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Full text of "Histoire naturelle des insectes, composée d'après Réamur, Geoffroy, Degeer, Roesel, Linnée, Fabricus, et les meilleurs ouvrages qui ont paru sur cette partie; rédigée suivant la méthode d'Olivier; avec des notes, plusieurs observations nouvelles, et des figures dessinées d'après nature"

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IIH^K 


LIBRARY     OF 


1885-1056 


HISTOIRE   NATURELLE 
DES   INSECTES. 


HISTOIRE  NATURELLE 
DES  INSECTES, 

Composée  d'après  Réaumur  ,  Geoffeoy, 
Degeer,  Roesel,  Linnée  ,  Fabricius, 
et  les  meilleurs  ouvrages  ^ui  ont  paru  sur 
cette  partie  ; 

Rédigée  suiv^ant  la  méthode  d'OLiviER  ; 

Avec  des  notes ,  plusieurs  observations  nouvelles, 
et  des  figures  dessinées  d'après  nature. 

Par  F.  M.  G.  T.  DE  TIGNY ,  Membre  de  la 
Société  d'Histoire  naturelle  de  Paris. 

TOME    IX. 


1)K  L'IMPRIMERIE   DE  CRAPELET. 

A    PARIS, 
Chez  Deterville  ,  rue  du  Battoir,  n°  i6. 


AN   X. 


HISTOIRE  NATURELLE 
DES    INSECTES. 

CLXXXVr    GENRE. 

C  L  Y  T  R  E. 

Caractères  génériques.  Antennes  en  scie, 
plus  couites  que  la  moitié  du  corps  ,  le 
second  et  le  troisième  petits.  —  Quati^e 
aiitennules  presque  égales  ;  les  antérieu- 
res un  peu  plus  longues  ,  composées  de 
quatre  articles,  dont  lepremierpetit ,  les 
deux  suivans  un  peu  plus  gros  ,  presque 
coniques  ,  le  dernier  mince  ,  cylindrique  j 
les  postérieures  de  trois  articles,  dont  le 
premier  court,  le  second  assez  long  ,  le 
troisième  un  peu  plus  minç^ —  Tête  as- 
sez large  ,  un  peu  enfoncée  dans  le  corse- 
let. —  Pénultième  article  des  tarses  bifi- 
de ,  garni  de  houppes. 

Linné  E    et   Degéer   ont   place    ces 
insectes  avec  les  chiysomèles.    Le  ci- 
toyen Geoffroy  en  a  fait  un  genre  sous 
Insectes.  IX.  i 


2  HISTOIRE   NATURELIE 

le  nom  de  mclolontlie.  M.  Fabricius 
lésa  réunis  aux  gribouris.  Le  cit.  Oli- 
vier les  a  d'vibord  laissés  avec  ces  in- 
sectes ,  mais  ensuite  les  en  a  séparés  et 
en  a  fait  un  genre  sous  le  nom  de  cly- 
tre  ,  nom  qui  leur  a  été  donné  par 
M.  Laichartaing. 

On  distingue  les  clytres  des  gribou- 
ris par  leurs  antennes  qui  sont  en  scie; 
au  lieu  que  celles  des  gribouris  sont 
filiformes ,  par  les  mandibules  grandes  , 
arquées,  et  par  quelques  autres  partie» 
de  la  bouche. 

Les  antennes  sont  un  peu  plus  lon- 
gues que  le  corselet ,  composées  de  onze 
articles  ,  dont  le  premier  est  gros  ,  ren- 
flé à  l'extrémité  ;  les  deux  suivans  sont 
petits ,  arrondis  -,  le  quatrième  est  un 
peu  alongé  ;  les  autres  sont  égaux ,  en 
scie  -,  elles  ont  leur  insertion  à  lapartie 
antérieure  de  la  tête  entre  les  yeux. 

La  tête  est  assez  large,  un  peu  ap- 
platie ,  cachée  en  partie  sous  le  corse- 
Jet  j  les  yeux  sont  arrondis ,  saillans  j 


DESCLYTRES.  3 

la  bouche  est  composée  d'une  lèvre  su- 
périeure cornée  ,  échancrée  et  ciliée  ; 
de  deux  mandibules  assez  grandes , 
avancées  ,  élargies  à  la  pointe ,  biden- 
tées  ;  de  deux  mâchoires  bifides ,  à  di- 
visions écartées  ;  l'intérieure  un  peu 
plus  petite  ;  d'une  lèvre  inférieure 
courte ,  cornée  ;  et  de  quatre  anten- 
nules. 

Le  corselet  est  large  ,  peu  convexe  , 
rebordé  ,  un  peu  plus  étroit  antérieu- 
rement que  postérieurement  ;  l'écussoa 
triangulaire. 

Les  élytres  sont  dures ,  convexes , 
de  la  longueur  de  l'abdomen  j  elles  re- 
couvrent deux  ailes  membraneuses. 

Les  pattes  sont  souvent  de  grandeur 
inégale ,  les  antérieures  beaucoup  plu* 
longues  que  les  autres  ;  les  tarses  com- 
posés de  quatre  articles,  dont  les  troia 
premiers  presque  égaux  ,  assez  larges  ; 
le  troisième  est  bifide  ;  le  dernier  alon- 
g£ ,  renflé  à  l'extrémité  ,  terminé  par 
deux  crochets  assez  forts. 


4  HISTOIRE    NATURELLE 

Le  corps  est  alongë  ,  cylindrique. 

Les  elytres  sont  en  général  de  gran- 
deur médiocre  ;  quelques  espèces  sont 
même  assez  petites  ;  elles  fréquentent 
les  fleurs  des  prai  ries  et  celles  des  chênes, 
et  se  laissent  prendre  facilement,  parce 
qu'elles  ont  le  vol  lourd  ;  leur  larve 
n'est  point  connue,  maison  croit  qu'elle 
vitdans  la  terre.  Elles  forment  un  genre 
composé  d'une  trentaine  d'espèces , 
dont  on  trouve  plus  de  la  moitié  en 
Europe. 

La  Clytre  tridentée,  Clytra 
tridentata. 

Elle  a  cinq  lignes  de  longueur  :  les 
antennes  sont  noires  ,  un  peu  plus  lon- 
gue que  le  corselet  ;  la  tête  ,  le  corselet , 
le  dessous  du  corps  et  les  pattes  d'un 
bleu  noirâtre  luisant  ;  les  élytres  d'un 
jaune  pâle  ,  finement  pointillées  ;  le 
corselet  est  tridenté  à  sa  partie  posté- 
rieure j  les  pattes  antérieures  sont  beau- 


DES     C  L  Y  T  R  E  S.  5 

coup  plus  longues  que  les  autres  ;  les 
jambes  de  ces  patLes  un  peu  arque'es. 

On  la  trouve  en  Europe  :  elle  est 
très-commune  dans  les  départemens 
méridionaux  de  la  France  ,  sur  les 
fleurs. 

La  Clytre  longimane  ,   Cfyira 
longimana. 

Elle  est  beaucoup  plus  jielite  que  la 
■précédente  :  les  antennes  sont  d'un  noir 
bleuâtre  -,  la  tête  ,  le  corselet,  le  dessous 
du  corps  et  les  pattes  sont  d'un  vert 
noirâtre  bronzé  ;  les  éljlres  d'un  jaune 
pâle ,  finement  pointillées  ;  les  pattes 
antérieures  sont  très-longues  ;  les  jam- 
bes arquées  ;  les  cuisses  un  peu  renflées, 
avec  une  petite  dent  peu  ^narquée. 

On  la  trouve  dans  presque  toute 
l'Europe  :  elle  est  assez  commune  aux 
environs  de  Paris  ,  sur  les  fleurs  dans 
les  prairies. 


6  HISTOIRE    NA.TURELLE 

LaClytre  lojigipècle  ,  Cfytra 
longipes. 

Elle  varie  pour  la  grandeur  depuis 
quatre  jusqu'à  six  lignes  et  demie  :  les 
antennes  sont  noires  ,  de  la  longueur 
du  corselet  -,  la  tête  ,  le  corselet ,  le 
dessous  du  corps  et  les  patles  d'un  noir 
bleuâtre  ;  les  élytres  d'un  jaune  testacé 
pâle  j  avec  trois  points  noirs  sur  chaque  ; 
un  à  la  base  ,  près  du  bord  extérieur  ; 
les  deux  autres  nn  peu  au-delà  du  mi- 
lieu ,  formant  une  bande  transversale  ; 
les  pattes  antérieures  sont  beaucoup 
plus  longues  que  les  autres  ;  les  jambes 
de  ces  pattes  un  peu  arquées  ;  toutes 
les  cuisses  légèrement  renflées. 

On  la  trouve  au  midi  de  l'Europe  , 
sur  différentes  fleurs. 

La   Clyire  quadriponcluée  ^ 
Clylra  quadripunctata. 

Elle  a  cinq  lignes  de  longueur  :  les 
antennes  sont  noires ,  avec  le  second  et 


DES     CLYTRES.  7 

le  troisième  articles  fauves  ;  la  tête ,  le 
corselet,  l'écusson,  le  dessous  du  corps 
et  les  pattes  sont  noirs  ;  les  ëlytres  d'un 
rouge  pâle ,  avec  chacune  deux  taches 
noires  ;  l'une  très-petite  à  la  base ,  près 
du  bord  extérieur  \  l'autre  plus  grande, 
vers  le  milieu ,  où  elle  forme  une  bande 
transversale  :  le  dessous  dvi  corps  est 
couvert  d'un  léger  duvet  cendré. 

On  la  trouve  dans  presque  toute 
l'Europe  ,  sur  les  fleurs  du  chêne  ,  du 
prunelier ,  de  l'aubépine  :  elle  est  com- 
mune aux  environs  de  Paris. 

La  Clylre  Bucéphale,  Clytra 
Bucephala, 

Elle  a  deux  lignes  et  demie  de  lon- 
gueur :  les  antennes  sont  en  scie ,  noi- 
res ,  avec  les  quatre  premiers  articles 
fauves  -,  la  tête  est  d'un  bleu  violet , 
luisant ,  avec  la  bouche  fauve  ;  le  cor- 
selet fauve  sur  les  côtés,  d'un  bleu  lui- 
sant sur  le  milieu  -,  les  ëlytres  iont  fine- 


8  HISTOIRE    NATURELLE 

ment  poiiitillées  d'un  bleu  fonce  lui- 
sant ;  le  dessous  du  corps  est  d'un  bleu 
îioirâtre  ;  les  pattes  sont  fauves  ;  les 
tarses  noirs. 

On  la  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  sur  différentes  fleurs. 

La  Cly  tre  roiigeâtre,  C/^/ra  ruhra. 

Elle  a  près  de  trois  lignes  de  lon- 
gueur :  les  antennes  ,  la  tête  ,  le  des- 
sous du  corps  et  les  pattes  sont  noirs  ; 
le  corselet  est  rouge ,  avec  un  point 
noir  plus  ou  moins  marqué  sur  le  mi- 
lieu, ou  sans  point-,  les  élytres  sont 
rouges  ,  avec  chacune  deux  taches  noi- 
res 5  l'une  à  la  base ,  près  du  bord  ex- 
térieur \  l'autre  au-delà  du  milieu. 

On  la  trouve  aux  environs  de  Paris, 
en  Allemagne ,  sur  les  fleurs. 

La  Cly  tre  indigo ,  Clytra  cyanea. 

Elle  a  environ  trois  lignes  de  lon- 
gueur :    les  antennes   sont  d'un  noir 


Tom  .  J.T,  ^V/-  '^- 


%  1 


\Meunier   i/el ■ F?  Tarsien    d'culp\ 

a.  Qytr  .  T-oxLgeâtre  .         4-   Cass  .  gi^osse  . 
2, .  Cass  .  verte  .  6  .  Cass  .    treillie  . 

3.  Cass.  maciilee 


DES     CLYTRES.  9 

bleuâtre,  avec  les  quatre  premiers  ar- 
ticles fauves  ;  la  tête  est  d'un  bleu  fon- 
cé ,  luisant  -,  le  corselet  fauve,  luisant  ; 
les  élytres  sont  fortement  pointillces, 
d'un  beau  bleu  fonce,  luisant;  le  des- 
sous du  corps  est  d'tin  blcïi  noirâtre  5 
les  pattes  sont  fauves. 

On  la  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  sur  différentes  fleurs. 

La  Cly  tre  semblable ,   Cfytra 
affinis,  Panzer. 

Elle  a  trois  lignes  et  demie  de  lon- 
gueur :  les  antennes  sont  noirâtres  j  avec 
les  quatre  premiers  anneaux  fauves  ; 
la  tête  est  d'un  noir  luisant  ;  le  corselet 
fauve  sur  les  côtés  ,  d'un  noir  luisant 
en  dessus  -,  les  élytres  sont  finement 
pointillées  d'un  noir  bleuâtre  luisant  ; 
le  dessous  du  corps  est  noir  -,  les  pattes 
sont  fauves. 

On  la  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  sur  les  Heurs. 


lO          HISTOIRE    NATURELLE 

CLXXXVir    GENRE. 
C  A  S  S  I  D  E. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes , 
presque  filiformes,  grossissant  insensible- 
ment vers  la  pointe  ,  très -rapprochées  à 
leur  base.  — Quatre  antennules  inégales, 
presque  filiformes  ;  les  antérieures  com- 
posées de  quatre  articles  ,  dont  le  dernier 
est  ovale  ,  alongé,  terminé  en  pointe  ; 
les  postérieures  composées  de  trois,  dont 
le  dernier  un  peu  plus  gros  et  ovale.  — 
Pénultième  article  des  tarses  bifide, garni 
de  houppes.  —  Corselet  et  élytres  beau- 
coup plus  larges  que  le  corps. 

On  a  vulgairement  nommé  ces  in- 
sectes tortue  ,  scarabé-toi  tue  ,  parce 
que  leur  tête  est  entièrement  caclie'e 
par  la  plaque  e'cailleuse  du  corselet,  qui 
est  très-grande  ;  et  que  les  élytres,  qui 
débordent  de  beaucoup  le  corps,  le  ca- 
chent également  ,  de  sorte  qu'on  ne 
voit  en  dessus  qu'une  espèce  d'écaillé  , 


DES     C  A  S  S  I  D  E  S.  Il 

ovale  ou  circulaire ,  assez  semblable  à 
celle  des  tortues  ;  ce  qui  a  fait  donner 
à  ces  insectes ,  par  Linne'e  ,  le  nom  de 
cassida ,  qui  signifie  casque. 

Les  cassides  ne  peuvent  être  confon- 
dues avec  aucun  insecte  des  autres 
genres  :  ceux  avec  lesquels  elles  ont 
quelque  ressemblance  ,  qui  sont  les 
ërotylesj  les  boucliers  et  les  coccinelles, 
se  distinguent,  les  premiers,  parleurs 
élytres  moins  larges ,  et  leurs  antennes 
ïiioniliformes,  terminées  en  masse  ap- 
platie;  et  les  deux  autres ,  par  le  nom- 
bre d'articles  des  tarses  :  les  boucliers 
en  ont  cinq ,  les  coccinelles  n'en  ont 
que  trois ,  au  lieu  que  les  cassides  en  ont 
quatre. 

Les  antennes  sont  à  peine  plvis  lon- 
gues que  le  corselet ,  composées  de  onze 
articles  qui  vont  en  grossissant  insen- 
siblement de  la  base  au  sommet  ;  elles 
sont  insérées  à  la  partie  antérieure  de 
la  tête ,  entre  les  yeux ,  très-rappro- 
cliwes  à  leur  base. 


12         HISTOIRE    NATURELLE. 

La  tête  est  très-petite  ,  entièrement 
cachée  par  le  corselet  ;  les  yeux  sont 
ovales,  peusaillans:  ia  bouche  est  com- 
jiosée  d'une  lèvre  supérieure  courte , 
large  ,  peu  éch ancrée ,  ciliée  ;  de  deux 
mandibules  plattes  ,  très-dentées  ,  de 
deux  mâchoires  bifides  ,  à  divisions 
alongées-,  d'une  lè^i-e  inférieure  étroite , 
aiongée  ,  entière  ,  et  de  quatre  anten- 
nules. 

Le  corselet  est  plat  en  dessus,  très- 
large  ,  débordant  la  tête  et  les  côtés  de 
la  poitrine ,  arrondi  antérieurement ,  ou 
légèrement  échancré  -,  de  sorte  que  pour 
voir  la  tête  ,  il  faut  retourner  l'insecte  ; 
l'écusson  est  petit ,  triangulaire. 

Les  ély très  sont  grandes  ^  convexes 
en  dessus,  beaucoup  plus  larges  que  le 
corps;  elles  ont  en  dessous,  vers  le 
milieu ,  une  espèce  de  rebord  qui  em- 
brasse le  haut  de  l'abdomen  ;  elles  re- 
couvrent deux  ailes  membraneuses. 

Les  pattes  sont  courtes  ,  dc|)assent 
à  peine  les  élytres  j  les  tarses  courts  ;, 


DES     C  A  S  S  I  D  E  S.  1  S 

composés  de  quatre  articles  ,  dont  le 
premier  est  coiirt,  le  troisième  bifide, 
le  dernier  court ,  un  peu  renflé  à  l'ex- 
trémité ,  tei-miné  par  deux  crochets. 

Le  corps  est  de  forme  ovale ,  applati 
en  dessous.  On  trouve  ces  insectes  sur 
les  plantes  dont  ils  se  nourrissent  :  on 
les  prend  facilement ,  parce  qu'ils  mar- 
chent assez  doucement  et  font  rarement 
usage  de  leurs  ailes:  ils  sont  en  géné- 
ral de  grandeur  moyenne  ;  quelques 
espèces  sont  ornées  de  couleurs  dorées 
ou  argentées  qui  disparoissent  à  la  mort 
de  l'insecte.  Quoique  les  cassides  ayent 
une  forme  qui  les  fasse  remarquer  , 
elles  méritent  bien  plus  de  fixer  l'at- 
tention sous  l'état  de  larve  que  sous 
celui  d'insecte  parfait  ;  aussi  les  célèbres 
lîéaiunur  ,  Geoifroy  ;  Degéer  ont-ils 
suivi  ces  larves  dans  toutes  leurs  mé- 
1  amrorphoses ,  et  nous  ont  donné  des 
détails  très-intéressans  sur  leurs  habi- 
tudes.  C'est  dans  leurs  ouvrages  que 

Insectes.  IX.  2 


l4  HISTOIRE   NATURELLE 

nous  puiserons  ce  que  nous  dirons  sur 
ces  larves. 

Elles  ont  six  pattes  écailleuses  ;  la 
tête  arrondie  ,  également  écaillease , 
munie  de  deux  mâclioircs  ;  le  corps 
large  ,  court  ,  applati  ,  bordé  sur  les 
côtés  d'appendices  branchues  et  épi- 
neuses j  les  épines  sont  placées  sur  des 
éniinences  charnues  ,  en  forme  de  ma- 
melons y  et  leur  position  est  horizon- 
tale ,  avec  le  plan  sur  lequel  marche 
la  larve.  Lorsqu'elle  est  en  repos ,  sa 
tête  et  ses  pattes  sont  entièrement  ca- 
chées :  le  corps  est  terminé  par  une 
espèce  de  queue  fourchue  ,  qui  se  re- 
courbe en  dessus  du  dos  ;  chaque  bran- 
che de  cette  queue  est  extérieurement 
garnie  d'épines  courtes ,  depuis  la  base 
jusqu'à  une  certaine  distance.  lia  larve 
peut  donner  des  positions  différentes  bt, 
sa  queue  ,  mais  elle  la  tient  ordinaire  - 
ment  inclinée  du  côté  de  la  tête  :  l'anu^ 
est  placé  à  l'extrémité  d'un  mamelon 
g^ui  se  trouve  entre  les  deux  branche* 


DES      CASSIDES.  l5 

fîe  la  fourche  ;  de  sorte  que  lorsque  cette 
larve  rend  des  excrémens,  les  deux 
parties  de  la  fourche  sont  placées  pour 
les  recevoir  ,  et  inclinées  de  manière  à 
former  une  pente  le  long  de  laquelle 
ils  peuvent  couler  ;  quand  il  s'en 
amasse  trop  auprès  de  l'origine  de  la 
queue  ,  le  mamelon  où  est  l'anus  les 
pousse  et  les  fait  aller  plus  loin  :  les 
anneaux  et  les  épines  qui  les  bordent 
aident  encore  à  les  faire  aller  en  avant  ; 
peu  à  peu  ils  s'accumulent,  se  collent 
les  uns  contre  les  autres  ,  et  sont  pous- 
sés au-delà  des  pointes  de  la  fourche  , 
et  soutenus  par  ceux  qui  sont  collés  à 
l'extrémité  ;  alors  ils  forment  une  es- 
pèce de  toit  capable  de  couvrir  tout  le 
corps  de  l'insecte;  le  plus  souvent  ce 
toit  le  touche  sans  le  charger  ;  quelque- 
fois il  est  un  peu  élevé  au-dessus  ,  et 
y  est  presque  parallèle  ;  dans  d'autres 
temps  l'insecte  lui  fait  prendre  d'au- 
tres inclinaisons  ;  de  sorte  que  les  ek.- 
crémens  de  cette  larve  ,   qu'elle  sou- 


iii  HISTOIRE    NATURELLE 

tient  toujours  au-dessus  de  son  corps, 
lui  servent  à  le  mettre  à  l'abri  des  im- 
pressions trop  vives  de  l'air  ;  lorsqu'ils 
sont  trop  desséchés  ,  elle  s'en  débar- 
rasse, et  de  nouveaux  prennent  la  place 
des  anciens. 

Cette  larve  cliange  plusieurs  fois  de 
peau  -,  elle  se  transforme  en  nymphe 
sans  entrer  dans  la  terre  et  sans  faire 
de  coque  :  c'est  sur  une  des  feuilles  de 
la  plante  où  elle  a  vécu  qu'elle  subit 
sa  métamorphose.  En  quittant  sa  peau 
de  larve  pour  la  dernière  fois ,  elle  se 
défait  en  même  temps  des  épines  qui  y 
tenoient  ,  et  elle  reste  attachée  à  sa 
vieille  peau  par  daux  filets  qui  sont 
engagés  dans  les  branches  de  sa  queue  : 
la  nymphe  qui  succède  à  la  larve  est 
large  ,  applatie  ,  presque  ovale  ;  sou 
corps  est  garni  tout  autour  de  nouvelles 
appendices  ou  épines,  qui  diiïèrent  des 
premières  en  ce  qu'elles  sont  plus  larges 
àJeur  base,  applaties  et  terminées  par 
une  pointe  fine  j   ces  appendices  res- 


DES     CASSIDES.  1/ 

semblent  à  des  feuilles  :  le  corselet  est 
très-grand,  à-peu-près  de  forme  semi- 
lunaire,  et  cache  entièrement  la  tète; 
le  contour  de  ce  corselet  est  bordé  d'é- 
pines courtes  et  simples  :  en  regardant 
cette  nymphe  en  dessous,  on  distingue 
presque  toutes  les  parties  de  l'insecte 
parfait,  contenu  sous  son  enveloppe  -, 
la  tête,  les  antennes  et  les  pattes  sont 
brunes.  Cette  singulière  nymphe  est 
d'vm  vert  pâle  ;  elle  a  quelques  taches 
brunes  sur  le  corselet ,  et  ses  épines  ou 
appendices  latérales  sont  blanches  :  elle 
tient  à  la  feuille  par  les  deux  derniers 
anneaux  de  son  corps  ,  qui  y  sont  collés 
et  qui  restent  engagés  dans  la  peau 
qu'elle  a  quittée ,  et  par  les  deux  filets 
de  sa  queue.  Douze  à  quinze  jours  après 
cette  métamorphose ,  l'insecte  parfait 
sort  de  la  nymphe  par  une  ouverture 
qui  se  fait  à  la  partie  antérieure  de  la 
peau  de  dessus  :  cet  insecte  dépose  sur 
les  feuilles  ses  œufs ,  qui  sont  rangés 
les  uns  auprès  des  autres ,  et  forment 


)'S  HISTOIRE    NATURELLE 

des  plaques   souvent  couvertes  d'ex- 

ciémens. 

Le  genre  casside  est  composé  déplus 
de  quatre-vingts  espèces  :  on  en  trouve 
au  plus  une  vingtaine  en  Europe  ;  les 
autres  habitent  rAinërique  et  l'A- 
frique. 

La  Casside  verte,  Cassida  viridls. 

Elle  est  longue  de  quatre  lignes  , 
large  de  deux  et  demie  ,  de  forme  ova- 
le :  le  corselet  et  les  élytres  sont  con- 
vexes, beaucoup  plus  larges  que  le  corps, 
d'une  belle  couleur  verte  ;  les  antennes 
sont  de  la  longueur  du  corselet  •  le  des- 
sous est  applati,  noir,  les  pattes  sont 
pâles. 

On  la  trouve  dans  presque  toute 
l'Europe  :  elle  est  commune  aux  envi- 
rons de  Paris ,  sur  les  plantes  verlicil- 
lées  et  sur  les  chardons. 


DES      C  A  S  SI  D  E  S.  I<) 

La  Casside  maculée  ,   Cassida 
inurrœa» 

Cette  casside  et  la  casside  panacliée 
du  cit.  Olivier,  sont  la  même  espèce, 
comme  l'a  très-bien  remarqué  le  ci- 
toyen Geoffroy.  Sa  couleur  varie ,  elle 
est  verte  en  dessus  ,  avec  quelques  pe- 
tites taches  noires  irrégulières  sur  les 
élytres  ,  principalement  à  la  suture  ; 
mais  en  vieillissant ,  souvent  la  couleur 
verte  devient  d'un  rouge  brun  :  les  an- 
tennes, ledessousdu  corps  et  les  pattes 
sont  d'un  noir  foncé  ;  les  élytres  ont 
des  stries  formées  par  des  points  en- 
foncés. 

On  la  trouve  en  Europe  ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  sur  l'aunée.  Selon  le 
cit.  Geoffroy ,  sa  larve  ressemble  à  celle 
de  la  casside  verte  :  elle  se  nourrit  des 
feuilles  de  l'aunée ,  et  se  couvre  avec  &e.s 
excrémens. 


ao  HISTOIRE    NATURELLE 

La  Casside  marquée,   Casaida 
vibex. 

Elle  est  moins  grande  que  la  casside 
verte  :  les  antennes  sont  noires-,  le  cor- 
selet est  d'un  jaune  rougeàtre  ,  sans 
taches  -,  les  élytres  ont  des  stries  for- 
mées par  des  points  enfoncés*,  elles  sont 
d'un  vert  jaunâtre  ,  couvertes  dans 
quelques  endroits  de  petits  points  noirs 
qiii  les  font  paroitre  obscures  :  le  corps 
est  noir;  les  pattes  sont  fauves  ,  avec 
une  tache  noire  sur  les  cuisses. 

On  la  trouve  en  Europe  ,  aux  envi- 
rons de  Paris,  sur  les  chardons. 

La  Casside  pointillée ,  Cassida 
a-ffinis. 

Elle  est  de  la  grandeur  de  la  précé- 
dente :  les  antennes  sont  fauves  à  la 
base  ,  noirâtres  à  l'extrémité  ;  le  cor- 
selet est  jaunâtre;  les  élytres  sont  d'un 
gris  verdàtre;   avec  des  taches  noires 


DES     CASSIDES.  2l 

sur  le  milieu  el  à  l'extrémilë;  elles  ont 
des  stries  formées  par  des  points  en- 
foncés ;  le  dessous  du  corps  est  noir  ; 
les  pattes  sont  fauves. 

On  la  trouve  aux  environs  de  Paris , 
en  Allemagne. 

La  Casside  nébuleuse  ,  Cassida 
nebulosa. 

Elle  est  un  peu  moins  grande  que  la 
casside  verte ,  d'un  jaune  roux  :  les  an- 
tennes sont  noires  )  le  corselet  est  ar- 
rondi antérieurement  ;  les  élytres  ont 
des  stries  formées  par  des  points  en- 
foncés et  des  points  noirs  irréguliers  ; 
le  dessous  du  corps  est  noir  j  les  pattes 
sont  jaunâtres  )  les  cuisses  ont  une  ta- 
che noire. 

On  la  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  sur  les  chardons. 


22  HISTOIRE    NATURELLE 

La  Casside  hébraïque ,  Cassida 
hebrœa. 

Elle  est  moins  grande  que  la  précé- 
dente ,  plus  arrondie  ;  les  antennes  , 
le  corps  et  les  pattes  sont  d\in  jaune 
pâle  ;  le  corselet  est  transparent,  d'un 
blanc  jaunâtre  -,  les  élytres  sont  jaunâ- 
tres, garnies  de  veines  noires  qui  foi- 
ment  une  espèce  de  réseau  sur  le  milieu  ; 
les  bords  sont  jaunes  ,  transparens  \ 
l'extrémité  des  antennes  est  noire. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  méri- 
dionale, àCayenne,  à  Surinam. 

La  Casside  purpurine  ,  Cassida 
purpurea. 

Elle  est  de  forme  arrondie ,  longue 
de  quatre  lignes  :  les  antennes  sont  d'un 
jaune  fauve  ,  avec  l'extrémité  noire  -, 
le  corselet  est  d'un  jaune  citron ,  sans 
taches  ;  les  élytres  sont  d'un  jaune  ci- 
tron ,  avec  une  grande  tache  d'un  rouge 


DES     CASSIDES.  23 

pourpre  sur  le  milieu ,  et  sur  laquelle 
est  un  point  jaune  ;  le  dessous  du  corps 
et  les  pattes  sont  fauves. 

On  la  trouve  à  Cayenne ,  à  Surinam. 

La  Casside  bifasciée  ,  Cassida 
bifasciata. 

Elle  est  de  forme  arrondie,  longue 
de  quatre  lignes  :  les  antennes  sont  d'un 
jaune  pâle  ;  le  corselet  est  arrondi  an- 
térieurement, d'un  jaune  fauve  sur  le 
milieu ,  pâle  sur  les  côte's  y  les  élytres 
sont  de  la  couleur  du  corselet,  elles 
ont  en  dessous  chacune  une  tache  noire , 
qu'on  apperçoit  en  dessus  au  travers 
des  élytres  ;  le  dessous  du  corps  et  les 
pattes  sont  fauves  ;  l'abdomen  a  plu- 
sieurs taches  irrégulières  noires. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  méri- 
dionale ,  à  Surinam. 


24  HISTOIRE   NATURELLE 

La  Casside  noble ,  Cassida  nohilis. 

Elle  est  longue  de  deux  lignes,  de 
forme  oblongue  ,  d'un  vert  jaunâtre  en 
dessus  :  les  ély  très  ont  des  stries  for- 
mées par  des  points  enfoncés ,  et  cha- 
cune une  ligne  longitudinale  d'un  beau 
vert  doré ,  qui  ne  se  voit  que  sur  l'in- 
secte vivant ,  et  qui  disparoît  lorsqu'il 
est  mort  :  les  antennes  sont  jaunes  à 
leur  base ,  noirâtres  à  l'extrémité  \  le 
dessous  du  corps  est  noirj  les  pattes 
sont  d'un  vert  jaunâtre. 

On  la  trouve  dans  toute  l'Europe , 
vSur  les  chardons  et  sur  les  plantes  chi- 
coracées. 

La   Casside  perlée  ,   Cassida 
margaritacea. 

Elle  est  de  forme  ovale ,  longue  de 
deux  lignes  :  le  corselet  est  d'un  vert 
pâle  \  les  élytres  d'un  vert  argenté  bril- 
lant lorsque  l'insecte  est  vivant  ,    et 


DES     CASSIDES.  25 

d'un  vert  pâle  lorsqu'il  est  mort  ;  le 
dessous  du  corps  et  les  pattes  sont  jau- 
nâtres ;  la  tête  et  la  poitrine  noires. 

On  la  trouve  aux  environs  de  Paris , 
en  Allemagne. 


"O* 


La  Casside  tuberculée  ,  Cassida 
tuherculata. 

Cette  espèce  est  un  peu  plus  grande 
que  la  casside  verte,  de  forme  ovale, 
très-convexe  :  les  antennes  sont  fauVcs 
î\  leur  base ,  noirâtres  à  l'extrémité  ;  le 
corselet  est  pointillé  d'un  vert  bronzé , 
avec  une  ligne  longitudinale  sur  le  mi- 
lieu et  les  bords  jaunes  ;  les  ély  très  sont 
fortement  pointillées,  d'un  brun  fer- 
rugineux, bordées  tout autourde  jaune 
fauve  -,  le  dessous  du  corps  et  les  pattes 
sont  fauves. 

On  la  trouve  à  Cayenne  ,  à  Suri- 
nam. 


Insectes.  IX. 


26         HISTOIRE    NATURELLE 

La  Casside  marginée  ,   Cassida 
margitiata. 

Elle  est  un  peu  plus  grande  que  la 
casside  tuberculée ,  presque  ronde  :  les 
antennes  sont  d'un  brun  obscur;  le  cor- 
selet est  d'un  noir  violet  luisant  ;  les 
élytres  sont  d'un  jaune  fauve  ,  avec 
chacune  deux  points  noirs  jl'un  au  mi- 
lieu du  bord  antérieur  ,  l'autre  à  la 
suture  près  de  l'écusson  :  elles  sont 
bordées  de  noir  tout  autour  ;  le  dessous 
du  corps  et  les  pattes  sont  d'un  noir 
violet  luisant. 

On  la  trouve  àCayenne,  à  Surinam. 

La  Casside  bleue  j  Cassida  cyanea. 

Elle  est  presque  liémispliérique ,  lon- 
gue de  huit  lignes,  large  de  neuf,  d'un 
vert  bleuâtre  luisant ,  doré  en  dessus; 
le  dessous  du  corps  ,  les  antennes  et  les 
pattes  sont  noirs  j  le  corselet  est  lisse  j 


DES     CASSIDES.  2/ 

les  élytres  ont  des    nervures  élevées 
qui  forment  une  espèce  de  réseau. 
On  le  trouve  à  Cayenne,  à  Surinam. 

La  Casside  jaune  ,  Cassida  flava. 

Elle  est  presque  ronde ,  longue  de 
cinq  lignes  :  les  antennes  sont  ferrugi- 
neuses à  la  base ,  brunes  à  l'extrémité  ; 
le  corselet  est  d'un  jaune  pâle ,  avec 
le  bord  postérieur  brun  ;  les  élytres 
sont  d'un  jaune  pâle ,  avec  le  bord  an- 
térieur brun ,  et  une  élévation  sur  le 
milieu  ;  le  dessous  du  corps  et  les  pattes 
sont  bruns. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. 

La  Casside  réticulée ,  Cassidct 
reticulata. 

Elle  est  longue  de  sept  lignes,  de 
forme  plus  alongée  que  les  deux  précé- 
dentes :  les  antennes  sont  noires  ,  le 


28         HISTOIRE    NATURELLE 

corselet  est  jaune  ,  avec  le  milieu  et  les 
côtes  d'un  vert  foncé  luisant  :  les  ély- 
tres  sont  jaunes ,  avec  des  taches  irré- 
gulières ;  la  suture  et  le  bord  extérieur 
d'un  vert  foncé  ;  le  dessous  du  corps 
et  les  pattes  sont  noirs  ou  d'un  brun 
obscur. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. 

La  Casside  variée  ,   Cassida 
variegata. 

Elle  a  environ  huit  lignes  de  lon- 
gueur :  les  antennes  sont  noires ,  plus 
longues  que  le  corselet  ;  le  corselet  est 
plus  large  que  long  ,  échancré  anté- 
rieurement, d'un  rouge  foncé  mélangé 
de  brun  et  de  noir  -,  les  élytres  sont  un 
peu  anguleuses,  fortement  ponctuées  , 
d'un  rouge  obscur ,  avec  des  taches  ir- 
régulières et  les  bords  noirs  •,  la  tête , 
le  dessous  du  corps  et  les  pattes  sont 
d'un  rouge  brun. 

On  la  trouve  à  Surinam. 


DES     CASSIDES.  2^ 

La  Casside  grosse ,  Cassida  grossa. 

Elle  est  la  plus  grande  des  espèces 
connues  ,  longue  de  dix  lignes ,  large 
de  onze  :  les  antennes  sont  noires  ;  le 
corselet  est  rouge  ,  sans  tache  ,  con- 
vexe au  milieu,  applati  sur  les  côtés  ; 
les  élytres  sont  rouges  ,  avec  des  taches 
rondes  ,  noires  sur  le  milieu  ;  les  côtés 
sont  dilatés  ,  avec  quatre  bandes  d'un 
noir  bleuâti^e  ,  les  ailes  d'un  brnn  fon- 
cé ;  le  dessous  du  corps  et  les  pattes 
sont  roriges  ;  les  anneaux  de  l'abdomen 
sont  séparés  par  des  lignes  noires. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. 

La  Casside  treillée ,   Cassida 
clatrata. 


Elle  a  six  lignes  et  demie  de  lon- 
gueur et  autant  de  largeur  :  les  anten- 
nes sont  d'un  brun  obscur  ;  le  corselet 
est  d'un  rouge  brun,   convexe  en  des- 


OO  HISTOIRE    NATURELLE 

sns ,  avec  les  côte's  du  bord  postérieur 
anguleux  :  les  élytres  sont  d'un  rouge 
foncé  ,  bordées  tout  autour  d'une  large 
bande  noire  -,  elles  ont  sur  le  milieu 
une  ligne  longitudinale  noire ,  et  une 
transversale  qui  s'étend  depuis  cette 
ligne  jusqu'au  bord  extérieur  ;  le  des- 
sous du  corps"  et  les  pattes  sont  d'un 
brun  roux  ,  les  tarses  jaunâtres. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale. 

La  Casside  inégale ,  Cassida 
inœqualis. 

Elle  est  de  la  grandeur  de  la  précé- 
dente :  les  antennes  sont  noires  ;  le 
corselet  est  bronzé  ,  luisant  en  dessus  , 
d'un  vert  cuivreux  en  dessous  ;  les  ély- 
tres sont  bronzées  ,  luisantes,  un  peu 
raboteuses ,  avec  cliacune  une  grande 
tache  ovale  jaune  près  du  milieu  j  le 
dessous  du  corps  et  les  pattes  sont  d'un 
vert  bronzé  j  les  ailes  brunes. 


DES     CASSIDES.  3l 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale. 

La  Casside  discoïde  ,  Cassida 
discoïdes. 

Elle  est  un  peu.  moins  grande  que  la 
précédente  :  les  antennes  sont  noires  ; 
le  corselet  est  d'un  vert  luisant  doré  , 
sans  taches  -,  les  ély  très  sont  pointillées, 
delà  couleur  du  corselet,  avec  chacune 
deux  grandes  taches  ovales ,  d'unjaune 
clair  ,  placées  l'une  à  côté  de  l'autre  ; 
le  dessous  du  corps  et  les  pattes  sont 
noirs  ;  la  portion  des  élytres  qui  dé- 
borde le  corps  est ,  en  dessous ,  d'un 
beau  violet  luisant. 

On  la  trouve  à  Cayenne  ,  à  Surinam. 


02  HISTOIRE   NATURELLE 

CLXXXVIir  GENRE. 

T  R  I  T  O  M  E     (  1  ). 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes  , 
en  masse  ,  les  trois  ou  quatre  derniers 
gros ,  applatis  ,  formant  une  masse  ovale. 
—  Quatre  antennules  inégales  ;  les  aQté- 
rieures  un  peu  plus  longues  ,  composées 
de  trois  articles  ,  dont  le  dernier  hémi- 
sphérique, comprimé  ;  les  postérieures  de 
.  trois,  dont  le  dernier  très-court.  —  Corps 
ovale  ou  arrondi,  rehordé  ,  convexe.  — 
Corselet  un  peu  échancré  pour  recevoir 
la  tête. 

C  E  genre  a  été  e'tabli  par  le  cit.  Geof- 
froy. Cet  auteur  n'ayant  trouvé  que 
trois  articles  aux  tarses  du  seul  insecte 


(i)  Dans  les  caractères  des  genres  ,  le 
genre  tritome  se  trouve  dans  la  quatrième 
division  ;  mais  d'après  l'examen  des  tarses  , 
nous  le  plaçons  dans  la  troisième ,  à  la  suite 
des  cassides. 


DES     T  R  I  T  O  M  E  S.  33 

qu'il  a  décrie ,  lui  a  donne  le  nom  de 
tritome.  Mais  de  nouvelles  observations 
ayant  fait  découvrir  qu'il  en  a  quatre  , 
et  tous  les  caractères  des  mycëtopha- 
gues ,  on  l'a  placé  avec  ces  insectes. 

Le  genre  tritome  a  été  adopté  pau 
M.  Fabricius  et  le  cit.  Olivier.  Le  pre- 
mier a  réuni  dans  ce  genre  des  insectes, 
dont  les  uns  ont  cinq  articles  aux  tar- 
ses ,  et  les  autres  quatre.  Comme  d'a- 
près la  méthode  que  nous  suivons,  tous 
ces  insectes  ne  peuvent  entrer  dans 
notre  genre  tritome ,  nous  ne  donne- 
rons les  caractères  que  de  deux,  qui 
ont  quatre  articles.  Le  cit.  Latreille  a 
fait  un  genre  des  autres  sous  le  nom. 
de  cholève.  Le  cit.  Olivier  n'ayant 
point  encore  décrit  les  tritomes ,  nous 
ignorons  de  quels  insectes  il  composera 
ce  genre.  Ils  ne  peuvent  être  les  mêmes 
que  les  tritomes  du  cit.  GeofiProy  et  de 
M.  Fabricius ,  puisque ,  selon  cet  au- 
teur ,  un  des  principaux  caractères  de 
ces  insectes  est  d'avoir  trois  articles  aux 


54         HISTOIRE    NATURELLE 
tarses  ;  et  cependant  il  cite  le  cit.  Geof- 
froy et  M.  Fabricius  :   ce  ne  peut  être 
qu'une  erreur  ,  que  sûrement  il  recti- 
fiera. 

Les  antennes  des  tri  tomes  sont  moins 
longues  que  le  corselet,  composées  de 
onze  arlicles  ,  dont  le  premier  est  un 
peu  renflé  -,  les  autres  petits,  granuleux, 
égaux  entre  eux-,  les  trois  ou  quatre 
derniers  plus  gros  ,  applatis  ,  formant 
une  masse  ovale  :  elles  sont  insérées 
au-devant  des  yeux. 

La  tète  est  petite ,  arrondie,  un  pca 
inclinée  ,  enfoncée  sous  le  corselet  :  les 
jeux  sont  ovales,  un  peu  saillans  ;  la 
bouche  est  composée  d'une  lèvre  su- 
périeure ,  cornée  ,  légèrement  échan- 
crée  ;  de  deux  mandibules  cornées ,  ar- 
quées, bifides  à  l'extrémité  ;  de  deux 
mâchoires  courtes,  membraneuses,  cy- 
lindriques ,  bifides  à  divisions  inégales  j 
d^une  lèvre  inférieure  cornée  à  la  base, 
membraneuse  à  l'extrémité,  légèrement 
échancrée  j  et  de  quatre  aittennules. 


DES     TRITOMES.  35 

Le  corselet  est  convexe ,  rebordé, 
ëchancré  antérieurement ,  moins  large 
que  les  élytres  ;  l'écusson  est  assez 
grand  ,  triangulaire. 

Les  élytres  sont  convexes  ,  de  la  lon- 
gueur de  l'abdomen ,  dont  elles  embras- 
sent les  côtés  ;  elles  recouvrent  deux 
ailes  membraneuses  repliées. 

Les  pattes  sont  de  longueur  moyen- 
ne ;  les  jambes  courtes,  comprimées; 
les  tarses  courts,  composés  de  quatre 
articles  ,  dont  les  trois  premiers  larges, 
d'égale  longueur ,  le  dernier  est  assez 
long ,  arqué ,  terminé  par  deux  petits 
crochets. 

Le  corps  est  ovale ,  convexe. 

Les  tritomes  sont  de  petits  insectes, 
dont  les  habitudes  et  les  larves  sont 
inconnues.  M.  Fabricius  en  a  décrit 
neuf  espèces  ,  parmi  lesquelles  quel- 
ques-unes n'appartiennent  point  à  ce 
genre.  Comme  nous  ne  connoissons 
qu'une  espèce  des  autres  ;  nous  nous 


36         HISTOIRE   NATURELLE 
bornerons  à  sa  description  ,  afin  de  ne 
point  commettre  d'erreur. 

La  Tritome  bipustulée,  Tritoma 
bipustulata. 

Elle  a  deux  lignes  et  demie  de  lon- 
gueur :  les  antennes  sont  ferrugineuses, 
moins  longues  que  le  corselet  ;  la  tête 
et  le  corselet  d'un  noir  luisant  j  les  ély- 
tres  noires,  luisantes,  avec  chacune 
une  grande  tacite  d'un  rouge  vif  à  la 
base  extérieure  5  elles  sont  plus  larges 
à  leur  origine  qu'à  l'extrémité  ,  et  ont 
des  stries  peu  marquées  ,  formées  par 
de  petits  points  enfoncés  ;  le  dessous 
du  corps  et  les  pattes  sont  d'un  brun 
rougeâtre. 

Elle  est  rare  aux  environs  de  Paris  : 
on  la  trouve  en  iV^gleterre. 

C'est  mal-à-pi'opos  que  M.  Fabricius 
cite  le  cit.  Geoffroy ,  dans  la  Synony 
mie  ;  la  tritome  de  cet  auteur  est  très- 
différente  de  celle-ci. 


Tom  .  IX. 


Jletmier    de/ 


f.'KL 


i    1 


M 

w 


/r*"  Tartùeu    ifcu/f^' 


i.Tritom    Tîipui' talée  .     4-  Coce.  ecLimiacr  • 
a.  Coce  .  iinpoiictaee         6  .  Poriic  ,  liiponctue 
3.  Coce  .    ocnlee  . 


DES     A  N  A  S  P  E  S.  5/ 

CLXXXIX^   GENRE. 

A  N  A  S  P  E. 

Nota.  A  l'imitation  du  cit.  Olivier, 
nous  avons  réuni  ce  genre  aux  mor- 
delles.  Fo/es  Mordelles  fauves. 


Insectes.  ÎX» 


35  HISTOIRE    NATURELLE 

QUATRIÈME     SECTION. 
Quatre  articles  à  tous  les  tarses. 

C  X   C     GENRE. 
COCCINELLE. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes  , 
presque  en  masse  5  premier  article  un  peu 
alongé  ,  les  autres  presque  globuleux  ,les 
.  trois  derniers  plus  gros  ,  en  masse.  — 
Quatre  antennules  inégales  ;  les  anté- 
rieures un  peu  plus  longues  ,  composées 
de  trois  articles,  dont  le  dernier  plus  gros, 
en  forme  de  hache  ;  les  postérieures  com- 
posées de  deux  articles  égaux.  —  Corps 
hémisphérique  ,  plat  en  dessous.  Corselet 
et  ély très  bordés. 

Ces  insectes  ,  connus  vulgairement 
sous  les  noms  de  bête-à-Dieu ,  de  va- 
clie-à-Dieu,  de  bête -de -la- Vierge', 
sont  connus  depuis  long- temps ,  en  His- 
toire Naturelle ,  sous  le  nom  de  scarabé 
liémispliéri<iue  ,   nom  q^ui  leur  a  été 


DES  COCCINELLES.  3iJ 
donné  à  cause  de  la  forme  de  leur  corps. 

Les  coccinelles  ne  peuvent  être  con- 
fondues avec  les  érotylcs  ni  avec  les 
chrysomèles  ,  quoiqu'elles  ayent  quel- 
ques rapports  avec  ces  insectes  :  le  nom- 
bre des  articles  des  tarses  sert  à  les  dis- 
tinguer les  uns  des  autres  :  ou  sait  que 
les  érotyles  et  les  chrysomèles  eu  ont 
quatre  ù  tous  les  tarses,  et  les  cocci- 
nelles trois  seulement.  D'ailleurs  les 
antennes  et  les  parties  de  la  bouche  of- 
frent aussi  des  différences  ,  ainsi  qu'on 
peut  le  voir  par  la  description  de  ces 
parties. 

Les  antennes  ne  sont  guère  plus 
longues  que  la  tête ,  composées  de  onze 
articles  ,  dont  le  premier  est  un  peu 
plus  gros  ;  les  suivans  arrondis,  égaux; 
les  trois  derniers  plus  gros,  formant 
une  masse  -,  le  dernier  tronqué  à  l'ex- 
trémité -,  elles  sont  insérées  à  la  partie 
antérieure  de  la  tête  ,  au-devant  des 
yeux  ;  dans  l'état  de  repos ,  l'insecte 
les  tient  cachées  sous  la  tête» 


4o        HISTOIRE    NATURELLE 

La  tête  est  petite,  placée  dans  une 
ecliancrure  ou  cavité  qui  se  trouve  à 
la  partie  antérieure  du  corselet  ;  les 
yeux  sont  presque  ovales,  peu  saillans  ; 
la  bouche  est  composée  d'une  lèvre  su- 
périeure ,  petite ,  avancée ,  arrondie  et 
ciliée  ;  de  deux  mandibules  courtes  , 
cornées ,  arquées ,  pointues  ;  de  deux 
mâclioires  courtes,  droites  ,  arrondies , 
un  peu  ciliées  intérieurement;  d'une 
lèvre  inférieure  arrondie  ,  membra- 
neuse à  l'extrémité ,  et  de  quatre  an- 
tennules. 

"Le  cor5elet  est  convexe  .  plus  large 
que  long  ,  échancré  antérieurement , 
rebordé  sur  les  côtés ,  arrondi  posté- 
rieurement ;  l'écusson  est  très-petit , 
triangulaire. 

Les  élytres  sont  convexes  en  dessus, 
légèrement  rebordées  ;  en  dessous  elles 
ont  de  chaque  côté  un  rebord  qui  em- 
brasse l'abdomeii  -,  elles  recouvrent 
deux  ailes  membraneuses  5  repliées  dans 


l'état  de  repos  j  et  l'insecte  en  fait  sou- 
vent usage  pour  voler. 

Les  pattes  sont  courtes ,  simples  ;  les 
tarses  composés  de  trois  articles  ,  dont 
le  premier  est  large  ,  le  second  bifide  , 
le  troisième  conique ,  un  peu  arqué , 
terminé  par  deux  crochets  assez  forts. 

Le  corps  est  très-convexe  en  dessus , 
plat  en  dessous. 

Les  coccinelles  sont  d'assez  petits  in- 
sectes :  les  plus  grandes  connues  n'ont 
guère  que  quatre  à  cinq  lignes  de  lon- 
gueur ;  et  toutes  sont  presque  aussi 
larges  que  longues,  lisses,  luisantes, 
plus  ou  moins  marquées  de  taches  ré- 
gulièrement placées  ;  elles  marchent 
lentement ,  mais  volent  bien  :  on  les 
trouve  ordinairement  sur  les  plantes  : 
lorsqu'elles  sont  en  repos  ,  elles  ont 
les  pattes  appliquées  contre  le  corps , 
et  les  antennes  couchées  sous  la  tête, 
de  sorte  qu'en  les  regardant  en  dessus  , 
on  n'apperçoit  aucune  de  ces  parties. 
Pour  peu  qu'on  les  toïiche  ;  elles  fojit 


42  HISTOIRE  NATURELLE 
sortir  de  l'extrémité  de  leurs  cuisses 
une  petite  goutte  d'une  liqueur  jaune  , 
mucilagineuse ,  d'une  odeur  forte  et  dé- 
sagréable ;  ce  qui  suppose  qu'elles  ont 
une  ouverture  à  la  portion  de  la  cuisse 
qui  se  joint  à  la  jambe.  Ces  insectes  sont 
très-communs-,  ils  passent  rhiver,et  sont 
des  premiers  qui  reparoissent  au  prin- 
temps; alors  ils  s'accouplent.  Dans  l'ac- 
couplement, le  mâle  est  placé  sur  le  dos 
de  la  femelle,  et  après  que  celle-ci  est 
fécondée  ,  elle  va  déposer  ses  œufs  sur 
les  plantes  mêmes  où  elle  a  vécu.  Ils  se 
nourrissent  de  pucerons;  aussi  les  trou- 
ve-t-on  communément  sur  les  plantes 
et  les  arbres  habités  par  ces  insectes. 

Leurs  larves  sont  hexapodes  -,  elles 
ont  le  corps  de  forme  conique ,  divisé  en 
douze  anneaux  :  de  l'extrémité  du  der- 
nier ,  il  sort  souvent  un  mamelon  char- 
nu, dont  elles  se  servent  comme  d^une 
septième  patte,  en  l'appuyant  contre  le 
plan  de  position  sur  lequel  elles  mar- 
chent. La  tête  est  écaiileuse;  munie  de 


deux  antennes  courtes,  articulées,  de 
deux  mandibules  dentées,  et  de  deux 
lèvres  dont  l'inférieure  est  garnie  de 
deux  antennules.  Les  six  pattes  sont 
écailleuses ,  et  diffèrent  un  peu  de  celles 
des  larves  des  autres  cx)léoptères  ;  elles 
sont  divisées  en  trois  parties^  la  dernièie 
est  terminée  par  un  ongle  crochu  assez 
fort.  liCS  deux  premières  sont  couver- 
tes de  poils  de  différentes  longueurs  j  les 
plus  courts ,  placés  à  l'extrémité  du  côté 
inférieur^  sont  terminés  en  masse  alon- 
gée.  Comme  ces  larves  adhèrent  forte- 
ment aux  objets  sur  lesquels  elles  mar- 
chent ,  on  peut  croire  que  ces  poils 
fournissent  un^matière  gluante  propre 
à  les  fixer  sur  les  feuilles.  Les  larves  de 
quelques  espèces  ont  les  anneaux  cou- 
verts de  plaques  écailleuses  j  d'autres  les 
ont  hérissés  d'épines  en  dessus  et  sur 
les  côtés  \  des  tubercules  garnis  de 
pointes  mousses  ,  couvrent  le  corps  de 
quelques  autres ,  enfin  plusieurs  n'ont 
ni  tubercules,  ni  épines  ;  et  sont  lisses, 


44  HISTOIB-E    NATURELLE 

mais  toutes  ont  le  dessous  du  corps  velu. 
Ces  larves  sont  très-voraces ,  elles  dé- 
truisent une  grande  quantité  de  puce- 
rons, dont  elles  se  saississent  avec  les  pat- 
tes de  devant,  et  qu'elles  portent  ensuite 
à  leur  bouche  avec  ces  mêmes  pattes. 
Elles  ne  s'épargnent  pas  davantage  en- 
tr'elles,  et  s'entre-mangent  les  unes  et 
les  autres  quand  elles  le  peuvent. 

Pour  se  transformer  en  nymphe,  elles 
s'attachent  sur  les  feuilles ,  les  branches 
uu  d'autres  objets,  avec  le  mamelon 
charnu  du  derrière ,  d'où  elles  font  soi'- 
tir  une  liqueur  gluante ,  qui  le  colle  con- 
tre le  plan  de  position.  Peu  à  peu  leur 
corps  se  raccourcit,  et  ;iu  bout  de  deux 
ou.  trois  jours  elles  paroissent  sous  la 
forme  de  nymphe.  Elles  se  débarrassent 
de  leur  peau ,  en  la  faisant  glisser  vers 
le  derrière,  où  elle  se  ramasse  en  un 
peloton ,  dans  lequel  la  nymphe  reste 
engagée  par  l'extrémité  du  corps. 

Les  nymphes  sont  joliment  tache- 
tées de  noir  et  d'autres  couleurs  :  le  seul 


DES  COCCINELLES.  45 
mouvement  qu'elles  se  donnent  est  de 
hausser  et  de  baisser  le  corps  alternati- 
vement ,  particulièrement  quand  on  les 
touche.  Souvent  elles  se  redressent  per- 
pendiculairement sur  le  derrière,  et 
restent  quelques  instans  dans  cette  posi- 
tion. Les  coccinelles  quittent  l'enve- 
loppe de  nymphe,  souvent  au  bout  de  six 
jours ,  quelquefois  après  dix  ou  onze. 
Nouvellement  sorties  de  cette  envelop- 
pe,leurs  élytres  sont  ordinairement  d' un 
blanc  jaunâtre ,  molles  et  flexibles  ;  mais 
à  mesure  qu'elles  s'endurcissent  par  l'ac- 
tion de  l'air  extérieur ,  elles  deviennejit 
d'une  couleur  plus  foncée ,  et  les  taches 
commencent  à  paroître.  Le  dessous  du 
corps,  qui  étoit  également  d'un  blanc 
jaunâtre,  devient  noir,  brun,  ou  roux, 
selon  les  différentes  espèces. 

Onconnoît  environ  cent  cinquante 
coccinelles  :  on  en  trouve  plus  de  cent 
en  Europe.  Souvent  on  voit  des  espèces 
très-différentes  accouplées  ensemble. 

On  les  a  divisées  en  trois  familles  d'à- 


46  HISTOniE    NATURELLK 

près  la  couleur  des  élytres.  La  première 
comprend  celles  à  élytres  rouges  ou  jau- 
nes ,  tachées  de  noir  ;  la  seconde ,  celles 
à  élytres  rouges  ou  jaunes,  tachées  de 
blanc  •  la  troisième  ,  celles  à  élytres  noi- 
res, tachées  de  jaune  ou  de  rouge. 

PREMIÈRE     FAMII.LE. 

Elytres  rouges  ou  jaunes  tachées  de  noir. 

La  Coccinelle  ini ponctuée,  Cocci- 
nella  iryipiinctata. 

Les  plus  grandes  de  cette  espèce  ont 
deux  lignes  de  longueur  :  tout  le  corps 
est  rougeàtre ,  sans  taches  ;  la  lèvre  su- 
périeure et  les  yeux  sont  noirs  ;  le  corse- 
let est  obscur  sur  le  milieu,  ainsi  que  le 
dessous  de  l'abdomen  \  les  pattes  sont 
rougeàtres. 

On  la  trouve  au  nord  de  l'Europe, 
aux  environs  de  Paris. 


DES    COCCINELLES.  4/ 

La  Coccinelle  livide  ,  Coccinelia 
Iwida, 

Elle  est  petite  ,  de  forme  ovale  ;  la 
tête,  le  corselet  et  les  clytres  sont  d'un 
gris  pâle.  Les  élytres  sont  parsemées  de 
petites  taches  noires  ,  avec  chacune  une 
tache ,  alongée  de  même  couleur  :  vers 
Textrémité  elles  forment  une  bande 
transversale  ;  le  dessous  du  corps  est 
brun ,  mêlé  de  iloir  ;  les  pattes  sont  d'un 
brun  jaunâtre. 

On  la  trouve  au  nord  de  l'Europe. 

La  Coccinelle  biponctuée  ,   Cocci^ 
nella  hipunctala. 

Elle  a  deux  lignes  de  long  :  la  tête  est 
noire,  avec  deux  points  jaunes  j  le  cor- 
selet noir ,  avec  les  côtés  et  deux  points 
jaunes  le  long  du  bord  postérieur;  les 
clytres  sont  rouges,  avec  chacune  un 
point  noir  sur  le  milieu;  le  dessous  du 
corps  et  les  pattes  noirs. 


48         HISTOIRE    NATURELLE 

On  la  trouve  dans  toute  l'Europe,  sur 
différens  arbres. 

La  Coccinelle  hiéroglyphique  , 
Coccinella  hieroglyphica. 

Elle  est  plus  petite  que  laprëcëdeiite  : 
la  tête  est  noire  ;  le  corselet  noir ,  avec 
une  tache  jaune  de  chaque  côte  \  les  cl y- 
tres  sont  d'un  rouge  jaunâtre,  avec  des 
taches  irrégulières ,  sinuées ,  alongées  , 
noires  ;  le  dessous  du  corps  et  les  pattes 
sont  noirs. 

On  la  trouve  en  Europe. 

La  Coccinelle  cinq  points  ,  Cocci- 
nella quinque  punctata. 

Elle  est  petite  :  la  tête  est  noire ,  avec 
deux  taches  jaunes  à  sa  partie  antérieure; 
le  corselet  noir ,  avec  une  tache  jaune 
de  chaque  côté  -,  les  élytres  sont  rouges , 
avec  chacune  deux  taches  noires  sur  le 
milieu  ;  et  une  commune  près  de  l'ëcus- 


DES  COCCINELLES.  49 
son;  le  dessous  du  corps  et  les  pattes 
sont  noirs. 

On  la  trouve  dans  toute  l'Europe. 

La  Coccinelle  sept  points  ,  Cocql^ 
nella  septem  maculât  a. 

Elle  a  quatre  lignes  de  long  :  les  an- 
tennes sont  testace'es;  la  tête  est  noire, 
avec  deux  points  jaunes  à  sa  partie  su- 
périeurej  le  corselet  noir,  avec  une  taclie 
jaune  de  chaque  côté;  les  ëlytres  sont 
rouges ,  avec  sept  points  noirs ,  dont 
trois  sur  chaque  et  un  commun  au-des- 
sous de  l'écusson  ;  le  dessous  du  corps  et 
les  pattes  sont  noirs. 

On  la  trouve  dans  toute  l'Europe ,  sur 
différentes  plantes  et  sur  différens  ar- 
bres. 

La  Coccinelle  neuf  points  ,  Cocci- 
nella  novem  punctata. 

Elle  varie  pour  la  grandeur  :  la  te  te 
est  noire ,  avec  deïix  petites  taches  jau- 
Insectes.  IX.  5 


i>0  HISTOIRE    NATURELLE 

nés;  le  corselet  noir,  avec  les  côtés  jau- 
nes; les  élytres  sont  rouges,  avec  une 
tache  triangulaire  noire  au-dessous  de 
l'écusson, commune  aux  deux  élytres,  et 
cliacune  quatre  taches  sur  le  milieu  ;  le 
dessous  du  corps  et  les  pattes  sont  noirs  -, 
la  poitrine  a  deux  points  jaunes  de  cha- 
que côté. 

On  la  trouve  dans  toute  l'Europe. 

T-<a  Coccinelle  dix  taches  ,   Cocci- 
?iella  decem  maculata. 

Elle  est  de  forme  oblongue ,  longue 
de  trois  lignes  :  la  tête  est  noire ,  avec 
une  ligne  rouge  sur  le  front  ;  le  corselet 
noir,  avec  les  bords  rouges  -,  les  élytres 
sont  rouges,  avec  dix  taches  noires, 
dont  deux  communes  aux  deux  élytres 
sur  la  suture  ;  le  dessous  du  corps  et  les 
pattes  sont  noirs. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  septen- 
trionale. 


DES    COCCINELLES.         ^^ 

La  Coccinelle  oculée ,  Cocclnella 
ocellata. 

Elle  a  près  de  quatre  lignes  de  lon- 
gueur :  les  antennes  sont  ferrugineuses  ; 
la  tête  est  noire ,  avec  deux  points  jau- 
nes ;  le  corselet  noir  ,  avec  deux  points 
jaunes  au  bord  postérieur  ;  les  côtés  et  le 
bord  antérieur  de  la  même  couleur  ^  avec 
un  point  noir  sur  la  tache  jaune  du  côté  ; 
les  élytres  sont  rouges ,  avec  quinze 
points  noirsentourés  d'un  cercle  jaune  , 
et  un  commun  près  de  l'écusson  ;  le  des- 
sous du  corps  est  noir;  les  pattes  sont 
noires,  les  tarses  ferrugineux. 

On  la  trouve  au  nord  de  l'Europe , 
en  Allemagne,  aux  environs  de  Paris. 

La    Coccinelle  échiquier,    Coccl- 
nella cojiglomerata. 

Elle  a  deux  lignes  et  demie  de  long: 
la  têt€  est  jaune  -,  le  corselet  jaune  à  sa 
partie  antérieure  ,  noir  à  sa  partie  pos- 


^^'■^  HISTOIRE    NATURELLE 

torieure  ;  les  élytres  sont  jaunes ,  avec 
la  suture ,  et  cliacune  sept  taches  noi- 
res, de  forme  carrée,  réunies  en  quel- 
ques endroits  ;  le  dessous  du  corps  est 
noir,  avec  les  bords  de  l'abdomen  jau- 
nes ;  les  pattes  sont  jaunes  -,  les  cuisses 
ont  une  tache  noire. 

On  la  trouve  en  Europe  :  elle  est 
commune  aux  environs  de  Paris  ,  sur 
les  fleurs  et  les  plantes ,  dans  la  cam- 
pagne et  les  jardins. 

DEUXIÈME      FAMILLE. 

Elytres  rouges  ou  jaunes  tachées  de  blanc. 

La  Coccinelle  laclies   oblongnes  , 
Coccinella  oblongo-guttata. 

Elle  est  large  de  trois  lignes  et  de- 
rnie-,  la  tête  est  fauve  ;  le  corselet  a  deux 
lignes  longitudinales  noires  ,  et  les  cô- 
tés d'un  blanc  jaunâtre  :  les  élytres  sont 
d'un  jaune  brun  ,  quelquefois  rougeà- 
tre  ;  avec  des  lignes  et  des  taches  alon  ■ 


DES    COCCINELLES,  53 

gées,  d'un  blanc  jaunâtre  ;  le  dessous 
du  corps  et  les  pattes  sont  d'un  brun 
noirâtre  :  dans  quelf[ues  individus ,  les 
pattes  sont  entièrement  brunes. 
On  la  trouve  au  nord  de  l'Europe. 

La  Coccinelle  effacée  ,   Coccinella 
ohliterata. 

Elle  est  petite ,  et  varie  pour  la  cou- 
leur :  la  tête  et  le  corselet  sont  d'un 
jaune  pâle  ,  celui-ci  est  marqué  de  cinq 
points  noirs  ;  les  élytres  d'un  jaune 
fauve  ,  avec  chacune  trois  petits  points 
noirs  placés  en  triangle  :  dans  quelques 
individus  ,  ces  points  sont  roussâtres  ; 
le  dessous  du  corps  est  noir ,  les  patte» 
et  les  antennes  sont  d'un  jaune  obscur. 

On  la  trouve  au  nord  de  l'Europe. 


54  HISTOIRE    NATURELLE 

TROISIÈME     FAMILLE. 

Elytres  noires  ,  tachées  de  jaune  ou  de 
rouge. 

La  Coccinelle  impustulée  ,  Cocci- 
nella  inipustulata» 

Elle  est  noire  ,  luisante  ;  le  corselet  a 
le  bord  antérieur  d'un  jaune  pâle,  et 
les  côtés  de  la  même  couleur  ,  avec  un 
point  iioiri  les  ély très  sont  sans  taches  j 
les  pattes  noires. 

On  la  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

La  Coccinelle  anale  ,  Coccinella 
analis. 

Elle  est  très-petite  :  la  tête  est  rouge  ; 
le  corselet  noir,  avec  le  bord  antérieur, 
et  les  bords  latéraux  rouges  ;  les  élytres 
sont  noires,  avec  chacune  une  tache 
rouge  près  de  l'extrémité  j  le  dessous 


DES    COCCINELLES.  55 

du  corps  est  noir  ;  rabclomen  rougeâ- 
tre  ;  les  pattes  sont  rougeâtres. 

On  la  trouve  en  Allemagne,  aux  en- 
virons de  Paris. 

La  Coccinelle  du  Nopal  ,   Cocci- 
nella  Cacti» 

Elle  a  trois  lignes  de  long  :  la  tête,  le 
corselet  sont  noirs  ,  lisses  ,  luisans  ;  les 
élytres  noires,  avec  chacune  une  tache 
rouge  sur  le  milieu  ;  le  dessous  du  corps 
est  brun  ;  les  pattes  sont  noires. 

La  larve  se  trouve  sur  la  raquette  , 
cactuR  cochenillifer  i  et  se  nourrit  de  la 
cochenille. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. 

La  Coccinelle  bipustulée  ,   Cocci- 
nella  bipustulata. 

Elle  a  deux  lignes  de  longueur  :  la 
tête  et  le  corselet  sont  noirs  ,  luisans , 


^'G  HISTOIRE  NATURELLE 
sans  taches  ;  les  ély  très  noires ,  luiî'an- 
tes  ,  avec  une  tache  rouge  ,  irrëgulière 
sur  le  milieu  ;  le  dessous  du  corps  et  les 
pattes  sont  noirs  ;  l'extrémité  de  l'ab- 
domen est  rouge. 

Cette  coccinelle  en  sortant  de  la  dé- 
pouille de  nymphe,  a  les  élylres  d'un 
rouge  très- vif  ;  ensuite  elles  deviennent 
d'un  noir  luisant ,  si  poli ,  qu'il  ressem- 
ble au  plus  beau  vernis  de  la  Chine. 
-  On  la  trouve  dans  toute  l'Europe , 
sur  le  saule. 

La  Coccinelle  sphéroïde,   Cocci- 
nella  splieroidea, 

Elle  est  petite,  de  forme  ovale  ;  la 
tête  et  le  corselet  sont  noirs  ;  les  élytres 
noires  ,  avec  un  cercle  jaune  qui  s'é- 
tend depuis  la  base  jusque  vers  l'extré- 
mité de  chaque  élytre;  le  dessous  du 
corps  et  les  pattes  sont  rougeàtres  \  les 
cuisses  postérieures  renflées. 


DES    COCCINELLES.         5j 
On  la  trouve  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance. 

La  Coccinelle  pantliérine ,  Cocci- 
nella  pantherina. 

Elle  est  petite,  d'un  brun  noirâtre; 
le  corselet  est  brun,  avec  une  tache  jau- 
nâtre sur  les  côtés  -,  les  élytres  sont  d'un 
brun  noirâtre,  avec  chacune  cinq  taches 
jaaines  \  le  dessous  du  corps  est  brun*^ 
les  pattes  sont  fauves. 

Cette  espèce  est  la  même  décrite  par 
Ijinnée  et  M.  Fabricius,  comme  n'ayant 
que  quatre  taches  sur  chaque  élytre. 

On  la  trouve  au  nord  de  l'Europe. 

La  Coccinelle  tigrine  ,  Coccinella 
tigrincu 

Elle  est  de  grandeur  moyenne,  de 
forme  ovale;  la  tête  est  noire,  avec  une 
ligne  longitudinale  d'un  rouge  jaunâtre; 
le  corselet  est  noir  ,  avec  les  côtés  d'un 
rouge  jaunâtre;  les  élytres  sont  noires. 


5"^         HISTOIRE    NATURELLE 

avec  dix  points  d'un  rouge  foncé,  dont 
les  trois  intermédiaires  sont  placés  sur 
la  suture  ;  le  dessous  du  corps  et  les 
pattes  sont  noirs. 

On  la  trouve  à  Surinam. 

La  Coccinelle  pabescente  ,  Cocci^ 
nella  puhescens. 

Elle  a  une  ligne  et  demie  de  lon- 
gueur;, la  tête  est  noire  j  le  corselet  noir , 
avec  les  côtés  rouges  \  les  élytres  sont 
noires  ,  luisantes  ,  un  peu  velues ,  avec 
chacune  deux  points  rouges ,  l'un  grand 
et  rond  placé  sur  le  milieu,  l'autre  petit 
vers  l'extrémité.  Le  dessous  du  corps 
est  noir,  les  pattes  sont  fauves,  les  cuis- 
ses noires. 

La  larve  vit  sous  les  vieilles  écorcps 
et  sur  les  feuilles  de  prunier,  où  elle  se 
nourrit  de  pucerons  ;  elle  est  toujours 
couverte  d'un  long  duvet  blanc,  ce  qui 
lui  a  fait  donner  le  nom  de  barbet  blanc 
des  écorces.  Ce  duvet  s'enlève  aisément. 

On  la  trouve  aux  environs  de  Paris. 


DES     F  O  R  F  I  C  U  L  E  S.      5<^ 

CXCr     GENRE, 
F  O  R  F  I  C  U  L  E. 

Caractères  génériques.  An  tenues  filiformes, 
presque  sétacéesj  premier  article  gros  et 
alongé  ,  les  autres  [égaux  ,  eylindiiques, 
—  Quatre  antennules  inégales,  filiformes5 
les  antérieures  beaucoup  plus  longues  . 
composées  de  cinq  articles  ,  dont  les  deux 
premiers  assez  courts  ;  le&  postérieures 
composées  de  trois,  dont  le  premier  très- 
court. —  Elytres  très- courtes.  —  Abdo- 
men terminé  par  des  pinces  longues,  cor- 
nées ,  très-fortes. 

CEsinsectes  sont  très-connus  ;  les  pin- 
ces qu'ils  ont  à  l'extrémité  de  l'abdo- 
men, forme  un  caractère  assez  distinc- 
tif  pour  empêcher  de  les  confondre  avec 
aucun  autre.  Ce  sont  ces  pinces  qui  leur 
ont  fait  donner  le  nom  de  forficula,  et 
en  français  celui  de  perce-orille  ,  parce 
qu'on  s'est  imaginé  que  le  forficule  s'in- 
troduisoit  dans  ks  oreilles  ;  qiie  de-là  il 


^o  HISTOIRE  NATURELLE 
pénétroit  dans  le  cerveau  et  faisoit  pé- 
rirj  mais  ceux  qui  savent  l'anatomie  , 
ainsi  que  le  dit  le  cit.  Geoffroy ,  con- 
noissent  l'impossibilité  d'une  pareille 
introduction  dans  l'intérieur  du  crâne, 
attendu  qu'il  n'y  a  point  d'ouverture 
qui  y  communique  ;  mais  ce  qui  a  pu 
donner  lieu  à  cette  opinion,  c'est  qu'il 
se  peut  qu'un  de  ces  insectes  soit  entré 
dans  le  conduit  de  l'oreille  de  quelqu'un 
qui  aura  été  effrayé,  et  alors  les  forficu- 
les  seront  devenus  redoutables  ,  avant 
qu'on  ait  examiné  s'ils  pouvoient  être 
dangereux.  Mais  ces  pinces  sont  trop  foi 
blés  pour  produire  la  moindre  impres- 
sion sensible,  et  quoique  ces  insectes' 
paroissent  vouloir  s'en  servir  pour  se 
défendre,  on  ne  doit  pas  les  craindre.  Les 
jardiniers  ont  beaucoup  plus  que  tout 
autre,  à  se  plaindre  des  forficules,  par  le 
dégât  qu'ils  font  aux  fruits  mûrs;  tels 
que  les  pêches,  les  abricots,  qu'ils  ai- 
ment à  ronger  et  à  dévorer. 

Les  antennes  sont  filiformes,  de  la 


DES     FORFICULES.      6l 

longueur  de  la  moitié  du  corps ,  compo- 
sées de  onze  ou  douze  articles,  ou  beau- 
coup plus ,  selon  les  espèces  ;  le  premier 
est  gros,  assez  long;  le  second  petit  ;  les 
autres  sont  presque  égaux,  cylindri- 
ques :  elles  sont  insérées  à  la  partie 
antérieure  de  la  tête  à  quelque  distance 
des  5'^eux. 

La  tête  est  large ,  un  peu  applatie  : 
elle  est  unie  au  corselet'par  une  partie 
courte  ,  ou  espèce  de  col  peu  sensible  ; 
les  yeux  sont  ronds  ,  peu  saillans  ;  la 
bouche  est  composée  d'une  lèvre  supé- 
rieure membraneuse,  arrondie  et  ciliée  ; 
de  deux  mandibules  cornées,  arquées, 
terminées  en  pointe  ;  de  deux  mâchoires 
cornées ,  arquées, minces ,  bifides  à  l'ex- 
trémité -,  d'une  lèvre  inférieure  alongée, 
membraneuse,  trifide  ,  la  division  in- 
termédiaire large  ,  arrondie  ,  les  deux 
autres  un  peu  plus  longues,  minces,  cy- 
lindriques, obtuses;  et  de  quatre  anten- 
nules,  dont  les  antérieures,  selon  M.  Fa- 
bricius,  ont  quatre  articles  ,  et  cinq  se- 

lasectes.  IX.  6 


62         IIÎSTOIRE    NATURELLE 
Ion  le  cit.  Olivier.  Entre  les  mâchoire^ 
et  les  antennules  antérieures,  on  trouve 
une  pièce  mince,   cylindrique,  de  la  . 
longueur   des    mâchoires  ,   à   laquelle 
M.  Fabricius  a  donné  le  nom  de  galea. 

Le  corselet  est  moins  large  que  la 
tête  et  les  élytres,  rebordé,  tranchant 
sur  les  côtés,  et  au  bord  postérieur. 

Les  élytres  sont  coriacées,  très-cour- 
tes, couvrant  à  peine  le  tiers  de  l'abdo- 
men ,  les  ailes  sont  membraneuses  re- 
pliées longitudinalement  sous  les  ély- 
tres ,  qu'elles  dépassent  un  peu. 

Les  pattes  sont  de  longueur  moyen- 
ne j  les  antérieures  un  peu  plus  courtes 
que  les  autres  ;  les  tarses  sont  com]  'O- 
sés  de  trois  articles,  dont  le  deuxit- 
me  court;  le  premier  et  le  dernier  asstz 
longs  ;  celui-ci  est  terminé  par  deux 
crochets. 

Le  corps  est  alongé ,  terminé  par 
deux  pièces  mobiles  en  forme  de  pinces ,. 
plus  grosses  à  leur  origine  qu'à  leur  ex- 
trémité; garnies  intérieurement  de  pe- 


DES      F  O  R  F  1  C  U  L  I^:  S.       63 

t'iles  dentelures  ;  les  mâles  ne  cliiFèrent 
extérieurement  desfemelles  que  parées 
parties ,  qui  sont  plus  longues  et  plus 
grosses  :  on  trouve  ces  insectes  dans  les 
endroits  humides,  sous  les  pierres  et 
les  écorces  des  arbres  :  ils  se  nourrissent 
de  différentes  substances  ,  mais  sur- 
tout de  fruits  lors^vi^ils  en  trouvent. 

Degéer  qui  a  vu  leur  accouplement, 
rapporte  que  le  mâle  s'approche  à  re- 
culons de  la  femelle,  dont  il  tâte  l'ab- 
domen avec  sa  pince  ,  pour  rencontrer 
l'endroit  propre  à  s'unir  à  elle,  et  ap- 
pliquant alors  l'extrémité  de  son  ven- 
tre contre  le  dessous  du  corps  de  la  fe- 
melle ,  ils  se  joignent  l'un  à  l'autre,  au 
moyen  d'une  partie  qui  sort  du  ventre 
du  mâle  entre  le  pénultième  et  dernier 
anneau  :  ils  restent  tranquillement  dans 
cette  position ,  la  pince  du  mâle  appli- 
quée contre  le  ventre  de  la  femelle  et 
réciproquement  celle  de  cette  dernière 
contre  le  ventre  du  mâle  ;  alors  ils  sont 


64  HISTOIRE    NATURELLE 

places  sur  une  iiiêine  ligne  ,  ayant  la 
tête  tournée  du  côté  opposé. 

Le  même  auteur  a  trouvé  an  com- 
mencement d'avril ,  sous  des  pierres  , 
des  perce-oreilles  femelles,  accompa- 
gnées d'un  tas  d'oeufs,  sur  lesquels  la 
mère  se  tenoit  placée  sans  jamais  s'en 
éloigner ,  et  dont  elle  avoit  tous  les 
soins  possibles  :  c'est  aussi  ce  que  Frisch 
avoit  déjà  observé  ;  il  prit  les  œufs , 
les  mit  dans  un  poudrier  sur  de  la 
terre  fraîche ,  et  les  dispersa;  mais  bien- 
tôt la  mère  les  prit  l'un  après  l'autre 
entre  ses  dents,  les  rassembla,  et  en- 
suite resta  constamment  placée  sur  ce 
tas  d'œufs,  qu'elle  sembloit  couver, 
sans  le  quitter  un  moment.  Ces  œufs 
sont  blancs ,  lisses  ,  de  forme  ovale ,  et 
les  petits  en  sortirent  le  12  mai.  Les 
petits  sont  très-grand  sa  proportion  de 
l'œuf  d'où  ils  sortent,  ce  qui  prouve 
que  toutes  leurs  parties  s'y  trouvent 
fortement  comprimées.  Ils  ressemblent 
à  leur  mère ,  excepté  qu'ils  n'ont  ni  ailes 


DES     FORFICÎTLES.       65 

ni  élytres,  et  les  branches  de  la  pince 
du  derrière  sont  droites.  Cet  observa- 
teur voyoit  diminuer  les  petits  de  jour 
en  jour,  la  mère  mourut ,  et  il  la  trouva 
dépèces  et  à  moitié  mangée  ;  comme 
elle  n'avoit  pu  l'être  que  par  sa  pro- 
géniture, il  conjectura^  que  les  petits 
qui  avoient  disparu,  avoient  sans  doute 
eu  le  même  sort,  ainsi  ces  insectes  s'en- 
tre-mangent  donc  ;  mais  il  paroît  que 
c'est  seulement  lorsqu'ils  manquent  d© 
nourriture ,  car  on  ne  les  voit  jamais 
s'attaquer  dans  les  champs ,  lorsqu'ils 
peuvent  s'en  procurer  d'une  autre  esr- 
pèce.  On  distingue  sur  la  nj'^mphe ,  le« 
élytres  et  les  ailes ,  qui  sont  renfermées 
dans  des  fourreaux.  Ces  fourreaux  sont 
très-plats  et  comme  collés  sur  le  dos  de 
la  nymphe  -,  les  pinces  ont  alors  la  cour- 
bure qu'elles  doivent  avoir ,  au  lieu  que 
la  larve  a  ces  parties  presque  droites. 

Degéer  a  aussi  trouvé  une  femelle 
accompagnée  de  plusieurs  petits  -,  ils  se> 
tenoient  auprès  d'elle  sans  la  quitter  el: 


6^  HISTOIRE    NATURELLE 

se  plaçoient  souvent  sous  son  ventre  et 
entre  ses  pattes  ,  comme  font  les  pous- 
sins avec  les  poules  ;  la  mère  étoit  fort 
tianquille ,  les  laissoit faire  et  sembloit 
les  couver;  les  petits  restoient  quelque- 
fois une  heure  entière  dans  cette  posi- 
tion. Ces  insectes  ont  en  quelque  sorte 
soin  de  leurs  petits,  même  après  leur 
naissance  ,  et  paroissent  vouloir  les 
prote'ger  en  restant  auprès  d'eux. 

Les  transformations  des  forficules 
sont  du  second  ordre  des  métamorpho- 
ses de  Swammerdam,  c'est-à-dire,  qu'ils 
ne  cessent  jamais  de  marcher  et  de  man- 
ger ;  mais  qu'ils  reçoivent  dans  un  cer- 
tain pe'riode  des  fourreaux  sur  le  dos, 
qui  renferment  l«s  élytres  et  les  ailes, 
et  c'est  alors  qy.'ils  sont  réputés  être  sous 
la  forme  de  nymphes.  Après  la  dernière 
mue  ils  dé^Dloyent  leurs  ailes  ,  et  sont 
alors  dans  l'état  de  perfection.  Par  leur 
manière  de  croître  et  de  se  transfor- 
mer, et  même  par  les  parties  de  la  bou- 
che ,  ils  se  rapprochent  des  orthoptères, 


DES  F  O  R  F  I  C  U  L  E  S.  ÇiJ 
et  devroient  être  placés  parmi  les  insec- 
l€s  de  cet  ordre,  d'après  le  système  de 
Swammerdam  et  celui  de  M.  Fabri- 
cius;  mais  le  cit.  Olivier  les  a  placés 
avec  les  coléoptères,  parce  qu'ils  ont 
les  étytres  jointes  par  une  suture  droite, 
et  les  ailes  repliées ,  caractères  princi- 
paux que  cet  auteur  a  assignés  aux  in- 
sectes de  ce  dernier  ordre. 

Lesforficules  forment  un  genre  com- 
posé de  seize  ou  dix-huit  espèces  :  on 
n'en  trouve  que  quatre  en  Europe. 

Le  Forficule  auriculaire  ,  Forfi- 
cula  auricularia. 

Il  a  environ  sept  lignes  de  longueur  ; 
les  antennes  sont  d'un  jaime  pâle,  com- 
posées de  treize  ou  quatorze  articles, 
selon  le  cit.  Olivier.  Nous  n'en  trou- 
vons que  onze,  à  l'individu  que  nous 
avons  sous  les  yeux,  dont  les  antennes 
sont  entières  et  les  articles  très- dis- 
tincts )  la  tête  est  d'un  brun  rougeâtre , 


^8         HISTOIRE   NATURELLE 

avec  les  yeux  noirs;  le  corselet  est  de  for- 
me carrée  ,  arrondi  postérieurement , 
d'un  fauve  pâle  ,  avec  une  grande  tache 
brune  sur  le  milieu;  les  élytres  sont  d'un 
fauve  pâle  ;  le  corps  est  brun  ;  \ç^s  pince» 
sont  d'un  brun  moins  foncé  que  le  carps, 
dentéesàla  base,  arquées  et  saus  deutelu- 
res  à  l'extrémité  ;  les  pattes  sont  pâles. 

On  le  trouve  dans  toute  l'Europe 
sous  l'écorce  des  arbres,  sous  les  pierres 
et  dans  des  feuilles  roulées. 

Le  Forficule  biponctué,  Forfîcula 
bipunitata. 

II  est  un  peu  plus  grand  que  le  pré- 
cédent; les  antennes  sont  noires,  com- 
posées de  onze  articles;  la  tête  est  noire, 
fauve  postérieurement;  le  corselet  est 
noir ,  bordé  de  fauve  ;  les  él5'^tres  sont 
noires,  avec  une  grande  tache  blanchâtre 
sur  la  suture,  et  les  bords  pâles  ;  l'abdo- 
men est  noir  ;  la  pince  est  aiguë,  droite. 

M.  Fabricius  donne  ainsi  la  descrip- 


DES     FORFICULES.       G9 

tion  de  cet  insecte  :  ceux  que  le  citoyen 
Olivier  avoit  sous  les  yeux  en  décri- 
vant cette  espèce  ,  ont  les  antennes 
d'un  fauve  obscur,composéesde  dix  arti- 
cles ;  la  tête  est  entièrement  d'un  fauve 
brun,  avec  les  yeux  noirs;  l'abdomen 
est  d'un  brun  noirâtre  ;  la  pince  est 
droite  ,  simple  ,  brune  à  sa  base ,  noire 
et  légèrement  arquée  à  l'extrémité  ;  les 
pattes  sont  pâles. 

Nous  possédons  un  individu  qui  dif- 
fère de  ceux  décrits  par  ces  deux  au- 
teurs ,  en  ce  que  les  antennes  sont 
brunes,  composées  de  douze  articles, 
et  que  les  élytres  ont  chacune  vers  le 
milieu ,  près  de  la  base ,  une  tache  ron- 
de ,  d'un  jaune  fauve ,  et  une  semblable 
tache  sur  l'extrémité  de  l'aile  qui  dé- 
borde l'élj'^tre  ;  du  reste  il  ressemble  à 
celui  décrit  par  M.  Fabricius ,  à  l'ex- 
ception de  la  pince  qui  est  un  peu  ar- 
quée à  l'extrémité. 

On  le  trouve  en  Italie  ,  dans  les  pro- 
vinces méridionales  de  la  France. 


70  HISTOIRE    NATURELLE 

Le  Forficule  nain  ,  Forjîcula 
jninor. 

Il  à  deux  à  trois  lignes  de  longueur  : 
les  antennes  sont  pâles,  composées  de 
onze  articles ,  selon  le  citoyen  Olivier  : 
celles  de  l'individu  que  nous  décrivons 
ne  sont  pas  entières  ;  la  tête  est  d'un 
brun  noirâtre  -,  le  corselet  carré,  arron- 
di postérieurement,  d'un  brun  noirâ- 
tre ;  lesélytres  sont  testacées  -,  l'abdomen 
est  d'un  bran  foncé  en  dessus  ,  plus  pâle 
en  dessous  ;  la  pince  est  testacée  ,  pres- 
que droite  ,  dentée  dans  l'un  des  deux 
sexes-,  les  pattes  sont  pâles. 

On  le  trouve  dans  presque  toute 
TEurope.  Il  n'est  pas  très-communaux 
environs  de  Paris  -,  on  le  voit  souvent 
voler ,  pendant  la  nuit ,  dans  les  mai- 
sons ,  où  il  paroît  être  attiré  par  la  lu- 
mière. 


DES     F  O  R  F  I  C  U  L  E  S.       71 

Le  Foriîcule  Morio  ,   Forjîcula 
Morio, 

Les  antennes  sont  noires  ^  longues  , 
composées  de  dix-huit  articles  ,  dont 
le  premier ,  le  quatrième  et  le  cin- 
quième sont  blancs  ;  le  corselet  est  noir, 
arrondi  postérieurement  ;  les  élytres 
sont  noires ,  tronquées  )  les  ailes  noires , 
avec  l'extrémité^transparente  ;  l'abdo- 
men est  noir  ;  la  pince  grande ,  cour- 
bée ,  munie  de  dentelures  à  la  base  ; 
les  pattes  sont  noires  j  les  tarses  ferru- 
gineux. 

On  le  trouve  dans  l'île  d'Otaïti. 

Le  Forlicule  crénelé  ,  Forficula 
crenata. 

Il  a  environ  quatorze  lignes  de  lon- 
gueur :  les  antennes  sont  d'un  jaunv3 
obscur  ,  composées  de  vingt-quatre  ar- 
ticles ;  la  tête  est  brune  ;  la  bouche  tes - 
lacée  j  les  yeux  sont  obscurs  j  le  corselet 


72  HISTOIRE   NATURELLE 

€st noirâtre,  avec  les  bords  pâles;  les 
ëlytres  sont  d'un  brun  noirâtre ,  avec 
la  suture  fauve  ;  la  partie  des  ailes  qui 
dépasse  les  élytres  est  blanchâtre ,  avec 
une  petite  ligne  obscure  ;  le  dessus  de 
l'abdomen  est  d'un  brun  noirâtre  ;  la 
pince  brune  à  la  base,  noire  à  l'extre'- 
mité  ,  légèrement  arquée ,  munie  inté- 
rieurement de  chaque  côté  de  neuf  den- 
telures ;  le  dessus  du  corps  et  les  pattes 
sont  pâles. 

On  le  trouve  au  midi  de  l'Afrique. 


DES     DIPTÈRES.  /S 


CARACTÈRES  DES  GENRES 

DE    L'ORDRE    DES    DIPTERES. 

Oestre.  —  Antennes  courtes  ,  sétacées  , 
premier  article  gros  et  globuleux. 
Trompe  très-courte,  rétractible, 
sétacée  ,   cachée  entre  deux  espè- 
ces de  lèvres  vésiculeuses. 

Suçoir  composé  de  trois  soies 
membraneuses ,  flexibles ,  courtes  , 
presque  égales,  appliquées  sur  la 
trompe. 
Taon.  —  Antennes  courtes  ,  rapprochées  ; 
sept  articles  ,  dont  le  troisième 
grand  ,  dilaté  ,  ayant  une  espèce 
de  dent  latérale  ,  les  trois  derniers 
courts ,  peu  apparens  ,  terminés  en 
pointe. 

Trompe    courte  bilabiée  ,  can- 
nelée. 

Suçoir  divisé  en  sept  piècçs  ; 
quatre  supérieures  ,  larges  ,  appla- 
ties  ,  contenant  trois  soies  dans  la 
cannelure  de  la  trompe. 

Deux  antennules  grandes  ,  con* 
Insectes.  IX.  7 


74        HISTOIRE   NATURELLE 

tournées  et  appuyées  sur  la  trompe, 

NïMOTÈLE.  —  Antennes  courtes  ,  rappro- 
chées ;  trois  articles  grenus  ,  rao- 
iiilif'ormes  ;  le  dernier  terminé  en 
pointe  aiguë,  alongée. 

Trompe  courte,  bilabiée  ,  can- 
nelée. 

Suçoir  divisé  en  quatre  pièces  , 
une  supérieure  large  ,  membra- 
neuse ,  applatie  ,  contenant  trois 
soies  courtes  dans  la  cannelure  de 
la  trompe. 

Deux  antennules  filiformes  ,  in- 
sérées à  la  base  latérale  du  suçoir  , 
et  appuyées  sur  la  trompe. 

Stratiome.  —  Antennes  cylindriques  ,  bri- 
sées, un  peu  plus  longues  que  la 
tête  ;  trois  articles  ,  le  premier  et 
le  troisième  très-longs,  le  second 
très-court. 

Trompe  courte  ,  cannelée ,  bila- 
biée. 

Suçoir  libre,  formé  d'une  seule 
soie  ,  reçue  dans  la  cannelure  de  la 
trompe. 

Deux  antennules  courtes  ,  en 
masse  ,  composées  de  trois  articles, 
dont  le  dernier  gros  et  ovale  ,  et 


DES     DIPTÈRES.  7^ 

insérées  à  la  partie  latérale  de  la 
trompe. 

Ecusson  souvent  armé  de  pi- 
quant. 
SYRrHE,  —  Antennes  courtes  ,  deux  arti- 
cles ,  dont  le  premier  ovale,  com- 
primé ,  et  le  second  formant  un© 
soie  très-mince^ 

Trompe  courte,  rétractlble  ,  bi- 
labiée  ,  cannelée. 

Suçoir  divisé  en  quatre  pièces  ;  la 
supérieure  pi  uslongue  et  pluslargc^ 
contenant  trois  soies  renlermées. 
dans  la  cannelure  de  la  trompe. 

Deux  antennules  minces^  artlca- 
lées  ,  de  la  longueur  des  soies  ,  in- 
sérées à  côté  du  suçoir,  et  appli- 
quées sur  la  trompe. 
Mouche.  —  Antennes  courtes  ,  deux  arti- 
cles ,  dont  le  premier  ovale  ,  sou- 
vent alongé  ,  comprimé  ,  et  le  se- 
cond formant  une  soie  très-mince. 

Trompe  courte,  rétractible,  bi- 
labiée  ,  cannelée. 

Suçoir  libre  ,  formé  d'une  seule 
soie  ,  reçue  dans  la  cannelure  de 
la  trompe. 

Deux  antennules  filiformes ,  un 
peu  plus  grosses  veis  la  pointe ,  in.- 


76         HISTOIRE    NATURELLE 

sérées  à  la  partie  latérale  un  peu 
supérieure  de  la  trompe, 
Stomoxe,  —  Antennes  courtes, rapprochées, 
courbées  ;  deux  articles,  le  premier 
ovale,  alongé  ,  un  peu  comprimé  ; 
et  le  second  formant  une  soie  très- 
mince  et  velue. 

Trompe  rétractible  ,  alongée  , 
liliforme,  cylindrique  ,  bifide,  cou- 
dée à  sa  baje. 

Suçoir  formé  de  deux  soies  ,  ren- 
fermées dans  la  trompe. 

Deux  antennules  courtes,  filifor- 
mes ,  insérées  à  la  base  supérieure 
de  la  trompe. 
Khingie. — Antennes  courtes,  composées 
de  trois  pièces  ,  dont  la  troisième 
plus  grande  ,  ovale  ,  munie  d'un 
poil  latéral  très-fin. 

Trompe  rétractible  ,  cannelée  , 
bilabiée  ,  cachée  sous  une  espèce 
de  bec  avancé. 

Suçoir  composé  de  quatre  soies  , 
reçues  dans  la  cannelure  de  la 
tiompe. 

Deux  antennules  minces,  filifor- 
mes ,  insérées  à  la  base  du  suçoir  ^ 
et  appliquées  sur  la  trompe, 
CoNOPs.  •—  Antennes  plus  longues  que  la 


DES     DIPTERES.  jj 

tête,  presque  en  masse,  réunies  à 
leur  base  ,  dernier  article  renflé  , 
terminé  en  pointe. 

Trompe  rétractible  ,  cannelée  > 
bilabiée. 

Suçoir  composé  de  deux  pièces  j 
la  supérieure  un  peu  plus  large  et 
applatie  ,  contenant  une  soie  dans 
la  cannelure  de  la  trompe. 

Deux  antcnnules  courtes ,  fili- 
formes ,  insérées  à  la  base  du  su- 
çoir ,  et  appliquées  sur  la  trompe. 
Myope.  —  Antennes  courtes  ,  courbées  j 
trois  articles,  dont  le  second  pres- 
que conique  ,  le  dernier  ovale ,  ap- 
plati ,  muni  d'un  poi!  latéral  assez 
court. 

Trompe  rétractible,  longue,  fili- 
forme  ,  brisée  et  repliée  au  milieu. 

Suçoir  formé  d'une  seule  vsoie  > 
renfermée  dans  la  trompe. 

Deux  antennules  minces  ,  très- 
courtes  ,  composées  de  trois  arti- 
cles presque  égaux  ,  insérées  à  la 
base  latérale  un  peu  supérieure  de 
la  trompe. 

Partie  antérieure  de  la  tète  pres- 
que vésiculeuse. 
Bhaoiox.  —  Anteunes  courtes,  trois  arti- 


jS  HISTOIRE    NATURELLE 

clés   grenus  ,  m o ni lilo mes  ,  ter- 
minés par  lin  poil  alongé. 

Trompe  très-courte,  bilabiée  , 
cannelée. 

Suçoir  composé  de  trois  soies  , 
reçues  clans  la  cannelure  de  la 
trompe. 

Deuxantennules  avancées,  de  1» 
longueur  de  la  trompe,  filiformes, 
assez  grosses  et  velues. 
Asile. —  Antennes  de  la  longueur  de  la 
tête,  rapprochées,  presque  lili- 
formes  ;  le  dernier  article  alongé,, 
terminé  en  pointe. 

Trompe  filiforme  ,  cannelée. 

Suçoir  composé  de  quatre  piè- 
ces ,  la  supérieure  très-courte  et 
assez  large  ,  contenant  trois  soies 
dans  la  cannelure  de  la  trompe. 

Deux  antennules  courtes  ,  très- 
velues  ,  insérées  à  la  base  latéral» 
de  la  trompe. 
Empis.  —  Antennes  presque  de  la  longueur 
de  la  tête,  rapprochées  ;  premier 
et  second  article  ,  grenus,  arron- 
dis; le  troisième  terminé  en  pointe 
très-alongée. 

Trompe  liliforme  ,  longue  ,  bi' 
fide  ^  cannelée. 


^  E  s     D  î  F  T  E  R  E  S»  J^ 

Suçoir  composé  de  quatre  piè- 
ces ;  la  supérieure  assez  grosse  ,  de^ 
la  longueur  de  la  trompe,  conte- 
nant trois  soies  ,  reçues  dans  la 
cannelure  de  la  trompe. 

Deux  antennules  courtes  ,  filifor- 
mes ,  un  peu  velues  ,  insérées  à  la 
base  latérale  de  la  trompe. 
BoMBiLUE»  —  Antennes  courtes,  rappro^ 
ehées  ,  filiformes  ;  trois  articles  ^ 
dont  le  premier  long  ,  le  second 
court ,  le  dernier  alorigé  ,  terminé 
en  pointe. 

Trompe  droite  ,  alôngée  ,  séta- 
cée  ,  cannelée  ,  bifide. 

Suçoir  composé  de  quatre  piè- 
ces j  la  supérieure  un  peu  plus 
large  ,  contenant  trois  soies  dans- 
la  cannelure  de  la  trompe. 

Deux  antennules  courtes  ,  fili- 
formes ,  insérées  à  la  base  de  la 
trompe» 
Cousin.  —  Antennes  sétacéss^  velues  ^pcc- 
tinées  ou  plumeuses^  de  la  lon- 
gueur du  corselet. 

Trompe  longue  ,  sétacée  ,  can- 
nelée ,  bifide. 

Suçoir  composé  de  cinq^  pièces 
égales,  très-minces  et  très-déliées, 


^O         HISTOIRE    NATURELLE 

reçues  dans    la    cannelure  de    ta 
trompe. 

Deux  antennules  courtes  ,  fili- 
formes ,  velues  ,  insérées  à  la  basfr 
latérale  de  la  trompe. 

TiPTJLE.  —  Antennes  sétacées  ,  simples  oa 
velues,  ou  plumeuses ,  ou  pecti- 
nées , beaucoup  plus  longues  que  la 
tête. 

Trompe  courte  ,  bilabiée  ,  can- 
nelée. 

Suçoir  libre,  formé  d'une  seule 
soie  ,  reçue  dans  la  cannelure  de 
la  trompe. 

Deux  antennules  filiformes  , 
beaucoup  plus  longues  que  la  trom- 
pe ,  composées  de  plusieurs  arti- 
cles ,  dont  les  trois  premiers  plus, 
gros  et  plus  distincts. 

BiBiON. —  Antennes  moniliformes,  un  peu 
plus  courtes  que  la  tête  ;  articles 
courts,  applatis  ,  perfoliés. 

Trompe  courte,  bilabié«  ,  can- 
nelée. 

Suçoir  libre  ,  formé  d'une  seule 
soie  ,  reçue  dans  la  cannelure  de  la 
trompe. 
Deux  antennules  filiformes,,  pliis 


DES     DIPTERES.  8t 

longues  que  la   trompe  ,    compo- 
sées de  cinq  articles  distincts. 

Tête  grosse  et  arrondie  dans  le 
mâle  ,  petite  et  applatie  dans  la 
femelle. 
HiPPor.osQUE.  —  Antennes  très-  courtes  , 
sétacées  ;  deux  articles  ,  dont  le 
premier  très- court  ,  et  le  second 
plus  long. 

Trompe  très-courte  ,  divisée  en 
deux. 

Suçoir  formé  d'une  seule  soie  , 
forte  ,  presque  cornée  ,  contenue 
entre  les  deux  pièces  delà  trompe» 

Point  d'antennules. 

Corps  un  peuapplati. 


82         HISTOIRE    NATURELLE 


ORDRE  SEPTIEME. 


DES    DIPTERES. 

jN  o  u  s  avons  commencé  l'histoire  des 
insectes  par  celle  des  animaux  de  cette 
classe  ,  dans  lesquels  la  faculté  de  voler 
paroissoit  portée  au  plus  haut  degré  de 
perfection.  Les  divisions  du  système 
que  nous  avons  adopté  étant  fondées 
sur  la  disposition  des  ailes  ,  nous  avons 
dû  suivre  ce  ttemarcliCj  et  arriver,  pour 
ainsi  dire  ,  par  degrés  jusqu'aux  insec- 
tes qui  n'ont  plus  cette  propriété  singu- 
lière et  précieuse  ,  qui  n'appartient 
qu'à  plusieurs  d'entr'eux  et  aux  oi- 
seaux. Les  coléoptères  ,  dont  nous  ve- 
nons de  terminer  l'histoire,  ne  présen- 
tent déjà  plus  ,  dans  les  organes  du  vol, 
que  deux  ailes  parfaites  j  les  deux  ély- 


DES     DIPTÈRES.  85 

très  ne  sont  point  des  ailes,  ainsi  que 
nous  l'avons  vu;  elles  n'en  ont  ni  la 
structure  légère ,  ni  les  mouvemens  ra- 
pides. Nous  avons  vu  également  qu'un 
assez  grand  nombre  de  coléoptères 
étoient  privés  de  la  faculté  de  voler,  et 
que  presque  tous  ceux  qui  en  jouissoient, 
lefaisoient  lourdement,  d'unemanière 
gauche  ;  qu'ils  n'étoient  ,  pour  ainsi 
dire,  point  maîtres  de  leurs  mouve- 
mens ,  et  qu'il  y  avoit  une  distance 
énorme  entre  le  vol  brusque  d'un  lu- 
cane, d'un  scarabée,  et  le  vol  léger  et  ra- 
pide des  spliinx  et  des  libellules,  qui 
ont  presque  la  vélocité  des  oiseaux  de 
proie. 

Quoique  les  insectes  ,  que  l'on  com- 
prend sous  la  dénomination  générale 
de  diptères  ,  n'ayent  que  deux  ailes , 
ainsi  que  leur  nom  l'indique  ,  ils  n'en 
jouissent  pas  moins  d'un  vol  léger,  ra- 
pide ,  étendu,  et  qu'ils  peuvent  diri- 
ger à  volonté  ;  les  mouches  les  plus 
communes ,  qui  nous  tourmentent  pas 


84          HISTOIRE    NATURELLE 

leur  nombre  et  par  leur  importunitë , 
nousen  offrent  tous  les  jours  la  preuve  ; 
nous  les  voyons  voltiger  des  heures 
entières  dans  le  milieu  d'un  apparte- 
ment ,  en  décrivant  des  cercles  nom- 
breux ;  elles  paroissent  quelquefois  im- 
mobiles ,  mais  elles  savent  échapper 
avec  une  surprenante  agilité  à  la  main 
la  plus  vive  qui  va  pour  les  saisir.  Si , 
pour  étendre  la  sphère  de  nos  coiniois- 
$ances  ,  nous  étendons  celle  de  nos  ob- 
servations ,  que  nous  nous  transpor- 
tions dans  la  campagne  ,  des  preuves 
d'une  agilité  de  vol  ,  encore  plus  sur- 
prenante dans  des  êtres  si  petits,  se 
présenteront  en  foule;  nous  verrons  le 
même  taon  ,  le  même  oestre  suivre 
pendant  plusieurs  lieues  un  cheval , 
marchant  au  grand  trot  et  prenant 
même  quelquefois  le  galop  -,  nous  ver- 
rons des  nuées  de  moucherons  accom- 
pagner pendant  plusieurs  heures  la 
même  voiture  ;  nous  retrouverons  dans 
ces  jolis  diptères,  nommée  hombyles  j 


DES     DIPTERES.  85 

l'immobilité  desoiseavix  de  proie  lors- 
qu'ils planent  ,  et  leur  rapidité  aussi 
prompte  c[ue  celle  de  l'éclair  lorsqu'ils 
se  précipitent  sur  leur  proie  ;  dans  1© 
premier  moment  on  prend  ces  insectes 
pour  un  point  noir,  suspendu  par  un 
fil  invisible  ;  on  s'avance  pour  y  tou- 
clier  -,  ils  échappent  avec  tant  de  promp- 
titude ,  qu'ils  ont  l'air  de  s'évanouir  ; 
mais  ils  reparoissent  à  quelque  dis- 
tance,  et  y  reprennent  leur  première 
immobilité. 

Ce  n'est  point  l'étendue  des  ailes  qui 
donne  aux  insectes  la  légèreté  et  la 
rapidité  du  vol  ;  les  spbinx ,  les  bom- 
byles ,  quelques  sirphes  qui  volent  si 
bien ,  ont  des  ailes  fort  petites  ;  elles 
sont  au  contraire  d'une  grandeur  re- 
marquable dans  le  bombix  grand  paon , 
dans  les  myrmeleons,  les  tipules,  dont  le 
vol  est  si  pesant  et  si  lâche.  En  général, 
les  ailes  des  diptères  sont  médiocres , 
lorsqu'on  les  compare  avec  celles  d'un 
grand  nombre  d'autres   insectes  :    cei 

Insectes-  IX.  8 


86  HISTOIRE   NATURELLE 

ailes,  presque  toujours  diaphanes  et 
sans  couleur  foncée  ,  sont  ovoïdes  ;  c'est 
à  la  partie  postérieure  du  corselet 
qu'elles  sont  attachées,  elles  sont  com- 
posées d'une  membrane  mince,  tendue 
par  un  réseau  de  nervures  ,  dont  la 
disposition  constante  dans  les  espèces 
d'un  même  genre  ,  a  fourni  déjà  à  plu- 
sieurs Naturalistes  des  caractères  de  di- 
vision ,  d'autant  meilleurs ,  qu'ils  sont 
faciles  à  représenter  ou  à  décrire. 

La  nature  semble  avoir  destiné 
quatre  ailes  à  tous  les  insectes  auxquels 
elle  a  accordé  la  faculté  de  voler.  Les 
diptères  sont  les  seuls  insectes  qui  pa- 
ji-oissent  faire  exception  à  cette  loi;  mais 
en  les  examinant  avecattention^on  croit 
reconnoître  les  rudimens  de  la  seconde 
paire  d'aile  à  la  base  de  celle  qui  existe  : 
on  voit  en  eflet  dans  l'angle  rentrant 
de  ré  union  du  corselet  avec  l'abdomen, 
«ne  petite  pièce  membraneuse,  arron- 
die, lenticulaire  ,  supportée  et  écartée 


DES     DIPTÈRES.  87 

du  corps  par  un  pétiole  ou  filet  délié , 
qui  la  faisant  ressembler  aux  balanciers 
dont  se  servent  les  danseurs  de  corde  , 
lui  a  fait  donner  ce  nom.  Il  n'est  pas 
probable  cependant  que  cette  frêle  par- 
tie puisse  avoir  un  usage  analogue  ;  il 
faut  mieux  avouer  qu'on  ignore  à  quoi 
elle  sert ,  que  de  kii  donner  une  utilité 
imaginaire  ,  qui  empêclieroit  de  re- 
cliercher  son  véritable  usage,  en  fai- 
sant croire  qu'il  est  trouvé  et  reconnu. 
Ces  balanciers  sont  peu  visibles  dans 
les  mouches  communes  ;  mais  ils  sont 
très -remarquables  dans  les  tipules^  les 
cousins ,  etc. 

Au-dessus  des  ailes,  et  encore  plus 
directement  à  leur  base ,  se  voit  une 
autre  partie  dont  il  est  plus  aisé  de 
soupçonner  l'usage  ;  c'est  une  espèce 
d'écaillé  membraneuse  ,  concave  inie- 
rieurement  et  jouissant  d'une  sorte 
d'élasticité  5  on  l'a  nommée  cuilleron  ; 
il  paroît  qu'elle  fait  ressort  sur  l'aile, 
lorsque  celle-ci  est  élevée  ;  et  qu'elle  ac- 


88  HISTOIRE    NATURELLE 

cëlère  par  sa  pression  des  mouvemcns 
de  haut  en  bas,  au  moj'^en  duquel  ce 
membre,  en  frappant  l'air  avec  plus 
de  rapidité  qu'il  ne  peut  céder,  trouve 
dans  ce  fluide  un  point  d'appui. 

De  même  que  la  nature  a  placé  dans 
presque  toutes  les  classes  d'animaux  , 
privés  de  la  puissance  de  voler  ,  quel- 
ques espèces  privilégiées  auxquelles 
elle  a  accordé  cette  brillante  propriété, 
de  même  elle  a  refusé  à  quelques  es- 
pèces des  classes  d'animaux  doués  de 
cette  faculté ,  le  pouvoir  de  partager 
cet  avantage  ;  c'est ,  parmi  les  oiseaux , 
le  casoard  ,  l'autruche,  etc.;  parmi  les 
lépidoptères  ,  quelques  femelles  des 
bombix  ;  parmi  les  nevroptères  , 
quelques  termes  ;  parmi  les  orthoptè- 
res ,  des  mantes  ,  des  criquets ,  etc.  ; 
parmi  les  coléoptères,  beaucoup  d'es- 
pèces ;  parmi  les  hyménoptères  ,  les 
mulets  de  fourmis  ,  de  mutilles  ,  quel- 
ques ichneumons.  Parmi  les  diptères  , 
au  contraire ,  il  n'y  a  qu'une  ou  deux 


DES      DIPTÈRES.  89 

espèces  du  genre  hyjîpobosque  c[ui  soient 
re'ellement  privées  de  cette  faculté  : 
toutes  les  autres  espèces  volent ,  et  vo- 
lent même  beaucoup  mieux  ,  ainsi  que 
BOUS  l'avons  déjà  fait  remarquer,  qu& 
la  plupart  des  insectes  à  grandes  ailes,- 

Les  ailes  des  diptères  étant  en  géné- 
ral petites ,  ces  insectes  sont  obligés  de- 
gagner,  par  la  vitesse  de  leurs  mou- 
vrmens  ,  ce  qu'ils  perdent  en  puis- 
sance du  côté  de  l'étendue  ;  c'est  ce  qui 
produit  ce  bourdonnement  remarqua- 
ble et  quelquefois  importun  que  la  plu- 
part d'cntr'eux  font  entendre  en  volant. 

L'observation  de  la  nature  fait  voir 
que  rarement  des  facultés  ,  dont  le  but 
est  à-peu.-près  le  même  ,  sont  accordées 
avec  la  même  puissance  ,  au  même 
animal  :  les  oiseaux  qui  volent  bien ,. 
marchent  mal  ;  ceux  qui  nagent  rapi- 
dement ,  volent  et  marchent  lourde- 
ment. Il  en  est  de  même  des  insectes  : 
les  libellules  ,  les  papillons  savent  à 
peine  marcher ,  tandis  que  les  carabes. 


go  HISTOIRE    NATURELLE 

privés  d'ailes  ,  sont  aussi  légers  à  la 
course  qae  les  premiers  le  sont  dans 
leur  vol  :  on  doit  donc  s'attendre  à 
trouver  au  plus  grand  nombre  de  dip- 
tères une  démarche  lente,  et  d'autant 
plus  gênée  5  que  leurs  pattes  sont  plus 
longues  ;  en  sorte  qu'ils  offrent  une  ex- 
ception remarquable  à  la  règle  que  nous 
avons  établie  dans  les  généralités ,  en 
annonçant  que  la  grandeur  des  pattes 
indiquoit  dans  les  insectes  une  plus 
grande  célérité.  Cette  loi  ,  dont  l'appli- 
cation se  rencontre  fréquemment  parmi 
les  coléoptères ,  ne  peut  convenir  aux 
diptères  :  il  est  aisé  de  s'en  assurer  en 
voyant  marcher  les  tipules  ,  les  cou- 
sins et  la  plupart  des  mouches. 

Après  les  ailes,  la  partie  la  plus  re- 
marquable des  diptères,  celle  qui  pré- 
sente encore  un  caractère  important 
pour  distinguer  ces  insectes  ,  c'est  la 
bouche  ,  quoique  cette  partie  offre , 
dans  les  diverses  espèces  ,  des  différen- 
ces tellement  considérables,  qu'il  est 


DES      DIPTERES.  9I 

difficile  d'en   donner  une  description, 
générale. 

Tous  les  diptères  se  nourrissent  d'a- 
limens  liquides  ,  parce  que  tous  ont 
une  bouche  propre  à  sucer  et  non  pro- 
pre à  broyer  desalimens  :  mais  comme 
il  y  a  au  moins  deux  manières  de  pren- 
dre ,  par  la  succion,  des  alimens  liqui- 
des ,  on  peut  dire  aussi  que  la  bouche 
des  diptères  est  construite  sur  deux 
modèles  différens. 

Les  mis  peuvent  piquer  différens 
corps  renfermant  des  liquides  ,  et  pom- 
per ces  liquides  dont  ils  ont  ouvert  les 
canaux  ;  les  autres  ne  peuvent  prendre 
que  les  liquides  déjà  épanchés  sur  les 
surfaces  ,  les  lécher  pour  ainsi  dire,  et 
les  aspirer  au  moyen  d'une  espèce  de 
trompe. 

liCs  premiers  ,  tels  que  les  asiles , 
les  taons  ,  les  cousins,  les  stomoxes  ou 
mouches  d'automne,  ont  une  trompe 
membraneuse  ,  composée  souvent  de 
deux  demi-canaux  d'inégale  longueur^ 


92  HISTOIRE  NATURELLE 
qui ,  s'appliquant  l'uii  contre  Tautre  , 
forment  un  canal  entier  -,  clans  ce  canal 
glii-sent  plusieurs  soies  aiguës  qui  sont 
]es  instrumens  dont  se  sert  l'insecte 
pour  pénétrer  dans  les  corps  vivans  : 
à  la  base  de  cette  trompe  assez  analo- 
gue par  sa  forme  et  par  ses  usages  à 
celle  des  hémiptères ,  se  trouvent  deux 
antennules  ou  palpes  très-courts  qui  en 
font  un  des  caractères  distinctifs. 

Les  autres  diptères  ont  quelquefois 
pour  bouche  un  canal  membraneux  , 
rétractile,  semblable  à  un  tuyau,  ter- 
miné à  son  extrémité  parune  espèce  de 
rebord  ou  de  lèvre  :  en  appliquant  cette 
espèce  de  bouche  ou  de  suçoir  sur  les 
liquides  épanchés  .,  ils  les  font  monter 
dans  leur  bouche  :  on  trouve  aussi  une 
paire  de  palpes  très-courts  à  la  base  de 
ce  canal. 

Presque  tous  les  diptères  suceurs  se 
nourrissent  du  sang  des  animaux  vi- 
vans ,  qu^ils  tourmentent  cruellement  ; 
ils  font  pénétrer  leurs  soies  déliées  au 


DES     DIPTÈRES.  g? 

travers  de  la  peau  la  plus  épaisse  et  la 
plus  dure  ;  ils  percent  celle  des  bœufs , 
des  chevaux  ,  et  font  sortir  par  la  plaie 
imperceptible  qu'ils  ont  faite,  de  grosses 
gouttes  de  sang  ;  les  autres  se  conten- 
tent de  lécher  les  liquides,  végétaux, 
animaux  ou  composés,  qui  sont  déjà 
épanchés  ;  les  plus  fétides  comme  les 
plus  sucrés  leur  conviennent  également  ; 
et  quoique  certaines  espèces  se  nourris- 
sent de  vinaigre ,  de  colle  aigrie ,  on 
remarque  cependant  que  les  liqueurs 
acides  ne  conviennent  qu'au  plus  petit 
nombre  d'entr'eux. 

Les  antennes  des  diptères  sont  géné- 
ralement courtes  ;  leur  structure  est 
assez  remarquable  :  on  voit  à  leur  base 
une  suite  d'articles  plus  ou  moins  gros, 
applatis  ou  globuleux  -,  le  dernier  est 
ordinairement  plus  large ^  échancré  sur 
le  côté,  ou  tout-à-fait  en  croissant;  il 
part  de  cette  échancrure  vm  poil  court, 
roide  et  unique  -,  mais  quelquefois  il 
est  rameux  ou  en  forme  de  païiaches  : 


9^  HISTOIRE  NATURELLE 
on  sent  qu'il  est  assez  difficile  d'assi- 
gner un  usage  à  de  semblables  parties; 
on  doit  seulement  remarquer  que  si 
nous  avons  comparé  les  diptères  aux 
hémiptères  par  la  structure  de  la  bou- 
che ,  ils  ressemblent  aussi  aux  cigales  , 
fu]gores^  etc.,  par  levn's  antennes. 

Les  yeux  de  ces  insectes  sont  des 
yeux  à  réseau  d'une  moyenne  gran- 
deur ;  quelquefois  ils  présentent  les 
couleurs  les  plus  brillantes  ;  mais  ces 
couleurs  éclatantes  disparoissent  pen 
après  la  mort  de  l'insecte. 

La  tête  ,  ordinairement  tronquée 
net  postérieurement ,  tourne  sur  le  cor- 
selet ,  au  moyen  d'un  pédicule  fort 
court ,  fort  délié  ,  mais  creux  cepen- 
dant et  même  composé  ,  puisqu'il  doit 
donner  passage  aux  alimens,  et  qu'il 
est  viccompagné  du  cerveau  ,  des  mus- 
cles moteurs,  et  de  quelques  vaisseaux 
aériens. 

Le  corselet  n'offre  rien  de  remarqua- 
ble j  il  porte  sur  les  côtés  les  stigmates 


DES     DIPTERES.  ^5 

au  nombre  de  deux  ,  et  postérieure- 
ment récvisson  qui  est  triangulaire  quoi- 
qu'arrondi ,  et  même  quelquefois  pres- 
que vésiculaire. 

L'abdomen  est  encore  plus  mou  dans 
ces  insectes  que  dans  ceux  des  autres 
classes  ;  il  porte  les  stigmates  ,  il  est 
quelquefois  terminé  par  un  canal  qui 
est  une  espèce  d'oviducte  assez  ferme  ; 
mais  il  n'est  jamais  armé  d'aucune  es- 
pèce d'aiguillon. 

Enfin  les  pattes  ,  presque  toujours 
déliées  et  foibles ,  sont  terminées  par 
des  tarses  composés  de  cinq  articles;  les 
derniers  articles  des  tarses  sont  sarnis 
en  dessous  de  petites  houppes  ou  bros- 
ses de  poils  ,  qui  servent  à  ces  insectes 
à  se  fixer  sur  les  corps  les  plus  lisses, 
à  grimper  sur  les  marbres,  les  métaux 
polis,  les  glaces  perpendiculaires  ;  à  y 
agir  ,  à  y  rester  en  repos  sans  marquer 
la  plus  légère  inquiétude. 

Telles  sont  les  parties  qui  compo- 
sent extéiieuremeiit  le  corps  des  dip- 


96  HISTOIRE    NATURELLE 

tères,  et  tel  est  l'usage  qu'ils  en  font. 
Il  nous  reste  à  parler  actuellement  de 
la  génération  de  ces  insectes  et  de  leur 
développement. 

Parmi  ces  insectes  comme  parmi  tous 
les  autres ,  le  mâle  est  plus  petit  que  la 
femelle  ,  sur-tout  par  l'abdomen  ;  mais 
il  a  aussi  souvent  la  tête  plus  grosse , 
les  yeux  plus  saillans  ,  les  antennes 
plus  composées. 

Les  larves  qui  éclosent  des  œufs  pon- 
dus par  cette  femelle  sont  constamment 
apodes  ,  et  par  conséquent  incapables 
de  se  mouvoir  pour  aller  d'un  lieu  dans 
un  autre  cliercher  leur  nourriture  ;  il 
n'y  a  cependant  point  de  mulets  parmi 
ces  insectes  qui  puissent  soigner  les 
larves  comme  le  font  les  mulets  de 
quelques  hyménoptères  ;  la  mère  ,  tou- 
jours attentive  ,  est  donc  obligée  d'em- 
ployer un  moyen  différent  pour  con- 
server la  vie  de  ses  enfans  ;  elle  a  soin 
d'aller  pondre  ses  œufs  dans  le  milieu 
des  substances  qui  doivent  leur  servir 


DES     DIPTERES.  97 

cl'aliinens  ;  en  sorte  que  la  petite  larve 
qui  vient  d'ëclore ,  étant  environnée 
de  toutes  parts  de  la  substance  alimen- 
taire ,  n'a  qu'à  ouvrir  le  suçoir  très- 
simple  qui  lui  tient  ordinairement  lieu 
de  bouche  pour  prendre  sa  nourritui^e  : 
c'est  ainsi  que  les  uns  pondent  leurs 
oeufs  sur  les  cadavres  et  les  viandes 
mortes,  dont  les  larves  ont  la  faculté 
d'accélérer  la  putréfaction  -,  que  d'au- 
tres les  déposent  dans  les  fleurs  ou  dans 
les  réceptacles  des  végétaux,  et  y  font 
naître,  à  la  manière  de  quelques  hé- 
miptères ,  des  galles  ou  protubérances 
dans  lesquelles  ces  larves  trouvent  une 
nourriture  abondante  et  une  retraite 
assez  sûre  ;  que  d'autres  répandent  leurs 
œafs  au  milieu  des  eaux  5  les  habitans 
microscopiques  de  ce  liquide  servent 
de  nourriture  aux  larves  de  ces  dip- 
tères j  elles  sont  alors  plus  agiles  ,  et 
savent  fort  bien,  quoique  privées  de 
pattes  réelles  ,  se  transporter  d'un  lieu 
dans  un  autre  par  les  mouvemens  d'on- 
Iiisecles.  IX.  9 


98  HISTOIRE    NATURELLE 

dulation  qu'elles  donnent  à  leur  corps  : 
enfin,  il  en  est  qui  choisissent  pour 
leur  larve  une  habitation  plus  remar- 
quable encore ,  mais  présentant  tou- 
jours à  la  larve  le  logement  et  la  nour- 
riture en  même  temps  :  ils  sont  assez 
hardis  pour  déposer  leurs  œufs  dans  le 
corps  même  des  animaux  vivans.  Ils  les 
tourmentent  d'une  manière  cruelle  et 
quelquefois  mortelle  ,  ainsi  que  nous 
le  verrons  en  parlant  des  oestres. 

Toutes  ces  larves  sontprivëesd'j^eux  ; 
leur  bouche  consiste  presque  toujours 
enunsimple  suçoir;  leur  corps  estmou 
et  C3dindrique  ,  quelquefois  un  peu  dé- 
primé ;  leur  peau  est  fine  :  les  stigmates 
peu  nombreux  ont  des  positions  va- 
riées et  des  formes  singulières  ;  ils  sont 
souvent  placés  à  l'extrémité  de  l'abdo- 
men. 

La  métamorphose  de  ces  larves  pa- 
roît  encore  plus  remarquable  que  leur 
manière  de  vivre.  Elles  croissent  très- 
jiromptement  ;  lorsqu'elles   ont  pris 


DES      DIPTERES.  99 

toute  leur  croissance  ,  elles  deviennent 
immobiles  ,  mais  ne  changent  point  de 
figure.  Le  seul  changement  qui  paroît 
s'opérer  en  elles,  c'est  le  durcissement 
de  leur  peau.  En  effet ,  cette  enveloppe 
devient  dure  et  cornée ,  plus  brune 
qu'elle  n'étoit  auparavant.  Si  au  bout 
de  quelque  temps  on  l'ouvre,  on  trouve 
dans  cette  enveloppe  le  dij)tère  qui  doit 
en  sortir  ;  mais  ses  parties  molles  et 
transparentes  sont  repliées  sur  elles- 
mêmes  ;  c'est  une  véritable  nymphe  ana- 
logue à  celle  des  coléoptères  et  des  hy- 
ménoptères. La  peau  durcie  de  la  larve 
n'étoit  donc  point  celle  de  cette  nym- 
phe :  elle  faisoit  ici  fonction  de  coque 
ou  d'enveloppe  extérieure. 

Lorsque  cette  nymphe  a  acquis  les 
forces  nécessaires  ,  elle  fait  sauter  une 
calotte  de  l'extrémité  de  sa  coque  ,  et 
en  sort  à  l'état  parfait.  On  a  remarqué 
qu'elle  avoit  été  quelquefois  forcée  de 
se  retourner  dans  cette  coque  pour  sor- 
tir par  l'extrémité  la  plus  aisée  à  forcer. 


lOO       HISTOIRE    NATURELLE 

C'est  au  commencement  del'automne 
que  ces  diptères  paroi ssent  en  plus 
grand  nombre.  La  durée  de  la  vie  de 
ces  insectes  est  très-courte.  Comme  ils 
aiment  beaucoup  la  chaleur  ,  ils  sont 
engourdis  et  tués  par  les  premiers  froids. 


Î>E  s     OESTRES.  lOf 

ORDRE  SEPTIÈME. 
LES     DIPTÈRES. 


C  X  C  I  P    G  E  N  R  E. 
O  E  &  T  R  K 

Caractères  génériques.  Antennes  comtes  , 
sétacées  ,  premier  article  gros  et  globu- 
leux- —  Trompe  très-courte ,  rétractible  , 
sétacée  ,_  cachée  entre  deux  espèces  de 
lèvres  vésiculeuses.  —  Suçoir  composé  de 
trois  soies  membraneuses  ,  flexibles  , 
courtes  ,  prescjue  égales  ,  appliçLuces  sur 
la  trompe» 

Ij  es  deux  caractères  principaux  qui  dis- 
lingiient  les  oestres  des  autres  insectes 
de  cet  ordre,  sont  des  antennes  tTcs- 
ct)iirtes  et  très^d'éliëes,  et  la  boucliequi 
îVest  poiiit  apparente  ^  car  on  n'apper- 


102        HISTOIRE    N\TURELLE 
çoit,  dans  l'endroit  où  elle  est  ordi- 
nairement placée,  que  trois  petits  points 
enfoncés. 

La  tête  est  arrondie  antérieurement , 
presque  aussi  large  que  le  corselet,  mu- 
nie de  deux  yeux  à  réseau  assez  grands , 
de  forme  ovale,  et  de  trois  petits  yeux 
lisses  ;  les  antennes  placées  vers  le  mi- 
lieu de  la  partie  antérieure  de  la  tête, 
sont  composées  de  deux  articles,  dont 
le  premier  est  gros ,  en  forme  de  tuber- 
cule -,  le  second  mince  et  sétacé,  sort  du 
milieu  du  premier  •,  la  trompe  est  très- 
courte  ,  rétractiblej  les  trois  soies  qui  for- 
mentle  suçoir,  sont  appliquées  dessus. 

Le  corselet  est  assez  gros,  renflé; 
l'abdomen  de  forme  oblongue,  un  peu 
convexe  en  dessus. 

Les  ailes  sont  de  la  longueur  de  l'ab- 
domen, sur  lequel  elles  sont  couchées  ; 
dans  quelques  individus  ,  elles  en  sont 
un  peu  écartées  j  les  balanciers  qui  se 
trouvent  placés  au-dessous  de  l'origine 
des  ailes,  sont  assez  saillaus. 


DES     OESTRE  S.  lo5 

Les  pattes  sont  de  longueur  moyen- 
ne ;  le  dernier  article  des  tarses  est  ter- 
miné par  deux  crochets  assez  grands  et 
écartés  ;  entre  ces  crochets  sont  deux 
parties  vésiculeuses. 

Ces  insectes  ressemblent  à  une  grosse- 
mouche  ;  leur  corps  gros  et  court ,  est 
plus  ou  moins  velu  :  ils  vivent  peu  de 
temps  sous  leur  dernière  forme  ;  aussi 
ne  tardent-ils  pas  à  s'accoupler  et  à  dé- 
poser leurs  ceufs.  C'est  sous  la  peau  des 
bêtes  à  cornes ,  dans  le  fondement  des 
chevaux,  dans  le  nez  des  moutons,  que 
les  femelles  des  différentes  espèces  les 
placent  :  on  trouve  aussi  des  larves  de 
ces  insectes ,  dans  la  tête  des  cerfs,  près 
de  la  racine  de  la  langue ,  dans  des  es- 
pèces de  bourses  placées  au  fond,  du  pa- 
lais de  ces  animaux.  L'instrument  que 
la  nature  a  donné  à  la  femelle  de  l'oes- 
tre, pour  percer  le  cuir  épais  d'un 
grand  animal,  au-dessous  duquel  la  lar^ 
ve  vit  et  croît ,  est  placé  à  l'extrémité 
de  son  abdomen,  où  de  longs  poils  1®^ 


lo^t  HTSTOTRE  NATURELLE 
cacliont  en  partie.  C'est  une  espèce  de 
cylindre,  d'un  bniii  noir  luisant,  qui 
paroît  écaillcux.  La  loupe  fait  voir  que 
cette  partie  est  une  sorte  de  tarière  très- 
composée  ,  qui  peut  s'alongcr  autant 
qu'il  est  nécessaire  pour  porter  les 
œufs  dans  les  cliairs  qui  se  trouvent  au- 
dessous  du  cuir  épais  des  bœuis  :  elle  est 
composée  de  quatre  tuyaux,  qui  ren- 
trent les  uns  dans  les  autres  ;  le  dernier^ 
qui  est  le  plus  court  et  le  plus  mince, 
vu  en  dessous,  c'est-à-dire  du  côté  du- 
ventre,  paroît  terminé  par  cinq  petits 
boutons  qui  sont  les  bouts  de  cinq  dif- 
férentes parties  écailleuses.  Deux  de  ces 
parties  sont  d'égale  longueur  et  placées 
de  chaque  côté;  les  trois  autres  sont 
derrière  celles-ci,  et  disposées  en  fleurs 
d-e  lys  ;  ces  dernières  sont  destinées  à 
préparer  le  logement  des  œufs-.  Cliac une 
d'elles  est  an-  crochet,  dont  on  n'ap- 
pei'çoit  que  îe  coude ,  parce  que  la  poin-- 
te  est  recourbée  en  dessous  ;  ces  trois 
ÊTOchetssout  les  seules  parties  qui  agis- 


sent  sur  la  peau;  leurs  pointes  réunies, 
forment  une  cavité  semblable  à  celle 
d'une  tarière  qui  se  termine  en  cuiller. 
Il  paroît  que  les  piqûres  de  ces  insectes- 
ne  sont  pas  communément  bien  dou- 
loureuses; mais  cependant  il  peut  y 
avoir  des  circonstances  où  elles  le  sont 
beaucoup-,  c'est ^  par  exemple,  lorsque 
des  filets  de  nerfs  viennent  à  être  dé- 
chirés; alors  la  bête  à  cornes  fait  des 
sauts,  se  met  ensuite  à  courir  avec  une 
telle  vitesse  que  rien  ne  peut  l'arrêter, 
et  finit  par  entrer  dans  une  espèce  de 
fureur.  Réaumur,  qui  a  ouvert  des  fe- 
melles d'oestres  ,  a  trouvé  leur  corps 
rempli  d'un  si  grande  quantité  d'œufs, 
que,  selon  cet  Observateur,  une  seule 
femelle  peut  suifire  à  faire  venir  des 
bosses  sur  tous  les  bestiaux  d'un  assez 
grand  canton.  Chaque  femelle  fait  au 
même  animal  un  nombre  considérable 
de  petites  plaies  dont  chacune  est  le 
nid  d'un  œuf,  et  c'est-là  qu'il  doit  être 
CQuvé  par  la  ohaletu'  de  l'animal.  Des 


loG       HISTOIRE   NATURELLE 
que  la  larve  est  sortie  de  TceLif,  elle  est 
loge'e  dans  un  lieu  où  elle  trouve  des 
alimens  en  abondance,  et  où  elle  est  à 
l'abri  des  injures  de  l'air. 

Ces  larves  ont  le  corps  applati  en 
dessus ,  convexe  en  dessous ,  plus  gros  à 
l'extrémité  postérieure  qu'à  la  partie 
antérieure  ;  divisé  eu  onze  anneaux, 
dont  le  huitième  est  plus  renflé  que  les 
autres  :  elles  sont  dépourvues  de  pattes  -, 
la  peau  à  la  vue  simple,  paroît  fine- 
ment chagrinée  ;  mais  la  loupe  y  fait 
découvrir  des  épines  plattes ,  triangu- 
laires ;  le  dessous  du  corps  est  plus  gar- 
ni de  ces  épines   que  le  dessus  j  celles 
qui  sont  placées  sur  la  partie  antérieure 
de  chaque  anneau  ont  leur  pointe  diri- 
gée en  arrière ,  et  celles  de  la  partie  pos- 
térieure l'ont  dirigée  en  avant  ;  à  l'excep- 
tion du  dixième  et  onzième  anneaux, 
tout  le  dessous  du  corps  est  armé  d'épi- 
nes de  cette  sorte  ;  le  dos  n'en  a  de  sem- 
blables et  disposées  de  même  que  sur 
les  trois  premiers  anneaux.  La  laive  se 


DES     OESTRES.  lOJ 

sert  de  ces  épines,  comme  de  pattes 
pour  se  fixer  et  changer  de  place ,  en  les 
appuyant  contre  les  parois  de  la  cavité 
qu'elle  habite.  Ces  épines  peuvent  aussi 
par  leur  frottement  irriter  l'intérieur 
de  la  plaie,  y  causer  un  épanchement 
de  suc,  et  une  suppuration  nécessaire 
à  la  larve.  La  bouche  diffère  un  peu  de 
celle  des  autres  larves  de  cet  ordre  :  elle 
n'est  qu'une  cavité  dont  la  moitié  jjos- 
lérieure  est  environnée  de  quatre  ma- 
melons charnus  très-mousses;  à  l'en- 
droit où  sont  ordinairement  placées  les 
mandibules  ,  on  y  apperçoit  deux  pe- 
tits boutons  écailleux  ,  d'un  brun  noi- 
râtre; à  côté  de  chacun  d'eux  est  un 
petit  mamelon  charnu  ;  une  portion 
d'anneau  garnie  d'épines ,  y  forme  com- 
me une  lèvre  supérieure;  l'extrémité 
du  corps  est  souvent  terminée  par  un 
plan  circulaire ,  divisé  en  deux  parties 
inégales, dans  la  plus  grande  partie  qui 
est  plus  proche  du  dos .  son  t  deux  grands 
stigmates  analogues  à  ceux  à&s  autros 


To8  HISTOIRE  NATURELLE 
larves.  Deux  pièces  brunes,  cornées, 
en  relief,  en  forme  de  croissant ,  entou- 
rent chacune  l'un  ^e  ces  stigmates  ; 
outre  ceux-ci,  dans  la  partie  la  plus 
près  du  ventre,  sont  encore  huit  autres 
stigmates,  plus  petits,  rangés  sur  une 
même  lignej  au-dessus  se  trouvent  quel- 
ques petits  trous  ,  et  un  peu  plus  loin 
des  cliairs  relevées  et  froncées  comme 
joour  boucher  une  ouverture  qui  est 
celle  de  l'anus.  Selon  Réaumur,  ces  pe- 
tits stigmates  sont  destinés  à  donner 
passage  à  l'air  qui  sort  du  corps  et  les 
grands  à  lui  donner  entrée. 

Les  endroits  du  corps  des  animaux 
où  ces  larves  habitent ,  sont  très-mar- 
qués en  de  certains  temps ,  et  très-aisés 
à  reconnoître  ;  au-dessus  de  cliaque 
larve ,  est  une  élévation  ou  tumeur , 
semblable  à  une  bosse  ;  chaque  bosse  a 
intérieurement  une  cavité  qui  croît  à 
mesure  que  la  larve  grandit:  ce  n'est  que 
vers  le  milieu  de  mai  qu'on  voit  des 
bosses  dans  toute  leur  grosseur  ;  les  plus 


DES     OESTRES,  lOf) 

grosses  ont  environ  seize  à  dix -sept  li- 
gnes de  diamètre  à  leur  base,  et  s'élè- 
vent d'un  pouce  ou  davantage  ;  à  peine 
sont-elles  sensibles  avant  l'iiiver.  C'est 
ordinairement  sur  les  jeunes  vaclies  et 
les  jeunes  boeufs ,  qu'on  trouve  le  plus  de 
ces  bosses  :  il  est  rare  d'en  voir  sur  de 
vieux  animaux  de  cette  espèce.  Quel- 
ques vaches  n'en  ont  que  trois  ou  quatre, 
d'autres  en  ont  trente  à  quarante  :  elles 
ne  sont  pas  toujours  placées  dans  les  mê- 
mes endroits  ;  assez  ordinairement  il  y 
en  a  près  de  l'épine  du  dos  ;  mais  il  y  en  a 
de  placées  près  des  cuisses  et  des  épau- 
les ,  même  sur  ces  dernières;  les  unes 
sont  isolées ,  les  autres  si  rapprochées 
qu'elles  se  touchent.  Les  bêtes  à  cornes 
de  tous  les  pays  ne  sont  pas  sujettes  à 
avoir  de  ces  bosses  :  on  n'en  trouve  point 
à  celles  qui  vivent  dans  les  plaines ,  et 
on  en  trouve  ordinairement  à  celles 
qui  vivent  dans  les  pays  de  bois. 

La  larve  prend  son   accroissement 
dans  cette  tumeur,  et  ïï^qïi  sort  que 
Insectes-  IX.  zp 


110  HISTOIRE  NATURELLE, 
pour  subir  ses  métamorphoses.  La  tu- 
meur d'où  la  larve  est  prête  à  sortir  ,  a 
un  trou  assez  grand  jDour  se  faire  remar- 
quer ;  ce  trou ,  par  oiî  l'oeuf  a  été  in- 
troduit ,  n'a  jamais  été  fermé ,  il  s'est 
même  agrandi ,  à  mesiu'e  que  la  tu- 
meiu^  a  crû  ;  ces  trous  sont  rarement 
placés  au  sommet  de  la  bosse ,  et  assez 
souvent  très-près  de  sa  circonférence.  Il 
est  bien  essentiel  à  la  larve  que  ce  trou 
reste  toujours  ouvert  ;  car  c'est  par  là 
-qu'elle  conserve  une  communication 
avec  l'air  qu'elle  a  besoin  de  respirer  ; 
la  larve  est  toujours  placée  dans  la  posi- 
tion la  plus  favorable  pour  recevoir 
l'air;  comme  ses  stigmates  sont  placés  à 
sa  partie  postérieure,  elle  a  toujours  le 
derrière  en  baut,  vis-à-vis  du  trou,  et 
souvent  de  niveau  avec  le  bord  inté- 
rieur de  cette  ouverture. 

La  larve  de  la  tumeur  d'un  animal, 
est  une  larve  d'une  galle  animale  ;  nous 
n'avons  pas  autant  d'exemples  de  galles 
de  ce  geiu^e ,  que  nous  en  avons  de  gai- 


DES     OESTRES.  l\i 

les  végétales.  En  décrivant  les  surpre- 
nantes variétés  que  ces  dernières  offient, 
nous  n'avons  point  vu  qu'il  fut  essen- 
tiel aux  larves  qui  les  habitent,  de  se 
conserver  une  communication  avec 
l'air  extérieur  ;  mais  les  ouvertures  par 
lesquelles  l'air  parvient  à  l'habitant  de 
la  galle  ligneuse ,  n'en  sont  pas  moins 
réelles,  quoique  leur  petitesse  les  dé- 
robe à  notre  vue.  L'usage  du  trou  de 
nos  galles  animales  ,  n'est  pas  seule- 
ment de  donner  entrée  à  l'air  :  il  a  un 
autre  usage ,  au  moins  aussi  important  ; 
on  peut  s'en  assurer  en  considérant  l'in- 
térieur de  la  cavité  ou  le  logement  delà 
larve ,  dont  la  capacilé  est  telle ,  qu'elle 
peut  s'y  retourner.  On  doit  s'attendre  à 
trouver  cette  habi tation  très-dégoûtan- 
te ;  on  ne  peut  en  donner  une  idée  sans  en 
rappeler  de  désagréables.  Chaque  larve 
est  dans  une  plaie  considérable ,  où  il  se 
doit  faire  une  suppuration  j  une  partie 
de  la  cavité  ne  peut  donc  manquer  d'être 
remplie  de  pus  :  si  celui  qui  s'y  forme 


112       HISTOIRE    NATURELLE 

journellement  n'avoit  point  d'issue  ,  la 
tumeur  devienclroit  un  abcès  dans  le- 
quel la  larve  përiroit  ;  mais  le  trou  de 
la  bosse  qui  donne  entre'e  a  l'air  ,  per- 
met au  pus  de  sortir.  Cette  matière  oc- 
cupe le  fond  de  la  cavité  ,  et  c'est  aussi 
au  fond  de  la  cavité  que  la  larve  qui  a 
été  destinée  par  la  nature  à  croître  dans 
un  endroit  oii  se  trouve  la  plus  dé- 
goûtante de  toutes  les  matières,  a  sa 
tête  :  elle  y  est  donc  continuellement, 
ou  presque  continuellement  dans  le 
pus  ;  mais  malgré  tout  ce  que  notre  ima- 
gination nous  en  peut  dire  ,  la  tête  de 
la  larve  est  plongée  dans  une  espèce  de 
lait  ou  de  chyle  plus  animal  et  plus  pré- 
paré que  le  lait  et  le  chyle  ordinaire; 
car  ce  pus  n'est  autre  chose  que  des  ma- 
tières animales,  et  sur-tout  des  chairs 
bien  dissoutes,  et  pour  ainsi  dire  bien 
digérées  et  mêlées  avec  ce  qui  s'échappe 
des  vaisseaux  ouverts.  Cette  matière 
paroît  être  l'unique  aliment  accordé  à 
la  larve  ;  car  d'après  la  conformatiou 


ipr 


DES     O  E  S  T  P..  Ti  S.  Il3 

de  sa  bouche,  il  n'y  a  pas  d'apparence 
qu'elle  vive  de  chair,  puisqu'elle   est 
dépourvue  de  mandibules  ,  qui  sont  les 
parties  qui  servent  à  la  dépecer,  et  elle 
ne  semble  propre  qu'à  recevoir  la  li- 
queur dont  elle  est  toujours  environ- 
née. Deux  ou  trois  jours  avant  de  quit- 
ter son  habitation ,  la  larve  en  agrandit 
l'ouverture    avec   l'extrémité     posté- 
rieure de  son  corps ,  ensuite  elle  en  sort 
à  reculons  ,  roule  sur  le  corps  de  l'ani- 
mal, et  tombe  à  terre  ;  peu  après  elle  se 
traîne  en  avant,  et  cherche  un  endroit 
où  elle  puisse  subir  ses  métamorphoses. 
C'est  ordinairement  dans  le  gazon ,  sous 
une  pierre,  qu'elle  se  retire  ,  et  elle  y 
reste  parfaitement  tranquille.  Sa  peau 
qui  est  molle ,  et  qui  doit  devenir  la 
coque  sous  laquelle  toutes  ses  mélamor- 
phoses  s'accompliront,  prend  peu  à  peu 
de  la  consistance  ,  au  bout  de  vingt- 
quatre  heures  elle  résiste  à  une  légère 
pression  ,  et  au  bout  de  deux  jours  clic 
est  Cil  état  d'eu  soutenir- une  assez  forte. 


Il4       HISTOIRE    NATURELLE 

Pendant  que  la  peau  se  durcit,  les  an» 
neaux  du  corps  s'efFacent  peu  à  peu,  et 
la  peau  qui  étoit  d'un  gns  foncé,  de- 
vient noire;  alors  l'insecte  s'en  est  de'ta- 
clié  en  entier  ou  en  grande  partie  :  elle 
est  devenue  pour  lui  une  coque  très-so- 
lide, d'où  il  ne  sortira  que  sous  sa  der- 
nière forme.  L'épaisseur  de  celte  coque, 
selon  Réaumur,  égale  celle  du  maroquin. 
Pour  en  sortir ,  l'insecte  parfait ,  après 
avoir  quitté  sa  dépouille  de  nymplie,  eu 
détache  une  pièce  triangulaire,  qui  se 
trouve  à  sa  partie  antérieure  et  supé- 
rieure ,  et  dont  les  bords  tiennent  foi- 
blement  au  reste. 

Ces  larves,  comme  nous  l'avons  dit,, 
ne  croissent  pas  seulement  dans  les  tu- 
meurs des  bœufs  et  des  vaches.  Redi  a 
parlé  des  larves  de  même  espèce  qui  vi- 
vent dans  des  tumeurs  de  cerfs.  Vallis- 
nieri  croit  que  les  daims  et  les  cha- 
meaux sont  sujets  à  avoir  de  ces  bosses, 
et  que  les  chevaux  en  ont  quelquefois. 
Selon  Linnée,  les  rennes  nourrissent 


DES     OESTRES.  Il5 

aussi  sous  leur  peau  des  larves  du  môme 
genre. 

La  larve  de  l'oestre  du  clieval  naît  et 
prend  son  accroissement  dans  ses  intes- 
tins; c'est  en  été  et  au  commencement 
de  l'automne  qvie  la  femelle  clierclie  à 
s'introduire  dans  le  fondement  des  che- 
vaux, pour  y  déposer  ses  œufs.  L«es  lar- 
ves pénètrent  quelquefois  jusque  dans 
l'estomac  de  cet  animal.  Cette  larve,  et 
celle  qui  vit  dans  le  nez  des  moutons, 
diiTèrent  un  pende  celle  des  tumeurs  du 
bœuf;  elles  sont  verdà  très  ou  jaunâtres 
lorsqu'elles  sont  jeunes, et  brunissent  en 
vieillissant  ;  leur  bouche  est  y.emblable 
à  celle  de  ]a  larve  de  l'oestre  du  bœuf^ 
mais  elle  a  de  plus  deux  crochets  écail- 
leux,  qui  leur  servent  à  se  cramponner 
dans  l'intesliii,  ou  dans  la  cavité  du 
nez,  et  à  empêcher  qu'elles  ne  soient 
poussées  en  dehors  par  les  matières  qui 
passentdans  ces  endroits,  etparlc  mou. 
vement  péristaltique  des  intestins.  Ou- 
tre ces  crochets ,  les  onze  aii^ieaux  d» 


Il6  HISTOIRE  NATURKLLE 
leur  corps  sont  bordés  de  pointes  trian- 
gulaires, dont  l'angle  aigu  est  tourne' 
vers  le  derrière  de  la  larve  ;  de  sorte  que 
par  la  disposition  de  ces  épines ,  elle  peut 
avancer  dans  la  cavité  où  elle  vit,  mais 
ne  peut  reculer.  Les  stigmates  posté- 
rieurs de  ces  larves  sont  enfermés  dans 
une  espèce  de  bourse ,  qui  s'ouvre  de 
temps  en  temps,  et  laisse  voir  une  ca- 
vité assez  profonde,  dans  le  fond  de  la- 
quelle on  découvre  six  sillons,  qui  sont 
les  véritables  ouvertures  des  stigmates. 
L'usage  de  cette  bourse  est  de  mettre  à 
converties  stigmates,  et  d'empêcher  que 
leurs  ouvertures  ne  soient  bouchées  par 
les  excrémens  ou  autre  matière  vis- 
queuse. 

Pour  se  transformer ,  ces  larves  sor- 
tent de  l'endroit  qu'elles  habitent,  tom- 
bent à  terre  et  cherchent  une  retraite 
pour  subir  leurs  métamorphoses ,  qui 
sont  les  mêmes,  et  ont  lieu  de  la  même 
manière  que  celles  des  larves  des  tumeurs 
des  boeuf».  Toutes  le?  larves  d'oestres  ; 


DES     OESTRES.  11/ 

avantde  passer  à  l'état  de  nj^mphe,  pren- 
nent une  forme  ovale;  leur  peau  se  dur- 
cit, et  leur  sert  de  coque.  Elles  restent 
un  mois,  ou  plus,  sous  la  figure  de  nym- 
phe ,  et  deviennent  ensuite  insecte  par- 
fait. 

Des  observations  de  plusieurs  années 
ont  fait  voir  à  Réaumur  que  les  che- 
vaux qui  nourrissent  de  ces  larves,  ne  se 
portent  pas  moins  bien  que  ceux  qui 
n'en  sont  pas  attaqués  \  mais  Vallisnieri 
leur  a  attribué  la  cause  d'une  maladie 
épidémique,  qui  fit  périr  beaucoup  de 
chevaux  dans  le  Véronnois  et  le  Man- 
touan  en  lyiJ.  Le  docteur  Gaspari 
ayant  disséqué  quelques  jumcns  mortes 
de  cette  maladie ,  a  trouvé  dans  leur  es- 
tomac une  si  grande  quantité  de  ces  lar- 
ves, que  pour  en  donner  quelque  idée  , 
il  compare  le  nombre  de  celles  qu'il  y 
a  vues,  à  celui  des  grains  d'une  grenade 
ouverte.  Chaque  larve  s'étoit  fait  une 
espèce  de  cellule,  en  rongeant  la  mem- 
brane de  l'estomac.  Dans  la  cavité  oc- 


Il8  HTSTOIRE  NATURELLE 
cupée  par  chacune  d'elles  ,  on  pouvoit 
facilement  loger  un  grain  de  blé  de 
Turquie.  Les  membranes  extérieures 
étoient  enflamme'es,  et  les  intérieures 
ulcérées.  Il  a  trouvé  très-peu  de  ces  lar- 
ves dans  les  intestins  grêles,  et  quel- 
ques-unes seulement  dans  les  gros  in- 
testins ,  auxquels  elles  s'étoient  accro- 
cliées  sans  les  avoir  rongés.  Au  reste  , 
peu  de  femelles  suffiroient  pour  peupler 
l'intérieur  des  clievaux,  si  elles  y  dépo» 
soient  tous  leurs  œufs ,  et  que  tous  y 
vinssent  à  bien;  car  Vallisnieri  en  a 
compté  plus  de  sept  cents  dans  le  corps 
d'une  seule  femelle. 

Le  nom  d'oestre  a  été  donné  à  ces 
insectes,  à  cause  de  l'agitation  extrême 
ou  espèce  de  fureur  qu'ils  causent  aux 
grands  animaux,  lorsqu'ils  veulent  s'in- 
troduire dans  leur  nez  ou  leur  fonde- 
ment. On  en  a  décrit  liuit  espèces ,  dont 
sept  habitent  l'Europe,  la  huitième  se 
trouve  à  la  Caroline. 


Des    oestres.        119 

L'Oeslre  des  bêtes  à  cornes  , 
Oestrus  buccatus. 

Cet  insecte  est  le  plus  grand  de  ceux 
de  ce  genre.  La  tête  est  grise  ,  avec 
quelques  points  noirs  brillans  ;  le  corse- 
let gris,  avec  les  côtés  pâles;  l'abdomen 
gris^  avec  des  bandes  transversales  blan- 
ches, et  quelques  points  noirs;  les  ailes 
et  les  balanciers  sont  bruns. 

On  le  trouve  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale, sur  difiPérens  animaux.  Le 
cit.  Bosc  en  a  trouvé  deux  individus  sur 
un  lièvre. 

L'Oestre  des  Bœufs  ,   Oestrus 
Bopis, 

Il  est  delà  grandeur  d'une  grosse  mou- 
clie  :  les  yeux  sont  noirs  ;  le  corselet  est 
jaune,  avec  une  bande  transversale  noire 
sur  le  milieu ,  et  quelques  poils  noirs  et 
fauves  au  milieu  du  bord  postérieur  ; 
l'abdonien  est  fauve ,  avec  le  dernier  an- 


ÏÛO  HISTOIRE  NATURELLE 
îieau  et  les  bords  des  autres  noirs  ;  il  est 
ierminé  par  une  espèce  de  queue  re- 
courbée en  dessous.  Les  ailes  sont  blan- 
ches, avec  une  large  bande  transversale 
brune  sur  le  milieu  ,  et  trois  petits 
points  vers  l'extrémité  ;  les  balanciers 
sont  blancs  ;  les  pattes  pâles. 

On  le  trouve  en  Europe.  La  femelle 
dépose  ses  œufs  sous  le  cuir  des  bœufs, 
Voy.  Génér.  de  ce  genre. 

L'Oestre  des  Veaux  ,   Oestrus 
Vituli, 

Il  a  environ  sept  lignes  de  longueur  \ 
les  antennes  sont  testacées  ;  la  partie  an- 
térieure de  la  tête  est  couverte  de  poils 
blancs ,  et  la  supérieure  de  poils  testa- 
cés  ;  les  yeux  sont  bruns.  Le  corselet  est 
velu  ,  de  couleur  fauve,  avec  quelques 
poils  cendrés  sur  les  côtés ,  et  une  large 
bande  transversale  brune  sur  le  milieu  ; 
les  ailes  sont  blanches ,  avec  une  large 
bande  obscure  sur  le  milieu ,  et  quelques 


Tom  .IJr. 


J'qt/ .  Juo . 


/iara/KuiJ  Je{ . 


Jf  TarJù'u    ifcufy' 


1.  Oert.  des    veaTix  . 


3  .  Tatan.  miicoi'iie 
4' .  T  al)  ail  .  11  OU'  . 


DES     OESTRES.  121 

points  de  la  même  couleur  à  l'extrémi- 
té; Tabdomen,  les  balanciers  et  les  pat- 
tes sont  de  couleur  ferrugineuse  sans 
taches. 

On  le  trouve  dans  prescjue  toute  l'Eur- 
rope. 

L'Oestre  du  nez  des  Moutons  , 
Oestrus  Opis, 

Il  a  cinq  lignes  de  longueur  :  il  est  de 
couleur  grise,  couvert  de  petites  taches 
noires  et  de  petits  tubercules  de  même 
couleur,  qui  le  font  paroîtrc  chagriné; 
son  corps  est  peu  velu  ;  la  partie  anté- 
rieure de  sa  tête  est  d'un  jaune  pâle;  ses 
ailes  ont  des  lignes  longitudinales  noi- 
res, depuis  leur  origine  jusque  vers  l'ex- 
trémité ,  où  est  une  ligne  transver- 
sale de  même  couleur  ;  ses  pattes  sont 
brunes. 

On  le  trouve  en  Europe.  Sa  larve  ha- 
bite dans  les  siaius  frontaux  du  nez  des 
moutons. 

Insectes.  IX.  xx 


122      HISTOIRE    NATURELLE 

L'Oestre  du  fondement  des  Che- 
vaux 5  Oestrus  Equi, 

Il  est  de  la  grandeur  du  pre'ce'dent, 
très- velu  :  le  premier  article  des  anten- 
nes est  brun  ,  globuleux  ;  le  corselet  est 
noir,  peu  velu  sur  le  milieu,  avec  des 
poils  jaunâtres  sur  les  côtés  ;  l'abdomen 
est  noir ,  couvert  de  poils  jaunâtres  à 
son  origine,  et  de  poils  d'un  jaune  fon- 
cé à  l'extrémité;  le  milieu  est  lisse.  Les 
ailes  ont  une  teinte  brune  ;  les  pattes 
sont  jaunâtres ,  la  femelle  a  le  corps  plus 
alongé  et  moins  velu  que  celui  du  mâle  j 
ses  ailes  sont  aussi  d'un  brun  plus  foncé. 

On  le  trouve  en  Europe.  La  larve  vit 
dans  les  intestins  des  chevaux.  Voyez 
Génér.  de  ce  ^<ix\xQ, 


DES     TAONS.  123 

CXCIir    GENRE. 

TAON. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes, 
rapprochées ,  composées  de  sept  articles, 
dont  le  troisième  grand  ,  dilaté  ,  ayant 
une  espèce  de  dent  latérale ,  les  trois  der- 
niers courts  ,  peu  apparens  ,  terminés  en 
pointe. —  Trompe  courte, bilabiée,  can- 
nelée. —  Suçoir  divisé  en  sept  pièces  j 
quatre  supérieures,  larges,  applatîes  , 
contenant  trois  soies  dans  la  cannelure  de 
la  trompe.  —  Deux  antennules  grandes  , 
contournées  et  appuyées  sur  la  trompe. 

Les  taons,  qui  portent  en  latin  le 
nom  de  tabanus ,  ressemblent  à  de  gran- 
des mouches  j  ils  sont  connus  parle  tour- 
ment qu'ils  causent  fux  chevaux  et 
aux  bœufs ,  en  leur  suçant  le  sang  con- 
tinuellement ,  et  avec  le  plus  grand 
acharnement,  pendant  l'ëtë  ;  c'est  ordi- 
nairement an  commencement  de  cette 
saison  qu'ils  commencent  à  paroître. 


124       HISTOIRE    NATURELLE 

Les  antennes  sont  subnlëes,  de  la  lon- 
gueur de  la  tête;  le  troisième  article  est 
grand,  dilaté  ;  les  suivans  sont  peu  dis- 
tincts :  elles  sont  terminées  en  pointe, 
et  insérées  à  la  partie  antérieure  de  la 
tête ,  très-rapprochées  à  leur  base. 

La  tête  est  beaucoup  plus  large  que 
longue  ;  arrondie  antérieurement ,  ap- 
platie ,  et  un  peu  concave  postérieure- 
ment :  elle  tient  au  corselet  par  un  col 
court  et  mince.  Les  deux  yeux  à  réseau , 
sont  très-grands ,  ils  couvrent  presque 
tout  le  devant  et  les  côtés  de  la  tête,  et 
ne  laissent  entre  eux ,  dans  la  femelle , 
qu'un  très  petit  espace  ;  mais  dans  le 
mâle,  ils  l'occupent  toute  entière  ,  et  se 
touchent  par  leurs  bords  intérieurs; 
dans  l'insecte  vivaut,  ils  sont  colorés 
par  bandes  ou  tachetés  ;  mais  après  sa 
mort,  ils  sont  d'un  brun  obscur.  Sur  le 
derrière  de  la  tête ,  sont  trois  petits  yeux 
lisses. 

La  trompe ,  qui  est  presque  perpen- 
diculaire au  plan  de  position,  est  à  dé- 


DES     TAONS.  120 

couvert,  et  non  dans  une  cavité  de  la. 
tête,  comme  celles  des  mouches;  elle 
est  noire ,  charnue ,  composée  d'une  tig@ 
courte  et  de  deux  grosses  lèvres  j  en  des- 
sus ,  elle  a  une  coulisse ,  dans  laquelle  se 
trouve  placé  un  corps  pointu,  qui  est  le 
suçoir;  les  pièces  qui  le  composent  sont 
en  forme  de  lancette,  minces  et  pointues 
à  l'extrémité ,  ce  qui  les  rend  très-pro- 
pres à  percer  la  peau  des  chevaux  et 
d'autres  animaux  ;  elles  sont  presque 
cornées ,  et  se  trouvent  soutenues  dans 
la  coulisse  de  la  trompe  les  unes  par  \c,s 
autres.  Les  antennules  sont  coniques, 
avancée?,  plus  longues  que  la  tête,  com- 
posées de  deux  articles,  dont  le  premier 
est  court  et  mince  à  son  origine,  gros  à 
l'extrémité  :  le  second  est  renflé  à  la  ha- 
se , diminue  insensiblement  de  grosseur, 
et  se  termine  en  pointe  mousse.  Elles 
ont  leur  insertion  de  chaque  coté  de  la 
base  de  la  trompe,  et  la  recouvrent  en 
dessus. 

Le  corselet  est  grand ,  lisse ,  de  fonue 


12G       HISTOIRE   NATURELLE 

ovale.  L'ëcusson  est  airondi ,  distinct  ; 
l'abdomen  est  ovale ,  aloiigo  ,  divisé  en 
sept  anneaux. 

Les  ailes  sont  alongées,  plus  longues 
que  l'abdomen,  sur  lequel  elles  sont  cou- 
chées ;  dans  quelques  espèces ,  elles  ont 
des  taches  et  des  bandes  qui  les  rendent 
très-jolies.  Les  écailles  qui  se  trouvent 
au-dessous  de  l'origine  des  ailes  sont  de 
forme  ovale,  plates  et  rebordées  tout 
autour  ;  les  balanciers  sont  placés  sous 
ces  écailles. 

Les  pattes  sont  de  moj'-enne  longueur; 
les  tarses  terminés  par  deux  crochets, 
entre  lesquels  sont  trois  pelottcs. 

C'est  ordinairement  dans  les  prés  bas 
et  les  bois  humides  qu'on  trouve  les 
taons  en  abondance.  Ils  volent  en  plein 
jour  avec  rapidité  et  en  bourdonnant, 
sur-tout  quand  il  fait  très- chaud  et  que 
le  soleil  luit ,  on  les  voit  alors  poursui- 
vre les  chevaux  et  les  bœufs,  s'y  atta- 
cher et  leur  sucer  le  sang;  ils  attaquent 
aussi   quelquefois  les  hommes ,  mais 


DES     TAONS.  127 

plus  rarement.  On  a  observé  que  ceux  qui 
atLaquoient  les  chevaux  et  autres  ani- 
maux étoieut,  des  femelles  j  on  n'ajamais 
remarqué  aucun  mâle  parmi  elles.  On  a 
fait  la  même  observation  à  l'égard  des 
cousins ,  dont  jamais  les  mâles  ne  vien- 
nent nous  piquer.  On  trouve  souvent 
des  taons  mâles  sur  les  fleurs  desquelles 
ils  semblent  tirer  leur  nourriture  en  les 
suçant  avec  leur  trompe.  Vers  la  fin  du 
jour  ,  on  les  voit  voler  en  l'air  ,  et  faire 
plusieurs  tours  et  détoars  dans  mi  assez 
pptit  espace,  c'est  sans  doute  pour  in- 
viter les  femelles  à  se  rendre  auprès 
d'eux. 

Degéer  .  qui  le  premier  a  parlé  de  la 
larve  de  ces  insectes ,  a  observé  celle  du 
taon  des  boeufs.  Elle  vit  dans  la  terre , 
elle  est  sans  pattes,  d'un  blanc  jaunâtre; 
son  corps  est  cylindrique,  divisé  en 
douze  anneaux-,  la  partie  antérieure  se 
termine  en  pointe  conique  ;  la  tête  est 
écailleuse,  petite,  alongée ,  munie  de 
deux  petites  antennes  courtes  ;  d'anteu- 


128  HISTOIRE  NATURELLE 
nviles ,  et  de  deux  grands  crochets  mo- 
biles ,  écailleux  placés  eu  dessus  de  la 
tête,  et  recourbés  en  dessous.  Degéer 
croit  qu'ils  servent  à  la  larve  pour  creu- 
ser la  terre ,  dans  laquelle  elle  s'enfonce. 
Le  dernier  anneau  du  corps  est  en  for- 
me de  petit  tubercule  conique  et  mem- 
braneux ;  son  extrémité  estgarnie  d'une 
petitepiècealongée, relevée,  écailleuse, 
d'un  brun  jaunâtre,  placée  verticale- 
ment ,  à  laquelle  on  remarque  une  fente 
longitudinale,  qui  paroît  être  un  stig- 
mate. Endessousdupénultièmeanneau, 
près  de  celui  qui  le  précède ,  est  une  élé- 
vation charnue,  garnie  également  ad 
milieu  d'une  fente  longitudinale  que 
Degéer  croit  être  l'ouverture  de  l'anus. 
Sur  le  devant  du  quatrième,  cinquième 
et  des  anneaux  s nivans ,  jusqu'au  dixiè- 
me inclusivement,  est  une  espèce  de 
cordon  qui  fait  le  tour  du  corps  :  ces 
mêmes  anneaux  ont  encore  vers  les  cô 
tés  et  en  dessous ,  des  éminences  char- 
Hues  ;  eu  forme  de  tubercule ,  que  la 


DES    TAONS.  129 

ïarve  peut  retirer  dans  le  corps  et  faire 
sortir  à  volonté.  Pour  changer  de  place  , 
cette  larve, c[ui  n'a  point  de  pattes^donne 
des  mouvemens  vermiculaires  à  ses  an- 
neaux ,  et  fait  en  même  temps  usage  des 
crochets  de  sa  lête  et  des  tubercules  char- 
nus de  ses  anneaux  qui  lui  servent  de 
pattes.  C'est  dans  la  terre  qu^ellesechan- 
ge  en  une  nymphe  de  forme  cylindrique, 
dontle  ventre  est  divisé  en  huit  anneaux; 
au  bord  postérieur  de  chacun  de  ces  an- 
neaux est  une  frange  de  longs  poils  gris; 
le  dernier  est  armé  à  son  extrémité  de  six 
pointes  dures  et  écailleuses,  qui  semblent 
servir  à  la  n3'mphe  pour  la  pousser  en 
dehors  de  la  terre.  Environ  un  mois  après 
que  la  larve  a  change  déforme,  l'insecte 
parfait  sort  de  la  dépouille  de  nymphe 
par  une  ouverture  longitudinale ,  qui  se 
fait  dans  toute  la  longueur  du  dessus  du 
corselet ,  et  une  semblable  de  chaque 
côté  de  la  tête. 

On  connoît  environ  cinquante  espè- 
ces de  taon  :  une  vingtaine  se  trouve  en 


l3o       HISTOIRE    NATURELLE 
Europe ,  les  autres  en  Afrique ,  en  Amé- 
rique et  en  Chine. 

Le  Taon  des  Bœufs  _,  Tahanus 
JBovinus» 

Il  a  environ  onze  lignes  de  longueur  : 
la  tête  est  d'un  blanc  grisâtre ,  avec  les 
yeux  bruns  j  le  corselet  est  d'un  brun 
noirâtre  avec  cinq  lignes  longitudinales 
grises  en  dessus  ;  le  dessous  et  les  côtés 
sont  couverts  de  poils  courts  et  blan- 
ckàtres  5  l'abdomen  est  de  la  couleur  du 
corselet,  avec  un  peu  de  jaune  sous  les 
ailes,  et  trois  taches  triangulaires  blan- 
châtres sur  chaque  anneau  ;  ses  bords 
latéraux  sont  aigus  et  blanchâtres  ;  les 
ailes  sont  transparentes  ,  veinées  de 
brun  ;  les  pattes  sont  d'un  brun  noirâ- 
tre ,  avec  une  grande  tache  jaunâtre  sur 
chaque  jambe. 

On  le  trouve  en  Europe  pendant 
l'été  :  il  incommode  beaucoup  les  boeufs 
et  les  chevaux. 


DES     TAONS.  l3l 

Le  Taon  Morio  ,  Tahanus  Morio. 

Il  est  de  la  grandeur  du  précédent , 
entièrement  noir  ,  lisse  ,  à  l'exception 
de  quelques  poils  courts  de  chaque  côte 
du  corselet;  la  dent  latérale  du  troisiè- 
me article  des  antennes  est  très-grande  ; 
les  ailes  ont  une  teinte  brune  ;  les  pat- 
tes sont  de  la  couleur  du  corps. 

On  le  trouve  en  Europe  ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  en  Barbarie. 

Le  Taon  d'automne  _,  Tahanus 
autumnalis. 

Il  a  environ  sept  lignes  de  longueur  : 
la  tête  est  grise;  les  yeux  sont  brunit 
dans  l'insecte  mort;  le  corselet  est  gris 
en  dessoiis  et  sur  les  côtés  ,  brun  en 
dessus ,  avec  cinq  lignes  longitudinales 
et  quelques  poils  blanchâtres  sur  cha- 
que côté  ;  l'abdomen  est  brun  en  des- 
sus ,  avec  une  tache  triangulaire  sur  le 
milieu  de  chaque  anneau^  et  une  pe- 


l32  HISTOIRE  NATURELLE 
tite  arrondie  de  même  couleur  vers  les 
côtés ,  le  dessous  est  blanchâtre  ;  les 
ailes  sont  transparentes  ,  veinées  dç 
brun  -,  les  pattes  grises,  avec  une  grandç 
tache  jaunâtre  à  la  base  des  jambes. 


Le  Taon  ardent,  Tahanus  calens. 


Il  est  plus  grand  que  le  taon  des 
bœufs  :  la  tête  est  jaune  j  les  yeux  sont 
verdâtres  -,  les  antennes  de  couleur 
rousse  ;  le  corselet  est  d'un  brun  roujj;  5 
récussonestfauve,avecune  tache  noiji't; 
l'abdomen  est  d'un  brun  obscur ,  n^jL- 
râtre ,  avec  une  ligne  grise  à  l'extr«i- 
mité  de  chaque  anneau  -,  les  ailes  sont 
jaunâtres  ,  avec  les  nervures  fauves  ; 
les  pattes  et  les  antennules  sont  de  mêmQ 
couleur  que  les  antennes  j  la  trompe  e^t 
noire. 

On  le  trouve  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale. 


DES     TAONS.  l33 

Le  Taon  albipède  ,  Tahanus 
alhlpes. 

Il  a  environ  un  pouce  de  longueur  : 
la  tête  est  noire  ;  les  yeux  sont  bruns  ; 
le  corselet  est  noir  ,  couvert  en  dessus 
et  sur  les  côtés  de  poils  fauves  -,  l'ab- 
domen est  lisse  en  dessus  et  en  dessous , 
d'un  brun  noirâtre,  avec  quelques  poils 
fauves  sur  les  côtés  ;  les  ailes  sont  d'un 
blanc  jaunâtre  à  la  base,  brunes  à  l'ex- 
trémité ,  avec  une  grande  tacbe  d'un 
brun  foncé  sur  le  milieu.;  les  cuisses 
sont  noires ,  velues  ,  les  jambes  blan- 
ches ,  les  tarses  noirâtres. 

On  le  trouve  en  France ,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

Le  Taon  fervent  ,  Tahanus 
ferpens. 

Il  est  de  grandeur  moyenne  ;  la  tête 
et  les  antennes  sont  jaunes;  les  yeux 
bronzés  ;  le  corselet  est  d'un  brun  obs- 

Iniectes.  IX.  la 


l54       HISTOIRE   NATUREL!  E 

cur,  jaune  sur  les  côtés  ;  l'abdomen  est 
jaune,  à  l'exception  des  deux  ou  trois 
derniers  anneaux,  qui  sont  d'un  brun 
obscur  en  dessus  ;  les  ailes  sont  brunes, 
avec  une  petite  tache  d'un  jaune  pâle 
sur  le  milieu  -,  les  pattes  sont  jaunes , 
avec  les  tarses  bruns. 

On  le  trouve  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. 

Le  Taon  rô  ti,  Tahanus  exœstuans. 

Il  a  environ  sept  lignes  de  longueur  ; 
la  tête  est  d'un  brun  grisâtre;  les  yeux 
sont  obscurs; les  antennes  noirâtres;  le 
corselet  est  gris ,  quelquefois  d'un  brun 
roux  ;  l'abdomen  est  d  un  brun  noirâ- 
tre ,  avec  l'extrémité  des  anneaux  d'un 
gris  cendré  ;  les  ailes  sont  transparentes, 
avec  les  nervures  brunes;  les  cuisses  et 
les  tarses  sont  noirs  ;  les  jambes  blan- 
châtres, avec  l'extrémité  noire. 

On  le  trouve  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. 


DES     TAONS.  l55 

Le  Taon  ruliconie^  Tahanus 
ruficornis» 

Il  a  dix  lignes  de  longueur  ;  la  tête 
est  d'un  blanc  jaunâtre  à  sa  partie  anté- 
rieure ;  les  antennes  sont  fauves  ;  les 
yeux  bruns-,  le  corselet  est  d'un  brun 
noirâtre,  avec  qiielques  lignes  longitu- 
dinales d'un  gris  jaunâtre  sur  le  milieu , 
et  des  poils  de  la  même  couleur  sur  les 
côtés  ;  l'abdomen  est  d'un  noir  bleuâ- 
tre en  dessus ,  avec  une  tache  triangu- 
laire d'un  blanc  jaunâtre  sur  le  milieu 
de  chaque  anneau  ;  le  dessous  est  d'un 
blancjaanâtre,  avec  le  bord  des  anneaux 
blanchâtre  \  les  pattes  sont  brunes ,  avec 
les  cuisses  testacées. 

On  le  trouve  à  la  Caroline. 

Le  Taon  noir  ,  Tahanus  atratus* 

Il  est  long  de  huit  lignes  ;  tout  le 
corps  est  d'un  noir  bleuâtre  ;  ]g&  yeux 
sont  d'un  gris  presque  noir  j  les  ailes 


l36        HISTOIRE   NATURKI.T.K 
noires  ;  les  pattes   de   la  couleur  du 
corps. 

On  le  trouve  à  la  Caroline. 

Le  Taon  tacheté  ,  Tabanus 
bromius. 

Il  a  environ  six  lignes  de  longueur  ; 
la  tête  est  d'un  gris  foncé  -,  les  antennes 
sont  brunes  ;  les  yeux  verts,  avec  une 
ligne  transversale  de  couleur  pourpre  ; 
le  corselet  et  l'abdomen  sont  d'an  gris 
cendré,  avec  des  tacîies  noires ,  qui ,  sur 
le  corselet ,  forment  des  lignes  longitu- 
dinales 'y  le  dessous  du  corps  est  d'un 
gris  foncé  -,  les  ailes  sont  transparentes , 
sans  taches,  avec  les  nervures  brunes. 

On  le  trouve  en  Europe ,  vers  le  mi- 
lieu de  l'été  j  il  vole  avec  beaucoup  de 
rapidité. 

Selon  M.  Fabricius  ,  l'eau  chaude 
rend  aux  yeux  de  cet  insecte  leurs 
couleurs ,  qu'ils  perdent  à  sa  movt. 


BES     TAONS.  l37 

Le  Taon  olivâtre  ,    Tabanus 
Mexicanus^ 

Il  est  de  la  grandeur  du  précèdent  ; 
d'un  vert  grisâtre;  la  tête  est  grosse  et 
plus  grande  que  dans  les  autres  espèces  ; 
les  yeux  sont  d*un  Jaune  doré  luisant  ; 
l'abdomen  est  gros  et  court,  tei-miné  en 
pointe  conique;  les  ailes  sont  transpa- 
rentes, avec  une  légère  teinte  de  vert 
et  bordées  de  jaune  :  elles  ont  quel- 
ques petites  taches  brunes,  placées  sur 
les  nervures;  fa  trompe  est  pins  Ion- 
gue  que  la  tête,  noire;  les  anténnulcs 
sont  d*un  vert  clair. 

On  le  trouve  a  Surinam, 

Le  Taon  rustique,  Tabanus 
rusticus, 

ïî  est  long  d@  quatre  lignes,  de  cou- 
leur grise,  plus  foncée  en.  dessus  qu'en 
dessoïîâ;  les  ailes  sont  jaunâtres  à  leur 
origine  et  ]«  Icr^g;  du  bcrd  exté^rieur  , 


l38       HISTOIRE    NATURELLE 
transparentes  à  l'extrémité;  les  pattes 
sont  d'un  fauve  pâle. 

On  le  trouve  en  France,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

Le  Taon  occidental ,   Tahanus 
occidentalis. 

Il  a  environ  six  lignes  de  longueur  j 
la  tête  est  grise-,  les  yeux  sont  bronzés, 
sur  l'insecte  mort,  sans  raies  ni  taches 
sensibles  j  le  corselet  est  d'un  brun  obs- 
cur en  dessus,  gris  en  dessous  \  l'abdo- 
men est  brun  en  dessus,  avec  trois  li- 
gnes longitudinales  jaunes,  dont  celle 
du  milieu  est  souvent  plus  distincte 
que  les  deux  autres  ,  le  dessous  est 
d'un  gris  jaunâtre  ;  les  ailes  sont  trans- 
parentes ,  avec  les  nervures  brunes  et 
le  bord  extérieur  jaune  ;  les  pattes  an- 
térieures sont  noires,  avec  la  base  des 
jambes  blanche  -,  les  autres  sont  jaunes^ 
avec  les  tarses  noir.^'. 

On  le  trouve  à  Surinam. 


DES     TAONS.  109 

Le  Taon  tropique  ,  Tahanus 
tropicus. 

Il  a  environ  ncnf  lignes  de  longueur  ; 
les  antennes  sont  fauves  mélangées  de 
noir  ;  les  yeux  sont  d'un  vert  luisant , 
avec  trois  bandes  transversales  de  cou- 
leur pourpre  j  la  trompe  est  noire ,  avec 
les  antennes  grises  ;  le  corselet  est  brun, 
avec  des  poils  gris  en  dessous  et  sur  les 
côtés  •,  l'abdomen  est  brun ,  avec  une 
grande  tache  fauve  de  chaque  côté  des 
deux  ou  trois  premiers  anneaux j  tous 
les  anneaux  sont  bordés  de  gris  posté- 
rieurement; les  ailes  sont  transparen- 
tes, avec  les  nervures  brunes,  et  une 
petite  tache  de  même  couleur  le  long 
du  bord  extérieur. 

On  le  trouvo  en  Europe.  C'est  de 
cette  espèce  de  taon ,  que  les  chevaux 
ont  le  plus  à  souffrir  ;  pendant  qu'il 
fait  chaud,  il  ne  les  laisse  jamais  en  re- 
pos ,  et  les  pique  si  fort,  que  souvent  le 
sang  coule  de  la  plaie. 


l4o       HISTOIRE   NATURELLE 

Le  Taon  pluvial  ,   Tabdnus 
pliwialis. 

Il  a  six  lignes  de  longueur  :  il  est  d'un? 
brun  cendré  ;  les  autennes  sont  noires  ; 
les  yeux,  dans  l'insecte  vivant,  sont 
d'un  vept  brUlant  ,  avec  cinq  lignes 
traiTsversales  ondées  de  couleur  pour- 
pre ;  entre  les  yeux  sont  trois  tacLes 
rondes,  d'uunoir  velouté,  placées  en 
triangle;  le  devant  de  la  tcte,  près  des 
antennes  ,  est  d'un  noir  lisse  luisant  ; 
le  corselet  a  plusieurs  lignes  longitudi- 
nales blanchâtres;  le  dessus  de  l'abdo- 
men api  usi^ur^  taches  rondes,  de  cou- 
leur gri.se  ;  l'extrémité  des  anneaux  a 
une  ligne  de  la  même  couleur;  les  ailes 
sont  transparentes,  grises,  parsemées 
de  petites  taches  irrégulières  noirâtres; 
les  pattes  sont  noires,  les  jambes  ont 
des  anneaux  d'un  jaune  foncé. 

Ce  taon  ,  qui  paraît  un  peu  plus  tard 
^ue  les  autres ,  toVirmenle  beaucoup  les 


D  E  s     T  A  O  N  s.  l42 

chevaux  et  les  bestiaux  :  il  pique  aussi 
les  hommes,  principalement  quand  il 
fait  très-chaud;  mais  quoique  sa  piqûre 
soit  douloureuse  ,  elle  ne  ca.use  point 
de  démangeaison  à  la  partie  blessée. 

On  le  trouve  dans  toute  l'Europe  ; 
cette  espèce  est  une  des  plus  communes- 
dans  les  prés. 

Le  Taon  strié  ,  Taha?ius  striatus. 

Il  a  environ  six  lignes  de  longueur;  la 
partie  antérieure  de  la  tête  est  couverte 
de  poils  blancs;  la  trompe  est  noire,  avec 
les  antennules  blanches  ;  les  antennes 
sont  fauves  ;  les  yeux  bronzés  ;  le  cor- 
selet est  d'un  brun  noirâtre,  avec  quel- 
ques lignes  longitudinales  peu  mar- 
quées ;  l'abdomen  est  testacé ,  avec  trois 
lignes  blanches  sur  chaque  anneau,  qui 
forment  trois  lignes  longitudinales  sur 
l'abdomen;  les  ailes  sont  transparentes, 
sans  tftchea;  les  pattes  sont  brunes,  aves 


l42       HISTOIRE   NATURELLi; 

les  ïambes  et  l'extrémité  des  cuisses, 
d'un  blanc  jaunâtre. 

On  le  trouve  en  Chine ,  à  la  Caro- 
line. 

Le  Taon  aveuglant  ,  Tahanus 
cœcutlens» 

Il  a  cinq  lignes  de  longueur  -,  la  tête 
est  jaunâtre,  avec  trois  taches  noires, 
luisantes,  placées  en  triangle  à  sa  partie 
antérieure,  dont  deux  au-dessous  des 
antennes  ,  la  troisième  au-dessus  j  les 
antennes  sont  noires,  avec  la  base  des 
premiers  anneaux  fauve .  Dans  l'insecte 
vivant  les  yeux  sont  de  couleur  verte 
mélangée  de  fauve,  avec quelquespoiuts 
noirs;  le  corselet  est  brun,  avec  quel- 
ques lignes  longitudinales  grises  en  des- 
sus et  des  poils  fauves  sur  les  côtés  ; 
l'abdomen  a  les  premiers  anneaux  jau- 
nes ,  avec  une  tache  triangulaire  noire 
sur  chaque  ;  les  autres  sont  noirs  ,  bor- 
dés postérieurement  de  jaune;  les  aile& 


D  ES     T  A  O  N  s.  l45 

sont  blanches,  avec  des  bandes  trans- 
versales et  des  taches  brunes  et  noires  ; 
les  pattes  sont  jaunes ,  les  tarses  noirâ- 
tres. 

On  le  trouve  en  Europe ,  au  com- 
mencement de  l'été  :  il  suce  le  sang  des 
chevaux  et  des  bœufs,  et  pique  aussi 
les  hommes. 

Le  Taon  vitré  ,   Tabanus  fsfies- 
iratus. 

Il  est  de  la  grandeur  du  précédent; 
les  antennes  sont  longues,  noires,  avec 
la  base  fauve  ;  la  tête  est  d'un  gris  jau- 
nâtre, avec  trois  points  noirs,  lisses, 
placés  en  triangle  à  sa  partie  antérieure; 
deux  au-dessous  des  antennes,  un  au- 
dessus  ;  la  trompe  est  noire ,  avec  les  an- 
tennules  jaunes  -,  le  corselet  estd'un  gris 
jaunâtre,avec  trois  ligncslongitudinal^s 
noires  à  sa  partie  supérieure  -,  l'abdomen 
est  jaune ,  avec  deux  taches  noires  sur 
cliaq^ue  anneau ,  ç[ui  forment  des  lignes 


l44      HISTOIRE   NATURELLE 

longitudinales-,  les  ailes  sont  blanches, 
avec  le  bord  extérieur  brun  ,  une 
grande  tache  de  même  couleur  un  peu 
au-delà  du  milieu ,  où  elle  forme  une 
bande  transversales  et  une  petite  tache 
près  de  l'extrémité  :  on  voit  sur  le  mi- 
lieu de  la  bande  un  point  transparent 
assez  grand-,  les  pattes  sont  ferrugineu- 
ses ,  avec  l'extrémité  des  cuisses  ;  celle 
des  jambes  et  les  tarses,  noirs. 

On  le  trouve  aux  environs  de  Paris  : 
il  est  assez  rare. 

Le  Taon  lugubre  ,  Tahanus 
lugubris. 

Il  est  de  la  grandeur  du  taon  -vitré, 
d'un  brun  noirâtre  \  les  ailes  sont  bru- 
nes depuis  la  base  jusque  vers  les  deux 
tiers  de  leur  longueur  ;  blanches  et  trans- 
parentes a  l'extrémité ,  avec  une  tache 
brune  à  l'angle  :  il  a  quelques  poils  jau- 
nes de  chaque  côté  de  la  poitrine,  et  en 
dessous  de  l'abdomen,  sur  les  côtés  des 


D  E  s     T  A  O  N  s.  l45 

premiers    anneaux  -,    les    pattes   sont 
noires. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris, 

Le  Taon  vert ,   Tahanus  viridls  ^ 
Bosc. 

Il  a  six  à  sept  lignes  de  longueur  :  il 
est  entièrement  d'un  jaune  verdâtre ,  à 
l'exception  de  l'extrémité  des  antennes 
et  de  la  trompe  qui  sont  noires  ;  des 
yeux  qui  sont  très-grands  et  d'une  belle 
couleur  bronzée,  et  des  derniers  an- 
neaux de  l'abomen  ,  qui  ont  une  teinte 
rousse,  tant  en  dessus  qu'en  dessous; 
les  ailes  sont  blanches  transparentes, 
avec  les  nervures  d'un  jaune  verdâtre. 

Cette  espèce  a  été  apportée  de  la  Ca- 
oline,  parle  cit.  Bosc. 


[nscctes.  IX.  i3 


H6       HISTOIRE   NATURELLE 

G  X  C  I  V    GENRE. 

N  É  M  O  T  È  L  E. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes, 
rapprochées,  trois  articles  grenus  ,  mo-^ 
niliformes,  le  dernier  terminé  en  pointe 
aiguë, a  longée. — Trompe  cou  rte,bi  labiée, 
cannelée. — Suçoir  divisé  en  quatre  pièces, 
une  supérieure,  large,  membraneuse, 
applatie  ,  contenant  trois  soies  ourtes 
dans  la  cannelure  de  la  trompe.  —  Deux 
antennules  filiformes  ,  insérées  à  la  base 

-latérale  du  suçoir  ,  et  appu^^ées  sur  la 
trompe. 

L  E  cit.  Olivier  à  l'imitation  de  De- 
géer ,  a  conservé  le  nom  de  némotèle  , 
donné  par  SchaBffer  aux  mouches  à 
antennes  en  filets  de  Linnée  ,  et  dont 
les  antennes  sont  placées  sur  le  front ,  et 
non  sur  une  espèce  de  bec  avancé , 
comme  celles  des  némotèlesdu  citoyen 
Geoffroy.  Le  genre  némotèle  deDegéer, 
est  divisé  en  quatre  familles^  et  com- 
posé d'insectes  dont  les  uns  appartien- 


DES     NÉMOTÈLES.       14/ 

nent  au  genre  rhagion  ,  les  autres  au 
genre  mouche,  et  quelques  espèces  au 
genre  midas  de  M.  Fabricius.  Les  né- 
motèles  du  cit.  Olivier  ,  qui  sont  celles 
de  la  troisième  famille  des  némotèles  de 
Degéer,  sont  décrites  par  M.  Fabricius 
dans  son  Mantissa  ,  sous  le  nom  de  bi- 
bio  )  mais  dans  son  dernier  ouvrage , 
cet  auteur  a  séparé  ce  genre  en  deux; 
du  plus  grand  nombre  d'espèces ,  il  a 
formé  le  genre  anthrax ,  et  de  l'autre  ce- 
lui midas;  etil  a  donné  le  nom  de  bibio  à 
de  nouvelles  espèces ,  parmi  lesquelles 
il  a  placé  deux  mouches  de  Linnée. 

Les  némotèles  du  cit.  Geffroy,  né- 
motèles du  cit.  Latreille ,  diffèrent  du 
celles  du  cit.  Olivier ,  par  la  forme  de 
corps,  par  la  position  des  ailes,  qui  sont 
couchées  sur  l'abdomen ,  et  par  les  an^ 
tenues  ,  qui  sont  composées  de  six  ar- 
ticles, dont  cinq  courts ,  moniliformes; 
le  sixième  long,  filiforme,  terminé  en 
pointe  :  elles  sont  insérées  sur  un  bec 
avancé  j  au  lieu  que  les  antennes  des 


l48  HISTOIRE  NATURELLE 
insectes  de  ce  genre,  n'ont  que  trois 
articles  grenus,  dont  le  troisième  se  ter- 
mine en  pointe  aiguë  ,  avancée  ;  elles 
sont  plus  courtes  que  la  tête  ,  insérées 
vers  le  milieu  de  sa  partie  antérieure, 
et  écartées  lune  de  l'autre. 

La  tête  est  arrondie,  presque  entiè- 
rement occupée  par  les  yeux  à  réseau 
qui  sont  très-grands,  et  entre  lesquels 
sont  trois  petits  yeux  lisses-,  la  trompe 
est  très-courte,  bilabiée,  entièrement 
cachée  dans  une  cavité ,  placée  en  des- 
sous de  la  tête ,  lorsque  l'insecte  n'en 
fait  pas  usage-,  le  corselet  est  grand,  de 
la  largeur  de  l'abdomen. 

L'adomen  est  de  forme  ovale  ^  appla- 
li,  arrondi  à  l'extrémité  ;  les  ailes  sont 
grandes ,  beaucoup  plus  longues  que 
labdomen,  dont  elles  sont  très-écartées. 

Les  pattes  sont  longues ,  minces  ;  les 
tarses  terminés  par  deux  crochets. 

Les  némotèles  ont  le  corps  plus  ou 
moins  velu  -,  quelques  espèces  ont  les 
ailes  transparentes  et  sans  couleurs  seiv 


DES    TMÉMOTÈLES.       1^9 

sihles-,  d'autres  les  ont  opaques  et  très- 
colorées  ;  elles  volent  avec  beaucoup  de 
légèreté  ,  sur  -  tout  lorsque  le  soleil 
brille  ;  alors  on  les  voit  planer  dans 
Tair,  ensuite  se  poser  sur  les  fleurs  et 
les  plantes  ;  et  ce  n'est  qu'avec  beaucoup 
d'adresse  et  de  célérité  qu'on  parvient 
à  les  attraper  :  on  ne  connoît  point  leur 
larve. 

M.  Fabricius  a  décrit  vingt- trois  es- 
pèces d'anthrax ,  parmi  lesquelles  sont 
les  némotèles  du  cit.  Olivier.  Comme 
nous  ne  les  connoissons  pas  toutes,  nous 
nous  bornerons  à  la  description  de  celles 
que  nous  avons  sous  les  yeux.  De  ces 
vingt-trois  espèces ,  douze  se  trouvent 
en  Europe. 

La  Némotèle  nigritienne,  iVemo- 
telus  nigrilus. 

Elle  a  neuf  à  dix  lignes  de  longueur: 
la  tête  et  le  corps  sont  couverts  de  poils 
courts,  d'un  noir  brunj  les  yeux  sont 


l5o       HISTOIRE   NATURELLE 

alongésj  étroits,  échancrés  postérieure- 
ment; rabdomen  est  large,  applati ,  ter- 
miné en  pointe  conique ,  avec  des  taches 
blanches  à  l'exlrémité  et  sur  les  côtés 
des  anneaux ,  formées  par  des  poils  ;  les 
ailes  sont  plus  longues  que  le  corps, 
blanches ,  transparentes  ,  avec  les  ner- 
vures et  un  grand  nombre  de  taches  ir- 
régulières noires  ;  les  pattes  sont  lon- 
gues, minces  ,  d'un  brun  obscur. 

On  la  trouve  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale. 

La  Némotèle  Morio  ,  Nemotelus 
Morlo, 

Elle  a  six  lignes  de  longueur  :  tout 
le  corps  est  Tioir  ,  velu ,  avec  deux  ta- 
ches blanches  formées  par  des  poils  as- 
sez longs  à  l'extrémité  de  l'abdomen; 
les  ailes  ,  beaucoup  plus  longues  que  le 
corps  ,  sont  d'un  brun  presque  noir  , 
avec  l'extrémité  blanche,  transparen- 
tes ;  les  pattes  sont  noires ,  loiigues  et 
minces. 


DES     NEMOTÈLES.       l5l 

Réaumur  a  trouvé  cette  espèce  dans 
un  morceau  de  bois  de  cliêne  à  moitié 
2)ouiri  :  ce  même  morceau  avoit  plu- 
sieurs cavités  ,  dont  cliacune  contenoit 
un  certain  nombre  d'individus  de  qua- 
tre autres  espèces  de  mouches,  et  d'une 
espèce  de  tipule  :  cet  observateur  croit 
qu'elles  avoient  été  creusées  par  des 
guêpes  ichneumons ,  spJiex  ,  pour  y 
déposer  leurs  œufs  ,  et  que  ces  insectes 
avoient  élé  apportés  dans  ces  nids  par 
le  sphex  pour  nourrir  les  larves  qui  dé- 
voient sortir  de  leurs  œufs. 

On  la  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris. 


La  Némotèle  maure ,  JVemotelus 
maurus. 


Elle  est  de  la  grandeur  de  la  précé- 
dente ,  noire  ,  velue ,  sur-tout  vers  les 
cotés  :  le  corselet  est  bordé  tout  autour 
de  poils  blancs,  roux  et  noirs  ;  l'abdo- 
men a  des  bandes  transversales  formées 


l52        HISTOIRE    NATURELLE 

par  des  poils  blancs  5  les  ailes  sont  noi- 
les  ,  opaques  jusqu'aux  deux  tiers  de 
leur  longueur  ,  blanclies  et  transpa- 
rentes à  l'extre'mité  ;  les  pattes  sont 
noires ,  longues  et  minces. 

On  la  trouve  en  Europe  ,    sur  les 
fleurs. 

La  Némotèle  variée  ,  Nemotelus 
varias. 

Elle  est  de  la  grandeur  de  la  némo- 
tèle maure  ,  velue  ,  de  couleur  brune  : 
le  corselet  a  des  poils  ferrugineux  sur 
les  côtés;  l'abdomen  est  brun  ,  avec 
des  taches  blanches  ;  les  ailes  sont  blan- 
ches^ avec  trois  points  noirs  à  la  base 
le  long  du  bord  extérieur ,  et  deux  pe- 
tits points  de  même  couleur  sur  le  mi- 
lieu ;  les  pattes  sont  noires. 

On  la  trouve  aux  environs  de  Paris , 
sur  les  fleurs. 


Paç .  jfi3  ■ 


Tom  .  Zr 


-0^  -f^ 


Soj'abanJ  Jel- 


r-TarJÙ 


iCcn/p. 


1 ,  Xeiuot .  Hottentote  . 
a.  Strati.  Cliaiiieleoiv . 
ô.  Larve    de    Slratioine 


4  •  Sir  cl  t.    ti'iliue 


Ô.   Strat.    ClaAà 


DES     N  É  M  O  T  È  L  E  S.       l53 

LaNémotèle  éthiopienne,  Nemo^ 
teins  œtliiops. 

Elle  a  la  tête  et  le  corselet  noirs  , 
velus ,  sans  taches  -,  l'abdomen  noir , 
avec  des  bandes  transversales  blanches, 
et  une  tache  d'un  blanc  brillant  argenté 
de  chaque  côté  de  l'extrémité  ;  les  ailes 
noires  à  la  base ,  avec  des  points  blancs, 
et  l'extrémité  blanche  ,  avec  deux 
points  noirs  ;  les  pattes  sont  noires. 

On  la  trouve  en  Italie. 

La  Némotèle  hottentote,  Nemo- 
telus  hottentotus. 

Elle  est  longue  de  sept  lignes  :  la 
tête  est  grande  ,  avec  des  poils  jaunes  à 
sa  partie  antérieure  et  en  dessous  ;  les 
yeux  sont  bruns  ;  le  corselet  est  noir , 
couvert  de  poils  d'un  jaune  verdâtre  , 
plus  épais  sur  les  côtés  que  sur  le  mi- 
lieu ;  l'abdomen  est  noir,  également 
couvert  de  poils  de  la  même  couleur 


l54  HISTOIRE  NATUREL!  E 
<]uc  ceux  du  corselet ,  assez  longs  et  en 
plus  grande  quantité  sur  les  bords  et  à 
l'extrémité  qu'en  dessus  ;  les  ailes  sont 
blanches,  transparentes,  avec  le  bord 
extérieur  brun;  les  pattes  sont  noires, 
longues  et  minces. 

On  la  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris,  sur  les  fleurs. 

La  Némolèle  de  Saba,  Nemolelus 
Sabœus, 

Elle  est  longue  de  cinq  lignes ,  noire , 
légèrement  velue  ;  la  tête  a  quelques 
poils  blancs  à  sa  partie  antérieure  ;  le 
corselet  est  presque  lisse  sur  le  milieu  , 
bordé  sur  les  côtés  de  poils  jaunâtres  ; 
le  bord  postérieur  des  anneaux  de  Tab- 
donienestd'un  blanc  jaunâtre;  lesailes 
sont  blanches ,  transparentes  ,  bordées 
de  brun  extérieurement  depuis  leur 
origine  jusqu'au-delà  du  milieu;  les 
balanciers  ont  leur  extrémité  jaune  ; 
les  pattes  sont  noires ,  longues  et  minces. 


DES     STRATIOMES.      ]55 
On  la  trouve  eu  Italie,  aux  environs 
de  Paris. 

C  X  C V     GENRE. 
STRATIOME. 

Caractères  génériques.  Antennes  cylindri- 
ques, brisées  ,  un  peu  plus  longues  que 
la  tête  ,  composées  de  trois  articles,  dont 
le  premier  et  le  troisième  très-longs  ,  le 
second  très-  court.  —  Trompe  courte  , 
cannelée  ,  bilabiée.  —  Suçoir  libre  ,  for- 
mé d'une  seule  soie  ,  reçue  dans  la  canne- 
lure de  la  trompe.  —  Deux  anteunules 
courtes  ,  en  masse  ,  composées  de  trois 
articles  ,  dont  le  dernier  gros  ,  ovale  ,  et 
insérées  à  la  partie  latérale  de  la  trompe. 
—  Ecusson  souvent  armé  d'épines. 

Xj  E  s  insectes  de  ce  genre  sont  connus 
depuis  long-temps ,  ils  ont  été'  décrits 
parFrisch,  Rœsel,  Linnée  ,  Swam  mer- 
dam,  Réaumur  et  autres;  mais  aucuns 
de  ces  auteurs  n'a  cru  qu'ils  dussent  for- 
mer un  genre  particulier.  Linnée  les 


l56  HISTOIRE  NATURELLE 
a  placés  avec  les  mouches  .parmi  celles 
à  antennes  effilées  ,  antennis  fllatis, 
Swammerdam  a  donné  leur  histoire 
sous  le  nom  d'asile  ,  et  Réaumur  sous 
celui  de  mouche  à  corselet  armé.  Mais  le 
cit.  Geoffroy  en  a  fait  un  genre  auc[uel 
il  a  conservé  le  nom  français  de  mouche 
armée  ,  qu'il  a  rendu  en  latin  par  celui 
de  stratiomys  :  ce  genre  a  été  adopté 
par  tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  de- 
puis lui. 

On  distingue  les  stratiomesdes  autres 
insectes  de  cet  ordre ,  par  les  antennes 
plus  longues  que  la  tête ,  et  dont  le 
dernier  article  foi  me  un  coude  à  son 
insertion  avec  le  second;  par  l'abdo- 
men large ,  applati  ;  et  par  les  épines 
placées  à  l'extrémité  de  l'écusson. 

Les  antennes  sont  cylindriques  , 
composées  de  trois  articles  ;  elles  ont 
leur  insertion  au  milieu  du  front,  et 
sont  très-rapprochées  à  leur  base  ^  très- 
écartées  depuis  le  milieu  jusqu'à  l'ex- 
trémité. 


DES     STRATIOME  vS.     jB/ 

La  tête  est  grande ,  de  la  largeur  du 
corselet  :  les  yeux  sont  grands ,  de  forme 
oblongue ,  occupant  une  grande  partie 
de  la  tête ,  et  entr'eux  sont  placés  trois 
petits  yeux  lisses  ;  la  trompe  est  ter- 
minée par  des  lèvres  charnues,  et  ca- 
eliée  dans  une  cavité  en  dessous  de  la 
tête. 

Le  corselet  est  ovale  ;  l'écusson  ar- 
rondi ,  ordinairement  armé  postérieu- 
rement de  deux  ou  de  plusieurs  pointes, 
en  forme  d'épines  roides ,  immobiles. 

L'abdomen  est  ovale,  applati  ,  large 
au  milieu  ,  arrondi  postérieurement. 

Les  ailes  sont  longues ,  couchées  et 
croisées  sur  l'abdomen  dans  l'état  de 
repos. 

Les  pattes  sont  assez  longues ,  min- 
ces ;  les  tarses  terminés  par  deux  cro- 
cliets  entre  lesquels  sont  trois  pelottes 
vésiculeuses. 

Lia  larve  de  ces  insectes  vit  dans 
l'eau ,  elle  est  sans  pattes ,  ordinaire- 
inent  d'un  brun  verdàtre  ou  jaunâtre  j 

Insectes.  IX.  i4 


l58      HISTOIRE    NA.TURELLE 

son  corps  est  alongé,  applati,  plus  gros 
à  sa  partie  antérieure  qu'à  sa  partie 
postérieure  -,  divisé  en  douze  anneaux, 
dont  les  premiers  sont  plus  courts  et 
plus  gros  que  les  autres  ;  les  derniers 
plus  longs ,  plus  minces  et  cylindriques  ; 
la  tète  est  petite,  oblongne,  dépour^vue 
de  mandibules  ,  mais  garnie  de  crochets 
durs  ,  ëcailleux ,  et  de  barbillons ,  qui 
servent  à  la  larve  pour  saisir  ses  ali- 
mens  ;  entre  ces  différentes  parties  ,  en 
dessous  de  la  tête  ,  on  voit  une  ouver- 
ture qui  est  la  bouche ,  dans  laquelle 
est  un  mamelon  charnu  qui  est  le  su- 
çoir ,  et  avec  lequel  elle  pompe  sa  nour- 
riture ;  la  jDeau  qui  recouvre  les  an- 
neaux est  dure  mais  flexible  ;  elle  per- 
met au  corps  de  la  larve  de  former  des 
angles  à  la  jonction  de  chaque  anneau  j 
c'est  eu  faisant  faire  successivement, 
et  avec  célérité  à  ces  derniers  anneaux 
des  angles  tournés  en  différens  sens  que 
cette  larve  avance  dans  l'eau ,  ce  qui 
lui  donne  une  démarche  singulière  :  le 


DES  STRATIOMES.  IO9 
dernier  anneau  est  très-remarquable  ; 
à  iion  extrémité  se  trouve  vine  ouver^ 
tare,  qui  est  pour  cette  larve  ce  que 
sont  à  d'autres  les  stigmates  posté- 
rieurs, et  c'est  par-là  qu'elle  pompe 
l'air  :  dans  l'endroit  où  cette  ouverture 
est  placée,  on  voit  une  espèce  d'enton- 
noir formé  par  un  grand  nombre  de 
poils  ,  qui  tous  partent  du  bout  de  l'an- 
neau, et  qui  s'élèvent  en  s'inclinanten 
dehors  ;  chacun  de  ces  poils  est  garni 
de  petits  poils  très-fins  ,  qui  forment 
«ne  espèce  de  frange ,  qui  empêche  l'eau 
de  pénétrer  dans  l'entonnoir  et  de  mouil- 
ler l'extrémité  de  l'anneau.  Pour  res- 
pirer l'air ,  la  larve  élève  au-dessus  de 
l'eau  son  dernier  anneau  ,  et  souvent 
reste  long- temps  dans  cette  position 
a}  ant  la  tête  en  bas  -,  mais  lorsqu'elle 
veut  s'enfoncer  dans  l'eau  ,  elle  reploie 
la  frange  des  poils  ,  la  rassemble  en  pa- 
quet et  en  couvre  l'ouverture  du  stig- 
mate, qui,  parce  moyen,  reste  sec. 
Parvenue  à  sa  grosseur,  la  larve  se 


l'k)  HlSTOinE  NATURELLE 
transforme  en  nymphe ,  sous  sa  peau 
qni  se  durcit  sans  changer  de  forme , 
et  qui  lui  sert  de  coque.  La  nymphe , 
sur  laquelle  on  distingue  toutes  les  par- 
ties que  doit  avoir  l'insecte  parfait,  est 
très-courte,  elle  n'occupe  que  la  partie 
antérieure  de  la  peau  -,  les  quatre  der- 
niers anneaux  restent  vides;  l'insecte 
reste  peu  de  temps  sous  cette  nouvelle 
forme  -,  huit  ou  dix  jours  après  la  mé- 
tamorphose de  la  larve  en  nymphe,  le 
stratiome  quitte  sa  coque,  et  en  sort  par 
le  bout  antérieur ,  après  en  avoir  fait 
sauter  les  deux  premiers  anneaux  ,  qui 
se  détachent  facilement  et  tombent 
comme  une  calotte  :  aussi-tôt  que  la 
coque  est  ouverte,  il  en  sort  ses  deux 
premières  pattes  et  les  appuie  sur  l'eau  ; 
et  lorsqu'il  est  entièrement  dehors  ,  il 
reste  tranquillement  à  la  surface  de 
l'eau  posé  sur  ses  six  pattes  jusqu'à  ce 
que  toutes  ses  parties  ayent  achevé  de 
se  développer  et  de  s'aifermir  ;  dès 
qu'elles  ont  pris  de  la  consistance ,  il 


DES  STRATIOMES.  l6l 
prend  l'essor  ,  cherche  les  fleurs  pour 
sucer  le  miel  qu'elles  contiennent ,  et 
ne  retourne  vers  l'eau  que  pour  y  dé- 
poser ses  œufs. 

Les  stratiomes  forment  un  genre 
compose  d'une  trentaine  d'espèces, dont 
on  trouve  la  plus  grande  partie  en  Eu- 
rope. 

Le  Stratiome  Chaméléon  ,  Stra- 
tiomys  CJiamœleon, 

Il  a  six  à  sept  lignes  de  longueur  : 
la  tête  est  jaune  ;  les  yeux  sont  bruns  ; 
les  antennes  longues  et  noires  ;  le  cor- 
selet est  brun,  couvert  d'un  le'ger  du- 
vet de  couleur  fauve  -,  l'écusson  jaune  , 
armé  à  l'extrémité  de  deux  épines  de 
la  même  couleur-,  l'abdomen  est  court , 
large,  applati  ,  presque  circulaire ,  d'un 
brun  noirâtre ,  avec  six  grandes  taches 
d'un  brun  foncé  ,  dont  trois  de  chaque 
côté  le  long  du  bord  ,  et  une  septième 
à  l'extrémité  j  le  dessous  de  l'abdomen 


iGci  HISTOIRE  NATURELLE 
est  jaune  ,  avec  le  bord  antérieur  des 
anneaux  noir  ;  les  pattes  sont  jaunes  , 
avec  les  cuisses  brunes;  les  ailes  ont 
leur  bord  extérieur  brun ,  elles  sont 
couchées  et  croisées  sur  le  milieu  de 
l'abdomen  ,  dont  elles  laissent  les  côtés 
à  découvert  :  la  femelle  diffère  du 
mâle  en  ce  qu'elle  a  la  tête  cendrée. 

On  le  trouve  en  Europe  ,  sur  les 
fleurs  ;  il  est  commun  aux  environs  de 
Paris  y  sa  larve  vit  dans  l'eau.  Voyez 
Génér.  de  ce  genre. 

Le  Stratiome  à  selle  ,  Stratiomys 
epliippium^ 

Il  est  long  de  cinq  lignes  ,  entière- 
ment noir  ,  à  l'exception  du  corselet 
qui  ,  en  dessus  ,  est  d'un  rouge  foncé  , 
brillant ,  comme  satiné  ;  il  est  armé 
d'une  épine  noire  de  chaque  côté  \  l'é-. 
cusson  est  noir ,  terminé  par  deux  épi- 
nes de  la  même  couleur  j  les  ailes  sont 


DES     STRATIOMES.     lG5 

noirâtres  ,  les  pattes  de  la  couleur  du 
corps. 

On  le  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

Le  SUatiome  Microléon,  Stratio- 
mys  Microléon, 

Il  est  de  moitié  plus  petit  que  le 
stratiome  chaméle'on  :  les  antennes 
sont  noires  -,  le  corselet  et  lëcussonsont 
bronzés;  celui-ci  est  armé  de  deux  épi- 
nes d'un  jaune  fauve  ;  l'abdomen  est 
large  ,  applati  ^  de  couleur  noire  ,  avec 
six  taches  alongées  ,  jaunes ,  dont  trois 
de  cbaque  côté  vers  le  bord;  les  ailes 
sont  transparentes,  d'un  jaune  brun  le 
long  du  bord  extérieur-,  les  pattes  sont 
noires,  avec  quelques  taches  jaunâtres. 

Il  habite  l'Europe  :  on  le  trouve  au 
printemps ,  sur  les  fleurs  du  pissenlit. 


l64       HISTOIRE   NATURELLE 

Le  Stralionie  moucheté  ,  Stratio- 
niys  tigrina. 

Il  a  quatre  lignes  de  longueur  :  la  tête , 
le  corselet  et  le  dessus  de  l'abdomen 
sont  noirs  ,  légèrement  velus  j  l'ëcusson 
est  noir  ,  armé  de  deux  épines  jaunes  j 
le  dessous  de  l'abdomen  est  d'un  jaune 
fauve  ,  bordé  de  noir  tout  autour  -,  les 
ailes  sont  blanches  ,  avec  le  bord  exté- 
rieur brun  ;  les  cuisses  sont  noires  ;  les 
jambes  fauves,  avec  une  tache  noire 
au  milieu  ;  les  tarses  jaunes. 

On  le  trouve  en  Danemarck ,  aux 
environs  de  Paris. 

Le  Stratiome  Hyclroléon ,  Stratio^ 
mys  Hydroleon, 

Il  est  de  la  grandeur  du  précédent  : 
les  antennes  sont  noires  ;  les  yeux 
bruns  ,  très-grands  ;  dans  l'insecte  vi- 
vant ,  ils  sont  d'une  belle  couleur  verte, 
avec  une  bande  transversale ,  violette 


DES     STRATIOMES.     l65 

an  milieu  j  le  corselet  est  brun,  couvert 
d'un  léger  duvet  ;  l'écusson  est  vert , 
ainsi  que  les  deux  épines  qui  le  termi- 
nent j  l'abdomen  est  vert  ;  en  dessus 
sur  le  milieu ,  il  a  une  large  bande  lon- 
gitudinale noire  ;  le  dessous  est  sans 
taclies  :  les  ailes  sont  blanches  et  trans- 
parentes ;  les  pattes  sont  jaunâtres. 

On  le  trouve  aux  environs  de  Paris, 
en  Hollande ,  à  Surinam. 

Le  Stratiome  triliné  ,  Stratiomys 
trilineata, 

H  a  trois  lignes  de  longueur  :  les  yeux 
sont  bruns,  et  occupent  presque  toute  la 
tète  ;  le  corselet  est  verdàtre ,  avec  trois 
lignes  longitudinales  noires  ;  l'écusson 
et  les  deux  épines  sont  verdâtres;  l'ab- 
domen est  vert ,  avec  trois  ou  quatre 
lignes  transversales  noires ,  qui  forment 
des  angles  ;  les  ailes  sont  blanches , 
transparentes ,  avec  le  bord  extérieur 


lf;5       HISTOIRE    NATURELLE 
brun  ;  les  pattes  sont  jaunes  ;  le  des- 
sous du  corselet  est  noir. 

On  le  trouve  aux  environs  de  Paris, 
dans  les  prairies. 

Le  Stratiome  Hypoléon  ,  Stratio- 
mys  Hypoléon, 

II  varie,  pour  la  grandeur,  depuis 
trois  jusqu'à  cinq  lignes  :  les  antennes 
sont  noires;  le  dernier  article  est  sé- 
tacë  ;  le  corselet  est  d'un  noir  mat ,  avec 
deux  taches  jaunes  de  chaque  côté  ;  l'é- 
cusson  et  les  deux  e'pines  qui  le  termi- 
nent sont  jaunes  ;  l'abdomen  est  noir  , 
avec  cinq  taches  jaunes  ,  dont  deux  de 
chaque  côté  placées  obliquement  -,  la 
cinquième  à  l'extrémité  ;  le  dessous  du 
corps  est  noir ,  sans  taches  ;  les  pattes 
sont  jaunes  ,  avec  la  base  des  cuisses  et 
l'extrémité  des  tarses  noires. 

On  le  trouve  au  nord  de  l'Europe , 
aux  environs  de  Paris. 


DES     S  T  R  A  T  I  O  M  E  S.     1G7 

Le  Stratiome  clavipède  ^  Stratio- 
mys  clavipes. 

Ce  stratiome  dififere  un  peu  des  an- 
tres par  la  forme  de  l'abdomen,  qui 
est  alongé  ,  conique  :  il  a  trois  lignes 
de  longueur  ;  la  tête  ,  les  antennes  et 
le  corselet  sont  noirs  ;  l'écusson  est 
noir  ,  armé  de  huit  épines  de  la  même 
couleur,  qui  forment  une  espèce  de 
demi-cercle  à  son  extrémité;  l'abdo- 
men est  jaune ,  sans  taches  •,  les  ailes 
sont  noirâtres  ;  les  pattes  sont  jaunes  , 
avec  l'extrémité  des  jambes  et  les  tar- 
ses noirs. 

On  le  trouve  en  Suède  ,  aux  envi- 
rons de  Paris. 


l68       HISTOIRE    NATURELLE 

CXCVr    GENRE. 

S  Y  R  P  H  E. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes  , 
composées  de  deux  articles  ,  dont  le  pre- 
mier ovale  ,  comprimé,  et  le  second  for- 
mant une  soie  très-mince.  —  Trompe 
courte,  rétractible  ,  bilablée,  cannelée. 
—  Suçoir  divisé  en  quatre  pièces  ;  la  su- 
périeure plus  longue  et  plus  large,  con- 
tenant trois  soies  dans  la  cannelure  de  la 
trompe.  —  Deux  antennules  minces  ,  ar- 
ticulées ,  de  la  longueur  des  soies ,  insé- 
rées à  côté  du  suçoir  ,  et  appliquées  sur 
la  trompe. 

Les  syrplies  ont  beaucoup  cle  rap- 
portavecjes  mouches .  parmi  lesquelles 
Linnée  ,  Degeer ,  le  cit.  GeofiFroy  ,  et 
d'autres  auteurs  les  ont  placés  ;  mais 
ils  en  diffèrent  par  différentes  par- 
ties, particulièrement  par  celles  de  la 
bouche.  Le  suçoir  des  mouches  n'est 
composé  que  d'une  seule  soie,  au  lieu 


DES     S  Y  R  P  H  E  S.  1^9 

que  celai  des  syrplies  est  formé  de  qua- 
tre. Les  antennules  sont  aussi  de  forme 
difFe'reute  ,  comme  on  le  verra  par  la 
description  de  ces  parties.  M.  Fabricius, 
en  séparant  ces  insectes  des  mouciies , 
en  a  fait  un  genre  sous  le  nom  de  syr- 
phus  y  et  ce  genre  a  été  adopté  par  les 
auteurs  qui  ont  écrit  depuis  lui. 

Les  syrphes  ont  les  antennes  cour- 
tes ,  composées  de  plusieurs  articles , 
dont  deux  seulement  sont  très  appa- 
rens  \  le  premier  est  ovale  ,  applati , 
en  forme  de  palette,  duquel  il  sort  une 
soie  latérale.  Dans  quelques  espèces  , 
cette  soie  est  garnie  de  chaque  côté  de 
petits  poils  fins  ;  ce  qui  donne  à  ces  an- 
tennes de  la  ressemblance  avec  une  plu- 
me ;  elles  sont  très  rapprochées  à  leur 
base  ,  et  insérées  au  milieu  du  front. 

La  tête  est  grande,  arrondie  ,  jointe 
au  corselet  par  un  col  musculeux  peu  vi- 
sible ;  elle  est  terminée  antérieurement 
par  une  espèce  de  bec  court,  obtus, 
presque  perpendiculaire  à  la  tête ,  sous 

ln^ect.es.  IX.  li    ' 


lyo  HISTOIRE  NATURELLE 
lequel  la  trompe  est  cache'e ,  et  munie  de 
deux  grands  yeux  à  résesLU,  de  forme 
oblongue,  souvent  réunis  dans  l'un  des 
deux  sexes ,  occupant  la  plus  grande 
partie  de  la  tête ,  et  de  trois  petits  yeux 
lisses  placés  en  triangle  sur  le  front. 

Le  corselet  est  court,  de  forme  ovale, 
presque  aussi  large  que  l'abdomen  ;  l'é- 
cusson  grand,  arrondi  postérieurement  ; 
l'abdomen  est  de  forme  ovale  ,  plus  ou 
moins  convexe  en  dessus ,  obtus  à  l'ex- 
trémité. 

Les  ailes  sont  oblongues ,  plus  lon- 
gues que  l'abdomen  ;  les  écailles  arron- 
dies j  les  balanciers  sont  courts,  termi- 
nés en  masse  ovale. 

Les  pattes  sont  assez  longues  ',  les 
tarses  terminés  par  deux  crochets  entre 
lesquels  sont  trois  pelottes  ovales ,  gar- 
nies de  poils  fins  et  serrés. 

Les  syrplies  sont  en  général  peu  ve- 
lus :  on  les  trouve  sur  les  plantes  et  sur 
les  fleurs  :  ils  volent  avec  rapidité  ,  et 


DES     SYRPHES.  I7I 

font  entendre,  en  volant ,  un  bourdon- 
nement assez  fort. 

Les  larves  de  ces  insectes  ressemblent 
à  des  vers  mous  de  couleur  blancliâtre  ; 
la  plupart  sont  sans  pattes  )  elles  ont  le 
corps  alongé ,  ordinairement  cylindri- 
que,  composé  de  plusieurs  anneaux-,  la 
partie  antérieure  est  pointue^  conique; 
la  partie  postérieure  grosse  et  arrondie. 
La  tête  est  molle,  charnue,  de  figure 
variable  ;  la  bouche  est  une  espèce  de  su- 
çoir souvent  accompagné  d'un  dard 
pointu  et  de  deux  crochets  écailleux, 
qui  servent  à  la  larve  pour  hacher  les 
différentes  substances  dont  elle  se  nour- 
rit. Ces  larves  respirent  par  quatre  stig- 
mates ,  dont  deux  sont  placés  à  la  jonc- 
tion du  second  anneau  avec  le  troisiè- 
me ;  les  deux  autres  ,  beaucoup  plus 
grands ,  et  dont  la  forme  varie  ,  sont  à 
l'extrémité  du  corps  ,  renfermés  dans 
vine  espèce  de  bourse  charnue,  et  quel- 
quefois élevés  en  forme  de  cornes.  Ces 
grands  stigmates  ont  chacun  trois  peti- 


172  HISTOIRE  NATURELLE 
tes  ouvertures,  qui  paroissent  être  au- 
tant de  stigmates  renfermés  dans  ceux- 
ci.  Les  larves  dece genre  quisontdëpour- 
vues  de  pattes ,  ne  marclient  que  par  le 
mouvement  des  anneaux  du  corps  , 
qu'elles  alongent  et  contractent  alterna- 
tivement ,  s'aidant  en  môme  temps  des 
crochets  ecailleux  qu'elles  ont  à  la  tête , 
en  les  fixant  et  cramponnant  aux  objets 
sur  lesquels  elles  se  trouvent  placées  ; 
d'autres  ont  des  pattes  charnues ,  en 
forme  de  mamelons,  dont  quelques-unes 
sont  armées  de  crochets.  Ce  sont  ces  lar- 
ves que  Réau  mur  a  appelées  vers  à  queue 
de  rat. 

Ces  larves  habitent  des  lieux  diffé- 
rens  :  les  unes  se  tiennent  sur  les  arbres 
et  les  plantes  peuplés  de  pucerons,  qu'el- 
les dévorent  et  qui  sont  leur  unique 
aliment  :  placéessurdes  feuilles  où  elles 
sent  entourées  de  ces  insectes,  elles  en 
font  un  grand  carnage.  Comme  elles  sont 
dépourvues  d'yeux,  c'est  avec  leur  tête 
qu'elles  alongent  de  côté  et  d'autres  aussi 


l")  E  s     S  Y  R  P  H  E  S.         173 

loin  qu'elles  le  peuvent,  qu'elles  cber- 
client  leur  proie.  Dès  qu'elles  ont  atteint 
\\u  puceron ,  elles  le  saisissent  avec  leur 
dard,  qu'elles  rentrent  ensuite  avec 
leur  tête  sous  le  second  anneau,  et  for- 
cent le  puceron  de  s'enfoncer  en  partie 
sous  ce  même  anneau.  Après  en  avoir 
pompé  tout  le  suc,  elles  le  rejettent 
aussi  sec  que  le  seroit  une  dépouille,  et 
en  cherchent  aussi-tôt  un  autre.  Rëau- 
jnur  a  vu  de  ces  larves  qu'il  a  voit  forcées 
de  jeûner ,  manger  vingt  pucerons  de 
suite  en  vingt  minutes.  Quoiqu'elles  ne 
soient  pas  toujours  aussi  affamées  ,  com- 
me elles  sont  très-voraces  ,  il  est  cepen- 
dant rare  d'en  trouver  sans  qu'elles  aient 
un  puceron  au  bout  de  la  trompe.  Quel- 
ques Naturalistes  ont  donné  aux  insec- 
tes qu'elles  produisent  le  nom  de  mou- 
ches aphidiuores ,  c'est-à-dire,  mangeu- 
ses de  pucerons. 

Les  larves  à  queue  de  rat  vivent  dans 
les  eaux  bourbeuses  et  marécageuses  ; 
elles  sont  de  couleur  blanchâtre^  mai.^ 


17^*  HISTOIRE  NATURELLE 
ordinairement  couvertes  de  boue  ;  le 
dessous  de  leur  corps  est  garni  de  six 
paires  de  mamelons  charnus  qui  font 
l'office  de  pattes.  Ce  que  ces  larves  ont  de 
plus  singulier ,  c'est  une  longue  queue  , 
composée  de  deux  tuyaux,  qui  rentrent 
l'un  dans  l'autre.  Le  premier ,  qui  est 
le  plus  gros ,  semble  être  un  prolonge- 
ment des  parties  charnues  qui  forment 
les  anneaux  du  corps  ;  il  est  composé 
d'une  infinité  de  fibres  circulaires.  Le 
second  est  noirâtre ,  et  a  été  nommé  par 
Réaumur ,  tuyau  de  la  respiration  ;  il 
sert  effectivement  à  ces  larves  pour  res- 
pirer ;  il  est  terminé  par  un  petit  ma- 
melon brun ,  dans  lequel  sont  deux  ou- 
vertures destinées  à  donner  entrée  à 
l'air.  Ce  mamelon  est  ordinairement 
élevé  au-dessus  de  la  surface  de  l'eau ,  il 
y  est  soutenu  en  équilibre  par  cinq  petits 
corps  qui  partent  de  son  origine,  se  ter- 
minent en  pointe,  et  flottent  sur  l'eau, 
où  ils  sont  étendus  en  forme  de  rayons. 
Comme  le  second  tuj^au  rentre  entière- 


DES     S  Y  R  P  H  E  S.  lyS 

ment  dans  l'autre,  et  que  tous  les  deux 
peuvent  également  s'alonger  et  se  rac- 
courcir, la  queue  a  quelquefois  cinq  pou- 
ces d'étendue ,  longueur  considérable 
par  rapport  à  la  larve  qui  n'a  que  sept 
ou  huit  lignes;  mais  ce  n'est  que  dans 
les  cas  où  la  surface  de  l'eau  est  élevée 
à-peu-près  de  cette  hauteur  au-dessus  du 
corps  de  la  larve,  que  la  queue  est  aussi 
longue.  Les  alimens  les  plus  ordinaires 
à  ces  larves ,  sont  des  fragmens  de  feuilles 
pourries ,  et  beaucoup  d'autres  matières 
corrompues  qui  se  trouvent  dans  les 
eaux.  Quoiqu'on  trouve  le  plus  ordinai- 
rement les  larves  à  queue  de  rat  au  mi- 
lieu d'une  boue  d'une  puanteur  insup- 
portable, elles  peuvent  cependant  naî- 
tre et  vivre  dans  des  endroits  moins 
fétides ,  car  on  en  trouve  quelquefois 
dans  les  mares  et  les  étangs. 

Une  autre  espèce  de  larve  de  syrplie 
habite  les  nids  des  abeilles  bourdons  qui 
vivent  en  société  sous  la  mousse  qui  les 
couvre.  Ce  n'est  ni  à  la  cire  ni  au  miel 


17^  HISTOIRE  NATURELLE 
qu'elles  en  veulent,  c'est  aux  larves  et 
aux  nymphes  de  ces  insectes  qu'elles 
clierclient  pour  les  dévorer.  Ces  larves 
ennemies  des  abeilles  sont  sans  pattes,' 
de  couleur  blanche ,  la  partie  antérieure 
de  leur  corps  est  pointue,  la  partie  pos- 
térieure assez  grosse  ,  et  garnie  de  six 
pointes  cliarnues  ,  étendues  en  demi- 
cercle,  dont  le  diamètre  est  à  la  partie 
supérieure  du  corps;  à-peu-près  au  mi- 
lieu de  ce  demi-cercle ,  sont  placés  deux 
tuyaux  adossés  l'un  contre  l'autre  plus 
courts  que  les  pointes  charnues,  et  qui 
sont  deux  grands  stigmates  par  où.  la 
larve  respire  ;  le  corps  semble  compose 
d'un  grand  nombre  d'anneaux  qui  le 
font  paroître  sillonné  ;  la  séparation  du 
dessus  et  du  dessous  est  marquée  par 
deux  rangées  d'espèces  de  piquans  assez 
courts  ;  le  dessus  de  la  tète  est  garni  de 
deux  petites  cornes  charnues  ,  qui  se 
touchent  à  leur  origine  et  ensuite  s'écar- 
tent l'une  de  l'autre ,  la  larve  ne  les  fait 
voir  qu'en  marchant  j  en  dessous  de  la 


DES     S  Y  B.  PII  ES.  l'Jf 

tête ,  elle  a  de  chaque  côté  trois  parties 
cliarnues  en  forme  d'épines ,  de  gran- 
deurs inégales  ,  mais  sa  bouche  est  en 
tout  semblable  à  celle  des  antres  larves 
de  ce  genre. 

Parvenues  à  leur  grosseur ,  toutes  ces 
larves  se  changent  en  nymphe  sous  leur 
peau  qui  se  durcit;  celles  qui  se  nouris- 
sent  de  pucerons^  quittent  quelquefois 
les  tiges  et  les  feuilles  sur  lesquelles 
elles  ont  vécu,  ou  s'arrêtent  sur  une 
de  ces  feuilles ,  qui  s'est  courbée  en  se 
fanant,  et  c'est  dans  la  courbure  de  la 
feuille  qu'elles  se  logent  :  elles  y  collent 
le  dessous  de  leur  corps  au  moyen  d'une 
liqueur  gluante,  qu'elles  font  sortir  de 
leur  bouche  à  diverses  reprises,  et  qu'el- 
les étalent  sur  une  surface  égale  à  celle 
du  dessous  du  corps  en  passant  plusieurs 
fois  dessus.  La  larve  ainsi  collée ,  chan- 
ge peu  à  peu  de  figure.  Celle  qu'elle  a 
prise  au  bout  de  quelques  heures  et  par 
degrés  ,  a  quelque  ressemblance  avec 
celle  sous  laquelle  on  nous  peint  les  lar- 


17^^  HISTOIRE  NATURELLE 
mes.  La  partie  de  la  larve ,  qui ,  j  usques- 
là  a  voit  été  la  plus  menue ,  esl:  devenue 
]a  partie  la  plus  grosse  \  celle  qui  est  ar- 
rondie ,  est  renflée  comme  une  larme , 
et  la  partie  postérieure,  dont  la  gros- 
seur surpassoit  de  beaucoup  celle  de  la 
tête,  est  alors  réduite  à  une  espèce  de 
filet.  La  peau  de  la  larve  en  se  dessé- 
chant devient  presque  aussi  dure  que 
de  la  corne ,  sans  perdre  sa  transparence, 
et  elle  ne  devient  opaque  que  sur  la 
fin ,  lorsque  l'insecte  est  formé  et  prêt  à 
la  quitter ,  ce  qui  arrive  le  plus  souvent 
au  bout  de  seize  à  dix-sept  jours. 

Les  larves  à  queue  de  rat,  sortent  de 
l'eau  et  s'enfoncent  dans  la  terre ,  pour 
se  métamorphoser  en  nymphes.  C'est 
également  sous  leur  peau  qui  se  durcit 
et  devient  brune ,  que  ce  changement 
s'opère;  mais  la  forme  de  la  coque  dif- 
fère beaucoup  de  celle  de  la  larve  ;  la 
queue  se  raccourcit;  le  corps  devient 
plus  gros  et  on  voit  naître  à  la  tête  de 
la  coque  quatre  cornes  ;  qui  forment 


DES     S  Y  R  P  H  E  S.  I79 

uns  espèce  de  carré  -,  les  deux  cornes  an- 
térieures qui  sont  de  moitié  plus  courtes 
que  les  autres,s'élèvent  quelquefois  en  se 
courbant  vers  le  dos,  et  les  deux  autres 
au  contraire  se    dirigent  vers  la  tête  ; 
celles-ci  ont  souvent  plus  de  deux  li- 
gnes de  longueur  ;   ces  quatre  cornes 
servent  à  la  nymplie  pour  respirer  et 
répondent  à  quatre  stigmates,  qui  se 
trouvent  sur  le  corselet  de  l'insecte  qui 
doit  en  sortir.  Lorsque  la  saismi  est^a- 
vorable ,  cette  espèce  de  syrplie  quitte 
sa  dépouille  de  nymphe   huit  ou  dix 
jours  après  le  changement  de  la  larve, 
il  en  sort  par  l'endroit  où  sont  placées 
les  quatre  cornes  ,   en  faisant  sauter 
avec  efforts  la  partie  de  la  coque  où 
elles  sont  placées.  Ce  n'est  point  avec  la 
tête  qu'il  fait  cette  ouverture,  comme 
on  l'observe  dans  les  autres  insectes, 
mais  avec  le  derrière;  car  alors  cette 
partie  de  son  corps  se  trouve  placée  où 
peu  de  temps  avant  étoit  la  te  le,  par 
uu  mouvement  de  l'insecte ,  qui  s'est 


l8o  HISTOIRE  NATURELLll 
retourné  dans  sa  coque  avant  de  pren- 
dre sa  dernière  forme,  mouvement  qui 
paroît  difficile  à  exécuter  ,  quand  on 
sait  à  quel  point  la  coque  est  remplie 
par  la  nymphe. 

Les  syrplies  tardent  peu  à  s'accou- 
pleraprès  leurs  mélamorplioses,  et  dans 
cette  action  le  mâle  est  placé  sur  le 
dos  de  la  femelle.  Toutes  les  femelles 
sont  très-fécondes ,  et  leur  odorat  ex- 
quis leur  fait  trouver  les  endroits  pro- 
pres à  déposer  leurs  œufs  et  à  nourrir 
les  larves  qui  doivent  en  sortir. 

Les  œufs  des  syrplies  ,  ennemis  des 
abeilles,  et  ceux  des  syrplies  dont  la 
larve  est  à  queue  de  rat,  sont  blancs,  de 
forme  oblongue;  les  derniers  vus  à  la 
loupe  paroissent  chagrinés,  la  femelle 
ne  les  dépose  pas  dans  l'eau ,  mais 
dans  des  endroits  humides  à  quelques 
pouces  de  distance  afin  que  la  petite 
larve  en  naissant ,  puisse  entrer  dans 
l'eau.  On  tiouve  quelquefois  de  ces 
aeufs,  rangés  par  tas ,  dans  des  cavités 


Tom  ./JC. 


t 


Baraiafiif  Je/. 


frTardieu    ^rcufy>. 


■\ .  Syi^li .  vive  .  4  •  Svrpli  •  tenace  . 

a, .  Svrpli .  boTirioii .       ô  .   Svi'pli  •  clavipeae 
3  .  Svrpli .  pendant .         6  .  Svi'pli ,   cneTcr 


DES     S  YR  P  H  E  S.  181 

■de  certains  arbres  qui  conservent  de 
l'eau  de  pluie. 

Ces  insectes  forment  un  genre  com- 
posé de  plus  de  cent  vingt  espèces ,  tren- 
te seulement  sont  étrangers  à  l'Europe  ; 
les  autres  habitent  ses  différentes  par- 
ties j  on  en  trouve  beaucoup  aux  envi- 
rons de  Paris.  Ils  sont  divisés  en  deux 
familles;  la  première  est  composée  de 
ceux  à  antennes  plumeuses;  la  seconde 
de  ceux  à  antennes  terminées  par  une 
soie  nue.  Nous  donnerons  la  descrip- 
tion de  quelques  espèces  de  chaque  fa- 
mille. 

PREMIÈRE      FAMILLE. 

A  antennes  plumeuses. 

Le  Syrphe  vide  ,  Syrphus  inanis» 

Il  a  environ  neuf  lignes  de  longueur  j 

les  antennes  sont  plumeuses ,  de  couleur 

fauve;  la  tête  est  d'un  jaune  citron. 

avec  les  yeux  bruns;  le  corselet  eifc 

Insectes.  IX.  x6 


l82  HISTOIPxE  NATURELLE 
brun,  avec  une  ligne  longitudinale  de 
chaque  côté,  et  quelques  t.iclies  d'un 
brun  jaunâtre  :  il  est  garni  sur  les  bords 
latéraux  de  quelques  poils  roides  de 
couleur  noire  :  on  voit  de  semblables 
poils  à  l'extrémité  de  l'écusson  ;  l'abdo- 
men est  transparent,  de  forme  ovale, 
de  couleur  jaune  :  il  a  en  dessus  deux 
bandes  transversales  noii^es,  et  en  des- 
sous trois  grandes  taches  de  la  même 
couleur  \  le  dessus  est  entièrement  cou- 
vert de  poils  courts,  fins  et  serrés;  \gs 
ailes  ont  une  forte  teinte  de  jaune ,  avec 
des  taches  et  des  nuances  brunes,  sur- 
tout vers  l'extrémité  ;  les  pattes  sont 
brunes. 

Il  habite  l'Eurojje  :  on  le  trouve  aux 
environs  de  Paris,  sur  les  fleurs,  dans 
les  jardins. 

La  larve  vit  dans  les  nids  des  abeil- 
les-bourdons ;  elle  y  dévore  les  larves 
et  les  nymphes  de  ces  insectes. 


DES     SYRPHES.  l83 

Le  Syrplie  transparent ,  SyrpJius 
pellucens. 

Il  a  en^âronsept  lignes  de  longueur  j 
les  antennes  sont  plumeuses ,  de  couleur 
jaune  ;  la  tête  est  jaune  :  les  yeux  qui 
en  occupent  la  plus  grande  partie  sont 
noirs ,  le  corselet  est  noir ,  luisant ,  gar- 
ni de  poils  roides  tout  autonr  :  le  pre- 
mier anneau  de  Fabdomen  est  transpa- 
rent, d'un  blanc  jaunâtre,  se'paré  par 
une  ligne  noire  sur  le  milieu ,  les  autres 
sont  noirs  ;  les  ailes  sont  blanches, 
transparentes  ,  avec  une  tache  d'un 
jaune  foncé  à  leur  origine ,  et  une  brune 
vers  le  milieu  ,  qui  forme  une  bande 
transversale;  vers  l'extrémité  elles  ont 
aussi  quelques  petites  taches  brunes  ; 
les  pattes  sont  noires. 

Il  habite  l'Europe  :  on  le  trouve  aux 
environs  de  Paris  ;  dans  les  jardins,  sur 
les  rosiei-s. 


l84       HISTOIRE   NATURELLE 

Le  Syrphe  bourdon  ,  Sjrphus  ' 
bomhjlans. 

Cet  insecte  est  de  la  grandeur  d'un 
bourdon,  auquel  il  ressemble  par  la  cou- 
leur; tout  son  corps  est  velu,  noir,  à 
l'exception  de  la  partie  antérieure  de 
la  tête,  qui  est  jaune;  et  les  derniers  an- 
neaux de  l'abdomen,  qui,  en  dessus,  sont 
couverts  de  poils  roux  assez  longs  ;  les 
pattes  sont  noires  ;  les  ailes  transparen- 
tes ,  avec  une  grande  tache  brune  vers 
le  milieu,  et  quelques  petites  de  la 
même  couleur  à  l'extrémité. 

On  le  trouve  aux  environs  de  Paris, 
et  dans  presque  toute  l'Europe,  dans 
les  bois. 

Le  S^^rphe  Bombille  ,  Syrphus 
Mystaceus» 

Il  est  de  la  grandeur  du  précédent  ; 
le  corps  est  de  forme  ovale,  très-velu; 
les  antennes  sont  plumeuses ,  de  cou- 


DES     S  Y  R  r  H  E  S.  l85 

leur  rousse  \  la  partie  antérieure  de  la 
tête  et  le  dessus  soûl  couverts  de  poils 
d'un  jaune  doré  -,  les  yeux  sont  très- 
grands  ;,  bruns;  le  corselet  est  noir,  en- 
tièrement couvert  en  dessus  de  poils 
d'un  jaune  brillant  doré  ;  l'abdomen  a 
son  extrémité  un  peu  recourbée  eu 
dessous  :  il  est  noir,  luisant,  avec  le 
premier  anneau  couvert  de  poils  jau- 
nes :  dans  quelques  individus,  les  der- 
niers anneaux  sont  également  couverts 
de  poils  de  la  même  couleur;  dans  d'au- 
tres, les  poils  sont  d'un  blanc  jaunâtre  ; 
les  ailes  sont  blanches,  avec  une  large 
taclie  briiue  au  milieu,  et  quelques  pe- 
tites à  Icxtrémité  ;  le  dessons  du  corps 
est  d'un  noir  luisant,  les  palLes  sont 
noires. 

On  le  trouve  en  Europe  ,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

La  coque  de  cette  espèce  est  d'un 
ro âge  obscur  ,  de  forcie  ovale  ,  un  peu 
pointue  par-devant ,  arrondie  par-der- 
rière. Degéer  a  trouvé  ds  ces  coques  au 


l86      HISTOIRE   NATURELLE 

mois  de  mai ,  dans  de  la  bonze  de  vaclic, 
dont  sans  doute  les  larves  se  sont  nour- 
ries j  les  syrplies  en  sortirent  au  milieu 
du  même  mois. 

Le  Syrphe  à  tête  jaune  ,  Syrphus 
obesus. 

Il  est  de  la  giandeur  de  la  mouche 
commune  :  les  antennes  sont  plumeu- 
ses  ;  la  tête  est  d'un  jaune  foncé ,  avec 
les  yeux  d'un  brun  rouge  ;  tou  t  le  corps 
est  d'un  vert  bronzé  un  peu  doré  -,  les 
ailes  sont  d'un  brun  jaunâtre  j  les  pattes 
d'un  brun  obscur. 

On  le  trouve  à  Surinam. 

SECONDE      FAMILLE. 

Antennes  à  soie  nue. 

Le  Syrphe  pendant ,  Syrphus 
pendulus, 

îl  a  environ  sept  lignes  de  longueur: 
^  devant  de  la  tête  est  jaune ,  avec  un» 


î>  E  3     S  Y  R  P  H   E  S.  1^7 

ligne  noire  et  les  yeux  bruns  ;  le  cor- 
selet est  noir ,  avec  quatre  lignes  longi- 
tudinales jaunes  ;  Fabdomen  est  noir 
en  dessus  ;  les  trois  premiers  anneaux 
ont  chacun  une  tache  jaune  de  chaque 
côté  ,  qui  forment  autant  de  bandes 
transversales,  interrompues  dans  leur 
milieu  -,  celles  du  premier  anneau 
sont  les  plus  grandes  ;  le  dessous  de 
l'abdomen  est  jaune  à  sa  base,  brun  à 
l'extrémité  ;  les  ailes  sont  blanches  , 
transparentes ,  avec  un  petit  point  mar- 
ginal brun  y  lespatles  sont  jaunes  ,  avec 
des  taches  brunes  ;  les  cuisses  posté- 
rieures un  peu  renflées. 

On  le  trouve  en  Europe  ,  aux  envi- 
rons de  Paris,  sur  les  fleurs:  sa  larve 
vit  dans  l'eau  ;  elle  est  du  nombre  de 
celles  que  Réaumur  appelle  à  queue  de 
rat  ;  elle  est  suspendue  dans  l'eau  par 
une  longue  queue  qui  lui  sert  à  pom- 
per l'air.   Voyez  Génér.  da  ce  genre. 


l88       HISTOIRE    NATURELLE 

Le  Syrplie  des  fleurs  ,  Syrphus 
flore  us. 

Il  est  un  peu  plus  grand  que  le  pre'- 
cédent  :  la  tête  et  le  corselet  sont  noirs, 
couverts  d'une  grande  quantité  de  poils 
fins  et  serrés  d'un  jaune  verdâtre  qui 
font  paroître  ces  paities  veloutées  ;  les 
5'eux  sont  grands,  bruns;  l'abdomen 
est  noir,  avec  de  grandes  taches  jaunes 
de  chaque  côté  des  anneaux  qui  forment 
autant  de  bandes  interrompues  dans 
leur  milieu  ;  le  dernier  anneau  est  en- 
tièrement noir  5  le  dessons  de  Tabdo- 
men  est  jaune ,  avec  des  taclies  noires  ; 
les  pattes  sont  noires ,  avec  la  pins 
grande  partie  des  jambes  jaunes  ;  les 
ailes  ont  une  forte  teinte  d'un  jaune 
brun  ,  depuis  leur  origine  jnsques  vers 
le  milieu  j  le  reste  est  blanc,  transpa- 
rent. 

Il  Labite  l'Europe  ;  on  le  trouve  aux 
environs  Je  Pa.iis.  Ce  syrphe  vole  ay«ic 


DES     SYRPHES.  189 

rapidité  clans  les  jardins,  où  il  cherche 
les  fleurs  :  il  fait  en  volant  un  bour- 
donnement très-fort.  Degéer  croit  qu'il 
vient  d'une  larve  à  queue  de  rat:  il  a 
vu  souvent  ces  insectes  se  placer  sur 
la  boue  ,  comme  pour  y  pondre  des 
œufs. 

Le  Syrphe  des  jardins  ,  DegÉer. 

Syrphus  neniorum  ^  Fab. 

Il  a  environ  cinq  lignes  de  longueur.: 
la  tête  est  grise  ,  avec  une  ligne  longi- 
tudinale noire,  luisante  et  les  yeux 
bruns  ;  le  corselet  est  brun ,  couvert 
de  poils  d'un  gris  jaunâtre  ;  l'abdomen 
est  noir  en  dessus ,  avec  une  large 
bande  transversale  jaune,  interrompue 
dans  son  milieu  sur  le  premier  anneau  ; 
le  bord  de  cet  anneau  est  blanc ,  ainsi 
que  celui  des  deux  suivans ,  ce  qui 
forme  trois  bandes  transversales  étroi- 
tes sur  l'abdomen  ;  le  dessous  est  d'un 
jaune  pâle  \  les  ailes  sont  transparentes. 


190       HISTOIRE   NATURELLE 
avec  un  petit  point  marginal  noir  au 
milieu  j  les  pattes  sont  brunes  ,  avec  la 
partie  supérieure  des  jambes  blanche. 

Il  habite  l'Europe  :  on  le  trouve  aux 
environs  de  Paris  ,  dans  les  jardins  , 
sur  les  fleurs  ;  sa  larve  est  une  de  celles 
nommées  à  queue  de  rat  par  Réaumur. 

LeSyrplie  iena.c e,Sfrphus  tenax. 

Il  a  environ  sept  lignes  de  longueur  : 
ce  syrphe  ressemble  beaucoup  à  une 
abeille  par  les  couleurs  et  par  les  poils 
dont  il  est  couvert  -,  le  devant  de  la 
tête  est  d'un  brun  noirâtre ,  couvert 
de  poils  blanchâtres  ;  le  corselet  est 
brun,  avec  des  poils  d'un  gris  jaunâtre 
qui  le  font  paroître  velouté  ;  quelque- 
fois son  extrémité  est  jaune  ;  l'abdomen 
est  brun ,  avec  une  large  tache  jaune 
de  chaque  côté  du  premier  anneau  ; 
cette  tache  paroît  en  dessous  et  occupe 
quelquefois  tout  le  premier  anneau  : 
dans  quelques  individus^  les  trois  au» 


DES     S  Y  R  I»  H  E  S.  19I 

très  anneaux  ont  leur  extrémité  blan- 
che ,  dans  d'autres  ils  sont  entière- 
ment bruns  ;  les  ailes  sont  jaunâtres  au 
milieu,  transparentes  aux  deux  extré- 
mités ;  les  pattes  sont  brunes ,  avec  le 
haut  des  jambes  et  les  tarses  d'un  blanc 
jaunâtre. 

Il  habite  l'Europe. 

La  larve  de  ce  sj^rphe  a  une  longue 
queue,  par  laquelle  elle  pompe  l'air: 
on  peut  voir  sa  figure  dans  Goedart , 
Swammerdam  etRéaumur  :  celte  larve 
vient  dans  les  latrines,  les  eaux  crou- 
pies et  autres  endroits  semblables ,  au- 
tour desquels  on  rencontre  souvent 
l'insecte  parfait,  qui  se  trouve  aussi 
fréquemment  sur  les  fleurs  :  cette  larve 
vient  aussi  dans  la  bouillie  des  chif- 
fons dont  on  fait  le  papier  ;  sur  quoi 
Linneus  observe  un  fait  singulier  , 
qu'on  auroit  peine  à  croire  s'il  n'étoit 
assuré  par  un  aussi  grand  Naturaliste  : 
c'est  que  lorqu'on  bat  cette  bouillie 
pour  en  faire  du  papier ,  la  larve,  quoi- 


1^2      HISTOIRE    NATURELLE 

que  fortement  frappée  à  coups  de  mar- 
teau ,  n'est  point  écrasée ,  ne  périt  point, 
et  donne  ensuite  sa  mouche.  Si  cette 
observation  est  véritable,  elle  est  bien 
étonnante.  Geoff.  tom.  5,  pcig,  S 21. 

Le  Syrplie  trompeur  ,  Syrplius 
fallax. 

Il  a  en\'iron  cinq  lignes  :  la  tête  est 
jaune;  les  yeux  sont  bruns;  le  corselet 
et  l'abdomen  sont  noirs  ;  celui-ci  a  les 
derniers  anneaux  couverts  de,  poils  de 
couleur  rousse ,  et  les  autres  le  sont  par 
des  poils  gris  ;  les  cuisses  sont  noires  ; 
les  jambes  et  les  tarses  noirs ,  avec  des 
taches  jaunes. 

On  le  trouve  en  Europe  ,  sur  les 
fleurs. 

Le  Syrphe  clavipède  ,  Syrplius 
clavipes. 

Il  a  environ  huit  lignes  de  longueur  : 
la  tête  est  noire  -,  le  front  est  couvert 


DES     SYRPHES.  I95 

de  poils  blancs  ;  les  antennes  sont  noires  ; 
le  corselet  est  couvert  de  poils  d'an 
blanc  jaunâtre  ;  il  a  une  large  bande 
transversale  noire  ,  lisse  au  milieu  ; 
l'abdomen  est  cylindrique ,  noir  ;  avec 
les  premiers  anneaux  couverts  de  poils 
cendres,  les  derniers  de  poils  fauves j 
les  ailes  sont  blanches ,  sans  taches  -,  les 
pattes  noires  ;  les  cuisses  sont  î^arnies 
d'un  duvet  cendré  ;  les  postérieures 
sont  très-renflées  ,  arquées  et  munies 
d'une  dent  vers  le  milieu.  La  femelle 
diflFère  du  mâle  en  ce  qu'elle  a  l'abdo- 
men noir  ,  avec  le  bord  des  anneaux 
blanc. 

On  le  trouve  en  Italie,  aux  environs 
de  Paris,  sur  les  fleurs. 

Le  Syrphe  à  segment,  SjjpJius 
segnis, 

lia  environ  cinq  lignes  de  longueur  * 
le  front  est  couvert  d'un  duvet  argenté  ; 
les  yeux  sont  bruns  ;  le  corselet  est  d'vin 

Insectes    IX,  17 


Ig't      HISTOIRE    NATURELLE 

noir  verdâtre  ,  bronzé  ;  l'abdomen  est 
alongé,  cylindrique;  le  premier  an- 
neau est  de  la  couleur  du  corselet  -,  les 
deux  suivans  sont  d'un  jaune  rougeâ- 
tre ,  et  les  derniers  d'un  noir  bronzé  ; 
les  ailes  sont  transparentes  ,  avec  les 
nervures  brunes  -,  le  dessous  de  l'abdo- 
men est  semblable  au  dessus;  les  pattes 
sont  noires  ;  les  jambes  ont  un  anneau 
d'un  gris  jaunâtre  ;  les  tarses  ont  aussi 
quelques  anneaux  de  cette  couleur. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  dans  les  bois. 

Le  Syrphe  agréable  ,  Syrphua 
festwus» 

Il  a  environ  six  lignes  de  longueur  : 
ce  syrplie  ressemble  à  une  guêpe  ;  le 
devant  de  la  tête  est  d'un  jaune  citron; 
les  yeux  sont  bruns  ;  le  corselet  est  noir, 
il  a  en  dessus  une  ligne  longitudinale 
jaune  de  chaque  côté ,  et  en  dessous  deux 
taches  de  chaque  côté  de  la  Vix^ïXiQ  cou* 


DES     SYRP  H  E  S,         1^5 

leur  ;  l'écusson  est  jaune  ;  l'abdomen 
est  de  forme  ovale  ,  applati ,  d'un  noir 
luisant ,  avec  quatre  bandes  transver- 
sales jaunes,  dont  les  trois  premières 
sont  interrompues  sur  le  milieu  ;  le  des- 
sous a  également  quatre  bandes  jaunes 
non-interrompues  ;  les  ailes  sont  bru- 
nes ,  avec  le  bord  extérieur  noirâtre  ; 
les  quatre  pattes  antérieures  sont  en- 
tièrement jaunes  ;  les  postérieures  ont 
les  jambes  et  les  tarses  noirs. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris,  sur  les  fleurs. 

Le  Syrphe  du  Poirier,  Syrphua 
PjrastL 

Il  a  environ  six  lignes  :  la  tête  est 
d'un  jaune  verdâtre;  les  yeux  sont  très- 
grands,  bruns  ;  le  corselet  est  d'un  noir 
verdâtre  bronzé  5  l'abdomen  est  ovale, 
aiongé  ,  d'un  noir  mat ,  avec  trois  ta- 
ches jaunes  de  chaque  côté  5  celles  du 
milieu ,  qui  ont  laforme  d'un  croissant^ 


19^       HISTOIRE   NATURELLE 

ont  leurs  pointes  tournëes  vers  le  haut 
de  l'abdomen  ;  le  dernier  anneau  est 
bordé  de  jaune  à  l'extrémité  ;  l<î  des- 
sous de  l'abdomen  est  jaune,  avecquel- 
ques  grandes  taches  noires;  les  pattes 
sont  brunes ,  jaunâtres  aux  articnla- 
tions  ;  les  ailes  sont  très-transparentes , 
sans  taches. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris  ,  dans  les  jardins. 

Sa  larve  se  nourrit  de  pucerons  ;  elle 
est  d'une  belle  couleur  verte  ,  avec  une 
ligne  longitudinale  blanche  ou  jaunâtre 
sur  le  milieu  du  corps;  ses  stigmates 
postérieurs  sont  bruns,  joints  ensemble, 
raboteux  et  placés  sur  une  élévation  de 
la  peau. 

Le  Syrphe  crienr  _,  Sjrplius 
pipiens. 

Il  a  quatre  lignes  de  longueur  :  la  tête 
et  les  antennes  sont  jaunes  ;  les  )'-eux 
bruns  \  le  corselet  est  noir  j   avec  les 


DES     S  Y  R  P  H  E  S.  197 

côtés  d'nn  blanc  jaunâtre  ,  principale- 
ment vers  la  tête  ;  l'abdomen  est  alon- 
gé  ,  cylindrique,  d'un  noir  brnn,  lui- 
sant ,  avec  nne  tache  janne  de  cliaque 
côte  de  la  base  du  second  et  du  troisième 
anneau  ;  le  dessous  des  trois  premiers 
anneaux  est  jaune,  et  le  dessous  du  qua- 
trième est  noir  -,  les  ailes  sont  transpa- 
rentes, sans  laclies  ;  les  pattes  sont  fau- 
ves ;  les  jambes  et  les  cuisses  posté- 
rieures ont  des  taches  noires  ;  ces  der- 
nières sont  très-renflées  et  dentées  en 
dessous;  les  jambes  de  ces  pattes  sont 
arquées. 

On  le  trouve  en  Europe  ,  dans  les 
jardins,  sur  les  fleurs. 

Selon  le  cit.  Geoffroy,  la  larve  de 
cet  insecte  se  nourrit  de  pucerons. 
Mais  selon  Degéer ,  il  vient  d'une  larve 
bi  une  qui  vit  dans  le  fumier  de  cheval; 
la  partie  postérieure  de  cette  laive  est 
moins  grosse  que  la  partie  antérieure  ; 
elle  a  au-devant  de  la  tête  une  petite 
pointe  fine  ^chaque  anneau  de  son  corps 


198        HISTOIRE   NATURELLE 

est  garni  en  dessous  de  petits  mamelons 
cliarnus ,  au  moyen  desquels  elle  mar- 
che :  elle  se  transforme  en  nymphe  au 
commencement  de  mai,  sous  sa  peau, 
qui  prend  une  forme  ovale ,  et  se  ter- 
mine en  pointe  postérieurement  :  l'in- 
secte parfait  se  montre  vers  le  milieu 
du  même  mois. 

Le  Syrplie  ruficorne  ,  Syrplius 
riificornis. 

Il  a  près  de  six  lignes  de  longueur  : 
la  tête  est  jaune  ;  les  antennes  sont  fau- 
ves ;  les  yeux  d'un  brun  rougeàtre  ;  le 
corselet  est  légèrement  velu  sur  le  mi- 
lieu ;  les  côtés  onl  quelques  poils  noirs, 
roides,  assez  longs;  il  est  noir,  avec 
quatre  lignes  longitudinales  grises  ; 
l'écusson  est  d'un  blanc  jaunâtre;  l'ab- 
domen est  d'un  vert  cuivreux,  bronzé, 
légèrement  velu  sur  le  milieu ,  bordd 
de  poils  jauncltrcs  tout  autour  ;  lesailes 
sont  jaunàtrcS;  avecdeux  taches  brunes 


DES     MOUCHES-  1 9^ 

vers  le  milieu  ;  les  pattes  sont  fauves. 
On  le  trouve  en  Danemarck,  aux 
environs  Je  Paris  ,  sur  les  fleurs. 

ex  C  VIF    GENRE. 
MOUCHE. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes  ,. 
composées  de  deux  articles  ,  dont  le  pre- 
mier ovale  ,  souvent  alongé  ,  comprimé  ^ 
et  le  second  formant  une  soie  très-mince. 
—  Trompe  courte  ,  rétractibJe,  bilabiée^ 
cannelée.  —  Suçoir  libre  ,  formé  d'une 
seule  soie  ,  reçue  dans  la  cannelure  de  la 
trompe.  —  Deux  antennules  filiformes  y 
un  peu  plus  grosse  vers  la  pointe  ,  insé- 
rées à  la  partie  latérale  un  peusupérieure 
de  la  trompe. 

Les  mouches  sont  les  insectes  qui 
doivent  être  les  plus  connus  de  tout  le 
monde  ,  et  depuis  long -temps  ,  puis- 
qu'on les  rencontre  par-tout,  dans  les 
champs  et  dans  les  maisons.  Sous  leurs 
différens  ëtats^  elles  ont  beaucoup  de 


200        HISTOIRE    NATURELLE 

rajiports  avec  les  sj^rphes  :  aussi  tous 
les  Naturalistes  qui  eut  écrit  avant 
M.  Fabricius  ,  n'ont  fait  qu'un  seul 
genre  de  ces  insectes.  Les  principaux 
caractères  qui  les  distinguent  les  uns 
des  auties  ,  se  trouvent  dans  les  parties 
de  la  bouclie.  Celle  des  syrplies  est  plus 
composée  que  colle  des  mouches  ,  le  su- 
çoir des  premiers  est  divisé  en  quatre 
pièces ,  reçues  dans  la  cannelure  de  la 
trompe  ;  au  lieu  que  celui  des  mouches 
u'est  formé  que  d'une  seule  soie  ;  il  est 
également  reçu  dans  la  cannelure  de  la 
trompe. 

Les  antennes  sont  h  palettes  ,  ou  for- 
mées par  une  petite  masse  solide  ,  qui 
tantôt  est  en  forme  d'un  grain  lenticu- 
laire ;,  tantôt  alongée  comme  un  fuseau , 
et  souvent  elle  a  la  figure  d'une  pluine. 
Cette  masse  ou  palette  ,  placée  sur  v.n 
article  qui  se  trouve  uni  à  la  tête ,  et 
qui  souvent  est  composé  de  deux  ou 
trois  pièces  ,  est  toujours  accompagné 
d'un  poil  distinct,  qui  sort  d'un  de  ses 


DES     MOUCHES.  20l 

côtés  :  ce  poil  est  simple  on  velu.  Elles 
sont  inséiëes  à  la  partie  antérieure  delà 
tête ,  dans  une  cavité  entre  les  yeux. 

La  tête  est  arrondie,  de  la  largeur 
du  cort:elet  auquel  elle  est  jointe  par 
un  col  musculenx  ;  les  yeux  à  réseau 
sont  grands,  placés  vers  les  côtés  de  la 
tète  dont  ils  occupent  la  plus  grande 
partie.  Sur  lit  partie  supérieure  de  la 
tête  ,  entre  les  yeux  à  réseau  ,  sont  les 
trois  petits  yeux  lisses ,  disposés  en 
triangle.  La  trompe  est  mobile ,  avan- 
cée ,  terminée  par  deux  lèvres  char- 
nues :  dans  l'état  de  repos  ,  elle  est 
pliée  en  deux,  et  presque  entièrement 
cachée  dans  une  cavité  qui  se  trouve 
au-dessous  de  la  tête. 

Le  corselet  est  grand ,  couvert  d'une 
peau  coriace;  de  chaque  côté,  il  a  deux 
ouvertures,  qui  sont  les  stigmates  ou 
organes  de  la  respiration  \  l'écusson  est 
arrondi. 

L'abdomen  est  ovale  ,  renflé ,  obtus 
à  l'extrémité,  rarement  cylindrique. 


202       HISTOIRE   NATURELLE 

Les  ailes  sont  membraneuses ,  trans- 
parentes y  plus  longues  qae  l'abdomen  ; 
près  de  leur  origine ,  en  dessous ,  sont 
placées  les  écailles  que  Réaumur  a  nom- 
mées doubles  coquilles  ;  au-dessous  de 
l'écaillé  inférieure,  se  trouve  le  balan- 
cier. 

Les  pattes  sont  plus  ou  moins  gran- 
des \  le  tarse  est  terminé  par  deux  cro- 
chets, entre  lesquels  se  trouvent  deux 
petites  parties  ovales  en  forme  de  pe- 
loltes. 

Toutes  les  mouches  ,  de  même  que 
les  syrphes ,  voient  avec  rapidité  ,  et 
font  entendre  un  bourdoiuiement  en 
volant.  Ce  bruit  est  produit  par  le  frot- 
tement de  l'origine  des  ailes  contre  les 
parois  de  la  cavité  du  corselet  où  elles 
sont  insérées. 

Ces  insectes  sont  très-incommodes  , 
et  sans  cesse  tourmentent  les  hommes 
et  les  animaux  ,  comme  on  peut  en 
avoir  journellement  l'expérience.  Les 
mouches  qui  volent  dans  nos  apparte- 


DES  MOUCHES.  2o3 
-fhens  ,  et  qu'on  peut  appeler  mouches 
domestiques  j  se  placent  continuelle- 
ment, et  en  foule ,  sur  les  viandescju'on 
nous  sert  à  table ,  et  particulièrement 
sur  les  pâtisseries  et  les  confitures  , 
qu'elles  sucent  avec  leur  trompe  j  car 
elles  aiment  extrêmement  le  sucre  ,  et 
tout  ce  qui  est  doux.  Elles  gâtent  en- 
core les  dorures  des  lambris  et  les  ca- 
dres des  tableaux  ,  en  y  déposant  leurs 
excrémens;  qui  sont  en  forme  d'une 
liqueur  ou  bouillie.  Les  mouclieq  do- 
mestiques se  trouvent  toujours  en  quan- 
tité pendant  tout  l'été ,  mais  particu- 
lièrement en  juillet  et  août.  Cependant 
on  a  remarqué,  comme  une  chose  sin- 
gulière ,  qu'une  année ,  dans  un  endroit 
de  l'Europe ,  il  n'y  eut  presque  pas  de 
mouches,  il  falloit  même  alors  faire 
d'exactes  recherches  pour  en  trouver 
seulement  une  douzaine  \  mais  la  cause 
de  ce  phénomène  est  entièrement  in- 
connue.  Les  mouches  se  nourrissent 
donc  du  suc  des  yiandes ,  et  de  toutes 


2o4       HISTOIRE    NATURELLT^ 

les  liqueurs  douces:  plusieurs  espèces  se 
rendent  sur  les  fleurs,  pour  en  sucer  le 
miel.  Les  unes  cherchent  les  cadavres, 
et  d'autres,  les  excrémens  de  toute  es- 
pèce. 

Les  larves  des  mouchcssont,  comme 
celles  des  syrphes ,  d'une  figure  alon- 
gée,  ordinairement  cylindrique,et  d'une 
substance  molle  et  flexible  ;  le  devant 
du  corps  est  pointu  et  conique  ,  au  lieu 
que  le  derrière  est  gros  et  arrondi  ;  la 
tête  est  molle  et  charnue ,  n'a3\int  point 
de  figure  constante  ,  mais  variable,  et 
garnie  d'un  oudeux  crochets  écailleux, 
qui  servent  à  hacher  les  substances 
dont  la  larve  se  nourrit.  Le  corps  est 
divisé  en  anneaux,  et  garni  de  stigma- 
tes ,  qui  varient  en  nombre  et  en  figure 
selon  les  différentes  espèces.  La  plupart 
de  ces  larves  n'ont  point  de  pattes  ;  elles 
ne  marchent  que  par  le  mouvement  des 
anneaux  :  d'autres  ont  des  pattes  char- 
nues ,  en  forme  de  majnelons  ;  telles 
sont  les  larves  à  queue  de  rat,  dont 


DES     MOUCHES.  2o5 

nous  avons  donné  la  description  dans 
les  généralités  du  genre  syrplie. 

Les  larves  des  mouelies  se  nourris- 
sent de  différentes  matières  tant  ani- 
males que  végétales  ;  les  unes  dévorent 
la  chair  des  animaux  morts  ,  à  laquelle 
elles  donnent  en  même  temps  la  qua- 
lité de  se  corrompre  promptement  -, 
d'autres  vivent  dans  les  excrémens  , 
dans  le  fumier  et  dans  la  terre  grasse  ; 
d'autres  mangent  le  fromage  ;  d'autres 
se  trouvent  dans  le  corps  des  clienilles 
et  de  plusieurs  autres  larves  qu'elles 
rongent  et  qu'elles  consument.  Parmi 
celles  qui  se  nourrissent  de  substances 
végétales  ,  les  unes  vivent  dans  les 
feuilles  qu'elles  rainent  intérieurement; 
les  autres ,  dans  des  galles  ;  d'autres  dans 
des  champignons  ,  d'autres  dans  les 
graines  des  plantes.  Les  larves  à  queue 
de  rat  vivent  dans  les  eaux  bourbeuses 
et  marécageuses  ,  oà elles  se  nourrissent 
defragmens  de  feuilles  pourries  ,  et  de 
beaucoup   d'autres    matières    corroni=> 

Insectes.  IX.  i8 


aoS  HISTOIRE  NATURELLE 
pues.  L'utilité  des  larves  carnassières 
de  ce  genre  ,  paroît  doue  être  de  con- 
sumer les  cadavres  des  animaux  qui  se 
trouvent  dispersés  dans  les  bois  et  les 
campagnes,  et  que  les  bêtes  leroces  ont 
épargnés  ;  par  leur  multitude  ,  elles 
sont  capables  de  manger  un  tel  cadavre 
en  fort  peu  de  temps,  et  d'en  consumer 
toute  la  chair.  Celles  qui  mangent  les 
excrémens  semblent  être  faites  pour 
purger  la  terre  de  ces  immondices  , 
comme  les  larves  des  syrphes  qui  man- 
gent des  pucerons  délivrent  les  plantes 
de  ces  insectes  nuisibles  Les  moticlies 
même  servent  de  pâture  aux  petits  oi- 
seaux. 

La  larve  des  mouclies  ne  quitte  point 
sa  peau  pour  r.e  métamorphoser  ;  mais 
cette  peau  extérieure  se  durcit  et  de- 
vient écailleuse  ,  formant  comme  une 
coque  oblongue ,  ordinairement  de  cou- 
leur brune  rougeàtre,  ou  couleur  de  mar- 
ron ,  qui  renferme  toutes  les  parties  de 
l'insecte.  Dans  cette  coque,  ainsi  formée 


DES     MOUCHES.         20/ 

de  Lipeaacle  la  larve,  elle  prend  d'abord 
la  figure  d'une  boule  alongëe ,  à  laquelle 
on  ne  voit  aucune  partie  distincte  ;  elle 
n'est  que  comme  une  simple  masse  de 
cliair  molle.  C'est  une  découverte  qu'on 
doit  à  la  sagacité  de  Réaumur.  Ensuite 
cette  boule  se  développe,  et  prend  la 
figure  d'une  nymphe,  à  laquelle  on  voit 
toutes  les  parties  extérieures  de  la  mou- 
che. Après  un  cei'tain  temps,  celle-ci 
brise  et  fait  sauter  une  certaine  portion 
de  la  coque ,  qui  laisse  une  ouverture  par 
laquelle  elle  sort  de  sa  prison.  La  mou- 
che ne  paroît  alors  qu'avec  des  ailes  plis- 
sées  et  entortillées,  et  si  courtes,  qu'elles 
ne  ressemblent  qu'à  des  moignons  d'ai- 
les ,  mais  qui  bientôt  se  développent , 
s'étendent  et  deviennent  planes  et  imies, 
coin  nie  cela  arrive  aux  autres  insectes 
ailés. 

Toutes  les  mouches  femelles  doivent 
s'accoupler  avec  leur  mâle  pour  être 
fécondév^s.  Dans  cette  action ,  le  mâle 
est  placé  sur  le  dos  de  la  femelle,  et  après 


Î208       HISTOIRE    NATURELLE 

l'accouplement,  la  femelle  dépose  ses 
œiii's  dans  les  endroits  où  les  larves  doi- 
vent vivre.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  singu- 
lier, c'est  qu'on  trouve  aussi  des  mou- 
ches vivipares  ;  au  lieu  d'œufs  ,  il  sort 
de  leur  corps  des  petites  larves  vivani  es  : 
ces  mouclies  sonJ  hien  moins  fécondes 
que  les  mouches  ovipares ,  et  on  en 
connoît  peu  d'espèces. 

Ce  genre  est  très-nombreux  en  espè- 
ces. M.  Fabricius  en  a  décrit  plus  de 
deux  cents,  et  peut-être  en  est-il  beau- 
coup d'autres  qui  ne  sont  pas  encore 
connues.  La  plus  grande  partie  de  ces 
insectes  ss  trouve  en  Europe  ;  quarante 
et  quelques  espèces  seulement  sont  exo- 
tiques. 

Les  mouches  sont  divisées  en  deux 
familles  :  la  première  est  composée  de 
celles  à  antennes  plumeuses,  lascconde 
à  antennes  termince,s  par  une  soie  nue. 
Nous  en  décrirons  quelque-unes  de  cha- 
que famille. 


J'aç .  20^  . 


To/n  .  7A' 


1  .  MoTLcli .  méi'ïcliemîe 
z  ■  Mo^icli .  géante  . 
3.    Moxicli .   arronclie  . 


4.  Mo  11  cil.  solslitmle. 
ô .  AIoucli .  cTUAT'rtii  e . 


1>ES      MOUCHES*         209 

La  Mouclie  méridienne  ,  Musca 
jiieridiana» 

Elle  a  cinq  lignes  de  longueur  :  elle 
estentièrement  d'an  noir  foncé  luisant, 
avec  une  tache  alougée  d'un  jaune  doré 
de  chaque  côté  de  la  tête  au-dessous  des 
yeux;  l'abdomen  est  court,  assez  gros ^ 
garni ,  ainsi  que  le  coi'selet,  de  quelques 
poils  noirs  longsetroidcs  comme  du  crin: 
les  ailes  sont  jaunes,  depuis  leur  origine 
jusque  vers  le  milieu ,  et  le  long  du  bord 
extérieur,  Te  reste  est  blanc  et  transpa- 
rent -,  les  écailles  sont  blanchâtres. 

Elle  habite  l'Europe  :  on  la  trouve 
aux  environs  de  Paiis,  dans  les  prés. 
Elle  dépose  ses  œufs  dans  les  bouzes  de 
vaches,  oii  vit  sa  larve. 


La  Mouche  carnassière ,  jM'usca 
caniaria,. 


Elle  asix  lignes  dé  langueur  :  îa  tête  es[ 
d'un  jaune  doré  à  sa  partie  antérieure  , 


210  HISTOIRE  NATUllELLE 
les  yeux  sont  rougeâtres  ;  tout  le  corps 
est  parsemé  de  poils  uoirs  assez  longs; 
le  corselet  est  gris,  avec  quatre  lignes 
longitudinales  noires  ;  l'abdomen  est 
noir,  luisant,  avec  quatre  taches  blan- 
châtres quarrces  sur  chaque  anneau; 
l'extrémité  du  dernier  anneau  est  rouge; 
les  pattes  sont  noires  et  velues;  les  ailes 
ont  une  légère  teinte  de  noir. 

On  la  trouve  en  Europe,  en  Pensyl- 
vanie  :  elle  est  très-commune  aux  en- 
virons de  Paris;  on  la  voit  souvent  au- 
lour  de  la  viande  et  dans  les  jardins. 
Cette  mouche  est  vivipare ,  et  dépose  des 
larves  vivantes  assez  grandes  sur  la 
viande  et  les  cadavres. 

Ces  larves  sont  blanches;  elles  ont  la 
tête  pointue ,  de  figure  variable ,  munie 
de  crochets  avec  lesquels  elles  déchirent 
le:;  chairs;  le  derrière  gros  ,  arrondi  ;  le 
corps  composé  de  douze  anneaux  ;  le  der- 
nier 5  qui  est  comme  tronqué ,  a  une 
grande  cavité ,  dont  le  contour  est  garni 
de  plusieurs  émiueiices;  eu  forme  de 


DES      MOUCHES.  211 

mamelons  charnus^  que  la  larve  alonge 
ou  raccourcit  à  volonté.  Elle  peut  aussi 
contracter  les  bords  de  la  cavité  qui 
alors  se  ferme  comme  une  bourse.  Au 
fond  de  cette  cavité  sont  placés  les  prin- 
cipaux stigmates  ou  les  organes  delà  res- 
piration. Ce  sont  deux  plaques  ovales, 
de  couleur  fauve,  sur  chacune  desquel- 
les on  voit  trois  ouvertures  de  forme 
ovale  ,  alongée;  placées  obliquement,  et 
qui  sont  autant  de  stigmates.  L'anus  de 
la  larve  est  placé  en  dessous  de  cette 
bourse  charnue,  et  par  la  pression  on  en 
fait  sortir  une  liqueur  bourbeuse.  L'u- 
sage de  la  bourse  ou  cavité  où  sont  pla- 
cés les  stigmates ,  est  de  garantir  ces  par- 
ties, et  de  les  empêcher  d'être  bouchés 
par  la  liqueur  humide  et  glaireuse  qui 
vient  de  la  chair  qui  se  corrompt  et  se 
dissout. 

Outre  ces  stigmates  ,  la  larve  en  a 
encore  deux  autres  placés  à  la  jonction 
du  second  anneau  avec  le  troisième. 

Ces  larves  croifisentprompteiiient;  en 


212       HISTOIRE    NATURELLE 

six  ou  sept  jours  elles  parvicnncnl  ordi- 
nairement au  terme  de  leur  grandeur , 
qui  est  d'environ  sept  lignes  de  longueur 
et  deux  lignes  de  grosseur  :  alors  elles 
entrent  en  terre  pour  se  transformer  en 
nymphe  ,  sous  leur  peau ,  qui  devient 
une  coque  de  forme  oblongue ,  de  cou- 
leur hrune  j  et  quinze  ou  dix-huit  jours 
après  cette  métamorphose  ,  l'insecte 
parfait  sort  de  sa  coque ,  après  en  avoir 
fait  sauter  les  deux  premiers  anneaux. 

La  Mouche  domestique,  Musca 
dontestica. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  sm^la  des- 
cription de  cette  mouche ,  qui  est  la  plus 
commune  et  qu'on  trouve  par-tout  : 
elle  est  de  couleur  grise  ;  avec  cinq  lignes 
longitudinales  d'un  gris  foncé  sur  le 
corselet. 

Chi  la  trouve  dans  toute  TEurope  pcn^ 
dar.i:  l'été. 

L'accouplement  de  cette  mouche  est 


DES     MOUCHES.  2l3 

des  plus  singaliers,  en  ce  que  la  femelle 
introduit  un  long  tuyau  dans  le  corps 
du  mâle,  par  une  fente  qu'il  a  au  der- 
rière. Il  n'est  pas  rare  de  voir  les  mou- 
ches mâles  monter  et  s'élancer  sur  le 
corps  des  femelles^  et  ensuite  appliquer 
leur  derrière  contre  celui  de  ces  derniè- 
res ;  mais  l'accouplement  n'a  lieu  que 
lorsque  la  femelle  est  disposée  à  se  join- 
dre au  mâle  :  dans  cette  action ,  celui-ci 
reste  posé  sur  le  dos  de  la  femelle  ,  qui 
souvent  l'emporte  par-tout  où  elle  vole. 
Ces  mouclies,  et  quelques  autres  espè- 
ceS;  sont  sujettes  à  une  maladie  mortelle 
assez  singulière.  Le  ventre  s'enfle  ex- 
traordinairement ,  et  jusqu'à  en  crever 
la  peau  ;  les  anneaux  se  déboîtejit ,  et  les 
pièces  écailleuses  qui  les  couvrent,  s'é- 
loignent les  unes  des  autres  ;  la  peau 
membraneuse  est  alors  très-tendue  et 
toute  blanche-,  enfin,  en  ouvrant  le  ven- 
tre ,  on  le  trouve  rempli  d'une  matière 
onctueuse  blanche,  qui  souvent  pénè- 
tie  la  peau  et  s'accumule  sur  la  surfaca 


21 4       HISTOIRE   NATURELLE 

extérieure  du  corps.  On  trouve  souvent 
les  mouches  dans  cet  état,  moites  et 
accrochées  sur  les  murailles ,  les  fenê- 
tres ,  et  sur  les  plantes  des  prairies.  La 
cause  de  cette  maladie  est  inconnue. 

La  larve  de  cette  mouche  vit  dans  la 
fumier  en  fermentation:  elle  ressemble 
à  beaucoup  d'autres  larves  de  ce  genre , 
et  subit  les  mêmes  métamorphoses. 

La  Mouche  dorée  commune  , 
Musc  a  cœsar. 

Elle  a  quatre  lignes  et  demie  de  lon- 
gueur ;  tout  le  corps  est  d'un  vert  doré 
brillant ,  couvert  en  différens  endroits 
de  quelques  poils  noirs  assez  longs  ;  les 
yeux  sont rougeâ très  j  le  corselet  a  deux 
lignes  transversales  enfoncées  ;  les  ailes 
sont  transparentes,  avec  une  légère  tein- 
te brune  ;  les  pattes  sont  noires  j  les  écail- 
les blanchâtres. 

On  la  trouve  en  Europe  ,  en  Pensyl- 
"vanie  :  elle  dépose  ses  œufs  dans  les  cha- 


DES  MOUCHES.  2l5 
rognes  ,  autour  desquelles  on  la  trouve 
en  quantité  ;  elle  vient  peu  dans  les 
maisons  ,  mais  elle  est  très -commune 
dans  les  jardins  ,  les  campagnes  et  le 
bois. 

La  Mouche  bleue  de  la  viande, 
Musca  vomitoria. 

Cette  mouche  n'est  que  trop  connue; 
on  la  voit  pendant  l'été  chercher  à  dé- 
poser ses  œufs  sur  la  viande  ,  ce  qui  la 
fait  corrompre  en  très-peu  de  temps.  La 
tète  est  d'un  blanc  doré  par-devant  j 
les  yeux  sont  bruns  j  le  corselet  estnoir  j 
labdomen  gros  et  court ,  d'un  bleu  fon- 
cé brillant ,  garni  de  longs  poils  noirs 
tout  autour  •,  les  pattes  sont  noires  j  les 
ailes  ont  une  légère  teinte  noirâtre. 

On  la  trouve  dans  tonte  l'Europe, 


2l6        HISTOIRE   NATURELLE 
DEUXIÈME       FAMILLE. 

A  antennes  terminées  par  une  soie  nue. 

La  Mouche  loup  ,  Musca  fera» 

Elle  a  cinq  lignes  et  demie  de  lon- 
gueur :  la  tête  est  noire  ,  avec  une  ta- 
che dorée  de  chaque  côté  au-devant  des 
yeux  qui  sont  bruns  ;  le  corselet  est 
noir  avec  l'écusson  jaune  \  l'abdomen 
est  jaune  avec  une  large  ligne  longitu- 
dinale noire  sur  le  milieu.  Tout  le  corps 
est  parsemé  de  poils  noirs  assez  longs  , 
^principalement  aux  deux  derniers  an- 
neaux de  l'abdomen  ,  où  il  y  en  aune 
plus  grande  quantité  qu'ailleurs  ;  les 
ailes  sont  brunes,  avec  la  base  jaunâtre  ; 
les  pattes  sont  noires;  dans  quelques  in- 
dividus elles  sont  jaunes  avec  les  cuis- 
ses noires. 

Elle  habite  l'Europe  ,  on  la  trouve 
aux  environs  de  Paris  dans  les  campa- 
gnes buniides. 


DES     MOUCHES.         21/ 
Elle  vieil  l  d'une  larve  à  queue  de  rat, 
cette  larve  vit  dans  les  eaux  bourbeuses 
et  marécageuses. 

La  Mouche  géante,  Musca  grossa» 

Cette  mouche  est  la  plus  grande  et 
la  plus  grosse  de  toute  celles  connues 
dans  ce  pays  :  elle  a  environ  dix  lignes 
de  longueur  •,  l'abdomen,  c[ui  est  gros  et 
court,  a  cinq  lignes  de  largeur;  tout  le 
corps  est  noir ,  parsemé  de  poils  roi- 
des  de  la  même  couleur  ;  la  tête  est 
d'un  jaune  foncé  ,  avec  les  antennes  et 
les  yeux  bruns  ;  les  ailes  sont  jaunes  à 
leur  origine  et  le  long  du  bord  extérieur, 
jusque  vers  le  milieu,  le  reste  a  une  lé- 
gère teinte  grise  ;  les  pattes  sont  ve- 
lues ,  les  pelottes  des  tarses  jaunes. 

On  la  trouve  en  Europe  ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  sur  les  fleurs.  Cette  mou- 
che est  très-vive  et  fait  beaucoup  de 
bruit  en  volant. 

Insectes.  IX,  i  9 


Ûl8       HISTOIRE    NATURELLE 

La  Mouche  arrondie  ,  M.usoa 
rolundata. 

Elle  a  quatre  lignes  de  longueur  ;  la 
tête  est  blanchâtre  avec  deux  taches  do- 
rées entre  les  yeux-,  les  antennes  sont 
noires  -,  les  yeux  rougeâtres  -,  le  corselet 
est  un  peu  velu ,  noir  ,  avec  quelques 
taches  jaunes  :,  l'abdomen  est  court , 
renflé ,  arrondi ,  de  couleur  fauve ,  avec 
trois  ou  quatre  petites  taches  noires  sur 
le  milieu  ;  mais  ce  qu'il  a  de  singulier  , 
c'est  qu'il  paroît  être  d'une  seule  pièce  : 
ovi.  ne  distingue  point  la  séparation  des 
quatre  anneaux  dont  il  est  composé  ; 
les  ailes  sont  grises ,  transparentes,  avec 
une  tache  jaune  à  leur  origine  j  les  pat- 
tes sont  noires. 

Elle  habite  Europe ,  on  la  trouve  au 
mois  de  juin  sur  les  fleurs. 


DES     MOUCHES.         21^ 

La  Mouche  des  Chenilles,  Musca 
Larvarum, 

Elle  a  six  lignes  :  tout  le  corps  est 
velu ,  noir ,  luisant  ;  le  devant  de  la  tête 
est  blanc  brillant  ;  les  3'^eux  sont  d'un 
rouge  brun  -,  le  corselet  a  quelques  li- 
gnes longitudinales  noires  plus  foncées 
que  le  reste  -,  l'abdomen  a  des  taches 
cendrées  changeantes  ,  selon  le  jour  où 
on  les  regarde  ;  les  ailes  sont  tranparen- 
tes  ,  avec  une  légère  teinte  de  noir  et 
une  tache  brune  à  leur  origine. 

La  larve  vit  dans  le  corps  de  plu- 
sieurs espèces  de  chenilles  de  grandeur 
médiocre,  tant  rases  que  velues ,  qu'el- 
le ronge  et  consume  entièrement  5  elle 
se  change  en  nymphe  sous  sa  propre 
peau ,  qui  devient  une  coque  d'un  brun 
rougeâtre. 

On  la  trouve  dans  toute  l'Europe. 


220       HISTOIRE    NATURELLE 

La  Mouche  latérale  ,  Musca 
lateralis» 

Elle  est  de  la  grandeur  de  la  mouclie 
domestique  :  la  tête  est  noire ,  avec  le 
front  argenté  et  une  ligne  longitudinale 
d'un  noir  velouté  au  milieu  ;  les  j^eux 
sont  d'un  brun  rougeâtre;  le  corselet  est 
ïioir  mélangé  de  gris  ;  l'abdomen  est 
aïoir  j  avec  une  grande  tache  rouge  de 
chaque  côté  \  tout  le  corps  est  parsemé 
■de  poils  longs ,  roides  et  noirs  -,  les  ailes 
sont  brunes,  opaques,  avec  le  bord  pos- 
térieur blanchâtre  et  transparent. 

Cette  mouche  est  vivipare  :  sa  larve 
est  blancke ,  on  la  trouve  en  Europe,  sur 
les  plantes  dans  les  prairies. 

T/a  Mouche  de  la  pluie,  Musca 
pluvialis. 

Elle  a  environ  trois  lignes  de  lon- 
gueur :  tout  le  corps  est  d'une  couleur 
blanche  cendrée  j   la      te  est  de  cette 


DES    MOUCHES.         221 

couleur  ,  avec  les  3''eux  rougeât^es  -,  le 
corselet  a  cinq  taches  noires ,  lisses  ;  l'ab- 
domen a  en  dessus  neuf  taches  noires 
triangulaires ,  dont  trois  sur  chacun  des 
trois  derniers  anneaux  ;  souvent  ces  ta- 
ches sont  unies  ensemble  à  la  base  de 
l'anneau  ;  les  pattes  sotit  noires. 

Elle  habite  l'Europe  :  on  la  trouve 
souvent  sur  les  feuilles,  où  elle  se  tient 
tranquille  dans  les  temps  humides. 

La  Mouche  des  latrines  ,   Musca 
s  errata. 

Cette  mouche  est  plus  petite  qtie  la 
mouche  domestique  :  la  tête  est  de  cou- 
leur cendrée,  blanche  en  devant,  rousse 
sur  le  front  ;  les  yeux  sont  rouges  ;  le 
corselet  est  cendre  ;  l'abdomen  est  de 
couleur  ferrugineuse,  il  est  alongé,  co- 
nique ;  dans  Jafemelle  il  est  terminé  par 
une  longue  tarière  ,  composée  de  plu- 
sieurs tuyaux  qui  rentrent  les  uns  dans 
les  autres  ,  le  dernier  est  fendu  à  l'ex- 


S22       HISTOIRE    NATURELLE 

trémité  et  garni  de  deux  petits  mame- 
lons j  la  mouche  peut  alonger  et  raccour- 
cir cette  tarière  ;  les  pattes  sont  d'un 
jaune  pâle  ,  quelquefois  ferrugineuses. 
On  la  trouve  en  Europe  en  quantité 
dans  les  latrines. 

La  Mouche  du  vinaigre  ,   Musca 
cellaris. 

Fille  est  longue  d'une  ligne  et  demie  , 
de  couleur  fauve  un  peu  brune  ,  légère- 
ment velue  ;  les  yeux  sont  d'un  brun 
foncé  ;  Tabdomcn  est  d'une  couleur  plus 
foncée  à  son  origine  qu'à  l'extrémité  ; 
les  ailes  sont  larges,  elles  ont  trois  ner- 
vures longitudinales  assez  marquées  et 
le  bord  extérieur  épais. 

Cette  mouche  est  très-commune; on 
la  trouve  souvent  morte  dans  le  vin  et 
le  vinaigre  ;  elle  estattirée  par  toutes  les 
liqueurs  qui  s'aigrissent;  et  elle  y  dépose 
ses  œufs. 


DES    MOUCHES.         223 

La  Mouche  météorique  ,   Musca 
meteorica» 

Elle  est  de  la  grandeur  de  la  mouclie 
domestique  :  le  devant  de  la  têle  est 
d'un  blanc  brillant  ;  les  yeux  sont  d'un 
rouge  brun  -,  le  corselet  est  d'un  gris 
brun  ,  noir  dans  quelques  individus  ; 
Fabdomen  est  court,  conique  et  renflé, 
de  couleur  grise  ,  avec  une  ligne  longi- 
tudinale brune  sur  le  milieu  ;  il  est,  ainsi 
que  le  corselet,  garni  d'une  grande  quan- 
tité de  poils  noirs ,  longs  et  roid.es  ; 
les  ailes  sont  d'un  brun  jaunâtre  à  leur 
origine  ;  les  pattes  sont  longues  ,  min- 
ces et  très-velues. 

On  trouve  cette  mouche  au  mois  de 
juillet;  elle  est  très-incommode  pour  les 
hommes  et  pour  les  animaux  ;  elle  vole 
en  troupe  nombreuse  autour  de  la  tête 
des  chevaux  et  des  bêtes  à  cornes  ,  tâ- 
chant sans  cesse  d'entrer  dans  leurs  yeux 
et  leurs  oreilles ,  pour  s'y  nourrir  de 


224  HISTOIRE  NATURELLE 
l'humeur  ordinaire  qui  s'y  trouve  :  les 
hommes  ne  sont  pas  plus  à  l'abri  de  ses 
poursuites  opiniâtres  ,  elle  vole  con- 
tinuellement autour  de  la  tête ,  et  fait 
tout  son  possible  pour  entrer  dans  lés 
yeux. 

Elle  habite  l'Europe. 

La  Mouche  cuivreuse  ,  Musca 
cupraria. 

Elle  a  cinqlignes  de  longueur  :  la  tête 
est  arrondie  ,  d'un  vert  doré  ;  les  yeux 
sont  bruns ,  très-grands  ;  le  corselet  est 
légèrement  velu,  d'un  vert  doré  brillant; 
l'abdomen  est  alongé  ,  applati ,  comme 
tronqué  postérieurement  d'une  belle 
couleur  pourpre  cuivreuse  et  brillante  ; 
les  ailes  sont  beaucoup  plus  longues  que 
le  corps  ,  transparentes,  avec  une  tache 
marginale  vers  le  milieu,  de  couleur 
brune  -,  les  pattes  sont  d'un  noir  bronzé, 
avec  les  articulations  d'un  blanc  jau- 
nâtre. 


DES     MOUCHES.         225 

Elle  habite  l'Europe  ;  on  la  trouve 
aux  environs  de  Paris  j  sur  les  fleurs , 
dans  la  campagne. 

La  Mouche  onguiculée,  Musca 
ungulata* 

Elle  a  une  ligne  et  demie  de  longueur  : 
tout  le  corps  est  d'un  vert  doré  ;  les  yeux 
sont  rougeâtres  \  le  corselet  est  très-con- 
vexe, sillonné  transversalement  vers  sa 
partie  postérieure  ;  l'abdomen  est  très- 
alongé  ,  conique  ,  terminé  en  pointe 
mousse  ;  les  ailes  sont  transparentes,  noi- 
râtres ;  les  jambes  et  les  cuisses  sont  d'un 
jaune  pâle  -,  les  tarses  noirs  ;  toutes  les 
pattes  sont  couvertes  des  l&ngs  poils  roi- 
des  ;  la  tête  et  le  corps  sont  également 
couverts  de  semblables  poils. 

On  la  trouve  au  mois  de  juin  dans 
les  endroits  humides  ;  souvent  elle 
court  avec  célérité  sur  la  surface  des 
eaux  dormantes  et  tranquilles. 


'J2G       HISTOIRE    NATURELLE 

La  Mouclie  stercoraire  ^i)/«5ca 
stercoraria» 

Elle  a  quatre  lignes  de  longueur  :  le 
mâle  de  cette  espèce  difFère  de  la  femelle  -, 
ils  ont  l'un  et  l'autre  les  yeux  roux,  le 
devant  de  la  tête  jaunâtre  ,  le  corselet 
gris  avec  des  poils  d'un  jaune  verdâtre  ; 
l'abdomen  court  ^  ovale  ,  recourbe  en. 
dessous  :  celui  du  mâle  est  couvert  de 
poils  d'un  jaune  fauve ,  celui  de  la  fe- 
melle a  des  poils  gris  ,  mais  en  moindre 
quantité  que  le  mâle  \  les  ailes  ont  une 
teinte  d'un  brun  jaunâtre ,  sur-tout  à 
leur  origine  :  elles  sont  beaucoup  j)lua 
longues  que  l'abdomen,  et  ont  un  petit 
point  brun  au  milieu;  les  pattes  sont 
brunes  ,  les  cuisses  et  les  jambes  sont 
couvertes  de  poils  courts  ,  de  couleur 
jaune  ,  parmi  lesquels  sont  quelques 
poils  noirs  ,  très-longs  et  roides. 

Celte  mouche  est  très-commune  ;  on 
la  voit  continuellement  se  poser  sur  les 


DES    MOUCHES.         227 

excrémens  des  hommes  et  des  animaux, 
d'oLi  elle  tire  sa  nourriture  et  sur  les- 
quels elle  dépose  des  œufs  de  couleur 
blanche  ;  à  l'un  de  ses  bouts  chaque  œuf 
a  deux  ailerons  qui  s'écartent  l'un  de 
l'autre  comme  deux  cornes.  Ces  deux 
ailerons  servent  à  la  mouche  à  piquer 
son  œuf  dans  la  fiente  ,  à  mesure  qu'il 
sort  de  son  coi^ps  ,  et  l'empêchent  de  l'y 
faire  entrer  trop  avant  ;  afin  que  la  pe- 
tite larve  ,  qui  doit  en  sortir,  ne  soit 
pas  suffoquée  par  la  matière  molle  et 
humide  dont  l'œuf  est  environné. 
On  la  trouve  dans  toute  l'Europe. 

La  Mouche  vibrante  y  Musca 
vihrans» 

Elle  a  trois  lignes  de  longueur  :  la 
tête  est  rouge  ;  tout  le  corps  est  noir  lui- 
sant ;  l'abdomen  est  C5dindrique  ,  obtus 
à  l'extrémité  ,  quelquefois  un  peu  doréj 
les  ailes  sont  blanches  avec  une  laclic 
ïonde ,  de  couleur  noire  vers  Tcxtré- 


^28        HISTOIRE    NATURELLE 
lîiité;  les  pattes  soiil.  jaunes  dans  les  fe- 
melles, noires  dans  les  mâles. 

On  la  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris,  sur  les  plantes;  quand 
elle  marche  ou  quand  elle  est  en  repos , 
ses  ailes  sont  dans  un  mouvement  con- 
tinu :  elle  les  élève  et  les  abaisse  alter- 
nativement, et  les  tient  écartées  du 
corps. 

La  Mouche  des  Cerises  ,  Musca 
Cerasi, 

Elle  est  un  peu  moins  grande  que  la 
mouche  domestique  5  la  tête ,  les  anten- 
nes, et  les  pattes  sont  d'un  jaune  foncé; 
les  3^eux  sont  verts  ;  le  corselet  est  tes- 
tacé ,  avec  une  ligne  longitudinale  jau- 
ne de  chaque  côté;  l'abdomen  est  tes- 
tacé  sans  tache;  les  ailes  sont  blanches, 
transparentes ,  avec  des  lignes  transver- 
sales ondées  d'un  brun  jaunâtre. 

On  la  trouve  dans  toute  l'Europe. 

Sa  larve  vit  dans  les  cerise*  ;  et  paj:* 


DES  M  O  IT  C  H  E  S.  22(> 
tjciilièrement  dans  les  bigarreaux ,  dont 
elle  mange  seiilement  l'amande  qui  se 
trouve  dans  le  noyau  :  elle  entre  en 
terre  pour  se  changer  en  nymphe, 

La  Mouche  de  la  Bardanne, 
Musca  ,solstltialis. 

Elle  a  deux  lignes  de  longueur  ;  la 
tête  est  jaune,  avec  les  yeux  bruns  ;  le 
corselet  est  gris,  avec  l'ëcusson  jaune  ; 
l'abdomen  est  noir ,  lisse  ;  les  ailes  sont 
blanches  ,  transparentes  ,  avec  quatre 
bandes  transversales  brunes ,  dont  la 
dernière  est  à  l'extrémité  j  les  pattes 
sont  fauves. 

L'abdomen  de  la  femelle  est  terminé 
par  une  longue  pointe  roide,  de  la  lon- 
gueur de  l'abdomen ,  qui  lui  sert  pour 
enfoncer  ses  oeufs  dans  les  fleurs  de  la 
bardanne.  C'est  dans  la  graine  de  cette 
plante  que  vit  la  larve  de  cette  mouche. 
Cliaque  graine  n'en  renferme  jamais 
qu'une,  et  contient  la  portion  d'aliment 

Insectes.  IX,  2a 


23o      HISTOIRE   NATURELLE 

né(;essaire  à  la  larve  jusqu'au  moment 
où  elle  cesse  de  manger  :  on  trouve  les 
larves  vivantes  dans  les  graines  ,  dans 
le  mois  d'août-,  elles  sont  d'nn  blanc 
jaunâire,  et  diffèrent  peu  des  autres 
larves  de  ce  genre  :  leur  peau  est  très- 
dure  et  résiste  à  une  forte  pression  sans 
se  déchirer.  C'est  dans  la  graine  même 
qu'elles  subissent  toutes  leurs  métamor- 
plioscs,  et  la  mouclie  sort  de  sa  coque, 
vers  le  milieu  du  mois  de  juin  de  l'an- 
née suivante. 

On  la  trouve  en  Europe  ;  aux  envi- 
rons de  Paris. 


DES    S  T  O  M  O  X  E  S.        25l 

ex  C  VII  F    GENllE. 

S  T  O  M  O  X  E. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes, 
rapprochées,  courbées  5  cUux  articles  , 
le  premier  ovale  ,  alongé  ,  un  peu  com- 
primé ,  et  le  second  formant  une  soie 
très-mince  et  velue.  —  Trompe  rétracti- 
ble  ,  alongée  ,  filiforme  ,  cylindrique  , 
"bifide  ,  coudée  à  sa  base.  —  Suçoir  formé 
de  deux  soies,  renfermées  dans  la  trompe. 
—  Deux  antennules  courtes  ,  filiformes  , 
insérées  à  la  base  supérieure  de  la  trompe. 

C  E  genre  a  e'té  établi  par  le  cit.  Geof- 
f^o3^  Liniie'e ,  qui  n'a  coiniu  que  deux 
espèces  de  ce  genre ,  les  a  placées  avec 
les  conops  ;  et  Dcgcer  a  fait  une  mou- 
che ,  d'une  de  ces  denx  espèces.  Les 
stomoxes  ont  diiFérenles  parties  par  les- 
quelles ils  ressemblent  aux  insectes  de 
ces  deux  genres  :  ils  se  rapprochent  des 
conops  par  la  trompe  ;  mais  ils  s'en  éloi- 
gnent par  la  ibrme  du  corps  et  par  celle 


UJI  HISTOIRE  NVTLIKELLE 
de  leurs  antennes,  qui  les  rapprochent 
des  mouches  de  la  première  famille ,  ou 
à  antennes  plumeuses  ;  mais  leur  trom- 
pe ,  très-difterente  de  celle  de  ces  in- 
sectes ;  empêche  de  les  confondre  avec 
eux. 

Les  antennes  sont  composées  de  deux 
articles,  dont  le  premier  un  peu  plus 
court,  est  ovale,  en  forme  de  palette 
alongée  :  il  est  garni  extérieurement 
près  de  sa  base ,  d^me  soie  latérale  ve- 
lue, qui  forme  le  second  article  ;  elles 
sont  insérées  au  milieu  du  front ,  très- 
rapprocliées  à  leur  origine. 

La  tête  est  arrondie,  presque  aussi 
large  que  le  corselet,  dont  elle  est  sépa- 
rée par  un  col  tiès-court  ;  les  yeux  sont 
ovales ,  alongés ,  et  entre  eux  à  la  partie 
supérieure  de  la  tête,  sont  placés  les 
trois  petits  ^''eux  lisses  ;  la  trompe  est 
dure  ,  très- longue,  cannelée  à  sa  partie 
supérieure,  depuis  la  courbure  jusqu'à 
l'exlrémité,  et  fermée  dans  cette  jiartie, 
par  deux  lèvres  charnues  :  elle  contient 


DES  STOMOXES.  233 
une  longue  pièce  écailleuse ,  flexible , 
large,  applatie  en  dessus^  concave  en 
dessoiis y  terminée  en  pointe  fine,  qui  a 
soninsertion  àla  courbure  de  la  trompe: 
elle  sert  d'étui  au  suçoir,  qvii  est  écail- 
leux  et  extrêmement  délié.  Dans  l'inac- 
tion la  trompe  est  appliquée  au-dessous 
de  la  partie  inférieure  de  la  tête ,  diri- 
gée en  avant  dans  une  position  un  peu 
oblique. 

Le  corselet  est  de  forme  oblongue  ; 
l'écusson  très-distinct  et  arrondi  pos- 
térieurement. 

L'abdomen  est  court ,  ovale ,  obtus  à 
l'extrémité  5  les  ailes  sont  membraneu- 
ses ,  plus  longues  que  l'abdomen  ;  les 
balanciers  sont  courts  ;  les  écailles  gran- 
des et  arrondies  ;  les  pattes  sont  très- 
longues  et  minces  ;  les  tarses  terminés 
par  deux  ongles  crochus ,  entre  lesquels 
sont  deux  petites  pelottes. 

Ces  insectes  ont  le  corps  court ,  de 
forme  ovale,  légèrement  velu ,  parsemé 
de  poils  longs  et  roides  :  on  les  trouve 


234  lïISTOIHE  NATrrRELLK 
par- tout  Jans  la  campagne  et  dans  les 
maisons  :  ils  sont  très-incommodes,  et 
piquent  fortement,  avec  leur  longue 
trompe,  les  hommes  et  les  animaux, 
sur-tout  en  automne ,  saison  où  ils  sont 
très-communs.  Le  cit.  Geoffroy,  qui 
n'a  décrit  qu'une  espèce  de  ce  genre  , 
lui  a  donné  le  nom  de  stomoxe ,  qui 
signifie  insecte  à  bouche  pointue ,  à 
cause  de  la  longueur  de  sa  trompe ,  et 
Degéer  a  nommé  la  même  espèce ,  mou- 
che piqueuse.  La  larve  de  ces  insectes  , 
est  entièrement  inconnue  ,  ou  peut-être 
sa  ressemblance  avec  celles  des  itiou- 
clies,  aura  empêché  de  la  reconnoîtrc. 
M.  Fabricius  en  adoptant  ce  genre, 
a  augmenté  le  nombre  des  espèces  ;  des 
onze  (jii'il  a  décrites,  trois  sont  exoti- 
ques, et  les  autres  se  trouvent  dans  lés 
différentes  parties  de  l'Europe. 


P.i,r .  .i/k 


Tom  .  Z.r. 

I 


Jia/a.f>a/ui  de/. 


l?'nir,ieu    J\'ulp 


3   .    Stoiiiox   siT>ente  .         4  •  ^vop.  femiajnieiix. 
Vb  ■  Rliino'   à  l)ec   .  l'î  .  TUiag .  bécasse  . 

:S  .    Coiiops   ruflpècLe  .        6  .  Asile    frelon. 


DES     S  T  O  M  O  X  E  S.         2^0 

Le  Stomoxe  sibérite  ,   Stomoxys 
siberita. 

Il  est  de  la  grandeur  de  la  moticlie 
commune;  la  tête  est  d'un  blanc  argen- 
té, avecles  antennes  noires,  et  les  yeax 
d^in  rouge  brun  ;  la  trompe  est  trois 
fois  plus  longue  que  la  tête,  de  couleur 
îioire  ;  le  corselet  et  l'abdomen  sont 
d'un  gris  jaunâtre,  parsemés  de  poils 
noirs  longs  et  roides  ;  les  ailes  sont 
blanches  ,  transparentes ,  sans  taches  ; 
les  pattes  sont  d'nn  fauve  pâle ,  avec  les 
tarses  noirs. 

On  le  trouve  en  Danemarck  ,  aux 
environs  de  Paris. 

Le  Stomoxe   piqueur ,  Stomoxys 
calcilrans. 

Il  a  trois  lignes  de  longueur,  et  res- 
semble beaucoup  à  la  mouche  commune; 
mais  ses  ailes  sont  plus  écartées  ,  et  son 
abdomen  plus  court  ;  la  trompe  est  très- 


23G      HISTOIRE    NATURKLLE 
longue,  de  couleur  noire  ;  les  antennes 
sont  grises ,  et  les  pattes  noires. 

On  le  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris  :  il  fatigue  beaucoup  les 
chevaux,  et  les  pique  jusqu'au  sang. 
Selon  Linnée  ces  insectes ,  par  les  pi- 
qûres qu'ils  font  aux  pieds  des  bœufs, 
sont  la  cause  que  ces  animaux  frappent 
continuellement  la  terre  du  pied. 

Le  Stomoxe   irritant ,  Siomoxjs 
irritans. 

Il  a  quatre  lignes  de  longueur  ;  la 
tête  est  d'un  blanc  argenté' ,  avec  les 
antennes  noires  et  les  yeux  d'un  rouge 
brun  ;  la  trompe  est  brune  ,  une  fois 
plus  longue  que  la  tête;  le  corselet  est 
gris,  avec  quelques  lignes  longitudina- 
les noires ,  peu  marqùe'es  à  sa  partie  su- 
périeure; l'abdomen  est  court,  de  forme 
ovale,  de  couleur  grise,  avec  deux  pe- 
tites taches  noires  sur  chaque  anneau  ; 
les  ailes  sont  blanches ,  transparentes  ; 


DES  RHINGIES.  25/ 
sans  taches  ;  les  pattes  sont  noires,  avec 
la  base  des  jambes  pâle. 

Il  habite  l'Europe  :  on  le  trouve  aux 
environs  de  Piaris,  sur  les  bêtes  à  cor- 
nes, dont  il  suce  le  sang. 

CXCIX°    GENRE, 
R  H  I  N  G  I  E. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes, 
composées  de  trois  pièces  y  dont  la  troi- 
sième plus  grande  ,  ovale  ,  munie  d'un 
poil  latéral  très-fin.  —  Trompe  rétracti- 
1ble  ,  cannelée  ,  biîabiée ,  cachée  sous  une 
espèce  de  bec  avancé. —  Suçoir  composé 
de  quatre  soies,  reçues  dans  la  cannelure 
de  la  trompe.  —  Deux  antennules  min- 
ces ,  filiformes  ,  insérées  à  la  base  des  su- 
çoirs ,  et  appliquées  sur  la  trompe. 

ScopoLT  a  séparé  des  conops  de  Lin- 
née  ,  l'insecte  dont  il  a  formé  ce^enre, 
auquel  M.  Fàbricius  a  ajouté  deux  es- 
pèces. Ce  genre  a  été  adopté  par  les  Na- 
turalistes;, qui  ont  écrit  depuis  Scopoli» 


238       HISTOIRE    NATURELLE 

Les  rliingies  ont  beaucoup  de  rap-r 
ports  avec  les  mouches,  dont  elles  diffè- 
rent par  la  trompe. 

Les  antennes  sont  composées  de  trois 
articles,  dontle  premier  est  très-court; 
le  second  large  ,  ovale ,  applati,  en  forme 
de  palette;  le  troisième  est  une  soie 
très-mince  ,  insérée  à  la  base  extérieure 
du  second  article  :  elles  sont  très-rap- 
procliées  à  leur  origine,  et  sont  insérées 
sur  une  petite  émiiience  à  la  partie  an- 
térieure de  la  tête. 

-  La  tête  est  arrondie ,  de  la  largeur 
du  corselet ,  prolongée  à  sa  partie  anté- 
térieure  ,  formant  une  espèce  de  bec 
conif[ue  inarticulé ;,  de  substance  écail- 
îeuse ,  sous  lequel  une  partie  de  la 
trompe  est  cachée  ;  la  trompe  est  beau- 
coup plus  longue  que  le  bec  qui  couvre 
sa  base  :  elle  est  dirigée  en  avant,  un 
j)eu  élevée,  cannelée  à  sa  partie  supé- 
rieure, et  renferme  le  suçoir,  composé 
de  quatre  soies  ;  les  A^eux  sont  très- 
grands;  ceux  du  mâle  occupent  presque 


D  E  S     R  II  T  N  G  I  E  S.  2o9 

tonte  la  tête;,  mais  entre  ceux  de  la  fe- 
melle il  y  a  un  petit  espace.  Sur  le  som- 
met de  la  tête  ^  les  trois  petits  3-8ax  lis- 
ses sont  placés  en  triangle. 

Le  corselet  est  grand  ,  de  forme 
ovale  ;  l'écnsson  arrondi  postérieure- 
ment -,  l'abdomen  est  court ,  de  forme 
ovale  ,  obLus  à  l'extrémité  ;  les  ailes 
sont  membraneuses  ,  plus  longues  que 
l'abdomen  ;  les  balanciers  sont  courts  , 
'  en  masse  oblongue  à  l'extrémité  ;  les 
écailles  grandes ,  ovales. 

Les  pattes  sont  longues  ,  minces  ;  les 
tarses  terminés  par  deux  crochets , 
entre  lesquels  sont  deux  petites  pe- 
lottes. 

Les  rliingies  sont  de  moyenne  gran- 
deur; elles  ont  le  corps  courte  peu  ve- 
lu: on  ne  connoît  point  les  habitudes  de 
CCS  insectes  et  leurs  larves  sont  incon- 
nues -,  mais  il  paroît  qu'elles  vivent  dans 
la  fiente  des  animaux  ,  ou  au  moins 
celle  de  la  rhingie  à  bec,  rhingia  vos-- 
trata,  Scop.  Fab.  ;  elle  est  née  dans  vm 


Q^O       HISTOIRE    NATURELLE 
poudrier,  où  Reaumur  avoit  renferme 
de  la  bouse  de  vaclie  ,  avec  des  larves 
qui  s'en  nourrissoient. 

Les  trois  espèces  qui  composent  ce 
genre ,  habitent  l'Europe.  Nous  donne- 
rons seulement  la  description  de  celle 
cjLii  se  trouve  aux  environs  de  Paris. 

La  "Rliingie  à  bec  ,  Rhingia 
rostrata. 

Elle  a  quatre  lignes  et  demie  de  lon- 
gueur :  le  devant  de  la  tête,  le  bec  et 
les  antennes  sont  d'un  jaune  testace  ; 
les  yeux  sont  très-grands ,  d'un  brun 
foncé  -,  le  corselet  est  brun  ;  l'écusson 
testacé  ;  l'abdomen  de  la  femelle  est  en- 
tièrement d'un  jaune  testacé ,  tant  en 
dessus  qu'en  dessous;  celui  du  mâle, 
qui  est  de  la  même  couleur,  a  en  des- 
sus trois  lignes  longitudinales  noires, 
dont  une  sur  le  milieu  ,  et  une  de  cha- 
que côté  •,  les  ailes  sont  très-longues , 
transparentes^  avec  une  teinte  jaune 


DES     CONOPS.  *i4l 

le  long  du  bord   extérieur  ;  les  pattes 
sont  testacëes. 

Elle  habite  l'Europe  ;  on  la  trouve 
aux  environs  de  Paris  :  des  deux  autres 
espèces,  l'une  se  trouve  en  Allemagne; 
l'autre  en  Danemarck. 

C  r     GENRE. 
CONOPS. 

Caractères  génériques.  Antennes  plus  lon- 
gues que  la  tête  ,  presque  en  masse  ,  réu- 
nies à  leur  base,  dernier  article  renflé  , 
terminé  en  pointe.  —  Trompe  rétractible, 
cannelée  ,  biiabiée.  —  Suçoir  composé  de 
deux  pièces  j  la  supérieure  un  peu  plus 
large  et  applatie  ,  contenant  une  soie 
dans  la  cannelure  de  la  trompe.  —  Deux 
antennules  courtes ,  filiformes  ,  insérées 
à  la  base  du  suçoir ,  et  appliquées  sur  la 
trompe. 

Les  insectes  de  ce  genre ,  e'tabli  par 
Linnée,  ont  un  peu  de  ressemblance 
avec  les  asiles  par  la  forme  de  leur 

Insectes.  IX,  21 


2^2        HTSTOITÎE   NATURELLE 

trompe  et  par  la  forme  de  leurs  anten- 
nes j  ce  qui  ,  sans  cloute,  a  déterminé 
le  cit.  GeofFroy  à  les  placer  avec  ces  in- 
sectes. Mais  Texamen  de  ces  parties  fait 
voir  des  dilTérences  entr'elles  ,  qui  em- 
pêclicnt  de  confondre  les  conops  avec 
les  asiles  ;  en  outre  ces  derniers  ont  tou- 
jours le  corps  plus  ou  moins  velu,  au 
lieu  que  les  premiers  ont  le  corps  lisse 
et  sans  poils. 

Les  antennes  sont  plus  longues  que 
la  tête ,  composées  de  trois  articles  visi- 
bles ,  dont  le  premier  est  court ,  cylin- 
drique -,  le  second  long,  un  peu  renflé 
à  l'extrémité;  le  troisième,  plus  court 
que  celui-ci,  est  renflé  au  milieu,  ter- 
miné en  pointe  mousse ,  et  composé 
de  trois  petites  parties  peu  distinctes  ; 
elles  sontréunies  à  leur  base,  et  insérées 
sur  une  petite  éminence  à  la  partie  an- 
térieure de  la  tête. 

La  tête  est  grosse  ,  arrondie,  plus 
large  que  le  corselet  ;  à  sa  partie  infé- 
rieure elle  a  une  cavité  pour  recevoir 


DES     CONOPS,  243 

la  trompe  :  les  yeux  sont  grands  ,  nii 
peu  ovales  ;  les  trois  petits  yeux  lisses 
manquent  à  ces  insectes  ;  la  trompe  est 
plus  longue  que  la  tête ,  composée  de 
trois  parties  ,  dont  la  plus  grande  ,  qui 
sert  d'étui  aux  deux  autres ,  est  mince , 
déliée  ,  coudée  à  sa  base  ,  cannelée  à  sa 
partie  supérieure  ;  la  seconde,  qui  est 
le  suçoir,  est  très-déliée ,  dure,  pointue , 
presque  aussi  longue  que  la  jDremière  , 
el  insérée  à  la  courbure  de  la  gaine,  dans 
la  cannelure  de  laquelle  elle  est  reçue  ; 
la  troisième  est  courte,  large ,  applatie, 
terminée  en  pointe  ;  elle  sert  à  contenir 
le  snçoir  dans  la  gaine. 

Selon  M.  Fabricîus  ,  ces  insectes  ont 
deux  antennules  insérées  sur  les  côtés 
de  la  courbure  delà  trompe-,  mais  selon 
les  citoyens  Olivier  et  Latreille  ,  ces 
parties  manquent  aux  conops;  et  De- 
géer ,  qui  a  décrit  la  trompe  de  ces  in- 
sectes ,  Yi!e\\  fait  point  mention. 

Le  corselet  est  arrondi ,  renflé  à  sa 
partie  supérieure  j   l'écusson  arrondi 


244       HISTOIRE  NATURELLE 

postérieurement  ;  l'abdomen  est  alon- 
gé  ,  mince  à  sa  base,  recourbé  et  renflé 
à  l'extrémité. 

Les  pattes  sont  de  moyenne  longueur , 
les  tarses  terminés  par  deux  crochets , 
entre  lesquels  sont  deux  petites  pelottes 
spongieuses. 

Les  ailes  sont  de  la  longueur  de  l'ab- 
domen ,  membraneuses  et  veinées  -,  les 
balanciers  minces ,  ovales  à  l'extrémité, 
et  légèrement  comprimés. 

Ces  insectes  sont  d'une  vivacité  ex- 
trême :  on  les  trouve  dans  les  jardins 
et  les  prairies  ,  où  ils  clierclient  les 
fleurs ,  pour  sucer  la  liqueur  miellée 
qu'elles  contiennent  et  qui  est  leur 
seule  nourriture ,  ce  qui  doit  les  dis- 
tinguer encore  des  asiles  qui  sont  car- 
nassières ,  et  ne  vivent  ^ue  d'autres  in- 
sectes. Réaumur  les  a  comparés  aux 
guêpes  auxquelles  ils  ressemblent  par 
la  forme  et  les  couleurs:  leurs  larves 
ne  sont  point  encore  connues. 

Us  forment  un  genre  peu  nombreux; 


DES     CONOPS.  245 

on  n'en  a  encore  décrit  que  onze  espèces, 
dont  trois  sont  exotiques. 

Le  Conops  piquant ,   Qonops 
aculeata, 

H  ressemble  beaucoup  à  une  guêpe, 
il  a  six  lignes  de  longuevir  :  les  an  tenues 
sont  noires;  la  tête  est  jaune,  un  peu 
vésiculeuse  à  sa  partie  ante'rieure  ;  le 
corselet  est  noir  luisant,  avec  un  point 
élevé ,  jaune  de  chaque  côté  de  sa  par- 
tie antérieure,  et  une  tache  jaune  blan- 
châtre au-devant  des  ailes  ;  l'abdomen 
est  noir ,  luisant ,  avec  cinq  bandes 
jaunes  ,  dont  une  très-petite  sur  le  pre- 
mier anneau ,  et  deux  points  jaunes 
élevés  de  chaque  côté  de  la  base  ;  les 
ailes  sont  transparentes,  avec  une  légère 
teinte  de  brun;  les  balanciers  sont  jau- 
nes ;  les  pattes  sont  fauves  ,  avec  une 
taclie  alongée  noirâtre  sur  les  cuisses. 

On  le  trouve  en  Europe  ;  sur  les 
fleurs. 


2j46     histoire  naturelle 
Le  Conops  noir ,  Conops  nignu 

11  ressemble  à  un  icline  union  :  les 
nntennes  sont  ferrugineuses  ;  la  tête  est 
noire  ,  jaune  à  sa  partie  antérieure , 
avec  une  ligne  en  forme  d'Y  au  milieu  ; 
le  corselet  est  noir,  luisant  -,  l'abdomen 
est  noir,  très-dclié  à  son  origine  et 
dans  une  grande  partie  de  sa  longueur , 
renflé  et  courbé  à  son  extrémité  ;  les 
ailes  sont  blanclies  et  transparentes  à 
leur  bord  interne ,  noirâtre  à  leur  bord 
externe  :  les  balanciers  sont  fauves  j 
les  pattes  fauves  ,  avec  l'origine  des 
cuisses  noires. 

On  le  trouve  en  Europe. 

Le  Conops  rufipède  ,  Conops 
rufipes» 

Il  a  environ  six  lignes  de  longueur  r 
les  antennes  sont  noires  ;  la  tête  est 
jaune ,  avec  les  yeux  bruns  j  le  corselet 
est  noir;  avec  un  point  élevé;  jaune 


DES    CONOPS.  247 

tle  chaque  côté  delà  partie  antérieure  ; 
les  côtés  et  le  bord  postérieur  ferrugi- 
neux ;  l'abdomen  est  mince  et  ferru- 
gineux à  la  base  ,  noir  et  renflé  à  l'ex- 
Irémité  ,  avec  le  bord  des  anneaux  fer- 
rugineux ;  les  ailes  sont  transparentes , 
avec  le  bord  extérieur  obscur  ,  depuis 
la  base  jusqu'aux  deux  tiers  de  l'aile  ; 
les  balanciers  sont  d'un  jaune  pâle;  les 
pattes  sont  ferrugineuses. 

On  le  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris  ,  vers  le  milieu  de  l'été , 
sur  les  fleurs,  dans  les  prairies. 

Le  Conops  grosse-tête  ,  Conops 
niacrocephala. 

Cet  insecte  ,  qui  a  près  de  six  lignes 
de  longueur,  ressemble  à  ime  guêpe; 
les  antennes  sont  ferrugineuses  ;  le  de- 
vant de  la  tète  est  d'un  jaune  clair  lui- 
sant ;  le  dessus  est  d'un  brun  ferrugi- 
neux ,  avec  deux  grandes  taclies  jau- 
nes ;  le  corselet  est  mélangé  de  ferrugi- 


248  HISTOIRE  NATURELLE 
neux  et  de  noir;  l'abdomen  est  noirâ- 
tre, avec  le  bord  des  anneaux  jaune ,  et 
l'extrémité  ferrugineuse  ;  les  ailes  soiit 
panaclie'es  de  brun  ;  les  pattes  sont  fer- 
rugineuses. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  dans  les  prairies. 


DES     MYOPES.  249 

G  C  r     GENRE. 
MYOPE. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes , 
courbées,  composées  de  trois  articles  , 
dont  le  second  presque  conique  ,  le  der- 
nier ovale  ,  applati  ,  muni  d'un  poil  la- 
téral assez  court.  —  Trompe  rétractible  , 
longue,  filiforme,  brisée  et  repliée  au 
milieu.  —  Suçoir  formé  d'une  seule  soie  , 
renfermée  dans  la  trompe.  —  Deux  an- 
tennules  minces ^  très-courtes  ,  compo- 
sées de  trois  articles  presque  égaux  ,  in- 
sérées à  la  base  latérale  un  peu  supé- 
rieure de  la  trompe.  —  Partie  antérieure 
de  la  tète  presque  vésiculeuse. 

Une  partie  des  insectes  de  ce  genre , 
établi  par  M.  Fabricius ,  sont  des  conops 
de  Linnée,  asiles  du  cit.  GeofiFroy.  Les 
myopes  diffèrent  des  insectes  de  ces 
deux  genres ,  non-seulement  par  la 
forme  des  antennes,  mais  encore  par 
le  nombre  des  pièces  du  suçoir. 


^50      HISTOIRE    NATURELLE 

Les  antennes  sont  courtes ,  recour- 
bées ,  composées  de  trois  articles ,  dont 
Je  premier  court,  cylindrique-,  le  se- 
cond long,  plus  mince  à  son  origine 
qu'à  son  extrémité;  le  troisième  court, 
ovale ,  applati ,  arrondi  à  l'extrémité  et 
muni  d'une  soie  latérale  assez  courte; 
elles  sont  rapprochées  à  leur  base  et  in- 
sérées au  milieu  du  front. 

La  tête  est  grosse,  arrondie,  plus  large 
que  le  corselet,  presque  vésiculeuse  à  sa 
partie  antérieure,  qui  est  couverte  par 
îine  espèce  de  masque  -,  les  yeux  sont 
assez  grands ,  arrondis  -,  les  trois  petits 
yeux  lisses  sont  placés  eu  triangle  , 
sur  le  sommet  de  la  tête;  la  trompe, 
qui  forme  la  bouche,  est  longue ,  cylin- 
drique^ portée  en  avant,  coudée  à  sa 
base ,  brisée  et  repliée  au  milieu  :  elle 
renferme  le  suçoir,  qui  est  conique, 
très-pointu  à  l'extrémité  et  biarticulé  : 
elle  est  placée  dans  une  cavité  qui  se 
trouve  à  la  partie  inférieure  de  la  tête. 
Le  corselet  est  presque  cylindrique, 


DES     MYOPES.  25 1 

convexe ,  avec  un  point  élevé  de  cliaque 
côté  aux  angles  antérieurs  -,  l'abdornen 
est  cylindrique,  arqué,  un  ^eu  renflé 
et  obtus  à  l'extrémité  ;  les  ailes  sont 
membraneuses  ,  à  peine  de  la  longueur 
de  Tabdomen,  très-écartées  ou  couchées 
sur  le  corps  \  les  balanciers  sont  alon- 
gés ,  terminés  en  masse  comprimée  , 
tronquée. 

Les  pattes  sont  de  longueur  moyen- 
ne, assez  forte;  les  cuisses  un  peu  ren- 
flées ;  les  tarses  sont  terminés  par  deux 
crochets  longs,  arqués,  entre  lesquels 
sont  deux  petites  pelottes  spongieuses. 

Ces  insectes  ont  le  corps  alongé;,  lisse. 
Quelques-uns  se  trouvent  dans  les  bois  j 
leur  larve  n'est  point  encore  connue. 

Des  dix  espèces  décrites  par  M.  Fa- 
bricius ,  huit  habitent  l'Europe  ,  et 
l'une  des  deux  autres ,  les  Indes  orien- 
tales. 


Î252       HISTOIRE   NATURELLE 

Le  Myope  dorsal,  Myopa  dor salis» 

Il  a  environ  six  lignes  de  longueur; 
les  antennes  sont  ferrugineuses ,  avec 
l'extrémité  jaune  -,  le  devant  de  la  tête 
est  presque  vésiculeux,  jaune  ;  les  yeux 
sont  bruns;  le  corselet  est  d'un  brun 
ferrugineux;  l'abdomen  est  cylindri- 
que ,  renflé  et  recourbé  à  l'extrémité , 
de  couleur  ferrugineuse ,  avec  le  bord 
des  anneaux  blanc  ;  les  ailes  sont  obs- 
cures, sans  taches;  les  balanciers  jaunes; 
les  pattes  ferrugineuses. 

On  le  trouve  en  Allemagne ,  et  aux 
é*     environs  de  Paris. 

Le  Myope  ferrugineux  ,  Myopa 
ferruginea» 

Il  est  moins  grand  que  le  précédent  ; 
les  antennes  sont  courtes,  ferrugineu- 
ses ;  le  devant  de  la  tête  est  d'un  jaune 
citron;  les  yeux  sont  bruns;  le  corselet 
est  varid  de  noirâtre  et  de  ferrugineux  > 


DES     MYOPES.  253 

î'^-bdomen  est  cylindrique  ,  alongé ,  un 
peu  renflé  et  recourbé  à  rextrémité , 
d'un  brun  ferrugineux  ;  les  ailes  moins 
longues  que  l'abdomen,  sont  noirâtres, 
et  les  pattes  ferrugineuses  j  les  balan- 
ciers sont  jaunâtres. 

On  le  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  dans  les  bois. 

Le  Myope  jouflu,  Myopahuccata, 

Il  a  quatre  lignes  de  longueur  ;  les  an- 
tennes sont  brunes  ;  le  devant  delà  tête 
est  presque  vésicule ux ,  d'un  blanc  jau- 
nâtre j  les  yeux  sont  noirs;  le  corselet 
est  brun  ;  l'abdomen  est  cylindrique  , 
renflé  et  recourbé  à  l'extrémité ,  d'un 
brun  ferrugineux ,  avec  les  derniers 
anneaux  et  le  bord  des  autres  blan- 
châtres, sur  les  anneaux  blancs  sont 
quelques  taches  noires;  les  ailes  sont 
obscures ,  jaunâtres  à  la  base ,  moins 
longues  que  l'abdomen  j  les  pattes  sont 
InsecLe.s.  IX.  22 


254       HISTOIRE    NATURELLE 

fei  rughieiises  ;  les  cuisses  et  les  jambes 
ont  des  anneaux  jaunes. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  dans  les  bois. 

Le  Myope  ponctué ,  Mjopa 
punctata, 

il  a  environ  trois  ligues  de  longueur  ; 
les  antennes  sont  noires  ;  la  tcte  est  tc- 
siculeuse,  d'un  blanc  jaunâtre  à  sa  par- 
tie antérieure,  noirâtre  sur  le  vertcx; 
lé  corselet  est  légèrement  velu,  noir^ 
avec  un  point  élevé ,  d'un  jaune  ver- 
dàtre,  de  cliaque  côté  de  sa  partie  anté- 
rieure; l'écusson  a  son  bord  postérieur 
d'un  jaune  verdâlre  ;  l'abdomen  est 
ovale,  peu  recourbé,  verdàtre  ,  lui- 
sant, avec  le  premier  anneau  noir,  et 
une  tache  noire  de  chaque  côté  des 
autres  anneaux:  celui  de  la  femelle  est 
terminé  en  pointe  et  recourbé  ;  les  ailes 
sontblanclîes,  transparentes  j  les  pattes  • 
sont  noires. 


D  K  s     MYOPES.  2:35 

L'individu  que  nous  avons  sous  les 
yeux,  qui  est  une  femelle,  est  en  tout 
semblable  à  celui  décrit  par  M.  Fabri- 
cius  ,  il  n'en  diffère  que  par  les  cuisses 
etles  jambes,  qui  sont  d'un  jaime  ver- 
dâtre,  elj  les  tarses  sont  noirs.  Peut-être 
ces  parties  varient-elles ,  dans  l'un  des 
deux  sexes. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris. 


256      HISTOIRE   NATURELLE 

C  C  I  F     GENRE. 

R  H  A  G  I  O  N. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes  ^ 
de  trois  articles  grenus  ,  moniliformes , 
terminés  par  un  poil  alongé.  —  Trompe 
très-courte  ,  bilabiée  y  cannelée.  —  Su- 
çoir composé  de  trois  soies  ,  reçues  dans 
la  cannelure  de  la  trompe.  —  Deux  an- 
tennules  avancées,  de  la  longueur  de  la 
trompe,  tlliformes,  assez  grosses  et  velues. 

M.  Fabricius  a  formé  un  genre  de  ces 
insectes,  que  Linnée  a  placés  avec  les 
mouclies,  le  cit.  Geoffroy  avec  les  asi- 
les ,  et  Dege'er  avec  les  némotèles.  Les 
rhagionsne  peuvent  appartenir  à  aucun 
de  ces  trois  genres.  La  forme  de  leur 
corps  ,  qui  les  rapproche  un  peu  des  asi- 
les, les  éloigne  des  mouches  et  des  né- 
motèles ;  et  leurs  antennes,  qui  différent 
peu  de  celles  de  ces  dernières,  beaucoup 
de  celles  des  mouches,  empêchent  de  les 


DES     RHAGIONS. 

confondre  avec  les  asiles.  En  outre ,  le 
nombre  des  pièces  du  suçoir  n'est  pas  le 
même  dans  tous  ces  insectes. 

Les  antennes  sont  composées  de  trois 
articles, courts,  grenus,  moniliformes-, 
de  l'extrémité  du  dernier ,  sort  une  soie 
très-mince,  plus  longue  que  les  trois 
articles  ensemble.  Elles  sont  insérées  au 
milieu  du  front ,  au-dessous  des  yeux. 

La  tète  est  petite ,  arrondie  antérieu- 
rement, applatie  postérieurement,  sé- 
parée du  corselet  par  une  espèce  de  col 
court,  et  presque  entièrement  occupée 
par  les  yeux  qui  sont  très-grands.  Les 
trois  petits  yeux  lisses  sont  placés  sur  le 
vertex.  La  trompe  est  nue,  très-courte  , 
un  peu  inclinée,  cannelée  à  sa  partie  su- 
périeure pour  recevoir  le  suçoir  composé 
de  trois  pièces.  Les  antennules  sont 
grosses,  velues,  presque  aussi  longues 
que  la  trompe,  sur  laquelle  elles  sont 
coucliées  ;  elles  ont  leur  insertion  à  la 
partie  supérieure  de  sa  base. 

Le  corselet  est  court ,  convexe  ;  Fab- 


Î258       HISTOIRE    NATURELLE 
domeii  est  alongé,  conique,  plus  large» 
à  son  origine  qu'à  son  extrémité ,  con- 
vexe en  dessus,  un  peu  applati  en  des- 
sous. 

Les  ailes  sont  très-larges,  plus  lon- 
gues que  l'abdomen ,  dont  elles  sont 
écartées.  Les  balanciers  sont  saillanSy 
alongés,  terminés  en  masse  ovale. 

Les  pattes  sont  minces,  très-longues^ 
les  tarses  terminés  par  deux  crochets  , 
entre  lesquels  sont  trois  petites  pelottes 
spongieuses. 

On  trouve  ces  insectes  dans  les  bois  et 
les  jardins.  On  en  connoît  plus  de  vingt 
espèces^  qui  toutes  habitent  l'Europe. 
L»es  larves  qui  sont  connues,  sont  celles 
du  rîiagion-bécasse  et  celle  du  rhagion- 
ver-lion.  Nous  les  décrirons  à  la  suite 
des  insectes  qu'elles  produisent. 

Le  Rliagion  bécasse,  Rhagion 
scolapaceus. 

ÎI  a  sept  à  huit  lignes  de  longueur  : 
΀s  antennes  sant  courtes,  brunes,  ter- 


DES  R  II  A  G  T  O  N  S.  25^ 
minées  par  une  soie  très-Une  ;  les  ycii>s 
sont  d'un  vert  obscur;  le  corselet  est 
noir,  avec  un  point  élevé,  jaunâtre  de 
chaque  côte'  de  sa  partie  ante'rieure ,  l'ab- 
domen est  jaune ,  avec  une  tache  noire 
sur  le  milieu  de  chaque,  anneau  ,  une 
îi^ne  longitudinale  de  même  couleur  de 
chaque  côté,  et  le  dernier  anneau  noir; 
les  ailessont  transparentes ,  avec  des  ta- 
ches brunes ,  dont  une  plus  grande  et 
plus  foncée  que  les  autres  au-delà  du 
milieu  du  bord  extérieur;  les  pattes^sont 
jaunes ,  avec  les  tarses  obscurs  ;  les  ba- 
lanciers sont  jaunes. 

On  le  trouve  dans  toute  l'Europe. 
La  larve  est  loni;ue,  cylindrique, 
d'un  blanc  jaunâtre  ;  le  corps  est  plus 
gros  à  sa  partie  postérieure  que  près  de 
la  tête;  les  anneaux  sont  séparés  les  uns 
des  autres  par  une  espèce  de  boorrelet  ; 
la  tête  est  petite  5  écailleuge,  de  couleur 
brune,  munie  de  deux  petites  anieiines  ; 
îe  dessous  du  corps  est  garni  de  quel- 
ques mamelons  charnus  ^ui  font  i'of- 


26o  HISTOIRE  NATURELLE 
fice  de  pattes.  Elle  vit  dans  la  terre ,  où 
elle  subit  toutes  ses  métamorphoses. 
Parvenue  au  terme  de  sa  grosseur  ,  elle 
se  change  en  nymphe  et  quitte  sa  peau 
de  larve.  La  nymphe  a  plusieurs  rangées 
d'épines  courtes  sur  le  corps.  L'insecte 
parfait  paroît  vers  la  fin  du  mois  de  mai. 
La  femelle  pond  des  œufs  minces,  alon- 
gés,  courbés  en  arc,  d'un  blanc  jau- 
nâtre. 

Le  Rhagion  ver-lion  ,  Rhagion 
vermileo. 

Il  a  environ  cinq  lignes  de  longueur: 
les  antennes  sont  jaunes ,  terminées  par 
un  poil  brun  ;  le  corselet  est  en  dessus 
d'un  jaune  obscur,  d'un  jaune  clair  sur 
les  côtés,  avec  deux  lignes  longitudina- 
les noires  luisantes,  sur  le  milieu,  et  une 
tache  de  même  couleur  de  chaque  côté  j 
l'abdomen  est  jaune,  avec  une  tache 
noire  sur  le  milieu  de  chaque  anneau , 
et  une  de  chaque  côté  le  long  du  bord 


DES  R  H  A  G  I  O  N  S.  sGl 
extérieur  \  les  ailes  sont  transparentes, 
avec  une  légère  teinte  brune  ;  les  qua- 
tre pattes  antérieures  sont  jaunes ,  les 
deux  postérieures  brunes. 

Sa  laiTe  est  alongée  ,  cylindrique  , 
d'un  gris  jaunâtre ,  sans  pattes,  le  corps 
plus  gros  à  sa  partie  postérieure  que  vers 
la  tête,  est  divisé  en  onze  anneaux.  La 
tête  est  de  substance  charnue,  conique, 
pointue  à  l'extrémité  où  se  trouve  une 
espèce  de  dard  écailleux ,  semblable  à 
celui  qu'on  voit  à  la  tête  des  larves  de 
mouches  qui  vivent  de  pucerons.  Le 
dernier  anneau  qui  est  applati  et  plus 
long  que  les  autres,  est  terminé  par  qua- 
tre appendices  charnues  assez  longues  , 
en  forme  de  mamelons;  ceux  du  milieu 
plus  courts  que  les  autres  ,  sont  placés 
dans  la  ligne  du  corps;  les  deux  autres 
sont  inclinés.  Ces  quatre  mamelons  sont 
garnis  de  poils  longs  et  roides.  L'anus 
est  placé  sur  le  dos  entre  les  deux  ma- 
melons latéraux ,  danslamême position 
que  l'anus  des  larves  du  criocère  du 


2^2  HîSTOir.E  NATURELLE 
lys^  qui  se  couvre  de  ses  excrémeiis.  Sur 
le  même  anneau,  vers  le  milieu  de  sa  lon- 
gueur, sont  deux  petits  points  de  cou- 
leur rousse,  queRe'aumur  regarde  com- 
me les  deux  principaux  organes  de  la 
respiration.  En  dessus  du  cinquième 
anneau  ,  le  même  auteuraencore  trouvé 
un  petit  mamelon  entouré  de  pointes 
très-courtes ,  dans  le  centre  duquel  il  a 
cru  appercevoir  un  dard  de  substance 
cornée ,  dont  la  pointe  est  un  peu  mous- 
se :  il  soupçonne  que  ce  mamelon  sert  à 
la  larve  pour  saisir  sa  proie. 

Cette  larve  qui  vit  d'insectes  ,  établit 
sa  demeure  comme  les  mj'^rméléons,  et 
souvent  en  société  avec  eux.  C'est  au 
pied  des  murs  dégradés,  ou  au  pied  de 
certaines  roches,  dans  les  endroits  où  se 
trouve  un  terrein  sablonneux  ou  une 
terre  réduite  en  poussière ,  qu'elle  forme 
un  entonnoir  à  couvert  de  la  pluie  qui 
le  détruiroit.  Placée  au  centre  de  cet 
entonnoir,  elle  se  tient  à  l'afFat ,  pour 
saisir  et  dévorer  ensuite  les  petits  in- 


DES    RHAGIONS.        2^3 

sectes  qui  ont  le  malheur  d'y  tomber. 
Dès  quelle  en  a  saisi  un,  elle  le  serre 
fortement  avec  son  corps,  dont  elle  en~ 
toure  celui  de  l'insecte,  le  perce  ensuite 
avec  le  dard  qu'elle  porte  à  la  tête  et  le 
tue  promptement.  Alors  elle  s'enfonce 
entièrement  dans  le  sable ,  où  elle  en- 
traîne sa  proie ,  la  suce  tranquillement 
et  la  jette  dehors  après  l'avoir  sucée. 

Pour  parvenir  à  éloigner  ce  cadavre 
qui  l'embarrasse  ,  elle  commence  d'a- 
bord par  enfoncer  un  peu  sa  tête  dans  le 
sable  au-dessous  de  l'insecte  mort  j  et  le- 
vant ensuite  avec  vitesse  Ja  partie  anté- 
rieure de  son  corps,  elle  fait  sauter  le 
cadavre  en  l'air  par-dessus  les  bords  de 
l'entonnoir,  quelquefois  à  une  distance 
de  plus  de  deux  pouces.  C'est  de  la  même 
manière  qu'elle  rejette  le  sable  du  fond 
de  l'entonnoir  hors  de  ses  bords  ,  quand 
elle  veut  l'agrandir  et  le  rendre  plus 
profond. 

Tant  que  cette  larve  est  placée  au 
fojid  de  son  entonnoir ,  elle  est  d'une 


264       HISTOIRE    NATURELLE 

vivacité  extrême  ,  et  s'enfonce  prpmp- 
tement  dans  le  sable  dès  qu'on  touche 
aux  bords  de  son  trou  :  mais  tirée  de 
son  habitation  et  mise  à  découvert,  elle 
devient  roide  et  immobile ,  et  se  laisse 
toucher  sans  donner  le  moindre  signe 
de  vie  ;  elle  continue  de  rester  dans 
cet  état  jusqu'à  ce  que  tout  paroisse 
tranquille  autour  d'elle  ;  alors  elle  com- 
mence à  se  donner  du  mouvement ,  tâ- 
tant  par-tout  avec  la  tête ,  sans  doute 
pour  chercher  du  sable  et  pour  y  entrer. 
Degéer  a  gardé  une  de  ces  larves  de- 
puis le  huitavril  jusqu'au  quinze  juin, 
qu'elle  s'est  changée  en  nymphe  ,  dans 
le  sable  sans  faire  de  coque.  Pour  pa- 
roître  sous  cette  nouvelle  forme  ,  cette 
larve  se  débarrasse  en  grande  partie  de 
sa  peau  ,  qu'elle  fait  glisser  j  usqu'à  l'ex- 
trémité de  son  coi'ps  ,  ou  elle  se  plisse 
et  forme  un  petit  paquet,  dans  lequel 
le  derrière  de  la  nymphe  reste  en- 
gagé. Quinze  jours  après  cette  mé- 
tamorphose ;  la  peau  de  la  uymphe  se 


1)  E  s    R  H  A  G  I  O  N  s.       266 

fend  sur  la  tête  et  sur  le  dos  ,  et  l'in- 
secte paroît  sous  sa  nouvelle  forme. 
On  le  trouve  en  Europe. 

Le  Rhagion  tipuliforme,  Rhagion 
iipuliformis. 

Il  est  de  grandeur  moyenne  :  les  an- 
tennes sont  courtes,  cylindriques;  tout 
le  corps  est  d'un  brun  cendré  ,  sans 
taches  ;  les  ailes  sont  larges ,  blanches, 
transparentes,  avecrextrémite  et  le 
bord  extérieur  noirs. 

On  le  trouve  en  Allemagne. 

Le  Rhagion  fascié  ,  Rhagioti 
fasciatus. 

Il  a  quatre  lignes  de  longueur  :  les 
antennes  sont  testacées  ;  le  corse]  (^t  est 
renflé,  testacë ,  sans  taches  j  l'abdomen 
est  cylindrique  ,  testacé  ,  avec  cinq 
bandes  transversales  noires  ;  les  ailes 
sont  blanches ,  avec  plusieurs  taches^ 

Insectes.  IX.  23 


2€6        HISTOIRE    NATURELLE 
et  rextrémité  brunes  ;  les  pattes  sont 
longues  j    testacées  ,   avec   les  caisses 
pcàles. 

On  le  trouve  en  Norwège. 

Le  Rhagion  bicolor,  Rhagion 
hicolor. 

Il  est  plus  petit  que  le  précédent  : 
la  tête  est  noire,  le  corselet  testacé  , 
avec  une  grande  tache  noire  sur  le  mi- 
lieu ;  l'abdomen  est  testacé,  avec  l'ex- 
trémité noire;  les  ailes  sont  blanches  , 
avec  une  grande  tache  brune  peu 
marquée. 

On  le  trouve  en  Italie. 

Le  Rhagion  ponctué,  Rhagion 
pu?ictatus. 

Il  est  assez  petit  :  les  antennes  sont 
filiforiîies,  noires  ;  la  tête  est  noire  ;  le 
corselet  cendré ,  avec  deux  lignes  cour- 
tes ,  noires ,  sur  le  milieu  )  l'abdomen 


DES     ASILES.  267 

est  ovale,  noir,  avec  le  bord  des  an- 
neaux jaunes  ;  les  ailes  sont  brunes  , 
avec  deux  taches  noires  ;  l'une  au  mi- 
lieu ,  l'autre  vers  l'extrémité  ;  les  pattes 
sont  pâles  ,  avec  les  tarses  noires. 
On  le  trouve  en  Danemarck. 

C  C  I  I  P     GENRE. 
ASILE. 

Caractères  génériques.  Antennes  de  la  lon- 
gueur de  la  tète  ,  rapprochées  ,  presque 
filiformes  ;  le  dernier  article  alongé  ,  ter- 
miné en  pointe.  —  Trompe  filiforme, 
cannelée.  —  Suçoir  composé  de  quatre 
pièces,  la  supérieure  très-courte  et  assez 
large  ,  contenant  trois  soies  dans  la  can- 
nelure de  la  trompe.  —  Deux  antennule* 
courtes  ,  très-velues  ,  insérées  à  la  base 
latérale  de  la  trompe. 

Les  asiles  ont  des  rapports  avec  les 
conops,  les  myopes,  les  bombilles  et 
sur-tout  avec  les  empis  :  mais  on  les 
distingue  facilement  des  insectes  des 


268  HISTOIRE  NATURELLE 
deux  premiers  genres  par  la  forme  des 
antennes  ;  et  des  empis  et  des  bom- 
billes  ,  dont  les  antennes  sont  assez 
semblables  à  celles  des  asiles,  par  la 
trompe  :  celle  des  asiles ,  quoique  di- 
rige'e  en  avant  comme  celle  des  bom- 
billes  ,  est  considérablement  plus  cour- 
te ,  et  celle  des  empis,  à  peu-près  de  la 
longueur  de  celle  des  asiles,  est  pres- 
que perpendiculaire  à  la  tête ,  sous  la- 
quelle elle  est  même  un  peu  incline'e. 
.  Les  antennes  sont  composées  de  trois 
articles  ;  les  deux  premiers  sont  cylin- 
driques, le  second  moins  long  que  le 
premier;  le  troisième,  le  plus  long  de 
tous  ,  est  presque  cylindrique,  un  peu 
renflé  et  terminé  dans  quelques  es- 
pèces par  un  filet  mince ,  alongé  ;  elles 
sont  insérées  au  milieu  du  front. 

La  tète  est  arrondie  ,  presque  de  la 
largeur  du  corselet  -,  les  yeux  sont 
grands ,  de  foi'me  ovale  ;  les  trois  petits 
yeux  lisses  sont  placés  sur  une  éléva- 
tion au  sommet  de  la  tête  ;  la  trompe 


DES     ASILES.  269 

est  de  la  longueur  de  la  tête  ou  un  peu 
plus  longue  -,  elle  est  roide  ,  écailleuse  , 
presque  de  grosseur  égale  dans  toute 
son  étendue,  portée  en  avant,  composée 
de  cinq  pièces,  dont  l'une  est  tronquée 
ou  arrondie  à  l'extrémité  ,  où  se  trouve 
une  ouverture  ;  elle  est  un  peu  renflée 
à  sa  base  ,  creusée  en  gouttière  à  sa 
partie  supérieure,  et  reçoit  quatre  soies 
ou  filets  très-déliés  :  l'une  de  ces  quatre 
pièces,  qui  est  plus  longue  et  plus  grosse 
que  les  autres ,  est  en  forme  de  stylet 
pointu  à  son  extrémité  et  garni  ea 
dessus  ,  dans  la  moitié  de  son  étendue  , 
de  poils  recourbés  et  dirig,és  vers  sa 
base:  c'est  le  véritable  aiguillon  avec 
lequel  l'asile  pique  et  tue  les  insectes 
qu'il  saisit  et  dont  il  se  nourrit  ;  les 
deux  autres  pièces  ,  plus  courtes  que 
l'aiguillon ,  auquel  elles  servent  de  se- 
cond étui ,  sont  applaties  ,  terminées 
en  pointe  fine,  de  substance  écailleuse , 
de  même  que  l'aiguillon ,  et  garnies  d'un 
seul  côté  de  petits  poils  dirigés  vers  la 


270  HISTOIRE  NATURELLE 
base  :  la  quatrième  pièce ,  de  moitié 
plus  courte  que  les  trois  autres ,  fait 
l'office  (le  lèvre  ;  elle  est  placée  à  la  par- 
tie supe'rieure  cle  la  trompe,  et  sert  à 
y  contenir  les  trois  soies  ou  le  suçoir: 
de  chaque  côté  de  la  base  de  la  trompe 
on  apperçoit  deux  petites  pièces  alon- 
gées,  cylindriques,  articulées,  garnies 
de  longs  poils  :  ce  sont  les  antennules. 

Le  corselet  est  ovale ,  renflé ,  comme 
bossu  ;  l'écusson  arrondi  ;  l'abdomen 
alongé  ,  conique,  terminé  en  pointe 
dans  les  femelles,  cylindrique  et  ter- 
miné en  masse  dans  les  mâles  :  celui-ci 
porte  à  son  derrière  une  grosse  pièce 
écailleuse  noire  ,  divisée  en  trois  lames, 
entre  lesquelles  on  voit  deux  grands 
crochets  mobiles,  écailleux,  dont  il  se 
sert  pour  s'accrocher  au  derrière  de  la 
femelle  dans  l'accouplement. 

Les  ailes  sont  étroites,  presque  de 
la  longueur  du  corps  :  dans  l'état  de 
repos  l'insecte  les  porte  couchées  sur 
l'abdomen ,  quelquefois  écartées ,  selon 


DES     ASÎLES*  Ijl 

îes  espèces  ;  les  balaiicit-rs  sont  très- 
apparens ,  aîonge's  ,  termines  par  un 
petit  bouton  arrondi,  tronqué  à  Fex- 
tre'mité. 

Les  pattes  sont  longues,  assez  grosses , 
garnies  ,  dans  plusieurs  espèces  ,  de 
poils  fins  et  serres  ,  et  de  poils  longs  et 
roides  ;  d'autres  les  ont  presque  lisses  i 
les  tarses  sont  composés  de  cinq  arti- 
cles dont  le  premier  est  cylindrique  et 
plus  long  que  les  autres  qui  sont  courts, 
d'égale  longueur;  le  dernier  est  terminé 
par  deux  crochets  assez  longs,  qui  finis- 
sent en  pointe  aiguë;  et  par  deux  pe- 
lottes ,  garnies  en  dessous  de  poils  courts 
très-serrés. 

Les  asiles  ont  le  corps  plus  ou  moins 
couvert  de  poils  ;  quelques  espèces  sont 
très- velues ,  d'autres  sont  lisses  ;  le  de- 
vant delà  tête  est  ordinairement  garni 
de  poils  longs  et  roides  :  en  volant  ils 
font  entendre  un  bourdonnement  assez 
fort  :  ils  sont  très-carnassiers ,  et  vi- 
vent uniquement  d'insectes  qu'il.-  al- 


272  HISTOIRE  NATURELLE 
trappent  en  volant  :  non-seulement  ils 
saisissent  avec  leurs  pattes  antérieures 
des  tipules  et  des  mouches,  qu'ils  su- 
cent ensuite  avec  leur  trompe,  mais 
aussi  de  petits  coléoptères  dont  ils  per- 
cent les  élytres.  On  les  trouve  dans  les 
champs ,  dans  les  jardins  et  les  prai- 
ries, où  ils  incommodent  beaucoup  les 
animaux  qui  y  paissent. 

Les  larves  de  ces  insectes  vivent 
dans  là  terre  j  elles  sont  sans  pattes  ; 
leur  tête  est  petite  ^  écailleuse  ^  garnie 
"de  deux  crochets  mobiles  ,  leur  cot'ps 
est  alongé  ,  un  peu  applati ,  plus  gros 
dans  le  milieu  qu'aux  deux  extrémi- 
tés ;  divisé  en  douze  anneaux  :  la  tête 
est  garnie  de  quelques  poils  ;  le  corps  est 
li»se  :  les  deux  crochets  dont  la  tête  est 
garnie  sont  courbés  en  dessous  ,  et 
tiennent  intérieurement  à  une  tige  di- 
visée en  deux ,  qui  s'étend  sous  le  pre- 
mier anneau  -,  c'est  à  l'aide  de  ces  cro- 
chets qu'elles  se  fraient  une  route  dans 
la  terre,  dans  laquelle  elles  avancent 


DES     ASILES.  273 

en  les  cramponnant  au  plan  de  po- 
sition. 

C'est  dans  la  terre  que  ces  larves  se 
changent  en  nymphes  ,  en  quittant  en- 
tièrement leur  peau  ,    de   même   que 
celles  des  tipules ,  et  sans  faire  de  co- 
ques ;  la  nymphe  est  presque  par-tout 
de  grosseur   égale ,  mais  le  ventre  est 
terminé  en  pointe  ;  la  poitrine  et  la 
tête  occupent  presque  la  moitié  de  sa 
longueur  ;  celle-ci  est  grosse ,  arrondie , 
garnie  en  devant  de  deux  pointes  écail- 
leuses,  courbées-,  et  de  chtique  côté  en 
dessous ,  de  trois  épines    semblables , 
réunies  à  leur  base  :  Tabdomen  est  di- 
visé en  neuf  anneaux ,  garnis  chacun , 
tant  en  dessus  qu'en  dessous ,  d'une  ran- 
gée d'épines  courbées  en  arrière,  et  de 
plusieurs  petits  poils,   son  extrémité 
est  terminée  par   quatre  épines  assez 
longues. 

Ces  insectes  forment  un  genre  assez 
nombreux.  M.  Fabricius  en  a  décrit 


2/4       HISTOIRE    NATURELLE 
environ  trente  espèces  d'Europe  ,   et 
autant  d'exotiques. 

L'Asile  géant ,  Asïlus  grossus. 

Il  est  très-grand  :  la  tête  est  noire , 
couverte  sur  le  front  et  sur  les  côtés  de 
poils  fins ,  longs  et  serres ,  de  couleur 
grise  ;  la  trompe  est  épaisse  ,  noire  et 
coraj)rimée  ;  le  corselet  est  noir  ,  cou- 
vert en  dessus  d'un  duvet  serré  d'un 
gris  cendré  ;  l'abdomen  est  court ,  ova-- 
te  j  le  premier  anneau  est  noir  ,  lisse  ; 
le  second  et  le  troisième  sont  d'un  gris 
cendré,  velus,  les  autres  noirs  j  les  aile» 
sont  cendrées,  avec  les  nervures  bru- 
nes ;  les  pattes  sont  noires ,  sans  pi- 
quans. 

On  le  trouve  en  Amérique. 

Ij' Asile  Frelon  ,  Asilus  Crahronî" 
formis. 

Cet  asile,  un  des  plus  grands  de  ceux 
d'Europe ,  a  environ  un  pouce  de  lou- 


DES     ASILES.  27.'» 

gueur  :  les  deux  premiers  articles  des 
antennes  sont  fauves ,  le  reste  est  noir  : 
la  trompe  et  les  yeux  sont  noirs  ;  Ja 
tête  est  couverte  de  poils  fauves  assez 
longs  ;  le  corselet  est  d'un  brun  jau- 
nâtre ,  avec  deux  petites  lignes  brunes 
sur  le  milieu  de  sa  partie  antérieure  ; 
l'abdomen  est  alongë ,  terminé  en  poin- 
te ;  les  trois  premiers  anneaux  sont 
noirs ,  les  autres  fauves.  Les  ailes  sont 
jaunâtres,  avec  quelques  taches  bru- 
nes à  l'extrémité  ;  les  pattes  sont  fau- 
ves ,  avec  les  cuisses  brunes. 

On  le  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris ,  dans  les  champs  et  dans 
les  bois  :  il  vole  fort  vite ,  sur-tout 
quand  il  fait  chaud  ,  et  se  précipite 
«ur  les  insectes  qu'il  apperçoit. 

L'Asile  velu  ,  Asilus  epliippium. 

Il  est  de  la  grandeur  du  précédent  ; 
les  antennes  sont  noires,  très-rappro- 
chées,  sans  poils  à  l'extrémité  j  la  tête 


276       HISTOIRE    NATURELLE 

et  tout  le  corps  sont  noirs  ;  la  partie 
antérieure  du  corselet  est  couverte  de 
poils  noirs  ;  la  partie  postérieure  a  des 
poils  d'un  jaune  verdâtre  j  l'abdomen 
est  noir  luisant  ;  les  ailes  sont  brunes  , 
avec  les  nervures  d'un  brun  obscur  ;  les 
pattes  sont  très-longues-,  les  cuisses  et 
les  jambes,  noires,  luisantes-,  les  tarses 
sont  fauves  en  dessous  ,  garnis  de  poils 
de  la  même  couleur  ;  l'abdomen  de  la 
femelle  est  large,  ovale,  applati,  un 
peu  concave  en  dessous,  et  recourbé:  ce- 
lui du  mâle  est  presque  cylindrique, 
un  peu  concave  en  dessous. 

On  le  trouve  en  Europe,  dans  les 
bois. 

lu^Asilehouvàonj  ^slius  gihbosus» 

Il  est  de  la  grandeur  de  l'asile  frelon  ; 
les  antennes  sont  noires,  très-courtes,  et 
n€  sont  pas  terminées  par  un  filet  ;  tout 
le  corps  est  noir  luisant  ;  le  derrière  de 
la  tête  et  le  front  sout  garnis  de  iong^ 


yJL  ^7Z „. 


rom  .  J\ 


Air-aSa/it/  c/e/ , 


ï  .  Asile  dore  . 
a.  Asile  Lorde 
5  .  A  sale    i  ont  on  . 


/f-rarJieu    dcu/f> 


4  .  Kinp  .  appeiidicnlee 
Ô  ,  Boiiil)  .  bidion  . 


DES     ASILES.  277 

poils,  d'un  gris  Jaunâtre  ;  le  corselet  est 
très-convexe  ;  l'abdomen  ovale  ,  ter- 
miné en  pointe  ,  couvert  de  poils  cen- 
drés à  l'extrémité  j  les  ailes  sont  brunes , 
avec  les  nervures  d'un  brun  foncé  j  les 
pattes  sont  couvertes  de  poils  noirs. 

On  le  trouve  en  Europe,  dans  les 
champs. 

L'Asile  doré  ,  Asïlus  aureus. 

Il  a  dix  lignes  de  longueur  ;  tout  le 
corps  et  les  pattes  sont  velus  ;  les  anten- 
nes et  la  trompe  sont  noires  ;  la  tête  est 
couverte  de  longs  poils  d'un  jaune  doré  ; 
le  corselet  est  brun ,  avec  des  poils  de  la 
même  couleur;  le  dessus  de  l'abdomen, 
à  l'exception  des  deux  premiers  an- 
neaux, est  couvert  de  poils  d'un  jaune 
doré  ;  tout  le  dessous  est  brun  ,  sans 
poils  j  les  ailes  sont  brunes  ,  avec  le 
bord  extérieur  jaunâtre  ;  les  pattes  sont 
brunes ,  avec  des  poils  de  même  cou-» 
leur. 

Insectes.  IX,  %k 


3/8       HISTOIRE    NATURELLE 

On  le  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

L'Asile  noir  ,  Asilus  ater. 

Il  est  long  de  huit  à  dix  lignes  ,  cou- 
vert de  poils  longs  ,  peu  serrés;  tout  le 
corps  est  d'un  noir  foncé  :  on  voit  seu- 
lement quelques  poils  blanchâtres  à  la 
partie  antérieure  de  la  tête  ;  les  anten- 
nes ne  sont  point  terminées  par  un  fi- 
let; les  ailes  et  les  pattes  sont  noires. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris,  dans  les  champs,  quel- 
quefois au  bord  de  l'eau. 

L'Asile  diadème,  Asilus  diadema* 

Il  est  de  la  grandeur  et  delà  couleur 
du  précédent.  Tout  son  corps  est  pres- 
que lisse  \  le  front  est  gris  ;  les  ailes  et 
les  balanciers  sont  noirs  ;  la  trompe  est 
couverte  de  poils  noirs,  lougs  et  serrés. 

On  le  trouve  dans  les  départemens 


DES     ASILES.  279 

méridionaux  de  la  France,  aux  envi- 
rons de  Paris  et  en  Italie. 

L'Asile  jaune  ,  Asilus  fiavus. 

Il  est  long  d'environ  dix  lignes  ;  les 
antennes  sont  noires  et  n'ont  point  de 
filet  terminal  ;  la  trompe  est  noire  plus 
longue  que  la  tête;  tout  le  corps  est  noir, 
velu  -,  les  poils  de  la  tête  et  ceux  du  des- 
sus du  corselet  sont  blanchâtres;  l'abdo- 
men est  OA^ale ,  applati ,  couvert  en  des- 
sus de  poils  fins  et  serrés ,  d'un  roux 
jaunâtre  ;  les  nervures  des  ailes  sont 
brunes  ,  les  balanciers  sont  jaunes  ,  les 
cuisses  sont  renflées ,  garnies  de  poils 
d'un  gris  cendré  ;  les  jambes  sont  cou- 
vertes de  poils  roussâtres;  les  tarse» 
sont  noirâtres. 

On  le  trouve  en  Europe. 

L'Asile  roux  ,  Asilus  gilvus. 

Il  a  environ  dix  lignes  de  longueur; 
il  est  noir ,  peu  velu  ;  les  antennes  sont 


îi8o      HISTOIRE    NATURELLE 

ajoires  et  ne  sont  point  terminées  par  vin 
filet-  le  front  est  couvert  de  poils  d'un 
gris  jaunâtre  ;  le  corselet  est  presque 
lisse  sur  le  milieu ,  garni  sur  les  côte's 
et  à  sa  partie  postérieure  de  quelques 
poils  fauves  ;  l'abdomen  est  noir  ,  cou- 
vert en  dessus  de  poils  d'un  roux  fon- 
cé,  très-luisant,  qui  le  font  paroître  sa- 
tiné ;  les  ailes  ont  une  teinte  noirâtre  , 
et  sont  transparentes  à  leur  origine  j  les 
pattes  sont  noires,  très-velues. 

On  le  trouve  en  Europe ,  dans  les 
bois. 

L'Asile  bordé,  Asilus  marginatus. 

Il  a  environ  six  lignes  de  long;  les 
antennes  sont  noires;  la  tête  est  noire  , 
avec  des  poils  d'un  jaune  doré  sur  le 
front  ;  le  corselet  est  noir  ;  l'abdomen 
large ,  ovale ,  noir ,  avec  le  bord  des 
anneaux  couvert  de  poils  courts  et  jau- 
nâtres, qui  le  font  paroitre  comme 
Bordé  ;  les  ailes  sont  plus  longues  que 


DES     ASILES.  2Sî 

Fabdomeii ,  brunes ,  avec  les  nervures 
obscures  j  les  balanciers  sont  d'un  jaune 
citron. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

L'Asiletiendré ,  Asilus  forclpatua* 

11^  XBXie  pour  la  grandeur  ,  depuis 
sept  jusqu'à  dix  lignes  ;  tout  le  corps 
est  d'une  couleur  grise  cendre'e  ,  pkis 
on  moins  foncée-,  les  antennes  sont  noi- 
res, terminées  par  un  filet;  la  trompe 
est  noire  ;  assez  courte  ;  la  Lete  est  cou- 
verte de  poils  d'un  gris  jaunâtre  ;  le 
corselet  est  très-renflé;,  peu  velu  ;  il  a 
sur  le  milieu  une  ligne  noirâtre;  l'ab- 
domen est  alongé,  presque  cylindrique, 
terminé  en  pointé  dans  la  femelle  j  et 
pardeux  crochets  dans  lé  mâle  :  il  est 
d'une  couîeui?  eendréè  noirâtre,  avec  le 
Bord  des-anneaux  gris,  l'extrémité  est 
îToîi^  ;  les  ailes  sont  en  recouvrement 


282       HISTOIRE   NATURELLE 

sur  l'abdomen  ;  les  pattes  son  t  d'un  bruit 

obscur,  avec  des  poils  gris. 

On  le  trouve  en  Europe ,  dans  les 
cbamps et  dans  les  bois:  il  est  très-con> 
mun  aux  environs  de  Paris. 

L'Asile Tijpule, ^silus  Tipuloides. 

Il  a  quatre  lignes  de  longueur  -,  les  an- 
tennes sont  noires  ;  les  yeux  sont  bruns 
ou  grisâtres  ;  le  corselet  est  d'une  cou- 
leur cendrée  obscvire ,  avec  trois  lignes 
longitudinales  noires  en  dessus  ;  l'abdo- 
men des  femelles  est  de  la  couleur  du 
corselet  :  celui  des  mâles  est  d'un  jaune 
pâle  -,  les  ailes  de  ceux-ci  sont  d'un 
jaune  brun  :  celles  des  femelles  sont 
blanches  \  dans  les  deux  sexes  les  pattes 
sont  très-longues  d'un  jaune  pâle. 

On  le  trouve  en  Europe,  dans  les 
prés,  dans  les  champs  et  les  jardins. 


DES    ASILES.  283 

ïjWsWeTeiiton ,  ^sihis  Teutonus, 

Il  a  environ  dixligncs  de  longueur;  les 
antennes  sont  fauves  ;  la  tête  est  noire  j 
le  front  est  couvert  d'un  duvet  doré  , 
très -brillant  ;  le  corselet  est  noir,  lisse, 
avec  une  ligne  longitudinale  d'un  jaune 
doré  de  cliaque  côté ,  et  plusieurs  ta- 
ches de  la  même  couleur ,  au-dessous 
des  ailes  ;  l'abdomen  est  noir  ,  avec  un 
point  blanc  formé  par  des  poils  courts 
sur  les  côtés  de  cliaque  anneau  -,  les  ailes 
ont  le  bord  extérieur  jauuv^tre  ^  le  bord 
intérieur  et  l'extrémité  bruns;  les  pat- 
tes sont  fauves,  les  tarses  noirs- 

On  le  trouve  dans  les  départemens 
méridionaux  de  la  France ,  on  il  est 
beaucoup  plus  grand  qu'aux  environs 
de  Paris.  Cet  asile  est  redoutable  aux 
petits  insectes.  Le  cit.  Olivier  l'a  vu 
prendre  au  vol  de  grosses  mouclies ,  et 
des  abeilles  à  miel,  elles  emporter  vi- 
vantes entre  ses  pattes. 


284      HISTOIRE   NATURELLE 
L'Asile  linéaire ,  Aslliis  Uneails, 

Il  a  environ  six  lignes  de  long  ;  la 
tête  est  noire  ;  le  front  est  couvert  d'un 
duvet  argenté  brillant;  le  corselet  est 
noir ,  luisant,  d'un  gns  cendre  à  sa  par- 
tie supérieure,  avec  quatre  lignes  noi- 
res ,  dont  les  deux  du  milieu  sont  plus 
longues  que  les  autres  ;  l'abdomen  est 
alongé  ,  linéaire,  noir,  luisant,  avec  le 
bord  des  anneaux  jaune  ;  les  ailes  sont 
transparentes,  sans  taches  ;  les  balanciers 
et  les  pattes  sont  fauves. 

On  le  trouve  dans  les  îles  du  Dane- 
marck ,  aux  en\'irGns  de  Paris. 

L'Asile  cylindrique ,    Asilus 
œlandicus. 

Il  varie  paur  la  grandeur  depuis  sept' 
jusqu'à  neuf  lignes  :  il  est  noir  ,  lisse  , 
luisant  ;  les  antennes  sont  plus  longues 
que  la  tète,  et  ne  sont  pas  terminées  par 
cin  iilet  :  on  voit  sur  le  froiit,  un  duvet 


DES     A  S  I  I.  E  S.  285 

<î'nn  blanc  argenté  ;  Tabrlomen  est  long, 
cylindrique,  un  peu  plus  gros  à  l'extré- 
mi  té  qu'à  sa  base;  les  ailes  sont  étroites, 
très-noires  ;  les  balanciers  sont  fauves  j 
les  pattes  sont  fauves ,  avec  l'extrémité 
des  jambes  et  les  tarses  noirs. 

On  le  trouve  en  Europe ,  clans  les  près 
et  dans  les  bois  humides  :  il  est  commun 
aux  environs  de  Paris, 


286       HISTOIRE  NATURELLE 

CCIV     GENRE. 
E  M  P  I  S. 

Caractères  génériques.  Antennes  presque 
de  la  longueur  de  la  tête  ,  rapprochées  ; 
premier  et  second  article  ,  grenus,  ar- 
rondis; le  troisième  terminé  en  pointe 
très-alongée. — Trompe  iiliforme  ,  lon- 
gue ,  bifide  ,  cannelée.  —  Suçoir  composé 
de  quatre  pièces  ;  la  supérieure  assez 
.grosse  ,  de  la  longueur  de  la  trompe  , 
contenant  trois  soies ,  reçues  dans  la  can- 
nelure de  la  trompe.  — Deux  antennules 
courtes  ,filirorraes  ,  un  peu  velues  ,  insé- 
rées à  la  base  latérale  de  la  trompe. 

Les  empis  ont  quelques  rapports  avec 
les  asiles  et  les  bombilles;  ils  ressem- 
blent un  peu  aux  premiers  parla  forme 
du  corps  et  par  les  antennes,  et  aux  se- 
conds ,  par  les  antennes  -,  mais  ils  diffè- 
rent des  uns  et  des  autres  par  plusieurs 
parties,  principalement  par  la  trompe 
qui  est  perpendiculaire  à  la  tête. 


DES     EMPIS.  287 

Les  antennes  sont  composées  de  trois 
articles,  dont  les  deux  premiers  sont 
courts,  grenus,  arrondis  ;  le  troisième, 
plus  long  que  les  deux  autres  ensemble , 
est  conique,  plus  gros  àson  origine  qu'à 
son  extrémité,  qui  finit  en  pointe  plus 
ou  moins  alongée. 

La  tête  est  petite,  arrondie,  séparée 
du  corselet  par  un  col  mince  )  les  yeux 
sont  grands ,  ils  occupent  une  partie  de 
la  tète-,  les  petits  3^eux  lisses  manquent 
à  ces  insectes  \  la  trompe  est  composée  de 
cinq  pièces ,  celle  du  dessous  ,  qui  est  la 
plus  longue ,  est  large ,  applatie  à  son  ori- 
gine ,  renflée  près  de  l'extrémité  ,  ter- 
minée en  pointe  mousse,  et  cannelée  à 
sa  partie  supérieure.  En  dessus  de  celle- 
ci  est  une  autre  pièce  plus  courte,  large 
à  son  origine  ,  également  terminée  en 
pointe  mousse  ,  et  cannelée  à  sa  partie 
inférieure.  Entre  ces  deux  parties,  se 
trouvent  placées  les  trois  autres  pièces  , 
qui  sont  déliées  ,  applaties  et  transpa- 
rentes ;  et  qui  forment  le  suçoir.  A  Tori- 


288       HISTOIRE  NATURELLE 
gine  de  la  trompe,  on  voit  deux  petites 
antennules  articulées  et  velues. 

Le  corsele  t  est  arrondi,  très-convexe 
en  dessus,  comme  bossu  j  l'écusson  est 
arrondi  j  l'abdomen  est  pi  as  ou  moins 
alongé-,  les  ailes  sont  ovales,  ordinaire- 
ment plus  grandes  que  l'abdomen  sur  le- 
quel elles  sont  croisées  et  couchées.  Les 
balanciers  sont  assez  longs,  terminés  par 
un  petit  bouton  arrondi. 

Les  pattes  sont  longues ,  attachées  au 
corselet  par  des  hanches  longues  et  co- 
niques; les  tarses  sont  terminés  par  deux 
crochets ,  et  deux  petites  pelottes  spon- 
gieuses. 

Les  empis  sont  des  insectes  de  gran^ 
deur  moyenne  \  toutes  sont  carnassières 
et  se  nourrissent  de  mouches  et  d'autres 
petits  insectes ,  qu'elles  saisissent  et  su- 
cent ensuiteavecleur  longue  trompe.  On 
les  voit  souvent  accouplées  :  le  mâle  est 
placé  sur  le  dos  de  la  femelle,  et  pen- 
dant l'accouplement  même;  il  est  quel- 


BES     EMPIS.  S89 

^tiefois  occupé  à  sucer  une  mouche.  La 
larve  de  ces  insectes  est  inconnur. 

Ce  genre  est  couiposé  d' une  vingtaine 
d'espèces  :  on  les  trouve  presq^ue  toutes 
en  Europe, 

L'Empis  boréale ,  Empis  horealis. 

Elle  varie  pour  la  grandeur  :  elle  a 
ordinairement  cinq  lignes  de  longueur  5 
elle  est  très-noire,  sans  taches;  le  cor- 
selet est  très-gros  et  élevé  ;  l'abdomen 
est  mince,  alongé,  pointu  à  l'extrémité  ; 
dans  la  femelle  ,  il  est  garni  de  deux  pe- 
tites pièces  mobiles  ;  celui  du  mâle  est 
terminé  par  deux  crochets.  Les  ailes 
sont  très-grandes,  d'un  brun  obscur, 
avec  le  bord  extérieur  roussâtre;  les 
pattes  sont  rousses ,  avec  l'extrémité  des 
cuisses ,  celle  des  jambes  et  les  tarses 
noirs. 

On  la  trouve  au  nord  de  l'Europe. 


Insectes.  ÎX. 


290       HISTOIRE   NATURELLE 

L'Empis  appendiculée  ,  Eînpis 
forcipata. 

Elle  a  trois  lignes  et  demie  de  lon- 
gueur :  les  yeux  sont  testacés  j  le  corse- 
let et  l'abdomen  sont  cendrés  ;  celui-ci 
est  oblong,  terminé  par  une  double  pin- 
ce ;  les  cuisses  sont  velues,  les  jambes 
sont  longues,  de  couleur  grise  ;  les  ailes 
sont  transparentes ,  assez  longues. 

On  la  trouve  en  Europe. 

L'Empis  maure  ,  Empls  maura. 

Cette  espèce  est  très-petite  :  elle  n'a 
qu'une  ligne  et  demie  de  longueur  5  la 
trompe  est  un  peu  plus  couiteet  un  peu 
plus  grosse  que  dans  les  autres  espèces  ; 
les  antennes  ont  les  deux  premiers  arti- 
cles courts ,  arrondis  ,  le  dernier  long  , 
sétacé  ;  tout  le  corps  est  noir,  sans  ta- 
ches -,  les  pattes  sont  noires;  le  premier 
article  des  tarses  îuitérieurs  est  gros, 


DES     E  M  P  I  S.  291 

ovale  )  les  ailes  sont  beaucoup  plus  lon- 
gues que  le  corps ,  blanches ,  avec  le 
bord  exte'rieur  un  peu  obscur  depuis  le 
milieu  jusqu'à  l'extrémité. 

On  la  trouve  dans  toute  l'Europe  , 
sur  les  fleurs ,  selon  M.  Fabricius  :  elle 
voltige  en  bourdonnant  sur  les  eaux 


L'Empis  stercorale  ,  Empis 
stercorea. 

Elle  a  environ  troislignes  et  demie  de 
longueur  ;  tout  le  corps  est  testacé ,  avec 
une  ligne  longitudinale  noire  sur  le  mi- 
lieu du  corselet  et  sur  le  milieu  de  l'ab- 
domen \  les  yeux  sont  d'un  brun  rougeâ- 
tre  j  les  ailes  sont  grandes  ,  transparen- 
tes, avec  les  nervures  brunes  ;  les  cuis- 
ses et  les  jambes  sont  de  la  couleur  da 
corps  ,  les  tarses  noirâtres. 

On  la  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris;  sur  les  fleurs  en  ombelles. 


ÎS92       HISTOIRE    NATURELLE 

L'Empis  livide  ,  Etnpis  Uuida» 

Elle  a  trois  à  quatre  lignes  de  lon- 
gueur :  tout  le  corps  est  d'un  jaune  pâle; 
les  yeux  sont  bruns  ;  le  corselet  a  sur 
son  milieu  trois  lignes  longitudinales 
noires  ;  les  anneaux  de  l'abdomen  ont 
chacun  sur  leur  miHeu  une  tache  trian- 
gulaire brune  ;  les  ailes  qui  sont  couchées 
i.ur  le  corps,  sont  transparentes,  avec  les 
nervures  brunes,  et  la  base  jaunâtre. 

On  la  trouve  dans  presque  toute  TEu- 
rope. 


DES    BOMBILLE6.      2«>3 

C  C  V    GENRE. 

BOMBILLE. 

Caractères  génériques.  Antennes  courtes  , 
rapprochées  ,  filiformes  »  composées  d® 
trois  articles  ,  dont  le  premier  long  ,  le 
second  court ,  le  dernieralongé  ,  terminé 
en  pointe.  —  Trompe  droite  ,  alongée  , 
sétacée,  cannelée,  bifide.  —  Suçoir  com- 
posé de  quatre  pièces  j  la  supérieure  un 
peu  plus  large ,  contenanttroissoiesdans 
la  cannelure  de  la  trompe.  —  Deux  an- 
tennules  courtes ,  filiformes,  insérées  à  la 
tase  de  la  trompe. 

LiNNÉE,  Dcgéer,  et  d'autres  Natu- 
ralistes, ont  distingué  ces  insectes  des 
asiles,  parmi  lesquels  le  cil.  Geofifroy  a 
placé  la  seule  espèce  qu'il  a  connue.  Les 
bombilles  ont  quelques  rapports  avecles 
asiles  et  les  empis j  mais  ils  différent  un 
peu  des  premiers  par  les  antennes,  et 
beaucoup  des  uu5  et  des  autres  par  la 
trompe  et  par  la  forme  du  corps. 


2^i       HISTOIRE   NATURELLE 

Lesbombilles  ont  les  antennes  un  peu 
plus  longues  que  la  tête  ;  les  deux  pre- 
miers articles  sont  cylindriques,  le  se- 
cond est  court,  le  premier  est  plus  gros 
et  moins  long  que  le  troisièn>e,  qui  finit 
en  pointe  mousse.  Elles  sont  insérées  au 
milieu  du  front. 

La  tête  est  petite,  arrondie,  munie 
de  deux  yeux  à  réseau  qui  l'occupent 
presque  entièrement ,  et  de  trois  petits 
yeux  lisses  placés  en  triangle  sur  le  som- 
met delà  tête.  La  trompe  est  très-Ion- 
gLie  :  dans  la  plupart  de  ces  insectes  elle 
égale  le  corps  en  longueur  ;  elle  est  min- 
ée ,  déliée  ,  portée  en  avant ,  insérée 
dans  une  cavité  qui  se  trouve  au-devant 
de  la  tête,  au-dessous  des  antennes.  Elle 
est  composés  de  cinq  pièces  qu'on  peut 
séparer  facilement  dans  l'insecte  vi- 
vant. De  ces  cinq  pièces,  deux  sont 
plus  grandes  que  les  autres,  et  d'inégale 
longueur  entre  elles;  l'une  placée  à  la, 
pai^tie  inférieiire,et  la  plu.s  Iongue,est  un 
peu  courbée  à  son  extrémité ,  canneU't* 


DES  BOMBILLES.  2<j5 
en  dessus  j  etsertcle  gaine  aux  trois  pic- 
ces  qui  composent  le  suçoir  ;  l'autre  , 
placée  à  la  partie  supérieure  ,  fait  l'of- 
fice de  lèvre  et  sert  à  contenir  le  suçoir 
dans  la  gaine ,  sur  laquelle  elle  est  cou* 
chce.  Les  trois  autres  pièces  ou  le  su- 
çoir sont  des  filets  très-minces  et  très- 
fins,  d'inégale  longueur  ;  lès  deux  laté- 
raux sont  plus  courts  que  celui  du  mi- 
lieu ,  et  celui-ci  est  moins  long  que  la 
gaine.  A  l'origine ,  et  de  chaque  côté  de 
la  trompe ,  sont  les  deux  antennules , 
qui  sont  courtes  et  velues. 

Le  corselet  est  large  ,  renflé;  î'abdo- 
TiiQxv  est  large,  applati,  arrondi  à  l'ex- 
trémiîé,  uni  au  corselet  dans  toute  sa 
largeur.  L'un  et  l'autre  sont  entière- 
ment couverts  de  poils  longs,  fins  et 
serrés. 

Les  ailes  sont  très  -  longues  ,  peu 
larges;  l'insecte  les  porte  très-écartées 
du  corps.  Les  balanciers  sont  courts, 
terminés  par  une  petite  masse  compri- 
mée, obtuse. 


2f)6       HISTOIRE   NATURELLE 

Les  pattes  sont  très-longues  et  très- 
minces;  le  dernier  article  des  tarses  est 
terminé  par  deux  petits  crocLets  et  par 
deux  petites  j^elottes  spongieuses. 

Les  bombilles  sont  très -agiles  et  vo- 
lent avec  beaucoup  de  rapidité.  Ils  pla- 
nent au-dessns  des  fleurs  sans  s'y  poser, 
et    introduisent    dedans   leur    longue 

o 

trompe  ,  pour  en  tirer  les  sucs  mielleux 
qu'elles  contiennent,  et  dont  ils  font 
leur  unique  nourriture.  En  volant ,  ils 
font ,  avec  leurs  ailes,  un  bruit  sembla- 
ble à  celui  que  font  entendre  les  abeil- 
les-bourdons ,  et  quelques  insectes  de 
cet  ordre.  Leurs  larves  et  leurs  méta- 
morphoses sont  inconnues. 

M.  Fabricius  a  décrit  dix-neuf  de 
ces  insectes,  et  le  cit.  Olivier  vingt-sept  ; 
cet  auteur  les  a  divisés  en  deux  famil- 
les ;  l'une,  composée  de  vingt-quatre 
espèces,  comprend  les  bombilles  à  corps 
velu,  et  la  seconde,  ceux  à  corps  pubes. 
cent.  On  trouve  à-peu-près  la  moitié  d«$ 
tous  ces  insectes  en  Emopc. 


DES     BOMBILLES.      297 

Le  Bombille  bichon  ,  Bomhylius 
major. 

Il  a  environ  six  lignes  de  longueur  : 
le  corps  est  court ,  couvert  de  poils  d'un 
gris  jaunâtre  ;  la  trompe  est  noire,  poin- 
tue j  recourbée  à  l'extrémité ,  et  de  la 
longueur  du  corps  ;  les  ailes  sont  lon- 
gues, blajîcheset  transparentes  au  bord 
intérieur  et  à  l'extrémité;  brunes  de- 
puis la  base  jusque  près  de  l'extrémité 
du  bord  extérieur,  où  cette  grande  ta- 
che forme  des  ondes  ;  les  pattes  sont 
longues  ,  minces  ,  de  couleur  grise, 
chargée  d'épines  noirâtres  assez  longues^ 
les  tarses  sont  noirs. 

On  le  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris. 


298        HISTOIRE    NATURELLE 

Le  Bombille  ponctué,  Bombyliua 
médius. 

Il  est  un  peu  plus  grand  que  le  pr(?cé- 
dent ,  auquel  il  ressemble  beaucoup  ; 
tout  le  corps  est  couvert  de  poils  lougs, 
fins  et  serrés  de  couleur  rousse-,  les  an- 
tennes ,  la  trompe  et  les  pattes  sont  noi- 
res ;  les  jambes  sont  couvertes  de  petites 
épines  noires  5  les  ailes  sont  moitié  bru- 
nes et  moitié  blanches;  elles  ont  sur  la 
partie  brune,  qui  est  le  long  du  bord 
extérieur,  ainsi  que  sur  la  partie  trans- 
parente ,  plusieurs  petites  taches  obscu- 
res à  la  jonction  des  nervures  ,  ce  qui 
les  fait  paroître  comme  pointillées. 

On  le  trouve  en  Europe ,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

Le  Bombille  cul-blanc ,  Bomhylius 
analis,  Oliv. 

Il  a  six  lignes  de  longueur  :  il  ne  dif- 
fère du  bombille  bichon,  qu'en  ce  que 


DES  BOMBILLES.  1299 
l'extrémité  de  son  corps  est  couverte  de 
poils  blanchâtres,  et  que  les  ailes  ne  sont 
noirâtres  qu'à  leur  origine.  La  trompe 
est  noire ,  longue  ;  les  pattes  sont  brunes , 
et  les  tarses  noirs. 

On  le  trouve  en  Provence. 

Le  Bombille  immaculé  ,  Bornhy^ 
Uns  minor. 

Il  varie  pour  la  grandeur,  depuis 
quatre  jusqu'à  six  lignes  :  tout  le  corps 
est  noir  ,  couvert  de  poils  d'un  gris  jau- 
nâtre ;  la  trompe  est  longue  ,  noire  ;  les 
pattes  et  les  antennes  sont  noires  ;  les 
ailes  sont  transparentes ,  sans  taches , 
avec  une  légère  teinte  brune  à  la  base. 

On  le  trouve  en  Europe,  aux  envi- 
rons de  Paris. 

Le  Bombille  cuivreux  ^  Bomby:^ 
Uns  citpreus. 

Il  est  de  grandeur  moyenne  :  les  an- 
tennes sont  iioii'es,  longues,  réunies  à  la 


3oo  HISTOIRE  NATURELLE 
base  ;  la  trompe ,  pins  courte  cpe  les  an- 
tennes, est  sétaece,  portée  en  avant;  le 
corselet  est  noir ,  d'une  couleur  cui- 
vreuse sur  les  côtés  ,  avec  la  partie  an- 
térieure couverte  de  poils  fauves  ,  l'ab- 
domen est  cuivreux  ;  vu  à  un  certain 
jour ,  il  paroît  vert  ;  il  a  une  rangée  de 
points  fauves  tout  le  long  de  sa  partie 
supérieure.  Les  pattes  sont  noires  ,  les 
cuisses  pâles  en  dessous ,  les  postérieu- 
res sont  comprimées  et  ciliées  j  les  ailes 
sont  obscures. 

On  le  trouve  à  Cayenne. 

Le  Bombille  tacheté  ,  Bombylius 
maculatus. 

n  a  environ  trois  lignes  de  longueur  ; 
les  antennes  et  la  trompe  sont  noires  )  le 
front  est  couvert  de  poils  blanchâtres  ; 
le  corselet  est  noir  ,  avec  des  poils 
blancs  très-serrés  à  sa  partie  antérieure  j 
l'abdomen  est  noir,  avec  des  poils  blancs 
à  l'extrémité ,  entre  lescjuels  sont  des 


DES  B  O  M  B  I  L  L  E  S.  OOI 
points  brillans  d'un  blanc  de  neige  \  les 
pattes  sont  noires. 

On  le  trouve  sur  la  côte  de  Malabar. 

Le  Bombille  pygmée ,  Bonihylius 
pigmœus» 

Il  est  très-petit  :  la  tête  est  noire.  L© 
corselet  est  velu ,  obscur ,  blanc  à  sa 
partie  antérieure  et  postérieure  :  l'ab- 
domen est  couvert  de  poils  ferrugineux; 
les  ailes  sont  noires  le  long  du  bord  ex- 
térieur ,  et  elles  ont  quelques  pointa 
noirs  ;  les  pattes  sont  ferrugineuses. 

On  le  tjpouve  dans  TAmérique  sep- 
tentrionale. 

Le  Borabille  verdâtre,  Bomhylius- 
virescens., 

La  trompe  est  à  peine  de  la  longueur 
de  la  tête  ;  tout  le  corps  est  couvert  de 
poils  fins  et  serrés  de  couleur  verdâtre; 
les  ailes  sont  blanches ,  sans  taches. 

Insectes.  IX,  26 


002       HISTOIRE   NATURELLE 

Oii  le  trouve  en  Espagne ,  sur  les 


fle 


urs. 


Le  Bombille  Mélanocépliale  , 
Boinhylius  Melanocephalus, 

Il  est  petit  :  la  trompe  est  noire  ;  la 
tête ,  le  corselet  et  l'abdomen  sont  cou- 
verts de  poils  fins  et  serrés ,  noirs  sur  la 
tête,  jaunes  sur  le  corselet  et  Tabdomcn  ; 
l'anus ,  ou  les  deux  derniers  anneaux , 
sont  argentés ,  brillans  ;  les  ailes  sont 
blanches  ,  avec  un  peu  de  brun  à  la 
base  ;  les  jambes  et  les  tarses  sont  noirs  ; 
les  cuisses  teslacées. 

On  le  trouve  en  Barbarie ,  sur  les 
fleurs. 

Le  Bombille  bi-ilîant ,  Bonihylius 
nitidulus, 

lia  environ  quatre  ligues  de  longueur: 
la  tête  est  couverte  de  poili  blancs  ;  les 
antennes  et  la  trompe  sont  noirer>  ;  le 


DES  B  O  M  B  I  L  L  E  S,  3o3 
corselet  et  l'abdomeii  sont  couverts  de 
poils  jaunâtres  brillans;  l'anus  est  un 
peu  obscur ,  les  jambes  et  les  tarses  sont 
testace's  ;  les  cuisses  noires  les  ailes  sont 
obscures. 

On  le  trouve  en  Allemagne. 


PIN    DU    TOME    NEUVIEME. 


ï 


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