  dans  l'Aigle  Royal, 
qui  n'a  que  trois  écailles  et  aucune  plume  blanche  au  scapulaire. 

5.  Aigle  criard,   Falco  nœvius ,  Lin.;   en  catalan  Aliga 
cri -cri. 

Cet  Oiseau  est  fort  commun  dans  le  département;  il  habite  les 
hautes  régions  de  nos  montagnes.  Les  Albères,  Prats-de-Mollô, 
Montalba,  la  Font  de  Comps,  le  Capcir  sont  ses  lieux  de  prédi- 
lection. Cet  Aigle,  quoique  d'une  assez  forte  taille,  n'a  pas  le 
courage  ni  la  hardiesse  des  précédentes  espèces;  cependant,  il 
se  jette  sur  les  basses-cours  des  maisons  de  campagne  isolées,  el 


HO  HISTOIRE   NATURELLE. 

enlève  les  Poules  et  les  Pigeons;  mais  le  cri  très-aigu  qu'il  répète 
souvent  quand  il  chasse,  donne  l'éveil  aux  métayers,  qui  le  mettent 
en  fuite  en  criant  et  faisant  du  tapage.  Il  fait  son  aire  sur  les  arbres 
les  plus  élevés  de  nos  forêts,  ou  dans  les  trous  des  rochers  hors  de 
portée  de  l'homme. 

J'ai  nourri  des  Aiglons  de  cette  espèce.  Ils  étaient  dans  un  grand 
appartement;  et,  lorsqu'ils  furent  assez  forts,  ils  attaquaient 
violemment  les  animaux  vivants  qu'on  leur  donnait;  les  Chats 
étaient  de  suite  dévorés.  Après  les  avoir  terrassés,  ils  débutaient 
par  leur  enlever  les  yeux;  leur  ouvraient  le  ventre;  en  retiraient 
le  foie,  qui  était  le  premier  viscère  dévoré.  Je  les  ai  vus  se  disputer 
ce  morceau,  qui  doit  être  friand  pour  eux. 

Je  mis  un  Catharte-Alimoche,  déjà  fort,  puisqu'il  était  âgé  de 
cinq  mois,  dans  le  même  appartement  des  Aigles  :  il  ne  fut  pas 
respecté.  Quel  fut  mon  étonnement,  le  lendemain,  de  ne  voir, 
épars  sur  le  plancher,  que  les  os  et  les  plumes  de  cet  animal. 

4.  Aigle  botté,  Falco  pennatus,  Lin.;  en  catalan  Aliga 
calsada. 

Celte  espèce  est  de  passage  accidentel;  nous  la  voyons  très- 
rarement  dans  cette  contrée.  On  la  prendrait  facilement  pour 
une  Buse-Patue,  parce  qu'elle  a  les  pieds  emplumés  jusqu'aux 
doigts;  mais  on  la  distingue  par  le  dessus  de  la  queue,  qui  est 
toute  brune  et  sans  bandes,  et  par  un  bouquet  de  plumes  blan- 
ches à  l'insertion  des  ailes.  Je  ne  pense  pas  qu'elle  se  reproduise 
dans  le  pays. 

o.  Aigle  Jean  le  blanc,  Falco  brachydactylus ,  Volf.;  en 
catalan  Marsenc. 

Pendant  le  courant  du  mois  de  mars,  arrive  une  quantité  consi- 
dérable d'Aigles  de  cette  espèce;  ils  planent  dans  les  régions  les 
plus  élevées  de  l'air.  Leur  apparition,  à  cette  époque  de  l'année, 
leur  a  fait  donner  dans  le  pays  le  nom  d'Auseils  Marsencs  (Oiseaux 


OISEAUX.  111 

de  Mars).  Nos  paysans  disent  encore  que  leur  arrivée  pronostique 
la  continuation  du  mauvais  temps.  Ils  se  reproduisent  dans  les 
forêts  des  Corbières,  où  nous  les  avons  remarqués  en  été.  On  les 
voit  repasser  dans  le  courant  de  septembre. 

6.  Aigle  balbusard,   Falco  haliœtus ,   Lin.;    en  catalan 

Aliga  d'eslany. 

On  prend  quelquefois  le  Balbusard  près  de  nos  lacs  et  près  des 
rivières  bordées  par  de  grands  arbres.  Il  fréquente  ces  lieux 
de  préférence,  afin  de  s'approprier  sa  proie  favorite,  le  poisson. 
Il  épie  l'Instant  où  il  se  montre  à  la  surface  des  eaux;  et,  au 
moment  favorable,  il  se  précipite  sur  cette  proie.  Nous  voyons 
cet  Aigle  pendant  l'hiver  ;  il  nous  quitte  dès  que  le  printemps 
arrive. 

7.  Aigle  pigargue,  Falco  albicilla,  Temm.;  en  catalan 

Aliga  de  mar. 

Cette  espèce  fréquente  de  préférence  les  bords  des  étangs  salés 
qui  touchent  à  la  mer,  ainsi  que  les  côtes,  lorsque  de  grands  arbres 
sont  à  portée.  M.  Durand,  de  Saint-Nazaire,  en  tua  un  individu 
tout  près  de  l'étang  de  ce  nom.  M.  Maurice  Matthieu,  briquetier, 
en  tua  un  superbe  individu,  bien  adulte,  dans  le  bois  des  Routes, 
appartenant  à  M.  Jxiume,  près  de  la  mer,  à  Saint-Gyprien. 

8.  Aigle  à  tête  blanche,  Falco  leucoœphalus ,  Lin.;  en 

catalan  Aliga  del  cap  blanc. 

Cet  Aigle,  qui  est  d'assez  forte  taille,  vit  dans  les  forêts  de  nos 
montagnes,  à  Mont-Louis,  à  Prats-de-Mollô ;  nous  ne  le  voyons 
dans  la  plaine  qu'accidentellement.  M.  Carlier  nous  avait  envoyé  un 
superbe  individu,  très-adulte,  qui  avait  été  tué  à  Axât,  dans  l'Aude. 

9.  Aigle  Bonelli. 

Nous  n'avons  jamais  observé  cet  Aigle  dans  notre  département 


11-2  HISTOIRE   NATURELLE. 

3me  Division.  —  Autours. 

Caractères.  —  Ailes  courtes  ;  les  jambes  longues  et 
écussonnées.  L'Autour  est  cruel,  sanguinaire  et  féroce  ;  il 
attaque  impitoyablement  les  Oiseaux  de  basse-cour,  qu'il 
met  à  mort,  et  ne  se  contente  jamais  d'une  seule  victime. 

1.  Autour,  Falco  palumbarius ,  Lin.;  en    catalan  Aliga 

gallinera. 

L'Autour  se  tient  dans  les  hautes  régions,  sur  les  lisières  des 
bois,  et  il  rôde  toujours  près  des  maisons  rurales;  il  descend 
rarement  dans  la  plaine. 

2.  Épervier,  Falco  nisus,  Lin.;  en  catalan  Muxet. 

Cet  Épervier  a  un  cri  désagréable,  qu'il  fait  entendre  souvent 
lorsqu'il  chasse.  Les  Oiseaux  en  sont  effrayés,  et  fuient  devant  lui; 
mais  il  ne  se  lasse  pas  de  les  poursuivre,  et  il  ne  les  quitte  que 
lorsqu'il  a  fait  quelque  victime.  Il  niche  dans  les  roches  escarpées 
de  nos  hautes  montagnes.  Il  vient  souvent  chasser  sur  les  terres 
de  la  plaine,  et  se  lient  dans  les  lieux  couverts  d'arbres. 

4me  Division.  —  Milans. 

Caractères.  —  Narines  obliques,  dont  le  bord  extérieur 
est  marqué  d'un  pli  ;  ailes  longues  ;  queue  fourchue  ;  jam- 
bes courtes.  Leur  vol  est  majestueux;  ils  semblent  nager 
dans  les  airs. 

1.  Milan  royal,  Falco  milvus,  ïemm.;  en  catalan  Mila, 
Tartarassa. 

Assez  commun  dans  les  forêts  des  montagnes  des  Albères; 
surtout  dans  les  bois  et  les  gorges  de  Laroque  et  de  Sorède,  où 
il  se  reproduit.  Pendant  l'hiver,  il  se  répand  dans  la  plaine, 
et  ne  quitte  pas  le  pays. 


OISEAUX.  113 

"2.  Milan  noir  ou  parasite,  Falco  ater;  en  catalan  Milana 

negra. 

Cette  espèce  n'est  pas  très-répandue.  Quand  elle  paraît,  et 
c'est  toujours  accidentellement,  on  la  voit  fréquenter  les  bords 
des  rivières  et  des  lacs  de  l'intérieur  des  terres.  On  a  fait  de  cet 
Oiseau  plusieurs  espèces ,  dues  à  la  variété  de  son  plumage  aux 
différents  âges  de  la  vie,  variété  qui  a  été  cause  de  plusieurs 
erreurs.  If.  Leisler  affirme  que  celte  espèce  préfère  le  poisson  à 
toute  autre  nourriture  ;  il  n'est  pas  étonnant  alors  de  la  voir  plus 
fréquemment  au  bord  des  eaux. 

5me  Division.  —  Élanions. 

Cette  division,  nouvellement  formée  par  M.  Temminck, 
ne  compte  que  deux  Oiseaux  de  proie  observés  depuis 
peu  en  Europe  ;  ce  sont  :  YElanion  Blac  et  YElanion 
Eléonore.  Ils  n'ont  pas  été  trouvés  dans  notre  départe- 
ment. 

6me  Division.  —  Buses. 

Caractères.  —  Bec  petit,  se  courbant  subitement  dès  sa 
base;  pieds  robustes,  à  tarses  courts;  cuisses  culottées. 
Ces  Oiseaux  ont  le  vol  lourd;  ils  guettent  leur  proie 
placés  en  embuscade  sur  un  arbre  ;  leur  tête  est  grosse, 
et  leur  corps  massif. 

1.  Buse  commune,  Falco  buteo,  Lin.;  en  catalan  Âligat. 

Cet  Oiseau  ne  se  voit  guère  qu'en  hiver.  Il  habite  les  parties 
basses  des  vallées  montagneuses,  et  ne  quitte  pas  les  parties 
boisées.  Il  se  pose  sur  le  haut  d'un  arbre,  d'où  il  épie  sa  proie. 
Il  parait  slupide,  et,  malgré  cela,  il  se  laisse  approcher  difficile- 
ment, ce  qui  fait  dire  à  nos  paysans,  qu'il  sent  l'odeur  de  la  poudre 

comme  les  Corbeaux. 

tomc  m.  8 


114  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Buse  patue,  Falco  lagopus,  Lin.;  en  catalan  Milana, 

Busaroca  (prononcez  bousaroca). 

Répandue  dans  nos  plaines  pendant  l'hiver,  elle  se  pose  souvent 
sur  les  arbres  isolés  ;  fréquente  les  bois  d'oliviers ,  et  y  fait  la 
chasse  au  petit  gibier.  Pendant  l'été ,  elle  se  retire  dans  les  bois 
de  nos  montagnes  pour  s'y  reproduire. 

3.  Buse  bondrée,  Falco  apivorus ,  Un.;  en  cat.  Aligat. 

C'est  du  10  au  15  mai,  si  le  vent  du  nord  souffle  avec  violence, 
qu'on  voit  arriver  cette  espèce  par  bandes  nombreuses  venant 
du  sud  vers  le  nord  :  elle  saisit  cette  époque  pour  faire  la  tra- 
versée et  se  répandre  dans  nos  forêts  et  sur  nos  montagnes.  Le 
plumage  de  cet  Oiseau  est  excessivement  varié  ;  il  est  de  toute 
impossibilité  d'en  donner  une  description  exacte.  Lorsqu'il  arrive, 
il  paraît  très-fatigué  et  peu  farouche,  puisqu'on  peut  en  tuer  plu- 
sieurs sur  le  même  arbre,  sans  que  les  autres  tentent  de  s'envoler. 
Il  est  d'ordinaire  très-gras ,  mais  sa  chair  est  coriace  et  de  mau- 
vais goût.  On  en  tue  énormément  dans  nos  plaines  de  la  Salanque 
au  moment  de  son  arrivée. 

7me  Division.  —  Busards. 

Caractères. —  Moins  lourds  et  plus  rusés  que  les  Buses, 
ils  ont  les  pieds  à  tarses  plus  longs  et  minces;  corps 
svelte;  queue  longue  et  arrondie;  ailes  longues;  sai- 
sissent leur  proie  à  terre.  On  les  trouve  habituellement 
dans  les  marais  où  croissent  beaucoup  de  joncs  et  de 
plantes  élevées. 

1.  Busard  harpaye  ou  de  marais,  Falco  rufus,  Lin.;  en 
catalan  Àligat  ciels  petits . 

C'est  toujours  dans  les  contrées  marécageuses  qu'on  trouve 
celte  espèce,  qui  ne  quitte  pas  le  pays  et  y  est  assez  commune. 


OISEAUX.  Hô 

On  la  tire  assez  difficilement,  parce  qu'elle  ne  quitte  guère  les 
marais,  où  elle  fait  une  grande  destruction  de  Grenouilles  et 
même  des  Oiseaux  de  marais,  puisqu'on  la  voit  s'emparer  de 
ceux  qui  étaient  pris  dans  les  lacets  des  chasseurs. 

2.  Busard  Saint-Martin,  Falco  cyaneus,  Mont. 
5.  Busard  montagu,  Falco  cyneraceus,  Mont. 

Il  a  fallu  les  observations  de  M.  Temminck,  pour  présenter  avec 
clarté  la  distinction  de  ces  trois  espèces  :  on  ne  peut  plus  les 
confondre  actuellement.  Nous  les  voyons  assez  communément 
dans  cette  contrée;  le  Busard-Saint-Martin,  est  assez  commun; 
le  Busard-Montagu  est  beaucoup  plus  rare. 

4.  Busard  blafard,  Falco  pallidus,  Sykes. 

Oiseau  de  proie  connu  depuis  peu  de  temps.  Il  habite  l'Espagne, 
où  il  est  commun  dans  certaines  contrées.  On  l'a  vu  accidentel- 
lement dans  quelques  départements  du  Midi  de  la  France  ;  mais 
je  ne  l'ai  jamais  vu  dans  les  Pyrénées-Orientales. 

Oiseaux  de  proie  nocturnes. 

GENRE   CINQUIÈME. 

Chouette,  Strix,  Lin.;  en  catalan  Cabeca. 

Caractères.  —  Tous  les  Rapaces  nocturnes  ont  une 
physionomie  particulière  qui  les  fait  distinguer  au  premier 
coup  d'œil  des  espèces  diurnes.  Tête  grande,  aplatie, 
très-emplumée  ;  bec  comprimé ,  courbé  dès  sa  racine  ; 
yeux  très-grands,  placés  dans  des  orbites  larges,  entourés 
de  plumes  raides;  une  membrane  clignotante;  iris  brillant; 
pieds  couverts  d'un  duvet  jusqu'aux  ongles  ;  plumage 
doux  et  soyeux.  Leur  vol  est  peu  bruyant. 


416  HISTOIRE  NATURELLE. 

lre  Division.  —  Chouettes  proprement  dites. 

lre  Section.  —  Chouettes  accipitrines. 

Elles  y  voient  pendant  le  jour.  Cette  division ,  qui  se 
compose  de  quatre  espèces,  Lapone,  Harfang,  de  Loural 
et  Caparacoch,  manque  dans  ce  département;  du  moins 
ces  espèces  ont  échappé  à  nos  recherches. 

2me  Section. — Chouettes  nocturnes. 

Elles  chassent  au  crépuscule,  et  se  cachent  quand  il 
fait  jour. 

1 .  Chouette  nébuleuse,  Strix  nebulosa,  Lin . 

Je  dois  considérer  cet  Oiseau  comme  de  passage  et  très-acci- 
dentel, ne  l'ayant  vu  qu'une  seule  fois  dans  notre  département. 
Il  fut  tué  en  mars  1830,  dont  l'hiver  avait  été  si  rigoureux. 

2.  Chouette  hulotte,  Strix  aluco,  Mey.;  en  catalan  Oliba 

de  nit. 

Cette  Chouette  habite  les  contrées  élevées  et  boisées;  elle  se 
tient  pendant  le  jour  dans  les  creux  des  arbres  ou  dans  les  fentes 
des  rochers.  Son  cri  est  fort  et  soutenu,  et  retentit  dans  la  vallée 
pendant  la  nuit.  Elle  est  peu  abondante,  et  ne  descend  guère 
dans  la  plaine. 

5.  Chouette  effraie,  Strix  flammea,  Lin.;  en  catalan  Xura, 
Rut  a,  Xuca-Oli. 

Cette  dernière  dénomination,  qui  veut  dire  buveur  d'huile,  lui  a 
été  donnée  par  nos  paysans,  qui  prétendent  que,  lorsqu'elle  peut 
s'introduire  dans  les  églises,  elle  va  boire  l'huile  des  lampes. 
Ce  fait  n'est  pas  fondé  ;  il  est  plus  probable,  qu'habitant  constam- 
ment les  tours  des  grands  édifices  et  les  clochers,  la  Chouette 
pénètre  dans  les  églises  pour  faire  la  chasse  aux  Rats,  et  non 
pour  boire  l'huile  des  lampes. 


OISEAUX.  H  7 

C'est  dans  les  trous  des  murs  des  vieilles  fortifications,  des 
églises  et  des  clochers,  que  cette  espèce  fait  son  habitation.  Elle 
se  répand  dans  la  campagne,  dès  que  la  nuit  est  venue,  pour  faire 
la  chasse  aux  Rats  et  aux  petits  Oiseaux. 

A.  Chouette  chevêche,  Strix  passerina,  Temm. 

5.  Chouette  tengmalm,  Strix  tengmalmi,  Lin. 

(En  les  confondant,  on  les  appelle  en  catalan  Xot  petit.) 

On  confondrait  assez  souvent  ces  deux  espèces,  si  on  n'apportait 
toute  son  attention  sur  la  disposition  des  poils  qui  recouvrent  les 
tarses.  La  Chevêche  a  les  doigts  couverts,  à  claire-voie,  de  quelques 
poils  blancs;  la  Tengmalm  a  les  tarses  et  les  doigts  garnis  jus- 
qu'aux ongles  d'un  duvet  très-abondant.  Elles  sont  de  la  même 
taille,  et  la  couleur  du  plumage  est  la  même  ;  elles  ont  les  mêmes 
habitudes,  et  font  leur  demeure  dans  les  trous  des  vieilles  ma- 
sures ou  des  vieux  troncs  d'arbres.  Elles  descendent,  en  hiver, 
dans  les  bois  d'oliviers  de  la  plaine;  et,  lorsqu'elles  s'aventurent 
à  sortir  de  leur  retraite  pendant  le  jour,  elles  sont  assaillies  par 
les  Oiseaux,  qui,  par  leurs  cris  répétés,  attirent  tous  ceux  des 
environs,  et  se  précipitent  sur  les  Chouettes  comme  pour  les 
piquer.  Celte  scène  ne  se  termine  jamais,  sans  qu'il  n'y  ait  une 
victime  ;  car  si  quelque  imprudent  s'approche  trop  de  la  Chouette, 
elle  le  saisit  et  le  dévore. 

6.  Chouette  chevèchette,  Strix  acadica,  Lin. 

Cette  toute  petite  Chouette  vit  constamment  dans  nos  bois 
d'oliviers  de  la  plaine.  Elle  se  cache  dans  les  trous  des  souches 
des  vieux  troncs,  ou  dans  les  trous  des  chênes  ou  de  tout  autre 
arbre;  elle  est  fort  commune,  et  y  voit  assez  pendant  le  jour 
pour  faire  la  chasse  aux  petits  oiseaux.  On  la  prend  quelquefois 
dans  les  filets  qui  sont  tendus  pour  les  Pinsons  et  les  Bruants  : 
lorsqu'on  peut  la  priver,  on  s'en  sert  avantageusement  pour 
chasser  les  petits  oiseaux. 


118  HISTOIRE  NxVTURELLE. 

2mc  Division. — Chouette-Hibou;  en  catalan  Xot  banyut, 
Chouette  cornue  (prononcez  chot  baniout). 

Caractères. — Tous  les  Hiboux  sont  des  Oiseaux  de  proie 
nocturnes.  Ils  chassent  au  crépuscule  ou  au  clair  de  lune; 
leurs  yeux  sont  éblouis  par  le  grand  jour.  Ils  ne  diffèrent 
des  Chouettes  proprement  dites,  que  par  deux  bouquets 
de  plumes  placés  plus  ou  moins  avant  de  leur  front,  et 
qui  sont  capables  d'érection. 

1.  Hibou  brachyote,  Strix  brachyotos,  Lath. 

Sa  grande  ressemblance  avec  la  Hulotte ,  avait  fait  classer  ce 
Hibou  parmi  les  Chouettes;  mais  les  petites  plumes  du  front, 
qu'il  redresse  en  forme  de  cornes,  lui  assignent  sa  place  parmi 
les  Hiboux.  Il  fréquente  les  champs  ombragés  de  la  plaine,  et  au 
commencement  du  printemps  on  en  prend  quelques  sujets, 

2.  Hibou  grand  duc,  Strix  bubo,  Lin.;  en  catalan  Son- 

guer,  Mussol,  Gamarous. 

Très-répandu  dans  les  forêts  de  nos  montagnes,  qu'il  fait  re- 
tentir de  son  cri  lugubre,  il  fréquente  les  taillis  de  la  plaine  pendant 
l'hiver.  Il  fait  sa  première  nichée  de  très-bonne  heure.  Nous  avons 
vu,  en  mars,  déjeunes  Ducs  avec  presque  tout  leur  plumage;  il 
niche  dans  les  creux  des  rochers  de  nos  basses  montagnes.  La  chair 
de  cet  animal  est  blanche,  tendre  et  d'un  goût  agréable. 

5.  Hibou  moyen  duc,  Strix  otus,  Lin. 

Le  Moyen-Duc  est  fort  répandu,  au  printemps  et  en  automne, 
dans  tout  le  département;  il  fréquente  les  propriétés  voisines  des 
bois,  est  fort  gras  dans  cette  dernière  saison,  et  sa  chair  est  d'un 
goût  fort  délicat. 

4.  Hibou  petit  duc,  Strix  scops,  Lin.;  en  catalan  Xot. 
Le  Scops  est  commun  en  toute  saison,  ce  qui  prouverait  qu'il 


OISEAUX.  110 

est  sédentaire  dans  ce  pays.  Perché  sur  les  arbres  des  promenades, 
des  jardins  et  près  des  maisons  rurales,  il  fait  entendre,  la  nuit, 
son  cri  plaintif,  qu'il  répète  souvent,  sur  divers  tons,  et  qui  imite 
le  miaulement  des  petits  Chats;  il  niche  dans  les  creux  des  arbres. 
Les  espèces  qui  composent  cette  seconde  division,  sont  toutes 
assez  répandues  dans  notre  département;  elles  s'y  reproduisent, 
et,  lorsqu'on  connaît  l'endroit  où  le  Grand-Duc,  surtout,  établit 
sa  famille,  on  est  sûr  d'y  trouver  du  bon  gibier.  C'est  ainsi  qu'un 
homme  du  Perthus,  avait  l'adresse  de  visiter  souvent  un  de  ces 
nids;  de  nourrir  les  jeunes  Ducs  avec  de  la  mauvaise  viande,  et 
d'en  retirer  des  Lapins  et  des  Perdrix  que  les  vieux  apportaient 
à  leurs  petits. 


DEUXIEME   ORDRE. 

OMNIVORES. 

Caractères. — Bec  médiocre,  fort,  robuste,  convexe  et 
tranchant  sur  les  bords,  un  peu  courbé  vers  la  pointe; 
mandibule  supérieure  plus  ou  moins  échancrée  à  la  pointe; 
ailes  médiocres ,  à  pennes  terminées  en  pointe  ;  pieds  à 
quatre  doigts,  trois  devant,  un  derrière. 

Ainsi  que  l'explique  leur  dénomination,  ils  vivent  de 
toute  sorte  de  nourriture;  leur  chair  est  dure,  coriace 
et  de  mauvais  goût. 

GENRE   SIXIÈME. 

Corbeau,  Corvus.  Lin.;  en  catalan  Gorb  ou  Corbas. 

Caractères. — Bec  droit  à  la  racine,  gros,  comprimé  sur 
les  côtés,  courbé  vers  la  pointe,  tranchant  sur  les  bords; 
narines  basales,  ouvertes,  cachées  par  des  poils  dirigés 
en  avant.  Ces  Oiseaux  ont  l'odorat  très-lin  ;  défiants  à 


120  HISTOIRE   NATURELLE. 

l'excès,  ils  savent  éviter  tous  les  pièges.  Une  nourriture 
quelconque,  leur  convient  :  ils  rendent  de  grands  services 
aux  cultivateurs,  en  détruisant  dans  les  champs  les  larves 
des  insectes. 

4 re  Section. — Corbeau  proprement  dit. 

1.  Corbeau  noir,  Corvus  corax,  Lin. 

Cette  espèce  vit  toujours  isolée.  On  voit  ces  Corbeaux  voyager 
par  paires  dans  les  terres  de  la  plaine,  pour  y  chercher  leur  pâture; 
ils  nichent  sur  les  rives  élevées  des  cours  d'eau.  Jetle-t-on  une 
charogne  à  la  voirie,  on  les  voit,  par  troupes  très-nombreuses, 
se  disputer  sa  chair,  et  se  livrer  des  batailles  terribles,  à  coups  de 
bec  et  avec  les  ailes;  ils  la  disputent  quelquefois  aux  Chiens  qui 
viennent  leur  en  dérober  quelques  morceaux. 

2.  Corneille  noire,  Corvus  corone,  Lin.;  en  cat.  Graula. 

Les  Corneilles  ne  paraissent  sur  nos  terres,  qu'à  l'approche  du 
mauvais  temps  ;  elles  sont  très-abondantes  en  hiver,  et  elles  le 
sont  d'autant  plus  que  cette  saison  est  plus  rigoureuse.  Pendant 
les  frimats,  on  en  voit  passer  des  bandes  qui  étonnent  l'imagina- 
tion ,  allant  du  nord  au  midi  ;  et ,  dès  que  la  température  se  met 
au  beau,  nous  les  voyons  repasser  en  sens  inverse. 

Cette  espèce,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  Corbeau  noir, 
est  très-recherchée  de  nos  paysans,  qui  la  trouvent  excellente, 
et  dont  ils  font  la  soupe. 

3.  Corneille  mantelée,  Corvus  cornix,  Lin.;  en  catalan 

Gorb  calvo  (Corbeau  vieillard). 

Cette  espèce  a  le  cou  et  tout  le  corps  d'un  beau  gris-cendré  ;  son 
plumage  varie  accidentellement;  il  est  alors  presque  entièrement 
blanc  ou  presque  totalement  noirâtre. 

La  Corneille  noire  et  la  Corneille  mantelée  s'allient  quelquefois, 
et  produisent  des  métis  qui  tiennent  de  l'une  et  de  l'autre  espère. 


OISEAUX.  121 

Ceci  a  lieu  dans  les  contrées  méridionales  ou  orientales  de  l'Eu- 
rope où  la  Corneille  noire  est  rare  ;  mais  on  n'en  trouve  point 
d'exemple  dans  les  pays  où  les  deux  espèces  sont  communes. 

La  Corneille  mantelée  est  très-rare  dans  le  département;  on 
ne  la  voit  qu'au  moment  de  l'année  où  les  bandes  de  Corneilles 
noires  traversent  le  pays.  Leurs  plumes  blanches  font  dire  à  nos 
paysans  que  c'est  un  Corbeau  très-vieux. 

4.  Corbeau  freu,  Corvus  frugilegus,  Lin.,       j  en  catalan 

5.  Corbeau  choucas,  Corvus  monedula,  Lin.,)    Graula. 

Ces  deux  espèces  nous  arrivent  avec  les  grandes  bandes  de 
Corneilles,  quand  elles  font  leur  voyage  du  nord  au  midi.  Il  en 
reste  toujours  quelques-unes  dans  nos  plaines;  mais  les  deux 
espèces  y  sont  toujours  fort  rares. 

Les  Corbeaux  Leucophée  et  Chouc  n'ont  pas  été  obser- 
vés dans  le  département. 

GENRE   SEPTIÈME. 

Garrule,  Garrulus,  Briss. 

2me  Section. — Pies. 

Caractères. — Queue  très-longue,  le  plus  souvent  conique. 
La  section  qui  comprend  les  Pies,  dit  Temminck,  est  assez 
bien  caractérisée,  par  la  forme  de  la  queue,  de  celle  des 
Corbeaux  proprement  dits;  mais  elle  l'est  si  peu  de  la 
troisième  section ,  qui  se  compose  des  Oiseaux  vulgai- 
rement connus  sous  le  nom  de  Geais,  que  cette  division 
devient  presque  conventionnelle,  et  ne  peut  être  déter- 
minée par  des  caractères  rigoureux. 

1.  Pie  ordinaire,  Corvus  ■pica,  Lin.;  en  catalan  Margot, 
Garsa. 


'122  HISTOIRE   NATURELLE. 

La  Pie ,  très-commune  dans  les  départements  de  l'Aude  et  de 
l'Ariége,  qui  nous  avoisinent,  se  voit  très-rarement  dans  le  nôtre. 
Je  ne  sais  si  les  montagnes  calcaires  et  très-arides  qui  nous  sépa- 
rent d'un  côté,  et  les  grands  lacs  qui  bordent  la  Méditerranée  de 
l'autre,  sont  un  obstacle  à  leurs  excursions;  il  est  de  fait  qu'on 
voit  très-rarement  des  Pies  dans  les  Pyrénées-Orientales.  On  en 
voit  quelquefois  de  toutes  blanches. 

On  élève  facilement  cet  Oiseau,  qui  apprend  à  répéter  certains 
mots;  il  devient  incommode  par  son  inclination  naturelle  à 
dérober  tout  ce  qui  reluit,  et  à  le  cacher  dans  un  trou  de 
muraille.  Tout  le  monde  connaît  l'histoire  de  la  Pie  voleuse,  et, 
dans  chaque  contrée,  on  a  un  conte,  vrai  ou  faux,  à  débiter  sur 
cet  Oiseau. 

3me  Section. — Geais. 
Caractères.  —  Queue  égale  ou  légèrement  arrondie. 

1.  Geai  glandivore,  Corvus  glandarius,  Lin.;  en  catalan 
Gatx,  Gralla. 

Le  Geai  se  reproduit  dans  les  parties  basses  de  nos  montagnes, 
et  habite  les  bois  fourrés  qui  en  occupent  les  sommets.  Il  descend 
en  hiver  dans  la  plaine,  où  il  ne  séjourne  pas  longtemps;  il 
fréquente  de  préférence  les  propriétés  garnies  de  grands  arbres 
situées  le  long  des  Albères. 

GENRE   HUITIÈME. 

Casse-Noix,  Nucifraga,  Briss. 

Caractères.  —  Bec  en  cône,  long,  droit  et  effilé  à  la 
pointe;  mandibule  supérieure  arrondie,  sans  arête  sail- 
lante, plus  longue  que  l'inférieure,  toutes  deux  terminées 
en  pointe  obtuse  et  déprimée;  narines  basales  cachées 
par  des  poils  dirigés  en  avant. 


OISEAUX.  123 

1.  Casse-Noix,  Nucifraga  caryocatactes,  Briss. 

Il  est  Irès-rare  dans  le  département  ;  on  le  voit  par  intervalles 
très-éloignés;  il  est  donc  de  passage  très-accidentel,  et  n'apparaît 
que  dans  les  hivers  rigoureux. 

GENRE   NEUVIÈME. 

Pyrrhocorax ,  Pyrrhocorax,  Cuv. 

Caractères. — Bec  médiocre,  un  peu  grêle,  plus  long  que 
la  tête ,  arrondi ,  arqué  et  pointu  ;  pieds  forts ,  robustes  ; 
doigt  intermédiaire  soudé  à  la  base  avec  l'interne  ;  ongles 
forts,  arqués;  ailes  longues.  Il  a  les  mêmes  habitudes 
que  les  Corbeaux  ;  il  vit  sur  les  montagnes  ;  se  nourrit  de 
toutes  sortes  d'aliments;  se  réunit  en  grandes  troupes. 
Ses  cris,  son  vol,  ses  mouvements  sont  les  mêmes 
que  ceux  des  Choucas;  il  niche  dans  les  crevasses  des 
rochers. 

1.  Pyrrhocorax  choquard,  Pyrrhocorax  pyrrhocorax,  Cuv. 

2.  Pyrrhocorax  coracias,  Pyrrhocorax  gracidus,  Temm.; 
en  catalan  Gratta  à  bec  grog  et  Gratta  à  bec  rotj. 

Ces  deux  espèces  se  tiennent  constamment  dans  les  régions 
élevées  du  département,  où  elles  se  reproduisent.  Il  faut  que 
l'hiver  soit  bien  rigoureux,  pour  qu'elles  paraissent  dans  la 
plaine.  Les  environs  de  Mont-Louis  et  de  la  Cerdagne,  voient 
ces  Oiseaux  presque  toute  l'année.  Les  crevasses  de  La  Fou  de 
Cortsavi,  sont  aussi  peuplées  de  ces  deux  espèces,  qui  vivent 
en  famille  et  en  bonne  intelligence  dans  cette  vaste  horreur. 

On  élève  facilement  ces  Oiseaux,  et  ils  ont  un  grand  attachement 
pour  celui  qui  leur  donne  des  soins.  Les  propriétaires  de  l'éta- 
blissement thermal  du  Vernet  en  avaient  nourri  deux,  qui  vivaient 
en  pleine  liberté  dans  les  prairies  et  jardins  de  cette  belle  vallée. 


124  HISTOIRE   NATURELLE. 

Us  allaient  sur  la  montagne,  et  on  les  voyait  quelquefois  se  battre 
dans  les  airs  avec  d'autres  Corneilles;  mais,  aussitôt  que  leur 
maître  les  rappelait,  en  imitant  leur  cri,  ces  Oiseaux  descendaient 
à  tire-d'aile,  et  venaient  se  poser  sur  son  épaule,  en  lui  béque- 
tant  la  figure. 

Il  serait  difficile  de  distinguer  les  deux  espèces,  si  la  couleur 
constante  du  bec,  qui  est  rouge-cramoisi  chez  l'une,  et  jaune- 
citron  chez  l'autre,  ne  les  désignaient  suffisamment. 

GENRE   DIXIÈME. 

Jaseur,  Bombycivora. 

Ce  genre  se  compose  d'une  seule  espèce.  Cet  Oiseau 
n'a  pas  été  observé  dans  notre  département. 

GENRE    ONZIÈME. 

Rollier,  Coracias,  Lin. 

Caractères. — Bec  fort,  comprimé  vers  le  bout,  plus  haut 
que  large,  droit,  tranchant,  crochu  vers  la  pointe;  narines 
basales  percées  diagonalement,  à  moitié  fermées  par  une 
membrane  garnie  de  plumes;  doigts  du  pied  entièrement 
divisés;  ailes  longues. 

i.  Rollier  vulgaire,  Coracias  garrtda,  Lin.;   en  catalan 

Gralla  blava. 

Les  belles  couleurs  aigue-marine  et  bleu -clair  se  partagent  la 
livrée  de  cet  Oiseau ,  et  le  font  de  suite  distinguer  :  le  dos  et  le 
scapulaire  sont  fauves  ;  ses  habitudes  sont  farouches.  Se  tenant 
toujours  à  l'abri  dans  les  fourrés  des  bois  de  nos  montagnes,  il  est 
difficile  à  chasser;  si  on  en  tue  quelqu'un,  c'est  qu'on  le  surprend 
dans  sa  retraite.  Rarement,  cet  Oiseau  se  montre  à  découvert; 
mais,  au  moment  où  ses  petits  sont  nés,  il  brave  les  périls  pour 


OISEAUX.  1-2,*) 

pourvoir  à  leur  subsistance.  Les  bois  des  Albères  et  des  environs 
de  Saint-Laurent-de-Cerdans,  sont  les  parties  du  département 
où  on  le  Toit  en  plus  grand  nombre. 

GENRE   DOUZIÈME. 

Loriot,  Oriolus,  Temm. 

Caractères. — Bec  en  cône  allongé,  comprimé  et  tran- 
chant, avançant  un  peu  vers  les  plumes  du  front;  narines 
basales  nues,  percées  horizontalement  dans  une  grande 
membrane  ;  pieds  ayant  trois  doigts  devant  et  un  derrière, 
celui  du  milieu  soudé  à  la  racine  avec  l'interne;  ailes 
médiocres. 

\.  Loriot  vulgaire,  Oriolus  galbula,  Lin.;  en  catalan  Oriol, 
Oropendola,  Menje- Figues. 

La  couleur  dominante  du  plumage  des  mâles  est  le  jaune,  et 
ce  caractère  est  constant  chez  le  plus  grand  nombre  des  espèces 
exotiques  connues.  Le  Loriot  vit  solitaire;  on  le  voit  apparaître 
dans  les  premiers  jours  du  printemps.  Il  habite  nos  montagnes; 
on  le  trouve  communément  aux  environs  de  Prades,  Oms,  Llauro; 
et,  quand  il  a  terminé  ses  couvées,  il  reparait  dans  la  plaine.  Il 
est  alors  très-gras;  sa  chair  est  fine  et  délicate,  et  nos  marchés 
en  sont  approvisionnés. 

GENRE   TREIZIÈME. 

Étourneau,  Sturnns,  Lin. 

Caractères. — Bec  médiocre,  droit,  longicône,  déprimé, 
à  pointe  obtuse  et  un  peu  aplatie;  narines  basales  à  moitié 
fermées  par  une  membrane  voûtée;  pieds,  doigt  intermé- 
diaire réuni  à  sa  base  avec  le  doigt  extérieur;  ailes  longues. 


12t)  HISTOIRE   NATURELLE. 

1.  Étourneau  vulgaire,  Sturnus  vulgaris,  Lin.;  en  catalan 

Estomell. 

Les  Étourneaux  arrivent,  comme  les  Grives,  dans  notre  dépar- 
tement, à  la  fin  de  septembre  ;  ils  y  passent  l'hiver  d'assez  bonne 
intelligence  avec  les  Vanneaux,  dans  nos  prairies  humides  et 
fréquentées  par  le  bétail  ;  ils  nous  quittent  aux  approches  de  la 
belle  saison.  Quelquefois,  ils  se  présentent  par  bandes  très- 
considérables;  et,  lorsqu'ils  se  jettent  ainsi  sur  une  olivette  ayant 
ses  fruits  mûrs,  ils  y  font  un  mal  immense.  Nos  cultivateurs  expé- 
rimentés, prétendent  que  cet  Oiseau  pillard  emporte  avec  lui  trois 
olives  :  une  au  bec  et  une  à  chaque  griffe.  La  couleur  de  leur 
plumage  est  très-variée.  Leur  chair  est  dure  et  un  peu  amère. 

2.  Étourneau  unicolore,  Sturnus  unicolor,  Marm. 

Cette  espèce,  originaire  de  l'île  de  Sardaigne,  n'émigre  jamais, 
et  reste  constamment  dans  les  lieux  qui  l'ont  vue  naître.  Cepen- 
dant, cette  règle  n'est  pas  sans  exception;  car,  en  1837,  il  en  fut 
tué  un  sujet  dans  les  environs  de  Perpignan,  au  milieu  d'une 
bande  d'Étourneaux  vulgaires.  C'est  le  seul  individu  que  j'aie  vu; 
il  est  donc  d'un  passage  très-accidentel. 

GENRE  QUATORZIÈME. 

Martin,  Pastor,  Temrainck. 

Caractères.  —  Bec  en  cône  allongé,  très -comprimé, 
convexe  en-dessus;  mandibule  supérieure  un  peu  incli- 
née à  la  pointe;  narines  basales  ovoïdes,  à  moitié  fer- 
mées par  une  membrane  garnie  de  plumes;  pieds  forts; 
ailes  moyennes. 

Le  plus  grand  nombre  des  espèces  portent  des  orne- 
ments accessoires  à  la  tête,  soit  huppes,  soit  caroncules. 
L'espèce  d'Europe,  la  seule  que  nous  avons,  porte  une 


OISEAUX.  127 

huppe  de  plumes  effilées  sur  la  tête,  qui  se  rabat  sur  le 
derrière  de  la  nuque. 

1.  Martin  roselin,  Pastor  roseus,  Tem.;  en  catalan  Merle 
rose  hupat. 

Cette  espèce  est  rare,  quoique  de  passage  assez  régulier. 
Elle  avait  été  déjà  observée  par  M.  Barrère,  médecin,  à  Prades. 
M.  Charles  Miquel  en  a  tué  plusieurs  individus  au  territoire 
d'Àrgelès,  où  on  la  voit  régulièrement  tous  les  ans.  Elle  paraît 
franchir  nos  montagnes  par  la  vallée  de  La  Vall,  qui  débouche 
en  Espagne.  Prend-elle  cette  route  dans  sa  migration? 

En  juin  1837,  deux  individus  furent  tués,  sur  cinq  dont  se 
composait  la  bande  ;  des  deux  qui  restèrent  sur  place ,  l'un  était 
une  femelle,  et  l'autre  un  jeune  sujet.  Ce  fait  me  porterait  à 
croire  que  cette  espèce  se  reproduit  dans  notre  département; 
mais,  manquant  d'observations  précises,  je  n'oserais  l'affirmer. 
Depuis  lors,  on  m'a  apporté  plusieurs  sujets  pendant  l'été,  parmi 
lesquels  il  y  en  avait  toujours  de  jeunes.  Ceci  confirmerait  ma 
première  opinion;  mais,  je  le  répèle,  je  n'ai  pas  d'observation 
précise  pour  l'affirmer. 


TROISIEME   ORDRE. 

INSECTIVORES. 

Caractères,' — Bec  médiocre  ou  court,  droit,  arrondi, 
faiblement  tranchant  ou  en  alêne;  mandibule  supérieure 
courbée  et  échancrée  vers  la  pointe ,  le  plus  souvent 
garnie  à  sa  base  de  poils  rudes  dirigés  en  avant;  pieds 
à  trois  doigts  devant  et  un  derrière,  articulés  sur  le 
même  plan,  l'extérieur  soudé  à  sa  base  et  uni  jusqu'à 
la  première  articulation  au  doigt  du  milieu. 


1:28  BISTOIRE    iNATUHELLE. 

GENRE      QUINZIÈME. 

Pie-Grièche,  Lanius,  Lin.;  en  catalan  Margassa,  Escanya 

bruxot. 

Caractères.  —  Bec  médiocre,  robuste,  droit,  très-com- 
primé; mandibule  supérieure  courbée  vers  la  pointe,  où 
se  forme  un  crochet,  base  garnie  de  poils  rudes  dirigés 
en  avant;  narines  latérales,  à  moitié  fermées  par  une 
membrane  voûtée;  pieds  à  tarse  plus  long  que  le  doigt 
du  milieu;  trois  doigts  devant,  un  derrière,  entièrement 
divisés. 

Petits  Oiseaux  de  rapine,  les  Pie-Grièches  se  distin- 
guent par  leur  courage  et  par  leur  cruauté.  Leur  proie, 
qu'elles  saisissent  et  emportent  avec  le  bec,  consiste 
principalement  en  gros  insectes;  mais  elles  attaquent  aussi 
les  petits  oiseaux,  et  les  déchirent  en  se  servant  de  leurs 
doigts  comme  moyen  de  préhension.  Elles  demeurent  et 
nichent  habituellement  sur  les  arbres  et  dans  les  bois 
de  la  plaine,  quelquefois  dans  les  grands  buissons. 

Cinq  espèces  se  reproduisent  dans  le  département; 
elles  ne  quittent  point  nos  contrées,  et  on  les  y  voit  en 
toute  saison. 

1.  Pie-Grièche  grise,  Lanius  excubitor,  Lin.;  commune. 

2.  Pie-Grièche  méridionale,  L.meridionalis,  Tem.;  rare. 
5.  Pie-Grièche  à  poitrine  rose,  L.minor,  Lin.;  très-rare. 

4.  Pie-Grièche  rousse,  L.  rufus,  Briss.;  commune. 

5.  Pie-Grièche  écorcheur,  L.  colluris,  Briss.;  très-rare. 

Celte  dernière  espèce  est  la  plus  rare  de  cette  famille.  Le  nom 
de  Bourreau,  qu'on  donne  à  la  Pie-Grièche  écorcheur,  lui  vient  de 
l'habitude  qu'elle  a  de  suspendre,  entre  l'enfourchement  de  deux 
branches,  les  petits  oiseaux  et  les  lézards  qu'elle  a  saisis.  Quand 


OISBAUX.  1-29 

elle  prend  de  gros  insectes,  tels  que  des  Ateudms,  des  Seura- 
beus,  des  Melolontes,  elle  les  embroche  aux  épines  des  buissons. 
Le  nom  de  Bourreau  (lo  Bureu),  lui  a  été  également  donné  par 
nos  paysans. 

GENRE   SEIZIÈME. 

Gobe-Mouches,  Musicapa,  Lin.;  en  catalan  Beca-Figues, 
Pela-Figues  (  Bectigue  ) . 

Caractères.  —  Bec  médiocre,  déprimé  à  la  base,  com- 
primé vers  la  pointe,  qui  est  forte,  garni  de  poils  raides  à 
la  base;  narines  latérales  ovoïdes;  pieds  ayant  trois  doigts 
devant  et  un  derrière,  l'ongle  de  ce  dernier  très-arqué. 

Quatre  espèces  de  Gobe-Mouches  sont  connues  en  Eu- 
rope :  toutes  les  quatre  sont  de  passage  dans  ce  dépar- 
tement, et  s'y  reproduisent.  Elles  habitent  les  bois  de  nos 
montagnes,  et  descendent  dans  la  plaine  dès  les  premiers 
froids  de  septembre.  La  nourriture  des  Gobe-Mouches 
consiste  en  insectes  et  en  petites  mouches ,  qu'ils  attra- 
pent en  voltigeant  de  branche  en  branche  ou  en  rasant 
la  terre. 

1 .  Gobe-Mouches  gris ,  Musicapa  grisola ,  Linné  ;  très- 

commun. 

2.  Gobe-Mouches  à  collier,  Musicapa  albicollis,  Temm.; 

commun. 

3.  Gobe-Mouches  becfigue,  Musicapa  luctuosa,  Temm.; 

très-commun, 
i.  Gobe-Mouches  rougeâtre,  Musicapa  parva,  Besc;  rare. 

C'est  au  commencement  du  printemps,  que  nous  arrivent  les 
Gobe-Mouches  par  bandes  considérables.  Ils  quittent  bientôt  la 
plaine,  pour  aller  sur  nos  montagnes  passer  la  belle  saison,  où  ils  se 

10MR  m.  9 


130  HISTOIRE   NATURELLE. 

reproduisent;  mais,  vers  la  fin  d'août,  ils  rentrent  dans  nos  vergers 
et  potagers,  où  ils  trouvent  une  nourriture  abondante.  Ils  s'agitent 
beaucoup,  et  sont  d'une  agilité  étonnante  :  ils  ne  restent  pas  un 
moment  en  place  ;  leur  queue,  leurs  ailes  sont  toujours  en  mou- 
vement. C'est  à  leur  rentrée  qu'on  leur  fait  une  guerre  acharnée  : 
ils  sont  alors  très-gras,  et  leur  chair,  fort  délicate ,  est  estimée 
comme  celle  de  tous  les  Becs-Fins.  C'est  aux  savantes  obser- 
vations de  M.  Temminck ,  que  nous  devons  la  connaissance  des 
caractères  qui  distinguent  tous  ces  oiseaux,  qu'au  premier  abord 
on  confond  ensemble,  tant  leur  plumage  se  ressemble. 

GENRE    DIX-SEPTIÈME. 

Merle,  Turdus,  Lin. 

Caractères. — Bec  médiocre,  tranchant,  jamais  crochu; 
mandibule  supérieure  échancrée  vers  la  pointe;  narines 
basales,  latérales,  ovoïdes;  pieds,  trois  doigts  devant,  le 
doigt  extérieur  soudé  à  celui  du  milieu. 

La  chair  de  ces  Oiseaux  est  très-bonne  à  manger;  sa 
délicatesse  et  son  parfum  la  fait  rechercher  pour  nos 
tables.  Ces  Oiseaux  vivent  tantôt  solitaires,  tantôt  réunis 
en  famille  ;  ils  émigrent  au  printemps ,  et  reviennent  en 
automne;  quelques-uns  sont  sédentaires  et  se  repro- 
duisent dans  nos  bois. 

Les  insectes  sont  leur  principale  nourriture  ;  ils  recher- 
chent les  baies  sauvages  et  les  vers.  On  les  a  séparés 
en  deux  sections. 

lie  Section.  —  Sylvains. 

Nichent  et  vivent  dans  les  bois;  fréquentent  de  préfé- 
rence les  lieux  fourrés;  sont  plus  frugivores  que  ceux  de 
la  deuxième  section.   Leurs  voyages  se  font  par  grandes 


OISEAUX.  131 

bandes,  el  leur  nourriture  se  compose  uniquement  de 
baies  ;  mais  pendant  l'éducation  des  jeunes ,  les  insectes 
sont  alors  leur  principal  aliment. 

i.  Merle  draine  ou  Grive,  Turdus  viscivorus,  Lin. 

2.  Merle  litorne  ou  Grive,  Turdus  pilaris,  Lin. 

Ces  deux  espèces  sont  appelées  en  catalan  Grives. 

Les  Merles  Draine  et  Litorne  nichent  sur  les  arbres  des  forêts 
de  pins  de  nos  montagnes;  lorsque  le  froid  les  chasse  de  ces  lieux, 
ils  se  répandent  dans  la  plaine. 

5.  Merle  Grive  ou  Tourd,  Turdus  musicus,  Lin.;  en  ca- 
talan Tort. 

4.  Merle  Mauvis,  Turdus  iliacus,  Lin.;  en  catalan  Tort, 

Ala  rotj. 

Ces  deux  espèces  sont  très-recherchées.  Après  la  vendange, 
elles  sont  très-grasses;  on  en  prend  snr  la  lisière  des  bois  des 
masses  considérables,  qu'on  porte  au  marché,  où  elles  se  vendent 
très-bien. 

Les  Merles  Grive  et  Mauvis  n'habitent  notre  département  que 
pendant  l'hiver;  ils  nous  quittent  à  la  belle  saison  pour  aller 
nicher,  avec  les  Étourneaux  et  les  Ramiers,  sur  les  tours  et  les 
édifices  de  la  Vieille-Castille.  J'ai  vu,  du  côté  de  Guadalajara, 
prendre,  en  été,  dans  des  trous  pratiqués  exprès  sur  les  clochers, 
quantité  de  jeunes  Grives  el  d'Étourneaux;  ils  étaient  très-gras, 
et  avaient  une  chair  très-délicate. 

5.  Merle  à  plastron,  Turdus  torquatus ,  Lin.;  en  catalan 

Merta  de  montanya. 

Le  Merle  à  plastron  niche  sur  nos  montagnes;  il  se  voit,  en 
hiver,  dans  nos  plaines;  il  est  asspz  rare. 


132  HISTOIRE   NATURELLE. 

6.  Merle  noir,  Turdus  merula,  Lin.;  en  catalan  Merla  et 

les  jeunes,  Merlats. 

Cette  espèce  est  très-répandue  dans  nos  forêts  et  dans  les 
vergers.  Elle  ne  quitte  pas  la  contrée;  son  chant  est  éclatant,  et 
se  fait  écouter  avec  plaisir,  surtout  lorsqu'il  déploie  toutes  les 
ressources  de  sa  voix  au  milieu  d'une  nature  sauvage  ;  en  capti- 
vité, ce  n'est  plus  la  même  mélodie. 

Le  Merle  au  plumage  blanc,  se  voit  clans  nos  hautes  régions, 
en  Capcir  et  en  Cerdagne.  M.  Canta  en  avait  un,  dans  sa  collec- 
tion, qui  était  café-au-lait. 

7.  Merle  erratique,  Turdus  migratorius,  Temm.;  rare. 

8.  Merle  à  gorge  noire,  Turdus  atrogularis,  Tem.;  rare. 

Nous  avons  trouvé  des  caractères  très-différents  dans  les  indi- 
vidus de  cette  dernière  espèce;  nous  pensons  qu'ils  tiennent  à  la 
différence  d'âge.  Il  paraît  qu'elle  se  reproduit  dans  le  départe- 
ment, mais  dans  les  régions  élevées;  car,  la  plupart  des  individus 
que  nous  avons  vus,  sont  de  jeunes  sujets. 

9.  Merle  Naumann,  Turdus  Naumanni,  Tem.;  très-rare. 

Les  Merles  Blafard  et  à  Sourcils-Blancs,  n'ont  pas  été 
observés  dans  les  Pyrénées-Orientales. 

2me  Section.  —  Saxicoles. 

Cette  section,  qui  se  compose  de  deux  espèces  en 
Europe,  a  été  formée  pour  les  séparer  des  autres  Merles. 
Leurs  habitudes  sont  tout-à-fait  différentes  ;  ils  fréquen- 
tent toujours  les  rochers  escarpés  des  hautes  montagnes  ; 
nichent  dans  les  fentes  des  rocs,  et  vivent  solitaires.  Leur 
nourriture  se  compose  uniquement  d'insectes;  cependant, 
ils  se  rabattent  quelquefois  sur  les  baies. 


OISEAUX.  133 

10.  Merle  de  roche,  Turdus  saxatilis,  Lath.;  en  catalan 

Passera  de  les  Rojes. 

1 1.  Merle  bleu,  Turdus  cyaneus,  Geml.;  en  catalan  Merla 

roquer. 

Les  Merles  de  Roche  et  Bleus  fréquentent  peu  nos  plaines.  Ils 
se  tiennent  constamment  dans  les  lieux  solitaires  de  nos  monta- 
gnes, sur  les  roches  très-escarpées  et  fort  accidentées  par  des 
torrents,  où  ils  aiment  à  vivre  :  c'est-là  qu'ils  élèvent  leur  famille, 
et  les  jeunes  ne  s'éloignent  pas  beaucoup  du  lieu  qui  les  a  vus 
naître  ;  ils  y  demeurent  longtemps  en  compagnie  de  leurs  parents. 
Le  Merle-Bleu  est  plus  répandu  dans  les  parties  basses,  les  lisières 
des  bois,  le  bord  des  vignes.  Quand  il  fait  froid,  il  vient  se  faire 
prendre  aux  filets  tendus  pour  les  Grives ,  et,  en  automne,  on  en 
apporte  beaucoup  sur  nos  marchés. 

GENRE   DIX-HUITIÈME. 

Cincle,  Cinclus,  Temminck. 

Caractères. — Bec  médiocre,  tranchant,  élevé,  comprimé 
et  arrondi  par  le  bout ,  finement  dentelé  sur  les  bords  ; 
narines  basales,  longitudinalement  fendues,  recouvertes 
par  une  membrane;  tête  petite,  le  front  long  et  venant 
aboutir  aux  narines;  pieds,  trois  doigts  devant  et  un 
derrière,  l'extérieur  soudé  à  sa  base;  corps  ramassé; 
ailes  et  queue  courtes. 

Les  mœurs  des  Cincles  présentent  des  faits  très-extraor- 
dinaires. 

1.  Cincle  plongeur,  Cinclus  aquaticus,  Bechst. 

Habite  les  lieux  montueux  du  département,  où  il  se  reproduit. 
Je  l'ai  observé  souvent  autour  des  jasses  des  montagnes  où  l'on 
parque  les  bestiaux.  Pendant  la  belle  saison,  il  recherche  les 


M 4  HISTOIRE   NATURELLE. 

eaux  limpides  des  torrents  qui  abondent  dans  ces  contrées;  il 
s'immerge  au  fond  de  l'eau,  s'y  promène  et  s'y  maintient  assez 
longtemps  pour  chercher  sa  nourriture;  il  fouille  aussi  les 
bouses  des  vaches,  où  il  trouve  des  larves  d'insectes,  qu'il 
dévore.  Les  grands  froids  l'obligent  à  descendre  dans  la  plaine; 
et  là,  il  conserve  ses  habitudes,  c'est-à-dire,  qu'on  le  voit  tou- 
jours près  des  ruisseaux  ou  près  des  rigoles  de  nos  prairies. 

Les  Cincles  de  Pallas  et  les  Cincles  à  ventre  noir, 
n'ont  pas  été  observés  dans  ce  département,  ou  du  moins 
ils  ont  échappé  à  nos  recherches. 

GENRE   DIX-NEUVIÈME. 

Bec-Fin,  Sylvia,  Temminck. 

Caractères. — Bec  droit,  grêle,  en  forme  d'alêne,  base 
plus  élevée  que  large;  pointe  de  la  mandibule  supérieure 
souvent  échancrée;  narines  basales,  ovoïdes,  à  moitié 
fermées  par  une  membrane;  pieds,  trois  doigts  devant 
et  un  derrière,  l'ongle  de  celui-ci  arqué;  ailes  à  pennes 
bâtardes,  rémiges  très-variables  selon  les  espèces. 

Ce  genre  comprend  les  plus  petites  espèces  d'oiseaux  qui 
vivent  en  Europe  :  tout  ce  qui  est  connu  sous  le  nom  de 
Fauvette  appartient  à  cette  classe.  Le  chant  du  plus  grand 
nombre  est  doux,  sonore,  flexible  et  accentué;  ils  se 
répandent  dans  nos  jardins,  nos  parcs,  nos  bocages,  nos 
taillis,  et  c'est-la  qu'ils  font  entendre  leur  douce  et  mélo- 
dieuse voix  ;  d'autres ,  moins  privilégiés ,  sous  le  rapport 
de  la  voix,  vivent  habituellement  aux  bords  des  eaux,  à 
l'ombre  des  roseaux  et  des  joncs ,  où  ils  se  font  remar- 
quer par  leur  babil  continuel,  qui  égayé  et  charme  la 
monotonie  de  ces  lieux  peu  fréquentés.  La  plupart  des 


OISEAUX.  135 

Oiseaux  de  ce  genre,  émigrent,  en  automne,  vers  les 
pays  chauds,  et  reviennent  avec  les  beaux  jours  d'avril. 
Beaucoup  sont  sédentaires,  et  leur  migration  se  fait  dans 
le  département,  de  la  plaine  à  la  montagne. 

lre  Section.  —  Riverains. 

Ceux-ci  vivent  au  bord  des  eaux,  près  des  fleuves  et  des 
marais;  escaladent  habituellement  les  roseaux,  les  joncs, 
et  se  nourrissent  d'insectes  qui  fourmillent  sous  les  om- 
brages humides  et  au  milieu  des  vastes  marécages.  Le 
chant  ou  le  cri  d'appel  du  mâle  n'est  pas  cadencé,  com- 
me chez  les  Becs-Fins  Sylvains;  mais  il  consiste  en  une 
espèce  de  craquement,  non  interrompu,  peu  mélodieux. 

1.  Bec-Fin  rousserole,  Sylvia  turdoïdes,  Tem.;  en  catalan 

Carreler,  Gran  Rosinyol  d'Aygua. 

Cette  belle  espèce  habite  les  parties  très-couvertes  d'arbres  et 
de  broussailles  des  contrées  humides  de  la  Salanque.  Son  chant, 
peu  agréable,  accentué  sur  deux  syllabes,  souvent  répétées  :  cha-rio, 
cha-rio,  lui  a  valu,  dans  le  pays,  le  nom  de  Carreler  (Charretier), 
parce  qu'il  semble  commander  à  un  attelage  de  voiture.  C'est, 
encore,  un  ventriloque  consommé  ;  on  le  croit  à  droite  et  il  est 
à  gauche,  ce  qui  égare  l'oiseleur  qui  veut  le  chasser. 

2.  Bec-Fin  rubigineux,  Sylvia  galadotes,  Tem.;  très-rare. 

Nous  avions  déjà  observé  un  individu  de  cette  espèce,  tué  dans 
le  pays  en  1839.  Nous  avons  pu  constater,  plus  tard,  sa  présence 
par  un  autre  sujet  qui  fut  pris  au  filet  au  moment  du  passage  du 
printemps,  en  1847,  ce  qui  donnerait  à  croire  que  cette  Fauvette 
est  accidentellement  de  passage  dans  le  département. 

o.  Bec-Fin  riverain,  Sylvia  fluviatilis,  Meyer.;  très-rare. 


136  HISTOIRE   NATURELLE. 

Nous  voyons  très-rarement  cette  Fauvette  dans  ce  pays.  Nous 
n'avons  pu  constater  si  elle  y  passe  l'hiver  ;  mais  on  en  prend 
quelques  sujets,  de  temps  à  autre,  dans  les  lacets  qu'on  tend 
pour  prendre  les  oiseaux,  au  printemps,  au  moment  de  leur 
passage. 

4.  Bec-Fin  locustelle,  Sylvia  locusteUa,  La  th.;  rare. 

5.  Bec-Fin  trapu,  Sylvia  certhiola,  Temm.;  très-rare. 

Nous  avions  observé  quelque  différence  entre  cette  dernière 
espèce  et  la  précédente,  et  nous  l'avions  attribuée  à  l'âge  ou  aux 
différentes  mues;  mais  M.  Temminck  a  fait  connaître,  par  des 
observations  fort  justes,  consignées  dans  la  seconde  édition  de  son 
ouvrage,  les  caractères  qui  ne  permettent  plus  de  les  confondre. 

6.  Bec-Fin  aquatique,  Sylvia  aqualica,  Lath.;  en  catalan 

Salta  marges  (Saute  buissons). 

Cette  petite  Fauvette  habite  les  parties  de  la  Salanque  où  l'eau 
séjourne,  et  le  long  des  ruisseaux  où  existent  de  grandes  haies. 
L'habitude  qu'elle  a  de  sauter  d'une  haie  à  l'autre,  lui  a  valu  le 
nom  que  lui  donnent  nos  paysans. 

7.  Bec-Fin  lïagmite,  Sylvia  phragmites,  Bech.;  en  catalan 

Buscàrla. 

On  confondait  facilement  ces  deux  dernières  espèces;  mais 
leurs  vrais  caractères,  signalés  par  M.  Temminck,  ne  laissent  aucun 
doute  à  ce  sujet,  et  permettent  de  les  distinguer  d'une  manière 
précise.  Le  Bec-Fin  Fragmite  habite  le  bord  des  marécages,  il  vit 
parmi  les  roseaux  et  les  plantes  aquatiques  qui  croissent  dans  ces 
lieux;  il  y  construit  son  nid,  et  l'attache  à  ces  plantes;  il  se  nourrit 
de  petits  hannetons,  limaces,  taons,  cousins  et  demoiselles,  qui 
abondent  dans  ces  parages. 

8.  Bec-Fin  des  roseaux  ou  effarvatte,  Sylvia  arundinacea, 

Lath.;  en  catalan  Tri-Tri. 


0Ï9BAUX.  137 

Espèce  assez  répandue  dans  tout  le  voisinage  des  mares  d'eau 
de  la  Salanque,  tout  auprès  de  la  mer,  parmi  les  roseaux  dits 
Semyls (Phragmites  commmis),  où  elle  se  cache  et.  qu'elle  ne  quitte 
jamais.  Elle  y  construit  son  nid,  y  élève  sa  famille  et  y  trouve  une 
nourriture  abondante.  Son  cri,  répété  souvent  dans  les  mouve- 
ments qu'elle  exécute,  lui  a  valu  le  nom  catalan  qu'elle  porte: 
tri,  tri,  tri;  on  se  la  procure  très-difficilement. 

î).  Bec-Fin  verderole,  Sylvia  palustris,  Bech.;  en  catalan 
Menje  mosquits  (Mangeur  de  moucherons). 

Il  arrive  dans  cette  contrée  au  moment  où  les  saules  entrent 
en  végétation,  en  mars,  et  nous  quitte  en  septembre.  On  le  voit 
constamment  dans  les  parties  basses  et  humides  où  les  saules 
sont  en  grand  nombre,  sautant  de  branche  en  branche,  pour  y 
prendre  les  cousins  et  les  mouches  dont  il  fait  sa  principale 
nourriture.  Il  fait  son  nid  parmi  les  roseaux  ou  les  tamarix, 
qui  abondent  dans  ces  terrains,  et  y  élève  sa  famille. 

10.  Bec-Fin  bouscarle  ou  cetti,  Sylvia  cetti,  Marin.;  en 

catalan  Buscale,  Rossinyol  bastart. 

Cette  espèce  n'est  pas  très-répandue  ;  cependant ,  il  est  des 
années  où  on  la  voit  assez  communément  dans  les  lieux  humides 
et  très-fourrés  de  la  Salanque,  aux  endroits  où  les  buissons  abon- 
dent, au  milieu  desquels  elle  se  cache  pour  y  élever  sa  famille. 
Son  nid,  négligemment  fait,  est  placé  dans  les  buissons;  mais, 
très-bas,  presque  ras  de  terre.  Elle  est  inconstante,  et  ne  parait 
pas  toujours  dans  les  mômes  localités,  remarque  qui  a  été  faite 
sur  plusieurs  espèces  de  cette  famille. 

Les  Becs-Fins  des  Saules  et  a  Moustaches  Noires  iront 
pas  été  observés  dans  ce  département. 

11.  Bec-Fin  cisticole,  Sylvia  cisticola,  Tem.;  en  catalan 

Bardaleta  ou  Castanyola. 


138  HISTOIRE  NATURELLE. 

Le  Bec-Fin  cisticole  paraît  très-rarement.  M.  Ganta  l'avait 
trouvé  le  premier;  il  me  communiqua  cette  espèce,  qui  lui  pa- 
raissait douteuse.  Deux  autres  sujets  furent  pris  en  1839;  depuis 
lors,  nous  l'avons  trouvé  plusieurs  fois  parmi  une  infinité  de 
petits  oiseaux  qui  sont  pris  au  filet,  au  printemps.  Celte  Fauvette 
se  tient  dans  les  parties  basses  de  la  Salanque,  près  des  mares 
les  plus  rapprochées  de  la  mer. 

2me  Section.  —  Sylvains. 

Caractères.  —  Les  Oiseaux  qui  appartiennent  à  cette 
section,  et  qu'on  appelle  généralement  Fauvettes,  sont 
ceux  dont  la  voix  douce  et  harmonieuse  salue  par  des 
accents  d'amour  le  retour  du  printemps.  Ils  se  répandent 
dans  les  bois,  les  champs,  les  haies  et  les  jardins;  ils  se 
nourrissent  de  baies,  de  vers  et  d'insectes;  leur  corps 
est  svelte;  la  queue  est  longue,  et  ils  la  portent  horizon- 
talement, large  et  a  pennes  égales;  le  bec  est  droit,  grêle, 
comprimé  à  la  pointe. 

12.  Bec-Fin  rossignol,  Sylvia  luscinia,  Lath.;  en  catalan 
Rossini/ol  (prononcez  roussignol). 

On  dirait,  que  le  Rossignol  est  jaloux  de  faire  entendre  sa  belle 
voix,  douce,  large,  flexible  et  accentuée;  car  c'est  le  chantre  de 
nos  bocages  qui  aime  le  plus  à  venir  fixer  sa  demeure  d'été  dans 
les  endroits  les  plus  rapprochés  de  l'habitation  de  l'homme  ;  il 
vient  saisir  sa  proie  presque  à  nos  pieds.  C'est  l'oiseau  qui  se 
familiarise  le  mieux;  il  prend  des  doigts,  une  mouche,  un  ver, 
qu'on  lui  offre,  et  dont  il  est  très-friand.  Il  est  peu  de  cantons 
de  nos  campagnes,  où  il  ne  soit  répandu  :  la  nature  a  voulu 
que  son  chantre  le  plus  mélodieux  animât  tous  les  lieux  par  ses 
amoureux  concerts.  11  s'habitue  facilement  en  cage;  seulement, 
il  devient  importun  à  cause  de  sa  nourriture,  difficile  à  pré- 
parer, et  qu'il  faut  renouveler  tous  les  jours.  C'est  pour  ce  motif 


OISEAUX.  139 

qu'il  n'est  pas  aussi  commun  dans  nos  volières  que  les  Oiseaux 
granivores. 

45.  Bec-Fin  philomèle,  Sylvia  philomela,  Bech.;  en  cat, 
Rossinyol  dels  grossos. 

Quoique  plus  gros  que  le  Lucinia,  son  plumage,  presque  le 
même,  le  ferait  facilement  confondre  avec  le  précédent,  si  toutes 
ses  teintes  n'étaient  pas  plus  claires;  il  a  les  mêmes  habitudes; 
il  fréquente  les  endroits  très-ombragés  et  humides,  et  sa  voix, 
aussi  harmonieuse  et  plus  forte,  le  fait  préférer  pour  l'élever  en 
captivité. 

14.  Bec-Fin  orphée,  Sylvia  orphea,  Temm.;  en  catalan 

Rossinyol  mascarat. 

Comme  toutes  les  Fauvettes,  l'Orphée  arrive  dans  nos  contrées 
vers  le  mois  d'avril,  et  se  répand  dans  les  bois  des  parties  basses; 
mais  il  quitte  bientôt,  la  plaine  pour  aller  se  fixer  au  pied  des 
montagnes,  sur  le  bord  des  ravins  et  sur  les  lisières  des  bois 
touffus  qui  les  garnissent  :  il  se  cache  sous  l'épais  feuillage  des 
arbres,  en  faisant  entendre  sa  voix,  toujours  mélodieuse.  Sa 
nourriture  consiste  en  insectes  et  baies  sauvages;  il  niche  sur 
les  arbres  bas  et  touffus;  mais  le  plus  souvent  dans  les  buissons 
épais;  quelquefois  sous  les  toits  des  habitations  isolées. 

15.  Bec-Fin  rayé,  Sylvia  nisoria,  Bech.;  rare. 

De  passage  très-accidentel.  Cette  jolie  Fauvette  se  voit  très- 
rarement.  On  ne  connaît  pas  ses  habitudes;  on  la  prend  quelque- 
lois  aux  filets,  à  l'époque  du  passage  des  oiseaux,  au  printemps. 

16.  Bec-Fin  rubigineux,  Sylvia  rxbiginosa,  Temm. 

Nous  avons  vu  ce  Bec-Fin  une  seule  fois,  il  y  a  déjà  longtemps, 
en  1835;  il  avait  été  pris  au  filet,  à  Collioure.  (Tn  de  mes  parents 
me  l'envova;  et,  malgré  ma  recommandation,  il  n'a  pu  m'en 


14(1  HISTOIRE   NATURELLE. 

procurer  d'autres  depuis  lors.   On  ne  peut  donc  considérer  cet 
oiseau  que  comme  de  passage  très-accidentel. 

17.  Bec-Fin  à  tête  noire,  Sylvia  atracapilla,  Lath.;  en 

catalan  Cap  nègre. 

Commune  dans  toute  la  contrée ,  cette  Fauvette ,  dès  qu'elle 
arrive,  se  tient  dans  nos  jardins  potagers;  mais,  bientôt  après, 
elle  s'éloigne  de  la  plaine ,  pour  prendre  domicile  dans  les  bois 
écartés  des  habitations  qui  couvrent  nos  premiers  contreforts  des 
montagnes;  elle  est  très-farouche,  et  se  multiplie  dans  les  lieux 
déserts.  On  en  prend  beaucoup  dans  les  deux  passages  de  mai  et 
de  septembre;  dans  l'arrière  saison,  elle  est  très-grasse ,  et  c'est 
un  manger  délicat. 

18.  Bec-Fin  mélanocéphale,  Sylvia  melanocepjiala,  Lath.; 
en  catalan  Cap  nègre  à  ull  rotj. 

Cette  jolie  petite  Fauvette  est  fort  commune  dans  ce  pays.  Nous 
la  voyons ,  toute  l'année ,  sur  le  bord  des  haies  des  ravins  et  des 
propriétés  où  elle  se  tient  cachée  dans  les  fourrés,  à  Mailloles,  à 
Orle,  aux  côtes  de  Chàteau-Roussillon.  La  nudité  qui  entoure  ses 
yeux  est  d'un  rouge-cramoisi,  qui  se  ternit  aussitôt  que  l'animal 
est  mort  ;  sa  queue  est  légèrement  étagée  ;  sa  robe  est  d'un  gris- 
d'ardoise  très-sombre ,  et  elle  a  une  couronne  noire  sur  la  tète  ; 
elle  fait  son  nid  dans  les  buissons  fourrés  des  localités  où  elle  vil. 

19.  Bec-Fin  fauvette,  Sylvia  hortensis,  Bech.;  en  catalan 

Russeta,  Piula. 

Fort  commune  dans  toute  la  contrée,  cette  espèce  s'établit  dans 
les  parties  basses  de  nos  montagnes,  où  elle  élève  sa  famille,  niche 
dans  les  buissons,  pond  cinq  à  six  œufs  blanchâtres,  parsemés 
de  taches  verdàtres.  Elle  est  très-estimée  en  septembre,  parce 
qu'elle  est  grasse.  Nos  paysans  l'appellent  Piula,  à  cause  de  son 
cri,  qu'elle  fait  souvent  entendre. 


OISEAUX.  I  il 

20.  Bec-Fin  grisette,  Sylvia  cinerea  ,  Latli.;  en  catalan 

Busqaeta,  Pica  cireres. 

On  lui  a  donné  son  nom  de  Busqueta,  en  Roussillon ,  parce, 
qu'elle  se  plait  dans  les  bois  clair-semés ,  et  qu'elle  sautille  tou- 
jours d'une  branche  à  l'autre,  sans  jamais  rester  en  place.  Elle 
se  plait  près  des  maisons  rurales;  elle  établit  son  nid  dans  les 
haies  des  jardins  ou  dans  les  buissons  touffus  qui  entourent  les 
propriétés. 

21.  Bec-Fin  babillard,  Sylvia  curraca,  Lath.;  en  catalan 

Charrayre  (Babillard). 

Cette  espèce  est  aussi  commune  que  la  Grisette  ;  mais  elle  se 
tient  constamment  dans  les  bois  taillis  très-fourrés,  près  des  cours 
d'eau  où  les  plantes  aquatiques  abondent.  Autant  la  Grisette 
parait  rechercher  les  habitations,  autant  celle-ci,  très-farouche, 
les  fuit  et  se  tient  toujours  cachée  dans  les  buissons  épais.  On 
voit  quelquefois  le  mâle  sortir  de  sa  retraite,  s'élever  dans  les 
airs  en  faisant  entendre  son  chant  qui  n'est  pas  du  tout  agréable  ; 
il  sautille  de  branche  en  branche  dans  les  buissons,  en  babillant 
continuellement,  et,  c'est  pour  cela,  sans  doute,  que  Brisson  lui 
imposa  le  nom  de  Fauvette-Babillarde.  Elle  construit  son  nid 
entre  les  plantes  aquatiques  ou  entre  les  Arundo  phragmites  qui 
abondent  près  des  eaux;  elle  le  soigne  très-peu.  On  en  prend 
considérablement  au  passage  du  printemps. 

22.  Bec-Fin  à  lunettes,  Sylvia  conspicillata ,  Mann.;  en 

catalan  Tric-Tric  ou  Trauca  mates. 

En  avril,  avec  tous  les  Sylvains,  arrive  le  Bec-Fin  à  Lunettes. 
Il  s'établit  d'ordinaire  sur  les  collines  couvertes  de  bois  taillis  et 
de  buissons,  qui  paraissent  lui  plaire  de  préférence;  il  se  tient 
constamment  sur  les  branches  les  plus  élevées,  en  faisant  entendre 
son  cri  de  prédilection  :  trie,  trie,  trie,  plusieurs  fois  répété,  et 
appuyant  sur  Vr,  Pendant  l'incubation ,  le  mâle  ne  s'éloigne  pas 


14-2  HISTOIRE    NATURELLK. 

du  buisson  où  est  la  famille,  et  il  fait  entendre  un  joli  petit 
ramage,  où  il  mêle  son  trie,  trie.  Son  nid  est  construit  avec  des 
graminées,  artistement  arrangées,  dont  l'intérieur  est  garni  de 
brins  très-fins;  la  femelle  pond  de  cinq  à  six  œufs  d'un  blanc 
azuré,  garnis  détaches  brunes,  irrégulièrement  distribuées. 

23.  Bec-Fin  pitchou,  Sylvia provincialis,  Geml.;  en  cata- 

lan Busqueta. 

En  arrivant,  au  printemps,  avec  les  autres  Sylvains,  le  Pitchou 
va,  de  suite,  s'établir  dans  les  bois  qui  couvrent  les  premiers  con- 
treforts de  nos  montagnes,  au  milieu  des  buissons  et  des  bruyères. 
Cet  oiseau,  très-vif,  ne  reste  jamais  en  place  ;  il  se  cache  dans  les 
fourrés,  et  disparaît  sans  qu'on  s'en  aperçoive,  parce  qu'il  file 
facilement;  et,  volant  ras  de  terre,  va  bientôt  se  loger  dans  un 
autre  buisson  ;  mais  sa  voix  le  trahit  aussitôt.  Il  construit  son  nid 
au  milieu  d'un  épais  buisson ,  et  la  femelle  pond  cinq  à  six  œufs 
d'un  blanc  sale,  avec  de  petits  points  bruns,  plus  grands  vers  le 
gros  bout.  Il  se  nourrit  de  petits  insectes  et  de  baies  sauvages. 

24.  Bec-Fin  passerinette,   Sylvia  passerina,   Lath.;  en 
catalan  Busqueta. 

Cette  Fauvette  préfère  les  bois  touffus  des  montagnes,  où 
d'abondantes  bruyères  couvrent  le  sol,  où  de  grosses  broussailles 
et  des  ronces  forment  des  amas  considérables.  Elle  est  très-farou- 
che, et,  dès  qu'elle  entend  le  moindre  bruit,  elle  s'élève  dans  les 
airs,  en  poussant  un  cri  désagréable;  puis,  elle  retombe  comme 
un  trait,  et  disparaît  dans  le  plus  épais  des  buissons,  où  elle  niche 
et  cache  sa  demeure. 

25.  Bec -Fin  rouge-gorge,  Sylvia  rubecula,  Lath.;   en 

catalan  Pit-Rotj. 

Le  Rouge-Gorge  ne  quitte  jamais  le  département;  on  le  voit 
dans  toutes  les  saisons.  En  hiver,  il  abandonne  les  bosquets  de 


OISEAUX.  143 

nos  montagnes,  et  vient  se  rapprocher  des  maisons  rustiques, 
où  il  entre  même  ramasser  les  miettes  ;  il  est  très-familier,  et  sa 
voix  est  douce  et  agréable. 

26.  Bec-Fin  gorge-bleue,  Sylvia  cyanecula,  Meyer;  en 

catalan  Blaveta. 

Cette  jolie  Fauvette  arrive  dès  les  premiers  jours  du  printemps; 
elle  est  assez  abondante,  et  se  tient  de  préférence  vers  la  Salanque, 
près  des  mares  et  des  prairies  humides;  mais  elle  disparaît  bientôt 
pour  aller  se  reproduire  ailleurs.  Elle  présente  plusieurs  varié- 
tés, dont  les  caractères  me  paraissent  ne  devoir  être  attribués  qu'à 
l'Age  :  ainsi,  les  unes  ont  une  zone  sur  le  jabot,  bien  caractérisée 
en  bleu-de-ciel,  encadrée  de  noir  et  de  fauve,  la  tache  du  centre 
d'un  blanc-argenté;  tandis  que  chez  d'autres  individus,  cette  tache 
est  marron-clair,  et  la  zone  de  diverses  nuances.  D'après  les  nou- 
velles observations  de  M.  Temminck,  ces  diverses  nuances  seraient 
constantes,  et  constitueraient ,  alors,  deux  espèces  différentes: 
l'une,  Bec-Fin  gorge-bleue,  à  miroir  du  centre  blanc,  Sylvia 
cyanecula;  l'autre,  Bec-fin  gorge-bleue,  à  miroir  roux,  Sylvia 
suecica,  Temm.  Toutes  les  deux  se  prennent  dans  les  filets,  au 
printemps. 

27.  Bec-Fin  rouge-queue,  Sylvia  tithys,  Scop.;  en  cata- 

lan Cua-Rotj  (prononcez  coua  rotj). 

28.  Bec-Fin  des  murailles,  Sylvia  phœnicurus,  Lath.;  en 

catalan  Carboner. 

Ces  deux  espèces,  qu'on  pourrait  confondre  facilement  par 
leurs  couleurs  générales,  mais  que  l'observation  fait  bientôt  distin- 
guer, ont  à  peu  près  les  mêmes  habitudes  ;  elles  aiment  les  lieux 
isolés  et  escarpés.  Lorsqu'elles  arrivent,  au  printemps,  on  les  voit 
dans  les  haies,  sur  les  buissons,  sur  les  arbres  et  sur  les  maisons 
de  campagne  isolées,  où  elles  s'attachent  aux  murs,  se  posent 
sur  les  toits  et  sur  les  cheminées.  Mais  ces  Fauvettes  nous  quit- 
tent bientôt  pour  aller  à  la  montagne  se  reproduire;  elles  repas- 


144  HISTOIRE   NATURELLE. 

sent  en  septembre;  elles  sont  alors  Tort  grasses,  et  leur  chair, 
très-délicate,  les  fait  rechercher  des  gourmets. 

Nous  n'avons  jamais  observé,  dans  ce  département, 
les  trois  Becs-Fins  Soyeux,  de  Ruppel  et  Sarde.  Il  serait 
possible  qu'ils  eussent  Réchappé  à  nos  observations;  car 
ces  petites  espèces  peuvent  souvent  passer  inaperçues. 

3me  Section. — Muscivores;  en  catalan  Mosquetas. 

29.  Bec-Fin  à  poitrine  jaune,  Sylvia  hippolais,  Lath. 

50.  Bec-Fin  siffleur,  Sylvia  sibïlatrix,  Bech. 

Ces  deux  Fauvettes  ont  à  peu  près  les  mêmes  mœurs  et  les 
mêmes  habitudes.  Nos  arbres  en  sont  couverts  aux  premiers  jours 
du  printemps  ;  elles  se  plaisent  surtout  le  long  des  ruisseaux  où  se 
trouvent  de  grands  arbres  ;  elles  voltigent  d'une  branche  à  l'autre 
pour  attraper  les  mouches,  leur  principale  nourriture.  Elles  font 
leur  nid  dans  les  buissons,  et  sont  très-attachées  à  leurs  couvées. 
Quand  on  déniche  leurs  petits,  elles  suivent  pendant  longtemps 
l'individu  qui  leur  enlève  la  famille ,  en  faisant  entendre  un  cri 
qui  dénote  toute  leur  colère.  Elles  disparaissent  aux  approches 
de  l'hiver. 

51.  Bec-Fin  ictérine,  Sylvia  icterina,  Vieill. 
32.  Bec-Fin  pouillot,  Sylvia  trochilus,  Lath. 

Ces  deux  espèces,  que  l'on  confond  souvent  à  cause  de  leur 
grande  ressemblance,  sont  assez  communes,  au  printemps,  dans 
nos  prairies  basses  entourées  de  saules,  arbre  sur  lequel  elles  se 
tiennent  de  préférence.  Elles  habitent  aussi  les  taillis  qui  se 
trouvent  au  bord  des  cours  d'eau;  elles  font  entendre  un  cri 
plaintif,  tout  en  sautant  ou  pour  mieux  dire  tout  en  grimpant 
le  long  des  branches.  On  les  prend,  avec  le  filet,  dès  qu'elles 
arrivent,  et  c'est  toujours  en  très-grand  nombre. 

55.  Bec-Fin  véloce,  Sylvia  rufa,  Lath.;  très-rare. 


OISEAUX.  I  15 

Celte  Fauvette  aime  le  voisinage  de  l'homme;  elle  se  rapproche 
des  habitations  dès  que  le  mauvais  temps  arrive.  On  la  voit  sau- 
tiller sur  les  arbres  de  nos  parterres,  sur  les  touffes  des  rosiers, 
et  surtout  au  milieu  des  orangers,  où  elle  trouve  beaucoup 
d'insectes,  qui  sont  sa  seule  nourriture;  elle  pénètre  dans  nos 
séries,  où  elle  cherche,  sur  les  plantes  et  les  arbustes,  les  insectes 
qui  s'y  tiennent  cachés.  Au  printemps,  chaque  couple  s'éloigne  de 
nous  pour  aller,  sur  nos  collines  et  près  des  ravins,  établir  sa 
nichée. 

Nous  n'avons  jamais  vu  le  Bec-Fin  Natterer  dans  notre 
voisinage. 

GENRE   VINGTIÈME. 

Roitelet,  Régulas,  Teinm. 

Caractères. — Bec  très-grêle,  très-comprimé,  même  à 
sa  base ,  très-aigu  ;  les  narines  sont  couvertes  de  poils 
dirigés  en  avant.  Ce  sont  les  plus  petits  Oiseaux  d'Europe. 
Leur  conformation  et  leurs  habitudes  les  rapprochent  des 
Mésanges.  M.  Temminck  dit  qu'ils  forment  le  passage 
gradué  des  vrais  Sylvains  avec  les  Mésanges. 

1.  Roitelet  ordinaire,  Regulus  cristatus,  Lath.;  en  catalan 

Rey  petit. 

Habite,  tout  l'été,  nos  fraîches  vallées  des  montagnes,  et  niche 
sur  les  arbres,  qui  sont  auprès  des  habitations.  Dès  que  les  frimats 
arrivent,  il  descend  dans  la  plaine;  et,  mêlé  cà  la  Mésange-Bleue, 
il  se  rabat  sur  nos  plantations  d'oliviers  et  dans  nos  vergers  pour 
y  faire  la  chasse  aux  insectes.  Ces  Oiseaux  sont  très-nombreux, 
car  leur  reproduction  est  énorme  :  chaque  femelle  pond  douze  à 
quatorze  œufs,  et  fait  ordinairement  trois  nichées. 

2.  Roitelet  triple  bandeau,  Regulus  ignicapiMus,  Brehm. 

TOME    III.  10 


146  HISTOIRE   NATURELLE. 

Nous  avions  pris  cette  espèce  pour  une  variété  du  Cristatas, 
ou  pour  de  jeunes  sujets  qui  n'étaient  pas  encore  avec  toute  leur 
livrée;  mais  les  observations  de  M.  Brehm  ne  laissent  plus  de 
doute:  c'est  une  espèce  distincte,  à  laquelle  il  a  donné  le  nom 
de  Regulus  ignicapillus.  Ces  Oiseaux  se  trouvent  mêlés  avec  le 
Cristatus,  sur  les  mêmes  arbres;  ont  les  mêmes  mœurs  et  les 
mêmes  habitudes  ;  ils  nichent  dans  les  mêmes  localités. 

GENRE   VINGT   ET   UNIÈME. 

Troglodyte,  Troglodytes,  Cuvier. 

Caractères.  — Bec  très-grêle,  légèrement  arqué,  pointu; 
la  queue  et  les  ailes  courtes;  la  queue  toujours  relevée. 
Ce  genre  vit,  le  plus  souvent,  caché  dans  les  buissons 
près  des  ruisseaux,  et  se  montre  rarement  h  découvert 
sur  les  arbres. 

La  dénomination  de  Troglodyte,  explique  parfaitement 
l'habitude  que  ces  Oiseaux  ont  de  pénétrer  dans  les 
cavernes  et  les  vieux  murs,  dans  les  trous  desquels  ils 
aiment  à  s'enfoncer. 

1.  Troglodyte  ordinaire,   Troglodytes  vulgaris ,  Temm.; 
en  catalan  Rey  menut,  Car  goulet. 

Il  est  dans  le  département  toute  l'année.  Au  printemps,  il  va 
habiter  les  gorges  des  basses  montagnes,  où  il  se  reproduit,  se 
rapprochant  toujours  des  habitations,  où  il  construit  son  nid 
dans  les  trous  des  murs  ou  sous  la  moindre  crevasse  des  solives 
des  toits.  L'hiver,  il  se  rapproche  de  nos  habitations  de  la  plaine, 
des  jardins,  des  haies  des  champs,  des  parterres  situés  même  au 
milieu  des  villes.  11  aime  à  fouiller  dans  les  lieux  obscurs;  il  tient 
constamment  la  queue  relevée,  et  saute  de  branche  en  branche 
dans  les  buissons;  il  fait  entendre,  tout  en  faisant  ces  exercices, 
un  petit  cri  saccadé  ;  le  mâle  a  un  tout  petit  et  joli  ramage,  qu'il 
fait  entendre  dans  toutes  les  saisons. 


OISEAUX.  147 

GENRE    VINGT-DEUXIÈME. 

ïraquet,  Saxicola,  Bech. 

Caractères.—  Bec  plus  large  que  haut;  arête  saillante 
s'avançant  sur  le  front  ;  mandibule  en  alêne,  la  supérieure 
courbée  à  la  pointe;  quelques  poils  à  la  racine  du  bec; 
narines  basales,  ovoïdes,  à  moitié  fermées  par  une  mem- 
brane. 

Le  nom  de  Saxicola  a  été  donné  à  ce  genre,  parce  que 
ces  Oiseaux  sont  toujours  au  milieu  des  roches  et  des  ter- 
rains pierreux,  stériles;  on  ne  les  trouve  jamais  dans  les 
grands  bois.  Ils  sont  vifs,  remuants,  méfiants,  difficiles 
à  tuer,  parce  qu'ils  vivent  le  plus  souvent  cachés  par  les 
pierres  et  les  crevasses  des  rochers,  où  ils  nichent  dans 
les  trous ,  souvent  aussi  à  terre ,  entre  les  racines  des 
buissons.  Leur  nourriture  se  compose  uniquement  d'in- 
sectes, qu'ils  saisissent  le  plus  souvent  en  courant  avec 
célérité. 

1.  Traquet  rieur,  Saxicola  cachinnans,  Tem.;  en  catalan 
Passera  de  las  negras,  Cua  blanc. 

Le  Traquet-Rieur  est  peu  commun;  on  ne  le  voit  jamais  en 
plaine.  Agile  et  très-méfiant,  il  se  tient  ordinairement  sur  les 
rochers,  au  milieu  des  ravins  et  des  rivières  de  nos  montagnes. 
Il  vient  jusqu'à  Villefranche,  jamais  plus  bas;  il  habite  les  gorges 
de  Saint-Marlin-du-Canigou,  les  ravins  de  la  vallée  d'Évol,  le  long 
de  la  rivière  et  aux  Graus  d'Olette;  mais,  son  pays  de  prédilection 
est  le  plateau  escarpé  de  la  Mouga ,  près  de  Costujes.  Il  se  livre, 
dans  ce  pays  sauvage  et  rocailleux,  à  toutes  sortes  d'évolutions; 
il  y  niche,  et  construit  son  nid  à  terre,  entre  les  rochers,  avec 
des  brins  de  fines  graminées;  il  le  garnit  en  dedans  de  matières 
cotonneuses.  La  femelle  pond  quatre  à  cinq  œufs  blancs  et 
claif-semés  de  tnrhos  roussâtfês. 


148  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Traquet  motteux,  Saxicola  œnanthe,  Bech.;  en  catalan 

Cul  blanc. 
5.  Traquet  stapazin,  Saxicola  stapazina,  Temm. 

4.  Traquet  oreillard,  Saxicola  aurita,  Temm. 

Ces  Oiseaux  arrivent  au  printemps.  Ils  choisissent  leur  demeure 
dans  les  steppes  et  les  lieux  incultes  de  nos  montagnes,  voisins 
des  bois;  ils  se  reproduisent  dans  ces  lieux  solitaires,  et  vivent 
isolés.  Dès  le  mois  d'août,  ils  se  répandent  dans  nos  champs 
labourés  de  la  plaine,  pour  y  saisir  les  insectes,  dont  ils  font 
leur  nourriture.  Ils  aiment  à  se  poser  sur  une  motte  élevée;  font 
quelques  mouvements  de  tête  et  de  queue,  et  recommencent  leur 
course,  ne  restant  jamais  une  minute  tranquilles.  A  cette  époque 
de  Tannée,  ils  sont  très-gras;  leur  chair  est  très-fine  et  bonne  à 
manger;  aussi  leur  fait-on  une  chasse  acharnée. 

5.  Traquet  tarier,  Saxicola  rubelra,  Bech.;    en  catalan 

Ric-Chec,  Cague  manecs.  . 

Les  deux  syllabes  ric-chec,  souvent  répétées,  lorsque  cet  Oiseau 
se  pose,  lui  ont  valu  dans  le  pays  cette  dénomination;  celle  de 
Cague  manecs,  lui  vient  de  l'habitude  qu'il  a  de  se  planter  sur  le 
manche  des  outils  de  nos  travailleurs,  délaissés  pendant  leur  repos. 
Ces  Oiseaux  sont  attirés  par  la  présence  des  vers  qui  se  trouvent 
sur  la  terre  fraîchement  remuée.  Ils  ne  quittent  pas  le  départe- 
ment, où  nous  les  voyons  dans  toutes  les  saisons;  ils  nichent  dans 
les  buissons  des  pays  montagneux ,  et  s'y  retirent  au  printemps  ; 
ils  rentrent  dans  la  plaine  après  avoir  élevé  leur  famille.  Ils  ont 
toujours  l'habitude  de  se  poser  sur  les  rameaux  les  plus  élevés. 

0.  Traquet  rubicole,  Saxicola  rubicola,  Bech. 

Cette  espèce  habite  les  monts  peu  élevés  de  nos  basses  mon- 
tagnes; y  niche,  et  vient  aussitôt  se  répandre  dans  nos  plaines. 
D'un  naturel  vif  et  gai,  on   voit  toujours  cet  Oiseau  sautiller, 


OISEAUX.  149 

s'élever  dans  l'air,  en  Taisant  entendre  une  petite  voix  rauque  ; 
il  revient  ensuite  se  percher  sur  l'extrémité  des  brins  secs  d'un 
buisson. 

Le  Traquet-Leucomèle  n'a  pas  été  observé  dans  le 
département. 

GENRE    VINGT-TROISIÈME. 

Accenteur,  Accentor,  Bech.;  en  catalan  Cerca  boras. 

Caractères. — Bec  plus  haut  que  large  à  sa  base,  droit, 
pointu,  à  bords  recourbés  en  dedans;  mandibule  supé- 
rieure un  peu  fléchie  à  son  extrémité;  narines  basales, 
percées  au  milieu  d'une  membrane. 

Les  Accenteurs  sont  assez  répandus  dans  ce  départe- 
ment; ils  se  reproduisent  dans  nos  montagnes,  et,  en 
hiver,  ils  se  rapprochent  des  plaines,  toujours  sur  les  bords 
des  champs,  près  des  haies;  leur  nourriture  consiste  en 
insectes  et  en  graines  ;  ils  ne  sont  pas  farouches  ;  leur 
voix  est  mélodieuse. 

1.  Accenteur  pegot  ou  des  Alpes,  Accentor  alpinus,  Bech. 

C'est  la  plus  grosse  espèce.  Elle  est  de  la  grosseur  de  la  Calandre. 
Elle  vit  ordinairement  dans  les  régions  élevées  et  dans  les  lieux 
escarpés,  où  elle  fait  ses  nichées;  les  pays  coupés  par  des  vallées 
et  des  torrents  sont  ceux  qu'elle  préfère.  En  hiver,  elle  descend 
vers  les  basses  montagnes;  elle  se  traîne  de  buisson  en  buisson, 
comme  tous  les  oiseaux  du  genre,  ce  qui  lui  a  fait  donner  par 
nos  paysans  le  nom  de  Cerca  boras. 

2.  Accenteur  calliope,  Accentor  calliope,  Lin. 

C'est  la  seule  espèce  qui  n'habite  pas  le  département;  elle  y  est 
de  passage  Irès-accidentel. 


150  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Accenteur  mouchet,  Accentor  modularis,  Cuv. 

Cet  Accentew  habite,  pendant  la  belle  saison,  les  vallées  infé- 
rieures, où  il  se  reproduit.  Il  se  répand  dans  la  plaine  dès  que 
les  froids  se  font  sentir;  il  est  plein  de  confiance,  ne  redoute 
point  l'approche  de  l'homme,  et  se  rapproche  des  travailleurs 
pendant  leur  repas  :  si  on  lui  jette  quelque  miette,  il  vient  la 
saisir.  Il  fait  entendre,  dans  les  buissons,  sa  petite  voix,  qui  ne 
manque  pas  d'agrément. 

4.  Accenteur  montagnard,  Accentor  montanellus,  Temm. 

Très-rare  et  de  passage  très-accidentel.  J'en  ai  vu  deux  :  l'un 
tué  par  M.  Canta,  en  septembre  1838;  l'autre,  au  marché  de  la 
ville  de  Perpignan,  en  1842. 

GENRE   VINGT-QUATRIÈME. 

Bergeronnette,  Motacilla,  Lin.;  en  catalan  Cua  llarg. 

Caractères. — Bec  grêle,  cylindrique,  en  forme  d'alêne; 
narines  sur  le  bord  d'une  membrane  nue;  pieds  a  tarses 
élevés,  minces;  queue  longue,  qu'elle  agite  constam- 
ment; ailes  médiocres. 

Ces  Oiseaux  se  plaisent  dans  les  lieux  découverts,  dans 
les  champs  labourés,  où  ils  se  posent  sur  les  mottes: 
jamais  dans  les  forêts.  Quand  on  arrose  une  propriété,  ils 
suivent  l'eau  en  faisant  entendre  leur  petit  cri  d'appel  ;  ils 
aiment  aussi  à  suivre  le  bétail,  et  se  posent  sur  le  dos  des 
moutons  pour  y  saisir  les  insectes  qui  y  sont  attachés; 
lorsqu'on  laboure  un  champ,  ils  ne  manquent  pas  de 
suivre  le  sillon  nouvellement  fait. 

1.  Bergeronnette  lugubre,  Motacilla  lugubris,  Pallas. 

2.  Bergeronnette  grise,  Motacilla  alba,  Lin. 


OISEAUX.  151 

5.  Bergeronnette  jaune  ou  boarule,  Motacilla  boanda,  Lin. 

Ces  trois  espèces  sont  sédentaires.  On  les  voit  toute  l'année 
dans  les  champs  :  elles  ont  les  mêmes  habitudes  ;  se  posent  sur 
les  bestiaux,  et  suivent  les  troupeaux  et  les  laboureurs.  Elles 
aiment  les  bords  des  mares  ;  elles  s'y  promènent  sur  la  vase  et 
le  limon,  pour  y  rechercher  les  insectes  et  les  vermisseaux.  Elles 
nichent  dans  les  herbes,  près  des  mares  ou  des  cours  d'eau. 

I.  Bergeronnette  citrine,  Motacilla  cilreola,  Pallas. 

De  passage  très-accidentel  ;  elle  se  lient  sur  les  bords  de  la  mer. 
Nous  n'avons  vu  cette  rare  espèce  que  deux  fois,  prise  au  filet,  à 
l'époque  du  grand  passage  d'avril,  en  1835 et  1840.  Depuis  lors, 
malgré  nos  recommandations,  nous  n'avons  pu  nous  la  procurer 
de  nouveau. 

5.  Bergeronnette  printanière,  Motacilla  flava,  Lin. 

6.  Bergeronnette  flaveole,  Motacilla  flaveola,  Gérai.;  en 

catalan  Cugnic. 

Ces  deux  espèces  arrivent  au  printemps,  et  se  répandent  dans 
les  champs  découverts  et  près  des  eaux,  dans  les  pâturages,  pour 
v  chercher  leur  nourriture,  qui  consiste  en  insectes  et  vermisseaux. 
Ces  Oiseaux  sont  familiers,  et  se  posent  tout  près  des  hommes 
qui  travaillent  à  la  campagne;  ils  arrivent,  par  bandes  consi- 
dérables, en  poussant  un  cri  aigu,  qui  est  leur  cri  d'appel.  Ils 
nichent  dans  les  prairies  et  les  terres  qui  ont  été  inondées.  Ces 
deux  Oiseaux  vivent  dans  la  plus  grande  intelligence  ;  et,  pendant 
longtemps,  nous  les  avions  confondus.  Nous  pensions  que  les 
légères  différences  qui  existent  dans  leur  plumage,  dépendaient 
des  sexes  ou  de  l'âge;  mais  les  justes  observations  de  M.  Gould 
ont  levé  tout  doute,  et  nous  nous  sommes  convaincu  que  ce  sont 
deux  espèces  tout-à-fait  distinctes.  Leurs  habitudes  sont  les 
mêmes. 


\Ô2  HISTOIRE   NATURELLE. 

GENRE    VINGT-CINQUIÈME. 

Pipit,  Anthus,  Bech.;  en  catalan  Piula  grosse. 

Caractères. — Bec  droit,  grêle,  en  forme  d'alêne,  à  bords 
fléchis  en  dedans,  vers  le  milieu;  base  de  la  mandibule 
supérieure  en  arête,  pointe  légèrement  échancrée;  narines 
à  demi  cachées;  tarses  nus;  ongle  postérieur  plus  ou 
moins  arqué,  quelquefois  très-long;  ailes  à  grandes  cou- 
vertures; point  de  pennes  bâtardes. 

Ces  Oiseaux  ont  été  rangés,  pendant  longtemps,  par  les 
ornithologistes,  avec  les  véritables  Alouettes.  Ils  en  dif- 
fèrent essentiellement  par  leur  manière  de  vivre,  et  par 
leurs  caractères  particuliers.  Ils  ont  tous  la  tête  longi- 
cône,  et  la  queue  très-longue,  caractères  qu'on  ne  trouve 
dans  aucune  espèce  d'Alouette.  Us  se  rapprochent  plus 
des  Bergeronnettes,  par  leurs  habitudes  et  leur  nour- 
riture, qui  leur  sont  communes.  On  serait  tenté  de  les 
ranger  parmi  ces  dernières,  si  la  forme  des  ongles,  celle 
des  ailes,  ainsi  que  la  distribution  des  couleurs  du  plu- 
mage, ne  les  rapprochaient  des  Alouettes. 

\.  Pipit  Bichard,  Anthus  Richardi,  Vieill. 

Le  Pipit-Richard  est  le  plus  gros  Oiseau  du  genre  ;  il  ne  paraît 
pas  au  passage  du  printemps.  C'est  vers  le  mois  de  septembre  qu'il 
commence  à  se  présenter,  et  il  reste  dans  nos  basses  prairies  et 
dans  les  luzernes  pendant  tout  l'hiver.  Il  vit,  comme  toutes  les 
autres  espèces  du  genre,  toujours  à  terre,  courant  pour  chercher 
sa  nourriture  ;  il  ne  perche  pas. 

2.  Pipit  spioncelle,  Anthus  aquaticus,  Bech.;  en  catalan 

(irasset. 


OISEAUX.  153 

Toujours  dans  nos  prairies,  cette  espèce  passe  toute  la  belle 
saison  dans  la  plaine,  où  elle  se  reproduit.  Elle  est  très-grasse 
dès  le  mois  d'octobre,  et.  sa  chair  est  fort  délicate.  Quand  on  la 
(liasse,  elle  se  lève  de  terre  en  poussant  un  cri  plaintif,  et  se  pose 
sur  un  saule,  arbre  qui  est  ordinairement  abondant  autour  des 
propriétés  où  cet  Oiseau  se  tient  de  préférence.  Il  est  alors  si  gras, 
qu'il  ne  bouge  pas  de  l'arbre,  et  on  le  tire  avec  la  plus  grande 
facilité. 

o.  Pipit  rousseline,  Anthus  rufescens,  Tem.;   en  catalan 
Calandrina. 

La  Rousseline  arrive  en  avril  par  bandes  très-nombreuses,  et 
se  répand  dans  les  terres  marécageuses  de  la  Salanqne  et  sur  les 
dunes  qui  y  sont  contiguës.  Elle  y  passe  la  belle  saison ,  et  s'y 
reproduit;  elle  disparaît  après,  et  nous  ne  la  voyons  plus  de  tout 
l'hiver.  Lorsqu'elle  arrive,  elle  est  grasse,  et  on  en  prend  en 
quantité;  sa  chair  est  très-bonne  et  recherchée. 

4.  Pipit  farlousse,  Anthus  yratensis,  Bêches.;  en  catalan 
Coturliu. 

Cette  espèce  habite  le  pays  toute  l'année;  elle  se  reproduit  sur 
les  garrigues  montagneuses  du  centre  du  département,  et  sur  les 
plateaux  découverts.  En  automne,  elle  vient  dans  la  plaine,  et  c'est 
toujours  par  petites  troupes  qu'on  la  trouve  dans  les  prairies, 
les  luzernes  et  les  vignes.  Quand  on  approche,  elle  se  lève,  en 
poussant  un  cri  d'appel,  par  bandes,  qui  vont  se  poser  un  peu 
plus  loin;  elle  paraît  ne  pas  craindre  l'approche  de  l'homme. 
On  en  prend  beaucoup  quand  on  chasse  les  Alouettes  à  la  lumière; 
sa  chair,  fine  et  grasse,  est  très-estimée. 

o.  Pipit  à  gorge  rousse,  Anthus  rufugularis,  Temm. 

Cette  espèce  ne  se  montre  qu'accidentellement.  Nous  n'avons 
vu  la  Gorge-Rousse  que  trois  fois,  au  passage  du  printemps;  elle 


454  HISTOIRE    NATURELLE. 

avait  été  prise  au  iilet,  avec  divers  autres  oiseaux.  Nous  ne  con- 
naissons pas  ses  habitudes,  ni  l'endroit  où  elle  se  reproduit. 

6.  Pipit  des  buissons,  Anthus  arboreus,  Bech.;  en  catalan 

Cuï-Cuï. 

Ce  petit  Oiseau  est  très-commun  au  passage  d'automne  dans 
toutes  les  prairies  basses,  les  luzernes  et  les  champs  nouvelle- 
ment travaillés  et  humides.  Il  devient  très-gras;  aussi  est-il  très- 
recherché,  à  cause  de  la  saveur  de  sa  chair,  qui  est  très-estimée. 


QUATRIÈME   ORDRE. 

GRANIVORES. 

Caractères. — Bec  fort,  court,  gros,  plus  ou  moins  allongé; 
arête  plus  ou  moins  aplatie,  s'avançantsur  le  front;  narines 
à  la  base  du  bec,  demi  closes  par  une  membrane;  pieds  à 
trois  doigts  devant  et  un  derrière;  l'ongle  de  celui-ci  plus 
ou  moins  long  et  arqué. 

Ils  vivent  ordinairement  par  couples  et  se  rassemblent 
en  grandes  bandes  pour  leurs  voyages.  Ils  restent  ainsi 
pendant  tout  l'hiver;  mais,  dès  que  le  temps  des  amours 
se  fait  sentir,  ils  se  divisent,  et  chaque  couple  travaille  aux 
soins  à  donner  a  sa  famille.  Leur  nourriture  consiste  en 
graines  et  en  semences,  dont  ils  écartent  l'enveloppe  ;  les 
insectes  leur  servent  d'aliment  dans  le  temps  destiné  à  la 
nourriture  de  leur  progéniture.  Leur  chair  est  estimée. 

GENRE    VINGT-SIXIÈME. 

Alouette,  Alauda,  Lin.;  en  catalan  Llauseta,  Alova. 

Caractères. — Bec  cylindrique,  plus  ou  moins  long,  plus 
ou  moins  arqué  ou  droit;  de  petites  plumes  raides,  ser- 


OISEAUX.  1 55 

rées,  à  la  base  du  bec;  pieds  nus;  le  doigt  du  milieu 
soudé,  a  sa  base,  avec  l'extérieur;  ongle  du  doigt  de 
derrière,  droit,  plus  long  que  le  doigt. 

Les  Alouettes  qui  font  partie  de  cet  ordre,  nichent  dans 
les  terres  asprcs,  dans  les  vignes,  etc.;  elles  sont  très- 
matinales  :  dès  la  première  aurore,  elles  s'élèvent  dans  les 
airs,  et  commencent  a  faire  entendre  leur  chant,  qui  est 
doux  et  varié.  Toutes  les  Alouettes  peuvent  être  élevées 
en  cage;  elles  vivent  de  graines. 

lre  Section. 

Bec  aussi  long  ou  plus  long  que  la  tète,  faiblement 
arqué. 

1.  Alouette  Dupont,  Alauda  Duponti,  Vieil. 

2.  Alouette  bifasciée,  Alauda  bifasciata,  Lin. 

Ces  deux  espèces,  de  passage  très -accidentel,  se  trouvent 
quelquefois  parmi  le  grand  nombre  dWlouettes-des-Champs, 
qu'on  prend  au  filet  et  à  la  lumière.  Nous  les  avions  considérées 
comme  une  nombreuse  variété  de  la  même  espèce;  mais  les 
descriptions  de  M.  Temminck  sont  si  exactes  qu'on  ne  peut  plus 
les  confondre. 

Les  Alouettes  à  hausse-col  noir  et  Kolly,  n'ont  pas  été 
observées  dans  ce  département. 

2me  Section. 

Bec  un  peu  plus  grêle,  a  peu  près  droit,  de  forme 
longicône. 

5.  Alouette  des  champs,  Alauda  arvensis,  Lin. 

Cette  espèce  est  la  plus  commune.  Elle  arrive  au  commence- 
ment d'octobre,  par  bandes  très-nombreuses,  qui  s'étendent  dans 


1  56  HISTOIRE    NATURELLE. 

les  champs  de  la  plaine;  elle  devient  très-grasse;  on  lui  t'ait 
une  chasse  acharnée  au  fusil,  au  filet,  au  miroir,  à  la  lumière  : 
on  en  tue  considérablement.  Au  printemps,  ces  Oiseaux  se  sépa- 
rent par  couples,  et  vont  nicher  dans  les  vignes  des  plateaux  un 
peu  élevés  et  dans  les  basses  montagnes  du  centre  du  déparlement. 
Leur  voix  est  douce  et  mélodieuse  ;  ils  aiment  à  s'élever  à  une 
grande  hauteur  dans  les  airs,  surtout  dès  que  le  jour  paraît,  et  c'est 
de  cette  région  élevée  qu'ils  donnent  plus  d'éclat  à  leur  ramage. 

4.  Alouette  lulu,  Alauda  arborea,  Lin.;  en  catalan  Llau- 

setina. 

La  Lulu  se  tient  ordinairement  dans  les  parties  arides  du 
département.  Elle  aime  à  se  poser  dans  les  broussailles,  dans  les 
endroits  où  les  herbes  sont  fourrées,  les  garrigues,  les  vignes; 
on  la  voit  par  petites  troupes,  qui  font  entendre,  en  volant,  leur 
cri  d'appel,  qui  est  triste.  Au  temps  des  couvées,  on  se  sépare 
pour  se  livrer  à  l'éducation  de  la  nichée,  et  le  nid  est  fait  à  terre, 
entre  les  broussailles,  et  au  pied  des  souches  des  vignes. 

5.  Alouette  cochevis,  Alauda  cristata;  en  catalan  Cugu- 

llada  (prononcez  cougouillade). 

Cette  Alouette  ne  quitte  jamais  le  pays;  elle  ne  se  réunit  jamais 
en  famille,  et  vit  toujours  isolée  par  couples;  elle  est  très-méfiante; 
elle  se  répand  dans  les  champs  et  les  vignes,  où  elle  fait  son  nid. 
Sa  petite  voix  est  fort  agréable,  et  lorsqu'on  l'apprivoise  elle  est 
susceptible  d'apprendre  les  airs  qu'on  lui  joue  avec  une  serinette. 
La  Cochevis  se  promène  sur  les  grand'routes,  éparpillant  la  fiente 
du  bétail,  pour  y  chercher  les  graines  non  digérées. 

6.  Alouette  calandrelle,  Alauda  brachidactyla ,  Temm.; 

en  catalan  Calandreta. 

C'est  la  plus  petite  espèce  du  genre.  Elle  vient  au  printemps, 
par  troupes  nombreuses,  le  long  du  littoral,  sur  les  sables  des 


OISEAUX.  I">7 

dunes;  elle  y  élève  sa  famille,  et  construit  son  nid  à  terre,  dans 
les  broussailles;  dès  que  le  mois  d'août  arrive,  elle  disparait,  et 
reste  absente  pendant  tout  l'hiver. 

3me  Section. 
Bec  gros,  fort,  plus  haut  que  large. 

1.  Alouette  calandre,  Alauda  calcmdra,  Lin.;  en  catalan 

Calandra. 

La  Calandre  est  fort  répandue  dans  les  parties  basses  du  dépar- 
tement, où  elle  vit  en  troupes  très-nombreuses.  Pendant  l'hiver, 
nos  marchés  en  sont  pourvus,  et  sa  chair  très-fine  et  délicate,  la 
fait  rechercher.  Au  printemps,  la  troupe  se  sépare,  et  l'accou- 
plement se  fait.  Toutefois,  cette  espèce  est  très -nombreuse 
dans  les  parties  qu'elle  choisit  pour  y  élever  sa  famille  :  ce  sont 
ordinairement  les  plateaux  un  peu  élevés,  couverts  de  vignes. 
La  Calandre  est  un  oiseau  chanteur  par  excellence  ;  sa  voix  est 
forte,  sonore,  et  imite  le  chant  d'un  grand  nombre  d'oiseaux; 
elle  s'apprivoise  facilement,  retient  les  airs  qu'on  veut  lui 
apprendre,  imite  ceux  qu'elle  entend.  Nous  avons  possédé  un 
individu  entièrement  blanc,  ayant  les  yeux  roses. 

GENRE    VINGT-SEPTIÈME. 

Mésange,  Parus,  Lin.;  en  catalan  Marllengua ,  Xinxerra 
(  prononcez  Chincherra  ) . 

Caractères.  —  Bec  court,  fort,  conique,  droit,  pointu, 
tranchant,  base  garnie  de  petits  poils;  narines  arrondies, 
cachées  par  des  plumes  ;  pieds  forts  ;  doigts  divisés  ;  ongle 
postérieur  plus  fort;  ailes  à  pennes  bâtardes  ou  de  moyenne 
longueur. 

Les  Mésanges  recherchent  la  société  de  leurs  semblables. 
Leurs  mouvements  sont  lestes  et  pleins  de  grâce;  vives  et 


I5S  HISTOIRE   NATURELLE. 

légères,  elles  sont  sans  cesse  en  action,  parcourant,  par 
petites  volées,  brusques  et  courtes,  les  branches  des  ar- 
bres ;  furetant  dans  toutes  les  gerçures  de  l'écorce ,  pour 
y  chercher  des  araignées,  des  chenilles  et  des  insectes, 
ce  qui  ne  les  empêche  point  de  manger  des  graines  et  des 
semences;  elles  attaquent  aussi  les  bourgeons  des  arbres. 
Les  espèces  qui  composent  la  première  section ,  nichent 
dans  les  trous  naturels  des  vieux  troncs  d'arbres;  celles 
qui  font  partie  de  la  seconde  section,  construisent  avec 
art  des  nids  entrelacés  dans  les  roseaux  et  les  joncs ,  ou 
à  l'extrémité  des  branches  des  arbres  :  toutes  pondent 
un  grand  nombre  d'œufs,  et  nourrissent  leur  nombreuse 
famille  avec  un  zèle  et  une  activité  infatigables.  Passé  le 
temps  de  l'incubation,  on  les  voit  par  petites  troupes. 
La  Mésange  a  une  si  grande  force  dans  son  bec,  qu'elle 
perce  les  noix  et  les  amandes  pour  en  extraire  la  subs- 
tance. Ce  sont  des  oiseaux  hargneux,  courageux  et  grands 
destructeurs  d'insectes. 

lre  Section. — Sylvains. 

La  première  rémige  de  l'aile  de  moyenne  longueur. 
Cette  espèce  vit  dans  les  bois,  les  buissons  et  les  haies, 
et  niche  dans  les  trous  naturels  des  grands  arbres  ;  elle 
émigré  en  hiver. 

1.  Mésange  charbonnière,  Parus  major,  Lin.;  en  catalan 

Carboner. 

Elle  est  fort  commune  dans  nos  bois;  elle  se  répand  aussi  sur 
les  arbres  des  jardins  et  des  promenades;  elle  n'est  pas  craintive; 
on  la  voit  escaladant,  dans  fous  les  sens,  les  troncs  et  les  branches, 
pour  y  rechercher  les  insectes,  en  faisant  entendre  son  cri  d'appel. 


OISEAUX.  159 

"2.  Mésange  petite  charbonnière,  Parus  citer,  Lin. 

A  les  mêmes  habitudes  que  la  précédente,  et  fréquente  les 
mêmes  lieux;  elle  n'a  aucune  méfiance,  et  vient  sur  les  arbustes 
les  plus  rapprochés  des  travailleurs. 

5.  Mésange  bleue,  Parus  cœruleus,  Lin. 

La  Mésange-Bleue  se  voit  par  troupes  considérables  dans  nos 
bois  d'oliviers,  dès  que  les  froids  commencent  à  se  faire  sentir. 
Elle  descend  des  montagnes  avec  les  Roitelets,  et  parait  vivre 
avec  eux  en  bonne  intelligence.  On  la  voit  se  cramponner  aux 
branches  des  arbres  pour  y  chercher  les  insectes  cachés  dans 
l'écorce  et  sur  les  feuilles,  et  cela  sans  la  moindre  méfiance. 
Elle  se  reproduit  sur  nos  montagnes. 

4.  Mésange  buppée,  Parus  cristatus,  Lin. 

Cette  espèce  reste  constamment  sur  les  montagnes.  Nous  ne 
la  voyons  jamais  dans  la  plaine;  elle  est  commune  dans  les  envi- 
rons de  Mont-Louis. 

5.  Mésange  nonnette,  Paras  palustris,  Lin. 

Elle  habite  indifféremment  les  bois,  les  vergers  et  les  lieux 
marécageux;  s'accroche  parles  pieds  aux  rameaux  flexibles  des 
arbres  et  des  buissons;  grimpe  le  long  des  roseaux:  elle  parait 
ne  venir  ici  qu'accidentellement  et  dans  les  hivers  rigoureux. 
On  l'a  tuée  dans  les  joncées  du  Cagareïl,  près  de  Canet 

6.  Mésange  azurée,  Parus  cyaneus,  Pall. 

Elle  n'est  pas  très-commune;  elle  vit  avec  la  Mésange-Bleue. 

7.  Mésange  à  longue  queue,  Parus  caudatus,  Lin. 

La  Mésange  à  longue  queue  habile  nos  montagnes,  où  elle  se 
reproduit.  Dès  que  les  froids  se  font  sentir,  elle  se  répand  dans 
la  plaine,  mais,  toujours,  le  long  des  grands  cours  d'eau:  c'est 


160  HISTOIRE   NATURELLE- 

sur  les  grands  arbres  qui  bordent  nos  rivières  qu'elle  se  plait. 
Elle  a  les  mêmes  habitudes  que  les  autres  espèces;  elle  se  sus- 
pend aux  branches.  Les  bords  du  Tech,  dans  les  parties  basses 
du  territoire  d'Elne,  sont  les  lieux  où  je  l'ai  vue  le  plus  souvent. 

2n,e  Section. — Riverains. 

La  première  rémige  nulle  ou  presque  nulle  ;  mandibule 
supérieure  un  peu  recourbée  sur  l'inférieure. 

Cette  espèce  vit  dans  les  roseaux,  dans  les  joncs  et  dans 
les  buissons  proches  des  eaux,  on  elle  pratique  des  nids 
artistement  construits. 

8.  Mésange  à  moustaches,  Parus  biarmicm,  Lin. 

Cette  jolie  Mésange  se  tient  constamment  dans  les  marais  qui 
bordent  le  littoral  et  où  croissent  beaucoup  de  plantes  aquatiques  : 
elle  y  vit  isolée,  et  n'est  pas  très-abondante.  On  en  prend  quelque- 
fois dans  les  lacets  que  l'on  tend  pour  la  Bécassine  :  c'est  la  seule 
manière  de  se  la  procurer,  ou  bien  il  faut  la  tirer  au  fusil,  ce 
qui  est  assez  difficile,  parce  qu'elle  se  tient  toujours  au  milieu 
des  grandes  pièces  inondées.  Le  Cagarell,  près  Canet,  est  le  lieu 
où  on  la  prend  le  plus  communément.  Elle  est  très-agile,  et 
grimpe  sur  les  joncs  et  sur  les  roseaux. 

3me  Section.  —  Pendulines. 
Bec  droit,  effilé  et  très-aigu. 

9.  Mésange  remis,   Parus  pendulinus,  Lin.;  en  catalan 

MUxayre. 

La  Penduline  devient  très-rare  dans  ce  département;  la  cons- 
truction de  son  nid  en  est  la  principale  cause.  Ce  nid,  chef-ttfœuvie 
d'adresse  et  de  patience,  est  admirablement  tissé  avec  des  (ils  de 
chanvre,  du  crin  et  de  la  laine;  il  a  la  forme  d'une  grande  bourse 


OISEAUX.  161 

un  peu  allongée,  dont  le  sommet  présente  ordinairement  deux 
ouvertures,  préservées  de  la  pluie  par  un  petit  bourrelet,  qui  leur 
sert  d'auvent.  C'est  au  fond  de  ce  berceau  moelleux,  suspendu 
sur  les  eaux  et  fixé  à  l'extrémité  la  plus  flexible  d'une  branche 
de  saule  ou  de  peuplier,  que  repose  la  couvée,  à  l'abri  de 
l'atteinte  des  Couleuvres  et  des  Lézards,  mais  non  de  la  rapacité 
de  ces  petits  vauriens  qui  hantent  les  bocages  j*ur  dénicher  les 
oiseaux.  En  effet,  ce  nid,  par  sa  forme  et  son  volume,  est  très- 
facilement  découvert,  et  les  petits  qu'il  contient  sont  mis  à  mort. 
La  Penduline  se  plait  sur  les  arbres  qui  bordent  les  rivières  et  les 
ruisseaux. 

GENRE    VINGT-HUITIÈME. 

Bruant,  Emberiza,  Lin. 

Caractères. — Bec  fort,  conique,  un  peu  comprimé  latéra- 
lement; mandibules  ayant  leurs  bords  rentrés  en  dedans, 
la  supérieure  moins  large  que  l'inférieure,  un  tubercule 
saillant  intérieurement  à  la  mandibule  supérieure;  narines 
arrondies,  cachées  en  partie  par  les  plumes  du  front; 
doigts  divisés,  l'ongle  postérieur  court  et  fléchi;  queue 
fourchue. 

Les  Bruants  se  nourrissent  de  semences  farineuses; 
ils  ajoutent  aussi  des  insectes  à  cet  aliment;  la  plupart 
vivent  dans  les  bois  et  les  jardins,  et  nichent  dans  les 
broussailles;  les  sexes  offrent,  dans  presque  toutes  les 
espèces,  des  différences  très-caractérisées,  les  mâles  sont 
parés  de  couleurs  que  les  femelles  ne  partagent  pas;  leur 
chant,  quoique  agréable,  n'est  pas  varié  ;  ils  font  entendre 
leur  voix  pendant  la  nuit,  surtout  lorsqu'il  fait  clair  de 
lune. 

TOME  III.  -i  t 


162  HISTOIRE   NATURELLE. 

1»  Seclion.  —  Bruants  proprement  dits. 

L'ongle  postérieur  court  et  courbé;  ils  vivent  dans  les 
bois,  dans  les  champs,  dans  les  jardins  et  autour  des 
habitations  rurales.  Le  plumage  des  mâles,  au  printemps, 
prend  les  teintes  les  plus  vives,  qu'il  perd  après  la  mue 
d'été.  « 

1.  Bruant  crocote,  Emberiza  melanocephala,  Scopol. 
Cette  espèce  n'est  pas  très-répandue  dans  ce  département; 

elle  est  de  passage  accidentel;  on  la  prend  au  filet  lors  des 
grandes  passes  du  printemps. 

2.  Bruant  jaune,  Emberiza  citrinella,  Lin.;  en  catalan 

Barduell. 
Cette  jolie  espèce  se  reproduit  sur  les  montagnes  de  ce  dépar- 
tement. Elle  vient,  en  hiver,  par  bandes  très-considérables,  dans 
nos  plaines,  et  se  rabat  dans  les  champs  nouvellement  fumés;  au 
moindre  bruit,  la  volée  se  lève,  voltige  en  décrivant  un  cercle  et 
revient  sur  la  même  place.  Si  on  se  trouve  à  portée  pour  tirer 
ces  oiseaux,  on  en  fait  tomber  une  grande  quantité,  tant  ils  se 
tiennent  serrés  ;  on  en  prend  aussi  beaucoup  au  filet. 

5.  Bruant  proyer,  Emberiza  miliaria,  Lin.;  en  catalan 

Santa-Catharina,  Durdulla . 
Cet  Oiseau,  qui  est  assez  abondant  toute  l'année,  se  reproduit 
dans  nos  plaines,  et  fait  son  nid  parmi  les  herbes  épaisses  de  nos 
prairies  humides.  Le"  mâle  se  perche  sur  une  branche  de  saule, 
où  il  répète  son  chant  particulier  pendant  des  heures  entières; 
c'est  surtout  lorsque  la  femelle  est  occupée  à  l'incubation  et  à 
soigner  sa  couvée.  En  hiver,  on  le  voit  par  troupes;  mais  il  ne 
s'éloigne  guère  des  lieux  qu'il  a  habités  pendant  l'été  ;  sa  chair 
est  bonne.  Nous  possédons  un  individu  tout-à-fait  albinos;  un 
autre  dont  les  ailes  seulement  sont  blanches. 

i.  Bruant  des  roseaux,  Emberiza  schœmcuhis,  Lin. 


OISEAUX.  168 

Le  Bruant  des  roseaux  niche  dans  les  parties  élevées  du  dépar- 
tement. A  rapproche  de  l'hiver,  il  nous  arrive  par  bandes  consi- 
dérables, et  s'étend  dans  les  haies  des  champs  et  des  jardins. 
Ce  Bruant  est  peu  méfiant;  on  l'approche  d'assez  près  sans  qu'il 
cherche  à  fuir.  Ses  mouvements  sont  gracieux  et  animés;  son 
cri  est  triste,  et  il  le  répète  souvent.  Les  couleurs  de  sa  robe  sont 
très-variées.  f 

5.  Bruant  des  marais,  Emberiza  palustris,  Savi. 

Je  crois,  avec  M.  Temminck,  que  cette  espèce  et  la  précédente 
doivent  être  réunies;  elles  sont  constamment  ensemble,  et  la 
couleur  de  leur  plumage  ne  diffère  pas  beaucoup. 

Le  Bruant  à  couronne  lactée,  ne  vient  pas  dans  ce 
département. 

6.  Bruant  ortolan,  Emberiza  hortulana,  Lin.;  en  catalan 

Bardaula,  Hortolana. 

Cette  espèce  est  très-répandue  dans  notre  département  :  les 
vignes  sont  les  lieux  qu'elle  fréquente  le  plus,  surtout  lorsqu'il  y 
a  beaucoup  d'arbres.  Les  Ortolans  se  reproduisent  dans  le  pays; 
leur  nid  est  construit  sur  les  arbres  et  sur  les  souches  des  vignes; 
ils  arrivent  au  commencement  d'avril,  par  bandes  nombreuses; 
on  leur  fait  une  chasse  à  outrance  avec  le  filet,  et  on  en  prend 
considérablement;  on  les  engraisse  en  les  tenant  dans  un  appar- 
tement étroit  et  obscur;  on  les  nourrit  avec  du  millet  et  de  la 
salade.  Collioure  et  Port-Yendres  ont  le  monopole  de  ce  com- 
merce :  on  les  vend  de  1  à  2  francs  pièce. 

7.  Bruant  cendrillard,  Emberiza  cœsia,  Temm. 

De  passage  accidentel  et  très-rare;  on  le  prend  au  filet,  avec 
les  autres  Bruants,  au  passage  du  printemps. 

8.  Bruant  zizi  ou  de  haie,  Emberiza  cirhis,  Linné;  en 

catalan  Chic-CIiic,  par  imitation  de  son  cri. 


164  HISTOIRE   NATURELLE. 

Très-répandu  pendant  l'hiver  dans  tout  le  département,  il 
disparaît  à  l'époque  du  printemps,  pour  aller  se  reproduire 
dans  les  forêts  des  montagnes. 

9.  Bruant  fou  ou  de  pré,  Emberiza  cia,  Lin. 

Assez  commun  pendant  l'hiver.  Nous  en  avons  trouvé  un  sujet 
tout-à-fait  blanc.  Il  se  plait  dans  les  endroits  fourrés,  les  lisières 
des  bois,  les  pentes  des  ravins  plantés  de  vignes. 

10.  Bruant  rustique,  Emberiza  rustica,  Pall. 

41.  Bruant  gavoué,  Emberiza  provincialis,  Lin. 

Ces  deux  espèces  sont  très-rares  et  ne  passent  que  très- 
accidentellement  dans  le  pays.  Je  ne  les  ai  vues  qu'une  seule  fois 
prises  par  les  filets,  au  moment  du  passage. 

t 

2me  Section.  — Bruants  Eperonniers. 

Les  deux  espèces  qui  constituent  cette  section,  n'ont 
pas  été  observées  dans  ce  département. 

GENRE  VINGT-NEUVIÈME. 

Bec-Croisé,  Loxia,  Briss.;  en  catalan  Pica  pînyas, 
Trenca  pinyas. 

Caractères. — Bec  fort,  très-comprimé  latéralement  ;  les 
deux  mandibules  également  courbées,  crochues,  leur  bout 
allongé,  se  croisant;  narines  étroites,  cachées  sous  de  pe- 
tites plumes  serrées;  ongles  très-crochus;  ailes  médiocres. 

Les  Bec-Croisés  sont  peu  nombreux  en  espèces  ;  ils  se 
nourrissent  de  semences  d'arbres  et  d'arbustes  alpestres; 
le  bec,  de  forme  très-extraordinaire,  leur  sert  à  arracher 
les  semences  de  dessous  les  écailles  des  pommes  de  pin. 
Les  deux  espèces,  qui  vivent  sur  nos  montagnes,  toujours 


OISEAUX.  165 

dans  les  régions  des  neiges,  dans  les  forêts  de  pins,  nichent 
an  milieu  de  l'hiver;  c'est  en  janvier  qu'elles  font  leur 
ponte,  ce  qui  est  une  anomalie  dans  l'ordre  de  la  nature. 

1.  Bec-Croisé  perroquet,  Loxia  pytiopsittacus,  Bech. 

2.  Bec-Croisé  des  pins,  Loxia  curvirostra,  Lin. 

Ces  deux  espèces,  fort  communes  dans  les  bois  de  pins  et  de 
sapins  de  nos  hautes  montagnes,  sont  très-farouches  ;  et,  lors- 
qu'on parcourt  les  forêts,  elles  fuient  de  très-loin,  en  faisant 
entendre  un  cri  très-aigu. 

GENRE   TRENTIÈME. 

Bouvreuil,  Pyrrhula,  Briss. 

Caractères.  —  Bec  fort  et  court,  dur,  conico-convexe , 
bombé  sur  les  côtés,  comprimé  à  la  pointe  ;  arête  s'avan- 
çant  un  peu  sur  le  front;  narines  latérales  arrondies  ;  ailes 
courtes. 

Les  Bouvreuils  ont  beaucoup  de  ressemblance ,  par  la 
taille  et  par  leurs  habitudes ,  avec  les  Bec-Croisés.  Les 
semences  les  plus  dures  leur  servent  de  nourriture  ;  ils  en 
brisent  aisément  l'enveloppe.  Sont  faciles  à  reconnaître. 

1.  Bouvreuil  commun,  Pyrrhula  vulgaris,  Briss. 

Les  hivers  rigoureux  nous  amènent  les  Bouvreuils.  Ces  Oiseaux, 
de  passage  au  printemps,  font  beaucoup  de  mal  aux  arbres  frui- 
tiers, en  détruisant  les  bourgeons.  C'est  la  seule  espèce  que  nous 
ayons  observée  dans  ce  département  où  elle  est  de  passage  régu- 
lier. Ce  charmant  Oiseau  joint  à  la  beauté  de  son  plumage,  les 
plus  aimables  qualités  :  il  apprend  à  prononcer  quelques  mots 
et  à  retenir  les  airs  qu'on  lui  siffle  ;  il  montre  beaucoup  d'atta- 
chement à  ceux  qui  le  soignent,  dont  il  reconnaît  la  voix. 

Le  sommet  de  la  tête ,  le  tour  du  bec ,  la  gorge ,  les  ailes  et  la 


160  HISTOIRE   NATURELLE. 

queue  sont  d'un  noir  lustré  de  violet;  la  nuque  et  le  menton, 
cendrés;  les  joues,  le  cou,  la  poitrine,  les  flancs  et  le  ventre 
sont  rouges;  le  croupion  et  l'abdomen  sont  d'un  blanc  pur; 
une  large  bande  transversale,  d'un  blanc-grisâtre,  sur  les  ailes; 
les  pieds  bruns,  et  le  bec  d'un  brun-noirâtre. 

GENRE   TRENTE-UNIÈME. 

Gros-Bec,  Fringilla,  Illiger. 

Caractères. — Bec  robuste,  bombé,  épais,  conique; 
mandibule  supérieure  droite  ou  inclinée  à  la  pointe ,  en- 
tière ou  munie  vers  le  milieu  d'une  dent  obtuse,  souvent 
s'avançant  dans  les  plumes  du  front;  narines  rondes,  en 
partie  cachées  par  les  plumes  du  front;  ailes  courtes; 
pieds  à  trois  doigts  devant  et  un  derrière. 

Ces  Oiseaux  se  nourrissent  de  toutes  sortes  de  graines 
et  de  semences,  qu'ils  ouvrent  avec  le  bec  pour  en  rejeter 
l'enveloppe.  Ils  sont  très-nombreux  en  espèces,  et  habitent 
tous  les  pays  du  globe  :  les  uns  vivent  sédentaires  dans  nos 
contrées,  d'autres  n'y  sont  que  de  passage  en  hiver;  ils 
s'attroupent  en  nombre  assez  considérable,  et  leur  voyage 
s'exécute  par  bandes  nombreuses.  Plusieurs  de  ceux  qu'on 
trouve  en  Europe,  sont  doués  d'une  voix  agréable  et  variée  ; 
ils  sont  très-faciles  à  apprivoiser. 

l,e  Section. — Laticônes. 

Bec  gros,  bombé,  plus  ou  moins  renflé  sur  les  côtés. 

i.  Gros-Bec  vulgaire,  Fringilla  cocothraustes ,  Tem.;  en 
catalan  Bec  de  ferru  (prononcez  ferrou). 

Le  bec,  dont  l'extrémité  ressemble  à  l'acier  bronzé,  est  d'une 
srande  force.  Cet  Oiseau  vient  dans  notre  pays  au  commencement 


OISEAUX.  167 

de  l'hiver,  et  passe  toute  la  mauvaise  saison  répandu  dans  nos 
olivettes;  il  est  plus  nombreux  au  printemps,  lorsque  les  arbres 
commencent  à  bourgeonner,  et  c'est  à  cette  époque  qu'on  peut 
se  le  procurer  facilement. 

2.  Gros-Bec  verdier,  Fringilla  chloris,  Tem.;  en  catalan 

Bardarol. 
Le  Verdier  se  voit  dans  nos  parages  pendant  toute  l'année.  Il 
se  reproduit  dans  nos  jardins,  dans  les  bois  de  la  plaine  et  des 
coteaux  de  nos  montagnes  ;  il  s'apprivoise  facilement,  et  devient 
utile  à  ceux  qui  élèvent  de  jeunes  oiseaux,  car  il  a  la  bonhomie 
de  nourrir  toute  sorte  de  petits,  comme  s'ils  étaient  les  siens. 
Son  chant  est  peu  agréable. 

3.  Gros-Bec  incertain,  Fringilla  incerta,  Biss. 

Cette  espèce  est  de  passage  accidentel;  elle  se  fait  remarquer' 
très-rarement. 

4.  Gros-Bec  soulcie,  Fringilla  petronia,  Lin.;  en  catalan 

P ardai  de  montanya. 
En  hiver,  il  se  répand  par  bandes  très-nombreuses  dans  nos 
plaines  et  dans  nos  bois.  On  en  prend  beaucoup  avec  les  Bruants; 
mais,  dès  que  le  beau  temps  arrive,  il  se  retire  dans  les  bois  des 
montagnes,  où  il  se  reproduit. 

5.  Gros-Bec  moineau,  Fringilla  domestica.  Linné;   en 

catalan  Fardai. 
Les  Moineaux  sont  toujours  réunis  par  troupes  très-nombreuses, 
soit  dans  les  villes,  soit  à  la  campagne,  plus  particulièrement  dans 
les  villes  au  milieu  de  nous ,  et  malgré  nous  ils  partagent  notre 
domicile;  ils  sont  très-pillards,  mangent  nos  premiers  fruits,  et 
dévorent  nos  récoltes.  Ils  se  réunissent,  le  soir,  sur  les  grands 
arbres  des  cours,  des  jardins,  des  promenades,  et  là,  ils  font 
entendre  un  piaillement  peu  agréable  et  assourdissant. 


168  HISTOIRE   NATURELLE. 

6.  Gros-Bec  cisalpin,  Fringilla  cisalpina,  Temm. 

On  le  prend  quelquefois,  mais  rarement,  dans  le  mois  d'octobre. 
Ce  Moineau,  qui  se  réunit  à  notre  Moineau  commun,  est  de  pas- 
sage accidentel.  C'est  aux  observations  judicieuses  de  MM.  Vieillot 
et  Temminck  que  l'on  doit  la  connaissance  de  cette  espèce. 

7.  Gros-Bec  espagnol,  Fringilla  hispaniolensis ;  Temm. 

Ces  deux  dernières  espèces  diffèrent  si  peu  de  celles  qu'elles 
avoisinent,  qu'il  est  fort  aisé  de  les  confondre.  Nous  avons  pensé 
longtemps  que  ce  n'étaient  que  des  variétés;  mais,  après  un 
examen  très-attentif  et  suivant  les  observations  si  concluantes 
de  M.  Temminck,  nous  avons  pu  nous  convaincre  qu'elles  doivent 
être  séparées  et  former  deux  espèces  distinctes.  Elles  sont  toutes 
deux  de  passage  accidentel;  nous  restons  plusieurs  années  sans 
les  voir. 

8.  Gros-Bec  friquet,  Fringilla  montana,  Lin.;  en  catalan 

P ardai  roquer. 

Le  Friquet,  toujours  actif  et  pétulant,  est  très-nombreux  dans 
toute  la  contrée.  Il  ne  vient  pas  dans  les  villes;  tient  toujours  la 
campagne,  et  fait  son  nid  au  sommet  des  plus  grands  arbres. 

0.  Gros-Bec  serin  ou  Sini,  Fringilla  serinus,  Lin.;   en 
catalan  Canari  bourcl,  Canari  de  montanya. 

Sédentaire  dans  nos  montagnes  où  il  se  reproduit,  le  Sini 
approche  de  la  plaine  lorsque  les  grands  froids  le  chassent  des 
parages  qu'il  habite.  C'est  par  troupes  nombreuses  qu'il  visite 
nos  plaines;  mais  il  n'y  séjourne  pas  longtemps;  son  ramage 
est  fort  agréable.  Si  on  accouple  le  mâle  avec  une  femelle  du 
Serin  des  Canaries,  ils  produisent  des  métis  qui  sont  très-variés 
de  couleurs  et  qui  sont  d'excellents  chanteurs.  Le  plumage  du 
Sini  est  d'un  jaune-verdâtre,  nuancé  de  grisâtre,  ventre  d'un 
blanc-jaunâtre. 


OISEAUX.  169 

2me  Section.  —  Brevicônes. 

Le  bec  est  en  cône  plus  ou  moins  court,  droit  et  cylin- 
drique, souvent  conique  partout. 

10.  Gros-Bec  pinson,  Fringilla  cœlebs,  Lin.;  en  catalan 

Pinsâ. 

Les  Pinsons  sont  répandus  dans  nos  basses  montagnes  pendant 
toute  la  belle  saison,  et  s'y  reproduisent.  Ils  viennent,  en  octobre, 
occuper  la  plaine,  se  mêlent  aux  Yerdiers,  aux  Bruants  et  aux 
Linottes;  ils  arrivent  en  grandes  bandes,  se  répandent  sur  nos 
champs  entourés  d'arbres,  dans  nos  vignes  et  surtout  dans  nos 
olivettes;  ils  sont  peu  méfiants  et  se  laissent  prendre  au  filef. 
Le  ramage  que  fait  entendre  le  mâle  est  plein  d'agrément;  on  le 
prive  avec  facilité,  il  sert  d'appeau,  et  attire  les  Oiseaux  dans  les 
pièges  qui  leur  sont  tendus. 

11.  Gros-Bec  dardennes,  Fringilla  montifringilla,  Lin.; 

en  catalan  Pinsâ  mec. 

Le  Pinson-Dardennes  se  reproduit  sur  les  parties  élevées  de 
ce  département.  Nous  ne  le  voyons  dans  la  plaine,  que  lorsque  le 
froid  très-vif  l'oblige  de  quitter  les  parages  couverts  de  neige; 
il  arrive  alors  par  grandes  bandes,  et  les  chasseurs  en  font  une 
grande  destruction.  Le  chant  de  ce  Pinson  est  faible  et  peu  varié. 
Cette  espèce  est  moins  farouche  que  la  précédente. 

12.  Gros-Bec  niverole,  Fringilla  nivalis,  Lin. 

Cette  espèce  ne  vient  jamais  dans  la  plaine  ;  elle  habile  les 
régions  élevées  et  froides  de  nos  montagnes  ,  près  des  neiges. 

15.  Gros-Bec  linotte,  Fringilla  canabina,  Lin.;  en  catalan 
Possarell  vermeil. 

Ce  petit  et  joli  Oiseau   est  très-répandu  dans  tout  le  pays. 


170  HISTOIRE  NATURELLE. 

Il  abonde  partout,  dans  les  bois,  les  jardins,  les  olivettes,  et 
surtout  dans  les  vignes;  il  fait  son  nid  dans  les  souches  des 
vignes,  clans  les  charmilles,  sur  les  arbustes,  où  on  le  voit  en 
tout  temps.  Le  chant  du  mâle  est  des  plus  agréables;  il  est  faible, 
mais  il  se  compose  d'une  suite  de  tons  soutenus ,  de  cadences  et 
de  modulations  variées.  On  le  prive  facilement,  et,  en  cage,  il 
chante  presque  toute  l'année. 

14.  Gros-Bec  de  montagne,  Fringilla  montium,  Geml.; 

en  catalan  Passarell  par  do. 

Mêmes  habitudes  que  la  précédente  espèce,  avec  laquelle  il 
vit  dans  les  mêmes  localités  et  en  parfait  accord. 

3rae  Section. — Longicônes. 

Bec  en  cône  droit,  long  et  comprimé,  terminé  en  pointe 
très-aiguë. 

15.  Gros-Bec  venturon,  Fringilla  citrinella,  Lin. 

Il  faut  de  grands  froids  pour  forcer  cet  Oiseau  à  quitter  ses 
lieux  de  prédilection.  On  ne  le  voit  dans  nos  plaines,  que  dans 
les  hivers  les  plus  rigoureux  ;  encore  s'y  trouve-t-il  en  petit 
nombre. 

16.  Gros-Bec  tarier,  Fringilla  spinns,  Lin,;  en  catalan 

Llucaret. 

Le  Tarier  demeure  toujours  sur  nos  montagnes,  où  il  se  repro- 
duit, et  ne  descend  dans  les  vallées  inférieures  qu'au  moment  des 
grands  froids.  Alors,  on  en  prend  avec  le  filet  ou  avec  la  glu;  il 
se  prive  facilement,  et,  en  cage,  il  chante  beaucoup;  son  chant 
est  fort  agréable;  c'est  le  boute-en-train  de  la  volière. 

17.  Gros-Bec  boréal,  Fringilla  borealis,  Temm. 

Cette  espèce  se  fait  remarquer  à  des  intervalles  très-éloignés. 


OISEAUX.  171 

J8.  Gros-Bec  sizerain,  FHngilla  linaria,  Lin.;  en  catalan 
Gaffarou. 

Ce  tout  petit  et  fort  joli  Oiseau  est  assez  commun  dans  tout  le 
pays;  il  se  reproduit  dans  nos  jardins,  nos  vignes  et  nos  olivettes; 
il  construit  son  nid  dans  les  souches  des  vignes,  sur  les  arbres 
très-'élevés  et  à  l'extrémité  des  branches.  C'est  un  excellent  chan- 
teur, et  s'apprivoise  sans  peine;  il  est  plus  ou  moins  abondant 
selon  l'époque,  mais  on  le  voit  en  toute  saison. 

19.  Gros-Bec  chardonneret,   FringiUa  carduelis,  Lin.; 
en  catalan  Cardina. 

Le  Chardonneret  est  très-répandu  dans  le  département;  il  s'y 
reproduit  et  y  passe  l'année.  Son  nom  lui  vient  des  semences  de 
chardon  qu'il  recherche  en  automne.  C'est  un  des  plus  beaux 
Oiseaux  d'Europe.  S'il  était  plus  rare,  il  serait  plus  apprécié: 
il  se  prive  facilement;  il  est  très-doux,  et,  en  cage,  il  apprend 
diverses  choses  si  on  a  la  patience  de  les  lui  enseigner. 

Nous  avons  possédé  un  Chardonneret  ordinaire,  qui,  à  la  suite 
d'an  accident  dont  nous  allons  parler,  changea  tout-à-coup  son 
plumage.  Cet  Oiseau  vivait  depuis  deux  ans  en  captivité;  il  était 
très-apprivoisé.  Un  jour,  un  Chat,  qui  le  guettait,  sauta  sur  la 
cage  suspendue  à  une  croisée.  Chat  et  cage  tombèrent  dans  la 
rue.  L'Oiseau  ne  prit  aucun  mal;  mais,  quelques  jours  après,  ce 
Chardonneret  mua  ,  et,  à  notre  grande  surprise,  se  revêtit  d'un 
plumage  tout  blanc,  excepté  le  tour  de  la  tête  qui,  au  lieu  d'être 
rouge-cramoisi,  devint  orange-clair.  Ce  fait,  assez  singulier,  nous 
porterait  à  croire  que  la  frayeur  contribue  à  ce  changement  subit; 
et  on  pourrait  attribuer  à  quelque  accident  pareil,  la  couleur 
blanche  de  divers  oiseaux  qu'on  trouve  dans  la  campagne. 

M.  Ganta  et  moi,  avons  eu  plusieurs  oiseaux  de  diverses  espè- 
ces, dont  les  plumes  étaient  blanches  ou  café-au-lait;  tous  étaient 
dans  un  état  maladif,  ou  bien  un  de  leurs  membres  offrait  la  trace 
de  quelque  blessure. 


172  HISTOIRE  NATURELLE. 

CINQUIÈME  ORDRE. 

ZIGODACTYLES. 

Caractères. — Bec  de  forme  variée,  plus  ou  moins  arqué, 
quelquefois  très-crochu,  souvent  droit  et  angulaire;  pieds, 
deux  doigts  devant  et  deux  derrière ,  le  doigt  extérieur  de 
derrière  souvent  réversible. 

M.  Temminck  a  créé  cet  Ordre  d'Oiseaux  pour  y  faire 
entrer  les  espèces  dont  le  doigt  externe  peut  se  diriger 
à  volonté  en  arrière  ou  en  avant,  et  un  grand  nombre 
d'autres  qui  ont  habituellement  les  doigts  par  paires.  Il 
résulte  de  cette  conformation,  un  appui  plus  solide  que 
quelques  genres  mettent  à  profit  pour  se  cramponner  et 
pour  escalader  le  tronc  et  les  branches  des  arbres,  tandis 
que  d'autres  s'en  servent  encore  avec  avantage  comme 
moyens  de  préhension. 

lre  Famille. 

Caractères.  —  Bec  plus  ou  moins  arqué;  pieds,  deux 
doigts  devant,  et  plus  habituellement  deux  derrière; 
quelquefois,   le  doigt  extérieur  de  derrière  réversible. 

GESRE    TREINTE-  DEUXIÈME. 

Coucou,  Cuculus,  Lin. 

Caractères. — Bec  de  la  longueur  de  la  tête,  comprimé, 
faiblement  arqué;  mandibules  sans  échancrures;  narines 
basales,  percées  dans  le  bord  de  la  mandibule;  pieds 
emplumés  au-dessous  du  genou,  deux  doigts  devant, 
deux  derrière,  entièrement  divisés;  queue  longue,  plus 
ou  moins  étagée;  ailes  médiocres. 


OISEAUX.  173 

Ces  Oiseaux  sont  farouches;  ils  vivent  solitaires  dans 
les  vallées  de  nos  montagnes;  ils  arrivent  au  printemps 
pour  pondre,  et  nous  quittent  en  automne.  Ils  ne  cons- 
truisent pas  de  nids  :  la  femelle  dépose  ses  œufs  dans  le 
nid  de  différentes  espèces  de  petits  Oiseaux,  d'ordinaire 
dans  celui  des  Fauvettes,  et  laisse  ainsi  a  d'autres  mères 
le  soin  d'élever  sa  progéniture. 

1.  Coucou  gris,  Cuculus  canorus,  Lin.;  en  catalan  Cucut, 

Cuyul. 

Dans  les  premiers  jours  d'avril,  ces  Oiseaux  arrivent  et  se 
répandent  dans  les  vallées  de  nos  montagnes  inférieures  couvertes 
de  bois  et  de  prairies.  Leur  voix  forte  s'entend  de  loin.  Méfiants 
à  l'excès,  on  les  aborde  difficilement.  On  trouve  les  Coucous  avec 
deux  robes,  dont  les  couleurs  sont  très-différentes,  ce  qui  avait 
donné  lieu  à  l'établissement  d'une  seconde  espèce  que  les 
auteurs  désignaient  par  Coucou-Roux  :  les  observations  judi- 
cieuses de  M.  Temminck  les  a  fait  réunir  dans  la  même  espèce. 
S'ils  diffèrent  quelquefois,  cela  ne  peut  être  attribué  qu'à 
l'âge  de  l'oiseau. 

2.  Coucou  geai  ou  tacheté,  Cuculus  glandarius,  Lin. 

Nous  avons  remarqué,  à  des  époques  très-éloignées,  l'appa- 
rition de  cette  espèce  dans  nos  contrées  montagneuses,  ce  qui 
nous  porte  à  croire  qu'elle  n'est  ici  que  de  passage  très-accidentel. 
Le  premier  qui  nous  fut  apporté,  fut  tué  dans  les  bois  des  envi- 
rons de  Cortsavi,  par  M.  Do,  aîné,  de  Céret;  il  reconnut  de 
suite  que  c'était  un  Oiseau  étranger,  et  nous  l'envoya.  Depuis 
lors,  nous  avons  vu  cet  Oiseau  au  marché  de  Perpignan,  mais 
très-rarement. 

Le  Coucou-Cendrillard  n'a  pas  été  observé  dans  notre 
département. 


174  HISTOIRE   NATURELLE. 

2me  Famille. 

Caractères. — Bec  long,  droit,  conique,  tranchant;  pieds, 
deux  doigts  devant,  deux  derrière  ;  ongles  très-crochus  ; 
queue  a  pennes  raides ,  les  deux  du  milieu  dépassant  en 
longueur  toutes  les  autres. 

GENRE   TRENTE-TROISIÈME. 

Pic,  Picus,  Lin. 

Caractères. —  Bec  long,  droit,  anguleux,  comme  com- 
primé, en  coin  à  son  extrémité  ;  narines  cachées  par  des 
poils  dirigés  en  avant;  pieds  forts;  ongles  aigus,  arqués; 
ailes  courtes;  queue  à  pennes  raides  et  élastiques,  étagées. 

En  général,  les  Oiseaux  qui  composent  ce  genre,  habi- 
tent les  grandes  forêts  ou  les  lieux  peuplés  d'arbres  à  haute 
futaie.  Ils  sont  sans  relâche  occupés  au  travail  pénible  qui 
pourvoit  à  leur  existence.  Ils  grimpent  sur  les  troncs  et 
sur  les  branches  qu'ils  frappent  à  coups  redoublés,  afin 
d'en  faire  sortir  les  insectes  qui  se  nichent  sous  l'écorce; 
ils  font  ainsi  le  tour  de  la  souche  et  prennent  les  insectes 
que  leurs  coups  de  bec  ont  fait  déplacer.  Ce  manège  a 
donné  lieu  à  une  croyance  populaire  qui  est  assez  accré- 
ditée :  nos  paysans  prétendent  que  cet  Oiseau,  après  avoir 
frappé  à  coups  redoublés  sur  la  souche,  va  aussitôt  derrière 
l'arbre,  voir  s'il  l'a  percé  de  part  en  part. 

1.  Pic  noir,  Picus  martius ,  Lin.;  en  catalan  Picot  cap 
rutg. 

Ce  bel  Oiseau  est  fort  rare.  Il  habite  les  grandes  forêts  du 
Capcir  et  de  la  Cerdagne;  il  ne  vient  jamais  dans  la  plaine. 
M.  Estève,  de  Bourg-Madame,  m'a  envoyé  deux  fois  cette  belle 
espèce. 


OISEAUX.  \1~> 

2.  Pic  vert,  Picus  viridis,  Lin.;  en  catalan  Picot  vert. 

Beaucoup  plus  commun  que  le  précédent,  ce  Pic  habite  aussi 
les  grandes  forêts  de  nos  montagnes;  mais,  en  hiver,  il  visite 
quelquefois  la  plaine,  se  tenant  toujours  sur  les  lieux  où  les 
arbres  abondent. 

5.  Pic  cendré,  Picus  canus,  Geml. 

Nous  le  voyons  très-accidentellement,  et  nous  l'avions  confondu 
avec  le  Pic-Vert;  mais  les  savantes  observations  de  M.  Temminck 
ont  levé  tout  doute. 

4.  Pic  épeiche,  Picus  major,  Lin. 

L'Epeiche,  quoique  habitant  aussi  les  forêts,  se  rapproche 
plus  des  parties  basses  de  nos  vallées  que  les  autres  espèces;  on 
le  voit  souvent  dans  nos  grands  jardins,  grimpant  sur  les  arbres. 
Nos  marchés  en  sont  plus  souvent  pourvus  que  des  autres. 

5.  Pic  leuconote,  Picus  leuconotus,  Bech. 
Très-accidentellement  de  passage. 

6.  Pic  mar,  Picus  médius,  Lin. 

On  a  souvent  confondu  cette  espèce  avec  le  Pic-Épeiche.  Leur 
robe  est  à  peu  près  la  même;  mais  ils  ont  des  caractères  que 
M.  Temminck  a  parfaitement  saisis  et  démontrés,  ce  qui  ne  laisse 
plus  de  doute  à  cet  égard. 

7.  Pic  épeichette,  Picus  minor,  Lin. 

Celte  espèce  est  assez  rare,  et  habite  les  hautes  forêts  des 
régions  froides;  mais,  lorsque  la  neige  couvre  nos  montagnes, 
elle  descend  dans  les  bois  inférieurs  et  plus  tempérés,  et  alors 
on  en  porte  quelquefois  au  marché  :  c'est  la  seule  manière  de  se 
la  procurer. 

8.  Pic  tridactyle,  Picus  tridactylus,  Lin. 


176  HISTOIRE   NATURELLE. 

Excessivement  farouche,  se  tenant  toujours  dans  les  grandes 
forêts  des  régions  les  plus  élevées,  il  vient  très-accidentellement 
dans  les  forêts  de  chênes  des  vallées  inférieures.  On  le  porte  au 
marché  très-rarement. 

GENRE   TRENTE-QUATRIÈME. 

Torcol,  Yunx,  Lin. 

Caractères,  —  Bec  court,  droit,  en  cône  déprimé,  effilé 
vers  la  pointe;  arête  arrondie;  mandibules  sans  échan- 
crures;  narines  percées  dans  les  bords  concaves  de  l'arête, 
nues,  en  partie  fermées  par  une  membrane  ;  pieds,  deux 
doigts  devant,  soudés  à  leur  origine,  deux  derrière  divisés; 
ailes  médiocres;  queue  à  pennes  larges,  flexibles,  arron- 
dies à  leur  bout. 

Les  Torcols  n'ont  point,  comme  les  Pics,  l'habitude 
de  grimper  en  s'élevant  contre  les  arbres.  Le  peu  de  fer- 
meté des  pennes  de  la  queue,  rend  ce  mouvement  d'ascen- 
sion impossible  :  ils  se  contentent  de  se  cramponner  aux 
troncs  pour  saisir  entre  les  fentes  de  l'écorce,  les  Fourmis 
et  autres  insectes  dont  ils  se  nourrissent.  Leur  langue 
très-extensible  et  glutineuse,  posée  à  terre  ou  sur  l'écorce, 
attire  les  Fourmis,  et  dès  qu'elle  en  est  couverte,  ils  la 
retirent  et  avalent  celles  qui  s'y  trouvent  attachées;  ils 
se  tiennent  le  plus  souvent  à  terre,  sur  le  passage  des 
Fourmis,  dont  ils  font  une  grande  destruction. 

1.  Torcol  ordinaire,   Yunx  torquilla,  Lin.;    en  catalan 

Formigué. 

L'habitude  de  cet  Oiseau  de  présenter  sa  longue  langue,  enduite 
d'une  liqueur  visqueuse  auprès  des  trous  des  Fourmis  pour  les 
manger  ensuite,  lui  a  fait  donner  le  nom  catalan  de  Formigué; 


OISEAUX.  177 

il  est  ici  dans  la  belle  saison  où  il  se  reproduit.  D'un  naturel 
lent  et  peu  farouche,  cet  Oiseau  se  laisse  facilement  approcher. 
S'il  s'envole,  c'est  pour  se  poser  à  peu  de  distance,  et,  quelque- 
fois, même  on  le  prend,  sans  effort,  à  la  main.  Lorsqu'on  est 
près  de  lui,  il  se  baisse,  et  porte  sa  tète  en  arrière,  qu'on  dirait 
'  pouvoir  tourner  dans  tous  les  sens ,  ce  qui  lui  a  fait  donner  le 
nom  de  Torcol.  Dans  le  temps  des  amours,  le  mâle  se  pose  sur 
une  branche  basse  ;  fait  entendre  un  son  plaintif,  et  étale  sa 
queue  en  rond,  comme  les  Paons,  en  écartant  ses  ailes,  et  faisant 
beaucoup  de  contorsions  avec  sa  tête.  Il  se  tient  longtemps  dans 
cette  attitude,  si  on  ne  l'inquiète  point. 

SIXIÈME  ORDRE. 

ANISODACTYLES. 

Caractères.  —  Bec  plus  ou  moins  arqué,  souvent  droit, 
toujours  subulé,  effilé  et  grêle,  moins  large  que  le  front; 
pieds,  trois  doigts  devant  et  un  derrière,  l'extérieur  soudé 
à  sa  base  au  doigt  du  milieu,  le  postérieur  le  plus  souvent 
long;  tous  pourvus  d'ongles  assez  longs  et  courbés. 

M.  Temminck  a  cru  devoir  réunir  à  cet  ordre  tous  les 
genres  d'Oiseaux ,  tant  indigènes  qu'exotiques ,  qui  parti- 
cipent plus  ou  moins  des  habitudes  et  des  mœurs  des 
Zigodactyles  grimpeurs.  Comme  eux,  la  plupart  escaladent 
les  troncs  et  les  branches  des  arbres  ou  les  pans  verticaux 
des  roches,  ou  bien,  ils  se  cramponnent  fortement  à  ceux-ci. 
Presque  tous  sont  insectivores,  et  se  nourrissent,  quoique 
avec  d'autres  moyens,  à  la  manière  des  Pics. 

GENRE    TRENTE-CINQUIÈME. 

Sitelle,  Sitta,  Lin. 
Caractères.—  Bec  droit,  cylindrique,  conique,  tranchant 

TOME  III.  4- 


178  HISTOIRE  NATURELLE. 

à  la  pointe;  narines  recouvertes  à  claire-voie  par  des  poils 
dirigés  en  avant;  pieds,  trois  doigts  devant,  l'extérieur 
soudé  à  sa  base  à  celui  du  milieu  ;  doigt  postérieur  très- 
long,  l'ongle  arqué;  queue  à  baguettes  faibles. 

Les  Sitelles  ne  sont  pas  nombreuses  en  Europe.  Elles 
s'attachent  aux  arbres,  et  montent  et  descendent  le  long 
des  troncs,  avec  la  même  facilité;  elles  diffèrent,  en 
cela,  des  Pics,  qui  ne  peuvent  grimper  qu'en  montant 
sur  l'arbre  :  une  seule  espèce  vit  dans  le  département. 

1.  Sitelle  torchepot,  Sitta  Europea,  Lin.;  en  catalan  Pic 

bastard. 

Habite  les  forêts  de  nos  montagnes ,  et  ne  vient  jamais  dans  la 
plaine;  elle  est  très-commune  dans  les  environs  de  Saint-Laurent- 
de-Gerdans.  Nous  avons  admiré  longtemps  les  habitudes  de  ces 
oiseaux.  Ils  grimpent  sur  les  troncs  et  les  branches  des  arbres, 
en  faisant  entendre  leur  cri  d'appel;  alors,  plusieurs  accourent, 
et  suivent  les  évolutions  du  premier,  qui  monte  et  descend  avec 
une  rapidité  étonnante,  comme  s'il  rampait;  toute  la  troupe  suit 
à  la  file  en  faisant  le  même  manège,  en  courant  ainsi  d'un  arbre 
à  l'autre  pendant  longtemps. 

La  Sitelle  Syriaque  ou  des  Rochers  n'a  pas  été  observée. 

GENRE   TRENTE-SIXIÈME. 

Grimpereau,  Certhia,  Temminck. 

Caractères. — Bec  long,  plus  ou  moins  arqué,  triangu- 
laire, effilé,  aigu  ;  narines  à  moitié  fermées  par  une  mem- 
brane voûtée;  ailes  médiocres;  queue  étagée,  à  baguettes 
piquantes;  pieds,  trois  doigts  devant,  l'extérieur  soudé 
a  sa  base  au  doigt  du  milieu,  un  doigt  derrière;  ongles 
très-courbés ,  celui  de  derrière  le  plus  long. 


OISEAUX.  179 

Les  Grimpereaux  escaladent  les  arbres,  en  s'appuyant 
sur  les  pennes  fortes  et  élastiques  de  leur  queue. 

1.  Grimpereau  familier,  Certhia  familiaris,  Lin. 

Le  Grimpereau-Familier  se  reproduit  dans  ce  département. 
Il  vit  dans  les  forêts  des  montagnes  moyennes;  après  la  ponte,  il 
vient  dans  nos  champs,  jardins  et  vergers,  où  il  se  livre  à  ses 
évolutions  ordinaires,  grimpant  tout  autour  des  arbres,  ne  restant 
jamais  en  place.  Très-actif  sans  être  farouche,  on  peut  admirer 
tous  ses  mouvements,  dans  lesquels  il  est  d'une  agilité  peu  com- 
mune ;  il  n'est  pas  rare  au  mois  de  septembre  dans  nos  vastes 
plantations  d'oliviers. 

GENRE   TRENTE-SEPTIÈME. 

Tichodrome,  Tichodroma,  Illiger. 

Caractères.  —  Bec  très-long,  faiblement  arqué,  grêle, 
cylindrique,  base  angulaire,  pointe  déprimée;  narines 
nues,  percées  horizontalement,  à  moitié  fermées  par  une 
membrane  voûtée;  pieds,  trois  doigts  devant,  un  doigt 
derrière,  portant  un  ongle  très-long;  queue  arrondie,  à 
baguettes  faibles;  ailes  larges. 

Tout  ce  que  le  Grimpereau  fait  sur  les  arbres,  le  Ticho- 
drome le  fait  sur  les  pans  verticaux  des  roches  ou  des  murs, 
sur  lesquels  il  se  cramponne  pour  y  découvrir  les  insectes 
dont  il  se  nourrit. 

\ .  Tichodrome  échelette,  Tichodroma  phenicoptera,  Tem.; 
en  catalan  Pica  aranyas,  Menja  aranyas. 

Habite  les  rochers  escarpés  des  hautes  régions.  Aux  approches 
du  mauvais  temps,  lorsque  la  neige  le  chasse  de  ses  demeures  de 
prédilection,  il  vient  exécuter  ses  évolutions  sur  les  murs  des 


181)  HISTOIRE   NATURELLE. 

édifices  et  des  clochers  des  villes  ou  des  villages  les  plus  voisins 
des  montagnes,  Villefranche ,  Prades,  Rigarda,  Prats-de-Mollô , 
Arles,  Géret.  Nous  en  possédons  un  superbe  individu  que  nous 
devons  à  l'obligeance  de  notre  ami,  M.  Coder,  pharmacien  et 
botaniste  distingué.  M.  Xatart,  de  Prats-de-Mollô,  nous  en  avait 
aussi  envoyé  un.  Quoique  assez  rare,  cet  Oiseau  se  voit  tous  les 
ans  dans  les  localités  que  nous  avons  signalées. 

GENRE    TRENTE-HUITIÈME. 

Huppe,  Upupa,  Lin. 

Caractères.  —  Bec  très-long ,  faiblement  arqué ,  grêle , 
triangulaire,  comprimé;  narines  placées  à  la  base  du 
bec,  couvertes  par  les  plumes  du  front;  doigt  inter- 
médiaire réuni  à  la  base  avec  l'externe;  ongles  courts 
et  peu  courbés;  queue  carrée;  ailes  à  pennes  bâtardes 
très-courtes. 

La  Huppe  vit  solitaire;  on  la  voit  toujours  par  couples, 
plutôt  à  terre  que  perchée;  elle  court  sur  lé  niveau  du 
terrain,  dans  les  champs  et  les  prairies  humides,  pour 
s'y  procurer  les  larves  des  insectes  dont  elle  fait  sa 
nourriture  ;  elle  fait  son  nid  dans  les  crevasses  des  vieux 
murs  ;  elle  le  fait  mal ,  et  le  construit  avec  la  bouse  des 
bestiaux. 

i.  Huppe  puput,  Upupa  epops,  Lin.;  en  catalan  Gall  fabè, 
Puput,  Paput  (prononcez  poupout). 

Cette  espèce  se  reproduit  dans  les  vallées  de  nos  basses  mon- 
tagnes, près  des  habitations  isolées;  elle  établit  son  nid  dans  les 
vieilles  masures,  dans  les  trous  ou  sous  les  toits,  quelquefois 
dans  les  troncs  des  vieux  arbres  ;  elle  nous  quitte  en  septembre, 
pour  aller  vivre  dans  des  contrées  plus  chaudes. 


OISEAUX.  181 

SEPTIÈME  ORDRE. 

ALCYONS. 

Caractères.  —  Bec  médiocre  ou  long,  pointu,  presque 
quadrangulaire,  faiblement  arqué  ou  droit;  pieds  à  tarse 
très-court;  trois  doigts  devant  réunis,  un  doigt  derrière. 

M.  Temminck  a  cru,  avec  raison,  nécessaire  d'établir 
cet  Ordre  d'Oiseaux,  parce  qu'ils  se  rapprochent  beaucoup, 
par  leurs  caractères  habituels,  des  genres  qui  composent 
l'ordre  suivant  ou  les  Chélidons.  Comme  eux,  les  Alcyons 
volent  avec  une  grande  célérité  ;  leurs  mouvements  sont 
prompts  et  brusques;  ils  ne  peuvent,  par  la  forme  de 
leurs  pieds,  ni  marcher  ni  grimper;  ils  saisissent  leur 
nourriture  en  plein  vol,  ou  à  la  surface  des  eaux,  se 
posent  rarement  à  terre;  ils  nichent  dans  les  trous  pra- 
tiqués dans  la  terre,  le  long  des  rives. 

GENRE    TRENTE-NEUVIÈME. 

Guêpier,  Merops,  Lin. 

Caractères.  —  Bec  médiocre,  tranchant,  pointu,  légè- 
rement courbé,  arête  élevée,  sans  échancrure;  narines 
ouvertes,  cachées  a  claire-voie  par  des  poils  dirigés  en 
avant;  pieds  à  tarse  court,  trois  doigts  devant,  l'extérieur 
soudé  jusqu'à  la  seconde  articulation  au  doigt  du  milieu, 
et  celui-ci  avec  l'intérieur  jusqu'à  la  première  articulation; 
doigt  de  derrière  large  a  sa  base  ;  ongles,  celui  de  derrière 
plus  petit. 

Ces  oiseaux  vivent  d'Abeilles  et  de  Guêpes,  qu'ils  sai- 
sissent au  vol.  C'est  de  ces  dernières  que  dérive  leur  nom; 


18"2  HISTOIRE   NATURELLE. 

ils  construisent  leur  nid  sur  les  bords  escarpés  des  fleuves, 
les  coteaux  de  terres  et  de  sables  ;  ils  y  pratiquent  des  trous 
obliques  et  profonds  qu'ils  tapissent  intérieurement  avec 
de  la  mousse.  Leur  robe  est  parée  de  belles  couleurs. 

1.  Guêpier  vulgaire,  Merops  apiaster,  Lin.;  en  catalan 

Abellerola,  Sirena  de  mar. 

Nous  voyons  cet  Oiseau  au  moment  de  son  passage ,  en  avril  ; 
en  général,  il  séjourne  très-peu  dans  le  pays.  Si  le  temps  est 
favorable ,  on  en  prend  assez  au  filet ,  à  Collioure  ;  on  en  tue 
aussi  dans  nos  campagnes.  Il  s'arrête  près  des  ruches  où  il  fait 
une  grande  destruction  d'Abeilles.  En  1845,  il  y  en  eut  une 
passe  considérable  :  un  couple  s'établit  dans  les  escarpements 
des  falaises  de  Chàteau-Roussillon ,  près  la*métairie  Anglada. 
Nous  le  vîmes,  tout  l'été,  voler  le  long  de  ces  rives  avec  ses 
petits  ;  il  disparut  à  la  fin  d'août. 

Nous  avons  vu  ces  Oiseaux  en  grand  nombre  en  Espagne,  dans 
une  vallée ,  après  Salamanca ,  vers  les  frontières  du  Portugal  ;  ils 
y  vivent  en  famille,  et,  comme  les  Hirondelles,  ils  volent  conti- 
nuellement. Nos  soldats  en  avaient  élevé  déjeunes,  qu'ils  nour- 
rissaient avec  de  la  viande  hachée. 

GENRE   QUARANTIÈME. 

Martin-Pêcheur,  Alcedo,  Temm. 

Caractères.  —  Bec  long,  quadrangulaire,  droit,  pointu, 
à  bords  tranchants,  k  mandibules  égales  ;  narines  basales, 
latérales,  presque  fermées  par  une  membrane  nue;  pieds 
courts,  nus  au-dessous  du  genou. 

Le  vol  du  Martin-Pêcheur  est  extrêmement  rapide;  il 
est  toujours  sur  le  bord  des  rivières  et  des  ruisseaux, 
dans  les  endroits  les  plus  cachés,  épiant  sa  proie,  sur 
laquelle   il  se  jette   comme   une  flèche  ,    en  effleurant 


OISEAUX.  183 

l'eau;  il  est  très-rusé,  et  on  l'approche  avec  beaucoup 
de  peine;  il  ne  vit  jamais  en  famille,  on  le  voit  toujours 
isolé,  près  des  eaux  ;  il  est  orné  de  belles  couleurs  vives, 
où  le  bleu  domine. 

1.  Martin-Pêcheur  alcyon,  Alcedo  ispida,  Lin.;  en  catalan 

Amé,  Blabet. 

On  prend  beaucoup  d'Alcyons  à  la  chasse  à  la  lumière,  pendant 
le  mois  de  septembre.  On  les  vend  communément  an  marché, 
et  à  un  très-bon  prix,  à  cause  d'une  tradition  populaire  qui 
prétend  que  ces  Oiseaux,  desséchés  et  conservés  dans  une  armoire, 
ont  la  propriété  de  garantir  les  objets  en  drap  de  la  piqûre  des 
teignes.  Si  ce  fait  était  vrai,  cet  Oiseau  ne  serait  pas  lui-même 
dévoré  par  ces  insectes  destructeurs  des  collections.  C'est  de 
cette  prétendue  propriété,  que  lui  est  venu  le  nom  catalan  Amé; 
celui  de  Blabet,  de  la  couleur  bleue-aigue-marine  dont  ses  plumes 
sont  parées. 

HUITIÈME  ORDRE. 

CHÉLIDONS. 

Caractères.  —  Bec  très-court,  déprimé,  très-large  à  sa 
base;  mandibule  supérieure  courbée  à  sa  pointe;  pieds 
courts,  trois  doigts  devant,  entièrement  divisés,  ou  unis  à 
la  base  par  une  courte  membrane;  le  doigt  de  derrière 
souvent  réversible;  les  ongles  très-crochus;  ailes  longues. 

Le  vol  de  ces  Oiseaux  est  rapide  et  brusque  ;  leur  vue 
est  perçante,  leur  cou  court,  le  gosier  large;  leur  large 
bec,  que,  le  plus  habituellement,  ils  tiennent  entr'ouvert 
ou  bâillant,  sert  à  engloutir  les  insectes  qui  se  présentent 
autour  d'eux;  leur  nourriture  consiste  purement  en  insectes; 
ils  ne  touchent  a  aucun  autre  aliment. 


184  HISTOIRE   NATURELLE. 

GENRE    QUARANTE-UNIÈME. 

Hirondelle,  Hirundo,  Lin.;  en  catalan  Aurcndola, 
Aulendra. 

Caractères. — Bec  court,  large  à  sa  base,  déprimé,  fendu 
jusque  près  des  yeux;  mandibule  supérieure  entaillée,  un 
peu  crochue  à  sa  pointe;  narines  basales,  closes  en  arrière 
par  une  membrane;  pieds  nuds,  courts,  quelquefois  emplu- 
més;  ongles  faibles;  ailes  longues;  queue  souvent  fourchue. 

Les  Hirondelles  aiment  à  vivre  près  des  eaux  où  les 
mouches  et  les  autres  insectes  volants,  qu'elles  saisissent 
avec  une  grande  dextérité,  sont  les  plus  multipliés;  leur 
vol  est  longtemps  soutenu,  très-rapide;  leurs  mouvements 
sont  brusques  et  promps  à  les  rendre  maîtresses  d'une 
proie  également  agile.  C'est  en  rasant  la  surface  de  l'eau 
qu'elles  étanchent  leur  soif,  et  c'est  même  en  plein  vol 
qu'on  les  voit  se  baigner.  Les  nids  formés  par  toutes  les 
espèces  qui  composent  ce  genre ,  ont  à  l'extérieur  une 
construction  solide,  formée  de  matières  dures;  mais 
l'intérieur,  sur  lequel  les  œufs  sont  déposés,  est  toujours 
composé  de  matières  molles. 

1.  Hirondelle  de  cheminée,  Hirundo  rustica,  Lin. 

Cette  espèce  arrive  dans  notre  pays  presque  à  jour  fixe  ;  il  est 
rare  de  ne  pas  la  voir  dans  nos  maisons  le  jour  de  Notre-Dame 
de  mars.  Posée  sur  nos  croisées  ou  dans  nos  basses-cours,  elle 
souhaite  sa  bienvenue  par  ses  chants  mélodieux;  elle  recherche 
la  société  de  l'homme  jusqu'à  construire  son  nid  dans  sa  demeure. 
Fidèle  à  ses  souvenirs,  cette  Hirondelle  retourne  dans  le  même  nid 
qu'elle  avait  occupé  l'année  précédente,  ou  en  construit  un  autre 
à  côté  si  quelque  accident  a  dérangé  le  premier.  Cet  Oiseau  est 
inolfensif  et  timide. 


OISEAUX.  185 

2.  Hirondelle  rousseline,  Hirundo  rufula,  Levaillant. 

Cette  rare  espèce  ne  parait  qu'accidentellement  et  à  des  épo- 
ques très-éloignées.  Elle  vit  dans  V Afrique-Méridionale  ;  on  la 
trouve  néanmoins  en  Egypte,  et  c'est  probablement  de  ce  pays 
que  nous  viennent  quelques  sujets,  mêlés  avec  les  Hirondelles 
ordinaires. 

5.  Hirondelle  de  fenêtre,  Hirundo  urbica,  Lin. 

Elle  arrive  à  la  même  époque,  et  se  fait  aussitôt  remarquer 
par  ses  cris,  en  volant  autour  de  nos  demeures,  où  elle  ne  pénètre 
pas;  mais  elle  construit  son  nid  sous  les  corniches  des  toits  des 
maisons  et  des  grands  édifices.  Ce  n'est  pas  seulement  sur  les 
habitations  de  l'homme,  qu'elle  fait  sa  demeure;  elle  bâtit  égale- 
ment son  nid  contre  les  pans  des  rochers  taillés  à  pic,  situés  sur 
les  bords  des  rivières  et  des  vallées  exposées  au  midi;  elle  se 
dispute  souvent  avec  le  Moineau,  qui  s'empare  de  son  nid.  Cette 
Hirondelle  a  le  croupion  blanc. 

4.  Hirondelle  de  rivage,  Hirundo  riparia,  Lin. 

Cette  petite  Hirondelle  arrive  à  peu  près  aux  mêmes  époques. 
Elle  s'établit  aussitôt  sur  les  rochers  et  sous  les  ponts  de  nos 
grands  cours  d'eau,  un  peu  en  amont  dans  nos  vallées;  elle  vit 
sur  le  bord  des  eaux,  sur  les  terrains  sablonneux,  dont  elle  rase 
continuellement  la  surface  d'un  vol  rapide,  pour  y  saisir  les 
insectes  ailés  dont  elle  fait  son  unique  nourriture;  elle  se  pose 
sur  les  rochers  où  elle  s'accroche  au  moyen  de  ses  ongles  aigus. 
Elle  nous  quitte,  comme  les  autres,  à  la  fin  de  septembre. 

o.  Hirondelle  de  rocher,  Hirundo  rupestris,   Lin.;    en 
catalan  Aurendola  roquera. 

Cette  espèce,  moins  commune  que  les  autres,  s'établit  dans 
les  gorges  supérieures  de  nos  montagnes,  sur  les  grands  rochers 
les  plus  escarpés;  on  la  voit  rarement  dans  les  champs.  Son  vol 


186  HISTOIRE   NATURELLE. 

est  moins  rapide  que  celui  des  autres  espèces  ;  on  dirait  qu'elle 
se  balance  dans  les  airs  sans  gagner  du  chemin.  Elle  se  pose  sur 
les  corniches  des  roches  où  elle  construit  son  nid  dans  les  fentes; 
et  c'est  sur  les  crêtes  au-dessus  des  grands  abîmes,  qu'on  la  voit 
en  filière  avec  ses  petits,  qui  commencent  à  exercer  leurs  ailes, 
jusqu'à  ce  qu'ils  soient  assez  forts  pour  aller  chercher  eux-mêmes 
leur  nourriture.  Cette  Hirondelle  quitte  nos  vallées  plus  tard  que 
les  autres  espèces. 

GENRE    QUARANTE-DEUXIÈME. 

Martinet,  Cypselns,  Illi. 

Caractères. — Bec  très-court,  triangulaire,  large  à  sa 
base,  fendu  jusqu'au-dessous  des  yeux;  narines  ouvertes, 
le  bord  garni  de  petites  plumes  ;  pieds  très-courts,  à  demi 
emplumés;  quatre  doigts,  dirigés  en  avant,  entièrement 
divisés;  ongles  très-crochus;  queue  fourchue;  ailes  très- 
longues. 

Les  Martinets  sont  continuellement  en  mouvement  dans 
les  airs  ;  ils  remuent  peu  les  ailes  et  semblent  voguer  dans 
cet  élément;  ils  ne  se  posent  jamais  à  terre,  et  rarement 
sur  des  lieux  élevés.  Il  n'est  pas  d'oiseau  plus  favorisé 
pour  le  vol  :  la  structure  de  son  squelette,  la  longueur 
de  ses  ailes,  contribuent  à  lui  procurer  une  locomotion 
aérienne  des  plus  rapides  et  des  plus  soutenues.  C'est 
dans  les  trous  des  vieux  édifices  ou  dans  les  fentes  des 
hauts  rochers,  qu'il  construit  son  nid  et  qu'il  élève  sa 
famille. 

1.  Martinet  à  ventre  blanc,  Cypselns  alpinus,  Temm.;  en 
catalan  Ballasté,  Martinet. 

Cette  espèce  est  assez  rare,  el  ne  niche  pas  dans  nos  villes. 


(USKAUX.  î  87 

Elle  s'établit  toujours  sur  les  roches  les  plus  escarpées  de  nos 
vallées  supérieures,  et  on  la  voit  peu  dans  la  plaine. 

2.  Martinet  de  muraille,  Cypselus  murarius,  Temm. 

Très-commun  sur  les  édifices  des  villes,  où  il  niche,  on  le  voit 
en  mouvement  continuel  dans  les  airs,  faisant  entendre  un  cri 
d'appel,  soit  en  volant,  soit  lorsqu'il  se  pose  contre  les  trous  des 
murs  où  il  a  établi  son  nid.  A  l'approche  de  quelque  orage,  il 
paraît  plus  agité  que  jamais,  et  ses  cris  redoublent;  plusieurs  se 
suivent  alors  à  la  file,  en  criant  tous  à  la  fois.  Il  nous  quitte  vers 
le  mois  de  septembre. 

GENRE   QUARANTE-TROISIÈME. 

Engoulevent,  Caprimulgus,  Linné. 

Caractères. — Bec  très-court,  flexible,  déprimé,  légère- 
ment courbé,  peu  apparent,  fendu  jusqu'au-delà  des  yeux; 
mandibule  supérieure  crochue  à  la  pointe ,  garnie  de  poils 
raides  dirigés  en  avant;  narines  larges,  fermées  par  une 
membrane,  surmontées  par  les  plumes  du  front;  pieds, 
trois  doigts  devant,  tous  réunis  par  une  membrane  jus- 
qu'à la  première  articulation;  le  doigt  de  derrière  réver- 
sible; ongles  courts,  celui  du  milieu  long,  édenté  en  scie; 
queue  arrondie;  ailes  longues. 

Les  Engoulevents  ont  de  grands  yeux  et  de  grandes 
oreilles;  ils  ont  la  vue  offusquée  par  la  clarté  du  soleil. 
Ce  sont  des  oiseaux  nocturnes,  qui  sortent  de  leur  retraite 
au  crépuscule  du  soir  et  du  matin  ;  ils  chassent  aussi  pen- 
dant la  nuit,  lorqu'elle  est  éclairée  par  la  lune;  ils  vivent 
de  Papillons  et  des  Insectes  de  nuit,  qu'ils  saisissent  au 
vol;  leur  large  bouche,  qu'ils  tiennent  ouverte  pendant 
leur  vol,  permet  l'entrée  de  la  proie,  qui  reste  collée 


188  HISTOIRE   NATURELLE. 

contre  les  parois  de  leur  ample  œsophage,  à  une  liqueur 
gluante,  dont  il  est  imbibé;  leur  vol  est  peu  bruyant; 
leurs  plumes  sont  douces  et  soyeuses.  Si,  dans  le  jour, 
ils  sont  obligés  de  quitter  leur  retraite ,  ils  se  posent  à 
peu  de  distance ,  parce  que  leur  vue  ne  peut  supporter 
la  lumière. 

1.  Engoulevent  ordinaire,  Caprimulgus  Europeus,  Tem.; 
en  catalan  Teta  cabra,  Enganya  pastors. 

Désirant  connaître  le  motif  qui  induisait  nos  paysans  à  donner 
le  nom  de  Engamja  Pastors  à  cet  Oiseau ,  ce  qui  veut  dire  iïompe 
bergers,  j'ai  questionné  plusieurs  campagnards  de  la  contrée 
où  l'Engoulevent  se  reproduit,  et  où  il  est  très-abondant,  les 
garrigues  de  Thuir,  par  exemple.  Tout  le  monde,  dans  le  pays, 
s'accorde  à  dire  que  cet  Oiseau,  qui  ne  soigne  pas  son  nid ,  pond 
ses  œufs  à  terre  sans  la  moindre  précaution;  et  que  s'il  advient 
que  ce  nid  soit  découvert,  il  ne  manque  point  de  changer  les 
œufs  de  place  en  les  transportant  dans  un  autre  lieu,  et  dans 
une  direction  tout  opposée,  pour  les  dérober  à  la  rapine  des 
bergers,  qui,  par  état,  parcourant  sans  cesse  la  campagne,  sont 
plus  à  même  de  découvrir  ses  couvées.  La  conformation  de  la 
bouche  et  du  bec,  est  propre  à  faire  croire  que  cet  Oiseau  a  un 
pareil  instinct.  Du  reste,  ce  fait  m'a  été  confirmé  par  des  per- 
sonnes dignes  de  foi. 

Cet  Oiseau  n'est  pas  gracieux.  La  couleur  sombre  de  son  plu- 
mage, ses  courtes  jambes,  qui  le,  forcent  à  être  toujours  accroupi  ; 
ses  grands  yeux  et  sa  large  bouche,  lui  donnent  un  air  très- 
singulier.  Il  est  toujours  seul  ou  par  paires;  il  ne  vole  jamais 
pendant  le  jour,  à  moins  que  quelque  accident  ne  l'y  force; 
mais,  dès  que  le  crépuscule  arrive,  il  sort  de  sa  retraite  pour 
chercher  sa  nourriture.  Cet  Oiseau  devient  très-gras  en  au- 
tomne; sa  chair  est  alors  très-savoureuse,  et  il  quitte  notre  pays 


OISEAUX.  189 

pour  aller  chercher  une  température  plus  douce  dans  les  terres 
d'Afrique. 

L'Engoulevent  à  collier  roux,  se  voit  quelquefois  dans  nos  envi- 
rons; il  a  les  mêmes  habitudes  que  l'Engoulevent  ordinaire,  dont 
nous  l'avions  toujours  considéré  comme  une  variété.  M.  Tem- 
minck,  d'après  les  observations  de  M.  Natterer,  en  a  fait  une 
espèce  distincte;  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  nous 
ranger  à  cet  avis. 


NEUVIEME  ORDRE. 

PIGEONS. 

Caractères.  —  Bec  voûté;  base  de  la  mandibule  supé- 
rieure couverte  d'une  peau  molle,  dans  laquelle  les  nari- 
nes sont  percées,  pointe  plus  ou  moins  courbée;  pieds, 
trois  doigts  devant, entièrement  divisés;  un  doigt  derrière. 

Les  Pigeons,  par  leurs  mœurs  douces  et  familières,  ont 
beaucoup  de  rapport  avec  les  Gallinacés.  Leur  nourriture, 
qui  consiste  en  graines  et  semences,  obtient  préalablement 
une  espèce  de  macération  dans  le  jabot  avant  de  passer 
dans  l'estomac:  ce  sont  ces  aliments,  ainsi  macérés, 
qu'ils  dégorgent  dans  le  bec  de  leurs  petits.  Les  jeunes 
ne  quittent  le  nid  que  lorsqu'ils  sont  en  état  de  voler,  et 
reçoivent  jusqu'à  cette  époque  les  aliments  que  leurs 
parents  leur  apportent.  Tous  les  Pigeons  ont  l'habitude 
de  boire  d'un  trait  en  plongeant  leur  bec  dans  l'eau. 
L'acte  de  l'accouplement  est  précédé  de  caresses  et  de 
roucoulements  uniquement  propres  aux  Oiseaux  de  cet 
Ordre,  quon  peut  diviser  en  deux  genres.  Dans  quelques 
pays  de  l'Europe,  ce  sont  des  Oiseaux  de  passage;  dans 
d'autres,  ils  sont  sédentaires. 


190  HISTOIRE  NATURELLE. 

GENRE   QUARANTE-QUATRIÈME. 

Pigeon,  Columba,  Lin.;  en  catalan  Colom. 

Caractères.  —  Bec  médiocre,  droit,  comprimé,  voûté, 
pointe  courbée;  base  de  la  mandibule  supérieure  couverte 
d'une  peau  molle, plus  ou  moins  renflée;  narines  au  milieu 
du  bec,  percées  en  fente  longitudinale  dans  la  peau  molle 
qui  les  recouvre;  pieds,  le  plus  souvent  rouges,  à  trois 
doigts  devant,  entièrement  divisés;  un  doigt  postérieur, 
s'articulant  à  niveau  de  ceux  de  devant;  ailes  médiocres 
ou  courtes. 

Les  Pigeons  vivent  par  couples;  les  deux  époux,  une 
fois  unis,  se  séparent  rarement.  Les  bois  et  les  buissons 
sont  leurs  demeures  habituelles.  Ils  font  deux  pontes  par 
an,  composées  de  deux  œufs;  les  Pigeons  réduits  à  l'état 
de  domesticité  font  plusieurs  pontes,  mais  toujours  aussi 
composées  de  deux  œufs,  qui  produisent  ordinairement 
un  mâle  et  une  femelle.  Le  mâle  et  la  femelle  couvent 
alternativement,  et  montrent  un  grand  attachement  l'un 
pour  l'autre. 

Le  genre  Pigeon  se  divise  en  deux  sections,  dont  on 
trouve  en  Europe  seulement  les  espèces  qui  appartiennent 
à  la  première  division,  sous  le  nom  de  Colombes. 

4.  Colombe  ramier,  Columba  palumbus,  Lin. 

Les  Ramiers  passent  en  octobre  par  masses  considérables  dans 
notre  départemeut;  on  leur  fait  une  chasse  à  outrance.  Dans 
certaines  vallées  de  nos  montagnes,  on  en  tue  beaucoup  au  fusil. 
En  février,  ils  repassent  de  nouveau;  quelques-uns  restent  isolés 
sur  nos  hautes  montagnes,  où  ils  se  reproduisent,  mais  c'est 
chose  rare.  Nous  avons  vu  dans  certaines  contrées  de  la  Vieille- 
Castille,  dans  des  tours  isolées,  bâties  exprès,  les  Ramiers  s'y 


OISEAUX.  191 

réunir  en  grandes  troupes,  s'y  reproduire,  et  disparaître,  ne 
laissant  que  les  jeunes,  qui  ne  pouvaient  suivre  la  bande  dans 
ses  migrations;  puis  revenir  quelque  temps  après  sur  les  mêmes 
lieux. 

2.  Colombe  colombier,  Columba  œnas,  Lia.;  en  catalan 

Todo. 

Cette  espèce  passe  aussi  en  octobre  ;  mais  elle  n'est  pas  aussi 
abondante  que  la  première;  elle  se  répand  dans  nos  bois,  et 
quelques  couples  s'y  reproduisent.  Nos  paysans  l'appellent  Todo 
ou  Toudou ,  à  cause  de  son  roucoulement ,  qui  exprime  ce  mot , 
en  appuyant  sur  la  dernière  syllabe. 

3.  Colombe  bizet,    Columba  livia,   Bristh.;    en  catalan 

Xixell,  Bizet. 

Le  Bizet  passe  habituellement  en  septembre  et  octobre;  on  lui 
fait  la  chasse  dans  quelques  endroits  privilégiés  ;  on  en  tue  aussi 
beaucoup  dans  les  moyennes  vallées. 

Le  Bizet  vit  parmi  nous  en  une  sorte  de  captivité  volontaire, 
dans  les  gîtes  que  nous  lui  préparons,  et  que  nous  appelons 
Colombiers.  Il  se  répand  dans  les  campagnes;  mais  il  rentre  au 
Pigeonnier:  quelques-uns  s'établissent  dans  les  tours  des  édilices, 
mais  ils  y  sont  rares  aujourd'hui. 

Les  variétés  des  Pigeons  qu'on  élève  en  domesticié,  proviennent 
d'une  seule  et  même  souche.  S'il  en  était  autrement,  les  espèces 
mêlées  ne  se  reproduiraient  pas,  et  suivraient  la  loi  commune 
des  Mulets. 

D'après  un  travail  très-consciencieux,  publié  par  M.  Lesson, 
on  attribue  à  l'accouplement  du  Bizet  avec  le  Pigeon-Boussard , 
Columba  guinea,  Lath.,  et  à  celui  du  Pigeon  à  Taches  d'Edwrards 
avec  le  Bizet,  les  nombreuses  variétés  de  Pigeons  domestiques 
que  se  plaisent  à  élever  les  amateurs.  Il  parait  prouvé  que  l'ac- 
couplement de  ces  trois  Pigeons  entre  eux,  a  donné  lieu  à  quatorze 


192  HISTOIRE   NATURELLE. 

races  principales,  qui  se  .subdivisent  en  quarante-huit  variétés, 
lesquelles  peuvent  s'augmenter  encore  par  de  nouveaux  accou- 
plements. 

4.  Colombe  tourterelle,  Columba  turtar,  Un.;  en  catalan 
Turtre  (prononcez  tourtre). 

Les  Tourterelles,  à  leur  arrivée  d'Afrique,  ne  restent  pas 
longtemps  dans  nos  environs;  elles  cherchent  à  gagner  les  vallées 
fraîches  et  ombragées  des  montagnes.  On  entend  de  loin  leur 
monotone  roucoulement;  elles  sont  très-sauvages,  et  on  les  appro- 
che avec  difficulté ,  car  elles  se  posent  toujours  sur  les  arbres  les 
plus  touffus.  En  août,  elles  ont  fini  leur  ponte;  elles  se  répandent 
alors  dans  nos  vallées  de  la  plaine,  toujours  près  des  cours  d'eau 
où  existent  ordinairement  beaucoup  de  grands  arbres.  A  cette 
époque,  elles  sont  très-grasses,  et  leur  chair  est  fort  bonne. 

La  Tourterelle  à  collier  et  la  Tourterelle  blanche ,  qu'on  élève 
très-privées  dans  les  maisons,  nous  viennent  de  l'Inde  et  du 
Sénégal;  elles  se  reproduisent  beaucoup  en  captivité.  Les  deux 
sexes  ont,  l'un  pour  l'autre,  un  grand  attachement  et  une  grande 
fidélité,  ce  qui  est  passé  en  proverbe. 


DIXIÈME  ORDRE. 

GALLINACÉS. 

Caractères.  — Bec  court,  convexe;  dans  le  plus  petit 
nombre  des  genres,  couvert  d'une  cire  ;  mandibule  supé- 
rieure voûtée,  courbée  depuis  sa  base,  ou  seulement  à 
la  pointe  ;  narines  latérales  recouvertes  d'une  membrane 
voûtée,  nue,  ou  bien  garnie  de  plumes;  pieds  a  tarse 
long;  trois  doigts  devant,  réunis  par  une  membrane;  le 
doigt  de  derrière  s'articulant  plus  haut  sur  les  tarses, 


OISEAUX.  193 

au-dessus  des  articulations  des  doigts  de  devant;  rare- 
ment trois  doigts,  divisés  ou  réunis,  sans  doigt  posté- 
rieur, ou  celui-ci  très-petit. 

Les  Oiseaux  de  différents  genres  qui  composent  cet 
Ordre ,  sont  lourds  et  ont  le  corps  très-charnu  :  le  plus 
grand  nombre  ont  les  ailes  courtes  ;  tous  grattent  la  terre 
et  se  roulent  dans  la  poussière;  ils  se  nourrissent 
principalement  de  graines  et  de  semences;  un  petit 
nombre  d'espèces  ajoutent  à  cet  aliment  des  baies  et 
des  bourgeons  ;  la  plupart  mangent  aussi  des  insectes ,  et 
les  aliments  subissent  dans  leur  gésier  une  première 
macération.  Ils  construisent  à  terre,  sans  aucun  apprêt, 
un  nid  caché  dans  les  buissons;  ils  font  plusieurs 
pontes  par  an,  et  toutes  très -nombreuses;  les  petits 
courent  et  mangent  au  sortir  de  l'œuf;  la  mère  les 
conduit,  et  ils  continuent  à  vivre  en  famille  jusqu'au 
renouvellement  de  la  saison  des  amours;  les  mâles  ne 
couvent  point. 

GENRE    QUARANTE-CINQUIÈME. 

Faisan,  Phasianus,  Lin. 

1.  Faisan  vulgaire,  Phasianus  colchicus,  Lin. 

Les  seuls  Faisans  que  nous  ayons  vu  dans  le  département, 
furent  apportés  de  Paris  par  M.  Villanova ,  de  Thuir,  qui  voulait 
les  naturaliser  dans  son  domaine  de  Cortsavi.  Certes  le  lieu  était 
bien  choisi.  Ce  domaine,  entouré  de  forêts  considérables  de 
chênes  et  de  châtaigniers,  donnait  toute  liberté  à  ces  oiseaux. 
L'épreuve  ne  fut  pas  heureuse.  Il  est  probable  qu'on  ne  sut  pas 
leur  donner  les  soins  que  réclame  le  premier  âge  ;  car  le  Faisan 
peut  se  propager  aussi  bien  en  Roussillon  qu'à  Paris. 

TOME    III.  ^5 


194  HISTOIRE   NATURELLE. 

GENRE    QUARANTE-SIXIÈME. 

Dindon,  Meleagris,  Lin. 

1 .  Dindon  commun ,  Meleagris  gallo  pavo ,  Linné  ;  en 
catalan  Pioc. 

Tout  le  monde  connaît  la  Dinde  et  la  bonté  de  sa  chair.  Sa 
grande  multiplication  fait  qu'on  en  élève  partout;  car  elle  est 
naturalisée  dans  presque  toutes  les  contrées  du  globe.  La  domes- 
ticité agit  sur  elle  comme  chez  tous  les  autres  oiseaux  :  on  voit  des 
Dindes  de  toutes  les  couleurs.  Elle  est  originaire  de  l'Amérique- 
Méridionale,  et  fut  apportée  en  Europe  par  les  Jésuites. 

GENRE  QUARANTE-SEPTIÈME. 

Pintade,  Numida,  Lin. 

1.  Pintade  domestique,  Numida  meleagris,  Linné;  en 
catalan  Pintada. 

Gomme  la  Dinde,  la  Pintade  a  été  naturalisée  dans  nos  basses- 
cours;  mais  elle  conserve  toujours  une  tendance  à  l'indépen- 
dance, car  on  n'a  pu  l'assujettir  à  pondre  comme  les  Poules. 
Elle  vit  bien  en  leur  société;  mais  elle  va  toujours  pondre  dans 
un  buisson  écarté  de  la  maison  rurale ,  et  souvent  elle  cache  si 
bien  ses  œufs,  qu'on  ne  la  voit  apparaître  que  lorsqu'elle  est 
suivie  par  vingt  ou  vingt-quatre  petits.  Les  jeunes  Pintades  ont 
besoin  de  beaucoup  de  soin  dans  leur  bas-âge.  Sa  chair  est  fort 
bonne  et  très-recherchée. 

GENRE   QUARANTE-HUITIÈME. 

Paon,  Pavo,  Lin. 

1.  Paon  domestique,  Pavo  cristatus,  Lin.;  en  cat.  Pago. 

Ce  superbe  Oiseau,  originaire  des  Indes-Orientales,  est  natu- 
ralisé dans  quelques-unes  de  nos  fermes.  Il  serait  plus  commun , 


oiseaux.  495 

s'il  était  plus  docile,  et  s'il  faisait  moins  de  dégâts  dans  les  jardins 
et  aux  toits  des  maisons.  Il  conserve  son  indépendance,  et  couche 
sur  les  endroits  les  plus  élevés  des  toits  ou  sur  les  plus  hauts 
arbres  du  voisinage.  Sa  chair  est  excellente.  On  en  élèverait 
davantage  s'il  était  moins  délicat  dans  son  bas-âge.  C'est  le  plus 
bel  ornement  de  nos  basses-cours. 

GENRE    QUARANTE-NEUVIÈME. 

Coq,  Gallus,  Briss. 

1.  Le  Coq  et  la  Poule  ordinaire,  Phasianus  gallus,  Lin.; 
en  catalan  le  mâle  s'appelle  Gall;  la  femelle,  Gallina; 
les  jeunes,  Pullastres. 

Les  Coqs  et  les  Poules  sont,  sans  contredit,  le  plus  précieux 
gibier  qu'on  ait  pu  rendre  domestique.  Tout  le  monde  connaît 
leur  utilité  ;  chacun  connaît  les  nombreuses  variétés  qui  peuplent 
nos  basses-cours.  Le  mâle  chante  la  nuit  et  de  très-grand  matin; 
il  est  l'horloge  de  la  ferme,  est  belliqueux  et  très-lascif,  et  peut 
féconder  un  très-grand  nombre  de  femelles,  tout  en  montrant 
pour  toutes  une  égale  prévenance.  L'on  est  à  peu  près  d'accord 
sur  leur  origine,  et  l'on  pense  que  la  souche  sauvage  nous  vient 
de  la  Perse.  M.  Lesson  croit  que  c'est  l'Inde  qui  nous  les  a  four- 
nis; car  il  dit  avoir  trouvé  des  Poules  et  des  Coqs  pareils  aux 
nôtres,  dans  toutes  les  îles  de  la  mer  du  Sud,  et  chez  les  peu- 
plades avec  lequelles  les  Européens  n'ont  jamais  eu  la  moindre 
relation. 

L'esclavage  de  ce  gallinacé,  qui  remonte  au  temps  les  plus 
reculés,  a  produit  une  immense  quantité  de  variétés,  plus  belles 
les  unes  que  les  autres. 

GENRE    CINQUANTIÈME. 

Tétras,  Telrao,  Lin. 
Caractères.—  Bec  fort,  base  nue,  mandibule  supérieure 


196  HISTOIRE   NATURELLE. 

voûtée,  convexe,  courbée  depuis  son  origine.  Narines 
basales,  à  moitié  fermées  par  une  membrane  voûtée, 
cachées  par  les  plumes  avancées  du  front.  Sourcils  nus , 
garnis  de  papilles  rouges.  Pieds,  trois  doigts  devant, 
réunis  jusqu'à  la  première  articulation,  un  doigt  derrière, 
tous  garnis  sur  les  bords  d'aspérités  ;  tarse  emplumé  jus- 
qu'aux doigts,  et  souvent  jusqu'aux  ongles;  ailes  courtes. 

Ces  Oiseaux  vivent  en  polygamie  et  habitent  particu- 
lièrement les  grandes  forêts  de  nos  montagnes.  Quant  aux 
Gelinottes,  elles  fréquentent  plus  souvent  les  forêts  de  la 
plaine,  et  les  Lagopèdes  sont  plus  spécialement  confinés 
dans  les  régions  glaciales  du  déparlement.  Ces  derniers 
se  tiennent  habituellement  dans  les  broussailles,  dans  les 
amas  de  bouleaux  ou  de  saules. 

Leur  nourriture  consiste  presque  uniquement  en  feuilles 
ou  en  baies  ;  les  graines  sont  pour  eux  des  accessoires, 
dont  ils  ne  font  usage  que  dans  la  plus  grande  disette. 
Ce  sont  de  grands  oiseaux ,  pesants  et  lourds ,  dont  le 
corps  est  très-charnu;  leur  voix  est  très-sonore. 

Dès  que  les  femelles  sont  fécondées,  le  mâle  s'en  éloi- 
gne pour  vivre  solitairement;  les  jeunes  restent  avec  la 
mère  jusqu'au  renouvellement  de  la  saison  des  amours. 
Les  seuls  Lagopèdes  vivent  en  bandes  très-nombreuses. 

1.  Tétras  auerhan  ou  Coq  de  bruyère,  Tetrao  urogallus, 
Lin.;  en  catalan  Gall  salvatge. 

Habite  les  grands  bois  des  régions  les  plus  élevées  du  dépar- 
tement, qu'il  ne  quitte  jamais;  il  se  reproduit  dans  la  Cerdagne 
et  le  Capcir.  Lorsque  la  saison  des  amours  arrive,  le  mâle  se 
pose  sur  le  tronc  d'un  arbre,  au  milieu  d'une  clairière,  et  par 
sa  voix  sonore,  fortement  répétée,  fait  venir  les  femelles,  qui 


OISEAUX.  197 

accourent  à  son  appel;  quand  elles  sont  réunies,  il  descend  de 
l'arbre,  et  l'accouplement  a  lieu.  C'est  lorsque  le  mâle  est  ainsi 
occupé  à  appeler  les  femelles,  qu'on  peut  l'approcher  pour  le 
tirer;  autrement  il  est  toujours  dans  des  fourrés  impénétrables. 
Il  est  d'un  tiers  plus  gros  que  la  femelle.  Sa  robe  est  parée  de 
très-belles  couleurs  métalliques  et  brillantes;  les  plumes  du 
sommet  de  la  tête  et  de  la  gorge  se  relèvent;  les  sourcils  sont 
d'un  rouge-cramoisi.  La  femelle  a  les  couleurs  ternes,  et  ne 
porte  pas  sur  la  tête  les  agréments  du  mâle.  Elle  couve  seule,  et 
a  soin  de  sa  famille. 

Ces  Oiseaux  vivent  de  chatons  de  pin.  Leur  chair  est  un  manger 
détestable  lorsqu'on  ne  connaît  pas  le  moyen  de  la  dégager  de 
l'odeur  de  la  térébenthine  qui  la  pénètre.  Ce  moyen  consiste  à 
faire  rougir  au  feu  cinq  à  six  cailloux  de  rivière,  gros  comme  une 
pomme  moyenne,  et  lorsque  l'animal  est  plumé  et  vidé,  à  les 
mettre  tout  brûlants  dans  le  ventre  et  la  poitrine  ;  on  arrose  ces 
cailloux  d'un  demi  verre  de  vinaigre,  et  l'on  roule  immédia- 
tement le  tout  dans  une  toile  propre.  La  chaleur  et  la  vapeur 
du  vinaigre  pénètrent  les  chairs,  la  térébenthine  s'évapore  et 
vient  s'attacher  à  la  toile.  On  laisse  ainsi  vingt-quatre  heures, 
et  on  peut  être  assuré  qu'on  mange  alors  un  morceau  exquis. 

2.  Tétras  rakkelhan ,  Tetrao  médius,  Meyer. 

Cette  espèce  est  moins  abondante  ;  vit  presque  dans  les  mêmes 
parages,  et  ne  descend  jamais  dans  les  bois  des  basses  montagnes. 
Sa  chair  est  estimée;  et,  comme  elle  se  nourrit  de  la  même  façon 
que  l'espèce  précédente,  on  est  obligé  d'avoir  recours  au  même 
moyen  pour  pouvoir  la  manger.  Nous  l'avons  vue  dans  les  taillis 
du  Llaurenti. 

5.  Tétras  birkhan,  Tetrao  tetrix,  Lin.;  en  catalan  Cua 
furxude  (queue  fourchue). 

Cette  petite  espèce  est  plus  répandue  que  les  autres  ;  elle  vit 


198  HISTOIRE  NATURELLE. 

dans  les  bois  et  les  bruyères  des  hautes  Corbières  ;  se  plaît  dans 
les  régions  fraîches,  visite  les  champs  de  sarrazin,  niche  dans 
les  taillis  ou  les  bruyères  épaisses,  parmi  le  genêt  à  balais,  plante 
très-commune  dans  cette  contrée.  La  chair  de  cet  Oiseau  est 
tendre  et  fort  bonne;  elle  n'est  pas  sujette  à  sentir  la  résine, 
parce  qu'il  ne  se  nourrit  pas  exclusivement  de  chatons  de  sapin. 

4.  Tétras  gelinotte,  Tetrao  bonasia,  Lin.;  en  cat.  Grebul. 

Ce  Tétras  ne  se  reproduit  point  sur  nos  montagnes;  mais  il 
visite  tous  les  ans  notre  département  en  automne.  C'est  toujours 
à  l'époque  des  vendanges  qu'il  exécute  ses  voyages ,  et  c'est  alors 
qu'on  en  apporte  sur  nos  marchés.  Sa  chair  est  très-délicate, 
et  cet  Oiseau,  toujours  bien  recherché,  se  vend  très-cher. 

Pendant  notre  occupation  en  Espagne,  dans  la  province  de 
Valladolid,  nous  allions  chasser  la  Gelinotte  dans  les  bois  de 
fuentés  qui  bordent  le  Duero.  Elle  s'y  reproduit,  et  lorsque, 
vers  la  fin  d'août,  nous  trouvions  une  compagnie  de  ces  oiseaux, 
nous  étions  sûr  d'en  abattre  un  grand  nombre,  de  jeunes  surtout. 

5.  Tétras  rouge,  Tetrao  scoticus,  Lath. 
N'a  jamais  été  observé  dans  ce  département. 

6.  Tétras  ptarmigan,   Tetrao  lagopus,  Lin.;  en  catalan 

Perdiu  blanca. 

Cette  espèce  ne  quitte  jamais  les  hautes  régions  du  dépar- 
tement; elle  se  plaît  parmi  les  neiges,  où  elle  se  vautre 
à  la  manière  des  Poules  sur  le  sable.  On  la  voit  toujours 
par  compagnies  nombreuses ,  excepté  à  l'époque  de  la  ponte. 
Lorsque  le  froid  est  trop  rigoureux,  elle  descend  dans  les  vallées 
plus  tempérées,  jamais  dans  la  plaine.  Elle  perd  au  printemps 
la  belle  couleur  blanche  qu'elle  avait  conservée  pendant  tout 
l'hiver;  elle  revêt  alors  une  couleur  grisâtre,  jaspée  de  jaune, 
qu'elle  garde  tout  l'été.  De  sorte  qu'on  peut  avoir  cet  Oiseau  de 


OISEAUX.  199 

trois  robes  différentes,  selon  l'époque  où  on  le  tue:  en  hiver, 
plumes  blanches,  excepté  les  rémiges  extérieures  de  la  queue  et 
des  ailes  qui  sont  noires;  au  printemps  et  en  automne,  plumes 
bariolées,  sur  un  fond  blanc  plus  ou  moins  prononcé,  et  en  été, 
plumes  grises,  jaspées  de  jaune.  Sa  chair  est  coriace  et  conserve 
une  odeur  qui  tient  probablement  à  sa  nourriture. 

7.  Tétras  des  saules,  Tetrao  saliceti,  Temm. 
Cette  espèce  n'a  jamais  paru  dans  notre  département. 

GENRE    CINQUANTE-UNIÈME. 

Ganga,  Pterocles,  Temm. 

Caractères. —  Bec  médiocre,  comprimé,  grêle  dans 
quelques  espèces;  mandibule  supérieure  droite,  courbée 
vers  la  pointe  ;  narines  basales,  à  moitié  fermées  par  une 
membrane  couverte  par  les  plumes  du  front,  ouvertes  en 
dessous  ;  pieds  à  doigts  courts ,  celui  de  derrière  pres- 
que nul,  s'articulant  très -haut  sur  le  tarse,  les  trois 
doigts  de  devant  réunis  jusqu'à  la  première  articulation 
et  bordés  de  membranes ,  le  devant  du  tarse  couvert  de 
petites  plumes  très-courtes,  le  reste  nu.  Ongles  très- 
courts,  celui  de  derrière  acéré,  ceux  de  devant  obtus; 
queue  conique ,  dans  quelques  espèces ,  les  deux  plumes 
du  milieu  allongées  en  fils;  ailes  longues,  acuminées. 

Les  Gangas  vivent  dans  les  plaines  et  dans  les  déserts 
sablonneux  des  contrées  chaudes;  ils  ne  sont  pas  com- 
muns en  Europe.  Ce  sont  des  oiseaux  voyageurs,  aimant 
à  se  déplacer;  ils  parcourent  d'un  vol  soutenu.de  vastes 
solitudes;  ils  nichent  à  terre  dans  les  sables  et  les 
bruyères. 


200  HISTOIRE   NATURELLE. 

1.  Ganga  unibande,  Pterocles  arenarius,  Temm. 

Cette  espèce  est  excessivement  rare  dans  ce  département.  Une 
seule  fois,  depuis  que  je  m'occupe  d'ornithologie,  j'ai  vu  cet 
Oiseau  au  marché  de  Perpignan.  On  peut  dire  qu'il  y  vient  très- 
accidentellement,  et  par  des  causes  fortuites  que  je  ne  puis 
apprécier. 

Au  moment  où  je  mets  en  ordre  cet  article,  18  octobre  1859, 
on  m'apporte  un  second  individu  du  Ganga-Unibande.  C'est 
une  femelle  fort  jolie  et  adulte  ;  on  l'a  tuée  dans  les  garrigues 
de  Saint-Nazaire ,  et  la  femme  qui  me  l'a  remise  n'a  pas  manqué 
de  dire  :  «  Voici  un  Oiseau  que  vous  n'avez  jamais  vu.  Mon 
mari,  qui  est  braconnier,  dit  qu'il  n'en  avait  jamais  tué  de  pareil, 
quoiqu'il  ait  chassé  beaucoup  de  Gangues.  » 

J'ai  observé  ce  Ganga  dans  la  province  de  Valladolid ,  lorsque 
nous  occupions  l'Espagne  pendant  les  guerres  du  premier  Empire; 
il  se  reproduit  dans  les  vastes  steppes  de  cette  contrée.  Toujours 
solitaire  et  fuyant  de  très-loin,  il  était  très-rare  de  pouvoir  le 
tuer,  à  moins  qu'il  ne  vint  passer  à  portée  du  chasseur.  Je  l'ai 
aussi  vu  dans  les  garrigues  de  Miranda  de  Ebro. 

2.  Ganga  cata,  Pterocles  setarius,  Temm.;   en  catalan 

Ganga,  Perdiu  d'Angleterre,  Perdiu  de  garriga. 

Cette  espèce  abonde  dans  ce  département  où  elle  se  reproduit. 
Toujours  farouche  et  méfiante,  il  est  très-difficile  de  l'approcher. 
Cet  Oiseau  se  tient  constamment  dans  les  plaines  découvertes  ou 
dans  les  garrigues;  il  est  très-rare  qu'on  puisse  le  tirer  à  portée. 
On  le  tue  à  l'abreuvoir.  Lorsqu'on  a  découvert  l'endroit  où  il  vient 
boire,  on  s'embusque  dans  les  taillis;  on  saisit  le  moment  où  il 
plonge  la  tête  dans  l'eau  à  la  manière  des  Pigeons  :  c'est  le  seul 
moyen  de  s'en  procurer  quelques-uns.  En  hiver,  lors  de  la  chasse 
aux  Alouettes  à  la  lumière,  on  rencontre  quelques  Gangas  qu'on 
prend  endormis.  Ces  Oiseaux  ne  se  réunissent  jamais  en  grand 
nombre;  ils  vivent  par  groupes  de  trois  à  quatre. 


OISEAUX.  201 

Le  mâle,  en  amour,  fait  entendre  un  cri  grave  et  rauque;  il 
épanouit  la  queue  en  éventail,  en  la  portant  par  côté  et  la  laissant 
traîner  à  terre,  pour  la  relever  ensuite  comme  le  Paon;  laissant 
alors  tomber  ses  ailes,  il  fait  la  roue,  piaffe  et  s'agite  beaucoup 
pendant  quelques  instants. 

La  femelle  pond  trois  à  cinq  œufs  sur  quelques  brins  de  paille, 
rassemblés  entre  des  pierres  ou  des  mottes  de  terre,  en  rase 
campagne.  Les  œufs  sont  gros  comme  ceux  de  la  Perdrix-Rouge, 
moins  pointus  vers  le  petit  bout,  d'un  blanc  sale,  tachés  de  noir 
et  de  jaune;  ces  taches  sont  irrégulièrement  parsemées,  et  plus 
grosses  vers  le  gros  bout.  La  chair  du  Ganga  est  coriace  ;  les 
jeunes  sont  plus  estimés. 

M.  Boubée,  dans  son  Bulletin  de  Voyages,  parle  d'un  Ganga 
noir  qui  se  trouve  dans  les  environs  de  Perpignan.  Nous  pensons 
qu'il  a  été  induit  en  erreur  par  la  personne  qui  lui  a  donné  ce 
renseignement.  Nous  n'avons  jamais  observé  cette  prétendue 
espèce  ;  nous  pensons  du  moins  que,  si  elle  existait,  ce  serait  un 
phénomène  qu'on  devrait  attribuer  à  quelque  cause  acci- 
dentelle, comme  cela  arrive  à  d'autres  oiseaux  qui  souvent  ont 
des  couleurs  différentes  de  leur  plumage  ordinaire  sans  qu'on 
puisse  l'expliquer. 

Nous  avons  vu  beaucoup  de  ces  Oiseaux.  On  en  porte  tous  les 
jours  à  notre  marché  de  Perpignan,  et  nous  n'avons  jamais 
observé  d'autres  changements  à  leur  robe  que  ceux  occasionnés 
par  la  mue,  et  qui  consistent  à  avoir  les  plaques  de  leur  robe 
plus  ou  moins  variées;  le  noir  n'y  domine  jamais. 

GENRE   CINQUANTE-DEUXIÈME. 

Perdrix,  Ver  dix,  Lath. 

Caractères.  —  Bec  court,  comprimé,  fort,  nu  à  sa  base; 
mandibule  supérieure  fortement  voûtée,  courbée  vers  la 
pointe,  couvrant  l'inférieure;  narines  à  moitié  fermées 


202  HISTOIRE  NATURELLE. 

par  une  membrane  nue;  trois  doigts  devant  et  un  derrière, 
les  antérieurs  réunis  par  une  membrane  jusqu'à  la  pre- 
mière articulation  ;  queue  composée  de  quinze  à  dix-huit 
pennes;  ailes  courtes. 

Les  Perdrix  sont  abondantes  dans  certaines  contrées; 
elles  sont  très-multipliées  dans  les  climats  tempérés  et 
chauds.  Elles  passent  toute  leur  vie  à  terre,  et  ne  volent 
que  lorsqu'on  les  surprend  ;  elles  vivent  par  couples  ;  une 
fois  unis,  le  mâle  ne  quitte  point  la  femelle;  il  est  rare 
qu'un  autre  accident  que  la  mort  les  sépare  ;  lorsque  les 
jeunes  sont  éclos,  la  mère  les  conduit,  les  avertit  par  ses 
cris  des  dangers  qui  les  menacent,  et  les  rappelle  quand 
ils  se  sont  séparés;  ils  restent  ainsi  réunis  en  famille 
jusqu'au  printemps. 

lre  Section. — Francolins  à  collier  roux. 
Cette  espèce  n'a  pas  été  observée  dans  le  département. 

2rae  Section. — Perdrix  proprement  dites. 

Les  tarses  munis  d'une  callosité  ou  entièrement  lisses; 
elles  vivent  dans  les  champs  et  ne  se  perchent  point  sur 
les  arbres. 

2.  Perdrix  bartavelle,  Perdix  saxatilis,  Mey.;  en  catalan 

Perdiu  de  roca. 

Celte  espèce  est  assez  rare  dans  le  département;  nous  ne  la 
voyons  jamais  dans  la  plaine;  elle  se  tient  dans  les  montagnes 
calcaires  des  hautes  Corbières.  Les  paysans  qui  portent  le  charbon 
deTuchan  et  deVingrau,nous  en  apportent  quelquefois.  On  confond 
cette  Perdrix  avec  la  Rouge  ;  elle  est  cependant  un  peu  plus  grosse. 

3.  Perdrix  rouge,  Perdix  rubra,  Lath.;  en  catalan  Perdiu 

roja;  les  jeunes,  Perdigalls. 


OISEAUX.  203 

La  Perdrix-Rouge  est  très-commune  dans  la  plaine,  dans  les 
basses  montagnes,  dans  nos  vallées,  nos  vignes  et  nos  olivettes; 
elle  se  plaît  et  se  multiplie  partout.  Elle  fait  deux  couvées,  quel- 
quefois trois,  qui  sont  ordinairement  de  quinze  à  vingt  œufs. 
La  mère  conduit  les  petits,  et  a  pour  sa  progéniture  un 
amour  vraiment  admirable;  car,  si  l'on  vient  à  surprendre  sa 
jeune  famille,  elle  emploie  toute  sorte  de  moyens  ingénieux  pour 
la  sauver;  elle  ne  craint  pas  même  de  braver  le  péril  pour  atteindre 
ce  but.  La  chair  de  la  Perdrix  est  très-estimée  ;  elle  a  un  goût 
particulier  qu'on  ne  trouve  point  aux  autres  oiseaux;  les  jeunes 
Perdreaux  surtout  sont  très-recherchés,  aussi  leur  fait-on  une 
chasse  à  outrance. 

La  robe  de  la  Perdrix  varie  accidentellement.  Nous  possédons 
des  individus  dont  le  poitrail  est  blanc,  ainsi  qu'une  partie  des 
ailes  et  du  croupion;  la  tête  est  toute  jaspée  de  blanc.  Un  autre 
individu  a  la  robe  marron-clair,  et  la  partie  supérieure  de  la  tête 
de  la  même  couleur  que  la  Perdrix-Rouge  ;  les  mailles  des  flancs 
à  peine  marquées  d'une  teinte  légère.  Un  autre  individu  entiè- 
rement blanc  :  celui-ci  faisait  partie  d'une  volée  de  dix-huit  ou 
vingt;  il  habitait  le  bois  des  Abeilles,  dans  la  vallée  de  Ranyuls. 
Un  chasseur  le  remarqua  parmi  les  Perdrix  de  cette  compagnie, 
et  il  le  poursuivit  pendant  plusieurs  jours  sans  pouvoir  l'ajuster, 
car  il  partait  le  premier  et  était  toujours  en  avant  des  autres. 
Ce  sujet  figure  dans  les  collections  du  Cabinet  d'Histoire  natu- 
relle de  la  ville  de  Perpignan. 

4.  Perdrix  gambra,  Perdix  petrosa,  Lath. 

Nous  ne  l'avons  pas  encore  vue  dans  ce  département. 

5.  Perdrix  grise,  Perdix  cinerea,  Lath.;  en  catalan  Perdiu 

xerri,  Perdiu  grise. 

Cette  espèce  est  très-abondante  dans  les  parties  élevées  de  nos 
montagnes ,  les  environs  de  Mont-Louis ,  le  Capcir,  la  Cerdagne , 


204  HISTOIRE  NATURELLE. 

Prats-de-Mollô  ;  elle  se  tient  dans  les  champs  de  blé  et  de  sarrazin, 
de  préférence  aux  bois;  elle  est  toujours  par  bandes.  Moins  esti- 
mée que  la  Perdrix-Rouge,  elle  se  reproduit  dans  ces  localités 
et  s'en  éloigne  rarement.  Nous  ne  la  voyons  jamais  dans  la  plaine. 

3me  Section. — Cailles. 

Caractères.  —  Queue  courte,  penchée  en  bas  et  cachée 
par  les  plumes  du  croupion  ;  la  première  rémige  des  ailes 
la  plus  longue. 

Les  Cailles  sont  voyageuses;  elles  se  réunissent  en 
grand  nombre  pour  leurs  migrations. 

6.  Caille  ordinaire,  Perdix  columix,  Lath.;  en  catalan 
G  ailla. 
Les  Cailles  nous  arrivent  au  printemps  des  côtes  d'Afrique. 
Plus  le  vent  du  nord  est  violent,  plus  elles  sont  abondantes  ;  elles 
se  répandent  par  nuées  dans  nos  vastes  plaines.  On  leur  fait 
diverses  chasses  et  on  en  prend  considérablement.  Nous  possé- 
dons plusieurs  variétés,  qui  diffèrent  par  la  couleur  du  plu- 
mage. Nous  citerons  parmi  les  plus  précieuses,  un  individu  dont 
le  plumage  est  vert  ;  un  autre  dont  le  plumage  est  noir  avec  des 
taches  jaunes,  le  bec,  les  jambes  et  les  pieds  sont  très-noirs;  ce 
sujet  fut  tué  en  août  1830.  M.  Temminck  prétend  que  la  couleur 
noire  des  Cailles  en  captivité ,  vient  de  la  graine  de  chanvre  pro- 
diguée comme  nourriture.  La  nôtre  fut  prise  dans  les  champs; 
c'est  donc  ù  une  autre  cause  que  doit  être  attribuée  cette  couleur. 
Enfin,  d'autres  individus,  par  opposition,  sont  blancs.  M.  Canta 
possédait  une  Caille  couleur  café-au-lait,  et  une  autre  qui  avait 
les  rémiges  des  ailes  toutes  blanches. 

GENRE    CINQUANTE-TROISIÈME. 

Turnix,  Hemipodius,  Temm. 
1.  Turnix  à  croissant,  Hemipodius  lunatus,  Temm. 


1 

OISEAUX.  205 

2.  Turnix  tachydrorae,  Hemipodius  taclujdromus,  Temm. 

Je  n'ai  pas  vu  ces  deux  espèces  d'Oiseaux;  mais,  feu  M.  Xatart, 
de  Prats-de-Mollô ,  naturaliste  distingué ,  m'avait  assuré  qu'elles 
vivaient  sur  les  pelouses  des  parties  basses  de  nos  Pyrénées. 
Je  n'ai  pu  me  les  procurer  pour  les  examiner. 


ONZIEME  ORDRE. 

ALECTORIDES. 

Caractères.  — Bec  plus  court  que  la  tête  ou  de  la  même 
longueur,  robuste,  fort  et  dur;  mandibule  supérieure 
courbée,  convexe,  voûtée,  souvent  crochue  à  la  pointe; 
pieds  à  tarses  longs,  grêles;  trois  doigts  devant,  un 
derrière;  le  postérieur  articulé  plus  haut  sur  le  tarse 
que  ceux  de  devant. 

Cet  Ordre  a  été  divisé  par  M.  Temminck,  en  Campes- 
tres  et  en  Riverains,  et  se  compose  tout  entier  d'Oiseaux 
étrangers  à  l'Europe ,  à  l'exception  d'un  seul ,  le  Genre 
Glaréole,  qui  vit  sur  notre  littoral. 

GENRE    CINQUANTE-QUATRIÈME. 

Glaréole,  Glareola,  Briss. 

Caractères. — Bec  court,  convexe  en  dessus,  très-fendu; 
mandibule  supérieure  crochue  à  son  extrémité;  le  doigt 
postérieur  ne  portant  a  terre  que  sur  le  bout;  les  ailes 
longues  et  pointues. 

Les  Glaréoles  ont  été  rangés  dans  différents  Genres; 
ce  sont  des  Oiseaux  des  climats  tempérés.  M.  Temminck, 


206  HISTOIRE   NATURELLE. 

dit  :  «  Ils  fréquentent  les  bords  des  eaux  douces  et  lim- 
«  pides  ;  leur  apparition  sur  les  bords  de  la  mer  est  très- 
«  rare.  »  Nous  sommes  loin  de  vouloir  critiquer  les  obser- 
vations d'un  savant  aussi  distingué  que  M.  Temminck; 
cependant ,  notre  province  ne  manque  point  de  cours 
d'eaux  douces  et  limpides ,  puisque  le  bassin  du 
Roussillon,  qui  n'a  pas  une  forte  étendue,  est  traversé 
par  quatre  rivières  assez  importantes,  qui  vont  aboutir  à 
la  mer,  et  les  Glaréoles  ne  se  voient  jamais  sur  les  bords 
de  nos  rivières  ;  on  les  voit  constamment  le  long  du  lit- 
toral, toujours  sur  le  bord  de  la  mer,  cherchant  les 
insectes  qui  sont  rejetés  par  les  vagues.  Us  nichent  sur 
les  sables  maritimes ,  et  leurs  petits ,  en  sortant  du  nid , 
suivent  la  mère  sur  ces  mêmes  sables.  Nos  paysans  ne 
connaissent  ces  oiseaux  que  sous  le  nom  de  Perdrix-de- 
Mer;  dénomination  que  leur  avait  déjà  donnée  Buffon,  en 
l'accompagnant  d'une  figure  très-exacte. 

Les  Glaréoles  ont  le  vol  très-rapide  ;  s'élèvent  haut  et 
se  soutiennent  longtemps  dans  l'air,  en  faisant  entendre 
leur  cri  d'appel,  qu'ils  répètent  aussi  lorsqu'ils  cou- 
rent sur  la  grève  avec  une  rapidité  étonnante  ;  ils  nichent 
sur  le  sable ,  sans  s'occuper  beaucoup  de  la  préparation 
de  leur  nid. 

1.  Glaréole  à  collier,  Glareola  torquata,  Mey.;  en  catalan 
Perdiu  de  mar,  Pica  palsol. 

Ces  Oiseaux  viennent  sur  nos  plages  au  commencement 
d'avril,  y  séjournent  tout  l'été;  et,  lorsque  l'éducation  de  leurs 
petits  est  complète,  ils  quittent  le  département.  Nous  n'en  voyons 
aucun  en  hiver;  ils  sont  de  passage  régulier. 


OISEAUX.  201 

DOUZIÈME  ORDRE. 

COUREURS. 

Caractères. — Bec  médiocre  ou  court;  tarses  longs,  nus 
au-dessus  du  genou  ;  les  yeux  grands  ;  point  de  pouce , 
seulement  deux  ou  trois  doigts  dirigés  en  avant. 

Les  Oiseaux  qui  composent  cet  Ordre,  vivent  toujours 
dans  les  champs  et  dans  les  lieux  déserts ,  évitant  les  bois 
et  les  taillis;  ils  se  nourrissent  de  graines,  d'insectes  et 
d'herbes.  Quelques  espèces  ont  les  ailes  impropres  au 
vol  ;  les  autres  volent  peu  et  près  de  terre  ;  aussi  courent- 
ils  avec  une  grande  célérité,  non-seulement  lorsqu'ils  sont 
poursuivis,  mais  aussi  d'habitude.  Tous  les  Coureurs 
doués  de  la  faculté  de  s'élever  de  terre ,  étendent  leurs 
jambes  en  arrière  lorsqu'ils  volent;  ils  sont  très-farouches, 
rusés  pour  se  soustraire  aux  poursuites  des  hommes,  et 
par  là  difficiles  à  observer. 

GENRE    CINQUANTE-CINQUIÈME. 

Outarde,  Otis,  Lin. 

Caractères. — Bec  de  la  longueur  de  la  tête  ou  plus  court, 
droit,  conique,  comprimé  ou  légèrement  déprimé  à  la  base; 
pointe  de  la  mandibule  supérieure  un  peu  voûtée;  narines 
ovales,  ouvertes,  rapprochées,  éloignées  de  la  base;  pieds 
longs,  nus  au-dessus  du  genou,  trois  doigts  devant,  courts, 
réunis  à  leur  base,  bordés  par  des  membranes;  ailes  mé- 
diocres. 

Les  Outardes  sont  des  oiseaux  lourds,  qui  se  tiennent 
plus  à  terre  qu'ils  ne  volent;  et  lorsque  par  la  course  elles 


208  HISTOIRE   NATURELLE. 

ne  trouvent  plus  moyen  de  se  soustraire  aux  poursuites, 
on  les  voit  raser  la  terre  par  un  vol  rapide  et  soutenu. 
Elles  vivent  dans  les  campagnes  couvertes  de  broussailles, 
dans  les  champs  ensemencés  de  blé  et  découverts;  elles 
se  nourrissent  d'herbes ,  d'insectes ,  de  graines  et  de 
semences.  Un  mâle  suffit  à  plusieurs  femelles,  qui  vivent 
solitaires  après  avoir  été  fécondées.  Leur  chair  est  déli- 
cate; c'est  un  mets  très-recherché. 
Ces  Oiseaux  sont  divisés  en  deux  sections  : 

lre  Section.  —  Les  mandibules  comprimées  à  la  base. 

1.  Outarde   barbue,  Otis  tarda,  Lin.;   en  catalan  Pioc 

salvatge. 
Ce  n'est  que  pendant  les  hivers  les  plus  rigoureux  que  les 
Outardes,  surtout  la  Barbue,  viennent  visiter  nos  plaines:  elles 
n'y  sont  jamais  communes.  Ce  fut  dans  l'hiver  exceptionnel  de 
1829  à  1830,  qui  fit  descendre  dans  notre  département  le  ther- 
momètre centigrade  à  9°-0,  que  nous  vîmes  cette  Outarde  en 
grand  nombre.  Notre  marché  de  Perpignan  en  fut  bien  pourvu, 
mais  on  y  vit  fort  peu  de  mâles.  La  chair  de  cette  Outarde  est 
fort  recherchée,  et,  comme  on  la  voit  rarement  dans  le  pays,  elle 
est  toujours  très-chère. 

2.  Outarde  canepetière,  Otis  tetrax,  Lin. 

Cette  dernière  passe  régulièrement  en  mars  et  en  septembre. 
C'est  dans  cette  dernière  saison  qu'on  en  tue  beaucoup,  et  qu'on 
la  voit  abondamment  sur  nos  marchés  ;  elle  est  plus  rare  en  mars. 
Si  les  hivers  sont  bien  rigoureux,  on  la  voit  en  grand  nombre 
dans  nos  plaines  de  la  Salanque,  sur  les  bords  des  étangs  salés  et 
sur  la  plage  de  la  mer.  On  ne  voit  ordinairement  que  des  femelles; 
un  seul  mâle  a  été  apporté  au  marché  de  Perpignan  depuis  que 
je  m'occupe  d'ornithologie;  ce  fut  pendant  le  grand  hiver  de  1 829  : 
depuis  lors  je  n'ai  plus  vu  cet  Oiseau. 


OISEAUX.  209 

2me  Section. — Les  mandibules  déprimées  à  la  base. 

5.  Outarde  houbara,  Otis  houbara,  Lin. 

Nous  avons  vu  une  seule  fois  cet  Oiseau.  On  l'avait  apporté  au 
marché  de  Perpignan;  mais  il  était  tellement  mutilé,  qu'il  nous 
fut  impossible  de  le  préparer.  Nous  en  constatâmes  l'espèce  par 
la  description  qu'en  donne  M.  Temminck. 

GENRE    CINQUANTE-SIXIÈME. 

Court- Vite,  Cursorius,  Lath. 

Caractères. — Bec  plus  court  que  la  tête,  déprimé  à  la 
base,  un  peu  voûté  à  la  pointe,  faiblement  courbé,  pointu; 
narines  ovales,  surmontées  par  une  petite  protubérance; 
pieds  longs,  grêles,  trois  doigts  très -courts,  presque 
entièrement  divisés ,  doigt  intérieur,  de  moitié  plus  court 
que  celui  du  milieu;  ongles  très-petits;  ailes  médiocres, 
grandes  couvertures  aussi  longues  que  les  rémiges. 

Ce  Genre  ne  comprend  que  trois  espèces  connues; 
une  seule  espèce  se  montre  très-accidentellement  dans 
les  pays  les  plus  méridionaux  de  l'Europe  :  nous  la 
voyons  fort  rarement  dans  les  terrains  sablonneux  de 
ce  département.  Ces  Oiseaux  courent  avec  une  vitesse 
extrême  sur  les  sables  de  la  plage. 

1.  Court- Vite  isabelle,  Cursorius  isabellinus,  Mey. 

Cet  Oiseau  étant  très -rare,  et  son  apparition  ne  se  faisant 
remarquer  qu'à  des  intervalles  trés-éloignés,  je  crois  essentiel 
d'en  donner  la  description.  L'individu  qui  est  sous  nos  yeux, 
diffère  en  quelques  points  de  la  description  qui  en  a  été  donnée 
par  Buffon  et  Temminck. 

Description.  —  Bec  plus  court  que  la  tête,  noir,  déprimé  à  sa 
base,  un  peu  voûté  à  la  pointe,  qui  est  très-aigu ë,  légèrement 


210  HISTOIRE   NATURELLE. 

courbée;  narines  ovales,  surmontées  d'une  petite  protubérance; 
pieds  longs,  grêles,  trois  doigts  très-courts,  presque  entièrement 
divisés,  l'extérieur  uni  par  une  membrane  jusqu'au  tiers  de  sa 
longueur,  l'intérieur  de  moitié  plus  court  que  celui  du  milieu  ; 
ongles  très-petits ,  noirs  et  fort  acérés  ;  ailes  médiocres ,  la  pre- 
mière rémige  presque  aussi  longue  que  la  deuxième ,  qui  est  la 
plus  longue  ;  grandes  couvertures,  aussi  longues  que  la  quatrième 
rémige.  Front,  parties  inférieures,  cou,  dos,  queue  et  couvertures 
alaires  d'un  roux-isabelle  ;  quelques  taches  d'un  noir-brunâtre 
parsemées  sur  les  plumes,  beaucoup  plus  nombreuses  vers 
l'extrémité  des  grandes  couvertures;  rémiges  noires,  bordées 
de  cendré;  quelques  taches  noires,  disposées  en  zig-zag,  se  font 
remarquer  à  l'extrémité  des  plumes  du  manteau;  plumes  atta- 
chées à  la  mandibule  inférieure  et  gorge  blanchâtres;  un  trait 
noir  part  des  yeux  et  se  dirige  vers  la  nuque,  et  en  s'unissant  avec 
celui  du  côté  opposé,  ils  forment  une  pointe.  Les  plumes  qui 
forment  celte  raie  sont  couleur  isabelle  à  leur  origine,  noires 
vers  leur  extrémité  et  très-serrées,  ce  qui  forme  la  raie  noire. 
Cette  raie,  qui  a  environ  0m  006  de  large,  est  surmontée 
d'une  raie  blanche,  encadrée  par  une  seconde  raie  noire,  moins 
étendue,  qui  se  termine  aussi  en  pointe,  et  forme  un  triangle 
dont  la  pointe  est  dirigée  vers  la  nuque.  Les  plumes  du  front, 
sont  couleur  isabelle,  légèrement  pointillées  de  noir.  Le  sommet 
de  la  tête  est  couleur  ardoise-clair,  qui  devient  plus  foncée  en  se 
rapprochant  de  la  raie  noire;  ces  plumes  sont  assez  longues 
pour  recouvrir  une  partie  de  la  seconde  raie  noire;  elles  sont 
disposées  de  manière  à  faire  croire  que  l'Oiseau  les  relève  à 
volonté.  Les  pennes  de  la  queue  sont  de  couleur  isabelle;  les  trois 
latérales,  de  chaque  côté,  ont  une  tache  noire  à  leur  extrémité; 
les  deux  suivantes,  la  quatrième  et  la  cinquième,  sont  légèrement 
tachées;  les  autres  n'ont  point  de  taches.  Nous  n'avons  pas 
remarqué  la  tache  blanche  au  centre,  que  lui  donnent  Buffon 
et  Temminck.  Abdomen  et  couvertures  inférieures  de  la  queue, 
blanchâtres;  iris  noir;  jambes  et  pieds  couleur  de  chair-pâle. 


OISEAUX.  211 

L'Oiseau  que  nous  venons  de  décrire  est  un  mâle  ;  il  a  27  centi- 
mètres de  long. 

On  lit  dans  la  deuxième  édition  du  Manuel  d'Ornithologie  de 
M.  Temminck  (1840):  «  Ce  n'est  qu'accidentellement  que  des 
«  individus  égarés  de  l'une  de  ces  espèces ,  se  montrent  dans 
«  les  pays  les  plus  méridionaux  de  l'Europe  ;  leur  apparition 
«  dans  nos  contrées,  est  extraordinairement  rare  ;  on  n'en  peut 
«  citer  que  quatre  exemples  positifs.  »  Il  n'est  donc  pas  étonnant 
que  son  apparition,  dans  notre  département,  se  fasse  à  des  épo- 
ques très-éloignées. 

Nous  n'avons  vu  cet  Oiseau  que  trois  fois  :  la  première  fois, 
en  octobre  1816.  La  seconde  fois,  le  3  novembre  1837.  M.  Viaud, 
ornithologiste,  l'avait  acheté  au  marché  de  Perpignan,  et  nous  le 
communiqua  pour  en  faire  la  description,  que  nous  présentâmes 
à  la  Société  Agricole,  Scientifique  et  Littéraire  des  Pyrénées- 
Orientales.  La  troisième  fois,  fin  octobre  1849.  Voilà  donc 
trois  sujets  pris  dans  le  département,  toujours  avec  la  robe 
d'automne.  Il  serait  à  désirer  qu'on  en  prît  un  au  passage  de 
mars,  pour  voir  s'il  différerait  des  autres  par  son  plumage.  On 
saurait  alors  s'ils  ont  une  double  mue,  ce  qu'on  ignore  jusqu'à 
présent. 


TREIZIEME  ORDRE. 

GRALLES. 

Caractères. — Bec  de  forme  variée,  le  plus  souvent  droit, 
en  cône  très-allongé,  comprimé,  rarement  déprimé  ou  plat; 
pieds  grêles,  longs,  plus  ou  moins  nus  au-dessus  de  genou, 
trois  doigts  devant  et  un  derrière,  le  doigt  postérieur  arti- 
culé à  niveau  de  ceux  de  devant  ou  plus  élevé. 

Ces  Oiseaux ,  dont  les  espèces  sont  très-nombreuses , 
sont  presque  tous  demi-nocturnes;  tous  ont  les  ailes  Ion- 


Î12  HISTOIRE   NATURELLE. 

gues  et  propres  à  fournir  au  voyage  lointain  qu'ils  exé- 
cutent périodiquement,  et  pour  lequel  ils  se  réunissent  en 
bandes  ;  plusieurs  volent  de  nuit  comme  de  jour  ;  ils  fré- 
quentent les  bords  de  la  mer,  des  lacs,  des  fleuves,  des 
marais;  ils  sont  très-rusés  et  farouches.  Leur  nourriture 
varie  avec  les  lieux  et  les  saisons  ;  ils  mangent  indistinc- 
tement des  poissons,  du  frai,  des  reptiles  et  des  insectes 
aquatiques  ou  de  terre,  selon  la  forme  ou  la  solidité  de 
leur  bec.  Les  jeunes,  dans  leurs  migrations,  ne  suivent 
pas  la  même  route  que  les  vieux. 

lre  Division.  —  Grattes  à  trois  doigts. 
Ils  manquent  toujours  de  doigt  postérieur. 

GENRE   CINQUANTE-SEPTIÈME. 

JEdicnème,  JEdienemus,  Temminck. 

Caractères. — Bec  plus  long  que  la  tête,  droit,  fort, 
très-fendu,  renflé  à  l'extrémité  ;  narines  placées  au  milieu 
du  bec,  longitudinalement  fendues,  percées  de  part  en 
part;  pieds  longs,  grêles;  trois  doigts  devant,  réunis  par 
une  membrane  qui  se  prolonge  le  long  des  doigts;  queue 
fortement  étagée;  ailes  médiocres. 

L'Europe  ne  fournit  qu'une  seule  espèce  d'iEdicnème, 
qui  vit  par  couples  sur  les  guérets  ou  les  terres  incultes. 
Partout  sa  course  est  d'une  grande  célérité;  elle  voyage 
plus  la  nuit  que  le  jour,  et  toujours  en  poussant  un  cri 
qui  s'entend  de  très-loin. 

1.  iEdicnème  criard,  JEdienemus  crepitans,  Temm.;  en 
catalan  Galdrie ,  Toru  de  garriga. 


OISEAUX.  213 

Cet  Oiseau  habite  le  département  toute  l'année;  on  le  trouve 
dans  les  grandes  plaines  des  Aspres,  sur  les  grands  plateaux 
de  vignes,  et  sur  les  bords  des  étangs  salés.  Pendant  la  nuit, 
il  voyage  pour  chercher  sa  nourriture,  en  faisant  entendre  son 
cri;  dans  le  jour,  il  reste  blotti  sous  quelque  touffe,  et  n'en 
sort  que  si  on  le  surprend.  Il  dépose  ses  œufs  dans  quelque 
enfoncement  sur  la  terre,  sans  la  moindre  précaution  ;  sa  couvée 
n'est  ordinairement  que  de  deux  œufs.  La  chair  de  cet  Oiseau 
n'est  pas  estimée;  elle  est  coriace. 

GENRE    CINQUANTE-HUITIÈME. 

Sanderling,  Calidris,  Illig. 

Caractères. — Bec  médiocre,  grêle,  droit,  mou,  flexible 
dans  toute  sa  longueur,  comprimé  depuis  sa  base, 
déprimé  à  la  pointe,  aplati,  plus  large  que  dans  le 
milieu,  sillon  nasal  très-prolongé  vers  la  pointe;  narines 
latérales,  longitudinalement  fendues;  pieds  grêles,  trois 
doigts  dirigés  en  avant,  presque  entièrement  divisés; 
ailes  médiocres. 

Le  genre  Sanderling  ne  compte  qu'une  seule  espèce, 
qui  avait  toujours  été  confondue  avec  le  genre  Bécasseau. 
Des  caractères  extérieurs  l'en  distinguent;  ses  mœurs 
offrent  également  des  disparités. 

\.  Sanderling  variable,  Calidris  arenaria,  Lin.;  en  cata- 
lan Courriol  dels  grosses. 

Cet  Oiseau  arrive  par  grandes  bandes  ;  il  séjourne  le  long  des 
côtes  maritimes ,  d'où  il  ne  s'écarte  guère  que  pour  aller  sur  les 
bords  des  étangs  salés;  il  hiverne  dans  le  département,  et  disparait 
aussitôt  que  les  beaux  jours  arrivent.  On  en  porte  beaucoup  au 
marché  de  Perpignan. 


214  HISTOIRE   NATURELLE. 

GENRE    CINQUANTE-NEUVIÈME. 

Échasse,  Himantopus,  Briss. 

Caractères. — Bec  grêle,  long,  pointu;  mandibules  can- 
nelées latéralement  jusqu'à  la  moitié  de  leur  longueur; 
narines  latérales,  linéaires,  longitudinales;  pieds  très- 
longs,  grêles,  flexibles,  trois  doigts  dirigés  en  avant, 
réunis  à  leur  base;  ongles  très-petits,  plats;  ailes  très- 
longues. 

1.  Échasse  à  manteau  noir,  Himantopus  melanopterus , 
Mey.;  en  catalan  Camas  llargas  (jambes  longues). 

Les  Échasses  arrivent  par  petites  bandes  au  commencement 
du  printemps,  et  se  réunissent  près  des  marais  salés  et  dans  les 
parties  basses  de  la  Salanque.  Elles  fréquentent  aussi  les  bords 
de  la  mer  qui  ne  sont  pas  éloignés  de  ces  étangs  ;  nichent  sur  de 
petits  monticules  de  terre,  au  milieu  de  ces  vastes  terrains  sub- 
mergés, et  trouvent  dans  ces  lieux  une  nourriture  abondante. 

Ces  Oiseaux  nous  quittent  en  septembre;  il  est  très-rare  d'en 
voir  en  hiver. 

GENRE   SOIXANTIÈME. 

Huîtrier,  Hœmatopus,  Linné. 

Caractères.— Bec  droit,  fort,  comprimé,  taillé  en  ciseaux; 
narines  latérales,  longitudinales;  pieds  forts,  réticulés, 
trois  doigts  dirigés  en  avant,  bordés  par  un  rudiment 
membraneux,  les  extérieurs  réunis  à  leur  base  par  une 
membrane  ;  ailes  moyennes ,  première  rémige  la  plus 
longue. 

Les  Huîtriers  vivent  toujours  le  long  de  la  mer,  sur 
les  falaises  ou  sur  la  grève  ;  suivent  la  lame  pour  saisir 
les  insectes  marins  qu'elle  entraîne  sur  le  rivage;  se  ras- 


OISEAUX.  215 

semblent  en  grandes  troupes  pour  leurs  voyages,  mais 
vivent  solitairement  pendant  le  temps  de  la  reproduction. 

1.  Huîtrier  pie,  Hœmatopus  ostralegus,  Lin.;  en  catalan 
Garsa  de  mar. 
L'Huîtrier  fréquente  nos  rivages  pendant  l'hiver;  il  ne  s'éloigne 
pas  des  bords  de  la  mer  et  des  étangs  salés  qui  sont  près  des  dunes. 
On  en  remarque  peu  au  passage  du  printemps.  Je  ne  pense  point 
qu'il  se  reproduise  dans  le  pays. 

GENRE     SOIXANTE-UNIÈME. 

Pluvier,  Charadrms,  Lin. 

Caractères. — Tête  ronde;  bec  droit,  médiocre,  presque 
rond,  un  peu  obtus  à  son  extrémité;  narines  longitudi- 
nales placées  au  milieu  d'une  membrane;  pieds-grêles, 
longs  ou  médiocres;  le  doigt  extérieur  réuni  à  sa  base  à 
celui  du  milieu  par  une  petite  membrane;  ailes  moyennes, 
première  rémige  la  plus  longue. 

Les  Pluviers  sont  nombreux  en  espèces;  on  en  trouve 
dans  toutes  les  contrées  du  globe;  ils  fréquentent  les 
bords  des  étangs,  des  marais,  des  fleuves  et  les  plaines 
bumides;  ils  se  nourrissent  d'insectes  et  de  vers. 

1.  Pluvier  doré,  Charadrius  pluvialis ,  Lin.;  en  catalan 

Daurada. 
Cet  Oiseau  nous  arrive  par  grandes  bandes  au  commencement 
d'octobre ,  et  reste  sur  nos  terres  basses  pendant  toute  la  saison 
d'hiver.  Beaucoup  ne  restent  pas  probablement  dans  ce  pays, 
puisqu'il  y  a  aussi  en  mars  un  passage  considérable  qui  paraît 
se  diriger  en  sens  inverse  de  celui  de  l'automne.  Cet  Oiseau  est 
très-estimé;  sa  chair  délicate  et  fine  le  fait  rechercher.  On  en 
tue  et  on  en  prend  beaucoup  à  la  chasse  à  la  lumière,  dans  les 
nuits  très-obscures. 


216  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Pluvier  guinard,  Charadrius  morinettus,  Lin. 

Celle  espèce  séjourne  tout  l'hiver  dans  les  parties  basses  du 
département,  le  long  des  rivières,  des  étangs  salés  et  de  la  grève. 
On  en  porte  beaucoup  au  marché  ;  on  la  prend  aux  lacets  tendus 
pour  les  Bécassines;  sa  chair  est  estimée.  Elle  niche  dans  le 
Nord  de  la  Russie. 

5.  Grand  Pluvier  à  collier,  Charadrius  hiaticula,  Lin.; 
en  catalan  Courriol. 

On  voit  ce  petit  et  joli  Oiseau  se  répandre  par  petites  bandes 
sur  les  bords  de  la  mer,  des  cours  d'eau  et  dans  les  lieux  où  le 
sable  abonde,  courant  avec  une  rapidité  étonnante,  se  poursui- 
vant, faisant  de  petites  volées  et.  criant  toujours.  Il  reste 
dans  le  département  toute  la  belle  saison,  et  s'y  reproduit;  il  nous 
quitte  dès  que  le  mauvais  temps  arrive.  Il  ne  prend  pas  de  grandes 
précautions  pour  établir  son  nid;  c'est  entre  les  pierres  ou  les 
coquillages,  sur  le  sable  nu,  qu'il  dépose  quatre  ou  cinq  œufs,  que 
la  femelle  couve,  et  qui  ne  s'éloigne  guère  de  l'endroit  où  elle 
a  déposé  sa  couvée,  si  on  l'inquiète,  et  pousse  des  cris  très- 
aigus  qu'elle  ne  cesse  de  répéter  tant  qu'on  est  près  de  son  nid. 

4.  Petit  Pluvier  à  collier,  Charadrius  minor,  Mey. 

Cette  espèce  vit  plus  particulièrement  sur  les  bords  des  che- 
mins sablonneux,  le  long  des  torrents  et  des  rivières;  ne  va 
presque  pas  sur  les  bords  de  la  mer.  Elle  est,  comme  les  autres 
espèces,  très-vive,  ne  restant  jamais  tranquille ,  et  poussant  pen- 
dant son  vol  et  sa  course  un  cri  de  détresse  très-aigu.  Elle  pond 
aussi  sur  le  sable,  auprès  de  quelque  touffe  de  graminée. 

5.  Pluvier  à  collier  interrompu,  Char,  cantianus,  Lath. 

Plus  rare  que  les  autres  espèces ,  ce  Pluvier  ne  quitte  pas  les 
bords  de  la  mer  et  des  étangs  salés;  y  passe  toute  la  belle  saison 
et  s'y  reproduit.  Son  nid  n'est  pas  mieux  soigné  que  celui  des 


OISEAUX.  217 

autres  espèces;  c'est  aussi  dans  un  trou  de  sable  qu'il  dépose  ses 
œufs.  Les  trois  espèces  visitent  tous  les  ans  le  département;  s'y 
reproduisent,  et  y  passent  la  belle  saison.  La  vitesse  avec  laquelle 
il  parcourt  les  sables  des  parties  marécageuses  et  des  petits 
ruisseaux  de  l'intérieur  des  terres,  lui  a  fait  donner  le  nom 
catalan  de  Courriol,  qui  veut  dire  coureur. 

2me  Division.  —  Gralles  à  quatre  doigts. 

Le  pouce  est  toujours  distinct;  mais  il  varie  en  lon- 
gueur. 

GENRE    SOIXANTE-DEUXIÈME. 

Vanneau,  Vanellus,  Briss. 

Caractères. — Bec  court,  grêle,  droit,  comprimé,  pointe 
des  deux  mandibules  renflée  ;  fosse  nasale  de  la  longueur 
des  deux  tiers  du  bec;  narines  longitudinales;  tarses  grêles; 
trois  doigts  devant,  un  derrière,  celui-ci  n'appuyant  pas  à 
terre;  ailes  acuminées  ou  amples.  Quelques  espèces  étran- 
gères ont  le  poignet  de  l'aile  armé  d'un  éperon  long  et 
acéré. 

Les  Vanneaux  sont,  comme  tous  les  oiseanx  vermivores, 
de  passage  régulier  à  deux  époques  de  l'année.  Ils  voya- 
gent en  famille;  ont  le  vol  élevé  et  soutenu;  habitent  les 
lieux  humides  et  inondés  où  ils  cherchent  les  vers,  les 
insectes  aquatiques,  les  petits  limaçons,  dont  ils  font  leur 
nourriture. 

lrc  Section.  —  La  première  rémige  de  l'aile  la  plus  longue. 

4.  Vanneau  pluvier,  Vanellus  melanog aster,  Bech.;  en  cat. 
Pigre  ciels  grisos. 

Ce  Pluvier  vit  dans  le  pays  pendant  toute  la  mauvaise  saison. 


218  HISTOIRE  NATURELLE. 

Il  fréquente  les  parties  basses  de  laSalanque,  près  des  prairies 
inondées;  on  le  voit  par  petites  bandes.  On  le  prend  facilement, 
parce  qu'il  n'est  pas  d'un  naturel  farouche  et  qu'on  peut  l'appro- 
cher pour  le  tirer.  La  mue  change  beaucoup  sa  robe,  de  sorte, 
qu'en  automne,  on  croit  voir  un  tout  autre  oiseau.  Dès  que  le 
mois  de  mars  arrive,  cet  Oiseau  quitte  le  pays  pour  aller  se 
reproduire  vers  le  nord. 

2me  Section.  —  Les  trois  rémiges  extérieures  également  étagées; 
la  quatrième  et  la  cinquième  les  plus  longues. 

2.  Vanneau  huppé,  Vanellus  cristatus,  Mey.;  en  catalan 
Pigre  upat. 

Ces  Vanneaux  nous  visitent  vers  la  fin  d'octobre;  se  répandent 
sur  nos  prairies  basses  et  nos  champs  humides  par  troupes  assez 
nombreuses;  restent  toute  la  mauvaise  saison  dans  le  pays,  et, 
comme  tant  d'autres  espèces,  l'abandonnent  en  mars  pour  aller 
se  reproduire  dans  un  autre  climat.  Nous  les  voyons  souvent 
mêlés  à  des  bandes  d'Étourneaux  avec  lesquels  ils  vivent  d'assez 
bonne  intelligence.  Ce  Vanneau  est  très-méfiant;  il  est  très- 
difficile  à  tirer,  parce  qu'il  ne  se  laisse  pas  approcher.  Toutefois 
on  en  prend  beaucoup ,  soit  au  lacet,  soit  à  la  chasse  à  la  lumière 
pendant  la  nuit.  Sa  chair  est  un  mets  si  délicat,  que  son  nom  est 
passé  en  proverbe. 

GENRE    SOIXANTE-TROISIÈME. 

Tourne-Pierre,  Strepsilas,  Illig. 

Caractères. — Bec  médiocre,  dur  à  la  pointe,  fort,  droit, 
en  cône  allongé,  légèrement  courbé  en  haut,  arête  aplatie; 
pointe  droite,  tronquée;  narines  longues,  latérales,  à 
moitié  fermées  par  une  membrane,  percées  de  part  en 
part;  pieds  médiocres,  trois  doigts  devant  et  un  derrière, 
ce  dernier  articulé  sur  le  tarse;  ailes  acuminées. 


OISEAUX.  219 

\.  Tourne-Pierre  à  collier,  Strepsilas  collaris,  Temm.; 
en  catalan  Ramena  rocs  (remue  pierres). 

On  le  trouve  constamment  sur  la  grève  ou  sur  les  bords  des 
étangs,  jamais  en  grand  nombre;  il  passe  ici  toute  la  mauvaise 
saison.  L'habitude  propre  à  cet  Oiseau  de  chercher  sa  nourriture 
sous  chaque  pierre,  qu'il  tourne  avec  beaucoup  de  dextérité  au 
moyen  de  son  bec,  dur,  court  et  comprimé  vers  le  bout,  lui  a  valu 
le  nom  qu'il  porte  en  catalan.  On  le  voit  souvent  examiner 
soigneusement  un  petit  emplacement,  retourner  chaque  pierre, 
et  y  saisir  les  vers  et  les  insectes  qui  s'y  sont  réfugiés.  Lorsqu'il 
est  gras ,  sa  chair  est  de  bon  goût. 

GENRE   SOIXANTE-QUATRIÈME. 

Grue,  Gras,  Pallas. 

Caractères.  —  Bec  de  la  longueur  ou  plus  long  que  la 
tête,  fort,  droit,  comprimé,  pointe  en  cône  allongé ,  obtus 
vers  le  bout;  base  latérale  de  la  mandibule  profondément 
cannelée;  arête  élevée;  narines  au  milieu  du  bec,  percées 
de  part  en  part  dans  la  rainure,  fermées  par  derrière  par 
une  membrane;  région  des  yeux  et  base  du  bec  souvent 
nues  ou  couvertes  de  mamelons;  pieds  longs,  forts,  un 
grand  espace  nu  au-dessus  du  genou  sur  les  trois  doigts 
de  devant,  celui  du  milieu  est  réuni  à  l'extérieur  par  un 
rudiment  de  membrane,  l'intérieur  divisé,  le  doigt  pos- 
térieur s'articulant  plus  haut  sur  le  tarse;  ailes  médio- 
cres, la  première  rémige  plus  courte  que  la  deuxième, 
et  celle-ci  presque  aussi  longue  que  la  troisième  qui  est 
la  plus  longue;  pennes  secondaires  les  plus  proches  du 
corps  arquées,  ou  très-longues  et  subulées  chez  quelques 
espèces  étrangères. 

Ces  Oiseaux  voyageurs ,  dont  une  seule  espèce  est 


220  HISTOIRE    NATURELLE. 

connue  en  Europe,  cherchent  en  hiver  les  climats  doux  et 
tempérés.  Nous  les  voyons  arriver  en  octobre  par  bandes 
considérables,  rangés  à  la  file  l'un  de  l'autre,  formant 
ordinairement  un  triangle  et  à  une  élévation  telle  qu'à 
peine  on  peut  les  distinguer.  Un  cri  très-sonore  qu'ils 
répètent  souvent,  avertit  de  leur  passage.  Si  le  temps  est 
beau  ils  ne  font  que  traverser  le  département;  mais,  si  le 
mauvais  temps  se  déclare  au  moment  de  leur  passage, 
ils  se  rabattent  sur  nos  champs  ensemencés  ou  dans  les 
immenses  prairies  de  nos  contrées  basses,  où  d'ordinaire 
ils  ne  séjournent  pas  longtemps;  ils  vont  passer  l'hiver 
plus  au  midi.  En  mars,  nous  les  voyons  passer  de  nouveau, 
gagnant  le  nord  pour  aller  s'y  reproduire. 

1.  Grue  cendrée,  Grus  cinerea,  Bech.;  en  catalan  Grua, 
Gabilan. 

La  Grue  ne  fait  que  passer  au  printemps  et  en  automne.  Si  elle 
est  contrainte  par  le  mauvais  temps  de  s'arrêter  dans  nos  parages, 
on  en  tue  alors  quelques-unes  qu'on  porte  sur  notre  marché. 
Il  y  a  quelques  années  qu'un  métayer  des  environs  de  Céret  vit 
une  compagnie  de  Grues  s'abattre  dans  une  prairie  de  sa  ferme: 
un  violent  orage  avait  forcé  ces  oiseaux  à  s'arrêter;  c'était  à  la 
chute  du  jour.  Dès  que  la  nuit  fut  bien  sombre,  il  se  dirigea,  muni 
d'une  lanterne,  vers  l'endroit  où  étaient  les  Grues,  en  saisit  deux 
par  le  cou  et  les  emporta  vivantes. 

Les  Grues  sont  des  oiseaux  connus  de  la  plus  haute  antiquité  ; 
il  en  est  question  dans  les  livres  les  plus  anciens  ;  il  est  vrai  que 
la  fiction  et  le  merveilleux  se  trouvent  dans  leurs  récits  tenir  lieu 
de  la  vérité.  Cependant,  l'observation  constante  de  la  périodicité 
de  leur  migration,  la  direction  de  leurs  courses,  l'époque  de  leur 
arrivée,  ainsi  que  celle  de  leur  départ,  la  concordance  de  leur 
apparition  avec  telle  époque  de  l'année,  et  la  variation  de  ces 


OISEAUX.  ±21 

apparitions,  suivant  que  les  saisons  avaient  suivi  leurs  cours 
régulier,  ou  avaient  éprouvé  quelque  perturbation ,  tout  cela  est 
un  témoignage  certain  de  l'intérêt  que  ces  oiseaux  avaient  inspiré 
aux  anciens  peuples.  Ces  admirables  observations  avaient  porté 
les  anciens  à  tirer  des  pronostics  qu'ils  avaient  appliqué  à 
l'agriculture;,  mais  tout  cela  est  mêlé  d'un  merveilleux  dont 
il  est  difficile  d'apprécier  les  motifs. 

Généralement,  on  méprise  la  chair  de  la  Grue.  Cette  opinion 
tient  sans  doute  à  la  manière  de  l'apprêter  :  tel  mets  paraît 
souvent  détestable,  qui,  approprié  avec  soin,  serait  très-bon  à 
manger.  Nous  avons  l'ait  préparer  des  Grues,  qui  ont  été  trouvées 
excellentes  par  tous  ceux  qui  en  ont  goûté.  Il  faut  dire  aussi 
que  nous  avions  eu  le  soin  de  faire  enlever  la  peau  de  l'oiseau,  et 
laissé  ignorer  aux  convives  le  mets  qu'ils  avaient  devant  les  yeux. 

GENRE    SOIXANTE-CINQUIÈME. 

Cigogne,  Ciconia,  Briss. 

Caractères. — Bec  long,  fort,  uni,  droit,  cylindrique,  en 
cône  allongé,  aigu,  tranchant;  arête  arrondie,  d'égale 
hauteur  avec  la  tête  ;  mandibule  inférieure  se  recourbant 
un  peu  en  haut;  narines  longitudinalement  fendues,  pla- 
cées près  du  front;  tour  des  yeux  nu;  jambes  longues, 
nues;  les  doigts  de  devant  réunis  par  une  membrane  à 
leur  base;  ongles  courts,  déprimés,  sans  dentelures;  ailes 
médiocres. 

Les  Cigognes  ont,  de  tout  temps,  attiré  l'attention  des 
peuples  qui  les  ont  connues;  elles  sont  au  nombre  des 
espèces  privilégiées.  Dans  tous  les  pays  du  monde  on 
s'abstient  de  les  tuer,  à  raison  des  grands  services  qu'elles 
rendent  en  détruisant  une  multitude  d'animaux  nuisibles, 
comme  les  reptiles,  rainettes  et  leur  frai;  elles  se  nour- 


222  HISTOIRE   NATURELLE. 

rissent  aussi  de  poissons  et  de  petits  mammifères.  Elles 
émigrent  par  grandes  bandes,  mais  ne  séjournent  pas 
dans  les  Pyrénées-Orientales. 

1.  Cigogne  blanche,  Ciconia  alba,  Bellon;  en  catalan 

Ganta,  Cigonya. 

De  passage  en  automne  et  au  printemps,  cet  Oiseau  ne 
séjourne  pas  dans  nos  contrées  ;  il  s'arrête  peu  de  temps 
dans  nos  marécages  pour  y  prendre  quelque  nourriture,  et 
il  continue  son  voyage.  Nos  paysans  en  tuent  toutefois  quel- 
qu'un. Il  n'en  est  pas  ainsi  dans  les  pays  où  il  se  reproduit. 
Je  l'ai  vu  en  Pologne  et  dans  la  province  de  Valladolid,  en 
Espagne,  nicher  sur  les  toits  des  maisons  et  des  clochers; 
confiant,  et  sans  nulle  crainte  de  l'homme,  il  va  jusque  dans 
les  jardins,  chercher  à  côté  de  lui  la  nourriture  destinée  à  sa 
couvée.  On  le  voit  passer,  entraînant  avec  son  bec,  de  longs 
serpents  qu'il  apporte  à  ses  petits.  Des  peines  sévères  au- 
raient été  infligées  à  celui  qui  aurait  tué  un  de  ces  Oiseaux. 
Les  jeunes  Cigognes  font  entendre  continuellement  un  cliquetis 
désagréable  avec  leur  bec,  qui  finit  par  importuner  cejui  qui  loge 
auprès  d'une  nichée. 

La  Cigogne  choisit  toujours  la  partie  la  plus  élevée  d'un  édifice 
pour  y  construire  son  nid,  qui  est  fait  de  bûchettes  entrelacées 
avec  du  gramen  et  autres  matières  végétales.  J'ai  été  témoin  d'un 
fait  curieux,  à  Astorga,  pays  des  Maragatos.  Sur  le  clocher  de 
l'église  principale,  est  placé,  sur  une  tige  en  fer  d'une  certaine 
élévation,  un  mannequin  en  fer  ou  en  tôle,  qui  sert  de  girouette. 
Ce  mannequin,  dont  les  proportions  sont  colossales,  est  en  cos- 
tume du  pays ,  le  chapeau  qui  couvre  sa  tête  est  à  larges  bords  ; 
c'est  sur  le  chapeau  de  ce  mannequin  qu'une  paire  de  Cigognes 
avaient  établi  leur  nid.  J'ai  pu  les  contempler  toute  une  année,  des 
fenêtres  de  mon  logement,  très-voisin  de  cette  église  ;  et  lorsqu'il 
faisait  du  vent,  ces  Oiseaux  étaient  balancés  par  les  mouvements 


OISEAUX.  223 

de  la  girouette  qui  tournait  sans  cesse  sans  les  déranger.  Les 
habitants  assurent  que  cela  existe  de  temps  immémorial,  et  que 
tous  les  ans  une  famille  élève  ses  petits  sur  la  tête  du  Muragato. 

2.  Cigogne  noire,  Ciconia   nigra,   Bellon;    en  catalan 

Ganta  negra. 

Cette  Cigogne  paraît,  à  de  rares  intervalles,  dans  ce  dépar- 
tement. Je  n'en  ai  vu  que  deux  au  marché  de  notre  ville,  et 
toujours  au  printemps.  Elles  furent  tuées  dans  les  marais  du 
Cagarell,  près  Canet. 

Cette  année  (16  septembre  1861)  un  chasseur  a  surpris,  de 
très-grand  matin ,  dans  les  garrigues  de  Pézilla ,  une  famille  de 
Cigognes-Noires.  Elles  étaient  au  nombre  de  cinq,  quand  elles 
se  sont  levées;  un  coup  de  fusil  en  a  abattu  deux,  précisément 
mâle  et  femelle  adultes.  Je  les  ai  préparées  pour  la  collection  de 
la  ville.  C'est  la  seule  fois  que  je  vois  cet  Oiseau  au  passage 
d'automne. 

GENRE    SOIXANTE  -  SIXIÈME . 

Héron,  Ardea,  Lin. 

Caractères. — Bec  long,  fort,  droit,  comprimé,  en  cône 
allongé,  tranchant,  aigu;  mandibule  supérieure  faible- 
ment cannelée;  arête  arrondie;  narines  latérales,  presque 
à  la  base  du  bec;  yeux  entourés  par  une  nudité  qui  com- 
munique avec  le  bec;  jambes  et  doigts  longs;  l'extérieur 
et  celui  du  milieu  réunis  à  leur  base;  le  doigt  postérieur 
s'articulant  intérieurement  et  à  niveau  des  autres;  ongles 
longs,  comprimés,  aigus,  celui  du  milieu  dentelé  inté- 
rieurement; ailes  médiocres. 

Les  Hérons  vivent  sur  les  bords  des  lacs,  des  rivières 
ou  dans  les  marais.  Leur  nourriture  consiste  en  poissons 
et  leur  frai,  en  grenouilles,  moules  d'eau  douce,  en  cam- 


224  HISTOIRE   NATURELLE. 

pagnols,  musaraignes,  ainsi  qu'en  toute  sorte  d'insectes, 
de  limaçons  et  de  vers.  Ils  se  posent  rarement  sur  les 
arbres,  et  y  nichent  quelquefois. 

lre  Section. — Hérons  proprement  dits. 

Bec  plus  long  que  la  tête;  une  portion  du  tibia  nue; 
ils  se  nourrissent  de  poissons. 

1.  Héron  cendré,  Ardea  cinerea,  Lath.;  en  catalan  Barnad 
pescayre,  Capô  d'aygua,  Agro. 

Cet  Oiseau  est  sédentaire  dans  ce  département;  il  vit  isolé  dans 
nos  grands  marais;  il  en  vient  souvent  de  l'extrême  nord,  qui 
ne  sont  que  de  passage.  Cet  Oiseau  est  très-rusé;  il  se  place  au 
milieu  de  l'eau,  et  reste  immobile  pendant  longtemps,  attentif, 
attendant  qu'une  proie  passe  à  sa  portée,  pour  s'en  emparer 
avec  son  long  bec ,  qu'il  dirige  comme  un  trait ,  avec  une 
dextérité  surprenante. 

Le  nom  générique  de  tous  les  Hérons  est,  en  langue  catalane, 
Capô  d'aygua  (chapon  d'eau),  ou  Barnad  pescayre  (sot  pêcheur); 
seulement  quelques  espèces  ont  des  noms  particuliers  que  j'indi- 
querai. 

Les  couleurs  du  plumage  de  cet  Oiseau  varient  beaucoup  selon 
l'âge,  ce  qui  avait  donné  lieu  à  une  multitude  d'espèces  que 
M.  Temminck  a  réduites  avec  juste  raison. 

Nous  possédons  dans  le  pays  plusieurs  espèces  de  Hérons,  qui 
sont  fort  remarquables  par  la  variété  de  leur  taille  et  par  les 
couleurs  de  leur  plumage. 

Plusieurs  de  ces  espèces  quittent  les  bords  de  la  mer 
et  des  marais,  et  s'aventurent  dans  l'intérieur  des  terres.  Nous 
possédons,  au  Cabinet,  un  Crabier  (Ardea  ralloïdes)  adulte  et 
très-beau,  tué  à  Caudiès,  en  1816.  M.  Palégri,  chasseur  intré- 
pide, étonné  de  voir  cet  oiseau  dans  ce  territoire,  le  poursuivit  et 
parvint  à  le  tuer.  Le  voyant  si  beau,  il  l'envoya  à  M.  Duvilliers 


OISEAUX.  255 

du  Terrage,  alors  préfet  de  ce  déparlement,  que  les  travaux 
administratifs  n'empêchaient  pas  de  se  livrer  avec  succès  à 
l'histoire  naturelle.  Ce  magistrat  me  pria  de  le  monter  et  de  le 
joindre  à  ma  collection.  C'est  un  superbe  individu,  dont  la  nuque 
est  ornée  d'une  admirable  touffe  de  plumes,  belles  et  effilées. 

Un  fait  curieux,  relatif  aux  voyages  du  Héron-Cendré,  est  digne 
d'être  rapporté  dans  cet  article.  Un  Oiseau  de  ce  genre,  mâle  et 
adulte,  fut  tué,  le  15  avril  1845,  à  la  métairie  des  Fanais,  appar- 
tenant à  M.  Lacombe-Saint-Michel.  Il  portait  une  plaque  en  cuivre 
rivée  au-dessus  du  genou,  sur  laquelle  étaient  inscrits  ces  mots 
en  allemand  : 

Falkenjagd      Traduction:  Faucon -Héronnier 
gezelsshatc.  au  bec  dentelé. 

N«  Lo ol843.  N°Lool843. 

Ce  fait  me  parut  si  singulier,  que  je  rédigeai  à  ce  sujet  un 
article  que  je  fis  insérer  dans  le  journal  du  département,  où 
j'exposais  le  fait  et  où  je  manifestais  l'opinion  que  cet  Oiseau 
s'était  échappé  de  la  Ménagerie  du  Roi  de  Hollande.  Sachant  que 
M.  Temminck  était  directeur  de  cette  Ménagerie  et  du  Cabinet 
d'Histoire  naturelle,  je  lui  adressai  un  exemplaire  du  journal. 
Ce  savant  naturaliste  m'écrivit  aussitôt  pour  me  dire  que  ce 
Héron  n'était  pas  échappé  de  la  Ménagerie  du  Roi  ;  mais  qu'à 
Loo  il  existait  un  Jokei-Club,  composé  de  jeunes  gens  des  familles 
nobles  du  pays,  qui  se  livraient  à  la  chasse  au  Faucon,  et  que 
toutes  les  fois  qu'un  Héron  était  pris,  on  lui  rendait  la  liberté, 
après  lui  avoir  attaché  à  la  jambe  la  plaque  en  question.  De  sorte 
que  ce  Héron  portait  cette  plaque  depuis  deux  ans,  et  il  était 
venu  se  faire  tuer  dans  les  Pyrénées-Orientales. 

En  1856,  le  même  fait  se  répéta.  Un  Héron  de  la  même  espèce 
et  portant  une  plaque  pareille,  avec  la  même  légende ,  fut  tué  à 
Alénya,  au  bord  de  la  mer,  sur  les  terres  de  M.  Jouy-d'Arnaud, 
maire  de  Perpignan.  Ce  Héron,  mâle  et  très-adulte,  portait  sa 
plaque  depuis  sept  ans. 


2ïi)  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Héron  pourpré,   Ardea  purpurea,   Lin.;   en  catalan 
Agro  rotj. 

Ce  Héron  s'écarte  beaucoup  plus  des  côtes  que  les  autres 
espèces,  et  suit  les  cours  d'eau  qui  traversent  le  département. 
On  l'a  tué  différentes  fois  dans  l'intérieur  des  terres  très-éloi- 
gnées  du  littoral;  il  niche  dans  nos  marais,  et  il  en  reste  toujours 
quelques-uns  pendant  l'hiver. 

5.  Héron  aigrette,  Ard.  egretta,  Lin.;  en  cat.  Agro  blanc. 

Ce  superbe  Oiseau,  dont  la  parure  est  admirable,  relève,  quand 
il  est  agité,  ses  belles  plumes  scapulaires,  effilées,  qui  forment  un 
beau  panache.  Il  vit  dans  les  marécages  de  Salses  et  s'y  reproduit. 
Nous  le  voyons  avec  sa  belle  robe  de  noces,  qu'il  perd  dès  qu'il  a 
élevé  sa  famille.  Il  est  beaucoup  plus  rare  que  les  deux  précédents. 

4.  Héron  garzette,  Ard.  garzetta,  Lin.;  en  cat.  Agro  blanc. 

Celte  belle  espèce  se  voit  aussi  parfois  dans  nos  marécages; 
nous  ne  pensons  pas  qu'elle  s'y  reproduise.  C'est  toujours  dans  les 
lieux  couverts  de  roseaux  qu'on  voit  et  qu'on  tue  quelques-uns 
de  ces  oiseaux,  au  passage  du  printemps.  Leur  belle  aigrette,  et 
les  ornements  du  bas  du  cou  les  rendent  intéressants.  Ils  sont 
toujours  très-rares. 

2me  Section. — Butor. 

Mandibule  supérieure  courbée  en  bas,  cou  moins  long, 
épais;  la  nudité  du  tibia  est  très-petite. 

5.  Héron  grand  Butor,  Ardea  stellaris,  Lin.;  en  catalan 

Butor,  Capô  d'aygua. 

Méfiant  et  toujours  caché  dans  les  broussailles  des  mares,  le 
Butor  fait  entendre  la  nuit  sa  voix  rauque.  Dans  le  jour,  il  se 
pose  dans  l'eau,  une  patte  en  l'air,  et  guette  sa  proie  des  heures 
entières  dans  une  parfaite  immobilité.  Il  est  très-rusé.  Si  on  le 


oiseaux.  -2"2~ 

tire,  et  qu'il  ne  soit  que  blessé,  on  doit  prendre  toutes  les  pré- 
cautions possibles  pour  le  saisir;  car  il  contracte  son  cou  et 
lance  son  bec  avec  une  rapidité  étonnante,  en  visant  toujours  à 
la  ligure.  D'ailleurs  cela  est  commun  à  tous  les  oiseaux  du  genre; 
j'ai  vu  des  chasseurs  imprudents,  qui  ont  failli  être  éborgnés 
en  saisissant  des  Hérons  sans  précaution.  Je  ne  pense  pas  qu'il 
se  reproduise  dans  le  pays.  En  hiver,  on  en  porte  assez  au 
marché  de  Perpignan,  et  lorsqu'il  est  gras,  sa  chair  est  fort 
bonne,  seulement  elle  a  un  goût  de  marais  très-prononcé. 

6.  Héron  crabier,  Ardea  ralloïdes,  Scopol;   en  catalan 

Capô  d'aygua  ros. 
Ce  joli  oiseau  ne  se  voit  qu'à  l'époque  du  passage  du  printemps, 
toujours  isolé,  fréquentant  plutôt  les  rivières  que  nos  marais;  se 
transportant  assez  loin  dans  les  terres,  se  posant  sur  les  arbres, 
où  il  reste  assez  longtemps  si  on  ne  l'inquiète  point.  Il  est  assez 
patient  par  caractère ,  lourd  dans  ses  mouvements  et  triste  dans 
son  maintien  ;  il  se  nourrit  comme  les  autres  espèces  du  genre, 
et  niche  sur  les  arbres. 

7.  Héron  blongios,  Ardea  minuta,  Linné     en  catalan 

Rasclet  dels  nègres. 
Le  Blongios  est  le  plus  petit  des  Hérons  d'Europe;  il  se  tient, 
comme  les  autres,  dans  les  terrains  inondés  et  bas,  où  les  roseaux 
et  les  tamarix  sont  abondants.  On  le  voit  sortir  de  sa  retraite  et 
s'élancer  dans  les  airs,  en  poussant  des  cris  rauques.  Il  se  pose 
sur  les  arbustes  ou  sur  les  roseaux  pour  épier  sa  proie,  et  s'élance 
avec  une  grande  dextérité  pour  la  saisir;  il  niche  dans  les  joncs 
qui  sont  au-dessus  de  l'eau ,  et  quitte  notre  pays  aux  approches 
de  l'hiver. 

GENRE     SOIXANTE-SEPTIÈME. 

Nycticorax,  Nycticorax,  Cuv. 
Caractères.  —Bec  gros,  large  et  dilaté  à  sa  base;  quel- 


±28  HISTOIRE   NATURELLE. 

ques  plumes  longues  pendantes  à  l'occiput;   les  ongles 
courts,  celui  du  doigt  du  milieu  pectine. 
L'Europe  ne  fournit  qu'une  seule  espèce. 

1.  Bihoreau  à  manteau  noir,  Nycticorax  arcleola ,  Tem.; 
en  catalan  Toru,  de  garriga. 

Le  Bihoreau  est  de  passage  dans  ce  département.  Nous  le  voyons 
en  avril  et  en  octobre,  toujours  isolé,  le  long-  des  cours  d'eau  où 
il  y  a  de  grands  arbres,  et  où  il  se  tient  parfaitement  caché  dans  le 
jour:  il  faut  lui  tomber  dessus  pour  qu'il  s'envole;  il  paraît 
craindre  la  clarté  du  jour.  La  nuit,  en  voltigeant  pour  chercher 
sa  nourriture,  il  fait  entendre  sa  voix,  grosse  et  grave,  qui  imite 
un  peu  celle  du  Taureau,  et  c'est  probablement  ce  qui  lui  a  fait 
donner  dans  le  pays  le  nom  de  Toru  de  garriga.  Il  porte 
derrière  la  nuque  trois  et  quelquefois  quatre  plumes  blanches, 
très-effilées  et  longues,  qu'il  relève  lorsqu'il  vole.  C'est  un 
oiseau  lourd  et  peu  gracieux.  Sa  chair  n'est  pas  très-bonne. 

GENRE   SOIXANTE-HUITIÈME. 

Flammant,  Phœnicopterus ,  Linné. 

Caractères.  —  Bec  garni  d'une  membrane  à  sa  base, 
plus  haut  que  large,  conique  vers  la  pointe,  qui  est 
recourbée  en  bas,  les  bords  finement  dentelés;  narines 
étroites,  fendues  en  long;  yeux  à  fleur  de  tête;  pieds 
très-longs,  grêles;  les  trois  doigts  de  devant  enveloppés 
dans  une  membrane  échancrée;  pouce  très-court;  ailes 
moyennes;  la  deuxième  rémige  la  plus  longue. 

Ces  singuliers  oiseaux,  dont  une  seule  espèce  vient 
nous  faire  visite,  tiennent  tout  à  la  fois  des  Échassiers 
et  des.  Palmipèdes;  ils  vivent  en  grandes  bandes  dans 
les  marais,  dans  les  étangs  salés  et  dans  le  voisinage  de 
la  mer;  ils  se  nourrissent  de  coquillages,  d'insectes  et 


OISEAUX.  229 

de  frai  de  poisson ,  qu'ils  pèchent  au  moyen  de  leur  long 
cou,  et  en  retournant  leur  tête  pour  employer  avec  avan- 
tage le  crochet  de  leur  bec.  Ils  nichent  en  société,  et 
font  dans  les  marais  un  cône  de  terre  élevé  au-dessus 
des  eaux ,  où  ils  placent  leurs  œufs  au  nombre  de  trois  au 
plus,  et  se  mettent  à  cheval  pour  les  couver,  parce 
que  leurs  longues  jambes  les  empêchent  de  s'y  prendre 
autrement. 

J.  Flammant  rose,  Phœnicopterus  antiquorum,  Temm.; 
en  catalan  Alic  rolj. 

Cet  Oiseau,  dont  les  couleurs  sont  si  brillantes  et  la  stature 
si  remarquable ,  par  la  longueur  de  ses  jambes,  par  un  cou  long 
et  grêle,  surmonté  d'une  tête  dont  la  forme  est  si  bizarre,  est 
appelé  par  nos  chasseurs  Alic  rotj.  Cette  dénomination  est 
vicieuse;  car  Alic  veut  dire  Aigle,  et  rotj,  rouge,  et  certes  ce 
n'est  pas  ce  qu'on  veut  exprimer.  L'Oiseau  ayant  les  ailes  rouges, 
on  devrait  plutôt  dire  Ala  rotj  (aile  rouge),  et  je  suis  persuadé 
que  c'est  là  l'expression  primitive,  qui  a  été  dénaturée. 

Les  Flammants  se  voient  ici  par  bandes  très-nombreuses  sur 
nos  marécages  et  sur  nos  étangs.  Sans  pouvoir  affirmer  que  ces 
Oiseaux  se  reproduisent  dans  ce  pays,  puisque  je  n'ai  pu  vérifier 
par  moi-même  ce  fait,  je  serais  cependant  porté  à  le  croire,  d'après 
les  observations  suivantes.  Fin  juillet  1819,  cinq  Flammants,  deux 
vieux  et  trois  jeunes,  traversaient  l'anse  de  mer  qui  entre  dans 
les  terres  d'Argelès.  Le  plus  faible  n'ayant  pas  eu  la  force  d'ar- 
river à  terre  se  laissa  tomber  dans  la  mer.  Comme  il  y  a  fort  peu 
d'eau  sur  cette  plage,  un  homme  fut  le  chercher.  Les  vieux 
avaient  plongé  sur  lui  plusieurs  fois  pour  tâcher  de  l'emmener, 
et  leurs  efforts  avaient  été  infructueux.  Cet  Oiseau  n'était  pas 
blessé;  la  fatigue  seule  l'avait  forcé  à  s'abattre,  et  on  fit  la 
remarque  qu'il  paraissait  le  plus  petit  de  la  troupe.  Il  me  fut 
envoyé  par  M1,e  Rière.  Les  couleurs  du  plumage,  la  taille  et  son 


230  HISTOIRE   NATURELLE. 

duvet  me  donnèrent  la  conviction  qu'il  était  très-jeune.  Si  cet 
Oiseau  n'était  pas  né  dans  le  pays,  je  doute  qu'il  se  fût  trouvé 
ici  à  cette  époque. 

Une  autre  fois,  étant  à  la  chasse  des  insectes,  dans  les  plaines 
de  Saint-Nazaire  qui  bordent  l'étang  de  ce  nom,  c'était  en  juin ,  je 
vis  deux  Flammants  qui  se  promenaient  sur  les  bords  de  ce  vaste 
lac.  Le  lendemain  un  des  deux  fut  tué  et  on  me  l'apporta;  c'était 
une  femelle  très-adulte.  Je  lui  trouvai  deux  œufs;  la  coque  de 
l'un  était  presque  formée.  Il  est  probable  que  ce  couple  avait 
son  nid  dans  les  environs  ou  dans  les  marais  du  Cagarell  qui 
n'en  sont  pas  bien  éloignés.  C'est  donc  une  preuve  assez  évidente 
que  leur  reproduction  se  fait  dans  ce  département. 

GENRE   SOIXANTE-NEUVIÈME. 

Avocette,  Recarvirostra ,  Linné. 

Caractères. —Bec  très-long,  grêle,  faible,  déprimé  dans 
toute  sa  longueur,  la  pointe  flexible,  se  recourbant  en  haut  ; 
mandibule  supérieure  sillonnée  à  sa  surface;  mandibule 
inférieure  sillonnée  latéralement;  narines  à  la  surface  du 
bec,  linéaires,  longues;  pieds  longs;  les  trois  doigts 
antérieurs  réunis  par  une  membrane  échancrée;  ailes 
acuminées. 

Les  Avocettes  fréquentent  habituellement  les  eaux  salées; 
elles  vivent  sur  les  plages  que  baigne  la  mer,  toujours  à 
l'embouchure  des  rivières,  ou  dans  les  lieux  vaseux  ou 
couverts  de  limon,  et  où  l'eau  est  à  une  hauteur  pro- 
portionnée à  la  longueur  de  leurs  jambes.  Dans  leurs 
migrations,  elles  sont  toujours  par  paires;  leur  vol  est 
rapide  et  soutenu,  Leur  nourriture  consiste  en  insectes 
presque  imperceptibles,  qu'elles  enlèvent  avec  leur  bec 
de  dessus  la  vase. 


OISEAUX.  231 

1.  Avocette  à  nuque  noire,  Recurvirostra  avocetta,  Lin.; 
en  catalan  Bec  cl 'aliéna. 

Nous  voyons  cet  étrange  Oiseau,  en  avril  et  en  novembre; 
il  ne  séjourne  pas  longtemps  dans  nos  marais  salants  où  il  se 
tient  sur  les  bords  pour  y  chercher  sa  nourriture.  On  le 
voit  rarement  dans  l'été ,  ce  qui  est  une  preuve  que  sa  repro- 
duction ne  se  fait  pas  dans  ce  pays. 

GENRE    SOIXANTE-DIXIÈME. 

Spatule,  Platalea,  Lin. 

Caractères.  —  Bec  très-long,  fort,  très-aplati,  pointe 
dilatée,  arrondie  en  forme  de  spatule;  mandibule  supé- 
rieure cannelée,  transversalement  sillonnée  h  sa  base; 
narines  à  la  surface  du  bec,  rapprochées;  face  et  tête, 
en  partie  ou  entièrement  nues;  pieds  longs  et  robustes; 
les  doigts  réunis  jusqu'à  la  seconde  articulation. 

Les  Spatules  vivent  en  société  dans  les  marais  boisés, 
près  de  l'embouchure  des  fleuves.  Elles  se  nourrissent 
de  très-petits  poissons,  de  frai  et  de  très-petites  coquilles 
fluviatiles,  ainsi  que  de  petits  reptiles  et  d'insectes  aqua- 
tiques. Elles  nichent  sur  les  arbres  de  haute  futaie,  sur 
les  buissons  ou  dans  les  joncs,  selon  la  localité. 

1.  Spatule  blanche,  Platalea  leucorodia,  Lin.;  en  catalan 
Bec  plané,  Spatula. 

Ce  singulier  Oiseau  ne  paraît  dans  le  pays  qu'au  moment  du 
passage,  dans  les  deux  saisons;  il  est  toujours  isolé  ou  par  paires; 
il  se  tient  toujours  sur  les  bords  des  marécages  ou  des  rivières; 
on  ne  le  voit  jamais  dans  l'intérieur  des  terres,  et  ne  s'éloigne 
guère  du  littoral.  La  Spatule  est  de  passage  accidentel. 


-232  HISTOIRE   NATURELLE. 

GENRE    SOIXANTE-ONZIÈME. 

Ibis,  Ibis,  Lacep. 

Caractères. — Bec  long,  grêle,  arqué,  large  a  sa  base, 
pointe  déprimée,  obtuse,  arrondie;  mandibule  supérieure 
sillonnée  dans  toute  sa  longueur;  narines  linéaires;  face 
nue;  quelquefois  une  partie  de  la  tête  et  du  cou  man- 
quent de  plumes;  pieds  grêles  et  longs;  ailes  médiocres. 

Les  Ibis,  qu'on  ne  doit  pas  confondre  avec  les  Courlis, 
fréquentent  les  bords  des  fleuves  et  des  lacs,  où  ils  se 
nourrissent  d'insectes,  de  vers,  de  coquillages,  et  souvent 
même  de  végétaux;  mais  l'on  doit  mettre  au  rang  des 
fables  populaires,  la  réputation  qu'ils  ont  d'être  grands 
destructeurs  de  serpents  et  de  reptiles  venimeux,  aux- 
quels ils  ne  touchent  jamais.  Ces  Oiseaux  entreprennent 
de  longs  voyages;  ils  émigrent  à  des  époques  périodiques. 
L'Ibis  fut  longtemps  l'objet  d'une  grande  vénération  chez 
les  peuples  de  l'antiquité,  et,  de  nos  jours,  on  trouve 
encore  leurs  restes  embaumés  à  côté  des  momies  des 
anciens  Rois  d'Egypte. 

1.  Ibis  falcinelle,  Ibis  falcinellus,  Tem.;  en  catalan  Polit 
castany,  Polit  vert. 

L'Ibis-Faleinelle  se  voit  assez  régulièrement  dans  le  commen- 
cement du  printemps;  selon  le  temps,  il  séjourne  plus  ou  moins 
dans  le  pays.  Ces  Oiseaux  vont  par  petites  troupes,  et  sont  peu 
farouches.  Les  premiers  qui  attirèrent  l'attention,  furent  tués 
par  MM.  Rigaud  et  Lafage,  aîné,  en  1818  :  une  volée  de  soixante 
individus  était  posée  dans  une  prairie  ;  ils  se  laissèrent  approcher, 
et  la  première  décharge  en  fit  rester  neuf  sur  place.  Deux  me 
furent  apportés.  M.  Rigaud  en  conserva  un  vivant,  auquel  il  fut 
fait  l'amputation  d'une  aile  que  le  coup  avait  meurtrie.  Il  vécut 


oiseaux.  233 

fort  longtemps  dans  son  jardin,  traversé  par  un  ruisseau,  qui 
donnait  à  l'Oiseau  de  quoi  se  nourrir. 

On  regarda  la  présence  de  cet  oiseau  comme  un  phénomène. 
Personne  ne  l'avait  remarqué,  disaient  les  anciens  chasseurs. 
Cependant,  l'ayant  vu  depuis  lors,  presque  tous  les  ans,  à  la 
même  époque,  je  suis  porté  à  croire  que  si  on  n'en  avait  pas  fait 
la  remarque,  c'était  parce  que  l'ornithologie  était  très-négligée 
dans  ce  pays,  et  que  personne  depuis  longtemps  ne  s'en  occu- 
pait. La  chair  de  cet  Oiseau  est  détestable,  par  le  goût  très- 
prononcé  de  sardine  que  rien  ne  peut  lui  faire  perdre. 

GENRE    SOIXANTE-DOUZIÈME. 

Courlis,  Numenius,  Briss. 

Caractères. — Bec  long,  grêle,  arqué  comme  dans  l'Ibis; 
la  mandibule  supérieure  un  peu  plus  longue  que  l'infé- 
rieure; narines  percées  dans  la  cannelure;  pieds  longs, 
grêles;  doigts  courts;  les  antérieurs  réunis  à  leur  base 
par  une  membrane. 

Les  Courlis  vivent  dans  les  lieux  arides  et  couverts  de 
sables,  mais  toujours  dans  le  voisinage  des  eaux  et  des 
marais.  Leur  nourriture  consiste  en  vers  de  terre,  en 
insectes  terrestres  et  aquatiques,  en  limaçons  et  en  co- 
quillages. Ils  émigrent  par  grandes  troupes;  leur  vol  est 
soutenu  et  très-élevé.  Ils  vivent  isolés  et  par  couples 
pendant  le  temps  de  leur  reproduction. 

1.  Grand  Courlis  cendré,  Numenius  arquata,  Lath.;  en 
catalan  Polit  gris. 

Ce  Courlis  est  fort  commun  pendant  tout  l'hiver;  nous  le 
voyons  plus  abondant  dès  le  commencement  d'octobre;  il  est 
alors  gras,  et  sa  chair  est  très-estimée,  parce  qu'elle  a  un  bon 
goût.  Il  se  répand  dans  les  plaines  basses  et  marécageuses,  eu 


23-4  HISTOIRE    NATURELLE. 

faisant  entendre  son  cri,  courrili,  courrili,  ce  qui  lui  a  donné 
probablement  le  nom  qu'il  porte.  Pendant  l'hiver,  cette  espèce 
vit  par  bandes  de  dix  à  douze,  qui  se  séparent  par  couples 
dès  qu'arrive  le  moment  des  amours ,  et  s'établissent  près 
des  cours  d'eau  ou  des  marais  couverts  de  vase,  pour  y  élever 
leur  famille. 

2.  Courlis  corlieu,  Numenius  phœopus,  La  th.;  en  catalan 
Polit  petit. 

Cette  petite  espèce  arrive  dans  le  département  en  septembre, 
et  passe  tout  l'hiver  dans  nos  plaines  littorales  ;  elle  a  les  mêmes 
habitudes  que  le  Courlis-Cendré;  elle  est  aussi  abondante  que 
ce  dernier  pendant  tout  l'hiver,  mais  elle  nous  quitte  dès  que  les 
beaux  jours  paraissent.  Sa  chair  n'est  pas  aussi  estimée  que  celle 
du  précédent. 

GENRE    SOIXANTE-TREIZIÈME. 

Bécasseau,  Tringa,  Briss. 

Caractères. — Bec  un  peu  grêle,  flexible,  presque  rond, 
droit  ou  un  peu  arqué,  médiocre  ou  long,  sillonné  en 
dessus,  lisse  et  dilaté  à  la  pointe;  doigts  totalement 
séparés,  les  extérieurs  unis  à  leur  base  par  une  mem- 
brane; pouce  portant  a  terre  sur  le  bout;  ailes  médiocres. 

Ce  Genre  est  très-nombreux.  Il  comprend  les  plus 
petites  espèces  d'Oiseaux  qui  courent  sur  les  plages  ou 
qui  vivent  au  bord  des  eaux.  Le  plus  grand  nombre 
voyagent  par  petites  troupes  le  long  des  bords  de  la  mer; 
d'autres  suivent  le  cours  des  rivières.  Ils  se  réunissent 
plusieurs  dans  une  même  localité  pour  nicher.  Ils  fouil- 
lent indistinctement  dans  les  limons,  dans  la  boue,  dans 
le  sable  mouvant  des  rives,  ou  parmi  les  grands  amas 
de  fucus,  dans  lesquels  ils  trouvent  leur  nourriture,  qui 


oiseaux.  235 

consiste  en  insectes  à  élytres,  en  larves,  en  vers  mous, 
en  mollusques  et  en  de  très-petits  coquillages  bivalves. 
Ils  muent  deux  fois,  et  le  plumage  du  printemps  a  tou- 
jours des  couleurs  plus  brillantes  et  plus  variées  que  celui 
de  l'automne. 

lre  Section.  —  Bécasseaux  proprement  dits. 
Les  doigts  entièrement  séparés. 

1.  Bécasseau  cocorli,   Tringa  subarquata,  Temm.;  en 

catalan  Viudetas. 

Le  Genre  Bécasseau  est  généralement  désigné,  en  idiome 
roussillonnais,  par  le  nom  de  Viudetas,  qui  veut  dire  petites 
veuves.  C'est  apparemment  à  cause  de  leur  robe  tapissée  de  blanc 
et  de  couleurs  foncées  où  le  noir  domine,  que  cette  dénomination 
leur  a  été  donnée  par  nos  paysans  qui,  les  voyant  courir  le 
long  des  eaux ,  leur  trouvent  assez  de  rapports  d'habi- 
tudes avec  les  Bergeronnettes,  auxquelles  on  donne  le  même 
nom. 

Ce  Bécasseau  apparaît  au  commencement  du  printemps;  mais 
il  ne  fait  pas  un  long  séjour;  il  reparaît  de  nouveau  vers  le  mois 
d'octobre,  et  se  répand  dans  tout  le  pays,  où  il  passe  l'hiver. 
On  en  prend  beaucoup  dans  nos  marais;  sa  chair  est  délicate. 

2.  Bécasseau  brunette  ou  variable,  Tringa  variabilis,  Mey. 

La  Brunette  nous  arrive  en  grand  nombre  au  printemps,  venant 
des  côtes  d'Espagne  ;  elle  ne  s'arrête  pas  longtemps  sur  les  bords 
de  nos  marais;  elle  paraît  très-agitée  ;  le  besoin  de  s'accoupler 
se  fait  déjà  sentir,  et,  en  parcourant  les  rivages  de  la  mer  et  des 
étangs,  elle  pousse  un  cri  d'appel  fréquemment  répété.  Ce 
Bécasseau  vole  très-ras  de  terre,  et  nous  quitte  bientôt  pour 
reparaître  en  aussi  grand  nombre  en  octobre;  il  séjourne  pres- 
que tout  l'hiver  dans  ce  département. 


236  HISTOIRE   NATURELLE. 

3.  Bécasseau  platyrinque,  Tringa  platyrhincha,  Temm. 

De  passage  accidentel  sur  nos  côtes.  On  le  trouve  mêlé  aux 
autres  espèces  qu'on  porte  au  marché  de  Perpignan  dans  le 
mois  d'octobre. 

4.  Bécasseau  violet,  Tringa  maritima,  Brun. 

5.  Bécasseau  Temmia,  Tringa  Temminckii,  Leisl. 

Ces  deux  espèces  sont  fort  rares  ;  on  les  porte  très-rarement  sur 
nos  marchés,  et  c'est  ordinairement  pendant  les  hivers  rigoureux 
que  nous  les  voyons  mêlées  aux  autres  espèces  de  ce  genre. 

6.  Bécasseau  échasse,  Tringa  minuta,  Leisl. 

7.  Bécasseau  canut  ou  maubèche,  Tringa  cinerea,   Lin. 

Ces  deux  petites  espèces  nous  arrivent  ordinairement  en 
automne;  elles  séjournent  sur  les  bords  des  étangs  pendant  tout 
l'hiver,  et  nous  quittent  de  bonne  heure  au  printemps;  elles  se 
mêlent  ordinairement  au  Bécasseau-Variable. 

L'Échasse  est  beaucoup  plus  rare  que  le  Canut. 

2me  section. 

Le  doigt  du  milieu  et  l'extérieur  unis  jusqu'à  la  pre- 
mière articulation.  Les  mâles  sont  ornés,  pendant  le 
temps  des  amours,  de  longues  plumes  de  parade  qui 
forment  une  grande  fraise  embrassant  tout  le  cou. 

8.  Bécasseau  combattant,  Tringa  pugnax,  Lin. 

Ce  Bécasseau  est  très-commun  à  son  passage  d'automne;  il 
séjourne  sur  nos  plages  pendant  tout  l'hiver;  c'est  très-rare 
d'en  trouver  quelque  individu  au  passage  du  printemps,  alors 
qu'il  est  dans  sa  belle  livrée.  Malheureusement  la  chasse 
n'est  plus  permise  à  cette  époque,  et  il  nous  arrive  que,  malgré 
la  passe,  on  n'en  porte  plus  au  marché. 


oiseaux.  837 

Ces  Oiseaux  se  livrent  des  combats  terribles  à  l'époque  des 
amours.  Les  mâles  ont  une  livrée  particulière  dans  ce  moment, 
livrée  si  bariolée  et  si  disparate  qu'aucun  ne  se  ressemble;  ils  se 
disputent  la  possession  d'une  femelle,  au  point  de  se  donner  la 
mort.  Ils  vont  vers  le  Nord  s'occuper  de  leur  progéniture. 

GENRE     SOIXANTE-QUINZIÈME. 

Chevalier,  Totanus,  Bech. 

Caractères. — Bec  médiocre,  un  peu  grêle  ou  long, 
tranchant  à  la  pointe,  sillonné;  mandibule  supérieure 
légèrement  courbée  sur  l'inférieure;  narines  tendues  en 
long;  pieds  longs,  grêles,  nus  au-dessus  du  genou; 
doigt  du  milieu  réuni  à  l'extérieur  par  une  assez  forte 
membrane  ;  le  pouce  ne  portant  que  faiblement  à  terre. 

Ces  Oiseaux  voyagent  par  petites  troupes;  vivent  sur 
les  bords  des  lacs  et  des  rivières,  ainsi  que  sur  les  prairies 
qui  avoisinent  les  eaux  douces.  Ils  sont  montés  sur  de 
longues  jambes.  Leur  nourriture  se  compose  d'insectes, 
de  vers,  de  coquillages. 

lre  Section.  —  Chevaliers  proprement  dits. 

Mandibules  droites,  pointe  de  la  supérieure  courbée 
sur  l'inférieure  ;  le  doigt  du  milieu  et  l'extérieur  unis, 
ou  les  trois  doigts  plus  ou  moins  réunis. 

En  général,  les  Chevaliers  sont  désignés  en  catalan 
sous  le  nom  de  Camas  vermellas,  à  cause  de  la  couleur 
carmin  qui  couvre  les  jambes  de  quelques  espèces. 

1.  Chevalier  semi-palmé,  Totanus  semi-palmatus ,  Tem. 

Cette  espèce  ne  visite  pas  ce  déparlement;  elle  n'y  a  pas  été, 
du  moins,  observée. 


*23X  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Chevalier  arlequin,  Totanus  fuscus,  Leisl. 

Cette  espèce  est  commune  sur  les  bords  des  marécages,  au 
moment  des  deux  passages  et  une  partie  de  l'hiver;  puis  elle 
disparaît  pour  aller  au  Nord  faire  sa  ponte. 

5.  Chevalier  gambette,  Totanus  calidris,  Bech. 

Très-commun  au  moment  des  deux  passages.  Il  est  fort  vif, 
et,  dans  sa  course  sur  les  bords  des  marais,  il  pousse,  avec  une 
volubilité  extrême,  un  cri  plaintif. 

A.  Chevalier  stagnatile,  Totanus  stagnalilis,  Bech. 

Le  Chevalier-Stagnatile  se  voit  dans  ce  pays  pendant  tout  l'hiver; 
il  arrive  en  octobre,  et  disparaît  à  mesure  que  nous  approchons 
du  printemps. 

5.  Chevalier  à  longue  queue,  Totanus  bartramia,  Will. 

Cet  Oiseau  est  de  passage  très-accidentel.  Un  seul  individu 
m'est  tombé  sous  la  main;  il  avait  été  tué  sur  la  plage,  en  octo- 
bre 1820;  nous  ne  l'avons  plus  revu  sur  notre  marché. 

6.  Chevalier  cul-blanc,  Totanus  ochropus,  Temm. 

Le  Cul-Blanc  est  fort  abondant  le  long  des  cours  d'eau  ;  il  vole 
avec  une  rapidité  extrême  et  court  de  même,  en  répétant  son  cri 
plaintif;  il  passe  deux  fois,  mais  un  grand  nombre  séjournent  ici 
pendant  l'été  et  s'y  reproduisent. 

7.  Chevalier  Sylvain,  Totanus  glareola,  Temm. 

Très-abondant  dans  les  deux  passages,  il  séjourne  tout  l'hiver 
aux  bords  des  marais,  et  fréquente  en  été  les  terres  basses  sablon- 
neuses qui  ne  sont  pas  éloignées  des  cours  d'eau,  et  s'y  reproduit. 

8.  Chevalier  guinette,  Totanus  hypoleucos,  Temm. 
Très-répandu  sur  toutes  nos  terres  sableuses  de  la  Salanque, 


OISEAUX.  23V» 

au  moment  des  deux  passages;  puis  disparaît.  Tous  les  Oiseaux 
de  ce  genre,  pendant  l'automne  et  l'hiver,  sont  portés  en  abon- 
dance, au  marché  de  Perpignan;  leur  chair  est  très-estimée  et 
fort  recherchée. 

Dans  cette  Classe  se  sont  reproduites  les  mêmes  erreurs  qui 
ont  eu  lieu  dans  le  Genre  Sanderling.  Les  méthodistes,  trompés 
par  le  jeune  âge  et  par  la  mue,  ont  créé  une  multitude  d'espèces 
différentes.  En  multipliant  ainsi  la  nomenclature  par  le  seul 
motif  d'une  différence  dans  la  couleur  du  plumage,  on  augmen- 
terait à  l'infini  certaines  classes,  surtout  les  Riverains  et  les 
Nageurs.  Nous  devons  au  savant  M.  Temminck  d'avoir  mis  de 
la  clarté  dans  cette  partie  de  l'ornithologie. 

Le  Chevalier-Perlé  n'a  pas  été  observé  dans  ce  pays. 

2me  Section. — Chevalier  à  bec  retroussé. 

Mandibules  un  peu  recourbées  en  haut,  droites  et  pres- 
que égales  à  la  pointe;  bec  gros  et  fort;  doigt  du  milieu 
et  l'extérieur  unis. 

9.  Chevalier  aboyeur,  Totanus  glottis,  Bech. 

Dans  les  deux  passages,  on  voit  cet  Oiseau  se  répandre  sur  les 
sables  des  parties  basses  inondées  en  hiver  par  nos  rivières;  il 
fait  entendre  une  voix  glapissante;  il  séjourne  ici  une  partie  de 
l'hiver,  et  pendant  cette  saison  on  en  porte  au  marché;  en 
automne,  surtout,  il  est  très-abondant.  Sa  chair  est  estimée. 

GENRE    SOIXANTE-SEIZIÈME. 

Barge,  Limosa,  Briss. 

Caractère.  —  Bec  très-long,  plus  ou  moins  recourbé 
en  haut,  mou  et  flexible  dans  toute  sa  longueur,  pointe 
plate,  dilatée,  obtuse;  narines  fendues  en  long,  situées 


240  HISTOIRE   NATURELLE. 

dans  une  rainure;  pieds  longs  et  grêles;  ailes  médiocres. 
Les  Barges  sont  d'assez  grands  oiseaux,  montés  sur 
de  longues  jambes ,  un  long  bec ,  mou,  propre  à  fouiller 
dans  les  boues,  dans  les  limons,  ou  dans  le  sable  mou- 
vant baigné  par  les  eaux.  A  celte  fin,  ce  bec  est  doué 
certainement  d'une  grande  délicatesse  de  tact ,  et  leur 
fait  distinguer,  à  une  certaine  profondeur,  dans  la  vase 
ou  le  sable  mouvant,  le  petit  crustacé,  le  ver  aquatique, 
propres  à  leur  nourriture. 

1.  Barge  à  nuque  noire,  Limosa  melanura,  Leisl. 

2.  Barge  rousse,  Limosa  ru  fa,  Briss. 

Ces  deux  espèces  sont  de  passage  dans  les  deux  saisons;  elles 
se  répandent  en  octobre  dans  nos  terres  marécageuses ,  où  elles 
séjournent  pendant  tout  l'hiver;  mais  elles  sont  beaucoup  plus 
communes  à  l'époque  des  deux  passages. 

Nos  paysans  appellent  les  Barges,  Becassas  de  las  camas  llargas 
(Bécasses  aux  longues  jambes). 

GENRE    SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME. 

Bécasse,  Scolopax,  Illig. 

Caractères.  —  Bec  long,  renflé  à  la  pointe,  sillonné 
dans  sa  longueur;  mandibule  supérieure  dépassant  l'in- 
férieure et  formant  un  crochet  au  bout;  narines  laté- 
rales longitudinalement  fendues;  pieds  médiocres. 

Les  Bécasses  sont  des  oiseaux  voyageurs  et  passent 
deux  fois,  en  automne  et  au  printemps;  elles  se  répan- 
dent dans  nos  bois  et  vivent  solitaires.  Leur  tête  com- 
primée, de  gros  yeux  placés  en  arrière,  leur  donnent 
un  air  très-stupide,  qu'elles  ne  démentent  point  par  leurs 
mœurs. 


OISE  Al  \.  r>41 

lre  Section. — Bécasse  proprement  dite. 

Le  tibia  empluraé  jusqu'au  genou.  Elle  habite  les 
bois  de  la  plaine  ou  de  la  montagne. 

\.  Bécasse  ordinaire,  Scolopax  rmticola,  Lin.;  en  catalan 

Becada,  Becassa. 

Dès  que  les  froids  se  font  sentir,  nous  avons  ces  Oiseaux  en 
abondance  dans  les  parties  humides  de  la  plaine,  dans  les  taillis 
qui  bordent  les  rivières,  les  haies  fourrées  des  jardins.  A  leur 
arrivée ,  ils  se  répandent  aussi  dans  nos  vallées  supérieures  ;  en 
effet,  pendant  les  mois  d'octobre  et  de  novembre,  ceux  que  nous 
voyons  au  marché  nous  viennent  de  la  montagne,  et,  dès  qu'il 
fait  un  peu  froid,  ils  reviennent  dans  la  plaine,  ce  qui  fait  dire  à 
nos  chasseurs  :  il  a  gelé  à  la  montagne.  On  ne  voit  point  voler  ces 
Oiseaux  pendant  le  jour;  ils  restent  blottis  dans  les  broussailles. 
Leur  chair  est  fort  estimée  et  très-recherchée  des  gourmets. 

2rae  Section. — Bécassine. 

Partie  inférieure  du  tibia  dénuée  de  plumes,  tarses 
allongés.  Elle  vit  dans  les  plaines  marécageuses,  au  bord 
de  nos  étangs. 

2.  Grande  ou  double  bécassine,  Scolopax  major,  Lin.; 

en  catalan  Mec. 

Rare  dans  son  passage  d'automne,  plus  abondante  en  mars; 
mais  ne  séjourne  pas  longtemps  dans  le  pays  et  ne  fait  que 
passer.  Quelquefois,  pendant  l'hiver,  on  en  porte  au  marché; 
c'est  parce  qu'il  y  a  toujours,  dans  les  Oiseaux  voyageurs,  quel- 
ques retardataires  que  des  circonstances  fortuites  retiennent 
dans  certaines  localités. 

3.  Bécassine  ordinaire,  Scolopax  gallinago,  Lin.;  en  ca- 

talan Becadell. 

tomt  m.  Iti 


H">  HISTOIRE    NATUKKLLE. 

-4.  Bécassine  sourde,  Scolopax  galiïnula,  Lin.;  en  catalan 

Becadell  ciels  sourds. 

Ces  deux  Bécassines  arrivent  en  abondance  au  commencement 
du  mois  d'octobre,  et  se  répandent  dans  les  marécages  du 
littoral,  dans  les  prairies  humides  de  tout  le  département ,  où 
elles  séjournent  tout  l'hive'r.  On  leur  fait  une  rude  chasse,  au 
filet,  au  lacet,  au  fusil,  et  on  en  tue  en  très-grand  nombre,  quoi- 
qu'on les  tire  difficilement  à  cause  de  leur  vol  rapide  et  tortueux. 
Elles  partent  en  poussant  un  cri  d'alarme;  on  les  laisse  filer  un 
moment;  leur  vol  devient  plus  régulier,  et  on  les  vise  alors  avec 
plus  de  sûreté.  Leur  chair  est  un  mets  très-recherché. 

La  Bécassine-Ponctuée,  qui  forme  la  troisième  section 
de  ce  genre,  n'a  jamais  été  observée  dans  ce  pays. 

GENRE   SOIXANTE-DIX-HUITIÈME. 

Raie,  Ralus,  Lin. 

Caractères. — Bec  plus  ou  moins  long  que  la  tête,  grêle, 
droit,  comprimé  à  sa  base  ;  mandibule  supérieure  sillon- 
née; narines  longues,  percées  de  part  en  part,  à  demi 
cachées  par  une  membrane;  pieds  longs,  forts,  un  petit 
espace  nu  au-dessus  du  genou;  les  doigts  antérieurs 
réunis  à  leur  base  ;  ailes  médiocres,  arrondies. 

Le  corps  de  ces  oiseaux  est  très-comprimé,  et  ils  sem- 
blent être  faits  pour  pénétrer  dans  les  herbages  des  prai- 
ries et  des  marécages,  où  ils  font  leur  demeure  habituelle. 
Cette  disposition  leur  permet  de  courir  parmi  les  joncs 
avec  une  grande  célérité;  et  quoique  leurs  pieds  soient 
sans  palmures,  ils  n'en  nagent  pas  moins  dans  les  eaux 
où  croissent  beaucoup  de  plantes.  Ils  se  nourrissent  d'in- 
sectes, de  vers,  de  limaçons,  et  au  besoin  de  plantes. 


oiseaux.  243 

I .  Kale  d'eau,  Retins  aquaticas,  Lin.;  en  cat.  Gallina  sega. 

Très-commun  toute  l'année  dans  les  amas  d'eau  bien  fourrés 
de  plantes  aquatiques,  où  il  se  reproduit.  C'est  assez  difficile 
d'aller  le  prendre  dans  sa  retraite,  d'où  il  ne  sort  que  pendant 
la  nuit,  à  moins  que  quelque  accident  ne  le  force  à  la  quitter. 
Nos  chasseurs  trouvent  cependant  le  moyen  de  s'en  emparer,  et 
en  prennent  beaucoup  en  leur  tendant  divers  pièges.  Ces  Oiseaux 
sont  ordinairement  très-gras,  leur  chair  est  succulente  et  très- 
bonne,  aussi  sont-ils  recherchés  par  nos  gourmets.  Ils  sont  plus 
abondants  à  l'époque  du  passage  du  printemps. 

GENRE   SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME. 

Poule-d'Eau,  Gallinida,  Lath. 

Caractères.  —  Bec  plus  haut  que  large,  plus  court  que 
la  tête ,  comprimé  ;  arête  s'avançant  sur  le  front ,  et  se 
dilatant  quelquefois  à  former  une  plaque  qui,  au  prin- 
temps, se  colore  de  rouge;  narines  au  milieu  du  bec, 
percées  de  part  en  part,  et  couvertes  en  partie  par  une  mem- 
brane ;  pieds  longs,  nus  au-dessus  du  genou  ;  les  doigts 
antérieurs  longs,  divisés,  munis  d'une  bordure  étroite. 

Les  Poules-d'Eau  ont  aussi  le  corps  comprimé  et 
aplati  dans  toute  sa  longueur;  elles  ont  les  mêmes  habi- 
tudes que  les  Raies  et  se  plaisent  dans  les  mêmes  lieux. 
Elles  nagent  aussi  avec  vitesse ,  plongent  avec  la  même 
facilité,  et  courent  très-vite  sur  la  terre,  même  dans  les 
fourrés  les  plus  épais  d'herbes  et  de  joncs.  Leur  nourri- 
ture consiste ,  comme  celle  des  Raies ,  en  insectes  et  en 
végétaux. 

lre  Section. 

Arête  de  la  mandibule  supérieure  se  dirigeant  entre 
les  plumes  du  front,  mais  sans  se  dilater  en  plaque  nue. 


"2bi  HISTOIRE   NATURELLE. 

1.  Poule-d'Eau  de  genêt,  Gallinula  crex,  Lath.;   en  ca- 

talan Gatlla  mareza,  Rey  de  gatllas. 

Arrive  au  premier  printemps;  se  répand  dans  les  pays  inondés 
couverts  de  joncs,  dans  les  luzernes  et  dans  toutes  les  prairies; 
se  reproduit  dans  le  pays  qu'elle  quitte  en  octobre.  Sa  chair  est 
très-bonne  lorsqu'elle  est  bien  grasse;  il  en  paraît  beaucoup 
au  marché,  et  on  la  recherche. 

2.  Poule-d'eau  marouette,  Gallinula  porzana,  Lath. 
5.  Poule-d'eau  poussin,  Gallinula  puzilla,  Bech. 

4.  Poule-d'Eau  Bâillon,  Gallinula  Baillonii,  Vieil. 

Le  nom  générique  catalan  de  ces  trois  espèces,  est 
Rasclet  et  Pollas  d'aygua  petites. 

Ces  trois  espèces  ont  à  peu  près  les  mêmes  habitudes  que  la 
précédente;  elles  sont  constamment  dans  les  marécages  et  les 
flaques  d'eau  couverts  de  plantes  aquatiques.  Nous  les  voyons 
toute  l'année  dans  notre  pays,  où  elles  se  reproduisent;  cepen- 
dant, elles  sont  plus  nombreuses  au  moment  de  leur  passage. 
Leur  chair  est  très-bonne,  ce  qui  les  fait  rechercher. 

2me  Section. 

Arête  de  la  mandibule  supérieure  se  dilatant  sur  le 
front  en  une  plaque  nue. 

5.  Poule-d'Eau  ordinaire,  Gallinula  chloropus,  Lath.,  en 

catalan  Polla  d'aygua. 

Comme  les  autres  espèces  du  Genre,  nous  la  voyons  aux  mêmes 
époques,  et  fréquenter  les  mêmes  lieux  où  elle  se  reproduit.  Elle 
est  plus  abondante  à  son  passage  du  printemps.  L'excellence  de 
sa  chair,  lorsqu'elle  est  grasse,  la  fait  rechercher. 


OJSEAUX,  -i-> 

GENRE    QUATRE-VINGTIÈME. 

Talève,  Porphyrio,  Briss. 

Caractères.  —  Bec  fort,  dur,  épais,  conique,  presque 
aussi  haut  que  long,  plus  court  que  la  tête;  arête  de 
la  mandibule  supérieure  déprimée,  se  dilatant  très- 
avant  sur  le  crâne;  narines  latérales  près  de  l'arête,  per- 
cées dans  la  masse  cornée  du  bec,  à  peu  près  rondes, 
ouvertes  de  part  en  part;  pieds  longs,  forts;  doigts  très- 
longs  dans  quelques  espèces;  les  antérieurs  entièrement 
divisés;  tous  garnis  latéralement  de  petites  membranes 
très-étroites;  ailes  médiocres. 

Les  Talèves  vivent  à  peu  près  comme  les  Poules-d'Eau; 
comme  elles,  ils  ont  les  eaux  douces  pour  lieu  habituel  de 
demeure;  mais  les  marais  et  les  immenses  rizières  du 
Midi  leur  servent  également  d'asile  et  de  retraite.  Ils  se 
promènent  et  courent  au  milieu  des  herbes  aquatiques. 
Leur  livrée  est  ordinairement  parée  de  belles  couleurs 
bleues,  avec  divers  reflets.  Leur  nourriture  consiste  en 
graines  et  en  plantes  dont  ils  brisent  les  tiges  les  plus 
dures  avec  le  bec.  Ils  se  posent  souvent  sur  un  seul  pied 
et  de  l'autre  ils  portent  les  aliments  à  leur  bec. 

1.  Talève  porphyrion,  Porphyrio  hyacinthinus ,  Temm. 

La  présence  de  cet  Oiseau  dans  le  département  est  un  fait  à 
constater,  en  ce  qu'il  détruit  ce  que  j'avais  avancé,  que  le  Genre 
Talève  n'avait  pas  de  représentant  dans  ce  pays  M,  où  il  est  fort 
rare.  Cet  Oiseau  n'a  été  observé  en  France  que  par  M.  Verneuil, 
qui  dit  qu'on  en  voit  parfois  des  individus  isolés  dans  le  Dau- 

(I)  Quatrième  Bulletin  de  la  Société  Agricole.  Scientifique  et  Littéraire 
des  Pyrénées-Orientales,  p.  53,  I8">9.—  Catalogue  îles  Oiseaux  trouvés  Jans 
le  département  des  Pvrénées-Orienlales,  soi l  sédentaires,  soit  de  passage. 


246  HISTOIRE    NATURELLE. 

phiné,  et  que  le  Musée  de  Grenoble  en  possède  un  sujet  qui  fut 
tué  dans  les  marais  de  Bourgoin. 

Celui  qui  se  trouve  dans  les  vitrines  de  notre  Musée  a  été  tué, 
en  1845,  dans  les  environs  du  Grau  d'Argelès,  près  Collioure. 
Fidèle  à  sa  manière  de  vivre ,  c'est  sur  le  bord  du  lac  qui  entre 
dans  les  terres  de  ce  canton ,  que  le  chasseur  le  surprit. 

Le  corps  de  cet  Oiseau  est  ramassé  ;  sa  tête  est  posée  majes- 
tueusement sur  un  long  cou;  ses  jambes,  un  peu  longues, 
donnent  à  son  port  un  air  noble.  Ajoutons  à  toutes  ces  dispositions, 
la  beauté  d'un  plumage  éclatant,  où  le  bleu  de  turquoise  domine, 
et  nous  dirons ,  avec  raison ,  que  c'est  un  des  plus  beaux  oiseaux 
que  nous  possédions  en  France. 

Cet  Oiseau  a  les  mœurs  si  douces  et  si  faciles,  qu'il  semble 
vouloir  lui-même  se  plier  à  la  domesticité ,  et  l'on  est  surpris  de 
voir  qu'on  n'ait  pas  encore  cherché  à  l'élever  dans  le  Midi  de  la 
France,  pour  en  orner  nos  parcs  et  nos  jardins,  comme  on  le  fait 
dans  diverses  villes  de  la  Sicile,  où  l'on  en  voit  qui  se  promènent 
sur  les  places  publiques,  et  recueillent  les  débris  d'horlolage  qu'on 
rejette,  ainsi  que  le  feraient  des  Poules  ordinaires.  Les  Grecs  et 
les  Romains  connaissaient  déjà  cet  Oiseau,  et  en  faisaient  un  cas 
tout  à  fait  extraordinaire,  non  comme  un  objet  de  luxe  extravagant 
de  leurs  tables  somptueuses;  mais  comme  un  hôte  digne  d'être 
placé  dans  les  temples  et  dans  les  autres  sanctuaires  de  leurs 
divinités,  ainsi  que  le  fait  remarquer  M.  Temminck,  enceintes 
qui  renfermaient  les  premières  collections  d'histoire  naturelle. 


QUATORZIÈME  ORDRE. 

PINNATIPÈDES. 

Caractères. — Bec  médiocre,  droit;  mandibule  supérieure 
un  peu  courbée  a  la  pointe  ;  pieds  médiocres,  tarses  grêles 
ou  comprimés;  trois  doigts  devant  et  un  derrière;  des 


oiseaux.  247 

rudiments  de  membranes  le  long  des  doigts;   le  doigt 
postérieur  entièrement  articulé  sur  le  tarse. 

Cet  Ordre  comprend  peu  d'espèces  européennes,  qu'il 
sera  toujours  facile  de  distinguer  par  leurs  caractères 
extérieurs.  Ces  Oiseaux,  quoique  monogames,  vivent  en 
grandes  bandes  dans  le  même  lieu;  ils  nagent  et  plon- 
gent avec  une  grande  facilité.  Lorsque  quelque  danger 
les  menace,  ils  s'enfoncent  dans  le  liquide,  et  vont  sortir 
au  loin  en  ne  montrant  que  le  sommet  de  la  tête.  Bien 
que  ces  Oiseaux  soient  constamment  dans  l'eau,  ils  s'en 
élèvent  sans  toucher  la  terre,  et  traversent  d'un  vol  très- 
rapide  des  espaces  considérables. 

GENRE    QUATRE-VINGT-UNIÈME. 

Foulque,  Fulica,  Briss. 

Caractères. — Bec  médiocre,  fort,  conique,  droit,  com- 
primé h  sa  base,  beaucoup  plus  haut  que  large;  arête 
s'avançant  sur  le  front  et  se  dilatant  en  une  plaque  nue; 
pointes  des  deux  mandibules  comprimées,  d'égale  lon- 
gueur; la  supérieure  légèrement  courbée,  évasée  à  sa 
base;  l'inférieure  formant  un  angle;  narines  latérales 
au  milieu  du  bec,  longitudinalement  fendues,  à  moitié 
fermées  par  la  membrane  qui  recouvre  l'évasure,  percées 
de  part  en  part;  pieds  longs,  grêles,  nus  au-dessus  du 
genou  ;  trois  doigts  devant  et  un  derrière  ;  tous  les  doigts 
très-longs,  réunis  à  leur  base,  garnis  latéralement  de 
membranes  en  feston;  ailes  médiocres. 

On  voit  rarement  les  Foulques  à  terre;  l'élément  liquide 
est  leur  domaine,  et  bien  qu'elles  n'aient  qu'une  partie 
des  doigts  garnis  de  membranes,  elles  nagent  et  plongent 
avec  une  égale  facilité.  Elles  habitent  les  fleuves  et  les 


248  HISTOIRE   NATURELLE. 

rivières,  mais  elles  préfèrent  les  étangs  et  les  marais 
salants.  Leur  nourriture  consiste  en  insectes  et  en  végé- 
taux aquatiques. 

1 .  Foulque  macroule ,  Fulica  atra ,  Linné  ;  en   catalan 

Folliga,  Gallinassa  d'aygua,  Folga. 

La  Foulque  est  sédentaire  dans  ce  canton  ;  on  en  voit  toute 
l'année  en|très-grand  nombre  sur  les  étangs  de  tout  le  littoral, 
même  dans  quelques-uns  de  l'intérieur  des  terres ,  et  on  en  tue 
énormément.  Sa  chair  n'est  pas  très-eslimée  dans  le  pays.  Les 
conducteurs  de  diligences  et  les  employés  des  chemins  de  fer, 
en  exportent  de  grandes  quantités,  et  les  vendent,  sous  le  nom  de 
Macreuses,  dans  les  villes  de  l'intérieur.  Quand  cet  Oiseau  se 
vendait  pour  les  seuls  besoins  du  pays,  une  Foulque  ne  valait  que 
40  à  50  centimes;  actuellement,  son  prix  a  doublé. 

La  Foulque  se  reproduit  dans  nos  étangs  couverts  de  plantes 
aquatiques.  Au  moment  de  la  mue,  qui  a  lieu  vers  la  fin  d'août, 
on  en  prend  beaucoup,  parce  qu'alors  elle  ne  vole  point,  et  à 
l'aide  d'un  bon  chien,  on  en  tue  un  très-grand  nombre. 

Le  plumage  de  la  Foulque,  ordinairement  tout  noir,  varie 
quelquefois.  J'ai  un  individu  qui  a  une  zone  blanche,  large  de 
six  centimètres,  qui  traverse  la  poitrine;  a  une  partie  de  la  tête 
et  du  cou  presque  blancs. 

GENRE    QUATRE-VINGT-DEUXIÈME. 

Phalarope,  Phalaropus,  Briss. 

Caractères. — Bec  long,  grêle,  faible,  droit,  déprimé  à 
sa  base;  les  deux  mandibules  sillonnées  jusqu'à  la  pointe; 
extrémité  de  la  mandibule  supérieure  courbée  sur  l'infé- 
rieure, obtuse;  pointe  de  la  mandibule  inférieure  en  alêne; 
narines  linéaires  situées  dans  une  rainure;  pieds  médio- 


oiseaux.  249 

cres,  grêles,  tarses  comprimés;  les  doigts  antérieurs  réunis 
à  leur  base,  garnis  d'une  membrane  découpée  en  festons 
dentelés  sur  les  bords  ;  doigt  de  derrière  sans  membrane, 
articulé  du  côté  intérieur;  ailes  médiocres. 

Ces  Oiseaux  sont  de  forts  bons  nageurs;  ils  voguent 
sur  les  eaux  avec  une  grâce  et  une  vitesse  admirables; 
ils  ne  redoutent  point  les  vagues,  et  nagent  avec  une 
égale  facilité  sur  les  lacs,  ainsi  qu'en  pleine  mer.  Ils  se 
nourrissent  de  vers  marins. 

1.  Phalarope  hyperboré,  Phalaropus  hyperboreus,  Lath. 

Les  Phalaropes  vivent  dans  l'extrême  Nord ,  qu'ils  ne  quittent 
guère ,  et  ne  paraissent  dans  le  Midi  qu'à  des  époques  très-rares, 
lors  de  ces  hivers  exceptionnels,  comme  celui  de  1829  à  1830. 
Nos  climats  ne  leur  conviennent  guère;  je  n'ai  vu  cet  Oiseau  que 
deux  fois  dans  ce  département;  il  y  est  donc  de  passage  très- 
accidentel. 

GENRE   QUATRE-VINGT-TROISIÈME. 

Grèbes,  Podiceps,  Lath. 

Caractères. —  Bec  médiocre,  droit,  dur,  comprimé,  en 
cône  allongé  et  pointu;  pointe  de  la  mandibule  supérieure 
légèrement  inclinée;  l'inférieure  formant  l'angle;  narines 
oblongues,  percées  de  part  en  part;  pieds  longs,  hors 
l'équilibre  du  corps;  tarses  très-comprimés;  trois  doigts 
devant,  un  derrière,  festonnés;  ongles  larges,  très-dépri- 
més; ailes  courtes;  queue  nulle. 

La  démarche  des  Grèbes  est  gauche  et  embarrassée. 
Leur  attitude  à  terre  est  droite,  les  jambes  étant  retirées 
dans  l'abdomen,  hors  l'équilibre  du  corps.  Ils  nagent  avec 
une  égale  facilité  à  la  surface  des  eaux,  comme  entre  deux 
eaux.  Dans  cette  dernière  natation,  ils  se  servent  des 


250  HISTOIRE   NATURELLE. 

ailes,  et  semblent  voler  dans  l'élément  liquide.  Ils  plon- 
gent longtemps;  ils  voyagent  et  émigrent  sur  les  eaux. 
Ils  y  cherchent  leur  nourriture. 

1.  Grèbe  huppé,   Podiceps  cristatus,  Lath.;  en  catalan 

Calabria.  C'est  le  nom  des  grandes  espèces,  tandis 
qu'on  nomme  les  petites  Capbousset. 

Le  Grèbe-Huppé  est  le  plus  grand  du  genre.  Il  ne  paraît  dans 
ce  département  que  dans  les  hivers  les  plus  rigoureux,  encore  se 
voit-il  peu  abondant.  Lorsque  les  glaces  le  chassent  des  régions 
du  nord,  il  vient  chercher  sa  nourriture  sous  notre  douce 
température.  Quoique  cet  Oiseau  soit  constamment  sur  l'eau, 
il  vole  avec  une  vitesse  extrême  lorsqu'il  cherche  à  se  dépla- 
cer, en  cinglant  la  surface  des  eaux. 

2.  Grèbe  jou-gris,  Podiceps  rnbricollis,  Lath. 

Cette  espèce  est  moins  rare  que  la  précédente  ;  elle  fréquente 
nos  marais  dans  les  mauvais  temps.  Nous  la  voyons  souvent  sur 
nos  marchés. 

5.  Grèbe  cornu  ou  esclavon,  Podiceps  cornutus,  Lath. 

Ce  Grèbe  est  plus  abondant  sur  nos  marais  salants  que  les 
autres  espèces;  tous  les  hivers  il  vient,  en  nombre,  jouir  de 
notre  douce  température ,  et  se  joint  aux  grandes  bandes  de 
Canards  qui  vivent  sur  nos  étangs.  Le  marché  en  est  pourvu. 

4.  Grèbe  oreillard,  Podiceps  auritus,  Lath. 
o.  Grèbe  castagneux,  Podiceps  minor,  Lath. 

Ces  deux  espèces  sont  excessivement  communes,  toute  l'année, 
sur  nos  étangs  salés  et  s'y  reproduisent;  elles  vont  dans  l'épaisseur 
des  plantes  aquatiques  élever  leur  famille.  Les  chasseurs  préten- 
dent que  ces  Oiseaux  évitent  le  coup  de  fusil  par  un  plongeon 
rapide  lorsque  le  coup  part.  C'est  probablement  une  erreur  po- 
pulaire. Nous  en  voyons  souvent  sur  nos  marchés. 


OISEAUX.  251 

QUINZIÈME  ORDRE. 

PALMIPÈDES. 

Caractères.  —  Bec  de  forme  variée;  pieds  courts,  plus 
ou  moins  retirés  dans  l'abdomen;  doigts  antérieurs  à 
moitié  garnis  de  membranes  découpées,  ou  entièrement 
réunis  par  des  membranes  (  dans  quelques  genres  les 
quatre  doigts  sont  réunis  par  une  seule  membrane);  le 
doigt  postérieur  articulé  intérieurement  sur  le  tarse,  ou 
manquant  totalement  dans  quelques  genres. 

Les  oiseaux  qui  composent  cet  ordre ,  peuvent  être 
désignés  par  le  nom  {Y Oiseaux  de  Mer;  car  ils  habitent 
toutes  les  mers  du  globe  et  toutes  les  côtes  maritimes. 
S'ils  paraissent  sur  les  eaux  douces,  c'est  par  accident. 
Le  plus  grand  nombre  des  espèces  qui  composent  les 
premiers  genres  de  cet  ordre ,  se  reposent  sur  la  surface 
de  la  mer,  volent  le  plus  souvent,  ne  nagent  point 
d'habitude,  et  ne  plongent  jamais;  d'autres  nagent  et 
plongent;  le  plus  petit  nombre  vit  toujours  en  pleine 
mer,  ne  vient  jamais  à  la  surface  du  liquide  que  pour 
respirer,  et  ne  se  montre  à  terre  que  pendant  les  pontes. 
Tous  se  nourrissent  de  poissons ,  de  frai ,  de  coquillages 
bivalves  et  d'insectes  marins.  Leur  corps  est  garni  d'un 
duvet  très-serré;  le  plumage  est  abondant  et  lustré. 

GENRE    QUATRE-VINGT-QUATRIÈME. 

Hirondelle-de-Mer,  Sterna,  Lin. 

Caractères. — Bec  de  la  longueur  ou  plus  long  que  la  tête, 
presque  droit,  comprimé,  effilé,  tranchant,  pointu;  mandi- 


252  HISTOIRE   NATURELLE. 

bules  d'égale  longueur,  la  supérieure  légèrement  inclinée 
vers  la  pointe  ;  narines  au  milieu  du  bec  ;  pieds  courts  ; 
doigts  antérieurs  réunis  par  une  membrane;  queue  plus 
ou  moins  fourchue;  ailes  très-longues,  acuminées. 

Les  Hirondelles-de-Mer  se  trouvent  sur  toutes  les  mers 
et  sur  toutes  les  côtes  du  globe ,  et  leur  vol  est  presque 
continuel;  elles  se  reposent  le  plus  souvent  à  terre  et 
rarement  sur  les  eaux;  on  ne  les  voit  point  nager.  C'est 
en  se  laissant  tomber  d'aplomb,  ou  en  rasant  la  surface 
des  eaux  qu'elles  saisissent  leurs  aliments,  qui  consistent 
en  poissons  vivants  et  en  insectes  marins  et  aériens. 

1.  Hirondelle-de-Mer  tschegrava,  Sterna  caspia,  Pallas; 

en  catalan  Aulendras-de-Mar. 

Cette  espèce  est  très-rare  dans  notre  pays;  elle  est  de  passage 
très-accidentel  au  mois  de  mars,  et  c'est  toujours  à  la  suite  d'un 
hiver  rigoureux. 

2.  Hirondelle-de-Mer  caugek,  Sterna  cantiaca,  Geml. 

Cette  Hirondelle  arrive  au  commencement  du  printemps  par 
bandes  nombreuses.  Elle  ne  se  contente  point  de  voler  sur  les 
étangs  près  des  plages  ;  elle  vient  aussi  sur  les  rivières  et  même 
les  ruisseaux  qui  sont  dans  l'intérieur  des  terres;  elle  n'est  pas 
effrayée  par  la  présence  de  l'homme ,  car  elle  vient  effleurer  ses 
habits  en  volant. 

5.  Hirondelle-de-Mer  Dougall,  Sterna  Dougalli,  Mont. 
4.  Hirondelle-de-Mer  Pierre  Garin,  Sterna  hirundo,  Lin. 

Ces  deux  espèces  arrivent  aussi  au  printemps,  et  se  répandent 
sur  les  lacs  les  plus  près  des  côtes;  elles  ne  visitent  guère  les 
cours  d'eau  de  l'intérieur  des  terres.  La  Dougall  est  plus  rare; 
on  en  trouve  parfois  quelques-unes  qui  se  sont  réunies  aux  fortes 
bandes  de  la  Pierre-Garin. 


oiseaux.  258 

5.  Hirondelle-de-Mer  moustac,  Sterna  leucopareia,  Natt. 

Elle  n'est  pas  très-répandue  dans  ce  département;  quelquefois 
même  nous  restons  quelques  années  sans  la  voir. 

6.  Hirondelle-de-Mer  leucoptère,  Sterna  leucoptera,  ïem. 

La  Leucoptère  est  facile  à  distinguer  des  autres  espèces  par  la 
couleur  générale  de  son  plumage,  qui  est  noir.  Elle  visite  ce  pays 
tous  les  printemps,  mais  jamais  en  grand  nombre. 

7.  Hirondelle-de-Mer  épouvantail,  Sterna  nigra,  Lin. 

L'Épouvantail  arrive  au  printemps,  et  se  répand  par  grandes 
bandes  sur  les  lacs,  les  rivières,  les  ruisseaux,  manœuvrant  à 
la  file,  sur  plusieurs  rangs,  volant  sans  cesse,  et  faisant 
entendre  un  cri  aigu.  Nous  la  voyons  pendant  tout  l'été;  elle 
se  reproduit  dans  nos  marais. 

8.  Petite  Hirondelle-de-Mer,  Sterna  minuta,  Lin. 

C'est  la  plus  petite  de  toutes  celles  du  Genre;  elle  arrive  aussi 
au  printemps,  se  répand  sur  nos  lacs  et  sur  nos  rivières;  elle  est 
souvent  en  compagnie  de  la  Pierre-Garin  ;  s'agite  beaucoup ,  en 
faisant  entendre  son  cri  d'appel.  Il  parait  qu'elle  a  besoin  de  faire 
souvent  des  excursions  sur  la  mer;  car  on  la  voit  par  bandes 
parcourir  le  rivage  et  s'abattre  souvent  sur  l'eau ,  probablement 
pour  y  saisir  sa  proie.  Niche  dans  le  pays. 

Les  Hirondelles-de-Mer,  en  général,  arrivent  au  commencement 
du  printemps,  par  bandes  très-nombreuses;  elles  volent  sur  les 
rivières  et  sur  les  marécages.  Les  enfants  se  postent  sur  les  bords 
des  ruisseaux  et  leur  font  la  chasse  à  coups  de  pierres;  elles  sont 
si  compactes,  lorsque  la  volée  passe,  qu'une  pierre  lancée  avec 
force  en  fait  tomber  plusieurs. 

Les  Hirondelles-de-Mer  Arctique  et  Hansel  n'ont  pas 
été  observées  dans  ce  département. 


254  HISTOIRE    NATURELLE. 

GENRE    QUATRE-VINGT-CINQUIÈME. 

Mauve  ou  Mouette,  Larus,  Linné. 

Caractères.  —  Bec  long  ou  médiocre,  fort,  dur,  com- 
primé, tranchant,  courbé  vers  la  pointe;  mandibule  infé- 
rieure formant  un  angle  saillant;  narines  latérales,  fendues 
longitudinalement  au  milieu  du  bec ,  étroites ,  percées  de 
part  en  part  ;  pieds  grêles,  nus  au-dessus  du  genou  ;  tarse 
long,  trois  doigts  devant  entièrement  palmés,  le  doigt 
de  derrière  libre,  court,  s'articulant  très-haut  sur  le  tarse; 
queue  à  pennes  d'égale  longueur;  ailes  longues. 

Les  Mouettes  sont  nombreuses  sur  les  bords  de  la  mer. 
Elles  sont  voraces  et  lâches  ;  quelques-unes  vivent  aussi 
sur  les  eaux  douces.  Ces  Oiseaux  bravent  les  plus  fortes 
tempêtes,  volent  presque  continuellement,  et  se  reposent 
aussi  bien  sur  les  bords  du  rivage  que  sur  la  surface  de 
l'eau.  Leur  nourriture  consiste  en  poissons  vivants  ou 
morts,  en  frai,  voiries  ou  charognes.  On  prétend  que 
lorsque  les  grandes  espèces  s'avancent  dans  les  terres 
c'est  un  signe  de  mauvais  temps. 

lre  Section. — Goéland;  en  catalan  Gabilan. 
\.  Goéland  burgermeister,  Larus  glaucus,  Brunn. 

De  passage  très-accidentel  au  mois  de  septembre.  Je  n'ai  vu 
cet  Oiseau  que  deux  fois  dans  ce  pays. 

2.  Goéland  à  manteau  noir,  Larus  marinus,  Lin. 

Paraît  à  des  époques  indéterminées,  la  saison  n'y  étant  pour 
rien;  les  gros  temps  sont  peut-être  la  cause  de  son  apparition. 
Il  se  tient  sur  les  bords  de  la  mer,  et  va  souvent  sur  les  lacs  salés 
des  environs.  On  ne  peut  pas  préciser  s'il  a  un  passage  régulier. 


OISEAUX.  25Ô 

3.  Goéland  à  manteau  bleu,  Larus  argentatns ,  Brunn. 

Nous  voyons  cette  espèce  toute  l'année  sur  nos  côtes  mari- 
times; il  paraît  qu'un  voyage  s'effectue  au  printemps,  car,  à  cette 
époque,  ce  Goéland  est  plus  abondant.  On  le  voit  voler  tout  le 
long-  de  la  côte,  faire  des  excursions  dans  la  pleine  mer,  s'aven- 
turer quelquefois  sur  les  lacs  salés,  mais  il  revient  immédiatement 
sur  la  mer. 

4.  Goéland  à  pieds  jaunes,  Larus  fuscus,  Lin. 

Cette  espèce  est  la  plus  commune  de  cette  section;  nous  la 
voyons  toute  l'année  sur  les  bords  de  la  mer  et  sur  les  étangs 
salés;  en  volant,  elle  fait  entendre  son  cri  d'appel.  Au  moment 
du  passage,  elle  est  plus  abondante;  mais,  après  cette  époque, 
ceux  qui  restent  sédentaires  s'occupent  de  leur  reproduction  et 
se  retirent  dans  les  lieux  peu  fréquentés. 

2rae  Section.  —  Mouette;  en  catalan  Gabine  de  Mar. 

On  trouve  beaucoup  de  variétés  parmi  les  oiseaux  de  ce 
Genre;  ceci  dépend  de  l'âge  et  des  époques  de  la  mue. 

o.  Mouette  blanche  ou  sénateur,  Larus  ebumeus,  Lin. 

N'a  pas  été  observée  dans  ce  département.  C'est  par  erreur  que 
nous  l'avions  citée  dans  la  publication  de  ce  Catalogue,  en  1839. 

6.  Mouette  à  pieds  bleus,  Larus  canus,  Lin. 

Commune  le  long  de  nos  côtes  à  certaines  époques  de  l'année, 
surtout  au  moment  du  gros  temps;  elle  se  répand  alors  sur  les 
lacs  des  environs,  voltigeant  toujours  en  faisant  entendre  un 
cri  de  détresse.  A  l'époque  du  passage  du  printemps,  elle  est 
plus  abondante. 

7.  Mouette  tridactyle,  Larus  tridactylus,  Lath. 

Cette  îMouette,  sans  être  bien  commune,  est  pourtant  assez 


256  HISTOIRE   NATURELLE. 

répandue  dans  notre  département;  elle  ne  reste  pas  sur  les 
côtes  et  s'avance  beaucoup  le  long  des  rivières  assez  éloignées 
de  la  mer;  elle  fréquente  aussi  les  marais  des  parties  basses. 
On  la  reconnaît  de  suite  à  la  belle  couleur  orange  de  l'intérieur 
de  sa  bouche. 

8.  Mouette  à  capuchon  noir,  Larus  melanocephalus ,  Natt. 

Parait  quelquefois  sur  nos  côtes  à  des  époques  indéterminées. 
C'est  toujours  après  les  gros  temps  des  équinoxes  que  quelques 
individus  sont  tués. 

9.  Mouette  a  capuchon  plombé,  Larus  atricilla,  Lin. 

Commune  en  tout  temps  sur  les  bords  de  la  mer;  elle  vole 
souvent  sur  les  lacs  de  la  côte ,  et  vient  tout  le  long  des  rivières 
assez  loin  dans  les  terres.  Nous  la  tuons  le  long  de  la  rivière  de 
la  Basse,  à  Perpignan. 

10.  Mouette  rieuse  ou  à  capuchon  brun,  Larus  ridibun- 

dus,  Leisl. 

Aussi  très-commune.  C'est  celle  qu'on  voit  le  plus  constam- 
ment sur  notre  marché;  cela  seul  prouve  qu'elle  abonde  dans  le 
pays.  Elle  varie  beaucoup  selon  l'époque  où  elle  a  été  tuée. 

11.  Mouette  pigmée,  Larus  minutus,  Pall. 

C'est  la  plus  petite  des  Mouettes  qui  fréquentent  nos  côtes 
maritimes.  Elle  y  est  entraînée  par  quelque  accident;  car  elle 
n'y  est  point  d'ordinaire,  ni  à  des  époques  que  nous  puissions 
attribuer  aux  voyages  qu'exécutent  ces  oiseaux,  voyages  qui  sont 
en  général  réguliers  et  à  des  époques  fixes;  au  contraire,  ce 
n'est  qu'en  hiver  et  pendant  les  mauvais  temps  que  nous  la 
voyons  sur  nos  marchés. 

La  Mouette  à  masque  brun  n'a  pas  paru  sur  notre 
côte. 


oiseaux.  257 

GENRE    QUATRE-VINGT-SIXIÈME. 

Stercoraire,  Lestris,  Illig. 

Caractères. — Bec  médiocre,  fort,  dur,  cylindrique,  tran- 
chant, comprimé,  courbé  et  crochu  à  la  pointe;  mandibule 
supérieure  couverte  d'une  cire,  l'inférieure  formant  un  an- 
gle saillant;  narines  vers  la  pointe  du  bec,  à  demi  fermées  ; 
tarses  longs;  trois  doigts  devant,  entièrement  palmés;  le 
doigt  de  derrière  presque  nul;  ongles  grands,  très-crochus  ; 
queue  faiblement  arrondie,  les  deux  pennes  du  milieu  tou- 
jours allongées;  ailes  médiocres. 

Les  Stercoraires,  ainsi  appelés  par  suite  d'une  erreur 
mal  fondée,  fréquentent  les  bords  de  la  mer,  et  ne  se 
font  voir  qu'accidentellement  dans  l'intérieur  des  terres. 
C'est  en  automne  et  en  hiver  qu'ils  apparaissent  sur  nos 
côtes  maritimes,  et  quelquefois  en  plaine,  où  ils  se  tien- 
nent de  préférence  dans  les  champs  de  blé.  Ils  volent 
avec  beaucoup  de  rapidité.  Le  vent  le  plus  violent  paraît 
fort  peu  contrarier  la  direction  de  leur  vol.  Ils  ont  dans 
le  port  et  le  faciès  quelque  chose  de  l'oiseau  de  proie. 
Ce  sont  de  vrais  tyrans  de  la  mer,  et  ils  méritent  surtout 
ce  titre  vis-à-vis  des  Mouettes,  des  Sternes,  et  même  des 
Fous  et  des  Cormorans,  qu'ils  poursuivent  avec  acharne- 
ment, afin  de  leur  enlever  leur  proie.  Si  l'un  d'eux  aper- 
çoit une  Mouette  ou  une  Sterne  qui  vienne  de  saisir  un 
poisson  ou  toute  autre  pâture ,  il  fond  aussitôt  sur  elle , 
la  poursuit  dans  l'air,  la  harcelle,  la  frappe,  et  finit  pres- 
que toujours  par  lui  faire  dégorger  la  proie  qu'elle  avait 
saisie  et  dont  il  s'empare  à  son  tour  avec  la  plus  grande 
habileté,  avant  qu'elle  ne  tombe  dans  la  mer.  Ce  fait, 
légèrement  observé,  avait  donné  lieu  à  une  opinion  erro- 

TOME    III.  17 


258  HISTOIRE   NATURELLE. 

née,  que  nos  marins  du  département  partagent,  et  que 
tous  nos  efforts  n'ont  pu  détruire  :  on  a  cru  longtemps 
que  les  excréments  des  Mouettes,  des  Sternes,  etc.,  étaient 
leur  nourriture  ;  c'est  ce  qu'atteste  le  nom  de  Stercoraire 
qu'on  leur  donne.  On  les  voyait  s'acharner  après  d'autres 
oiseaux  ;  on  voyait  ceux-ci  rendre  quelque  chose ,  les 
Stercoraires  saisir  dans  l'air  ce  quelque  chose,  et,  sans 
regarder  ce  fait  de  trop  près,  on  avait  tout  naturellement 
pensé  qu'ils  mangeaient  les  excréments  des  espèces  qu'ils 
pourchassaient.  Mais,  lorsqu'on  a  mieux  observé,  on  a  pu 
se  convaincre  que  les  Mouettes,  les  Sternes,  etc.,  péchaient 
la  plupart  du  temps  au  profit  des  Stercoraires. 

La  chair  du  Stercoraire  et  de  la  Mouette  a  un  goût 
détestable,  qui  répugne;  aussi  est-elle  délaissée.  Ceux 
de  ces  oiseaux  qui  sont  tués  et  apportés  au  marché,  ne 
sont  achetés  que  par  la  basse  classe. 

i.  Stercoraire  cataracte,  Lestris  cataractes,  Temm. 

Cette  espèce  est  excessivement  rare.  Je  n'ai  vu  cet  Oiseau  que 
deux  fois  sur  notre  marché,  et  toujours  après  de  fortes  tempêtes, 
qui  probablement  les  auront  fait  égarer  dans  leur  marche. 

2.  Stercoraire  pomarin,  Lestris  pomarinus,  Temm. 

Le  Pomarin  se  voit  plus  fréquemment  que  le  Cataracte  sur  nos 
côtes;  il  vole  aussi  sur  nos  étangs  salés,  et  on  le  reconnaît  faci- 
lement aux  crochets  qu'il  fait  dans  sa  course  aérienne.  Il  poursuit 
continuellement  les  Mouettes,  qui  en  ont  une  frayeur  extraordi- 
naire, ce  qu'elles  manifestent  par  des  cris  très-aigus.  Le  Pomarin 
se  jette  sur  elles,  leur  fait  rendre  le  poisson  qu'elles  ont  dans 
leur  jabot  et  s'en  empare.  Son  vol  est  très-rapide. 

3.  Stercoraire  parasite  ou  labbe,  Lestris  parasiticus,  Boy. 
C'est  le  plus  commun  du  genre  dans  ce  pays.  Il  a  les  mêmes 


oiseaux.  259 

habitudes  que  les  précédentes  espèces  de  courir  sur  les  Mouettes 
et  sur  les  Hirondelles-de-Mer  pour  leur  faire  dégorger  leurs  ali- 
ments, dont  il  s'empare. 

GENRE    QUATRE-VINGT-SEPTIÈME. 

Pétrel,  Procellaria,  Lin. 

Caractères. — Bec  médiocre,  de  la  longueur  ou  plus  long 
que  la  tête,  fort,  dur,  tranchant,  déprimé  et  dilaté  à  sa 
base;  pointe  comprimée,  arquée;  les  deux  mandibules 
cannelées,  subitement  fléchies  à  la  pointe;  l'inférieure 
comprimée,  creusée  en  gouttière,  formant  un  angle  en 
dessous;  narines  réunies  dans  un  seul  tube,  placées  à  la 
surface  du  bec  ;  trois  doigts  antérieurs,  entièrement  pal- 
més; doigt  de  derrière  nul,  remplacé  par  un  ongle  très- 
pointu;  ailes  longues. 

Les  Pétrels  se  divisent  en  deux  sections.  La  première, 
composée  des  Pétrels  proprement  dits,  dont  le  tube  nasal 
est  un  peu  long  et  renferme  les  deux  orifices.  La  seconde, 
qui  comprend  les  Pétrels-Puffins ,  dont  le  bec  est  plus 
allongé  et  plus  grêle,  et  qui  se  distinguent  par  deux  tubes 
distincts  placés  à  la  surface  du  bec. 

Les  Pétrels  vivent  toujours  sur  les  mers  où  les  Cétacés 
abondent.  Ce  sont  les  oiseaux  qui  s'éloignent  le  plus  de 
la  terre.  On  les  voit  rarement  le  long  des  côtes  maritimes, 
où  leur  apparition  est  toujours  l'avant-coureur  de  fortes 
tempêtes.  Ce  n'est  aussi  qu'accidentellement  qu'ils  sont 
poussés  dans  l'intérieur  des  terres.  Leur  vol  est  aisé  et 
gracieux;  ils  semblent  effleurer  les  vagues  de  la  mer,  et 
on  les  voit  souvent  piétiner  sur  la  surface  de  l'élément 
liquide,  d'où  leur  est  venu  le  nom  de  Pétrel  (Petrus),  c'est- 
à-dire  marcher  sur  l'eau  comme  saint  Pierre.  Lorsqu'ils 


260  HISTOIRE  NATURELLE. 

marchent  sur  l'eau,  ils  tiennent  leurs  ailes  droites  et  en 
l'air.  Leur  nourriture  consiste  en  chair  de  morses  et  de 
cétacés,  en  insectes,  en  mollusques,  et  en  vers  qui  flottent 
à  la  surface  des  mers. 

Les  Pétrels  de  la  première  section  ne  paraissent  jamais 
sur  nos  côtes. 

GENRE   QUATRE-VINGT-HUITIÈME. 

Puffin,  Puflinus,  Rai. 

Caractères.— Bec  généralement  plus  long  que  la  tête, 
grêle,  fortement  déprimé  a  la  pointe;  mandibule  infé- 
rieure formant  un  crochet  aigu;  narines  à  la  surface  du 
bec,  présentant  deux  tubes  rapprochés. 

1.  Puffin  cendré,  Puflinus  cireneus,  Temm. 

Paraît  parfois  sur  nos  côtes  par  petites  troupes  rasant  la 
surface  des  eaux;  mais,  dès  qu'une  tempête  se  fait  sentir,  il  se 
rapproche  de  la  terre  pour  y  chercher  un  abri.  N'est  pas  très- 
commun. 

2.  Puffin  Manks,  Puflinus  Anglorum,  Temm. 

Ce  Puffin  ne  parait  sur  nos  côtes  qu'à  des  époques  indétermi- 
nées; peut-être  vient-il  chercher  un  refuge  à  terre  quand  il 
prévoit  de  grandes  tempêtes  :  on  en  tue  peu,  parce  qu'il  est 
ordinairement  en  petit  nombre. 

GENRE   QUATRE-VINGT-NEUVIÈME. 

Thalassidrome,  Thalassidroma ,  Vig. 
Caractères.— Bec  moins  long  que  la  tête,  très-comprimé 
a  la  pointe;  narines  réunies  en  un  seul  tube  ou  ayant  deux 
orifices  distincts;  tarses  longs. 


OISEAUX.  261 

1.  Thalassidrome  tempête,  Thalassidroma  pelagica,  Lin. 

Cet  Oiseau  ne  se  voit  pas  souvent  sur  les  côtes  de  ce  dépar- 
tement. Après  de  fortes  tempêtes,  nos  marins  en  trouvent  de 
morts  sur  la  grève.  Le  seul  que  nous  ayons  vu  en  vie,  est  dû  à 
un  accident  de  mer,  comme  on  n'en  voit  pas  souvent.  Le  17 
décembre  1821,  après  un  ouragan  des  plus  terribles,  parut,  sur 
la  plage  de  Torreilles,  un  Oiseau  qui  ressemblait  à  un  Martinet 
et  qui  volait  constamment.  M.  Pla,  surpris  de  voir  un  pareil 
Oiseau  à  cette  époque,  le  poursuivit  et  parvint  à  le  tuer.  Ses  pieds 
palmés  et  la  forme  du  bec ,  lui  donnèrent  la  conviction  que  ce 
n'était  pas  un  Martinet.  Les  plus  anciens  chasseurs  assurèrent 
qu'ils  n'avaient  pas  observé  un  pareil  oiseau.  M.  Pla  eut  l'obli- 
geance de  me  le  faire  porter,  et  je  reconnus  que  c'était  le 
Thalassidroma  pelagica.  Par  la  taille,  la  couleur  de  son  plumage, 
la  forme  du  bec  et  des  pieds  palmés,  il  ressemblait  parfaitement 
à  l'Oiseau  que  M.  Temminck  a  décrit  sous  ce  nom,  excepté  les 
scapulaires  et  les  pennes  secondaires  des  ailes,  qui  n'étaient 
point  terminées  de  blanc;  tout  le  reste  du  plumage  était  conforme 
à  la  description  donnée  par  ce  savant.  Depuis  lors,  je  n'ai  plus 
remarqué  cet  Oiseau,  ce  qui  me  donne  la  certitude  que  son 
apparition  ne  fut  due  qu'à  cette  grande  tempête. 

«  On  a  toujours  cru,  dit  M.  Temminck,  mais  par  erreur,  que 
ces  petits  Oiseaux,  lorsqu'ils  font  leur  apparition  en  mer  et  sui- 
vent le  sillage  des  vaisseaux,  sont  des  indices  d'une  tempête 
prochaine,  ou  doivent  faire  craindre  aux  marins  quelque  coup 
de  vent  impétueux.  Ce  n'est  pas  pour  se  mettre  à  l'abri  qu'ils 
s'attachent,  de  jour  comme  de  nuit,  à  la  suite  d'un  navire  fendant 
les  ondes;  mais  tout  simplement  pour  être  mieux  à  même  de 
saisir  les  substances'  qui  leur  servent  de  nourriture  :  certaines 
graines  de  plantes  marines,  et  quelques  espèces  de  très-petits 
mollusques  qu'ils  recherchent,  flottant  habituellement  entre  deux 
eaux,  et  à  une  petite  distance  de  leur  surface.  Les  Thalassidromes, 
qui  ne  plongent  pas,  ne  sauraient  s'en  saisir;  mais  par  le  sillage 


262  HISTOIRE  NATURELLE. 

du  vaisseau  s'opère  le  remous,  qui  porte  à  la  surface  leur  proie, 
dont  ils  s'emparent  plus  facilement  au  milieu  de  la  tourmente 
des  eaux.  » 

GENRE   QUATRE-VINGT-DIXIÈME. 

Oie,  Anse?*,  Vieill;  en  catalan  Oca. 

Caractères. — Bec  plus  haut  que  large  à  sa  base,  qui  est 
garnie  d'une  carnosité  ou  totalement  lisse;  mandibule 
supérieure  plus  large  que  l'inférieure ,  a  bords  dentelés  ; 
narines  latérales  placées  au  milieu  du  bec;  pieds  palmés. 

Les  Oiseaux  compris  dans  ce  Genre  aiment  à  vivre 
sur  les  eaux,  où  ils  nagent  avec  grâce  et  facilité;  ils 
font  des  voyages  lointains,  et  s'unissent  en  famille  pour 
les  exécuter.  Les  Oies  voyagent  par  troupes  et  décrivent 
un  angle  pour  fendre  les  airs ,  leur  vol  est  élevé  ;  leur 
démarche,  quand  elles  sont  à  terre,  est  vacillante  et 
embarrassée.  Leur  nourriture  consiste  en  poissons,  in- 
sectes, coquillages,  végétaux  et  graines;  elles  font  usage 
de  leur  long  cou  pour  saisir  les  aliments  qui  leur  sont 
nécessaires,  ayant  la  tête  plongée  dans  l'eau  ainsi  qu'une 
partie  du  corps. 

1.  Oie  cendrée  ou  Première,  Anser  ferriis,  Lath.;  en 
catalan  Oca  salvatje. 

C'est  lorsque  les  froids  du  mois  de  décembre  commencent  à 
se  faire  sentir,  que  les  bandes  d'Oies  sauvages  arrivent  et  s'éten- 
dent dans  nos  marécages  et  dans  les  étangs  de  nos  côtes.  On  les 
entend  passer  pendant  la  nuit,  en  suivant  le  cours  des  rivières. 
Elles  séjournent  dans  ce  pays  jusqu'aux  premiers  jours  de  mars, 
et  vont  se  reproduire  dans  le  Nord  de  l'Europe.  C'est  à  cette 
espèce  que  remonte  la  souche  primitive  des  races  domestiques. 


OISEAUX.  263 

2.  Oie  vulgaire  ou  sauvage,  Anser  segetum,  Teram.;  en 

catalan  Oca  salvatje. 
Cette  espèce  arrive  de  meilleure  heure,  et  comme  la  précédente 
elle  s'installe  aussi  par  bandes  plus  nombreuses  dans  nos  étangs 
salés  et  dans  nos  marécages;  elle  passe  l'hiver  dans  notre  pays. 
On  la  voit  plus  souvent  sur  notre  marché,  ce  qui  prouve  qu'elle 
est  beaucoup  plus  abondante  et  plus  commune.  On  l'a  souvent 
confondue  avec  la  Cendrée  ;  mais  la  couleur  jaune-orange  du 
milieu  du  bec,  est  un  signe  qui  la  distingue  toujours  de  l'autre 
espèce,  outre  qu'elle  est  presque  d'un  tiers  plus  petite.  Sa  chair 
est  dure,  coriace  et  peu  estimée. 

3.  Oie  rieuse  à  front  blanc,  Anser  albifrons,  Lin. 

Cette  Oie  est  beaucoup  plus  rare  dans  notre  département,  et 
il  faut  des  froids  rigoureux  pour  qu'elle  vienne  visiter  nos  maré- 
cages. Elle  se  fait  remarquer  par  l'éclat  de  sa  voix,  qui  simule 
un  éclat  de  rire;  elle  le  fait  retentir  lorsqu'elle  vole  sur  les 
pièces  d'eau  qu'elle  fréquente,  et  surtout  au  moment  où  elle  veut 
s'élever  pour  changer  de  place. 

4.  Oie  bernache,  Anser  leucopsis,  Temm. 

Cette  jolie  espèce  ne  visite  notre  département,  que  lorsque  les 
hivers  très-rigoureux  ont  gelé  fortement  les  eaux  douces  des 
marécages  du  Midi.  Elle  vient  alors  chercher  un  refuge  et  des 
aliments  sous  notre  climat  plus  tempéré ,  où  elle  ne  séjourne 
pas  longtemps,  et  regagne  des  climats  plus  froids  dès  que  la 
température  se  radoucit.  Elle  est  rare. 

o.  Oie  cravant,  Anser  bernicla,  Lin. 

C'est  encore  une  de  ces  espèces  qui  se  montrent  dans  ce  pays 
lorsque  les  glaces  se  sont  emparé  des  cours  d'eau  de  l'intérieur. 
Notre  beau  climat  voit  alors  arriver  tous  les  oiseaux  qui  se  plai- 
sent dans  les  contrées  froides;  il  est  donc  bien  rare  que  cette 
espèce  se  montre  dans  ce  département. 


264  HISTOIRE  NATURELLE. 

L'Oie  hyperborée  et  l'Oie  à  col  roux  sont  les  seules  de 
l'espèce  que  nous  n'ayons  pas  observé  dans  ce  pays; 
elles  ne  quittent  guère  les  régions  glaciales  du  Nord. 

GENRE    QUATRE-VINGT-ONZIÈME. 

Cygne,  Cygnus,  Lin.;  en  catalan  Signa. 

Caractères. — Bec  d'égale  largeur  partout,  beaucoup  plus 
haut  que  large  à  la  base,  déprimé  à  la  pointe;  les  deux 
mandibules  dentelées,  à  lamelles  transversales;  narines 
oblongues,  latérales,  percées  au  milieu  du  bec;  pieds  hors 
de  l'équilibre,  courts,  palmés;  le  pouce  petit  et  libre. 

Les  Cygnes  sont  de  tous  les  Palmipèdes  ceux  qui 
nagent  le  plus  longtemps  et  qui  se  fatiguent  le  moins. 
Les  formes  élégantes  et  gracieuses  qu'ils  déploient  dans 
leurs  mouvements,  leur  ont  fait  attribuer  l'empire  des 
eaux.  Leur  caractère  doux  et  paisible,  et  la  beauté 
de  leur  port,  sont  la  cause  qu'on  les  élève  pour  en  orner 
les  parcs  et  les  jardins  publics.  Ils  font  leur  principale 
nourriture  de  substances  végétales. 

\.  Cygne  à  bec  jaune  ou  sauvage,  Cygnus  musicus,  Lin. 

Cette  espèce  ne  paraît  dans  ce  pays  que  pendant  les  hivers 
les  plus  rigoureux,  et  c'est  alors  seulement  qu'elle  vient  jouir  de 
notre  douce  température.  L'hiver  de  1829  à  1830  fut  très-froid; 
aussi  cet  Oiseau  fut-il  signalé  dans  des  contrées  où  on  ne  l'avait 
pas  encore  remarqué.  Chassé  par  les  frimas  du  Nord,  le  Cygne 
vient  chercher  dans  le  Midi  le  calme  que  nous  donne  notre  beau 
ciel.  L'hiver  de  1837  à  1838,  très-rude  dans  le  Nord,  ne  le  fut 
pas  dans  le  Roussillon,  car  le  thermomètre  ne  descendit  point  à 
2°,-0,  et  nous  devons  à  cette  cause  d'avoir  eu  divers  Cygnes 
sur  nos  marais.  Ceux  que  nous  possédons  dans  les  collec- 
tions de  la  ville  de  Perpignan,  ont  été  pris  à  cette  époque. 


oiseaux.  265 

2.  Cygne  tubercule  ou  domestique,  Cygnus  olor,  Lin. 

Cette  espèce  vient  sur  nos  étangs  plus  régulièrement;  nous  la 
voyons  assez  souvent  quoique  la  température  ne  soit  pas  très- 
froide.  C'est  ce  Cygne  qu'on  est  parvenu  à  rendre  docile  et  à 
élever  en  domesticité;  c'est  lui  qui  fait  l'ornement  des  bassins 
et  des  grandes  pièces  d'eau  de  nos  parcs  et  des  promenades 
publiques  ;  il  se  multiplie  très-bien  dans  cet  état  de  domesticité. 
A  l'état  de  liberté ,  il  vit  sur  les  grandes  mers  et  sur  les  étangs 
de  l'intérieur,  vers  le  Nord. 

En  1829,  une  bande  de  Cygnes  sauvages  s'abattit  dans  les 
environs  de  Barcelone  (Espagne).  Ce  fut  un  grand  événement 
que  l'apparition  de  ces  Oiseaux  dans  cette  contrée.  On  leur 
donna  la  chasse  et  on  en  tua  plusieurs  :  un  fut  blessé  à  l'aile  ; 
il  subit  l'amputation  et  on  le  déposa  dans  le  bassin  du  jardin 
public  de  la  ville,  avec  les  Cygnes  domestiques  qu'on  y  élevait. 
On  ne  put  le  familiariser  ;  il  y  resta  parce  qu'il  y  était  contraint, 
mais  il  se  tenait  toujours  seul  et  à  l'écart  des  autres;  et  lorsque 
les  Cygnes  domestiques  s'approchaient  de  lui,  il  les  recevait 
très-mal,  leur  lançait  des  coups  de  bec  qui  les  forçaient  à 
s'éloigner. 

On  a  découvert,  depuis  quelques  années,  une  troisième  espèce 
de  Cygne.  Son  plumage  est  tout-à-fait  noir;  il  habite  la  Nouvelle- 
Hollande.  Nous  avons  vu  des  sujets  de  celte  espèce  faire  partie 
de  la  Ménagerie  impériale  du  Jardin  des  Plantes  de  Paris. 

GENRE    QUATRE-VINGT-DOUZIÈME. 

Canards,  Anas,  Lin.;  en  catalan,  le  mâle  domestique, 
Canard;  la  femelle,  Canarda;  le  petit  Tira.  —  Le 
sauvage ,  Anech  ou  Canard  salvatje. 

Les  Canards  se  divisent  en  deux  sections,  que  M  Tem- 
minck  désigne  par  A  et  B. 


266  HISTOIRE   NATURELLE. 

Section  A. — Le  doigt  de  derrière  sans  membrane. 

Caractères.  —  Bec  très-déprimé,  large  vers  la  pointe; 
dentelures  longues  et  aplaties;  doigt  de  derrière  libre, 
sans  membrane  ou  avec  un  rudiment  libre. 

Les  Canards  se  plaisent  sur  les  eaux,  où  ils  nagent 
et  plongent  avec  une  égale  adresse.  Bien  que  la  plupart 
soient  habitants  des  grandes  mers ,  ils  préfèrent  cepen- 
dant les  embouchures  des  fleuves  et  des  rivières.  Ils 
émigrent  annuellement  du  Nord  au  Midi  et  du  Midi  au 
Nord ,  en  formant  des  bandes  nombreuses,  qui  se  répan- 
dent dans  les  étangs  et  les  rivières  de  l'intérieur.  Leur 
nourriture  se  compose  de  poissons,  de  vers  et  de  coquil- 
lages, qu'ils  saisissent  en  plongeant  et  en  fouillant  la  vase 
des  marais.  En  général  leur  chair  est  un  aliment  agréable. 

1.  Canard  kasarka,  Ànas  rutila,  Pall. 

Ce  n'est  que  pendant  les  hivers  les  plus  rigoureux  que  nous 
voyons ,  en  petite  quantité ,  cette  espèce  dans  ce  pays  ;  elle  y  est 
de  passage  très-accidentel. 

2.  Canard  tadorne,  Anas  tadorna,  Lin. 

Le  Canard-Tadorne  est  fort  rare;  on  ne  le  trouve  sur  nos 
étangs  qu'à  l'époque  des  grands  froids. 

5.  Canard  sauvage,  Anas  boschas,  Linné;   en  catalan, 
le  mâle,  Coll-Vert;  la  femelle,  Canarda. 

Le  Canard  sauvage  arrive  dans  notre  département  par  bandes 
nombreuses  qui  se  répandent  dans  nos  prairies  inondées,  nos 
étangs  et  nos  rivières.  C'est  l'espèce  la  plus  commune  que  nous 
ayons;  elle  demeure  dans  le  pays  jusqu'à  la  belle  saison  et  elle 
reprend  alors  la  route  du  Nord.  Il  en  reste  toutefois  un  assez 
grand  nombre  dans  nos  étangs ,  où  l'espèce  se  reproduit  ;  elle 
fait  son  nid,  tantôt  dans  les  champs  de  blé,  près  des  étangs, 


OISEAUX. 

tantôt  dans  les  broussailles  des  haies  ou  dans  les  creux  des 
arbres  qui  bordent  les  eaux. 

Dans  le  Canard  sauvage,  Anas  boschas,  les  variétés  sont  fort 
nombreuses,  et  quoique  M.  Temminck  ait  dit  dans  son  Manuel 
d'Ornithologie,  seconde  édition,  1840  :  «  Dans  l'état  sauvage,  les 
variétés  tapirées  de  blanc,  blanchâtres  ou  blanches  sont  très- 
rares,  »  on  pourra  voir,  en  examinant  les  variétés  que  nous 
avons  recueillies  dans  le  département  des  Pyrénées-Orientales , 
que  les  variétés  blanches  ne  sont  pas  aussi  rares  qu'avait  pu  le 
penser  cet  ornithologiste  célèbre. 

lre  Variété. — Mâle.  Noir,  à  reflets  métalliques;  miroir  violet; 

collier  blanc,  large  de  6  centimètres;  tête  et  gorge  tapirée 

de  blanc,  sur  fond  vert-lustré. 
2>ne  Variété. — Mâle.  A  peu  près  la  même  robe,  moins  le  collier 

et  la  tête  tapirée  de  blanc. 
3me  Variété. — Mâle.  Couleur  générale  du  dos  et  des  flancs  isa- 

belle,  avec  diverses  plaques  d'un  jaune-clair  lustré,  une  large 

plaque  d'un  blanc  pur  sur  la  poitrine,  qui  s'étend  en  forme 

de  collier  sur  le  bas  du  cou  et  remonte  jusqu'au  dessous  du  bec. 

Cette  même  couleur  embrasse  toute  la  partie  de  l'abdomen. 

Tète  brune,  tapirée  de  blanc. 
4me  Variété.  —  Femelle.  Couleur  générale  isabelle  sans  reflets, 

toutes  les  plumes  finement  liserées  de  noir,  qui  forment  un 

dessin  agréable  sur  la  robe  de  l'animal,  sans  reflets  métalliques  ; 

miroir  brun ,  à  peine  sensible. 
5me  Variété. — Femelle.  Même  robe,  avec  un  collier  blanc,  large 

de  3  centimètres ,  qui  couvre  la  partie  antérieure  du  cou  ;  le 

miroir  n'est  pas  sensible. 
6rae  Variété.  —  Femelle.  Robe  d'un  blanc  pur,  sans  reflets  ni 

taches;  bec  et  pattes  jaune-citron. 
7me  Variété.  — Femelle.  Même  robe  d'un  blanc  pur  ;  quelques 

petites  taches  brunes  se  font  remarquer  ça  et  là;  miroir  violet, 

à  reflets  métalliques;  bec  et  pattes  jaune-citron. 


268  HISTOIRE   NATURELLE. 

gme  Variété.  —  Femelle.  Robe  toute  tapirée  de  jaune  et  de  noir; 
collier  blanc,  s'étendant  sur  le  cou  jusqu'au  dessous  du  bec. 
Cette  couleur  embrasse  toute  la  poitrine  et  s'étend  sur  l'abdo- 
men. Miroir  violet,  à  reflets. 
gme  Variété.  —  Femelle.  Couleur  du  plumage  noir  lustré;  toutes 
les  plumes  liserées  de  jaune  sombre;  poitrail  et  devant  du  cou 
blancs,  avec  quelques  taches  noires  et  jaunes;  tête  tapirée  de 
blanc  ;  miroir  presque  pas  sensible. 

C'est  le  Canard  sauvage  qui  est  la  souche  de  toutes  les  espèces 
et  variétés  élevées  en  domesticité  et  que  l'homme  s'est  appro-' 
priées  pour  ses  besoins;  aussi,  son  choix  a  été  admirable,  car 
de  toutes  les  espèces  sauvages ,  c'est  celle  dont  la  chair  a  le 
meilleur  goût,  et  nos  Canards  domestiques ,  qui  sont  bien  nour- 
ris, sont  un  mets  très-délicat. 

4.  Canard  chipeau  ou  ridenne,  Anas  strepera ,  Linné;  en 

catalan  Griset. 
Mêlée  au  Canard  sauvage,  cette  espèce  se  répand  dans  les 
mêmes  localités  et  habite  ce  déparlement  tout  l'hiver;  mais  elle 
n'y  reste  pas  pendant  la  belle  saison  pour  s'y  reproduire  :  dès 
que  le  beau  temps  arrive,  elle  remonte  vers  le  Nord  pour  y  faire 
sa  ponte.  Cette  espèce  devient  très-grasse,  et  sa  chair  est  aussi 
estimée  que  celle  du  Canard  sauvage. 

5.  Canard  à  longue  queue  ou  Pilet,  Anas  acuta,  Linné; 

en  catalan  Cua-Llarg ,  Cua  d'Aulendra. 
Très-commun  dans  les  deux  passages,  il  en  reste  beaucoup  sur 
nos  marais  tout  l'hiver.  On  en  porte  en  quantité  sur  nos  marchés; 
sa  chair,  toujours  maigre,  n'a  pas  un  bon  goût,  et  n'est  pas 
recherchée. 

6.  Canard  sifïleur,  Anas  penelope,  Linné;    en   catalan 

Piula,  Chiulayre  (siffleur). 
Le  Canard-Siffleur  est  assez  abondant  dans  les  mêmes  parages 


oiseaux.  269 

qu'habitent  les  autres  espèces  ;  il  passe  chez  nous  tout  l'hiver, 
mais  il  nous  abandonne  aussitôt  que  le  beau  temps  paraît,  pour 
aller  vers  le  Nord.  Sa  chair  est  bonne. 

7.  Canard  souchet,  Anas  clypeata,  Lin.;  en  catalan  Bec 

de  spatula  (probablement  à  cause  de  son  bec,  qui 
est  en  forme  de  spatule). 

Nous  voyons  cette  espèce  très-souvent  sur  notre  marché.  Elle 
est  aussi  fort  commune  dans  nos  marécages  pendant  tout  l'hiver; 
mais  elle  nous  quitte  dès  les  premiers  jours  du  printemps.  Sa 
chair  n'est  pas  très-bonne. 

8.  Canard  sarcelle  d'été,  Anas  querquedula ,  Linné;  en 
catalan  Sarcetta  d'estiu. 

Il  est  très-rare  de  voir  cette  espèce  dans  le  département  en 
hiver;  elle  n'est  abondante  qu'à  l'époque  du  passage  de  mars. 
On  la  porte  alors  en  grande  quantité  sur  notre  marché  ;  sa  chair 
est  très-bonne.  Son  plumage  est  fort  joli. 

6.  Canard  sarcelle  d'hiver,  Anas  crecca,  Lin.;  en  catalan 

Sarcetta. 

La  Sarcelle  d'hiver  habite  toute  l'année  notre  département. 
Elle  se  reproduit  dans  nos  marécages  bien  couverts  par  les  plantes 
aquatiques;  mais  elle  est  bien  plus  abondante  pendant  l'hiver  et 
couvre  nos  étangs  ;  les  marchés  en  sont  amplement  pourvus.  Sa 
chair  est  fort  délicate. 

Section  B.  —  Au  doigt  de  derrière  une  membrane  lâche. 

10.  Canard  eider,  Anas  mollissima,  Lin. 

Il  faut  des  hivers  très-rigoureux  pour  que  cette  espèce  arrive 
sur  nos  marais.  On  la  remarque  facilement  par  sa  taille ,  qui  est 


270  HISTOIRE   NATURELLE. 

d'un  tiers  plus  grande  que  celle  des  autres  espèces,  et  par  la 
couleur  de  son  plumage.  C'est  l'Eider  qui  fournit  l'édredon, 
cette  matière  douce  et  élastique,  que  la  sensualité  humaine  a 
su  si  bien  utiliser,  et  qui  n'est  autre  chose  que  le  duvet  dont 
l'Eider  enveloppe  ses  œufs  et  qu'il  fait  tomber  de  tout  son  corps 
et  principalement  de  l'abdomen.  Cet  Oiseau  habite  les  mers  gla- 
ciales du  pôle,  et  n'est  que  de  passage  dans  les  parties  tempérées 
de, notre  continent.  Ce  fut  pendant  l'hiver  de  1838  que  j'ai 
vu  le  premier  sur  notre  marché  ;  le  second  me  fut  apporté  en 
mars  1844.  La  chair  de  cet  oiseau  est  fort  bonne. 

11.  Canard  double  macreuse,  Anas  fusca,  Lin.;  en  catalan 

Cullera  (à  raison  de  son  bec  en  forme  de  cuiller). 

Ce  Canard  est  très-estimé.  Il  n'est  pas  bien  commun  dans  le 
pays;  cependant,  tous  les  ans,  on  en  tue  quelques-uns  sur  nos 
marécages. 

12.  Canard  macreuse,  Anas  nigra,  Lin. 

Encore  plus  rare  que  le  précédent.  Il  passe,  toutefois,  chaque 
année,  mais  ne  s'arrête  guère  sur  nos  étangs,  de  sorte  qu'il  est 
très-difficile  de  se  le  procurer. 

15.  Canard  couronné,  Anas  leucocephala,  Lath. 

J'ai  vu  une  seule  fois  cette  espèce  sur  notre  marché ,  pendant 
l'hiver  de  1829  à  1830;  c'est  donc  très-accidentellement  qu'il 
arrive  parmi  nous.  Il  ne  quitte  guère  les  régions  froides  du 
Nord,  où  il  se  reproduit. 

14.  Canard  de  Miclon,  Anas  glacialis,  Lin. 

Comme  la  précédente  espèce,  le  Canard  de  Miclon  est  excessi- 
vement rare;  c'est  toujours  dans  les  hivers  où  la  température 
descend  très-bas  qu'il  en  paraît  quelques  sujets  sur  nos  marchés. 
Ce  fut  en  1830  que  le  premier  me  fut  apporté.  Deux  sujets,  mâle 


OISEAUX.  271 

et  femelle  adultes,  furent  tués  à  Salses,  en  1856,  et  font  partie 
des  collections  de  la  ville  de  Perpignan. 

15.  Canard  siffleur  huppé,  Anas  rufina,  Pall.;  en  catalan 

Bec  vermeil,  lo  Mont  (le  Muet,  parce  que  les  chas- 
seurs prétendent  qu'il  ne  chante  pas). 

Le  Siffleur  huppé  est  de  passage  habituel  dans  ce  département. 
C'est  une  jolie  espèce;  mais  sa  chair  sent  la  sardine  et  est  très- 
peu  estimée. 

16.  Canard  milouinan,  Anas  marila,  Un.;  en  catalan 

Buixot. 

Cette  espèce  est  fort  commune.  On  la  voit  par  bandes  consi- 
dérables sur  les  marécages,  mêlée  avec  l'espèce  suivante;  elle 
se  prend  aux  mêmes  arrêts  tendus,  et  on  la  porte  assez  souvent 
sur  nos  marchés.  Sa  chair  est  bonne. 

17.  Canard  milouin,  Anas  ferina,  Lin.;  en  cat.  Buixot. 

Ce  Canard  arrive  en  automne  par  troupes  très-nombreuses,  et 
se  répand  sur  toutes  nos  surfaces  liquides  ;  il  se  fait  remarquer, 
dès  que  la  nuit  arrive,  par  un  grand  bruissement  d'ailes  et  par 
un  cri  qui  lui  est  particulier.  On  en  prend  beaucoup  sur  nos 
étangs,  et  nos  marchés  en  sont  pourvus.  Sa  chair,  qui  d'ordinaire 
est  grasse,  est  fort  estimée. 

18.  Canard  garrot,  Anas  clangula,  Lin. 

Le  Garrot  est  de  passage  régulier  dans  ce  département,  et  il  y 
reste  tout  l'hiver,  car  il  est  très-souvent  porté  sur  notre  marché 
pendant  cette  saison.  Il  est  ordinairement  fort  gras  ;  mais  sa  chair 
sent  un  peu  le  poisson. 

19.  Canard  morillon,  Anas  fulligula,  Lin. 

Le  Morillon  est  très-répandu  sur  nos  étangs  pendant  tout  l'hiver, 


272  HISTOIRE   NATURELLE. 

et  beaucoup  plus  encore  au  moment  du  passage  du  printemps  ; 
notre  marché  en  est  pourvu.  Sa  chair  n'est  pas  des  meilleures. 

20.  Canard  à  iris  blanc  ou  nyroca,  Anasleucophthalmos, 

Bech. 

Ce  Canard  paraît  arriver  de  bonne  heure  sur  nos  marécages  ; 
car  nous  le  voyons  un  des  premiers  sur  notre  marché  et  en  assez 
grande  abondance.  Il  passe  tout  l'hiver  dans  ce  pays;  mais  il 
nous  quitte  avec  les  premiers  jours  de  beau  temps.  Sa  chair  est 
bonne. 

21.  Canard  à  collier  ou  histrion,  Anas  histrionica,  Lin. 

Ce  Canard  est  excessivement  rare  dans  ce  département;  il  quitte 
peu  les  contrées  glaciales  où  il  vit,  et  il  faut  des  hivers  exception- 
nels pour  qu'il  vienne  visiter  nos  parages  ;  mais  c'est  toujours  en 
petit  nombre. 

Les  Canards  à  tête  grise  et  Marchand,  qui  se  repro- 
duisent dans  les  mers  glaciales,  sont  les  seules  espèces 
que  nous  n'ayons  pas  observées  dans  ce  pays. 

GENRE   QUATRE-VINGT-TREIZIÈME. 

Harle,  Mergus,  Lin. 

Caractères. — Bec  médiocre  ou  long,  droit,  grêle,  en 
cône  allongé  et  presque  cylindrique ,  base  large  ;  pointe 
de  la  mandibule  supérieure  très-courbée ,  onguiculée, 
crochue;  bords  des  deux  mandibules  dentelées  en  scie, 
ces  dentelures  dirigées  en  arrière;  narines  latérales, 
elliptiques ,  percées  de  part  en  part  ;  pieds  courts ,  pal- 
més, retirés  dans  l'abdomen;  ailes  médiocres. 

Les  Harles  ressemblent   beaucoup  aux  Canards.    Ils 


oiseaux.  273 

vivent  sur  les  eaux,  où  ils  nagent  avec  le  corps  le  plus 
souvent  submergé.  Leur  démarche  est  plus  embar- 
rassée que  celle  des  Canards,  a  cause  de  la  situation  de 
leurs  pieds.  On  ne  les  voit  qu'en  hiver  dans  nos  climats 
tempérés;  leur  demeure  habituelle  est  dans  les  pays 
froids  où  ils  se  reproduisent. 

4.  Grand  Harle,  Mergus  merganser,  Lin.;  en  catalan  Bec 
de  serra  gran  (Bec  de  scie.  Son  bec  ressemble,  en 
effet,  aux  dents  d'une  scie.) 

Cette  très-jolie  espèce,  quoique  se  reproduisant  dans  les  pays 
très-froids,  visite  tous  les  ans  les  contrées  méridionales;  se 
répand  sur  nos  marécages  pendant  toute  la  saison  d'hiver,  et 
se  trouve  plus  ou  moins  abondante  selon  que  le  froid  est  plus  ou 
moins  vif.  C'est  la  plus  grosse  espèce.  On  en  porte  souvent  au 
marché  ;  sa  chair  n'est  pas  estimée  à  cause  de  l'odeur  de 
sardine  qu'elle  exhale. 

2.  Harle  huppé,  Mergus  serrator,  Lin.;  en  catalan  Bec 

de  serra  mitja  (Bec  de  scie  moyen). 

Cette  espèce  paraît  dans  ce  pays  comme  la  précédente  pendant 
l'hiver;  y  séjourne  toute  la  mauvaise  saison,  et  nous  quitte  pour 
aller  se  reproduire  dans  l'extrême  nord.  Sa  chair  exhale  aussi 
l'odeur  de  sardine.  Les  Harles  sont  mêlés  sur  nos  étangs  aux 
Canards,  avec  lesquels  ils  paraissent  vivre  en  bonne  intelligence. 

3.  Harle  piette,  Mergus  albellus,  Lin.;  en  catalan  Bec  de 

serra  petit  (Bec  de  scie  petit). 

La  robe  du  Harle-Piette  est  fort  jolie.  Cette  espèce  arrive 
comme  les  autres  au  commencement  de  l'hiver,  et  reste  sur  nos 
marais  jusqu'en  mars.  Elle  y  est  plus  abondante;  aussi  la  voit-on 
plus  souvent  sur  nos  marchés.  Sa  chair  n'est  pas  meilleure  que 
celle  de  ses  congénères. 

TOME  Ul.  48 


274  HISTOIRE  NATURELLE. 

GENRE   QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME. 

Pélican,  Pelecanus,  Lin. 
\.  Pélican  blanc,  Pelecanus  onocrotalus,  Lin. 

Depuis  que  je  m'occupe  d'ornithologie  (50  ans  environ),  cet 
Oiseau  ne  s'est  jamais  montré  dans  ce  département  :  il  est  pro- 
bable, à  moins  de  quelque  événement  surnaturel,  qu'il  n'y 
paraîtra  jamais. 

GENRE   QUATRE-VINGT-QUINZIÈME. 

Cormoran,  Carbo,  Mey. 

Caractères. — Bec  médiocre  ou  long,  droit,  comprimé, 
arête  arrondie;  mandibule  supérieure  très-courbée  vers 
la  pointe,  crochue;  mandibule  inférieure  comprimée, 
base  engagée  dans  une  petite  membrane  qui  s'étend  sur 
la  gorge  ;  face  et  gorge  nues  ;  pieds  robustes,  retirés  dans 
l'abdomen;  les  quatre  doigts  réunis  par  une  membrane; 
ongles,  celui  du  doigt  du  milieu  dentelé,  en  scie;  ailes 
médiocres. 

Les  Cormorans  se  distinguent  facilement  des  Pélicans 
et  des  Fous,  avec  lesquels  ils  ont  été  confondus.  Ces 
Oiseaux  sont  d'excellents  plongeurs;  ils  poursuivent  avec 
une  vitesse  étonnante,  et  comme  à  tire-d'aile,  entre  deux 
eaux,  une  proie  très-agile  dont  ils  s'emparent  avec 
adresse.  Ils  ont  le  vol  droit  et  vigoureux;  ils  marchent 
mieux  que  les  Harles.  Leur  longue  queue,  à  pennes  fortes 
et  à  baguettes  élastiques,  leur  sert  de  soutien;  ils  s'en 
servent  comme  d'un  troisième  point  d'appui. 

1.  Grand  Cormoran,  Carbo  cormoranus,  Mey.;  en  catalan 

Gorb  de  mar  (Corbeau  de  mer). 

Cette  espèce  est  la  seule  du  genre  que  nous  voyons  dans  le 


oiseaux.  275 

pays,  et  elle  n'y  est  pas  même  très-abondante.  On  en  prend  quel- 
quefois d;ms  les  arrêts  tendus  pour  les  poissons;  d'autres  fois 
avec  le  fusil.  Porté  au  marché,  cet  Oiseau  se  vend  difficilement, 
sa  chair  n'étant  pas  très-estimée.  Nous  en  avons  de  très-adultes 
dans  les  collections  de  la  ville  de  Perpignan. 

GENRE   QUATRE-VINGT-SEIZIÈME. 

Fou,  Sula,  Briss. 

Habitant  toujours  les  parties  les  plus  froides  de  l'extrême 
nord,  cet  Oiseau  ne  vient  jamais  dans  nos  parages.  S'il  y  paraît 
quelquefois,  ce  ne  doit  être  que  par  exception ,  et  il  a  échappé  à 
nos  recherches;  aussi,  ai-je  dit,  en  publiant  le  Catalogue  des 
Oiseaux  du  département,  que  le  Genre  Fou  n'avait  pas  de  repré- 
sentant dans  les  Pyrénées-Orientales. 

GENRE    QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME . 

Plongeon,  Colymbus,  Lath.;  en  catalan  Calabria. 

Caractères.  —  Bec  médiocre,  fort,  droit,  très-pointu, 
comprimé;  narines  basales,  latérales,  concaves,  oblon- 
gues,  à  moitié  fermées  par  une  membrane,  percées  de 
part  en  part;  pieds  retirés  dans  l'abdomen,  hors  l'équilibre 
du  corps,  médiocres;  tarses  comprimés;  trois  doigts  devant, 
très-longs,  entièrement  palmés;  le  doigt  de  derrière  court, 
articulé  sur  le  tarse,  portant  une  petite  membrane  lâche; 
ongles  plats;  ailes  courtes. 

Les  Plongeons  et  les  genres  suivants  ont  reçu,  pour 
ainsi  dire,  l'élément  fluide  pour  demeure  habituelle. 
Ils  vivent  toujours  sur  les  eaux;  ils  y  restent  le  plus 
souvent  cachés  à  nos  regards,  parce  qu'ils  n'en  reti- 
rent la  tête,  que  pour  respirer  un  instant.  Il  est  rare 
de  les  voir  à  terre,  si  ce  n'est  au  moment  de  l'incu- 


276  HISTOIRE  NATURELLE. 

bation.  Ils  émigrent  sur  les  eaux;  ils  volent  très-bien, 
mais  rarement.  Ils  se  nourrissent  de  poissons,  de  frai, 
d'insectes  aquatiques,  et  aussi  de  végétaux. 

1.  Plongeon  imbrin,  Colymbus  glacialis,  Lin. 

2.  Plongeon  lumme  ou  à  gorge  noire,  Col.  arcticas,  Lin. 

3.  Plongeon  cat-marin  ou  à  gorge  rouge,  Colymbus  sep- 

tentrionalis ,  Lin.;  en    catalan,    Calabria  gros,   et 

Calabria  petit. 
Les  Plongeons  Imbrin  et  Lumme  sont  très-rares  ici  ;  Le  Cat- 
Marin  l'est  moins.  Ce  n'est  que  par  les  hivers  les  plus  rigoureux 
que  ces  Oiseaux  apparaissent  sur  nos  côtes.  Ils  fréquentent  les 
lacs  salés  qui  ne  sont  pas  éloignés  de  la  mer.  Pendant  l'hiver  de 
1819,  un  Imbrin,  tué  à  l'étang  de  Saint-Nazaire,  me  fut  apporté: 
depuis  j'ai  eu  occasion  d'en  voir  au  marché  diverses  fois;  —  le 
Lumme  se  laisse  voir  moins  souvent;  —  le  Cat-Marin  presque 
tous  les  ans.  Leur  chair  est  détestable,  par  l'odeur  de  sardine  et 
par  une  huile  repoussante  qui  en  suinte  pendant  la  cuisson. 

GENRE   QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME. 

Guillemot,  Uria,  Briss. 

lre  Section.  —  Bec  plus  long  que  la  tête. 

Caractères. — Bec  médiocre  ou  court,  fort,  droit,  pointu 
et  comprimé;  mandibule  supérieure  légèrement  courbée 
vers  la  pointe,  l'inférieure  formant  un  angle  plus  ou  moins 
ouvert;  narines  basales,  latérales,  longitudinalement  fen- 
dues, à  moitié  fermées  par  une  membrane  couverte  de 
plumes,  percées  de  part  en  part;  pieds  courts,  retirés  dans 
l'abdomen  hors  l'équilibre  du  corps;  tarses  grêles  ;  trois 
doigts  devant  seulement,  entièrement  palmés;  ongles 
courbés;  ailes  courtes. 


oiseaux.  277 

Habitant  les  vastes  mers  qui  baignent  les  arides  bords 
des  contrées  polaires,  ces  Oiseaux  sont  relégués  dans  les 
climats  couverts  de  frimas  élernels.  Forcés  par  les  glaces 
de  quitter  ces  parages,  ils  émigrent  en  hiver  le  long  des 
côtes  maritimes,  et  vont  chercher  une  température  plus 
douce.  Les  roulis,  les  brisants,  les  rafales,  les  forcent 
quelquefois  à  abandonner  leur  élément  favori,  et  on  ne  les 
voit  à  terre,  que  lorsqu'ils  y  sont  poussés  par  des  causes 
accidentelles. 

J.  Guillemot  à  capuchon,  Uria  troile,  Lath. 

2.  Guillemot  à  gros  bec,  Uria  brunnichii,  Sab. 

3.  Guillemot  a  miroir  blanc,  Uria  gryUe,  Lath. 

2me  Section.  —  Bec  plus  court  que  la  tête. 

4.  Guillemot  nain,  Uria  aile,  Temm. 

Les  Oiseaux  qui  composent  ce  genre ,  ne  se  voient  dans  nos 
parages  que  très-accidentellement;  et  même  ceux  que  nous 
avons  eu  occasion  de  voir,  ont-ils  été  rejetés  par  la  mer  sur  nos 
plages.  A  la  suite  de  grandes  tempêtes  on  les  trouve  morts  sur 
le  sable  des  dunes;  c'est  ordinairement  dans  le  mois  de  mars, 
ou  au  commencement  d'avril.  Nous  supposons  que,  surpris  par 
le  gros  temps  au  moment  de  leur  passage,  ils  ne  peuvent  résister 
à  la  tourmente ,  et  que  la  mer  les  rejette  alors  sur  les  côtes. 
En  mars  1840,  il  en  échoua  une  si  grande  quantité,  que  la  plage 
de  Canet  en  était  couverte.  La  seule  espèce  de  ce  genre  qui  ne 
faisait  pas  partie  de  ceux  échoués,  et  que  nous  n'avons  jamais 
observée  sur  nos  côtes,  est  le  Guillemot  à  gros  bec. 

GENRE   QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME. 

Macareux,  Mormon,  Illig. 
Caractères. — Bec  plus  court  que  la  tête,  plus  haut  que 


278  HISTOIRE   NATURELLE. 

long,  très -comprimé;  les  deux  mandibules  arquées, 
sillonnées  transversalement,  échancrées  vers  la  pointe; 
arête  de  la  supérieure,  tranchante,  élevée  au-dessus  du 
niveau  du  crâne;  narines  latérales,  nues,  presque  entiè- 
rement fermées  par  une  grande  membrane  nue;  pieds 
courts,  retirés  dans  l'abdomen;  seulement  trois  doigts 
devant,  entièrement  palmés;  ongles  très-crochus;  ailes 
courtes. 

Les  Macareux,  qu'on  a  confondus  pendant  longtemps 
avec  les  Pingouins,  doivent,  d'après  M.  Temminck,  for- 
mer un  genre  distinct.  Ces  Oiseaux  forment,  avec  deux 
genres  voisins  étrangers  à  l'Europe,  les  derniers  chaînons 
par  lesquels  la  nature  se  prépare  à  terminer  la  grande 
famille  des  oiseaux.  Les  oiseaux  de  ce  geure  volent  peu; 
cependant,  ils  ne  sont  pas  privés  de  cette  faculté,  et  on 
les  voit  effleurer  assez  rapidement  la  surface  des  mers,  et 
souvent  ils  se  soutiennent  sur  l'eau  à  l'aide  de  la  palmure 
de  leurs  pieds.  Ils  habitent  les  mers  du  pôle  arctique. 
Chassés  par  les  glaces,  ils  émigrent  en  hiver  et  viennent 
jusque  sur  nos  côtes. 

1.  Macareux  moine,  Mormon  fratercula,  Tem.;  en  catalan 
Frare  (moine). 

Le  genre  Macareux  se  voit  plus  souvent  que  le  genre  précé- 
dent. Presque  tous  les  ans  quelques  sujets  sont  apportés  sur  nos 
marchés;  mais  nous  les  devons  aux  mêmes  causes  qui  amènent 
les  Guillemots,  car  nous  ne  les  avons  jamais  vus  que  rejetés  par 
les  vagues.  C'est  presque  toujours  aux  mêmes  époques,  fin  février 
ou  mars.  Il  est  probable  qu'en  exécutant  leur  voyage  de  migration, 
ils  sont  surpris  par  quelque  ouragan  auquel  ils  ne  peuvent  résister; 
ils  meurent,  et  sont  alors  rejetés  sur  la  grève. 


oiseaux.  279 

GENRE    CENTIÈME. 

Pingouin,  Alca,  Linné. 

Caractères. — Bec  droit,  large,  comprimé,  très-courbé 
vers  la  pointe;  les  deux  mandibules  à  moitié  couvertes 
de  plumes,  sillonnées  vers  la  pointe;  la  supérieure,  cro- 
chue; l'inférieure,  formant  un  angle  saillant;  narines 
latérales,  marginales,  linéaires,  vers  le  milieu  du  bec, 
presque  entièrement  fermées  par  une  membrane  couverte 
de  plumes;  pieds  courts,  retirés  dans  l'abdomen;  trois 
doigts  devant,  entièrement  palmés;  ongles  peu  courbés; 
ailes  courtes. 

Les  Pingouins  ont  les  mêmes  habitudes  que  les  Guil- 
lemots  et  les  Macareux,  ainsi  que  les  autres  oiseaux  qui 
terminent  l'échelle,  qui  sont  privés  d'ailes  et  qui  vivent 
dans  les  mers  du  Sud.  Ils  quittent  rarement  les  côtes,  et 
on  ne  les  voit  sur  le  rivage  qu'au  moment  des  pontes; 
autrement,  leur  apparition  n'est  due  qu'à  des  causes 
accidentelles. 

1.  Pingouin  macroptère,  Alca  torda,  Lin. 

2.  Pingouin  brachiptère  Alca  impennis,  Lin, 

Nous  n'avions  jamais  vu  de  Pingouins  que  ceux  rejetés  par  la 
mer  sur  les  sables  de  nos  rivages  ;  mais ,  quelle  ne  fut  pas  notre 
surprise  lorsque,  en  juin  1826,  deux  Pingouins -Macroptères, 
tués  sur  nos  côtes,  nous  furent  apportés;  c'étaient  mâle  et 
femelle  adultes,  ce  qui  nous  porterait  à  croire  que  ces  Oiseaux, 
retardataires  sans  doute  par  quelque  cause  inconnue ,  viennent 
quelquefois  nicher  sur  les  rochers  escarpés  qui  bordent  quelques 
endroits  de  nos  côtes.  C'est  peu  probable;  mais  comment  se 
trouvaient-ils  alors  sur  nos  parages? 

Le  Pingouin-Brachiptère  n'a  pas  été  observé  dans  notre 
département. 


280  HISTOIRE   NATURELLE. 

SEIZIÈME  ORDRE. 

INERTES. 

Cet  Ordre  se  compose  de  deux  Oiseaux,  qui  forment 
deux  Genres  distincts.  Tous  les  deux  sont  étrangers  à 
l'Europe. 

GENRE   CENT-UNIÈME. 

Apterix,  Aptéryx,  Shaw. 

Espèce  unique.  Aptéryx  australis,  Shaw. 

L'unique  du  genre,  qui  a  été  établi  sur  un  individu,  le  seul 
qui  existe  dans  les  collections. 

GENRE    CENT-DEUXIÈME. 

Dronte,  Didus,  Lin. 

Espèce  unique.  Didus  ineptus,  Lin. 

Espèce  qui  semble  avoir  été  l'unique  du  genre ,  et  qui  paraît 
ne  plus  exister. 

On  conserve  encore  en  Angleterre ,  dit  M.  Temminck,  le  bec 
et  le  pied  de  cet  oiseau,  figurés  très-exactement  dans  Shaw- 
Miscellan.  Ces  parcelles  prouvent,  de  la  manière  la  plus  authen- 
tique, l'existence  d'un  oiseau  qui  n'est  nullement  fabuleux, 
ainsi  que  quelques  naturalistes  l'assurent. 

Les  ailes  de  ces  deux  genres  d'oiseaux  étaient  impropres  au 
vol. 


REPTILES.  281 


CHAPITRE  III. 

A  N  I  II  A  U  X     VERTÉBRÉS. 

TROISIÈME  CLASSE. 
Reptiles. 

Sous  la  dénomination  de  Reptiles ,  on  comprend  une 
classe  d'Animaux ,  dissemblables  par  la  forme ,  la  taille , 
l'enveloppe,  la  couleur  tégumentaire  et  le  milieu  dans  lequel 
ils  vivent.  Les  uns  marchent,  les  autres  rampent,  certains 
se  traînent,  plusieurs  nagent  et  quelques-uns  volent W.  Il 
y  en  a  de  terrestres,  d'amphibies,  de  marins.  Un  certain 
nombre  ont  des  membres,  tels  sont  les  Lézards;  d'autres 
ont  des  nageoires,  tels  que  les  Tortues  de  mer;  enfin,  il 
y  en  a  qui  n'ont  ni  membres  ni  nageoires,  tels  sont  les 
Serpents.  La  bizarrerie  de  leur  forme,  dit  M.  Gervais, 
leur  aspect  en  général  repoussant,  la  sensation  de  froid  et 
comme  cadavérique  qu'ils  donnent  le  plus  souvent  quand 

(I)  De  petits  Reptiles  inoffensifs ,  appartenant  aux  Iguaniens,  dans  Tordre 
des  Sauriens,  ont  pour  caractère  principal  des  espèces  d'ailes  ,  formées  par 
la  peau  de  leurs  flancs:  elles  sont  destinées  à  les  soutenir  dans  l'air  quand 
ils  s'élancent  à  la  poursuite  des  insectes  dont  ils  font  leur  nourriture.  — 
Voir  pour  plus  de  détail  le  Dictionnaire  Universel  d'Histoire  naturelle  de 
M.  Ch.  d'Orbigny,  articles  Dragon  ,  Reptiles  ,  rédigés  par  le  savant  pro- 
fesseur P.  Gervais,  à  qui  nous  empruntons  la  plupart  des  faits  généraux 
contenus  dans  ce  chapitre. 


282  HISTOIRE   NATURELLE. 

on  veut  les  saisir,  et  surtout  les  propriétés  malfaisantes 
et  le  redoutable  venin  de  certains  d'entre  eux,  ont  inspiré 
à  toutes  les  époques  et  chez  toutes  les  nations,  les  mêmes 
sentiments  de  curiosité  et  de  crainte.  Des  préjugés  sans 
nombre  ont  pris  naissance  à  leur  occasion  :  les  charlatans 
en  ont  fait,  à  toutes  les  époques,  les  instruments  ou  les 
gages  de  leur  prétendue  puissance,  et  les  anciennes 
cosmogonies  que  nous  a  léguées  l'Orient,  leur  font  jouer 
des  rôles  aussi  redoutés  que  fantastiques.  Les  moindres 
Reptiles  nous  inspirent  souvent  de  la  frayeur,  et  toujours 
de  la  répugnance;  aussi  les  espèces  les  plus  innocentes, 
aussi  bien  que  celles  qui  sont  les  plus  venimeuses,  sont- 
elles  frappées  d'une  égale  réprobation.  Cette  sorte  d'effroi 
que  nous  causent  les  Reptiles,  a  été  ressenti  de  tout 
temps ,  et  n'a  pas  peu  contribué  à  faire  exagérer,  par  les 
conteurs  ou  les  artistes,  la  bizarrerie  des  formes  propres 
aux  Reptiles.  De  là,  ces  êtres  effrayants  et  étranges, 
qui,  sous  le  nom  de  Dragon,  moitié  Chauve- Souris, 
moitié  Quadrupède  et  Serpent,  figurent  jusque  dans  les 
livres  liturgiques  W.  Il  n'y  a  guère  d'exception  que  pour 
les  Lézards,  que  l'on  dit  amis  de  l'homme,  pour  la  Rai- 
nette et  pour  un  petit  nombre  d'autres. 

La  taille,  comme  la  forme  des  Reptiles,  est  fort  variable. 
Certaines  espèces  restent,  pendant  toute  leur  vie,  très- 
petites,  ainsi  qu'on  en  voit  parmi  les  Agames,  les  Lézards, 
les  Serpents,  les  Crapauds  ou  les  Salamandres  ;  tandis  que 
d'autres  acquièrent  de  grandes  dimensions.  On  voit  des 
Crocodiles  et  des  Serpents  qui  ont  jusqu'à  7  à  8  mètres 

(I)  Le  Dragon  des  auteurs  grecs,  avant  le  christianisme,  était  un  Serpent 
ou  Léiard  ,  à  vue  très-perçante,  <jui  gardait  des  trésors  et  dévorait  les 
gens. 


REPTILES.  283 

de  long.  On  sait  que  certains  Reptiles  des  temps  géolo- 
giques, mais  principalement  de  la  période  secondaire, 
atteignent  une  longueur  presque  aussi  considérable  que 
celle  de  nos  Cétacés  actuels ,  et  ce  fait  est  d'autant  plus 
curieux,  que,  parmi  ces  géants  des  Reptiles,  il  y  en  avait 
dont  le  genre  de  vie  était  complètement  terrestre. 

La  forme  est  également  susceptible ,  chez  les  mêmes 
Animaux,  de  très-grandes  variations.  Mais  elle  peut  être 
ramenée  à  trois  dispositions  générales  :  celle  des  Lézards, 
dont  le  corps  est  quadrupède,  bas  sur  pattes,  et  terminé 
par  une  queue  en  général  fort  longue  ;  celle  des  Tortues 
ou  des  Grenouilles,  qui  est  plus  ramassé,  et  dont  la  queue 
est  courte  ou  nulle;  et,  enfin,  celle  des  Serpents,  qui  est 
caractérisée  par  l'absence  des  membres,  rallongement  du 
corps,  ainsi  que  de  la  queue,  et  la  forme  plus  ou  moins 
cylindrique  de  celui-là. 

La  peau,  qui  se  moule  sur  la  forme  même  des  Animaux, 
et  qui  nous  en  donne  l'expression,  en  même  temps  qu'elle 
traduit  à  l'extérieur  les  principales  dispositions  de  leur 
organisation  interne,  montre  chez  les  Reptiles  quelques 
particularités  de  structure.  Elle  est  pourvue,  chez  les 
Chéloniens,  les  Crocodiles,  les  Sauriens  et  les  Serpents, 
d'un  épidémie  résistant,  d'apparence  écailleuse ,  et  par 
lequel  l'Animal  est  plus  complètement  isolé  du  monde 
extérieur.  Chez  les  Cécilies,  les  Grenouilles,  les  Sala- 
mandres et  les  animaux  qui  leur  ressemblent,  l'aspect  de 
la  peau  est  essentiellement  muqueux.  Chez  eux,  elle  est 
riche  en  cryptes  mucipares,  et  an  lieu  d'un  épidémie  épais 
et  desséché,  elle  ne  représente  qu'un  épithélium  fin  et  sans 
importance,  qui  est  loin  de  lui  fournir  une  protection 
égale  à  celle  que  le  derme  des  Reptiles  écailleux  reçoit  de 


284  HISTOIRE   NATURELLE. 

leur  épidémie.  Cette  distinction  des  Reptiles  en  écailleux  et 
en  nus,  est  fondamentale  en  herpétologie.  Les  Reptiles  nus 
ou  Ratraciens,  de  M.  Rrongniart,  sécrètent,  en  abondance, 
par  leur  peau ,  un  mucus  acre  dans  beaucoup  d'espèces. 
Selon  Robert  Towsson,  les  Grenouilles  et  les  Rainettes 
absorbent  l'eau  par  la  peau  au  lieu  de  la  boire,  et  la 
rendent  par  la  transpiration  au  lieu  de  la  rejeter  par 
l'urèthre. 

La  peau  de  certains  Reptiles  est  sujette  à  des  mues  plus 
ou  moins  fréquentes.  On  rencontre  souvent  la  dépouille 
épidermique  abandonnée  par  ces  animaux,  et  les  carac- 
tères extérieurs  des  Reptiles  y  sont  si  bien  imprimés, 
que  l'inspection  d'une  semblable  dépouille  suffit  pour 
faire  déterminer  l'espèce  dont  elle  provient. 

Les  couleurs  des  Reptiles,  sans  être  aussi  vives  que 
celles  des  Oiseaux  ou  des  Poissons,  ne  laissent  pas  que 
d'être  fort  agréables  dans  certains  cas.  La  belle  teinte 
verte  des  Lézards,  les  taches  ou  les  raies  noires,  bleues 
ou  blanches  qui  en  relèvent  la  vivacité,  les  nuances  rouges 
ou  roses  de  leur  ventre  et  parfois  de  leur  dos,  ont  été 
remarquées  de  tout  le  monde.  Mais  une  particularité 
difficile  à  comprendre  et  que  nous  montrent  beaucoup 
de  Reptiles,  est  leur  versicoloréité ,  c'est-à-dire  la  pro- 
priété qu'ils  ont  de  changer  plusieurs  fois,  et  en  peu 
d'instants,  les  nuances  naturelles  de  leur  peau.  Nuls  ne 
sont  plus  célèbres,  sous  ce  rapport,  que  les  Caméléons; 
d'autres  Reptiles  jouissent  d'une  semblable  propriété, 
tels  les  Marbrés,  etc.  Les  Ratraciens  varient  aussi  leur 
nuance  sous  l'impression  des  circonstances  environnantes. 
On  remarque  ce  phénomène  chez  les  Rainettes,  et  nos 
Grenouilles  elles-mêmes  n'en  sont  pas  exemptes. 


REPTILES.  285 

Comme  les  autres  familles  des  vertébrés ,  les  Reptiles 
sont  carnivores,  herbivores  ou  insectivores.  Les  uns  ont 
des  dents,  les  autres  en  sont  privés;  les  Chéloniens  sont 
tous  dans  ce  dernier  cas.  Ces  organes  leur  servent  à 
saisir  leur  proie,  à  se  défendre,  à  introduire  même  dans 
les  plaies  qu'ils  déterminent,  des  liquides  venimeux  que 
sécrètent  des  glandes  analogues  aux  glandes  salivaires. 
Rarement  les  dents  leur  servent  à  mâcher,  et  leur  forme 
est  le  plus  souvent  un  cône  aigu.  Parmi  les  Reptiles  doués 
d'appareils  venimeux,  on  cite  toujours  en  première  ligne 
certains  Serpents,  les  Najas,  les  Crotales,  les  Trigono- 
céphales ,  les  Vipères ,  doublement  terribles  et  par  la 
subtilité  de  leur  venin  et  par  la  quantité  que  leurs  cro- 
chets versent  dans  la  plaie  qu'a  faite  leur  morsure.  Tout 
le  monde  sait  que  le  caractère  fondamental  de  la  Vipère 
est  l'existence  de  crochets  à  venin  placés  à  la  mâchoire 
supérieure,  crochets  qui  manquent  chez  les  Ophidiens 
du  genre  des  Couleuvres. 

Les  Reptiles  ont  tous  des  poumons  ;  mais  leur  respi- 
ration est  moins  active  que  celle  des  Mammifères  et  des 
Oiseaux,  et  comme  leur  circulation  est  incomplètement 
double,  il  en  résulte  que  la  quantité  de  sang  qui  reçoit  le 
bénéfice  de  l'oxygénation,  est  proportionnellement  moindre 
que  chez  les  autres  vertébrés.  Les  Reptiles  produisent,  à 
cause  de  cela,  moins  de  chaleur,  et  on  les  classe,  avec 
les  Poissons,  parmi  les  animaux  à  sang  froid.  Néanmoins, 
le  sang  des  Reptiles  est  rouge  et  se  compose  des  mêmes 
éléments  que  celui  des  vertébrés.  La  plupart  des  Reptiles 
nus  viennent  au  monde  avec  des  branchies,  et  leur  respi- 
ration se  fait  alors  par  le  moyen  de  ces  organes.  Un  petit 
nombre  d'entre  eux  conservent  même  ces  branchies  après 


286  HISTOIRE   NATURELLE. 

que  leurs  poumons  se  sont  développés,  et  ils  peuvent  res- 
pirer à  l'air  libre  et  dans  l'eau.  La  peau  nue  des  Gre- 
nouilles est  aussi  un  moyen  de  respiration.  Elle  absorbe 
l'oxygène  de  l'air  ou  celui  qui  est  dissous  dans  l'eau,  et 
dégage  de  l'acide  carbonique.  La  respiration  pulmonaire 
peut  alors  être  suspendue,  et  l'ablation  même  des  pou- 
mons n'empêche  pas  l'oxygénation  du  sang.  Ainsi  s'expli- 
que l'hibernation  des  Grenouilles,  des  Tritons,  etc.,  dans 
la  vase,  et  la  possibilité  qu'ont  ces  animaux  d'y  rester 
longtemps  plongés  sans  en  souffrir. 

Les  Reptiles  font  rarement  entendre  une  véritable  voix. 
La  force  avec  laquelle  ils  introduisent  l'air  dans  leurs 
poumons  ou  avec  laquelle  ils  l'en  chassent,  et  l'impres- 
sion passionnée  qu'ils  donnent  à  cet  acte  lorsque  le  désir 
ou  la  crainte  les  animent,  sont  presque  l'unique  phonation 
des  Reptiles,  des  Serpents  et  des  Tortues  :  c'est  une  sorte 
de  sifflement.  Les  Crocodiles  et  les  Batraciens  proprement 
dits  ont  bien  une  véritable  voix;  celle  des  Batraciens  est 
assez  variée  suivant  les  espèces.  Comparable  au  chant  du 
Scops,  dans  le  Crapaud  sonnant,  elle  a,  chez  certaines 
Rainettes,  une  véritable  analogie  avec  le  chant  du  Canard, 
quoiqu'elle  se  produise  à  des  intervalles  plus  longs.  Celle 
des  Grenouilles  est  connue  de  tout  le  monde. 

La  fonction  de  la  reproduction  conserve  chez  tous  les 
Reptiles  une  importance  considérable  ,  et  domine ,  pour 
ainsi  dire ,  toutes  les  autres  par  le  rôle  important  qu'elle 
remplit  dans  la  physiologie  des  animaux.  Les  Crapauds 
recherchent  et  étreignent  la  femelle  même  après  avoir  été 
mutilés;  les  Tortues  de  mer,  les  Serpents  et  surtout  les 
Batraciens  produisent  un  nombre  considérable  de  petits,  et 
la  multiplication  de  ces  derniers  est  réellement  prodigieuse 


REPTILES.  287 

dans  la  plupart  des  cas;  mais  si  leurs  œufs  et  leurs  têtards 
sont  innombrables,  les  animaux  carnivores  et  même  les  cir- 
constances physiques  en  détruisent  une  grande  quantité. 

La  plupart  des  Reptiles  pondent  des  œufs.  Ces  œufs 
ont  une  coquille  calcaire  chez  les  Tortues  terrestres,  Tes 
Émvdes  et  les  Crocodiles;  flexible  au  contraire,  mais 
encore  assez  résistante,  chez  les  Lézards  et  les  Serpents, 
et  tout-à-fait  molle  et  transparente  chez  les  Reptiles  nus 
appartenant  aux  genres  Triton,  Grenouille,  Rainette  et 
Crapaud.  D'autres  espèces  de  Reptiles  sont  ovovivipares. 
Leurs  petits,  après  s'être  développés  dans  les  oviductes, 
éclosent  dans  le  sein  de  la  mère  et  naissent  vivants.  Les 
Orvets,  les  Vipères  et  autres  Serpents  de  la  même  famille, 
les  Salamandres  terrestres,  sont  dans  ce  cas. 

Après  que  la  ponte  ou  la  parturition  des  Reptiles  ovi- 
pares ou  vivipares  a  eu  lieu,  les  parents  ne  continuent 
guère  à  donner  leurs  soins  à  ces  produits  de  leur  géné- 
ration; mais  on  remarque,  dans  la  manière  dont  ils  pla- 
cent leurs  œufs  et  dans  le  choix  des  lieux  où  ils  déposent 
leurs  petits,  mille  preuves  de  cette  admirable  prévoyance, 
dont  les  œuvres  de  la  création  nous  montrent  partout  tant 
et  de  si  beaux  exemples.  Certaines  espèces  ovipares  cons- 
truisent même  de  véritables  sortes  de  nids,  et  il  en  est 
qui  enveloppent  leurs  œufs  des  replis  de  leurs  corps,  et 
qui  les  soumettent  à  une  incubation  aussi  prolongée  et 
presque  aussi  active  que  celle  des  Oiseaux. 

Les  Reptiles  jouissent  de  la  propriété  remarquable  de 
reproduire  certaines  parties  de  leur  corps  qui  leur  ont 
été  enlevées  par  la  mutilation.  Tout  le  monde  sait  que 
les  Lézards  et  les  Orvets,  dont  la  queue  se  rompt  avec 
une  si  grande  facilité  et  se  sépare  du  corps,  ont  la  pro- 


-288  HISTOIRE   NATURELLE. 

priété  de  pouvoir  reproduire  cet  organe  après  qu'ils  en 
ont  perdu   une   partie  plus  ou  moins  considérable;  et 
souvent  on  prend  des  individus  dont  la  queue  est  de 
nouvelle  formation ,  ce  qu'on  reconnaît  facilement  à  la 
couleur  plus  terne,  à  la  longueur  plus  courte  et  plus 
obtuse  de  celle  qu'elle  remplace.  Il  peut  même  arriver 
que  la  queue  repousse  double  ou  triple.  Sa  régénération 
est  plus  rapide  en  été  qu'en  toute  autre  saison.  Au  bout 
de  quinze  jours,  il  y  en  a  déjà  un  long  moignon.  On  a 
coupé  la  queue  à  des  Tritons  et  on  la  vue  repousser. 
Les  membres  de  ces  animaux,  lorsqu'on  les  ampute,  se 
régénèrent  aussi  au  bout  de  quelque  temps  :  M.  Bonnet 
a  eu  la  patience  de  faire  reproduire  le  même  membre 
jusqu'à  quatre  fois  consécutives  sur  le  même  individu; 
enfin,  M.  Duméril,  après  avoir  emporté  avec  des  ciseaux 
les  trois  quarts  de  la  tête  d'un  Triton  marbré,  a  vu  cet 
animal  vivre  encore  trois  mois  au  fond  d'un  large  bocal 
de  cristal ,  où  il  avait  le  soin  d'entretenir  de  l'eau  fraîche 
à  la  hauteur  de  deux  centimètres,  renouvelée  au  moins 
une  fois  par  jour.   Par  malheur,  cet  animal  périt  par  le 
défaut  de  soins  d'une  personne  à  laquelle  il  l'avait  recom- 
mandé pendant  une  absence. 

Quelque  répugnance  que  l'on  ait  pour  les  Reptiles, 
en  général,  on  les  mange  dans  beaucoup  de  circonstances 
et  dans  des  pays  très-divers.  La  Grenouille  verte  et  la 
Grenouille  rousse  sont  estimées  dans  plusieurs  parties 
de  l'Europe;  en  France,  on  mange  aussi  des  Couleuvres 
dans  quelques  départements  du  Midi,  sous  le  nom  d'An- 
guilles des  haies,  et  les  paysans  du  Roussillon  ne  les 
dédaignent  pas.  Le  bouillon  de  Grenouille,  de  Vipère  et 
de  Tortue  figure  depuis  longtemps   dans  l'arsenal  thé- 


REPTILES.  289 

rapeutique.  Les  Tortues  sont  recherchées  partout,  et  il 
serait  à  désirer  qu'on  propageât  la  Tortue-Franche,  dont 
la  chair  si  exquise  est  employée  comme  aliment  à  Mau- 
rice, à  la  Réunion  et  aux  Antilles.  M.  Salles,  capitaine 
au  long  cours,  vient  de  faire  à  ce  sujet  un  rapport  à  la 
Société  d'Acclimatation ,  où  il  démontre  que  rien  ne 
serait  plus  facile  aux  riverains  de  la  Méditerranée  que 
d'avoir  des  parcs  où  la  Tortue-Franche  se  reproduirait 
d'une  façon  prodigieuse. 

Les  Reptiles  ne  sont  ni  bien  nombreux  ni  bien  variés 
en  espèces  dans  les  contrées  froides  ou  tempérées;  on 
n'en  compte  donc  qu'un  petit  nombre  dans  nos  pays. 
D'après  l'ouvrage  du  prince  Bonaparte,  intitulé  Amphibia 
Europœa,  il  y  a ,  en  Europe,  quatre-vingt-quatorze  espèces 
de  Reptiles  et  de  Batraciens,  et  l'on  peut  actuellement 
en  porter  le  nombre  à  cent.  C'est  à  la  région  méditer- 
ranéenne qu'appartiennent  les  plus  nombreux,  principa- 
lement à  la  Crimée,  à  la  Grèce,  à  la  Turquie,  à  l'Italie, 
ainsi  qu'à  l'Espagne  ;  la  Provence  et  le  Languedoc , 
quoique  un  peu  moins  riches,  le  sont  cependant  beau- 
coup plus  que  l'Europe-Centrale,  et  presque  autant  que 
les  localités  que  nous  venons  de  citer.  Le  département 
des  Pyrénées-Orientales  en  nourrit  quarante-quatre  espèces 
et  plusieurs  variétés.  Mais  les  Reptiles  réunis  dans  les 
Musées,  et  rapportés  en  grand  nombre  de  tous  les  points 
du  globe  ou  recueillis  à  la  surface  des  mers  par  les 
naturalistes,  ne  s'élèvent  pas  à  moins  de  douze  cents 
espèces  (1>. 

(I)  Le  Cabinet  d'Histoire  naturelle  de  Perpignan,  possède  une  intéressante 
collection  de  Reptiles  étrangers,  recueillis  par  M.  le  docteur  Pages,  notre 
compatriote,  pendant  ses  voyages  aux  Antilles  et  particulièrement  à  Cayenne. 
tome  m.  49 


y    0  HISTOIRE   NATURELLE. 

Il  existe  plusieurs  méthodes  de  classification  des  Rep- 
tiles. Toutes  présentent  d'importantes  observations  pour 
la  division  des  Genres  et  des  Familles.  Mais  la  plus 
généralement  suivie  est  celle  d'Alexandre  de  Brongniart, 
adoptée  par  Cuvier  dans  son  Règne  animal.  Cette  mé- 
thode, que  nous  suivrons  dans  la  description  des  espèces 
qui  vivent  dans  le  département  des  Pyrénées-Orientales, 
divise  les  Reptiles  en  quatre  ordres  : 

jer  Ordre,  Chéloniens  ou  Tortues; 
2me  Ordre,  Sauriens  ou  Lézards; 
3me  Ordre,  Ophidiens  ou  Serpents; 
4me  Ordre,  Batraciens  ou  Grenouilles,  Crapauds,  Salamandres. 


PREMIER   ORDRE. 

CHÉLONIENS. 

Caractères.  — Corps  renfermé  dans  un  double  bouclier 
osseux,  recouvert  de  lames  écailleuses.  Le  supérieur, 
nommé  carapace,  se  compose  des  apophyses  épineuses 
des  vertèbres  dorsales  aplaties ,  et  des  côtes  élargies  et 
réunies  par  des  sutures.  L'inférieur,  nommé  plastron, 
est  composé  de  pièces  aussi  très-élargies,  qui  représentent 
le  sternum.  Quatre  pieds  terminés  en  moignon  ou  aplatis 
en  nageoires;  cinq  ongles  aux  pieds  de  devant,  quatre  à 
ceux  de  derrière.  Point  de  dents;  les  mâchoires  garnies 
d'une  substance  cornée,  qui  sert  à  déchirer  les  aliments. 
Tête  et  pieds  pouvant  se  retirer  entre  les  boucliers. 


REPTILES.  294 

L'ordre  des  Chéloniens  se  divise  en  trois  genres  : 

4°  Les  Tortues  de  terre,  Testudo; 
2°  Les  Tortues  d'eau  douce,  Emys; 
3°  Les  Tortues  de  mer,  Chelonia. 

Genre  Testudo. 

Tortues  de  terre,  Testudo,  Brong.;  en  catalan  Tortugas. 

Caractères. — Carapace  bombée,  soutenue  par  une  char- 
pente osseuse  toute  solide,  soudée  par  la  plus  grande 
partie  de  ses  bords  latéraux  au  plastron  ;  les  jambes 
comme  tronquées,  à  doigts  courts,  réunis  de  très-près 
jusqu'aux  ongles,  pouvant,  ainsi  que  la  tête,  se  retirer 
entièrement  entre  les  boucliers;  les  pieds  de  devant  ont 
cinq  ongles,  ceux  de  derrière  quatre,  tous  gros  et  coniques. 
Plusieurs  espèces  se  nourrissent  de  matières  végétales. 

4.  Tortue  Mauresque,  Testudo  Mauritanica,  Dum. 

Apportée  d'Afrique  depuis  notre  occupation,  cette  Tortue  a 
été  répandue  dans  notre  département  où  elle  est  aujourd'hui 
très-commune.  Elle  se  reproduit  dans  les  jardins  et  même  dans 
les  cours  des  maisons.  Elle  ressemble  beaucoup  à  la  Tortue- 
Grecque,  seulement  sa  carapace  paraît  moins  bombée.  Le  fond 
de  la  couleur  de  la  Tortue-Mauresque  offre  une  teinte  olivâtre, 
tandis  que  chez  la  Grecque  elle  est  d'un  jaune-verdâtre  plus  foncé. 
Dans  beaucoup  d'individus  des  deux  espèces,  il  serait  difficile  de 
distinguer  ces  couleurs. 

2.  Tortue  Grecque,  Testudo  Grœca,  Lin.;  en  catalan  Tor- 
tuga  de  garriga. 

Carapace  très-bombée,  à  écailles  relevées,  tachetée  de  jaune  et 
de  noir  par  grandes  marbrures,  les  bords  très-larges  et  le  pos- 


292  HISTOIRE   NATURELLE. 

térieur  ayant  dans  son  milieu  une  proéminence  recourbée  sur  la 
queue  ;  les  doigts  recouverts  d'une  membrane. 

Cette  espèce  est  la  plus  commune  d'Europe.  Elle  atteint  rare- 
ment 35  centimètres  de  long  ;  vit  de  feuilles,  de  fruits,  d'insectes, 
de  vers;  se  creuse  un  trou  pour  y  passer  l'hiver;  s'accouple  au 
printemps,  et  pond  quatre  ou  cinq  œufs  semblables  à  ceux  des 
Pigeons.  Elle  se  reproduit  dans  ce  département,  et  habite  les 
garrigues  qui  avoisinent  Salses  et  Banyuls-sur-Mer;  elle  y  est 
même  assez  commune.  Elle  vit  aussi  en  domesticité  dans  nos 
maisons  et  nos  jardins.  Nous  avons  remarqué  que  cette  Tortue  a 
une  prédilection  pour  la  couleur  jaune.  Si  on  a  des  fleurs  dont 
la  corolle  soit  jaune,  on  est  sûr  de  les  voir  enlever  par  la  Tortue; 
jetez-lui  la  peau  d'une  orange  ou  toute  autre  chose  de  cette 
couleur,  on  la  voit  de  suite  se  précipiter  sur  l'objet  et  le  manger. 
Sa  chair  est  fort  bonne. 

Genre  Emys. 

Tortue  d'eau  douce,  Emys,  Brong.;  en  catalan 

Tortuga  de  aygua. 

Caractères. — Ne  se  distingue  des  précédeutes  que  par 
des  doigts  plus  séparés ,  terminés  par  des  ongles  plus 
longs,  et  dont  les  intervalles  sont  occupés  par  des  mem- 
branes; encore  y  a-t-il  des  nuances  à  cet  égard.  On  lui 
compte  de  même  cinq  ongles  devant  et  quatre  derrière. 
La  forme  de  ses  pieds  lui  donne  des  habitudes  plus  aqua- 
tiques. Elle  ne  vit  guère  que  d'insectes,  de  petits  pois- 
sons ,  etc.  Son  enveloppe  est  assez  généralement  plus 
aplatie  que  celle  des  Tortues  de  terre. 

3.  Tortue  d'eau  douce  d'Europe,  Testudo  Europœa,  Schn. 

C'est  l'espèce  la  plus  répandue;  on  l'observe  dans  tout  le  Midi 
et  l'Orient  de  l'Europe,  jusqu'en  Prusse.  Sa  carapace  est  ovale, 


REPTILES.  2913 

peu  convexe,  assez  lisse,  noirâtre,  toute  parsemée  de  points  jau- 
nâtres, disposés  en  rayon.  Elle  atteint  jusqu'à  30  centimètres  de 
long.  On  mange  sa  chair,  et  pour  cela  on  l'élève  avec  du  pain, 
de  jeunes  herbes;  elle  mange. aussi  des  insectes,  des  limaces, 
de  petits  poissons,  etc.  On  la  nourrit  chez  les  pharmaciens  pour 
divers  usages ,  et  particulièrement  pour  préparer  des  bouillons 
médicinaux.  Elle  est  commune  dans  nos  marécages ,  surtout  à 
Salses. 

Genre  Chélonée. 

Tortue  de  mer,  Chdonia ,  Brong.;   en  catalan  Tortuga 

de  mar. 

Caractères.  —  Corps  généralement  aplati  ;  enveloppe 
osseuse,  trop  petite  pour  recevoir  la  tête  et  surtout  les 
pieds,  qui  sont  extrêmement  allongés;  tous  les  doigts, 
étroitement  réunis  par  une  membrane,  sont  disposés  en 
nageoires  et  très-propres  à  la  natation.  Les  deux  premiers 
doigts  de  chaque  pied  ont  seuls  des  ongles  pointus,  qui 
tombent  à  un  certain  âge.  Les  pièces  du  plastron  ne 
forment  point  une  plaque  continue;  mais  sont  diverse- 
ment dentelées,  et  laissent  de  grands  intervalles  qui  ne 
sont  occupés  que  par  du  cartilage.  La  tête  est  garnie 
d'un  casque  osseux  continu. 

4.  Tortue  caouane,  Testudo  caouana,  Schœpf. 

Est  plus  ou  moins  brune  ou  rousse,  et  a  quinze  écailles,  dont 
les  mitoyennes  sont  relevées  en  arêtes,  surtout  vers  leur  extré- 
mité; la  pointe  du  bec  supérieur  crochue,  et  les  pieds  de  devant 
plus  longs  et  plus  étroits  que  dans  les  espèces  voisines,  et  conser- 
vant deux  ongles  plus  marqués.  Elle  vit.  dans  plusieurs  mers;  se 
nourrit  de  coquillages;  a  la  chair  mauvaise,  et  l'écaillé  peu  esti- 
mée, mais  fournit  une  huile  bonne  à  brûler. 


294  HISTOIRE   NATURELLE. 

Cette  espèce  fréquente  les  côtes  de  ce  département,  où  il  n'est 
pas  rare  de  la  pêcher.  Nous  trouvant  un  jour  sur  la  plage ,  près 
la  métairie  des  Routes,  appartenant  à  M.  Jaunie,  des  pêcheurs  en 
prirent  une  très-grande  en  notre  présence.  M.  God,  de  Banyuls- 
sur-Mer,  capitaine  au  long  cours,  en  prit  une  d'énorme,  à  son 
retour  d'Alger,  il  y  a  déjà  quelques  années.  Il  vit  cette  Tortue, 
endormie  en  pleine  mer,  dans  le  Golfe  de  Lyon  et  s'en  empara. 
Il  l'apporta  vivante  à  Perpignan.  Nous  la  conservâmes  quelque 
temps  dans  un  bassin  du  Jardin-Botanique  ;  mais,  ne  trouvant 
pas  probablement  une  nourriture  suffisante  dans  ce  bassin ,  elle 
mangea  des  feuilles  de  laurier-rose  qui  croissaient  sur  ses  bords. 
Cet  aliment  l'empoisonna.  Ses  dépouilles,  qui  figurent  au  Cabinet 
de  la  ville  de  Perpignan,  mesurent  en  longueur,  95  centimètres, 
et  en  largeur,  65  centimètres. 

Nos  marins  prétendent  que  les  Tortues  de  mer  montent  à  la 
surface  de  l'eau  lorsqu'elles  veulent  dormir  et  jouir  des  rayons 
du  soleil,  et  que,  étant  endormies,  elles  ne  se  réveillent  point 
quelque  bruit  que  l'on  fasse  autour  d'elles.  C'est  alors  qu'on  peut 
s'en  approcher  et  s'en  emparer;  mais  si  elles  sont  éveillées,  elles 
plongent  quand  elles  voient  approcher  le  navire. 

Nous  avons  vu  que  M.  Salles,  capitaine  au  long  cours,  dans 
un  mémoire  adressé,  en  1861,  à  la  Société  d'Acclimatation,  dit: 
que  rien  ne  serait  plus  facile  aux  riverains  de  la  Méditerranée 
que  d'avoir  des  parcs  où  la  Tortue-Franche  (Testudo  mydas,  Lin.), 
à  chair  si  exquise,  se  multiplierait  d'une  façon  prodigieuse.  Il 
ajoute,  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  acclimatation  à  faire;  mais 
à  protéger  les  couvées  de  ces  animaux  qui,  malgré  les  éléments 
de  destruction  acharnés  après  leurs  petits,  sont  tellement  nom- 
breux encore,  qu'on  ne  fait  jamais  une  traversée  d'été  dans  cette 
mer,  sans  en  prendre  à  la  main  presque  sans  danger. 

Nous  pensons  que  ce  navigateur  se  trompe  sur  l'espèce  de 
Tortue  qu'il  a  vue  dans  ses  voyages  à  travers  la  Méditerranée. 
Il  se  pourrait  bien  qu'il  eût  confondu  la  Torlue-Caouane ,  très- 


REPTILES. 


-295 


abondante,  avec  la  Tortue-Franche,  très-rare  dans  notre  mer; 
car  nous  n'avons  jamais  vu  cette  dernière  sur  notre  littoral. 

5.  Tortue  luth,  Testudo  coriacea,  Lin. 

La  Tortue-Luth  se  distingue  des  autres  Tortues,  tant  marines 
que  terrestres,  en  ce  qu'elle  n'a  point  de  plastron  apparent. 
Sa  carapace  est  placée  sur  son  dos ,  comme  une  sorte  de  grande 
cuirasse  ;  mais  elle  ne  s'étend  pas  assez  par  devant  et  par  derrière 
pour  que  la  Tortue  puisse  mettre  sa  tête,  ses  pattes  et  sa  queue, 
à  couvert  sous  cette  espèce  d'arme  défensive.  Cependant,  elle 
se  termine  par  derrière  en  pointe  si  aiguë  et  si  allongée,  qu'on 
croirait  voir  une  seconde  queue  placée  sur  la  véritable  queue  de 
ranimai. 

Cette  espèce  surpasse  quelquefois  par  sa  longueur,  les  plus 
grandes  Tortues-Franches.  M.  Amouroux  a  donné  dans  le  temps, 
à  la  Société  Royale  de  Montpellier,  la  description  d'une  Tortue- 
Luth  pùchée  au  port  de  Cette,  et  dont  la  longueur  totale  était  de 
cinq  pieds  sept  pouces  (1  mètre  86  centimètres). 

Des  circonstances  qu'il  serait  difficile  de  préciser,  puisque  cela 
arrive  très-rarement,  font  que  l'on  pêche  quelquefois  cette  Tortue 
sur  nos  côtes;  mais  c'est  si  rare,  qu'on  regarde  le  fait  comme 
un  grand  événement.  Une  seule  fois  j'ai  vu  pêcher  cette  Tortue 
dans  la  baie  de  Banyuls-sur-Mer.  Un  vieux  pêcheur  de  notre 
côte  m'a  dit  l'avoir  pêchée  deux  fois  en  sa  vie.  Je  puis  donc 
affirmer  que  c'est  très-accidentellement,  qu'elle  apparaît  sur  notre 
littoral. 

La  Fable  raconte  que  Mercure ,  en  sortant,  de  la  caverne  où  il 
avait  tué  les  bœufs  d'Apollon,  trouva  une  Tortue  broutant  l'herbe. 
Il  la  tua,  la  vida  et  tendit  sur  sa  carapace  des  cordes  faites  avec 
des  lanières  de  la  peau  des  bœufs  qu'il  venait  d'écorcher,  et  en 
fit  la  première  lyre  ou  luth.  De  là  vient  que  dans  l'antiquité  on 
représenta  souvent  Mercure  avec  une  Tortue.  M.  Lacepède  dit 
aussi  que  la  Tortue-Luth  est  une  de  celles  que  les  anciens  Grecs 


296  HISTOIRE   NATURELLE. 

ont  la  mieux  connue,  parce  qu'elle  habitait  leur  patrie.  «  Tout 
«  le  monde  sait,  dit-il,  que  dans  les  contrées  de  la  Grèce  ou 
«  dans  les  autres  pays  situés  sur  les  bords  de  la  Méditerranée, 
«  la  carapace  d'une  grande  Tortue  fut  employée  par  les  inven- 
«  teurs  de  la  musique  comme  un  corps  d'instrument,  sur  lequel 
«  ils  attachèrent  des  cordes  de  boyau  ou  de  métal.  On  a  écrit 
«  qu'ils  choisirent  la  couverture  d'une  Tortue-Luth;  et  elle  fut  la 
«  première  lyre  grossière,  qui  servit  à  faire  goûter  à  des  peuples 
«  peu  civilisés  encore,  le  charme  d'un  art  dont  ils  devaient  tant 
«  accroître  la  puissance.  » 

Pendant  longtemps  le  luth  ou  lyre  s'appela  testudo. 


DEUXIEME   ORDRE. 

SAURIENS. 

Caractères. — Corps  allongé,  arrondi,  écailleux  ou  cha- 
griné, terminé  par  une  queue  allongée,  ayant  le  plus 
souvent  quatre  pattes,  à  doigts  garnis  d'ongles;  cloaque 
le  plus  souvent  transversal  ;  tête  garnie  de  mâchoires  à 
branches  soudées  ;  bouche  constamment  privée  de  lèvres , 
largement  fendue,  armée  de  dents;  yeux  garnis  de  pau- 
pières visibles;  conduit  auditif,  distinct;  côtes  mobiles, 
en  partie  attachées  au  sternum ,  pouvant  se  soulever  ou 
s'abaisser  pour  la  respiration  ;  cœur  composé  de  deux 
oreillettes  et  d'un  ventricule  divisé  par  des  cloisons 
imparfaites. 

M.  Cuvier  divise  cet  ordre  en  six  familles  : 

i°  Les  Crocodiliens,  genre  Crocodiles; 

2°  Les  Lacertiens,  genres  Monitors,  Lacerta  ou  Lézards 
proprement  dits; 


REPTILES.  IMl 

5°  Les  Iguaniens ,  genres  Stellions,  A  g  âmes,  Basilics, 
Dragons,  Marbrés,  Anolis; 

¥  Les  Geckotiens,  genre  Geckos; 

5°  Les  Caméléoniens,  genre  Caméléons; 

6°  Les  Scincoïdiens ,  genres  Scinques,  Seps,  Bipèdes, 
Chalcides,  Chirotes  ou  Bimanes. 

lre  Famille.  —  Les  Crocodiliens. 

Nous  n'avons  point  à  nous  occuper  de  cette  famille  : 
les  Crocodiles  ne  vivent  point  en  Europe. 

2me  Famille.  —  Les  Lacertiens. 

Genre  Monitors. 

Les  Monitors  n'habitant  pas  l'Europe  non  plus,  nous 
ne  croyons  pas  devoir  les  décrire. 

Genre  Lacerta. 

Lézards  proprement  dits  ;  en  catalan  Lloerts. 

Caractères.  —  Corps  très-effilé,  terminé  par  une  queue 
longue  et  conique,  traînant  sur  le  sol;  peau  écailleuse, 
sans  crête  saillante;  colonne  vertébrale  composée  d'un 
grand  nombre  de  vertèbres,  dont  les  articulations  per- 
mettent des  mouvements  prompts  et  variés;  quatre  pattes 
courtes,  fortes,  terminées  chacune  par  cinq  doigts  légè- 
rement comprimés  ;  tête  en  pyramide ,  quadrangulaire , 
aplatie,  rétrécie  en  avant,  couverte  de  plaques  cornées, 
symétriques,  à  tympan  distinct,  tendu,  soit  à  fleur  de 
tête,  soit  en  dedans  du  trou  de  l'oreille;  yeux,  le  plus 
souvent  à  trois  paupières  mobiles;  palais  armé  de  deux 


298  HISTOIRE   NATURELLE. 

rangées  de  dents  ;  un  collier  sous  le  cou  formé  par  une 
rangée  transversale  de  larges  écailles,  séparées  de  celles 
du  ventre  par  un  espace  où  il  n'y  en  a  que  de  petites 
comme  sous  la  gorge;  une  partie  des  os  du  crâne  s'avan- 
cent sur  les  tempes  et  sur  les  orbites,  en  sorte  que  tout 
le  dessus  de  la  tête  est  muni  d'un  bouclier  osseux. 

1.  Lézard  des  souches,  Lacerta  stirpium,  Daudin;  en 
catalan  Lloert  de  las  vinyes  (Lézard  des  vignes). 

Tête  grosse,  courte,  un  peu  obtuse,  couverte  de  onze  plaques 
écailleuses,  qui  sont  à  quatre  ou  cinq  angles  sur  les  joues;  les 
écailles  qui  couvrent  le  tour  des  mâchoires  sont  plus  petites, 
d'un  blanc  sale,  avec  de  petits  traits  noirâtres  sur  les  angles; 
l'arcade  sourcilière  très-saillante;  les  yeux,  enfoncés  dans  l'or- 
bite, sont  d'un  jaune  de  feu.  Corps  trapu,  allongé;  les  pattes 
antérieures  fortes,  les  postérieures  plus  allongées,  munies  de 
cinq  doigts  comprimés  ;  la  plante  des  pieds  blanche.  Le  dessus 
de  la  tête,  le  dos  et  le  commencement  de  la  queue  sont  bruns; 
les  côtés  du  dos  et  de  la  queue  d'un  blanc  sale,  marqués  de 
points  blanchâtres;  les  flancs  et  le  dessous  du  corps  d'un  joli 
vert-clair;  sur  chaque  flanc  deux  rangées  longitudinales  de  taches 
noires,  légèrement  ocellées  et  marquées  de  points  blancs  ;  toutes 
les  écailles  de  dessous  le  corps  et  la  queue  ont  une  petite  tache 
ou  un  point  de  couleur  noire.  Les  écailles  qui  recouvrent  le 
dessus  du  cou,  le  corps  et  les  membres  sont  petites,  hexagones 
ou  arrondies.  La  queue  est  cylindrique,  plus  longue  que  le  corps. 
Nous  avons  des  sujets  qui  ont  une  longueur  totale  de  26  centi- 
mètres; la  queue  en  compte  14. 

La  femelle  a  le  dessus  du  corps  et  les  côtés  d'un  brun-clair; 
le  dos  marqué  de  taches  noirâtres;  le  long  des  flancs,  on  voit 
deux  séries  de  taches  noires,  papillées  de  blanc.  Elle  est  toujours 
moins  grosse  que  le  mâle. 

Ce  Lézard  habite  les  parties  arides  du  département,  les  bords 


REPTILKS.  2g9 

des  propriétés  où  sont  beaucoup  de  ronces,  des  arbustes  et  des 
fourrés  de  plantes,  tous  les  aspres  et  les  petites  collines  de  la 
vallée   du   Réart,    les   environs  de   Perpignan,    les   chemins 
creux  de  la  Passiô-Vella ,  du  Sarrat-d'en-Vaquer,  de  celui  de  las 
Guillas,  teMaUloles,  les  bords  des  vignes  à'Orle  et  du  Moulin  de 
Vignals,  le  pied  des  vieux  troncs  d'olivier  où  il  grimpe  facile- 
ment, les  coteaux' de  Saint-Sauveur  et  de  Château-Roussillon. 
Ce  Lézard  n'a  pas  toujours  la  robe  telle  que  nous  venons  de  la 
décrire;  ses  couleurs  sont  plus  ou  moins  altérées  selon  l'âge 
selon  même  les  localités.  Quelques  sujets  ont  certaines  parties 
du  corps  couvertes  d'une  couleur  d'un  brun  plus  ou  moins  vif, 
particulièrement  le  dessous  du  cou,  la  partie  supérieure  du  corps 
et  une  portion  de  la  queue:  cette  coloration  se  trouve  émaillée 
de  petits  points  noirâtres.  Si  l'on  avait  égard  à  toutes  ces  diffé- 
rences de  coloration,  on  pourrait  faire,  au  moins,  trois  variétés 
de  cette  espèce  de  Lézard;  mais  elles  tiennent  à  l'âge,  et  souvent 
aux  lieux  qu'habite  l'animal,  et  ne  méritent  pas  d'être  prises  en 
considération. 

2.  Lézard  vert,  Lacerta  viridis,  Daud.;  en  catalan  Lloert 
vert. 

La  beauté  de  ce  Lézard  fixe  les  regards  de  tous  ceux  qui  l'aper- 
çoivent. Le  dessus  du  corps  est  d'un  vert  plus  ou  moins  mêlé  de 
jaune,  de  gris,  de  brun  et  quelquefois  de  rouge.  Il  brille  de  tout 
son  éclat  lorsque,  ayant  quitté  sa  vieille  peau,  il  expose  au  soleil 
son  corps  émaillé  des  plus  vives  couleurs.  Ces  teintes  sont  sujettes 
à  varier;  elles  pâlissent  dans  certains  temps  de  l'année  et  surtout 
après  la  mort  de  l'animal.  Les  variétés  que  fournit  cette  espèce 
sont  très-nombreuses;  toutes  ont  été  formées  par  leur  système 
de  coloration  différent,  et,  en  outre,  comme  ce  Reptile,  dans  son 
jeune  âge,  ne  ressemble  pas  à  ce  qu'il  sera  plus  tard,  il  en  résulte 
des  variations  telles  que  plusieurs  zoologistes  ont  fait  des  espèces 
particulières  avec  de  simples  variétés. 


300  HISTOIRE    NATURELLE. 

Le  Lézard-Vert  est  très-commun  dans  ce  département.  On  le  voit 
partout,  dans  les  bois,  dans  les  lieux  herbeux,  dans  les  champs,  sur 
le  bord  des  routes,  dans  les  haies,  dans  les  buissons  sur  lesquels 
il  aime  à  se  poser.  Lorsque  le  soleil  chauffe  l'atmosphère,  il  se 
plaît  à  absorber  ses  rayons  en  se  mettant  à  l'abri  du  vent  au  pied 
des  arbres,  sur  lesquels  il  grimpe  avec  une  grande  facilité,  mais 
en  tournant  autour  de  la  souche.  Il  se  nourrit  de  petits  insectes. 
Nous  l'avons  vu  manger  les  œufs  des  petits  oiseaux  qui  nichent 
dans  les  buissons. 

Chez  les  Lézards,  la  rupture  ou  la  séparation  d'une  partie  de 
la  queue  est  si  facile,  que  beaucoup  d'entre  eux  en  sont  privés; 
mais  elle  se  régénère  bientôt,  comme  nous  l'avons  dit.  On  recon- 
naît facilement  que  cette  queue  est  de  nouvelle  formation,  à  la 
couleur  plus  terne,  à  la  longueur  plus  courte  et  plus  obtuse  que 
celle  qu'elle  remplace.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable  dans  ce  fait, 
c'est  que  la  portion  de  queue  ainsi  régénérée  ne  possède  plus  de 
vertèbres  ossifiées,  comme  dans  l'état  normal;  elle  reste  cartila- 
gineuse ;  il  peut  même  arriver  que  la  queue  pousse  double  ou 
triple,  et  il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  individus  avec  deux  ou 
trois  queues,  ou  des  rudiments  de  queue. 

Mais ,  un  fait  bien  digne  de  remarque ,  c'est  un  Lézard-Vert  à 
deux  têtes  que  possédait  M.  Rigail,  pharmacien,  à  Argelès-sur- 
Mer.  Ce  petit  animal,  qu'il  gardait  en  captivité  depuis  deux  ans, 
avait  été  pris  fort  jeune,  et  avait  grandi  dans  son  esclavage  jus- 
qu'aux deux  tiers  de  sa  grandeur  naturelle.  Chaque  tête,  parfai- 
tement conformée,  était  réunie  à  un  cou  distinct,  bien  constitué, 
de  la  longueur  ordinaire.  Ces  deux  cous  sortaient,  en  se  bifurquant 
l'un  à  droite,  l'autre  à  gauche,  d'un  thorax  commun.  Le  corps  avait 
quatre  pattes  et  une  queue;  une  cinquième  patte  était  attachée 
à  la  jonction  des  deux  cous.  L'animal  mangeait  indifféremment 
des  deux  bouches.  Mais,  ce  qui  était,  curieux  à  observer,  c'étaient 
les  combats  qui  agitaient  ce  Lézard  toutes  les  fois  qu'on  lui  offrait 
quelque  chose  à  manger.  On  voyait  ses  yeux  s'animer  et  les  deux 


REPTILES.  301 

têtes  darder  simultanément  leur  convoitise  sur  l'objet  qui  leur 
était  présenté.  Le  corps  restait  immobile  ;  il  ne  s'avançait  pour 
saisir  la  proie,  que  lorsque  cette  petite  émotion  était  calmée; 
alors,  il  s'élançait,  les  deux  bouches  béantes,  et  c'était  toujours 
celle  qui  était  la  plus  rapprochée  de  l'appât  qui  s'en  emparait. 
J'ai  eu  occasion  de  voir  ce  Lézard ,  pendant  une  course  d'explo- 
ration faite  à  Port-Vendres  et  à  Banyuls-sur-Mer,  en  compagnie 
de  M.  Beltrami,  naturaliste  du  plus  haut  mérite,  ancien  procureur- 
général  delà  Cour  Impériale  de  Milan,  révoqué  à  la  chute  du 
premier  Empire.  En  passant'  à  Argelès-sur-Mer,  on  nous  parla 
de  ce  Lézard,  et,  pendant  que  nos  chevaux  se  reposaient,  nous 
allâmes  voir  ce  bicéphale.  M.  Beltrami  en  fut  si  émerveillé,  qu'il 
pria  M.  Rigail  de  lui  céder  ce  petit  animal  :  il  se  proposait  d'écrire 
un  mémoire  à  ce  sujet  et  de  le  présenter  à  l'Académie  des  Sciences 
de  Paris,  avec  le  Lézard  à  l'appui.  Je  ne  sais  s'il  a  mis  ce  projet  à 
exécution,  car  je  n'ai  plus  entendu  parler  de  cet  homme  distingué. 

Au  moment  de  mettre  sous  presse ,  on  nous  communique  un 
numéro  de  la  Revue  Encyclopédique  (mai  1831),  où  nous  lisons, 
page  -402  : 

«  M.  Beltrami  adresse,  à  l'Académie  des  Sciences,  quelques 
«  détails  intéressants  sur  un  Lézard  à  deux  têtes.  Cet  animal 
«  curieux  fut  découvert,  le  2  octobre  1829,  par  M.  Rigail,  phar- 
«  macien  d'Argelès,  dans  le  Roussillon.  Il  ne  tarda  pas  à  s'appri- 
«  voiser,  à  tel  point  qu'il  obéissait  à  la  voix  de  M.  Rigail  ;  venait 
«  prendre  sa  nourriture  dans  ses  mains,  et,  si  on  l'exposait  au 
«  soleil,  on  le  voyait  sortir  tranquillement  de  sa  boîte  pour  jouir 
«  de  l'influence  de  sa  chaleur.  Il  ne  se  nourrissait  que  d'insectes 
«:  vivants;  morts,  il  les  refusait.  Telle  était  la  finesse  d'instinct 
«  de  ce  petit  animal  pour  exprimer  ses  besoins,  que  s'il  avait 
«  seulement  soif  et  qu'on  lui  donnât  à  manger,  il  se  bornait  à 
«  lécher  l'appât  :  c'était  l'indice  qu'il  voulait  boire;  s'il  n'avait 
«  que  faim,  il  frappait  de  sa  queue  l'eau  qu'on  lui  présentait: 
«  c'était  l'indice  qu'il  voulait  manger.  Les  deux  têtes  mangeaient 


302  HISTOIRE  NATURELLE. 

a  à  la  fois  quand  l'animal  pouvait  librement  saisir  l'aliment  par 
<$  lui-même;  si  l'appât  lui  était  offert,  toutes  les  deux  se  mon- 
«  traient  également  avides  ;  si  on  ne  le  donnait  qu'à  une  seule , 
«  l'autre  se  tournait  vivement  et  s'efforçait  de  le  lui  arracher; 
«  mais  l'une  était-elle  rassasiée ,  l'autre ,  quoiqu'elle  n'eût  rien 
«  mangé,  cessait  de  demander,  refusait  même.  Ce  qui  n'empêchait 
«  pas  que,  si  l'on  présentait  à  boire  à  celle-ci ,  elle  n'acceptât  et 
«  ne  bût  pour  l'autre,  qui,  sa  compagne  étant  satisfaite,  refusait 
«  à  son  tour  de  boire.  Ces  circonstances  portent  à  croire,  dit 
«  M.  Beltrami,  qu'il  n'y  a  qu'un  seul  estomac  auquel  aboutissent 
«  deux  œsophages;  c'est  ce  qu'on  vérifiera  à  l'autopsie.  L'animal 
*  a  cinq  pattes,  quatre  de  locomotion,  composées  et  placées 
«  comme  celles  de  tous  les  Sauriens  ;  la  cinquième  est  sise  entre 
«  les  deux  tètes,  sur  la  partie  supérieure  de  la  jonction  des  deux 
«  cous.  La  mort  de  cet  animal  a  été  occasionnée  par  un  accident: 
«  M.  Rigail,  craignant  l'influence  du  froid  de  l'hiver,  plaçait  toutes 
«  les  nuits  la  boîte  renfermant  son  petit  monstre  dans  son  lit.  Un 
«  matin  il  trouva  la  boîte  renversée  et  le  Lézard  étouffé.  » 

3.  Lézard  ocellé,  Lacerta  ocellata,  Daud. 

La  dimension  de  cette  espèce  est  à  peu  près  celle  du  Lézard- 
Vert;  elle  est  aussi  très-commune  dans  nos  environs;  elle  habite 
presque  les  mêmes  localités.  Cependant,  elle  se  plaît  davantage 
sur  les  parties  un  peu  élevées. 

Le  Lézard-Ocellé  diffère  du  Lézard-Vert  par  ses  écailles  dor- 
sales circulaires,  granuleuses,  juxtaposées;  la  paupière  inférieure 
opaque,  squammeuse.  Le  dessus  du  corps  est  vert,  varié,  tacheté, 
réticulé  ou  ocellé  de  noir;  de  grandes  taches  bleues,  arrondies, 
se  remarquent  sur  les  flancs;  le  dessous  du  corps  est  blanc, 
glacé  de  vert.  Le  système  de  coloration  diffère  avec  l'âge  de  l'in- 
dividu, comme  dans  les  autres  espèces,  et  on  pourrait  en  faire, 
comme  dans  le  Lézard-Vert,  sept  à  huit  variétés;  ainsi,  le  Lézard- 
Gentil,  de  Daudin,  n'est  absolument  qu'un  Lézard-Ocellé,  qui 


REPTILBS.  303 

n'a  pas  encore  atteint  tout  son  développement,  et  ce  naturaliste 
en  a  fait  une  nouvelle  espèce.  Ce  Lézard  est  robuste;  le  thorax 
est  épais;  ses  membres  bien  musclés  et  forts;  la  tête  grande;  le 
museau  obtus  et  comprimé  sur  les  côtés,  et  les  tempes  renflées. 

4.  Lézard  gris  des  murailles,  Lacerta  muralis,  Laurenti; 
en  catalan  Singlantana. 

Tout  le  monde  connaît  le  Lézard-Gris  des  murailles,  le  plus  doux, 
le  plus  innocent,  le  plus  gentil  et  l'un  des  plus  utiles  des  Lézards; 
il  est  le  plus  commun  de  tous  ceux  du  genre.  Il  vit  auprès  de 
nous;  s'introduit  même  dans  nos  demeures.  Toujours  inoffensif, 
les  enfants  jouent  avec  lui  ;  et,  malgré  qu'ils  le  manient  de  toutes 
les  manières,  il  ne  cherche  jamais  à  les  mordre,  et,  par  suite  de 
la  douceur  de  son  caractère,  il  devient  si  familier  avec  eux,  qu'on 
dirait  qu'il  cherche  à  leur  rendre  caresse  pour  caresse.  La  nature 
ne  lui  a  pas  prodigué  les  belles  couleurs  qui  parent  la  robe  des 
espèces  précédentes  ;  mais  elle  lui  a  donné  une  parure  élégante  ; 
sa  petite  taille  svelte,  son  mouvement  agile,  sa  course  si  prompte 
qu'il  échappe  à  l'œil  aussi  rapidement  que  l'oiseau  qui  vole.  Il  a 
le  dessus  de  la  tète  d'un  gris-cendré,  ainsi  que  le  dos,  qui  est 
marqué  régulièrement  de  points  et  de  traits  brunâtres.  Il  présente 
sur  les  flancs,  depuis  l'angle  postérieur  de  chaque  œil  jusqu'à  la 
base  des  cuisses,  une  large  bande  brune,  formée  de  traits  réticulés 
et  finement  dentelée  sur  les  bords,  qui  sont  blanchâtres;  son 
ventre  et  le  dessous  de  la  queue  sont  d'un  blanc  luisant,  verdâ- 
tre ,  et  quelquefois  piqueté  de  noir. 

Pendant  les  beaux  jours,  on  voit  ce  joli  et  petit  animal,  grim- 
per avec  une  agilité  extrême  sur  les  vieux  murs,  sur  les  vases  de 
nos  terrasses,  sur  les  arbres.  La  vivacité  de  ses  mouvements,  la 
grâce  de  sa  démarche,  sa  forme  agréable  et  déliée,  le  font  généra- 
lement remarquer.  Dans  ce  département,  on  le  voit  toute  l'année; 
dans  les  pays,  plus  froids,  il  se  creuse  un  trou  dans  la  terre,  s'y 
enferme  et  s'y  engourdit.  Il  passe  l'hiver  dans  cet  état,  et,  dès  les 


304  HISTOIRE    NATURELLE. 

premiers  jours  de  beau  temps,  il  reparaît;  s'accouple,  et  veille  à 
sa  progéniture.  La  femelle  pond  six  à  huit  œufs,  qu'elle  a  soin 
de  mettre  sous  terre,  quelquefois  dans  le  fond  d'un  vase,  où  elle 
pénètre  par  le  trou  d'où  s'épanche  l'eau,  quelquefois,  au  pied 
d'un  mur  exposé  au  midi,  ou  dans  le  fumier.  Elle  ne  donne  aucun 
soin  à  sa  famille,  qui  cherche  sa  nourriture  aussitôt  qu'elle  est 
née  :  elle  consiste  en  Fourmis,  Mouches  et  Coléoptères  de  petites 
espèces. 

Dans  cette  espèce  de  Lézard,  on  peut  former  aussi  trois  ou 
quatre  belles  variétés,  qui  se  distinguent  entre  elles  par  diverses 
nuances  de  la  couleur  de  la  peau ,  par  la  disposition  des  lignes 
sur  le  corps,  par  les  points  de  couleurs  différentes  qui  couvrent 
certaines  parties  de  l'animal,  et  par  des  bandes  en  zig-zag  et 
multitude  de  points  de  couleurs  variées,  parsemés  sans  ordre  sur 
la  superficie  de  ce  gentil  Saurien. 

5.  Lézard  gris  des  sables,  Lacerta  arenicola,  Daud. 

Plus  petit  que  le  Lézard -des -Murailles  et  aussi  gentil,  est 
très-agile;  il  se  trouve  en  abondance  sur  le  littoral  et  sur  les 
dunes  de  sable  que  les  vents  accumulent  dans  certaines  parties. 
Il  se  cache  dans  les  touffes  de  plantes  qui  vivent  sur  ces  lieux 
stériles,  et  on  le  saisit  avec  facilité  dans  sa  retraite.  Il  ne 
cherche  pas  à  mordre  quand  on  s'en  empare ,  et  devient 
aussitôt  familier.  On  en  a  fait  un  nouveau  genre,  dont  les 
caractères  essentiels  sont  :  écaillure  du  dos  et  de  la  queue 
composée  de  petites  pièces  rhomboïdales,  carénées,  entaillées; 
les  plaques  du  ventre  ou  petites  lamelles  ont  quatre  côtés;  la 
queue,  qui  est  légèrement  aplatie  à  son  origine,  a  quatre 
faces.  On  lui  a  donné  le  nom  de  Psammodrome,  Psammo- 
dromus,  Fitz,  et  Psammodromiis  Edwarsii,  que  M.  Duméril  a 
dédié  au  savant  M.  Edwards. 

6.  Lézard  vivipare,  Lacerta  vivipara,  Jacq. 

Ce  Lézard  est  moins  grand  que  le  Lézard-Gris,  avec  lequel  on 


REPTILES.  305 

le  confondrait  aisément,  si  on  n'y  faisait  attention.  Il  est  plus 
trapu  ;  sa  couleur  générale  est  d'un  brun-rougeâtre  ;  le  dos  tra- 
versé longitudinalement  par  une  raie  noire,  de  chaque  côté  de 
laquelle  sont  des  stries  noires;  la  gorge  est  rosée;  l'abdomen  et 
le  dessous  des  membres  sont  verdâtres,  avec  de  nombreux  points 
noirs.  Il  se  nourrit  d'insectes.  La  femelle  fait,  vers  le  mois  de 
juin,  cinq  à  sept  œufs,  d'où  quelques  minutes  après  qu'ils  sont 
pondus,  les  petits  sortent  parfaitement  développés,  ce  qui  leur  a 
vallu  le  nom  de  Vivipares. 

Nous  ne  voyons  jamais  ce  petit  Lézard  en  plaine  ;  il  se  tient 
sur  les  rocailles,  surtout  dans  les  montagnes  calcaires,  aux 
environs  de  Casas-de-Pena,  à  Força-Real  et  vers  le  haut  de 
la  Trencada-d'  Ambutta. 

7.  Lézard  oxycéphale,  Lacerta  oxycephala,  Schl. 

Aussi  petit  et  tout  aussi  agile  que  le  Lézard-Gris  des  murailles, 
rOxycéphale  s'en  distingue  par  la  dépression  de  sa  tête,  qui  est 
beaucoup  plus  grande  ;  par  sa  coloration  plus  roussâtre  ou  plus 
bleuâtre  en  dessus,  et  par  sa  longueur  un  peu  moindre. 

Sa  présence  sur  les  roches  les  plus  élevées  des  vallées  d'Eyne 
et  de  Llo  attira  notre  attention  ;  et ,  en  le  comparant  avec  cette 
série  de  petits  Lézards  qui  fourmillent  dans  nos  environs,  nous 
ne  tardâmes  pas  à  nous  assurer  que  c'était  une  espèce  différente 
et  qu'elle  appartenait  à  l'Oxycéphale. 

Genre  Acanthodactyle  ,  Acanthodactylus ,  Fitz. 

Caractères. — Ce  genre,  créé  par  MM.  Duméril  et  Bibron, 
est  une  sous-famille  des  Lacertiens.  Les  Acanthodactyles 
ressemblent  à  nos  Lézards  ordinaires  :  ils  ont  des  pau- 
pières, des  oreilles  ouvertes  extérieurement,  cinq  doigts 
à  chaque  patte,  carénés  en  dessous  et  dentelés  latéra- 
lement, des  pores  fémoraux.  Les  lamelles  squammeuses 
inMi.  m.  20 


30b  HISTOIRE  NATURELLE. 

qui  protègent  le  ventre,  sont  moins  grandes  et  plus  nom- 
breuses que  chez  les  Lézards  proprement  dits. 

Les  Acanthodactyles  fréquentent  de  préférence  les  lieux 
secs,  arides,  sablonneux.  On  en  connaît  quatre  espèces, 
dont  trois  sont  d'Egypte  ;  la  quatrième  se  trouve  en  Es- 
pagne, en  Italie,  dans  le  Midi  de  la  France  et  dans  notre 
département.  C'est  l'Acanthodactyle  commun. 

i.  Acanthodactyle  commun,  Acanthodactylus  vulgaris, 
Duméril. 

De  la  grosseur  à  peu  près  du  Lézard-Gris  des  murailles,  sa 
couleur  générale  est  d'un  brun-noirâtre.  Quatre  raies  blanches 
longent  chaque  côté  du  corps;  une  neuvième  suit  le  milieu  du 
dos.  La  partie  postérieure  du  dos  a  une  teinte  un  peu  rougeâtre. 

Cette  petite  et  jolie  espèce  se  trouve  sur  les  roches  calcaires 
de  la  vallée  de  Conat,  en  allant  à  la  Font  de  Coins.  Elle  se  tient 
sur  les  pierres  exposées  au  soleil ,  et  se  plaît  sur  les  plantes  qui 
croissent  parmi  les  rocailles.  Elle  guette  sa  proie,  sur  laquelle  elle 
fond  comme  un  trait.  Elle  est  d'une  dextérité  extrême  et  très- 
difficile  à  saisir,  parce  qu'elle  se  réfugie  de  suite  entre  les  fentes 
des  rochers  ou  sous  les  touffes  des  plantes. 

3me  Famille. —  Les  Iguaniens. 

L'Europe  ne  possédant  qu'un  seul  Iguanien,  le  Stellio 
vulgaris,  et  cette  espèce  ne  vivant  pas  dans  le  départe- 
ment, nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  de  cette  famille. 

4me  Famille.  —  Les  Geckotiens. 

Genre  Geckos. 

Caractères. — Doigts  élargis  sur  toute  leur  longueur,  ou 
au  moins  à  leur  extrémité,  garnis  en  dessous  d'écaillés 
ou  replis  de  la  peau  très-réguliers ,  au  moyen  desquels 


REPTILES.  Si)"' 

ils  font  le  vide  et  se  tiennent  cramponnés  contre  les 
corps  lisses,  ce  qui  leur  permet  de  marcher  sous  des  pla- 
fonds. En  général,  les  Geckos  n'ont  point  la  forme  élancée 
des  Lézards;  ils  sont,  au  contraire,  apjatis,  surtout  par 
la  tête  ;  leur  marche  est  lourde  et  rampante  ;  ils  ont  de 
très-grands  yeux  dont  la  pupille  se  rétrécit  à  la  lumière 
comme  celle  des  Chats ,  ce  qui  en  fait  des  animaux  noc- 
turnes qui,  le  jour,  se  tiennent  dans  les  lieux  obscurs. 
Leurs  ongles  sont  rétractiles,  et  conservent  leur  tranchant 
et  leurs  pointes.  Ce  caractère,  ainsi  que  leurs  yeux,  peu- 
vent faire  comparer  les  Geckos,  parmi  les  Sauriens,  à  ce 
que  sont  les  Chats  parmi  les  Mammifères  carnassiers. 
Ils  vivent  d'insectes,  qu'ils  poursuivent  surtout  la  nuit. 

Ce  genre  est  nombreux  et  répandu  dans  les  pays  chauds 
des  deux  continents.  L'air  triste  et  lourd  des  Geckos,  et 
une  certaine  ressemblance  avec  les  Salamandres  et  les 
Crapauds,  les  ont  fait  haïr  et  accuser  de  venin,  mais  sans 
aucune  preuve  réelle. 

M.  Cuvier  fait  plusieurs  divisions  des  Geckos,  qu'il 
nomme  Platy  dactyles,  Hémidactyles,  Thécadactyles,  etc. 
Le  département  des  Pyrénées-Orientales  en  nourrit  deux 
espèces  :  une  dans  les  Platydactyles,  c'est  le  Gecko  des 
murailles;  une  dans  les  Thécadactyles,  c'est  le  Gecko  des 
maisons. 

1.  Gecko  des  murailles,  Lacerta  maurilanica,  et  Lacerta 
turcica,  Gmel.;  en  catalan  Drago. 

Animal  hideux  qui  se  cache  dans  les  trous  des  murailles,  les 
tas  de  pierres,  et  se  recouvre  le  corps  de  poussière  et  d'ordures. 
Commun  dans  les  murs  des  fortifications  de  Collioure  et  dans  les 
maisons  de  cette  ville  où  il  fait  bien  des  défais.  Lorsqu'il  peut 


308  HISTOIRE   NATURELLE. 

s'introduire  dans  une  armoire  où  il  y  a  du  linge,  il  le  perce  de 
trous  et  le  triture  comme  du  duvet.  11  vit  aussi  dans  tous  les 
villages  qui  longent  le  pied  des  Albères,  sur  la  rive  droite  du 
Tech,  tandis  que  sur  la  rive  gauche  il  n'en  existe  pas  un  seul. 
Nos  paysans  croient  généralement  que  cet  animal  est  malfaisant; 
ils  prétendent  qu'il  porte  un  venin  dangereux;  ils  assurent  que 
si,  pendant  leur  sommeil  dans  les  champs,  ce  Gecko  leur  marche 
sur  une  partie  découverte  du  corps,  il  y  produit  de  petites  am- 
poules, suivies  de  picotements..  Nous  pensons  avec  M.  Cuvier 
que  cette  irritation,  qui  n'a  jamais  rien  de  dangereux,  est  plutôt 
occasionnée  par  la  pointe  des  ongles  de  cet  animal,  qui  sont  très- 
fins,  et  qui  s'implantent  dans  la  peau. 

2.  Gecko  des  maisons,  Lacerta  gecko,  Hasselquist. 

«  Cette  espèce,  dit  M.  Cuvier,  est  lisse,  gris-roussâlre  piqueté 
«  de  brun;  les  écailles  et  les  tubercules  très-petits.  Cette  espèce 
«  est  commune  dans  les  maisons  des  divers  pays  qui  bordent  la 
«  Méditerranée  au  midi  et  à  l'orient;  au  Caire,  on  nomme  ce  Gecko 
«  Abou  burs  (père  de  la  lèpre),  parce  qu'on  prétend  qu'il  donne 
«  ce  mal  en  empoisonnant  avec  ses  pieds  les  aliments,  et  surtout 
«  les  salaisons,  qu'il  aime  beaucoup.  Quand  il  marche  sur  la  peau, 
«  il  y  fait  naître  des  rougeurs  ;  mais  peut-être  seulement  à  cause 
«  de  la  finesse  de  ses  ongles.  Sa  voix  ressemble  à  celle  des  Gre- 
«  nouilles.  » 

On  le  trouve  à  la  citadelle  de  Perpignan. 

5me  Famille. — Les  Caméléoniens. 
Genre  Caméléons. 

Caractères. — Le  corps  est  comprimé  et  le  dos  comme 
tranchant;  la  peau  chagrinée  par  de  petits  grains  écail- 
leux;  les  pattes  ont  une  conformation  très-bizarre,  ce  qui 
leur  donne  une  grande  facilité  pour  grimper;  cinq  doigts 
à  tous  les  pieds,  mais  divisés  en  deux  paquets,  l'un  de 


REPTILES.  309 

deux,  l'autre  de  trois,  chaque  paquet  réuni  par  la  peau 
jusqu'aux  ongles;  la  queue  ronde  et  prenante,  comme 
celle  de  certains  Mammifères,  est  susceptible  de  s'accro- 
cher aux  corps  environnants;  la  tête  est  grosse  et  d'un 
aspect  singulier,  presque  immédiatement  appliquée  sur 
le  tronc,  quelquefois  armée  d'appendices  en  forme  de 
cornes  et  considérablement  augmentée  à  la  nuque  ;  la 
bouche,  largement  fendue,  est  garnie  de  dents  trilobées, 
avec  une  langue  charnue ,  cylindrique ,  extrêmement 
allongéable,  qui  peut,  quand  l'animal  la  lance,  atteindre 
une  longueur  égale  à  celle  de  son  corps  :  c'est  une  chose 
surprenante  que  la  vitesse  avec  laquelle  il  la  darde  sur 
une  Mouche  et  la  ramène  dans  sa  gueule  avec  sa  proie  : 
il  est  pour  tout  le  reste  d'une  lenteur  excessive.  Les 
yeux,  dont  le  globe  est  considérable,  quoique  leur  ouver- 
ture pupillaire  soit  fort  petite ,  offrent  la  singulière  pro- 
priété de  se  mouvoir  l'un  indépendamment  de  l'autre,* ce 
qui  permet  à  l'animal  de  regarder  simultanément  dans 
deux  directions  tout  à  fait  opposées.  Mais  le  trait  le  plus 
important  des  Caméléons,  celui  qui  a  fait  leur  grande 
réputation,  c'est  la  versatilité  de  leurs  couleurs.  Ordinai- 
rement la  teinte  de  cet  animal  est  celle  du  jaune-pâle, 
plus  ou  moins  marbrée  par  place;  sa  nuance  varie,  mais 
dans  des  limites  assez  restreintes.  Plusieurs  théories  ont 
été  professées  relativement  a  cette  versicolorité,  et  aux 
dispositions  organiques  qui  permettent  à  ces  animaux  de 
prendre  des  couleurs  assez  différentes  suivant  les  instants. 
M.  Cuvier  dit  à  ce  sujet  :  «  La  grandeur  de  leur  poumon 
«  est  ce  qui  leur  donne  la  propriété  de  changer  de  cou- 
rt leur,  non  pas ,  comme  on  l'a  cru ,  selon  les  corps  sur 
«  lesquels  ils  se  trouvent ,  mais  selon  leurs  besoins  et 


310  IHSTOIRE   NATURELLE. 

«  leurs  passions.  Leur  poumon,  en  effet,  les  rend  plus 
«  ou  moins  transparents  ;  contraint  plus  ou  moins  le  sang 
«  à  refluer  sur  la  peau;  colore  même  ce  fluide  plus  ou 
«  moins  vivement,  selon  qu'il  se  remplit  ou  se  vide  d'air.  » 
Ces  animaux  sont  essentiellement  grimpeurs,  et  se  tien- 
nent constamment  sur  les  arbres  ;  ils  sont  ovipares  et  vivent 
de  petits  insectes.  On  compte  quatorze  espèces  de  Camé- 
léons, dont  une  seule  vit  en  Europe  :  c'est  le  Caméléon 
ordinaire  (Lacerta  Africana)  qui  se  trouve  dans  le  Midi  de 
l'Espagne,  et  qui  est  originaire  d'Egypte  et  de  Barbarie. 

\.  Caméléon  ordinaire,  Lacerta  Africana,  Gmel. 

Les  Caméléons  n'étaient  pas  connus  dans  le  département  des 
Pyrénées-Orientales  avant  notre  conquête  de  l'Algérie;  mais, 
depuis  cette  époque,  on  en  a  tellement  importé  qu'ils  sont 
devenus  très-communs. 

Sans  affirmer  qu'ils  se  reproduisent  dans  le  pays,  je  puis  citer 
un  exemple  qui  prouve  qu'avec  quelque  soin  on  parviendrait  à  les 
acclimater.  On  m'avait  donné  deux  Caméléons,  mâle  et  femelle; 
ils  se  promenaient  dans  mon  parterre  etgrimpaient  sur  les  arbustes. 
Après  quelque  temps,  quelle  fut  ma  surprise  de  voir  un  paquet 
d'œufs  qui  avaient  été  faits  par  la  femelle;  elle  devait  en  avoir 
caché  quelques-uns  dans  de  la  terre  sablonneuse  que  j'avais  au 
pied  des  orangers,  car  je  vis  sortir  de  cet  endroit  plusieurs  jeunes 
Caméléons.  Ils  vécurent  quelque  temps.  Mais,  cette  année,  l'au- 
tomne fut  très-froid  et  humide.  Ces  jeunes  animaux  ne  trouvant 
plus  la  nourriture  qui  leur  était  nécessaire,  périrent.  Ce  fait  prou- 
verait que  si  la  femelle  pondait  au  commencement  du  printemps, 
et  que  les  petits  vinssent  dans  la  belle  saison  pour  avoir  le  temps 
de  grandir  et  de  se  fortifier,  ils  prospéreraient  dans  notre  climat, 
qui  n'est  guère  plus  froid  que  l'Algérie.  C'est  dans  le  mois 
d'août  1837  que  ces  Caméléons  sont  éclos  dans  mon  parterre, 
et  ils  ont  vécu  jusqu'au  15  novembre  de  la  même  année. 


REPTILES.  841 

6me  Famille.  —  Les  Scincoïdiens. 

Caractères.  —  Les  Scincoïdiens  sont  reconnaissables  à 
leurs  pieds  courts,  à  la  langue  non  extensible  et  aux 
écailles  qui  couvrent  tout  leur  corps  comme  des  tuiles; 
ils  ont  plutôt  la  forme  d'un  Serpent  que  d'un  Lézard. 

Cette  famille  se  divise  en  plusieurs  genres,  dont  un 
seul,  le  Seps,  est  représenté  en  Roussillon. 

Genre  Seps,  Seps,  Daud. 

Caractères. —  Il  diffère  des  Scinques ,  premier  genre 
de  la  famille  des  Scincoïdiens,  par  son  corps  plus  allongé, 
ressemblant  à  celui  des  Orvets;  les  pieds  très-petits,  et 
les  deux  paires  très-éloignées  l'une  de  l'autre. 

Bien  que  les  Seps  aient  quatre  pattes  munies  de  doigts 
à  ongles  très-acérés,  ils  ne  peuvent  que  ramper,  car  les 
pattes  ne  sortent  du  corps  que  de  0m,004  de  longueur, 
et  sont  placées,  les  antérieures,  à  la  naissance  du  cou,  les 
postérieures,  près  de  l'anus,  à  la  naissance  de  la  queue. 
Cette  disposition  ne  permet  pas  a  l'animal  de  soutenir  le 
corps  au-dessus  du  sol.  Lorsque  le  Seps  doit  se  mouvoir, 
ses  pattes  agissent  avec  une  telle  agilité ,  que  l'animal 
parcourt  la  distance  comme  un  trait,  soit  pour  saisir  sa 
proie,  soit  pour  se  soustraire  à  la  poursuite  de  ses  ennemis. 
Et  malgré  toute  l'attention  de  l'observateur,  on  ne  peut 
distinguer  s'il  marche  ou  s'il  rampe. 

Nos  campagnards  craignent  beaucoup  le  Seps.  Ils  pré- 
tendent que  lorsqu'il  est  irrité,  il  laisse  sur  l'herbe  qu'il 
foule  un  certain  venin  qui  fait  périr  les  animaux  qui  en 
mangent.  Aussi,  lorsqu'ils  voient  un  Seps  sur  la  prairie, 
ils  se  gardent  bien  de  le  toucher,  à  moins  qu'ils  ne  soient 
armés  d'un  instrument  pour  l'assommer  sur  place. 


312  HISTOIRE   NATURELLE. 

\.  Seps  chalcide,  Lacerta  chalcides,  Lin.;  en  catalan  DuU 
(prononcez  douill). 

Au  premier  aspect,  on  croit  voir  un  Serpent.  Sa  tête,  assez 
grosse  par  rapport  à  son  corps,  est  un  peu  plate,  et  son  museau 
est  pointu;  ses  yeux  sont  presque  imperceptibles,  ainsi  que  ses 
pieds  qu'on  distingue  à  peine  de  chaque  côté  de  son  corps.  Il 
glisse  sur  l'herbe  avec  tant  de  rapidité ,  qu'on  a  de  la  peine  à 
suivre  ses  mouvements.  Sa  queue,  très-longue,  se  termine  en 
pointe.  La  couleur  générale  de  toute  la  partie  supérieure  du  corps 
est  d'un  gris  plus  ou  moins  foncé,  avec  des  couleurs  métalliques 
bronzées,  sur  lesquelles  paraissent  des  raies  longitudinales  blan- 
ches, une  de  chaque  côté  du  corps,  piquetées  de  noir;  tout  le 
dessous  du  corps  est  d'une  couleur  jaunâtre  ;  un  jaune  plus  vif 
se  fait  remarquer  à  côté  des  deux  raies  blanches  des  flancs. 

Au  reste,  chez  les  Seps,  comme  chez  les  Lézards,  on  trouve 
des  différences  très-grandes  sur  les  couleurs  générales  du  corps, 
et  on  pourrait  en  former  plusieurs  variétés  qui  ne  manqueraient 
point  d'intérêt,  autant  par  la  disposition  des  teintes,  que  par  celle 
des  raies  qui  ornent  la  robe  de  ces  Sauriens. 

Le  Seps-Chalcide  est  commun  dans  nos  prairies  humides, 
surtout  au  pied  des  Albères.  Je  l'ai  trouvé  assez  souvent  dans 
les  environs  de  Céret  et  dans  les  prairies  d'Arles.  C'est  un  animal 
inoffensif  qui  se  cache  au  moindre  bruit;  et  si  avec  une  baguette 
on  lui  coupe  toute  retraite,  il  se  roule  sur  lui-même  et  ne 
cherche  point  à  mordre  le  bâton  qu'on  lui  présente;  il  prend 
la  fuite  aussitôt  qu'on  cesse  de  l'inquiéter,  et  va  se  cacher  dans 
un  buisson  ou  parmi  les  broussailles  et  les  pierres  les  plus 
voisines. 


REPTILES.  313 

TROISIÈME   ORDRE. 

OPHIDIENS. 

M.  Cuvier  les  caractérise  ainsi  :  Reptiles  sans  pieds, 
et  par  conséquent  ceux  de  tous  qui  méritent  le  mieux  la 
dénomination  de  Reptiles.  Leur  corps,  très-allongé,  se 
meut  au  moyen  de  replis  qu'il  fait  sur  le  sol. 

Ils  sont  divisés  en  trois  familles  :  les  Anguis,  les  vrais 
Serpents,  les  Serpents  nus. 

lre  Famille.— Les  Anguis. 

Caractères. — Tête  osseuse,  dents  et  langue  semblables 
à  celles  des  Seps  ;  leur  œil  est  muni  de  trois  paupières  ; 
ce  sont  pour  ainsi  dire  des  Seps  sans  pieds. 

1.  Orvet  fragile,  Anguis  fragilis ,  Lin.;  en  catalan  Serp 
de  vidre  (Serpent  de  verre). 

La  peau  de  ce  Reptile  est  fine  et  unie,  et  ne  paraît  pas  avoir 
des  écailles,  tant  sont  lisses  celles  qui  couvrent  le  corps  de  cet 
Ophidien.  Il  ne  diffère  du  Seps,  que  parce  qu'il  n'a  point  de  pattes. 
La  couleur  générale  est  roussâtre,  parsemée  de  très-petites  taches. 
Deux  taches  plus  grandes  paraissent,  l'une  au-dessus  du  museau  et 
l'autre  sur  le  derrière  de  la  tête,  d'où  partent  deux  raies  longitu- 
dinales roussâtres,  qui  s'étendent  jusqu'à  la  queue,  ainsi  que  deux 
raies  qui  partent  de  dessous  les  yeux,  et  qui  sont  d'un  roux  tirant 
sur  le  jaune-d'ocre.  Le  ventre  est  brun  très-foncé,  et  la  gorge 
marbrée  de  blanc,  de  noir  et  de  jaunâtre.  La  disposition  de  toutes 
ces  couleurs  varie  beaucoup  suivant  l'âge  et  le  sexe;  et  on  pourrait 
faire  de  l'Orvet  autant  de  variétés  qui  pourraient  être  désignées 
selon  les  dispositions  qu'affecteraient  les  couleurs  sur  la  surface 
de  la  peau  de  cet  animal.  L'Orvet  est  excessivement  fragile  ;  le 


3U  HISTOIRE   NATURELLE. 

moindre  coup  d'une  simple  baguette  le  divise  en  plusieurs  mor- 
ceaux :  c'est  cette  fragilité  qui  lui  a  valu  le  nom  de  Serpent-de- 
Verre  que  lui  donnent  nos  paysans. 

L'Orvet  est  très-commun  dans  nos  prairies.  Il  aime  les  endroits 
frais  et  humides  ;  aussi  le  trouve-t-on  souvent  sur  les  bords  des 
fossés,  parmi  les  mottes  de  terre  ou  sous  les  pierres  qui  sont  sur 
leurs  bords;  on  trouve  quelquefois  des  nichées  entières  qui  sont 
cachées  sous  la  même  pierre  ou  sous  les  racines  des  arbres. 

Ce  petit  Serpent  est  inotïensif  ;  cependant  il  a  la  réputation,  que 
l'ignorance  perpétue,  d'être  venimeux,  et  nos  paysans  ne  lui  font 
jamais  grâce  lorsqu'ils  le  rencontrent.  Il  est  si  commun  dans  nos 
prairies  que,  lorsqu'on  porte  le  foin,  on  en  charge  toujours  quel- 
qu'un sur  les  charrettes,  et  on  le  voit  souvent  dans  les  maisons 
à  grenier,  donner  l'épouvante  aux  habitants,  jusqu'à  ce  qu'un 
plus  hardi  l'ait  brisé  à  coups  de  bâton,  ce  qui  est  très-aisé. 

2me  Famille.  — Les  vrais  Serpents. 

Cette  famille  est  de  beaucoup  la  plus  nombreuse; 
M.  Cuvier  l'a  divisée  en  deux  tribus  :  1°  les  Doubles- 
Marcheurs;  2°  les  Serpents  proprement  dits. 

1 re  Tribu  .  — ■  Doubles- Marcheurs. 

Les  Doubles-Marcheurs  sont  des  espèces  exotiques 
desquelles  nous  ne  devons  pas  nous  occuper.  Ils  sont 
du  reste  peu  nombreux. 

2me  Tribu.  —  Serpents  proprement  dits. 

Les  Serpents  proprement  dits  se  divisent  en  non  veni- 
meux etJen  venimeux. 

Ve  Section.  —  Serpents  non  venimeux. 
Les  non  venimeux  forment  deux  genres  :  \°  les  Boas; 
2°  les  Couleuvres. 


REPTILES.  315 

Nous  n'avons  point  à  nous  occuper  des  Boas,  qui  ne 
vivent  pas  dans  notre  hémisphère. 

Genre  Couleuvre,  Coluber,  Lin.;  en  catalan 
Serp,  Culobra. 

Caractères. — Les  plaques  ventrales  et  celles  du  dessous 
de  la  queue  sont  divisées  en  deux,  c'est-à-dire  rangées 
par  paires;  absence  de  crochets  à  venin,  qui  est  le  carac- 
tère fondamental  pour  les  distinguer  des  Serpents  veni- 
meux ;  leur  tête,  peu  ou  point  triangulaire,  est  couverte 
d'écaillés  plus  grandes  que  celles  du  reste  du  corps. 

«  Les  Couleuvres  sont  des  Serpents  non  venimeux, 
vivant  habituellement  d'œufs,  de  rongeurs  de  petite  taille, 
d'Oiseaux,  et  plus  souvent  encore  de  Reptiles  Sauriens 
et  Batraciens.  Elles  sont  entièrement  inoffensives  pour 
l'homme,  et  la  réputation  fâcheuse  qu'on  leur  a  faite  en 
les  mettant  au  même  rang  que  les  Vipères,  n'est  pas  du 
tout  méritée.  Aucune  de  leur  espèce  n'a  les  dents  canne- 
lées ou  tubuleuses  des  Serpents  venimeux;  aucune  n'a 
de  glande  pour  la  sécrétion  d'une  liqueur  vénéneuse  que 
distilleraient  ces  dents,  et,  en  Europe  du  moins,  il  est 
extrêmement  aisé  de  les  distinguer  des  Serpents  nui- 
sibles. Les  Couleuvres  ont  le  corps  plus  allongé  que  les 
Vipères  ;  leurs  mouvements  sont  aussi  plus  agiles  ;  elles 
habitent  les  lieux  secs  ou  arides  où  elles  se  tiennent  de 
préférence  ;  leur  tête,  moins  séparée  du  tronc,  n'est  pas 
aussi  élargie,  et  elle  n'est  que  peu  ou  point  triangulaire. 
L'épiderme  de  la  tête  est  aussi  d'une  forme  bien  diffé- 
rente, et  les  grandes  plaques  qu'il  constitue  sur  celle  des 
Couleuvres,  sont  remarquables  par  la  fixité  de  leur  nombre 
autant  que  par  celle  de  leur  forme.  Ce  n'est  pas  toutefois 


316  HISTOIRE   NATURELLE. 

qu'on  n'y  observe  quelque  différence,  si  on  les  compare 
d'une  Couleuvre  à  une  autre  ;  mais  ces  notes  différen- 
tielles se  présentent  avec  une  uniformité  pour  ainsi  dire 
géométrique  dans  tous  les  individus  de  la  même  espèce. 
D'autres  semblent ,  au  contraire ,  caractéristiques  des 
genres,  et  il  a  été  possible  de  les  classer  elles-mêmes 
en  établissant  le  nom  et  la  valeur  caractéristique  de  cha- 
cune, absolument  comme  on  classe  les  espèces  et  comme 
on  en  reconnaît  l'essence.  Ces  caractères,  tirés  de 
l'écaillure,  sont  assez  persistants,  pour  qu'il  soit  aisé  de 
reconnaître  l'espèce  même  d'un  Serpent  au  moyen  de 
son  épiderme  seul,  après  que  l'animal  s'en  est  dépouillé 

par  la  mue 

(  Les  Couleuvres  peuvent  avaler  des  animaux  d'un 
diamètre  plus  considérable  que  celui  de  leur  propre 
corps  ;  elles  boivent  aussi  comme  les  Lézards.  C'est  par 
préjugé  qu'on  leur  attribue  l'habitude  de  têter  les  Vaches; 
leurs  lèvres  endurcies  ne  permettraient  point  la  succion, 
et  leurs  dents  rétroverses  les  empêcheraient  de  quitter 
le  pis  après  qu'elles  l'auraient  saisi.  Il  est  peu  de  per- 
sonnes qui  ne  sachent  que  le  prétendu  dard  des  Serpents 
est  un  appareil  bien  inoffensif;  leur  langue,  bifide  à  sa 
pointe,  est  douée  de  mouvements  rapides  et  rétractiles 
dans  un  fourreau  basilaire.  Il  est  des  pays  où  l'on  connaît 
asï>ez  l'innocuité  des  Couleuvres  pour  les  rechercher 
comme  aliment;  on  les  nomme  alors  Angtiilles  de  haies. 
Leur  chair  est  sèche,  d'une  saveur  assez  fade,  mais  qui 
ne  rappelle  en  rien  l'odeur  repoussante  des  Couleuvres. 
Toutefois,  elle  est  si  peu  abondante  qu'une  mince 
Anguille  vaut  mieux  qu'une  grosse  Couleuvre (1>.  » 

(I)  P.  (îervais,  Dictionnaire  universel  d'Histoire  Naturelle. 


REPTILES.  317 

i .  Couleuvre  verte  et  jaune ,  Coluber  atro-virens,  Lacep. 

C'est  la  plus  jolie  Couleuvre  que  nous  ayons  dans  nos  environs. 
Elle  atteint  d'assez  fortes  dimensions;  avec  la  Quatre-Raies,  ce 
sont  les  deux  plus  grosses  du  pays.  Cette  Couleuvre  porte  sur  la 
tête  neuf  plaques  ou  écailles  disposées  en  rangs  ;  toutes  ces  écailles 
sont  lisses  et  unies.  Les  plaques  abdominales  sont  au  nombre  de 
deux  cent  six,  et  celles  de  la  queue,  cent  sept  paires. 

Le  dessus  du  corps  est  d'un  vert-noirâtre  ;  plusieurs  raies  longi- 
tudinales, composées  de  petites  taches  jaunes,  forment  diverses 
figures  et  des  nuances  de  coloration  diverse.  La  tête  est  un  peu 
aplatie,  les  yeux  sont  bordés  de  jaune-d'or.  Le  ventre  est  jaunâtre, 
et  les  plaques  qui  le  composent  portent  un  point  noir  aux  deux 
bouts.  Toutes  ces  couleurs  se  marient  ensemble  et  sont  distri- 
buées avec  assez  de  symétrie. 

Cette  Couleuvre  est  la  plus  commune  que  nous  ayons  dans  nos 
environs.  Elle  vit  sur  le  bord  des  haies,  parmi  les  broussailles, 
dans  les  endroits  assez  peuplés  d'arbres,  surtout  sur  le  bord 
des  propriétés  où  l'on  accumule  beaucoup  de  pierres  et  où 
les  ronces  croissent  en  abondance.  Elle  se  plaît  au  soleil,  roulée 
ou  étendue  sur  les  pierres  ou  sur  les  plantes  qui  avoisinent  sa 
demeure.  Elle  se  nourrit  de  petits  Mammifères,  d'Oiseaux,  de 
Lézards  et  de  Grenouilles,  qu'elle  avale  en  les  broyant,  lors- 
qu'elle ne  peut  pas  les  avaler  tout  d'un  trait  à  cause  de  leur 
grosseur. 

La  Verte  et  Jaune  est  inoffensive;  elle  s'apprivoise  facilement; 
elle  ne  cherche  pas  à  mordre,  à  moins  qu'on  ne  l'irrite;  elle 
devient  très-grande  avec  l'âge.  La  plus  belle  que  j'aie  vue  fut 
prise  au  fond  de  la  promenade  des  Platanes ,  après  l'inondation 
de  la  Saint-Barthélemi ,  en  1840.  Elle  avait  2  mètres  25  centi- 
mètres de  longueur  et  18  centimètres  de  circonférence  à  la  partie 
moyenne  du  corps.  Elle  est  conservée  dans  l'alcool,  au  Cabinet 
de  Perpignan,  où  elle  remplit  un  grand  bocal. 


318  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Couleuvre  à  quatre  raies,  Coluber  elaphis,  Shaw.,  et 
Quadri  lineatus,  Daud.;  en  catalan  Serp,  Anguila 
de  marge  (Anguille  de  haie). 

La  Quatre-Raies  a  sa  tête  garnie  de  neuf  grandes  plaques, 
disposées  sur  quatre  rangs  ;  les  écailles  du  dos  carénées  ;  celles 
des  flancs  sont  lisses.  Les  plaques  abdominales  des  grandes 
espèces  sont  au  nombre  de  deux  cent  dix-huit  et  soixante-treize 
paires  de  caudales;  deux  paires  de  petites  plaques  entre  les 
grandes  plaques  et  l'anus. 

Une  couleur  blanc-roussâtre,  plus  ou  moins  foncée,  couvre  le 
dessus  du  corps;  quatre  raies  longitudinales  parcourent  le  corps, 
et  sont  d'un  brun-foncé;  les  deux  extérieures  se  prolongent 
jusqu'au-dessus  des  yeux,  derrière  lesquels  elles  forment  une 
tache  noire  très -allongée,  et  vont  se  joindre  au-dessus  du 
museau. 

Cette  Couleuvre  est  commune  dans  les  parties  arides  du  dé- 
partement; elle  aime,  comme  la  Jaune  et  Verte,  les  contrées 
rocailleuses  et  couvertes  de  plantes  épaisses,  les  grands  amas 
de  ronces,  dans  l'intérieur  desquels  elle  se  réfugie.  Elle  atteint 
à  peu  près  la  même  grosseur  que  la  Jaune  et  Verte;  elle  est 
aussi  inoffensive  et  s'apprivoise  aisément.  Elle  vit  de  la  même 
manière. 

Dans  l'été  de  1861,  une  Couleuvre  bicéphale  morte,  nous  fut 
donnée  par  M.  Malègue,  conducteur  des  Ponts-et-Chaussées  à 
Perpignan.  Elle  mesurait  28  centimètres  de  longueur.  Les  deux 
têtes,  parfaitement  conformées,  prenaient  naissance  à  l'extrémité 
du  cou.  Elle  vécut  quelque  temps  entre  les  mains  d'un  canton- 
nier, qui  n'eut  pas  pour  elle  tous  les  soins  qu'elle  méritait,  et 
qui  ne  sut  nous  donner  aucun  renseignement  sur  son  genre  de 
vie.  Nous  le  regrettons  d'autant  plus  que,  prévenu  à  temps,  nous 
aurions  pu  faire  sur  cet  Ophidien  des  remarques  curieuses. 
Nous  pensons,  d'après  la  couleur  générale,  que  cette  Couleuvre 
est  un  jeune  sujet  de  la  Quatre-Raies. 


REPTILES.  319 

3.  Couleuvre  à  deux  raies,  Coluber  hermanni,  Vieil. 

Cette  espèce  a  aussi  sa  tête  garnie  de  neuf  plaques  sur  quatre 
rangs  ;  les  écailles  du  dos  oblongues  et  un  peu  carénées,  relevées 
par  une  arête  ;  deux  cent  vingt  plaques  abdominales  et  soixante- 
douze  de  caudales.  Je  crois  qu'on  ne  doit  pas  trop  s'arrêter  au 
nombre  fixe  de  plaques  abdominales  et  caudales  :  elles  augmen- 
tent en  nombre  selon  la  grosseur  de  l'animal;  car,  les  ayant 
comptées  régulièrement,  sur  diverses  Couleuvres  de  la  même 
espèce,  elles  ont  toujours  différé  en  nombre  selon  l'âge  et  la 
dimension  des  individus. 

Cette  Couleuvre  a  le  dessus  du  corps  d'un  brun  très-foncé; 
deux  bandes  noirâtres  sur  toute  la  face  supérieure,  depuis  le 
derrière  de  la  tête  jusque  sur  la  queue;  le  dessous  du  corps, 
d'un  jaune-d'ocre'plus  ou  moins  foncé  et  uniforme. 

Dans  les  Couleuvres  on  pourrait  aussi  établir  diverses  variétés, 
par  rapport  à  l'âge,  la  taille  et  les  dispositions  des  couleurs  géné- 
rales du  corps,  des  points  et  des  raies  qui  couvrent  toute  l'enve- 
loppe. Ces  variétés  ne  produiraient  rien  en  faveur  de  la  science; 
elles  augmenteraient  le  nombre  des  individus,  sans  faire  mieux 
connaître  les  caractères  de  l'espèce  principale  à  laquelle  elles  se 
rapporteraient. 

4.  Couleuvre  à  collier,  Coluber  natrix,  Lin. 

La  Couleuvre-à-Collier  a  la  tête  un  peu  aplatie  ;  le  sommet  est 
recouvert  de  neuf  grandes  plaques  disposées  sur  quatre  rangs  : 
le  premier  et  le  second,  à  compter  du  museau,  sont  composés 
de  deux  pièces;  le  troisième  de  trois,  et  le  quatrième  de  deux. 
Les  parties  supérieures  du  corps  et  de  la  tête  sont  d'un  gris- 
cendré,  quelquefois  un  peu  bleuâtre;  la  nuque  est  couverte 
d'une  tache  jaune  transversale  qui  forme  un  demi-collier,  suivi 
d'une  tache  fourchue  noire;  le  corps  est  marqueté,  de  chaque 
côté,  de  taches  noires  irrégulières,  qui  aboutissent  aux  plaques 
du  ventre;  et  au  milieu  des  deux  rangées  formées  par  les  taches, 


320  HISTOIRE  NATURELLE. 

s'étendent,  depuis  la  tête  jusqu'à  la  queue,  deux  autres  rangées 
longitudinales  de  taches  plus  petites  et  moins  sensibles.  Le  des- 
sous du  ventre  est  varié  de  noir,  de  blanc  et  de  bleuâtre  ;  mais 
de  manière  que  les  taches  noires  augmentent  en  nombre  et  en 
étendue  à  mesure  qu'elles  sont  plus  près  de  la  queue ,  où  ces 
plaques  sont  presque  entièrement  noires.  Il  y  a  communément 
cent  soixante-dix  grandes  plaques  sous  le  ventre,  et  cinquante- 
trois  paires  de  petites  sous  la  queue. 

Cette  espèce  est  très-commune  partout,  dans  la  plaine  et  sur 
nos  montagnes;  elle  habite  toujours  les  lieux  frais  et  ombragés, 
et  se  plaît  même  dans  l'eau,  où  elle  reste  longtemps  au  fond. 

5.  Couleuvre  lisse,  Coluber  austriacus,  Gmel. 

Sommet  de  la  tête  garni  de  neuf  grandes  écailles  très-luisantes 
et  très-polies,  disposées  sur  quatre  rangs;  ses  yeux  couleur  de  feu, 
sont  placés  au  milieu  d'une  bande  très-brune  qui  s'étend  depuis 
le  coin  de  la  bouche  jusqu'aux  narines;  les  écailles  qui  couvrent 
les  mâchoires  sont  bleuâtres.  Le  fond  de  la  couleur  du  dos  est 
bleuâtre,  mêlé  de  roux  vers  les  côtés  du  corps;  deux  rangées  de 
taches  consécutives  régnent  depuis  le  haut  du  cou  jusqu'à  l'extré- 
mité de  la  queue,  et  sont  brunes  ou  noirâtres;  les  plaques  du 
dessous  du  corps  et  de  la  queue  sont  très-luisantes,  un  peu  trans- 
parentes, blanchâtres,  avec  des  taches  rousses,  beaucoup  plus 
grandes  à  mesure  qu'elles  approchent  de  la  queue.  Les  grandes 
plaques  de  dessous  le  ventre  sont  au  nombre  de  cent  quatre- 
vingt-dix-huit,  et  les  paires  de  petites  plaques  de  dessous  la 
queue  au  nombre  de  cinquante-six. 

La  Lisse  est  aussi  fort  commune  dans  les  endroits  ombragés 
de  nos  vallées  inférieures,  dans  les  haies  qui  bordent  les  champs, 
les  prairies  et  dans  les  bois.  Elle  est  inoffensive  et  fort  tmiide, 
à  moins  qu'on  ne  la  mette  en  colère  :  alors  elle  agite,  avec 
une  volubilité  extrême,  sa  langue  fourchue,  en  faisant  entendre 
un  sifflement  aigu ,  et  menaçant  de  s'élancer  sur  l'objet  qui 


REPTILES.  321 

l'inquiète.  Mais,  dès  qu'on  ne  l'agace  plus,  elle  tâche  de  se  glisser 
dans  les  broussailles,  et  fuit  se  cacher  dans  sa  retraite. 

6.  Couleuvre  d'Esculape,  Coluber  sEsculapii,  Shaw. 

Tête  assez  grosse  et  oblongue  en  proportion  du  corps;  le 
dessus  garni  de  nœuf  grandes  écailles  disposées  sur  quatre  rangs  ; 
cent  soixante  et  quinze  plaques  abdominales  et  soixante-quatre 
paires  de  plaques  caudales  ;  les  écailles  du  dos  sont  ovales  et 
relevées  par  une  arête  ;  celles  des  côtes  unies.  La  couleur  géné- 
rale de  la  peau  est  roussâtre  ;  une  bande  longitudinale  de  chaque 
côté  du  dos  noirâtre  et  un  peu  bleuâtre,  avec  une  rangée  de 
petites  taches  triangulaires  et  blanchâtres  de  chaque  côté  du 
ventre.  Les  plus  fortes  Couleuvres  de  cette  espèce  mesurent  de 
1  mètre  45  centimètres  à  1  mètre  50. 

Ce  Serpent  est  extrêmement  timide,  doux,  s'apprivoise  facile- 
ment et  ne  cherche  pas  à  mordre  lorsqu'on  le  caresse  ;  l'inno- 
cence de  ses  mœurs  et  la  douceur  de  ses  habitudes  l'avaient  fait 
désigner,  dans  les  temps  anciens,  comme  le  symbole  de  la  divinité 
bienfaisante.  Les  charlatans  profitent  de  sa  douceur  pour  s'attri- 
buer aux  yeux  du  peuple  un  pouvoir  merveilleux  sur  les  animaux 
les  plus  funestes.  Il  se  plaît  dans  les  endroits  frais,  près  des 
maisons  d'habitation  de  nos  campagnes  ;  s'introduit  même  dans 
les  granges;  il  grimpe  très-facilement  sur  les  arbres  pour  s'em- 
parer des  petits  oiseaux  qui  sont  encore  trop  jeunes  pour  fuir, 
ou  pour  manger  les  œufs  qui  ont  été  pondus  par  la  mère. 

Dans  une  maison  du  faubourg  Notre-Dame  de  cette  ville ,  on 
avait  emmagasiné  du  foin  et  probablement  une  Couleuvre  d'Es- 
culape y  avait  été  apportée  avec  le  fourrage.  On  avait  placé  une 
souricière  dans  le  grenier  pour  y  prendre  des  Souris  :  quel  ne 
lut  pas  l'étonnement  du  propriétaire,  allant  visiter  le  matin  sa 
souricière,  de  voir  dans  l'intérieur  un  Serpent,  roulé  et  par- 
faitement tranquille,  digérant  deux  Souris  qu'il  avait  avalées! 
une  troisième  était  encore  dans  sa  gueule.  On  me  l'apporta;  je 

TOME   III.  2-1 


322  HISTOIRE   NATURELLE. 

lui  fis  rendre  sa  proie,  et  je  le  préparai  pour  le  Musée,  où  il  est 
encore  parfaitement  conservé,  malgré  que  trente  ans  se  soient 
déjà  écoulés. 

7.  Couleuvre  Bordelaise,  Coluber  Girondicus,  Daud. 

La  Bordelaise  a  une  tête  grosse  par  rapport  à  sa  taille,  bombée 
en  arrière  et  comprimée  vers  le  cou  ;  neuf  grandes  plaques  gar- 
nissent le  dessus  de  la  tête  ;  elles  sont  disposées  en  travers  ;  le 
museau  est  obtus. 

La  couleur  générale  du  dessus  du  corps  est  d'un  cendré- 
clair;  deux  raies  noires  partent  de  la  nuque,  longent  un  peu  en 
zig-zag  le  milieu  du  corps  et  vont  se  perdre  à  l'extrémité  de  la 
queue;  le  centre  de  ces  raies  est  occupé  par  une  série  de  taches 
plus  noires,  parfaitement  espacées  et  qui  produisent  un  joli  effet. 
Le  dessous  du  corps  est  d'un  bleu-jaunâtre,  avec  des  taches  à 
peine  apparentes;  les  flancs  sont  marqués  par  des  taches  sans 
ordre.  Sa  longueur  est  à  peu  près  de  95  centimètres. 

Elle  est  commune  aux  garrigues  de  Baixas  et  de  Casas-de-Pena, 
où  on  la  trouve  dans  l'herbe  et  sur  les  bords  des  fossés  des  vignes. 
Dès  qu'on  trouble  son  repos,  elle  se  dresse  et  menace  de  s'élancer; 
elle  pousse  des  sifflets  aigus,  et  se  jette  sur  la  baguette  qu'on  lui 
présente;  mais  sa  morsure  n'est  pas  dangereuse,  et  aussitôt  qu'on 
cesse  de  l'irriter,  elle  cherche  à  se  dérober  en  se  glissant  dans 
les  broussailles. 

8.  Couleuvre  vipérine,  Coluber  viperinus,  Latr.;  en  cata- 

lan Serp  de  aygua. 

La  Vipérine,  au  premier  aspect,  ressemble  à  la  Vipère  com- 
mune par  sa  taille,  sa  grosseur  et  son  faciès  général  ;  mais  sa  tête, 
ovale  et  un  peu  obtuse  en  avant,  la  fait  aussitôt  distinguer.  Elle 
est  munie  de  neuf  grandes  écailles,  disposées  en  quatre  rangs, 
comme  chez  toutes  les  Couleuvres.  Sa  couleur  générale  est  d'un 
gris-brun-foncé,  avec  des  taches  noires  le  long  du  dos,  et  des 


REPTILES.  323 

taches  plus  petites,  œillées,  le  long  des  côtes;  le  dessous  tacheté, 
en  damier,  de  noir  et  de  grisâtre.  Son  aspect  général  ressemble 
à  la  Bordelaise,  dont  elle  n'atteint  jamais  les  dimensions. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  toutes  les  terres  basses  humides, 
presque  toujours  dans  les  fossés,  et  constamment  dans  l'eau; 
nos  paysans  l'appellent  Serp  de  aygua  (serpent  d'eau).  Elle  est 
inoffensive  et  cherche  à  éviter  le  danger  en  se  cachant  sous  les 
pierres  ou  parmi  les  plantes  aquatiques. 

On  pourrait  faire  de  cette  Couleuvre  plusieurs  variétés,  comme 
pour  la  plupart  des  autres  espèces,  soit  par  la  coloration  générale, 
soit  par  la  disposition  des  raies  et  des  taches  qui  couvrent  le  corps 
dans  les  divers  âges. 

9.  Couleuvre  de  Montpellier,  Col.  Moiispessulanus ,  Mer. 

On  la  confondrait  aisément  avec  la  Jaune  et  Verte,  et  pendant 
longtemps  nous  l'avions  considérée  ainsi;  mais  les  plaques  bleues 
des  écailles  des  flancs  la  font  bientôt  distinguer.  Elle  n'atteint 
pourtant  jamais  la  grosseur  de  sa  congénère. 

Elle  a  la  tète  garnie  aussi  de  neuf  grandes  écailles,  disposées 
aussi  sur  quatre  rangs.  Les  écailles  du  dessus  du  corps  ont  une 
forme  ovale  ;  elles  sont  creusées  en  gouttière  sur  le  milieu  ;  celles 
du  côté  du  corps  ont  la  forme  hexagone.  Tout  le  dessus  du  corps 
est  d'un  cendré-verdàtre  un  peu  foncé;  les  écailles  qui  couvrent 
les  côtés  ont  une  teinte  bleuâtre  mêlée  de  jaune;  les  plaques 
transversales  du  dessous  du  corps  sont  jaunes  bordées  d'un  vert- 
noirâtre.  Toutes  ces  couleurs  sont  plus  sombres  sur  les  parties 
antérieures,  et  plus  claires  postérieurement.  Le  dessous  de  la 
tête  est  jaune,  ainsi  que  les  yeux. 

Elle  est  commune  sur  les  plateaux  des  montagnes  secondaires, 
près  des  ravins  garnis  de  broussailles  et  de  plantes  fourrées;  elle 
se  plait  à  s'étendre  sur  les  graminées  qui  couvrent  les  bords  des 
tossés,  et  au  moindre  bruit  elle  cherche  par  la  fuite  à  éviter 
l'importun  qui  trouble  son  repos.  Si  on  l'irrite,  elle  se  dresse, 


324  HISTOIRE   NATURELLE. 

siffle  et  semble  prête  à  s'élancer  sur  l'objet  qui  l'attaque.  Sa 
morsure  n'est  pas  dangereuse.  Elle  peut  être  facilement  appri- 
voisée, car  elle  s'habitue  bientôt  aux  caresses  qu'on  lui  fait  lors- 
qu'elle est  en  captivité. 

2mc  Section.  —  Serpents  venimeux. 

Parmi  les  Serpents  doués  d'appareils  venimeux,  on  cite 
toujours  en  première  ligne  les  Najas,  les  Crotales  ou 
Serpents  à  sonnette  et  les  Trigonocéphales.  La  puissance 
du  venin  versé  dans  les  plaies  que  font  ces  dangereux 
Reptiles,  est  telle  sur  l'économie,  qu'il  suffit  de  quelques 
minutes  pour  occasionner  la  mort.  Tous  ces  animaux 
vivent  dans  les  Amériques,  et  nous  n'avons  pas  heureu- 
sement à  craindre  leurs  terribles  blessures.  Nous  n'avons, 
dans  les  Pyrénées-Orientales,  qu'un  seul  Serpent  veni- 
meux, encore  sa  morsure  n'est  pas  si  dangereuse  qu'on 
a  voulu  le  dire  :  il  suffit  de  quelques  soins  pour  en  para- 
lyser l'effet,  lorsque  malheureusement  on  se  trouve  mordu 
par  lui. 

Genre  Vipère,  Vipera,  Daud. 

Caractères.' — Les  principaux  caractères  du  genre  Vipère, 
peuvent  être  résumés  de  la  manière  suivante  :  corps 
cylindrique,  écailleux  ;  tête  raccourcie,  obtuse  en  avant, 
élargie  postérieurement  et  comme  corniforme  ;  queue 
courte  et  obtuse,  garnie  en  dessous  d'une  double  rangée 
de  plaques  disposées  par  paires,  ou,  plus  rarement,  de 
plaques  simples  en  tout  ou  en  partie  ;  plaques  de  l'abdo- 
men entières  et  en  nombre  variable  ;  anus  transversal, 
simple   et   sans   ergot   corné;    dessus   du   crâne  garni 


REPTILES.  325 

d'écaillés  granulées  ou  de  plaques;  dents  aiguës  aux 
deux  mâchoires  ;  les  sus-maxillaires  antérieures  portant 
des  crochets  venimeux,  recourbés  et  mobiles,  parcourus 
longitudinalement  par  un  canal  qui  verse  dans  la  plaie 
mordue  un  venin  sécrété  par  une  glande  spéciale  dont 
ce  canal  continue  le  conduit  excréteur.  Comme  on  le 
voit,  l'existence  des  crochets  à  venin  à  la  mâchoire  supé- 
rieure est  le  caractère  fondamental  qui  dislingue  les 
Vipères  des  Couleuvres.  Outre  le  caractère  spécial  que 
la  Vipère  tire  de  la  présence  de  crochets  mobiles  et  veni- 
meux, elle  se  distingue  encore  des  Couleuvres  par  la 
forme  plus  obtuse  de  sa  tète,  plus  élargie  en  arrière,  et 
par  la  portion  caudale  plus  courte  et  plus  obtuse.  Quand 
l'animal  ne  veut  pas  se  servir  de  son  arme,  il  la  couche 
en  arrière  et  la  cache  dans  un  repli  de  la  gencive  ;  quand 
il  attaque  sa  proie,  il  redresse  ce  terrible  crochet  et  verse 
ainsi ,  dans  la  plaie,  le  venin  distillé  par  la  glande  volu- 
mineuse située  au-dessous  de  l'œil.  Derrière  chaque 
crochet,  se  montrent  plusieurs  germes  destinés  à  les 
remplacer  s'ils  viennent  à  se  casser  dans  l'acte  de  la 
morsure.  (P.  Gervais.) 

Les  Vipères  sont  vivipares. 

i.  Vipère  commune,    Vipera  berus ,    Daud.;    Coluber 
berus,  Lin.;  en  catalan  Bipera. 

Ce  Serpent  est  d'une  couleur  brun-cendré,  le  dessous  du  corps 
est  ardoisé  ;  une  rangée  de  taches  transverses,  souvent  en  zig-zag, 
couvre  les  parties  latérales  supérieures;  une  rangée  de  taches 
noires  sur  chaque  flanc.  Sur  la  partie  la  plus  large  de  la  tète, 
sont  deux  grosses  taches  brunes ,  et  une  troisième  au  milieu  de 
la  nuque.  Les  veux  sont  couverts  d'une  plaque.  La  mâchoire 


326  HISTOIRE    NATURELLE. 

supérieure  est  armée  de  deux  crochets  à  venin,  pouvant  se 
reproduire  s'ils  venaient  à  se  casser  par  l'acte  de  la  morsure. 

Toutes  les  couleurs  et  taches  que  nous  venons  de  désigner,  ne 
sont  pas  toujours  très-régulières  ;  elles  se  confondent  ou  se  réu- 
nissent selon  l'âge  de  l'individu,  ce  qui  a  donné  lieu  à  faire  de 
cette  Vipère  plusieurs  variétés.  Celle  dont  les  taches  du  dos  se 
réunissent  pour  former  une  seule  bande  longitudinale  qui  couvre 
toute  la  longueur  de  l'animal,  avait  été  désignée  par  Linné  sous 
le  nom  de  Couleuvre  aspic. 

La  Vipère-Bérus  est  commune  dans  les  parties  les  plus  élevées 
du  département.  Il  semble  que  la  nature  ait  voulu  la  reléguer  dans 
les  parties  rocheuses  et  de  difficile  accès  pour  l'homme,  afin  de 
le  soustraire  aux  dangers  de  sa  morsure.  On  la  trouve  à  Mont- 
Louis  et  dans  ses  environs,  sur  les  parties  escarpées  du  Canigou, 
où  elle  est  très-commune,  à  La  Preste,  à  Prats-de-Mollô,  et  sur 
toutes  les  régions  élevées  et  peu  fréquentées  du  département. 


QUATRIÈME   ORDRE. 

BATRACIENS. 

Caractères.— Corps  trapu,  arrondi  ou  allongé,  terminé 
par  une  queue  ou  privé  de  ce  membre  ;  peau  nue,  molle, 
sans  aucune  apparence  de  carapace  ni  d'écaillés,  excepté 
chez  les  Cécilies;  tête  déprimée,  à  contours  semi-circu- 
laires; cou  nul  ou  non  distinct  de  la  tête  ou  du  tronc; 
pattes  nulles,  incomplètes  ou  variables  par  leur  nombre 
et  leurs  proportions;  doigts  dépourvus  d'ongles  ou  munis 
tout  au  plus  de  petits  étuis  cornés,  et  généralement  très- 
propres  à  recevoir  les  impressions  tactiles  ;  fonctions 
sensoriales  obtuses.  Point  d'organes  copulaleurs  chez  les 


REPTILES.  327 

mâles;  ils  disposent  les  femelles  à  pondre  des  œufs  par 
des  embrassements  qui  se  prolongent  pendant  plusieurs 
jours  ;  les  œufs,  à  enveloppe  membraneuse,  sont  fécondés, 
dans  plusieurs  espèces,  au  moment  de  leur  sortie;  ils 
grossissent  beaucoup  dans  l'eau  où  la  femelle  vient  tou- 
jours les  déposer.  Les  petits,  avant  d'arriver  à  l'état 
parfait,  subissent  divers  degrés  de  transformation  :  la 
forme  et  le  développement  que  prennent  ces  embryons 
leur  ont  valu  le  nom  de  Têtards.  Au  moment  où  le  jeune 
Têtard  sort  de  l'œuf,  il  ressemble  beaucoup  a  un  petit 
poisson  et  ne  peut  vivre  que  dans  l'eau  ;  sa  tête  est  très- 
grosse,  son  ventre  renflé;  et  son  corps,  dépourvu  de 
membres,  se  termine  par  une  queue  longue  et  compri- 
mée ;  sa  bouche  n'est  encore  qu'un  petit  trou  à  peine 
perceptible  ;  il  respire  par  des  branchies  analogues  à 
celles  des  Poissons.  Ce  n'est  qu'au  bout  d'un  certain 
temps  que  le  Têtard  se  transforme  ;  alors  sa  peau  se  fend 
sur  le  dos,  et  on  voit  sortir  un  animal  ayant  quatre 
pattes,  mais  qui  conserve  encore  une  queue  qui  diminue 
chaque  jour  de  volume  et  finit  par  disparaître  dans  les 
Grenouilles  et  les  Crapauds,  et  qui,  au  contraire,  reste 
persistante  dans  les  Salamandres.  Les  Batraciens  vivent 
dans  l'eau  ou  dans  les  lieux  humides  ;  ils  sont  herbivores 
dans  leur  premier  âge ,  et  deviennent  carnivores  en 
passant  à  l'état  parfait,  mais  jamais  ils  ne  se  nourrissent 
de  débris  d'animaux. 

M.  Cuvier  divise  les  Batraciens  en  quatre  familles  et 
plusieurs  genres. 

lre  Famille.  Les  Grenouilles  (Rana,  Lin.),  comprenant  : 
1°  les  Grenouilles  proprement  dites,  Rana;  2°  les  Rai- 
nettes, Ht/la;  ô°  les  Crapauds,  Rufo ;  ¥  les  Pipa. 


328  HISTOIRE   NATURELLE. 

2me  Famille.  Les  Salamandres  (Salamanclra,  Brong.), 
comprenant  :  1°  les  Salamandres  terrestres,  Salamandra  ; 
2°  les  Salamandres  aquatiques,  Triton. 

5me  Famille.  Les  Protées  {Proteus,  Laur.),  comprenant 
une  seule  espèce  vivant  dans  les  eaux  souterraines  des 
lacs  de  la  Carniole. 

4me  Famille.  Les  Sirènes  (Siren,  Lin.),  comprenant 
également  une  seule  espèce  étrangère  à  l'Europe. 

Famille  des  Grenouilles. 
Genre  Grenouilles  proprement  dites,  Rana,  Lin. 

Caractères.  —  Tête  plate  et  triangulaire  ;  museau 
arrondi  ;  gueule  très-fendue,  large  ;  langue  molle,  grande, 
ne  s'altachant  pas  au  fond  du  gosier,  mais  aux  bords  de 
la  mâchoire  et  se  repliant  en  dedans;  forme  du  corps 
svelte;  peau  ordinairement  lisse,  toujours  humide;  quatre 
pattes,  celles  du  devant  n'ont  que  quatre  doigts,  celles 
de  derrière  en  ont  cinq,  palmés,  et  quelquefois  le  rudi- 
ment d'un  sixième. 

Ces  animaux  nagent  et  plongent  avec  grâce  et  beau- 
coup d'aisance.  Quand  les  Grenouilles  sont  sur  la  terre, 
elles  franchissent ,  au  moyen  de  leurs  longues  pattes 
postérieures,  de  très -grands  espaces  avec  une  agilité 
vraiment  étonnante  ;  pendant  le  beau  temps,  elles  vivent 
dans  l'eau  et  sur  les  bords  des  fossés;  en  hiver,  elles 
s'enfoncent  dans  la  vase  et  y  restent  cachées  jusqu'au 
retour  des  beaux  jours.  C'est  au  printemps  qu'on  entend, 
pendant  la  nuit,  leurs  aigres  coassements,  composés  de 
sons  rauques,  tout-à-fait  discordants  et  peu  distincts  les 
uns  des  autres,  d'une  monotonie  fatigante,  réunie  à  une 


REPTILES.  dZV 

rudesse  propre  à  blesser  l'oreille  la  moins  délicate.  Elles 
font  une  masse  innombrable  d'œufs,  qu'elles  déposent 
dans  les  eaux  peu  profondes,  et,  sans  le  moindre  soin 
de  la  part  de  la  mère,  de  chaque  œuf  sort  un  Têtard, 
qui  accomplit  sa  métamorphose  dans  l'espace  de  trois 
a  quatre  mois  et  prend  alors  la  môme  forme  que  ses 
parents. 

i.  Grenouille  commune  ou  verte,   Rana  esculenta,  Lin.; 
en  catalan  Granyola. 

Partie  supérieure  du  corps  verdâtre,  marquée  de  taches  irré- 
gulièrement posées,  noires  ou  brunes,  avec  des  bandes  jaunes; 
dessous  du  corps  blanc-sale  ;  deux  bandes  ou  raies  noires  sur  le 
bout  du  museau;  les  yeux  d'un  beau  jaune. 

Ces  mêmes  couleurs ,  diversement  disposées ,  plus  ou  moins 
vives,  forment  une  infinité  de  variétés. 

Cette  Grenouille  est  excessivement  commune.  Elle  vit  dans  les 
eaux  courantes  des  fossés  herbeux  dont  le  fond  est  couvert  de 
vase;  dans  les  marais  à  eau  dormante;  dans  les  flaques  d'eau 
que  les  pluies  d'hiver  amassent  dans  les  parties  basses  du  littoral  : 
elles  se  trouvent  par  milliers  dans  ces  endroits.  La  chair  de  la 
Grenouille  est  fort  bonne  et  très-estimée.  On  voit,  au  beau  temps, 
ce  Batracien  porté  sur  nos  marchés  en  grande  quantité.  La 
blancheur  de  sa  chair,  dépouillée  de  sa  peau,  excite  le  désir 
des  acheteurs  pour  en  foire  des  fritures  ou  pour  le  fricasser 
en  blanquettes  ou  autre  préparation.  Ces  animaux  donnent  dans 
tous  les  pièges,  et  on  les  prend  avec  la  plus  grande  facilité  :  un 
petit  morceau  de  drap  rouge,  formé  en  pelote,  attaché  par  un 
fd  au  bout  d'un  bâton,  sert  d'appât:  il  n'est  pas  plutôt  lancé  dans 
l'eau,  que  les  Grenouilles  y  accourent  en  masse;  l'une  d'elles 
avale  l'objet  et  se  trouve  prise  aussitôt.  Cette  chasse  est  si  fruc- 
tueuse, qu'en  une  matinée  on  peut  en  prendre  des  quantités 
considérables.  On  leur  fait  aussi  la  chasse  pendant  la  nuit,  au 


330  HlSTOIftE   NATURELLE. 

(lambeau;  les  Grenouilles  se  laissent  prendre  à  la  main  sans  taire 
le  moindre  mouvement  pour  s'esquiver. 

Les  Têtards,  premier  état  des  Grenouilles  quand  elles  viennent 
de  naître,  qu'on  voit  nager  dans  toutes  les  petites  mares  d'eau  ou 
dans  tous  les  ruisseaux,  se  nomment,  en  catalan,  Cap  de  Bou 
(tète  de  Bœuf). 

2.  Grenouille  rousse,  Rana  temporaria,  Lin. 

Cette  espèce  a  le  dessus  du  corps  d'un  roux  obscur,  moins 
foncé  lorsqu'elle  a  renouvelé  sa  peau,  et  qui  vient  comme  mar- 
brée vers  le  milieu  de  l'été.  Le  ventre  est  blanc  et  tacheté  de  noir 
à  mesure  qu'elle  vieillit.  Les  cuisses  sont  rayées  de  brun.  La 
région  latérale  de  la  tête  ou  tympanique,  est  recouverte  d'une 
tache  noire,  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  Temporaria.  Les 
yeux  sont  saillants  et  d'un  jaune-d'or. 

La  Grenouille-Rousse  passe  une  grande  partie  de  la  saison  à 
terre,  et  ce  n'est  qu'à  la  fin  de  l'automne  qu'elle  regagne  les 
endroits  marécageux.  Elle  s'enfonce  dans  la  vase  lorsque  les 
froids  deviennent  plus  vifs,  s'y  engourdit,  et  reste  dans  cet  état 
jusqu'à  ce  que  le  printemps  arrive. 

5.  Grenouille  ponctuée,  Rana  punctata,  Daud. 

Cette  espèce  a  les  formes  élancées  de  la  Rainette  ;  la  tête  est 
déprimée  et  triangulaire;  le  bout  du  museau  proéminant  et  un 
peu  arrondi  ;  les  flancs  sont  séparés  du  bas-ventre  par  un  repli 
de  la  peau. 

Le  fond  de  la  couleur  générale  est  d'un  cendré-verdàtre,  et 
quelquefois  fauve ,  avec  des  taches  d'un  vert-tendre  sur  tout  le 
corps,  plus  grandes  sur  les  membres;  le  dessous  est  blanc- 
jaunâtre,  quelquefois  avec  une  teinte  couleur  de  chair.  Ses  habi- 
tudes diffèrent  un  peu  des  autres  espèces;  elle  fréquente  les 
li 3ux  pierreux,  les  vignes,  les  chemins;  mais  aussitôt  que  la 
saison  des  amours  arrive,  cette  Grenouille  va  à  l'eau,  y  dépose 


REPTILES.  331 

ses  œufs,  et  revient  dans  ses  lieux  de  prédilection.  Nos  paysans 
la  prennent  pour  un  Crapaud  et  ne  la  mangent  point.  On  en  a 
fait  un  nouveau  genre  sous  le  nom  de  Pélodyte  ponctué  :  il  se 
compose  de  cette  seule  espèce,  et  c'est  le  prince  Charles  Bona- 
parte qui  l'a  instituée  dans  sa  Faune  italienne. 

Genre  Rainette,  Hyla. 

Caractères.  —  Il  diffère  des  Grenouilles  en  ce  que 
l'extrémité  de  ses  doigts  est  élargie  et  arrondie  en  une 
espèce  de  pelote  visqueuse ,  qui  lui  permet  de  se  fixer 
aux  corps  et  de  grimper  aux  arbres.  Il  s'y  tient,  en  effet, 
tout  l'été,  et  y  poursuit  les  insectes  ;  mais  il  pond  dans 
l'eau  et,  en  hiver,  s'enfonce  dans  la  vase  comme  les 
autres  Grenouilles.  Le  mâle  a  sous  la  gorge  une  poche 
qui  se  gonfle  quand  il  crie.  (Cuvier.) 

1.  Rainette  commune,  Rana  arborea,  Lin.;  Hyla  viridis, 
Laur.;  en  catalan  Reyneta. 

Toutes  les  parties  supérieures  d'un  beau  vert-pomme;  une 
ligne  d'un  jaune-pâle  part  des  yeux,  se  prolonge  en  festonnant 
jusque  sur  les  membres  postérieurs.  Cette  ligne  est  bordée  en 
dessous  par  une  teinte  noire  qui  entoure  les  yeux,  et  se  fond 
sous  les  flancs;  tout  le  dessous  est  blanc;  les  yeux  couleur  d'or; 
le  bout  des  doigts  est  d'une  teinte  rosée. 

Les  teintes  de  diverses  nuances  qui  couvrent  la  peau  de  ce 
Batracien,  en  feraient  une  infinité  de  variétés.  C'est  dommage 
que  ces  teintes  ne  se  conservent  point  dès  que  l'animal  est  mort; 
car  nous  en  trouvons  quelquefois  qui  sont  entièrement  bleu-de- 
ciel  :  je  n'ai  jamais  pu  conserver  cette  couleur  après  la  mort  de 
l'individu. 

Ce  petit  animal  est  peu  méfiant;  posé  sur  une  feuille  dont  il  a  la 
couleur,  il  se  laisse  prendre  sans  la  moindre  difficulté.  Sa  forme 
svelle,  ses  mouvements  légers  et  gracieux  lui  ont  attiré  l'attention 


332  HISTOIRE   NATURELLE. 

de  tout  le  monde,  et  il  doit  être  considéré  comme  le  plus  élégant 
de  tous  les  Batraciens.  Aucun  ne  peut,  comme  celui-ci,  nager, 
sauter  et  grimper  sur  les  arbres.  Comme  tous  les  autres  Batra- 
ciens, les  Rainettes  se  tiennent  dans  l'eau  pour  accomplir  leurs 
désirs  amoureux  et  reproduire  leur  espèce. 

Genre  Crapaud,  Bufo. 

Caractères.  —  Corps  gros,  ventru,  court,  couvert  de 
pustules  ou  verrues  d'où  suinte  une  liqueur  fétide,  très- 
âcre,  qu'on  regarde  à  tort  comme  un  venin;  un  gros 
bourrelet  derrière  l'oreille;  bouche  très-fendue;  langue 
courte,  épaisse;  pattes  de  derrière  peu  allongées. 

«  Ils  sont  peu  nageurs  ;  et  à  terre,  où  ils  se  tiennent 
de  préférence,  ils  marchent  ou  ils  courent,  mais  ils  ne 
sautent  guère.  On  les  trouve  assez  loin  des  eaux,  dans 
des  endroits  souvent  arides ,  ou  dans  les  bois ,  se  réfu- 
giant dans  des  trous,  sous  des  pierres  ou  dans  des  creux 
d'arbres.  Ils  sortent  de  préférence  le  soir,  et  font  enten- 
dre, surtout  à  l'époque  des  amours ,  un  chant  plaintif  et 
flûte,  qui,  dans  certaines  espèces,  rappelle  celui  des 
oiseaux  de  nuit.  Ils  se  rendent  aux  lacs ,  aux  étangs  ou 
aux  simples  flaques  d'eau  pour  s'accoupler  et  déposer 
leurs  œufs,  et  leurs  petits,  après  l'éclosion,  suivent  les 
mêmes  phases  que  les  Têtards  des  Grenouilles.  >» 
(P.  Gervais.  ) 

Partout  les  Crapauds  sont  regardés  comme  un  objet 
de  dégoût;  on  les  accuse  d'être  un  instrument  de  mort, 
et  par  cela  seul  ils  portent  avec  eux  la  haine  universelle. 
Ce  sont  pourtant  des  animaux  paisibles  et  incapables  de 
nuire;  ils  ne  recèlent  aucun  venin,  et  n'ont,  pour  toute 
défense,  que  cette  liqueur  acre  que  sécrètent  leurs  pus- 


REPTILES.  333 

tules,  et  leur  urine  qui  répand  une  odeur  infecte  :  rare- 
ment on  les  voit  le  jour;  la  lumière  leur  fait  peur;  ils  ne 
sortent  que  la  nuit. 

Depuis  quelque  temps,  il  se  fait  à  Paris  et  à  Londres 
un  commerce  considérable  de  Crapauds.  Les  marchands 
qui  trafiquent  de  cette  bizarre  denrée,  la  renferment  au 
fond  de  grands  tonneaux ,  dans  lesquels  ils  puisent  à 
chaque  instant,  sans  redouter  le  moins  du  monde  pour 
leurs  bras  et  leur  mains  nus.  A  Londres,  ils  se  vendent 
6  schellings  la  douzaine,  tandis  que,  à  Paris,  ils  ne  valent 
encore  que  2  fr.  50  centimes  la  douzaine.  Ce  Batracien 
est  employé  à  purger  les  terres  cultivées  d'insectes 
nuisibles. 

«  Les  Crapauds,  dit  La  Maison  de  Campagne ,  sont 
devenus  depuis  quelques  années  les  auxiliaires  presque 
indispensables  de  nos  maraîchers.  Beaucoup  de  ceux-ci 
en  peuplent  leurs  jardins,  pour  débarrasser  d'une  foule 
d'insectes  nuisibles,  les  légumes  qu'ils  récoltent  si  labo- 
rieusement à  l'aide  d'une  culture  toute  factice.  Les  Cra- 
pauds font  une  guerre  acharnée  aux  Limaces  et  aux 
Limaçons  qui,  en  une  seule  nuit,  peuvent  ôter  toute 
valeur  commerciale  aux  laitues,  aux  carottes,  aux  asper- 
ges et  même  aux  fruits  de  primeur.  » 

Comme  on  le  voit,  les  Crapauds  sont  susceptibles  de 
rendre  de  grands  services  à  l'agriculture  :  cela  seul  devrait 
leur  épargner  tous  les  mauvais  traitements  qu'on  leur 
fait  subir  dès  qu'on  en  rencontre  un  individu. 

Selon  M.  Pennant,  cité  par  M.  Paul  Gervais  dans  le 
Dictionnaire  Universel  d'Histoire  naturelle,  les  Crapauds 
seraient  doués  d'une  longévité  assez  grande.  Un  de  ces 
animaux  (Bufo  vulgaris),  s'étant  réfugié  sous  un  escalier, 


334  HISTOIRE   NATURELLE. 

s'était  accoutumé  à  venir  tous  les  soirs,  dès  qu'il  aper- 
cevait la  lumière,  dans  une  salle  à  manger  située  tout 
près  de  là.  Il  se  laissait  prendre  et  placer  sur  une  table, 
où  on  lui  donnait  à  manger  des  Vers,  des  Mouches  et 
des  Cloportes;  il  semblait  même,  par  son  attitude,  deman- 
der à  être  mis  à  sa  place  lorsqu'on  négligeait  de  l'y  ins- 
taller. Ce  Crapaud  vécut  ainsi  trente-six  ans  ;  et  comme 
il  mourut  par  suite  d'un  accident,  on  peut  croire  la 
longévité  plus  grande  dans  son  espèce. 

4.  Crapaud  commun ,  Ram  bufo,  Lin.;  Bufo  vulgaris , 
Laur.;  en  catalan  Galapet,  Grapau. 

La  couleur  générale  de  sa  robe  varie  beaucoup.  D'un  gris- 
roussàtre  ou  brun,  quelquefois  olivâtre  ou  noirâtre;  le  dos 
couvert  de  beaucoup  de  tubercules  arrondis,  gros  comme  des 
lentilles  ;  le  ventre  garni  de  tubercules  plus  petits  et  plus  serrés  ; 
les  pieds  de  derrière  demi-palmés.  Le  corps  ramassé  et  presque 
rond;  le  ventre  gonflé;  la  tête  grosse;  les  yeux  couleur  de  feu. 

Il  est  très-commun  par  tout.  On  le  trouve  le  soir  sur  les  che- 
mins et  sur  le  bord  des  fossés  ;  mais  aussitôt  que  le  soleil  se  fait 
sentir,  il  se  retire  dans  son  trou  ou  sous  le  feuillage  du  bord  des 
haies. 

2.  Crapaud  vert  ou  des  joncs,  Bufo  viridis,  Laur.,  ou 
Rana  bufo  calamita,  Gmel. 

D'une  taille  moindre  que  le  Crapaud  commun,  le  corps  plus 
étroit,  ses  couleurs  très-diversifîées  ;  son  dos  est  olivâtre  et  pré- 
sente trois  raies  longitudinales,  dont  celle  du  milieu  est  couleur 
de  soufre  ;  les  deux  des  côtés ,  ondulées  et  dentelées  d'un  rouge- 
clair,  mêlé  d'un  jaune  plus  foncé  vers  les  parties  inférieures;  les 
côtés  du  ventre,  les  quatre  pattes  et  le  tour  de  la  queue,  sont 
marquetés  de  plusieurs  taches  inégales  et  olivâtres. 


REPTILES.  335 

Ce  Crapaud  se  tient,  le  jour,  dans  les  creux  de  la  terre  ou 
dans  les  cavités  des  murs.  Il  grimpe  sur  les  murs  ou  sur  les 
arbres,  en  s'arrètant  souvent;  et,  à  l'aide  de  ses  doigts  séparés  et 
de  ses  faux  ongles,  il  gagne  ainsi  sa  retraite  :  il  ne  vil  pas  seul. 
On  en  trouve  souvent  plusieurs  dans  le  même  trou,  d'où  ils  ne 
sortent  que  pendant  la  nuit  pour  aller  chercher  leur  nourriture. 
Au  mois  de  juin,  ils  se  retirent  dans  les  joncs  et  les  roseaux 
aquatiques  pour  l'accouplement.  Le  mâle  fait  entendre  un  coas- 
sement tout-à-fait  singulier. 

3.  Crapaud  brun,  Rana  bombina,  Gmel.;  Bufo  fusais, 

Laur. 

La  peau  lisse,  sans  aucune  verrue,  et  marquetée  de  grandes 
taches  brunes,  qui  se  touchent  ;  les  plus  larges  et  les  plus  foncées 
sont  sur  le  dos,  au  milieu  duquel  s'étend  une  petite  bande  plus 
claire.  Les  yeux  sont  remarquables;  la  fente  que  laisse  la  pau- 
pière, en  se  contractant,  est  située  verticalement,  au  lieu  de 
l'être  transversalement.  La  femelle  se  distingue  du  mâle  par  les 
taches  qu'elle  a  sous  le  ventre. 

Ce  Crapaud  se  tient  plus  dans  l'eau  que  sur  la  terre.  Il  exhale 
une  odeur  très-forte,  semblable  à  l'odeur  de  l'ail  ou  de  la  poudre 
à  canon  qui  brûle. 

Wagler  en  a  fait  un  nouveau  genre,  sous  le  nom  de  Pélobate, 
Pelobates. 

4.  Crapaud  à  ventre  jaune,  Rana  bombina,  Gmel.;  Bufo 

bombinus,  Daud.;  Bombinator  ignus,  Dum. 

Corps  oblong,  un  peu  trapu,  plus  petit  et  plus  aquatique  que 
les  autres  Crapauds;  grisâtre  ou  brun  en  dessus;  bleu-noir  avec 
des  taches  aurores  en  dessous;  les  pieds  complètement  palmés, 
et  presque  aussi  longs  que  ceux  des  Grenouilles  :  aussi  saute-t-il 
aussi  bien  qu'elles;  les  yeux  sont  saillants. 

Ce  Crapaud  se  tient  dans  les  marais  saumâtres  et  dans  les 


336  HISTOIRE   NATURELLE. 

fossés.  Il  s'accouple  en  juin;  ses  mouvements  dans  l'eau  et  sur 
la  terre  sont  aussi  vifs  que  ceux  des  Grenouilles.  Les  environs 
du  Cagarell,  près  Canet,  et  YAgoulla  de  la  Mar,  dans  les  parties 
basses,  sont  sa  demeure  habituelle;  il  y  est  commun. 

C'est  encore  Wagler  qui  a  établi  ce  nouveau  genre,  sous  le 
nom  de  Sonneur,  Bombinator. 

5.  Crapaud  accoucheur,  Bufo  obstetricans ,  Laur.;  Alytes 

obstetricans,  Wagl. 

Tète  déprimée,  obtuse,  plane  derrière;  les  yeux  saillants; 
l'iris  doré;  la  couleur  supérieure  cendré-verdâtre-sale  ou  brun- 
olivâtre,  avec  de  petites  taches  brunes,  parmi  lesquelles  on  en 
voit  de  roussâtres,  et  couleur  de  brique  sur  les  côtés  du  corps; 
dessous  de  la  gorge  finement  marqueté  de  noirâtre,  et  cela  se  fait 
remarquer  vers  l'extrémité  de  l'abdomen,  dans  les  aines  et  sous 
les  tarses;  le  fond  de  toutes  ces  parties  est  blanc  ou  blanchâtre. 

Ce  petit  animal  est  fort  remarquable.  La  femelle  pond  de  50  à 
70  œufs,  petits  et  arrondis.  Le  mâle  vient  en  aide  à  la  femelle 
pour  l'en  débarrasser;  il  les  attache  par  petits  paquets  sur  ses 
deux  cuisses,  au  moyen  d'une  liqueur  gluante,  qui  les  fait  tenir 
comme  un  chapelet.  Chargé  du  fruit  de  son  union,  il  se  retire 
pendant  le  jour  dans  un  trou  sous  terre,  où  il  les  surveille ,  et 
dès  qu'ils  doivent  éclore,  il  cherche  une  eau  dormante  pour  les 
y  déposer  :  l'enveloppe  se  fend  aussitôt,  et  le  petit  Têtard  en  sort, 
nage  et  cherche  sa  nourriture,  qui  consiste  en  de  petits  animaux 
aquatiques. 

Le  Crapaud-Accoucheur  n'est  pas  rare;  il  se  tient  dans  les  lieux 
pierreux  et  humides,  sous  les  ponts  des  grand'routes  et  le  long  des 
murs  humides. 

C'est  encore  Wagler  qui,  en  établissant  un  nouveau  genre,  le 
sépare  des  Crapauds,  pour  lui  donner  le  nom  d'Alytes,  Alytes 
obstetricans,  Ch.  Bonaparte. 

6.  Crapaud  variable,  Rafla  variabilis,  Grael. 


REPTILES.  337 

Ce  Crapaud  pourrait  bien  ne  pas  constituer  une  espèce,  et 
n'être  qu'une  variété  pas  tout-à-fait  développée  du  Crapaud- 
Vert;  mais,  comme  jusqu'à  présent,  personne  n'a  encore  bien 
déterminé  ce  fait,  nous  le  maintenons  sous  cette  dénomination. 
Son  corps  est  blanchâtre,  tacheté  de  vert;  mais  ce  qui  le  rend 
fort  remarquable,  ce  sont  les  changements  qui  s'opèrent  sur  sa 
peau,  selon  qu'il  dort  ou  qu'il  veille,  s'il  est  à  l'ombre  ou  au 
soleil.  Il  est  de  la  grosseur  de  la  Grenouille  commune;  sa  tête 
est  arrondie  ;  sa  bouche  est  sans  dents;  sa  langue  est  épaisse  et 
charnue;  le  corps  parsemé  de  verrues;  les  pieds  de  devant  ont 
quatre  doigts,  ceux  de  derrière  en  ont  cinq,  réunis  par  une 
membrane.  Il  a  les  mêmes  habitudes  que  le  Crapaud-Accoucheur, 
et  il  n'aime  pas  trop  l'eau;  car  on  le  trouve  presque  toujours  sur 
la  terre. 

Genre  Pipa,  Pipa,  Laur. 

Le  Pipa  est  une  espèce  de  Crapaud  qui  vit  dans  la 
Guyane  et  le  Brésil  dont  nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper. 

Famille  des  Salamandres,  Salamandra,  Brong. 

Caractères.— : Corps  allongé,  nu,  luisant;  quatre  pieds; 
quatre  doigts  à  ceux  de  devant,  cinq  à  ceux  de  derrière, 
manquant  d'ongles;  une  longue  queue,  le  plus  souvent 
aplatie  sur  les  côtés,  ce  qui  leur  donne  la  forme  générale 
des  Lézards.  Linné  les  avait  rangées  dans  cet  ordre,  mais 
elles  ont  les  caractères  des  Batraciens.  Leur  tête  aplatie 
en  dessus,  ainsi  que  tous  les  autres  caractères,  les  rap- 
prochent des  Grenouilles,  et  font  le  passage  de  celles-ci 
aux  Poissons. 

Buffon  dit  :  «  Il  semble  que  plus  les  objets  de  la 
«  curiosité  de  l'homme  sont  éloignés  de   lui,  et  plus  il 

10MB    III  22 


338  HISTOIRE   NATURELLE. 

«  se  plaît  à  leur  attribuer  des  qualités  merveilleuses,  ou 
«  du  moins,  à  supposer  à  des  degrés  trop  élevés  celles 
«  dont  ces  êtres,  rarement  bien  connus,  jouissent  réelle- 
«  ment.  Nous  voici  maintenant  à  l'histoire  d'un  Lézard, 
«  pour  lequel  l'imagination  humaine  s'est  surpassée; 
«  on  lui  attribue  la  plus  merveilleuse  de  toutes  les  pro- 
«  priétés.  Tandis  que  les  corps  les  plus  durs  ne  peuvent 
«  échapper  à  la  force  de  l'élément  du  feu ,  on  a  voulu 
«  qu'un  petit  Lézard,  non-seulement  ne  fût  pas  consumé 
«  par  les  flammes,  mais  parvînt  même  à  les  éteindre; 
«  et  comme  les  fables  agréables  s'accréditent  aisément, 
a  Ton  s'est  empressé  d'accueillir  celle  d'un  petit  animal 
«  si  privilégié,  si  supérieur  à  l'agent  le  plus  actif  de  la 
«  Nature,  et  qui  devait  fournir  tant  d'objets  de  compa- 
«  raison  à  la  poésie,  tant  d'emblèmes  galants  à  l'amour, 
«  tant  de  brillantes  devises  à  la  valeur.  Les  anciens  ont 
«  cru  à  cette  brillante  propriété  de  la  Salamandre  :  dési- 
«  rant  que  son  origine  fût  aussi  surprenante  que  sa 
«  puissance,  et  voulant  réaliser  les  fictions  ingénieuses 
«  des  poètes ,  ils  ont  écrit  qu'elle  devait  son  existence 
«  au  plus  pur  des  éléments,  qui  ne  pouvait  la  consumer, 
«  et  ils  l'ont  dite  fille  du  feu.  Les  modernes  ont  adopté 
«  les  fables  ridicules  des  anciens  ;  et,  comme  on  ne  peut 
«  jamais  s'arrêter  quand  on  a  dépassé  les  bornes  de  la 
«  vraisemblance ,  on  est  allé  jusqu'à  penser  que  le  feu 
«  le  plus  violent  pouvait  être  éteint  par  la  Salamandre 
«  terrestre.  Des  charlatans  vendaient  ce  petit  Lézard, 
«  qui,  jeté  dans  le  plus  grand  incendie,  devait,  disaient- 
«  ils,  en  arrêter  le  progrès.  Il  a  fallu  que  des  physiciens, 
«  que  des  philosophes  prissent  la  peine  de  prouver  par 
a  le  fait  ce  que  la  raison  seule  aurait  dû  démontrer;  et 


REPTILES.  339 

«  ce  n'est  que  lorsque  les  lumières  de  la  science  ont  été 
«  très-répandues,  qu'on  a  cessé  de  croire  à  la  propriété 
«  de  la  Salamandre.  » 

De  nos  jours  encore,  le  vulgaire  attribue  aux  Sala- 
mandres quelque  chose  de  surnaturel.  On  ne  ferait 
pas  boire  de  l'eau  d'une  fontaine  à  un  homme  du 
peuple,  s'il  savait  qu'une  Salamandre  y  a  été  trouvée, 
parce  qu'il  suffît  qu'elle  ait  touché  quelque  chose  pour 
que  son  venin  exerce  une  action  délétère  sur  la  per- 
sonne qui  en  fera  usage  ;  mais ,  si  l'individu  voit  la 
Salamandre  avant  qu'elle  n'ait  pu  l'apercevoir,  l'action 
du  venin  est  neutralisée.  Bien  d'autres  contes  sont 
débités  sur  ces  pauvres  animaux,  qui,  certainement, 
sont  plutôt  bienfaisants  que  nuisibles. 

Les  Salamandres  sont  terrestres  ou  fluviatiles;  elles 
vivent  dans  les  endroits  humides,  dans  les  lacs,  dans  les 
étangs  et  même  dans  les  moindres  flaques.  Elles  aiment 
les  eaux  dormantes  et  les  endroits  retirés  ou  sombres. 
Leur  régime  est  animal,  et  consiste  principalement  en 
Insectes,  Vers  de  terre,  petites  Sangsues,  Mollusques,  etc. 
Elles  sont  quadrupèdes,  et,  suivant  que  leur  vie  doit  se 
passer  à  terre  ou  dans  l'eau ,  elles  ont  la  queue  ronde , 
ou,  au  contraire,  comprimée  ;  leur  taille  est,  en  général, 
petite,  et  offre  une  différence  de  5  à  6  centimètres. 

Les  Salamandres,  en  général,  ne  sont  pas  parées  de 
couleurs  brillantes,  excepté  cependant  la  terrestre  qui  a 
de  grandes  taches  jaunes  très-brillantes  sur  son  corps  et 
qui  sont  toujours  luisantes.  Leur  peau  est  tuberculeuse, 
couverte  d'un  enduit  gluant,  et  ressemble  assez  à  celle 
des  Crapauds  ;  leurs  formes  sont  massives;  leurs  mouve- 
ments  paresseux;  leurs  habitudes   tristes   et  solitaires. 


340  HISTOIRE   NATURELLE. 

Leur  peau  sécrète  une  humeur  visqueuse  qui  répand  une 
odeur  désagréable,  et  qui  en  fait  un  objet  d'horreur  et  de 
dégoût  pour  tout  le  monde. 

Salamandres  Terrestres,  Salamandra,  Laur. 

Caractères.  —  Elles  ont,  dans  l'état  parfait,  la  queue 
ronde  ;  ne  se  tiennent  dans  l'eau  que  pendant  leur  état 
de  Têtard ,  qui  dure  peu ,  ou  quand  elles  veulent  mettre 
bas.  Les  œufs  éclosent  dans  l'oviductus.  (Cuvier.) 

1.  Salamandre  terrestre  commune,  Lacerta  Salamandra, 
Lin.;  Salamandra  maculosa ,  Lacep.;  Salamandra 
terrestris,  Daud.;  en  catalan  Salamandra. 

Nous  ne  possédons  dans  le  département  qu'une  seule  Sala- 
mandre terrestre.  Elle  est  d'un  noir-verdâtre  sur  tout  le  corps; 
deux  grosses  taches  jaunes  de  chaque  côté  sur  la  tête;  des  taches 
longitudinales  sur  le  côté  du  corps  et  sur  la  queue,  et  d'autres 
taches,  mais  plus  petites,  sur  les  flancs  et  sur  les  membres;  les 
pattes  de  devant  ont  quatre  doigts,  celles  de  derrière  en  ont  cinq; 
tous  sont  séparés  et  sans  ongles.  Elle  est  de  la  longueur  de  18  à 
20  centimètres. 

J'ai  pris  beaucoup  de  Salamandres;  mais,  sur  la  quantité,  je 
n'ai  pas  trouvé  deux  individus  qui  fussent  entièrement  semblables, 
soit  par  la  grosseur,  soit  par  la  disposition  des  taches  ou  lignes 
qui  ornent  la  peau  de  cette  espèce. 

Cette  Salamandre  est  la  plus  grande  de  l'espèce  d'Europe;  elle 
habite  les  régions  élevées  du  département.  Je  l'ai  prise  dans  des 
lieux  bien  différents  par  rapport  à  leur  altitude  et  par  rapport  à 
la  différence  du  séjour  :  sur  le  Canigou ,  dans  l'eau  d'un  ravin 
aux  Jasses  de  Cady;  à  Mont-Louis,  dans  les  endroits  les  plus 
humides;  à  Prals-de-Mollô ;  à  Força-Real,  l'endroit  le  plus  aride 
de  la  contrée,  sur  les  roches  d'ardoise  ;  sur  la  montagne  calcaire 


REPTILES.  341 

et  très-aride  de  Saint-Antoine-de-Galamus;  enfin,  sur  des  schistes 
de  la  vallée  de  Banyuls,  au  mois  d'août,  par  une  chaleur  étouf- 
fante. On  ne  peut  donc  préciser  les  endroits  où  elle  vit  de  préfé- 
rence, puisqu'on  la  rencontre  dans  des  stations  si  différentes. 

Salamandres  Aquatiques,  Triton,  Laur. 

Caractères. — Peau  lisse,  molle,  granuleuse;  côtes  très- 
courtes,  grêles;  queue  à  peu  près  égale  en  longueur  au 
corps,  toujours  comprimée  verticalement;  doigts  allongés, 
grêles,  libres,  lobés  ou  incomplètement  palmés;  des 
verrues  plantaires. 

Ces  animaux  sont  abondants  partout,  dans  les  eaux 
stagnantes,  les  marais  et  les  étangs;  on  les  appelle  vul- 
gairement Lézards  d'eau.  Autant  ces  Reptiles  sont  lents 
et  embarrassés  à  la  surface  du  sol,  autant  ils  sont  adroits 
et  vifs  dans  l'eau.  Leur  queue  comprimée  est  une  rame 
dont  ils  se  servent  avec  dextérité;  et  comme  ils  n'ont, 
grâce  à  leurs  poumons  chargés  d'air,  qu'une  densité 
spécifique  à  peine  différente  de  celle  du  liquide  au  milieu 
duquel  ils  sont  plongés,  une  petite  dépense  de  force 
suffit  aux  besoins  de  leur  locomation.  (P.  Gervais.) 

Quand  les  mares  sont  desséchées,  et  dans  d'autres 
circonstances  encore,  les  Tritons  s'éloignent  plus  ou 
moins  des  eaux.  On  voit  souvent  sous  les  pierres  humides, 
dans  la  mousse,  etc.,  des  Salamandres  du  genre  Triton, 
et  quelquefois  elles  sont  assez  éloignées  des  eaux.  Leur 
queue  est  moins  comprimée,  et  les  mâles  n'ont  de  crête 
ni  sur  cette  partie  du  corps,  ni  sur  le  dos.  Au  contraire, 
celles  qui  sont  restées  dans  l'eau  ont  la  queue  très- 
amincie,  et,  pendant  la  saison  des  amours,  les  mâles  ont 
sur  tout  le  dessus  du  corps,  sauf  sur  la  tête,  une  crête 


3-42  HISTOIRE   NATURELLE. 

îtîince  et  frangée.  Leurs  couleurs  sont  égalemerit  très- 
vives  et  très-variées  pendant  cette  partie  de  l'année.  (P- 
Gervais.) 

Ces  animaux  font  entendre  un  petit  bruit  qui  leur  est 
propre,  et  lorsqu'on  les  touche  ils  répandent  une  odeur 
tout-à-fait  caractéristique.  Nos  différentes  espèces  de 
Tritons  sont  ovipares  et  non  ovovivipares  comme  les 
Salamandres  terrestres.  Les  femelles  n'abandonnent  pas 
leurs  œufs  à  mesure  qu'elles  les  pondent;  au  lieu  de  les 
laisser  tomber  en  chapelet  au  fond  de  l'eau,  elles  les  dépo- 
sent un  à  un  sous  les  feuilles  aquatiques  des  Persicaires, 
des  Graminées,  etc.,  ayant  soin  de  les  y  coller  et  de  replier 
sur  chacun  d'eux  là  feuille  qui  devra  les  protéger.  C'est  ce 
que  M.  Rusconi  a  vu  et  décrit  avec  beaucoup  de  soin  dans 
l'ouvrage  qu'il  a  publié,  en  1821,  sous  le  titre  piquant 
d' Amours  des  Salamandres  Aquatiques,  et  c'est  ce  dont 
nous  nous  sommes  plusieurs  fois  assuré.  (Idem.) 

1.  Salamandre  marbrée,  Salamandra  marmorata,  Latr.; 
Triton  gemeri,  Laur.;  en  cat.  Salamandra  de  aygua. 

La  couleur  de  sa  peau  est  d'un  vert  assez  clair,  avec  de  larges 
taches  brunes  et  comme  marbrées  ;  une  ligne  de  couleur  rougeàtre 
le  long  du  dos.  Sur  cette  partie,  chez  le  mâle,  existe  une  petite 
crête,  découpée,  qui  s'étend  sur  la  queue,  tachée  de  noir.  Le  des- 
sous du  corps  est  rougeàtre,  avec  une  multitude  de  points  blancs, 
très-rapprochés  sur  les  côtés;  quatre  doigts  aux  pattes  de  devant, 
cinq  à  celles  de  derrière.  Sa  longueur  est  de  10  à  12  centimètres. 

Cette  Salamandre  est  assez  commune  dans  les  fossés  qui  ont 
été  inondés  pendant  l'hiver  et  qui  se  dessèchent  en  été  ;  on  la 
trouve  sur  les  bords  des  fossés,  sur  l'herbe.  Elle  ne  s'éloigne 
pourtant  pas  beaucoup  de  l'eau,  où  on  la  voit  souvent  se  sub- 
merger; elle  est  aussi  tout-à-fait  inoffensive. 


REPTILES.  343 

2.  Salamandre  crêtée,  Salamandra  cristala,  Latr.;  Trilon 
cristatus,  Laur. 

La  peau  chagrinée,  d'un  brun-foncé  un  peu  rougeâtre  dessus, 
ce  rouge  un  peu  plus  vif  sur  les  côtés  du  corps;  orange  ou  fauve 
en  dessous,  avec  des  taches  très-variables  noirâtres;  les  côtés 
pointillés  de  blanc;  une  crête  assez  grande,  très-découpée  en 
long,  sur  le  milieu  du  corps;  l'iris  est  rougeâtre,  un  peu  doré; 
la  queue  est  large  et  très-aplatie. 

La  disposition  d«s  couleurs  de  sa  peau  est  fort  jolie  ;  et  lorsque 
cet  animal  est  dans  l'eau,  les  couleurs  sont  encore  plus  vives. 
On  le  trouve  constamment  dans  les  eaux  limpides,  dans  les  fossés 
des  eaux  vives,  dont  il  s'écarte  peu. 

5.  Salamandre  ponctuée,  Salamandra  punctata,  Latr.; 
Lissotriton  punctalus ,  Bell. 

La  couleur  générale  de  cette  espèce,  est  d'un  brun-clair;  sa 
peau  est  lisse,  sans  tubercules  ;  le  dessous  du  corps  est  d'un  blanc- 
jaunâtre  qui  varie  beaucoup;  une  teinte  orange  sur  le  milieu  du 
ventre;  des  taches  noires  et  rondes  sur  tout  le  corps;  des  raies 
noires  sur  la  tête;  la  crête  du  mâle  plus  prononcée  et  festonnée; 
quatre  doigts  aux  pattes  de  devant,  cinq  à  celles  de  derrière,  un 
peu  élargis. 

Cette  espèce  est  commune  dans  les  fossés  des  fortifications, 
derrière  la  citadelle,  aux  lunettes  et  dans  les  mares  au-dessous 
de  Château-Roussillon.  On  la  voit  dans  les  eaux  se  promener  au 
fond  et  nager  avec  lenteur  quand  on  ne  la  trouble  pas. 

4.  Salamandre  ceinturée,  Salamandra  cincta,  Latr. 

Petite,  d'un  gris-verdâtre,  tirant  sur  le  jaune  en  dessus;  le 
dessous  d'un  brun-clair  et  quelquefois  safrané;  divers  points 
noirâtres  parsemés  sur  le  corps. 

Cette  espèce  est  commune  dans  les  mares  des  fossés  des  vignes 
du  territoire  de  Torremila.  Je  ne  comprends  pas  qu'elle  puisse 


344  HISTOIRE   NATURELLE. 

vivre  dans  un  pays  aussi  aride,  où  l'eau  ne  séjourne  dans  les 
fossés  que  pendant  l'hiver  et  une  partie  du  printemps,  puis 
s'évapore  complètement  aux  premières  chaleurs  de  l'été.  Cepen- 
dant, malgré  des  conditions  aussi  défavorables  à  son  existence, 
on  la  revoit,  tous  les  ans,  dans  les  mêmes  lieux. 

5.  Salamandre  palmipède,  Salamandra  palmata,  Latr. 

Couleur  générale  d'un  brun-olivâtre  au-dessus  du  corps  ;  d'un 
jaunâtre  pointillé  de  noir  sur  la  tête  et  sur  les  membres  anté- 
rieurs; un  trait  noir  derrière  les  yeux;  ventre  jaune-clair,  un 
peu  orangé  vers  le  milieu ,  avec  quelques  points  noirs  ;  la  queue 
est  comprimée  à  sa  naissance,  et  se  termine  par  une  partie  mince 
et  ronde;  quatre  doigts  libres  aux  pattes  antérieures;  cinq  aux 
postérieures,  entièrement  palmés. 

Cette  Salamandre  habite  les  eaux  dormantes  des  parties  basses 
de  la  Salanque,  et  les  mares  de  toutes  les  parties  du  littoral.  Elle 
est  la  plus  petite  du  genre. 

Famille  des  Protées,  Proteus,  Laur. 

Une  seule  espèce  connue,  Proteus  anguinus ,  Laur., 
ou  Sir  en  anguina,  Sch.,  habite  les  eaux  souterraines  par 
lesquelles  certains  lacs  de  la  Carniole  communiquent 
ensemble;  elle  est  inconnue  dans  ce  département. 

Famille  des  Sirènes,  Sir  en,  Laur. 

Inconnue  en  Europe  :  une  seule  espèce,  Siren  lacertina, 
Laur.,  habite  les  marais  de  la  Caroline,  surtout  ceux 
qu'on  établit  pour  la  culture  du  riz. 


poissons.  345 


CHAPITRE  IV. 

ANIMAUX    VERTÉBRÉS. 

QUATRIÈME   CLASSE. 
Poissons. 

Les  Poissons  forment  la  quatrième  et  dernière  classe 
des  animaux  vertébrés.  «  Ils  sont,  dit  M.  Laeepède,  le 
«  lien  remarquable  par  lequel  les  animaux  les  plus  parfaits 
«  ne  forment  qu'un  tout  avec  ces  légions  si  multipliées 
«  d'Insectes,  de  Vers  et  d'autres  animaux  peu  composés, 
«  et  avec  ces  tribus  non  moins  nombreuses  de  Végétaux 
«  plus  simples  encore.  » 

Destinés  à  vivre  dans  l'eau,  les  Poissons  ont  des  carac- 
tères particuliers  qui  les  distinguent  des  autres  vertébrés. 
Le  plus  important  consiste  dans  la  conformation  des 
organes  de  la  respiration,  que  l'on  nomme  branchies ,  et 
qui  sont  destinés  à  remplacer  les  poumons.  Ces  bran- 
chies, placées  dans  une  cavité  qui  n'est  qu'une  prolon- 
gation de  l'intérieur  de  la  gueule,  sont  formées  par  des 
arcs  solides,  d'une  courbure  plus  ou  moins  considérable, 
sur  lesquels  sont  rangées  de  petites  lames  solides  et 
flexibles  dont  la  figure  varie  suivant  le  genre  et  quelque- 
fois suivant  l'espèce  de  Poisson.  Le  nombre  des  branchies 


316  HISTOIRE    NATURELLE. 

est  de  quatre  de  chaque  côté,  quelquefois  plus,  quelque- 
fois moins.  On  les  aperçoit  en  soulevant  les  ouïes,  grandes 
fentes  qu'on  remarque  à  la  surface  extérieure  du  corps, 
placées  de  chaque  côté  dé  là  têlë.  La  respiration  se  fait 
au  moyen  de  l'air  dissous  dans  l'eau,  et  a  lieu  à  la  sur- 
face des  lamelles  très-vâsculaires  fixées  sur  les  arcs 
branchiaux  dont  nous  avons  parlé.  L'eau  nécessaire  à  la 
respiration  entre  dans  la  bouche,  et,  par  un  mouvement 
de  déglutition ,  passe  par  les  fentes  que  les  arcs  bran- 
chiaux laissent  entre  eux ,  et  arrive  de  la  sorte  aux 
branchies  dont  elle  baigne  la  surface;  puis  elle  s'échappe 
au  dehors  par  les  ouvertures  des  ouïes.  Dans  ce  jeu  des 
organes,  les  Poissons,  de  même  que  les  Animaux  qui 
ont  reçu  des  poumons,  absorbent  une  quantité  plus  ou 
moins  grande  de  gaz  oxygène  qui  fait  partie  de  l'air 
atmosphérique,  et  qui  se  retrouve  jusque  dans  les  plus 
grandes  profondeurs  de  la  mer.  C'est  ce  gaz  oxygène, 
qui,  en  se  combinant  dans  les  branchies  avec  le  sang  des 
P Dissons,  le  colore  en  rouge  et  lui  donne  la  chaleur 
nécessaire  à  la  vie  de  ces  animaux. 

Lorsque  les  Poissons  demeurent  hors  de  l'eau,  ils 
périssent  promptement  par  asphyxie,  non  pas  que  l'oxy- 
gène leur  manque,  mais  parce  que  les  lamelles  branchiales 
n'étant  plus  soutenues  par  l'eau,  s'affaissent,  se  dessè- 
chent et  deviennent  impropres  a  remplir  leurs  fonctions. 
Cependant,  certains  Poissons  peuvent  vivre  longtemps 
hors  de  l'eau  :  tout  le  monde  sait,  dit  M.  Valenciennes, 
que  l'Anguille  sort  presque  régulièrement  toutes  les 
nuits  de  l'eau,  et  rampe  a  travers  les  prairies  souvent 
très-loin  de  l'élément  d'où  elle  est  sortie.  Elle  y  prend 
des  Limaces,  attrape  même  quelquefois  de  petits  ron- 


POISSONS.  317 

geurs.  Mais  elle  n'est  pas  seule  â  jouir  de  cette  faculté. 
D'autres  petits  Poissons,  comme  la  plupart  des  Gobies 
et  des  Blennies  vivent  très-longtemps  hors  de  l'eau.  Leè 
Périophthalmes,  ajoute  M.  Valenciennes,  usent  de  la  lon- 
gueur de  leurs  nageoires  pectorales  pédiculées,  pour  courir 
sur  la  grève  desséchée  par  un  soleil  ardent.  Nous  conser- 
vons, dit-il,  dans  la  collection  du  Jardin  des  Plantes,  une 
de  ces  espèces,  qui  a  été  tuée  d'Un  coup  de  fusil  sur  la 
plage  du  Sénégal.  Le  naturaliste  qui  se  l'est  procurée 
croyait  tirer  sur  un  Lézard,  tant  était  grande  la  rapidité 
de  la  marche  de  ce  Poisson.  Enh'n,  M.  Cuvier  cite  le 
Sennal  (Perça  scàndens,  Daldorff,  ou  Ànlhias  testucli- 
neus,  Bl.)  qui  rampe  sur  le  rivage,  grimpe  sur  les  arbres, 
le  long  des  troncs  des  Palmiers,  et  se  tient,  pendant  les 
sécheresses,  dans  l'eau  de  pluie  amassée  entre  les  bases 
de  leurs  feuilles. 

Les  Poissons  sont  admirablement  conformés  pour  vivre 
dans  l'eau:  leur  corps,  plus  ou  moins  fusiforme,  n'a 
point  de  cou,  parce  que  la  tète  est  unie  au  tronc  sans 
qu'il  y  ait  entre  elle  et  lui  aucun  rétrécissement;  leur 
queue,  qui  commence  à  l'ouverture  de  l'anus,  ne  se 
distingue  pas  du  reste  du  corps.  Pour  se  mouvoir  au 
milieu  de  l'élément  liquide  qu'ils  sont  destinés  à  habiter, 
la  Nature  les  a  pourvus  de  nageoires ,  qui  représentent 
les  quatre  membres  des  autres  Animaux  vertébrés  :  deux 
sont  lixées  de  chaque  côté  du  tronc,  immédiatement  der- 
rière l'ouverture  des  ouïes,  et  sont  appelées  nageoires 
pectorales;  deux  autres  occupent  la  partie  inférieure  du 
corps  :  on  les  nomme  nageoires  ventrales.  Outre  ces 
organes  locomoteurs,  les  Poissons  sont  munis  d'autres 
nageoires  qui  occupent  la  ligne  médiane  du  corps,  et  qui 


348  HISTOIRE   NATURELLE. 

se  distinguent  en  nageoires  dorsales  ,  nageoires  anales 
et  nageoires  caudales,  suivant  qu'elles  sont  placées  sur 
le  dos,  sous  la  queue  ou  à  son  extrémité.  Du  reste,  les 
unes  et  les  autres  ont  la  même  structure,  et  consistent 
presque  toujours  en  un  repli  de  la  peau,  soutenu  par  des 
rayons  osseux  ou  cartilagineux,  et  à  peu  près  de  la 
même  manière  que  les  ailes  des  Chauves-Souris. 

La  plupart  des  Poissons  nagent  avec  une  grande 
agilité.  On  assure,  dit  M.  Milne  Edwards,  que  le  Saumon, 
par  exemple,  avance  quelquefois  avec  une  vitesse  de  huit 
mètres  par  seconde,  et  parcourt  en  une  heure  l'espace  de 
trois  ou  quatre  myriamètres.  En  général,  c'est  en  frap- 
pant latéralement  l'eau  par  des  flexions  alternatives  de  la 
queue  et  du  tronc,  qu'ils  se  meuvent  de  la  sorte;  aussi 
les  muscles  destinés  à  courber  latéralement  la  colonne 
vertébrale  sont  si  développés,  qu'ils  constituent  ordinai- 
rement à  eux  seuls  la  majeure  partie  de  la  masse  du  corps. 
Les  nageoires  médianes,  c'est-à-dire  la  caudale,  la  dor- 
sale et  l'anale,  servent  à  augmenter  l'étendue  de  cette 
espèce  de  rame  ;  mais  les  nageoires  latérales,  c'est-a-dire 
les  pectorales  et  les  ventrales,  ne  concourent  que  peu 
à  la  progression,  et  ont  en  général  pour  usage  principal 
d'influer  sur  la  direction  de  la  course  et  surtout  de 
maintenir  l'animal  en  équilibre.  Chez  un  petit  nombre 
de  Poissons,  les  nageoires  pectorales  présentent  un 
développement  extrême,  et  permettent  à  l'animal  de  se 
soutenir  quelques  instants  dans  l'air,  lorsqu'il  s'élance 
hors  de  l'eau  :  tels  sont  les  Poissons-Volants  ;  le  Dacty- 
loptère  en  offre  un  exemple. 

Presque  tous  les  Poissons  ont  un  organe  intérieur, 
situé  dans  la  partie  la  plus  haute  de  l'abdomen,  qui  leur 


poissons.  349 

est  d'un  grand  secours  dans  la  natation  :  c'est  la  vessie 
natatoire,  espèce  de  poche  remplie  d'air,  qui  peut  être 
gonflée  ou  comprimée*  à  volonté,  et  qui,  suivant  le  volume 
qu'elle  occupe,  donne  au  corps  du  Poisson  une  pesanteur 
spécifique  qui  lui  permet  de  rester  en  équilibre,  de  des- 
cendre dans  l'eau  ou  d'en  monter.  On  a  remarqué  qu'elle 
manque  souvent,  et  que  généralement  elle  est  très-petite 
dans  les  espèces  destinées  a  nager  au  fond  des  eaux  ou 
même  a  s'enfouir  dans  la  vase,  telles  que  les  Raies,  les 
Soles,  les  Turbots  et  les  Anguilles. 

Les  Poissons  sont  recouverts  d'une  peau  qui  revêt 
presque  toute  leur  surface;  elle  est  molle  et  enduite 
d'une  matière  gluante  qui  la  pénètre  profondément; 
quelquefois  elle  est  à  peu  près  nue,  mais  presque  tou- 
jours elle  est  recouverte  d'écaillés.  La  forme  des  écailles 
est  très-diversifiée  ;  mais  le  plus  souvent  elles  s'étendent 
en  lames  minces,  unies,  rondes  ou  ovales,  se  recouvrant 
les  unes  les  autres  comme  les  tuiles  d'un  toit. 

Le  corps  des  Poissons  est  presque  toujours  paré  des 
plus  belles  couleurs.  Leurs  écailles  reflètent  les  nuances 
les  plus  éclatantes;  les  sept  couleurs  du  spectre  solaire 
sont  reproduites  tantôt  isolément,  tantôt  combinées,  et 
leur  donnent  l'éclat  brillant  des  métaux  polis.  Aucune 
classe  d'animaux  n'a  été  aussi  favorisée  à  cet  égard; 
aucune  n'a  reçu  une  parure  plus  élégante,  plus  variée, 
plus  riche.  «Que  ceux,  dit  Lacepède,  qui  ont  vu  nager  à 
«  la  surface  d'une  eau  tranquille,  des  Zées,  des  Chétodons, 
«  des  Spares,  disent  si  jamais  l'éclat  des  plumes  du  Paon 
«  et  du  Colibri,  la  vivacité  du  diamant,  la  splendeur  de 
«  l'or,  le  reflet  des  pierres  précieuses,  ont  été  mêlés  à 
«  plus  de  feu,  et  ont  renvoyé  à  l'œil  de  l'observateur,  des 


350  HISTOIRE   NATURELLE. 

«  images  plus  parfaites  de  cet  arc  merveilleusement  coloré 
«  dont  l'astre  du  jour  fait  le  plus  souvent  le  plus  bel 
«  ornement  des  cieux  !  » 

Les  Poissons  sont  dotés  d'armes  redoutables.  Certains, 
tel  que  le  Diodon,  par  exemple,  sont  couverts  de  piquants 
comme  le  Hérisson  ;  d'autres,  comme  le  Narval,  l'Espa- 
don, le  Squale-Scie,  sont  pourvus  de  cornes,  d'éperons, 
de  lames  dentelées  avec  lesquels  ils  peuvent  assaillir 
vivement  et  blesser  profondément  leurs  ennemis;  ils  ont 
tous  une  queue  plus  ou  moins  déliée,  mue  par  des  mus- 
cles puissants,  qui  peut  être  assez  rapidement  agitée 
pour  frapper  une  proie  par  des  coups  violents  et  redou- 
blés. Mais  l'instrument  le  plus  redoutable  sont  les  dents  : 
qui  ne  connaît  le  Requin,  ce  tigre  de  la  mer,  comme  le 
nomme  Lacepède,  féroce  autant  que  vorace,  avide  de 
sang  et  insatiable  de  proie,  dont  la  gueule  formidable  est 
armée  dans  le  haut  comme  dans  le  bas  de  six  rangs  de 
dents  acérées,  et  qui  d'un  seul  coup  de  mâchoire  peut  couper 
un  homme  en  deux.  Ces  armes  offensives,  quelque  multi- 
pliées et  quelque  dangereuses  qu'elles  puissent  être ,  ne 
sont  pas  les  seules  données,  par  la  nature,  aux  Poissons; 
quelques-uns  sont  doués  de  la  singulière  faculté  de 
développer  de  l'électricité,  et  de  donner  ainsi  des  commo- 
tions très-fortes  aux  animaux  qui  les  touchent.  La  Gym- 
note ou  Anguille  électrique,  qui  habite  les  mares  et  les 
petits  ruisseaux  que  l'on  rencontre  ça  et  là  dans  les 
plaines  de  l'Amérique  méridionale  au  pied  des  Cordilières, 
donne  à  volonté  et  dans  la  direction  qu'elle  choisit,  des 
décharges  électriques  si  violentes ,  qu'elle  abat  hommes 
et  chevaux.  La  Torpille  qui  habite  nos  côtes,  jouit  de  la 
même  propriété,  mais  à  un  degré  moins  développé. 


poissons.  351 

La  vie  d'un  Poisson  se  passe  presque  entièrement  à 
pourvoir  à  sa  subsistance  et  à  fuir  ses  ennemis  ;  ses  sens 
extérieurs  ne  paraissent  lui  donner  que  des  impressions 
obtuses,  et  ses  facultés  sont  des  plus  bornées.  On  sait, 
cependant,  que  les  Poissons  ont  rouie  très-fine;  mais  leur 
goût  est  très-peu  développé,  car  ces  Animaux  ne  font 
qu'engloutir  leur  proie  sans  la  conserver  longtemps  dans 
la  bouche,  à  cause  de  la  position  et  du  jeu  des  organes 
respiratoires.  Le  tact  est  peu  sensible;  ce  n'est  qu'au 
moyen  de  leurs  lèvres  et  des  barbillons  que  l'on  voit 
autour  de  la  bouche,  qu'ils  peuvent  exercer  le  sens  du 
toucher.  L'appareil  olfactif  semble  plus  énergique;  il  les 
guide  dans  la  recherche  de  la  nourriture,  tout  autant 
que  le  sens  de  la  vue,  qui  est  le  plus  développé  de  tous. 
En  général,  voici  dans  quel  ordre  la  Nature  a  donné  aux 
Poissons  les  sources  de  leur  sensibilité  :  la  vue,  l'odorat, 
l'ouïe,  le  toucher,  le  goût.  Quoi  qu'il  en  soit  des  facultés 
bornées  des  Poissons,  on  a  reconnu  qu'avec  très-peu  de 
soins  on  peut  les  apprivoiser  et  les  rendre  familiers  :  qui 
ne  sait,  par  exemple,  que  des  Poissons  nourris  dans  des 
bassins,  accourent  à  la  voix  qui  les  appelle,  et  prennent 
la  nourriture  des  mains  de  ceux  qui  la  leur  offrent.  Dans 
une  grande  partie  de  l'Allemagne,  dit  M.  Lacepède,  on 
accoutume  les  Truites,  les  Carpes  et  les  Tanches  à  se 
rassembler  au  son  d'une  cloche,  et  à  venir  prendre  la 
nourriture  qu'on  leur  destine. 

La  plupart  des  Poissons  se  nourrissent  de  matières 
animales.  Un  très-grand  nombre  des  plus  voraces  avalent 
des  poissons,  sans  épargner  les  individus  de  leur  propre 
espèce.  On  les  trouve  engloutis  tout  entiers  dans  leur 
vaste  estomac.  Ceux-là  se  jettent  sur  les  petits  Oiseaux 


352  HISTOIRE   NATURELLE. 

aquatiques  ou  sur  les  petits  Mammifères  qui  fréquentent 
les  bords  des  eaux;  les  Reptiles  deviennent  quelquefois 
aussi  leur  proie.  D'autres  espèces  se  nourrissent  exclusi- 
vement de  Crustacés;  d'autres  mangent  des  Insectes. 
Quelques  espèces,  dit  M.  Valenciennes ,  sont  devenues 
célèbres  par  le  merveilleux  instinct  dont  la  nature  les  a 
douées  :  elles  peuvent,  en  allongeant  leur  bouche  en  un 
long  tube,  lancer  des  gouttes  d'eau  sur  des  Insectes  qui 
volent  à  plus  d'un  mètre  au-dessus  de  la  surface,  et  les 
faire  tomber  de  manière  à  les  pouvoir  prendre  pour 
nourriture.  Mais  le  plus  grand  nombre  de  Poissons 
préfèrent  des  Vers  marins ,  de  rivière  ou  de  terre ,  des 
Insectes  aquatiques,  des  œufs  pondus  par  leurs  femelles, 
et,  en  général,  tous  les  animaux  qu'ils  peuvent  rencontrer 
au  milieu  des  eaux.  Quelques-uns  se  contentent  de  plantes 
marines,  et  particulièrement  d'algues  ;  il  en  est  qui  ont 
un  goût  très-vif  pour  des  graines  et  d'autres  parties  de 
végétaux  terrestres  ou  fluviatiles.  Enfin,  d'autres  espèces 
remplissent  leurs  intestins  de  la  vase  du  fond  des  eaux, 
si  riche  en  animalcules  microscopiques,  et  puisent  dans 
la  digestion  de  ces  matières  animales  une  nourriture 
suffisante. 

La  chair  de  beaucoup  de  Poissons  devient  malfaisante  : 
cela  dépend  de  la  nourriture  que  prend  l'animal.  Les 
espèces  qui  se  nourrissent  de  Méduses,  de  Vélelles  et  de 
plusieurs  espèces  d'Acalèphes,  acquièrent  une  propriété 
urticante  qui  peut  devenir  un  véritable  poison. 

Les  Poissons  se  distinguent  par  leur  prodigieuse 
fécondité;  leur  multiplication  est  facile  sous  tous  les 
climats.  Ils  se  reproduisent  au  moyen  d'œufs,  et  le 
nombre  de  ceux-ci  est  quelquefois  immense.  A  peine  le 


poissons.  353 

soleil  du  printemps  commence-t-il  de  répandre  sa  chaleur 
vivifiante,  dit  M.  Lacepède;  à  peine  son  influence  réno- 
vatrice et  irrésistible  pénètre-t-elle  jusque  dans  les  pro- 
fondeurs des  eaux,  qu'un  organe  particulier  se  développe 
et  s'agrandit  dans  les  Poissons  mâles.  Cet  organe,  qui 
est  double  et  qui  s'étend  dans  la  partie  supérieure  de 
l'abdomen  dont  il  égale  presque  la  longueur,  est  celui 
qui  a  reçu  le  nom  de  laite.  C'est  aussi  vers  le  milieu 
ou  la  fin  du  printemps,  que  les   ovaires   des   femelles 
commencent  à  se  remplir  d'œufs  encore  presque  imper- 
ceptibles. Ces  ovaires ,  au  nombre  de  deux  dans  le  plus 
grand  nombre  des  Poissons,  occupent  dans  l'abdomen 
une  place  analogue  à  celle  des  laites.  Les  œufs  croissent 
à  mesure  que  les  ovaires  se  tuméfient;  leur  nombre  est  si 
considérable,  que,  dans  plusieurs  espèces  de  Poissons,  et 
particulièrement  dans  les  Gades,  une  seule  femelle  con- 
tient plus  de  neuf  millions  d'œufs.  Lorsque  les  œufs  sont 
assez  gros  pour  être  presque  mûrs,  c'est-à-dire  assez 
développés  pour  recevoir  la  liqueur  fécondante  du  mâle, 
ils  s'échappent  d'eux-mêmes  par  l'anus  ;  et  si  leur  sortie 
n'est  pas  assez  déterminée  par  les  efforts  intérieurs,  on 
voit  les  femelles  froisser  plusieurs  fois  leur  ventre  contre 
les  bas-fonds ,  les  graviers  et  les  divers  corps  durs  qui 
peuvent  être  a  leur  portée.   C'est   alors   que   les  mâles 
arrivent  auprès  des  œufs  laissés  sur  le  sable  ou  le  gravier  : 
ils  accourent  de  très-loin,   attirés  par   leur   odeur;  un 
sentiment  assez  vif  paraît  même  les  animer.  Mais ,  cette 
sorte  d'affection  n'est  pas  pour  les  femelles  déjà  absentes; 
elle  ne  les  entraîne  que  vers  les  œufs  qu'ils  doivent  fé- 
conder. Ils  s'en  nourrissent  cependant  quelquefois,  au  lieu 
de  chercher  à  leur  donner  la  vie;   mais,  le  plus  souvent, 

TOME    III.  2" 


354  HISTOIRE   NATURELLE. 

ils  passent  et  repassent  au-dessus  de  ces  petits  corps 
organisés,  jusqu'à  ce  que  les  fortes  impressions  que  les 
émanations  de  ces  œufs  font  éprouver  à  leur  odorat, 
augmentant  de  plus  en  plus  le  besoin  qui  les  aiguillonne, 
ils  laissent  échapper  de  leurs  laites  pressées,  le  suc  actif 
qui  va  porter  le  mouvement  dans  ces  œufs  inanimés. 

Les  femelles  des  Raies,  des  Squales,  de  quelques 
Blennies,  de  quelques  Silures,  ne  pondent  pas  leurs 
œufs,  qui  parviennent  dans  le  ventre  de  la  mère  à  tout 
leur  développement;  y  grossissent  d'autant  plus  facile- 
ment qu'ils  sont,  pour  ainsi  dire,  couvés  par  la  cha- 
leur intérieure  de  la  femelle;  y  éclosent,  et  les  petits 
arrivent  tout  formés  à  la  lumière. 

Le  temps  qui  s'écoule  depuis  le  moment  où  les  œufs 
déposés  par  la  femelle  sont  fécondés  par  le  mâle,  jusqu'à 
celui  où  les  petits  viennent  à  la  lumière,  varie  suivant 
les  espèces  :  il  est  quelquefois  de  quarante  et  même  de 
cinquante  jours,  et  d'autres  fois  il  n'est  que  de  huit  ou 
de  neuf. 

Partout  où  il  y  a  un  grand  amas  d'eau,  il  y  a  des 
Poissons  :  il  y  en  a  dans  toutes  les  eaux  douces  ou  ma- 
rines. Ce  sont  de  tous  les  Animaux,  ceux  dont  le  domaine 
est  le  moins  circonscrit;  ils  parcourent  les  mers  depuis 
l'équateur  jusqu'au  pôle  de  la  terre,  depuis  la  surface  de 
l'Océan  jusqu'à  ses  plus  grandes  profondeurs.  Les  fleuves, 
les  rivières,  les  lacs,  les  étangs,  les  marais,  en  renferment 
une  plus  ou  moins  grande  quantité.  Ce  domaine,  dont  les 
bornes  sont  si  reculées,  n'est  pas  indistinctement  habité 
par  toutes  les  espèces;  chaque  famille  paraît  préférer  un 
espace  particulier  plus  ou  moins  étendu  :  telles  vivent 
dans  les  profondeurs  de  l'Océan,  tandis  que  d'autres  se 


poissons.  355 

multiplient  dans  des  réservoirs  naturels,  placés  au  som- 
met des  plus  hautes  montagnes  et  à  plus  de  deux  mille 
mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Ils  trouvent  pres- 
que à  toutes  les  latitudes,  et  en  s'élevant  ou  s'abaissant 
plus  ou  moins  dans  l'Océan,  le  degré  de  chaleur  qui 
convient  à  leur  conservation. 

Les  Poissons,  de  même  que  les  Oiseaux,  se  réunissent 
régulièrement,  à  certaines  époques  fixes,  pour  se  trans- 
porter d'un  climat  dans  un  autre.  Les  Thons  sortent  des 
profondeurs  de  l'Atlantique  pour  entrer  dans  la  Méditer- 
ranée, et  s'approcher,  en  suivant  une  route  bien  connue, 
des  différentes  côtes  de  cette  mer.  Les  Maquereaux,  les 
Sardines,  les  Anchois,  visitent  périodiquement  nos  côtes 
et  y  donnent  lieu  à  des  pêches  importantes.  Le  Hareng 
est  un  des  Poissons  les  plus  remarquables  sous  ce  rap- 
port ,  et  le  plus  célèbre  pour  l'importance  des  pêches 
dont  il  est  l'objet.  Il  habite  les  mers  du  Nord,  et  arrive 
chaque  année  en  légions  innombrables  sur  diverses  par- 
ties des  côtes  de  l'Europe,  de  l'Asie  et  de  l'Amérique; 
mais  il  ne  descend  guère  au-dessous  du  4o°  de  latitude 
nord. 

La  classe  des  Poissons,  dit  M.  Cuvier,  est  celle  qui 
offre  le  plus  de  difficultés  quand  on  veut  la  subdiviser 
en  ordres  d'après  des  caractères  fixes  et  sensibles.  Ce 
grand  naturaliste,  dont  nous  suivons  dans  cet  ouvrage 
la  classification  ichthyologique ,  divise  les  Poissons  en 
deux  grandes  séries,  d'après  la  nature  cartilagineuse  ou 
osseuse  de  leur  squelette.  Les  Poissons  cartilagineux 
forment  deux  Ordres  et  quatre  Familles;  les  Poissons 
osseux  forment  sixOrdres  et  plusieurs  Familles  :  ensemble 
huit  Ordres  et  vingt-six  Familles. 


355  HISTOIRE   NATURELLE. 

POISSONS    CARTILAGINEUX. 

1"  Ordre.  Chondroptérigiens  a  branchies  fixes. 

Deux  Familles  :  Cyclostomes ,  Sélaciens. 
2me  Ordre.  Chondroptérigiens  a  branchies  libres. 

Deux  Familles  :  Sturioniens,  Polyodons. 

POISSONS    OSSEUX. 

3rae  Ordre.  Plectognathes. 

Deux  Familles  :  Gymnodontes,  Sclérodermes. 
4rae  Ordre.  Lophobranches. 

Quatre  Familles  :  Syngnathes,  Hippocampes,  Solénos- 
tomes,  Pégases. 
5me  Ordre.  Malacoptérigiens  abdominaux. 

Cinq  Familles  :  Salmones,  dupées,  Esoces,  Cyprins, 
Siluroïdes. 
6me  Ordre.  Malacoptérigiens  subbranchiens. 

Trois  Familles  :  Gades,  Pleuronectes ,  Discoboles. 
lme  Ordre.  Malacoptérigiens  apodes. 

Une  Famille  :  Anguilli formes. 
gme  Ordre.  Acanthoptérigiens. 

Sept  Familles  :  Ténioïdes,  Gobioïdes,  Labroïdes,  Percoï- 
des,  Scombéroïdes,  Sqiiammipennes,  Bouches  en  flûte. 

S'il  fallait  entrer  dans  les  descriptions  minutieuses  de 
tous  les  Poissons  qui  fréquentent  notre  littoral  Méditer- 
ranéen ,  cela  nous  conduirait  à  un  travail  trop  long  et 
nous  éloignerait  tout-à-fait  de  notre  sujet;  nous  donne- 
rons tout  simplement  le  catalogue  de  ceux  que  nous 
avons  observés  dans  la  région  qui  borde  les  côtes  des 
Pyrénées-Orientales,  et  de  ceux  qui  vivent  dans  les 
rivières ,  lacs  et  étangs  du  département ,  en  faisant 
connaître,  autant  que  possible,  les  noms  catalans  que 
leur  donnent  nos  marins  et  les  habitants  du  pays. 


poissons.  357 

POISSONS  CARTILAGINEUX. 

PREMIER  ORDRE. 

CHONDROPTÉRIGIENS   A   BRANCHIES   FIXES. 

Famille  des  Suceurs,  Cyclostomcs,  Dum. 

M.  Cuvier  désigne  par  l'épithète  caractéristique  de 
Suceurs,  un  genre  de  Poissons  qui  a  reçu  de  M.  Dumé- 
ril  le  nom  plus  généralement  adopté  de  Cyclostomes , 
parce  qu'il  exprime  le  caractère  extérieur  le  plus  saillant 
de  leur  organisation.  Ils  ont  tous  un  corps  cylindrique, 
arrondi  en  avant  et  comprimé  en  arrière  ;  ils  n'ont  ni 
pectorales  ni  ventrales;  leur  bouche,  arrondie  ou  demi- 
circulaire,  se  prête  aux  différents  besoins  de  l'animal; 
elle  est  formée  par  une  lèvre  épaisse,  charnue,  plus  ou 
moins  continue  sur  tout  le  bord,  et  l'anneau  cartilagineux 
qui  supporte  cette  lèvre,  résulte  de  la  soudure  des  pala- 
tins et  des  mandibules. 

Genre  Lamproie,  Petromyzon,  Lin. 
(Petromyzon  signifie  suce-pierre.) 

Caractères.  Se  reconnaît  aux  sept  ouvertures  branchiales 
qu'il  a  de  chaque  côté.  La  peau  se  relève  au-dessus  et  au- 
dessous  de  la  queue  en  une  crête  longitudinale  qui  tient 
lieu  de  nageoire,  mais  où  les  rayons  ne  s'aperçoivent  que 
comme  des  fibres  à  peine  sensibles.  Les  Lamproies  ont 
l'habitude  de  se  fixer  par  la  succion  et  par  leurs  dents 
fortes,   et  crochues  aux   rochers ,    aux  bas-fonds  limo- 


358  HISTOIRE   NATURELLE. 

neux,  aux  bois  submergés  et  aux  autres  corps  solides,  ce 
qui  leur  a  fait  donner  le  nom  qu'elles  portent.  C'est  aussi  le 
moyen  qu'elles  emploient  pour  attaquer  les  grands  Pois- 
sons qu'elles  parviennent  souvent  à  percer  et  à  dévorer. 
Cependant  leur  nourriture  principale  consiste  en  Vers 
marins  et  en  Poissons  très-jeunes. 

1.  Grande  Lamproie,  Petromyzon  maximus,    Lin.;    en 

catalan  Set  ulls  (sept  yeux).  Le  peuple  prend  l'ou- 
verture des  ouïes  pour  des  yeux. 

Elle  est  longue  de  0m,80  à  1  mètre.  Marbrée  de  brun  sur  un 
tond  jaunâtre;  elle  a  la  première  dorsale  bien  distincte  de  l;i 
seconde,  et  deux  grosses  dents  rapprochées  au  haut  de  l'anneau 
maxillaire.  Elle  vit  dans  la  Méditerranée.  Au  printemps,  elle 
remonte  dans  les  embouchures  des  fleuves.  Celles  qu'on  nous 
apporte  sur  notre  marché,  se  pèchent  à  la  mer;  car  nos  rivières 
ayant  peu  de  fond,  elles  ne  remontent  pas  leur  cours.  Sa  peau 
est  très-visqueuse,  et  sa  chair  délicate  est  un  mets  fort  estimé. 

2.  Lamproie  de  rivière,  ou  Pricka,  ou  Sept-œil,  Petro- 

myzon fluviatïlis,  Lin.,  en  catalan  Set  ulls. 

Cette  espèce  atteint  -45  à  50  centimètres  de  longueur;  elle  est 
argentée,  noirâtre  ou  olivâtre  suivie  dos;  elle  a  la  première, 
dorsale  bien  distincte  de  la  seconde ,  et  deux  grosses  dents  écar- 
tées en  haut  de  l'anneau  maxillaire. 

5.  Petite  Lamproie  de  rivière  ou  Sucet,  Petromyzon 
planeri,  Blo. 

Longue  de  20  à  25  centimètres  ;  les  couleurs  et  les  dents  de 
la  précédente  ;  mais  les  deux  dorsales  sont  contiguës. 

Ces  deux  espèces  vivent  dans  nos  rivières  et  remontent  assez 
haut  dans  leur  cours.  On  les  rencontre  assez  souvent  dans  les 
canaux  d'arrosage  et  même  dans  les  prairies  traversées  par  ces 


poissons.  359 

canaux.  On  prit  une  Pricka,  après  un  grand  orage,  dans  la  rigole 
de  la  place  Saint-Jacques,  à  Perpignan.  Cette  Lamproie  n'avait 
pu  arriver  jusque-là  qu'en  franchissant  le  barrage  du  ruisseau 
de  Las  Canals,  qui  a  sa  prise  dans  la  Tet,  à  Ille ,  à  25  kilomètres 
en  amont  de  Perpignan. 

Famille  des  Sélaciens,  Plagiostomes,  Dum. 

Les  Sélaciens  contiennent  deux  genres  considérables 
de  Poissons  :  les  Squales  et  les  Raies,  parmi  lesquels  on 
compte  les  Scies,  les  Marteaux,  les  Requins,  les  Anges, 
les  Torpilles,  etc.  Leur  peau  n'a  point  d'écaillés  et  est 
hérissée  d'aspérités  plus  ou  moins  fines,  dont  les  arts 
ont  su  tirer  parti.  Ils  sont  généralement  de  grande  taille; 
et  certains  d'entre  eux,  munis  d'armes  redoutables,  ne 
craignent  point  d'attaquer  les  plus  gros  Cétacés. 

Genre    Squale  ,    Squalus ,    Linné. 
Roussettes,  ScyUium,  Cuv. 

1.  Grande  Roussette,  Squalus  canicula,  Lin.;  en  catalan 

Ca  de  mar  (Chien  de  mer). 

2.  Petite  Roussette,  Squalus  catulus,  Lin.;  en  catalan 

Gai  de  mar  (Chat  de  mer). 

On  prend  assez  communément  ces  cartilagineux  sur  nos  côtes, 
au  moyen  du  filet  traînant,  appelé  bou  (bœuf).  On  ne  mange  point 
la  chair  de  ces  Poissons.  Leur  peau  est  mise  à  profit  dans  les  arts 
pour  polir  le  bois. 

Squales  proprement  dits. 

Caractères.  Museau  proéminent  sous  lequel  sont  des 
narines  non  prolongées  en  sillon;  nageoire  caudale  se 
rapprochant  plus  ou  moins  de  la  forme  fourchue. 


3G0  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Requins,  Carcharias,  Cuv. 

Tribu  nombreuse  et  la  plus  célèbre;  a  les  dents  tran- 
chantes, pointues,  et  le  plus  souvent  dentelées  sur  leurs 
bords;  la  première  dorsale  bien  avant  les  ventrales,  et  la 
deuxième  à  peu  près  vis-à-vis  l'anale  ;  ce  Poisson  manque 
d'évents. 

5.  Le  Requin  proprement  dit  ou  Requiem,  Squalus  car- 
charias, Bello.;  en  catalan  Reqin;  Llamie. 

Le  Requin,  ou  plutôt  Requiem,  selon  la  belle  expression  de 
Lacepède,  est  très-rare  sur  nos  côtes;  c'est  un  événement  lors- 
qu'on prend  quelque  sujet. 

4.  La  Faux  ou  Renard,  Squalus  vulpes,  Rond.;  en  cata- 

lan Peix  espasa  (Poisson  épée). 

C'est  ordinairement  au  printemps  et  pendant  Tété  qu'on  pèche 
ce  Poisson,  qui  est  de  grande  taille.  On  l'apporte  sur  notre 
marché  où  il  est  débité  par  tranches.  Sa  chair  est  estimée 
parce  qu'elle  est  très-blanche,  tendre  et  d'un  goût  fort  agréable. 
Nos  marins  appellent  ce  Squale,  Poisson  épée,  à  cause  de  sa 
caudale  qui  est  très-prolongée  et  se  termine  en  pointe. 

5.  Le  Squale  nez,  Squalus  cornubicus,  Sch.;  en  catalan 

Nas  llarg  (long  nez). 

Ce  Poisson  est  beaucoup  plus  commun  sur  nos  côtes  que  le 
Requin.  On  en  porte  assez  souvent  sur  notre  marché.  Sa  chair 
esl  estimée  et  recherchée  par  son  bon  goût. 

Les  Marteaux,  Zy  gaina,  Cuv. 

6.  Le  Squale  marteau,  Squalus  zygœna,  Lin.;  en  catalan 

Lo  Martell  (le  marteau). 
Ce  singulier  Poisson  esl  pêche  sur  nos  côtes  à  l'approche  du 


poissons.  361 

beau  temps.  Sa  chair,  ferme,  blanche  et  délicate,  le  l'ait  recher- 
cher. On  en  prend  plusieurs  dans  la  belle  saison  ;  il  paraît  très- 
vorace.  Celui  que  nous  possédons  au  Cabinet,  avait  dans  son 
estomac  un  Esturgeon,  coupé  en  deux,  qui  mesurait  1  mètre  de 
long,  et  qui  n'était  pas  du  tout  altéré  par  la  digestion;  il  avait  été 
avalé  probablement  peu  de  temps  avant  que  l'animal  ne  fût  pris. 
Ce  Squale  devient  aussi  grand  que  le  Requin. 

7.  Le  Pantouflier  de  Risso,  Zygœna  macrocephala ,  Ris. 

8.  Le  Vrai  pantouflier,  Zyg.  tiburo  ou Squalus  tiburo,  Lin. 

Leur  ressemblance  et  leur  dimension  les  rapprochant  du 
Marteau,  leur  font  donner  le  même  nom  par  nos  marins. 
Ils  fréquentent  nos  parages,  et  pendant  la  belle  saison  on  en 
prend  quelques  sujets,  qui,  portés  au  marché,  sont  aussitôt 
vendus.  Leur  chair  ayant  un  très-bon  goût,  est  très-estimée. 

Les  Milandres. 

9.  LaMilandre  ou  Lamiola  de  Rond.,  Squalus  galeus,  Lin. 

Ce  redoutable  Squale  est  pris  quelquefois  par  nos  pêcheurs; 
mais  sa  chair  étant  d'un  très-mauvais  goût  et  fort  coriace,  on 
n'en  fait  aucun  cas  :  sa  peau  seulement  est  conservée,  comme 
celle  de  tous  les  Poissons  de  ce  genre,  pour  servir  aux  ébénistes 
à  polir  le  bois. 

Les  Émissoles,  Mustelus,  Cuv. 

10.  L'Émissole  commune,  Squalus  mustelus,  Linné;  en 
catalan  Mustela  de  mac. 

14.  L'Émissole  tachetée  de  blanc,  Squalus  variegatus,  ou 
Lent  Mat,  Rond. 

Ces  deux  espèces  fréquentent  nos  parages.  On  les  prend  aussi 
dans  les  filets,  mais  assez  rarement,  parce  que,  selon  nos  pêcheurs, 
elles  se  tiennent  à  de  grandes  profondeurs,  et  ne  viennent  à  portée 


362  HISTOIRE   NATURELLE. 

que  lorsque  la  température  est  très-chaude.  En  effet,  on  ne  les 
voit  sur  le  marché  qu'en  juillet  et  août;  mais  on  ne  fait  aucun 
cas  de  leur  chair,  qui  est  de  très-mauvais  goût. 

Les  Grisets. 

12.  L'Émissole gnsel, Squahis  griseus,  Lin.;)  en  catalan 

15.  L'Émissole  vache,  Squakis  vacca,  Lin.;)    Mussola. 

Ces  Poissons  ne  sont  pas  d'une  très-forte  taille.  On  en  prend 
beaucoup  sur  nos  côtes  pendant  le  printemps;  ils  sont  peu  esti- 
més et  ne  sont  achetés  que  par  la  basse  classe. 

Les  Aiguillats,  Spinaoc,  Cuv. 

14.  L'Aiguillât,  Squalus  acanthias,  Lin.;  en  cat.  Agollat. 

Très-commun  sur  nos  côtes.  Porté  très-abondamment  sur  nos 
marchés,  sa  chair,  sans  être  des  meilleures,  se  vend  encore 
assez  bien. 

15.  Le  Squale  sagre  de  Broussonnet,  Squalus  spinax,  Lin. 

Les  Humantins,  Centrina,  Cuv. 

16.  Le  Squale  humantin,  Squalus  centrina,  Lin. 

17.  Le  Squale  écailleux(Brouss.),£gwai.  squammosus,  Gm. 

Les  Leiches,  Scymnus,  Cuv. 

18.  La  Leiche  ou  Liche(Brouss.),  Squal,  Americanus,  Gmel. 

«  C'est  par  erreur  que  Gmelin  a  donné  ce  nom  à  ce  Squale. 
«  Ce  naturaliste  a  confondu  le  Cap-Breton,  près  de  Bayonne, 
«  avec  le  Cap-Breton,  près  de  Terre-Neuve.  »  (Guvier.) 

Genre  Ange,  Squatina,  Dum. 

19.  L'Ange,   Squalus   squatina,    Lin.;   Squatina   levis, 

Cuv.;  en  catalan  Angel. 


poissons.  363 

L'Ange  prend  des  proportions  assez  fortes.  Il  est  fréquent  sur 
les  côtes  du  département,  et  les  filets  de  nos  pêcheurs  en  amènent 
souvent  dans  la  belle  saison.  Sa  chair,  blanche  et  fort  délicate, 
le  fait  rechercher  ;  aussi  est-il  bientôt  enlevé  du  marché  par  de 
nombreux  acheteurs  qui  estiment  ce  bon  Poisson. 

L'Ange  se  rapproche ,  par  sa  forme ,  des  Raies  ;  mais  sa  chair 
est  plus  estimée,  et  on  en  sait  faire  la  différence. 

Genre  Scie,  Pristis,  Lath. 

20.  La  Scie,  Squalus  pristis,  Lin.;  Pristis  antiquorum, 
Lath.;  en  catalan  Serra. 

La  Scie  se  voit  rarement  sur  nos  côtes  :  elle  se  tient  dans  la 
haute  mer;  cependant,  en  poursuivant  les  Poissons  voyageurs, 
elle  vient  se  faire  prendre  quelquefois  dans  les  filets  tendus  non 
loin  du  rivage.  La  Scie  acquiert  une  assez  forte  taille  et  conserve 
une  grande  agilité.  Elle  ne  craint  pas,  avec  son  arme  redouta- 
ble, d'attaquer  les  plus  gros  Poissons. 

Genre  Raie,  Rai  a,  Lin. 
i.  La  Raie  rhinobate,  Rata  rhinobatus,  Lin. 

On  la  porte  très-communément  sur  nos  marchés.  Elle  est 
recherchée  pour  la  bonté  de  sa  chair.  C'est  l'espèce  qui,  par  sa 
forme,  se  rapproche  le  plus  de  l'Ange. 

Les  Torpilles,  Torpédo,  Dum. 

2.  La  Torpille  vulgaire,  Torpédo  Narke,  Rond. 

5.  La  Torpille  maculée,  Torpédo  miimamlata,  Ris. 

4.  La  Torpille,  Torpédo  marmorata,  Rond. 

o.  La  Torpille  galvanique,  Torpédo  galvanii,  Rond. 

Ces  espèces  ne  sont  guère  estimées.  On  en  porte  beaucoup 
dans  la  belle  saison  ;  mais  le  peuple  seul  en  achète. 


364  HISTOIKE   NATURELLE. 

La  conformation  de  ces  Poissons  les  rapproche  des  Raies; 
mais  la  singularité  de  leur  appareil  électrique,  placé  sur  le 
thorax,  en  forme  une  section  séparée. 

Les  Raies  proprement  dites,  Raia,  Cuv. 

6.  Raie  bouclée,  Raia  clavata,  Lin.;  en  catal.  Clavellada. 

Son  nom  catalan  dérive  de  clavell  (clou).  Nos  marins  prenant 
pour  caractère,  les  taches  qu'on  remarque  sur  le  dos  de  la 
Raie-Bouclée,  les  ont  assimilées  à  des  têtes  de  clous,  et  ont 
étendu  le  nom  de  Clavellada  (semée  de  clous)  à  tout  le  genre. 

7.  Raie  chardon,  Raia  fullonica,  Lin. 

8.  Raie  lentillat,  Raia  oxyrhincus,  Rond. 

9.  Raie  étoilée,  Raia  asterias,  Rond. 

10.  Raie  bordée,  Raia  rostellata,  Ris. 

11.  Raie  miralet,  Raia  miraletus,  Rond. 

12.  Raie  chagrinée,  Raia  aspera,  Rond. 

13.  Raie  ronce,  Raia  rubus,  Lin. 

14.  Raie  blanche  ou  cendrée,  Raia  bâtis,  Lin. 

15.  Raie  oculée,  Raia  oculata  aspera,  Rond. 

16.  Raie  oculée,  Raia  oculata  levis,  Rond. 

Ces  deux  dernières  espèces  n'offrent  que  de  petites  différences, 
et  on  serait  porté  à  croire  qu'elles  ne  font  qu'une  seule  et  même 
espèce  avec  la  Raie-Bouclée.  C'est  probablement  à  l'âge  qu'on 
doit  attribuer  le  peu  de  différence  qu'on  remarque  entre  elles. 

17.  Raie  épineuse,  Raia  spinosa,  Rond. 

Les  Pastenagues,  Trygon,  Adan. 

18.  La  Pastenague  commune,  Raia  pastinaca,  Lin. 


poissons.  :ït*r* 

Les  Mourines,  Myliobatis,  Dum. 

19.  L'Aigle  de  mer,  Rata  aquila,  Lin. 

Les  Céphaloptères,  Cephaloptera,  Dum. 

20.  La  Céphaloptère,  Rata  cephaloptera,  Schn. 

La  Céphaloptère  est  l'espèce  la  plus  grande  que  l'on  pêche 
sur  nos  côtes;  elle  atteint  des  proportions  gigantesques. 

Tous  les  Poissons  de  cette  nombreuse  tribu  sont  des  Raies, 
appelées  en  catalan  Clavellada.  On  les  porte  en  grande  quantité  sur 
nos  marchés.  Certains  acquièrent  de  très-grandes  dimensions;  de 
ce  nombre  sont  la  Céphaloptère,  la  Blanche  ou  Cendrée,  qui  d'or- 
dinaire est  une  des  plus  grandes  ;  vient  ensuite  la  Pastenague  et 
Y  Aigle  de  mer.  Leur  prix  est  modéré  ;  leur  viande  est  bonne ,  et 
nos  ménagères  achètent  ce  Poisson  avec  plaisir,  parce  qu'elles 
n'ont  pas  à  craindre  les  arêtes,  et  qu'elles  peuvent  le  donner  aux 
enfants  avec  la  plus  grande  sécurité.  Le  genre  Raie  laisse  beau- 
coup à  désirer  dans  la  classification  des  espèces  ;  il  y  a  beaucoup 
de  confusion  dans  les  descriptions ,  et  de  nouvelles  observations 
seraient  nécessaires  pour  les  classer  plus  méthodiquement. 

On  expédie  au  loin  ce  Poisson,  qui  n'est  pas  sujet  à  se  gâter 
aussi  vite  que  les  autres  espèces. 

Genre  Chimère,  Chimœra,  Lin. 

1 .  La  Chimère  arctique ,  vulgairement  Roi  des  Harengs , 
Chimœra  monstrosa,  Lin. 

Ce  cartilagineux  est  fort  rare  sur  cette  côte,  car  il  se  tient 
toujours  dans  la  haute  mer.  Si  on  le  surprend  quelquefois  dans 
les  filets,  c'est  lorsqu'il  poursuit  les  bandes  des  poissons  voya- 
geurs qui  fréquentent  notre  littoral  ;  c'est  à  cette  époque  seu- 
lement qu'on  en  porte  sur  nos  marchés.  Sa  chair  passe  pour 
n'être  pas  bien  savoureuse;  aussi  est-elle  peu  recherchée. 


366  HISTOIRE   NATURELLE. 

DEUXIÈME  ORDRE. 

LES    CHONDROPTÉRIGIENS   A   BRANCHIES   LIBRES. 

Famille  des  Sturioniens. 

En  prenant  pour  type  l'Esturgeon  commun,  dont  le 
nom  spécifique  est  Sturio,  M.  Guvier  a  formé  le  nom  de 
Sturioniens.  Les  Poissons  de  celte  famille  ressemblent 
aux  Squales  par  l'allongement  de  leur  corps,  la  forme 
de  la  nageoire  caudale  qui  est  divisée  en  deux  lobes 
inégaux,  et  leur  bouche  placée  sous  le  museau  dont  l'ex- 
trémité est  plus  ou  moins  prolongée  en  avant. 

Genre  Esturgeon,  Acipenser,  Lin. 

1.  L'Esturgeon   ordinaire,    Acipenser  sturio,   Lin.;   en 
catalan  Estorjeon. 

Les  Poissons  de  ce  genre  ont  l'habitude  de  remonter  dans  les 
grands  fleuves  pour  y  déposer  leur  frai;  et,  dans  les  parages 
qu'ils  fréquentent ,  on  en  prend  considérablement. 

Des  trois  espèces  bien  connues ,  la  seule  que  nous  voyons  sur 
nos  côtes  est  l'Esturgeon  ordinaire;  elle  a  les  mêmes  habitudes 
que  ses  congénères  ;  mais  nos  rivières  n'ayant  pas  beaucoup 
d'eau,  et  quelquefois  même  étant  à  sec,  ne  peuvent  lui  donner 
asile:  c'est  donc  à  la  mer  seulement  qu'on  la  pêche,  et  nous 
la  voyons  assez  souvent  sur  nos  marchés.  C'est  un  mets  très- 
délicat;  sa  chair  ferme,  blanche  et  d'un  goût  exquis,  la  fait 
rechercher. 

Les  autres  espèces  sont  répandues  dans  les  grandes  mers,  et 
toutes  ont  l'habitude  de  remonter  les  grands  fleuves  pour  y  faire 


poissons.  367 

la  laite.  L'Acipenser-Strélet,  qui  n'atteint  pas  loul-à-fait  la  taille 
du  nôtre,  et  dont  la  chair  est  aussi  très-bonne,  habite  la  mer 
Caspienne,  le  Wolga,  l'Oural,  et  il  vient  rarement  dans  la  Bal- 
tique. 

Frédéric  Ier,  roi  de  Suède,  l'a  introduit  avec  succès  dans  le 
lac  Mœler  et  dans  d'autres  lacs  de  la  Suède.  Le  Roi  de  Prusse 
en  a  fait  autant,  en  le  faisant  reproduire  dans  un  très-grand 
nombre  d'endroits  de  la  Poméranie  et  de  la  Marche  du  Bran- 
debourg. 

Voilà  comment  l'homme  peut  augmenter  les  ressources  qui 
lui  sont  utiles,  lorsqu'il  sait,  à  son  profit,  détourner,  combiner, 
accroître,  modifier,  dompter  même  les  forces  de  la  nature,  en 
introduisant  certaines  espèces  animales  et  végétales  pour  les 
faire  prospérer  et  multiplier  sous  sa  domination.  (Lacepède.) 

Genre  Polyodon  (Lacep.),  Spatularia,  Sh. 

1.  Le  Polyodon  feuille,  Polyodon  folium,  Lacep.;  Squalus 
spatula,  Maud.;  en  catalan  Girueta  (girouette). 

Nos  Pêcheurs  appellent  ce  Poisson  la  Girouette,  parce  qu'ils 
prétendent  qu'en  le  tenant  suspendu  par  un  fil  passé  au  milieu 
du  corps,  son  museau,  qui  est  très-prolongé ,  se  tourne  toujours 
du  côté  du  vent  régnant.  On  en  porte  rarement  sur  notre  marché  ; 
mais,  aussitôt  qu'il  en  paraît  un,  les  marchandes  s'empressent  de 
le  suspendre  sur  leur  étal.  Sa  chair  n'est  pas  estimée. 

Ce  Poisson,  dont  la  couleur  est  grise,  et  dont  la  taille  est 
d'environ  25  à  30  centimètres  de  longueur,  se  reconnaît  sur  le 
champ  à  une  énorme  prolongation  du  museau,  à  laquelle  les 
bords  élargis  donnent  la  figure  d'une  feuille  d'arbre,  et  à  leur 
gueule  très-fendue  et  garnie  de  beaucoup  de  petites  dents. 

Mais,  ce  qui  nous  a  paru  singulier,  c'est  la  présence  de  ce 
Poisson  sur  nos  côtes,  tandis  que  les  auteurs  le  signalent  comme 
habitant  le  Mississipi  ! 


308  HISTOIRE   NATURELLE. 

POISSONS    OSSEUX. 

TROISIÈME    ORDRE. 
les  plectognathes. 

Famille  des  Gymnodontes. 

Cette  famille  comprend  les  Poissons  qui,  au  lieu  de 
dents  apparentes,  ont  les  mâchoires  garnies  d'une  subs- 
tance d'ivoire ,  divisée  intérieurement  en  lames  dont 
l'ensemble  représente  un  bec  à  Perroquet,  Leur  forme 
est  globuleuse  et  ils  ont  la  propriété  de  se  gonfler  déme- 
surément :  dans  cet  état,  ils  ressemblent  au  fruit  du 
Marronnier,  car  leur  peau  est  armée  de  toutes  parts  d'ai- 
guillons pointus.  Une  seule  espèce  se  pêche  sur  notre 
côte,  c'est  le  Tétrodon-Lune. 

Genre  Tétrodon,  Tetraodon,  Lin. 

i.  Tétrodon  lune  ou  Môle,  Tetraodon  mola ,  Lin.;  en 
catalan  Bot  (outre),  Llune  (lune). 
La  facilité  qu'a  ce  Poisson  de  se  gonfler  considérablement  et 
sa  forme  sphérique,  lui  ont  valu  les  noms  que  lui  donnent  nos 
marins.  On  le  prend  avec  le  filet  traînant ,  et  nos  pêcheurs 
s'amusent  à  le  faire  rouler  sur  la  plage;  alors,  il  se  gonfle  de 
plus  en  plus,  et  devient  comme  une  boule.  On  ne  mange  pas 
sa  chair  qui  passe  pour  venimeuse. 

Famille  des  Sclérodermes. 

La  famille  des  Sclérodermes  est  principalement  carac- 
térisée par  le  museau  conique  ou  pyramidal  prolongé 
depuis  les  yeux,  terminé  par  une  petite  bouche  armée 


poissons.  369 

de  dents  distinctes  et  en  petit  nombre  à  chaque  mâchoire. 
Leur  peau  est  généralement  âpre  et  revêtue  d'écaillés 
dures.  Une  seule  espèce  se  pêche  sur  nos  côtes  :  c'est  la 
BaUste-Caprisque. 

Genre  Baliste,  Balistes,  Lin. 

1.  Baliste  caprisque,  Batistes  capriscus,  Lin.;  en  catalan 
Pur  œil  (pourceau). 

Ce  genre  de  Poisson  est  très-nombreux;  sa  robe  est  parée  des 
plus  belles  couleurs.  La  Nature  a  été  large  en  faveur  des  Balistes; 
elle  leur  a  donné  les  couleurs  les  plus  vives,  les  plus  agréables 
et  les  mieux  opposées.  A  la  vérité,  les  Balistes  habitent  les  climats 
les  plus  chauds  du  globe.  On  ne  les  a  vues  (une  seule  exceptée) 
que  dans  les  contrées  équatoriales ,  où  des  Ilots  de  lumière  et 
toutes  les  influences  d'une  chaleur  productive,  pénètrent,  pour 
ainsi  dire,  l'air,  la  terre  et  les  eaux;  où  volent  dans  l'atmosphère 
les  Oiseaux-Mouche,  ceux  de  Paradis,  les  Colibris,  les  Perroquets, 
et  tant  d'autres  oiseaux  richement  décorés. 

La  Baliste  qui  vit  sur  nos  côtes,  est  aussi  fort  jolie.  Tout  le  corps 
est  violet-clair  et  chatoyant  comme  la  gorge  du  Pigeon  ;  l'iris , 
assez  grand,  d'un  bleu  très-vif  et  bordé  d'un  jaune  éclatant;  des 
taches  bleues  sont  semées  sur  le  corps ,  et  les  nageoires  ont  de 
plus  que  les  taches  bleues,  quelques  taches  rouges,  qui  sont  d'un 
superbe  effet.  La  chair  de  ce  Poisson  est  fort  bonne  et  très- 
recherchée. 

QUATRIÈME  ORDRE. 
les  lophobranches. 

Famille  des  Syngnathes. 

Cette  famille  offre  des  Poissons  dont  la  forme  est  très- 
bizarre;  ils  sont  entièrement  cuirassés,  tel  que  l'Hippocampe 
ou  Cheval-Marin;  ils  n'ont  aucune  qualité  alimentaire. 


370  HISTOIRE   NATURELLE. 

Genre  Syngnathes  proprement  dits, 

Syngnathus,  Lin. 

\.  Aiguille  de  mer,  Syngnathus  typhle,  Lin. 

2.  Syngnathe  aigu,  Syngnathus  acus,  Lin. 

Ces  deux  espèces  sont  appelées  en  catalan  Agulla  de 
mar. 

Ces  Poissons  ont  de  fort  belles  couleurs  ;  leur  forme  est  allon- 
gée. La  grande  quantité  de  petites  arêtes  et  la  mauvaise  odeur  de 
leur  chair,  les  font  repousser  ;  les  classes  peu  aisées  seulement  les 
consomment  à  cause  de  leur  bas  prix.  On  en  prend  assez  à  la 
belle  saison,  mêlés  à  plusieurs  autres  espèces  qui  ont  les  mêmes 
inconvénients. 

Famille  des  Hippocampes, 

Hippocampus,  Cuv. 

3.  Hippocampe  Cheval-marin,  Syngnathus  hippocampus, 

Lin.;  en  catalan  Cavall  mari. 

Ce  Poisson  est  un  objet  de  curiosité  par  sa  forme  bizarre,  et 
n'est  d'aucune  utilité  comme  aliment. 

CINQUIÈME  ORDRE. 

LES   MALACOPTÉRIGIENS   ABDOMINAUX. 

Cet  ordre  est  le  plus  nombreux;  il  contient  la  plupart 
des  Poissons  d'eau  douce.  ïl  a  été  divisé  par  M.  Cuvier 
en  cinq  familles. 

Famille  des  Salmones. 

Ce  sont  des  Poissons  écailleux.  Presque  tous  remon- 
tent dans  les  rivières,  et  ont  une  chair  très-agréable  qui 


poissons.  371 

les  fait  rechercher;   ils   sont  d'un  naturel  vorace.    La 
structure  de  leurs  mâchoires  varie  étonnamment. 

Genre  Saumon,  Salmo,  Cuv. 

1.  Le  Saumon,  Salmo  salar,  Lin. 

Ce  Poisson ,  dont  la  chair  est  si  recherchée  pour  la  table  et 
pour  la  salaison ,  ne  vient  dans  notre  mer  que  très-accidentelle- 
ment, et  il  est  très-rare  d'en  voir  sur  notre  marché.  Mais,  si  le 
Saumon  nous  fait  défaut,  un  autre  Poisson  du  genre,  la  Truite, 
est  très-répandue  dans  nos  rivières. 

2.  La  Truite  commune,  Salmo  fario,  Lin.;  en  cat.  Truyte. 

La  Truite  est  excessivement  répandue  dans  nos  rivières  et 
dans  tous  les  ruisseaux  de  nos  montagnes.  Mais,  si  elle  vit  cons- 
tamment dans  les  parties  élevées  et  jusquà  la  région  des  neiges, 
il  est  très-rare  de  la  voir  dans  le  bassin  de  La  Tet  descendre 
jusqu'à  Yinça.  Ce  n'est  qu'à  l'époque  des  grands  orages  qu'elle 
est  entraînée  vers  les  parties  inférieures  ;  mais,  dès  que  l'eau  cesse 
d'être  bourbeuse,  elle  regagne  les  parties  élevées,  et,  quel  que 
soit  l'obstacle  qu'elle  rencontre ,  elle  sait  le  franchir.  C'est  un 
Poisson  très-estimé,  qu'on  prend  en  abondance  clans  les  parties 
supérieures  du  Tech  et  de  La  Tet,  et  dans  tous  les  cours  alpestres 
qui  aboutissent  à  ces  deux  grandes  artères. 

La  Truite  ne  vit  pas  dans  la  rivière  de  l'Agly,  dont  les  eaux  ne 
sont  pas  assez  froides;  mais  elle  est  commune  dans  La  Boulzane, 
affluent  qui  prend  sa  source  dant  les  hautes  montagnes  de  la  forêt 
de  Salvanère.  Cependant,  il  est  rare  que  ce  Poisson  descende  jus- 
qu'à Saint-Paul,  où  cette  rivière  se  jette  dans  l'Agly. 

3.  La  Truite  de  montagne,  Salmo  alpinus,  Lin. 

Celte  espèce  est  plus  petite  ;  elle  vit  dans  les  petites  rivières 
ou  ruisseaux  des  parties  les  plus  élevées  du  déparlement,  dans 
les  lacs  des  plateaux  des  Boiiillouses  et  les  lacs  de  Carlite.  Sa  chair 
est  fort  délicate. 


372  HISTOIRE  NATURELLE. 

4.  La  Truite  saumonnée,  Salmo  Imita,  Lin. 

Celte  espèce  est  la  plus  grosse  que  nous  ayons  dans  le  pays. 
Elle  habite  les  lacs  supérieurs.  On  en  prend  de  très-grosses  à 
Carença,  aux  lacs  de  Carlite  et  aux  plateaux  de  la  Noux,  où  les 
eaux  sont  toujours  très-froides.  Ces  Poissons  viennent  admira- 
blement dans  ces  localités,  et  on  en  prend  beaucoup  dans  la 
belle  saison. 

Genre  Éperlan,  Osmerus,  Arted. 
\.  L'Éperlan,  Salmo  eperlanus,  Lin. 

L'Éperlan  fréquente  nos  côtes;  il  remonte  dans  nos  rivières, 
mais  nous  ne  le  trouvons  pas  en  très-grande  quantité.  Sa  chair 
délicieuse  le  fait  rechercher. 

2.  L'Osmère  saure  ou  Saure  de  la  Méditerranée ,  Salmo 
saurus,  Lin. 

5.  L'Osmère  fascié  ou  à  bandes,  Salmo  fasciatus,  Lin. 

Ces  deux  espèces  fréquentant  nos  parages,  sont  pêchées  très- 
abondamment  sur  nos  côtes,  et  portées  sur  nos  marchés,  où  elles 
se  vendent  très-bien  à  cause  de  la  bonté  de  leur  chair  qui  est  fort 
estimée,  surtout  celle  du  Saure  de  la  Méditerranée.  On  pêche  ces 
Poissons  aux  mois  d'avril  et  de  mai,  à  l'aube  du  jour:  ils  consti- 
tuent en  grande  partie  cette  masse  de  poissons  qu'on  appelle  en 
catalan  peix  de  l'alba  (poissons  de  l'aube).  Parmi  les  espèces 
très-variées  qui  forment  l'objet  de  cette  pêche,  le  Saure  de  la 
Méditerranée  est  en  grande  proportion. 

Genre  Ombre,  Coregonus,  Arted. 
4.  L'Ombre  commune,  Sal.  thymallus,  L.;  en  cat.  Umbra. 

Ce  Poisson  vit  en  petit  nombre  dans  nos  cours  d'eau  ;  il  est  plus 
commun  que  la  Truite  dans  les  parties  inférieures  de  nos  rivières. 
Sa  chair  blanche,  légère  et  de  très-bon  goût,  est  aussi  recherchée 
que  celle  de  ce  dernier  poisson. 


poissons.  373 

Les  Raiis,  Myletes,  Cuv. 

5.  La  Serpe,  Salmo  humboldii,  Ris. 

6.  L'Aulope  filamenteux,  Salmo  filamentosus,  Bloch. 

Ce  sont  des  Poissons  de  petite  taille,  qui  vivent  dans  nos  eaux 
douces  et  qui  sont  de  peu  de  valeur  pour  la  table.  Le  dernier  est 
porté  en  abondance  des  pêcheries  de  nos  côtes.  Il  remonte  clans 
nos  eaux  douces,  mais  les  quitte  aussitôt;  quelques  sujets  pour- 
tant y  séjournent,  et  on  en  prend  quelques-uns  de  temps  à  autre. 

Famille  des  Clupées. 

Cette  famille  comprend  les  innombrables  légions  de 
Harengs,  Sardines,  Anchois,  etc.,  dont  la  fécondité,  si 
admirable  et  si  inépuisable ,  a  donné  lieu  à  plusieurs 
remarques  importantes  pour  l'Histoire  Naturelle.  Une 
seule  femelle  de  Harengs  pond ,  dans  une  année ,  de 
21.000  à  56.000  œufs,  selon  la  grosseur  des  individus, 
et  Bloch  élève  ce  nombre  à  68.000.  Tout  considérables 
que  nous  paraissent  ces  chiffres,  si  l'on  se  rappelle  ce 
que  présentent  plusieurs  autres  espèces,  ils  paraîtront 
très-faibles,  puisque  l'on  porte  à  un  million  les  œufs 
pondus  par  une  seule  Morue. 

Genre  Hareng,  Clupea,  Lin. 

1.  Le  Hareng  commun,  Clupea  harengus,  Lin.;  en  catalan 

Hareng. 

Quoique  le  Hareng  commun  ne  fréquente  point  la  Méditer- 
ranée, on  en  pêche  quelquefois  sur  nos  côtes. 

2.  Le  Céland  ou  Pilchard,  Clupea  pilchardus,  Bl. 

Cette  espèce,  plus  petite  que  le  Hareng  ordinaire,  se  voit  sur 
nos  côtes  et  remonte  dans  nos  rivières.  On  le  prend  dans  les 


374  HISTOIRE   NATURELLE. 

gouffres  des  eaux  douces  de  la  plaine;  à  la  drague  du  pont  du 
chemin  de  fer,  à  Perpignan,  on  en  a  pris  plusieurs. 

3.  La  Sardine,  Clupea  sprattus ,  Lin.;  en  catalan  Sarda, 

Sarclinyola. 

Les  Sardines  se  prennent  en  masse  sur  nos  côtes.  On  en  fait 
un  commerce  considérable  dans  certains  villages;  on  les  sale  et 
on  les  dispose  dans  des  barils.  Elles  sont  excellentes  à  manger 
fraîches ,  cuites  sur  le  gril. 

4.  L'Alose,  Clupea  alosa,  Lin.;  en  catalan  Alose. 

11  est  porté  au  marché  en  abondance;  ce  Poisson  est  fort  estimé. 
Il  ne  s'aventure  point  dans  nos  cours  d'eau,  probablement  à 
cause  de  leur  peu  de  profondeur. 

5.  L' Anchois  vulgaire,   Clupea   encrasichohis ,   Lin.;   en 

catalan  Anxova. 

L'Anchois  est  pêchée  en  très-grande  abondance  sur  notre  côte; 
mais  elle  n'y  vient  pas  aussi  régulièrement  que  la  Sardine:  elle  se 
tient  plus  vers  la  haute  mer.  Elle  disparaît  quelquefois  pendant 
plusieurs  années;  mais  lorsque  les  bancs  se  montrent  de  nou- 
veau, on  en  fait  des  pèches  miraculeuses.  Comme  la  Sardine, 
elle  est  un  objet  de  commerce  important  :  c'étaient  les  pêcheurs 
génois  qui  venaient  faire  la  pêche  de  l'Anchois  sur  nos  côtes; 
ils  s'établissaient  ordinairement  à  Collioure.  Nos  marins  ont 
profité  de  leur  exemple,  et  ils  ont  parfaitement  réussi  :  ils  leur 
font  une  grande  concurrence. 

Famille  des  Ésoces. 

Cette  famille  comprend  des  Poissons  très-importants, 
parmi  lesquels  le  Brochet  (Esox)  sert  de  type.  Ils  sont 
voraces  ;  ils  ont  l'ouverture  de  la  bouche  très-fendue ,  le 
gosier  large,  les  mâchoires  garnies  de  dents  nombreuses, 


poissons.  375 

fortes  et  pointues,  le  museau  aplati;  point  de  barbillons; 
l'opercule  et  l'ouverture  des  branchies  très-grandes  ;  le 
corps  et  la  queue  très-allongés  et  comprimés  latérale- 
ment; les  écailles  dures.  Plusieurs  remontent  dans  les 
rivières;  tous  ont  une  vessie  natatoire. 

Genre  Brochet,  Esox,  Lin. 

Le  Brochet  ne  vit  pas  dans  les  eaux  douces  de  ce 
département. 

Les  Microstomes,  Mierostoma,  Cuv. 

1.  La  Serpe  microstome,  Serpa  mierostoma,  Ris. 

La  Serpe  a  été  détachée  des  Chipées;  on  en  prend  abondamment 
sur  nos  côtes,  mais  son  mauvais  goût  la  fait  dédaigner. 

Les  Stomias,  Cuv. 

2.  Le  Stomias,  Esox  boa,  Ris. 

Les  Orphies,  Belone,  Cuv. 

5.  La  Belone,  Esox  belone,  Lin. 

Ces  deux  dernières  espèces,  qu'on  pèche  sur  nos  côtes,  et  que 
la  conformation  anguilliforme  fait  bientôt  remarquer,  sont  appor- 
tées sur  notre  marché  au  printemps;  mais  la  sécheresse  de  leur 
chair  et  la  masse  de  petites  arêtes  que  contiennent  ces  Poissons, 
sont  cause  qu'ils  ne  sont  pas  recherchés. 

Genre  Exocets,  Exocetus,  Lin. 

1.  L'Exocet  commun,  Exocetus  exiliens,  Bl. 

2.  L'Exocet  volant,  Exoc.  volitans,  BL;  en  cat.  Peix  volant. 

Ces  deux  espèces  se  montrent  sur  nos  côtes.  On  en  pêche 
quelquefois  ;  mais  leur  petite  taille  et  leur  chair  peu  agréable  ne 
les  font  pas  rechercher.  Le  Volitans,  grâce  au  développement  de 


376  HISTOIRE   NATURELLE. 

ses  pectorales,  jouit  de  la  faculté  de  s'élever  dans  les  airs,  et  de 
parcourir  ainsi  une  assez  longue  dislance;  non  pas,  comme  on 
l'a  dit,  par  un  simple  mouvement  de  projection,  mais  en  exécu- 
tant suivant  sa  volonté,  des  mouvements  d'élévation  et  d'abais- 
sement qui  rendent  son  vol  assez  semblable  à  celui  des  Criquets. 
Cette  propriété  leur  est  funeste  ;  [car,  dans  leur  trajet  dans  l'air, 
ils  sont  souvent  la  proie  des  Goélands. 

Famille  des  Cyprins. 

Tous  les  Poissons  de  cette  famille  habitent  les  eaux 
douces;  on  y  compte  les  Carpes,  les  Tanches,  les  Bar- 
beaux, les  Goujons  et  tous  les  Poissons  blancs.  Leur 
pêche  fait  les  délices  des  amateurs  à  la  ligne,  et  l'on  voit 
des  hommes  assez  patients  rester  des  heures  entières  à 
la  même  place  pour  happer  un  Goujon. 

Genre  Carpe,  Cyprinus,  Lin. 

1.  La  Carpe  vulgaire,  Cyprinus  carpio,  Lin.;  en  catalan 

Carpa . 
La  Carpe  est  assez  répandue  dans  nos  étangs,  où  elle  pénètre 
par  les  graus  qui  communiquent  avec  la  mer;  mais  elle  ne 
s'aventure  guère  dans  nos  rivières  qui,  manquant  d'eau  assez 
souvent,  ne  lui  fourniraient  point  un  abri  suffisant  pour  y 
séjourner. 

2.  La  Gibelle,  Cyprinus  gibellio,  Gmel.;  en  catalan  Carpa 

molle. 
Moins  commune  que  la  Carpe-Vulgaire,  elle  vit  dans  les  mômes 
localités;  on  la  pêche  au  Bordigol  et  au  Grau-d'Argelès.  Sa  chair 
sent  toujours  la  vase. 

3.  Le  Doré  de  la  Chine,  Cyprinus  auratus,  Lin. 

Ce  joli  Poisson  fait  l'ornement  des  bassins  de  lotis  nos  par- 


poissons.  377 

terres;  on  l'élève  pour  le  plaisir  et  pour  l'amusement, et  ses  belles 
couleurs  cramoisi  le  font  estimer  comme  objet  de  curiosité.  Il  se 
reproduit  parfaitement  dans  notre  climat,  et  il  affecte  diverses 
couleurs  qu'on  doit  attribuer  à  son  état  de  domesticité  ou  à  l'âge  ; 
car  dès  qu'il  est  adulte  on  lui  voit  reprendre  sa  belle  couleur 
rouge. 

4.  Le  Barbeau,  Cyprinus  barbus,  Cuv.;  en  catalan  Barp. 

Toutes  nos  rivières  nourrissent  le  Barbeau,  où  il  est  même 
commun.  Il  est  l'amusement  des  pêcheurs  à  la  ligne,  car  il  donne 
dans  tous  les  appâts.  Sa  chair,  quoique  molle,  est  estimée. 

5.  Le  Goujon,  Cyprinus  gobio,  Lin.;  en  catalan  Tragan. 

Il  est  aussi  dans  toutes  nos  rivières.  On  en  prend  beaucoup  et 
nos  pêcheurs  à  la  ligne  en  font  leurs  délices. 

6.  La  Tanche  vulgaire,  Cyprinus  tinca,  Cuv.;  en  catalan 

Tenca. 

La  Tanche  n'est  pas  très-répandue  dans  les  eaux  du  départe- 
ment; il  y  a  peu  de  localités  qui  lui  soient  propres.  Les  parties 
où  on  la  trouve  plus  abondante  sont  le  grau  d'Argelès  et  quel- 
ques fossés  des  parties  basses  de  la  Salanque  où  l'eau  douce  ne 
manque  jamais.  Dans  quelques  maisons  de  campagne  du  pays, 
on  élève  ce  Poisson  dans  des  viviers:  il  s'y  multiplie  très-bien; 
mais  il  sent  toujours  la  vase. 

7.  La  Brème  commune,  Cyprinus  brama,  Lin. 

8.  La  Brème  bordelière  ou  petite  Brème,  Cyprinus  blicca^ 

Gmel. 

Ces  deux  espèces  vivent  dans  nos  rivières  et  surtout  dans  toutes 
les  eaux  dormantes.  La  Brème  commune  surtout  est  fort  répandue 
dans  la  rivière  de  La  Basse;  elle  vit  aussi  et  se  multiplie  dans  les 
grands  réservoirs  des  jardins.  Elle  aime  les  fonds  vaseux. 


378  HISTOIRE   NATURELLE. 

9.  Le  Meunier,  Cyprinus  dobula,  Lin. 

10.  Le  Rosse,  Cyprinus  rutilus,  Lin. 

11.  La  Vandoise,  Cyprinus  leuciscus,  Lin. 

12.  L'Ablette,  Cyprinus  alburnus,  Lin. 

13.  Le  Véron,  Cyprinus  phoxinus,  Lin. 

Toutes  ces  petites  espèces  de  poissons  sont  répandues  dans 
les  eaux  douces  du  département,  surtout  dans  celles  qui  ont 
un  cours  tranquille  et  presque  stagnant.  Elles  ne  sont  guère 
estimées,  parce  qu'elles  ont  presque  toutes  de  nombreuses  arêtes, 
et  que  leur  chair  sent  la  vase  dans  laquelle  elles  vivent  conti- 
nuellement, de  sorte  qu'on  les  recherche  fort  peu  pour  la  table. 
Elles  sont  généralement  connues  sous  le  nom  de  Poissons  blancs, 
en  catalan  Peix  blanc. 

Genre  Loche  ou  Dormille,  Cobitis,  Lin. 

1.  La  Loche  franche,  Cobitis  barbalula,  Lin. 

Cette  espèce  est  assez  commune  dans  les  cours  d'eau  de  ce 
département;  on  la  prend  à  la  ligne  et  à  l'épervier.  Sa  chair 
ayant  un  fort  bon  goût,  est  très-estimée. 

2.  La  Loche  d'étang,  Cobitis  fossiiis,  Lin. 

Elle  est  plus  abondante  que  la  précédente  dans  les  eaux 
dormantes;  elle  y  contracte  un  goût  de  vase  qui  la  fait  rejeter 
de  la  consommation. 

3.  La  Loche  des  rivières,  Cobitis  ténia,  Lin.;  en  catalan 

Grata-conills. 
Elle  est  très-répandue  dans  les  rivières  et  les  petits  ruisseaux 
d'eau  douce,  dans  La  Basse  surtout.  Cette  espèce  est  petite  et  a 
de  nombreuses  arêtes,  une  chair  molle  et  de  mauvais  goût. 

Famille  des  Siluroïdes. 
Cette  famille  n'est  pas  représentée  dans  les  eaux  des 
Pyrénées-Orientales. 


poissons.  379 


SIXIEME   ORDRE. 

MALACOPTÉRIGIENS  SUBBRANCHIENS . 

Famille  des  Gades,   Gaclus ,  Linné. 

Cette  famille  compte  un  grand  nombre  de  Poissons 
utiles  à  l'homme ,  et  a  pour  principaux  représentants  la 
Morue ,  le  Merlan  et  la  Merluche.  Leur  corps  en  général 
allongé,  atténué  et  comprimé  vers  la  queue,  est  revêtu 
d'écaillés;  mais  l'abdomen  n'étant  pas  très-grand,  et  les 
muscles  du  dos  ayant  a  leur  origine  une  épaisseur  assez 
considérable,  il  en  résulte  qu'il  y  a  dans  ces  Poissons 
une  grande  quantité  de  chair  musculaire,  et,  comme 
cette  chair  est  généralement  légère  et  de  bon  goût,  tous 
donnent  à  l'homme  un  aliment  recherché.  Ils  produisent 
un  nombre  considérable  de  petits  ;  le  nombre  des  œufs 
se  compte  par  centaines  de  mille  :  aussi  donnent-ils  lieu 
à  des  pêches  abondantes.  M.  Lacepède  raconte  dans  son 
Histoire  Naturelle  des  Poissons,  qu'une  Morue  «  ayant 
«  treize  décimètres  de  longueur  et  pesant  vingt-cinq  kilo- 
ce  grammes ,  l'ovaire  de  ce  Gade  en  pesait  sept,  et  renfer- 
«  mait  neuf  millions  d'œufs.  On  en  a  compté  neuf  millions 
«  trois  cent  quarante-quatre  mille  dans  une  autre  Morue. 
«  Quelle  immense  quantité  de  reproduction  !  Si  le  plus 
«  grand  nombre  de  ces  œufs  n'étaient  ni  privés  de  la 
«  laite  fécondante  du  mâle ,  ni  détruits  par  divers  acci- 
«  dents,  ni  dévorés  par  différents  animaux,  on  voit  aisé- 
«  ment  combien  peu  d'années  il  faudrait  pour  que  l'espèce 
«  de  la  Morue  eùt,[pour  ainsi  dire,  comblé  le  vaste  bassin 
«  des  mers.  » 


380  histoire  naturelle. 

Les  Morues. 
Les  Morues  sont  des  Poissons  tout-à-fait  marins  et  se 
pèchent  dans  les  mers  septentrionales  de  l'Europe,  et  prin- 
cipalement dans  l'Amérique-du-Nord ,  sur  le  grand  banc 
de  Terre-Neuve.  Elles  n'existent  pas  dans  la  Méditerranée. 

Les  Merlans. 
\.  Le  Merlan  commun,  Gadtis  merlangus,  Lin.;  en  cata- 
lan Llos. 

C'est  un  Poisson  dont  le  nom  et  la  forme  extérieure  sont  le 
mieux  connus.  On  le  distingue  à  sa  taille,  d'environ  25  à  30 
centimètres,  à  la  couleur  du  dos  d'un  gris  tirant  un  peu  au 
verdâtre,  à  son  ventre  argenté,  et  à  sa  mâchoire  supérieure 
plus  longue. 

Le  Merlan  habite  toutes  les  mers  d'Europe.  On  le  pêche  en 
abondance  sur  les  côtes  de  ce  département,  et  l'on  assure  que 
sa  chair  est  plus  délicate  que  celle  du  Merlan  de  l'Océan,  à 
cause  des  fonds  de  roches  et  de  gravier  qui  bordent  notre 
littoral. 

2.  Le  Colin  ou  Merlan  noir,  Gadtis  carbonarkis ,  Lin.; 
en  catalan  Lo  Carboner  (le  charbonnier). 
Ce  Poisson,  qui  atteint  jusqu'à  un  mètre  de  longueur,  est  péché 
quelquefois  sur  nos  côtes.  On  l'a  nommé  Charbonnier,  à  cause  de 
ses  couleurs.  En  effet,  la  teinte  olivâtre  qu'il  présente  dans  sa 
jeunesse,  se  change  en  noir  lorsqu'il  est  adulte;  les  nageoires 
sont  entièrement  noires,  excepté  celle  de  la  queue,  qui  n'est  que 
brune,  et  les  deux  premières  dorsales,  ainsi  que  les  pectorales, 
dont  la  base  est  un  peu  olivâtre;  une  tache  noire  très-marquée 
est  placée  au-dessous  de  chaque  nageoire  pectorale. 

Les  Merluches. 
5.  Le  Merlus  ordinaire,  Gadus  merluccius,  Lin. 

C'est   un  grand  Poisson  de  la  famille  des  Gades,  habitant 


poissons.  381 

l'Océan  d'Europe  et  la  Méditerranée;  il  est  long  de  40  à  50 
centimètres  et  quelquefois  beaucoup  plus;  il  a  le  corps  très- 
allongé,  comprimé  vers  la  queue,  arrondi  en  avant;  la  gueule 
bien  fendue,  les  mâchoires  hérissées  de  longues  dents  en  crochets 
et  pointues  sur  plusieurs  rangs;  la  couleur  du  dos  est  d'un  gris 
plus  ou  moins  blanchâtre;  le  ventre  est  blanc-mat.  C'est  un 
Poisson  vorace,  qui  vit  par  troupes  et  dont  on  fait  une  pêche 
abondante  le  long  des  côtes  de  la  Méditerranée.  Sa  chair  est 
excellente,  et  on  le  vend  comme  un  grand  Merlan,  avec  lequel 
il  est  confondu  sur  notre  marché. 

Les  Lotes. 

1.  La  Lote  commune,  Gadus  Iota,  Bloch.;  en  catalan 
Llote. 
La  Lote  a  le  corps  très-allongé;  elle  est  longue  de  35  à  65 
centimètres.  On  voit  sur  son  dos  deux  nageoires  dorsales,  res- 
semblant à  celles  qui  garnissent  le  dos  des  Murènes.  Sa  peau, 
variée  de  jaune  et  de  brun  sur  le  dos,  et  de  blanc -bleuâtre 
semé  de  taches  brunes  sur  l'abdomen,  est  enduite  d'une  humeur 
visqueuse  très-abondante,  comme  celle  de  l'Anguille.  Au  lieu 
d'habiter  dans  les  profondeurs  de  la  mer,  comme  tous  les  autres 
Gades,  elle  passe  sa  vie  dans  les  lacs  et  les  rivières,  à  de  très- 
grandes  distances  de  la  mer.  Elle  est  assez  rare  dans  les  eaux 
douces  de  ce  département;  on  en  pêche  pourtant  quelques-unes 
dans  La  Basse.  Sa  chair  est  fort  estimée,  et  surtout  son  foie,  qui 
est  singulièrement  volumineux. 

Les  Phycis. 

1.  La  Môle  ou  Tanche  de  mer,  Phycis  Mediterraneus , 
Lar.;  Phycis  tinca,  Schn. 

Corps  oblong,  d'un  gris-noirâtre  sur  le  dos,  et  d'un  argenté- 
bleuâtre  sur  l'abdomen.  Sa  longueur  est  d'environ  7  déci- 
mètres. 


382  HISTOIRE   NATURELLE 

2.  Le  Merlus  barbu,  Phycis  blennoïdes,  Schn.;  Gadus 
albidus,  Gmel.;  Blennius  godoides,  Ris.;  Gadus  fur- 
catus,  Penn.;  en  catalan  Peix  de  roca  (poisson  de 
roche). 

Son  corps  est  plus  arrondi  que  celui  de  l'espèce  précédente; 
il  a  la  tète  rouge  et  la  jugulaire  blanc-argenté.  Il  n'atteint  guère 
que  i  décimètres  de  longueur.  On  le  pêche  assez  abondamment 
près  des  roches  où  croissent  beaucoup  d'algues. 

Ces  deux  espèces,  très-communes  dans  la  Méditerranée,  sont 
assez  recherchées  pour  la  délicatesse  de  leur  chair. 

Les  Grenadiers,  Lepidolepus,  Ris. 

On  en  connaît  deux  espèces  qui  se  tiennent  habituelle- 
ment à  de  grandes  profondeurs  dans  la  Méditerranée. 

1.  Le  Grenadier,  Lepidolepus  cœlorhynchus,  Ris. 

2.  Le  Grenadier,  Lepidolepus  trachyrhynchus,  Ris. 

Ils  vivent  à  de  grandes  profondeurs,  et  rendent  un  son  comme 
les  Grondins  quand  on  les  tire  de  l'eau. 

Famille  des  Pleuronectes. 

Cette  famille  comprend  tous  les  Poissons  plats,  tels 
que  Soles,  Turbots,  Plies,  etc.  Les  Pleuronectes  sont 
remarquables  principalement  par  le  défaut  de  symétrie 
de  leur  tête,  où  les  deux  yeux  sont  du  même  côté,  lequel 
reste  supérieur  quand  l'animal  nage,  et  est  toujours  coloré 
fortement,  tandis  que  le  côté  dépourvu  d'yeux  est  tou- 
jours blanchâtre.  Le  reste  de  leur  corps,  bien  que  disposé 
et  gros  comme  à  l'ordinaire,  participe  un  peu  de  cette 
irrégularité.  Ainsi  les  deux  côtés  de  la  bouche  ne  sont 
point  égaux,  et  il  est  rare  que  les  deux  pectorales  le 
soient.  Le  corps  est  très-comprimé,  haut  verticalement; 


poissons.  383 

la  dorsale  règne  tout  le  long  du  dos;  l'anale  occupe  le 
dessous  du  corps  ;  les  ventrales  semblent  continuer 
l'anale,  d'autant  plus  qu'elles  sont  souvent  unies  ensem- 
ble. La  cavité  abdominale  est  petite,  et  ils  n'ont  point 
de  vessie  natatoire. 

Les  Pleuronectes  fournissent  le  long  des  côtes,  dans 
presque  tous  les  pays ,  une  nourriture  agréable  et  saine. 

Les  Plies,  Platessa,  Cuv. 

\.  La  Plie  franche  ou  Carrelet,  Pleuronectes  platessa,  Lin.;  v 
en  catalan  Rum. 

La  forme  des  Plies  est  rhomboïdale ,  et  la  plupart  ont  les  yeux 
à  droite.  La  Plie-Franche  se  reconnaît  à  six  ou  sept  tubercules 
formant  une  ligne  sur  le  côté  droit  de  la  tête,  entre  les  yeux,  et 
aux  taches  aurore  qui  relèvent  le  brun  du  corps  de  ce  même  côté. 
Elle  est  commune  sur  nos  côtes  et  entre  dans  les  étangs  du  littoral 
qui  communiquent  avec  la  mer.  On  en  pêche  considérablement; 
c'est  une  des  espèces  dont  la  chair  est  la  plus  tendre.  Elle  est 
fort  abondante  sur  nos  marchés. 

2.  La  Limande,  Pleuronectes  limanda,  Lin.;  en  catalan 
Rum. 

Forme  rhomboïdale  comme  la  Plie-Franche;  les  yeux  sont 
assez  grands,  et  présentent  entre  eux  une  ligne  saillante.  Sa  ligne 
latérale  éprouve  une  forte  courbure  au-dessus  de  la  pectorale. 
Ses  écailles  sont  plus  âpres  que  chez  les  autres  espèces  de  ce 
genre,  d'où  lui  vint  son  nom  :  Lima,  lime.  Le  côté  des  yeux  est 
brun-clair,  avec  quelques  taches  effacées,  brunes  ou  blanchâtres. 

Cette  espèce,  quoique  plus  petite  que  la  précédente,  est  plus 
estimée  et  nos  marchés  en  sont  abondamment  pourvus. 

5.  La  Plie  large,  Pleuronectes  latus,  Cuv. 

4.  Le  Flet  ou  Picaud,  Pleuronectes  flesus,  Lin. 


384  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Turbots,  Rhombus,  Cuv. 

1.  Le  Turbot,  Pleuronectes  maximus,  Lin.;  en  catalan 

Rum-Clavellat. 

Le  corps  du  Turbot  est  rhomboïdal,  hérissé  de  petits  tuber- 
cules calcaires  à  base  étoilée,  plus  nombreux  du  côté  brun  que 
du  côté  opposé.  C'est  ce  caractère  qui  lui  a  fait  donner,  en  cata- 
lan, l'épithète  de  Clavellat,  parce  que  nos  marins,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  pour  la  Raie-Bouclée,  ont  assimilé  ces  tuber- 
cules à  des  clous.  Les  deux  yeux  du  Turbot  sont  sur  le  côté 
gauche  de  la  tête,  qui  est  coloré  en  brun-roussâtre,  comme  tout 
le  reste  de  la  surface  du  tronc.  A  droite  il  est  blanc  et  sans  tache. 
La  dorsale  s'avance  sur  la  tête  jusque  entre  les  deux  yeux.  Le 
Turbot-Maximus  est  une  des  plus  grandes  espèces  de  ce  genre  ; 
Rondelet  dit  avoir  vu  dans  la  Baltique  un  individu  de  cette  espèce 
qui  avait  cinq  coudées  de  long ,  quatre  coudées  de  large  et  un  pied 
d'épaisseur.  Les  nôtres  ne  sont  pas  de  cette  taille;  mais  on  en 
prend  quelquefois  qui  pèsent  de  10  à  45  kilogrammes.  On  pêche 
le  Turbot  en  assez  grande  abondance  sur  notre  littoral;  sa  chair 
ferme  et  d'un  goût  exquis,  lui  a  valu  le  nom  de  Faisan  d'eau  ou 
Faisan  de  mer,  pendant  qu'on  a  donné  à  la  Sole  le  nom  de  Per- 
drix de  mer. 

2.  La  Barbue,  Pleuronectes  rhombus,  Lin.;  en  cat.  Rum. 

Cette  espèce  a  le  corps  plus  ovale  que  le  Turbot;  la  peau  est 
lisse  et  sans  tubercules.  Ce  Poisson  se  trouve  dans  tous  les  lieux 
où  l'on  prend  le  Turbot;  il  devient  aussi  grand,  et  sa  chair  est 
tout  aussi  estimée;  on  la  croit  même  plus  légère  et  d'une  diges- 
tion plus  facile  ;  on  peut  donc  la  recommander  aux  convalescents 
uu  aux  personnes  délicates. 

Les  Soles,  Solea,  Cuv. 

1.  La  Sole  commune,  Pleuronectes  solea,  Lin.;  en  catalan 
Ruarde. 


poissons.  385 

Les  caractères  particuliers  sont  :  la  bouche  contournée  et  comme 
monstrueuse  du  côté  opposé  aux  yeux,  et  garnie  seulement  de  ce 
côté-là  de  fines  dents  en  velours  serré,  tandis  que  le  côté  des  yeux 
n'a  aucune  dent.  Leur  forme  est  oblongue;  le  corps  comprimé,  haut 
verticalement;  le  museau  rond,  et  presque  toujours  plus  avancé 
que  la  bouche;  la  dorsale  commençant  sur  la  bouche,  et  régnant, 
aussi  bien  que  l'anale,  jusqu'à  la  caudale.  Les«Soles  diffèrent  des 
Plies  et  des  Flétons,  en  ce  que  les  Poissons  de  ces  deux  ordres  ont 
une  dorsale  beaucoup  moins  étendue;  elles  se  distinguent  aussi 
des  Turbots,  qui  n'ont  pas  la  bouche  contournée. 

Ce  Poisson  est  recherché,  même  pour  les  tables  les  plus  somp- 
tueuses. Sa  chair  est  si  tendre,  si  délicate  et  si  agréable  au  goût, 
qu'on  l'a  surnommé  la  Perdrix  de  mer.  Il  est  commun  sur  nos 
côtes,  et  la  Méditerranée  en  nourrit  plusieurs  espèces. 

2.  La  Pôle,  Pleuronedes  pola,  Cuv. 

3.  La  Pégouze,  Pleuronedes  oculata,  ou  Solea  oculata, 

Rond. 

On  lui  a  donné  le  nom  de  Pégouze  ou  Pagouse,  parce  que  ses 
écailles  sont  adhérentes  à  la  peau  comme  de  la  poix,  et  ne  peu- 
vent être  détachées  facilement  qu'après  qu'elle  a  été  trempée  dans 
de  l'eau  chaude. 

Les  Monochires. 

Cuvier  désigne  sous  le  nom  de  Monochires,  des  Soles 
qui  n'ont  qu'une  pectorale  extrêmement  petite  du  côté 
des  yeux,  et  où  celle  du  côté  opposé  est  presque  imper- 
ceptible, ou  manque  tout-a-fait.  On  n'en  connaît  qu'une 
espèce  qui  vit  dans  la  Méditerranée  :  c'est  le  Linguatula 
de  Rondelet,  Pleuronedes  microchirus,  Lac. 

Famille  des  Discoboles. 
Cette  famille  est  ainsi  nommée  par  Cuvier,  à  cause  du 

TOMF.    III.  25 


38»)  HISTOIRE   NATURELLE. 

disque  formé  par  leurs  ventrales;  elle  comprend  deux 
genres  peu  nombreux. 

Genre  Porte-Écuelle,  Lepadog aster ,  Gouan, 

Son  caractère  principal  consiste  dans  la  forme  des 
nageoires  ventrales,  qui  représentent  un  large  disque  ou 
bassin  :  de  là  le  nom  de  Portc-Ecuelle.  Les  mers  d'Eu- 
rope en  renferment  plusieurs  espèces  dont  la  principale 
est  le  Porte-Écuelle  de  Gouan,  Lepadogaster  Gouani, 
Lacep.  C'est  un  Poisson  long  de  5  à  6  centimètres,  de 
couleur  brune  ponctuée  de  blanc  ;  sa  chair  ne  peut  servir 
d'aliment. 

SEPTIÈME  ORDRE. 
les  malacoptérigiens  apodes. 

Famille  des  Anguilliformes. 

Les  Poissons  de  cette  famille  unique,  ont  une  forme 
allongée,  une  peau  épaisse  et  visqueuse,  avec  ou  sans 
écailles,  peu  d'arêtes  ;  ils  manquent  de  ventrales,  le  plus 
souvent  de  pectorales,  et  quelquefois  n'ont  aucune 
nageoire.  Les  principales  espèces  qui  la  composent  sont  : 
les  Anguilles ,  les  Congres ,  les  Serpents  de  mer ,  les 
Murènes,  les  Gymnotes,  les  Donzelles,  etc. 

Genre  Anguille,  Murcena,  Lin. 

Les  Anguilles  proprement  dites,  Marœna,  Lacep. 

\.  L'Anguille  vulgaire,  Murœna  anguilla,  Lin.;  en  catalan 
Anguila. 
Ce  Poisson  est  fort  abondant  sur  nos  côtes.  On  en  distingue 
plusieurs  variétés  par  la  couleur  de  leur  peau  et  souvent  aussi 


poissons.  387 

par  leur  forme,  ce  qui  doit  probablement  tenir  à  l'âge  de  l'animal. 
Tous  nos  cours  d'eau  sont  peuplés  d'Anguilles;  nos  étangs  en 
fournissent  considérablement,  et  ceux  qui  communiquent  avec  la 
mer  se  peuplent  d'eux  mêmes  et  les  Anguilles  y  deviennent  très- 
grosses.  Elles  n'y  contractent  point  l'odeur  de  vase,  qui  se  com- 
munique si  aisément  aux  Turbots  et  aux  Soles. 

M.  Louis  Giraud,  marchandant  des  Anguilles  à  la  poissonnerie 
de  cette  ville,  en  vit  une  d'entièrement  blanche  :  il  l'acheta  et 
nous  l'apporta.  Elle  avait  35  centimètres  de  longueur;  sa  peau 
était  d'un  blanc-pur,  sans  la  moindre  tache;  une  légère  teinte 
rosée  se  faisait  remarquer  à  la  partie  supérieure  ;  les  yeux  étaient 
d'un  rouge-vif.  Nous  l'avons  conservée  dans  l'alcool.  Est-ce  que 
ces  animaux  seraient  sujets  à  l'albinie  comme  les  mammifères? 
Nous  avons  vu  bien  des  pêcheries  d'Anguilles  ;  mais  nous  n'avons 
jamais  vu  d'autre  Anguille  blanche  que  celle  qui  nous  fut  donnée 
par  M.  Giraud. 

Les  Congres. 

2.  Le  Congre  commun,  Murœna  conger,  Lin.;  en  catalan 

Cungre,  Mussole. 

Le  Congre  ressemble  à  l'Anguille;  mais  il  est  beaucoup  plus 
grand;  il  est  très-commun  sur  nos  côtes,  aussi  en  pêche-t-on 
beaucoup.  Sa  chair  est  blanche,  maigre,  courte,  et  n'est  bonne  que 
vers  les  muscles  pectoraux.  Le  reste  du  Poisson  est  rejeté,  parce 
que  les  petites  arêtes  dont  il  est  rempli  le  rendent  immangeable. 

3.  Le  Myre,  Murœna  tnyrus,  Lin. 

Beaucoup  plus  petit  que  le  Congre,  ce  Poisson  est  pris  en  assez 
grande  abondance.  Sa  chair  est  plus  estimée;  11  est  toutefois 
considéré  comme  ayant  peu  de  valeur. 

4.  Le  Congre  des  îles  Baléares,  Murœna  Balearica,  Ris. 
o.  Le  Congre  mystax,  Murœna  mystax,  Ris. 


388  HISTOIRE   NATURELLE. 

6.  Le  Congre  noir,  Murœna  nigra,  Ris. 

Toutes  ces  espèces,  différenciées  par  la  couleur  de  leur  peau, 
sont  abondantes  sur  nos  marchés.  Une  infinité  d'autres,  plus 
petites,  sont  aussi  pêchées  et  sont  confondues  sous  le  nom  com- 
mun de  Congres:  il  faudrait,  ici,  comme  chez  les  Turbots,  des 
observations  longtemps  continuées  pour  éclaircir  certains  faits 
et  établir  d'une  manière  certaine  la  différence  qui  caractérise  les 
espèces.  Il  y  a  encore  beaucoup  à  faire. 

Les  Ophisures,  Ophisurus,  Lacep. 

7.  Le  Serpent  de  mer,  Murœna  serpens,  Lin.;  en  catalan 

Culobre  de  mar. 

Cette  Murène,  longue  de  lra,50  à  2  mètres,  et  de  la  grosseur 
du  bras,  ressemble  beaucoup  à  un  Serpent.  On  la  confondrait 
avec  ce  reptile ,  si  ce  n'était  une  nageoire  dorsale  qui  parcourt 
toute  la  longueur  de  l'animal.  Elle  vit  sur  nos  côtes,  surtout  à 
Collioure  et  à  Banyuls.  On  en  prend  quelquefois;  mais,  sa  chair, 
parsemée  de  petites  arêtes,  la  fait  rejeter.  Il  est  rare  qu'on  en 
porte  au  marché,  car  personne  n'en  veut. 

Les  Murènes  proprement  dites,  Murœna,  Thunb. 

8.  La  Murène  commune,  Murœna  helena,  Lin.;  en  cata- 

lan Murena. 

Ce  Poisson,  très-répandu  dans  la  Méditerranée,  habite  les  côtes 
rocheuses  du  déparlement.  Son  corps,  tout  marbré  de  brun  et  de 
jaunâtre,  atteint  1  mètre  et  plus  de  longueur.  On  ne  le  pêche 
guère  que  sur  le  littoral  compris  entre  le  </wmd'Argelès,  Collioure, 
Port-Vendres  et  Banyuls-sur-Mer,  bordé  par  les  montagnes  des 
Albères.  C'est  un  Poisson  très-estimé ,  dont  la  chair,  grasse  et 
fine,  n'est  pas  indigeste  comme  celle  de  l'Anguille;  aussi  est-il 
très-recherché  par  les  gourmets. 

9.  La  Murène  sagra,  Murœna  sagra,  Ris. 


poissons.  389 

Celte  variété  est  plus  petite  et  plus  délicate  que  là  précédente. 
On  la  pêche  dans  les  mêmes  parages.  Sa  couleur  est  plus  verdàtre 
et  les  taches  de  la  peau  sont  moins  prononcées. 

Les  Donzelles,  Ophidium,  Lin. 

i.  La  Donzelle  commune,  Ophidium  barbatum,  Blain. 
2.  La  Donzelle  brune,  Oph.  vassah.  Lin.;  en  cat.  Metge. 

Ces  deux  Poissons  atteignent  environ  25  centimètres  de  lon- 
gueur. Leur  corps,  presque  cylindrique,  a  beaucoup  de  rapport 
avec  celui  des  Murènes.  Ils  vivent  sur  les  côtes  de  ce  département, 
et,  pendant  la  belle  saison,  on  en  prend  beaucoup.  Ces  Poissons 
sont  enlevés  aussitôt  qu'ils  paraissent  sur  notre  marché.  Leur  chair, 
agréable  et  légère,  est  donnée  aux  malades  en  convalescence: 
c'est  à  cause  de  cela  peut-être  qu'on  leur  a  donné  dans  le  pays 
le  nom  de  Metge,  qui  veut  dire  Médecin,  Poisson  du  Médecin. 

HUITIÈME  ORDRE. 

LES     AC  ANTHOPTÉRIGIENS. 

Cet  ordre  comprend  tous  les  Poissons  osseux  à 
mâchoire  supérieure  mobile  et  à  branchies  pectinées, 
dont  la  première  nageoire  dorsale  est  soutenue  par  des 
rayons  osseux  et  spiriformes  ;  il  renferme  les  trois  quarts 
des  Poissons  connus,  et  se  subdivise  en  sept  familles  et 
plusieurs  genres. 

Famille  des  Ténioïdes. 

Sous  le  nom  de  Ténioïdes  ou  Poissons  en  ruban, 
M.  Cuvier  a  formé  un  groupe  naturel,  ayant  de  très- 
petites  écailles,  et  dont  le  corps  est  très-allongé  et  très- 
aplati,  ce  qui  explique  le  nom  générique  qui  les  désigne. 
Ils  n'ont  aucune  valeur  alimentaire. 


390  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Rubans,  Cepola,  Lin. 

î.  La   Cépole  ténia,    Cepola    tœnia,   Lin.;   en    catalan 

Flama  (flamme). 
2.  La  Cépole  rouge  ou  Cépole  serpentiforme  de  Lacep., 

Cepola  rubescens,  Lin.;  en  catalan  Flama. 

On  a  confondu  ces  deux  espèces  en  une  seule.  Leur  différence 
cependant  est  bien  tranchée,  à  moins  que  l'âge  de  l'animal  ne  la 
produise,  ce  qui  pourrait  bien  être.  La  première  a  une  longueur 
d'environ  l,n,20,  et  sa  couleur  est  d'un  blanc-d'argent  magni- 
fique, avec  une  teinte  légèrement  rosée  sur  l'abdomen;  l'autre 
ne  dépasse  jamais  60  centimètres,  et  elle  est  d'une  couleur  de 
chair  plus  ou  moins  vive.  Leur  forme  est  la  môme.  Ce  sont  des 
Poissons  qu'on  néglige  de  pêcher,  parce  qu'ils  ne  sont  bons  à 
rien:  ils  sont  tout  au  plus  un  objet  de  curiosité  à  conserver  dans 
l'alcool.  Depuis  quarante  ans  que  je  fais  ma  collection,  j'ai  vu 
deux  ibis  ce  Poisson  au  marché  de  cette  ville. 

Les  Gymnètres,  Gymnestrus,  Bl. 

o.  Le  Gymnètre  cépédien,  Gymnestrus  cepedianus ,  Ris.; 
en  catalan  Flama, 

Même  forme  que  le  Ténia,  moins  long,  argenté,  avec  des  taches 
rondes  et  noires  parsemées  sur  le  corps;  les  pectorales  rouges. 
C'est  un  fort  joli  Poisson;  mais  qui  n'a  aucune  valeur  alimentaire. 

Les  Sabres,  Trachypterus ,  Gouan. 

4.  Le  Trachyptère  ténia,  Trachypterus  tœnia,  Gouan. 

Il  est  à  peu  près  comme  les  autres  Cépoles,  quant  à  la  forme 
et  à  la  couleur  ;  seulement  il  a  des  ventrales  thorachiques  et  une 
caudale  distincte.  Le  Trachyptère  a  environ  1  mètre  de  long. 

Les  Jarretières,  Lepidopus,  Gouan. 

5.  La  Jarretière  de  Pérou,  Lepidopus  Peronii,  Gouan, 


poissons.  391 

C'est  encore  uneCépole  très-longue  et  argentée,  mais  qui  diffère 
des  autres  par  la  caudale  et  deux  écailles  pointues  et  mobiles, 
qui  lui  tiennent  lieu  de  nageoires  ventrales.  Ce  Poisson  est  de 
nulle  valeur  pour  la  table.  On  le  pêche  rarement. 

Famille  des  Gobioïdes. 

Les  Gobioïdes  forment  une  famille  assez  considérable 
de  Poissons  qui  se  reconnaissent  à  leurs  épines  dorsales 
grêles  et  flexibles;  tous  ont  à  peu  près  les  mêmes  viscères, 
c'est-à-dire  un  canal  intestinal  égal,  ample,  sans  cœcum, 
et  point  de  vessie  natatoire.  Quelques  genres,  comme  les 
Blennies,  les  Gobies,  vivent  très-longtemps  hors  de  l'eau, 
et  les  Périophthalmes  usent  de  la  longueur  de  leurs  pecto- 
rales pédiculées,  pour  courir  sur  la  grève.  Ils  habitent 
toutes  les  mers,  et  leur  taille  varie  considérablement. 
Certaines  espèces  n'ont  aucune  valeur  alimentaire,  tandis 
que  d'autres  passent  pour  les  Poissons  les  plus  délicats. 

Les  Blennies  ou  Baveuses,  Blennius,  Lin. 

1.  Blennie  Lièvre,  Blennius  Lepus,  Lin. 

2.  Blennie  phycis,  Blennius  phycis,  Lin. 
o.  Blennie  Paon,  Blennius  Pavo,  Ris. 

4.  Blennie  galerite,  Blennius  galerita,  Lin. 

5.  Blennie  d'Audifred,  Blennius  Audifredi,  Ris. 

En  catalan,  le  nom  commun  des  Blennies,  est  Môle, 
ou  Peix  de  roca. 

Ces  Poissons  fréquentent  les  côtes  rocheuses  du  département 
où  les  plantes  marines  et  la  vase  s'accumulent,  ce  qui  leur  fait 
contracter  un  très-mauvais  goût.  Leur  chair  très-molle  et  leur 
peau  toujours  enduite  d'une  mucosité,  les  rendent  peu  agréables 
au  goût;  aussi  sont-ils  peu  recherchés. 


392  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Gobies,  Boulereaux  ou  Goujons  de  mer, 
Gobius,  Lin. 

1.  Le  Boulereau  noir,  Gobius  niger,  Lin. 

2.  Le  Boulereau  blanc,  Gobius  minutus,  Lin. 
5.  Le  Paganel,  Gobius  cyprinoïdes ,  Briss. 

Les  Boulereaux  sont  assez  nombreux  ;  nos  côtes  en  fournissent 
quelques  espèces  qui  sont  fort  estimées.  Leur  chair,  quoique 
molle ,  est  légère  et  d'un  bon  goût. 

Les  Callionymes,  Callionymus,  Lin. 

1.  Le  Callionyme  dragon,  Callionymus  dracunculus,  Bl. 

2.  Le  Callionyme  lyre,  Callionymus  lyra,  Bl. 

Ces  Poissons  fréquentent  nos  côtes,  et  nos  marchés  en  sont 
pourvus  au  printemps.  Leur  peau  est  bariolée;  leurs  formes  sont 
assez  bizarres.  Ils  ont  beaucoup  d'arêtes;  leur  chair  est  bonne, 
légère.  Ces  Poissons  sont  excellents  pour  faire  la  soupe;  leur 
chair  est  mangée  à  la  vinaigrette. 

Famille  des  Labroïdes. 

Cette  famille  est  nombreuse  en  belles  espèces  de  Pois- 
sons, réparties  dans  les  genres  Labres,  Rasons,  Chromis, 
Scares,  Labran.  Les  Labroïdes  se  reconnaissent  aux 
caractères  suivants  :  corps  écailleux  à  forme  oblongue; 
une  seule  dorsale,  soutenue  en  avant  par  des  rayons  épi- 
neux, garnie  le  plus  souvent  d'un  lambeau  membraneux  ; 
mâchoires  recouvertes  par  des  lèvres  charnues,  etc. 

Genre  Labre,  Labrus,  Lin. 

Les  Labres  sont  des  Poissons  parés  des  couleurs  les 
plus  belles  et  nuancées  agréablement;  le  jaune,  le  vert, 
le  bleu,   le  rouge,  y  forment  soit  des  taches,  soit  des 


poissons.  393 

bandes,  que  rehaussent  encore  de  brillants  reflets  métal- 
liques. Ils  abondent  dans  la  Méditerranée,  et  se  tiennent 
réunis,  sans  former  cependant  des  troupes  nombreuses, 
sur  les  côtes  rocheuses,  où  ils  se  nourrissent  de  petits 
coquillages,  d'oursins,  de  crustacés.  Au  printemps,  ils  se 
réunissent  parmi  les  fucus  et  les  autres  algues  marines, 
où  leurs  petits  trouvent  un  abri  contre  la  violence  des 
vagues.  La  chair  de  ces  Poissons,  blanche  et  ferme,  est 
recherchée  comme  une  nourriture  saine  et  agréable. 
Leur  taille  varie  entre  55  a  50  centimètres. 

Les  Labres  proprement  dits;  en  catalan 
Donzelles  (donzelles). 

1.  La  Vieille  commune,  Labrus  vetula,  Bl. 

2.  Le  Labre  tacheté,  Labrus  gutlalus,  Bl. 

3.  Le  Labre  moucheté,  Labrus  maculatus. 

4.  Le  Labre  à  bandes,  Labrus  fascialus. 

5.  Le  Labre  mélagastre,  Labrus  melagaster,  Lacep. 

6.  Le  Girelle  de  la  Méditerranée,  Labrus  julis,  Lin. 

Genre  Rasons,  Novacula,  Cuv. 

Ce  sont  des  Poissons  semblables  aux  Labres  par  le 
corps;  ils  sont  couverts  de  grandes  écailles.  Ce  genre  est 
abondant  dans  les  grandes  mers  ;  la  Méditerranée  n'a  de 
bien  connu  que  le  Rasoir. 

1 .  Le  Rason  ou  Rasoir  de  la  Méditerranée ,   Coryphœna 
•    novacula,  Lin. 

Le  Rasoir  est  rouge,  diversement  rayé  de  bleu.  On  estime  sa 
chah"  uV'licate  et  de  facile  digestion. 


3Ui  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Chromis,  Cuvier. 

Linné  avait  compris  dans  le  genre  des  Spares  un  petit 
Poisson  de  la  Méditerranée,  qu'il  avait  nommé  Spams 
chromis.  M.  Cuvier  en  a  fait  le  type  d'un  genre  nouveau, 
qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Chromis,  et  auquel  il  associe 
plusieurs  Poissons  étrangers.  Il  a  placé  ce  nouveau  genre 
parmi  les  Labroïdes. 

1.  Le  Petit  Castagneau,  Spams  chromis,  Lin. 

Ce  petit  Poisson  se  pêche  par  milliers  sur  notre  littoral;  il 
n'est  pas  estimé. 

Famille  des  Percoïdes. 

La  Perche  commune  (Perça  fluviatilis)  a  fourni  le  type 
de  cette  famille.  Les  Poissons  qui  la  composent,  sont 
caractérisés  par  un  corps  oblong,  plus  ou  moins  com- 
primé, couvert  d'écaillés  généralement  dures,  et  dont 
la  surface  extérieure  est  plus  ou  moins  âpre  et  les  bords 
dentelés  et  ciliés;  la  bouche  est  assez  grande  et  les  ouïes 
bien  fendues. 

Tous  les  Poissons  qui  composent  cette  nombreuse  fa- 
mille sont  plus  ou  moins  estimés  pour  la  table,  quoique 
leur  chair  contienne  beaucoup  d'arêtes. 

Les  Picarels,  Smaris,  Cuv.;  en  catalan 
Picarell. 

1.  La  Mendole,  Spams  marna,  Lin, 

2.  Le  Picarel  commun,  Spams  smaris,  Lin. 
o.  Le  Zébré,  Spams  zébra,  Ris. 

4.  Le  Spare  à  deux  lobes,  Spams  bilobe,  Ris. 


poissons.  395 

Les  Bogues,  Boops,  Cuv.;  en  catalan  Bogas, 
o.  La  Saupe,  Spams  salpa,  Lin. 

6.  L'Oblade,  Sparus  meîanurus,  Rond. 

7.  La  Bogue  ordinaire,  Sparus  boops,  Lin.,  Rond. 

Tous  ces  Poissons  ne  sont  pas  de  grande  taille;  le  vulgaire  les 
confond  sous  le  nom  de  Bogues.  Ils  sont  péchés  en  très-grande 
abondance  toute  Tannée;  mais  surtout  dans  la  belle  saison. 
Leur  chair  est  estimée. 

Geinre  Spares,  Sparus,  Cuv. 

8.  La  Sargue  ordinaire,  Sparus  sargus,  Lin. 

Les  Daurades. 

9.  La  Daurade  ordinaire,  Sparus  aurata,  Lin.;  en  catalan 

Daurada. 

La  Daurade  est  Irès-abondante,  et,  dans  la  belle  saison,  on  en 
prend  des  masses  considérables.  Sa  chair  esl  d'un  goût  exquis. 

Les  Pagres,  Pagrus,  Cuv. 

10.  Le  Pagre  ordinaire,  Sparus  argenteus,  Schn.,  Rond.; 
en  catalan  Bagre,  sans  doute  par  corruption  de  la 
première  lettre. 

H.  Le  Pagel,  Sparus  erytrinus.  Lin.;  en  catalan  Pagett. 

12.  Le  Mormyre,  Sparus  morm.yrus,  Rond. 

13.  Le  Bogarave,  Sparus  bogaraveo,  Rond. 

Ces  quatre  dernières  espèces  sont  pêchées  en  très-grande 
abondance  toute  l'année;  mais  particulièrement  pendant  la  belle 
saison;  et  comme  leur  chair  est  très-délicate,  on  en  fait  une 
grande  consommation. 


396  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Dentés,  Dentex,  Cuvier. 

14.  Le  Denté  ordinaire,  Spams  dentex,  Lin.;  en  catalan 

Dente. 

Ce  grand  et  très-beau  Poisson  est  pris  abondamment,  dans  la 
belle  saison,  sur  les  côtes  du  département;  sa  chair  blanche, 
tendre  et  d'un  goût  exquis  le  fait  rechercher  des  gourmets.  On 
prend ,  parmi  les  Poissons  de  ce  genre ,  quatre  espèces  ou 
variétés  qui  sont  différentes  par  la  taille,  les  couleurs  de  la  peau 
et  la  grosseur  des  yeux  ;  mais,  quoique  leur  conformation  soit  la 
même,  il  serait  possible  que  ce  fussent  des  espèces  différentes. 

Les  Spares  forment  une  de  ces  grandes  tribus  que  la  Nature  a 
répandues  à  profusion  dans  toutes  les  régions  du  globe,  afin  que 
les  habitants  de  tous  les  pays  pussent  en  faire  leur  nourriture. 
La  plus  grande  partie  sont  de  grande  taille;  leur  chair  délicate, 
ferme  et  d'une  saveur  très-agréable ,  les  fait  estimer,  et  partout 
on  les  recherche  comme  un  excellent  mets.  Plus  de  cent  espèces 
bien  distinctes  sont  connues,  et  nous  sommes  loin  encore  de 
connaître  toutes  celles  que  contiennent  les  eaux  des  diverses 
mers.  Nos  côtes  en  fournissent  un  bon  nombre,  et  toutes  celles 
qui  sont  portées  sur  nos  marchés  se  font  admirer  par  leur  belle 
couleur,  par  leurs  formes  agréables  et  plus  encore  par  la  bonté 
de  leur  chair.  Ces  Poissons  font  les  délices  des  bonnes  tables  ;  le 
pauvre  trouve  aussi  dans  les  diverses  espèces  de  quoi  satisfaire 
ses  goûts. 

Les  Lutjans,  Lutjanas,  Bloch;  en  catalan 
Picarells. 

1.  Le  Lutjan  anthias,  Lutjanus  anthias,  Lin. 

2.  Le  Lutjan  verdâtre,  Lutjanus  viridis,  Risso. 

5.  Le  Lutjan  de  Lamarck,  Lutjanus  Lamarckii,  Risso. 

4.  Le  Lutjan  Méditerranéen,  Lutjanus  Mediterraneus,  Lin. 

5.  Le  Lutjan  serran,  Lut} amis  serranus,  Risso. 


poissons.  397 

Ce  genre  contient  aussi  de  nombreuses  espèces  ;  on  en  connaît 
plus  de  quatre-vingts.  Ces  Poissons  peuplent  toutes  les  mers, 
et  partout  ils  offrent  une  excellente  nourriture.  Ils  abondent 
sur  nos  côtes  et  leur  bon  goût  les  fait  rechercher.  Ajoutons 
que  leur  robe,  où  la  nature  n'a  rien  oublié  pour  la  parer  de 
brillantes  couleurs,  est  un  attrait  pour  l'acheteur. 

Les  Serrans,  Serranus,  Cuv. 

i.  Le  Serran  écriture,  Serranus  scriba,  Cuv.  et  Valenc, 
ou  Perça  scriba,  Lin. 

2.  Le  Serran  proprement  dit,  Serranus  cabrilla,  Cuv.  et 

Valenc.,  ou  Perça  cabrilla,  Lin. 

3.  Le  Petit  Serran  à  tache  noire  sur  la  dorsale,  Serranus 

hepatus,  Valenc,  ou  Labrus  hepatus,  Lin. 

4.  Le  Barbier,  Serranus  anthias,  Cuvier,  ou  Labrus  an- 

thias,  Lin. 

5.  Le  Mérou  brun,  Serranus  gigas,  Cuv.;  en  cat.  Mero, 

Ce  dernier  est  reconnaissable  à  sa  couleur  brune  et  à  sa 
grande  taille  qui  arrive  jusqu'à  1  mètre.  Son  corps  est  oblong  et 
recouvert  de  petites  écailles  ;  ses  lèvres  sont  charnues  ;  sa  langue 
libre,  pointue,  lisse;  ses  pectorales  sont  grandes.  Sa  chair  est 
estimée  et  aromatique.  Les  marins  espagnols  de  la  côte  voisine 
de  ce  département,  vantent  la  chair  du  Mérou  à  l'égal  de  celle  du 
Mouton ,  et  disent  avec  emphase  :  De  la  tierra  lo  Carnero  y  de  la 
mur  lo  Mero. 

Les  Rascasses,  Scorpœna,  Lin.;  en  catalan  Escorpit 
de  mar  (Scorpion  de  mer). 

4.  La  Grande  Scorpène  rouge,  Scorpœna  scrofa,  Lin.;  en 
catalan  Rascasse,  Escorpit. 

Elle  est  grande,  rouge,  à  écailles  larges  et  lisses,  munie  de  bar- 
billons et  de  nombreux  lambeaux  charnus,  épines  dorsales  inégales. 


398  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  La  petite  Scorpène  brune,  Scorpœna  porcus;  en  cata- 
lan Rascasse,  Escorpit. 

Elle  est  plus  petite,  plus  brune,  à  écailles  plus  petites  et  âpres, 
à  barbillons  moins  nombreux,  et  dont  les  épines  de  la  dorsale  sont 
à  peu  près  égales. 

Ces  deux  espèces  sont  très-communes  sur  nos  côtes.  Les  piquants 
qui  garnissent  la  dorsale  et  particulièrement  les  deux  dards  atta- 
chés aux  opercules,  font  des  blessures  qui  peuvent  devenir  fâcheuses 
et  qui  dans  tous  les  cas  font  éprouver  une  douleur  très-aiguë.  Nous 
avons  soigné  des  personnes  blessées  par  ces  piquants,  dont  la  main 
et  le  bras  s'étaient  singulièrement  enflés;  aussi  nos  marins  assi- 
milant cette  arme  venimeuse  au  dard  des  Scorpions,  ont  nommé 
ce  poisson  Escorpit  de  mar  ( Scorpion  de  mer).  Mais  cette  circons- 
tance, non  plus  que  leur  laideur,  n'empêchent  pas  que  l'on  ne  s'en 
nourrisse,  et  une  bollinade  (bouille  à  baisse  des  Provençaux)  n'est 
jamais  parfaite,  si  une  Scorpène  n'a  pas  été  mise  dans  la  marmite. 

Les  Athrriïnes,  Atherina,  Lin.;  en  catalan 
Joells. 

1 .  Le  Sauclet,  ou  Mêles,  Prestres,  Gras  d'eau,  Atherina 
hepsetus,  Lin. 

C'est  un  petit  poisson  de  couleur  ordinairement  verdâtre  sur 
le  dos,  blanche  sous  le  ventre,  avec  une  bandelette  argentée  plus 
ou  moins  large  le  long  des  flancs.  Les  petits  demeurent  rassemblés 
en  masses  considérables  pendant  les  premiers  jours  qui  suivent 
leur  naissance;  c'est  ce  qu'on  vend  sur  nos  marchés  sous  le  nom  de 
Joells  et  que  l'on  mange  en  friture.  Lorsqu'ils  sont  adultes,  ils  vivent 
aussi  en  troupes  assez  grandes  pour  être  l'objet  d'une  pèche,  et 
on  les  vend  sous  le  nom  de  Faux-Eperlants.  Sur  quelques  points 
de  la  côte  de  Bretagne ,  on  a  l'habitude  de  les  saler  ou  de  les 
conserver  dans  l'huile ,  pour  les  vendre  en  même  temps  que  les 
Sardines. 


poissons.  399 

Les  Sphyrènes,  Sphyrœna,  Lacep. 

1.  Le  Spet  ou  Brochet  de  mer,  Esox  sphyrœna,  Lin.;  en 

catalan  Peix  escomer. 

Ce  Poisson  a  le  corps  très-allongé,  arrondi,  le  museau  pointu, 
la  gueule  très-fendue,  la  mâchoire  inférieure  dépassant  la  supé- 
rieure, toutes  deux  armées  de  dents  nombreuses,  serrées,  tran- 
chantes. Ce  Poisson,  à  l'état  adulte,  est  plombé  sur  le  dos,  argenté 
sur  les  côtés  et  sous  le  ventre.  Les  jeunes  ont  une  livrée  qui  con- 
siste en  larges  marbrures  brunes,  qui  finissent  par  se  perdre  dans 
la  teinte  uniforme  du  dos.  Le  Spet  atteint  1  mètre  de  longueur  et 
sa  chair  est  agréable. 

Les  Mulles  ou  Surmulets,  Mullus,  Lin. 

4.  Le  Vrai  Rouget  ou  Rouget-Barbet,  Mullus  barbatus, 
Lin.;  en  catalan  Ruget. 

2.  Le  Surmulet  ou  Grande  Mulle  rayée  de  jaune,  Mullus 

surmuletus,  Lin.;  en  catalan  Ruget  gros. 

Ces  Poissons  vivent  sur  notre  littoral  ;  on  les  prend  en  quantité 
dans  tous  les  parages,  mais  plus  ordinairement  sur  les  fonds  limo- 
neux. Leur  chair  est  blanche,  ferme,  friable,  agréable;  elle  se 
digère  aisément  parce  qu'elle  n'est  pas  grasse. 

Les  Muges  ou  Mulets,  Mugit,  Lin.;  en  cal.  Llisse. 

1.  Le  Muge  doré,  Mugit  auratus,  Risso. 

2.  Le  Muge  à  large  tête,  Mugit  cephalus,  Lin. 

Ce  dernier  atteint  près  de  70  centimètres  de  longueur,  et  pèse 
jusqu'à  8  et  9  kilogrammes. 

Les  Muges  sont  fort  communs  sur  nos  côtes.  Ces  Poissons 
s'introduisent  en  grand  nombre  dans  nos  étangs  salés,  et  vivent 
longtemps  dans  les  eaux  douces  qui  se  dégorgent  dans  ces  étangs. 
On  en  prend  beaucoup  au  Bordigol  de  Torreilles;  à  Salses,  on 
les  voit  en  quantité  dans  les  rigoles  qui  portent  les  eaux  des  fou- 


400  HISTOIRE    NATURELLE. 

taines  Est  ramer  et  Font-Dame  dans  l'étang.  Lorsque  la  tempé- 
rature s'abaisse,  ces  Poissons  quittent  l'étang  et  se  réfugient  en 
troupes  très-nombreuses  dans  les  eaux  tièdes  de  ces  deux  fon- 
taines. Les  pêcheurs  placent  des  nasses  aux  embouchures  des 
rigoles,  et  le  Poisson  vient  s'y  enfermer.  Cette  pêche  se  fait 
surtout  pendant  le  carême.  L'on  est  sûr,  toutes  les  fois  qu'on 
retire  la  nasse,  d'en  prendre  des  quantités  considérables,  qu'on 
expédie  à  Narbonne  et  à  Carcassonne ,  lorsque  le  marché  de 
Perpignan  est  pourvu.  Aujourd'hui  que  les  voies  ferrées  arrivent 
jusqu'à  nous,  ces  Poissons  iront  sans  doute  fournir  les  villes 
plus  éloignées. 

Genre   Perches,    Perça,   Linné. 
Perches  proprement  dites. 

1.  Perche  commune  d'eau  douce,  Perça  fliiviatilis,  Un.; 

en  catalan  Perça  (prononcez  perque). 

Ce  Poisson  n'est  pas  très-répandu  dans  nos  rivières,  et  c'est 
probablement  parce  qu'elles  sont  souvent  sans  eau.  Nos  étangs 
en  fournissent  d'excellentes,  qui  sont  bien  recherchées. 

2.  Le  Loup  de  mer,  Perça  labrax,  Linné;  en  catalan 

Llobarro. 

On  pêche  considérablement  ce  Poisson  sur  nos  côtes  ;  il  est 
recherché  pour  le  bon  goût  et  la  délicatesse  de  sa  chair. 
Les  anciens  avaient  rendu  sa  cruauté  célèbre. 

Les  Apogons,  Lacep. 

1.  L'Apogon  ou  Roi  des  Rougets,  Mullus  imberbis,  Lin., 
ou  Apoyon  ruber,  Lacep. 

Ce  Poisson  est  fort  commun  sur  nos  côtes.  Sa  chair  ne  le  cède 
en  rien  à  celle  des  Rougets  ;  aussi  est-il  bien  recherché. 


POISSONS.  401 

Genre  Sciennes,  Sciœna,  Lacepède. 
Les  Ombrines,  Umbrina,  Cuv. 

1.  L'Ombrine  commune  ou  Barbue  de  la  Méditerranée, 

Sciœna  cirrhosa,  Lin.,  ou  Umbrina  vulgaris,  C.  et  V. 

Les  Sciennes  proprement  dites. 

2.  Le  Corb  noir  ou  Corbeau,  Sciœna  umbra,  Linné,  ou 

Corbina  nigra,  Cuv. 

5.  Le  Fégaro  ou  Maigre,  Aigle,  etc.,  Sciœna  aquila,  Duh. 

Ces  trois  dernières  espèces  sont  fort  communes  sur  nos  côtes. 
Leur  chair  est  bonne,  ferme  et  très-succulente. 

Genre  Vives,  Trachinus,  Lin.;  en  catalan  Aranyas 
de  mar  (Araignées  de  mer). 

i.  La  Vive  ordinaire,  Trachinus  draco,  Lin. 
2.  La  Vive  araignée,  Trachinus  araneus,  Risso. 
o.  La  Vive  radiée,  Trachinus  radiatus,  Cuv 
4.  La  Vive  vipère,  Trachinus  videra,  Cuv. 

Les  Vives  sont  très-dangereuses,  quand  on  les  saisit  avec  la  main; 
les  fortes  épines  de  leur  opercule,  et  la  finesse  des  pointes  de 
celles  de  leur  première  nageoire,  les  rendent  redoutables  aux 
pêcheurs.  Il  est  prudent,  avant  de  nettoyer  ces  Poissons,  d'enlever 
les  pointes  avec  des  ciseaux.  Ils  vivent  dans  le  sable  ;  leur  chair 
est  agréable,  et,  en  effet,  c'est  un  Poisson  excellent. 

Genre  Uranoscopes ,  Uranoscopus ,  Lin. 

i.  Uranoscope  vulgaire,  Uranoscopus ,  Scaber,  Blo.;  en 
catalan  Rat. 

LTranoscope  est  remarquable  par  la  position  des  yeux,  qui 

rapprochés  l'un  de  l'autre  et  placés  sur  la  partie  supérieure  de 
tome  ni.  26 


402  HISTOIRE   NATURELLE. 

la  tête,  ne  lui  permettent  de  regarder  que  le  ciel,  ce  qui  lui  a  valu 
le  nom  d' Uranoscope  (qui  regarde  le  ciel).  Ce  Poisson  est  exces- 
sivement abondant  sur  les  côtes  de  ce  département;  sa  chair  est 
bonne,  et  on  en  fait  une  grande  consommation. 

Genre  Trigles  ou  Grondins,  Trigla,  Lin.; 
en  catalan  Cabotilles. 

Ce  sont  des  Poissons  remarquables  par  leur  grosse 
tête  cuirassée,  et  par  l'énormité  du  premier  sous-orbi- 
taire  qui  couvre  entièrement  la  joue.  Les  nageoires 
pectorales  sont  grandes  dans  toutes  les  espèces.  Dans 
certaines,  elles  le  deviennent  assez  pour  donner  aux 
individus  la  faculté  de  s'élever  en  l'air  pendant  quelques 
instants,  et  d'exécuter  une  espèce  de  vol.  Tous  ces  Pois- 
sons font  entendre  sous  l'eau,  et  aussi  dans  les  filets  des 
pêcheurs,  un  grognement  plus  ou  moins  fort,  ce  qui  leur 
a  valu  le  nom  de  Grondins.  On  leur  donne  aussi  à  Paris 
le  nom  de  Rougets,  parce  que  l'une  des  espèces  qui  vient 
en  plus  grande  abondance  sur  ce  marché,  est  d'un  beau 
rouge.  On  les  nomme  aussi  Gallines,  Gallinettes  ou  Coq 
de  mer.  En  catalan  nous  les  nommons  Cabotilles. 

Tous  ces  Poissons  sont  communs  sur  les  côtes  de  ce 
département.  Ils  sont  très-estimés  pour  préparer  la  soupe 
à  la  bollinade;  leur  chair  blanche,  ferme,  légère  et  de 
facile  digestion,  est  mangée  à  la  vinaigrette;  on  la  donne 
aux  convalescents. 

1.  Le  Gronau  ou  Lyre,  Trigla  lyra,  Lin. 

2.  L'Hirondelle  ou  Perlon,  Trigla  hirundo,  Lin. 
5.  Le  Gurnau,  Trigla  gurnardus,  Bl. 

4.  Le  Rouget  ou  Grondin,  ou  Coucou,  Trig.  cuculus,  Lin. 

5.  L'Orgue,  Trigla  lucerna,  Brunn. 


poissons.  403 

Les  Malarmats,  Peristedion,  Lacep. 

6.  Le  Malarmat,  Trigla  cataphracta,  Linné;  en  catalan 

Mal  armât. 
Il  est  d'un  beau  rouge  de  minium.  M.  Cuvier  pense  que  ce 
nom  de  Malarmat  lui  a  été  donné  en  Provence,  par  antiphrase. 

Les  Pirabèbes,  Dactylopterus,  Lacep. 

7.  L'Hirondelle  de  mer  ou  Rouget  volant,   etc.,   Trigla 

volitans,  Lin.;  en  catalan  Aulendra  de  mar. 

Elle  est  longue  d'environ  33  centimètres,  brune  en  dessus, 
rougeâtre  en  dessous,  avec  les  nageoires  noires  et  diversement 
tachetées  de  bleu.  Sa  chair  maigre  et  dure,  est  peu  recherchée. 

«  Un  des  attributs  les  plus  frappants  des  Dactyloptères ,  qui 
leur  a  valu  l'attention  de  tous  les  peuples  et  les  ont  fait  décrire 
avec  une  exactitude  remarquable  par  les  auteurs  les  plus  anciens, 
est  la  faculté  dont  ils  jouissent  à  un  plus  haut  degré  que  tous  les 
autres  poissons  volants,  de  s'élever  au-dessus  des  eaux.  Les  rayons 
de  leurs  pectorales  sont  réunis  à  cet  effet  par  une  large  membrane 
qui  en  forme  aussi  bien  une  aile  qu'une  nageoire.  La  puissance 
du  vol,  quoique  limitée,  leur  permet  néanmoins  de  s'élever  à  une 
assez  grande  hauteur  au-dessus  de  la  mer,  et  de  parcourir  ainsi 
un  espace  d'une  trentaine  de  mètres  ;  ils  s'en  servent  d'autant 
plus  souvent,  que,  malgré  l'épine  longue  et  érectile  qui  arme  leur 
préopercule  et  peut  faire  de  graves  blessures,  ils  sont  poursuivis 
avec  acharnement  par  les  Bonites,  les  Dorades,  etc.;  mais  en 
cherchant  à  leur  échapper  par  une  fuite  rapide  à  travers  les  airs, 
ils  se  livrent  à  des  ennemis  non  moins  redoutables,  et  les  Frégates, 
les  Goélands,  les  Albatros  sont  là  qui  les  attendentpour  les  dévorer. 
Dans  les  mers  calmes,  dit  Lacepède,  on  voit  voler  en  troupes  des 
milliers  de  Dactyloptères ,  qui  offrent  au  navigateur  un  spectacle 
aussi  agréable  que  varié;  et  dans  les  nuits  obscures,  ils  brillent 
quelquefois  d'une  lumière  phosphorescente  très-resplendissante.» 
(Gervais.) 


404  HISTOIRE   NATURELLE. 

Genre  Chabots,  Cottus,  Lin. 

1.  Le  Chabot  commun  ou  Meunier,  Cottus  gobio,  Lin. 

C'est  un  petit  Poisson  de  rivière,  à  gueule  large,  fendue;  il  est 
armé  sur  chaque  mâchoire  d'une  large  bande  de  dents  en  velours  ; 
l'opercule  est  épineux;  le  préopercule  a  la  pointe  recourbée  en 
dessus;  la  peau  est  nue,  muqueuse,  sans  écailles  visibles;  le  des- 
sous de  son  corps  est  blanc  ;  le  dos  gris,  avec  des  taches  brunes, 
et  la  femelle  avec  des  taches  noires.  Sa  chair  est  bonne,  salubre 
et  devient  rouge  par  la  cuisson.  Il  faut  le  saisir  avec  précaution. 

Genre  Baudroies,  Lophius,  Lin. 

4.  La  Baudroie  commune,  Lophius  piscatorius,  Lin.;  en 
catalan  Buldroy. 

C'est  un  Poisson  célèbre  par  sa  taille,  qui  va  jusqu'à  lm,70, 
et  par  sa  forme  bizarre  et  laide;  il  a  une  tête  énorme,  déprimée 
et  comme  circulaire  ;  une  vaste  gueule  s'ouvre  à  la  partie  anté- 
rieure de  la  tête  ;  la  mâchoire  inférieure  dépasse  la  supérieure  ; 
les  dents  sont  longues  et  en  herse.  L'habitude  de  ce  Poisson  est 
de  vivre  dans  le  sable  ou  enfoncé  dans  la  vase.  On  ie  pêche  toute 
l'année  sur  nos  côtes;  sa  chair,  blanche  et  tendre,  est  de  fort 
bon  goût. 

Famille  des  Scombéroïdes. 

La  famille  des  Scombéroïdes  comprend  les  espèces  de 
Poissons  les  plus  utiles  à  l'homme  par  leur  goût  agréable 
et  par  leur  inépuisable  reproduction ,  qui  les  ramène 
périodiquement  dans  les  mêmes  parages.  Ces  espèces  sont 
l'objet  des  plus  grandes  pêches. 

Genre  Scombre,  Scomber,  Lin. 
Les  Maquereaux. 
1.  Le  Maquereau  commun,  Scomber  scombrus,  Lin.;  en 
catalan  Barat. 


poissons.  405 

2.  Le  Petit  Maquereau,  Scomber  collas,  Cuv.;  en  catalan 

Bizet. 

Semblable  au  précédent,  mais  plus  mince  et  pourvu  d'une 
vessie  natatoire  qui  manque  à  la  plupart  des  autres  espèces. 

Les  Maquereaux  sont  répandus  à  profusion  dans  toutes  les  mers 
chaudes  ou  tempérées  des  quatre  parties  du  monde.  On  en  pêche 
considérablement  sur  nos  côtes,  et  dans  les  mois  de  juin  et  de 
juillet  nos  marchés  en  sont  encombrés.  Ce  Poisson  est  connu 
sous  différents  noms  par  les  pêcheurs,  et  ces  noms  varient  quel- 
quefois en  raison  des  localités;  d'autres  fois  en  raison  de  l'état 
ou  de  l'âge  de  l'animal  quand  on  le  pêche.  En  Roussillon,  on  le 
nomme  Barat;  dans  le  Bas-Languedoc,  Verrat;  en  Provence, 
Aurion  ou  Aariol;  en  Espagne,  Cogolï.  En  sortant  de  l'eau,  le 
Maquereau  a  le  dos  d'un  beau  bleu  métallique,  changeant  en  vert 
irisé.  On  dit  qu'un  Maquereau  est  chevillé,  lorsqu'il  cesse  d'être 
plein  après  avoir  déposé  ses  œufs. 

Les  Thons,  Thynnus,  Cuv. 

1.  Le  Thon  commun,  Scomber  thynnus,  Lin.,  ou  Thynnus 

vulgaris,  Cuv.  et  Valenc. 

2.  Le  Thon  à  pectorales  courtes,  Thtjnnus  brachypterus , 

Cuv.  et  Valenc. 
5.  La  Thonine,  Thynnus  thunnina,  Cuv.  et  Valenc. 
4.  La  Thonine  a  pectorales  courtes,  Thynnus  brevipennis, 
Cuv.  et  Valenc. 
Le  nom  catalan  de  ces  quatre  espèces   est   Tonynct 
(prononcez  Tougnine). 

La  pêche  du  Thon  se  pratique  dans  la  Méditerranée  depuis  la 
plus  haute  antiquité.  M.  Lacepède  dit  à  ce  sujet  : 

«  On  donne  le  nom  de  Thonnaire  ou  Tonnaire  à  une  enceinte 
«  de  filets  que  l'on  forme  promptement  dans  la  mer  pour  arrêter 
«  les  Thons  au  moment  de  leur  passage.  On  a  eu  pendant  long- 


406  HISTOIRE   NATURELLE. 

((  temps  recours  à  ce  genre  d'industrie  auprès  de  Collioure,  où 
«  on  le  pratiquait,  et  où  peut-être  on  le  pratique  encore,  chaque 
«  année,  depuis  le  mois  de  prairial  jusqu'au  commencement  de 
«  celui  de  vendémiaire.  Pour  favoriser  la  prise  des  Thons,  les 
«  habitants  de  Collioure  entretenaient,  pendant  la  belle  saison, 
«  deux  hommes  expérimentés  qui,  du  haut  de  deux  promon- 
«  toires ,  observaient  l'arrivée  de  ces  Scombres  vers  la  côte.  Dès 
«  qu'ils  apercevaient  de  loin  ces  Poissons  qui  s'avançaient  par 
«  bandes  de  deux  ou  trois  mille,  ils  en  avertissaient  les  pêcheurs 
«  en  déployant  un  pavillon,  par  le  moyen  duquel  ils  indiquaient 
«  de  plus  l'endroit  où  ces  animaux  allaient  aborder.  A  la  vue  de 
«  ce  pavillon,  de  grands  cris  de  joie  se  faisaient  entendre,  et 
«  annonçaient  l'approche  d'une  pêche  dont  les  résultats  impor- 
«  tants  étaient  toujours  attendus  avec  une  grande  impatience. 
«  Les  habitants  couraient  alors  vers  le  port ,  où  les  patrons  des 
«  bâtiments  pêcheurs  s'empressaient  de  prendre  les  filets  néces- 
«  saires,  et  de  faire  entrer  dans  leurs  bateaux  autant  de  personnes 
«  que  ces  embarcations  pouvaient  en  contenir,  afin  de  ne  pas 
«  manquer  d'aides  dans  les  grandes  manœuvres  qu'ils  allaient 
«  entreprendre.  Quand  tous  les  bateaux  étaient  arrivés  à  l'endroit 
«  où  les  Thons  étaient  réunis,  on  jetait  à  l'eau  des  pièces  de  filets, 
a  lestées  et  flottées,  et  on  en  formait  une  enceinte  demi-circulaire, 
«  dont  la  concavité  était  tournée  vers  le  rivage,  et  dont  l'intérieur 
«  était  appelé  jardin.  Les  Thons,  renfermés  dans  ce  jardin,  s'agi- 
«  taient  entre  la  rive  et  les  filets,  et  étaient  si  effrayés  par  la  vue 
«  seule  des  barrières  qui  les  avaient  subitement  environnés,  qu'ils 
«  osaient  à  peine  s'en  approcher  à  la  distance  de  6  ou  7  mètres. 
«  Cependant,  à  mesure  que  ces  Scombres  s'avançaient  vers  la 
«  plage,  on  resserrait  l'enceinte,  ou  plutôt  on  en  formait  une 
«  nouvelle,  intérieure  et  concentrique  à  la  première,  avec  des 
«  filets  qu'on  avait  tenus  en  réserve.  On  laissait  une  ouverture  à 
«  cette  seconde  enceinte  jusqu'à  ce  que  tous  les  Thons  eussent 
«  passé  dans  l'espace  qu'elle  embrassait;  et  en  continuant  de 
«  diminuer  ainsi,  par  des  clôtures  successives,  et  toujours  d'un 


poissons.  407 

«  plus  petit  diamètre,  l'étendue  clans  laquelle  les  poissons  étaient 
«  enfermés,  on  parvenait  à  les  retenir  sur  un  fond  recouvert  uni- 
ce  quement  de  quatre  brasses  d'eau  :  alors  on  jetait  dans  ce  parc 
«  maritime  un  grand  boulier,  espèce  de  seine,  dont  le  milieu  est 
«  garni  d'un  manche.  Les  Thons,  après  avoir  tourné  autour  de  ce 
«  filet,  dont  les  ailes  sont  courbes,  s'enfonçaient  dans  la  poche 
«  ou  manche  :  on  amenait,  à  force  de  bras,  le  boulier  sur  le 
«  rivage;  on  prenait  les  petits  poissons  avec  la  main,  les  gros  avec 
«  des  crochets;  on  les  chargeait  sur  les  bateaux  pêcheurs,  et  on 
«  les  transportait  au  port  de  Collioure.  Une  seule  pêche  produisait 
«  quelquefois  plus  de  15.000  myriagrammes  de  Thons  ;  et,  pendant 
«  un  printemps,  dont  on  a  conservé  avec  soin  le  souvenir,  on 
«  prit  dans  une  seule  journée  seize  mille  Thons,  dont  chacun 
«  pesait  de  10  à  15  kilogrammes.  » 

La  longueur  du  Thon  dépasse  généralement  1  mètre  ;  il  paraît 
que  quelquefois  il  acquiert  une  dimension  triple.  On  en  prend 
souvent  sur  les  côtes  de  Sardaigne,  qui  pèsent  plus  de  500  kilo- 
grammes; ceux  de  50  à  150  kilogrammes,  ne  sont  appelés  que 
des  demi-Thons.  On  en  a  cité  qui  pesaient  900  kilogrammes. 

A  certaines  époques  de  l'année,  les  Thons  longent  les  côtes  de 
la  Méditerranée  en  légions  innombrables,  et  longtemps  on  a  cru 
qu'ils  n'y  étaient  que  de  passage,  qu'ils  y  entraient  par  le  Détroit 
de  Gibraltar  pour  s'avancer  au-delà  du  Bosphore,  et  revenir 
ensuite  vers  l'Ouest;  mais  il  paraît  que  leurs  voyages  ne  sont 
pas  aussi  longs,  et  que,  nés  dans  ces  parages,  ils  passent  une 
partie  de  l'année  dans  les  eaux  profondes ,  tandis  qu'à  d'autres 
époques  ils  approchent  de  la  terre  et  la  côtoyent.  Ordinairement 
les  troupes  de  Thons  sont  précédées  par  des  Sardines  ;  souvent 
ils  sont  poursuivis  par  les  Dauphins,  qui  les  forcent  à  se  réfugier 
dans  les  filets,  au  grand  avantage  des  pêcheurs;  mais,  lorsque  ce 
sont  des  Espadons  qui  les  chassent,  ces  derniers  causent  de  grands 
dommages  aux  pêcheurs,  car  outre  qu'ils  brisent  les  filets  avec 
leur  arme  redoutable,  ils  ouvrent  en  même  temps  une  issue  aux 
captifs. 


408  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  anciens  donnaient  le  nom  de  Pélamide  an  jeune  Thon  qui 
n'avait  pas  encore  atteint  l'âge  d'un  an.  Ces  animaux  venant 
d'éclore  dans  la  Mer-Noire,  repassaient,  pendant  l'automne,  dans 
l'Hellespont  et  la  Méditerranée,  à  la  suite  des  nombreuses  légions 
des  auteurs  de  leurs  jours.  Arrivés  dans  la  Méditerranée,  ils  y 
prenaient  le  nom  de  Pélamides  pendant  les  premiers  mois  de 
leur  croissance  ;  et  ce  n'était  qu'après  un  an,  que  la  dénomination 
de  Thon  leur  était  appliquée.  Nos  marins  du  Roussillon,  préten- 
dent que  les  Pélamides  sont  les  poissons  les  plus  délicats  de  la 
mer.  Un  dicton  populaire  exprime  cette  opinion  en  termes 
énergiques  : 

ho  que  menja  Palamide, 
Pare  y  mare  desolbide, 

qui  se  traduit  par  ces  mots  :  On  oublie  père  et  mère  quand  on  savoure 
des  Pélamides. 

Pélamides,  Pelamys,  Cuv. 

Ce  sous-genre  établi  par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes 
aux  dépens  des  Thons,  diffère  de  ceux-ci  par  un  corps 
plus  allongé,  l'œil  plus  petit,  le  museau  plus  long  et  la 
gueule  plus  fendue. 

\.  Pélamide  commune  ou  Bonite  à  dos  rayé,  Pelamys 
sarda,  Cuv.,    ou   Scomber  sarda,   Bl.;   en  catalan 

Bonita. 

La  taille  de  ce  Poisson  est  d'environ  70  centimètres;  sa  couleur 
est  argentée  et  teintée  sur  le  dos  de  bleu-clair.  Huit  à  dix  lignes 
noirâtres  se  dessinent  sur  ce  fond,  en  descendant  très-obliquement 
d'arrière  en  avant. 

2.  Le  Bonitol,  Scomber  Mediterrancus,  Bond. 

A  dos  bleu,  marqué  de  larges  bandes  transversales  noirâtres. 
Ces  deux  espèces  sont  inférieures  au  Thon. 


poissons.  400 

Les  Germons,  Orcymis,  Cuv. 

1.  Le  Germon,  Scomber  germon,  Lacep.,  ou  Orcymis 
alalonga. 

Le  Germon,  dont  la  taille  approche  de  celle  des  Thons,  a 
communément  plus  d'un  mètre  de  longueur;  il  pèse  jusqu'à 
40  kilogrammes.  Sa  couleur  est  d'un  bleu-noirâtre  sur  le  dos, 
d'un  bleu  très-pur  et  très-beau  sur  le  haut  des  côtés,  tl'un  bleu- 
argenté  sur  le  bas  de  ces  mêmes  côtés  et  d'une  teinte  argentée 
sans  mélange  sur  sa  partie  inférieure.  La  chair  du  Germon  est 
plus  blanche  que  celle  du  Thon,  et  son  goût  est  très-agréable. 

Les  Caranx,  Caranx,  Lacep. 

1.  Le  Saurel  ou  Maquereau  bâtard,  Scomber  trachurus , 
Lin.;  en  catalan  Bizet. 

C'est  un  mauvais  Poisson  huileux,  qui  a  la  forme  du  Maquereau 
commun;  son  dos  est  bleuâtre,  son  ventre  argenté,  et  il  porte  de 
chaque  côté  plus  de  soixante  écailles  très-larges.  Il  est  plus  grand 
et  plus  épais  que  le  Maquereau  ordinaire. 

Les  Sérioles,  Seriola,  Cuv. 

1 .  La  Sériole,  Seriola  Bumerilii,  Cuv.,  ou  Caranx  Dume- 
rilii,  Riss.;  en  catalan  Sariola. 

Cette  Sériole  peut  devenir  très-grande  et  on  en  pêche  qui 
pèsent  jusqu'à  80  kilogr.  Elle  est  d'une  belle  couleur  d'argent, 
dorée  sur  les  flancs,  teintée  de  bleu-violàtre  sur  le  dos;  ses 
nageoires  sont  gris-jaunâtre.  Elle  se  tient  dans  les  lieux  inacces- 
sibles et  n'approche  de  la  côte  que  lorsque  la  faim  l'y  contraint. 
Sa  chair,  très-estimée,  est  ferme  et  rougeâtre. 

Genre  Tétragonure,  Tétragonurus,  Riss. 
i.  Le  Corbeau  de  mer,  Tétragonurus  Cuvieri,  Riss. 
Ce  Poisson  est  noir  ;  il  a  toutes  les  écailles  profondément  striées 


410  HISTOIRE   NATURELLE. 

et  dentelées.  C'est  encore  un  Scombéroïde,  qu'on  prend  rarement 
parce  qu'il  reste  dans  les  profondeurs  des  eaux.  C'est  avec  le  filet 
traînant  qu'on  en  prend  quelquefois.  Sa  chair,  quoique  blanche 
et  de  belle  apparence,  est  rejetée  parce  qu'on  la  dit  venimeuse, 
ce  que  nous  n'avons  pas  pu  constater. 

Genre  Épinoche,  Gasterosterus,  Lin. 

1.  La  Grande  Épinoche,  Gasterosterus  aculeatus,  Lin. 

C'est  un  petit  poisson  commun  dans  nos  ruisseaux,  et  dont  la 
taille  ne  s'élève  pas  au-delà  d'un  décimètre.  Il  est  rejeté  à  cause 
de  la  grande  quantité  d'arêtes  qu'il  contient. 

2.  La  Petite  Épinoche  ou  Êpinochette,  Gasterosterus  pun- 

gitius,  Lin. 

C'est  le  plus  petit  des  poissons  d'eau  douce.  On  n'en  fait  aucun  cas. 

Les  Liches,  Lichia,  Cuv. 

1.  La  Liche  amie,  Lichia  amia,  Cuv.,  ou  Scomber  amia, 
Bloch. 

Ce  Poisson,  long  d'environ  lm,50,  vit  sur  nos  côtes;  il  a  une 
teinte  argentée.  Liche  veut  dire  friandise;  ce  nom  lui  est  parfai- 
tement appliqué,  car  il  est  recherché  pour  la  délicatesse  de  sa  chair. 

Les  Dorées  ou  Zées,  Zeus,  Lin. 

1.  La  Dorée  ou  Poisson  Saint-Pierre,  Zeusfaber,  Lin. 

Ce  Poisson  atteint  de  60  à  80  centimètres  ;  son  corps  est  com- 
primé, ovalaire,  terminé  par  une  queue  courte  d'une  forme 
singulière  ;  sa  couleur  est  d'un  gris  d'argent  à  reflets  métalliques, 
et  traversé  de  bandes  jaunâtres.  Sa  chair  est  délicieuse.  Le  nom 
de  Saint-Pierre  lui  a  été  donné  par  les  Pêcheurs,  parce  qu'ils 
prétendent  que  c'est  le  Poisson  que  cet  apôtre  retira  de  l'eau, 
pour  prendre,  par  l'ordre  du  Sauveur,  la  pièce  de  monnaie  qui 
se  trouvait  dans  la  bouche  de  l'animal  et  qui  devait  satisfaire  le 


POISSONS.  411 

fisc  :  deux  taches  noires,  une  de  chaque  côté  du  dos,  sont  le 
résultat  de  l'impression  des  doigts  de  saint  Pierre. 

Les  Espadons,  Xiphtas,  Lin. 

Ainsi  nommés  à  cause  de  leur  museau  semblable  à 

une  lame  d'épée  tranchante  des  deux  côtés,  terminée  en 

pointe  aiguë.    Toutes  les    espèces  connues  deviennent 

très-grandes,  et  ont  leur  chair  ferme  et  bonne  à  manger. 

1.  L'Espadon  commun,  Xiphias  gladius,  Lin.;  en  cata- 
lan Peix  espasa. 
Le  corps  de  l'Espadon  est  recouvert  d'une  peau  rude,  qui  est 
même  hérissée  de  petits  tubercules  chez  les  jeunes  sujets;  mais 
ces  aspérités  disparaissent  avec  l'âge.  Les  couleurs  de  l'Espadon 
sont  le  bleu-noirâtre  sur  le  dos  et  le  blanc-argenté  très-brillant 
sous  le  ventre.  L'Espadon  devient  énorme,  car  il  n'est  pas  rare 
d'en  voir  de  4  mètres,  et  l'on  en  cite  de  6  à  7  mètres  de  longueur 
et  du  poids  de  150  à  200  kilogrammes.  Il  visite  notre  littoral  et 
l'on  en  pêche  pendant  la  passe  des  Thons.  Sa  chair,  quoique 
sèche,  est  d'assez  bon  goût;  on  estime  surtout  la  queue. 

Les  Coryphèines,  Coryphœna,  Lin. 
1.  La  Dorade,  Coryphœna  hippurus,  Lin.  (Ne  pas  confon- 
dre avec  la  Daurade  commune,  Sparus  aurata.) 
C'est  un  Poisson  de  la  haute  mer,  remarquable  par  la  beauté  de 
ses  couleurs.  Il  est  long  de  lm  à  lra,25,  d'un  beau  bleu-argenté, 
tacheté  de  jaune;  presque  toutes  ses  nageoires  jaunes.  On  prend 
ce  poisson  sur  nos  côtes  lorsqu'il  est  à  la  poursuite  de  sa  proie, 
surtout  des  Poissons  volants.  Si  ses  couleurs  sont  brillantes,  sa 
chair  n'est  pas  estimée. 

Famille  des  Squammipennes. 

Cette  famille  comprend  un  grand  nombre  de  Poissons 
très-remarquables  par  l'éclat  et  la  variété  de  leurs  couleurs, 


412  HISTOIRE   NATURELLE. 

l'originalité  de  leur  conformation  et  de  leurs  habitudes  ; 
mais ,  presque  tous  appartiennent  aux  mers  étrangères  ; 
deux  espèces  seulement  vivent  dans  la  Méditerranée  :  ce 
sont  la  Castagnole  et  la  Fiatole. 

Les  Castagnoles. 

1.  La  Castagnole,  Sparus  raïi,  Bl. 

La  couleur  de  ce  Poisson  est  un  blanc-argenté  un  peu  obscur, 
tirant  sur  l'étain.  11  pèse  de  5  à  6  kilogrammes,  et  quelquefois  il 
est  long  de  85  centimètres.  Il  est  commun  dans  la  Méditerranée 
et  sur  les  côtes  de  ce  département.  Sa  chair  est  estimée. 

Les  Stromatées. 

4.  La  Fiatole,  Stromateus  fiatola,  Lin. 

Ce  Poisson  est  remarquable  par  ses  taches  et  ses  bandes  inter- 
rompues de  couleur  dorée,  sur  un  fond  gris  de  plomb. 

Famille  des  Bouches  en  fliite. 

Le  nom  de  cette  famille  vient  de  la  forme  allongée  de 
toute  la  partie  antérieure  de  la  tête,  à  l'extrémité  de 
laquelle  se  trouve  la  bouche.  Deux  genres  se  partagent 
cette  famille  :  les  Fistulaires  et  les  Centriques.  Les  Fistu- 
laires  habitent  les  Antilles  et  la  mer  des  Indes.  Les 
Centriques  n'ont  qu'un  seul  représentant  dans  la  Médi- 
terranée, vulgairement  appelé  Bécasse-de-Mer. 

Genre  Centrique,  Centriscus,  Lin. 

1.  La  Bécasse  de  mer,  Centriscus  scolopax,  Lin.;  en  cata- 
lan Trumpcte  (trompette). 

Cette  espèce  est  très-commune  sur  notre  littoral  ;  sa  longueur 
est  d'environ  20  centimètres;  sa  couleur  est  argentée  et  rosée 
sur  la  tête  et  sur  le  dos.  Sa  chair  est  dédaignée. 


MOLLUSQUES.  413 


CHAPITRE  V. 

ANIMAUX     INVERTÉBRÉS. 


mollusques. 

Les  Mollusques  forment  une  classe  d'êtres  bizarres, 
aussi  curieux  par  la  forme  extérieure  que  par  la  nature 
de  leur  organisation  interne.  Ce  sont  des  animaux  mous, 
sans  squelette  interne  ou  externe,  et  sans  membres  arti- 
culés. Leur  système  nerveux  ne  se  réunit  point  en  une 
moelle  épinière,  mais  seulement  en  un  certain  nombre 
de  masses  médullaires  dispersées  en  différents  points  du 
corps ,  et  dont  la  principale ,  que  l'on  peut  appeler  cer- 
veau, est  située  en  travers  sur  l'œsophage  qu'elle  enve- 
loppe d'un  collier  nerveux.  Leurs  organes  du  mouvement 
et  des  sensations  n'ont  pas  la  même  uniformité  de  nom- 
bre et  de  position  que  dans  les  animaux  vertébrés,  et  la 
variété  est  plus  frappante  encore  pour  les  viscères  et 
surtout  pour  la  position  du  cœur  et  des  organes  respira- 
toires. 

Chez  un  petit  nombre  de  ces  êtres,  il  existe  des 
appendices  flexibles  et  allongés  destinés  à  la  locomotion  ; 
mais,  dans  la  plupart  des  cas,  l'animal  ne  peut  se  dépla- 
cer que  par  les  contractions  successives  des  divers 
points  de  la  surface  inférieure  de  son  corps. 


414  HISTOIRE   NATURELLE. 

La  peau  des  Mollusques,  toujours  molle  et  visqueuse, 
forme  souvent  des  replis  qui  enveloppent  plus  ou  moins 
complètement  le  corps,  et  cette  disposition  a  fait  donner 
le  nom  de  manteau  à  la  portion  des  téguments  qui 
forment  d'ordinaire  ces  expansions.  Souvent  le  manteau 
est  presque  entièrement  libre,  et  constitue  deux  grandes 
voiles  qui  cachent  tout  le  reste  de  l'animal ,  ou  bien  les 
deux  lames  se  réunissent  de  manière  à  former  un  tube; 
mais  d'autres  fois  il  ne  consiste  qu'en  une  espèce  de 
disque  dorsal  dont  les  bords  seuls  sont  libres  ou  entou- 
rent plus  exactement  le  corps  sous  la  forme  d'un  sac. 
En  général,  cette  peau  molle  est  protégée  par  une  espèce 
de  cuirasse  pierreuse  nommée  coquille.  C'est  une  sécré- 
tion ayant  quelque  analogie  avec  celle  de  l'épidémie,  qui 
produit  cette  enveloppe.  Les  follicules,  logés  d'ordinaire 
dans  les  bords  du  manteau,  déposent  à  sa  surface  une 
matière  semi-cornée  mêlée  à  une  proportion  plus  ou 
moins  forte  de  carbonate  calcaire  qui  se  moule  sur  les 
parties  sous-jacentes  et  se  solidifie.  La  lame  ainsi  formée 
s'épaissit  et  s'accroît  par  le  dépôt  successif  de  matières 
nouvelles.  Quelquefois  la  coquille  reste  renfermée  dans 
l'épaisseur  de  la  peau  des  Mollusques  ;  mais,  en  général, 
elle  est  extérieure  et  dépasse  même  les  bords  du  manteau, 
de  façon  à  fournir  à  l'animal  un  abri  parfait.  On  donne 
communément  le  nom  de  Mollusques  nus  à  ceux  qui 
sont  dépourvus  de  coquilles,  ou  qui  n'ont  qu'une  coquille 
intérieure,  et  le  nom  de  Conchifères  à  ceux  dont  la 
coquille  est  visible  au  dehors. 

L'étude  des  Mollusques  terrestres  et  fluviatiles  avait 
été  négligée  dans  ce  département;  aucun  naturaliste  n'avait 
tourné  ses  regards  sur  des  êtres  qui  ne  paraissaient  offrir 


MOLLUSQUES.  415 

qu'un  médiocre  intérêt,  et  que  leur  petitesse,  la  modestie 
de  leur  parure,  leur  utilité  contestable,  la  facilité  de  se 
les  procurer,  car  tous  vivent  plus  ou  moins  près  de  nous, 
faisaient  dédaigner.  Mais  en  1856,  M.  Aleron ,  modeste 
ouvrier  de  notre  ville,  qui  pendant  ses  heures  de  loisir 
s'appliquait  à  l'étude  de  l'histoire  naturelle ,  offrit  à  la 
Société  Philomathique  de  Perpignan,  un  tableau  dans 
lequel  il  avait  rassemblé  toutes  les  coquilles  terrestres  et 
fluviatiles  qu'il  avait  pu  ramasser  dans  le  pays.  Je  fus 
chargé  de  faire  un  rapport  sur  cette  collection,  et  je 
saisis  cette  circonstance  pour  publier  dans  le  troisième 
Bulletin  de  la  Société  (1857)  le  catalogue  raisonné  des 
Mollusques  terrestres  et  d'eau  douce  découverts  jusqu'alors 
dans  les  Pyrénées-Orientales. 

Depuis  cette  époque,  plusieurs  espèces  nouvelles  ont 
été  découvertes  par  M.  Aleron,  par  M.  Farines,  pharma- 
cien, par  M.  le  Docteur  Paul  Massot,  par  M.  Michaud, 
par  M.  le  Docteur  Penchinat  et  par  nous-même.  Nous 
les  rapportons  toutes  dans  cette  Histoire  Naturelle ,  les 
faisant  suivre  d'une  description  très-concise,  mais  suffi- 
sante pour  les  déterminer  facilement. 

Nous  avons  adopté  la  classification  de  M.  Dupuy,  en 
apportant,  dans  les  espèces,  les  modifications  indiquées 
par  M.  Moquin-Tandon ,  dans  son  admirable  Histoire 
Naturelle  des  Mollusques  terrestres  et  fluviatiles  de  la 
France,  ouvrage  que  nous  n'avons  pu  consulter  que 
malheureusement  trop  tard. 

Le  tableau  ci-après  fera  voir  l'ensemble  des  Ordres, 
des  Familles  et  des  Genres  qui  font  partie  de  notre 
travail. 


416 


HISTOIRE   NATURELLE. 


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MOLLUSQUES.  417 

lrc  Section.  —  Pulmonés  inopercidés  terrestres,  comprenant 
trois  familles. 

lre  Famille.  —  Limaciens,  Lam. 

Caractères. — Animal.  Allongé,  non  enroulé  postérieure- 
ment, rampant  sur  un  plan  locomoteur,  presque  aussi  long 
que  le  corps,  et  qui  en  est  peu  distinct;  une  cuirasse  à  la 
partie  supérieure;  tête  munie  de  quatre  tentacules,  dont 
les  deux  supérieurs  oculés  au  sommet;  mufle  médiocre; 
mâchoire  solitaire  ou  nulle;  pied  non  distinct  du  corps, 
servant  à  la  reptation  ;  organes  générateurs  k  orifice  com- 
mun, du  côté  droit. 

La  Limace  est  un  Mollusque  Gastéropode ,  allongé,  variable 
dans  sa  forme,  à  cause  de  son  extrême  contractilité ;  mais  qui, 
observée  au  moment  où  elle  rampe  à  la  surface  du  sol,  présente 
assez  exactement  la  forme  d'un  ellipsoïde  très-allongé ,  dont  la 
tête  est  à  l'une  des  extrémités.  La  surface  par  laquelle  elle  est  en 
contact  avec  le  sol,  est  plane  et  porte  le  nom  de  pied;  l'autre  sur- 
face est  convexe,  formée  par  la  peau  qui  constitue  la  face  dorsale 
de  l'animal;  elle  se  termine  en  pointe  à  l'extrémité  postérieure. 

Vers  l'extrémité  antérieure,  on  remarque  sur  le  milieu  du  dos, 
une  partie  de  la  peau,  saillante,  comme  détachée,  sous  laquelle 
l'animal  peut  ordinairement  cacher  sa  tête  lorqu'il  la  contracte  : 
on  lui  a  donné  le  nom  particulier  de  cuirasse.  Elle  est  ornée  de 
stries  transversales,  diversement 'contournées,  qui  forment  une 
espèce  de  bourrelet. 

La  tête  est  à  peine  distincte  du  reste  de  l'animal  par  un  étran- 
glement qui  ressemble  à  un  cou.  Cette  tête  est  généralement 
petite,  obtuse,  séparée  du  pied  par  un  sillon  peu  profond,  et 
présentant  en  avant  une  ouverture  transverse  ,  qui  est  celle 
de  la  bouche;  quatre  tentacules  la  surmontent.  Ces  tentacules 
sont  cylindracés  et  terminés  en  avant  par  une  petite  dilatation 
sphérique,  sur  laquelle  la  peau  est  très-amincie.  Deux  de  ces 

TOME   III.  27 


418  HISTOIRE   NATURELLE. 

tentacules  sont  plus  courts;  ils  sont  antérieurs  et  inférieurs.  Les 
deux  autres,  plus  allongés,  se  rapprochent  par  leur  base;  ils  sont 
supérieurs  et  postérieurs  par  rapport  aux  premiers.  A  l'extré- 
mité de  ceux-ci,  on  remarque  un  point  noir,  qui,  d'après  les 
observations  de  M.  Swammerdam,  présente  les  parties  consti- 
tuantes d'un  organe  de  vision.  Ces  tentacules  sont  un  prolon- 
gement de  la  peau  ;  ils  sont  creux  en  dedans,  formés  principalement 
de  muscles  annulaires,  au  moyen  desquels  ils  peuvent  opérer  l'un 
de  leurs  mouvements  principaux  ;  car  ces  organes  peuvent  rentrer 
sur  eux-mêmes  et  sortir  de  l'intérieur  du  corps  de  la  même  ma- 
nière qu'un  doigt  de  gant  que  l'on  retourne. 

En  observant  attentivement  la  Limace,  on  voit  au-dessous  de 
la  base  du  grand  tentacule  droit,  un  mamelon  très-obtus,  percé 
au  centre  d'une  ouverture  peu  apparente.  Cette  ouverture  donne 
issue  aux  organes  de  la  génération  au  moment  de  l'accouplement. 
Sur  le  côté  droit  du  bouclier,  et  creusée  dans  l'épaisseur  de  son 
bord,  se  montre  une  ouverture  assez  grande,  très-contractile, 
et  dont  la  contractilité  peut  se  comparer  à  celle  de  l'iris  de  l'œil. 
Cette  ouverture  donne  accès  à  l'air  dans  une  cavité  assez  grande, 
destinée  à  la  respiration.  Enfin,  tout  près  de  celle-ci,  et  un  peu 
en  arrière ,  se  trouve  une  troisième  ouverture ,  qui  termine  l'in- 
testin et  donne  issue  aux  excréments. 

L'enveloppe  générale  des  Limaces  est  comparée  à  une  mem- 
brane muqueuse.  On  voit  s'établir  à  la  surface  une  abondante 
sécrétion  qui,  quelquefois,  ruisselle  dans  les  sillons  dont  elle  est 
creusée.  Cette  matière,  muqueuse,  gluante,  permet  à  l'animal 
de  ramper  sur  les  corps  les  plus  lisses,  et  de  s'y  attacher  avec 
assez  de  solidité.  C'est  encore  cette  matière  qui,  abandonnée  par 
l'animal,  en  une  couche  mince,  partout  où  il  passe,  laisse  une 
trace  luisante  qui  décèle- la  route  qu'il  a  parcourue. 

Corps  nu,  sans  coquille  extérieure. 

Genre  Arion,  Avion,  Fer.;  en  catalan  Llimau. 
M.  de  Férussac,  ayant  voulu  faire  deux  genres  des  Li- 


MOLLUSQUES.  419 

maces,  a  réuni  sous  le  nom  d'Avion  toutes  les  espèces  qui 
portent  à  l'extrémité  postérieure  du  corps  un  crypte  mu- 
queux  ou  glande  mucipare.  Ce  caractère  ne  se  traduisant 
à  l'intérieur  par  aucune  modification  apparente  dans  l'or- 
ganisation ,  beaucoup  de  naturalistes  ont  rejeté  ce  genre 
comme  inutile. 

.  (  Arion  des  charlatans,  Avion  empivicovum,  Fer. 
,  '  (  Arion  roux,  Avion  vufus,  Drap. 

Animal.  Fortement  ridé,  dos  arrondi,  terminé  par  un  pore 
muqueux;  cuirasse  grenue,  ovale,  s'élargissant  postérieurement; 
ouverture  pulmonaire  très-grande,  et  située  à  la  partie  antérieure 
de  la  cuirasse. 

Couleur.  D'un  jaune-rougeâtre  ou  fauve-noirâtre  ;  la  marge 
du  pied,  rougeâtre-orangé;  tentacules  noirâtres;  concrétions 
nombreuses,  inégales. 

Sa  longueur  est  de  10  à  12  centimètres. 

La  diversité  de  la  couleur  plus  ou  moins  foncée  qu'affecte  cette 
Limace,  ainsi  que  sa  grosseur,  sont  trop  variables  pour  pouvoir 
établir  des  caractères  suffisants  pour  en  faire  diverses  espèces; 
aussi,  ces  différences  de  coloration  et  de  taille,  ont  donné  lieu  à 
une  infinité  de  variétés,  que  nous  ne  rapporterons  pas,  et  qui 
sont  signalées  dans  les  divers  auteurs  qui  ont  traité  cette  matière. 

Cette  Limace  est  assez  commune  dans  les  fossés  humides,  les 
jardins,  les  bois  et  les  prairies  de  toute  la  plaine  du  Roussillon. 
Nous  la  trouvons  aussi,  dans  les  mêmes  conditions,  dans  les  bois 
humides  des  parties  basses  de  nos  montagnes. 

2.  Arion  des  jardins,  Avion  hovtensis,  Fer.,  ou  subfuscus, 
Pfeiff. 

Animal.  Corps  arrondi,  sans  carène,  finement  strié,  d'un  gris- 
roussàtre  ou  brun,  variant  beaucoup;  pied  séparé  du  corps  par 
un  pore  muqueux,  à  la  partie  postérieure;  cuirasse  légèrement 


420  HISTOIRE   NATURELLE. 

rugueuse,  ovale,  orangée,  rétrécie  antérieurement;  les  tentacules 
supérieurs  allongés,  noirâtres;  les  inférieurs  courts;  ouverture 
pulmonaire  à  la  partie  antérieure  de  la  cuirasse;  pied,  tantôt 
grisâtre  ou  blanchâtre,  les  bords  souvent  un  peu  orangés. 

Sa  longueur  est  de  35  à  45  millimètres. 

Dans  son  jeune  âge,  sa  couleur  est  blanche  et  affecte  diverses 
nuances  de  gris;  puis,  lorsqu'elle  arrive  à  son  parfait  accrois- 
sement, elle  devient  d'un  brun-sombre,  et  le  bord  de  son  pied 
prend  une  couleur  orange. 

On  pourrait  aussi  faire  une  infinité  de  variétés  de  cette  espèce*, 
si  on  avait  égard  aux  différences  de  coloration  et  de  taille  de  ces 
animaux,  depuis  leur  naissance  jusqu'à  leur  parfait  accroissement. 

Beaucoup  trop  commune  dans  les  champs  humides  et  les  jar- 
dins, où  elle  fait  de  très-grands  ravages,  nos  cultivateurs  doivent 
prendre  les  plus  minutieuses  précautions  pour  s'opposer  à  ses 
dégâts. 

Genre  Limace,  Limax,  Fer.;  en  catalan  Llimau. 

Caractères. — Animal.  Glande  mucipare  caudale  nulle, 
un  rudiment  testacé,  aplati  dans  l'épaisseur  de  la  cuirasse; 
cuirasse  à  la  partie  antérieure  et  supérieure  du  corps; 
cavités  respiratoires  et  anales  sous  le  repli,  s'ouvrant  du 
côté  droit;  orifices  des  organes  générateurs  à  droite, 
près  du  grand  tentacule. 

Coquille  intérieure  (développée  dans  l'intérieur  de  la 
cuirasse)  rudimentaire,  solide,  ovale,  non  spirale,  repré- 
sentée dans  quelques  cas  par  de  très-petites  granulations 
calcaires. 

1.  Limace  des  anciens  ou  gigantesque,  Limax  maximus, 
Lin.;  antiquorum,  Fer.;  cinereus,  Mull.,  Drap. 

Animal.  Strié,  rugueux;  dos  arrondi,  caréné;  extrémité  posté- 
rieure aiguë;  pied  adhérent  au  dos;  cuirasse  finement  grenue, 


MOLLUSQUES.  421 

ovale-allongée;  ouverture  pulmonaire  à  la  partie  postérieure; 
tentacules  supérieurs  longs  et  déliés,  gris  ou  vineux,  oculésî 
les  inférieurs  courts.  La  couleur  générale  du  corps  est  d'un  gris 
cendré,  orné  de  belles  taches  noires  ou  noirâtres,  diversement 
disposées;  le  dessous  d'un  cendré-roussâtre. 

Coquille.  Assez  épaisse,  ovalaire,  longue  de  10  à  12  milli- 
métrés, et  large  de  6  à  8  millimètres. 

C'est  la  plus  grande  de  toutes  les  Limaces  :  lorsqu'elle  est  bien 
développée  par  une  température  humide,  elle  mesure  140  à  160 
millimètres  de  long.  Elle  habite  les  forêts  de  nos  montagnes, 
celles  qui  sont  très-ombragées  et  où  les  rayons  du  soleil  pénè- 
trent peu,  toujours  près  des  ravins  humides  et  souvent  aux 
endroits  où  des  matières  sont  en  putréfaction;  la  forêt  des 
Moines,  à  Saint-Martin-du-Canigou ;  la  forêt  de  Salvanère;  le 
bois  des  Fanges,  etc.  Elle  est  très-commune  dans  cette  dernière 
localité. 

Cette  espèce  présente  trois  variétés  bien  belles  : 

V.  A.  Se  distingue  par  une  couleur  gris -cendré,  avec  des 
lignes  longitudinales  noires  et  la  cuirasse  bleuâtre. 

V.  B.  Une  couleur  uniforme  grise  et  la  cuirasse  tachetée  de 
noir. 

V.  C.  Dos  fascié  de  noir,  et  la  cuirasse  parsemée  de  taches  de 
la  même  couleur;  mais  diversement  disposées. 

Si  l'on  voulait  avoir  égard  à  la  diversité  des  couleurs  aux 
divers  âges,  on  en  ferait  des  variétés  plus  nombreuses. 

2.  Limace  agreste,  Limax  agrestis,  Lin.,  Drap. 

Animal.  Finement  strié;  dos  caréné  à  la  partie  postérieure, 
terminé  en  pointe  par  la  carène  ;  cuirasse  grenue  et  parfois  gib- 
beuse  postérieurement;  ouverture  pulmonaire  bordée  de  blan- 
châtre; couleur  d'un  gris-cendré  pur,  quelquefois  pointillé  de 
noir;  la  tète  et  les  tentacules,  noirâtres;  pied  d'un  blanc-jaunâtre 
ou  gris-sale,  les  bords  très-pâles. 

Habite  les  taillis  humides,  les  jardins  des  parties  basses,  les 


422  HISTOIRE   NATURELLE. 

champs,  sous  Chàteau-Roussillon.  Elle  fait  des  ravages  dans  nos 

potagers. 
Longueur  de  35  à  45  millimètres. 

3.  Limace  des  bois,  Limax  aylvaticm,  Drap. 

Animal.  Finement  strié;  dos  arrondi  antérieurement,  caréné  à 
la  partie  postérieure,  et  terminé  en  pointe  par  la  carène  ;  cuirasse 
ovale-allongée,  avec  une  forte  saillie  à  la  partie  postérieure; 
ouverture  pulmonaire  jaunâtre;  couleur  générale,  violâtre-pâle 
ou  lie-de-vin;  tête  et  tentacules  noirâtres. 

Habite  les  bois  et  les  ravins  humides  des  montagnes  infé- 
rieures. Je  l'ai  souvent  trouvée  dans  les  châtaigneraies  des  mon- 
tagnes de  Céret  et  de  Saint-Laurent-de-Cerdans. 

Longueur  de  40  à  50  millimètres. 

On  confondrait  cette  Limace  avec  la  Limace-Agreste,  si  la  gib- 
bosité  de  la  cuirasse  ne  la  distinguait  de  cette  dernière  ;  car  les 
couleurs,  la  taille  et  les  habitudes  sont  presque  les  mêmes,  et 
nous  ne  pensons  point  que  ce  soit  une  simple  variété,  comme 
quelques  naturalistes  l'ont  prétendu. 

4.  Limace  jayet,  Limax  gagates,  Drap. 

Animal.  Strié,  ridé,  la  carène  traverse  le  corps  depuis  la  cui- 
rasse jusqu'à  l'extrémité  postérieure,  qui  est  aiguë;  la  carène 
est  séparée  postérieurement  du  plan  musculaire  du  pied  par  un 
pore  muqueux;  cuirasse,  ovale-allongée,  très-ridée,  surmontée 
d'un  disque  plus  petit,  de  même  forme;  ouverture  pulmonaire, 
vers  la  partie  postérieure  ;  tentacules  supérieurs ,  renflés  à  leur 
base  et  allongés;  les  inférieurs,  courts. 

Son  nom  seul  indique  la  couleur  de  son  corps,  qui  est  d'un 
noir  de  jais-luisant  ;  le  dessous  du  pied  est  un  peu  moins  foncé. 

Habite  les  prairies  basses  et  humides,  les  bords  des  fossés 
humides  des  routes,  les  ravins  des  parties  basses  des  montagnes. 

Sa  longueur  est  de  65  â  70  millimètres. 


MOLLUSQUES.  4-23 

5.  Limace  marginée,  Limax  marginalus,  Drap. 

Animal.  Son  aspect  général  est  ridé;  dos  fortement  caréné, 
depuis  le  bouclier  jusqu'à  l'extrémité  postérieure,  qui  est  obtuse 
et  presque  bilobée;  carène  jaunâtre;  un  pore  muqueux  sépare 
le  dos  du  plan  musculaire  du  pied  ;  cuirasse  ovale-arrondie , 
très-grenue,  comme  jaspée  de  jaune  et  entourée  d'un  cercle 
noir;  tentacules  supérieurs  courts  et  renflés;  les  inférieurs 
très-courts,  de  couleur  fauve.  La  couleur  est  d'un  gris-jaunâtre, 
quelquefois  verdâtre,  pointillé  de  noir,  quelquefois  ces  points 
forment  des  lignes  longitudinales  interrompues. 

Habite  les  lieux  où  sont  déposés  des  décombres,  entre  les 
pierres  des  vieux  murs ,  sous  les  pierres  près  des  vieilles  habi- 
tations rurales,  dans  les  parties  humides  des  glacis  des  fortifi- 
cations de  Perpignan. 

Sa  longueur  est  de  80  à  85  millimètres. 

Genre  Testacelle,  Testacella,  Drap.,  Cuv.,  Lam. 

Caractères. —  Animal.  Limaciforme,  cuirasse  nulle,  la 
partie  postérieure  du  corps  recouverte  d'une  coquille 
petite,  solide,  aplatie,  à  peine  spirale,  ouverture  très- 
grande,  point  de  pore  muqueux  terminal. 

1.  Testacelle  hormier,  Testacella  haliotidea,  Drap. 

Animal.  Allongé,  d'un  gris  légèrement  roussâtre,  uni,  quel- 
quefois tacheté  de  noir,  demi -cylindrique,  un  peu  ridé,  sans 
carène;  manteau  très-petit,  mince,  débordant  à  peine  la  coquille; 
pied  large,  d'une  teinte  jaunâtre  en  dessous;  tentacules  courts, 
et  de  la  même  couleur  que  le  reste  du  corps. 

Coquille.  Solide,  très-aplatie ,  rudiment  de  spire  petit,  l'ou- 
verture très-large,  formant  à  elle  seule  la  presque  totalité  de  la 
coquille,  sur  laquelle  on  voit  les  stries  d'accroissement  qui  la 
rendent  rugueuse  à  l'extérieur  ;  l'intérieur  est  lisse  et  presque 


424  HISTOIRE   NATURELLE. 

nacré.  La  longueur  de  la  coquille  est  de  8  millimètres,  sur  5 
dans  sa  largeur. 

Habite  les  lieux  humides,  les  jardins,  les  bords  des  sources 
des  eaux  vives,  dans  les  ravins  des  basses  montagnes. 

2.  Testacelle  de  Companyo,  Testacella  Companyonii,  Dup. 

M.  Moquin-Tandon  ne  l'admet  que  comme  une  variété  remar- 
quable de  la  Testacelle-Hormier,  par  le  grand  développement  de 
sa  coquille. 

Animal.  De  la  forme  d'une  Limace,  dépourvu  de  cuirasse, 
point  de  carène,  très-rugueux  à  la  partie  supérieure  du  corps, 
rides  irrégulières;  couleur  générale  d'un  vert  jaspé  de  points 
irréguliers  noirâtres,  qui  deviennent  plus  nombreux  en  s'éloi- 
gnant  du  centre,  finissant  par  se  réunir  et  former  sur  les  côtés 
du  corps  des  lignes  longitudinales  noires  interrompues,  et  qui 
tranchent  d'une  manière  bien  distincte  avec  le  reste  du  corps  de 
l'animal;  pied  large,  d'un  jaune-vif ,  qui  fait  ressortir  les  lignes 
noires  des  côtés  du  corps ,  le  jaune  beaucoup  plus  prononcé  sur 
les  bords;  tentacules  courts,  rétractiles;  les  supérieurs  oculés 
et  de  couleur  verdâtre. 

Coquille.  Ovale,  auriforme,  un  peu  allongée,  rétrécie  anté- 
rieurement et  élargie  postérieurement,  convexe  en  dessus,  irré- 
gulièrement et  assez  grossièrement  striée;  le  rudiment  de  spire 
est  assez  petit,  mamelonné  et  obtus  ;  il  n'est  point,  comme  dans 
la  Bisulcata,  séparé  du  reste  de  la  coquille  par  un  sinus  apparent; 
mais,  à  deux  millimètres  au-dessous,  on  voit  une  sinuosité  assez 
bien  marquée,  qui  est  le  résultat  de  l'enroulement  de  la  colu- 
melle  et  de  la  jonction  du  bord  extérieur  au  bord  columellaire. 
L'ouverture  est  très-ample,  sensiblement  rétrécie  antérieurement, 
et  arrondie  postérieurement;  le  bord  columellaire,  déprimé  et 
sinué  vers  sa  jonction  avec  le  bord  droit,  y  forme  une  gouttière 
bien  marquée,  et  présente  à  son  extrémité  antérieure  une  très- 
légère  trace  de  troncature. 


MOLLUSQUES.  425 

La  couleur  de  la  coquille  est  d'un  gris  sale  extérieurement, 
d'un  blanc  pur  et  nacré  dans  l'intérieur. 

Dimensions  de  la  coquille  W  :  longueur,  17  millimètres;  lar- 
geur, 8  millim.;  épaisseur,  2  millim.  »/2,  (Voyez  la  description 
qu'en  a  donnée  M.  l'abbé  Dupuy  dans  son  ouvrage.) 

Habite  les  parties  humides  de  la  fontaine  du  jardin  des  Moines, 
sous  Saint-Martin-du-Canigou,  où  nous  avons  trouvé  la  première 
en  1822;  les  lieux  humides  de  la  métairie  Pallarès,  sur  la  mon- 
tagne de  Glorianes,  près  de  Rigarda,  qui,  par  sa  position,  est  à 
peu  près  à  la  même  altitude,  et  où  nous  en  avons  pris  deux  en  1830  ; 
elle  est  encore  au  bord  du  ravin  qui  traverse  le  bois  des  Moines, 
aux  parties  supérieures  de  Sainl-Martin-du-Canigou,  où  nous 
l'avons  trouvée  en  juillet  1854.  C'est  sur  l'individu  pris  dans  cette 
dernière  localité  que  nous  avons  pu  faire  la  description  de  l'ani- 
mal, et,  en  rappelant  bien  nos  souvenirs,  ce  sont  bien  les  mêmes 
couleurs  que  nous  avions  observées  sur  les  autres  individus,  dont 
nous  n'avions  pas  pris  note. 

En  communiquant  à  la  Société  Philomathique  la  découverte 
de  celte  Testacelle,  je  n'osais  pas  affirmer  que  ce  fût  une  espèce 
nouvelle,  et  je  disais:  «  Nous  avons  trouvé  un  individu  de  ce  genre 
à  Saint-Martin-du-Canigou,  dont  la  coquille,  communiquée  à 
M.  Boubée,  a  été  citée  dans  le  Bulletin  des  Voyages  de  ce  natu- 
raliste, comme  un  fait  très-remarquable  par  son  développement  : 
elle  a  17  millimètres  de  longueur,  sur  8  de  largeur.  Depuis  lors, 
nous  avons  trouvé  deux  autres  individus  dans  une  localité,  qui, 
par  sa  position ,  correspond  assez  à  celle  où  nous  avions  trouvé 
la  première  (dans  les  lieux  humides  de  la  métairie  de  M.  Pallarès, 
sur  la  montagne  de  Glorianes,  près  de  Rigarda,  en  Confient). 
Nous  ne  pouvons  pas  affirmer  si  c'est  une  espèce  différente;  des 
observations  que  nous  pourrons  terminer,  nous  l'espérons,  l'été 
prochain  en  revenant  sur  les  mêmes  lieux,  nous  permettront  de 
nous  décider  d'une  manière  positive.  Ce  que  nous  pouvons  affîr- 

(I)  Voyez  Planche  /,  fig.  2  et  3. 


426  HISTOIRE  NATURELLE. 

mer  seulement  dans  ce  moment,  c'est  que  la  grosseur  de  l'animal 
et  les  couleurs  habituelles  de  son  corps,  sont  bien  différentes. 
Nous  rendrons  compte  de  nos  observations  à  la  Société,  aussitôt 
que  nous  saurons  quelque  chose  de  positif;  car  notre  habitude 
n'est  point  de  nous  prononcer  sur  l'établissement  d'une  espèce 
nouvelle,  à  la  moindre  différence.  Il  faut  qu'une  série  de  faits 
bien  constatés,  et  des  caractères  spéciaux  viennent  à  son  appui.  » 

Nous  avons  été  assez  heureux  de  trouver  un  autre  individu  de 
cette  Testacelle  dans  le  ravin  qui  traverse  le  bois  des  Moines,  au- 
dessus  de  Saint-Martin-du-Canigou.  Nous  avons  pu  en  prendre  le 
dessin  et  en  faire  la  description  ;  nous  sommes  donc  assuré  main- 
tenant que  c'est  une  espèce  qui  n'a  aucun  rapport  avec  celles  qui 
avaient  été  décrites  avant  celle-là. 

L'aspect  de  la  coquille  seule,  après  l'avoir  comparée  avec  celles 
des  Testacella  haliotidea  et  bisulcata,  déterminèrent  M.  l'abbé 
Dupuy  à  en  faire  une  nouvelle  espèce,  qu'il  a  eu  la  bonté  de 
me  dédier  dans  le  savant  ouvrage  qu'il  a  publié  sur  l'histoire 
naturelle  des  Mollusques  terrestres  et  d'eau  douce  qui  vivent  en 
France. 

Les  dimensions  de  celte  coquille  avaient  déjà  éveillé  l'attention 
de  M.  Boubée,  peu  de  temps  après  qu'elle  avait  été  prise.  M.  Dupuy, 
dans  ses  conclusions,  en  parlant  de  cette  coquille,  s'exprime  ainsi  : 
«  Assez  heureux  pour  avoir  pu  comparer  l'échantillon  qui  reste 
a  seul  à  M.  Gompanyo,  soit  avec  ceux  de  la  Testacella  haliotidea, 
«  si  commune  dans  une  grande  partie  de  la  France,  soit  avec  la 
«  Testacella  bisulcata,  dont  M.  Mouton  a  bien  voulu  m'adresser 
«  un  grand  nombre  d'exemplaires,  je  crois  pouvoir  mettre  hors 
«  de  doute  la  légitimité  de  cette  espèce.  A  ne  considérer  d'abord 
«  que  sa  taille,  elle  esta  peu  près  double  de  celle  de  la  Testacella 
«  haliotidea,  et  les  plus  grands  échantillons  de  la  Testacella  bisul- 
«  cata  n'atteignent  que  les  deux  cinquièmes  de  sa  longueur,  d'où 
«  nous  devons  conclure  une  différence  énorme  dans  l'animal. 
«  Cette  différence  est  plus  sensible  encore,  lorsqu'on  la  compare 


MOLLUSQUES.  427 

«  avec  cette  dernière.  Elle  est  d'ailleurs  séparée  de  la  première, 
«  par  tous  les  caractères  qui  distinguent  la  Testacella  bisulcata  de 
«  la  Testacella  haliotidea,  puisqu'elle  a  les  plus  grands  rapports 
«  avec  la  Testacelle  à  deux  sillons. 

«  D'un  autre  côté,  elle  diffère  de  celle-ci  :  1°  par  sa  taille; 
a  2°  par  la  convexité  de  sa  coquille ,  la  première  étant  toujours 
«  à  peu  près  plane  ;  3°  par  son  sommet  mamelonné,  et  non  séparé 
«  intérieurement  du  reste  de  la  coquille  par  un  sinus  nettement 
«tranché;  4°  par  la  troncature  antérieure  de  la  columelle, 
«  beaucoup  moins  prononcée  dans  celle-ci;  enfin,  par  plusieurs 
«  autres  caractères,  qu'il  est  facile  de  voir  en  comparant  les 
«  figures  et  les  descriptions.  » 

2me  Famille.  —  Limaçons,  Fer.,  Escargots,  Cuv.; 
en  catalan  Cargols. 

Caractères. — Animal.  Allongé,  corps  distinct  du  plan 
locomoteur,  roulé  en  spirale  et  renfermé  en  tout  ou  en 
partie  dans  une  coquille;  tête  munie  de  quatre  tenta- 
cules, dont  les  deux  supérieurs  oculés  et  renflés  au 
sommet. 

Coquille.  Très-variable,  mais  toujours  extérieure  et 
roulée  en  spirale. 

Les  animaux  de  cette  famille  ont  les  mêmes  mœurs 
que  les  Limaces.  L'hiver,  ils  ferment  leur  coquille  au 
moyen  d'une  ou  plusieurs  cloisons  membraneuses,  que 
l'on  a  nommées  épiphragmes. 

Genre  Vitrine,  Vitrina,  Drap. 

1.  Vitrine  allongée,    Vitrina  elongata,  Drap.,    Vitrina 
semilimax,  Moq.-Tand. 

Animal.  Grêle,  d'un  gris-vineux;  ne  peut  jamais  être  contenu 
dans  la  coquille. 


428  HISTOIRE   NATURELLE. 

Coquille.  Extrêmement  brillante,  très-mince  et  fragile,  parfai- 
tement transparente,  imperforée,  aplatie  et  transversalement 
allongée. 

Hauteur,  1  millim.  l/2  à  3  millimètres;  longueur,  de  4  à  6 
millimètres  ;  largeur,  de  3  à  4  millimètres. 

Habite  sous  la  mousse  dans  les  châtaigneraies  humides  de  la 
vallée  de  Saint-Laurent-de-Cerdans,  au  pied  des  arbres,  près 
des  ravins  et  sous  les  pierres  humides;  à  Serrallongue  et  à  La 
Manère,  dans  les  mêmes  lieux.  Dans  la  vallée  de  Valmanya ,  nous 
l'avons  prise  dans  les  ravins  de  la  métairie  de  M.  Jaubert  de 
Passa. 

2.  Vitrine  diaphane,  Vitrina  diaphana,  Drap. 

Animal.  D'un  gris-blanchâtre;  le  manteau,  un  peu  noirâtre. 

Coquille.  Convexo-plane,  allongée  transversalement,  extrê- 
mement brillante,  très-fragile,  parfaitement  transparente. 

Hauteur,  de  3  à  5 millimètres;  longueur,  de  6  à  7  millimètres; 
largeur,  de  3  à  4  millimètres. 

Habite  les  lieux  humides  de  la  vallée  de  la  Tet;  dans  tout  le 
riverai  sous  les  pierres  humides,  et  au  pied  des  arbres  des  fossés 
où  l'eau  passe  souvent.  On  la  trouve  aussi  attachée  aux  feuilles 
des  broussailles  qui  ont  servi  à  arrêter  l'eau  dans  les  fossés,  et 
parmi  les  luzernes  qui  sont  au  bord  de  la  rivière  ;  dans  les  ravins 
humides  des  environs  de  Consolation,  vallée  de  Collioure. 

3.  Vitrine  transparente,  Vitrina  pellucida,  Drap. 

Animal.  Variant  beaucoup ,  en  gris ,  fauve ,  rougeâtre  ;  quel- 
quefois sa  couleur  est  uniforme  ou  irrégulièrement  tachetée. 

Coquille.  Déprimée,  fragile,  très-brillante,  mince,  vitrée, 
d'un  transparent  un  peu  jaunâtre;  à  la  loupe,  paraissant  fine- 
ment striée. 

Hauteur,  de  3  à  5  millimètres;  longueur,  de  6  à  8  millimètres; 
largeur,  de  4  à  6  millimètres. 


MOLLUSQUES.  429 

Habite  sous  Chûteau-Roussillon,  dans  les  fossés  des  jardins 
et  des  prairies,  au  pied  des  arbres,  dans  les  gazons,  sous  les 
pierres  et  près  des  mares  d'eaux  vives,  sur  les  feuilles  mortes 
qui  sont  au  bord ,  et  parmi  les  broussailles  qui  forment  les  bar- 
rages ;  dans  les  environs  de  Port-Vendres  et  de  Consolation ,  au 
bord  des  ravins. 

4.  Vitrine  globuleuse,  Vitrina  subglobosa,  Mich. 

Animal.  D'un  gris  légèrement  jaunâtre  ;  tentacules  grisâtres  ; 
yeux  noirs  ;  pied  blanchâtre. 

Coquille.  Subglobuleuse,  très-fragile,  transparente,  vitrée, 
d'un  vert-tendre,  subperforée,  ouverture  ovale-arrondie,  sommet 
mamelonné  et  proéminent. 

Hauteur,  de  3  à  5  millimètres;  longueur,  de  3  à  6  millimètres; 
largeur,  de  4  à  5  millimètres. 

Habite  au  bord  des  ravins ,  et  tous  les  lieux  humides  du  bois 
des  Fanges  ;  les  ravins  de  la  vallée  de  Saint-Laurent-de-Cerdans, 
parmi  les  bois  de  châtaigniers ,  au  pied  des  arbustes  garnis  de 
mousse ,  et  sur  les  feuilles  et  les  écorces  charriées  par  les  eaux 
des  ravins.  Assez  commune  aux  Fanges,  où  nous  l'avions  déjà 
prise  lorsque  M.  Michaud  la  fît  connaître. 

Genre  Ambrette,  Succinea,  Drap. 

Caractères. — Animal.  Épais,  pouvant  à  peine  être 
contenu  dans  sa  coquille  ;  muni  de  quatre  tentacules 
contractiles  et  rétractiles;  les  inférieurs,  très-grêles; 
pied  ovale-allongé. 

Coquille.  Extérieure,  dextre,  ovale-allongée,  en  forme 
d'oublié,  mince,  plus  ou  moins  transparente  ;  spire  courte, 
le  dernier  tour  est  à  lui  seul  beaucoup  plus  grand  que  tous 
les  autres  ensemble;  ombilic  nul. 

1.  Ambrette  amphibie,  Succinea  putris ,  Lin.,  Succinea 
amphibia,  Drap. 


430  HISTOIRE   NATURELLE. 

Animal.  D'un  blanc-grisâtre  ou  jaunâtre  en  dessus,  plus  clair 
en  dessous,  paraissant  lisse  à  l'œil  nu,  et,  à  la  loupe,  un  peu 
granuleux,  glutineux;  tentacules  supérieurs  allongés,  renflés  à 
l'extrémité;  les  inférieurs,  à  peine  apparents;  pied  large,  non 
frangé,  d'un  roux-jaunâtre,  plus  pâle  en  dessous. 

Coquille.  Ventrue,  allongée,  mince  et  finement  striée;  ouver- 
ture très-large  et  ovale;  sommet  mamelonné;  couleur,  d'un  vert- 
jaunâtre.  Hauteur,  de  16  à  25  millimètres;  largeur,  de  10  à  14. 

Habite  les  bords  des  ruisseaux  de  toute  la  partie  basse  de  la 
Salanque,  les  mares  d'eau  que  laissent  les  inondations;  elle  se 
prend  aux  feuilles  des  plantes  qui  viennent  dans  les  mares,  et  sur 
les  broussailles  des  bords  des  fossés. 

2.  Ambrette  oblongue,  Succinea  oblonga,  Drap.,  Succinea 

longiscata,  Morel. 

Animal.  Blanchâtre  ou  blanc-grisâtre,  avec  une  teinte  légè- 
rement verdâtre,  qui  tient  à  ce  que  cette  espèce  est  constamment 
dans  les  marécages;  les  tentacules  supérieurs  noirâtres,  légè- 
rement renflés  à  l'extrémité;  les  inférieurs,  presque  pas  appa- 
rents ;  le  manteau,  un  peu  ponctué  et  plus  foncé. 

Coquille.  Ovale-allongée,  finement  et  irrégulièrement  striée; 
ouverture  ovale  et  légèrement  oblique,  très-mince;  d'un  vert- 
pâle  ou  blanchâtre.  Hauteur,  de  16  à  18  millimètres;  largeur, 
de  6  à  9  millimètres. 

Habite  tous  les  bas-fonds  marécageux  de  tout  le  littoral  se 
rapprochant  des  prairies  maritimes,  parmi  les  joncs  et  les  plantes 
qui  vivent  dans  ces  lieux. 

3.  Ambrette  de  Pfeiffer,  Succinea  Pfeifferi,  Rossm. 

Animal.  Glutineux,  gris,  épais,  quelquefois  noirâtre,  finement 
granuleux  ;  tentacules  supérieurs  épais ,  allongés ,  légèrement 
renflés  à  l'extérieur;  les  inférieurs  très-courts;  pied  large,  de 
couleur  pâle  en  dessous. 


MOLLUSQUES.  431 

Coquille.  Ventrue,  allongée,  mince,  plus  solide  que  la  pré- 
cédente, finement  striée,  nacrée  à  l'intérieur;  d'une  couleur 
d'ambre  très-prononcée,  presque  transparente  ;  ouverture  ovale- 
allongée.  Hauteur,  de  12  à  20  millimètres;  largeur,  de  9  à  12. 

Habite  les  mares  de  toute  la  Salanque;  elle  est  attachée  au 
pied  des  arbustes  et  des  plantes  qui  sont  au  bord  des  eaux  crou- 
pissantes. 

Nous  avions  confondu  cette  espèce  avec  l'Ambrette-Amphibie  ; 
mais ,  en  observant  l'animal ,  et  surtout  la  forme  de  la  coquille, 
nous  avons  dû  les  séparer;  en  effet,  cette  dernière  est  moins 
ventrue  et  plus  allongée,  et  sa  coquille  est  dans  un  état  de 
torsion  dans  toutes  ses  parties,  ce  qu'on  ne  remarque  point 
dans  l'Ambrette-Amphibie. 

Genre  Hélice,  Hélix,  Drap.;  en  catalan 

Cargol. 

Caractères. — Animal.  Allongé,  postérieurement  roulé 
en  spirale,  muni  d'un  manteau  charnu,  en  forme  de 
collier,  entourant  le  cou  et  se  continuant  en  une  tunique 
membraneuse  qui  revêt  le  corps;  quatre  tentacules,  les 
deux  supérieurs  beaucoup  plus  longs ,  épaissis  à  leur 
extrémité ,  globuleux  et  oculifères  ;  les  inférieurs  sont 
plus  courts,  s'inclinent  ordinairement  vers  le  corps,  sur 
lequel  l'animal  marche,  et  sont  destinés  au  tact. 

Coquille.  Dextre,  très-variable  dans  sa  forme,  selon 
les  espèces,  globuleuse,  conoïde  ou  discoïde;  ouverture, 
la  plupart  du  temps,  plus  large  que  haute,  de  forme 
variable,  le  plus  souvent  demi-lunaire,  aplatie  ou  angu- 
leuse, contiguë  à  l'axe  de  la  coquille  ;  péristome  épaissi 
ou  refléchi,  continu  ou  disjoint;  columelle,  sans  tronca- 
ture à  la  base. 

L'ouverture  de  la  coquille  est  ordinairement  fermée 


432  HISTOIRE   NATURELLE. 

par  un  épiphragme  qui  varie  beaucoup  selon  les  espèces. 
Il  se  forme  lorsque  l'animal  se  retire  dans  la  coquille 
pour  y  prendre  quelque  temps  de  repos.  L'animal  peut 
toujours  se  retirer  en  entier  dans  la  coquille. 

Bien  que  les  coquilles  des  animaux  appartenant  à  ce 
genre  soient  toujours  dextres,  elles  offrent  quelquefois 
des  individus  sénestres.  C'est  toujours  à  la  suite  de 
quelque  accident  que  cette  bizarrerie  se  forme.  Nous  en 
possédons  plusieurs  de  sénestres  et  de  différentes  espè- 
ces, et  nous  avons  toujours  remarqué  que  les  coquilles 
offrent  la  trace  de  quelque  accident;  elles  ne  sont  pas 
toujours  aussi  bien  faites  que  celles  qui  sont  dextres. 

Nous  voyons  aussi  des  coquilles  squalaires  à  divers 
degrés;  c'est  aussi  quelque  accident  qui  occasionne  la 
forme  qu'affecte  la  coquille.  Nous  avons  élevé  des  Lima- 
çons de  ce  genre;  d'abord,  afin  de  permettre  à  l'animal 
d'achever  sa  coquille,  si  elle  n'était  pas  bien  formée,  et, 
puis,  pour  nous  assurer  si  l'accouplement  donnerait  des 
individus  scalaires.  Nos  observations  ont  toujours  été 
négatives.  Les  animaux  produits  par  ces  accouplements, 
ont  toujours  été  dans  l'état  normal  de  l'espèce. 

A.  Enflées,  Inflatœ. 
1.  Hélice  naticoïde,  Hélix  naticoides,  Drap.,  Hel.  aperta, 
Born.;  en  catalan  Cargol  tapât. 

Animal.  Épais,  rugueux,  d'un  gris-jaunâtre-brun,  trois  bandes 
longitudinales  d'un  bleu-cendré  sur  le  cou;  pied  large,  non 
frangé,  d'un  brun-jaunâtre. 

Coquille.  Ovale ,  globuleuse  ,  grossement  striée  ;  ouverture 
très-ample;  de  couleur  verte  ou  brun-foncé;  épiphragme  très- 
bombé  et  solide.  Hauteur,  de  24  à  30  millimètres;  diamètre,  de 
20  à  26  millimètres. 


MOLLUSQUES.  433 

Habite  les  vignes  et  les  champs  ;  parmi  les  broussailles  et  les 
haies  des  parties  basses  des  Albères. 
Elle  .est  très-recherchée;  sa  chair  est  bonne. 

2.  Hélice  mélanostome,  Hélix  melanostoma,  Drap. 

Animal.  Gros,  épais,  brunâtre,  rugueux,  trois  bandes  longitu- 
dinales blanchâtres,  dont  celle  du  milieu  plus  étroite  ;  pied  d'un 
jaune-sale. 

Coquille.  Globuleuse,  finement  et  irrégulièrement  striée, 
solide;  couleur  d'un  blanc-cendré,  fasciée  de  brun;  gorge  et 
péristome  d'un  pourpre-noirâtre;  épiphragme  mince,  de  cou- 
leur blanche.  Hauteur,  de  34  à  40  millimètres;  diamètre,  de  32 
à  38  millimètres. 

Habite  les  haies  des  vignes,  les  plantations  d'oliviers  et  les 
roches  calcaires  des  environs  de  Maury  et  de  Saint-Paul-de- 
Fenouillet. 

5.  Hélice  vigneronne,  Hélix  pomatia,  Lin.;  en  catalan 
Cargol  gros. 

Animal.  Épais  et  lourd,  très-grossement  rugueux,  d'un  gris- 
jaunâtre  ou  verdâtre;  tentacules  très-longs,  d'un  gris-jaunâtre; 
pied  très-large,  un  peu  jaunâtre  sur  ses  bords. 

Coquille.  Forte,  globuleuse,  irrégulièrement  striée,  ouver- 
tement perforée;  péristome ,  évasé  et  réfléchi,  recouvrant  en 
partie  la  fente  ombilicale;  test  solide,  d'une  couleur  blanchâtre- 
sale,  entourée  de  bandes  fauves  assez  obscures;  la  gorge  et  le 
pourtour  de  l'ouverture  d'un  blanc-sale.  Hauteur,  de  40  à  50 
millimètres;  diamètre,  de  38  à  50  millimètres. 

L'épiphragme  est  solide,  convexe,  d'un  gris-blanchâtre,  opa- 
que, crétacé ,  très-adhérent  en  hiver.  C'est  la  plus  grosse  espèce 
que  nous  ayons  dans  le  pays. 

L'Hélice-Vigneronne  n'est  pas  de  ce  département;  cependant 
elle  s'y  reproduit,  et  notre  climat  paraît  bien  lui  convenir.  Voici 
comment  elle  y  a  été  introduite  :  M.  Kindelan,  colonel  du  40me 
tome  ni.  28 


434  HISTOIRE  NATURELLE. 

de  ligne,  conchyliologiste  distingué,  habitait  Perpignan  en  1822. 
Son  chirurgien -major,  qui  était  de  Mâcon,  où  cette  Hélice  est 
commune  et  fort  estimée  des  gourmets ,  faisait  venir  de  son  pays 
de  temps  à  autre  un  panier  de  ces  Escargots,  qui  étaient  desti- 
nés à  la  table  du  colonel.  J'eus  l'idée  de  propager  le  Pomatia 
dans  le  pays,  et  j'en  déposai  quelques  individus  dans  le  jardin 
de  M.  Rigaud,  aux  Tanneries.  Ces  Hélices  se  trouvèrent  si  bien 
dans  ce  lieu,  qu'à  la  seconde  année  on  se  vit  forcé  de  les 
détruire;  le  jardin  et  surtout  les  treilles  étaient  dévastés,  tant 
leur  multiplication  était  grande. 

A  la  même  époque,  M.  Aleron  déposa  dans  sa  vigne,  au  terroir 
du  Vernet,  plusieurs  exemplaires  de  Y  Hélix  pomatia,  qui  lui 
avaient  été  donnés  par  M.  le  colonel  Kindelan.  Ces  Hélices  se 
reproduisirent,  et  les  jeunes  vinrent  fort  bien;  mais  leur  chair 
étant  très-bonne  et  la  coquille  fort  grosse ,  elles  furent  recher- 
chées par  les  vignerons,  qui  en  rendirent  l'espèce  rare. 

M.  Calmettes  en  avait  aussi  apporté  de  Paris,  qu'il  déposa  dans 
ses  propriétés  à  Elne.  Elles  se  reproduisirent  fort  bien  ;  mais , 
comme  les  campagnards  font  une  razia  complète  de  toute  espèce 
d'Escargots,  ceux-ci  présentant  un  plus  gros  volume  et  une  chair 
plus  fine  que  les  autres  espèces,  sont  devenus  fort  rares. 

Dans  le  Nord,  ce  Limaçon  est  très-recherché,  et  on  voit  dans 
l'étalage  des  marchands  de  comestibles,  à  Paris,  des  corbeilles 
remplies  de  cette  Hélice.  On  le  sert  au  gratin  ou  de  toute  autre 
manière  dans  les  restaurants.  Les  Romains  en  faisaient  un  grand 
cas  et  en  étaient  très-friands  ;  car,  dans  leurs  villas,  ils  avaient  des 
parcs  où  cette  espèce  était  élevée  :  elle  était  réservée  à  la  partie 
opulente  de  la  société. 

B.  Chagrinées,  Aspersa. 
4t.  Hélice  chagrinée,  Hélix  aspersa,  Mull.;   en  catalan 
Cargol  boca  moll. 
Animal.  Robuste,  d'un  jaune-verdâtre  en  dessus,  un  peu  pale 
en  dessous;  tentacules  supérieurs  longs,  ponctués  de  noirâtre, 


MOLLUSQUES.  435 

renflés  au  sommet;  les  inférieurs  courts;  pied  non  frangé, 
légèrement  horde  de  jaunâtre. 

Coquille.  Conique,  globuleuse,  stries  chagrinées  et  éloignées, 
opaque,  grise,  fauve  ou  brunâtre;  le  fond  est  d'une  couleur  plus 
foncée,  toujours  coupé  par  des  bandes  continues  ou  interrompues; 
elle  varie  à  l'infini  par  les  couleurs  et  par  la  grosseur  des  individus, 
selon  la  localité  où  ils  vivent.  Péristome  très-évasé,  blanc  inté- 
rieurement, non  ombiliqué. 

Moins  bonne  que  la  précédente  ,  elle  est  cependant  très- 
recherchée  par  nos  travailleurs ,  qui  ne  font  pas  un  repas  dans 
les  champs  sans  cette  coquille.  Ils  la  font  cuire  sur  un  brasier 
ardent,  et  l'assaisonnent  de  sel.  Hauteur,  de  30  à  45  millimètres  ; 
diamètre,  de  24  à  46  millimètres. 

Habite  tout  le  pays,  les  jardins,  les  haies  des  champs,  les 
vignes,  etc.;  très-commune  dans  les  calcaires  des  montagnes  où 
croissent  les  buis,  elle  y  prend  de  fortes  dimensions,  et,  si  on  ne 
la  laisse  pas  jeûner  pendant  quelques  jours,  elle  a  un  goût  amer 
qui  est  désagréable. 

On  l'emploie  comme  médicament.  Quelques  individus,  bouillis 
dans  du  lait  sucré,  forment  une  tisane  préconisée  dans  les  affec- 
tions catarrhales.  On  en  fait  des  bouillons,  qu'on  administre 
dans  les  affections  de  poitrine.  On  l'administre  crue,  roulée  dans 
du  sucre,  dans  la  deuxième  période  de  la  phthisie  pulmonaire. 

Nous  avons,  de  cette  espèce,  plusieurs  exemplaires  scalaires  à 
divers  degrés.  Un  surtout,  à  tours  entièrement  séparés,  et  présen- 
tant, en  quelque  sorte,  une  corne  d'abondance. 

Nous  possédons  trois  individus  séneslres.  L'épiphragme  est 
mince,  d'un  cendré-blanchâtre.  Nous  trouvons  des  variétés  très- 
nombreuses,  selon  les  localités. 

C.  Splendide,  Splendidœ. 
5.  Hélice  vermiculée,  Hélix  vermiculata,  Mull.;  en  cata- 
lan Monjoya. 
Animal.  Rugueux  supérieurement,  à  rides  oblongues,  moins 


43G  HISTOIRE  NATURELLE. 

gros  que  l'espèce  précédente,  d'un  gris-jaunâtre  un  peu  ardoisé, 
assez  clair;  tentacules  longs,  minces,  ardoisés;  pied  un  peu 
arrondi  antérieurement,  dessous  d'un  brun-jaunâtre. 

Coquille.  Globuleuse,  déprimée,  finement  striée,  épaisse, 
opaque,  blanche  ou  légèrement  jaunâtre,  avec  des  bandes  fauves 
ou  brunâtres,  continues  ou  interrompues,  variant  beaucoup  par 
la  disposition  des  bandes,  quelquefois  sans  bandes  et  parsemée 
de  petits  traits  blanchâtres;  péristome  interrompu,  un  peu  ré- 
fléchi, blanc-sale  intérieurement.  Hauteur,  de  18  à  30  millim.; 
diamètre,  de  24  à  35  millimètres. 

Plus  estimée  que  la  précédente,  on  en  fait  une  grande  consom- 
mation; sa  chair  est  plus  fine  et  meilleure.  On  en  trouve  d'entiè- 
rement blanches,  et  on  pourrait  faire  plusieurs  variétés  par  la 
disposition  des  bandes  ou  par  la  couleur  de  la  coquille. 

Habite  dans  les  champs,  les  haies  et  particulièrement  les  vignes  ; 
elle  s'attache  aux  souches  et  se  met  aussi  dans  la  terre  ;  elle  se 
reproduit  énormément.  J'en  possède  un  exemplaire  sénestre. 

6.  Hélice  lactée,  Hélix  lactea,  Mull.;  en  catalan  Llobera. 

Animal.  Rugueux,  plus  effilé  que  dans  l'espèce  précédente, 
plus  allongé;  les  tentacules  plus  longs,  plus  grêles;  la  couleur 
générale  plus  sombre;  le  manteau  plus  noir  et  parsemé  de 
petits  points,  qui  simulent  une  poussière  grisâtre;  pied  non 
frangé,  arrondi  par  devant,  dessous  un  peu  noirâtre. 

Coquille.  Déprimée,  très-obtuse  au  sommet,  guillochée  de 
stries  fines  et  transverses,  qui  ne  sont  visibles  qu'à  la  loupe. 
Elle  est  irrégulièrement  parsemée  de  points  très-nombreux  et 
apparents,  d'un  blanc-de-lait  pur  sur  un  fond  brun-noir;  l'ouver- 
ture est  transversalement  ovale  ;  d'une  couleur  fauve  ou  pourpre- 
noirâtre  à  la  gorge  et  dans  tout  l'intérieur.  Elle  est  très-variable 
dans  sa  couleur.  Sa  forme  est  assez  constante  ;  péristome  inter- 
rompu, très-évasé,  épaissi,  blanchâtre  ou  d'un  jaune-sale  inté- 
rieurement. 


MOLLUSQUES.  437 

Habite  les  vignes  et  les  champs  des  coteaux  de  Château- 
Roussillon,  et  les  vignes  des  àspres  de  toute  cette  région.  Elle 
se  trouve  en  très-grande  quantité  a  las  Lloberas,  contrée  coupée 
de  ravins,  où  le  soleil  darde  avec  force,  et  formant  un  triangle 
assez  étendu  entre  Perpignan,  Cabestany  et  Chàteau-Roussillon. 
Elle  est  très-recherchée,  car  sa  chair  est  bonne  et  fine. 

Hauteur,  de  35  à  45  millimètres  ;  diamètre,  de  30  à  40  millim. 

J'en  possède  un  exemplaire  scalaire,  et  comme  cette  diffor- 
mité n'a  pas  encore  été  signalée  dans  cette  espèce,  je  l'ai  fait 
dessiner.  (Voyez  Planche  I,  fig.  4.  ) 

Nos  paysans  appellent  cette  espèce  Llobera.  Est-ce  parce 
qu'elle  habite  la  localité  qui  porte  ce  nom?  ou  bien,  est-ce  le 
Mollusque  qui  a  imposé  son  nom  à  cette  localité ,  où  il  est  très- 
commun?  C'est  ce  que  je  n'ai  pu  découvrir.  Elle  vit  là,  depuis 
un  temps  immémorial,  et  s'y  reproduit  d'une  manière  admirable 
et  très-constante  dans  ses  couleurs. 

Nous  avons  reçu  de  l'Algérie ,  de  Valence  et  de  Barcelone  des 
variétés  nombreuses  de  VHelix  lactea;  elles  différaient,  tant  par  la 
forme  plus  ou  moins  grande,  que  par  la  disposition  des  couleurs 
et  des  lignes  plus  ou  moins  variées  de  leur  coquille  ;  mais  nous 
n'avons  pu  obtenir  ici  leur  reproduction  similaire.  —  M.  Canta 
avait  déposé  dans  une  de  ses  propriétés,  voisine  de  la  localité  des 
Lloberas,  plusieurs  individus,  variant  de  formes  et  de  couleurs, 
qu'il  avait  reçus  de  Valence  (Espagne).  Les  jeunes  sujets  qui 
vinrent  durent  supporter  l'hiver  si  rigoureux  de  1829  à  1830. 
Ceux  qui  résistèrent  à  cette  froide  température,  n'atteignirent  ni 
la  grosseur  ni  les  brillantes  couleurs  de  ceux  venus  d'Espagne. 
Il  paraît  que  cette  espèce  exotique  a  besoin  de  beaucoup  de 
chaleur  pour  se  développer;  car  les  nôtres,  celles  du  pays,  sont 
régulières  dans  leur  forme  et  varient  peu  dans  leurs  couleurs. 

7.  Hélice  deCompanyo,  Hélix  Companyonii,  Aleron. 

Animal.  Grisâtre ,  tout  le  dessus  du  corps  est  parsemé  de 
petites  taches  noires  régulièrement  espacées,  qui  lui  donnent 


438  HISTOIRE  NATURELLE. 

un  aspect  élégant,  surtout  lorsqu'il  s'allonge  pour  se  transporter 
d'un  lieu  à  un  autre  ;  les  bords  du  pied  sont  blanchâtres  et  fran- 
gés ;  tentacules  gros  à  la  base ,  d'un  gris  d'ardoise  ;  yeux  très- 
petits  à  l'extrémité  des  tentacules,  noirs  et  apparents. 

Coquille.  Déprimée,  quelquefois  légèrement  globuleuse,  très- 
obtuse  au  sommet,  imperforée,  et  si  finement  striée,  qu'il  faut  le 
secours  d'une  loupe  pour  bien  observer  les  stries  ;  ouverture  trans- 
versalement ovale  ;  péristome  évasé ,  épaissi  et  blanc  intérieure- 
ment; test  presque  opaque  et  assez  solide.  La  coquille  est  brillante 
en  dessous  ;  d'un  aspect  mat  en  dessus,  sur  un  fond  blanc  ou  blan- 
châtre. Elle  présente  en  dessus  une  surface,  comme  maculée  et 
toute  bigarrée  d'un  fauve  plus  ou  moins  fortement  prononcé  : 
toutes  ces  taches  ne  présentent  point  la  même  couleur  uniforme. 
Le  dessous  est  blanc-brillant  et  radié  de  fauve.  Épiphragme  com- 
plet, mince,  blanc,  aplati,  opaque,  non  irisé,  papyracé,  bords 
miroitants.  Hauteur,  de  9  à  12  millim.;  diamètre,  de  15  à  20. 

Habite  la  dernière  anse  de  la  vallée  de  Banyuls-sur-Mer,  sur 
les  bords  d'un  ravin  des  Albères  qui  se  dégorge  à  la  mer  au  Cap- 
Cerbère.  Elle  se  cache  dans  les  fentes  des  rochers,  dans  les  brous- 
sailles et  au  pied  des  arbustes,  le  long  de  ce  ravin. 

En  1818,  nous  prîmes  ce  Mollusque  en  assez  grande  quantité 
dans  la  localité  que  nous  signalons,  et  nous  le  distribuâmes  à 
plusieurs  naturalistes.  Nous  avions  pensé  que  c'était  une  variété 
de  YHelix  ondulata  ou  de  YHelix  serpenlina ,  desquelles  il  se 
rapproche  beaucoup.  Plus  tard,  M.  Aleron  l'ayant  pris  dans  la 
même  localité,  et  l'ayant  observé  attentivement,  reconnut  que 
c'était  une  nouvelle  espèce,  qu'il  me  dédia. 

M.  Dupuy,  dans  son  savant  ouvrage,  lui  a  conservé  le  nom  que 
lui  avait  donné  M.  Aleron.  M.  Canta,  explorant  cette  même  vallée 
de  Banyuls,  a  trouvé  la  même  coquille  dans  un  autre  ravin  qui 
descend  aussi  d'une  gorge  des  Albères,  et  qui  va  se  jeter  à  la 
mer.  Le  docteur  Penchinat  nous  dit  que ,  ayant  parcouru  cette 
contrée,  il  n'y  a  pas  trouvé  cette  Hélice. 


MOLLUSQUES.  439 

8.  Hélice  splendide,  Hélix  splendida,  Drap. 

Animal.  Grêle,  blanchâtre,  très-délicat,  presque  pellucide, 
finement  rugueux  en  dessus;  pied  d'un  blanc -jaunâtre,  très- 
peu  frangé. 

Coquille.  Déprimée,  imperforée,  très-brillante  et  lisse  ;  ouver- 
ture très -oblique,  ovale;  péristome  interrompu,  légèrement 
épaissi,  blanc  ou  rosé  intérieurement.  Cette  coquille  est  assez 
solide;  le  fond  est  d'un  blanc  plus  ou  moins  pu^  orné  de  cinq 
bandes  fauves  plus  ou  moins  foncées,  souvent  continues  et  quel- 
quefois interrompues. 

Elle  varie  extraordinairement  par  la  disposition  des  bandes  et 
par  la  couleur  qu'elles  affectent.  C'est  une  fort  jolie  coquille  ; 
on  la  range  en  séries ,  selon  la  disposition  des  bandes  et  des 
points  qui  l'entourent. 

Habite  les  vignes  de  toute  la  région  calcaire ,  sur  les  plantes 
et  les  buissons,  Casas-de-Pena  et  le  long  de  l'Agly,  Salses  et 
toutes  les  basses  Corbières.  Nous  la  retrouvons  au  bas  des  Albè- 
res  et  sur  les  monts  de  la  vallée  du  Réart. 

La  variété  Rose  est  très-estimée  :  elle  vit  sur  les  garrigues  de 
La  Cantarane,  sur  les  garrigues  de  Thuir,  Castelnau  et  Corbère; 
à  Saint-Antoine-de-Galamus. 

Il  est  des  individus  qui  n'ont  que  la  bouche  rose  ;  d'autres , 
dont  la  couleur  est  plus  ou  moins  prononcée  sur  toute  la 
coquille,  qui  est  alors  comme  jaspée  de  petits  points  noirs, 
et  où  le  rose  est  très-prononcé  vers  la  callosité  du  bord  colu- 
mellaire.  Dans  les  individus  roses,  le  manteau  prend  une  teinte 
rosée. 

On  en  fait  plusieurs  variétés,  dont  une  a  été  dédiée  à  notre 
savant  confrère,  M.  Penchinat,  qui  l'avait  trouvée  sur  les  Albères. 
Cette  variété  est  entourée  de  cinq  lignes  brunes  et  est  nuancée  de 
rose-obscur  en  dessus  et  en  dessous;  péristome  rose-vif. 

M.  Penchinat  l'a  trouvée  au  Cap-Béam,  près  du  phare;  il  a 
aussi  trouvé  ce  type  à  Consolation. 


440  HISTOIRE  NATURELLE. 

D.  Némorales,  Nemorales. 

9.  Hélice  sylvatique,  Hélix  sylvatica,  Drap. 

Animal.  Robuste,  allongé,  assez  grossement  rugueux;  tenta- 
cules d'un  beau  noir  ou  violet  ;  deux  larges  bandes  régnent  le 
long  du  dos,  d'un  gris  ou  d'un  pourpre-noirâtre,  séparées  par 
une  ligne  médiane  d'un  blanc-jaunâtre;  pied  non  frangé,  d'un 
brun-noirâtre-foncé ,  plus  clair  sur  les  bords. 

Coquille.  Globuleuse,  déprimée,  imperforée,  lisse  et  brillante; 
ouverture  arrondie;  péristome  légèrement  évasé,  d'un  brun-violet 
au  bord  et  garni  en  dedans  d'un  bourrelet  blanc,  quelquefois  légè- 
rement fauve.  Cette  coquille  est  assez  solide,  brillante,  blanche  ou 
blanchâtre  en  dessus;  le  dessous  est  souvent  d'un  blanc-jaunâtre. 
Comme  toutes  les  coquilles  à  plusieurs  bandes,  elle  est  sujette  à 
beaucoup  varier  par  la  disposition  de  ces  bandes  et  par  leurs 
couleurs.  Épiphragme  assez  mince,  blanchâtre  et  très-opaque. 

Habite.  M.  Aleron  la  rapportée  des  bois  des  Albères,  où  elle 
est  commune.  Je  l'ai  prise  moi-même  sur  la  montagne  de  Céret, 
dans  les  bois  du  Puits  de  la  Neige,  et  à  Saint-Laurent-de-Cerdans, 
dans  les  châtaigneraies  un  peu  élevées. 

10.  Hélice  némorale,  Hélix  nemoralis,  Lin. 

Animal.  Pâle,  la  tête  et  les  tentacules  cendrés;  de  leur  base 
partent  deux  lignes  grisâtres,  qui  se  prolongent  parallèlement 
sur  le  cou. 

Coquille.  Finement  striée,  globuleuse,  imperforée  ;  ouverture 
subarrondie,  le  plus  souvent  ovale,  solide,  brillante,  ornée  de 
bandes  fauves  ou  d'un  pourpre-noirâtre,  rarement  interrompues, 
variant  à  l'infini,  selon  les  individus,  par  la  disposition  des  bandes, 
par  leur  nombre  et  par  la  couleur  du  test  de  la  coquille  ;  péris- 
tome  légèrement  réfléchi,  d'un  fauve-pourpre;  la  gorge,  qui  est 
aussi  de  cette  couleur,  est  toujours  moins  foncée  que  le  péris- 
tome.  Hauteur,  de  14  à  26  millimètres;  diamètre,  de  20  à  30 
millimètres. 


[mollusques.  441 

On  peut  faire  des  variétés  à  l'infini ,  si  on  a  égard  à  la  dispo- 
sition des  bandes  et  à  leur  nombre  :  1°  à  bandes  distinctes;  2°  à 
bandes  soudées;  3°  à  bandes  interrompues,  réduites  à  des  taches 
ou  à  des  points;  4°  à  des  bandes  demi-effacées,  souvent  transpa- 
rentes. Chacune  de  ces  divisions  peut  donner  de  trente  à  quarante 
variétés  différentes. 

Habite  les  bois,  les  vignes,  les  haies  des  jardins;  elle  est  dans 
toutes  les  régions  du  département,  même  les  plus  élevées,  puis- 
qu'on la  trouve  dans  la  vallée  de  Carol,  et  dans  cette  localité  les 
individus  sont  très-gros  et  les  couleurs  très-brillantes. 

M.  Hélice  des  jardins,  Hélix  hortensis,  Mull. 

Animal.  Diffère  peu  de  l'Hélice-Némorale;  il  parait  un  peu 
plus  délicat. 

Coquille.  Entièrement  semblable  à  celle  de  l'Hélice-Némorale; 
elle  est  généralement  un  peu  plus  petite  ;  le  péristome  est  toujours 
blanc;  épiphragme  plan,  opaque,  mince  et  d'un  blanc-jaunâtre. 
Hauteur,  de  14  à  25  millimètres;  diamètre,  de  18  à  30. 

On  forme  aussi  de  cette  espèce,  comme  de  la  précédente,  pres- 
que la  même  quantité  de  variétés,  par  la  même  disposition  des 
bandes  qui  couvrent  le  test  de  la  coquille. 

Habite.  Moins  répandue  que  la  Némorale,  on  ne  la  trouve 
presque  jamais  dans  les  mêmes  localités;  seulement,  j'ai  remarqué 
qu'elle  ne  vit  point  dans  les  hautes  régions  et  qu'elle  ne  dépasse 
pas  les  limites  des  basses  montagnes. 

12.  Hélice  porphyre,  Hélix  arbustorum,  Lin. 

Animal.  Allongé,  d'un  brun-noirâtre  plus  ou  moins  foncé,  très- 
variable  dans  ses  couleurs;  points  oculaires  très-noirs. 

Coquille.  Globuleuse,  très-finement  striée;  ouverture  arron- 
die; péristome  réfléchi,  épaissi,  très-blanc  en  dedans.  Elle  est 
d'une  couleur  habituellement  très-fauve,  variant  à  l'infini  par  les 
nuances  de  son  test,  qui,  cependant,  a  une  teinte  fauve  plus  ou 
moins  claire  ;  on  la  trouve  souvent  avec  des  bandes  plus  ou  moins 


442  HISTOIRE   NATURELLE. 

bien  formées.  Hauteur,  de  12  à  26  millimètres;  diamètre,  de  16 
à  26  millimètres. 

Habite  les  bois  des  montagnes  moyennes,  à  une  certaine  élé- 
vation, c'est-à-dire  que  nous  ne  la  trouvons  jamais  à  la  hauteur 
de  la  région  des  sapins;  elle  est  commune  parmi  les  broussailles 
et  les  haies,  ainsi  que  dans  les  clairières  des  bois  de  chênes, 
chênes-verts  et  frênes  qui  couvrent  les  régions  peu  élevées. 

15.  Hélice  de  Xatart,  Hélix  Xatartii,  Far. 
(Une  des  plus  belles  variétés  de  l'Hélice-Porphyre.  Moq.-Tand.) 

M.  Farines  ne  donne  point  la  description  de  l'animal  ;  mais , 
comme  nous  avons  pris  ce  Mollusque  dans  diverses  localités  de 
nos  montagnes,  nous  avons  pu  le  décrire  et  le  comparer  avec 
celui  de  l'Hélice-Porphyre,  avec  lequel  il  a  beaucoup  de  rapports. 

Animal.  Il  paraît  généralement  plus  clair,  et  ses  points  oculaires 
sont  moins  noirs  que  dans  l'Hélice-Porphyre. 

Coquille.  M.  Farines  décrit  la  coquille  à  l'état  adulte  :  «  Test 
solide,  d'u ne  couleur  jaunâtre  tirant  sur  le  vert,  brunâtre  et  comme 
rôti,  surtout  sur  le  tour  inférieur  de  la  spire,  qui  est  marqué 
d'une  bande  brune,  clair-semée  de  taches  jaunes,  plus  nom- 
breuses vers  la  partie  postérieure  de  la  coquille  ;  ouverture 
semi- ovale;  péristome  blanc,  peu  réfléchi;  trou  ombilical 
moyen  et  un  peu  masqué  par  la  columelle.  Celte  coquille  est 
très-striée  et  comme  côtelée  par  des  replis  très-saillants,  qui 
sont  probablement  des  restes  d'anciens  péristomes.  Ces  stries, 
beaucoup  plus  apparentes  en  dessous  qu'en  dessus  de  la  coquille, 
constituent  un  caractère  distinctif  entre  cette  Hélice  et  V Hélix 
arbastorum.  La  spire,  quoique  un  peu  convexe,  est  beaucoup 
plus  aplatie,  et  sa  grosseur  beaucoup  moins  variable  que  dans 
les  différentes  variétés  de  YHelix  arbustorum. 

<r  Dans  le  jeune  âge,  cette  coquille  est  transparente,  fragile,  d'une 
couleur  jaune-verdâtre,  unie,  sans  bande  brune  ni  taches  jaunes, 
profondément  striée  ;  son  ombilic  est  en  grande  partie  recouvert 


MOLLUSQUES.  Mo 

par  la  columelle.  Au  fur  et  à  mesure  qu'elle  avance  en  âge,  elle 
acquiert  de  la  solidité,  se  fonce  en  couleur,  l'ombilic  se  déve- 
loppe et  se  découvre. 

«Habite  sur  toute  la  chaîne  des  Pyrénées-Orientales,  à  une 
élévation  de  1.200  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  parti- 
culièrement du  côté  de  Prats-de-Mollô,  au  lieu  dit  le  Col  de  las 
Molas.  Elle  est  assez  commune  sur  le  chemin  de  Nuria,  par 
Campredon,  sur  le  gazon  et  sur  les  pierres,  le  long  d'un  petit 
ruisseau,  en  face  de  la  Coma  de  la  Vaca,  sur  le  pendant  de  Font 
Lleteru.  Je  l'ai  prise,  mais  en  petite  quantité,  auprès  d'une  fon- 
taine de  la  vallée  d'Orry,  sur  un  pied  de  YAconitum  napellus,  et 
en  assez  grande  quantité  à  l'extrémité  de  la  vallée  de  Carença , 
près  de  la  Cullade  de  las  très  Creus.  » 

Nous  avons  pris  nous-même  cette  coquille  dans  plusieurs  loca- 
lités, toujours  sur  des  points  très-élevés  (2.000  mètres  d'altitude), 
à  la  Font  de  la  Conque,  avand  d'arriver  à  Cady  ;  h  la  Jasse  de  la 
Llapoudère,  revers  méridional  de  Cady;  au  plateau  de  Cambres 
d'Aze;  à  la  vallée  d'Eyne;  à  la  vallée  de  Llo,  tout  près  de  la  fon- 
taine du  Sègre.  Examinée  de  bien  près,  on  pourrait  constituer 
une  nouvelle  variété  pour  chaque  localité,  soit  par  la  couleur 
générale  de  la  coquille,  soit  par  rapport  à  certaines  raies  et  points 
qui  sont  parsemés  sur  le  test,  soit  même  par  sa  grosseur.  Cepen- 
dant, il  en  est.une  qui  l'emporte  en  beauté  sur  toutes  les  autres, 
c'est  celle  qui  se  trouve  à  l'extrémité  de  la  vallée  de  Llo. 

Hauteur,  de  12  à  25  millimètres;  diamètre,  de  14  à  24. 

E.  Porcelaines,  Candidissimœ . 

14.  Hélice  porcelaine,  Hélix  candidissima,  Drap.,  Zoniies 
candidissimus,  Moq.-Tand. 

Animal.  Raccourci,  trapu,  fortement  rugueux,  brunâtre  ou 
d'un  brun-rougeàtre;  tentacules  épais  à  la  base,  globuleux; 
points  oculaires  noirs  ;  pied  d'un  cendré-roussàtre,  très-finement 
bordé  de  noirâtre. 


444  HISTOIRE  NATURELLE. 

Coquille.  Globuleuse,  solide  et  fort  dure,  uniformément 
convexe  en  dessus,  aplatie  en  dessous,  striée  en  dessus,  lisse  en 
dessous,  très-blanche  à  l'extérieur  et  d'un  fauve-jaunâtre  à  l'in- 
térieur; ouverture  arrondie;  péristome  simple;  épiphragme  assez 
solide,  plan  et  opaque,  d'un  blanc-pur. 

Hauteur,  de  10  à  15  millimètres;  diamètre,  de  16  à  22. 

Habite  le  bas  des  Albères.  M.  Aleron  l'a  recueillie  sur  la  roule 
de  Sorède  à  Laroque,  dans  les  haies  des  champs  et  des  vignes. 
Je  l'ai  prise  à  la  montagne  de  Céret ,  dans  les  gorges  exposées 
au  midi. 

F.  Alpines,  Alpinœ. 

Ce  groupe  n'a  pas  de  représentant  dans  ce  département. 

G..Planospires,  Planospirœ. 

15.  Hélice  des  Pyrénées,  Hélix  Pyrenaica,  Drap. 

Animal.  Finement  granuleux,  grêle,  allongé,  d'un  cendré- 
bleuâtre  ;  tentacules  supérieurs  grêles  et  noirâtres  ;  pied  assez 
large,  caréné  postérieurement. 

Coquille.  Déprimée,  assez  aplatie  en  dessus,  ombiliquée, 
très-finement  striée,  mince,  presque  transparente,  d'une  cou- 
leur olivâtre  lorsqu'elle  est  fraîche;  ouverture  assez  ovale; 
péristome  réfléchi,  d'un  blanc-pur  après  la  mort  de  l'animal; 
épiphragme  très-mince,  finement  plissé,  très-miroitant.  Hauteur, 
de  8  à  10  millimètres;  diamètre,  de  16  à  26  millimètres. 

Habite.  Commune  aux  environs  de  Prats-de-Mollô,  dans  les 
lieux  frais  et  ombragés;  aux  environs  de  La  Preste;  à  Arles,  au 
pied  des  montagnes  du  Mas  de  la  Guardia;  dans  les  environs  de 
Villefranche ,  à  la  Trencada  d'Ambulla  ;  sur  la  route  de  Vernet 
à  Castell,  près  de  la  rivière  qui  descend  de  Saint-Martin-du- 
Canigou.  Elle  manque  dans  la  vallée  de  l'Agly. 

16.  Hélice  de  Quimper,  Hélix  Quimperiana,  Fer.,  Hélix 

Kermorvani,  Moq . -Tand . 


MOLLUSQUES.  445 

Animal.  Grêle  et  effilé,  d'un  brun-rougeâtre,  rugueux  en  dessus; 
tentacules  très-minces  et  longs;  côtés  du  corps  et  dessous  du  pied 
d'un  blanc-jaunâtre. 

Coquille.  Très-déprimée  en  dessus,  à  spire  entièrement  plane, 
irrégulièrement  striée,  mince,  très-fragile,  d'un  roux-fauve; 
ombilic  ouvert,  laissant  voir  tous  les  tours  de  la  spire  ;  péristome 
interrompu,  réfléchi;  bourrelet  interne  rosé  ou  blanc;  ouverture 
arrondie,  échancrée;  épiphragme  très-mince  et  vitreux.  Hauteur, 
de  10  à  12  millimètres  ;  diamètre,  de  22  à  30  millimètres. 

Habite  les  lieux  frais ,  près  des  eaux  vives ,  dans  les  parties 
basses  sous  Château-Roussillon. 

Ce  Mollusque  fut  apporté  de  Brest  par  M.  le  baron  Kindelan. 
Ses  habitudes,  dans  la  Bretagne,  sont  de  vivre  dans  les  lieux  frais 
et  ombragés;  je  crus  qu'il  se  propagerait  en  le  déposant  dans  un 
lieu  semblable;  je  choisis  les  environs  de  Château-Roussillon, 
où  des  eaux  vives  abondent  et  où  le  pays  est  couvert  de  beaucoup 
d'arbres.  11  s'y  reproduisit  fort  bien,  et  pendant  plusieurs  années, 
je  recueillis  divers  sujets;  mais,  soit  que  pendant  l'été  la  chaleur 
ait  été  trop  forte,  soit  que  ce  Mollusque  n'ait  pas  trouvé  la  nour- 
riture qui  lui  convenait,  soit  enfin  qu'une  forte  inondation  de  La 
Tétait  couvert  de  vase  tous  les  bas  fonds,  il  a  fini  par  se  perdre, 
car  depuis  quelques  années  nous  ne  le  trouvons  plus. 

17.  Hélice  cornée,  Hélix  comea,  Drap. 

Animal.  Grêle,  allongé,  finement  rugueux,  à  rides  allongées; 
noirâtre  en  dessus,  s'aflaiblissant  à  mesure  qu'on  approche  du 
manteau  ;  pied  assez  étroit,  d'un  roux-noirâtre  en  dessous. 

Coquille.  Déprimée,  peu  convexe  en  dessus  et  légèrement 
bombée  en  dessous,  ombiliquée,  finement  striée,  assez  solide, 
brillante,  d'une  couleur  de  corne  assez  claire;  ombilic  très-ouvert; 
ouverture  ovale.  Hauteur,  de  6  à  8  millimètres;  diamètre,  de  12 
à  16  millimètres. — On  trouve  des  individus  qui  sont  entièrement 
blancs,  mais  ils  sont  rares. 


446  HISTOIRE   NATURELLE. 

Habite  les  bois  de  châtaigniers  de  la  montagne  la  Senyorial 
d'Arles.  Nous  l'avons  prise  dans  les  bois  des  basses  Albères, 
toujours  près  des  ruisseaux,  sur  le  gazon  frais  et  au  pied  des 
arbres  et  des  roches  qui  les  avoisinent;  dans  la  vallée  de  La  Tet 
à  Serdinya,  Villefranche,  Estoher,  etc.,  etc. 

18.  Hélice  squammeuse,  Hélix  squammatina,  Marcel  de 
Serres. 

(Variété  de  YHelix  cornea,  Moq.-Tand.) 

Animal.  Se  rapporte  parfaitement  à  celui  de  YHelix  cornea; 
seulement,  sa  couleur  est  lie-de-vin  très-prononcée. 

Coquille.  Mêmes  caractères  de  la  précédente  ;  seulement  les 
stries  plus  prononcées,  sont  comme  des  squammes  superposées 
très-régulièrement  les  unes  au-dessus  des  autres. 

Hauteur,  de  5  à  7  millimètres;  diamètre,  de  10  à  44  milli- 
mètres. 

Habite  les  lieux  frais  des  châtaigneraies  de  Saint-Laurent- 
de-Cerdans,  où  l'eau  coule  toujours;  sur  les  roches  humides 
des  environs  de  La  Preste ,  surtout  au  bord  du  ruisseau  qui  est 
auprès  de  la  route ,  sur  une  grande  roche  de  marbre  près 
l'établissement  thermal. 

Celte  espèce  est  considérée  par  MM.  Dupuy  et  Moquin-Tandon 
comme  une  variété  de  YHelix  cornea;  cependant  elle  en  diffère 
d'une  manière  notable  par  l'habitat,  par  la  couleur  lie-de-vin  et 
par  les  squammes  plus  prononcées.  Soumise  à  M.  Marcel  de 
Serres,  ce  naturaliste  n'avait  pas  hésité  à  la  considérer  comme 
une  espèce  nouvelle. 

Ce  Mollusque  ne  s'est  point  reproduit  aux  environs  de  Perpi- 
gnan où  nous  l'avions  déposé;  cependant,  nous  avions  choisi 
un  lieu  qui  se  rapprochait  beaucoup  de  celui  où  nous  l'avions 
trouvé.  Mais  la  température  de  la  plaine,  beaucoup  plus  élevée 
que  celle  de  La  Preste  et  de  Saint-Laurent-de-Cerdans,  ne  lui 
a  pas  été  favorable. 


MOLLUSQUES.  447 

19.  Hélice  de  Desmoulins,  Hélix  Desmolinsii,  Far. 

Animal.  Grêle,  allongé,  finement  rugueux,  à  rides  allongées; 
d'une  couleur  de  chair-sale,  une  double  bande  obscure  sur  le 
cou;  pied  d'un  jaune-rougeâtre  en  dessous. 

Coquille  (description  de  M.  Farines).  «  Solide,  transparente, 
couleur  de  corne-clair  ou  blanc-sale,  légèrement  fasciée,  striée 
longitudinalement;  ouverture  un  peu  ovale,  presque  orbiculaire, 
caractère  qui  la  distingue  de  Y  Hélix  cornea,  qui  a  l'ouverture 
beaucoup  plus  ovale,  et  dont  le  péristome  forme  un  angle  un 
peu  droit  à  son  bord  gauche.  Ce  caractère  est  saillant  si  on  met 
ces  deux  coquilles  l'une  à  côté  de  l'autre.  Péristome  continu, 
blanc,  réfléchi;  ombilic  un  peu  évasé,  très -profond;  spire 
aplatie,  mais  un  peu  moins  que  celle  de  YHelix  cornea. 

«  Habite  les  endroits  frais  et  gazonnés  de  la  montagne  des  Al- 
bères,  surtout  dans  les  jardins  de  l'ermitage  de  N.-D.  du  Castell, 
au  pied  des  murs  et  entre  les  pierres,  où  on  la  trouve  abondam- 
ment un  jour  de  pluie,  et  dans  bien  d'autres  localités  de  cette 
montagne.  » 

Nous  l'avions  recueillie  à  La  Preste,  en  1823,  et  sous  Saint- 
Martin-du-Canigou,  au  bord  de  la  rivière,  au-dessus  du  village  de 
Castell.  Après  l'avoir  examinée  attentivement,  nous  vîmes  bien 
qu'elle  avait  quelque  chose  de  particulier  qui  la  distinguait  de 
YHelix  cornea,  de  laquelle  elle  se  rapproche  beaucoup;  mais,  le 
caractère  qui  l'en  sépare  tout-à-fait,  c'est  que  le  péristome  est 
constamment  continu.  Nous  avions  dans  notre  collection  cette  co- 
quille sous  le  nom  d'Hélix  cornea  de  La  Preste,  1823,  à  observer. 

Notre  confrère,  le  docteur  Penchinat,  en  nous  indiquant  les 
localités  des  Albères,  où  vivent  certains  Mollusques,  nous  écrit 
au  sujet  de  YHelix  Desmoiilinsii  :  «  Vit  à  l'ermitage  de  Notre-Dame 
du  Castell,  près  de  Sorède.  Je  l'ai  trouvée  sur  plusieurs  points 
de  la  chaîne  des  Albères,  au-dessus  de  Consolation;  à  la  Tour- 
du-Midi,  au-dessus  de  Banyuls-sur-Mer,  toujours  à  des  altitudes 
de  5  à  600  mètres  ;  je  ne  l'ai  jamais  trouvée  plus  bas.  » 


448  HISTOIRE   NATURELLE. 

M.  Moquin-Tandon  considère  cette  espèce  comme  une  variété 
de  la  Cornea.  Cependant,  la  continuité  constante  de  son  péris- 
tome  la  distinguera  toujours  de  la  Cornea,  dont  le  péristome 
n'est  jamais  continu.  De  plus,  le  dernier  tour  caréné  de  la 
Desmolinsii,  son  ouverture  qui  n'est  jamais  gibbeuse  au  bord 
columellaire,  son  test  beaucoup  plus  mince,  son  aspect  mat  et 
soyeux,  et  son  faciès  général  seront  des  caractères  assez  sensibles 
pour  distinguer  ces  deux  espèces. 

20.  Hélice  lampe,  Hélix  lapicida,  Lin. 

Animal.  Grêle,  finement  rugueux,  noirâtre  et  quelquefois 
cendré;  tentacules  noirâtres;  deux  lignes  de  la  même  couleur 
s'étendent  et  se  prolongent  jusque  vers  le  manteau;  pied  étroit, 
aigu,  plus  pâle  en-dessous,  finement  bordé  de  blanchâtre. 

Coquille.  Déprimée,  convexe  sur  les  deux  faces;  stries  trans- 
versales, coupées  par  de  plus  petites  stries  flexueuses;  solide, 
opaque,  roussâtre,  ou  d'un  roux-jaunâtre,  quelquefois  flammulée 
de  taches  plus  ou  moins  obscures.  On  trouve  souvent  des  indi- 
vidus entièrement  blancs;  néanmoins  l'animal  conserve  sa  cou- 
leur noirâtre.  Ouverture  ovalaire;  péristome  continu,  réfléchi, 
mince,  blanc  intérieurement;  épiphragme  fort  mince  et  vitreux. 
Hauteur,  de  7  à  10  millimètres;  diamètre,  de  14  à  20  millim. 

Habite  le  pied  de  nos  montagnes,  au  bas  des  murs,  sur  les 
routes,  sur  les  buissons;  elle  se  plaît  sur  les  terrains  calcaires 
et  rocailleux;  fort  commune  à  Céret  et  le  long  des  Albères; 
dans  les  montagnes  inférieures  de  la  vallée  de  La  Tet,  jusqu'à 
la  hauteur  d'Olette. 

21.  Hélice  mignone,  Hélix  pulchella,  Mull.,  Drap. 

Animal.  Gélatineux,  grêle,  d'un  blanc-diaphane  en-dessus, 
plus  foncé  en  dessous,  fort  agile  dans  ses  mouvements  ;  tentacules 
très-courts,  fort  transparents,  d'un  blanc  à  peine  jaunâtre;  pied 
large,  blanc-jaunâtre,  légèrement  bordé  de  blanchâtre. 


MOLLUSQUES.  449 

Coquille.  Déprimée,  finement  striée,  aplatie  en-dessus, 
convexe  en  dessous,  solide,  glabre  et  brillante;  ombilic  large; 
ouverture  très-oblique,  transversalement  ovale;  péristome  ré- 
fléchi, mince,  blanc  intérieurement;  épiphragme  fort  mince  et 
vitreux. 

Hauteur,  de  1  millimètre  à  1  millimètre  l/îj  diamètre,  de 
1  millimètre  1/2  à  2  millimètres  {l2- 

Habite  les  parties  basses  des  montagnes,  près  des  lieux  hu- 
mides; sur  les  rochers  et  dans  les  broussailles  des  deux  vallées 
du  Tech  et  de  La  Tet;  nous  la  trouvons  assez  fréquemment  au 
bord  des  ruisseaux  et  parmi  les  broussailles  sous  le  Mas  Anglada, 
près  Chàteau-Roussillon. 

22.  Hélice  à  côtes,  Hélix  costata,  Mull. 

Animal.  Presque  pas  de  différence  avec  l'espèce  précédente. 
On  les  confondrait  si  on  les  examinait  sans  faire  attention  à  la 
coquille. 

Coquille.  Solide,  d'une  couleur  grise  et  mate,  subdéprimée, 
assez  aplatie  en  dessus,  convexe  en  dessous,  relevée  de  côtes 
bien  prononcées ,  largement  ombiliquée  ;  ouverture  arrondie  ; 
péristome  réfléchi,  à  bords  épaissis  à  l'intérieur;  épiphragme 
vitreux  et  fort  mince. 

Hauteur,  de  1  millimètre  i/2  à  2  millimètres;  diamètre,  de  2 
à  4  millimètres. 

Habite  les  lieux  humides  de  la  montagne  de  Céret,  Arles  et 
Saint-Laurent-de-Cerdans  ;  jamais  dans  la  plaine.  On  la  confond 
souvent  avec  la  précédente;  mais,  en  y  faisant  attention,  on  la 
distingue  bientôt  à  sa  plus  forte  taille  et  aux  côtes  bien  pronon- 
cées de  la  coquille. 

25.  Hélice  planorbe,  Hélix  obvoluta,  Mull.,  Drap. 

Animal.  Noirâtre,  allongé,  finement  rugueux  en  dessus;  ten- 
tacules assez  longs;  manteau  un  peu  couleur  de  chair. 

TOME  m.  29 


450  HISTOIRE  NATURELLE. 

Coquille.  Déprimée,  plane,  même  un  peu  concave  en  dessus, 
convexe  en  dessous,  ombiliquée,  assez  mince,  opaque,  hérissée 
de  poils  assez  raides ,  disposés  en  lignes ,  d'un  fauve-rougeâtre 
uniforme  ;  ouverture  triangulaire  ;  péristome  réfléchi ,  rosé  ; 
épiphragme  blanc  et  assez  solide.  Hauteur,  de  6  à  8  millim.; 
diamètre,  de  12  à  15  millimètres. 

Habite  sur  les  roches  calcaires  et  humides,  au  bas  de  la  Tren- 
eada  d'Ambulla  et  aux  environs  de  Villefranche.  Nous  l'avons  prise 
aussi  dans  les  environs  de  Castell  et  à  Sainl-Martin-du-Canigou , 
où  elle  n'est  pas  commune. 

H.  Personnées,  Personatœ. 
Cette  section  manque  totalement  dans  ce  département. 

I.  Fauves ,  Fulvœ. 
Manquent  dans  ce  pays. 

J.  Rousses,  Rufœ. 
N'ont  pas  de  représentants  dans  ce  département. 
K.  Hispides,  Hispidœ. 
24.  Hélice  hispide,  Hélix  hispida,  Lin.,  Drap. 

Animal.  De  couleur  noirâtre,  un  peu  ardoisé  en  dessus,  brun- 
grisâtre  en  dessous,  finement  rugueux;  tentacules  supérieurs 
assez  longs. 

Coquille.  Déprimée,  ouvertement  ombiliquée,  finement  striée, 
cornée,  assez  solide,  fauve  et  quelquefois  jaunâtre,  de  couleur 
rougeâlre  dans  l'état  frais,  lorsqu'elle  est  parée  de  poils  courts, 
épais  et  raides;  ouverture  ovalaire  échancrée;  péristome  à  peine 
évasé  et  tranchant;  épiphragme  vitreux  et  mince.  Hauteur,  de 
5  à  7  millimètres;  diamètre,  de  6  à  10  millimètres. 

Habite  les  endroits  frais  des  environs  de  La  Manère,  de  Prats- 
de-Mollô.  Nous  l'avons  rapportée  des  environs  de  Saint-Martin- 
du-Canigou,  du  bois  des  Moines,  des  clairières  du  Randé,  en 
montant  à  Cady;  elle  est  commune  dans  le  bois  des  Fanges. 


MOLLUSQUES.  451 

L.  Chartreuses ,  Carthusiance. 
2o.  Hélice  strigelle,  Hélix  strigella. 

Animal.  Affectant  tantôt  le  gris,  le  jaune,  le  roux  ou  le  blan- 
châtre; tentacules  noirs;  manteau  de  la  même  couleur  du  resle 
de  l'animal,  parsemé  de  taches  noires. 

Coquille.  Globuleuse,  déprimée,  médiocrement  ombiliquée, 
obliquement  striée,  assez  solide,  d'un  fauve-rougeâtre,  quelquefois 
de  couleur  de  corne-claire  ou  blanchâtre;  péristbme  réfléchi, 
avec  un  bourrelet  intérieur  blanc  ou  roux,  orné  d'une  bande 
blanche  au  milieu  du  dernier  tour,  nettement  tracée;  épiphragme 
vitreux  et  mince.  Hauteur,  de  9  à  12  millimètres;  diamètre,  de 
15  à  18  millimètres. 

Habite  les  haies  et  les  buissons,  sous  les  pierres  et  au  pied 
des  arbres  de  tous  les  bois  de  nos  montagnes  moyennes.  Amenée 
probablement  par  les  inondations  à  la  pépinière  départementale 
de  Perpignan,  elle  est  commune  dans  les  taillis  et  dans  les 
buissons  qui  bordent  la  rivière.  C'est  dans  cet  endroit  plus  par- 
ticulièrement qu'on  trouve  la  variété  rougeâtre  avec  la  bande 
blanche  sur  le  dernier  tour.  La  variété  d'un  brun-obscur  s'y 
trouve  rarement.  Le  Dr  Penchinat  l'a  trouvée  sur  les  Albères. 
Nous  l'avons  trouvée  dans  les  environs  de  La  Preste;  elle  est 
très-rare  dans  cette  localité. 

26.  Hélice  chartreuse,  Hélix  cartlmsiana,  Mull.,  Drap. 

Animal.  Allongé,  blanchâtre,  ou  d'un  blanc-jaunâtre,  finement 
rugueux  en  dessus;  manteau  brun,  parsemé  de  taches  bleuâtres 
irrégulières. 

Coquille.  Subdéprimée,  presque  aplatie  en  dessus,  finement 
striée ,  solide ,  mince  ,  transparente  ,  cornée  ou  blanchâtre  ; 
ouverture  demi-arrondie;  péristome  opaque  et  assez  mince; 
épiphragme  blanc-de-lait.  Hauteur,  de  7  à  9  millim.;  diamètre, 
de  12  à  18  millimètres. 

Habite  les  haies  des  jardins  de  Saint-Estève  et  les  champs  de 


452  HISTOIRE   NATURELLE. 

cette  contrée,  dans  les  broussailles  qui  ont  servi  d'arrêt  à  l'eau 
des  arrosages,  sur  les  plantes  et  les  arbustes  du  bord  des  fossés; 
les  jardins  Saint-Jacques,  et  les  bas  fonds  de  Chàteau-Roussillon. 

27.  Hélice  à  lèvre  rousse,  Hélix  rufilabris,  Jeffr. 
Animal.  Finement  rugueux,  allongé,  noir;  tentacules  grêles  et 

longs;  manteau  bleuâtre,  marbré  de  blanc-jaunàtre. 

Coquille.  Déprimée,  perforée,  polie,  solide,  opaque,  rous- 
sâtre  ou  d'un  roux -blanchâtre,  quelquefois  marquée  de  deux 
bandes  d'un  blanc-mat  un  peu  obscur;  ouverture  arrondie; 
périslome  simple,  bordé  de  roux  intérieurement;  épiphragme 
vitreux  et  mince.  Hauteur,  de  6  à  8  millimètres;  diamètre,  de 
8  à  10  millimètres. 

Habite  la  vallée  d'Estoher,  dans  les  lieux  arides  des  coteaux 
de  cette  contrée.  Lorsqu'une  plante  est  à  sa  convenance,  elle  s'y 
trouve  ordinairement  en  grande  compagnie.  Je  l'ai  prise  sur  la 
Centaurea  aspera. 

M.  Moquin-Tandon  la  classe  V.  B.  minor,  Drap.,  Hélix  rufi- 
labris, Jeffr. 

28.  Hélice  marginée,  Hélix  limbata,  Drap. 

Animal.  Effilé,  d'un  gris-jaunâtre,  légèrement  rauSsâlre  anté- 
rieurement; tentacules  allongés,  d'un  gris-foncé;  manteau  blanc, 
marqué  de  petits  points  et  de  lignes  d'un  fauve-rougeâtre. 

Coquille.  Globuleuse,  convexe  des  deux  côtés,  finement  striée, 
solide,  assez  mince,  presque  brillante,  marquée  sur  le  milieu  du 
dernier  tour  d'une  bande  blanche,  quelquefois  roussâtre  ou  rou- 
geâtre;  ouverture  ovale;  péristome  réfléchi,  avec  un  bourrelet 
intérieur  blanc  ou  fauve.  Hauteur,  de  8  à  12  millim.;  diamètre, 
de  12  à  15  millimètres. 

Habite  les  haies  des  propriétés  rurales  dans  les  environs 
d'Arles-sur-Tech ,  Serrallongue,  le  pied  des  Albères,  entre  Le 
Boulou  et  Sorède.  Dans  une  journée  humide ,  on  la  voit  sur 
les  buissons  et  sur  les  plantes. 


MOLLUSQUES.  453 

29.  Hélice  cinctelle;  Hélix  cinctella,  Drap. 

Animal.  Très-délicat,  blanchâtre  ou  d'un  blanc  légèrement 
jaunâtre;  tentacules  allongés,  d'un  gris-ardoisé,  transparent; 
pied  très-long,  étroit,  très-finement  bordé  de  blanchâtre. 

Coquille.  Subglobuleuse,  déprimée,  convexe  des  deux  côtés, 
carénée,  finement  striée,  très-mince,  transparente,  d'un  jaune- 
rougeâtre,  avec  une  bande  d'un  blanc-mat  sur  la  carène  du  dernier 
tour;  ouverture  ovale,  anguleuse  à  la  carène;  péristome  inter- 
rompu, droit,  peu  évasé,  mince;  épiphragme  vitreux,  fort  mince, 
transparent.  Hauteur,  de  6  à  8  millim.;  diamètre,  de  10  à  12. 

Habite  dans  la  vallée  du  Tech,  aux  environs  de  La  Manère, 
de  Prats-de-Mollô  et  de  La  Preste,  où  elle  est  assez  commune. 
Par  une  matinée  humide,  on  la  voit  se  promener  sur  les  buis. 
Elle  se  trouve  aussi  aux  environs  de  la  Tour  de  Mir.  Je  l'ai  prise 
sur  les  ronces  dans  les  environs  de  Serdinya  et  d'Olette,  vallée 
de  La  Tel. 

M.  Lamellées,  Lamellatœ. 

30.  Hélice  des  rochers,  Hélix  rupeslris,  Drap. 

Animal.  Noir,  plus  ou  moins  foncé;  tentacules  supérieurs 
courts,  les  inférieurs  ne  sont  visibles  qu'à  la  loupe;  l'animal 
porte  la  coquille  très-élevée  quand  il  marche. 

Coquille.  Petite,  fauve  ou  d'un  fauve-noirâtre,  subglobuleuse, 
largement  ombiliquée,  très-finement  striée  en  dessus;  péristome 
interrompu,  droit,  concolore,  à  bords  assez  rapprochés,  très- 
convergents.  Hauteur,  de  1  millim.  à  1  millim.  l/2;  diamètre, 
de  1  millim.  1/2  à  2  millimètres. 

Habite  toutes  les  parties  inférieures  des  montagnes  calcaires , 
où  elle  est  appliquée  en  très-grande  abondance  contre  les  rochers; 
Casas-de-Pena,  les  garrigues  de  Baixas,  de  Salses,  de  Castelnau, 
de  Thuir,  d'Arles-sur-Tech  et  la  Trencada  d'Ambulla. 

N.  Brillantes,  Nitentes. 

51.  Hélice  pygmée,  Hélix  pygmœa,  Drap. 


454  HISTOIRE   NATURELLE. 

Animal.  Petit,  ramassé,  gris  ou  noirâtre;  tentacules  très-longs, 
demi-transparents;  le  point  oculaire  très-noir;  pied  d'un  gris- 
ardoisé  assez  clair. 

Coquille.  Très-petite,  déprimée,  un  peu  convexe  des  deux  côtés, 
brillante,  cornée  ou  d'un  roux-fauve,  largement  ombiliquée  ;  ouver- 
ture arrondie  ;  péristome  droit,  simple  et  aigu  ;  épiphragme  vitreux 
et  très-mince.  Hauteur,  1/2  millimètre;  diamètre,  1  millimètre. 

Habite.  Son  extrême  petitesse  la  rend  difficile  à  trouver.  Arles, 
dans  les  prairies  au  bord  du  Tech,  sous  le  Mas  de  la  Guardia;  dans 
les  lieux  ombragés  et  humides  le  long  des  Albères,  près  des  ruis- 
seaux, parmi  les  broussailles  et  sous  les  pierres,  sur  les  feuilles 
mortes  et  charriées  par  l'eau,  et  sous  les  pierres  au  bord  des 
torrents. 

52.  Hélice  brillante,  Hélix  nitida,  Mull.,  Zonites  nitidus, 
Moq.-Tand. 

Animal.  Rugueux,  noir;  tentacules  de  la  même  couleur,  les 
supérieurs  épais  et  assez  allongés  ;  pied  un  peu  tronqué  antérieu- 
rement et  de  la  couleur  du  corps,  le  dessous  un  peu  plus  clair 
vers  le  centre  et  à  l'extrémité. 

Coquille.  Subglobuleuse,  un  peu  déprimée,  finement  striée 
longitudinalement,  mince,  transparente,  luisante,  cornée  et  quel- 
quefois verdàtre;  ombilic  assez  large;  ouverture  très-arrondie; 
péristome  simple ,  à  bords  écartés  ;  épiphragme  mince ,  transpa- 
rent, un  peu  irisé,  membraneux.  Hauteur,  de  3  à  5  millimètres  ; 
diamètre,  de  5  à  8  millimètres. 

Habite  les  lieux  frais  et  ombragés  des  prairies  de  la  Salanque, 
près  des  flaques  d'eau,  parmi  les  broussailles  et  dans  les  mousses 
qui  croissent  au  pied  des  arbustes;  mêmes  gîtes  dans  les  jardins 
de  Saint-Jacques  de  Perpignan  ;  les  prairies  et  les  fossés  de  la 
vallée  de  Vernet-les-Bains. 

5o.  Hélice  semi-rousse,  Hélix  olivetorum,  Gmel.,  Zonites 
olivetomm,  Moq .-Tand . 


MOLLUSQIES.  455 

Animal.  Ramassé  et  rugueux,  d'un  gris-bleuâtre-ardoisé  très- 
foncé  par  dessus,  plus  clair  sur  les  côtés,  avec  une  très-légère 
teinte  de  jaune-brun  intérieurement;  tentacules  de  la  même 
couleur,  allongés,  presque  transparents;  pied  assez  long,  large, 
fortement  rebordé,  bilobé  par  devant,  gris-ardoisé,  légèrement 
brun  et  bordé  de  noir. 

Coquille.  Globuleuse ,  assez  largement  ombiliquée,  très-fine* 
ment  striée,  assez  solide,  brillante,  d'une  couleur  de  corne- 
roussâtre  en  dessus,  un  peu  jaunâtre  en  dessous  ;  ouverture 
subarrondie,  peu  oblique;  péristome  mince;  épiphragme  peu 
sensible.  Hauteur,  de  12  à  15  millim.;  diamètre,  de  20  à  25. 

Habite  les  lieux  frais  et  ombragés  de  nos  montagnes  secon- 
daires, dans  la  vallée  de  Rigarda  et  de  Glorianes,  près  des  ravins 
et  des  bois  humides.  Je  l'ai  prise  aussi  dans  les  ravins  du  bois 
des  Fanges  et  de  Saint-Martin,  près  de  Fosse. 

34.  Hélice  nitidule,  Hélix  nitidula,  Drap.,  Zonites  niti- 
dulus,  Moq.-Tand. 

Animal.  Très-petit,  gris  de  perle,  tacheté  de  points  irréguliers 
noirs  et  blancs  ;  tentacules  effilés  et  longs  ;  le  point  oculaire  très- 
noir. 

Coquille.  Subglobuleuse,  déprimée,  largement  ombiliquée, 
très-finement  striée,  mince,  glabre,  très-peu  brillante,  légère- 
ment transparente,  d'un  roux-fauve  en-dessus,  mate  et  d'un  blanc 
légèrement  bleuâtre  en  dessous ,  surtout  autour  de  l'ombilic  ; 
ouverture  subovale-arrondie;  péristome  simple,  à  bords  écartés. 
Hauteur,  de  4  à  6  millimètres;  diamètre,  de  8  à  10  millimètres. 

Habite  le  pied  des  roches  humides  sur  les  montagnes,  à  une 
certaine  élévation ,  sur  les  mousses ,  sous  les  pierres  et  parmi 
les  détritus.  On  la  trouve,  après  les  fortes  crues  de  nos  rivières, 
parmi  les  broussailles  et  les  terres  qui  ont  été  déposées  par  l'eau 
au  bord  des  fossés  et  au  pied  des  arbres  dans  les  plaines  des  trois 
bassins;  mais  alors  il  est  rare  de  la  trouver  vivante.  Je  l'ai  prise 


456  HISTOIRE   NATURELLE. 

dans  les  environs  de  La  Preste  et  dans  les  lieux  humides  des  bois 
de  la  Font  de  Comps. 

35.  Hélice  lucide,  Hélix  lucida ,  Drap.,  Zonites  lucidm, 

Moq.-Tand. 

Animal.  Grêle,  allongé,  d'un  gris-bleuâtre  en  dessus,  plus  foncé 
en  dessous;  tentacules  supérieurs  effilés,  d'un  brun  presque  noir; 
pied  grisâtre,  transparent,  non  frangé  sur  les  bords. 

Coquille.  Convexe  en  dessus,  finement  striée,  très-mince, 
transparente,  glabre,  brillante,  fauve  en  dessus,  blanchâtre  en 
dessous  près  de  l'ombilic  ;  ouverture  ovale  ;  péristome  droit  ; 
épiphragme  très-mince  et  transparent.  Hauteur,  de  6  à  10  mill.; 
diamètre,  de  15  à  18  millimètres. 

Habite.  Très-rare  dans  les  environs  de  Perpignan,  et  toujours 
amenée  par  les  eaux;  on  la  trouve  alors  dans  les  détritus  des 
broussailles,  dans  les  prairies  basses  des  trois  bassins  et  dans 
la  vase  déposée  dans  les  fossés.  Je  l'ai  prise  assez  abondamment 
aux  environs  de  Céret  et  d'Arles,  dans  les  ravins  et  les  prairies 
humides,  sous  les  pierres  et  surtout  dans  les  trous  des  murs  en 
pierre  sèche  qui  séparent  les  propriétés. 

36.  Hélice  luisante,  Hélix  niiens,  Mich.,  Z orales  nitens, 

Moq.-Tand. 

Animal.  Grêle,  effilé,  strié  longitudinalement,  d'un  gris-bleuâtre 
plus  ou  moins  ardoisé  ;  pied  non  frangé,  d'un  gris  légèrement  brun. 

Coquille.  Déprimée,  un  peu  convexe,  striée  en  dessus,  mince, 
brillante,  blanchâtre,  quelquefois  roussâlre  et  variant  beaucoup  ; 
ombilic  assez  large;  péristome  simple,  à  bords  un  peu  écartés; 
épiphragme  rarement  complet,  irisé,  membraneux.  Hauteur,  de 
4  à  G  millimètres;  diamètre,  de  8  à  12  millimètres. 

Habite.  Nous  l'avons  toujours  trouvée  dans  les  environs  de 
Torreilles,  dans  les  dépôts  résultant  d'une  forte  crue  de  l'Agly, 
ce  qui  nous  porterait  à  croire  qu'elle  doit  habiter  les  montagnes 
de  cette  vallée,  où  nous  ne  l'avons  jamais  prise. 


MOLLUSQUES.  457 

57.  Hélice  cristalline,  Hélix  cristallina,  Mull.,  Zonites 

crislallinus,  Moq.-Tand. 

Animal.  Gélatineux,  très-minime;  tentacules  supérieurs  très- 
grêles;  points  oculaires  très-noirs;  manteau  d'un  jaune-léger  et 
transparent;  pied  étroit,  très-aigu  en  arrière. 

Coquille.  Très-mince,  déprimée,  très-brillante,  d'un  blanc 
transparent;  ombilic  petit;  ouverture  arrondie;  péristome  mince; 
épiphragme  incomplet.  Hauteur,  de  1  millim.  à  1  millim.  !/2; 
diamètre,  de  2  à  3  millimètres. 

Habite.  Il  est  probable  qu'elle  habite  les  bois  de  nos  monta- 
gnes; mais  sa  petitesse  a  été  cause  que  nous  ne  l'avons  jamais 
rencontrée;  elle  est  toujours,  après  le  débordement  des  rivières, 
dans  les  détritus  amenés  par  les  eaux  et  déposés  sur  nos  prairies 
marécageuses  dans  les  trois  bassins. 

58.  Hélice  peson,  Hélix  algira,  Lin.,  Zonites  algirus, 
Moq.-Tand. 

Animal.  Gros  et  rugueux,  d'un  gris-ardoisé  plus  ou  moins  foncé  ; 
tentacules  très-allongés  et  grêles  ;  points  oculaires  petits  et  noirs, 
peu  saillants,  à  peine  apparents  ;  pied  non  frangé,  fortement  bordé 
de  noirâtre. 

Coquille.  Convexo-déprimée  en  dessus,  largement  ombiliquée, 
fortement  et  irrégulièrement  striée  en  dessus,  glabre,  solide,  d'une 
couleur  de  corne  légèrement  verdâtre  ou  jaunâtre  en  dessus,  plus 
pâle,  souvent  blanchâtre  et  luisante  en  dessous;  ombilic  large; 
ouverture  subarrondie;  péristome  à  peine  épaissi  en  dedans;  épi- 
phragme complet,  lisse,  mince,  plissé,  peu  transparent,  irisé, 
un  peu  nacré  dans  quelques  parties.  Hauteur,  de  16  à  25  inill.; 
diamètre,  de  30  à  50  millimètres. 

Habite  les  coteaux  de  Château-Roussillon,  dans  les  parties 
basses;  les  coteaux  du  Mas  del  Comte,  et  les  fossés  de  la  citadelle. 

VHelix  algira  ne  vivait  point  en  Roussillon;  nous  en  portâmes 
quelques  sujets  de  Montpellier,  où  elle  est  fort  commune,  et  nous 


458  HISTOIRE   NATURELLE. 

les  déposâmes  dans  les  trois  localités  que  nous  venons  de  signaler. 
Ils  se  sont  reproduits,  et  leur  espèce  se  conserve,  grâce  à  leur 
chair  coriace,  qui  est  dédaignée  de  nos  cultivateurs,  tandis  que  la 
Pomatia  a  presque  disparu. 

O.  Boutons,  Rotundatœ. 
59.  Hélice  bouton,  Hélix  rotunclata,  Mull. 

Animal.  Allongé,  grisâtre  ou  d'un  noir-bleuâtre,  ponctué  de 
noir  en  dessus  et  latéralement;  tentacules  supérieurs  fort  longs 
et  grêles ,  de  la  même  couleur  que  le  corps  ;  boutons  oculaires 
gros ,  assez  globuleux  ,  très-arrondis  ;  pied  étroit ,  fortement 
rebordé,  non-frangé. 

Coquille.  Très-ouvertement  ombiliquée,  convexe  en  dessus, 
à  tours  de  spire  très-serrés,  subcarénée,  régulièrement  striée, 
côtelée,  assez  solide,  couleur- de  corne,  flammulée  de  fauve- 
rougeâtre  ;  ouverture  transversalement  ovalaire ,  déprimée  et 
rétrécie  ;  épiphragme  vitreux  et  fort  mince.  Hauteur,  de  2  à  4 
millimètres;  diamètre,  de  5  à  8  millimètres. 

Habite  le  long  de  La  Tet,  dans  les  bosquets  et  les  taillis,  où 
elle  est  fort  commune.  On  la  prend  en  abondance  dans  les  allu- 
vions ,  après  une  forte  crue. 

40.  Hélice  lenticule,  Hélix  lenticula,  Fer. 

Animal.  Grêle,  finement  rugueux,  blanchâtre  ou  d'un  gris- 
bleuâtre  en  dessus,  plus  clair  sur  les  côtés,  blanc-jaunâtre  en 
dessous;  tentacules  supérieurs  épais  et  médiocrement  allongés; 
pied  long  et  étroit,  pointu  antérieurement. 

Coquille.  Déprimée,  légèrement  bombée  en  dessus  et  bien 
convexe  en  dessous,  ouvertement  ombiliquée,  très-finement  striée, 
solide ,  d'un  corné-fauve  ou  roussâtre  et  unicolore  ;  carène  assez 
aiguë;  ouverture  arrondie,  légèrement  échancrée  et  anguleuse  à 
la  carène;  épiphragme  d'un  blanc-de-lait  opaque.  Hauteur,  de 
3  à  4  millimètres;  diamètre,  de  7  à  8  millimètres. 


MOLLUSQUES.  459 

Habite.  On  la  trouve  dans  les  environs  de  Chàteau-Roussillon, 
autour  des  ruines  de  cette  localité.  Très-commune  à  Collioure, 
au  pied  des  murs  des  glacis  de  la  place  et  du  fort  Miradou, 
attachée  aux  orties  qui  y  croissent  abondammemt.  Elle  y  est  en 
compagnie  de  YHelix  Nitens,  Conspurcata,  Pulchella,  Verniculata. 
$e  trouve  aussi  à  Cosperons,  d'après  le  docteur  Penchinat. 

Ai.  Hélice  de  Rang,  Hélix  rangiana,  Desh. 

Animal.  Très-grêle,  délicat,  finement  chagriné  en  dessus, 
presque  transparent,  d'un  gris  légèrement  bleuâtre  en  dessous; 
pied  presque  tronqué  antérieurement,  d'un  jaune-clair  un  peu 
roussàlre. 

Coquille.  Lenticulaire,  presque  aplatie  en  dessus  et  convexe 
en  dessous,  fortement  ombiliquée  et  carénée,  striée,  côtelée, 
assez  solide  quoique  mince,  d'une  couleur  cornée-fauve  uni- 
forme, un  peu  plus  claire  en  dessous;  ouverture  rétrécie  et 
échancrée  en  croissant;  péristome  non  continu,  réfléchi,  bi- 
denté;  épiphragme  vitreux  et  fort  mince.  Hauteur,  de  4  à  5 
millim.  */a  '■>  diamètre,  de  7  à  8  millimètres. 

Habite  entre  Collioure  et  Consolation ,  à  mi-chemin  à  gauche 
de  la  route,  tout  près  d'une  rangée  de  peupliers;  dans  les  murs 
des  vignes,  où  elle  est  abondante,  et  autour  des  habitations  de 
la  chapelle  de  Consolation ,  au  pied  des  murs  et  des  jardins. 

M.  Rang,  en  station  à  Port-Vendres,  trouva  cette  coquille  dans 
le  ravin  qui  descend  de  Consolation.  On  crut  qu'elle  était  amenée 
par  l'eau  de  la  montagne  où  est  située  la  Tour  du  Diable;  on  la 
chercha  vainement  dans  cette  localité.  M.  Bélieu,  qui  s'occupait 
alors  de  conchyliologie  et  qui  habitait  Collioure,  fit  des  recherches 
et  découvrit  les  endroits  où  elle  se  trouve  en  abondance  :  c'est 
lui  qui  la  propagea.  Bien  qu'on  la  trouve  avec  beaucoup  de  diffi- 
culté, à  cause  de  sa  petitesse  et  des  gîtes  qu'elle  choisit,  elle 
n'est  pourtant  pas  rare;  elle  se  lient  de  préférence  clans  les  lieux 
humides,  et  ne  sort  que  la  nuit;  elle  s'enfonce  à  une  grande 
profondeur  dans  la  (erre  pendant  les  fortes  chaleurs,  ce  qui  fit 


460  HISTOIRE   NATURELLE. 

dire  à  M.  Boubée,  qui  la  cherchait  et  ne  la  trouva  point,  qu'on 
l'avait  trompé  sur  l'habitat.  Ce  n'était  pas  étonnant  :  il  avait  été 
à  Consolation  en  juillet,  par  une  température  de  30  à  35  degrés 
et  une  sécheresse  extrême.  Ce  n'est  point  avec  un  temps  pareil 
qu'on  doit  chercher  les  Mollusques,  surtout  de  cette  taille.  Si  on 
va  sur  les  lieux  par  une  journée  de  pluie,  on  est  sûr  d'en  faire^ 
une  bonne  provision. 

M.  Penchinat  m'écrit,  2  mars  1861,  au  sujet  de  cette  coquille: 
«  On  la  trouve  au  pied  des  murs  humides,  à  Consolation,  dans  les 
vignes  et  partout  où  ce  Mollusque  trouve  à  s'abriter  du  jour  et  du 
vent;  son  animal  est  très-sensible  et  se  cache  de  suite  dans  les 
murailles,  qu'il  faut  démolir  pour  l'attraper.  J'ai  trouvé  cette 
coquille  partout  depuis  le  Cap-Cerbère ,  à  Banyuls-sur-Mer,  à 
Cosperons,  à  Port-Vendres  et  à  Collioure,  jusques  au  torrent  du 
Ravenal,  qu'elle  ne  dépasse  pas.  N'est  pas  très-commune.  » 

P.  Variables,  Variabiles. 
42.  Hélice  albelle,  Hélix  explanata,  Mull.,  H.  albella,  Drap. 

Animal.  Grêle,  allongé,  pâle,  fauve-roussâtre  en  dessus,  plus 
clair  en  dessous  ;  tentacules  supérieurs  assez  allongés  ;  point 
oculaire  noir  et  apparent;  côtés  du  corps  d'un  blanc-jaunâtre; 
pied  non  frangé  sur  les  bords,  qui  sont  un  peu  relevés,  un  peu 
transparents,  d'une  brun-jaunâtre  clair. 

Coquille.  Très-déprimée,  très-aplatie  en  dessus,  convexe  en 
dessous;  stries  peu  apparentes,  fines;  un  peu  épaisse,  solide, 
mate,  opaque,  d'un  blanc-jaunâtre,  plus  pâle  vers  l'ombilic  :  ce 
dernier  très-large  ;  ouverture  très-oblique ,  peu  échancrée  par 
l'avant-dernier  tour;  péristome  interrompu,  droit,  avec  un  bour- 
relet intérieur  blanc  ou  roussâtre.  Hauteur,  de  5  à  7  millimètres  ; 
diamètre,  de  12  à  16  millimètres. 

Habite  sur  les  plages,  aux  environs  de  l'étang  du  Bordigol, 
près  de  Torreilles,  et  dans  les  environs  de  Salses,  sur  les  dunes 
qui  séparent  l'étang  de  la  mer;  beaucoup  plus  commune  près  de 
Leucate  et  à  l'île  Sainte-Lucie,  sur  les  plantes  et  sur  les  arbustes. 


MOLLUSQUES.  461 

43.  Hélice  petit  troque,  Hélix  trochilus,  Poir. 

Animal.  Assez  grêle,  couvert  de  légères  rugosités  allongées; 
tentacules  supérieurs  minces  et  allongés  ;  corps  d'un  blanc- 
jaunàtre  ou  roussâtre. 

Coquille.  Conique,  déprimée,  assez  convexe  en  dessous,  un 
peu  ombiliquée,  solide,  blanche,  plutôt  d'un  blanc -jaunâtre, 
quelquefois  ornée  d'une  bande  brun-fauve  à  la  partie  supérieure 
des  tours;  carène  très-comprimée;  ouverture  ovale.  Hauteur,  de 
4  à  5  millimètres;  diamètre,  de  8  à  10  millimètres. 

Habite  le  bord  de  la  plage,  entre  Saint-Laurent  et  Salses, 
sur  les  tiges  des  graminées  et  dans  les  champs  de  luzerne.  Nous 
l'avions  confondue  avec  VElegans,  avec  laquelle  elle  a  beaucoup 
de  rapports,  et  qui  habite  les  mêmes  lieux;  elles  sont  souvent 
mêlées  sur  la  même  plante. 

44  Hélice  élégante,  Hélix  elegans,  Gmel. 

Animal.  Petit,  arrondi  en  avant,  transparent,  d'un  gris-rous- 
sâtre  en  dessus,  gris-jaunàtre-sale  en  dessous;  tentacules  gros, 
jaunâtres  ;  points  oculaires  noirs  ;  pied  sans  franges ,  fortement 
arrondi  antérieurement;  dessous  du  pied  de  couleur  uniforme, 
bordé  de  grisâtre. 

Coquille.  Offrant  peu  de  différence  par  la  forme  avec  celle 
de  l'espèce  précédente.  De  couleur  uniforme  blanche,  entourée 
de  la  base  au  sommet  d'une  petite  bande  cornée-fauve  ou  d'un 
pourpre-noirâtre;  elles  varient  par  la  disposition  des  couleurs, 
ce  qui  permet  d'en  faire  plusieurs  variétés  ;  ombilic  très-petit  ; 
ouverture  peu  oblique;  péristome  droit,  peu  épaissi,  blanc,  à 
bords  très-écartés  ;  épiphragme  complet,  épais,  solide,  opaque, 
inégalement  crétacé.  Hauteur,  de  6  à  8  millimètres;  diamètre, 
de  8  à  10  millimètres. 

Habite  les  plages  maritimes  et  les  luzernières  qui  se  rappro- 
chent le  plus  des  dunes,  à  Canet,  Saint-Laurent,  Salses,  et  surtout 
aux  environs  de  La  Nouvelle  et  à  l'île  Sainte-Lucie.  Commune 
sur  les  glacis  du  Fort  Caire  à  Collioure. 


462  HISTOIRE   NATURELLE. 

45.  Hélice  conique,  Hélix  trochoïdes,  Poir.,  Hélix  conica, 

Drap. 

Animal.  Grêle,  d'un  gris-noiràtre  ;  tentacules  supérieurs  effilés, 
finement  ponctués  de  noirâtre;  manteau  jaunâtre;  pied  étroit, 
d'un  blanc-jaunâtre,  non  frangé,  plus  clair  vers  les  bords. 

Coquille.  Globuleuse,  conique,  obtuse  au  sommet,  finement 
striée,  perforée,  opaque,  solide,  presque  brillante,  blanchâtre  et 
souvent  entourée  de  la  base  au  sommet  d'une  ou  plusieurs  bandes 
fauves  plus  ou  moins  prononcées,  entières  ou  interrompues,  quel- 
quefois tachetée  et  souvent  unicolore;  ombilic  très-petit;  ouverture 
transversalement  ovalaire-arrondie,  plus  large  que  haute;  péris- 
tome  interrompu,  droit,  un  peu  épais,  roussâtre  ou  blanchâtre 
intérieurement;  épiphragme  blanc,  mince,  légèrement  opaque. 
Hauteur,  de  4  à  7  millimètres;  diamètre,  de  6  à  8  millimètres. 

Habite  toutes  nos  plages ,  dans  les  pelouses  et  les  prairies 
les  plus  rapprochées  de  la  mer,  sur  les  plantes,  de  préférence 
sur  les  chicoracées  qui  abondent  dans  ces  lieux. 

La  disposition  des  lignes  qui  couvrent  cette  coquille,  permet 
d'en  faire  plusieurs  variétés. 

46.  Hélice  pyramidée,  Hélix  pyramidata,  Drap. 

Animal.  Effilé,  grêle,  d'un  gris-noirâtre  en  dessus,  d'un  blanc- 
jaunâtre  en  dessous  ;  tentacules  supérieurs  très-effilés  et  plus 
foncés  que  le  reste  de  l'animal  ;  manteau  d'un  gris-jaunâtre. 

Coquille.  Globuleuse ,  de  forme  conique  en  dessus,  perforée, 
très-finement  striée ,  épaisse ,  solide ,  opaque ,  presque  brillante, 
unicolore ,  blanche ,  quelquefois  diversement  fasciée  de  fauve  ou 
de  noirâtre,  et  les  bandes  souvent  interrompues;  ombilic  petit; 
ouverture  oblique,  transversalement  ovale;  péristome  interrompu, 
droit,  roussâtre  ou  blanc;  épiphragme  mince,  très-peu  transpa- 
rent, crétacé,  avec  une  petite  tache  opaline.  Hauteur,  de  6  à  10 
millimètres;  diamètre,  de  8  à  12  millimètres. 

Habite  les  lieux  stériles,  les  fossés  des  fortifications  de  la  cita- 


MOLLUSQUES.  463 

délie  et  des  lunettes  de  Perpignan ,  les  pelouses  qui  bordent  les 
dunes  de  nos  plages;  elle  est  très-commune  au  bas  des  coteaux 
qui  entourent  la  plage  de  las  Elmas,  près  de  Banyuls-sur-Mer. 
Je  l'ai  trouvée  aussi  à  l'île  Sainte-Lucie. 

47.  Hélice  apicine,  Hélix  apicina,  Lam. 

Animal.  Epais,  trapu,  arrondi  antérieurement,  d'un  gris- 
noirâtre;  tentacules  supérieurs  gros,  d'un  brun-grisâtre;  point 
oculaire  très-noir;  pied  large,  presque  tronqué  en  avant,  d'un 
gris-noirâtre. 

Coquille.  Globuleuse,  subdéprimée,  légèrement  aplatie  en 
dessus,  renflée  en  dessous,  striée  légèrement  et  irrégulièrement, 
mince,  opaque,  blanchâtre  ou  grisâtre,  ornée  de  taches  cornées, 
qui  lui  donnent  un  aspect  flammulé,  couverte  de  poils  rares  et 
courts;  ombilic  médiocre;  ouverture  ronde,  un  peu  échancrée 
par  l'avant -dernier  tour;  épiphragme  mince,  blanc,  opaque, 
subcrétacé.  Hauteur,  de  -4  à  5  millim.;  diamètre,  de  8  à  10  mill. 

Habite  les  prairies  des  bords  de  l'Agly,  près  de  Saint-Antoine- 
de-Galamus,  où  M.  Aleron  l'a  trouvée  le  premier.  Nous  l'avons 
prise  dans  la  même  vallée,  dans  les  chaumes  des  champs,  entre 
Casas-de-Pena  et  Rivesaltes,  surtout  dans  les  environs  d'Espira- 
de-1'Agly. 

48.  Hélice  sale,  Hélix  conspurcata.  Drap. 

Animal.  Gris,  ou  d'un  gris-bleuâtre  en  dessus,  trapu,  presque 
tronqué  antérieurement;  tentacules  supérieurs  allongés,  de  la 
même  couleur  que  le  corps,  gros  à  l'extrémité;  point  oculaire 
noir  et  très-prononcé;  pied  presque  tronqué  antérieurement, 
côtés  assez  transparents,  d'un  brun-jaunâtre;  dessous  du  pied 
d'un  brun-sale,  largement  bordé  de  taches  noires. 

Coquille.  Déprimée,  à  peine  légèrement  convexe  en  dessus, 
et  très-convexe  en  dessous,  striée,  côtelée,  mince,  opaque,  hispi- 
dule,  de  couleur  de  corne-cendrée,  finement  tachetée,  étroite- 
ment ombiliquée;  ouverture  oblique,  ovale-arrondie,  peu  échan- 


464  HISTOIRE   NATURELLE. 

crée  ;  péristome  droit,  interrompu,  mince,  à  bords  un  peu 
écartés;  épiphragme  vitreux,  mince,  aplati,  en  partie  transparent. 
Hauteur,  de  3  à  5  millimètres;  diamètre  de  6  à  8  millimètres. 

Habite  Perpignan,  dans  les  fossés  de  la  citadelle,  au  pied  des 
murs  et  sur  les  plantes  ;  fort  commune  dans  le  cimetière  de  là 
porte  Saint-Martin.     . 

49.  Hélice  striée,  Hélix  stria  ta.  Drap. 

Animal.  Court,  d'un  gris-jaunâtre,  largement  bordé  de  noirâ- 
tre ;  quatre  lignes  plus  obscures  partent  des  quatre  tentacules  et 
s'étendent  sur  le  corps  ;  pied  presque  tronqué  antérieurement  ; 
côtés  assez  larges,  se  rétrécissant  en  avant,  d'un  gris-jaunâtre. 

Coquille.  Déprimée,  un  peu  globuleuse,  striée,  légèrement 
échancrée,  solide,  épaisse,  blanchâtre  ou  d'un  blanc-jaunâtre, 
quelquefois  unicolore ,  souvent  fasciée  de  fauve  ou  de  brun  ; 
ouverture  oblique,  ovale-arrondie ,  médiocrement  échancrée  ; 
péristome  interrompu,  presque  droit,  avec  un  bourrelet  intérieur 
blanc  ou  roussâtre;  épiphragme  plus  ou  moins  complet,  plissé, 
très-mince,  transparent,  irisé,  membraneux.  Hauteur,  de  5  à  7 
millimètres;  diamètre,  de  8  à  10  millimètres. 

Habite  les  garrigues  de  Calce,  dans  les  ravins,  sous  les  pierres 
et  sur  les  plantes;  nous  l'avons  aussi  trouvée  dans  la  vallée  du 
Réart,  dans  les  environs  de  Notre-Dame  du  Col  et  dans  les  ravins 
des  monts  des  environs  de  celte  chapelle. 

50.  Hélice  des  gazons,  Hélix  cespitum,  Drap. 

Animal.  Allongé,  gros,  finement  rugueux,  rides  allongées, 
d'un  blanc-jaunâtre-pâle  plus  foncé  en  dessus;  tentacules  supé- 
rieurs très -allongés;  point  oculaire  noir;  pied  sans  franges, 
légèrement  pointu  antérieurement,  dessous  de  couleur  uniforme. 

Coquille.  Subglobuleuse,  déprimée,  striée  régulièrement, 
opaque,  passant  du  blanc-de-lait  à  la  couleur  pourpre-noirâtre, 
unicolore  ou  fasciée  d'un  fauve-purpurescent  plus  ou  moins  foncé  ; 
les  bandes  varient  considérablement  en  nombre  et  en  couleur; 


MOLLUSQUES.  465 

ombilic  très-ouvert  ;  ouverture  oblique,  arrondie,  peu  échancrée 
par  l'avant-dernier  tour  ;  périslome  interrompu,  droit,  un  léger 
bourrelet  blanc  intérieurement;  épiphragme  lisse,  très-mince, 
peu  transparent,  à  peine  irisé,  peu  miroitant.  Hauteur,  de  12  à 
18  millimètres;  diamètre,  de  20  à  28  millimètres. 

Habite  tout  le  pied  des  Albères  ;  très-commune  aux  environs 
de  Céret,  dans  les  jardins  et  surtout  au  Castellas  (vieux  château), 
auprès  duquel  se  trouvent  les  carrières  à  plâtre.  M.  Michel  en 
trouva  un  individu  sénestre,  sorte  de  monstruosité  qui  n'avait 
pas  encore  été  signalée  dans  cette  espèce.  On  peut  en  faire 
diverses  variétés,  si  on  considère  la  disposition  des  raies  qui 
couvrent  son  test. 

51.  Hélice  ruban,  Hélix  ericetorum,  Mull. 

Animal.  Un  peu  grêle,  rugueux,  rides  allongées,  d'un  gris- 
bleuâtre  en  dessus;  tentacules  supérieurs  effilés  et  de  la  même 
couleur;  points  oculaires  noirs,  apparents;  pied  un  peu  anguleux 
en  avant,  transparent,  d'un  brun-jaunâtre,  finement  bordé  de 
blanchâtre. 

Coquille.  Déprimée,  très-finement  striée,  stries  irrégulières 
et  éloignées  les  unes  des  autres,  mince,  blanche  ou  cendrée, 
unicolore,  ou  bien  ornée  de  une  à  cinq  bandes,  tantôt  larges, 
tantôt  filiformes,  largement  ombiliquée;  ouverture  très-oblique, 
arrondie,  peu  échancrée  par  l'avant-dernier  tour;  péristome 
interrompu,  droit,  avec  un  bourrelet  intérieur  blanc  ou  rous- 
sâtre;  épiphragme  vitreux,  très-mince,  transparent,  membra- 
neux, irisé.  Hauteur,  de  8  à  12  millimètres;  diamètre,  de  14  à 
25  millimètres. 

Habite  les  gazons  et  les  pelouses  des  parties  montueuses  de 
nos  montagnes  moyennes,  les  basses  Albères,  les  montagnes  de 
Céret  et  Amélie-les -Bains,  dans  la  vallée  de  Saint-Marsal 
jusqu'au  pied  de  la  Tour  de  Batère.  Celles  que  nous  trouvons 
dans  cette  dernière  localité,  sont  plus  petites.  C'est  encore  une 

TOME  m.  50 


466  HISTOIRE  NATURELLE. 

de  celles  dont  on  peut  établir  diverses  variétés,  si  on  a  égard  à 
la  disposition  des  bandes  ou  lignes  qui  couvrent  la  coquille. 

52.  Hélice  négligée,  Hélix  neglecta,  Drap. 

Animal.  On  ne  peut  guère  établir  de  différence  avec  celui  de 
l'Hélice-Ruban. 

Coquille.  Globuleuse,  déprimée,  plus  ou  moins  aplatie  en 
dessus,  bombée  en  dessous,  presque  lisse,  solide,  opaque, 
blanche,  souvent  d'un  fauve-rougeâtre ,  ornée  de  plusieurs  ban- 
des entières  ou  interrompues,  qui  sont  quelquefois  flammulées; 
ouverture  oblique,  arrondie,  un  peu  échancrée  par  l'avant-dernier 
tour;  péristome  interrompu,  droit  et  tranchant,  avec  un  bourrelet 
intérieur  roux;  épiphragme  vitreux,  mince,  transparent,  miroi- 
tant, irisé.  Hauteur,  de  7  à  12  millim.;  diamètre,  de  10  à  15. 

Habite  les  montagnes  de  la  vallée  du  Réart,  vers  la  Cantarana, 
Llaurô  et  ses  environs ,  Oms  et  toute  cette  contrée,  dans  les  pelouses 
et  dans  les  jardins  qui  se  trouvent  dans  la  gorge. 

53.  Hélice  submaritime,  Hélix  submaritima,  Rossin. 

Animal.  Entièrement  semblable  à  celui  de  l'Hélice-Variable. 
Nous  avions  confondu  pendant  longtemps  cette  espèce  avec  une 
des  nombreuses  variétés  de  YHelix  variabilis;  seulement  elle  était 
toujours  moins  forte  de  taille. 

Coquille.  Globuleuse,  déprimée,  finement  et  irrégulièrement 
striée,  solide,  blanchâtre,  tantôt  unicolore,  tantôt  ornée  de  bandes 
brunes  ou  fauves ,  continues  ou  interrompues ,  dont  les  disposi- 
tions sont  très-variables,  médiocrement  ombiliquée;  ouverture 
oblique,  arrondie,  un  peu  échancrée  par  l'avant-dernier  tour; 
péristome  interrompu,  droit,  à  bords  peu  rapprochés;  épiphragme 
très-mince.  Hauteur,  de  8  à  12  millimètres;  diamètre,  de  14 à  18 
millimètres. 

Habite  les  prairies  des  environs  de  Perpignan,  les  jardins  des 
bords  de  la  rivière,  dans  les  clairières  des  taillis  et  sous  Château- 
Roussillon  ;  je  l'ai  aussi  trouvée  dans  plusieurs  de  nos  vallées,  à 


MOLLUSQUES.  467 

Estoher,  à  Vernet,  à  Saint-Antoine-de-Galamus ,  vivant  et  se 
collant  sur  diverses  plantes,  toujours  en  grand  nombre,  comme 
le  fait  YHelix  variabilis. 

54.  Hélice  variable,  Hélix  variabilis,  Drap. 

Animal.  Assez  court,  blanchâtre,  grisâtre,  plus  souvent  noirâtre 
ou  tout  noir  en  dessus;  tentacules  supérieurs  allongés,  sans  être 
bien  grêles,  et  d'une  couleur  plus  foncée  que  le  cou;  pied  large- 
ment arrondi  antérieurement,  sans  franges,  un  peu  jaunâtre; 
dessous  du  pied  un  peu  roussâtre,  bordé  de  blanc. 

Coquille.  Globuleuse,  élevée  ou  subdéprimée,  finement  et 
irrégulièrement  striée,  solide,  opaque,  blanche,  extrêmement 
variable  dans  sa  couleur,  comme  aussi  dans  la  disposition  des 
bandes  nombreuses  dont  elle  se  couvre,  qui  sont  brunes, 
entières ,  interrompues  ou  réduites  à  des  flammes  ou  à  des 
points,  ce  qui  lui  a  probablement  valu  le  nom  de  variable; 
ombilic  variable  dans  son  ouverture  ;  ouverture  arrondie ,  un 
peu  échancrée  par  l'avant-dernier  tour;  péristome  interrompu, 
droit,  avec  un  bourrelet  intérieur  brun-rouge  ou  blanchâtre; 
épiphragme  vitreux  et  mince.  Hauteur,  de  10  à  18  millimètres; 
diamètre,  de  13  à  22  millimètres. 

Habite  partout  dans  le  département,  depuis  les  bords  de  la 
mer,  jusqu'à  la  hauteur  des  montagnes  moyennes,  dans  toutes 
nos  vallées;  on  la  trouve  ordinairement  en  grand  nombre  sur  les 
plantes,  les  chardons  surtout  et  les  lamarix.  On  peut  en  faire  aussi 
un  bon  nombre  de  variétés;  on  en  trouva  de  toutes  blanches,  avec 
la  bouche  rosée. 

55.  Hélice  maritime,  Hélix  maritima,  Drap. 

Animal.  11  existe  peu  de  différence  entre  l'animal  de  YHelix 
variabilis  et  celui  de  YHelix  rnaritima.  On  les  confondrait  aisé- 
ment si  on  les  voyait  séparément;  cependant,  on  en  a  établi  une 
espèce,  et  tout  porterait  à  croire  que  ce  n'est  qu'une  des  nom- 
breuses variétés  qu'on  trouve  dans  YHelix  variabilis. 


468  HISTOIRE   NATURELLE. 

Coquille.  Elle  ne  présente  pas  non  plus  beaucoup  de  diffé- 
rence avec  l'espèce  précédente,  et  elle  se  rapproche  beaucoup  de 
certaines  variétés  de  Y  Hélix  variabilis;  mais,  d'après  Draparnaud 
et  M.  Dupuy,  «  elle  s'en  distingue  par  sa  forme  un  peu  plus  coni- 
que, par  sa  consistance  plus  solide,  par  sa  carène  plus  prononcée, 
par  sa  petitesse  toujours  constante,  par  son  trou  ombilical  plus 
étroit,  et  surtout  par  la  vivacité  de  ses  couleurs.  Les  bandes  sont 
d'un  brun-foncé,  quelquefois  noires,  ordinairement  très-rappro- 
chées,  presque  confondues  et  interrompues,  de  façon  que  la 
coquille  paraît  souvent  brune  ou  noirâtre,  avec  de  petites  bandes 
et  taches  agréablement  entremêlées.  » 

Ajoutons  à  cela  une  grande  dose  de  bonne  volonté  pour  en  faire 
une  nouvelle  espèce.  Quand  on  considère  les  nombreuses  variétés 
des  deux  coquilles,  si  ce  n'était  la  petitesse  de  l'Hélice-Maritime, 
qui  est  presque  toujours  d'un  tiers  plus  petite  que  l'Hélice- 
Variable,  on  serait  porté  à  les  confondre;  car,  souvent  dans  les 
variétés  de  la  première,  on  trouve  des  individus  qui  ne  sont  guère 
plus  gros  que  les  plus  avantageux  de  la  seconde.  Hauteur,  de  7  à 
10  millimètres;  diamètre,  de  7  à  10  millimètres. 

Habite  les  plages  de  la  mer,  et  les  prairies  maritimes  des  bords 
de  l'Agly,  près  Saint-Laurent-de-la-Salanque,  et  celles  AuBordigol, 
près  de  Torreilles.  Nous  la  trouvons  aussi  assez  éloignée  des  dunes, 
sur  les  plantes  des  prairies  des  environs  des  cours  d'eau  près  de 
Perpignan  et  de  Rivesalles.  On  ferait  de  cette  coquille  les  mêmes 
variétés  qu'on  peut  faire  de  l'Hélice-Variable. 

56.  Hélice  rhodostome,  Hélix  pisana,  Mull. 

Animal.  Allongé,  rugueux,  d'un  gris-jaunâtre  en  dessus,  d'un 
jaune-roussâtre  en  dessous;  tentacules  supérieurs  coniques,  al- 
longés, transparents,  d'un  gris-jaunâtre;  points  oculaires  petits, 
saillants,  noirs  ;  pied  large,  sans  franges,  un  peu  tronqué  antérieu- 
rement, dessous  transparent  sur  les  bords,  d'un  fauve-rougeâtre. 

Coquille.  Globuleuse,  très-variable  dans  ses  couleurs,  blanche, 
jaunâtre  ou  grisâtre,  tantôt  unicolore,  souvent  ornée  de  bandes 


MOLLUSQUES.  469 

fauves  ou  pourprées,  quelquefois  la  coquille  est  comme  fiammu- 
lée,  d'autres  fois  elle  est  d'un  blanc-de-lait  uniforme,  avec  le 
bourrelet  d'un  rose  très-vif,  très-étroitement  perforée,  irrégu- 
lièrement striée;  ouverture  arrondie,  quelquefois  ovalaire,  assez 
fortement  échancrée  par  l'avant-dernier  tour;  péristome  presque 
droit,  avec  un  bourrelet  qui,  dans  la  plupart  des  individus,  est 
coloré  de  rose;  épiphragme  vitreux  et  mince,  excepté  en  hiver, 
saison  pendant  laquelle  l'animal  fixe  sa  coquille  sur  les  plantes  au 
moyen  de  son  épiphragme,  qui  prend  alors  une  consistance  assez 
forte.  Hauteur,  de  14  à  22  millim.;  diamètre,  de  16  à  26  millim. 

C'est  peut-être  une  des  coquilles  qui  offre  le  plus  de  variétés 
par  la  grosseur  et  par  la  disposition  de  ses  couleurs. 

Habite.  Partout  dans  le  département,  et  dans  les  trois  bassins  ; 
on  la  trouve  abondamment  dans  les  fossés  des  fortifications  de 
Perpignan,  attachée  à  toute  sorte  de  plantes,  sur  le  bord  des  gran- 
des routes,  dans  les  champs,  les  jardins  :  elle  est  si  abondante, 
qu'on  la  récolte  pour  en  nourrir  les  Canards;  édule,  nos  paysans 
en  consomment  énormément. 

57.  Hélice  conoïde,  Hélix  conoïdea,  Drap. 

Animal.  Peu  rugueux,  d'un  blanc-roussàtre,  plus  pâle  en 
dessous,  assez  allongé,  transparent;  tentacules  grêles,  assez 
longs  et  plus  foncés  que  le  cou;  pied  étroit  et  un  peu  pointu  pos- 
térieurement, blanchâtre,  nuancé  de  gris-roussâtre. 

Coquille.  Globuleuse,  conoïde,  plus  haute  que  large,  striée 
irrégulièrement,  solide,  blanche,  unicolore  ou  ornée  de  bandes 
brunes  ou  fauves,  variant  beaucoup  par  leur  disposition  ;  ombilic 
petit;  ouverture  peu  oblique,  presque  arrondie,  très-peu  échan- 
crée par  l'avant-dernier  tour;  péristome  interrompu,  droit, 
mince,  concolore,  à  bords  assez  rapprochés,  convergents  ;  épi- 
phragme mince,  transparent.  Hauteur,  de  6  à  8  millimètres; 
diamètre,  de  5  à  7  millimètres. 

Habite  sur  les  plantes,  le  long  de  nos  côtes  marines,  et  surtout 
dans  les  expositions  méridionales  de  la  vallée  de  Banyuls. 


470  HISTOIRE  NATURELLE. 

58.  Hélice  bulimoïde,  Hélix  bulimoïdes,  Moq.-Tand. 

Animal.  Allongé,  fortement  tronqué  par  devant,  se  rétrécissant 
brusquement  par  derrière,  un  peu  transparent,  d'un  brun-jaunâ- 
tre en  dessus,  plus  clair  en  dessous;  tentacules  très-longs,  grêles, 
cylindroconiques ,  finement  chagrinés;  points  oculaires  petits, 
noirs,  transparents;  pied  arrondi  par  devant,  largement  bordé; 
dessous  du  pied  de  couleur  uniforme,  transparent  sur  les  bords. 

Coquille.  Allongée,  conique,  ventrue,  turriculée  en  dessus, 
très -bombée  en  dessous,  à  stries  longitudinales  assez  larges, 
inégales;  mince,  solide,  un  peu  luisante,  glabre,  blanchâtre, 
presque  opaque,  avec  une  bande  brune  un  peu  transparente; 
ombilic  très-petit  ;  ouverture  oblique,  presque  longitudinalement 
ovale,  un  peu  échancrée  par  l'avant-dernier  tour;  péristome 
interrompu,  droit,  mince,  à  bords  un  peu  écartés;  épiphragme 
complet,  un  peu  épais,  très-peu  plissé,  transparent,  irisé.  Hau- 
teur, de  8  à  12  millimètres  ;  diamètre,  de  5  à  8  millimètres. 

Habite  toutes  les  prairies  maritimes  et  les  luzernes  sur  tout  le 
littoral,  attachée  aux  tiges  des  plantes.  Varie  beaucoup  par  la 
grosseur  et  par  la  couleur  de  la  coquille. 

Genre  Bulime,  Bulimus,  Brug. 

Animal.  Semblable  à  celui  des  Hélices  ;  tortillon  plus 
allongé  et  tentacules  inférieurs  plus  courts. 

Coquille.  Ovale,  oblongue  ou  turriculée  ;  dernier  tour 
plus  grand  que  le  pénultième;  ouverture  ovale,  bords 
inégaux,  toujours  désunis;  columelle  lisse,  droite  et  sans 
troncature  a  la  base. 

1.  Bulime  ventru,   Bulimus  ventrosus,  Lud.,    Pfeiff., 
Bulimus  venir  icolus,  Drap. 

Animal.  Gris-jaunâtre,  roussâtre,  et  souvent  noirâtre,  finement 
rugueux  ;  tentacules  supérieurs  allongés ,  fortement  boutonnés  à 
l'extrémité  ;  point  oculaire  d'un  roux-noirâtre. 


MOLLUSQUES.  471 

Coquille.  Ovale-conique,  obtuse  au  sommet,  subperforée,  irré- 
gulièrement striée,  solide,  opaque,  blanche  et  plus  souvent  grise, 
ornée  de  bandes  brunes  ou  fauves  diversement  disposées,  qui 
rendent  la  coquille  tachetée  et  comme  bigarrée;  ouverture  obli- 
quement ovale,  échancrée  par  l'avant-dernier  tour.  Hauteur,  de 
8  à  12  millimètres;  diamètre,  de  6  à  8  millimètres. 

Habite  les  prairies  maritimes  le  long  du  littoral  ;  on  la  trouve 
abondamment  dans  les  champs  de  luzerne,  même  assez  loin  de 
la  côte. 

2.  Bulime  aigu,  Bulimus  acutus,  Brug. 

(M.  Moquin-Tandon  n'admet  pas  cette  espèce.  ) 

Animal.  Peu  différent  de  celui  qui  précède,  mais  plus  minime. 

Coquille.  Conique-turriculée,  presque  aiguë  au  sommet,  striée 
irrégulièrement,  assez  solide  et  opaque,  blanche  ou  grise,  très- 
diversement  fasciée  de  brun  et  de  fauve  ;  épiphragme  mince  et 
vitreux.  Hauteur,  de  12  à  20  millim.;  diamètre  de  6  à  8  millim. 

Habite  les  prairies  du  pied  de  Château-Roussillon,  près  de  la 
rivière  ;  on  la  trouve  dans  les  prairies  de  toute  la  Salanque  et 
dans  celles  qui  bordent  le  pied  des  Albères;  aux  environs  d'Arles 
dans  les  prairies  du  bord  du  Tech. 

3.  Bulime  radié,   Bulimus  radiatus,    Brug.,   Bulimus 

détritus,  Desh. 

Animal.  Jaunâtre,  rugueux,  à  rides  un  peu  allongées  ;  tenta- 
cules supérieurs  assez  épais,  très-obtus  et  bleuâtres  ;  point  ocu- 
laire noir. 

Coquille.  Ovale-allongée,  ventrue  vers  le  milieu,  conoïde  vers 
le  sommet,  obtuse,  solide,  brillante,  blanche,  variant  beaucoup 
par  la  disposition  de  taches  cornées  qui  couvrent  quelquefois  la 
coquille  ;  ouverture  ovale  ;  épiphragme  vitreux.  Hauteur,  de  24  à 
34  millimètres  ;  diamètre,  de  8  à  12  millimètres. 

Habite  la  base  de  toutes  nos  montagnes,  jusqu'à  une  certaine 
élévation  :  Saint-Antoine-de-Galamus,  Villefranche ,  Serdinya, 


472  HISTOIRE   NATURELLE. 

Olette,  Géret  et  les  montagnes  de  la  vallée  du  Réart,  Oms, 
Llaurô,  la  vallée  de  Saint-Laurent-de-Cerdans  et  les  environs  de 
Coustouges.  On  pourrait  faire  diverses  variétés  si  on  s'attachait  à 
la  coloration  et  aux  bandes  qui  couvrent  cette  coquille. 

4.  Bulime  montagnard,  Bulimus  montanus,  Drap. 

Animal.  Trapu,  finement  rugueux,  peu  transparent,  d'un  gris- 
noirâtre  ou  bleuâtre;  tentacules  supérieurs  assez  longs,  d'un 
brun-roussâtre ,  finement  piquetés  de  brun;  pied  non  frangé, 
grisâtre. 

Coquille.  Conique-oblongue,  finement  striée,  un  peu  ventrue, 
mince,  assez  solide,  glabre,  un  peu  luisante,  d'un  jaune-rougeâ- 
tre  ;  ombilic  étroit  ;  ouverture  un  peu  oblique,  ovalaire  ^péris- 
tome  interrompu,  évasé,  épais,  rougeâtre  ou  blanchâtre;  épi- 
phragme  mince,  lisse,  assez  transparent.  Hauteur,  de  14  à  18 
millimètres  ;  diamètre,  de  5  à  7  millimètres. 

Habite  les  forêts  des  régions  alpines,  la  Font  de  Comps,  les 
bois  avant  d'arriver  au  Randé,  en  montant  à  Cady;  les  environs 
de  La  Preste.  Je  l'ai  trouvée  dans  les  forêts  qui  avoisinent  Salva- 
nère,  au  pied  des  arbres,  dans  la  mousse,  dans  les  broussailles 
amenées  par  les  eaux,  mais  toujours  en  petit  nombre. 

5.  Bulime  obscur,  Bulimus  obscurus,  Drap. 

Animal.  Noir  ou  d'un  gris-noirâtre  ;  tentacules  supérieurs 
assez  épais  ;  manteau  de  la  même  couleur  que  le  corps. 

Coquille.  Ovale-oblongue,  petite,  striée,  fragile,  subpellucide, 
d'un  brun  uniforme  plus  ou  moins  foncé ,  munie  d'une  fente 
ombilicale;  ouverture  ovale,  peu  échancrée;  péristome  réfléchi. 
Hauteur,  de  9  à  12  millimètres;  diamètre ,  de  5  à  6  millimètres. 

Habite  les  lieux  frais  des  bois  de  nos  montagnes  inférieures, 
dans  la  mousse  qui  couvre  le  pied  des  arbres ,  parmi  les  brous- 
sailles au  bord  des  torrents. 

6.  Bulime  décollé,  Bulimus  decollalus,  Brug. 


MOLLUSQUES.  473 

Animal.  Gros  et  grossièrement  rugueux,  d'un  gris-ardoisé  plus 
ou  moins  foncé  ;  tentacules  supérieurs  épais;  manteau  d'un  gris- 
bleuâtre. 

Coquille.  Cylindrique-allongée,  tronquée  au  sommet,  irrégu- 
lièrement striée,  solide,  d'une  couleur  de  corne  uniforme  plus 
ou  moins  foncée.  On  trouve  des  sujets  entièrement  blancs,  surtout 
derrière  la  citadelle  de  Perpignan,  dans  les  lieux  où  on  a  déposé 
des  décombres.  Hauteur,  de  26  à  36  millimètres;  diamètre,  de 
10  à  16  millimètres. 

Habite  les  haies  des  champs  et  des  vignes,  sous  les  pierres, 
partout  dans  les  trois  bassins  ;  très-commune  dans  les  fossés  des 
fortifications  de  la  ville  et  de  la  citadelle  de  Perpignan,  dans  les 
lieux  où  on  a  déposé  des  décombres,  sous  les  pierres,  près  des 
buissons  et  au  pied  des  chardons  qui  abondent  dans  ces  lieux. 

Genre  Agathine,  Achatina,  Lam. 
Animal.  Semblable  à  celui  des  Bulimes. 

Coquille.  Ovale-oblongue  ou  turriculée,  semblable  à 
celle  des  Bulimes  dont  elle  ne  diffère  que  par  la  colu- 
melle  nettement  tronquée  à  la  base. 

1.  Agathine  aiguillette,  Achatina  acicula,  Lam. 
(M.  Moquin-Tandon  l'a  portée  au  genre  Bulime,  Bul.  acicula.) 

Animal.  Grêle,  délicat,  blanchâtre;  tentacules  filiformes,  non 
renflés  au  sommet. 

Coquille.  Très-allongée,  petite,  imperforée,  très-lisse  et  bril- 
lante, ordinairement  blanche,  prend  souvent  une  teinte  roussâtre; 
ouverture  oblongue  ;  péristome  simple ,  sans  bourrelet  et  sans 
ombilic.  Hauteur,  de  4  à  6  millimètres;  diamètre,  1  millimètre. 

Habite.  Elle  est  fort  commune  dans  toutes  les  prairies  des  par- 
ties basses  des  trois  bassins,  dans  la  Salanque,  surtout  vers  les 
parties  les  plus  rapprochées  des  dunes. 


474  HISTOIRE  NATURELLE. 

Genre  Zue,  Zua,  Leac. 

Animal.  Semblable  extérieurement  a  celui  des  Agathi- 
nes,  mais  il  est  ovovivipare. 

(Les  observations  de  M.  Moquin-Tandon  ne  laissent  aucun 
doute  à  ce  sujet.  ) 

Coquille.  Ovale-allongée,  imperforée;  ouverture  sans 
dents ,  piriforme ,  rétrécie  et  lancéolée  à  la  partie  supé- 
rieure; péristome  simple;  entièrement  lisse  et  brillante. 

1.  Zue  brillante,  Zua  lubrica,  Leac. 

Animal.  Allongé,  d'un  gris-bleuâtre,  rugueux;  tentacules  assez 
allongés,  plus  foncés  que  le  corps. 

Coquille.  Allongée,  un  peu  ventrue,  imperforée,  cornée,  très- 
lisse  et  brillante,  variant  beaucoup  par  la  taille;  ouverture  ovale, 
fortement  échancrée;  péristome  assez  droit;  columelle  présentant 
à  la  base  un  indice  de  troncature.  Hauteur,  de  4  à  7  millimètres; 
diamètre,  de  1  millim.  V2  à  3  millimètres. 

Habite  toutes  nos  prairies,  dans  les  lieux  frais  et  humides, 
près  des  ruisseaux  où  coule  l'eau  pour  l'arrosage,  sous  les  détritus, 
et  attachée  aux  feuilles  et  aux  broussailles.  Commune  dans  les 
prairies  de  Thuir. 

M.  Moquin-Tandon  l'a  rapportée  au  genre  Bulime  et  en  a  fait 
son  Bulime-Brillant. 

2.  Zue  follicule,  Zua  folliculus,  Dup. 

Animal.  Allongé,  délicat,  d'un  gris-clair;  tentacules  courts  et 
épais,  plus  foncés  que  le  corps. 

Coquille.  Ovale,  subcylindrique,  aiguë  au  sommet,  imperforée, 
d'un  corné-roussâtre,  très-lisse,  très-brillante  ;  ouverture  allon- 
gée, rétrécie;  péristome  droit,  tranchant,  légèrement  bordé  de 
blanc-roussâtre.  Hauteur,  de  7  à  9  millimètres;  diamètre,  de  2 
à  3  millimètres. 

Habite  dans  les  vignes  du  Vernet,  près  Pia;  dans  le  Haut- 


MOLLUSQUES.  475 

Vernet  de  Perpignan;  les  monticules  du  Mas  del  Comte,  et  au 
Sarrat  de  las  Guillas;  Casas-de-Pena  ;  sous  les  pierres  et  dans  les 
broussailles  des  endroits  frais  de  toutes  ces  localités;  se  plaît  au 
pied  de  certaines  plantes,  et,  un  jour  d'humidité,  on  la  voit  marcher 
sur  les  tiges  de  ces  plantes,  surtout  sur  le  fenouil,  qui  abonde  dans 
ces  lieux.  En  temps  de  sécheresse,  elle  s'enfonce  très-profondé- 
ment dans  la  terre,  au  pied  de  ses  plantes  de  prédilection;  en 
arrachant  les  tiges,  on  la  trouve  en  grande  quantité  dans  la  terre 
qu'on  soulève.  Ce  fait,  que  j'ai  remarqué  à  Casas-de-Pena  pour  la 
première  fois,  et  que  je  dois  au  hasard ,  a  été  mis  en  pratique 
dans  diverses  circonstances,  toujours  avec  succès. 
M.  Moquin-Tandon  a  fait  son  Bulime-Follicule  de  cette  coquille. 

Genre  Clausilie,  Clausilia,  Drap. 

Animal.  Semblable  à  celui  des  Bulimes,  plus  petit  en 
tout  point,  le  tortillon  plus  délié. 

Coquille.  Sénestre  (hors  quelques  rares  espèces), 
turriculée-fusiforme ,  mince,  obtuse  au  sommet;  ouver- 
ture ovale,  plissée;  péristome  continu,  réfléchi;  un  osse- 
let élastique  (clausilium),  columellaire. 

1.  Clausilie  lisse,  Clausilia  laminata,  Turt. 

Animal.  Médiocrement  allongé,  d'un  gris-bleuâtre  uniforme; 
tentacules  épais,  les  supérieurs  allongés  et  de  la  même  couleur 
de  l'animal. 

Coquille.  Fusiforme ,  un  peu  ventrue ,  assez  solide ,  presque 
transparente,  d'une  couleur  fauve  un  peu  rougeâtre;  ouverture 
ovale,  piriforme  ;  péristome  continu,  épais  et  blanchâtre.  Hau- 
teur, de  12  à  18  millimètres;  diamètre,  de  4  à  5  millimètres. 

Habite  les  roches  d'où  suinte  l'eau  dans  les  parties  mon- 
tueuses,  le  bord  des  ravins  dans  les  endroits  sombres  et  humides 
près  Saint-Martin-du-Canigou  ;  à  Saint-Antoine-de-Galamus,  au 
bord  de  la  rivière;  dans  les  environs  de  Villefranche,  dans  les 
fentes  des  roches  humides  près  du  ruisseau. 


476  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Clausilie  solide,  Clausilia  solida,  Drap. 

Animal.  Jaunâtre;  tentacules  supérieurs  très-grêles,  de  la 
même  couleur  que  le  corps;  le  point  oculaire  très-noir. 

Coquille.  Cylindrique,  fusiforme,  très-finement  striée  ;  gorge 
plissée  en  dehors,  gibbeuse,  comprimée  à  la  base,  brillante, 
solide,  d'un  blanc-corné;  ouverture  arrondie;  péristome  épais, 
blanc.  Hauteur,  de  12  à  15  millim.;  diamètre,  de  2  à  3  millim. 

Habite  les  prairies  des  parties  moyennes  de  toutes  nos  monta- 
gnes, dans  les  murs  de  soutènement  d'où  suinte  l'eau  des  irriga- 
tions; sur  les  plantes  près  de  l'eau  et  sur  les  roches  humides  de 
Casas-de-Pena ;  dans  quelques  vallons  des  gorges  de  l'Albère,  et 
près  d'Arles ,  au  pied  de  la  montagne. 

5.  Clausilie  bidentée,  Clausilia  bidens,  Turt. 

Animal.  Grêle,  d'un  gris-roux  et  un  peu  noirâtre  vers  le  mufle  ; 
tentacules  supérieurs  épais,  d'un  gris-foncé. 

Coquille.  Allongée,  ventrue,  un  peu  striée,  assez  mince, 
brillante,  d'un  roux-jaunâtre;  fente  ombilicale  étroite;  ouver- 
ture arrondie;  péristome  subcontinu.  Hauteur,  de  12  à  15  milli- 
mètres; diamètre,  de  2  à  3  millimètres. 

Habite  les  murs  des  vieilles  masures,  surtout  de  celles  qui  sont 
couvertes  de  plantes  et  qui  ont  une  certaine  humidité  ;  les  roches 
humides  près  des  cours  d'eau  et  dans  les  prairies,  au  pied  des 
montagnes,  dans  la  vallée  du  Tech. 

4.  Clausilie  ridée,  Clausilia  rugosa,  Drap. 

Animal.  Grêle,  d'un  gris-noirâtre  ;  tentacules  supérieurs  allon- 
gés, boutonnés  au  sommet,  de  même  couleur  que  le  corps. 

Coquille.  Fusiforme,  très -grêle,  finement  striée,  côtelée, 
fragile,  d'un  corné-fauve;  ouverture  ovale,  piriforme  ;  péris- 
tome continu,  bordé  tle  blanc;  gorge  bossue  et  ridée.  Hauteur, 
de  12  à  16  millimètres;  diamètre,  de  2  à  3  millimètres. 

Habite  les  roches  humides,  les  murs  des  canaux  et  les  fentes 


MOLLUSQUES.  477 

des  vieilles  murailles  des  propriétés  rurales  d'où  suinte  l'eau, 
dans  les  environs  de  Prades;  dans  les  ravins  des  bois  qui 
avoisinent  le  Mas  Carol  de  M.  Delcros,  à  Céret.  Je  l'ai  aussi 
prise  dans  les  environs  de  La  Manère. 

5.  Clausilie  ventrue,  Clausilia  ventricosa,  Drap. 

Animal.  Assez  gros,  rugueux,  à  rides  allongées;  tentacules 
supérieurs  allongés,  d'un  gris-noirâtre;  point  oculaire  noir. 

Coquille.  Fusiforme,  ventrue,  fortement  striée,  côtelée,  so- 
lide, d'un  fauve-rougeâtre ,  quelquefois  très-brun;  ouverture 
piriforme;  péristome  continu,  réfléchi;  gorge  peu  gibbeuse,  sans 
sillon.  Hauteur,  de  18  à  22  millim.;  diamètre,  de  4  à  5  millim. 

Habite  les  environs  de  Prats-de-Mollô,  près  des  eaux  abon- 
dantes des  fontaines  qui  sourdent  des  montagnes,  sur  les  pierres, 
sur  les  plantes,  et  sur  les  mousses  qui  croissent  dans  les  environs. 

Genre  Balée,  Balœa,  Leac. 

Animal.  Ressemble  en  tout  point  à  celui  des  Clausilies. 

Coquille.  Comme  celle  des  Clausilies;  mais  manquant 

de  clausilium,  ce  qui  la  faisait  ranger  dans  le  genre  Pupa. 

1.  Balée  fragile,  Balœa  fragilis,  Leac. 

Animal.  D'un  gris-jaunâtre,  quelquefois  verdâtre;  tentacules 
supérieurs  courts,  boutonnés  ;  points  oculaires  très-noirs. 

Coquille.  Sénestre,  presque  conique,  très-finement  côtelée, 
striée,  subperforée,  tendre,  fragile,  de  couleur  de  corne  un  peu 
claire;  ouverture  ovale;  columelle  sans  lamelle.  Hauteur,  de  7  à 
10  millimètres;  diamètre,  de  1  millim.  i/2  à  2  millim.  J/2- 

Habite  les  lieux  frais,  les  herbes,  les  mousses,  se  colle  sur  les 
murs  humides,  sur  les  pierres  et  sur  l'écorce  des  vieux  arbres 
des  bas-fonds  d'Arles-sur-Tech ,  de  la  vallée  de  Saint-Laurent-de- 
Cerdans ,  de  Prats-de-Mollô ,  et  surtout  dans  les  environs  de 
La  Preste.  Cette  coquille  avait  été  distraite  des  Maillots  pour  en 


478  HISTOIRE  NATURELLE. 

former  le  genre  Balée,  mais  M.  Moquin-Tandon  l'a  rapportée 
aux  Maillots. 

Genre  Maillot,  Pupa,  Drap. 

Animal.  On  ne  saurait  lui  trouver  de  différence  entre 
celui  des  Clausilies  et  des  Bulimes. 

Coquille.  Perforée  ou  à  fente  ombilicale,  ovale,  plus  ou 
moins  ventrue;  tours  de  spire  augmentant  graduellement; 
ouverture  très-irrégulière ,  armée  de  dents  ou  de  plis. 

1.  Maillot  à  quatre  dents,  Pupa  quadridens,  Drap. 

Animal.  Roussâtre,  plus  foncé  sur  la  partie  antérieure;  tenta- 
cules supérieurs  effilés,  les  inférieurs  grêles;  manteau  d'un 
blanc-roussâtre. 

Coquille.  Sénestre ,  oblongue-cylindrique  ,  lisse ,  brillante , 
solide,  couleur  de  corne-roux;  fente  ombilicale  à  peine  sensible  ; 
ouverture  semi-ovale  ;  péristome  évasé,  blanc  en  dedans,  à  quatre 
dents,  l'une  au  bord  apertural,  une  seconde  au  bord  extérieur, 
et  deux  au  bord  columellaire.  Hauteur,  de  6  à  14  millimètres; 
diamètre,  de  2  à  4  millimètres. 

Habite  sous  les  pierres,  dans  les  fissures  des  rochers  et  dans 
les  vieilles  murailles  des  habitations  isolées  des  basses  montagnes. 
Je  l'ai  prise  au  Castellas  (vieux  château)  de  Céret,  et  sur  les  forti- 
fications de  Villefranche.  M.  Aleron  l'a  prise  sur  les  coteaux  de 
Château-Roussillon.  M.  Penchinat  l'a  trouvée  au-dessus  de  Conso- 
lation, dans  la  Coba  de  la  Mare  de  Deu  (grotte  de  Notre-Dame). 

M.  Moquin-Tandon  rapporte  cette  coquille  aux  Bulimes  ;  il  en 
a  fait  le  Bulimus  quadridens. 

2.  Maillot  à  trois  dents,  Pupa  tridens,  Drap. 

Animal.  Épais,  brun  plus  ou  moins  foncé  en  dessus;  tentacules 
épais,  allongés,  légèrement  enflés  au  sommet  avec  le  point  ocu- 
laire brun-foncé  ;  pied  d'un  brun-noirâtre ,  d'un  blanc-sale  en 
dessous. 


MOLLUSQUES.  479 

Coquille.  Fusiforme,  souvent  ventrue,  très-finement  striée 
au  point  qu'elle  paraît  lisse,  solide,  presque  luisante,  d'un  roux 
de  corne  un  peu  jaunâtre,  uniforme.  Hauteur,  de  8  à  12  milli- 
mètres; diamètre,  de  3  à  5  millimètres. 

Habite  la  base  de  toutes  nos  montagnes  calcaires,  les  environs 
de  Céret,  Arles,  Villefranche ,  la  Trencada  d'Ambulla,  Casas-de- 
Pena,  Estagel,  et  jusqu'à  Saint-Paul-de-Fenouillet. 

M.  Moquin-Tandon  l'a  rapporté  au  genre  Bulime;  il  en  a  fait 
le  Bulimus  tridens. 

5.  Maillot  variable,  Pupa  variabilis,  Drap. 

Animal.  Épais,  brun,  finement  tacheté  de  noir;  tentacules 
supérieurs  épais,  presque  pas  renflés  au  sommet  qui  est  noir. 

Coquille.  Cylindrico -conique,  presque  aiguë  au  sommet, 
variant  beaucoup  par  la  forme,  striée  très-finement,  de  couleur 
brun-uniforme,  brillante  et  presque  transparente  ;  ouverture 
semi-ovale;  péristome  non  continu,  réfléchi,  bordé  de  blanc. 
Hauteur,  de  9  à  15  millimètres;  diamètre,  de  3  à  5  millimètres. 

Habite  les  roches  calcaires  de  toute  la  chaîne  des  Corbières  ; 
nous  avons  pris  abondamment  cette  coquille  dans  les  environs  de 
Maury;  très-commune  à  la  Trencada  d'Ambulla,  parmi  le  gazon 
des  fortificatioûs  de  Villefranche  et  à  la  montagne  Saint-Jacques. 

4.  Maillot  froment,  Pupa  frumentum,  Drap. 

Animal.  On  ne  saurait  lui  trouver  de  différence  avec  celui  du 
Maillot- Variable. 

Coquille.  Ovale-allongée,  acuminée,  finement  et  obliquement 
striée,  gorge  un  peu  gibbeuse,  couleur  de  corne-jaunâtre,  presque 
transparente;  fente  ombilicale  à  peine  marquée;  ouverture  semi- 
ovale  et  dentée  ;  péristome  légèrement  réfléchi,  bordé  de  blanc. 
Hauteur,  de  6  à  9  millimètres  ;  diamètre  de  2  à  3  millimètres. 

Habite  les  parties  basses  de  Casas-de-Pena,  au  pied  des  roches, 
parmi  les  herbes,  et  souvent  on  la  voit  attachée  sur  les  rochers  ; 
à  Estagel,  sur  les  calcaires;  aux  environs  de  Villefranche,  parmi 


480  HISTOIRE  NATURELLE. 

les  graminées  qui  croissent  au  pied  des  roches  calcaires,  dans  la 
partie  nord  des  fortifications  de  la  ville,  et  à  la  Trencadad'Ambulla. 

5.  Maillot  seigle,  Pupa  secale,  Drap. 

Animal.  Allongé,  variant  par  la  couleur  générale  du  gris  au 
noir  fortement  prononcé  ;  tentacules  supérieurs  courts  et  gros , 
boutonnés  à  l'extrémité  qui  est  très-noire;  pied  frangé,  d'un 
brun-grisâtre. 

Coquille.  Cylindrico-conique,  atténuée  au  sommet  et  presque 
obtuse,  solide,  brillante,  de  couleur  de  corne,  brun  ou  fauve; 
ouverture  obovale,  un  peu  étroite  ;  péristome  interrompu,  évasé, 
épais,  un  peu  tranchant,  sans  bourrelet  extérieur.  Hauteur,  de 
6  à  9  millimètres;  diamètre,  de  2  à  3  millimètres. 

Habite  les  basses  montagnes  de  la  vallée  du  Réart,  parmi  les 
broussailles  et  dans  les  fentes  des  rochers  ;  on  la  voit  marcher  de 
grand  matin  ou  pendant  les  jours  humides,  sur  les  pierres  et 
sur  les  plantes.  On  la  trouve  aussi  sur  les  montagnes  de  Corbère, 
Castelnau ,  Thuir ,  dans  la  partie  qu'on  appelle  le  Cake. 

6.  Maillot  de  Boileau,  Pupa  Boileausiana,  Charp. 

Animal.  Peu  différent  de  l'animal  du  Maillot-Seigle. 

Coquille.  On  l'a  confondue  souvent  avec  celle  du  Maillot- 
Seigle;  cependant,  en  l'observant  de  bien  près,  on  aperçoit  un 
petit  pli  ajouté  au  grand  pli  extérieur  de  la  paroi  aperturale,  et 
un  autre  pli  très-mince  qui  suit  l'angle  supérieur  du  bord  colu  - 
mellaire;  mais  souvent  ces  deux  plis  s'oblitèrent,  et  alors  il  est 
bien  difficile  de  les  distinguer.  Hauteur,  de  5  à  8  millimètres  ; 
diamètre,  de  1  millim.  l/2  à  2  millimètres. 

Habite.  Commune  à  la  Trencada  d'Ambulla  et  dans  les  envi- 
rons de  Villefranche,  attachée  aux  roches  et  aux  murs;  on  la 
trouve  aussi  parmi  les  graminées  au  pied  des  roches. 

M.  Moquin-Tandon  la  regarde  comme  une  variété  du  Maillot- 
Seigle. 


MOLLUSQUES.  481 

7.  Maillot  clausilioïde,  Pupa  clausilioïdes,  Boub. 

(M.  Moquin-Tandon  le  regarde  comme  une  variété  du  Pupa 
Pyrenœaria.  ) 

Animal.  Allongé,  d'un  gris-brun  très-foncé  en  dessus,  d'un 
jaune-clair  sur  tout  le  reste  du  corps;  tentacules  supérieurs 
allongés  et  fortement  boutonnés  à  l'extrémité. 

Coquille.  Gylindracée,  atténuée  aux  deux  extrémités,  obtuse, 
fendue  obliquement,  finement  striée;  fente  ombilicale  bien 
marquée;  ouverture  ovale,  oblique;  péristome  non  continu, 
bordé  de  blanc;  les  tours  de  spire,  au  nombre  de  dix  à  douze, 
bien  marqués  par  une  suture  qui  les  sépare  ;  couleur  de  corne- 
rousse,  assez  brillante.  Hauteur,  de  8  à  10  millimètres  ;  diamètre, 
2  millimètres. 

Habite  les  roches  calcaires  des  environs  de  La  Preste ,  sur 
lesquelles  on  le  voit  grimper  dans  les  matinées  humides  ;  il  y 
est  assez  commun.  Nous  ne  l'avons  pas  trouvé  dans  d'autres 
localités  du  département. 

Au  premier  aspect,  on  croit  voir  une  Clausilie.  Nous  avions 
pris  ce  Maillot  en  abondance  à  La  Preste  en  1823,  et  nous  l'avions 
classé  sous  le  nom  de  Clausilie  rare ,  à  observer.  Communiqué 
à  M.  Boubée,  à  son  passage  à  Perpignan,  il  crut  aussi  que  c'était 
une  Clausilie.  Examiné  très-attentivement  avec  MM.  De  Boissi  et 
Aleron,  après  en  avoir  ouvert  plusieurs  individus  pour  bien  voir 
la  conformation  intérieure  de  la  bouche,  nous  avons  pensé  que 
c'était  un  Maillot;  ses  habitudes  sont  celles  des  Maillots.  Cepen- 
dant, au  premier  aspect,  on  croit  voir  une  Clausilie;  car  il  est 
allongé  comme  la  plupart  d'entre  elles ,  et  la  bouche ,  quand  on 
n'y  porte  pas  beaucoup  d'attention ,  ressemble  à  celle  des  Clau- 
silies.  Tous  les  naturalistes,  au  premier  abord,  s'y  sont  mépris, 
et  ont  cru  voir  une  Clausilie. 

8.  Maillot  des  Pyrénées,  Pupa  pyrenœaria,  Mich. 
Animal.  Grêle,  effilé,  variant  pour  la  couleur  générale  d'un 

TOME   III.  51 


482  HISTOIRE  NATURELLE. 

gris-noirâtre  à  un  gris-jaunâtre;  tentacules  supérieurs  effilés  et 
boutonnés  à  l'extrémité,  qui  est  très-noire  ;  le  pied  est  d'un  blanc 
presque  transparent. 

Coquille.  Oblongue,  obtuse  au  sommet,  finement  striée,  assez 
solide,  couleur  de  corne  brune,  d'un  aspect  presque  soyeux; 
ombilic  assez  ouvert  ;  ouverture  subovale  arrondie ,  armée  de 
cinq  à  six  plis;  péristome  continu,  blanc,  réfléchi;  columelle 
calleuse  par  la  continuation  du  péristome  qui  la  recouvre. 
Hauteur,  de  5  à  8  millimètres;  diamètre,  2  millimètres. 

Habite  les  environs  de  La  Manère,  sur  les  confins  des  limites 
du  département  avec  l'Espagne,  sur  les  buis  et  parmi  les  pierres; 
on  le  trouve  aussi  dans  les  environs  de  La  Preste,  mais  il  y  est 
fort  rare;  au  plateau  de  la  Tour  de  Mir,  près  de  Prats-de-Mollô, 
où  il  est  fort  abondant  dans  les  rochers  calcaires  couverts  par  les 
buis,  et  parmi  les  graminées  qui  se  trouvent  au  pied  des  arbustes 
de  cette  région  très-élevée. 

La  variété  à  bord  détaché  et  avancé,  est  fort  commune  à  la 
Tour  de  Mir. 

9.  Maillot  avoine,  Pupa  avenacea,  Moq. 

Animal.  Presque  tout  noir;  tentacules  supérieurs  épais,  bou- 
tonnés à  l'extrémité,  dont  le  point  oculaire  est  très-noir. 

Coquille.  Conique,  un  peu  allongée,  aiguë  au  sommet,  per- 
forée, lisse,  assez  solide,  d'un  fauve-brunâtre,  brillante;  ouver- 
ture semi-ovale;  péristome  simple,  légèrement  bordé  de  blanc- 
roussâtre.  Hauteur,  de  6  à  8  millim.;  diamètre,  2  millimètres. 

Habite  les  environs  de  Saint-Paul-de-Fenouillet,  sur  les  ro- 
chers et  sur  les  plantes  qui  croissent  à  Saint-Antoine-de-Galamus 
et  au  pont  de  la  Fou,  dépendances  de  la  même  localité;  on  le 
trouve  aussi  sur  les  roches  de  la  même  chaîne ,  vers  le  col 
Saint-Louis. 

10.  Maillot  de  Farines,  Pupa  Farinesi,  Desmo. 
Animal.  Petit,  oblong,  pointu  en  arrière,  d'un  brun  très-foncé, 


MOLLUSQUES.  433 

presque  noir;  tentacules  très-gros,  lisses,  noirâtres;  pied  faible- 
ment frangé,  noirâtre  ou  d'un  brun-foncé. 

Coquille.  Cylindracée-conique,  à  rides  longitudinales  presque 
pas  saillantes,  serrées,  très-fines,  mince,  un  peu  solide,  luisante, 
d'un  brun-vineux  et  quelquefois  un  peu  grisâtre;  ombilic  ouvert,' 
demi-entouré  par  la  base  du  dernier  tour;  ouverture  ovale,  obtuse 
à  la  base,  plis  nuls;  péristome  interrompu,  très-peu  réfléchi, 
mince,  tranchant,  sans  bourrelet  extérieur,  d'un  blanc-roussâtre! 

Habite  sur  les  rochers ,  où  on  le  voit  appliqué  et  grimpant 
lorsquej'atmosphère  est  humide.  Commun  à  La  Preste,  au  Coral, 
à  Casas-de-Pena,  à  Saint- Antoine-de-Galamus ,  aux  environs  dé 
Prades  et  de  Villefranche,  à  la  Trencada  d'Ainbulla. 

i\.  Maillot  à  grands  bords,  Pupa  megacheylos,  Ros. 

Animal.  Semblable  à  celui  du  Maillot  de  Farines  ;  seulement  il 
est  plus  rugueux  sur  le  cou;  pied  arrondi  par  devant,  d'un  brun- 
roussâtre  un  peu  clair,  bordé  de  noirâtre. 

Coquille.  Dextre,  cylindrico-conique,  obtuse  au  sommet,  per- 
forée, finement  striée,  solide,  cornée-fauve  ou  un  peu  rougeâtre- 
opaque;  ouverture  rétrécie  d'en-bas,  anguleuse  vers  la  partie 
inférieure  du  bord  columellaire;  péristome  étalé,  aplati  et  large- 
ment bordé  de  blanc.  En  bien  considérant  le  Maillot  à  Grands 
Bords,  on  le  trouve  un  peu  plus  avantageux  de  taille  que  celui 
de  Farines. 

Habite  les  mêmes  localités  que  le  précédent;  ils  sont  souvent 
ensemble  collés  sur  les  mêmes  roches  calcaires. 

12.  Maillot  grain,  Pupa  granum,  Drap. 

Animal.  Très -petit,  presque  oblong,  opaque,  d'un  noir- 
roussâtre,  ou  d'un  gris-foncé  ;  tentacules  gros,  presque  lisses, 
d'un  gris-noirâtre;  point  oculaire  noir;  pied  non  frangé,  d'un 
gris-foncé. 

Coquille.  Cylindrique,  obtuse  au  sommet,  finement  striée» 
mince,  de  couleur  de  corne-clair,  subpellucide,  presque  bril- 


484  HISTOIRE  NATURELLE. 

lante;  fente  ombilicale  bien  marquée;  ouverture  semi-ovale, 
péristome  presque  simple ,  à  peine  bordé  de  blanc-roussâtre. 
Habite  les  coteaux  de  Château-Roussillon ,  sous  les  plantes  et 
les  pierres;  les  coteaux  pierreux  du  Haut-Vernet  de  Perpignan; 
sur  les  calcaires  des  bords  de  la  Fou,  chemin  d'Arles  à  Gortsavi. 

13.  Maillot  polyodonte,  Pupa  polyodon,  Drap. 

Animal.  Trapu,  un  peu  ridé  en  dessus,  d'un  roux  variant  du 
clair  au  noirâtre;  tentacules  supérieurs  un  peu  allongés;  point 
oculaire  noir,  assez  saillant;  pied  à  rebords  larges,  d'un  brun- 
jaunâtre  uniforme. 

Coquille,  Dextre,  ovale-oblongue,  ventrue,  atténuée  au  som- 
met, finement  striée,  assez  solide,  d'un  corné-jaunâtre  et  bril- 
lante; ouverture  arrondie;  péristome  légèrement  réfléchi,  peu 
épais,  sans  bourrelet  extérieur,  blanchâtre. 

Habite  les  environs  de  Villefranche,  sur  les  roches  calcaires; 
la  vallée  du  Tech,  aux  environs  de  Céret,  Arles,  et  remonte  dans 
cette  vallée  jusqu'à  Prats-de-Mollô  et  La  Preste. 

14.  Maillot  de  Dufour,  Pupa  Dufourii,  Dup. 

Animal.  Se  rapprochant  assez  du  Maillot -Polyodonte,  mais 
beaucoup  plus  grêle. 

Coquille.  Dextre ,  cylindrique ,  presque  obtuse  au  sommet , 
très-finement  striée,  perforée,  solide,  cornée,  un  peu  jaunâtre, 
d'un  aspect  soyeux  et  opaque  ;  ouverture  arrondie,  subovalaire  ; 
péristome  réfléchi,  épaissi,  bordé  de  blanc. 

Habite  les  carrières  de  Baixas,  sur  les  calcaires  et  dans  les 
broussailles  qui  se  trouvent  entre  les  roches;  les  fortifications 
de  Villefranche  et  la  montagne  de  la  Trencada  d'Ambulla;  les 
carrières  de  Reynès  et  les  environs  d'Arles  sur  la  route  de 
Cortsavi. 

D'après  M.  Moquin-Tandon,  on  devrait  le  rapporter  au  Pupa 
cylindrica. 

45.  Maillot  semblable,  Pupa  similis,  Drap. 


MOLLUSQUES.  485 

Animal.  Roussâtre,  peu  rugueux;  tentacules  supérieurs  assez 
effilés;  points  oculaires  roux-noirâtre;  pied  étroit,  allongé  et 
aigu  en  arrière,  d'un  brun-verdàtre-foncé,  bordé  de  noirâtre. 

Coquille.  Dextre,  subfusiforme,  aiguë  au  sommet,  presque 
fendue  et  lisse,  assez  solide,  un  peu  luisante,  opaque,  d'un 
blanc-cendré,  et  souvent  marbrée  de  bleu,  légèrement  cornée; 
ouverture  ovale  ;  péristome  presque  continu ,  mince  ,  dilaté , 
gorge  rousse  à  l'intérieur. 

Habite  sur  les  roches  calcaires  et  les  vieux  murs  de  Salses  et 
d"Opol  ;  les  mêmes  lieux  dans  les  environs  d'Estagel  et  des  mon- 
tagnes voisines. 

D'après  M.  Moquin-Tandon ,  c'est  le  Pupa  quinque  dentata. 

16.  Maillot  barillet,  Pupa  doliolum,  Drap. 

Animal.  Grisâtre  en  dessus;  tentacules  supérieurs  gros  et 
allongés,  d'une  couleur  un  peu  plus  foncée;  corps  très-délicat 
et  presque  gélatineux. 

Coquille.  Ovale-cylindrique,  obtuse  au  sommet,  fendue,  striée 
très-finement,  assez  solide,  d'un  gris-verdâtre  ou  jaunâtre  unifor- 
mes, luisante  et  peu  transparente;  ouverture  ovale-arrondie ; 
péristome  un  peu  épais,  non  continu,  réfléchi,  bordé  de  blanc 
ou  de  fauve. 

Habite  au  pied  des  arbres  garnis  de  mousse,  dans  les  bois 
avant  d'arriver  à  la  région  des  sapins  ;  sous  les  pierres  et  parmi 
les  broussailles  de  la  vallée  de  Conat,  avant  d'arriver  à  la  Font 
de  Comps;  les  bois  de  la  gorge  de  Finestret,  en  montant  à  Val- 
manya ,  à  la  hauteur  de  la  métairie  de  M.  Jaubert  de  Passa ,  et 
darîs  les  environs  de  Cortsavi,  vallée  du  Tech. 

17.  Maillot  des  mousses,  Pupa  muscorum,  Lara. 

Animal.  Épais,  noir;  tentacules  très-allongés  et  fortement 
boutonnés  à  l'extrémité,  qui  est  très-noire;  pied  non  frangé, 
grisâtre,  avec  une  légère  teinte  brune  ponctuée  de  noirâtre. 

Coquille.  Dextre,  petite,  ovale-cylindrique,  obtuse  au  sommet, 


486  HISTOIRE   NATURELLE. 

finement  striée,  stries  peu  flexueuses,  solide,  presque  brillante, 
d'un  fauve-rougeâtre  ;  ouverture  arrondie,  un  peu  échancrée, 
gorge  roussâtre  ;  péristome  non  continu ,  très-peu  réfléchi ,  for- 
tement bordé  de  blanc. 

Habite  dans  les  bois,  sous  la  mousse,  les  pierres  et  les  brous- 
sailles de  toute  la  région  des  Albères;  très-commun  dans  les 
alluvions  des  torrents  qui  descendent  de  ces  montagnes. 

18.  Maillot  ombiliqué,  Pupa  umbilicata,  Drap. 

Animal.  Moyen,  ovale-allongé,  d'un  brun-grisâtre,  nuancé  de 
noir;  tentacules  supérieurs  allongés,  renflés  à  l'extrémité;  point 
oculaire  très-noir;  pied  assez  large,  rebords  très-marqués,  lar- 
ges, sans  franges. 

Coquille.  Dextre,  petite,  oblongue,  à  stries  longitudinales 
presque  effacées,  très-serrées,  assez  solide,  presque  pellucide, 
d'un  corné-jaunâtre  ou  fauve,  unicolore,  perforée,  ombiliquée, 
lisse;  ouverture  semi-ovale,  unidentée;  péristome  non  continu, 
large,  un  peu  réfléchi,  très-épais,  blanchâtre  et  souvent  roux. 

Habite  parmi  les  broussailles  des  montagnes  calcaires  de  Casas- 
de-Penà;  les  environs  d'Estagel,  Corbère  et  Thuir;  les  Graus- 
d'Olette,  et  à  mi-côte  de  la  Font  de  Comps.  Le  docteur  Penchinat 
l'a  trouvé  sous  les  pierres,  autour  du  phare  du  Cap-Béarn, 

49.  Maillot  antivertigo,  Pupa  antivertigo,  Drap. 

Animal.  Épais,  court,  d'un  gris-noir  très-ardoisé  ;  tentacules  de 
la  même  couleur,  peu  enflés  à  leur  extrémité  ;  point  oculaire  noir  ; 
pied  oblong,  étroit,  bordsjnon  frangés,  d'un  gris-ardoisé  uniforme. 

Coquille.  Dextre,  très-petite,  ovale,  ventrue,  perforée,  lisse, 
assez  solide,  brillante,  d'un  fauve-jaunâtre;  ouverture  bidentée; 
péristome  réfléchi ,  fortement  sinué. 

Habite  sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles  des  prairies 
riveraines  de  La  Tet  et  du  Tech  jusqu'à  Prades  et  Arles. 

M.  Moquin-Tandon  a  classé  cette  espèce  dans  le  genre  Vertigo 
antivertigo. 


MOLLUSQUES.  487 

20.  Maillot  vertigo,  Pupa  pusilla,  Drap. 

Animal.  Très-petit ,  oblong  et  arrondi  en  avant ,  d'un  brun- 
ardoisé  en  dessus  ;  tentacules  presque  cylindriques ,  finement 
granulés,  d'un  gris-noirâtre;  point  oculaire  noir;  pied  large 
et  arrondi  antérieurement ,  les  côtés  transparents ,  d'un  brun- 
noiràtre-clair. 

Coquille.  Sénestre,  très-petite,  ovale,  ventrue,  perforée, 
très-finement  striée,  ces  dernières  un  peu  flexueuses,  solide, 
brillante,  transparente,  d'un  fauve-brun  ou  jaunâtre  unicolore; 
ouverture  subcordiforme  et  bidentée;  péristome  réfléchi,  presque 
continu,  épaissi  et  sinué,  assez  solide,  subpellucide,  transparent, 
d'un  fauve-jaunâtre  unicolore. 

Habite  sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles  des  prairies 
du  Riu-Ferrer,  près  d'Arles-sur-Tech  ;  dans  les  prairies  des  envi- 
rons de  Vinça  et  dans  la  gorge  de  Finestret.  Nous  trouvons  ces 
deux  dernières  espèces  dans  les  alluvions  du  bord  de  la  mer, 
après  de  fortes  inondations. 

ome  Famille.  —  Auriculés,  Fer. 

Genre  Carichie,    Carichium,  Mull. 

Animal.  Allongé;  corps  distinct  du  plan  locomoteur, 
roulé  en  spirale  et  pouvant  se  renfermer  à  volonté  dans 
une  coquille  ;  tête  munie  de  deux  tentacules  contractiles  ; 
yeux  à  leur  base  postérieure. 

Coquille.  Fusiforme,  le  dernier  tour  égalant  au  moins 
la  moitié  de  la  coquille;  ouverture  ovalaire,  dentée. 

1.  Carichie  naine,  Carichium  minimum,  Mull. 

Animal.  Très-petit,  d'un  blanc  transparent,  à  peine  jaunâtre  ; 
tentacules  fort  gros,  un  peu  renflés;  points  oculaires  très-noirs; 
pied  non  frangé,  fortement  arrondi  antérieurement,  de  couleur 
blanchâtre,  ponctué  de  noir. 


188  HISTOIRE   NATURELLE. 

Coquille.  Petite,  obtuse,  ovale,  presque  fendue,  irrégulière- 
ment et  finement  striée,  quelquefois  très-lisse,  solide,  blanche, 
changeant  de  couleur  lorsque  l'animal  en  est  séparé;  ouverture 
ovale,  tridentée;  bords  inclinés  l'un  vers  l'autre  et  presque  réunis 
par  une  callosité  ;  péristome  réfléchi. 

Habite  sous  les  pierres,  parmi  les  mousses  et  les  plantes  dans 
les  prairies  humides  de  Castell-Rossellô,  et  près  des  flaques  d'eau, 
où  elle  s'attache  aux  feuilles  qui  flottent  dans  ces  flaques;  les 
prairies  entre  Céret  et  Arles,  sur  le  bord  du  Tech  ;  dans  la  vallée 
de  La  Tet,  les  prairies  des  environs  de  Prades,  et  dans  ia  vallée 
de  Vernet,  les  prairies  près  de  la  rivière. 

2.  Carichie  myosote,  Carichium  myosotis,  Brap. 

Animal.  Moyen,  ovoïde -allongé,  ridé  antérieurement,  d'un 
noir-verdàtre  en  dessus,  gris-ardoisé  dessous;  tentacules  supé- 
rieurs divergents,  gros,  faiblement  coniques,  d'un  brun-sale  plus 
foncé  à  l'extrémité;  pied  non  frangé,  d'un  noir-grisâtre. 

Coquille.  D'un  cône  allongé,  striée  longitudinalement,  stries 
fines  et  flexueuses,  mince,  assez  solide,  luisante,  un  peu  trans- 
parente, d'un  brun-fauve  et  variant  beaucoup,  tantôt  unicolore, 
tantôt  flammulée  de  diverses  couleurs;  ouverture  obliquement 
ovale  et  un  peu  oblongue,  étroite,  obtuse  à  la  base,  aiguë  au 
sommet;  péristome  interrompu,  un  peu  évasé,  légèrement  épais, 
non  tranchant,  blanchâtre. 

Habite  les  prairies  humides  des  bords  de  l'étang  de  Salses; 
sur  les  joncs  et  les  plantes  qui  bordent  les  rigoles  qui  conduisent 
l'eau  des  fontaines  Estramer  et  de  Font-Dame  à  l'étang  :  elle  n'y 
est  point  abondante. 

2ine  Section. — Pulmonés-inoperculés  aquatiques,  comprenant 
deux  familles. 

ire  Famille. — Limnéens,  Lam. 

Genre  Planorbe,  Planorbis,  Guett. 

Animal.   Allongé,  à  tours  de  spire  bien  enroulés  sur 


MOLLUSQUES.  489 

eux-mêmes  dans  un  même  plan  horizontal;  tentacules 
allongés  ;  yeux  à  la  base  interne  des  tentacules. 

Coquille.  Discoïde,  à  tours  enroulés  les  uns  sur  les 
autres  et  visibles  presque  toujours  des  deux  côtés  ;  ouver- 
ture anguleuse,  plus  ou  moins  échancrée  par  l'avant- 
dernier  tour. 

\ .  Planorbe  contourné,  Planorbis  contortus,  Mull. 

Animal.  Fort  petit,  d'un  noir-rougeâtre  en  dessus,  plus  sombre 
en  dessous;  tentacules  allongés,  très-grêles,  filiformes,  peu 
transparents;  pied  d'un  noir  un  peu  rougeâtre,  plus  clair  sur  les 
bords,  rétréci  en  arrière,  large  et  arrondi  en  avant. 

Coquille.  Dextre,  petite,  aplatie,  presque  pas  concave  en 
dessus,  concave  et  profondément  ombiliquée  en  dessous,  lisse, 
mince,  de  couleur  de  corne  transparente,  mais  presque  toujours 
noirâtre  à  cause  d'une  croûte  de  limon  qui  s'y  attache;  péristome 
simple,  droit  et  tranchant. 

Habite  les  eaux  stagnantes  des  parties  basses  de  la  Salanque, 
près  de  Ganet,  le  Cagarell  et  les  canaux  entretenus  par  les  eaux 
qui  sourdent  dans  le  voisinage  des  prairies  de  cette  région. 

2.  Planorbe  corné,  Planorbis  corneus,  Poir. 

Animal.  Petit,  faiblement  marginé  en  avant,  rétréci  posté- 
rieurement, d'un  noir  luisant  en  dessus,  moins  foncé  et  un  peu 
grisâtre  en  dessous  ;  tentacules  écartés,  filiformes,  grêles,  arron- 
dis au  bout,  peu  transparents,  d'un  brun-sale;  yeux  ronds,  noirs, 
très-peu  apparents;  pied  opaque,  très-faiblement  translucide  à  la 
marge,  à  peu  près  noir,  d'un  roux  plus  ou  moins  foncé  sur  les 
bords. 

Coquille.  Profondément  ombiliquée  en  dessus,  presque  plane 
en  dessous,  à  rides  longitudinales,  sensibles,  serrées,  inégales, 
coupées  à  angle  droit  dans  les  premiers  tours  par  d'autres  rides, 
épaisse,  très-solide,  glabre,  assez  luisante,  d'un  corné-brun- 
olivâtre  en  dessus,  jaunâtre  ou  blanchâtre  en  dessous;  ouverture 


490  HISTOIRE  NATURELLE. 

assez  grande,  assez  échancrée  par  l'avant-dernier  tour  ;  péris- 
tome  subcontinu,  évasé,  mince,  tranchant,  sans  bourrelet. 

Habite  les  eaux  vives  et  dormantes  du  moulin  d'Ansignan, 
tout  près  de  l'embouchure  de  la  Désix  avec  l'Agly,  seule  localité 
du  département  où  il  existe. 

o.  Planorbe  blanc,  Planorbis  albus,  Mull. 

Animal.  Très-petit,  ramassé,  avec  une  grosse  tête,  d'un  brun- 
sale  foncé  et  un  peu  rougeâtre  ;  tentacules  longs,  grêles,  un  peu 
sétacés,  transparents,  d'un  jaune-rougeâtre  assez  clair;  points 
oculaires  noirs;  pied  d'un  brun -rougeâtre  foncé,  finement 
rugueux,  grisâtre  en  dessous  avec  quelques  petits  points  noirs. 

Coquille.  A  peine  convexe  en  dessus,  mince,  fragile,  un  peu 
hispide,  assez  transparente,  d'un  vert-jaunâtre  ou  blanchâtre, 
unicolore  ;  rides  longitudinales  à  peine  sensibles,  très-fines,  iné- 
gales, coupées  à  angle  droit  par  les  rides  spirales  ;  ouverture  ovale- 
arrondie,  un  peu  échancrée  par  l'avant-dernier  tour;  péris- 
tome  subcontinu,  évasé,  très-mince,  tranchant,  sans  bourrelet. 

Habite  toutes  les  parties  basses  du  littoral;  il  grimpe  sur  les 
plantes  des  fossés  dont  l'eau  n'est  pas  courante.  Le  canal  dit 
YAgulla  de  la  Mar,  qui  traverse  toutes  les  terres  depuis  Bages 
jusqu'à  la  mer,  est  le  lieu  où  je  l'ai  pris  assez  communément. 

4.  Planorbe  nautiliforme ,    Planorbis  nautileus ,   Desh., 
Planorbis  imbricatns,  Mull. 

Animal.  D'un  blanc-grisâtre,  un  peu  noirâtre  vers  la  tête  qui 
est  très-grosse;  tentacules 'subcylindriques,  obtus  au  sommet; 
points  oculaires  gros,  peu  saillants  et  noirs;  pied  d'un  gris  un 
peu  rouge,  plus  transparent  et  plus  clair  sur  les  bords. 

Coquille.  Dextre,  très-petite,  à  peine  ombiliquée  en  dessus  et 
profondément  en  dessous,  finement  striée,  mince,  de  couleur 
corne  transparente,  verdâtre  et  même  un  peu  fauve  ;  ouverture 
arrondie,  subovalaire,  un  peu  comprimée;  périslome  évasé, 
mince,  tranchant,  non  flexueux,  à  bord  supérieur  peu  avancé. 


MOLLUSQUES.  491 

Habite  les  eaux  vives  des  jardins  de  la  Poudrière  de  Perpignan 
et  dans  les  fossés  un  peu  vaseux  ;  c'est  en  remuant  avec  la  main 
la  vase  des  bords  de  ces  fossés,  qu'on  le  trouve  abondamment.  Je 
ne  l'ai  jamais  vu  marcher. 

o.  Planorbe  spirorbe,  Planorbis  spirorbis. 

Animal.  Court,  épais,  d'un  gris-noirâtre  ou  rougeàtre;  tenta- 
cules allongés,  très-minces,  très-pointus  ;  points  oculaires  très- 
petits,  ronds,  très-noirs;  pied  un  peu  plus  transparent  sur  les 
bords. 

Coquille.  Dextre,  petite,  aplatie,  à  peine  concave  en  dessus 
et  presque  aplatie  en  dessous,  très-finement  et  irrégulièrement 
striée,  assez  mince  ;  d'une  couleur  de  corne  claire ,  unicolore, 
presque  transparente  et  un  peu  luisante  ;  ouverture  arrondie , 
cchancrée  ;  péristome  simple,  droit,  tranchant  et  subcontinu. 

Habite  les  fossés  des  prairies  de  Canohès,  les  ruisseaux  des 
puits  artésiens  des  environs  de  Toulouges,  les  fossés  des  prairies 
de  Thuir  et  dans  les  eaux  vives  peu  courantes  du  riverai. 
6.  Planorbe  tourbillon,  Planorbis  vortex,  Mull. 

Animal.  D'un  brun-rougeàtre,  grêle,  terminé  en  avant  par  une 
tête  fort  grosse  arrondie  vers  le  bord  antérieur;  tentacules  grêles, 
élargis  à  la  base,  transparents,  d'un  brun-jaunàtre  un  peu  clair; 
points  oculaires  faiblement  saillants,  petits,  ovoïdes,  noirs;  pied 
d'un  brun-rouge  un  peu  jaunâtre,  plus  clair  sur  les  bords. 

Coquille.  Dextre,  petite,  très-comprimée,  très-finement  striée, 
légèrement  ombiliquée  en  dessus  et  plane  en  dessous,  fragile, 
luisante,  transparente,  d'un  corné-pàle  en  dessus  et  en  dessous, 
souvent  encroûtée  de  limon;  ouverture  ovale,  aiguë  des  deux 
extrémités;  péristome  simple,  droit  et  tranchant,  non  tlexueux, 
sans  bourrelet,  à  bord  supérieur  peu  avancé. 

Habite  dans  les  mares  des  eaux  naissantes  des  fossés  des  forti- 
fications de  la  ville  et  de  la  citadelle  de  Perpignan  ;  nous  le  trou- 
vons aussi  dans  les  fossés  des  r;iu\  vives  des  prairies  de  la 
Salanque. 


492  HISTOIRE  NATURELLE. 

M.  Michel  a  trouvé  dans  les  fossés  des  fortifications  de  Perpi- 
gnan, derrière  la  caserne  Saint-Jacques,  un  exemplaire  de  cette 
espèce  tout-à-fait  scalaire;  les  tours  de  spire  allaient  en  sens 
inverse,  ce  qui  fait  une  double  anomalie  chez  le  même  sujet. 

7.  Planorbe  bouton,  Planorbis  rotundatus,  Poir. 

Animal.  Très-petit,  échancré  antérieurement  et  brusquement 
atténué  en  arrière,  d'un  brun-rougeâtre  tirant  sur  le  noir  en 
dessus,  d'une  teinte  ardoisée  claire  en  dessous;  tentacules  très- 
grêles,  filiformes,  d'un  brun-grisâtre;  points  oculaires  petits, 
ronds,  noirs  ;  pied  noirâtre,  transparent  vers  les  bords,  dessous 
un  peu  plus  foncé. 

Coquille.  Déprimée,  concave  en  dessus,  aplatie  en  dessous, 
à  stries  longitudinales  peu  sensibles,  très-fines,  inégales,  mince, 
glabre,  un  peu  luisante,  transparente,  d'un  corné-pâle  ou  fauve 
en  dessus  et  en  dessous,  unicolore  ;  ouverture  ovale,  à  peine 
échancrée  par  le  dernier  tour,  à  peine  oblique  ;  péristome  con- 
tinu, un  peu  évasé,  avec  un  léger  bourrelet  intérieur  blanchâtre. 

Habite  les  fossés  des  eaux  vives  de  la  Salanque  d'Argelès,  et 
plus  particulièrement  de  Taxô-de-Baix,  toutes  les  mares  fangeuses 
du  pied  des  Albères.  Le  docteur  Penchinat  a  trouvé  celte  espèce, 
sous  le  nom  de  Planorbis  leucostoma,  Mill.,  dans  le  petit  étang  des 
anses  Polilles. 

8.  Planorbe  caréné,  Planorbis  carenatus,  Mull. 

Animal.  Très-petit,  d'un  brun  plus  ou  moins  noirâtre  surtout 
vers  le  mufle;  tentacules  grêles  et  pointus,  d'un  blanc-jaunâtre  ; 
points  oculaires  très-petits,  ronds,  noirs  ;  pied  arrondi  antérieure- 
ment, d'un  noir-rougeâtre,  dessous  d'un  gris-rougeâtre  plus  foncé 
vers  le  milieu. . 

Coquille.  Dextre,  médiocre,  légèrement  concave  en  dessus, 
convexe  en  dessous,  finement  striée  longitudinalement ,  stries 
serrées,  subinégales,  arquées;  assez  mince,  peu  solide,  un  peu 
luisante,  assez  transparente,  de  couleur  cornée-pâle-jaunâtre  en 


MOLLUSQUES.  493 

dessus  et  en  dessous,  unicolore  ;  ouverture  ovale,  anguleuse  des 
deux  côtés  ;  péristome  simple,  droit,  tranchant  et  subcontinu. 

Habite  les  eaux  stagnantes  des  fossés  des  fortifications  de 
Perpignan,  les  fossés  des  prairies  des  bords  de  la  mer  et  les 
mares  de  tout  le  littoral. 

9.  Planorbe  marginé,  Planorbis  complanatus,  Drap. 

Animal.  Petit,  un  peu  bilobé  antérieurement,  grêle  et  presque 
pointu  à  la  partie  postérieure,  d'un  rouge-violet-foncé;  tentacules 
grêles,  filiformes,  pointus  ;  points  oculaires  noirs. 

Coquille.  Dextre,  légèrement  concave  en  dessus,  plane  en 
dessous,  très-finement  striée,  peu  solide,  de  couleur  cornée- 
jaunâtre  ou  fauve  en  dessus  et  en  dessous,  unicolore,  quelquefois 
salie  de  limon  ;  ouverture  transversalement  ovale  ;  péristome 
subcontinu,  droit,  tranchant,  presque  simple  et  bordé  de  blanc 
à  l'intérieur. 

Habite  les  mêmes  lieux  que  la  précédente  espèce;  mais  elle  est 
plus  abondante  dans  les  fossés  des  prairies  de  toute  la  Salanque. 

Genre  Physe,  Physa,  Drap. 

Animal.  Ovale,  spiral  ;  deux  tentacules  allongés,  oculi- 
férés  à  leur  base  interne;  pied  allongé;  manteau  bilobé, 
quelquefois  frangé  sur  les  bords. 

Coquille.  Sénestre,  spirale-oblongue  ;  ouverture  allon- 
gée, quelquefois  lancéolée;  columelle  torse,  bord  extérieur 
mince  et  tranchant. 

\.  Physe  aiguë,  Physa  acuta,  Drap. 

Animal.  D"un  brun-foncé  parsemé  de  points  noirâtres  eri 
dessus,  d'un  brun-grisâtre  plus  sombre  en  dessous,  assez  grand 
relativement  à  la  coquille ,  terminé  antérieurement  par  une  tète 
assez  large;  tentacules  écartés,  grêles,  filiformes,  un  peu  obtus 
au  bout,  peu  transparents,  d'un  jaune-roussâtre;  yeux  très-peu 


494  HISTOIRE  NATURELLE. 

saillants,  assez  grands,  ronds,  noirs;  pied  peu  transparent,  d'un 
brun-foncé,  rétréci  en  arrière,  un  peu  ardoisé,  plus  clair  sur  les 
côtés. 

Coquille.  Allongée-ovoïde,  assez  ventrue,  lisse,  à  stries  longi- 
tudinales très-fines  (il  faut  les  voir  à  la  loupe),  mince,  solide, 
luisante,  presque  opaque,  couleur  de  corne  claire  ou  blanchâtre  ; 
ouverture  obliquement  étroite -ovale,  aiguë  supérieurement; 
péristome  interrompu,  un  peu  épaissi,  avec  un  rudiment  de 
bourrelet  intérieur,  à  bord  columellaire tordu,  évasé,  réfléchi, 
épais.  Hauteur,  de  10  à  16  millimètres;  diamètre,  de  6  à  9. 

Habite  parmi  les  plantes  qui  couvrent  les  fossés  de  toutes  les 
prairies  qui  avoisinent  les  fontaines  Estramer  et  Font-Dame; 
nous  l'avons  aussi  trouvée  dans  les  rigoles  qui  conduisent  les 
eaux  des  thermes  de  Vernet  dans  la  rivière. 

2.  Physe  des  mousses,  Physa  hypnorum,  Drap. 

Animal.  Oblong,  tête  peu  large,  étroit,  très-obscur,  d'un  gris- 
brun,  quelquefois  noir,  faiblement  bleuâtre,  velouté  ;  tentacules 
écartés,  longs,  subulés,  très-aigus,  d'un  gris-blanchâtre;  pied 
oblong-lancéolé,  étroit,  obtus,  tronqué  antérieurement,  rétréci 
en  arrière;  les  bords  présentent  une  ligne  translucide  gris- 
blanchâtre. 

Coquille.  Ovoïde,  oblongue,  presque  lisse,  à  stries  longitu- 
dinales, perceptibles  à  la  loupe,  mince,  un  peu  solide,  très- 
brillante,  un  peu  transparente,  fauve,  quelquefois  avec  une 
teinte  rougeâtre.  Hauteur,  de  10  à  14  millimètres;  diamètre,  de 
4  à  7  millimètres. 

Habite  les  ruisseaux  qui  arrosent  les  champs  et  les  prairies 
des  environs  de  l'étang  de  Saint-Nazaire  ;  nous  l'avons  trouvée 
aussi  dans  les  eaux  des  prairies  des  environs  de  Thuir. 

5.  Physe  cornée,  Physa  cornea,  Massot. 
Notre  confrère,  le  docteur  Paul  Massot,  découvrit  cette  Physe 


MOLLUSQUES.  495 

dans  les  ruisseaux  des  environs  de  la  Poudrière  de  Perpignan, 
et  la  décrivit  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Agricole,  Scientifique 
et  Littéraire  des  Pyrénées-Orientales  (1845).  M.  Moquin-Tandon 
n'admet  pas  celte  espèce,  et  dit  que  c'est  une  variété  de  la  Physe- 
des-Mousses.  Nous  ne  partageons  par  cette  opinion,  car  la  forme 
extérieure  est  trop  différente  entre  ces  deux  espèces. 

M.  Massot  décrit  ainsi  la  Physe-Gornée  : 

«  Coquille.  Sénestre,  très-allongée  et  conique  vers  son  som- 
a  met,  qui  est  aigu  ;  terne  quoique  lisse,  avec  des  stries  longitu- 
«  dinales  très-légères  ;  couleur  cornée  à  peine  transparente  ; 
«  cinq  tours  de  spire,  dont  le  dernier  est  plus  grand  que  les 
«  autres ,  proportion  gardée  ;  ouverture  ovale-oblongue ,  très- 
«  rétrécie  supérieurement,  sa  longueur  n'égale  pas  à  beaucoup 
«  près  la  moitié  de  la  longueur  totale  de  la  coquille.  La  base  de 
«  la  columelle  présente  un  léger  bourrelet  avec  un  bord  rougeà- 
«  tre;  péristome  simple.  Hauteur,  8  millim.;  diamètre,  3  millim. 

«  Habite  les  Pyrénées-Orientales  ;  Perpignan ,  avenue  de  la 
«  Poudrière. 

«  Si  cette  espèce  ressemble  par  sa  forme  à  la  Physe-des- 
«  Mousses,  elle  en  diffère  par  sa  couleur,  par  le  nombre  des 
«  tours  de  spire,  par  son  ouverture,  et  notamment  par  sa  grosseur 
«  et  sa  taille.  » 

4.  Physe  torse,  Physa  contorta,  Mich. 

Nous  la  portons  comme  mémoire.  M.  Michaud  l'a  trouvée  dans 
les  ravins  qui  descendent  des  Albères,  entre  Collioure  et  Port- 
Vendres.  M.  Canta  la  possédait  sans  pouvoir  préciser  la  localité 
où  il  l'avait  trouvée;  mais  nous  avons  cherché  vainement  ce 
Mollusque  dans  ces  localités,  et  notre  confrère,  le  Dr  Penchinat, 
qui  habite  Port-Vendres ,  nous  écrit  :  «  Je  n'ai  pas  trouvé  la 
Physa  conforta  de  Michaud,  indiquée  entre  Collioure  et  Port- 
Vendres,  dans  les  ravins  qui  coulent  des  montagnes  ;  nous  n'avons 
pas  de  Physe  ici.  » 


496  HISTOIRE  NATURELLE. 

Genre  Lymnée,  Lymnœa,  Brug. 

Animal.  Ovale-allongé,  pouvant  être  contenu  tout 
entier  dans  sa  coquille;  tortillon  non  enroulé  sur  le 
même  plan,  formant  une  spire  plus  ou  moins  allongée; 
tentacules  aplatis ,  courts ,  subtriangulaires  ;  pied  ovale, 
grand,  fortement  émarginé  antérieurement,  obtus  posté- 
rieurement. 

Coquille.  Dextre,  oblongue,  quelquefois  subglobu- 
leuse, mince,  plus  ou  moins  transparente ,  à  spire  géné- 
ralement saillante;  ombilic  nul  ou  réduit  à  une  petite 
fente  oblique  ;  columelle  un  peu  torse  ;  ouverture  ovale, 
étroite,  anguleuse  en  haut;  péristome  mince,  un  peu 
tranchant,  sans  bourrelet. 

1.  Lymnée  ovale,  Lymnœa  ovata,  Lam. 

Animal.  Court,  épais,  gris-noirâtre  ou  jaune-verdâtre,  parsemé 
de  plusieurs  petits  points  noirâtres  et  jaunâtres,  le  dessous  plus 
pâle;  tentacules  dilatés,  peu  pointus,  grisâtres,  bordés  en  avant 
de  jaune-blanchâtre;  pied  ovale-allongé,  très-large  et  obtus  en 
avant;  il  l'est  moins  postérieurement. 

Coquille.  Assez  ventrue,  à  stries  longitudinales  peu  sensibles, 
serrées,  fines,  peu  flexueuses,  mince,  très-fragile,  luisante,  trans- 
parente, de  couleur  de  corne  pâle;  ombilic  en  partie  recouvert; 
ouverture,  grande,  ovale,  aiguë  supérieurement;  péristome  sub- 
continu, peu  évasé,  mince,  à  bord  columellaire  sensiblement 
tordu,  dilaté,  réfléchi.  Hauteur,  de  22  à  30  millim.;  diamètre, 
de  14  à  20  millimètres. 

Habite  dans  les  ruisseaux  qui  bordent  les  remparts  des  forti- 
fications de  la  Ville-Neuve,  à  Perpignan;  les  fossés  des  prairies 
de  Thuir,  et  dans  les  prairies  de  la  Salanque. 

2.  Lymnée  voyageuse,  Lymnœa  peregra,  Lam. 


MOLLUSQUES.  497 

Animal.  Très-ramassé,  terminé  antérieurement  par  une  tête 
grosse,  large,  courte,  semi-circulaire,  rétréci  et  arrondi  posté- 
rieurement, d'un  brun-verdâlre  à  peine  transparent,  plus  foncé 
en  dessous;  tentacules  longs  de  3 millimètres,  triangulaires,  très- 
larges  à  la  base,  un  peu  pointus  au  bout,  d'un  gris-verdàtre  très- 
clair;  pied  presque  tronqué  en  avant,  d'un  brun-verdâtre-sale. 

Coquille.  Ovoïde-oblongue,  à  stries  longitudinales  un  peu 
sensibles,  fines,  serrées,  à  peine  flexueuses,  mince,  assez  solide, 
peu  luisante,  d'un  corné-fauve,  quelquefois  brune,  rougeâtre  ou 
grisâtre;  ombilic  recouvert  en  très-grande  partie,  fort  étroit, 
quelquefois  nul;  ouverture  grande,  ovale-allongée,  aiguë  supé- 
rieurement ;  péristome  subcontinu ,  peu  évasé ,  mince ,  à  bord 
columellaire  sensiblement  tordu,  très-dilaté,  épaissi  et  à  bord 
extérieur  peu  détaché  de  la  coquille ,  arqué.  Hauteur,  de  10  à 
22  millimètres;  diamètre,  de  G  à  12  millimètres. 

Habite  les  fossés  des  fortifications  derrière  la  citadelle  de  Per- 
pignan; les  fossés  des  prairies  de  Canohès,  dans  la  plaine  de 
l'ancien  étang;  les  prairies  souvent  inondées  de  Yall-Ric,  sous 
Yilleneuve-de-la-Raho. 

3.  Lymnée  palustre,  Lymnœa  palustris,  Drap. 

Animal.  Oblong,  presque  cordiforme,  un  peu  dilaté  en  tête 
de  clou  et  fendu  antérieurement,  arrondi  postérieurement,  d'un 
gris  presque  noir,' quelquefois  d'un  noir-violet,  comme  velouté, 
d'un  gris  un  peu  verdàtre  en  dessous;  tentacules  écartés,  larges 
à  la  base,  aplatis,  un  peu  pointus,  légèrement  arqués,  peu  trans- 
parents, brunâtres,  très-clairs  vers  l'extrémité;  pied  oblong,  à 
peu  près  de  la  largeur  du  chaperon,  noirâtre,  plus  clair  sur  les 
côtés  et  en  arrière,  faiblement  granuleux. 

Coquille.  Ovoïde-allongée,  à  stries  longitudinales  sensibles, 
inégales,  très-fines,  mince,  assez  solide,  peu  luisante,  subopaque, 
cornée-fauve  ou  brunâtre;  ombilic  presque  couvert,  extrêmement 
étroit  ou  nul  ;  ouverture  formant  plus  du  tiers  de  la  hauteur,  ovale, 
un  peu  étroite,  légèrement  anguleuse  supérieurement;  péristome 


498  HISTOIRE   NATURELLE. 

subcontinu,  faiblement  évasé,  mince,  dilaté,  réfléchi,  un  peu  épais. 
Hauteur,  de  12  à  24  millimètres;  diamètre,  de  6  à  12  millimètres. 
Habite  toutes  les  mares  stagnantes  du  littoral,  à  Sainte-Marie- 
la-Mer,  Canet,  Saint-Nazaire,  Saint-Cyprien ,  etc.,  etc. 

4.  Lyranée  petite,  Lymnœa  minuta,  Lam. 

Animal.  Trapu,  se  dilatant  à  la  partie  antérieure,  émarginé, 
arrondi  postérieurement ,  d'un  brun  -  noirâtre ,  très-finement 
ponctué  de  noir,  plus  foncé  en  dessus,  un  peu  ardoisé  en  des- 
sous; tentacules  triangulaires,  larges  à  la  base,  un  peu  grêles  à 
l'extrémité,  transparents,  d'un  gris-clair,  très-finement  pointillés 
de  noirâtre  sur  les  bords;  pied  long,  un  peu  moins  large  que  le 
chaperon,  dessous  presque  tronqué  antérieurement,  un  peu  plus 
clair  sur  les  côtés. 

Coquille.  Ovoïde-oblongue,  un  peu  ventrue,  stries  longitu- 
dinales peu  sensibles,  serrées,  fines,  un  peu  flexueuses,  mince, 
assez  solide,  légèrement  luisante,  d'un  corné-pâle  ou  cendré- 
grisâtre,  quelquefois  un  peu  violacé;  ombilic  en  partie  recou- 
vert; ouverture  anguleuse  supérieurement;  péristome  subcontinu, 
non  évasé,  mince,  à  bord  columellaire  faiblement  tordu,  très- 
dilalé,  très-réfléchi.  Hauteur,  de  9  à  10  millimètres;  diamètre, 
de  3  à  5  millimètres. 

Cette  coquille  varie  beaucoup  par  sa  forme,  et  on  peut  en  faire 
plusieurs  variétés. 

Habite  les  marais  des  environs  de  Saint-Nazaire,  et  dans  les 
environs  de  Canet,  les  rigoles  de  tous  les  bas-fonds;  aux  envi- 
rons de  Collioure ,  dans  les  ravins  et  les  flaques  d'eau. 

Genre  Ancyle,  Ancylus. 

Animal.  Ovoïde,  relevé  en  cône,  aplati  en  dessous, 
pouvant  tout  juste  être  contenu  dans  sa  coquille,  sans 
tortillon  spiral  ;  tentacules  courts,  subulés  ;  pied  ovalaire, 
un  peu  plus  court  que  le  corps,  obtus  en  avant  et  en 
arrière,  attaché  par  un  pédicule  rudimentaire. 


MOLLUSQUES.  499 

Coquille.  Dextre  ou  sénestre,  conique,  non  spirale, 
mince ,  peu  transparente ,  à  sommet  pointu ,  légèrement 
recourbé  en  arrière;  ombilic  nul;  colunielle  nulle;  ouver- 
ture arrondie,  ovalaire  ou  elliptique;  péristome  mince, 
tranchant,  sans  bourrelet,  continu;  épiphragme  nul. 

i.  Ancyle  lluviatile,  Âncylus  fluviatilis,  Mull. 

Animal.  Oblong,  arrondi  aux  deux  extrémités,  lisse,  plus  ou 
moins  transparent,  d'un  gris-ardoisé,  rougeâtre  au  centre,  fine- 
ment ponctué  de  noirâtre;  tentacules  très-écartés ,  dirigés  en 
avant,  grêles,  filiformes,  lisses,  transparents,  d'un  blanc-grisâtre; 
pied  non  frangé,  dessus  lisse,  d'un  brun-jaunâtre,  très-large 
latéralement;  dessous  oblong,  élargi  et  arrondi  à  la  partie  anté- 
rieure. 

Coquille.  Conique,  en  forme  de  bonnet  phrygien  plus  ou 
moins  élevé,  à  stries  longitudinales  fines,  quelquefois  presque 
nulles,  mince,  testacée,  fragile,  mate,  d'un  blanc-sale-grisâtre 
ou  jaunâtre  ;  sommet  plus  ou  moins  rapproché  du  bord  posté- 
rieur, dirigé  en  arrière,  plus  ou  moins  obtus;  ouverture  ovale- 
arrondie,  tout-à-fait  circulaire;  péristome  simple,  mince,  tran- 
chant, intérieur  lisse,  luisant,  d'un  blanc  un  peu  nacré.  Hauteur, 
de  3  à  6  millimètres;  diamètre,  de  4  à  10  millimètres. 

Habite.  Commune  dans  toutes  nos  rivières  et  dans  tous  nos 
ruisseaux.  Nous  l'avons  trouvée  dans  les  ruisseaux  des  fontaines 
de  la  partie  supérieure  des  Albères,  à  1.000  mètres  d'altitude. 

2.  Ancyle  lacustre,  Anctjlus  lacustris,  Mull. 

Animal.  Petit,  terminé  antérieurement  par  une  grosse  tête, 
peu  transparent,  d'un  jaune-verdàtre,  un  peu  ponctué  de  noirâtre; 
tentacules  très-écartés,  dirigés  en  avant,  gros,  pointus  au  bout, 
transparents,  d'un  gris-blancliâtre;  pied  d'un  jaune-verdâtre, 
peu  transparent;  côtés  pointus  antérieurement,  élargis  brus- 
quement d'avant  en  arrière;  dessous  un  peu  moins  coloré  que 
le  dessus. 


500  HISTOIRE   NATURELLE. 

Coquille.  Subconique,  plus  ou  moins  déprimée,  très-oblique, 
lisse,  à  stries  longitudinales  excessivement  fines,  coupées  par 
d'autres  stries  circulaires,  très-mince,  très-fragile,  mate,  assez 
transparente,  couleur  de  corne  blanchâtre  ou  grisâtre  ;  sommet 
presque  médian,  dirigé  en  arrière  et  à  gauche,  assez  pointu; 
ouverture  elliptique-allongée  ;  péristome  simple ,  très-mince , 
tranchant,  intérieur  lisse,  luisant,  blanchâtre,  à  peine  nacré. 
Hauteur,  de  2  à  3  millimètres;  diamètre,  de  5  à  8  millimètres. 

Habite  dans  les  mares  de  toute  la  Salanque,  sur  les  tiges  des 
plantes  aquatiques;  on  la  trouve  souvent  prise  sous  les  feuilles 
mortes  qui  flottent  dans  les  mares  d'eau  stagnante.  Elle  se  trouve 
en  abondance  près  de  la  métairie  Picas,  sur  les  feuilles  des  plantes 
qui  vivent  dans  un  large  fossé  produit  par  une  inondation. 

2me  Sous-Ordre.  —  Operculés. 
Cyclostomacés. 

Genre  Cyclostome,  Cyclostoma. 

Animal.  Spiral,  oblong,  sans  collier  ni  cuirasse;  ten- 
tacules cylindracés-subulés,  un  peu  renflés  à  l'extrémité  ; 
pied  petit,  allongé. 

Coquille.  Dextre,  ovale,  assez  épaisse,  opaque,  tours 
de  spire  convexes  ;  ouverture  arrondie,  régulière,  entière, 
sans  lames  ni  dents;  péristome  peu  épais,  souvent  réflé- 
chi, presque  continu;  opercule  épais  et  calcaire,  ou 
mince  et  subcorné  ;  accroissement  spiral. 

1.  Cyclostome  élégant,  Cyclostoma  elegans,  Drap. 

Animal.  Grand,  ovale,  très-épais,  obtus  et  fortement  bilobé  en 
avant,  noir  en  dessus,  plus  pâle  en  dessous  ;  tentacules  très-écartés 
à  la  base,  un  peu  renflés  au  sommet,  opaques,  presque  noirs; 
pied  arrondi  antérieurement,  non  frangé,  très-sombre. 

Coquille.  Ventrue,  conique-ovoïde,  fortement  et  élégamment 


MOLLUSQUES.  501 

striée  dans  le  sens  de  la  spire,  et  coupée  transversalement  par 
des  stries  fines  et  peu  apparentes,  épaisse,  très-solide,  un  peu 
luisante,  d'un  violacé-grisâtre  ou  roussàlre,  avec  des  taches  brunes 
ou  violettes;  sommet  violet-foncé;  ouverture  arrondie,  les  deux 
bords  formant  à  leur  insertion  un  angle  peu  prononcé;  péristome 
continu,  presque  droit,  un  peu  épais;  opercule  spiral  assez  épais. 
Hauteur,  de  12  à  18  millim.;  diamètre,  de  8  à  12  millimètres. 
Habite  les  baies  et  les  broussailles  de  tous  les  champs,  et  les 
vignes  qui  bordent  le  pied  de  nos  basses  montagnes;  est  commun 
par  tout;  on  le  trouve,  avec  toutes  ses  variétés,  aux  fortifications 
de  Yillefranche,  et  dans  tous  les  environs,  jusqu'à  Olette. 

2.  Cyclostome  obscur,  Cyclostoma  obscurum,  Drap. 
Animal.  Un  peu  vermiforme,  arrondi  par  devant,  d'un  roux- 
vineux  en  dessus,  gris-blanchâtre  en  dessous;  tentacules  subulés, 
très-grêles,  presque  pointus  à  l'extrémité,  transparents,  d'un 
jaune-roussâtre  ;  pied  très-grand ,  large ,  transparent  sur  les 
bords,  en  arrière,  non  frangé. 

Coquille.  Allongée-conique,  légèrement  renflée  inférieure- 
ment ,  striée  longiludinalement ,  mince ,  assez  solide ,  un  peu 
mate,  d'un  cendré-roussâtre,  souvent  avec  des  rangées  de  points 
ou  de  petites  taches  d'une  couleur  fauve-rougeâtre;  ombilic  un 
peu  ouvert,  étroit;  ouverture  arrondie,  un  peu  anguleuse  supé- 
rieurement, roussâtre  intérieurement;  péristome  réfléchi,  très- 
évasé,  mince,  blanc.  Hauteur  de  10  à  14  millimètres;  diamètre, 
de  4  à  6  millimètres. 

Habite  tous  les  bois  et  les  champs  des  coteaux  des  basses  mon- 
tagnes, de  toute  la  vallée  du  Réart;  les  basses  Albères,  et  dans 
la  vallée  du  Tech,  remonte  jusqu'à  Prats-de-Mollô  ;  dans  la  vallée 
de  La  Tet,  même  habitat  jusqu'à  Olette;  et  dans  celle  de  l'Agly, 
depuis  Estagel  jusqu'à  Caudiès. 

3.  Cyclostome  de  Noulet,  Cyclostoma  Nouleti,  Dup. 
Animal.  Petit,  allongé,  arrondi  en  avant,  d'un  brun-violacé 

en  dessus,  les  côtés  roussâlres;  tentacules  grêles,  cylindriques, 


502  HISTOIRE   NATURELLE. 

pointus  à  l'extrémité,  transparents,  d'un  violacé  plus  clair  que  le 
corps;  pied  très-large,  transparent,  avec  un  rebord  d'un  blanc- 
roussâtre,  non  frangé,  arrondi  en  avant;  queue  longue,  pyra- 
midale et  roussâlre. 

Coquille.  Conoïde,  renflée  intérieurement,  à  rides  longitu- 
dinales saillantes,  écartées,  fortes,  un  peu  flexueuses,  mince, 
mate,  peu  solide,  à  peine  transparente,  couleur  d'un  gris-noirâ- 
tre, avec  des  taches  brunes  peu  apparentes,  parsemées  sur  le 
dernier  tour,  sommet  obtus,  blanchâtre  et  un  peu  ridé;  ombilic 
ouvert,  très-étroit;  ouverture  arrondie,  ovalaire,  anguleuse  à  la 
partie  supérieure,  l'intérieur  d'un  brun-roussâtre;  péristome 
subcontinu,  adhérent  au  dernier  tour,  évasé,  rélïéchi,  avec  un 
bourrelet  intérieur,  mince  au  bord,  blanc,  bordé  de  roussâlre. 
Hauteur,  de  10  à  12  millimètres;  diamètre,  de  4  à  5  millimètres. 

Habite  la  partie  supérieure  de  la  Trencada  d'Ambulla;  les 
parties  élevées  des  fortifications  de  Villefranche ,  au  lieu  dit 
montagne  de  Saint-Jacques;  commun  dans  les  Gorbières,  entre 
Caudiès  et  La  Pradelle,  où  il  vit  dans  les  broussailles,  au  pied 
des  roches  et  souvent  sur  les  roches. 

Nous  applaudissons  à  l'heureuse  idée  de  M.  Dupuy  d'avoir 
dédié  cette  espèce  à  l'homme  laborieux,  au  savant  modeste,  qui 
a  fait  connaître  par  des  publications  dignes  d'intérêt  une  grande 
partie  de  l'histoire  naturelle  du  bassin  sous-pyrénéen. 

4.  Cyclostome  évasé,  Cyclostoma  patidum,  Drap. 

Animal.  Petit,  oblong,  presque  pointu  antérieurement,  très- 
arrondi  en  arrière,  lisse,  transparent,  d'un  gris -roussâlre, 
ponctué  de  noirâtre  ;  tentacules  grêles ,  filiformes ,  pointus  à 
l'extrémité,  lisses,  d'un  gris-ardoisé;  pied  sans  frange,  d'un 
gris-roussâtre,  plus  clair  sur  la  marge. 

Coquille.  Conoïde-allongée,  à  stries  longitudinales  peu  sail- 
lantes, très-fines,  flexueuses,  mince,  solide,  presque  opaque, 
d'un  roux-grisâtre;  sommet  un  peu  pointu,  d'un  gris-jaunâtre; 
ombilic  presque  recouvert,  très-étroit;  ouverture  d'un  gris- 


MOLLUSQUES.  503 

blanchâtre  intérieurement;  péristome  continu,  très-évasé,  un 
peu  réfléchi,  toul-à-fait  plan,  blanchâtre;  opercule  enfoncé. 
Hauteur,  de  5  à  8  millimètres;  diamètre,  de  2  à  3  millimètres. 
Habite  les  petits  bois  de  Maury  et  de  Saint-Antoine-de-Galamus; 
les  bois  qui  bordent  la  rivière  de  l'Agly,  rive  droite,  entre  le  pont 
de  la  Fou  et  Ansignan.  On  le  trouve  au  pied  des  arbres  et  des 
arbustes ,  souvent  attaché  aux  pierres. 

Genre  Pomatias. 

N'a  point  de  représentant  dans  le  département. 

Genre  Acmée. 

N'est  pas  représenté  dans  le  pays. 

ORDRE  DES  PEGTINIRRANGHES. 

Famille  des  Péristomiens. 

Genre  Bithinie,  Bithinia. 

Animal.  Ovale-allongé,  a  tortillon  spiral,  pouvant  être 
contenu  tout  entier  dans  sa  coquille;  tentacules  cylin- 
driques, sétacés,  pointus;  pied  ovalaire  ou  arrondi, 
souvent  étroit,  ne  dépassant  pas  le  mufle. 

Coquille.  Dextre,  ovoïde  ou  conoïde-allongée,  à  spire 
saillante ,  mince ,  transparente  ,  souvent  encroûtée  de 
matière  végétale,  à  tours  convexes;  ombilic  petit  ou 
couvert  ;  ouverture  presque  droite,  arrondie  ou  ovale  ; 
péristome  un  peu  épais,  souvent  avec  un  bourrelet  inté- 
rieur, non  réfléchi;  opercule  mince,  subtestacé,  orbi- 
culaire  ou  ovale,  à  noyau  central. 

i.  Bithinie  de  Férussac,  Bithinia  Ferussina,  Dup.,  Pa- 
hidina  Ferussina,  Desmoul. 
Animal.  Très -petit,  transparent,  d'un  gris  presque  blanc, 


504  HISTOIRE   NATURELLE. 

terminé  en  avant  par  une  tête  demi-ovalaire  ;  tentacules  très- 
grêles,  filiformes,  un  peu  atténués,  arrondis  au  bout,  blanchâtres; 
pédicule  long,  grêle,  cylindrique,  couché  en  arrière,  paraissant 
d'un  gris-verdâtre. 

Coquille.  Allongée,  étroite,  à  peine  ventrue  vers  la  base,  à 
stries  longitudinales,  très-fines  et  très-serrées,  mince,  fragile, 
transparente,  d'un  corné-pâle;  sommet  comme  tronqué;  ouver- 
ture arrondie-ovale,  anguleuse;  péristome  continu,  évasé  au 
bord  extérieur,  mince,  sans  bourrelet;  opercule  très-mince, 
transparent,  à  fines  stries  rayonnantes.  Hauteur,  de  2  millim.  i/i 
à  4  millimètres;  diamètre,  de  4  millim.  à  4  millim.  l/i. 

Habite  les  environs  de  l'étang  de  Salses,  dans  les  canaux  des 
petites  sources  qui  s'y  dégorgent;  elle  s'attache  aux  plantes  qui 
vivent  dans  les  eaux  un  peu  stagnantes,  et  en  promenant  le  filet 
dans  la  vase  qui  en  couvre  le  fond,  on  en  rapporte  en  quantité. 

2.  Bithinie  raccourcie,  Bithinia  abbreviata,  Dup. 

Animal.  Filiforme,  blanchâtre,  transparent;  tentacules  très- 
grêles,  grisâtres,  noirs  à  la  pointe,  qui  est  obtuse;  pédicule 
très-grêle,  allongé,  noirâtre. 

Coquille.  Subcylindrique,  à  peine  ventrue,  lisse,  striée  longi- 
tudinalement ,  mince,  luisante,  d'un  corné-clair,  peu  solide; 
sommet  obtus;  ouverture  ovale-arrondie;  péristome  continu, 
réfléchi  au  bord  columellaire,  un  peu  épais,  sans  bourrelet  ni 
varice;  opercule  assez  foncé,  très-mince.  Hauteur,  de  2  millim. 
à  2  millim.  '/2;  diamètre,  de  4  millim.  à  4  millim.  3/4. 

Habite  dans  les  environs  de  Saint-Antoine-de-Galamus,  atta- 
chée aux  pierres,  sur  les  bords  de  la  rivière  de  l'Agly,  et  dans  les 
nombreuses  sources  chaudes  qui  sourdent  au  pont  de  la  Fou, 
près  de  Sainl-Paul-de-Fenouillel.  Nous  l'avons  prise  aussi  dans 
les  petites  sources  qui  se  jettent  dans  Le  Tech  près  d'Arles. 

5.  Bithinie  verte,  Bithinia  viridis,  Dup.,  Paludina  viri- 
dis,  Hart. 


MOLLUSQUES.  505 

Animal.  Très-petit,  un  peu  trapu,  tête  assez  grosse,  arrondi 
en  arrière,  d'un  brun-grisâtre  parsemé  de  petits  points  noirs; 
tentacules  gros,  cylindriques,  arrondis  au  bout,  d'un  gris  très- 
clair;  pied  dilaté  antérieurement  en  deux  lobes  assez  gros,  arron- 
dis, un  peu  recourbés,  dessous  un  peu  ardoisé. 

Coquille.  Assez  ventrue,  presque  lisse,  très-mince,  un  peu 
luisante,  blanchâtre  ou  cendrée,  quelquefois  verdâtre  ;  sommet 
obtus;  ombilic  tout-à-fait  recouvert  ;  ouverture  arrondie;  péris- 
tome  continu,  un  peu  réfléchi  au  bord  columellaire,  légèrement 
épaissi;  opercule  enfoncé,  mince,  à  spire  peu  apparente.  Hauteur, 
de  3  à  3  millim.  V2J  diamètre,  de  1  millim.  lf2  à  2  millim.  {f2. 

Habite  sous  les  pierres  des  fontaines  et  des  ruisseaux  qui  se 
jettent  dans  Le  Tech  au-dessus  d'Arles  ;  elle  paraît  cependant 
préférer  les  sources  des  lieux  un  peu  élevés,  car  on  la  trouve  en 
abondance  dans  ces  localités. 

4.  Bithinie  semblable,  Bithinia  similis,  Dup.,  Paludina 
similis,  Mich. 

Animal.  D'un  brun-noirâtre,  trapu,  tète  grosse;  tentacules 
grêles,  cylindriques,  obtus  au  bout,  d'un  brun-clair;  pied  long, 
cylindrique,  dilaté  en  avant,  arrondi  postérieurement,  d'un 
ardoisé-obscur  et  parsemé  de  petits  points  noirs. 

Coquille.  Ventrue,  épaisse,  presque  mate,  d'un  corné-pâle, 
quelquefois  blanchâtre,  roussâtre  ou  verdâtre;  stries  longitudi- 
nales fines,  serrées,  inégales;  sommet  un  peu  obtus;  ombilic  à 
moitié  recouvert;  ouverture  oblique,  faiblement  anguleuse  supé- 
rieurement ;  péristome  continu,  réfléchi  au  bord  columellaire, 
légèrement  épaissi  ;  opercule  mince,  roux,  à  stries  légèrement 
courbes.  Hauteur,  de  5  à  7  millim.;  diamètre,  de  2  millim.  l/2  à  5. 

Habite  les  fossés  des  environs  de  l'étang  de  Saint-Xazaire , 
parmi  les  plantes  aquatiques  ;  on  la  trouve  attachée  sur  les  tiges, 
les  broussailles  et  les  pierres  qui  sont  dans  l'eau  et  au  bord  des 
fossés.  On  la  trouve  aussi,  mais  moins  fréquente,  dans  les  mares 
des  parties  basses  de  Canet,  Sainte-Marie  et  dans  l'étang  de  Salses. 


506  HISTOIRE  NATURELLE. 

5.  Bithinie  impure,  Bithinia  tenlaculata,  Gray.,  Paludina 
impur  a,  Brard. 

Animal.  Grand,  un  peu  allongé,  arrondi  aux  deux  bouts,  l'an- 
térieur surmonté  d'une  tête  petite,  ovalaire,  d'un  noir-foncé  ; 
tentacules  très-écartés,  longs,  filiformes,  larges  à  la  base,  pointus 
au  bout ,  d'un  brun-noirâtre  et  parsemés  de  points  jaunes  ;  pied 
long,  large,  arrondi  en  avant,  très-peu  transparent,  grisâtre  sur 
les  bords. 

Coquille.  Ovoïde-allongée,  ventrue,  assez  lisse,  striée  longi- 
ludinalement,  mince,  solide,  luisante,  d'un  corné-jaune,  quel- 
quefois fauve  et  souvent  rougeâtre;  sommet  presque  aigu  ;  ombilic 
tout-à-fait  couvert;  ouverture  ovalaire;  péristome  continu,  pres- 
que droit,  un  peu  épaissi,  sans  bourrelet;  opercule  placé  à  l'entrée 
de  la  coquille,  mince,  un  peu  concave,  très-peu  transparent. 
Hauteur,  de  8  à  15  millimètres;  diamètre,  de  5  à  8  millimètres. 

Habite  dans  tous  les  fossés  des  environs  de  l'étang  de  Salses, 
où  elle  est  fort  commune  ;  nous  la  trouvons  aussi  dans  les  fossés 
qui  aboutissent  au  Cagarell,  près  de  Canet. 

Genre  Valvée,  Valvata. 

Animal.  Court,  a  tortillon  spiral,  pouvant  être  contenu 
dans  sa  coquille;  tentacules  fort  longs,  obtus  et  rappro- 
chés, les  yeux  à  leur  base  interne;  pied  ovale,  un  peu 
émarginé  antérieurement,  arrondi  postérieurement  ;  bran- 
chies longues  en  plumet. 

Coquille.  Dextre,  conoïde  ou  discoïde,  un  peu  épaisse, 
opaque ,  à  spire  généralement  peu  saillante  ;  ombilic 
ouvert  ;  columelle  presque  droite  ;  péristome  continu, 
mince,  un  peu  évasé;  opercule  orbiculaire,  très-mince, 
corné,  à  tours  de  spire  croissant  lentement  et  à  noyau 
central. 

1 .  Valvée  piscinale,  Valvata  piscinalis,  Fer. 


MOLLUSQUES.  507 

Animal.  Grand,  bilobé  antérieurement,  très-arrondi  postérieu- 
rement, transparent,  d'un  gris-jaunàtre-clair;  tentacules  longs, 
un  peu  gros,  élargis  à  la  base,  le  bout  obtus,  transparents,  d'un 
gris-jaunàtre-clair;  pied  long,  séparé  de  la  trompe,  d'un  gris- 
jaunàtre,  dessous  presque  blanc  sur  les  bords. 

Coquille.  Arrondie,  conoïde,  à  stries  longitudinales  fines, 
serrées,  égales,  mince,  solide,  légèrement  luisante,  olivâtre  plus 
ou  moins  pâle  et  parfois  verdâtre;  sommet  obtus;  ombilic  à  peine 
échancré  par  le  bord  columellaire,  assez  évasé  ;  ouverture  arron- 
die, légèrement  anguleuse  au  sommet;  péristome  continu,  simple, 
un  peu  évasé,  droit,  mince  et  tranchant  au  bord  extérieur;  oper- 
cule parfaitement  circulaire,  mince,  de  la  couleur  de  la  coquille. 
Hauteur,  de  4  à  8  millimètres;  diamètre,  de  4  à  8  millimètres. 

Habite  toutes  les  mares  et  les  fossés  dont  l'eau  est  stagnante 
dans  foute  la  plaine,  entre  Perpignan  et  la  mer. 

Famille  des  Néritacés. 
Genre  Néritine,  Nerita. 

Animal.  Globuleux,  à  tortillon  spiral,  pouvant  être 
contenu  tout  entier  dans  sa  coquille  ;  tentacules  filifor- 
mes, allongés,  pointus,  offrant  les  yeux  pédicules  à  leur 
base  externe;  pied  plus  court  que  la  coquille,  tronqué 
postérieurement;  branchies  pectiniformes;  orifices  géné- 
rateurs du  côté  droit. 

Coquille.  Dextre,  demi-globuleuse,  aplatie,  operculée, 
assez  épaisse,  opaque;  ombilic  nul;  columelle  formant 
un  bord  dilaté,  tranchant;  ouverture  semi-lunaire;  péris- 
tome  mince,  tranchant,  un  peu  évasé;  opercule  calcaire, 
demi  orbiculaire,  muni  d'une  proéminence  latérale  du 
côté  interne. 
1.  Néritine  fluviatile,  Nerila  fluviatiUs,  Lin. 

Animal.  Assez  grand,  arrondi  en  disque,  d'un  gris-noirâtre  en 


508  HISTOIRE  NATURELLE. 

dessus,  blanchâtre  en  dessous,  pointillé  de  noir;  tentacules  longs, 
grêles,  sétacés,  presque  pointus  au  bout,  d'un  gris-d'ardoise- 
clair;  pied  très-large,  arrondi  en  avant,  côtés  étroits,  fortement 
inclinés,  dessous  blanchâtre. 

Coquille.  Ovalaire,  à  stries  longitudinales,  fines,  peu  égales, 
mince,  très-solide,  peu  luisante,  opaque,  jaunâtre  ou  verdâtre, 
avec  des  taches,  des  flammes  ou  des  linéoles  en  zig-zag  olivâtres 
ou  d'un  brun-rougeâtre;  ouverture  semi-lunaire;  péristome  très- 
mince,  tranchant;  bord  columellaire  non  dentelé.  Hauteur,  de  4 
à  8  millimètres;  diamètre,  de  6  à  12  millimètres. 

Habite  aux  environs  de  Saint-Paul-de-Fenouillet,  dans  les 
eaux  vives  du  bord  de  L'Agly;  à  Torreilles,  sur  les  bords  du  Bor- 
digol;  excessivement  abondante  à  la  Font  Estramer,  près  de  Salses, 
attachée  aux  roches  calcaires  qui  en  forment  le  bassin,  et  dans 
la  rigole  qui  conduit  l'eau  dans  l'étang. 

DEUXIÈME   CLASSE.— ACÉPHALES. 
Acéphales  bivalves. 

Famille  des  Nayades. 

Genre  Anodonte,  Anodonta. 

Animal.  Ovalaire,  plus  ou  moins  allongé  ;  manteau  a 
bords  épais  et  frangés;  branchies  a  tubes  onduleux, 
formant  par  leur  réunion  une  sorte  de  dentelle. 

Coquille.  Ovalaire  ou  allongée,  plus  ou  moins  mince, 
régulière,  équivalve,  à  sommets  peu  saillants,  souvent 
éraillés;  charnière  sans  dents;  ligament  linéaire,  allongé; 
impressions  musculaires  écartées,  distinctes,  mais  peu 
profondes. 

4.  Anodonte  des  Cygnes,  Anodonta  Cygnea,  Drap. 
Animal.  Ovale,  comprimé,  gris-jaunâtre  ou  roussâtre  ;  pied 


MOLLUSQUES.  509 

d'un  jaune-sale,  orangé  ou  rougeâtre;  manteau  frangé,  noirâtre; 
branchies  d'un  gris-rougeâlre. 

Coquille.  Très-grande,  ovale-allongée,  ventrue  et  comprimée 
postérieurement,  généralement  mince,  fragile,  luisante,  sillonnée 
d'un  jaune-verdàtre  avec  des  bandes  transversales  brunes,  arron- 
die au  côté  antérieur,  allongée  postérieurement  en  bec  obtus  et 
médian,  les  deux  bords  presque  parallèles;  ligament  allongé; 
lamelles  rugueuses  ;  impressions  musculaires  superficielles,  légè- 
rement striées;  nacre  brillante,  d'un  blanc  un  peu  azuré  et 
violacé,  quelquefois  couleur  de  chair.  Hauteur,  de  9  à  12  centim.; 
longueur,  de  15  à  20  centimètres;  épaisseur,  de  5  à  8  centim. 

Habite  dans  les  eaux  du  Grau  d'Argelès.  Dans  cette  grande 
mare  qui  communique  très-souvent  avec  la  mer  et  dont  l'eau  est 
très-saumàtre,  ce  Mollusque  paraît  se  bien  trouver,  puisqu'il  y 
acquiert  de  très-fortes  dimensions.  Nous  le  trouvons  aussi  dans 
les  eaux  de  la  rivière  de  La  Tet,  entre  Perpignan  et  la  mer, 
toujours  dans  les  anses  que  forme  cette  rivière ,  et  surtout  dans 
celles  qui  se  rapprochent  le  plus  de  son  embouchure  :  les  coquilles 
de  cette  localité  sont  plus  grandes  que  celles  qu'on  trouve  au 
Grau  d'Argelès. 

V.  Y,  Ventricosa  de  Pfeiff. ,  dont  la  coquille  est  plus  grande, 
plus  allongée  et  plus  ventrue,  se  trouve  au  Grau  d'Argelès. 
(Penchinat.) 

2.  Anodonte  anatine,  Anodonta  anatina,  Lam. 

Animal.  Presque  ovale,  fortement  comprimé,  d'un  gris-foncé  ; 
pied  d'un  jaune-roussàtre  ;  manteau  brunâtre  sur  les  bords  ; 
papilles  postérieures  très-foncées  ;  branchies  gris-sale. 

Coquille.  Petite,  ovale-allongée,  fort  peu  ventrue,  comprimée 
postérieurement,  à  sillons  transverses  assez  marqués,  mince,  un 
peu  fragile,  luisante,  opaque,  d'un  brun-obscur;  côté  antérieur 
arrondi  ;  bord  inférieur  à  peine  arqué,  médiocrement  tranchant; 
bord  supérieur  arqué,  non  anguleux  à  sa  jonction  avec  le  bord 
antérieur  ;  sommets  très-peu  élevés ,  rapprochés  du  bord  anté- 


510  HISTOIRE   NATURELLE. 

rieur,  très-obtus,  usés  et  souvent  excoriés  ;  ligament  très-saillant, 
épais,  brunâtre  ;  impressions  musculaires  assez  marquées  ;  nacre 
brillante,  azurée,  tachée  de  roux  ou  de  verdâtre.  Hauteur,  de  35 
à  45  millimètres;  longueur,  de  45  à  70  millimètres;  épaisseur, 
de  12  à  20  millimètres. 

Habite  la  rivière  de  la  Basse  qui  longe  les  remparts  des  Tan- 
neries de  Perpignan,  surtout  vers  l'endroit  où  se  trouve  le  barrage 
pour  conduire  l'eau  dans  le  ruisseau  des  Jardiniers. 

La  Y.  S,  Rayii,  Dup.,  dont  la  coquille  elliptique,  atténuée  en 
avant,  terminée  en  arrière  par  un  rostre  court,  peu  obliquement 
tronqué,  assez  convexe  inférieurement,  arquée,  anguleuse  supé- 
rieurement, a  été  trouvée  par  le  docteur  Penchinat  aux  environs 
d'Argelès-sur-Mer,  ainsi  que  la  V.  3,  Coarctata,  Pot.  et  Mich., 
qui  se  distingue  par  la  coquille  plus  petite,  ovale-allongée,  à  peine 
atténuée  en  avant,  terminée  en  arrière  par  un  rostre  court  et 
émoussé,  peu  convexe  inférieurement,  arquée,  aiguë  supérieu- 
rement. 

Nous  avons  trouvé,  avec  le  docteur  Paul  Massot,  la  V.  Z, 
Rostrata,  Dup.,  dans  la  Basse,  aux  environs  de  Perpignan.  Cette 
espèce  est  remarquable  par  sa  coquille  oblongue,  à  peine  atténuée 
en  avant,  terminée  en  arrière  par  un  rostre  assez  allongé,  presque 
verticalement  tronqué,  presque  droite  inférieurement,  assez  ar- 
quée supérieurement. 

Si  on  voulait  multiplier  les  variétés  dans  les  Anodontes  et  les 
Unio,  sans  avoir  égard  à  leur  âge  et  aux  lieux  qu'elles  habitent, 
ce  serait  à  l'infini. 

Genre  Margaritane. 

Ce  genre  n'a  pas  de  représentant  dans  le  département. 

Genre  Mulette,   Unio. 

Animal.  Allongé,  ovalaire,  arrondi,  subtétragone  ou 
subtrigone  ;  manteau  à    bords  épais,   à  peine  frangés  ; 


MOLLUSQUES.  511 

branchies  à  tubes  presque  droits,  formant  par  leur  réu- 
nion une  sorte  de  grillage. 

Coquille.  Allongée,  ovalaire,  arrondie,  quelquefois 
subtétragone  ou  subtrigone,  plus  ou  moins  épaisse,  à 
sommets  saillants,  plus  ou  moins  profondément  excoriés  ; 
charnière  dentée  ;  impressions  musculaires  écartées,  assez 
profondes. 

1.  Mulette  littorale,  Unio  littoralis,  Cuv.,  Unio  rhomboï- 
deus,  Moq.-Tand. 

Animal.  Grisâtre,  nuancé  tantôt  de  rose,  de  jaunâtre  ou  de 
verdâtre  ;  pied  médiocre ,  d'un  brun-rouge-jaunâtre  ;  manteau 
bordé  de  brunâtre  ;  branchies  d'un  roux-obscur. 

Coquille.  Forte,  épaisse,  ovale,  légèremeut  comprimée,  sub- 
tétragone, brunâtre  ou  presque  noire,  fortement  et  inégalement 
striée  ;  extrémité  antérieure  courte  et  arrondie ,  la  postérieure 
subanguleuse,  rétrécie  et  tronquée  ;  sommets  proéminents,  ondu- 
lés-tubercules, excoriés  lorsque  la  coquille  est  adulte;  ligament 
médiocre,  un  peu  oblique;  dents  cardinales  très-épaisses  et 
crénelées;  impressions  musculaires  très-fortes  et  rugueuses; 
nacre  d'un  blanc-azuré  très-brillant.  Hauteur,  de 40  à  50  millim.; 
longueur,  de  50  à  80  millim.;  épaisseur,  de  20  à  30  millim. 

Habite  tous  les  cours  d'eau  de  la  plaine,  surtout  ceux  dont  le 
courant  est  peu  rapide  :  les  ruisseaux  des  Jardiniers,  de  Malloles, 
la  Basse  de  Perpignan,  les  canaux  des  prairies  de  Thuir  et  de 
Canohès. 

M.  Farines  a  découvert,  dans  le  ruisseau  de  Pia,  une  Mulette 
qu'il  a  décrite  dans  le  premier  Bulletin  de  la  Société  Philomathi- 
que  de  Perpignan,  et  qu'il  a  nommée  Unio  Pianensis;  c'est  une 
variété  fort  remarquable  par  la  couleur  incarnée  que  prend  l'ani- 
mal, et  qu'il  communique  à  l'intérieur  de  la  coquille.  Sa  forme 
est  snbelliptique,  à  peine  sinueuse  inférieurement,  peu  atténuée 
postérieurement.  M.  Moquin-Tandon  prétend  que  c'est  une  variété 


542  HISTOIRE   NATURELLE. 

de  la  Mulette-Littorale ;  mais  quand  on  y  regarde  de  près,  on 
remarque  quelque  différence  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur  de 
la  coquille. 

Habite  le  ruisseau  de  Pia,  aux  endroits  les  plus  vaseux,  où 
M.  Farines  l'a  recueillie.  M.  Canta  l'a  trouvée  dans  le  ruisseau  de 
Malloles,  et  nous  l'avons  trouvée  en  nombre  considérable  et 
mêlée  avec  la  Littorale,  à  la  Basse  vieille,  près  d'Orle. 

Une  variété  de  la  même  espèce ,  remarquable  par  sa  coquille 
subtétragone,  droite  ou  subsinueuse  inférieurement,  peu  atténuée 
postérieurement,  est  YUnio  subtetragona,  Mich.,  V.  A,  Subtetra- 
gone-Noulet.  Les  réflexions  justes  que  M.  le  professeur  Noulet 
fait  sur  cette  dernière  variété,  nous  font  croire  qu'elle  ne  peut 
être  séparée  de  la  Mulette-Littorale. 

Nous  trouvons  YUnio  subtetragona  au  ruisseau  de  YEscourridou 
de  Perpignan,  presque  à  son  embouchure  avec  La  Tet.  Nous 
concluons  que  si  on  voulait  avoir  égard  aux  formes  variées  qu'af- 
fecte YUnio  littoralis,  dans  ses  divers  âges  et  selon  la  localité  où 
elle  vit,  on  en  ferait  un  grand  nombre  de  variétés. 

2.  Mulette  de  Requien,  Unio  Requienii,  Mich. 

Animal.  D'un  gris-jaunâtre;  pied  allongé,  mince,  d'un  jaune- 
d'ocre-sale;  manteau  bordé  de  brun-foncé;  papilles  postérieures 
.d'un  brun-noir;  branchies  grisâtres. 

Coquille.  Oblongue,  assez  ventrue,  médiocrement  épaisse, 
solide,  d'un  brun  un  peu  rougeâtre,  avec  des  zones  transversales 
brunâtres  ou  noirâtres;  extrémité  antérieure  courte,  arrondie, 
la  postérieure  à  rostre  médiocre,  tronquée;  bords  parallèles, 
dont  l'inférieur  droit,  un  peu  tranchant,  le  supérieur  droit,  puis 
brusquement  oblique;  sommets  assez  rapprochés  de  l'extrémité 
antérieure,  enflés,  striés,  rarement  usés;  ligament  médiocre, 
allongé,  droit;  dents  cardinales  fortes,  peu  épaisses,  la  posté- 
rieure de  la  valve  gauche  très-peu  développée  ;  impressions 
musculaires  antérieures  profondes ,  les  postérieures  faiblement 


MOLLUSQUES.  513 

marquées;  nacre  blanche,  légèrement  azurée.  Hauteur,  de  22  à 
40  millim.;  longueur,  de  30  à  40  millim.;  épaisseur,  de  15  à  30. 

Habite  dans  un  gouffre  profond,  très-vaseux,  qu'a  creusé  Le 
Tech,  un  peu  loin  de  son  lit,  sous  Banyuls-dels-Aspres;  ce  gouffre 
est  alimenté  par  les  filtrations  souterraines.  Ce  Mollusque  y  vit 
depuis  un  temps  immémorial ,  et  c'est-là  qu'on  trouve  le  vrai 
type  toujours  uniforme  de  la  Mulette  de  Requien. 

V.  A,  Unio  Aleronii,  Comp.  et  Massot.  J'avais  découvert  dans 
le  ruisseau  des  prairies  de  Thuir,  une  Mulette  qui  était  si  diffé- 
rente de  Y  Unio  Requienii  de  Mich.,  que  nous  avions  cru,  avec 
mon  confrère  M.  Paul  Massot,  qui  l'avait  aussi  trouvée  plus  tard 
dans  la  vieille  Basse,  que  c'était  une  nouvelle  espèce.  Nous 
l'avions  décrite,  figurée  et  dédiée  à  notre  ami  Aleron.  Notre 
mémoire  fut  inséré  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Agricole,  etc., 
des  Pyrénées-Orientales,  année  1846. 

M.  Moquin-Tandon,  dans  ses  éludes  sur  les  Mollusques  terres- 
tres et  d'eau  douce,  basées  particulièrement  sur  l'organisation 
de  l'animal,  a  cru  que  la  Mulette-Aleron  n'était  qu'une  variété 
de  la  Mulette-Requien,  et  l'a  classée  dans  les  nombreuses  variétés 
de  cette  espèce. 

V.  B,  Unio  Turtonii,  Payr.  Remarquable  par  sa  coquille 
allongée,  sinuée  inférieurement,  arquée,  un  peu  dilatée  posté- 
rieurement; sommets  plus  comprimés.  M.  Moquin-Tandon  a 
rangé  aussi  cette  coquille  parmi  les  variétés  de  Y  Unio  Requienii. 
Notre  confrère,  le  docteur  Penchinat,  l'a  trouvée  dans  les  eaux 
douces  des  environs  d'Argelès-sur-Mer,  où  elle  est  commune. 

3.  Mulette  des  peintres,  Unio  pictorum,  Lin. 

Animal.  D'un  roux-clair  ou  grisâtre;  pied  roifssâtre,  assez 
grand;  manteau  bordé  de  brunâtre;  papilles  postérieures  allon- 
gées, brunes;  branchies  grisâtres. 

Coquille.  Ovale-allongée,  cunéiforme,  ventrue,  assez  épaisse, 
solide,  d'un  jaune-verdàtre,  avec  des  zones  transversales  brunes; 
côté  antérieur  court  et  arrondi;  côté  postérieur  à  rostre  long, 


TOMK    III. 


514  HISTOIRE   NATURELLE. 

aigu,  tantôt  obtus  ou  tronqué;  bords  presque  parallèles,  l'infé- 
rieur rétus  ou  droit,  un  peu  tranchant,  le  supérieur  oblique; 
sommets  un  peu  rapprochés  de  l'extrémité  antérieure ,  souvent 
usés;  ligament  fort,  allongé,  presque  droit;  dents  cardinales 
fortes,  comprimées,  épaisses,  la  postérieure  de  la  valve  gauche 
rudimentaire;  impressions  musculaires  assez  marquées;  nacre 
blanche,  un  peu  azurée  ou  légèrement  rosée.  Hauteur,  de  25  à 
40  millim.;  longueur,  de  60  à  80  millim.;  épaisseur,  de  20  à  30. 

Habite  les  ruisseaux  des  prairies  de  Canohès  et  de  Thuir;  les 
eaux  vives  des  environs  de  Saint-Féliu. 

La  Y.  E,  Rostratus,  Moq.-Tand.,  est  remarquable  par  sa  coquille 
brunâtre,  plus  allongée  en  arrière,  lancéolée.  Elle  a  été  trouvée 
par  notre  confrère,  M.  Paul  Massot,  dans  la  Basse,  à  la  prise  d'eau 
du  ruisseau  des  Jardiniers ,  près  la  promenade  des  platanes  à 
Perpignan. 

-4.  Mulette  de  Moquin,  Unio  Moquinianus,  Dup. 

Animal.  D'un  gris-jaunâtre;  pied  grand,  d'un  gris-rougeâlre ; 
manteau  d'un  brun-noirâtre;  les  papilles  postérieures  d'un  brun- 
rougeâtre;  branchies  grisâtres,  quelquefois  un  peu  rousses. 

Coquille.  Oblongue,  assez  épaisse,  solide,  d'un  brun-olivâtre 
assez  foncé;  côté  antérieur  court  et  arrondi,  le  postérieur  dilaté, 
subarrondi -tronqué  ;  bords  presque  parallèles;  sommets  assez 
rapprochés  de  l'extrémité  antérieure,  tubercules,  fortement  exco- 
riés; ligament  épais,  allongé;  dents  cardinales  très-petites,  à  peine 
comprimées ,  à  peine  denticulées  ;  impressions  musculaires  pro- 
fondes, les  postérieures  à  peine  marquées;  nacre  d'un  blanc- 
bleuâtre,  quelquefois  rosé.  Hauteur,  de  25  à  35  millimètres; 
longueur,  de  50  à  70  millim.;  épaisseur,  de  18  à  25  millim. 

Habite  YAgidia  de  la  Mar,  aux  environs  de  Vall-Ric,  sous 
Villeneuve-de-la-Raho  ;  à  la  vieille  Basse,  territoire  de  Perpignan, 
où  on  la  trouve  abondamment  mêlée  à  la  Mulelte-Aleron ,  avec 
laquelle  on  la  confondrait  au  premier  abord.  Les  jeunes  sujets 
de  cette  dernière  ont  avec  elle  de  très-grands  rapports. 


mollusques.  515 

Famille  des  Cardiacés  ou  Cyclades. 

Cette  famille  se  compose  de  deux  genres  :  1°  Pisidie; 
2°  Cyclade. 

Genre  Pisidie,  Pisidium. 

Animal.  Ovoïde  ou  subglobuleux,  inéquilatéral  ;  man- 
teau à  bords  épais  et  denticulés;  pied  plus  ou  moins  étroit. 

Coquille.  Subovoïde,  inéquilatérale,  à  sommets  plus 
ou  moins  antérieurs;  ligament  sur  l'extrémité  la  plus 
courte,  assez  en  arrière,  extérieur  ou  subintérieur;  dents 
cardinales  peu  obliques;  dents  latérales  doubles  dans  la 
valve  droite,  presque  simples  dans  la  gauche. 

4.  Pisidie  fluviale,  Pisidium  amnicum,    Jen.,    Cyclas 
pcdustris,  Drap. 

Animal.  Petit,  transparent,  d'un  blanc -grisâtre;  pied  peu 
allongé,  un  peu  épais,  et  légèrement  pointu;  manteau  bordé 
de  gris. 

Coquille.  Ovalaire,  inéquilatérale,  à  rides  transversales  sail- 
lantes, assez  grosses  et  régulières,  un  peu  épaisse,  solide,  opaque, 
d'un  cendré-jaunàtre  et  souvent  marquée  de  deux  ou  trois  bandes 
noirâtres;  côté  antérieur  arrondi;  côté  postérieur  moins  avancé 
plus  haut  que  l'antérieur;  bord  inférieur  un  peu  arqué,  obtus; 
bord  supérieur  très-convexe  ;  sommets  élevés,  faiblement  ridés, 
luisants,  un  peu  excoriés;  ligament  court,  étroit,  peu  visible  à 
l'extérieur;  charnière  épaisse:  dents  cardinales  peu  développées, 
disposées  en  V  renversé  ;  dents  latérales  un  peu  grandes,  élevées' 
obtuses;  nacre  d'un  blanc-azuré.  Hauteur,  de  6  à  8  millimètres  ; 
longueur,  de  7  à  i°2  millimètres;  épaisseur,  de  4  à  6  millimètres. 

Habite  la  vase  et  au  pied  des  plantes  aquatiques  des  ruis- 
seaux des  prairies  de  Toulouges,  Canohès  et  Thuir;  on  la  trouve 
parfois  attachée  à  des  morceaux  de  bois  qui  ont  séjourné  long- 
temps dans  ces  lieux. 


516  HISTOIRE   NATURELLE. 

Nous  avons  trouvé  la  V.  B,  Striolatum,  Jen.,  dont  la  coquille 
est  plus  petite,  un  peu  plus  bombée,  et  parsemée  de  rides  plus 
saillantes  et  plus  écartées,  dans  la  vase  des  ruisseaux  qui  abou- 
tissent à  la  vieille  Basse. 

2.  Pisidie   brillante,    Pisidium  nitidum,   Jen.,    Cyclas 

nitida,  Hanl. 

Animal.  Blanchâtre;  pied  un  peu  long,  pointu,  dilaté  à  la 
base;  manteau  bordé  de  gris-sale. 

Coquille.  Assez  ventrue,  à  stries  transversales  peu  marquées, 
fines,  égales,  très-mince,  peu  solide,  d'un  jaune  plus  ou  moins 
pâle,  transparente ,  souvent  avec  des  bandes  transversales  grisâ- 
tres; côté  antérieur  arrondi,  côté  postérieur  moins  avancé  que 
l'antérieur,  subtronqué  ;  bords  inférieur  et  supérieur  convexes  ; 
sommets  enflés,  élevés,  assez  obtus,  luisants;  ligament  non 
visible  à  l'extérieur;  charnière  mince;  dents  cardinales  très- 
petites,  peu  saillantes,  accolées  obliquement;  dents  latérales 
médiocres,  minces,  obtuses;  les  antérieures  un  peu  plus  grandes 
que  les  postérieures;  nacre  blanchâtre.  Hauteur,  de  2  à  3  milli- 
mètres; longueur,  de  2  à  3  millimètres;  épaisseur,  de  1  millim. 
1/2  à  2  millim.  l/2. 

Habite  les  fossés,  les  mares  des  environs  du  Cagarell,  près 
le  Mas  de  l'Esparrou,  et  toutes  les  mares  et  fossés  des  prairies 
maritimes  de  Canet. 

3.  Pisidie  naine,  Pisidium  pusillum,  Jen.,  Cyclas  fonti- 

nalis,  Drap. 

Animal.  Blanchâtre ,  un  peu  rosé  ;  pied  un  peu  plus  long  que 
la  coquille,  très-grêle,  un  peu  obtus;  manteau  bordé  de  gris- 
roussâtre. 

Coquille.  Orbiculaire,  peu  ventrue,  à  stries  transversales  peu 
marquées,  fines,  inégales,  mince,  peu  solide,  luisante,  peu  trans- 
parente, d'un  jaune-pâle  et  quelquefois  cendrée;  côté  antérieur 
arrondi  et  un  peu  anguleux;  côté  postérieur  moins  avancé  que 


MOLLUSQUES.  517 

l'antérieur  et  convexe;  bord  inférieur  arqué,  un  peu  tranchant; 
bord  supérieur  très-convexe;  sommets  enflés  et  élevés,  obtus, 
sans  stries;  ligament  étroit,  non  visible  à  l'extérieur;  charnière 
mince;  dents  cardinales  très-petites,  peu  saillantes;  dents  laté- 
rales médiocres,  minces  et  obtuses.  Hauteur,  de  2  à  3  millimètres; 
longueur,  de  2  à  i  millimètres;  épaisseur,  de  1  à  2  millimètres. 
Habite  la  vase  des  fossés  des  eaux  vives  des  jardins  de  la  Pou- 
drière, et  les  mêmes  lieux  dans  les  environs  de  Bonpas. 

Genre  Cyclade,  Cyclas. 

Animal.  Ovoïde  ou  subglobuleux  ;  manteau  à  bords 
épais,  (lenticules;  pied  plus  ou  moins  large;  siphon  anal 
développé;  branchies  inégales,  striées. 

Coquille.  Subglobuleuse,  à  sommets  plus  ou  moins 
médians;  ligament  sur  l'extrémité  la  plus  courte,  inté- 
rieur ou  extérieur  ;  dents  cardinales  assez  obliques ,  une 
ou  deux  dans  la  valve  droite,  deux  dans  la  valve  gauche; 
dents  iatérales  doubles  dans  la  valve  droite,  simples  dans 
la  gauche. 

1.  Cyclade  cornée,  Cyclas  cornea,  Lam. 

Animal.  Grisâtre,  quelquefois  roussâtre;  pied  plus  long  que  la 
coquille,  lancéolé,  assez  pointu,  un  peu  laiteux,  légèrement  rosé 
vers  l'extrémité;  manteau  à  bords  gris;  siphons  un  peu  allongés, 
couleur  de  chair-pâle,  tronqués. 

Coquille.  Subelliptique-courte,  presque  arrondie,  très-enflée, 
à  rides  transversales  faiblement  marquées,  peu  régulières;  mince, 
solide,  un  peu  transparente,  légèrement  luisante,  d'un  gris-oli- 
vâtre, souvent  avec  des  zones  transversales  inégales  plus  foncées; 
coté  antérieur  obtus,  côté  postérieur  avancé  comme  l'antérieur, 
arrondi;  bord  inférieur  arqué,  tranchant;  bord  supérieur  convexe; 
sommets  assez  élevés,  lisses;  ligament  non  visible  à  l'extérieur; 
charnière  petite;  dents  cardinales  petites,  en  V  renversé,  assez 


518  HISTOIRE   NATURELLE. 

évasées,  l'antérieure  assez  oblique,  étroite,  presque  carrée,  la 
postérieure  oblique  aussi  et  un  peu  plus  étroite  ;  dents  latérales 
minces,  un  peu  obtuses;  les  antérieures  plus  grandes  que  les 
postérieures  ;  impressions  musculaires  à  peine  visibles  ;  nacre 
d'un  blanc-bleuâtre.  Hauteur,  de  6  à  10  millimètres;  longueur, 
de  8  à  15  millimètres;  épaisseur,  de  5  à  8  millimètres. 

Habite  les  ruisseaux  des  environs  de  Perpignan  où  l'eau 
est  stagnante  et  où  il  s'amasse  de  la  vase  ou  du  sable;  elle  s'y 
enfonce,  et  ce  n'est  qu'en  y  plongeant  la  main  qu'on  peut  la  saisir. 
On  la  trouve  quelquefois  attachée  à  des  tronçons  de  bois  qui  ont 
séjourné  plus  ou  moins  longtemps  dans  ces  lieux. 

2.  Cyclade  lacustre,  Cyclas  lacustris ,  Moquin-Tandon , 
Cyclas  caliculata,  Drap. 
Animal.  Blanchâtre,  un  peu  rosé  ;  pied  deux  fois  plus  long  que 
la  coquille,  obtus  à  son  extrémité  ;  manteau  à  bords  grisâtres; 
siphons  allongés. 

Coquille.  Arrondie  ou  elliptique,  comprimée,  à  rides  trans- 
versales, fines,  peu  apparentes,  inégales,  fort  mince  et  fragile, 
luisante,  transparente,  cendrée  ou  roussâtre,  quelquefois  des 
zones  transversales  plus  foncées  couvrent  son  test  ;  côté  antérieur 
arrondi,  presque  tronqué,  côté  postérieur  un  peu  plus  haut  et 
tronqué;  bord  inférieur  arqué  et  tranchant,  bord  supérieur 
droit;  sommets  élevés,  aigus,  petits,  mamelonnés,  obtus  et  lui- 
sants; ligament  non  visible  à  l'extérieur,  court;  charnière  mince; 
dents  cardinales  très  -  petites ,  à  peine  pointues,  l'antérieure 
tronquée  au  sommet,  la  postérieure  rudimentaire  ou  nulle,  les 
latérales  petites,  très-minces;  impressions  musculaires,  très-peu 
apparentes;  nacre  blanchâtre,  légèrement  azurée.  Hauteur,  de 
8  à  10  millimètres;  longueur,  de  8  à  12  millimètres;  épaisseur, 
de  4  à  6  millimètres. 

Habite  dans  la  vase  de  la  rivière  de  la  Basse,  surtout  dans  les 
mares  bourbeuses  de  la  vieille  Basse,  vers  Toulouges.  En  fouillant 
la  vase  on  est  sur  d'en  faire  bonne  provision. 


MOLLUSQUES.  519 

3.  Cyclade  de  Mouchons,  Cyclas  Mouchousii,  N.  S. 

Animal.  D'un  gris-jaunâtre,  un  peu  rosé;  pied  plus  allongé 
que  la  coquille,  dilaté  antérieurement  et  renflé  vers  l'extrémité 
postérieure,  d'un  rose-vif;  manteau  rose-foncé  sur  les  bords,  qui 
sont  un  peu  frangés  ;  siphons  allongés,  transparents,  de  couleur 
de  chair-pâle,  tronqués;  le  respiratoire  cylindracé,  à  orifice 
médiocre;  l'anal  court,  à  orifice  petit. 

Coquille.  Subelliptique,  courte,  arrondie,  très-peu  ventrue, 
subéquilatérale,  à  rides  transversales  très-marquées,  égales,  très- 
régulières,  un  peu  épaisse,  assez  solide,  luisante,  transparente, 
couleur  de  corne-clair,  unicolore.  Je  n'ai  remarqué  dans  aucun 
individu,  et  j'en  ai  pris  beaucoup,  de  zones  colorées  sur  la  coquille 
ni  des  bandes  marginales.  Côtés  antérieur  et  postérieur  également 
avancés,  arrondis,  subtronqués,  très-égaux;  bord  inférieur  légè- 
rement arqué,  tranchant;  bord  supérieur  convexe;  sommets  élevés, 
lisses,  luisants,  un  peu  recourbés  en  dedans  ;  ligament  non  visible 
à  l'extérieur,  très-court;  charnière  mince,  offrant  en  dessous  un 
relief  arqué,  très-sinueux;  dents  cardinales  petites,  disposées  en 
V  renversé  très-évasé;  l'antérieure  peu  oblique,  presque  carrée, 
tronquée  au  sommet;  la  postérieure  rudimentaire,  presque  nulle; 
dents  latérales  petites,  minces,  subtriangulaires,  obtuses;  les  anté- 
rieures plus  grandes  que  les  postérieures;  impressions  musculaires 
et  palléales,  très-peu  apparentes;  nacre  d'un  blanc  légèrement  rosé, 
qui  se  perd  bientôt  après  la  mort  de  l'animal.  Hauteur,  de  8  à  10 
millim.;  longueur,  de  6  à  8  millim.;  épaisseur,  de  4  à  6  millim. 

Rapports.  Elle  aurait  au  premier  abord  quelque  ressemblance 
avec  la  Cvclade-Cornée;  mais  elle  s'en  éloigne  par  le  faciès  général 
de  l'animal,  ainsi  que  par  l'aspect  de  la  coquille.  Les  rides  trans- 
versales très-régulières  qui  couvrent  son  test,  jamais  des  bandes 
marginales  colorées  ;  les  côtés  antérieur  et  postérieur,  également 
avancés  et  arrondis,  l'en  distinguent  tout-à-fait.  Sa  taille  aussi 
diffère  un  peu.  Elle  se  rapprocherait  encore  de  la  Cyclade-La- 
cùstre,  mais  elle  s'en  éloigne  par  l'aspect  général  de  la  coquille. 
Les  rides  transversales  de  cette  dernière  sont  très-peu  apparentes, 


520  HISTOIRE   NATURELLE. 

tandis  qu'elles  sontlrès-visiblesettrès-régulièressur  notre  coquille. 
La  disposition  des  dents  cardinales  sont  aussi  très^différentes,  ce 
qui  les  sépare  d'une  manière  complète.  N'ayant  pas  trouvé  dans 
les  coquilles  de  ce  genre  aucune  espèce  à  laquelle  je  puisse  la 
rapporter,  je  me  suis  convaincu  que  c'était  une  espèce  nouvelle. 

Je  me  fais  un  plaisir  de  la  dédier  à  mon  ami  M.  Henri  Mou- 
chous.  L'intérêt  qu'il  porte  au  progrès  des  sciences  naturelles 
et  surtout  à  ce  qui  intéresse  le  Roussillon,  m'en  fait  un  devoir. 

Habite  dans  les  lacs  de  l'extrémité  de  la  vallée  de  Cady,  los 
Estanyols,  petites  mares  à  plus  de  2.000  mètres  d'altitude,  sur 
une  montagne  couverte  de  neige  pendant  huit  mois  de  l'année. 
Ces  mares  sont  alimentées  par  les  eaux  des  neiges  supérieures  que 
la  chaleur  de  l'été  ne  peut  fondre  en  entier.  Ce  Mollusque  vit  dans 
ces  mares,  parmi  les  plantes  qui  croissent  dans  ces  eaux  très- 
froides,  et  dans  la  vase  qui  en  tapisse  le  fond.  J'avais  visité  avec 
attention  les  divers  lacs  de  nos  montagnes,  ceux  de  Nohèdes,  de 
Carença,  de  Carlite,  les  Bouillouses,  sans  y  avoir  jamais  découvert 
la  moindre  trace  de  Mollusque.  En  visitant  Cady,  le  hasard  me 
conduisit  à  vouloir  arracher  un  pied  de  Plantago-Monosperma  de 
Pourret;  quel  fut  mon  étonnement  de  trouver  parmi  la  vase  qui 
tenait  aux  racines  de  la  plante  et  à  son  collet,  un  Mollusque  qui 
vivait  à  une  si  haute  élévation,  et  pour  ainsi  dire  parmi  la  neige. 
Je  fouillai  la  vase  des  bords  et  j'en  trouvai  un  grand  nombre.  Ayant 
comparé  ce  mollusque  et  sa  coquille  à  tout  ce  qui  a  été  décrit  en 
ce  genre,  je  me  suis  convaincu  que  c'était  une  espèce  inédite. 

Famille  des  Dreïssénadées. 

Genre  Dreïssène,  Dreïssena.  (Le  seul  qui  compose  cette  famille.) 
Moules  d'eau  douce  qui  habitent  dans  les  fleuves  et 
les  rivières.  Ces  coquilles  ne  vivent  pas  dans  les  eaux  du 
département  des  Pyrénées-Orientales;  nos  rivières,  à  leur 
embouchure,  sont  à  sec  une  partie  de  l'année,  et  lorsque 
elles  ont  de  l'eau,  ce  sont  des  torrents  très-impétueux  qui 
n'offrent  pas  de  sécurité  à  ce  genre  de  Mollusques. 


INSECTES.  521 


CHAPITRE    VI. 

ENTOMOLOGIE. 

Insectes  Coléoptères. 

L'Entomologie  est  la  partie  de  la  Zoologie  qui  traite 
de  la  connaissance  des  Insectes. 

Il  n'entre  pas  dans  notre  cadre  d'embrasser  les  divers 
groupes  d'animaux  dont  s'occupe  l'Entomologie  ;  nos 
études  se  bornent  a  la  partie  qui  traite  des  Insectes 
Coléoptères  et  Lépidoptères. 

Le  caractère  saillant  des  Insectes  Coléoptères  est 
d'avoir  le  corps  articulé,  c'est-à-dire  formé  d'anneaux 
plus  ou  moins  solides,  placés  les  uns  à  la  suite  des 
autres  et  maintenus  par  une  membrane  commune  ou 
peau;  d'être  pourvus  de  trois  paires  de  pattes,  de  deux 
antennes  et  de  quatre  ailes  dont  les  supérieures,  plus  ou 
moins  dures  ou  coriaces,  appelées  élytres,  servent  d'étui 
aux  inférieures  qui  sont  des  pièces  membraneuses  sèches, 
élastiques,  transparentes  et  pliées  en  travers  sous  les 
premières  dans  le  repos.  Indépendamment  de  ce  dernier 
caractère  qui  leur  est  exclusivement  propre,  les  Coléop- 
tères se  distinguent  encore  des  autres  Insectes  à  quatre 
ailes,  par  leurs  mâchoires  libres  et  non  terminées  en 
galète,  comme  dans  les  Orthoptères. 


522  HISTOIRE   NATURELLE. 

On  distingue  dans  les  Coléoptères,  comme  dans  tous 
les  Insectes,  le  tronc  et  les  membres.  Le  tronc  est  com- 
posé de  trois  régions  principales  :  la  tête,  le  thorax  ou 
corselet  et  l'abdomen.  Les  membres,  au  nombre  de  dix, 
sont  les  quatre  ailes,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  et  six 
pattes  attachées  par  paires  au  corselet.  La  tête,  de  gran- 
deur et  de  forme  variées,  offre  constamment  a  l'observa- 
tion :  le  crâne,  qui  s'articule  en  arrière  avec  le  prothorax; 
la  bouche,  qui  est  formée  de  diverses  parties  disposées 
symétriquement;  deux  yeux  et  deux  antennes. 

On  distingue  deux  sortes  d'yeux  dans  plusieurs  ordres 
d'Insectes  :  les  yeux  lisses,  dont  le  nombre  varie,  et  les 
yeux  composés  ou  à  facettes,  qui  n'excèdent  jamais  deux. 
Les  Coléoptères  ont  toujours  des  yeux  à  facettes. 

Les  antennes  varient  singulièrement  de  forme  et  de 
proportion  dans  les  Coléoptères,  non  seulement  selon 
les  familles  ou  les  genres,  mais  entre  chaque  sexe.  Elles 
sont  ordinairement  plus  volumineuses  dans  les  mâles. 

Les  élytres,  dans  le  repos,  se  joignent  l'un  contre 
l'autre  par  leur  bord  interne,  et  forment  sur  le  dos  de 
l'Insecte  une  ligne  médiane  qu'on  nomme  suture.  Us 
ne  peuvent  s'écarter  du  corps  qu'à  angle  droit,  et  ne 
frappent  pas  l'air  dans  le  vol  :  une  fois  étendus  ils 
restent  fixes. 

Les  Coléoptères,  ainsi  que  les  autres  Insectes,  ont 
deux  sexes  séparés,  et  l'acte  de  la  reproduction  est  un 
véritable  accouplement. 

Les  sexes,  dans  les  Coléoptères,  se  distinguent  à  l'ex- 
térieur par  des  différences ,  soit  dans  les  antennes ,  soit 
dans  les  pattes,  soit  dans  d'autres  parties  du  corps  qu'il 
serait  trop  long  d'énumérer  ici.  Leur  accouplement  n'a 


INSECTES.  523 

lieu  qu'une  fois,  et  sa  durée  varie  depuis  quelques  heures 
jusqu'à  un  ou  deux  jours.  La  copulation  achevée,  le  mâle 
ne  tarde  pas  à  périr,  et  la  femelle  meurt  immédiatement 
après  la  ponte. 

Les  œufs,  qui  varient  pour  le  volume,  la  forme,  la 
couleur  et  la  consistance ,  sont  déposés  en  des  lieux  et 
dans  des  substances  analogues  au  genre  de  vie  des  larves 
qui  doivent  en  naître.  Quelques  espèces  pondent  dans 
des  eaux  tranquilles  ;  d'autres  les  placent  sur  certaines 
plantes;  plusieurs  à  l'aide  de  leur  tarière,  les  introduisent 
dans  le  bois  ;  des  tribus  entières  les  déposent  sur  les 
matières  animales  ou  végétales  en  décomposition  et  sur 
les  cadavres  en  putréfaction;  un  grand  nombre  enfin  les 
enferment  dans  la  terre. 

Les  larves  qui  naissent  de  ces  œufs  diffèrent  singuliè- 
rement entre  elles.  En  général,  elles  ressemblent  à  un 
ver  molasse  composé  de  douze  anneaux  plus  ou  moins 
distincts,  non  compris  la  tête.  La  plupart  de  ces  larves 
ont  la  faculté  locomotive  très-peu  développée. 

Le  temps  que  les  larves  des  Coléoptères  mettent  à 
croître,  depuis  leur  sortie  de  l'œuf  jusqu'à  leur  transfor- 
mation en  nymphe,  est  plus  ou  moins  long,  suivant  le 
genre  de  nourriture.  On  a  remarqué  que  celles  qui  se 
nourrissent  de  feuilles,  atteignent  toute  leur  taille  au  bout 
d'un  mois  ou  six  semaines,  tandis  que  celles  qui  vivent 
de  racines  ou  dans  l'intérieur  du  tronc  des  arbres  n'y 
arrivent  qu'au  bout  de  deux  ou  trois  ans. 

C'est  principalement  sous  la  forme  de  larves  que  les 
Coléoptères  font  le  plus  de  tort  à  l'agriculture  et  à  l'in- 
dustrie. Les  ravages  causés  par  les  larves  des  Bruches, 
des   Charançons,    des   Calandres,  des  Hannetons,  des 


524  HISTOIRE   NATURELLE. 

Anthrènes,  des  Dermestes,  des  Altisses,  des  Galeruques 
et  autres  analogues,  ne  sont  que  trop  connus. 

Les  Coléoptères  sont  répandus  partout.  Les  uns  sont 
aquatiques,  et  vivent  dans  les  eaux  dormantes  ;  les  autres, 
en  bien  plus  grand  nombre,  sont  terrestres  et  ont  des 
habitudes  très-variées;  on  en  rencontre  courant  sur  la 
terre  ou  sur  le  sable;  on  en  trouve  dans  les  fientes  des 
animaux,  dans  la  terre,  sous  les  pierres,  sous  la  mousse, 
à  la  racine  des  végétaux,  dans  les  troncs  ou  sous  les 
écorces  des  arbres  morts  ou  vivants,  dans  les  cadavres 
en  putréfaction,  dans  les  matières  animales  ou  végétales 
en  décomposition,  dans  celles  qui  sont  desséchées;  enfin, 
on  en  voit  fréquemment  sur  les  fleurs  et  les  feuilles  des 
plantes  et  des  arbres.  Les  uns  sont  diurnes,  les  autres 
sont  nocturnes  ;  ceux-ci  se  tiennent  cachés  pendant  le 
jour,  font  la  chasse  aux  autres  Insectes  et  les  dévorent. 
Il  est  a  remarquer  qu'on  ne  trouve  aucun  Insecte  veni- 
meux parmi  les  Coléoptères;  pas  un  n'est  armé  d'aiguil- 
lon pour  blesser,  comme  on  le  voit  chez  beaucoup 
d'Hyménoptères,  Seulement,  quelques-uns  pourvus  de 
fortes  mandibules,  comme  les  Scarites,  les  Cerfs-Volants, 
les  Capricornes,  etc.,  mordent  ou  pincent  fortement 
quand  on  les  saisit  sans  précaution  ;  mais  il  n'en  résulte 
d'autre  mal  que  celui  d'une  petite  coupure  ou  d'une 
petite  déchirure (1). 

L'entomologie  de  nos  contrées  n'était  pas  connue  il  y  a 
cinquante  ans  :  les  naturalistes  qui  visitaient  les  Pyrénées- 
Orientales  n'y  séjournaient  pas  assez  pour  en  apprécier 
les  richesses.  Personne  dans  la  localité  ne  s'en  était  occupé 

(I)   Voir  \c  dictionnaire  universel  d'Histoire  Naturelle,  par  Cil,  d'Orbigny. 


INSECTES.  525 

encore.  Nous  avons  été  le  premier  à  colliger  les  Insectes 
que  nos  diverses  régions  fournissent,  et  notre  collection  a 
toujours  été  ouverte  à  ceux  qui  ont  témoigné  le  désir  de 
s'occuper  de  cette  branche  des  sciences  naturelles. 

A  l'origine  de  nos  études  entomologiques ,  nous 
n'avions  aucun  document,  aucune  collection  pour  com- 
parer nos  espèces  à  celles  déjà  découvertes  ;  aussi  avons- 
nous  marché  à  tâtons  pendant  longtemps.  En  1821  , 
MM.  Baslard  et  Leclerc-Thouin ,  aides  naturalistes  du 
Jardin-des-Plantes  de  Paris,  visitèrent  notre  département. 
Leurs  conseils  nous  furent  très-favorables  ;  ils  nous 
aidèrent  de  leur  expérience  pour  classer  nos  collections, 
et  emportèrent  à  Paris  les  espèces  douteuses,  pour  les 
étudier  dans  le  silence  du  cabinet.  Ils  nous  encouragèrent 
à  persévérer  dans  les  recherches  que  nous  avions  entre- 
prises. 

Peu  de  temps  après,  M.  le  comte  Dejean,  dont  l'obli- 
geance a  été  extrême  pour  nous,  parcourut  aussi  les 
Pyrénées-Orientales;  nous  eûmes  même  la  satisfaction 
de  l'accompagner  dans  quelques-unes  de  ses  courses  ; 
depuis  cette  époque,  notre  collection  s'étendit  considé- 
rablement par  des  échanges  et  par  les  bons  rapports 
que  nous  avons  toujours  conservés  avec  cet  entomolo- 
giste célèbre. 

M.  Dejean  nous  mit  en  relations  avec  les  naturalistes 
de  l'Allemagne,  de  la  Suisse  et  de  toutes  les  parties  de 
la  France;  ceux-ci  sollicitèrent  des  échanges,  et  c'est 
ainsi  que  notre  collection  prit  un  grand  accroissement. 
Plus  tard ,  M.  Audouin,  professeur  du  Jardin-des-Plantes, 
vint  aussi  étudier  les  Insectes  nuisibles  à  la  vigne  et  aux 
oliviers.  Nous  lui  fimes  part  de  nos  observations  à  ce 


526  HISTOIRE   NATURELLE. 

sujet  ;  nous  lui  donnâmes  beaucoup  d'Insectes  du  pays  ; 
il  nous  en  dédommagea,  par  bon  nombre  d'espèces 
étrangères  et  rares  qu'il  nous  adressa  à  sa  rentrée  à  Paris. 
Quoique  nous  ayons  réuni  un  grand  nombre  d'Insectes, 
nous  n'avons  pas  la  prétention  de  croire  qu'ils  représen- 
tent la  statistique  complète  des  Coléoptères  du  départe- 
ment ;  nous  sommes  persuadé ,  au  contraire ,  qu'il  reste 
beaucoup  d'espèces  à  découvrir,  et  nous  engageons  les 
jeunes  gens  à  diriger  leurs  études  vers  cette  branche  des 
connaissances  naturelles,  qui  donne  tant  d'attraits,  et 
fait  passer  bien  des  moments  heureux,  en  contemplant 
les  merveilles  de  la  nature  dans  ses  infîniments  petits  : 
il  y  a  beaucoup  a  faire  dans  les  petites  espèces  qui  n'ont 
pas  été  suffisamment  étudiées.  Nos  travaux,  tout  incom- 
plets qu'ils  sont,  auront  du  moins  le  mérite  d'avoir 
ouvert  la  marche  à  ceux  qui  nous  succéderont.  L'Ento- 
mologie n'est  pas  un  but  de  curiosité  seulement;  son 
étude  peut  être  très-utile  à  l'agriculture,  en  faisant  con- 
naître les  moyens  de  détruire  les  Insectes  qui  dévorent 
nos  récoltes.  Des  hommes  du  plus  haut  mérite  y  ont 
consacré  leurs  veilles;  des  hommes  sérieux  y  ont  porté 
toute  leur  attention  ;  des  guerriers  n'ont  pas  dédaigné 
de  s'en  occuper  d'une  manière  spéciale  ;  et  nous  avons 
été  témoin  qu'au  milieu  des  combats,  un  homme,  haut 
placé ,  mettait  pied  à  terre  pour  ramasser  un  Insecte. 
L'Empereur  faisait  un  grand  cas  de  cet  homme,  puisqu'il 
l'avait  attaché  à  sa  personne  comme  aide-de-camp W. 

(I)  l£n  1809  M.  le  comte  Dejean ,  colonel  du  9me  Dragons,  faisait 
partie  de  la  division  Kelerman  dans  les  Asturies  :  nous  battions  en  retraite 
d'Oviedo,  et  nous  montions  les  jjorges  de  Pajarcs ,  pour  venir  sur  le 
royaume  de  Léon,  sous  le  feu  de  la  mousu.ueteric  des   Espagnols,  cachés 


INSECTES. 


527 


Notre  travail  contient  rémunération  des  Coléoptères 
observés  jusqu'à  ce  jour  dans  le  département  des  Pyré- 
nées-Orientales, avec  l'indication  précise  des  localités  où 
nous  les  avons  trouvés. 

Pour  montrer  l'abondance  et  la  variété  des  produits 
de  notre  département,  nous  avons  indiqué  à  la  suite  du 
nom  de  l'auteur,  la  région  où  l'espèce  avait  été  primiti- 
vement trouvée. 

La  classification  que  nous  avons  suivie,  est  celle  que 
M.  le  comte  Dejean  a  adoptée  dans  son  catalogue  des 
Coléoptères,  publié  en  1837,  et  que  nous  exposons  dans 
le  tableau  ci-après. 

CLASSIFICATION  DES   COLÉOPTÈRES, 

D'APRÈS  M.   LE   COMTE    DEJEAN. 


1"  Section. 
PENTAMÈRES. 

Carabiques. 

Hydrocanthares. 

Brachélytres. 

Sternoxes. 

Malacodermes. 

Térédiles. 

Clavicornes. 

Palpi  cornes. 

Lamellicornes. 


2°  Section. 
HÉTÉROMÈRES. 

Mélasomes. 

Taxicornes. 

Ténébrionites. 

Hélopiens. 

Trachélides. 

Vésicants. 

Sténélytres. 


3"  Section. 
TÉTRAMÈRES. 

Curculionites. 
Xylophages. 
Longicornes. 
Chrysomélines. 

4e  Section. 
TRUIÈRES. 

5"  Section. 
DIMÉRES. 


clans  les  bois  qui  couvrent  ces  montagnes  difficiles.  Dans  cette  circonstance, 
je  ie  vis  descendre  de  cheval  pour  ramasser  un  Carabe  que  les  soldats  dans 
leur  marche  avaient  chassé  des  broussailles.  Toutes  les  lois  que  la  division 
faisait  une  halte  ,  il  explorait  les  lieux  voisins.  C'est  ainsi  qu'il  était 
parvenu,  en  récoltant  des  Insectes  de  tous  les  pass,  à  faire  la  collection  la 
plus  riche  d'Europe:  elle  renfermait,  en  Coléoptères  seulement,  vingt-deux 
mille  trois  cent  quatre-vingt-dix-neuf  espèces  et  une  infinité  de  variétés. 
J'étais  loin  di  me  douter  alors  que  je  verrais  plus  tard  M.  le  comte  Dejean, 
lieutenant-général,  venir  parcourir  les  Pyrénées-Orientales  en  entomolo- 
giste, et  que  moi-même  je  m'adonnerais  avec  ardeur  à  l'étude  de  cette  science. 


528  HISTOIRE   NATURELLE. 

PENTAMÈRES. 
Famille  des  Carabiques. 

La  famille  des  Carabiques,  selon  M.  Dejean,  se  com- 
pose des  Insectes  pentamères  qui  ont  six  palpes,  des 
antennes  filiformes  ou  sétacées ,  quelquefois  monili- 
formes,  et  des  pattes  uniquement  propres  à  la  course. 
Tous  sont  carnassiers. 

Cette  famille  joue  parmi  les  Insectes,  le  même  rôle 
que  celle  des  Carnassiers  parmi  les  Mammifères.  Obligés, 
par  leur  organisation  ,  de  vivre  aux  dépens  des  autres 
Insectes,  tantôt  ils  les  attaquent  à  force  ouverte,  tantôt 
ils  se  tiennent  en  embuscade  pour  les  surprendre.  Des 
mandibules  fortes,  tranchantes  et  plus  ou  moins  aiguës 
à  l'extrémité,  une  grande  force  musculaire  dans  leurs 
pattes  qui  leur  permet  autant  de  vigueur  que  de  promp- 
titude dans  leurs  mouvements,  tout  dans  leur  structure 
leur  donne  un  grand  avantage  sur  ceux  dont  ils  font  leur 
proie.  Cependant,  à  l'exception  des  Cicindèles,  qui  volent 
avec  la  plus  grande  légèreté,  les  espèces  des  autres  genres 
font  peu  usage  de  leurs  ailes  quand  elles  en  ont;  car  la 
plupart  en  manquent,  surtout  les  grandes  espèces;  mais 
en  revanche,  elles  sont  très-agiles  à  la  course.  Ces  In- 
sectes ne  chassent  ordinairement  que  la  nuit,  et  se  tien- 
nent cachés  pendant  le  jour  sous  des  pierres,  dans  la 
mousse,  au  pied  des  vieux  arbres  ou  bien  sous  les  écorces. 
Le  plus  grand  nombre  d'entre  eux  répandent  une  odeur 
fétide;  et,  quand  on  les  prend,  ils  laissent  échapper  par 
la  bouche  en  même  temps  que  par  l'anus,  un  liquide  acre 
et  caustique  qui,  dans  quelques-uns,  sort  avec  bruit,  sous 
la  forme  d'une  vapeur  blanchâtre. 


[NSECTES.  529 

Premier  Genre,  Cicindela,  Lin. 

Les  Cicindèles  sont  le  plus  souvent  ornées  de  couleurs 
métalliques  très-brillantes,  avec  des  taches  plus  claires 
que  le  fond.  Elles  ont  la  tête  forte,  plus  large  que  le 
corselet,  de  gros  yeux,  des  antennes  presque  filiformes, 
des  mandibules  allongées,  terminées  par  un  crochet  aigu 
et  quadridentées  au  côté  interne,  des  palpes  velues,  des 
ailes  propres  au  vol  sous  leurs  élytres,  et  des  pattes  grêles 
et  longues,  avec  des  tarses  très-déliés.  Ce  sont  des  Insectes 
carnassiers  et  voraces,  dont  la  démarche  est  vive  et  légère, 
et  le  vol  court  et  rapide.  On  les  rencontre  le  plus  souvent 
dans  les  lieux  sablonneux  exposés  au  soleil ,  où  ils  cher- 
chent leur  proie  ;  cependant  quelques  espèces,  telles  que 
la  Germanica,  ne  se  rencontrent  que  dans  les  champs, 
où  elles  courent  entre  les  herbes,  sans  jamais  faire  usage 
de  leurs  ailes. 

1.  Cicindela  campestris,  Geer.  Gallia. 

Commune  dans  les  champs,  le  long  des  chemins  sablonneux, 
dans  tout  le  département. 

2.  Cicindela  Marocana,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Elle  est  regardée  comme  une  variété  de  la  précédente.  On  la 
trouve  dans  les  mêmes  lieux;  elle  diffère  de  la  première  par  les 
couleurs  générales  plus  sombres,  et  par  les  taches  des  élytres  qui 
sont  moins  apparentes,  quelquefois  même  sans  la  moindre  tache. 

5.  Cicindela  silvicola,  Meg.,  Dej.  Gallia  orientalis. 

Trouvée  constamment  dans  les  prairies  des  parties  montueuses 
du  bois  de  Boucheville;  au  Randé,  près  Cady,  et  dans  les  prairies 
qui  bordent  Le  Tech  à  La  Preste.  Nous  avons  pris  dans  les  mêmes 
localités  une  variété  dont  les  lignes  de  dessus  les  élytres,  sont 

TOME   III.  54 


530  HISTOIRE    NATURELLE. 

moins  prononcées,  quoique  ayant  les  mêmes  dispositions  et  les 
couleurs  moins  vives.  Nous  avons  reçu  celte  espèce  de  nos  cor- 
respondants d'Allemagne,  sous  le  nom  de  Cicindela  hybrida. 

A.  Cicindela  silvatica,  Fab.  Paris. 

Cette  espèce  est  assez  rare.  On  la  trouve  dans  les  clairières  des 
bois  un  peu  élevés;  nous  l'avons  rapportée  de  la  Font  de  Comps, 
avant  d'arriver  au  plateau;  nous  l'avons  prise  aussi  dans  les  prai- 
ries de  la  Borde  Girvès,  et  au  Pla  dels  Abellans,  au-dessus  de 
Mont-Louis. 

5.  Cicindela  trisignata,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

Trouvée  sur  les  sables  de  la  rivière  de  La  Tet,  près  de  son 
embouchure;  aux  environs  des  mares  et  des  dunes,  près  Canet; 
à  l'embouchure  de  l'Agly,  près  Saint-Laurent-de-la-Salanque. 

6.  Cicindela  circumdata,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Cette  jolie  espèce  se  trouve  sur  les  sables  du  bord  de  l'étang 
de  Saint-Laurent-de-la-Salanque,  près  des  salins,  et  dans  les 
marais  salants  de  l'île  Sainte-Lucie. 

7.  Cicindela  littoralis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Elle  habite  les  champs  qui  ont  été  inondés  et  le  bord  des 
flaques  d'eau  le  long  du  littoral,  d'où  elle  ne  s'éloigne  point; 
elle  est  difficile  à  saisir,  car  elle  vole  très-loin  ;  de  grand  matin, 
en  parcourant  ces  parages  avant  le  lever  du  soleil,  on  la  prend 
plus  facilement. 

8.  Cicindela  flexuosa,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

On  la  prend  communément  sur  les  sables,  le  long  de  la  rivière 
de  La  Tet,  à  la  pépinière  départementale;  .sur  les  dunes,  près 
Canet,  et  sur  tout  le  littoral,  à  l'embouchure  des  torrents  et 
rivières  qui  se  perdent  dans  les  sables. 


[NSECTES;  531 

9.  Cicindela  scalaris.  Dejean.     \ 

paludosa,  Dufour.       G*a  meridioml^ 
equestris,  Bonelli.  )  Hispania. 

On  prend  cette  jolie  espèce  dans  les  prairies  maritimes  près 
Canet,  et  dans  celles  du  Bordigol,  près  Torreilles.  Il  faut  la  chercher 
de  grand  matin  sur  les  masses  de  joncs  qui  bordent  les  routes; 
on  peut  alors  en  faire  grande  provision ,  car  elle  s'y  tient  blottie. 
Mais  dès  que  le  soleil  a  échauffé  l'atmosphère ,  elle  vole  avec 
une  telle  rapidité,  qu'on  la  saisit  très-difficilement.  Il  y  a  dans 
cette  espèce  trois  variétés  bien  distinctes  par  la  disposition 
des  couleurs  et  par  celle  des  lignes  qui  sont  sur  les  élytres; 
ce  n'est  donc  pas  étonnant  qu'elle  ait  été  signalée  sous  trois 
noms  différents.  Le  filet  à  insecte  est  d'une  grande  utilité  pour 
la  prendre. 


Helvetia. 


10.  Cicindela  litterata,  Sulzer. 

sinuata,  Clairy. 

Cette  jolie  espèce  se  trouve  dans  les  parties  humides  des  envi- 
rons de  l'étang  de  Salses  qui  ont  été  inondées  pendant  l'hiver; 
nous  l'avons  prise  aussi  aux  environs  de  la  Franqui,  près  les 
salins  de  M.  Lacombe  Saint-Michel,  et  à  l'île  Sainte-Lucie. 

11.  Cicindela  maura,  Fab.  Hispania. 

Cette  belle  et  rare  espèce  habite  l'embouchure  des  ravins  qui 
se  jettent  dans  la  mer,  près  le  Cap-Cerbère,  aux  limites  du  dépar- 
tement; elle  est  beaucoup  plus  abondante  un  peu  plus  loin,  au 
Golfe  de  Roses,  et  sur  le  littoral  de  toute  la  Catalogne  espagnole. 
M.  le  docteur  Pujade  nous  l'a  envoyée  de  l'Algérie  où  elle  est 
abondante. 

12.  Cicindela  Germanica,  Fab.  Gallia. 

caerulea,  Herb.  Austria. 
Italica,  Dupont.  Itah'a. 


53:2  HISTOIRE    .NATURELLE. 

Cette  toute  petite  et  intéressante  espèce  est  commune  dans  les 
prairies  et  les  luzernes  des  parties  basses  de  Château-Roussillon, 
et  dans  toute  la  Salanque;  elle  ne  vole  point;  elle  est  très-agile 
pourtant,  et,  en  écartant  les  plantes,  on  peut  en  faire  une  ample 
provision.  Elle  varie  beaucoup  par  la  couleur  de  tout  son  corps 
et  par  les  points  qui  sont  sur  les  élytres;  ce  n'est  donc  pas 
étonnant  que  plusieurs  noms  lui  aient  été  donnés. 

Deuxième  Genre,  Odacantha,  Fab. 

1.  Odacantha  melanura,  Fab.  Paris. 

Lieux  humides,  sous  les  débris  des  végétaux,  près  des  prairies 
des  parties  basses  des  environs  de  Ganet  et  de  Sainle-Marie- 
la-Mer. 

Troisième  Genre,  Drypta,  Fab. 

\.  Drypta  emarginata,  Fab.  Paris. 

On  la  voit  communément  parmi  les  broussailles ,  au  pied  des 
arbres  et  dans  les  herbes  des  fossés  des  remparts  de  la  ville  et 
de  la  citadelle  de  Perpignan. 

2.  Drypta  distincta,  Rossi.         )  „.  . 

cylindricollis,  Fab.     ) 

Cette  rare  et  jolie  petite  espèce  se  trouve  dans  les  haies  des 
prairies  marécageuses  des  environs  de  Canel,  et  dans  le  bassin 
de  l'Agly,  entre  le  Bordigol  et  l'embouchure  de  cette  rivière. 
Nous  l'avons  aussi  trouvée  dans  les  prairies  des  environs  de  la 
Font-Dame,  près  de  Salses.  M.  Canta  l'a  prise  dans  les  environs 
de  Pézilla,  sous  les  débris  du  millet  dépiqué,  blottie  parmi  la 
paille,  avec  une  multitude  de  petits  Carabiques  :  elle  est  rare 
dans  toutes  les  localités. 

Quatrième  Genre,  Zuphium,  Latr. 
I.  Zuphium  olens,  Fab.  Gallia  meridionalis. 


INSECTES.  533 

Ce  joli  petit  Insecte  se  trouve  sous  les  pierres  humides  des 
ravins  des  parties  élevées;  on  le  trouve  sur  la  plage  après  les 
débordements  de  nos  rivières  sous  les  débris  des  végétaux  en- 
traînés par  les  eaux  et  rejetés  par  la  mer.  Nous  l'avons  pris  dans 
les  trois  bassins  que  nos  cours  d'eau  traversent  pour  se  jeter  à 
la  mer,  toujours  près  des  matières  qui  sont  en  putréfaction  et 
souvent  sur  les  champignons  qui  se  décomposent  (très-rare). 

Cinquième  Genre,  Polistichus,  Bonelli. 

1.  Polistichus  vittatus,  Brul.       )    _  ...  ... 

_..      \  u allia  meridionalis. 
fasciolatus,  01.     ) 

Sous  les  pierres,  dans  les  broussailles  et  au  pied  des  arbres 
des  ravins  des  régions  supérieures ,  et  sous  les  détritus  des 
végétaux  rejetés  par  les  eaux  dans  toute  la  plaine  (commun). 

2.  Polistichus  discoïdeus,  Dej.  Russia  meridionalis. 

Cette  jolie  espèce,  beaucoup  plus  rare  que  la  précédente,  se 
trouve  dans  les  mêmes  localités  et  avec  les  mêmes  circonstances. 
Nous  l'avons  prise  aussi  dans  les  ravins  des  montagnes  calcaires 
des  Corbières,  sous  les  pierres  et  dans  les  broussailles. 

Sixième  Genre,  Cymindis,  Latr. 

\.  Cymindis  humeralis,  Fab.  Gallia. 

Sous  les  pierres,  dans  les  ravins  des  montagnes  secondaires  et 
dans  les  broussailles  emmenées  par  les  cours  d'eau  qui  arrosent 
les  prairies  de  ces  localités  (commun). 

2.  Cymindis  lineata,  Schônheer.  Gallia  meridionalis. 

Sous  les  pierres  humides  des  ravins  des  environs  de  Cady  et 
du  Randé;  aux  environs  de  Mont-Louis,  sous  les  pierres  et  les 
conduites  d'eau  des  prairies  (rare). 

3.  Cymindis  homagrica,  Dufts.  Auslria. 


534  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  ravins  de  la  montagne  de  Céret  et  aux  environs  de  la  forêt 
communale ,  parmi  les  broussailles  et  sous  les  pierres  ;  acci- 
dentellement près  de  la  ville  de  Géret,  où  il  est  probablement 
entraîné  par  les  eaux;  on  le  trouve  aussi  dans  la  vallée  d'Arles- 
sur-Tech  (assez  rare). 

4.  Cymindis  coadunata,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Parmi  les  broussailles  des  ravins  de  la  vallée  de  l'Agly,  envi- 
rons de  Saint-Paul;  à  Gaudiès,  au  bois  des  Fanges,  parmi  les 
débris  des  végétaux;  aux  Albères,  près  Notre-Dame  du  Castel, 
dans  les  bois  sous  les  pierres  qui  bordent  les  ravins  (rare). 

5.  Cymindis  melanocephala,  Dej.  Pyrenœis. 

Trouvé  dans  la  vallée  d'Eyne,  sous  les  pierres,  près  des  Jasses 
où  se  retirent  les  bestiaux;  dans  les  mêmes  gîtes,  au  Ganigou, 
près  la  Jasse  de  la  Llapoudère,  et  à  La  Preste  (rare). 

6.  Cymindis  axillaris,  Dufts.  Gallia  meridionalis. 

Torrents  de  la  vallée  de  Finestret,  sous  les  pierres,  près  du 
Nentilla;  sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  parties  élevées 
de  la  vallée  de  Rigarda  (commun). 

7.  Cymindis  basalis,  Gyllenh.     ) 

punctata,  Bonelli.  ) 

Cette  jolie  espèce  est  assez  rare  ;  nous  l'avons  prise  dans  la 
vallée  de  Cornella  et  de  Vernet-les-Bains,  au  bord  des  champs 
sous  les  pierres  et  les  broussailles. 

8.  Cymindis  miliaris,  Fab.  Gallia. 

Trouvé  sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  torrents  dans 
les  parties  moyennes  du  Canigou,  au-dessus  de  Saint-Martin, 
particulièrement  dans  la  forêt  appelée  des  Moines  ;  nous  l'avons 
aussi  trouvé  dans  la  vallée  de  Valmanya  et  près  de  Gortsavi  (rare). 


INSECTES.  Ô3Ô 

9.  Cymindis  buf'o,  Fabric.  )  _.  ... 

J  ^      .  ..    ^  .  |  Siciba. 

Fammn,  Dejean.     ) 

Cette  petite  et  jolie  espèce  se  trouve  sous  les  pierres  et  parmi 
les  détritus  des  végétaux  des  parties  basses  situées  au  pied  de 
nos  montagnes  ;  mais  elle  y  est  entraînée  par  les  eaux  qui , 
toujours  après  les  fortes  pluies ,  font  déborder  nos  rivières. 
On  rencontre  la  plupart  des  espèces  de  ce  genre  sous  les  brous- 
sailles que  les  inondations  entraînent  et  qui  sont  rejetées  par  la 
mer  sur  la  grève  (rare). 

10.  Cymindis  meridionalis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Variété  de  YHomagrica,  Dufts, 

Nous  avons  trouvé  cette  intéressante  espèce  sous  les  pierres 
et  sous  les  broussailles,  dans  les  ravins  des  montagnes  intermé- 
diaires qui  séparent  Thuir  d'Oms  ;  elle  diffère  par  des  caractères  si 
tranchés  du  Cym.  homagrica  de  Dufts.,  que  nous  avons  cru  devoir 
lui  conserver  le  nom  donné  par  M.  Dejean.  Les  stries  des  élytres 
sont  moins  profondes,  moins  fortement  ponctuées;  une  tache 
numérale  un  peu  allongée  se  détache  du  bord  extérieur;  il  y 
a  absence  de  la  bande  longitudinale  des  élytres;  corselet  plus 
allongé  et  plus  rouge;  tète  plus  foncée;  couleur  des  élytres  plus 
brune  (rare). 

Septième  Genre,  Demetrias,  Bonel. 

i.  Demetrias  unipunctatus,  Creuts.  Gallia. 

Sous  les  broussailles  qui  ont  été  rejetées  par  les  eaux,  et  dans 
les  fossés  des  parties  basses  de  Canet;  au  printemps  on  le  prend 
en  fauchant  avec  le  filet  sur  les  fourrés  des  prairies  (commun). 

2.  Demetrias  atricapillus,  Lin.  Paris. 

On  le  trouve  au  pied  des  arbres  des  prairies  de  Thuir  et  de 
Canohès,  et  dans  la  belle  saison,  en  fauchant  avec  le  filet  sur 


536  HISTOIRE   NATURELLE. 

les  plantes;  en  hiver,  dans  les  broussailles  et  fossés  des  prairies 
de  Canet(rare). 

5.  Demetrias  elongatus,  Zenk.  Paris. 

Peu  de  chose  le  distingue  du  précédent,  dont  il  parait  n'être 
qu'une  variété  ;  on  le  trouve  dans  les  mêmes  lieux. 

Huitième  Genre,  Dromius,  Bonel. 

\.  Dromius  linearis,  Bonel.  Paris. 

Bord  des  fossés  des  champs  et  prairies  des  parties  élevées  du 
département;  ravins  du  bois  de  Bouchevjlle,  et  dans  les  ravins 
parmi  les  broussailles  au-dessus  de  Gastell,  près  Vernet  (rare). 

2.  Dromius  melanocephalus,  Dej.  Paris. 

Sous  les  écorces  des  vieux  troncs  à  demi  pourris;  sous  les 
pierres  et  fossés  humides  des  prairies  des  parties  basses  du  lil- 
toral  des  bassins  de  l'Agly  et  de  La  Tet. 

5.  Dromius  sigma,  Ros.  Russia. 

Sous  les  pierres,  au  pied  des  arbres  et  dans  les  prairies  et 
champs  de  toute  la  Salanque;  on  en  prend  beaucoup  en  fau- 
chant avec  le  filet  (commun). 

4.  Dromius  quadrisignatus,  Dej.  G  allia. 

Sous  les  écorces  des  vieux  troncs  des  prairies  élevées  ;  souvent 
aussi  dans  la  plaine  après  une  inondation. 

5.  Dromius  quadrinotatus,  Dufts.  Paris. 

Je  l'ai  trouvé  assez  fréquemment  dans  les  prairies  humides  de 
l'embouchure  du  Tech,  près  Saint-Cyprien,  et  à  Céret,  dans  les 
prairies  des  environs  du  pont. 

6.  Dromius  quadrimaculatus,  Puz.  Paris. 


INSECTES.  537 

Prairies  du  Capcir  el  de  la  Cerdagiie,  sous  les  pierres  et  sous 
les  broussailles;  après  les  inondations,  parmi  les  broussailles  du 
bassin  du  Tech  et  de  La  Tet;  dans  le  Llaurenti  auprès  de  Mijanès 
(rare). 

7.  Dromius  agilis,  Fab.  Paris. 

Commun  au  pied  des  arbres,  sous  les  écorces  et  parmi  les 
broussailles  des  parties  basses  de  tout  le  littoral. 

8.  Dromius  meridionalis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Prairies  et  champs  aux  environs  de  Thuir,  sous  les  pierres,  au 
bord  des  fossés  et  sous  les  broussailles  (assez  commun). 

9.  Dromius  quadrillum,  Dufts.  Austria. 

Variété  du  Dromius  qaadripustidatus,  Fab. 

Nous  l'avons  toujours  trouvé  avec  \e  Dromius  sigma  dans  les 
mêmes  circonstances,  les  mêmes  localités,  et  plus  abondamment. 

10.  Dromius  corticalis,  Duf.  Hispania. 

Variété  du  Dromius  plagiatus,  Dufts. 

Habite,  entre  Arles  et  Saint-Laurent-de-Cerdans,  les  prairies 
humides,  les  rigoles  qui  conduisent  les  eaux,  parmi  les  brous- 
sailles et  sous  les  pierres;  les  rigoles  des  environs  de  Costujes 
(rare). 

11.  Dromius  foveola,  Gyllenh.  Suecia. 

Ravins  et  rigoles  des  prairies,  derrière  La  Preste  et  au  pied 
de  Costa-Bona,  aux  environs  de  Peyre-Feu  (rare). 

12.  Dromius  albonotatus,  Dej. 

Toutes  les  rigoles  des  prairies  des  environs  de  Mont-Louis, 
sous  les  pierres  cpii  servent  à  dévier  l'eau,  et  dans  toute  la 
Cerdagne. 


538  HISTOIRE   NATURELLE. 

Neuvième  Genre,  Plochionus,  Dej. 

i.  Plochionus  Bonfilsii,  Dej.  G  allia  meridionalis. 

Je  n'ai  trouvé  cet  Tnsecte  qu'une  seule  fois,  accidentellement, 
après  l'inondation  de  1842,  sur  la  plage  de  Torreilles,  parmi 
les  broussailles  rejetées  par  la  mer;  ce  qui  me  fait  présumer  que 
ce  joli  et  petit  Insecte,  doit  vivre  dans  la  vallée  de  l'Agly,  mais 
je  ne  puis  indiquer  de  localité  précise  (très-rare). 

Dixième  Genre,  Lebia,  Latr. 

1.  Lebia  pubipennis,  Du.  ;   rr. 

„  .....     ~  .  Hispania. 

fulvicolhs,  Dej.  )        r 

Fossés  herbeux  des  parties  basses  de  Canet,  parmi  les  brous- 
sailles et  détritus  des  végétaux  rejetés  par  la  mer  après  les 
inondations  (commune). 

2.  Lebia  cyanocephala,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

3.  Lebia  chlorocephala,  Ent.  Gallia  borealis. 

Les  deux  espèces  se  trouvent  sous  les  pierres  de  la  rivière  de 
l'Agly,  et  les  rigoles  des  environs  de  Casas-de-Pena ;  après  les 
inondations,  sur  la  plage  des  trois  bassins  (communes). 

4.  Lebia  caeruleocephala,  Dhal.  Gallia  borealis. 

Cette  espèce,  regardée  par  M.  Dejean  comme  une  variété  de  la 
Lebia  cyanocephala,  Fab.,  se  trouve  sous  les  pierres,  au  sommet 
des  montagnes  à'Albadère  et  de  Glorianes,  exposition  du  midi; 
elle  est  mêlée  à  une  foule  d'autres  Carabiques. 

Malgré  tout  le  respect  que  nous  portons  aux  observations  faites 
par  ce  savant  entomologiste,  nous  ne  pouvons  être  de  son  avis: 
la  Cœruleocephala  a  les  élytres  verts  avec  des  stries  ponctuées , 
bien  marquées  :  les  intervalles  des.  stries  sont  aussi  ponctués;  le 
corselet  et  les  pattes  sont  rougeàtres,  tandis  que  la  Cyanocephala 
a  les  élytres  d'un  beau  bleu,  sans  stries  ni  points;  les  pattes 


INSECTES.  539 

et  les  antennes  sont  noires.  Celte  différence,  ainsi  que  celle  qui 
existe  dans  l'habitat,  nous  font  penser  que  ce  sont  deux  espèces 
différentes  (rare). 

5.  Lebia  rufipes,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Commune  dans  les  broussailles  des  fossés  des  prairies  mari- 
times; elle  y  est  amenée  par  les  inondations.  Je  l'ai  souvent 
trouvée  sous  les  pierres  des  cours  d'eau  des  parties  élevées. 

6.  Lebia  crux-minor,  Lin.  Gallia. 

Prairies  de  la  Cerdagne  et  des  parties  élevées  du  Canigou,  le 
long  des  cours  d'eau,  sous  les  pierres  (assez  rare). 

7.  Lebia  violacea,  N.  S.  Dej.  Nord. 

Cette  jolie  espèce  habite  le  bord  des  eaux  des  parties  élevées 
et  froides;  les  vallées  de  la  Cerdagne  et  les  diverses  vallées  du 
Canigou,  revers  méridional  vers  Costa-Bom  (rare). 

8.  Lebia  haemorrhoïdalis,  Fab.  Paris. 

Fossés  des  parties  basses  de  Canet  et  de  Saint-Cyprien,  parmi 
les  broussailles  et.  au  pied  des  arbres;  broussailles  rejetées  par  le 
Réart,  aux  environs  de  S'-Nazaire,  après  un  débordement  (rare). 

Onzième  Genre,  Aptinus,  Bonel. 

1.  Aptinus  Pyrenseus,  Dej. 

Parties  élevées  des  environs  de  Prals-de-Mollô,  sous  les  pier- 
res, parmi  les  broussailes,  mêlé  et  très-abondant  parmi  les  Bra- 
chinus,  Bombarda  et  Explodens;  aux  environs  de  La  Preste,  dans 
les  haies,  aux  endroits  où  se  reposent  les  bètes  à  laine;  nous 
l'avons  pris  à  la  Roca  de!  Muix ,  près  la  Font  de  Comps,  grande 
excavation  où  les  troupeaux  vont  s'abriter  des  orages;  à  la  vallée 
de  Lié,  dans  les  broussailles  des  haies  qui  bordent  le  ruisseau 
d'écoulement  des  thermes  de  M.  Girvès  (il  n'est  pas  rare  dans 
cette  localité). 


540  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Aptinus  displosor,  Dnf.  )    „. 

1  ,    ,,.        T11;  (  Hispania. 

balhsta,  Ilhg.  )        r 

Cette  belle  et  très-intéressante  espèce  se  trouve  sous  les  pierres 
et  parmi  les  broussailles,  derrière  le  château-fort  de  Bellegarde, 
et  dans  la  garrigue  exposée  au  midi  près  du  fortin.  En  remuant 
les  grosses  pierres,  surtout  celles  qui  sont  adossées  à  un  amas 
de  ronces,  ou  aux  plantes  OCUlex,  on  est  sûr  de  trouver  Y  Aptinus 
en  compagnie  du  Scorpion  de  Sauvinargues.  On  le  trouve  aussi  près 
de  Porl-Vendres  et  dans  les  garrigues  de  la  vallée  cle  Banyuls, 
ainsi  que  sur  toutes  les  Albères.  La  détonation  qu'il  fait  entendre 
quand  on  remue  la  pierre  sous  laquelle  il  est  blotti,  est  très- 
forte;  la  liqueur  qu'il  rejette  est  très-corrosive,  et  lorsqu'on  en  a 
piqué  un  certain  nombre,  les  doigts  sont  noircis,  et  cette  couleur 
ne  disparaît  que  lorsque  la  peau  se  renouvelle. 

Douzième  Genre,  Brachinus,  Weber. 

\.  Brachinus  humeralis,  Ahr.     )    „  „.  ...      ,. 

_   .  haliia  meridionalis. 

causticus,  Dej.      v 

Près  des  fossés  qu'on  a  nouvellement  curés,  parmi  les  brous- 
sailles et  les  mottes  de  terre,  dans  toute  la  plaine  de  la  Salanque; 
aussi  sous  les  détritus  des  végétaux  auprès  des  marais  salants 
(rare). 

2.  Brachinus  nigricornis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Parmi  les  broussailles  des  fossés  herbeux  des  environs  de  Ca- 
net;  dans  les  terres  inondées  pendant  l'hiver;  sous  les  végétaux 
en  décomposition,  lorsque  l'eau  s'est  retirée  (rare). 

3.  Brachinus  crepitans,  Lin.  Paris. 

Sous  les  broussailles  et  les  haies  des  fossés  des  champs  de 
toute  la  plaine;  sous  les  pierres  des  parties  élevées  des  mon- 
tagnes secondaires  (commun). 


LNSECTES.  541 

4.  Brachinus  immaculicornis ,  Dej.   Gallia  meridionalis. 

Au  bord  des  marais  salants,  sous  les  détritus  des  végétaux,  dans 
tout  le  littoral,  mêlé  à  d'autres  espèces  de  son  genre  et  à  beaucoup 
de  petits  Carabiques  qui  s'y  amassent  lorsque  l'eau  se  retire  (rare). 

5.  Brachinus  explodens.  Dufts.  Paris. 

Mêmes  localités  que  le  précédent  et  très-commun  ;  on  le  trouve 
aussi  sur  les  parties  élevées  des  montagnes  secondaires,  dans  les 
broussailles  et  sous  les  pierres  (commun). 

6.  Brachinus  dabratus,  Dej. 

'  u allia  meridionalis 


strepitans?  Dufts. 

Dans  les  broussailles  de  toutes  les  parties  basses  du  littoral, 
dans  les  fossés  herbeux  et  au  pied  des  arbres.  Il  est  plus  long 
que  le  Brachinus  explodens,  avec  lequel  on  le  confond  souvent; 
cependant  quand  on  le  considère  de  près,  on  remarque  que 
les  côtes  de  ses  élytres  sont  plus  apparentes  et  les  articles  des 
antennes  sont  sans  tache  (il  n'est  pas  rare). 

7.  Brachinus  psophia,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Mêmes  localités  que  le  Glabratus.  Je  l'ai  trouvé  en  abondance 
près  des  fortifications  du  fort  Bellegarde  (commun). 

8.  Brachinus  bombarda,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Cette  jolie  espèce  se  trouve  dans  toute  la  plaine,  dans  les  fossés 
des  champs,  parmi  les  détritus  des  végétaux;  nous  l'avons  aussi 
trouvée  dans  la  vallée  de  Banyuls-sur-Mer  (assez  commune). 

9.  Brachinus  sclopeta,  Fab.  Paris. 

Mêmes  localités  que  le  précédent,  mais  beaucoup  plus  répandu. 

10.  Brachiuus  exhalans,  Ros.  Gallia  meridionalis. 
Cette  espèce  se  trouve  très-répandue;  elle  vit  sous  les  pierres 


542  histoire  naturllle. 

et  parmi  les  broussailles,  dans  les  champs  qui  ont  été  inondés, 
dans  les  parties  basses  de  Canet,  et  sur  tout  le  littoral.  Je  l'ai 
trouvée  aussi  très-abondamment  en  Cerdagne. 

Remarque  :  après  les  fortes  inondations,  lorsque  la  mer  a  rejeté 
sur  la  grève  cette  masse  de  bois  et  de  plantes  que  l'eau  de  nos 
torrents  ont  entraînés,  il  est  remarquable  de  voir  la  quantité  consi- 
dérable de  Garabiques  qu'on  trouve  mêlés  à  ce  détritus;  le  genre 
Brachine  y  est  en  grand  nombre;  on  est  sur,  en  parcourant  la  plage, 
de  faire  une  ample  récolte. 

Treizième  Genre,  Scarites,  Fab. 

4.  Scarites  gigas,  Fab,  ,    Gallia  meridionalis , 

pyracmon,  Bonel.     )  Sicilia. 

Cette  belle  espèce  est  très-commune  sur  tout  le  littoral  et  sur 
les  dunes.  Pour  se  la  procurer  abondamment,  il  faut  la  chercher 
pendant  la  nuit,  à  la  lanterne,  ou  bien  à  la  pointe  du  jour.  Aussitôt 
que  le  soleil  se  lève,  cet  Insecte  rentre  dans  le  sable;  les  mois 
de  mai  et  juin  sont  ceux  où  on  le  trouve  abondamment. 

2.  Scarites  arenarius,  Bonel.  Gallia  meridionalis. 

Cette  espèce  est  commune  à  l'île  Sainte-Lucie ,  sur  les  dunes 
de  sable,  près  de  l'étang,  en  face  des  salins.  Je  l'ai  aussi  trouvée 
près  des  salins  de  M.  Saint-Michel,  à  la  Franqui. 

3.  Scarites  laevigatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Je  n'ai  trouvé  cet  Insecte  qu'une  seule  fois,  entre  l'embou- 
chure de  La  Tet  et  Canet  :  j'en  pris  deux  sur  le  bord  de  la  mer. 
J'ai  visité  ces  lieux  différentes  fois  depuis  ;  mais  je  n'ai  plus 
retrouvé  l'Insecte  ;  il  est  probable  cependant  qu'il  doit  vivre  dans 
ces  parages  (très-rare). 

4.  Scarites  terricola,  Bonel.  Gallia  meridionalis. 

J'ai  trouvé  cet  Insecte  dans  les  mêmes  localités  que  le  précé- 
dent, avec  les  mêmes  circonstances  (il  est  aussi  très-rare). 


INSECTES.  543 

Quatorzième  Genre,  Clivina,  Latr. 

i.  Clivina  arenaria,  Fab.  ;   „ 

_  [  Uermama. 

lossor,  Lin.  ) 

Lieux  sablonneux  et  humides;  bords  des  cours  d'eau,  sous  les 
pierres  et  parmi  les  détritus  des  végétaux;  aussi  bien  dans  les 
parties  basses  du  littoral  où  elle  est  emmenée  par  le  débordement 
des  rivières,  que  clans  les  ravins  des  parties  élevées  des  trois  bassins 
où  elle  est  commune;  elle  varie  beaucoup  par  sa  couleur  plus 
ou  moins  foncée  (commune). 

Quinzième  Genre,  Ditomus,  Bonel. 
1.  Ditomus  calydonius,  Dej. 


.  Sardaiqne. 
tricuspidatus,  Fab.  ) 

Vallée  de  l'Agly,  dans  les  terres  sablonneuses,  au  bord  des 
champs  cultivés,  sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles  (rare). 

2.  Ditomus  fnlvipes,  Latr.  Paris. 

Prairies  des  parties  basses,  dans  les  trois  bassins,  au  pied  des 
arbres  et  parmi  les  broussailles,  au  bord  des  fossés  herbeux; 
nous  l'avons  pris  aussi  dans  la  vallée  de  Prades ,  au  bord  des 
fossés  des  champs  qui  bordent  la  rivière  de  La  Tet  et  les  ravins 
qui  y  aboutissent  (rare). 

3.  Ditomus  capito,  Illig.  G  allia  meridionalis. 

Cette  espèce  se  trouve  aussi  sous  les  pierres  et  parmi  les  brous- 
sailles, surtout  dans  la  vallée  de  l'Agly;  on  la  trouve  rarement 
dans  la  vallée  de  La  Tet. 

4.  Ditomus  sulcatus,  Fab.;  Ditomus  clypeatus,  Ros. 

Nous  avons  trouvé  cette  espèce  dans  les  prairies  et  au  bord  des 
fossés  des  champs,  dans  toute  la  plaine  et  dans  les  trois  bassins, 
sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles  (elle  n'y  est  point  rare). 


S>44  HISTOIRE   NATURELLE. 

0.  Ditomus  sphaerocephalus ,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

Moins  répandu  que  le  précédent;  il  se  trouve  dans  les  mêmes 
localités. 

Seizième  Genre,  Apotomus,  Dej. 

J .  Apotomus  rufus,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

On  trouve  cette  espèce  communément  sous  les  pierres  et  parmi 
les  broussailles  des  parties  basses  des  trois  bassins;  en  hiver  au 
pied  des  arbres  et  des  buissons,  près  des  fossés  humides  de 
toute  la  Salanque. 

Dix-septième  Genre,  Cychrus,  Fab. 

1.  Cychrus  rostratus,  Lin.  Gallia. 

Trouvé  sous  les  pierres,  auprès  de  la  Massana,  et  dans  les  bois 
de  toutes  les  Albères,  sous  les  pierres  et  au  pied  des  vieux  troncs; 
nous  l'avons  pris  aussi  à  l'entrée  de  la  vallée  d'Eyne,  et  dans  les 
rigoles  des  prairies  de  la  plaine  de  Llô  (rare). 

2.  Cychrus  Italicus,  Bonel.  Italia. 

Plus  rare  que  le  précédent.  Nous  l'avons  pris  sous  les  pierres 
et  au  bord  des  fossés  des  prairies  et  dans  les  bois 'des  parties 
moyennes  du  Canigou;  dans  la  vallée  de  Valmanya;  dans  la  vallée 
de  La  Tet,  le  bois  à  droite  de  la  route  avant  d'arriver  à  Railleu. 

Dix-huitième  Genre,  Procrustes,  Bonel. 

1.  Procrustes  coriaceus,  Lin.  Paris. 

Sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles  des  fossés  de  la  cita- 
delle de  Perpignan  ;  sous  les  pierres  et  aux  souches  des  oliviers 
de  Malloles;  dans  les  vallées  de  Prades,  d'Arles,  et  jamais  en 
grand  nombre;  nous  l'avons  pris  aux  montagnes  calcaires  d'Opol 
et  de  Tautavel,  ainsi  qu'aux  environs  de  Quérigut,  en  Llaurenti. 


INSECTES.  545 

Dix-neuvième  Genre,  Carabus,  Lin. 

Le  genre  Carabe  a  été  converti  en  tribu,  à  cause  du 
grand  nombre  d'espèces  qu'il  renferme.  Il  présente  les 
caractères  suivants  :  les  quatre  premiers  articles  des  tarses 
antérieurs  dilatés  dans  les  mâles;  les  trois  premiers  for- 
tement, le  quatrième  un  peu  moins;  le  dernier  article  des 
palpes  plus  ou  moins  sécuriforme,  et  plus  dilaté  dans  les 
mâles;  antennes  filiformes;  le  troisième  article  cylin- 
drique et  à  peine  plus  long  que  les  autres  ;  lèvre  supé- 
rieure trilobée;  mandibules  légèrement  arquées,  plus  ou 
moins  aiguës,  lisses  et  n'ayant  qu'une  dent  à  leur  base; 
une  très-forte  dent  au  milieu  de  l'échancrure  du  menton  ; 
corselet  plus  ou  moins  cordiforme  ;  élytres  en  ovale  plus 
ou  moins  allongé;  jamais  d'ailes  propres  au  vol. 

Ces  Coléoptères  sont  éminemment  carnassiers;  ils  se 
nourrissent  de  larves  et  d'insectes  parfaits  plus  faibles 
qu'eux;  poursuivent  leur  proie  avec  opiniâtreté,  et  ils 
sont  tellement  voraces ,  qu'ils  s'entre  -  dévorent  quel- 
quefois. Ils  sont  très -communs  dans  les  montagnes 
et  dans  les  grandes  forêts,  où  ils  se  tiennent  pendant  le 
jour,  sous  les  pierres,  la  mousse,  les  feuilles  sèches  et 
dans  les  vieux  troncs  d'arbres  ;  on  en  trouve  aussi  plu- 
sieurs espèces  dans  les  champs ,  les  jardins  et  près  des 
endroits  habités  ;  une  très-grande  partie  habitent  l'Eu- 
rope. Ils  exhalent  une  odeur  très-forte  qui  approche  de 
celle  du  tabac,  et,  lorsqu'on  les  prend,  ils  répandent  par 
la  bouche  et  par  l'anus,  une  liqueur  noirâtre,  très-âcre, 
très-irritante  et  nauséabonde.  Leur  larves  vivent  dans  la 
terre.  Des  couleurs  métalliques  très-brillantes  couvrent 
leur  corps,  et  leurs  élytres  sont  ornés  de  divers  dessins. 

TOMG   III.  55 


7i4lj  HISTOIRI    NATL'RKLLE. 

M.  Dejean  a  établi  sur  ce  genre  seize  divisions,  d'après 
la  forme  du  corps  et  les  dessins  des  élytres. 

1.  Carabus  catenulatus,  Fab.  Paris. 

Commun  dans  les  régions  élevées  des  trois  vallées  du  Tech , 
de  La  Tet  et  de  l'Agly,  sous  les  pierres,  près  des  ravins,  dans 
les  prés,  au  bord  des  champs,  parmi  les  broussailles,  et  jus- 
qu'aux extrémités  des  vallées  les  plus  froides,  aux  régions  des 
neiges;  sa  couleur  et  le  dessin  des  élytres  varient  beaucoup. 

2.  Carabus  Italicus,  Dej.  Italia. 

Sous  les  pierres,  les  broussailles,  dans  les  bois  fourrés  des 
parties  élevées  des  Albères,  où  il  est  rare;  il  est  plus  abondant 
sur  le  revers  méridional,  au  bois  de  Racasens. 

3.  Carabus  cancellatus,  Illig.  Gallia. 

Très-commun  dans  tout  le  Confient,  en  Cerdagne,  dans  le 
Capcir,  sur  les  routes,  dans  les  champs,  partout.  Plusieurs 
variétés  se  font  remarquer  par  la  différence  de  la  couleur  de 
leurs  corps,  du  vert-bronzé  jusqu'au  noir  parfait  :  il  n'est  donc 
pas  étonnant  que  les  auteurs  lui  aient  donné  plusieurs  noms. 

4.  Carabus  auratus,  Fab.  Paris. 

Ce  joli  Carabe  est  très-rare  dans  ce  déparlement.  Je  l'ai  pris 
dans  les  environs  de  Caudiès;  il  est  commun  au  bois  des  Fanges, 
sous  les  pierres,  dans  les  prairies  et  parmi  les  broussailles;  au 
Uaurenti,  dans  les  environs  de  Mijanès. 

5.  Carabus  punctato-auratus,  Dej. 

Cette  belle  espèce  habite  les  régions  élevées,  sous  les  pierres 
et  parmi  les  broussailles.  On  commence  à  la  trouver  dans  les 
bois  des  environs  de  Mont-Louis;  à  la  Motte  de  Planés;  vers  le 
milieu  de  la  vallée  d'Eyne,  à  la  jasse  du  four  à  chaux  ;  à  la  vallée 


INSECTES.  547 

de  Llô,  et  vers  le  milieu  de  la  montagne  de  Garlite;  au  Canigou, 
vers  la  Jasse  de  Cady;  au  plateau  de  la  Llapoudère  et  au  versant 
de  Py;  sur  tout  le  Pîa  Guillem;  mais  toujours  près  des  jasses 
où  se  réunissent  les  bestiaux.  On  remarque  sur  elle  plusieurs 
nuances,  qui  la  font  varier  du  vert  brillant  et  métallique,  presque 
jusques  au  noir  foncé. 

6.  Carabus  Farinesi,  Dej. 

Les  observations  que  nous  avons  faites  sur  cet  Insecte,  nous 
font  penser  que  c'est  une  variété  du  Carabus  festivus ,  étranger 
à  notre  département ,  mais  très-commun  dans  les  environs  de 
Sorèze.  Nous  n'avons  jamais  trouvé  le  Farinesi  dans  les  Pyrénées- 
Orientales,  et  M.  Aleron,  qui  est  un  chercheur  infatigable,  n'a 
pas  été  plus  heureux  que  nous.  M.  Andréosy,  naturaliste  à  Cas- 
telnaudary,  qui  était  à  portée  de  se  procurer  le  Festivus  abon- 
damment, l'a  comparé  avec  le  Farinesi,  et  il  affirme  qu'il  n'y  a 
d'autre  différence  entre  ces  deux  Insectes  que  dans  la  couleur 
des  cuisses  et  des  premiers  articles  des  antennes  qui  sont  plus 
ou  moins  noirs  dans  le  Farinesi;  mais  il  pense,  avec  juste 
raison,  que  ces  caractères  ne  peuvent  constituer  une  espèce 
nouvelle,  attendu  qu'on  voit  assez  souvent  de  ces  différences 
dans  les  Carabes  à  couleur  métallique. 

7.  Carabus  melancholicus,  Fab.  Gallia  meridionalis . 

costatus,  Dej.  Hispania. 

Ce  joli  Carabe  qui  fut  trouvé  par  M.  Dejean,  pour  la  première 
fois,  aux  environs  de  Bourg-Madame,  dans  la  Cerdagne,  est 
commun  dans  les  parages  de  cette  localité,  sous  les  pierres  et 
sous  les  détritus  des  végétaux,  dans  les  champs  et  la  lisière  du 
Sègre  et  des  affluents  des  torrents  qui  s'unissent  à  cette  rivière 
au-dessous  du  village.  Nous  l'avons  vu  dans  la  vallée  de  Finestret. 
Nous  l'avons  pris  aussi  dans  les  bois  de  la  pépinière  départe- 
mentale, et  dans  les  fossés  des  fortifications  de  la  Ville-Neuve; 


548  HISTOIRE   NATURELLE. 

quelquefois  sur  le  bord  de  la  mer.  Nous  pensons  qu'il  avait  été 
amené  dans  ces  localités,  après  une  forte  crue  de  la  rivière  de 
La  Tet. 

8.  Carabus  purpurascens,  Fab.  Paris. 

Commun  dans  toutes  les  prairies  de  la  plaine  et  de  la  mon- 
tagne, ainsi  que  dans  toutes  nos  vallées,  sous  les  pierres  et  parmi 
les  broussailles.  Comme  dans  bien  d'autres  espèces,  il  y  a  aussi 
plusieurs  variétés  qui  se  distinguent  par  la  taille,  par  les  couleurs 
plus  ou  moins  prononcées  des  élytres  et  de  la  ligne  qui  les  borde. 

9.  Carabus  hortensis,  Fab.  Paris. 

Cette  espèce  est  commune  dans  les  bois  des  régions  moyennes 
de  nos  montagnes  ;  on  la  trouve  sous  les  pierres  et  au  pied  des 
arbres  des  ravins,  et  sous  les  troncs  pourris;  le  bois  des  Fanges 
et  de  Boucheville  en  fournissent  une  variété  fort  grosse  et  très- 
jolie,  qu'on  pourrait  bien  prendre  pour  une  espèce  nouvelle. 
La  localité  qui  produit  ;la  plus  belle  variété  de  ce  Carabe,  est  la 
vallée  de  L16  et  celle  de  Carença.  Les  sujets  qu'on  y  trouve  sont 
d'un  tiers  moins  grands,  plus  plats,  ornés  de  belles  couleurs 
métalliques  bronzées,  et  les  élytres  sont  finement  parsemés  de 
points.  Cette  variété  fort  remarquable  a  été  souvent  envoyée  sous 
le  nom  de  Pyrenœus,  et  nous  l'avons  vu  accepter  de  bonne  foi, 
sous  ce  nom,  par  quelques  amateurs. 

10.  Carabus  monticola,  Dej.  Gallia  meridionalis . 

Ce  petit  et  joli  Carabe  se  trouve  dans  les  environs  de  Mont- 
Louis  et  dans  les  vallées  de  la  Cerdagne,  sous  les  pierres,  auprès 
des  ravins  et  au  bord  des  fossés  des  prairies.  Nous  l'avons  pris 
aussi  dans  les  vallées  du  Canigou,  du  côté  de  Castell,  et,  dans 
la  vallée  du  Tech,  au  bas  de  Costa-Bona. 

11.  Carabus  convexus  Fab.  Paris. 

Trouvé  dans  toutes  les  Corbières  et  sur  toutes  nos  montagnes 


INSECTES.  549 

secondaires,  dans  les  bois,  les  prairies  humides,  sous  les  pierres 
et  près  des  fossés;  jamais  en  grande  quantité. 

12.  Carabus  splendens,  Fab.  Pyrenœis. 

Ce  beau  Carabe  est  très-commun  dans  le  bois  des  Fanges,  sous 
les  pierres,  auprès  des  arbres  et  dans  les  broussailles,  auprès  des 
ravins,  surtout  vers  l'endroit  qu'on  appelle  le  Cremat:  c'est  en 
explorant  cette  localité  avec  M.  le  comte  de  Jenisson,  en  1822, 
que  nous  l'y  avons  récolté;  nous  l'avons  pris  aussi  dans  les  bois 
qui  avoisinent  las  Fonts,  près  de  Taurinya,  au  pied  du  Canigou. 

13.  Carabus  rutilans,  Fab. 

aragonensis,  Lin. 

En  1818,  en  explorant  avec  M.  Canta  la  vallée  de  Vernet-les- 
Bains ,  pour  monter  au  Canigou  par  Castell ,  nous  prîmes  un 
Rutilans  qui  traversait  la  route;  nous  fumes  frappés  de  la  beauté 
de  cet  Insecte  ;  nous  en  cherchâmes  d'autres  vainement  ;  pas 
possible  d'en  avoir  un  second  individu.  On  le  trouve  toujours 
isolément,  et,  pour  se  le  procurer  en  nombre,  il  faut  charger 
les  gardiens  des  bestiaux  de  le  rechercher,  ce  qu'ils  ne  manquent 
pas  de  faire  moyennant  une  rétribution.  Deux  ans  après,  MM.  Bas- 
tard  et  Leclerc-Thuin,  aides  naturalistes  au  Jardin-des-Plantes, 
venant  explorer  les  Pyrénées -Orientales,  me  prièrent  de  leur 
céder  ce  beau  Carabe,  ce  que  je  fis  avec  plaisir.  Peu  de  jours 
après,  M.  le  comte  Dejean  passa  aussi  pour  explorer  nos  riches 
vallées;  nous  lui  parlâmes  de  ce  beau  Carabe,  et  il  se  proposait 
de  le  faire  chercher  dans  la  vallée  de  Vernet,  lorsque  le  plus 
grand  des  hasards  lui  fit  découvrir  une  autre  localité  où  il  paraît 
être  plus  abondant.  De  Perpignan,  il  se  dirigea  sur  les  Albères, 
pour  gagner  la  vallée  du  Tech;  arrivé  à  Prats-de-Mollô ,  il  parla 
de  mon  carabe  à  M.  Xatart  qui  l'avait  vu  chez  moi.  La  servante 
de  ce  dernier,  ayant  vu  M.  Dejean  ramasser  des  insectes,  trouva 
un  Rutilans  en  revenant  du  jardin,  et  l'apporta  à  M.  Dejean,  qui 
la  gratifia  de  cinq  francs.  Les  enfants  se  mirent  à  la  recherche  de 


550  HISTOIRE   NATURELLE. 

ce  Carabe,  et  en  peu  de  temps  on  en  prit  plusieurs.  Cette  vallée 
et  les  environs  de  La  Preste  sont  une  des  meilleures  localités  pour 
se  le  procurer;  mais  toujours  isolé,  il  faut  charger  les  enfants  de 
ce  soin  ou  les  gardiens  des  troupeaux.  C'est  de  cette  seule  manière 
que  nous  l'avons  eu  en  quantité;  car  j'ai  parcouru  toutes  les 
localités  où  on  le  trouve  communément ,  et  souvent  sans  en  voir 
un  seul  individu.  On  le  rencontre  à  Prats-de-Mollô,  La  Preste, 
Vernet-les-Bains ,  Castell,  Lit» ,  au  lieu  appelé  la  Soutane;  à  la 
vallé  d'Err(');  sur  les  parties  élevées  des  Cornières,  et  notamment 

(•l)  M.  le  comte  Dejean  m'écrivait  de  Carcassonne,  le  20  juillet  4  821  : 

(i  Après  vous  avoir  quitté  au  Pla  Guillem,  je  6uis  descendu  à  Vernet; 
je  suis  allé  de  là  à  Mont-Louis  et  Bourg-Madame  ;  puis  j'ai  été  visiter  les 
quatre  vallées  d'Eyne,  de  L16,  d'Osséjà  et  d'Err;  de  retour  à  Mont-Louis, 
j'ai  fait  une  course  aux  étangs  de  Carlite  et  à  la  source  de  La  Tet. 

«  Je  suis  assez  content  de  mon  voyage.  J'ai  trouvé  plusieurs  Carabes 
que  je  n'avais  pas  encore  vus  dans  nos  montagnes:  1°  Le  Cancellalus ,  très- 
commun  en  Cerdagne,  dans  les  champs  et  sur  les  routes;  2°  Le  Coslatus, 
sous  les  pierres,  autour  de  Bourg-Madame,  très-belle  espèce  qui  n'avait 
pas  encore  été  trouvée  en  France  :  je  Lavais  apportée  d'Espagne  (Ici  la 
description.  C'est  le  Melancholicus  );  5°  Une  espèce  qui  approche  de  ÏAuro- 
nitens,  mais  que  je  crois  nouvelle,  sous  les  pierres,  à  peu  près  à  moitié  de 
la  montagne  qui  est  à  gauche  de  Mont-Louis,  et  aussi  à  moitié  de  la  vallée 
d'Eyne  (Description.  C'est  le  Punclalo-auralns)  ;  A0  Une  espèce  que  je  crois 
être  le  Pyrenœus ,  mais  je  n'en  suis  pas  certain,  sous  les  pierres,  au  fond 
de  la  vallée  d'Eyne,  et  près  le  pic  de  Carlite;  celui-ci  approche  beaucoup 
du  Calenulalus,  il  est  un  peu  plus  petit,  plus  plat,  plus  allongé,  et  il  a 
la  léte  proportionnellement  beaucoup  plus  grosse,  la  couleur  et  le  dessin 
des  élytres  sont  à  peu  près  les  mêmes  (C'est  le  Pyrcnœus ,  mais  qui  diffère 
beaucoup  de  celui  qu'on  trouve  sur  les  divers  pics  des  Pyrénées  centrales 
et  occidentales.) 

k  J'ai  aussi  trouvé,  dans  la  vallée  d'Err,  un  superbe  individu  du  beau 
Carabe,  que  j'appellerai  provisoirement  Aragonensis. 

«  Si  vous  trouvez,  mon  cher  Docteur,  quelques-uns  des  Carabes  dont  je 
vous  ai  parlé,  je  vous  prie  de  les  mettre  de  côté  pour  moi ,  à  l'exception 
du  premier.  Vous  savez  que  nous  en  avons  trouve  cinq  espèces  ensemble  : 
les  Calenulalus  ,  Purpurascens  ,  Horlensis  ,  Convexus  et  Aragonensis.  Ainsi  en 
voilà  dix  espèces  dans  cette  partie  des  Pyrénées;  je  suppose  qu'il  doit  y  eu 
avoir  d'autres.  » 


INSECTES.  ÔM 

au-dessus  de  Caudiès,  dans  les  bois  qui  avoisinent  la  grand'route, 
près  du  col  Saint-Louis.  Comme  tous  les  autres  Carabes,  il  est, 
dans  le  jour,  blotti  et  caché  sous  les  pierres  et  dans  les  brous- 
sailes. 

14.  Carabus  Pyrenseus,  Dut*.  Pyrenœis. 

Cette  rare  et  belle  espèce  se  trouve  dans  les  régions  les  plus 
élevées  et  les  plus  froides  du  département,  toujours  près  des 
neiges  ;  dans  le  fond  de  la  vallée  d'Eyne ,  aux  environs  du  Pla 
de  la  Baguda,  avant  de  gravir  la  Collada  de  Nuria;  au  sommet 
de  la  vallée  de  Lié,  sous  les  pierres,  près  la  fontaine  du  Sègre  ; 
près  le  pic  de  Carlile,  et  au-dessus  de  la  Font  de  la  Conque,  revers 
septentrional  du  Canigou  (toujours  en  petit  nombre). 

Vingtième  Genre,  Calosoma,  Weber. 

1.  Calosoma  sycophanta,  Lin.  Paris. 

Commun  dans  toute  la  plaine,  dans  les  taillis  qui  bordent  les 
cours  d'eau,  grimpant  sur  les  arbustes  et  les  plantes,  à  la  re- 
cherche des  larves  d'autres  Insectes;  dans  les  champs  et  les 
prairies,  sous  les  détritus  des  végétaux. 

2.  Calosoma  inquisitor,  Lin.  Paris. 

Dans  les  bois  des  parties  basses  des  Corbières,  où  il  n'est  pas 
rare  ;  on  en  a  trouvé  quelques  individus  aussi  dans  les  jardins 
de  Saint-Estève. 

5.  Calosoma  indagator,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

On  trouve  cette  belle  espèce  dans  les  prairies  et  dans  les  champs 
de  toute  la  Salanque,  mais  près  des  dunes.  Lorsqu'on  a  fauché  la 
luzerne,  en  suivant  les  hommes  qui  la  ramassent,  on  est  sur  d'en 
faire  une  bonne  provision,  car  elle  s'y  tient  blottie  :  si  l'on  no 
prend  cette  précaution,  il  est  difficile  de  se  la  procurer. 

4.  Calosoma  auropunctatum,  Payk.  Il  a  lia. 


552  HISTOIRE   NATURELLE. 

On  prend  cette  espèce,  mais  en  petit  nombre,  dans  les  jardins 
et  dans  les  champs  de  la  plaine.  Quand  on  ramasse  les  gerbes 
de  blé ,  on  s'en  procure  plus  facilement  quelques  individus. 
Je  me  suis  demandé  souvent,  si  c'est  une  espèce  distincte  de 
VIndagator;  j'en  doute.  On  prétend  que  YAuropunctatum  est 
plus  gros ,  et  que  les  points  de  dessus  les  élytres  sont  dorés  au 
lieu  d'être  argentés,  comme  le  sont  ceux  de  VIndagator.  Nous 
avons  des  individus  des  deux  espèces  dont  on  ne  peut  apprécier 
ni  la  différence  de  la  taille  ni  la  couleur  de  la  ponctuation. 

Vingt-unième  Genre,  Leistus,  Frsehlich. 

1.  Leistus  spinibarbis,  Fab.  Paris. 

Espèce  très-agile  et  difficile  à  prendre.  On  la  trouve  sous  les 
pierres,  près  des  cours  d'eau  de  l'Agly  et  du  Tech,  non  loin  de 
leur  embouchure  (commune). 

2.  Leistus  fulvibarbis,  Hofm.  Hispania. 

Moins  commun  que  le  précédent;  habite  les  mêmes  localités. 

3.  Leistus  rufomarginatus,  Dufts.  Austria. 

Bord  des  ravins  des  vallées  élevées,  parmi  les  broussailles; 
environs  de  Cady,  et  revers  du  Canigou,  dans  la  vallée  de  Val- 
manya. 

4.  Leistus  spinilabris,  Fab.  Paris. 

5.  Leistus  praeustus,  Fab.  )   „ 

.  _.  _  .  (  Germama. 

termmatus,  Pauz.  et  Dej.^ 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  sous  les  pierres  humides  des 
bords  des  ravins,  entre  Saint-Paul  et  Boucheville ;  dans  les  envi- 
rons du  bois  de  Salvanère,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  : 
assez  répandues  dans  les  deux  localités. 

6.  Leistus  angusticollis,  Dej.  Hispania. 


INSECTES.  553 

J'ai  rapporté  cette  espèce  des  ravins  de  la  partie  méridionale 
des  Albères  ;  elle  vit  sous  les  pierres  et  au  pied  des  arbres  où 
sont  amassées  des  broussailles  et  de  la  mousse  (rare). 

Vingt-deuxième  Genre,  Nebria,  Latr. 

\.  Nebria  complanata,  Lin.        ) 

arenaria,  Fab.  (  Gallm  meridion^- 

Les  bords  de  la  mer,  près  Canet  et  tout  le  littoral,  sous  les 
amas  de  paille  et  de  broussailles,  où  se  trouvent  des  matières 
animales  en  putréfaction.  Elle  marche  avec  une  vitesse  extrême; 
et,  si  on  ne  la  surprend  dans  sa  retraite,  on  la  saisit  difficilement. 
Elle  n'est  pas  rare,  fin  avril  et  mai. 

2.  Nebria  Iateralis,  Fab.  Germania. 

Nous  avons  pris  cette  espèce  sous  les  pierres  et  parmi  la 
mousse,  près  des  ravins  du  Gapcir,  et  près  de  la  rivière  qui  des- 
cend de  l'étang  du  Llaurenti  (toujours  fort  rare). 

3.  Nebria  psammodes,  Rossi.  Gallia  meridionalis . 

4.  Nebria  piscicornis,  Fab.  Gallia  orientalis. 

Ces  deux  espèces  ne  sont  pas  rares  sous  les  pierres ,  le  long 
des  torrents  qui  descendent  de  nos  montagnes;  à  la  rivière  de 
Rigarda,  près  le  gourg  Golomer;  à  la  rivière  de  Molitg,  sous  l'éta- 
blissement thermal;  à  Vernet-les-Bains,  et  dans  tous  les  ravins 
à  une  certaine  élévation;  dans  la  plaine,  à  la  suite  des  débor- 
dements des  rivières. 

5.  Nebria  brevicollis,  Fab.  Paris. 

Sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles  humides  des  ravins, 
près  d'Oms  et  de  Llaurô;  mêmes  lieux  dans  les  ravins  qui  abou- 
tissent à  la  rivière  de  Saint-Marsal  (rare). 

6.  Nebria  Gyllenhalii,  Schoen.  Suecia. 


Dd-i  HISTOIRE   NATURELLE. 

Cette  jolie  et  rare  espèce  vit  constamment  dans  les  régions  les 
plus  élevées  de  nos  vallées,  près  des  neiges,  sous  les  pierres  et 
parmi  les  broussailles.  On  la  trouve  à  Carlite  ;  aux  vallées  de  Llô 
et  d'Eyne;  au  Canigou,  ravins  de  Cady;  à  la  Llapoudère,  et  à  la 
Font  de  la  Conque;  dans  la  vallée  du  Tech  ,  près  les  bains  de  La 
Preste,  et  au  pied  de  Costa-Bona  (très-rare). 

7.  Nebria  tibialis,  Bonel.  Jtalia. 

Régions  tempérées  de  nos  montagnes  moyennes,  sous  les 
pierres,  dans  les  prairies,  au  bord  des  fossés  et  parmi  les  brous- 
sailles (rare). 

8.  Nebria  Olivieri,  Dej. 

Environs  de  Prats-de-Mollô ,  glacis  des  fortifications,  sous  les 
pierres  et  les  mousses;  près  de  Mosset,  dans  les  champs,  au 
bord  des  fossés,  sous  les  pierres  (rare). 

Vingt-troisième  Genre,  Omophron,  Latr. 

1.  Omophron  limbatum,  Fab.  Paris. 

Très-répandu  dans  tous  les  fossés  où  l'eau  séjourne  ;  les  mares 
d'eau  des  parties  basses  de  Château-Roussillon,  de  Canet,  du 
Cagarell,  du  Bordigol  et  dans  tous  les  ravins  de  nos  montagnes 
de  la  région  moyenne. 

2.  Omophron  variegatum,  Oliv.  Hispania. 

Cette  jolie  espèce  est  très-rare.  Nous  l'avons  prise  dans  les 
ravins  du  vallon  de  Banyuls,  près  de  leur  embouchure  à  la 
mer;  aussi  clans  les  ravins  qui  descendent  des  Albères,  du  côté 
de  Sorède  et  de  La  Roca. 

Vingt-quatrième  Genre,  Blethisa,  Bonel. 

1.  Blethisa  multipunctata,  Lin.  Gallia. 

Sous  les  pierres,  près  des  étangs  de  Saint-Nazaire  et  de  Saint- 
Laurent-de-la-Salanque,  entre  l'étang  et  la  mer  (commune). 


INSECTES.  000 

Vingt-cinquième  Genre,  Elaphrus,  Fab. 

1.  Elaphrus  uliginosus,  Fab.  Gallia. 

Commun  sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles,  au  bord 
des  mares  d'eau,  sur  tout  le  littoral. 

2.  Elaphrus  cupreus,  Dufts.,  Meg.  Germania. 

Habite  les  lieux  vaseux  de  nos  cours  d'eau  dans  toute  la  plaine, 
en  se  rapprochant  surtout  de  la  Salanque  ;  il  est  très-agile  et  se 
laisse  prendre  difficilement  (assez  rare). 

5.  Elaphrus  splendidus,  Dej.  Kamtschatka. 

Cette  belle  espèce  est  fort  rare.  Elle  habite  sous  les  pierres, 
parmi  les  mousses  et  la  vase  du  bord  des  rivières  des  environs 
de  La  Preste;  et  entre  Olette  et  Mont-Louis,  bord  des  ravins 
qui  se  jettent  dans  La  Tet. 

4.  Elaphrus  riparius,  Fab.  )   „ 

paludolus,  Oliv.      ) 

On  le  trouve  sous  les  pierres  humides  du  bord  des  rivières, 
très-près  de  l'eau;  à  l'Agly,  sous  Casas-de-Pena ;  au  Tech,  dans 
les  environs  de  Céret. 

5.  Elaphrus  aureus,  Mull.  )  „ 

littoral*,,  Dej.         I  Himg"na- 

Quoique  assez  rare,  cette  espèce  se  trouve  sous  les  pierres 
très-voisines  de  l'eau,  dans  les  ravins  qui  débouchent  à  La  Tet, 
aux  environs  de  Prades;  nous  l'avons  prise  au  bord  de  l'Agly, 
environs  de  Saint-Paul. 

Vingt-sixième  Genre,  Noliophilus,  Du  mer. 

1.  Noliophilus  aqualicus,  Lin.  Paris. 

On  le  trouve  dans  tous  les  lieux  humides,  au  bord  des  fossés, 
parmi  les  broussailles  et  au  pied  des  arbres  (commun). 


556  HISTOIRE    NATURELLE. 

2.  Notiophilus  semipunctatus,  Fab.  Paris. 

Variété  du  Biguttalus,  Fab. 

Dans  les  parties  basses  des  champs  de  la  plaine,  sous  les  mottes 
et  sous  les  pierres,  (très-commun). 

3.  Notiophilus  quadripunctatus,  Fab.  Paris. 

Sous  les  pierres  et  les  broussailles  amassées  dans  les  champs 
par  Teau  des  ravins  de  la  chaîne  des  Corbières  ;  dans  les  ravins 
des  garrigues,  entre  Thuir  et  Oms  (rare). 

Vingt-septième  Genre,  Panagœus,  Latr. 

1.  Panagaeus  crux  major,  Lin.  Gallia. 

En  hiver,  dans  toute  la  plaine,  au  pied  des  arbres,  mêlé  à 
d'autres  Carabiques;  au  pied  des  murs  des  fortifications  de  la 
Ville-Neuve,  à  Perpignan;  au  printemps,  dans  les  prairies  et  les 
champs  cultivés  (il  n'est  pas  rare). 

2.  Panagaeus  trimaculatus,  Dej.  Gallia. 

Cette  variété  est  plus  rare  que  la  précédente.  On  la  trouve 
dans  tous  les  ravins  des  montagnes  moyennes ,  sous  les  pierres 
et  parmi  les  broussailles,  au  bord  des  fossés  et  dans  les  champs. 

3.  Panagœus  quadripustulatus,  Sturm.  Paris. 

J'ai  rapporté  cette  jolie  espèce  du  Capcir,  prise  dans  les  champs, 
au  bord  des  fossés  et  sous  les  pierres  ;  je  l'ai  aussi  trouvée  au  Llau- 
renti,  dans  les  ravins,  en  montant  à  l'étang  de  Quérigut  (rare). 

On  a  fait  de  cette  espèce  une  variété  du  Trimaculatus,  et  je  crois 
qu'on  a  raison;  car  la  seule  différence  qui  existe  entre  elles,  c'est 
l'interruption  des  bandes  qui  forment  la  croix  des  élytres. 

Vingt-huitième  Genre ,  Loricera,  Latr. 

1.  Loricera  pilicornis,  Fab.  Gallia. 

Bord  des  fossés  humides  et  des  mares,  sous  les  broussailles  et 
les  pierres,  dans  toute  la  plaine  (commune). 


INSECTES.  ÔOi 

Vingt-neuvième  Genre,  Callistus,  Bonel. 

1.  Callistus  lunatus,  Fab.  Germania. 

Au  pied  des  arbres,  parmi  les  broussailles,  dans  les  champs, 
sous  les  pierres  et  les  mottes  de  terre  des  trois  vallées,  et,  après 
une  inondation  abondante,  sous  Château-Roussillon  (commun). 

Trentième  Genre,  Chlœnius,  Bonel. 

1.  Chlœnius  velutinus,  Dufts.  Gallia  meridionalis. 

Dans  toutes  les  parties  basses  du  littoral  des  trois  bassins,  sous 
les  broussailles  et  au  pied  des  arbustes  qui  sont  baignés  par  les 
mares  d'eau  saumàtre  (rare). 

2.  Chlœnius  festivus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Dans  les  lieux  vaseux  des  champs  de  la  Salanque  peu  éloignés 
des  mares  d'eau  saumàtre  ;  sous  les  broussailles  et  parmi  les 
détritus  des  végétaux  des  fossés  humides. 

3.  Chlœnius  spoliatus,  Rossi.  Gallia  meridionalis. 

Les  bords  des  ravins  des  parties  élevées  des  Corbières;  entre 
Mosset  et  Molitg,  champs  de  cette  vallée  ;  ravins  et  bord  des  fossés 
de  la  métairie  de  Sahilla  de  M.  Jaubert  de  Passa ,  vallée  de  Val- 
manya ,  sous  les  pierres  et  les  détritus  des  végétaux  (rare). 

4.  Chlœnius  agrorum,  Oliv.        ) 

variegatus,  Four.    ) 

Répandu  partout:  dans  les  champs,  sous  les  mottes  de  terre  et 
les  débris  des  végétaux,  au  bord  des  fossés  humides. 

o.  Chlœnius  vestitus,  Fab.  Paris. 

Celte  es;  ùce  est  commune  dans  tous  les  lieux  vaseux,  sous  les 
broussailles  et  sous  les  pierres,  surtout  vers  les  parties  basses  de 
toute  la  contrée. 


558  HISTOIRE   NATURELLE. 

6.  Chlaenius  Sohrankii,  Dufts.  Atistria. 

Bord  des  fossés  des  champs  et  prairies  des  bois  humides  des 
parties  élevées  et  froides;  vallée  de  La  Tet,  au  dessus  de  la  Borde 
Girvès,  vers  le  Pla  dels  Abellans,  à  la  base  du  Pic  Carlite  et  du 
Puig  Peyric,  et  dans  le  Capcir  (rare). 

7.  Chlaenius  nigricornis,  Fab.  Gallia  borealis. 

On  trouve  cette  jolie  espèce  sous  les  pierres  des  vallées  élevées 
du  Ganigou;  vers  La  Preste,  et  aux  vallées  d'Eyne  et  de  L16 
(assez  rare). 

8.  Chlaenius  nigripes,  Dej.  Hispania. 

Ravins  et  bord  des  fossés  humides  d'Arles  à  Prats-de-Mollô  ; 
sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  environs  de  Prades,  Ville- 
franche  et  Vernet-les-Bains  (rare). 

9.  Chlaenius  tibialis,  Dej.  Paris. 

Sous  les  broussailles  et  sous  les  pierres  humides;  dans  les  taillis 
qui  bordent  nos  cours  d'eau,  et  dans  toutes  les  prairies  basses  des 
trois  bassins  (commun). 

10.  Chlaenius  holosericeus,  Fab.  Gallia. 

Nous  avons  trouvé  cette  espèce  dans  les  vallées  élevées  du 
Canigou  et  de  la  Gerdagne,  environs  de  la  Borde,  près  Mont- 
Louis  (rare);  nous  l'avons  trouvée  plus  communément  dans  les 
vallées  du  Llaurenti,  sous  les  pierres  humides,  les  broussailles 
des  ravins  et  des  bois. 

11.  Chlaenius  chrysocephalus,  Rossi.  Gallia  meridionalis. 

Champs  humides  de  la  Salanque,  vallées  de  La  Tet  et  de  l'Agly  ; 
aux  environs  du  Bordigol,  sous  les  pierres,  les  mottes  de  terre  et 
les  broussailles,  toujours  après  les  inondations  (assez  rare). 


INSECTES.  559 

Trente-unième  Genre,  Epomis,  Bonel. 

1.  Epomis  circumscriptus,  Dufts.  Gallia  meridionalis. 

Dans  les  fossés  humides,  sous  les  broussailles  des  prairies  qui 
bordent  le  Cagarell,  et  vers  la  métairie  de  YEsparrou;  nous  l'avons 
aussi  trouvé  clans  les  fossés  des  fortifications  de  Perpignan,  sous 
le  bastion  Saint-Dominique,  qui  est  souvent  inondé  (toujours 
très-rare). 

Trente-deuxième  Genre,  Dinodes,  Bonel. 

1.  Dinodes  ruflpes,  Dei.  )  „  „. 

_   .  [  ualha  meridionalis. 

azureus,  Dufts.         ) 

Commun  après  les  inondations ,  sous  les  détritus  des  végétaux 
rejetés  par  la  mer;  dans  la  vallée  de  l'Agly,  nous  ne  l'avons  jamais 
trouvé  qu'entre  son  embouchure  et  le  Bordigol.  Il  est  probable 
qu'il  doit  vivre  dans  les  ravins  ou  dans  les  champs  des  Gorbières, 
d'où  il  doit  être  entraîné  par  les  eaux. 

Trente-troisième  Genre,  Oodes,  Bonel. 

i .  Oodes  helopioïdes,  Fab.  Paris. 

Au  bord  des  cours  d'eau,  sous  les  pierres  et  lieux  humides  de 
la  vallée  du  Tech  ;  nous  l'avons  trouvé  sous  les  pierres  humides 
des  torrents,  dans  le  vallon  de  Banyuls-sur-Mer  (rare). 

Trente-quatrième  Genre,  Licinus,  Latr. 

\ .  Licinus  agricola,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

On  le  trouve  dans  les  fossés  qui  bordent  les  champs,  entre  Ille 
et  Vinça,  et  dans  cette  dernière  localité,  champs  au  bord  de  La  Tet 
(assez  rare). 

2.  Licinus  silphoïdes,  Fab.  Gallia. 

Fossés  ùcs  fortifications  de  la  citadelle  de  Perpignan  et  parties 
basses  de  Canet,  sous  les  pierres;  dans  la  vallée  de  l'Agly  et  du 
Tech,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  (commun). 


560  HISTOIRE   NATURELLE. 

3.  Licinus  granulatus,  Dej.  Hispania. 

Diffère  peu  du  Licinus  silphoïdes.  Il  est  plus  rare  et  se  trouve 
dans  les  alluvions,  parmi  les  broussailles  qu'entraîne  le  Réart, 
près  l'étang  de  Saint-Nazaire;  il  doit  vivre  dans  les  ravins  du 
plateau  d'Oms  et  de  Galmeilles,  d'où  il  doit  être  entraîné  par  les 
inondations. 

4.  Licinus  œquatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Sous  les  pierres  et  les  ravins  des  parties  élevées  de  la  vallée 
du  Tech,  au  bord  des  champs,  au  pied  des  arbres  et  des  forti- 
fications de  Prats-de-Mollô  (rare). 

5.  Licinus  cassideus,  Fab.  Paris. 

Ravins  des  montagnes  calcaires  des  Corbières,  sous  les  pierres 
et  les  broussailles,  et  aux  environs  de  Tuchan  ;  nous  l'avons  pris 
aussi  dans  le  Llaurenti  (rare). 

6.  Licinus  depressus,  Payk.  Gallia. 

Dans  le  vallon  de  Rigarda,  environs  de  la  métairie  Pallarès, 
ravins  et  bord  des  fossés  humides ,  sous  les  pierres  et  au  pied 
des  arbres;  métairie  de  la  Fou,  près  Joch,  ravins  et  bois  humi- 
des, sous  les  pierres  (commun). 

7.  Licinus  Hoffmanseggii,  Pauz.  Gallia. 

Cette  petite  et  jolie  espèce  se  trouve  sous  les  pierres  et  au  pied 
des  arbres  garnis  de  mousse,  dans  les  bois  humides  des  régions 
élevées;  les  environs  des  gouffres  de  Nohèdes  et  d'Evol,  sont  les 
localités  où  nous  l'avons  trouvée  (rare). 

Trente-cinquième  Genre,  Badister,  Clairv. 

\.  Badister  cephalotes,  Dej.       i  p     . 
unipustulatus,  Bon.  ) 

Parmi  les  détritus  des  végétaux  de  toute  la  Salanque,  el  com- 
mun dans  tous  les  fossés  humides  qui  bordent  les  prairies  basses. 


INSECTES.  561 

2.  Badister  bipustulatus,  Fab.  Suecia. 

Sous  les  pierres  el  les  détritus  des  végétaux,  le  long  des  ravins 
et  des  champs,  au  pied  des  Albères,  vers  Sorède  et  La  Roca 
(commun). 

3.  Badister  peltatus,  Panz.  Gallia. 

Prairies  et  champs  qui  bordent  Le  Tech  sous  Elne  où  on  le  trouve 
sous  les  pierres  et  les  mottes  de  terre  et  parmi  les  broussailles  ; 
habite  aussi  les  prairies  basses  de  la  vallée  de  l'Agly  (rare). 

4.  Badister  humeralis,  Bonel.  Austria. 

Dans  les  bois  des  régions  moyennes,  sous  les  pierres  et  au 
pied  des  arbres  (commun). 

Trente-sixième  Genre,  Pogonus,  Ziegler. 

1.  Pogonus  luridipennis,  Germar.  Gallia  borealis. 

Ravins  qui  descendent  des  Albères  et  dans  le  vallon  de  Ranyuls* 
sur-Mer,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  humides;  aussi  sous 
les  détritus  des  végétaux,  le  long  de  la  plage  de  Canet,  après  une 
inondation  (rare). 

2.  Pogonus  iridipennis,  Nicolai.  Ger mania. 

Au  bord  des  fossés  des  champs,  au  pied  des  arbres  et  sous  les' 
pierres  près  des  cours  d'eau,  dans  la  vallée  de  l'Agly  (rare). 

5.  Pogonus  littoralis,  Meger.  Gallia  meridionalis. 
Insecte  très-agile  et  difficile  à  saisir.  Il  vit  au  bord  des  terres 

qui  ont  été  inondées,  sous  les  détritus  des  végétaux  et  au  pied 
des  tamarix,  entre  Sainl-Cyprien  et  l'étang  de  Saint-Nazaire 
(assez  commun). 

•4.  Pogonus  gilvipes,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Le  long  de  la  mer,  sous  les  broussailles,  dans  les  trois  bassins 
(commun). 

TOME   m.  56 


:,{)■>  HISTOIRJK   NATURELLE. 

5.  Pogonus  riparius,  Dej.  G  allia  meridionalia. 

Bolides  étangs  salés  et.  le  long  du  littoral,  sous  les  broussailles 
quj,  ont  été  rejetées  par  les  eaux. 

6.  Pogonus  meridionalis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Mêmes  localités  que  le  Littoralis,  et  aussi  agile  que  lui.  Nous 
les  trouvons  tous  les  deux  sur  la  plage,  parmi  les  broussailles, 
après  une  inondation. 

Trente-septième  Genre,  Patrobus,  Meger. 

1.  Patrobus  rufîpes,  Fab.  ,  „ 

_.    ,  buecia. 

excavatus,  Payk.     > 

Ravins  des  parties  élevées,  entre  Prats-de-Mollô  et  La  Preste; 
entre  Olette  et  Fontpédrouse,  sous  les  pierres,  dans  le  sable, 
quelquefois  très-profondément  (rare). 

2.  Patrobus  rufipennis,  Hoffm.  Gallia  meridionalis. 

Dans  tous  les  ravins  des  Albères,  surtout  entre  Port-Vendres 
et  Banyuls;  dans  la  vallée  de  Rigarda  aux  environs  du  gourg 
Colomer;  nous  l'avons  pris  aussi  sous  les  pierres,  à  la  Trencada 
d'Ambulla  et  en  montant  à  la  Font  de  Comps. 

Trente-huitième  Genre,  Dolichus,  Bonel. 
1.  Dolichus  flavicornis,  Fab.  Ilalia. 

Ce  joli  Insecte  se  trouve  dans  les  luzernes  des  environs  du 
mas  Bcarn,  sous  les  pierres  humides  ;  au  mas  Fraisse  à  Puix-Sec, 
parmi  les  amas  de  végétaux  qui  servent  à  barrer  l'eau  dans  les 
rigoles  d'arrosage;  à  Géret,  prairies  des  environs  du  pont;  et, 
après  les  inondations,  le  long  de  la  mer,  dans  les  trois  vallées 
(commun). 

Trente-neuvième  Genre,  Pristonychus,  Dej. 

1,  Priston.  terricola,  Oliv.  )   n     . 

!  Parts. 
subcvaneus,  G  vil. 


INSECTES.  563 

Lieux  humides  et  obscurs,  notamment  dans  les  souterrains  des 
fortifications  de  Collioure. 

2.  Pristonychus  Alpinus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Régions  très-élevées,  près  des  neiges,  vallées  d'Eyne  et  de  Llô; 
au  Canigou,  à  la  Llapoudère  et  au  sommet  de  Costa-Bona;  toujours 
sous  les  pierres,  très-près  de  l'eau  et  sous  les  broussailles  (rare)» 

3.  Pristonychus  complanatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Ravins  de  toute  la  Cerdagne,  et  rigoles  conduisant  l'eau  aux 
prairies,  sous  les  pierres  et  les  détritus  des  végétaux  (rare), 

Quarantième  Genre,  Calathus,  Bonel. 
1.  Calathus  latus,  Lin. 


<  Germania. 
cisteloides,  Illig. 

Les  deux  variétés  sont  communes  dans  toutes  les  parties  basses 
de  la  plaine,  où  elles  sont  amenées  par  les  eaux;  on  les  trouve  au 
bord  des  champs  sous  les  pierres,  les  mottes,  les  broussailles  et  au 
pied  des  arbres;  on  les  trouve  aussi  dans  les  rigoles  des  prairies  delà 
région  moyenne  de  nos  montagnes,  dans  les  trois  vallées  (comm.). 

2.  Calathus  luctuosus,  Hoffm.  Helvetia. 

On  le  trouve  sous  les  mottes,  sous  les  pierres,  au  pied  des 
arbres  des  régions  moyennes;  abondant,  après  une  crue,  parmi 
les  détritus  des  végétaux  rejetés  par  les  eaux ,  dans  les  parties 
basses  des  trois  bassins. 

3.  Calathus  limbatus,  Dej.  )   _  „. 

~       ;   Gallia  meridionalis. 
circumceptus,  der.  \ 

Cette  jolie  espèce  se  trouve  sous  les  broussailles,  le  long  des 
fossés  des  parties  basses  de  la  plaine;  sous  les  grosses  mottes, 
près  YAgullade  laMar,  entre  Vall-Ricet  l'étang  de  Saint-Nazaire. 
En  automne,  fossés  des  fortifications  de  la  citadelle  et  de  la  Ville- 
Neuve  de  Perpignan,  et  parmi  les  plantes  au  pied  des  remparts. 


564  BISTOIKK    NATURELLE. 

4.  Calathus  fulvipes,  Gyll.  Austria. 

Sous  les  pierres  et  sous  les  broussailles  des  champs  et  prairies 
des  parties  basses  de  La  Tet  et  du  Tech  (commun). 

5.  Calathus  melanocephalus,  Lin.  Paris. 

.  Sous  les  pierres  et  les  broussailles  de  toutes  les  prairies,  les 
champs  et  les  ravins  de  La  Tet  à  Vinça;  à  Rigarda,  mêmes  lieux 
au  bord  de  la  rivière  (commun). 

6.  Calathus  ochropterus,  Ziegl.  Gallia. 

Mêmes  lieux  que  le  précédent ,  mais  beaucoup  plus  rare  ;  on 
le  trouve  plus  abondant  aux  parties  basses  de  Ganet,  après  une 
inondation. 

7.  Calathus  frigidus,  Fab.  Germania. 

Variété  du  Calathus  cisteloïdes  d'Illiger. 

Il  se  trouve  dans  les  mêmes  lieux  que  le  Cisteloïdes  et  dans  les 
mêmes  circonstances.  Il  est  un  peu  plus  grand;  a  les  stries  plus 
légèrement  ponctuées,  et  les  points  plus  rares;  les  pattes  d'un 
brun-noirâtre,  et  les  antennes  plus  obscures  (rare). 

Quarante-unième  Genre,  Taphria,  Bonel. 
1.  Taphria  vivalis,  Illig.  Gallia  borealis. 

Cet  Insecte  est  très-rare  :  nous  l'avons  trouvé  dans  le  bois  des 
Fanges  au  pied  des  arbres  garnis  de  mousse,  et  dans  la  forêt  qui 
est  sous  la  Font  de  Comps  (montagne  de  Gonat)  au  pied  des  arbres 
et  sous  les  pierres  humides. 

Quarante-deuxième  Genre,  Sphodrus,  Clairv. 

1.  Sphodrus,  planus,  Fab.  )   „  „. 

.  .         .,     .        [  Gallia. 
spiniger,  Payk.     ) 

Gel  Insecte  se  trouve  dans  les  parties  sombres  et  humides  des 
caves  de  la  ville,  sous  les  pierres  et  les  pièces  de  bois  vermoulues, 


INSECTES.  505 

et  dans  les  lieux  humides  des  magasins  de  la  citadelle  de  Perpi- 
gnan (rare). 

Quarante-troisième  Genre,  Platynus,  Bonel. 

1.  Platynus  scrobiculatus,  Fab.  Austria. 

Sous  les  pierres  et  au  pied  des  arbres,  dans  les  bois  humides 
des  régions  moyennes;  sous  les  débris  des  végétaux  dans  la 
plaine,  après  les  inondations. 

2.  Platynus  piceus,  Dej.  Nord. 

Commun  sous  les  broussailles  rejetées  par  les  eaux  après  les 
inondations,  et  sous  les  broussailles  des  fossés  qui  bordent  les 
prairies  basses  de  la  plage  de  Ganet  et  de  Torreilles. 

3.  Platynus  complanatus,  Bonel.  Pedemonte. 

Commun  dans  le  bassin  de  l'Agly,  sous  les  broussailles  après 
les  inondations,  et  sous  les  pierres  et  les  ravins  des  environs  de 
Saint-Paul  et  de  Fossa. 

Quarante-quatrième  Genre,  Anchomenus,  Erichson. 

1.  Anchomenus  angusticollis,  Dej.  Paris. 

Trouvé  sous  les  pierres  et  les  broussailles  près  des  régions 
élevées  du  Capcir  et  des  régions  moyennes  du  Llaurenti  (rare). 

2.  Anchomenus  cyaneus,  Dej.  Pyrenœis. 

Ce  joli  Insecte  se  trouve  dans  les  prairies  de  toute  la  Cerdagne, 
sous  les  amas  de  végétaux  et  sous  les  pierres  qui  servent  à  dévier 
l'eau  des  rigoles  d'arrosage,  et  dans  toutes  les  prairies  élevées  des 
bassins  du  Tech  et  de  La  Tet  (rare). 

3.  Anchomenus  memnonius,  Knoch. 


,  Suecia. 
livens,  Gyll. 

Sous  les  pierres  et  au  pied  des  arbres  de  toutes  les  régions 
élevées;  bois  au-dessus  cTAiguatébia ,  route  d'Olette  au  Capcir 
par  le  Coll  de  Creu  (rare). 


o66  HISTOIRE   NATURELLE. 

i.  Aiichomenus  prasinus,  Thunb.  Paris. 

Abondant  dans  les  haies  et  sous  les  broussailles  amenées  par 
les  eaux  clans  les  fossés  des  parties  basses  de  Château-Roussillon , 
et  dans  toutes  les  parties  basses  des  trois  bassins  (commun). 

5.  Anchomenus  pallipes,  Fab.    »  nania 

albipes,  Erich.  ) 

Se  trouve  avec  le  précédent  et  dans  les  mêmes  circonstances 
(très-commun). 

6.  Anchomenus  oblongus,  Fab.  Gallia. 

Je  l'ai  trouvé Jdans  les  mêmes  localités  que  les  deux  derniers, 
mais  beaucoup  plus  rare. 

Quarante-cinquième  Genre,  Agonum,  Bonel. 

\.  Agonum  marginatum,  Lin.  Paris. 

Sous  les  broussailles ,  dans  les  haies  des  prairies  et  sous  les 
pierres ,  dans  toutes  les  parties  basses  des  trois  bassins. 

2.  Agonum  modestum,  Sturm.  Germania. 

Lieux  élevés,  sous  les  pierres,  les  broussailles  et  les  ravins  de  la 
vallée  de  Carença,  et  mêmes  lieux  dans  la  vallée  de  La  Preste  (rare). 

3.  Agonum  sexpunctatum,  Lin.  Gallia. 

Le  long  des  rivières  de  La  Tet  et  du  Tech ,  lieux  pierreux  et 
humides;  quelquefois  dans  les  détritus  des  végétaux  et  au  pied 
des  arbres  des  parties  basses  de  la  plaine  (rare). 

4.  Agonum  parumpunctatum,  Fab.  Paris. 

Sous  les  mottes  dans  les  terres  humides,  près  des  ravins, 
vallées  de  La  Tet  et  du  Tech  (commun). 

o.  Agonum  viduum,  Panz.  Germania. 


INSECTES.  DD7 

Les  belles  couleurs  métalliques  qui  couvrent  son  corps,  des 
élytres  plus  larges  et  les  stries  plus  prononcées,  le  font  distinguer 
àuLugubris.  On  le  trouve  dans  les  prairies  humides  et  dans  les  bois 
un  peu  élevés,  sous  les  pierres  et  au  pied  des  arbres  (ralre). 

6.  Agonum  lugubre,  Sturm.      i 

ll, cyt    |  Austria. 
Hungancum,  Friv.  ) 

Très-commun  dans  toute  la  plaine,  sous  les  pierres  et  les  haies 
des  prairies  humides. 

7.  Agonum  gracile,  Dej.  , 


picipes,  Gyll. 

Trouvé  sous  les  pierres,  près  du  ravin  et  contre  la  jasse  du 
Llaurenti,  avant  de  monter  la  dernière  montagne  pour  aller  à 
l'étang  (très-rare). 

8.  Agonum  scitulura,  Dej.  GeDiiania  borealis. 

Cette  espèce  est  assez  commune  dans  les  plaines  du  Capcir  et 
du  Llaurenti;  nous  l'avons  aussi  trouvée  aux  environs  de  Bourg- 
Madame,  en  Gerdagne. 

9.  Agonum  quadripunctatum,  Payk.  Suecia. 

Bord  des  ravins  du  vallon  de  Banyuls-sur-Mer;  vallée  de  Bigarda, 
et  environs  de  Tuchan  (Aude)  aux  bonis  de  la  rivière. 

Quarante-sixièrriè  Genre,  Olisthopus,  Dej. 

1 .  Olisthopus  rottindatiis.  Payk.  G'allia. 

Montagnes  calcaires  de  Calce  et  de  Casas-de-Pena ,  sous  les 
pierres  des  ravins  (commun). 

2.  Olisthopus  Hispanicus.  Dej.  HispaiiiU. 

Sous  les  pierres  des  ravins  et  dans  les  bois  des  parties  méri- 
dionales des  Albères.  vallon  de  Banyuls  (très-rare). 


568  HISTOIRE   NATURELLE. 

3.  Olisthopus  fuscatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Assez  commun  sous  les  pierres  des  parties  élevées  de  nos  mon- 
tagnes de  la  région  moyenne,  exposées  au  midi,  vallées  de  Val- 
manya  et  de  Rigarda. 

Tribu  des  Féroniens,  Feronia  (Déesse  des  Bois) , 
Latreille. 

Cette  tribu,  fondée  par  Latreille  et  adoptée  parDejean,  se 
borne  aux  espèces  qui  présentent  les  caractères  suivants  : 
les  trois  premiers  articles  des  tarses  antérieurs  dilatés 
dans  les  mâles ,  moins  longs  que  larges  et  fortement 
triangulaires  ou  cordiformes;  dernier  article  des  palpes 
cylindrique  ou  légèrement  sécuriforme;  lèvre  supérieure 
en  carré  moins  long  que  large,  quelquefois  presque  trans- 
versale ,  coupée  carrément  ou  légèrement  échancrée  ; 
mandibules  plus  ou  moins  avancées,  plus  ou  moins  ar- 
quées et  plus  ou  moins  aiguës;  une  dent  bifide  au  milieu 
de  l'échancrure  du  menton;  corselet  plus  ou  moins  cordi- 
forme ,  arrondi ,  carré  ou  trapézoïde ,  jamais  transversal  ; 
élytres  plus  ou  moins  allongés,  ovales  ou  parallèles; 
jambes  intermédiaires  toujours  droites.  Ce  genre  ren- 
ferme un  très-grand  nombre  d'espèces,  réparties  par 
Dejean  dans  dix  divisions. 

lre  Division. 

Insectes  de  taille  moyenne,  ordinairement  ailés,  quelque- 
fois aptères,  de  couleur  verte  ou  métallique,  quelquefois 
bleue  ou  noire,  très-agiles  et  courant  rapidement  en  plein 
jour  pendant  la  plus  grande  chaleur;  corps  assez  allongé; 
corselet  cordiforme  ou  presque  carré;  articles  des  antennes 
comprimés;  palpes  assez  minces;  dernier  article  cylindrique. 
Dix-sept  espèces  d'Europe  sont  mentionnées  par  Dejean. 


INSECTES.  569 

Quarante-septième  Genre,  Feronia,  Latr., 
Pœcilas,  Bonel. 

1.  Feronia  punclulata,  Fab.  Paris. 

Sous  les  pierres  et  les  broussailles,  au  pied  des  arbres  dans 
toutes  les  forêts  des  montagnes  de  la  région  moyenne. 

2.  Feronia  cuprea,  Fab.  Gallia. 

Commune  sous  les  pierres,  les  broussailles,  les  mottes  de  terre, 
dans  les  champs  et  haies  de  tous  les  trois  bassins. 

3.  Feronia  cursoria,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Sous  les  pierres  et  les  haies  qui  avoisinent  Saint-Antoine- 
de-Galamus  et  les  environs  de  l'Agly.  Celte  espèce  est  souvent 
confondue  avec  la  Feronia  cuprea,  qui  lui  ressemble  beaucoup; 
cependant,  sa  couleur  plus  violette  et  les  points  de  la  troisième 
strie  qui  ne  sont  qu'au  nombre  de  deux,  la  font  aussitôt  distinguer. 

4.  Feronia  dimidiata,  Fab.  Gallia. 

Elle  est  moins  commune  que  la  Cuprea,  et  se  trouve  dans  les 
mêmes  localités. 

o.  Feronia  lepida,  Fab.  Paris. 

Commune  sous  les  pierres,  dans  les  prairies  et  les  champs  de 
tout  le  Capcir  et  de  la  Cerdagne. 

6.  Feronia  crenulata,  Dej.  Hispania. 

Trouvée  dans  les  détritus  des  végétaux  de  la  plaine  de  Canet; 
sous  les  broussailles  et  les  pierres  des  parties  élevées  des  vallées 
de  Rigarda  et  de  Glorianes. 

7.  Feronia  viatica,  Bonel.  Italia. 

Cette  espèce  paraîtrait  n'être  qu'une  variété  de  la  Lepida.  Nous 
l'avons  trouvée  sous  les  pierres  et  les  broussailles  entraînées  par 
les  eaux  aux  environs  d'Arles-sur-Tech  (rare). 


5nD  HISTOIRE    NATURELLE. 

8.  Feronia  infuscala.  Hoff.  GcUtia  mèn'diondus. 

Au-dessous  de  Castell  et  de  Saint-Martin-de-Caoigou,  sous 
les  pierres;  aux  Corhières.  sous  les  pierres  et  au  pied  des  arbres, 
parmi  les  broussailles;  montagnes  de  la  région  moyenne. 

9.  Feronia  puncticollis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Commune  sous  les  pierres  et  les  broussailles  de  toutes  les 
prairies  basses,  et  dans  les  champs  des  bassins  de  l'Agly  et  de 
La  Tet. 

10.  Feronia  dimidiata,  Fab.  Paris. 

Plage  de  Saint-Cyprien,  au  milieu  des  broussailles  rejetées  par 
les  eaux;  fossés  des  champs  et  sous  les  pierres  près  des  ravins 
des  vallons  de  Céret  et  d'Arles  (rare). 

•2e  Division. 

Insectes  presque  toujours  au-dessous  de  la  taille  moyenne, 
ordinairement  ailés,  quelquefois  aptères,  de  couleur  noire 
ou  brune,  très-rarement  métallique,  assez  agiles,  mais 
moins  que  les  Pcrcibis,  dont  ils  ont  d'ailleurs  les  carac- 
tères, excepté  quelques  espèces,  qui  ont  le  corps  large  et 
déprimé.  Ils  se  tiennent  sous  les  pierres,  aux  bords  des 
eaux:  ils  habitent  ordinairement  les  montagnes.  Vingt- 
quatre  espèces  d'Europe  sont  mentionnées  par  Dejean. 

Quarante-huitième  Genre.  Feronia,  Latr.. 
Ârgutor,  Meg. 

1.  Feronia  vernalis,  Gyll.  Paris. 

Commune  sous  les  détritus  des  végétaux,  au  pied  des  arbres 
des  taillis  des  prairies  et  des  fossés  des  trois'bassins. 

2.  Feronia  maritima.  Gaubil.  GnUia  mrrirlionaUs. 


INSECTES.  Ô71 

Prairies  inondées  pendant  l'hiver,  broussaille>  et  pied^  des 
tamarix,  dans  toute  cette  large  plaine  qui  s'étend  de  l'étang  de 
Saint-Xazaire  à  Yestanyol  de  Saint-Cyprien  (assez  commune). 

3.  Feronia  Sturmii,  Dej.  Germania. 

Sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  ravins  du  Pla  Guilîem, 
et  près  de  la  jasse  de  la  fontaine  de  la  Perdrix,  non  loin  de  la 
croix  en  fer,  versants  de  Py  (rare). 

4.  Feronia  erudita,  Dej.  Paris. 

Cette  espèce  est  assez  commune  sous  les  pierres  et  parmi  les 
broussailles  des  cours  d'eau  du  Tech,  près  Le  Boulou,  et  près 
de  Millas,  vallée  de  La  Tet. 

o.  Feronia  strenua,  Panzer.  GalUa. 

Vallées  élevées  de  Prats-de-Mollo.  sous  les  pierres,  dans  les 
bois  et  près  des  ravins,  et  dans  la  vallée  de  La  Tet,  près  de 
Fontpédrouse  (rare). 

6.  Feronia  pusilla,  Dej.  Pyrenœis. 

Cette  toute  petite  et  jolie  espèce  se  trouve  sous  les  pierres,  au 
bord  des  champs  et  des  prairies  de  la  Cerdagne  (rare). 

7.  Feronia  pumilio,  Dej.  Pyiïenœù. 

8.  Feronia  amaroïdes,  Dej.  Pyrenœis. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  dan>  les  régions  alpines  près 
des  jasses  où  se  retirent  les  bestiaux,  à  la  Conque  de  la  Llapou- 
dère,  et  à  la  Font  de  la  Conque  près  Cady;  dans  la  vallée  d'Eyne. 
à  la  Jasse  d'en  Dahnau  (rare). 

9.  Feronia  abaxoïdes,  Dej.  Pyrenœis. 

Sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  régions  froides  de  la 
vallée  du  Capcir  vers  Carlite,  et  hux  environs  de  l'étang  du 
Llaurenù  (rare h 


572  HISTOIRE    NATURELLE. 

3e  Division. 
Insectes  au-dessus  de  la  taille  moyenne,  ordinairement 
aptères,  quelquefois  ailés,  de  couleur  noire  et  luisante, 
peu  agiles,  se  tenant  habituellement  sous  les  pierres;  corps 
assez  allongé  ;  corselet  presque  carré,  tronqué  postérieu- 
rement; élytres  légèrement  ovales  et  presque  parallèles; 
pattes  assez  fortes  et  assez  allongées;  antennes  assez  fortes 
et  filiformes;  dernier  article  des  palpes  presque  cylindrique. 
Dejean  en  mentionne  seize  espèces  d'Europe. 

Quarante-neuvième  Genre,  Feronia,  Latr., 
Omaseus,  Zieg. 

1.  Feronia  melanaria,  Illig.  Paris. 

Sous  les  pierres ,  les  broussailles  et  dans  les  champs  de  toute 
la  plaine,  près  des  fossés  humides. 

2.  Feronia  leucophthalma,  Fab.  Paris. 

On  en  a  fait  une  variété  de  la  Melanaria,  avec  laquelle  on  la 
trouve  constamment;  cependant,  il  existe  quelques  différences: 
son  corselet  est  moins  arrondi  et  les  élytres  moins  fortement 
striés.  Elle  est  aussi  plus  rare. 

3.  Feronia  mêlas,  Creutz.  Dalmatia. 

Cet  Insecte  se  trouve  communément  sous  les  pierres  et  les 
broussailles  des  bois  des  Albères;  près  des  ravins  et  dans  les 
bois  des  Corbières. 

4.  Feronia  nigrita,  Fab.  Gallia. 

5.  Feronia  anthracina,  Illig.  Gallia. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  dans  les  mêmes  localités,  sous 
les  pierres,  les  broussailles  et  dans  tous  les  fossés  qui  bordent 
les  champs  et  les  prairies  maritimes  de  tout  le  littoral.  Elles  ont 
assez  de  ressemblance,  et  on  les  confondrait  souvent,  si  on  ne 


INSECTES.  573 

faisait  attention  que  la  dernière  a  son  corselet  plus  long,  sinué 
sur  les  côtés  près  de  la  base,  et  les  dentelures  postérieures 
presque  pas  sensibles  (communes). 

6.  Feronia  elongata,  Dufts.  Gallia  meridionalis . 

Prairies  maritimes  entre  l'Agly  et  le  Bordigol,  sous  les  brous- 
sailles et  au  pied  des  arbustes  (rare). 

7.  Feronia  meridionalis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Cette  rare  espèce  se  trouve  sous  les  broussailles  et  au  pied  des 
tamarix  dans  les  plaines  basses  et  souvent  inondées  des  étangs 
de  Saint-Nazaire  et  du  Cagarell,  près  Canet. 

8.  Feronia  nigerrima,  Dej.  Hispania. 

Comme  la  précédente  espèce,  on  la  trouve  dans  les  mêmes 
localités;  elle  y  est  plus  commune. 

4e  Division. 
Insectes  au-dessus  de  la  taille  moyenne,  toujours  aptè- 
res, de  couleur  noire  et  luisante,  carrément  brune  ou 
métallique,  ressemblant  beaucoup  à  ceux  de  la  division 
précédente,  mais  ayant  le  corselet  arrondi  postérieure- 
ment et  les  élytres  plus  ovales  et  plus  convexes.  Huit 
espèces  d'Europe  sont  mentionnées  par  Dejean. 

Cinquantième  Genre,  Feronia,  Latr., 
Sleropus,  Meg. 

1.  Feronia  madida,  Fab.  Gallia. 

2.  Feronia  concinna,  Sturm.  Germania. 

On  a  fait  de  cette  dernière  espèce  une  variété  de  la  première; 
cependant,  la  première  a  constamment  les  cuisses  rouges.  On  les 
trouve  communément  ensemble,  sous  les  pierres  près  des  ravins 
et  des  champs  des  régions  moyennes  ;  après  les  inondations , 
dans  les  parties  basses  de  la  plaine. 


574  HISTOIRE    NATURELLE. 

5.  Feronia  aethiops,  Illig.  Nord. 

Très-rare.  Sous  les  pierres  près  des  ravins  qui  traversent  les 
bois  des  régions  supérieures  et  froides  de  la  Cerdagne. 

5e  Division. 

Insectes  de  différentes  dimensions,  aptères  ou  ailés,  ordi- 
nairement de  couleur  métallique  ou  noire,  et  quelquefois 
brune,  ressemblant  à  ceux  des  divisions  précédentes,  mais 
ayant  le  corselet  cordiforme  ou  rétréci  postérieurement. 
Le  dernier  catalogue  de  Dejean  en  mentionne  dix-sept 
espèces  d'Europe. 

Cinquante-unième  Genre,  Feronia,  Latr., 
Platysma,  Bonel. 

1.  Feronia  picimana,  Creutz.  Gallia. 

Après  les  inondations  dans  toutes  les  plaines  basses  des  trois 
bassins,  parmi  les  broussailles  rejetées  par  les  eaux  (commune). 

2.  Feronia  oblongopunclata,  Fab.  Paris. 

Bois  et  coteaux  des  régions  moyennes  du  Canigou  ;  vallées  de 
La  Tet  et  du  Tech  (rare). 

3.  Feronia  angustata,  Meg.  Germania. 

Sous  les  broussailles  du  bord  des  champs,  des  fossés  humides 
et  des  prairies  de  la  Cerdagne  et  du  Gapcir  (rare). 
Cet  Insecte  est  plus  commun  dans  les  prairies  du  Llaurenti. 

6e  Division. 

Insectes  au-dessus  de  la  taille  moyenne,  toujours  aptè- 
res, de  couleur  noire  et  luisante,  ressemblant  aux  Omaseus 
de  Ziegler,  mais  ayant  le  corps  plus  allongé  et  cylindrique, 
les  antennes  un  peu  plus  courtes  et  les  palpes  un  peu  plus 


INJECTES.  575 

fortes.  Cette  division  est  la  moins  nombreuse;  elle  ne  ren- 
ferme, d'après  Dejean,  que  quatre  espèces  :  trois  de  Hon- 
grie, une  de  Grèce. 

Cette  division  des  Féromes  de  M.  Dejean,  comprenant 
le  cinquante -deuxième  genre,  n'a  pas  de  représentant 
dans  ce  département  ;  du  moins,  nous  n'ayons  trouvé 
aucun  insecte  qui  puisse  y  être  rapporté. 

7e  Division. 

Cette  division  renferme  les  plus  brillantes  espèces  des 
Feronia.  Si  l'on  en  excepte  un  petit  nombre ,  dont  la 
livrée  est  toute  noire,  les  autres  sont  revêtues  de  cou- 
leurs métalliques,  dorées,  cuivreuses  ou  bronzées.  Leurs 
élytres  sont  parsemés  de  points  profonds  et  diversement 
disposés,  qui  les  font  paraître  comme  guillochés  dans 
quelques  espèces.  Ces  points  varient  de  forme  et  de  posi- 
tion presque  sur  chaque  individu,  ce  qui  rend  très-difficile 
la  détermination  de  la  plupart  des  espèces;  aussi  est-il  plus 
que  probable  qu'il  existe  beaucoup  d'erreurs  ou  de  doubles 
emplois  dans  leur  nomenclature.  On  trouve  ces  Insectes 
sous  les  pierres,  sur  le  bord  des  ruisseaux  et  des  torrents, 
particulièrement  dans  les  montagnes.  Leur  corps  est  plat 
et  quelquefois  assez  court;  le  dernier  article  de  leurs  palpes 
est  un  peu  élargi  à  l'extrémité.  On  remarque  sur  le  dernier 
segment  de  l'abdomen  des  mâles,  une  petite  crête  ou  élé- 
vation longitudinale.  Cinquante  espèces  sont  mentionnées 
par  Dejean  ;  elles  appartiennent  toutes  à  l'Europe. 

Cinquante-troisième  Genre,  Feronia,  Latr., 
Pterosticus,  Bon. 

i.  Feronia  nigra,  Fab.  Paris. 


576  HISTOIRE    NATURELLE 

Commune  sous  les  pierres  et  les  broussailles  rejetées  par  les 
eaux  dans  nos  plaines  après  les  inondations  ;  dans  les  prairies  et 
fossés  des  champs  de  tout  le  département. 

2.  Feronia  fasciatopunctata,  Fab.  Austria. 

Entre  Prats-de-Mollô  et  La  Preste,  champs  et  ravins  sous  les 
pierres;  environs  de  Saint-Sauveur,  dans  les  champs  (rare). 

3.  Feronia  parumpunctata,  Dej.  Pyrenœis. 

Cette  belle  espèce  se  trouve  communément  sur  les  parties 
élevées  des  trois  bassins,  sous  les  pierres,  sous  les  broussailles, 
au  bord  des  fossés  des  champs  et  des  prairies  aux  environs  de 
Prats-de-Mollô,  La  Preste  et  au  Canigou  près  \dJasse  de  Cady; 
entre  Vinça  et  Rigarda ,  rigoles  des  champs  ;  vallées  de  la  Cer- 
dagne,  Eyne,  Llô;  et  au  Llaurenti  (commune). 

4.  Feronia  femorata,  Dej.  Gallia  orientalis. 

Sous  les  broussailles  et  sous  les  pierres  des  bords  des  champs 
et  près  des  ravins  de  la  vallée  de  Vernet,  près  Castell  (rare). 

5.  Feronia  Dufourii,  Dej.  Pyrenœis. 

Dans  les  régions  froides,  sous  les  pierres  des  champs  et  bords 
des  fossés,  environs  de  Mont-Louis  et  de  Bolquère  (rare). 

6.  Feronia  obscura,  Slev.  Russia  meridionalis. 

Trouvée  sous  les  pierres  et  sous  les  broussailles  près  des  fossés 
des  régions  élevées,  environs  de  la  Borde  Girvès,  et  Pla  deh  Abel- 
lans,  bassin  supérieur  de  La  Tet,  au-delà  de  Mont-Louis  (rare). 

7.  Feronia  cribrata,  Bonel.  Pedemonte. 

Régions  élevées,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  bords 
des  champs  et  prairies  de  la  Cerdagne,  et  à  la  vallée  d'Eyne,  près 
des  jasses.  Nous  avons  encore  trouvé  cet  Insecte  à  la  Solanette 
de  Costa-Bona. 

8.  Feronia  rutilans,  Bonel.  Alp.  Pedemonte. 


INSECTES.  577 

Cette  belle  et  rare  espèce  habite  les  régions  très-élevées  et 
froides,  près  des  jasses  de  Carlite,  du  Puig-Peyric  et  à  l'extrémité 
de  la  vallée  d'Evne,  sous  les  pierres  près  des  neiges,  souvent  sous 
la  même  pierre  avec  le  Carabus  Pyrenœus. 

9.  Feronia  Xatartii,  Dej.  Pyrenœis. 

Environs  de  Prats-de-Mollô,  de  Costa-Bona;  vallées  de  Garença, 
de  Cady,  d'Evne  et  de  Lié,  près  des  jasses  où  l'on  trouve  le 
Punctato-aiiratus.  —  M.  Xatart  communiqua  ce  bel  insecte  à 
M.  Dejean  qui  le  lui  dédia. 

10.  Feronia  bicolor,  Peir.  Italia. 

Cette  jolie  espèce  est,  d'après  M.  le  comte  Dejean,  une  variété 
de  la  Feronia  jurinei  de  Panzer.  Je  l'ai  trouvée  près  des  étangs 
de  Carença,  sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles  (très-rare). 

11.  Feronia  multipunctata,  Dej.  Helvelia. 

Parties  élevées  du  Pic  Carlite,  près  des  jasses  où  se  retirent 
les  bestiaux,  et  parties  élevées  du  LJaurenti  (rare). 

8e  Division. 
On  reconnaît  les  espèces  de  cette  division  à  leur  forme 
large  et  aplatie.  Ce  sont  des  insectes  de  taille  moyenne, 
toujours  aptères,  d'un  noir  luisant,  peu  agiles,  et  se  tenant 
habituellement  sous  les  pierres,  dans  les  endroits  humides. 
Leur  corselet,  presque  carré  ou  trapézoïdal,  est  aussi  large 
qne  les  élytres  à  la  base;  ceux-ci  sont  presque  parallèles 
et  peu  allongés.  Le  dernier  catalogue  de  Dejean  en  men- 
tionne douze  espèces  d'Europe. 

Cinquante-quatrième  Genre,  Feronia,  Latr., 
Abax,  Bonel. 

1.  Feronia  striola,  Fab.  ;         M  . 

a   u  i-     ™  [  Austna. 

2.  Feronia  ovahs,  Meg.  ) 

frigida,  Fab..  Gallia. 

TOMF.    lit.  37 


578  HISTOIRE  NATURELLE. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  ensemble  sous  les  pierres  des 
bords  des  champs  et  sous  les  broussailles  des  fossés,  dans  les 
bois  des  régions  moyennes;  après  les  inondations,  elles  sont 
abondantes  parmi  les  détritus  des  végétaux  rejetés  sur  la  grève 
par  la  mer,  et  dans  les  prairies  maritimes. 

5.  Feronia  Pyrenaea,  Dej.  Pyrenœis. 

Les  vallées  élevées,  La  Preste  et  ses  environs  ;  la  vallée  de  Cady; 
les  vallées  d'Eyne  et  de  Lié,  sous  les  pierres  et  les  broussailles, 
près  des  endroits  où  couchent  les  bestiaux.  Cette  espèce  diffère  de 
la  Striola  par  sa  taille  plus  allongée  ;  les  bords  latéraux  des  ôlytres 
n'offrent  que  quelques  points  à  la  base  et  à  l'extrémité  (rare). 

4.  Feronia  carinata,  Dufts.  Austria. 

Bois  et  plateaux  des  montagnes  moyennes  exposées  au  midi, 
sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles ,  près  des  haies  et 
fossés  ;  à  Glorianes  et  ses  environs  ;  à  la  métairie  Pallarès,  vallon 
de  Rigarda  (commune). 

5.  Feronia  parallela,  Dufts.  Austria. 

Dans  les  terres  de  la  plaine,  entre  La  Tet  et  l'Agly,  bord  des  fos- 
sés des  champs  et  des  prairies,  sous  les  pierres  et  les  broussailles. 

9e  Division. 

Insectes  au-dessus  de  la  taille  moyenne,  quelquefois 
assez  grands,  toujours  aptères,  d'un  noir  luisant,  quel- 
quefois mat,  peu  agiles  ;  se  trouvent  sous  les  pierres  dans 
les  parties  méridionales  de  l'Europe  ;  ressemblent  aussi 
quelquefois  aux  Abax  pour  la  forme,  mais  sont  toujours 
plus  allongés,  et  quelquefois  aussi  aux  Sleropus,  mais 
n'ont  jamais  de  rebords  à  la  base  des  élytres,  tandis 
que  ces  rebords  existent  toujours  dans  toutes  les  autres 
divisions.  Dejean  fait  mention  de  dix-huit  espèces,  toutes 
des  pays  chauds  de  l'Europe. 


INSECTES.  579 

Cinquante-cinquième  Genre,  Feronia,  Latr., 
Perçus,  Bonel. 

1.  Feronia  navarica,  Latr.  Pyrenœis. 

patruelis,  Dut'.  Hispania. 
Commune  sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  environs  du 
fort  Bellegarde;  dans  toutes  les  Albères,  les  vallons  de  Banyuls- 
sur-Mer  et  de  Port-Yendres;  quelquefois  aussi  clans  les  garrigues 
de  Gabestany  et  de  Canet. 

10e  Division. 
Insectes  au-dessus  de  la  taille  moyenne,  toujours  ap- 
tères, d'un  noir  luisant,  quelquefois  tirant  sur  le  brun. 
Très-peu  agiles,  ils  se  tiennent  sous  les  pierres;  leur  corps 
est  court,  assez  épais,  avec  les  pattes  fortes,  assez  courtes, 
et  le  corselet  cordiforme  ou  presque  carré.  Dix  espèces, 
toutes  d'Europe,  sont  mentionnées  par  Dejean. 

Cinquante-sixième  Genre,  Feronia,  Latr., 
Molops,  Bonel. 
i.  Feronia  elata,  Fab.  Germania. 

2.  Feronia  terricola,  Fab.  Gallia. 

Ces  deux  espèces  sont  toujours  ensemble  sous  les  pierres  et 
parmi  les  broussailles  des  montagnes  calcaires  ;  aux  environs  des 
marbrières  de  Baixas,  dans  les  lieux  ombragés  par  les  haies  des 
vignes  ;  à  Casas-de-Pena,  bord  des  ravins  ;  dans  la  vallée  du  Ver- 
double,  près  de  la  rivière  (communes). 

5.  Feronia  spinicollis,  Dej.  Pyrenœis  or ientalis. 

Les  bassins  de  La  Tet  et  de  l'Agly,  parmi  les  broussailles 
rejetées  par  les  eaux  après  les  inondations  ;  fossés  des  prairies 
maritimes,  parmi  les  détritus  des  végétaux  (rare). 

Cinquante-septième  Genre,  Cephaloles,  Bonel. 
4.  Cephalotes  vulgaris,  Bonel.  Paris. 


Ô80  HISTOIRE   NATURELLE. 

Dans  les  lieux  humides  et  ombragés  des  bois  des  montagnes 
moyennes  ;  après  les  inondations ,  dans  les  parties  basses  parmi 
les  broussailles  (commun). 

2.  Cephalotes  politus,  Dej.  Sicilia. 

Parmi  les  broussailles  des  fossés  et  sous  les  pierres  des  champs, 
près  du  Tech,  environs  du  pont  de  Céret;  après  les  inondations, 
au  milieu  des  broussailles  du  bord  de  la  mer,  plage  de  Saint- 
Gyprien  (commun). 

Cinquante-huitième  Genre,  Stomis,  Clairv. 
1.  Stomis  pumicatus,  Panz.  Gallia. 

Commun  dans  tous  les  fossés  des  prairies  inondées  des  plaines 
basses  des  trois  bassins,  sous  les  détritus  des  végétaux,  les  haies 
et  au  pied  des  arbres. 

Cinquante-neuvième  Genre,  Pelor,  Bonel. 
1.  Pelor  spinipes,  Fab. 


blaptoïdes,  Creutz. 

Cette  intéressante  espèce  se  trouve  constamment  sous  les  brous- 
sailles rejetées  par  la  mer  après  les  inondations;  passé  cette  époque, 
on  ne  la  trouve  plus  ;  évidemment  elle  doit  vivre  dans  nos  champs, 
mais  nous  l'avons  cherchée  en  vain  dans  les  trois  bassins  (rare). 

Soixantième  Genre,  Zabrus;  Clairv. 

1.  Zabrus  curtus,  Latr.  Gallia. 

Sous  les  pierres  et  les  broussailles,  au  bord  des  champs  et 
prairies  des  parties  élevées  des  montagnes  de  la  région  moyenne 
(commun). 

2.  Zabrus  obesus,  Latr.  Pyrenœis. 

Dans  les  vallées  de  la  Cerdagne,  et  celles  d'Eyne  et  de  L16,  sous 
les  pierres,  près  des  jasses  dans  les  lieux  fourrés.  Nous  l'avons 
aussi  trouvé  dans  la  vallée  de  Carença. 


INSECTES.  581 

5.  Zabrus  gibbus,  Fab.  Germania. 

Commun  sous  les  pierres  dans  tout  le  département;  on  le  voit 
souvent  se  promener  sur  les  routes  et  dans  les  champs. 

4.  Zabrus  piger,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Dans  les  terres  de  la  Cerdagne,  sous  les  pierres,  et,  en  plein 
jour,  courant  sur  les  sentiers  (commun). 

Soixante-unième  Genre,  Amara,  Bonel. 

1.  Amara  patricia,  Creutz.  Gallia. 

2.  Amara  zabroïdes,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Nous  avons  trouvé  la  première  espèce  aux  environs  de  Bourg- 
Madame,  sous  les  pierres,  et  aussi  dans  la  vallée  de  Carol,  sous 
les  pierres  et  les  broussailles  (rare). 

Nous  trouvons  abondamment  la  seconde  espèce,  après  une 
inondation,  dans  les  bassins  de  La  Tet  et  de  l'Agly,  sous  les 
broussailles  rejetées  par  les  eaux.  Nous  la  voyons  également 
sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  champs  qui  ne  sont  pas 
éloignés  de  la  rivière  de  La  Tet  dans  toute  la  plaine  du  Riverai, 
depuis  Ille  jusqu'au  dessous  de  Saint-Félin. 

• 

5.  Amara  complanata,  Dej.  Dalmatia. 

Coteaux  arides  de  Saint-Antoine-de-Galamus  et  de  la  Trencada 
d'Ambulla;  à  Casas-de-Pena  sous  les  pierres  des  vignes  et  des 
ravins. 

4.  Amara  fusca,  Sturm.  Gallia  meridionalis . 

A  Céret,  champs  et  prairies  près  du  pont,  sous  les  pierres  et 
les  broussailles  ;  après  les  inondations ,  plage  de  Saint-Cyprien , 
broussailles  rejetées  par  les  eaux  ;  quelquefois  sur  la  plage  de 
Torreilles  entre  le  Bordigol  et  l'embouchure  de  l'Agly,  brous- 
sailles rejetées  par  les  eaux. 


7)82  HISTOIRE   NATURELLE. 

o.  Amara  nionticola,  Zimmer,  Alp.  Pedemontc. 

6.  Amara  montana,  Dej.  Pyrenœis. 

Sous  les  pierres,  dans  les  champs  et  coteaux  exposés  au  midi 
à  l'endroit  dit  :  La  Redoute,  près  Saint-Laurent-de-Cerdans, 
et  sur  les  montagnes  environnantes  (rare). 

7.  Amara  bifrons,  Gyll.  Suecia. 

8.  Amara  livida,  Duf.  Hispania. 

Les  vallées  d'Eyne  et  de  Carença  nous  ont  fourni  ces  deux 
jolies  espèces;  elles  y  sont  assez  rares,  et  vivent  sous  les  pierres 
près  des  jasses  et  dans  les  ravins. 

9.  Amara  plebeja,  Gyll.  Gallia. 

Trouvée  assez  rarement  dans  les  vallées  froides  du  Canigou, 
dans  les  clairières  des  bois,  sous  les  pierres  et  dans  les  détritus 
des  végétaux  de  cette  montagne. 

10.  Amara  similata,  G  vil. 


,  Gallia. 

11.  Amara  commums,  rab.  ) 

Ces  deux  espèces  sont  assez  communes  sous  les  pierres  et  les 
broussailles  qui  entourent  les  jasses  des  vallées  supérieures  de 
Cady  et  d'Eyne.  Nous  les  voyons  quelquefois  dans  la  Gerdagne 
sur  les  routes,  les  diamps  et  sous  les  pierres. 

12.  Amara  obsoleta,  Dufts.  Gallia. 

Sous  les  pierres  el  les  broussailles  des  coteaux  arides  exposés  au 
midi  dans  toutes  les  montagnes  de  la  région  moyenne  (commune). 

13.  Amara  acuminala,  Payk.  Suecia. 

14.  Amara  eurynota,  Kugell.  Gallia. 

Comme  YObsoleta,  on  les  trouve  assez  communément  sur  les 
parties  arides  des  montagnes  moyennes. 

15.  Amara  vulgaris,  Fab.  Suecia. 


INSECTES.  583 

Communément  sur  les  chemins  et  sous  les  broussailles  des 
montagnes  de  la  région  moyenne;  dans  la  plaine  et  sur  les  bords 
de  la  mer,  après  les  inondations. 

16.  Amara  apricaria,  Fab.  Paris. 

Détritus  des  végétaux  dans  les  prairies  basses  des  bassins  de 
La  Tet  et  du  Tech  (rare). 

17.  Amara  fulva,  Degéer.  Suecia. 

18.  Amara  ferruginea,  Lin.  Paris. 

Le  long  de  nos  cours  d'eau,  sous  les  pierres  humides  dans  les 
trois  bassins;  abondantes  sous  les  broussailles  rejetées  par  l'eau 
après  une  inondation ,  et  dans  les  prairies  maritimes. 

19.  Amara  aulica,  Illig.  Paris. 

20.  Amara  spinipes,  Lin.  Suecia. 

Moins  communes  que  la  Vulgaris,  sous  les  pierres  et  les  brous- 
sailles des  terres  sablonneuses  dans  tout  le  littoral. 

21.  Amara  Pyrensea.  Dej.  Pyrenœis  orientalis. 

Vallées  élevées  des  Pyrénées,  la  Conque  de  la  Llapoudère , 
Canigou,  Cady;  vallées  d'Eyne,  deLlô,  Carlite,  près  desjasses, 
sous  les  pierres  (rare). 

22.  Amara  puncticollis,  Dej.  Pyrenœis  orientalis. 

Sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  vallées  élevées  des  Pyré- 
nées :  Cosla-Dona;  la  Tour  de  Batère,  du  côté  de  Saint-Marsal ; 
environs  du  Iiandé,  vallée  de  Cady  (plus  rare  que  la  précédente). 

25.  Amara  crenata,  Dej.  Gallia  méridionales. 

Lieux  secs  et  arides  de  nos  Àspres,  au  bord  des  champs,  sous 
les  [lierres  et  parmi  les  amas  de  détritus  des  végétaux  dans  les 
fossés  à  sec  (commune). 


584  HISTOIRE   NATURELLE. 

24.  Aniara  sabulosa,  Dej.  Gallia. 

Sous  les  pierres  près  des  haies  et  sous  les  broussailles  des 
terrains  calcaires  aux  environs  d'Estagel,  et  vignes  des  vallons 
environnants  (commune). 

25.  Amara  eximia,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Après  les  inondations  parmi  les  broussailles  rejetées  par  les 
eaux,  et  dans  les  prairies  maritimes  sous  les  pierres  et  les  détri- 
tus des  trois  bassins. 

26.  Amara  glabrata,  Dej.  Gallia. 

Terrains  arides,  bord  des  vignes,  sous  les  pierres  et  les  brous- 
sailles, à  Casas-de-Pena ;  à  Saint-Paul,  coteaux  en  montant  à 
Saint-Antoine-de-Galamus  (assez  commune). 

Soixante-deuxième  Genre,  Mazoreus,  Ziegl. 

1 .  Mazoreus  luxatus,  Creutz.  Paris. 

Bois  arides  des  parties  élevées,  Bac  de  Bolquère  et  bois  des 
environs  de  la  Borde  près  Mont-Louis,  sous  les  pierres  et  au  pied 
des  arbres.  Nous  avons  pris  aussi  cet  Insecte  dans  les  bois  du 
Llaurenti  (rare). 

Soixante-troisième  Genre,  Acinopus,  Ziegl. 

1.  Acinopus  megacephalus,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

Bois  arides  des  régions  moyennes,  sous  les  pierres  et  au  pied 
des  arbres,  Font  de  Comps;  bois  des  Moines  au-dessus  de  Saint- 
Martin-de-Canigou  (rare). 

2.  Acinopus  tenebrioïdes,  Duf'ts.  Gallia  meridionalis. 

Mêmes  stations  que  le  précédent.  Cet  Insecte  y  est  plus  com- 
mun et  diffère  du  Megacephalus  par  son  corselet  plus  étroit  en 
arrière,  par  les  stries  des  clylres  finement  ponctuées  et  sans 
points  enfoncés;  la  tète  du  mâle  est  très-grande. 


INSECTES.  585 

Soixante-quatrième  Genre,  Selenophorus,  Dej. 

1.  Selenophorus  lucidulus,  Dej.  Nord  et  Llaurentî. 

Trouvé  sous  les  pierres  et  les  broussailles,  au  bord  des  champs 
des  environs  de  Mijanés,  dans  le  Llaurenti  (rare). 

Soixante-cinquième  Genre,  Anisodactylus,  Dej. 

1.  Anisodactylus  virens,  Dej.  G  allia  meridionalis . 

Belle  et  jolie  espèce  qu'on  trouve  sur  les  plateaux  élevés,  sous 
les  pierres  et  les  détritus  des  végétaux  des  vallées  de  Carença  et 
de  Lié  (rare). 

%  Anisodactylus  signatus,  Illig.  Paris. 

Lieux  humides  et  pierreux,  non  loin  des.  ravins,  parmi  les 
broussailles,  au  pied  de  Força-Real  et  à  Caladroy. 

5.  Anisodactylus  intermedius,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Vallée  de  l'Agly,  broussailles  rejetées  par  les  eaux  après  une 
inondation.  Je  l'ai  aussi  trouvé  dans  les  prairies  des  environs 
d'Arles-sur-Tech.  (rare). 

4.  Anisodactylus  binotatus,  Fab. 


5.  Anisodactylus  spurcaticornis,  Ziegl 

Dans  les  prairies  et  au  bord  des  champs  des  environs  de  Mont- 
Louis  et  de  la  Motte-de-Planès  ;  après  les  inondations  sur  les 
bords  des  prairies  qui  bordent  La  Tet,  parties  basses  de  Canet 
(commun). 

6.  Anisodactylus  nemorivagus,  Dufts.  Austria. 

7.  Anisodactylus  gilvipes,  Ziegl.  Gallia. 

Sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles,  dans  tous  les  ravins 
des  vallées  des  montagnes  moyennes:  Montoriol,  0ms  et  jus- 
qu'aux environs  de  Saint-Marsal  (commun). 


580  HISTOIRE   NATURELLE. 

Soixante-sixième  Genre,  Gynandromorphus,  Dej. 
1.  Gynandromorphus  etruscus,  Schonh.  Gcdlia  merid. 

Cette  jolie  espèce  a  été  rare  pendant  longtemps.  M.  Aleron  en 
avait  trouvé  quelques  individus  isolés  daits  les  parties  basses  de 
Ghâteau-Roussillon.  M.  Canta,  plus  tard,  trouva  cet  Insecte  dans 
les  prairies  et  parmi  les  broussailles  de  Palau-del-Vidre;  mais 
l'inondation  du  mois  d'avril  1841  en  fournit  une  telle  abondance 
dans  les  trois  bassins ,  sous  les  broussailles  rejetées  par  la  mer, 
que  nous  pûmes  en  faire  une  ample  provision. 

Tribu  des  Harpaliens,  Ilarpalus,  Latr. 

Les  Harpaliens  ont  généralement  le  corps  plat,  en  carré 
allongé  et  un  peu  ovalaire;  le  corselet  plus  large  que  long 
et  les  élytres  sinueux  à  l'extrémité.  Leurs  pattes  sont 
robustes  et  propres  à  la  marche,  quoique  assez  courtes. 
Les  caractères  les  plus  saillants  de  cette  tribu  sont  d'avoir 
les  quatre  premiers  articles  des  quatre  tarses  antérieurs 
très-fortement  dilatés  dans  les  mâles;  les  mandibules  peu 
avancées,  arquées  et  peu  aiguës,  et  une  dent  simple  et 
plus  ou  moins  prononcée  au  milieu  de  l'échancrure  du 
menton.  Plusieurs  espèces  sont  d'un  vert  cuivreux  ou 
bronzé  ou  d'un  bleu  métallique  assez  brillant;  les  autres 
sont  noires  ou  d'un  brun  noirâtre  luisant.  Ces  Insectes 
préfèrent  les  endroits  arides  ou  sablonneux,  où  ils  se 
tiennent  sous  les  pierres,  lorsqu'ils  ne  courent  pas  après 
leur  proie.  Leurs  habitudes,  au  reste,  diffèrent  peu  de 
celles  des  Féroniens. 

lre  Division. 
Soixante-septième  Genre,  Ophonus,  Ziegl. 
I.  Ophonus  columbinus,  Gerniar.  Gallia  nicridionalis. 


INSECTES.  .~>S7 

2.  Ophonus  sabulicola,  Panz.  Paris. 

Ces  deux  espèces  sont  fort  communes  et  se  trouvent  ensemble 
dans  toutes  les  haies  des  fossés,  et  au  milieu  des  broussailles  des 
parties  basses  de  Canet;  après  les  inondations,  parmi  les  bois 
rejetés  par  la  mer.  Le  Sabulicola  se  distingue  du  Columbinus  par 
les  élytres  d'un  bleu-verdàtre,  le  corselet  moins  large  et  moins 
arrondi  sur  les  côtés. 

o.  Ophonus  montieola,  Dej.  G  allia  meridionalis. 
4.  Ophonus  ohscurus,  Fab.  Auslria. 

Ces  espèces  se  trouvent  dans  les  régions  élevées  des  montagnes 
moyennes,  sous  les  pierres  humides  des  bois  et  des  fossés  des. 
prairies.  La  première  ressemble  au  Sabulicola,  avec  lequel  on  la 
confondrait,  mais  elle  est  plus  allongée,  plus  fortement  ponctuée; 
elle  a  les  palpes,  les  antennes  et  les  pattes  moins  rouges  (rare). 

o.  Ophonus  diffinis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Trouvé  constamment  dans  les  fossés,  parmi  les  broussailles 
des  champs  et  des  prairies  maritimes  des  bassins  de  l'Agly  et  de 
La  Tet,  après  les  inondations  (très-abondant). 

6.  Ophonus  incisus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Cette  rare  espèce  se  fait  bientôt  remarquer  par  les  palpes,  les 
antennes  et  les  pattes  d'un  rouge  ferrugineux,  qui  contraste 
singulièrement  avec  le  beau  noir  qui  couvre  son  corps.  Elle  se 
trouve  dans  les  fossés  et  les  broussailles  des  parties  basses  de 
Canet.  En  automne,  on  voit  cet  Insecte  assez  abondant  dans  les 
fossés  des  fortifications  de  la  citadelle  de  Perpignan,  principa- 
lement sur  les  fenouils,  ainsi  qu'aux  ruines  de  Malloles;  on  le 
trouve  alors  accouplé. 

7.  Ophonus  meridionalis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
Sous  Château-Roussillon,  prairies,  champs,  broussailles,  fossés 


588  HISTOIRE   NATURELLE. 

et  au  pied  des  arbres  ;  dans  les  bassins  de  La  Tet  et  de  l'Agly, 
prairies  et  champs  près  des  dunes,  parmi  les  broussailles  après 
les  inondations  (commun). 

8.  Ophonus  rotundatus,  Dej.  Dalmatia. 

9.  Ophonus  cordatus,  Dufts.  Gallia  meridionalis. 

Ces  deux  espèces  ne  sont  pas  rares  sous  les  pierres  et  sous  les 
mottes  de  terre,  dans  les  champs  et  au  bord  des  prairies  des 
environs  d'Arles-sur-Tech.  Nous  les  avons  aussi  trouvées,  mais 
moins  abondantes,  dans  les  environs  de  Saint -Laurent-de- 
Gerdans. 

10.  Ophonus  rupicola,  Sturm.    )  ,„  „. 

.  m    rx  ,  f       ,  ^  •      (rallia. 

11.  Ophonus  subcordatus,  Dej.  ) 

Dans  les  environs  de  Costujes  et  à  La  Manère,  sous  les  pierres 
des  ravins,  parmi  les  broussailles  et  au  pied  des  arbustes  où  sont 
amassés  quelques  détritus  de  végétaux  (rare). 

12.  Ophonus  puncticollis,  Payk.  Gallia. 

Commun  sous  les  pierres,  au  pied  des  arbres  des  bois  humides, 
dans  les  parties  élevées  des  montagnes  moyennes.  Cette  espèce  se 
trouve  fort  rarement  dans  la  plaine;  c'est  après  une  inondation. 

13.  Ophonus  maculicornis,  Meg.  Gallia. 

Nous  avons  pris  quelquefois  cette  espèce  sous  les  pierres,  dans 
les  fossés  des  fortifications  de  la  ville  et  à  la  lunette  de  la  porte 
Canet;  mais  plus  abondante  parmi  les  broussailles  rejetées  par 
la  mer  après  une  inondation,  vallées  de  l'Agly  et  de  La  Tet. 

14.  Ophonus  hirsutulus,  Stév.  Riissia  meridionalis. 

Derrière  La  Preste,  champs  et  prairies,  sous  les  pierres;  envi- 
rons de  Mont-Louis,  mêmes  gîtes  (rare). 

15.  Ophonus  îuendax,  Rossi.  Ilalia. 


INSECTES.  589 

Trouvé  sous  les  pierres  et  les  mottes,  dans  les  champs  et  les 
vignes,  entre  Saint-Paul  et  Caudiès  (il  n'est  pas  commun). 

16.  Ophonus  Germanus,  Fab.  Gallia. 

On  distingue  bientôt  cet  Insecte  parmi  les  autres  par  ses  belles 
couleurs  tranchées;  et  quoique  très-commun,  on  ne  peut  résis- 
ter au  désir  d'en  ramasser  beaucoup  tant  il  est  joli.  Les  parties 
basses  des  trois  bassins ,  après  les  inondations ,  en  offrent 
une  grande  masse.  Dans  le  nombre  on  trouve  une  variété  dont 
les  couleurs  sont  plus  claires  et  les  taches  des  élytres  presque  pas 
apparentes;  elle  est  plus  rare.  Nous  conservons  cet  Insecte  parmi 
les  Ophonus,  bien  qu'on  en  ait  fait  un  genre  nouveau,  sous  le 
nom  de  Diaehromus. 

17.  Ophonus  velutinus,  Aleron  et  Companyo. 

Cette  toute  petite  et  belle  espèce  est  commune  après  le  débor- 
dement de  nos  rivières,  parmi  les  broussailles,  dans  les  parties 
basses  de  Canet.  Elle  est  excessivement  agile  et  on  la  saisit  avec 
beaucoup  de  difficulté. 

18.  Ophonus  oblongiusculus,  Dej.  Gallia. 

Cette  espèce,  jolie  et  très-petite,  se  trouve  dans  les  champs  et 
les  prairies  des  parties  élevées,  sous  les  pierres  et  parmi  les  brous- 
sailles de  la  vallée  de  Valmanya  et  aux  environs  de  Cortsavi  (rare). 

19.  Ophonus  dorsalis,  Dej.  Gallia. 

Commun  au  bord  des  champs  et  des  bois,  sous  les  pierres  et 
les  broussailles,  entre  Céret  et  Le  Perthus. 

20.  Ophonus  chlorophanus,  Zenker.  Gallia. 

Nous  avons  pris  quelquefois  cette  espèce  sous  les  pierres  et  dans 
les  fossés  des  fortifications  de  la  ville,  et  à  la  lunette  de  la  porte 
Canet;  mais  plus  abondamment  parmi  les  broussailles  rejetées 
par  la  mer  après  les  inondations,  vallées  de  l'Agly  et  de  La  Tet. 


590  HISTOIRE   NATURELLE. 

21.  Ophonus  obsolelus,  Dej,  Gallia  meridionalis . 

cerinus,  Stev.  (var.)  Russia  meridionalis. 

Il  n'est  pas  rare  de  trouver  cette  espèce  dans  tous  les  fossés 
qui  entourent  les  mares  d'eau  de  toutes  les  parties  basses  du 
littoral,  ainsi  que  dans  les  broussailles  et  au  pied  des  arbres 
des  bassins  de  l'Agly  et  de  La  Tet. 

22.  Ophonus  azureus,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

Cette  jolie  espèce  se  trouve  dans  les  broussailles  et  sous  les 
pierres  des  prairies  et  des  fossés  de  toute  la  Cerdagne  et  du 
Capcir;  nous  l'avons  prise  aussi  dans  le  Llaurenti.  Sa  belle  cou- 
leur violette  attire  aussitôt  l'attention. 

2e  Division. 
Soixante-huitième  Genre,  Harpalus,  Latr. 

1 .  Harpalus  ruficornis,  Fab.  Paris. 

Commun  dans  les  champs,  sous  les  pierres  et  dans  les  fossés  de 
toute  la  plaine,  dans  les  ravins  et  les  bois  des  montagnes  moyennes. 

2.  Harpalus  griseus,  Panz,  Paris. 

Très-commun  dans  toute  la  plaine;  après  les  inondations,  il 
pullule  dans  les  broussailles  qui  sont  entraînées  par  les  eaux  et  qui 
sont  rejetées  par  la  mer;  on  le  trouve  aussi  dans  toute  la  plaine  de 
la  Cerdagne. 

3.  Harpalus  œneus,  Fab.  Paris, 

Commun  dans  les  mêmes  lieux  que  le  précédent. 

4.  Harpalus  distinguendus,  Dufts.  Paris. 

virens,  Ménét.  (var.)  Russia  meridionalis. 

Nous  croyons  qu'il  existe  une  différence  bien  marquée  entre 
ces  deux  variétés.  Le  Virens  a  une  plus  petite  taille,  ses  couleurs 
sont  beaucoup  plus  vives  et  ses  élytres  sont  un  peu  striés  (rare). 


INSECTES*  594 

5.  Harpalos  patruelis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

On  le  trouve  dans  les  champs  et  les  fossés  des  environs  de  Vinça 
et  de  Prades;  dans  la  Salanque,  après  les  inondations. 

6.  Harpalus  cupreus,  Dej.  Gallia. 

Commun  dans  les  champs  et  les  prairies  maritimes  des  trois 
bassins.  On  le  trouve  aussi  sur  les  parties  élevées  des  montagnes 
de  la  région  moyenne. 

7.  Harpalus  pigmœus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Cette  toute  petite  espèce  est  commune  dans  les  broussailles, 
au  pied  des  tamarix  de  toutes  les  prairies  maritimes  voisines  des 
mares  d'eau  saumâtre. 

8.  Harpalus  sulfuripes,  Koron.  Dalmatia. 

Cette  espèce  que  nous  avons  trouvée  dans  les  environs  de  Bourg- 
Madame,  dans  les  sables  et  les  broussailles  de  la  rivière  qui  descend 
de  la  vallée  de  Carol,  est  assez  rare. 

9.  Harpalus  perplexus.  Dej.  Paris. 

Petifii,  Meg.  (var.)  Austria. 

Assez  rare  dans  les  environs  de  Mont-Louis,  vers  la  Borde  Girvès, 
sous  les  pierres  et  les  broussailles. 

40.  Harpalus  limbatus,  Dufts.  Suecia. 
nitidus,  Dej.  (var.)  Gallia. 

Nous  avons  trouvé  cette  espèce,  aux  environs  de  Mosset,  sous 
les  pierres  des  terres  arides.  Nous  l'avons  retrouvée  près  de 
Mijanès,  dans  le  Llaurenti. 

44.  Harpalus  sobrinus,  Dej.  Pyrenœis  orienlalis. 

La  Preste  et  ses  environs  jusqu'au  pied  de  Costa-Bona,  sous  les 
pierres  près  du  Tech;  sous  les  pierres  des  jasses  de  Cad  y  et 
de  la  Lhtpoiidère,  montagne  du  Canigou. 


591  HISTOIRE   NATURELLE. 

12.  Harpalus  semiviolaceus,  Brong.  Gallia. 

Sous  les  mottes,  les  broussailles  et  dans  toutes  les  haies  des 
prairies  maritimes  (commun). 

15.  Harpalus  impiger,  Meg.  Gallia. 

Cette  petite  espèce  qui  se  distingue  aussitôt  par  les  pattes  d'un 
rouge  ferrugineux,  se  trouve  sous  les  pierres  et  les  broussailles 
de  tous  les  lieux  où  se  retire  le  bétail,  dans  les  hautes  régions 
(rare). 

14.  Harpalus  tardus,  Gyll.  Paris. 

15.  Harpalus  fuliginosus,  Dufts.  Austria. 

Ces  deux  espèces  qu'on  rencontre  souvent  ensemble ,  sont  re- 
gardées par  les  auteurs  comme  deux  variétés.  Elles  se  trouvent 
dans  les  bois  sous  les  pierres  des  parties  arides  et  élevées;  à  la 
montagne  de  Céret,  dans  le  bois  communal  et  dans  les  champs 
qui  avoisinent  cette  forêt. 

16.  Harpalus  segnis,  Dej.  Germania. 

17.  Harpalus  Frolichii,  Meger.  Austria. 

Coteaux  de  Château-Roussillon,  sous  les  pierres  et  les  brous- 
sailles des  environs  de  la  métairie  de  M.  Guiraud  de  Saint-Marsal 
et  de  la  bergerie  nationale. 

18.  Harpalus  anxius,  Dufts.  Austria. 

19.  Harpalus  nigripes,  Sturm.  Germania. 

Coteaux  arides  des  Albères,  dans  les  bois  de  ces  montagnes, 
au  pied  des  arbres  et  sous  les  pierres.  On  les  trouve  aussi  moins 
abondants  sous  les  pierres  des  champs  des  environs  de  Sorède. 

20.  Harpalus  picipennis,  Meg.  Austria. 

Commun  sous  les  pierres,  dans  les  bois  et  sous  les  broussailles 
de  toutes  les  régions  moyennes. 


INSECTES.  593 

21.  Harpalus  satyrus,  Knoc.  Austria. 

castaneus,  Dej.  (var.)  Gallia. 

Vallée  de  Vinça,  champs  et  prairies  au  bord  de  La  Tel,  sous 
les  pierres  et  dans  les  broussailles  (commun). 

22.  Harpalus  distinguendus.  Dufts.  Paris. 

virens,  Ménétr.  (var.)  Russia  meridionalis. 

Celte  dernière  espèce  dont  on  a  fait  une  variété  du  Distinguen- 
dus, en  diffère,  cependant,  par  sa  taille  plus  petite,  ses  couleurs 
beaucoup  plus  vives  et  ses  élytres  un  peu  striés  (rare). 

25.  Harpalus  servus,  Creutz.  Hun  g  aria. 

Sables  arides  et  pierreux  des  ravins  des  montagnes  calcaires 
des  Corbières  (rare). 

24.  Harpalus  hirtipes,  Panz.  Hungaria. 

Cette  espèce  habite  les  régions  élevées  et  froides  :  Cosla-Bona; 
les  environs  de  la  vallée  d'Eyne  ;  la  base  du  Cambres-d'Aze,  vers 
Mont-Louis,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  (rare). 

2o.  Harpalus  serripes,  Dufts.  Paris. 

Coteaux  arides  des  montagnes  calcaires  de  Calce,  Caladroy  et 
environs  de  Força-Real. 

26.  Harpalus  hottentota,  Dufts.     )  p  . ... 

conformis,Dej.  (var.)j 

Commun  dans  la  vallée  de  l'Agly,  parmi  les  broussailles  rejetées 
par  la  mer  après  les  inondations.  Nous  l'avons  aussi  trouvé  dans 
les  environs  de  Saint-Antoine-de-Galamus. 

27.  Harpalus  calceatus,  Creutz.  Paris. 

Environs  de  Casas-de-Pena,  dans  les  ravins  qui  avoisinent  la 
rivière,  sous  les  pierres  et  les  broussailles.  Nous  l'avons  trouvé 
aussi  dans  la  vallée  de  Rigarda  (rare). 

TOME  m.  38 


JlJ4  HISTOIRE   NATURELLE. 

Soixante-neuvième  Genre,  Stenolophus,  Meg. 

\.  Stenolophus  vaporariorum,  Fab.  Paris. 

Commun  au  pied  des  arbres  et  sous  les  broussailles  de  tous  les 
fossés  des  parties  basses  des  trois  bassins. 

2.  Stenolophus  marginatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Cette  très-jolie  espèce  se  trouve  parmi  les  broussailles  au  bord 
des  fossés  des  champs  des  régions  moyennes,  et  sous  les  pierres 
qui  conservent  des  détritus  dans  les  canaux  des  prairies  de  ces 
régions  (rare). 

5.  Stenolophus  elegans,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Sous  les  pierres,  au  bord  des  champs  et  parmi  les  détritus 
des  fossés  humides  des  prairies  des  trois  bassins;  et,  après  les 
inondations,  au  milieu  des  broussailles  amenées  par  les  eaux. 

4.  Stenolophus  proximus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Mares  desséchées  des  environs  du  Cagarell  près  Canet ,  sous 
les  broussailles  arrêtées  au  pied  des  tamarix,  et  dans  les  fossés 
parmi  les  détritus  (commun). 

5.  Stenolophus  vespertinus,  Ulig.  Gallia. 

Bois  des  régions  moyennes,  au  pied  des  arbres  où  sont  amassés 
des  détritus  de  végétaux,  et  sous  les  pierres  des  bords  des  ravins, 
vallée  de  Rigarda  ;  ravins  des  environs  du  Mas  de  la  Fou  de 
M.  Jaubert  de  Passa  (rare). 

6.  Stenolophus  rufus,  Godart,  Pyrenœis  orientalis. 

Cette  petite  et  très-jolie  espèce  a  été  trouvée,  par  M.  le  capi- 
taine Godard,  dans  les  environs  de  Canet,  parmi  les  détritus  des 
végétaux  des  fossés  des  champs  près  le  Cagarell  (rare). 

Sa  description  est  insérée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Agricole, 
Scientifique  et  littéraire  des  Pyrénées-Orientales,  1845,  p.  222. 


INSECTES.  59.", 

Soixante-dixième  Genre,  Aucupctlpns ,  Latr. 

1.  Aucupalpus  placidus,  Gyll.  Suecia. 

Il  n'est  pas  rare  de  trouver  cette  espèce  dans  tous  les  fossés 
des  propriétés  qui  entourent  les  mares  d'eau  des  parties  basses  du 
littoral  :  Argelès,  Saint-Nazaire,  Torreilles,  et  parmi  les  brous- 
sailles et  les  détritus  rejetés  par  les  eaux. 

2.  Aucupalpus  harpalinus,  Dej.  Gallia. 

Vallons  d'Arles  et  de  Prats-de-Mollô ,  sous  les  pierres  dans  les 
champs  et  les  prairies  qui  ne  sont  pas  éloignés  du  Tech  (rare). 

5.  Aucupalpus  distinctus,  Dej.  Gallia  meridiondlis. 

Dans  tous  les  environs  de  Prades ,  fossés  des  champs  et  des 
prairies,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  (commun). 

4.  Aucupalpus  similis,  Dej.  Germania. 

Environs  de  Mont-Louis,  prairies  et  champs,  ainsi  que  dans 
toute  la  Cerdagne,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  (commun). 

5.  Aucupalpus  dorsalis,  Fab.  Suecia. 

Commun  au  bord  des  champs  et  des  bois,  sous  les  pierres  et 
les  broussailles,  entre  Céret  et  Le  Perthus. 

Soixante-onzième  Genre,  Hispalis,  Rambur. 
Aucupalpus,  Dej. 

i.  Hispalis  metallescens,  Dej.  Gallia  meridiondlis. 

Cette  jolie  espèce  a  été  trouvée  près  des  rivières  et  ravins  qui 
serpentent  dans  le  bois  de  Boiicheville  ;  sous  les  pierres  et  près 
des  ravins  du  bois  de  Salvanère  (commun). 

Soixante-douzième  Genre,  Trechus,  Glairv. 

1.  Trechus  rubens,  Fab.  Paris. 

2.  Trechus  microps.  Herb.  Germania. 


590  HISTOIRE    NATURELLE. 

Communs  dans  les  lieux  humides  près  des  cours  d'eau,  sous  les 
pierres;  après  les  inondations,  sous  les  broussailles  des  parties 
basses  de  Ganet  et  de  Saint-Cyprien. 

5.  Trechus  littoralis,  Zieg.  Gallia. 

longicornis,  Strum.  (var.)  Germania. 

Près  des  mares  d'eau,  dans  la  plaine  du  bassin  de  La  Tet; 
après  les  inondations,  sous  les  broussailles  entraînées  par  les 
eaux,  bassins  de  La  Tel  et  de  l'Agly  (commun). 

4.  Trechus  secalis,  Payk.  Suecia. 

Champs  et  prairies  des  environs  de  Nohédas,  sous  les  pierres 
et  les  broussailles  (rare). 

5.  Trechus  Pyrenaeus,  Dej.  Pyrenœis  orimtalis. 

Environs  de  Prats-de-Mollô  et  de  La  Preste ,  sous  les  pierres 
des  champs  et  des  prairies  ;  aussi  dans  toute  la  Cerdagne ,  sous 
les  pierres  près  des  rigoles  (rare). 

Tribu  des  Bembidions,  Bembidium,  Latr. 

Les  Bembidions  renferment  un  grand  nombre  d'espèces, 
divisées  en  dix  groupes  dont  il  serait  trop  long  de  rapporter 
ici  les  caractères.  Ce  sont  en  général  des  Coléoptères  très- 
petits,  vivant  presque  tous  au  bord  des  eaux,  dans  le  sable, 
sous  les  débris  des  végétaux  ou  courant  sur  la  vase.  On 
en  trouve  aussi  communément  sous  les  pierres,  dans  les 
endroits  humides.  Quelques  espèces  ne  se  rencontrent  que 
dans  les  montagnes  et  quelques  autres  sous  les  écorces. 

lie  Division. 

Soixante-treizième  Genre,  Cillenum,  Leach. 

Ce  genre  se  compose  d'une  seule  espèce  qui  n'a  pas 
île  représentant  dans  le  département. 


INSECTES.  597 

2e  Division. 
Soixante-quatorzième  Genre,  Blemus,  Ziegl. 

1.  Bembidium  areolatum,  Creutz.   Gallia. 

Trouvé  dans  les  fossés  humides,  parmi  les  broussailles  des 
prairies  maritimes  des  trois  bassins  et  sous  les  broussailles  que 
la  mer  rejette  sur  la  grève  (commun). 

3e  Division. 
Soixante-quinzième  Genre,  Tachis,  Meg. 

2.  Bembidium  bistriatum,  Meg.  Gallia. 

5.  Bembidium  pulicarium,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

On  trouve  ces  deux  Insectes  près  des  eaux  du  Tech,  entre 
Le  Boulou  et  Céret,  dans  les  rigoles  des  champs  et  des  prairies 
sous  les  pierres  et  les  détritus  (communs). 

4.  Bembidium  pumilio,  Dufts.  Gallia. 

quinque  striatum,  Gyll.  (var.)  Suecia. 

Sous  les  broussailles  entraînées  par  les  eaux  après  les  inon- 
dations, dans  toutes  les  parties  basses  des  plages  de  Ganet  et  de 
Saint-Cyprien. 

o.  Bembidium  quadrisignatum,  Creutz.  Gallia  merid. 

Trouvé  sous  les  pierres  et  parmi  les  broussailles  des  fossés 
des  champs  et  prairies,  vallon  de  Prades5  au  bord  de  la  rivière 
(rare). 

6.  Bembidium  angustatum,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

7.  Bembidium  hemorroïdale,  Dej.  Dalmatia. 

Ces  deux  Insectes  se  trouvent  sous  les  pierres  et  les  brous- 
sailles des  ravins  des  environs  de  Céret ,  à  la  Font  d'en  daudev 
et  d'en  Fils  (communs). 


598  IIISTOIKE    NATURELLE. 

Ie  Division. 
Soixante-seizième  Genre,  Notaphus,  Meg. 

8.  Bembidium  ustulatum,  Fab.  Germania. 

Cet  Insecte  se  trouve  généralement  le  long  de  La  Tet,  sous  les 
pierres  et  parmi  le  sable  près  des  eaux ,  et  au  pied  des  plantes 
où  s'amassent  des  broussailles.  11  est  d'une  agilité  étonnante  et 
difficile  à  saisir. 

9.  Bembidium  obliquum,  Sturm.  Germania. 

A  Casas-de-Pena,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  très-près 
de  l'Agly.  Il  est  aussi  très-agile. 

10.  Bembidium  pallidipenne,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

ephippium,  Brigt.  (var.)  Ânglia. 

Nous  trouvons  cette  espèce  parmi  les  broussailles,  dans  les 
fossés  des  prairies  maritimes  de  Canet  et  de  Torreilles,  après 
les  inondations;  probablement  elle  doit  vivre  aussi  près  des  cours 
d'eau  supérieurs  (rare). 

5e  Division. 

Soixante-dix-septième  Genre.  —  Idem  ■ 

11.  Bembidium  paludosum,  Panz.  Germania. 

12.  Bembidium  l'oraminosum ,  Sturm.  Gallia. 

Ces  deux  espèces  habitent  sous  les  pierres  humides  près  des 
torrents  et  rivières  de  toutes  les  montagnes  calcaires  :  Casas- 
de-Pena,  auprès  de  l'Agly;  à  Saint-Paul,  aux  environs  du  pont 
de  la  Fou  et  au  bord  du  Verdouble  près  Tuchan  (communes). 

6e  Division. 
Soixante-dix-huitième  Genre.  —  Idem. 
15.  Bembidium  striatum,  Fab.  Paris. 


IHSE6TES.  Ô09 

14.  Bembidium  andreae,  Gvll.  )  „ 

pallidipenne,  lllig.  (var)  J 

Gomme  les  précédents,  ces  deux  Insectes  habitent  les  bords 
des  eaux,  sous  les  pierres  et  les  broussailles;  mais  nous  les  avons 
trouvés  constamment  dans  les  régions  élevées,  prairies  de  Llô  et 
d'Err  où  l'eau  abonde;  aussi  à  l'entrée  de  la  vallée  d'Eyne. 

15.  Bembidium  ruficolle,  Ulig.  Suecia. 

Cette  jolie  espèce  est  fréquente  sous  les  pierres  près  des  eaux 
de  l'Agly,  à  Casas-de-Pena ,  et  dans  les  ravins  qui  viennent  se 
jeter  dans  cette  rivière. 

7e  Division. 

Soixante-dix-neuvième  Genre,  Peryphus,  Meg. 

16.  Bembidium  eques,  Sturm.  Gatlia  orientalis. 

Commun  après  les  inondations,  parmi  les  broussailles  rejetées 
par  les  eaux  dans  toutes  les  parties  basses  du  littoral. 

17.  Bembidium  tricolor,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

On  le  trouve  dans  les  mêmes  localités  que  le  précédent,  avec 
lequel  on  le  confondrait,  si  celui-ci  ne  présentait  pour  différence 
une  plus  petite  taille,  la  couleur  des  élytres  d'un  vert  éclatant, 
les  cuisses  et  le  premier  article  des  antennes  jaunes  (rare). 

18.  Bembidium  modestum,  Fab.  Austria. 

Sous  les  pierres  et  le  gros  sable,  près  des  mares  d'eau  et  parmi 
les  broussailles  des  régions  moyennes;  rivières  de  Rigarda  et 
de  Xentilla  (rare). 

19.  Bembidium  rupestre,  Fab.  ] 

20.  Bembidium  obsoletum,  Dej.        [  Àustria. 

prudens,  Zieg.  (var.)' 


600  HISTOIRE   NATURELLE. 

21.  Bembidium  fasciolatum,  Meg.  Austria. 

Ces  trois  espèces  se  trouvent  généralement  sous  les  pierres  et 
sous  les  broussailles  des  torrents  des  montagnes  moyennes  ;  après 
les  inondations,  dans  les  lieux  vaseux,  les  mares  d'eau  et  parmi 
les  détritus  des  végétaux  de  toute  la  Salanque. 

22.  Bembidium  fluviatile,  Dej.       ) 

Paris. 

23.  Bembidium  cruciatum,  Dej.     ) 

signatum,  Sturm.  (var.)  Austria. 

On  trouve  ces  deux  espèces  sous  les  pierres  près  des  rivières 
de  La  Tet  et  du  Tech,  à  Perpignan  et  à  Elne  (communes). 

24.  Bembidium  cseruleum,  Dej.  Gallia. 

25.  Bembidium  tibiale,  Meg.  Austria. 

26.  Bembidium  décorum ,  Zenker.  Gallia. 

Après  les  inondations  nous  trouvons  fréquemment  ces  trois 
espèces  sous  les  pierres  et  les  broussailles  qui  avoisinent  les 
étangs  et  mares  d'eau  de  toutes  les  parties  basses  de  la  Salanque, 
dans  les  trois  bassins  (communes). 

8e  Division. 
Quatre-vingtième  Genre,  Leja,  Meg. 

27.  Bembidium  chalcopterum ,  Zieg.  Gallia. 

pigmaeum,  Fab.  (var.)  Austria. 

Cette  espèce  se  trouve  près  des  ravins  des  endroits  pierreux  et 
humides  des  hautes  régions;  dans  les  broussailles  et  au  pied  des 
arbustes  qui  avoisinent  les  cours  d'eau  des  vallées  de  la  Cerdagne. 
Nous  l'avons  trouvée  aussi  au  Llaurenti,  parties  élevées  (rare). 

28.  Bembidium  celere,  Fab.  \ 

[  Suecia. 

29.  Bembidium  gullulum ,  Fab.     ) 

On  trouve  souvent  ces  deux  espèces  ensemble  dans  les  brous- 


INSECTES.  601 

sailles  et  sous  les  pierres  des  ravins  des  montagnes.  Elles  parais- 
sent se  plaire  clans  les  endroits  très-pierreux  et  près  des  chutes 
d'eau  (communes). 

30.  Bembidium  Pyrenœum,  Dej.  Pyrenœis  orientalis. 

Cette  jolie  espèce  se  trouve  sous  les  pierres  et  les  broussailles 
près  les  cours  d'eau  des  régions  moyennes;  elle  se  trouve 
quelquefois  aussi  sous  les  broussailles  amenées  par  les  eaux  dans 
la  plaine  (rare). 

51 .  Bembidium  Sturmii,  Panz.  Paris. 

52.  Bembidium  rivulare,  Sturm.  Gallia  meridionalis. 

Ces  deux  espèces  habitent  les  bords  des  eaux  des  régions  froi- 
des, sous  les  pierres  et  les  broussailles,  au  pied  de  Costa-Bona  et 
dans  les  environs  de  Mont-Louis.  Le  Bembidium  lineolatum  qu'on 
trouve  aussi  dans  les  mêmes  parages  n'est,  d'après  M.  Dejean, 
qu'une  variété  du  Sturmii  (rare). 

35.  Bembidium  biguttatum,  Fab.  Suecia. 

Sous  les  broussailles  et  sous  les  pierres  dans  les  ravins  des 
régions  moyennes  des  montagnes  de  Céret  ;  aux  environs  de 
Saint-Martin-du-Canigou  et  de  Castell. 

9e  Division. 
Quatre-vingt-unième  Genre,  Lopha,  Meg. 

54.  Bembidium  quadrigultatum,  Fab.  Paris. 

55.  Bembidium  latérale,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

56.  Bembidium  quadripustulatum ,  Fab.  Gallia. 

Ces  trois  espèces  sont  fréquemment  trouvées  sous  les  pierres  et 
les  broussailles  des  ravins  des  régions  moyennes,  et  près  des  rivières 
duTech  et  de  LaTet,  à  la  hauteur  de  Céret  et  de  Viin;a;  dans  la  plaine, 
après  les  inondations,  parmi  les  broussaillesdesprairies  maritimes. 


T»U2  IIISTOIKE   NATURELLE. 

57.  Bembidium  articulatum,  Dufts.  Paris. 

Lieux  vaseux  près  des  mares  d'eau  dans  tout  le  littoral,  sous 
les  pierres  et  les  détritus  des  végétaux.  On  trouve  dans  les  mêmes 
localités  le  Bembidium  pœcilum,  Dej.,  qui  a  été  rangé  comme  une 
variété  de  V Articulatum;  en  effet  il  n'existe  pas  de  différence  sen- 
sible entre  ces  deux  sujets  qui  ont  les  mêmes  habitudes  (commun). 

lO  Division. 
Quatre-vingt-deuxième  Genre,  Tachypns,  Meg. 

58.  Bembidium  picipes,  Meg. 


Gallia. 
59.  Bembidium  pallipes,  Meg. 

Tous  les  lieux  qui  ont  été  inondés,  nous  fournissent  les  deux 
espèces  sous  les  débris  des  végétaux;  sous  les  pierres  et  la  vase 
des  mares  d'eau  lorsqu'elles  sont  desséchées  (communes). 

10.  Bembidium  flavipes,  Fab.  Paris. 

Cette  jolie  espèce  se  trouve  sous  les  pierres  des  ravins  des 
montagnes  moyennes  et  parmi  les  broussailles  amenées  par  les 
crues  d'eau  dans  les  endroits  pierreux  et  humides  de  ces  mêmes 
régions  (rare). 


Nota.  La  section  des  Pentamères  dont  nous  avons 
oublié  d'indiquer  les  caractères  en  tête  des  Carabiques, 
se  distingue  des  autres  Insectes  Coléoptères  par  cinq 
articles  à  tous  les  tarses.  Elle  se  divise  en  neuf  familles  : 
Carabiques,  Hydrocantbares,  Brachélytres ,  Sternoxes, 
Malacodermes  ,  Térédiles  ,  Clavicornes ,  Palpicornes , 
Lamellicornes. 


insectes.  s03 

Famille  des  Hydrocanthares. 

Les  Hydrocanthares  comprennent  les  Coléoptères  pen- 
lamères  carnassiers  qui  vivent  clans  l'eau.  Destinés  à  se 
mouvoir  dans  un  milieu  plus  résistant  que  l'air ,  ils  ont 
reçu  une  structure  propre  à  la  locomotion  aquatique;  ils 
offrent  les  caractères  suivants  :  corps  ordinairement 
ovalaire  et  déprimé,  quelquefois  cependant  presque  glo- 
buleux ;  tête  large  et  enfoncée  jusqu'aux  yeux  dans  le 
corselet;  antennes  sétacées  ou  filiformes,  de  onze  articles; 
labre  petit,  court,  généralement  échancré  et  garni  de 
poils  ;  menton  trilobé  ;  palpes  au  nombre  de  six ,  les 
maxillaires  externes  de  quatre  articles,  les  internes  de 
deux,  et  les  labiaux  de  trois  ;  languette  légèrement  élargie 
à  son  extrémité,  et  coupée  presque  carrément;  mandibules 
courtes,  très-robustes  et  dentées  a  l'extrémité;  mâchoires 
très-aiguës,  arquées  et  ciliées  intérieurement;  corselet 
plus  large  que  long,  généralement  prolongé  en  pointe  en 
arrière,  recouvrant  quelquefois  l'écusson;  élytres  larges, 
recouvrant  entièrement  l'abdomen,  quelquefois  sillonnés 
ou  chagrinés  dans  les  femelles;  ailes  constantes;  pros- 
ternum très-prolongé  en  arrière  ;  métasternum  très-grand 
et  soudé  avec  les  hanches  des  pattes  postérieures;  paltes 
antérieures  et  intermédiaires  très-rapprochées  à  leur 
base,  les  postérieures  généralement  longues,  larges, 
aplaties  en  forme  de  rame,  et  ne  pouvant  se  mouvoir  que 
latéralement;  tarses  de  cinq  articles  bien  distincts  dans 
le  plus  grand  nombre ,  mais  ne  paraissant  que  quadri- 
articulés  chez  les  autres,  le  quatrième  article  étant  très- 
petit  et  caché  dans  l'échancrure  du  troisième;  tarses 
antérieurs  des  mâles  dilatés  en  forme  de  palette  et  garnis 


604  HISTOIRE   NATURELLE. 

en  dessous,  ainsi  que  les  intermédiaires,  de  cupules 
pétiolées,  de  grandeur  variable,  et  faisant  l'office  de 
ventouses. 

Leur  forme  est  une  ellipse  ou  un  ovale  plus  ou  moins 
allongé;  les  nageoires  sont  remplacées  par  leurs  pattes 
postérieures,  dont  le  mouvement  latéral  imprime  à  leur 
corps  une  forte  impulsion  dans  la  natation;  aussi,  nagent- 
ils  avec  la  plus  grande  facilité.  Ils  se  tiennent  de  préfé- 
rence dans  les  eaux  stagnantes  des  lacs,  des  étangs  et 
des  marais,  à  la  surface  desquelles  ils  remontent  de 
temps  en  temps  pour  respirer.  Ils  sont  très-voraces  et  se 
nourrissent  de  petits  animaux  qui  font  comme  eux  leur 
séjour  dans  l'eau;  munis  d'ailes  bien  développées  sous 
leurs  élytres,  ils  s'en  servent  chaque  fois  qu'ils  veulent 
se  transporter  d'un  étang  à  un  autre;  mais  ils  attendent 
pour  cela  le  coucher  du  soleil.  Leur  vol  est  lourd  et 
bourdonnant  comme  celui  des  Hannetons.  Leurs  larves, 
encore  plus  voraces  que  l'insecte  parfait,  vivent  égale- 
ment dans  l'eau  et  n'en  sortent  que  pour  se  transformer 
en  nymphe  dans  la  terre. 

Premier  Genre,  Dytiscus,  Lin. 

1.  Dytiscus  dimidiatus,  Illig.  Gallia. 

Nous  trouvons  cette  espèce  dans  les  fossés  des  parties  basses 
de  Château-Roussillon  dont  l'eau  est  stagnante;  dans  les  mares 
d'eau  près  Canet  et  dans  le  Cagarell  (rare). 

2.  Dytiscus  marginalis,  Fab.  Paris. 

Commun  dans  les  mares  d'eau  de  toutes  les  parties  basses  du 
littoral. 

3.  Dytiscus  circumcinclus,  Ahr.  Gallia. 


INSECTES.  605 

Fossés  vaseux  des  prairies  de  Thuir  et  de  Canokèe.  Il  ressemble 
beaucoup  au  Marginalis;  mais  sa  forme  un  peu  plus  allongée  et 
plus  rétrécie  sur  le  devant,  le  fait  bientôt  distinguer  (rare). 

4.  Dytiscus  circumflexus,  Fab.  Paris. 

Toutes  ces  espèces  se  ressemblent  beaucoup  et  habitent  les 
mêmes  lieux.  Il  faut  faire  une  grande  attention  pour  les  distin- 
guer entre  elles.  Celle-ci  se  rapproche  beaucoup  des  deux 
dernières.  Ce  qui  la  distingue,  c'est  que  la  couleur  générale  est 
d'un  vert  plus  clair,  et  que  l'écusson  est  jaune  (commune). 

5.  Dytiscus  punctulalus,  Fab.  Paris. 

6.  Dytiscus  perplexus,  Dej.  Gallia  borealis. 

Ces  deux  espèces  sont  assez  communes  dans  les  fossés  et  mares 
d'eau  près  du  Cagarell,  à  Canet,  et  dans  toutes  les  eaux  bourbeuses 
des  parties  basses  de  la  Salanque. 

Deuxième  Genre,  Trochalus,  Eschs. 

1.  Trochalus  Roselii,  Fab.  Paris. 

Se  trouve  dans  les  fossés  des  eaux  vives  de  toute  la  plaine  du 
Roussillon,  et  dans  les  fossés  des  parties  basses  de  la  Salanque 
(commun). 

2.  Trochalus  patruelis,  Dej.  Nord. 

Dans  les  eaux  qui  séjournent  dans  les  fossés  des  fortifications, 
derrière  la  citadelle  de  Perpignan,  et  dans  les  eaux  stagnantes  de 
la  lunette  (rare). 

Troisième  Genre,  Acilius,  Leach. 

1.  Acilius  sulcatus,  Fab.  Paris. 

2.  Acilius  dispar,  Ziegl.  Gallia  borealis. 

Ces  deux  espèces  sont  communes  dans  les  eaux  qui  séjournent 
dans  les  fossés  des  prairies  de  Thuir,  de  Canohès  et  de  la  Salanque. 


60b'  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Acilius  canaliculatus,  Illig.  Hispania. 

Nous  avons  pris  cette  espèce  dans  les  gouffres  des  ravins  des  Al- 
bères,  aux  environs  de  Sorède  et  dans  le  vallon  de  Banyuls  (rare). 

Quatrième  Genre,  Graphoderus ,  Eschs. 

1.  Graphoderus  bilineatus,  Payk.  Gallia  borealis. 

2.  Graphoderus  cinereus,  Fab.  Paris. 

iNous  avons  constamment  trouvé  ces  deux  espèces  dans  les 
mêmes  lieux,  c'est-à-dire  les  fossés  des  parties  basses  de  tout  le 
littoral  où  les  eaux  séjournent;  nous  les  avons  encore  prises  dans 
les  fossés  couverts  d'eau  du  Cagarell,  près  Canet  (communes). 

Cinquième  Genre,  Hydaticus,  Leach. 

1.  Hydaticus  transversalis,  Fab.  Paris. 

Cette  jolie  espèce  se  trouve  fréquemment  dans  les  ruisseaux 
des  eaux  vives  de  Thuir  et  de  Millas,  parties  basses. 

%  Hydaticus  hybneri,  Fab.  Paris. 

Dans  les  eaux  qui  coulent  sous  le  fortin  de  Bellegarde,  du  côté 
de  l'Espagne  (rare). 

3.  Hydaticus  distinctus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

A  Céret,  gouffres  sous  la  fontaine  d'en  Dauder,  et  dans  les 
gouffres  des  ravins  environnants  (rare). 

Sixième  Genre,  Scutopterus,  Eschs. 

1.  Scutopterus  coriaceus,  Hoffm.  Gallia  meridionalis. 

Cette  jolie  espèce  habite  les  mares  d'eau  des  ravins  des  mon- 
tagnes de  la  région  moyenne  ;  toutes  les  Albères  et  les  ravins  qui 
en  dépendent;  les  environs  du  fort  Bellegarde:  la  montagne  de 
Céret;  le  vallon  de  Banyuls-sur-Mer;  tous  les  ravins  de  la  mon- 
tagne de  Forca-Real. 


INSECTES.  607 

Septième  Genre,  Cymatopterus,  Eschs. 

1.  Cymatopterus  fuscus,  Fab.  \ 

2.  Cymatopterus  striatus,  Fab.  >  Saecia. 
5.  Cymatopterus  dolabratus,  Payk.     ) 

Ces  trois  espèces  se  trouvent  généralement  dans  toutes  les 
mares  d'eau,  dans  tous  les  fossés  de  la  Salanque,  et  dans  tous 
les  cours  d'eaux  vives  qui  sont  un  peu  dormantes.  Peu  de  diffé- 
rence distingue  les  deux  premières  espèces ,  et  il  est  facile  de  les 
confondre.  Le  Striatus,  cependant,  diffère  du  Fuscus  par  le  cor- 
selet jaunâtre,  avec  une  tache  noire  (communes). 

Huitième  Genre,  Liopterus,  Eschs. 

1.  Liopterus  oblongus,  Ulig.  Paris. 

Gomme  le  genre  précédent,  il  vit  dans  toutes  les  mares  d'eau 
et  fossés  stagnants.  On  le  trouve  parmi  la  vase,  en  retirant  le 
filet  lorsqu'on  chasse  pour  se  procurer  les  insectes  de  cette 
famille  (rare). 

Neuvième  Genre,  Rantus,  Eschs. 

i.  Rantus  suturalis,  Dej.  Germania. 

2.  Rantus  nota  tus,  Fab.  Paris. 

Ces  deux  espèces  sont  communes  dans  les  eaux  stagnantes  des 
fossés  de  la  citadelle,  et  des  fossés  de  la  lunette  neuve  à  Perpignan. 

5.  Rantus  agilis,  Fab.  Paris. 

4.  Rantus  adspersus,  Fab.  Gallia. 

Nous  avons  constamment  trouvé  ces  deux  espèces  dans  les  eaux 
des  parties  basses  de  Saint-Cyprien,  et  dans  la  grande  Agulla  de 
la  Mar,  qui  traverse  la  plaine  de  Bages  à  Vall-Ric,  et  se  jette  à 
la  mer  sous  YAsparrou. 


008  HISTOIRE   NATURELLE. 

Dixième  Genre,  Colymbetes,  Clairv. 

1.  Colymbetes  bipustulatus,  Fab.  \ 

2.  Colymbetes  ater,  Fab.  /   _     . 

3.  Colymbetes  fenestratus,  Fab.  ( 

4.  Colymbetes  fuliginosus,  Fab. 

5.  Colymbetes  guttatus,  Payk.  ^ 

6.  Colymbetes  convexus,  Dej.  \ 

C'est  dans  la  vase  des  fossés  ou  des  mares  dont  l'eau  est  stag- 
nante, qu'on  doit  rechercher  les  individus  qui  appartiennent  au 
genre  Colymbettes.  Ainsi,  toutes  les  parties  basses  du  littoral 
nous  les  fournissent:  les  eaux  vives  de  Canohès,  de  Thuir,  de 
Millas  et  de  Saint-Féliu  sont  les  endroits  où  il  faut  les  chercher. 
Il  y  a  cependant  quelques  exceptions  :  certaines  espèces  du  genre 
se  trouvent  dans  les  mares  des  montagnes  de  la  région  moyenne. 
Le  Bipustulatus  se  distingue  des  autres  espèces,  par  deux  points 
très-rouges  sur  la  partie  postérieure  de  la  tête  (assez  communs). 

7.  Colymbetes  biguttatus,  Oliv.      )     ■  „. 

„   _  .    . .         ,  r.  ,  (rallia  meridionahs. 

8.  Colymbetes  brunneus,  Fab.       ) 

castaneus,  Schon.  (var.)  Hispania. 

Dans  les  eaux  des  fossés  des  fortifications,  derrière  la  citadelle 
de  Perpignan  et  à  la  lunette  neuve.  Cette  dernière  espèce  s'y 
trouve  rarement. 

9.  Colymbetes  bipunctatus,  Fab.  Paris. 

J'ai  trouvé  cette  jolie  espèce  dans  les  eaux  des  fossés  du  Mas 
de  Leule.  Le  corselet  est  jaune,  avec  deux  points  noirs,  qui  con- 
trastent singulièrement  avec  sa  couleur  ;  les  élylres  sont  mélangés 
de  jaune  et  d'un  brun  obscur  (rare). 

10.  Colymbetes  chalconatus,  Panz.  Paris. 

11.  Colymbetes  didymus,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 


INSECTES.  bUy 

■12.  Colymbetes  maculatus,  Fab. 


.  Paris. 

13.  Colymbetes  Sturmii,  Schon. 

Ces  quatre  espèces  sont  assez  communes  dans  les  eaux  vives 
et  dormantes  de  la  plaine.  Le  Chalconatus  se  fait  remarquer  par 
la  couleur  générale  d'un  bronzé  obscur,  avec  deux  points  ferru- 
gineux sur  la  tête;  tandis  que  le  Maculatus  a  son  corselet  traversé 
par  une  large  bande  ferrugineuse ,  et  les  élytres  marqués  de 
petites  taches  longitudinales  pâles.  Le  Sturmii  est  beaucoup  plus 
rare  que  les  autres. 

14.  Colymbetes  nigricollis,  Dahl.  Sicilia. 

15.  Colymbetes  arcticus,  Payk.  Lapponia. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  plus  particulièrement  dans  les 
eaux  des  fossés  des  fortifications  de  la  citadelle  de  Perpignan; 
dans  les  eaux  des  fossés  des  parties  basses  de  Canet,  mais  moins 
fréquemment. 

16.  Colymbetes  paludosus,  Fab.  Gallia. 

17.  Colymbetes  uliginosus,  Fab.  Suecia. 

18.  Colymbetes  aquilus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Ces  trois  espèces  habitent  les  eaux  vives  de  la  contrée  de  Thuir; 
nous  les  avons  trouvées  très-rarement  dans  nos  marais.  Le  Colym- 
betes paludosus  est  plus  bombé  que  les  autres;  il  est  d'un  noir 
brillant;  les  bords  du  corselet  et  les  parties  de  la  bouche  sont 
rougeâtres;  les  élytres  bruns  avec  des  points  enfoncés,  forment, 
vers  l'extrémité,  des  stries  irrégulières. 

19.  Colymbetes  femoralis,  Payk.  Paris. 

20.  Colymbetes  abbreviatus,  Fab.  Gallia. 

21.  Colymbetes  basalis,  Dej.  ) 

)  Gallia  meridionalis. 

22.  Colymbetes  meridionalis,  Dej.) 

TOME  III.  39 


010  HISTOIRE   NATURELLE. 

23.  Colymbetes  quadriguttatus,  Dej.  Paris. 

24.  Colymbetes  congener,  Gyllen.  Suecia. 

Ces  six  espèces  se  trouvent  dans  les  eaux  des  parties  basses 
de  la  Salanque,  dans  les  mares  d'eau  des  environs  du  Cagarell 
et  à  YAgulla  de  la  Mar.  C'est  toujours  en  traînant  le  filet  sur 
la  vase  et  parmi  les  plantes  aquatiques  qu'on  est  sûr  de  se  les 
procurer. 

Onzième  Genre,  Laccophilus,  Leach. 

i.  Laccophilus  minutus,  Fab.  Suecia. 

2.  Laccophilus  obscurus,  Panz.  Paris. 

3.  Laccophilus  variegatus,  Knoch.  Gallia  meridionalis . 

On  trouve  ces  trois  espèces  dans  les  mares  du  littoral  et  dans 
les  eaux  vives  de  la  plaine,  notamment  à  la  lunette  neuve,  située 
au  pied  de  la  citadelle  de  Perpignan.  Le  Variegatus  est  plus  rare 
que  les  autres  espèces.  Dejean  regarde  Y  Obscurus  comme  une 
variété  du  Minutus  :  nous  pensons  que  cette  remarque  est  juste. 
On  ne  peut  lui  trouver  de  différence  bien  marquée,  si  ce  n'est 
la  couleur  générale  plus  sombre  et  les  taches  moins  distinctes. 

Douzième  Genre,  Noterus,  Latr. 

1.  Noterus  laevis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Noterus  crassicornis,  Fab.  Paris. 

Comme  les  précédents,  il  vit  dans  les  mares  et  les  fossés  dont 
l'eau  est  stagnante,  derrière  la  citadelle  de  Perpignan,  et  dans 
les  parties  basses  de  Canet  et  de  Chàteau-Roussillon. 

Treizième  Genre,  Hygrobia,  Latr. 

I.  Hygrobia  Hermanni,  Fab.  Paris. 

Trouvée  sur  la  route  de  Port-Vendres,  au-delà  du  pont  sur  le 
Tech,  dans  les  eaux  vives  et  stagnantes,  cette  espèce  est  très- 
rare. 


INSECTES.  611 

Quatorzième  Genre,  Haliplus,  Latr. 

1.  Haliplus  œquatus,  Dej.  Lombardia. 

2.  Haliplus  elevatus,  Panz.  Gallia. 

5.  Haliplus  ferrugineus,  Lin.  Suecia. 

4.  Haliplus  badius,  Ullrich.  Gallia  meridionalis . 
o.  Haliplus  variegatus,  Dej.  ^  p 

6.  Haliplus  impressus,  Fab.  ) 

marginepunctatus,  Sturm.  (var.)  Germania. 

7.  Haliplus  bistriolatus,  Duftschmid.     )   n 

r  '•  Paris. 

8.  Haliplus  obliquus,  Fab.  ) 

9.  Haliplus  rotundatus,  Dahl.  Gallia  meridionalis. 

Comme  tous  les  Insectes  de  la  famille  des  Hydrocanthares,  ce 
genre  se  trouve  dans  les  eaux  vaseuses.  Leur  petite  taille  les 
fait  échapper  à  nos  recherches;  cependant,  lorsqu'on  retire  le 
filet  des  eaux,  après  l'avoir  promené  quelque  temps  sur  la  vase, 
il  n'est  pas  rare  d'y  en  trouver  quelques-uns;  ils  se  tiennent  aussi 
sous  les  pierres,  au  fond  des  fossés  ou  des  mares.  Les  Obliquus, 
Ferrugineus  et  Variegatus  sont  plus  rares  que  les  autres. 

Quinzième  Genre,  Hydroporus,  Latr. 

\.  Hydroporus  picipes,  Fab. 

2.  Hydroporus  sexpustulatus,  Fab. 

5.  Hydroporus  erythrocephalus,  Fab.    \  Paris. 

4.  Hydroporus  planus,  Fab. 

5.  Hydroporus  tristis,  Payk. 

Il  faut  encore  chercher  les  espèces  de  ce  genre  dans  les  eaux 
stagnantes.  Elles  se  tiennent  dans  la  vase,  au  pied  des  plantes 
aquatiques  qui  croissent  au  milieu  des  eaux  et  sous  les  pierres 
du  fond  des  mares.  C'est  avec  le  filet  qu"on  peut  les  saisir,  en  le 
promenant  et  en  l'agitant  sur  la  vase.  On  trouve  assez  commu- 
nément ces  cinq  espèces. 


51  ~2  HISTOIRE   NATURELLE. 

6.  Hydroporus  duodecimpustulatus,  Fab.  Gallia. 

Cette  très-jolie  espèce  est  assez  rare  ;  on  la  trouve  plus  parti- 
culièrement dans  les  petits  gouffres  des  torrents  qui  descendent 
des  Albères ,  à  Sorède  et  dans  le  vallon  de  Banyuls-sur-Mer. 
Elle  est  d'un  jaune-rougeàtre,  avec  le  bord  antérieur  du  corselet 
noir;  les  élytres  sont  noirs,  surmontés  de  six  larges  taches  chacun, 
qui  ont  les  bords  rougeâtres. 

7.  Hydroporus  distinctus,  Dei.      )   „  ... 

_    „  .  .         T11.         [  ballia  meridionalis. 

8.  Hydroporus  opatnnus,  Illig.      ) 

9.  Hydroporus  lineatus,  Fab.  Paris. 

Ces  trois  espèces  sont  communes  dans  toutes  les  eaux  des  par- 
ties basses  de  la  Salanque.  UOpatrinus  est  pubescent,  ponctué  et 
d'un  noir  assez  luisant.  Le  Lineatus  a  les  élytres  noirâtres,  avec 
le  bord  extérieur  jaunâtre,  et  quatre  lignes  longitudinales  de  la 
même  couleur. 

10.  Hydroporus  pictus,  Fab.  i  . 

11.  Hydroporus  inaequalis,  Fab.    ) 

12.  Hydroporus  fluviatilis,  Leach.  Anglia. 

15.  Hydroporus  cristalus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Ces  quatre  espèces  sont  très-petites  et  on  les  saisit  avec  diffi- 
culté; elles  se  trouvent  aussi  au  fond  des  eaux  vaseuses.  Le  Pictus 
est  noir  et  ponctué  ;  les  élytres  offrent  une  tache  jaune  irrégulière  à 
la  base,  et  une  autre  tache  crochue  à  l'extrémité,  réunies  ensemble 
par  une  ligne  de  la  même  couleur.  Nous  trouvons  quelquefois  une 
variété  fort  remarquable  de  cette  espèce ,  à  laquelle  la  ligne  qui 
réunit  les  deux  taches  des  élytres  manque  tout  à  fait. 

14.  Hydroporus  reticulatus,  Fab.  Paris. 

quinquelineatus,  Zetters.  (\ar.)Lapponia. 

Cette  espèce  se  trouve  quelquefois  sur  les  plantes,  dans  le 

voisinage  des  eaux.  Elle  est  d'un  jaune-ferrugineux;  les  élytres 

sont  noirs  et  sinués  (rare). 


INSECTES.  613 

15.  Hydroporus  griseostriatus,  Gyll.  Suecia. 

16.  Hydroporus  lepidus,  Schon.     )   „  „. 

._   _  ,   .  .  _  .      [  Gallia  meridionalis. 

\t.  Hydroporus  neglectus,  Dej.     ) 

18.  Hydroporus  nigrita,  Fab.  Paris. 

Ces  quatre  espèces  sont  communes  dans  les  eaux  vives  du  ter- 
ritoire de  Canohès.  Nous  les  trouvons  aussi  sous  Chàteau-Rous- 
sillon,  dans  les  eaux  de  cette  contrée,  toujours  dans  la  vase  et 
parmi  les  plantes  aquatiques. 

19.  Hydroporus  geniinus,  Fab.      )   „     . 

(  Paris 

20.  Hydroporus  flavipes,  Oliv.       S 

21.  Hydroporus  pumilus,  Dej.  Gallia  méridionales. 

22.  Hydroporus  lineolatus,  Dabi.  Italia. 

Ces  quatre  espèces,  excessivement  petites,  sont  communes  dans 
toutes  les  eaux  des  parties  basses  des  deux  bassins  de  La  Tet  et  du 
Tech,  près  des  étangs  et  des  eaux  stagnantes  des  fossés;  on  les 
saisit  avec  difficulté  à  cause  de  leur  très-petit  volume.  M.  Dejean 
regarde  le  Lineolatus  comme  une  variété  du  Flavipes. 

23.  Hydroporus  dorsalis,  Fab.  Paris. 

On  le  trouve  dans  les  eaux  bourbeuses.  C'est  une  très-petite 
et  fort  jolie  espèce:  elle  offre  deux  variétés.  Dans  l'une,  les 
taches  de  la  base  des  élytres,  réunies  au  bord  externe,  forment 
une  espèce  de  faciès  assez  bizarre  ;  dans  l'autre ,  ces  taches 
n'existent  pas. 

24.  Hvdroporus  cuspidatus,  Germar.     /  „ 

J      r  *  Germama. 

2o.  Hydroporus  lincellus,  Gyllen.  N 

26.  Hydroporus  velutinus,  Dej.  Nord. 

27.  Hydroporus  minutissimus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Comme  toutes  les  espèces  de  ce  genre,  celles-ci  sont  très-petites, 
et  se  trouvent  aussi  dans  la  vase  et  sur  les  plantes  qui  vivent  dans 
l'eau,  sous  les  pierres  qui  sont  au  fond.  On  ne  peut  se  les  pro- 


614  HISTOIRE   NATURELLE. 

curer  qu'à  l'aide  du  ftlet,  qu'on  promène  dans  la  vase.  Les  eaux 
vives  et  dormantes  sont  celles  où  on  les  trouve  de  préférence. 

28.  Hydroporus  fasciatus,  Dahl.  Italia. 

29.  Hydroporus  varius,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

30.  Hydroporus  canaliculatus,  Illig.  Hispania. 

51.  Hydroporus  nigrolineatus,  Stev.  Russia  meridionalis . 

Nous  avons  constamment  trouvé  ces  espèces  dans  les  eaux 
stagnantes  des  fossés  aux  environs  de  Salses,  vers  les  parties 
basses;  c'est  aussi  à  l'aide  du  filet  qu'on  peut  se  les  procurer. 
Leur  petite  taille  est  cause  qu'elles  échappent  souvent  à  nos 
recherches. 

Seizième  Genre,  Hyphidrus,  Latr. 

1 .  Hyphidrus  variegatus,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

2.  Hyphidrus  ovatus,  Lin.  Suecia. 

3.  Hyphidrus  ovalis,  Fab.  (var.  de  YOvatus.)  Paris. 

Ce  genre  se  trouve  aussi  dans  les  eaux  de  toute  la  Salanque, 
les  fossés  où  l'eau  séjourne ,  et  les  flaques  d'eau  que  la  rivière 
forme  par  ses  débordements.  Il  ressemble  assez  au  genre  pré- 
cédent; mais  le  corps  court,  épais,  ovale,  presque  globuleux, 
le  fait  bientôt  distinguer. 

Dix-septième  Genre,  Gyrinus,  Lin. 

1.  Gyrinus  lineatus,  Hoffman.  Gallia. 

2.  Gyrinus  natator,  Fab.  Paris. 
5.  Gyrinus  marinus,  Gyll.  Gallia. 

4.  Gyrinus  minutus,  Fab.  Suecia. 

5.  Gyrinus  angustatus,  Dabi.  Dalmatia. 

6.  Gyrinus  elongatus,  Dahl.  Austria. 

7.  Gvrinus  bieolor,  Payk.  ;  _ 

»   „    ;        ,       ,.  î  Suecia. 

<S.  Gvnnus  dorsabs,  Gvll.  ) 


INSECTES.  615 

Le  genre  Gyrin  est  un  des  plus  naturels  qui  existent  ;  aussi 
a-l-il  été  admis  par  tous  les  entomologistes.  Placé  par  Geoffroy 
et  Linné  parmi  les  Hydrocanlhares ,  à  cause  de  ses  mœurs 
aquatiques  et  carnassières,  il  devrait,  cependant,  en  être  séparé 
en  raison  de  l'organisation  extérieure  de  l'Insecte  à  l'état  parfait. 
En  effet,  les  Gyrins,  quoiqu'ils  aient  la  même  manière  de  vivre  et 
presque  les  mêmes  habitudes  que  les  Hydrocanthares,  en  diffèrent 
beaucoup,  non-seulement,  par  leur  forme  considérée  générale- 
ment, mais  encore  par  la  structure  particulière  de  leurs  antennes 
et  de  leurs  pattes,  et  surtout  par  la  manière  dont  leurs  yeux  sont 
séparés  en  deux  par  les  parties  latérales  de  la  tête;  de  sorte  qu'ils 
semblent  en  avoir  quatre,  deux  en  dessus  et  deux  en  dessous. 
Singulière  anomalie  dans  l'ordre  des  Coléoptères. 

Cette  séparation  a  été  faite  par  M.  le  docteur  Aube ,  qui  en  a 
fait  une  famille  distincte ,  divisée  en  sept  genres.  Voici  comment 
il  caractérise  cette  famille  :  «  Corps  ovalaire,  plus  ou  moins  con- 
vexe en  dessus,  plat  en  dessous;  tête  en  partie  engagée  dans  le 
corselet;  deux  paires  d'yeux,  l'une  supérieure  et  l'autre  infé- 
rieure; antennes  très-courtes,  offrant  onze  articles,  le  premier 
très-petit,  le  second  très-gros,  presque  sphérique,  le  troisième 
triangulaire ,  dirigé  en  dehors  en  forme  d'oreillette ,  les  huit 
suivants  très-serrés ,  à  peine  distincts ,  et  formant  une  petite 
massue  allongée.  Elles  sont  insérées  dans  une  cavité  latérale, 
profonde,  située  un  peu  en  avant  des  yeux  supérieurs.  Menton 
très-profondément  échancré;  mandibules  courtes  et  bidentées; 
mâchoires  très-aiguës  et  ciliées  en  dedans;  palpes  au  nombre  de 
quatre,  les  maxillaires  internes  n'existant  pas;  corselet  trans- 
versal ;  écusson,  tantôt  apparent,  tantôt  invisible  ;  élytres  tronqués 
à  l'extrémité  et  ne  couvrant  pas  entièrement  l'abdomen;  ailes 
constantes;  prosternum  très-court  et  comprimé  en  carène;  pattes 
antérieures  très-longues,  grêles,  ayant  les  tarses  garnis  de  brosses 
soyeuses  dans  les  mâles,  se  plaçant,  dans  le  repos,  dans  un  large 
sillon  oblique  situé  sur  les  côtés  de  la  poitrine,  les  intermédiaires, 
assez  éloignées  des  antérieures,  sont,  ainsi  que  les  postérieures. 


616  HISTOIRE   NATURELLE. 

très-courtes;  larges,  fortement  comprimées,  presque  membra- 
neuses et  garnies  en  dehors  de  petits  cils  aplatis  ;  les  articles  de  leurs 
tarses,  au  nombre  de  cinq,  sont  presque  confondus,  le  premier, 
large,  triangulaire;  les  deuxième  et  troisième,  très-étroits  et  lon- 
guement prolongés  en  dehors  ;  le  quatrième  est  également  étroit 
et  supporte  à  son  extrémité  le  cinquième,  qui  est  très-petit  et 
garni  de  deux  petits  crochets  peu  visibles.  Ces  deux  dernières 
paires  de  pattes  sont  propres  à  la  natation.  Le  prolongement 
des  tranches  postérieures  est  peu  saillant  et  offre  de  chaque  côté 
une  espèce  de  sillon  pour  loger  les  pattes  de  derrière.  Presque 
toujours  placés  à  la  surface  de  l'eau ,  les  Gyrins  y  reçoivent  la 
lumière  d'une  manière  directe ,  et  comme  ils  sont  revêtus  de 
couleurs  métalliques  bronzées  et  très-brillantes,  on  croirait  voir 
autant  de  perles  s'agiter  sur  l'eau  lorsque  le  soleil  frappe  ces 
Insectes  de  ses  rayons  pendant  qu'ils  exécutent  leurs  évolutions. 
Us  se  meuvent  dans  toutes  les  directions  avec  une  vitesse  et  une 
aisance  que  n'offrent  point  les  Poissons  les  plus  agiles;  mais 
leurs  mouvements  sont  plus  particulièrement  circulaires ,  ce  qui 
leur  a  valu  le  nom  de  Tourniquet,  que  leur  a  donné  Geoffroy  W. 
La  disposition  de  leurs  yeux,  qui  leur  permet  de  voir  ce  qui  se 
passe  en  dessus  comme  en  dessous  d'eux,  les  rend  extrêmement 
difficiles  à  surprendre.  » 

Les  Gyrins  se  réunissent  souvent  en  grand  nombre  à  la  sur- 
face de  l'eau  ;  alors  seulement  on  peut  espérer  de  s'en  procurer 
quelques-uns,  en  s'y  prenant  adroitement  avec  le  filet,  car 
presque  tous  échappent  à  l'adresse  du  pêcheur  par  leur  vigilance 
et  la  promptitude  de  leur  fuite.  Us  se  transportent  d'une  mare 
à  une  autre  en  volant;  leurs  ailes  bien  développées  leur  per- 
mettent la  locomotion  aérienne.  Les  Gyrins  sont  généralement 
des  insectes  très-petits.  On  en  voit  pendant  toute  la  belle  saison 
dans  les  lacs,  les  marais,  les  étangs,  en  un  mol  dans  toutes  les 
eaux  tranquilles  ;  on  en  trouve  même  dans  de  petites  mares 
formées  momentanément  dans  quelques  cavités  par  les  pluies. 

(f)  Nos  paysans  loi  donnent  le  nom  de  Pos$a  de  Angtiila  (puce  d'anguille). 


INSECTES.  fit  7 

Dix-huitième  Genre,  Orectochilus,  Eschs. 

1.  Orectochilus  villosus,  Fab.  Gallia. 

On  a  séparé  cette  espèce  du  genre  Gyrinus  pour  en  former  le 
type  du  genre  Orectochilus,  qui  est  le  quatrième  genre  de  la  famille 
des  Gyrws  du  docteur  Aube.  Cet  Insecte  est  olivâtre  et  couvert  en 
dessus  d'un  léger  duvet  gris.  Il  vit  dans  les  eaux  courantes  (rare). 

Famille  des  Brachelytres. 

La  famille  des  Brachelytres  ou  Staphylins  créée  par 
Latreille  et  adoptée  par  tous  les  entomologistes  français, 
est  une  des  plus  difficiles  à  étudier ,  à  cause  du  grand 
nombre  d'espèces  presque  microscopiques  ou  peu  carac- 
térisées qu'elle  renferme.  M.  Erichson  en  a  fait  la  mono- 
graphie après  avoir  réuni  les  matériaux  épars  de  plusieurs 
entomologistes  qui  s'étaient  occupés  spécialement  de  cette 
famille,  tels  que  Paykull,  Gravenhorst,  Mannerheim,  Nord- 
mann,  etc. 

Ce  qui  frappe  le  plus,  au  premier  coup-d'œil,  dans  les 
caractères  des  espèces  de  cette  famille ,  c'est  une  forme 
très-allongée,  aplatie;  une  tête  large,  avec  des  antennes 
courtes  et  des  mandibules  fortes  et  avancées;  un  pro- 
thorax court  ;  un  abdomen  très-long  et  couvert  seulement 
en  partie  par  les  élytres,  qui  sont  plus  ou  moins  courts 
et  tronqués  carrément  ou  obliquement  à  leur  extrémité; 
des  pattes  médiocres  et  assez  grêles,  avec  les  tarses  anté- 
rieurs ordinairement  dilatés. 

Ces_  Insectes  sont  tous  très-agiles ,  et  volent  pour  la 
plupart  assez  bien;  néanmoins,  ils  font  assez  rarement 
usage  de  leurs  ailes.  Celles-ci,  quoique  protégées  par  des 
élytres  très-courts,  sont  cependant  très-longues  quand  elles 
sont  développées,  et  se  trouvent,  dans  l'état  de  repos, 


618  HISTOIRE   NATURELLE. 

pliées  sur  elles-mêmes  en  trois  ou  quatre  parties.  Pres- 
que tous  les  Insectes  de  cette  famille  ont  l'habitude  de 
relever  en  courant  leur  abdomen.  Cette  partie  de  leur  corps 
est  extrêmement  flexible,  et  c'est  à  l'aide  des  mouvements 
qu'ils  lui  donnent,  qu'ils  font  rentrer  leurs  ailes  sous  les 
élytres  lorsqu'ils  cessent  de  voler.  Leur  anus  est  garni  de 
deux  vésicules  coniques,  velues,  que  l'Insecte  fait  sortir  à 
volonté,  et  d'où  s'échappe  une  vapeur  très-subtile  et  très- 
odorante.  Les  espèces  qui  vivent  de  matières  animales  ou 
végétales  décomposées,  exhalent  une  odeur  de  musc  parti- 
culière à  tous  les  Coléoptères  nécrophages. 

Les  Brachelytres  sont  en  général  très-voraces.  On  les 
trouve  dans  les  cadavres,  le  fumier,  les  matières  excrémen- 
tielles, les  plaies  des  arbres,  les  bolets  et  sous  les  écorces. 
Quelques-uns  ne  fréquentent  que  les  fleurs,  et  un  petit 
nombre  vit  en  société  avec  la  Formica  rufa,  Fab.  (rabaxi, 
en  catalan).  Leurs  larves  ressemblent  beaucoup  a  l'insecte 
parfait;  vivent  dans  les  mêmes  endroits,  et  se  nourrissent 
des  mêmes  matières.  Il  est  assez  rare  de  les  rencontrer, 
et  on  n'en  connaît  qu'un  très-petit  nombre. 

Premier  Genre,  Velleius,  Leach. 

i .  Velleius  dilata  tus,  Fab.  Gallia. 

On  le  trouve  près  des  monceaux  de  fumier  et  dans  les  champs 
où  il  en  a  été  répandu,  sous  les  mottes  et  parmi  les  broussailles; 
il  est  toujours  isolé  et  probablement  attiré  en  ces  lieux  par  les 
larves  des  divers  insectes  qui  s'y  tiennent  (rare). 

Deuxième  Genre,  Emus,  Leach. 
1 .  Emus  maxillosus,  Fab.  Paris. 
Il  est  commun  près  des  tas  de  fumier  des  écuries  à  la  cam- 


INSECTES.  619 

pagne;  il  n'est  pas  rare  de  le  voir  voltiger  dans  les  mes  où  se 
trouve  une  écurie  avec  du  fumier  (commun). 

2.  Emus  hirtus,  Fab.  Paris. 

Cette  espèce  se  trouve  constamment  près  des  corps  morts,  des 
reptiles  en  putréfaction,  des  taupes,  et  de  toute  sorte  d'animaux 
qui  se  décomposent.  En  fouillant  dans  ces  cadavres,  on  est  sûr 
d'y  trouver  ce  joli  Insecte  (commun). 

5.  Emus  erythropterus,  Fab.  Paris. 

dimidiaticornis,  Zieg.  Austria. 

Cette  espèce  se  trouve  particulièrement  parmi  les  broussailles 
entraînées  par  les  eaux  dans  les  parties  basses  de  tout  le  littoral 
(commune). 

4.  Emus  oleus,  Fab.  Paris. 

5.  Emus  fossor,  Fab.  Gallia. 

On  trouve  ces  deux  espèces  dans  les  champs,  sous  les  pierres 
et  les  broussailles,  souvent  aussi  près  des  corps  morts.  Lorsqu'on 
place  quelque  cadavre  comme  appât  pour  y  prendre  des  insectes, 
il  n'est  pas  rare  d'y  trouver  ces  deux  espèces  réunies  (communes). 

6.  Emus  nebulosus,  Fab.  ;    _     . 

'   Parts 

7.  Emus  cyaneus,  Fab.  \ 

cyanescens,  Zieg.  (var.)  Styria. 
H.  Emus  similis,  Fab.  Paris. 

alpestris,  Dabi,  (var.)    i 
9.  Emus  fuscatus,  d'aveuli.        S 
10.  Emus  morio,  Fab.  Paris. 

Ces  cinq  espèces  se  trouvent  répandues  dans  les  champs, 
sous  les  mottes,  dans  les  broussailles  et  sous  les  pierres  où  il 
y  a  de  l'humidité.  Les  Fmcatus  et  Morio  sont  regardés  comme 
deux  variétés  de  la  même  espèce,  et  réellement  les  caractères  qui 


620  HISTOIRE   NATURELLE. 

peuvent  les  distinguer,  sont  peu  sensibles.  Ils  sont  plus  rares  que 
les  autres. 

11.  Emus  pubescens,  Fab.         )  _     . 

>    rdV'IS. 

12.  Emus  aeneocephalus,  Fab.   \ 

On  trouve  ces  deux  espèces  sous  les  broussailles  qui  ont  été 
accumulées  dans  les  fossés  par  les  eaux,  dans  toutes  les  parties 
basses  et  près  des  étangs  de  toute  la  Salanque  ;  elles  n'y  sont  pas 
cependant  très-communes. 

15.  Emus  rufipes,  Latr.  Paris. 

Dejeanii,  Dabi.  Dalmatia. 

Nous  avons  constamment  trouvé  cette  espèce  dans  les  régions 
élevées  de  nos  montagnes,  dans  les  champs,  sous  les  mottes  de 
terre  et  parmi  les  broussailles  des  fossés  (rare). 

14.  Emus  lutarius,  Gravenhorst.  Gallia. 

15.  Emus  mûri  nus,  Fab. 


16.  Emus  rufipalpis,  Dej. 

17.  Emus  jucundus,  Dej,  Jtalia. 

Dans  les  champs,  les  vignes,  les  olivettes,  au  pied  des  arbres 
où  se  sont  accumulées  des  broussailles  putrescibles.  Près  des  tas 
de  fumier  formés  depuis  quelque  temps;  en  en  remuant  les  bords, 
on  est  sûr  d'y  trouver  quelqu'un  de  ces  insectes.  Le  Murinus  et 
le  Jucundus  sont  plus  rares. 

Troisième  Genre,  Astrapeus,  Grav. 

1.  Astrapeus  ulmineus,  Fab.  Paris. 

2.  Astrapeus  picipes,  Payk.  Styria. 

On  trouve  ces  deux  espèces  dans  les  bois  des  régions  moyen- 
nes, sous  les  écorces  et  parmi  les  broussailles  du  pied  des  arbres, 
près  des  charognes  et  des  matières  végétales  en  putréfaction 
(très-rares). 


INSECTES. 


621 


Quatrième  Genre,  Microsaurus,  Dej. 

1.  Microsaurus  fuliginosus,  Grav.) 

2.  Microsaurus  impressus,  Grav.[  Paris. 

5.  Microsaurus  floralis,  Dahl.       ) 

4.  Microsaurus  boops,  Grav.  Suecia. 
o.  Microsaurus  lœvigatus,  Gyll.  Gallia. 

6.  Microsaurus  vicinus,  Dej.  Paris. 

Les  espèces  de  ce  genre  se  trouvent  répandues  dans  la  plaine 
et  dans  les  régions  moyennes  de  nos  montagnes  ;  en  général 
dans  les  champs,  sous  les  mottes,  les  bouses,  les  broussailles, 
et  partout  où  il  y  a  des  excréments. 

V Impressus  et  le  Lœvigatus  sont  assez  rares. 


1.  Staphy 

2.  Staphy 

3.  Staphy 

4.  Staphy 

5.  Staphy 

6.  Staphy 

7.  Staphy 

8.  Staphy 

9.  Staphy 

10.  Staphy 

11.  Staphy 

12.  Staphy 

13.  Staphy 

14.  Staphy 

15.  Staphy 


nquième  Genre,  Staphy linus,  Lin. 

nus  cyanipennis,  Grav.  Gallia. 

nus  cœrulescens,  Dej.  Paris. 

nus  consimilis,  Dej.  Italia. 

nus  ruhmanus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

nus  tristis,  Zieg.  Austria. 

nus  œneus,  Grav.  Paris. 

nus  cœnosus,  Grav.  Gallia. 

nus  politus,  Fab.  j 

nus  intermedius,  Dej.  [  Paris. 

nus  sanguinolentus,  Grav.  ) 

nus  punctus,  Grav.  Gallia. 

nus  bimaculatus,  Grav.  Austria. 

nus  quisquiliarius,  Gyll.  ) 

nus  varians,  Gyll.  J 

nus  nigrans,  Dahl.  Austria. 


Parii 


622  HISTOIRE   NATURELLE. 

16.  Staphylinus  ebeninus,  Grav.        (  u 

17.  Staphylinus  bipustulatus,  Fab.     ) 

18.  Staphylinus  dimidiatus,  Dej.  Austria. 

19.  Staphylinus  dimidiatipennis,  Dej.)  „  ... 

20.  Staphylinus  distinguendus,  Dej.  ) 

21.  Staphylinus  virgo,  Grav.  i  _      . 

22.  Staphylinus  splendidulus,  Grav.  \  L 
25.  Staphylinus  vernalis,  Grav.  Austria. 

Ce  genre  très-nombreux  est  répandu  dans  tout  le  département. 
On  trouve  ces  Insectes  dans  des  endroits  si  différents,  qu'on  ne 
peut  leur  assigner  de  localité  fixe  ;  mais  toutes  les  matières  pu- 
trescibles, les  charognes,  les  fumiers,  les  excréments  de  toute 
espèce,  les  amas  de  végétaux,  le  pied  des  arbres  garnis  de  débris 
et  de  mousses,  sont  leur  repaire  ;  ils  s'y  trouvent  bien  parce  que 
ces  endroits  recèlent  beaucoup  de  larves  dont  ils  font  leur  nour- 
riture. 

Toutes  ces  espèces  ne  sont  pas  aussi  communes  les  unes  que 
les  autres.  Nous  citerons  comme  les  plus  rares,  le  Dimidiatus, 
le  Splendens,  le  Rufimanus  et  le  Distinguendus. 

Sixième  Genre,  Cafius,  Leach. 

1.  Cafius  xantholoma,  Grav.  Gallia. 

2.  Cafius  littoralis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Ces  deux  espèces,  quoique  rares,  se  trouvent  dans  les  bouses 
des  prairies  montagneuses  fréquentées  par  les  bestiaux. 

Septième  Genre,  Xantholinus,  Dahl. 

1.  Xantholinus  pyropterus,  Grav.  Paris. 

2.  Xantholinus  meridionalis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Paris. 


o.  Xantholinus  fulgidus,  Grav. 


4.  Xantholinus  elongatus,  Grav. 


INSECTES.  biâ 

5.  Xantholinus  elegans,  Grav.  Germania. 

6.  Xantholinus  ochraceus,  Grav.  Paris. 

longiceps,  Gyll.  (var.)  Suecia. 

7.  Xantholinus  minutus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

8.  Xantholinus  Hispanicus,  Dej.  Hispania. 

9.  Xantholinus  lentus,  Grav.  Suecia. 

10.  Xantholinus  cadaverinus,  Dahl.   )    .     A  . 

f  Austria. 

11.  Xantholinus  episcopalis,  Knoch.  ^ 

Répandus  dans  tout  le  département,  ces  Insectes  n'ont  pas  de 
localité  fixe.  Nous  les  avons  pris  dans  des  endroits  bien  différents, 
mais  de  préférence  sous  les  pierres  humides  où  il  y  a  des  matières 
en  décomposition.  Le  Pyropterus,  le  Minutus,  Y  Hispanicus,  le 
Cadaverinus  et  Y  Episcopalis  sont  rares. 

Huitième  Genre,  Saur  iodes,  Dej. 

1.  Sauriodes  fulminans,  Grav.  Paris. 

2.  Sauriodes  punctatissimus ,  Dej.   Gallia  meridionalis. 
5.  Sauriodes  alternans,  Grav.  Germania. 

4.  Sauriodes  melanocephalus,  Grav.  Austria. 

Mêmes  habitudes  que  le  genre  précédent;  on  les  trouve  dans 
les  mêmes  localités,  répandus  dans  tout  le  département.  Ils  sont 
assez  rares. 

Neuvième  Genre,  Âchenium,  Leach. 

1.  Achenium  cordatum,  Dahl.  Paris. 

2.  Achenium  depressum,  Grav.  Austria. 

5.  Achenium  testaceum,  Dej.  Hispania. 

4.  Achenium  anale,  Dej.  Rassia  meridionalis. 

Pour  se  procurer  les  Insectes  de  ce  genre ,  il  faut  fouiller  les 
écorces  des  arbres;  quelquefois  on  les  trouve  au  pied  des  arbres 
garnis  de  mousse,  dans  les  endroits  humides  et  aussi  sous  les  pierres. 


t)24  HISTOIRE    NATURELLE. 

Dixième  Genre,  Lathrobium,  Grav. 

1.  Lathrobium  pilosum,  Grav.  Austria. 

2.  Lathrobium  elongatum,  Fab.  Paris. 

3.  Lathrobium  fuliginosum,  Dej.  ] 

4.  Lathrobium  biguttulum,  Meg.  J  G  allia  meridionalis . 

5.  Lathrobium  méridionale,  Dej.  ) 

6.  Lathrobium  ançusticolle,  Dahl.  )   n     . 

}  Paris . 

7.  Lathrobium  multipunctatum,  Grav.     ) 

8.  Lathrobium  rufipenne,  Gyll.  Suecia. 

Ce  genre  se  trouve  généralement  sous  les  pierres  humides ,  le 
long  des  cours  d'eau,  notamment  à  l'embouchure  des  canaux  qui 
charrient  les  immondices  de  la  ville,  et  dans  les  ruisseaux  où  se 
trouvent  des  matières  putréfiées.  Le  Biguttulum  et  YAngusticoUe 
sont  très-rares. 

9.  Lathrobium  brunipes,  Fab.  Gallia  borealis. 
10.  Lathrobium  Gyllenhalii,  Dej.  Suecia. 

H.  Lathrobium  siculum,  Dej.  Sicilia. 
12.  Lathrobium  difficile,  Dej.  Italia. 

Ces  quatre  espèces  ont  été  trouvées  sur  les  bords  des  ravins  qui 
se  jettent  dans  la  rivière  de  Vernet,  entre  Saint-Martin-du-Canigou 
et  Castell,  sous  les  pierres  et  les  détritus  des  végétaux.  Probable- 
ment elles  doivent  habiter  les  environs  des  jasses  de  la  première 
station  des  bestiaux  (rares). 

Onzième  Genre,  Pœderus,  Fab. 

1 .  Paederus  littoralis,  Grav.  Paris. 

2.  Paederus  riparius,  Fab.  Gallia. 

3.  Paederus  melanurus,  Gêné.  Italia. 
A.  Paederus  ruficollis,  Fab.  Paris. 

Il  faut,  pour  se  procurer  les  Insectes  de  ce  genre,  parcourir  les 
bords  des  rivières  de  La  Tet  et  du  Tech,  et  les  bords  des  torrents 


INSECTES.  &2~> 

qui  viennent  se  jeter  dans  ces  rivières;  les  pierres  humides  et 
les  broussailles  renferment  la  plupart  des  espèces  de  ce  genre. 
Le  Ruficollis  est  rare. 

Douzième  Genre,  Lithocaris,  Dej. 

1.  Lithocaris  testacea,  Dej.  Paris. 

2.  Lithocaris  ferruginea,  Dej.  Hispania. 
5.  Lithocaris  bicolor,  Grav.  Austria. 

I.  Lithocaris  misella,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

5.  Lithocaris  exigua,  Dej.  Italia. 

6.  Lithocaris  minuta,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

7.  Lithocaris  pusilla,  Dej.  Dalmatia. 

8.  Lithocaris  fuscula,  Ziegl.  Austria. 

Non-seulement  ce  genre  habite  sous  les  pierres  humides  le 
long  des  cours  d'eau,  mais  on  le  rencontre  encore  dans  tous  les 
endroits  humides  où  se  trouvent  des  broussailles  amassées.  Ces 
Insectes  sont  petits,  très-agiles  et  difficiles  à  saisir.  Les  Pusilla 
et  Fuscula  sont  très-rares. 

Treizième  Genre,  Rugilus,  Leach. 

1.  Rugilus  orbiculalus,  Fab.  Paris. 

megacephalus,  Dahl.  (var.)  Austria. 

2.  Rugilus  scabricollis,  Dahl.  Austria. 
5.  Rugilus  fragilis,  Grav.  Italia. 

Les  Rugilus  sont  des  Insectes  qu'il  faut  aussi  chercher  sous 
les  pierres  humides  et  parmi  la  mousse  du  pied  des  arbres.  Les 
deux  derniers  sont  très-rares;  on  les  trouve  dans  les  ravins  des 
environs  d'Oms,  sous  les  amas  de  végétaux  en  putréfaction. 

Quatorzième  Genre,  Astenus,  Dej. 

1.  Astenus  procerus,  Knoch.  Paris. 

2.  Astenus  anguinus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

TOME    III.  40 


6?t>  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Àstenus  quadricollis,  Dej.  Hispania. 

4.  Astenus  bimaculatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

T>.  Astenus  intermedius,  Dej.  Italia. 

Lieux  humides  et  pierreux ,  mais  toujours  près  des  matières 
en  décomposition.  Nous  les  avons  trouvés  dans  toutes  les  régions. 

Quinzième  Genre,  Dianous,  Leach. 

4.  Dianous  rugulosus,  Leach.  Anglia. 

2.  Dianous  eordatus,  Grav.  Gallia  meridionalis. 

Mêmes  habitudes  et  mêmes  lieux  que  le  genre  précédent,  dont 
ils  diffèrent  peu. 

Seizième  Genre,  Sternes,  Fab. 
1.  Slenus  biguttatus/Fab. 


2.  Stenus  oculatus,  Grav. 

3.  Stenus  ater,  Dabi.  i 

4.  Stenus  cicindeloïdes,  Grav.      ] 

5.  Stenus  brunipes,  Dej.  Suecia. 

6.  Stenus  spécula tor,  Dabi.  Paris. 

7.  Stenus  geniculatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

8.  Stenus  rusticus,  Dej.  Italia. 

9.  Stenus  binotatus,  Grav.  Paris. 
JO.  Stenus  carbonarius,  Dej.  Suecia. 

41.  Stenus  contractatus,  Dej.  Italia. 

42.  Stenus  fuscipes,  Grav.  Suecia. 
15.  Stenus  latifrons,  lùiocb.  Austria. 

14.  Stenus  bifoveolatus,  Gyll,  Suecia. 

15.  Stenus  circularis,  Grav.  Austria. 

Les  Insectes  qui  appartiennent  à  ce  groupe,  se  trouvent  dans 
des  localités  si  différentes  qu'on  ne  peut  en  indiquer  de  bien 
précises.  Cependant,  ce  sont  toujours  les  endroits  humides  qu'il 


INSECTES.  6'2"t 

faut  touiller  pour  les  avoir,  sous  les  écorces,  sous  les  pierres, 

dans  la  mousse  au  pied  des  arbres,  sous  les  débris  des  végétaux. 
On  en  trouve  de  répandus  dans  toutes  les  régions,  et,  en  fouillant 
les  bouses  des  environs  des  jasses  des  régions  moyennes,  on  en 
fait  bonne  provision. 

Dix-septième  Genre,  Oxiporus,  Fab. 

1.  Oxiporus  rul'us,  Fab.  Paris. 

2.  Oxiporus  maxillosus,  Fab.  Germania. 

C'est  encore  sous  les  pierres  humides,  au  bord  des  cours  d'eau 
qu'on  trouve  ce  genre  d'insectes. 

Dix-huitième  Genre,  Prognatus,  Latr. 
1.  Prognatus  quadricornis,  Kirb.  Gallia  occidentales. 

Nous  avons  trouvé  toujours  cet  Insecte,  qui  du  reste  est  fort 
rare,  dans  les  fourmilières. 

Dix-neuvième  Genre,  Bled  lus,  Leach. 

1.  Bledius  armatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Bledius  tricornis,  Grav.  Gallia. 

5.  Bledius  taurus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
4.  Bledius  litigiosus,  Dej.  Ilalia. 

o.  Bledius  vitulus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

6.  Bledius  procerus,  Dahl.  Austria. 

7.  Bledius  maxillosus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

8.  Bledius  obscurus,  Leach.  Ânglia. 

9.  Bledius  femoralis,  Dej.  )  _ 

Mf\   ru   i-         i       ~  ,.  [  Suecia. 

10.  Bledius  talpa,  Gyll.  ) 

U.  Bledius  unicornis,  Dej.  llhjria. 

Lieux  humides,  parmi  les  broussailles,  le  pied  des  arbres 
garnis  de  mousse,  dans  les  bouses  et  les  fourmilières.  UObscurus 
et  Y  Unicornis  sont  fort  rares. 


tï2K  HISTOIRE   NATURELLE. 

Vingtième  Genre,  Platystethus,  Mann. 

1.  Platystethus  Cornatus,  Grav.  î         . 

2.  Platystethus  striolatus,  Ziegl.  \ 

3.  Platystethus  nodifrons,  Mann.  Russia  borealis. 

Mêmes  lieux  que  le  genre  précédent,  dont  il  a  toutes  les  habi- 
tudes. Ces  trois  Insectes  sont  fort  rares. 

Vingt-unième  Genre,  Oxitelus ,  Grav. 

1.  Oxitelus  l'uscatus,  Dej.  Nord. 

2.  Oxitelus  piceus,  Grav.  j 

3.  Oxitelus  flavipes,  Dahl.  [  Paris. 

4.  Oxitelus  depressus,  Grav.        ) 

5.  Oxitelus  fusculus,  Sturm.  Germania. 

6.  Oxitelus  rugosus,  Leach.  Anglia. 

Comme  les  genres  précédents,  ils  habitent  les  mêmes  lieux, 
sous  les  débris  des  végétaux  amassés  dans  les  endroits  humides , 
sous  les  pierres  et  les  mousses,  et  sont  répandus  dans  toutes  les 
contrées  où  se  trouvent  des  matières  putrescibles.  Les  trois  der- 
niers sont  très-rares. 

Vingt-deuxième  Genre,  Anthophagus,  Grav. 

1.  Anthophagus  ohscurus,  Grav.  Suecia. 

2.  Anthophagus  ambiguus,  Dej.  \ 

5.  Anthophagus  tlavipennis,  Dej.  >  Gallia  meridionalis. 
4.  Anthophagus  dichrous,  Grav.  ) 

0.  Anthophagus  rufîpennis,  Dej.  Gallia  orientalis. 

6.  Anthophagus  bimaculatus,  Dahl.  Austria. 

1.  Anthophagus  Hispanicus,  Dej.  Hispania. 

8.  Anthophagus  binotatus,  Fab.  Gallia  orientalis. 

9.  Anthophagus  caraboïdes,  Grav.  Suecia. 
10.  Anthophagus  cribarrus,  Dej.  Ttalia. 


TNSFCTES..  620 

Habitent  les  bouses,  sous  les  écorces,  les  fourmilières  et  les  lieux 

humides  où  se  trouvent  des  broussailles  amassées.  Le  Dichrous  et  le 
Flavipennis  sont  fort  rares.  J'ai  trouvé  les  quatre  dernières  espèces 
sous  les  bouses  et  les  matières  végétales  en  décomposition  près  la 
•lasse  de  la  Solanète,  à  Cqpta-Bona. 

Vingt-troisième  Genre,  Anthobium. 

1.  Anthobium  oblongum,  Dej.      j 

2.  Anthobium  rivulare,  Grav.       j 

0.  Anthobium  fuliginosum,  Dej.  Gallia. 
i.  Anthobium  Italicum,  Dej.  Italia. 

5.  Anthobium  florale,  Grav.  Paris. 

6.  Anthobium  oxiacanlhœ,  Dabi.  Auslria. 

7.  Anthobium  cgesum,  Gyll.  Suecia. 

8.  Anthobium  angusticolle,  Leach.  Anglia. 

9.  Anthobium  salicinum,  Gyll.  Suecia. 

Comme  le  genre  précédent,  dont  ils  ont  toutes  les  habitudes, 
ils  se  trouvent  aussi  dans  les  mêmes  lieux.  Les  deux  dernières 
espèces  sont  rares. 

Vingt-quatrième  Genre,  Àcidota,  Kirb. 

1.  Acidota  crenata,  Fab.  Paris. 

2.  Acidota  rufa,  Dahl.  Auslria. 

3.  Acidota  ferruginea,  Dej.  Paris. 

On  trouve  ces  Insectes  dans  les  bouses  et  les  fourmilières,  et 
sous  les  pierres  des  lieux  humides. 

Vingt-cinquième  Genre,  Omalium,  Grav. 

1.  Omalium  testaceum,  Grav.  Paris. 

2.  Omalium  productum,  Dej.  Pijreuœi  orientales. 
o.  Omalium  luridum,  Dej.  Gallia  orieatalis. 

i.  Omalium  ophthalmicum,  Gyll.  Gallia, 


680  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Omalium  abdominale,  Sturm.  Germania. 

6.  Omalium  pygmœum,  Grav.  Suecia. 

Ce  genre  se  compose  d'espèces  assez  petites,  qui  ont  les  mêmes 
habitudes  que  les  genres  précédents.  On  se  les  procure  dans  les 
mêmes  lieux  et  dans  les  mêmes  circonstances. 

Vingt-sixième  Genre,  Proteinus,  Latr. 

1.  Proteinus  brachypterus,  Fab.  Paris. 

Nous  avons  toujours  trouvé  ce  petit  Insecte  sous  les  écorces  des 
arbres  qui  se  dessèchent  et  quelquefois  dans  les  fourmilières  (rare). 

Vingt-septième  Genre,  Phlœobium,  Dej. 

1.  Phlœobium  depressum,  Gyll.  Suecia. 

2.  Phlœobium  nitiduloïdes,  Dej.  Paris. 

5.  Phlœobium  corticale,  Dej.  Gallia  occidentalis. 
\.  Phlœobium  marginicolle,  Dej.  Paris. 

Sous  les  écorces  des  arbres  abattus  dans  des  lieux  humides,  les 
amas  de  végétaux  rejetés  par  les  inondations  et  quelquefois  dans 
les  bouses. 

Vingt-huitième  Genre,  Bryocharis,  Lacord. 

1  «  Bryocharis  Dahlii,  Dej.  (var.  du  Bicolor,  Dahl.)  Auslria. 

Cet  Insecte,  qui  est  excessivement  rare,  a  été  toujours  trouvé 
aux  Albèrcs  dans  les  fourmilières  et  très-profondément. 

Vingt-neuvième  Genre,  Bolitobius,  Leach, 

1.  Bolitobius  atricapillus,  Fab.  Paris. 
"2.  Bolitobius  distinctus,  Dej.  Gallia. 

3.  Bolitobius  trimaculatus,  Fab.  )    _ 
,_,...  „  .         ;  Suecia. 

4.  Bolitobius  pygmœus,  rah.       \ 

5.  Bolitobius  merdarius,  Fab.  Auslria. 

6.  Bolitobius  terminatus,  Dej.  Oroatia. 


INSECTES.  0$ 

7.  Bolitobius  lormosus,  Grav.  Russia  boreulis. 

8.  Bolitobius  brunneus,  lllig,  Auslria. 

Insectes  très-petits,  qui  habitent  les  mêmes  lieux  que  les  genres 
voisins,  et  qu'on  trouve  disséminés  dans  toutes  les  localités  que1 
nous  venons  d'énumérer;  quelques-uns  sont  fort  rares. 

Trentième  Genre,  Mycetoporus,  Mann. 

1.  Mycetoporus  rufescens,  Dej.  Paris. 

Insecte  fort  joli  et  très-rare,  de  bien  petite  taille.  On  ne  le  trouve 
que  sur  le  bord  des  eaux,  sous  les  pierres  humides. 

Trente-unième  Genre,  Tachinus ,  Grav. 

1.  Tachinus  humeralis,  Grav.  Paris. 

2.  Tachinus  ruiîpennis,  Gyll.  Suecia. 
5.  Tachinus  marginellus,  Fab.  Paris* 
i.  Tachinus  subterraneus,  Fab. 

5.  Tachinus  collaris,  Grav. 

6.  Tachinus  punctatus,  Dej.  Ausjtria. 

7.  Tachinus  scapularis,  Dej.  Russia  borealis. 

8.  Tachinus  dubius,  Gyll.  Finlandia. 

9.  Tachinus  laticollis,  Grav.  Suecia, 

Ce  genre  se  compose  d'insectes  de  très-petite  taille.  Ils  habitent 
les  bouses,  les  champignons  et  sous  les  écorces.  Quelques-uns 
sont  fort  rares. 

Trente-deuxième  Genre,  Tachyporus,  Grav. 

1.  Tachyporus  margïnatus,  Grav.  Paris. 

2.  Tachyporus  chrysomelinus,  Fab.  Suecia. 

5.  Tachyporus  pubescens,  Grav.  )    .     J  . 

•'  l      .  [   Auslna. 

ï.  Tachyporus  saginalus,  Grav.    S 

">.  Tachyporus  analis,  Fab.  Paris. 


Suecia. 


632  HISTOIRE  NATURELLE. 

^  .        \     J*      .  {  Gallia  meridionalis. 

7.  Tachyporus  circumdatus,  Dej.  ) 

8.  Tachyporus  humerosus,  Knoch.  Austria. 

9.  Tachyporus  abdominalis,  Fab.  Suecia. 

Les  Insectes  qui  composent  ce  genre  ont  des  couleurs  très- 
variées  et  sont  excessivement  agiles.  Quand  on  découvre  leur 
retraite,  ils  fuient  en  relevant  leur  abdomen,  et  sont  difficiles 
à  saisir.  Ils  habitent  les  champignons  et  les  bords  des  tas  de 
fumier,  lorsqu'il  est  déposé  dans  les  champs. 

Trente-troisième  Genre,  Hypocyphtus,  Schup. 

1.  Hypocyphtus  globulus,  Dej.  Paris. 

2.  Hypocyphtus  longicornis,  Gyll.  Suecia. 

Habitent  les  fourmilières  et  les  champignons;  ils  sont  très- 
petits  et  très-agiles.  On  les  prend  avec  difficulté. 

Trente-quatrième  Genre,  Lomechusa,  Grav. 

1.  Lomechusa  paradoxa,  Grav.  Gallia. 

2.  Lomechusa  emarginata,  Fab.  Suecia. 

3.  Lomechusa  intermedia,  Dej.  Styria. 

Comme  les  genres  précédents,  ils  sont  de  petite  taille;  leurs 
couleurs  sont  agréablement  disposées.  Us  habitent  les  mêmes 
localités. 

Trente-cinquième  Genre,  Âleocharâ,  Grav. 

1 .  Aleocharâ  fuscipes (var .  du  Brevicomis), Dahl.  Austria. 

2.  Aleocharâ  lanuginosa,  Grav.  Paris. 

5.  Aleocharâ  bilineata,  Gyll.  Suecia. 

4.  Aleocharâ  bipunctata,  Grav.  Paris. 

o.  Aleocharâ  angustala,  Chevrier.  Nouv.  Espèce.  Suecia. 

6.  Aleocharâ  melancholica,  Dej.  Austria. 


7.  Aleochara  carnivora,  Grav 

8.  Aleochara  fumata,  Grav. 


insectes.  63^ 

(  Suecia. 


Mêmes  lieux  que  le  genre  précédent ,  dont  ils  ne  sont  qu'une 
section,  et  que  peu  de  chose  distingue.  Les  quatre  derniers  sont 
fort  rares. 

Trente-sixième  Genre,  Gyrophœna,  Mann. 

1.  Gyrophœna  araabilis,  Dej.  Paris. 

2.  Gvrophœna  nitidnla,  Gvll.        )  _ 

_      *       ,  „  >  Suecia. 

0.  Gyrophœna  nana,  Grav.  ) 

4.  Gyrophaena  Genei,  Dej.  Italia. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  très-petites.  Ces  Insectes  courent 
avec  une  vitesse  extraordinaire  lorsqu'on  les  découvre  dans  leurs 
retraites,  toujours  sous  les  végétaux  en  décomposition  et  dans 
les  bouses.  On  les  saisit  avec  une  grande  difficulté. 

Trente-septième  Genre,  Oxipoda,  Mann. 

1.  Oxipoda  trimadulata,  Dej.  Gallia  orientait*. 

2.  Oxipoda  pallidipennis,  Dej.  Âustria. 
7t.  Oxipoda  alternans,  Grav.  Paris. 

4.  Oxipoda  flavicornis,  Dej.  Italia. 
o.  Oxipoda  obfuscata,  Grav.  Suecia. 

6.  Oxipoda  anthracina,  Dej.  Italia. 

7.  Oxipoda  subtilis,  Dej.  Austria. 

8.  Oxipoda  distincta,  Dej.  Italia. 

Comme  le  genre  précédent,  ces  Insectes  vivent  dans  les  mêmes 
localités.  Ils  sont  très-difficiles  à  saisir,  très-agiles  et  fort  petits. 
UObfuscata  et  le  Subtilis  sont  très-rares. 

Trente-huitième  Genre,  Bolitochara,  Mann. 

\.  Bolitochara  misella,  Dej.  )•«»,■  •,•      •« 

_    ^  ,.  *   _  .      (rallia  meridionalis. 

2.  Bolitochara  consentanea,  \)e\.y 


63 i  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Bolitochara  nigriceps,  Dej.  Gallia. 

4.  Bolitochara  angustula,  Gyll.  Suecia. 

5.  Bolitochara  boleti,  Grav.  Paris. 

0.  Bolitochara  melanocephala,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

7.  Bolitochara  confusa,  Dej.  Italia. 

8.  Bolitochara  ruficollis,  Dahl.  Austria. 

9.  Bolitochara  brevicollis,  Dej.  Dalmatia. 

10.  Bolitochara  crassicornis,  Gyll.  Suecia. 

11.  Bolitochara  alricollis,  Dahl.  Austria. 

12.  Bolitochara  modica,  Dej.  Italia. 

Les  Bolitochara,  nombreux  en  espèces,  sont  assez  répandus 
dans  toutes  les  parties  basses  du  littoral;  ils  courent  avec  vitesse 
lorsqu'on  les  découvre;  ils  vivent  dans  les  hautes  régions,  au 
milieu  des  bouses,  des  fientes,  des  fourmilières  et  dans  les  bolets 
en  décomposition.  Les  quatre  dernières  espèces,  qu'on  trouve 
toujours  dans  les  régions  supérieures,  sont  très-rares. 

Trente-neuvième  Genre,  Drusilla,  Leach. 

1.  Drusilla  canaliculata,  Fab.  Paris. 

A  peine  ce!  Insecte  diffère-t-il  du  genre  précédent,  dont  il  a 
les  habitudes.  On  le  trouve  surtout  dans  les  champignons. 

Quarantième  Genre,  Homàlota,  Mann. 
1.  Homalota  plana,  Gyll.  Suecia. 

Gel  Insecte  habite  les  fourmilières  dans  les  bois  des  régions 
moyennes.  Nous  ne  l'avons  jamais  trouvé  dans  la  plaine  (rare). 

Quarante-unième  Genre,  Falagria,  Leach. 

1.  Falagria  obscura,  Grav.  )   ■      . 

Paris 

2.  Falagria  lineolata,  Dej.  j 

7).  Falagria  armiger,  Chevrier.  Suecia... 


INSECTES.  639 

I.  Falagrïa  bimaculata,  Chevrier.  Sxiecié, 
5.  Falagria  picea,  Grav.  Austrin. 

Ce  genre  se  compose  d'insectes  de  petite  tuille,  qu'on  trouve 
dans  les  prairies  humides,  sous  les  bouses  et  sous  les  écorces 
des  arbres.  Ils  sont  très-agiles,  et  on  les  prend  avec  beaucoup 
de  difficulté. 

Quarante-deuxième  Genre,  Autalia,  Leaçh. 

J .  Autalia  rivularis,  Grav.  Siœcia. 
■2.  Autalia  impressa,  Grav.  Paris. 

Les  Autalia  sont  aussi  très-petits  et  ont  les  mêmes  habitudes 
que  le  genre  précédent.  On  se  procure  ces  Insectes  dans  les 
mêmes  lieux  et  dans  les  mêmes  conditions. 

Famille  des  Sternoxes. 

La  famille  des  Sternoxes  a  été  divisée  en  deux  tribus: 
celle  des  BupresUdeset  celle  des  Elaterides;  cette  dernière 
est  caractérisée  par  un  appareil  particulier  placé  sous  le 
sternum  et  qui  lui  sert  à  sauter. 

Leurs  caractères  généraux  sont  :  Mandibules  entières; 
palpes  terminées  généralement  par  un  article  presque 
cylindrique  ou  ovoïde,  quelquefois  globuleux;  yeux  ova- 
les; corps  le  plus  souvent  ovalaire  ;  pattes  très-courtes. 
La  forme  de  ces  Insectes  est  très-variée  :  les  uns  sont 
cylindriques;  d'autres  sont  aplatis  et  elliptiques;  d'autres 
sont  ovoïdes;  d'autres  presque  triangulaires;  d'autres 
enfin  linéaires,  et,  dans  tous,  l'extrémité  des  élytres  est 
plus  ou  moins  acuminée.  Toutes  ces  formes  sont  géné- 
ralement peu  gracieuses,  ce  qui  tient  d'une  part  à  ren- 
foncement de  la  tète  dans  le  prolhorax,  et  d'une  autre, 
a  la  jonction  presque  intime  de  celui-ci  avec  la  base  des 


63fi  .  HISTOIRE  NATURELLE. 

élytres,  organisation  qui  ôte  à  l'Insecte  la  liberté  de  ses 
mouvements  dans  ces  diverses  parties,  et  le  fait  paraître 
tout  d'une  pièce.  Mais  si,  sous  ce  rapport,  les  Buprestides 
le  cèdent  à  la  plupart  des  autres  Coléoptères,  notamment 
aux  Longicomes  aux  formes  élancées ,  ils  l'emportent 
sur  tous  par  l'éclat  et  la  vivacité  des  couleurs  dont  la 
nature  s'est  plue  à  les  parer.  Ici,  c'est  l'éclat  de  l'or  poli, 
brillant  sur  un  fond  d'émeraude,  ou  l'azur  qui  se  détache 
sur  un  fond  d'or;  là,  ce  sont  des  couleurs  non  métalli- 
ques, mais  les  plus  vives  et  les  plus  tranchées,  et  néan- 
moins assorties  de  manière  à  ne  pas  offenser  l'œil  le  plus 
délicat;  enfin,  il  en  est  qui,  indépendamment  de  leurs 
belles  couleurs,  sont  garnis  de  touffes  ou  de  pinceaux 
de  poils  auxquels  ils  doivent  un  aspect  singulier  :  aussi, 
cette  tribu  est-elle  la  plus  recherchée  des  amateurs. 
Geoffroy,  dans  son  style  pittoresque,  a  donné  à  ces  Insec- 
tes le  nom  de  Richards.  Leur  taille  n'est  pas  moins 
variée  que  leur  forme,  et  présente  les  plus  grands  con- 
trastes. Généralement  les  espèces  exotiques  l'emportent 
par  leur  beauté  sur  les  espèces  d'Europe. 

Leurs  mœurs,  à  l'état  parfait ,  n'offrent  rien  de  bien 
intéressant.  L'extrême  brièveté  de  leurs  pattes,  fait  qu'ils 
ont  beaucoup  de  peine  à  marcher  ;  mais,  en  revanche, 
ils  volent  avec  beaucoup  d'agilité ,  surtout  par  un  temps 
sec  et  chaud.  Cependant,  lorsqu'on  veut  les  saisir,  soit 
sur  une  fleur,  soit  sur  une  feuille,  soit  sur  le  tronc  d'un 
arbre  où  ils  aiment  à  se  reposer,  ils  préfèrent  se  laisser 
choir  plutôt  que  de  s'envoler,  ce  qu'ils  peuvent  faire  sans 
se  blesser,  vu  l'extrême  dureté  de  leurs  téguments  qui 
fait  souvent  rebrousser  l'épingle  de  l'entomologiste  qui 
veut  les  transpercer.   Les  femelles  sont  pourvues  d'une 


INSECTES.  G37 

tarière  cornée,  au  moyen  de  laquelle  elles  déposent  leurs 
œufs  dans  le  bois  dont  leurs  larves  doivent  se  nourrir. 
Quant  ii  celles-ci,  elles  sont  encore  peu  connues. 

Premier  Genre,  Acmœodera,  Eschs. 

1.  Acmaeodera  tœniata,  Fab. 

2.  Acmœodera  vestita,  Dej.         f    _  „.  ... 

*   .       }  trama  meridionalis. 
o.  Acmœodera  vanegata,  Dej.      i 

4.  Acmaeodera  sexpustulata,  Dej.  ' 

5.  Acmaeodera  hirsutula,  Dej.  Hispania. 

6.  Acmœodera  piloselke,  Bonel.  Gallia  meridionalis . 

7.  Acmœodera  Pedemontana,  Dej.  Pedemonte. 

Ces  Insectes  vivent  dans  toutes  les  régions ,  et  se  tiennent  sur 
les  branches  des  arbustes  dans  une  immobilité  complète  ;  si 
on  touche  la  branche,  quand  on  va  les  prendre,  ils  se  laissent 
aussitôt  tomber  à  terre.  Comme  ils  sont  ordinairement  sur  les 
aubépines  et  sur  les  arbustes  qui  forment  les  haies  des  pro- 
priétés, on  les  perd  facilement  dans  les  broussailles  ;  il  faut  donc 
prendre  la  précaution  de  placer  au-dessous  le  parapluie  ou  le 
fdet  avant  de  battre  l'arbuste.  A  de  rares  exceptions  près , 
les  Insectes  de  la  famille  des  Sternoxes  vivent  sur  l'arbre, 
l'arbuste  ou  la  plante  qui  a  nourri  les  larves.  Si  on  veut  se 
procurer  de  beaux  sujets ,  il  faut  les  rechercher  sur  les  végétaux 
qui  les  ont  nourris.  Le  Tœniata ,  le  Vestita,  VHirsutula  et  le 
Pedemontana  sont  fort  rares. 

Deuxième  Genre,  Capnodis,  Eschs. 

\ .  Capnodis  tenebricosa,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Capnodis  cariosa,  Fab.  Italia. 

5.  Capnodis  tenebrionis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Comme  le  genre  précédent,  ces  Insectes  se  tiennent  sur  les 
branches  des  arbustes  et  dans  les  haies  ;  ils  se  laissent  aussi 


038  HISTOIRE   NATURELLE. 

tonobcr  à  terre  au  moindre  mouvement  qu'on  imprime  à  l'ar- 
buste; il  faut  donc  prendre  les  mômes  précautions  pour  les 
avoir.  Le  Cariosa  est  très-rare,  tandis  que  les  deux  autres  sont 
fort  communs. 

Troisième  Genre,  Dicera,  Eschs. 

1.  Dicera  aenea,  Lin.  Gattià  meridionalis. 

2.  Dicera  berolinensis,  Fab.  Gallia. 
5.  Dicera  acuminata,  Fab.  Suecia. 
4.  Dicera  aurulenta,  Chev.  Paris. 

0.  Dicera  cruciata,  Corap.  N.  E.  Pyrenœi  orientales. 

Nous  trouvons  les  espèces  de  ce  genre  dans  les  forêts  de 
chêne  et  de  chêne-vert  qui  couvrent  les  pentes  des  montagnes 
moyennes.  Elles  se  tiennent  sur  les  rameaux  des  arbustes,  et  de 
préférence  sur  les  jeunes  pousses,  quelquefois  sur  les  plantes 
environnantes  :  en  passant  le  filet  dessus,  on  en  prend  beau- 
coup. Elles  ont  aussi  l'habitude  de  se  laisser  tomber  dès  qu'on 
touche  à  la  branche  ;  il  faut  donc  prendre  les  mêmes  précau- 
tions. 

Quatrième  Genre,  Chalcophora,  Serv. 

1.  Chalcophora  mariana,  Fab.  Germania. 

2.  Chalcophora  Fabricii,  Rossi.  Italia. 

Comme  le  genre  précédent,  ces  Insectes  se  tiennent  sur  les 
jeunes  pousses.  En  fauchant  avec  le  lîtet  sur  les  fourrés,  on  en 
saisit  quelques-uns.  Ils  sont  rares. 

Cinquième  Genre,  Perotis,  Meg. 

1.  Perotis  lugubris,  Fab.  Austria. 

Dans  les  prairies,  sur  les  plantes,  et  surtout  sur  la  bardane  où 
il  est  commun;  on  le  prend  abondamment  en  promenant  le  filet 
sur  les  fourrés  herbeux. 


INSECTES.  63j9 

Sixième  Genre,  Ancylochcira ,  Eschs. 

4.  Ancylocheira  rustica,  Fab. 

2.  Ancylocheira  ilavomaculata,  Fab.    , 

-    A      ,    ,   .  ,„  .         >  (rallia. 

o.  Ancylocheira  octoçuttata.  *ab. 


4.  Ancylocheira  punctata,  Fab. 

5.  Ancylocheira  strigata,  Gebl.  Siberia. 

On  peut  se  procurer  les  espèces  de  ce  genre,  en  les  cherchant 
sur  les  jeunes  pousses  des  bois  taillis,  les  buissons,  les  haies  qui 
couvrent  les  coteaux  de  nos  montagnes  de  la  région  moyenne. 
Il  faut  aussi  prendre  certaines  précautions  pour  les  avoir,  car 
ces  Insectes  se  laissent  tomber  à  terre.  La  larve  du  Flavomaculata 
vit  sur  le  chêne. 

6.  Ancylocheira  sexmaculata,  Comp.  N.  E.  Pyr.  orient. 
Cette  nouvelle  espèce,  que  nous  avons  découverte  aux  environs 

de  Perpignan,  se  fait  remarquer  par  sa  tète  d'un  jaune-ocracé; 
corselet  d'un  vert-bronzé  métallique  à  rellets  brillants  ;  élytres 
couvrant  entièrement  l'abdomen ,  acuminés  à  l'extrémité  posté- 
rieure, d'un  vert  métallique  à  reflets;  une  large  tache  d'un  rouge 
de  feu  à  l'extrémité  humérale  des  élvtres  et  deux  taches  moins 
grandes  de  la  même  couleur,  l'une  à  la  partie  moyenne  externe, 
l'autre  au  tiers  inférieur  externe  des  élvtres;  pattes  brunes; 
antennes  pectinées.  Longueur,  15  millim.;  largeur,  7  millim. 

La  larve  de  cet  Insecte  vit  sur  le  buisson  ardent  (Catoneasler 
pyracantha,  Spach.),  et  c'est  toujours  sur  cet  arbuste  ou  au  pied 
que  nous  avons  trouvé  ce  joli  Bupreste. 

Septième  Genre,  Eurythyrea,  Serv. 

i.  Eurythyrea  micans,  Fab.  Italia. 

La  larve  de  cet  Insecte  vit  dans  le  bois  des  diverses  espèces 
de  peupliers;  car  nous  la  trouvons  constamment  sur  les  troncs 
altérés  de  ces  arbres,  près  des  cours  d'eau.  M.  Pellet  en  a  récolté 
plusieurs  sujets  sortant  d'un  vieux  tronc  du  brousonetia  ou  mûrier 
à  papier (rare). 


640  HISTOIRE   NATURELLE. 

Huitième  Genre,  Lampra,  Meger. 

1.  Lampra  compressa,  Gyll.  Gallia. 

2.  Lampra  plebeja,  Herb.  (var.)  Germania. 
5.  Lampra  rutilans,  Fab.  Gallia. 

4.  Lampra  festiva,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
Les  Lampra  se  tiennent  sur  les  arbres  et  quelquefois  sur  les 
plantes,  mais  plus  particulièrement  sur  les  arbres;  très-souvent 
sur  leurs  troncs  et  sur  les  tiges.  Ce  sont  des  Insectes  qu'il  faut 
saisir  vite;  car  ils  sautent  aussitôt  qu'ils  voient  approcher  la 
main  :  il  est  bon  d'avoir  toujours  le  filet  prêt  à  les  saisir.  Les 
Rutilans  et  Festiva  sont  rares.  Leur  larve  vit  sur  l'ormeau. 

Neuvième  Genre,  Ptosima,  Serv. 

1.  Ptosima  novem  maculata,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Cet  Insecte  est  assez  rare.  On  le  trouve  constamment  sur  les 
cerisiers  et  les  pruniers  sauvages.  La  larve  vit  aux  dépens  de  ces 
arbustes,  qui  sont  fort  communs  dans  les  fourrés  des  coteaux  de 
Saint-Sauveur,  entre  Perpignan  et  Chàteau-Roussillon ;  sur  les 
coteaux  du  Sarrat  d'en  Vaquer,  du  Sarrat  de  las  Guillas,  et  sur 
le  bord  des  ruisseaux  qui  aboutissent  à  la  Basse.  Cet  Insecte 
offre  diverses  variétés,  qui  se  distinguent  par  leur  taille  plus  ou 
moins  grande  et  par  le  nombre  des  taches  placées  sur  les  élytres. 
M.  Villers  a  nommé  Ptosima  sex  maculata  une  de  ces  variétés  qui 
a  six  taches  et  qui  est  plus  petite  que  la  Novem  maculata.  Il  en 
est  qui  ont  huit  taches  et  d'autres  onze  ;  je  ne  crois  pas  que  cela 
suffise  pour  constituer  des  espèces.  Le  filet  promené  sur  les 
fourrés  procure  cet  Insecte,  ou  bien  on  place  une  toile  au-dessous 
des  arbustes  avant  de  les  secouer  ;  par  cette  méthode,  on  se  pro- 
cure une  infinité  d'Insectes  très-intéressants. 

Dixième  Genre,  Chrysobothris ,  Eschs. 

1.  Chrysobothris  chrysostigma,  Fab.  Suecia. 

2.  Chrysobothris  afmis,  Fab.  Gallia. 


INSECTES.  641 

Ces  deux  espèces  ont  constamment  été  trouvées  en  fauchant 
avec  le  filet  sur  les  chaumes  fourrés  où  croit  on  abondance  la 
camomille;  elles  n'y  sont  pas  rares.  Leurs  larves  se  nourrissent 
sur  l'amandier  et  sur  le  chène-blanc. 

5.  Chrysobothris  sexgultula,  Chevrier.  Genève. 

Nous  avons  trouvé  celte  espèce  sur  les  buissons  qui  entourent 
les  propriétés  de  la  plaine ,  et  parmi  les  haies  des  vignes  du 
Vernet  et  de  Malloles.  La  larve  vit,  d'après  M.  Pellet,  naturaliste 
distingué,  dans  le  bois  du  cerisier. 

4.  Chrysobothris  multipunctata,  Corap.  Nouv,  Espèce. 
Pyrenœi  orientales. 

Corps  ellipsoïdal,  déprimé,  un  peu  aplati  en  dessus,  d'un 
bronzé  métallique  brillant  ;  élylres  parsemés  de  points  sans 
ordre,  légèrement  rougeàtres;  le  dessous  du  corps  terne,  un 
peu  jaunâtre;  pattes  noires;  antennes  filiformes.  Longueur, 
12  millimètres;  largeur,  8  millimètres. 

Nous  avons  découvert  cet  Insecte  sur  l'aubépine  (Cratœgus 
monogina,  Jacq.,  ou  Mespillus  oxiacnntha,  Dec),  arbuste  com- 
mun dans  toutes  les  haies  du  département. 

Onzième  Genre,  Anthaxia,  Eschs. 

1.  Anlhaxia  candens,  Fab.  Illyria. 

2.  Anthaxia  manca,  Fab.  Paris. 

3.  Anthaxia  chicorii,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

4.  Anthaxia  nitidula,  Fab.  Paris. 

On  trouve  habituellement  ces  quatre  espèces,  qui  sont  très- 
intéressantes,  dans  les  haies  qui  bordent  les  vignes  et  les  torrents 
de  Casaa-de-Pena.  Ces  Insectes  se  tiennent  ordinairement  sur 
les  fleurs  des  campanulacées,  des  liserons  surtout,  qui  sont  très- 
abondants  dans  cette  contrée.  Leurs  larves,  d'après  M.  Pellet, 
vivraient  dans  l'amandier  et  principalement  sur  l'orme. 

TOME    III.  41 


642  HISTOIRE   NATURELLE. 

o.  Anthaxia  umbellatarum,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

6.  Anthaxia  quadripunctata,  Fab.  Germania. 

Ces  deux  espèces  sont  souvent  trouvées  sur  le  Diplotaxis , 
commun  au  bord  des  routes ,  des  fossés  des  champs  et  des 
prairies  de  toute  la  plaine,  ainsi  que  dans  les  fossés  des  fortifi- 
calions  de  la  ville  et  de  la  citadelle  de  Perpignan. 

7.  Anthaxia  maculicollis,  Dej.   Gallia  meridionalis. 

8.  Anthaxia  salicis,  Fab.  Germania. 

9.  Anthaxia  viminalis,  Ziegl.  Gallia  meridionalis. 

Nous  avons  constamment  trouvé  ces  trois  espèces  sur  les  plantes 
des  taillis  et  des  prairies  de  toute  la  contrée  :  c'est  en  fauchant 
que  nous  les  avons  toujours  retirées  du  filet.  Rarement  en  aper- 
çoit-on un  individu  isolé  sur  une  plante. 

Douzième  Genre,  Sphenoptera ,  Dej. 

1 .  Sphenoptera  geminata,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

2.  Sphenoptera  gemellata,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
Insectes  constamment  trouvés  sur  les  ombellifères  et  les  cam- 

panulacées,  dans  les  fourrés  des  taillis,  près  des  cours  d'eau. 

Treizième  Genre,  Agrilus,  Meg. 

\.  Agrilus  biguttatus,  Fab.  Paris. 
Ne  se  prend  que  sur  les  chardons  et  surtout  sur  Yonopordon 
illyricum. 

2.  Agrilus  rubi,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
5.  Agrilus  viridis,  Fab.  Paris. 

4.  Agrilus  linearis,  Fab.  Austria. 

5.  Agrilus  sinuatus,  Oliv.  Gallia. 

6.  Agrilus  angustulus,  Illig.  Austria. 

7.  Agrilus  elatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

8.  Agrilus  tauricus,  Dej.  Russia  meridionalis. 


INSECTES.  643 

9.  Agrilus  laticornis,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

10.  Agrilus  filuni,  Schon.  Hungaria. 

11.  Agrilus  undatus,  Fab.  Paris. 

12.  Agrilus  bifasciatus,  Oliv.         )   _  „.  ...      ,. 
._    .     ..             ,               _...        [  u alita  meridionalis. 
lo.  Agrilus  amelhystinus,  Oliv.     ) 

Nous  rencontrons  généralement  les  espèces  de  ce  genre  sur 
toute  sorte  de  plantes,  surtout  sur  les  ombellifères  et  les  cam- 
panulacées,  sur  beaucoup  d'arbustes  fleuris  aussi;  mais  la  plus 
grande  partie  sont  retirées  du  filet  après  avoir  fauché  sur  les 
fourrés  des  champs  et  des  prairies,  tant  à  la  montagne  que  dans 
la  plaine.  Quelques-unes  de  ces  espèces  sont  assez  rares.  La  larve 
du  Rubi  et  du  Sinuatus  vit  sur  diverses  ronces;  celle  de  ÏAme- 
thystinus  vit  sur  la  carlina  corimbosa. 

Quatorzième  Genre,  Trachys,  Fab. 

1.  Trachys  minuta,  Fab.  Paris. 

2.  Trachys  pygmaea,  Fab.  Gallia. 

3.  Trachys  aenea,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

On  trouve  ces  trois  espèces  après  avoir  fauché  sur  les  plantes 
qui  bordent  les  haies  des  champs  et  des  routes  dans  tout  le  pays, 
surtout  près  des  forêts.  En  examinant  avec  attention  le  diplolaxis 
latifolia,  on  est  sûr  d'y  trouver  quelques-uns  de  ces  Insectes; 
mais  il  faut  prendre  la  précaution  de  placer  le  lilet  sous  la  plante, 
car,  au  moindre  mouvement,  ils  se  laissent  tomber  à  terre,  et  il 
est  très-difficile  de  les  retrouver.  La  larve  du  Pijgmœa  vit  sur  la 
mauve,  et,  en  battant  celle  piaule,  on  est  certain  de  la  prendre 
en  abondance. 

Quinzième  Genre,  Aphanislicus,  Latr. 

1.  Aphanislicus  pusillus,  Oliv.         )    _  „. 

a    i   i      •    •  •  i-  u       Gallia. 

2.  Aphanislicus  emargmatus,  Fab.  \ 

C'est  encore  au  moyen  du  filet  que  nous  prenons  ces  deux 
petites  espèces.   Elles  se  plaisent  sur  les  bords  herbeux  des 


644  HISTOIRE    NATURELLE. 

propriétés  de  la  plaine,  surtout  près  des  fossés  qui  contiennent 
de  l'eau  où  vit  la  guimauve;  leur  larve  se  nourrit  de  celte  plante. 

Seizième  Genre,  Melasis ,  Fab, 

1.  Melasis  flavellicornis,  Fab.  Gallia. 

Nous  avons  sans  cesse  trouvé  cette  espèce,  qui  est  excessive- 
ment rare,  sur  les  arbres  résineux  et  sur  les  pins  qui  abondent 
dans  les  forêts  des  environs  de  Mont-Louis  et  de  la  Font  de  Comps, 
au-dessous  de  la  Tartarasse. 

Dix-septième  Genre,  Cerophitum,  Latr. 

1.  Cerophitum  elateroïdes,  Latr.  Paris. 

On  le  rencontre  parfois  sur  les  champignons  qui  sont  en  putré- 
faction; il  est  très-rare.  La  larve  de  cet  Insecte  vivrait-elle  sur 
celte  plante  ? 

(Elaters  proprements  dits.) 

Dix-huitième  Genre,  Synaptus,  Esclis. 

1.  Synaptus  filiformis,  Fab.  Gallia. 

Cette  espèce  est  très-commune  sur  toutes  les  plantes.  On  la 
trouve  aussi  dans  le  filet,  après  avoir  fauché  sur  les  bords 
herbeux  des  prairies,  dans  la  plaine  et  sur  les  montagnes.  On  la 
rencontre  aussi  dans  les  broussailles,  au  bord  de  la  mer,  après 
les  inondations.  La  larve  vil  sur  les  saules,  et  l'on  y  trouve  l'In- 
secte parfait  en  grand  nombre. 

Dix-neuvième  Genre,  Cratonychus,  Dej., 
Melanutus,  Eschs. 

i .  Cratonychus  obscurus,  Fab.  Paris. 

2.  Cratonychus  cinerascens,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
5.  Cratonychus  niger,  Fab.  Austria. 

A.  Cratonychus  spretus,  Dej.  Nord. 


INSECTES.  645 

On  rencontre  les  insectes  de  ce  genre  sur  toute  sorte  de  plantes 
et  d'arhustes.  On  les-  prend  aussi  sur  les  chardons  et  les  ombelli- 
fères.  Le  Spretus  est  plus  rare;  le  Niger  est  très-commun  sur 
l'ormeau.  Sa  larve  y  vit-elle? 

Vingtième  Genre,  Agrypnus,  Eschs. 
\.  Agrypnus  atomarius,  Fab.  Gallia  méridional is. 
2.  Agrypnus  carbonarius,  Oliv.  Pyrenœi  orientales. 

Ces  deux  Insectes  ont  de  si  grandes  ressemblances  qu'on 
serait  tenté  de  n'en  faire  qu'une  seule  espèce  ;  mais  ils  diffèrent 
tellement  par  la  taille,  qu'on  ne  peut  s'empêcher  de  les  séparer. 
Nous  les  avons  constamment  trouvés  sur  les  oliviers  des  environs 
de  Malloles,  près  Perpignan,  et  les  olivettes  des  environs  de  Céret. 
J'ai  pris  un  insecte  parfait  de  V  Atomarius  sur  le  tronc  d'un  olivier; 
je  l'ai  vu  sortir  et  se  débarrasser  de  son  enveloppe.  M.  Pellet 
l'a  pris  sur  le  tronc  d'un  peuplier  noir,  sortant  avec  sa  chemise. 
Us  sont  fort  rares. 

5.  Agrypnus  fascialus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

4.  Agrypnus  murinus,  Fab.  Paris. 

Ces  deux  espèces  sont  assez  communes  sur  toute  sorte  de 
plantes,  dans  les  prairies  et  dans  les  champs  de  la  plaine  et  des 
montagnes.  M.  Pellet  m'écrivait:  :  «  J'ai  pris  un  grand  nombre 
A'Âgrypnus  murinus,  Fab.,  sur  un  sureau  en  fleur,  au  pied  des 
fortifications  de  Mont-Louis.  » 

5.  Agrypnus  ferrugineus,  Chevrier.  Genève. 

Cette  espèce  est  très-rare.  Nous  l'avons  toujours  prise  sur  le 
saule  et  quelquefois  sur  l'olivier,  près  Chàteau-Roussillon. 

6.  Agrypnus   rubro-testaceus ,    Comp.   Nouvelle  Espèce. 
Pyrenœi  orientales. 
Corps  de  couleur  brune  uniforme;  élytres  de  la  même  nuance 
et  striés  longitudinalement;  tête  et  corselet  rouges:  antennes 
pectinées;  pattes  noires.  Longueur,  12  millimètres. 


646  HISTOIRE   NATURELLE. 

Nous  avons  recueilli  cet  Insecte  dans  le  mois  de  juin,  sur  les 
saules  des  coteaux  de  Saint-Sauveur,  vers  la  métairie  de  M.  Gui- 
raud-de-Saint-Marsal,  près  Chàteau-Roussillon  (très-rare). 

Vingt-unième  Genre,  Allions,  Eschs. 
i.  Alhous  Dejeanii,  Ivan.  Gallia  meridionalis. 

Vit  toujours  dans  les  régions  élevées,  sur  toute  sorte  de  plantes. 
Nous  trouvons  celte  espèce  en  fauchant  avec  le  filet  sur  les  prairies 
et  les  bords  herbeux  des  ravins  de  ces  contrées.  Cet  Insecte  est  rare. 

2.  Athous  hirtus,  Herb.  Auslria. 

3  Athous  niger,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

4.  Athous  subfuscus,  Gyll.  Gallia. 

5.  Athous  longicollis,  Fab.  Paris. 

6.  Athous  hsemoiToïdalis,  Fab.  Gcrmania. 

7.  Athous  leucophœus,  Dej.  Gallia. 

8.  Athous  marginalis,  Dahl.  Italia. 

Il  est  bien  difficile  de  préciser  les  plantes  sur  lesquelles  on 
trouve  les  insectes  de  ce  genre.  Quand  on  les  découvre,  le  hasard 
y  est  pour  beaucoup  ;  car  on  les  rencontre  sur  les  arbres ,  les 
arbustes,  les  graminées,  les  orties  et  les  ombellifères  :  ils  sont 
partout.  Ainsi,  le  naturaliste  n'a  qu'à  bien  examiner  tout,  s'il 
veut  obtenir  des  espèces  variées.  Le  filet  est  l'instrument 
par  excellence  pour  se  procurer  les  petites  espèces;  on  ne  doit 
jamais  négliger  d'en  faire  un  constant  usage.  Les  broussailles 
entraînées  par  les  eaux,  les  monceaux  de  fumier,  les  pailles  qui 
sont  sur  nos  prairies  maritimes  et  sur  les  bords  des  fossés  des 
champs,  doivent  aussi  être  examinés  :  on  y  rencontre  souvent  de  fort 
intéressants  insectes  de  ce  genre.  La  larve  du  Niger  vit  sur  l'orme. 

Vingt-deuxième  Genre,  Campylus,  Fischer 

1.  Campylus  linearis,  Fab.  Gallia. 

2.  Campylus  variabilis,  Eschs.  Kamlschatka. 


INSECTES.  647 

On  trouve  ces  deux  espèces,  qui  ont  une  très-belle  couleur 
cannelle,  clans  toutes  les  prairies  maritimes  sur  le  tamarix,  et  a 
terre  parmi  les  broussailles. 

Vingt-troisième  Genre,  Limonius,  Eschs. 

1.  Limonius  cvlindricus,  Payk.    )  _ 

~   T .        .  .        .       ' ,    .   \  Suecia. 

2.  Limonius  serraticornis,  Payk.) 

5.  Limonius  nigricornis,  Ziegl.  Àuslria. 

4.  Limonius  nigripes,  Gyll.  ] 

5.  Limonius  œruginosus,  Oliv.     I  Paris. 
6   Limonius  bipustulatus,  Fab.    ; 

C'est  surtout  sur  les  différentes  espèces  de  chardons ,  qui 
croissent  sur  les  bords  des  champs  et  des  routes  dans  tout  le 
déparlement,  qu'il  faut  chercher  les  espèces  de  ce  genre,  dont 
plusieurs  sont  très-intéressantes  et  estimées. 

Vingt-quatrième  Genre,  Cardiophorus,  Eschs. 

1.  Cardiophorus  thoracicus,  Fab.^         . 

2.  Cardiophorus  equiseti,  Herb.  S 

5.  Cardiophorus  testaceus,  Fab.  Styria. 
ï.  Cardiophorus  rufipes,  Fab.  Paris. 

o.  Cardiophorus  albipes,  Meg.  Austria. 

6.  Cardiophorus  luridipes,  Dej.  G  allia. 

7.  Cardiophorus  submaculatus,  Dej.  Gallia  meridion. 

8.  Cardiophorus  bisignatus,  Dej.  Hispania. 

Les  plantes  marécageuses,  les  graminées,  les  liserons,  tous 
les  arbustes  qui  bordent  les  fossés  des  prairies  maritimes,  les 
amoncellements  de  végétaux  que  les  inondations  amènent  sur 
le  littoral,  et  toutes  les  parties  basses  qui  sont  souvent  inondées, 
nous  fournissent  les  espèces  de  ce  genre. 

Vingt-cinquième  Genre,  Ampedus,  Meger. 
I .  Ampedus  sanguineus,  Fab.  Paris, 


648  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Ampedus  semiruber,  Leach.  Anglia. 
On  trouve  ces  deux  Insectes  sur  les  coteaux  de  Château-Rous- 
sillon,  dans  le  bois  des  vieux  saules,  vers  le  Mas  Anglada.  La 
larve  vit  sur  le  bois  du  saule,  ou  dans  le  terreau  qui  garnit  le 
creux  de  cet  arbre. 

5.  Ampedus  crocatus,  Ziegl.  Paris. 

4.  Ampedus  morio,  Ziegl.  Gallia  meridionalis. 

5.  Ampedus  ephipium,  Fab.  Austria. 

Nous  prenons  ces  trois  espèces  sur  les  jeunes  pousses  des  taillis 
le  long  des  cours  d'eau,  et  sur  les  ombellifères,  dans  les  fourrés 
herbeux  des  mêmes  localités. 

6.  Ampedus  anthracinus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

7.  Ampedus  praeustus,  Fab.  Suecia. 

Ces  deux  espèces,  qui  sont  assez  rares,  vivent  habituellement 
sous  les  écorces  des  vieux  bois  de  toutes  les  forêts  des  régions 
moyennes;  quelquefois  sur  les  plantes,  près  des  fossés  de  ces 
localités. 

8.  Ampedus  elongalulus,  Fab. 

9.  Ampedus  nigerrimus,  Dej.      >  Paris. 
10.  Ampedus  tibialis,  Meg.  ) 

Ces  trois  espèces  habitent  les  taillis  qui  bordent  nos  cours  d'eau 
dans  les  trois  bassins.  Elles  se  tiennent  sur  les  jeunes  branches  des 
saules  et  des  peupliers,  quelquefois  sur  les  larges  feuilles  de  la 
consoude  officinale. 

Vingt-sixième  Genre,  Cryptohypnus,  Eschs. 

1.  Cryptohypnus  pulchellus,  Fab.  Gallia. 

2.  Cryptohypnus,  exiguus,  Dej. 

3.  Crypt.  quadripustulatus,  Fab.  (    _  „.  ...      ,. 

,    „    '  .  .         _.  .    }  Gallia  meridionalis. 

4.  Cryptohypnus  minimus,  Dej.   \ 

o.  Cryptohypnus  troglodytes.  Dej. 


INSECTES.  649 

6.  Cryptohypnus  riparius,  Bonel.  Pedemonie. 

La  plupart  des  espèces  de  ce  genre,  se  trouvent  sur  les  grami- 
nées et  sur  les  fleurs  dans  les  prairies  maritimes.  Quelques-unes 
sont  à  terre,  parmi  les  broussailles,  YExiguus  et.  le  Minimus 
surtout,  tandis  que  le  Troglodytes  et  le  Riparius  sont  constam- 
ment sur  les  jeunes  arbres. 


(  Nord. 


Vingt-septième  Genre,  Oophorus,  Eschs. 

1.  Oophorus  trilineatus,  Dej. 

2.  Oophorus  distinguendus,  Dej.  S 

Ces  deux  espèces,  très-rares,  se  tiennent  sur  les  troncs  des 
vieux  arbres,  dans  les  bois  des  régions  élevées.  On  les  rencontre 
quelquefois  aux  Albères,  dans  les  bois  exposés  au  nord  ;  à  la  mon- 
tagne de  Céret,  et  dans  le  bois  de  la  Fou  au-dessus  de  Rigarda. 

Vingt-huitième  Genre,  Drasterius ,  Eschs. 

1.  Drasterius  bimaculatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Nous  avons  pris  cette  espèce  dans  une  seule  localité ,  sur  les 

jeunes  pousses  de  chêne-vert  des  environs  de  Caladroy,  près  le 

château  de  M.  de  Ginestous  ;  quelques  sujets  sur  les  plantes 
environnantes.  Toujours  très-rare. 

Vingt-neuvième  Genre,  Ludius,  Latr. 

\.  Ludius  aulicus,  Panz.  Gallia  meridionalis. 

2.  Ludius  signatus,  Panz.  Austria. 
5.  Ludius  apicalis,  Dej.  Pyrenœi. 

Vivent  sur  les  plantes  et  les  fleurs  des  parties  arides.  On  trouve 
ces  trois  espèces  dans  les  champs  voisins  des  vignes  de  Casas- 
de-Pena.  On  est  sûr  de  se  les  procurer  dans  les  fourrés  et  les 
chaumes. 

4.  Ludius  hœmatodes.  Fah    Gattia 


650  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Ludius  cupreus,  Fab.  Germania. 

6.  Ludius  lalus,  Fab.  Austria. 

En  promenant  le  filet  sur  les  graminées  et  sur  les  fleurs  des 
champs  avoisinant  les  bois,  à  la  base  de  nos  montagnes,  on  est 
sûr  de  se  procurer  ces  trois  espèces  en  abondance. 

7.  Ludius  Pyrenaeus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

Pour  se  procurer  cette  espèce,  qui  n'est  pas  très-commune, 
il  faut  s'élever  jusqu'à  la  rencontre  des  régions  alpines  :  on  en 
trouve  sur  les  plantes  des  prairies  et  le  long  des  ruisseaux. 

8.  Ludius  seneus,  Fab.  Gallia. 

9.  Ludius  holosericeus,  Fab.  Paris. 

10.  Ludius  cruciatus,  Fab.  Germania. 

11.  Ludius  rugosus,  Meg.  Styria. 

Ces  espèces  vivent  dans  les  bois  des  régions  moyennes,  sur  les 
arbrisseaux  et  sur  les  plantes  des  haies  ;  dans  les  amas  de  végé- 
taux entrainés  dans  les  ravins  de  ces  mêmes  régions.  Les  deux 
dernières  espèces  sont  assez  rares. 

d2.  Ludius  metallicus,  Payk.  Paris. 

iô.  Ludius  pectinicornis,  Fab.  Germania. 

14.  Ludius  tessellatus,  Fab.  Paris. 

C'est  dans  les  régions  alpines  que  nous  trouvons  ces  trois  espè- 
ces, tantôt  sur  les  arbustes  et  les  plantes,  tantôt  sur  les  graminées  : 
on  est  sur  alors,  en  fauchant  sur  les  fourrés  herbeux,  de  se  les 
procurer.  Le  Pectinicornis  est  très-beau,  et  se  fait  remarquer  par 
les  jolis  panaches  des  antennes  du  mâle. 

Trentième  Genre,  Agriotes,  Eschs, 

1.  Agriotes  pilosus,  Fab.  j         . 

2.  Agriotes  obscurus,  Oliv. 
o.  Agriotes  segetis,  Gyll.  Succia. 


INSECTES.  651 

4.  Agriotes  gilvellus,  Ziegl. 


i  Paris. 


0.  Àgrioles  sputator,  Fab. 

6.  Agriotes  fuscicollis,  Parr.  Suecia. 

7.  Agriotes  rusticus,  Dej.  Gattia  méridionalis. 

On  trouve  généralement  les  espèces  de  ce  genre  sur  les 
graminées,  les  ombellifères,  les  liserons  et  sur  les  plantes  des 
prairies  cl  des  champs  de  la  plaine  et  des  régions  moyennes. 
C'est  en  fauchant  qu'on  est  sûr  de  s'en  procurer  le  plus  grand 
nombre. 

Trente-unième  Genre,  Sericosomus ,  Serv. 

1.  Sericosomus  brunneus,  Fab.  Germania. 

C'est  dans  les  bois  de  chênes  qu'on  trouve  celte  belle  espèce  ; 
nous  l'avons  rencontrée  le  plus  souvent  aux  environs  des  Albères. 

Trente-deuxième  Genre,  Dolopius,  Meg. 
i.  Dolopius  marginatus,  Fab.  Germania. 

2.  Dolopius  rufipennis,  Dej.  Gallia  méridionalis. 
Vivent  sur  les  arbustes  des  bois  des  régions  moyennes  :  Cala- 

droy,  les  montagnes^d'Oms  et  de  Llaurô  (rares). 

Trente-troisième  Genre,  Ectinus,  Eschs. 

1.  Ectinus  aterrimus,  Lin.  Suecia. 

Les  chênes  parsemés  sur  la  lisière  des  champs  dans  toute  la 
plaine,  nous  donnent  cette  intéressante  espèce,  qui  est  fort  rare. 

Trente-quatrième  Genre,  Adrastus,  Meg. 

i.  Adrastus  limbatus,  Fab.  Paris. 

2.  Adrastus  humeralis,  Ziegl. 


,  Aiislria. 
ù.  Adrastus  pusillus,  Ziegl 


Gallia  merid. 


4.  Adrastus  quadrimaculatus,  Fab. 

o.  Adrastus  styriacus,  Dej. 

C'est  encore  au  filet  qu'il  faut  avoir  recours  pour  se  procurer 

ces  petites  espèces.  Elles  se  plaisent  sur  les  graminées,  les  ombel- 


652  HISTOIRE   NATURELLE. 

lifères  et  les  plantes  herbassées  des  fourrés.  On  en  rencontre 
aussi  dans  les  tas  de  végétaux  que  les  inondations  déposent  sur 
la  partie  basse  du  littoral.  Le  Limbatus  est  très-commun  sur 
l'ormeau.  Je  tiens  de  M.  Pellet  qu'il  a  pris  le  Quairimaculatus 
en  battant  les  roseaux  qui  se  trouvent  au-dessous  de  Chàteau- 
Roussillon.  Je  dois  faire  observer  que  des  plantes  de  fougère 
sont  souvent  au  milieu  de  ces  roseaux  et  s'élèvent  à  une  assez 
grande  hauteur. 

Famille  des  Malacodermes. 

Celte  famille,  formée  par  Latreille  et  composée  de 
cinq  tribus,  a  été  modifiée  par  divers  auteurs.  Elle  a 
pour  caractères  généraux  :  corps  presque  toujours  de 
consistance  molle  ;  prosternum  point  dilaté  ni  avancé 
antérieurement  en  forme  de  mentonnière,  et  très-rare- 
ment prolongé  en  pointe  reçue  dans  une  cavité  ou  à 
l'extrémité  antérieure  du  mesosternum  ;  tête  inclinée  en 
avant;  antennes  ne  se  logeant  pas  dans  une  fossette  sous 
le  corselet. 

Les  Malacodermes  sont  nombreux  en  espèces;  mais 
ils  sont  peu  remarquables  sous  le  rapport  de  la  taille  ou 
des  couleurs  ;  cependant,  quelques  espèces  sont  brillantes 
et  métalliques.  Ces  Insectes  fréquentent  les  fleurs,  les 
végétaux,  le  bois  mort;  quelques-uns  vivent  à  terre. 
Presque  tous  sont  pourvus  d'ailes,  et  sont  carnassiers  au 
plus  haut  degré,  mais  plus  particulièrement  à  l'état  de 
larves. 

Premier  Genre,  Cebrio,  Fab. 
1.  Cebrio  xanlhomerus,  Hoff.  Gallia  meridionalis. 

C'est  la  seule  espèce  du  genre  que  nous  trouvons  dans  ce 
département.  Il  est  loujours  difficile  de  se  la  procurer;  car  il 
faut  aller  la  chercher  pendant  les  fortes  pluies  d'orage  qui  arri- 


INSECTES.  653 

vent  dans  les  mois  d'août  et  de  septembre.  Cet  Insecte  ne  sort 
qu'après  la  première  forte  averse,  lorsque  la  terre  a  été  humec- 
tée. Alors,  s'il  continue  de  pleuvoir,  on  voit  les  mâles  en  grand 
nombre  voltigeant  çà  et  là,  cherchant  la  femelle  qui  montre  à 
peine  son  oviducte  au-dessus  de  la  terre.  Pendant  longtemps  la 
femelle  du  Cebrio  xanthomerus  était  restée  ignorée;  on  ne  con- 
naissait ni  sa  forme,  ni  sa  couleur,  ni  ses  mœurs,  ni  ses  lieux 
d'affection;  mais  on  soupçonnait  que,  semblable  à  celle  du  Cebrio 
gigas,  elle  restait  à  terre  et  ne  s'élevait  point  dans  l'air.  Mais  où 
la  découvrir?....  A  M.  Farines  revient  l'honneur  d'avoir  trouvé 
la  première  noyée  dans  une  flaque  d'eau.  Plus  tard,  M.  Aleron 
découvrit  son  gîte  et  le  moyen  de  se  la  procurer  en  quantité. 
Elle  vit  en  grand  nombre  sur  les  glacis  de  la  promenade  des 
platanes,  à  Perpignan,  et  probablement  en  beaucoup  d'autres 
endroits  de  notre  contrée.  Pour  plus  de  détails,  nous  renvoyons 
nos  lecteurs  aux  notices  très-intéressantes  que  MM.  Farines  et 
Aleron  ont  publiées  sur  cet  Insecte  dans  le  troisième  bulletin 
de  la  Société  Phïlomathique  de  Perpignan,  année  1837. 

Pour  se  procurer  la  femelle  du  Xanthomerus ,  on  doit  suivre, 
par  une  pluie  battante,  le  vol  rapide  du  mâle,  et  observer  avec 
attention  le  point  sur  lequel  il  s'est  laissé  tomber  â  terre;  la  fe- 
melle n'est  pas  loin.  Bientôt,  d'autres  mâles  arrivent  et  s'agitent 
comme  les  abeilles  dans  un  essaim,  et  ils  sont  si  impétueux  à  s'ac- 
coupler qu'on  en  voit  plusieurs  s'abattre  sur  la  même  femelle  : 
alors,  on  introduit  la  pointe  d'un  couteau  dans  la  terre;  on  la 
soulève,  et  la  femelle  se  trouve  prise  avec  son  mâle.  C'est  la 
seule  manière  de  se  la  procurer.  Quelquefois,  lorsque  la  pluie 
tombe  par  torrents,  on  trouve  des  femelles  noyées  dans  les  mares; 
mais  c'est  très-rare. 

On  a  prétendu  que  le  bruit  du  tonnerre  faisait  sortir  les  Cébrions 
de  terre.  Ce  qui  avait  accrédité  cette  erreur,  c'est  que  dans  tout 
le  Midi  nous  n'avons  généralement  de  pluie  en  celte  saison  que 
par  des  orages  accompagnés  de  tonnerre  ;  et  comme  on  ne  voit 
cet  Insecte  qu'avec  de  fortes  averses,  on  avait  pensé  que  Fin- 


654  HIST0IHE    NATURELLE. 

fluence  électrique  l'obligeait  à  sortir.  Nous  pouvons  affirmer 
que,  dans  certaines  années  où  les  pluies  d'automne  étaient  arri- 
vées tard  et  sans  le  moindre  bruit  de  tonnerre,  les  Cébrions  n'ont 
pas  manqué  de  se  présenter  et  de  s'accoupler  dès  que  la  terre 
a  été  humectée  par  de  fortes  averses.  Une  année  surtout,  les 
pluies  ne  vinrent  qu'en  novembre,  et  les  Cébrions  sortirent  alors 
de  leur  retraite  pour  accomplir  l'acte  de  leur  reproduction.  Un 
fait  récent  a  confirmé  mes  observations.  Au  mois  d'août  1801, 
je  faisais  arroser  une  plate-bande  de  mon  parterre:  la  sécheresse 
était  extrême.  Quel  fut  mon  élonnement  de  voir  sortir  de  terre 
deux  Cébrions  mâles.  J'examinai  très-attentivement  la  partie 
arrosée;  j'y  lis  revenir  l'èau,  et  j'eus  la  satisfaction  de  voir 
apparaître  sept  femelles  de  Cébrions. 

Deuxième  Genre,  Atopa,  Fabricius, 
Dascillus ,  Latr. 

1.  Atopa  cinerea,  Fab.  )  „  „. 

a  .       r,  .  Gallia. 

2.  Atopa  cervina,  Fab.  ) 

On  trouve  ces  Insectes  sur  les  fleurs  et  sur  les  tiges  des  plantes 
le  long  des  routes  et  des  fossés.  La  Cervina  est  plus  rare. 

Troisième  Genre,  Cyphon,  Fabricius, 
Elodes,  Latr. 

1.  Cyphon  pallidus,  Fab.  )         . 

2.  Cyphon  pubescens,  Fab.  ) 
5.  Cyphon  flavicollis,  Dej.  Gallia. 
4.  .Cyphon  limbatus,  Dej.  Paris. 

Quoiqu'ils  fassent  très-rarement  usage  de  leurs  ailes,  les  In- 
sectes de  ce  genre  sont  très-difficiles  à  saisir.  Ils  sont  excessi- 
vement agiles;  ils  se  tiennent  ordinairement  sur  les  plantes  dans 
les  prairies  et  les  champs  humides,  et  dans  les  bois  à  clairières 
fourrées  et  humides.  C'est  avec  le  tilet  qu'il  faut  les  chasser; 
alors,  en  fauchant  sur  les  lieux  que  nous  avons  indiqués,  on  est 


INSECTES.  655 

sûr  de  s'en  procurer  plusieurs  espèces.   Leurs  couleurs  sont 
ordinairement  sombres. 

Quatrième  Genre,  Eubria,  Ziegl. 
4.  Eubria  palustris,  Ziegl.  Gallia. 

Cinquième  Genre,  Scyrtes ,  Latr. 

1.  Scyrtes  hemispluericus,  Fab.  Paris. 

En  promenant  le  filet  sur  les  plantes  aquatiques  des  mares  et 
des  fossés  de  toutes  les  parties  basses  du  littoral,  on  est  sûr  d'en 
retirer  des  insectes  de  ces  deux  genres.  Ils  sont  très-petits ,  et 
on  peut  facilement  les  confondre  ;  car  ils  se  ressemblent  beaucoup 
au  premier  aspect.  Cependant,  examinés  à  la  loupe,  on  voit  bientôt 
que  l'un  est  pubescent,  tandis  que  l'autre  ne  l'est  point,  et  c'est 
ce  caractère  seul  qui  les  fait  distinguer. 

Sixième  Genre,  Nydens,  Latr. 

\.  Nycteus  hsemorrhous,  Ziegl.  Austria. 

Très-petit  Insecte  qu'on  voit  dans  les  fleurs  au  bord  des  fossés 
des  champs,  et  qu'on  ne  peut  se  procurer  qu'en  fauchant  avec  le 
filet.  Non-seulement  il  est  très-agile,  mais  encore,  pour  s'échap- 
per, il  fait  usage  de  ses  ailes  (rare). 

Septième  Genre,  Lygistopterus,  Dej. 
\  Lygistopterus  sanguineus,  Fab.  Paris. 

On  trouve  cette  jolie  espèce,  qui  se  laisse  prendre  avec  la  plus 
grande  facilité,  sur  les  ombellifères  des  prairies  des  montagnes 
moyennes.  Elle  n'y  est  pas  très-commune. 

Huitième  Genre,  Dyctyopterus,  Latr. 

1.  Dyctyopterus  aurora,  Fab.       \ 

2.  Dyctyopterus  rubens,  Meg.      [  Gallia. 

3.  Dyctyopterus  minutus,  Fab.     ' 


656  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  jolies  et  recherchées  ;  elles  habi- 
tent les  forêts,  les  prairies  et  les  bords  des  champs  de  nos  hautes 
régions;  elles  se  tiennent  sur  les  fleurs  et  surtout  sur  les  ombelli- 
fères.  On  les  voit  facilement  à  cause  de  leurs  belles  couleurs,  et 
on  peut  les  prendre  i  la  main.  En  faisant  usage  du  filet,  on 
est  sûr  d'en  saisir  bon  nombre.  Les  deux  dernières  sont  plus 
rares. 

Neuvième  Genre,  Omalisus,  Geoff. 

1.  Omalisus  suturalis,  Fab.  Paris. 

Ce  joli  et  rare  Insecte  se  tient  aussi  sur  les  fleurs  des  hautes 
régions,  sur  les  ombellifères  de  préférence.  On  le  prend  avec 
facilité;  mais,  comme  il  est  très-petit,  l'usage  du  filet  est  bon 
pour  se  le  procurer  abondamment. 

Dixième  Genre,  Pyractomena,  Dej. 

1.  Pyractomena  xantholoma,  Dej.  Nord. 

Nous  n'avons  remarqué  qu'une  seule  fois  cet  Insecte  sur  les 
fleurs,  dans  les  prairies  du  Capcir,  sur  la  route  qui  conduit  au 
Llaurenti  (rare). 

Onzième  Genre,  Lampyris,  Lin. 

\.  Lampyris  noctiluca,  Fab.  Paris. 

2.  Lampyris  splendidula,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
5.  Lampyris  bellieri,  Reich.  Pyrenœi  orientales. 

Cette  dernière  espèce  vit  dans  les  environs  de  Vernet-les-Bains 
et  de  Castell.  On  prend  le  mâle  assez  facilement,  en  tenant  la 
nuit  une  lampe  allumée  près  d'une  croisée  ouverte.  Dans  les 
premiers  jours  de  juin ,  il  est  abondant  dans  cette  localité. 

On  emploie  le  même  moyen  pour  se  procurer  le  mâle  des 
autres  espèces  qui ,  dans  le  jour,  se  relire  sous  les  pierres  et 
dans  les  buissons. 


INSECTES.  057 

Douzième  Genre,  Geopyris,  Dej. 

1.  Geopyris  hemiptera,  Fab.  Paris. 

Nous  avons  toujours  trouvé  cette  espèce  dans  les  bois  des 
régions  moyennes  de  nos  montagnes.  Nous  ne  l'avons  jamais 
remarquée  dans  la  plaine  (rare). 

Treizième  Genre,  Colophotia,  Dej. 

1.  Colophotia  Italica,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Ce  genre  se  trouve  au  contraire  dans  les  bois  de  la  plaine, 
parmi  les  fourrés  des  bords  de  La  Tet  et  de  l'Agly.  Pendant  les 
belles  nuits  d'été,  on  le  voit  comme  des  étincelles  lumineuses 
traverser  les  airs;  son  abdomen  phosphorescent,  comme  celui 
de  la  femelle  du  Lampyris  noctiluca  ou  Ver  luisant,  produit  cet 
effet  et  trahit  sa  présence. 

Quatorzième  Genre,  Drilus,  Oliv. 

1.  Drilus  flavescens,  Fab.  Paris. 

2.  Drilus  flavicollis,  Dej.  Dalmatia. 

3.  Drilus  ater,  Dej.  Germania. 

Les  Driles  sont  des  insectes  très-petits  ;  les  mâles  surtout  sont 
de  deux  tiers  plus  petits  que  les  femelles.  Leurs  couleurs,  quoique 
sombres  en  général,  sont  assez  jolies.  Ils  se  tiennent  sur  les  Heurs 
et  sur  les  plantes  des  prairies,  des  champs  et  des  taillis  près  des 
cours  d'eau.  En  faisant  usage  du  filet,  on  en  saisit  beaucoup. 

Quinzième  Genre,  Cantharis,  Lin., 
Téléphonas,  Schoff. 

1.  Cantharis  dispar,  Fab,  Paris.    . 

2.  Cantharis  nigricans,  Fab.  Suecia. 

3.  Cantharis  obscura,  Fab.  Paris.  , 


658  HISTOIRE  NATURELLE. 

4.  Cantharis  rufa,  Lin.  Germania. 

5.  Cantharis  melanura,  Fab.        )  „     . 
«    ^      ,     •  ^  ^  Pans. 

6.  Cantharis  testacea,  Fab.  ) 

7.  Cantharis  paludosa,  Gyll.  Suecia. 

8.  Cantharis  pallidipennis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

9.  Cantharis  livida,  Fab.  Paris. 

10.  Cantharis  clypeata,  Illig.  )  „ 
. .    _     .     .       „.       '     ,            J  Germania. 

11.  Cantharis  pallipes,  Fab.  ) 

12.  Cantharis  Italica,  Dej.  Italia. 

13.  Cantharis  thoracica,  Gyll.  Suecia. 

14.  Cantharis  fuscipennis,  Dej.  Dalmatia. 

15.  Cantharis  lateralis,  Fab.  Paris. 

16.  Cantharis  tristis,  Fab. 

17.  Cantharis  varipes,  Dej. 
JO/-..L-      1.1      -i-     r.  i.     /  Gallia  meridionalis 

18.  Cantharis  abdominahs,  Fab. 

19.  Cantharis  flavicollis,  Dej. 

20.  Cantharis  nitida,  Ram.  Hispania. 

Il  serait  assez  difficile  de  désigner  d'une  manière  exacte,  le  gîte 
de  prédilection  de  chacune  des  espèces  de  ce  genre.  Nous  les 
trouvons  partout  sur  les  arbres,  sur  les  fleurs,  et  particuliè- 
rement sur  les  ombellifères  ;  elles  s'y  arrêtent  de  préférence. 
On  les  prend  avec  facilité  à  la  main  ;  mais  dans  les  endroits 
fourrés  et  dans  les  prairies ,  l'usage  du  filet  est  d'un  grand 
secours  :  de  cette  manière  on  en  prend  davantage ,  et  surtout 
les  petites  espèces  qu'on  peut  à  peine  apercevoir. 

Quelques-unes  sont  beaucoup  plus  rares ,  telles  que  la  Palu- 
dosa, la  Pallidipennis,  la  Fuscipennis,  la  Lateralis.  La  Melanura 
paraît  vivre  sur  la  carotte  ;  V Italica  sur  les  lis,  où  elle  est  abon- 
dante aux  parties  basses  de  Chàteau-Roussillon;  la  Flavicollis  sur 
la  guimauve,  au  bord  des  étangs  et  dès  mares  saumâtres,  parties 
basses  du  littoral. 


INSECTES.  05U 

Seizième  Genre,  Silis,  Meg. 

1.  Silis  spinicollis,  Meg.  Paris. 

Au  bord  des  chemins,  sur  les  plantes  et  sur  les  fleurs,  le  long- 
dès  fossés  herbeux  près  la  pépinière,  dans  les  fossés  des  fortifi- 
cations de  Perpignan  et  au  bas  de  Chàteau-Roussillon. 

Dix-septième  Genre,  Malthinus,  Latr. 

1.  Malthinus  flavus,  Latr.  Paris. 

2.  Malthinus  angusticollis,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

7).  Malthinus  bieuttatus,  Fab.       )    '     . 
,,.,,•  •  t  Pans. 

4.  Malthinus  marginatus,  Latr.     ) 

5.  Malthinus  rubricollis,  Dej.  Gallia  orientalis. 

6.  Malthinus  discicollis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

7.  Malthinus  atratus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

8.  Malthinus  brevicollis,  Payk.  Suecia. 

Le  genre  Malthinus  est  comme  le  genre  Cantharis.  On  ne  peut 
lui  assigner  de  gîte  certain  ;  il  faut  le  chercher  partout ,  et  si 
l'on  veut  faire  une  bonne  récolte,  on  doit  faire  fonctionner  le  filet, 
seul  moyen  de  se  procurer  de  fort  jolies  espèces.  Le  Flavus  et  le 
Biguttatus  se  trouvent  régulièrement  sur  l'aubépine.  Leurs  larves 
se  nourrissent-elles  sur  cet  arbuste? 

Dix-huitième  Genre,  Malachius ,  Fab. 
1.  Malachius  neneus,  Fab. 


Paris 
2.  Malachius  bipustulatus,  Dej. 

5.  Malachius  spinipennis,  Ziegl.  Gallia  meridionalis. 

4.  Malachius  pulicarius,  Fab.  \ 

5.  Malachius  equestris,  Fab.  [  Paris. 

6.  Malachius  thoracicus,  Fab.  -  ) 

7.  Malachius  marginatus,  Dej.  ;  „  „. 

0    ,r  ,    . .  „  °        .  [  Gallia  meridionalis. 

8.  Malachius  rufus,  Fab.  ) 


060  HISTOIRE   NATURELLE. 

9.  Malachius  làsciatus,  Kab.  )  p     . 

10.  Malachius  marginellus,  Fab.  ) 

11.  Malachius  rufitarsis,  Dej.  \ 

12.  Malachius  lepidus,  Dej.  j 

13.  Malachius  suturalis,  Dej.  \  Gallia  meridionalis. 

14.  Malachius  venustulus,  Dej.  \ 

15.  Malachius  hemipterus,  Dej.  / 

16.  Malachius  immaculatus,  Dej.  )  n  .      ... 

.    ,       _  .  f  Pyrenœi  orientales. 

17.  Malachius  unicolor,  Dej.  ) 

Insectes  de  très-petite  taille  en  général,  recouverts  de  couleurs 
très-jolies  et  tranchantes,  se  tenant  ordinairement  sur  les  plantes 
et  sur  les  fleurs  de  toute  espèce;  leur  corps  est  mou  et  leurs 
élytres  flexibles.  Ils  sont  munis  de  quatre  vésicules  rétractiles , 
qu'ils  font  sortir  et  rentrer  à  volonté.  Ces  vésicules  sont  rouges 
ou  jaunes;  elles  contrastent  singulièrement  avec  les  couleurs  du 
reste  de  leur  corps.  C'est  encore  le  filet  qu'il  faut  faire  agir  dans 
les  fourrés  des  champs,  les  lisières  des  bois  et  des  cours  d'eau, 
pour  se  procurer  beaucoup  d'espèces.  On  est  sûr  de  faire  ample 
provision  là  où  se  trouvent  réunies  beaucoup  de  fleurs.  Parmi 
les  plus  rares,  nous  comptons  les  Suturalis,  Bipustulatus,  Venus- 
tulus et  Hemipterus. 

Dix-neuvième  Genre,  Charopus,  Kies. 
Ce  genre  a  été  fait  au  détriment  des  Malachius  ;  il  ne 
compte  qu'une  seule  espèce. 
1.  Charopus  docilis,  Kies.  Pyrenœi  orientales. 

Découvert  dans  les  environs  de  Collioure,  sur  les  fleurs,  le  30 
mai  1860,  par  M.  Delarouzé,  qui  nous  le  communiqua. 

Vingtième  Genre,  Dasytes,  Fab. 

1.  Dasvtes  ater,  Fab.  )  „  „.  ...      ,. 

J  ........  t  (rallia  meridionalis. 

fc2.  Dasvtes  nobihs,  lllig. 


INSECTES.  661 

5.  Dasytes  pilosus,  Ram.  Hispania  meridionalis. 
A.  Dasytes  bipustulatus,  Fab.  Italia. 

o.  Dasytes  niger,  Fab.  Germania. 

6.  Dasytes  subseneus,  Schon.  Gallia  meridionalis. 

7.  Dasytes  flavipes,  Fab.  \ 

8.  Dasytes  plumbeus,  Oliv.  j  Paris. 

9.  Dasytes  pallipes,  Illig.  / 

10.  Dasytes  obscurus,  Gyll.  Suecia. 

11.  Dasytes  raaurus,  Dej. 


,  Gallia  meridionalis. 
12.  Dasytes  cyhndncus,  Dej. 

Ce  genre  n'est  pas  décoré  d'aussi  belles  couleurs  que  le  genre 
précédent.  Ces  Insectes  se  tiennent  d'ordinaire  sur  les  plantes 
et  sur  les  fleurs  d'espèces  diverses.  Dès  qu'on  veut  les  saisir,  ils 
se  laissent  tomber  à  terre  et  ne  bougent  plus  ;  il  est  difficile  alors  de 
les  prendre,  car  ils  se  tiennent  toujours  dans  les  endroits  fourrés. 
Il  faut  encore  employer  le  filet,  si  l'on  veut  en  faire  provision. 
VAter  se  trouve  constamment  sur  le  genêt  d'Espagne. 

15.  Dasytes  ciliatus,  Graells.  Hispania. 

Le  13  juin  1860,  M.  Delarouzé  trouva  cet  Insecte  sur  les  fleurs 
dans  les  environs  de  Collioure;  il  s'empressa  de  me  le  commu- 
niquer comme  une  espèce  nouvelle ,  ou  peu  connue  en  France. 

Vingt-unième  Genre,  Zigia,  Fab. 
1.  Zigia  oblonga,  Fab.  /Egyptus. 

Les  Zigies  avaient  été  considérées  comme  des  Insectes  appar- 
tenant à  l'Egypte.  Nous  avons  été  le  premier  à  les  découvrir 
dans  notre  contrée  :  c'est  sur  les  toits  des  vieilles  maisons  qu'on 
les  trouve  ;  elles  vivent  dans  les  vieux  bois  des  toitures  ;  la  larve 
est  d'un  rose  très-joli.  M.  Henri  Mouchons,  faisant  voir  sa  collec- 
tion à  M.  Marcel  de  Serres,  la  Zigia  attira  l'attention  de  ce  natu- 
raliste, qui  lui  dit  :  Vous  avez  là  un  insecte  nouveau;  il  l'examina 


662  HISTOIRE   NATURELLE. 

attentivement  elle  nomma  Coryneliesbuocata.  Quelques  jours  avant, 
j'avais  fait  un  envoi  à  M.  le  comte  Dejean,  et  j'y  avais  mis  quelques 
Zigies;  mais  ce  dernier  connaissait  déjà  cet  insecte,  qu'il  avait 
reçu  d'Egypte,  et  me  donna  son  véritable  nom,  en  me  priant  de 
lui  communiquer  tous  les  renseignements  que  je  pouvais  avoir, 
ce  que  je  ne  manquai  pas  de  faire.  J'avais  une  vieille  porte  à 
l'issue  du  toit  de  ma  maison ,  d'où  sortaient  tous  les  ans  une 
infinité  de  Zigies.  C'est  aussi  de  cette  môme  porte  que  j'ai  vu 
sortir  la  larve.  Celles  qui  sortent  en  avril  ou  mai  ne  tardent  pas 
à  se  convertir  en  nymphes,  et  à  la  fin  de  juin,  en  insecte  parfait. 
En  examinant  les  vieux  bois  des  maisons,  on  est  sûr,  dans  le 
commencement  de  juillet,  d'y  trouver  des  Zigies,  et  toujours  sous 
les  combles  ou  sur  les  toits.  Un  jour  où  le  soleil  est.  caché  par  un 
temps  brumeux,  en  restant  sur  le  toit,  on  voit  les  Zigies  se  pro- 
mener. Les  deux  sexes  se  recherchent  pour  satisfaire  leurs  désirs; 
si  on  les  contrarie  dans  leur  marche,  ils  relèvent  leurs  élytres  verts 
et  laissent  voir,  en  les  étendant,  leurs  ailes  membraneuses,  qui 
sont  d'un  rose  tendre.  Nous  ne  les  avons  jamais  vu  prendre  le  vol. 
C'est  de  nous  que  la  plus  grande  partie  des  collections  de  France 
en  ont  été  pourvues.  Nous  n'en  avons  jamais  trouvé  que  clans  la 
ville  de  Perpignan. 

Vingt-deuxième  Genre,  Melyris,  Fab. 
\ .  Melyris  granulata,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

C'est  sur  la  terre,  près  des  charognes,  et  quelquefois  même 
sur  les  os  décharnés  et  les  cartilages  des  articulations,  qu'on 
trouve  cet  Insecte.  C'est  toujours  lorsque  le  cadavre  d'un  bœuf, 
d'un  cheval  ou  d'un  autre  animal  a  été  dévoré  par  les  chiens  et 
par  une  infinité  de  larves,  qui  n'ont  laissé  que  les  os,  qu'on  voit 
apparaître  les  Melyris.  C'est  donc  sur  toute  espèce  de  charogne 
décharnée  et  presque  desséchée  qu'il  faut  chercher  cet  Insecte. 
11  est  rare. 


insectes.  563 

Famille  des  Térédiles. 

Les  Térédiles  de  Dejean  composent  une  famille  qui  devrait 
nécessairement  être  réformée;  car  elle  renferme  des  In- 
sectes de  formes  et  de  mœurs  si  différentes,  qu'il  faudrait 
presque  à  chacun  des  genres  une  description  particulière, 
tant  leurs  caractères  généraux  sont  différents. 

Plusieurs  genres  vivent  dans  l'intérieur  du  bois,  où 
leurs  larves  subissent  toutes  leurs  métamorphoses;  ils 
font  de  très-grands  ravages  dans  les  forêts  et  dans  les 
chantiers  de  construction.  L'Insecte  parfait,  de  couleur 
sombre,  se  trouve  sur  le  bois. 

D'autres  genres,  de  très-petite  taille,  rongent  nos 
meubles,  et  sont  connus  par  le  bruit  qu'ils  produisent 
lorsqu'ils  veulent  s'accoupler.  Ce  bruit,  qui  se  tait  parti- 
culièrement remarquer  au  milieu  de  la  nuit,  impressionne 
le  menu  peuple,  qui  leur  a  donné  le  nom  (Y Horloge  de 
Ja  mort. 

Certains  genres  très-petits,  ayant  le  faciès  des  Arai- 
gnées et  le  corps  transparent,  vivent  dans  les  endroits 
sombres  et  peu  fréquentés  des  maisons,  au  milieu  des 
débris  des  végétaux,  parmi  les  vieux  papiers,  et  font  un 
mal  immense  à  nos  collections  d'Histoire  naturelle  et  à 
nos  bibliothèques. 

Divers  genres  ont  des  couleurs  brillantes  et  variées  ; 
leur  corps  est  garni  de  poils  et  de  duvet;  ils  sont  pourvus 
d'ailes  et  fréquentent  les  fleurs  ;  leurs  larves  sont  carnas- 
sières, et  se  nourrissent  de  celles  des  Hyménoptères. 

Enfin,  d'autres  genres,  aussi  de  petite  taille,  à  élytres 
plus  larges  que  le  corselet  et  légèrement  aplatis,  à  cou- 
leurs assez  éclatantes,   sont  tout   à  fait   carnassiers   et 


(')!'>  i  HISTOIRE   NATURELLE. 

vivent  aux  dépens  des  corps  en  putréfaction.  M.  le  comte 
de  Castelnau  les  a  classés  parmi  les  Malacodermes, 
famille  composée  aussi  de  genres  très-divers,  et  qui 
aurait  besoin  d'une  grande  réforme. 

Premier  Genre,  Tillus,  Fab. 

1.  Tillus  elongatus,  Fab.  Paris.    . 

2.  Tillus  tricolor,  Dej.  Gallia  borealis. 
5.  Tillus  ambulans,  Fab.  Germania. 

Dans  les  prairies  qui  bordent  le  bois  des  Fanges,  sur  les  fleurs 
et  spécialement  sur  les  ombellifères. 

Deuxième  Genre,  Notoxus,  Fab., 
Capîlo,  Latr. 

1.  Notoxus  subfasciatus,  Ziegl.  Gallia  m&ridionalis. 

2.  Notoxus  mollis,  Fab.  Paris. 

5.  Notoxus  univittatus,  Ross.  Italia. 

C'est  encore  dans  les  parties  moyennes  de  nos  montagnes  et 
sur  les  fleurs  qu'il  faut  les  chercher. 

Troisième  Genre,  Trichodes,  Fab., 
Cleras ,  Latr. 

J.  Trichodes  octopunctatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

On  trouve  cet  Insecte  répandu  dans  toute  la  plaine ,  sur  les 
fleurs  des  prairies  et  des  jardins. 

2.  Trichodes  alvearius,  Fab.  Paris. 

Celte  espèce  n'est  pas  aussi  commune.  On  la  trouve  sur  les 
fleurs,  mais  dans  les  parties  élevées  de  nos  montagnes  ;  elle  s'ar- 
rête surtout  de  prédilection  sur  les  ombellifères. 

5.  Trichodes  apiarius,  Fab.  Paris. 


INSECTES.  665 

Le  Trichodes  apiarius  est  très-commun.  Son  habitude  est  aussi 
de  se  poser  sur  les  fleurs  des  prairies,  des  moissons,  des  fossés 
herbeux  de  tout  le  déparlement. 

4.  Trichodes  favarius,  Illig.  Styria. 

5.  Trichodes  leucopsideus,  Oliv.  G  allia  meridionalis. 

6.  Trichodes  ammios,  Fab.  Hispania. 

Ces  trois  espèces  vivent  sur  les  parties  moyennes  de  nos  mon- 
tagnes; elles  recherchent  aussi  les  fleurs  des  prairies,  et  se  posent 
de  prédilection  sur  les  ombellifères. 

Quatrième  Genre,  Clerus,  Fab. 

1.  Clerus  mutillarius,  Fab.  Paris. 

Nous  trouvons  cette  jolie  espèce  sur  les  fleurs  de  toute  sorte 
de  plantes  des  prairies  montagneuses.  Elle  y  est  rare. 

2.  Clerus  formicarius,  Fab.  Paris. 

Cette  espèce,  qui  est  assez  commune,  se  trouve  sur  les  bois  et 
sur  les  vieux  troncs  qui  tombent  de  vétusté;  on  la  trouve  quel- 
quefois à  terre  et  même  sur  quelques  plantes,  mais  toujours 
dans  le  voisinage  d'un  vieux  arbre. 

3.  Clerus  quadrimaculatus,  Fab.  Germania. 

Cette  jolie  espèce  se  rencontre  toujours  sur  le  tronc  des 
arbres  dans  les  forêts  des  régions  moyennes.  Elle  n'est  pas  très- 
commune. 

Cinquième  Genre,  Coryneks,  Fab., 
Necrobia,  Latr. 

1.  Corynetes  chalibeus,  Knoch.   \ 

2.  Corynetes  violaceus,  Fab.        !  Paris. 
5.  Corynetes  rufipes,  Fab.  ) 


666  HISTOIRE  NATURELLE. 

4.  Corynetes  ruficollis,  Fab.  Gallia  meridionalis W. 
Ce  genre  d'insectes  paraît  vivre  constamment  aux  dépens  des 
corps  en  putréfaction.  C'est  à  cause  de  cela  qu'on  le  trouve 

(I)  Une  anecdote  fort  curieuse,  ignorée  de  beaucoup  de  monde,  au  sujet 
de  ce  petit  insecte,  trouve  sa  place  ici  : 

«  Au  moment  de  la  Terreur,  M.  Latreille  fui  arrêté  à  Brives  et  dirigé 
sur  les  prisons  de  Bordeaux  ,  et  là  condamné  ,  lui  soixante-treizième,  à  la 
déportation.  Accablé  sous  le  poids  des  mêmes  infortunes  que  l'illustre  Ilaily, 
avec  lequel  il  s'était  rencontré  à  Paris  et  lié  d'amitié  ,  la  science  et  ses 
consolations  devinrent  pareillement  ses  voies  de  salut. 

«  Le  médecin  des  prisons  de  Bordeaux  s'étonne  un  jour  do  voir  un  pri- 
sonnier absorbé  dans  la  contemplation  d'un  insecte,  quand  sa  tête  est  mena- 
cée. C'est  un  insecte  très-rare,  répond  M.  La  treille  aux  questions  qu'il  lui 
adresse.  L'insecte  est  demandé  et  obtenu  pour  un  naturaliste  de  Bordeaux, 
alors  jeune  homme  d'une  très-grande  espérance,  aujourd'hui  notre  confrère, 
M.  Bory  de  Saint-Vincent.  Celui-ci,  flatté  de  tenir  ce  don  d'un  entomolo- 
giste dont  le  nom  était  déjà  connu  par  d'honorables  travaux,  s'impose  le 
devoir  de  soustraire  M\  La  treille  au  danger  qui  le  menace;  et  bientôt  il  a 
le  bonheur  de  voir  ses  démarches  et  celles  de  leur  ami  commun  Dargelas, 
couronnées  du  plus  heureux  sucres.  Latreille  est  rendu  à  la  liberté  et  à  la 
science!  On  frémit  en  pensant  qu'un  mois  plus  tard,  il  pouvait  périr  avec 
ses  compagnons  d'infortune  ensevelis  dans  les  flots  de  la  Gironde.  Miraculeuse 
délivrance,  si  on  la  rapporte  à  sa  cause,  la  rencontre  fortuite  d'un  Insecte! 

«  La  Nécrobie  à  collier  roux  (Corynetes  ruficollis,  Fab.),  très-petit  Coléop- 
tère  que  Linneus  rangea  d'abord,  à  cause  de  ses  habitudes,  parmi  les  Der- 
mestes;  mais  qu'llliger  ,  adoptant  les  vues  de  détermination  de  Paykul  et 
de  Fabricius,  proposa  de  maintenir  dans  le  genre  Corynele.  Cependant, 
Latreille  avait  jugé  à  propos  d'en  détacher  trois  espèces,  dont  il  fit  son 
genre  Nécrobie,  exprimant  par  ce  nom  que  ces  petits  Coléoptères  vivent  de  la 
mort,  ou  voulant  du  moins  consacrer  par  cette  étymologie  qu'on  les  trouve 
ordinairement  sur  des  cadavres. 

«  La  plupart  des  entomologistes  de  France  conservent ,  dans  une  place 
privilégiée  de  leurs  collections ,  en  souvenir  de  son  bienfait ,  l'Insecte  de  la 
prison  de  Bordeaux,  la  Nécrobie  Lalreille  ;  et,  comme  si  cela  n'était  point 
assez  pour  l'élan  de  leurs  cœurs,  une  inscription  apprend  qu'ils  ont  demandé 
et  qu'il  leur  a  été  accordé  de  tenir,  des  mains  mêmes  de  leur  honoré 
inaftre,  l'individu  consacré  à  la  commémoration  d'un  aussi  miraculeux 
événement.  »  (Extrait  du  discours  prononcé  sur  la  tombe  de  M.  Latreille, 
le  8  février  -1855,  par  M.  le  chevalier  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Annales  de  la 
Société  Entomologique  de  France,  Ier  trimestre  (855.) 


INSECTES.  667 

toujours  sur  les  cadavres  dont  la  décomposition  est  parfaite;  et 
lorsqu'il  ne  reste  plus  rien,  les  Corynetes  sont  encore  là  :  ils  sont 
les  derniers  à  quitter  la  partie,  car  on  en  trouve  toujours  de 
cachés  auprès  des  cartilages  des  articulations.  Le  Rufipes  et  le 
Ruficollis  fréquentent  les  caves  des  épiciers  :  on  est  sûr  d'en  faire 
ample  provision  dans  les  vieux  fromages. 

Sixième  Genre,  Enoplium,  Latr. 

1.  Enoplium  serraticorne,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Enoplium  sanguinicolle,  Fab.  Gallia. 

Ces  Insectes,  qui  sont  fort  jolis,  se  trouvent  quelquefois  sur  les 
Heurs;  le  plus  souvent  sur  le  bois,  dans  les  forêts  des  régions 
basses  de  nos  montagnes  :  on  ne  les  trouve  jamais  en  grand 
nombre  (rare). 

Septième  Genre,  Lymexylon ,  Fab. 
1.  Lymexylon  navale,  Fab.  Paris. 

Huitième  Genre,  Hylecoetus ,  Latr. 

1.  Hylecoetus  dermestoïdes,  Fab.  Germania. 

On  trouve  les  Insectes  de  ces  deux  genres  sur  les  bois  des, 
chantiers;  dans  les  maisons  où  on  a  emmagasiné  du  vieux  bois. 
Leurs  larves  s'y  nourrissent,  y  subissent  leurs  métamorphoses, 
et  en  sortent  après  à  l'état  parfait  :  ces  insectes  restent  alors  sur 
le  bois  qui  les  a  nourris.  On  peut  les  prendre  avec  facilité. 

Neuvième  Genre,  Rhysodes,  Latr. 

1.  Rhysodes  Europœus,  Fab    Gallia. 

C'est  encore  sur  le  vieux  bois  qu'on  trouve  cette  espèce.  On  la 
prend  souvent  en  soulevant  l'écorcc  d'un  arbre,  lorsque  cette 
écorce  a  subi  quelque  altération  par  suite  d'une  plaie  faite  au 
tronc. 


668  HISTOIRE   NATURELLE. 

Dixième  Genre,  Ptilinus,  Geoff. 

1.  Ptilinus  pectinicornis,  Fab.     )         . 

2.  Ptilinus  flabellicornis,  Meg.     ) 

Insectes  de  petite  taille,  vivant  sur  le  bois  et  s'y  métamorpho- 
sant. On  les  trouve  souvent  dans  les  maisons ,  ainsi  que  sous  les 
écorces  des  vieux  arbres  dans  les  forêts.  On  rencontre  quelquefois 
le  Pectinicornis  sur  les  noisetiers. 

Onzième  Genre,  Xyletinus,  Latr. 

1.  Xyletinus  pectinatus,  Fab.  Germania. 

2.  Xyletinus  subrotundus,  Ziegl.  \ 

5.  Xyletinus  cardui,  Dej.  [  Gallia  meridionalis. 

4.  Xyletinus  murinus,  Dej.  ) 

Les  Insectes  de  ce  genre  ressemblent  assez  à  ceux  du  genre 
précédent;  ils  paraissent  avoir  les  mêmes  mœurs.  C'est  aussi  sur 
les  vieux  bois  qu'on  les  trouve. 

Douzième  Genre,  Dorcatoma,  Fab. 

1.  Dorcatoma  rubens,  Koch.  Germania. 

2.  Dorcatoma  dresdense,  Fab.  Paris. 

5.  Dorcatoma  bovistœ,  Koch.  Germania. 

Ce  sont  encore  de  très-petits  insectes ,  qui  vivent  aussi  sur  le 
bois  et  sur  les  agarics.  On  les  trouve  sous  les  écorces  et  dans  les 
bolets,  aux  régions  moyennes  des  montagnes. 

Treizième  Genre,  Ochina,  Ziegl. 

4.  Ochina  hederae,  Germar.  Paris. 

2.  Ochina  sanguinicollis,  Ziegl,  Austria. 
Les  Ochines  vivent  aussi  dans  les  bois,  et  c'est  toujours  sous 
les  écorces  des  vieux  arbres  qu'on  doit  les  chercher.  Les  forêts 
des  régions  un  peu  élevées ,  sont  celles  où  on  les  trouve  de 
préférence. 


INSECTES.  609 

Quatorzième  Genre,  Anobium,  Ziegl. 

1.  Anobium  vestilum,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Anobium  striatum,  Fab.  Germania. 

3.  Anobium  tessellatum,  Fab.  Paris. 

4.  Anobium  pertinax,  Fab.  Suecia. 

5.  Anobium  oblongum,  Ziegl.  Gallia  meridionalis. 

6.  Anobium  abietis,  Fab.  Suecia. 

7.  Anobium  villosum,  Bonel.  Gallia  meridionalis. 

8.  Anobium  pusillum,  Gyll.  Suecia. 

Les  Insectes  de  ce  genre,  qui  est  assez  nombreux,  vivent  géné- 
ralement dans  le  bois  ;  ils  sont  de  petite  taille,  avec  des  couleurs 
sombres.  On  les  trouve  partout:  dans  les  maisons,  dans  les  caves, 
sur  les  fleurs,  dans  le  bois,  sous  les  écorces.  Les  petits  trous  que 
l'on  aperçoit  sur  les  bois,  même  après  qu'ils  sont  travaillés,  sont 
produits  par  ces  Insectes.  Lorsqu'ils  sont  en  nombre  dans  quelque 
meuble,  et  qu'ils  cherchent  à  s'accoupler,  ils  font  entendre  un 
bruit  qui  a  donné  lieu  à  des  idées  superstitieuses  parmi  le  bas 
peuple  :  ils  attribuent  ce  bruit  à  la  présence  de  revenants. 

Quinzième  Genre,  Hedobia,  Ziegl. 

\.  Hedobia  pubescens,  Fab.  Paris. 

Comme  les  Insectes  du  genre  précédent,  les  Hedobia  vivent 
aussi  dans  le  bois,  et  on  les  trouve  dans  les  maisons,  de  même 
que  sous  les  écorces  des  vieux  arbres. 

Seizième  Genre,  Cocotes. 

1.  Cocotes  javeti,  J.  Duval.  Pyrenœi  orientales. 

Cet  insecte,  découvert  par  M.  Delarouzé,  qui  le  prit  le  13  juin 
1860,  vit  dans  les  environs  de  Collioure,  sur  les  fleurs. 

Dix-septième  Genre,  Plinus,  Lin. 

1.  Plinus  rufipes,  Fab.  )  „     . 

.■..._,,  Parts. 

2.  Plinus  imperialis,  Fab.  v 


670  HISTOIRE   NATURELLE. 

3.  Ptinus  sexpunctatus,  Panz.  Germania. 

4.  Ptinus  fur,  Fab.  Paris. 

5.  Ptinus  quadriguttatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Les  Ptines  sont  aussi  des  insectes  de  petite  taille,  avec  des 
couleurs  sombres  en  général.  Ils  vivent  également  dans  le  bois , 
et  c'est  dans  les  maisons  qu'on  les  trouve,  ainsi  que  sur  les  troncs 
des  vieux  arbres.  Lorsqu'on  les  touche,  ils  restent  immobiles,  à 
tel  point  qu'on  pourrait  croire  qu'ils  sont  morts  ;  mais  un  instant 
après,  ils  reprennent  leur  mouvement,  qui  est  très-rapide. 

Dix-huitième  Genre,  Gibbium,  Scop. 

4.  Gibbium  scotias,  Fab.  Paris. 

2.  Gibbium  sulcicolle,  Sturm.  Germania. 
Très-petits  Insectes  transparents,  et  qu'on  prend  souvent  pour 
une  Araignée,  tant  leur  forme  se  rapproche  de  celle  de  ces  in- 
sectes. On  les  trouve  aussi  dans  les  maisons,  dans  les  lieux  peu 
fréquentés.  Il  n'est  pas  rare  d'en  trouver  dans  les  collections 
d'histoire  naturelle,  les  herbiers,  les  débris  de  végétaux,  les 
vieux  papiers.  A  la  campagne,  on  en  trouve  quelquefois  dans 
les  fourmilières. 

Dix-neuvième  Genre,  Scydmœnus,  Latr. 

1.  Scydmœnus  Olivieri,  Dej.  Hispania. 

2.  Scydmœnus  Latreilli,  Dej.  Nord. 

5.  Scydmœnus  Panzeri,  Dej.  Germania. 

4.  Scydmœnus  Hehvigii,  Fab.  Paris. 

5.  Scydmœnus  Pelleralii,  Genis.  Dresde. 

6.  Scydmœnus  Reaumurii,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
Les  Scydmènes  sont  de  très-petite  taille.  On  les  trouve  dans 

les  lieux  où  il  y  a  des  végétaux  amoncelés  et  en  décomposition  ; 
dans  les  fourmilières;  quelquefois  au  pied  des  arbres  qui  sont 
garnis  de  mousse  ou  de  plantes  amenées  par  les  eaux.  Leurs 
couleurs  sont  sombres  en  général. 


INSECTES.  671 

Famille  des  Clavicornes. 

Grande  famille  établie  par  Latreille  dans  l'ordre  des 
Coléoptères  Pentamères,  et  dont  le  principal  caractère 
est  d'avoir  les  antennes  grossissant  insensiblement  de  la 
base  au  sommet  ou  terminées  en  massue,  tantôt  solide, 
tantôt  perfoliée.  Elle  se  divise  en  deux  sections.  La  pre- 
mière comprend  huit  tribus ,  qui  ont  pour  caractères 
communs  :  antennes  plus  longues  que  la  tête,  toujours 
composées  de  onze  articles  dont  le  deuxième  n'est  pas 
dilaté,  et  qui,  à  partir  du  troisième,  ne  forment  pas  de 
massue  en  fuseau  ou  cylindrique  ;  le  dernier  article  des 
tarses,  ainsi  que  ses  crochets,  de  longueur  moyenne  ou 
petit.  La  seconde  section  se  compose  de  deux  tribus  ;  elle 
se  distingue  de  la  première  par  une  réunion  de  caractères 
qu'il  serait  trop  long  d'exposer.  Nous  nous  bornerons  à 
dire,  que  les  Insectes  qu'elle  renferme  sont  aquatiques 
ou  vivent  sur  le  bord  des  eaux,  tandis  que  ceux  de  la 
première  section  sont  terrestres.  Tous  se  nourrissent  de 
matière  animale,  au  moins  à  l'état  de  larves. 

Cette  famille  a  subi  de  très-grands  changements,  par 
les  divers  auteurs  qui  ont  modifié  le  système  de  Dejean 
que  nous  suivons. 

Premier  Genre,  Necrophorus,  Fab. 

1.  Necrophorus  Germanicus,  Fab.   \ 

2.  Necrophorus  humator,  Fab.         /  _     . 

îLlVlS. 

3.  Necrophorus  vespillo,  Fab.  ( 

4.  Necrophorus  sepultor,  Dej. 

o.  Necrophorus  investigator,  Dej.  Austria. 
6.  Necrophorus  mortuorum,  Fab.  Paris. 


672  HISTOIRE   NATURELLE. 

7.  Necrophorus  interruptus,  Dej.  Hispania. 

Tous  les  Insectes  de  ce  genre  vivent  dans  les  cadavres.  La  plu- 
part ont  des  couleurs  tranchantes  et  jolies  par  leur  disposition. 
Ils  sont  remarquables  par  l'instinct  qu'ils  ont  de  transporter  les 
cadavres  des  petits  animaux  d'un  lieu  à  un  autre,  en  se  mettant 
plusieurs  ensemble  pour  faire  cette  opération  ;  ils  répandent  une 
forte  odeur  de  musc.  Ainsi,  le  naturaliste  qui  voudra  les  posséder, 
ne  devra  pas  négliger  de  visiter  les  cadavres  de  tous  les  animaux 
qu'il  rencontrera  dans  la  campagne:  ceux  des  taupes,  des  rats, 
des  lézards,  des  serpents,  qui  commencent  à  entrer  en  putré- 
faction ;  il  sera  sûr,  en  les  secouant ,  d'y  trouver  quelques-uns 
de  ces  jolis  Insectes.  Lorsqu'on  place  quelque  part  le  cadavre 
d'un  animal,  ou  de  la  chair  pour  se  procurer  des  Insectes,  on 
est  toujours  certain  d'y  prendre  quelque  Nécrophore,  et  c'est  de 
cette  manière  que  nous  sommes  parvenu  à  recueillir  les  espèces 
que  nous  possédons.  Le  Germanicus,  Y  Interruptus  et  YHumator 
sont  fort  rares. 

Deuxième  Genre,  Necrodes,  Wilk. 

1.  Necrodes  simplicipes,  Dej.       )         . 

2.  Necrodes  littoralis,  Fab.  j 

Ces  deux  Insectes  ont  les  mêmes  mœurs  que  le  genre  précé- 
dent, et  c'est  aussi  sur  les  cadavres  qu'il  faut  aller  fouiller  pour 
se  les  procurer. 

Troisième  Genre,  Silpha,  Lin. 

1.  Silpha  Hispanica,  Dej.  ] 

2.  Silpha  granulata,  Oliv.  [  Gallia  meridionalis. 
5.  Silpha  nigrita,  Creutz.  ) 

4.  Silpha  obscura,  Fab.  ] 

5.  Silpha  reticulata,  Fab.  f  Paris. 

6.  Silpha  quadripunctata,  Fab,     ) 


INSECTES.  073 

7.  Silpha  levigata,  Fab. 

8.  Silpha  atrata,  Fab. 

9.  Silpha  sinuata,  Fab.  \  Paris. 

10.  Silpha  rugosa,  Fab.  \ 

11.  Silpha  thoracica,  Fab. 

12.  Silpha  Alpina,  Bonel.  Helvetia. 

13.  Silpha  carinata,  Ulig.  Paris. 

14.  Silpha  tristis,  Illig.  Gallia. 

Quoiqu'on  trouve  les  Insectes  de  ce  genre  très-répandus  dans 
la  campagne,  les  fossés  des  fortifications  de  la  ville  et  de  la  cita- 
delle de  Perpignan ,  et  dans  tous  les  parages  de  la  contrée ,  il 
n'est  pas  moins  vrai  que  ces  Insectes  se  trouvent  aussi  toujours 
sur  les  cadavres  ou  dans  les  environs  des  lieux  où  gît  un  corps 
mort  :  c'est  là  surtout  qu'on  peut  en  faire  ample  provision ,  et  on 
les  y  trouve  en  plus  grand  nombre  à  mesure  que  la  décomposition 
est  plus  complète ,  ce  qui  faisait  dire  au  comte  de  Genisson  : 
«  Les  Silpha  sont  toujours  les  derniers  à  quitter  la  partie.  » 
Les  Silpha  Hispanica,  Alpina  et  Quadripunctata  se  trouvent  dans 
les  régions  élevées  :  les  deux  premiers  aux  environs  de  Mont- 
Louis,  le  troisième  dans  les  bois  de  ces  hautes  régions  ;  les  autres 
espèces  vivent  dans  nos  environs,  et  sont  répandues  dans  toutes 
les  localités  du  département. 

Quatrième  Genre,  Sphœrites,  Dufts., 
Sarapus,  Fisch. 

1.  Sphœrites  glabratus,  Fab.  Suecia. 

Cinquième  Genre,  Agyrtes,  Frœhl. 

1.  Agyrtes  castaneus,  Fab.  Paris. 

On  trouve  les  Insectes  de  ces  deux  genres  sous  les  amas  de 
végétaux  que  les  eaux  ont  rejetés,  et  au  milieu  desquels  vivent 
beaucoup  d'autres  Insectes.  Ils  y  sont  attirés  probablement  par 

TOHF.    III.  43 


674  HISTOIRE   NATURELLE. 

ces  derniers,  qui  leur  servent  de  pâture.  Nous  les  avons  cons- 
tamment pris  sur  la  plage  et  dans  les  prairies  maritimes  de  notre 
département.  Le  Castaneus  est  très-rare. 

Sixième  Genre,  Scaphidium,  Fab. 

1.  Scaphidium  agaricinum,  Fab. 

2.  Scaphidium  quadrimaculatum,  Fab., 
5.  Scaphidium  immaculatum,  Fab. 

4.  Scaphidium  fasciatum,  Dup. 

Nous  avons  constamment  trouvé  ces  Insectes  sur  les  champi- 
gnons ;  quelquefois  dans  le  bois,  mais  c'est  accidentellement. 
Le  Quadrimaculatum  et  le  Fasciatum  sont  tort  rares. 

Septième  Genre,  Catops,  Fab., 
Choleva,  Latr. 

1,  Catops  morio,  Fab.  Paris. 

2.  Catops  luridus,  Dej.  Hispania. 

5.  Catops  oblongus,  Latr.  \ 

4.  Catops  chrysomeloïdes,  Latr.  (  Paris. 

5.  Catops  rufescens,  Fab.  > 

6.  Catops  flavescens,  Dej.  Hispania. 

Les  Insectes  de  ce  genre  vivent  généralement  sur  les  champi- 
gnons, mais  ce  n'est  pas  là  qu'on  les  trouve  toujours;  ils  sont 
répandus  dans  diverses  localités  de  la  plaine  et  de  la  montagne, 
sous  les  écorces,  dans  le  bois,  sous  les  débris  des  végétaux, 
quelquefois  même  dans  les  maisons.  V Oblongus  et  le  Chryso- 
meloïdes sont  beaucoup  plus  rares  que  les  autres. 

Huitième  Genre,  Leptinus,  Mull. 

Ce  genre,  qui  n'est  pas  porté  dans  le  catalogue  de 
Dejean,  figure  dans  la  famille  des  Silphœ  du  catalogue 
de  M.  Gaubil. 


INSECTES.  075 

1.  Leptinus  testaceus,  Mull.  Helvetia. 

Il  fut  trouvé  par  M.  Delarouzé  dans  les  environs  de  La  Preste, 
le  10  juillet  1860. 

Neuvième  Genre,  Peltis,  Fab. 

Germania. 


1.  Peltis  oblonga,  Fab.  ) 

2.  Peltis  ferrugïnea,  Fab.  \ 

Fah  \ 

Suecia. 


3.  Peltis  grossa,  Fab. 

4.  Peltis  dentata,  Fab. 

C'est  sous  les  écorces  des  vieux  arbres,  dans  les  forêts,  qu'il 
faut  chercher  les  Peltis.  Les  régions  moyennes  en  fournissent  le 
plus  grand  nombre  ;  cependant,  c'est  aux  régions  les  plus  élevées 
que  nous  avons  constamment  trouvé  le  Dentata,  qui  est  le  plus  rare. 

Dixième  Genre,  Thymalus,  Latr. 
1.  Thymalus  limbatus,  Fab.  Alpes  gallicœ. 

Onzième  Genre,  Thyreosoma,  Dej. 
1.  Thyreosoma  cassideum,  Dej.  Nord. 

Ce  sont  encore  les  champignons  qui  recèlent  les  Insectes  de  ces 
deux  genres;  et  c'est  toujours  aux  parties  moyennes  des  monta- 
gnes qu'il  faut  aller  les  chercher.  On  les  trouve  aussi  quelquefois 
sous  les  écorces  des  arbres.  Ils  ne  sont  pas  très-communs. 

Douzième  Genre,  Colobicus,  Latr. 

1.  Colobicus  marginatus,  Latr.  Paris. 

Cet  Insecte,  qu'on  croirait  devoir  vivre  dans  les  champignons, 
se  trouve  généralement  sous  les  écorces  des  arbres.  Il  vit  dans 
les  forêts  du  pied  des  Albères;  mais  il  n'y  est  pas  commun. 

Treizième  Genre,  Ips,  Fabr. 
1.  Ips  abreviata,  Panz.  Paris. 


676  HISTOIRE   NATORELLE. 

2.  Ips  quadripustulata,  Fab.         )   _ 

1     '     :  .  _  .  [  uermania. 

3.  Ips  quadnguttata,  rab.  ) 

4.  Ips  quadripunctata,  Payk.  Suecia. 

5.  Ips  ferruginea,  Fab.  Paris. 

6.  Ips  quadrinolata,  Fab.  Auslria. 

7.  Ips  bimaculata,  Gyll.  Gallia  meridionalis. 

Ordinairement,  presque  tous  les  Insectes  de  ce  genre  se 
trouvent  sur  les  troncs,  sous  les  écorces  des  arbres,  et  souvent 
les  fruitiers  de  nos  vergers  en  sont  infestés;  à  l'état  de  larve  ils 
font  un  mal  immense.  Les  forêts  des  régions  moyennes  sont  celles 
qui  en  recèlent  le  plus  grand  nombre;  quelques-uns,  cependant, 
paraissent  aimer  les  régions  froides,  car  nous  les  trouvons  dans 
les  forêts  des  parties  les  plus  élevées.  La  Quadrinotata  et  la 
Quadripunctata  sont  de  ce  nombre,  et  ce  sont  les  plus  rares. 

Quatorzième  Genre,  Strongylus,  Herbst. 

d.  Strongylus  luteus,  Fab.  )         . 

2.  Strongylus  ferrugineus,  Fab.   j 

3.  Strongylus  floralis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

4.  Strongylus  quadripunctatus,  Illig.  Suecia. 

5.  Strongylus  strigatus,  Fab.  Paris. 

6.  Strongylus  sericeus,  Sturm.  Germania. 

Les  trois  premières  espèces  se  trouvent  généralement  sur  les 
fruits  et  sur  les  arbres;  elles  sont  répandues  dans  nos  jardins, 
surtout  dans  les  environs  d'Arles,  auprès  du  Tech,  où  se  trou- 
vent des  prairies  plantées  d'un  grand  nombre  de  pommiers. 

Les  trois  dernières  espèces  ont  été  constamment  trouvées  sur 
les  champignons,  surtout  sur  les  lycoperdons  (ou  vesses  de  chien). 
Cette  espèce  de  bolet  est  assez  répandue  dans  nos  prairies  de  la 
plaine  et  des  montagnes,  ainsi  que  dans  les  bois  de  toutes  les 
régions. 


INSECTES.  071 

Quinzième  Genre,  Nitidula,  Fab. 

1.  Nitidula  punctatissima,  Illig.  Gallia. 

2.  Nitidula  varia,  Fab.  Suecia. 

3.  Nitidula  colon,  Fab.  Paris. 

4.  Nitidula  hœmorroïdalis,  Payk.  Suecia. 

Les  trois  premières  espèces  ont  été  trouvées  généralement 
sous  les  écorces  des  vieux  arbres  de  la  région  moyenne. 

5.  Nitidula  rurîpes,  Gyll.  Suecia. 

La  Rufîpes  a  été  constamment  trouvée  sous  les  écorces  des 
arbres  de  toute  la  plaine. 

6.  Nitidula  bipustulata,  Fab.  Paris. 

7.  Nitidula  sestiva,  Gyll.  Suecia. 

8.  Nitidula  obsoleta,  Fab.  )  „     . 

Parts 

9.  Nitidula  pedicularia,  Fab.        ( 

On  trouve  très-souvent  ces  quatre  espèces  dans  les  maisons, 
où  elles  ont  été  probablement  apportées  avec  le  bois.  On  les 
prend  aussi  sur  les  fleurs  et  sous  les  écorces  des  vieux  arbres. 
La  Pedicularia  est  assez  rare. 

10.  Nitidula  senea,  Fab.  Paris. 

11.  Nitidula  viridescens,  Fab.  (Var.  de  la  précédente.) 

12.  Nitidula  obscura,  Fab.  )  _     . 

>  Parts. 
15.  Nitidula  discoïdes,  Fab.  ) 

Ces  quatre  espèces  se  trouvent  sur  toute  sorte  de  fleurs 
répandues  dans  les  bois ,  les  prairies  et  les  jardins  de  la  plaine 
et  des  montagnes  moyennes. 

14.  Nitidula  flexuosa,  Fab. 

'  trama  meriatonalts . 


15.  Nitidula  sinuatocollis,  Dej. 

16.  Nitidula  decemguttata,  Fab.  Suecia. 


678  HISTOIRE  NATURELLE. 

Ces  trois  dernières  espèces  se  tiennent  toujours  sous  les 
écorces,  surtout  dans  les  bois  humides  des  régions  moyennes. 
La  Decemguttata  est  plus  rare  que  les  autres. 

Seizième  Genre,  Cercus,  Latr., 
Catheretes,  Herbst. 

1.  Cercus  atratus,  Dej. 

2.  Cercus  urtiese,  Fab.  / 
5.  Cercus  pedicularis,  Fab.  ( 

4.  Cercus  ferrugineus,  Dej. 

5.  Cercus  rubicundus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

6.  Cercus  pulicarius,  Latr.  Paris. 

Les  Insectes  de  ce  genre  sont  très-petits  et  vivent  généralement 
sur  les  fleurs,  où  on  les  trouve  pendant  la  belle  saison;  ils  sont 
répandus danstoute  la  plaineet  dansles  régions  moyennes.  VUrticœ 
et  le  Pulicarius  sont  constamment  sur  les  orties.  Ils  sont  excessi- 
vement agiles,  et  c'est  avec  le  filet  qu'on  doit  se  les  procurer. 

Dix-septième  Genre,  Micropeplus,  Latr. 

1 .  Micropeplus  sulcatus,  Herbst.  Paris. 

2.  Micropeplus  caelatus,  Schùp.  Germania  borealis. 

C'est  sur  les  fleurs  de  toute  espèce  qu'on  trouve  les  Insectes 
de  ce  genre;  ils  sont  répandus  dans  les  champs,  les  lisières  des 
bois  taillis  et  dans  les  prairies  de  tout  le  département. 

Dix-huitième  Genre,  Bt/turus,  Dej. 

i.  Bvturus  tomentosus,  Fab.       /  _     . 

<  Parts. 
2.  Bvturus  fumatus,  Fab.  ) 

Les  Byturus  sont  encore  des  Insectes  qui  vivent  sur  les  fleurs; 
on  se  les  procure  en  promenant  le  filet  sur  les  prairies  de  la 
plaine.  Nous  regardons  le  Fumatus,  comme  une  variété  du 
Tomentosus. 


INSECTES.  1)79 

Dix-neuvième  Genre,  Engis ,  Fab., 
Dacitc,  Lalr. 

1.  Engis  humeralis,  Fab.  Paris. 

2.  Engis  caerulea,  Latr.  Nord. 

0.  Engis  sanguinicollis,  Fab.  Germania. 

4.  Engis  ruûfrons,  Fab.  Gallia. 

Ce  genre  vit  sur  les  bolets,  et  cependant  on  le  trouve  quelque- 
fois sous  les  pierres,  sous  les  écorces  des  vieux  chênes  et  des 
chênes-verts,  dans  les  régions  moyennes.  C'est  sous  l'écorce  du 
chène-liége  que  nous  avons  constamment  trouvé  le  Sanguinicollis 
et  le  Rufifrons,  espèces  très-jolies  et  fort  rares. 

Vingtième  Genre,  Antherophagus,  Knocli. 

1.  Antherophagus  nigricornis,  Fab.  Paris. 

2.  Antherophagus  pallens,  Fab.  Gallia. 

C'est  sur  les  fleurs  qu'il  faut  chercher  ces  Insectes;  ils  sont 
répandus  dans  toute  la  plaine.  Le  Nigricornis  nous  fournit  une 
variété  à  antennes  rougeâtres,  qui  est  fort  jolie. 

Vingt-unième  Genre,  Cryptophagus,  Herbst. 

1.  Cryptophagus  typhae,  Gyll.       j  pg^ 

2.  Cryptophagus  cellaris,  Fab.     ( 

5.  Cryptophagus  quadricollis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

4.  Cryptophagus  nigricollis,Mark.  (V.  duRufipennis^e}.) 

5.  Cryptophagus  mesomelus,  Payk. 

6.  Cryptophagus  nigripennis,  Payk./ 

7.  Cryptophagus  hirtus,  Gyll. 

8.  Cryptophagus  pusillus,  Payk. 

9.  Cryptophagus  globulus,  Payk.  Suecia. 

10.  Cryptophagus  testaceus,  Dej=  Paris. 

11.  Cryptophagus  rotundicollis,  Dej.  Hispania, 


1)80  HISTOIRE    NATURELLE. 

Les  Insectes  de  ce  genre  sont  de  très-petite  taille;  ils  vivent  dans 
le  bois,  et  il  n'est  pas  rare  d'en  trouver  beaucoup  d'espèces  dans 
nos  habitations.  On  peut  s'en  procurer  plusieurs  sous  les  écorces 
des  vieux  chênes  et  des  chènes-liége,  dont  la  rugosité  leur  donne 
un  abri  sûr.  Le  pied  des  arbres  garnis  de  broussailles  en  contient 
un  grand  nombre.  Nous  n'en  avons  jamais  trouvé  dans  le  filet,  ce 
qui  ferait  croire  avec  raison  qu'ils  ne  se  tiennent  ni  sur  les  fleurs 
ni  sur  les  plantes.  Le  Nigripennis  et  le  Pusillus  sont  fort  rares. 

Vingt-deuxième  Genre,  Ptiliwm,  Schûp. 

l.'Ptilium  fasciculare,  Herbs.  Gallia. 
2.  Ptilium  pusillum,  Gyll.  Suecia. 

Coléoptères  de  très-petite  taille,  qu'on  trouve  sur  le  tronc  des 
vieux  arbres  et  sous  leurs  écorces;  on  les  prend  aussi  dans  les 
fourmilières.  Ils  vivent  dans  le  bois  qu'ils  percent  de  petits  trous 
et  y  font  un  grand  mal  ;  on  les  trouve  aussi  dans  les  maisons. 

Vingt-troisième  Genre,  Dermestes,  Lin. 

1.  Dermestes  lardarius,  Fab.       j 

2.  Dermestes  vulpinus,  Fab.        !  Paris. 
o.  Dermestes  murinus,  Fab.        ) 

4.  Dermestes  tessellatus,  Fab.  Gallia. 

5.  Dermestes  ater,  Oliv.  )   .,  ,,.  ...      ,. 

_    _  _  .       [  Gallia  meriaionalis. 

b.  Dermestes  thoraeicus,  Dej.      ) 

7.  Dermestes  roseiventris,  Pey.  Pyrenœi. 

8.  Dermestes  spinipennis,  Chevrier.  Geneva. 

9.  Dermestes  bicolor,  Fab.  Italia. 

Généralement  ces  Insectes  vivent  sur  les  cadavres,  et  c'est 
particulièrement  là  qu'il  faut  les  chercher  :  on  les  y  trouve  en 
abondance.  Si  l'on  place  quelque  part  le  cadavre  d'un  animal 
pour  se  procurer  des  Insectes,  les  Dermestes  ne  tardent  pas  à 
s'y  porter  en  nombre.  Cependant,  ce  n'est  pas  exclusivement  sur 


INSECTES.  081 

les  cadavres  qu'on  les  trouve  toujours  :  le  pied  des  arbres  garnis 
de  mousse,  les  amas  de  végétaux  dans  les  lieux  humides,  leur 
servent  souvent  de  repaire  ;  ils  y  sont  attirés  sans  doute  par  une 
masse  de  larves  dont  ils  font  leur  pâture.  Si,  près  des  dunes, 
l'on  voit  le  cadavre  de  quelque  poisson, -on  est  certain  d'y  trouver 
des  Dermestes.  Ainsi,  le  naturaliste  ne  doit  pas  se  rebuter  par  la 
mauvaise  odeur  que  répandent  les  corps  morts  qui  commencent 
à  se  décomposer;  car  c'est  dans  les  charognes  infectes  qu'il  est 
sûr  de  trouver  de  fort  belles  espèces. 

Les  Dermestes  sont  à  redouter  dans  les  collections  d'histoire 
naturelle.  Ils  y  font  un  dégât  énorme;  cependant,  ils  sont  utiles 
dans  la  nature,  et  nous  rendent  de  grands  services,  en  contri- 
buant à  la  destruction  des  parties  tendineuses  et  nerveuses  des 
cadavres.  Lorsqu'on  touche  ces  Insectes,  ils  restent  immobiles, 
et  on  les  croirait  morts;  mais  bientôt  après  ils  prennent  la  fuite 
pour  échapper  au  danger  :  ils  sont  très-agiles. 

Vingt-quatrième  Genre,  Attagenus,  Latr. 

1.  Attagenus  trifasciatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Attagenus  undatus,  Fab. 
5.  Attagenus  pellio,  Fab. 

4.  Attagenus  vigintiguttatus,  Fab.  Germania. 

5.  Attagenus  megatoma,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

6.  Attagenus  Schaefferi,  Illig.  Germania.  0 

7.  Attagenus  flavicornis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Insectes  de  petite  taille,  se  nourrissant  aussi  de  cadavres.  Ils 
sont  funestes  aux  collections ,  et  s'attachent  de  préférence  aux 
Mammifères;  leurs  larves  surtout  font  le  plus  grand  mal.  Quel- 
ques larves  de  cette  tribu  se  tiennent  sous  les  écorces  et  au  pied 
des  vieux  arbres,  où  probablement  elles  se  nourrissent  de  cada- 
vres d'autres  insectes.  On  trouve  l'Insecte  parfait,  en  tout  temps, 
près  des  corps  morts.  Le  Trifasciatus  et  le  Flavicornis  sont  fort 
rares. 


(  Paris. 


082  HISTOIRE   NATURELLE. 

Vingt-cinquième  Genre,  Megatoma,  Latr. 
1.  Megatoma  serra,  Fab.  Paris. 

Cet  Insecte,  qui  est  de  très-petite  taille,  et  qui  probablement  se 
nourrit  aussi  de  cadavres,  ne  se  trouve,  cependant,  que  sous  les 
écorces  des  vieux  arbres,  aux  endroits  surtout  où  il  y  a  un  suin- 
tement occasionné  par  une  plaie  qui  laisse  échapper  la  sève;  il 
paraît  se  plaire  sur  cette  partie  humide. 

Vingt-sixième  Genre,  Trogoderma,  Latr. 

1.  Trogoderma  elongatulum,  Fab.  Gcrmania. 

2.  Trogoderma  ruficornis,  Latr.  Gallia. 

Les  Trogoderma  sont  aussi  de  très-petite  taille.  Ils  ont  les 
mêmes  mœurs  des  autres  Insectes  de  cette  famille;  cependant 
on  les  trouve  toujours  sur  les  fleurs,  et  le  filet  est  le  plus  sûr 
moyen  de  se  les  procurer. 

Vingt-septième  Genre,  Anthrenus,  Fab. 

4.  Anthrenus  museorum,  Fab.  Paris. 

2.  Anthrenus  scrophulariae,  Fab.  Germania. 

3.  Anthrenus  pimpinella,  Fab.  Paris. 

4.  Anthrenus  albidus,  Dei.  )  -,  „.  ...      ,. 

J;  ,         >  Gallia  meridionahs. 

5.  Anthrenus  glabratus,  Fab.       ) 

6.  Anthrenus  verbasci,  Gyll.  Suecia.  (Var.  du  Tricolor.) 

Ce  genre  fait  le  désespoir  des  collecteurs  et  des  ménagères. 
Quand  ces  Insectes  pénètrent  dans  une  collection  d'histoire  natu- 
relle, ils  la  dévorent;  comme  aussi  lorsqu'ils  s'introduisent  dans 
une  armoire  où  l'on  conserve  des  objets  en  laine,  ils  font  un  mal 
immense.  Le  naturaliste  ne  saurait  prendre  assez  de  précautions 
ni  assez  de  moyens  pour  s'en  défendre;  leurs  larves  sont  si  petites 
qu'elles  passent  par  la  moindre  fente,  et  la  femelle  a  l'instinct  de 
déposer  ses  œufs  imperceptibles  sur  le  rebord  de  la  jonction  des 
armoires.  Dans  le  Midi,  surtout,  il  faut  un  soin  tout  particulier 


[RSECTBS.  083 

pour  conserver  les  collections.  On  les  trouve  sur  toute  espèce  do 
plantes  en  fleurs  :  les  campanulacées  et  les  ombellifères  surtout 
en  sont  couvertes  au  premier  printemps.  VAlbidus  et  le  Pimpi- 
nella  sont  assez  rares. 

Vingt-huitième  Genre,  Aspidiphorus ,  Ziegl. 
1.  Aspidiphorus  orbiculatus,  Gyll.  Suecia. 

Insecte  de  petite  taille,  qu'on  trouve  sur  les  cadavres  en  décom- 
position et  sous  les  écorces  des  vieux  arbres.  On  s'en  empare 
très-difficilement  à  cause  de  sa  petite  taille  et  de  son  agilité.  On 
le  trouve  aussi  sur  les  plantes  en  fleurs;  et  quand  on  a  fauché 
quelque  temps  avec  le  tilet,  on  est  sûr  d'y  trouver  quelques-uns 
de  ces  Insectes ,  mais  en  petit  nombre ,  car  ils  sont  rares. 

Vingt-neuvième  Genre,  Hister,  Lin. 
lrc  Division. 
1.  Hister  major,  Fab.  Gallia  meridionalis . 

Dans  les  bouses  des  vaches  qui  ont  séjourné  quelque  temps 
sur  les  prairies  (rare). 

1.  Hister  cadaverinus,  Payk.  Suecia. 
Cadavres  et  fientes  (très-commun). 

5.  Hister  unicolor,  Fab.  Paris. 

Détritus  des  végétaux,  cadavres  et  fientes  (très-commun). 

4.  Hister  lunatus,  Fab.  Paris. 
Bouses  et  cadavres  (commun). 

5.  Hister  inaequalis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
Bouses  un  peu  sèches. 

6.  Hister  merdarius,  Payk.  Paris. 
Dans  les  excréments  humains  (commun). 


G84  HISTOIRE   NATURELLE. 

7.  Hister  binotatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Bouses  et  cadavres. 

2e  Division. 

8.  Hister  sinuatus.  Payk.  Suecia. 

9.  Hister  quadrinotatus,  Payk.  Austria. 
Bouses  et  cadavres. 

3e  Division. 

10.  Hister  corvinus,  Ger.  Paris. 
Généralement  dans  les  champignons  et  les  cadavres. 

11.  Hister  bimaculatus,  Fab.  Paris. 
Dans  les  bouses  et  les  détritus  (assez  rare). 

12.  Hister  duodecimstriatus,  Payk.  Paris. 

Dans  les  bouses  et  sous  le  fumier  amoncelé  dans  les  champs 
(commun). 

4e  Division. 

13.  Hister  purpurascens,  Fab.  Paris. 
Bouses  et  détritus. 

14.  Hister  carbonarius,  Payk.  Paris. 

Sous  les  amas  de  plantes  en  décomposition  et  les  fumiers. 

15.  Hister  fimetarius,  Payk.  Austria. 
Fumiers  et  bouses. 

16.  Hister  stercorarius,  Payk.  Paris. 

17.  Hister  sinuatus,  Fab.  Austria. 

Se  trouvent  aussi  dans  les  bouses  et  les  fumiers. 
5e  Division. 

18.  Hister  cruciatus,  Payk.  Gallia  meridionalis. 
Cadavres  et  détritus  de  végétaux.  Il  est  assez  rare. 

19.  Hister  semipunctatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
Cadavres, 


INSECTES.  685 

20.  Hister  nitidulus,  Fab.  Paris. 

21.  Hister  intricatus,  Latr.  )  „  „. 

ac.    TT.  _,  .  \  h  allia  meridionalis. 

zz.  Hister  massihensis,  Dej.  ) 

25.  Hister  Algericus,  Payk.  Hispania. 

Ces  quatre  espèces  se  trouvent  dans  les  cadavres  et  dans  les 

bouses.  Les  deux  dernières  sont  fort  rares. 

6e  Division. 

24.  Hister  œneus,  Fab.  Paris. 

Cadavres  et  fourmilières. 

25.  Hister  aflfmis,  Payk.  Gallia  meridionalis. 
Détritus  des  végétaux. 

26.  Hister  dimidiatus,  Payk.  Gallia  meridionalis. 
Mêmes  lieux  que  le  précédent. 

27.  Hister  metallicus,  Fab.  Germania. 

28.  Hister  metallesceus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  dans  les  cadavres  et  dans  les  bouses. 

29.  Hister  rufipes,  Payk.  Gallia  meridionalis. 
Dans  les  cadavres  avancés  (très-rare). 

30.  Hister  œreus,  Dej.  Hispania. 
Détritus  et  cadavres  (très-rare). 

31.  Hister  speculifer,  Payk.  Paris. 
52.  Hister  virescens,  Payk.  Gallia. 

Ces  deux  derniers  se  trouvent  dans  les  bouses  et  sur  les  cada- 
vres. Ils  sont  assez  rares. 

Comme  on  vient  de  le  voir,  on  rencontre  les  Insectes  de  celte 
famille  dans  les  cadavres,  les  ordures,  les  fumiers,  les  bolets  en 
dissolution ,  les  fourmilières  et  sous  les  amas  de  végétaux  en 
décomposition.  Voilà  des  gîtes  bien  différents  :  ils  y  sont  attirés 


086  HISTOIRE   NATURELLE. 

par  la  réunion  de  larves  et  d'Insectes  de  divers  genres ,  qui  s'y 
trouvent  amassés,  et  dont  ils  font  leur  pâture.  Ces  Insectes  sont 
généralement  de  moyenne  taille,  de  forme  ovalaire  et  un  peu 
bombée.  Leurs  couleurs  sont  sombres  ou  métalliques.  Quelques- 
uns  (en  petit  nombre)  ont  des  taches;  d'autres  ont  des  lignes  en 
forme  de  croix  sur'les  élytres.  Leur  faciès  est  si  ressemblant, 
que  leur  étude  est  excessivement  difficile.  Paykull  l'a  facilitée  en 
les  divisant  en  sections,  et  en  attribuant  à  chacune  des  caractères 
plus  ou  moins  distincts  :  sa  monographie  du  genre  Hister  est 
bonne  à  consulter. 

On  rencontre  les  Hister  en  toute  saison  ;  mais  c'est  particuliè- 
rement pendant  l'été  qu'on  les  trouve  en  plus  grand  nombre. 
Après  une  forte  inondation,  on  les  voit  en  masse  sous  les  débris 
des  végétaux  rejetés  sur  la  grève  par  la  mer;  et  alors  on  rencontre 
réunis  tous  ceux  qu'on  trouve  ordinairement  isolés  dans  d'autres 
circonstances. 

Les  Hister  sont  si  voraces,  qu'ils  détruisent  une  grande  quantité 
d'autres  Insectes  ;  et  si ,  par  malheur,  on  en  renferme  quelqu'un 
dans  la  boîte  de  chasse ,  quand  on  rentre  le  soir,  on  a  le  regret 
de  reconnaître  qu'il  a  dévoré  la  plus  grande  partie  des  Insectes 
qu'elle  contenait  :  il  est  donc  essentiel  d'avoir  un  compartiment 
exprès  pour  le  genre  Hister. 

Trentième  Genre,  Dendrophilus,  Leach. 

1.  Dendrophilus  rotundatus,  Fab.  Paris. 

2.  Dendrophilus  miniums,  Dej.  Gallia. 

3.  Dendrophilus  troglodytes,  Payk.  Gallia  meridionalis. 

4.  Dendrophilus  pygmreus,  Payk.  Suecia. 

5.  Dendrophilus  punctatus,  Payk.  Germania. 

Ces  Insectes,  petits  et  plus  bombés  que  le  genre  précédent, 
se  trouvent  généralement  sous  les  écorces  et  sous  les  pierres 
humides;  quelques-uns  dans  les  fourmilières  :  ils  paraissent  vivre 
aussi  aux  dépens  des  larves  d'autres  Insectes. 


INSECTES.  687 

Trente-unième  Genre,  Abrœus,  Leach. 

1.  Abrœus  globulus,  Payk.  Auslria. 

2.  Abrœus  globosus,  Payk.  Paris. 
5.  Abrœus  vulneratus,  Panz.  Suecia. 

C'est  aussi  sous  les  écorces ,  les  fourmilières ,  les  détritus  des 
végétaux  et  sur  les  bolets ,  qu'il  faut  chercher  ces  très-petits 
Insectes,  qui  sont  difficiles  à  saisir.  Le  Vulneratus  est  très-rare. 

Trente-deuxième  Genre,  Hœterius,  Godet. 

\ .  Hœterius  quadratus,  Payk.  Germania. 

Ce  genre,  qui  est  excessivement  rare,  a  toujours  été  trouvé 
sous  les  écorces  des  vieux  arbres. 

Trente-troisième  Genre,  Onthophilus,  Leach. 

\.  Onthophilus  sulcatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Onthophilus  costatus,  Dej.  Nord. 

3.  Onthophilus  striatus,  Fab.  Paris. 

Insectes  de  très-petite  taille,  qu'on  trouve  habituellement  sous 
les  détritus  des  végétaux,  sous  les  écorces  et  sous  les  pierres,  au 
printemps.  Leur  agilité  les  rend  difficiles  à  saisir;  ils  se  laissent 
tomber  dès  qu'on  les  approche,  et  restent  dans  une  complète 
immobilité.  Le  Sulcatus  est  fort  rare. 

Trente-quatrième  Genre,  Platysoma,  Leach. 

i.  Platysoma  depressum,  Fab.  Paris. 

2.  Platysoma  pini,  Solier.  Gallia  meridionalis. 

5.  Platysoma  oblongum,  Fab.  \ 

4.  Platysoma  frontale,  Payk.  J  Germania. 

5.  Platysoma  complanatum,  Payk.  ) 

6.  Platysoma  ançustatum,  Pavk.      ,  ,, 

_   _,  /  .  .         _  '      '  Suecia. 

i.  Platvsoma  picipes,  Fab.  ) 


688  HISTOIRE    NATURELLE. 

Ce  genre  vit,  comme  les  précédents,  sous  les  écorces,  sous  les 
pierres,  sous  les  détritus  et  sur  les  bolets.  C'est  dans  ces  gîtes 
qu'il  faut  le  chercher  et  qu'on  le  trouve,  au  printemps,  à  l'état 
d'Insecte  parfait. 

Trente-cinquième  Genre,  Hyporhagus,  Dej., 
Monomma,  Klug. 

1.  Hyporhagus  gibbosus,  Dej.  Nord. 

Nous  avons  toujours  trouvé  cet  Insecte,  qui  est  fort  rare,  sous 
les  écorces  du  chêne-liége,  lorsque  surtout  quelque  partie  de 
l'arbre  a  été  altérée  par  une  plaie  récemment  faite,  et  qui  laisse 
couler  une  liqueur  visqueuse. 

Trente-sixième  Genre,  Throscus,  Latr. 
1.  Throscus  adstrictor,  Fab.  Suecia. 

En  visitant,  lorsqu'elles  commencent  à  se  décomposer,  les 
fleurs  qui  tombent  à  terre,  en  été,  on  est  sur  d'y  trouver  ce  petit 
Insecte.  Il  doit  probablement  aussi  se  rencontrer  sous  les  pierres. 
Nous  ne  l'avons  jamais  trouvé  dans  notre  filet  en  fauchant,  ce  qui 
nous  fait  penser  qu'il  ne  se  plaît  pas  sur  les  fleurs.  Il  est  rare. 

Trente-septième  Genre,  Nosodendron,  Latr. 
1.  Nosodendron  fasciculare,  Fab.  Paris. 

Il  paraît  vivre  particulièrement  dans  les  plaies  faites  aux  arbres; 
car  on  y  trouve  en  même  temps  les  larves  et  les  insectes  parfaits. 
Il  fréquente  aussi  les  fleurs,  et  le  filet  sert  à  se  le  procurer.  Nous 
l'avons  trouvé  sur  diverses  espèces  d'arbres,  même  sur  les  arbres 
fruitiers,  dans  nos  jardins.  Il  est  rare. 

Trente-huitième  Genre,  Byrrhus,  Fab. 

1.  Byrrhus  gigas,  Fab.  Carniolia. 

2.  Byrrhus  pilula,  Fab.  i  p     . 
5.  Byrrhus  varius,  Fab.                ) 


INSECTES.  689 

4.  Byrrhus  ornatus,  Panz.  Austria. 

5.  Byrrhus  Pyrenœus,  Dej.  Pyrenœi. 

6.  Byrrhus  dorsalis,  Fab.  Paris. 

7.  Byrrhus  murinus,  Fab.  Suecia. 

8.  Byrrhus  arenarius,  Dufts.  Austria. 

9.  Byrrhus  nitens,  Fab.  Paris. 

10.  Byrrhus  striatopuuctatus,  Dej.  Hispania. 
M.  Byrrhus  vestitus,  Dej.  Germania. 

Les  Byrrhus  ont  diverses  stations.  Nous  les  trouvons  dans  les 
bouses,  sous  les  pierres,  sur  les  plantes  et  sur  les  fleurs;  ils 
habitent  les  endroits  sablonneux,  les  prairies,  les  bois  et  les 
champs.  Ce  sont  des  Insectes  de  petite  taille;  ils  volent  avec 
facilité  ;  leur  démarche  est  lente,  et  au  moindre  danger  ils  res- 
tent immobiles.  Le  Pyrenœus,  Y  Ornatus  et  le  Striatopunctatus 
sont  rares. 

Trente-neuvième  Genre,  Limnichus,  Ziegl. 

1.  Limnichus  riparius,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Nous  trouvons  dans  les  mêmes  localités  cet  Insecte,  qui  se 
rapproche  beaucoup  des  Byrrhus  par  sa  forme.  Il  en  a  les  mœurs 
et  les  habitudes  (rare). 

Quarantième  Genre,  Georisus,  Latr. 

\.  Georisus  pygmaeus,  Fab.  Paris. 

2.  Georisus  canaliculatus,  Dej.  Hispania. 

5.  Georisus  striatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
4.  Georisus  sulcatus,  Dej.  Hispania. 

Les  Georisus  sont  de  très-petits  Insectes  qui  vivent  dans  les 
lieux  humides,  sous  les  amas  de  végétaux  ayant  un  commence- 
ment de  décomposition.  On  les  trouve  aussi  au  bord  des  mares 
d'eau,  parmi  les  mousses  et  les  plantes  aquatiques. 

TOME    III.  44 


690  HISTOIRE  NATURELLE. 

Quarante-unième  Genre,  Elmis,  Latr., 
Limnius,  Illig. 

1.  Elmis  Volckmari,  Mull.  )  paHs 

2.  Elmis  œneus,  Mull.  ) 

3.  Elmis  obscurus,  Mull.  Germania. 

4.  Elmis  subviolaceus,  Nées.  Gallia, 

5.  Elmis  parallelipipedus,  Mull.  Paris. 

6.  Elmis  Maugetii,  Latr.  Gallia. 

Les  Elmis  sont  de  très-petits  Insectes  qu'il  faut  aller  chercher 
dans  les  eaux.  Ils  se  trouvent  fixés  dans  les  cavités  des  pierres  qui 
sont  au  fond  des  eaux;  on  les  trouve  aussi  attachés  aux  racines 
des  plantes  aquatiques  et  aux  bois  qui  sont  fixés  dans  la  vase. 
On  les  trouve  encore  en  abondance  dans  les  endroits  pierreux, 
vers  les  bords  de  La  Tet  et  du  Tech.  UObscurus  et  le  Subvio- 
laceus  sont  très-rares. 

Quarante-deuxième  Genre,  Macronichus,  Mull. 

1.  Macronichus  quadrituberculatus,  Mull.  Germania. 
Quarante-troisième  Genre,  Potamophilus,  Germ. 

4.  Potamophilus  acuminatus,  Fab.  Germania. 
Ces  deux  genres  habitent  les  mêmes  lieux  que  les  Elmis.  Us 
paraissent  en  avoir  les  habitudes. 

Quarante-quatrième  Genre,  Parnus,  Fab., 

Driops,  Oliv. 

\.  Parnus  striatopunctatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Parnus  prolifericornis,  Fab.  Germania. 

o.  Parnus  Dumerilii,  Latr.  Gallia  meridionalis. 
4.  Parnus  auriculatus,  Illig.  Suecia. 
Les  Insectes  de  ce  genre  paraissent  ne  pas  avoir  les  mêmes 
habitudes  que  les  précédents.  Quoique  se  tenant  dans  les  eaux, 


INSECTES.  691 

on  ne  les  trouve  jamais  pris  aux  pierres,  mais  bien  aux  plantes 
aquatiques  qui  croissent  au  bord  des  eaux  dormantes,  et  dans  les 
mares,  surtout  celles  qui  sont  submergées  en  hiver.  Le  Striato- 
punctatus  et  le  Dumerilii  sont  rares. 

Quarante-cinquième  Genre,  Heterocerus,  Fab. 

\ .  Heterocerus  marginatus,  Fab.  Paris. 
2.  Heterocerus  minutus,  Dej.  Hispania. 

Les  Hétérocères  paraissent  éminemment  fouilleurs.  C'est  dans 
la  vase,  dans  le  sable  humide,  au  bord  des  mares  ou  des  rivières 
qu'ils  se  tiennent.  On  les  fait  sortir  de  ces  lieux  en  remuant  la 
vase  :  ils  marchent  avec  agilité  et  sont  difficiles  à  saisir. 

APPENDICE   A   LA   FAMILLE   DES   CLAVICORNES. 

Dans  l'année  4860,  M.  Delarouzé  nous  communiqua 
plusieurs  Insectes  de  la  famille  des  Clavicornes  qui  ne 
figurent  point  dans  le  catalogue  de  Dejean,  mais  qui 
sont  décrits  dans  l'entomologie  de  M.  Fairmaire.  Nous 
les  avons  réunis  dans  cet  appendice. 

Genre  Catopsimorphiis. 

1.  Catopsimorphus  Fairmairii,   Delarouzé.    Pyr.  orient. 

2.  Catopsimorphus  Marqueti,  Fairmaire. 

Trouvés  le  10  mars  1860,  aux  environs  de  Collioure,  sous  les 
pierres,  au  bord  de  la  mer. 

Genre  Crocotus. 

1.  Crocotus  unicolor,  Lucas. 
Trouvé  dans  la  même  localité,  le  23  juin,  même  année. 

Genre  Plegaderas. 

1.  Plegaderus  pusillus,  Rossi.  Italia. 
Même  localité,  le  5  juin  1860. 


692  HISTOIRE   NATURELLE. 

Genre  Antomaria. 
4.  Antomaria  Rhenorum,  Krantz. 
Même  localité,  le  8  novembre  1860. 

Genre  Throscus. 
4.  Throscus  elateroïdes,  Heer.  Helvetia. 
Le  8  novembre  1860,  même  localité. 

Famille  des  Palpicornes. 

Cette  famille  a  été  établie  par  Latreille;  elle  a  subi  de 
grandes  modifications.  Elle  comprenait  deux  tribus,  les 
Hydrophiliens  et  les  Spheriodites ,  et  a  pour  caractères  : 
antennes  terminées  en  massue  et  ordinairement  perfoliées 
de  six  a  neuf  articles,  insérées  sous  les  bords  latéraux 
avancés  de  la  tête ,  guère  plus  longues  qne  les  palpes 
maxillaires;  menton  grand,  en  forme  de  bouclier;  corps 
ovoïde,  hémisphérique,  bombé  ou  voûté;  pieds,  dans 
plusieurs,  propres  a  la  natation,  et  n'ayant  alors  que 
quatre  ou  cinq  articles  bien  distincts ,  le  premier  beau- 
coup plus  court  que  le  deuxième. 

Les  Insectes  de  la  première  tribu,  lorsqu'ils  sont  dans 
l'eau,  étendent  leurs  palpes  et  retiennent  alors  leurs 
antennes  cachées  ;  mais  lorsqu'ils  sont  en  dehors  de  cet 
élément,  c'est  tout  le  contraire,  ils  développent  leurs 
antennes,  cachent  leurs  palpes  et  se  servent  des  premières 
pour  toucher  les  corps  environnants  et  pour  diriger  leur 
marche. 

Premier  Genre,  Elophorus,  Fab. 

4 .  Elophorus  grandis,  Illig.  )  parù 

2.  Elophorus  nubilus,  Fab.  \ 


INSECTES.  693 

o.  Elophorus  minutus,  Fab.  Paris. 

4.  Elophorus  griseus,  Gyll.  (Var.  du  précédent.) 

0.  Elophorus  ruçosus,  Oliv.  )   „  „.  ... 

_    _.    ,  ;  ..       ^  .     }  Gallia  meridionalis. 

6.  Elophorus  mtermedius,  Dej.  ) 

7.  Elophorus  tuberculatus,  Gyll.  Suecia. 

Les  Insectes  de  cette  tribu  vivent  dans  l'eau.  Leurs  larves  se 
tiennent  dans  la  vase;  et  lorsqu'elles  deviennent  insectes  parfaits, 
elles  grimpent  sur  les  plantes  aquatiques.  Ils  sont  de  petite  taille, 
peu  agiles,  marchent  mal;  on  les  trouve  sur  la  vase,  au  bord  des 
étangs  ou  des  mares  ;  ils  nagent  mal ,  et  on  prétend  qu'ils  ne 
volent  pas  du  tout.  Le  Rugosus  et  YIntermedhis  sont  rares. 

Deuxième  Genre,  Hydrochus,  Germar. 

1.  Hydrochus  nilidicollis,  Dej.  Gallia  orientalis. 

2.  Hydrochus  crenatus,  Fab.  Gallia  meridionalis . 

3.  Hydrochus  costatus,  Dej.  Paris. 

4.  Hydrochus  brevis,  Payk.  Suecia. 

Les  Hydrochus  sont  aussi  très-petits;  ils  vivent  dans  les  eaux, 
comme  le  genre  précédent,  dont  ils  ont  les  mœurs. 

Troisième  Genre,  Ochthebins ,  Leach. 

1.  Ochthebius  meridionalis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Ochthebius  riparius,  Illig.  Paris. 

5.  Ochthebius  impressifrons,  Dej.] 

4.  Ochthebius  impressicollis,  Dej.[  Gallia  meridionalis. 

5.  Ochthebius  obscurus,  Dej. 

Comme  les  deux  genres  précédents,  les  Ochthebius  ont  les  mêmes 
habitudes.  Ce  sont  des  Insectes  de  très-petite  taille,  qu'on  trouve 
dans  les  mêmes  localités. 

Quatrième  Genre,  Hydrama,  Kugel. 
1.  Hydr?ena  longipalpis,  Schô.  Svecia. 


694  HISTOIRE  NATURELLE. 

2.  Hydrœna  gracilis,  Mull.  Germania. 
5.  Hydrsena  minutissima,  Gyll.  Suecia. 

Insectes  de  très-petite  taille,  ne  différant  point  par  leurs  habi- 
tudes des  genres  précédents,  et  qu'on  doit  chercher  dans  les 
mêmes  lieux,  sous  les  pierres,  dans  l'eau,  dans  la  vase  et  sur  les 
plantes  aquatiques. 

Cinquième  Genre,  Sperchœus,  Fab. 
1.  Sperchœus  emarginatus,  Fab.  G  allia  borealis. 

Insecte  qu'on  trouve  très-rarement,  soit  que  ses  habitudes 
diffèrent  de  celles  des  autres  espèces  de  cette  tribu,  soit  qu'il 
ne  quitte  guère  l'endroit  où  il  se  fixe.  Nous  l'avons  toujours 
trouvé  cramponné  au  collet  des  racines  des  plantes  aquatiques, 
dans  les  mares  d'eau  de  la  Salanque  et  du  littoral. 

Sixième  Genre,  Berosus,  Leach. 

1.  Berosus  signaticollis,  Meg.  Paris. 

2.  Berosus  luridus,  Fab.  Suecia. 

5.  Berosus  punctatissimus,  Dej.  Paris. 

Comme  tous  les  Insectes  de  celle  famille,  les  Berosus  sont  diffi- 
ciles à  se  procurer  :  ils  vivent  comme  eux  dans  le  fond  des  eaux 
des  étangs  et  des  ruisseaux.  C'est  par  hasard  ,  qu'après  avoir 
promené  le  filet  sur  la  vase,  on  en  retire  quelques-uns.  Le  Lu- 
ridus est  fort  rare. 

Septième  Genre,  Hydrophilus,  Fab. 

1.  Hydrophilus  piceus,  Fab.  Paris. 

2.  Hydrophilus  scrobiculatus,  Panz.  Gallia  meridion. 
o.  Hydrophilus  caraboïdes,  Fab.  Paris. 

Les  Hydrophiles  sont  des  Insectes  de  grande  taille.  Ils  sont 
abondants  dans  toutes  les  eaux  du  département,  dans  les  ma- 
res ,  comme  dans  les  eaux  vives ,  lorsqu'il  v  a  de  la  vase  ;  ils 


INSECTES.  695 

paraissent  ne  se  plaire  que  dans  les  lieux  vaseux,  et  ils  nagent 
avec  facilité.  C'est  avec  le  filet  qu'on  peut  se  les  procurer;  quel- 
quefois même,  sur  le  bord  des  mares,  on  peut  les  saisir  avec  la 
main.  Ils  abondent  dans  les  agullas  du  Cagarell,  près  Canet,  et 
dans  toutes  les  mares  de  la  Salanque. 

Huitième  Genre,  Hydrobius,  Leach. 

1.  Hydrobius  picipes,  Fab.  Paris. 

2.  Hydrobius  convexus,  Illig.  Gallia  meridionalis . 
5.  Hydrobius  scarabeoïdes,  Fab.  Suecia. 

4.  Hydrobius  grisescens,  Dej.  Austria. 

5.  Hydrobius  griseus,  Fab.  \ 

6.  Hydrobius  globulus,  Payk.       j 

7.  Hydrobius  bipunctatus,  Fab.  \  Paris. 

8.  Hydrobius  truncatellus,  Fab.  \ 

9.  Hydrobius  orbicularis,  Fab.     ] 

10.  Hydrobius  hemisphœricus,  Dej.  Gallia. 

Ces  Insectes  sont  moins  grands  qne  ceux  du  genre  précédent; 
ils  vivent  comme  eux  dans  les  mares,  les  étangs  et  toutes  les  eaux 
vaseuses.  On  peut  aussi  les  saisir  en  promenant  le  filet  sur  la  vase  ; 
ils  sont  attachés  quelquefois  aux  plantes  aquatiques.  Toutes  les 
mares  des  parties  basses  du  littoral  en  fournissent  abondamment. 
Le  Globuhis,  Y  Hemisphœricus  et  le  Bipunctatus  sont  rares. 

Neuvième  Genre,  Sphœridium,  Fab. 

1.  Sphœridium  scarabeoïdes,  Fab.   )  _     . 

}  Paris. 

2.  Sphœridium  bipustulatum,  Fab.  j 

Les  Insectes  qui  appartiennent  à  ce  genre  sont  de  petite  taille, 
et  vivent  dans  les  excréments  des  animaux  herbivores  plus  parti- 
culièrement. Dès  qu'on  les  trouble  dans  leurs  demeures,  ils  fuient 
avec  une  extrême  agilité.  On  les  trouve  dans  toutes  les  localités 
fréquentées  par  les  bœufs  et  les  juments. 


696  HISTOIRE   NATURELLE. 

Dixième  Genre,  Cercyon,  Leach. 

1.  Cercyon  littorale,  Gyll.  Suecia. 

2.  Cercyon  hsemorroïdale,  Fab.    \ 

5.  Cercyon  atomarium,  Fab.        >  Paris. 

4.  Cercyon  unipunctatum,  Fab.    ' 

5.  Cercyon  centrimaculatum,  Strum.  Gallia. 

Mêmes  mœurs  et  habitudes  que  les  Insectes  du  genre  précédent  ; 
cependant  quelques  espèces  se  trouvent  dans  le  fumier,  au  bord 
des  eaux  et  dans  les  détritus  des  végétaux.  Les  parties  basses  du 
département  sont  les  lieux  qu'ils  habitent  de  préférence. 

Famille  des  Lamellicornes. 

Cette  famille,  établie  par  Latreille,  a  subi  de  grandes 
modifications.  Les  réformes  dont  elle  a  été  l'objet  ont 
porté  un  peu  de  clarté  au  milieu  du  grand  nombre  de 
genres  et  d'espèces  qui  la  composent.  C'est  parmi  les 
Lamellicornes  que  se  trouvent  les  plus  beaux  Insectes 
pentamères;  ils  se  distinguent  autant  par  la  dimension 
du  corps  que  par  la  variété  des  formes  et  l'éclat  de  leurs 
couleurs. 

Les  Lamellicornes  offrent  pour  caractères  généraux, 
des  antennes  insérées  dans  une  fossette  profonde,  sous 
les  bords  latéraux  de  la  tète,  toujours  courtes,  de  neuf  à 
dix  articles,  et  terminées  en  une  massue  composée  ordi- 
nairement des  trois  derniers,  qui  sont  en  forme  de  lame. 
Cette  massue  est  tantôt  disposée  en  éventail  ou  à  la  manière 
des  feuillets  d'un  livre  ;  elle  est  quelquefois  contournée  et 
s'emboîtant  concentriquement,  le  premier  article  ou  l'in- 
férieur de  cette  massue  ayant  la  forme  d'un  demi-entonnoir 
et  recevant  les  autres;  tantôt  elle  est  disposée  perpendi- 
culairement à  l'axe  et  formant  une  sorte  de  peigne. 


INSECTES.  697 

Le  corps  est  généralement  ovoïde  ou  ovalaire  et  épais; 
le  côté  extérieur  des  deux  jambes  antérieures  est  denté, 
et  les  articles  des  tarses,  à  l'exception  de  quelques  mâles, 
sont  entiers  et  sans  brosses  ni  pelotes  en  dessous.  L'ex- 
trémité antérieure  de  la  tête  s'avance  ou  se  dilate  le  plus 
souvent  en  manière  de  chaperon;  le  menton  est  grand, 
recouvre  la  languette  ou  est  incorporé  avec  elle,  et  porte 
les  palpes;  les  mandibules  de  plusieurs  sont  membra- 
neuses, caractère  unique  pour  cette  famille.  Souvent  les 
mâles  diffèrent  des  femelles,  soit  par  des  élévations  en 
forme  de  cônes  ou  de  tubercules  du  corselet  ou  de  la 
tête,  soit  par  la  grandeur  des  mandibules. 

La  plupart  des  Lamellicornes  se  nourrissent  de  végé- 
taux décomposés ,  tels  que  le  fumier ,  le  tan ,  ou  de 
matières  excrémentielles.  Les  Melitophiles  se  rencontrent 
sur  les  fleurs  ou  sur  le  tronc  d'arbres  ulcérés;  mais  leurs 
larves  vivent  de  détritus  ligneux. 

Premier  Genre,  Atevchvs,  Fab. 

1.  Ateuchus  sacer,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Ateuchus  semipunctatus,  Fab.  Italia. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  très-communément  sur  tout  le 
littoral  de  notre  déparlement.  On  les  voit  voler  sur  les  dunes,  et 
traîner  souvent  sur  le  sable  une  grosse  boule  qu'elles  conduisent 
à  un  trou  pratiqué  au  pied  d'une  plante,  sur  une  motte  élevée 
et  un  peu  éloignée  de  la  mer.  Celle  boule,  formée  par  des  excré- 
ments, renferme  les  œufs  que  la  femelle  y  a  pondus  :  les  larves 
en  naissant  commencent  à  y  trouver  leur  première  nourriture 
(très-communes). 

5.  Ateuchus  variolosus,  Fab.  Dalmatia. 
4.  Ateuchus  pius,  Illig.  Hungaria. 


698  HISTOIRE  NATURELLE. 

Ces  deux  espèces  sont  assez  communes  au  pied  des  Albères, 
dans  toute  la  plaine  qui  longe  leur  base.  Elles  fouillent  les 
fientes  des  cochons  plus  particulièrement.  Leurs  boules,  qu'elles 
traînent  comme  les  deux  espèces  précédentes,  sont  faites  avec 
cette  même  fiente;  elles  les  cachent  aussi  dans  les  terres  légères, 
au  bord  des  fossés  des  champs  et  des  routes.  Le  Plus  est  plus  rare. 

5.  Ateuchus  puncticollis,  Dej.  Hispania. 

6.  Ateuchus  laticollis,  Fab.  Gallia  meridionalis . 

On  trouve  ces  deux  espèces  dans  la  plaine,  sur  les  terres  éloi- 
gnées de  la  mer,  le  long  du  riverai  de  nos  trois  cours  d'eau  : 
elles  ne  se  trouvent  pas  aussi  fréquemment  que  les  autres  espèces, 
dont  elles  ont  les  habitudes. 

Deuxième  Genre,  Gymnopleurus,  Illig. 

1.  Gymnopleurus  pilularius,  Fab.  Gallia. 

Cette  espèce  est  fort  commune  dans  tout  le  département.  On  la 
trouve  par  masses  considérables  sur  les  bouses,  le  long  des  routes, 
et  dans  les  champs.  Aussitôt  qu'ils  sont  inquiétés,  ces  Insectes 
prennent  le  vol  ;  cependant  on  a  toujours  le  temps  d'en  ramasser 
un  grand  nombre.  C'est  l'habitude  de  former  des  boules  avec  les 
fientes  qui  leur  a  fait  donner  le  nom  de  Pilularius. 

2.  Gymnopleurus  flagellatus,  Fab.  Gallia. 

Le  Flagellatus  est  moins  commun.  Il  reste  d'habitude  clans  les 
terres  arides  :  les  vignes,  les  olivettes  des  parties  élevées  du  centre 
du  département.  Comme  le  dernier,  on  le  rencontre  toujours  dans 
les  bouses  et  souvent  dans  les  excréments  humains  (rare). 

Troisième  Genre,  Sisyphus,  Latr. 

1.  Sisyphus  Schaefferi,  Fab.  Paris. 

Très-commun  dans  les  bouses,  sur  les  chemins  et  les  champs 
de  toute  la  plaine, 


INSECTES.  699 

Quatrième  Genre,  Pygurvs,  Dej. 
1.  Pygurus  productus,  Dej.  Nord. 
Mêmes  habitudes  que  le  précédent  (rare). 

Cinquième  Genre,  Copris,  Fab. 

1.  Copris  Hispana,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Nous  avons  constamment  trouvé  cette  espèce  au  milieu  des 
bouses  de  vaches,  dans  les  prairies  qui  bordent  la  plage  d'Argelès- 
sur-Mer  et  dans  celles  de  la  plaine  de  Palau.  Plus  rare  dans  le 
vallon  de  Banyuls-sur-Mer. 

2.  Copris  lunaris,  Fab. 


,  Paris. 

3.  Copris  emarginata,  Fab. 

Ces  deux  espèces  sont  communes  dans  la  bouse  des  vaches, 
dans  toute  la  plaine,  dans  les  prairies  des  bords  de  la  mer,  et 
dans  toute  la  Salanque. 

4.  Copris  paniscus,  Fab.  Gctllia  meridionalis. 

Celte  espèce,  beaucoup  plus  petite  que  les  autres,  se  trouve 
aussi  dans  les  bouses,  mais  dans  les  bois  arides  des  parties  mon- 
tueuses,  les  environs  de  Saint-Laurent-de-Cerdans  et  de  Costujes. 
Elle  y  est  rare. 

5.  Copris  granulata,  Dej.  Nord. 

Assez  commune  dans  la  bouse  des  vaches,  sur  les  prairies 
élevées,  Mont-Louis  et  ses  environs.  Nous  l'avons  aussi  trouvée 
dans  les  bouses,  sur  les  prairies,  vers  la  région  moyenne  du 
Canigou  (rare). 

Sixième  Genre,  Onthophagus,  Latr. 

\.  Onthophagus  vacca,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Onthophagus  hybueri,  Fab.  Austria. 

3.  Onthophagus  taurus,  Fab.  Paris, 


700  HISTOIRE  NATURELLE. 

4.  Onthophagus  fracticornis,  Fab.  Gallia. 

5.  Onthophagus  Schreberi,  Fab.  Paris. 

6.  Onthophagus  furcatus,  Fab.  Gallia. 

7.  Onthophagus  ovatus,  Fab.  Paris. 

8.  Onthophagus  ernarginatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

9.  Onthophagus  hirtus,  Illig.  Lusitania. 
10.  Onthophagus  nutans,  Fab.       j 

11    Onthophagus  cœnobita,  Fab.  |  Paris. 

12.  Onthophag.  nuchicornis,  Fab.) 

15.  Onthophagus  camelus,  Fab.  Germania. 

Il  faut  encore  chercher  les  espèces  de  ce  nombreux  genre  dans 
la  bouse  des  bestiaux,  dans  les  excréments  humains  même;  on 
les  trouve  en  masse  dans  les  prairies  de  la  plaine  et  de  la  mon- 
tagne. Le  naturaliste  ne  doit  pas  craindre  de  remuer  ces  objets 
infects  :  il  se  trouve  dédommagé  par  les  fort  jolies  et  rares  espèces 
qu'il  y  rencontre. 

Septième  Genre,  Bubas,  Meg. 

1.  Bubas  bison,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Nous  trouvons  cette  espèce  dans  la  bouse  des  bestiaux,  dans 
les  terrains  arides,  les  olivettes  de  Malloles  et  dans  la  contrée  de 
Thuir  (assez  rare). 

2.  Bubas  bubalus,  Latr.  Gallia  meridionalis. 

Le  Bubalus  est  assez  commun  :  on  le  trouve  de  bonne  heure, 
fin  février  déjà,  dans  la  bouse  des  bestiaux  répandue  dans  toute 
la  plaine,  dans  toute  la  Salanque  et  dans  les  prairies  maritimes 
de  tout  le  littoral. 

Huitième  Genre,  Onitis,  Fab. 

1.  Onitis  Olivieri,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

Les  habitudes  de  cet  Insecte  sont  les  mêmes  que  celles  des 
genres  précédents.  Il  faut  aussi  le  chercher  dans  la  bouse  des 


INSECTES.  701 

vaches,  sur  les  prairies  et  champs  du  bord  de  la  mer,  sur  tout  le 
littoral.  Il  s'enfonce  dans  la  terre,  où  il  faut  souvent  aller  le 
chercher  assez  profondément  :  en  remuant  la  bouse,  on  s'aper- 
çoit bientôt  du  trou  qu'il  a  fait  dans  la  terre,  et  alors  il  est  très- 
facile  de  se  le  procurer  en  enfonçant  à  côté  une  lame  de  couteau 
et  soulevant  la  terre  (il  est  commun). 

2.  Onitis  furcifer,  Ros.  Italia. 

3.  Onitis  Vandelli,  Fab.  Lusitania. 

Ces  deux  espèces  ont" les  mêmes  habitudes,  et  c'est  sous  les 
bouses  qu'il  faut  aussi  les  chercher.  Elles  vivent  dans  les  champs 
et  prairies  de  l'intérieur  des  terres,  assez  éloignées  de  la  mer; 
car  jamais  nous  ne  les  avons  rencontrées  dans  les  mêmes  lieux 
que  YOUvieri.  Elles  sont  très-rares. 

Neuvième  Genre,  Oniticellus,  Ziegl. 

1.  Oniticellus  festivus,  Stev.  Russia  meridiojialis. 

2.  Oniticellus  flavipes,  Fab.  Paris. 

Ces  deux  Insectes,  comme  tous  ceux  de  cette  tribu,  se  trouvent 
dans  les  fientes  des  bestiaux,  dans  toutes  les  prairies  de  la  plaine, 
et  dans  celles  de  la  montagne  jusqu'aux  élévations  moyennes. 

Dixième  Genre,  Aphodius,  Fab. 

1.  Aphodius  faetens,  Fab. 

2.  Aphodius  scybalarius,  Fab. 
5.  Aphodius  rufescens,  Fab. 

4.  Aphodius  porcus,  Fab.  [  p     . 

5.  Aphodius  pubescens,  Ziegl. 

6.  Aphodius  contaminatus,  Fab. 

7.  Aphodius  inquinatus,  Fab. 

8.  Aphodius  luridus,  Fab. 

9.  Aphodius  nigripes,  Fab.  Suecia. 
10.  Aphodius  pécari,  Fab.  Gallia  meridionalis. 


702  HISTOIRE   NATURELLE. 

li.  Aphodius  rufipes,  Fab. 


Paris. 


Paris 
12.  Aphodius  erraticus,  Fab. 

15.  Aphodius  scrutator,  Fab.  Austria. 

14.  Aphodius  subterraneus,  Fab.  Paris. 

15.  Aphodius  hœmorroïdalis,  Fab.  Germania. 

16.  Aphodius  constans,  Dufts.  Dalmatia. 

17.  Aphodius  carbonarius,  Strum. 

18.  Aphodius  tristis,  Panz. 

19.  Aphodius  sus,  Fab.  Suecia. 

20.  Aphodius  testudinarius,  Fab. 

21.  Aphodius  fimetarius,  Fab. 

22.  Aphodius  fossor,  Fab. 

/  Paris 
25.  Aphodius  immundus,  Sturm. 

24.  Aphodius  nitidulus,  Fab. 

25.  Aphodius  prodromus,  Fab. 

26.  Aphodius  bipunctatus,  Fab.  Russia  meridionalis. 

27.  Aphodius  bimaculatus,  Fab.        ] 

28.  Aphodius  quadrimaculatus,  Fab.)  Paris. 

29.  Aphodius  merdarius,  Fab.  ) 

50.  Aphodius  monticola,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Les  Insectes  de  cette  nombreuse  tribu,  habitent  toutes  les  lati- 
tudes du  département.  Les  bouses,  les  fientes  des  bestiaux  de  toute 
sorte,  les  excréments  humains,  les  fumiers;  enfin,  toutes  les 
substances  putrescibles  les  attirent  en  grand  nombre  :  en  fouillant 
ces  déjections,  on  est  sûr  d'en  faire  ample  provision.  Ils  vivent  en 
nombreuse  famille  dans  le  même  gîte  ;  et,  lorsqu'on  découvre  une 
bouse,  il  n'est  pas  étonnant  de  les  voir  fuir  ou  s'enfoncer  dans  la 
terre  par  centaines.  Bon  nombre  d'espèces  sont  rares. 

Onzième  Genre,  Oxyomus,  Eschs. 

1 .  Oxyomus  porcatus,  Fab.  Paris. 

2.  Oxiomus  sabulosus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 


INSECTES.  703 

Douzième  Genre,  Psammodius ,  Gyll. 

1.  Psammodius  porsicollis,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

2.  Psammodius  vulneratus,  Strum.  Hungaria. 

Treizième  Genre,  Mgialia,  Latr. 

\ .  /Egialia  globosa,  Illig.  Gallia  borealis. 

Ces  trois  genres  ont  été  séparés  du  genre  Aphodius.  Il  faudrait 
taire  bien  d'autres  coupures  pour  mettre  de  la  clarté  dans  l'étude 
de  cette  nombreuse  tribu.  Ils  ont  les  mêmes  habitudes  et  fré- 
quentent les  mêmes  lieux  que  les  Aphodius;  c'est  donc  dans  les 
mêmes  parages  et  avec  les  mêmes  moyens  qu'on  se  les  procurera. 
Ils  sont  excessivement  agiles;  et,  dès  qu'on  découvre  leur  retraite, 
ils  cherchent  à  s'évader;  la  plupart  restent  dans  une  immobilité 
complète  pendant  très-longtemps,  au  point  de  faire  croire  qu'ils 
sont  morts. 

Quatorzième  Genre,  Trox,  Fab. 

1.  Trox  granulatus,  Fab.  Hispania. 

Cette  espèce  se  trouve  sur  les  routes  sablonneuses  de  la  plaine 
des  Aspres,  sur  les  lieux  arides  (rare). 

2.  Trox  perlatus,  Strum.  j         . 
5.  Trox  hispidus,  Fab.  j 

Ces  deux  espèces  sont  communes  dans  les  lieux  sablonneux 
des  prairies  maritimes  de  tout  le  littoral. 

4.  Trox  sabulosus,  Fab.  Suecia. 

5.  Trox  arenarius,  Fab.  Paris. 

Sur  les  dunes  de  tout  le  littoral  on  trouve  en  abondance  ces 
deux  espèces,  surtout  près  des  cadavres  de  quelque  poisson  rejeté 
par  la  mer;  on  les  rencontre  aussi  dans  les  terres  sablonneuses 
de  la  plaine,  près  des  fientes. 


704  HISTOIRE   NATURELLE. 

6.  Trox  cadaverinus,  Illig.  Germania  borealis. 

Le  Cadaverinus  est  beaucoup  plus  rare.  On  le  trouve  dans  la 
plaine,  près  des  cadavres,  surtout  lorsqu'ils  sont  presque  dessé- 
chés; dans  les  fossés  des  fortifications  de  la  ville  et  de  la  citadelle 
de  Perpignan. 

Quinzième  Genre,  Lelhrus,  Fab. 
i.  Lethrus  cephalotes,  Fab.  Hungaria. 

Seizième  Genre,  Geotrupes,  Latr. 

Ce  sont  encore  les  fientes  des  bestiaux  qu'il  faut  remuer  pour 
y  trouver  les  espèces  de  ce  genre.  Sur  les  grandes  routes,  dans 
les  champs  et  les  prairies  fréquentées  par  les  bestiaux,  on  est 
sûr  d'en  rencontrer  à  la  tombée  de  la  nuit  :  on  les  voit  alors 
courir  sur  les  chemins,  et  pendant  le  jour  on  les  voit  voler. 

\.  Geotrupes  dispar,  Fav.  Russia  meridionalis. 

Cette  rare  espèce  se  trouve  dans  les  prairies  et  les  champs  qui 
sont  dans  la  plaine  de  Saint-Genis,  au  pied  des  Albères. 

2.  Geotrupes  typhseus,  Fab. 

3.  Geotrupes  sylvaticus,  Fab. 

Ces  deux  espèces  sont  fréquentes  dans  les  bouses,  prairies  de 
Saint-Cyprien  et  d'Elne. 

4.  Geotrupes  vernalis,  Fab.  Paris. 

Avec  cette  espèce,  commune  dans  les  régions  élevées  de  La 
Preste  et  de  Mont -Louis,  on  trouve  les  deux  belles  variétés 
Autumnalis  et  Splendens  de  Ziegler. 

5.  Geotrupes  stercorarius,  Fab.  Paris. 

6.  Geotrupes  levigatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Les  fientes  des  bestiaux  renferment  ces  deux  espèces.  On  les 
voit  partout,  sur  les  routes,  les  champs  et  les  prairies  de  toute 
la  plaine. 


Paris. 


INSECTES.  705 

7.  Geotrupes  hypoerita,  Schneid.  Paris. 

Cette  jolie  espèce  n'est  pas  très-répandue.  Nous  l'avons  trouvée 
dans  les  régions  élevées.  Comme  les  autres  espèces  du  genre, 
elle  vit  dans  les  fientes  des  bestiaux. 

8.  Geotrupes  Hoffmanseggii,  Dej.  Hùpania. 

Cette  espèce  est  excessivement  rare.  Elle  a  les  mêmes  habitudes 
que  les  autres  :  c'est  dans  les  bouses,  dans  les  vignes  et  sur  les 
garrigues  du  vallon  de  Banyuls-sur-Mer  seulement,  que  nous 
l'avons  trouvée. 

Dix-septième  Genre,  Hybosorus,  Mac-Leay. 
1.  Hybosorus  a  rat  or,  Fab.  G  allia  meridionalis. 

C'est  encore  dans  les  fientes  et  les  champignons  qu'on  trouve 
cette  espèce,  qui  est  fort  rare. 

Dix-huitième  Genre,  Ochodœus,  Meg. 
1.  Ochodœus  chrysomelinus,  Fab.  Austria. 

Je  ne  puis  donner  de  grands  renseignements  "sur  cette  espèce, 
ne  l'ayant  prise  qu'une  seule  fois  en  1822.  Nous  allions  à  la 
promenade  avec  le  comte  de  Genisson.  Mon  fils,  fort  jeune  alors, 
prit  un  Ochodœus  chrysomelinus,  et  fit  de  suite  la  remarque  que 
c'était  une  espèce  que  nous  n'avions  pas  encore  trouvée.  Il  avait 
l'habitude  de  me  suivre  dans  mes  courses  entomologiques,  et  il 
était  content  quand  nous  trouvions  quelque  chose  de  nouveau  : 
nous  étions  sur  les  glacis  des  fortifications  de  la  ville,  au-dessus 
de  l'allée  des  platanes.  Nous  avons  beaucoup  cherché  depuis; 
mais  nous  n'avons  plus  trouvé  cet  Insecte,  dont  les  habitudes 
doivent  être,  cependant,  celles  de  toutes  les  espèces  de  cette 
tribu,  et  il  doit  vivre  dans  les  fientes  et  les  broussailles. 

Dix-neuvième  Genre,  Hybalus,  Dej. 
1.  Hybalus  cornifrons,  Dej.  Italia  meridionalis. 

TOME  HI.  45 


706  HISTOIRE   NATURELLE. 

Trouvé  sur  la  route  de  Castell  à  Saint-Martin  de  Canigou,  une 
seule  fois,  ce  qui  me  fait  croire  que  cet  Insecte  est  fort  rare. 

Vingtième  Genre,  Bolboceras,  Kirb., 
Odontœus,  Meg. 

1.  Bolboceras  mobilicornis,  Fab.  Paris. 

2.  Bolboceras  Lusitanicus,  Dej.  Lusitania. 

C'est  dans  la  vallée  de  l'Agly  que  se  trouvent  ces  deux  espèces. 
Je  ne  puis  préciser  le  lieu  où  elles  vivent;  mais,  après  la  forte 
inondation  du  mois  de  mai  1842,  elles  furent  assez  abondantes 
sur  la  plage  de  Torreilles,  parmi  la  grande  quantité  de  broussailles 
rejetées  par  la  mer.  Le  débordement  des  deux  rivières,  La  Tet 
et  l'Agly ,  avait  couvert  toutes  les  terres  de  la  Salanque ,  et 
entraîné  des  masses  de  broussailles  sur  la  grève.  Jamais  je  n'ai 
vu  tant  d'insectes  réunis  :  les  dunes  de  tout  le  littoral  en  étaient 
couvertes;  aussi  en  avons-nous  fait  ample  provision. 

Les  Insectes  de  ce  genre  doivent  avoir  les  mêmes  habitudes  que 
les  autres  espèces  de  cette  tribu  ;  et  si  on  les  trouve  quelquefois 
dans  les  luzernes  de  ces  parages,  c'est  qu'il  y  a  des  bouses 
déposées  par  les  bestiaux. 

Vingt-unième  Genre,  Oryctes,  Illig. 

1.  Oryctes  grypus,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

2.  Oryctes  nasicornis,  Fab.  Paris. 

Ces  deux  espèces  vivent  dans  les  terres  arides,  les  olivettes  des 
environs  de  Perpignan,  ùeMalloles  surtout;  tout  le  long  de  la  base 
des  Albères;  à  Thuir,  Ille  et  en  d'autres  lieux.  On  les  voit,  après 
le  coucher  du  soleil,  sortant  de  leur  trou  pour  se  porter  vers  les 
lïenles  des  bestiaux;  dans  la  journée  elles  rentrent  dans  la  terre. 
Lorsqu'on  laboure  les  champs,  on  en  soulève  quelquefois  avec  la 
charrue.  En  fouillant  auprès  de  vieux  troncs  d'oliviers,  là  où  il 
y  a  des  broussailles  surtout,  on  les  y  trouve  blotties.  Quand  on 
découvre  un  des  trous  qui  conduit  à  leur  retraite,  on  n'a  qu'à 


INSECTES.  707 

y  jeter  de  l'eau,  el  l'Insecle  ne  tarde  pas  à  sortir  :  c'est  de  cette 
manière  qu'on  peut  se  les  procurer.  La  première  est  moins  rare 
que  la  seconde. 

3.  Oryctes  silenus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Cette  espèce  est  très-commune  aux  environs  de  la  ville,  sur 
les  glacis  des  fortifications  près  la  promenade  des  platanes,  autour 
des  remparts  intérieurs  de  la  ville  près  la  caserne  de  cavalerie, 
et  le  long  de  la  route  qui  borde  la  pépinière  départementale. 
On  la  voit,  après  le  coucher  du  soleil,  sortir  des  fourrés  et 
venir  sur  la  grand'route  visiter  les  fientes  que  les  bestiaux  v 
ont  déposé.  Elle  est  très-commune  en  juin  et  juillet. 

Vingt-deuxième  Genre,  Scarabams,  Latr. 

\.  Scarabœus  puncticollis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
2.  Scarabœus  monodon,  Fab.  Hungaria. 

On  rencontrait  très-rarement  ces  deux  Insectes  dans  les  terres 
et  près  des  dunes;  mais  en  1842  ils  furent  très-abondants  sous 
les  broussailles,  qui  couvraient  toute  la  plage  après  l'inondation. 
Comme  ces  Insectes  ne  sortent  de  leur  retraite  que  pendant  la 
nuit,  il  n'est  pas  étonnant  qu'on  les  trouve  rarement.  Le  Monodon 
est  plus  rare. 

Vingt-troisième  Genre,  Pachypns,  Dej. 

1.  Pachypus  truncatifrons,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

On  trouve  cet  Insecte ,  qui  est  rare ,  dans  les  amas  de  brous- 
sailles rejetées  par  les  eaux,  et  au  pied  des  arbres  garnis  de  ces 
mêmes  broussailles. 

Vingt-quatrième  Genre,  Anomala,  Meg. 

1 .  Anomala  vitis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Anomala  julii,  Fab.  Paris. 

5.  Anomala  Frischii,  Fab.  (Var.  du  précédent.) 


708  HISTOIRE    NATURELLE. 

Communes,  en  juin  et  juillet,  sur  les  jeunes  pousses  des  saules 
dans  les  taillis  qui  bordent  nos  cours  d'eau,  la  pépinière  dépar- 
tementale et  tous  les  taillis  des  bords  de  La  Tet  et  de  l'Agly;  la 
couleur  varie  du  beau  vert  jusqu'au  bleu  parfait  dans  le  Yitis. 

4.  Anomala  junii,  Dufts.  Gallia  meridionalis. 

On  trouve  celte  espèce  ordinairement  sur  les  plantes  et  sur  les 
jeunes  pousses  des  arbres  qui  bordent  les  fossés  des  parties  basses 
de  Canet,  et,  dans  tout  le  littoral,  près  des  mares  d'eau  salée  qui 
se  rapprochent  le  plus  des  bords  de  la  mer.  Elle  est  moins  com- 
mune que  les  deux  autres. 

Vingt-cinquième  Genre,  Anisoplia,  Meg. 

1.  Anisoplia  arvicola,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Commune  sur  les  jeunes  pousses  des  peupliers,  le  long  de  La 
Tet  et  de  tous  les  cours  d'eau. 

2.  Anisoplia  campestris,  Latr.  Gallia  meridionalis. 

Bord  des  champs  sur  les  graminées,  bord  des  fossés  des  routes 
dans  tout  le  département. 

3.  Anisoplia  horticola,  Fab.  Paris. 

4.  Anisoplia  Austriaca,  Herbst.  Âustria. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  habituellement  sur  toutes  les 
plantes  qui  croissent  au  bord  des  fossés  des  champs  de  toutes 
les  terres  aspres. 

5.  Anisoplia  fruclicola,  Fab.  Austria. 

6.  Anisoplia  floricola,  Fab.  Hispania. 

La  rosa  canina,  qui  borde  une  grande  partie  des  fossés  et  des 
haies  des  champs  dans  toute  la  contrée,  est  dévorée  par  ces  deux 
Insectes  qui  s'y  tiennent  par  masses.  La  Fruclicola  est  plus 
rare. 


INSECTES.  709 

7.  Anisoplia  agricola,  Fab.  Paris. 

Les  prairies  et  les  luzernes  de  toutes  les  parties  basses  do  la 
Salanque;  celles  qui  sont  près  des  bords  des  rivières,  sont  cou- 
vertes de  cette  espèce  tant  elle  est  commune. 

Vingt-sixième  Genre,  Melolonlha,  Fab. 

1.  Melolonlha  fullo,  Fab.  G  allia. 

Cette  très-jolie  espèce  n'est  pas  très-commune,  ou  du  moins 
il  est  très-difficile  de  se  la  procurer,  parce  qu'elle  a  l'habitude  de 
s'élever  très-haut  et  de  voltiger  autour  des  sommités  de  nos  plus 
grands  arbres.  Les  sujets  qu'on  peut  se  procurer  sont  ceux  tombés 
à  terre  par  suite  d'accident. 

2.  Melolontha  vulgaris,  Fab.  Paris. 

A  la  chute  du  jour,  on  voit  cette  espèce  voler  autour  des 
arbres  de  toute  la  plaine;  elle  sort  de  terre,  et  il  est  facile  de 
se  la  procurer. 

5.  Melolonlha  hippocastani,  Fab.  Paris. 

Cette  espèce  n'est  pas  Irès-commune  dans  ce  pays.  Je  ne  l'ai 
trouvée  qu'aux  parties  un  peu  élevées  de  la  province ,  dans  le 
vallon  de  Saint-Laurent-de-Cerdans  seulement. 

Vingt-septième  Genre,  Catalasis,  Dej. 
\.  Catalasis  Australis,  Schœn.  Gallia  meridionalis. 

Elle  est  excessivement  commune  sur  les  dunes  au  bord  de  la 
mer;  on  la  trouve  attachée  aux  plantes  qui  vivent  dans  ces  parages. 
Dès  que  le  soleil  quitte  l'horizon,  elle  vole  en  si  grand  nombre, 
que  les  personnes  qui  se  trouvent  au  bord  de  la  mer  en  sont  exces- 
sivement incommodées:  elles  viennent  bourdonner  par  centaines 
autour  de  la  tète.  Elle  ne  quitte  jamais  les  environs  des  dunes. 

2.  Catalasis  pilosa,  Fab.  Austria. 


710  HISTOIRE   NATURELLE. 

3.  Catalasis  villosa,  Fab.  Paris.  (Variété.) 

Ces  deux  variétés  sont  aussi  très-communes  sur  tout  le  littoral. 
Elles  se  répandent  dans  les  terres,  et  voltigent  autour  des  arbres: 
je  les  ai  vues  sur  tous  les  points  du  littoral  et  dans  toute  la  plaine. 

4.  Catalasis  lanuginosa,  Cornp.  N.  E.  Pyren.  oriental. 

Cette  espèce  est  fort  rare  par  l'habitude  qu'elle  a  de  ne  sortir  de 
terre  que  vers  les  onze  heures  du  soir.  Elle  habite  aussi  les  dunes 
et  se  tient  dans  le  sable  :  jamais,  dans  le  jour,  je  ne  l'ai  trouvée 
sur  les  plantes.  Elle  est  d'un  noir  très-foncé;  la  suture  et  le  bord 
des  élytres  sont  d'un  blanc  sale;  les  segments  de  l'abdomen  sont 
jaunâtres,  et  un  duvet  lanugineux  couvre  toutes  les  parties  infé- 
rieures ;  elle  est  de  la  grosseur  du  Pilosa.  M.  le  comte  de  Genisson 
lui  donna  le  nom  de  Lunuginosa.  Je  venais  d'en  faire  la  découverte 
par  le  plus  grand  des  hasards.  On  faisait  tant  de  bruit  sur  la  plage, 
que,  ne  pouvant  dormir,  j'allumai  ma  lanterne  pour  chasser  aux 
Scarites,  lorsque  je  vis  sortir  cet  Insecte  de  terre.  Son  aspect  me 
frappa  ;  j'en  fis  provision ,  et  depuis  lors ,  quand  j'ai  voulu  le  pren- 
dre, j'ai  dû  aller  coucher  sur  la  plage  de  Canet,  car  c'est  l'endroit 
où  je  l'ai  découvert  :  je  me  suis  parfaitement  convaincu  qu'il  ne 
sort  de  terre  qu'au  milieu  de  la  nuit.  Envoyé  à  M.  le  comte  Dejean, 
il  reconnut  que  c'était  une  espèce  nouvelle,  et  il  adopta  le  nom  que 
que  nous  lui  avions  donné. 

Vingt-huitième  Genre,  Rhisotrogus,  Latr. 

1.  Rhisotrogus  solsticialis,  Fab.  Paris. 

On  trouve  assez  communément  le  Solsticialis  dans  les  prairies 
maritimes  qui  sont  près  de  nos  étangs  salés.  Il  vole  à  la  chute  du 
jour  ou  de  grand  matin  avant  le  lever  du  soleil ,  et  se  pose  sur 
les  plantes,  ce  qui  permet  de  le  saisir  facilement. 

2.  Rhisotrogus  pini,  Fab.  Gallia  meridionalis . 

Cette  jolie  espèce  n'est  pas  très-commune.  On  la  rencontre  fort 


INSECTES.  7  H 

rarement,  et  toujours  en  petit  nombre  dans  diverses  localités.  Je 
l'ai  prise  dans  les  terres  voisines  de  la  mer  et  à  la  lunette  neuve, 
derrière  la  citadelle  de  Perpignan.  On  la  trouve  en  plus  grand 
nombre  dans  le  vallon  de  Saint-Laurent-de-Cerdans  et  à  Prats- 
de-Mollô. 

5.  Rhisotrogus  paganus,  Oliv.  Paris. 

Les  habitudes  de  cette  intéressante  espèce  sont  de  voler  très-ras 
de  terre  aussitôt  après  le  lever  du  soleil.  Elle  se  tient  dans  toutes 
les  prairies  maritimes  qui  bordent  les  dunes  de  Canet  et  du  Bor- 
digol;  elle  est  difficile  à  prendre.  Petite  et  volant  très-vite,  on  la 
distingue  à  peine,  à  cause  de  sa  couleur  sombre,  sur  les  plantes 
où  elle  se  pose. 

i.  Rhisotrogus  rufescens,  Latr.    )  n 

>   Pttt'îS . 

5.  Rhisotrogus  ater,  Fab.  ) 

On  trouve  assez  communément  ces  deux  espèces  dans  les  Cor- 
bières.  Elles  viennent  le  soir  butiner  autour  des  arbres.  Je  les  ai 
prises  aussi  dans  la  région  moyenne  des  Albères  et  de  la  montagne 
de  Céret. 

6.  Rhisotrogus  «stivus,  Oliv.  Paris. 

J'ai  pris  cette  espèce  dans  les  environs  de  Céret,  sur  la  route 
d'Àmélie-les-Bains,  butinant  le  matin  autour  des  buissons  fleuris, 
et  quelquefois  aussi  dans  la  plaine  volant  autour  des  saules. 

7.  Rhisotrogus  tropicus,  Schôn.  Gallia  meridionalis. 

Cette  espèce  est  assez  rare.  On  la  trouve  quelquefois  volant 
avec  le  Paganus  dans  les  prairies  maritimes,  et  toujours  ras  de 
terre.  En  faisant  usage  du  filet,  on  parvient  à  se  procurer  quel- 
ques sujets. 

8.  Rhisotrogus  perplexus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
Sur  les  dunes  de  Canet,  près  du  Mm  de  l'Êspdrrou,  entre  l'étang 


712  HISTOIRE   NATURELLE. 

et  la  butte  où  est  située  la  métairie.  On  peut  se  le  procurer  à  la 
chute  du  jour,  volant  sur  les  joncs;  il  sort  des  mottes  de  sable 
accumulées  autour  de  ces  plantes  (rare). 

Vingt-neuvième  Genre,  Omaloplia,  Meg., 
Serica,  Mac-Leay. 

1.  Omaloplia  aquila,  Dej.  Gallia  meHdionalis. 

Cette  intéressante  espèce  a  été  fort  commune  dans  le  temps;  elle 
est  devenue  très-rare  depuis  quelques  années.  Elle  vivait  dans  les 
taillis  clair-semés  du  bord  de  la  rivière,  près  la  pépinière  dépar- 
tementale. Vers  la  chute  du  jour  on  était  sûr  de  la  prendre  par 
centaines  entassées  sur  les  plantes  des  taillis,  quelquefois  sur 
les  arbres  :  elle  sortait  des  tas  de  sable  que  la  rivière  amoncelait 
en  cet  endroit.  Depuis  que  cette  partie  est  devenue  un  bois  fourré, 
cette  espèce  a  disparu  et  nous  ne  la  voyons  plus.  Elle  paraissait 
de  très-bonne  heure,  fin  avril  et  commencement  de  mai  (rare). 

2.  Omaloplia  ruricola,  Fab.  )  _     . 

îttVIS, 

3.  Omaloplia  brunea,  Fab.  ) 

On  trouve  ces  deux  espèces  sur  les  jeunes  saules  qui  bordent 
nos  cours  d'eau.  Elles  sont  communes  dans  les  parties  basses  de 
la  Salanque,  tout  près  des  dunes. 

Trentième  Genre,  Hymenontia,  Eschs. 

1 .  Hymenontia  strigosa,  lllig.  Gallia  meridionalis. 

Cette  très-petite  et  intéressante  espèce  se  trouve  communément, 
sur  les  graminées,  autour  de  la  ville,  surtout  au  bas  de  la  pro- 
menade des  platanes  et  dans  les  taillis  qui  bordent  la  rivière  vers 
VEscourridou.  Elle  y  abonde,  et  on  trouve  plusieurs  sujets  sur  la 
môme  plante. 

Trente-unième  Genre,  Chasmatopterus,  Dej. 
1.  Chasmatopterus  villosulus.  Illig.  Hispania. 


INSECTES.  743 

Les  bords  de  la  mer,  entre  Banynls  et  le  Cap  de  Creus,  nous 
fournissent  cette  rare  espèce.  On  la  voit  voltiger  sur  les  plantes; 
on  la  prend  aussi  sur  les  tiges  des  arbustes  où  elle  se  pose. 

Trente-deuxième  Genre,  Hoplia,  Ulig. 
\.  Hoplia  farinosa,  Fab.  Gallia. 

On  voit  cette  jolie  espèce,  qui  émaille  les  plantes  sur  lesquelles 
elle  se  pose,  dans  toutes  les  prairies,  les  champs,  les  haies  du 
pays.  Elle  est  très-abondante  partout. 

2.  Hoplia  argentea,  Oliv.  Paris. 

UArgentea  se  trouve  sur  les  jeunes  pousses  des  saules  qui  vivent 
au  bord  des  cours  d'eau,  dans  la  partie  basse  de  notre  Salanque, 
toujours  très-près  de  la  mer. 

3.  Hoplia  squamosa,  Fab.  Austria. 

Sur  les  jeunes  pousses  des  peupliers  des  taillis  qui  bordent  la 
rivière  de  La  Tel  au-dessous  du  pont  de  la  Pierre  et  vers  Château- 
Roussillon  (rare). 

4.  Hoplia  lepidota,  Illig.  Italia. 

5.  Hoplia  rupicola,  Bonel.  (Variété  de  la  précédente.) 

Nous  avons  pris  cette  espèce  et  cette  variété  sur  les  plantes  qui 
croissent  au  bord  des  fossés  des  champs  de  la  région  moyenne  de 
nos  montagnes;  à  l'avenue  des  acacias  de  la  forge  de  M.  Delcros 
à  Saint-Laurenl-de-Cerdans,  et  sur  la  montagne  à  droite  du  fort 
de  Bellegarde. 

Trente-troisième  Genre,  Amphicoma.  Latr. 
\.  Amphicoma  bombyliformis,  Fab.  Russia  meridion. 

Insecte  excessivement  rare.  Je  ne  l'ai  trouvé  qu'une  seule  fois 
sur  une  jeune  pousse  d'acacia  au  bord  de  La  Tet,  vers  Château- 
Roussillon. 


714.  HISTOIRE    NATURELLE. 

Trente-quatrième  Genre,  Osmoderma,  Encyclopédie. 
i.  Osmoderma  eremita,  Fab.  Gallia. 

Au  bas  de  la  chaîne  des  Albères,  sur  les  plantes,  au  bord  des 
chemins  et  sur  les  troncs  des  vieux  arbres ,  entre  Saint-Génis  et 
La  Roca.  Elle  vole  au  milieu  du  jour,  et  on  peut  facilement  la 
saisir  avec  le  fdet.  Elle  n'est  pas  très-commune. 

Trente-cinquième  Genre,  Gnorimus,  Encyclopédie. 
\.  Gnorimus  nobilis,  Fab.  Paris. 

Trouvé  généralement  sur  les  ombellifères  à  la  partie  méridio- 
nale des  Albères  et  à  la  base  de  la  montagne  de  Céret.  Cet  Insecte 
y  est  assez  répandu. 

Trente-sixième  Genre.  Trichius,  Fab. 

1.  Trichius  fasciatus,  Fab.  Suecia. 

2.  Trichius  gallicus,  Dej.  Paris. 

Ces  Insectes  sont  assez  communs  sur  les  fleurs  :  les  roses  et 
l'aubépine  en  sont  couvertes  dans  toutes  les  parties  méridionales 
de  nos  montagnes  moyennes,  Céret,  les  Albères,  les  Corbières. 

Trente-septième  Genre,  Valgus,  Scrib., 
Acanthurus,  Kirb. 

1 .  Valgus  hemipterus,  Fab.  Paris. 

Commun  sur  les  fleurs.  On  le  trouve  dans  toutes  les  parties 
basses  des  montagnes  de  Saint-Paul,  Casas-de-Pena  et  dans  les 
environs  de  Céret. 

Trente-huitième  Genre,  Cetonia,  Fab. 

\.  Cetonia  afïînis,  Dufts.  Gallia  meridionalis. 

Assez  rare  sur  les  fleurs,  les  fruits  et  sur  les  troncs  des  vieux 
chênes.  Je  l'ai  prise  au  pied  de  toutes  les  parties  méridionales 
de  nos  montagnes,  ainsi  que  dans  les  jardins  de  la  plaine. 


INSECTES.  71^ 

2.  Cetonia  metallica,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

On  trouve  cette  espèce  en  quantité  sur  les  fleurs  du  sureau 
yèble  (S.  ebulus,  Lin.);  on  la  prend  aussi  sur  les  roses  de  Provins 
qui  bordent  les  baies  des  vignes  et  des  ebamps. 

3.  Cetonia  aurata,  Fab.  )  _     . 

i   riXTIS. 

4.  Cetonia  obscura,  Dufts.  ) 

Comme  la  précédente,  ces  deux  espèces  abondent  sur  les  mêmes 
fleurs,  ainsi  que  sur  le  genêt  d'Espagne  et  les  troncs  des  vieux 
chênes  qui  laissent  échapper  de  leurs  plaies  une  certaine  liqueur 
visqueuse.  Elles  sont  communes  dans  tout  le  département. 

5.  Cetonia  morio,  Fab.  )  _  „. 

_    _        .  _  .  Gallia  meridionalis. 

6.  Cetonia  oblonga,  Dej.  ^ 

Ces  deux  espèces  sont  encore  assez  répandues  tant  dans  la  plaine 
que  sur  la  montagne.  On  les  trouve  surtout  sur  les  fleurs  des  char- 
dons, principalement  sur  l'onoporde  (0.  illyricum).  Communes 
dans  beaucoup  d'endroits  du  département. 

7.  Cetonia  angustata,  Ger.  Dalmatia. 

8.  Cetonia  marmorata,  Fab.  Paris. 

9.  Cetonia  lucidula,  Ziegl.  Gallia  meridionalis. 

On  prend  ces  trois  espèces  sur  les  fleurs  des  rosiers  sauvages, 
sur  l'aubépine  et  le  genêt;  mais  les  deux  premières  se  trouvent 
généralement  sur  les  pentes  des  montagnes  secondaires,  les  haies 
des  vignes  et  les  terrains  incultes;  la  butte  du  phare  de  Port- 
Vendres;  le  vallon  de  Banyuls,  et  sur  le  penchant  des  Albères. 
La  Lucidida  vit  sur  les  mêmes  fleurs,  mais  dans  la  plaine.  Toutes 
les  trois  sont  peu  abondantes. 

10.  Cetonia  aenea,  Gyll.  Suecia. 

11.  Cetonia  cardai,  Dej.  Gallia  méridionales. 


716  HISTOIRE  NATURELLE. 

On  trouve  assez  abondamment  ces  deux  espèces  sur  les  fleurs 
des  chardons  et  des  artichauts  de  nos  jardins.  On  les  prend  aussi 
quelquefois  sur  les  fleurs  du  sureau. 

12.  Cetonia  hirta,  Fab.  j  p^ 

13.  Cetonia  stictica,  Fab.  ) 

Elles  se  tiennent  constamment  sur  les  fleurs  de  l'aubépine,  des 
roses  et  du  genêt,  dans  nos  vignes  et  haies  des  champs  des  parties 
arides;  elles  y  sont  abondantes.  La  Stictica  offre  une  variété 
remarquable  et  très-jolie. 

Trente-neuvième  Genre,  Lucanus,  Lin. 

1.  Lucanus  cervus,  fc*.  £**  j  paHs 

2.  Lucanus  capreolus,  FaJ>.   9     \ 

On  les  prend  dans  les  bois  de  nos  montagnes.  Ils  sont  assez 
communs  sur  les  troncs  des  vieux  arbres.  Nos  paysans  les  ap- 
pellent Escanya  Poïkts  (étrangle  poulets). 

Un  fait  fort  singulier  eut  lieu  il  y  a  déjà  quelques  années.  Nous 
eu  mes  une  sécheresse  extrême  celle  année-là.  Une  nuée  de  Lucanus 
cervus,  à  obstruer  le  soleil,  traversa  toute  la  plaine  qui  sépare  les 
Corbières  des  Albères  du  nord  au  sud.  Dans  certains  endroits 
les  paysans  en  furent  effrayés.  Au  Boulou,  village  rapproché  des 
Albères,  on  en  vit  tomber  quelques-uns  à  terre  et  on  nous  en 
apporta  deux  attachés  avec  un  fil;  nous  reconnûmes  que  c'étaient 
des  Lucanus  :  à  quoi  tenait  une  pareille  émigration?  C'est  ce  que 
nous  nous  garderons  bien  d'expliquer.  Les  Corbières  sont  exces- 
sivement arides  et  les  Albères  sont  toujours  couvertes  de  verdure. 
Ces  Insectes  ont-ils  été  attirés  par  leur  instinct?  Nous  avons  com- 
muniqué ce  fait  à  M.  le  comte  Dejean,  qui  nous  écrivit  qu'il  ne 
pouvait  comprendre' la  cause  d'un  pareil  déplacement. 

Quarantième  Genre,  Dorcus,  Meg. 
1 .  Dorcus  parallelipipedus,  FaK  Paris, 

h 


INSECTES.  717 

Cet  Insecte  grimpe  fort  lentement  sur  les  troncs  des  vieux  saules 
et  autres  arbres  de  tout  le  département;  il  se  laisse  prendre  sans 
difficulté  (très-commun). 

Quarante-unième  Genre,  Tarandus,  Meg. 

\ .  Tarandus  tenebrioïdcs,  Fab.  Suecia. 

Cette  espèce  est  fort  rare.  On  la  voit  quelquefois  sur  le  tronc 
des  arbres  qui  tombent  de  vétusté,  dans  les  bois  des  régions 
moyennes.  Nous  l'avons  prise  au  bois  communal  de  Céret  et  aux 
Corbières. 

Quarante-deuxième  Genre,  Plalycerus ,  Latr. 

1.  Platycerus  caraboïdes,  J^D^Pam. 

2.  Platycerus  rufîpes,  ï*s(b.  Germania. 

Répandus  dans  les  bois  de  chêne  et  de  chène-vert  de  toutes  nos 
montagnes  à  une  élévation  moyenne.  On  trouve  ces  deux  Insectes 
sur  les  troncs  vermoulus.  Le  Rufîpes  est  plus  rare. 

Quarante-troisième  Gejire,  Msalus,  Fab. 

1.  /Esalus  scarabœoïdes,  Fs(b.  Auslna. 

Comme  celles  des  deux  derniers  Insectes,  les  larves  des  /Esalus 
vivent  dans  le  bois  des  vieux  chênes.  On  trouve  cet  Insecte  sur  les 
vieux  troncs  de  nos  forêts,  à  une  élévation  moyenne  (rare). 

Quarante-quatrième  Genre,  Sinodendron,  Fab. 

1.  Sinodendron  cylîndricum,  ï1*^  ùallia. 

Celle  espèce  est  excessivement  rare.  Comme  celle  des  autres 
Insecles  de  celle  famille,  sa  larve  vit  dans  le  vieux  bois.  Nous 
l'avons  trouvée  la  première  fois,  en  182°2,  dans  le  bois  communal 
de  la  montagne  de  Céret.  Depuis,  nous  l'avons  prise  deux  fois 
aux  Albères  et  aux  bois  de  la  Font  de  Comps,  toujours  isolée,  ce 
qui  nous  porte  à  croire  qu'elle  est  excessivement  rare. 


718  HISTOIRE   NATURELLE. 

HÉTÉROMÈRES. 

Les  Hétéromères  se  distinguent  par  cinq  articles  aux 
tarses  des  quatre  pattes  antérieures,  et  par  quatre  articles 
aux  tarses  des  deux  pattes  postérieures.  Ils  forment  sept 
familles. 

Famille  des  Mélasomes. 

Les  Mélasomes  présentent  les  caractères  suivants  : 
corps  généralement  aptère ,  à  élytres  souvent  soudés  ; 
antennes  le  plus  souvent  grenues,  et  quelquefois  un  peu 
renflées  à  l'extrémité,  le  troisième  article  long;  mâchoires 
terminées  intérieurement  par  une  dent  cornée  ;  yeux 
oblongs. 

Ces  Insectes  sont  généralement  nocturnes;  vivent  à 
terre,  dans  le  sable  ou  sous  les  pierres  et  les  décombres; 
ils  sont  presque  universellement  de  couleur  noire,  d'où 
leur  est  venu  leur  nom.  Leurs  mouvements  sont  souvent 
assez  lents  ;  leur  nourriture  semble  consister  en  matières 
végétales  décomposées. 

Premier  Genre,  Erodius,  Fab. 
\.  Erodius  Europœus,  Dej.  Sicilia. 

Deuxième  Genre,  Zophosis,  Latr. 
1 .  Zophosis  minuta,  Herbst.  Liisitania. 

Les  Insectes  de  ces  deux  genres  sont  petits  et  très-agiles.  Ils 
se  tiennent  dans  les  bouses  des  prairies  maritimes,  et  dans  les 
détritus  que  les  eaux  ont  amassés  près  des  fossés.  Quand  on  veut 
les  prendre,  ils  s'enfoncent  dans  la  terre  avec  une  dextérité  qui 
les  fait  échapper  à  nos  recherches,  si  on  ne  les  saisit  pas  aussitôt. 
Ils  ne  sont  pas  très-rares. 


INSECTES.  719 

Troisième  Genre,  Pimelia,  Fab. 

1.  Pimelia  granulata,  Dej.  Tripoli. 

2.  Pimelia  Sardea,  Deloche.  Sardini. 

Le  département  ne  possède  que  deux  espèces  de  ce  genre,  qui 
est  nombreux  :  la  première  est  répandue  sur  les  sables  des  dunes 
de  l'étang  de  Salses,  et  plus  encore  sur  les  lagunes  de  la  Franqui, 
près  du  salin  de  M.  Lacombe  Saint-Michel;  la  Sardea  se  trouve 
plus  particulièrement  sur  les  sables  des  ravins  près  de  la  mer,  à 
l'extrémité  du  vallon  de  Banyuls,  et  en  plus  grande  abondance  si 
l'on  se  rapproche  des  lagunes  de  Roses,  en  Espagne. 

Quatrième  Genre,  Morica,  Dej. 
1.  Morica  grossa,  Oliv.  Nord. 

Cet  Insecte  se  trouve  dans  les  broussailles  des  parties  élevées, 
vers  Prals-de-Mollô.  Nous  l'avons  pris  au  pied  du  bois  de  la  Font 
de  Comps.  Il  est  fort  rare. 

Cinquième  Genre,  Àkis,  Fab. 

1.  Akis  spinosa,  Fab.  Hispania. 

Insecte  excessivement  rare,  qu'on  ne  trouve  que  dans  les  sou- 
terrains de  toutes  les  fortifications  du  département,  au  milieu  des 
vieux  bois  et  des  décombres. 

2.  Akis  Italica,  Dej.  Italia. 

5.  Akis  punctata,  Thumberg.  Gallia  meridionalis. 

Ces  deux  espèces  sont  assez  communes  dans  les  mêmes  lieux 
que  la  précédente;  mais  plus  particulièrement  dans  les  fortifica- 
tions de  Collioure,  au  fort  Miradou. 

Sixième  Genre,  Elenophorus,  Meg. 
1.  Elenophorus  collaris,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
Comme  les  précédents,  cet  Insecte  parait  aussi  craindre  la 


720  HISTOIRE   NATURELLE. 

lumière,  et  se  trouve  constamment  dans  les  souterrains  de  la 
citadelle  de  Perpignan,  parmi  les  décombres.  Il  existe  aussi  dans 
les  souterrains  des  forts  de  Collioure,  et  c'est  en  remuant  les  vieux 
bois  qu'on  le  trouve. 

Septième  Genre,  Scaurus,  Fab. 

1.  Scaurus  tristis,  Oliv.  )  „  „. 

__    „  .  [  Gallia  meridionalis. 

2.  Scaurus  stnalus,  rab.  ) 

3.  Scaurus  lugubris,  Dej.  Tripoli. 

4.  Scaurus  punctatus,  Herbst.  Hispania. 

5.  Scaurus  atratus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Les  Scaures  ne  craignent  pas  autant  la  lumière  que  les  précé- 
dents. Ou  les  trouve  toujours  parmi  les  broussailles  ou  au  milieu 
d'excréments  humains  dans  les  fossés  des  fortifications  de  la  ville 
et  de  la  citadelle  de  Perpignan;  le  Tristis  et  le  Lugubris  dans  les 
fossés  des  fortifications  de  Collioure.  Je  n'ai  jamais  pris  le  Punc- 
tatus que  dans  les  environs  des  deux  Saint-Féliu,  toujours  dans 
les  recoins  remplis  d'immondices. 

Huitième  Genre,  Tagenia,  Latr. 

4.  Tagenia  filiformis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Tagenia  cylindrica,  Dej.  Hispania. 

3.  Tagenia  Italica,  Dej.  Italia. 

4.  Tagenia  minuta,  Latr.  Hispania. 

Ces  Insectes  fréquentent  les  lieux  sablonneux  près  des  étangs 
salés;  ou  les  trouve  sur  le  sable  des  dunes  près  Canet.  VItalica 
et  le  Minuta  sont  plus  particulièrement  dans  les  anses  maritimes 
formées  par  les  montagnes  des  Albères,  et  dans  les  ravins  qui  se 
dégorgent  à  la  mer,  depuis  Collioure  jusqu'au  Cap  Cerbère. 

Neuvième  Genre,  Tentijria,  Latr. 
1.  Tentyria  orbiculata,  Fab.  Gallia  meridionalis. 


INSECTES.  721 

2.  Tentyria  grandis,  Dej.  Sicilia. 
UOrbiwlata  est  très-commune  le  long  des  dunes  sur  tout  le 
littoral  ;  la  Grandis  est  moins  fréquente,  et  devient  plus  abondante 
à  mesure  qu'on  s'approche  du  Cap  Cerbère;  et,  lorsqu'on  a  dépassé 
le  promontoire  qui  nous  sépare  de  l'Espagne,  on  la  trouve  en  plus 
grand  nombre.  Elles  courent  sur  les  sables  en  plein  soleil,  et  parais- 
sent chercher  les  matières  animales  dont  elles  font  leur  nourriture. 

Dixième  Genre,  Asida,  Latr. 

1.  Asida  grisea,  Fab.  Paris. 

2.  Asida  oblonga,  Dej.  Hispania. 

3.  Asida  Pyrena?a,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

4.  Asida  sabulosa,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

5.  Asida  obscura,  Dej. 

6.  Asida  pigmaea,  Ram.  Hispania. 

7.  Asida  porcata,  Dej.  ) 

Le  genre  Asida  est  répandu  dans  tout  le  département.  On  le 
trouve  sur  tous  les  terrains  secs  et  arides  de  la  plaine  et  de  la 
montagne;  sous  les  pierres  et  sur  les  sables  de  la  mer;  sur  les 
routes  et  dans  les  lieux  où  les  matières  putrescibles  abondent.  La 
Pyrenœa,  YObscura  et  la  Pigmœa  sont  plus  particulièrement  dans 
les  régions  élevées  :  au  Canigou,  à  Costa-Bona  et  aux  environs 
de  Mont-Louis. 

Onzième  Genre,  Gnaptor,  Meg. 

1.  Gnaptor  spinimanus,  Pal.  Russia  meridionalis. 

Cet  Insecte  est  assez  rare.  Je  ne  l'ai  trouvé  qu'une  seule  fois 
et  en  petit  nombre  parmi  les  broussailles  d'un  ravin  qui  descend 
des  Albères,  au-delà  de  l'anse  de  Polilles,  près  Port-Vendres. 

Douzième  Genre,  Blaps,  Fab. 
\.  Blaps  producta,  Dej.  ) 

%  Blaps  gages,  Fab.  J  Gallm  ™ridionalis. 

TOME    III.  46 


722  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Blaps  obtusa,  Strum.  Paris. 

4.  Blaps  fatidica,  Illig.  G  allia. 

5.  Blaps  Australis,  Dej.  Italia. 

Le  Blaps  producta  est  commun  parmi  les  broussailles  qui  com- 
mencent à  se  putréfier,  et  qu'on  amasse  au  pied  des  oliviers  de 
toute  la  plaine,  des  vieux  troncs  surtout,  et  particulièrement  dans 
les  olivettes  de  Malloles  :  il  vit  en  société  ;  le  Gages  est  commun 
dans  les  caves  humides  de  tout  le  déparlement,  parmi  les  débris 
de  bois  ;  Y  Obtusa  et  le  Fatidica  sont  communs  dans  les  lieux  hu- 
mides et  malpropres  :  ils  vivent  en  société ,  et  exhalent  une  très- 
mauvaise  odeur;  V Australis  a  été  pris  parmi  les  broussailles  dans 
les  ravins  des  environs  de  Bellegarde ,  pentes  méridionales. 

Treizième  Genre,  Acanthopus,  Meg. 
ï.  Acanthopus  caraboïdes,  Germ.  Dalmatia. 

Quatorzième  Genre,  Pedinus,  Latr. 

1.  Pedinus  femoralis,  Fab.  J  ^^ 

2.  Pedinus  dermestoïdes,  Fab.     j 

3.  Pedinus  meridianus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Ces  deux  genres  d'insectes  vivent  sur  les  routes  sablonneuses 
de  toutes  les  parties  basses  du  littoral  dans  les  trois  bassins.  On 
les  trouve  assez  abondamment  dans  les  broussailles  qui  sont 
rejetées  par  la  mer  après  une  inondation,  et  qui  contiennent  des 
matières  animales  en  décomposition  :  on  les  y  voit  affluer  attirés 
par  l'appât  de  ces  matières  qui  composent  leur  nourriture. 

Quinzième  Genre,  Heliopates,  Dej. 

1.  Heliopates  hybridus,  Latr.  Gallia  meridionalis. 

2.  Heliopates  Hispanicus,  Dej.  Hispania. 
5.  Heliopates  gibbus,  Fab.  Gallia  borealis. 

Les  Heliopates  ont  les  mêmes  habitudes  que  les  Pedinus,  et  on 


INSECTES.  723 

les  trouve  souvent  ensemble  dans  les  mêmes  lieux.  Ils  sont, 
toutefois,  plus  abondants  dans  les  parties  méridionales  des  envi- 
rons de  Banyuls-sur-Mer,  vers  l'Espagne. 

4.  Heliopates  avarus,  Mulz.  Pyrenœi  orientales. 

M.  Delarouzé  chassant,  le  10  juin  1860,  dans  les  environs  de 
Gollioure,  découvrit  cet  Insecte  qu'il  me  communiqua  comme 
n'ayant  pas  encore  été  trouvé  en  France. 

Seizième  Genre,  Pandarus,  Meg. 

1.  Pandarus  tristis,  Rossi.  G  allia  meridionalis. 

2.  Pandarus  emarginatus,  Dej.  Hispania. 

Les  Pandarus  sont  des  Insectes  qui  ont  les  mêmes  habitudes  que 
les  deux  genres  précédents.  On  les  trouve  dans  les  mêmes  localités 
et  dans  les  mêmes  circonstances;  pourtant  ceux-ci  sont  plus  sou- 
vent sur  les  sables;  il  sont  très-voraces. 

Dix-septième  Genre,  Opatrinus,  Dej. 
1.  Opatrinus  exaratus,  Dej.  Nord. 

VExaratus  est  un  insecte  fort  rare.  Je  l'ai  trouvé  dans  les  ravins 
des  parties  élevées,  vers  Mont-Louis  et  ses  alentours,  sur  les  sables 
et  parmi  les  broussailles  de  ces  hautes  régions. 

Dix-huitième  Genre,  Philax,  Meg. 

1.  Philax  meridionalis,  Dej.         )  „  „.  ...      ,. 
_   _. .,                    _  .    •            \  Gallia  meridionalis. 

2.  Philax  crenatus,  Dej.  ) 

o.  Philax  striatus,  Sol.  ;  TT.        .       .    .  ,. 

.   _, .,  .         _  ,    £  Hispania  onentalis. 

4.  Philax  punctato  striatus,  Sol.  ) 

Les  Insectes  de  ce  genre  s'éloignent  peu  des  Pandarus.  Leurs 
habitudes  sont  les  mêmes  ;  ils  courent  sur  les  sables  des  rivières 
et  des  ravins  qui  débouchent  à  la  mer;  ils  paraissent  aussi  très- 
voraces  et  on  les  trouve  souvent  sur  les  poissons  en  putréfaction. 


724  HISTOIRE   NATURELLE. 

Dix-neuvième  Genre,  Opatrum,  Fab. 

1.  Opatrum  perlatum,  Dej.  Hispania. 

2.  Opatrum  sabulosum,  Fab.  Paris. 

3.  Opatrum  verrucosum,  Germai1.  Dalmatia. 

4.  Opatrum  pusillum,  Fab.  \ 

5.  Opatrum  pigmseum,  Dej.  !  Gallia  meridionalis . 

6.  Opatrum  fuscum,  Herbst.        ) 

7.  Opatrum  strigosum,  Dej.  /Egyptus. 

Le  genre  Opatrum  est  beaucoup  plus  répandu.  On  le  trouve 
parsemé  sur  les  terres,  dans  toutes  les  régions  basses  et  moyennes 
du  département,  sur  les  routes  sablonneuses,  parmi  les  brous- 
sailles, sur  toutes  les  dunes  et  dans  toutes  les  anses  que  forment 
les  ravins  qui  débouchent  à  la  mer.  11  se  nourrit  aussi  de  subs- 
tances animales,  car  lorsqu'il  se  trouve  quelque  cadavre  sur 
les  lieux,  on  est  sûr  d'y  trouver  bon  nombre  de  ces  insectes. 
Le  Pigmœum  et  le  Verrucosum  sont  rares. 

Vingtième  Genre,  Microzoum,  Dej. 
1.  Microzoum  tibiale,  Fab.  Paris. 
Ce  genre  a  été  détaché  des  Opatrum,  dont  il  a  toutes  les  habi- 
tudes ;  on  trouve  souvent  les  deux  ensemble  dans  les  mêmes  lieux. 
Il  paraît  craindre  la  lumière;  car  il  se  tient  caché  dans  les  brous- 
sailles et  souvent  sous  les  pierres. 

Vingt-unième  Genre,  Leichenum,  Dej. 

1.  Leichenum  pictum,  Fab.  Austria. 

Vingt-deuxième  Genre,  Crypticus,  Latr. 

4.  Crypticus  glaber,  Fab.  Paris. 

2.  Crypticus  gibbosus,  Schô.  Gallia  meridionalis. 

3.  Crypticus  Alpinus,  Gêné,  ltalia. 


INSECTES.  725 

Ces  deux  derniers  genres  ont  aussi  beaucoup  de  rapports  avec 
la  plupart  des  genres  précédents.  On  les  trouve  parmi  les  brous- 
sailles el  les  détritus  que  la  mer  a  rejetés,  ou  que  nos  rivières 
ont  amenés  sur  le  bord  des  fossés  de  toutes  les  parties  basses  du 
littoral.  Quand  on  veut  les  saisir,  ils  ont  soin  de  s'enfoncer  dans 
le  sable  et  dans  la  terre  humide. 

Famille  des  Taxicornes. 

Cette  famille  se  distingue  de  la  précédente,  par  les 
mâchoires,  qui  n'ont  pas  d'onglet  corné  à  leur  côté 
interne.  Les  antennes  sont  souvent  grenues  ou  perfoliées  ; 
la  tête  est  ovoïde,  et  s'enfonce  en  arrière  dans  le  corselet, 
sans  présenter  d'enfoncement  brusque  en  forme  de  coin. 

Ces  Insectes  sont  presque  tous  munis  d'ailes.  La 
plupart  habitent  dans  les  champignons  ou  sous  les  écor- 
ces  des  arbres;  quelques  autres  vivent  à  terre  sous  les 
pierres. 

Premier  Genre,  Trachyscelis,  Latr. 

I.  Trachyscelis  aphodioïdes,  Latr.   ;  _,  „.  ... 

»„,,,.«,  î  hailia  mendton. 

1.  Irachyscelis  ruius,  Latr.  ) 

Les  Insectes  de  ce  genre  habitent  les  dunes.  On  les  voit,  dans 
le  jour,  courir  sur  le  sable  et  s'y  enfoncer  lorsque  quelque  danger 
les  menace;  ils  se  nourrissent  aussi  de  cadavres  de  poissons  en 
putréfaction  qu'on  trouve  abondamment  sur  la  plage. 

Deuxième  Genre,  Phaleria,  Latr. 

J.  Phaleria  cadaveriria,  Fab.         \ 

2.  Phaleria  bimaculata,  Dej.         [  G  allia  mèridionalîs, 
5.  Phaleria  hemisphaerica,  Dej. 

Les  Phaleria  sont  aussi  des  insectes  des  bords  des  plages  mari- 
times; elles  sont  communes  sur  tout  le  littoral.  Elles  se  tiennent 


726  HISTOIRE   NATURELLE. 

cachées  dans  le  sable,  et,  lorsqu'on  le  remue,  dans  le  voisinage 
d'un  cadavre  de  poisson  ou  de  tout  autre  animal,  on  est  sur  de 
les  trouver  en  quantité.  La  Bimaculata  n'est  qu'une  variété  de  la 
précédente.  UHetnisphœrka  se  trouve  toujours  sur  le  cadavre  de 
quelque  insecte,  et  notamment  sur  les  Ateuchus,  les  Blaps  ou  les 
Scarabeus.- 

Troisième  Genre,  Eudophlœus,  Dej. 
1.  Eudophlœus  spinosulus,  Latr.  Paris. 
Ce  genre  s'éloigne  peu  du  précédent  par  ses  mœurs  et  ses 
habitudes.  Il  fréquente  aussi  les  sables  maritimes,  et  paraît  vivre, 
comme  les  Phaleria,  des  cadavres  des  poissons  qui  sont  sur  la 
grève:  toutefois  ces  insectes  sont  moins  abondants  (rare). 

Quatrième  Genre,  Bolitophagus,  Fab. 

1.  Bolitophagus  crenatus,  Fab.  Suecia. 

2.  Bolitophagus  reticulatus,  Oliv.  Germania. 

3.  Bolitophagus  agricola,  Latr.  Paris. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  de  petite  taille ,  ont  le  corps  un 
peu  globuleux,  et  se  tiennent  généralement  dans  les  champignons 
quand  ils  commencent  à  se  faner;  on  est  sûr  alors  de  les  trouver 
en  nombre.  Rarement  on  les  rencontre  autre  part ,  et  presque 
jamais  on  ne  les  voit  sur  les  plantes,  ni  courir  sur  la  terre,  ce 
qui  fait  qu'on  se  les  procure  difficilement. 

Cinquième  Genre,  Anisotoma,  Fab. 

1.  Anisotoma  cinnamomeum.  Panz.  Germa  nia. 

2.  Anisotoma  fémorale,  Dej.  Gallia. 

ù.  Anisotoma  levigatum,  Dej.  Gallia  borealis. 

4.  Anisotoma  castaneum,  Payk.  Suecia. 

5.  Anisotoma  gibbulum,  Schup.  Germania. 

Les  Insectes  de  celte  famille  sont  comme  les  Phaleria.  On  les 


INSECTES.  727 

prend  toujours  dans  le  sable  et  près  des  cadavres,  le  long  des 
dunes  :  ils  sont  d'une  agilité  très-remarquable,  et  ils  échappent 
dès  qu'on  les  découvre  si  on  ne  les  saisit  aussitôt.  Il  faut  remuer 
le  sable  avec  beaucoup  d'attention  ;  car  ils  se  cachent  très-pro- 
fondément. Le  Levigatum  et  le  Gibbuhim  sont  assez  rares. 

Sixième  Genre,  Pentaphylus,  Meg. 

1.  Pentaphylus  testaceus,  Gyll.  Paris. 

2.  Pentaphylus  melanophthalmus,  Meg.  G  allia  merid. 

Ces  insectes  se  trouvent  aussi  près  des  cadavres,  le  long  des 
dunes.  Ils  ont  les  mêmes  habitudes  que  le  genre  précédent  ; 
quelquefois  aussi  nous  les  voyons  sur  les  fleurs  des  prairies  qui 
ne  sont  pas  éloignées  de  la  mer. 

Septième  Genre,  Neomida,  Ziegl. 

1.  Neomida  violacea,  Fab.  Paris. 

2.  Neomida  tristis,  Stev.  Russia. 
5.  Neomida  bicolor,  Fab.  Gallia. 

4.  Neomida  bituberculata,  Oliv.  Paris. 

Les  Neomida  se  plaisent  dans  les  détritus  des  troncs  des  vieux 
arbres.  Ces  jolis  Insectes  sont  difficiles  à  trouver.  Dès  qu'on 
remue  la  poussière  qui  les  recèle,  ils  s'enfoncent,  et  il  faut  souvent 
piocher  longtemps  pour  se  les  procurer.  Il  est  vrai  que  ce  n'est 
pas  du  temps  perdu;  car,  en  remuant  les  troncs  pourris,  on  y 
trouve  bien  d'autres  espèces,  la  plupart  très-rares. 

Huitième  Genre,  Diaperis,  Fab. 

1.  Diaperis  boleti,  Fab.  Paris. 

2.  Diaperis  bipustulata,  Dej.  Hispania. 

Le  genre  Diaperis  vit  en  société  dans  toute  espèce  de  bolets, 
les  champignons  du  saule  surtout.  Lorsque  ces  végétaux  sont  en 
putréfaction,  on  est  sûr,  si  on  fouille  leur  intérieur,  de  faire 
bonne  provision  de  ces  Insectes. 


728  HISTOIRE   NATURELLE. 

Neuvième  Genre,  Cossyphus,  Fab. 

1.  Cossyphus  Hoffmanseggii,  Herbst.  Hispania. 

2.  Cossyphus  Dejeanii,  Ram.  Hispania  meridionalis . 

0.  Cossyphus  siculus,  Dej.  Sicilia. 

Ce  genre,  original  de  forme,  est  de  couleur  terne  et  très-aplati  ; 
il  se  trouve  ordinairement  sur  les' murs  des  jardins,  sur  les  sou- 
ches des  arbres.  Il  faut  une  grande  habitude,  pour  découvrir  cet 
Insecte,  dont  la  couleur  de  feuille-morte,  le  l'ait  confondre  avec 
l'écorce  sur  laquelle  il  est  blotti;  il  se  trouve  par  fois  sur  les 
Heurs  des  ombellifères,  et  il  est  alors  plus  facile  à  saisir. 

Dixième  Genre,  Heteropkaga ,  Dej. 

1.  Heterophaga  mauritanica,  Fab. 

M.  Dejean  signale  cet  Insecte  comme  vivant  au  Sénégal.  31.  Pellet 
l'a,  cependant,  toujours  pris  dans  les  plaies  des  peupliers  aux 
environs  de  Béziers  et  de  Perpignan. 

Onzième  Genre,  Uloma,  Meg. 
I.  Uloma  culinaris,  Fab.  Gallia. 

Les  Uloma  se  prennent  sur  les  cadavres  et  dans  la  terre  qui  les 
entoure;  les  fleurs  des  plantes  chicoracées  en  contiennent  aussi. 
C'est  en  bien  examinant  le  terrain ,  qu'on  parvient  à  se  les  pro- 
curer :  ils  sont  assez  rares. 

Douzième  Genre,  Hypophlœus,  Fab. 

1 .  Hypophlœus  castaneus,  Fab.  Paris. 

2.  Hypophheus  pini,  Panz.  Gallia. 

5.  Hypophlœus  depressus,  Fab.  Paris. 
A.  Hypophlœus  min u tus,  Dej.  Dalmatia. 
5.  Hypophlœus  bicolor,  Fab.  Paris. 

Ce  genre  d'Insectes  est  encore  de  ceux  qu'il  faut  chercher  sous 
les  écorces  des  vieux  arbres,  et  au  milieu  du  terreau  que  cou- 


INSECTES.  729 

tiennent  les  troncs  pourris.  Il  existe  aussi  parmi  les  détritus  des 
matières  végétales  rejetées  par  les  eaux.  Le  Castaneus  a  été  pris 
constamment  sous  les  écorces.  La  plupart  des  Hypophlœus  sont 
assez  rares. 

Treizième  Genre,  Sarrotrium,  Fab. 

i .  Sarrotrium  muticum,  Fab.  Saecia. 

Les  écorces  des  vieux  troncs  et  les  plaies  des  arbres ,  doivent 
être  visitées  attentivement,  si  on  veut  posséder  cet  Insecte,  qui 
est  toujours  rare. 

Famille  des  Ténébrionites. 

Les  caractères  de  cette  famille  sont  :  corps  muni  d'ailes, 
ordinairement  ovale  ou  oblong,  déprimé  ou  peu  élevé, 
avec  le  corselet  carré  ou  trapézoïde,  de  la  largeur  de 
l'abdomen  à  son  extrémité  postérieure;  palpes  plus  grosses 
à  leur  extrémité;  le  dernier  article  des  maxillaires  en 
forme  de  triangle  renversé  ou  de  hache;  menton  peu 
étendu  en  largeur,  laissant  à  découvert  la  base  des 
mâchoires. 

Premier  Genre,  Eustrophus,  lllig. 

1.  Eustrophus  dermestoïdes,  Fab.  Paris. 
Ou  trouve  quelquefois  cet  Insecte,   mais  toujours  en  petit 
nombre,  en  fouillant  dans  les  vieux  troncs  des  saules  et  d'autres 
arbres  où  s'amasse  du  terreau.  Il  est  rare. 

Deuxième  Genre,  Orchesia,  Latr. 
I .  Orchesia  micans,  Fab.  Paris. 

Nous  ne  pouvons  déterminer  le  lieu  précis  où  se  tient  ce  petit 
et  joli  Insecte.  C'est  toujours  après  avoir  fauché  dans  les  fourrés 
des  chaumes  des  lieux  bas,  que  nous  en  avons  trouvé  quelques 
sujets  (rare). 


730  HISTOIRE   NATURELLE. 

Troisième  Genre,  Hallomenus,  Payk. 

1.  Hallomenus  fuscus,  Gyll.  Suecia. 

Nous  avons  toujours  trouvé  cet  Insecte  dans  les  vieux  troncs 
et  clans  les  détritus  qui  se  trouvent  au  pied  des  arbres ,  et  où  la 
mousse  abonde  (rare). 

Quatrième  Genre,  Dircœa,  Fab. 

1.  Dircœa  discolor,  Fab.  Germania. 

2.  Dircsea  variegata,  Fab.  Gallia. 

5.  Dircsea  undulata,  Dej.  Gallia  meridionalis . 

Les  Insectes  de  ce  genre  se  trouvent  d'habitude  dans  la  terre, 
près  des  cadavres  et  sous  les  détritus  accumulés  près  des  fossés 
des  prairies  maritimes.  C'est  en  fouillant  avec  une  grande  atten- 
tion ,  qu'on  peut  se  les  procurer. 

Cinquième  Genre,  Serropalpus,  Payk. 

1 .  Serropalpus  striatus,  Latr.  Paris. 

2.  Serropalpus  barbatus,  Fab.  Suecia. 

Ces  petits  et  fort  jolis  Insectes  se  tiennent  sur  les  souches  de 
bois  mort  et  déjà  vermoulu,  dans  les  régions  élevées,  à  la  Font 
de  Comps  et  au  Canigou.  Ils  sont  difficiles  à  saisir  et  plus  encore 
à  piquer.  Il  faut,  quand  on  les  prend,  les  mettre  dans  un  llacon 
rempli  de  sciure  de  bois  humectée  de  benzine. 

Sixième  Genre,  Melandria,  Fab. 

1.  Melandria  serrata,  Fab.  Paris. 

*2.  Melandria  barbata,  Genis.  Germania.  (Variété.) 

3.  Melandria  flavicornis,  Dufts.  Austria. 

Les  Melandria  se  tiennent  aussi  cachées  dans  les  détritus  des 
vieux  troncs  d'arbres,  surtout  dans  les  vieux  saules  de  toutes  les 
parties  basses  des  trois  bassins. 


INSECTES.  731 

Septième  Genre,  Pytho,  Fab. 
1.  Pytho  depressus,  Lin.  Suecia. 

Les  Insectes  de  ce  genre  sont  moux  et  volent  avec  peine.  Ils  se 
tiennent  sur  les  (leurs  qui  croissent  dans  les  prairies  des  régions 
moyennes;  ils  répandent  une  odeur  forte.  Quand  on  les  pique, 
leur  corps  transsude  une  liqueur  visqueuse  qui  répand  une  très- 
mauvaise  odeur. 

Huitième  Genre,  Upis,  Fab. 

1.  Upis  ceramboïdes,  Fab.  Suecia. 

2.  Upis  brunipes,  Latr.  Nord. 

Les  Upis  se  tiennent  sous  les  broussailles  répandues  au  bord 
des  fossés  des  prairies  maritimes,  sur  tout  le  littoral.  On  les  prend 
avec  facilité;  mais  au  moindre  bruit  ils  s'arrêtent,  et,  si  on  tarde 
à  les  saisir,  ils  reprennent  leur  essor,  et  courent  avec  une  vitesse 
telle  qu'on  a  de  la  peine  à  les  prendre.  Il  faut  donc  profiter  du 
premier  moment  d'arrêt,  pour  s'en  emparer. 


Neuvième  Genre,  Tenebrio,  Fab. 
Paris. 


1.  Tenebrio  obscurus,  Fab.  , 


2.  Tenebrio  molitor,  Fab.  S 

5.  Tenebrio  transversales,  Dufts.  Âustria. 

Le  genre  Tenebrio  se  trouve  généralement  dans  les  maisons, 
parmi  les  détritus  des  lieux  obscurs,  les  caves  où  il  y  a  beaucoup 
de  bois  un  peu  décomposé.  Ce  sont  des  insectes  à  couleurs  obs- 
cures, et  qui  généralement  ne  sont  pas  rares.  Le  Transversale  se 
trouve  sous  les  pierres  du  bord  des  fossés  des  vignes  de  la  pou- 
drière, Bas-Vernet  de  Perpignan. 

Dixième  Genre,  Calcar,  Dej. 

1.  Calcar  elongatus,  Herbst.  Hispania. 

1.  Calcar  procerus,  Schup.  Gallia  meridionalis. 


732  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Insectes  de  ce  joli  genre  fréquentent  les  broussailles  reje- 
tées par  les  eaux,  où  sont  accumulés  beaucoup  d'autres  insectes 
ou  beaucoup  de  larves  qui  ont  été  entraînées  par  les  courants. 
Jls  font  probablement  leur  pâture  de  ces  larves,  car  ils  ont  tous 
l'instinct  des  insectes  carnassiers. 

Famille  des  Hélopiens. 

Ce  qui  distingue  les  Hélopiens  des  autres  Hétéromères, 
c'est  d'avoir  la  base  des  antennes  ordinairement  recou- 
verte par  les  bords  avancés  de  la  tête  ;  l'extrémité  des 
mandibules  toujours  bifide  ou  bidentée;  le  corps  arqué 
et  des  ailes  sous  les  élytres.  A  ces  caractères,  il  faut 
ajouter,  d'après  M.  Blanchard,  que  leurs  antennes  sont 
presque  filiformes,  c'est-à-dire  peu  ou  point  élargies  vers 
l'extrémité,  ce  qui  permet  de  les  distinguer  des  Diapériens 
de  Latreille.  Comme  chez  ces  derniers,  leur  tête  est 
enfoncée  dans  le  thorax  jusqu'aux  yeux,  et  leurs  formes 
sont  assez  dissemblables,  bien  que  leurs  caractères  zoolo- 
giques diffèrent  peu.  Ces  Coléoptères  vivent,  à  l'état  de 
larve ,  dans  les  champignons  ou  le  bois  décomposé  ;  à 
l'état  parfait,  les  uns  se  tiennent  sous  les  écorces,  les 
autres  fréquentent  les  fleurs  et  volent  à  l'ardeur  du  soleil. 
Les  Hélopiens  sont ,  en  général ,  parés  de  couleurs  vives 
et  souvent  métalliques. 

Premier  Genre,  Helops,  Fab. 

1.  Helops  lanipes,  Fab.  Paris. 

2.  Helops  laticollis,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

5.  Helops  caraboïdes,  Panz.         )   „ 

,    TT  ,        ,  .. ,       ,...  uermania. 

4.  Helops  dermestoides,  Ilhg.      \ 

5.  Helops  rotundicollis,  Dej.        )  „  „. 

n    TT  ,  ^  .  ï  (rallia  meriatonalis. 

b.  Helops  teslaceus,  Dej.  ) 


INSECTES.  733 

7.  Helops  assimilis,  Dej.  ] 

8.  Helops  meridianus,  Dej.  [  Gallia  meridionalis. 

9.  Helops  cœruleus,  Fab.  ) 

10.  Helops  pigmœus,  Illig.  Lusilania. 

11.  Helops  parvulus,  Ram.  Hispania  meridionalis. 

12.  Helops  harpaloïdes,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Pour  se  procurer  les  Insectes  de  ce  genre,  qui  est  très-nombreux, 
il  faut  fouiller  les  pieds  des  vieux  arbres  où  croissent  beaucoup 
de  mousses.  Là,  se  retirent  des  larves  de  diverses  tribus,  dont  les 
Helops  font  leur  nourriture.  On  trouve  également  des  Helops  parmi 
les  végétaux  que  les  eaux  ont  accumulés,  et  surtout  au  milieu  des 
broussailles  que  la  mer  a  rejetées  sur  la  grève  après  une  inonda- 
tion. Le  naturaliste  qui  voudra  faire  ample  provision  de  ces  insectes, 
ne  devra  pas  négliger  de  bien  fouiller  tous  ces  divers  gîtes,  et  il  est 
sûr  de  ne  pas  perdre  son  temps.  Le  Cœruleus  se  trouve  d'ordinaire 
sous  l'écorce  des  vieux  châtaigniers  ;  le  Parvulus  sous  les  écailles 
de  l'écorce  des  souches  de  la  vigne. 

15.  Helops  Pyrenœus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

M.  Delarouzé  trouva  cet  Insecte  dans  les  environs  de  Collioure, 
le  5  novembre  1859,  et  me  le  communiqua  aussitôt.  Je  ne  l'avais 
pas  encore  rencontré  dans  mes  chasses. 

Deuxième  Genre,  Mycetochares,  Latr. 

1.  Mycetochares  barbata,  Latr.  Paris. 

2.  Mycetochares  flavipes,  Fab.  Suecia. 

5.  Mycetochares  quadripustulata,  Dej.  Gallia  meridion. 
4.  Mycetochares  humeralis,  Fab   Suecia. 

Ce  sont  encore  les  écorces  des  vieux  arbres,  les  trous  des  vieux 
troncs  et  les  détritus  de  végétaux,  qu'on  doit  fouiller  pour  se 
procurer  ce  genre  d'Insectes.  Les  régions  supérieures  nous  en 
ont  fourni  la  plupart.  Le  Flavipes  et  YHumeralis  sont  assez  rares. 


734  HISTOIRE   NATURELLE. 

Troisième  Genre,  Omophlus,  Meg. 

4.  Omophlus  lepluroïdes,  Fab.     /'■-,„.  .,.      ,. 

_    _       ,,         „.,.        .     „         Galhameridionahs. 

2.  Omophlus  pallidipennis,  Meg.  ) 

3.  Omophlus  picipes,  Fab.  Germania. 

4.  Omophlus  ruficollis,  Fab.  Hispania. 

5.  Omophlus  curvipes,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Les  Omophlm  se  tiennent  plus  particulièrement  sous  les  écorces 
des  vieux  chênes.  Les  fissures  des  vieux  chênes-liége  nous  ont 
fourni  la  plupart  des  espèces  que  nous  avons  ramassées.  C'est 
donc  dans  la  région  moyenne  de  nos  montagnes,  qu'on  doit  les 
chercher:  les  Albères,lesmontagnesd'Oms  et  deLlaurô  doivent  être 
visitées.  On  les  trouve  aussi  sur  les  fleurs  dans  les  mêmes  lieux. 
Le Lepturoïdes  vit  en  famille  sur  les  jeunes  pousses  du  chêne-blanc. 

Quatrième  Genre,  Cistela,  Fab. 

1.  Cistela  fusca,  Panz.  Paris. 

2.  Cistela  lutea,  Dej.  Hispania  meridionalis. 

3.  Cistela  ceramboïdes,  Fab.  Paris. 

4.  Cistela  nigrita,  Fab.  Dalmatia. 

5.  Cistela  sulphurea,  Fab.  Paris. 

6.  Cistela  sulphuripes,  Dahl.  Hungaria. 

7.  Cistela  bicolor,  Fab.  ] 

8.  Cistela  murina,  Fab.  [  Paris. 

9.  Cistela  atra,  Fab.  > 

Le  genre  Cistela  se  trouve  répandu  sur  toute  sorte  de  plantes 
et  d'arbustes.  Quelques  espèces  se  tiennent  sur  les  jeunes  pousses 
des  arbres;  d'autres  ne  s'obtiennent  qu'en  fauchant  dans  les  fourrés. 
C'est  donc  en  faisant  usage  du  filet,  qu'on  peut  en  recueillir  beau- 
coup. On  trouve  aussi  quelques  sujets  en  fouillant  les  détritus  des 
végétaux.  On  ne  peut  assigner  le  lieu  précis  qu'elles  habitent,  car 
on  en  a  trouvé  dans  tout  le  département.  M.  Pellet  a  pris  Y  Atra  sur 
le  tronc  vermoulu  d'un  olivier,  et  la  Murina  sur  l'aubépine. 


insectes.  735 

Famille  des  Trachélides. 

La  famille  des  Trachélides  se  distingue  par  la  tête 
plus  ou  moins  cordiforme  ou  triangulaire,  portée  sur 
une  sorte  de  col ,  bien  d  tachée  et  jamais  endossée  dans 
le  corselet  ;  les  mâchoires  n'ont  pas  l'onglet  des  Méla- 
somes;  les  antennes  ne  sont  pas  perfoliées;  les  élytres 
sont  généralement  assez  moux. 

Cette  famille  renferme  un  très-grand  nombre  d'Insec- 
tes ;  la  plupart  habitent  sur  les  plantes,  dont  ils  dévorent 
les  feuilles,  ou  sucent  le  miel  des  fleurs. 

Premier  Genre,  Lagria,  Fab. 

1 .  Lagria  glabrata,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

2.  Lagria  lata,  Fab.  Hispania. 

5.  Lagria  pubescens,  Fab.  Paris. 

4.  Lagria  punctatissima,  Dej.  Nord. 

5.  Lagria  hirta,  Fab.  Paris. 

Les  Lagria  se  tiennent  constamment  sur  les  pousses  tendres  des 
jeunes  arbres,  surtout  des  chênes.  Il  faut  se  hâter  de  les  saisir  ou 
de  les  faire  tomber  dans  le  filet,  autrement  elles  prennent  le  vol 
et  on  ne  peut  les  atteindre.  En  fauchant  sur  les  jeunes  taillis 
herbeux,  on  s'en  procure  quelques  espèces  qui  échappent  à  la 
vue  et  que  le  filet  retient.  La  Lata  et  la  Punctatissima  sont  assez 
rares;  on  les  trouve  aussi  sur  les  fleurs  dans  toute  la  plaine. 
La  Hirta  vit  sur  les  graminées. 

Deuxième  Genre,  Pyrochroa,  Fab. 
î.  Pyrochroa  coccinea,  Fab.  Germania. 

2.  Pyrochroa  rubens,  Fab.  Paris. 

3.  Pyrochroa  pectinicornis,  Fab.  Suecia. 

En  bien  examinant  les  taillis  et  les  clairières  des  bois,  on  peut 
se  procurer  ces  Insectes;  mais  il  faut  être  bien  attentif.  S'il  fait 


736  HISTOIRE   NATURELLE. 

un  peu  chaud,  ils  s'envolent  facilement,  et  ce  n'est  qu'avec  la 
fraîcheur  du  matin  qu'on  peut  les  saisir  sur  les  jeunes  pousses. 
On  les  trouve  aussi  sur  les  ombellifères.  Le  Pectinicomis  est  fort 
rare. 

Troisième  Genre,  Monocerns,  Meg. 

4.  Monocerus  major,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
2.  Monocerus  platycerus,  Hoff.  Hispania. 

5.  Monocerus  monoceros,  Fab.  Paris. 

4.  Monocerus  cornutus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

5.  Monocerus  binotatus,  Gebl.  Siberia. 

6.  Monocerus  rhinocéros,  Fab.  Gallia  orientalis. 

En  général,  les  Insectes  de  ce  genre  se  trouvent  cachés  sous  les 
pierres  humides  et  sous  les  détritus  des  végétaux.  En  cherchant 
dans  ces  endroits  on  est  sûr  d'en  faire  bonne  provision.  Nous  les 
avons  trouvés  dans  les  trois  bassins  et  dans  les  régions  moyennes. 
Le  Comutns  et  le  Monoceros  vivent  sur  les  saules  :  on  se  les  pro- 
cure en  battant  ces  arbres.  Le  Rhinocéros  se  trouve  constamment 
sur  le  sable  des  grèves. 

Quatrième  Genre,  Anthicus,  Fab. 

1.  Anthicus  antherinus,  Fab. 


2.  Anthicus  floralis,  Fab. 

3.  Anthicus  unifasciatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

4.  Anthicus  hirtellus,  Fab.  Paris. 

5.  Anthicus  quadripustulatus,  Dahl.  Austria. 

6.  Anthicus  plumbeus,  Dej.  \ 

7.  Anthicus  riparius,  Dei.  /  „  „.  ...      ,. 

.     _  * ,  )  Gallia  meridionalis. 

8.  Anthicus  pedestns,  fab.         ( 

9.  Anthicus  instabilis,  Hoff.         ' 

Les  Anthicus  sont  des  insectes  qu'on  trouve  sur  les  plantes  et 
parmi  les  détritus  des  végétaux  que  les  crues  de  nos  rivières 
amoncellent  dans  certains  endroits.  On  se  les  procure  également 


INSECTES.  737 

en  fauchant  sur  les  fourrés  herbeux  et  dans  les  chaumes,  quel- 
ques-uns même  dans  les  trous  et  au  pied  des  arbres.  Il  faut  les 
chercher  partout  si  Ton  veut  se  procurer  ces  intéressants  insectes, 
dont  quelques-uns  sont  assez  rares.  Le  Ripavius,  YInstabilis  et 
VHirtellus  sont  de  ce  nombre. 

Cinquième  Genre,  Xylophilus,  Bonel. 

1.  Xylophilus  populneus,  Fab.  Paris. 

2.  Xylophilus  oculatus,  Gyil.  Suecia. 

3.  Xylophilus  pumilus,  Dej.  G  allia. 

Ce  genre  est  assez  commun  sur  les  fleurs  et  parmi  les  débris  de 
végétaux;  on  le  prend  avec  facilité.  V Oculatus  est  assez  rare,  et 
c'est  dans  les  prairies  des  régions  basses  qu'il  faut  le  chercher. 
Le  Populneus  vit  sur  le  chêne-blanc;  c'est  en  secouant  les  bran- 
ches qu'on  en  fait  provision. 

Sixième  Genre,  Scraptia,  Latr. 

1.  Scraptia  fusca,  Latr.  )  _     . 

i  Paris 
"2.  Scraptia  minuta,  Dej.  ) 

Septième  Genre,  Ptilophorus,  Dej. 

1.  Ptilophorus  Dufourii,  Latr.  Gallia  meridionalis. 

2.  Ptilophorus  Frivaldjskyi,  Strum.  Hungaria. 

Les  Insectes  de  ces  deux  derniers  genres,  se  tiennent  ordinai- 
rement parmi  les  détritus  de  végétaux  en  décomposition.  Le  filet 
en  apporte  quelques  individus  lorsqu'on  le  promène  quelque 
temps  sur  les  fourrés  herbeux  des  bords  des  prairies  maritimes 
des  trois  bassins.  D'après  M.  Pellet,  on  prend  le  Dufourii  après  le 
coucher  du  soleil,  en  promenant  le  filet  sur  la  galactites  totnentosa. 
«Un  de  mes  correspondants  du  Var,  m'écrivait-il,  l'a  pris  en 
promenant  le  filet  sur  les  cistes;»  il  se  trouve  aussi  sur  le  chêne- 
liége  et  quelquefois  sur  les  pins,  mais  toujours  dans  les  lieux  où 
croit  le  cistus  Monspeliensis ,  ce  qui  lui  avait  fait  supposer  que 
tome  m.  47 


738  HISTOIRE   NATURELLE. 

la  larve  de  cet  Insecte  devait  vivre  sur  cette  plante.  Il  l'y  a  cher- 
chée inutilement,  et  il  croit  que  cette  larve  doit  vivre  en  parasite 
dans  les  nids  de  Guêpes.  Cette  dernière  opinion  est  partagée  par 
d'autres  entomologistes. 

Huitième  Genre,  Metœcus,  Dej. 

1.  Metœcus  paradoxus,  Fab.  Paris. 

Cet  Insecte  se  pose  constamment  sur  les  fleurs  de  Veringium 
campestris.  On  doit  le  prendre  avec  les  pinces;  car  autrement  on 
se  pique  les  doigts  et  l'Insecte  s'envole.  Il  est  rare,  et  difficile  à 
saisir. 

Neuvième  Genre,  Ripiphorus,  Fab. 

i.  Ripiphorus  flabellatus,  Fab.     )  _,  „.  ...      ,. 

_       *.  .  , .         .         ^  ,    f  Gallia  meridtonahs. 

2.  Ripiphorus  bimaculatus,  rab.  ) 

3.  Ripiphorus  quadrimaculatus,  Schô.  Hungaria. 

Ces  Insectes  se  tiennent  généralement  sur  les  fleurs.  Ils  volent 
avec  difficulté,  et,  s'ils  prennent  leur  essor,  c'est  au  milieu  du  jour, 
lorsque  la  chaleur  est  très-forte.  Le  Flabellatus  se  tient  sur  la  fleur 
de  la  menthe  sauvage;  les  deux  autres  sur  la  fleur  de  Veringium 
campestris. 

Dixième  Genre,  Myodes,  Latr. 

1.  Myodes  subdipterus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

On  peut  se  procurer  le  Myodes  supdipterus  après  la  mi-août 
jusque  fin  septembre,  sur  les  fleurs  de  Veringium  maritimum; 
mais  si  on  le  cherche  lorsque  les  ardeurs  du  soleil  commencent 
à  se  faire  sentir,  après  huit  heures  du  matin,  on  le  voit  voltiger 
et  on  le  prend  facilement  avec  le  filet. 

Onzième  Genre,  Mordela,  Fab. 

1.  Mordela  fasciata,  Fab.  ;  „     . 

f    I  CITIS 

2.  Mordela  biguttata,  Dej.  ) 


INSECTES.  739 

5.  Mordela  micans,  Dej.  Dalmatia. 

4.  Mordela  grisea,  Frsehl.  Gallia  méridionale. 

5.  Mordela  tibialis,  Dej.  )  n     . 

'  Parts. 

6.  Mordela  elongata,  Dej.  * 

7.  Mordela  abdominalis,  Fab.  Germania. 

8.  Mordela  varieeata,  Fab.  )  ., 

>  Paris. 

9.  Mordela  brunea,  Dej.  j 

10.  Mordela  angustata,  Dej.  Gallia  meridionalis . 

11.  Mordela  pusilla,  Meg.  )  n     . 

i  Pans 

12.  Mordela  aculeata,  Fab.  S 

7  • 

Le  genre  Mordela  fournit  une  grande  quantité  d'espèces  de  très- 
petite  taille,  et  il  faut  beaucoup  d'habitude  pour  les  bien  distinguer 
entre  elles.  Ces  Insectes  sont  difficiles  à  saisir;  ils  se  tiennent  sur 
les  ombellifères.  On  en  voit  en  quantité  sur  les  fleurs;  mais  dès 
qu'on  touche  la  plante,  ils  se  laissent  tomber  ou  bien  ils  pren- 
nent le  vol.  Le  mieux  est  de  placer  le  filet  au-dessous  de  la  plante 
et  de  la  secouer;  de  cette  manière  on  en  saisit  beaucoup.  Il  faut 
une  grande  attention  pour  les  piquer;  car  ils  ont  une  forme  qui 
les  fait  glisser  facilement  des  doigts,  et  au  moment  d'enfoncer 
l'épingle  sur  leurs  élytres,  qui  sont  très-durs,  ils  vous  échappent. 

Douzième  Genre,  Anaspis,  Geoff. 

i.  Anaspis  frontalis,  Fab.  Paris. 

2.  Anaspis  rufilabris,  Struin,  Suecia.  (V.  du  précédent.) 

o.  Anaspis  tlava,  Fab.  |  p     . 

4.  Anaspis  maculata,  Geoff.         ) 

5.  Anaspis  collaris,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

6.  Anaspis  rufîcollis,  Fab.  i  p 

7.  Anaspis  thoracica,  Fab.  ) 

C'est  encore  sur  les  fleurs  des  ombellifères,  où  ils  se  tiennent 
généralement,  qu'il  faut  chercher  ces  jolis  Insectes.  On  en  trouve 


■J40  HISTOIRE   NATURELLE. 

quelques-uns  sous  les  détritus  des  végétaux.  D'autres  échappe- 
raient à  nos  recherches,  si  le  (ilet  ne  les  rapportait  des  fourrés 
où  on  le  promène.  Le  Ruficollis  et  le  Collaris  sont  souvent  sur 
les  roses;  le  Bkolor  et  le  Thoracica  sont  fort  rares. 

Famille  des  Vésicants. 

Cette  famille  se  distingue  par  des  antennes  filiformes 
ou  moniliformes,  de  onze  articles,  allant  en  grossissant, 
le  premier  gros,  le  deuxième  très-petit,  quelques-uns 
des  intermédiaires  de  forme  très-variable,  souvent  très- 
comprimés  et  dilatés  dans  les  mâles ,  présentant  l'aspect 
le  plus  irrégulier,  simples  dans  les  femelles;  palpes  velues, 
presque  filiformes;  labre  avancé  en  carré  transverse, 
échancré  en  avant  ;  mandibules  dentelées  au  côté  interne  ; 
mâchoires  formées  de  deux  lobes  velus  ;  lèvre  transver- 
sale, un  peu  cordiforme  ;  corps  renflé,  tantôt  raccourci, 
tantôt  allongé,  de  consistance  très-molle;  tête  grande, 
un  peu  triangulaire,  a  angles  arrondis  ;  corselet  petit,  plus 
ou  moins  carré;  écusson  non  visible;  élytres  presque 
toujours  plus  courts  que  l'abdomen,  et  souvent  très-rac- 
courcis; abdomen  très-long  dans  certaines  espèces; 
pattes  assez  fortes  ;  tarses  grands  ;  crochets  bifides. 

Les  Vésicants  sont  assez  nombreux  en  espèces.  Ils 
habitent  sur  les  plantes  basses  et  sur  les  arbres;  la 
plupart  sont  remarquables  par  leurs  jolies  couleurs,  et 
bon  nombre  présentent  des  bandes  transversales,  jaunes 
ou  rouges,  qui  se  détachent  avec  élégance  sur  un  fonds 
de  velours.  Plusieurs  espèces  sont  aptères  et  d'assez 
forte  taille,  et  lorsqu'on  les  touche,  elles  répandent  une 
liqueur  oléagineuse  et  un  peu  caustique  qui  s'échappe 
des  articulations  des  pattes. 


INSECTES.  "Il 

Premier  Genre,  Meloe,  Fabr. 

Les  Meloes  sont  des  Insectes  moux  qui  rampent  sur  la  terre,  et 
qu'on  trouve  presque  toute  l'année  dans  tontes  les  latitudes  du 
département.  Quelques-uns  même  pendant  l'hiver,  tels  que  le 
Prosearabœus ,  le  Cyaneus  et  le  Scabrosus.  Ce  dernier  dans  les 
champs  de  blé  et  de  trèfle,  à  gauche  de  la  lunette  de  la  porte 
Canet.  Dans  une  belle  journée  des  mois  de  novembre  et  décembre, 
on  est  certain  d'en  faire  une  ample  provision.  Cet  Insecte  parait 
se  plaire  de  préférence  dans  cette  région  aride.  C'est  très-rare  si 
on  en  trouve  quelque  sujet  isolé  autre  part.  Le  Scabrosus  et  le 
Violaceus  se  trouvent  dans  les  fossés  des  fortifications.  Le  Majalis 
se  trouve  partout.  Dès  que  la  chaleur  du  printemps  se  fait  sentir, 
on  le  voit  marcher  dans  les  haies  herbeuses  des  champs.  Il  est  re- 
marquable par  les  belles  bandes  cramoisies  qui  ceignent  soncorps. 

t.  Meloe  proscarabaeus,  Fab.  Suecia. 
2.  Meloe  cyaneus,  Fab.  Paris. 
ô.  Meloe  violaceus,  Gyll.  Suecia. 

4.  Meloe  autumnalis,  Oliv.  Paris. 

5.  Meloe  tuccius,  Rossi.  )  _  „.  ...      ,'. 

_    _.  .  ,  „.     ,  halha  méridionaux. 

6.  Meloe  rugulosus,  Ziegl.  > 

7.  Meloe  coriarius,  Ho  If.  Germa  nia. 

8.  Meloe  scabrosus,  Illig.  Auslria. 

9.  Meloe  scabroso  punctatus,  Gomp.  N.  E.  Pyren.  orient. 

Pendant  longtemps  nous  avions  pris  ce  dernier Méloé  pour  une 
variété  du  Scabrosus;  mais,  après  l'avoir  examiné  avec  atten- 
tion, et  bien  que  la  couleur  bronzée-violette  soit  la  même  dans 
les  deux  sujets ,  nous  avons  cru  devoir  les  séparer  pour  en 
former  deux  espèces  distinctes.  En  effet,  le  Scabroso-punctatus 
a  la  tète  moins  grosse,  les  antennes  moins  développées,  le 
corselet  plus  petit,  les  élytres  moins  grands  et  plus  évasés,  leur 
dessin  plus  saillant,  et  leur  granulation,  avec  la  suture  mé- 
diane plus  prononcées;  le  corps  est  plus  allongé  et  moins  gros. 


742  HISTOIRE   NATURELLE. 

• 

Le  Scabroso-pundatus,  dans  son  plus  grand  développement,  reste 
toujours  d'un  tiers  plus  petit  que  le  Scabrosus.  Nous  avons  trouvé 
assez  souvent  notre  Méloé  accouplé,  et  nous  n'avons  jamais  vu 
qu'il  le  fût  avec  le  Scabrosus.  Ayant  gardé  longtemps,  dans  une 
même  boite,  des  mâles  et  des  femelles  des  deux  espèces,  nous 
n'avons  jamais  pu  réussir  à  les  l'aire  accoupler.  Ces  remarques 
justifient  la  séparation  que  nous  avons  faite. 

10.  Meloe  majalis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

11.  Meloe  macrocephala ,  Marcel  de  Serres.  Noitv.  Esp. 

Pyrenœi  orientales. 

On  avait  envoyé  à  M.  Marcel  de  Serres  un  Méloé  pris  à  Perpi- 
gnan, dont  l'abdomen  peu  développé  donnait  à  cet  Insecte  une 
forme  toute  particulière.  La  grosseur  de  la  tète  surtout  le  faisait 
remarquer.  Ce  caractère  lui  avait  valu  son  nom.  L'ayant  examiné 
de  plus  près,  je  lui  trouvai  tant  de  rapports  avec  le  Majalis,  que 
je  pensai  de  suite  qu'il  devait  être  un  jeune  sujet  de  cette 
espèce.  Je  ne  tardai  pas  à  m'affermir  dans  cette  opinion.  Je  pris 
plusieurs  Macrocephala  et  les  enfermai  dans  des  boites  avec  la 
nourriture  qui  leur  convenait.  A  mesure  que  leur  développement 
se  faisait,  je  vis  apparaître  les  bandes  cramoisies  qui  entourent  le 
corps  du  Majalis,  et  j'acquis  la  certitude  que  ce  prétendu  Meloe 
macrocephala  n'était  qu'un  jeune  sujet  du  Majalis  qui  n'avail  pas 
encore  atteint  tout  son  développement.  En  prenant  un  peu  de 
peine,  et  en  fréquentant  au  mois  d'avril  les  lieux  que  ces  Insectes 
préfèrent,  on  trouve  beaucoup  de  jeunes  Méloés  sur  lesquels,  de 
jour  en  jour  et  à  mesure  que  l'abdomen  grossit,  on  voit  apparaître 
ces  bandes  qui  sont  d'abord  jaunes  et  qui  deviennent  cramoisies 
lorsque  l'Insecte  finit  de  se  développer,  ce  qui  n'est  pas  très- 
long.  Vers  la  fin  d'avril,  on  ne  trouve  plus  déjeunes  Méloés,  et 
tous  ceux  qu'on  rencontre  sont  ornés  des  belles  bandes  cramoi- 
sies qui  caractérisent  le  Majalis. 

12.  Meloe  aeneus,  Latr.  Hispania, 


INSECTES.  743 

•  \ 

Deuxième  Genre,  Cerocoma,  Fab. 

1.  Cerocoma  Schsefferi,  Fab.  Paris. 

2.  Cerocoma  Schreberi,  Fab.      •)/,„. 

-    „  ..  ....    n  .  [  Gallia  menai onaiis. 

0.  Cerocoma  Vahln,  Fab.  ) 

Le  genre  Cerocoma,  fort  original  par  sa  forme,  très-joli  par  les 
couleurs  métalliques  de  sa  robe  en  général,  par  la  disposition  de 
ses  antennes  rameuses  et  de  couleur  tranchante,  vit  sur  les  fleurs 
des  anthémis  et  des  hypericum.  C'est  sur  les  chaumes,  près  des 
cours  d'eau,  qu'on  le  trouve  généralement. 

Troisième  Genre,  Dices.  Latr. 

1.  Dices  bilbergi,  Schô.  Gallia  meridionalis . 

Nous  avons  constamment  pris  le  Dices  bilbergi,  aux  environs 
de  Casas-de-Pena,  sur  les  coteaux  fourrés,  près  de  la  rivière,  et 
dans  les  vallons  qui  y  débouchent.  Nous  ne  l'avons  jamais  vu  sur 
les  plantes;  et  c'est  toujours  après  avoir  fauché,  que  nous  en  avons 
trouvé  quelques  sujets  dans  le  filet.  Il  est  assez  rare. 

.     Quatrième  Genre,  Mylabris,  Fab. 

1.  Mylabris  variabilis,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

2.  Mylabris  mutabilis,  Dej.  Hispania. 

3.  Mylabris  melanura,  Pal  las.  Russia  meridionalis. 
A.  Mylabris  Fuesslini,  Panz.         )  TT 

5.  Mylabris  Dahlii,  Dej.  S  Hm9ana- 

6.  Mylabris  geminata,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

7.  Mylabris  varians,  Dej.  Hispania. 

Le  genre  Mylabris  est  assez  commun  dans  tout  le  département 
et  dans  toutes  les  latitudes.  On  le  prend  sur  les  fleurs,  et  plusieurs 
espèces  affectent  de  se  poser  de  préférence  sur  certaines  plantes, 
sur  lesquelles  on  peut  en  faire  ample  provision.  En  fauchant  avec 
le  filet  sur  les  bords  des  fossés  herbeux,  dans  les  fourrés  des  taillis 
et  des  clairières  des  bois,  on  est  sûr  d'en  recueillir  bon  nombre, 


744  HISTOIRE   NATURELLE.  , 

qui  échappent  à  l'œil  le  plus  exercé.  Le  Melanura  el  le  Dàklii 
sont  plus  rares,  et  nous  les  avons  pris  constamment  dans  les 
régions  un  peu  élevées. 

Cinquième  Genre,  Lydns,  Meg. 

i.  Lydns  Algériens,  Fab.  ïtalia. 

2.  Lydus  humeralis,  Schô.  Nord. 

5.  Lydus  trimaculatus,  Fab.  Hungaria. 
Comme  les  Mylabris,  les  insectes  du  genre  Lydus  se  tiennent 
sur  les  fleurs  et  surtout  sur  les  chicorées.  On  les  prend  avec  la 
plus  grande  facilité.  Ils  ne  volent  qu'avec  la  forte  chaleur,  et  sont 
toujours  nombreux  sur  la  même  plante. 

Sixième  Genre,  Lytta,  Fab. 
\.  Lytta  vesicatoria,  Fab.  Paris. 
2.  Lytta  myagri,  Ziegl.  Auslria. 

0.  Lytta  herbivora,  Ram.  Hispania  meridionalis . 

Le  genre  Lytta  n'est  pas  très-répandu  dans  notre  département; 
mais  l'espèce  Vesicatoria,  vulgairement  connue  en  médecine, 
sous  le  nom  de  mouche  cantharide,  se  voit  en  nombre  sur  les 
frênes  et  sur  les  jeunes  pousses  d'olivier.  On  la  prend  avec 
facilité.  Les  deux  autres  espèces  sont  rares;  elles  vivent  sur  les 
plantes  et  sur  les  arbustes  du  vallon  de  Banyuls-sur-Mer.  En 
fauchant  sur  les  lantisques  et  les  aynus  castus,  on  trouve  dans 
le  filet  quelques  individus  des  deux  espèces. 

Septième  Genre,  Zonitis,  Fab. 

1.  Zonitis  mutica,  Fab.  ;   „  „.  ...       .. 

_    .  .  .        , ..   ■       '  Gallia  meridionalis. 

2.  Zonitis  sexmaculata,  Ohv.        \ 

5.  Zonitis  fulvipennis,  Fab.  Hungaria. 

4.  Zonitis  nuadripunctala,  Fab.    ;  ,,,  „.  .,.      ,. 

1         l  [  dama  méridionaux. 

o.  Zonitis  prseusta,  Fab.  ) 

6.  Zonitis  bifasciata,  Meg.  Hungaria. 

7.  Zonitis  humeralis,  Dej.  Hispania. 


INSECTES.  745 

Nous  trouvons  les  Insectes  de  ce  genre  sur  les  fleurs  des  plantes 
radiées  et  des  chardons.  Le  filet  est  d'un  grand  secours  dans  cette 
chasse.  La  Prœtista  vit  sur  Yeringium  campestris;  la  Mutka  sur 
la  centaurea  lanata;  jamais  la  Prœusta  se  trouve  sur  cette  plante. 

Huitième  Genre,  Nemognatha,  Latr. 

1 .  Nemognatha  chrysomelina,  Fab.  Gallia  méridionales. 

Les  Nemognatha  vivent  aussi  sur  les  fleurs  des  régions  un  peu 
élevées.  Le  vallon  de  Banyuls  et  la  pente  des  Albères  fournissent 
la  seule  espèce  de  ce  genre;  elle  y  est  même  assez  rare. 

Neuvième  Genre,  Sitaris,  Latr. 

i.  Sitaris  humeralis,  Fab.  Paris. 

2.  Sitaris  abdominalis,  Dej.  Hispania. 

5.  Sitaris  thoracica,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Nous  n'avons  jamais  pu  voir  ces  Insectes  sur  les  fleurs  qui  leur 
servent  de  gite.  C'est  toujours  dans  le  filet,  après  l'avoir  promené 
pendant  quelque  temps  sur  les  plantes  des  fourrés,  que  nous  en 
avons  trouvé  quelques  sujets,  ce  qui  nous  fait  croire  qu'ils  sont 
assez  rares. 

Famille  des  Sténélitres. 

Les  Sténélitres  se  distinguent  des  autres  familles  de 
la  section,  par  un  corps  le  plus  souvent  oblong,  arqué  en 
dessus,  avec  les  pieds  allongés.  Les  mâles  ressemblent 
aux  femelles  par  la  taille  ainsi  que  par  les  antennes  qui 
ne  sont  ni  grenues  ni  perfoliées,  et  dont  l'extrémité,  dans 
le  plus  grand  nombre,  n'est  point  épaissie. 

Ces  Insectes  sont  généralement  très-agiles  :  les  uns 
se  trouvent  courant  à  terre,  les  autres  se  rencontrent  sur 
les  feuilles  et  sur  les  fleurs,  ou  sur  les  vieilles  écorces 
des  arbres;  ils  constituent  une  famille  fort  peu  naturelle, 
et  son  adoption  ne  peut  être  que  provisoire. 


746  HISTOIRE   NATURELLE. 

Premier  Genre,  Calopus,  Fab. 
1 .  Calopus  serraticornis,  Fab.  Suecia. 

Deuxième  Genre,  Sparedrus,  Meg. 

i.  Sparedrus  testaceus,  Ander.  Austria. 

Les  Insectes  qui  appartiennent  à  ces  deux  genres,  se  tiennent 
sur  les  tleurs  des  plantes  ombellifères  dans  les  prairies  des  régions 
élevées  des  bois  des  Fanges  et  de  Boucheville,  des  Corbières,  du 
Ganigou,  au-dessus  de  Saint-Martin,  et  de  la  vallée  de  Valmanya, 
le  long  de  la  rivière.  Ce  sont  des  Insectes  fort  intéressants, 
qu'on  prend  avec  facilité  le  matin,  avant  que  le  soleil  ne  soit 
trop  élevé;  car  ensuite  ils  volent  avec  une  grande  vitesse.  Le  Calo- 
pus serraticornis  se  trouve  plus  particulièrement  sur  les  fleurs, 
dans  les  environs  de  Gastell  et  de  Saint-Martin-de-Canigou.  Mon 
ami,  M.  Pellet  l'a  pris  dernièrement  dans  cette  localité. 

Troisième  Genre,  Nacerdes,  Stev. 

1.  Nacerdes  notata,  Fab.  Gallia  meridionalis . 

2.  Nacerdes  decempunctata,  Dej.^  Y     , 
5.  Nacerdes  palliata,  Dej.  ) 

Les  Nacerdes  vivent  aussi  sur  les  mêmes  plantes  que  les  deux 
genres  précédents;  mais  dans  des  régions  plus  élevées  et  sur  les 
prairies  du  bord  des  eaux. 

Quatrième  Genre,  Asclera,  Dej. 
1.  Asclera  xanthoderes,  Mulx.  Pyrenœi  orientales. 

Habite  les  environs  de  Collioure.  Cet  Insecte  m'a  été  commu- 
niqué par  M.  Delarouzé,  qui  l'a  pris  le  13  juin  1860,  après  avoir 
promené  le  filet  sur  les  fleurs. 

Cinquième  Genre,  Anogcodes,  Dej. 
1 .  Anogcodes  melanura,  Fab.  Germania. 


INSECTES.  747 

2.  Anogcodes  affinis,  Dej.  Germania. 

3.  Anogcodes  ruficollis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

4.  Anogcodes  ustulata,  Fab.  Paris. 

C'est  encore  le  filet,  après  l'avoir  promené  quelque  temps  sur 
les  prairies  basses  et  fourrées,  qui  nous  apporte  quelques-uns  de 
ces  Insectes  ;  les  haies  des  bords  des  fossés  des  grandes  routes 
nous  en  fournissent  aussi  quelques  espèces.  C'est  sur  les  fleurs 
que  la  plupart  se  tiennent. 


i  Paris. 


Sixième  Genre,  sEdemera,  Oliv. 

1.  .Edemera  podagraria?,  Fab. 

2.  .Edemera  caerulea,  Fab. 

3.  /Edemera  clavipes,  Fab.  i  „.  „. 

,     ri,  ,     i         „' ',  ualua  meridionahs. 

4.  .Edemera  barbara,  Fab.  ) 

0.  .Edemera  tlavescens,  Lin.  Germania. 
6.  .Edemera  virescens,  Fab.  Suecia. 

Les  Mdemera  se  tiennent  sur  les  plantes  en  général.  Ce  sont 
des  Insectes  inoll'ensifs  ;  mais  très-lestes  à  se  laisser  tomber  à 
terre  dès  qu'on  touche  la  plante  sur  laquelle  ils  se  posent,  de 
sorte  que  la  meilleure  manière  de  faire  une  bonne  récolte,  c'est 
de  promener  le  filet  sur  les  haies  des  bords  des  routes  et  sur  les 
fourrés  des  champs  de  tout  le  département.  Les  Clavipes,  Vires- 
cens  et  le  Barbara  sont  plus  rares  que  les  autres  espèces. 

Septième  Genre,  Stenostoma,  Latr. 

1.  Stenostoma  rostrata,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Huitième  Genre,  Mycterus,  Oliv. 

1.  Mvcterus  curculioïdes,  Fab.     )  ,,  „,  ...      ,. 

_    „  ,   „  _  ,    [  G  allia  meridionahs. 

2.  Mycterus  umbellatarum,  Fab.  ) 

Toutes  les  fleurs  radiées  sont  le  refuge  des  Stenostoma  et  des 
Mycterus.  On  peut  en  faire  ample  provision  avec  le  filet. 


748  HISTOIRE   NATURELLE. 

Neuvième  Genre,  Salpingus.  Gyll. 

i.  Salpingus  rufilabris,  Dej.  Suecia. 
2,  Salpingus  rufescens,  Dej.  Germania. 
5.  Salpingus  limbatus,  Dej.  Gallia. 

J'ai  toujours  trouvé  dans  le  filet  ces  petits  Insectes,  après  l'avoir 
promené  quelque  temps  sur  les  fleurs.  Je  n'ai  jamais  pu  voir  où  ils 
se  tiennent;  c'est  toujours  dans  des  lieux  très-fourrés,  et  il  est 
très-difficile  de  les  voir. 

Dixième  Genre,  Rhinosimus,  Latr. 

i.  Rhinosimus  planirostris,  Fab.)         . 

2.  Rhinosimus  ruficollis,  Panz.    ) 

3.  Rhinosimus  roboris,  Fab.  Germania. 

En  cherchant  sous  les  écorces  des  vieux  troncs  d'arbres,  on 
trouve  quelques-uns  de  ces  Insectes  ;  mais  la  plupart  nous  vien- 
nent par  le  filet,  après  avoir  fauché  quelque  temps.  C'est  donc 
sur  les  fleurs  et  les  plantes  basses  qu'il  faut  les  chercher,  et 
comme  ce  sont  de  très-petits  insectes,  ils  échappent  souvent  aux 
recherches. 

TÉTRAMÈRES. 
Les  Tétramères  se  distinguent  par  quatre  articles  aux 
tarses  de  toutes  les  pattes.  Ils  forment  quatre  familles. 

Famille  des  Curculionites. 

Les  Curculionites  ou  Charançons  se  distinguent  des 
autres  Coléoptères  tétramères,  par  leur  tête  plus  ou  moins 
prolongée  en  une  sorte  de  bec,  que  Latreille  appelle 
probosei-roslrum  (museau-trompe),  pour  le  distinguer  du 
rostre  des  Hémiptères.  Ce  bec,  ou  museau-trompe,  qui 
varie  de  forme  et  de  longueur,  et  qui  est  tantôt  courbé 
et  tantôt  droit,  suivant  les  genres  ou  les  tribus,    est 


INSECTES.  749 

terminé  par  la  bouche,  qui  se  trouve  d'autant  plus  petite 
que  le  bec  est  plus  effilé.  Les  antennes  sont  le  plus 
souvent  en  massue,  tantôt  droites  et  plus  fréquemment 
coudées;  le  nombre  de  leurs  articles  varie  de  neuf  à 
douze.  Le  prothorax  est  généralement  plus  étroit  et  beau- 
coup plus  court  que  les  élytres  ;  les  pattes  sont  généra- 
lement très-robustes. 

On  rencontre  chez  ces  Coléoptères,  les  formes  les  plus 
diverses.  On  en  voit  qui  sont  presque  linéaires  ou  très- 
allongés,  d'autres  qui  sont  ovoïdes  ou  globuleux;  mais 
en  général,  ce  sont  des  Insectes  trapus,  et  organisés 
plutôt  pour  grimper  que  pour  marcher  sur  une  surface 
plane  ;  aussi  leur  démarche  est  elle  très-lente,  et,  comme 
ils  ne  peuvent  échapper  au  danger  par  la  fuite,  étant  pour 
la  plupart  dépourvus  d'ailes,  la  nature  prévoyante  leur  a 
donné,  pour  les  protéger  contre  leurs  ennemis,  des 
téguments  extrêmements  durs.  Cette  famille  n'a  rien  à 
envier  aux  autres  pour  l'éclat  et  les  variétés  des  couleurs, 
ainsi  que  pour  la  taille  :  on  y  trouve  les  deux  extrêmes. 

Premier  Genre,  Bruchus,  Fab. 

1 .  Bruchus  imbricornis,  Panz.  Paris. 

2.  Bruchus  ruficornis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

3.  Bruchus  oblongus,  Duf.  Hispania. 

4.  Bruchus  pisi,  Fab.  Paris. 

5.  Bruchus  lentis,  Koyi.  Italia. 

6.  Bruchus  laticollis,  Schô.  Gallia  meridionalis. 

7.  Bruchus  alni,  Fab. 

8.  Bruchus  lati,  Gyll.  /  p  „. 

9.  Bruchus  cisti,  Fab. 
10.  Bruchus  lateicornis,  Illig. 


750  HISTOIRE   NATURELLE. 

11.  Bruchus  signaticornis,  Dej. 

12.  Bruchus  granarius,  Fab.  J 
15.  Bruchus  nubilus,  Dej.              (  „ 

14.  Bruchus  rutimanus,  Schô.       ( 

15.  Bruchus  canus,  Germ.  ] 

16.  Bruchus  pusillus,  Meg.  / 

17.  Bruchus  varius,  Oliv.  (Var.  de  YImbricornis.) 

18.  Bruchus  pulchellus,  Dej.  )  „  „.  ...      .. 

.^   ^  .  _ .  .  Galha  mcndionahs. 

19.  Bruchus  pectinatus,  Dej.  \ 

20.  Bruchus  histrio,  Schô.  Hispania. 

21.  Bruchus  cinereus,  Dej.  G  allia  meridionalis. 

Ce  nombreux  genre,  qu'on  trouve  répandu  dans  toutes  les 
latitudes  du  département,  vit  au  détriment  de  beaucoup  de  plantes, 
et  on  ne  peut  assigner  la  demeure  de  la  plupart  de  ces  petits 
insectes.  On  s'en  procure  beaucoup  en  fauchant  sur  les  plantes  des 
fourrés  herbeux,  en  battant  les  arbres  et  les  arbustes  après  avoir 
placé  dessous  une  toile  pour  les  recevoir;  car,  sans  cette  précau- 
tion, on  en  perdrait  beaucoup  dans  les  broussailles.  En  raclant 
les  écorces  des  troncs  des  vieux  arbres,  on  en  découvre  quelques- 
uns.  Il  ne  faut  pas  négliger  non  plus  de  visiter  les  broussailles 
que  l'eau  a  rejetées  sur  la  grève.  Ce  sont  des  dépôts  qui  en  four- 
nissent un  grand  nombre.  Quelques-uns  vivent  sur  l'euphorbe, 
Euph.  characias,  Lin.  Lorsqu'en  hiver,  on  déchire  la  tige  de  cette 
plante,  on  y  trouve  des  larves  de  différents  âges  et  des  insectes 
parfaits. 

22.  Bruchus  sericatus,  Schô.  Russia  meridionalis. 
Communiqué  par  M.  Delarouzé,  qui  l'a  trouvé  dans  les  envi- 
rons de  Collioure,  le  12  juin  1861. 

Deuxième  Genre,  Spermophagus,  Stev. 

1.  Spermophagus  cardui,  Schô.  Russia  meridionalis. 

2.  Spermophagus  cisti,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 


INSECTES.  751 

Le  Spermopkagus  cardai  et  cisti,  de  deux  auteurs  différents,  et 
trouvés  dans  des  contrées  bien  différentes,  ne  sont  que  le  même 
insecte.  Le  Cisti  d'Olivier  n'est  qu'une  variété  du  Cardui  de 
Schonherr.  On  se  procure  ces  deux  insectes  en  fouillant  les 
détritus  des  végétaux;  et  quelquefois  en  fauchant  les  fourrés,  on 
en  prend  quelqu'un.  En  visitant  les  tiges  des  chardons,  on  y 
découvre  quelques-unes  de  leurs  larves,  qui  se  nourrissent  de 
cette  plante,  et  souvent  on  y  trouve  l'insecte  parfait.  J'ai  déchiré 
bien  des  fois  des  tiges  de  cistes  pour  y  découvrir  la  larve  ou  l'in- 
secte parfait  du  Cisti;  mais  je  n'en  ai  jamais  trouvé  la  moindre 
trace  sur  ces  plantes.  Ce  fait,  s'il  s'était  vérifié,  aurait  seul  pu  faire 
adopter  comme  espèce  distincte  l'insecte  d'Olivier  qui  ne  peut 
être  considéré  que  comme  une  simple  variété  de  l'autre  espèce. 

Troisième  Genre,  Urodon,  Schô. 

1.  Urodon  rufipes,  Fab.  Paris. 

2.  Urodon  pigmseus,  Hoff.  Gallia  meridionalis . 
5.  Urodon  suturalis,  Fab.  Paris. 

On  se  procure  les  Insectes  de  ce  genre  en  fouillant  les  détritus 
des  végétaux;  et  en  battant  les  branches  des  arbres,  on  en  voit 
tomber  à  terre.  Le  Suturalis  surtout  est  toujours  sur  les  arbres. 
D'autres  sont  pris  en  fauchant  avec  le  filet. 

Quatrième  Genre,  Anthribus ,  Fab. 

1.  Anthribus  albinus,  Fab.  Gallia. 

C'est  dans  les  maisons  qu'on  trouve  généralement  cet  Insecte. 
Il  sort  probablement  du  bois  qu'on  y  enserre;  car  c'est  toujours 
dans  les  bûchers  qu'on  le  trouve. 

Cinquième  Genre,  Tropideres,  Schô. 

i.  Tropideres  albirostris,  Fab.     )  _     . 

}  Pans. 

2.  Tropideres  niveirostris,  Fab.   j 

5.  Tropideres  undulatus,  Panz.  Gallia  orientalis. 


752  HISTOIRE   NATURELLE. 

4.  Tropideres  cinctus,  Payk.  Slyria. 

Les  Tropideres  vivent  sur  les  arbustes  et  sur  les  arbres.  En 
imprimant  des  secousses  sur  les  troncs,  on  fait  détacher  des 
branches  quelques-uns  de  ces  insectes.  Le  filet  en  amène  aussi, 
mais  en  petit  nombre. 

Sixième  Genre,  Platyrhinus,  Clairv. 
\.  Platyrhinus  latirostris,  Fab.  Paris. 

Septième  Genre,  Brachytarsus,  Schô. 

1 .  Brachytarsus  scabrosus,  Fab.  Paris. 

2.  Brachytarsus  varius,  Fab.  Germania. 

3.  Brachytarsus  niveirostris,  Dej.  Gallia. 

Les  Insectes  de  ces  deux  genres  vivent  ordinairement  sur  les 
peupliers.  Nous  les  prenons  donc  sur  les  jeunes  pousses  dans  les 
taillis  du  bord  de  l'eau  des  trois  bassins.  Le  Brachytarsus  scabrosus 
se  trouve  souvent  en  raclant  l'écorce  des  vieux  peupliers-blancs, 
ce  qui  prouverait  que  la  larve  vit  sous  l'écorce  de  cet  arbre. 

Huitième  Genre,  Apoderus,  Oliv. 

1.  Apoderus  avellanœ,  Lin.  Austria. 

%  Apoderus  coryli,  Fab.  Suecia. 

Ces  deux  beaux  Insectes  paraissent  vivre  sur  le  noisetier;  car 
nous  les  trouvons  toujours  dans  les  vallées  où  croît  cet  arbre; 
cependant,  j'ai  souvent  examiné  de  près  les  pousses  du  noise- 
tier, sans  jamais  y  avoir  découvert  des  traces  de  la  larve  de  ce 
curculionite.  On  trouve  quelquefois  le  Coryli  sur  les  jeunes 
trembles. 

Neuvième  Genre,  Attelabus,  Lin. 
\ .  Attelabus  curculionoïdes,  Fab.  Paris. 
Cet  Insecte  paraît  vivre  sur  le  chêne;  car  on  le  trouve  toujours 


Paris. 


INSECTES.  753 

sur  les  jeunes  pousses  de  cet  arbre.  Il  est  très-nombreux 
dans  le  canton  de  Thuir  et  sur  les  Albères,  où  le  chêne  est 
commun. 

Dixième  Genre,  Rhynchites,  Herbst. 

1.  Rhynchites  cseruleocephalus,  Fab.  Gallia  meridion. 

2.  Rhynchites  aequatus,  Fab. 
5.  Rhynchites  bacchus,  Fab. 

4.  Rhynchites  betuleti,  Fab. 

5.  Rhynchites  populi,  Fab. 

6.  Rhynchites  conicus,  Illig. 

7.  Rhynchites  punctatus,  Oliv. 

8.  Rhynchites  cupreus,  Fab.  Suecia. 

9.  Rhynchites  auratus,  Scop.  Gallia  meridionalis. 

10.  Rhynchites  pubescens,  Fab. 

11.  Rhynchites  nanus,  Payk. 

12.  Rhynchites  fragarise,  Sturm.  Germania. 
15.  Rhynchites  minutus,  Gyll.  Suecia. 

14.  Rhynchites  Hispanicus,  Dej.  Hispania. 

15.  Rhynchites  sericeus,  Herbst.  Germania. 

Ce  genre,  abondant  en  espèces  de  petite  taille,  revêtues  de  fort 
jolies  couleurs,  est  disséminé  dans  toutes  les  vallées  du  dépar- 
tement. On  le  trouve  partout,  et  sur  des  végétaux  bien  variés. 
Le  filet  en  fournit  bon  nombre  d'espèces,  et  en  fouillant  dans  les 
détritus  des  végétaux,  on  en  trouve  aussi  plusieurs.  La  vigne  nous 
fournit  le  Bacchus  et  le  Betideti.  Ce  dernier  vit  sur  la  vigne  d'une 
façon  toute  particulière.  L'Insecte  fait  une  incision  à  la  partie 
supérieure  de  la  feuille,  tout  près  du  pédoncule  et  incise  ce 
dernier  à  moitié;  il  dépose  ses  œufs  à  la  partie  supérieure  de  la 
feuille,  du  même  côté  de  l'incision  ;  la  feuille  se  flétrit,  se  roule 
sur  elle-même,  enveloppe  les  œufs  et  tombe;  quelque  temps 
après  les  larvés  naissent,  grimpent  sur  la  souche  et  pénètrent 
tome  m.  48 


754  HISTOIRE   NATURELLE. 

dans  les  interstices  de  l'écorce,  où  elles  vivent.  UdEquatus  et  le 
Cœruleocephalus  vivent  sur  les  jeunes  chênes;  le  Conicus  et  le 
Pubescens  sur  les  pommiers;  le  Pojmli  sur  les  trembles.  Nous 
avons  trouvé  les  autres  espèces  sous  les  détritus  des  végétaux, 
ou  en  fauchant  avec  le  filet. 

Onzième  Genre,  Amorphocephalus,  Schh. 

1.  Amorphocephalus  coronatus,  Germar.  Italia. 

Le  Coronatus  vit  en  parasite  dans  les  nids  des  fourmis  ;  on  le 
trouve  en  fouillant  les  monceaux  de  terre  que  ces  insectes  accu- 
mulent près  du  trou  de  leurs  fourmilières.  C'est  dans  les  régions 
moyennes  de  nos  montagnes  qu'il  faut  le  chercher.  Il  est  rare. 

Douzième  Genre,  Diodyrhynchus,  Germar. 

1.  Diodyrhynchus  pallidus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

2.  Diodyrhynchus  Austriacus,  Meg.  Gallia  meridionalis. 

L'aubépine  paraît  donner  la  nourriture  à  ce  genre,  qui  n*est 
pas  nombreux  en  espèces.  Ces  Insectes  se  rapprochent  beaucoup 
des  Rhinomaces  par  la  forme  de  leurs  élytres ,  qui  sont  oblongs 
et  linéaires.  Nous  les  trouvons  constamment  sur  l'aubépine. 

Treizième  Genre,  Apion,  Herbst. 

1.  Apion  vernale,  Fab.  Paris. 

2.  Apion  malvse,  Fab.  Gallia. 

5.  Apion  nigritarse,  Kirb.  \ 

4.  Apion  albicans,  Dej.  (  Paris. 

5.  Apion  flavipes,  Fab.  ) 

6.  Apion  varipes,  Germar.  Suecia. 

7.  Apion  viciœ,  Payk.  \ 

8.  Apion  vorax,  Herbst.  [  Paris. 

9.  Apion  violaceum,  Kirb.  ) 
10.  Apion  superciliosum,  Gyll.  Saecia. 


INSECTES.  755 

H.  Apion  astragali,  Payk.  Suecia. 

12.  Apion  elegantulum,  Germar.  )  _     . 

f  Pans. 

15.  Apion  seniculus,  Kirb.  ) 

14.  Apion  tubiferuni,  Dej.  G  allia  meridionalis . 
Jo.  Apion  frumentarium,  Fab.  Suecia, 

16.  Apion  tamarisci,  Dej.  G  allia  meridionalis. 

17.  Apion  brevirostre,  Herbst.  Germania. 

18.  Apion  pisi,  Fab.  ) 

19.  Apion  miniatum,  Schô.  '.  Paris. 

20.  Apion  sorbi,  Fab.  ) 

21.  Apion  cyanescens,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

22.  Apion  iuscirostre,  Fab.  Gallia. 

Genre  très-nombreux  en  espèces,  toutes  de  très-petite  taille, 
et  qui  sont  généralement  de  couleur  blanche  ou  verte;  quelques- 
unes  sont  rouges.  Elles  se  tiennent  ordinairement  sur  les  fleurs; 
mais,  pourtant,  nous  les  trouvons  aussi  sous  les  pierres,  dans  la 
mousse,  sous  les  détritus  des  végétaux,  sur  les  luzernes,  sur 
les  orties  et  sur  beaucoup  d'autres  plantes.  C'est  pourquoi  le 
filet  est  d'un  grand  secours  pour  se  les  procurer.  Il  est  rare, 
après  avoir  fauché  quelque  temps  sur  les  fourrés  et  sur  les 
chaumes  herbeux ,  de  ne  pas  trouver  quelques  Apions  dans  le 
filet.  Aussi,  le  naturaliste  qui  voudra  se  procurer  le  plus  grand 
nombre  de  ces  intéressants  insectes,  ne  doit  rien  négliger;  il  doit 
tout  fouiller,  et  il  sera  dédommagé  de  ses  peines.  Nous  devons 
aux  travaux  de  MM.  Germar  et  Kirby  la  connaissance  d'un  grand 
nombre  d'espèces.  L' Astragali  vit  sur  le  chêne-vert;  le  Tubi- 
ferum,  sur  les  cistes;  le  Miniatum,  sur  le  lamarix;  le  Fusci- 
rostre,  sur  le  genêt  épineux. 

25.  Apion  angusticolle,  Schb. 

Communiqué  par  M.  Delarouzé,  qui  l'a  trouvé  dans  les  environs 
de  Collioure,  le  25  octobre  1860. 


756  HISTOIRE  NATURELLE. 

Quatorzième  Genre,  Ramphus,  Clairv. 

1.  Ramphus  flavicornis,  Clairv.  Paris. 

2.  Ramphus  pratensis,  Germar.  Germania. 

3.  Ramphus  seneus,  Dej.  G  allia  meridionalis. 

Les  Insectes  qui  appartiennent  à  ce  genre  sont  très-petits,  peu 
nombreux  et  revêtus  de  très-jolies  couleurs.  Ils  se  trouvent  sur 
les  plantes  basses  et  sautent  avec  une  grande  facilité.  Il  faut 
employer  le  filet  pour  se  les  procurer.  Après  un  débordement, 
on  en  trouve  quelques-uns  sous  les  détritus  amoncelés  près  des 
fossés,  dans  les  trois  bassins. 

Quinzième  Genre,  Brachycerus,  Fab. 

\.  Brachycerus  undatus,  Fab.      )  _  ...  ...      .. 

J  .  .        _  .  [  Gallia  meridionalis. 

2.  Brachycerus  algirus,  *ab.        ) 

Ces  Insectes  sont  peu  nombreux  sur  notre  continent,  tandis 
qu'ils  sont  très-abondants  dans  la  partie  la  plus  chaude  de  l'Afrique. 
En  général,  ils  sont  revêtus  de  couleurs  métalliques  très-brillantes. 
Les  deux  espèces  que  nous  possédons ,  vivent  sur  le  prunier  sau- 
vage, qui  croît  le  long  des  haies  des  prairies  maritimes.  L'Insecte 
s'accroche  au  fruit,  y  fait  un  trou,  et  en  suce  la  substance  à  l'aide 
de  sa  trompe.  Les  espèces  d'Europe  ont  les  couleurs  ternes,  et  le 
corps  toujours  couvert  d'une  poussière  qui  les  fait  paraître  sales. 

Seixième  Genre,  Thylacites ,  Germar. 

\.  Thylacites  fritillum,  Panz.  Gallia  meridionalis. 

2.  Thylacites  asphodeli,  Ramb.  Hispania  meridionalis. 

ù.  Thylacites  subterraneus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

4.  Thylacites  pilosus,  Fab.  Germania. 

Ce  genre,  peu  nombreux  en  espèces,  paraît  se  tenir  sur  les  fleurs 
des  plantes  herbacées.  C'est  avec  le  filet  qu'on  peut  en  récolter 
quelques  rares  individus.  Les  débris  des  végétaux  rejetés  par  les 
eaux  nous  en  fournissent  aussi,  mais  en  petit  nombre;  cependant, 


IXSECTES.  75" 

il  faut  les  fouiller  peu  de  temps  après  que  l'eau  s'est  retirée,  car 
aussitôt  que  la  putréfaction  commence,  on  n'y  trouve  plus  les 
espèces  de  ce  genre. 

Dix-septième  Genre,  Cneorhinus,  Schô. 

1.  Cneorhinus  albieans,  Dej.  Gattia  meridionalis . 

2.  Cneorhinus  squamulatus,  Fab.  Suecia. 

5.  Cneorhinus  corvli,  Fab.  (Var.  du  Globatus,  Sturm.) 

4.  Cneorhinus  hispidus,  Dej.  Gattia  meridionalis. 

0.  Cneorhinus  limbatus,  Fab.  Suecia. 

Vivent  sous  les  pierres,  sous  les  détritus  des  végétaux  et  sur  les 
plantes.  J'ai  trouvé  souvent  V Albieans  et  le  Limbatus  sur  les  tama- 
rix,  dans  les  parties  basses  du  littoral. 

Dis-huitième  Genre,  Sciaphilus,  Schô. 

1.  Sciaphilus  muritacus,  Fab.  Paris. 

2.  Sciaphilus  fulvipes,  Dej.  Gattia  meridionalis. 

5.  Sciaphilus  oblongus,  Dej.  Hispania. 

C'est  presque  toujours  le  filet  qui  nous  rapporte  les  Insectes 
de  ce  genre ,  après  avoir  fauché  quelque  temps  sur  les  plantes 
des  lisières  des  bois,  dans  la  partie  moyenne  de  nos  montagnes. 
Nous  les  trouvons  aussi  sur  les  détritus  entraînés  par  les  eaux 
après  une  inondation. 

Dix-neuvième  Genre,  Brachyderes,  Schô. 

1.  Brachyderes  incanus,  Fab.  Paris. 

2.  Brachyderes  Lusitanicus,  Fab.)  _,  „.  ...      ,. 

;  Gattia  meridionalis. 
o.  Brachyderes  pubescens,  Dej.    ) 

C'est  toujours  sur  les  pins  que  nous  avons  pris  les  Insectes  de 
ce  genre  peu  nombreux.  C'est  donc  dans  les  parties  élevées  qu'il 
faut  aller  les  chercher  :  à  la  Font  de  Comps,  à  Saint-Martin-de- 
Canigou  et  à  Costa-Bona.  Le  Pubescens  se  trouve  quelquefois  sur 
les  chènes-verts. 


758  HISTOIRE   NATURELLE. 

Vingtième  Genre,  Eusomus,  Germai 

1.  Eusomus  ovulum,  Illig.  Austria. 

Nous  n'avons  jamais  trouvé  cet  Insecte  que  dans  les  prairies 
maritimes  des  trois  bassins.  Il  vit  sur  le  tamarix;  car,  c'est  parmi 
les  plantations  de  cet  arbuste  que  nous  l'avons  pris  en  abondance. 

Vingt-unième  Genre,  Chlorophanus ,  Dalman, 

\.  Chlorophanus  pollinosus,  Fab.  Austria.. 

2.  Chlorophanus  fallax,  Illig.  Hunçjaria. 
5.  Chlorophanus  viridis,  Fab.  Gallia. 

Ce  genre,  revêtu  de  fort  jolies  couleurs,  qui  varient  suivant 
la  plante  qu'il  fréquente  le  plus,  et  qui  ne  sont  produites  qu'au 
dépens  du  pollen  des  fleurs  qui  s'attache  à  sa  robe,  se  trouve 
toujours  sur  les  peupliers  et  les  saules  des  taillis  plantés  sur  le 
bord  des  cours  d'eau.  On  doit  faire  attention,  en  le  piquant,  de 
ne  pas  enlever  cette  poussière,  qui  fait  son  seul  mérite;  car  on 
n'aurait  qu'un  insecte  tout  noir.  Si  on  veut  l'avoir  dans  sa  plus 
grande  beauté,  on  doit  le  placer  sur  le  coussinet  à  piquer;  le 
maintenir  par  les  pattes  avec  le  doigt,  et  le  percer  de  l'épingle. 
Il  n'est  pas  rare. 

Vingt-deuxième  Genre, ^'Tanymechus,  Germar. 

1.  Tanymechus  palliatus,  Fab.  Austria. 

2.  Tanymechus  viaticus,  Dej.  Sicilia. 

Les  Tanymechus  fréquentent  les  parties  basses  des  prairies 
maritimes  des  trois  bassins.  C'est  en  fauchant  qu'on  s'en  procure 
bon  nombre.  On  les  trouve  aussi  parmi  les  broussailles  rejetées 
par  les  eaux. 

Vingt-troisième  Genre,  Silona,  Germar. 

J.  Silona  lineatus,  Fab.  Paris. 

2.  Sitona  promptus,  Scho.  Gallia  meridionalis. 


INSECTES.  759 

5.  Sitona  discoïdeus,  Gyll.  Austria.  (Var.  du  précédent.) 

4.  Sitona  tibialis,  Gyll.  Suecia. 

5.  Sitona  hispidulus,  Fab.  Paris. 

Les  espèces  de  ce  genre,  qui  ne  sont  pas  très-nombreuses  dans 
notre  département,  se  trouvent  sous  les  mousses  du  pied  des  arbres 
des  régions  moyennes  et  parmi  les  détritus  que  les  eaux  amon- 
cellent au  bord  des  fossés  des  prairies  maritimes;  quelques-unes 
se  tiennent  sur  les  arbres,  dont  on  les  fait  tomber  en  les  secouant; 
d'autres  se  trouvent  dans  les  greniers  à  grains.  C'est  donc  en  cher- 
chant de  diverses  manières,  qu'on  peut  se  les  procurer. 

Vingt-quatrième  Genre,  Polydrusus,  Germar. 

1.  Polvdrusus  undatus,  Fab.        ;  n     . 

'  caris. 

2.  Polvdrusus  flavipes,  Gyll.        \ 

5.  Polydrusus  smaragdinus,  Meg.  Austria. 
i.  Polydrusus  cervinus,  Lin.  Suecia. 

o.  Polydrusus  atomarius,  Greutz.  (Var.  du  précédent.) 

6.  Polydrusus  picus,  Fab.  Austria. 

7.  Polydrusus  perplexus,  Dej.  Paris. 

8.  Polydrusus  paganus,  Dej.  GaUia  meridioiialis. 

C'est  en  fauchant  avec  le  filet,  qu'on  parvient  à  se  procurer  la 
plus  grande  partie  de  ces  petits  insectes.  Ils  paraissent  se  tenir 
sur  les  plantes  de  nos  prairies  maritimes,  peut-être  même  sur  les 
graines  de  quelques  légumineuses,  communes  dans  ces  contrées. 
Les  plus  grosses  espèces  se  trouvent  sur  les  arbres  ;  et  c'est  en  les 
ébranlant  fortement  qu'on  les  fait  tomber,  surtout  en  imprimant 
à  l'arbre  des  secousses  brusques  et  souvent  répétées.  De  celle 
manière  on  se  procure  beaucoup  de  jolis  insectes,  qui  échap- 
peraient à  nos  recherches,  parce  qu'il  serait  difficile  d'aller  les 
prendre  sur  le  sommet  des  arbres;  les  secousses  qu'on  imprime 
les;font  détacher  et  tomber  sur  la  toile  qu'on  a  eu  soin  de  placer 
dessous. 


760  HISTOIRE  NATURELLE. 

Vingt-cinquième  Genre,  Scytropus,  Schô. 
1.  Scytropus  mustela,  Herbst.  Germania. 

Ce  genre  ne  nous  offre  qu'un  seul  Insecte.  Nous  l'avons  cons- 
tamment trouvé  sur  les  orties  qui  croissent  dans  les  fossés  des 
fortifications  et  des  lunettes  de  Perpignan.  Il  faut  recourir  au  filet 
pour  se  le  procurer.  Il  n'est  pas  rare. 

Vingt-sixième  Genre,  Metallites ,  Schô. 

1.  Metallites  mollis,  Germar,  Gallia  meridionalis. 

2.  Metallites  atomarius,  Oliv.  Germania. 
5.  Metallites  iris,  Oliv.  Paris. 

ht.  Metallites  murinus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

C'est  surtout  en  fauchant  avec  le  filet  qu'on  peut  faire  ample 
provision  des  insectes  de  ce  genre.  Ils  sont  petits  et  se  tiennent 
sur  les  plantes.  On  en  trouve  aussi  parmi  les  broussailles  des 
prairies  maritimes.  Ils  ne  sont  pas  rares. 

Vingt-septième  Genre,  Cleonis ,  Meg. 

\ .  Cleonis  sulcirostris,  Fab.  Paris. 

2.  Cleonis  glaucus,  Fab.  Suecia. 

3.  Cleonis  obliquus,  Fab.  ] 

ht.  Cleonis  gramineus,  Panz.        [  Gallia  meridionalis. 

5.  Cleonis  conicirostris,  Oliv.      ) 

6.  Cleonis  marmoratus,  Fab.  Gallia. 

7.  Cleonis  brevirostris,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

8.  Cleonis  plicatus,  Oliv.  Paris. 

9.  Cleonis  excoriatus,  Illig.  Gallia. 

10.  Cleonis  ophthalmicus,  Rossi.  Dalmatia. 

Les  chardons,  la  bardane,  les  pruniers  sauvages  et  le  verbascum 
sont  les  plantes  sur  lesquelles  nous  trouvons  les  insectes  de  ce 
genre.  On  les  prend  avec  facilité;  cependant,  il  faut  faire  attcn- 


INSECTES.  761 

tion  quand  on  veut  les  saisir,  car  ils  se  laissent  tomber  dès  qu'on 
touche  la  plante.  Il  faut  donc  prendre  la  précaution  de  placer 
le  filet  au-dessous.  Leurs  élytres  sont  très-durs,  et  pour  les  piquer, 
on  doit  assujettir  l'animal  par  les  pattes,  si  on  ne  veut  enlever  la 
poussière  dorée  qui  couvre  tout  le  corps.  Le  Plicatus  se  trouve 
souvent  sur  les  feuilles  du  verbascum;  YOplithalmicus,  sur  l'aman- 
dier en  fleur;  le  Sulcirostris,  sur  le  circium  lanceolatum  et  arvense; 
le  Conicirostris,  au  pied  des  soucies,  sur  le  littoral. 

Vingt-huitième  Genre,  Pachycerus,  Gyll. 

1.  Pachycerus  mixtus,  Fab.  Gallia. 

2.  Pachycerus  scabrosus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Nous  trouvons  ces  deux  Insectes  sur  Yechïum  pyramidale  et  sur 
Yechium  pmtulatum. 

Vingt-neuvième  Genre,  Gronops,  Scho 
1 .  Gronops  lunatus,  Fab.  Paris. 

Trentième  Genre,  Alophus, 'Sclio. 
i.  Alophus  triguttatus,  Fab.  Paris. 

Trente-unième  Genre,  Liophkms,  Germar. 

1.  Liophlœus  nubilus,  Fab.  Gallia. 

2.  Liophlœus  pulverulentus,  Dej.  Hispania. 

Les  trois  genres  ci-dessus,  peu  nombreux  en  espèces,  vivent 
sur  les  plantes  et  les  arbustes.  C'est  encore  le  filet  qu'il  faut  mettre 
en  œuvre  pour  les  avoir.  Le  Nubilus  se  trouve  constamment  sur 
les  orties. 

Trente-deuxième  Genre,  Barynotus,  Germar. 

1.  Barynotus  obscurus,  Fab.  Suecia. 

2.  Barynotus  alternans,  Dej.  Gallia  méridional is. 

3.  Barynotus  squamosus,  Dej.  Pyrenœi  orienlales. 


762  HISTOIRE   NATURELLE. 

i.  Barynotus  Pyrenœus,  Dej.  Pyrenœi. 

5.  Barynotus  levigatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Les  Barynotus  fréquentent  les  plantes  de  tout  genre,  et  on 
ne  saurait  assigner  leur  habitat.  On  les  trouve  quelquefois  dans 
les  bois  des  régions  élevées,  et  c'est  en  secouant  les  arbres  qu'on 
peut  se  les  procurer.  Le  Pyrenœus  et  le  Squamosus  se  trouvent 
blottis  sous  les  pierres  dans  les  bois  des  régions  élevées,  et  dans 
les  prairies  du  pied  de  Costa-Bona  et  de  quelques  vallées  moyennes 
du  Canigou. 

Trente-troisième  Genre,  Lepyrus,  Germar. 

i.  Lepyrus  colon,  Fab.  Paris. 
2.  Lepyrus  binotatus,  Fab.  Suecia. 

0.  Lepyrus  bimaculatus,  Oliv.  Paris. 

Nous  trouvons  constamment  ces  insectes  sur  les  plantes,  dans 
toutes  les  régions  moyennes  de  nos  montagnes.  Après  une  inon- 
dation, nous  les  avons  recueillis  dans  les  broussailles  qui  ont 
été  amenées  par  les  eaux  et  déposées  sur  le  bord  des  propriétés 
maritimes  des  trois  bassins.  Nous  pensons,  avec  M.  Dejean ,  que 
le  Bimaculatus  d'Olivier  n'est  qu'une  variété  du  Colon  de  Fabri- 
cius.  Rien  ne  nous  démontre  que  ce  soit  une  espèce  nouvelle. 
Le  Colon  et  le  Bimaculatus  sont  souvent  sur  le  saule. 

Trente-quatrième  Genre,  Hylobius,  Germar. 

1.  Hylobius  pinastri,  Gyll.  Suecia. 

2.  Hylobius  abietis,  Fab.  Gallia. 

5.  Hylobius  arcticus,  Fab.  Laponia. 
\.  Hylobius  pineti,  Fab.  Suecia. 

Trente-cinquième  Genre,  Molytes,  Schô. 

1.  Molytes  Germanus,  Lin.  )  „ 

_    __  v        „  .  „  .    \  Germania. 

2.  Molytes  hiscomaculatus,  rab.  x 


INSECTES. 


m 


5.  Molytes  coronatus,  Latr.  Paris. 
i.  Mûlytes  bajulus,  Oliv.  Gallia. 
5.  Molytes  pertusus,  Dej.  Hispania. 

Les  espèces  qui  appartiennent  aux  genres  Hylobius  et  Molytes,  se 
trouvent  généralement  clans  les  bois  de  pins  des  régions  moyennes 
de  nos  montagnes,  sous  les  broussailles,  sous  les  pierres,  au  pied 
des  arbres,  parmi  la  mousse.  Je  les  ai  trouvées  au  bois  des  Moines, 
à  Saint-Martin-de-Canigou;  dans  les  bois  avant  d'arriver  à  la 
Uapoudère;  aux  environs  de  La  Preste  et  de  Costa-Bona. 

Trente-sixième  Genre,  Plinlhas,  Germai*. 

1.  Plinthus  porculus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Plinthus  caliginosus,  Fab.  Paris, 

C'est  toujours  dans  les  broussailles  que  nous  avons  pris  ces 
deux  Insectes,  et  nous  ne  les  avons  jamais  trouvés  sur  les  plantes; 
cependant,  ils  doivent  bien  avoir  quelque  plante  de  prédilection. 
Le  filet  ne  nous  a  jamais  rapporté  aucun  sujet  de  ce  genre, 
et  c'est  toujours  dans  nos  prairies  marécageuses  que  nous  en 
avons  trouvé. 

Trente-septième  Genre,  Phytonomus,  Schô. 

1.  Phytonomus  rumicis,  Fab.  Germama. 

2.  Phytonomus  punctatus,  Fab.  Aaslria. 

o.  Phytonomus  murinus,  Fab.     i  n     . 

taris. 
ï.  Phytonomus  polygoiii,  Fab.     \ 

5.  Phytonomus  posticus,  Gyll.  Suecia. 

6.  Phytonomus  crinitus,  Dej.        , 

•7i  Phytonomus  hispidulus,  Dej.    [  Gallia  weridionalis, 

8.  Phytonomus  lateralis,  Dej. 

9.  Phytonomus  oxalis,  Jlerbst.  Âustria. 

10.  Phytonomus  mêlez,  Fab.  Gallia. 

11.  Phvtonomus  nkrirostris.  Fab.  Pans 


764  HISTOIRE   NATURELLE. 

12.  Phytonomus  tigrinus,  Dej.  Gallia  borealis. 
15.  Phytonomus  parallelus,  Sturm,  Germcmia. 
14.  Phytonomus  plantaginis,  Fab.  Gallia. 

Il  serait  difficile  de  désigner  l'habitation  des  insectes  de  ce 
genre  nombreux.  Nous  les  trouvons  répandus  dans  toutes  les 
régions  du  département,  sur  les  arbres,  sous  les  pierres,  parmi 
les  broussailles  et  les  détritus  des  végétaux.  Le  filet,  en  fauchant, 
nous  en  apporte  quelques-uns.  Ils  vivent  aussi  sous  la  mousse, 
au  pied  des  arbres  des  régions  élevées,  et  dans  les  haies.  C'est  donc 
en  visitant  attentivement  toutes  les  localités,  qu'on  parviendra  à  se 
procurer  bon  nombre  d'insectes  de  cette  intéressante  tribu. 


Gallia  meridionalis. 


Trente-huitième  Genre,  Coniatus,  Germar. 

1 .  Coniatus  tamarisci,  Fab. 

2.  Coniatus  répandus,  Fab. 

Les  prairies  maritimes  bordées  de  tamarix  nous  fournissent  en 
masse  ces  deux  insectes;  les  plantes  en  sont  couvertes,  et,  en 
frappant  dessus,  après  avoir  placé  le  filet  dessous,  on  est  sûr 
d'en  faire  une  ample  provision.  Ils  sont  communs  dans  les  trois 
bassins,  surtout  dans  les  prairies  les  plus  rapprochées  des  dunes. 

Trente-neuvième  Genre,  Rhytirhinus,  Schô. 

1.  Rhytirhinus  impressicollis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Rhytirhinus  sabulosus,  Dej.  Hispania. 

C'est  sous  les  broussailles,  le  long  des  dunes  de  tout  le  littoral, 
que  nous  trouvons  ces  deux  espèces.  Nous  ne  pouvons  leur  assi- 
gner de  station  particulière  :  nous  les  avons  toujours  trouvées 
répandues  un  peu  partout. 

Quarantième  Genre,  Phyllobius,  Schô. 

1.  Phyllobius  oblongus,  Fab.  Paris. 

2.  Phyllobius  argentatus,  Fab.  Gallia. 


INSECTES.  765 

5.  Phyllobius  betule,  Fab.  Paris. 

4.  Phyllobius  mus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

5.  Phyllobius  viridicollis,  Fab.  Âuslria. 

6.  Phyllobius  tlavipes,  Sturm.  Germania. 

7.  Phyllobius  calcaratus,  Fab.  Gallia. 

8.  Phyllobius  pyri,  Fab.  Saecia. 

9.  Phyllobius  angustatus,  Dej.  Lusilania. 

Les  espèces  appartenant  à  ce  genre  se  trouvent  un  peu  partout, 
sur  les  arbres,  sur  les  plantes,  parmi  les  broussailles,  et,  en  fau- 
chant, le  filet  en  amène  quelques  individus.  C'est  donc  en  bien 
cherchant,  qu'on  parvient  à  se  les  procurer.  Le  Viridicollis  et 
le  Calcaratus  sont  assez  rares.  Le  Mus  et  YArgentatus  se  tiennent 
particulièrement  sur  le  saule. 

Quarante-unième  Genre,  Trachyphlœus,  Germai*. 

1.  Trachyphheus  scabriculus,  Fab.  Paris. 

2.  Trachyphlaeus  aristatus,  Gyll.  Suecia. 

0.  Trachyphlœus  spinosulus,  Dej.)  „. 

,    „     ,     ,,  ...         ^  .     Hispama. 

4.  Irachyphlœus  metalhcus,  Dej.) 

Quarante-deuxième  Genre,  Omias,  Germai*. 

1.  Omias  rotundatus,  Fab.  Auslria. 

2.  Omias  hirsutulus,  Fab.  Germania. 

o.  Omias  provincialis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
4.  Omias  gracilis,  Beck.  Germania.  (Var.  du  Brunipes, 
Olivier.) 

Quarante-troisième  Genre,  Perileius,  Germar. 

4.  Peritelus  sphéroïdes,  Creutz.  Hungaria. 

2.  Peritelus  oblongus,  Dej.  \ 

3.  Peritelus  canus,  Dej.  [  Gallia  meridionalis. 

4.  Peritelus  senex,  Dej. 


766  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Peritelus  albolineatus,  Germar.  Germania. 
Ces  trois  derniers  genres  fournissent  quelques  espèces  rares. 
Ils  sont  répandus  dans  tout  le  département,  sur  les  arbres,  sous 
les  pierres,  parmi  les  broussailles,  sur  les  plantes,  dans  la  mousse; 
en  fauchant  avec  le  filet,  on  en  amène  quelques-uns.  Le  Trachy- 
phlœus  ari&tatus  est  rare.  L'Orna»  grades  de  Beck  n'est  qu'une 
variété  du  Brunipes  d'Olivier;  il  est  très-rare.  C'est  donc  en 
explorant  les  divers  gîtes  que  nous  signalons,  qu'on  parviendra  à 
se  procurer  les  belles  espèces.  Le  Peritelus  senex  se  trouve  sou- 
vent sur  le  saule  et  sur  la  moutarde  noire  (sinapis  nigra). 

Quarante-quatrième  Genre,  Otiorhynchus,  Germar. 

1.  Otiorhynchus  armadillo,  Rossi.  Italia. 

2.  Otiorhynchus  fuscipes,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 
5.  Otiorhynchus  Pyrenaeus,  Dej.  Pyrenœi. 

4.  Otiorhynchus  ligustici,  Fab.  Paris. 

5.  Otiorhynchus  unicolor,  Herbst.  Gallia. 

6.  Otiorhynchus  Navaricus,  Dej.  Pyrenœi. 

7.  Otiorhynchus  planatus,  Fab.  Styria. 

8.  Otiorhynchus  picipes,  Fab.  Paris. 
9   Otiorhynchus  perdix,  Oliv.  Austria. 

10.  Otiorhynchus  cribicollis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

11.  Otiorhynchus  crispatus,  Ziegl.  Dalmatia. 

12.  Otiorhynchus  rancus,  Fab.      )  n     . 

,  \  Parts 

\o.  Otiorhynchus  ovatus,  Fab.       ( 

14.  Otiorhynchus  ligneus,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

15.  Otiorhynchus  obscurus,  Duf.  Hispania. 

16.  Otiorhynchus  Parisiensis,  Dej.  Paris. 

17.  Otiorhynchus  maxillosus,  Dej.  Austria. 

18.  Otiorhynchus  tristis,  Dej.         \ 

19.  Otiorhynchus  fulvipes,  Dej.      !  Gallia  meridionalis. 

20.  Otiorhynchus  tomentosus,Dej.) 


Pyren.  orientales. 


insectes.  767 

21.  Otiorhynchus  gracilis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

22.  Otiorhynchus  carbonarius,  Dej. 
25.  Otiorhynchus  coracinus,  Dej. 

Les  Otiorhynchus,  nombreux  eu  espèces,  vivent  dans  tout  le 
déparlement.  On  les  trouve  sur  les  arbres,  parmi  la  mousse, 
parmi  les  broussailles,  quelques-uns  sur  les  plantes  et  d'autres 
sous  les  pierres.  Nous  signalerons,  comme  les  ayant  toujours 
trouvés  sur  les  orties,  le  Clavipes,  le  Ligustici  et  le  Fuscipes; 
d'autres  vivent  sur  les  plantes  herbacées.  Le  Crispatus  de  Ziegler 
n'est  qu'une  belle  variété  du  Seabrosus  de  Marsham.  Le  Pyve- 
nœus,  YUnicolor  et  le  Perdix  se  trouvent  sous  les  pierres,  dans 
les  vallées  supérieures. 

Quarante-cinquième  Genre,  Lixus,  Fab. 

1.  Lixus  paraplecticus,  Fab.  Paris. 

2.  Lixus  cylindricus,  Fab.  , \  „  „. 

_   ¥ .  _,  .  k allia  meridionalis. 

o.  Lixus  angustatus,  Lab.  ) 

4.  Lixus  cribricollis,  Dej.  !  p     • 

5.  Lixus  filiformis,  Fab.  ) 

6.  Lixus  troglodytes,  Dej.  j 

7.  Lixus  pollinosus,  Germar.       [  Gallia  meridionalis. 

8.  Lixus  rufîtarsis,  Scho.  ) 

9.  Lixus  scolopax,  Dej.  Dalmalia. 

10.  Lixus  spartii,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

11.  Lixus  ascanii,  Fab.  Paris. 

Le  genre  Lixus  se  trouve  aussi  un  peu  partout.  Il  vit  sur  les 
chardons,  sur  les  arbustes  des  haies,  sur  les  fleurs  des  artichauts, 
sur  la  bardane;  nous  en  prenons  quelques  espèces  avec  le  filet  et 
parmi  les  broussailles.  On  le  voit  facilement  sur  les  plantes, 
parce  qu'il  est  généralement  couvert  du  pollen  des  fleurs.  Il 
faut  avoir  l'attention ,  quand  on  veut  le  saisir,  de  placer  le  filet 
sous  la  plante,  car  il  se  laisse  tomber  aussitôt  dans  les  herbes 


768  HISTOIRE   NATURELLE. 

ou  les  broussailles.  On  trouve  certaines  espèces  sur  quelques 
plantes  de  prédilection  :  YAngustatus  sur  le  chardon-Marie  (car- 
duus  Marianus,  Lin.);  le  Pollinosus  sur  Yonopordon  illyricum;  le 
Rufitarsis  sur  le  carduus  tenniflorus;  le  Scolopax  sur  la  carlina 
corymbosa,  et  plus  souvent  sur  le  cynara  cardunculus;  YAscanii 
sur  le  sinapis  nigra. 

Quarante-sixième  Genre,  Larinus,  Schiïp. 

1.  Larinus  cinarœ,  Fab.  \ 

2.  Larinus  maculosus,  Besser.        ^ ^  meridiomlis, 
5.  Larinus  scolymi,  Oliv.  I 

4.  Larinus  flavescens,  Dej.  ] 

5.  Larinus  jaceœ,  Fab.  /  Paris  J 

6.  Larinus  carlinœ,  Oliv.  \ 

7.  Larinus  hypocrita,  Dej.  J 

8.  Larinus  confinis,  Dej.  !  Galliameridionalis. 

9.  Larinus  ursus,  Fab.  ) 

10.  Larinus  marginicollis,  Dahl.  Sicilia. 

11.  Larinus  conspersus,  Dej.         \ 

12.  Larinus  oblongus,  Dej.  !  Galliameridionalis. 

13.  Larinus  cylindrirostris,  Dej.     ) 

14.  Larinus  buccinator,  Oliv.  Hispania. 

15.  Larinus  turbinatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Comme  le  genre  précédent,  les  Larinus  se  trouvent  aussi  dissé- 
minés sur  diverses  plantes,  et  dans  des  localités  bien  différentes. 
Ils  sont  aussi  couverts  du  pollen  des  fleurs  qu'ils  fréquentent,  ce 
qui  oblige  à  faire  une  grande  attention  quand  on  veut  les  saisir, 
afin  de  conserver  leur  fraîcheur.  En  examinant  les  plantes  sur 
lesquelles  ils  se  tiennent,  on  est  sûr  d'en  prendre  beaucoup;  le 
filet  en  procure  quelques  espèces.  Le  Cinarœ  se  tient  de  préfé- 
rence sur  Yonopordon  illyricum;  le  Maculosus,  sur  le  cynara  car- 
dunculus;  le  Scolymi,  sur  Yechynops  ritro;  le  Carlinœ,  sur  la  carlina 


INSECTES.  769 

lanata;  VHypocrita,  sur  le  cirsium  arvense\  le  Flavescens  et  VOblon- 
gus,  sur  le  cirsium  lanceolatum  et  sur  la  centaurea  lanata;  le  Turbi- 
natus,  sur  le  cirsium  lanceolatum  et  arvense;  YUrsus,  sur  la  carlina 
corimbosa;  le  MarginicoUis,  sur  le  buphtalmum  spinosum,  le  Con/ï- 
nis,  sur  la  centaurea  aspera. 

Quarante-septième  Genre,  Rhinocyllus ,  Germar. 

i.  Rhinocyllus  odontalgicus,  Oliv.  Paris. 

2.  Rhinocyllus  sulcifrons,  Dej.  Gallia  méridional is. 

5.  Rhinocyllus  Olivieri,  Meg.  Austria. 

Ces  trois  espèces  se  trouvent  aussi  sur  les  fleurs  des  chardons 
eu  général,  et  pénètrent  profondément  dans  la  corole,  ce  qui  est 
cause  qu'elles  échappent  à  nos  recherches;  pour  les  trouver, 
il  faut  bien  examiner  l'intérieur  de  la  fleur.  Elles  sont  assez 
rares.  UOlivieri  se  trouve  plus  particulièrement  sur  le  carduus 
tenuiflorus  et  le  cirsium  lanceolatum. 

Quarante-huitième  Genre,  Pissodes,  Germar. 

1.  Pissodes  pini,  Fab.  Germania. 

2.  Pissodes  notatus,  Fab.  Austria. 

3.  Pissodes  Gyllenhalii,  Schô.  Suecia. 

Nous  n'avons  jamais  pris  les  espèces  de  ce  genre  sur  les 
plantes.  Elles  vivent  à  terre  ;  car  on  les  trouve  constamment  sous 
les  pierres,  parmi  les  broussailles  et  au  pied  des  arbres  dans 
les  mousses. 

Quarante-neuvième  Genre,  Thamnophilus,  Schô. 

1 .  Thamnophilus  phlegmaticus,  Herbst.  ) 

2.  Thamnophilus  cerasi,  Lin.  ) 

5.  Thamnophilus  carbonarius,  Meg.  Gallia  meridionalis. 

A.  Thamnophilus  pruni,  Fab.  Paris. 

S.  Thamnophilus  indigena,  Comp.  N.  E.  Pyr.  orientales. 

tome  m.  49 


770  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Thamnophilus  sont  aussi  des  insectes  qu'il  faut  chercher  à 
terre,  sous  les  grandes  masses  de  végétaux  à  demi  décomposés 
et  rejetés  par  les  eaux;  quelques-uns,  sous  les  pierres,  dans  les 
haies  où  croissent  l'aubépine  et  le  prunier  sauvage. 

Cinquantième  Genre,  Erirhimis,  Schô. 

1.  Erirhinus  acridulus,  Zieffl. 

'  Germania. 


2.  Erirhinus  scirpi,  Fab. 

5.  Erirhinus  festucse,  Gyll.  Suecia. 

C'est  encore  sous  les  pierres  et  les  broussailles  des  plantations 
de  tamarix,  au  bord  des  prairies  marécageuses,  qu'on  trouve  les 
espèces  de  ce  genre. 

Cinquante-unième  Genre,  Dorytomus,  Germai*. 

\.  Dorytomus  vorax,  Fab.  Paris. 

2.  Dorytomus  tremulaa,  Fab.  Suecia. 

3.  Dorytomus  plagiatus,  Chevrier.  Gallia  orientales. 

4.  Dorytomus  juratus,  Chevrier.  Helvetia. 

5.  Dorytomus  pectoralis,  Fab. 

6.  Dorytomus  tortrix,  Fab.  [  Suecia. 

7.  Dorytomus  dorsalis,  Fab.        ) 

8.  Dorytomus  cervinus,  Dej.  Gallia  meridionalis . 

On  trouve  ces  Insectes  dans  les  taillis  de  peupliers,  et  on  se 
les  procure  en  secouant  les  arbres.  On  les  trouve  aussi  sur  les 
trembles,  les  tilleuls  et  plusieurs  autres  arbres;  le  Vorax  et  le 
Tortrix,  sur  le  chêne-vert.  On  en  rencontre  quelqu'un  dans  les 
broussailles,  mais  accidentellement. 

Cinquante-deuxième  Genre,  Hydronomus,  Schô. 

\.  Hydronomus  alismatis,  Gyll.  Suecia. 

2.  Hydronomus  hispidulus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 


INSECTES.  771 

Cinquante-troisième  Genre,  Ellescus,  Meg. 

1.  Ellescus  bipunctatus,  Fab.      )  _ 

a    i-n  •         t-  t  [  Suecia. 

2.  Lllescus  scaninus,  Fab.  ) 

Cinquante-quatrième  Genre,  Lignyodes,  Schô. 

\.  Lignyodes  enucleator,  Panz.  Germania. 

Les  Insectes  de  ces  trois  derniers  genres,  se  trouvent  sous  les 
broussailles  qui  sont  amenées  par  les  eaux  dans  nos  prairies 
maritimes  des  trois  bassins.  Ceci  prouverait  qu'ils  sont  répandus 
dans  les  diverses  localités  du  département.  Nous  trouvons  le 
Lignyodes  enucleator  sur  la  moutarde  noire  (sinapis  nigra); 
Y  Ellescus  scaninus,  sur  le  saule. 

Cinquante-cinquième  Genre,  Anthonomus,  Germar. 

1.  Anthonomus  druparum,  Fab.  Paris. 

2.  Anthonomus  ulmi,  Gyll.  Saecia. 

3.  Anthonomus  pomorum,  Fab.  )  „     . 

4.  Anthonomus  rubi,  Fab.  ) 

5.  Anthonomus  incurvus,  Germar.  Austria. 

6.  Anthonomus  sorbi,  Germar.  Germania. 

Cinquante-sixième  Genre,  Balaninus,  Germar. 

4.  Balaninus  nucum,  Fab.  Paris. 

2.  Balaninus  ferrugineus,  Ziegl.  Austria. 

3.  Balaninus  cerasorum,  Payk.  Helvetia. 

4.  Balaninus  villosus,  Fab.  Paris. 

5.  Balaninus  crux,  Fab.  Germania. 

6.  Balaninus  ochreatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

7.  Balaninus  salicivorus,  Payk.  Suecia. 

Les  Anthonomus  et  les  Balaninus  habitent  les  arbres  des  diverses 
régions  du  département.  C'est  en  battant  les  arbres  qu'on  en  fait 


772  HISTOIRE   NATURELLE. 

tomber  bon  nombre  d'espèces.  Les  haies  où  croissent  beaucoup 
d'arbustes,  nous  en  fournissent  aussi  un  certain  nombre,  et  il  ne 
faut  pas  négliger  non  plus  de  fouiller  les  broussailles  et  les  pierres 
du  bord  des  haies.  Le  Balaninus  crux  et  YOehreatus  se  trouvent 
sur  les  saules. 

Cinquante-septième  Genre,  Tychius,  Germar. 

1.  Tychius  quinquepunctatus,  Fab.  Paris. 

2.  Tychius  tseniatus,  Dej.  \ 

5.  Tychius  vicinus,  Dej.  [  Gallia  meridionalis. 

4.  Tychius  sparsutus,  Oliv.  ' 

5.  Tychius  picirostris,  Fab.  Paris. 

6.  Tychius  cuprifer,  Panz.  Gallia  meridionalis. 

7.  Tychius  tomentosus,  Herbst.  Gallia. 

Le  filet,  en  fauchant,  est  le  moyen  le  plus  sûr  pour  se  procurer 
les  petits  insectes  de  ce  genre.  Ils  se  tiennent  sur  les  plantes; 
quelques-uns  aussi  parmi  les  broussailles,  mais  ils  y  sont  rares. 
Le  Quinquepunctatus  se  trouve  sur  la  centaurea  uspera. 

Cinquante-huitième  Genre,  Micronyx,  Scho. 

1.  Micronyx  cyaneus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Cinquante-neuvième  Genre,  Acalyptus,  Schô. 

i .  Acalyptus  carpini,  Gyll.  Suecia. 

2.  Acalyptus  rufipennis,  Scho.  Gallia  meridionalis. 

Soixantième  Genre,  Phytobius,  Schm. 

1.  Phytobius  quadricornis,  Gyll.  Suecia. 

2.  Phytobius  velatus,  Germar.  Germania. 

Soixante-unième  Genre,  Anoplns,  Schùp. 
1.  Anoplus  plantaris,  Gyll.  Paris. 


INSECTES.  773 

C'est  dans  les  alluvions  des  trois  bassins  que  nous  trouvons  les 
insectes  qui  appartiennent  à  ces  quatre  genres.  On  est  sûr  d'en 
faire  bonne  provision,  en  visitant  les  broussailles  rejetées  par  nos 
cours  d'eau,  après  une  crue.  Us  paraissent  répandus  dans  les  diver- 
ses contrées  que  traversent,  nos  rivières.  UAcalyptus  rufipemh  vit 
sur  les  saules. 

Soixante-deuxième  Genre,  Orchestes,  Ulig. 

1.  Orchestes  quercus,  Lin. 

2.  Orchestes  rufus,  Oliv.  /         . 

3.  Orchestes  alni,  Fab.  ( 

4.  Orchest.  melanocephalus,Oliv. 

5.  Orchestes  stigma,  Gerniar.  Germania. 

6.  Orchestes  salicis,  Fab.  ] 

7.  Orchestes  populi,  Fab.  [  Paris. 

8.  Orchestes  fagi,  Gyll.  ) 

9.  Orchestes  scutellaris,  Fab.  Suecia. 

\0.  Orchestes  bimaculatus,  Dej.  Dalmalia. 

11.  Orchestes  jota,  Fab.  Paris. 

12.  Orchestes  pubescens,  Schô.  Germania. 

Les  Orchestes  sont  de  très-petite  taille.  C'est  sur  les  plantes 
des  fourrés  herbeux,  et  sur  les  plantations  de  jeunes  chênes, 
saules  et  aulnes  qu'il  faut  les  chercher.  Le  Rufus,  Y  Alni  et  le 
Melanocephalus  se  trouvent  souvent  sur  l'ormeau;  le  Pubescens 
est  constamment  sur  le  chêne-blanc. 

Soixante-troisième  Genre ,  Bagous,  Gerniar. 

1.  Bagous  laticollis,  Schô.  Paris. 

2.  Bagous  lutulentus,  Gyll.  Suecia. 

7>.  Bagous  cryptocephalus,  Dej.  Hispauia. 

Soixante-quatrième  Genre,  Baris,  Germât. 
i .  Baris  timidus,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 


774  HISTOIRE  NATURELLE. 

2.  Baris  lucidus,  Dej.  Austria. 

5.  Baris  punctatissimus,  Dej.       ) 

-4.  Baris  lepidii,  Muller.  ) 

5.  Baris  analis,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

Les  Bagous  et  les  Baris  se  tiennent  probablement  sur  les  plantes 
herbacées;  et  comme  ce  sont  des  espèces  assez  petites,  on  les  dis- 
tingue difficilement.  C'est  donc  au  filet  qu'il  faut  avoir  recours  ; 
et,  en  fauchant  sur  les  chaumes  et  sur  la  lisière  des  bois,  on  en 
fait  ample  récolte.  Les  broussailles  doivent  aussi  être  visitées  ; 
car  ils  s'y  tiennent  blottis. 

Soixante-cinquième  Genre,  Cryptorhynchùs,  Illig. 

1.  Cryptorhynchùs  lapathi,  Fab.  Paris. 

2.  Cryptorhynchùs  Alpinus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

Nous  trouvons  constamment  sur  les  saules  les  Insectes  de  ce 
genre.  C'est  donc  en  battant  ces  arbres  qu'on  parvient  à  se  les 
procurer.  11  faut  placer  une  toile  dessous.  Sans  cette  précaution 
plusieurs  échapperaient  aux  recherches. 

Soixante-sixième  Genre,  Acalles,  Schô. 

\.  Acalles  hypocrita,  Creutz.        )  „  „.  ...      .. 

Jr  _  .  Gallia  meridionalis. 

2.  Acalles  contractus,  Dej.  ) 

3.  Acalles  sulcicollis,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

4.  Acalles  globatus,  Dej.. Gallia  meridionalis. 

Les  Acalles  doivent  être  recherchés  parmi  les  broussailles 
amenées  par  les  eaux  dans  les  prairies  marécageuses.  Le  filet 
en  procure  aussi  quelques-uns.  Les  fourmilières  doivent  être 
visitées  attentivement;  car  elles  fournissent  quelques  bonnes 
espèces  (assez  rares). 

Soixante-septième  Genre,  Acentrus,  Chevr. 
1.  Acentrus  histrio,  Schô.  Gallia  meridionalis. 


Suecia . 


insectes.  775 

Vit  au  milieu  des  champs  ensemencés  de  céréales,  sous  les 
mottes  de  terre  et  sous  les  pierres,  auprès  des  haies.  On  trouve 
encore  cet  Insecte  sur  le  chêne-kermès ,  qui  couvre  une  partie 
de  nos  garrigues,  et  qu'on  nomme  vulgairement  garrulla. 

Soixante-huitième  Genre,  Ceutorhynchus,  Schùp. 

1.  Ceutorhynchus  didymus,  Fab., 

2.  Ceutorhynchus  gultula,  Fab.    '  Paris. 

3.  Ceutorhynchus  alauda,  Fab.     ' 

4.  Ceutorhynchus  assimilis,  Fab.  Austria. 

5.  Ceutorhynchus  geranii,  Payl 

6.  Ceutorhynchus  litura,  Fab. 

7.  Ceutorhynchus  miercus,  Fab.  )  „     . 

'  Pons. 

8.  Ceutorhynchus  contractus,  Narsh.  \ 

9.  Ceutorhynchus  albosignatus,  Dahl.  Austria. 
10.  Ceutorhynchus  floralis,  Fab.  Paris. 

il.  Ceutorhynchus  glaucinus,  Dahl.  Austria. 

12.  Ceutorhynchus  subrufus,  Fab.  Suecia. 

15.  Ceutorhynchus  troglodytes,  Fab.)  _     . 

|  Pans. 

14.  Ceutorhynchus  horridus,  Panz.    ) 

15.  Ceutorhynchus  asperifoliarum,  Kirb.  Suecia. 

16.  Ceutorhynchus  trimaculatus,  Fab.  Austria. 

17.  Ceutorhynchus  erica3,  Gyll.  Suecia. 

18.  Ceutorhynchus  cyanipennis,  lllig.  Germania. 

19.  Ceutorhynchus  seniculus,  Dej.  Gallia  occidentalis . 

20.  Ceutorhynchus  marginatus,  Payk.  Suecia. 

21 .  Ceutorhynchus  sysimbrii,  Fab.  Paris. 

22.  Ceutorhynchus  epylobii,  Payk.  Suecia. 

Ces  Insectes,  très-petits  et  fort  nombreux,  parmi  lesquels  il 
en  est  qui  ont  des  couleurs  très-brillantes,  sont  répandus  dans 
toutes  les  latitudes  du  département.  On  les  trouve  partout  :  sur 


776  HISTOIRE   NATURELLE. 

les  arbres  et  les  arbustes,  sur  les  montagnes  et  dans  la  plaine, 
sur  les  fleurs  des  jardins,  parmi  les  broussailles  amenées  par  les 
eaux,  sous  les  pierres  et  les  détritus  au  bord  des  haies.  Le  filet, 
en  fauchant,  en  amène  un  grand  nombre;  de  sorte  qu'il  faut  tout 
scruter,  si  on  veut  se  procurer  les  bonnes  espèces  de  cette  belle 
tribu,  qui  par  leur  petitesse  et  leur  genre  de  vie  échapperaient  à  nos 
recherches,  si  on  n'y  apportait  la  plus  grande  attention.  Le  Litura, 
YHorridus  et  YAlbosignatus  se  trouvent  constamment  sur  la  galac- 
tites  tomentosa,  et  le  Trimaculatus,  sur  Y echium  pyramidale. 

Soixante-neuvième  Genre,  Campylirhynchus,  Meg. 

1.  Campylirhynchus  pericarpius,  Fab.  Paris. 

2.  Campylirhynchus  interstitialis,  Sturm.  Germania. 

0.  Campylirhynchus  tibialis,  Dej.  Paris. 

Ces  très-petits  insectes  vivent  sous  les  pierres  et  les  détritus. 
On  les  trouve  quelquefois  sur  les  arbustes  des  haies  qui  bordent 
nos  champs.  Le  Cam.  interstitialis  de  Sturm  est  regardé  comme 
une  variété  fort  remarquable  du  Camp,  quadricornis  de  Dejean. 

Soixante-dixième  Genre,  Mononychus ,  Schùp. 

1.  Mononychus  pseudacori,  Fab.  Paris. 

Soixante-onzième  Genre,  Orobilio,  Germar. 

i.  Orobitio  globosus,  Fab.  Snccia. 

Ces  deux  genres,  peu  nombreux  en  espèces,  se  trouvent  ordi- 
nairement sous  les  pierres  et  sous  les  broussailles  des  haies  des 
champs  aspres  du  département.  Tout  le  plateau  de  Chàteau- 
Roussillon  nous  les  fournit.  Ils  n'y  sont  pas  communs. 

Soixante-douzième  Genre,  Cionus,  Glairv. 

1.  Cionus  scrophulariae ,  Fab.       ;  _     . 

2.  Cionus  verbasci,  Fab.  ) 

3.  Cionus  ocellatus,  Illig.  Lusitania. 


INSECTES.  777 

4.  Cionus  blattariae,  Fab.  Paris. 

0.  Cionus  fraxini,  Fab.  Suecia. 

6.  Cionus  thapsus,  Fab.  Paris. 

7.  Cionus  hortulanus,  Gyll.  Suecia.  (Var.  du  précédent.) 

Soixante-treizième  Genre,  Gymnœlron,  Schô. 

1.  Gymnaetron  campanulae,  Fab.  Suecia. 

2.  Gymnaetron  ellipticus,  Herbst.  Gallia  meridionalis. 

0.  Gymnaetron  becabungae,  Fab.  Suecia. 

4.  Gymnaetron  plantarum,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

5.  Gymnaetron  minutus,  Dej.  Hispania. 

6.  Gymnaetron  scolopax,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Les  Cionus  et  les  Gymnœtron  se  trouvent  assez  répandus  dans 
toute  la  contrée,  sur  les  plantes,  parmi  les  broussailles  et  sous 
les  pierres.  Le  filet,  en  fauchant  dans  les  clairières  des  bois  et 
sur  les  haies  en  amène  quelques  espèces.  Le  Cionus  verbasri,  qui 
est  une  variété  du  Thapsus  ou  Olivieri  de  Chevrolat,  se  trouve 
communément  sur  les  verbascim. 

Soixante-quatorzième  Genre,  Mecinus ,  Germar. 

1.  Mecinus  haemorrhoïdalis,  Fab.  Paris. 

2.  Mecinus  limbatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
5.  Mecinus  ulmi,  Chevr.  Paris. 

\.  Mecinus  violaceus,  Meg.  Auslria. 

Ce  genre  se  trouve  ordinairement  sur  les  arbustes.  En  les 
battant  et  en  prenant  la  précaution  de  mettre  une  toile  dessous, 
on  en  récolte  quelques  sujets.  Les  broussailles  en  contiennent 
aussi.  Il  faut  donc  les  chercher  dans  les  endroits  où  l'eau  en  a 
amené,  et  on  est  sur  d'y  en  trouver.  Ces  Insectes  étant  très- 
petits,  demandent  beaucoup  de  précautions  pour  les  prendre. 

Soixante-quinzième  Genre,  Nanodes,  Schô. 
1.  Nanodes  globulus,  Germar.  Germaina. 


778  HISTOIRE   NATURELLE. 

2.  Nanodes  tamarisci,  Dej.  )   _  „. 

_   „       ,  .  -  •        [  (j  allia  mendionahs. 

3.  Nanodes  bimaculatus,  Dej.      ) 

Les  Nanodes  se  trouvent  sur  le  tamarix  dans  les  plaines  du 
littoral,  et  parmi  les  broussailles  amenées  par  les  eaux  après 
un  débordement, 

Soixante-seizième  Genre.  Calandra,  Fab. 

1.  Calandra  picea,  Fab.  Gallia  meridionalis . 

2.  Calandra  abbreviata,  Fab.  Paris. 

o.  Calandra  meridionalis,  Dej.     )   „  „.  ...      ,. 

.*,:,-.  ,.     L  .         i  f rallia  meridionalis. 

4.  Calandra  intermedia,  Dej.        ) 

5.  Calandra  granaria,  Fab.  Pans. 

Les  Insectes  de  ce  genre  se  trouvent  d'ordinaire  dans  les  brous- 
sailles et  les  haies  des  environs  des  étangs  salants  près  Canet,  et 
plus  particulièrement  dans  les  greniers  où  l'on  a  renfermé  des 
céréales. 

Nos  lecteurs  savent  que  le  Charançon  est  de  tous  les  parasites 
le  plus  terrible  ennemi  du  blé,  et  la  cause  des  perles  énormes 
qu'éprouvent  l'agriculture  et  la  consommation  générale.  Ce  petit 
Insecte,  dont  la  femelle,  à  l'époque  de  la  ponte,  perce  chaque 
grain  et  y  dépose  un  œuf,  joint  à  une  infatigable  activité  des- 
tructive, une  égale  puissance  de  reproduction.  Une  seule  mère, 
d'après  le  célèbre  entomologiste  baron  de  Geer,  peut,  dans  le 
cours  d'une  année,  être  la  souche  de  23.000  charançons.  On 
comprend  dès  lors  les  dangers  qui  menacent  un  grenier  d'appro- 
visionnement, si  l'on  ne  parvient  à  détruire  une  telle  myriade  de 
larves;  car,  partout  où  l'on  transporte  le  blé,  le  Charançon  le  suit. 
Plusieurs  moyens  ont  été  préconisés.  La  ventilation  à  la  pelle  est 
mise  en  pratique  depuis  longtemps;  mais  celle  opération  ne  détruit 
pas  entièrement  le  mal.  On  a  essayé  le  sulfure  de  carbonne,  qui  a 
obtenu  le  succès  le  plus  complet,  Quelques  grammes  suffisent 
pour  préserver  un  sac  de  blé,  et  détruire  toutes  les  larves  de 
charançons  qu'il  pourrait  contenir. 


INSECTES.  779 

Soixante-dix-septième  Genre,  Dryophthorus,  Schiïp.  . 
i.  Dryophthorus  lymexylon,  Fab.  Paris. 

Soixante-dix-huitième  Genre,  Cossonus,  Fab. 

1.  Cossonus  calandroïdes,  Dej.  Gallia  meridionalis . 

2.  Cossonus  cylindricus,  Dej.  Paris. 

3.  Cossonus  ferrugineus,  Oliv.  Gallia. 

Les  espèces  de  ces  deux  genres  se  tiennent  sous  les  détritus 
de  végétaux  et  sous  les  pierres  des  parties  basses  et  rapprochées 
de  la  mer,  dans  les  trois  bassins.  Nous  n'avons  jamais  trouvé 
aucun  de  ces  Insectes  sur  les  plantes;  cependant  le  filet  en 
amène  parfois  quelqu'un. 

Soixante-dix-neuvième  Genre,  Rhyncolus ,  Creutz. 

1.  Rhyncolus  velutinus,  Dej.  Germania. 

2.  Rhyncolus  crassirostris,  Meg.  Paris. 

3.  Rhyncolus  cloropus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Les  Rhyncolus  se  trouvent  presque  toujours  dans  les  brous- 
sailles et  au  pied  des  arbres  où  se  sont  amassées  des  plantes. 
Les  écorces  des  vieux  troncs  vermoulus,  en  renferment  aussi 
quelques  individus. 

4.  Rhyncolus  angustus,  Fairm. 

Communiqué  par  M.  Delarouzé,  qui  l'a  trouvé  dans  les  envi- 
rons de  Collioure,  le  2  mars  1860.  . 

Famille  des  Xylophages. 

Les  Xylophages  se  reconnaissent  à  leur  tête  sans  pro- 
longement ni  saillie  en  forme  de  trompe;  aux  antennes 
insérées  devant  les  yeux,  toujours  courtes,  souvent  plus 
grosses  à  leur  extrémité  que  dans  le  reste  de  leur  étendue, 
quelquefois,  cependant,  de  même  grosseur  ou  plus  grêles; 


780  HISTOIRE   NATURELLE. 

palpes  courtes,  presque  filiformes  ;  labre  allongé,  un  peu 
dilaté  en  cœur  à  son  extrémité;  tarses  le  plus  souvent 
de  quatre  articles,  rarement  de  cinq.  Insectes,  en  partie, 
de  petite  taille. 

Les  Insectes  qui  composent  cette  famille ,  comme 
l'indique  leur  nom,  vivent  la  plupart  dans  le  bois.  Leurs 
larves  attaquent  souvent  les  arbres,  surtout  les  pins,  les 
sapins,  les  chênes,  et  même  les  oliviers;  les  creusent  et 
les  sillonnent  dans  tous  les  sens,  en  faisant  ordinairement 
leurs  galeries,  dont  les  formes  varient  selon  les  espèces 
qui  les  ont  pratiquées,  entre  l'écorce  et  l'aubier.  Lorsque 
les  Xylophages  sont  répandus  en  très-grande  abondance 
dans  une  forêt,  ils  font  périr  en  très-peu  de  temps  une 
prodigieuse  quantité  d'arbres,  qui,  étant  perforés  et 
sillonnés  de  tous  côtés,  ne  sont  plus  propres  à  être  em- 
ployés pour  les  constructions.  Les  larves  se  métamor- 
phosent en  nymphes  dans  l'intérieur  du  bois;  mais,  dès 
que  les  Insectes  parfaits  en  sortent,  ils  abandonnent  leur 
ancienne  demeure  et  n'y  reviennent  que  pour  pondre 
leurs  œufs.  D'autres  habitent  dans  les  champignons,  les 
bolets,  qu'ils  rongent  ;  quelques  espèces  se  rencontrent 
dans  les  fourmilières,  et  vivent  en  société  avec  leurs 
habitants,  sans  que  l'on  sache  quelles  sont  les  matières 
qui  servent  à  leur  nourriture. 

Les  Xylophages  se  rencontrent  dans  toutes  les  parties  du 
globe;  les  plus  grosses  espèces  proviennent  de  l'Afrique. 

Premier  Genre,  Hylurgus,  Latr. 

1 .  Hvlurgus  ater,  Fab.  )  „ 

a    „",  .  .  ^  .  uermama. 

z.  Hylurgus  piniperda,  Fab.         v 

3.  Hylurgus  palliatus,  Gyll.  Suecia. 


INSECTES.  781 

4.  Hylurgus  cylindricus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Deuxième  Genre,  Hylesinus,  Fab. 

1.  Hylesinus  fraxini,  Fab.  )  a 

a,    rT  i    •  r^  i  buecia. 

2.  Hylesinus  crenatus,  Fab.         ) 

5.  Hylesinus  oleiperda,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Les  deux  genres  Hylurgus  et  Hylesinus,  se  trouvent  sous  l'écorce 
des  troncs  de  quelques  vieux  arbres  ;  quelquefois,  on  les  découvre 
parmi  les  mousses  qui  croissent  au  pied  des  arbres.  Les  cham- 
pignons en  décomposition  nous  en  fournissent  aussi  quelques 
espèces.  VHylurgus  paUiatus  est  assez  rare  ;  toutefois  on  en 
trouve  dans  les  bûchers  de  nos  maisons. 

Troisième  Genre,  Phloiotribus,  Latr. 

1.  Phloiotribus  oleœ,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Cet  Insecte  vit  sur  l'olivier  et  y  fait  un  ravage  considérable. 
Sa  larve  attaque  les  jeunes  pousses,  celles  qui  porteraient  du  fruit 
l'année  suivante.  Elle  creuse  des  galeries  entre  l'écorce  et  l'au- 
bier, et  fait  périr  les  jeunes  branches  qui  se  flétrissent,  se  dessè- 
chent et  meurent.  C'est  vers  la  première  quinzaine  de  juin  que 
s'opère  la  transformation  de  l'insecte  parfait,  et  c'est  alors  qu'on 
peut  s'en  emparer;  mais,  comme  il  est  très-petit  et  fort  agile,  il 
faut  apporter  la  plus  grande  attention  dans  la  chasse.  Le  meilleur 
moyen  de  se  le  procurer,  est  de  couper,  vers  la  fin  de  mai,  quel- 
ques jeunes  pousses  d'olivier,  déjà  flétries,  et  de  les  placer  dans 
un  bocal.  On  ne  tarde  pas  à  voir  apparaître  l'insecte.  Nous  avons 
publié  sur  cet  insecte  et  sur  les  ravages  qu'il  fait  à  nos  olivettes, 
un  mémoire  inséré  dans  le  XIe  Bulletin  de  la  Société  Agricole , 
Scientifique  et  Littéraire  des  Pyrénées-Orientales,  année  1858. 
(Voyez  planche  1,  figure  5.) 

Quatrième  Genre,  Scolytus,  Geofî. 
1.  Scolytus  destructor,  Oliv.  Pans. 


782  HISTOIRE  NATURELLE, 

2.  Scolytus  pygmaeus,  Fab.  Paris. 

Les  frênes  anciens  nous  fournissent  les  insectes  de  ce  genre. 
Lorsqu'on  a  du  bois  de  cet  arbre  dans  le  bûcher,  il  n'est  pas  rare 
de  trouver  quelques-uns  de  ces  insectes  au  milieu  de  la  pous- 
sière qui  se  forme  dans  les  vieux  troncs,  et  qui  n'est  autre  qu'un 
détritus  du  bois  fait  par  les  larves.  On  les  voit  sortir  quelquefois 
des  vieilles  chaises  faites  de  frêne,  en  catalan  fatj. 

Cinquième  Genre,  Bostrichus,  Fab. 

1.  Bostrichus  bidens,  Fab.  )  _ 

i  Suficid 

2.  Bostrichus  octodentatus,  Gyll.  ) 

5.  Bostrichus  laricis,  Fab.  Germania. 
4.  Bostrichus  abietis,  Ziegl. 


5.  Bostrichus  bispinus,  Meg. 

6.  Bostrichus  monographus,  Fab.  Paris. 

7.  Bostrichus  retusus,  Dej.  ) 

8.  Bostrichus  villosus,  Gyll.         \ 

9.  Bostrichus  dispar,  Fab.  ] 

10.  Bostrichus  pusillus,  Gyll.         !  Suecia. 

11.  Bostrichus  tilliœ,  Fab.  ) 

12.  Bostrichus  micrographus,  Fab.  Paris. 
15.  Bostrichus  limbatus,  Fab.  Suecia. 

14.  Bostrichus  typographus,  Fab.  Gallia. 

15.  Bostrichus  minimus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Celte  nombreuse  tribu  habite  aussi  dans  l'intérieur  du  bois. 
Elle  y  fait  de  grands  dégâts  en  le  percillant  de  tous  côtés.  Les 
bûchers  des  maisons  en  fournissent  quelques  bonnes  espèces. 
Les  écorces  des  vieux  arbres,  les  troncs  pourris,  et  tous  les  en- 
droits où  il  a  été  fait  une  plaie  à  l'arbre ,  sont  le  repaire  de  ces 
Insectes.  Quelques-uns  s'attaquent  de  préférence  à  une  seule  espèce 
d'arbres,  tandis  que  d'autres  les  attaquent  tous  indifféremment. 


INSECTES.  783 

Sixième  Genre,  Platypus,  Herbst. 

I .  Platypus  cylindricus,  Fab.  Paris. 

Ce  genre  se  trouve  constamment  sous  les  écorces  des  vieux 
chênes,  et  c'est  en  écorchant  ce  végétal,  qu'on  se  procure  l'in- 
secte. L'intérieur  du  tronc  pourri  en  fournit  aussi. 

Septième  Genre,  Paussus,  Lin. 
i.  Paussus  Favieri,  Fairmaire.  Tanger. 

Trouvé  dans  les  environs  de  Tanger  par  M.  Favier,  et  décrit 
dans  les  Annales  de  la  Société  Entomologique  de  France ,  en 
1852,  pages  76  et  77.  (Voyez  planche  1,  figure  G.) 

Description.  Longueur,  3  millimètres  1/2.  Allongé;  d'un  testacé 
rougeâtre;  antennes  ayant  le  deuxième  article  épais,  à  peu  près 
triangulaire;  le  dernier,  très-grand,  renflé,  presque  ovalaire, 
muni  en  dedans  de  quatre  dentelures  peu  profondes,  formant 
des  sillons  transverses,  l'angle  interne  se  prolongeant  en  une 
forte  dent  obtuse;  sur  le  vertex  une  épine  acérée,  très-fine; 
corselet  allongé,  étranglé  au  milieu  par  un  fort  sillon  transversal, 
offrant  quelques  gros  points  écartés;  élytres  allongés,  presque 
parallèles,  mais  cependant  un  peu  plus  larges  à  l'extrémité,  qui 
est  tronquée,  à  points  épars,  peu  marqués,  quelquefois  en  arrière 
deux  gros  points  de  chaque  côté  de  la  suture;  dessus  du  corps 
couvert  de  longs  poils,  assez  écartés,  mais  plus  serrés  sur  les 
élytres;  dessous  du  corps  d'un  brun-noirâtre;  pygidium  ponctué, 
largement  impressionné  au  milieu,  et  armé  inférieurement  de 
deux  petits  crochets. 

M.  Delarouzé,  en  me  communiquant  cet  Insecte,  m'écrivait: 
«  C'est  une  capture  intéressante  que  je  viens  de  faire  dans  les 
«  environs  de  Collioure.  Le  premier  individu  a  été  capturé  par 
«le  capitaine  Pouzau  ,  commandant  la  place  à  Collioure,  qui 
«  chassait  avec  moi.  C'est  donc  lui  qui  l'a  découvert.  » 

Le  Paussus  Favieri  vit  en  parasite  dans  les  nids  des  fourmis. 


784  HISTOIRE   NATURELLE. 

On  le  trouve  sur  les  pentes  orientales  des  Albères  et  sur  la  rive 
gauche  du  torrent  Ravané  W,  à  500  mètres  environ  au-dessous 
du  Mas-Rimbaud ,  et  à  25  ou  30  mètres  du  bord  du  torrent.  Cet 
Insecte  paraît  dans  les  premiers  jours  de  mars.  C'est  le  2  mars 
1861  que  le  premier  individu  a  été  trouvé.  M.  Pouzau,  qui  habite 
Collioure,  a  été  plusieurs  fois  sur  les  lieux,  et  s'est  assuré  que 
c'est  toujours  dans  la  première  quinzaine  de  mars  qu'il  paraît  le 
plus  communément. 

Cet  Insecte  n'est  pas  cantonné  à  la  seule  localité  du  Ravané; 
il  vit  dans  une  plus  grande  étendue  de  cette  région;  et,  en  effet, 
tout  récemment,  MM.  les  docteurs  Aube  et  Grenier,  chassant 
dans  les  premiers  jours  de  juin  1862,  aux  environs  de  Banyuls- 
sur-Mer,  y  ont  pris  quatre  ou  cinq  Paussus  Favieri.  Il  est  pro- 
bable que  lorsque  des  recherches  plus  étendues  seront  faites  sur 
les  montagnes  des  Albères,  on  y  trouvera  cet  Insecte  et  plusieurs 
autres  inconnus  jusqu'à  présent. 

Les  Paussus  sont  placés  d'après  les  plus  récentes  classifications 
à  la  suite  des  Pselaphilns ,  entre  les  genres  Claviger  et  Articerus; 
mais,  fidèle  à  la  classification  de  Dejean,  que  nous  suivons  dans 
notre  travail,  nous  les  classons  dans  les  Xylophages,  entre  les 
genres  Platypns  et  Apate. 

Huitième  Genre,  Apate,  Fab. 

1.  Apate  luctuosa,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

2.  Apate  capucina,  Fab.  Paris. 

3.  Apate  appendiculata,  Dej.        \ 

4.  Apate  sexdentata,  Oliv.  /  _  „.  ...      ,. 

v    .  .  „  .  >  Gallia  meridionalis. 

5.  Apate  sinuata,  Fab.  \ 

6.  Apate  humeralis,  Dej. 

(1)  Le  Ravané  prend  sa  source  au  pied  de  la  montagne  de  SaU-t'ore,  à 
quelque  distance  de  l'ancienne  abbaye  de  Vallbona;  et,  après  avoir  suivi 
cette  longue  gorge,  il  traverse  la  route  de  Collioure  et  se  jette  à  la  mer. 


INSECTES.  785 

Les  diverses  espèces  de  ce  genre  sortent  toutes  du  bois  que 
l'on  enferme  dans  les  maisons,  quelquefois  même  de  certains 
vieux  meubles.  On  en  voit  peu  à  la  campagne,  et  le  filet  n'en  a 
jamais  amené  aucune,  ce  qui  prouve  bien  que  ce  genre  se  tient 
toujours  dans  les  vieux  bois.  On  est  toujours  sûr  d'en  trouver 
dans  les  chantiers,  et  souvent  elles  y  font  un  grand  mal.  L'Appen- 
diculata  et  YHumeralis  sont  fort  rares. 

Neuvième  Genre,  Cis,  Latr. 
1.  Cis  reticulatus,  Fab. 


2.  Cis  boleti,  Fab. 

5.  Cis  festivus,  Gyll.  Suecia. 

4.  Cis  bidentatus,  Gyll.  Germania. 

5.  Cis  pubescens,  Dej.  Hispania. 

Ce  genre  ne  vit  que  sur  les  vieux  champignons,  dans  les  four- 
milières et  sous  les  détritus  des  végétaux  de  toutes  les  régions 
un  peu  élevées.  Le  Festivus  est  fort  rare. 

Dixième  Genre,  Latridius,  Herbst. 

1.  Latridius  gibbosus,  Payk.  Paris. 

2.  Latridius  pubescens,  Illig.  Suecia. 

5.  Latridius  elongatus,  Schùp.  Germania. 

4.  Latridius  rufipes,  Dej.  Gallia  meridionalis . 

5.  Latridius  porcatus,  Herbst.  Paris. 

Les  fourmilières  et  les  pieds  des  arbres  des  régions  moyennes, 
nous  fournissent  les  Insectes  de  ce  genre.  En  fouillant  les  troncs 
couverts  de  lichens  et  de  mousses ,  on  est  sûr  d'y  trouver  quel- 
ques bonnes  espèces.  Le  Rufipes  est  rare. 

Onzième  Genre,  Mycetophagus,  Fab. 
\.  Mycetophagus  quadrimaculatus,  Fab.  Paris. 
2.  Mycetophagus  populi,  Fab.  Suecia. 
5.  Mycetophagus  variabilis,  Gyll.  Paris, 

IOMIS  Jll.  50 


"86  HISTOIRE  NATURELLE. 

Douzième  Genre,  Triphyllus,  Meg. 

1.  Triphyllus  bifasciatus,  Fab.  Paris. 

2.  Triphyllus  fumatus,  Lin.  Suecia. 

Les  Insectes  de  ces  deux  genres ,  habitent  les  vieux  troncs  des 
arbres  de  chêne  et  chène-liége.  Lorsque  ces  arbres  tombent  de 
vétusté ,  on  est  sûr  de  trouver  ces  Insectes  sous  leur  écorce  ou 
dans  l'intérieur  des  troncs  à  demi  pourris.  On  en  trouve  quel- 
ques espèces  dans  les  détritus ,  quand  on  remue  les  masses  de 
végétaux  qui  ont  été  amenés  par  les  eaux. 

Treizième  Genre,  Cerylon,  Latr. 
1.  Cerylon  histeroïdes,  Fab.  Paris. 

Quatorzième  Genre,  Monotoma,  Herbst. 

1.  Monotoma  formicetorum,  Chevr.  Paris. 

2.  Monotoma  longicolle,  Schô.  Suecia. 

On  trouve  ces  deux  genres  auprès  des  cadavres  des  animaux 
en  putréfaction,  sous  les  pierres,  parmi  les  broussailles,  dans 
les  fourmilières  et  sous  les  détritus  de  végétaux.  Le  Longicolle 
est  fort  rare. 

Quinzième  Genre,  Rhyzophagus,  Herbst. 

1.  Rhyzophagus  politus,  Fab.  ] 

2.  Rhyzophagus  dispar,  Payk.  (  Paris. 

3.  Rhyzophagus  ferrugineus,  Payk.  ) 

4.  Rhyzophagus  parallelicollis,  Schô.  Suecia. 

Seizième  Genre,  Bitoma,  Herbst. 

1.  Ritoma  crenata,  Fab.  Paris. 

Nous  trouvons  toujours  les  Insectes  de  ces  deux  genres  parmi 
les  détritus  près  des  cours  d'eau.  Probablement  leurs  larves 
vivent  sur  les  plantes  herbacées,  et  sont  entraînées  par  les  eaux 


INSECTES.  787 

et  déposées  dans  les  masses  de  végétaux  qui  s'accumulent  sur 
les  bords  des  rivières. 

Dix-septième  Genre,  Lyctus,  Fab. 

1.  Lyctus  canaliculatus,  Fab.  Paris. 

2.  Lyctus  impressus  Dej.  G  allia  meridionalis. 

3.  Lyctus  colydioïdes,  Dej.  Paris. 

Les  Lyctus  sortent  tous  des  bois,  et  les  bûchers  des  maisons 
les  fournissent  en  grand  nombre.  On  les  trouve  aussi  sous  les 
écorces  des  arbres  et  dans  les  trous  des  vieux  troncs  pourris; 
les  chênes  surtout  en  donnent  beaucoup. 

Dix-huitième  Genre,  Teredus,  Dej. 
1.  Teredus  puncticollis,  Dej.  Nord. 

Dix-neuvième  Genre,  Colydium,  Fab. 

1.  Colydium  elongatum,  Fab.  Paris. 

2.  Colydium  ustulatum,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

3.  Colydium  sulcatum,  Fab.  Paris. 

Les  Insectes  de  ces  deux  genres  se  trouvent  sous  les  écorces 
des  vieux  bois,  et  sous  les  matières  végétales  à  demi  décomposées. 

Vingtième  Genre,  Silvanus,  Latr. 

1.  Silvanus  denticollis,  Dej.  Gallia. 

2.  Silvanus  unidentatus,  Fab.  Paris. 

Vingt-unième  Genre,  Trogosita,  Fab. 

1.  Trogosita  cœrulea,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Trogosita  caraboïdes,  Fab.  Paris. 

Les  détritus  des  arbres,  les  vieux  troncs  pourris  des  chênes  et 
autres  arbres,  en  général,  recèlent  la  plupart  des  Insectes  de  ces 
deux  genres.  Il  n'y  a  qu'à  fouiller  tout  ce  qu'on  aperçoit  à  demi 


788  HISTOIRE  NATURELLE. 

pourri  dans  la  campagne,  pour  en  faire  une  bonne  provision. 
Le  naturaliste  doit  tout  voir  et  ne  doit  pas  se  rebuter,  s'il  veut 
acquérir  ou  compléter  sa  collection. 

Vingt-deuxième  Genre,  Biophlœus,  Dej. 

\.  Biophlaeus  dermestoïdes,  Fab.  Suecia. 
2.  Biophlaeus  pusillus,  Dej.  Styria. 

Vingt-troisième  Genre,  Cucujus,  Fab. 

1.  Cucujus  depressus,  Fab.  Austria. 

Les  vieux  bois  des  maisons  fournissent  les  Insectes  de  ces  deux 
genres;  ils  sortent  des  soliveaux  et  des  bois  des  bûchers.  Quel- 
ques-uns, en  petit  nombre,  se  trouvent  sous  les  écorces  des  vieux 
troncs  d'arbre.  On  les  rencontre  quelquefois  sur  les  fleurs. 

Vingt-quatrième  Genre,  Lœmophlœus,  Dej. 

\ .  Laemophlaeus  monilis,  Fab.  Austria. 

2.  Lœmophlœus  clemativii,  Chevrier.  Gallia  orientalis. 

3.  Laemophlaeus  testaceus,  Fab.  Paris. 

Ils  sont  constamment  sous  les  écorces  des  vieux  arbres,  surtout 
de  ceux  qui  sont  recouverts  de  lichens  et  de  mousses  ;  au  pied  de 
ces  mêmes  arbres,  lorsqu'il  s'y  est  amassé  des  broussailles. 

Vingt-cinquième  Genre,  Broutes,  Fab. 

4.  Brontes  flavipes,  Fab.  Paris. 

Vingt-sixième  Genre,  Dendrophagus,  Gyll. 
1.  Dendrophagus  crenatus,  Payk.  Suecia, 

Ces  deux  derniers  genres  se  trouvent  sous  les  écorces  des  vieux 
arbres  et  dans  les  cavités  des  troncs  remplies  de  terreau.  Le  filet 
amène  quelquefois  le  Dendrophagus  crenatus.  Se  tiendrait-il  sur 
quelque  plante  herbacée?  C'est  probable;  mais  ne  l'ayant  jamais 
vu  sur  place,  nous  ne  pouvons  l'affirmer. 


insectes.  789 

Famille  des  Longicornes. 

Les  Longicornes  se  distinguent  par  un  corps  ordinai- 
rement long,  assez  élancé;  antennes  filiformes  ou  sétacées, 
souvent  de  la  longueur  du  corps  au  moins,  tantôt  simples 
dans  les  deux  sexes ,  tantôt  en  scie ,  pectinées  ou  en 
éventail  dans  les  mâles.  Les  yeux  d'un  grand  nombre 
sont  réniformes,  et  entourent  les  antennes  à  leur  base  ; 
labre  très-petit,  coriace,  en  carré  transverse  ;  mandibules 
cornées,  robustes,  souvent  très-grandes;  mâchoires  cour- 
tes, ayant  un  ou  deux  lobes;  corselet  en  forme  de  tra- 
pèze, ou  rétréci  en  avant  dans  ceux  où  les  yeux  sont 
arrondis;  pattes  fortes,  les  antérieures  souvent  plus  lon- 
gues que  les  intermédiaires;  tarses  de  quatre  articles, 
les  premiers  garnis  de  brosses;  le  quatrième  profondé- 
ment bilobé. 

Les  Longicornes  sont,  la  plupart,  de  grande  taille,  et  les 
Insectes  les  plus  gracieux;  leurs  couleurs  sont  variées, 
quelquefois  très-vives  ;  ils  sont  remarquables  par  le  déve- 
loppement de  leurs  antennes,  qui  dépassent  souvent  de 
beaucoup  la  longueur  du  corps;  presque  tous  sont  pour- 
vus d'ailes,  et  volent  sur  les  fleurs.  Ces  Insectes  produi- 
sent un  petit  bruit  ou  son  aigu  par  le  frottement  du 
pédicule  de  la  base  de  leur  abdomen  contre  la  paroi 
intérieure  du  corselet  ;  quelques-uns  d'entre  eux  exhalent 
des  odeurs  suaves,  qui  se  répandent  au  loin  et  qui  font 
découvrir  leur  demeure. 

Les  larves  de  ces  Coléoptères  vivent  dans  l'intérieur 
des  arbres,  ou  sous  leur  écorce.  Elles  y  font  de  très- 
grands  ravages,  et  les  percent,  à  une  énorme  profondeur, 
d'une  multiplicité  de  trous,    quelquefois  considérables. 


-J90  HISTOIRE  NATURELLE. 

Plusieurs  se,  contentent  de  ronger  l'écorce  en  rampant 
sur  l'aubier;  d'autres  ne  s'attachent  qu'a  la  substance 
médullaire. 

Premier  Genre,  Spondylis ,  Fab. 
1.  Spondylis  buprestoïdes,  Fab,  Gallia. 

Deuxième  Genre,  Ergates,  Serv. 
1.  Ergates  faber,  Fab.  Suecia. 

Les  Insectes  de  ces  deux  genres  se  trouvent  dans  les  bois  de 
nos  montagnes  :  le  premier  dans  la  région  des  pins;  le  second 
dans  la  région  des  chênes,  les  Albères  surtout.  Nous  les  avons 
toujours  pris  dans  la  forêt  de  Notre-Dame-de-Vie,  près  Argeles- 
sur-Mer. 

Troisième  Genre,  /Egosoma,  Serv. 
\.  /Egosoma  scabricorne,  Fab.  Gallia. 
Cet  Insecte  est  commun  sur  les  saules  de  toutes  les  parties 
basses  du  littoral,  surtout  sur  ceux  où  vivent  en  quantité  les 
chenilles  du  Bombix  dispar,  dont  il  parait  faire  sa  nourriture. 
Pendant  le  jour,  il  se  tient  blotti  dans  les  trous  ou  dans  les  fentes 
de* l'écorce  de  cet  arbre,  et,  à  la  brune,  on  le  voit  voler  d'une 
branche  à  l'autre,  à  la  recherche  de  sa  proie. 

Quatrième  Genre,  Prionus,  Geoff. 
1.  Prionus  coriarius,  Fab.  Paris. 

Cet  Insecte  vit  sur  les  vieux  troncs  des  châtaigniers  et  des 
chênes  des  parties  élevées;  quelquefois  même  sur  les  pins  ver- 
moulus. C'est  donc  toujours  vers  les  régions  alpines  qu'il  faut  le 
chercher  (rare). 

Cinquième  Genre,  Hammaticherus,  Meg. 
1.  Hammaticherus  héros,  Fab.  Paris, 


INSECTES.  791 

2.  Hammalicherus  miles,  Bonel.  Italia. 

0.  Hammaticherns  velutinus,  Dej.  Gallia  meridionalis . 
4.  Hammaticherus  cerdo,  Fab.  Paris. 

Les  Hammaticherus  vivent  aussi  dans  les  bois  :  le  Héros,  sur  le 
chêne-blanc  et  sur  les  vieux  poiriers;  le  Miles,  qui  se  fait  remar- 
quer par  des  antennes  excessivement  plus  longues  que  celles  des 
autres  espèces,  vit  sur  le  chêne  et  sur  le  chêne-liége;  le  Velu- 
tinus est  constamment  sur  le  chêne-liége ,  et  le  Cerdo,  sur  les 
sureaux  et  les  saules. 

Sixième  Genre,  Purpuricenus,  Ziegl. 

1.  Purpuricenus  Ksehleri,  Fab.  Germania. 

2.  Purpuricenus  globullicollis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Les  Insectes  de  ce  genre,  à  couleurs  si  tranchantes  de  noir  et 
de  rouge,  se  prennent  ordinairement  sur  les  fleurs  des  plantes 
ombellifères  des  régions  moyennes.  Le  bruit  qu'ils  produisent 
avec  le  corselet,  est  très-aigu,  et  quand  on  les  saisit,  ils  s'agitent 
beaucoup  et  ce  bruit  redouble. 

Septième  Genre,  Rosalia,  Serv. 

\.  Rosalia  Alpina,  Fab.  Gallia. 

La  Rosalia  Alpina  vit  sur  le  hêtre  (fagus  silvestris).  Ce  joli 
Insecte  est  assez  commun  sur  la  montagne  de  Sorède,  au  bois 
communal  de  la  montagne  de  Céret,  et  sur  les  Corbières  élevées, 
où  le  hêtre  est  cultivé. 

Huitième  Genre,  Aromia,  Serv. 

1.  Aromia  moschata,  Fab.  Paris. 

2.  Aromia  ambrosiaca,  Stev.  Russia  meridionalis. 

La  Moschata  vit  en  grand  nombre  sur  les  saules  plantés  le  long 
de  nos  cours  d'eau.  L'odeur  de  roses  qu'elle  répand  la  fait  bientôt 
découvrir;  car  cette  odeur  se  fait  sentir  d'assez  loin.  V  Ambrosiaca 


792  HISTOIRE  NATURELLE. 

est  plus  rare  ;  elle  est  cantonnée  aux  environs  de  Prades ,  où 
beaucoup  de  haies  sont  garnies  du  saule  à  cinq  étamines  (salix 
pentandra);  c'est  sur  cet  arbuste  que  nous  la  prenons. 

Neuvième  Genre,  Callichroma,  Latr. 

1.  Callichroma  ruf'escens,  Dej.     )  _T     . 
~   «  11.  ,  i  r,  •  Nord. 

2.  Callichroma  luctuosa,  Dej.       ) 

C'est  sur  les  saules  et  les  sureaux  qui  croissent  parmi  les  haies 
des  jardins  qui  bordent  La  Tet  au-dessous  d'Ille,  que  nous  avons 
trouvé  ces  deux  espèces.  Nous  ne  pouvons  affirmer  sur  lequel  de 
ces  deux  végétaux  la  larve  vit;  mais  l'insecte  parfait  a  toujours 
été  trouvé  sur  les  deux  dans  cette  localité. 

Dixième  Genre,  Stromatium,  Serv. 

1.  Stromatium  strepens,  Fab.  Hispania. 

Les  noyers  qui  sont  un  peu  vermoulus,  nous  fournissent  ce  bel 
Insecte.  Probablement  que  la  larve  vit  dans  le  cœur  de  cet  arbre; 
car  c'est  constamment  sur  le  tronc  que  nous  avons  pris  l'insecte 
parfait  (rare). 

2.  Stromatium  sexpustulatum,  Comp.  N.  E.  Pyr.  orient. 

L'aspect  de  cet  Insecte  est,  en  général,  celui  du  genre  Stroma- 
tium; on  ne  peut  s'y  tromper.  La  tète  grosse,  prolongée  en  arrière, 
en  forme  de  cou;  mandibules  courtes,  arquées  et  pointues  à  leur 
extrémité;  palpes  maxillaires,  guère  plus  longues  que  les  labiales; 
antennes  filiformes,  glabres,  légèrement  écartées  à  leur  insertion, 
plus  longues  que  le  corps,  ayant  leur  premier  article  un  peu 
renflé  à  l'extrémité,  le  second  fort  court,  les  suivants  quelque 
peu  déprimés  et  presque  coniques;  corselet,  rétréci  antérieure- 
ment, avec  côtés  mutiques;  élytres  linéaires,  arrondis  et  presque 
mutiques  à  leur  extrémité;  ailes  de  la  longueur  des  élytres; 
pattes  assez  longues,  grêles,  les  tarses  ayant  leur  dernier  article 
droit  et  allongé. 


INSECTES.  793 

La  couleur  de  cet  Insecte  est,  en  général,  fauve;  son  corselet 
a  deux  taches  de  couleur  noisette  très-tranchée,  une  de  chaque 
côté;  les  élytres  ont  aussi  deux  taches  dans  le  même  sens:  l'une 
tout  près  du  corselet,  l'autre  à  l'extrémité  des  élytres,  qui  sont 
ovalaires  et  d'une  couleur  noisette  très-prononcée,  ce  qui  donne 
un  faciès  fort  joli.  Il  a  20  millimètres  de  longueur  et  5  de  largeur. 
Ses  antennes  sont  fauves,  plus  longues  que  le  corps,  glabres; 
elles  ont  onze  articles,  le  premier  un  peu  renflé  à  l'extrémité, 
presque  en  cône  renversé;  le  second,  fort  court;  les  suivants, 
un  peu  déprimés;  le  dernier,  plus  aplati  et  mousse;  les  pattes 
fauves,  plus  claires  que  le  reste  du  corps,  minces  et  assez  longues, 
leur  dernier  article  droit,  allongé,  se  terminant  par  deux  crochets. 

Cet  Insecte  vit  dans  le  bois  de  l'olivier;  sa  larve  y  creuse  des 
galeries.  Il  paraît  fort  rare,  du  moins  on  se  le  procure  difficilement. 
Je  n'en  ai  trouvé  que  deux  individus,  dont  un  sur  un  olivier.  Je 
croyais  qu'il  n'y  était  que  par  hasard ,  ayant  pris  sur  les  vieux 
figuiers  plusieurs  sujets  du  même  genre,  Stromatium  strepens, 
dont  la  larve  vit  sur  le  figuier  et  sur  le  noyer;  et,  comme  dans 
nos  plantations  d'oliviers  il  y  a  aussi  des  figuiers ,  j'avais  pensé 
que  ma  nouvelle  espèce  vivait  aussi  dans  le  bois  des  figuiers  : 
l'individu  que  je  décris  fut  pris  sur  le  tronc  d'un  vieux  olivier, 
au  moment  où  il  sortait  de  sa  retraite.  Plus  de  doute  donc  que 
c'est  sur  l'olivier  que  la  larve  passe  sa  vie. 

Je  donne  à  cet  Insecte  le  nom  de  Strom.  sexpustulatum,  Nobis, 
à  cause  des  six  taches,  qui  ressemblent  à  des  pustules,  placées 
symétriquement  sur  les  élytres  et  le  corselet  (Voy.  pi.  i,  fig.  \). 

Onzième  Genre,  Hespcrophanes ,  Dej. 

1.  Hesperophanes  holosoriceus,  Ross.  Italia. 

2.  Hesperophanes  mixtus,  Fab.        ,  _     . 

i   rCtVIS. 

o.  Hesperophanes  nebulosus,  Oliv.) 

Les  Hesperophanes  vivent  sur  les  fleurs  des  plantes  ombellifères, 
qui  croissent  dans  les  bois  de  nos  régions  moyennes.  Nous  les 


794  HISTOIRE   NATURELLE. 

trouvons  aussi  sur  les  troncs  des  arbres.  Ces  Insectes  ne  sont 
pas  très-communs.  Le  Nebulosns  vit  sur  l'amandier. 

Douzième  Genre,  Criocephahm,  Dej. 

1.  Criocephalum  rusticum,  Fab.  Gallia. 

2.  Criocephalum  ferum,  Dej.  Gallia  meridionalîs. 

Treizième  Genre,  Isarthron,  Dej. 
1.  Isarthron  luridum,  Fab.  Suecia. 

Quatorzième  Genre,  Asemum,  Eschs. 
\.  Asemum  striatum,  Fab.  Germania. 

Quinzième  Genre,  Hyloirupes,  Serv. 

\.  Hylotrupes  bajulus,  Fab.  Paris. 

Les  Insectes  qui  appartiennent  à  ces  quatre  genres,  se  trouvent 
constamment  sur  les  fleurs  des  plantes  qui  croissent  au  flanc  de 
nos  montagnes;  les  arbustes  qui  bordent  les  lisières  des  bois  et 
des  prairies  de  ces  régions  en  fournissent  quelques  espèces. 

Seizième  Genre,  Callidium,  Fab. 

1.  Callidium  insubricum,  Ziegl.  Italia. 

2.  Callidium  violaceum,  Fab.  Gallia. 
5.  Callidium  sanguineum,  Fab.  Paris. 

4.  Callidium  unifasciatum,  Fab.  Gallia  orientalis. 

5.  Callidium  alni,  Fab.  Paris. 

6.  Callidium  thoracicum,  Dej.  Hispania. 
1.  Callidium  macropus,  Ziegl.  Austria. 

C'est  sur  toute  sorte  de  plantes  qu'on  trouve  généralement  les 
espèces  assez  nombreuses  de  ce  genre.  Elles  vivent  encore  sur  le 
tronc  des  saules  de  la  plaine;  mais  on  ne  peut  leur  assigner  de 
lieu  précis, 


INSECTES.  795 

Dix-septième  Genre,  Clytus,  Fab. 

1.  Clytus  arcuatus,  Fab.  )  Paris. 

2.  Clytus  tropicus,  Panz.  ( 

5.  Clytus  ornatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

4.  Clytus  semipunctatus,  Fab.  Austria. 

5.  Clytus  arietis,  Fab.  Paris. 

6.  Clytus  trifasciatus,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

7.  Clytus  quadripunctatus,  Fab. 

8.  Clytus  arvicola,  Oliv. 

9.  Clytus  plebejus,  Fab.  I         . 
10   Clytus  gazella,  Fab. 

11.  Clytus  massiliensis,  Fab. 

12.  Clytus  verbasci,  Fab.  / 

13.  Clytus  floralis,  Fab.  Austria. 

14.  Clytus  détritus,  Fab.  )         . 

15.  Clytus  mysticus,  Fab.  \ 

16.  Clytus  ruticornis,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

Les  Clytus  sont  nombreux  en  espèces.  Ils  sont  partout,  et  prin- 
cipalement sur  les  plantes  herbacées;  on  les  trouve  aussi  sur  les 
chardons  et  les  ombellifères.  On  se  les  procure  en  quantité  en 
fauchant  avec  le  filet.  La  larve  de  Y  Arcuatus  vit  dans  le  hêtre; 
celle  de  Y  Arietis,  dans  le  pommier.  On  trouve  très-souvent 
YOmatus  et  le  Trifasciatus ,  sur  Yeringium  campestre. 

Dix-huitième  Genre,  Cartallum,  Meg. 

1.  Cartallum  ruficolle,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Ce  joli  petit  Insecte,  à  corselet  cramoisi  et  à  élytres  violets, 
est  assez  commun  sur  la  roquette  (diplotaxis  erucoïdes),  qui  croît 
abondamment  sur  le  bord  des  routes  et  des  champs  dans  toute 
la  plaine.  Dès  qu'on  veut  le  prendre,  il  se  laisse  tomber  à  terre; 
mais,  en  fauchant  avec  le  filet  sur  cette  plante,  qui  forme  des 


796  HISTOIRE   NATURELLE. 

bordures  assez  épaisses ,  on  est  certain  d'en  prendre  une  grande 
quantité. 

Dix-neuvième  Genre,  Deilus,  Serv. 
1.  Deilus  fugax,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Vingtième  Genre,  Stenopterus,  lllig. 

1.  Stenopterus  rufus,  Fab.  Paris. 

2.  Stenopterus  pra?ustus,  Fab.     )  „  „. 

_    „  ,  rx  •       1  Gallia  meridionalis. 

ô.  Stenopterus  ustulatus,  Dej.      J 

Vingt-unième  Genre,  Molorchus,  Fab. 

1.  Molorchus  abbreviatus,  Fab.  Paris. 

2.  Molorchus  umbellatarum,  Fab.  Gallia. 

Les  Insectes  de  ces  trois  derniers  genres  vivent  dans  le  bois. 
C'est  dans  les  magasins  où  beaucoup  de  bois  est  entassé,  que  nous 
les  prenons  ordinairement;  quelquefois  à  la  campagne,  sur  les 
vieux  troncs,  mais  c'est  rare. 

Vingt-deuxième  Genre,  Astynomus,  Dej. 

1 .  Astynomus  œdilis,  Fab.  Gallia. 

2.  Astynomus  atomarius,  Fab.  Gallia  orientalis. 

Vingt-troisième  Genre,  Pogonocherus,  Meg. 

I .  Pogonocherus  hispidus,  Fab.  Paris. 

C'est  dans  les  régions  alpines,  sur  les  troncs  vermoulus  et  sur 
les  plantes,  mais  plus  particulièrement  sur  le  bois,  que  nous 
prenons  les  insectes  de  ces  deux  genres.  Les  mâles  se  font  re- 
marquer par  des  antennes  très-longues,  qui  contrastent  avec  un 
corps  court  et  assez  épais. 

Vingt-quatrième  Genre,  Pachystola,  Dej. 
1.  Pachystola,  textor,  Fab,  Paris. 


INSECTES.  797 

Cet  Insecte  se  trouve  constamment  sur  les  saules  des  taillis  qui 
bordent  les  cours  d'eau  des  trois  bassins.  Le  soir,  lorsque  le  soleil 
se  couche,  on  le  voit  monter  le  long-  des  tiges  et  gagner  le  sommet, 
allant  à  la  recherche  des  larves  de  divers  insectes  qui  se  nour- 
rissent sur  cet  arbre. 

Vingt-cinquième  Genre,  Morimus,  Serv. 

1.  Morimus  lugubris,  Fab.  G  allia  meridionalis. 

2.  Morimus  tristis,  Fab.  Austria. 

o.  Morimus  funestus,  Fab,  Gallia  meridionalis. 

Les  Morimus  sont  des  insectes  qui  vivent  aussi  sur  les  saules; 
mais  surtout  sur  les  grands  arbres  de  celte  espèce  qui  sont  très- 
communs  dans  toutes  les  régions  basses  des  trois  bassins. 

Pendant  longtemps,  on  avait  confondu  dans  la  même  espèce  le 
Pachystola  textor  et  le  Morimus  lugubris.  Cependant,  le  Lugubris 
se  fait  remarquer  par  les  grandes  taches  de  ses  élytres,  et  par  la 
longueur  prodigieuse  des  antennes  du  mâle  ;  tandis  que  le  Textor 
se  distingue  par  des  antennes  courtes  dans  les  deux  sexes,  par 
l'absence  des  taches  et  par  la  couleur  grisâtre  des  élytres.  On 
disait  que  le  Lugubris  était  le  mâle,  et  le  Textor  la  femelle.  Cette 
confusion  cessa  le  jour  où  M.  Dejean  et  moi,  faisant  une  course 
dans  les  jardins  Saint-Jacques,  banlieue  de  Perpignan,  nous 
rencontrâmes  par  hasard  deux  insectes  de  l'espèce  Lugubris 
accouplés.  M.  Dejean,  frappé  de  ce  fait,  me  demanda  si  j'avais 
vu  souvent  deux  Lugubris  accouplés ,  et  sur  mon  affirmation ,  il 
sépara  le  Textor  du  Lugubris. 

Le  Morimus  tristis  est  plus  rare  que  le  Lugubris,  et  se  trouve 
dans  les  régions  plus  élevées  ;  le  Morimus  funestus  habile  les 
taillis  qui  bordent  nos  cours  d'eau. 

Vingt-sixième  Genre,  Mesosa,  Meg. 

\.  Mesosa  curculionoïdes,  Fab.  Paris. 
2.  Mesosa  nebulosa,  Fab.  Austria. 


798  HISTOIRE   NATURELLE. 

Ces  deux  espèces  se  tiennent  sur  les  plantes  des  bois  des  régions 
élevées,  les  ombellifères  surtout. 

Vingt-septième  Genre,  Dorcadion,  Dalman. 

1.  Dorcadion  méridionale,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Dorcadion  Pyrenœum,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

3.  Dorcadion  lineola,  Illig.  Gallia. 

4.  Dorcadion  cruciatum,  Fab.  Russia  meridionalis. 

5.  Dorcadion  rufîpes,  Fab.  Austria. 

6.  Dorcadion  Italicum,  Dej.  Italia. 

7.  Dorcadion  fuliginator,  Fab.  Paris. 

8.  Dorcadion  striola,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

Les  Dorcadion  sont  des  insectes  qu'on  trouve  constamment  à 
terre,  sous  les  mottes  ou  sous  les  pierres,,  rarement  sur  les  plantes. 
En  juin,  dans  les  environs  de  Mont-Louis,  et  sur  les  pelouses  des 
parties  moyennes  du  Canigou,  on  surprend  sous  les  pierres  le 
Pyrenœum,  et,  à  cette  époque,  toujours  accouplé;  le  Lineola  vit 
sous  les  pierres,  dans  le  fossé  de  la  lunette  de  la  porte  Canet,  à 
Perpignan,  toujours  accouplé.  Les  autres*  espèces  se  trouvent 
un  peu  partout,  dans  les  bois,  et  toujours  à  terre. 

Vingt-huitième  Genre,  Anœsthetis ,  Dej. 

1 .  Anaasthetis  testacea,  Fab.  Gallia. 

Vingt-neuvième  Genre,  Saperda,  Fab. 
\.  Saperda  carcharias,  Fab.  Paris. 

2.  Saperda  scalaris,  Fab.  \ 

3.  Saperda  tremula,  Fab.  !  Gallia. 

4.  Saperda  punctata,  Fab.  ) 

5.  Saperda  populnea,  Fab.  Paris. 

Trentième  Genre,  Anœtia,  Dej. 
1 .  Ansetia  praeusta,  Fab.  Paris. 


INSECTES.  799 

Trente-unième  Genre,  Oberea,  Meg. 

f.  Oberea  oculata,  Fab.  \ 

2.  Oberea  pupillata,  Scho.  !  Gallia. 

3.  Oberea  erythrocephala,  Fab.  1 

4.  Oberea  linearis,  Fab.  Pans. 

Les  Insectes  qui  appartiennent  à  ces  quatre  genres,  sont  pres- 
que toujours  sur  les  arbres.  On  se  les  procure  en  secouant  avec 
force  les  branches.  Les  Saperda  carcharias  et  Scalaris  se  prennent 
facilement  sur  les  peupliers  et  sur  les  saules;  la  Tremula  et  la 
Punctata,  sur  l'orme;  YOberea  oculata  et  linearis,  sur  les  saules 
des  taillis  qui  bordent  nos  cours  d'eau;  les  autres,  sur  les  plantes 
herbacées  des  prairies  maritimes. 

Trente-deuxième  Genre,  Phytœcia,  Dej. 

1.  Phytœcia  lineola,  Fab.  Gallia. 

2.  Phytœcia  virescens,  Fab.  Paris. 

3.  Phytœcia  cylindrica,  Fab.  Suecia. 

4.  Phytœcia  ephippium,  Fab.  (rallia  meridionalis. 

5.  Phytœcia  molybdœna,  Germai*.  Gallia  orientalis. 

Les  Insectes  de  ce  genre,  vivent  sur  les  plantes  et  surtout  sur 
les  borraginées.  C'est  particulièrement  sur  ces  dernières  que  nous 
les  prenons.  La  Lineola  et  la  Virescens  vivent  sur  Yechium  italicum 
et  pyramidale.  Ils  se  laissent  tomber  à  terre,  dès  qu'on  remue  la 
plante,  et  on  doit  prendre  des  précautions  pour  ne  pas  les  perdre. 

Trente-troisième  Genre,  Agapanthia,  Serv. 

i.  Agapanthia  suturalis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Agapanthia  cynarœ,  Germar.  Dalmatia. 

3.  Agapanthia  cardui,  Fab.  Gallia. 

4.  Agapanthia  leucaspis,  Scho.  Russia  meridionalis. 

5.  Agapanthia  angusticollis,  Scho.  Gallia. 

11  parait  que  certains  chardons  nourrissent  la  larve  de  ces  insec- 


800  HISTOIRE   NATURELLE. 

tes;  car  c'est  constamment  sur  cette  plante  qu'on  les  trouve,  dans 
toutes  nos  régions  basses  et  moyennes  des  Cornières.  Ils  se  plaisent 
sur  les  onopordon  iUyricum  et  acanthium,  qui  croissent  sur  le  bord 
des  routes  dans  toute  la  contrée.  Quelquefois,  on  les  prend  aussi 
sur  les  ombellifères  et  surtout  sur  la  thapsia  villosa,  qui  croît 
abondamment  le  long  des  dunes  et  à  la  base  de  Força-Real. 

Trente-quatrième  Genre,  Vesperus,  Dej. 

1.  Vesperus  strepens,  Fab.  )  „  „.  ...      ,. 

_    _T    r         _    r  ..  '     •  (rallia  meridionalis . 

2.  Vesperus  Xatartn,  Dej.  ) 

3.  Vesperus  luridus,  Rossi.  Italia. 

Les  Vesperus  sont  des  insectes  qui  vivent  dans  le  bois.  Nous 
les  avons  pris  sur  les  vieux  figuiers  et  sur  les  noyers.  Le  Strepens 
et  le  Luridus  sont  assez  communs.  M.  Aleron  avait  un  établi  en 
noyer,  duquel  sortirent  plusieurs  Strepens.  Un  vieux  figuier  de 
ma  vigne,  apporté  chez  moi,  m'a  fourni  une  quantité  considérable 
de  ces  insectes.  Le  Xatartii  est  plus  rare.  Je  crois  qu'il  vit  sur  le 
poirier  sauvage;  car  c'est  toujours  sur  les  souches  de  cet  arbre 
que  nous  le  trouvons.  M.  Xatart  l'a  recueilli  près  de  Prats-de- 
Mollô,  et  moi-même  je  l'ai  pris  dans  la  vallée  de  Saint-Laurent- 
de-Cerdans,  près  des  jardins  de  Costujes,  où  le  poirier  sauvage 
est  abondant. 

Trente-cinquième  Genre,  Rhagium,  Fab. 

i.  Rhagium  mordax,  Fab.  Paris. 

2.  Rhagium  inquisitor,  Fab.         )  „  „. 
„   -m     ■       .  j  ^  ,  (rallia. 

o.  Rhagium  mdagator,  Fab.         ) 

Les  Rhagium  paraissent  vivre  sur  les  sapins.  C'est,  du  moins, 
dans  les  régions  où  se  plaît  cet  arbre,  que  nous  les  prenons  sur 
les  vieilles  souches  et  sous  les  écorces  couvertes  de  lichens. 

Trente-sixième  Genre,  Rhamnnsium,  Meg. 
\.  Rhamnusium  salicis,  Fab.  Paris. 


INSECTES.  801 

Le  Rhamnushim  vit  aux  dépens  du  saule.  C'est  toujours  sur  cet 
arbre  que  nous  trouvons  cet  insecte. 

Trente-septième  Genre,  Toxotus,  Meg. 

1.  Toxotus  cursor,  Fab.  Gallia. 

2.  Toxotus  meridianus,  Fab.  Paris. 

Les  Toxotus  paraissent  vivre  aussi  aux  dépens  du  saule,  et  quoi- 
que nous  les  trouvions  généralement  sur  les  ombellifères,  c'est 
toujours  dans  la  localité  où  les  saules  croissent  qu'on  les  prend  ; 
quelquefois  même  au  pied  de  l'arbre ,  dans  les  broussailles. 

Trente-huitième  Genre,  Pachyta,  Meg. 

1.  Pachyta  quadrimaculata,  Fab.  Gallia  orientales. 

2.  Pachyta  interrogations,  Fab.  Suecia. 

3.  Pachyta  clathrata,  Fab.  Helvetia. 

4.  Pachyta  virginea,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

5.  Pachyta  collaris,  Fab.  Paris. 

Trente-neuvième  Genre,  Strangalia,  Serv.- 

1.  Strangalia  calcarata,  Fab.  Paris. 

2.  Strangalia  attenuata,  Fab.  Gallia. 

Les  Insectes  de  ces  deux  genres  se  trouvent  sur  les  plantes 
de  toute  espèce.  En  fauchant,  le  filet  en  amène  bon  nombre. 
On  les  voit  souvent  sur  les  ombellifères  ;  le  fenouil  surtout  en 
recèle  plusieurs  espèces. 

Quarantième  Genre,  Stenura,  Dej. 

1.  Stenura  aurulenta,  Fab.  Paris. 

2.  Stenura  pubescens,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
5.  Stenura  atra,  Fab.  ] 

4.  Stenura  melanura,  Fab.  '  Paris. 

5.  Stenura  cruciata,  Oliv.  ) 

TOME   III.  ùl 


£02  HISTOIRE  NATURELLE. 

6.  Stenura  septempunctata,  Fab.  Austria. 

7.  Stenura  distigma,  Hoff.  Hispania. 

8.  Stenura  nigra,  Fab.  Paris. 

C'est  en  secouant  les  arbustes  des  haies,  et  en  fauchant  avec 
le  filet  dans  les  chaumes  fourrés  des  parties  basses  des  trois 
bassins,  qu'on  se  procure  les  insectes  de  ce  genre.  La  Cruciata, 
VAurulenta  et  la  Distigma  sont  très-rares. 

Quarante-unième  Genre,  Leptura,  Fab. 

1.  Leptura  virens,  Fab.  Suecia. 

2.  Leptura  hastata,  Fab.  Gallia  meridionahs. 

3.  Leptura  rubrotestacea,  Illig.  Gallia. 

4.  Leptura  rufa,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

5.  Leptura  scutellata,  Fab.  Paris. 

6.  Leptura  sanguinosa,  Gyll.  Siberia. 

7.  Leptura  sanguinolenta,  Fab.  Germania. 

8.  Leptura  unipunctata,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

9.  Leptura  bipunctata,  Fab.  Hungaria. 

10.  Leptura  rufipes,  Fab.  Gallia. 

11.  Leptura  rubens,  Meg.  Austria. 

12.  Leptura  timida,  Chevrier.  Suecia. 

Les  Leptura  se  trouvent  sur  toute  sorte  de  plantes  :  sur  les 
ombellifères,  sur  les  roses,  sur  les  anthémis,  beaucoup  dans  les 
prairies.  Le  filet  est  un  instrument  par  excellence  pour  se  pro- 
curer ces  insectes. 

Famille  des  Chrysomélines. 

Les  Chrysomélines  se  distinguent  des  Curculionites  par 
l'absence  du  rostre  ;  des  Longicornes  par  les  antennes , 
généralement  plus  courtes  que  le  corps;  des  Xylophages 
par  leur  corps  généralement  arrondi,  convexe  et  surtout  par 
leurs  habitudes  de  vivre  sur  les  plantes  et  de  s'en  nourrir. 


INSECTES.  803 

Ces  Insectes  ont  presque  tous  des  ailes.  Leur  démarche 
est  lente  et  mal  assurée.  Quand  on  les  saisit,  ils  rendent 
par  la  bouche  une  liqueur  roussàtre  et  abondante;  ils  rai- 
dissent leurs  pattes,  se  tiennent  immobiles,  comme  morts. 

Les  Chrysomélines  sont  disséminées  dans  toutes  les 
parties  du  globe;  plus  des  deux  tiers  appartiennent  à 
l'Europe  et  à  l'Amérique;  elles  se  rencontrent  à  toute 
élévation.  La  plupart  sont  oruées  de  riches  couleurs  d'or, 
de  cuivre  rouge,  de  bronze,  de  vert  métallique,  de  bleu- 
foncé,  d'azur,  de  violet,  d'argent  nacré.  S'il  en  est  d'un 
aspect  obscur  et  triste,  c'est  le  petit  nombre. 

Cette  famille  a  subi  de  grandes  modifications  :  on  en  a 
formé  diverses  tribus,  qui  ont  été  réparties  en  genres 
très-nombreux  qui  en  facilitent  l'étude.  Quoique  nous 
suivions  la  classification  de  Dejean,  nous  applaudissons 
aux  changements  qui  ont  été  faits,  parce  que  nous  en 
reconnaissons  l'avantage  réel. 


'rv 


Paris. 


Premier  Genre,  Donacia,  Fab. 

1.  Donacia  lemnœ,  Fab.  Suecia, 

2.  Donacia  sagittaria,  Fab. 

3.  Donacia  impressa,  Payk. 

4.  Donacia  discolor,  Hoppe.  Germania. 

5.  Donacia  linearis,  Hoppe.         j 

6.  Donacia  simplex,  Fab.  ) 

7.  Donacia  menyanthidis,  Fab.  Suecia. 

8.  Donacia  nymphe<e,  Fab.  Gallia. 

9.  Donacia  dentipes,  Fab.  Suecia. 

10.  Donacia  cincta,  Germar.  )  „ 

la  ru:. 

11.  Donacia  hydroeharidis,  Fab.    \ 

12.  Donacia  dentata,  Ahrens.  fier  mu  nia. 


is. 


804  HISTOIRE  NATURELLE. 

15.  Donacia  sparganii,  Ahrens.  Germania. 

14.  Donacia  reticulata,  Schô.  Illyria. 

15.  Donacia  bidens,  Sturm.  Germania. 

16.  Donacia  affinis,  Kunze.  Paris. 

17.  Donacia  discolor,  Gyll.  Suecia.  (Variété.) 

18.  Donacia  tomentosa,  Illig.  Germania. 

19.  Donacia  crassipes,  Fab.  Suecia. 

Les  Donacia,  genre  assez  nombreux  en  belles  et  rares  espèces, 
se  trouvent  généralement  sur  les  plantes  qui  vivent  dans  les  cours 
d'eau  ou  sur  leurs  bords.  Le  fdet  est  d'un  grand  secours  pour 
se  procurer  ces  intéressants  insectes.  On  peut  en  prendre  beau- 
coup à  la  main,  en  explorant  les  plantes  aquatiques  qui  bordent 
les  fossés  des  prairies  de  Thuir,  de  Canohès  et  de  toute  la  Salan- 
que,  dans  les  trois  bassins.  On  les  voit  souvent  se  poser  sur  les 
feuilles  des  iris ,  des  roseaux  et  autres  plantes  qui  bordent 
les  fossés.  La  Cincta,  YHydrocharidis,  la  Discolor  et  Y  Affinis  sont 
assez  rares. 

Deuxième  Genre,  Hœmonia,  Meg. 

1.  Haemonia  equiseti,  Fab.  Germania. 

2.  Haemonia  zosterse,  Fab.  Suecia. 

Troisième  Genre,  Orsodacna,  Latr. 

1 .  Orsodacna  limbata,  Oliv.  Paris. 

2.  Orsodacna  humeralis,  Latr.  Germania. 

3.  Orsodacna  oxyacanthœ,  Schot.J         . 

4.  Orsodacna  cerasi,  Fab.  ^ 

Quatrième  Genre,  Auchenia,  Meg. 

1.  Auchenia  melanocephala  Bonel.  Gallia  meridionalis. 

2.  Auchenia  subspinosa,  Fab.  Paris. 

Les  Insectes  de  ces  trois  derniers  genres  paraissent  se  tenir  de 


INSECTES.  805 

préférence  sur  les  arbres  des  parties  humides  de  nos  trois  bassins, 
et  près  des  cours  d'eau.  En  secouant  les  arbres,  on  en  fait  tomber 
un  grand  nombre,  surtout  lors  de  la  floraison  des  saules  et  des 
peupliers.  Le  filet  est  aussi  d'un  grand  secours  ;  on  en  récolte 
bon  nombre  d'espèces  en  battant  les  haies  des  prairies  maritimes 
et  les  fourrés  herbeux. 

Cinquième  Genre,  Lema,  Fab. 
1.  Lema  asparagi,  Fab. 


Paris . 
2.  Lema  merdigera,  Fab 

o.  Lema  paracenthesis,  Oliv.  Gallia  meridionalis . 

4.  Lema  duodecimpunctata,  Fab.)  „     . 


5.  Lema  melanopa,  Fab. 

cyanipennis,  Ulrich,  lllyria.  (V.  du  précédent.) 

6.  Lema  cyanella,  Fab.  Paris. 

7.  Lema  suturalis,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

8.  Lema  campestris,  Fab.  Italia. 

9.  Lema  brunnea,  Fab.  Gallia. 

Les  Lema  se  tiennent  sur  les  plantes  d'asperges,  dans  les  jar- 
dins et  sur  les  haies  où  croît  Yasparagus  acutifolius.  Quelques 
espèces  fréquentent  les  plantes  herbacées  de  nos  haies  et  de  nos 
prairies  arides.  On  est  sûr,  en  fauchant,  d'en  amener  quelques 
bonnes  espèces.  La  Melanopa  se  plait  ordinairement  sur  la  gui- 
mauve. 

Sixième  Genre,  Hispa,  Lin. 

1.  Hispa  testacea,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Hispa  atra,  Fab.  Paris. 

5,  Hispa  acanthomelas,  Dej.  Nord. 

Les  Hispa  sont  des  insectes  de  très-petite  taille,  d'un  corps 
souvent  épineux  et  de  couleur  sombre.  On  les  trouve  sur  les 
cistes  de  nos  montagnes  moyennes  et  sur  les  bruyères.  En  faisant 


806  HISTOIRE   NATURELLE. 

bien  attention,  on  peut  en  prendre  beaucoup  à  la  main; 
mais  ils  se  laissent  facilement  tomber  à  terre  lorsqu'on  touche  la 
plante,  et  alors  il  est  fort  difficile  de  les  trouver.  Le  filet  vient  en 
aide,  et,  après  avoir  fauché  quelque  temps,  on  est  sûr  d'y  trouver 
bon  nombre  d'individus.  VAtra  est  fort  rare. 

Septième  Genre,  Cassida,  Lin. 

1.  Cassida  muroea,  Fab.  Paris. 

2.  Cassida  sanguinolenta,  Fab.  Germania. 

3.  Cassida  equestris,  Fab.  Paris. 

4.  Cassida  meridionalis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

5.  Cassida  atrata,  Fab.  Austria. 

6.  Cassida  vibex,  Fab.  )  p     ■ 

7.  Cassida  viridis,  Fab.  ) 

8.  Cassida  rubiginosa,  Gyll. 


Stipct  et 
9.  Cassida  viridula,  Payk. 

10.  Cassida  herbacea,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

11.  Cassida  sileziana,  Chevrier.  Suecia. 

12.  Cassida  uobilis,  Favri.  Paris. 

Ce  genre  est  nombreux  en  espèces,  surtout  dans  les  pays 
chauds.  Ce  sont  des  insectes  à  corps  orbiculaire  et  souvent  dé- 
primé, revêtus  de  fort  belles  couleurs  qui  se  ternissent  ordinai- 
rement après  la  mort  de  l'animal.  Nous  les  trouvons  sur  diverses 
plantes,  les  genêts,  les  chrysanthèmes,  les  cistes,  les  bruyères; 
mais  c'est  le  filet  qui  nous  en  apporte  beaucoup  après  avoir  fauché 
sur  les  fourrés  herbeux  des  coteaux  un  peu  arides.  UEquestris, 
la  Nobilis  et  la  Meridionalis  se  trouvent  souvent  sur  la  carJina 
corymbosa. 

13.  Cassida  Bohemanni,  Brisout  de  Barneville. 

Trouvée  par  M.  Delarouzé,  dans  les  environs  de  Collioure,  le 
lOiuin  1861. 


INSECTES.  807 

Huitième  Genre,  Adimonia,  Laich. 

1.  Adimonia  brevipennis,  Illig.  Gallia  meridionalis. 

2.  Adimonia  littoralis,  Fab.  Paris, 

0.  Adimonia  artemisiœ,  Ram.      . 

•4.  Adimonia  rubieunda,  Dej.       )        ^ 

5.  Adimonia  caprea?,  Fab.  \ 

6.  Adimonia  ruslica,  Fab.  >  Paris. 

7.  Adimonia  tanaceti,  Fab.  ) 

8.  Adimonia  florentina,  Dabi.  Italia. 

On  peut  se  procurer  les  Insectes  assez  nombreux  de  ce  genre, 
en  fauchant  les  plantes  qui  bordent  les  fossés,  les  prairies  et  les 
luzernes,  dans  toute  la  Salanque.  Nos  greniers  à  foin  en  recèlent 
bon  nombre,  qu'on  y  apporte  avec  le  fourrage.  Nous  n'avons  ja- 
mais vu  ces  insectes  sur  les  plantes,  et  ce  n'est  qu'à  l'aide  du  filet 
que  nous  parvenons  à  nous  les  procurer. 

Neuvième  Genre,  Galleruca,  Geoff. 

1.  Galleruca  nymphéa?,  Fab. 


Paris. 


2.  Galleruca  calmariensis,  Fab 

3.  Galleruca  sublineata,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

4.  Galleruca  lineola,  Fab. 

5.  Galleruca  lythri,  Gyll. 

6.  Galleruca  viburni,  Payk.  Gallia  borealis. 

7.  Galleruca  tenella,  Fab.  Paris. 

Dixième  Genre,  Malacosoma,  Chevr. 
\.  Malacosoma  Lusitanica,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

Onzième  Genre,  Phyllobrotica,  Chevr. 

1.  Phyllobrotica  quadrimaculata,  Fab.  Paris. 

2.  Phyllobrotica  adusta,  Fab.  Austria. 


i  Paris. 


808  HISTOIRE  NATURELLE. 

Les  Insectes  de  ces  trois  genres  vivent  sur  les  plantes  el  sur 
l'aulne.  Tous  vivent  au  détriment  du  parenchyme  des  feuilles; 
leur  corps  est  mou  en  général,  et  leur  démarche  est  lente.  On 
peut  en  prendre  beaucoup  à  la  main;  mais  c'est  en  s'aidant  du 
filet  et  en  battant  les  haies  herbeuses  des  contrées  un  peu  arides 
qu'on  se  procure  beaucoup  d'espèces. 

Douzième  Genre,  Lepurus,  Geoff. 

1.  Lepurus  Pyrenœus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

2.  Lepurus  flavipes,  Fab. 
5.  Lepurus  rufipes,  Fab. 

4.  Lepurus  suturalis,  Dej.  Hispania. 

5.  Lepurus  pallipes,  Dej.  Austria. 

6.  Lepurus  suturella,  Illig.  Paris. 

Les  Lepurus  paraissent  avoir  des  habitudes  différentes  des  genres 
précédents.  C'est  en  battant  les  saules ,  les  peupliers  et  les 
bruyères  en  arbre,  qui  croissent  sur  nos  montagnes  moyennes, 
que  nous  parvenons  à  récolter  ces  espèces.  Le  Flavipes  a  été 
trouvé  par  notre  ami  Pellet  sur  le  genêt  épineux  au-dessus  de 
Saint-Martin-du-Canigou,  près  Castell. 

Treizième  Genre,  Lithonoma,  Chevr. 
1.  Lithonoma  marginella,  Fab.  Hispania. 

Quatorzième  Genre,  Graptodera,  Chevr. 

1,  Graptodera  oleracea,  Fab.  Paris. 

2.  Graptodera  mercurialis,  Fab.  Gallia. 
o.  Graptodera  vitis,  Chevr.  Paris. 

4.  Graptodera  xanthopus,  Dej.  Nord. 

Quinzième  Genre,  Crepidodera,  Chevr. 

4.  Crepidodera  lineata,  Rossi.  Gallia  occidenlalis. 
2.  Crepidodera  transversa,  Marsham.  Paris. 


INSECTES.  809 

o.  Crepidodera  ruficornis,  Fab.  Gallia. 

\.  Crepidodera  melanopus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

5.  Crepidodera  concolor,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

6.  Crepidodera  nitidula,  Fab.  Gallia  borealis. 

7.  Crepidodera  peyrolerii,  Dej.  Styria. 

8.  Crepidodera  helxines,  Fab.  Paris. 

Seizième  Genre,  Phyllotreta,  Chev. 

i.  Phyllotreta  amabilis,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 
2.  Phyllotreta  serea,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
o.  Phyllotreta  lepidii,  Ent.  Hefte.)         . 

-_,,_  T-i-i  t     m    Lit  to  • 


4.  Phyllotreta  nemorum,  Fab. 

5.  Phyllotreta  antennata,  Ent.  Hefte.  Gallia. 

6.  Phyllotreta  llexuosa,  Ent.  Hefte.  Suecia. 

Les  Insectes  assez  nombreux  et  de  petite  espèce  des  quatre 
derniers  genres,  vivent  sur  les  plantes.  Les  crucifères  en  général 
en  nourrissent  beaucoup;  l'épilobe  velu  en  recèle  quelques  es- 
pèces. Le  filet  est  l'instrument  par  excellence  pour  se  procurer 
ceux  qui  échapperaient  à  nos  recherches;  car  il  est  fort  difficile 
de  les  apercevoir.  La  Crepidodera  helxines ,  pourtant,  se  tient  sur 
les  saules,  et  c'est  en  battant  les  branches  qu'on  peut  en  prendre 
quelques-unes. 

Dix-septième  Genre,  Aphthona,  Chevr. 

i.  Aphthona  cyparissiœ,  Ent.  Hefte.  Paris. 

1.  Aphthona  lutescens,  Gyll.  Suecia. 
5.  Aphthona  cœrulea,  Payk.         in, 
A.  Aphthona  palustris,  Chevr.      \ 

Dix-huitième  Genre,  Teinodactyla,  Chevr. 

i.  Teinodactyla  echii,  Ent.  Hefte.  Paris. 

2.  Teinodactyla  flavipes,  Dej.  Htspania. 


810  HISTOIRE   NATURELLE 

0.  Teinodactyla  quadripustulata,  Fab.  Paris. 

1.  Teinodactyla  sanguinolenta,  Dej.  Hispania. 

5.  Teinodactyla  atricilla,  Fab.  Paris. 

6.  Teinodactyla  pusilla,  Payk.  Suecia. 

Dix-neuvième  Genre,  Dibolia,  Latr. 

1.  Dibolia  punctatissima,  Chevr,  Styria. 

2.  Dibolia  maura,  Dej.  Gallia  borealis. 

3.  Dibolia  ovata,  Dej.  Paris. 

A.  Dibolia  cynoglossi,  Ent.  Hfte.  Russia  meridionalis. 
Les  euphorbes  en  général  nourrissent  la  plupart  des  Insectes 
de  ces  trois  derniers  genres  ;  les  chicoracées  et  les  borraginées 
en  recèlent  quelques-uns.  On  doit  donc  explorer  ces  plantes,  qui 
sont  fort  répandues  dans  tout  notre  département.  On  ne  doit  pas 
négliger  de  faucher  sur  les  fourrés  herbeux. 

Vingtième  Genre,  Psylliodes,  Latr. 
\.  Psylliodes  dulcamara,  Ent.  Hefte.  Paris. 
2.  Psylliodes  vicina,  Dej.  Gallia  meridionalis. 
7>.  Psylliodes  affinis,  Payk.  Suecia. 
A.  Psylliodes  chrysocepbala,  Lin.j         . 

5.  Psylliodes  hyosciami,  Fab.       ) 

6.  Psylliodes  cyanoptera,  Illig.  Hispania. 

Les  Psylliodes  se  trouvent  sur  les  plantes,  sur  les  solanées  sur- 
tout; quelques  espèces  vivent  sur  les  arbustes.  Ces  très-petits 
Insectes  se  tiennent  comme  collés  sur  les  plantes ,  et  il  faut 
employer  la  plus  grande  attention,  si  on  veut  se  les  procurer. 
La  Cyanoptera  a  été  trouvée  dans  les  environs  de  Collioure  par 
M.  Delarouzé,  le  13  juin  1861. 

Vingt-unième  Genre,  Pledroscelis,  Chevr. 

1.  Pledroscelis  meridionalis,  Dej.   j  „  „.  .'.. 
a   „.             ..                 n  .        J    \  Gallia  meridwn. 

2.  Plectroscehs  pumila,  Dej. 


INSECTES.  811 

5.  Plectroscelis  dentipes,  Ent.  Het'te.  Paris. 

4.  Plectroscelis  insolita,  Dej. 

5.  Plectroscelis  Schùppelii,  Ullr.  /  „  „.  ...      ,. 
n    _,              ;.       ..    ..    _  .         >  h  allia  meridwnalis. 

6.  Plectroscelis  soliern,  Dej.       \ 

7.  Plectroscelis  viridissima,  Dej. 

8.  Plectroscelis  aridella,  Payk.  Suecia. 

Vingt-deuxième  Genre,  Balanomorpha,  Chevr. 

1.  Balanomorpha  declarata,  Dei.  )  „  „.  ...     ,,. 

_   _  ,  ,  .       T11.  h  allia  meridwnalis. 

2.  Balanomorpha  rustica,  Ilhg.     ) 

0.  Balanomorpha  semisenea,  Fab.  Suecia. 

Les  Insectes  de  ces  deux  genres  vivent  sur  les  plantes,  les 
chicoracées  et  les  borraginées  surtout ,  et  c'est  en  fauchant 
qu'on  parvient  à  s'en  procurer. 

Vingt-troisième  Genre,  Apleropeda,  Chevr. 

1.  Apteropeda  ciliata,  Oliv.  Gallia. 

2.  Apteropeda  orbicularis,  Ziegl.  Styria. 

Vingt-quatrième  Genre,  Podagrka,  Chevr. 

1.  Podagrica  malvœ,  Illig.  Germania. 

2.  Podagrica  fulvipes,  Fab.  Paris. 

5.  Podagrica  thoracica,  Chevr.  Gallia  meridionaUs. 

C'est  encore  à  l'aide  du  filet,  et  en  fauchant  sur  les  coteaux 
herbeux  exposés  au  midi,  qu'on  parvient  à  se  procurer  ces  insectes. 
La  Thoracica,  fort  commune  dans  le  département,  est  une  variété 
fort  remarquable  de  la  Malvœ. 

Vingt-cinquième  Genre,  Argopus,  Fisch. 

1.  Argopus  cardui,  Kirb.  Paris. 

2.  Argopus  hemisphœricus,  Ziegl.  Austria. 
5.  Argopus  testaceus,  Fab.  Paris. 


812  HISTOIRE   NATURELLE. 

Vingt-sixième  Genre,  Cyrtonus,  Dalman. 

1.  Cyrtonus  rotundatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Cyrtonus  coarctatus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 
5.  Cyrtonus  nobilis,  Dej.  Lusitania. 

Les  diverses  espèces  de  chardons  nourrissent  les  Insectes  de 
ces  deux  genres  ;  et  comme  il  est  difficile  de  les  prendre  sur  les 
fleurs  épineuses  de  ces  plantes,  le  filet  vient  parfaitement  en  aide 
pour  les  saisir. 

Vingt-septième  Genre,  Timarcha,  Meg. 

1.  Timarcha  tenebricosa,  Fab.  Paris. 

2.  Timarcha  pratensis,  Meg.  Dalmatia. 

0.  Timarcha  metallica,  Fab.  Styria. 

A.  Timarcha  italica,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

5.  Timarcha  gibba,  Chevrier.  Geneva. 

6.  Timarcha  coriaria,  Fab.  Paris. 

Les  insectes  de  ce  genre  sont  gros  et  globuleux,  et  ont  des 
couleurs  sombres  et  métalliques.  Ils  vivent  dans  les  haies  des 
champs  des  terres  aspres,  dans  les  prairies  des  régions  élevées  et 
sur  les  bords  des  chemins.  Leur  démarche  lente  les  fait  prendre 
avec  facilité.  Dès  qu'on  les  touche,  ils  répandent  une  liqueur  qui 
est  assez  corrosive  pour  laisser  des  traces  sur  les  doigts.  V Italica 
et  la  Gibba,  qu'on  trouve  dans  les  régions  assez  élevées,  sont  rares. 

Vingt-huitième  Genre,  Chrysomela,  Lin. 

1.  Chrysomela  caerulea,  Meg.  Austria. 

2.  Chrysomela  hsemoptera,  Fab.  Paris. 

3.  Chrysomela  morosa,  Dej.  Hispania  meridionalis. 

4.  Chrysomela  femoralis.  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

5.  Chrysomela  serea,  Meg.  Styria. 

6.  Chrysomela  globata,  Dahl.  Hungaria. 

7.  Chrysomela  bicolor,  Germar.  Dalmatia 


INSECTES.  813 

8.  Chrysomela  hottentota,  Fab. 


Paris. 


PctTtS , 

9.  Chrysomela  sanguinolenta,  Fab/ 

10.  Chrysomela  rossia,  Illig.  Italia. 

11.  Chrysomela  lymbata,  Fab.  Germania. 

12.  Chrysomela  Banksii,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
15.  Chrysomela  ignita,  Oliv.  Hispania. 

14.  Chrysomela  varians,  Fab.  Paris. 

15.  Chrysomela  lamina,  Fab.  Auslria. 

16.  Chrysomela  salvia?,  Dej,  Illyria. 

17.  Chrysomela  fucata,  Oliv.         )   _     . 

'  i(tris 

18.  Chrysomela  centaurei,  Fab.     S 

19.  Chrysomela  asclepiadis,  Villa.  Lombardia  alpina. 

20.  Chrysomela  graminis,  Fab. 

21.  Chrysomela  fastuosa,  Fab. 

22.  Chrysomela  grossa,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
25.  Chrysomela  lucida,  Oliv.  Italia. 

24.  Chrysomela  distincta,  Dej.  Gallia. 

25.  Chrysomela  Americana,  Fab.  j 

26.  Chrysomela  cerealis,  Fab.        [  Paris. 

27.  Chrysomela  polita,  Fab.  ) 

28.  Chrysomela  dichroa,  Hoff.  Gallia  meridionalis. 

Le  genre  Chrysomela,  très-nombreux  en  espèces  fort  élégantes, 
se  fait  remarquer  par  des  couleurs  métalliques  tranchantes  pour 
la  plupart.  Il  est  assez  répandu  dans  le  pays  et  dans  toutes  ses 
régions.  Ces  Insectes  vivent  sur  les  plantes,  sur  les  arbustes  et 
sur  les  arbres.  On  peut,  en  se  donnant  quelque  peine,  en  faire 
une  ample  provision,  et  quoiqu'ils  soient  faciles  à  saisir,  beaucoup 
échapperaient  à  nos  recherches,  si  le  filet  ne  venait  en  aide.  C'est 
donc  en  fauchant,  sur  toute  espèce  de  plantes  et  dans  tous  les  lieux, 
qu'on  parvient  à  collectionner  cette  nombreuse  tribu.  Les  petites 
espècessont  fort  jolies;  elles  ne  pourraientètre  prises  sans  le  secours 
du  filet;  quelques-unes  sont  fort  rares;  plusieurs  vivent  dans  les 


814  HISTOIRE   NATURELLE. 

broussailles  et  sous  les  pierres;  d'autres  sur  la  souche  des  arbres, 
lorsque  l'écorce  est  raboteuse. 

Vingt-neuvième  Genre,  Oreina,  Chevr. 

1.  Oreina  speciosa,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Oreina  gloriosa,  Fab.  Styria. 

3.  Oreina  senecionis,  Andersen.  Germania. 

4.  Oreina  venusta,  Dej.  Gallia  orientalis. 

5.  Oreina  tristis,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

6.  Oreina  Pyrenaica,  Dut'.  Pyrenœi. 

7.  Oreina  viridis,  Ziegl.  Styria. 

8.  Oreina  rimosa,  Chevr.  Gallia  meridionalis. 

Trentième  Genre,  Lina,  Meg. 

1.  Lina  populi.  Fab.  )  „ 

&   »  •  '  V    "r.  i  Paris. 

2.  Lina  tremulse,  Fab.  J 

3.  Lina  vigintipunctata,  Fab.  Auslria. 

4.  Lina  collaris,  Fab.  Germania. 

5.  Lina  senea,  Fab.  Gallia. 

6.  Lina  cuprea,  Fab.  Auslria. 

Les  espèces  de  ces  deux  genres,  vivent  sur  les  plantes  de  nos 
montagnes  et  de  la  plaine.  On  les  prend  au  filet. 

Trente-unième  Genre,  Enlomoscelis,  Chevr. 

4.  Entomoscelis  adonidis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

Trente-deuxième  Genre,  Gonioctena,  Chevr. 

\.  Gonioctena  decempunctata,  Fab.  Styria. 
2.  Gonioctena  pallida,  Fab.  Italia. 

5.  Gonioctena  rufipes,  Payk.  Suecia. 

Les  Insectes  de  ces  deux  genres  se  trouvent  sur  les  cucurbi- 
tacées.  En  explorant  ces  plantes  cl  surtout  la  brione,  qui  est 


INSECTES.  815 

commune  dans  les  lieux  arides  de  la  plaine ,  on  est  certain  d'en 
faire  bonne  provision. 

La  Rufipes  n'est  qu'une  variété  de  la  Decempunctata ,  quoique 
le  nombre  de  points  des  élytres  ne  soit  pas  toujours  le  même. 
Elles  se  trouvent  constamment  sur  la  même  plante. 

Trente-troisième  Genre,  Spartophila ,  Chevr. 

1.  Spartophila  litura,  Fab.  Paris. 

2.  Spartophila  spartii,  Oliv.  Hispania. 

Trente-quatrième  Genre,  Plagiodera,  Chevr. 
4.  Plagiodera  armoraciae,  Fab.  Paris. 

Trente-cinquième  Genre,  Gastrophysa,  Chevr. 

\ .  Gastrophysa  polygoni,  Fab.  Paris. 
2.  Gastrophysa  raphani,  Fab.  Suecia. 

Dans  ces  trois  genres,  les  insectes  sont  de  fort  petite  taille;  ils 
vivent  sur  les  ileurs,  et  le  filet  en  amène  une  grande  quantité. 
Les  détritus  des  matières  végétales,  après  une  inondation,  en 
contiennent  beaucoup  d'intéressants  ;  il  ne  faut  pas  négliger  de 
fouiller  ces  matières  rejetées  par  les  eaux. 

Trente-sixième  Genre,  Phratora,  Chevr. 
1.  Phratora  vitellinae,  Fab.  Paris. 

Trente-septième  Genre,  Phœclon,  Meg. 

1 .  Phaedon  pyritosum,  Rossi,  Gallia  meridionalis . 

2.  Phaedon  cochleariae,  Fab.  Paris. 

0.  Phaedon  egenum,  Ziegl.  Germania. 
4.  Phaedon  auclum,  Fab.  Gallia. 

Trente-huitième  Genre,  Hdodes,  Fab. 

1.  Helodes  marginella,  Fab.  Germania. 

2.  Helodes  phellandrii,  Fab.  Paris. 


816  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Helodes  violacea,  Fab.  Paris. 

4.  Helodes  marginicollis,  Dabi.  Sicilia. 

Gomme  les  genres  précédents,  ces  Insectes  vivent  sur  les  plantes 
de  nos  prairies  et  sur  celles  qui  bordent  les  fossés.  Partout  on 
peut  en  prendre  lorsqu'on  l'ait  usage  du  filet. 

Trente-neuvième  Genre,  Colaspis,  Fab. 

1.  Colaspis  diversa,  Dej.  Nord. 

2.  Colaspis  barbara,  Comp.  Nouv.  Esp.  Pyren.  orient. 

J'adressai  à  M.  Dejean  ce  petit  Coléoptère  qui  fait  un  mal  im- 
mense à  nos  luzernes.  Je  lui  avais  donné  le  nom  de  Colaspis 
barbara.  Il  me  répondit  que  c'était  une  nouvelle  espèce  ,  et 
qu'il  la  désignerait  sous  cette  dénomination.  Elle  est  beaucoup 
trop  commune,  et  malheureusement  on  n'a  pas  encore  trouvé 
de  moyen  pour  s'en  débarrasser. 

Quarantième  Genre,  Colposcelis,  Dej. 

1.  Colposcelis  badia,  Latr.  )  „.     , 

a   ^  i         i-        -        r,  ■  \  Nord. 

z.  Colposcelis  stnata,  Dej.  ) 

Quarante-unième  Genre,  Edusa,  Chevr. 

1.  Edusa  viridicollis,  Dei.  )  mr     , 
«   t^j                              t  Nord. 

2.  Ldusa  hirtopunctata,  Latr.       ) 

Quarante-deuxième  Genre,  Colaphus,  Meg. 

\.  Colaphus  areatus,  Hoff.  Hispania. 

2.  Colaphus  atra,  Oliv.  Gallia  meridionalis. 

Quarante-troisième  Genre,  Dia ,  Dej. 

4.  Dia  aeruginea,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
2.  Dia  pubens,  Dut'.  Hispania. 


INSECTES.  81  "3 

Quarante-quatrième  Genre,  Bromius,  Chevr. 

i.  Bromius  obscurus,  Fab.  Gallia. 
2.  Bromius  vitis,  Fab.  Paris. 

Quarante-cinquième  Genre,  Chrysochus,  Chevr. 
1.  Chrysochus  pretiosus,  Fab.  Paris. 

Quarante-sixième  Genre,  Pachnephorus,  Chevr. 

1.  Pachnephorus  cylindricus,  Hoff.  Gallia  meridionalis. 

2.  Pachnephorus  villosus,  Meg.  Anstria. 

0.  Pachnephorus  troglodytes,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

Les  Insectes  des  sept  derniers  genres,  se  tiennent  sur  les  plantes 
de  nos  prairies  et  de  nos  luzernes.  Leurs  larves  y  font  un  mal 
immense,  celle  du  Colaspis  barbara  surtout.  Lorsque  celle-ci 
attaque  une  luzerne,  et  souvent  elle  s'y  trouve  par  millions,  elle  la 
détruit  entièrement  en  peu  de  jours.  Sa  larve  est  très-vorace, 
surtout  au  moment  de  se  métamorphoser;  elle  mange  avec 
tant  d'avidité,  qu'elle  ne  laisse  que  la  tige  de  la  plante,  et  la  coupe 
du  mois  de  juin  est  tout  à  fait  perdue.  Il  faut  employer  le  filet  pour 
se  procurer  ces  Insectes. 

Quarante-septième  Genre,  Babia,  Chevr. 

1.  Babia  signatipennis,  Dej.  Nord. 

Quarante-huilième  Genre,  Clylhra,  Laich. 

1.  Clylhra  quadripunctata,  Fab.  Paris. 

2.  Clythra  alraphaxidis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
5.  Clylhra  quinquemaculata,  Dej.  Nord. 

Quarante-neuvième  Genre,  Labidostomis,  Chevr. 

1.  Labidostomis  taxicornis,  Fab.     )  - 

~    r   ,.,  .,       .         .      r.r.f  Gallia  mendion. 

2.  Labidostomis  longipennis,  Dahl.} 

l'OMG  m  32 


q\$  HISTOIRE   NATURELLE. 

5   Labidostomis  eyanicornis,  Dabi.  Paris. 

■ 

4.  Labidostomis  viridieollis,  Dej.  Gallia  meridionalis . 

0.  Labidostomis  tridenlata,  Lin.  Paris. 

6.  Labidostomis  humeralis,  Panz.  Austria. 

7.  Labidostomis  scapularis,  Dej.  j  „  ...  ...      .. 

...    .     _  , .       Gallia  meridionalis. 

8.  Labidostomis  axillans,  Dabi.    \ 

9.  Labidostomis  longimana,  Fab.  Paris. 
10.  Labidostomis  Hispanica,  Dej.  Hispania. 

Cinquantième  Genre,  Lachnaia,  Chevr. 

1.  Lacbnaia  tripunctata,  Fab.       \ 

2.  Lachnaia  macrodactyla,  Dej.    [  Gallia  meridionalis. 

3.  Lachnaia  rufipennis,  Dej.         ) 

4.  Lachnaia  puncticollis,  Dej.  Hispania. 

5.  Lachnaia  cylindrica,  Dej.         )  ...       '. 

I     ,     .       .    .  „   *  Gallia  meridionalis. 

b.  Lachnaia  tnstigma,  Hon.         ) 

Cinquante-unième  Genre,  Macrolenes,  Chevr. 

1.  Macrolenes  ruficollis,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Macrolenes  dispar,  Dej.  Sicilia. 

3.  Macrolenes  sexpunctata,  Oliv. 

4.  Macrolenes  sexmaculata,  Fab. 

Ces  cinq  derniers  genres  sont  d'une  taille  plus  avantageuse  que 
les  précédents.  Ils  se  font  remarquer  par  des  couleurs  rouges 
assez  prononcées  et  des  pattes  fort  longues.  Ils  vivent  sur  les 
jeunes  pousses  des  arbres  et  arbustes  ;  les  chênes  et  chènes-verts 
surtout,  sont  leurs  arbres  de  prédilection;  ils  en  dévorent  les  jets 
tendres,  et  leurs  larves  y  font  un  grand  ravage.  Ces  Insectes 
volent  avec  facilité.  L'usage  du  filet  est  d'un  grand  secours  pour 
quelques  petites  espèces  qui  échapperaient  à  nos  recherches.  On 
doit  faire  une  grande  attention  quand  on  veut  les  piquer. 

La  Lachnaia  Imiigma  se  trouve  sur  le  tamarix  près  des  dunes. 


Gallia  meridionalis. 


INSECTES.  819 

Cinquante-deuxième  Genre,  Coptocephala ,  Chevr. 

1.  Coptocephala  scopolina,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Coptocephala  quadrimaculata,  Fab.  Auslria. 
5.  Coptocephala  floralis,  Oliv.  Hispania. 

Cinquante-troisième  Genre,  Smaragdina,  Chevr. 

1.  Smaragdina  concolor,  Fab.  Gallia  meridionalis. 

2.  Smaragdina  hypocrita,  Stev.  Russia  meridionalis. 

Cinquante-quatrième  Genre,  Cyaniris,  Chevr. 

4.  Cyaniris  aurita,  Fab.  Paris. 
2.  Cyaniris  alïinis,  Illig.  Gallia. 

5.  Cyaniris  fuscitarsis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

4.  Cyaniris  cyanea,  Fab.  Paris. 

Cinquante-cinquième  Genre,  Pachybrachis,  Chevr. 

J.  Pachybrachis  viridissimus,  Dej.  Hispania. 
2.  Pachybrachis  histrio,  Fab.  Gallia. 

5.  Pachybrachis  tamarisci,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

4.  Pachybrachis  minutissimus,  Dej.  Pyrenœi  orientales. 

Ces  quatre  derniers  genres  se  posent  sur  les  jeunes  pousses 
des  arbustes  des  haies,  et  sur  les  fleurs  de  nos  champs;  quel- 
ques-uns sur  les  plantations  des  plaines  maritimes.  On  les 
trouve  aussi  parmi  les  broussailles  amenées  par  les  eaux.  Le  filet 
est  d'un  grand  secours  pour  chasser  ces  insectes. 

Cinquante-sixième  Genre,  Cryptocephalns,  Geoff. 

1.  Cryptocephalus  bimaculalus,  Fab.  \ 

2.  Cryptocephalus  grandis,  Hoff.         f  ~  „. 

_       *  ,   ,  ,  ™-    >  Gallia  mendion. 

ô.  Cryptocephalus  sexmaculatus,  01iv.| 

4.  Cryptocephalus  imperialis,  Fab. 


820  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Cryptocephalus  bipunctatus,  Fab.  Paris. 

6.  Cryptocephalus  decempunctatus,  Fab.  Suecia. 

7.  Cryptocephalus  etruscus,  Dej.  Elruria. 

8.  Cryptocephalus  humeralis,  Fab.  )       Gallia 

9.  Cryptocephalus  quadripunctatus,  Oliv.j  meridionalis. 
10.  Cryptocephalus  coryli,  Fab.  Paris. 

Jl.  Cryptocephalus  variabilis,  Fab.  Gallia. 

12.  Cryptocephalus  gravidus,  Dej.     )  ~  ...  ... 

Jr       l  D  '      *    .     Gallia  meridion. 

13.  Cryptocephalus  punctulatus,  Dej.) 

14.  Cryptocephalus  quadripustulatus,  Fab.  Suecia. 

15.  Cryptocephalus  marginellus,  Oliv.  )„  ...  ... 

Jl        l  °  '  J  Gallia  meridion 

16.  Cryptocephalus  elegans,  Dej.  ) 

17.  Cryptocephalus  sericeus,  Fab.  Paris. 

18.  Cryptocephalus  marginatus,  Fab.  Gallia. 

19.  Cryptocephalus  violaceus,  Fab.  Paris. 

20.  Cryptocephalus  hybneri,  Fab.  Gallia. 

21.  Cryptocephalus  bilineatus,  Lin.  Suecia. 

22.  Cryptocephalus  pigmseus,  Fab.    j 

23.  Cryptocephalus  gracilis,  Fab.      [  Paris. 


24.  Cryptocephalus  minutus,  Fab. 

2o.  Cryptocephalus  Ramburii,  Dej.  Hispania  meridion. 

Ce  genre,  nombreux  en  espèces  Tort  jolies,  est  répandu  sur 
toute  sorte  de  plantes,  arbres  et  arbustes.  C'est  en  explorant 
avec  beaucoup  d'attention  les  fourrés,  les  ronces,  les  saules,  les 
taillis  près  des  cours  d'eau,  et  en  faisant  usage  du  filet  qu'on 
parviendra  à  l'aire  une  chasse  abondante.  Le  Ramburii,  qui  m'a 
été  communiqué  par  M.  Délarouzé,  a  été  trouvé  dans  les  environs 
de  Collioure,  le  13  juin  1861. 

Cinquante-septième  Genre,  Disopus,  Chevr. 
1.  Disopus  pini,  Fab.  Gallia. 


INSECTES.  821 

Cinquante-huitième  Genre,  Triplax,  Fab. 

i.  Triplax  nigripennis,  Fab.  Paris. 

2.  Triplax  melanocephala,  Dej.  Hispania. 

Ces  deux  genres  se  trouvent  sur  les  lieux  un  peu  élevés. 
C'est  sur  les  plantes  et  parmi  les  broussailles  qu'il  faut  les 
chercher. 

Cinquante-neuvième  Genre,  Phalacrus,  Payk. 

1.  Phalacrus  granulatus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2,  Phalacrus  globosus,  Sturm.  Germania. 
5.  Phalacrus  bicolor,  Fab.  Paris. 

4.  Phalacrus  aterrimus,  Dej.  Hispania. 

5.  Phalacrus  striatus,  Dej.  Paris. 

6.  Phalacrus  dimidiatus,  Sturm.  Germania. 

7.  Phalacrus  piceus,  Sturm.  Paris. 

Soixantième  Genre,  Agathidium ,  lllig. 

1.  Agathidium  megacephalum,  Dej.  Gallia  borealis. 

2.  Agathidium  globum,  Fab.        ]  _     . 

!  Parts. 

3.  Agathidium  seminulum,  Fab.  \ 

4.  Agathidium  varians,  Sturm.        ;  _ 

\  Germante '. 

0.  Agathidium  carbonarium, Sturm.) 

(î.  Agathidium  orbiculatum,  Gyll.  Saecta. 
7.  Agathidium  thoracicum,  Dej.  Germania. 

Ces  deux  genres  ont  l'habitude  de  se  tenir  sur  les  plantes 
basses;  on  en  prend  beaucoup  en  faisant  usage  du  filet.  On  en 
trouve  aussi  dans  les  alluvions,  et  parmi  les  mousses  et  les  plantes 
amassées  au  pied  des  arbres;  il  faut  explorer  ces  lieux  avec 
beaucoup  d'attention. 

Soixante-unième  Genre,  Cyrtocephalus ,  Andon. 

1.  Cyrtocephalus  cephalotes,  Dej.  Paris. 


822  HISTOIRE   NATURELLE. 

Soixante-deuxième  Genre,  Clypeaster,  Andersen. 

1.  Clypeaster  Iuridus,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

2.  Clypeaster  cassidoïdes,  Hoff.  Germanie. 
5.  Clypeaster  obscurus,  Dej.  Paris. 

4.  Clypeaster  pusillns,  Gyll.  Suecia. 

5.  Clypeaster  lividus,  Dej.  Paris. 

6.  Clypeaster  ater,  Ziegl.  Styria. 

Je  ne  pourrais  préciser  si  quelques-unes  des  larves  de  ces 
insectes  vivent  sur  le  châtaignier;  mais  il  est  un  fait  bien  certain, 
c'est  que  les  insectes  parfaits  de  ces  deux  genres,  se  prennent  sur 
les  cercles  de  châtaigniers  de  nos  caves.  D'autres  sont  recueillis 
avec  le  filet  sur  les  fourrés;  d'autres  dans  les  broussailles. 

TRIMÈRES. 

Cette  section  se  compose  de  tous  les  Coléoptères  qui 
ont  trois  articles  à  tous  les  tarses.  Leurs  antennes  sont 
en  massue  ou  plus  grosses  à  leur  extrémité,  et  leur  corps, 
généralement  petit,  est  hémisphérique  ou  ovale. 

Premier  Genre,  Hippodamia ,  Chevr. 

1.  Hippodamia  tredecimpunctata,  Fab.  Paris. 

2.  Hippodamia  septemmaculata,  Fab.  Suecia. 

Deuxième  Genre,  Anisosticta,  Chevr. 

4.  Anisosticta  nigra,  Fab.  Suecia. 

Les  plantes  aquatiques  sont  le  repaire  des  insectes  de  ces  deux 
genres.  En  fauchant  sur  leurs  fleurs,  on  en  prend  quelques  indi- 
vidus. Les  détritus  des  végétaux  doivent  aussi  être  visités. 

Troisième  Genre,  Coccinella,  Lin. 

1.  Coccinella  hieroglyphica,  Fab.  Paris. 

±  Coccinella  undecimpunctata,  Fab.  Gallia  meridion. 


INSECTES.  823 

3.  Coccinella  sexpustulata,  Fab.  Péris, 
ï.  Coccinella  Hungarica,  Dej.  Hungaria. 

0.  Coccinella  bipunctata,  Fab. 

6.  Coccinella  quinquepunctata,  Fab.    / 

T.  Coccinella  vigintipunctata,  Fab.      \  Paris. 

8.  Coccinella  sexdecimpunctala,  FabA 

9.  Coccinella  conglomerata,  Fab. 

10.  Coccinella  novemdecimnotata,  Dej.  Russia  meridion. 

11.  Coccinella  variabilis,  Illiff.  /  n     . 

'    Paris 

12.  Coccinella  quatuordecimpustulata,  Fab.^ 

13.  Coccinella  lyncea,  Oliv.  Hispania. 

14.  Coccinella  oblongoguttata,  Fab.  Gallia. 

.  Les  Coccinelles  sont  des  insectes  globuleux  et  fort  intéressants. 
Ils  sont  revêtus  de  couleurs  brillantes;  le  corselet  et  les  élytres 
sont  couverts  de  points  qui  diffèrent  beaucoup  de  la  couleur  géné- 
rale de  l'insecte  :  ces  points,  quelquefois  très-nombreux,  sont 
disposés  de  diverses  manières.  Ces  Insectes  volent,  mais  ils  sont 
lents  à  prendre  l'essor,  de  sorte  qu'on  s'en  empare  facilement; 
le  filet  cependant  est  d'un  grand  secours.  Ils  vivent  sur  toute 
sorte  de  plantes;  on  les  voit  courir  sur  les  souches  des  arbres 
et  sur  les  plantes,  où  ils  paraissent  vivre  en  famille.  Ils  sont,  en 
généra],  nombreux  sur  les  arbres  fruitiers  et  sur  les  sureaux. 

Quatrième  Genre,  Hyperaspis,  Chevr. 

1.  Hyperaspis  lateralis,  Fab.  Gallia. 

2.  Hyperaspis  marginella,  Fab.  Paris. 

Cinquième  Genre,  Micraspis,  Chevr. 
I .  Micraspis  duodecimpunctala,  Fab.  Paris. 

Sixième  Genre,  Cliilocorus,  Leacb. 

1.  Chilocorus  bipustulatus,  Fab.  )  „  „.  ...      ,. 

.^   0, .,  . ..      ..  '       .      Gallia  mmcuoîiaiis. 

z.  Chilocorus  mendionalis,  Dej.  > 


82*  HISTOIRE   NATURELLE. 

5.  Chilocorus  auritus,  Schneid.  Austria. 

4.  Chilocorus  quadriverrucatus,  Fab.  Paris. 

Septième  Genre,  Epilachna,  Chevr. 

\.  Epilachna  chrysomelina,  Fab.  Gallia  meridionalis. 
2.  Epilachna  undecimmaculata,  Fab.  Gallia. 

Huitième  Genre,  Cynegetis,  Chevr. 

1.  Cynegetis  globosa,  Illig.  Paris. 

2.  Cynegetis  aptera,  Payk.  Suecia. 

Neuvième  Genre,  Scymnus,  Herbst. 

1.  Scymnus  flavipes,  Illig.  Suecia. 

2.  Scymnus  parvulus,  Fab. 

5.  Scymnus  flavilabris,  Payk.       / 

4.  Scymnus  morio,  Fab.  I 

5.  Scymnus  discoïàeus,  Fab. 

6.  Scymnus  fulvicollis,  Dej.  Gallia  meridionalis. 

7.  Scymnus  arcuatus,  Rossi.  Paris. 

Les  Insectes  qui  appartiennent  à  ces  six  derniers  genres,  sont 
de  petite  taille,  assez  communs  et  répandus  partout  dans  le  pays. 
Ils  vivent  sur  les  fleurs  des  plantes  herbacées;  mais  le  filet  en 
amène  fort  peu.  Nous  les  trouvons  en  grand  nombre  dans  les 
broussailles  entraînées  par  les  eaux  après  les  inondations. 

Dixième  Genre,  Nundina,  Dej. 

1 .  Nundina  litura,  Fab.  Paris. 

2.  Nundina  discimacula,  Ziegl.  Dalmatia. 

Onzième  Genre,  Coccidula,  Meg. 


1.  Coccidula  scutellata,  Fab.       / 

2.  Coccidula  pectoralis,  Fab.       \ 


Paris. 


INSECTES.  825 

Douzième  Genre,  Endomycfms ,  Weber. 
1 .  Endomychus  coccineus,  Fab.  Paris. 

Treizième  Genre,  Lycoperdina ,  Latr. 

1.  Lycoperdina  eruciata,  Fab.  Siiecia. 

2.  Lycoperdina  bovistœ,  Fab.      )         . 

3.  Lycoperdina  fasciata,  Fab.      ) 

Quatorzième  Genre,  Dapsa,  Ziegl. 

i.  Dapsa  trisignata,  Dej.  Hispania. 
2.  Dapsa  trimaculata,  Meg.  Austria. 

Quinzième  Genre,  Orestia,  Chevr. 
I .  Orestia  Alpina,  Ziegl.  Styria. 

Seizième  Genre,  Dasycerus,  Brong. 
1.  Dasycerus  sulcatus,  Brong.  Paris. 

Les  bolets  en  putréfaction,  les  mousses  du  pied  des  arbres,  les 
détritus  des  végétaux,  recèlent  ordinairement  les  insectes  de  ces 
sept  derniers  genres.  Quelques-uns  se  trouvent  aussi  sur  les  fleurs, 
car,  en  fauchant,  le  filet  en  amène  toujours. 

Les  Lycoperdina  surtout,  se  trouvent  constamment  sur  les  bolets. 

La  Nundina  discimacula  ou  Rizobius  discimaada  de  Mulzan,  a  été 
trouvée  dans  les  environs  de  Collioure  par  M.  Delarouzé,  le  5  no- 
vembre 1860.  Nous  l'avions  trouvée  dans  les  ravins  qui  avoi- 
sinent  le  fort  Bellegarde. 

DIMÈRES. 

Cette  section,  établie  par  Duméril ,  et  adoptée  par  les 
entomologistes  français,  terminait  la  série  des  Coléoptè- 
res. Elle  se  composait  des  Insectes  auxquels  on  n'avait 
aperçu  que  deux  articles  à  tous  les  tarses;  mais  un  exa- 


826  HISTOIRE   NATURELLE. 

men  plus  attentif  a  fait  connaître  qu'ils  en  avaient  trois, 
dont  un,  le  premier,  excessivement  petit;  de  sorte  que 
la  section  des  Dimères  a  été  supprimée  dans  la  classifi- 
cation, avec  d'autant  plus  de  raison  qu'elle  ne  compre- 
nait qu'un  petit  groupe  d'Insectes ,  qui ,  par  la  brièveté 
de  leurs  élytres  et  le  reste  de  leur  organisation,  rentrent 
naturellement  dans  la  famille  des  Brachélytres. 

Cependant,  pour  nous  conformer  à  la  classification  de 
Dejean,  nous  avons  conservé  cette  famille, 

Premier  Genre,  Chennium,  Latr. 
1.  Chennium  bituberculatum,  Latr.  G allia  meridionalis . 

Deuxième  Genre,  Tyrus,  Aube. 
1.  Tyrus  mucronatus,  Panz.  Germania. 

Troisième  Genre,  Clenistes,  Reich. 

1.  Ctenistes  Dejeanii,  Encyclop.  Gallia  meridionalis. 

Quatrième  Genre,  Pselaphus,  Herbst, 

1.  Pselaphus  dresdensis,  Herbst.  Suecia. 

2,  Pselaphus  longicollis,  Reich.  Germania, 

Cinquième  Genre,  Bryaxis.  Knoch, 

1.  Bryaxis  longicornis,  Leach.  Gallia. 

2.  Bryaxis  sanguinea,  Fab.  \ 

3.  Bryaxis  fossulata,  Reich.  !  Paris. 

4.  Bryaxis  laminata,  Victor.  ) 

5.  Bryaxis  rubripennis,  Aube.  Gallia. 

6.  Bryaxis  antennata,  Aube.  ] 

7.  Bryaxis  juncorum,  Leach.  [  Paris. 
H.  Bryaxis  Lefebvrei,  Aube,  ) 


INSECTES.  827 

C'est  encore  dans  les  lieux  humides,  sons  les  détritus,  parmi 
les  mousses  et  les  broussailles  que  les  eaux  rejettent,  qu'il  faut 
chercher  les  Insectes  de  ces  cinq  genres;  quelques-uns  vivent  sur 
les  fleurs.  Ainsi,  l'on  fauchera  sur  les  plantes,  sur  les  orties 
surtout,  et  l'on  prendra  quelques  espèces  que  l'œil  ne  peut 
distinguer. 

Sixième  Genre,  Bythinus,  Leach. 

1.  Bythinus  curtisii,  Leach.  Paris. 

2.  Bythinus  bulbifer,  Reich.  Germania. 
5.  Bythinus  securiger,  Reich.  Paris. 

Septième  Genre,  Tychus,  Leach. 
1.  Tychus  niger,  Payk.  Germania. 

Huitième  Genre,  Trimium,  Aube. 
1.  Trimium  brevicorne,  Reich.  Germania. 

Neuvième  Genre,  Batrims,  Aube. 

1.  Batrisus  oculatus,  Dej.  Dalmatia. 

Dixième  Genre,  Euplectus,  Kirb. 

i.  Euplectus  sulcicollis,  Beich.  Suecia. 

2.  Euplectus  sanguineus,  Denny.  Paris. 

3.  Euplectus  ambiguus,  Reich.  Germania  borealis. 

4.  Euplectus  bicolor,  Denny.  Paris. 

Onzième  Genre,  Claviger ,  Mull. 

1.  Claviger  longicornis,  Mull        ] 

a    r\  q       i  ,       Af  h  i  Germania. 

2.  Claviger  foveolatus,  Mull.         \ 

Les  broussailles  de  toute  espèce,  dans  un  commencement  de 
décomposition,  les  mousses,  les  lichens,  les  champignons  et 


828  HISTOIRE   NATURELLE. 

toute  sorte  de  matières  putrides  qui  commencent  à  se  dessécher, 
attirent  les  Insectes  de  ces  derniers  genres.  C'est  en  explorant 
ces  divers  objets,  qu'on  parvient  à  en  faire  provision.  Le 
naturaliste  ne  doit  se  rebuter  de  rien  :  il  doit  être  armé  de 
patience  et  de  beaucoup  de  bonne  volonté,  s'il  veut  réussir  à  se 
faire  une  collection  passable. 


PAPILLONS.  829 


CHAPITRE    Vil. 


Insecte*»   Lépidoptères. 


L'ordre  des  Lépidoptères  ou  Papillons,  comprend  tous 
les  Insectes  qui  présentent  les  caractères  suivants  :  quatre 
ailes  recouvertes,  sur  les  deux  surfaces,  de  petites  écail- 
les colorées,  semblables  à  une  poussière  farineuse;  une 
trompe  plus  ou  moins  longue,  roulée  en  spirale;  deux 
palpes  plus  ou  moins  relevées,  composées  de  trois  arti- 
cles et  insérées  sur  une  lèvre  fixe;  deux  antennes  de 
forme  variable  et  toujours  composées  d'un  grand  nombre 
d'articles;  une  pièce  assez  développée,  appelée  plérigode 
ou  épaulelte,  située  en  dessus  de  la  base  des  ailes  supé- 
rieures; un  abdomen  dépourvu  de  tarière;  jamais  que 
deux  sortes  d'individus,  des  mâles  et  des  femelles*. 

Les  Lépidoptères  sont  des  Insectes  a  métamorphoses 
complètes.  A  l'état  d'Insecte  parfait,  la  femelle  est,  en 
général,  un  peu  plus  grande  que  le  mâle,  et  les  couleurs 
sont  moins  brillantes.  La  différence  des  couleurs  est 
parfois  si  marquée,  qu'on  prendrait  les  deux  sexes  d'une 
même  espèc?  pour  deux  espèces  distinctes;  dans  le  genre 
Argus,  par  exemple,  les  femelles  sont  presque  toutes 
brunes,  et  les  mâles  bleus. 


830  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Lépidoptères  se  divisent  en  trois  grandes  familles  : 
les  Diurnes,  les  Crépusculaires  et  les  Nocturnes.  A  l'état 
parfait,  l'existence  des  Lépidoptères  est  de  courte  durée  : 
le  mâle  périt  presque  aussitôt  après  l'accouplement,  et  la 
femelle  après  la  ponte.  Les  œufs  se  déposent  générale- 
ment sur  la  plante  qui  doit  nourrir  la  jeune  chenille.  Au 
moment  où  ils  viennent  d'être  pondus,  ils  sont  enduits 
d'une  matière  gluante,  insoluble  dans  l'eau,  qui  sert  a  les 
fixer  sur  le  végétal  nourricier.  La  fécondité  de  ces  Insec- 
tes est  grande,  et  si  certaines  pontes  ne  donnent  qu'une 
quarantaine  d'œufs,  il  en  est  qui  en  fournissent  plusieurs 
milliers.  Ces  œufs  paraissent  peu  sensibles  à  l'action  de 
la  température,  puisqu'ils  conservent  leur  force  vitale  à 
65  degrés  centigrades  au-dessus  de  zéro,  et  que  les  plus 
grands  froids  de  Sibérie  ne  les  détruisent  pas,  et  n'em- 
pêchent pas  la  reproduction  même  des  espèces  des  pays 
chauds,  telles  que  celle  des  vers  à  soie.  Presque  toutes 
les  espèces  européennes  sortent  de  l'œuf  à  l'automne  ou 
à  la  fin  de  l'été;  mangent  jusqu'à  l'époque  de  la  mauvaise 
saison;  passent  l'hiver  engourdies;  se  réveillent  aux  pre- 
miers jours  du  printemps,  et  se  métamorphosent  au  com- 
mencement de  l'été.  La  plupart  des  chenilles  mangent 
la  nuit,  et  restent  immobiles  le  jour;  la  manière  dont 
elles  se  changent  en  chrysalides,  varie  suivant  les  espèces. 
En  général,  elles  se  renferment  dans  une  enveloppe  par- 
ticulière; ne  mangent  plus;  demeurent  immobiles  et 
comme  sans  vie,  jusqu'à  ce  qu'elles  soient  devenues 
Papillons.  Les  chrysalides  sont  tantôt  enfoncées  dans  la 
terre;  tantôt  elles  se  présentent  à  sa  surface,  enveloppées 
d'une  coque  filée  par  la  chenille  :  on  sait  ce  que  l'indus- 
trie a  pu  faire  du  cocon  du  ver  à  soie.  Lorsque  l'éclosion 


PAPILLONS.  834 

doit  avoir  lieu,  le  Papillon  fend  sa  chrysalide  pour  en 
sortir:  il  est  d'abord  mou,  sans  consistance,  couvert 
d'humidité;  il  s'étend,  se  sèche,  et  bientôt  prend  son  vol. 
On  connaît  un  grand  nombre  de  Lépidoptères.  Plus 
de  six  mille  espèces  ont  été  indiquées  dans  les  différentes 
parties  du  monde  :  l'Europe  en  présente  près  de  quatre 
mille,  et  la  France  deux  mille  à  elle  seule.  C'est  surtout 
dans  les  pays  chauds  et  humides,  qu'on  trouve  les  plus 
belles  espèces  de  Diurnes.  L'Europe,  et  en  particulier  la 
France  et  l'Allemagne,  produisent,  en  plus  grand  nombre, 
des  Crépusculaires  et  des  Nocturnes. 


PREMIÈRE  FAMILLE. 

Diurnes,  Diurna. 

Première  Tribu. 

Genre  Papillon,  Papilio,  Latreille. 

1.  Pap.  alexanor,  Pap.  alexanor,  Esp.  et  Ochs. 

Ce  beau  Papillon  porte  queue,  et  paraît  en  juin  et  juillet;  il 
se  pose  sur  les  chardons  de  la  plaine.  Sa  chenille  n'est  pas 
connue  ici  (très-rare). 

2.  Pap.  flambé,  Pap.  podalirius,  Lin. 
Paraît  pendant  toute  la  belle  saison,  etse  pose  sur  toute  sortede 

plantes;  il  est  très-commun  partout.  Sa  chenille  vit  sur  le  prunier 
sauvage.  Cette  espèce  fournit  une  variété  plus  blanchâtre,  qu'on 
a  nommée  FeslameUi  :  rien,  cependant,  ne  le  justifie. 

5.  Pap.  à  queue  du  fenouil,  Pap.  machaon,  Lin. 

Très-commun  partout,  dans  la  plaine  et  les  montagnes  de  la 
région  moyenne;  il  paraît  pendant  toute  la  belle  saison.  Sa  che- 
nille vit  sur  le  fenouil  et  sur  les  diverses  espèces  de  carottes. 


832  HISTOIRE   NATURELLE. 

Genre  Parnassien,  Parnassius,  Latr. 

1.  Par.  Apollon,  Par.  Apollo,  Lin. 

Il  faut  s'élever  jusqu'aux  régions  alpines,  pour  se  procurer  ce 
joli  Papillon  :  La  Preste,  les  pentes  du  Canigou  de  la  région  des 
pins,  le  plateau  de  Mont-Louis,  les  vallées  d'Eyne  et  de  Llô,  les 
Bouillouses  et  le  Bac  de  Bolquère.  Sa  chenille  vil  sur  les  saxifrages 
et  les  orpins.  Il  parait  en  juin ,  juillet  et  août. 

%  Par.  Phœbus,  Par.  Phœbus,  Hubn. 

Il  diffère  peu  de  l'Apollon,  et  quoique  plus  petit,  il  est  encore 
plus  alpin.  C'est  toujours  dans  les  gorges  les  plus  élevées  de  nos 
montagnes  qu'on  le  trouve.  Il  est  rare. 

3.  Par.  mnémosyne,  Par.  mnemosyne,  Lin. 

Se  tient  dans  les  mêmes  régions  que  l'Apollon.  Il  paraît  un 
mois  plutôt,  mais  il  est  moins  commun. 

Genre  Thaïs,  Thais,  Fab. 

i.  Tha.  medesicaste,  Tha.  medesicaste,  Ochs. 

Paraît  vers  la  fin  de  mai  et  juin.  Il  est  commun  dans  les  vignes 
des  coteaux  de  Baixas,  deCasas-de-Pena,  sur  toutes  les  Corbières, 
et  la  chaîne  de  Vinçaetde  Prades.  Sa  chenille  vit  sur  l'aristoloche 
ronde.  Dans  les  premiers  jours  de  mai,  il  est  facile  de  faire  pro- 
vision de  ces  chenilles  en  fouillant  cette  plante;  elles  sont  alors 
sur  le  point  de  se  transformer,  et  on  a  ainsi  de  très-beaux  sujets. 

2.  Tha.  hypsipyle,  Tha.  hypsipylœ,  Fab. 

Plus  rare  que  le  précédent,  il  se  trouve,  à  la  même  époque, 
dans  les  mêmes  parages.  Sa  chenille  vit  sur  l'aristoloche  clématite. 
Le  Thaïs  rumina  n'a  pas  été  observé  dans  ce  pays. 

Genre  Coliade,  Colias,  Lin. 
1.  Col.  citron,  Col.  rhamni,  Lin. 


PAPILLONS.  833 

Paraît  do  très-bonne  heure  et  sans  discontinuer  jusqu'à  la  fin 
d'octobre;  on  le  rencontre  sur  toutes  les  montagnes  moyennes. 
Sa  chenille  vil  sur  les  nerpruns. 

2.  Col.  Cléopâlre,  Col.  Cleopaira,  Lin. 

Ce  joli  Papillon  paraît  au  premier  printemps,  et  nous  le  voyons 
tout  l'été,  dans  le  pays,  sur  les  coteaux  du  centre. 

3.  Col.  pal  en  o,  Col.  palœno,  Lin. 

Ce  Papillon  paraît  en  juin  et  juillet.  C'est  toujours  sur  les 
pâturages  des  gorges  alpines  que  nous  le  trouvons;  il  se  repose 
sur  les  ombellifères.  Sa  chenille  nous  est  inconnue. 

4   Col.  phicomone,  Col.  phicomone,  Esp. 

Le  Phicomone  est  plus  alpin.  C'est  toujours  dans  les  pâturages 
très-élevés  qu'on  le  trouve  :  à  Cady,  au  Pla  Guillem,  à  Costa-Bona, 
à  la  vallée  d'Eyne  et  au  plateau  de  Mont-Louis. 

5.  Col.  soufre,  Col.  hyale,  Lin. 

Ce  Papillon  est  assez  commun  dans  les  prairies  et  les 
champs  de  la  plaine,  surtout  dans  les  luzernes  :  on  le  voit  pen- 
dant toute  la  belle  saison.  Sa  chenille  vit  sur  les  coronilles. 

6.  Col.  souci,  Col.  causa,  Fab. 

Le  Souci  est  très-commun  dans  les  plaines  du  département. 
On  le  rencontre  partout  et  pendant  la  belle  saison.  Sa  chenille 
vit  sur  les  trèfles.  O.i  trj.ivj  una  variété  de  ce  Papillon  qui  n'a 
d'autre  différence  que  d'être  plus  pâle;  le  dessin  et  la  ponctua- 
tion étant  les  mêmes,  on  l'a  nommée  Hélice. 

Genre  Piéride,  Picris,  Hubn. 
1.  Piér.  eupliéno,  Pier.  eupheno,  Fab. 

Viiljj    Aurore  Je  l'rovencp. 

On  le  trouve  dans  les  gorges  et  près  des  cours  d'eau  des  men- 
ions ni.  53 


834  HISTOIRE   NATURELLE. 

tagnes  moyennes:  le  bois  de  Boucheville,  la  vallée  de  Castell  et 
celle  d'Arles.  Il  paraît  au  premier  printemps.  Sa  chenille  vit  sur 
les  crucifères. 

2.  Piér.  aurore,  Pier.  cardamines,  Lin. 

H;ibite  dans  les  jardins,  les  bois  et  les  torrenls  frais  situés  au 
pieJ  de  nos  montagnes.  11  ne  parait  qu'une  seule  fois,  dans  les 
premiers  jours  d'avril.  Sa  chenille  vit  sur  le  cresson. 

5.  Piér.  ausonia,  Picr.  ausonia,  Illig. 

UAusonia  se  trouve  dans  tous  les  endroits  frais  des  régions 
basses,  au  pied  de  nos  montagnes.  Ce  Papillon  se  pose  souvent 
sur  les  fleurs;  on  le  saisit  avec  facilité.  Il  paraît  au  commen- 
cement d'avril  et  séjourne  tout  l'été. 

4.  Piér.  bélia,  Pier.  belia,  Huhn. 

Le  dessus  du  Bélia  ressemble  assez  à  Y  Ausonia,  et,  long- 
temps, on  les  a  confondus;  mais  le  dessous  les  a  fait  distinguer. 
Il  parait  à  la  même  époque  et  dans  les  mêmes  lieux.  Sa  chenille 
se  trouve  souvent  sur  les  biscutelles. 

5.  Piér.  daplidice,  Picr.  daplidice,  Lin. 

Vul|;.  Blanc  marbré  de  vert. 

Ce  Papillon  paraît  de  bonne  heure  au  printemps,  et  en  été 
on  le  trouve  partout  dans  la  plaine,  les  potagers,  les  champs  et 
tous  les  lieux  frais  et  ombragés.  Sa  chenille  se  nourrit  sur  les 
choux,  sur  le  thlaspi  et  la  capselle. 

6.  Piér.  callidice,  Pier.  callidice,  Hubn. 

Celle  Piéride  fréquente  tout  l'été  les  pelouses  alpines,  le  bord 
des  ravins  frais  et  ombragés.  Sa  chenille  vil  sur  les  crucifères. 

7.  Piér.  de  la  Bryone,  Pier.  Napi,  Hubn. 

M.  Godart  ayant  toujours  vu  ce  Lépidoptère  sur  les  mon- 


PAPILLONS.  835 

lagnes  alpines,  et  le  trouvant  plus  petit  que  ïeCallidice,  avec 
lequel  il  a  beaucoup  de  rapport,  le  considéra  comme  une 
espèce  nouvelle,  et  le  nomma  Brionia. 

8.  Piér.  du  navet,  Fier,  napi,  Lin. 

Vuljj.  Blanc  veiné  de  vert. 

Celte  espèce  est  commune  dans  les  prairies  et  les  bois  pendant 
toute  la  belle  saison.  Sa  chenille  vit  sur  le  navet,  les  résédas, 
l'arabèle. 

9.  Piér.  du  chou,  Pier.  brassicœ,  Lin. 

Vulg.  Grand  Papillon  du  chou. 

Très-commun  partout,  dans  la  belle  saison,  dans  les  jardins 
et  les  champs.  Sa  chenille  dévore  les  carrés  de  toutes  espèces 
de  choux. 

10.  Piér.  de  la  rave,  Pier.  rapœ,  Lin. 

Vuljf.  Petit  Pan.  blanc  du  chou. 

Aussi  commun  que  le  précédent,  et  dans  les  mêmes  lieux. 
Sa  chenille  vit  sur  les  navels. 

11.  Piér.  gazé,  Pier.  cratœgi,  Lin. 

Ce  Papillon  commence  à  paraître  vers  la  fin  de  mai.  Il  est  très- 
commun  en  juin  et  juillet  sur  les  coteaux  des  montagnes  moyennes 
et  dans  les  prairies  el  les  clairières  des  bois.  Sa  chenille  vit  sur 
l'aubépine  et  sur  le  cerisier  odorant. 

12.  Piér.  de  la  moutarde,     Pier.  sinapis,  Lin. 

Vulg.  Papillon  lilauc  de  lait. 

Commun  au  pied  de  loules  nos  montagnes,  sur  les  prés  et  les 
champs  frais,  au  printemps  et  en  été.  Sa  chenille  vit  sur  les 
lotiers  et  sur  la  gesse  des  prés. 

Genre  Libythée,  Libylhea,  Fab. 
1.  Lib   du  micocoulier,         Lib.  cellis,  Fab. 


836  HISTOIRE   NATURELLE. 

Ce  joli  Lépidoptère  est  très-commun  aux  environs  de  La 
Roca  et  de  Sorède,  dans  les  endroits  frais  des  ravins.  Il  paraît  à 
la  fin  de  mai,  et  à  la  seconde  époque  fin  août.  Sa  chenille  vit  sur 
le  micocoulier  (celtis  australis),  cultivé  en  grand  dans  les  gorges 
de  ces  montagnes. 

Genre  Argine,  Arginis,  Fab. 

1.  Arg.  cynara,  Arg.  cynara,  Fab. 

Vulj    Le  Cardinal,  la  Pandore. 

Grande  et  belle  espèce,  rare  dans  les  environs  de  Perpignan, 
fort  commune  dans  la  vallée  de  Sainl-Laurent-de-Cerdans,  et  qui 
paraît  aux  mois  de  juin  et  de  juillet.  Sa  chenille  vil  sur  le  chêne; 
le  papillon  se  pose  et  butine  sur  les  chardons. 

2.  Arg.  tabac  d'Espagne,      Arg.  paphia,  Lin. 

Belle  espèce,  commune  sur  tous  les  plateaux  des  régions  alpi- 
nes, dans  les  lieux  frais  et  ombragés;  elle  descend  peu  dans 
la  plaine.  On  la  prend  avec  facilifé  sur  les  fleurs  des  ronces  et  des 
chardons  où  elle  aime  à  se  poser;  elle  parait  à  la  fin  de  juin  et 
reste  jusqu'à  la  mi-août.  Sa  chenille  vit  sur  le  framboisier  et  sur 
la  violelle. 

3.  Arg.  Aglaé,  Arg.  Aglaia,  Lin. 

Yulg.  Le  grand  nacré. 

Nous  trouvons  ce  Papillon  dans  les  mêmes  localités  que  le  pré- 
cédent. Il  paraît  en  juin  et  juillel,  et  se  pose  aussi  sur  les  mêmes 
fleurs.  Sa  chenille  vil  sur  les  mêmes  plantes. 

4.  Arg.  Adippé,  Arg.  Adippe,  Esp. 

Ressemble,  en  dessus,  à  Y  Aglaé.  Elle  paraît  en  juillet  et  août, 
el  habite  les  mêmes  régions  que  les  deux  précédentes  espèces. 
Sa  chenille  vit  sur  la  violette  et  la  pensée  sauvage. 

5.  Arg.  Niobé,  Arg.  Niobe,  Lin. 


PAPILLONS.  837 

Ce  Papillon  est  caractérisé  par  les  taches  noires  de  la  côte  des 
premières  ailes,  qui  représentent  le  nombre  1376;  il  paraît  en 
juillet,  août  cl  septembre,  el  habite  les  régions  alpines.  Sa  che- 
nille vit  sur  les  plunlius  et  sur  lu  pensée. 

G.  Arg.  petit  nacré,  Arg.  lalhonia,  Lin. 

Ce  Papillon  parait  au  printemps  et  au  mois  de  septembre.  Il 
est  commun  partout:  dans  les  prairies,  les  chemins  herbeux,  les 
vignes  de  toute  la  plaine  el  des  basses  montagnes;  il  se  pose  sur 
les  fieurs  ct'à  lerre.  On  le  prend  sans  peine.  Sa  chenille  vit  sur 
la  bourrache  et  le  sainfoin. 

7.  Arg.  Daplmé,  Arg.  Daphne,  Fab. 

Vnljf,  l.a  [j ran île  violelle. 

Paraît  en  juin  et  juillet.  Se  trouve  sur  les  pelouses  des  mon- 
tagnes moyennes;  est  facile  à  saisir. 

8.  Arg.  Ino,  Arg.  Ino,  Herbst. 

Paraît  à  la  même  époque  que  la  précédente  el  dans  les  mêmes 
localités.  On  l'a  confondue  longtemps  avec  la  Daphné;  elle  est 
plus  petite  cependant. 

9.  Arg.  amathuse,  Arg.  amalhusia,  Fab. 

Paraît  au  mois  de  juillet,  et  se  tient  près  des  ravins  boisés 
des  montagnes  moyennes,  sur  les  prairies  des  environs.  Sa  che- 
nille vit  sur  la  renouée. 

10.  Arg.  petite  violette,        Arg.  dia,  Lin. 

Ce  Papillon  paraît  deux  fois  :  en  mai  et  juin,  et  en  août  et 
septembre.  Il  est  commun  dans  les  bois  et  les  prairies  des  basses 
montagnes.  Sa  chenille  vit  sur  les  plantes  des  violettes. 

11.  Arg.  paies,  Arg.  pales,  Fab. 

Espèce  paraissant  en  juin  et  en  août.  C'est  toujours  sur  les 


838  HISTOIRE  NATURELLE. 

parties  élevées  de  nos  montagnes  qu'il  faut  aller  la  prendre.  Elle 
rase  le  sol  en  volant,  est  difficile  à  saisir,  son  vol  étant  rapide. 

12.  Arg.  séléné,  Arg.  selene,  Fab. 

Vul{j.  Petit  collier  argenté. 

Paraît  deux  fois,  en  juillet  et  en  septembre.  Elle  est  commune 
sur  les  coteaux  des  basses  montagnes,  toujours  sur  les  pelouses 
et  sur  les  plantes  des  bords  des  ravins. 

13.  Arg.  collier  argenté,       Arg.  euphrosyne,  Lin. 

Ce  Papillon  paraît  deux  fois,  au  commencement  de  mai  et  en 
août.  Il  se  plaît  dans  les  prairies  sèches  de  toute  la  plaine,  sur 
les  bords  des  champs  arides.  Il  se  pose  à  terre  et  sur  les  fleurs, 
en  étendant  ses  ailes.  Il  n'est  pas  difficile  à  prendre.  Sa  chenille 
se  nourrit  de  feuilles  de  violeltjas. 

14.  Arg.  hécate,  Arg.  hernie,  Fab. 

Vulg.  Agave. 

L'Hécate  paraît  en  juillet  et  août,  et  se  trouve  sur  les  prairies 
sèches  du  pied  (le  nos  montagnes;  elle  y  est  assez  abondante. 

15.  Arg.  aphirape,  Arg.  aphirape,  Hubn. 

Cette  Argine  est  plus  alpine.  Elle  paraît  en  août  et  on  la  prend 
sur  les  pelouses  des  parties  élevées  de  nos  montagnes  :  au  Randé, 
au  bas  de  Costa-Bona  (rare). 

16.  Arg.  didyma,  Arg.  didymœ,  Encycl.  Meth. 

Ce  Papillon  paraît  en  juillet.  On  le  trouve  dans  les  basses  régions 
de  nos  montagnes,  sur  les  pelouses  et  les  bois,  au  bas  de  la  vallée 
de  Valmanya,  à  La  Preste,  à  Sainl-Marlin-du-Canigou.  Sa  chenille 
vit  sur  les  linaires  et  sur  l'armoise. 

17.  Arg.  cinxia,  Arg.  cinxia,  Lin. 

Parait  deux  fois,  en  mai  et  août.  Elle  est  commune  dans  toutes 


PAPILLONS.  839 

les  montagnes  moyennes,  et  se  plaîl,  le  matin,  sur  les  fleurs 
des  prairies  et  des  haies.  On  la  prend  à  Montoriol,  à  Oms,  à 
Sainl-Laurent-de-Cerdans.  Sa  chenille  vit  sur  les  planlins  et 
sur  la  véronique. 

18.  Arg.  Phœbé,  Arg.  Phœbe,  Fab. 

Viilj;.  Le  j;ran<l  damier. 

Ce  Papillon  fréquente  les  bois  des  basses  régions,  la  base  des 
Albères  et  de  la  monlagne  de  Céret;  nous  le  voyons  aussi  dans  la 
vallée  du  Réart,  vers  le  Mas  LHnas.  11  parait  deux  fois,  en  juin 
et  septembre.  Sa  chenille  vit  sur  les  centaurées. 

19.  Arg.  Alhalie,  Arg.  Athalia,  Esper. 

Vulf».  Le  damier. 

Cette  espèce  paraît  deux  fois,  dans  le  mois  de  mai  et  fin  juillet. 
Elle  se  plaît  dans  les  endroits  frais  et  ombragés  des  coteaux  de  nos 
montagnes  :  Saint-Paul,  Caudiès  et  le  bois  des  Fanges.  Sa  chenille 
vit  sur  les  plantins. 

20.  Arg   parthénie,  Arg.  parthenie,  Borkh. 
Paraît  aussi  deux  fois,  en  mai  et  fin  août.  Elle  se  plaît  sur  les 

coteaux  arides  des  basses  montagnes,  la  butte  de  Sainl-Ferréol, 
près  de  Céret,  et  toutes  les  collines  environnantes.  Sa  chenille 
se  nourrit  sur  les  plantins. 

21.  Arg.  dictynne,  Arg.  diclynna,  Esp. 

Cette  Argine  est  tout-à-fait  alpine.  Nous  la  trouvons  voltigeant 
sur  les  plateaux  supérieurs,  vers  la  lin  de  juillet  et  août,  à  Costa- 
Bona,  nu  Pla  Quillem,  au  sommet  de  Prats-Balaguer,  au  Llaurenti . 

22.  Arg.  malurne,  Arg.  maturna,  Fab. 

Cette  espôcea  été  regardée  pendant  longtemps  comme  une  variété 
de  YAthalie.  Elle  ne  parait  qu'une  seule  fois,  iîn  juillet  et  août. 
Elle  se  plaît  dans  les  gorges  sombres  des  montagnes  moyennes, 
et  dans  les  prairies  humides  près  des  ravins.  Sa  chenille  vit  sur 
le  saule  marceau,  la  soabieuse,  le  tremble. 


840  HISTOIRE   NATURELLE. 

23.  Arg.  artémis,  Arg.  artemis,  Fab. 

Ce  tout  petit  Papillon  paraît  à  la  fin  de  mai.  Il  est  commun  sur 
les  pelouses  des  basses  montagnes  du  centre  du  déparlement,  et 
se  plaît  aussi  dans  les  clairières  des  bois  de  ces  mêmes  régions. 
Sa  chenille  vit  sur  les  scabieuses  et  sur  les  plantins. 

24.  Arg.  lucine,  Arg.  lucina,  Lin. 

Petit  Papillon  tout-à-fait  alpin.  Il  paraît  au  mois  de  juillet 
sur  les  sommets  les  plus  élevés  de  nos  montagnes.  Il  est 
commun  entre  La  Preste  et  La  Tour  de  Mir,  aux  abords  des 
étangs  de  Carença,  cl  sur  les  plateaux  de  loutc  la  chaîne.  Il  vole 
en  rasant  les  pelouses,  et  se  pose  par  intervalles.  Il  est  difficile  à 
saisir.  Sa  chenille  vit  sur  le  bouleau  et  les  saules. 

Genre  Vanesse,   Vanessa,  Fab. 

1.  Van.  C  blanc.  Van.  C  album,  Lin. 

Vuljf.  Gamma. 

2.  Van.  L  blanche,  Van.  L  album,  Hubn. 

Ces  deux  Vanesses  se  ressemblent  beaucoup  en  dessus.  Ce  qui 
les  distingue,  c'est  la  lettre  blanche  sur  le  fond  très-obscur  des 
ailes  inférieures.  Elles  paraissent  aux  mêmes  époques(en  marsjus- 
qu'en  septembre);  souvent  même  on  les  trouve  en  hiver.  Elles  sont 
communes  partout  dans  la  plaine  et  sur  les  montagnes  moyennes. 
Elles  aiment  les  bois  elles  haies  où  sont  de  grands  arbres;  elles  se 
posent  sur  les  souches,  et  on  les  prend  avec  facilité.  Leurs  che- 
nilles vivent  sur  le  noisetier,  le  chèvrefeuille,  le  houblon  et  l'ortie. 

3.  Van.  grande  tortue,  Van.  polychloros,  Lin. 

Ce  beau  Papillon  paraît  de  très-bonne  heure,  au  premier  prin- 
temps, et  on  le  voit  en  été  et  en  automne.  Il  se  pose  sur  les  arbres 
d'où  suinte  la  sève  par  une  plaie  de  la  souche.  Il  est  commun 
partout,  et  n'est  pas  difficile  à  prendre.  Sa  chenille  vit  sur  le 
rbène,  l'orme,  le  saule  et  les  arbres  à  fruit. 


PAPILLONS.  841 

-i.  Van.  tortue  moyenne,       Van.  xanthomelas,  Fabr. 

Ce  Papillon  est  un  peu  plus  petit  que  le  précédent.  Ils  se  res- 
semblent beaucoup,  et  il  faut  avoir  de  la  bonne  volonté  pour 
accepter  la  Tortue  moyenne,  comme  espèce  distincte.  Elle  paraît 
à  la  môme  époque  et  dans  les  mêmes  lieux. 

5.  Van.  petite  tortue,  Van.  urticœ,  Lin. 

Ce  fort  joli  Papillon  est  commun  dans  toute  la  plaine  et  sur 
les  premiers  contreforts  de  nos  montagnes.  Il  paraît  de  très- 
bonne  heure,  au  printemps,  et  nous  le  voyons  jusqu'à  l'automne; 
il  aime  à  se  tenir  dans  les  sentiers  ombragés.  Sa  chenille  vit  sur 
l'ortie,  et  lorsqu'on  la  rencontre,  c'est  toujours  en  grand  nombre. 

6.  Van.  morio,  Van.  morio,  Lin. 

Ce  superbe  Papillon,  que  nous  voyons  voltiger  dans  nos  champs, 
les  jardins  et  les  vergers  presque  toute  l'année,  se  pose  sur  les 
branches  des  arbres,  et  on  le  prend  avec  la  plus  grande  facilité. 
Si  on  le  manque,  il  ne  faut  pas  le  poursuivre,  car  il  ne  tarde  pas 
à  revenir  au  même  endroit.  Sa  chenille  vit  sur  le  saule,  le  peu- 
plier, l'orme  et  le  bouleau. 

7.  Van.  paon  du  jour,  Van.  io,  Lin. 

Ce  Papillon  est  fort  commun  pendant  la  belle  saison  et  même 
en  hiver.  Il  se  plaît  dans  les  chemins  ombragés  de  grands 
arbres,  dans  toute  la  plaine;  il  se  repose  sur  les  souches,  et  on 
le  prend  avec  facilité.  Sa  chenille  vit  en  société  sur  les  orties  et 
sur  le  houblon. 

8.  Van.  Vulcain,  Van.  alalanta,  Lin. 

Vulg.  L'amiral. 

Comme  le  précédent,  on  trouve  ce  Papillon  dans  les  mêmes 
lieux,  et  aux  mêmes  époques;  il  est  commun  partout.  Sa  eheiiilln 
vit  sur  les  orties. 


842  HISTOIRE   NATURELLE. 

9.  Van.  belle-dame,  Van.  cardui,  Lin. 

La  Belle-Dame  paraît  de  très-bonne  heure  et  reste  toute  la 
belle  saison;  on  la  voit  même  en  hiver.  Ce  Papillon  est  très- 
commun  partout.  Sa  chenille  est  quelquefois  en  si  grande  abon- 
dance, que  lorsqu'elle  a  tout  dévoré  dans  la  campagne,  elle  se 
jette  en  masse  dans  les  jardins  et  détruit  le  jardinage  :  c'est 
un  véritable  fléau.  Dans  les  temps  ordinaires,  la  chenille  vit  sur 
les  chardons. 

40.  Van.  carte  géographique  fauve,   Van.  levana,  Lin. 
H.  Van.  carte  géographique  brune,  Van.  prorsa,  Lin. 

Ces  deux  espèces  paraissent  à  la  même  époque,  dans  le  com- 
mencement du  printemps.  Elles  aiment  les  lieux  solitaires  et 
humides,  les  bois  fourrés  du  pied  des  montagnes;  elles  se  lais- 
sent prendre  avec  facililé.  La  chenille  vit  sur  l'ortie  dioïque. 

On  trouve  une  variété,  qu'on  a  nommée  Carte  géographique 
rouge,  et  dont  ou  ne  peut  pas  préciser  la  chenille  qui  lu  produit. 

Genre  Nymphale,  Nymphalis,  Lin. 

1.  Nym.  jasius,  Nym.  jasius,  Lin. 

Ce  beau  Papillon  paraît  deux  fois  :  dans  les  premiers  jours  de 
juin  et  pendant  le  mois  de  septembre.  On  le  trouve  communément 
dans  les  bois  d'arbousiers  (  arbutus  unedo,  Lin.  )  de  la  métairie 
Limas,  près  Monloriol.  Il  aime  à  se  poser  sur  les  troncs  des  arbres, 
lorsque  quelque  plaie  laisse  suinter  la  sève;  il  est  facile  à  prendre. 
Il  ne  faut  pas  le  poursuivre,  car  alors  il  vole  très-haut.  La  chenille, 
qui  vit  sur  l'arbousier,  s'y  trouve  très-abondante.  On  l'élève  faci- 
lement, et  on  est  sûr  d'avoir  des  sujets  très-frais  et  très-beaux. 
Ce  Papillon  vit  aussi  dans  les  bois  des  Corbières,  où  l'arbousier 
est  commun:  nous  l'avons  pris  à  Saint-Anloine-de-Galamus.  Un 
exemplaire  fut  pris  au  territoire  de  la  Llabanère,  près  Perpignan. 
C'est  le  seul  sujet  que  nous  ayons  vu  dans  la  plaine. 


PAPILLONS.  843 

2.  Nym.  grand  Sylvain,         Nym.  popidi,  Lin. 

Il  parait  en  juin,  et  se  tient  dans  les  parties  de  nos  basses 
montagnes  où  abondent  les  arbres  de  haute  futaie  :  les  trembles, 
les  peupliers  blancs  et  noirs;  sa  chenille  en  dévore  les  feuilles. 
On  le  prend  facilement  lorsqu'il  est  posé  sur  les  fientes  des  ani- 
maux. Par  une  sombre  matinée,  on  est  certain  d'en  faire  une 
ample  provision.  11  est  commun  au  pied  des  Albères  et  à  la  mon- 
tagne de  Cérel,  près  d'Estoher  et  dans  les  gorges  des  environs. 

ô.  Nym.  petit  Sylvain,  Nym.  sibilla,  Lin. 

i.  Nym.  Sylvain  azuré,         Nym.  camilta,  Fab. 
o.  Nym.  Sylvain  cénobite,     Nym.  lucilla,  Lin. 

Ces  trois  espèces  aiment  les  endroits  frais,  humides  et  ombragés 
des  ravins  des  basses  montagnes.  Elles  paraissent  en  juin,  aux  envi- 
rons de  Nolre-Dame-de-Consolation  et  dans  beaucoup  de  gorges 
des  Albères.  Leur  chenille  vit  sur  le  chèvrefeuille. 

Les  Sylvains  grand  et  petit  Mars,  ne  sont  pas  de  nos  parages. 

Genre  Satyre,  Satyrus,  Lin. 

i.  Sat.  silène,  Sat.  circe,  Fab. 

2.  Sat.  sylvandre,  Sat.  hermione,  Lin. 

Ces  deux  espèces  vivent  dans  les  forêts  des  basses  montagnes; 
elles  aiment  les  parties  ombragées  et  fraîches.  Elles  paraissent  en 
jnin  et  juillet,  et  se  posent  sur  les  fleurs  des  bords  des  ravins:  on 
peut  les  prendre  facilement.  Leur  chenille  vit  sur  les  graminées. 

5.  Sat.  hermite,  Sat.  briseis,  Lin. 

4.  Sat.  agreste,  Sat.  semele,  Lin. 

5.  Sat.  petit  agreste,  Sat.  arethusa,  Fab. 

Ces  trois  espèces  sont  très-communes  sur  les  bruyères  de  toutes 
les  collines  arides  du  département  :  la  Llabanère,  Casas-de-Pena, 
les  Albères,  etc.  Elles  paraissent  en  juin  et  juillet.  Leurs  chenilles 
vivent  sur  les  graminées. 


844  HISTOIRE   NATURELLE. 

6.  Sat.  faune,  Sat.  fauna,  Fab. 

7.  Sat.  actsea,  Sat.  actœa,  Hubn. 

8.  Sat.  Phœdra,  Sat.  Phœdra,  Lin. 

9.  Sat.  blandinia,  Sat.  blandinia,  Fab. 

Ces  quatre  espèces  paraissent  en  juin  et  juillet.  Elles  sont 
communes  sur  les  glacis  de  la  ville  et  de  la  citadelle  de  Perpignan, 
el  dans  toutes  les  parties  arides  de  la  plaine  et  des  montagnes 
inférieures.  Leurs  chenilles  vivent  à  lerre  sur  les  graminées. 

10.  Sat.  fidia,  Sat.  fidia,  Lin. 

11.  Sat.  neomiris,  Sat,  neomiris,  Godart. 

12.  Sat.  trislan,  Sat.  hyperanlhus,. Lin. 

13.  Sat.  bacchante,  Sat.  dejanira,  Lin. 

Ces  quatre  espèces  paraissent  en  juin;  elles  sont  de  courte 
durée,  excepté  le  Trislan,  qui  dure  tout  l'été. Jolies  habitent  les 
coteaux  des  régions  basses  des  montagnes,  el  sont  faciles  à  saisir, 
le  Bacchante  surtout,  qui  se  balance  dans  l'air  el  vole  par  saccades; 
elles  se  posent  sur  les  ronces.  Leurs  chenilles  vivent  sur  les  gra- 
minées. 

1-4.  Sat.  céphale,  Sat.  arcanius,  Lin. 

15.  Sat.  mégère,  Sat.  megœra,  Lin. 

10.  Sat.  msera,  Sat.  mœra,  Lin. 

17.  Sat.  amaryllis,  Sat.  tithonius,  Lin. 

18.  Sat.  myrlil,  Sat.  janira,  Lin. 

Nous  trouvons  ces  espèces  très-communément  dans  toute  la 
plaine,  sur  les  sentiers  herbeux  et  ombragés;  elles  se  reposent 
sur  la  lerre,  sur  les  pierres  el  sur  les  ronces.  Elles  paraissent  en 
mai  et  août;  le  Céphale  seulement  paraît  une  seule  fois  en  juillet, 
et  se  trouve  sur  les  coteaux  arides  des  basses  montagnes.  Leurs 
chenilles  vivent  sur  les  graminées. 

19.  Sat.  demi-deuil,  Sat.  galathea,  Lin 


PAPILLONS.  845 

20.  Sat.  lachésis,  Sat.  lachesis,  Herbst. 

21.  Sat.  Psyché,  Sat.  Psyché,  Hubn. 

Ces  trois  Papillons  sont  blancs  et  tachés  de  lignes  et  de  points 
noirs;  ils  se  ressemblent  beaucoup  en  dessus,  mais  ils  se  disl  li- 
guent par  le  dessous.  Ils  paraissent  à  la  fin  de  juin  :  le  Demi-Deuil 
sur  les  plateaux  des  montagnes  moyennes,  jamais  dans  la  plaine; 
les  Lachésis  et  Psyché,  au  contraire,  sont  fort  communs  dans  toute 
la  plaine;  mais  le  Phsyché  est.  de  courte  durée,  quinze  jours  au 
plus,  et  ses  stations  sont  bornées  à  trois  localités  :  les  glacis  de 
la  citadelle  de  Perpignan,  les  coteaux  de  Saint-Sauveur,  vers  la 
glacière,  et  la  butte  du  Moulin  à  Vent,  près  Sainl-Roch. 

22.  Sat.  bryce,  Sat.  bryce,  Hubn. 

23.  Sat.  cordula,  Sat.  corthda,  Fab. 

24.  Sat.  ligea,  Sat.  ligea,  Lin. 

Ces  trois  espèces  vivent  sur  les  clairières  des  forêts  des  basses 
régions;  elles  paraissent  en  juillet.  Les  deux  premières  se  res- 
semblent beaucoup,  et  peuvent  facilement  être  confondues.  Le 
Ligea  offre  deux  variétés  fort  remarquables.  Toutes  se  posent  sur 
les  fleurs  des  buissons,  des  ronces  surtout. 

25.  Sat.  euryale,  Sat.  euryale,  Esp. 
2(3.  Sat.  stygné,  Sat  slygne,  Ochs. 

27.  Sat.  mêlas,  Sat.  mêlas,  Herbst. 

28.  Sat.  aleclon,  SA.  alecto,  Hubn. 

Ces  Satyres  ont  des  couleurs  très-sombres;  leurs  ailes  sont 
parsemées  de  divers  points  de  couleurs  claires  qui  les  distinguent 
cuire  eux.  Ils  paraissent  eu  juillet,  sont  alpins  et  habitent  les 
gorges  du  Canigou.  On  les  trouve  sur  les  sentiers  et  sur  le  bord 
des  ravins.  On  les  prend  avec  facilité;  le  malin  surtout,  lorsqu'ils 
sont  engourdis  par  le  froid,  on  peut  les  saisir  sur  les  fleurs. 

29.  Sat.  gorgé,  Sat.  gorge,  Esp, 


840  HISTOIRE   NATURELLE. 

50.  Sat.  goanté,  Sat.  goante,  Fab. 

51.  Sat.  epiphron,  Sat.  epiphron,  Fab. 

52.  Sat.  céto,  Sat.  ceto,  Hubn. 
55.  Sat.  arachné,  Sat.  arachne,  Fab. 

Ce  sont  des  Satyres  très-alpins,  qu'on  trouve  pendant  le  mois  de 
juillet  dans  les  gorges  des  montagnes  les  plus  élevées.  Leurs  ailes 
sont  très-sombres,  parsemées  de  points  ou  jaspées  en  dessous; 
ils  sont  tous  de  la  même  taille,  et  on  les  confondrait  très-facilement 
si  on  n'y  apportait  la  plus  grande  attention.  Quelques  espèces  sont 
moins  abondantes. 

54.  Sat.  pyrrha,  Sat.  pyrrha,  Fab. 

55.  Sat.  cassiope,  Sat.  cassiope,  Fab. 

56.  Sat.  mélampus,  Sat.  melampus,  Esp. 

57.  Sat.  dromus,  Sat.  cleo,  Hubn. 

58.  Sat.  manto,  Sat.  manto,  Fab. 

59.  Sat.  méduse,  Sat.  médusa,  Fab. 

Ces  six  espèces  vivent  aussi  dans  les  régions  alpines.  C'est  en 
juillet  qu'elles  paraissent,  et  qu'il  faut  aller  les  chercher  sur  les 
plateaux  des  hautes  montagnes.  Le  Cleo  offre  trois  variétés  que 
les  points  des  ailes  supérieures  distinguent. 

40.  Sat.  Œdipe,  Sat.  OEdipus,  Fab. 

41.  Sat.  ida,  Sat.  ida,  Fab. 

42.  Sat.  bathseba,  Sat.  bathseba,  Fab. 
45.  Sat.  Eudora,  Sat.  Eudora,  Fab. 

Moins  grandes,  avec  des  couleurs  plus  tranchantes  et  plus 
agréables,  ces  quatre  espèces  sont  communes  dans  la  plaine,  aux 
environs  de  Perpignan;  elles  paraissent  en  juin  et  juillet.  Le 
Bathseba,  pourtant,  fait  exception,  car  il  ne  descend  pas  lout- 
à-fait  dans  la  plaine,  et  se  tient  sur  les  coteaux  et  les  vignes  arides 
de  Baixas,  de  Ca$as-de-Pena ,  etc.,  etc. 


PAPILLONS.  84" 

44.  Sat.  iphis,  Se!*,  iphis,  Wien. 

45.  Sat.  davus,  Sut.  daims,  Fab. 

46.  Sat.  dorus,  Sut.  duras,  Herbst. 

47.  Sat.  corinuus,  Sat.  corinna,  Hubn. 

48.  Sut.  lyllus,  Sat.  lyllus,  Orchs. 

49.  Sat.  pamphile,  Sat.  pamphilus,  Fab. 

50.  Sat.  phileus,  Sat.  pkileus,  Lin. 

Plus  petites  que  celles  des  précédents  Satyres,  ces  sept  espèces 
paraissent  en  mai  et  juillet.  Elles  se  trouvent  communément  sur 
les  prairies  humides  situées  au  pied  des  montagnes,  et  se  tien- 
nent dans  les  sentiers,  sur  la  lisière  des  champs  et  des  prairies 
ombragées.  Elles  sont  fort  délicates;  leurs  ailes  se  froissent  faci- 
lement, et  on  doit  prendre  de  grandes  précautions  pour  ne  pas 
les  gâter.  Leurs  chenilles  vivent  sur  les  graminées. 

51.  Sat.  mélibée,  Sat.  hero,  Lin. 

52.  Sat.  pamphile,  Sat.  pamphilus,  Lin. 

Ces  deux  espèces  paraissent  deux  fois,  en  mai  et  en  juillet. 
Le  Mélibée  se  trouve  dans  les  gorges  boisées  du  Canigou,  en 
montant  à  la  forge  de  Liée,  par  la  vallée  d'Esloher;  il  se  tient  sur 
les  sentiers  et  se  pose  sur  les  fientes.  Le  Pamphile  est  un  petit 
papillon  fort  délicat,  qui  fréquente  les  prairies  de  la  plaine  en- 
tourées de  fortes  haies,  le  long  desquelles  il  se  lient  de  préférence, 
et  se  pose  sur  les  fleurs. 

Genre  Polyommate,  Polyommate. 

\.  Pol.  du  marronnier,         Pal.  œsculi,  Illig. 

2.  Pol.  de  l'acacia,  Pol.  acaciœ,  Fab. 

3.  Pol.  du  prunelier,  Pol.  spini,  Illig. 

Se  trouvent  sur  nos  garrigues  arides.  Ils  paraissent  en  juin 
et  juillet.  Ils  se  ressemblent  beaucoup  extérieurement;  mais  on 
dislingue  bientôt  les  espèces  en  examinant  le  dessous  des  ailes. 
Ils  sont  fort  délicats. 


848  HISTOIRE   NATURELLE. 

4.  Pol.  du  bouleau,  Pal.  betulœ,  Lin. 

o.  Pol.  du  prunier,  Pol  pruni,  Lin. 

6.  Pol.  W  blanc,  Pol.  W  album,  Hubn. 

7.  Pol.  lyncée,  Pol.  lynceus,  Fab. 

Ces  quatre  espèces  paraissent  en  juillet,  et  se  tiennent  ordinai- 
rement sur  les  coteaux  et  dans  les  bois  clair-semés  des  régions 
moyennes.  On  peut  les  prendre  jusqu'en  septembre.  Leurs  che- 
nilles vivent  sur  le  bouleau,  le  prunier,  l'orme,  le  chêne,  etc. 

8.  Pol.  argus,  Pol.  argus,  Scop. 

9.  Pol.  arion,  Pol.  arion,  Lin. 
10.  Pol.  cyllarus,  Pol.  cyllarus,  Fab. 

Ces  trois  espèces,  à  couleur  bleue  un  peu  sombre,  et  marquées 
de  quelques  points  rouges,  sont  de  nos  régions  basses.  Les  lieux 
secs  et  couverts  de  bruyères,  les  prairies  arides,  sont  ceux  qu'elles 
préfèrent.  Elles  paraissent  en  juin,  juillet  et  août.  Leurs  chenilles 
vivent  sur  le  mélilot,  le  sainfoin,  les  genêts. 

H.  Pol.  du  chêne,  Pol.  quercus,  Lin. 

12.  Pol.  de  la  ronce,  Pol.  rubi,  Lin. 

15.  Pol.  agestis,  Pol.  agestis,  Hubn. 

Communs  sur  les  sentiers  des  bois,  au  pied  des  montagnes  des 
Albères,  des  collines  du  centre,  Casas-de-Pena  et  Trencada  d'Am- 
bulla,  voltigent  sur  les  ronces  et  les  fleurs.  Ils  paraissent  en  juin 
et  août.  Leurs  chenilles  vivent  sur  les  genêts,  les  cistes,  l'espar- 
cette,  la  ronce. 

14.  Pol.  phlaeas,  Pol.  phlœas,  Lin. 

la.  Pol.  strié,  Pol.  boelicus,  Lin. 

16.  Pol.  amyntas,  Pol.  amynlos,  Fab. 

17.  Pol.  xanlbé,  Pol.  xanthe,  Fab. 

Ces  quatre  espèces  paraissent  en  juin  et  août;  se  tiennent  sur 
les  prairies  des  régions  basses,  les  sentiers  et  le  bord  des  champs, 


PAPILLONS.  849 

voltigent  sur  les  ronces  et  sur  les  fleurs  aux  environs  de  Château- 
Roussillon;  leurs  ailes  sont  fort  délicates. 

18.  Pol.  chryseis,  Pol.  chryseis,  Fab. 

19.  Pol.  hippothoé,  Pol.  hippothoe,  Lin. 

20.  Pol.  de  la  verge  d'or,  Pol.  virgaureœ,  Lin. 

21.  Pol.  corydon,  Pol.  corydon,  Fab. 

Les  espèces  de  ce  groupe,  fréquentent  nos  prairies  de  toutes 
les  régions  basses  et  fraîches,  même  marécageuses,  excepté  la 
Verge  d'or,  qui  ne  s'éloigne  guère  des  régions  alpines.  Elles  parais- 
sent en  juin  et  août,  voltigent  sur  les  fleurs  et  s'y  posent  souvent. 
Leurs  chenilles  vivent  sur  les  patiences,  la  verge  d'or,  etc. 

22.  Pol.  Adonis,  Pol.  Adonis,  Fab. 
25.  P.  Alexis  ou  argus  bleu,  Pol.  Alexis,  Hubn. 

24.  Pol.  segon,  Pol.  œgon,  Hubn. 

25.  Pol.  hylas,  Pol.  hylas,  Fab. 

26.  Pol.  euphemus,  Pol.  euphemus,  Hubn. 

27.  Pol.  acis  ou  demi  argus,  Pol.  acis,  Fab. 

28.  Pol.  argiolus,  Pol.  argiolus,  Lin. 

Les  espèces  de  cette  section,  à  ailes  excessivement  délicates, 
d'un  bleu  azuré,  se  ressemblent  beaucoup.  Leurs  différences  se 
trouvent  au-dessous  des  ailes  ;  sans  cela  on  les  confondrait  On 
les  rencontre,  pendant  tout  le  beau  temps,  sur  les  fleurs  des 
prairies  et  des  champs  de  la  plaine  et  des  montagnes  moyennes; 
quelques-unes  voltigent  sur  les  buissons  :  Y  Argiolus  et  WEgon 
sont  de  ce  nombre.  En  général,  leurs  chenilles  vivent  sur  les 
genêts,  les  nerpruns,  le  sainfoin,  le  fraisier,  etc. 

29.  Pol.  méléagre,  Pol.  meleager,  Fab. 

50.  Pol.  damon,  Pol.  dam  on,  Fab. 

51.  Pol.  hellé,  Pol.  belle,  Illig. 

52.  Pol.  hiéré,  Pol.  hiere,   Fab. 

Tour,  m.  o4 


850  HISTOIRE   NATURELLE. 

33.  Pol.  gordius,  Pol.  gordius,  Esp. 

Ces  jolis  Polyommatcs  paraissent  en  mai  et  juillet;  se  tiennent 
dans  les  prairies  ombragées  de  la  plaine  et  des  premiers  coteaux 
des  montagnes,  et  butinent  sur  les  fleurs  des  haies.  Ils  sont  très- 
délicats  et  couverts  d'écaillés  chatoyantes  qui  tombent  au  moindre 
frottement,  ce  qui  enlève  leur  fraîcheur.  On  doit  prendre  de 
grandes  précautions  pour  les  conserver  intacts. 

34.  Pol.  eumedon,  Pol.  eumedon,  Esp. 
55.  Pol.  de  l'orpin,               Pol.  battus,  Latr. 

36.  Pol.  optilète,  Pol.  optilete,  Fab. 

ou  Argus  bleu  lurquin. 

37.  Pol.  orbitule,  Pol.  orbitulus,  Latr. 

58.  Pol.  phérétés,  Pol.  alis,  Latr. 

59.  Pol.  alcon,  Pol.  alcon,  Fab. 

40.  Pol.  alsus,  Pol.  alsus,  Fab. 

Celte  série  se  compose  de  Papillons  de  petite  taille,  ayant  le 
dessus  des  ailes  d'un  bleu  plus  ou  moins  clair,  et  le  dessous  orné 
de  taches,  de  lignes,  de  points,  noirs,  blancs,  bleus,  rouges, 
diversement  groupés,  qui  leur  donnent  un  faciès  agréable.  Ils 
paraissent  en  juillet  et  août,  el  se  tiennent  ordinairement  sur  les 
pelouses  alpines;  quelques-uns  même  sur  les  sommets  de  nos 
montagnes.  Le  Phérétés,  qui  est  très-rare,  est  de  ce  nombre, 
ainsi  que  Y  Optilète,  qui  est  fort  joli  et  très-petit;  Y  Orbitulus  l'est 
moins.  Leurs  chenilles  vivent  de  graminées. 

41.  Pol.  evipus,  Pol.  evipus,  Hubn. 

42.  Pol.  telicanus,  Pol.  telicanus,  Latr. 
45.  Pol.  thersamon,  Pol.  thersamon,  Fab. 
44.  Pol.  eurydice,  Pol.  eurydice,  Esp. 

De  ces  quatre  Polyommates,  deux  sont  communs  sur  les  prairies 
et  les  luzernes  de  la  plaine;  ils  butinent  sur  toute  sorte  de  fleurs: 
ce  sont  Y  Evipus  et  le  Telicanus,  qui  est  fort  joli,  excessivement 


PAPILLONS.  851 

délicat,  difficile  à  préparer,  et  l'un  des  plus  petits  de  ce  genre; 
Y  Eurydice  et  le  Thersamon,  au  contraire,  sont  très-alpins  et  fré- 
quentent le^  pelouses  élevées  des  montagnes,  et  les  environs  des 
jasses  où  se  réunissent  les  bestiaux:  ils  butinent  sur  les  framboi- 
siers de  ces  régions,  et  sur  les  plantes  des  bords  des  torrents.  Tous 
les  quatre  paraissent  de  juin  à  la  fin  d'août. 

Genre  Hespérie,  Hesperia,  Fab., 
Plébéiens,  Urbicoles,  Lin.,  les  Estropiés,  Geoff. 

1.  Hesp.  miroir,  Hesp.  aracinlhus,  Fab. 

2.  Hesp.  Sylvius,  Hesp.  Sylvius,  Borkh. 
o.  Hesp.  échiquier,  Hesp.  paniscus,  Fab. 

Ces  trois  espèces  habitent  les  bois  tourbeux  et  les  prairies 
humides  des  montagnes,  presque  à  la  région  des  pins.  Elles  se 
plaisent  dans  les  clairières,  butinent  sur  les  fleurs  des  cressons 
et  des  saxifrages.  On  les  trouve  dès  le  mois  de  juin  jusqu'à  la  fin 
de  juillet. 

4.  Hesp.  comma,  Hesp.  comma,  Lin. 

o.  Hesp.  plain-chant,  Hesp.  tesselum,  Hubn. 

6.  Hesp.  actéon,  Hesp.  actœon,  Hubn. 

7.  Hesp.  du  sida,  Hesp.  sidœ,  Fab. 

Vulg.  Le  chamarré. 

8.  Hesp.  de  la  mauve,  Hesp.  malvœ,  Fab. 

9.  Hesp.  de  la  guimauve,     Hesp.  altheœ,  Hubn. 

Les  six  espèces  de  cette  section  se  plaisent  dans  les  prairies, 
les  champs,  les  routes,  et  surtout  dans  les  petits  sentiers  bordés 
de  ronces  et  autres  plantes  de  toute  la  plaine  et  des  basses  mon- 
tagnes du  département.  Elles  voltigent  toujours  ras  de  terre; 
se  posent  sur  les  gazons,  et  ne  sont  pas  difficiles  à  saisir.  On  les 
trouve  vers  la  fin  de  mai  jusqu'à  la  fin  de  juillet.  Leurs  chenilles 
se  nourrissent  de  graminées  et  de  malvacées. 


852  HISTOIRE  NATURELLE. 

10.  Hesp.  fritillaire,  Hesp.  fritillum,  Fab. 

H.  Hesp.  sao,  Hesp.  sao,  Hubn. 

12.  Hesp.  de  la  lavaterre,  Hesp.  lavaterrœ,  Latr. 

13.  Hesp.  bande  noire,  Hesp.  linea,  Fab. 
\A.  Hesp.  Sylvain,  Hesp.  sylvanus,  Fab. 

15.  Hesp.  du  chardon,  Hesp.  alveolus,  Hubn. 

16.  Hesp.  grisette,  Hesp.  tages,  Lin. 

Les  Papillons  de  cette  section,  sont  communs  dans  toutes  les 
gorges  des  basses  montagnes  du  centre  du  département.  Ils  recher- 
chent les  endroits  frais  et  ombragés;  ils  paraissent  généralement 
vers  la  tin  du  mois  de  mai,  et  on  les  voit  encore  fin  août.  Ils  bu- 
tinent sur  les  fleurs,  et  notamment  sur  les  ronces,  dans  les 
clairières  des  bois  et  les  sentiers  bien  couverts.  Leurs  chenilles 
vivent  sur  les  chardons  et  sur  les  graminées. 

DEUXIÈME  FAMILLE. 

Crépusculaires ,  Crepuscularia. 

Première  Triru. 

Sphingides,  Sphingides. 

Genre  Sphinx,  Sphinx,  Latr. 
1.  Sph.  du  laurier  rose,        Sph.  nerii,  Lin. 

Très-rare  dans  le  département;  sa  chenille  vit  sur  le  laurier 
rose  (nerium  oleandeiy). 

J'avais  cueilli,  l'an  dernier,  des  jets  fleuris  de  cet  arbrisseau, 
que  j'avais  mis  dans  un  vase.  Trois  jours  après,  je  m'aperçus  que 
les  fleurs  étaient  dévorées,  et  que  beaucoup  de  fiente  était  ré- 
pandue sur  la  console  où  ils  étaient  placés.  En  examinant  de 
plus  près,  je  vis  une  belle  chenille,  qui  ne  tarda  pas  à  se  méta- 
morphoser. J'en  obtins,  peu  de  jours  après,  un  très-beau 
papillon.  C'est  la  seule  fois  que  j'ai  pris  ce  Sphinx  dans  le  pays; 
cependant,  on  l'y  a  trouvé  en  plusieurs  circonstances. 


PAPILLONS.  853 

2.  Sph.  à  tète  de  mort,         Sph.  atropos,  Lin. 

Est  très-commun.  Son  apparition  a  lien  en  juin,  juillet  et  août. 
Sa  chenille  vit  sur  la  pomme  de  terre;  elle  mange  aussi  plusieurs 
autres  plantes. 

5.  Sph.  du  troène,  Sph.  Ugustri,  Lin. 

Paraît  au  printemps.  Sa  chenille  vit  sur  le  troène,  le  lilas, 
l'auréole  commune  (daphne  laureola).  Ce  beau  Papillon  fournit 
plusieurs  variétés,  qui  se  distinguent  par  les  couleurs  plus  ou 
moins  vives  des  ailes. 

i.  Sph.  à  cornes  de  bœuf,    Sph.  convolvuli,  Lin. 

Il  est  très-commun  pendant  l'été  et  l'automne;  au  crépuscule, 
il  butine  sur  les  fleurs,  surtout  sur  le  datura  stramonium;  on  le 
prend  sans  nulle  difficulté.  Sa  chenille  vit  sur  les  liserons. 

o.  Sph.  du  pin,  Sph.  pinastri,  Lin. 

Ce  Sphinx  n'est  pas  très-commun.  On  se  le  procure  toutefois 
en  cherchant  au  pied  des  pins.  Sa  chenille  s'y  cache  pour  se 
métamorphoser,  et  vif  en  général  sur  les  pins  et  surtout  sur 
le  pin  de  Corse. 

6.  Sph.  du  tithymale,  Sph.  euphorbiœ,  Lin. 
Très-commun  au  printemps  et  à  la  fin  de  l'été.  Il  butine  sur 

les  fleurs  des  parterres  et  sur  la  saponaire,  qui  végète  au  bord 
des  fossés  de  toute  la  contrée.  Sa  chenille  vit  sur  toutes  les 
euphorbes,  mais  principalement  sur  l'euphorbe  à  cyprès  (euphor- 
bia  cyparissias,  Lin.). 

7.  Sph.  de  Nice,  Sph.  Nicea. 

Ce  Papillon  est  d'un  tiers  plus  grand  que  celui  du  Tithymale, 
avec  lequel  il  a  les  plus  grands  rapports  par  ses  couleurs,  excepté 
qu'elles  sont  un  peu  plus  vives.  Sa  chenille  vit  sur  le  daphne 
mezereum. 


854  HISTOIRE   NATURELLE. 

8.  Sph.  de  la  garance,  Sph.  gallii,  Hubn. 

9.  Sph.  livournien,  Sph.  lincata. 

Ces  deux  Sphinx  paraissent  de  bonne  heure,  au  premier  prin- 
temps, et  reparaissent  ensuite  en  août  et  septembre.  Ils  butinent 
sur  les  fleurs  pendant  le  crépuscule  :  ils  sont  abondants.  Leurs 
chenilles  vivent  sur  la  garance,  sur  le  gaillet  jaune  (galium  verum, 
Lin.)  et  sur  le  laitron  des  champs  (sonchus  arvensis), 

JO.  Sph.  phénix,  Sph.  celerio,  Lin. 

11.  Sph.  de  la  vigne,  Sph.  elpenor,  Lin. 

On  trouve  presque  toujours  ces  deux  jolis  Sphinx  dans  la 
belle  saison,  butinant  sur  toute  sorte  de  fleurs,  surtout  sur  les 
campanulacées  et  sur  les  saponaires.  Le  Celerio  est  néanmoins 
plus  rare.  Leurs  chenilles  vivent  sur  l'épilobe  et  ses  variétés,  sur 
la  salicaire,  le  gaillet  jaune  et  sur  la  vigne. 

12.  Sph.  petit  pourceau,       Sph.  porcellus,  Lin. 

ou  Petit  île  la  vigne  . 

Ce  Sphinx  n'est  pas  très-commun;  il  paraît  en  juin  et  butine 
aussi  sur  toute  sorte  de  fleurs.  Sa  chenille  vit  sur  diverses  plantes, 
mais  en  particulier  sur  le  gaillet  jaune. 

Le  Sphinx  de  l'énothère  n'a  pas  été  observé  dans  les  Pyrénées- 
Orientales.  Sa  chenille  pourtant  vit  sur  les  épilobes,  plantes  assez 
communes  dans  les  ravins  de  nos  montagnes.  Peut-être  qu'on 
n'est  pas  allé  sur  les  lieux  au  moment  de  l'apparition  de  ce 
Papillon,  et  qu'il  passe  ainsi  inaperçu. 

15.  Sph.  rnoro-sphinx,  Sph.  slellatarum,  Lin. 

En  eatal.  Bufe  forais  (souffle  Irons). 

On  ne  devrait  pas  considérer  ce  Sphinx  comme  crépusculaire; 
car  on  le  voit  voltiger  partout,  en  plein  jour,  dans  les  champs, 
dans  les  jardins,  dans  les  maisons,  et  en  tout  temps.  Sa  chenille 
vit  sur  les  gaillets,  surtout  sur  le  jaune. 


PAPILLONS.  855 

14.  Sph.  fuciforme,  Sph.  fuciformis,  Lin. 

15.  Sph.  bombiliforme,  Sph.  bombiliformis,  Fab. 

Ces  deux  espèces  sont  beaucoup  plus  rares  que  les  autres  du 
genre.  Nous  les  prenons  quand  elles  butinent  sur  les  fleurs,  au 
crépuscule  du  soir.  Leurs  chenilles  vivent  sur  les  chèvrefeuilles, 
les  scabieuses,  les  gaillets. 

Genre  Smérinthe,  Smerinthe. 
i.  Sniér.  du  tilleul,  Smer.  Ulliœ,  Lin. 

On  prend  rarement  les  papillons  de  ce  genre  voltigeant  sur 
les  fleurs.  Le  jour,  ils  se  tiennent  cramponnés  sur  la  souche 
des  arbres,  et  toujours  du  côté  opposé  au  vent.  On  se  les 
procure  au  pied  des  arbres  où  l'on  trouve  la  chenille  qui 
s'y  est  métamorphosée.  La  chenille  du  Smérinthe  du  filleul 
vit  sur  le  tilleul,  sur  l'orme  et  sur  le  marronnier  d'Inde.  Cette 
espèce  a  plusieurs  variétés,  remarquables  par  les  diverses  cou- 
leurs qui  décorent  les  ailes  et  le  corps  de  l'animal. 

2.  Smér.  demi  paon,  Smer.  ocellata,  Lin. 

ou  du  saule, 

5.  Smér.  du  peuplier,  Smer.  populi,  Lin. 

Ces  deux  jolis  Sphinx  sont  très-paresseux,  et  on  les  voit  rare- 
ment voltiger.  On  les  trouve  à  la  campagne,  attachés  aux  souches 
des  arbres,  et  l'on  s'en  empare  facilement.  Leurs  chenilles  vivent 
sur  le  saule,  l'osier,  le  pécher,  l'amandier  et  sur  divers  peupliers. 

i.  Smér.  du  chêne,  Smer.  quercûs,  Lin. 

Ce  Smérinthe  est  aussi  très-paresseux;  il  est  fort  rare.  On  le 
trouve  collé  sur  l'écorce  raboteuse  du  chêne  dans  les  contrées 
où  cet  arbre  est  cultivé.  Je  l'ai  pris  dans  les  environs  de  Thuir, 
et  sur  les  terres  de  la  métairie  de  la  Grange,  située  au  pied  des 
Albères,  où  cet  arbre  abonde.  C'est  vers  la  fin  de  juillet  qu'on  se 
le  procure. 


856  HISTOIRE   NATURELLE, 

LesSphinxvespertilio  ethippophae  n'ont  pas  été  observés 
dans  ce  département. 

Deuxième  Tribu. 

Zigénides  ,    Zigenides  ,    Latr. 

Genre  Sésie,  Sesia,  Fab. 

1.  Ses.  apiforme,  Ses.  apiformis,  Fab. 

2.  Ses.  asiliforme,  Ses.  asiliformis,  Fab. 

3.  Ses.  vespiforme,  Ses.  vespiformis,  Fab. 

4.  Ses.  culiciforme,  Ses.  culiciformis,  Fab. 

5.  Ses.  formiciforme,  Ses.  formiciformis,  Lesp. 

6.  Ses.  tipuliforme,  Ses.  Upuliformis,  Lin. 

Ce  genre  est  très-nombreux,  et  contient  vingt  espèces.  Ces 
Papillons  butinent  sur  les  fleurs,  ressemblent  aux  Abeilles,  et 
l'on  hésite  à  les  saisir.  Mais,  pendant  les  fraîches  matinées  du 
printemps,  avant  que  le  soleil  ne  les  ait  réchauffés;  quand  ils 
sont  posés  sur  la  souche  des  arbres  ou  sur  les  plantes,  on  peut 
alors  s'en  emparer  avec  facilité.  La  chenille  vit  sur  les  saules, 
les  peupliers,  le  millepertuis,  le  prunier,  le  pommier,  les  gro- 
seillers.  C'est  dans  les  jardins  surtout  que  nous  les  trouvons. 

Genre  Thyris,  Thyris. 

1.  Thyr.  ienestrée,  Thyr.  fenestrina,  Fab. 

Ce  tout  petit  et  fort  joli  Papillon  se  trouve,  au  printemps^ 
voltigeant  dans  les  jardins;  il  se  pose  sur  les  fleurs,  des  om- 
bellifères  surtout.  Sa  chenille  vit  sur  la  laitue. 

Genre  Zigène,  Zigœna ,  Fab. 

4.  Zig.  de  la  filipendule,       Zig.  filipeudulœ,  Fab. 

2.  Zig.  peucédan,  ■     Zig.  peucedani,  Lin. 


PAPILLONS.  857 

Ces  deux  Zigènes  vivent  dans  les  prairies  de  la  plaine.  On  les 
voit  posées  sur  les  fleurs,  et  on  les  saisit  avec  la  plus  grande 
facilité  lorsque  le  temps  est  sombre.  La  Peucedani  offre  plusieurs 
variétés  qui  se  distinguent  par  la  manière  dont  les  taches  des 
ailes  sont  disposées.  Leurs  chenilles  vivent  sur  la  véronique,  les 
trèfles,  le  peucédan  officinal.  On  les  trouve  en  juin  et  juillet. 

o.  Zig.  du  chèvre-feuille,      Zig.  lonicerœ,  Hubn. 

4.  Zig.  de  l'hippocrèpe,         Zig.  hippocrepidis,  Ochs. 

Les  prairies  alpines  sont  fréquentées  par  ces  deux  belles  espèces  : 
les  gorges  du  Randé  au  Canigou,  le  bas  de  Costa-Bona,  sont  les 
localités  où  nous  les  trouvons  le  plus  communément.  Elles  se 
posent  sur  les  fleurs  des  prairies,  et  sur  celles  qui  croissent  au  bord 
des  ravins.  Leurs  chenilles  vivent  sur  les  lotiers,  les  chèvrefeuilles, 
les  astragales  et  l'hippocrèpe. 

5.  Zig.  du  cytise,  Zig.  cytisi,  Hubn. 

6.  Zig.  de  l'artichaut,  Zig.  cynarœ.  Ochs. 

La  première  de  ces  Zigènes  se  trouve  dans  les  environs  do 
Villefranche,  dans  les  fourrés  de  la  Trencada  d'Ambulla,  et  à  mi- 
côte  de  Força-Real:  elle  est  d'un  bleu-violet,  avec  des  taches 
rouges  oblongues  sur  les  ailes  ;  la  seconde,  dans  les  prairies  des 
environs  de  Canet.  Elles  paraissent  en  juin  et  juillet. 

7.  Zig.  spardéon,  Zig.  spardeon,  Ochs. 

8.  Zig.  rhadaraanthe,  Zig.  rhadamanthus,  Ochs. 

9.  Zig.  de  la  lavande,  Zig.  lavandulœ,  Fab. 

Ces  trois  espèces  vivent  dans  des  localités  bien  différentes  :  la 
Spardéon  se  trouve  répandue  sur  la  montagne  de  Céret,  dans 
les  prairies  du  Mas  Companyo  et  du  Mas  Garol,  avant  d'arriver 
à  la  limite  du  bois  communal;  la  Rhadamanthe ,  sur  les 
champs  et  prairies  des  basses  Albères;  la  Lavande,  sur  la  mon- 
tage de  Finestret  et  aux  environs  de  Conat,  sur  la  roule  de  la 
Font  deComps.  On  se  les  procure  en  juillet  et  août. 


858  HISTOIRE   NATURELLE. 

10.  Zig.  du  sainfoin,  Zig.  hedysarœ,  Ochs. 

M.  Zig.  du  Languedoc,        Zig.  Occitanica,  Ochs. 
12.  Zig.  de  la  bruyère,         Zig.  fausta,  Lin. 

La  Zigène  du  sainfoin  buline  les  fleurs  des  fraîches  prairies 
de  la  plaine:  on  la  trouve  dès  le  commencement  de  juin; 
celle  du  Languedoc,  les  fleurs  des  sentiers  des  champs  et 
prairies  entre  Arles  et  Saint-Laurent-de-Cerdans;  celle  de  la 
Bruyère,  butine  dans  les  lieux  arides  des  garrigues  de  Baixas, 
Casas-de-Pena  et  Força-Real.  (Test  toujours  en  juin  et  juillet 
qu'on  les  rencontre  en  plus  grand  nombre. 

Genre  Syntomis,  Syntomis. 

1.  Syn.  phegea,  Syn.  phegea,  Fab. 

La  Phegea  à  couleur  violette,  marquetée  de  blanc,  est  la  plus 
grande  de  cette  tribu;  elle  se  trouve  dans  les  prairies  situées  au 
pied  du  Canigou.  Nous  l'avons  prise  dans  les  deux  vallées  du  Tech 
et  de  La  Tet;  mais  toujours  très-près  de  la  montagne,  et  pas  en 
très-grande  abondance.  Sa  chenille  vit  sur  la  scabieuse,  le  planlin 
et  le  pissenlit. 

Genre  Procris,  Procris,  Fab. 

1.  Pro.  de  la  statice,  Pro.  stalices,  Fab. 

2.  Pro.  de  la  globulaire,       Pro.  globularia,  Esp. 

Ces  deux  espèces,  dont  une  pourrait  bien  être  une  variété  de 
l'autre,  car  leur  différence  n'est  pas  très-sensible,  vivent  sur  les 
plantes  des  lieux  arides  qui  couronnent  le  plateau  qui  sépare 
Prades  de  Rabouillet,  et  où  vit  en  abondance  la  statice  armeria, 
Lin.  On  les  trouve  dans  tous  les  environs  de  ce  plateau  en  juillet 
et  août. 

5.  Pro.  du  prunelier,  Pro.  pruni,  Fab. 

Cette  espèce  est  fort  commune  dans  les  environs  de  Perpignan. 
On  la  trouve  sur  les  haies  du  ruisseau  et  des  vignes  de  Malloles, 


PAPILLONS.  859 

du  Sarrat  de  las  Guillas  et  du  Sarrat  d'en  Vaquer,  où  abonde  le 
prunus  spinosa ,  Lin.  En  août,  en  frappant  sur  les  buissons 
fourrés  de  cette  plante,  on  en  fait  sortir  beaucoup. 

Genre  Aglaope,  Aglaope. 

1.  Agi.  des  haies,  Agi.  infausta,  Fab. 

Les  haies  où  le  houblon  abonde,  servent  de  gîte  à  ce  Papillon. 
On  le  trouve  en  grand  nombre  à  la  pépinière  de  Perpignan,  et  au 
bord  des  champs  et  des  vignes  du  Moulin  d'en  Yifjnals.  11  faut  le 
faire  sortir  en  battant  les  haies,  car  il  est  très-paresseux. 

Genre  Stigie,  Stigia,  Drap. 

1.  Sti.  australe,  SU.  australis,  Drap. 

M.  Farines  a  trouvé,  le  premier,  ce  joli  petit  papillon  dans  les 
environs  de  notre  ville.  M.  Duponchel  l'avait  pris  entre  Argelès 
et  Collioure.  Nous  avons  découvert  sa  chenille,  qui  vil  dans  l'in- 
térieur de  la  tige  de  Yechium  vulgare,  plante  commune  dans  les 
environs  de  Perpignan;  elle  se  métamorphose  en  août. 

TROISIÈME    FAMILLE. 
Nocturnes,  Nocturnœ. 

Première  Tribu. 

Bombiciles,  Bombicites ,  Hubner. 
Genre  Hépiale,  Hepiale,  Fab. 

1.  Hép.  du  houblon,  Hep.  humuli,  Fab. 

2.  Hép.  hecta,  Hep.  hectus,  Fab 

5.  Hép.  louvette,  Hep.  lupulinus,  Fab. 

On  ne  peut  se  procurer  les  Hépiales,  qu'en  les  chassant  des  haies 
où  ils  se  tiennent  dans  le  jour.  Celui  du  Houblon  paraît  en  juin  et 
juillet,  et  se  montre  en  abondance  sur  les  buissons  de  la  pépinière 
de  Perpignan  ;  VHeeta  vit  sur  les  buissons  des  alentours  de  Gbn- 


860  HISTOIRE   NATURELLE. 

solation  :  il  paraît  en  grand  nombre  en  juillet  et  août;  on 
trouve  le  Lupulinus  en  juin  sur  les  châtaigniers  des  montagnes 
de  Céret,  d'Arles  et  de  Saint-Laurent-de-Gerdans. 

Genre  Cossus ,  Cossus. 

1.  Cos.  sylvine,  Cos.  sylvina,  Lin. 

2.  Cos.  gâte-bois,  Cos.  ligniperda,  Fab. 

Ces  Lépidoptères  volent  peu  dans  le  jour;  on  les  trouve  sur 
les  souches  des  arbres,  sur  les  murs,  et  on  s'en  empare  sans  diffi- 
culté. La  Sylvine  offre  trois  variétés  différentes,  selon  la  couleur 
des  ailes  inférieures  ;  la  Gâte-Bois  vit  dans  l'intérieur  des  chênes 
et  des  frênes  :  sa  chenille  passe  trois  ans  dans  l'intérieur  de  ces 
arbres. 

Genre  Zeuzère,  Zeuzere. 

1.  Zeuz.  du  marronnier,       Zeuz.  esculi,  Fab. 

Viiljj.  La  roquette. 

On  trouve  ce  joli  Papillon,  au  printemps,  sur  la  souche  des 
arbres.  Sa  chenille  vit  dans  l'intérieur  des  frênes;  quand  elle  est 
en  nombre  sur  le  même  arbre,  elle  le  fait  périr.  C'est  ainsi  que 
sont  morts  les  arbres  de  la  roule  d'Espagne  et  de  la  route  de 
Prades,  aux  portes  de  Perpignan. 

Genre  Bombix,  Bombix. 

i.  Boni,  grand  paon,  Boni,  pavonia  major,  Lin. 

Ce  beau  Papillon,  le  plus  grand  des  Bombix  d'Europe,  n'est  pas 
rare  dans  le  pays;  il  parait  en  mai.  Sa  chenille  vit  sur  toute  sorte 
d'arbres.  Pour  posséder  le  papillon  frais,  il  faut  se  procurer  le 
cocon,  en  le  recherchant  au  pied  des  arbres,  à  la  fin  de  l'été. 
Le  papillon  éclot  en  mai;  la  chenille  est  très-belle. 

2.  Bom.  moyen  paon,  Boni,  pavonia  média,  Fab. 

3.  Bom.  petit  paon,  Bom.  pavonia  minor,  Lin. 
i.  Bom.  tau,  Bom.  tau,  Fab. 


PAPILLONS.  861 

Si  l'on  veut  avoir  des  sujets  frais,  il  faut,  comme  pour  le  Grand 
Paon,  se  procurer  les  chenilles  ou  les  crysalides,  qui  vivent  sur 
le  prunier  sauvage,  le  chêne  à  kermès,  le  bouleau,  la  ronce,  le 
hêtre;  en  cherchant  au  pied  de  ces  végétaux,  on  y  trouve  le 
cocon.  Dès  le  mois  d'avril,  le  papillon  sort  de  sa  coque,  et  on 
peut  alors  prendre  quelques  sujets  dans  la  campagne;  mais  ils 
laissent  toujours  à  désirer,  tandis  qu'en  s'emparant  du  cocon  ou 
de  la  chenille ,  on  obtient  toujours  de  beaux  échantillons. 

5.  Boni,  feuille  de  chêne,     Boni,  quercifolia,  Lin. 

6   Boni,  feuille  de  peuplier,  Boni,  populifolia,  Fab. 

7.  Boni,  feuille  de  bouleau,  Boni,  betulifolia,  Ochs. 

8.  Boni,  feuille  de  l'yeuse,    Boni,  illicifolia,  Lin. 

C'est  aussi  sur  les  souches  des  arbres  où  vivent  les  chenilles 
de  ces  quatre  espèces,  qu'on  prend  leur  papillon;  le  cocon 
se  trouve  au  pied  de  l'arbre.  Ces  Papillons  ne  volent  que 
la  nuit.  Leurs  chenilles  vivent  sur  les  peupliers,  les  frênes,  le 
bouleau,  le  sorbier  des  oiseaux,  la  myrtille,  le  chêne-vert.  Avec 
un  peu  de  patience  ou  d'habitude,  on  se  procure  les  chenilles  ou 
les  cocons,  et  on  obtient  des  sujets  frais. 

9.  Boni,  du  prunier,  Bom.  pruni,  Lin. 

10.  Bom.  du  pin,  Bom.  pini,  Lin. 

41.  Boni,  buveur,  Bom.  poialoria,  Lin. 

Ces  trois  espèces  viennent  au  printemps;  elles  sont  assez  com- 
munes. La  première  se  trouve  sur  les  haies  des  jardins  Saint- 
Jacques,  et  sa  chenille  vit  sur  l'orme,  sur  le  prunier;  on  prend 
le  B.  du  pin  dans  la  région  où  vit  cet  arbre;  le  B.  buveur  est  assez 
commun  sur  les  haies  des  champs  où  vit  le  roseau;  son  papillon 
se  pose  sur  les  feuilles;  la  chenille  se  nourrit  de  diverses  gra- 
minées. Les  deux  sexes  de  cette  espèce  sont  très-différents. 

12.  Bom.  du  cliène,  Bom.  quercûs,  Lin. 


862  HISTOIRE    NATURELLE. 

C'est  un  fort  joli  Papillon,  dont  les  deux  sexes  sont  très-diffé- 
rents. Il  est  assez  commun  dans  les  vallées  de  Céret  et  d'Arles. 
La  chenille  se  nourrit  sur  le  genêt,  le  lilas,  le  prunier;  elle  est 
l'acile  à  élever,  et  on  obtient  de  très-beaux  sujets. 

15.  Bom.  du  trètle,  Boni,  trifolii,  Fab. 

14.  Bom.  des  buissons,        Bom.  dtimœli,  Lin. 

15.  Bom.  du  pissenlit,  Bom.  taraxaci,  Fab. 

Ils  sont  communs  aux  environs  de  Perpignan.  Nous  trouvons 
la  première  espèce  sur  la  redoute  du  Moulin  à  Vent  et  dans  les 
fossés  de  la  citadelle  de  Perpignan:  sa  chenille  vit  sur  le  trèfle  et 
le  genêt  ;  la  seconde,  sur  les  coteaux  de  nos  environs  :  sa  chenille 
vit  sur  l'épervière  ;  la  troisième  se  plaît  dans  les  jardins  situés  au 
pied  de  Château-Roussillon:  sa  chenille  vit  sur  la  laitue  et  le  pis- 
senlit. C'est  donc  sur  ces  plantes  qu'il  faut  la  chercher;  elle 
sort  de  très-bonne  heure,  en  mars. 

16.  Bom.  évérie,  Bom.  everia,  Fab. 

17.  Bom.  catax,  Bom.  catax,  Lin. 

18.  Bom.  lobuline,  Bom.  lobulina,  Lin. 

19.  Bom.  de  l'aubépine,  Bom.  crategi,  Lin. 

C'est  au  commencement  de  mai  que  paraissent  les  espèces  de 
ce  groupe  sur  nos  montagnes  moyennes  :  les  Albères,  Céret, 
Força-ReaJ,  etc.  On  les  trouve  sur  les  buissons  et  sur  les  plantes. 
Leurs  chenilles  se  nourrissent  sur  le  bouleau,  le  prunier,  le  chêne, 
le  pin,  l'aubépine,  le  cerisier. 

20.  Bom.  processionnaire,    Bom.  processionea,  Lin. 

21.  Bom.  pityocampe,  Bom.  pilyocampa,  Fab. 
Nous  trouvons  ces  deux  espèces  sur  les  collines  entre  Thuir  et 

Oms.  Elles  sont  communes  sur  les  buissons  et  sur  les  fourrés 
herbeux.  Leurs  chenilles  vivent  sur  les  chênes. 

22.  Bom.  de  la  ronce,  Bom.  rubi,  Lin. 


PAPILLONS.  863 

Ce  beau  Papillon  est  un  peu  rare.  Sa  chenille,  très-belle  et 
grosse,  est  difficile  à  élever.  On  la  trouve  assez  abondamment  en 
automne;  elle  est  très-lente,  mange  à  peine,  et  passe  l'hiver  ainsi. 
Au  printemps,  elle  prend  de  la  vigueur;  mange  de  la  laitue  et  des 
jeunes  pousses  de  ronces;  se  métamorphose,  et  peu  de  temps 
après,  le  papillon  sort  de  la  coque.  Il  est  fort  joli. 

25.  Bom.  neustrien,  Bom.  neustria,  Lin. 

La  chenille  de  ce  beau  papillon  vit  sur  le  chêne.  Elle  fournit 
trois  variétés  fort  remarquables,  différenciées  par  des  couleurs 
bien  tranchées. 

24   Bom.  castrense,  Bom.  castrensis,  Lin. 

2o.  Bom.  franconier,  Bom.  franconica,  Fab. 

Tous  les  coteaux  de  Baixas,  Casas-de-Pena,  Castelnau  et  Ter- 
rats,  où  se  trouvent  des  cistes,  donnent  naissance  à  ces  Papillons, 
qui  se  tiennent  dans  les  touffes  de  graminées  et  dans  les  haies. 
Le  Castrensis  fournit  trois  jolies  variétés;  la  femelle  du  Fran- 
conica est  d'un  tiers  plus  grande  que  le  mâle. 

26.  Bom.  versicolore,  Bom.  versicolor,  Lin. 

Ce  beau  Papillon  est  assez  commun  sur  les  montagnes  de  Céret, 
d'Arles  et  des  environs  de  Cortsavi.  En  automne,  on  peut  se  pro- 
curer des  chenilles,  qui,  au  printemps  d'après,  fournissent  de 
beaux  papillons  ;  elles  vivent  sur  le  noisetier,  le  tilleul,  etc. 

27.  Bom.  du  mûrier,  Bom.  mori,  Lin. 

Le  Ver  à  Soie  est  connu  de  tout  le  monde  ;  on  ne  l'obtient  que 
par  l'éducation. 

28.  Bom.  queue  fourchue,     Bom.  vimila,  Lin. 

Ce  beau  Papillon  paraît  dans  le  mois  de  mai  ;  il  se  pose  sur  le 
tronc  des  arbres.  Sa  chenille,  qui  a  la  partie  postérieure  terminée 
par  une  queue  fourchue,  vit  sur  le  saule.  Lorsqu'elle  veut  se 


864  HISTOIRE   NATURELLE. 

transformer,  elle  descend  au  pied  de  l'arbre,  et  se  file  une  coqiu- 
très-dure,  attachée  à  l'arbre  ras  de  terre  ;  elle  est  commune. 

Le  Bombix  herminea,  qui  paraît  être  une  variété  de  la 
précédente  espèce,  n'a  pas  été  observé  dans  le  dépar- 
tement. 


29.  Boni,  de  la  molène, 

30.  Boni,  du  hêtre, 

31.  Boni,  zig-zag, 
52.  Boni,  torva, 

55.  Boni,  dromadaire, 


Boni,  verbasci,  Fab. 
Bom.  fagi,  Lin. 
Bom.  zig-zag,  Lin. 
Bom.  trilophus,  Esp. 
Boni,  dromadarius,  Lin. 

Les  Bombix  de  ce  groupe,  sont  répandus,  au  printemps,  sur  les 
haies  des  coteaux  des  environs  de  Perpignan  :  Chàteau-Roussillon, 
le  Sarrat  d'en  Vaquer,  la  Passiô-Vella,  Ode,  Mail  oies,  etc. 
Leurs  chenilles  se  nourrissent  du  bouillon  blanc,  du  hêtre,  du 
peuplier,  de  l'orme  ;  à  la  fin  d'août,  en  secouant  les  branches  de 
ces  arbres,  on  en  fait  tomber  les  chenilles  qui  sont  sur  le  point 
de  se  transformer. 


54.  Bom.  carmélite, 

35.  Bom.  dictgea, 

36.  Bom.  à  plumet, 

37.  Bom.  bicolore, 


Bom.  carmelita,  Esp. 
Bom.  didœa,  Fab. 
Bom.  plumigera,  Fab. 
Bom.  bicolora,  Fab. 


C'est  sur  les  coteaux  des  régions  moyennes,  qu'il  faut  chercher 
les  Bombix  de  ce  groupe  ;  ils  se  posent  sur  les  broussailles  des 
ravins  et  sur  le  tronc  des  arbres.  Leurs  chenilles  se  nourrissent 
de  gramen,  de  peuplier,  de  saule,  d'érable,  de  bouleau,  de  chêne. 
Le  Bicolore  est  fort  rare. 


58.  Boni,  vélite, 

59.  Bom.  chaonier, 

40.  Bom.  druide, 

41.  Boni,  timide, 


Bom.  velitaris,  Esp. 
Bom.  chaonia,  Hubn, 
Bom.  querna,  Fab. 
Bom.  tremula,  Hubn. 


PAPILLONS.  865 

42.  Bom.  anachorète,  Bom.  anachoreta,  Fab. 

45.  Bom.  courtaud,  Bom.  curtula,  Lin. 

Ce  groupe  vit  de  préférence  dans  les  bois,  au-dessus  de  Vernet, 
de  Castell,  et  dans  les  environs  de  La  Preste.  Ces  Papillons  sont 
très-difficiles  à  trouver,  car  ils  se  cachent  dans  les  broussailles. 
Leurs  chenilles  vivent,  en  général,  sur  le  chêne,  le  chêne-vert, 
l'aune,  les  peupliers,  et  c'est  en  battant  ces  arbres,  en  août  et 
septembre,  qu'on  se  les  procure  ;  au  printemps  suivant,  elles  se 
transforment  en  papillons. 

44.  Bom.  bucéphale,  Bom.  bucephala,  Lin. 

Cette  jolie  espèce  est  très-commune  dans  les  bois  de  la  pépi- 
nière de  Perpignan,  et  les  taillis  qui  bordent  les  cours  d'eau;  elle 
paraît  deux  fois,  en  mai  et  septembre.  Quand  on  trouve  l'arbre 
sur  lequel  se  nourrit  la  chenille  (le  peuplier  ordinairement),  on 
peut  faire  ample  provision  de  celle-ci,  car  elle  y  vit  en  famille 
nombreuse,  et,  par  ce  moyen,  on  obtient  des  papillons  bien  frais. 
La  chenille,  en  se  métamorphosant,  file  une  soie  très-fine  et  s'en- 
roule dans  les  feuilles  de  l'arbre. 

45.  Bom.  pudibond,  Bom.  pudibunda,  Lin. 

46.  Bom.  du  sapin,  Boni,  abietis,  Esp. 

47.  Bom.  porte-brosses,       Bom.  fascelina. 

Ces  trois  espèces  sont  dans  les  bois  des  régions  moyennes,  et 
se  cachent  dans  les  broussailles.  On  s'en  empare  en  secouant  les 
haies,  ou  bien  en  cherchant  leurs  chenilles,  ce  qui  est  préférable. 
Elles  vivent  sur  le  chêne,  le  hêtre,  le  tilleul,  le  sapin.  La  chenille 
de  la  Fascelina  passe  l'hiver  sans  se  transformer  ;  elle  se  nourrit 
sur  le  groseillier,  la  ronce,  le  plantin  et  le  genêt. 

48.  Bom.  gonostigma,  Bom.  gonosligma,  Lin. 

49.  Bom.  antique,  Bom.  anliqua,  Lin. 

Ces  deux  espèces  vivent  sur  les  arbres  de  nos  potagers.  Leurs 

TOME    111.  35 


860  HISTOIRE  NATURELLE. 

femelles  sont  aptères,  et  ne  volent  point;  on  les  trouverait  diffici- 
lement, si  les  mâles  ne  trahissaient  leur  retraite.  Leurs  chenilles 
se  nourrissent  sur  l'abricotier,  le  pommier,  le  framboisier,  l'églan- 
tier, etc.  Les  ailes  de  ces  Papillons  sont  fort  délicates;  on  obtient 
des  sujets  parfaits  en  s'ernparant  de  leurs  chenilles. 

50.  Boni,  disparate,  Boni,  dispar,  Lin. 

Le  nom  lui  est  parfaitement  appliqué.  La  femelle  est  grise;  ne 
vole  guère,  quoique  ayant  des  ailes,  et  reste  sur  le  tronc  des  saules. 
Son  corps  est  si  gros  et  si  laineux  que  ses  ailes,  quoique  bien  déve- 
loppées, ne  suffisent  point  pour  la  transporter  d'un  lieu  dans  un 
autre.  Le  mâle,  qui  est  brun  et  de  deux  tiers  moins  gros  que  la 
femelle,  est  très -actif,  et  vient  la  féconder.  Les  arbres  où  ce 
Papillon  s'établit  en  sont  infestés,  et  il  est  très-facile  d'avoir  des 
sujets  parfaits.  On  voit  les  crysalides  attachées  dans  les  creux  de 
la  souche  des  saules. 

51.  Bom.  morio,  Boni,  morio,  Fab. 

La  femelle  de  ce  Bombix  se  rapproche  des  aptères.  Elle  a, 
comme  celle  du  Dispar,  des  ailes  qui  ne  lui  servent  point,  et  qui 
sont  toutes  chiffonnées.  Son  corps,  aussi  très-gros,  la  force  de 
rester  sur  la  souche  des  arbres,  où  le  mâle  vient  la  féconder; 
elle  vit  dans  la  région  moyenne  des  montagnes. 

52.  Bom.  moine,  Bom.  monacha,  Lin. 

53.  Bom.  rougeâtre,  Bom.  rubea,  Fab. 

54.  Bom.  cul  doré,  Bom.  auriflua,  Fab. 

Ces  trois  Bombix  sont  dans  les  bois  des  régions  moyennes. 
Leurs  papillons  sont  difficiles  à  saisir;  car  ils  se  cachent  dans  les 
fourrés  des  buissons  :  il  faut  donc  chercher  leurs  chenilles,  qui 
vivent  sur  les  pins,  le  chêne,  l'aubépine,  le  peuplier,  le  saule. 
Elles  sont  parfois  très-communes. 

55.  Bom.  du  gramen,  Bom.  graminella,  God. 


PAPILLONS.  867 

50.  Boni,  pelucheux,  Bom.  villosella,  God. 

57.  Bom.  de  la  vesse,  Bom.  viciella,  Fab. 

58.  Bom.  lustré,  Bom.  nitidella,  God. 

59.  Bom.  moucheron,  Bom.  muscclla,  God. 

Ce  groupe  est  fort  original.  Ce  sont  de  très-petites  espèces 
qu'on  voit  rarement  voler  dans  la  campagne.  Quelquefois  le  filet 
en  amène  quelques  sujets  ;  mais  on  se  procure  avec  facilité  la  che- 
nille, qui  est  clans  une  espèce  de  fourreau  qu'elle  traîne  toujours 
après  elle,  et  qu'elle  agrandit  à  mesure  qu'elle  croît  en  filant  une 
soie  très-fine,  qu'elle  entremêle  du  détritus  des  feuilles  dont  elle 
se  nourrit.  On  la  voit  collée  sur  les  murs,  les  souches  et  les  feuiles 
des  arbres;  on  élève  sans  difficulté  ces  chenilles,  qui  se  nourrissent 
de  gramen,  de  vesse,  d'osier,  et  on  obtient  de  jolis  petits  papillons, 
mais  difficiles  à  préparer. 

Deuxième  Tribu. 

Noctuo   bombicites ,    Latreille. 

Genre  Écaille. 
M.  Godart  en  a  fait  son  genre  Chelonia. 

1.  Éca.  caja,  Bom.  caja,  Lin. 

Cette  Ecaille  est  fort  jolie.  Elle  vit  sur  diverses  plantes  ;  on  élève 
sa  chenille  très-facilement;  et,  ce  qu'il  y  a  de  bien  extraordinaire, 
la  nourriture  influe  sur  la  couleur  des  ailes  du  papillon.  Les  che- 
nilles qu'on  élève,  donnent  quatre  variétés  différentes,  rouge  plus 
ou  moins  vif,  noir  et  jaune.  Cette  espèce  habite  les  montagnes 
moyennes. 

2.  Éca.  flavia,  Boni,  flavia,  Fab. 
o.  Éca.  hebe,                        Bom.  hebe,  Lin. 

4.  Ëca.  fasciée,  Boni,  fasciata,  Lin. 

Ces  trois  jolies  Ecailles  se  trouvent  à  la  base  des  montagnes 
secondaires.  Leurs  chenilles  sont  presque  polyphages,  et  elles 


868  HISTOIRE   NATURELLE. 

mangent  tonte  sorte  de  plantes.  Leurs  papillons  se  laissent  pren- 
dre avec  facilité;  ils  se  tiennent  sur  les  plantes  des  terres  incultes 
et  des  vignes  des  vallons  de  Port-Vendres,  de  Banyuls-sur-Mer, 
Céret,  Prades  et  Villefranche.  Les  chenilles  passent  l'hiver  engour- 
dies; au  printemps,  elles  se  métamorphosent,  et  le  papillon  nait 
ordinairement  à  la  mi-juin. 

5.  Éca.  pudique,  Boni,  pudica,  Fab. 

Très-commune  dans  les  fossés  de  la  citadelle  de  Perpignan. 
La  chenille  passe  l'hiver  sous  les  pierres,  et  vit  de  gramen.  Au 
printemps,  on  la  trouve  blottie  dans  la  terre,  où  elle  reste  long- 
temps dans  une  espèce  de  coque  faite  avec  quelque  brin  de 
soie  mêlée  à  de  la  terre  et  aux  excréments  qu'elle  rejette.  Elle 
reste  ainsi  jusqu'en  août,  époque  de  sa  transformation  :  en 
élevant  la  chenille,  on  obtient  de  fort  jolis  papillons. 

6,  Éca.  chaste,  Boni,  casta,  Fab. 

Cette  Écaille  se  trouve  dans  les  endroits  secs  et  incultes  des 
o-arrigues  de  Baixas  et  de  Casas-de-Pena.  Je  l'ai  prise  aussi  à 
Doma-Nova,  sur  les  collines  qui  environnent  l'ermitage.  La  che- 
nille vit  sur  les  rubiacées. 

\J  Écaille  Latreille  de  Godart ,  n'a  été  trouvée  qu'une 
seule  fois  dans  les  environs  de  Bourg-Madame.  Nous  ne 
connaissons  rien  de  ses  habitudes. 

Les  Écailles  Dejean  et  Lapone  n'ont  pas  été  observées 
dans  le  département. 

7.  Éca.  du  plantin,  Boni,  plantaginis,  Lin. 

8.  Éca.  civique,  Boni,  civica,  Hubn. 

9.  Éca.  aulique,  Bom.  aulica,  Lin. 
10.  Éca.  matrone,  Bom.  matrona,  Hubn. 


PAPILLONS.  869 

Ces  quatre  espèces  vivent  sur  les  pelouses  incultes  des  monta- 
gnes de  la  région  moyenne.  C'est  à  la  fin  du  printemps  qu'elles 
paraissent  comme  toutes  les  autres  du  genre;  elles  se  tiennent 
cachées  dans  le  jour.  Leurs  chenilles  vivent  sur  le  lamium  album, 
le  plantin,  la  millefeuille,  le  mouron ,  la  cynoglosse.  La  Matrona 
est  des  régions  plus  élevées  ;  sa  chenille  vit  sur  le  noisetier,  le 
cerisier,  l'armoise,  etc. 

11.  Éca.  fermière,  Boni,  villica,  Lin. 

12.  Éca.  pourprée,  Boni,  purpurea,  Lin. 

Ces  deux  espèces  sont  polyphages.  Elles  s'accommodent  de 
foutes  sortes  de  plantes:  genêts,  asperges,  ormes,  centaurées. 
Leurs  chenilles,  qui  se  trouvent  assez  abondantes  dans  les  ter- 
rains arides  de  la  plaine  et  dans  les  fortifications  de  la  citadelle 
de  Perpignan,  sont  faciles  à  élever.  On  obtient  leurs  papillons 
fin  juin.  Elles  donnent  trois  variétés  remarquables  par  les  nuances 
de  noir,  rouge,  jaune,  dont  sont  couvertes  leurs  ailes  infé- 
rieures. 

15.  Éca.  roussette,  Boni,  russuîa,  Lin. 

14.  Éca.  mendiante,  Boni,  mendica,  Lin. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  sur  les  plateaux  arides  de  la  plaine 
couverts  de  steppes.  Elles  se  tiennent  dans  les  fourrés  et  dans  les 
haies.  Le  mâle  de  la  Mendiante  est  noir,  tandis  que  la  femelle  est 
blanche  et  pointillée  de  noir;  sa  chenille  vit  sur  les  plantins, 
l'ortie,  le  pissenlit.  Les  Ecailles  tachetée,  fuligineuse  et  deuil, 
vivent  au  printemps  sur  diverses  plantes  des  jardins. 

15.  Éca.  lubiïcipède,  Boni,  lubricipeda,  Fab. 

16.  Éca.  de  l'ortie,  Boni,  miicœ,  Esp. 

Ces  deux  Ecailles  vivent  sur  les  coteaux  arides  du  centre  du 
département.  On  les  rencontre  dans  les  premiers  jours  de  juin. 
Leurs  chenilles  se  nourrissent  du  sureau,  de  l'épilobe,  du  fram- 
boisier, des  orties;  celle  de  YUrtkœ  est  très-rare. 


870  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Écailles  Luzer  et  de  la  Menthe  n'ont  pas  été 
observées  dans  le  département. 

Genre  Callimorphe,  Callimorpha,  Latr. 

1.  Cal.  hera,  Boni,  liera,  Fab. 

La  Hera  est  un  peu  polyphage;  on  la  trouve  sur  plusieurs 
plantes.  Sa  chenille  vit  sur  la  eynoglosse  officinale,  sur  le  chêne, 
le  hêtre,  le  pommier,  le  framboisier,  le  saule  et  le  genêt.  On  la 
rencontre  dans  toutes  les  latitudes  du  département;  mais  tou- 
jours isolée  et  cachée  dans  les  buissons.  Elle  est  difficile  à  saisir, 
car  elle  vole  avec  une  rapidité  étonnante.  On  la  voit  par-ci  par-là 
pendant  toute  la  belle  saison. 

2.  Cal.  dominule,  Boni,  domimda,  Fab. 

Cette  espèce  offre  trois  variétés  bien  distinctes  :  les  ailes  infé- 
rieures rouges  et  parsemées  de  taches  noires;  jaunes  et  parse- 
mées de  taches  noires;  toute  noire,  avec  les  ailes  supérieures 
parsemées  de  taches  jaunes  et  rouges.  Elle  se  trouve  dans  les 
jardins  des  environs  de  Perpignan,  au  premier  printemps. 

3.  Cal.  du  séneçon,  Boni,  jacobe,  Scop. 

La  Jacobe  se  trouve  aussi  au  printemps  dans  les  jardins  et  dans 
les  haies  des  champs  voisins.  Sa  chenille  vit  sur  le  séneçon. 

4.  Cal.  servante,  Boni,  obscura,  Fab. 

5.  Cal.  ménagère,  Boni,  serva,  Hubn. 

6.  Cal.  rosette,  Boni,  rubicunda,  Hubn. 

7.  Cal.  rameuse,  Boni,  ramosa,  Fab. 

Ces  quatre  espèces,  dont  les  deux  premières  sont  de  petite  taille, 
et  se  ressemblent  au  point  qu'il  faut  une  grande  habitude  pour  les 
distinguer,  vivent  dans  les  lieux  arides  des  montagnes  moyennes. 
Elles  se  tiennent  cachées  dans  les  buissons;  on  doit  battre  les 
haies,  pour  les  faire  sortir  :  on  s'en  empare  alors  avec  le  filet. 


PAPILLONS.  871 

8.  Cal.  jaune  d'or,  Boni,  aurita,  Esp. 

9.  Cal.  roscide,  Boni,  roscida,  Fab. 
10.  Cal.  gris-souris,  Boni,  murina,  Esp. 

Ces  trois  espèces  très-inléressantes,  sont  assez  communes  sur 
les  buissons  des  ravins  à  la  base  des  montagnes.  Nous  les  trouvons 
surtout,  à  la  fin  du  printemps,  dans  les  environs  de  Consolation. 
Leurs  belles  couleurs  les  font  distinguer.  11  faut  secouer  les  plan- 
tes pour  les  faire  sortir;  car  elles  ont  toutes  l'habitude  de  se  cacher 
dans  les  fourrés.  Leurs  ailes  sont  fort  délicates. 

Les  Callimorphes  Arrosée,  Jeannette,  Mêlogome  et  Mon- 
daine, n'ont  pas  été  observées  dans  ce  département. 

Troisième  Tribu. 

Tin éi tes,  limites,  Latreille. 

Genre  Lithosie,  Lithosia,  Latreille. 

1.  Lit.  mesomela,  Lit.  eborina,  Hubn. 

2.  Lit.  quadrille,  Lit.  quadra,  Lin.,  noclua,  F. 

On  les  prend  en  juin  et  juillet  dans  les  bois,  les  haies  et  dans 
les  broussailles.  En  général,  ce  genre  a  des  ailes  très-délicates 
et  demande  beaucoup  d'attention  pour  les  saisir.  La  Quadra  se 
pose  sur  le  tronc  des  arbres;  elle  est  jaune,  marquée  de  quatre 
points  noirs,  avec  une  bordure  rosée  autour  des  ailes. 

5.  Lit.  aplatie,  Lit.  complanata,  Och. 
4.  Lit.  grammica,                  LU.  grammica,  God. 
o.  Lit.  à  collier  rouge,          Lit.  rubricollis,  Och. 

„    T .  .,,  \  Lit.  mdchella,  God. 

6.  Lit.  gentille,  î  v       »       ;  ;       u  u 

(  Var.  B.  pulchra,  Hubn. 

La  Complanata,  jolie  par  la  diversité  de  la  couleur  des  ailes,  les 
supérieures  noires,  bordées  de  jaune  d'or,  les  inférieures  d'un 


872  HISTOIRE   NATURELLE. 

rose  très-pâle,  se  trouve  sur  les  haies  où  croît  le  genêt;  sa  che- 
nille vit  sur  cette  plante.  La  Grammica  varie  beaucoup;  ses  cou- 
leurs sont  plus  ou  moins  sombres  :  sa  chenille  vit  sur  l'armoise, 
le  genêt,  le  gaillet.  La  Rubrieollis,  toute  noire,  avec  un  collier 
rouge,  le  bout  de  l'abdomen  jaune  d'ocre,  se  trouve  dans  les 
mêmes  lieux.  La  Pulchella  est  très-répandue  dans  les  champs  et 
les  vignes  où  vit  l'héliotrope;  la  chenille  de  celte  jolie  espèce  dévore 
celle  plante,  et  le  papillon  ne  s'en  écarte  pas.  On  peut  en  faire  une 
ample  provision.  Elle  est  d'un  fond  blanc,  pointillé  de  rouge  et 
de  bleu;  les  ailes  inférieures  sont  blanches,  bordées  de  noir. 

Les  Lithosies  Crible,  Candide  et  Tamis,  fort  délicates, 
à  ailes  supérieures  blanches  plus  ou  moins  pointillées  de 
noir,  les  inférieures  plus  ou  moins  brunes,  se  prennent 
sur  les  broussailles  et  les  haies  des  mêmes  localités. 

Quatrième  Tribu. 

Noctuélites,  Noduelites,  Latreille. 

Genre  Noctuelle  ou  Lichnées. 
i.  Noc.  du  frêne,  Noc.  fraxini,  Lin. 

Grande,  belle  et  rare  espèce,  que  nous  trouvons  dans  les  régions 
moyennes  de  nos  montagnes  et  jamais  dans  la  plaine.  Les  ailes 
inférieures  sont  noires,  traversées  par  une  bande  festonnée  bleu 
de  ciel.  Sa  chenille  vit  sur  le  frêne ,  le  noisetier,  le  châtaignier. 
On  trouve  le  papillon  sur  le  tronc  de  ces  arbres. 

2.  Noc.  mariée,  Noc.  nupta,  Lin. 

3.  Noc.  choisie,  Noc.  electa,  Hubn. 

4.  Noc.  déplacée,  Noc.  elocata,  Esp. 

Ces  trois  espèces  sont  grandes  et  fort  jolies.  Elles  ont  les  ailes 
supérieures  grises  et  très-bariolées  de  lignes  noires  diversement 
disposées  ;  les  ailes  inférieures  sont  rouges  et  traversées  aussi 
de  bandes  noires  plus  ou  moins  en  zig-zag.  Elles  se  ressemblent 


PAPILLONS.  873 

beaucoup  et  on  les  différencie  en  portant  toute  l'attention  sur 
la  disposition  des  bandes.  Leurs  chenilles  vivent  sur  le  saule  et  le 
peuplier;  le  papillon  se  trouve  sur  le  tronc  des  arbres  ou  sur  les 
murs,  dans  toute  la  plaine  et  jusqu'aux  régions  moyennes  des 
montagnes. 

5.  Noc.  courtisane,  Noc.  pellex,  Hubn. 

6.  Noc.  conjointe,  Noc.  conjuncta,  Esp. 

La  Courtisane  est  un  peu  plus  petite  que  les  précédentes  espèces; 
elle  en  diffère  par  les  couleurs  générales  plus  pâles.  On  la  trouve  sur 
les  mêmes  lieux;  mais  plus  particulièrement  sur  les  haies  et  les 
chênes  du  Bas-Vernet,  vers  la  poudrière.  La  Conjointe  est  de  la 
taille  de  la  précédente;  les  couleurs  sont  disposées  de  la  même 
manière  ;  seulement  elles  sont  très-vives. 

7.  Noc.  désirée,  Noc.  optata,  God. 

8.  Noc.  accordée,  Noc.  pacta,  Lin. 

Ces  deux  Noctuelles  ont  de  très-grandes  ressemblances  pour  la 
grandeur  et  la  disposition  des  lignes  et  des  couleurs  des  ailes; 
cependant,  Y  Accordée  a  le  corps  rouge,  tandis  que  la  Désirée  l'a 
gris.  Leurs  chenilles  vivent  sur  le  bouillon-blanc. 

9.  Noc.  fiancée,  Noc.  sponsa,  Lin. 

Celle  Noctuelle  varie  beaucoup  en  grandeur.  Les  couleurs  des 
ailes  et  des  lignes  est  la  même  que  dans  les  autres  espèces.  Nous 
la  trouvons  à  l'arrière  saison,  en  septembre  et  octobre,  sur  la 
souche  des  arbres,  les  murs  des  habitations  rurales  (commune). 

10.  Noc.  converse,  Noc.  conversa,  Esp. 
il.  Noc.  nymphe,                 Noc.  nymphœa,  God. 
12.  Noc.  paranymphe,          Noc.  paranympheœ,  Lin. 

Peu  de  chose  différencie  ces  trois  espèces.  On  les  trouve  très- 
souvent  ensemble  dans  les  bois,  surtout  sur  les  chênes.  Les  ailes 
inférieures  sont  d'un  jaune  plus  ou  moins  vif,  et  les  bandes  noires 
qui  les  traversent  sont  à  peu  de  chose  près  les  mêmes. 


874  HISTOIRE  NATURELLE. 

13.  Noc.  hyménée,  Noc.  hymenœa,  Fab. 

14.  Noc.  parthénias,  Noc.  parthénias,  Lin. 

Ces  deux  espèces  font  partie  du  même  groupe  que  les  trois 
précédentes.  Elles  se  distinguent  par  leur  taille  beaucoup  plus 
petite  :  Y  Hyménée  par  les  couleurs  plus  vives  et  une  tache  trian- 
gulaire noire  sur  le  bord  postérieur  des  ailes  inférieures;  la 
Parthénias  est  encore  plus  petite  :  les  couleurs  sont  les  mêmes, 
et  elle  forme  deux  variétés  qui  ne  se  ressemblent  pas  du  tout. 
On  les  trouve  sur  le  tronc  des  arbres,  et  dans  les  fourrés  herbeux 
des  bords  des  fossés  de  la  plaine. 

Les  Noctuelles  Monogramma,  Triquetre,  Glyphique  et 
Mi,  qui  appartiennent  au  groupe  précédent,  ont  presque 
les  mêmes  couleurs,  mais  disposées  différemment.  Elles 
sont  communes  dans  les  prairies  des  parties  basses  près 
des  sables  de  tout  le  littoral.  On  peut  en  faire  provision 
en  juin  et  juillet. 

Les  Noctuelles  Alchimiste,  Leucomélas ,  Algérienne, 
Géométrique  et  Badaude,  sont  dans  les  mêmes  localités, 
surtout  dans  les  bordures  de  tamarix;  leurs  chenilles 
vivent  sur  celte  plante  et  sur  le  trèfle  des  prés.  On  les 
trouve  à  la  même  époque. 

15.  Noc.  spectre,  Noc.  spectrum,  Fab. 

16.  Noc.  maure,  Noc.  maura,  Lin. 

La  chenille  de  la  première  de  ces  deux  espèces  vit  sur  le  genêt 
d'Espagne.  A  la  fin  de  juin,  elle  a  fait  sa  coque  entre  les  branches 
de  cette  plante,  et  on  peut  en  faire  ample  provision.  La  seconde 
doit  être  cherchée  à  la  même  époque.  On  la  trouve  sous  les  pon- 
ceaux  qui  avoisinent  les  moulins  à  farine,  et  dans  les  aqueducs; 
elle  se  colle  aux  murs  de  ces  lieux  humides ,  où  elle  est  assez 
abondante. 

17.  Noc.  tirracha,  Noc.  lirraçha,  Fab. 


PAPILLONS.  875 

Cette  belle  espèce  est  excessivement  rare.  Je  l'ai  prise  une 
seule  fois  sur  les  haies  de  grenadiers  qui  bordent  les  champs 
et  les  vignes  des  environs  de  Cabestany.  Les  ailes  supérieures 
sont  vertes,  bordées  de  noir;  les  inférieures  et  le  corps  sont 
jaune-paille,  avec  une  tache  noire. 

Les  Noctuelles  Lunaire,  Illunaire  et  de  la  Vesse ,  se 
trouvent  dans  les  haies  des  champs  et  des  prairies  des 
parties  supérieures  de  Château-Roussillon  et  de  Canet. 

\S.  Noc.  livide,  Noc   livida,  Fab. 

19.  Noc.  cythérée,  Noc.  cytherea,  God. 

Nous  avons  pris  la  Livide  à  la  montagne  de  Céret,  sur  le  tronc 
des  chênes  et  des  frênes;  la  Cythérée,  sur  les  coteaux  de  Château- 
Roussillon  et  au  pied  de  Forçu-Heal,  sur  les  chardons  et  sur  les 
arbres. 

Les  Noctuelles  Facétieuse,  Bouffonne,  Efféminée,  Pyra- 
midale et  Conique,  se  trouvent  sur  le  tronc  des  arbres 
des  bois  des  basses  montagnes  exposées  au  midi  :  Sainte- 
Colombe,  Castelnau  et  toutes  les  Corbières. 

20.  Noc.  pronuba,  Noc.  pronuba,  Lin. 

Cette  belle  Noctuelle  présente  plusieurs  variétés.  Les  ailes  supé- 
rieures sont  d'un  brun  très-foncé,  avec  des  dessins  presque  im- 
perceptibles; puis,  couleur  chocolat-clair,  avec  des  dessins  plus 
apparents;  enfin,  les  ailes  sont  sillonnées  de  dessins  irréguliers, 
comme  \eèLiehnées.  Les  ailes  inférieures  sont  d'un  jaune  plus  ou 
moins  clair.  Sa  chenille  vit  au  pied  des  arbres,  sur  le  mouron  et 
sur  le  pissenlit,  coteaux  et  roules  des  environs  de  Perpignan. 

21.  Noc   interposée,  Noc.  interjecta,  Hubn. 

22.  Noc.  janthina,  Noc.  janthina,  Fab. 

Ces  deux  Noctuelles  sont  communes,  après  la  moisson,  sur  les 
chaumes  des  parties  arides  de  Château-Roussillon  et  de  Canet. 


876  HISTOIRE   NATURELLE. 

23.  Noc.  frangée,  Noc.  fimbria,  Lin. 

24.  Noc.  flammerole,  Noc.  flammata,  Fab. 

Ces  deux  espèces  sont  fort  communes  sur  les  plantes  et  sur  les 
troncs  d'arbres,  à  la  base  de  Força-Real,  dans  les  environs  de 
Casas-de-Pena,  Estagel  et  Maury.  La  première  offre  deux  variétés 
bien  distinctes  par  la  vivacité  des  couleurs  des  ailes  et  des  dessins 
qui  les  couvrent. 

25.  Noc.  C-noir,  Noc.  C-nigrum,  Lin. 

26.  Noc.  parée,  Noc.  fesliva,  Wien. 

27.  Noc.  belle,  Noc.  bella,  God. 

28.  Noc.  incarnate,  Noc.  carnea,  God. 

Ces  quatre  Noctuelles  habitent  communémentles  chaumes  fourrés 
où  la  camomille  abonde.  Elles  se  posent  sur  les  chardons  qui  bor- 
dent les  champs,  sur  les  buttes  du  Mas  del  Comte,  du  Sarrat  de  las 
Guillas,  de  Malloles,  A'Orle,  près  Perpignan. 

29.  Noc.  mosaïque,  Noc.  mussivœ,  Hubn. 

30.  Noc.  obélisque,  Noc.  obelisca,  God. 

Ces  deux  belles  espèces  sont  assez  communes  dans  les  taillis  des 
environs  de  Saint-Paul,  en  montant  à  Saint-Antoine-de-Galamus, 
et  le  long  de  la  rivière,  après  avoir  passé  la  Fou,  route 
d'Ansignan.  Nous  avons  trouvé  leurs  chenilles  sur  la  chicorée 
et  sur  le  gaillet.  Le  papillon  se  pose  sur  les  plantes  dans  les 
fourrés. 

31 .  Noc.  ocellaire,  Noc.  ocelina,  God. 

32.  Noc.  porte-pieux,  Noc.  valligera,  God. 
55.  Noc.  du  froment,            Noc.  tritici,  Lin. 
54.  Noc.  porte-drapeau,       Noc.  signifera,  Fab. 

Nous  trouvons  assez  communément  ces  quatre  belles  espèces 
sur  les  coteaux  des  basses  Albères,  dans  les  champs  et  sur  les 
broussailles.  Elles  voltigent  pendant  le  jour,  et  se  posent  assez  sou- 


PAPILLONS.  877 

vent  sur  les  chardons  et  sur  les  scabieuses.  Leurs  chenilles  se 
nourrissent  de  pissenlit,  de  lithymales  et  de  cochiéaria. 

55.  Noc.  épaisse,  Noc.  crassa,  God. 

56.  Noc.  exclamation,  Nue.  exclamationis,  Lin. 

57.  Noc.  polygone,  Noc.  polygona,  Fab. 

58.  Noc.  moissonneuse,  Noc.  segells,  Fab. 

Ces  quatre  Noctuelles,  originales  par  les  dessins  qui  couvrent 
leurs  premières  ailes,  sont  assez  fréquentes  sur  les  chaumes  des 
champs  arides.  Elles  se  posent  sur  les  troncs  des  arbres  qui 
entourent  les  propriétés  aux  environs  du  Mas-Deu,  Passa,  Four- 
qùes,  Terrats  et  tous  les  aspres. 

59.  Noc.  égale,  Noc.  œqua,  Hubn. 

40.  Noc.  blessée,  Noc.  saucia,  God. 

41.  Noc.  du  pancratium,      Noc.  pancratii,  God. 

42.  Noc.  enfumée,  Noc.  fumosa,  God. 

45.  Noc.  lucipète,  Noc.  kicipeta,  Fab. 
44.  Noc.  double-raie,  Noc.  birivia,  God. 
4o.  Noc.  cendrée,                 Noc.  cinerea,  God. 

Ce  groupe  se  plaît  dans  les  fourrés  herbeux,  et  dans  les  buissons 
de  ronces  où  croît  le  houblon.  On  le  trouve  à  la  pépinière  de  la 
ville,  dans  les  taillis  des  bords  des  cours  d'eau,  le  long  de  La  Tet 
jusqu'à  111e,  et  le  long  du  Tech  jusqu'à  Céret.  En  battant  les 
fourrés,  ces  espèces  en  sortentetse  posent  sur  la  souche  des  arbres 
voisins.  Dès  que  le  papillon  éclot,  il  grimpe  sur  la  souche  des 
saules.  Si  on  cherche  la  chrysalide,  on  la  trouve  dans  la  terre, 
au  pied  des  arbres,  où  la  chenille  est  venue  accomplir  sa 
dernière  métamorphose.  Elles  vivent  sur  le  pissenlit,  le  houblon, 
la  bourse  du  pasteur. 

46.  Noc.  précoce,  Noc.  prœcox,  Lin. 

47.  Noc.  hâtive,  Noc.  prœceps,  Wien. 


878  HISTOIRE   NATURELLE. 

48.  Noc.  fugace,  Noc.  fugax,  Ochs. 

49.  Noc.  augure,  Noc.  augur,  Fab. 

Ce  groupe  est  digne  de  remarque  par  les  belles  couleurs  distri- 
buées sur  les  ailes.  Nous  prenons  ces  espèces  sur  les  chaumes 
des  parties  basses  de  la  plaine  où  les  arbres  sont  nombreux.  Elles 
se  posent  sur  les  troncs,  souvent  sur  les  chardons,  et  abondent 
en  juin  et  juillet. 

50.  Noc.  apparente,  Noc.  calaphanes,  Hubn. 

51.  Noc.  rénigère,  Noc.  renigera,  Ochs. 

Nous  avons  pris  ces  deux  espèces  dans  le  vallon  de  Doma-Nova. 
Cette  localité,  coupée  de  ravins,  de  monticules  et  de  beaucoup 
d'arbres  de  diverses  espèces,  nous  a  fourni  une  grande  quantité 
de  Papillons  nocturnes  :  aussi  l'avons-nous  visitée  souvent ,  et 
nos  chasses,  la  nuit,  à  la  lanterne,  ont  été  très-productives. 

52.  Noc.  du  plantin,  Noc.  plantaginis,  Hubn. 

53.  Noc.  ambiguë,  Noc.  ambigua,  Fab. 

Ces  deux  jolies  Noctuelles  ont  les  ailes  inférieures  totalement 
blanches,  bordées  d'une  petite  ligne  noire.  On  les  confondrait  si 
les  ailes  supérieures  n'étaient  différentes  par  les  dessins  qui  les 
couvrent.  Nous  les  prenons  sur  les  chaumes  des  parties  mon- 
tueuses. 

54.  Noc.  tache  effacée,         Noc.  cœlimacula,  Wien. 

55.  Noc.  I  double,  Noc.  I  geminum,  God. 

Les  haies  des  vignes  et  des  champs  de  Salses  à  Opol,  et  tous  les 
environs,  nous  fournissent  ces  deux  belles  espèces  ;  elles  se  posent 
sur  les  troncs  des  amandiers  et  quelquefois  sur  les  chardons. 

56.  Noc.  glabre,  Noc.  erytrocephala,  Fab. 

57.  Noc.  silène,  Noc.  silène,  Fab. 

58.  Noc.  liture,  Noc.  litura,  Lin. 


PAPILLONS.  879 

Ces  trois  Noctuelles  ne  sont  pas  communes.  Nous  les  avons 
prises  sur  lés  pentes  de  Belloch,  en  allant  à  la  Font  de  Comps. 
Les  chaumes  des  environs  de  ce  village,  recèlent  bon  nombre  de 
Noctuelles  de  diverses  espèces. 

59.  Noc.  point  blanc,  Noc.  albipunctata,  Fab. 

60.  Noc.  lavée,  Noc.  lavata,  Lin. 

61.  Noc.  satellite,  Noc.  satellitia,  Lin. 

On  confondrait,  au  premier  abord,  ces  trois  jolies  espèces,  leur 
couleur  générale  étant  presque  la  même  ;  mais  ce  qui  les  fait  distin- 
guer, ce  sont  les  points  différemment  placés  sur  les  ailes  supé- 
rieures. Ces  Papillons  sont  de  la  même  taille  et  se  tiennent  dans 
les  fourrés  des  haies  de  toutes  les  basses  montagnes. 

62.  Noc.  upsilon,  Noc.  ypsilon,  Hubn. 
65.  Noc.  fardée,  Noc.  mimosa,  Hubn. 

64.  Noc.  rétuse,  Noc.  retusa,  Lin. 

65.  Noc.  rieuse,  Noc.  ridens,  Fab. 

Ces  quatre  Noctuelles  abondent  sur  les  glacis  des  fortifications 
de  la  citadelle  et  des  lunettes  de  la  ville  de  Perpignan,  parmi  les 
fourrés  où  croissent  beaucoup  de  chardons,  sur  lesquels  elles  se 
posent.  Nous  les  trouvons  quelquefois  sur  les  ormeaux  ou  sur 
les  mûriers  des  environs,  en  juillet  et  août. 

66.  Noc.  octogène,  Noc.  octogena,  Esp. 

67.  Noc.  oo,  Noc.  oo,  Lin. 

68.  Noc.  de  l'osier,  Noc.  viminalis,  Fab. 

69.  Noc.  du  gramen,  Noc.  graminis,  Lin. 

Ces  belles  espèces,  à  couleurs  assez  tranchantes,  vivent  dans 
le  vallon  de  Latour,  aux  environs  du  bois  de  Couchoux.  On  les 
voit,  dans  le  jour,  posées  sur  le  tronc  des  arbres,  et,  la  nuit, 
elles  butinent  sur  les  fleurs.  On  prend,  dans  cette  localité,  plu- 
sieurs espèces  variées,  lorsqu'on  y  chasse  à  la  lanterne. 


880  HISTOIRE   NATURELLE. 

70.  Noc.  du  lichen,  Noc.  lichenes,  Fab. 

71.  Noc.  perle,  Noc.  perla,  Hubn. 

72.  Noc.  chloé,  Noc.  algœ,  Fab. 

Ces  Irais  petites  et  fort  jolies  Noctuelles  se  trouvent  dans  nos 
environs,  sur  les  écorces  des  arbres  qui  entourent  les  glacis  inté- 
rieurs de  la  citadelle.  La  première  offre  trois  variétés  bien  dis- 
tinctes par  la  couleur  plus  ou  moins  sombre  des  ailes.  La  Perle  et 
la  Chloé  sont  difficiles  à  saisir,  parce  que  leur  couleur  ressemble 
beaucoup  aux  lichens  qui  couvrent  souvent  la  souche  des  arbres 
où  elles  se  posent.  La  fin  de  l'été  est  la  saison  la  plus  propice 
pour  les  chasser. 

73.  Noc.  psi,  Noc.  spi,  Ochs. 
7-4.  Noc.  trident,                   Noc.  tridens,  Fab. 

Ces  deux  espèces  pourraient  bien  n'être  qu'une  variété  l'une 
de  l'autre.  Nous  trouvons  leurs  chenilles  dans  les  mêmes  lieux. 
Les  papillons  se  ressemblent  tellement,  qu'une  simple  nuance, 
plus  vive  dans  le  Trident,  peut  seule  les  faire  différencier,  et  l'on 
sait  que  ce  caractère  seul  ne  peut  constituer  une  espèce. 

75.  Noc.  lièvre,  Noc.  leporina,  Lin. 

Celte  jolie  espèce  est  commune  dans  les  bois  des  régions 
moyennes.  Elle  se  pose  sur  les  écorces  et  sur  les  roches,  et 
comme  son  fond  est  blanc,  on  la  distingue  difficilement.  Elle  vole 
lorsqu'on  bat  les  fourrés  des  haies;  on  peut  alors  s'en  emparer 
avec  le  filet. 

76.  Noc.  chevelure  dorée,  Noc.  auricoma,  Hubn. 

77.  Noc.  de  la  patience,  Noc.  rurnicis,  Lin. 

78.  Noc.  de  l'euphorbe,  Noc.  euphorbiœ,  Wien. 

79.  Noc.  de  l'érable,  Noc.  aceris,  Lin. 

des  Noctuelles  se  trouvent  dans  diverses  localités.  On  les  prend 
dans  les  haies,  sur  le  tronc  des  arbres  qui  croissent  au  pied  des 


PAPILLONS.  881 

Albères,  et  en  battant  les  broussailles  on  les  force  à  voler.  Les 
environs  de  Consolation,  et  surtout  les  vallons  de  Port-Vendres 
et  de  Banyuls  en  sont  remplis.  Leurs  chenilles  et  leurs  chrysalides 
se  tiennent,  dans  les  mêmes  lieux,  au  pied  des  arbres  et  des 
arbustes. 

80.  Noc.  protée,  Noc.  protea,  Hubn. 

81.  Noc.  typique,  Noc.  li/pica,  Lin. 

82.  Noc.  de  l'ivraie,  Noc.  lolii,  Esp. 

85.  Noc.  leucophée,  Noc.  leucophœa,  Wien. 

On  ne  saurait  préciser  le  lieu  de  prédilection  où  nous  trouvons 
ces  Noctuelles;  car  nous  les  avons  prises  dans  des  régions  très- 
différentes,  et  toujours  sur  les  coteaux:  à  Força-Real,  Casas- 
de-Pena,  Opol,  Saint-Anloine-de-Galamus,  près  des  bois  ou  des 
haies  de  ces  localités. 

84.  Noc.  du  genêt,  Noc.  genislœ,  Hubn. 

83.  Noc.  contique,  Noc.  contiqua,  Fab. 

86.  Noc.  thalassine,  Noc.  thalassina,  Borkh. 

87.  Noc.  méticuleuse,  Noc.  meticulosa,  Lin. 

88.  Noc.  embrasée,  Noc.  empyrea,  God. 

89.  Noc.  adulatrice,  Noc.  adidatrix,  Hubn. 

Les  espèces  de  ce  groupe,  se  trouvent  sur  les  plateaux  des 
montagnes  peu  élevées,  ainsi  que  dans  les  fourrés  des  bois  de  la 
plaine.  Les  trois  premières  sont  assez  communes  dans  les  bois 
de  la  vallée  du  Réarl,  tandis  que  les  autres  se  tiennent  dans  les 
taillis  et  fourrés  de  la  pépinière  de  la  ville  :  elles  se  posent  sur 
les  arbustes.  VAdnlatrix  a  un  faciès  qui  la  distingue,  et  des  cou- 
leurs blanche,  symétriquement  disposées  sur  le  fond  vert  de 
ses  ailes. 

90.  Noc.  arrangée,  Noc.  compacta,  Illig. 

91.  Noc.  parée,  Noc.  continua,  Hubn. 

TOME  HI.  56 


882  HISTOIRE   NATURELLE. 

Ces  deux  Noctuelles  se  ressemblent  assez.  Elles  sont  fort  com- 
munes dans  les  bois  des  basses  montagnes  :  aux  environs  de 
Consolation ,  de  Notre-Dame-de-Vie  et  tout  le  long  des  Albères. 
On  les  voit  butiner  sur  les  fleurs,  et  on  peut  en  faire  provision 
dans  le  courant  de  juillet. 

92.  Noc.  runique,  Noc.  runica;  Fab. 

93.  Noc.  remarquable,  Noc.  prospicua,  Kub. 

Le  Calce  de  Thuir,  de  Sainte-Colombe  et  toutes  les  garrigues 
de  cette  région,  nous  fournissent  la  première  de  ces  deux  espèces, 
qui  se  pose  sur  le  tronc  des  chênes  et  des  oliviers  ;  la  couleur 
verte  des  ailes  supérieures  et  les  dessins  blancs  qui  les  recou- 
vrent, la  font  aussitôt  distinguer.  La  seconde  a  les  ailes  supé- 
rieures d'une  belle  couleur  verte,  et  les  inférieures  de  couleur 
marron ,  bordée  de  noir.  Elle  butine  sur  les  chardons  des  glacis 
de  la  citadelle  de  Perpignan. 

94.  Noc.  couleur  de  lichen,  Noc.  lichenea,  Hubn. 

95.  Noc.  cappa,  Noc.  cappa,  Hubn. 

La  première  de  ces  deux  espèces  est  fort  rare.  On  la  prend  sur 
les  glacis  de  la  place  de  Perpignan,  et  dans  les  chaumes  des  envi- 
rons. La  Cappa  est  commune  dans  le  vallon  de  Banyuls-sur-Mer; 
sa  chenille  vit  sur  le  delphinium  staphisagria,  et  sa  nymphe  se 
trouve  au  pied  de  cette  plante. 

96.  Noc.  larroche,  Noc.  atriplicis,  Lin. 

97.  Noc.  pityphage,  Noc.  piniperda,  Esp. 

Ces  deux  belles  Noctuelles  sont  communes  sur  les  chaumes  : 
la  première,  à  l'île  Sainte-Lucie  et  dans  le  voisinage  de  Saint- 
Nazaire,  sur  les  plantes  des  mares  salées;  la  Pityphage,  sur  les 
roches  et  les  troncs  d'arbres  d'une  région  bien  opposée,  le  plateau 
supérieur  de  la  Font  de  Comps.  Juillet  et  août  sont  les  époques  les 
plus  propices  pour  leur  faire  la  chasse. 


PAPILLONS.  883 

98.  Noc.  didyme,  Noc.  didyma,  Esp. 

Très-commune  sur  les  chaumes  et  les  haies,  ainsi  que  sur  les 
glacis  des  fortifications  de  Perpignan. 

99.  Noc.  du  pois,  Noc.  pisi,  Lin. 

100.  Noc.  potagère,  Noc.  oleracea,  Lin. 

101.  Noc.  couleur  de  suie,  Noc.  suasa,  Lin. 

102.  Noc.  de  la  persicaire,  Noc.  persicariœ,  Lin. 

103.  Noc.  du  chou,  Noc.  brassicœ,  Lin. 

Les  Noctuelles  de  cette  section,  ont  des  couleurs  très-sombres. 
Elles  sont  communes  pendant  les  mois  de  juillet  et  août  dans 
les  haies  des  vastes  jardins  des  environs  de  Perpignan  ;  elles  se 
posent  sur  le  tronc  des  arbres,  et  souvent  on  les  voit  butiner  sur 
les  fleurs  en  plein  midi. 

104.  Noc.  bâtis,  Noc.  bâtis,  Lin. 

105.  Noc.  conigère,  Noc.  conigera,  Illig. 

106.  Noc.  verdoyante,  Noc.  virem,  Lin. 

107.  Noc.  L  blanche,  Noc.  L  album,  Lin. 

108.  Noc.  pâle,  Noc.  pallens,  Lin. 

En  juillet  et  août,  on  voit  ces  cinq  dernières  espèces  butinant, 
en  plein  jour,  sur  les  plantes  qui  croissent  au  bord  des  ruisseaux, 
et  sur  les  chardons  des  glacis  des  fortifications  de  la  place  de 
Perpignan,  entre  la  promenade  des  platanes  et  les  remparts,  en 
remontant  vers  Saint-Jacques,  ainsi  que  dans  les  fossés  des 
lunettes  de  la  porte  Canet. 

109.  Noc.  perspicillaire,  Noc.  perspicillaris,  Lin. 

110.  Noc.  du  pin,  Noc.  pinaslri,  Lin. 

111.  Noc.  ancienne,  Noc.  vetusta,  Hubn. 

112.  Noc.  antique,  Noc.  exoleta,  Lin. 

Les  deux  premières  de  ces  Noctuelles  habitent  les  environs  de 
La  Preste  ;  elles  sont  paresseuses,  et  ne  volent  que  lorsqu'on  les 


884  HISTOIRE   NATURELLE. 

force  dans  leur  retraite:  nous  les  trouvons  sur  les  troncs  des  arbres 
raboteux.  Les  deux  dernières  sont  moins  alpines;  elles  ont  assez 
de  ressemblance  entre  elles;  se  posent  sur  le  tronc  des  arbres; 
volent  peu  dans  le  jour,  et  si  on  les  fait  fuir  en  battant  les  buis- 
sons, leur  vol  est  court,  et  elles  vont  se  réfugier 'dans  les  brous- 
sailles. Eu  juin  et  juillet ,  on  les  trouve  au  pied  de  la  montagne 
de  Géret. 

113.  Noc.  agréable,  Noc.  jucurida,  Hubn. 

114.  Noc.  de  la  cardère,       Noc.  dipsacœa,  Hubn. 
llo.  Noc.  peltigère,  Noc.  pcltigera,  Hubn. 

116.  Noc.  armigère,  Noc.  armigera,  Hubn. 

117.  Noc.  adulatrice,  Noc.  adulatrix,  Hubn. 

La  Jucunda  est  très-petite  et  fort  jolie.  Je  l'ai  prise  dans  le 
ravin  de  Consolation  :  elle  s'échappa  d'un  tas  de  broussailles  que 
je  remuais  en  y  cherchant  des  Coléoptères;  elle  est  rare.  Les  trois 
espèces  suivantes  Voltigent,  pendant  le  jour,  dans  les  prairies 
maritimes  et  sur  les  luzernes;  elles  se  posent  sur  les  fleurs  du 
pissenlit.  L' Adulatrice  se  voit,  partout,  butiner  sur  les  fleurs  des 
chardons,  sur  les  chaumes  des  parties  arides,  et  sur  les  bords  des 
fossés  des  routes. 

118.  Noc.  solaire,  Noc.  solaris,  Hubn. 

119.  Noc.  en  deuil,  Noc.  luctuosa,  Hubn. 

Ces  deux  belles  espèces  sont  répandues  dans  toutes  les  parties 
basses  qui  touchent  les  sables  maritimes.  Elles  butinent,  et  se 
posent  sur  les  fleurs  de  Veryngium  maritimum  et  campestre. 

120.  Noc.  du  maïs,  Noc.  zeœ,  God. 

Celte  espèce  est  commune  dans  la  plaine  du  riverai  où  le  maïs 
est  cultivé.  La  chenille  se  loge  entre  la  paille  et  l'épi,  dont  elle 
se  nourrit,  et  elle  en  gâte  le  grain  lorsqu'il  est  tendre.  Elle  est 
souvent  très-nombreuse,  et  fait  alors  le  plus  grand  mal  à  la 
récolte. 


PAPILLONS.  885 

121.  Noc.  sulfurée,  Noc.  sulfurea,  Hubn. 

122.  Noc.  ancre,  Noc.  itnca,  Hubn. 

Ces  deux  Noctuelles  ont  une  robe  fort  jolie,  et  sont  communes 
dans  les  prairies  basses  des  environs  de  Canet.  Elles  volent  pen- 
dant le  jour,  et  butinent  sur  les  joncs  et  les  plantes  qui  vivent  au 
bord  des  mares,  si  fréquentes  dans  cette  contrée. 

Genre  Cuculie,  Cuculia,  Ocbseinheimer. 

1.  Cuc.  du  bouillon  blanc,    Cuc.  verbasci,  Ochs. 

2.  Cuc.  blattaire,  Cuc.  blatlaria,  Treits. 

On  voit  rarement  voler  ce$Nochtélites.  La  chenille  de  la  Verbasci 
se  trouve  abondamment  sur  le  verbaseum  tapsus  :  on  la  nourrit 
avec  cette  plante,  et  on  obtient  en  juillet  des  sujets  très-frais. 
La  Blaltaria  ressemble  beaucoup  à  la  précédente  ;  elle  est  plus 
petite  ;  ses  couleurs  sont  plus  claires,  et  le  dessin  des  ailes  su- 
périeures est  moins  régulier;  elle  paraît  à  la  même  époque. 

5.  Cuc.  ombrageuse,  Cuc.  umbricata,  Ochs. 

I.  Cuc.  de  la  laitue,  Cuc.  laclucœ,  Hubn. 

5.  Cuc.  de  la  tanaisie,  Cuc.  tanaceti,  Ochs, 

G.  Cuc.  lucifuge,  Cuc.  lucèfuga,  Hubn. 

Ces  quatre  Cueillies  sont  très-communes  dans  les  taillis  de  la 
pépinière  de  la  ville.  Ce  genre  se  tient  très-cacbé,  pendant  le 
jour,  dans  les  fourrés;  et,  à  la  brune,  lorsqu'on  chasse  les  Sphinx, 
on  prend  ces  Lépidoptères  butinant  sur  la  saponaire  cl  sur  les 
autres  plantes. 

Genre  Xanthie,  Xanthia,  Ocbseinheimer. 

1.  Xan.  safranée,  Xan.  croleago,  Ochs. 

2.  Xan.  citronnée,  Xan.  cilrago,  Ochs. 

Ces  deux  fort  jolies  Xanthies  sont  paresseuses  à  voler.  Pendant 
le  jour,  elles  resfenl  Woflips  dans  les  broussailles  ou  attachées  sur 


886  HISTOIRE  NATURELLE. 

le  tronc  des  arbres;  mais,  la  nuit,  elles  butinent  sur  les  fleurs 
avec  une  ardeur  extrême.  Nous  les  avons  prises  sur  les  collines 
des  environs  de  Perpignan. 

5.  Xan.  cirée,  Xan.  cerago,  Ochs. 

4.  Xan.  ocracée,  Xan.  silago,  Ochs. 

5.  Xan.  cendrée,  Xan.  gilvago,  Ochs. 

6.  Xan.  rufine,  Xan.  rufina,  Ochs. 

7.  Xan.  vitelline,  Xan.  vitellina,  Ochs. 

Les  trois  premières  espèces  de  ce  groupe  se  ressemblent  beau- 
coup, et  il  faut  une  grande  attention  pour  les  différencier.  Elles 
offrent,  en  outre,  plusieurs  variétés;  on  les  prend  d'ordinaire  dans 
les  chasses  de  nuit  ou  au  crépuscule,  aux  environs  de  Perpignan. 
Les  deux  autres  sont  assez  rares.  Nous  les  avons  prises  dans  les 
environs  de  Jau  et  d'Eslagel,  près  de  la  rivière.  En  battant  les 
buissons,  oh  les  fait  lever;  elles  se  posent  sur  les  roches,  et  alors 
on  peut  s'en  emparer  avec  facilité. 

Genre  Gonoplère,  Gonoptera,  Latr. 

\.  Gon.  découpure,  Gon.  libatrix,  Latr. 

Nous  trouvons  cette  belle  Noctuélite  dans  les  fourrés,  sous 
Château-Roussillon  :  elle  y  est  parfois  abondante.  On  la  fait  fuir 
en  battant  les  buissons;  mais  son  vol  est  court,  et  elle  se  pose 
bientôt  dans  les  broussailles.  Elle  craint  le  grand  jour. 

Genre  Calyptre,  Calyptra,  Ochs. 

i.  Cal.  du  pigamon,  Cal.  thalictri,  Ochs. 

Nous  n'avons  jamais  trouvé  ce  Papillon,  bien  que  sa  chenille, 
qui  vit  sur  le  Ihnlictrum  flavum ,  soit  excessivement  commune 
dans  les  prairies  et  les  bords  des  ruisseaux  de  tous  nos  environs. 
On  élève  avec  facilité  la  chenille,  qui  se  convertit  en  nymphe 
vers  le  15  mai,  et  vingt-huit  jours  après  on  a  le  papillon  parfait. 


PAPILLONS.  887 

Nous  en  avons  pourvu  les  collections  de  la  capitale  et  de  l'Alle- 
magne ;  car  ce  papillon  n'a  encore  été  trouvé  en  France,  qu'aux 
environs  de  Perpignan. 

Genre  Plusie,  Plusia,  Ochseinheimer. 
1    Plu.  chryside,  Plu.  chrijsilis,  Ochs. 

2.  Plu.  iota,  Plu.  iota,  Ochs. 

5.  Plu.  gamma,  Plu.  gamma,  Ochs. 

La  première  de  ces  Plusies  est  très-commune  dans  les  prairies 
des  environs  de  Prades  ;  elle  vole  pendant  le  jour,  et  se  pose  sur 
les  fleurs.  Les  deux  autres  sont  très-jolies,  et  vivent  sur  les  prairies 
de  la  vallée  de  Prats-Balaguer.  On  les  fait  lever  en  battant  les 
plantes,  et  on  en  prend  beaucoup  en  août. 

Plu.  ni,  Ochs. 
Plu.  interrogalionis,  Ochs. 
Plu.  circonflexa,  Ochs. 
Plu.  cliver  gens,  Ochs. 
Plu.  a  in,  Ochs. 

Les  trois  premières  Plusies  de  ce  groupe,  sont  assez  communes 
sur  les  chaumes  et  les  fourrés  des  environs  de  Perpignan. 
Quand  on  les  force,  elles  volent  avec  une  rapidité  étonnante; 
mais  elles  se  posent  bientôt  pour  s'enfoncer  dans  les  brous- 
sailles. L'Ain  et  la  Divergente  sont  alpines,  et  nous  les  avons 
prises  dans  les  environs  de  La  Preste,  où  elles  ne  sont  pas 
communes.  On  les  fait  lever  en  ballant  les  haies  et  les  buissons  ; 
elles  se  posent  aussitôt  pour  se  cacher  dans  les  broussailles. 

Genre  Chrysoptère,  Chrysoptera,  Latr. 
1.  Chr.  monnaie,  Chr.  moneta,  Ochs. 

La  Moneta  est  assez  commune  dans  la  vallée  de  Saint-Laurenl- 
de-Cerdans  et  de  Costujes.  On  la  prend  sur  les  haies  qui  bordent 
les  champs  et  les  routes. 


4. 

Plu. 

ni, 

o. 

Plu. 

interrogation, 

(]. 

Plu. 

circonflexe, 

7. 

Plu. 

divergente, 

8. 

Plu. 

ain, 

888  HISTOIRE   NATURELLE. 

Genre  Platypterix,  Platypterix,  Lasp. 

1.  Pla.  faucille,  Pla.  fulcula,  Lasp. 

2.  Pla.  harpon,  Pla.  curvatula,  Lasp. 
5.  Pla.  hameçon,  Pla.  hamiila,  Lasp. 
4.  Pla.  petite-épine,  Pla.  spinula,  Lasp. 

Les  trois  premières  espèces  de  ce  groupe  sont  jolies  et  fort 
originales.  Elles  sont  assez  communes  dans  les  environs  de 
Consolation,  de  Port-Vendres  et  du  vallon  de  Baiiyuls;  les  buis- 
sons des  bords  des  torrents  qui  descendent  de  la  montagne,  en 
sont  couverts  en  juillet  et  en  août.  La  Spinula  se  trouve  sur  les 
buissons  des  environs  de  Mali  oies,  près  Perpignan,  en  juin  et 
en  septembre. 

Cinquième  Tribu. 

Phalénites,  Phalenites ,  Latreille. 

Cette  jolie  et  nombreuse  tribu  est  abondante  dans 
le  département.  La  forme  des  Papillons  est  assez 
bizarre;  leurs  chenilles  sont  arpenleuses,  et  dès  qu'on 
touche  la  feuille  ou  qu'on  secoue  la  branche  où  elles  se 
tiennent,  elles  se  laissent  tomber  par  un  ni  de  soie  qui 
les  maintient  à  quelque  distance  de  terre. 

Genre  Rumie,  Rumia,  Boisduval. 

i.  Rum.  de  l'alisier,  Rum.  cratœgata,  Treits. 

Nous  trouvons  cette  jolie  espèce  dans  les  ravins  des  environs 
de  La  Roca  et  de  Sorède,  et  à  Nolre-Dame-del-Coll,  dans  les 
jardins  des  environs  de  la  chapelle,  sur  les  haies  et  les  buissons 
de  celle  contrée. 

Genre  Ennomos,  Ennomos,  Treits. 

1.  Enn.  de  l'aune,  Enn.  alnearia,  Treits. 

2.  Enn.  du  tilleul.  Enn.  tiliaria,  Treits. 


PAPILLONS.  889 

3.  Enn.  anguleuse,  Enn.  ungularia,  Treits. 

Les  deux  premières  espèces  de  ce  groupe,  sont  .issez  communes 
dans  les  environs  d'Améliè-les-Bâins,  d'Arles  et  de  Corlsavi.  Le 
papillon  est  difficile  à  conserver;  car,  pour  peu  qu'on  le  touche, 
la  poussière  des  ailes  s'enlève.  Pour  l'avoir  bien  Irais,  il  faut  se 
procurer  la  chrysalide,  qu'on  trouve  au  pied  des  arbres  et  des 
broussailles.  L'Anguleuse  fournit  trois  variétés,  bien  distinctes 
par  la  couleur  des  ailes  du  papillon,  qui  sont  d'un  fond  jaune- 
safran  plus  ou  moins  nuancé,  et  par  la  disposition  de  leurs  taches 
et  de  leurs  lignes.  Elle  est  commune  dans  les  environs  du  bois 
de  Saint-Antoine-de-Galamus,  et  dans  toute  la  vallée  de  Candies. 
La  femelle  se  tient  collée  sur  les  troncs  dos  arbres  ou  sur  les 
roches,  et  le  mâle  butine  sur  les  fleurs. 

4.  Enn.  rongée,  Enn.  crosaria,  Treits. 

5.  Enn.  dentelée,  Enn.  dentaria,  Treits. 

6.  Enn.  du  lilas,  Enn.  çyringaria,  Treits. 

Les  Papillons  de  ce  groupe  sont  fort  délicats.  Les  deux  premiers 
se  tiennent  sur  les  haies  et  les  buissons  de  la  montagne  de  Cércl, 
près  du  bois  communal,  cl  on  les  fait  lever  en  battant  les  haies; 
mais,  pour  avoir  de  beaux  papillons,  il  faut  se  procurer  les  chry- 
salides. La  Syringaria  voltige  pendant  le  jour  dans  les  jardins  etles 
parterres;  elle  se  pose  sur  les  fleurs  el  sur  le  tronc  des  arbres. 

Genre  Minière,  Hiniera,  tëoisduval. 

\.  Him.  plume,  Him.  pmnaris,  Treits. 

Les  bois  et  les  taillis  des  environs  d'Ouïs  et  de  toute  la  vallée 
supérieure  du  Réart,  nous  fournissent  ce  beau  Papillon,  qui  se 
fait  remarquer  par  sa  belle  couleur  pêche,  et  par  des  raies  trans- 
verses noires  el  blanches  sur  les  ailes  supérieures. 

Genre  Crocalle,  Crocallis,  Treits. 
1.  Cro.  aglossp.  Cm.  elinguaria,  Treits. 


890  HISTOIRE   NATURELLE. 

Commune  dans  les  taillis  et  les  buissons,  sous  Château- 
Roussillon. 

Genre  Àngerone,  Angerona,  Boisduval. 
J.  Ang.  du  prunier,  Ang.  prwiaria,  Boisduval. 

On  doit  chercher  ce  beau  Papillon  dans  les  jardins  et  dans  les 
haies  qui  les  entourent.  Il  se  (ait  remarquer  par  les  teintes  jaune 
d'ocre  et  des  taches  plus  obscures  sur  les  ailes.  Il  fournit  deux 
belles  variétés. 

Genre  Eurymène,  Eurymena,  Boisduval. 

I.  Eur.  doloire,  Eur.  dolabraria,  Treits 

Dans  le  premier  printemps  et  en  septembre,  nous  trouvons  ce 
petit  Papillon  dans  les  bois  des  basses  Albères.  Il  n'est  pas  rare. 

Le  Genre  Aventie  n'a  pas  été  remarqué  dans  notre 
département. 

Genre  Philobie,  Philobia,  Boisduval. 

1.  Phi.  marquée,  Phi.  notatarïa,  Treits. 

2.  Phi.  alternée,  Phi.  aUernqria,  Treits. 
o.  Phi.  estimée,                    Phi.  œstimaria,  Treits. 

Les  Philobies  sont  communes  sur  toutes  les  prairies  du  littoral, 
bordées  de  lamarix,  et  sur  les  plages  où  cette  plante  abonde. 

Genre  Épione,  Epione,  Boisduval. 

î.  Epi.  étrangère,  Epi.  advenaria,  Treits. 

-  2.  Épi.  émargée,  Epi.  emarginaria,  Treits. 

Ces  Papillons  habitent  les  mêmes  localités  que  le  genre  précé- 
dent. Ils  sont  très-délicats,  et,  quand  on  les  saisit,  la  poussière 
se  détache  de  leurs  ailes  avec  facilité. 

Genre  Timandre,  Timandra,  Boisduval. 
|.  Tim.  aimée,  Tim.  amoforia,  Treits. 


PAPILLONS.  891 

2.  Tim.  imitée,  Tim.  imitaria,  Treits. 

0.  Tim.  changée,  Tim.  œmidaria,  Treits. 

Ces  petites  et  fort,  jolies  Noctuélites,  sont  communes  clans  les 
bois  des  environs  de  Saint-Martin-du-Canigou  ;  on  les  trouve 
même  sur  les  haies  au  bord  du  chemin ,  entre  Vernet  et  Gastell. 

Genre  Hémilhée,  Hemithea,  Boisduval. 

1.  Hém    du  buplèvre,  Hem.  buplevraria,  Treits. 

2.  Hém.  d'été,  Hem.  œsti varia,  Treits. 

3.  Hém., coupée,  Hem.  putataria,  Treits. 

Les  Hémithées  sont  communes  entre  Ria  et  Villefranche,  sur 
les  ronces  et  les  broussailles,  ainsi  que  dans  toutes  les  gorges  de 
la  Trencada  d'AmbuUa. 

Genre  Amphidase,  Amphidasis,  Treits. 

1.  Amp.  du  bouleau,  Amp.  betularia,  Treits. 

2.  Amp.  précoce,  Amp.  prodomaria,  Treits. 

3.  Amp.  hérissée,  Amp.  hirtaria,  Treits. 

Le  genre  Amphidase  est  plus  alpin  que  le  précédent.  Il  fournit 
de  fort  jolis  papillons  de  couleur  blanc  sale,  couverts  de  taches 
brunes  et  noires;  ils  habitent  les  bois  des  régions  moyennes. 
On  les  trouve  dans  la  vallée  de  Conat,  au  milieu  des  bois  à  mi-côte 
de  la  Font  de  Comps,  et  dans  les  bois  situés  à  quelque  distance  de 
Saint-Martin-du-Canigou. 

Genre  Nyssie,  Nyssia,  Boisduval. 
Ce  genre  est  peu  nombreux;  les  femelles  sont  aptères. 

1.  Nys.  hispide,  Ni/s.  hispidaria,  Treits. 

2.  Nys.  zone,  Nys.  zonaria,  Treits. 

5.  Nys.  pomone,  Nys.  pomonaria,  Treits. 

C'est,  sur  les  escarpements  du  Ravané,  près  Collioure,  et  sur 
ceux  de  la  Trencada  d'AmbuUa  que  nous  avons  trouvé  les  Nyssies. 


892  HISTOIRE   NATURELLE. 

Il  ne  faut  pas  négliger,  quand  on  trouve  un  mâle  sur  une  plante, 
de  bien  chercher  au  pied  de  celte  plante  :  on  est  sûr  d'y  prendre 
la  femelle.  La  chenille  vit  sur  les  graminées;  et  si  on  peut  la 
trouver  au  premier  printemps,  en  juin  on  a  de  beaux  papillons. 

Genre  Hibernie,  Ilibernia,  Latr. 

1.  Hib.  défeuillée,  Hib.  defoliaria,  ïreits. 

2.  Hib.  hâtive,  Hib.  progemmaria,  Treits. 

5.  Hib'.  de  l'érable,  Hib.  aceraria,  Treits. 

4.  Hib.  grisâtre,  Hib.  leucophœaria;  Treits. 

Les  Hibernies  aiment  les  bois  qui  couvrent  les  montagnes  de 
Castéll,  de  Vernet  et  de  Fillols.  Plusieurs  se  trouvent  dans 
les  potagers  et  les  vergers  de  ces  localités.  Les  femelles  sont 
aptères. 

Genre  Boarmie,  Boarmia,  Treits. 

\.  Boa.  du  chêne,  Boa.  roboraria,  Treits. 

2.  Boa.  parente,  Boa.  consortaria,  Treits. 

ô.  Boa.  crépusculaire,  Boa.  crepuscularia,  Treits. 

i.  Boa.  ombrée,  Boa.  umbraria,  Hubn. 

5    Boa.  ceinte,  Boa.  cinctaria,  Treits. 

6.  Boa.  languedocienne,  Boa.  occitanaria,  Boisduval. 

7.  Boa.  pétrifiée,  Boa.  pelrificaria,  Treits. 

8.  Boa.  assortie,  Boa.  consonaria,  Hubn. 

C'est  dans  les  bois  et  les  haies  des  montagnes  moyennes,  les 
haies  des  champs  et  des  vignes  des  coteaux  de  la  plaine,  ainsi 
que  dans  les  jardins,  que  se  tiennent  les  Papillons  de  ce  groupe. 
Us  ont  les  ailes  très-délicates  et  méritent  toute  l'attention  du 
naturaliste.  Les  trois  premières  espèces  se  trouvent  dans  les 
régions  moyennes;  YOrkbrée,  la  Ceinte  et  la  Languedocienne  se 
tiennent  dans  les  vignes  et  les  jardins  des  coteaux  de  Saint- 
Sâutfeuf;  la  Pétrifiée  et  Y  Assortie  vivent  plus  particulièrement 


PAPILLONS.  8U3 

dans  les  jardins  de  Saint-Jacques  et  de  Saint-Estève  :  elles  se 
posent  sur  la  souche  des  arbres.  Les  mois  d'août  et  de  septembre 
sont  les  plus  propices  pour  les  chercher. 

Genre  Fidonie,  Fidonîa,  Treits. 

1.  Fid.  plumet,  Fid.  plumistaria,  Treits. 

Cette  Fidonie  est  très-abondante  dans  les  ruines  de  Saint- 
Marlin-du-Canigou.  Quand  on  pénètre,  en  été,  dans  la  chapelle 
souterraine,  on  peut  la  prendre  par  centaines;  on  la  trouve  aussi 
dans  les  broussailles  des  haies  des  environs. 

2.  Fid.  pennigère,  Fid.  pennigeraria,  Treits. 

Celle  espèce,  dont  les  couleurs  sont  plus  pâles,  vit  aussi  dans 
les  environs  de  Saint-Marlin-du-Canigou;  mais  nous  ne  l'avons 
jamais  remarquée,  comme  l'autre,  dans  le  souterrain  de  l'église. 

5.  Fid.  picotée,  Fid.  atomaria,  Treits. 

Cette  Fidonie  se  trouve  dans  les  bois  des  basses  montagnes; 
elle  y  est  abondante,  et  varie  beaucoup  par  la  taille  et  par  les 
couleurs  plus  ou  moins  vives  de  ses  ailes. 

4.  Fid.  du  pin,  Fid.  piniaria,  Treiis. 

5.  Fid.  bordée,  Fid.  limbaria,  Treits. 

6.  Fid.  du  genêt,  Fid.  spariiaria,  Treits. 

Ces  trois  espèces  se  trouvent  dans  les  forêts  des  régions  alpines, 
surtout  la  première  qui  vit  sur  le  plateau  de  la  Font  de  Comps; 
les  deux  autres,  dans  les  bois  des  parties  basses  de  ces  mêmes 
régions  où  croissent  des  genêts. 

7.  Fid.  zébrée,  Fid.  zebraria,  Treits. 

8.  Fid.  voisine,  Fid.  concordaria,  Treits. 

9.  Fid.  hépatique,  Fid.  hepataria,  Treits. 
10.  Fid.  aurore,  Fid.  auroraria,  Treits. 


894  HISTOIRE   NATURELLE. 

Ces  quatre  jolies  et  délicates  espèces  vivent  dans  les  taillis  des 
parties  basses  et  humides,  au  pied  de  toutes  nos  montagnes, 
parmi  les  broussailles  et  les  fourrés  herbeux;  il  faut  de  grandes 
précautions  pour  les  conserver. 

M.  Fid.  cendrée,  Fid.  cineraria,  Boisduval. 

12.  Fid.  gris-souris,  Fid.  murinaria,  Treits. 

15.  Fid.  de  la  bugrane,  Fid.  onoraria,  Treits. 

14.  Fid.  arrosée,  Fid.  conspersaria,  Treits. 

15.  Fid.  saupoudrée,  Fid.  perspersaria,  Treits. 

16.  Fid.  plumeuse,  Fid.  plumaria,  Treits. 

Les  trois  premières  espèces  de  ce  groupe  sont  fort  abondantes 
sur  les  chaumes  et  les  luzernes  des  parties  basses  du  littoral.  Elles 
volent  en  plein  jour,  et  sont  fort  délicates;  les  trois  dernières  vivent 
dans  les  prairies  et  dans  les  taillis  de  la  région  moyenne.  Pour  s'en 
emparer  facilement,  il  faut  battre  les  buissons. 

Genre  Ligie,  Ligia,  Boisduval. 

1.  Lig.  de  Jourdan,  Lig.  Jourdanaria,  De  Villi. 

2.  Lig.  opaque,  Lig.  opacaria,  Hubn. 

Jusqu'ici  ce  sont  les  deux  seules  espèces  du  genre  :  elles  habi- 
tent les  lieux  solitaires  des  plateaux  arides  de  la  vallée  du  Réart, 
et  les  garrigues  où  croissent  beaucoup  de  ronces  et  de  graminées; 
les  endroits  les  plus  fourrés  leur  servent  de  gîte.  Juillet  et  août 
sont  les  mois  les  plus  favorables  pour  les  prendre. 

Le  genre  Numérie  n'a  pas  encore  été  trouvé  dans  le 
département. 

Genre  Cabère,  Cabera,  Treits. 

1.  Cab.  strigillée,  Cab.  strigillaria,  Treits. 

2.  Cab.  virginale,  Cab.  pusuria,  Schm. 

3.  Cab.  tachée,  Cab.  conta minaria,  Hubn. 


PAPILLONS.  895 

("'est  dans  les  bois  des  plateaux  des  environs  de  Musset,  de 
Rabouillet  et  surtout  au  bois  des  Fanges,  qu'on  peut,  en  juillet, 
se  procurer  ces  Noduêlites. 

Genre  Éphyre,  Ephyra,  Boisduval. 

1.  Éph.  trilignée,  Eph.  Irilinearia, 

2.  Eph.  ponctuée,  Eph.  punctuaria,  Treits. 
5.  Éph.  pupillée,  Eph.  pupillarïa,  Treits. 
4.  Éph.  orbiculaire,  Eph.  orbicularia,  Hubn. 

Ce  genre  est  assez  commun  dans  les  chaumes  et  dans  les  lu- 
zernes de  la  plaine.  Les  espèces  que  nous  avons  remarquées  volent 
de  grand  matin;  dans  la  journée,  elles  se  posent  sur  les  touffes 
des  plantes,  où  elles  s'enfoncent  à  mesure  que  le  soleil  s'élève 
sur  l'horizon. 

Genre  Dosislhée,  Dosislhea,  Boisduval. 

i.  Dos.  ornée,  Dos.  omataria,  Treits. 

2.  Dos.  de  la  fougère,  Dos.  filicaria,  Treits. 

o.  Dos.  invariable,  Dos.  immutaria,  Treits. 

4.  Dos.  vieillie,  Dos.  iwunaria,  Treits. 

Les  Dosisthées  sont  dans  les  bois  et  taillis  de  nos  basses  régions. 
Elles  se  plaisent  dans  les  touffes  des  buissons  où  on  les  trouve 
en  grand  nombre;  de  sorte  que  lorsqu'on  frappe  les  haies,  on  les 
voit  sortir  par  bandes  nombreuses.  Elles  sont  difficiles  à  préparer. 

Genre  Acidalie,  Acidalia,  Treits. 

\ .  Aci.  pâle,  Aci.  pallidaria,  Treits. 

2.  Aci.  rousse,  Aci.  rvfaria,  Treits. 

5.  Aci.  dégénérée,  Aci.  degeneraria,  Treits. 

4.  Aci.  détournée,  Aci.  avcrsaria,  Treits. 

5.  Aci.  double  ceinture,        Aci.  aureulario,  Treits. 

6.  Aci.  rougeâlre,  Aci.  rubricaria,  Treits. 


896  HISTOIRE   NATURELLE. 

Les  Acidulies  aiment  les  bois  des  parties  basses,  les  garrigues 
de  la  vallée  du  Réart,  celles  de  la  vallée  du  Boules  et  celles  des 
basses  Albéres.  On  les  trouve  parfois  sur  les  murs,  sur  les  rochers 
et  sur  les  écorces  ;  elles  sont  fort  délicates.  La  Rougeâtre  offre 
deux  variétés  qui  se  distinguent  par  des  couleurs  plus  vives. 

Genre  Aspilate,  Âspilates,  Treits. 

i.  Asp.  ocracée,  Asp.  gilvaria,  Treits. 

2.  Asp.  citronnée,  Asp.  citraria,  Treits. 

5.  Asp.  sacrée,  Asp.  sacraria,  Treits. 

4.  Asp.  pourprée,  Asp.  purpuraria,  Treits. 

5.  Asp.  ensanglantée,  Asp.  cruentaria,  Treits. 

6.  Asp.  brillante,  Asp.  mundataria,  Treits. 

Ce  genre  se  plaît  dans  les  plateaux  arides,  dans  les  clairières 
des  taillis,  dans  les  garrigues  qui  ne  sont  pas  très-élevées.  La 
plupart  de  ces  espèces  volent  dans  le  jour,  et  on  peut  les  saisir 
avec  le  filet  ;  mais  leurs  ailes  sont  si  délicates,  que,  rarement,  on 
a  un  papillon  frais  si  on  n'élève  pas  la  chenille,  ce  qui  n'est  pas 
très-facile. 

Genre  Pellonie,  Pcllonia,  Boisduval. 

1.  Pel.  calabroise,  Pel.  calabraria.  Treits. 

2.  Pel.  flagellée,  Pel.  vibicaria.  Treits. 

Ce  genre,  très-restreint,  se  compose  de  deux  espèces,  qui  se 
trouvent  dans  les  garrigues  et  les  bois  du  vallon  de  Banyuls- 
sur-Mer,  et  le  long  des  basses  Albèrcs. 

Le  genre  Clèogène,  qui  se  compose  de  quatre  espèces, 
n'a  pas  été  observé  dans  les  Pyrénées-Orientales. 

Genre  Phasiane,  Phasiane,  God. 
i.  Plia,  plombée,  Plia,  plumburia,  Treits. 

2.  Plia,  oblique,  Pha.  obliquaria,  Boisduv. 


PAPILLONS.  897 

3.  Plia,  liée,  Plia,  vincularia,  Treits. 

4.  Pha.  accolée,  Pha.  artcsiaria,  Treits. 

5.  Pha.  écussonnée,  Pha.  scutidaria,  Ramb. 

Ce  genre  fréquente  les  garrigues  arides  et  fourrées  où  les  buis- 
sons abondent,  et  sur  lesquels  les  Phasianes  se  tiennent  de  préfé- 
rence; en  ballant  les  fourrés,  on  les  force  à  sortir.  Juin  et  juillet 
sont  les  mois  où  l'on  peut  se  les  procurer. 

Genre  Eubolie,  Eubolia,  Boisduval. 

1.  Eub.  entourée,  Eub.  peribolaria,  God. 

2.  Eub.  mesurée,  Eub.  mensuraria,  God. 

3.  Eub.  cervine,  Eub.  cervinaria,  Treits. 

4.  Eub.  du  troène,  Eub.  ligustraria,  Treits. 

5.  Eub.  rouillée,  Eub.  ferrugaria,  Treits. 

6.  Eub.  biponctuée,  Eub.  bipunctuaria,  Treits. 

Les  Papillons  de  ce  genre,  dont  les  espèces  sont  petites,  se 
tiennent  dans  les  bois  de  la  lisière  des  régions  alpines.  C'est  en 
frappant  les  arbres,  les  haies  et  les  touffes  de  ronces,  qu'on  les 
force  à  voler;  ils  sont  excessivement  délicats. 

Genre  Urapterix,  Urapterix,  Kirby. 
1.  Ura.  du  sureau,  lira,  sambucata,  God. 

Cette  espèce,  aux  belles  couleurs  citron,  avec  diverses  raies 
plus  ou  moins  rouges  sur  les  ailes,  est  assez  commune  dans  les 
jardins  des  environs  de  Perpignan .  C'est  à  la  chute  du  jour  qu'elle 
vole,  et  qu'on  peut  la  prendre  ;  dans  le  jour,  elle  se  tient  cachée 
dans  les  broussailles. 

Genre  Gnophos,  Gnophos,  Treitschke. 

1.  Gno.  tannée,  Gno.  pullata,  God. 

2.  Guo.  glauque,  Gno.  glaucinata,  God. 

3.  Gno.  bigarrée,  Gno.  variegata,  God. 

TOME    III.  57 


898  HISTOIRE   NATURELLE. 

4.  Gno.  claire,  Gno.  dilucidaria,  Treits. 

5.  Gno.  trompée,  Gno.  obfnscata,  God. 

6.  Gno.  charbonnée,  Gno.  carbonaria,  God. 
Tontes  les  espèces  de  ce  genre  vivent  dans  les  bois  des  coteaux 

un  peu  élevés,  et  restent  cachées  dans  le  jour.  C'est  en  battant 
les  haies  et  les  arbres  touffus,  qu'on  les  fait  voler,  et  qu'on  peut 
s'en  emparer.  On  les  voit  souvent  sur  les  troncs  des  vieux  arbres 
couverts  de  lichens,  avec  lesquels  on  les  confond. 

Genre  Vénilie,  Yenilia,  God. 
\ .  Yen    tachetée,  Ven.  maculata,  Treits. 

Cette  espèce  forme  à  elle  seule  ce  genre.  Elle  est  petite,  d'un 
jaune  d'ocre  et  tachetée  de  noir,  avec  une  frange  entrecoupée 
qui  entoure  les  ailes;  elle  est  fort  délicate.  Elle  habite  les  bois 
des  montagnes  de  la  vallée  du  Réart;  je  l'ai  prise  en  juillet  et  en 
août  dans  les  garrigues  des  environs  de  la  Cantarane  et  de  Llinas. 

Genre  Zerène,  Zerene,  Treitschke. 

1.  Zer.  du  groseillier,  Zer.  grosulariata,  Treits. 

2.  Zer.  de  l'orme,  Zer.  ulmata,  Treits. 
o.  Zer.  du  frêne,  Zer.  pontata,  Treits. 
4.  Zer.  criblée,  Zer.  cribrata,  Treits. 

Les  Zerènes,  dont  les  chenilles  sont  arpenteuses,  vivent  sur  les 
arbres.  Lorsque  le  vent  agite  l'arbre,  ou  qu'on  le  secoue,  les 
chenilles  se  laissent  tomber,  au  moyen  d'un  fil  de  soie;  mais 
elles  n'arrivent  jamais  à  terre,  et  restent  ainsi  suspendues.  Les 
personnes  qui  fréquentent  la  pépinière,  ont  souvent  à  se  débar- 
rasser la  figure  de  ces  chenilles  qui  flottent  dans  l'air.  Elles  sont 
très-nombreuses  sur  l'orme  et  sur  le  frêne.  Celle  du  Groseillier 
se  voit  dans  les  jardins  ;  elle  est  commune  dans  le  bois  de  Salva- 
nère  et  à  la  vallée  de  Carença. 

Le  Genre  Corycie,  composé  de  deux  espèces,  n'a  pas 
été  trouvé  dans  les  Pyrénées-Orientales. 


PAPILLONS.  899 

Genre  Mélanthie,  Melanthia,  Boisduval. 

1.  Méï.  de  la  ronce,  Mel.  albicillata,  Treits. 

2.  Mél.  du  fusain,  Mel.  adnstala,  Treits. 

3.  Mél.  ondée,  Mel.  fluctuata,  Treits. 

4.  Mél.  du  gaillet,  Mel.  gcdiata,  Treits. 

5.  Mél.  ocellée,  Mel.  ocellata,  Treits. 

6.  Mél.  montagnarde,  Mel.  montanaria,  Treits. 

Les  espèces  de  ce  genre  se  plaisent  dans  les  endroits  herbeux 
aux  bords  des  ruisseaux  des  montagnes  moyennes  ;  quelques- 
unes  sur  les  bois  touffus  des  montagnes  de  cette  région.  Toutes 
sont  de  grandeur  moyenne  et  fort  délicates. 

Genre  Mélanippe,  Melanippe,  Duponchel. 

1.  Mél.  marginée,  Mel.  marginata,  Treits. 

2.  Mél.  hastée,  Mel.  haslata,  Treits. 
5.  Mél.  triste,                       Mel.  tristata,  God. 

4.  Mél.  alchemille,  Mel.  alchemillata,  Boisduv. 

5.  Mél.  riveraine,  Mel.  rivata,  Boisduval. 

Les  Mélanippes  se  tiennent  dans  les  bois  peu  élevés  et  frais. 
Elles  sont  fort  paresseuses,  et  on  doit  battre  les  haies  et  les 
fourrés  pour  les  saisir  avec  le  filet.  Il  faut  les  préparer  avant 
qu'elles  ne  soient  sèches  ;  car  elles  ne  peuvent  pas  supporter  le 
ramollissement. 

Genre  Cidarie,  Cidaria,  Treitschke. 

1.  Cid.  de  l'anserine,  Cid.  chenopodiata ,  Boisduv. 

2.  Cid.  du  peuplier,  Cid.  populata,  Treits. 
5.  Cid.  marbrée,                    Cid.  marmorata,  God. 

4.  Cid.  pyrale,  Cid.  ■pyralata,  Treits. 

5.  Cid.  fauve,  Cid.  fidvata,  Treits. 

6.  Cid.  du  prunier,  Cid.  prunata,  God. 


900  HISTOIRE  NATURELLE. 

7.  Cid.  rompue,  Cid.  ruptata,  God. 

8.  Cid.  sœur,  Cid.  sororiata,  God. 

9.  Cid.  rongeâtre,  Cid.  rubidata,  Treits. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  de  moyenne  grandeur,  et  ont 
leurs  ailes  fort  délicates.  Elles  habitent  partout  :  certaines  vivent 
d.ms  les  bois  des  régions  moyennes;  d'autres  sur  les  tamarix 
des  prairies  maritimes;  quelques-unes,  dans  les  jardins;  toutes 
so:!t  paresseuses  et  craignent  le  jour.  Il  faut  donc  battre  les 
arbres,  les  haies  et  les  fourrés  pour  s'en  emparer. 

Genre  Anaïte,  Anaitis,  God. 

1.  Ana.  triple  raie,  Ana.  plagiata,  Treits. 

2.  Ana.  rétrécie,  Ana.  coarctata,  Treits. 

Ce  genre  se  compose  de  trois  espèces.  Elles  sont  alpines  :  nous 
en  trouvons  deux  dans  le  bois  de  la  Font  de  Comps  et  dans  la 
vallée  de  Prats-Balaguer  ;  elles  se  posent  souvent  sur  le  tronc 
des  arbres.  Elles  paraissent  fin  août. 

Genre  Larentie,  Larentia,  Treitschke. 

\.  Lar.  douteuse,  Lar.  dubidata,  Treits. 

2.  Lar.  certaine,  Lar.  certata,  God. 

3.  Lar.  du  nerprun,  Lar.  rhamnata,  God. 

4.  Lar.  sillonnée,  Lar.  rigata,  God. 

5.  Lar.  double  ligne,  Lar.  biiineata,  God. 

Ce  genre  est  très-nombreux.  Quelques  espèces  sont  de  moyenne 
grandeur.  Ce  groupe  vil  au  milieu  des  bois  des  régions  moyennes. 
Nous  prenons  ces  papillons  sur  les  souches  des  arbres,  sur  les 
rochers  qui  forment  des  clôtures,  sur  les  murs  des  maisons  rura- 
les ;  ils  pénètrent  souvent  dans  l'intérieur  des  habitations. 

6   Lar.  de  la  clématite,         Lar.  vitalbata,  God. 
7.  Lar.  essayeuse,  Lar.  tersata,  God. 


PAPILLONS.  SOI 

8.  Lar.  aqueuse,  Lar.  aquata,  God. 

9.  Lar.  polygramme,  Lar.  polygrammata,  God. 

Ces  quatre  espèces  sont  des  régions  arides.  Elles  habitent  les 
garrigues  de  Saint-Estève  et  de  Baixas;  se  posent  sur  les  clôtures, 
sur  les  écorces,  sur  les  murs  des  habitations  rurales;  elles  sont 
fort  délicates. 

10.  Lar.  perroquet,  Lar.  psillacata,  God. 
M.  Lar.  geai,  Lar.  coraciata,  God. 

Ces  deux  petites  espèces  vivent  dans  les  jardins;  s'abritent 
dans  les  maisons  et  sur  les  arbres.  On  peut  se  les  procurer  faci- 
lement dans  les  mois  de  juillet  et  août. 

Il  y  a,  dans  ce  genre,  une  infinité  d'espèces  très-petites, 
qui  vivent  dans  les  bois  et  les  garrigues,  et  qui  ont  échappé 
à  nos  recherches.  La  difficulté  de  les  prendre,' de  les  conserver 
et  de  les  préparer,  en  sont  les  principales  causes.  Il  faudrait 
pouvoir  se  procurer  les  chenilles,  et  les  élever  pour  avoir  des 
papillons  frais,  ce  qui  demande  beaucoup  de  temps. 

Genre  Amathie,  Amathia,  God. 

1.  Ama.  hexaptère,  Ama.  hexapterata,  God. 

2.  Ama.  six  ailes,  Ama.  sexalata,  God. 

3.  Ama  lobée,  Ama.  lobulata,  God. 

Les  trois  espèces,  sur  quatre  dont  se  compose  ce  genre,  et  que 
nous  avons  ramassées,  vivent  dans  les  jardins  et  les  haies  des 
champs  qui  avoisinent  Ille,  Millas  et  Sainl-Féliu;  il  faut  les 
chercher  en  juillet. 

Genre  Chésias,  Chesias,  Treitschke. 

1.  Ché.  du  genêt,  Che.  spartiata,  God. 

2.  Ché.  du  genévrier,  Che.  Juniper ata,  God. 

3.  Ché.  polycome,  Che.  polycomata,  God. 


902  HISTOIRE   NATURELLE. 

â.  Ché.  obélisque,  Che.  obeliscata,  Treits. 

Les  deux  premières  espèces  de  ce  groupe,  sont  communes  dans 
les  bois  de  Caladroy,  domaine  de  M.  de  Ginestous,  où  le  genêt  et 
le  genévrier  abondent.  La  Spartiata  a  été  trouvée  aussi  au  Sarrat 
de  Puig-Joan,  banlieue  de  Perpignan.  Les  deux  dernières  sont 
alpines;  elles  se  trouvent  dans  les  bois  de  pins  des  plateaux  éle- 
vés; volent  dans  les  clairières,  et  se  posent  sur  le  genêt  à  balais, 
commun  dans  ces  régions. 

Genre  Strénie,  Strenia,  Boisduval. 
1.  Str.  à  barreaux,  Str.  clathrala,  Boisduval. 

Cette  espèce  est  fort  commune  dans  les  luzernes.  En  agitant 
les  plantes,  elle  s'élève  dans  l'air  et  on  la  saisit  avec  le  filet  :  il 
faut  une  grande  attention  pour  la  piquer.  Elle  présente  deux 
variétés,  dont  les  couleurs  sont  plus  ou  moins  foncées;  cela 
dépend,  je  crois,  de  l'état  de  fraîcheur  du  papillon. 

Le  genre  Tanaque,  composé  de  deux  espèces,  n'a  pas 
été  observé  dans  le  département. 

Genre  Psodos,  Psoclos,  Treitschke. 

1.  Pso.  équestre,  Pso.  equestra,  Treits. 

2.  Pso.  menaçante,  Pso.  torvaria,  Treits. 

Ces  deux  très-petites  espèces  volent  en  plein  jour,  et  se  repo- 
sent sur  les  fleurs  du  rhododendron.  C'est  donc  sur  les  régions 
alpines  qu'il  faut  les  chercher:  elles  sont  communes  sur  tous  les 
points  où  croît  cette  plante. 

Les  deux  genres  Sione  et  Minoa,  très-peu  nombreux 
en  espèces  et  qui  terminent  cette  nombreuse  tribu, 
n'ont  pas  été  observés  dans  le  département  des  Pyré- 
nées-Orientales. 


papillons.  903 

Sixième  Tribu. 
Pyralites,  pyralites,  Duponchel. 

Les  Pyralites  offrent  la  même  variété  de  mœurs  que 
les  Phalénites.  On  les  trouve  partout,  dans  les  prairies 
humides,  dans  la  plaine,  sur  les  coteaux  et  les  monta- 
gnes, dans  les  bois,  les  jardins,  dans  les  maisons  même. 
La  plupart  volent  dans  le  jour;  leur  vol  est  bas,  court, 
et  souvent  elles  se  reposent  sur  la  terre;  beaucoup  se 
tiennent  cachées  sous  les  feuilles.  Les  chenilles  de  cer- 
tains genres  se  nourrissent  de  substances  animales  grasses 
et  desséchées;  celles-ci  sont  appliquées  contre  les  murs 
des  maisons.  Celles  qui  appartiennent  aux  genres  Py- 
raustes  et  Ennychies  ,  voltigent  sur  les  fleurs  en  plein 
soleil,  et  au  moment  de  la  plus  forte  chaleur;  quelques 
genres,  au  contraire,  recherchent  l'ombre  et  la  fraîcheur 
des  eaux.  Les  Hercynes  sont  fréquentes  sur  les  hautes 
montagnes;  le  genre  Eudorée  se  cache  dans  les  crevasses 
des  roches,  et  dans  les  troncs  des  arbres  dont  l'écorce 
est  rugueuse. 

C'est  à  la  tribu  des  Pyralites  qu'appartient  le  Papillon 
qui,  lorsqu'il  est  encore  à  l'état  de  larve,  fait  tant  de 
ravages  dans  nos  vignobles  :  c'est  le  Pyralis  vitrtna, 
Fah.,  le  Tortrix  pillerimia ,  Schiffermuller ,  la  Pyrale 
de  la  vigne  de  tous  les  auteurs  modernes ,  en  catalan 
caca  (lisez  conque).  Voir,  ci-après,  la  lettre  de  M.  Audouin. 

Septième  Tribu. 

Platyomides,  Platyomidœ ,  Duponchel. 

Cette  tribu  est  très-nombreuse  ;  elle  se  compose  de 
plus  de  trois  cents  espèces,  dont  les  chenilles  sont  très- 
petites.  Les  unes  vivent  à  découvert  sur  les  feuilles  où 


904  HISTOIRE   NATURELLE. 

elles  construisent  leur  cocon  ;  d'autres  se  nourrissent  du 
parenchyme  des  feuilles  qu'elles  plissent  sur  leurs  bords 
et  qu'elles  roulent  en  cornet  pour  s'en  former  un  abri  : 
telles  sont  celles  du  genre  Tortrix  ;  d'autres,  pour  se 
soustraire  à  leurs  ennemis,  vivent  au  centre  de  plu- 
sieurs feuilles  qu'elles  lient  ensemble  par  des  fils  de 
soie. 

Il  en  est  qui  vivent  dans  l'intérieur  des  fruits  à  pépin 
et  à  noyau  ;  beaucoup  vivent  entre  l'écorce  et  l'aubier 
des  arbres  fruitiers,  où  elles  se  creusent  des  galeries  d'où 
s'écoule  une  humeur  qui  trahit  leur  présence. 

Certaines  habitent  les  jeunes  branches  des  pins ,  où 
elles  forment  des  bourrelets,  au  milieu  desquels  elles 
subissent  leur  dernière  métamorphose.  Ce  même  arbre  a 
ses  jeunes  pousses  dévorées  par  les  chenilles  de  la  Bou- 
liana,  qui,  lorsqu'elles  y  sont  en  nombre,  ce  qui  arrive 
souvent,  occasionnent  sa  mort. 

Le  genre  Cochylis,  qui  appartient  encore  à  cette*  tribu, 
dévore  les  jeunes  bourgeons  de  la  vigne.  Sa  chenille, 
quoique  plus  petite,  est  aussi  dangereuse  que  celle  de  la 
Pyrale;e\\e  n'exerce  pas  ses  ravages  sur  nos  vignobles, 
mais  elle  fait  un  mal  immense  dans  les  vignes  du  nord. 

Enfin ,  il  en  est  qui  se  nourrissent  sur  les  plantes 
rampantes,  et  se  métamorphosent  dans  une  toile  com- 
mune, et  ce  ne  sont  pas  les  moins  dangereuses;  car  elles 
font  un  grand  mal  à  la  propriété  où  elles  établissent  leur 
domicile. 

Un  entomologiste  qui  étudierait  bien  les  mœurs  de 
cette  nombreuse  variété  de  chenilles,  ferait  une  multi- 
tude d'observations  très -curieuses. 

Les  Papillons  sont  de  très-petite  taille  ;  mais,   dans 


PAPILLONS.  905 

cette  petitesse,  rien  n'a  été  négligé,  plusieurs  offrant  sur 
leurs  ailes  l'éclat  des  métaux  les  plus  précieux  :  il  semble 
que  la  nature  a  voulu  reproduire,  sur  une  petite  échelle, 
les  espèces  les  plus  remarquables  des  autres  tribus. 

Huitième  Tribu. 

Crambites,   Crambites,  Latreille. 

Cette  tribu  n'est  pas  très-nombreuse  :  huit  genres  et 
cent  huit  espèces  la  composent.  Les  Crambites,  à  l'état 
parfait,  diffèrent  très-peu  des  Pyralites;  elles  s'en  éloi- 
gnent beaucoup  par  leurs  chenilles.  Les  Crambites  ont 
un  faciès  particulier,  qui  ne  permet  pas  de  les  confondre 
avec  les  autres  Lépidoptères  ;  la  forme  de  leurs  ailes  est 
étroite  et  très-allongée,  et,  au  repos ,  leur  corps  en  est 
enveloppé  comme  dans  un  fourreau. 

Les  Papillons  de  cette  tribu,  sont  petits  et  très-délicats. 
La  nature  n'a  rien  épargné  pour  les  parer  des  plus  belles 
couleurs  ;  ils  sont  ornés  de  taches,  de  bandes,  de  points 
d'or,  d'argent,  de  nacre,  admirablement  distribués.  On 
doit  les  chercher  dans  les  clairières  des  bois  où  croissent 
de  hautes  plantes,  et  dans  les  prairies;  quelques-uns 
dans  les  bruyères  ou  sur  les  feuilles  des  arbres.  Leur  vol 
est  court,  bas,  et  lorsqu'ils  s'abattent,  c'est  dans  les 
endroits  les  plus  touffus  :  ils  sont  si  lestes  à  se  cacher, 
qu'il  est  difficile  de  les  saisir. 

Leurs  chenilles  sont  peu  connues  :  la  plupart  vivent  et 
se  métamorphosent  sous  la  mousse  ;  d'autres  dans  les 
tiges  des  joncs  et  des  roseaux  ;  quelques-unes  ne  se 
trouvent  que  dans  les  prairies  des  hautes  montagnes. 
Les  Galleria  ont  l'instinct  de  déposer  leurs  œufs  dans 
les  ruches  ;  leurs  chenilles  vivent  et  se  métamorphosent 


906  HISTOIRE  NATURELLE. 

dans  l'intérieur  des  ruches  d'Abeilles  et  des   nids    de 
Bourdons. 

Neuvième  Tribu. 

Yponomeutides,  Yponomeutidœ,  Stephens. 

Cette  tribu  est  une  des  moins  nombreuses  :  cinq  genres, 
divisés  en  vingt  espèces,  la  composent.  Le  genre  Ypono- 
meute,  qui  donne  son  nom  à  la  tribu,  comprend  sept 
espèces.  Cette  tribu  se  fait  remarquer  par  la  couleur  uni- 
forme de  leurs  premières  ailes,  qui  est  d'un  blanc  plus 
ou  moins  pur,  sur  lequel  tranchent  des  taches  ou  des 
points  noirs  rangés  symétriquement,  et  plus  ou  moins 
nombreux  suivant  les  espèces. 

Le  genre  Myelophila  vit  et  se  métamorphose  dans  la 
tige  des  chardons ,  où  elle  passe  l'hiver  ;  son  papillon 
s'écarte  peu  du  lieu  qui  l'a  vu  naître;  il  vole  à  l'ardeur 
du  soleil.  D'autres  genres  vivent  solitairement  sur  les 
plantes  herbacées,  et  leurs  Papillons,  pendant  le  jour, 
se  tiennent  appliqués  sur  le  tronc  des  arbres. 

Dixième  Tribu. 

Tinéides,  Tineidœ,  Latreille. 

Nous  arrivons  à  cette  nombreuse  tribu  qui  se  compose 
de  trente-deux  genres,  offrant  deux  cent  soixante-quatre 
Papillons  de  très-petites  espèces. 

En  général,  ces  Papillons  sont  parés  de  couleurs  vives 
et  brillantes,  souvent  avec  des  reflets  métalliques,  qui 
ne  le  cèdent  en  rien  aux  tribus  les  plus  belles;  ils  sont 
encore  remarquables  par  la  forme  élégante  et  la  coupe 
singulière  de  leurs  ailes.  Leurs  chenilles,  au  contraire, 
comme  toutes  celles  qui  vivent  dans  les  lieux  obscurs  et 


PAPILLONS.  907 

qui  fuient  la  lumière,  sont  peu  brillantes  et  ont,  en 
général,  une  couleur  livide. 

Toutes  les  Tinéides  que  l'on  connaît,  peuvent  être  divi- 
sées en  seize  classes ,  et  par  rénumération  des  mœurs 
de  leurs  chenilles  et  de  leurs  Papillons,  on  sera  vile  au 
fait  du  mal  qu'elles  nous  causent. 

La  première  classe  se  plait  sur  les  arbres,  et  la  che- 
nille, qui  se  développe  en  se  cachant  entre  deux  feuilles, 
se  métamorphose  dans  un  double  tissu.  Les  Papillons  de 
cette  classe  sont  de  couleur  terne ,  et  ne  quittent  guère 
la  souche  des  arbres  où  ils  sont  éclos. 

La  deuxième  classe  se  nourrit  dans  les  champignons 
et  le  bois  pourri  ;  les  chenilles  s'y  pratiquent  des  galeries, 
qu'elles  tapissent  de  soie  et  où  elles  se  changent  en 
chrysalides.  Deux  espèces  de  cette  classe  sont  remarqua- 
bles par  leur  taille,  et  par  les  belles  couleurs  qui  ornent 
leurs  ailes  ;  les  antennes  des  mâles  sont  largement  pec- 
tinées. 

La  troisième  classe  est  composée  par  les  Teignes  pro- 
prement dites.  Elles  vivent  aux  dépens  de  tout  ce  qui  sert 
à  l'homme  :  les  vêtements,  les  meubles  en  laine,  le  crin, 
les  plumes,  et  toutes  les  substances  animales  et  végétales 
desséchées.  Les  chenilles  rongent  ces  substances,  non- 
seulement  pour  s'en  nourrir,  mais  aussi  pour  s'en  couvrir 
et  se  mettre  ainsi  à  l'abri  des  attaques  de  leurs  ennemis; 
les  dégâts  qu'elles  font  dans  les  ménages  sont  effrayants. 
Leurs  Papillons  n'ont  pas  des  couleurs  vives;  ils  sont 
constamment  parmi  nous,  et  c'est  dans  nos  demeures 
qu'il  faut  les  chercher;  tout  le  monde  les  connaît. 

Les  chenilles  des  Tinéides,  comme  toutes  celles  de 
cette  tribu,  passent  l'hiver  dans  l'engourdissement,  et, 


008  HISTOIRE  NATURELLE. 

lorsque  cette  saison  arrive,  elles  attachent  leur  fourreau, 
tantôt  par  les  deux  bouts  à  l'étoffe  qu'elles  ont  rongée, 
tantôt  elles  se  suspendent  dans  les  angles  des  murs 
ou  dans  les  plafonds;  ce  n'est  qu'au  printemps  qu'elles 
se  changent  en  chrysalides.  Elles  restent  sous  cette  forme 
pendant  vingt  jours,  au  bout  desquels  le  Papillon  se 
développe  et  vole  pour  chercher  à  s'accoupler.  Après 
l'accouplement,  qui  dure  sept  à  huit  heures,  la  femelle 
va  déposer  les  œufs  sur  les  étoffes  ou  autres  matières 
qui  lui  conviennent,  suivant  son  espèce,  et  meurt  après 
la  ponte;  quinze  jours  après,  les  chenilles  éclosent,  et 
commencent  leurs  ravages. 

Dans  cette  même  classe  viennent  se  placer  YAsopia 
farinalis,  Treits.,  dont  la  chenille  vit.  dans  la  farine,  et 
s'y  trouve  quelquefois  en  grande  quantité;  YOEcophora 
granella.  Dup.  (teigne  des  blés),  qui  ronge  l'intérieur  du 
froment,  du  seigle,  de  l'orge,  etc.  La  chenille  de  ce  petit 
Papillon  lie  ensemble  plusieurs  grains  pour  s'en  faire 
une  sorte  d'enveloppe  ;  après  en  avoir  mangé  plusieurs, 
elle  s'enferme  dans  l'un  d'eux,  ou  se  retire  sur  les  murs 
et  les  poutres  des  magasins,  pour  y  achever  ses  transfor- 
mations, et  se  changer  en  Papillon  au  printemps  suivant. 

Lorsque  cette  chenille  se  multiplie  dans  nos  greniers, 
elle  y  fait  des  dégâts  considérables.  Pour  les  prévenir, 
il  faut  remuer  le  grain  et  l'aérer;  car  tous  les  insectes 
de  ce  genre  n'aiment  pas  à  être  dérangés  :  il  suffît  de 
déplacer  souvent  les  objets  qu'ils  touchent,  pour  les  voir 
s'en  éloigner.  M.  Herpin  a  inventé  un  instrument  appelé 
Tarare  brise-insectes,  dont  l'emploi  préserve  nos  blés  des 
ravages  de  cette  Tinéide. 

La  quatrième   classe    vit,    tantôt   solitaire,  tantôt  en 


PAPILLONS.  909 

Camille;  elle  réunit  en  paquet  plusieurs  feuilles  attachées 
par  des  fils,  et  se  métamorphose  dans  le  tissu  qu'elle  a 
ainsi  préparé. 

La  cinquième  classe,  qui  n'est  pas  la  moins  nombreuse, 
vit  dans  l'intérieur  des  tiges  des  plantes  aquatiques;  il 
est  bien  difficile  de  se  la  procurer.  Les  Papillons  ont  une 
couleur  terne  et  uniforme. 

La  sixième  classe  vit  sur  les  arbres  fruitiers,  et  forme 
une  coque  en  forme  de  nacelle,  d'un  tissu  serré,  dans 
laquelle  elle  subit  sa  transformation.  Les  Papillons  sont 
remarquables  par  la  forme  uncinée  de  leurs  ailes. 

La  septième  classe  forme  entre  les  feuilles  un  tissu 
mince,  et  s'y  métamorphose  ;  les  Papillons  sont  généra- 
lement ornés  de  couleurs  assez  vives. 

La  huitième  classe  se  tient  cachée,  dans  un  tissu  lâche, 
entre  les  feuilles  qui  lui  servent  de  nourriture,  et  quitte 
cette  demeure  au  moment  de  se  métamorphoser;  elle 
forme  alors  une  coque  avec  de  la  mousse  et  de  la  terre. 
Les  Papillons  de  cette  classe  sont  remarquables  par  la 
coupe  de  leurs  ailes. 

Les  Alucites,  qui  composent  la  neuvième  classe ,  atta- 
quent de  préférence  les  plantes  potagères  et  les  arbris- 
seaux. Leur  transformation  a  lieu  dans  un  réseau  fin  et 
artistement  travaillé  qui  laisse  voir  la  chrysalide.  Les 
Papillons  se  distinguent  par  la  délicatesse  de  leurs 
dessins;  l'éclat  de  leur  couleur  est  terne. 

Les  Alucites  ( Alucita  cerealella,  Encyclop.,  Butalis 
cercalella,  Guerin.)  attaquent  aussi  le  blé  sur  pied.  Ces 
petits  Lépidoptères ,  dont  la  chenille  vit  dans  l'intérieur  des 
grains  de  blé,  ont  causé  de  véritables  disettes  en  dimi- 
nuant de  80  p.  %  les  récoltes  de  certaines  années.  La 


910  HISTOIRE   NATURELLE. 

ponte  se  fait  sur  le  grain  presque  mûr  ;  et  lorsqu'une  pro- 
priété est  attaquée  parles  Alucites,  on  doit,  pour  prévenir 
leurs  ravages,  couper  les  blés  avant  leur  maturité.  Mais 
l'Insecte  le  plus  malfaisant  à  nos  récoltes  de  blé ,  c'est  la 
Cécidomye,  Cecidomya  tritici,  Latr.  Si  elle  est  en  nom- 
bre, nos  pertes  sont  considérables;  mais  ses  ravages 
s'exercent  plus  particulièrement  dans  le  nord,  et  nous 
voyons  très-peu  de  Cécidomyes  dans  nos  champs. 

La  dixième  classe  vit  à  découvert  sur  les  arbrisseaux. 
Les  chenilles  se  métamorphosent  en  attachant  leur  chry- 
salide par  une  soie ,  comme  certains  Papillons  diurnes. 
Les  Papillons  de  cette  classe,  ont  des  couleurs  assez 
variées. 

Là  onzième  classe  vit  sous  l'écorce  des  arbres  ou  dans 
le  bois  pourri,  et  s'y  métamorphose  ;  quelquefois  les  che- 
nilles vont  opérer  leur  transformation  dans  la  mousse. 
Les  Papillons  ont  des  couleurs  vives  et  tranchées. 

La  douzième  classe  vit  et  se  métamorphose  dans  des 
feuilles  roulées  comme  les  tordeuses.  Plusieurs  genres 
en  font  partie  ;  leurs  Papillons  sont  généralement  de 
couleurs  sombres,  mais  d'un  dessin  assez  varié,  quoique 
peu  arrêté. 

La  treizième  classe  vit  sur  les  plantes  rampantes  et 
sur  les  arbres  ;  les  chenilles  sont  cachées  dans  des  four- 
reaux portatifs  qu'elles  agrandissent  à  mesure,  et  dans 
lesquels  elles  se  métamorphosent;  ces  fourreaux  sont 
très-originaux  et  de  formes  variées.  Les  Papillons  fournis 
par  cette  classe,  sont  généralement  parés  de  couleurs 
brillantes  et  souvent  métalliques. 

La  quatorzième  classe  comprend  les  Mineuses.  Elles 
se  creusent  des  galeries  dans  l'épaisseur    des   feuilles, 


PAPILLONS.  911 

dont  elles  mangent  le  parenchyme,  sans  toucher  aux 
deux  épidémies,  qui  leur  servent  d'abri  et  entre  lesquels 
elles  se  métamorphosent.  Les  Papillons  qu'elles  produi- 
sent, sont  les  plus  petits  de  la  tribu  ;  mais  la  nature 
semble  avoir  voulu  les  dédommager  de  leur  petite  taille, 
en  les  parant  des  couleurs  les  plus  vives,  mêlées  à  l'éclat 
des  métaux  les  plus  précieux  :  ce  sont  les  Colibris  et  les 
Oiseaux-Mouches  des  Lépidoptères. 

La  quinzième  classe  comprend  les  chenilles,  qui  se 
nourrissent  de  feuilles  d'arbre  et  de  plantes  rampantes, 
et  se  renferment  dans  des  fourreaux  portatifs  où  elles  se 
métamorphosent.  Elles  forment,  avec  la  soie  seulement, 
ces  fourreaux,  qui  n'en  sont  pas  moins  admirables  par 
leurs  formes  et  par  le  soin  qu'apporte  l'animal  à  leur 
donner  des  formes  régulières,  tout  en  s'y  ménageant  une 
retraite  sûre  pour  se  mettre  à  l'abri.  Les  uns  sont  en 
forme  de  crosse  de  pistolet,  les  autres  cylindriques,  por- 
tant à  leur  base  deux  appendices  ressemblant  aux  deux 
battants  d'une  coquille  bivalve.  Leurs  Papillons  sont  très- 
petits  et  ont  des  couleurs  sombres. 

La  seizième  classe  se  compose  de  chenilles,  qui  se 
nourrissent  des  lichens  qui  croissent  sur  les  pierres.  Ces 
chenilles  se  tiennent  aussi  renfermées  dans  des  tuyaux 
portatifs ,  composés  de  soie  et  de  molécules  pierreuses , 
dont  la  forme  est  assez  bizarre  :  les  uns  sont  à  trois  pans, 
les  autres  en  forme  de  cône  avec  la  pointe  un  peu  recourbée  ; 
une  troisième  espèce  contourne  son  étui  comme  une  hélice. 
De  ces  trois  formes  de  fourreaux,  ceux  de  forme  conique 
sont  les  plus  communs. 

Cette  énuméralion  fait  voir  que  les  chenilles  des  Tinéi- 
des  réunissent,  à  elles  seules,  les  différents  genres  de  vie 


912  HISTOIRE   NATURELLE. 

et  les  divers  modes  de  transformation  qui  se  trouvent 
disséminés  dans  les  autres  tribus,  et  qu'elles  sont,  sous 
ce  rapport,  une  mine  inépuisable  d'observations  très- 
curieuses.  Quant  aux  Papillons,  ils  n'offrent  rien  de 
remarquable. 

Peu  de  personnes  s'adonnent  à  la  recherche  des  Lépi- 
doptères de  cette  tribu  ;  leur  petitesse ,  la  délicatesse  de 
leurs  ailes,  les  rendent  très-difficiles  à  préparer.  Ceux 
des  naturalistes  qui  ont  cette  patience,  en  sont  récom- 
pensés par  la  variété  des  formes  et  la  richesse  des  cou- 
leurs de  leurs  collections. 

Onzième  Tribu. 

Ptérophorides,  Pterophoridœ ,  Geoffroy. 

Cette  tribu,  peu  nombreuse,  se  compose  de  deux  gen- 
res seulement.  Le  premier  (Ptérophores),  qui  a  donné 
son  nom  a  la  tribu,  est  de  trente  espèces.  Dix-neuf 
seulement  sont  bien  connues  et  décrites  :  leurs  Papillons 
se  tiennent  dans  les  haies,  les  broussailles,  les  bois  frais 
et  les  jardins.  Leur  forme  est  gracieuse,  leurs  ailes  sont 
découpées  en  plusieurs  branches,  et  ont  la  forme  de  bar- 
bes de  plumes,  ce  qui  ne  favorise  nullement  leur  vol, 
qui  est  court,  saccadé,  et  d'autant  moins  rapide,  que 
leurs  ailes  sont  plus  profondément  divisées.  Ils  sont 
à  la  fois  diurnes  et  crépusculaires  ;  mais  le  plus  grand 
nombre  ne  se  montrent  que  pendant  le  jour.  C'est  en 
juin,  juillet  et  août  qu'on  les  trouve  à  l'état  parfait;  on 
s'en  empare  facilement,  parce  qu'ils  se  posent  sur  les 
plantes,  où  on  peut  les  saisir.  La  nature  leur  a  prodigué 
ses  faveurs  :  les  ailes  de  cette  tribu  sont  ornées  des 
couleurs  les  plus  brillantes,   admirablement  disposées, 


PAPILLONS.  913 

dont  la  coupe  singulière,  les  rend  d'une  beauté  qui  ne 
le  cède  en  rien  à  la  généralité  des  autres  tribus.  Leurs 
chenilles  vivent  ordinairement  sur  les  plantes  herbacées  : 
nous  sommes  parvenu  à  nous  en  procurer  beaucoup,  en 
visitant  nos  luzernières,  et  eu  ramassant  toutes  celles 
qui  y  fourmillent  dans  les  premiers  jours  d'avril  et  mai. 
En  écartant  les  plantes  de  luzerne,  on  voit,  sur  le  sol, 
du  mouron  et  de  fines  graminées  sur  lesquels  vivent 
beaucoup  de  ces  chenilles.  On  les  ramasse;  on  les  en- 
ferme dans  un  grand  bocal  ou  dans  une  caisse  disposée 
exprès  recouverte  avec  une  toile  métallique,  et  on  ne  s'en 
inquiète  plus,  que  pour  leur  donner,  tous  les  jours,  une 
poignée  de  ces  mêmes  plantes  fraîches.  Quelque  temps 
après,  en  secouant  ces  broussailles,  les  chrysalides  tom- 
bent et  on  les  place  dans  une  boite  pour  les  faire  éclore. 
A  mesure  que  les  Papillons  naissent ,  on  les  pique  et  on 
les  prépare;  par  ce  moyen  on  a  des  sujets  d'une  fraî- 
cheur parfaite. 

Les  fourrés  de  la  pépinière,  les  glacis  des  fortifications 
de  la  place  et  de  la  citadelle  de  Perpignan,  les  taillis  qui 
bordent  les  cours  d'eau ,  les  coteaux  herbeux  de  Saint- 
Sauveur  et  Château-Roussillon,  nous  fournissent  quantité 
de  ces  beaux  Insectes  ;  mais  rien  n'égale ,  quand  on 
veut  s'en  donner  la  peine ,  ceux  que  l'on  se  procure  en 
élevant  les  chenilles  de  la  manière  que  nous  venons 
d'indiquer. 

S'il  est  difficile  de  composer  une  belle  collection  d'In- 
sectes, il  est  bien  plus  difficile  de  la  conserver;  car  une 
foule  d'ennemis  concourent  a  la  détruire.  Si  le  soin,  la 
propreté,  n'ont  pas  empêché  ces  ennemis  de  pénétrer 
dans  les  boites,  les  tiroirs,  les  armoires  où  sont  réunis 

TOUR  III.  «JB 


914  HISTOIRE   NATURELLE. 

les  animaux,  et  d'y  déposer  leurs  œufs,  bientôt  on  voit 
la  collection  ravagée  par  des  myriades  de  larves,  à  la 
peau  couverte  de  poils  droits,  disposés  en  aigrette  sur  les 
côtés  de  l'abdomen,  qui  changent  plusieurs  fois  de  peau 
et  qui  passent  à  l'état  de  chrysalide  dans  leur  dernière 
dépouille  :  ce  sont  les  larves  A'Anlhrènes,  contre  lesquel- 
les on  a  préconisé  divers  moyens  qui  ne  produisent  pas 
toujours  des  résultats  satisfaisants.  Notre  expérience  nous 
a  démontré,  que  le  meilleur  nécrentome  était  la  chaleur 
portée  à  100  degrés.  A  cet  effet,  nous  avons  fait  cons- 
truire un  vase  en  fer-blanc,  à  double  enveloppe,  supporté 
par  quatre  pieds  en  fer,  de  trente  centimètres  de  hauteur. 
Nous  remplissons  la  double  enveloppe  d'eau  bouillante, 
et  nous  l'entretenons  à  cette  température  par  un  petit 
foyer  de  charbon  embrasé  placé  sous  l'appareil.  Dans  la 
partie  vide,  qui  se  ferme  au  moyen  d'un  couvercle,  nous 
plaçons  deux  ou  trois  boîtes,  selon  leur  grosseur,  et 
nous  les  maintenons  dans  l'appareil  pendant  quinze 
minutes,  temps  suffisant  pour  faire  périr  les  larves  et 
tous  les  petits  insectes  qui  se  seraient  introduits  dans 
notre  collection.  Je  fais  tous  les  deux  ans  cette  opéra- 
tion, et  par  ce  moyen  mes  collections  se  maintiennent 
propres  et  bien  conservées  :  les  Insectes  les  plus  déli- 
cats, les  Papillons  aux  ailes  si  tendres,  n'ont  jamais 
souffert  la  moindre  altération  du  séjour  prolongé  qu'ils 
ont  fait  dans  mon  étuve  au  bain-marie. 

Nous  avions  borné  nos  recherches  sur  les  Insectes 
Lépidoptères,  à  la  tribu  des  Pualéniles,  parce  que  les  six 
autres  trihus,  qui  terminent  celte  classe  d'animaux, 
n'offrent,  en  général,  que  des  Papillons  très-petits,  diffi- 
ciles à  prendre  et  plus  encore  h  préparer.   D'un  autre 


PAPILLONS.  915 

côté,  nous  trouvions  que  nous  avions  déjà  embrassé  trop 
de  sujets  d'étude,  pour  traiter  celui-ci  avec  l'attention 
minutieuse  qui  le  recommande  à  tout  homme  qui  s'adonne 
à  l'histoire  naturelle,  et  nous  l'avions  négligé;  mais,  en 
1858,  la  P  y  raie  de  la  vigne  fit  de  si  grands  ravages  sur 
les  vignobles  de  France,  que  le  gouvernement  s'en  émut, 
et  envoya  dans  les  départements  ravagés,  le  savant  pro- 
fesseur Audouin,  pour  étudier  le  mal  et  y  porter  remède. 
De  toute  part  les  naturalistes  se  mirent  à  l'œuvre  ;  nous  sui- 
vîmes nous  même  l'impulsion  générale  :  nous  ne  pouvions 
rester  spectateur  indifférent  du  mouvement  qui  s'opérait, 
notre  vignoble  étant  un  des  plus  maltraités  par  le 
fléau.  Nous  étudiâmes  avec  ardeur  les  mœurs  de  la  che- 
nille et  du  Papillon  de  la  Pyrale,  et  nous  consignâmes 
le  résultat  de  nos  observations  dans  un  mémoire  publié, 
en  1859,  dans  le  quatrième  bulletin  de  la  Société  Phylo- 
mathiquede  Perpignan;  et  lorsque  M.  Audouin  arriva  daus 
notre  pays,  nous  fûmes  heureux  de  lui  présenter  notre 
travail,  qui,  nous  dit-il,  facilitait  sa  tâche  dans  les  Pyré- 
nées-Orientales. 

Comme  il  est  bon  de  rappeler  à  l'attention  publique, 
ce  qui  a  été  dit  sur  cette  matière,  je  vais  rapporter  la 
lettre  que  M.  Audouin  m'écrivit  après  sou  retour  à  Paris, 
celle  de  Mme  Audouin,  qui,  après  la  mort  de  son  mari, 
fut  chargée  de  terminer  son  œuvre,  et  celle  que  m'écrivit 
S.  Exe.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce. 
Ces  lettres  feront  comprendre  toute  l'importance  de  la 
question  qui  s'agitait  alors  ,•  question  aussi  grave  que 
celle  de  l'oïdium  qui  nous  occupe  aujoura'nui. 


91G  HISTOIRE   NATURELLE. 


Paris,  24  septembre  -(858,  une  heure  du  matin. 


<(  Monsieur  et  cher  confrère , 

«  C'est  un  peu  tardivement  que  je  prends  la  plume  pour  répondre 
à  votre  excellente  lettre  du  19  juillet  dernier  ;  mais  j'étais  en  voyage 
lorsqu'elle  est  arrivée  à  Paris,  et  je  n'ai  eu  pleine  connaissance  de 
son  contenu  que  dans  les  premiers  jours  de  septembre,  à  mon 
retour  du  Maçonnais.  Pour  compléter  mes  observations,  j'ai  dû 
revoir  encore  cette  localité  importante  au  moment  où  devait  se 
faire  la  cueillette  des  œufs,  et  ma  satisfaction  a  été  grande,  lorsque 
j'ai  vu  que  le  bien  avait  été  si  général  dans  les  localités  où  l'on 
avait  opéré  l'an  dernier  et  dans  les  points  environnants,  qu'il  n'y 
a  eu  que  fort  peu  d'enlèvements  d'œufs  à  faire 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  me»voici  de  retour  de  mes  diverses  excur- 
sions, et  tellement  occupé  de  la  rédaction  de  mon  travail,  que  j'y 
consacre  tout  mon  temps  et  même  une  partie  de  la  nuit,  reléguant 
ma  correspondance  à  une  heure  du  matin,  et  ne  me  couchant  qu'à 
deux  heures.  Vous  devez  donc  compter  sur  la  publication  de  mes 
recherches  :  elles  formeront  un  fort  volume  grand  in-8°  ou  in-4°, 
qui,  j'espère,  paraîtra  au  printemps  prochain.  Grâce  à  vos  bonnes 
indications,  je  pourrai  m'étendre  un  peu  sur  les  dégâts  que  l'In- 
secte exerce  dans  votre  département.  Votre  carte,  avec  les  numéros 
qui  y  sont  placés,  et  qui  correspondent  à  des  renseignements  clairs 
et  précis,  me  permettront  d'en  faire  dresser  une  sur  la  même  échelle 
que  celles  des  départements  du  Rhône  et  de  Saône-et-Loire. 

«  J'aurais  besoin,  avant  de  la  livrer  au  graveur,  que  vous  répon- 
dissiez aux  questions  suivantes  : 


PAPILLONS.  .117 

«  4°  Quelle  est  l'échelle  de  votre  carte?  N 

«  2°  Combien  de  cantons  comprend  le  pays  vignoble,  et  com- 
bien ces  cantons  comprennent-ils  de  communes.  Le  cadastre  vous 
dirait  cela,  et  il  serait  possible  d'en  faire  le  tracé  sur  la  carte  que 
je  ferai  graver.  Vous  pourriez  m'envoyer  un  simple  calque  des 
diverses  circonscriptions? 

«  3°  Quelle  meilleure  carte  connaissez-vous  de  votre  dépar- 
tement, et  qui  pourrait  me  servir  de  guide  pour  tracer  un  peu 
exactement  les  montagnes? 

«  4°  Sur  votre  carte ,  certaines  localités  sont  marquées  par  un 
rond  plus  ou  moins  grand.  Cette  grandeur  est-elle  en  rapport 
avec  l'étendue  du  lieu,  et  ce  signe  désigne-t-il  une  commune? 
Celui  qui  est  marqué  par  une  petite  maison ,  indique-t-il  un 
simple  hameau? 

«  5°  Pour  les  terres  non  cultivées  en  vignes,  y  a-t-il  moyen 
d'indiquer  la  nature  de  la  culture,  seulement  en  céréales,  prairies 
et  bois?  J'ai  cette  distinction  pour  d'autres  localités.  J'attends  vos 
renseignements  pour  donner  votre  carte  à  la  gravure. 

«  Lorque  je  vous  ai  dit,  monsieur  et  ami,  que  j'userais  de  votre 
obligeance,  et  lorsque  vous  avez  été  assez  aimable  pour  me  dire 
que  vous  me  donniez  carte  blanche,  vous  ne  saviez  peut  être  pas 
à  quoi  vous  vous  engagiez;  mais,  croyez  que  je  saurai  apprécier 
ce  que  votre  amitié  pour  moi  et  votre  zèle  pour  la  science  vous 
porteront  à  faire.  Vos  compatriotes  vous  en  devront  aussi  quelque 
reconnaissance,  et  je  ne  manquerai  pas  l'occasion  de  leur  faire 
savoir  que  je  partage  vivement  ce  sentiment. 

«  Je  vous  remercie  bien  de  l'envoi  des  numéros  du  Journal  des 
Pyrénées-Orientales  où  il  a  été  question  de  la  séance  de  la  Société 
Philomathique;  depuis  lors  j'ai  reçu  les  numéros  des  4  et  18  août 
où  se  trouvent  insérés  vos  Quelques  mots  sur  la  Pyrale.  Je  les  ai 
lus  avec  beaucoup  d'intérêt,  et  j'en  ferai  bon  usage  à  l'occasion  ; 
mais  je  ne  crois  pas  encore  avoir  tout  ce  qui  a  été  écrit  à  ce  sujet. 


918  HISTOIRE   NATURELLE. 

Ainsi,  vous  citez  dans  le  deuxième  article,  qui  a  paru  le  18  août, 
un  travail  que  vous  dites  avoir  paru  dans  le  journal  du  26  juillet. 
Je  n'ai  pas  eu  ce  numéro.  Dans  le  cas  où  vous  ne  pourriez  me  le 
procurer,  veuillez,  s'il  vous  plaît,  faire  copier  ce  qui  y  est  dit. 
Je  tiens  à  avoir  sous  les  yeux,  pendant  que  je  rédige  mon  travail, 
tout  ce  qui  a  été  publié.  Quelque  peu  d'importance  que  vous 
donniez  à  ces  articles,  ils  ont  pour  moi  une  valeur  réelle;  et,  si  je 
n'y  trouve  pas  des  faits  nouveaux,  ils  me  donnent  la  confirmation 
de  ceux  que  j'ai  observés,  et  me  permettent  de  citer,  en  les  faisant 
ressortir,  les  observations  qui  coïncident  avec  les  miennes.  Je  ne 
suis  pas  moins  désireux  de  connaître  les  objections  qu'on  élève 
contre  la  méthode  que  je  préconise,  comme  aussi  tout  ce  qui  se 
dit  d'absurde  sur  l'histoire  de  l'Insecte;  c'est  ainsi  que  je  voudrais 
bien  avoir  une  copie  exacte  des  articles  de  M.  Ducos  et  de  ceux 
de  M.  Dcspax.  Vous  citez  la  France  Méridionale,  numéro  du  23 
juin,  et  la  Gazette  du  Languedoc,  numéros  des  13,  15  et  23  juin. 
Je  n'ai  rien  vu  de  tout  cela,  et  n'ai  aucun  moyen  d'en  avoir 
connaissance. 

«  Vous  me  parlez  encore  d'un  autre  mémoire  que  vous  vous 
proposez  de  publier  à  l'occasion  de  YAllica  (Babot  de  votre  pays). 
Je  voudrais  bien  le  connaître  et  le  posséder  dans  mes  notes. 

«  Vous  m'aviez  promis  un  bon  nombre  de  Pijrales,  obtenues  de 
larves  que  vous  éleviez,  et  un  bon  nombre  de  parasites;  envoyez- 
moi  ces  objets  par  la  diligence.  L'histoire  des  Parasites  de  la  Pyrale 
aura  une  large  place  dans  mon  ouvrage,  et  j'aurais  besoin  de  voir 
ceux  de  Perpignan,  qui,  peut-être,  me  fourniront  des  espèces 
nouvelles  à  faire  graver  et  à  décrire. 

«  Qu'cnlendez-vous  par  aijininate;  quelle  est  l'étymologic  de  ce 
mot,  et  à  quelle  mesure  légale  correspond-elle? 

«  J'aurai  sans  doute  bien  d'autres  questions  à  vous  faire;  elles 
se  présenteront  lorsque,  dans  un  article  spécial,  je  traiterai  de 
Perpignan  :  je  vous  les  adresserai  plus  tard.  Mais  veuillez  ne  pas 


PAriLLONS.  019 

les  attendre  pour  me  donner  de  vos  nouvelles,  et  eu  même  temps 
pour  recueillir  cl  me  Irausmcllre  tout  ce  que  vous  pourrez  ap- 
prendre sur  la  Pyrale.  Savez-vous  quelque  chose  sur  l'époque 
où  elle  a  commencé  à  paraître?  Quelque  vieille  chronique  ferait- 
elle  mention  du  ver  de  la  vigne?  Je  possède  pour  le  Maçonnais  un 
document  précieux  :  c'est  une  convention  entre  les  habitants  de 
la  commune  de  Romanèche  et  le  Curé  de  la  paroisse,  pour  que 
celui-ci  eût  à  f;iire,  lorsqu'il  en  sérail  requis,  des  processions 
dans  les  vignes,  afin  d'en  chasser  les  vers.  La  convention  est  de 
la  fin  du  siècle  dernier.  Consultez  un  peu  vos  Curés  sur  ce  point, 
et  si  vous  en  trouvez  d'obligeants,  engagez-les  à  faire  des  recher- 
ches dans  leurs  archives  de  sacristie. 

«  Adieu,  monsieur  et  cher  confrère;  il  est  bien  heure  de  prendre 
un  peu  de  repos.  Mes  yeux,  d'ailleurs,  me  refusent  un  peu  leur 
service,  et  je  compte  sur  les  vôtres  et  votre  bonne  amitié  pour 
excuser  mon  griffonnage  et  le  décousu  de  cette  lettre. 

«  Votre  bien  dévoué  et  très-affectionné  confrère. 

«  V.  Audouin. 

«  P.  S.  J'avais  cru  avoir  terminé  ma  lettre;  mais  je  m'aperçois 
que  j'ai  encore  un  renseignement  important  à  vous  demander. 
Votre  lettre  cl  l'article  que  vous  avez  publié  dans  le  Journal  des 
Pyrénées-Orientales,  le  A  août,  cherchaient  à  établir  la  différence 
de  prix  qu'il  y  a  entre  l'enlèvement  des  pontes  et  l'échenillage; 
ils  concluent  que  l'échenillage  coûte  la  moitié  de  plus  que  la 
cueillette  des  pontes,  c'est-à-dire,  que  l'échenillage  coûtant 
12  fr.  40  c.  par  ayminate,  la  cueillette  coûtera  G  fr.  20  c.  Or, 
je  ne  vois  pas  bien  comment  serait  établi  ce  chiffre  de  G  fr.  20  c. 
Il  est  bien  dit  plus  haut  qu'une  vigne  de  M.  Pages  a  nécessité 
sept  journées  par  ayminate  pour  l'enlèvement  des  pontes;  mais,  je 
ne  vois  pas  bien  comment  vous  établissez  qu'il  en  a  fallu  quatorze 
pour  l'enlèvement  des  chenilles.  Puis,  je  désirerais  savoir,  quant 
à  l'enlèvement  des  pontes,  si  on  entend  qu'on  y  a  passé  une  fois. 


92U  HISTOIRE   NATURELLE. 

Cela  n'est  pas  sans  doute;  et  alors  combien  de  fois  a-t-on  parcouru 
la  vigne,  pour  que  l'opération  soit  bien  faite?  La  même  question 
se  présente  pour  l'échenillage  :  à  combien  de  reprises  a-t-il  eu 
lieu? 

«  Le  calcul  que  vous  faites  a  une  grande  importance.  Je  compte 
le  reproduire  dans  mon  ouvrage;  mais,  en  vous  citant,  il  faut  que 
je  vous  comprenne  bien ,  et ,  ensuite ,  il  faut  que  cette  compré- 
hension parfaite  nous  la  communiquions  au  public.  Veuillez  donc 
revoir  votre  article  sous  ce  point  de  vue,  et  y  changer  ce  que  vous 
croiriez  être  moins  clair,  en  y  substituant  une  exposition  simple, 
intelligible  pour  les  moins  intelligents.  Disons  simplement,  une 
ayminate,  pour  être  purgée  des  chenilles,  en  la  parcourant  tant 
de  fois,  demande  tant  de  journées;  la  même  étendue  de  sol,  pour 
être  purgée  des  pontes,  en  la  parcourant  tant  de  fois,  demande 
tant  de  journées. 

«  M.  Pages  aurait-il  des  notes  à  me  fournir,  et  qui  m'éclaire- 
raient  sur  les  époques  où  la  Pyrale  a  sévi  davantage?  a-t-il  fait 
écheniller  avant  1819,  et  le  nombre  plus  ou  moins  élevé  des 
journées  indique-t-il  assez  exactement  le  mal  de  chaque  année, 
en  sorte,  qu'en  1821  et  1827,  par  exemple,  il  y  aurait  eu  plus 
de  dégâts?  A-t-il  des  observations  postérieures  à  1830?  M.  Bassal 
est  aussi  une  personne  qui  mériterait  d'être  consultée ,  pour 
connaître  les  années  où  le  fléau  a  été  plus  grave,  et  sur  quels 
points.  » 


C'est  pendant  la  rédaction  de  son  utile  travail,  que  la 
maladie  dont  était  menacé  M.  Audouin  fit  des  progrès 
rapides,  et  ce  fut  en  retouchant  quelques  parties  de 
son  manuscrit,  alin  de  terminer  la  publication  de   cet 


PAPILLONS.  921 

ouvrage,  auquel  il  avait  consacré  les  dernières  années 
de  sa  vie,  que  la  mort  vint  le  surprendre  :  il  succomba 
au  commencement  de  1842. 

Mme  Audouin,  sa  compagne  fidèle,  avait  accompagné 
son  mari  dans  ses  divers  voyages.  Elle  était  initiée  à 
toutes  les  recherches;  et  les  opinions  de  son  mari  a  ce 
sujet,  lui  étaient  familières.  Ce  fut  elle  qui  se  chargea  de 
terminer  cette  œuvre  importante  ;  et,  comme  il  lui  man- 
quait sur  notre  contrée  quelques  observations,  nous 
reçûmes  de  Mme  Audouin  la  lettre  suivante  : 


«  Monsieur  le  Docteur, 

«  L'amitié  que  vous  portiez  à  mon  pauvre  mari,  et  l'intérêt  que 
je  suis  bien  sûre  que  vous  inspire  ma  douloureuse  position,  me  font 
espérer  que  je  ne  vous  paraîtrai  pas  trop  indiscrète  en  recourant 
à  votre  obligeance  pour  vous  demander  quelques  renseignements 
utiles  pour  terminer  complètement  l'ouvrage  sur  la  Pyrale,  qui 
l'occupait  depuis  plusieurs  années,  et  que  je  trouverai  une  triste 
consolation  à  terminer  avec  le  soin  qu'il  y  mettait  lui-même.  Cet 
ouvrage,  qui  était  presque  terminé,  pourra  être  publié  bientôt, 
et  paraitra  au  plus  tard  au  mois  de  juin.  Mais  la  cruelle  maladie 
qui  est  venue  l'assaillir,  à  peine  arrivé  à  Paris,  et  qui  nous  l'a 
enlevé  au  bout  de  si  peu  de  semaines,  l'a  empêché  de  joindre  à 
son  travail  les  renseignements  plus  récents  que  vous  avez ,  sans 
doute,  eu  la  bonté  de  lui  donner  lors  de  notre  passage  à  Perpignan, 

«  Tout  ce  qui  regarde  le  département  des  Pyrénées-Orientales, 
m'a  paru  très-complet,  sauf  l'état  actuel  du  mal.  C'est  en  1839 
que  s'arrêtent  les  derniers  renseignements  que  vous  aviez  bien 
voulu  lui  transmettre,  et  il  me  semble  convenable  de  dire  aussi 
quelques  mots  sur  l'état  du  département  durant  les  deux  années 
suivantes.  J'ose  donc  compter  sur  votre  amitié,  monsieur,  pour 


922  HISTOIRE   NATURELLE. 

ine  répondre  quelques  lignes  à  ce  sujet.  Elles  viendront  compléter 
une  partie  du  travail  où  votre  coopération  lui  avait  déjà  été  très- 
précieuse;  et,  sachant  bien  toute  la  confiance  que  lui  inspiraient 
vos  observations ,  j'ai  cru  suivre  encore  ses  inspirations  en 
venant  en  réclamer  de  nouvelles.  L'étendue  des  ravages  pendant 
les  années  les  plus  malheureuses,  ne  me  semble  pas  non  plus 
spécifiée  d'une  manière  très-positive. 

«  Veuillez  excuser,  monsieur,  mon  indiscrétion.  Mon  seul  bon- 
heur aujourd'hui  sur  la  terre,  est  de  tâcher  de  voir  son  nom  aussi 
complètement  honoré  qu'il  le  méritait,  et  je  pense  que  cet  ouvrage 
pourra  atteindre  ce  but.  Soyez  assez  bon,  monsieur,  pour  me  dire 
si  M.  Audouin  vous  avait  remis  la  première  livraison,  ou  si  vous 
l'avez  reçue  directement  du  Ministère.  Or,  dans  le  premier  cas, 
j'aurai  l'honneur  de  vous  envoyer  la  suite. 

«  Veuillez  agréer,  monsieur,  l'expression  de  mes  sentiments 
les  plus  distingués  et  de  toute  ma  reconnaissance. 

«  Signé  :  M.  Audouin. 

»  Jardin  du  Roi,  24  mars  -1 8--Î 2 .  « 


Avant  la  mort  de  M.  Audouin,  nous  avions  reçu  de 
Monsieur  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  la 
lettre  suivante  : 

t  Paris,  le  22  septembre  -J8Î0. 

a  Monsieur  le  docteur  Companyo, 

«  Un  de  mes  prédécesseurs ,  informé  des  dégâts  considérables 
que  la  Pijrale  causait  dans  les  vignobles  de  plusieurs  départements, 
avait  chargé,  en  1838,  M.  Audouin,  professeur  au  Muséum  d'His- 


PAPILLONS.  923 

toire  Naturelle,  d'aller  étudier  sur  les  lieux  la  manière  de  vivre  de 
cet  Insecte,  et  de  rechercher  et  appliquer  les  moyens  de  s'opposer 
à  ses  ravages.  Il  s'est  acquitté  avec  un  plein  succès  de  cette 
mission,  et  il  s'occupe  maintenant  de  la  publication  d'un  ouvrage 
destiné  à  faire  connaître  le  résultat  de  ses  travaux  à  ce  sujet. 

«  M.  Audouin,  en  me  rendant  compte  des  différentes  circons- 
tances de  sa  mission,  ne  m'a  pas  laissé  ignorer  le  zèle  empressé 
que  vous  avez  mis  à  lui  en  faciliter  l'accomplissement,  en  tout  ce 
qui  pouvait  dépendre  de  vous.  Désirant  vous  en  témoigner  ma 
satisfaction,  j'ai  jugé  convenable,  sur  la  proposition  qu'il  m'en 
a  faite,  de  disposer,  en  votre  faveur,  d'un  exemplaire  de  son 
ouvrage,  dont  la  première  livraison  vient  de  paraître. 

«  Lorsqu'il  sera  terminé,  j'aurai  l'honneur  de  vous  en  informer, 
et  de  vous  donner  l'indication  du  lieu  où  vous  devrez  taire  prendre 
l'exemplaire  que  je  vous  destine. 

«  Recevez,  etc. 

«Le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce, 
«  Signé  :  Goum.  » 


FIN  DU  TROISIEME  ET  DERNIER  VOLUME. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 


Fig.  /.— Desman  des  Pyrénées,  de  grandeur  naturelle. 

Fig.  2. — Testacelle  de  Companyo  portant  sa  coquille,  de  gran- 
deur naturelle. 

A,  Coquille  vue  en  dessus. 

B,  Coquille  vue  en  dessous. 

Fig.  3.  —  Hélix  lactea  ou  punctatissima ,  aberration  scalaire  qui 
n'avait  pas  encore  été  signalée  dans  cette  espèce,  de 
grandeur  naturelle. 

Fig.  4. —  Phlaeotribe  de  l'olivier,  très-grossi.  Le  trait  qui  se 
trouve  à  côté  désigne  la  grandeur  de  l'Insecte. 

Fig.  5. —  Paussus  de  Favier,  très-grossi.  Le  trait  qui  se  trouve 
à  côté  de  l'Insecte  désigne  sa  grandeur  naturelle. 

Fig.  6. — Stromatium  sexpustulatum,  nouvelle  espèce,  de  gran- 
deur naturelle. 


ABRÉVIATIONS. 


925 


LISTE  ET  ABRÉVIATIONS  DES  NOMS  D'AUTEURS 

CITÉS   DANS    CE   VOLUME. 


Adanson Adan. 

Ahr Ahr. 

Aleron Aie. 

Allionii Alli. 

Andersen Ander. 

Archiac  (d') D'Arch. 

Aube Aub. 

Barrère Bar. 

Barthélemi Bart. 

Bauhini Bauh. 

Beaumon  Elie  (de)    Beau.  E. 

Bechestein Bech. 

Bell  Thomas Bell  Th. 

Bellard Bella. 

Bellon Bello. 

Bentham Bent. 

Berge Berg. 

Beudant Beud. 

Bibron Bib. 

Bieb Bieb. 

Billot Bill. 

Blainville Blain. 

Bloch Blo. 

Bluff Bluff. 

Bonaparte  Ch Bona.  Ch. 

Bonelli Bonel. 

Bonnat Bonnat. 


Boreau Bor. 

Born Born. 

Bossi Bos. 

Bouis Bou. 

Bousingault Bousi. 

Boyer Boy. 

Brocchi Broc. 

Brongniart Brong. 

Brown Brow. 

Broussonnet Brous. 

Brehm Brehm. 

Bristhool Brist. 

Brugyère Brug. 

Brunnich Brun. 

Buffon Buf. 

Bung Bung. 

Carrère Carr. 

Clairville Clair. 

Chaix Chai. 

Charpentier Char. 

Chevrier Chevrier. 

Chevrolat Chev. 

Cordier Cord. 

Creutzer Creut. 

Dahl .....  Dahl. 

Daubenton Daub. 

Davidson Dav. 


926 


ABRÉVIATIONS. 


Decandole Deçà. 

Dejean Dej. 

Delessert Deles. 

Deshaies Desh. 

Desvaux Desv. 

Degéer Degéer. 

Desmaretz Desm. 

Deslongcharaps  . . .  Deslo. 

Dilwing Dilw. 

Draparnaud Drap. 

Dufour Duf. 

Dufrenoy Dufr. 

Dubois. . , Dub. 

Duftschmid Duft. 

Dumorlier Durao. 

Duméril Damé. 

Durocher Duro. 

Durieu Dur. 

Dubi Dub. 

Dupont Dupo. 

Dupuy Dupuy. 

Edwards  (Mil.) Edw. 

Endress End. 

Eschschothz Eschs. 

Erich Eri. 

Fabricius Fab. 

Farines Fari. 

Férussac  (de) De  Féru. 

Fischer Fisch. 

Fries Frie. 

Friw Friw. 

Frœhlich .  Frœhl. 

Frivaldjsky Friv. 


Fuchs 

Gaubill 

Gaudichon 

Gay 

Gêné 

Geoffroy  Sf-Hilaire. 

Germar 

Gmelin 

Godart 

Gœrtn 

Gravenhorst. 

Grenier  et  Godron. 

Gyllenhal 

Gysselen 

Huiler 

Hacnk 

Haening 

Herbsting 

Hoffmansegg 

Iloppe 

Illiger 

Jacq 

Jussieu 

Kiesso  

Kirby 

Kirschl 

Knoch  

Koch 

Kugell 

Lacépède 

Lacordaire 

Laicharting 

Lamark 


Fuch. 

Gaub. 

Gaud. 

Gay. 

Gêné. 

Geoff. 

Germ. 

Gmel. 

God. 

Gœr. 

Grav. 

Gre.  God. 

Gyll. 

Gyss. 

liai. 

Hrenk. 

ILe:ii. 

Herb. 

Hoff. 

Hop. 

Illig. 

Jacq. 

Jus. 

Kies. 

Kir. 

Kirs. 

Kno. 

Koch. 

Kugell. 

Lacep. 

Lacord. 

Lair. 

Lani. 


ABRÉVIATIONS. 


927 


Lantivi Lant. 

Laroche Lar. 

Lalbam Lath. 

Latreille Latr. 

Leachc Leach. 

Leistter Leist. 

Leski Lesk. 

Lessueur Less. 

Levaillant Levail. 

Leymerie Leym. 

Linné Lin. 

Loiseleur Lois. 

Marcel  de  Serres. .  M.  de  Ser. 

Mark Mark. 

Marm Mann. 

Maudnit Mand. 

Ménétries Mené. 

Megerle Meg. 

Meyer Mey. 

Miehaud Mich. 

Morisson' Moris. 

Mulzan Mulz. 

Munster Miins. 

Mutel Mut. 

Narsham Narsh. 

Natterer Natt. 

Neust Neus. 

Nos  nés Nog. 

Noulel Noul. 

Ochseinheimer. .. .  Ochs. 

Olivier Oliv. 

Omalius  Daloy. . . .  Omal. 
Orbigny  (Achille  d')  D'Orb. 


Paillette Pail. 

Pairrey. Pair. 

Pallas Pall. 

Panzer Panz. 

Paykul Payk. 

Petivier Peti. 

Pfeifer Pfei. 

Poirret Poir. 

Pourret Pour. 

Rai   Rai. 

Rambure Ram. 

Rang Rang. 

Rehb Reh. 

Reichembac Reich. 

Risso Ris. 

Roemer Roem. 

Rondelet Rond. 

Rossmaler Ross. 

Sabine Sab. 

Savi Savi. 

Schcrrer Sche. 

Schniits Schm. 

Schbnherr Seho. 

Schlolhs Schl. 

Schrand Schr. 

Schulh... Schu. 

Schuppel Schûp. 

Scopol Scop. 

Scriba Scrib. 

Serville .  Serv. 

Sibth Sib. 

Solier Sol. 

Sowerbi Sow. 


928 


ABREVIATIONS. 


Spach Spac. 

Spanzer Span. 

Sprengel Spren. 

Stahl Stah. 

Stév Stév. 

Storr Storr. 

Sturm , . .  Stur. 

Sykes Syk. 

Tauche Tau. 

Tenore Ten. 

Timeroy Tim. 

Thuilier Thui. 

Tournai Tour. 

Treitschke Treits. 

Valenciennes Vale. 


Vieilliot Vieil. 

Vig Vig. 

Villars Vill. 

Wagler Wag. 

Wahlenb Wah. 

Wallr Wall. 

Wilkin Wilk. 

Willd Willd. 

Wulflf Wulff. 

Ulrich Ulr. 

Young You. 

Zenker Zenk. 

Zettersttedt Zetters. 

Ziegler. .  ,\ Ziear. 


TABLE 

DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 


Pages. 
QUATRIÈME  PARTIE. 

Règne  Animal. —  Généralités.  5 

CDAPITBE    I. 

Mammifères , 17 

Classification  d'après  Cuvier. .  18 

5e  Ordre.  —  Carnassiers 4  S 

4te  Famille.  —  Chéiroptères  .  19 

Genre  Rhinnlophe 19 

—  Vesperlilion 21 

—  Oreillard    24 

2e  Famille.  —  Insectivores  .  .  24 

Genre  Hérisson 24 

—  Musaraigne 26 

—  Desmau -8 

—  Taupe 29 

5*  Famille.  — Carnivores   .  .  51 

\te  Tribu.  —  Plantigrades.  .  .  51 

Genre  Ours 52 

—  Blaireau 55 

2e  Tribu.  —  Digitigrades  ...  54 

Genre  Marte 55 

—  Loutre 59 

—  Cliien 40 

iomr  m. 


Pages 

Race  des  Matins 42 

Race  des  Épagneuls 43 

Race  des  Dogues 44 

Le  Loup 45 

Sous-genre  Renard 45 

Genre  Civette 47 

—  Chat 48 

5e  Tribu.  —  Amphibies 51 

Genre  Phoque 51 

4e  Ordre.  —  Marsupiaux ....  53 

5e  Ordre.  —  Rongeurs 54 

Genre  Ecureuil 54 

Le  Loir,  le  Lérot 56 

Muscardin 57 

Genre  Rat 58 

—  Campagnol Cl 

—  Lièvres 63 

—  Cobaye 65 

0e  Ordre  —  Éden lés 65 

7e  Ordre.  —  Pachydermes  ...  66 

Genre  Sanglier 66 

Famille  des  Solipèdes 68 

Genre  Cheval 68 

8'*  Ordre.  —  Ruminants  ...  7o 

59 


930 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Genre  Antilope 71 

—  Chèvre 73 

—  Mouton 74 

—  Bœuf 75 

9e  Ordre.  —  Cétacés 76 

2e  Famille.  —  Cétacés  ordinai- 
res    76 

Genre  Dauphin 77 

—  Cachalot 79 

—  Baleine 80 

CBAPITRE    II. 

Oiseaux 89 

Généralités 89 

Classification  d'après Teraminck.  99 

4er  Ordre.  —  Rapaces 400 

Diurnes  ,  Genre  Vautour  ...  400 

Genre  Catharte 4  02 

—  Gypaète 4  05 

—  Faucon 4  05 

4  f  Division 4  05 

2e  Division.  —  Aigles 408 

3e  Division.  —  Autours 442 

4  e  Division.  —  Milans 442 

5e  Division.  —  Elanions 443 

6e  Division.  — Buses 443 

7e  Division.  —  Busards   ....  444 
Oiseaux   de    proie    nocturnes, 

Genre  Chouette 445 

•pe  Division 446 

2e  Division.  —  Hiboux 448 

2e  Ordre.  —  Omnivores 449 

Genre  Corbeau .  .  .  .  .  '49 

. —    Garrule 4  24 

_    Casse  Noix 122 

—  Pyrrhocorax 425 


Genre  Jaseur 424 

—  Rollier 424 

—  Loriot 425 

—  Etourneau 425 

—  Martin 426 

3e  Ordre.  —  Insectivores.  ...  427 

Genre  Pie-Grièche 428 

—  Gobe-Mouches 429 

—  Merle 430 

4re  Section.  —  Sylvains 4  30 

2e  Section.  —  Saxicoles 432 

Genre  Cincle 455 

—  Bec-Fin 434 

4re  Section.  —  Riverains.  ...  435 

2e  Section.  —  Sylvains 438 

5e  Section.  —  Muscivores. ...  444 

Genre  Roitelet 445 

—  Troglodyte 446 

—  Traquet 447 

—  Accenteur 449 

—  Bergeronnette 4  50 

—  Pipit 452 

4e  Ordre.  —  Granivores 454 

Genre  Alouette 454 

4"  Section 455 

2e  Section 455 

5e  Section 4  57 

Genre  Mésange 457 

4re  Section.  —  Sylvains 458 

2e  Section.  —  Riverains 460 

5e  Section.  —  Pendulines. .  . .  460 

Genre  Bruant 4  64 

4re  Section.  — Bruants  propre- 

ments  dits 462 

2°  Section.  — Eperonniers.  . .  464 

Genre  Bec-Croisé 464 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


931 


Génie  Bouvreuil 465 

—  Gros-Bec 4  66 

4re  Section.  —  Lalicones  ....  166 
2e  Section.  —  Brevicônes. ...  469 
3e  Section.  —  Longicônes  ...  470 
5e  Ordre.  —  Zigodartyles  ...  472 
4 re  Famille.  —  Genre  Coucou.  472 

2e  Famille.  —  Genre  Pic 474 

Genre  Torcol 476 

6e  Ordre.  —  Anisodaclyles. .  .  477 
Genre  Sitelle 477 

—  Grimpereau 478 

—  Tichodrome 479 

—  Huppe 480 

7e  Ordre.  —  Alcyons.. 484 

Genre  Guêpier 484 

—  Martin- Pécheur  ....  .    482 

8e  Ordre.  —  Chélidons 483 

Genre  Hirondelle. .  .    484 

—  Martinet 486 

—  Engoulevent 487 

9e  Ordre.  —  Pigeons 489 

Genre  Pigeon 490 

40e  Ordre.  —  Gallinacés 492 

Genre  Faisan ...   493 

—  Dindon... 494 

—  Pintade 494 

—  Paon 494 

—  Coq 493 

—  Tétras 495 

—  Ganga 499 

—  Perdrix 204 

4re  Section.  —  Francolius  .  .  .   202 
2e  Section.  —  Perdrix  propre- 
ment dites 202 

5"  Section .  —  Cailles 204 


Genre  Turnix 204 

41e  Ordre.  —  Alectorides 205 

Genre  Glaréole 205 

12e  Ordre.  —  Coureurs 207 

Genre  Outarde 207 

Genre  Court-Vite 209 

4  5e  Ordre.  —  Gralles 24  1 

lre  Division.  —  Gralles  à  trois 

doigts 242 

Genre  ^Edicnème 242 

—  Sanderling 243 

—  Échasse 244 

—  Huitrier 214 

—  Pluvier 215 

2e  Division.  —  Gralles  à  qua- 
tre doigts 247 

Genre  Vanneau 247 

4re  Section 247 

2«  Section 248 

Genre  Tourne-Pierre 218 

—  Grue 249 

—  Cigogne 224 

—  Héron 223 

4"  Section.  —  Hérons  propre- 
ment dits 224 

2«  Section.  —  Butor 226 

Genre  Nycticorax 227 

—  Flammant 228 

—  Avocette 230 

—  Spatule 234 

—  Ibis 232 

—  Courlis. .  .    253 

—  Bécasseau 234 

l'e  Section. — Bécasseaux  pro- 
prement dits 235 

2e  Section 256 


932 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Genre  Chevalier 257 

•lr«  Section.  —  Chevaliers  pro- 
prement dils 237 

2*  Section 259 

Genre  Barge 259 

—  Bécasse 240 

•lre  Section.  —  Bécasse  propre- 
ment dite 24 1 

2e  Section.  —  Bécassine 241 

Genre  Raie 242 

—  Poule-d'Eau 2i5 

ire  Section 245 

2e  Section 244 

Genre  Talève 245 

44e  Ordre.  —  Pinnalipèdes.  .  246 

Genre  Foulque 247 

—  Phalarope 248 

—  Grèbes 249 

\  5e  Ordre.  —  Palmipèdes...  251 

Genre  Ilirondclle-de-Mer  ....  251 

—  Mauve  ou  Mouette. ..  .  2'ô't 

4**  Section.  —  Goéland 25î 

2e  Section.  —  Mouette 255 

Genre  Stercoraire 257 

—  Pétrel 259 

—  Puffin 260 

—  Thalassidrome 260 

—  Oie 262 

—  Cygne 26  i 

—  Canards 265 

Section  A 266 

Section  B 269 

Genre  lia. le 272 

—  Pélican 274 

—  Cormoran 274 

—  Fou 275 


Genre  Plongeon .  .  275 

—  Guillemot 276 

lre  Section.  —  Bec  plus  long 

que  la  tète 276 

2e  Section.  —  Bec  plus  court 

que  la  tète 277 

Genre  Macareux 277 

—  Pingouin. 279 

^ 6e  Ordre.  —  Inertes 280 

Genre  Apterix 280 

—  Dronte 280 

CHAPITnE    III. 

Reptiles.  —  Généralités 281 

Classification  des  Reptiles..  .  .  290 

*'«•  Ordre.  —  Chéloniens 290 

Genre  Tortue 291 

—  Emys 292 

—  Chélouée 295 

2'  Ordre.  —  Sauriens 296 

lr«  Famille.  —  Crocodiliens..  297 

2«  Famille.  —  Lacertiens 297 

Genre  M  oui  lors 297 

--    Lézards 297 

—  Acauthodactyle 505 

5e  Famille.  —  Iguaniens  ....  506 

4*  Famille.  —  Geckoliens  .  . .  506 

5e  Famille.  —  Caméléonicns.  508 

(icure  Caméléons 508 

6e  Famille.  —  Scincoïdicns.  .  511 

Genre  Seps 511 

5e  Ordre.  —  Ophidiens 515 

lre  Famille.  —  Les  Anguis  .  .  515 
2e  Famille.  —  Les  vrais  Ser- 

pen  ts 514 

lre  Tribu- Doubles  marcheurs    514 


TABLE  DES  MATIERES. 


933 


2e  Tribu.  —  Serpents  propre- 
ment* dits 514 

tre  Section.    —   Serpents   non 

venimeux 5  M 

Genre  Couleuvre 515 

2e  Section.   —  Serpents   veni- 
meux   524 

Genre  Vipère 524 

5'  Ordre.  —  Batraciens 520 

Famille  des  Grenouilles  .    .    .  52X 

Genre  Grenouille 528 

—  fiainette 55 1 

—  Crapaud 552 

—  Pipa 557 

Famille  des  Salamandres  ....  557 

Salamandres  Terrestres 540 

Salamandres  Aquatiques  ....  541 

Famille  des  Protées 544 

Famille  des  Sirènes 544 

CHAPITRE    IV. 

Poissons 555 

Généralités 545 

Classification 556 

Poissons  Cartilagineux 557 

lfr   Ordre.  —   Chondroptéri- 

giens  à  branchies  fises  ....  557 

Famille  des  Suceurs 557 

Genre  Lamproie 557 

Famille  des  Sélaciens 559 

Genre  Squale 559 

Roussettes 559 

Squales  proprement  dits. .    .  .  559 

Les  Hequins 5G0 

Les  Marteaux 560 

Les  iVIilandres 56 1 


Les  Fmissoles. . 
Les  Grisels. .  .  . 
Les  Aiguillais.  . 
Les  flumantins. 
Les  Leiclies. .  .  . 
Genre  Ange.  .  . 
—    Scie  .  .  .  . 


—     Haie. 


Les  Torpilles 

Les  liaies  proprement  dites..  . 

Les  Pastenagues 

Les  Mourines 

Les  Céphaloptères 

Genre  Chimère. .    

2e   Ordre.   —    Chondroptéri- 

giens  à  branchies  libres.  .  . 
Famille  des  Sturioniens  .... 

Genre  Esturgeon 

—     Polvodon .    

Poissons  Osseux 

5e  Ordre.  —  Les  Pleclognathes. 
Famille  des  Gymnodontes. .  .  . 

Genre  Tétrodon 

Famille  des  Sclérodermes..  .  . 

Genre  Daliste 

A*  Ordre.  —  Les  Lophobran- 

ches.  .  .     

Famille  des  Syngnathes 

Genre  Svngnalhes  proprement 

dits 

Famille  des  Hippocampes.  . . . 
5e  Ordre.  —  Les  Malacoptéri- 

giens  abdominaux 

Famille  des  Salmones 

Genre  Saumon 

-  Eperlan 


561 
562 
562 
562 
562 
562 
565 
565 
565 
564 
564 
565 
565 
565 

566 
566 
566 
567 
568 
568 
568 
568 
568 
569 

569 
569 

570 
570 

570 
570 
571 
572 


934 


TABLE  DES  MATIERES. 


Genre  Ombre 

Les  Raiis 

Famille  des  Clupées. 

Genre  Hareng 

Famille  des  Esoces 

Genre  Brochet 

Les  Microstomes 

Les  Stomias 

Les  Orphies 

Genre  Exocets 

Famille  des  Cyprins 

Genre  Carpe 

—    Loche  ou  Dormille.  .  .  . 

Famille  des  Siluroïdes 

6e  Ordre.  —  Malacoptérigiens 

Subbranchiens 

Famille  des  Gades 

Les  Morues , 

Les  Merlans 

Les  Merluches 

Les  Lotes 

Les  Phycis 

Les  Grenadiers 

Famille  des  Pleuronectes.  .  .  . 

Les  Plies 

Les  Turbots 

Les  Soles 

Les  Monochires 

Famille  des  Discoboles 

Genre  Porte-Ecuelle 

7e  Ordre.  —  Malacoptérigiens 

Apodes 

Famille  des  Anguillil'ormes  . . 

Genre  Anguille 

Les  Congres 

Les  Ophisures 


572 
373 
373 
373 
574 
375 
375 
375 
375 
375 
576 
576 
578 
578 

579 
579 
580 
580 
580 
581 
381 
382 
582 
585 
584 
384 
385 
385 
586 

586 
586 
586 

587 
588 


Les  Murènes  proprement  dites.  588 

Les  Donzelles 589 

8e  Ordre.  —  Les  Acanthopté- 

rigiens 589 

Famille  des  Ténioïdes 589 

Les  Rubans 590 

Les  Gymnètres 590 

Les  Sabres 590 

Les  Jarretières 390 

Famille  des  Gobioïdes 39-4 

Les  Blennies  ou  Baveuses. .  .  .  591 
LesGobies,  Bouleraux  ou  Gou- 
jons de  mer 592 

Les  Callionyraes 392 

Famille  des  Labroides 392 

Genre  Labre 592 

Les  Labres  proprement  dits  .  .  595 

Genre  Razons 593 

Les  Chromis 394 

Famille  des  Percoïdes. ......  594 

Les  Picarels 594 

Les  Rogues 595 

Genre  Spares 395 

Les  Daurades 595 

Les  Pagres 595 

Les  Dentés 596 

Les  Lutjaus 596 

Les  Serrans 597 

Les  Rascasses 597 

Les  Athérines    398 

Les  Sphyrènes 399 

Les  Mulles  ou  Surmulets ....  599 

Les  Muges  ou  Mulets 599 

Les  Perches 400 

Les  Apogons 400 

Genre  Sciennes 404 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


935 


Les  Ouabrines 404 

Les  Seiennes  proprement  dites .    401 
Genre  Vives '«01 

—  Dranoscopes 401 

—  Trigles  ou  Grondins. . .    402 

Les  Malarraats 405 

Les  Pirabèbes 405 

Genre  Chabots 404 

—  Baudroies 404 

Famille  des  Scombéroïdes  .  .  .   404 

Genre  Scombre 404 

Les  Maquereaux 404 

Les  Thons 405 

Pélamides 408 

Les  Germons 400 

Les  Caranx 409 

Les  Sérioles 409 

Genre  Tétragouure 409 

—  Epinocbe 410 

Les  Liches 410 

Les  Dorées  ou  Zées 410 

Les  Espadons 411 

Les  Coryphènes 4H 

Famille  des  Squammipennes. .    411 

Les  Castagnoles 412 

Les  Stromatées 412 

Famille  des  Bouches  en  Flûte.   412 
Genre  Cenlrique 412 


Mollusques 445 

Généralités 415 

Classiflcation  ou  Tableau  sy- 
noptique   416 

■irs  Section.  —  l'ulmonés  ino- 
perculés terrestres VI 7 


•I'e  Famille.  —  Limaciens.. .  . 
Genre  Ariou 

—  Limace 

—  Testacelle 

2e  Famille.  —  Limaçons    .  .  . 
Genre  Vitrine 

—  Ambrette 

—  Hélice 

A.  Enflées..  .  .  f 

B.  Chagrinées 

C.  Splendides 

D.  Némorales 

E.  Porcelaines 

F.  Alpines,  G.  Planospires  .. 
H.  Personnées,   L  Fauves,   J. 

Rousses,  K.  Hispides 

L.  Chartreuses 

M.  Lamellées 

N.  Brillantes 

O.  Boutons 

P.  Variables 

Genre  Bulime 

—  Agathine 

—  Zue 

—  Clausilie = 

—  Balée 

—  Maillot 

5e  Famille.  —  Auiiculés 

Genre  Carichie 

2e  Section.  —  Pulmonés  ino 

perculés  aquatiques 

|re  Famille.  —  Limnéens  . . . 
Genre  Planorbe 

—  Physe 


—    Lymnée. 
~     Ancyle. 


417 

418 
420 
423 
427 
427 
429 
431 
452 
454 
455 
440 
443 
444 

450 
451 
453 

453 
458 
460 
470 
473 
474 
475 
477 
47S 
487 
487 

488 
488 
488 
495 
496 
498 


936 


TABLE  DES  MATIERES. 


2e  Sous-Ordre.  —  Opercules, 

Cyclostomacés 500 

Genre  Cyelostome 500 

—  Pomatias 503 

—  Acmée 503 

Ordre  des  Peclinibranehes.  .  .  505 
Famille  des  Péristomiens  ....  503 
Genre  Bilhinie 503 

—  Valvée t 506 

Famille  des  Néiïlacés 507 

Genre  Néritine 507 

2e  Classe.  —  Acéphales ,  Acé- 
phales bivalves 508 

Famille  des  Nayades 508 

Genre  Anodonte 508 

—  Mar|;aritane 510 

—  Mulette 510 

Famille  des  Cardiacés  ou  Cy- 

clades 515 

Genre  Pisidie 515 

—  Cyelade 517 

Famille  des  Dreïssénadées..  .  .  520 
Genre  Dreïssène 520 

CHAPITRE  VI. 

Entomologie 521 

Insecles  Coléoptères.  - — Géné- 
ralités     521 

Classification  des  Coléoptères 
d'après  M.  le  comte  Dejean.   527 

Pentamères 528 

Famille  des  Carabiques 528 

Genre  Cicindela 529 

Genres  Odacantha  ,  Drypta  , 
Zuphium  ,  Polistichus,  Cy- 
mindis  ,  Demetrias.  .    532  à  533 


Genres  Dromius,  Plochionus, 
Lebia ,  Aptinus,  Brachinus, 
Scarilcs,  Clivina,  Ditomus, 
Apotomus,  Cychrus,  Pro- 
crusles 536  à 

Genres  Carabtis  ,  Calosoma  , 
Leislus,  Nebria,  Omophrnn, 
Blethisa 545  à 

Genres  Flaphrus,  Nolinphilus, 
Pnnaj[îcus,  l.oricera,  C.illis- 
tus,  Cblxnius 535  à 

Genres  Fpomis,  Dinodes,  Oo- 
des,  Licînus,  Badister,  Po- 
(jonus ,  Patrobus ,  Poli- 
chus 539  à 

Genres  Pristonychus,  Calathus, 
Taphria  ,  Sphodrus ,  Plaly- 
nus,  Anchomenus  .  .   502  à 

Genres  Ajonum  ,  Olisthopus. 
566  à 

Tribu   des  Féroniens 

Ire  Division 

2e  Division 

5e  Division 

4e  Division 

5e  et  6e  Divisions 

7e  Division 

8e  Division 

9e  Division 

10e  Division..  •  , 

Genres  Cephalotcs,  Stomis,  Pc- 
lor,  Zabrus,  Amara,  Mazo- 
reus ,  Acinopus,  Selenopbo- 
rus ,  Anisodactylus,  Gynan- 
dromorphus 580  à 


544 


554 


557 


562 


565 

507 

568 

568 
570 
5-2 
573 
574 
575 
577 
578 
579 


586 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


937 


Tribu   des   Marpaliens 586 

ire  Division 586 

2e  Division 590 

Tribu  des  Bembidions 596 

1"  Division 596 

2e  et  5e  Divisions 597 

4e,  5e  et  6e  Divisions 598 

7e  Division 599 

8e  Division 600 

9e  Division 601 

\ 0e  Division 602 

Famille  des  Hydrocanlliares. .   003 

Genres  Dytisous  ,   Tkroralus  , 

Acilius,  Graphoderus ,  Uy- 

dalicus,  Seutopterus,  Cyma- 

topterus  ,  Liopterus  ,    Ran- 

tus 604  à  607 

Genres  Colymbetes ,  Lacroplii- 
lus,  Noterus,  Hygrobia,  Ha- 
liplus,  Hydroporus.  .    608  à  6U 
Genres    llypbidrus,    Gyrinus, 

Orectochilus 614  à  617 

Famille  des  Bracbelytres  ....    617 
Genres  Velleius  ,  Emus  ,   As- 
trapeus  ,  Microsaurus  ,  Sla- 
pliylinus,   Caiius ,    Xantho- 

linus 617  à  622 

Genres  Sauriodes,  Aclienium  , 
Lalhrobium,  Pœderus,  Li- 
Ibocaris,  Rugilus,  Astenus, 
Dianous,  Slenus.  .  .  .  625  à  626 
Genres  Oxiporus,  Prognatus, 
Bledius,  Platystelbus,  Oxi- 
telus,  Antbophagus. .  627  à  628 
Genres  Antbobium  ,  Acidota, 
Omalium,Proteinns,Pblœo- 


bium,  Bryocharis ,  Bolito- 
bius  ,  Myeeloporus  ,  Tacbi- 
nus,  Tacbyporus  .  . .   629  à  631 

Genres  Hyporyphtus,  Lome- 
rbusa  ,  Aleocbara  ,  Gyro- 
pbœna  ,  Oxipoda  ,  Bolito- 
ebara 632  à  633 

Genres  Drusilla,  Homalota  , 
Falagria,  Aulalia.  .  .   65  5  à  655 

Famille  des  Sleriioxes 655 

Genres  Acmasodera,  Capnodis, 
Dicera,  Cbalcopbora,  Pero- 
tis,  Ancyloebeira,  Eurylhy- 
rea,Lanipr3,  Ptosima,  Cbry- 
sobolbris,   Antbaxin.   657  à  641 

Genres  Sphenoptera,  Agrilus, 
Traebys ,  Apbanisticiis,  Me- 
lasis,  Ceropbitum,  Synaptus, 
Cratonyrbus  ,  Agrypnus, 
Allions,  Campylus.  .   642  à  646 

Genres  Limonius,  Cardiopbo- 
rus,  Ampedus,  Cryptobyp- 
nus,  Oophorus,  Drasterius, 
Ludius ,  Agriotes.  .  .   647  à  650 

Genres Sericosomus,  Dolopius, 
Ectinus,  Adrastus 651 

Famille  des  iMalaeodermes   .  .    652 

Genres  Cebrio,  Atopa,Cypbon, 
Eubria  ,  Scyrtes  ,  Nycteus, 
Lygistopterus  ,  Dyctyopte- 
rus 652  à  655 

Genres  Omalisns ,  Pyraclome- 
na  ,  Lampyris  ,  Geopyris , 
Colopbolia,  Drilus,  Ganlha- 
ris 656  à  657 

Genres  Silis.  Malthinus  .  Aîa- 


938 


TABLE  DES  MATIERES. 


lachius ,  Charopus  ,  Dasy- 
tes,  Zigia,  Melyris.  .   659  à  662 

Famille  des  Térédiles 665 

Genres  Tillus,  Notosus,  Tri- 
chodes  ,  Clerus  ,  Corynetes, 
Eooplium,  Lymexylon,  Hy- 
lecoetus,  Rbysodes..   664  à  667 

Genres  l'tilinus ,  Xyletinus, 
Dorcatoma,  Ochina  ,  Ano- 
biura  ,  Hedobia  ,  Cocotes  , 
Ptinus,  Gibbium  ,  Scydmœ- 
nus 668  à  670 

Famille  des  Clavicornes.  .  . .      674 

Genres  Necrophorus ,  Necro- 
des ,  Silpha  ,  Sphaerites, 
Agyrtes,Scaphidium,  Galops, 
Leptinus 671  à  674 

Genres  Peltis,  Thymalus,  Thy- 
reosoma  ,  Colobicus  ,  Ips , 
Strongylus,  INitidula,  Cer- 
cus ,  iMicropeplus  ,  Bvtu- 
rus 675  à  678 

Genres  Engis,  Antberophagus, 
Cryptopbagns  ,  Ptilium  , 
Dermestes,  Attagenus,  Me- 
gatoma,  Trogoderma,  An- 
threnns,  Aspidiphorus.  679  à  685 

Genres  Hister,  Dendrophilus, 
Abraeus,  Hœterius,  Ontbo- 
philus,  Platysoma,  rlyporha- 
gus  ,  Tbroscus ,  Nosoden- 
dron,  Byrrhus 685  à  688 

Genres  Limnichus,  Georisus, 
Elmis,  Macronicbus ,  Pota- 
mophilus,  Parnus,  Hetero- 
reros,  Catopsimorphus,  Cro- 


cotus,  Plegaderus,  Antoma- 

ria,  Tbroscus 689  à  692 

Famille  des  Palpicornes 692 

Genres  Elophorus,  Hydrochus, 
Ocblbebius,  llydrœna,  Sper- 
chœus,  Berosus,  Hydrophi- 
lus  ,    Hydrobius  ,    Sphœri- 

dium,  Cercyon 692  à  696 

Famille  des  Lamellicornes  .  .  696 
Genres  Ateuchus,  Gymuopleu- 
rus  ,  Sisyphus  ,  Pygurus, 
Copris,  Onthophagus,  Bu- 
bas  ,  Onitis ,  Onilicellus , 
Âphodius,  Oxyomus..  697  à  702 
Genres  Psammodius,  .(Egialia, 
Trox,  Lethrus,  Geotrupes, 
Hybosorus,  Ocbodaeus,  Hy- 

balus 705  à  705 

Genres  Bolboceras  ,  Oryctes  , 
Scarabœus,  Pachypus,  Ano- 
mala,  Anisoplia,  Melolon 
tha  ,    Gatalasis  ,    Rhisotro- 

gus 706  à  740 

Genres  Omaloplia,  Hymenon- 
tia,  Cbasmatopterus,Hoplia, 
Ampbiccmia  ,    Osmoderma, 

Gnorimus 742  à  744 

Genres  Trichius  ,  Valgus,  Ce- 
tonia  ,  Lucanus  ,  Dorcus , 
Tarandus,  Platycerus,  JEsa- 
lus,  Sinodendron. .  .    714  à  74  7 

Hétéromères 718 

Famille  des  Mélasomes 718 

Genres  Erodius  ,  Zophosis  , 
Pimelia,  Morica,  Akis,  Ele- 


TABLE  DES  MATIERES. 


939 


nophorus,  Scanrus,Tagenia, 

Tcntyria 7 1  8  à  720 

Genres  Asida,  Gnaptor,  Blaps, 
Aoanlbopus,  Pedinus,  He- 
liopates,  Pandarus ,  Opatri- 
nus,  Philax,  Opatrum,  Mi- 
crozoum,  Leichenum,  Cryp- 

ticus 721  à  724 

Famille  des  Taxicornes 72a 

Genres  Trachyscelis,  Phaleria, 
Eudophlœus,  Bolitopbagus, 
Anisotoma  ,  Pentaphylus  , 
Neomida,  Diaperis,  Cossy- 
phus  ,  Heteropbaga  ,  Ulo- 
ma,    Hypophlaeus,   Sarro- 

trium 725  à  729 

Famille  des  Ténébrionites. .  .  .   729 
Genres  Euslropbus,  Orcbesia, 
Hallomenus,  Pircaea,  Serro- 
palpus,   Melandria,   Pytho, 
Upis,Tenebrio,  Calcar.  729  à  751 

Famille  des  Hélopiens 752 

Genres  Hélops,  Mycetoehares  , 
Omopblus,  Cistela  .  .    752  à  755 

Famille  des  Traehélides 755 

Genres  Lagria,  Pyrochroa,  Mo- 
noeerus,  Anthicus,  Xylophi- 
lus,  Scraptia,  Ptilopborus, 
Metœcns,  Ripiphorus,  Myo- 
des,  Mordela,  Anaspis.  755  à  759 

Famille  des  Vésicants 740 

Genres  Meloe  ,  Cerocoma  ,  Di- 
res, Mylabris,  Lydus,  Lytta, 
Zouitis,  Nemognatha,  Sita- 

ris .    741  à  745 

Famille  des  Sténélitres 7  55 


Genres  Galopus ,  Sparedrus, 
Nacerdes,  Asclera,  Anogco- 
des,  iFldemera,  Stenosloina, 
Mycterus,  Salpingus,  Rhi- 

nosimus 746  à  748 

Tetra  mères 748 

Famille  des  Curculionites.  ...    748 

Genres  Brucbus,  Spermopba- 

gus,    Urodou  ,    Antbribus, 

Tropideres  ,     Plathyriiuis  , 

Brachytarsns ,      Apoderus , 

Attelabus 749  à  752 

Genres  Rhyncbites,  Amorpho- 
cephalus  ,  Diodyrhynehus , 
Apion,  Bamphus,  Bracby- 
cerus,  Tylacites  ....  755  à  756 
;  Genres  Cneorhinus,  Sciaphi- 
Ins,  Brachyderes,  Eusomus, 
Chlorophanus,Tanymechus, 

Sitona 757  à  758 

|  Genres  Polydrusus,  Scytropus, 
I  Metallites  ,  Cleonis,  Pachy- 
cerus,  Gronops,  Alophus  , 
Liophlœns,  Barynotus  759  à  761 
Genres  Lepyrus,  Hylobius,  Mo- 
Ivtes,  Plintbus,  Pbytono- 
mus,  Coniatus,  Bylirhinus, 

Pbyllobius 7G2à764 

Genres  Tracbyphlaens,  Omias, 
Peritelus,  Otioryncbus,  Ll- 
sus,  Larinus,  Bbinocyllus, 
Pissodes  ,     Thamnopbilus. 

765  à  769 
Genres  Frirhinus,  Dorytomus, 
Hydronomus,  Ellescus,  Lig- 
nyodes.  Antbonotnus,  Bala- 


940 


TABLE  DES  MATIERES. 


ninus,  Thyebius,  Micronyx, 
Acalyplus,  Pbytobius,  Ano- 
plus 770  à 

Genres  Orchestes  ,  Bagous  , 
Baris  ,  Cryptorhyncbus  , 
Acalles ,  Arenlrus,  Ceuto- 
rliynchus 775  à 

Genres  Campylirbynebus,  Mo- 
uonychus,  Orobitio,  Cionus, 
Gymnaelron,  Mecinus,  Na- 
nodes ,  Calandra,  Dryopb- 
iborus,  Cossonu»,  Rbynco- 
lus 77G  à 

Famille  des  Xylophages 

Genres  flylurgus,  Ilylesinus, 
Phloiotribus,  Seolvtus,  Bos- 
tricbus,  Plalypus,  Paussns, 
Apate 780  à 

Genres  Gis  ,  Latridius  ,  Myce- 
lopbagus  ,  Tripbyllus,  Cc- 
rylon,  iWonotoma,  Rvzopba- 
gus,  Biloma 785  à 

Genres  Lyctus,  Teredus,  Goly- 
dium,  Silvanus,  Trogosita, 
Biopblœus,  Cucujus,  La?mo- 
pblœus,  Broutes,  Dendro- 
phagus 787  à 

Famille  des  Longicornes  .... 

Genres  Spondylis  ,  Frgates  , 
^Egosoma,  Prionus,  Ham- 
malieberus,  Purpuricenus  , 
Rosalia,  Aromia.  .  .  .    790  à 

Genres  Calliebroma,  Stroma- 
lium,  Hesperopbanes,  Grio- 
fephalum,    Isarthron.   Ase- 


772 


775 


779 
779 


784 


78G 


788 
789 


791 


mum  ,  Hylotrupes,  Calli- 
dium 792  à 

Genres  Glytus  ,  Gartallum  , 
Deilus,  Stenopterus,  Molor- 
cbus,  Astynomus,  Pogono- 
cberus,  Pacbystola  .  .    795  à 

Genres  Morimtis,  Mesosa,Dor- 
cadion,Anœsthelis,  Saperda, 
Anœlia,  Oberea 797  à 

Genres  Pbyla»eia,  Agapanthia, 
Vesperus,  Rbagium,  liham- 
nusium,  Toxotus,  Paehyla, 
Strangalia,  Slenura.  Lep- 
lura 799  à 

Famille  des  Gbrysomélines. . . 

Genres  Donaeia,  lloemonia,  Or- 
sodacna ,  Aucbenia,  Lema, 
Hispa,  Cassida 805  à 

Genres  Adiinonia  ,  Gallerura. 
Malacosoma,  Phyllohrotica, 
Lepurus,  Lilhouoma,  Grap- 
todera  ,  Grepidodera  ,  Phyl- 
lo(reta,  Aphtbona..  .    807  à 

Genres  Teinodactyla,  Dibolia  , 
Psylliodes,  Plectroscelis,  Ba- 
lanomorpha  ,  Apteropeda  , 
Podagricu,  Argopus.  809  à 

Genre»   Cyrtonus,    Timarcba, 

Cbrysomela  ,  Oreina  ,  Lina, 

Entoinosrelis ,  Gonioctena  , 

Spartopbila  ,       Plagiodera. 

812  à 

Genres  Gastrophysa,  Pbratora, 
Pbaedon,  Helodes,  Golaspis, 
Colposcelis,  Edusa  ,  Cola- 
phus,  Dia 815  à 


794 


790 


799 


802 
802 


80fi 


809 


SU 


si: 


816 


TABLE   DES  MATIÈRES. 


941 


Genres  Bromius,  Chrysochus  , 
Pachuepborus,  Babia,  Cly- 
thra,  Labidostomis,  Lach- 
naia  ,  Macrolenes  ,  Coptoce- 
phala,  Smaragdina..   817  à  819 

Genres  Cyaniris,  Pacbybrachis, 
Cryptocepbalus ,  Disopus, 
Triplas,  Pbalacrus,  Agatbi- 
diuui,  Cyrtocephalus,  Cly- 
peaster 819  à  822 

Trimères 822 

Genres  Hippodamia,  Anisos- 
ticta,  Coceinella,  Hyperas- 
pis,  Micraspis,  Chilocorus, 
Epilachna 822  à  824 

Genres  Cynegctis ,  Scymnus, 
ISundina,  Coccidula,  En- 
dotnychus,  Lycoperdina  , 
Dapsa  ,  Orestia  ,  Dasycerus. 

824  à  825 

Dimèi es 825 

Genres  Chenninm,  Tyrus  , 
Ctenistes,  Pselaphus,  Brya- 
xis,  Bylbinus,  Tycbus,  Tri- 
îniuin,  Batrisus,  Euplcctus, 
Claviger 826  à  827 

CHAPITRE    VII. 

Insectes  Lépidoptères.  —  Gé- 
néralités     829 

Première  Famille.  —  Diurnes.  831 
4re  Tribu.  —  Genre  Papillon.  831 
Genres     Parnassien  ,     Tbuïs , 

Coliade 832 

Genres  Piéride,  Libylbée,  Ar- 
gine 855  à  856 


Genres     Vanesse  ,      Nyinpha- 

le 840  à  842 

Genres  Satyre  ,  Polyommate  , 

Hespérie 845  à  854 

Deuxième  Famille.  —  Crépus- 
culaires     852 

\™  Tribu. — Sphingides, Genre 

Sphinx 852 

Genre  Smérinthe 855 

2e  Tribu.  —  Zigénides 856 

Genre  Sésie 856 

Genres  Thyris,  Zigène,  Synto- 
mis,  Procris,  Aglaope  ,  Sti- 

gie 856  à  859 

Troisième  Famille.—  Noctur- 
nes    859 

4  re  Tribu.  —  Bombiciles 859 

Genres  Hépiale,  Cossus ,  Zeu- 

zère,  Bombix 859  à  860 

2e  Tribu.  —  Noctuo   bombici- 

tes 867 

Genre  Ecaille 867 

Genre  Callimorphe 870 

5e  Tribu.  —  Tinéites 871 

Genre  Lilbosie 871 

4«  Tribu.  —  Noctuélites 872 

Genre  Noctuelle  ou  Lichnées..  872 

Genre  Cuculie 885 

Genres  Xantbie  ,  Gonoptère  , 
Calyptre,  Plusie,  Cbrysop- 
tère,  Platypterix. .  .  .   885  à  888 

5e  Tribu.  —  Phalénites 888 

Genres  Bumie,  Ennomos,  Hi- 
mère ,  Crocalle,  Angerone, 
Eurvmène,  Plulobie,  Epion- 
ne,  Timandre 888  à  890 


942J 


TABLE  DES   MATIÈRES. 


Genres  Hémithée,  Ampbidase, 
Nyssie,  Hibernie,  Boarmie, 
Fidonic 891  à  895 

Genres  Ligie,  Cabère,  Ephyre, 
Dosislhée,  Acidalie. .   894  à  895 

Genres  Aspilate  ,  Pellonie  , 
Pbasiane,  Eubolie,  Urapte- 
ris  ,  Gnophos  ,  Vénilie  , 
Zerène  , 896  à  898 

Genres  Mélanthie,  Mélanippe, 
Gidarie,  Anaïte,  Larentie, 
Amathie,  Chésias,  Strénie, 
Psodos 899  à  902 

6e  Tribu.  —  Pyralites 905 

7e  Tribu.  —  Platyomides 905 


8«  Tribu.  —  Crambites 905 

9<s  Tribu.  —  Yponomeutides  .   906 

40e  Tribu.  —  Tiuéides 906 

\\°  Tribu.  —  Ptérophorides..   912 
Lettre    de     M.    le   professeur 

Audouin 916 

Lettre  de  Mme  Audouin 921 

Lettre  de  M.  le  Ministre  de 
l'Agriculture  et  du  Com- 
merce    922 

Explication  de  la  planche.  .  .  .   924 
Liste  et  abréviations  des  noms 
d'auteurs  cités  dans  ce  vo- 
lume      925 

Table  des  matières 929 


FIN   DE  LA  TABLE  DES  MATIÈRES. 


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