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HISTOIRE
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QUADRUPÈDES,
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HISTOIRE
NATURELLE
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DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE,
MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL.
QUADRUPEDES.
TOME ONZIEME.
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RICHMOND
COLLECTION.
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À PARIS
Q Hional Muse CS
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À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE
DE P. DIDOT L'AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 3,
ET FiRMIN DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116,
: r AN VIT — 1399.
HISTOIRE
DNA LU RE L LvE
PENLA CIVETTE.
M. de Ladebat a envoyé , en 1772, à
M, Bertin , ministre et secrétaire d'état,
une civette vivante. Cet animal avoit été
donné par le gouverneur hollandois du
fort de la Mine , sur la côte d'Afrique,
au capitaine d’un des navires de M. de
Ladebat père, en 1770. Elle fut débarquée
à Bordeaux au mois de novembre 1772 :
elle arriva très-foible ; mais , après quel-
ques jours de repos, elle prit des forces,
etau bout de cinq à six mois elle a grandi
d'environ quatre pouces. On l’a nourrie
avec de la chair crue et cuite , du pois-
1
NP MALTE PTE ATEN
6 HISTOIRE NATURELLE
son , de la soupe, du lait. On a eu soin.
de a tenir chaudement pendant l'hiver ; .
car elle paroît beaucoup souffrir du froid, «
et elle devient moins méchante lorsqu'elle “
y est exposée *. à
* Lettre de M. de Ladebat à M. de Buffon. «
Bordeaux, 3 novembre 1772. 4
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DE LA GENETTE.
Jar dit , à l’article de la genette:,
que l'espèce n’en est pas fort répandue;
qu'il n'y en a point en France ni dans au-
. cune province de l’Europe, à l'exception
de l'Espagne et de la Turquie. Je n’étois
pas alors informé qu'il se trouve des ge-
nettes dans nos provinces méridionales,
et qu’elles sont assez communes en Poitou,
où elles sont connues sous le nom de ge-
nettes, même par les paysans, qui assu-
xent qu’elles n’habitent que les endroits
humides et le bord des ruisseaux °.
M. l'abbé Roubaud, auteur de la
Gazette d'agriculture et de plusieurs autres
ouvrages utiles, est le premier qui ait
. annoncé au public que cet animal exis-
toit en France dans son état de liberté ;
1l m'en a même envoyé une, cette année
1 Tome III, page 3or:
? Extrait des 4ffñches du Portou, du jeudi 10
février 1774. |
ô HISTOIRE NATURELLE
1775, au mois d'avril, qui avoit été
tuée à Civray en Poitou, et c’est bien le
méme animal que la genette d'Espagne,
à quelques variétés près dans les couleurs
du poil. Il se trouve aussi des genettes
dans les provinces voisines. +
—— TES
RE
« Depuis trente ans que J'habite la pro-
vince de Rouergue, m'écrit M. Delpèche,
j'ai toujours vu les paysans apporter des
genettes mortes, sur-{out en hiver, chez
un marchand, qui m'a dit qu 1 y eu
avoit peu, mais qu’elles habitoient aux
environs de la ville de Villefranche, et
qu'elles demeuroient pendant l'hiver dans
des terriers , à peu près comme les lapins.
Je pourrois en Mae as de mortes s’il
étoit nécessaire !
Nous donnons ici la figure d'une ge-
nette femelle , qui nous a paru différer
assez de la femelle genette ? pour mériter
1 Lettre de M. Delpèche, maïtre-ès-arts, à
M. de Buffon. Villefranche de Rouergue, 6 août
#77.
3 Tome ILE, planche XV, page 299.
DE LA GENETTE. 9
d’être décrite et dessinée. On la montroit
à la foire Saint - Germain en 1772 ; elle
étoit farouche et cherchoïit à mordre. Son
maître la tenoit dans une cage ronde et
étroite ,-en sorte qu'il étoit assez difficile
de la débeater On ne la nourrissoit que
de viande. Elle avoit la physionomie et
tous les principaux caractères de la ge-
nette du tome IÎl, la tête longue et fine,
le museau alongé et avancé sur la mûi-
choire inférieure , l'œil grand, la pupille
étroite , les oreilles rondes, le poil de la
tête et du corps moucheté, la queue
longue et velue. Elle étoit un peu plus
grosse que celle du tome IT, quoiqu’elle
füt encore jeune; car elle avoit grandi
assez considérablement en trois ou quatre
mois. Nous n’avons pu savoir de quel
pays elle venoit ; son maître l’avoit ache-
tée à Londres sept ou huit mois aupara-
vant. C’est un animal vif et sans cesse en
mouvement , et qui ne se repose qu’en
dormant.
Cette genette avoit vingt pouces de
longueur sur sept pouces et demi de
hauteur ; elle avoit le dessus du cou plus
to HISTOIRE NATURELLE
fourni de poil que l’autre genette ; celui
de tout le corps est aussi plus long ; les k
anneaux circulaires de la queue sont |
moins distincts, et même il n’y a point |
d’anneaux du tout au-delà du tiers de la
queue ; les moustaches sont beaucoup.
plus grandes, noires, longues de deux :
pouces sept lignes , couchées sur les :
joues, et non droites et saillantes comme
dans les chats ou les tigres ; le nez noir,
ct les narines très-arquées ; au-dessus du
nez s'étend une raie noire qui se prolonge
entre les yeux , laquelle est accompagnée
de deux bandes blanchâtres ; il y a une
tache blanche au-dessus de l'œil, et une
bande blanche au-dessous ; les oreilles
sont noires , mais plus alongées et moins.
larges à la base que les oreilles de la pre-
mière genette ; le poil du corps est d’un
blanc gris, mélé de grands poils noirs
dont le reflet paroît former des ondes
noires ; le dessus du dos est rayé et mou-
cheté de noir ; le reste du corps mou-
cheté de même, mais d’un noir plus
foible ; le dessous du ventre blanc ; les
jambes et les cuisses noires; les pattes
DE LA GENETTE. rt
courtes; cinq doigts à chaque pied ; les
ongles blancs et sa la queue longue
de seize pouces , grosse fe deux pouces à
l’origine : dans le premier tiers de sa lon-
sueur , elle est de la couleur du corps,
rayée de petits anneaux noirs assez mal
terminés ; les deux autres tiers de la queue
sont tout noirs jusqu’à l'extrémité.
pieds. pouces. lignes.
Longueur du bout du museau à
lPangle extérieur de l’œil..... » E Ô
Ouverture de Pangle à l’autre... » ni) Q
Distance entre les angles exté-
rieurs des, VEUX Lu. sie 2 2 IX
Distance entre l’angle postérieur
de l'œil à Poreille........,. » pis STÈE
Longueur de loreille......... .» 5
Larceur 3 has... 2 x >
12 HISTOIRE NATURELLE ÿ
À
ADDITION A É ARTICLE
DE Ére GENETTE.
NL. Sonnerat , correspondant du Cabi-
net, nous a envoyé le dessin d’un am-
mal sous la dénomination de chat mus=
qué du cap de Bonne-Æspérance, mais qui
nous paroît être du genre des genettes ,
ct nous en donnons ici la figure. Par la
comparaison que nous en avons faite avec
celle de la genette de France , déja donnée
dans ce volume, et avec la genétte d'Es-
pagne * , elle nous paroît avoir plus de
rapport avec celle-ci ; cependant cette
senette du Cap en diffère par la couleur
du Fe qu’elle a beaucoup plus blanc :
elle n’a pas / comme Fautre , une tache
blanche au-dessous des yeux, parce que
sa tête est entièrement blauche, tandis
* Tome IL, ple XV.
me
TO 2 .
LL 2.Pag.22.
À
GENETTE DU CAP DE BONNE-ESPERANCE
“
DE LA GENETTE, 15
que la genette d'Espagne a lesjoues noires,
ainsi que le dessus du museau. Les taches
noires du ‘corps, dans cette genette du
Cap, sont aussi différemment distribuées ;
et comme les terres du cap de Bonne-Es-
pérance sont fort éloignées de l'Espagne
et de la France, où se trouvent ces deux
premiers animaux , il nous paroît que
ce troisième animal que l’on a rencontré
à l'extrémité de l'Afrique, doit êtreregardé
comme une espèce différente, plutôt que
comme une variété de nos genettes d'Eu-
rope.
g , "ont
UE TN
ADDITION AUX ARTICLES
D:E (LA FOUC SN
ET DE LA ZIBELINE.
DE LA FOUINE*.
Nous donnons ici la figure d’un animal
américain qui a été envoyé de la Guiane
à M. Aubry , curé de Saint -Louis , et qui
est en très - bon état, comme tout ce
qu'on voit dans son cabinet. Quoique les”
dents manquent à cet animal , il m'a
paru , dans toutes ses autres parties, si
semblable à nos fouines par la forme du
corps, que J'ai pensé qu'on pouvoit le
regarder comme une variété dans l’espèce
de ia fouine , dont celle-ci ne diffère que
par la couleur du poil jaspé de noir et de
blanc , par les taches de la tête, et par
* Tome If, page 219.
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LA FOUINE DE LA GUYANE .
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LA PETITE FOUINE DE LA GUYANE.
ff auguet: F3
#4
HISTOIRE NATURELLE. 5
la queue plus courte. Cette fouine de la
Guiane a vingt pouces de longueur du
bout du museau jusqu’à la naissance de
la queue ; elle est plus grande par consé-
quent que notre fouine, qui n’a que seize
pouces et demi ou dix-sept pouces : mais
la queue est bien plus courte à proportion
du corps. Le museau semble un peu plus
alongé que celui de nos fouines ; 1lest tout
noir, et cenoir s'étend au-dessus des yeux,
passe sous les oreilles le long du cou, et se
perd dans Je poil brun des épaules. Il y a
une grande tache blanche au - dessus des
yeux qui s'étend sur tout le front, enve-
loppe les oreilles, et forme le long du
cou une bande blanche et étroite qui
se perd au-delà du cou vers les épaules.
Les oreilles sont tout-à-fait semblables à
celles de nos fouines ; le dessus de la tête
paroît gris et mêlé de poils blancs; le cou
est brun , mêlé de gris cendré, et le corps
est. couvert de- poils mêlés comme celui
du lapin que l’on appelle riche, c’est-à-
dire , de poil blanc et de poil noirâtre. Ces
poils sont gris et cendrés à leur origine,
ensuite bruns , noirs et blancs à leur
16 HISTOIRE. NATURELLE. (
extrémité. Le dessous de la mâchoire est F
d'un noir brun qui s'étend sous lecou, :
et diminue de couleur sous le ventre, où
il est d’un brun clair ou châtain. Les
jambes et les pieds sont couverts d’un
poil luisant d’un noir roussâtre , et les
doigts des pieds ressemblent peut-être ”
plus à ceux des écureuils et des rats qu'à …
ceux de la fouine : le plus grand ongle |
des pieds de devant a quatre lignes de
Jong , et le plus grand ongle des pieds de
derrière n’en a que deux. La queue est
beaucoup plus fournie de poil à sa naïs-
sance qu’à son extrémité : ce poilest châ-
tain ou brun clair , mêlé de poils blancs.
Un autre animal de Cayenne, qui a
rapport avec le précédent, est celui dont
nous donnons ici la figure. Il a été dessiné
vivant à la foire Saint-Germain en 1768 ;
il avoit quinze pouces de longueur dur.
bout du nez à l’origine de la queue, la-
quelle étoit longue de huit pouces, plus :
large et plus fournie de poils à sa nais-
sance qu'à son extrémité. Cet animal étoit
bas de jambe comme nos fouines ou nos
martes. La forme de la tête est fort
d<
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Tom mu. -: LUS Lag 17.
l Pauguer.S
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DELA FOUINE. 27
approchante de celle de la fouine; à l’ex-
ception des oreilles qui ne sont pas sem-
blables. Le corps est couvert d’un poil
laineux. Il y a cinq doigts à chaque pied,
armés de petits ongles comme ceux de
nos fouines.
LA PETITE FOUINE DE MADAGASCAR.
Iz y a plusieurs variétés dans l'espèce
de la fouine. Nous donnons ici la descrip-
tion d’une petite fouine qu’on trouve à
Madagascar. =
pieds. pouces, lignes.
La longueur du corps, du bout
du nez à l’origine de la queue,
CASE OT EP T 2 4
Elle a, comme toutes les fouines , les
jambes courtes et le corps alongé ; sa tête
est longue et menue ; les oreilles sont
larges et courtes; la queue est couverte
de longs poils.
pieds. pouces. lignes.
Le troncon de cette partie est de » 5 9
a
38 HISTOIRE NATURELLE
nr pouces, lignes 1
La longueur totale de Ja queue, |
ÿ compris celle du poil, est de » re
Les poils de l'exirérpité de la
fuete OL: 2006008 ARE
: si poils de Jia le de ont » » Lu
Leur couleur est d’un brun roussâtre,
ou musc foncé teint de fauve rouge; ce +
qui est produit par le mélangé des poils,
quisont d’un brun foncé dans la longueur,
et d’un fauve rouge à la pointe : ce fauve
foncé ou rougeâtre est le dominant aux
faces latérales de la tête, sous le ventre et
le cou. Cette petite fouine diffère de nos
fouines par la couleur, qui est plus rou-
geâtre , et par la queue, qui est touffue ,
Jongue , couverte de grands poils , large
à son origine , et qui se termine en une
pointe très-déliée.
Ai va .
: à
» 2 ge 25
P
4
%
DE LA ZIBELINE.. x)
DE LA ZIBELINE.
Nous n’avons rien à ajouter à ce que
nous avons dit de la zibeline*, que quel-
ques faits rapportés par les voyageurs
russes , et qui ont été insérés dans les
derniers volumes de l'Histoire générale des
#0yages.
« Les zibelines vivent dans des trous ;
leurs nids sont ou dans des creux d'arbres ,
ou dans leurs troncs couverts de mousse,
ou sous leurs racines, ou sur des hau-
teurs parsemées de rochers. Elles cons-
truisent ces nids de mousse, de branches
et de gazon. Elles restent dans leurs trous
ou dans leurs nids pendant douzeheures,
en hiver comme en été, et le reste du
temps elles vont chercher leur nourriture.
En attendant la plus belle saison, elles
se nourrissent de belettes , d'hemhihes !
d’écureuils, et sur-tout de ae res mais,
dans le temps des fruits , elles mangent
* Tome VI, page 169.
PROC EN US VACCINS
r
2 HISTOIRE Re
des baies et plus volontiers le fruit du M
sorbier. En hiver , elles attrapent des oi- «.
seaux et des coqs de bois. Quand il fait \
de la neige, elles se retirent dans leurs
trous , où elles restent quelquefois trois
_ semaines. Elles s’accouplent au mois de
janvier. Leurs amours durent un mois,
et souvent excitent des combats sanglans
entre les mâles. Après l’accouplement,
elles gardent leurs nids environ quinze :
jours. Elles mettent bas vers la fin de
mars, et font depuis trois Jusqu'à cinq
petits, qu’elles allaitent pendant quatre
OU Six semaines.
On ne les chasse qu’en hiver, et les
chasseurs vont ensemble jusqu’au nombre
de quarante à cette chasse ; ils y vont en
canot, et prennent des provisions pour
trois ou quatre mois. Ils ont un chef qui,
arrivé au lieu du rendez-vous , ainsi que
tous les chasseurs , assigne àchaque bande
son quartier , et tous les chasseurs doivent
lui obéir. On écarte la neige où l’on veut
dresser des piéges ; chaque chasseur en
dresse vingt par Jour. On choisit un petit
espace auprès des arbres; on l'entoure, à
è \
re < Ÿ
DE LA ZIBELINE. 21
une certaine hauteur , de pieux pointus ;
on le couvre de petites planches, afin que
la neige ne tombe pas dedans ; on y laisse
une entrée fort étroite , au-dessus de la-
quelle est placée une poutre qui n’est sus-
pendue que par un léger morceau de
bois; et sitôt que la zibeline y touche
pour prendre le morceau de viande ou
de poisson qu’on a mis pour amorce, ta
bascule tombe et la tue.On porte toutes les
zibelines au conducteur général, ou bien
on les cache dans des trous d'arbres , de
crainte que les Tunguses ou d’autres
peuples sauvages ne viennent les enlever
de force. Si les zibelines ne se prennent pas
dans les piéges, on a recours aux filets.
Quand le chasseur a trouvé la trace d’un
de ces animaux, il la suit jusqu’à son ter-
rier , et l’oblige d’en sortir au moyen de
la fumée du feu qu'il allume ; il tend
son filet autour de l'endroit où la trace
finit, et sé tient deux ou trois jours de
suite aux aguets avec son chien : ce filet a
treize toises de long sur quatre ou cinq
pieds de haut. Lorsque la zibeline sort de
son terrier, elle manque rarement de so
—
3
prendre ; et quand elle est bien embar:
rassée dans le filet, les chiens l’étranglent.
22 HISTOIRE NATURELLE. a
1
Si on les voit sur les arbres, on les tue à
coups de flèches, dont la pomite est ob-
tuse , pour ne point endommager la peau.
La chasse étant finie, on regagne le
rendez-vous général, et on se rembarque
aussitôt que les rivières sont devenues
navigables par le dégel *.
* Histoire générale des y ages tome XIX,
page 144 et suiv.
‘ADDITION À L'ARTICLE
DE LA BELETTE.
© PR belette , appelée 7zoustelle dans
le Vivarais, est naturellement sauvage
et carnassière; la chair toute crue cest
Le
l'aliment qu’elle préfère : elle exhale une
odeur forte , sur-tout lorsqu'elle est
irritée.
_ Les belettes qu’on prend très-Jeunes,
perdent leur caractère sauvage etrevêche;
ce caractère se change même en soumis-
sion et fidélité envers le maître qui pour-
voit à leur subsistance.
Une belette que J'ai conservée dix mois,
et qu'on avoit prise fort jeune, perdit une
partie de son agilité naturelle lorsqu'elle
fut réduite en captivité, et que je l’eus
attachée à la chaîne. Elle mordoit furieu-
sement lorsqu'elle avoit farm : on lui
coupa les quatre dents canines très-ai-
gués, qui déchiroient les mains jusqu’à
\
547
+ ee Fa
l'os. Dépour vue de ses armes Sn de
cn ayant plus que des. dents molaires
Ou incisives , peu propres à déchirer, elle +
devint moins féroce; et comine elle avoit
sans cesse besoin se mes services pour
manger ou dormir, elle commença à
prendre de Patectitn pour moi, car
manger et dormir sont les deux Hans
besoins de cet animal. |
Favois un petit fouet de fil qui pendoit
près de son lit ; c’étoit l'instrument de
punition lorsqu’ elle essayoit de mordre,
ou qu'elle se mettoit en colère. Le fouiét
domta tellement son ‘caractère colé-
rique , qu elle trembloit, se couchoit
ventre à terre , et Led la tête lors-
qu’elle voyoit prendre cet instrument.
Je n'ai Jamais vu. la: soumission exté-
rieure mieux dépeinte dans aucun ani-
mal; ce qui prouve bien que les châti-
mens raisonnables employés à propos,
accompagnés de soins, de caresses et de
bienfaits, peuvent assujettir ét attacher
à l’homme les animaux sauvages que
nous croyons peu susceptibles d'éduca=
tion et de reconnoissance. |
2 à
ne , AU "ON :
0 . | Ne
DE EX BELDETTE. 25
Les belettes ont l’odorat exquis ; elles
sentent de douze pas un petit morceau
de viande gros comme un noyau de ce-
rise et plié dans du papier.
La belette est très-vorace; elle mange
de Ja viande jusqu'à ce qu’elle en soit
remplie. Elle rend' peu d’excrémens ;
mais elle perd presque tout par la trans-
pxaton et par les urines, quisont épaisses
et puantes. |
J'ai été singulièrement surpris de voir
un Jour ma belette qui avoit faim, rompre
sa chaîne de fl d’archal, sauter sur moi,
entrer dans ma poche, déchirer le petit
paquet , et dévorer en un instant la
viande que j'y avois cachée.
Ce petit animal, qui nv'étoit si soumis ,
avoit conservé d’ailleurs son caractère
pétulant, cruel et colérique pour tout
autre que moi; il mordoit sans discré-
tion tous ceux qui v@uloient badiner avec
lui. Les chats, ennemis de sa race, furent
toujours l’objet de sa haine : ilmordoit au
nez les gros mâtins qui venoient le sentir
lorsqu'il étoit dans mes mâins; alors il
poussoit un cri de colère et exhaloit une
L
3
Fa de ai KA 1 Lun # FAR LD
26 HISTOIRE NATURELLE
odeur fétide qui faisoit fuir tous les ani-
maux, criant chi, chi, chi, chi. Vaa vu
des brebis, des chèvres, des chevaux,
reculer à cette odeur; et il est certain
que quelques inaisons voisines où il ne
manquoit pas de souris, ne furent plus
incommodées de ces ana ai, tant que
ma belette vécut.
Les poussins, les rats et les oiseaux
étoient sur-tout l’objet de sa cruauté.
La belette observe leur allure, et s’élance
ensuite prestement sur eux : elle se plaît
à répandre le sang, dont elle se soule;
et, sans être fatiguée du carnage, elle
tue dix à douze poussins de suite,
éloignant la mère par sou odeur forte
et désagréable, qu’on sent à la distauce
de deux pas. |
Ma belette dormoit la moitié du Jour
et toute la nuit : elle cherchoit dans
mon cabinet un petit recoin à côté de
moi ; mon mouchoir ou une poche étoient
son lit. Elle se plaisoit à dormir dans le
sein ; elle se replioit autour d’elle-même,
dormoit d’un sommeil profond, et n’étoit
pas plus grande dans cette attitude qu’une
DE LA BELETTE. 27
grosse noix du pays, de l'espèce des bom-
bardes. |
Lorsqu'elle étoit une fois endormie,
je pouvois la déplier; tous ses muscles
_ étoient alors relächés et sans aucune ten-
_ Sion : en la suspendant par la tête, tout
son corps étoit flasque, se plioit et pou-
voit faire le jeu du pendule cinq à six
fois de suite avant que la bête s'éveillât;
ce qui prouve la grande flexibilité de
l'épine du dos de cet animal.
Ma belette avoit un goût décidé pour
le badinage, les agaceries, les caresses
et le chatouillement; elle s’étendoit alors
sur le dos ou sur le ventre, se ruoit et mor-
doit tout doucement comme les jeunes
chiens qui badinent. Elle avoit même
appris une sorte de danse; et lorsque je
frappois avec les doigts sur une table,
elle tournoit autour de la main, se levoit
droite , alloit par sauts et par bonds, fai-
sant entendre. quelques murmures de
joie : mais, bientôt fatiguée, elle se lais-
soit aller au sommeil dormi presque
dans l'instant. mad
La belette dort repliée autour d’elle-
DS. a. OUR A VOUS Éd "+
23 HISTOIRE NATURELLE NE
même comme un peloton, la tête entre
les deux jambes de derrière : le museau
sort alors un peu au dehors, ce qui facilite
la respiration ; cependant, lorsqu'elle n’est
pas couchée à son aise, elle dort dans
une autre posture, la tête couchée SUE
son lit de repos: mais elle se plaît et dort
bien plus long-temps lorsqu'elle peut se.
plier en peloton ; il faut pour cela qu'elle
ait une place commode. Elle avoit pris
l'habitude de se glisser sous mes draps,
de chercher un des points du mattlas qui
forme un enfoncement, et d’y dormir des
six heures entières. ROUE |
La belette est très-rusée : l'ayant fouet-
tée pour avoir fait ses ordures sur mes
papiers, contre son usage, elle vint
dormir auprès de moi sur ma table ; la
crainte l’éveilla souvent au moindre
bruit : elle ne changea pas de place;
mais elle observa, les yeux ouverts, ma
démarche, faisant semblant de dormir.
Elle connoissoitgparfaitement le ton. de
caresse ou de MMace, et J'ai été souvent
surpris de trouvéF tant d'intelligence dans
uue bête si petite dans l’ordre des qua-
-drupèdes.
POP RA BELETTE (,
Les phénomènes que nous présente, la
belette, sont parfaitement expliqués. La
belette a l’épine du dos très-flexible, elle
se fourre dans des trous de sept lignes
de largeur, elle se plie et se replie en tout
sens; son poil ou plutôt sa belle soie est
très-fine et très-souple; une langue-très-
large pour le corps saisit toutes les sur-
faces plates , saillantes et rentrantes ; elle
aime à lécher ; ses pattes sont larges ct
poiut racornies, courtes : le sens du tou-
cher étant ainsi répandu daus tout le
corps de la bête, elle a appris à s’en ser-
vir; ce qui motive le Jugement que nous
portons de son intelligence. Ce sens est
d’ailleurs très - bien servi par ceux de
l’odorat et dé la vue. :
Lorsque J'aubliois de lui donner à
manger, elle se levoit de nuit, et se
rendoit d’une maison à une autre à
Antragues, où elle mangeoitchaque jour.
Elle alloit par les cheinins les plus courts,
descendant d’abord dans un balcon et
dans la rue, descendant éncore et mon-
tant plusieurs marches, entrant dans une |
basse-cour, passant à travers des amas
5.
30 HISTOIRE NATURELLE
de feuilles sèches de châtaigniers , dé
trois pieds de hauteur, pour prendre le
plus court chemin; ce qui fait vor que
l’odorat guide cet animal. Elle passoit en-
suite dans la cuisine, où elle mangeoit
à l'aise, après avoir fait un chemin de.
deux cents pas. |
Le mâle est très-libertin : Je l'ai vu se
satisfaire sur un autre mâle mort et em-
paillé ; mille caresses et murmures de
joie et de desir l’animoient : en sentant
mes mains qui avoient touché ce cadavre,
il reconnut une odeur qui lui plaisoit si
fort, qu'il restoit immobile pour la sa-.
vourer à son aise. |
Ma belette bâilloit souvent; elle se lc-
voit après avoir dormi en tiraillant ses
membres et soulevant le dos en arc.
Elle léchoit l’eau en buvant; sa langue
étoit âpre et hérissée de pointes. Elle
ronfloit quelquefois en dormant, et avoit
communiqué son odeur forte et désa-
gréable à une petite cage où elle avoit
son lit; son petit matelas étoit aussi
puant qu’elle-même dans l'état de
colère.
DE LA BELETTE, 3x
Ma belctte souffroit impatiemment
. d'être renfermée dans sa cage, et elle
aimoit la compagnie et les caresses ;
elle avoit rongé à différentes reprises
quatre petits bâtons, pour se faire une
issue pour sortir de sa prison.
Cet animal aime extrêmement la pro-
preté ; sa robe est toujours luisante.
En faisant observer un certain régime
à ces bêtes, on peut tempérer l’odeur
forte qu’elles exhalent , et leur affreuse
puanteur lorsqu'elles sont en colère. Le
laitage adoucit beaucoup leurs humeurs,
de même que le régime végétal.
Les belettes ont les yeux étincelans et
lumineux : mais cette lumière n’est point
propre à cet animal, elle n’est point
électrique et ne réside pas dans l'organe
de la vue ; ce n’est qu’une simple réflexion
de lumière qui à lieu toutes les fois que
l’œil de l’observateur est placé entre la
lumière et les yeux de la belette, on
qu'une bougie se trouve entre les yeux
de l'observateur et de l'animal. Ce phéno-
mène est commun à un grand nombre
de quadrupèdes et à quelques serpens, et
32 HISTOIRE NATURELLE |
cette cause est prouvée parles expériences |
que J'ai lues, en 1780, à l'académie des
sciences, sur les yeux des chats, etc.
Les observations de M. de Buffon (t. IX),
la description anatomique de M. Dauben-
ton, la lettre de M. Giély (rapportée dans …
ce ohms, et le présent détail, forment
l'histoire complète de la ble M. de
Buffon dit (tome Il, page 241) que ces
animaux ne s'apprivoisent pas et de-
meurent sauvages dans des cages de fer:
Je sais par expérience que cela est vrai
lorsque les belettes sont prises vieilles, où
même à l’âge de trois ou quatre mois.
Pour donner aux beleites léducation
dont elles sont susceptibles, et leur faire
goûter la domesticité, 1l faut les prendre
jeunes et lorsqu'elles ne peuvent s'enfuir:
on fut obligé de couper les quatre dents
canines de celle qu’on m’apporta à An-
tragues, et de la châtier souvent pour
fléchir son caractère.
On voit d’après tout ce que J'ai dit-sur
cet anima. , que, quelque petit qu'il soit,
c’est un de ceux que la Nature a le moins
négligés. Dans l'état sauvage, c'est le
LA UE. É
\
DELLA BELETTEES 1. 5
tigre des petits individus. Il se garantit
par son agilité des quadrupèdes plus
- grands que in il est bieu servi par l'o-
reille et par la vue. Il est pourvu d'armes
offensives dont il fait usage en peu de
temps avec une sorte de discernement :
1l aime le sang et.le carnage, et se plaît
à la destruction sans qu’il ait même be-
soin de-satisfaire son appétit.
En état de domesticité, ses sens se per-
fectionnent et ses mœurs s'adoucissent
par le châtiment. La belette devient sus-
ceptible d'amitié, de reconnoissance et
de crainte ; elle s'attache à celui qui la
nourrit, qu’elle reconnoît à l’odorat et à
la simple vue. Elle est rusée et libertine
à l'excès; elle aime les caresses, le repos
et le sommeil; elle est gourmande et
si vorace, qu'elle pèse jusqu’à un cin-
quième de plus après ses repas. Sa vue
est percante, son oreille bonue , l’odorat
est exquis, le sens du toucher est répandu
dans tout son corps, et la flexibilité de ce
petit corps menu et long favorise infini-
ment la bonté de ce sens en lui-même.
Tous ces phémomènes tiennent à l'état
34 HISTOIRE NATURELLE
de ses sens qui sont achevés et pare
faits *. :
Ces observations sur les habitudes de
la belette en domesticité s'accordent par-
faitement avec celles que mademoiselle
de Laistre a faites sur cet animal , et!
qu'elle a bien voulu me communiquent
par une lettre datée de Brienne , le 6 dé-
cembre 1782,
« Le hasard, dit mademoiselle de
Laistre, m'a procuré une jeune belette
de la piété espèce. Sollicitée par quel-
qu'un à qui elle faisoit pitié, et sa foi-
blesse m'en inspirant, je lüi donnai mes
soins. Les deux premiers jours , je la
nourris de lait chaud; mais, jugeant
qu'il Jui falloit des alimens qui eussent
plus de consistance, je lui présentai de
la viande crue, qu’elle mangea avec plai-
sir : depuis she a vécu de bœuf, de veau
ou de mouton indifféremment, et s’est
* Extrait d’une lettre adressée à M. le comte
de Bufon,
DE LA BELETTE, 35
privée au point qu'il n’y a ral de chien
plus familier.
+ J’ose vous assurer que ce petit animal
ne préfère pas la victuaille corrompue ;
il ne se soucie pas même de celle qui est
hâlée, c’est toujours la plus fraîche qu’il
choisit : à la vérité, il mange avec avi-
dité, et s'éloigne ; mais souvent aussi it
mange dans ma main et sur mes genoux,
il préfère mème de prendre les morceaux
de ma main. Il aime beaucoup le lait :
je lui en présente dans un vase, il se
met auprès et me regarde; Je le lui verse.
peu à peu dans ma main, il en boit beau-
coup ; mais si Je n'ai pas cette complai-
sance, à peine en goûte-t-1l. Lorsqu'il est
rassasié , il va ordinairement dormir;
mais il fait des repas plus légers qui ne
troublent point ses plaisirs. Ma chambre
_<st l'endroit qu'il habite. Par des parfums,
J'ai trouvé moyen de chasser son odeur :
c’est dans un: de mes matelas où il a
trouvé moyen de s’introduire par. un
défaut de la couverture, qu'il dort pen-
dant le jour ; la nuit je le mets dans une
boîte grillée; toujours 1l y entre avec
PAOATS RTSROP
3% HISTOIRE NATURELLE. |
peine et emsort avec joie. Si on Jui dontie *
la liberté avant que Je sois.levéé’, après W
mille gentillesses qu’il fait sur môn lit,"
il y entre et vient dormir dans ma imaiti À
ou sur mon sein. Suis-Je levée la pre:
mière, pendant une grande démi-heure
il me fait des caresses, se joué avec mes
doigts comme un jeune chien, saute sut à
ma tête, sur mon cou, tourne autour
de mes bras, de mon corps, avec une
légéreté et des agrémens que je n’aï vus
à aucun quadrupède. Je lui présente les
mains à plus de trois pieds, il saute de:
dans sans jamais manquer. Il a beauçoup
de finesse et singulièrement de ruses pour
venir à ses fins, et semble ne vouloir faire
ce qu’on lui défend que pour agacer: dès
que vous ne le regardez plus , sa volonté
cesse. Comme il ne semble jouer que pour
$
CRT
Pa.
|
RS
plaire, seul il ne joue jamais; et à chaque
saut qu'il fait, à chaque fois qu’il tourne, jN
il regarde si vous lexaminez: si vous ces:
sez, il va dormir. Dans le temps qu'il est
le plus endormi, le réveillez-vous, ïl
entre eu gaieté, agacewet joue avec autant
de grace que si on ne l'eût pas éveillé : il
de. Li
IDÉ LA’ BELETTES 37
ne montre d'humeur que lorsqu'on l’en-
fermé ou qu'on le contrarie trop long-
temps; et par de petits grognemens très-
‘difiérens l’un de l’autre, il montre sa joie
et son humeur. |
Auñilieu de vingt personnes, ce petit
animal distingue ma voix, cherche à me
voir, et saute par-dessus serie le monde
pour venir à moi; son jeu avéc moi est
plus gai, $es caresses sont plus pressantes;
avecses deux petites pattes, il me flatte
le menton avec des graces et une joie qui
peignent le plaisir. Je suis la seule qu’il
caresse de cette manière; mille autres pe-
tites préférences me prouvent qu’il m'est
réellement attaché. Lorsqu'il me voit ha-
biller pour sortir , il ne me quitte pas :
quand avec peine je ‘m'en suis débar-
rassée, J'ai un petit meuble près ma
porte ; il va s’ycaächér; et lorsque je
passe , il saute si âdroitement sur moi
que souvent je ne n’en apperçois pas.
Il semble beaucoup tenir de l’écureuil
par la vivacité , la souplesse , la voix,
le petit grognement. Pendant les nuits
i’é il crioit en courant, et étoit en
} : /,
Quadrupides, XI, 4
38 HISTOFRE NATURELLE, (A
mouvement presque toute la nuit : : depuis d
qu'il fait froid ; je ne l'ai point-entendu.
Quelquefois le jour sur mon lit » lomsque AR
fait soleil , 1l tourne , se retouxne , 6e
culbute , et grogne pendant quelques ins-
tans. Son penchant à boire dans ma main
où je mets très-peu de lait à la fois, et !
qu'il boit toujours en prenant les petites
gouttes et les bords où il y en a le moins,
sembieroit aunoncer qu’il boit de la Si
ste. Rarement 1l boit de l'eau, et-ce n’est
qu'au grand besoin , et à défaut de lait :
alors il ne fait que rafraîchir sa langue
une fois ou deux ;1l paroît méme craindre
l’eau. Pendant Le chaleurs , il s'épluchoit
beaucoup : je hui fs pr Ps de l’eau
daus une assicite, Je J'agacai pour ly
faire entrer ; LS Je n'y pus réussir. Je
fis mouiller un linge.et le mis près de lui;
il se roula dedans avec une Joie extréme.
Une singularité de ce charmant animal
est sa curiosité ; Je ne puis Ouvrir une
armoire , une boîte , regarder un papier,
qu'il ne vienne regarder avec moi. Si,
pour me contrarier, il s’écarte ou entre
dans quelques endroits où Je crains de le
=
&
==
DE LA BELETTE. 39
voir, je prends un papier où un livre
que je regarde avec attention ; aussitôt
il accourt sur ma main ;.ct parcourt ce
que jetiens avec un air de satisfaire sa
curiosité. J’observerai encore qu'il Joue
avec un jeuûé chat et un jeñne chien,
l’'uu et l’autre déja gros , se inet autour
de leur cou , de leurs pattes, sur leur dos,
sans qu’ils se fassent de mal, etc. »
POLE é
ADDITTON AUX ARTICLES"
DE. à 8: ÿ “BRLETTE ET DE
L'HERMINE, DU SURIKATE,
DE. LA MANGOUSTE ET DU.
. VANSIRE. | ea
DE L’'HERMINE *.
J x dois citer ici avec éloge et reconnois-
sance une lettre qui m'a été écrite par
madame la comtesse de Noyan, datée
au château de la Mancelière en Bretagne,
le 20 juillet 1771.
« Vous êtes trop juste, Monsieur , pour
ne pas faire réparation d'honneur à ceux
que vous avez offensés. Vous avez fait un.
outrage à la race de l’hermine , en l’an-
noncant comme une bête que l’on ne
pouvoit apprivoiser. J’en ai une depuis
un mois que l’on à prise dans mon jar-
* Tome II, page 245.
À
WEP
HISTOIRE NATURELLE. 4
din , qui, reconnoissante des soins que
Je sant) d'elle , Vient m'embrasser , me
lécher et Jouer avec moi, comme le
pourroit faire un petit chien. Elle est à
peu près de la taille d’une belette, rous-
sâtre sur le dos, le ventre et les pattes
blanches ; cinq belles petites grifies à ses
jolies petites pattes'; sa bouche bien fen-
due , et ses dents pointues comme des
En lon: ; le tour des oreilles blanc; la
barbe longue , blanche et noire ; et le
bout de la queue d’un beau noir. Sa vi-
yacité surpasse celle de l’écureuil....Cette
jolie petite bête , jouissant de sa liberté
jusqu’à l'heure que nous nous retirons ,
joue, vole nos sacs on et tout
ce qu’elle peut emporter.
J'avoue que je ne me suis peut-être
pas assez occupé de l'éducation des be-
lettes et des hermines que j'ai fait nour-
rir ; car toutes m'ont paru également
farouches. Je ne doute pas néanmoins de
ce que me. marque madame de Noyan,
et d'autant moins que voici un second
exemple qui confirme le premier.
43 HISTOIRE NATURELLE \
M. Giély , de Mornas dans le Comtat
Venaissin , m'écrit dans lés termes sui-
Vans : | ‘HA
« Un homme ayant trouvé üne portée
de jeunes belettes , résolut d'en éléver
une , et le succès répondit p omptement
à ses soins. Ce petit animal s'attacha à
lui, et il s’amusa à l'exercér un jour de
fête dans une promenade publique, où
Ja Jeune belette le suivit constamment,
ct sans prendre le change, péndant plus
de six cents pas, et dans tous les dé-
tours qu'il fit à travers les spectateurs.
Cet homme donna ensuite ce joli animal
à ma femme. La méthode de les appri-
voiser est de les maniïer souvent en leur
passant doucement la main sur le dos,
mais aussi de les gronder ét méme de
les battre si elles mordent. Eîle est,
comme la belette ordinaïre et le rousse-
lét, rousse supéricuremént et blanche
inféricurement. Le fouet de la queue est
dün poil brun approchant du noir. Elfe
n'a que cinq semaines , etJ'ignore si, avec
l'âge, ce poil du bout de la queué nedé= |
DE L’HERMINE. 43
Yiendra pas tout noir. Le tour dés oreilles
n’est pas blanc comme au roussélet; mais
cle a, comme lui, l'extrémité des deux
pattes de devant blanche, les deux de
derrière étant rousses méme par-dessous.
Elle a une petite tache blanche sur le nez,
ct deux petites taches rousses oblongues ,
_ isolées dans le blanc au-dessous des yeux,
selon la longueur du museau. Elle n'ex-
hale encore aucune mauvaise odeur, et
ma femme, qui a élevé plusieurs de ces
animaux , assure qu'elle n'a Jamais été
incommodée de leur odeur , excepté les
cas où quelqu’an les excédoit et les irri-
toit. On la nourrit de lait, de viande
bouillie et d’eau ; elle mange peu, et
prend son repas en moins de quinze se-
condes : à moins qu’elle n'ait bien faim,
elle ne mange pas le miel qu'on lui pré-
senté. Cet animal est propre; et s’il dort
sur vous et que ses besoins l'éveillent ,
.1l vous gratte pour le mettre à terre. -
Au surplus, cette belette est très-fami-
lière et très-gaie : ce n’est pas contrainte ni
tolérance , c’est plaisir, goût , attache-
ment. Rechercher les caresses, provoquer
/
L
“44 HISTOIRE NATURELLE
+ 5:
les agaceries , se coucher, sur le. dos , et
répondre à la main qui la flatte , de mille
petits coups de pattes et de dents très-ai-
\ ir:
gués , dont elle sait modérer et retenir
l'impression au simple chatouillement ,
sans jamais s'oublier; me suivre par-tout,
me grimper et parcourir tout le corps ;
s'insinuer dans mes poches , dans ma
manche, dans mon sein , et de là m'in-
viter au badinage ; dormir sur moi; man-
ser à table sur mon assiette, boire ‘dans
mon gobetet, me baiser la bouche, et su-
cer ma salive, qu’elle paroît aimer beau-
coup (sa langue est rude comme celle
du chat ): folâtrer sans cesse sur, mon
bureau pendant que J'écris, et Jouer
J ? J
seule , et sans agacerie ni retour de ma
part, avecimes mains et ma plume : voilà
la mignarderie de ce petit animal... Sige
ime prete à son. Jet , il le continuera deux
eures de sui jusqu’à da lassi :
heures d te , et Jusqu'à da lassitude *
Par une seconde lettre de M. Giély de
Mornas , du 15 août 1775 , 1l m'’informe
* Lettre de M. Gily à M. de Buïfon. Mornas,s
16 juin 1775, |
:31DE L'HERMINE. QU.
que sa. belette a été tuée par accident , et
il ajoute les observations suivantes :
«1°. Ses excrémens commencoient à
empuantir le lieu où je la logeois ; il faut
y apporter beaucoup de soins et de pro-
preté, et la nourrir plus souvent d'œufs
ou d’omelette aux herbes que de viande.
2°. Il ne faut pas la toucher ni la pren-
dre pendant qu’elle prend son repas; dans
ce court intervalle, elle est intraitable.
3°. Elle me saigna des poussins qu’on
avoit TT ER à Sa portée par inadvertance:
mais elle n’a jamais osé attaquer de front
de gros poulets que J’engraissois en cage;
ils la harceloient et la mettoient en fuite
à coups de bec. Il étoit amusant d’obser-
vér les ruses et les feintes qu’elle em-
ployoit pour tâcher de les surprendre.
4°. Quant à sa famiharité et aux graces
de son badinage et même à son attache-
ment,je n'ai rien avancé qui ne se soit
soutenu Jusqu'à sa fin prématurée, Seu-
lement elle s’oublioit par fois dans la
chaleur de ses agaceries, et, comme par
transports , elle serroit un peu trop les
n ARE 2 LA VU UNS Ur AU AU
TOUS DAME Ne
| "1 } “Hi CHEN TEA,
45 HISTOIRE NATURELLE
dents; mais la correction opéroit d'abord
l'amendement. I faut , lorsqu'on la cor-
rige , la gronder, et + frapper posté-
rieurement , et jamais vers la tete, ce
qui les He
5°. Elle n’avoit pas beaucoup grossi , ; et
étoit probablement de la petite espèce ;
car , lors de son accidént, c’est-à-dire ,
ayant plus de deux mois, tout son corps
glissoit encore dans le même collier. »
On trouve dans l’Astoire naturelle de
la Norvége par Poutoppidan , les obser-
vations suivantes :
« En Norvége, di sa de-
meure dans dés monceaux, de pierres.
Cet animal pourroit bien être de l’espèce
des belettes. Sa peau est blanche , à l’ex-
ception du cou, qui est taché de noir.
Celles de Norvége et de Lapponie con-
servent leur blancheur mieux que celles
de Moscovie, qui jaunissent plus facile-
ment; et c'est par cette raison que Îles
premières sont recherchées à Pétersbourg
inème. L'hermine prend dés souris comme
{
DE L’'HERMINE. 47
les chats, et emporte sa proie quand cela
Jui est possible. Eile aime particulière-
ment les œufs ; et lorsque la mer est
calme , elle passe à la nage dans les îles
voisines des côtes de Norvége, où elle
trouve une grande quantité d'oiseaux de
mer. On prétend qu'une hermine venant
à faire des petits sur une île, les ramène
au continent sur un morceau de bois
qu’elle dirige avec son museau. Quelque
petit que soit cet animal , il fait périr
les plus grands, tels que l'élan et l'ours ;
il saute dans l’une de leurs oreilles pen-
dant qu'ils dorment , et s’y accroche si
fortement avec ses dents, qu'ils ne peu-
vent s’en débarrasser. Il surprend de la
méme manière les aigles et les coqs de
bruyère, sur lesquels il s'attache , et ne
les quitte pas mème lorsqu'ils s'envolent,
que la peere de leur sang ne les fasse
tomber *, :
* Histoire naturelle de la: Norvëge, par Pon-
toppidan. — Journal étranger, juin 1756.
huun TA Y NERO
LU
48 HISTOIRE NATURELLE
HET
Le HAE
Le
LE GRISON.
Vorcr une espèce voisine de celle de
la belette et de l’hermine:, et que nous
ne connoissions pas encore. C’est encore
M. Allamand qui en a donné le ‘premier
la description et la figure sous lé nom de
£TisoR, dans Île quinzième volume de l’édi-
tion de Hollande de mon ouvrage; et je
ne puis mieux faire que de rapporter ici
cette description en entier.
« J'ai recu, dit-il, de Surinam le pe-
tit, animal qui est représenté dans cette
planche ; et dans la liste de ce que conte-
noit la caisse où 1l étoit renfermé., il étoit
nommé belerte grise, d'où j'ai tiré le nom
de grison , parce que j'ignore celui qu'on
lui donne dans le pays où il se trouve ,
et qu'il indique assez bien sa couleur.
Toute la partie supérieure de son corps
est couverte de poils d’un brun foncé ct
dont la pointe est blanche , ce qui forme
un gris où le brun domine : mais le dessus
de la tête et du cou est d’un gris plus
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DU GRISON. 49
clair , parce que là les poils sont fort
courts, et que ce qu’ils ont de blanc égale
en longueur la partie brune. Le museau,
tout le dessous du corps et les Jambes
sont d'un, noir qui contraste singulière-
ment avec cette couleur grise, dont il
est séparé de la tête par une raie blanche
qui prend son origine à une épaule et
passe par-dessous les oreilles , au-dessus
des yeux et du nez, et s'étend jusqu’à
l’autre épaule.
La tête de cet animal est fort grosse à
proportion de son corps; ses oreilles, qui
forment presque un demi-cercle , sont
plus larges que hautes ; ses yeux sont
grards ; sa gueule est armée de dents mâ-
chelières et de dents canines fortes et
pointues. Il y a six dents incisives dans
chaquemächoire : mais il n’y a que celles
des extiémités des deux rangées qui soient
visibles ; les quatre intermédiairés sortent
à peine de leurs alvéoles. Les pieds , tant
ceux de devant que de derrière , sont
partagés en cinq doigts, armés de forts
ongles jaunâtres. La queue , qui est assez
longue, se termiue en pointe.
ve NR
{
50 HISTOIRE NATURELLE
La belette est celui de tous les animaux
de notre continent auquel celui- -ci a le
plus de rapport : ainsi je ne suis pas sur-
pris qu'il avait été envoyé de Surinam
sous le nom de belelte grise: Cependant ce
n’est pas une belette, quoiqu'il lui res-
semble par le nombre et ia forme de ses
dents ; il n’a pas le corps aussi alongé ,
_et ses pieds sont beaucoup plus hauts. Je
ne connois aucun auteur ni voyageur
qui en ait parlé, et l'individu qui m'a
été envoyé est le seul que J’aie vu. Je lai
montré à diverses personnes qui avoient «
séjourné long-temps à Surinam ; mais il
leur étoit inconnu : ainsi il doit être rare F,
dans les lieux où il est originaire , ou il |
faut qu’il habite dans des endroits peu k.
fréquentés. Celui qui me l’a envoyé, ne
m'a marqué aucune particularité propre »
à éclaircir son histoire naturelle ; c’est
pourquoi je n'ai pu faire autre chose
que de décrire sa figure. Voici ses dimen-
SiONS : »
pieds. pouces. lignes.
Longueur du corps entier, me-
suré en ligne droite, depuis le i
bout du museau jusqu’à lanus » 7 D
DU GRISON.: : 5x
pieds. pouces. lignes.
Hauteur du train de devant... » 2
Hauteur du train de derrière... » 14
Longueur de la 1ête depuis le
mt
bout du museau jusqu’à l'occiput » 2
Circoniérence du bout du mu-
SEAU se ssesesssssssse D LA IT
Circonférence du museau prise
au-dessous des yeux........ > 3 9
. Contour de l’ouveriure de la bou-
0 OPA : 7
Distance entre les deux naseaux. » » 3
Distance eñtre le bout du mu-
seau et l’angle antérieur de.
Le EEE. ES >» » 8
Distance entre l’angle postérieur
one nt tr RU ie + » 6
Longueur de l'œil d’un angle à
NE Le
A Na to >» 3
Distance entre les angles anté-
rieurs des yeux , mesurée en
suivant la courbure du chane
OM SRB RSS MATE » 10
La nième distance mesurée en
ligue re OP CA OIL Ut ES » Ô
Circonférence de la tête prise
entre les yeux et les oreriles. ,
Longueur des oreilles. ..,....:" »
ÿ
+
(SL
LAMY ne \ : Sp Ag 22 ul.
52 HISTOIRE NATURELLE |
… pieds. pouces. ligness
Largeur de 1 ut mesurée sur
la courbure extérieure. ..... » » ©
Distance entre les deux oreilles,
prise dans le bas en droite
\
hgnes.. 00e 4 6
Circonférence du -cou....,...4421 20 42002 14
Circonférence du corps, prise
derrière les jambes de devant » 4 3:
Circonférence prise à l'endroit le
plus &ross..4 tee een 00e RSS
Circonférence prise devant les
jambes de derrièrei.43..14124.tits ADMET
Longueur du tronçon de la queue » x 1Q
DU SURIKATE.
Nous avons dit * que le surikate ne
faisoit aucun mal aux enfans , qu'il ne
mordoit que quelques personnes adultes,
et, entre autres , le maître de la maison,
qu'il avoit pris en aversion. J’ai appris de-
puis , qu’en effet il ne mordoit ni la femme
ni les enfans de cette maison , mais qu’il
a mordu nombre d’autres personnes des
* Tome VI, page 78.
DU SURIKATE,. 53
deux sexes. M. de Sève a observé que
c'étoit par l’odorat qu'il étoit induit à
mordre. Lorsque quelqu'un le prenoit ,
le cartilage du bout du nez se plioit pen-
dant qu'il flairoit , et, suivant l’odeur
qu'il recevoit de Lx personne, 1l mordoit
ou ne mordoit pas. Cela s’est trouvé cons-
tamment sur un assez grand nombre de
gens qui ont risqué l’épreuve ; et ce qu'il
y a de singulier , c’est que quand il avoit
mordu une fois quelqu'un , il le mordoit
toujours , en sorte qu’on ne pouvoit pas
dire que ce fût par humeur ou par ca-
price. Il y avoit des gens qui lui déplai-
soient si fort, qu’il cherchoit à s'échapper
pour les mordre; et quand il ne pouvoit
pas attraper les jambes, il se Jetoit sur les
souliers et sur les jupons, qu’il déchiroit;
il emploÿoit même quelquefois la ruse
pour approcher les personnes qu'il vou-
loit mordre.
M. Vosmaër, dans une note, page 7,
de sa description d’un écureuil volant,
fait une remarque qui m’a paru juste,
et dont Je dois témoigner ici ma recon-
noissance.
5
54 HISTOIRE NATURÉLLE
« M. de Buffon, dit M. Vosmaër, 2
vraisémblablement été tromipésurlénomt w
de szrikate et sux lé lieu del origine de
cet animal , qui a été envoyé l'été der-
hier par M. Tulbagh à S. A. S. Monsci-
_gneur le prince d'Orange. Il n’äppartient
point à l'Amérique ; mais bien à PAfrique.
Ce petit animal , dont on m’avoit adressé
deux de sexe différent , maïs dont la fe-
inellé est morté pendant le voyagé , n’a
pas été connu de Kolbe , qui du moins
n’en fait aucune mention ; et il paroît
qu'il ne se trouve que fort avant dans
les terres , ce qu'on peut inférer dé la
lettre de M. le gouverneur ; que Je récus
en même temps ,; ét Où il est dit :
« J'ai encore rémis audit capitaine deux
« petits animaux vivans , mâle et femelle,
« auxquels nous ne ponson cependant
< donner de non, ni les rapporter à au-
« cune autre espèce, attendu qu’on me
« les à envoyés pour la première fois ,
«et de bien loïn, des déserts et mon-
« tagnes de pierres de cette vaste contrée.
« Ils. sont fort doux , gentils , et mangent
« de la viande fraiche, cuite ou crue, des
“
DU SURIKATE. 55
« œufs cruds et des fourmis, quand ils
« peuvent en attraper. Je souhaite que
« ces petits animaux arrivent en vie, puis-
« que je me crois pas qu’on en ait encore
« vu en Europe de pareils. »
Ce témoignage de M. Tulbagh est posi-
tif, et ce que dit auparavant M. Vos-
maër est juste : J’y souséris avec plaisir ;
car , quoique j'aie eu cet animal vivant
pendant long-temps, et que jé l’aie dé-
_crit et fait représenter *', Je n’étois assuré
ni de son nom , ni de son climat origi-
naire, que par le rapport d’un marchand
d'animaux qui me dit l'avoir acheté en
Hollande sous le nom de swrikate, et
qu'il venoit de Surinam. Ainsi nous di-
rons maïntenant qu'il ne se trouve point
à Surinam ni dans les autres provinces
de FAmérique méridionale , mais en
Afrique , dans les terres montagneuses,
au-dessus du cap de Bonne-Espérance. Et
à l'égard du nom, il ne fait rien à la
chose , et nous changerons volontiers
* Tome VI, pl. VIII.
56 HISTOIRE NATURELLE
celui de surikate lorsque nous serons
mieux informés. . Lou f:
DE LA MANGOUSTE.
Nous donnons ici la figure dune )
grande mangouste qui nous paroît for-
mer une variété dans l'espèce des man-
goustes ; elle a le museau plus gros et
un peu moins long, le poil plus hérissé.
et plus long, les ongles aussi plus longs,
la queue Lis héri issée , et aussi plus
longue à proportion du corps.
L
DU VANSIRE.
LE vansire est, comme nous l’avons
dit , un animal de Madagascar et de l’in-
térieur de l'Afrique, qui ressemble beau-
coup au furet, à l'exception du nombre
et de la forme des dents, et de la lon-
sueur de la queue, qui est beaucoüpplus
grande dans le vansire que dans notre
furet. Nous donnons ici la figure d’un
‘animal qui nous a été envoyé de la par-
tie orientale de l'Afrique , sous le nom de
LA GRANDE MANGOUSTE .
1 Pau qu P
1 Fugue M 0
LLE. lag 57
LA
DU VANSIRE. 57
neipse. Par sa forme , aussi-bien que par
cette dénomiuation , j’ai- reconnu que
c’étoit une espèce de furet; car zems ou
nins est le nom du furet en langue arabe,
et ces furets d'Arabie ou ces zemns res-
semblent beaucoup plus au vansire qu’à
nos furets d'Europe. Voici la description
qu'en a faite M. de Sève.
._ « Le zems est un vrai furet, à le consi-
dérer dans le détail de sa forme et de sa
souplesse: Quand il marche, il s’alonge
et paroît bas de jambe. Il a beaucoup de
conformité avec nos furets. Celui-ci étoit
mâle, et avoit treize pouces dix lignes de
longueur du museau à l'anus , le troncon :
de la queue un pied ; la hauteur du train
de devant est de cinq pouces six lignes ,
celle du train de derrière six pouces six
lignes ; l'oreille est sans poil et de la
même forme que celle du furet commun.
Sou œil est vif, et l'iris d’un fauve foncé;
son museau, qui est très-fin , ne m'a pas
paru avoir de moustaches. Tout le corps
est couvert d’un poil long, jaspé d’un
brun foncé , mélé d’un blanc sale qui a
LAON LE
#)
58 HISTOIRE NATURELLE.
dix lignes de longueur ; ce qui fait que :
par ses rayures , il ressemble au lapin .
riche. Le ventre est couvert d'un poil …
fauve clair sans mélange; le fond du poil
de la tête, autour de l'œil, est d’une cou-
leur jaunâtre claire, et sur lé nez, les
joues, les autres parties de la face où le
poil est court, un ton fauve plus ou moins fl
brun par endroits règne par - tout sans j
mélange, se continue et se perd en dimi-
muant dans les parties de la tété au-dessus
des yeux ; ses Jambes sont couvertes d’un
‘poil ras fauve foncé ; les pattes ont quatre
doigts, et un petit doigt par derrière; les
ongles sont petits et noirs ; la queue, qui
est au moins du double plus longue que
celle de nos furets, est très-grosse au
commencement du troncon , et très-me-
nue au bout, qui finit en pointe; de
grands poils jaspés comme sur le corps,
couvrent cette Are Cet animal ne boit
point, à ce qu'a dit avoir observé le gar-
con qui en à Soin,
NOUVELLE ADDITION À L'ARTICLE
DUPNANSIRE
M. Forster a bien voulu m'envoyer les
remarques suivantes au sujet de cet ani-
mal.
« J'ai vu, dit-il, à la ménagerie du
cap de Bonue-Espérance , un animal du
genre des mangoustes , qui venoit de
l'ile de Madagascar, et qui répondoit
exactement à la description du vansire
donné par M. de Buffon *. 11 se plaisoit
beaucoup à être dans un baquet rempli
d’eau , d’où il sortoit de temps en temps.
Le garde qui prenoit soin de la ménage-
rie, nous assura que lorsqu'on tenoit cet
animal pendant quelque temps à sec et
hors de l’eau , il s’y replongeoit avec
empressement dès qu’on lui en laissoit
la liberté. La figure qu’en a donnée
* Tome VI, page 122,
7:
vu ot il NAT AU a
6o HISTOIRE NATURELLE. 5
_ M. de Buffon*, est assez exacte; mais elle Ne
paroît un peu tr op alongée, parce qu'elle …
a été donnée sur une peau bourrée de cet
animal, et d’ailleurs le poil est plus court «
que celui du vansire de la ménagerie du
Cap. Ce dernier étoit à peu près de la taille «
de la marte ordinairé ; sa queue égaloit !
eu longueur celle du corps jusqu’à la à
tête ; son poil étoit de couleur brune «
noirâtre; il y avoit cinq doigts à chaque 4
pied, bien divisés et sans imcinbrames.
Les dents incisives étoient au nombre de
six , tant en haut qu’en bas; il y avoit.
huit mâchelières à chaque machoire, \
c'est-à-dire, quatre de chaque côté, et +
les canines étoient isolées ;:ce qui fait enr
tout trente-deux dents. L'aniinal mar-
choit comme les mangoustes, en ap-
puyant sur le talon. »
* Tome VI, pl. XIV.
ZOrrr.zz,
D)
Ç A0)
\
A GRANDE MARTE DE LA GUYANNE
2.LE TOUAN .
À Paquet. p
DE LA GRANDE MARTE
DE LA GUIAN_E.
Cgr animal , Qui nous a été envoyé de
Cayenne , et dont nous donnons ici la
figure , est plus grand que notre marte
de France ; il a deux pieds de longueur
depuis le bout du nez jusqu’à l’origine de
la queue. Son poil est noir , à l'exception
de celui de la tête et du cou jusqu'aux
épaules , qui est grisâtre; le bout du nez
et les naseaux sont noirs ; le tour des
yeux et des mâchoires, ainsi que Île des-
sus du nez , sont d’un brun roussatre. Il
y a douze dents incisives, six en haut et
six en bas; ces dernières sont les plus
petites ; les canines sont très-fortes , et
nous n’avons pu compter les mâchelières.
Il ya, comme dans la fouine et la marte
de France , de longs poils en forme de
moustaches de chaque côté du museau;
les oreilles sont larges et presque rondes
6
—n
62 HISTOIRE NATURELLE —
comme celles de nos fouines A 20 on voit
sur le cou une grande tache d’un blanc
jaune qui descend en s’élargissant sur la
poitrine. Tous les pieds ont cinq: doigts ,
avec des ongles blanchâtres courbés en
gouttière ; les ongles des pieds de devant
ont six lignes de longueur, et ceux de
derrière cinq seulement.
La queue, qui a dix-huit pouces de
long , et dont l’extrémité fimit en pointe,
est couverte de poils noirs comme celui
du corps, mais longs de deux ou trois
pouces. Cette queue est plus longue à
proportion que celle de notre marte ; car
elle est des trois quarts de la longueur
du corps, tandis que, dans cette der-
nière , elle n’est que de la moitié.
.s
«196 ua
oh, ÆO U,.A N.
Nous donnons ici la figure d’un petit
animal qui nous a été envoyé de Cayenne
par M. de la Borde, sous le nom de
fouan, et dont nous né pouvons rappor-
ter l’espèce qu’au genre de la belette. Dans
la courte notice que M. de la Borde nous
a laissée de cet animal, il c$t dit seule-
ment qu’ étoit adulte, qu'il se tient
dans des troncs d’arbres , et qu'il se nour-
rit de vers et d'insectes. La femelle pro-
duit deux petits qu’elle porte sur le dos.
Ce touan adulte n’a que cinq pouces
neuf lignes de longueur , depuis le bout
du museau jusqu’à l’origine de la queue ;
il est plus petit que la belette d'Europe,
qui a communémentsix pouces six lignes
de long : mais il lui ressemble par la
forme de la tête et par celle de son corps
alongé sur de petites Jambes, et il en
diffère par les couleurs du poil. La tête
n’a qu'un pouce de longueur ; la queue
" LAMPE dia k
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64 HISTOIRE NATURELLE.
a deux pouces trois lignes, au lieu que
la queue de notre belette d'Europe n’est
longue que de quinze lignes, et n’est
pas, comme celle du touan, grosse et
épaisse à sa naissance, et très-mince à
7
son extrémité. Le touan a cinq doigts
armés d’ongles à chaque pied ; le dessus
du museau , de la tête et du corps jus-
qu'auprès de la queue , est couvert d’un
poil noirâtre ; les flancs du corps sont
d'un roux vif; le dessous du cou et du
corps entier d’un beau blanc ; les côtés :
de la tête, ainsi que le dessus des quatre
jambes , sont d’un roux moins vif que
celui des flancs ; la queue est couverte,
depuis son origine jusqu’à un tiers de sa
longueur, d’un,.poil semblable à celui
qui couvre les jambes , et dans le reste
de la longueur , elle est sans poil; l'in-
térieur des Jambes est blanc comme le
dessous du corps. Tout le poil de ce petit
animal est doux au toucher.
«
LE MONAX.
/Fauquet- F
KL
ADDITION AUX ARTICLES
* DE LA MARMOTTE eT DU
HPASTOR, DES RATS ET
SOURIS, DU RAT DE BLÉ
ou HAMSTER.
DE LA MARMOTTE *.
Nous donnons ici la figure de l’ani-
mal que nous avons indiqué sous le nom
de monax, marmotte de Canada*. Le dessin
nous en a été envoyé par M. Coliinson,
_ mais sans aucune description. Cette espèce
de marmotte me paroît différer des autres
marmottes, en ce qu’elle n’a que quatre
doigts aux pieds de devant, tandis que
la marmotte des Alpes et le bobak ou
marmotte de Pologne en ont cinq ,coinme
aux pieds de derrière. Il y a aussi quelque
difference dans la forme de la téte, qui
* Tome TIT, page 6.
4 s! «Ah 2 EN dv," KA ON 'Y AANDE RE
66 HISTOIRE NATURELLE
est beaucoup moins couverte de poil. La:
queue est plus longue et moins fournie
dans le monax que dans notre marmotte,
en sorte qu’on doit regarder cet animal
du Canada comime une espèce voisine,
plutôt que commé une simple variété de
la marmotte des Alpes. Fe présume qu’on
peut rapporter à cette espèce l’animal
dont parle le baron de la Hontan*, et
qu'il nomme s/ffeur. Il dit qu'il se trouve
dans les pays septentrionaux du Canada;
qu'il approche du lièvre pour la grosseur, |
mais qu'il ést plus court de corps; que
la peau en ést fort estimée , et qu'on ne
recherche cet animal que pour cela,
parce que la chair n’en est pas bonne à
manger. [l ajoute que les Canadiens ap-
pélléent cés animaux siffeurs , païcé qu'ils
silent en effet à l'entrée dé leurs tanières
lorsque le temps est beau. Il dit avoir
entendu lui-méème ce sifflet à diverses re-
prises. On sait que nos marmottes des
Alpes siflent de même et d’un ton très-
aigu. |
* Voyage. du baron de la Hontan, tome [°,
page g9.
| é
X
DE LA MARMOTTE. 67
MARMOTTE DE KAMTSCHATKA.
LEs voyageurs russes ont trouvé dans
les terres du Kamtschatka un animal
qu'ils ont appelé marmotte, mais dont
ils ne donnent qu’une très-lésère indica-
tion : ils disent seulement que sa peau
ressemble de loin, par ses bigarrures , au
plumage varié d’un bel oiseau ; que cet
animal se sert, comme l’écureuil, de ses
pattes de devant pour manger, et qu'il se
nourrit de racines, de baies et de noix
de cèdre *. Je dois observer que cette
expression, noix de cèdre, présente une
fausse idée ; car le vrai cèdre porte des
cônes , et les autres arbres qu’on a dési-
snés par le même nom de cèdres, portent
des baies.
* Histoire générale des voyages, tome XIX,
page 293.
68. HISTOIRE NATURELLE
DE LA MARMOTTE DU{CAP DE
BONNE-ESPÉRANCE.
C'Es Tr encore à M. Allamand, savant
naturaliste et professeur à Leyde, que
nous devons la première connoissance de
cet animal. M. Pallas la indiqué sous le
nom de cavia capensis, et ensuite M. Vos-
maër sous la dénomination de #armotte
bétarde d'Afrique. Tous deux en donnent
la même figure tirée sur la même plan-
che, dont M. Allamand nous avoit en-
voyé une gravure. Il marquoit à ce sujet
à M. Daubenton:
« Je vous envoie la figure d’une espèce
de cabiai ( Je ne sais par quel autre nom
le désigner ) que j'ai recue du cap de
Bonne-Espérance. Il n’est pas tout-à-fait
aussi bien représenté que je le desirerois ;
mais comme J'ai cet animal empaiklé dans
mon cabinet, je vous l’enverrai par la
première occasion, si vous souhaitez de
le voir.
LA MARMOTE DU CAP.
LP au Pi a à
!
Lib
MENT UNE
f
DE LA MARMOTTE. 69
Nous n'avons pas profité de cette offre
très-obligeante de M. Allamaud , parce
que nous avons été informés peu de temps
après qu'il étoit arrivé en Hollande un ou
deux de ces animaux vivans, et que nous
cspérions que quelque naturaliste en fe-
roit une bonne description. En effet,
MM. Pallas et Vosmaër ont tous deux
décrit cet animal, et je vais donner ici
l'extrait de leurs observations.
.« Cet animal, dit M. Vosmaër, est
connu au cap de Bonne-Espérance sous le
nom de blaireau des rochers, vraisembla-
blement parce qu'il fait son séjour entre
les rochers et dans la terre, comme le
blaireau , auquel néanmoins il ne res-
semble point ; il ressemble plus à la mar-
motte, et cependant il en diffère... C’est
Kolbe qui le premier a parlé de cet ani-
mal, et a dit qu’il ressemble mieux à
une marmotte qu'à un blaireau., »
Nous adopterons donc la dénomination
de marmotte du Cap, et nous la préfére-
.rons à celle de cavia du Cap, parce que
y
sè HISTOIRE NATURÉÉLE
Pantumal dont 1l est ici question, est Le Li
différent du cavia ou éabiai : 1°. par le
climat, le cavia étant de l'Amérique mé-
fidionale , tandis sud celui-cinesetrouvé .
qu’en Atritqad ; ; 2°. parce que le nom dé
casia est un mot brasilien, qui ne doit
point être transporté en Afrique, puis-
qu’il appartient au cavia, qui est le vrai
eabiai, et au cavia-cobaïa , qui est le
cochon d'Inde; 3°. enfin parce que le
cabiai est un animal qui n’habite que le
bord des eaux , qui a des membranes
éntre les doigts des pieds, tandis que fa
marmotte du Cap n’habite que les rochers
ét les terres les plus sèches qu’elle peut
creuser avec ses ongles *
« Le premier animal de cetté espèce , -
dit M. Vosmaër, qui ait paru én Europe,
â été envoyé à M. le prince d'Orange par
M. ‘Tulbagh , et on en conserve la dé-
pouille dans le cabinet de ce prmce. La
couleur de.ce premier animal diffère
beaucoup de celle d’un autre qui est
_
* Voyez la figure
(DELA MARMOTTE:: mx
arrivé depuis ; il étoit aussi fort jeune et
très-petit. Celui que je vais décrire étoit
un male, et il r'a été envoyé par M. Berg-
meyer , :d'Amsterdam. . ... Le genre de
vie de ces animaux , suivant les infor+
matious qui m'en ont été données, est
fort triste, dormant souvent pendant la
journée, Leur mouvement est lent, et
s'exécute par bonds ; mais , dans leur état
de nature, peut-être est-il aussi vif que
celui des lapins. Ils poussent fréquein-
ment des cris de courte durée, mais
aigus et perçans. »
_ Je remarquerai en passant que ce carac-
tère rapproche encore cet animal de la
marmotte ; car on sait que nos mar-
mottes des Alpes font souvent entendre
un sifllet fort aigu.
« On nourrissoit en Hollande cette espèce
de marmotte du Cap, continue M. Vos-
maër , avec du pain et diverses sortes d'her-
bes potagères. li est fort vraisemblable que
ces animaux ne portent pas long-temps
leurs petits, qu'ils mettent bas souvent et
72 HISTOIRE NATURELLE à ;
en grand nombre. La-forme de leurs pieds
paroît aussi dénoter qu’ ils sont propres a
fouir la terre. Cet animal étant mort à
Amsterdam, je le donuai à M. Pallas
pour le hisser
Il ressemble beaucoup pour la taille au
lapin commun ; mais il est plus gros et
plus ramassé : le ventre est sur-tout fort
gros. Les ÿeux sont beaux et médiocre-
nent grands ; les paupières ont en des-
sous et eu dessus quelques petits poils
courts et noirs , au-dessus desquels on en
voit cinq ou six noirs, mais longs, qui
sortent à peu près du coin de la paupière
alitérieure ,. et retournent en arrière vers
la tête; il y a de pareilles moustaches sur
la ièvre supérieure , vers le milieu‘ du
museau. |
Le nez est sans poil, noir, et comme
divisé par une fine couture qui descend.
jusque sur la lèvre ; les narines paroissent
comme un cordon rompu au milieu ; sous
1e museau, vers le gosier et sur les joues,
on voit quelques longs poils noirs plus
ou moins longs , et tous plus roides que
l’autre poil; des poils de même espèce
A
DE LA MARMOTTE- M. 193
2
sont semiés de distance en distance sur
tout le corps..... Le palais de la bouche
a huit cannelures ou sillons profonds ;
la langue est fort épaisse, passablement
longue , gaïnie de petits mamelons , et
ovale à son extrémité. La mâchoire supé-
rieure a deux dents fort longues , sail-
läntes au-devant du museau , et écartées
- l'une de l’âäutre; eîles ont la forme d’un
_ triangle alongé et applati : les dents de la
mâchoire inférieure sont poséesau-devant
du museau ; elles sont coupantes, fort
serrées, et au nombre de quatre; elles
sont assez longues , plates et larges... Les
dents molaires sont assez grosses, quatre
en haut et quatre en bas de chaque côté ;
on en pourroit compter une cinquième,
plus petite que les autres. .... Cet ani-
mal a les jambes de devant fort courtes,
et cachées à moitié sous la peau du corps:
les pieds sontnuds et ne présentent qu'une
peau noire; ceux de devant ont quatre
doigts, dont trois très-apparens, et celui
du miheu le plus long ; le quatrième , qu:
est au côté extérieur , est beaucoup plus
court que les autres , et comme adhérent
Quedrupèdes, XI, 7
ET
74 HISTOIRE NATURELLE "
au troisième : le bout de ces doigts est
armé d'onglets courts et ronds, attachés
à la peau, de la même facon que nos
ongles. Les à de détriète ont trois
doigts, dont il n’y a que celui du milieu
qui ait un ongle courbe; le doigt exté-
rieur est un peu plus court que les autres.
L'animal saute sur ses pieds de derrière
comme le lapin....... 11 n’y a pasle
moindre indice de queue ; l'anus se
montre fort long, et le prépuce, en bout-
relet rond, découvre un peu la verge. La
couleur du poil est lé gris ou de brun
fauve, comme le poil des lièvres ou des
lapins de sarenne ; il est plus foncé sur la
tête et sur le dos , et il est blanchâtre sur
la poitrine et le ventre. 11 y a aussi une
bande blanchâtre sur le cou, tout près
des épaules : cette bande ne fait pomt un
collier , maïs se termine à la hauteur des
jambes de devant; et en général le poil
est doux et laimeux. » KES
Nous ne donnerons pas ici la descrip-
tion des parties intérieures de cet animal;
onlatrouvera dans l'ouvrage de M. Pallas,
DE LA MARMOTTE. 75
qui a pour titre , Spicilegia zoologica. Cet
habile lite l'a faite avec beaucoup
de soin , et il faudroit la copier en entier
pour ne rien perdre de ses observations.
Addition et corrections à l'article de la
marmotte du cap de Bonne-Espérance.
Nous avions donné à cet animal le
nor de marmotte du Cap, d’après Kolbe
et M. Vosmaër, parce qu’en effet il a
quelque ressemblance avec la marmotte.
Cependant il n’est point du genre des
marmottes, et n’en a pas les habitudes;
mais M. Allamand nous a informés qu’on
appeloit £li;pdas ce même animal, auquel
on donnoit aussi le nom de blaireau des
rochers. Nous l'avons fait dessiner de
nouveau, d’après la figure qui nous a
été envoyée par ce célèbre naturaliste,
et nous avons adopté le nom de {/ipdas,
parce qu’en effet il n’est ni du genre des
marmottes ni de celui des blaireaux.
M. le comte de Mellin , que nous avons
déja eu occasion de citer avec éloge,
m'a envoyé la gravure faite d’après le
RUN qi M FAU MORE MURS YOU SUPER AMC NE AOC
TE HUGTL ENT ANEMINURSS
76 HISTOIRE NATURELLE
dessin qu'il a fait lui-même de cet ani-
mal vivant, et il a eu la bonté d'y ajou-
ter D enEe observations intéressantes
sur ses habitudes naturelles. Voici l’ex-
trait de la lettre qu'il na écrite à ce
sujet. |
« M. le comte a donné (dans ce volume,
page 68) l'histoire d’un petit animal
auquel il donne le nom de ”armotte du
- cap de Bonne-Espérance. Permettez-moi,
M. le comte , de vous dire que cet ani-
mal n’a dans ses mœurs aucune ressem-
blance avec la marmotte. J'en ai recu
une femelle du cap de Bonne - Espé-
rance qui vit encore, et que j'ai donnée
à ma sœur, la comtesse Borke, qui la
présentement depuis quatre ans. Je l'ai
peinte d’après nature , et J'ai l'honneur
de vous envoyer une gravure faite d’a-
près cette peinture, et qui représente
ce petit animal très au naturel. Celle qui
est dans votre ouvrage, copiée de cellé
qui se trouve dans le Spicilegia zoologica
de M. Pallas, est absolument manquée,
DE LA MARMOTTE ‘ 99
Le genre de vie de ces petits animaux
n'est pas aussi triste que le prétend
M. Vosmaër ; tout au contraire, il ‘est
d’un naturel gai et dispos : cela dépend
de la manière dont on le tient. Pendant
les premières semaines que Je l’avois!, Je
le tins toujours attaché avec üné ficelle
à sa petite loge, et il passa la plus grande
partie des Jours et des nuits à dormir
blotti dans sa loge : et que pouvoit - il
faire de mieux pour supporter l’ènnui
de l'esclavage ? Mais depuis ‘qu'on lui
permet de courir en liberté’par les cham-
bres , ‘il se montre tout autre; il est non
seulement très-apprivoisé , mais même
susceptible d’attachement. Il $se.plaît' à
êtré sur les genoux de sa maîtresse ; il la
distingue des autres au point que , quand
il est enfermé dans une chambre et qu’il
l'entend venir , il reconnoît sa marche,
il s'approche de la porte, se-met aux
. écoutes ; et si elle s’en retourne sans en-
trer chez lui, il s’en retourne tristement
ct à pas lents. Quand on l'appelle, il
répond par un petit cri point désagréable,
et vient promptement chez la personne
7
- Ltd
TPM À A x, DL! nd "r Th: ie ri do HA Li.
LRO UE Far f
ÿ ‘
58 HISTOIRE NATURELLE
qui le: demande. Il saute très- légèr ement
et.avec. beauco up de précision. IL est fri-
leux, et, cherche de préférence à se eou-
cher. tout au haut du poêle ,:sur lequel il
‘saute. em deux sauts. Il ne grimpe pas;
mais il saute aussi légèrement que de È
chats, sans jamais rien renverser. Il aime
à être tout à côté du feu;.et comme le
poële de la chambre est ce que nous
nommons ui #irdofen qu'on chauffe par
une espèce de cheminée pratiquée dans
le poêle, et qu'on ferme d’une porte de
fer , 1l.est déja arrivé qu'il s'est glissé
dans: le poêle pendant que le-bois y brû-
loit ;:et comme on avoit fermé la porte
sur lui, ne sachant pas qu'il y étoit, àl
souffrit une chaleur bien violente pen-
dant quelques minutes, jusqu'à ce.qu'il
mit le nez à la petite porte.de fer qui est
pratiquée dans la grande porte, et qu’on
avoit laissée ouverte pour y faire entrer
l'air; sur quoi on le fit sortir prompte-
ment. Quoiqu'il se fât brûlé le poil des
deux côtés, cet accident ne l’a pas rendu
plus prévoyant , et il recherche encore
toujours à être bien près du feu. Ce petit
DE LA MARMOTTE.N
animal éstextremement propre, au point
qu’on la accoutumé à sé servir d'uupot
pour y faire ses ordures et y lâcher son
eau: Onremarqua que, pour se vider, il
lui falloit un lieu commode et urie atti-
tude particulière; car alors 4l se dresse
sur les pattes de derrière:, en les ap-
puyatit contre un mur ou dde chose
de stable. qui ne recule pas sous lui, et
il pose:les pieds de devant sur un
bâton ou quelque chose d’éleyé ; en lé-
chant sa bouche avec sa -languüe. peén-
dant tout le temps que l'opération dure,
On diroit qu'il se décharge avec peine;
et pour profiter de l’inclination qu'il a
pour la propreté | où lui à préparé un
lieu commodé , une espèce. de chaise
percée dont il se sert toujours. |
Il se nourrit d'herbes , de fruits, de
patates , qu'il aime beaucoup crues et
cuites , et même il mange du bœuf fu-
mé ; mais ilne mange que de cette viande,
et jamais de la cruc ni d’autres ee
Apparemment que, pendant son trans-
port par mer, on lui a fait connoître
eette nourriture, qui doit cependant être
& HISTOIRE NATURELLE
souvent variée; car 1l 2e ‘lasse bientôt ,
et perd lappétit lorsqu’ on lui donne tà-
même pendant plusieurs jours: alors il
passe une Journée entière sans manger;
mais le lendemain il répare le temps
perdu. Il mange la mousse et l'écorce du
chêne, et sait se glisser adroitement jus
qu’au fond de la caisse à bois pour l'enle2
ver des bûches qui en sont encore coû-—
vertes. Il ne boit pas ordinairement}, et
ce n’est que lorsqu'il a mangé! du bœuf
salé qu'on l’a vu boire fréquemment: ‘II
se frotte dans le sable comme les oiseaux
pulvérateurs, pour se défaire de la ver-
mine qui lincommode, et ce'n’est'pas
en se vautrant comme les chiens ;' les
renards, mais d’une manière tout étran-
gère à tout autre quadrupède , et exac-
tement comme le faisan ou la perdrix.
Il est toujours très - dispos pendant tout
le cours de l’année, et il me paroît être
trop éveillé pour imaginer qu'il puisse
passer une partie de l'hiver dans un état
de torpeur comme la marmotte ou le
loir. Je ne vois pas non plus qu'il puisse
se creuser un terrier comme lesmarmottes
DE LA MARMOTTE. 81
ou les blaireaux , n'ayant ni des ongles
crochus aux doigts, ni ceux-ci assez
forts pour un travail aussi rude; ïl ne
peut que se susser dans les crevasses des
rochers pour y établir sa demeure et
pour échapper aux oiseaux de proie, qu'il
craint beaucoup : au moins chaque cor-
neille que le nôtre voit voler lorsqu'il est
assis sur la fenêtre , place favorite pour
lui, l'alarme; il se précipite d’abord et
court se cacher dans sa loge, d’où il ne
sort que long-temps après, lorsqu'il ima-
gine le danger passé. Il ne mord pas vio-
lemment ; et quoiqu'il en fasse des ten-
tatives lorsqu'on l'irrite , il ne peut guère
se défendre à coups de dents , pas même
contre le petit épagneul de sa maîtresse,
qui , jaloux des faveurs qu’on lui pro-
digue , prend quelquefois querelle avec
lui. Il ne trouve probablement, en état
_de liberté, son salut que dans la fuite et
dans la célérité de ses sauts, talens très-
utiles pour ce petit animal, qui , Selon le
rapport des voyageurs, habite les rochers
du sud de l'Afrique. Quoiqu'il'engraisse
beaucoup lorsqu'on le tient enfermé ou à
82 HISTOIRE NATURELEÆE
l'attache, 1l ne prend guère plus d’em-
bonpoint qu’un autre animal bien nourri ,
dès qu’on lui donne pleine liberté de cou-
rir et de se donner de l'exercice. »
DU JCA SERA
Nous avons dit que le castor étoit un
animal commun aux deux continens ; il
se trouve en effet tout aussi fréquemment
en Sibérie qu’au Canada. On peut les
apprivoiser aisément , et même leur ap-
prendre à pècher du poisson et le rappor-
ter à la maison. M. Kalm assure ce fait.
« J'ai vu, dit-il, en Amérique des cas-
tors tellement apprivoisés, qu’on les en-
voyoit à la peche, et qu'ils rapportoient
leurs prises à leur maître. J’y lai vu aussi
quelques. loutres qui étoient si fort acs
coutumées avec les chiens et avec leurs
maîtres , qu’elles les suivoient , les accom-
pagnoient dans le bateau , sautoient dans
l’eau, et, le moment 1 d'après revenoient
avec un poisson * x e 2
* Voyage de Ra tome IT, page 350.
L'Jarquet- 4 2
BU' CAS TOR !: e3
Nous vimes, dit M. Gmelin, dans une
petite ville de Sibérie , un castor qu’on
élevoit dans la chambre , et qu’on ma-
nioit comme on vouloit. On m’assura que
cet animal faisoit quelquefois des voyages
à une distance très-cousidérable , et qu’il
enlevoit aux autres castors leurs femelles
qu'il rtmenoit à la maison, et qu'après
le temps de la chaleur passée, elles s’en
retournoient seules, et sans qu'il les con-
duisît *.».. j à
DES SOURIS ET DES'RATS.
Nows donnons ici la figure de la sou-
ris commune , parce qu’elle n’a pas été
bien rendue tome IT, pl. XXII.
Nous avons dit , à l’article de la souris,
que les souris blanches aux yeux rouges
n’étoient qu’une variété , une sorte de
dégénération dans l'espèce de la souris.
Cette variété se trouve non seulement
dans nos climats tempérés, mais dans les
contrées méridionales et septentrionales
des deux continens. |
Foyage de Kamtschaika, page 73.
.
1
; de È ; a : \ \
84 HISTOIRE NATURELLE
« Les souris blanches aux yeux rouges ,
dit Pontoppidan, ont été trouvées dans
la petite ville de Molle ou Roms-dallem:
mais on ne sait si elles y sont indigènes,
ou si elles y ont été apportées des Indes
orientales. » 5
ù CE Lé ®,
Cette dernière présomption ne paroit
fondée sur rien ; etil y a plus de rai-
son de croire que les souris blanches se
trouvent quelquefois en Norvége, comme
elles se trouvent quelquefois par-tout
ailleurs dans notre continent ; et les sou-
ris, en général , se sont même actuel-
lement si fort multipliées dans l’autre,
qu’elles sont aussi communes en Amé-
rique qu’en Europe , sur-tout ‘dans les
colonies les plus habitées. Le même au-
teur ajoute : |
« Que les rats de bois et les rats d’eau
ne peuvent vivre dans les terres les plus
septentrionales de la Norvége, et qu'il y
a plusieurs distrites, comme celui de Har-
denver, dans le diocèse de Berguen , et
d’autres dans le diocèse d'Aggerhum , où.
#
\
DES RATS ET DES SOURIS. 85
l’on ne voit point de rats, quoiqu'il y en
ait sur le bord méridional de la rivière de
Vormen, et que, lorsqu'ils sont trans-
portés de l’autre côté , c’est-à-dire, à la
partie boréale de cette rivière, ils y pé-
rissent en peu de temps ; différence qu'on
ne peut attribuer qu’à des exhalaisons du
sol contraires à ces animaux. »
Ces faits peuvent être vrais ; mais nous
avons souvent reconnu que Pontoppidan
n'est pas un auteur qui mérite foi entière.
Dans les observations que M. le vicomte
de Querhoent a eu la bonté de me com-
muniquer/ il dit que les rats transportés
d'Europe à l'ile de France par les vais-
seaux s’y étoient multipliés au point
qu'on prétend qu'ils firent quitter l'ile
aux Hollandois. Les Francois en ont di-
minué- le nombre, quoiqu'il y en ait
encore une très-grande quantité. Depuis
quelque temps, ajoute M. de Querhoent,
un rat de l'Inde commence à s’y établir :
il a une odeur de musc des plus fortes,
qui se répand aux environs des lieux
qu’il habite; et l'on croit que lorsqu'il
12 28 ah
è on du no
FR
4 * n
=
| ni
86 HISTOIRE NATURELLE
passe dans un endroit où il y a du vin,
il le fait aigrir *. Il me paroît que ce rat
d'Inde , qui répand uné odeur de musc,
pourroit être le même rat que les Portu-
gais ont appelé c£eroso, ou rat odorifé-
rant. La Boullaye-le-Gouz en à parlé.
| AE
« Ilest, dit-il, extrêmement petit ; il est
à peu près de la figure d’un furet ;
morsure est venimeuse ; quand il entre
dans une chambre, on le sent inconti=
nent , et on l'entend crier #ric, Æric,
hric ?. »
Ce même rat se trouve aussi à Maduré,
où on le nomme rat de senteur. Les voya-
geurs holiandois en ont fait mention; ils
disent qu'il a le poil aussi fin que la
taupe , mais seulement un peu moins
moir *. | À
Note communiquée par M. le vicomte de
Querhoent à M. de Buffon. |
2 Voyage de la Boullaye-le-Gouz, page 256.
3 Recueïl des voyages qui on! servi à l’établis=
sement de la compagnie des Indes Griéniaies »
tome huge page is er
pu HAMSMER eu
DU HAMSTER, ou RAT DE BLÉ.
ON trouve FEU la Gazette de littérature,
du 15 septembre 1774, un extrait des ob-
servations faites sur Île hamster, et tirées
d’un ouvrage allemand de M. Caldes ; que
J'ai cru devoir donner ici.
« Le rat de blé:, en allemand Zarnster,
ne pouvoit êtremicux décrit ni plus com-
modément qu'à Gotha , où, dans une
seule année , on en a livré onze muile
cinq cent soixaänte-quatorze peaux à
l'hôtel-de-ville ; dans une autre, cin-
quante-quatre mille quatre cent vingt-
neuf; et une troisième fois, quatre-vingt
mille cent trente-neuf. Cet animal habite
en général les pays tempérés : quand il est
irrité, Le cœur lui bat jusqu’à cent quatre-
vingts fois par minute; le poids du cer-
veau est à celui de tout le corps comme
1 est à 103.
Ces rats se font des magasins, où ils
placent Jusqu'à douze livres de grains.
En hiver, la femelle s'enfonce fort avant
88 HISTOIRE NATURELLE
dans la terre. Cet animal est courageux:
il se défend contre les chiens, contre les
chats, contre les hommes : il est natu-
rellement querelleur, ne s'accorde pas
avec son espèce, et tue quelquefois, dans
sa furie, sa propre famille. Il dévore ses
semblables lorsqu'ils sont plus foibles,
aussi-bien que les souris et les oiseaux, et
il vit avec cela de toutes sortes d’herbes,
de fruits et de grains : il boit peu. La
femelle sort plus tard que le mâle de sa
retraite d'hiver ; elle porte quatre se-
maines, et fait jusqu’à six petits. Il ne
faut que quelques mois pour que les
petites femelles deviennent -fécondes.
L'espèce de rat qu'on nomme pus *, tue
le hamster. ?
Quand l’animal est dans son engour-
dissement, on n’y observé ni respiration,
ni aucune sorte de sentiment. Le cœur
bat néanmoins environ quinze fois par
minute , comme on s'en appeïcoit en
ouvrant la poitrine ; le sang demeure
fluide , les intestins immobiles ne sont
UE rs désigne le putois, ét non pas un rat,
comimne le dit ici l’auteur.
DU HAMSTER. &g
pas irritables ; le coup électrique mème
ne réveille pas l'animal, tout est froid
en dui. Âu grand air, il ne s’engourdit
jamais. »
M. Sulzer rapporte par quels degrés il
passe pour sortir de son engourdissement..
. « Cet anifnal n’a guère d’autre utilité
que celle de détruire les re mais il
mt bien plus de mal qu'elles ?
oui eussions desiré que M. iles eût
indiqué précisément le degré de froid ou
de manque d'air auquel ces. animaux
s’engourdissent ; car nous répétons ici.
affirmativement ce que nous avous dit?,
que dans une chambre sans feu, où il
geloit assez fort pour y glacer l’eau, un
hamster. qui y étoit dans une cage, ne
s’engourdit pas pendant l'hiver de1763. On.
va: voir la pleine confirmation de ce fait
dans les additions que M. Allamand a fait
imprimer à la suite de mon ouvrage ;-et
que je viens.de recevoir.
* Observations sur le rat de ble , par M. Sulzer.
(Gazetré de hitiérature , 13 septembre 1774.)
2 Tome VI, page 04 L
es
RON TOUT OR TS
ARTE k
99 HISTOIRE NATURELLE
À DD ET RS (A
DE L'ÉDITEUR HOLLANDOIS.
LE HAMSTER.
t,
Le hamster est un Are à du. geure
des souris, qui passe l’hiver à dormir ,
comme Îles marmottes. Il'a les jambes
basses , le cou court, la tête: un peu
grosse, la bouche garnie de‘moustaches
des deux: côtés, les oreilles grandes et
presque sans poil, la queue courte et à
demi nue, les yeux ronds et sortant de:la
tête, le poil mêlé de roux ; de jaune, de
blanc et de noir : tout cela ne lui donne
pas la figure fort revenante. Ses mœurs
ne le rendent pas plus recommandable.
Il n’aime que son propre individu, et'n’a
pas une seule qualité sociable. Il'attaque
et dévore tous les autres animaux dont
il peut se rendre maître, sans excepter
ceux de sa propre race. L'instinct mêmc
ne.
U
LATE
\
DU HAMSTER. Fu
qui le.porte vers l’autre sexe, ne'dure
que quelques jours , au bout desquels
sa. femelle n’éprouveroit pas un meilleur
sort, si elle ne prenoit pas la précaution
d'éviter la rencontre de son ingrat, ou
de le prévenir et de le tuer la première.
À ces qualités odieuses la Nature a néan-
moins .su.en allier d’autres, qui, sans
rendre cet animal plus aimable, lui font
mériter une place distinguée dans l'his-
toire naturelle des animaux. Il. est du
petit nombre de ceux qui passent l'hiver
dans un état d’engourdissement., et le
seul en Europe qui soit pourvu de ba-
joues. Son. adresse à se pratiquer une
demeure. sous terre, et l’industrie avec
laquelle il fait ses provisions d'hiver,
ne méritent pas moins l'attention des
curieux...
Le hamster n’habite pas indifférem-
ment dans toutes sortes de climats ou de
terrains : on ne.le trouve ni dansles pays
trop chauds, ni dans les pays trop froids, |
_ Comme il vit de grains et qu'il demeure
sous terre, une terre pierreuse, sablon-
neuse , argilleuse , lui convient aussi peu
STE Mn la M RE LE
4 à LE dur Lu Ag
#2 . HISTOIRE À ETS Le. |
que les prés , les forêts et les éndrdits
bourbeux. Il lui faut un terroir! aisé à
creuser, Qui néanmoins soit assez ferme
pour ne point s'écrouler. Il choisit en-
core des contrées fertiles en toutes sortes
de graines, pour n'être pas obligé de
cherchér sa nourriture au loin", étant
peu propre à faire de longues éorseés
Les terres de Thuringe réunissant toutes
ces qualités, les hamsters s’y trouvent
en plus grand nombre ‘que par tout
ailleurs. FEES
Le terrier que le hamster se creuse, à
trois où quatre pieds sous terré, consiste,
pour l'ordinaire, en plus ou moins de -
chambres , selon l’âge de ‘l'animal’ qui
l'habite. La principale est tapissée de
paillé, et sert de logement; les autres
sont destinées pour y conserver les pro:
visions, qu'il ramasse en grande quantité
dans le temps des moissons. Chaque ter-
rier a deux trous ou ouvertures, dont
celle par laquelle l'animal ést arrivé sous
terre, descend obliquement ; l'autre qui
a été pratiquée du dedans en dehors,
est perpendiculaire et sert pour entrer
‘et sortir. |
Z 2
DU HAMSTER. 93
Les terriers des femelles, qui ne de-
meurent Jamais avec les mâles, diffèrent
des autres en plusieurs points. Dans ceux
où elles mettent bas, on voit rarement
plus qu’une chambre de provision, parce
que le peu de temps que les petits de-
imneurent avec la mère, n’exige pas qu’elle
amasse beaucoup de nourriture; mais,
au lieu d’un seul trou perpendiculaire, il
y en a Jusqu'à sept ou huit qui servent à
donner une entrée et une sortie libre aux
petits. Quelquefois la mère ayant chassé
ses petits, reste dans ce terrier ; mais,
pour l'ordinaire, elle s’en pratique ur
autre, qu'elle remplit d'autant de pro-
visions que la saison lui permet d’en
ramasser. . die Vars
Les hamsters s'accouplent la première
fois vers la fin du mois d'avril, où les
mâles. se rendent dans les terriers des
femelles, avec lesquelles ils ne restent
cependant que peu de jours. S'il arrive
que deux mâles, cherchant femelle, se
‘reneontrent dans le même trou, il s'élève
un combat furieux entre eux, qui, pour
l'ordinaire, finit par la mort du plus foible.
94 HISTOIRE NATURELLE
Le vainqueur s'empare de sa femelle, et
l'un et l’autre, qui, dans tout autré
temps, se persécutent et s’entre-tuent
déposent leur férocité naturelle pendant
le peu de jours que durent leurs amours.
Ils se défendent même réciproquement
contre les agresseurs. Quand on ouvre
un terrier dans ce temps-là, et que la
femelle s’appercoit qu’on veut lui enlever
son mari, elle s'élance sur le ravisseur,
et lui fait souvent sentir la fureur de sa
vengeance par des morsures ia et
douloureuses. “Eee
Les femelles mettent bas deux ou trois
fois par an : leur portée n’est Jamais au-
dessous de six , et le plus souvent de seizé
à dix-huit petits. Le crû de ces animaux
ést fort prompt. À l’âge de quinze jours,
ils essaient déja à creuser la terré': peu
après , la mère les oblige de sortir du ter-
rier, de sorte qu’à l’âge ans OT {rOIS se-
maines ils sont abandonnés à leur propre
conduite. Cette mère montre en général
fort peu de tendresse mate tele pour
ses petits : elle qui, dans le temps de ses
amours, défend si courageusement som
DU HAMSTER. (! 95
mari, ne counoît que la fuite quand sa
famille est menacée d’un danger; son
unique soin est de pourvoir à sa propre
conservation. Dans cette vue , dès qu’elle
se sent poursuivie, elle s'enfonce en creu-
sant plus avant dans la terre; ce qu’elle
exécute avec une célérité surprenante.
Les petits ont beau la suivre, elle est
sourde à leurs cris, et elle bouche même
la retraite qu’elle s’est pratiquée.
Le hamster se nourrit de toutes sortes
d'herbes , de racines et de grains, que les
différentes saisons lui fournissent. I s’ac-
commode même très-volontiers de la chair
des autres animaux dont il devient le
maître. Comme il n’est pas fait pour les
longues courses , 1l fait le premier fonds
de son magasin par ce que lui présentent
les champs voisins de son établissement ;
ce qui est la raison pourquoi l’on voit
souvent quelques unes de ses chambres
remplies d'une seule sorte de grains.
Quand les champs sont moissonnés ,' il
va chercher plus loin ses provisions, et
prend ce qu'il trouve dans son chemin
poux le porter dans son habitation et l'y
96 HISTOIRE NATURELLE
déposer sans distinction. Pour lui faciliter
le transport de sa nourriture, la Nature
l'a pourvu de bajoues de chaque côté de
l'intérieur de la bouche. Ce sont deux
poches membraneuses, lisses et luisantes
eu dehors, et parsemées d’un grand
nombre de glandes en dedans ; qui dis=
tillent sans cesse une certaine humidité,
pour les tenir souples et les rendre ca-
pables de résister aux accidens que des
grains souvent roides et pointus: pour-
roient causer. Chacune de ses bajoucs
peut contenir une once et demiedegrains,
que cet animal, de retour dans sa de-
meure, vide moyennant ses deux pieds
de devant, qu'il presse extérieurement
contre ses Épai pour en faire sortir les
grains. Quand on rencontre un hamster,
ses poches remplies de provisions, on
peut le prendre avec la main, sans ris-
quer d’être mordu , parce que, dans cet
état, il n’a pas le mouvement des mâ-
choires libre; mais, pour peu qu’on lui
laisse du temps, il vide promptement
ses poches et se met en défense. La quan-
tité de provisions qu'on trouve dans les.
V4
DU HAMSTER. 97
terriers, varie suivant l’âge et le sexe de
l'animal qui les habite :les vicux hamsters
amassent jusqu'à cent. livres de grains;
mais les Jeunes et les femelles se con-
tentent de beaucoup moins. Les uns et
les autres s’en servent, non pour s’en
nourrix pendant lhiver, temps qu'ils
passeut à dormir et sans manger, mais
pour avoir de quoi vivre après leur ré-
veil au printemps, et pendant l’espace
de temps qui précède leur engourdis-
sement. ; |
À l’approche de l'hiver , les hamsters
se retirent dans leurs habitations souter-
raines , dont ils bouchent l’entrée avec
soin ; ils y restent tranquilles et vivent
de leurs provisions, jusqu’à ce que, le
froid étant devenu plus sensible, ils tom-
bent dans un état d'engourdissement sem-
blable au sommeil le plus profond. Quand,
après ce temps-là , on ouvre un terrier,
qu'on reconnoît par un monceau de terre
qui se trouve auprès du conduit oblique
dont nous avous parlé, on y voit le
hamster mollement couché sur un lit de
paille menue et très-douce. Il a la tête
9
98 HISTOIRE NATURELLE
retirée sous le ventre , entre ‘les deux
jambes de devant ; cellés de derrière sont
appuyées contre le museau. Les yeux sont
fermés ; et quand on veut écarter les pau
pières , elles se referment dans l'instant.
Les membres sont roides commeceux d’uit
animal mort, et tout le corps est froid
au toucher comme la glace. On ne re-
marque pas la moindre respiration ni
autre signe de vie : ce n’est qu’en Le dis-
séquant dans cet état d’engourdissement
qu'on voit le cœur se contracter et se
dilater ; mais ce mouvement est si lent,
qu'on peut compter à peine quinze pul-
sations dans une minute, au lieu qu'il
y en à au moins cent cinquante dans
le même espace de temps lorsque l’ani:
imal est éveillé. La graisse est comme
figée ; les intestins n’ont pas plus de cha-
leur que l'extérieur du! corps, et sont
insensibles à l’action ‘de l’esprit-de-vin
et même à l'huile de vitriol qu’on y
verse , et ne marquent pas la moindre
irritabilité. Quelque douloureuse que soit
toute cette opération , l'animal ne paroît
pas la sentir beaucoup : il ouvre quel:
TA
DU HAMSTER. 09
quefois la bouche , comme pour respi-
rer; mais son engourdissement est trop
fort pour s’éveiller entièrement.
On a cru que la cause de cet engour-
dissement dépendoit uniquement d’un
certain degré de froid en hiver. Cela peut
être vrai à l'égard des loirs, des lérots,
des + Ste mais , pour mettre
le hamster dans cet état, l’expérience
prouve qu'il faut encore que Pair exté-
rieur n'ait aucun accès à l'endroit où il
s'est retiré. On péut s’en convaincre en
enfermant un hamster dans une caisse
remplie de terre et de paille; on aura
beau l'exposer au froid le plus sensible de
l'hiver et assez fort pour glacer l’eau,
on ne parviendra Jamais à le faire dor-
mur : mais, dès qu'on met cette caisse
à quatre ou cinq pieds sous terre, qu'il
faut avoir soin de bien battre. pour
empêcher l'air extérieur d'y pénétrer, on
le trouvera , au bout de huit ou dix ; Jours,
engourdi comme dans son terrier. Si le
retire cette caisse de la terre , le hamster
se réveillera au bout de quelques heures,
et se rendormira de nouveau quand on
to HISTOIRE NATURELLE
le remet sous terre. On peut répéter cette
expérience avec le même succès , ‘aussi
long-temps que le froid durera , pourvu
qu’on observe d'y mettre l'intervalle de
temps nécessaire. Ce qui prouve encore
L
que, l'absence de l'air extérieur est une
des causes de l’engourdissement du hams-
ter, c'est que, retiré de son terrier au
plus gros de l'hiver , il'se réveille 1m-
inanquablement au bout: de quelques
heures , quand on l’expose à l'air. Qu'on
fasse cette expérience de jour ou de nuit,
cela est indifférent , de sorte que la lu-
mière n'y à aucune part.
C’est un spectacle curieux de voir pas-
ser un hamster de l’engourdissement au
réveil. D’abord il perd la roideur des mem-
brés ; ensuite il respire profondément,
mais par de lougs intervalles ; on re-
marque du mouvement dans les jambes ;
il ouvre la bouche comme pour bäiller,
et fait entendre des sons désagréables et
semblables au râlement. Quand ce Jeu #
duré pendant quelque temps , il ouvre!
enfin les yeux et tâche de se mettre sur
les pieds ; mais tous ses mouvemens sont
tFDU'HAMSTER.T CII xos
encore peu assurés ct chancelans comme
eeux d’un homme ivre. Il réitère-cepen-
dant ses essais: jusqu’à ce qu'il parvienne
à se tenir sur ses Jambes. Dans cette atti-
tude, il reste tranquille, comme pour
se reconnoître, et se reposer ;:deses fa-
, tigues; mais peu à peu il commence à
marcher, à manger et à agir comme il
faisoit avant le temps de son sommeil,
Ce passage de l’engourdissement au ré-
veil demande plus ou moins de temps,
selon la température de lendroit où se
trouve l'animal. Si on lexpose à un air
sensiblement froid } il faut. quelquefois
plus de deux heures pour le faire éveiller ;.
et dans. un. lieu plus tempéré, cela se fait
en moins d’une heure. ll ést vraisemblable
que, dans:les terriers , cette catastrophe
arrive imperceptiblement, et que l’ani-
mal ne sent. aucune des incommodités
qui accompagnent un réveil forcé et subit.
La vie du hamster est partagée entre
les soins de, satisfaire aux besoins natu-
rels et la fureur de se battre. Il paroît
n'avoir d'autre passion que celle de la
colère, -qui.le porte à attaquer tout ce
9
to3 HISTOIRE NATURELLE
qui se trouve en son chemin, ‘sans faire
attention à la supériorité: des forces de
l'ennemi. Ignorant absolurnent l'art de
sauver sa vie en se retirant du combat,
il se laisse plutôt assommer de: coups de
bâton que de céder. S'il trouve le moyen
de saisir la main d’un homme;'il faut le
tuer pour se débarrasser de‘lui..Ea' gran-
deur du cheval l'effraie aussi peu que Pa:
dresse du chien. Ce dernrer aime à lux
donner la chasse : quand lehamster l'ap-
perçoit de loin , il commence:par vider
ses poches, si par hasard.il les'a remplies
de grains; ensuite il les enfle si -prodigieu-
sement, que la tête et le cou surpassent
beaucoup en grosseur lé réste du corps;
enfin il'se redresse sur ses jambes de der-
rière , et S'élance dans cette ‘attitude sur
l'ennemi; sil Pattrape, il'né'le quitte
qu'après l'avoir tué ou perdu Ha vie : mais
le chien le prévient pour lordinaire, en
cherchant à le prendre par derrière et à
l'étrangler. Cette fureur de se battre fait
que le hamster n’est en paix avec aucun
des autres animaux ; ilfait méme la
guerre à ceux de sa race sans en .excep+
| NUL ELA MSILER. STE 103
ter la femelle. Quand deux hamsters se
rencontrent ; "15 nc manquent Jamais de
s'attaquer réciproquement . _jJusqu'à ce
que le plus foible succombe sousles coups
_ du plus fort, qui le dévore. Le combat
entre un mâle et une femelle dure pour
l'ordinaire ;plus long-temps que celui de
mâle à mâle. Ils commencent par se don-
ner la chasse et se mordre ; ensuite cha-
cun se retire d’un autre côté, comme
pour prendre haleine : peu après, ils
renouvellenit le combat, et continuent à
se fuir et à se battre ; jusqu’à ce que l’un
ou lPautre succombe. Le vaincu sert tou-
jours de repas au vainqueur. ou
04 HISTOIRE NATURELLE
é *
NOUVELLE. ADDITION
À L anTre Et "
nt De.
DES RATS ET DES SOURIS:
x Ne
€.
L'r ESPÈCE du rat paraît: exister de |
toutes les contrées habitées ou fréquen-
tées par les hommes ; car , suivant le récit
des’ voyageurs, elle a été trouvée:et re-
connue par-tout, et même dans les pays
nouvellement découverts. M. Forster dit
que le rat « se trouve dans les îles de la
mer du Sud , et dans les terres de la
nouvelle Zélande; qu'il y en a une pro-
digieuse quantité aux îles de la Société,
et sur-tout à Taïti, où ils vivent des
restes d’alimens que les naturels laissent
dans leurs huttes, des fleurs et des casses
de l’erytrina corallodendrum, de bananes
et d’autres fruits , et, à ce défaut, d’ex-
crémens de toute sorte : leur hardiesse va
DES RATS ET DES SOURIS. 105
jusqu'à mordre quelquefois les pieds des
naturels endormis. Ils sont: beaucoup
plus rares aux Marquises et aux îles des
Amis, et on les voit rarement aux nou-
velles Hébrides !. » LPO DE d |
Il est assez singulier qu'on ait trouvé
les espèces de nos rats dans ces îles et
terres de la mer du Sud ;’tandis que,
dans toute l'étendue du continent ‘de
Fe l'Amérique, ces mêmes espèces ne se sont
pas trouvées , et que tous les räts qui
existent actuellement dans ce nouveau
continent, y sont arrivés avec nos vais-
seaux.
Suivant M. de Pagës?, il y a dans
les déserts d'Arabie une espèce de rat
très-diférente de toutes celles que nous
‘connoissons.
« Leurs yeux, dit-il, sont vifs et
grands ; leurs moustaches , leur museau
£ Voyez le second Voyage de Cook, tome V,
page 170. À
? Foyage aulour du monde (manuscrit), par
M, de Pagès.
LR ER D he te : ,, f
&E LL a ET PORN MERE TNT
LUPNAERS PANDA à « 14
106 HISTOIRE NATURELLE à
et le haut du front sont blancs, ainsi que
le ventre, les pattes et le bout,de la
queue ; le reste du corps est jaune et
d’un poil assez long et très-propre : la
queue est médiocrement longue ; mais
elle est grosse, de couleur jaune comme
le corps, et terminée de blanc. Mes com
pagnons arabes mangeoient ces rats après
les avoir tués à coups de bâton, qu'ils
lancent avec, beaucoup d'adresse sur le
chemin du quadrupède ou de: l'oiseau
qu ‘ils veulent attraper. »
Zom.2z,
À Pauquet. S
. DES RATS ET DES SOURIS. 107
\
L'EUR A T PE RCGH'A L.
Cz rat, dont M. Sonnerat nous a ap:
porté la peau sous la dénomination de
fat perchal, est plus gros que nos rats
ordinaires.
| pieds. pouces. lignes.
Sa, longueur est de..." "és L'ART NS 2
Longueur de la tête, du bout du
ner à Fotéiput..7:..7, LT we 3 5
Elle est plus alongée que celle de nos
rats; les oreilles nues, sans poil, sont
de la forme et de la couleur de celles
de tous tes rats. Les jambes sont courtes j
et le pied de derrière est très-grand en
comparaison de celui de devant, puisqu'il
a , du talon au bout des ongles, deux
pouces , et que celui de devant n’a que
dix lignes du poignet à l'extrémité des
ongles. La queue, qui est semblable. en
tout à celle de nes rats, est moins longue
108 HISTOIRE NATU RE LLE
en proportion , quoiqu'elle n'ait que huit
pouces trois ligues de longueur.
Le poil est de couleur dot brun musc
foncé sur la partie supérieure de la tête, |
du cou , des épaules, du dos, jusqu'à …
la croupe et sur la partie supérieure des
flancs ; le reste du corps a une couleur
grise plus claire sous Le ventre et le cou...
Les moustaches sont noires et longues
de deux pouces six lignes ; la queue est
écailleuse , comme par anneaux ; sa cou-
leur est d’un brun grisâtre.
Les poils sur le corps ont de longueur
onze lignes, et sur la croupe, deux
pouces ; ils sont gris à leur racine, et
bruns dans leur longueur jusqu’à l'extré-
mité ; ils sont mélangés d’autres poils
gris en plus grande quantité sous le ventre
et les flancs. |
Ce rat est très-commun dans Yade ,
et l'espèce en est nombreuse. Il ui
- dans les maisons de Pondichéry , comme
le rat ordinaire dans les nôtres, et les
habitans de cette ville le trouvent bon à
nanger.
DES RATS ET DES SOURIS. 109
LE SCHERMAN,
ou
RAT D'EAU DE STRASBOURG.
Jx donne ici la figure d’une espèce de
rat d’eau qui m'a été envoyé de Stras-
bourg par M. Hermann, le 8 octobre 1776.
«Ce petit animal, m'écrivit-il, a échap-
pé à vos recherches , et Je l’avois pris
moi-même pour le rat d’eau commun ;
cependant il en diffère par quelques ca-
ractères. Il est plus petit; il a la queue,
le poil et les oreilles différens de ceux
du rat d’eau. On le connoît autour de
Strasbourg sous le nom de sckerman.
L'espèce en est assez commune dans les
jardins et les prés quisont proche de l’eau.
Cet animal nage et plouge fort bien; on
Quadrupèdes, ur. 10
:INONRE OT CE NT RUN "ARRET as FR à
À L LPO ne ‘ex + Pe D
| DEA Foy Wu
7 # wi « 1e ÿ
110 HISTOIRE NATURELLE
en trouve assez souvent dans les nasses
des pêcheurs, et ils font autant de dégâts
dans les terrains cultivés. Ils creusent la
terre , et il y a quelques années que,
daus une de nos promenades publiques,
appelée le Contade, hors de la ville, un
homme qui fait métier de prendre les
hamsters , en a pris un bon nombre dans
les mêmes piéges *.»
Par ces indications et par la descrip-
tion que nous allons donner de ce petit
animal , il me paroît certain qu'il est
d'une espèce différente, quoique voisine
de celle de notre rat d’eau, mais que ses
habitudes naturelles sont à peu près les
mêmes. Au reste, l'individu que M. Her-
mann a eu Ha bonté de nous envoyer
pour le Cabinet , y a été placé , et il est
très-bien conservé. Il ne ressemble en
effet à aucun des rats dont nous avons
donné les figures , qui tous ont les oreilles
assez grandes; celui-ci les a presque aussi
courtes que la taupe , et elles sont cachées
* Extrait d’ure Jettre de M. Hermann, dalée
de Strasbourg le 8"octobre 1776.
DES RATS ET DES SOURIS. 111
sous le poil, qui est fort long. Plusieurs
rats ont aussi la queue couverte de pe-
tites écailles , tandis que celui-ci l’a cou-
verte de poil comme le rat d’eau.
La longueur du corps entier, depuis
l'extrémité du nez jusqu'à l'origine de
la queue, est de six pouces ; la queue
est longue de deux pouces trois lignes :
mais il nous a paru que les dernières
vertèbres y manquent , en sorte que,
dans l’état de nature, elle peut avoir
deux pouces neuf lignes. La couleur du
poil est, en général, d’un brun notrâtre,
mélé de gris et de fauve , parce que Île
poil, qui a quinze ligues de longueur,
est d’un noir gris à la racine, et fauve à
son extrémité. La tete est plus courte et
le museau plus épais que dans le rat do-
mestique, et elle approche, par la forme,
de la tête du rat d’eau ; les yeux sont
petits ; l'ouverture de la bouche est bor-
dée d’un poil blanc et court ; les mous-
taches, dont les plus grands poils ont
treize lignes de longueur , sont noires ; le
dessous du ventre est d’un gris de souris.
Les jambes sont courtes et couvertes d’un
SK LOS DENON "4
:112 HISTOIRE NATURELLE.
petit poil noirâtre, ainsi que les pieds ;
qui sont fort petits : il y a, comme dans
plusieurs rats, quatre doigts aux pieds-
de devant , et cinq à ceux de derrière ;
les ongles sont blancs et un peu courbés
en gouttière. La queue est couverte de
petits poils bruns et cendrés , mais moins
fournis que sur la queue du rat d’eau.
{
1P
aqueË P
[4
ADDITION A L'ARTICLE
DE LA MUSARAIGNE.
LA MUSARAIGNE MUSQUÉE DE L'INDE.
Car TE musaraigne , apportée de Pondi-
chéry par M. Sonnerat, est beaucoup
plus grande que la musaraigne de notre
pays , qui n’a que deux pouces onze
lignes , au lieu que celle-ci a cinq pouces
deux lignes , le corps étendu. |
Elle a la tête longue et pointue ; le
nez est effilé , et la mâchoire supérieure
avance sur l’inférieure ; les narines sont
petites , et le bout du nez est séparé
comme par deux petits tubercules ; les
yeux sont si petits, qu’on a peine à les
appercevoir.
Les oreilles sont courtes , rondes, nues
et sans poil. |
Les poils des moustaches et ceux du
dessus des yeux sont grisâtres , et les plus
grands ont sept lignes de longueur.
10
ir4 HISTOIRE NATURELLE.
Les jambes sont petites et courtes; il y
a cinq doigts à tous les pieds.
La queue a un pouce huit lignes de
longueur ; elle est couverte de petits poils
courts , et parsemée de grands poils fins
et grisatres.
La couleur du poil de cet animal est
d'un gris de souris ou d’ardoise clair,
teint de roussâtre qui domine sur le nez,
le dos et la queue.
. Cette musaraigne, qui, à beaucoup d’é-
gards , ressemble à la musaraigne d’Eu-
rope, a une odeur de musc si forte,
qu'elle se fait sentir dans tous les endroits
ôù elle passe. Elle habite dans les champs;
rais elle vient aussi dans les maisons.
MODITION AUARTICLE
DU LT RO T.
LE LÉROT A QUEUE DORÉE.
pe donnons ici, d’après M. Alla-
mand , la description et la figure de ce
petit animal qui ressemble au lérot par la
taille , la figure et la forme de la queue,
mais qui , par la position et la forme des
. oreilles, et par la couleur dorée de la
rnoitié de la queue , ressemble au mus-
cardin ; il semble donc faire une espèce
moyenne entre celles de ces deux ani-
maux.
« C’est , dit M. AlHamand, à M. le doc-
teur Klockner qu’on doit la connois-
sance de ce petit lérot ; il l’a recu de
Surinam , sans aucune notice ni du nom
qu’on lui donne dans le pays, ni des
Lieux où il habite. Jusqu'à présent il n’a
116 HISTOIRE NATURELLE
Jamais été décrit, ni mème connu, quoi- .
qu'il soit marqué de façon à s’attirer l’at-
tention. Les nomenclateurs à systèmes
ne nranqueront pas de le ranger dans la
classe des glires ou loirs de M. Linnæus ;
et effectivement 1l mérite bien autant d'y
avoir place que le rhinocéros ; et sans
doute ils en feront un membre de la fa-
inille des rats, qui comprend tant d’autres
atiimaux qui en approchent moins que
celui-ci. Mais sans chercher à déterminer
le genre auquel il appartient , J'en don-
nerai une description exacte qui m'a été.
fournie par M. Klockner , qui , toujours
zélé pour l'avancement de l’histoire na-
turelle , a bien voulu me la communi-
quer en m’envoyant l'animal même, afin
que je pusse mieux me convaincre de
son exactitude. J’ai d'abord été embar-
rassé sur le nom que je lui donnerois. Je
n'aime pas ces. noms composés qui déter-
minent l’espèce à laquelle on doit rap-
porter l'animal qui le porte, lorsqu'il n’est
pas très-évident qu’il en soit. Cependant
j'ai cru devoir adopter celui que lui a
douné M. Klockner, qui est eu droit de le
DU LÉROT. 117
désigner par celui qu'il Juge le plus con-
venable : il l’a appelé /érot à queue dorée,
sans prétendre qu’il tombe dans cet en-
._gourdissement causé par le froid aux loirs
d'Europe ; un quadrupède habitant de la
zone torride ne paroît pas devoir y être
sujet. Quelque conformité de figure, et
sur-tout de sa queue avec celle de nos
lérots , lui a fait préférer cette dénomina-
tion à toute autre. | |
C’est par la singularité et la beauté de
ses couleurs que cet animal se fait re-
marquer. Son corps est de couleur de
marron tirant sur le pourpre, plus fon-
cée aux côtés de la tête et sur le dos, et
plus claire sous le ventre. Cette couleur
x
s'étend sur la queue , à une petite dis-
tance de son origine : là les poils fins et
courts qui la couvrent, deviennent tout-
à-fait noirs jusqu’à la moitié de sa lon-
gueur , où ils sont plus longs, et où ils
prennent , sans aucune nuance intermé-
diaire , une belle couleur d'orange , ap-
prochant de celle de l'or, et qu’ils gardent
tusqu'à l'extrémité de la queue. Une
.ongue tache de cette même couleur
18 HISTOIRE NATURELLE
jaune orne aussi le front : elle prend son
origine au-dessus du nez; là elle est fort
étroite ; ensuite elle va en s’élargissant
jusqu'à la hauteur des oreilles, où elle
finit. Cet assemblage de couleurs si fort
tranchantes , et si rares dans les quadru-
pèdes, offre un coup d’œil très-frappant.
Sa tête est fort grosse à proportion de son
corps ; il a le museau ct le front étroits,
les yeux petits. Ses oreilles présentent
une large ouverture ; mais elles sont
courtes, et ne s'élèvent pas jusqu’au-
dessus de la tête : elles sont couvertes em
dehors et en dedans de poils très-fins ; il
y en a de plus longs sur leurs bords,
mais il faut les regarder de près pour
les appercevoir. La mâchoire supérieure
avance sensiblement au-delà de l’infé-
rieure. L'os du nez est assez élevé, et
le haut du museau est couvert de poils ;
ce qu'on ne voit guère dans les autres
quadrupèdes. La lèvre de dessus est fen-
due du haut en bas, comme dans tous
les animaux de cé genre, et les bords de
la fente vont en s’écartant vers les côtés;
ce qui donne à l'extrémité du groin læ
DU LÉROT. . tg
-forme d’un triangle isocèle. Cette divi-
sion laisse voir deux dents incisives fort
blanches et courtes ; il y en a aussi deux
à la mâchoire inférieure , mais qui sont
plus grandes. Cette mâchoire , avec la
lèvre qui la couvre , est plus reculée du
côté de la gorge.
Aux deux côtés de la lèvre supérieure
il y a une touffe de poils d’un brun som-
bre ; leur longueur surpasse celle de la
tête : ceux qui forment la partie inférieure
de cette moustache, sont moins longs, et
dirigés en bas. Derrière chaque œil, il y
a une verrue d’où partent aussi six longs
poils ; et il y en a deux de même lon-
gueur placés au-dessus des yeux.
Les Jambes de devant sont courtes ;
leurs pieds ont quatre longs doigts armés
d'ongles crochus et aigus; plus haut est
un petit bouton obtus qui forme une es-
pèce de pouce , mais sans ongle. Au-des- .
sous de ces pieds il y a cinq éminences
très-remarquables, couvertes d’une peau
mince et fort douce au toucher. Les
jambes de derrière sont plus longues,
et leurs pieds ont cinq doigts, qui sont
x20 HISTOIRE NATURE £LLE
aussi plus longs que ceux de devant, et
sont de même garnis d'ongles crochus et
pointus , excepté les deux doigts inté-
rieurs, dont les ongles sont un peu obtus.
La plante de ces pieds postérieurs res-
semble à celle des antérieurs : mais les
protubérances qu'on y voit, sont plus
grandes.
La queue est fort longue , et très- as
près du corps ; mais son dar dimi-
nue à mesure qu'elle s’en éloigne, et elle
se termine en pointé. Quand on en écarte
un peu les poils, on voit que sa peau est
écailleuse comme celle du rat.
Au derrière de la tête, et tout le long
du dos , parmi les poils ut l'animal est
couvert , il y en a qui sont plats, et de
la longueur d’un pouce; aussi ils s’é-
lèvent au-dessus des autres: ils sont aussi
plus roides , et résistent davantage quand
on les touche. Ils paroissent sortir de
petits étuis transparens ; leur nombre va
en diminuant sur les côtés , et ils de-
viennent plus petits ; sous le ventre ils
disparoissent tout-à-fait. Leur conforma-
tion est assez singulière : près du corps
DU LÉROT. ‘{: ‘Ts
ils sont cylindriques et fort minces , en-
suite ils deviennent plats, et leur largeur
augmente jusqu’à égaler une demi-ligne ,
après quoi ils $e terminent en une petite
pointe fort fine. Dans la partie plate du
milieu , les bords sont relevés, et forment
une espèce de gouttière, dont le fond, vu
au microscope , paroît Jaunâtre et trans-
parent, et dont les côtés sont bruns; ce
qui occasionne un double reflet de lu-
mière qui donne ce coloris pourpré dont
J'ai parlé.
Le corps , à l'exception du ventre, est
couvert d’une peau ou plutôt d’un cuir
fort rude. lu
L'animal qui vient d’être décrit, est une
femelle qui a huit petites mamelles : il y
en a deux entre les cuisses, les six autres
sont placées obliquement en $’écartant de
côté et d'autre, et les deux dernières sont
entre les jambes de devant. :
Il paroît être fait pour grimper sur les
arbres, dont il mange les fruits. C’est dom-
mage qu'un si joli animal ne soit connu
que par ce seul échantillon, dont les cou-
leurs ont sans doute perdu une partie
: | 1]
L
132 HISTOIRE NATURELLE
de leur beauté dans la liqueur où ül a
été mis pour être envoyé. On se formera
une idée juste de sa grandeur par les di-
inensions suivantes. »
pieds. pouces. lignes,
Longueur du corps depuis le bout
du museau jusqu’à l’origine de
da queue eu Ut UN,
Longueur de la queue”... 4
Longueur de la tête, mesurée de-
puis lé commencement du nez
jusqu’au-dessus du front, et
suivant sa -COurpure.: ..
Circonférence de la tête mesurée
entre les yeux et les oreilles...
Circonférence du cou..........
Longueur des oreilles. ........
Leur leurs, 40, ne Le
Circonférence du corps mesurée
derrière les jambes de de-
PS
Circonférence du corps mesurée
devant les jambes de derrière
Longueur des jambes de devant,
depuis les doigts jusqu’au coude
Lougucur des jambes entières,
depuis l'épaule iusqu’auxdoigts
Ë OU ŸY y
(Sa)
2
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R €©0 © m
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4% É y
: FD «'
MODE OT 123
. pieds. pouces, lignes,
Longueur des jambes de derrière,
depuis les doigts jusqu’au ge-
OPA ES d'a ss sa Bel ee a 00 le D LI 2
Longueur totale depuis la hanche
jusqu’à lPextrémité des doigts.. »- 3 »
ADDITION À L'ARTICLE
DU RATON*
ME. Blanquart des Salines m'a écrit de
Calais , le 29 octobre 1775 , au sujet de
cet animal , dans les termes suivans :
« Mon raton a vécu toujours enchaîné ,
avant qu'il m'appartint : dans cette cap-
tivité , il se montroit assez doux, quoi-
que peu caressant. Les personnes de la
maison lui faisoient toutes le même ac-
cueil , mais il les recevoit différemment;
ce qui lui plaisoit de la part de l’une, le
révoltoit de la part d’une autre, sans
que jamais il prît le change. »
(Nous avons observé la même chose
au sujet du surikate.)
« Sa chaîne s’est rompue quelquefois ,
* Tome IIT, page 60.
HISTOIRE NATURELLE. 125
et la liberté le rendoit insolent; 1l s’em-
paroit d’un appartement, et ne souffroit
pas qu’on y abordât. Ce n’étoit qu'avec
peine qu’on raccommodoit ses liens. De-
puis son séjour chez moi, sa servitude
a été fréquemment suspendue. Sans le
perdre de vue, je le laisse promener avec
sa chaîne, et chaque fois mille gentil-
lesses m'expriment sa reconnoissance. Il
n’en est pas ainsi quand il s'échappe de
lui-même ; alors il rôde quelquefois trois
ou quatre Jours de suite sur les toits du
voisinage , et descend la nuit dans les
cours , entre dans les poulaillers, étrangle
la volaille, lui mange la tête, et n’épargne
pas sur-tout les peintades. Sa chaîne ne
le rendoit pas plus humain, mais seule-
ment plus circonspect; il employoit alors
la ruse, et familiarisoit les poules avee
lui , leur permettoit de venir partager ses
répas; et ce m'étoit qu'après leur avoir
inspiré la plus grande sécurité qu’il en
saisissoit une et la mettoit en pièces.
Quelques jeunes chats ont de sa part
éprouvé le même sort... Cet animal,
quoique très-léger , n’a que des mouve-
1
126 HISTOIRE NATURELLE
mens obliques, et je doute qu’il puisse
attraper d’autres animaux à la course. Il
ouvre merveilleusement les huîtres ; il
suffit d’en briser la charnière , ses pattes .
font le reste. Il doit avoir le tact excel-
lent. Dans toute sa petite besogne , rare-
ment se sert-il de la vue ni de l’odorat :
pour une huître , par exemple , il la fait
passer sous ses pattes de derrière ; puis,
sans regarder , il cherehe de ses mains
l'endroit le plus foible ; il y enfonce ses
ongles, entr’ouvre les écailles, arrache le
poisson par lambeaux , n’en laisse aucun
vestige , sans que, dans cette opération,
ses yeux ni son nez, qu'il tient éloignés,
lui soient d'aucun usage.!
Si le raton n’est pas fort reconnoissant
des caresses qu'il recoit , il est singulière-
ment sensible aux mauvais traitemens.
Un domestique de la maison l'avoit un
jour frappé de quelques coups de fouet :
vainement cet homme a-t-il cherché de-
puis à se réconcilier ; ni les œufs , ni les
sauterelles marines , mets délicieux pour
cet animal, n’ont jamais pu le calmer.
À son approche , il entre dans une sorte
af * 4 7 MA
; 7
| DU RATON. 127
de rage ; les yeux étincelans, il s’'élance
contre lui, pousse des cris de douleur ;
tout ce qu’on lui présente alors , il le
refuse , Jusqu'à ce que son ennemi dis-
paroisse. Les accens dela colère sont
chez lui singuliers ; on se figureroit en-
tendre tantôt le sifflement du courli,
tantôt l’aboiement enroué d’un vieux
chien.
Si quelqu'un le frappe , s’il est attaqué
par un animal qu’il croie plus fort que
Jui , il n'oppose aucune résistance ; sem-
blable à un hérisson, il cache et sa tête
et ses pattes, forme de son corps une
boule : aucune plainte ne lui échappe ;
dans cette position, il souffriroit la mort.
J'ai remarqué qu'il ne laissoit Jamais
ni foin ni paille dans sa niche; il préfère
de coucher sur le bois. Quand on lui:
donne de la litière, il l’écarte dans l'instant
même. Je ne me suis point appercu qu'il
fût sensible au froid ; de trois hivers il en
a passé deux exposé à toutes les rigueurs
de l'air. Je l’ai vu couvert de neige,
n'ayant aucun abri et se portant très-
bien..,., Je ne pense pas qu'il recherche
b'euts
128 . HISTOIRE NATURELLE
beaucoup la chaleur : pendant les gelées
dernières, Je lui faisois donner séparément
et de l’eau tiède et de l’eau presque glacée
pour .détremper ses alimens ; celle-ci a
constamment eu la préférence. Il lui étoit
libre de passer la nuit dans l'écurie , et
souvent il dormoit dans un coin de ma
cour. | |
Le défaut de salive, ou $on peu d’abon-
dance, est, à ce que J'imagine, ce qui en-
gage cet animal à laisser pénétrer d’eau
sa nourriture. Il n’humecte point une
viande fraîche et sanglante ; Jamais il n’a
mouillé une pêche ni une grappe de rai-
sin : il plonge au contraire tout ce quiest
sec au fond de sa terrine.
Les enfans sont un des objets de sa
haine ; leurs pleurs l’irritent ; il fait tous
ses efforts pour s’élancer sur eux. Une
petite chienne qu'il aime beaucoup, est
sévèrement corrigée par lui quand elle
s’avise d’aboyer avec aigreur. Je ne sais
pourquoi plusieurs animaux détestent
également les cris. En 1770, J’avois cinq
souris blanches : Je m'’avisai par hasard
d’en faire crier une, les autres se jetèrent
Re
HU'R'AT ON. 129
sur elle; je continuai, elles l’étranglèrent.
Ce raton est une femelle qui entre en
chaleur au commencement de l’été. Le
besoin de trouver un mâle dure plus de
six semaines : pendant ce temps, on ne
sauroit la fixer; tout lui déplaît; à peine
se nourrit-elle : cent fois le Jour elle passe
entre ses cuisses, puis entre ses pattes
de devant, sa, queue touffue , qu'elle
saisit par le bout avec ses dents, et qu’elle
agite sans cesse pour frotter ses parties
naturelles. Durant cette crise , elle est à
tout moment sur le dos, grognant et
appelant son mâle ; ce qui me feroit pen-
ser qu’elle s’accouple dans cette attitude.
L’entier accroissement de cet animal
ne s’est guère fait en moins de deux ans
et demi. »
LA MOUFETTE DU CHILI.
M. Dombey , correspondant du Cabinet
du roi, et que nous avons eu occasion
de citer plusieurs fois, nous a rapporté
la dépouille d’un individu de cette es-
pèce. Cette moufette se trouve au Chili,
et appartient à la famille du zorille, du
conépate et d’autres animaux appelés bétes
puantes, et qui se trouvent également
dans l'Amérique méridionale. Ses habi-
tudes, sur lesquelles nous n’avons recu
aucune observation particulière, doivent
être assez semblables à celles de ces ani-
maux puans , dont elle se rapproche par
sa conformation , ainsi que par la distri-
bution de ses couleurs. L’individu dont
nous avons vu la peau bourrée , étoit
mâle. Il avoit la tête large et courte, les
oreilles rondes et un peu applaties, le
corps épais et large à l'endroit des reins ,
les cuisses larges et charnues , les jambes
courtes , les pieds petits, cinq doigts à
HISTOIRE NATURELLE. 1%
chaque pied , et les ongles longs, crochus
et recourbés en gouttière !. Sa queue,
relevée au-dessus du dos comme celle
des écureuils , étoit large et garnie de
poils touffus, longs de près de trois
pouces. Le poil qui couvroit sa tête, son
corps, ses Jambes et le dessus de sa
queue vers l’origine de cette partie, avoit
en quelques endroits un pouce de lon-
gueur , et étoit d’un brun noirâtre et lui-
sant ; le reste du poil qui garnissoit sa
queue étoit blanc, et l’on voyoit sur le
dos deux larges bandes blanches qui se
réunissoient en une seule?.
1 L’ongle le plus long des pieds de devant avoit
onze lignes de longueur; et celui des pieds de der-
rière, cinq lignes.
2, Cet individu avoit un pied sept pouces trois
lignes, depuis le bout du museau jusqu’à l’anus ;
et la queue étoit longue de sept pouces quatre lignes,
en y comprenant la longueur Gu poil. Les dents
manquoient à la dépouille.
DU SARIGUE.
Novs donnons ici la figure d’un sa-
rigue qui nous paroît n'être qu’une va-
riété dans cette espèce, mais dont les
différences sont néanmoins assez grandes
pour que nous ayons cru devoir le faire
représenter. Ce sarigue se trouve dans le
pays des Illinois, et diffère de l’autre
par la couleur et par le poil, qui est
long sur tout le corps ; il a la tête moins
alongée et entièrement blanche, à l’ex-
ception d’une tache brunâtre qui prend
du coin de l'œil, et finit en s’affoiblissant
du côté du nez, dont l’extrémité. est la
seule partie de la face qui soit noire; la
queue est écailleuse et sans poil dans
toute sa longueur, au lieu que celle du
sarigue de la planche XVII, tome IV ,
est garnie de poil depuis son origine jus-
qu'à plus des trois quarts de sa longueur.
Cependant ces différences neme paroissent
pas suflisantes pour constituer deux es-
|
HISTOIRE NATURELLE. 133
pèces : et d’ailleurs, comme le chmat des
Illinois et celui du Mississipi, où se trouve
le premier sarigue-, ne sont pas éloignés,
il y a toute apparence que ce second sa-
-rigue n’est qu’une simple variété dans
l'espèce du premier.
pieds. pouces. lignes.
Longueur du corps entier, de-
puis le bout du nez jusqu'à
l'origine de la queue........ 7 a: 3
Losueur dc orcillés......... > £ Li
Es enndes oreilles... .....,. » 9
Longueur des moustaches...... x 2 :
Longueur -de la queue....,.... » z 3
Les oreilles sont d’une peau lisse, sem
blable à du parchemin brun, sans aucun
poil en dedans ni en dehors; le poil qui
couvre le corps Jusqu'à la queue , ainsi
que les jambes , est d’un brun plus ou
moins nuancé de cendré, et mêlé de longs
poils blancs qui ont jusqu’à deux pouces
trois lignes sur le dos, et deux pouces six
lignes près de la queue; le dessous du
corps est d’un cendré blanchâtre. Il y a
12
154 HISTOIRE NATURELLE
cinq doigts à tous les pieds ; le pouce ou
doigt interne des pieds de derrière a un
ongle plat qui n’excède pas la chair ; les
autres ongles sont blancs et crochus.
- Zom.2. LU 17. Lug 135
LE SARIGUE & 4rgv forte.
; f PDeuquer: a
7
DU SARIGUE. 139
LE SARIGUE A LONGS POILS.
Nous donnons ici la figure d’un sarigue
mâle à longs poils, qui est d’un quart
plus grand que le précédent , et qui en
diffère aussi par la queue , qui est beau-
coup plus courte à proportion. La lon-
gueur de ce sarigue est de vingt pouces
trois lignes du bout du museau jusqu’à
l'origine de la queue, au lieu que lautre
n’a que quinze pouces trois lignes; la
têté est semblable dans tous deux , à l’ex-
ception du bout du nez, qui est noir dans
le précédent , ‘et couleur de chair dans
celui-ci ; les plus grands poils des mous-
taches ont près de trois pouces de lon-
gueur. Il y a encore une petite différence;
c'est que , dans le sarigue illinois , les
deux dents incisives du milieu de la mâ-
choire supérieure sont les plus petites,
tandis que, dans celui-ci, ces deux mêmes
dents incisives sont les plus grandes. Ils
156 HISTOIRE NATURELLE.
diffèrent encore par les couleurs du poil ,
qui, dans ce sarigue , est brun sur les
jambes et les pieds, blanchâtre sur les
doigts , et rayé sur le corps de plusieurs
bandes brunes indécises, une sur le dos
jusqu’auprès de la queue, et une de
chaque côté du corps, qui s'étend de
Paisselle jusqu'aux cuisses ; le cou: est
xoussâtre depuis l'oreille aux épaules, et
cette couleur s'étend sous le ventre, et
domine par endroits sur plusieurs parties
du corps; la queue est écailleuse et gar-
- mie à son origine de poils blancs et de poils.
bruns. Nous ne déciderons pas, par cette
simple comparaison, de l'identité ou de:
la diversité de ces deux espèces de sa-
rigues, qui toutes deux pourroient bien
n'être que ‘des variétés de celle du sa:
rigue commun. |
}
DE LA MARMOSE.
O N saït qu'en général les sarigues , mar-
moses et cayopollins portent également
leurs petits dans une poche sous le ventre,
et que ces petits sont attachés à la ma-
melle long -temps avant d’avoir pris leur
accroissement entier. Ce fait, l’un des
plus singuliers de la Nature , me faisoit
desirer des éclaircissemens au sujet de
la génération de ces animaux, qui ne
naissent pas à terme comme les autres.
Voici ce que M. Roume de Saint-Laurent
w'’en a écrit en m'envoyant le catalogue
du cabinet d'histoire naturelle qu'il a fait
à l’île de la Grenade.
« Des personnes dignes de croyance,
dit M. de Saint-Laurent , m'ont assure
avoir trouvé des femelles de 7zzanicou
( marmose ) dont les petits n’étoieut
point encore formés ; on voyoit au bout
des mamelons de petites bosses claires ,
13
138 HISTOIRE NATURELLE
dans lesquelles on trouvoit l'embryon
ébauché. Tout extraordinaire que ce fait
doive paroître, je ne puis le révoquer en
doute, et je vais ajouter ici la dissection
que Je fis d’un de ces animaux en 1767,
qui peut donner quelques lumières sur
la facon dont la génération s'effectue dans
cette espèce. |
La mère avoit dans son sac sept petits ,
au bout d'autant de mamelons, auxquels
ils étoient fortement fixés, sans qu'ils y
adhérassent ; ils avoient environ trois
lignes de longueur, et une ligne et demie
de grosseur ; la tête étoit fort grosse à
proportion du corps, dont la partie an-
térieure étoit plus formée que la posté-
rieure ; la queue étoit moins avancée que
tout le reste. Ces petits n’avoient point
de poil; leur peau très-fine paroissoit
sanguinolente ; les yeux ne se distin-
guoient que par deux petits filets en
cercle. Les cornes de la matrice étoient
gonflées, fort longues, formant un tour,
et se portant ensuite vers les ovaires : elles
contenoient un mucus blanc, épais, et
parsemé de globules d'air nombreux.
0
DE LA MARMOSE. 129
L'extrémité des cornes se terminoit par
des filets gros comme de forts crins, d’une
substance à peu près semblable à celle
des trompes de Fallope , mais plus blanche
et plus solide. On suivoit ces filets jusque
dans le corps glanduleux des mamelles,
où ils aboutissoient chacun à des mame-
lons , sans que l’on pût en distinguer la
fin , parce qu’elle se confondoit dans la
substance des mamelles. Ces filets pa-
roissoient être creux et remplis du même
mucus qui étoit contenu dans les cornes.
Peut-être les petits embryons produits
dans la matrice passent-ils dans ces ca-
naux pour se rendre aux mamelons con-
tenus dans le sac. »
Cette observation de M. de Saint-
Laurent mérite assurément beaucoup
d'attention ; mais elle nous paroît si sin-
gulière , qu'il seroit bon de la répéter
plus d’une fois, et de s'assurer de cette
marche très-extraordinaire des fœtus et
de leur passage immédiat de la matrice
aux mamelles, et du temps où se fait ce
passage après la conception : il faudroit
149 HISTOIRE NATUREELE.
pour cela élever et nourrir un certain
nombre de ces animaux , et disséquer
les femelles peu de temps après leur
avoir donné le mâle, à un jour, deux
Jours , trois Jours, quatre Jours après
l’accouplement ; on pourroit saisir Le pro-
grès de leur développement, et recon-
noître le temps et la manière dont ils
passent réellément de la matrice aux ma-
melles qui sont renfermées dans la poche
de la mère.
ADDITION AUX ARTICLES
DU SARIGUE, DE LA MARMOSE,
gr DU CAYOPOLLIN :.
MT. de la Borde, médecin du roi à
Cayenne, m’a écrit qu'il avoit nourri
trois sarigues dans un petit tonneau,
où ils se laissoient aisément manier. Ils
mangent du poisson, de la viande cuite
ou crue, du pain, du biscuit, etc. Ils
sont continuellement à se lécher les uns
les autres : ils font le même murmure
que les chats quand on les manie.
« Je ne me suis pas appercu, dit-il,
qu'ils eussent aucune mauvaise odeur. IL
y a des espèces plus grandes,, et d’autres
plus petites ?. Ils portent également leurs
1 Tome IV, pages 142, 174 et 177.
3 On m'a nouvellement envoyé, pour le Cabi-
net, une peau de ces petits sarigues de Cayenne,
qui wavoit que trois pouces et demi de longuüeur;,
quoique l'animal fût adulte, et la queue quatre
pouces et demi. f
*. |
À
142 HISTOIRE NATURELLE
petits dans une poche sous le ventre; et
ces petits ne quittent jamais la mamelle,
même lorsqu'ils dorment. Les chiens les
tuent, mais ne les mangent pas. Ils ont
un grognement qui ne se fait pas entendre
de fort loin. On les apprivoise aisément.
ls cherchent à entrer dans les poulaillers,
où ils mangent la volaille; mais leur chair
n’est pas bonne à manger : dans certaines
espèces, elle est même d’une odeur insup-
portable, et l'animal est appelé prvant par
les habitans de Cayenne. »
Il ne faut pas confondre ces sarigues
puans de M. de la Borde avec les vrais
puans ou moufettes, qui forment un
genre d'animaux tres-différens de ceux-ci.
M. Vosmaër, directeur des cabinets
d'histoire naturelle de S. A.S. Ms le prince
d'Orange, a mis une note, page 6 de la
Description d’un écureuil volant, Awnster-
dam , 1767, dans laquelle il dit :
« Le coescoes est le bosck ou beursrult des
Indes orientales. le philander de Seba, et
le didelphis de LinnϾus. Le savant M. de
DU SARIGUE. etc. 143
Buffon * nice absolument son existence aux
Indes orientales , et ne l’accorde qu’au
nouveau monde en particulier. Nous pou-
vons néanmoins assurer ce célèbre natu-
raliste que Valentin et Seba ont fort bien
fait de placer ces animaux, tant en Asie
qu’en Amérique. J’ai moi-même recu,
‘l'été dernier, des Indes orientales, le mâle
et la femelle. La même espèce a aussi
été envoyée à M. le docteur Schlosser,
à Amsterdam, par un ami d'Amboine,
quoique pour moi je n’en connoisse pas
d’autres que ceux-ci; de sorte qu'ils ne
sont pas si communs. La principale diffé-
rence entre le coescoes des Indes orientales
et celui des Indes occidentales, consiste,
suivant mon observation, dans la couleur
du poil, qui, au mâle des Indes orientales,
‘ est tout-à-fait blanc, un peu Jaunûtre;
celui de la femelle est un peu plus brun,
avec une raie noire ou plutôt brune sur
le dos. La tête de celui des Indes orien-
tales est plus courte; mais le mâle me
paroît l'avoir un peu plus longue que la
* Tome IV, page 145.
LA on DANS
t4 HISTOIRE NATURELLE
femelle, Les oreilles, dans cette espèce ;
sont beaucoup plus courtes qu’à celle des
Indes occidentales. La description de la.
seconde espèce, dont parle aussi Valentin,
est trop diffuse pour pouvoir s’y rapporter
avec quelque certitude. »
Je ne doute pas que M. Vosmaër n'ait
recu des Indes orientales des animaux
inâdes'et femelles sous le nom de coescoes ;
mais les différences qu'il indique lui-
méme entre ces coescoes et les sarigues,
pourroient déja faire penser que ce ne
sont pas des animaux de même espèce.
J'avouc néanmoins que la critique de
M. Vosmaër est Juste, en ce que J'ai dit
que les trois philanders de Seba n’étoient
que le même animal, tandis qu’en effet
le troisième, c’est-à-dire, celui de la
planche XXXIX de Seba, est un animal
différent, et qui se trouve réellement aux
Philippines, et peut-être dans quelques
autres endroits des Indes orientales, où
il est connu sous le nom.de coescoes, OU
cuscus, ou cusos. J'ai trouvé dans le Voyage
de Christophe Bar pH YEAS la notice sui-
vante:
DU SARIGUE, cie 145
« Dans l’île de Lethy, il y a des cuscus
ou cusos dont la chair a à peu près le goût
* de celle du lapin. Cet animal ressemble
_ beaïticoup, pour la couleur, à une mar-
motte ; les yeux sont petits, ronds et
brillans, les pattes courtes, et la queue
qui est longue, est sans poil. Cet animai
saute d’un arbre à un autre comme un
écureuil , et alors il fait de sa queue
uu crochet, avec lequel il se tient aux
branches pour manger plus facilement les
fruits. Il répand une odeur désagréable
qui approche de celle du renard. Il a une
poche sous le ventre, dans laquelle ül
porte ses petits, qui entrent et sortent
_ par- dessous la queue de l'animal. Les
vieux sautent d’un arbre à l’autre en
portant leurs petits dans cette poche *, »
Il paroît, par le caractère de la poche
sous le ventre et de la queue prenante,
que ce cuscus ou cusos des Indes orien-
tales est en effet un animal du même
genre que les philanders- d'Amérique :
* Voyage de Barchewitz ; Erfurt, 1791; page
532: | |
Quadrupèdes, KT. 13
dé
14 HISTOIRE NATURELLE
mais cela ne prouve pas qu'ils soient de
la méme espèce d'aucun de ceux du nou-
veau continent; ce séroit le seul exemple
d’une pareille identité. Si M Vosmaëreut
fait graver les figures de ces À
comme il le dit dans le texte, on seroit
plus en état de juger tant de la réssem-
blance que des différences des coescoes
d'Asie avec les sarigues ou philanders de
l'Amérique , et je demeure toujours per-
suadé que ceux d’un continent ne se trou-
veront pas dans l’autre, à moins qu’on ne
les y ait apportés. Je renvoie sur cela le
lecteur à ce que j'en ai (tome IV,
page 145).
Ce n’est pas qu’absolument parlant, et
même raisonnant philosophiquement, il
ne füt possible qu'il se trouvât &ans les
climats méridionaux des deux contiuens
quelques animaux qui seroiént précisé-
ment de la même espèce. Nous avons dit
ailleurs , et nous le répétons ici, que la
même température doit faire dans les
différentes contrées du globe les mêmes
effets sur [a Nature organisée, et par cou-
séquent produire les mêmes êtres, soit
DU) SARAEGUE ; etc :, 147
animaux , soit végétaux , si toutes les
autres circonstances étoient, comme la
température, les mêmes à tous égards:
mais il ne s’agit pas ici d'une possibilité
philosophique qu’ou peut regarder comme
plus ou moins probable ; il s’agit d’un
fait, et d’un fait très-général , dont il est
aisé de présenter les nombreux et très-
nombreux exerples. Il cest certain qu’au
temps de la découverte de l'Amérique,
il n’existoit dans ce nouveau monde au-
eun des animaux que Je vais nommer,
Péléphant , le rhinocéros, l’hippopo-
tame, la girafe, le chameau, le droma-
“daire, le bufle, le cheval, l'âne, le lion,
le tigre, les singes , les babouins, les gue-
ons , et nombre d’autres dont J'ai fait
Tl'énumération, et que de même le tapir,
le lama , la vigogne, le pecari, le jaguar,
le couguar, l’agouti, ie paca, le coati, l’u-
nau, l'ai, et beaucoup d’autres dont j'ai
donné l’énumération, n’existoient point
dans l’ancien continent. Cette multitude
d'exemples, dont on ne peut nier la vé-
rité, ne suffit-elle pas pour qu’on soit au
moins fort en garde lorsqu'il s’agit dé
/
148 HISTOIRE NATURELLE
prononcer, comme le fait ici M. Vosmaër,
que tel ou tel animal se trouve également
dans les parties méridionales des deux
continens ?
C’est à ce cuscus ou cusos des Indes
qu'on doit rapporter le passage suivant.
« Il se trouve, dit Mandeslo, aux îles
Moluques un animal qu’on appelle cusos;
1l se tient sur les arbres, et ne vit que de
leurs fruits. Il ressemble. à ün lapin, eta
le poil épais, frisé et rude, entre le gris et
le roux; les yeux ronds et vifs, les pieds
petits, et la queue si forte, qu'il s’en sert
pour se prendre aux branches afin d’at-
teindre plus aisément aux fruits *
Il n’est pas question, dans ce passage, de
la poche sous le ventre, qui est le carac-
tère le plus marqué des philanders : mais,
je le répète, si le cuseus ou cusos des
Indes orientales a ce caractère, 1l est
certainement d’une espèce qui approche
beaucoup de celle des philanders d’Amé-
* J'oyage de Mandeslo, suite d'Oléantus , tome
IL, page 384 et suiv.
DU SARIGUE, cc. 149
rique, et Je serois porté à penser qu'il
en diffère à peu près comme le jaguar
du léopard. Ces deux derniers animaux,
sans être de la même espèce, sont les
plus ressemblans et les plus voisins de
tous les animaux des parties méridionales
des deux continens.
LUE
Sy
LE CRABIER.
Lx nom crabier, ou chien crabier, que
l’on a donné à cet animal, vient de ce
qu'il se nourrit principalement de crabes,
11 a très-peu de rapport au chien ou au
renard, auxquels les voyageurs ont voulu
le comparer. Il auroit plus de rapport
avec les sarigues; maïs ik est beaucoup
plus gros, et d’ailleurs la femelle du cra-
bier ne porte pa , comme la femelle du
sarigue, ses petits dans une poche sous le
ventre : ainsi le crabier nous paroît être
d’une espèce isolée et différente de toutes
celles que nous avons décrites.
Nous en donnons ici la figure, dans
laquelle on remarquera la longue queue
écailleuse et nue , les gros pouces sans
ongles des pieds de derrière, et les ongies
plats des pieds de devant. Cet animal,
que nous conservons au Cabinet du roi,
étoit encore Jeune lorsqu'on nous a en-
voyé sa dépouille : il est mâle; et voici la
description que nous en ayons pu faire.
Zorn.2. L0.16 .Lag.160.
{ Pauguet Au
HISTOIRE NATURELLE. xÿr
La longueur du corps entier, depuis le
bout du nez jusqu’à l’origine de la queue,
est d'environ dix-sept pouces.
Là hauteur du train de devant, de six
pouces trois Jignes; et celle du train de
derrière, de six pouces six lignes.
La queue, qui est grisâtre, écailleuse
et sans poil, a quinze pouces et demi de
longueur sur dix higries de grosseur à son
commencement ; elle est très- menue à
son extrémité.
Comme cet animal est fort bas de
jambes , il a de loin quelque ressem-
blance avec le chien basset : a tête
même m'est pas fort différenté de celle
d’un cluen ; elle n’a que quatré pouces
une ligne de longueur ; depuis le bout du
nez Jusqu'à. l’océiput., L’œil n’est pas
grand ; le. bord des paupières est noir;
et au-dessus de l'œil se trouvent de longs
poils qui ont jusqu’à quinze lignes de
longueur:: il y en à aussi de semblables à
côté de la joue vers l'oreille. Les HnOous-
taches autour de la gueule sont noires, et
ont jusqu’à dix-sept lignes de long. L’ou-
verture de la gueule est de près de deux
LA
x52 HISTOIRE NATURELLE
pouces; la mâchoire supérieure est armée;
de chaque côté, d’une dent canine cro-
chue , et qui excède sur la mâchoire in-
férieure. L’oreille, qui est de couleur
brune , paroît tomber un peu sur elle-
même; elle est nue, large, et ronde à son
extrémité.
Le poil du corps est laineux et parsemé
d’autres grands poils roides, noirâtres ,
qui vont en augmentant sur les cuisses
et vers l’épine du dos, qui.est toute cou-
verte de ces longs poils ; ce qui forme à
éet animal une espèce de crinière, depuis
le milieu du dos jusqu’au commence-
ment de la queue. Ces poils ont ‘trois
pouces de longueur ; ils sont d’un blanc
sale à leur origine jusqu’au milieu , et
ensuite d’un brun minime jusqu'à l’ex-
trémité. Le poil des côtés est d’un blanc
jaune , ainsi que sous le ventre; mais il
tire plus sur le fauve vers les épaules,
les cuisses , le cou, la poitrine et la tête,
où cette teinte de fauve est mélangée de
brun dans quelques endroits. Les côtés
du cou sont fauves. Les jambes et les
pieds sont d’un brun noirâtre. Il y a cinq
DU CRABIER. 153
doigts à chaque pied : le pied de devant a
un pouce neuf lignes , le plus grand
doigt neuf lignes, et l’ongle en gouttière
deux lignes. Les doigts sont un peu pliés,
comme ceux des rats : il n’y a que le
pouce qui soit droit. Les pieds de der-
rière ont un pouce huit lignes, les plus
grands doigts neuf lignes , le pouce
six lignes; il est gros, large et écarté,
comme dans les singes ; l’ongle en est
plat, tandis que les ongles des quatre
autres doigts sont crochus et excèdent
le bout des doigts. Le pouce du pied de
devant est droit, et n’est point écarté de
l'autre doigt.
M. de la Borde m'a écrit que cet ani-
mal étoit fort commun à Cayenne, et
qu'il habite toujours les palétuviers et
autres endroits marécageux.
« ILest, ditil, fort leste pour grim-
per sur les arbres, sur lesquels il setient
plus souvent qu’à terre, sur-tout pendant
le jour. Il a de bonnes dents, et se défend
contre les chiens. Les crabes font sa prin-
cipale nourriture, et lui profitent ; car
154 HISTOIRE NATURELLE
il est toujours gras. Quand il ne peut pas
tirer les crabes de leur trou avec sa patte,
il y introduit sa queue, dont il se sert
comme d’un crochet. Le crabe, qui lui
serre quelquefois la queue, le fait crier ;
ce cri ressemble assez à celui d’un homme,
et s'entend de fort loin : mais sa voix or-
dinaire est une espèce de grognement
semblable à celui des petits cochons. Il
produit quatre ou cinq petits , et les
dépose dans de vieux arbres creux. Les
naturels du pays en mangent la chair,
qui a quelque rapport à celle du lièvre.
Au reste, ces animaux se familiarisent
aisément, et on les nourrit à la maison
comme les chiens et les chats, c’est-à-
dire, avec toutes sortes d’alimens : ainsi
leur goût pour la chair du crabe n’est
point du tout un goût exclusif *. »
On prétend qu'il se trouve dans les
terres de Cayenne deux espèces d’ani-
maux auxquels on donne le même nom
de crabier, parce que tous deux mangent
* Lettre de M. de la Borde à M, de Buffom
Cayenne, 12 juin 1774.
DU CRABIER. 155
des crabes. Le premier est celui dont nous
venons de parler ; l’autre est non seule-
ment d’une espèce différente, mais pa-
roît même être d’un autre genre. Il a la
queue toute garnie de poil, et ne prend
les crabes qu'avec ses pattes. Ces deux
animaux ne se ressemblent que par la
tête, et diffèrent par la forme et les pro-
portions du corps , aussi-bien que par la
conformation des pieds et des ongles *.
* Note communiquée par MM. Aublet et Olivier.
APRAITION SERRES
DU TAMANOIR, DU TAMANDUA,
D U FOURMILIER, ET DES
TATOUS..
DU TAMANOIR.
N aus avons donné * la figure du tama-
noir ou grand fourmilier ; mais, comme
le dessin n’a été fait que d’après une peau
qui avoit été assez mal préparée, 1l n’est
pas aussi exact que celui qu’on trouvera
ci, qui a été fait sur un animal envoyé
de la Guiane, bien empaillé, à M. Mau-
duit, docteur en médecine, dont le
cabinet ne contient que des choses pré-
cieuses , par les soins que cet habile na-
turaliste prend de recueillir tout ce qu’il
y a de’plus rare, et de maintenir les ani-
maux et les oiseaux dans le meilleur état
* Tome IV, pl. XI.
1Pauguet +.
LOS AS
\/ FÈSNEN
HISTOIRE NATURELLE. 157 -
possible. Quoique le tamanoir que nous
donnons ici soit précisément de la mème
espèce que celui de nôtre tome IV, on
verra néanmoins qu'il a le museau plus
court , la distance de l'œil à l'oreille plus
petite , les pieds plus courts; ceux du
devant n’ont que quatre ongles , les deux
du milieu très-grands, les deux de côté
fort petits, cinq ông tés aux pieds dé der-
rière , et tous cés oniglés noirs. Le museau
jusqu'aux oreilles est couvert d'un poil
brun fort court; près des oreilles le poil
commence à "IAE plus grand ; il a deux
pouces et demi de longueur sur les côtés
du corps ; il est rude au toucher, comme
celui du sanglier ; il est mélé, de poils
d’un brun foncé, et d'autres d’un blanc
sale. La bande noire du corps n’a point
de petites taches blanches décidées et qui
la bordent, comme dans le /tamanoir
gravé tome TV. Celui-ci a trois pieds onze
pouces de longueur, c’est-à-dire , trois
pouces de plus que le premier, Voici ses
autres dimensions. -
158 HISTOIRE NATURELLE
piéds. pouc
Hauteur du train de devant...
Hauteur du tram de derrière...
Longueur du bout du museau à
l'angle de lit. bios. ais sets
Ouverture de l’œil............
Ouverture de la bouche. ......……
Ouverture des narines.........
Distance de l’œ1l à l’oreille.. ..
Grandeur de loreille..,.......
Longueur du COU., 54. os m8 ofs
Longueur du tronçon de la queue
Longueur du pied de devant...
Longueur de l’ergot intèrne.…..
Longueur de ce même ergot à
SOU OPEN cm0
Longueur de Pergot suivant...
Sa largeur à son origine......
Longueur du troisième ergot...
Sa largeur à son origine. .....
Longueur de lergot extérieur. .
Sa largeur à son origine... ....
Longueur du pied de derritre.
Longueur de l’ergot interne. ….
Longueur des trois autres ergots
Loxéeur à lPonstues 4):
Longueur de l’ergot externe...
Largeur à son origine.......,.
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es. lignes.
AND ÿ N #1 À #1 D
QU Or D D u O1 ©
& Q\ & 0 J ©
| DU TAMANOIR. 159
M. de la Borde, médecin du roi à
Cayenne , m'a envoyé les observations
suivantes au sujet de cet animal.
« Le tamanoir habite les bois de la
Guiane. On y en connoît de deux espèces ;
les individus de la plus grande pèsent
jusqu’à cent livres. Ils courent lentement
et plus lourdement qu’un cochon ; ils
traversent les grandes rivières à la nage,
et alors il n’est pas difficile de les assom-
mer à coups de bâton. Dans les bois , on
les tue à coups de fusil. Ils n’y sont pas
fortcommuns, quoique leschiens refusent
de les chasser.
Le tamanoir sesert de ses grandes griffes
pour déchirer les ruches de poux de bois
qui se trouvent par-tout sur les arbres,
sur lesquels il grimpe facilement. Il faut
prendre garde d’appracher cet animal
de trop près ; car ses griffes font des
blessures profondes : il se défend même
avec avantage contre les animaux les
plus féroces de ce continent , tels que les
Jaguars, couguars, etc. ; il les déchire
avec ses griffes , dont les muscles et les
ITA In # LU /: | CHLORE NES EUR 1
\ rl à FAR ER AU
160 HISTOIRE NATURELLE
tendons sont d’une grande force. Il tue
beaucoup de chiens, et c'est par cette
raison qu'ils refusent de le chasser.
On voit souvent des tamanoirs dans
les grandes savanes incultes. On dit qu'ils
se nourrissent de fourmis. Son estomac a
plus de capacité que celui d’un homme.
J'en ai ouvert un quiavoit l'estomac plein
de poux de bois qu'il avoit nouvellement
mangés. La structure et les dimensions de
sa langue semblent prouver qu'il peut
aussi se nourrir de fourmis. Il ne fait
qu'un petit dans des trous d’arbre près de
terre. Lorsque la femelle nourrit, elle est
tres-dangereuse , même pour les hommes.
Les gens du commun à Cayenne mangent
la chair de cet animal ; elle est noire,
sans graisse et sans fumet. Sa peau est
dure et épaisse; sa langue est d’une forme
presque conique , comme son museau. »
M. de la Borde en donne une descrip-
tion anatomique que Je n'ai pas Cru
devoir publier ici, pour lui laisser les
prémices de ce travail qu’il me paroît
avoir fait avec soin. + 44 4 d
DU TAMANOIR. 167
«Le tamanoir , continue M. de la
Borde, n’acquiert son accroissement en-
tier qu’en quatre ans. Il ne respire que
par les narines. À la première vertèbre qui
Joint le cou avec la tête, la trachée-artère
est fort ample ; mais elle se rétrécit tout-
à-coup, et forme un conduit qui se conti-
nue jusqu'aux narines, dans cette espèce
de cornet qui lui sert de mâchoire supé-
rieure. Ce cornet a un pied de longueur,
et il est au moins aussi long que le reste
de la tête. Il n’a aucun conduit de la tra-
chée-artère à la gueule , et néanmoins
l'ouverture des narines est si petite , qu’on
avoit de la peine à y introduire un tuyau
de plume à écrire. Les yeux sont aussi
très -petits, et 1l ne voit que de côté. La
graisse de cet animal est de la plus grande
blancheur. Lorsqu'il traverse les eaux, il
porte sa grande et longue queue repliée
sur le dos et Jusque sur la tête. »
MM. Aublet et Olivier m'ont assuré
que le tamanoir ne se nourrit que par le
moyen de sa langue, laquelle est enduite
d’une humeur visqueuse et gluante , avee
14
162 HISTOIRE NATURELLE
laquelle il prend des insectes. Ils disent
aussi que sa chair n’est point mauvaise à
manger.
DU TAMANDUA.
Nous croyons devoir rapporter à l’es- :
pèce du tamandua l'animal dont nous
donnons ici la figure, et duquel la dé-
pouille bien préparée étoit au cabinet de
M. le duc de Caylus, et se voit actuelle-
ment dans le Cabinet du roi. Il est diffé--
rent du tamanoir, non seulement par la
grandeur , mais aussi par la forme. Sa
tête est à proportion bien plus grosse :
l'œil est si petit, qu'il n’a qu'une ligne
de grandeur; encore est-il environné
d’un rebord de poils relevés. L’oreille est
ronde et bordée de grands poils noirs paï-
dessus. Le corps entier n’a que treize
pouces , depuis le bout du nez jusqu’à
l'origine de la queue, et dix pouces foibles
de hauteur. Le poil de dessus le dos est
long de quinze lignes ; celui du ventre,
qui est d’un blanc sale, est de la même
longueur, La queue n'a que sept pouces
DOUAN
DU TAMANDUA. 163
et demi de longueur, couverte par-tout
de longs poils fauves, avec des bandes ou
des anneaux d’une teinte légèrement noi-
râtre. | .
Il n’y a, dans toute cette description,
que deux caractères qui ne s'accordent
pas avec celle que Marcgrave nous a
donnée du tamandua ; le premier est la
queue, qui est par-tout garnie de poils,
au licu que celui de Marcgrave a la queue
nue à son extrémité ; le second, c’est
qu'il y a cinq doigts aux pieds de devant
dans notre tamandua , et que celui de
Marcgrave n’en avoit que quatre : mais
du reste tout convient assez pour qu’on
puisse croire que l’animal dont nous
donnons ici la figure , est au moins une
variété de l'espèce du tamandua , s’il n’est
pas précisément de la même espèce.
M. de la Borde semble l'indiquer, dans
ses observations , sous le nom de pesis
damanor.
«Il a, dit-il, le poil blanchätre, long
d'environ deux pouces. Il peut peser un
peu plus de soixante livres. Il n'a point
164 HISTOIRE NATURELLE
de dents ; mais il a aussi des griffes fort
longues. Il ne mange que le jour, comme
l'autre , et ne fait qu’un petit; il vit aussi
de même, et se tient dans les grands bois.
Sa chair est bonne à manger ; mais on le
trouve plus rarement que le grand tama-
noir. » |
J'aurois bien desiré que M. de la Borde
m'eûtenvoyé des indications plus précises
et plus détaillées, qui auroïent fixé nos
incertitudes au sujet de cette espèce d’a-
nimal.
Voici ce qu'il m’écrit en même temps
sur le petit fourmilier, dont nous avons
donné la figure *.
«Il a le poil roux , luisant, un peu
doré , se nourrit de fourmis, tire sa
langue, qui est fort longue et faite comme
un ver, €t les fourmis s’y attachent. Cet
animal n’est guère plus grand qu’un écu-
reuil. Il n’est pas difficile à prendre; il
marche assez lentement, s'attache, comme
* Tome IV, pl. XI.
LA
DU TAMANDUA. r65
le paresseux, sur un bâton qu’on lui pré-
sente, dont il ne cherche pas à se dé-
tourner , et on le porte ainsi attaché où
: l'on veut. Il n’a aucun cri. On en trouve
souvent d’accrochés à des branches par
leurs griffes. Ils ne font qu’un petit dans
des creux d'arbre, sur des feuilles qu'ils
-charient sur le dos. Ils ne mangent que la
nuit. Leurs griffes sont dangereuses, et
ils les serrent si fort, qu'on ne peut pas
léur faire lâcher prise. Ils ne sont pas
rares, mais difhiciles à appercevoir sur
les arbres. »
M. Vosmaër a fait une critique assez
mal fondée de ce que j’ai dit au sujet des
fourmiliers.
«Je dois remarquer, dit-il, contre le
sentiment de M. de Buffon*, que l’année
passée M. Tulbagh a envoyé un animal
sous le nom de porc de terre, qui est le
myrmécophage de Linnæus , en sorte que
Desmarchais et Kolbe ont raison de dire
* Tome IV, page 145.
\
166 HISTOIRE NATURELLE
que cet animal se trouve en Afrique aussi
bien qu’en Amérique. À juger de celui-ci
quiaété envoyé dans l’esprit-de-vin, pa-
roissant étre tout nouvellement né, et
ayant déja la grandeur d’un bon cochon
de lait, l'animal parfait doit être d’une
taille fort considérable. Voici les princi-
pales différences, autant qu’on peut les
reconnoître à cet animal si Jeune. |
Le groin est à son extrémité un peu
gros , rond et aussi comme écrasé en
dessus. Leurs oreilles sont fort grandes,
longues, minces , pointues et pendantes.
Les pieds de devant ont quatre doigts; le
premier et le troisième d’une longueur
égale, le second un peu plus long , et le
quatrième ou l'extérieur un peu plus
court que le troisième. Leurs quatre on-
glets sont fort longs, peu crochus, poin-
tus , et à peu près d’une égale grandeur:
Les pieds de derrière ont cinq doigts,
dont les trois intermédiaires sont presque
également longs , et les deux extérieurs
beaucoup plus courts ; les onglets en
sont moins grands , et les deux extérieurs
les plus petits. Sa queue, sans être fort
DU TAMANDUA. 167
longue , est grosse et se termine en pointe.
Les deux myrmécophages de Seba ! sont
certainement les mêmes, et ne diffèrent
entre eux que par la couleur. La figure
en est fort bonne. C’est uné espèce parti-
culière, tout-à-fait différente du taman-
dua-suacu de Marcgrave, ou tamanoir de
M. de Buffon. »
On croiroit, après la lecture de ce
passage, que Je me suis trompé au sujet
de cet animal donné par Seba ?. Cepen-
dant j'ai dit précisément 5 ce que dit ici
M. Vosmaër. Voici comme je me suis
exprimé : L'animal qué Seba désigne par le
non de tamandua myrmécophage d’Amé-
rique , {ome Î#, page 60, ef dont il donne
la figure, planche XXXFIT, n° 2, ne
peut se rapporter à aucun des trois dont il
est ici question. Ox les trois animaux d’A-
mérique dont J'ai parlé, sont le tama-
noir , le tamandua et le petit fourmi-
? Tome Lx, pl. XXX VIT, fe. 2; et pl. XL,
fig. x.
2 Planche XXX VIT, no 2,
3 Tome IV, page gr.
168 HISTOIRE NATURELLE
lier ; donc tout ce que dit ici M. Vosmaër.
ne fait rien contre ce que J'ai avancé ;
puisque ce que J'ai avancé se réduit à ce
que le tamanoir , le tamandua et le four-
milier ne se trouvent qu’en Amérique ,
gt non dans l’ancien continent. Cela est
si positif, que M. Vosmaër ne peut rien
y opposer. Si le myrmécophage de Seba
(planche XXXVITI, fig. 2) se trouve eu
Afrique , cela prouve seulement que Seba
s’est trompé en l'appelant 72yrmécophage
d'Amérique ; mais cela ne prouve rien
contre ce que j'ai avancé, et je persiste,
avec toute raison, à soutenir que le
tamanoir, le tamandua et le fourmilier
ne se trouvent qu’en Amérique, et point
en Afrique. |
‘D'ES TA T O0 Us:
Nous avons donné * la gravure d’une
dépouille d’encoubert, ou tatou à six
bandes mobiles; nous n'avons pu alors
nous procurer l'animal entier : il nous est
* Tome [V, planche XV.
fi
ee
Zom 11. PL.22.Lug.168.
LE TATOU A LONGUE QUEUE .
Paques
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D #:1-DÉS TATOLS: :: 169 .
‘arrivé depuis, et nous en donnons ici
la figure dessinée d’après nature vivante
par M. de Sève ;:qui m'a remis en même
temps la description suivante.
\
4
« L' encoubert mâle a ‘quatorze pouces
de longueur sans la queue. Il est assez
bn Ibrie à la description qui se trouve
dans l’ Histoire naturelle ; mais il est bon
d'observer qu'il est dit dans cette descrip-
tion que le bouclier des épaules est formé
par cinq bandes ou rangs parallèles de
petites pièces à cinq angles avec un ovale
dans chacune. Je pense que cela varie ;
car celui que J'ai dessiné a le bouclier des
épaules composé de six rangs parallèles,
dont les petites pièces sont des Heron
irréguliers. Le bouclier de la croupe a dix
rangs parallèles , composés de petites
pièces droites, qui forment comme des
quarrés; les rangs qui appr ochent de l’ex-
trémité vers la queue, perdent la forme
quarrée et deviennent plus arrondis. La
queue, qui à été coupée par le bout, .a
actuellement quatre pouces six lignes; Je
J'ai faite dans Ie dessin de Six pouces, parce
19 a
vo HISTOIRE NATURELLE
qu’elle a quinze lignes de diamètre à son
origine, et six lignes de diamètre au bout.
coupé. En marchant , il porte la queue
haute et un peu courbée. Le troncon est
revêtu d’un têt osseux comme sur le
corps : six bandes inégales par gradation
commencent ce tronçon ; elles sont com-
posées de petites pièces hexagones irré-
gulières. La tête a trois pouces dix lignes
de long , et les oreilles un pouce trois
lignes. L'œil, au lièu d’être enfoncé ,
comme il est dit dans l’Afstoire naturelle,
est, à la vérité, très-petit; mais le globule
est élevé et très-masqué par les paupières :
qui le couvrent. Son corps est fort gras,
et la peau forme des rides sous le ventre;
il y a sur cette peau du ventre nombre
de petits tubercules , d’où partent des
poils blanes assez longs , et elle ressemble
à celle d’un dindon plumé. Le tét , sur
la plus graude largeur du corps, a six
pouces sept lignés. La jambe de devant
a deux pouces deux lignes ; celle de der-
rière, trois pouces quatre lignes. Les ongles
de la patte de devant sont très-longs : le
plus grand a quinze lignes, celui de côté
D
+ DE6 TATOGUS. 7x
quatorze lignes, le plus petit dix lignes;
les ongles de la patte de derrière ont au
plus six lignes. Les jambes sont couvertes
d’un cuir écailleux Jaunâtre jusqu'aux
ongles. Lorsque cet animal marche, il se
porte sur le bout des ongles de ses Hottes
de devant. Sa verge est fort longue : en
la tirant, elle a six pouces sept lignes de
long sur près de quatre lignes de gros-
seur en repos ; ce qui doit beaucoup
augmenter dans l'érection. Quänd cette
verge s’alonge d'elle-même , elle se pose
sur le ventre en forme de limacon , lais-
sant/environ une ligne ou deux d’espace
dans les circonvolutions. On m'a dit que
quand ces animaux veulent s’accoupler,
la femelle se couche sur le dos pour re-
cevoir le mâle. Celui dont il est ques-
tion n’étoit âgé que de dix-huit mois. »
M. de la Borde rapporte dans ses obser-
yations qu'il se trouve à la Guiane deux
espèces de tatous : le tatounoir, qui peut
peser dix-huit à vingt livres, et qui est le
plus grand; l’autre, dont la couleur est
brune, ou plutôt gris-de-fer, a trois griffes
172 HISTOIRE NATURELLE
plus longues les unes que les autres; sa
queue est mollasse, sans cuirasse, cou-
verte d'une simple peau sans écaille : il
est bien plus petit que l’autre, et ne pèse
| di environ trois livres.
« Le gros tatou, dit M. de la Borde, fait
huit petits et méme jusqu’à dix, dans des
trous qu’il creuse fort profonds. Quand
on veut le découvrir, il travaille de son
côté à rendre son trou plus profond, en
descendant presque perpendiculairement.
Il ne court que la nuit, mange des vers
de terre, des poux de bois et des four-
mis : sa chair est assez bonne à manger,
et a un peu du goût du cochon de lait.
Le petit tatou gris cendré ne fait que
quatre ou cinq petits; mais 1l fouille la
terre encore plüs bas que l’autre, et ïl
est aussi plus difficile à prendre : il sort
de son trou pendant le jour quand la
pluie l’inonde, autrement il ne sort que
la nuit. On trouve toujours ces tatous
seuls , et l’on connoît qu'ils sont dans
leurs trous lorsqu'on en voit sortir un
grand nombre de certaines mouches qui
\
D E S TATOUS: se
suivent ces animaux à l'odeur. Quand on
creuse pour les prendre, ils creusent aussi
de leur côté, jetant la terre en arrière,
et bouchent tellement leurs trous, qu’on
ne sauroit les en faire sortir en y faisant
de la fumée. Ils font leurs petits au com-
mencement de la saison des pluies. »
Il me paroît qu’on doit rapporter le
grand tatou noir dont parle ici M. de la
Borde, au kabassou, dont nous avons
donné la figure *, qui est en effet le plus
grand de tous les tatous; et que l’on peut
de même rapporter le petit tatou gris de
fer au tatuète, quoique M. de la Borde
dise que sa queue est sins cuirasse, ce
qui mériteroit d’être vérifié. :
__ Nous donnons encore ici la figure d’un
tatou à neuf bandes mobiles et à très-
longue queue. La description et la figure
se trouvent dans les Transactions philo-
sophiques, volume LIV, planche VIL.
M. William Watson, docteur en méde-
cine, a donné la description de ce tatou,
* Tome IV, pl. XIIT,
15
174 HISTOIRE NATURELLE. |
dont voici l’extrait. Cet animal étoit vi-
vant à Londres, chez mylord Southwell ;
il venoit d'Amérique : cependant la figure
que cet auteur en donne dans les Transac-
tions philosophiques, n’a été dessinée qu’a-
près l'animal mort, et c’est par cette rai-
son qu’elle est un peu dure et roïde ,
comme elle l’est aussi dans la DRE
que nous donnons ici. Cet animal pesoit
sept livres avoirdupois, et n'étoit que de
la grosseur d’un chat ordinaire : c'étoit
un mâle, qui avoit même assez grandi
pendant AE mois qu’il a vécu chez
mylord Southwell; on le nourrissoit de
viande et de lait; il refusoit de manger du
grain et des fruits. Ceux qui l’ont apporté
d'Amérique, ont assuré qu'il fouilloit la
terre pour s’y loger.
ADDITION A L'ARTICLE
|
DE L’UNAU «er DE L’AÏ.
« Ox connoît à Cayenne, dit M. de la
Borde, deux espèces de ces animaux,
l'une appelée paresseux honteux, l'autre
mouton paresseux : celui-ci est une fois plus
long que l’autre, et de la même grosseur ;
il a le poil long, épais et blanchâtre, pèse
environ vingt-cinq livres. Il se jette sur
les hommes depuis le haut des arbres,
mais d'une manière si lourde et si pesante,
qu'il est aisé de l’éviter. IL mange le jour
comme la nuit.
Le paresseux honteux a des taches noi-
res, peut peser douze livres, se tient tou-
jours sur les arbres, mange des feuilles
de bois canon, qui sont réputées poison.
Leurs boyaux empoisonnent les chiens
qui les mangent, et néanmoins leur chair
est bonne à manger; mais ce n’est que le
peuple qui en fait usage.
176 HISTOIRE NATURELLE
Les deux espèces ne font qu’un petit ;
qu'ils portent tout de suite sur le dos.
IL y a grande apparence que les femelles
mettent bas sur les arbres; maïs on n’en
est pas sûr. Ils se nourrissent de feuilles
‘de monbin et de bois canon. Les deux
espèces sont également communes , mais
un peu rares aux environs de Cayenne.
Ils se pendent quelquefois par leurs
grifles à des branches d'arbres qui se
trouvent sur les rivières, et alors il est
aisé de couper la branche et de les faire
tomber dans l’eau ; mais ils ne lâchent
point prise, et y restent fortement atta-
chés avec leurs pattes de devant.
Pour monter sur un arbre, cet animal
étend nonchalamment une de ses pattes
de devant, qu'il pose le plus haut qu'il
peut sur le pied de l'arbre; il s'accroche
ainsi avec sa longue griffe, lève ensuite
son corps fort lourdement , et petit à
petit pose l’autre patte, et continue de
grimper ainsi. Tous ces mouvemens sont
exécutés avec une lenteur et une non-
chalance inexprimable: Si on en élève
dans les maisons, ils grimpent toujours
DELUNAUETDE L’ATI. 77
sur quelques poteaux ou mémesur les por-
tes, et ils n'aiment pas à $e tenir à terre.
Si on leur présente un bâton lorsqu'ils
sont à terre, ils s’en saisissent tout de
suite, et montent j usqu’à l'extrémité, où
ils se tiennent fortement accrochés avec
les pattes de devant, et serrent avec tout
le corps l'endroit ou jé se sont ainsi per-
chés. Ils ont un petit cri fort plaintif et
langoureux qui ne se, fait pas entendre
de loin !. »
On voit que le paresseux mouton de
M. de la Borde est celui que nous avons
appelé vnau, et que son paresseux hon-
teux est l'aÿ, dont nous avons donné les
descriptions et les figures ? :
M. Vosmaër, habile RE et ae”
recteur des cabinets de $. À. S. M le
prince d'Orange , m’a reproché deux
choses que J'ai dites au sujet de ces ani-
maux : la première, sur la manière dont
* Extrait des observations de M. de la Borde,
médecin du roi à Cayenne.
2 Tome VI, planches V, Vlet VIT
* nl |
1478 HISTOIRE NATURELLE.
ils se laissent quelquefois tomber d’un
arbre. Voici les expressions de M.Vosmaër.
« On doit absolument rejeter le rapport
de M. de Buffon, qui prétend que ces
animaux (l’unau et l’aï), trop lents pour
descendre de l'arbre, sont obligés de se
laisser tomber comme un bloc lorsqu'ils
veulent être à terre *.
Cependant je n'ai avancé ce fait que
sur le rapport de témoins oculaires, qui
m'ont assuré avoir vu tomber cet animal
quelquefois à leurs pieds ; et l’on voit que
le témoignage de M. de la Borde, médecin
es
du roi à Cayenne, s'accorde avec ceux
qui m'ont raconté le fait, et que par
conséquent l’on ne doif pas, comme le
dit M. Vosmaër, absolument rejeler mo
rapport à cet Fa
Le second Ge est mieux fondé.
J'avoue très-volontiers que j'ai fait une
méprise lorsque j'ai dit que l’unau et l'aï
n’avoient pas de dents, et Je ne sais point
* Description d'un paresseux pentadactyle de
Bengale; Amsterdam , 1767 ; page 5.
DE L’UNAU ET DE L’AIL 17
du tout mauvais gré à M. Vosmaër d’avoir
-remarqué cette erreur, qui n’est venue
que d’une inattention. J'aime autant une
personne qui me relève d’une erreur,
qu’une autre qui m'apprend une vérité,
parce qu’en effet une erreur corrigée est
une vérité.
LE. K'OUTRT,
ou LE PETIT UNAU..
Noire donnons ici la figure d’un ani-
mal dont l'espèce est voisine de celle de
l'unau : il est, à la vérité, de moitié plus
petit ; mais il lui ressemble beaucoup
par la forme du corps: Cet animal a été
trouvé dans une habitation de la Guiane
françcoise; il étoit dans la basse-cour, au
milieu des poules, et il mangeoit avec
elles : c’est, dit-on, le seul individu de
cette espèce que l’on ait vu à Cayenne,
d’où il nous a été envoyé pour le Ca-
biret du roi, sous le nom de fowri; mais
nous n'avons eu aucune information sur
ses habitudes naturelles, et nous sommes
obligés de nous restreindre à une simple
description.
Ce petit unau ressemble au grand par
un caractère essentiel : il n’a, commelui,
que deux doigts aux picds de devant, au
LL.23.Lag 180
). NCL24
nd
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La
LE KOURIouLE PETIT UNAU
] Qoaugutg
HISTOIRE NATURELLE. 18$
lieu que l’aï en a trois, et par conséquent
il est d’une, espèce A éreute de celle de
l’aï ; il n’a que douze pouces, de longueur,
joue l'extrémité du nez jusqu'à l’ori-
gine de la queue, tandis que l’unau, dont
nous avons donné l’histoire et la descrip-
tion, tome VI, avoit dix- -sept. pouces si#
lignes : à SA TR ce petit unau parois-
soit être adulte. 11 a, comine le rand,
deux doigts aux. Fe de devant: et At
à ceux de derrière : mais il en diffère non
seulement par la taille, mais encore par
son poil , qui est d’un Con INUSC nuancé
de grisâtre et de fauve; et ce poil est bien
plus court et-plus terne en, couleur que
dans le grand unau; sous le ventre, il
est d’une couleur de muse clair, nuancé
de cendré,, et cette couleur s rt en
core PART sous le cou jusqu'aux
‘épaules, où il forme comme une bande
foible de fauve pâle. Les. plus grands
‘ongles de ce petit unau n’ont que neuf
lignes, tandis que ceux du grand ont un
pouce sept lignes et demie.
Nous avons eu le grand unau vivant;
MAIS , comme nous n° avons pu faire la
Quadruplaes. © X Æ 10
182 HISTOIRE NATURELLE |
deseription dü petit que d’après une peau
bourrée, nous ne sommes pas’ en état
de prononcer sur toutes les différences
qui peuvent se trouver entre ces deux
‘animaux : nous présumons néanmoins
qu'ils ne forment qu’une seule et même
espèce, dans laquelle il se trouve deux
races, l’une plus grande et l'autre plus
pétités k
J'ai dit, d’après M. de la Borde, dans
ce volume, que le paresseux qu’il nomme
znouton, se jette sur les hommes depuis le
haut des arbres; cela a été mal exprimé
par M. de la Borde. Il est certain qu’il n’at-
taque pas lés hommes; mais comme tous
les paresseux én général ne peuvent des-
cendre des arbres, ils sont forcés de se
laisser tomber, et tombent quelquefois
sur les hommes, M. de la Borde, dans ses
nouveaux mémoires, indique quatre es-
pèces de parésseux; savoir, le paresseux
cabri, le paresseux mouton, le paresseux
dos brilé, et le nouveau paresseux que
nous venons d'appeler fouri. Comme il
ne donne point la description exacte de
ces quatre espèces, nous ne pouvons les
Nan DK OUR 108
comparer avec celles que nous connois-
sons ; nous présumons seulement que son
paresseux cabri et son paresseux mouton
sont notre aï et notre unau. Il nous a
envoyé une peau qui nous paroît être
celle de sôn paresseux dos brûlé, mais
qui n’est pas assez bien conservée pour
que nous puissions juger si elle vient d’un
animal dont l'espèce soit différente &e
celle dé l'ai, à laquelle cette peau nous
paroît. édeath ler ne Le Re de
l'unau.
LE COCHON DE TERRE.
Nous avons:dit et répété souvent.qu'au-
cune espèce des animaux. de l'Afrique me
s'est trouvée dans l'Amérique méridio-
nale, et que réciproquement aucun des
animaux de cette partie dé l'Amérique
ne s’est trouvé dans l’ancien Continent.
L'animal dont il.est ici question ,: à pu
induire en erreur des observateurs peu
attentifs, tels que M. Vosmaër : mais on
va voir par sa description et par la com-
paraison de sa figure avec celle des four-
miliers d MnerTERe qu'il est d’une es-
pèce très-diférente, et qu'il n’a guère
d’autres rapports avec eux que d'etre
de même privé de dents, et d'avoir une
langue assez longue pour l’introduire
dans les fourmilières. Nous avons donc
adopté le nom de cochon de terre, que
Kolbe donne à ce mangeur de fourmis,
de préférence à celui de fourmilier, qui
doit être réservé aux mangeurs de four-
mis d'Amérique, puisqu’en effet cet ani:
LE COCHON DE TERRE.
{PPatquet À
HISTOIRE NATURELLE. 3:95
mal d'Afrique en diffère essentiellement
par l'espèce, et même par le genre. Le
nom de cochon de terre est relatif à ses
habitudes naturelles et même à sa forme,
et c’est celui sous lequel il est commu-
nément connu dans les terres du Cap.
Voici la description que M. Allamand a
faite de cet animal'dans le nouveau sup-
plément à mon ouvrage.
« M. de Buffon semble avoir épuisé tout
ce qu’on peut dire sur les animaux man-
geurs de fourmis : l’article qu’il en a dres-
sé *, doit lui avoir coûté beaucoup de
peine, tant à cause des recherches qu'il
a dû faire de tout ce qui a été dit de ces
animaux , que de la nécessité où il a été
de relever les fautes de ceux qui en ont
parlé avant lui, et particulièrement de
Seba. Celui-ci ne les a pas seulement mal
décrits, mais 1l a encore rangé parmi eux
üun animal d'un genre très-différent,
M. de Buffon, après avoir dissipé Ja
confusion qui régnoit dans l’histoire de
* Tome IV, page 84. à
186 HISTOIRE NATURELLE
ces animaux, n’admet que trois espèces
de mangeurs de fourmis, le tamanoir,
le tamandua , et celui auquel il a con-
servé le nom de fourmilier : mais ensuite
il a donné la description d’un animal qui
semble être une nouvelle espèce de ta-
mandua, plutôt qu’une simple variété;
enfin il conclut de tout ce qu'il a dit, que
les mangeurs de fourmis ne se donné
que dans les pays chauds de l’Améri ique,
et qu'ils n'existent pas dans l’ancien con-
tinent. Il est vrai que Desmarchais et
Kolbe disent qu’il y en a en Afrique:
mais le premier affirme simplement la
chose, sans en rien dire de plus, ni sans
en apporter aucune preuve; quant à
Kolbe, son témoignage est si suspect,
que M. de Buffon a été très-autorisé à
n’y pas ajouter foi. J'ai pensé comme lui
au sujet de Kolbe, et Je n'ai point cru
qu'il y eût des mangeurs de fourmis en
Afrique : mais M. le capitaine Gordon m'a
tiré de l'erreur où J'étois; il m'a envoyé
la dépouille d’un de ces animaux tué au
cap de Bonne-Espérance, où ils sont
connus sous le nom de cochons de terre;
Lé
DU COCHON DE TERRE. z07
‘c’est précisément celui que Kolbe leur
donne : ainsi Je lui fais réparation d’a-
voir révoqué ici en doute sa véracité, €t
je suis persuadé que M. de Buffon lui
. rendra la même Justice. Il est vrai que
M. Pallas a confirmé le témoignage de
Kolbe par ses propres observations ; 1l
a donné la description d’un. fœtus de
mangeur de fourmis, envoyé du cap de
Bonne -Espérance au cabinet de S. A. S.
Mer le prince d'Orange : mais un fœtus,
dénué de son poil, étoit peu propre à
donner une Juste idée de l'animal dont
1l tiroit son origine, et il pouvoit avoir
été envoyé d’ailleurs au Cap; cependant
le nom de cochon, par lequel on l’avoit
désigné, a commencé à me faire reyeniw
de mon préjugé contre Kolbe.
J'ai fait remplir la peau que M. Gordon
m'a envoyée, ce qui m'a très-bien réussi ;
et c'est d’après cette peau bourrée que
J'ai fait graver la figure. Si l'on doit ap-
peler #zangeur de fourmis un animal qui
n'a point de dents, et qui a üne langue
fort longue qu'il enfonce dans les four-
milières pour avaler entuite les fourmis
188 HISTOIRE NATURELLE
qui s’y attachent, on ne peut pas douter
que celui qui est représenté ici n’en mé-
rite le nom; cependant il diffère très-fort
des trois espèces décrites par M. de Buffon,
et que je crois, avec lui, être particulières
à l'Amérique. |
Il est à peu près aussi gros et aussi grand
que le tamanoir, comme on Île verra par
les dimensions que J'en donnerai. Les
poils qui couvrent sa tête, le dessus de
son corps et sa queue, sont très-courts,
et tellement couchés et appliqués sur sa
peau, qu'ils semblent y être collés ; leur
couleur est d’un gris sale, un peu appro-
chant de celui du lapin, mais plus obscur:
sur les flancs et sous le ventre, ils sont
plus longs et d’une couleur roussâtre ;
ceux qui couvrent les Jambes sont aussi
beaucoup plus longs, ils sont tout-à-fait
noirs et droits. fs
Sa téte:est presque un cône tronqué, un.
peu comprimé vers son extrémité ; ‘elle
est terminée par un plan ou plutôt par
un boutoir, tel que celui d’un cochon,
dans lequel sont les trous des narines, et
qui avance de près d’un pouce au-delà de
LÉ
DU COCHON DE TERRE. 189
la mâchoire inférieure; celle-ci est très-
petite. Sa langue est longue, fort mince
et plate, mais plus large que dans les
autres mangeurs de fourmis, qui l'ont
presque cylindrique ; il n’a absolument
aucune dent. Ses yeux sont béaucoup
plus près des oreilles que du museau;
ils sont assez grands, et, d'un angle à
l’autre, ils ont un pouce de longueur.
Ses oreilles, assez semblables à celles’ des
‘cochons, s'élèvent à la hauteur de six
pouces, et se terminent en pointe; elles
sont formées par une membrane présque
‘aussi mince que du parchemin, et cou-
vertes de poils à peine remarquables, tant
ils sont courts. J'ignore si dans l’animal
vivant elles sont pendantes comme dans
les tamanduas : M. Pallas dit qu'elles le
sont; mais il en Juge d’après celles du
fœtus, où leur longueur doit leur faire
prendre cette position , sans qu’on en
doive conclure qu’elles l’aient dans l’a-
nimal lorsqu'il est hors du ventre de sa
mère. Sa queué surpasse le tiers dé là
longueur de tout le corps; ellé’ést fort
grosse à son origine ; et va en diminuant
x90 HISTOIRE NATURELLE
jusqu’à son extrémité. Ses pieds de devant
ont quatre doigts, ceux de derrière en
ont cinq, tous armés de forts ongles,
dont les plus longs sont aux pieds posté-
rieurs, car ils igalent en longueur les
doigts mêmes; ils ne sont pas pointus,
mais aixgondis à leur extrémité, un peu
recourbés et propres à creuser la terre.
Il ne paroît pas qu'il puisse s'en servir
pour saisir fortement , ou pour se dé-
fendre | comme les autres mangeurs de
fourmis ; cependant il doit avoir beau-
coup de force dans ses jambes, qui sont
très - grosses nropor Ann EN ENeEnS à son
corps. |
On voit, par cette Fa que cet
animal es très-différent du tamanoir par
son poil, sa couleur, sa tête et sa queue:
il surpasse aussi fort en grandeur le ta-
mandua, dont il diffère de même par son
pelage, par sa couleur et par ses ongles ;
je ne dis rien de sa différence avec le
fourmuilier., avec UN ou ne le
confondra. Il appartient donc à une qua-
trième espèce inconnue jusqu’à présents
et tout ce que j'en sais de certain, c'est
“
L
\
DU COCHON DE TERRE. 107
que cet animal fourre sa langue dans les
fourmilières , qu’il avale les fourmis qui
s’y attachent, et qu’il se cache en terre
dans des trous. Quoiqu'il ait une queue
qui ressemble un peu à celle du taman-
dua, Je doute qu'il s’en serve, comme
lui, pour se suspendre à des branches
arbre: elle ne me paroît pas, pour
cela, assez flexible, et les ongles ne sont
pas faits pour grimper.
Comme je l’ai déja dit, on lui donne
au Cap le nom de cochon de terre; mais il
ressemble au cochon, et cela encore très-
imparfaitement, uniquement par sa tête
alongée, par le boutoir qui la termine,
et par la longueur de ses oreilles : d’ail-
leurs il en diffère essentiellement par les
dents qu’il n’a pas, par sa queue, et prin-
cipalement par ses pieds, aussi-bien que
par la conformation de tout son corps.
Au défaut de bonnes autorités sur ce
qui regarde ce mangeur de fourmis ( car
c’est le nom que je crois devoir lui don-
ner, pour le distinguer des trois espèces
décrites par M. de Buffon }, Je mettrai icz
r92 HISTOIRE NATURELLE
en note ce que Kolbe en! a dit * : il a été
plus exact dans la description qu’il en a
* La quatrième espèce des cochons se nomme
le cochon de terre. Il ressemble très-fort aux co-
chons rouges (pourquoi aux cochons rouges ? 1l
ne leur ressemble pas plus par la couleur qu'aux
autres); 1l a seulement la tête plus longue et le
groin plus pointu ; il n’a absolument point de
dents, et ses soies ne sont pas si fortes. Sa langue
est longue et affilée; sa queue est longue; 5l a
aussi les jambes longues et fortes. La terre lui sert
de demeure ; 1l s’y creuse une grotte, ouvrage
qu’il fait avec beaucoup de vivacité et de promp-
titude ; et s’il a seulement la tête et les pieds de
devant dans la terre, il s’y cramponne si bien, que
l’homme lé plus robuste ne sauroit l’en arracher.
Lorsqu'il à faim, ïl va chercher une fourmi=
lière; dès qu’il à fait cette bonne trouvaille, il re-
garde tout autour de lui, pour voir $i tonL'est tran-
quille, et sil n’y a point de danger; il ne mange
jamais sans avoir pris cette précaution : alors ilse
couche, et, plaçant son groin tout près de la four-
milière!, 1] tire la langue tant qu’il peut, les fourmis
montent déssus en foule, et, dès qu’elle est bien
couverte, il la retire et les gobe toutes. Ce jeu se
recommence plusieurs foïs, et jusqu’à ce qu'il soit
3
DU COCHON DE TERRE, x93
faite, qu'il ne l’est ordinairement. Voici
ses dimensions: »
| pieds. pouces. lignes.
Longueur du corps, depuis le |
bout du museau jusqu’à l’ori-
sineide la queue....,....53 Ghibielss
Circonférence du milieu du corps 2 SAM »
Longueur de la tête.......... » IX 2
Sa circonférence entre les yeux et 4
ep AN PEN EE AP Ed eee 5 >
— près du bout du museau.... 7 »
Longueur des oreilles....:..... 6
rassasié. Afin de lui procurer plus aisément cette
nourriture, la Nature, toute sage, a fait en sorte
que la partie supérieure de cette langue, qui doit
recevoir les fourmis, est toujours couverte et éomme
enduite: d’une matière visqueuse et gluante, qui
empêche ces foibles animaux de s’en retourner,
lorsqu’une fois leurs jambes y sont empêtrées ; c’est
Jà leur manière de manger. Ils ont la chair de fort
bon goût et très-saine. Les Européens et les Hot-
tentots vont souvent à la chasse de ces animaux :
rien nest plus facile que de les tuer; 1l ne faut
que leur donner un petit coup de bâton sur la tète.
( Description du cap de Bonne-Espérance, par
Kolbe, volume IIT, page 43.)
17
/
194 HISTOIRE NATURELLE.
Longueur des yeux mesurée d’un
ansle à. Pautre. ns re
Distance des yeux aux oreilles. .
Distance des yeux au bout du
MOSQU . à 0e à de
Distance entre les deux yeux en
Gene Aro Le ie sa
Longueur de Ja queue........
Sa circonférence près de l’anus.
7 ptèende l'extrémité... 1.
_ Longueur des jambes de devant.
Sa circonférence près du corps.
DITES du poienei:.. PES
Longueur des jambes de derrière
Leur circonférence près du corps
Re près CE talon EU SSSR
>»
2 :
pieds. pouces, lignes.
Distance entre leurs bases...
»
Po MIT OA L OT ZT
1
1 Pour S. |
DU RATON-CRABIER.
Nous donnons ici la figure d’un animal
qui nous a été envoyé de Cayenne par
M. de la Borde ,; sous la dénomination
impropre de chien-crabier, et qui n’a
d'autre rapport avec le crabier que l’ha-
bitude de manger également des crabes:
mais il tient beaucoup du raton par la
grandeur, la forme et les proportions de
la tête, du corps et de la queue; et
comme nous ignorons le nom qu'il porte
dans son pays natal, nous lui donnerons,
en attendant que nous en soyons infor-
més, la dénomination de raton-crabier,
pour.le distinguer et du raton et du cra-
bier,. dont nous avons donné les figures *,
Cet animal a été envoyé de Cayenne
avec le nom et l'indication suivante :
_ Chien-crabier adulte, femelle prise nour-
We Tome. Il, planche IV, et dans œ volume,
planche XVIIL.
596 HISTOIRE NATURELLE
rissant, trois petits. Mais, comme nous
venons de le dire, il n’a nul rapport
apparent avec le crabier; il n’en a àüi la
forme du corps, ni la queue écailleuse.
Sa longueur, depuis le bout du museau
jusqu’à l’origine de la queue, est de
vingt-trois pouces six lignes, et par
conséquent elle est à peu près égale à
celle du raton, qui est de vingt-deux
pouces six lignes; les autres dimensions.
sont proportionnellement les mêmes entre
ces deux animaux, à l’exception de la
queue, qui est plus courte et beaucoup
plus mince dans cet animal que celle du
raton. si A
La couleur de ce raton-crabier est d’un:
fauve melé de noir et de gris : le noir do-
mine sur la tête, le cou et le dos; mais
le fauve est sans mélange sur les côtés du
cou et du corps : le bout du nez ef les
naseaux sont noirs. Les plus grañds poils
des moustaches ont quatre poüces de
longueur, et ceux du dessus de l’angle
des yeux ont deux pouces deux lignes.
Une bande d’un brun noirâtre environne
les yeux , et s'étend presque jusqu'aux
DU RATON-CRABIER: 197
oreilles ; elle passe sur le museau , se pro-
longe et s’unit au noir du sommet de la
tête. Le dedans des oreilles est garni d’un
poil blanchâtre, et une bande de cette
même couleur règne au-dessus des yeux,
et 1l y a une tache blanche au milieu du
front ; les joues, les mâchoires, le dessous
du cou, de la poitrine et du ventre, sont
d’un blanc jaunâtre ; les jambes et les
pieds sont d’un brun noirâtre, celles de
devant sont couvertes d’un poil court;
les doigts sont longs et bien séparés les
uns des autres. La queue est environnée
de six anneaux noirs, dont les intervalles
sont d'un fauve grisûtre ; ce qui établit
encore une différence entre cet animal
et le vrai raton, dont la queue longue,
grosse et toufflue, est seulement annelée
sur la face supérieure. Ces deux espèces
de raton diffèrent encore entre elles par
la couleur du poil , qui dans le raton est,
sur le corps , d’un noir mélé de gris et
de fauve pâle, et sur les jambes, de cou-
leur blanchâtre, au lieu que dans celui-ci
il est d’un fauve mêlé de noir et de gris
sur le corps, et d’un brun noirâtre sur les
17
198 HISTOIRE NATURELLE.
jambes. Ainsi, quoique ces deux animaux
aient us. rapports entre eux, leurs
différences nous paroissent shiidantes
pour en faire deux espèces distinctes.
DU COATI.
Qurrours personnes qui ont séjourné
dans l'Amérique méridionale, m'ont in-
formé que les coatis produisent ordinaire-
ment trois petits, qu'ils se font des ta-
nières en terre comme des renards, que
leur chair a un mauvais goût de venai-
son, mais qu'on peut faire de leurs peaux
d’assez belles fourrures. Ils m’ont assuré
que ces animaux s’apprivoisent fort aisé-
ment, qu'ils deviennent même très-cares-
sans , et qu'ils sont sujets à manger leur
queue, ainsi que les sapajous, guénons,
et la plupart des autres animaux à longue
queue des climats chauds. Lorsqu'ils ont
pris cette habitude sanguinaire, on ne
peut pas les en corriger; ils continuent
de ronger leur queue, et finissent par
mourir, quelques soins et quelque nour-
xiture qu'on puisse leur donner. Il
semble que cette inquiétude est produite
par une vive démangeaison ; mais peut-
200 HISTOIRE NATURELLE.
être les préserveroit-on du mal qu'ils se
font, en couvrant l'extrémité de la queue
avec une plaque mince de métal, comme
l’on couvre quelquefois les perroquets
sur le ventre pour les empêcher de se
déplumer.
GATE |
‘ADDITION AUX ARTICLES
DE L’AGOUTI, DU PACA,
Er DE L’ACOUCHI.
f
D'Æ'L" A GOIU TL
Novs avons peu de chose à ajouter à
ce que nous avons dit de l’agouti*. M. de
la Borde nous écrit seulement que c’est
le quadrupède le plus commun de la
Guiane ; tous les bois en sont pleins,
soit sur les hauteurs, soit dans les plaines,
et même dans les marécages.
«Il est, dit-il, de la grosseur d’un
lièvre ; sa peau est dure et propre à faire
des empeignes de souliers qui durent très-
long-temps. Il n’a point de graisse; sa
chair est aussi blanche et presque aussi
bonne que celle du lapin , ayant le même
goût et le même fumet. Vieux ou jeune ,
la chair en est toujours tendre ; mais ceux
* Tome IIT, page 78.
202 HISTOIRE NATURELLE
du bord de la mer sont les meilleurs. On
les prend avec des trappes , on les tue à
l'affût, on les chasse avec des chiens; les
Indiens et les Nègres, qui savent les sif-
ler, en tuent tant qu'ils veulent. Quand
ils sont poursuivis, ils se sauvent à l’eau,
ou bien ils se cachent , commeles lapins,
dans des trous qu’ils ont creusés , ou dans
des arbres creux. Ils mangent avec leurs
pattes comme les écureuils ; leur nourri-
ture ordinaire , et qu'ils cachent souvent
en terre pour la retrouver au besoin ; sont
des noyaux de maripa, de tourlouri, de
corana , etc. ; et lorsqu'ils ont caché ces
noyaux , ils les laissent quelquefois six
mois dans la terre sans y toucher. Ils peu-
plent autant que les lapins; ils font trois
ou quatre petits , et quelquefoiscinq , dans
toutes les saisons de l’année. Ils n’habitent
pas en nombre dans le même trou ; on
les y trouve seuls , ou bien la mère avec
ses petits. Ils s’apprivoisent aisémént et
mangent à peu près de tout; devenus
domestiques , ils ne vont pas courir loin,
et reviennent à la maison vélontiers : ce-
pendant ils conservent un peu de leur
Zorr 11 :
Piquet de
DE L’'AGOUTI. 203
humeur sauvage. En général, ils restent
dans leurs trous pendant la nuit, à moins
qu'il ne fasse clair de lune; mais ils cou-
rent pendant la plus grande partie du
Jour ; et il ÿ à de certaines contrées,
comme vers l'embouchure du fleuve des
Amazonces , où ces animaux sont si nom-
breux , qu’on les rencontre fréquemment
par vingtaines. »
DU PACA.
Comme nous n'avons donné * que la
figure dessinée sur un très-Jeune paca,
qui n’avoit pas encore pris la moitié de
son accroissement, et qu’il nous est arrivé
un de ces animaux vivant qui étoit déja
plus grand que celui que nous avons
décrit, je l'ai fait nourrir dans ma mai-
son , et depuis Le mois d’août dernier 1774,
jusqu’à cé jour 28 mai 1775 , il n’a cessé
de grandir assez considérablement. J'ai
donc cru devoir le faire.dessiner et en
donner la figure , avec les observations
* Tome 1V, pl. XVI.
204 HISTOIRE NATURELLE
que l’on a faites sur sa manière de vivre:
Le sieur Trécourt les a rédigées: avec
exactitude , et Je vais en donner ici l’ex-
trait. . ë
On a fait construire pour cet animal
une petite loge en bois, dans laquelle il
demeuroit assez tranquille pendant le
jour, sur-tout lorsqu'on ne le laissoit pas
manquer de nourriture ; 1l semble même
affectionner sa retraite tant que le Jour
dure, car il s'y retire de lui-même après
avoir mangé : mais, dès que la nuit vient,
il marque le desir violent qu’il a de sortir
en s’agitant continuellement et en dé-
chirant avec les dents les barreaux de sa
prison ; chose qui ne lui arrive Jamais
pendant le jour , à moins que ce ne soit.
pour faire ses besoins : car non seulement
il ne fait jamais, mais même il ne peut
souffrir aucune ordure dans sa petite
demeure ; il va, pour faire les siennes,
au plus loin qu'il peut. Il jette souvent.la
paille qui lui sert de litière, dès qu’elle a
pris de l’odeur, comme pour en demander
de nouvelle; il pousse cette vieille paille
dehors avec son museau, et va chercher
DU PACA. | 205
du linge et du papier pour la remplacer.
Sa loge n’étoit pas le seul endroit qui
parût lui plaire ; tous les recoins obscurs
sembloient lui convenir : il établissoit
souvent un nouveau gîte dansles armoires
qu’il trouvoit ouvertes, ou bien sous les
fourneaux de l’office etde la cuisine ; mais
auparavant il s’y préparoit un lit ; et
quand il s’étoit une fois donné la peine
de s’y établir , on ne pouvoit que par
force le faire sortir de ce nouveau domi-
cile. La propreté semble être si naturelle
à cet animal , qui étoit femelle, que, lui
ayant donné un gros lapin mâle, dans le
temps qu’elle étoit en chaleur ,#pour ten-
ter leur union, elle le prit en aversion au
moment qu'il fit ses ordures dans leur
cage commune. Auparavant elle l’avoit
assez bien recu pour en espérer quelque
chose ; elle lui faisoit même des avances
très-marquées en lui léchant le nez, les
oreilles et le corps ; elle lui laissoit même
presque toute la nourriture , sans cher-
cher à la partager : mais, dès que le lapin
eut infecté la cage, elle se retira sur-le-
champ dansle fond d’une vieille armoire,
19
26 HISTOIRE NATURELLE
où elle se fit un lit de papier et de linge,
et ne revint à sa loge que quand elle la
vit nette-et libre de l'hôte mal-propre
qu'on lui avoit donné.
Le paca s'’accoutume aisément à la vie
domestique ; il est doux et traitable tant
qu'on ne cherche point à l'irriter ; il
aime qu'on le flatte, et lèche les mains
des personnes qui le caressent ; il connoît
fort bien ceux qui prennent soin de lui,
et sait parfaitement distinguer leur voix.
Lorsqu'on le gratte sur le dos, il s'étend
et se couche sur le ventre; quelquefois
même il s'exprime par un petit cri de
reconnoissance , et semble demander que
lon continue. Néanmoins il n’aime pas
qu’on le saisisse pour le transporter, et il
fait des efforts très-vifs et très - réitérés
pour s'échapper.
Il a les muscles très-forts et le corps
massif ; cependant il a la peau si sensible,
que le plus léger attouchement suffit pour
lui causer une vive émotion. Cette grande
sensibilité |, quoiqu'ordinairement , ac-
compagnée de douceur , produit quelque-
fois des accès de colère lorsqu'on le con-
DU PACA. 207
trarie trop fort ou qu'il se présente un
objet déplaisant : la seule vue d’un chien
qu'il ge connoît pas, le met de mauvaise
humeur ; on l’a vu, renfermé dans sa
loge, en mordre la porte et faire en sorte
de l'ouvrir, parce qu’il venoit d'entrer un
chien étranger dans la chambre. On crut
d’abord qu’il ne vouloit sortir que pour
faire ses besoins ; mais on fut assez surpris,
lorsqu'étant mis en liberté il s’'élanea tout
d’un coup sur le chien, qui ne lui faisoit
aucun mal, et le mordit assez fort pour
le faire crier : néanmoins il s’est accoutu-
mé en peu de Jours avec ce même chien.
Il traite de même les gens qu'il ne connoît
pas et qui le contrarient ; mais il nemord
jamais ceux qui ot soin de lui. Il n’aime
pas les enfans, et il les poursuit assez vo-
lontiers. Il manifeste sa colère par une
espèce de claquement de dents et par un
grognement qui précède toujours sa pe-
tite fureur.
Cet animal se tient souvent debout,
c’est-à-dire , assis sur son derrière, et quel-
quefois il demeure ässez long-temps dans
cette situation ; 1l a l’air de se peigner la
208 HISTOIRE NATURELLE
tête et la moustache avec ses pattes, qu'il
lèche et humecte de salive à chaque fois ;
souvent il se sert de ses deux pattes à la
fois pour se peigner ; ensuite il se gratte
le corps jusqu'aux endroits où il peut
atteindre avec ces mêmes pattes de de-
vant; et pour achever sa petite toilette,
il se sert de celles de derrière, et se
gratte dans tous les autres endroits qui
peuvent être souillés.
C’est cependant -un animal d’une grosse
corpulence, et qui ne paroît ni délicat,
ni leste , ni léger ; il est plutôt pesant et
lourd , et ayant à peu près la démarche
d’un petit cochon. Il court rarement,
lentement et d'assez mauvaise grace; il
n’a de mouvemens vifs que pour sauter,
tantôt. sur les meubles et tantôt sur les
choses qu'il veut saisir où emporter. Il
ressemble encore au cochon par sa peau
blanche, épaisse, et qu’on ne peut tirer
ni pincer , parce qu’elle est adhérente à la
chair.
Quoiqu'il n’ait pas encore pris son en-
tier accroissement , il a déja dix -huit
pouces de longueur dans sa situation na
DU PACA. 26)
turelle et renflée ; mais, lorsqu'il s'étend,
il a près de deux pieds depuis le bout du
museau Jusqu'à l'extrémité du corps, au
lieu que le paca dont nous avons donné la
description ( tome IV), n’avoit que sept
pouces cinq lignes ; différence qui ne pro-
vient néanmoins que de celle de l’âge,
car du reste ces deux animaux se res-
semblent en tout.
La hauteur prise aux Jambes de de-
vant dans celui que nous décrivons ac-
tuellement étoit de sept pouces, et cette
hauteur prise aux Jambes de derrière
étoit d'environ neuf pouces et demi, en
sorte qu’en marchant son derrière paroît
toujours bien plus haut que sa tête. Cette
partie postérieure du corps, qui est la plus
élevée , est aussi la plus épaisse en tout
sens ; elle a dix-neuf pouces et demi de
circonférence , tandis que la partie anté-
rieure du corps n’a que quatorze pouces.
Le corps est couvert d’un poil court,
rude et clair - semé , couleur de terre
d'ombre et plus foncé sur le dos: mais le
ventre, la poitrine , le dessous du cou et
les parties intérieures des Jambes , sont au
18
210 HISTOIRE NATURELLE
contraire couverts d’un poil blanc sale:
et ce qui le rend très-remarquable , ce
sont cinq espèces de bandes longitudinales
formées par des taches blanches, la plu-
part séparées les unes des autres. Ces cinq
bandes sont dirigées le long du corps, de
manière qu’elles tendent à se rapprocher
les unes des autres à leurs extrémités.
La tête, depuis le nez Jusqu'au sommet
du front, a près de cinq pouces de lon-
gueur , et elle est fort convexe; les yeux
sonÿ gros, saillans et de couleur bru-
nâtre , éloignés l’un de l’autre d'environ
deux pouces. Les oreilles sont arrondies ,
et n’ont que sept à huit lignes de lon-
sueur , sur une largeur à peu près égale
à leur base : elles sont plissées en forme
de fraise , et recouvertes d’un duvet très-
fin, presque insensible au tact et à: œil,
Le bout du nez est large, de couleur
presque noire , divisé en deux comme
celui des lièvres ; les narines sont fort
grandes. L'animal a beaucoup de force
et d'adresse dans cette partie ; car nous
l'avons vu souvent soulever avec son nez
la porte de sa loge, qui fermoit à cou-
: DU PACA. 211
lisse. La mâchoire inférieure est d’un
pouce plus courte et moins avancée que
la mâchoire supérieure, qui est beaucoup
plus large et plus longue. De chaque côté
et vers le bas de la mâchoire supérieure,
il règne une espèce de pli longitudinal
dégarni de poil dans son milieu , en sorte
que l’on prendroit, au premier coup
d'œil , cet endroit de la mâchoire pour
la bouche de l'animal en le voyant de
côté; car sa bouche n’est apparente que
quand elle est ouverte , et n’a que six
ou sept lignes d'ouverture : elle n’est
éloignée que de deux ou trois lignes des
plis dont nous venons de parler.
| Chaque mâchoire est armée en devant
de deux dents incisives fort longues,
Jaunes comme du safran , et assez fortes
pour couper le bois. On a vu cet animal,
en une seule nuit, faire un trou dans une
des planches de sa loge, assez grand pour
ÿ passer sa tête. Sa langue est étroite,
épaisse et un peu rude. Ses moustaches
sont composées de poils noirs et de poils
blancs , placés de chaque’côté du nez, et
il a de pareilles moustaches plus noires ,
:
|
212 HISTOIRE NATURELLE
mais moins fournies, dechaque côté de Ta
tête au-dessous des oreilles. Nous n’avons
pu voir ni compter les dents machelières,
par la forte résistance de l'animal.
Chaque pied, tant de devant que de
derrière , a cinq doigts , dont quatre sort
armés d'ongles longs de cinq ou six
lignes. Les ongles sont couleur de chair :
mais il ne faut pas regarder cette couleur
comme un caractère constant ; Car , dans
plusieurs animaux , et particulièrement
dans les lièvres, on trouve souvent les
ongles noirs , tandis que d’autres les ont
blanchâtres ou couleur de chair. Le cin-
quième doigt, qui est l’interne, ne paroît
que quand l'animal a la jambe levée, et
n'est qu'un petit éperon fort court. Entre
les jambes de derrière , à peu de distance
des parties naturelles , se trouvent deux
mamelles de couleur brunâtre. Au reste,
quoique la queue ne soit nullement ap-
parente , on trouve néanmoins , en la
recherchant, un petit bouton de deux où
trois lignes de longueur, qui paroît en
être l'indice.
Le paca domestique mange de tout ce
MUIPAC ANT 213
qu’on veut lui donner, et il paroît avoir
un très-grand appétit. On le nourrissoit
ordinairement de pain ; et soit qu’on le
trempât dans l'eau, dans le vin et même
dans du vinaigre, il le mangeoit égale-
ment: mais le sucreet les fruits sont si fort
de son goût, que lorsqu'on lui en pré-
sentoit , il en témoignoit sa Joie par des
bonds et des sauts. Les racines et les lé-
gumes étoient aussi de son goût; il man-
geoit également les navets, le céleri, les
oignons, et même l'ail et l’échalote. IL
ne refusoit pas les choux ni les herbes,
même la mousse et les écorces de bois ;
nous l’avons souvent vu manger aussi du
bois et du charbon dans les commence-
mens. La viande étoit ce qu'il paroissoit
aimer le moins; il n’en mangeoïitquerare-
ment et entrès-petite quantité. On pour-
roit aisément le nourrir de grain; car sou-
vent il én cherchoit dans la paille de sa
litière. Il boit comme le chien en soulevant
Feau avec la langue. Son urine est fort
épaisse et d’une odeur insupportable ; sa
fiente est en petites crottes, plus klongées
que celles des lapins et des lièvres,
214 HISTOIRE NATURELLE
D'après les petites observations que
nous venons de rapporter, nous sommes
très-portés à croire qu’on pourroit natu-
raliser cette espèce en France ; et comme
la chair en est bonne à manger, et que
Panimal est peu difficile à nourrir , ce
seroit une acquisition utile. Il ne paroît
pas craindre beaucoup le froid ; et d’ail-
leurs, pouvant creuser la terre , 1l s’en
garantiroit aisément pendant l'hiver. Un
seul paca fourniroit autant de bonne chère
que sept ou huit lapins. :
M. de la Borde dit que le paca habite
ordinairement le bord des rivières, et
qu'il construit son terrier de manière qu’il
peut y entrer ou en sortir par trois issues
différentes.
« Lorsqu'il est poursuivi, il se Jette
à l’eau, dit-il, dans laquelle il se plonge
en levant la tète de temps en temps ; mais
enfin, lorsqu'il est assailli par les chiens, il
se défend très-vigoureusement ». Il ajoute
« que la chair de oet animal est fort esti-
mée à Cayenne, qu’on l’échaude comme
un cochon de lait, et que, de quelque
DU PACA. bis
ianière qu’on la prépare , elle est excel=
lente.
Le paca habite seul dans son terrier, etil
n’en sortordinairement que la nuit pour
_se procurer sa nourriture. Il ne sort pen-
dant le jour que pour faire ses besoins,
car on ne trouve Jamais aucune orduré
dans son terrier; et toutes les fois qu’il
rentre, il a soin d'en boucher les issues
avec des feuilles et de petites branches.
Ces animaux ne produisent ordinairement
qu’un petit, qui ne quitte la mère que
quand il est adulte; et même, si c’est un
mâle , il ne s’en sépare qu'après s'être
accouplé avec elle. Au reste, on en con-
noît de deux ou trois espèces à Cayenne,
et l’on prétend qu'ils ne se mêlent point
ensemble. Les uns pèsent depuis quatorze
jusqu'à vingt livres, et les autres depuis
vingt-cinq à trente livres.
ne
216 HISTOIRE NATURELLE
DE L'ACOUCHE
Nous avons donné * une notice au
sujet de l’acouchi, et nous avons dit.
que c'’étoit une espèce différente de l’a- …
gouti, parce qu'il a une queue, et que
l’agouti n’en a point. Il en diffère encore
beaucoup par la grandeur , n’étant guère
plus gros qu’un lapereau de six mois. On
ne le trouve que dans les grands bois ; il
vit des mêmes fruits et il a presque les
mêmes habitudes que l’agouti. Dans les
îles de Sainte - Lucie et de la Grenade on
l'appelle agouti. Sa chair est un des meil-
leurs gibiers de l'Amérique méridionale ;
elle est blanche et a du fumet comme
celle du lapereau. Lorsque les acouchis
sont poursuivis par les chiens, ils selaissent
prendre plutôt que de se Jeter à l’eau. Ils
ne produisent qu'un petit ou deux tout
au plus {à ce que dit M. de la Borde;
inais je doute de ce fait). On les appri-
voise aisément dans les maisons. Ils ont
* Tome VII, page 337.
Zom .21. 27.260. La 200:
SE
dE
D NT up
{Dangers
DE L'ACOUCHI. oi
un petit cri qui ressemble à celui du co
chon d'Inde; mais ils ne le font entendre
que rarement. Né
Nous donnons ici la figure de cet ani-
mal, qui manquoit dans notre ouvrage,
et que nous avons fait graver d’après sa
dépouille bien conservée. MM. Aublet et
Olivier m'ont assuré qu'à Cayenne on
appelle l’agouti Ze lièvre, et l’'acouchi le
lapin , mais que l’agouti est le meilleur
à manger ; et, en parlant du gibier de ce
pays, ils m'ont dit que les tatous sont
encore meilleurs à manger, à l'exception
du tatou-kabassou , qui a une forte odeux
de musc ; qu'après les tatous, le paca est
le inoilldue gibier ; parce oh la chair en
est saine et ent ensuite l’agouti , et
enfin l’acouchi. Ils assurent aussi qu'on
mange le couguar rouge, et que cette
viande a le goût du veau. |
à
Quadrupèdes, à 2
4,
à
r
ADDITION A L'ARTICLE
DU CEONDOU ET DU TANREC.
DU COENDOU,.
Li: Guiane fournit deux espèces de coen-
dous. Les plus grands pèsent douze à
quinze livres. Ils se tiennent sur le haut
des arbres et sur les lianes qui s'élèvent
jusqu'aux plus hautes branches. Hs ne
mangent pas le Jour. Leur odeur est très-
forte, et on les sent de fort loin. Ils font
leurs petits dans des trous d'arbres, au
nombre de deux. Ils se nourrissent des
feuilles de ces arbres, et ne sont pas abso-
lument bien communs. Leur viande est
fort bonne; les nègres l’aiment autant
que celle du paca. Suivant M. de la Borde,
les deux espèces ne se mêlent pas : on ne
les trouve deux à deux que quand ils
sont en chaleur ; dans les autres temps
ils sont seuls, et les femeiles ne quittent
jamais l'arbre où elles font leurs petits.
C2
2 LE KLIPDAS.
5 T Déuguret d
on
»
HISTOTRE NATURELLE. 215,
Ces animaux mordent quand on s’y ex-
pose, sans cependant serrer beaucoup.
Ceux de la petite espèce peuvent peser
six livres. Is ne sont pas plus nombreux
que les autres. Les tigres leur font la
guerre , et on ne les trouve na à terre
peint le jour.
Nous avons parlé de ces deux espèces
de coendous *, lesquelles existent en effet
dans les cliniats chauds de ro 5 à
méridionale.
LE COENDOU A LONGUE QUEUE.
UK autre animal à piquans, qui ne nous
étoit pas connu, a été apporté de Cayenne
à Paris avec la collection de M. Malouet,
intendant de cette colonie.
_Ilest plus grand que le cocndou.
pieds. pouces, lignes,
Sa had p, du bout du museau
à l’origine de la queue, est de 2 » 6
Longueur de la queue.......,; 1x 5 6
Il est couvert de piquans noirs et blanes
à la tête, sur le corps, les Jambes et une
* Tome VI, page T4:
D
220 HISTOIRE NATURELLE
partie de la queue; et sa longue queue le
distingue de toutes les autres espèces de
ce geure. Elle n’a pas de houppe ou bou-
quet de piquans à son extrémité, comme
celle des autres porc-épics.
Le diamètre de la queue, mesurée à son
origine, est de vingt-une lignes ; elle va
en diminuant et finit en pointe. Il n’y a
sur cette queue d’autres piquans que ceux
de l'extrémité du tronc, qui s'étendent
jusqu'au milieu de la queue ; elle est noi-
râtre et couverte d’écailles depuis ce mi-
lieu Jusqu'à son extrémité; et le dessous
de cette queue jusqu’au milieu, c’est-à-
dire, jusqu’à l'endroit où s'étendent les
piquans, est couvert de petits poils d’un
brun clair. Le reste est garni d’écailles en
dessus comme en dessous.
La tête de ce coendou ressemble plus à
celle du porc-épic de Malaca qu’à toute
autre; cependant elle est un peu moins
alongée : les plus grands poils des mous-
taches, qui sont noirs, ont quatre pouces
cinq lignes de longueur.
Les oreilles nues et sans poil ont quel-
ques piquans sur le bord, Au reste, il n’a
DU COENDOU. 221
pas les piquans aussi grands que les porc-
épics d'Italie, et par ce caractère il se
rapproche du coendou. La pointe de ces
piquans est blanche, le milieu noir, et ils
sont blancs à l’origine : ainsi le blanc
domine sur le noir.
|
pieds. pouces.
Les plus longs piquans sur le
OU... 1/,. 5. D 2 8
Sur les jambes de devant...... » D | x0
Sur celles de derrière. ....... » » 10
Il y a quelques poils longs de deux
pouces et demi, interposés entre les pi-
quans sur le haut, les jambes de devant
et de derrière. |
Il n’y a point de membrane entre les
doigts des pieds de devant, qui sont au
nombre de quatre. Ceux de derrière ont
cinq doigts, mais le pouce est peu excé-
dant ; ces doigts sont couverts de poils
bruns et courts : les ongles sont bruns,
courbes et en gouttière.
C’est à ce coendou à longue queue que
nous croyons devoir rapporter ce que
M. Roume de Saint-Laurent a écrit dans
19
==
V2
222 HISTOIRE NATURELLE
les notices qu'il a bien voulu nous adresser
des objets qui composent sa riche collec-
tion d'histoire naturelle.
x A
« Ce coendou, dit-il, qui est un indi-
vidu Jeune, m'est venu de l'île de la Tri-
nité; sa longueur est d'environ un pied.
La queue a dix pouces de long ; elle est
couverte de piquans sur la moitié de sa
longueur, où ils finissent en se raccour-
cissant par gradation : le reste de la
queue est recouvert par une peau grise,
remplie de rides transversales tres - près
les unes des autres, et très - profondes.
Les piquans les plus longs ont environ
deux pouces un quart; ils sont blancs à
leur origine et à leur extrémité, et noirs
au milieu. Le poilne se laisse appercevoir
que sur le ventre, où les piquans sont
* très-courts : les moustaches sont déliées,
noires, et ont environ trois pouces de
longueur. Le plus grand des ongles des
quatre doigts de devant a cinq lignes de
longueur, ceux des pattes de derrière
sont de la même longueur : il n’a que
quatre doigts onglés aux pattes de der-
LE JEUNE TANREC .
Î auquet a '
DU TANREC. 223
rière , avec un tubercule un peu plus
alongé que celui des pattes de devant.
Cet individu diffère de celui décrit dans
l'Histoire naturelle de M. de Buffon, en
ce qu'il a la queue plus longue à propor-
tion et én partie nue, qu'il n’a que quatre
doigts onglés derrière, que les ongles pa-
roissent moins grands que ceux de Pani-
mal représenté dans ce méme ouvrage,
et qu'il n’apas le corps garni de poils plus
longs que les piquans : les bouts des pi-
quans de celui-ci sont blancs, et ceux
du premier sont noirs. »
DU TANREC.
M. de Brugnières, médecin du roi, très-
habile botaniste, qui a été envoyé pour
faire des recherches d'histoire naturelle
aux terres australes en 1772, nous a
donné un petit animal que nous avons
reconnu pour être un jeune tanrec, et
que nous avons fait graver. On a vu la
figure du tanrec adulte *. La figure du
* Tome VI, planche [Y.
\
224 HISTOIRE NATURELLE.
jeune tanrec que nous donuons ici, est
de grandeur naturelle , et ne diffère de
l’autre que par sa petitesse et par trois
bandes blanchâtres qui nous paroissent
être la livrée de ce jeune animal. La pre-
mière de ces bandes s'étend depuis le mu-
seau tout le long de la tête, et continue
sur le cou et sur l’épine du dos; les deux
autres bandes sont chacune sur les flancs ;
et comme tous les autres caractères , no-
tamment la forme du museau , les longs
poils parsemés sur Île corps , la couleur
__ noire des piquans , etc. se trouvent, dans
ce petit tanrec , semblables à ceux du
grand , nous avons cru être fondés à n’en
faire qu’une seule et même espèce.
MDDILION A L'ARTICLE
DU HÉRISSON.
J'ai dit, à l’article du hérisson , que
je doutois qu'il montât sur les arbres et
qu’il emportât des fruits sur ses piquans.
Cependant quelques chasseurs m'ont as-
suré avoir vu des hérissons monter sur
des arbres, et remporter des fruits à la
pointe de leurs piquans.
Ils m'ont dit aussi qu'ils avoient vu
des hérissons nager et traverser même de
grands espaces d'eau avec assez de vitesse.
Dans quelques campagnes, on est dans
l'usage de prendre une peau de héris-
son et d'en couvrir la tête d’un veau
lorsqu'on veut le sevrer ; la mère , se
sentant piquée, lui refuse le pis et s’é-
loigne. |
Voici quelques observations sur des
hérissons que j'ai fait élever en domes-
ticité,
2% HISTOIRE NATURELLE
Le 4 juin 1781, on m'apporta quatre
jeunes hérissons avec la mère. Leurs.
pointes ou épines étoient bien formées ;
ce qui paroît indiquer qu'ils avoient plu-
sieurs semaines d'âge. Je Les fis mettre en-
. semble dans une grande volière de fil de
fer, pour les observer commodément,
et l'on garnit de branches et de feuillages
le fond de cette volière, afin de procurer
à ces animaux une petite retraite pour
dormir. |
Pendant les deux premiers Jours, :o1
ne leur donna pour nourriture que quel-
ques morceaux de bœuf bouilli qu’ils né
mangèrent pas; ils en sucèrent seule-
ment toute la partie succulente, sans
manger les fibres de la chair. Le troisième
jour , on leur donna plusieurs sortes
d'herbes , telles que du senecon , du lise-
ron, etc. ; ils n’en mangèrent pas. Ainsi
on peut dire qu’ils jeûnèrent à peu près
pendant ces trois premiers Jours : cepen-
dant la mère n’en parut pas affoiblie, et
donna souvent à téter à ses petits.
Les jours suivans, ils eurent des ce-
rises , du pain, du foie de bœuf crud. Ils.
”
*
DU HÉRISSON. 227
suçoient ce dernier mets avec avidité, et
la mère et les petits ne le quittoient pas
qu'ils ne parussent rassasiés. Ils man-
gèrent aussi un peu de pain; maisils ne
touchèrent pas aux cerises. Ils montrèrent
beaucoup d’'appétit pour les intestins
cruds de la volaille, de même que pour
les pois et les herbes cuites. Mais, quel-
que chose qu'ils aient pu manger , 1l n’a
pas été possible de voir leurs excrémens,
et il est à présumer qu'ils les mangent,
comme font quelques autres animaux.
H paroît qu'ils peuvent se passer d’eau,
ou du moins que la boisson ne leur est
pas plus nécessaire qu'aux lapins, aux
lièvres , etc. ls n’ont rien eu à boire
pendant tout le temps qu’on les a con-
servés, et néanmoins ils ont toujours été
fort gras et bien portans.
Lorsque les Jeunes hérissons vouloient
prendre la mamelle , la mère se couchoit
sur le côté, comme pour les mettre plus
à leur aise. Ces animaux ont les jambes
si courtes, que les petits avoient peine
à se mettre sous le ventre de leur mère.
Si elle se tenoit sur ses pieds, ils s’eudor-
»28 HISTOIRE NATURELLE
moient à la imamelle : la mère ne les ré-
veilloit pas ; elle sembloit:même n’oser se
remuer, dans la crainte de troubler leur.
sommeil. Voulant reconnoître si cette
espèce d'attention de la mère pour ses pe-
tits étoit un effet de son ‘attachement
pour eux ; ou si elle-même n'étoit pas
intéressée à les laisser tranquilles | on
s’appercut bientôt que quelque amour
qu’elle eût pour eux, elle en avoit encore
plus pour la liberté. On ouvrit la volière
pendant que ses petits dormoient ; dès
qu’elle s’en appercut , elle se leva dou-
cement , sortit dans le jardin , et s’éloi-
gna du plus vîte qu’elle put de sa cage ;
où elle ne revint pas d’elle-même , mais
où il fallut la rapporter. On a souvent
remarqué que lorsqu'elle étoit renfermée
avec ses petits, elle employoit ordinaire-
ment tout le temps de leur sommeil à
_xôder autour de la volière, pour tâcher ,
selon toute apparence, de trouver une
issue propre à s ‘échapper, et qu’elle, ne
cessoit ses manœuvres et ses mouvemens
inquiets que lorsque ses petits venoient à
s’éveiller. Dès - lors il fut facile de juger
DU HÉRISSON. 226
que cette mère auroit quitté volontiers sa
petite famille, et que si elle sembloit:
craindre de lPéveiller , c’étoit seulement
pour se mettre à l’abri de ses importuni-
tés ; car les Jeunes hérissons étoient si
avides de la mamelle, qu’ils y restoient
attachés souvent pendant plusieurs heures
de suite. C’est peut-être ce grand appétit
des jeunes hérissons qui est cause que les“
mères , ennuyées ou excédées par leur
gourmandise, se déterminent quelque-
fois à les détruire.
Dès que les hérissons entendoient mar-
cher, ou qu'ils voyoient quelqu'un auprès
d'eux, ils se tapissoient à terre et rame-
noient leur museau sur la poitrine, de
sorte qu’ils présentoient en avant les pi-
quans qu'ils ont sur le haut du front, et
qui sont les premiers à se dresser ; ils ra-
menoient ensuite leurs pieds de derrière
en avant, et, à force d'approcher ainsi
les extrémités de leur corps, ou plutôt de
les resserrer l’une contre l’autre, ils se.
donnoient la forme d’une pelote ou d’une
« boule hérissée de piquans ou de pointes.
Cette pelote ou boule n’est pas tout-à-fait.
20
&
230 HISTOIRE NATURELLE
ronde; elle est toujours plus mince vers
l'endroit où la tête se Joint à la partie
postérieure du corps. Plus ils étoient
prompts à prendre cette forme de boule,
et plus ils comprimoient fortement les
deux extrémités de leur corps : la con-
traction de leurs muscles paroît être si
grande alors, que lorsqu'une fois ils se
sont arrondis autant qu'il leur est pos-
sible , 1l seroit presque aussi aisé de leur
disloquer les membres, que de les alonger
assez pour donner à leur corps toute son
étendue en longueur. On essayoit souvent
de les étendre; mais plus on .faisoit d’ef-
forts, plus ils sembloiïent opposer de ré-
sistance, et se resserrer dans l'instant où
ils prenoient la forme de pelote. On a re-
marqué qu’il se faisoit un petit bruit, une
sorte de cliquetis qui étoit occasionné par
le frottement réciproque des pointes,
lesquelles se dirigent et se croisent dans
tous les sens possibles. C’est alors que Îe
corps de ces animaux paroît hérissé d’un
plus grand nombre de pointes, et qu'ils
sont vraiment sur la défensive. Lorsque
rien ne les inquiète, ces mêmes pointes
DU HÉRISSON.. 231
ou épines, si hérissées quand ils veulent
se préserver, sont couchées en arrière
les unes sur les autres, comme le poil
lisse des autres animaux : néanmoins
ceci n’a lieu que lorsque les hérissons
étant éverliés jouissent du calme et de
la tranquillité; car quand ils dorment, .
leurs armes sont prètes, c’est-à-dire que
leurs pointes se croisent dans tous les
sens, comme s'ils avoient à repousser une
attaque. Il semble donc que pendant leur
sommeil , qui est assez profond, la Nature
leur ait donné l'instinct de se prémunir
contre la surprise.
Au reste, ces animaux n’ont pas les
moyens d'en attaquer d’autres; ils sont
naturellement indolens et même pares-
seux : le repos semble être aussi nécessaire
à leur genre de vie que la nourriture; et
l’on pourroit dire avec assez de vérité
que leurs uniques et seules occupations
sont de manger et dormir. En effet, ceux
que nous avons nourris et élevés, cher-
choient à manger dès qu'ils étoient éveil-
lés ; et quand ils avoient assez mangé,
ils ailoient se livrer au sommutil sur des
232 HISTOIRE NATURELLE.
feuillages. Ce sont là leurs habitudes pen-
dant le Jour : mais pendant la nuit ils
sont moins tranquilles ; ils cherchent les
limacons , les gros scarabées, et autres
insectes dont ils font leur principale nour-
riture.
21 TENDRAC
2LE PORC EPIC DE MALACA.
DU TENDRAC,
|
Nous donnons ici la figure d’un très-
petit tendrac qui a été envoyé de l’île de
France, par M. Poivre, à M. Aubry, curé
de Saint-Louis : il est représenté de gran-
deur naturelle, et ne nous paroît différer
de notre tendrac de la pl. IV, tome VT,
que par sa petitesse et par quelques bandes
blanches qui semblent être la livrée de
cet anima fort Jeune. On a écrit à M. le
curé de Saint-Louis qu'il se trouve à
Madagascar, et que les François de cette
contrée le connoissent sous le nom de
rat-épic. Voici les dimensions et la courte
description de ce très-petit animal.
pieds. pouces. lignes.
Longueur du corpsentier , depuis
\ le bout du nez jusqu à l’extré-
mité du corps près Pants Vs 2 "2
Distance du bout du nez à l'œil » » 6
Distance entre l'œil et l'oreille. » pe NS
29
234 HISTOIRE NATURELLE
pieds. pouces, lignes.
Longueur de la iète, depuis le
bout du ‘nez jusqu’à l’occiput. » » TÉ
Lonsteur des piquans.....4..4 huis 4
Longueur des grands ongles des ;
pieds de devant... 240040 be » Z
Longueur des gvands ongles des
pieds de: derrièré.. 2.4 4 950 af » La
Cet animal a le museau très-alongé et
_ presque pointu; sa tête est couverte d’un
poil d’un roux noirâtre, et le corps, qui
est couvert du même poil, porte une
grande quantité de piquans d’un blanc
jaunâtre, qui semblent se réunir par
bandes irrégulières. On remarque au-
dessus du nez une bande d’un blanc
. Jaunâtre, qui s'étend jusqu’au commen-
cement du dos, et se termine en pointe à
ses deux extrémités : cette bande blanche
est du même poil que le brun du corps et
des côtés de la tête; ce poil est assez rude,
mais cependant fort délié en eomparaison
des piquans. Le dessous du cou et du corps
est d’un blanc jaune, ainsi que les jambes
et les pieds, qui sont néanmoins un peu
| "HU TENDRATC. _ 235
mèêlés de brun. Les plus grands poils des
moustaches ont huit lignes de longueur.
Les pieds ont chacun cinq doigts, et l'on
ne voit dans ce très-petit animal aucune
apparence de queue.
y l
Î
LE PORC-ÉPIC DE MALACA.
N ous avons parlé et donné la figure
d’un porc-épie des Indes orientales *, et
nous avons dit que ce porc-épic ne nous
paroît être qu'une variété de l'espèce du
porc-épic d'Italie : mais il existe dans les
contrées méridionales de notre continent,
et particulièrement à Malaca, une autre
espèce de porc-épic que nous avons fait
dessiner vivant chez M. Aubry, curé de
Saint-Louis, et dont nous donnons ici la
figure. Nous en avons vu un tout sem-
à blable, aussi vivant, entre les mains d’un
_ marchand d'animaux, qui le faisoit voir
à Paris au mois d'octobre 1777. Cette es-
pèce diffère de l’espèce commune par plu-
sieurs caractères très-sensibles, et sur-tout
par la forme et la longueur de la queue;
elle est terminée par un bouquet de poils
longs et plats, ou plutôt de petites la-
nières blanches semblables à des rognures
* Tome VI, planche II.
HISTOIRE NATURELLE. 237
de parchemin ; et la queue , qui porte
cette houppe à son extrémité, est nue,
écailleuse, et peut avoir le tiers de la lon-
gueur du corps, qui est de quinze à seize
pouces. Ce porc-épic de Malaca est plus
petit que celui d'Europe; sa tête est
néanmoins plus alougée, et son museau,
revêtu d’une peau noire, porte des mous-
taches de cinq à six pouces de longueur.
L'œil*est petit et noir; les oreilles sont
lisses, nues et arrondies. Il y a quatre
doigts réunis par une membrane aux
pieds de devant, et il n’y a qu’un tuber-
cule en place du cinquième; les pieds de
derrière en ont cinq, réunis par une mem-
brane plus petite que celle des pieds de
devant. Les jambes sont couvertes de poils
noirâtres ; tout le dessous du corps est
blanc. Les flancs et Le dessus du corps sont
hérissés de piquans moins longs que ceux
du porc-épic d'Italie, mais d’une forme
toute particulière, étant un peu applatis
et sillonnés sur leur longueur d’une raie
en gouttière. Ces piquans sont blancs à la
pointe, noirs dans leur milieu, et plu-
sieurs sont noirs en dessus et blancs en
À
x
‘23 HISTOIRE NATURELLE.
dessous : de ce mélange résulte un reflet
ou un jeu de traits blancs et noirâtres sur
tout le corps de ce porc-épic.
Cet animal, comme ceux de son genre ,
que la Nature semble n'avoir armés que
pour la défensive, n’a de même Fous
instinct ropidgié et farouche. Loqu'on
l'approche, il trépigne des pieds, et vient
en s’enflant présenter ses piquans, qu’il
hérisse et secoue. Il dort beaucoup'e jour,
et n’est bien éveillé que sur le soir. IL
mange assis et tenant entre ses pattes les
pommes et autres fruits à pepin, qu'il
pèle avec les dents; mais les fruits à
noyau, et sur-tout l’abricot, lui plaisent
davantage : il mange aussi du melon, et
il ne boit jamais.
Fin du tome onzième.
H'A PIRE
Des articles contenus dans ce volume.
De 1 civelte, page D.
De la genette , 7.
Addifion à l’article de la genetie, 12.
Addiuon aux articles de la fouine et de la zibe-
line, 14.
De la fouime, zbid.
La petite fouine de Madagascar, 17.
De la zibeline, 19.
Addition à l’article de la belette, 23.
Addition aux articles de la belette et de l’hermine,
du surikate, de la mangouste et du vansire, 40»
De l’hermine, z6id.
Le grison, 48.
Du surikate, 52.
De la mangouste, 56.
Du vansire, 1414.
Nouvelle addition à l’article du vansire, 59.
De la grande marte de la Guiane, 67.
2j 0 ONE
Le touan, 63
}
Addition aux arucles de la marmotte et du castor.
des rats et souris, du ral de blé ou hamster, 65
De la marmotte, ibid.
Marmotte de Kamischatka, 67.
De la marmotte du cap de Bonne-Espérance, 68
, Addition et corrections à l’article de la marmotte
du cap de Bonne-Espérance, 75.
Du castor, 82.
Des souris et des rats, 63.
Du hamster, ou rat de blé, 87.
Addition de l’éditeur hollandois, go.
Le hamster, z0id, |
Nouvelle addition à l’article des rats et des souris.
104. :
_ Le rat perchal, 107:
Le scherman, ou rat d’eau de Strasbourg, 109.
Addition à l’article de la musaraigne, 113.
La musaraigne musquée de l'Inde, zb1d.
Addition à l’arncle du lérot, 119.
Le lérot à queue dorée, zbid.
Addiuon à l’article du raton, 124.
La moufette du Chili, 130.
Du sarigue, 132.
Le sarigue à longs poils, 1354
»
#4
| DS. 2
De la marmose, 137. . Li:
Addition aux articles du sarigue, de la marmose,
et du cayopollin, 141.
Le crabier, 150.
À ddition aux articles du tamanoir, du tamandu,
du fourmilier, et des tatous, 156. |
.. Du tamanoir, 11.
Du tamandua, 162,
Des tatous , 168.
LE
‘Addition à l’article de l’unau et de l’aï, 179
Le kouri, ou le petit unau, 180,
Le cochon de terre, 184.
Du raton-crabier , 195.
Du coaui, 199.
Addition aux articles de l’agouti, du paca, et de
Pacouchi, 207. LS
De l’agouti, :6:d. |
Du paca, 203.
De l'acouchi, 216.
Addition à l'article du coendow et du tanrec, 218,
Du coendou, zhid.
Le coendou à longue queue , 219.
Du tanrec, 223,
Quadrupèdes, XE. 31
AR EDR DCS HA
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Addition à : die du ent à Act LT SE
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Le Paie Mic de Malaca, 236. x
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