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© HISTOIRE ©
| #4
NATURELLE
DES
QUADRUPEDÉS OVIPARES, .
ET DES SERPENTS,
Par Le C:* LACEPEDE,
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TOME DEUXIEME.
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: RICHMOND
COLLECTION.
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A PARIS,
À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE
D8 P, DIDOT L'AÎrÉ, GALERIES Du Louvre, N° 5,
x7 Fiamin DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116.
AN VII — 1799.
HISTOIRE
NATURELLE
Li
D ES
QUADRUPÈDES OVIPARES.
D.
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TROISIÈME DIVISION.
LEA RD
Dont la queue est ronde, qui ont cinq
doigts aux pieds de devant , et des *
bandes écailleuses sous le ventre.
PPLÉZARD GBIS* À
Li lézard gris paroît être le plus doux,
le plus innocent et l’un des plus utiles des 1
lézards. Ce joli petit animal, si commun
* Lagartija et sargantana, en Espagne; lan-
_&rola, aux environs de Montpellier. ï :
uns le Mrs où nous “écrivo
quel tant de personnes ont ind à nr
leur enfance,
4
autres quadrupèdes ovipares|;
ans 4
| n’a pas reçu de la Nature
HR un vêtement aussi éclatant que plusieurs
mais elle
lui a donné une parure élégante : sa petite
sa course si prompte, qu'il échappe à œil
‘taille est svelte ; son mouvement agile;
aussi rapidement que l’oiseau qui vole.
Il aime à recevoir la chaleur du soleil:
ayant besoin d'une température douce,
1l cherche les abris ; et lorsque
beau jour de printemps, une lumière pure
éclaire vivement un gazon en pente, ou
une muraille qui augmente la chaleur en
la réfléchissant, on le voit s'étendre sur
ce mur, OUSsUr l'herbe nouvelle, avec une
espèce de volupté. Il se pénètre avec dé-
lices de cette chaleur bienfaisante ; il
marque son plaisir par de molles ondula-
tions de sa queue déliée ; il fait briller ses
yeux vifs et animés ; ilse précipite comme
un trait pour saisir une petite proie, ou
pour trouver un abri plus commode. Bien
loin de s’enfuir à l'approche de homme,
il paroît le regarder ayec complaisance:
LA
es)
, dans un
mais au moindre bruit qui l’eflraie , à |
la chûte seule d’une feuille, il se roule,
tombe et demeure pendant quelques : ca: Mi
tans comme étourdi par sa chûte; ou bien #
il s’élance, disparoît, se trouble, revient,
se cache de nouveau , reparoît encore,
décrit en un instant plusieurs circuits tor-
tueux que l’œil a de la peine à suivre, se
replie plusieurs fois sur lui-même , et se
retire eufin dans quelque asyle jusqu’à ce
que sa crainte soit dissipée *
Sa tête est triangulaire et applatie; le
dessus est couvert de grandes écailles,
| TER :
dont deux sont situées au-dessus des yeux, |
de manière à représenter quelquefois des :
paupières fermées. Son petit museau ar-
rondi présente un contour gracieux; les-
ouvertures des oreilles sont assez grandes;
Mes deux mâchoires égales et garnies de
larges écailles ; les dents fines, un peu ".
crochues , et tournées vers le gosier.
Ii a à chaque pied cinq doigts déliés, et
garnis d'ongles recourbés, quiluiservent à
* C’est principalement dans les pays chauds que ER
le lézard gris est très-agile , et qu’il exécute les
divers mouyemens que uous venons de décrire. ne.
_. grimper aisé
{ TAN
\
isément sur les arbres et à ca
avec agilité le long des murs; et ce q
k al Ù PRE T6
ajoute à la vîtesse avec laquelle il s’élance, |
même en montant, c’est queles pattes de
derrière , ainsi que dans tous les lézards,
sont un peu plus longues que celles de
devant. Le long de l’intérieur des cuisses,
règne un petit cordon de tubercules ; sem-
blables par leur forme à ceux que nous
ayons remarqués sur l’iguane: le nombre
de ces petites éminences varie, et on em
compte quelquefois plus de vingt.
Tout est délicat et doux à la vue
dans ce petit lézard. La couleur grise que
présente le dessus de son corps, est variée
par un grand nombre de taches blan-
châtres, et par trois bandes presque noires
qui parcourent la longueur du dos; celle
du milieu est plus étroite que les deux
autres. Son ventre est peint dé verd
changeant en bleu; il n’est aucune de ses
écailles dont le reflet ne soit agréable ; et
pour ajouter à cette simple mais riante
parure, le dessous du cou est garni d’un
collier composé d’écailles , ordinairement
eu uombre de sept, un peu plus grandes
sf her RS a
thor bé
+ ANT Vi û
“
1
MAD DES LÉZARDS 9:
- que les voisines Et qui réunissent l'éclat
_ et la couleur de l'or. Au reste, dans ce x
lézard comme dans tous les autres, les |
teintes et la distribution des couleurs sont |
sujettes à varier suivant l’âge, le sexe et
_ le pays : mais le fond de ces couleurs reste
à peu près le même *. Le ventre est cou-
vert d'écailles beaucoup plus grandes que
_ celles qui sont au - dessus du corps ; elles
y forment des bandes transversales, ainsi
que dans tous les lézards que nous avons
compris dans la troisième division.
Il a ordinairement cinq ou six pouces
de long , et un demi - pouce de large : et
quelle différence entre ce petit animal et
l'énorme crocodile ? Aussi ce prodigieux
quadrupède ovipare n'est-il presque ja-
mais apperçu qu'avec effroi, tandis qu’on
voit avec intérêt le petit lézard gris jouer
innocemmeut parmi les fleurs avec ceux
de son espèce, et, par la rapidité de ses
agréables évolutions , mériter le nom d’a-
gtle que Linné lui a donné. On ne craint
point ce lézard doux et paisible ; on l’ob-
fn
* Nous avons décrit le lézard gris d’après des
individus vivans.
| 10 ù
_ serve de près. Il ia communémen
avec rapidité , lorsqu’ on veut le Saisir :
. mais lorsqu'on l’a pris, on le manie sans
qu’il cherche à mordre ; les enfans en
X:Q
-font un jouet, et, par une suite de la
grande douceur db son caractère , il de-
vient familier avec eux. On diroit qu'ik
cherche à leur rendre caresse pour. ca=
resse ; ilapprocheinnocemmentsa bouche …
de leur bouche ; il suce leur salive avec
avidité. Les anciens l’ont appelé M
l’homme ; il auroit fallu l'appeler l’amni de
l'enfance. Mais cette enfance, souvent
ingrate ou du moins trop inconstante, ne
rend pas toujours le bien pour le bien à .
ce foible animal ; elle le mutile; elle lui
fait perdre une partie de sa queue très-fra-
gile , et dont les tendres vertèbres peuvent
aisément se séparer. |
Cette queue, qui va toujours en dimi-
ruant de grosseur , et qui se termine en
pointe , est à peu près deux fois aussi
longue que le corps: elle est tachetée de
blanc et d’un noir peu foncé, et les pe-
tites écailles qui la couvrent forment des
anneaux assez sensibles, souvent au nom:
LA
D
?
…
' di ‘A |
(DES LÉZARDS. M
me de quatre-vingts. Lorsqu'elle a été bri-
sée par quelque accident, elle repousse
quelquefois ; et suivant qu’elle a été divi-
sée en plus ou moins de parties, elle est
remplacée par deux et même quelquefois
par trois queues plus ou moins parfaites,
dont une seule renferme des vertèbres ;
les autres ne contiennent qu’un tendon.
. Le tabac en poudre est presque tou-
jours mortel pour le lézard gris : si lon
en met dans sa bouche ; il tombe en con-
vulsion, et le plus souvent il meurt bien-
tôt après. Utile autant qu’agréable, il se
nourrit de mouches, de grillons, de sau-
terelles , de vers de terre , de presque tous
les insectes qui détruisent nos fruits et
nos grains ; aussi seroit-il très-avantageux
| que l'espèce en fût plus multiplhiée : à me-
sure que le nombre des lézards gris s’ac-
croîtroit , nous verrions diminuer les en-
nemis de nos jardins; ce seroit alors qu’on
auroit raison de les regarder, ainsi que
certains Indiens les considèrent, comme
des animaux d’heureux augure, de comme
des signes assurés d’une bonne fortune.
Pour saisir les insectes dont ils se nour-
12
\
UE
_ rissent, cs AS gris dutdèns avec NE À
tesse une langue rougeâtre, assez large,
fourchue, et garnie de petites aspérités à
peine sensibles, mais qui suffisent 4 ‘
les aider à retenir leur proie ailée. Comme
les autres quadrupèdes ovipares, ils peu-
vent vivre beaucoup de temps sans man-
_ ger, et on en a gardé pendant six mois
dans une bouteille, sans leur donner au-
cune nourriture, mais aussi sans leur
voir rendre aucun excrément.
,. Plus il fait chaud, et plus les mouve-
mens du lézard gris sont rapides : à peine
les premiers beaux jours du printemps
viennent-ils réchauffer l'atmosphère, que.
le lézard gris sortant de la torpeur pro-
fonde que le grand froid lui fait éprouver,
et renaissant, pour ainsi dire, à la vie
avec les zéphirs et les fleurs, reprend son
agilité et recommence ces espèces de
joûtes , auxquelles il allie des jeux amou-
reux. Dès la fin d'avril, il cherche sa fe-
melle : ils s'unissent ensemble par des
embrassemens si étroits , qu’on a peine à
les distinguer l’un de l’autre; et s’il faut
juger de l'amour par la vivacité de som
HAS LÉZAMDS :, 1
expression , le lézard gris doit ètre un des
plus ardens des quadrupèdes ovipares.
La femelle ne couve pas ses œufs, qui
sont presque ronds , et n’ont pas quelque-
fois plus de cinq lignes de diamètre : mais
comme ils sont pondus dans le temps où
la température commence à être très-
douce , ils éclosent par la seule chaleur
de l'atmosphère, avec d'autant plus de
facilité, que la femelle a le soin de les
déposer dans les abris les plus chauds , et,
par exemple, au pied d’une muraille tour-
née vers le midi. |
Avant de se livrer à l'amour et de cher-
cher sa femelle, le lézard gris se dépouille
comme les autres lézards ; ce n’est que
revêtu d’une parure plus agréable et d’une
force nouvelle, qu'il va satisfaire les de-
- sirs que lui inspire le printemps. Il se dé-
pouille ‘aussi lorsque l'hiver arrive ; il
passe tristement cette saison du froid
dans des trous d’arbre ou de muraille,
ou dans quelques creux sous terre : il y
éprouve un engourdissement plus ou
moins grand, suivant le climat qu’il ha-
bite et la rigueur de la saison ; et il ne
2
14 HISTOIRE NATUR EL
quitte communément cette. retraite) que
. lorsque le printemps ramène la chaleur.
Cet animal ne conserve cependant pas
toujours la douceur de ses habitudes.
.M. Edwards rapporte, dans son Æistoire
naturelle, qu’il surprit un jour un lézard -
gris attaquant un petitoiseau quiréchau£
foit dans son nid des petits nouvellement :
éclos. C'étoit contre un mur que le nid.
étoit placé. L'approche de M. Edwards fit
cesser l’espèce de combat que l’oiseau sou-
tenoit pour défendre sa Jeune famille;
l'oiseau s’envola ; le lézard se laissa tom-
ber : il auroit peut-être, dit M. Edwards ke
. dévoré les petits, s’il avoit pu les tirer de
leur nid. Mais ne nous pressons pas d’at-
tribuer une méchanceté qui peut n'être
qu'un défaut individuel et ne dépendre
_que de circonstances passagères , à une
espèce foible que l’on a reconnue pour
innocente et douce.
On a fait usage des lézards gris en mé-
decine; on les a employés, aux environs
de dada: dans des taie graves * :
* On a vanté les propriétés des lézards gnis,.
principalement contre les maladies de la peau, les
. la société royale a recu des individus de
l'espèce dont se servent les médecins espa-
gnols ; ils ont été examinés par MM. Dau-
benton et Mauduit , et un de ces lézards a
été déposé au Cabinet du roi : il ne diffère
du lézard gris de nos provinces que par
des nuances de couleur très-légères , et
qui sont la suite presque nécessaire de la
diversité des climats de la France et de
l'Espagne.
Il paroît qu'on doit regarder comme
une variété du lézard gris, un petit lézard
très-agile , et qui lui ressemble par la con-
formation générale du corps, par celle de
_ la queue, par des écailles disposées sous
la gorge en forme de collier, et par des
* tubercules placés sur la face intérieure
des cuisses. M. Pallas l’a appelé Zézard
véloce dans le supplément latin du voyage
qu'il a publié en langue russe. Ce petit
lézard est d’une couleur cendrée , rayée
longitucinalement , semée de points roux
sur le dos et bleuâtres sur les côtés, où
cancers, les maux qui demandent que le sang soit
épuré, etc. Voyez à ce sujet Les avis et instructions
publiés par la société royale de médecine de Paris.
rencontre parmi 1 pierres . , aupri
lac d’ Imderskoi , et dans les lieux les plus |
déserts et les sn chauds ; il s’élance,
suivant M. Pallas , avec la nn HoU ee d une “.
flèche. FSU RER AE 74
\ j AL
DES LÉZARDS. 17
ADDITION A L'ARTICLE
RO LEZARD GR LS
M. de Sept-Fontaines, que nous avons
déja cité plusieurs fois, et qui ne cesse
de concourir à l’avancement de l’histoire
naturelle, nous a communiqué l’obser-
vation suivante , relativement à la repro-
duction des lézards gris. Le 17 Juillet 1783,
1l partagea un de ces animaux avec un
instrument de fer ; c'étoit une femelle, et
à l'instant il sortit de son corps sept jeunes
lézards , longs depuis onze jusqu’à treize
lignes , entièrement formés , et qui cou-
. rurent avec autant d'agilité que les lé-
zards adultes. La portée étoit de douze ;
mais cinq petits lézards avoient été blessés
par l'instrument de fer, et ne donnèrent
que de légers signes de vie.
. M. de Sept-Fontaines avoit bien voulu
Joindre à sa lettre un lézard de l'espèce
2
gt nés “slidier-sféiie) Es LA ES USSR dd
cere et cet Sadivtaar ne diffé
en rien des lézards gris que: era avons
_ décrits. : é à
On peut donc croire qu’ il en est des
lézards gris comme des salamandres ter
restres ; que quelquefois les femelles pon- *
dent hi œufs et les déposent dans des
endroits abrités, ainsi que l'ont écrit plu *
Ÿ ‘sieurs Me a, et que d’autres fois
les petits éclosent sans le ventre de la.
mère. à
L'AS à
ATARI 164514
MATH 1 154 IH
NS &
ES UN NS RNA
,
LE LEZARD VERT,
J Pur. ss 7
d Ne Des LÉ ZA R D S.
à
PERMET ZAURD VE RD
L A Nature, en formant le lézard verd,
_ paroît avoir suivi les mêmes proportions :
que pour le lézard gris : mais elle a tra-
vaillé d’après un module plus considé-
_ rable ;° elle n’a fait, pour ainsi dire,
- qu agrandir ERP gris, et le revêtir
‘à une parure plus belle.
C’est dans les prémiers Jours du prin-
temps que le lézard verd brille de tout”
* Krauthun , aux environs de Vienne en Au-
triche; lagarto et fardacho , en Espagne; lazer,
‘aux environs de Moutpellier.
Linnæus ne regarde le lézard verd que comme
une variété du lézard gris ; mais indépendamment
d’autres raisons, la grande différence qui se trouve
nire les : HN de ces deux lézards, et les
_ ele que nous avons faites plusieurs fois
sur ces animaux vlvaus, ne nous permettent pas
de les rapporter à la même espèce,
pc nf Sanisistité
an sud 1e
,:
20 HISTOIRE NATURELLE FA. |
son éclat , lorsqu’ ayant quitté sa vicille :
peau. il nt au soleil son corps émaillé.
des plus vives couleurs. Les rayons qui
reJaillissent de dessus ses écailles, les
dorent par reflets ondoyans : elles étin-
cellent du feu de l’émeraude ; et si elles
4
2 |
ne sont pas diaphanes comme les crys-
taux , la réflexion d’un beau ciel quise .
peint sur ces lames luisantes et polies,
compense l'effet de la transparence par
un nouveau jeu de lumière. L’œil ne cesse
d’être réjoui par le verd qu'offre le lézard
dont nous écrivons l'histoire ; il se rem-
plit, pour ainsi dire , de son éclat, sans
Jamais en être ébloue Autant la de
de cet animal attire la vue par la beauté
de ses reflets , autant elle l’attache par
leur douceur ; on diroit qu’elle se répand
sur l’air qui l’environne , et qu’en s’y dé-
gradant par des nuances insensibles , elle
se fond de manière à ne Jamais blesser,
et à toujours enchanter par une variété
agréable,séduisant également, soit qu'elle,
resplendisse avec mollessé au milieu de …
grands flots de lumière, ou que, ne
renvoyant qu’une foible clarté, elle pré-
DES LÉZARDS. or
Lente des teintes aussi suaves que déli-
cates.
Le dessus du corps de ce lézard est d’un
verd plus ou moins mêlé de jaune , de
gris , de brun, et même quelquefois de
rouge ; le dessous est toujours plus blan-
châtre. Les teintes de ce quadrüpède
ovipare sont sujettes à varier; elles pâlis-
sent dans certains temps de l’année , et
sur-tout après la mort de l'animal: mais
c'est principalement dans les climats
chauds qu'il se montre avec l'éclat de
Tor et des pierreries ; c’est là qu’une
lumière plus vive anime ses couleurs et
les multiplie. C’est aussi dans ces pays
moins éloignés de la zone torride, qu’il
est plus grand, et qu’il parvient quelque-
fois jusqu’à la longueur de trente pou-
-ces *. L’individu que nous avons décrit
et qui a été envoyé de Provence au Ca-
binet du roi, a vingt pouces de longueur,
en y nn mit celle de la queue, qui est
_* Note communiquée par M. dela Tour-d’ Aïoues,
| président à mortier au parlement de Provence, et
- dont les lumières sont aussi connues que son zèle-
. pour l'avancement des sciences.
L
(22 HISTOIRE E NATU
presque égale à celle du corps: et ps
tête; le diamètre du corps est de de .
pouces dans l'endroit le plus gros. Le
dessus de la tête, comme dans le lézard.
gris , est couvert de grandes écailles
arrangées symétriquement et placées à
côté l’une de l’autre. Les bords des mâ-
choires sont garnis d’un double rang de
grandes écailles. Les ouvertures des oreilles
sont ovales ; leur grand diamètre est de
quatre ligues , et elles laissent appercevoir
la membrane du tympan. L'espèce de
collier qu’a le lézard verd , ainsi que lé
lézard gris, est formé, dans l'individu
envoyé de Provence au Cabinet du roi,
par onze grandes écailles. Celles qui cou<
vrent le dos sont les plus petites de
toutes : elles sont hexagones ; mais les
angles en étant peu sensibles , elles pa.
roissent presque rondes. Les écailles qui.
sont sur le ventre, sont grandes , hexa-
gones , beaucoup plus alongées , et for-
ment trente demi - anneaux ou bandes
transversales.
Treize tubercules s'étendent le long de ;
Ja face intéricure de chaque cuisse; ils …
“
d
À
‘nid: tes
ss DES LÉ > ZARDS. APE
sont creux, et nous avons vu à ue
extrémité un mamelon très-apparent ,
et qui s'élève au-dessus des bords de la
petite cavité du tubercule dont il paroît
sortir. La fente qui forme l'anus, occupe
une très-grande partie de la largeur du
corps. La queue diminue de grosseur de-
puis l’origine jusqu’à la pointe ; elle est
_ couverte d’écailles plus longues que larges,
plus grandes que-celles du dos, et qui
forment ordinairement plus de quatre-
vingt-dix anneaux. ”
La beauté du lézard verd fixe tés regards
de tous ceux qui l’appercoivent : mais il
semble rendre attention pour attention ;
il s'arrête lorsqu'il voit l’homme ; on
diroit qu'il lobserve avec complaisance,
et qu'au milieu des forêts qu'il habite,
il a une sorte de plaisir à faire briller à
ses yeux ses couleurs dorées , comme
dans nos jardins le paon étale avec
_orgueil l'émail de ses belles plumes. Les
lézards verds jouent aveclesenfans , ainsi
que les gris : lorsqu'ils sont pris et qu’on
les excite les uns contre les autres, ils
s'attaquent et se mordent quelquefois
avec acharncment,
2
L 2
NE
© Plus fort que 1e téza ti st: le |
se bat contre les serpens : il est rarement «
vainqueur. L'agitation qu’il éprouve et}
À
\
le bruit qu'il fait lorsqu'il en voit appro-
cher, ne viennent que de sa crainte:
ie on s’est plu à tout anoblir dans |
‘AN
a
cet être distingué par la beauté de ses.
couleurs ; on a regardé ses mouvemens
comme une marque d'attention et d'atta-i Û
chement ; et lon a dit qu'il avertissoit
l’homme de la présence des serpens qui.
pouvoient lui nuire. Il recherche les vers
et les insectes; il se Jette avec une sorte |
d'avidité sur la salive qu’on vient de,
cracher , et Gesner a vu un lézard verd
boire de l'urine des enfaus. 11 se nourrit
aussi d'œufs de petits oiseaux , qu'il va.
chercher au haut des arbres, où il grimpe
À
avec assez de vitesse,
Quoique plus bas sur ses pattes que les
lézard gris, il court cependant avec ag
lité, et dsl avec assez de promptitude
pour donner un premier mouvement de w
œ 1
x
A
surprise et d’effroi , lorsqu'il s’élance au |
milieu des Dorcel ou des feuilles
sèches. Il saute très-haut ; et comme il {
est plus fort , il est aussi plus hardi que
ä
le lézard gris : il se défend contre les
_ chiens qui l’attaquent. L’habitude de
Saisir par Pendroit le plus sensible, et par
‘conséquent par les narines, les mue
espèces de serpens avec esautellés il est
souvent en guerre , fait qu’il se Jette au
museau des chiens ; et il les y mord avec
tant d’obstination , qu'il se laisse emporter
et même tuer plutôt que de desserrer
les dents : mais il paroît qu'il ne faut
point le regarder comme venimeux , au
moins dans les pays tempérés , et qu’on
lui a attribué faussement des morsures
mortelles ou dangereuses.
Ses habitudes sont d’ailleurs assez sem-
blables à celles du lézard gris ; et ses
œufs sont ordinairement pus gros que
ceux de ce dernier. 7
Les Africains se nourrissent de la chair
des lézards verds. Mais ce n’est pas seu-
lement dans les pays chauds des deux
continens qu'on trouve ces lézards ; iis
habitent aussi les contrées très-tempérées,
et même un peu septentrionales , quoi-
qu'ils y soient moins nombreux et moins
3
M: HISTOIRE NATURE 6
| grands. Ils ne sont point steanri a
| La FT de Me Suède 7) LUS
baiate » un préjugé “AipaS He Pr.
qu'ils inspirent l’effroi. Les Kamtschadales
les regardent comme des envoyés des puis-
sances infernales : aussi s’empressent-ils ,
lorsqu'ils en. ue RER de les couper
par morceaux; et s'ils te laissent échap-
per , ils coins si fort le pouvoir des
divinités dont ils les regardent comme les .
représentans , qu’à chaque instant ils.
croient qu'ils vont mourir , et meurent
même quelquefois , disent quelques voya- -
geurs , à force de le craindre.
On trouve aux environs de Paris une
variété du lézard verd, distinguée par
une bande qui règne depuis le sommet .
de la tête jusqu’à l'extrémité de la queue,
et qui s'étend un peu au-dessus des pattes,
sur-tout de celles de derrière. Cette bande
est d’un gris fauve , tachetée d’un brun |
foncé , parsemée de points Jaunâtres, et
bordée d’une petite ligne blanchâtre. Nous
avons examiné deux individus vivans de :
cette variété ; ils paroissoient jeunes , et |
PA De s DÉTARDS
; cependant ils étoient déja de la taille des
lézards gris qui ont atteint presque tout
leur äéveloppsment.
En Italie on a donné au lézard ou
le nom de stellion , que l’on a aussi attri-
… bué à la salamandre terrestre, ainsi qu’à
d’autres lézards. C’est à cause des taches
de couleurs plus ou moins vives dont
est parsemé le dessus du corps de ces ani-
maux , et qui les font paroître comme
étoilés, qu’on leur a transporté un nom
que nous réservons uuiquement, avec
M. Linné et le plus grand nombre des
naturalistes, à un lézard d’Afri ique , très-
différent du lézard verd , et qui a toujours
été appelé stellion 1. ;
Nous placons ici la notice d’un lézard ?
que l’on rencontre en Amérique , et qui
1 On trouve dans la description du muséum de
Kircher une notice et une figure relatives à un lé-
zard pris daus un bois des Alpes, et appelé sellion
d'Italie, qui nous paroît être une variété du lézard
verd. Rerum naturalium Historia , existentium
in museo Kireheriano ; Romæx » 17735 page 40.
Stellion d'Italie.
? Oulla ouna, par les Caraibes.
\catesbyie en à Ted sous le nom A sa ère 4
verd de la Caroline ; Rochefort, et, après
lui, Ray, l'ont désigné par be dé gobe-
ee Ce joli petit animal n’a guère
que cinq pouces de long ; quelques indi-
vidus même decette espèce, etles femelles
sur-tout, n’ont que la longueur et la gros-
seur du Aie: mais s’il est inférieur par
sa taille à notre lézard verd , il ne lui
cède pas en beauté. La plupart de ces
gobe-mouches sont d’un verd très-vif; 1
y en à qui paroissent éclatans d’or et
d'argent ; d’autres sont d’un verd doré,
=
7
ou peints de diverses couleurs aussi bril-.
lantes qu’agréables. Ils deviennent très-
utiles en délivrant les habitations des
mouches, des ravets et des autres in-
sectes nuisibles. Rien n’approche de l'in-
dustrie, de la dextérité, de l’agilité avec
lesquelles ils les cherchent , les poursui-
vent et les saisissent. Aucun animal n’est.
plus patient que ces charmans petits. lé-.
zards : ils demeurent quelquefois 1mmo-
biles pendantune demi-journée, en atten-
dant leur proie ; dès qu'ils la voient , ils.
DES LÉZARDS
| élancént comme un trait, du haut des
arbres, où ils se plaisent à grimper. Les
œufs qu ils pondent sont de la grosseur
d’un pois ; ils les couvrent d’ un peu de
terre , et la chaleur du suleil les fait éclore.
Ils sont si familiers , qu’ils entrent hardi-
ment dans les appartemens ; ils courent
_ même par-tout si librement et sont si peu
craintifs |, qu'ils montent sur les tables
pendant les repas ; et s'ils appercoivent
quelque insecte , ils sautent sur lui, et
passent, pour l’atteindre, jusque sur les
habits des convives: mais ils sont si pro-
pres et si Jolis , qu’on les voit sans peine
traverser les plats et toucher les mets.
Rien ne manque donc au lézard gobe-
mouche pour plaire ; parure , beauté,
agilité , utilité, patience , industrie, il
a tout recu pour charmer l’œil et inté-
resser en sa faveur. Mais il est aussi dé-
licat que richement coioré ; il ne se
montre que pendant l'été aux latitudes
un peu élevées , et il y passe la saison de
l'hiver dans des crevasses et des trous
d’arbre où il s’engourdit. Les jours chauds
et sereins qui brillent quelquefois pendant
——
l'hiver , le raniment au point de le faire
sortir de sa retraite ; mais le froid reve-
nant tout d’un coup _ le rend si foible
_.
qu’il n’a pas la force de rentrer dans son
De
asyle, et qu'il succombe à la rigueur
de la saison. Quelqu'agile qu'il soit, 4
n'échappe qu'avec beaucoup de’ peine |
à la poursuite des chats et des oiseaux
de proie. Sa peau ne peut cacher entiè- ê
rement les altérations intérieures qu'il
subit ; sa couleur change comme celle du
caméléon , suivant l’état où il se trouve,
ou , pour mieux dire , suivant la tempé-
rature qu’il éprouve. Dans un jour chaud,
ilest d’un verd brillant ; et si le lende- .
main il fait froid , il paroît d’une cou-
leur brune. Aussi , lorsqu'il est mort,
l'éclat et la fraîcheur de ses couleurs
disparoissent , et sa peau dévient pâle et
livide.
Les couleurs se ternissent et changent
ainsi dans plusieurs autres espèces de
lézards ; c’est ce qui produit cette grande
diversité dans les descriptions des auteurs
qui se sont trop attachés aux couleurs
des quadrupèdes ovipares , et c’est ce qui
.
quelque ressemblance entre les habitudes
du gobe-mouche et celles d’un autre petit
lézard du nouveau monde , auquel on a
. donné le nom d’arolis, qu’on a appliqué
aussi à beaucoup d’autres lézards. Nous
rapportons ce dernier au goîtreux qui vit
dans les mêmes contrées !. Comme nous
a répandu une grande confusion dans la
nomenclature de ces animaux. il y a
n'avons pas vu le gobe-mouche, nousne
savons si l’on ne devroit pas le regarder
de même , comme de la même espèce que
le goîtreux, au lieu de le considérer
comme une variété du lézard verd.
M. François Cetti , dans son istoire
des amphibies et des poissons de la Sar-
daigne , parle d’un lézard verd très-com-
mun dans cette île , et qu'on y nomme
en certains endroits #/iguerta et caliscer-
… tula : il ne ressemble entièrement ni au
lézard verd de cet article, ni à l’améiva,
dont nous allonstraiter?. M. Cetti présume
? Voÿez l’article du goftreux.
? Il est important d'observer que la longueur
de la queue des lézards , sa forme étagée ou verti-
cillée, ainsi que le nembre des bandes écailleuses
que ce à tiliguerta est une 4 espèce nouvel
intermédiaire entre ces deux lézards : À
nous paroît cependant , FR ce: qu’e en.
dit cet habile naturaliste , qu’on pourroit
le regarder comme une variété du lézard
verd , s’il a au-dessous du cou une
espèce de demi-coilier composé degrandes …
écailles, ou comme une variété de l'a-
méiva , s’il n’a point ce demi-collier. à
qui recouvrent le ventre de ces animaux, sont des
caractères variables ou sans précision. Nous nous ,
en sommes convaincus par l’inspection d’un grand
nombre d'individus de plusieurs espèces : aussi
n’avons-nous pas Cru devoir les employer pour dis- ÿ
tinguer les divisions des lézards l’une d’avec l sobres
ñous ne nous en sommes servis pour la distinction |
des espèces, que lorsqu'ils ont indiqué des diffé-
rences très-considérables; et d’ailleurs nous n'avons
jamais assigné à la rigueur telle ou telle propor- |
tion, ni tel ou tel uombre, pour une marque CONS= À
tante d’une diversité d'espèce, et nous avons déter- j
miné au contraire rigoureusement el avec précision
la forme et l’arrangement des écailles de la queue.
l \ ki
LE COR D ŸY LE.
O+ trouve en Afrique et en- Asie un
lézard auquel M. Linné a appliqué exclu-
sivement le nom de cordyle, qui lui a
été donné par quelques voyageurs , mais
_ dont on s’est aussi servi pour désigner
la dragonne , ainsi que nous l'avons dit.
Il paroît qu'il habite quelquefois dans
l'Europe méridionale, et Ray dit l'avoir
rencontré auprès de Montpellier. Nous
allons le décrire d’après les individus
conservés au Cabinet du roi. |
|! La tête est très-applatie , élargie par-
derrière , et triangulaire ; de grandes
écailles en revêtent le dessus et les côtés ;
les deux mâchoires sont couvertes d’un
double rang d’autres grandes écailles , et
armées de très-petites dents égales , fortes
et aiguës.
a]
Les trous des narines sont petits ; les.
ouvertures des oreilles étroites , et situées.
2
vx
dont le museau est la pointe.
Le corps est très-applati ; le ventre est
| revêtu d'écailles presque quarrées et n
assez grandes , qui y forment des demi-
anneaux, ou des bandes transversales ; Les
écailles du dos sont aussi presque quar-
aux de out de la ble du triang (2 :
rées , mais plus grandes ; celles des côtés |
élane relevées en carène, né paroître les |
flancs hérissés d’ SL
La queue est d’une longueur à peu près
égale à celle du corps ; les écailles qui
la revêtent , présentent une arête sal-
lante , qui se termine en forme d’épine
alongée et garnie , des deux côtés, d'un.
très-petit aiguillon : ces écailles étant
longues et très-relevées par le bout , for- …
ment des anneaux très-sensibles , fes-
tonnés, assez éloignés les uns des autres,
et qui font paroître la queue comme
étagée. Nous en avons compté dix-neuf |
sur un individu femelle dont la queur
étoit entière.
Les écailles des pattes sont aiguës , et.
relevées "par une arête. Il y a cinq doigts
garnis d'ongles aux pieds de devant et à
ceux de derrière.
:
t
T2
É L
“
Se PPES ré + R D Hi Le
| La couleur des Ecartes est bleue eu
Le ou moins mêlée de châtain , par
| _taches ou par bandes,
M. Linné dit que le'corps du cod Le
n'est point hérissé ( corpore lævigato ) +
+ ne doit s'entendre que du dos et du
ventre , qui en effet ne le paroissent pas,
_ lorsqu'on les compare avec les pattes,
les côtés, et sur-tout avec la queue. Le
long de l’intérieur des cuisses, règnent
- des tubercules comme dans l’iguane, le
- lézard gris, le lézard verd , etc. Une
variété de cette espèce a les écailles du
corps beaucoup plus petites que celles
des autres cordyles.
moe > “ais s
| ‘ /
LL
HE gi IRE NA
»“
L’HEXAGONE.
|
NL ribuee st connoître ce PR qui.
habite en Amérique, Ce qui forme un des
caractères distinctifs de l’héxagone, c est.
que sa queue , plus longue de moitié que.
le corps , est comprimée de manière à
présenter six côtés et six arêtes très-vives.
Il est aussi fort reconnoissable par sa tête,
qui paroît comme tronquée par-derrière ,
et dont la peau forme plusieurs rides. Les
écailles dont son corps est revêtu. sont
pointues et relevées en forme de carène,
excepté celles du ventre ; il les redresse à
volonté, et il paroît alors hérissé de pe-
tites pointes ou d’aiguillons;sous sa gueule
sont deux grandes écailles rondes ; sa cou-.
leur tire sur le roux. Nous n’avons pas vu
ce lézard , et nous pouvons seulement
présumer que son ventre est couvert de
bandes transversales et écailleuses. Si cela
n'est point, 1 faudra le placer parmi les”
lézards de la division suivante.
397
Ms PAAETES
d'Pauguit S.
Lu. T's
“
DES LÉZARDS
/
4 \
L’AMÉIVA.
C'ss7 un des quadrupèdes ovipares dont
l'histoire a été le plus obscurcie : premiè-
rement, parce que ce nom d’armnéiva où
d'améira a été donné à des lézards d’es-
pèces différentes de celle dont il s'agit ici:
secondement, parce que le vrai améiva
a été nommé diversement en différentes
contrées ; il a été appelé tantôt zémapara ,
tantôt /aletec , tantôt 1amacolin, noms qui
ont été en méimne temps attribués à des
espèces diférentes de l'améiva , particu-
Jièrement à l’iguane : et totem Chr
enfin, parce que cet animal étant très-
sujet à varier par ses couleurs, suivant les
saisons , l’age et le pays, divers individus
de cette espèce ont été regardés comme
formant autant d'espèces distinctes. Pour
répandre de là clarté dans ce qui concerne
cet animal , nous conservons uniquement
ce nom d’améiva à un lézard qui se trouve
Ovipares, 11. 4
« Er SNTETN PET NP
/ AL Pi PAU UE ONE
us
38 HISTOIRE NATURELLE
(3
à
dans l'Amérique tant septentrionale qué \
méridionale, et qui a beaucoup de rap-
ports, avec les lézards gris et les lézards
verds de nos contrées tempérées ; on peut
même, au premier coup d'œil , le con-
fondre avec ces derniers : mais pour peu
qu’on l’examiné, il est aisé de l’en dis-
tinguer. Il en difière en ce qu’il n’a point
au-dessous du cou cette espèce de demi=
collier, formé de grandes écailles, et
qu'ont tous les lézards gris, ainsi que les
lézards verds; au contraire, la peau,
revêtue de très-petites écailles, y forme.
un ou deux plis. Ce caractère a été fort
bien saisi par M. Linné; mais nous de-
vons ajouter à cette diflérence celles que
nous avons remarquées dans les divers
individus que nous avons vus, et quisont
conservés au Cabinet du roi.
La tête de l’améiva est, en général, plus
alongée et plus comprimée par les côtés ;
le dessus en est plus étroit, et le museau
plus pointu. Secondement , la queue est
ordinairement plus longue en proportion
du corps. Les améivas parviennent d’ail-
Icurs à une taille presque aussi considé-
a,
DES LEZMIRDSAT
rable que les lézards vérds de nos pro-
vinces méridionales. L'individu que nous
décrivons , et qui aétéenvoyédeCayenne
. par M. Léchevin , a vingt-un pouces de
longueur totale, c’est-à-dire, depuis le
bout du museau Jusqu'à l'extrémité de la
queue , dont la longueur est d’un pied
six lignes ; la circonférence du corps, à
l'endroit le plus gros , est de quatrepouces
neuf lignes ; les mâchoires sont fendues
jusque- derrière les yeux, garnies d’un
double rang de grandes écailles , comme
dans le lézard verd , et armées d’un grand
nombre de dents très-fines, dont les plus
petites sont placées vers le bout du mu-
seau , et qui ressemblent un peu à celles
de l’iguane ; le dessus de la tête est cou-
vert de grandes lames, comme dans les
lézards verds et dans les lézards gris.
Le dessus du corps et des pattes est
garni d’écailles à peine sensibles { mais
celles qui revêtent le dessous du corps
sont grandes, quarrées , ét rangées en
bandes transversales. La queue est entou-
xée d’anneaux composés d’écailles, dont
la figure est celle d’un quarré long. Le
40 HISTOIRE NATURELLE |
dessous des cuisses présente un rang de
tubercules. Les doigts, longs et séparés
les uns des autres, sont garnis d'ongles
assez forts. |
La couleur de l’améfva varie beaucoup,
suivant le sexe, le pays, là âge, et Ja tem-
pérature de l atmosphère, ainsi que nous
l'avons dit; mais il paroît que le foud en
est toujours verd ou grisâtre, plus où
moins diversifié par des taches ou des raïes
de couleurs Du vives, et qui, étant quel-
quefois arrondies de manière à le faire
.paroître œillé, ont fait donner le nom
d'argus à l’améiva, ainsi qu’au lézard
verd.Peut-etrel’améiva forme-t-1l, comme
les lézards de nos coutrées , une petite fa-
mille, dans laquelle on devroit distinguer
les gris d'avec les verds:; mais on n’a
point encore fait assez d'observations
pour que nous puissions rien établir à ce
sujet. f
Ray et Rochefort ont parlé de lézards
qu'ils ont appelés anolis ou anoles, qui
pendant le jour sont dans un mouve-
ment continuel, et se retirent pendant la
nuit dans des creux, d'ou ils font entendre
s L.
| … DES LÉZARDS. AT
une strideur plus forte et plus insuppor-
table que celle des cigales. Comme ce nom
d’anolis ou d'anoles a été donné à plu-
sieurs sortes de lézards, et que Ray ni
Rochefort n’ont point décrit, de manière à
Ôter toute équivoque, ceux dont ils ont
fait mention, nous invitons les voyageurs
à observer ces animaux, sur l'espèce des-
“quels on ne peut encore rien dire. Nous
devons ajouter seulement que Gronovius
a décrit , sous le nom d’anolis, un lézard
de Surinam , évidemment de la même es-
pèce que l’améiva deCayenne, dont nous
venons de donner la description.
L’améiva se trouve non seulement en
Amérique , mais encore dans l’ancien
continent. J'ai vu un individu de cette
espèce qui avoit été apporté des grandes
Indes par M. le Cor, et dont la couleur
étoit d’un très-beau verd plus ou moins
mélé de jaune. | |
LA
! +4 à AA NL NA TEN CEA FA |
4
| ; LA
2 HISTOIRE NATURELLE |.
.
FN
à »yà PO TL ET MN TITLES
LE LION.:
Vorcr l'emblème de done appliqué
à la foiblesse , et le nom du roi des ani-
maux donné à un bien petit lézard. On
peut cependant le lui conserver ; parce
que ce nom est aussi souvent pris pour le
signe de: la fierté que pour celui de la
puissance. Le lézard-lion redresse presque
toujours sa queue en la tournant en rond.
IL a l’air de la hardiesse , ét c’estapparem-.
ment ce qui lui a fait donner par les An-
glois le surnom de Zon, que plusieurs
naturalistes lui ont conservé. IL se trouve
dans la Caroline. Son espèce ne diffère pas
beaucoup :de celle de notre lézard gris:
Trois lignes blanches et autant de lignes
noires règnent de chaque côté du dos,
dont le milieu est blanchâtre ; il a deux
rides sous le cou ; le dessous des cuisses
est garni d’un rang de petits tubercules ,
comme dans l’iguane , le lézard gris, le
DIRSONSZ AMDS21EH 4
lézard verd, l’améiva, etc.; la queue se
termine insensiblement en pointe.
Le lézard- on n’est point dangereux ;
il se tient souvent dans des creux de ro-
cher , sur le bord de la mer. Ce n’est pas
seulement dans la Caroline qu’on le ren-
contre, mais encore à Cuba , à Saint-Do-
mingue , et dans d’autres îles voisines.
Ayant les jambes alongées , äl est très-
agile, comme le lézard gris, et court
avec une très-grande vitesse ; mais ce Joli
et innocent lézard n’en est pas moins la
proie des grands oiseaux de mer , à la
_ poursuite desquels la rapidité de sa course
ne peut le dérober.
ERP A MEET
44 HISTOIRE NATURELLE
(x
4
LE GALONNÉ 1
a
Cr lézard habite dans l’ancien conti-
nent , où on le trouve aux Indes et em
Guinée ; il est aussi en Amérique, ét il
y a au Cabinet du roi deux iudividus de
cette espèce qui ont été envoyés de la
Martinique. C’est avec raison que M. Linné
assure que le galonné à un grand nombre
de.rapports avec l’améiva : il est beau
coup moins grand; inais les écailles qui -
reveétent le dessous du corps, forment
également des bandes transversales dans.
ces deux lézards. Le dessous des cuisses -
est garui d’un rang de tubercules, comme
dans l'isguane, le lézard gris, le lézard
verd , le cordyle, l’améiva, etc. Il a la
queue menue et plus longue que le corps.
Il est d’un verd plus ou moins foncé, et
le long de son dos s'étendent huit raies
blanchätres , suivant M. Linné. Nous en
avons compté neuf sur les deux individus
= EE RE SES
qui sont au Cabinet du roi. Les pattes
sont mouchetées de blanc.
7 Il paroît que ce lézard est sujet à varier
par le nombre et la disposition des raies
qui règnent le long du dos. M. d’Antic a
eu la bonté de nous faire voir un petit
quadrupède ovipare qui lui a été envoyé
de Saint - Domingue , et qui est une va-
riété du galonné. Ce lézard est d'une cou-
leur très-foncée ; il a sur le dos onze raies
d’un Jaune blanchâtre, qui se réunissent
de manière à n’en former que sept du
côté de la tête, et dix vers l'origine de la
queue , sur laquelle ces raies se perdent
inseusiblement. Ce sont là Les seules diffé-
rences qui le distinguent du galonné. Sa
longueur totale est de six pouces , et celle
de la queue de quatre pouces une ligne.
DES LÈZARDS. 45
RE Te TPURE
\ MA AN RON
l'A ;
6 HISTOIRE NATURELLE
}
LE LÉZARD CORNU.
Cx lézard , qui se trouve à Saint-Do-
mingue , à les plus grands rapports avec
l'isuane : il lui ressemble par la gran-
gs ;
deur , par les proportions du corps, des.
pattes et de la queue, par la forme des
écailles, par celle des grandes pièces écail-
leuses qui forment sur son dos et sur la
partie supérieure de sa queue une crêtè
semblable à celle de l’iguane. Sa tête est
conformée comme celle de ce dernier
lézard; elle montre également, sur les
côtés, des tubercules très-gros, très-saïl=
lans , et finissant en pointe*. Les dents
ont leurs bords divisés en plusieurs petites
pointes, comme celles des iguanes un
peu gros. Mais le lézard cornu diffère de
l’iguane, en ce qu’il n’a pas sous la gorge
* J'ai vu deux lézards cornus; l’un de ces deux
individus n’avoit pas de gros tubercules sur les côtés.
de la tête. ’
PHASE Z AR DST
une grande poche garnie d’une mem-
_brane et d’une sorte de crête écailleuse ;
d’ailleurs la partie supérieure de sa tête
présente , entre les narines et les yeux,
quatre tubercules de nature écailleuse ,
assez gros et placés au-devant d’une corne
osseuse , conique , et revêtue d’une éeaille
d’une seule pièce !. L’amateur distingué
qui a bien voulu nous donner un lézard
de cette espèce ou variété, nous a assuré
qu'on la trouvoit en très-grand nombre
à Saint-Domingue. Nous avons nommé
ce lézard /e cornu, jusqu’à ce que de nou-
velles observations aient prouvé qu’il
forme une espèce distincte, ou qu’il n’est
qu’une variété de l’iguane. M. l’abbé Bon-
paterre, qui nous a le premier indiqué ce
lézard, se propose d’en publier la figure
et la description dans l'Encyclopédie mé-
thodique *?.
1 L'un des deux lézards cornus que j’ai examinés,
et qui font mainienant partie de la collection du
roi, a trois pieds sept pouces de longueur totale,
ct sa corne est haute de six lignes.
2 Sile lézard cornu forme une espèce distincte,
il faudra le placer dans lu troisième division du
denre des lézards, à la suite de l’iguane.
# HISTOIRE NATURELLE |
«
L'A TÉTE ROUGES
à x 2
SJ STAR
». Et 7 ”
D ee +
Csrrr espèce de lézard se trouve dans
l’île de Saint-Christophe , et ce est M. Badier l.
qui a bien voulu nous en communiquer.
la description. La teète-rouge a ciuq doigts .
à chaque pied, et le dessous du ventre
garni de demi-anneaux écailleux , et par
conséquent elle doit être comprise dans la
troisième division du genre des lézards ?
Elle est d’un verd très - foncé et mélé de:
brun; les côtés et une partie du dessus :
de la tête sont rouges, ainsi que les côtés
du cou ; la gorge est blanche, la poitrine
noire ; le dos présente plusieurs raies
1 Pilort, téte-rouge. | |
Anolis de terre. Ce nom d’anolis a été donné
en Amérique à plusicurs lézards; ainsi que nous
l'avons vu daus l’Aistoire naturelle des quadru-
pêdes ovipares.
2 Voyez notre table méthodique des quadrupèdes
OVIpArese
DES LÉZARDS. 49
noires, transversales et ondées ; sur les
_ côtés du corps s *étend une bande ont
dinale, composée de plusieurs lignes noires
transversales ; le ventre est éotbre par
- bandes longitudinales, en noir, en bleu
et en blanchätre.
Le dessus de la tête est couvert d’écailles
plus grandes que celles qui garnissent le
dos ; on voit sous les cuisses une rangée
Ne petits tubercules, comme sur le lézard
gris et plusieurs autres lézards.
L'individu décrit par M. Badier avoit
un pouce de diamètre dans l'endroit le
plus gros du corps, et un pied un pouce
onze lignes de longueur totale; la queue
étoit entourée d’anneaux écailleux , et
longue de sept pouces huit lignes ; les :
Jambes de derrière, mesurées jusqu’au
premier article des doigts, avoient deux
pouces une ligne de longueur.
_ Suivant M. Badier , la tête-rouge par-
vient à une grandeur trois fois plus con-
sidérable. Elle se nourrit d'insectes,
!
5o HISTOIRE NATURELLE
LE LÉZARD QUETZ-PALÉO.
et
"Ts r est le nom que porte au Bresil cette
espèce de lézard , dont M. lPabbé Nollin,
directeur des pépinières du roi, a bien
voulu m'envoyer un individu. Ce qua-
drupède ovipare est représenté dans Seba
(tomelT, planche XCVII, fig. 4), et M.
Laurent en a fait mention sous le nom
de cordyle du Bresil (page 52); mais nous
n'avons pas voulu en parler avant d’en
avoir vu un individu , et d’avoir pu dé-
terminer nous-mêmes s’il formoit une
espèce ou une variété distincte du cor-
dyle, avec lequel il a beaucoup de rap-
ports, particulièrement par la conforma-
tion de sa queue. Nous sommes assurés
maintenant qu'il appartient à une espèce
très-différente de celle du cordyle; il n’a
point le dos garni d’écailles grandes ét
quarrées comme le cordyle, ni le ventre
couvert de deini- anneaux écailleux : : 1l À
f _
DES LÉZARDS. 5x
doit doncêtre compris dans la quatrième
division des lézards, tandis que l'espèce
du cordyle fait partie de la troisième. #a
tête est applatie par-dessus, comprimée
par les côtés, d’une forme un peu trian-
gulaire, et revêtue de petites écailles * :
celles du dos et du dessus des jambes sont
encore: plus petites ; et comme elles sont
placées à côté les unes des autres, ellés
font paroître la peau chagrinée. Le ventre
et le dessous des pattes présentent des
écailles un peu plus grandes , mais pla-
cées de la même manière, et assez dures.
Plus de quinze tubercules percés à leur ex-
trémité garnissent le dessous des cuisses ;
d’autres tubercules, plus élevés , très-
forts , très-pointus et de grandeur très-
inégale , sont répandus sur la face exté-
rieure des Jambes de derrière : on en voit
aussi quelques uns très-durs , mais moins
hauts, le long des reins de l’animal , et
sur les jambes de devant auprès des pieds.
L
* Les dents du quetz-paléo sont plus pelites à
mesure qu'elles sont plus près du museau. J’en aï
compté plus de trente à chaque mâchoire. Elles
sont assez serrées.
52 HISTOIRE sa é,
La queue de ce lézard est revêtue de
très - grandes écailles, relevées par une
avete , très-pointues , très-piquantes, et |
disposées en anneaux larges et très-dis-
tincts les uns des autres. Cette forme, qui
lui est commune avec le cordyle., jointe
à celie des écailles qui revétent le dessus
et le dessous de son corps , ‘suffisent pour
le faire distinguer d'avec les autres lézards
déja couuus. L'individu que M. Pabbé
Nollin in’a fait parvenit,, avoitplus d’un
pied cinq pouces de longueur totale , et
sa queue étoit longue de plus de huit
pouces. Le dessus de son corps étoit gris ,
le dessous blanchâtre, et la queue d’un .
brun très-foncé.
PES At PLI3. Leg. 53.
| Ë ff) s
£° 4! Ps
HA / agi 3
MORE :
/ SRMU AP (A NAT DITES fr.
AURONT ss PR Ur
(Q
PAL 2
RTE"
RG Le ne AU TT
\1,s SES
N) ss
zLE CAMELEON.
2LE MAB OUYA.
JL Oaugut à Le
QUATRIÈME DIVISION."
Qui ont cing. doigts aux pieds de de-
TD ENST D É Z'ATRIDIS UT 89
CT À À Q
ES a; 16
LFI I)
8
LÉZARTS
+
vant, sans bandes transversales sous
le corps.
LE CAMÉL.ÉON*.
\
Lr nom du caméléon est fameux. On
lemploie métaphoriquement ,- depuis
Jong-temps , pour désigner la vile flat-
terie. Peu de gens savent cependant que
le caméléon est un lézard ; et moins de
personnes encore connoissent les, traits
qu'il présente et les qualités qui le dis-
* Chamæles , en latin; faitah ou bouiah , en
#Barbarie, suivant M. Shaw. |
ÿ
À OEM dE dre AAA
5f HISTOIRE NATURELLE
*
tinguent. On a dit que le caméléon chan-
geoit souvent de forme , qu'il w’avoit …
point de couleur en propre , qu’il prenoit
celle de tous les objets dont il approchoit,
qu'il en étoit, par-là une sorte de miroir
fidèle, qu'il ne se nourrissoit que d'air. …
Les anciens se sont plus à le répéter ; ils
ont cru voir dans cet être qui nm'étoit
pas le caméléon, mais un antmal fantas-
tique produit et embelli par l'erreur,
une image assez ressemblante de plu-
sieurs de ceux qui fréquentent les cours :
ils s’en sont servis comme d’un objet de
comparaison pour peindre tes hommes
bas etrampans qui, n'ayant jamais d'avis …
à eux , sachant se plier à toutes les formes,
embrasser toutes les opinions , ne se re-
paissent que de fumée et de vains projets.
Les poètes sui-tout se sont emparés de
toutes les images fournies par des rap-
ports qui, n'ayant rien de réel, pou-
voient être aisément étendus : ils Ont paré
des charmes d’une imagination vive les
diverses comparaisons tirées d’un ‘animal
qu'ils ont regardé comme faisant par
crainte ce que l'on dit que tant dé
ADIBIST MMÉIZUANRONNET TT 56
courtisans font par goût. Ces images
agréables. ont été copiées , muliiphées ,
animées par les beaux génies des siècles
les plus éclairés. Aucun animal ne réunit,
sans doute | les propriétés imaginaires
auxquelles. mous devons tant d'idées
riantes ; mais une fiction spirituelle ne
peut qu’ajouter au charme des ouvrages
où sout répandues ces peintures gra-
cieuses. Le caméléon des poètes n'a point
existé pour la Nature ; mais il pourra
exister à Jamais pour le génie et pour
.l'umagination.
Lorsque cependant nous aurons écarté
les qualités fabuleuses attribuées au camé-
léon , et lorsque nous l’aurons peint tel
qu'il est, on devra le regarder encore
comme un des animaux les plus intéres-
sans aux yeux des naturalistes , par la
singulière conformation de ses diverses
parties , par les habitudes remarquables
qui en dépendent , et même par des
propriétés qui ne sont pas’ très - diffé-
rentes de celles qu’on lui a faussement
attribuées *.
* On peut voir dans Pline les vertus. chimériquès
2
Fe
56. HISTOIRE NATURELLE :
On trouve des. caméléons de plusieurs
tailles assez différentes les unes des autres.
Les plus’ grands n’ont guère plus de qua=
torze pouces de longueur totale. L’indi-
vidu que nous avons décrit , et qui est
conservé avec beaucoup d’autres au Ca-
binet du roi, a un pied deux pouces trois
lignes , depuis le bout du museau jus-
qu'à l'extrémité de la queue, dont la lon-
gueur est de sept pouces. Celle des pattes ,.
y compris les doigts , est de trois pouces.
La tête, applatie par-dessus, l’est aussi
par les côtés : deux arêtes élevées partent
du museau, passent presque immédiate-
ment au-dessus des yeux , en suivent à
peu près la courbure, et vont se réunir
en pointe derrière la tête ; elles y ren-
contrent une troisième saillie qui part du
sommet de la tête, et deux autres qui
viennent des coins de la gueule ; elles
forment, toutes cinq ensemble , une sorté
de capuchon , ou, pour mieux dire, de
pyramide à cinq faces, dont la pointe est
L 2 # . L2 } 4
que les anciens attribuoient au caméléon. On trou-
vera aussi dans Gesner tous les contes ridicules
qu’ils ont publiés au sujet de cet animal.
M
DES: LÉ Z AURID Sin 5
| tournée en arrière. Le cou est très-court-
Le dessous de la tête et la gorge sont
comme gonflés, etreprésent ent une espèce
de poche , mais moins grande de beau-
coup que celle de l’iguane.
La peau du caméléon est parsemée de
petites éminences comme le chagrin:
elles sont très-lisses, plus marquées sur
la tête, et environnées de grains presque
imperceptibles. Un rang de petites pointes
coniques règne en forme de dentelure
sur les saillies de la tête ,.sur le dos , sur
une partie de la queue et au-dessous du
corps , depuis le museau jusqu’à l’anus.
Sur le bout du museau, qui est un peu
arrondi, sont placées les narines, qui doi-
vent servir beaucoup à la respiration de
l'animal ; car il a souvent la bouche fer-
mée si exactement, qu’on a peine à dis-
tinguer la séparation des deux lèvres. Le
cerveau est très-petit et n’a qu'une ligne
_ ou deux de diamètre. La tête du caméléon
“ne présente aucune ouverture particulière
pour les oreilles, et MM. de l'académie des
sciences , qui disséquèrent cet animal,
crurent qu’il étoit privé de l'organe de
08 BIS TONRE NATURELLE
J'ouïe , qu’ils n’appercurent point dans ce
lézards , Mais que M. Camper vient dy |
découvrir. C’est une nouvelle preuve de
la foiblesse de l’ouïe dans les quadru-,
pèdes ovipares ,; et vraisemblablement
c’est une des causes qui concourent à
produire l’espèce de stupidité que l’on a
attribuée au caméléon.
Les deux mâchoires sont composées :
d’un os dentelé qui tient lieu de véri-
tables dents *. Presque tout est particulier
dans le caméléon : Les lèvres sont fendues
même au-delà des mâchoires, où leur
ouverture se prolonge en bas : les yeux
sont gros et très-saillans ; et ce qui les”
distingue de ceux des autres quadru-
pèdes , c’est qu’au lieu d’une paupière
qui puisse être levée et baissée à volonté,
ils sont recouverts par une membrane.
chagrinée , attachée à l'œil , et qui en
suit tous les mouvemens. Cette: mem-
* Nous nous sommes assurés de lexistence deu
cet os dentelé, par l’inspection des squelettes de
caméléon que lon a au Cabinet du roi. Prosper
Alpin à nié, en quelque à lexistence de |
get OS.
LL
a
2? LE
\
\ DES LÉZARDS. 59
brane est divisée par une fente horizon- ;
tale , au travers de laquelle on appercoit
une prunelle vive, brillante, et comme
bordée de couleur d’or.
Les lézards , et tous les quadrupèdes
ovipares en général , ont les yeux très-
bons. Le sens de la vue , ainsi que nous
lavons dit , paroît être le premier de
tous dans ces animaux , de même que
dans les oiseaux. Mais les caméléons
doivent Jouir par excellence de cette vue
exquise : il semble que leur sens de la
vue est si fin et si délicat, que sans la
membrane qui revêt leurs yeux , ils se-
roient vivement offensés par la lumière
éclatante qui brille dans les climats qu'ils
habitent. Cette précaution qu’on diroit
que la Nature a prise pour eux , ressem-
ble à celle des Lappons et d’autres habi-
taus du Nord , qui portent au-devant de
leurs yeux une petite planche de sapin
fendue , pour se garantir de l'éclat
éblouissant de la lumière fortement réflé-
chie par les neiges de leurs campagnes :
ou plutôt ce n’est point pour conserver
la finesse de leur vue, qu'il leur a été
F2
L\
6o HISTOIRE NATUREL Me
donné des membranes ; mais c’est parce
qu'ils ont recu ces membranes préserva- | |
trices , que leurs yeux, moins usés MOINS
vivement ébranlés |, doivent avoir une #
force plus grande et plus durable. s Î
Non seulement le caméléon a les yeux
enveloppés d'une manière qui lui est par-
ticulière, mais ils sont mobiles indépen- *
damment l’un de l’autre : quelquefois il
les tourne de manière que l’un regarde
en arrière, et l’autre en avant ; ou bien
de l’un il voit les objets placés au-dessus
de lui, tandis que de l’autre il appercoit
ceux qui sont situés au-dessous. Il peut
par-là considérer à la fois un plus grand
espace ; et, sans cette propriété singu-
lière , il seroit presque privé de la vue
malgré la bonté de ses yeux , sa pru-
nelle pouvant uniquement admettre les
rayons lumineux qui passent par la fente
très-courte et très-étroite que présente la
membrane chagrinée. | ;
Le caméléon est donc unique dans À
son ordre , par plusieurs caractères très-
remarquables : inais ceux dont nous ve-
nons de parler , ne sont pas les seuls qu'il
-%
NS : ) #7 "”
DES LÉZARDS 6
présente; sa langue , dont on a comparé
la forme à celle d’un ver de terre , est
ronde , longue communément de cinq
ou six pouces, terminée par une sorte
. de gros nœud, creuse , attachée à une
espèce de stylet cartilagineux qui entre
dans sa cavité et sur lequel l'animal
peut la retirer , et enduite d’une sorte de
vernis visqueux qui sert au caméléon à
retenir les mouches , les scarabées, les
sauterelles , les fourmis et les autres in-
sectes dont il se nourrit , et qui ne peu-
-vent luiréchapper , tant il la darde et la
retire avec vitesse.
Le caméléon est plus élevé sur ses Jam-
bes que Le plus grand nombre des lézards;
11 a moins l’air de ramper lorsqu'il mar-
che : Aristote et Pline l’avoient remarqué.
Ila, à chaque pied, cinq doigts très-
longs, presque égaux, et garnis d'ongles
forts et crochus; mais la peau des jambes
s'étend jusqu’au bout des doigts , et les
réunit d’une manière qui est encoré par-
ticulière à ce lézard. Non seulement cette
peau attacheles doigts les unsaux autres,
inais elle les enveloppe , et en forme
6
2
6: HISTOIRE NATURELLE
comme deux paquets, l’un de trois. doigts, À
et l’autre de deux ; et il y a cette différence
entre les pieds di devant et ceux de
derrière , que ; dans les premiers, le:
paquet extérieur est celui qui ne con-
tient que deux doigts, tandis que c’est
l'opposé dans les pieds de derrière *
Nous avons vu, à l’article de la dxa-
gonne, combien une membrane de moins
entre les doigts influoit sur les mœurs
de ce lézard , et, en lui donnant la fa-
cilité de grimper sur les arbres, ren-
doit ses habitudes différentes de celles du
crocodile, qui a les pieds palmés. Nous
avons observé en général, qu’un léger -
changement dans la conformation des
pieds devroit produire de très-grandes
dissemblances entre les mœurs des divers
quadrupèdes. Si l'on considère, d’après
cela , les pieds du caméléon réunis d’une |
* Quelques auteurs ont écut qu'il y avoit des
;
‘à
1
espèces de caméléons dont les cinq doigts de chaque w
pied étoient séparés les uns des autres. Ils auront
certainement pris pour des caméléons d’autres lé-
ressemble en effet un peu à celle du caméléon.
zards, et, par exemple, des tapayes, dont la tête
h
Û
:
\ DES TE ÉZ AR DIS. 63
manière particulière , recouverts par une
continuation de la peau des jambes, et
divisés en deux paquets, où les doigts
sont rapprochés et collés, pour ainsi
dire , les uns contre les autres, on ne
sera pas étonné de l'extrême différence
qu'il y a entre les habitudes naturelles
du caméléon et celles de plusieurs lé-
zards. Les pieds du caméléon ne pou-
vant guère lui servir de rame , ce n’est
pas dans l’eau qu'il se plaît : mais les
deux paquets de doigts alongés qu'ils
présentent , sont placés de manière à
pouvoir saisir aisément les branches sur
lesquelles 1l aime à se percher ; il peut
empoigner ces rameaux , en tenant un
paquet de doigts devant et l’autre der-
rière , de même que les pics, les coucous,
les perroquets , et d’autres oiseaux , sai-
sissent les branches qui les soutiennent’,
en mettant deux doigts devant et deux
derrière. Ces deux paquets de doigts,
placés comme nous venons de le dire,
ne fournissent pas au caméléon un point
d'appui bien stable lorsqu'il marche sux
la terre : c’est ce qui fait qu’il habite
»
"AN
de préférence sur les arbres, ‘où, il a d’e
tant plus de facilité à grimper et à se |
tenir, que sa queue est longue et douée 4
d’une assez grande force. Il la replie,
ainsi que les sapajous ; il en entoureles
petites branches , ‘et s’en sert comme
d’une cinquième main pour s'empêcher
de tomber , ou passer avec facilité d’un
endroit à un autre. Belon prétend que les
caméléons se tiennent ainsi perchés: sur
les haies pour échapper aux vipères et
aux cérastes, qui les avalent tout entiers
lorsqu'ils peuvent les atteindre : mais ils
ne peuvent pas se dérober de même à la
mangouste , et aux oiseaux de proie que :
les recherchent.
Voilà donc le caméléon que l’on peut
regarder comme l’analogue du sapajou,
dans les quadrupèdes ovipares. Mais si sa
conformation lui donne une habitation
semblable à celle de ce léger animal,
s’il passe de même sa vie au milieu des
forêts et sur les sommets des arbres , ik, |
n’en a ni l’élégante agilité, ni l’activité
pétulante. On ne le voit pas s'élancer
comme un trait de branche en branche,
| UT
64 HISTOIRE NATURELLE Va
CRE,
De” ME re
ne
Des LÉ ZAR DES TT 65
à imiter , par la vitesse de sa course
et la grandeur de ses sauts, la rapidité
du vol des oiseaux : mais c’est toujours
avec lenteur qu'il va d’un rameau à un
autre ; et 1l est plutôt dans les bois en
embuscade sous les feuilles pour retenir
les insèctes ailés qui peuvent tomber sur
sa langue gluante, qu’en mouvement de
chasse pour aller les surprendre *,
La facilité avec laquelle il les saisit , le
rend utile aux Indiens, qui voient avec
grand plaisir dans leurs maisons cet in-
nocent lézard. Il est en effet si doux,
qu'on peut, suivant Alpin, lui mettre
le doigt dans la bouche , et Fenfoncer
très-avant , sans qu'il cherche à mordre ;
et M. Desfontaines, savant professeur du,
Jardin du roi, qui a observé les camé-
léons en Afrique , et qui en a nourri
chez lui, leur attribue la même douceur
qu’Alpin.
Soit que le caméléon grimpe le long
des arbres |, soit que, caché sous les
feuilles, il y attende paisiblement les
* Hasselquist a trouvé dans l’estomac d’un ca-
mélon, des restes de papillons et d’autres insectes,
6
l " | DATA ds PE UR LAON
|
66 HISTOIRE NATURELLE
insectes dont il se nourrit, soit enfin qu
marche sur la terre, il paroît toujours
assez laid ; il n'offre, pour plaire à la vue,
ni proportions agréables, ni taille svelte,
ni mouvemens rapides. Ce n’est qu'avec
une sorte de circonspection qu'il ose se
remuer. S'il ne peut pas embrasser Îles
branches sur lesquelles il veut grimper,
il s'assure, à chaque pas qu'il fait, que
ses ongles sont bien entrés dans les fentes
de l’écorce : s’il est à terre ; 1l tâtonne ; il
ne lève un pied que lorsqu'il est sûr du
point d'appui des autres trois. Par toutes
ces précautions, il donne à sa démarche
une sorte de gravité, pour aïnsi dire ri-
dicule , tant elle contraste avec la peti-
tesse de sa taille et l’agilité qu’on croit
trouver dans un animal assez semblable
à des lézards fort lestes. Ce petit animal ,
dont l’enveloppe et la mobilité des yeux ,
la forme des pieds , et presque toute la
conformation , méritent l'attention des
physiciens , n’arrêteroit donc les regards
de ceux qui ne jettent qu’un coup d'œil
superficiel, que pour faire naître le rire
et une sorte de mépris : il auroit été bien
ME LUE
LA PA EE à AN.
Op ES LEZ AR DS. '" ‘67
éloigné d’être l’objet chéri de tant de
voyageurs et de tant de poètes; son nom
n’auroit pas été répété par tant de bou-
ches ; et perdu sous les rameaux où il se
cache , il n’auroit été connu que des na-
turalistes , si la faculté de présenter,
suivant ses différens états, des couleurs
plus ou moins variées , n’avoit attiré sur
lui depuis long- ri € une attention par-
ticulière.
Ces diverses teintes changent en effct
avec autant de fréquence que de rapidité;
elles paroiïssent d’aïlleurs dépendre du
climat, de l’âge où du sexe. Il est donc
assez difficile d’assigner quelle est la cou-
leur naturelle du caméléon. Il paroît ce-
pendant qu’en général:ce lézard est d’un
gris plus ou moins foncé, où plus où
moins livide. SÉMIE
Lorsqu'il est à l'ombre et en repos de-
puis quelque temps , les petits grains de
sa peau sont quelquefois d’un rouge pâle;
le dessous de ses pattes est d’un blanc un
peu Jaunâtre : mais lorsqu'il est exposé
à la lumière du soleil ,sa couleur change;
là partie de son corps qui est éclairée
J
68 HISTOIRE Ra TULEISE La
la partie sur laquelle les rayons du so-
LE
devient souvent: d'au gris plus «
leil ne tombent point directement, offre
des couleurs plus éclatantes, et des taches
qui paroissent isabelles par le mélange
du Jaune pâle que présentent alors les pe-
tites éminences , et du rouge clair du
fond de la peau. tions les intervalles des
taches , les grains offrent du gris mêlé
de verdâtre et de bleu , et le fond de la
peau est rougeâtre. D’autres fois le camé-
léon est d’un beau verd tacheté de jaune;
lorsqu'on letouche, il paroît souvent cou-
vert tout d’un coup de taches noirâtres_
assez grandes, mêlées d’un peu de verd ; :
lorsqu'on, l'enveloppe dans un linge ow
dans une étoffe, de quelque couleur.
qu’elle soit, il bien quelquefois plus
blanc qu’à l’o l'o rdinaire : mais ilest démon- k.
tré , par les observations les plus exactes,
qu il ne prend point la couleur des pr |
qui l’environnent ; que celles qu'il montre
accidentellement ne sont point répan-
dues sur tout son corps, comme le pensoit
Aristote, et qu'il peut offrir la couleur |
blanche, ce qui est contraire à l'opinion
de Patotque et de Solin. à
Lx
EUR
DES LÉZARDS. 69
1 n’a recu presque aucune arme pour
se défendre : ne marchant que très-lente-
ment, ne pouvant point échapper par la
fuite à la poursuite de ses ennemis, 1l
est la proie de presque tous les animaux
qui cherchent à le dévorer : il doit par
conséquent être très-timide, se troubler
aisément, éprouver souvent des agita-
tions intérieures plus ou moins considé-
rables. On croyoit, dw temps de Pline
qu'aucun animal n'étoit aussi craintif
que le caméléon, et que c’étoit à cause.
_ de sa crainte habituelle qu'il changeoit
souvent de couleur. Ce trouble et cette
crainte peuvent en effet se manifester,
par les taches dont il paroît tout d’ui
coup couvert à l'approche des objets
nouveaux. Sa peau n'est point revêtue
d’écailles, comme celle de beaucoup
d’autres lézards ; elle est transparente,
quoique garnie des petits grains dont
nous avons parlé; elle peut aisément
transmettre à l'extérieur, pa des taches
- brunes et par une couleur jaune ou ver-
dâtre, l'expression des divers mouvemens
que la présence des objets étrangers doit
no HISTOLRE N'a ROBE
imprimer au sang et aux humeurs du. 4
caméléon. Hassclquist , qui l’a observé L
en Égypte, et qui l’a disséqué avec soin,
dit que le changement de la couleur dece «
lézard provient d’une sorte de maladie, …
d’une jaunisse que cet animal éprouve. ê
fréquemment , sur-tout lorsque ilest irrité.
De [à vient , suivant le même auteur, …
qu'il faut presque toujours que le camé- .
1éon soit en colère, pour que ses teintes
changent du noir au jaune ou au verd.
11 présente alors la couleur de sa bile, que .
l'on peut appercevoir aisément , lors …
qu'elle est très-répandue dans le corps, à …
cause de la ténuité des muscles , et de la
transparence de la peau. Il paroît d’ail- .
leurs que c’est au plus ou moins de cha-
leur dont il est pénétré, qu’il doit les
changemens de couleur qu’il éprouve de …
temps en temps. En général , ses couleurs
sont plus vives lorsqu'il est en mouve-
ment , lorsqu'on le manie, lorsqu'il est
exposé à lv lumière du soleil très-chaud |
dans les climats qu'il habite : elles de-
viennent au contraire plus foiblés lors-
qu'il est à l'ombre, c’est-à-dire , privé de |
}
ES
L 0 L
DES LÉZARDS. e:
l'influence des rayons solaires , lorsqu'il
est en repos , etc. Sises couleurs se ter-
unissent quelquefois lorsqu'on l'enveloppe
dans du linge ou dans quelque étoffe, c’est
peut-être parce qu'il est refroidi par les
linges ou par l’étoffe dans lesquels on le
plie. Il pâlit toutes les nuits, parce que
toutes les nuits sont plus ou moins
fraîches , sur-tout en France, où ce phé-
nomène a été observé par M. Perrault. IL
blanchit enfin lorsqu'il est mort, parce
qu’alors toute chaleur intérieure est
éteinte.
La crainte , la colère et la chaleur
qu'éprouve le caméléon, nous paroissent
donc les causes des diverses couleurs
qu'il présente , et qui ont été le sujet de
tant de fables.
Il jouit à un degré très-éminent du pou-
voir d’enfiler les différentes parties de son
corps, de leur donner par-là un volume
plus considérable, et d’arrondir ainsi celles
qui seroient naturellement comprimées:
C’est par des mouvemens lents et irré-
guliers , et non point par des oscillations
régulières et fréquentes, que le camé!'éon
Ef d Pr 1
#2 Le
se Su At CT Rp d'aii au point dé À
doubler son diamètre: son enflure s'étend 4
Jusque dans les pattes et dans la queue. »
Îl demeure dans cet état quelquefois pen-
dant deux heures , se désenflant un peu
de temps en temps, et se renflant de
nouveau : mais sa dilatation est toujours
plus soudaine que sa compression.
Le caméléon peut aussi demeurer très-
long-temps désenflé : 1l paroît alors dans,
un état de maigreur si considérable, que
l’on peut compter ses côtes, et que l’on :
distingue les tendons de ses pattes et
toutes les parties de l’épine du dos. 1
C’est du caméléon dans cet état que
l’on a eu raison de dire qu’il ressembloit
à une peau vivante : car en effet il paroît .
alors n'être qu’un sac de peau dans lequel
quelques os seroient renfermés ; et c’est
sur-tout lorsqu'il se retourne , qu'il a.
cette apparence.
Mais il en est de cette propriété de s’en-
fler et de se désenfler , comme de toutes
les propriétés des animaux, des végétaux,
et même de la matière brute : aucune
qualité n’a été, à la rigueur , accordée |
5 hr
TR eo
À
AIDES LÉZARDS #3
exclusivement à une substance; ce n’est
que faute d'observations que l’on a cru
voir des animaux, des végétaux ou des
minéraux présenter des phénomènes que
d’autres n'offroient point. Quelque pro-
priété qu'on remarque dans un être, on
doit s'attendre à la trouver dans un autre,
quoiqu'à la vérité à un degré plus haut
ou plus bas. Toutes les qualités, tous les
effets , se dégradent ainsi par des nuances
successives , s’'évanouissent ou se chan-
gent en qualités et en effets opposés. Et
pour ne parler que de la propriété de se
gonfler , presque tous les quadrupèdes
ovipares , et particulièrement les gre-
nouilles, ont la faculté de s’enfler et de
se désenfler à volonté ; mais aucun ne la
possède comme le caméléon. M. Perrault
paroît penser qu'elle dépend du pouvoir
qu'a ce lézard de faire sortir de ses pou-
mons l'air qu'il respire , et de le faire
glisser entre les muscles et la peau. Cette
propriété de filtrer ainsi l’air de latmo-
sphère au travers de ses poumons, et ce
gonflement de tout son corps, que le ca-
méléon peut produire à volonté, doivent
Ovipares, 11. 7
4 HISTOIRE NATURELLE |
le rendre beaucoup plus léger, en ajou- 1
tant à son volume, sans augmenter sa ù
masse, Il peut plus facilement , par-là ,
s'élever sur les arbres, et y Sie a
branche en branche; et:ce pouvoir: de
faire passer de l'air dans quelques parties «
de sou corps , qui lui est commun‘avec |
les oiseaux , ne doit pas avoir peu con-
tribué à déterminer son séjour au: (mi
lieu des forêts. Les caméléons. gonflent
aussileurs poumons, qui sont composés f
de plusieurs vésicules, ainsi que ceux
d’autres quadrupèdes oviparés. Cette eon-
formation explique les contradictions des «
auteurs qui ont disséqué ces animaux,
et qui leur ont attribué les uns de petits
et d’autres de grands poumons , comme L
Pline et Belon. Lorsque ces viscères sont
flasques., plusieurs vésieules peuvent
échapper où paroître très-petites aux:0b-
servateurs ; et elles occupent au. contraire À
un si grand espace lorsqu'elles sontsouf-
fées , qu’elles couvrent présque entière-
ment toutes les parties intérieures. |
Le battement,du cœur ducaméléomest |
si foible, que souvent on me. peut le %
TRES
< = s ee
DES LEZARDS. 73
sentir en mettant la main. au-dessus de:
ce viscère. |
Cet animal , ainsi que les autres lézards,
peut. vivre près d'un an sans manger, et
c'est vraisemblablement ce qui a fait dire
qu'il ne se nourrissoit que d'air. Sa con-
formation ne lui permet pas de pousser
de véritables cris ; mais lorsqu'il est sur
le point d’être surpris, 1l ouvre la gueule
et sille comme plusieurs autres quadru-
pèdes ovipares et les serpens.
Le caméléon se retire dans des trous de
rochers , ou d’autres abris, où ïil se tient
<aché pendant l'hiver , au moins dans
les pays un peu AE LES , etoùil ya
-apparence qu'il s'engourdit. Ce fait étoit
connu d'Aristote et de Pline.
La ponte de cet animal est de neuf à
douze œufs : nous eñ avons compté dix
.dans le ventre d’une femelle envoyée du
Mexique au Cabinet du roi. Ilssontovales,
reyeétüs d’une membrane mollasse comme
ceux des tortues marines, desiguanes, etc.
Ils ont à peu-près sept ou huit lignes dans
leur plus grand diamètre.
Lorsqu'on transporte le caméléon en
76 HISTOIRE NA TURELLE
vie dans les pays un peu froids, il refuse |
presque toute nourriture ; il se tient im- à
:
mobile sur une branche , tournant seu- î
lement les yeux de temps en temps, et il,
périt bientôt.
On trouve le cal dans totis dei
climats chauds, tant de l’ancien que du
nouveau continent,
Afrique ,
au Mexique , en
au cap de Bonne - Espérance,
dans l'île de Ceylan , dans celle d’Am-.
boine , etc. La destinée de cet animal
paroît avoir été d’intéresser de toutes les |
‘manières. Objet, dans les pays ancien-
nement policés, de contes ridicules, de
fables agréables, de superstitions ab-
surdes et burlesques , il jouit de beau-
coup de véuération sur le bord du Séné-
gal et de la Gambie. La religion des nègres,
du cap de Monté leur défend de tuer les
caméléons , et les oblige à les secourir
lorsque ces petits animaux, tremblans le
long des rochers dont ils cherchent à
descendre , s’attachent avec peine par
leurs ongles, se retiennent avec leur
queue, et s’épuisent, pour ainsi dire,
en vains efforts : mais quand cés anidaux
DES LÉZARDS. 77
sont morts, ces mêmes nègres font sécher
leur chair et la mangent.
Il y a au Cabinet du roi deux caméléons,
l'un du Sénégal, et l’autre du cap de
Bonne-Espérance, qui n'ont pas sur le
derrière de la tête cette élévation trian-
gulaire, cette sorte de casque qui dis-
tingue non seulement les caméléons d’° É-
gypte et des grandes Indes, mais encore
‘ceux du Mexique. Lescaméléons diffèrent
aussi quelquefois les uns des autres par
le plus ou lé moins de prolongation de la
petite dentelure qui s'étend le long du
dos et du dessous du corps. On a, d’après
cela , voulu séparer les uns des autres,
comme autant d'espèces distinctes, les
caméléons d'Égypte, ceux d'Arabie, ceux
du Mexique, ceux de Ceylan , ceux du
cap de Bonne-Espérance, etc. ; mais ces
légères différences, qui ne changent rien
aux caractères d’après lesquels 1l est aisé
de reconnoître les caméléons , non plus
qu’à leurs habitudes , ne doivent pas nous
empêcher de regarder l’espèce du camé-
léon comme la même dans les diverses
contrées qu’il fréquente, Er soit
78 HISTOIRE. NATURELLE
quelquefois un peu altérée par. Rp |
du climat, ou par-d’autres circonstances, "1
et qu’elle se montre avec quelque variété |
dans sa forme ou dans sa grandeur, sui- |
vant l’âge et le sexe des individus. . *
M. Parsons à donné ; dans les Transac-
tions philosophiques , la figure et.la des-
cription d'un caméléon qui avoit été ap-
porté à un de ses aihis parmi d’ autres
objets d'histoire PRE ir , “et dont, al
ignoroit le pays natal. Cet-animal ne dif-
féroit, d'une manière remarquable}; des |
autres caméléons , tant de l’antien: que
du nouveau monde, que par la forme
du casque que nous avons décrit. Cette:
partie sallante ne:s’étendoit pas seule-
anent sur. le derrière de la tête. dans le
caméléon de M. Parsons ,, mais élle:se.di-
visoit par - devant en deux protubérances
crénelées qui s’élevoient obliquement ét
s’avancoient jusqu’au-dessus desmarines.
Ce ne sera qu'après de nouvelles observa-
tions sur des individus sémblables , que
lon pourra déterminer si le vaméléon
très-bien décrit par M. Parsons apparte-
noit à une race constante, ou ne formoit M
qu'une variété individuelle.
PL Re, DS COR
SE SET EE
=
Das es
DES LÉZARDS. ñ)
LA QUEUE-BLEUE.
L, queue-bleue habite principalement
la Caroline. Ce lézard se retire souvent
dans les creux des arbres. Il n’a qu'envi-
ron six pouces de longueur. Il est brun ;
son dos présente cinq raies Jaunâtres et
longitudinales ; et ce qui sert sur -tout à
le distinguer , c’est la couleur bleue de
sa queue menue et communément plus
longue que le corps. Catesby dit que plu-
sieurs habitans de la Caroline prétendent
qu'il est venimeux ; mais il assure n'avoir
été témoin d'aucun fait qui püt le prou-
ver. : | |
On devroit peut-être rapporter à cette
espèce un lézard du Bresil dont Ray parle
d’après Marcgrave, et qui se nomme a77e-
zicima. Suivant la description que Ray en
donne, il est long de deux pouces ; son
dos est couvert d’écailles gris cendré ;
d'écailles Re ,
cailles bleues. Les
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comme venimeux. ne
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RAA AUR É.-
L'azunré se trouve en Afrique ; ses
écailles pointues le font paroître hérissé
de petits piquans. Un caractère d’après
lequel:il est aisé de le reconnoître, et qui
lui a fait donner le noi qu'il porte , est la
couleur bleue dont le dessus de son corps
est peint, et qui forme une espèce de
manteau azuré. Sa queue est courte.
-
I. est aisé de distinguer ce lézard , qui
se trouve dans les contrées orientales , |
par des verrues qui sont distribuées, sdb À
aucun ordre, sur son corps, par sa cou- |
leur grise tachetée de roussâtre, et par
sa queue à peine plus longue que le 4
corps, et que des bandes disposées avec
une sorte d’irrégularité rendent inégale-
ment étagée. ;
Le [
Q9
DES LÉZARDS. 1]
\
L'UMBRE..
L'ousrr , qui se trouve dans plusieurs
contrées chaudes de lAmérique, a la
tête très-arrondie ; l’occiput est chargé
d’une callosité assez grande et dénuéce
d’écailles; la peau qui est sur la gorge
forme uu pli profond. La couleur du corps
est nébuleuse. Les écarlles étant relevées
en arête, et leur sommet étant aigu, le
dos paroît strié. La queue est ordinaire-
ment plus longue que le corps.
LE -P LI SR
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Le plissé a l’occiput calleux commé -
l’umbre; mais la peau qui est sur la gorge
forme deux plis au lieu d’un. Il diffère «
encore de l’umbre par plusieurs traits : "
des écailles coniques font paroître sa peau
chagrinée ; le dessus des yeux est comme
à ae crénelé ; derrière les oreilles sont
deux verrues garnies de pointes ; sur la «
partie antérieure du dos règne une petite. i
dentelure formée par des écailles plus
grandes que les voisines, et qui lie le”
plissé avec le galéote et l’agame; une ride
élevée s'étend de chaque côté du cou jus- »
que sur les pattes de devant, etse replie!
sur le milieu du dos; les doigts sont alon-
gés, garnis d'ongles applatis, et couverts !
par-dessous d’écailles aiguës ; la queue”
est ronde , et ordinairement plus longue“
que le LAON Le plissé se trouve dans les
Indes. ; | à
DES LÉZARDS 85
C'est à ce lézard qu'il paroît qu’on doit
rapporter celui que M. Pallas a nommé
hélioscope dans le supplément latin de son
Voyage en différentes parties de l'empire
de Russie. I habite les provinces les moins
froides de ce vaste empire ; on le trouve
communément sur les collines dont la
température est la plus chaude, exposé
aux rayons du soleil, la tête élevée, et
souvent tournée vers cet astre. Sa course
est très-rapide. |
86 HISTOIRE NATURELLE L
10 = # ÿ
L'ALCIRE
Lx n'est souvent que de la longueur du
doigt; les écailles du dos, relevées em *
carène , le font paroître un peu hérissé.
Sa queue diminue de grosseur jusqu'à
l'extrémité , qui se termine en pointe. I
est jaune sous le corps, et d’une couleur .
plus sombre sur le dos, le long duquel
s'étendent quatre raies Jaunes. Il n’apoint
sous le ventre de bandes transversales.
L'espèce de l’algire n’est pas réduite à
ses petites dimensions par défaut de cha-
leur , puisque c'est dans la Mauritanie et
dans la Barbarie qu'il habite. C’est de ces
contrées de l'Afrique qu'il fut envoyé par
M. Brander à M. Linné , qui l’a fait con-
noître ; et l’on ne peut pas dire que les
côtes septentrionales de l’Afrique étant
plus échauflées qu'humides , l’ardente sé-
cheresse des contrées où l’on trouve l’al- |
sire , influe sur son volume, et qu'iln'a 4
DES LÉZARDS. . 67
une très -petite taille que parce qu'il
maüque de cette humidité si nécessaire à
plusieurs quadrupèdes ovipares , puisque
l’on conserve au Cabinet du roi un algire
entièrement semblable aux lézards de son
espèce, et qui cependant a été envoyé
de la Louisiane, où l'humidité est aussi
grande que la chaleur est vive.
M. Shaw a écrit que l’on trouve très-
fréquemment en Barbarie , sur les haies
et dans les grands chemins, un lézard
nommé zerrrouméah. 1] n'indique point
la grandeur de cet animal : il dit seule-
ment que sa queue est longue et menue,
que le fond de sa couleur est d’un brun
clair, qu'il est rayé d’un bout à l’autre,
et qu’il présente particulièrement trois où
quatre raies jaunes. Peut-être ce lézard
est-il un algire. |
Au reste, il paroît que l’algire se trouve
aussi dans les contrées méridionales de
l'empire de Russie, et que l’on doit regar-
der ccmme une variété de ce lézard, celui
que M. Pallas a nommé /ézard ensanglanté
ou couleur de sang, qui ressemble presque
en tout à l’algire, et qui a quatre raies
fn
trémité, est se d’n
Sarlate.” | FU
DES LÉZARDS. 89
a
TE STELLIONS
PRO |
LE, queue de ce lézard est communé-
ment assez courte, et diminue de gros-
seur Jusqu'à l’extrémité. Les écailles qui
- la couvrent sont aiguës et disposées par
anneaux ; d’autres écailles petites et
pointues revêtent le dessus et le dessous
du corps, qui d’ailleurs est garni , ainsi
que la tête, de tubercules aigus ou de
piquans plus ou moins grands. Bien loin
d’avoir une forme agréable, le stellion
ressemble un peu au crapaud, sur-tout
par la tête, de même que le tapaye, avec
lequel il a beaucoup de rapports, et dont
quelques auteurs lui ont donné les divers
noms. Mais si ses proportions déplaisent,
ses couleurs charment ordinairement la
vue ; 1l présente le plus souvent un doux
* Stellione tarentole, en plusieurs endroïts
d'Italie; pistillon:, en plusieurs autres endroits du
même pays; éapayazxin, en Afrique.
8
ge HISTOIRE NATURELLE
mélange de blanc, de noir, de gris, et
quelquefois de verd, dônt il ést comme
marbré. To a
Il habite l'Afrique ; et il n°y est pas con-
finé dans les régions les-plus chaudes,
puisqu'il est également au cap de Bonne-
Espérance et en Égypte*. On le rencontre
aussi dans les contrées orientales et dans
les îles de l’Archipel, ainsi qu’en Judéecet .
en Syrie, où il paroît , d’après Belon,
qu'il devient très-grand. M. François Cetti
dit qu’il est assez commun en Sardaigne;
et qu'il y habite dans lesmaïsons:only
nomme farentole, ainsi que dans plusieurs
provinces d'Italie ; et c’est une nouvelle
preuve de l'emploi qu’on a fait pourplu-
sicurs espèces de lézards, dé ce nom de
tarentole, donné , ainsi que nôus l'avons
dit, à une variété du lézard verd. Maïs
c’est sur-tout aux environs du Nil que les #
stellions sont en grand nombre. On en
trouve beaucoup autour des pyramides
et des anciens tombeaux qui subsistent
encore sur l'antique terre d'Égypte. Ils
* L’individu que nous avons décrit a élé ap-
porté d’ És sypte au Cabinet du ror
DES LÉ ZA RDS, 9€
s’y logent dans les intervalles que laissent
les différeus lits de pierre , et ils s’y noux-
_rissent de mouches et d'insectes ailés.
On diroit que ces pyramides , ces éter-
nels monumens de la puissance et de la
vanité humaines, ont été destinées à
présenter des,objets extraordinaires en
plus d’un genre. C’est en effet dans ces
vastes mausolées qu’on va recueillir avec
soin les excrémens du petit lézard dont
nous traitons dans cet article. Les anciens,
qui en faisoient usage, ainsi que les
Orientaux modernes , leur donnoient Île
nom de crocodilea, apparemment parce
qu'ils pensoient qu'ils venoient du croco-
dile ; et-peut-être ces excrémens n’au-
roient-1ls pas été aussi recherchés, si l’on
avoit su que l’animal qui les produit n’é-
toit ni le plus grand n1 le plus petit des
lézards : tant il est vrai que les extrèmes
en imposent presque toujours à ceux dont
les regards ne peuvent pas embrasser la
chaîne entière des objets.
Les modernes , mieux instruits, ont
rapporté ces excrémens au stellion , à un
lézard qui n’a rien de très-remarquable ;
+ }
g HISTOIRE NATURELLE
mais déja Le sort de cette matière abjecte …
étoit décidé, et sa valeur vraie ou fausse |
étoit RE Les Turcs en ont fait une
grande consommation ; ; ils s’en fardoient
le visage ; et il faut que les stellions aient
été bien nombreux en Égypte, puisque
pendant long-temps on trouvoit presque :
par-tout, et en très - grande abondance,
cette matière, que l’on nommoit sfercus
lacerti ainsi que crocodilea. Us
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DES LÉZARDS. 93
À
LE SCEINQUE"*
Cr lézard est fameux depuis long -temps
par la vertu remarquable qu’on lui a
attribuée. On a prétendu que, pris inté-
rieurement , il pouvoit ranimer des forces
éteintes, et rallumer les feux de l’amour
malgré les glaces de l’âge et les suites fu-
nestes des excès : aussi lui a-t-on déclaré
en plusieurs endroits et lui fait-on encore
une guerre cruelle. Les paysans d'Égypte
prennent un grand nombre de scinques,
qu'ils portent au Caire et à Alexandrie,
d’où on les répand dans différentes con-
trées de l'Asie. Lorsqu'ils viennent d’être
tués . on en tire une sorte de jus dont on
se sert dans les maladies; et quand ils
ont été desséchés , onlesréduit en poudre,
qu’on emploie dans les mêmes vues que
les sucs de leur chair. Ce n’est pas seule-
* Soincus, en laun.
g$ HISTOIRE NATURELLE
ment en Âsie, mais méme en Europe >. 4
qu’on a eurecours à cesinoyens désavoués | |
par la Nature, de FEUDRIE IE par des RE LE.
refuse , de hâter le épée el plutôt
que de le retarder, et de remplacer par É.
des jouissances vaines, des plaisirs qui |
ne valent que par un sentiment que tous
les secours d’un art FAPHSTERR ne peuvent
faire naître *
Il n’est pas nat que ceux qui
n'ont vu le scinque que de loin , et qui
l'ont appercu sur le bord des eaux, lPaient |
pris pour un poisson ; il en a un peu l’ap-
parence par sa tête, qui semble tenir im-
médiatement au corps, et par ses écailles
assez grandes, lisses , d’une ‘forme sem-
blable , tant au-dessus qu’au-dessous du
corps, et qui se recouvrent comme les ;
ardoises sur les toits. La mâchoire de des- 4
sus est plus. avancée que celle de des- L
4
#7
* Hasselquist dit que l’on apporte les scinques he
de 1 Égypte sapéiieuts et de l'Arabie à Alexandrie, |
d’où on les envoie à Venise et à Marseille, et de Là \
dans les différens endroits de l'Europe. ‘
DORE OU & A MURS. | © os
sous ; la queue est courte et comprimée
par le bout.
La couleur du scinque est d’un roux
plus ou moins foncé, blanchâtre sous le
corps , et traversée sur le dos par des
bandes brunes. Mais il en est de ce lézard
comme de tous les autres animaux dont
la couverture est trop foible ou trop mince
pour ne point participer aux différentes
altérations que l'intérieur de l'animal
éprouve. Les couleurs du scinque se ter-
nissent et blanchissent lorsqu'il est mort ;
et dans l'état de dessiccation et d’une sorte
de salaison où on l’apporte en Europe, ik
paroît d’un jaune blanchâtre et comme
argenté. Au reste, les couleurs de ce lé-
zard , ainsi que celles du plus grand
nombre des animaux , sont toujours plus
vives dans les pays chauds que dans les
pays tempérés : et leur éclat ne doit-il pas
augmenter en effet avec l'abondance de la
HIumière , la vraie et l’unique source pre-
mière de toutes sortes de couleurs ?
M: Linné a écrit que les scinques n’a-
voient point d'ongles. Tous les individus
que nous avons examinés paroissoient en
me
l'
9% HISTOIRE NATURELLE
avOIr ; MAIS COMME CES ANIMAUX étoient
désbébhés , Nous he pouvons rien assurer. 4
à ce sujet. Au reste, notre présomption ù !
se trouve confirmée par celle d’un bon
observateur , M. François Cetti.
On trouve le scinque dans presque toutes
les contrées de l'Afrique , en Égypte, en, L
Arabie, en Libye, où on dit qu'il est plus
grand qu'ailleurs, dans les Indes, et peut- «
être même dans la plupart des pays très-
chauds de l’Europe. Non seulement son.
habitation de choix doit être déterminée
par la chaleur du climat, mais encore |"
par l'abondance des plantes aromatiques
dont on dit qu'il se nourrit. C’est peut-
être à cet aliment plus exalté, et par
conséquent plus actif, qu’il doit cette
vertu stimulante qu’on auroit pu sans.
doute employer pour soulager quelques
maux * , mais dont il ne falloit pas seser-
vir pour dégrader le noble feu que la
Nature fait naître, en s’elforcant en vain
* Pline dit que le scinque a été regardé comme
un remède contre les blessures faites par des flèches «
empoisonnées.
La
ST Re DS M St PPS
DES LÉZARDS. 07
de le rallumer lorsqu'une passion impru--
dente l’a éteint pour toujours.
Le scinque vit dans l’eau, ainsi qu'à
terre. On l’a cependant appelé crocodile
terrestre, et certainement c’est un grand
abus des dénominations que l’application
du nom de cet énorme animal à un petit
lézard qui n’a que sept ou huit pouces de
longueur. Aussi Prosper Alpin pense-t-1l
que le scinque des modernes n’est pas le
lézard désigné sous le nom de crocodile
terrestre par les anciens, particulièrement
par Hérodote , Pausamias , Dioscoride,
et célébré pour ses vertus actives et sti-
mulantes : il croit qu’ils avoient en vue
un plus grand lézard , que l’on trouve,
ajoute-t-il , au-dessus de Memphis, dans
des lieux secs, et dont il donne la figure.
Mais cette figure ni le texte n’indiquant
point de caractère très-précis, nous ne
pouvons rien déterminer au sujet de ce
lézard mentionné par Alpin. Au reste, ia
forme et la briéveté de sa queue em-
“péchent qu’on ne le regarde comme de
la anême espèce que la dragonne, ou le
tupinambis ; ou l’iguane.
À 9
+ -
D.
x (EX
" né LCA re
8 HISTOIRE NATURELLE
A OT Er:
? RS
LE MABOUYA .
A re
Le 4
++. US
Le lézard dont il est ici question a une L
très-srande ressemblance avec le scinque; *
il n’en diffère bien sensiblement à l’exté-
rieur que parceque ses pattés sont plus …
courtes en proportion du corps, et parce
que sa mâchoire supéricure ne recouvre
pas la mâchoire inférieure comme celle W
du scinque. Il n’est point le seul quadru- w
pède ovipare auquel le nom de mabouy&
ait été donné : les voyageurs ont appelé
de même un assez grand lézard, dont «
nous parlerons sous le nom de doré, et
qui à aussi beaucoup de ressemblance «
avec le scinque , mais qui est distingué
de notre mabouya en ce que sa queue“
est plus longue que le corps, tandis qu’elle
est beaucoup plus courte dans le lézard «
dont nous traitons. à:
1
DES LÉZARDS. 99
à beaucoup d'égards ; et comme ils ha-
bitent dans le mème pays, on ne peut
pas les regarder comme deux variétés dé-
pendantes du climat : nous les considére-
rons donc comme deux espèces distinctes,
jusqu'à ce que de nouvelles observations
détruisent notre opinion à ce sujet. Ce
nom de #abouya, tiré de la langue des
sauvages de l'Amérique septentrionale,
désigne tout objet qui inspire du dégoût
ou de l’horreur; et à moins qu'il ne soit
relatif aux habitudes du lézard dont il
est ici question , ainsi qu'à celles du doré,
il ne nous paroît pas devoir convenir à
ces animaux , leur conformation ne.pré-
sentant rien qui doive rappeler des images
très-désagréables. Nous l’adoptons cepen-
dant, parce que sa vraie signification peut
être regardée comme nulle, peu de gens
sachant la langue des sauvages d’où il a:
été tiré, et parce qu'il faut éviter avec
soin de multiplier sans nécessité les noms
donnés aux animaux. Nous le conservons
de préférence au lézard dont nous par-
lons , parce qu'il n’en a jamais recu
d'autre, et que le grand mabouya a été
[100 HISTOIRE NATURELLE
nommé le doré par M. Linné etpar d’ autres 4
naturalistes. tx à
La tête du mabouya paroît tenir immé- !
diatement au corps, dont la grosseur di- :
minue insensiblement du côté de là tête À
et de celui de la queue. H est tout couvert .
par-dessus et par-dessous d’écailles rhom-
boïdales, semblables à celles des pois- |
sons : le fond de leur couleur est d’un
jaune doré; plusieurs de celles qui gar-
nissent le dos sont quelquefois d’une cou-
leur très-foncée , avec une petite ligne
blanche au milieu. Des écailles noirâtres
forment de chaque côté du corps une
bande longitudinale ; la couleur du fond
s’'éclaircit le long du côté intérieur de ces
deux bandes, et on y voit régner deux
autres bandes presque blanches. Au reste,
la couleur de ces écailles varie suivant
l'habitation des mabouyas : ceux qui de-
meurent au milieu des bois pourris, dans
les endroits marécageux, ainsi que dans M
les vallées profondes et ombragées, oùles
rayons du soleil ne peuvent point parve-
nir, sont presque noirs; et peut-être leurs M
couleurs justifient-elles alors , jusqu'à ua
DES LÉZARDS. ro
certain point, ce qu'on a dit deleur aspect,
que l’on a voulu trouver hideux. Leurs
écailles paroissent enduites d'huile, ou
d’une sorte de vernis.
Le museau des mabouyas est obtus; les
ouvertures des oreilles sont assez grandes ;
les ongles crochus ; la queue est grosse,
émoussée , et très-courte. L’individu con-
servé au Cabinet du rai a huit pouces
de long. Les mabouyas décrits par Sloane
étoient beaucoup plus petits, paree qu’ils
n’avoient pas encore atteint leur entier
développement.
Les mabouyas grimpent sur les arbres,
ainsi que sur le faîte et les chevrons
des cases des Nègres et des Indiens : mais
ils se logent communément dans les
crevasses des vieux bois pourris ; ce n’est
ordinairement que pendant la chaleur
qu'ils en sortent. Lorsque le temps mec-
nace de la pluie , on Les entend faire beau-
coup de bruit , et on les voit même quel-
quefois quitter leurs habitations. Sloane
pense que l'humidité quirègne dans l'air,
aux approchesde la pluie, gonfle les bois,
et en diminue par conséquent les inter-
9
FRE NC NET
q DR LL ES OR
102 HISTOIRE NATURELLE 1
valles au point d’incommoder les ma ÿ
bouyas, et de les obliger! à sortir. Indé-
pendamment de cette raison , que rien,
ne foree à rejeter , ne pourroit-on.pas
dire que ces animaux sont naturellement
sensibles à l'humidité ou à la sécheresse, M
de méme que les grenouilles, avec les *
quelles la plupart des lézards ont de
grands rapports, et que ce sont les: 1m.
pressions que les mabouyas recoivent de
- l'état de l'atmosphère, qu'ils expriment
par leurs mouvemens et par le bruit W
qu'ils font ? Les Américains les croient
venimeux, ainsi que /e doré, avec lequel
il doit être aisé, au premier coup; d'œil,
de les confondre ; mais cependant Sluane. \
et Brown disent qu’ils w’ont jamais pu {
avoir une preuve certaine de l'existence M
de leur venin. Il arrive seulement quel: 1
quéfois qu'ils se jettent avec hardiesse sur
ceux qui les irritent, et que s'y atta-
chentassez Font énétélnt pour qu’ on ait de
la peine à s'en débarrasser.
C'est principalement aux Antilles qu'on
les rencontre. Lorsqu'ils sont très-petits ,:
ils deviennent quelquefois la proie d'aui-
DES LÉZARDS. ro3
maux qui ne paroissent pas au premicr
coup d'œil devoir être bien dangereux
pour eux. Sloane prétend en avoir vu un
à demi dévoré par une de ces grosses
araignées qui sont si communes dans
les contrées chaudes de l'Amérique. On
trouve aussi lé mabouya dans l’ancien
monde : Al est très-commun dans l’île de
Sardaigne , où il a été observé par M. Frau-
cois Cetti, qui ne l’a désigné que par Îles
noms sardes de #liguou et tilinsoni. Ce
naturaliste a fort bien saisi ses traits de
ressemblance et de différence avec Île
_ <cinque; et comme il ne connoissoit point
lé mabouya d'Amérique mentionné dans
Sloane, Rochefort et du Tertre , et qui
est entièrement semblable au lézard de
# Sardaigne , qu’il a comparé aü scinque,
il n’est pas surprenant qu'il üit pensé
que son lézard n’avoit encore été indiqué
par aucun auteur.
M. Thunberg, savant professeur d’'Upsal,
vient de donner la description d’un lézard
qu'il a vu dans l'île de Java , et qu'il
compare , avec raison , au doré , ainsi
qu'au scinque, en disant cependant qu’il
ro4 HISTOIRE NATURELLE AU
diffère de l'un et de l’autre , et sur-tout
du premier , dont il est distingué par la
grosseur et la briéveté de sa queue. Cet
animal ne nous paroît être qu'une variété
du mabouya ù qu dès - lors se trouve
en Asie, ainsi qu’en Europe et en Amé-
rique. L'ondis td vu par M. Thunberg
étoit gris cendré sur le dos , qui présen-
toit quatre rangs de taches noires mêlées
de taches blanches, et de chaque côté
duquel s'étendoit une raie noire. M. Afze-
lius , autre savant Suédois, a vu dans
la collection de M. Bættiger , à Vesteras,
un lézard qui ne différoit de celui que
M. Thunberg a décrit, que parce qu'il
n’avoit pas de taches sur le dos , et que
les raies latérales étoient plus noires et
plus égales.
NI UPPER
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NAT 465 DA, € Cm (RENAN
JAN at
,
zLE DORE.
2LES
SPUTATEURS.
LPaque. S
PURES E EL A RID.S. 105
(LE DORÉ.
C'zs7 M. Linné qui a donné à ce lézard
le nom que nous lui conservons ici. Ce
quadrupède ovipare est très-commun en
Amérique , où il a été appelé, par Roche-
fort , brochet de terre , et où il a aussi été
nommé /2abouya : mais comme le pre-
mier de ces noms présente une idée fausse,
et que le second a été donné à un autre
lézard dont nous avons déja parlé , et
auquel il a été attribué plus générale-
ment , nous préférons la dénomination
employée par M. Linné. Le doré a beau-
coup de rapports , par sa conformation,
avec le scinque , et sur-tout avec Île
mabouya : il a de méme le cou aussi
. gros que le derrière de la tête; maisil
est ordinairement plus grand, et sa queue
est beaucoup plus longue que le corps ,
au lieu qu’elle est plus courte dans le
scinque ct dans le mabouya, D'ailleurs
4
| de HISTOIRE AT T ru
etpar-dessous de petites écailles arrondies,
A (
scinque ; ; les ouvertures . oreilles sn |
très-grandes et garuies à l'interieur de
petites écailles qui les font paroître un
peu festonnées. Ces caractères réunis 1e 1
séparent de l'espèce du scinque et de eclle
du mabouya ; mais il leur ressemble
cependant assez pour avoir été comparé
à Un Poisson , COLE Ces dernicrs lézaras, \
et particulièrement pour avoir recu le «
nom de brochet de terre, ainsi que nous.
venons de le dire. IL est couvert par-dessus.
striées et brillantes : ses doigts sont armés l
d'ongles assez forts, La couleur de sou 4
corps est d’un gris argenté , tacheté d’ 0-
rangé , et qui blanchit vers les côtés * .
Comme celles de tout animal, la vivace}
de ses couleurs s’eHace lorsqu’ il est mort:
mais , tandis que la chaleur de la vie lea
anime , elles britlent d’un éclat très-vi
qui doune une couleur d’or awroux dont
il est peint ; ét c'est de là que vient son
* Suivant Brown, sa couleur est souvent salé ét 4
rayée transversalemenut. : |
’
RE
DES LÉZARDS io
_ mom: Ses couleurs paroissent d'autant
. plus brillantes, que son corps est enduit
_ d’une Mende visqueuse qui fait l ïeb
- d’un vernis luisant. Cette sorte de vernis,
joint à la nature de son habitation Hit
fait appeler salamandre ; mais nous ne.
_ regardons comme de vraies salaman-
dres que les lézards qui n’ont pas plus
de quatre doigts aux pieds de ‘devant,
Linné a écrit qu’on le trouvoit dans l’île
de Jersey , près les côtes d'Angleterre. À la
vérité, ilcite, à ce sujet, Edwards ( ab.
547 ); et le lézard qui y est représenté ,
est très-différent du doré. Il vit dans l’île
de Chypre : mais c’est principalement en
Amérique etaux Antilles qu'il estrépandu.
_ Il habite les endroits marécageux ; on le
rencontre aussi dans les bois. Ses pattes
sont si courtes , qu'il ne s’en sert, pour
ainsi dire, que pour se traîner , et qu'il
rampe comme les serpens , plutôt qu'il
ne marche comme les qua‘rupèdes. Aussi
les lézards dorés déplaisent-ils par leur
_ démarche et par tous leurs mouvemens,
quoiqu'ils attirent les yeux par l'éclat de
_ leurs écaïlles et la richesse de leurs COU-
proie : ils se tiennent presque pente
cachés dans le fond des cavernes et dans
les creux des rochers , d’où ils font en- 1
tendre pendant la n Hé une sorte de coas=
sement plus fort et plus incommode que : 1
celui des crapauds et des grenouilles. Les *
plus grands ont à peu près quinze pouces
de long. Brown dit qu’il y en a de deux
pieds. L’individu que nous avons décrit ,
etqui est conservé au Cabinet du roi, a
quinze pouces huit lignes de longueur, |
depuis le bout du museau jusqu’à l'extré- K
mité de la queue, qui est longue de onze
pouces une ligne. Les jambes de derrière En
ont un pouce onze lignes de long ; clou 4
de devant sont plus courtes, comme dons
les autres lézards. |
Suivant Sloane , la morsure du dé N
est regardée comme très-venimeuse , ef |
on rapporta à ce naturaliste que. quel- ‘4
qu'un qui avoit été mordu par ce lézard, |
étoit mort le lendemain. Les habitant à
des Antilles dirent généralement à Brow
DE Z AR DS! to
qu'il n'y t point d'animal qui püt
” échapper à Îa mort après avoir été
mordu par le doré ; mais aucun fait po-
sitif à ce sujet ne lui fut communiqué
- par une personne digne de foi. Peut-être
4 est-ce le nom de sa/amandre qui a valu
L< au doré , comme au scinque , la réputa-
,
_ tion d’être venimeux , d'autant plus qu’il
a un peu les habitudes des vraies sala-
mandres , vivant, ainsique ces lézards,
sur terre et dans l’eau. Cette réputation
l'aura fait poursuivre avec acharnement;
et c’est de la guerre qu'on lui aura faite
que sera venue la crainte qui l’oblige à
fuir devant l’homme, Il paroît aimer les
viandes un peu corrompues ; il recherche
+ vnirei les petites espèces de
crabes de mer; et la dureté de la croûte
qui revêt ces crabes ne doit pas l’empè-
cher de s’en nourrir , son estomac étant
entièrement musculeux. En tout, cet ani-
mal , bien plus nuisible qu'avantageux,
qüi fatigue l'oreille par ses sons lorsqu'il
ne blesse pas les yeux par ses mouvemens
désagréables , n’a pour lui qu’une vaine
Ovlpares. TT. A
DES LÉZARDS. Le:
PR A ET AUS.
Nous conservons à ce lézard le nom de
tapaye que M. Daubenton lui a donné,
par contraction du nom fapayavin, par
lequel on le désigne au Mexique et dans
la nouvelle Espagne. Cet animal, qui a
de grands rapports avec le stellion , est
remarquable par les pointes aiguës dont
- son dos est hérissé. Son corps, que l’on
croiroit gonflé , est presque aussi large
que long ; et c’est ce qui lui a fait con-
server par M. Linné le nom d’orbiculaire.
ILn’a point de bandes transversales sous
le ventre ; la queue est courte ; les doigts
sont recouverts d’écailles par-dessus et par-
dessous; le fond de la couleur est d’un gris
blanc plus ou moins tacheté de brun ou
de jaunûtre. 11 y a dans cette’ espèce une
variété distinguée par la forme triangu-
laire de la tête, assez semblable à celle
du caméléon , et par une sorte de bou-
CTP OU SEPT ONE FPE NAN LR {
A D AE) LR el
FA Fu . lé + Li 2, AP
112 HISTOIRE NATU RELLE
_clier qui en couvre le dessus. On a donné
le nom de fapayaxin au stellion qui ha-
bite en Afrique; et comme le stellion
et le tapaye ont des piquans plus ou
moins grands et plus ou moins aigus , il
n’est pas surprenant que des voyageurs
aient, à la première vue, donné le même
nom à deux animaux assez jhHérens
cependant par leur conformation pour
constituer deux espèces distinctes. Le ta-
paye n’est point agréable à voir; il a,
par la grosseur et presque toutes les pro-
portions de son corps, une assez grande
ressemblance avec un crapaud qui auroit
une queue, et qui seroit armé d’aiguil-
lons : aussi Seba lui en a-t-il donné le
nom. Mais sa douceur fait oublier sa dif-
formité, dont l'effet est d’ailleurs dimi-
nué par la beauté de ses couleurs. I #
semble n'avoir de piquans que pour se î
défendre ; il devient familier; on peut le
manier sans qu'il cherche à mordre; ila
méme l'air de desirer les caresses ; et l’on
diroit qu’il se plaît à étre tourné et re-
tourné. Il est très-sensible dans certaines #
parties de son corps, comme vers kes
4
:: el
| À F2. | ;
DES LÉZARDS. 11
parimes et les yeux : et les voyageurs as-
surent que pour peu qu’on le touche dans
ces endroits , on y fait couler le sang. Il
habite dans les montagnes. Cet animal,
qui ne fait point de mal pendant sa vie,
est utile après sa mort ; on l’emploie avec
succès en médecine , séché et réduit en
poudre,
14 HISTOIRE NATURELLE
LT #, à et (l " Ho SUR: Ar 4e. 10 T'ANNTS
‘ AR AE LOUE ON TE
6 fa, SAN je
«. L
1
LE STRA fe
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M. Linné a le premier parlé de ce lézard,
que l’on trouve à la Caroline, et qui lu
avoit été envoyé par M. le docteur Gar-.
deu. La tête de ce quadrupède ovipare est
marquée de six raies jaunes, deux entre
les yeux , une de chaque côté sur l'œil ,
et une également de chaque côté au-des-
sous ; Le dos est noirâtre; cinq raies Jaunes
ou blanchâttes s'étendent depuis la tête
jusqu’au milieu de la queue. Le ventre est
garni d’écailles qui se recouvrent comme
les tuiles des toits , et forment des stries.
La queue est une fois et demie plus «
longue que le corps, et n'est point éta- 4
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LE MARBR É.
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Re
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Lx marbré se trouve vi Espagne , en
Afrique et dans les grandes Indes : il est
aussi très-commun en Amérique ; on l’y
a nommé très-souvent /e72apara , nom
qui a été donné dans le mème continent
à plusieurs espèces de lézards , ainsi que
nous l’avons déja vu , et que nous ne
conservons à aucune : > Pour me pas obs-
curcir la nomenclature. Il paroît que,
g ES
dans les- ER éiidiens. , le voisinage de
la zone torride Iti est très-favorable. Sa
téte est couverte de grandes écailles; ila
sous la gorge une rangée d’autres écailles
plus PES ; et relevées en forme de
dents, qui s'é ’étend jusque vers la poitrine,
ct forme une sorte de crête plus sensible
dans le mâle que dans la femelie. Le
ventre n'est point couvert de bandes
ansversales ; : le dessous des cuisses est
1 d'un rang de huit ou dix tuber- k
_u16 HISTOIRE NATURELÉE
corps et la tête. Les écailles dont la queue
cules disposés longitudinalement, Mais
moins marqués dans la femelle que ‘dans ù
le mâle. Le marbré a le dessus des ongles
noir , ainsi que le galéote , Un de ses ca-
ide es distinctifs est d'a roir la queue
Es a plus longue en proportion du
corps qu'aucun autre lézard. Un individu.
de cette espèce, envoyé des NE 168 Indes |
au Cabinet du roi par M. Sonnerat , ala
queue quatre fois plus longue que le R
du marbré est couverte, la font paroître
relevée par neuf arêtes longitudinales.
La couleur du marbré est verdâtre sur
la tête; grisâtre e et rayée transversale- V4
ment de blanc et de noir sur le dessus. :
du corps; elle devient rousse sur les
cuisses et-les côtés du bas-ventre, où elle
est marbrée de blanc et de brun ; et lon
voit sur la queue des taches évidées et
roussâtres , qui la font paroître tigrée.
L'on devroit peut-être rapporte
marbré le lézard d'Afrique, appelé warral
par Shaw , et guaral par Léon. Suivant. |
le premier de ces auteurs , le warral à
quelquefois trente pouces de long a]
DES LÉZARDS. 117
remment en y comprenant la queue ) :
sa couleur est ordinairement d’un rouge
fort vif, avec des taches noirâtres. Ce
rouge n’est pas très-différent du roux que
présente le marbré : d’ailleurs la couleur
de ce dernier ressemble bien plus à celle
qu'indique Shaw , que celle des autres
Tézards d'Afrique. Shaw dit qu'il a ob-
servé 4-4 outes les fois que le warral
s'arrête , frappe contre terre avec sa
queue. Gaile habitude peut très-bien con-
venir au marbré, qui a la queue extrème-
ment longue et déliée, et qui, par consé-
quent ,; peut l’agiter avec facilité. Les
Arabes, continue Shaw , racontent fort
gravement que toutes les femmes qui
sont touchées par le battement de la
ur,
queue du warral, deviennent stériles.
Combien de merveilles n’a-t-on pas at-
tribuées dans tous les pays aux quadru-
pèdes ovipares !
nn | : , : Cris ’
18 HISTOIRE NATU
LE ROQUET.
UE
Novs appelons ainsi un lézard de la
Martinique qui a été envoyé au Cabinet |
du roi sous le nom d’anolis, et de lézard |
de jardin. n’est point le vrai anolis de
Rochefort et de Ray, que nous avons …
cru devoir regarder comme une variété
de l’améiva. Ce nom d’arolis a été plus
d’une fois attribué à des espèces diffé-
rentes l'une de l’autre. Mais si le lézärd
dont il est question dans cet article, n’a
point les caractères distinctifs du véri-
table anolis ou de l’améiva , il a beau-
coup de rapports avec ce dernier animal. |
Il est semblable au lézard décrit sous le
nom de roquet par du Tertre et par Roche-
fort, qui connoissoient bien le vrai ano-
lis, ct qui avoient observé l’un et l’autre |
en vie dans le pays natal de ces ani-
maux. Nous avons donc cru devoir adop-
ter l'opinion de ces deux voyageurs et"
|
VE nom Mer. que héy 4 a aussi
"0
\
donné.
I1 se rapproche beaucoup, par sa con-
formation , du lézard gris : mais il en dif-
fère principalement, en ce que le dessous
de son corps n’est point garni d’écailles
plus grandes que les autres, et disposées
en bandes transversales. Il ne devient ja-
| mais fort grand : celui qui’est au Cabinet
- du roi a deux pouces et demi de long,
sans compter la queue, qui est une fois
plus longue que le corps *. Il est d’une
couleur de feuille morte , tachetée de
jaune et de noirâtre. Les yeux sont bril-
lans , et l’ouverture des narines est assez
grande. Il a , presque en tout , les habi-
tudes du lézard gris : il vit comme lui
dans les jardins. Il est d'autant plus agile,
que ses pattes de devant sont longues, et,
en élevant son corps , augmentent sa lé-
géreté. Il a d’ailleurs les ongles longs et
crochus , et par conséquent il doit grim-
* Le roquet que Sloane a décrit étoit beaucoup
- plus petit. Le corps n’avoit qu'un pouce de long,
et la queue un pouce et demi.
NE
Jin
É 4 A! a trop chaud, il ouvre la gueule, tire.
ju
5 qu il s'arrête , il tient sa queue presque
4
LAS
forme une espèce de cercle. Malgré sa
”
ajoute à la grace de sa gun
plutôt à l'agrément de sa course
ne cesse, pour ainsi dire , de : s’élanc
avec tant de promptitude , que he a
comparé la vivacité de ses petits bonds à
la vitesse du vol des oiseaux. Il ail |
lieux humides ; on le trouve ,sa
parmi les pierres, où 1l se plaît à se
der uue sur l’autre. Soit qu’il cou
toujours Lives au-dessus de son dos, |
comme le lézard de la Caroline, auquel.
nous avous conservé le nom de lézard"
lion. 1] replie même cette uns qui
est très-déliée , de manière à ce qu elle \
pétulance , son caractère est doux; il |
aime la compagnie de l’homme , comme
le lézard gris et le lézard verd, Lophs e. |
ses courses répétées l’ont fatigué, et qu'il.
sa langue, qu est très-large et fen- 4
due à l'extrémité, et demeure pendan É
sectes; il s'enfonce aisément dans les petits
trous des terrains qu'il fréquente; et lors-
rencontre de petits œufs de lézards
le tortues, qui, n'étant revêtus que
ne membrane molle, n’opposent pas
< grande résistance à sa dent , on
a prétendu qu’il s’en nourrissoit. Nous.
3 Ÿ E Q f ] : A R D La À à k ; à ! {
+ ten Ps hale nt comme le. À
SE s #1 .
avons déja vu quelque chose de sem-.
blable dans l’histoire du lézard gris; et
si le roquet présente une plus grande
avidité que ce dernier animal, ne doit-
on pas penser qu'elle vient de la viva-
cité de la chaleur bien plus forte aux An-
tilles , où il a été observé, que dans les
différentes contrées de l’Europe où l’on
_a étudié les mœurs du lézard gris ? |
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L= rouge-gorge, que l’on voit, à la Ja-
maïque, dans les haïes et dans les bois,
est ordinairement long de six pouces , et
de couleur verte ; il a t-dostiil du
une vésicule tale qu'il gonfle très-. ‘M
souvent | PAPER EAN lorsqu’ ou l’at-
| taque ou qu’on l'effraie , et qui paroît
alors rouge , ou couleur de rose. Il n’a
point de bandes transversales sur de
‘4
ventre ; la queue est ronde et longue.
Sa parure est, comme l’on voit, assez
Jolie; et c’est avec plaisir qu’on doit re-
garder l’agréable mélange du beau verd F
de son corps avec le rose de sa gorge
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4
MD EUGIO IT R EU x ME
L: goîtreux , qui habite au Mexiqué et
dans l'Amérique méridionale, présente
de belles couleurs, mais moins agréables
et moins vives que celles du rouge-gorge:
il est d’un gris pâle, relevé sur le corps
par des taches brunes , et sur le ventre
par des bandes d’un gris foncé. La queue
est ronde, longue, annelée, d’une cou-
leur livide et verdâtre à son origine. Ila,
vers la poitrine, une espèce de goître,
dont la surface est couverte de petits
grains rougeâtres, et qui s'étend en avant
en s’arrondissant et en formant une très-
grande bosse.
Ce lézard est fort vif, très-leste, et si
familier , qu'il se promène sans crainte
dans les appartemens , sur les tables, et
même sur les convives. Son attitude est
gracieuse , son regard fixe : 1l examine
tout avec une sorte d'attention ; on
124 HISTOIRE NATURELLE LL
_croiroit qu'il écoute ce que l'on dit. I
; se nourrit de mouches, d'araignées et" "1
eu ’autr es insectes, qu'il vale tout entiers.
LUE Les goîtreux ERA © aisément sur les
arbres; ils s’y battent souvent les uns
contre les autres. Lorsque deux de ces
animaux s'attaquent, c'est toujours avec
hardiesse ; ils s'avancent avec fierté; ils :
semblent se menacer en agitant rapide-
ment leurs têtes; leur gorge s’enfle ; leurs
yeux étincellent; ils se saisissent ensuite
avec fureur , et se battent avec acharne-
ment. D'autres goîtreux sont ordinaire-
ment spectateurs de leurs combats ; et
peut-être ces témoins de leurs efforts
sont-ils les femelles qui doivent en être -
le prix. Le plus foible prend la fuite ; son
ennemi le poursuit vivement ; il le dé-
vore , s’il l’atteint : mais quelquefois il
ne peut le saisir que par-la queue , qui
se rompt dans sa gueule, et qu'il avale; |
ce qui donne au lézard vaincu le temps \
de s'échapper.
On rencontre plusieurs goîtreux privés
de queue ; il semble que le défaut de cette Ÿ
partie influe sur leur courage , et même
à
DES'E É ZAR DS"! 1,59
sur leur force ; ils sont timides, foibles et
languissans. 1l paroît que la queue ne
repousse pas toujours , et qu'il se forr
un calus à l’endroit où elle a été coupe
Le P. Nicolson, qui a donnéfplusieurs
détails relatifs à l’histoire naturelle du
goîtreux , l'appelle azolis, nom que lon
a donné à l’améiva et à notre roquet :
mais la figure que le P. Nicolson a publiée,
prouve que le lézard dont il a parlé, est
celui dont il est question dans cet article.
ct PA couleur de ce lézard:est blanchâtre
tirant sur le bleu, diversifiée par des
bandes d’un gris sombre , et semée, de
points blancs et ovales. Son corps présente:
un très-grand nombre destries. La queue
se termine en pointe; elle'est beaucoup
plus longue que le corps. Les écailles qui
la couvrent forment des bandes transver-
sales de deux sortes, placées alternative-
ment : les unes s'étendent en arc sur la
partie supérieure de la queue, que les
autres bandes entourent en entier. Mais
ce qui distingue principalement le té-
suixin, c’est que plusieurs plis obtus et
relevés règnent de chaque côté du corps,
depuis la tête jusqu'aux cuisses : on voit
aussi trois plis sous la gorge.
C’est au Bresil, suivant l’article de Seba
indiqué par M. Linge. qu'on trouve ce
lézard , dont le nom féguixin a été donné
au tupinambis par quelques auteurs.
: \
DES LÉZARDS., :27
LE TRIANGULAIRE.
C'rsr dans l'Égypte qu'habite le lézard
à queue triangulaire. Ce qui le distingue
des autres , c’est la forme de pyramide
à trois faces que sa longue queue présente
à son extrémité. Le long de son dos s’é-
tend une bande formée par quatre ran-
gées d’écailles qui diffèrent par leur figure
de celles qui les avoisinent. Ces détails
_ sufhiront pour faire reconnoître ce lézard
par ceux qui l’auront sous leurs yeux. Il
vit dans des endroits marécageux et voi-
sins du Nil. Il a beaucoup de rapports
dans sa conformation avec le scinque.
C’est M. Hasselquist qui en a parlé le pre-
mier.
Les Egyptiens ont imaginé un conte
bien absurde à l’occasion du triangulaire:
ils ont dit que les œufs du crocodile ren-
fermoient de vrais crocodiles lorsqu'ils
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DES LÉZARDS. 129
, LA DOUBLE-RAIE.
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PA lézard , que l'on rencontre en Asie,
est communément -très-petit; la queue
est très-longue relativement au corps.
Deux raies d’un jaune sale s'étendent de
chaque côté du dos, qui présente d’ail-
leurs six rangées longitudinales de points
noirâtres. Ces points sont aussi répandus
sur les pieds et sur la queue, et ils forment
six autres lignes sur les côtés. Le corps est
arrondi et épais. Seba avoit recu de Ceylan
un individu de cette espèce. ‘Suivant cet
auteur, les œufs de ce lézard sont de la
grosseur d’un petit pois.
139 HISTOIRE NATURELLE.
L'EAS PU 'MATEUR 4
+ s
Nous avons décrit ce lézard d’après un
individu envoyé de Saint - Domingue à
M. d'Antie, et que ce naturaliste a bien
voulu nous communiquer. Sa longueur
totale est de deux pouces, et celle de la
queue d’un pouce. Il n’a point de demi-
anneaux sous le corps. Toutes ses écailles
sont luisantes ; la couleur en est blan-
châtre sous le ent et d’un gris Va-.
rié de brun foncé sur le corps. Quatre
bandes transversales d’un brun presque
noir règnent sur la tête et sur le dos;
une autre petite bande de la même cou-
Icur borde la mâchoire supérieure ; et
six autres bandes semblables forment.
comme autant d’anneaux autour de la
queue. Il n’y a pas d'ouverture apparente:
pour les oreilles. La langue est plate, large,
et un peu fendue à l'extrémité. Le sommet,
de la tête et le dessus du museau sont”
DES LÉéZARDS 131
blanchâtres, tachetés de noir ; les pattes
variées de gris, de noir et de blanc. Il y
a à chaque pied cinq doigts qui sont gar-
nis par-dessous de petites écailles, et ter-
minés par une espèce de pelote ou de
petite plaque écailleuse, sans ongle sen-
sible.
M. Sparman a déja fait connoître cette
espèce de lézard, dont il a trouvé plu-
sieurs individus dans le cabinet d'histoire
naturelle de M. le baron de Geer , donné
à l'académie de Stockholm. Ces individus
ne diffèrent que très-légèrement les uns
des autres, par la disposition de leurs
taches ou de leurs bandes. Ils avoient
été envoyés , en 1755 , à M. de Geer par
M. Acrelius, qui demeuroit à Philadel-
phie , et qui les avoit recus de Saint-
Eustache.
M. Acrelius écrivit à M. de Geer que
le sputateur habite dans les contrées
chaudes de l'Amérique ; on l’y rencontre
dans les maisons, et parmi les bois de
charpente : on l’y nomme wood-slave. Ce
lézard ne nuit à personne lorsqu'il n’est
point inquiété : mais il ne faut l’observer
AUS ; OS FRANS Pr
332 HISTOIRE NATURELLE
qu'avec précaution , parce qu’on l'irrité
aisément. Il court le long des murs; et.
si quelqu'un , en s’arrêtant pour le re-
garder , lui inspire quelque crainte , il
s'approcheautant qu'il peut de celui qu'il
. prend pour son ennemi ; il le considère
avec attention , et lance contre lui une
espèce de crachat noir, assez venimeux
pour qu’une petite goutte fasse enfler la
partie du corps sur laqueile elle tombe.
On guérit cette enflure par le moyen de
l'esprit-de-vin ou de l’eau-de-vie du sucre
mélés de camphre, dont on se sert aussi en
Amérique contre la piqûre des scorpions.
Lorsque l’animal s’irrite, on voit quel-
quefois le crachat noir se ramasser dans
les coins de sa bouche. C'est de la faculté:
qu'a ce lézard de lancer par sa gueule
une humeur venimeuse, que M.Sparman
a tiré le nom de sputafor qu'il lui a donné,
et qui signifie cracheur. Nous avons cru ne
devoir pas le traduire , mais le remplacer
par le mot sputateur qui le rappelle. Ce
lézard ne sort ordinairement de son trou
que pendant le jour. M. Sparman a fait
dessiner de très-petits œufs cendrés , ta-
}
\
DES LÉZARDS.. 133
chetés de brun et de noir, qu'ila regardés
comme ceux du sputateur, parce qu'il
les a trouvés dans le même bocal que les
individus de cette espèce qui faisoient
partie de la collection de M. le baron de
Geer. | Ju
Nous croyons devoir parler ici d’un
petit lézard semblable au sputateur par
la grandeur et par la forme. Nous pré-
sumons qu'il n’en est qu’une variété ,
peut-être même dépendante du sexe. Nous
l'avons décrit d’après un individu envoyé
de Saint-Domingue à M. d’Antic avec le
sputateur; et ce qui peut faire croire que
ces deux lézards, habitent presque tou-
jours ensemble , c’est que M. Sparman
la trouvé dans le même bocal que les
sputateurs de la collection de M. de Geer :
aussi ce savant naturaliste pense-t-il,
comme nous , qu'il n’en est peut-être
qu’une variété. L’individu quenousavons
décrit a deux pouces deux lignes de lon-
_gueur totale, et la queue quatorze lignes ;
il a , ainsi que le sputateur , le bout des
doigts garni de pelotes écailleuses , que
nous n'avons remarquées dans aucun
12
134 HISTOIRE NATURELLE
autre lézard. Sa couleur, qui est le seul
caractère par lequel il diffère du sputa-
teur, est assez uniforme : le dessous du
corps est d’un gris sale , mêlé de couleur!
de chair, ec le dessus d’un gris un peu
plus foncé, varié par de très-petites ondes
d’un brun noirâtre, qui forment des
raies longitudinales. L'individu décrit par:
M. Sparman différoit de celui que nous
avons vu, en ce que le bout de la queue
étoit dénué d’écailles, apparemment par
une suite de quelque accident. :
LT VALRA
4 PA,
NY.
\
Zom . 2.
DES LÉZARDS. 135
. CINQUIÈME DIVISION.
L'ÉZMEDS
Dont les doigts sont garnis par-dessous
de grandes écailles ; qui se recouvrent
. comme Les ardoises des toits *.
PE 'CECK 0 -
8
.
D» tous les quadrupèdes ovipares dont
nous publions l’histoire , voici le premier
qui paroisse renfermer un poison mortel.
Nous n'avons vu , en quelque sorte ,'Jus-
qu'ici les animaux se développer , leurs
“vw
1 On peut voir, dans la planche qui représente
le gecko, l’arrangement de ces écailles au-dessous
des doigis. 4
, ? Tockaie, par les Siamois.
136 HISTOIRE NATURELLE
propriétés augmenter et leurs forces s'ac-
croître , que pour ajouter au nombre
des êtres vivans , pour contre-balancer
l’action destructive des élémens et du
temps : ici la Nature paroît, au contraire,
agir contre elle-même; elle exalte dans un
lézard dont l'espèce n’est que trop fé-
conde , une liqueur corrosive , au point
de porter la corruption et le dépérisse-
ment dans tous les animaux que pénètre
cette humeur active ; au lieu de sources
de reproduction et de vie, on diroit
qu’elle ne prépare dans le gecko que des
principes de mort et d’anéantissement.
Ce lézard funeste, et qui mérite toute
notre attention par ses qualités dange-
reuses , a quelque ressemblance avec le
caméléon : sa tete, presque triangulaire ,
est grande en comparaison du corps; les
yeux sont gros ; la langue est plate,
revêtue de petites écailles , et le bout en
est échancré. Les dents sont aiguës , et
si fortes, suivant Bontius , qu’elles peu-
vent faire impression sur des corps très-
durs, et même sur l'acier. Le gecko est
presque entièrement couvert de petites
Ex 1
DES LÉZARDS. - 13
verrues plus ou moins saillantes ES
dessous des cuisses est garni d’un rang de
tubercules élevés et creux , comme dans
l'iguane, le lézard gris , le lézard verd,
s Le Ni ,
l'améiva , le cordyle, le marbré , le ga-
lonné, etc. Les pieds sont remarquables
par des écailles ovales plus ou moins
échancrées dans le milieu , aussi larges
que la surface inférieure de ces mêmes
doigts , et disposées régulièrement au-
dessus les unes des autres comme les
ardoises ou les tuiles des toits ; elles
revêtent le dessous des doigts, dont les
côtés sont garnis d’une petite membrane,
qui en augmente la largeur , sans cepen-
dant les réunir. M. Linné dit que Île
gecko n’a point d'ongles : mais dans tous
les individus conservés au Cabinet du
roi , nous avons vu le second, le troi-
sième , le quatrième et le cinquième
doigt de chaque pied garnis d’un ongle
très-aigu, très-court et très-recourbé ; ce
qui s'accorde fort bien avec l’habitude de
grimper qu'a le gecko , ainsi qu'avec la
force avec laquelle il s'attache aux divers
corps qu'il touche.
6 12
|
138 HISTOIRE NATURELLE.
en est donc des lézards comme e d'un
tres animaux bien différens , par
exemple, des oiseaux : les uns ss les
doigts, des pieds entièrement divisés ; :
d’autres les ont réunis par une peau. plus
ou moins lâche ; d'autres , ramassés en
deux paquets ; et d'autres PE ont leurs
doigts libres , maïs cependant garnis
d’une membrane qui en augmente à :
surface.
La queue du gecko est communément
un peu plus longue que le corps ; quel-
quefois cependant elle est plus courte :
elle est ronde , menue , et couverte d’an-
neaux ou de bandes circulaires très-sen-
sibles ; chacune de ces bandes est com-
posée de plusieurs rangs de très-petites
écailles, dans le nombre et dans l’arran-
gement desquelles on n'observe aucune
régularité , ainsi que nous nous en som-
mes assurés par la comparaison de plu-
sieurs individus : c’est ce qui explique les
différences qu'on a remrarquées dans les
descriptions des naturalistes, qui avoient
compté trop exactement dans un A L
individu les rangs et le nombre de ces w
irès-petites écailles.
us
DES LÉZARDS. 139
Suivant Bontius , la couleur du gecko
est d’un verd clair , tacheté d’un rouge
très-éclatant. Ce même observateur dit
qu'on appelle geco le lézard dont nous
nous ‘occupons , parce que ce mot imite
le cri qu'il jette lorsqu'il doit pleuvoir,
sur-tout vers la fin du jour. On le trouve
en Égypte , dans l'Inde, à Amboine , aux
autres îles Moluques , ete. Il se tient
de préférence dans les creux des arbres
à demi pourris , ainsi que dans les en-
droits humides ; on le rencontre aussi
quelquefois dans les maisons , où 1l ins-
pire une grande frayeur , et où on s’em-
presse de le faire périr. Bontius à écrit en
effet que sa morsure est yenimeuse , au
point que si la partie affectée n’est pas
retranchée ou brülée , on meurt avant
peu d'heures. L’attouchement seul des
“pieds du gecko est même très-dangereux,
et empoisonne , suivant plusieurs voya-
geurs, les viandes sur lesquelles il mar-
che : l’on a cru qu'il les infectoit par
son urine , que Bontius regarde comme
un poison je plus corrosifs ; mais ne
seroii-ce pas aussi par l'humeur qui peut
if k ’ - X TOME AE Lens 1 21e) pes 1° 4
ZW Cond \ é LS 4
L À d + | = \ VE De, ©
. ; LYS
rio HISTOIRE NATURELLE
suinter des tubercules creux placés sur
la face inférieure de ses cuisses ? Son
sang et sa salive, ou plutôt une sorte
d’écume , une liqueur épaisse et jaune,
qui s’épanche de sa bouche lorsqu'il est
irrité , ou lorsqu'il éprouve quelque affec-
tion violente , sont regardés de mème
comme des venins mortels , et Bontius ,
ainsi que Valentyn , rapportent que les
habitans de Java s’en servoient pour em-
poisouner leurs flèches. |
Hasselquist assure aussi que les doigts
du gecko répandent un poison , que ce’
lézard recherche les corps imprégnés de
sel marin , et qu’en courant dessus il
laisse après lui un venin très-dangereux.
Il vit, au Caire, trois femmes près de
mourir , pour avoir mangé du fromage
récemment salé, et sur lequel un gecko
avoit déposé son poison. Il se convainquit
de l’âcreté des exhalaisons des pieds du
gecko , en voyant un de ces lézards
courir sur la main de quelqu'un qui
vouloit le prendre : toute la partie sur
laquelle le gecko avoit passé , fut cou-
verte de petites pustules , accompagnées
MES LÉZARDS " rr
de rougeur , de chaleur , et d’un peu de
douleur , comme telle qu'on éprouve
quand on a touché gs, orties. Ce té-
moiïgnage formel vient à l’appui de ce
que Bontius dit avoir vu. Il paroît donc
que , dans les contrées chaudes de l'Inde
et de l'Égypte , les geckos contiennent un
poison dangereux , et souvent mortel ;
il n’est donc pas surprenant qu’on fuie
leur approche , qu’on ne les découvre
qu'avec horreur , et qu’on's’eforce de
les éloigner ou de les détruire. Il se pour-
roit cependant que leurs qualités mal-
faisantes variassent suivant les pays, les
saisons , la nourriture, la force et l'état
des individus *
Le gecko , selon Hasselquist , rend un
son singulier, qui ressemble un peu à
celui de la grenouille, et qu'il est sur-
tout facile d'entendre pendant la nuit.
1l est heureux que ce lézard , dont le
venin est si redoutable , ne soit pas silen-
cieux , comme plusieurs autres quadru-
* Les Indiens prétendent que la racine de cu-
zuma (terre mérite ou safran indien) est un très-
bon remède contre la morsure du gecko.
tra.
4, .
V2
ET
152 HISTOIRE NATURELLE
pèdes ovipares, et que ses cris très-dis=
tincts et particuliers puissent avertir de
son approche et faire éviter ses dan-
gereux poisons. Dès qu’il a plu, il sort
de sa retraite ; sa démarche est assez
lente: il va à la chasse des fourmis et
‘des vers. C’est à tort que Wurfbainius
a prétendu dans son livre intitulé Sa/a-
mandrologia , que les geckos ne pon-
doient point. Leurs œufs sont ovales , et
communément de la grosseur d’une noi-
sette : on peut en voir la figure dans la
planche de Seba déja citée. Les femelles
ont soin de les couvrir d’un peu de terre
après les avoir déposés; et la chaleur du .
soleil Les fait éclore.
Les mathématiciens Jésuites envoyés
dans les Indes orientales par Louis XIV
ont décrit et figuré un lézard du royaume
de Siam , nommé fochaie, et qui est évi-
demment le même que le gecko. L’indi:
vidu qu'ils ont examiné, avoit un pied.
six lignes de long , depuis le bout du
museau jusqu'à l'extrémité de la queue.
Les Siamois appellent ce lézard sochaie . “
pour uniter le cri qu 1 jette ; ce. qui
4
ee
M 4 VE
DES LÉZARDS. Ari
prouve que le cri de ce quadrupède ovi-
pare est composé de deux sons proférés
durement, difficiles à rendre , et que l’on
a cherché à exprimer, tantôt par fockaie,
tantôt par gecfo.
Î
4
j*
fe
LE GECKOTTE.
_
Nous conservons ce nom à un lézard
qui a une si grande ressemblance avec
le gecko , qu'il est très-difficile de ne pas
les confondre lun avec l’autre , quand
on ne les examine pas de près. Les natu-
ralistes n’ont même indiqué encore aucun
des vrais caractères qui les distinguent.
M. Linné seulement a dit que-ces deux
lézards ont le même port et la même
forme , mais que le geckotte , qu’il ap-
pellé e mauritanique , a la queue étagée, …
et que le gecko ne la point. Cette diffé- |
rence n’est réelle que pendant la Funessel
du geckotte : lorsqu'il est un peu âgé, h
sa queue est au contraire beaucoup moins
étagée que celle du gecko. À
Ces deux quadrupèdes ovipares se res
semblent sur-tout par la conformation”
de leurs pieds. Les doigts du geckott
sont , comme ceux du gecko, garnis
| . DES LÉ ZARDS 148
membranes, qui ne les rétnissent pas,
mais qui en élargissent la surface ; ils
sont également revêtus par-dessous d’un.
rang d’écailles ovales , larges , plus ou
moins échancrées , et en se recouvrent
comme les EN des toits. Mais, en
examiuant attentivement un grand nom-
bre de geckos et de geckottes de divers
pays , conservés au Cabinet du roi, nous
avons vu que ces deux espèces sache
constamment l’une de l’autre par trois
caractères très-sensibles : premièrement,
_ le geckotte a le corps plus court et plus,
épais que le gecko ; secondement, il n’a
point au-dessous des cuisses un rang de
tubercules comme le gecko ; et troisième
ment , sa queue est plus courte et plus
grosse. Tant qu'il est encore jeune, elle
est recouverte d’écailles, chargées cha-
cune d’un tubercule en forme d’aiguillon,
et qui, par leur disposition , la font pa-
. roître garnie d’anneaux écailleux : mais
Fa Napsure que l'animal grandit , les an-
aux les plus voisins de l'extrémité de
queue | AE eat il n’en
FINE 2 | 13 -
AE de
KT
ÿ
POLE. el 3
origine, qui s ‘dblitèrent enfin comme |
autres , de telle SOrFe/ qe quand l'animal |
est sarvente à peu pres à son entier déve-
loppement , on n’en voit plus aucun
autour de lé queue : elle est alors beau
coup plus grosse et plus courte en pro-
portion que dans le premier âge ; et ellé
n’est plus couverte. que de très-petites
écailles , qui ne présentent aucune ap-
parence d’anneaux. Le geckotte est le
seul lézard dans lequel on ait remarqué
ce changement suecessif dans les écailles
de la queue. Les tubercules ou aiguil-
dons qui la revétent pendant qu'il est
jeuné , se retrouvent sur le corps de ce
lézard , ainsi que sur les pattes : ils sont.
plus ou moins saillans; et sur certaines
parties , telles que le derrière de la tête,
le cou, et les côtés du corps, ils sont
ronds , pointus , entourés de tubercules
\Ÿ
plus petits , et disposés en forme de M
rosette. |
Le geckotte habite presque les 1
1 244 ANPIVISS SERRE. RE
DV *. | MIA 39 R
VOUS LE ZAR DS... 147
une différence de climat. On le trouve
dans l’île d'Amboine , dans les Indes, et
en Barbarie , d’où M. Brander l’a envoyé
à M. Linné. L’on peut voir, au Cabinet
du roi, un très-petit quadr upède ovipare,
qui y a été adressé sous le nom de lédaie
de Saint-Domingue; c'est évidemment un
geckotte ; et peut-être cette espèce se
trouve-t-elle en effet dans le nouveau
monde. On la rencontre vers les con-
trées tempérées , Jusque dans la partie
méridionale de la Provence, où elle est
très-commune*.
On l'y appelle farente, nom qui a été
donné au stellion , et à une variété du
lézard verd , ainsi que nous l'avons vus
On le robe. dans les masures et dans
les vieilles maisons, où il fuit les endroits
frais , bas et humides , et où il se tient
néent sous les toits. Il se plaît à
une exposition chaude ; il aime le soleil:
ï revasses , sous les tuiles, sans y
te communiquée par M. Olivier, qui a bien
as aire part des observations qu’il a faites
7
es | abit: udes de cette espèce de Kzard.
a dit qu'il étoit venimeux , peut-êt
un poison mortel. M, Olivier ass
éprouver cependan un engourdissem er
parfait; car , lorsqu'on le découvre ,
cherche à se sauver , en marchant lour-
dement. Dès les premiers jours du prin-
temps , il sort de sa retraite , et va se
réchauffer au soleil; mais il ne s’écarte
pas beaucoup de son trou , et il y rentre
au moindre bruit. Dans les fortes cha-
leurs , il se meut fort vîte, quoiqu'il n ait
| ais EN agilité de plusieurs autres lézards.
Il se nourrit principalement d'insectes. Il
se cramponne facilement par le moyen
de ses ongles crochus et des écailles qu'il
a sous les pieds : aussi peut-il courir ,
non seulement le loug des murs , mais -
encore au-dessous des planchers; et M. Oli-
vier, que nous venons de citer, l’a vu
demeurer immobile pendant très-long- |
temps sous la voûte d’une église. 0
Il ressemble donc au gecko par ses
habitudes , autant que par sa forme. On
cause de tous ses rapports avec ce de
quadrupède ovipare, qui , suiv
très-srand nombre d voyageu
et que ce lézard cherche toujours à s’é-
_ chapper lorsqu'on le saisit.
Les geckottes ne sortent point de leur
_ trou lorsqu'il doit pleuvoir : mais Jamais
ils n’annoncent la pluie par quelques cris,
ainsi qu’on l’a dit des geckos ; et M.Olivier
en a souvent pris avec des pinces, sans
qu'ils fissent entendre aucun son.
à dänt qu'aucune observation nelé prouve,
4
”
-$) à w
150 HISTOIR
LA TÈTE- PLATE Si
Nous nommons ainsi un lézard qui.
n’a encore été indiqué par aucun natü-
raliste. Peu de quadrupèdes ovipares sont
aussi remarquables par la singularité de
leur conformation. Il paroît faire la
nuance entre plusieurs espèces de lézards =
il semble particulièrement tenir le milieu
entre le caméléon, le gecko et la sala-
mandre aquatique ; il a les principaux
caractères de ces trois espèces. Sa tête ,
sa peau et la forme générale de son SOrpEL
ressemblent à celles du caméléon ; sa:
queue à celle de la salamandre aquatique ,
_êt ses pieds à ceux du gecko : aussi aucun
lézard’ n'est-il plus aisé à reconnoître .
cause de la réunion de ces trois caract
qui lui sont particuliers.
Sa tête, dont la forme nor
le nom que nous donnons
UMRZÉ
| MES LÉZARDSIL {5e
très-applatie ; le dessous en est entière-"
ment plat. L'ouverture de la gueule s’é-
tend jusqu'au - delà des yeux ; les dents
sont très -petites et en très - grand
nombre ; la langue est plate, fendue, et
assez semblable à celle du gecko. La
mâchoire inférieure est si mince, qu'au
premier coup d'œil on seroit tenéé de
croire que l'animal a perdu une portion
de sa tête, et que cette mâchoire lui
manque. La tête est d’ailleurs triangu-
laire , comme celle du caméléon : mais
le triangle qu’elle forme est très-alongé,
et elle ne présente point l'espèce de casque
ni les dentelures qu’on remarque sur cette
dernière. Elle est articulée avec le corps,
de manière à former en-dessous un angle
obtus ; ce qui ne se retrouve pas dans
la plupart des autres quadrupèdes ovi-
pares. Elle est très-grande ; sa longueur
est à peu près la moitié de celle du corps.
ment l'iris, dont-la prunelle con-
ane fente verticale ; comme celle
c Le secko , et qui du être très-
- pd
ANTON
| no de se He À ou bide se COM % à.
tracter , pour recevoir ou repousser ka ‘# À
lumière. Les narines sont placées pres-
que au bout du museau , qui est mousse,
et qui fait le sommet de Pespèce dé
triangle alongé formé par la tête. Les
ouvertures des oreilles sont très-petites ;
elles occupent les deux autres angles du
triangle , et sont placées auprès des coins
de la gueule. La peau du dessous du cou
forme des plis : le dessous du corps est
entièrement plat.
Les quatre pieds du lézand'à tête plats
sont chacun divisés en cinq doigts : ces
doigts sont réunis à leur origine par la
peau des jambes, qui les recouvre par-des-
sus et par-dessous ; mais ils sont ensuite
très-divisés , sur-tout ceux de derrière;
dont le doigt intérieur est séparé des
autres, comme dans beaucoup de lézards,
de manière à représenter une sorte
pouce. Vers leur extrémité , ils sont
nis d’une membrane qui: les él
comme ceux du gecko et du gecl
DES LÉZARDS.. 15
recouvrent comme les ardoises des toits :
elles sont communément au nombre de
vingt, et placées sur deux rangs qui s’é-
cartent un peu l’un de l’autre au bout
du doigt; le petit intervalle qui sépare
ces deux-rangs , renferme un ongle très-
crochu , très-fort, et replié en-dessous.
La queue est menue , et beaucoup plus
courte que le corps; elle paroît trè ès-large
et très-applatie ; parce qu elle est revêtue
d'une membrane qui s'étend de chaque
côté, et lui donne la forme d’une sorte
de rame. Il est aisé cependant de distin-
guer la véritable queue que cette mem-
brane recouvre , et qui présente par-des-
sus et par-dessous une petite saillie lon-
gitudinale. .Cette partie membraneuse
n’est point, comme dans la salamandre
aquatique , placée verticalement ; mais
_elle forme des deux côtés une PEN bande
tk orizontale.
ue dessous, est garnie ai
F nombre de pétité points sail-
us O1 ins apparens , qui se
EC 1 Ve FUN |
154 HISTOIRE NATUREI »
41
touchent et la font paroître. chagrinée 3 1
À RS sl
_et ce qui constitue un caractère jusqu’: À
présent particulier au lézard à tête plate ,
c’est que la partie supérieure de tout le
corps est distinguée de la partie infé-
rieure par une prolongation de la peau
qui règne en forme de membrane frangée …
depuis le bout du museau iusqu'à l’ori- .
gine de la queue, et qui s'étend égale-
ment sur les quatre pattes, dont elle dis-
tingue de mème le dessus d’avec le des- .
sous. |
Ce lézard n’a encore été trouvé qu’en
Afrique ; il paroît fort commun à Mada-
gascar, puisque l’on peut voir dans la
collection du Cabinet du roi quatre in-
dividus defcette espèce envoyés de cette
île. Cette collection en renferme aussiunm €
cinquième que M. Adanson a rapporté du …
Sénégal; et c’est sur ces cinq individus,
dont la conformation est parfaitemen
semblable , que J'ai fait la descri
que l’on Yibrié de lire. Le plus at
de longueur totale huit pou
et la queue a deux pouct
de longueur. Aucun nat
à à X à à: EN A ” LL:
* # *
J U : ’ .
be 4 | :
ci: /
ke
" ï
DES LÉZARDS. 155
core rien écrit touchant cet animal : mais
ila été vu à Madagascar par M. Bruyères,
dela société royale de Montpellier , qui
a bien voulu me communiquer ses obser-
vations au sujet de ce quadrupède ovi-
pare. La couleur du lézard à tête plate
west point fixe | ainsi que celle de plu-
sieurs autres lézards ; mais elle varie
comme celle du caméléon , et présente
successivement ou tout à la fois plusieurs
nuances de rouge, de jaune, de verdet de
bleu. Ces effets observés par M. Bruyères
nous paroissent dépendre des différens
états de l’animal , ainsi que dans le ca-
méléon ; et ce qui nous le persuade, c’est
que la peau du lézard à tete. plate est
presque entièrement semblable à célle du
caméléon. Mais dans ce dernier, les va-
riations de couleur s'étendent sur la peau
. du ventre , au lieu que dans le lézard dont
l'est ici question, tout le dessous du
» € epuis l'extrémité des mâchoires
+
jense, avec toute raison,
“
}
156 HISTOIRE x ar ARE )
plate, est le même que. cou qué Flac
court a désigné par le nom de famocan- |
trala , et que ce voyageur, a vu dans l'île |
de Modac ont C’est aussi le Jamocanéra-
ton dont Dapper a parlé. |
Les Madégasses ne regardent le lézard à
tête plate qu'avec une espèce d'horreur :
dès qu'ils lapperçoivent, ils se dé-
tournent , se couvrent même les yeux,
EE
et fuient avec précipitation. Flaccourt
dit qu'il est très-dangereux, qu'il s’élance
sur les nègres, ét qu’il s'attache si for-
tement à leur poitrine * par le moyen de
la membrane frangée qui règne de chaque
côté de son corps, qu’on ne peut l’en sé-
parer qu'avec un rasoir, M. Bruyères n'a |
rien vu de semblable : il assure que les.
lézards à tête plate ne sont point veni-
meux ; il en a souvent pris à la main; ils.
lui NS les. doigts avec leurs mâ-.
choires , sans que jamais il lui |
PT un. ds Cul
> ? +
# e x
NUS F ‘ :
DÉS LEZ A RDS. 157
n à
nègres , vient de ce que ce lézard ne fuit
point à leur approche, et qu’au contraire
il va toujours au-devant d’eux la gueule
béante, quelque bruit que l’on fasse pour
le détourner : c’est ce qui l’a fait nommer
par des matelots francois Ze sourd; nom
que l’on a donné aussi dans quelques
provinces de France à la salamandre ter-
restre. Ce lézard vit ordinairement sur les
arbres , ainsi que le caméléon ; il s’y re-
tire dans des trous, d’où il ne sort que la
nuit et dans les temps pluvieux : on le
voit alors sauter de branche en branche
avec agilité. Sa queue lui sert à se sou-
tenir , quoique courte ; il la replie autour
des petits rameaux. S'il tombe à terre, il
pe peut plus s’élancer; il se traîne Jusqu'à
l'arbre qui est ie plus à sa portée; il y
grimpe , et y recommence à sauter de
Dr en branche. Il marche avec
que celles de Ariere , ainsi
ne. Fe et que
5
—
158 HISTOIRE Ar
cependant sa tête forme A un
angle avec le corps, de telle sorte qu'à ‘A
Hu pas qu'il fait, il doit donner du
nez contre terre. Cette conformation lui
est au contraire favorable lorsqu'il s'é-
lance sur les arbres, sa tête pouvant …
alors se trouver très-souvent dans un
plan horizontal. Le lézard à tête plate ne
se nourrit que d'insectes : il a presque :
toujours la gueule ouverte pour les sai-
sir; et elle est intérieurement enduite
d'une matière visqueuse , qui les em-
pêche de s’échapper. |
Scba a donné la figure d’un lézard qu'il
dit fort rare , qui, suivant lui, se trouve
en Égypte et en Arabie, ét doit avoir
beaucoup de rapports avec notre lézard
à tête plate : mais si la description et le $
dessin en sont exacts , ils appartiennent /
à deux espèces différentes. On.
CE
En créé : son te à , COI
les doigts BRTDIS Rs
=
He ME yes RER por Et \ OA SANT TER
d a! Le Î ja,
N'Eia pis “AU AU
DES L ÉIZ ARS. | x159
ne sont point applatis; qu'il n’a point
ja membrane frangée dont nous avons
parlé ; que les pieds de derrière sont
presque entièrement palmés ; que la
queue est ronde, beaucoup plus longue
que le corps; et que la membrane qui
en garnit les côtés, est assez profondé-
ment festonnée. |
ne :
| 760
HISTOIRE NATURE
SIXIÈME DIVISION.
LÉZARDS Fe 4
Qui n ’on£ que trois PE. aux pieds FA
EC
dei daugnh et aux pieds de derrière. Le
i }
LES EPS
biz -seps doit êtr considéré de près
pour n'être pas son La re
Ce qui en effet distingue
ces derniers d'avec les
défaut de pat e
oreilles : mais on ne :
difficilement l'ouverture ;
seps ; et ses pates. sont pr squ
à:
‘3 La cicigna
. TZom..2. | TL. 9. Pag.z160 ;
LAS Te DT
| F2 As ==
Ê x Y ; sacs Me 7e
+
DES'LÉZARDS. to:
par leur extrême petitesse. Lorsqu'on Île
regarde, on croiroit voir un serpent qui,
par une espèce de monstruosité , seroit
né avec deux petites pattes peer de la
tête , et deux autres, très-éloignées , si-
“es auprès de l’origine de la queue. On
le croiroit d'autant plus , que le seps a le
corps très-long et très-menu , et qu'il a
l'habitude de se rouler sur lui-même
comme les serpens. À une certaine dis-
tance on seroit même tenté de ne prendre
ses pieds que pour des appendices in-
formes. Le seps fait donc une des nuances
qui lient d’assez près les quadrupèdes
ovipares avec les vrais reptiles. Sa forme
peu prononcée , son caractère ambigu,
doivent contribuer à le faire reconnoître.
v. LA
Seswyeux sont très-petits ; les ouvertures
des oreilles bien moins sensibles que dans
la plupart des lézards. La queue finit par
une pointe très-aigué ; elle est communé-
ment très - courte : cependant elle étoit
aussi longue que le corps dans l'individu
décrit par M. Linné , et qui faisoit partie
“de la collection du prince Adolphe. Le
sepsrest couvert d'écailles quadrangu-
14
162 HISTOIRE NATURELLE |
laires | qui forment en tout sens des es-
pèces de stries. UE L
La couleur de ce lézard est en’ général
moins foncée sous le ventre que sur le
dos, le long duquel s'étendent . deux
bandés dont la teinte est plus où moins
claire, et qui sont bordées de no cÔté
d’une’ petite raïe noire. ne
La grandeur des seps, ainsi que celle
des autres lézards, varie suivant la tem-
pérature qu'ils éprouvent , la nourriture
qu'ils trouvent , et la tranquillité dont
ils jouissent. C’est donc avec raison que
la plupart des naturalistes ont cru ne de-
Voir pas assigner une grandeur détermi-
née, comme un caractère rigoureux ét
distinctif de chaque espèce : mais il n’en
est pas moins intéressant d'indiquer les’
limites qui, dans les diverses espèces,
circonscrivent la grandeur , et sur-tout. #
d'en marquer les rapports, autant qu “pi eg.
est possible, avec les différentes contrées, QE
les habitudes ; la chaleur , ete. Les seps,
qui ne parviennent quelquefois en
vence ct dans me: DE sh
Le
à
DES LÉZARDS.,; 163
cinq ou six pouces , sont longs de douze
ou quinze dans des pays plus conformes
à leur nature. Il y en a uu au Cabinet du
roi dont la longueur totale est de neuf
pouces neuf ligues; sa circonférence est
de dix-huit lignes à l'endroit le plus gros
du corps; les pattes ont deux lignes de
longueur , et.la queue est longue de trois
pouces trois hgnes. Celui que M. François
Cetti a décrit en Sardaigne , avoit douze
pouces trois lignes de long (apparemment
mesure sarde ). :
Les pattes du seps sont si courtes,
qu’elles n’ont quelquefois que deux lignes
de long , quoique le corps ait plus de
douze pouces de longueur. À peine pa-
roissent-elles pouvoir toucher à terre, et
cependant le seps les remue avec vitesse,
ct semble s en servir avec beaucoup d’a-
| vantage , lorsqu'il marche. Les pieds sont
divisés en trois doigts, à peine visibles ,
ct-sgarmis d'ongles , comme ceux de la
plupart des autres lézards. M. Linné a
compté cinq doigts dans le seps qui fai-
… soit, partie de la collection. du prince
Adolphe de Suède; mais nous n'en avons
164 HISTOIRE NATURELLE
jamais trouvé que trois dans les individus
de différens pays que nous avons décrits,
et qui sont au Cabinet du roi, avec
quelque atténtion que nous les ayons
considérés, et quoique nous nous soyons
servis de très-fortes loupes.
C’est au seps que l’on doit rapporter le
lézard indiqué par Ray sous le nom de
seps ou de lézard chalcide ; M. Linné nous
paroît S ‘être trompé en appelant ce der-
nier /ézard chalcide, et en le séparant du
seps. La description que l’on trouve dans
Ray, convient très-bien à ce dernier ani-
mal ; les raies noires le long du dos, et la
forme rhomboïdale des écailles que Ray
attribue à son lézard , sont en effet des
caractères distinctifs du seps. Le lézard
désigné par Columna sous le nom de
seps ou de chalcide, séparé du'seps par ”
M. Linné, et appelé chalcide par ce grand Ë
raie est aussi une simple variété M
du seps, 408 voisine de celle que l’on 1
trouve aux environs de Rome , ainsi
cr)
"PAM
qu’en Provence , et dont on conserve un
individu au Cabinet du roi. Le lézard
Columna avoit, à la vérité, ie +
DES LÉZARDS. 165
de long , tandis que le seps des environs
de Rome , que l’on peut voir au Cabinet
du roi , n’a que sept pouces huit lignes de
longueur ; mais il présentoit les caractères
qui distinguent leS véritables seps.
L'animal que M. Linné a rangé parmi
les serpens , qu'il a appelé arguis quadru-
pède, et qu’il dit habiter dans l’île de Java,
est de même un véritable seps ; tous les
caractères PAPRarEs par M. Linné con-
viennent à ce dernier lézard , excepté le
défaut d'ouvertures pour les oreilles , et
les cinq doigts de chaque pied : mais
M. Linné ajoutant que ces doigts sont si
petits , qu’on a bien de la peine à les
appercevoir , on peut croire que l’on en
aura aisément compté deux de trop;
d’ailleurs les ouvertures des orcilles du
“seps sont quelquefois si petites , qu'il
…paroit en marquer absolument.
Cest également au seps qu'il faut rap-
porter les lézards nommés vers serpen-
À formes d'Afrique , et dont M. Linné a
s: - fait une espèce particulière sous le nom
d’anguina; il suffit, pour s’en convaincre,
» de jeter les yeux sur la planche de Seba
Ge
le corps.
166 HISTOIRE NATURELLE
citée par le naturaliste suédois : la formé
de la tête, la longueur du corps; la dis-
position des écailles , la position et la
briéveté des quatre pattes, se retrouvent
dans ces prétendus vers comme dams le
seps; et ce n’est que parce qu'on ne les
a pas regardés d'assez près, qu'on a attri=
bué des pieds non divisés à ces animaux,
que M. Linné s’est cru obligé par-là de
séparer des autres lézards. Suivant Seba ,
les Grecs ont connu ces quadrupèdes ;
ils ont même cru être informés de leurs
habitudes en certaines contrées , puis-
qu'ils les ont nommés acheloi et relyor,
pour désigner leur séjour au milieu des.
eaux troubles et bourbeuses. On les ren-
poutre au cap de Bonne Ep vers
Columna ,
DES LÉZARDS. 167
loppés dans une pellicule diaphane et
renfermés dans leurs œufs comime les pe-
tits des vipères. Nous remarquerons une
manière semblable de venir au Jour daus
les petits de la salamandre terrestre ; et
ainsi non seulement les diverses espèces
de lézards ont entre elles de nouvelles
analogies , mais l’ordre entier des qua-
drupèdes ovipares se lie de nouveau avec
les serpens , avec les poissons cartilagi-
neux et d'autres poissons de différens
genres, parmi lesquels les petits de plu-
sieurs espèces sortent aussi de leurs œufs
dans le ventre même de leur mère.
Plusieurs naturalistes ont cru que le
seps étoit une espèce de salamandre. On
a accusé la salamandre d’etre venimeuse ;
onva dit que le seps l’étoit aussi. Il y a
meme lons-temps que l’on a regardé ce
lézard comme un animal malfaisant, le
nom de seps que les anciens lui ont appli-
qué , ainsi qu’au chalcide, ayant été
aussi attribué , par ces mêmes anciens,
à desserpens très-venimeux, à des mille-
pieds et à d’autres bêtes dangereuses. Ce
… anot seps , dérivé de 470 (sepo, je cor-
168 HISTOIRE NATURELLE
romps), peut être regardé comme un nom
génériqué que les anciens donnoiïent à la
plupart des animaux dont ils redoutoient
les poisons , à quelque ordre d’ailleurs
qu'ils les rapportassent. On. peut croire
aussi qu'ils ont très-souvent confondu ,
ainsi que le plus grand nombre des na-
turalistes venus après eux , le chalcide
et le seps, qu’ils ont appelés tous deux
non seulement du nom générique de
seps , mais encore du nom particulier de
chalcide.
Quoi qu’il en soit , les observations de
M. Sauvage paroissent prouver que le
seps n’est point venimeux dans les pro- -
vinces méridionales de France. Suivant
ce naturaliste, la morsure des sepsua |
jamais été suivie d'aucun accident. Suit
rapporte en avoir vu manger par une
poule sans qu’elle en ait été Re Rae
poule , comme los Hoi terre. de Ah.
des canards. La poule le saisit de
veau; il s’'échappa de même : : mai
DES LÉZARDS. 169
troisième fois elle le coupa en deux.
M. Sauvage conclut même, de la facilité
avec laquelle ce petit lézard se glisse dans
les intestins , qu’il produiroit un meil-
leur effet dans certaines maladies que
le plomb et le vif-argent. M. François
Cetti dit aussi que, dans toute la Sar-
daigne , il n’a jamais entendu parler d’au-
cun accident causé par la morsure du
seps, que tout le monde y regarde comme
un animal innocent. Seulement , ayoute-
t-il , lorsque les bœufs ou les chevaux en
ont avalé avec l'herbe qu'ils paissent, leur
ventre s’enfle , et ils sont en danger de
mourir , si on ne leur fait pas prendre
une boisson préparée avec de l'huile, du
vinaigre et du soufre.
Le-seps paroît craindre le froid plus
que les tortues terrestres et plusieurs
autres quadrupèdes ovipares ; il se cache
plus tôt dans la terre aux approches de
Phiver. 11 disparoît en Sardaigne dès le
commencement d'octobre , et on ne le
trouve plus que dans des creux souter-
É: xains ; il en sort au printemps pour aller
h
Fe.» . . A +
dans les endroits garnis d'herbe , où il se
15
L # 2 PR PTS AN CENTS “UN
\ $ d, PAPAS ”
is HISTOIRE NATURELLE FUN
tient ne pendant l'été ; quoique l'are
deur du soleil l'ait desséchée..…,,.
M. Thunberg a donné , .dans ds Mé-
moires de l’académie de Suède , la:: des-
cripuon d’un lézard qu'il nomme abdo-
mninal, quise trouve à Javaiet à Amboine,
qui a les plus grands. .rapports: avec le
seps, et qui n’en diffère, que par la très-
grande briéveté de sa queue.et le.nombre
de ses doigts. Mais comme il paroît que
M. Thunberg n’a pas vu cet animal vi-
vaut, et que , dans la description qu'il
cn donne, il dit que l'extrémité de la
queue étoit nue et sans écailles, on peut
croire que l'individu observé par ce savant
professeur, avoit perdu une partie de sa
queue par quelque accident. D'ailleurs. M
nous nous sommes assurés que la longueur 1)
de la quçuf, des sea Frais en général très= À.
avoue qu'on ne peste l'œil 1 dis ingi
qu'avec beaucoup de peine. Fes, +
se faire que l'anin eût été qu
sa mort , de manière à présente
rence Ac cinq petits doigts à
dE à
pied , quoique réellement il n’y en ait
que trois , ainsi que. dans les seps , auUx-
quels il Ho dès-lors le rapporter. Si
au contraire le lézard abdominal a véri-
tablement cinq doigts à chaque pied , il
faudra le regarder comme une espèce
distincte du seps, et le comprendfe dans
la quatrième division, où il pourroit
être placé à la suite du sputateur. Au
reste, personne ne peut mieux éelaireir
ce point d'histoire uaturellé que ‘M,
ponieih
DES LÉZARDS.. 11
“ON ü
172 HISTOIRE NATUREËLE
LE CHALCIDE.
Lr seps n’est pas le seul lézard qui,
par la petitesse de ses pattes à peine vi-
sibles , et la grande distance qui sépare
celles de devant de celles de derrière,
fasse la nuance entre les lézards et les
serpens ; le chalcide est également remar-
quable par la briéveté et la position de
ses pattes, de même que par l’alongement
de son corps. M. Linné , et, plusieurs.
autres naturalistes, ont regardé , ainsi
que nous , le chalcide comme différent
du seps , et ils ont dit que ces deux
* lézards sont distingués l’un de l'autre,
en ce que le seps a la queue verticillée ,u
tandis que le chalcide l’a ronde , ét plus w
longue que le corps. Quelque sens qu'on M
attache à cette expression verticillée , elle 1 |
ne peut Jamais A qu’un carac-
tère vague et peu sensible. D'un aut ue
côté, id n'y à rien de si variabl qu
d
DES LÉZARDS 173
longueurs des queues des lézards | et
par conséquent toute distinction spéci-
fique fondée sur ces longueurs doit être
regardée comme nulle ; à moins que
leurs différences ne soient très-grandes.
Nous avons pensé d’après cela que le
lézard appelé cAalcide par M. Linné
pourroit bien n'être qu’une variété du
seps , dont plusieurs individus ont la
queue à peu près aussi longue que le
corps. Nous l'avons pensé d’autant plus
qu'il paroît que M. Linné n’a point vu
le lézard qu'il nomme chalcide. Nous
avons en conséquence examiné les divers
passages des auteurs cités par M. Linné,
relativement à ce quadrupède ovipare;
nous ayons comparé ce qu'ont écrit à
ce sujet Aldrovande , Columna, Grono-
vius , Ray et Imperati : nous avons vu
que tout ce que rapportent ces auteurs
tant dans leurs descriptions que dans la
partie historique , pouvoit s’ap piquer au
véritable seps. IL paroît donc qu’on doit
réduire à une seule espèce les deux lézards
connus sous lé nom de seps et de cAal-
-cide. Mais il y a , au Cabinet du roi, un
38
474 HISTOIRE pe "a
lézard qui ressemble au séps par l'alon-
gement de son corps’; la petitesse detsés
pattes ; le nombre de ses doigts! etrqui
est cependant d’üné ‘espèce différente de
celle du seps, ainsi que nous allons: le
prouver: Ce lézard n’a vraisemblablement
été connu d'aucun des naturalistes mo-
dernes qui ont écrit sur le chalcide :/c'esti,
en quelque sorte , une espèce nouvelle
que nous présentons , et à laquellé nôus
appliquetis ce nom de chalcide, qui w’à
été donné pe M. Linné et les Mers ar
modernes qu’à une variété du sepst'! 2!,
Notre chalcide , le seul que nous ñom-
merons ainsi, diffère du seps par un -.
caractère qui doit empêcher de lesicoti- ÿ
y SP dans toutes les anoié COTES 4
queue sont garnis dans le seps |
écailles, placée les unes sur les |
comme Les arc oises qui couvrent n
tandis qué , dans le rare
forment des anneaux circul aire
sibles, séparés les’ uns À dés âu
espèces de rt et de
DES'LÉZARDS. 175
Le corps de l'individu conservé au
Cabinet du roi a deux pouces six lignes
de longueur ; il est plus court que la
queue | et entouré de quarante-huit an-
neaux. La tête est assez semblable à ceïle
du seps, ainsi que nous l’avons dit: mais
il n’y a aucune ouverture pour les oreilles;
ce qui donne au chalcide un rapport de
plus avec les serpens. Les pattes sont
encore plus courtes que celles du seps,
en proportion de la longueur du corps ;
elles n’ont qu'une ligne de longueur.
Celles de devant sont situées très-près de
la tête.
Ce lézard n’a que trois dis à chaque
pied , ainsi que le seps. Il est d’une cou-
leur sombre , qui peut-être est l'effet de
Pesprit-de-vin dans lequel il a été cou-
Servé, mais qui approche de la couleur
de Pairain , quetles Grecs ont désignée
parle nom de czalcis (dérivé de yanxor,
» airain ) lorsqu'ils ont appliqué ce noi à
un lézard. --.
Cet animal ;iqui doit habiter les con-
rées chaudes! d, par la conformation
> ses écailles et leur disposition en
| P 4 “ : p'«
NM lue à
| x me Ait
176 HISTOIRE NATURELLE ; 710
anneaux , d'assez grands rapports avec.
le serpent orvet et les autres serpens ,
que M. Linné à compris sous la déno-!
imination générique d'anguis. ILen a aussi,
par-là avec plusieurs espèces de vers , et
sur-tout avec un reptile , dont nous don-
nons l’histoire à la suite de celle des qua-
drupèdes ovipares, et qui lie l’ordre de
ces derniers avec celui des serpens encore
de plus près que le seps etle chalcide.
Mais si les espèces de lézards dont
nous traitons maintenant ; présentent ,
en quelque sorte , une conformation in-
termédiaire entre celle des quadrupèdes
ovipares et celle des vrais reptiles , l’es-,
pèce suivante donne à ces mêmes queg
drupèdes ovipares , de nouveaux raps
ports avec des animaux bien mieux ox
misés , et particulièrement ayec lord
des rl , par les espèces d’ailes dar
cle a été pourvue, PO
:
Tom. 2.
21.10. 209.177
à.
s Ad
DES LÉZARDS.. 77
SEPTIÈME DIVISION.
LÉ Z'AUR'D Su,
Qui ont des membranes en forme
d'ailes.
LE DRAGON.
—_——_—
\
À ce nom de dragon, l’on concoit tou-
- jours uneidée extraordinaire. La mémoire
- rappelle avec promptitude tout ce qu'on
a lu, tout ce qu'on a oui dire sur ce
v . a fameux ; limagination s'en-
… flamme, par le souvenir des grandes
images qu’il a présentées au génie poé-
4 ique : une sorte de, frayeur saisit les
( cœurs timides ; et la curiosité s'empare
de tous les esprits. TES. anciens , les mo-
_ derues, ont tous merle du ‘1308 Cou-
À
178 HISTOIRE NATURELLE.
sacré par la religion des premiers peur
ples , devenu l’objet de leur mythélogie ,
ministre des volontés des dieux |, “'ahtiien
de leurs trésors , servant leur Mu à et
leur haine , soumis au pouvoir des en-
chanteurs, vaincu par les demi-dieux des
temps antiques, entrant même dans les
allégories sacrées du plus saint. _des re-
cucils , il a été chanté par les premiers
poètes , et représenté avec toutes les cou-
leurs qui pouvoient en embellir l'image.
Principal omement des fables! pieuses
imaginées dans des temps plus récens ,
domté par les héros , et même par les
Jeunes héroïnes, qui combattoient pour
une loi divine ; Han par uné Seconde
RENE ; À as. pla Les A sut le
‘1
des vaillans héchies Dan el
poésie ONE ainsi ci il av
de l’histoire ;, par-tout décrit,
célébré, partout rat
toutes les ie |
MESU LÉ ZUAUROAT 6: 179
victimes-par son regard, se transportant
au milieu des nuécs'avec la rapidité de
l'éclair , frappant comme la foudre , dissi-
pant l'obscurité des nuits par l’éclat de
ses yeux-étincelans , réunissant l’agilité
de l’aigle , la force du lion , la grandeur
du serpent * , présentant même quelque-
fois une figure humaine , doué d’une
intelligence presque divine , et adoré de
nos jours dans de grands empires de l’O-
rient , le dragon a été tout, et s’est
trouvé par-tout , hors dans la Nature. Il
vivra cependant toujours , cet être fabu-
leux ; dans les heureux produits d'une
imagination féconde ; il embellira long-
temps les images hardies d’une ‘poésie
enchanteresse : le récit de sa puissance
merveilleuse charmera les lorsirs de ceux
qui ont besoin d’être quelquefois trans-
portés au milieu des chimères', et qui
desirent de voir la vérité parée des
ornemens d’une fiction agréable. Mais
à la place de cet étre. fantastique ,
Le pee trouvons-nous dans la réalité? un
* Il ÿ a des serpens qui ont plus de Se
mi de long. . CEE à
$ ha à É . à #
AT Me
# '
80 HISTOIRE NATURELLE
animal aussi petit que foible, un lézard
innocent et tranquille , un des moins
armés de tous les quadrupèdes ovipares ,
et qui , par une conformation parti- ©
culière , a la facilité de se transporter
avec agilité , et de voltiger de branche en
branche dans les forêts qu'il habite. Les |
espèces d'ailes dont il a été pourvu , son -
corps de lézard., et tous ses rapports avec
les serpens, ont fait trouver quelque sorte
de ressemblance éloignée entre ce petit
‘animal et le monstre imaginaire dont
nous avons parlé , et lui ont fait donner
le nom de dragon par les naturalistes.
Ces ailes sont composées de six espèces .
de rayons cartilagineux , situés horizon-
talement de chaque côté de l’épine du
dos , et auprès des Jambes de devant. Ces
rayons sont courbés en arrière ; ils sou- M
tiennent une membrane , qui s'étend le m
long du rayon le plus antérieur jusqu'au
son extrémité, et va ensuite se rattacher,"
en s’arrondissant un pet , auprès de
jambes de derrière. Chaque aïle représente
ainsi un triangle , dont la base, s’apl
sur l’épine du dos ; se
| SEA. 4
wé
Lu
DES LÉZARDS. 181
triangle à celui de l’autre , il y a à peu
près la même distance que des pattes de
devant à celles de derrière. La mem-
brane qui recouvre les rayons est garnie
d’écailles , ainsi que lé corps du lézard,
que l’on ne peut bien voir qu’en regar-
dant au-dessous des ailes , et dont on ne
distingue par-dessus que la partie la plus
élevée du dos. Ces ailes sont conformées
comme les nageoires des poissons, sur-
tout comme celles dont les poissons vo-
lans se servent pour se soutenir en l'air.
Elles ne ressemblent pas aux ailes dont
les chauve-souris sont pourvues , et qui
sont composées d’une membrane placée
entre les doigts très-longs de leurs pieds
de devant; elles diffèrent encore plus de
celles des oiseaux formées de membres
que l’on a appelés leurs bras : elles ont
plus de rapport avec les membranes qui
s'étendent des jambes de devant à celles
de derrière dans le polatouche et dans le
taguan , et qui.leur servent à voltiger.
Voilà donc le dragou qui, placé, comme
ous les lézards , entre les poissons et les
i quadrupèdes A j. SÈ rapproche des
% re T1. 16
-"
+
182 HISTOIRE NATURELLE
uns par ses rapports avec les poisson®
volans , et des autres par ses ressem-
blances avec les polatouches et les écu-
reuils , dont il est l’analogue dans son
ordre.
Le dragon est aussi remarquable par
trois espèces de poches alongées et poin-
tues , qui garnissent le dessous de sa
gorge , et qu'il peut enfler à volonté pour
augmenter son volume , se rendre plus
léger , et voler plus facilement. C’est ainsi
qu'il peut un peu compenser l'infériorité
de ses ailes , relativement à celles des
oiseaux , et la facilité avec laquelle ces
derniers , lorsqu'ils veulent s’alléger , font
parvenir Pair de leurs poumons dans:
diverses parties de leur corps.
Si l’on ôtoit au dragon ses ailes et les
espèces de poches qu’il porte sous son
gosier , 1l seroit très-semblable à la plu-
part des lézards. Sa gueule est très-ou-
verte, et garnie de dents nombreuses et.
sibhiés Il a sur le dos trois rangées. Jongi- we À
tudinales de tubercules , plus où moins a
saillans , dont le nombre varié suivant.
les individus. Les deux FRERE. esté- |
_ chant les fourmis , les mouches
DES LÉZARDS. 183
rieures forment une ligne courbe, dont
la convexité est en dehors. Les jambes
sont assez longues ; les doigts, au nombre
de cinq à chaque pied , sont longs, sé-
parés, et garnis d'ongles crochus. La
queue est ordinairement très-déliée, deux
fois plus longue que le corps, et couverte
d’écailles un peu relevées en carène. La
longueur totale du dragon n'excède guère
un pied. Le plus grand des individus de
cette espèce conservés au Cabinet du roi
a huit pouces deux lignes de long, depuis
le bout du museau jusqu’à l'extrémité de
la queue , qui est longue de quatre pouces
dix lignes.
Bien différent du dragon de la fable, il
passe innocemment sa vie sur les avis
où il vole de branche en branche, cher-
, les
papillons , et les autres insectes dont il
fait sa nourriture. Lorsqu'il s’élance d’un
arbre à un autre, il frappe l'air avec
ses ailes, de manière à produire un bruit
v
(
Le
9
assez sensible , et il franchit quelquefois
un espace de trente pas. IL habite en
_ Asie, en Afrique et en Amérique. Il peut
7
:
_ :
J
184 HISTOIRE NATURELLE
“Varier , suivant les différens climats , par
la teinte de ses écailles ; mais il présente
souvent un agréable mélange dé couleurs
noire , brune , presque blanche ou légè-
rement bleuatre, formant des taches où
des raies. |
Quoiqu'il ait les doigts très - séparés
les uns des autres , il n’est point réduit
à habiter la terre sèche et le sommet
des arbres ; ses poches qu'il développe, et
ses ailes qu'il étend, replie et contourne
à volonté, lui servent non seulement
pour s’élancer avec vitesse, mais encore
pour nager avec facilité. Les membranes
qui composent ses ailes ; peuvent lui :
tenir lieu de nageoires puissantes , parce
qu’elles sont fort grandes à proportion de
son corps ; et les poches qu'il a sous la
gorge doivent, lorsqu'elles sont gonflées,
Je rendre plus léger que l’eau. Cet animal
privilégié a donc recu tout ce qui peut.
être nécessaire pour grimpersur les arbres,
pour marcher avec facilité , pour voler,
avec vitesse , pour nager avec force: ls «
terre , les forêts, l'air ;les eaux, lui appar- M
tiennent également 5 “Sa petité proie ne JE
DES D É'Z A R D S 185
peut lui échapper. D'ailleurs aucun asyle
ne lui est fermé ; aucun abri ne lus est
interdit ; s’il est poursuivi sur la terre,
il s'enfuit au haut des branches , ou se
réfugie au fond des rivières : il jouit donc
d’un sort tranquille et d’une destinée
heureuse ; car il peut encore , en s’élevant
dans l'air, échapper aux animaux que
l’eau n'arrête pas.
M. Linné a compté deux espèces de
lézards volans. Il a placé dans la pre-
_imière ceux de l’ancien monde , dont
les ailes ne tiennent pas aux pattes de
devant, et dans la seconde ceux d’Amé-
rique, dont les ailes y sont attachées. Cette
différence ne nous paroît pas sufñire pour
constituer une espèce distincte. D'ailleurs
ce nest que sur l'autorité de Seba, dont
les figures né sont pas toujours exactes,
que M. Linné a admis l'existence de lézards
volans dont les jambes de devant ser-
vent de premier rayon aux ailes ; il n’en
a Jamais vu ainsi conformés : nous n’en
avons jamais vu non plus ; et nous n’a-
Mons rien trouvé qui y eût rapport , dans
P ; . r
+ aucun auteur, excepté Scha. Nous croyons
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Tome.2. | 21.2. 29.287
F à LA as VUS
Ass Re vÉ
SE
zLA SALAMANDRE TERESTRE.
2.LA TROIS-DOIGTS
DES. LEZ A RDS. 187
HUITIÈME DIVISION.
EÉ Z'À RDS
Qui ont trois ow quatre doigts aux
pieds de devant , et quatre ow cing
aux pieds de derrière.
LA SALAMANDRE
LEUR .E S TR E *.
Lx semble que plus les objets de la cu-
riosité de l’homme sont éloignés de lui,
n.
ct plus il se plait à leur attribuer des
* Salamandra , en latin; salamanguesa et
salamantegua , en Espagne; samabras ou saam-
Dras ; par les Arabes; le sourd, dans plusieurs
n provinces de France; Élande , dans le Languedoc
…. ct la Provence; pluvine, en Dauphiné ; Javerne,
:
188 HISTOIRE NATURELLE | {
qualités mA mr ou-du moins à #
supposer à des degrés trop élevés celles
dont ces êtres, rarement bien connus ,:
jouissent réellement. L'imagination a be-
soin , pour ainsi dire, d’être ‘de temps
en temps secouée par des merveilles.
L'homme veut exercer sa croyance dans
toute sa plénitude ; il lui semble qu'il n’en
jouit pas d’une manière assez libre quand
il la soumet aux lois de la raison : ce n’est
que par les excès qu'il croit en user; et il
ne s’en regarde comme véritablement le
maître que lorsqu'il Ia refuse capricieu-
sement à la réalité, ou qu'il laccorde
aux êtres les plus chimériques. Mais il ne
peut exercer cet empire de sa fantaisie. M
que lorsque la lumière de la vérité ne #
tombe que de loin sur les objets de cette
croyance arbitraire; que lorsque l’espace,
le temps ou leur nature les séparent de
nous; et voilà pourquoi parmi tous les
dans Je Lyonnois; suisse, en Bourgogne; mirtil,
dans le Poitou ; alebrenne ou arrassade, dans.
plusieurs autres provinces de France ; mouron, en.
Normandie; sa/emander, en Flandre; punter-,
maal, en quelques endroits d'Allemagne. :
DES LÉZARDS. 18)
ordres d’annnaux , il n’en est peut-être
aucun qui ait donné lieu à tant de fables
que celui des lézards. Nous avons déja vu
des propriétés aussi absurdes qu'imagi-
maires accordées à plusieurs espèces de ces
quadrupèdes ovipares : mais nous voici
maintenant à l’histoire d’un lézard pour
lequel l'imagination humaine s’est sur-
passée; on lui a attribué la plus merveil-
leuse de toutes les propriétés. Tandis que
les corps les plus durs ne peuvent échap-
per à la force de l'élément du feu, on a
voulu qu’un petit lézard non seulement
ne fût pas consumé par les flammes, mais
parvint même à les éteindre; et comme
les fables agréables s’accréditent aisé-
ment , l’on s’est empressé d'accueillir
celle d’un petit animal si privilégié , si
supérieur à l'agent le plus actif de la
Nature, et qui devoit fournir tant d’ob-
jets de comparaison à la poésie, tant
d’emblèmes galans à l'amour, tant de
brillantes devises à la valeur. Les anciens
ont cru à cette propriété de la salamandre:
desirant que son origine fût aussi surpre:
nante que sa puissance , et voulant réa-
SALUT NOR.
/_xy99 HISTOIRE NATURELLE
liser les fictions ingénieuses des poètes ;
ils ont écrit qu’elle devoit son existence
au plus pur des élémens , qui ne pouvoit
la consumer, et ils l'ont dite fille du feu,
en lui donnant cependant un corps de
glace. Les modernes ont adopté les fables
ridicules des anciens; et comme on ne
peut jamais s’arrêter quand on a dépassé
les bornes de la vraisemblance , on est
allé jusqu'à penser que le feu le plus
violent pouvoit être éteint par la sala-
mandre terrestre. Des charlatans ven-
doient ce petit lézard, qui, jeté dans le
plus grand incendie, devoit, disoient-
ils, en arrêter les progrès. Il a fallu.
que des physiciens , que des philosophes
prissent la peine de prouver par le fait ce
que la raison seule auroit dû démontrer;
etce n’est que ldrsque les lumières de La
science ont été très-répahdues, quon a
cessé de croire à la propriété de Fa sala-
mandre. | à Ha A
Ce lézard, qui se trouve dans tant de
pays de l’ancien monde, et même à de \
très -hautes latitudes, a été. cependant }
très-peu observé, parce qu’on levoitrare=\
DES LÉZARDS. TOI
ment hors de son trou , et parce qu'ila,
pendant long-temps , inspiré une assez
grande frayeur. Aristote même ne paroît
en parler que comme d’un animal qu’il
ne connoissoit presque point.
Il est aisé à distinguer de tous ceux
dont nous'nous sommes occupés, par la
conformation particulière de ses pieds de
devant , où il n’a que quatre doigts,
tandis qu'il en a cinq à ceux de derrière.
Un des plus grands individus de cette
espèce conservés au Cabinet du roi a
sept pouces cinq lignes de longueur, de-
puis le bout du museau jusqu’à l’origine
de la queue , qui est longue de trois
pouces huit lignes. La peau n’est revétue
d'aucune écaille sensible ; mais elle est
t
garme d’une grande quantité de mame-
lons ; et percée d’un grand noïnbre de
petits trous, dont plusieurs sont très-sen-
sibles à la vue simple , et par lesquels dé-
coule une sorte de lait qui se répand or-
-dinairement de manière à former un
“xcrnis transparent au-dessus de la peau
naturellement sèche de ce quadrupède
bare :
4 à
102 HISTOIRE NATURELLE
Les yeux de la salamandre sont placés à 3
la partie supérieure de la tête, qui est uw
peu applatie ; leur orbite est saillante
dans l'intérieur du palais, et elle y est
presque entourée d’un rang de très-pe-
tites dents , semblables à celles qui gar-
nissent les mâchoires. Ces dents éta-
blissent un nouveau rapport entre les
lézards et les poissons, dont plusieurs
espèces ont de même plusieurs dents
placées dans le fond de la gueule.
La couleur de ce lézard est très-fon-
cée ; elle prend une teinte bleuâtre sur le
ventre, et présente des taches Jaunes assez
grandes, irrégulières, et qui s'étendent
sur tout le corps, même sur les pieds et
sur les paupières. Quelques unes de ces
taches sont parsemées de petits points
noirs , et celles qui sont sur le dos se
touchent souvent sans interruption, «et
forment deux longues bandes jaunes. La
figure de ces taches a fait donner le nom
de stellion à la salamandre, ainsi qu’ au
lézard verd , au véritable steliien et au.
geckotte. Au reste, la couleur désiGaits
mandres terr cé doit che sujette à à.
DES LÉZARDS. 103
varier; et 1l paroît qu’on en trouve dans
les bois humides d'Allemagne qui sont
toutes noires par-dessus et jaunes par-des-
sous. C’est à cette variété qu’il faut rap-
porter, ce me semble, la salamandre
-noire que M. Laurenti a trouvée dans les
Alpes, qu'il a regardée comme une es-
pèce distincte, et qui me paroît trop res-
sembler par sa forme à la salamandre
ordinaire pour en être séparée.
La queue presque cylindrique paroît
divisée en anneaux par des renflemens
d’une substance très-molle.
La salamandre terrestre n’a point de
côtes , non plus que les grenouilles, aux-
quelles elle ressemble d’aiileurs par la
forme générale de la partie antérieure
du corps. Lorsqu'on la touche, elle se
couvre promptement de cette espèce d’en-
duit dont nous avons parlé; et elle peut
également faire passer très-rapidement sa
peau de cet état humide à celui de séche-
résse. Le lait qui sort par les petits trous
que l'on voit sur sa surface, est très-
âere ; lorsqu'on en a mis sur la langue ,
on croit sentir une sorte de cicatrice à
17
|
194 HISTOIRE NATURELLE
l'endroit où il a touché. Ce lait, qui est
regardé comme un excellent dépilatoire
ressemble un peu à celui qui découle
des plantes appelées ithymales et des eu-
phorbes. Quand on écrase , ou seulement
quand on presse la salamandre , elle ré-
pand-dailleurs une mauvaise odeur qui
jui est particulière.
Les salamiandres terrestres aiment les
lieux humides et froids, les ombres
épaisses, les bois touffus des hautes
montagnes , les bords des fontaines qui
coulent dans les prés; elles se retirent
quelquefois en grand nombre dans les
creux des arbres, dans les haïes , au-des- :
sous des vieilles souches pourries; et elles
passent l’hiver des contrées trop élevées
en latitude , dans des espèces de terriers
où on les monte rassemblées, ét entortil-
lées plusieurs ensemble.
La salamandre étant dépourvue Morte
sles, n'ayant que quatre doigts aux pieds
de devant , et aucun avantage de con-
formation ne remplaçant ce qui lui man- M
que , ses mœurs doivent être et sont en. À
effet très-différentes de celles ‘de la pie :
DES LÉZARDS. 195
part des lézards. Elle est très-lente dans
sa marche : bien loin de pouvoir grim-
per avec vîtesse sur les arbres, elle paroît
le plus souvent se traîner avec peine à la
surface de la terre. Elle ne s'éloigne que
peu des abris qu’elle a choisis ; elle passe.
sa vie sous terre, souvent au pied des
vieilles murailles. Pendant léte, elle
craint l’ardeur du soleil , qui la dessé-
cheroit ; et ce n’est ordinairement que
lorsque la pluie est prète à tomber,
qu'elle sort de son asyle secret, comme
par une sorte de besoin de se baigner et
de s’imbiber d’un élément qui lui est
analogue. Peut-étre aussi trouve-t-elle
alors avec plus de facilité les insectes
dont elle se nourrit. Elle vit de mouches,
de scarabées | de limacons et de vers de
terre. Lorsqu'elle est en repos, elle se
replie souvent sur elle-méme comme les
serpens. Elle peut rester quelque temps
dans Peau sans y périr ; elle s’y dépouiile
d'unépellicule mince d’un cendré ver-
dâtre On a même conservé des sala-
mandres, pendant plus de six mois, dans
de l’eau de puits : on ne leur dounoit
x96 HISTOIRE NATURELLE
aucune nourriture ; on avoit seulement
le soin de changer souvent l’eau.
On observe que toutes les fois qu’on
plonge une salamandre terrestre dans
l’eau , elle s'efforce d'élever ses narines
au-dessus de la surface, comme si elle
cherchoïit lair de l’atmosphère ; ce qui
est une nouvelle preuve du besoin-qu’ont
tous les quadrupèdes ovipares de respi-
rer pendant tout le temps où ils ne sont
point parcs *, La salamandre ter-
restre n’a point d'oreilles apparentes ; et
en ceci elle ressemble aux serpens. On a
prétendu qu’elle n’entendoit point; et
c'est ce qui lui a fait donner le nom de .
sourd dans certaines provinces de France:
on pourroit le présumer , parce qu’on ne
Jui a jamais entendu jeter aucun cris et
qu’en général le silence est lié avec la
surdité. |
Ayant donc peut-être un sens de 1 Am
et privée de la faculté de communiquer
ses sensations aux animaux de son es-
pèce , même par des sons imparfaits ,
* Voyez le Discours sur la mature des quadru-
pèdes ovipares,
.
” 2h
elle doit être réduite à un bien moindre
degré d'instinct : aussi est-elle stupide, et
non pascourageuse, comme on l’a écrit.
Elle ne brave pas le danger, ainsi qu’on
l'a prétendu ; mais elle ne l’appercoit
point : quelques gestes qu’on fasse pour
l’effrayer, elle s’avance toujours sans se
détourner de sa route. Cependant, comme
aucun animal n’est privé du sentiment
nécessaire à sa conservation , elle com-
prime, dit-on, rapidement sa peau lors-
qu’on la tourmente, et fait rejaillir contre
ceux qui l’attaquent, le lait âcre que cette
peau recouvre. Si on la frappe, elle com-
mence par dresser sa queue ; elle devient
ensuite immobile , comme si elle étoit
Saisie par une sorte de ae car il
esse et de ruse pour contre-
ainsi qu'ils l'ont écrit.
17
DES LÉZARDS rg7
Le NOVAL
NN “
Fr
108 HISTOIRE NATURELLE ,
11 semble que l’on ne peut accorder à
uu être une qualité chimérique sans
Jui refuser en même temps une propriété
récile. On a regardé la froide salamandre
comme un animal doué du pouvoir mira-
culeux de résister aux flammes, et même
de les éteindre : mais en même temps on
l’a rabaissée autant qu’on l’avoit élevée
par ce privilége unique. On en a fait le
plus funeste des animaux. Les anciens,
et même Pline, l'ont dévouée à une sorte
d’anathème , en la considérant comme
celui dont le poison étoit le plus dange-
reux : ils ont écrit qu’en infectant de son
venin presque tous les végétaux d’une
vaste contrée, elle pouvoit donner la
mort à des nations entières. Les modernes
ont aussi cru pendant long-temps au poï-
son de la salamandre; on a dit que sa
morsure étoit mortelle, commecelle de
la vipère; on a cherché et preserit des re-
mèdes contre son venin : inais enfin On
a eu recours aux observations, par les-
quelles on auroit dû commenter. Le fa-
meux Bacon avoit voulu engager les phy- ï
A OR AR EE
DES LÉZARDS. 19%
de la salamandre; Gesner prouva , par
l'expérience, qu’elle ne mordoit point,
de quelque manière qu’on cherchât à
Virriter; et Wurfbainius fit voir qu'on
pouvoit impunément la toucher , ainsi
que boire de l’eau des fontaines qu’elle
habite. M. de Maupertuis s’est aussi oc-
cupé de ce lézard : en recherchant ce
que pouvoit être son prétendu poison ,
ila démontré, par l'expérience, l’action
des flammes sur la salamandre, comme
sur les autres animaux; il a remarqué
qu’à peine elle est sur le feu, qu’elle pa-
roît couverte de gouttes de son lait, qui,
raréhié par la chaleur , s'échappe par tous
les pores de la peau, sort en plus grande
6 = sur la téte, ainsi que sur les ma-
._ melons, et se dtrcit sur-le- champ. Mais
ma certainement pas besoin de dire
it m'est jamais assez abondant
ñ-
vis , dans le cours de
es, irrita en vain plusieurs
Le. PET LENS “
mais aucune n'ouvrit la
l ‘4 ï Fr
200 HISTOIRE NATURELLE
très-petites, ot eut beaucoup. de peine
à trouver uu animal dont la peau fût
assez fine pour être entamée par ces
dents. Il essaya inutilement de les faixe
pénétrer dans la chaïr d’un poulet déplu-
mé ; il pressa en vain les dents contre la
peau: elles se dérangèrent plutôt que de
l’entamer. 1l parvint enfin à faire mordre
par une salamaridre la cuisse d’un poulet
dont il avoit enlevé la peau. Il ft mordre
aussi par des salamandres récemment
prises la langue et les lèvres d’un chien,
ainsi que la langue d’un coq d'Inde : au-
cun de ces animaux n’éprou va le moindre
accident. M. de Maupertuis fit avaler en-
suite des salamandres entières ou coupées
par morceaux à un coq d'Inde et à un
chien, qui ne parurent pas en souffrir. …
M. Laurenti a fait depuis des expé-
riences dans les mêmes vues :i1l a forcé
des lézards gris à mordre des salamandres,
et il leur en a fait avaler du lait; lestlé-
zards sont morts très- - promptement, Le
lait de la salamandre pris intérieurement
pourroit donc être funeste et même mor- 4
tel à certains animaux , sur-tout aux plus”
MASSE RZ AR DIS 208
petits ; ; mais il ne paroît pas nuisible aux
nds animaux.
| On a cru pendant “HO RM que les
| PART ER n’avoient point de sexe, et
_ que chaque individu étoit en état d’en-
gendrer seul son semblable, comme dans
plusieurs espèces de vers. Ce n’est pas la
fable la plus absurde qu’on ait imaginée
t
au sujet des salamandres. Mais si la ma-_
nière dont elles viennent à la lumière
n'est pas aussi merveilleuse qu’on l’a écrit,
elle est remarquable en ce qu ‘elle diffère
de celle dont naissent presque tous les
autres lézards, et en ce qu’elle est ana-
logue à celle dont voient le Jour les seps
ou chalcides , ainsi que les vipères et plu-
sieurs espèces de serpens. La salamandre
te par- -là l'attention des no
«
s TARA ET A
MA 1
NT VIS un
M :
202 HISTOIRE NATURELLE
étoient aussi bien conformés et bien plus
agiles que les salamandres adultes. La
salamandre met donc bas des petits venus
d'un œuf éclos dans son ventre, ainsi
que ceux des vipères. Mais d’ailleurs on
a écrit qu’elle pond , comme les sa-
lamandres aquatiques , des œufs ellip-
tiques , d’où sortent de petites salaman-
dres sous la forme de rétard. Nous avons.
souvent vérifié le premier fait, qui d’ail-
leurs est bien connu depuis long-temps :
mais nous n'avons pas été à même de
vériher le second. Il seroit intéressant de
constater que le même quadrupède pro-
duit ses petits, en quelquesorte, de deux
manières différentes ; qu'il y a des œufs
que la mère pond, et d'autres dont le
fœtus sort dans le ventre de la sala-
mandre , pour demeurer ensuite ren-
fermé avec plusieurs autres fœtus dans
une espèce de membrane transparente,
jusqu’au moment où il vient à la lu-
mière. Si cela étoit, on devroiït disséquer
des salamandres à différentes époques.
très-rapprochées, depuis le moment où …
slles s'accouplent jusqu'à celui où elles
12 {
Te A RU LT
DES duo 203
mettent bas leurs petits; l’on suivroit |
avec soin l’accroissement successif de ces
petits venus à la lumière tout formés ; on
le compareroit avec le développement
de ceux qui sortiroient de l’œuf hors du
ventre de leur mère, etc. Quoi qu'il en
soit, la salamandre fomiellé met bas des
petits tout formés, et sa fécondité est
très-grande : les naturalistes ont écrit de-
puis,long-temps qu’elle faisoit quarante
ou cinquante petits ; et M. de Mauper-
tuis a trouvé quarante-deux petites sala-
mandres dans le corps d’une femelle,
et cinquante-quatre dans une autre.
Les petites salamandres sont souvent
d’une couleur noire, presque sans taches,
qu'elles conservent quelquefois pendant
toute leur vie, dans certaines contrées où
_ on Les a nr ‘alors pour une espèce par-
A nomme lézard du
ne paroît différer de notre
te: a estre que per l'arrange-
” présque noir , avec Rudi tulhig blañ-
châtres et Trrépulierel tant au-dess is du 1
corps qu ’au-dessus des pattes. Le dos pré- 12
… sente une bande d’un blanc sale, divisée
en deux vers la tête, et qui s'étend en-
suite irrégulièrement et en se rétrécis-
sant Jusqu'à l'extrémité de la queue. Cette
bande blanchâtre est semée de très-petits
points ; ce qui forme un des caractères ,
distinctifs de notre salamandre terrestre.
Nous croyons donc devoir considérer le
lézard du Japon décrit par M. Thunberg,
comme une variété constante de notre
salamandre terrestre | dont l'espèce aura’
pu être modifiée par le climat du Japon.
C’est dans la plus grande île de cet empire
nommée Niphon, que l’on trouve cette
variété : elle y habite dans les mon-
tagnes et dans les endroits pierreux ;
qui raie que ses habitudes sont :
_ doué, ainsi qu on af a attribuées en Eu-
| rope à las salamandre à queue plate; ils la
regardent comme un puissant stimulant
et un remède très-actif : aussi trouve-t-on
aux environs de Jédo un grand nombre
de ces salamandres du Japon, séchées et
suspendues aux planchers des boutiques.
ADSL | 206
AREA a APR OA À ARR EME METRE ASE
| 206 FFE
dk
ci
DE LA SALAMANDRE
TERRESTRE. ES
Nous placons ici un extrait d’une lettre
qui nous a été adressée par dom Saint-
Julien | Bénédictin de la congrégation
de Cluni. On y trouvera des observations
intéressantes relativement à la manière
dont les salamandres terrestres viennent
au jour. :
« Je trouvai à la fin du printemps de.
l'année dernière 1787 une superbe s:
« mandre terrestre ( de l'espèce
« scorpion dans la basse Guïic
« y confond même quel
« insecte ) sx Ets HA 0
À
Le, D Mile Le PRE Lu Li Li A LA &
‘PPS LEZARDS. 207
« trouver quelque éclaircissement sur la
« génération de ce reptile ; en consé-
« quence , je procédai à sa dissection ,
« gs je commençai par l’anus. Dès que
« jeus fait une ouverture d'environ un
« demi-pouce , je vis sortir une espèce de
«< sac, que je pris d'abord pour un boyau :
« mais J’appercus bientôt un mouvement
« très-sensible dans l’intérieur ; Je vis
« mêmeàtravers lamembrane fort mince,
« de petits corps mouvaus ; je ne doutai
« point alors que ce ne fût des êtres ani-
« més , en uu mot les petits de l’animal.
« Je continuai à faire sortir cette poche,
« Jusqu'à ce que Je trouvai un étraugle-
« ment : alors J'ouvris la membrane dans
« le sens de sa longueur ; je la trouvai
« pleine d’une espèce de sanie dans la-
elle les petits étoient En en Re
LG ROR
+
utèrent sur la table et
Le d’un mouvement très.
se se Le lés SUR
Me
LA
% )
he | |
AL À]
« n’y avoit rien à la place des pieds de,
208. HISTOIRE NATURE 1 A
« vif. ! Ds étoient au nombré de sept ou
« huit. Je les examinai à la vue simple ,
« et un avec le secours de la loupe ; AN
«je leur reconnus très - bien da forme
«de petits poissons avec deux sortes de
« nagebires assez longues du côté de da
« tête , qui étoit grosée par rapport au
« corps , et dont les yeux , qui parois-
« soient très-vifs , étoient très-saillans ; il
« derrière. Comme la mère avoit été prise
« dans l’eau et paroissoit très-proche de
« son terme , je pensai que l’eau étoit
l'élément qui convenoit à ces nouveau-
«nés; ce qui d’ailleurs se trouvoit con- :
« firmé par leur état pisciforme : c’est
« pourquoi je me pressai de les faire
« tomber dans une jatte pieine d’eau,
#-
L<
poches semblables à la
séparées par des étra
M
« ches ouvertes me do
Le
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+ VER >
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<
DES LÉZARDS. 209
« renfermés par huit ou dix en pelo-.
« tons, sans aucune séparation ou dia-
« phragme , au moins sensible. Une qua-
« trième poche pareilleme donna des êtres
« de la même nature, mais moins for-
« més ; ils étoient presque tous chargés
sur le côté droit, vers Le milieu du
« corps , d’une espèce de tumeur ou pro-
« tubérance d’un jaune foncé paroïissant
« un peu sanguinolent: ils avoient néan-
moins leurs mouvemens libres | pas
assez pour sauter d'eux-mêmes; il fallut
les retirer de leurs bourses avec des
« pinces. Enfin une cinquième poche
« pareille me fournit des êtres semblables,
« dont il ne paroissoit que la moitié du
« corps depuis le milieu jusqu’au bout
_« de la queue; l’autre partie consistoit
: « seulement en un segment de cette ma-
_ «tière jaune dont je viens de parler : la
formée avoit un mouvement sen-
tirai ainsi vingt-huit ou
its tout formés qui nagèrent
eau , et qui y vécurent dans
artement pendant vingt-quatre gi:
. Les avortonS informes se préci- |
OT 16e 18001) fi
10 NE … Ms, Dé 4 RS v D ty AÉCRREET" Ch - LF y e y: Ne ï 4 L
: 4! i c s : ô }
1 pa RE LAE 2418 LE Fi * k
* d'a - ) \ \
A r Ne 7
L | k
= Pr Ne
À
À
À
ñ
ar petits, For ou HUE Tab Bret a ‘
« l'ouvrir , et à la suite de cette espèce
« de Hatrité qui paroissoit n'être qu'un
« boyau étranglé de distance en distance,
« Jetrouvai deux grappes d'œufs de forme
« sensiblement sphérique , d’environ une
«ligne de diamètre, et d’une matière sem
« Mable à celle que j'avois vue adhé-
«rente aux deux différentes espèces d’a-
« vortons. Je ne comptai pas le nombre
« de ces œufs; ; mais j'appelle leurs collec-
« tions grappes, parce que récllement elles
« représentoient une grappe de raisin.
« Leur tige étoit attachée à l’épine dor-
« sale, derrièreune bourse flottante sit uée
«< un peu au-dessous du bras, de c«
« brune foncée : je reconnus
« pour l'estomac du reptile
« l'ayant ouverte , J'y
« limaçons, quelques kr
« sable noirâtre. »
\ 7 À
LA SALAMANDRE A QUEUR PLATE
_ 1.Male 2 Femelle.
SES
D 2”
a?
DES LÉMRnD.s: sxà
L A S À L AM ANDRE
À QUEUE PLATE *
Cz lézard, ainsi que la -salamarndre
terrestre, peut vivre également sur la
terre et dans l'eau : mais il préfère ce
dernier élément pour son habitation, au
lieu qu’on rencontre presque toujours la
salamandre terrestre dans des trous de
muraille , ou dans de petites cavités
souterraines ; et de là vient qu’on a donné
à la salamandre à queue plate le nom de
salamandre aquatique , et que M. Linné
Va appelée /ézard des marais. ‘Elle res-
semble à la salamandre dont nous venons
de parler , en ce qu’elle a le corps dc-
pourvu d’écailles sensibles , aiñsi que les
doigts dégarnis d'ongles , et qu'on ne
compte que quatre doigts à ses pieds de
* Tassot , en vieux francois ; marasandola, en
Yahen; ask, en Écosse.
%
|
“
dans cette espèce de salai
ant : mais elle en dire sur-tout par
a tne de’sa queue. Elle varie beaucoup
s , suivaut l’âge et le sexe.
illeurs qu’on doit admettre
nandre à queue
plate plusieurs variétés plus ou moins
constantes , qui ne sont distinguées que
par la grandeur et par les couleurs, et
qui doivent dépendre de la différence de
pays , ou même seulement de la nour-
riture : mais nous ne CroyONS pas devoir
compter , | avec M. Dufay, trois espèces
de salamandre à queue plate ; et si on
lit avec attention s son mémoire , on se
convainera sans peine, d’après ‘tout ce
que nous avons dit dans cette histoire ,
que les différences qu'il rappa pour
établir des diversités d'espèces | consti- |
tuent tout au plus des variétés €o
tantes. s ji ’i |
Les plus grandes salamanc
plate n’excèdent En lon
Î
!
LU Lan ft dd - 10e RL" "NE AE CR ET AU TS nes D NE GT EN
à SAONE RL à S gt la S NE HOUR
4
- la éouleur générale, plus ou. moins brune
sur Le dos, s’éclaircit sous le ventre , et
. y devient d’un jaune tirant sur le-blanc.
Eile présente de, petites taches, souvent
rondes , foncées , ordinairement plus
_ brunes dans le mâle ï bleuâtres et diver-
sement placées dans certaines variétés.
Ce qui distingue principalementlemäale,
_ c’est une sorte de crête membraneuse et
découpée , qui s'étend le long du dos,
depuis le milieu de la tête jusqu'à l’ex-
trémité de la queue, sur laquelle ordi-
mairement les découpures s’effacent , ou
deviennent moins sensibles. Le dessous
de la queue est aussi garni dans toute
sa longueur d’une membrane en forme
… de bande , placée verticalement , qui a
… une blancheur éclatante , et qui fait
paroître plate la queue de la salaman-
. * Cette description a été faite d’après plusieurs
individus conservés au Cabinet du rois
PA
MODES LÉMMRDS. « 2138
petites verrues saillantes et blanchâtres :
#
214 HIS TOIRE / FUREUR de
de la queue. Cephrdauts, lorsqu'elle est
maigre , l’épine du dos forme quelquefois
une petite eminence ; elle a sur le bord
supérieur de la queue une sorte de crête
membraneuse et entière , et le bord
inférieur de cette même queue est garni
de la bande très-blanche qu’on remarque
dans le mâle. En général , les couleurs,
sont plus pâles et plus égales dans la
femelle ; elles sont aussi moins foncées
dans les jeunes salamandres.
La salamandre à queue platé aime les
eaux limoneuses , où elle se plaît à se
cacher sous les pierres ; on la trouve dans
les vieux fossés, dans les marais, dans.
les étangs ; on ne la rencontre presque
Jamais dou les eaux courantes : l’ hiver,
elle se retire quelquelois dans les sou
terrains RCE à
LU MES LE ZA R DS. 15
elle doit, à certains égards, avoir l'instinct
moins borné. ri
Le conte ridicule qu’on a répété pen-
dant tant de temps sur la salamandre
terrestre , n’a pas été étendu jusqu’à la
salamandre à queue plate. Mais , au lieu
de lui attribuer le pouvoir fabuleux de
vivre au milieu des flammes, on a re
connu dans cette saälamandre une pro-
priété réelle et opposée : elle peut vivre
assez long-temps, non seulemert dans
une eau très-froide, mais même au mi-
lieu de la glace. Elle est quelquefois saisie
par les glacons qui se forment dans les
fossés , dans les étangs qu’elle habite :
lorsque ces glacons se fondent, elle sort
de son engourdissement en même temps
que sa prison se dissout , et elle reprend
tous ses mouvemens avec sa liberté.
On a même trouvé, pendant l'été, des
% salamandres aquatiques renfermées dans
des morceaux de glace tirés des glacières,
et où elles devoient avoir été sans mou-
wement et sans nourriture depuis le mo-
* ment où on avoit ramassé l’eau gelée
4% daus les inarais pour en remplir ces
ï
Pal
mêmes pd Ce ere à; en "pe "|
parence très- -surprenant , n'est qe.
suite dés propriétés que nous avons re-
connues dans tous les lézards et dans !
‘tous les quadrupèdes ovipares *.
La salamandre ne mord point, à moins .
qu'on ne lui fasse ouvrir la bouche par
force; et ses dents sont presque imper-
ceptibles. Elle se nourrit de mouches, de
divers insectes qu’elle peut trouver à la
surface de l’eau, du frai des grenouilles,
etc. Elle est aussi herbivore; car elle
mange des lenticules ou lentilles d’eau,
qui flottent sur la surface des étangs ;
qu'elle habite.
Un des faits qui méritent le plus d'être.
rapportés dans l’histoire de la salamandre
à queue plate, est la manière dont ses
_petits se développent. Elle n’est point vr-
vipare, comme la terrestre. Elle pond,
dans le mois d'avril ou de mai, des œufs, &
qui, dans certaines variétés, sonkiof
mairement au nombre de vingt, formen
deux cordons, et sont joints ens(
hé Voyez le Discours sur la nature des
pèdes nr dpi M RE
Re”
e.
«
i
EL
;
DES LÉZARDS. sr?
par une matière visqueuse, dont ils sont
également revêtus lorsqu'ils sont déta-
chés les uns des autres. Ils se chargent
de cette matière gluante dans deux ca-
naux blancs et très-plissés, qui s'étendent
depuis les pattes de devant jusque vers
l’origine de la queue, un de chaque côté
de l’épine du dos, et dans lesquels ils
entrent en sortant des deux ovaires. On
appercoit , attachés aux parois de ces
ovaires, une multitude de très-petits œufs
Jjaunâtres : ils grossissent insensiblement
à l'approche du printemps, et ceux qui
sont parvenus à leur maturité dans la
saison des amours, descendent dans les
tuyaux blancs et plissés dont nous venons
de parler, et où ils doivent être fécondés.
Lorsqu'ils sont pondus, ils tombent au
fond de l’eau, d’où ils se relèvent quel-
quefois jusqu’à la surface des marais,
parce qu'il se forme dans la matière vis-
queuse qui les entoure, des bulles d’air
qui les rendent très-légers ; mais ces bulles
se dissipent, et ils retombent sur la vase.
À mesure qu'ils grossissent, l’on dis-
. tingue au travers de la matière visqueuse,
Ovipares, Ir. 19
CO Ne el it Qi. r
PR LAON LE ot na 4.
s ON à
OR es A
218 HISTOIRE NATURELLE
et de la membrane transparente qui en
est enduite, la petite salamandre repliée
dans la liqueur que contient cette mem-
brane. Cet embryon s’y développe insen-
siblement; bientôt il s’y meut, et s’y re-
tourne avec une très-grande agilité; et
enfin au bout de huit ou dix jours, sui- ,
vant la chaleur du climat et celle de la.
saison , il déchire par de petits coups
réitérés Ta membrane, qui est Vi ainsi
dire, la coque de son œuf *.
Lors sque la jeune salamandre aquatique
vient d’éclore, elle a, ainsi que les gre-
nouilles, un peu de conformité avec les
poissons. Pendant de ses pattes sont en- .
core très-courtes, on voit de chaque côté,
un peu au-dessus de ses pieds de devant,
deux petites houppes frangées, qui se tien-
nent droites dans l’eau qu'on a comparées
à de petites nageoires, et qui ressemblent
assez à une plume garnie de barbes. Ces
* C’est celte membrane que M. l'abbé Spallans ji
zani a appelée l’amnios de la jeune. salamandre, |
ce M ane PERRET ne voulant pe En At des. ”
Lt Ë
EN
DES LÉZARDS.. ns
houppes tiennent à des espèces de demi-
anneaux cartilagineux et dentelés, au
nombre de quatre de chaque côté, et qui
sont analogues à l'organe des poissons
que l’on a appelé ouïes. Ils communiquent
tous à la même cavité; ils sont séparés
les uns des autres, et recouverts de chaque
côté par un panneau qui laisse passer les
houppes frangées. À mesure que l'animal
grandit, ces espèces d’aigrettes diminuent
et disparoissent ; les panneaux s’attachent
à la peau sans laisser d'ouverture ; les
demi-anneaux se réunissent par une mem-
brane cartilagineuse; et la salamandre
perd l'organe particulier qu’elle avoit
étant Jeune. Il paroît qu'elle s’en sert,
comme les poissons des ouïes, pour filtrer
l'air que l’eau peut contenir, puisque
quand elle en est privée, elle vient plus
souvent respirer à la surface des étangs.
Nous avons vu que les lézards changent
de peau une ou deux fois dans l’année:
la salamandre aquatique éprouve dans sa
peau des changemens bien plus fréquens ;.
et en ceci elle a un nouveau rapport
| avec les grenouilles, qui se dépouilléent
pu MNT AN TN “
0 HISTOIRE NATURELLE
très-souvent, ainsi que nous le vérrons.
Étant dbnibe de plus d'activité dans
l'été, et mème dans le printeinps, elle
doit consommer et réparer en moins de
temps une grande quantité de forces et
de substance ; elle quitte alors sa peau
tous les rite ou Cinq Jours, suivant
certains auteurs, et tous les quinze jours
ou trois semaines, suivant d’autres na-
turalistes, dont l'observation doit être
aussi exacte que celle des premiers, la
fréquence des dépouillemens de la sala-
mandre à queue plate devant tenir à la
température , à la nature des alimens, et
à plusieurs autres causes accidentelles.
Un ou deux jours avant que l'animal
change de peau , il est plus paresseux
qu'à nr me Il ne paroît faire aucune
attention aux vers et aux insectes qui
peuvent être à sa portée, et qu'il avale
avec avidité dans tout autre temps. Sa
peau est comme détachée du corps en
plusieurs endroits, et sa couleur se ternit.
L'animal se sert de ses pieds de devant
pour faire une ouverture à sa peat , au-
f
tour de ses mâchoires ; il la de nb 4
DOMRNES LEZ AR D 8 2%
ensuite successivement au-dessus de sa
tête, Jusqu'à ce qu'il puisse dégager ses
deux pattes, qu’ilretire l’une après l’autre.
11 continue de la rejeter en arrière, aussi
loin que ses pattes de devant peuvent
atteindre; mais il est obligé de se frotter
contre les pierres et les graviers, pour
sortir à demi de sa vieille enveloppe,
qui bientôt est retournée , et couvre le”
derrière du corps et la queue. La sala-
mandre aquatique saisissant alors sa peau
avec sa gueule, et en dégageant l’une.
après l’autre les pattes de derrière , achève
de se dépouiller.
Si l’on examine la vieille peau, on la
trouve tournée à l'envers ; mais elle n’est
déchirée en aucun endroit. La partie qui
revêtoit les pattes de derrière , paroît
comme un gant retourné, dont les doigts
sont entiers et bien marqués ; celle qui
couvroit les pattes de devant, est ren-
fermée dans l’espèce de sac que forme la
dépouille : mais on ne retrouve pas la
partie dé la peau qui recouvroit les yeux,
comme dans la vicille enveloppe de plu-
sieurs espèces de serpens ; on voit deux
19
#22 HISTOIRE NATURELLE
trous à la place , ce qui prouve qué les
yeux de la salamandre ne se dépouillent
pas. Après cette opération , qui dure ordi-
nairement une heure et demie. la sala-
mandre aquatique paroît pleine de vi-
gueur, et sa peau est lisse et très-colorée.
Au reste, il est facile d'observer toutes les
circonstances du dépouillement des sala-
mandres aquatiques , qui a été très-bien.
décrit par M. Baker, en gardant ces lézards
dans des vases de verre remplis d’eau.
M. Dufaÿ a vu sortir par l’anus de
quelques salamandres une espèce de tube
rond, d'environ une ligne de diamètre!,
et long à peu près comme le corps de
l'animal. La salamandre étoit un jour
entier à s’en délivrer , quoiqu’elle le tirât
souvent avec les pattes et avec la gueule.
Cette membrane , vue au microscope,
paroissoit parsemée de petits trous ronds,
disposés très-régulièrement : l’un des bouts.
contenoit un petit os pointu , assez dur,
que la membrane entouroit , et auquel
elle étoit attachée ; l’autre bout présentoit hi
deux petits tan de poils, qui parois- .
soient au microscope revêtus de petites
4
DES LÉZARDES . 223
franges, et qui sortoient par deux trous
voisins l’un de l’autré. IL me semble que
M. Dufay a conjecturé avec raison que
cette membrane pouvoit être la dépouille
de quelque viscère qui avoit éprouvé,
ainsi que l’a pensé l'historien de l’aca-
démie , une altération semblable à celle
que l'on observe tous Les ans dans l'esto-
mac des crustacées. |
On trouve souvent la légère dépouille
de la salamandre aquatique flottante sur
la surface des marais; l'hiver , sa peau
éprouve , dans nos contrées, des altéra-
tions. moins fréquentes; et ce n’est guère
que tous les quinze Jours que cette
salamandre quitte son enveloppe pour
en reprendre une nouvelle : ayant moins
de force pendant la saison du froid , il
n'est pas surprenant que les changemens
qu'elle subit soient moins prompts , et
par conséquent moins souvent répétés.
Mais il suffit qu’elle quitte sa peau plus
d’une fois pendant l'hiver, à des lati-
tudes assez hautes , et par conséquent
qu'elle y en refasse une nouvelle pen-
| dant cette saison rigoureuse, pour qu’on
\
{
224 HISTOIRE NATURELLE
doive dire que la plupart des salgmandres
à queue plate ne s’engourdissent pas tou-
jours pendant les gr ands froids de nos
climats , et que, par une suite de la
température un peu plus douce qu’elles
peuvent trouver auprès des fontaines,
et dans les différens abris qu'elles Choisis-
sert
nt.
sent , il leur reste assez de mouvement
intérieur, et de chaleur dans le sang ,
pour pate par de nouvelles produc-
tions la perte des anciennes. :
L'on ne doit pas être étonné que cette.
reproduction de la peau des salamandres
à queue plate ait lieu si fréquemment.
L'élément qu’elles habitent'ne doit-il pas
en effet ramollir leur peau, et contribuer
à l’altérer ?
M. Dufay dit , dans le Mémoire dont
nous avons déja parlé , que quelquefois
les salamandres aquatiques ne pouvant
pas dépouiller entièrement une de leurs
pattes , la portion de peau qui y reste
se corrompt , et pourrit la patte , qui
tombe en entier, sans que l'animal en
meure. Elles sont très-sujettes, suivant
lui, à perdre ainsi quelques uns de leurs
de
| |
{
DES LÉ ZARDS. 225
doigts ; et ces accidens arrivent plus sou-
vent aux pattes de devant qu’à oglles
de derrière. |
L’accouplement des salamandr sa
tiques ne se fait point ainsi que celui des
tortues et du plus grand nombre de lé-
zards : il a lieu sans aucuneintr GHMBSIOD.
comme celui des grenouilles ; la ps
prolifique parvient cependant Jusques
aux canaux dans lesquels entrent les œufs
en $ortant des ovaires de la femelle , de
à Fa qu'elle y pénètre dans les lézards.
es salamandres à queue plate réunissent
donc les lézards et les grenouilles par
la manière dont elles se multiplient, ainsi
que par leurs autres habitudes et leur
conformation. Il arrive souvent que cet
accouplement des salamandres à queue
plate est précédé par une poursuite ,
répétée plusieurs fois, et mélée à une sorte
de jeu. On diroit alors qu’elles tendent à
augmenter les plaisirs de la jouissance
par ceux de la recherche , et qu’elles con-
noissent la volupté des desirs. Elles prélu-
dent par de légères caresses à une union
plus intime; elles semblent s'éviter d’a-
HISTOIRE NATURELLE.
bord, pour avoir plus de plaisir à se w
rapprocher ; et lorsque , dans les beaux Li
jours du printemps , la Nature allume le
feu de l’amour , même au milieu des
eaux , et que les êtres les plus froids ne
peuvent se garantir de sa flamme, on
voit quelquefois sur la vase couverte
d’eau qui borde les étangs , le mâle de
la salamandre , pénétré de l’ardeur vivi-
fante de la saison nouvelle, chercher
avec empressement sa femelle , jouer ,
courir avec elle , tantôt la poursuivre.
avec amour , tantôt la précéder , et lui
fermer ensuite le passage , redresser sa
crête , courber son corps , relever son.
dos, et former ainsi une espèce d’arcade,
sous laquelle la femelle passe en courant ,-
comme pour lui échapper. Le mâle la
poursuit ; elle s'arrête : 1l la regarde fixe-
ment ; il s'approche de très-près ; il re-
prend la même posture; la femelle repasse
sous l’espèce d’arcade qu'il forme, s’en-
fuit de nouveau pour s'arrêter encore.
Ces Jeux amoureux, plusieurs fois répétés,
se changent enfïñn en étroites caresses. La
femelle, comme lassée d'échapper sisow …
\
226
+
à LUE S LÉZARDS. 227
s'arrête pour ne plus s'enfuir ; le
amâle se place à côté d'elle, approche
sa tête, et éloigne son corps souvent
jüsqu’à un pouce de distance. Sa crête
_ flotte nonchalamment ; son anus est très-
ouvert ; il frappe de temps en temps sa
compagne de sa queue ; il se renverse
même sur elle : mais , reprenant sa pre-
mière position, c’est alors que, malgré la
petite distance qui les sépare , il lance la
liqueur prolifique ; etles vues de la Nature
sont remplies , sans qu'il y ait entre eux
aucune union intime et immédiate. Cette
liqueur active atteint la femelle, qui
devient immobile , et elle donne à l’eau
une légère couleur bleuâtre. Bientôt le
mâle se réveille d’une espèce d’engour-
_ dissement dans lequel il étoit tombé ; il
recommence ses caresses , lance une nou-
velle liqueur , achève de féconder sa
femelle , et se séparc d'elle,
Mais , loin de l’abandonner , il s’en
rapproche souvent, jusqu’à ce que tous
les œufs contenus dans les ovaires et
parvenus à l’état de grosseur convenable
soient entrés dans les canaux, où ils 5e
k | /- DA
28 HISTOIRE NATURE,
chargent d’une humeur visqu
qu'ils aient pu être to | mdés. (
temps d'amour et. de jouissances dur #
plus ou moins, suivant la température,
et quelquefois il est de trente Jours.
. Matthiole dit que , de son temps, on
employoit dans les pharmacies les sala-
mandres aquatiques à la place des scin-
ques d'Égypte , mais qu elles ne devoient
pas produire les mêmes effets.
Les salamandres aquatiques , jetées sur
du sel en poudre, y périssent ,\ comme
les salamandres terrestres : elles expriment
de toutes les parties de leur corps le suc
laiteux dont nous avons parlé ; elles tom-
bent dans des convulsions , se roulent ,
et expirent au bout de trois minutes. Il
paroît, d’après les expériences de M. Lau-
renti, qu'elles ne sont point venimeuses,
comme l’ont dit les anciens , et qu’elles
ne sont dangereuses , ainsi que la sala-
mandre terrestre, que pour les petits
lézards. | #
Les viscères dela A A aquatique
ont été fort bien décrits par M. Dufay.
Elle habite dans presque toutes les con+
-…
es, non : sh nent de l'Asie et de
riqt €, mais encore du nouveau con-
tinent. Elle ne craint même pas la tem-
pérature des pays septentrionaux, puis-
qu'on la rencontre en Suède , où son
séjour au milieu des eaux doit la garantir
des effets d’un froid excessif. On auroit
donc pu lui donner le nom de /ézard
commun , ainsi qu’on l’a donné au lézard
gris , et à un autre lézard désigné sous le
mom de /ézard vulgaire par M. Linné,
et qui ne nous paroît être tout au plus
? qu'une variété de la salamandre à queue
| plate. Mais ce lézard que M. Linné a
nommé lézard vulgaire , n’est pas le seul
que nous croyons devoir rapporter à la
gueue-plate : le lézard aquatique, du même
‘ naturaliste , nous paroît être aussi de la
même espèce. En effet, tous les caractères
qu'il attribue à ces deux lézards, se re-
trouvent dans les variétés de la sala-
mandre à queue plate tant mâle que
femelle , ainsi que nous nous en sommes
assurés en examinant les divers individus
conservés au Cabinet du roi. On pourroit
À dire seulement que NERRRRDE de cylin-
20
+ de:
régné (teres ef seretiisetlR que M. Lin
emploie pour désigner la queue du /éz.
“vulgaire et celle du Zézard aquatique > je |
peut pas convenir à celle de la sa/amandre
à queue plate. Mais il est aisé de répondre
à cette objection. 1°. Il paroît que M. Linné
aavoit pas vu le Zézard aquatique, et
Gronovius ,; qu’il cite relativement à ce
lézard , dit que cet animal est presque
entièr te semblable à celui que nous
nommons gweue-plate ; il ajoute que la
queue est un peu épaisse et presque
-quarrée. 2°. La figure de Seba citée par
M. Linné représente évidemment la qgzeze-
plate. D'ailleurs il y a plusieurs individus
femelles dans l’espèce qui fait le sujet
de cet article, dont la queue paroît ronde,
parce que les membranes qui la gar-
nissent par-dessus et par-dessous sont
très-peu sensibles. Plusieurs mâles , lors-
qu'ils sont très-Jeunes , manquent presque
absolument de ces membranes, et leur
queue est comme cylindrique. À l'égard de
la queue du lézard vulgaire , M. Linné ne
renvoie qu'à Ray, qui , à la vérité,
distingue aussi ce lézard d'avec notre M
À
k
à
à
«à de
MA pe: À
». de F DL RE
DES LÉZARDS. 2
salamandre |, mais dont cependant le
texte convient entièrement à cette der-
nière. Nous devons ajouter que toutes
les habitudes attribuées à ces deux pré-
tendues espèces de lézards sont celles de
notre salamandre à queue plate. Tout
concourt donc à prouver qu'elles n’en
sont que des variétés ; et ce qui achève
de le montrer , c’est que Gronovius lui-
même a trouvé une grande ressemblance
entre notre salamandre et le lézard aqua-
tique, et qu'enfin l’article et la figure
de Gesner que M. Linné a rapportés à
ce prétendu lézard aquatique, ne peu-
vent convenir qu'à notre salamandre
femelle.
C’est donc la femelle de notre sala-
mandre à queue plate, qui, très-diffé-
rente en effet du mâle , ainsi que nous
l'avons vu , aura été nommée /ézard
aquatique par M.Linné etregardée comme
une espèce distincte par ce grand natu-
raliste , ainsi que par Gronovius. Quelques
différences dans les couleurs de cette
femelle auront même fait croire à quel-
ques naturalistes et particulièrement à
232 HISTOIRE NATURELLE
Petivers qu’ils avoient reconnu le mâle et 4
la femelle ; ce qui aura confirmé l'erreur.
Quelque autre variété dans ces mêmes
couleurs ou dans la taille aura fait éta-
blir uue troisième espèce sous le nom de
lézard vulgaire. Mais ce lézard vulgaire
et ce lézard aquatique ne sont que la
même espèce , ainsi que M. Linné lui-
même l’avoit soupconné , puisqu'il se
demande si le dernier de ces animaux
n’est pas le premier dans son jeune âge;
et ces deux lézards ne sont que la femelle
de notre salamandre, ce qui est mis hors
de doute par les descriptions auxquelles
M. Linné renvoie, ainsi que par les figures
qu'il cite, et sur-tout par celles de Seba et
de Gesner. Au reste, nous n'avons adopté
l'opinion que nous exposons ici, qu'après
avoir examiné un grand nombre de sala-
mandres à queue plate, et comparé plu-
sieurs variétés de cette espèce.
C’est peut-être à la salamandre à queue
plate qu’appartient l’animal aquatique
connu en Amérique , et particulièrement
dans la nouvelle Espagne , sous le nom
mexicain d’axolofl ,; et sous le nom
{
. RIRES à ‘ t
DES LÉZARDS. 233
espagnol d’inguete de agua. 1 a été pris
pour un poisson , quoiqu'il ait. quatre
pattes ; mais nous avons vu que le
scinque avoit été regardé aussi comme
un poisson, parce qu'il habite les eaux.
L’axolotl a, dit-on , la peau fort unie,
parsemée sous le ventre de petites taches,
dont la grandeur diminue depuis le milieu
du corps jusqu’à la queue. Sa longueur
et sa grosseur sont à peu près celles de
Ja salamandre à queue plate: ses pieds
sont divisés en quatre doigts comme dans
les grenouilles ; ce qui peut faire présumer
que le cinquième doigt ne manque qu'aux
pieds de devant, ainsi que dans ces mêmes
grenouilles et dans la plupart des sala-
mandres. Il a la tète grosse en proportion
du corps , la gueule noire et presque tou-
jours ouverte. On a débité un conte ridi-
cule au sujet de ce lézard. On a prétendu
que la femelle étoit sujette, comme les
femmes , à un écoulement périodique.
Cette erreur pourroit venir de ce qu’on
Va confondu avec les salamandres terres-
tres , qui mettent bas des petits tout for-
més. Et peut-être même appartient-il aux
; 29
X
234 HISTOIRE NATURELLE MER IEN
salamandresterrestres plutôtqu’aux aqua- |
tiques. Au reste , on dit que sa chair est
bonne à manger ét d’un goût qui àppro-
che de celui de l’anguille. Si cela étoit,
_ il devroit former une espèce particulière ‘
ou plutôt on pourroit croire qu'on n’au-
roit vu à la place de ce prétendu lézard
qu’une grenouille qui n'étoit pas encore
développée et qui avoit sa queue de té-
tard, C’est à l’observation à éclaircir ces
doutes.
on ll 1 à 4
LS * : € ”
\ -
è =
t
C3
œ1
DES LÉZARDS. 2
!
LA PONCTUÉE.
Ox» trouve dans la Caroline une sala-
mandre que nous appelons /a ponctuée,
à cause de deux rangées de points blancs,
qui varient la couleur sombre de son dos,
et qui se réunissent en un seul rang. Ce
. Iézard n’a que quatre doigts aux pieds
de devant ; tous ses doigts sont sans
ongles ; et sa queue est cylindrique.
\
LA QUATRE-RAIES.
Ox rencontre ‘dans l'Amérique sep-
tentrionale une salamandre dont le des-
sus du corps présente quatre lignes
jaunes. L’algire a également quatre lignes :
Jaunes sur le dos; mais on ne peut pas
les confondre , parce que ce dernier a
cinq doigts aux pieds de devant , et que
la quatre-raies n’en a que quatre. La
queue de la quatre-raies est longue et :-
cylindrique : on remarque quelque appa-
rence d'ongles au bout des doigts.
1e CN
il n sé
Le S $
DES LÉZARDS 2
LÉ SARROUB É.
N ous devons entièrement la connois-
sance de ‘cette nouvelle espèce de sala-
mandre à M. Bruyères | de la société
royale de Montpellier, qui nous a com-
muniqué la description qu'il en a faite,
et ce qu’il a observé touchant cet animal
dans l’île de Madagascar , où il l'a vu
vivant , et où on le trouve en grand
nombre. Aucun voyageur ni naturaliste
n’ont encore fait mention de cette sala-
mandre ; elle est d'autant plus remarqua-
ble ; qu’elle est plus grande que toutes
celles que nous venons de décrire. Elle
a d’ailleurs des écailles très-apparentes ;
et ses doigts sont garnis d'ongles, au lieu
que dans les quatre salamandres dont
nous venons de parler , la peau ne pré-
sente que des mamelons à la place d’é-
cailles sensibles , et ce n’est que dans la
quatre-raies qu'on appercoit quelque appa-
238 HISTOIRE NATURELLE
rence d'ongles. Nous placons RER |
le sarroubé à la suite de ces quatre sala-
mandres , attendu qu’il n’a que quatre
doigts aux pieds de devant, et qu'il
présente par-là le caractère distinctif
d’après lequel nous avons formé la divi-
sion dans laquelle ces salainandres sont
comprises. FE
Le sarroubé a ordinairement un pied
de longueur totale. Son dos est couvert
d’une peau brillante et grenue, qui
ressemble au galuchat ; elle est jaune et
tigrée de verd ; un double rang d’écailles
d’un jaune clair garnit le dessus du cou,
qui est très-large ; la tête est plate et
alongée ; les mâchoires sont grandes , et
s'étendent jusqu’au - delà des oreilles ;
elles sont sans dents, mais crénelées ; la
langue est enduite d’une humeur vis-
queuse , qui retient les petits insectes
ni
dont le sarroubé fait sa proie; les veux :
sont gros ; l'iris est ovale et fendu verti- .
calement ; la peau du ventre est couverte
de petites écailles rondes et jaunes ; les
bouts des doigts sont garnis, de chaque
côté, d’une petite membrane , ‘et par-
_
| ‘ ER TRMANE) K | : ne
DES LÉZARDS. 239
dessous d’un ongle crochu , placé entre
un double rang d’écailles qui se recou-
vrent comme les ardoises des toits , ains£
que dans le lézard à tête plate, qui vit
aussi à Madagascar , et avec lequel le
sarroubé a de très-grands rapports. Ces
‘deux derniers lézards se ressemblent en-
core , en ce qu'ils ont tous les deux la
queue plate et ovale : mais ils diffèrent
Pun de l'autre, en ce que le sarroubé
n’a point la membrane frangée qui s'étend
tout autour du corps du lézard à tête
plate; et d’ailleurs il n’a que quatre doigts
aux pieds de devant, ainsi que nous
l'avons dit.
Le nom de sarroubé qui lui a été donné
par les habitans de Madagascar, paroît à
M. Bruyères dérivé du mot de leur langue
sarrout, qui signiñe colère. Ces mêrnes ha-
bitans redoutent le sarroubé autant que
le lézard à tête plate : mais M. Bruyères
pense que c’est un animal très-innocent,
et qui n’a aucun moyen de nuire. Il pa-
roît craindre la trop grande chaleur : on
le rencontre plus souvent pendantla pluie
que perdant un temps sec, et les nègres
% dé Madagasoar direntà
le trouvoit en bien plu
dans les bois pendant la + nuit
dant le jour. re
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EN AM dE LOT 2 PER : Wu
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DES LÉZARDS 24:
LA TROIS-DOIGTS.
{ !
D mom ain: une nouvelle es-
pèce de salamandre dont aucun auteur
n’a encore parlé, et qu'il est très-aisé de
distinguer des autres par plusieurs carac-
tères remarquables. Elle n’est point dé-
pourvue de côtes, ainsi que les autres
salamandres; elle n’a que trois doigts aux
pieds de devant, et quatre doigts aux
pieds de derrière; sa tête est applatie et
arrondie par-devant ; la queue est déliée,
plus longue que la tête et le corps, et l’a-
nuval la replie facilement. C’est à M. le
comte de Mailly, marquis de Nesle, que
nous devons la connoissance de cette nou-.
velle espèce de salamandre, dont ila
trouvé un individu sur le cratère même
du Vésuve, environné des layes brûlantes
que jette ce volcan. C’est une place remar-
quable pour une salamandre qu’un en-
droit entouré de matières ardentes vomies
21
.
ae PANNE : 7 1 RENTE HAN CARE Ati AN ff 4 dà
NL N 4 ‘ ( A LD" LEE 4 {ft Ji È
Ne Te LL LA 74 Ÿ Fute AU REA « TNT
4 | LA ou
242 HISTOIRE NATURELLE,
par un volcan ; beaucoup de gens pour:
roient même regarder la proximité de ces
matières comme une preuve du pouvoir.
de résister aux flammes, que l’on a attri:
bué aux salamandres : nous n’y voyons
cependant que la suite de quelques acci-
dens et de quelques circonstances parti-
culières qui auront entraîné l'individu
trouvé par M. le marquis de Nesle, au-
près des laves enflamméés du Vésuve;
leur ardeur auroit bientôt consumé la
salamandre à trois doigts, ainsi que tout,
autre animal , si elle n’avoit pas été prise
avant d'être exposée de trop près ou pen-.
dant trop long-temps à l’action de ces.
matières volcaniques, dont la chaleur
éloignée aura nui d'autant moins à cette
salamandre, que tous les quadrupèdes
ovipares se plaisent au milieu de la tem-
pérature brûlante des contrées de la zone
torride.
M. le marquis de Nesle a bien voulu
nous envoyer la salamändre à trois doigts
qu'il a rencontrée sur le Vésuve, et nous
saisissons cette occasion de lui témoigñer
notre reconnoissance pour les services
DES LÉZARODIS 23
w’il rend journellement à l'histoire na-
turelle. L'individu apporté d'Italie par
cet illustre amateur étoit d’une couleur
brune foncée , mélée de roux sur la tête,
* les pieds, la queue et le dessous du corps.
Il étoit desséché au point qu’on pouvoit
. facilement compter au travers de la peau
les vertèbres et les côtes. La tête avoit
trois lignes de longueur , le corps neuf
hgnes, et la queue seize lignes et demie,
res
a
2 2
æ
DES QUADRUPÈDES OVIPARES
QUI N'ONT POINT DE QUEUE.
4
_
Tr ne nous reste, pour compléter W’his-
toire des quadrupèdes ovipares, qu’à par-
ler de ceux de ces animaux qui n'ont
point de queue. Le défaut de cette partie
est un caractère constant et très-sensible,
d’après lequel il est aisé de séparer cette
seconde classe d'avec a première, dans
laquelle nous avons compris les tortues
et les lézards, qui tous ont une queue
plus ou moins longue. Mais, indépendam-
ment de cette différence, les quadrupèdes
ovipares sans queue présentent des ca-
ractères d’après lesquels il est facile de
les distinguer. Leur grandeur est toujours
très-limitée, en comparaison de celle de
plusieurs lézards ou tortues : la longueur
des plus grands n’excède guère huit ow
dix pouces ; leur corps n’est point cou-
vert d’écailles ; leur peau, plus ou moins
dure, est garnie de verrues ou de tuber=
HISTOIRE N ATURELLE. 245
cules , et euduite d’une humeur Vis :
dote.
La plupart n’ont que quatre doigts aux.
pieds de devant, et par ce caractère se
lient avec les D ; quelques uns,
au lieu de n'avoir que cinq doigts aux
pieds de derrière, comme le plus grand
nombre des lézards, en ont six, plus ou
moins marqués. Les doigts, tant des pattes
de devant que de celles de derrière, sont
séparés dans plusieurs de ces quadrupèdes
ovipares, et réunis dans d’autres par une
membrane, comme ceux des oiseaux à
pieds palmés, tels que les oïes, les ca-
nards , les mouettes, etc. Les pattes de
Mertèe sont , dans tAnà les quadrupèdes
ovipares sans queue , beaucoup plus lon-
gues que celles de devant : aussi ces ani-
maux ne marchent -ils point, ne s’a-
vancent Jamais que par sauts, et ne se
servent de leurs pattes de derrière que
comme d’un ressort qu'ils plient et qu’ils
laissent se débander ensuite pour s’élancer
_ à une distance et à une hauteur plus ou
moins grandes. Ces pattes de derrière sont
remarquables, en ce que le tarse est pres-
91
246, HISTOIRE NATURELLE.
que toujours aussi long que la WU Ar pro:
prement dite.
Tous les animaux qui composent eùtte.
classe ont d’ailleurs une charpente osseuse
bien plus simple que ceux dont nous ve-
nons de parler. Ils n’ont point de côtes, .
non plus que la plupart des salamandres;
ils n’ont pas même de vertèbres cervi-
cales, ou du moins ils n’en ont qu’une
ou deux : leur tête est attachée pres-
que immédiatement au corps, comme
dans les poissons, avec lesquels ils ont
aussi de grands rapports par leurs habi-
tudes, et sur-tout par la manière dont ils
se multiplient *. Ils n’ont aucun organe
extérieur propre à la génération: les fœtus
ne sont pas fécondés dans le corps de la
femelle ; mais à mesure qu’elle pond ses
œufs , lemäâle les arrose de sa liqueur pro-
* Lrs quadrupèdes ovipares sans quenc man
uent de vessie proprement dite, de même que les
lézards , le vaisseau qui contient Eu urine différant
des vessies proprement dites, non seulement par
sa forme et par sa grandeur, mais encore par sa
position, ainsi que par le nombre et la nature des
canaux a vec lesquels il communique,
DES OVIPARES SANS QUEUE. 247
lifique , qu'il lance par l'anus. Les petits
paroissent pendant long-temps sous une
espèce d’enveloppe étrangère , sous une
forme particulière , à laquelle on a donné
le nom de féfard, et qui ressemble plus
ou moins à celle des poissons; et ce n’est
qu’à mesure qu’ils se développent, qu'ils
acquièrent la véritable forme de leurs
espèces.
* Tels sont les faits généraux communs à
tous les quadrupèdesovipares sans queue.
Mais si on les examine de plus près, on
verra qu'ils forment trois troupes bien
distinctes , tant par leurs habitudes que
par leur Kat RE TA
Les premiers ont le corps Ales ainsi
que la tête, l’un ou l’autre anguleux et
relevé en arêtes longitudinales ; le bas du
ventre presque toujours délié , etles pattes
très-longues ; le plus souvent la longueur
de celles de devant est double du dia-
mètre du corps vers la poitrine, et celles
de derrière sont au moins de la longueur
de la tête et du corps. Ils présentent des
proportions agréables ; ils sautent avec
agilité. Bien loin de craindre la lumière
>33 HISTOIRE NATURELLE
du jour , ils aiment à s’imbiber des rayons
du soleil. | LOF
Les seconds, plus petits en général que
les premiers, et plus sveltes dans leurs
proportions, ont leurs doigts garnis de
petites pelotes visqueuses , à l’aide} des-
quelles ils s’attachent, même sur la face
inférieure des corps les plus polis. Pou-
vant d’ailleurs s’élancer avec beaucoup
de force, ils poursuivent les insectes avec
vivacité Jusque sur les branches et les
feuilles des arbres.
Les troisièmes ont, au contraire , le
corps presque rond, la tête très-convexe,
les pattes de devant très-courtes ; celles
de derrière n’égalent pas quelquefois la
longueur du corps et de la tête ; ils ne s’é-
lancent qu'avec peine. Bien loin de re-
chercher les rayons du soleil , ils fuient
toute lumière : ce n’est que lorsque la nuit
est venue qu'ils sortent de leurs trous pour
aller chercher leur proie. Leurs yeux sont
aussi beaucoup mieux conformés que
ceux des autres quadrupèdes ovipares sans
queue , pour recevoir la plus foibleclarté ;
et lorsqu'on les porte au grand jour! leur
DES OVIPARES SANS QUEUË. 249
prunellesecontracte, etne présente qu'une
fente alongée. Ils diffèrent donc autant des
premiers etes seconds, que les hiboux
et les chouettes diffèrent des oiseaux de
Jour.
Nous avous donc cru devoir former trois
genres différens des quadrupèdes ovipares
sans queue.
Dans le premier, qui renferme la gre-
nouille commune , nous placons'douze
espèces, qui toutes ont la tête et le corps
alongés, et l’un ou l’autre anguleux.
Nous comprenons dans le second genre
la petite grenouille d'arbre, connue en
France sous le nom de raire ou de rainette,
et six autres espèces, qu'il sera aisé de
distinguer par les pelotes visqueuses de.
leurs doigts.
Nous composons enfin le troisième
genre, dans lequel se trouve Le crapaud
commun, de quatorze espèces, dont le
corps ni la tête ne sont relevés en arêtes
saillantes.
Ces trente-trois espèces, qui forment
les trois genres des grenouilles, des raines
et des crapauds, sont les seules que nous
25o HISTOIRE NATURELLE,
dans la classe des quadrupèdes
ans queue, et auxquelles nous .
avons cru, à après la comparaison exacte à
des deseriptions des auteurs, ainsi que
d’après les individus conservés au Cabinet
du roi, devoir réduire toutes celles dont …
les naturalistes et les voyageurs ont fait
mention.
PREMIER GENRE.
FA A
”
Quadrupèdes ovipares sans
la tête et le corps sont alongés ; et
queue, dont
l’un ou l’autre anguleux. :
GRENOUILLES.
A
LA GRENOUILLE COMMUNE.
PE
Css Tr un grand malheur qu’une grande
ressemblance avec des êtres ignobles ! Les
grenouilles communes sont en apparence
si conformes aux crapauds, qu'on ne
peut aisément se représenter les unes sans
penser aux autres ; on est tenté de les
comprendre tous dans la disgrace à la-
quelle les crapauds ont été condamnés,
et de rapporter aux premières les habi-
tudes basses, les qualités dégoûtantes,
les propriétés dangereuses des seconds.
NL er, c re
52 HISTOIRE NATURELLE À
Nous au peut-être bien de la peine
à donner æ la grenouille commune la :
place qu’elle doit occuper dans l'esprit des
lecteurs, comme dans la Nature : mais il
n’en est pas moins vrai que s'il n’avoit
point existé de crapauds, si l’on n’avoit
jamais eu devant les yeux ce vilain objet
de comparaison ; qui enlaidit par sa res-
semblance autant qu'il salit par son ap-
proche, la grenouille nous paroîtroit aussi
agréable par sa conformation que dis-
tinguée par ses qualités , et intéressante
par les phénomènes qu’elle présente dans
les diverses époques de sa vie ; nous la
verrions comme un animal utile dont
nous n'avons rien à craindre , dont l’ins-
tinct est épuré , et qui, Joignant à une
forme svelte des membres déliés et sou-
ples , est paré des couleurs qui plaisent
le plus à la vue , et présente des nuances
d'autant plus vives, qu’une humeur vis-
queuse enduit sa peau et lui sert de ver-
nis.
Lorsque les grenouilles communes sont
hors de l’eau, bien loin d’avoir la face
contre terre, à d’être bassement AoeRo ts
DES GRENOUILLES. 252
pies de la fange comme l& crapauds,
elles ne vont que par sauts très- élevés ;
leurs pattes de derrière, eh se pliant et
en se débandant ensuite , leur servent de
ressort , et elles y ont assez de force pour
s nes: souvent jusqu’à la hauteur de
quelques pieds. | LUE
On diroit qu’elles cherchent l’élément
de l'air comme le plus pur; et lors-
qu’elles se reposent à terre, c'est toujours
la tête haute, leur corps relevé sur les
pattes de devant, et appuyé sur les pattes
de derrière ; ce qui leur donne bien plu-
tôt l'attitude droite d’un animal dont l’ins-
tinct a une certaine noblesse, que la po=
sition basse et horizontale d’un vil rep-
tile.
La grenouille commune est si élastique
et si sensible dans tous ses points, qu'on
ne peut la toucher, et sur-tout la prendre
par ses pattes de derrière, sans que tout
de suite son dos se courbe avec vîtesse,
et que touté sa surface montre, pour
ainsi dire , les mouvemens prompts d’un
animal agile qui cherche à s'échapper.
Son museau se termine en pointe ; les
Ovipares, 1 I: 22
é Le re
ol La À “À # PE,
r x V2 d re
‘yeux sont £ |
254 HISTOIRE NATURELLE
cercle js d'or ; les oreilles placées
derrière les yeux, et recouvertes par une.
membrane ; les narines vers le sommet du
museau ; ct la bouche, est grande et sans
dents ; le corps, rétrécr par-derrière ; pré-
sente sur le dos des tubercules èt des as-
pérités. Ces tubercules ; que nous avons
_remarqués si souvent sur les quadrupèdes
ovipares , se trouvent donc non seule-
ment sur les crocodiles et les très-grands
lézards, dont 1ls consolhident les dures
écailles, mais encore sur des quadrupèdes
foibles, bien plus petits, qui ne présentent
qu’une peau tendre, et n’ont pour dé-.
fense que l’élément qu'ils habitent, et
l’asyle où ils vont se réfugier.
Le dessus du corps de la phenbéfie
commune est d’un verd plus ou moins
foncé ; le dessous est blanc. Ces deux
couleurs , qui s'accordent très-bien et
forment un assortiment élégant , sont
relevées par trois raies jaunes qui 's’é-
tendent le long du dos; les. deux des
côtés forment une saillie, et celle du mi-
livu présente au contraire une espèce de.
; brillans et entourés d'un L
Î
\
Û
DES GRENOUILLES. 255
sillon. À ces couleurs Jaune, verte et
blanche , se mélent des taches noires sur
la partie inférieure du ventre ; et à mesure
que l’animalgrandit,cestaches s ‘étendent
sur tout le dessous du corps , et même
sur sa partie supérieure. Qu'est - ce qui
pourroit donc faire regarder avec peine
un être dont la taille est légère, le mou-
vement preste, l'attitude gracieuse ? Ne
nous interdisons pas un plaisir de plus,
lorsque nous errons dans nos belles
campagnes, ne soyons pas fâchés de voir
les rives des ruisseaux embellies par les
couleurs de ces animaux innocens ; et
anunées par leurs sauts vifs et légers :
contemplons leurs petites manœuvres ;
suivons-les des yeux au milieu des étangs
paisibles, dont ils diminuent si souvent
- la solitude sans en troubler le calme ;
voyons-les montrer sous les nappes d’eau.
les couleurs les plus agréables, fendre en
nageant Ces eaux tranquilles, souvent
même sans en rider la surface , et présen-
ter les douces teintes que donne la trans-
parence des eaux.
Les grenouiiles communes ont quatre
-
256 HISTOIRE NATURELLE :
doigts aux pieds de devant, comme la. ï
plupart des salamandres ; les doigts des «
pieds de derrière sont au nombre de cinq,
et réunis par une membrane : dans les
quatre pieds, le doigt intérieur est écarté
des autres , et le plus gros de tous. !:
* Elles varient par la grandeur, suivant
les pays qu'elles habitent , la nourriture
qu'elles trouvent , la chaleur qu’elles
_ éprouvent, etc. Dans les zones tempé-
rées , la longueur ordinaire de ces: ani-
maux est de deux à trois pouces, depuis
le museau jusqu’à l'anus. Les pattes de
derrière ont quatre pouces de longueur
quand elles sont étendues , et celles de
devant environ un pouce ét demi. !
Il n’y a qu'un ventricule dans le cœur
de la «grenouille commune , ainsi que
dans celui des autres quadrupèdes ovi-
pares. Lorsque ce viscère a été arraché du,
corps de {a grenouille , il conserve son
battement pendant sept où huit minutes, :
et même pendant plusieurs heures sui: |
vant M. de Haller. Le mouvement du |
sang est inégal dans les grenouilles ; il
est poussé goutte à goutte, et à.de fré».
Per
US
DES GRENOUILLES. 257
quentes reprises ; et lorsque ces animaux
sont jeunes , ils ouvrent et ferment la
bouche et les yeux à chaque fois que leur
cœur bat. Les deux lobes des poumons
sont composés d’un grand nombre de
cellules membraneuses destinées à rece-
voir l'air ; et faites à peu près comme les
alvéoles des rayons de miel: l'animal peut
lés tendre pendant un temps assez long ;
et se rendre par-là plus léger.
- Sa vivacité, et la supériorité de son
naturel sur celui des animaux qui lui
ressemblent le plus , ne doivent-elles pas
venir-de ce que, malgré sa petite taille,
clle est un des quadrupèdes ovipares les
inieux partagés pour Îles sens extérieurs ?
Ses yeux sont en effet gros et saillans ,
ainsi que nous l’avons dit ; sa peau molle,
qui n’est recouverte ni d’écailles ni d’en-
veloppes osseuses , est sans cesse abreu-
vée ét maintenue dans sa souplesse par
une humeur visqueuse qui suinte au
travers de ses pores :-elle doit donc avoir
la vue très-bonne, et le toucher un peu
délicat ; et si ses oreilles sont recouvertes
paf une membrane, elle n’en a pas moins
22
1
FAN à SI PU ù AE à dE in ‘4 , # \ d 1% ’
258 HISTOIRE N ATURELLE L
l’ouie fine, puisque ces organes ren-
ferment dans leurs cavités une corde
élastique que l'animal peut tendre à.vo-
lonté , et qui doit lui communiquer avec
assez de précision les vibrations de l'air
agité par les corps sonores. LE
… Cette supériorité dans la sonsihilité des
grenouilles les rend plus difficiles sur la
nature de leur nourriture ; elles rejettent
tout ce qui pourroit présenter un com-
mencement de décomposition. Si elles se
nourrissent de vers, de sangsues ; de pe-
tits limacons, de Scan aide et d'autres
insectes tant aiïlés que non ailés,, elles
n'en prennent aucun qu'elles, ne l'aient-
vu remuer, comme si elles vouloient
s'assurer qu'il vit encore: elles demeurent
immobiles jusqu'à ce que l’insecte soit
assez près. d'elles; elles fondent alors sur
lui avec vivacité , s'élancent vers cette
proie, quelquefois à la hauteur d’un ou
deux pieds, et avancent, pour l’attraper,
une langue enduite d'isne mucosité SL
gluante , que les insectes qui y touchent
y sont aisément empêtrés. Elles avalent
aussi de très-petits limacons tout entiers:
(
. d'R A A PLAN
DES GRENOUILLES. 259
leur œsophage a une grande capacité ;
leur.estomac peut d’ailleurs recevoir , en
se dilatant, un grand volume de nourri-
ture; et tout cela, joint à l’activité de
leurs sens, qui doit donner plus de viva-
cité à leurs appétits , montre la cause de.
leur espèce de voracité : car non seule-
ment elles se nourrissent des très-petits
annnaux dont nous venons de parler,
mais encore elles avalent souvent des
anumaux plus considérables , tels que de
Jeunes souris, de petits oiseaux, et même
de petits canards nouvellement éclos,
lorsqu'elles peuvent les surprendre sur le
bord des étangs qu'elles habitent.
La grenouille commune sort souvent
de l’eau , non seulement pour chercher
sa nourriture , mais encore pour Ss’im-
prégner des rayous du soleil. Bien loin
d’être presque muette, comme plusieurs
quadrupèdes ovipares, et particulière-
ment comme la salamandre terrestre ,
avec laquelle elle a plusieurs rapports ,
on l'entend de très-loin, dès que la belle
saisoh est arrivée , et qu’elle est pénétrée
de la chaleur du printemps , jeter un cri
te.
—
266 HISTOIRE NATURELLE
2 AVR AD EURE FLN
qu'elle répète pendant assez long- temps’ >.
sur-tout lorsqu? il est nuit. On diroit qu ni
y a quelque rapport de plaisir ou de peine
entre la grenouille et l'humidité du serein
ou de la rosée , et que c’est à cette cause
que l'on doit at ibuer ses longues cla-
meurs. Ce rapport pourroit montrer pour-
quoi les cris des grenouilles sont ; ainsf
‘qu'on l’a prétendu , d'autant plus forts :
que le temps est plus disposé à la pluie,
et pourquoi ils peuvent par conséquent
annoncer ce météore. Ar
Le coassement des grenouilles, qui n’est
composé que de sons rauques, de tons
discordans et peu distincts les uns des
autres, seroit très- désagréable par lui-
même , et quand on n’entendroit qu’une
seule grenouille à-la-fois : mais c'est tou-
jours en grand nombre qu’elles coassent;
et c’est toujours de trop près qu’on en-
tend ces sons confus , dorit la monotonie
fatigante est réunie à une rudesse propre
à blesser l'oreille la moins délicate. Si “À
grenouilles doivent tenir un rang distin=
gué parmi les quadrupèdes ovipares, ce
n'est donc pas par leur voix : autant elles
æ
’
D
DES GRENOUILLES. 26r
peuveut plaire par l’agilité de leurs mou-
vemens et la beauté de leurs couleurs,
Le
autant elles importunent par leurs aigres
coassemens, Les mâles sont sur-tout ceux
qui font le plus de bruit ; les femelles
n’ont ‘qu'un grognement assez sourd,
qu'elles font entendre en enflant leur
gorge : mais lorsque les mâles coassent ,
ils gonflent de chaque côté du cou deux
vessies qui, en se remplissant d'air, et
en devenant pour eux comme deux ins-
trumens retentissans , augmentent le vo-
lume de leur voix. La Nature , qui n’a
pas voulu en faire les musiciens de nos
campagnes , n’a donné à ces instrumens
que de la force, et les sons que forment
les grenouilles mâles, sans être plus
agréables , sont seulement entendus de
plus loin que ceux de leurs femelles,
Hs sont seulement plus propres à trou-
bler ce calme des belles nuits de l'été, ce
silence enchanteur qui règne dans une
“4 prairie , sur le bord d’un ruisseau
tranquille , lorsque la lune éclaire de sa
Hamière paisible cet asyle champétre , où
tout goûüteroit les charmes de la frai-
Lu
262 HISTOIRE NATURELLE
.cheur, du repos, des parfums des des
et où Liu les sens seroient ton 1!
une douce extase , si celui de l’ouie n’é-
toit désagréablement ébranlé par des cris
aussi aigres que forts , et de rudes coas-
semens sans cesse renouvelés..… |
Ce n’est pas seulement lorsque Les gre-
nouilles mâles coassent, que leurs vessies
paroissent à l'extérieur; on peut; en pres-
sant leur corps, compr imer l'air qu'il ren-
ferme , et qui, se portant alors dans ces
vessies , en étend le volume et les rend
saillantes. J'ai aussi vu gonfler ces mêmes
vessies , lorsque J'ai mis des grenouilles
mâles sous le rÉCARAEnR d’une machine :
pneumatique, et que J'ai commencé d en
pomper l'air. |
Indépendamment des cris retentissans
et long-temps prolongés que la grenouille
mâle fait entendre si souvent, elle à
d’ailleurs un son moins désagréable et
moins fort, dont elle ne se sert que pour
appeler sa femelle : ce dernier son est
sourd et comme plaintif, tant il est FL
que l’accent de l'amour est toujours mélé
de quelque douceur.
DES GRENOUILLES. 263
Quoique les grenouilles communes se,
plaisent à des latitudes très-élevées, la
chaleur leur est assez nécessaire, pour
qu'elles perdent leurs mouvemens , que
leur sensibilité soit très-afloiblie et
qu'elles s’engourdissent dès que les froids
de l'hiver sont venus. C’est communé-
ment dans quelque asyle caché très-avant
sous les eaux , dans les marais et dans
les lacs, qu’elles tombent dans la torpeur
à laquelle elles sont sujettes. Quelques
unes cependant passent la saison du froid
dans des trous sous terre, soit que des
circonstances locales les y déterminent,
ou qu'elles soient surprises dans ces trous
par le degré de froid qui les engourdit.
Elles sont alimentées , pendant le temps
de leur long somimneil , par une matière
graisseuse renfermée dans Île trouc de la
_veine- porte. Cette graisse répare jusqu’ à :
un certain point la substance du sang,
et l’entretient de manière qu'il puisse
nourrir toutes les parties du corps qu’il
arrose. Mais quelque sensibles que soient
les grenouilles au froid, celles qui ha-
Ditent près des zones torrides, doivent
“264 HISTOIRE NATURELLE
c] ee A8 4 x * '. : |
être cxemptes de la torpeur de lhiyér ;.
de même que les crocodiles et les lézards
qui y sont sujets à des latitudes un peu
élevées, ne s'engourdissent pe dans les
clissdth très-chauds. |
On tire les grenouilles de leur état
d’engourdissement , en les portant dans
quelque endroit échauflé , et en les ex-
posant à une température artiheielle, à
peu près semblable à celle du printemps.
‘On peut successivement , et avec, assez
de promptitude , les replonger dans cet
état de torpeur, ou les rappeler à la vie,
par les divers degrés de froid ou de chaud
qu'on leur fait subir, À la vérité, 5 paroît
que l’activité qu’on leur donne avant le
temps où elles sont accoutumées à la
recevoir de la Nature , devient pour ces.
animaux un grand effort qui les fait bien-
tôt périr. Mais il est à présumer que si l’on
réveilloit ainsi des grenouilles apportées.
; lt" D A
de climats très-chauds où elles ne $’en-
gourdissent Jamais , bien loin de: con-
tarier les habitudes de ces animaux, on.
ne feroit que les ramener à leur état na+
turel, et ils n'auroient rien à:craimdre
DES GRENOUILLES. 265
de l'activité qu'on leur reudroit. On est
même site , par une chaleur arti-
ficielle, à remplacer assez la chaleur du
printemps, pour que des grenouilles aient
éprouvé ; l’une auprès de l’autre, les.
desirs que leur donne le retour de la belle
saison. Mais , soit par défaut de nourri-
ture , soit par une suite des sensations
qu'elles avoient éprouvées trop brusque-
ment, et des efforts qu'elles avoient faits
dans un temps où communément il leur
reste à peine la plus foible existence,
elles n'ont pas survécu long-temps à une
jouissance trop hâtée.
Les grenouilles sout sujettes à quitter
leur peau, de même que les autres qua-
drupèdes ovipares : mais cette peau est
plus souple, plus constamment abreuvée
par un élément qui la ramolhit, plus su-
jette à être altérée par les causes exté-
rieures. D'ailleurs les grenouilles, plus
voraces, et mieux conformées dans les
organes YéRUE à Ja nutrition, prennent.
une nourriture plus ANIMEURRE , plus
substantielle , et qui, fournissant une
plus graude quantité de nouycaux sucs.,
23
forme plus aisément unê nouvelle peau
au-dessous de l'ancienne. I n’est donc
pas surprenant que les! grenouilles se dé-
pouillent très-souvent de leur peau pen-
dant la saison où elles ne sont pas en-
gourdies, et qu’alors elles en produisent
une nouvelle presque tous les huit Jours.
Lorsque l’ancienne est séparée du corps
de l’animal, elle ressemble à une muco-
sité délayée. ‘
C’est sur-tout au retour des chaleurs
que les grenouilles communes, ainsi que
tous les quadrupèdes ovipares, cherchent
à s'unir avec leurs femelles : 1l croît alors
4
aux pouces des pieds de devant de la gre-.
nouille mâle, une espèce de verrue plus
ou moins noire, et garnie de papilles. Le
mâle s’en sert pour retenir plus facile-
ment sa femelle * ; il monte sur son dos,
et l’embrasse d’une manière si étroite
avec ses deux pattes de devant, dont les
* M. Linné, vraisemblablement d’après Fré-
déric Menzius., a été tenté de regarder cette espèce
, P
de verrue comme la partie sexuelle du mâle. Pour
peu qu’il eût réfléchi à cétte opinion, 1l auroit été
je preinier à la réjcter, i
SR
da. did
DES carxovrturs 267
n
doigts s’entrel t les uns dans les
autres , qu'il faut employer un peu de
force pour les séparer, ét qu’on n’y par-
vient pas en arrachant les pieds de der-
rière du mâle. M. labbé Spallanzani a
méme écrit qu'ayant coupé la tête à un
mâle qui étoit accouplé, cet animal ne
cessa pas de féconder pendant quelque
temps les œufs de sa femelle, et ne mou-
rut qu’au’ bout de quatre heures. Quel-
que mouvement que fasse la femelle , le
mâle la retient avec ses pattes, et ne la
laisse pas échapper, même quand elle
sort de l’eau : ils nagent ainsi accouplés
pendant un nombre de jours d'autant
plus grand que la chaleur de l’atmo-
sphère est moindre, etils ne se quittent
point avant que la feuielle ait pondu ses
œufs. C’est ainsi que nous avons vu les
tortues de mer demeurer pendant long-
temps intimement unies, et voguer sur
la surface des ondes, sans pouvoir être
séparées l’une de lPautre.
Au bout de quelques jours, la femelle
pond ses œufs, en faisant entendre quel-
quefois un coasscment un peu sourd : ces
œufs forment une esp
e de cordon;
étant collés ensemble par une matière
glaireuse dont ils sont enduits. Le mâle
saisit le moment où ils sortent de l'anus
de la femelle pour les arroser de sa
liqueur sémivale, en répétant plusieurs
fois un cri particulier ; et il peut les fé-
conder d'autant plus aisément , que son
corps dépasse communément par le bas
celui de sa compagne: il se sépare ensuite
d’elle , et recommence à nager, ainsi qu’à
remuer ses pattes avec agilité, quoiqu'il
ait passé la plus grande partie du temps
de sou union avec sa femelle dans une
grande immobilité, et dans cette espèce .
de contraction qui accompagne quelque-
fois les sensations trop vives, |
Dans les différentes observations que
nous avons faites sur les œufs des gre-
nouilles, et sur les changemens qu’elles
subissent avant de devenir adultes, nous
avons vu, dans les œufs nouvellement
poudus, un petit globule , noir d’un côté
et blanchâtre de l’autre, placé au centre
d’un autre globule, dont la substance
glutineuse ct transparente doit, servir
«
1
ba FR 7 7 740 ,” RE.” # « FR ; 4 à à Ph w, ÿ LO'
ps
| ”
| NOUILLES. 26%
de: nourriture à l'embryon, et est con-
tenue dans deux enveloppes membra-
neuses et concentriques : ce sont ces
-membranes qui représentent la coque de
l'œuf *.
Après un temps plus ou moins long,
suivant la température, le globule noir
d’un côté et blanchâtre de l'autre se
développe et prend le nom de féfard : cet
embryon déchire alors les enveloppes
dans lesquelles il étoit renfermé, et nage
dans la liqueur glaireuse qui l'environne,
et qui s'étend et se délaye dans l’eau , où
elle flotte sous l'apparence d’une matière
vuageuse ; 1l conserve pendant quelque
* M. l'abbé Spallanzani , ne considérant la mem-
brane mtérieure qui enveloppe le tétard que comime
un amnios, a proposé de séparer les grenouilles ,
les crapauds et les raines, des ovipares , pour les
réunir avec les vivipares; mais nous n'avons pas
cru devoir adopter l’opinion de cet habile natura-
liste, Comment éloigner en effet les grenouilles,
les raies et les crapauds, des tortues et des lé-
zards, avec lesquels 1ls sont liés par tant de rap-
ports, pour les rapprocher des vivipares, dont ils
diffèrent par tant de caractères intérieurs Où ex=
térieurs ?
25
tétiips son ci nb , qui est atta- 4
ché à la tête, au lieu de l'être au ventre,
ainsi que dans la plupart des autres ani-
maux. Il sort de temps en temps de la
matière gluante, comme pour essayer \
sés forces : mais il rentre souvent dans
cette petite masse flottante qui peut le
soutenir; il y revient non seulement pour
se reposer, mais encore pour preñdre de
la nourriture. Cependant il grossit tou-
jours ; on distingue bientôt sa tête, sa
poitrine, son ventre et sa queué dont il
se sert pour se mouvoir.
La bouche des tétards n’est point pla-
cée, comme dans la grenouille adulté,
au-devyant de la tête, mais en quelque
sorte sur la poitrine : aussi, lorsqu'ils veu-
lent saisir quelque objet qui flotte à la
surface de l’eau, ou chasser l'air renfermé
dans leurs poumons, ils se renversent
sur le dos,. comme les poissons dont la
bouche est située au-dessous du corps ;
et ils exécutent ce mouvement avec tant
de vitesse, que l’œil a de la peine à le
suivre.
Au bout de quinze Jours, les yeux pa-
CU +”
DES GRENOUILLES. 27
roissent quelquefois encore fermés ; mais
on découvre les premiers linéamens des
pattes de derrière. À mesure qu’elles crois-
sent , la: peau qui les revêt s'étend en
proportion... Les endroits où seront les
doigts , sont marqués par de pétits bou-
tous; et, quoiqu'il n'y aitencore aucun où,
la forme:du pied est très-reconnoissable.
Les pattes de devant restent encore en-
tièrement cachées sous l'enveloppe : plu-
sieurs fois les pattes de devant sont au
contraire les premières qui paroissent.
- C'est ordinairement deux mois après
qu'ils ont commencé de se développer,
que lés tétards quittent leur enveloppe
_ pour prendre la vraie forme de grenouille.
D'abord la peau extérieure se fend sur le
_ dos, près de la véritable tête, qui passe
par la fente qui vient de se faire. Nous
avous vu alors la membrane qui servoit
de bouche aux tétards, se retirer en ar-
rière et faire partie de la dépouille. Les
pattes de devant commencent à sortir et
à se déployer ; et la dépouille , toujours
repoussée en arrière, laisse enfin à dé-
couvert le corps, les pattes de derrière,
d'u 2,1
275 HISTOIRE NATURELLE |
et la queuc, qui, diminuant toujours de
volume, finit par s’oblitérer et re k
entièrement *.
Cette manière de se développer est
commune, à très-peu près, à tous les
quadrupèdes ovipares sans queue : quel-
qu'éloignée qu’elle paroisse , au premier
coup d'œil, de celle des auîres ovi-
pares, on reconnoîtra aisément, Si ON
l’examine avec attention , que ce qu’elle
a de particulier se réduit à deux points.
_ Premièrement , l'embryon ,renferimé
dans l'œuf en sort beaucoup plus tôt que
dans la plupart des autres ovipares, avant
même que toutes ses parties soient déve-
loppées , et que ses os et ses cartilages
soient formés.
Secondement , cet embryon à demi
développé est enfermé dans une mem-
brane, et, pour ainsi diré, dans un second
œuf très-souple et très-transparent, au-
* Pline, Roudelet, et plusieurs autres natura-
stes, ont prétendu que la queue de la jeune gre-
vouille se fendoit en deux pour former les pattes
de derrière. Cette opinion est contraire à l'obser-
vauon la.plus constante,
ee ÿ
+ hs AR #
dl k LA , a TU
| Î
DES GRENOUILLES. 273
quel il y a une ouverture qui peut don-
ner passage à la nourriture. Mais de ces
deux faits le premier ne doit être consi-
déré que comme un très-léger change-
ment, et, pour ainsi dire, une simple
abréviation dans la durée des premières
opérations nécessaires au développement
des animaux qui viennent d’un œuf:
cette manière particulière peut avoir lieu
sans que le'fœtus en souffre, parce que
le tétard n’a presque pas besoin de force
ni de membres pour les divers mouve-
mens qu'il exécute dans l’eau qui le sou-
tient , et autour de la substance transpa-
rente et glaireuse où il trouve à sa portée
une nourriture analogue à la foiblesse de
ses organes,
À l'égard de cette espèce de sac dans
lequel la grenouille ainsi que la raine et
le crapaud sont renfermés pendant les
premiers temps de leur vie sous la forme
de tétard, et qui présente une ouverture
pour que la nourriture puisse parvenir
au Jeune animal, on doit, ce me semble,
le considérer comme une espèce de second
œuf, ou, pour mieux dire, de seconde
4 MIS TOIRE NATURELLE
NA dont l'animal ne se dégage” 4
qu'au moment qui lui à été véritable=
ment fixé pour éclore : ce n’est que lors= |
que la grenouille ou le crapaud font
usage de tous leurs membres, que l’on
doit les regarder comme véritablement !
éclos. Ils sont toujours dans un œuf tant
qu’ils sont sous la forme de tétard:nais
cet œuf est percé, parce qu’il ne renférme
point la nourriture nécessaire au fœtus,
et parce que ce dernier est obligé d’aller
chercher sa subsistance, soit dans l’eau,
soit dans la substance glaireuse qui flotte
avec l’apparence d’une matière nua-
geuse.
Le tétard, à le bien considérer, n’est
donc qu'un œuf souple et mobile qui
peut se prêter à tous les mouvemens de
l'embryon. Il en seroit de même de tous
les œufs, et même de ceux de nos poules,
si, au lieu d’être solides et formés d’une |
. substance crétacée et dure, ils étoient.
composés d’une membrane “trè ès-molle,
très-flexible et transparente. Le poulkt
qui y seroit contenu pourroit exécuter |
quelques mouvemens , quoique renfermé
:
DES GRENOUILLES. 275
dans cette enveloppe, qui se prêteroit à
son action; il le pourroit sur-tout, si ces
mouvyemens n'étoient pas contrariés par
les aspérités_ des surfaces et les inégalités
du terrain ,etsi, au contraire, ils avoient
lieu au milieu de l’eau, qui soutiendroit
l'œuf et le fœtus , et ne leur opposeroit
qu'une foible résistance. Ces mouvemens
seroient comme ceux d’un petit animal
qu'on renfermeroit dans un sac d’une ma-
tière souple.
Que se passe-t-il donc réellement dans
le développement des grenouilles , ainsi
que des autres quadrupèdes ovipares sans
queue ? Leurs œufs ont plusieurs enve-
loppes : les plus extérieures, qui envi-
ronunent le globule noir et blanchäâtre , ne
subsistent que quelques jours; la plus
‘intérieure, qui est très-molle et très-
souple , peut 8e préter à tous les mouve-
mens d’un animal qui à chaque instant
acquiert de nouvelles forces ; elle s’étend
à mesure qu'il grandit ; elle est percée
d’une ouverture, que l’on n'auroit pas
dû appeler bouche ; car ce n’est pas pré-
cisément un organe particulier, mais LU
276 HI STOIRE NATURELLE
ke
passage pour la nourriture nécessaire à: la.
jeune grenouille, a jeune cr apaud , OÙ
à la jeune raine; et comme les œufs des
grenouilles , des raines et des crapauds,
sont communément pondus dans l’eau,
qui, pendant le printemps et: l'été , est
moins chaude que la terre et l'air de l’at-
mosphère , ils éprouvent une chaleur
moins considérable que ceux des lézards
et des tortues , qui sont déposés sur les
rivages, de manière à être échauffés par
les rayons du soleil : il n’est donc pas sur
prenant que, par exemple, les petites gre-
nouilles soient renfermées dans leurs
Le
À
V4
me
4
enveloppes pendant deux mois ou envi--
ron , et que ce ne soit qu'au bout de ce
temps qu'elles éclosent véritablement en
quittant la forme de tétard , tandis que:
les lézards et les tortues sortent: de leurs
œufs après un assez petit nombre de
jours. |
À l'égard de la queue qui s’oblitère
dans les grenouilles, dans les crapauds et
dans les raines , ne doivent-ils pas perdre
facilement une portion de leur corps qui
n'est soutenue par aucune partie osseuse,
4
:14
R DES GRENOUILLES. 277
et qui d’ailleurs, toutes les fois qu'ils
nagent, oppose à l’eau le plus d'action
et de résistance? Au reste, cette sorte
de tendance de la Nature à donner une
queue aux grenouilles, aux crapauds et
aux raines, ainsi qu'aux lézards et aux
tortues. est une nouvelle preuve des rap-
ports qui les lient, et, en quelque sorte,
de l'unité du modèle sur lequel les qua-
drupèdes ovipares ont été formés.
Les couleurs des grenouilles communes
ne sont Jamais si vives qu'après leur ac-
couplement ; elles pâlissent plus ou moins
ensuite, et deviennent quelquefois assez
ternes et assez rousses pour avoir fait
croire au peuple de plusieurs pays, que,
pendant l'été, les grenouilles se méta-
morphosent en crapauds.
Lorsqu'on ne blesse les grenouilles que,
dans une seule de leurs. parties ‘ Al-est
très-rare que toute leur wrganisation s’en
ressente , et que l’ensemble de leur mé-
canisme soit dérangé au point de les faire
périr. Bien plus, lorsqu'on leur ouvre le
corps , et qu’on en arrache le cœur et les
sutrailles, elles ne conservent pas moins,
24
»78 HISTOIRE NATURELLE
| pendant quelques momens, leurs mouve
inens accoutumés : elles les conservent
aussi pendant quelque temps lorsqu'elles
ont perdu presque tout leur sang; et si,
dans cet état, elles sont exposées à l'ac-
tion engourdissante du froid, leur sensi-
bilité s'éteint, mais se ranime quand le
froid se dissipe très-promptement, et elles
sortent de leur torpeur, comme sivelles
n’avoient éprouvé aucun accident. Aussi,
malgré le grand nombre de dangers aux-
quels elles sont exposées, doivent - elles
communément vivre pendant un temps
assez long relativement à leur volume.
Les grenouilles étant accoutumées à.
demeurer un peu de temps sous l’eau sans
respirer, et leur cœur étant conformé de
manière à pouvoirbattre sans être mis en
jeu par leurs poüntons comme celui des
animaux mieux -ofganisés, il n’est pas
surprenant qu'ellés'vivent aussi pendant
un peu de temps dans un vase dont on a
pompé l'air, ainsi que l'ont éprouvé plu:
sieurs physiciens , et que je l'ai éprouvé
souvent moi-même.On peut même-croire
que l’éspèce de mal-aise ou de douleur .
à \
r
NA
DES GRENOUILLES. 279
qu'elles ressentent lorsqu'on commence-à
Ôter l’air du récipient, tient plutôt à la
dilatation subite et forcée de leurs vais-
seaux, produite par la raréfaction de Pair
Here dans leur corps, qu’au défaut
d’un nouvel air extérieur. Il n’est pas
surprenant, d'après cela, qu’elles vivent
plus long-temps que beaucoup d’autres
animaux , ainsi que les crapauds et Îles
salamandres aquatiques, dans des vases
dont l’air ne peut pas se renouveler.
Les grenouilles sont dévorées par les
serpens d’eau, les anguilles, les brochets,
les taupes, les putois, les loups *, les
oiseaux d’eau et de rivage, etc. Comme
elles fouruissent un aliment utile, et
que même certaines parties de leur corps
forment un mets très-agréable , on Îles
recherche avec soin. On a plusieurs ma-
mières de lés pècher : on les prend avec
des filets à la clarté des flambeaux, qui les
eHraient et les rendent souvent comme
ymmobiles ; ou bien on les pêche à la
ligne avec des hamecons qu'on garnit de
* M. Daubenton en a trouvé daus l'estomac
d'un loup.
’
{ La Dre
280 HISTOIRE NATUR
vers, d'insectes, ou simplement d'un
morceau d'étoffe rouge ou couleur de
chair: car, ainsi que nous l’avons dit, les
° grenouilles sont goulues ; elles saisissent
avidement et retiennent avec obstination
tout ce qu'on leur présente. M. Bourgeois
rapporte qu’en Suisse on les prend d’une
manière plus prompte par le moyen de
grands rateaux dont les dents sont lon-
gues et serrées: on enfonce le rateau dans
l'eau , et on ramène les grenouilles à
terre , en le retirant avec précipitation.
On a employé avec succès en médecine
les différentes portions du corps de la
grenouille, ainsi que son frai, auquel on
fait subir différentes préparations , tant
pour conserver sa vertu pendant long-
temps , que pour ajouter à l'efficacité de
ce remède.
La grenouille commune habite presque
tous les pays. On la trouve très-avant
vers le Nord , et même dans la Lapponie
suédoise; elle vit dans la Caroline et dans
Ja Virginie, où elle est si agile, au rap-
port de plusieurs voyageurs, qu’elle peut,
en sautant, franchir un intervalle de
quinze à dix-huit. pieds.
_… Sté RU cu |
DES GRENOUILLES. °8r
Nous allons maintenant présenter ra-
pidement les détails relatifs aux gre-
nouilles différentes de la grenouille com
mune , et que l'on rencontre dans nos
contrées ou dans les pays étrangers; nous
allons les considérer comme des espèces
distinctes : peut - être des observations
plus étendues nous obligeront-elles dans
la suite à en regarder quelques unes
comme de simples variétés dépendantes
du climat, ou tout au plus comme des
races constantes ; nous nous contenterons
de rapporter les différences qui les sépa-
rent de la grenouille commune , tant
dans leur conformation que dans leurs‘
habitudes.
! 282, HISTOIRE NATU:
+: l ? ù sin AU EVE
CETTE IEEE TE ENNEMI
|,
sa LA
Lz. est | aisé de distinguer. cette éreneville
d'avec les autres , par une tache noire
qu elle a entre Le yeux et les pattes de
devant. Elle pañoît , an premier coup
d'œil, n'être qu’une variété de la . gre-
nouille commune, ; mais comaine. elle
habite dans le même pays, comme elle
vit, pour ainsi dire, dans les mêmes
diet! et qu’elle en diffère cependant
constamment par quelques uues de ses
habitudes et par ses couleurs, on ne
peut pas rapporter ses caractères distinc-
tifs à la différence du climat ou de la
température , êt l’on doit la considérer
comme une espèce particulière. Elle a
le dessus du corps d’un roux obscur,
moins foncé quand elle a renouvelé sa
peau , et qui devient comme marbré
vers le milieu de l'été; le ventre est blanc.
DES GRENOUILLES. 255
ét facheté. de noir à mésure qu'elle vieillit;
les euisses sont rayées de bruu. |
Elle a au bout de la langue une petite
échancrure dont les deux pointes lui
servent à saisir les insectes, qu'elle retient
en même temps par l'espèce de glu dont
sa langue est enduite , et sur lesquels elle:
dbtuës: comme un trait , dès qu'elle les
+
voit à sa portée. On l’a appelée /a muette,
par comparaison avec la grenouille com-
mune, dont les cris désagréables et sou-
vent répétés se font entendre de très-
loin. Cependant , dans le temps de son
accouplement ou lorsqu'on la tourmente,
elle pousse un cri sourd , semblable à
une sorte de grognement , et qui est
_ plus. fréquent et moins foible dans 16
mâle.
Les omiiilés rousses passent une
grande partie de la belle saison à terre.
Ce n’est que vers la fn de l’automne
qu'elles regagnent les endroits maréca-
geux; et lorsque le froid devient plus
vif, elles s’enfoncent dans le limion du
fond des étangs , où elles deineurent
eugourdics jusqu’au retour du printemps,
CEE CU RAGE) db ca Le
4 HISTOIRE NATURELLE à
Mais, lorsque la chaleur estrevenue, elles: …
sont rendues à la vie et au Deus
les jeunes regagnent alors la terre pour
y chercher leur nourriture ; celles qu£
sont âgées de trois ou quatre ans, et.
qui ont atteint le degré de développe-
ment nécessaire à la reproduction de leur
espèce , demeurent dans l’eau jusqu’à
ce que la saison des amours soit passée.
Elles sout les premières grenouilles ;&uL
s’'accouplent, comme les premières rani-
mées : elles demeurent unies pendant
quatre Jours ou environ.
Les grenouilles rousses ‘éprouvent ,
avant d’être adultes , les mêmes change-
mens que les grenouilles communes; mais
il paroît qu'il leur faut plus de temps pour
les subir, et que ce n’est qu'à peu près au
bout de trois mois qu'elles ont Ia forme
qu'elles doivent conserver pendant toute
léur vie.
Vers la fin de juillet , lorsque les petites
grenouilles sont eutièrement écloses et
ont quitté leur état de tétard , elles vont
reJoindre les autres gretiouillés rousses
dans les bois et dans les campagnes. Elles
\
DES GRENOUILLES. 283
partent le soir, voyagent toute la nuit,
et évitent d’être la proie des oiseaux vo-
races en passant le Jour sous les pierres
et sous les différens abris qu’elles ren-
contrent, et ennese remettant en chemin
que lorsque les ténèbres leur rendent la
sûreté. Cependant, malgré cette espèce de
prudence, pour peu qu'il vienne à pleu-
voir , elles sortent de leurs retraites pour
s’imbiber de l’eau qui tombe.
Comme ellessonttrès-fécondes et qu’elles
pondent ordinairement depuis six cents
Jusqu'à onze cents œufs , il n’est pas
surprenant qu'elles se montrent quel-
quefois en si grand nombre , sur-tout
dans les bois et les terrains humides,
que la terre en paroît toute couverte.
La multitude des grenouilles rousses
qu'on voit sortir de leurs trous lorsqu'il
pleut , a donné lieu à deux fables : l’on
a dit, non seulement qu'il pleuvoit quel-
quefois des grenouilles , mais encore que
le mélange de la pluie avec des grains
de poussière pouvoit les engendrer tout
d'un coup; l’on ajoutoit que ces gre-
nouilles ainsi tombées des nues , ou pros
ne
De
\ tes
286. HISTOIRE NATURELLE
duites d’une manière si rapide par: ul
mélange si bizarre , s’en alloient aussi
promptement qu'elles étoient venues ,
et qu'elles disparoissoient aux premiers
rayons du soleil. ES
Pour peu qu'on eût voulu découvrir
la vérité , on les auroit trouvées, avant
la pluie, sous des tas de pierres et d’au-
tres abris , où on les auroit vues cachées
de nouveau après la pluie, pour se dé<.
rober à une lumière trop vive: mais on
auroit eu deux fables de moins à ra-
conter ; et combien de gens dont tout
le mérite disparoît avec les faits met:
veilleux ! | |
On a prétendu que les grenouilles
rousses étoient venimeuses : on les mange
cependant dans quelques contrées d’Al-
lemagne ; et M. Laurenti ayant fait Inor-
dre une de ces grenouilles par de petits
lézards gris, sur lesquels le moindre venin
agit avec force , ils n’en furent point
incommodés. Elles sont en très - grand.
nombre dans l’île de Sardaigne , ainsi qué
dans presque toute l’Europe ; 1l paroît
qu'on les trouve dans l'Amérique septen-
LA Lt
DES GRENOUILLES. ‘28
trionale, et qu’il faut leur rapporter les
grenouilles appelées grenouilles de térre
par Catesby , et qui habitent la Virginie
et la Caroline. Ces dernières paroissent
préférer pour leur nourriture les insectes
qui ont la propriété de luire dans les ténè-
bres , soit que cet aliment leur convienne
mieux, ou qu'elles puissent l’appercevoir
et le saisir plus facilement lorsqu'elles
cherchent leur pâture pendant la nuit.
Catesby rapporte en effet qu’étant dans la
Caroline , hors de sa maison , au com-
mencement d’une nuit très-chaude, quel-
qu'un qui l’accompagnoit , laissa tomber
de sa pipe un peu de tabac brûlant qui
fut saisi et avalé par une grenouille de
terre , tapie auprès d'eux , et dont l’hu-
meur visqueuse dut amortir l’ardeur du
tabac. Catesby essaya de lui présenter
un petit charbon de bois allumé , qui
fut avalé et éteint de même. Il éprouva
coustamment que les grenouilles terres-
tres saisissoient tous les petits corps en-
flammés qui étoient à leur portée , et il
eonjectura , d’après cela , qu'elles deyoient
qu fé, i brillent en grand
“ei les nuits d'été, dans r
DU N D'a
DES GRENOUILLES. 28
4
LAËPLUVIALE.
Csrrr grenouille est couverte de ver:
rues ; ce qui sert à la distinguer d’avec
les autres. La partie postérieure du corps
est obtuse et parsemée en dessous de petits
points. Elle a quatre doigts aux pieds de
devant, et cinq doigts un peu séparés les
uns des autres aux pieds de derrière. On
la trouve dans plusieurs. contrées de
l'Europe. Elle s’y montre souvent en grand
nombre après les pluies du printemps
ou de l’été ,ainsi que la grenouille rousse ;
et c’est de là qu'est tiré le nom de p/u-
viale, que M. Daubenton lui a donné,
et que nous lui conservons. On a fait sur
son apparition les mêmes contes ridicules
que sur celle de la grenouille rousse.
:
Ovipares. 1 I: ds | 29
2
| Os trouve én Allemaghe une grenouille
qui, par sa forme, ressemble‘ün peu plus
que lès autres au tépatd commun ; j'inais
qui est beaucoup plus fetite que: ce der-
nier. Un de ses caractères distinctifs: ‘est
üu pli transversal qu elle a: soûs le com. |
Le fond de sa coulèur est noir ; Le dessus
- de son corps est couvert. +pojpteseilinef
le dessous marbré de blanc et de noir. £
pieds ae at: ont quatre doigts: livi sés
ct ceux de derrière en ont: cinq réunis
par une membrane. ‘Où: conse e au Cet
d’ une ressembla AL L'
Me. entre son on: et le son Les
cloches qu’on entendroit de loin. Sa forme
M et son babitation®l ont fait appeler que
_ quefois crapaud des marais.
Der CU LS
Le LP La Te I
zIAÀ S ONNANTE,
2.MUGISSANTE.
DES: GRENOUILLES. 29e
ts «>
LA BORDÉE.
rest aisé de reconnoîtrecctte grenouille,
qui se trouve aux Indes, à la bordure.
que présentent ses côtés. Son corps est
alongé ; les pieds de derrière ont cing
doigts divisés. Le dos est brun et lisse * ;
le dessous du corps est d’une couleur pâle,
et couvert d’un grand nombre de très-
_ petites verrues qui se touchent.
- * Suivant M. Laurenti, le dessus du corps est
couvert d’aspérités; mais nous avons cru devoir
suivre la description que M. Linné a faite de cette
grenouille | d’après un individu conservé dans le
æmuséum du prince Adolphe. |
ms
}
ne
LA RÉTICULAIRE.
Ox trouve encore dans les Indes une
grenouille dont le caractère distinctif est
d’avoir le dessus du corps veiné et tacheté
de manière à présenter l'apparence d’un
réseau. Elle a les doigts divisés. |
DES GRENOUILLES. 293
PARPALTTE M OUI.
C'rsr une grande et belle grenouille,
dont le corps est veiné et panaché de dif-
férentes couleurs ; le sommet du dos pré-
sente des taches placées obliquement ;
des bandes colorées, rapprochées par
paires, règnent sur les pieds et les doigts.
Ce qui la caractérise et ce qui lui a fait
donner par M. Daubenton le nom de
patie-d’oie que nous lui conservons , c’est
que les doigts des pieds de devant, ainsi
que des pieds de derrière , sont réunis
par des membranes: cette réunion sup-
pose dans cette grenouille un séjour assez
constant dans l’eau , et un rapport d’ha-
bitudes avec la grenouille commune. On
la rencontre en Virginie, ainsi que la ré-
ticulaire , avec laquelle elle a beaucoup
de rapports, mais dont elle diffère en ce
que ses doigts sont réunis , tandis qu’ ils.
sont divisés dans la réticulaire.
26
Là
294 HISTOIRE NATURELLE … |
L'ÉPAULE-ARMÉE.
ER ACRRS EE A ESS
Ox trouve en Amérique cette grenouille
remarquable par sa grandeur: elle a quel-
quefois huit pouces de longueur, depuis
le bout du museau jusqu’à l'anus. On
voit de chaque côté.sur les épaules une
espèce de bouclier charnu , d’un cendré
clair pointillé de noir, qui lui a fait don- :
ner par M. Daubenton le nom qu’elle
porte. Sa tête est rayée de roussâtre ; les.
yeux sont grands et brillans; la langue
est large ; tout le reste du corps est cen-
dré, parsemé de taches de différentes gran-
deurs , d’un gris clair ou d’une couleur
jaunâtre. Le dos est très-anguleux ; à la
partie postérieure du corps sont quatre
excroissances charnues, en forme de gros
boutons. Les pieds de devant sont fendus
en quatre doigts garnis d'ongles larges.
et plats. Les pieds de derrière diffèrent de
ceux du devant en ce qu'ils ont un cin-
cd ont RC NS CORRE c N N
+ L 11 y «
”
DES GRENOUILLES. 295
quième doigt , et que tous les doigts en
sont réunis par une petite membrane près:
de leur origine. Cette espèce , qui paroît
habiter sur terre et dans l’eau, pourroit
se rapprocher par ses habitudes de la gre-
nouille rousse. L’épithète de #arine qui
lui a été donnée par Seba , et conservée
par MM. Linné et Laurenti, paroît indi-
quer qu’elle vit près des rivages , dans les
‘eaux de la mer; mais nous avons de la
peine à le croire , les quadrupèdes ovi-
pares sans queue ne recherchant commu-
nément que les eaux douces.
?
206 HISTOIRE NATURELLE
LA MUGISSANTE#*,
TL
O: rencontre en Virginie une gr ande
grenouille, dont les yeux ovales sontgros,
saillans et Me: * l'iris est rouge , bordé
de Jaune ; tout le dessus du corps est d’un
brun foncé , tacheté d’un brun plus obs-
cur, avec des teintes d’un verd jaunâtre,
particulièrement sur le devant de la tête ;
les taches des côtés sont rondes, et font
paroître la peau œillée ; le ventre est d’un
blanc sale , nuancé de jaune, et légère-
ment tacheté. Les pieds de devant et de
derrière ont communément cinq doigts,
avec un tubercule sous chaque phalange:
Cette espèce est moins nombreuse que
les autres espèces de grenouilles. La mu-
gissante vit auprès des fontaines qui se
trouvent très-fréquemment sur les col-
lines de la Virginie. Ces sources forment
* Bull frog, en anglois.
1 1ÉÉ
DES GRENOUILLES. 297
de petits étangs, dont chacun est ordinai-
rement habité par deux grenouilles mu-
gissantes : elles se tiennent à l’entrée du
trou par lequel coule la source; et lors-
qu'elles sont surprises , elles s’élancent et
se cachent au fond de l’eau. Mais elles
n’ont pas besoin de beaucoup de précau-
tions ; le peu le de la Virginie imagine
qu'elles purifient les eaux etentretiennent
la propreté des fontaines : il les épargne
d'après cette opinion, qui pourroit être
fondée sur la destruction qu’elles font des
insectes , des vers , etc., mais qui se
change en superstition |, comme tant
d'autres opinions du peuple ; car non
seulement il ne les tue jamais, mais
même il croiroit avoir quelque malheur à
redouter s’il les inquiétoit. Cependant la
crainte cède souvent à l'intérêt; et comme
la mugissante esttrès-vorace et très-friande
des jeunes oisons ou des petits canards,
qu'elle avale d’autant plus facilement
qu'elle est très-grande et que sa gueule
est très-fendue , ceux qui élèvent ces oi-
seaux aquatiques la font quelquefois périr,
Sa grandeur et sa conformation modi-
UE
Mes
233 HISTOIRE NATURELLE
Bent son coassement.et l’augmentent, de
namièreique lorsqu ’ilest réfléchi par les Ca-
vités voisines des lieux qu elle fréquente,
il a quelque ressemblance avec le mugis-
sement d’un taureau qui seroit très - éloi-
gné, et, dit Catesby , à un quart de mille.
Son cri, suivant M. Smith , estrude, écla-
taut et be usque ; il semble que l’animal
forme quelquefois des sons articulés. Un
voyageur est bien étonné, continue M.
Smith , quand il entend le mugissement
retentissant de la grenouille dont nous
parlons , et que cependant il ne peut dé:
couvrir-d’où part ce bruit extraordinaire;
La
*
car les mugissantes ont tout le corps ca-
ché dans l’eau, et ne tiennent leur gueule
élevée au-dessus de la surface que poux
faire entendre le coassement très-fort qux
leur a fait donner le nom de grenouilles-
laureaux.
L'espèce de la grenouille mugissante
que M. Laurentiappelle /4 cing-doigis(rana |
pentadactyla), renferme, Piste ce ua-
turaliste , une variété aisée à distinguer
par sa couleur brune , par la petitesse du .
cinquième doigt des pieds de deyant, et
DES GRENOUILLES. 209
par la naissance d’un sixième doigt aux
pieds de derrière. Il ÿ a au Cabinet du roi
une grande grenouille mugissante, qui
paroît se rapprocher de cette variété in-
diquée par M. Laurenti : elle a des taches
sur le corps; le cinquième doigt des pieds
de devant, et Le sixième des piéds de der-
rière, LS à péine sensibles ; tous les
=
doigts sont séparés ; elle a des tubercules
sous les phalanges ; son museau est arron-
di; ses yeux sont gros et proéminens ttes
ouvertures des éteZHics assez grandes la
langue est large, plate, etattachée par LA
le bout au devant de la mâchoire infé- ‘+
rieure: Cet individu a six pouces trois AA
ed
lignes , depuis le museau jusqu’à l'anus;
les pattes de derrière ont dix pouces ;
celles de devant quatre pouces; et le con-
tour de la gueule a trois pouces sept
ligues. $
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L AUS fe PE RR) 7 die. A à
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300 HIST OIRE NATURELLE
|
:
LA PERLÉE.
Ox trouve au Bresil une grenouille dont
le corps est parsemé de petits grains d’un
rouge clair, et semblables à des perles. |
La tête est anguleuse , triangulaire , et
conformée comme celle du caméléon ; le
dos est d’un rouge brun ; les côtés sont
mouchetés de, jaune ; le ventre blan-.
châtre est chargé de petites verrues ou
petits, grains d’un bleu clair; les pieds
sont velus, et ceux de devauié n'ont que
+
quatre doigts.
_ Une variété de cette espèce , si riche-
ment colorée par la Nature , a cinq doigts
aux pieds de devant, et la couleur de son
corps est d’un jaune clair.
L'on voit que, daus le continent de
l'Amérique méridionale , la Nature n’à
pas moins départi la variété des couleurs
aux quadrupèdesovipares , qu’elle paroît, w
au premier coup d'œil , avoir dédaignés ,
# à: LA
à : \
_ DES GRENOUILLES. 3x
qu'à ces nombreuses troupes d'oiseaux
de différentes espèces , sur le plumage
desquels elle s’est plue à répandre les
nuances les plus vives, et qui embellissent
les rivages de ces contrées chaudes et fé-
condes.
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302 HISTOIRE NATURELLE
DA JACR DRE
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à
Czsorr grenouille se trouve en grand
nombre à Surinam. Elle est d’une cou-
leur jaune verdâtre, qui devient quelque-
fois plus sombre. Le dos et les côtés sont
mouchetés ; le ventre est d’une couleur
pâle et nuageuse ; les cuisses sont, par
derrière , striées obliquement. Les pieds
de derrière sont palmés; ceux de devant
ont quatre doigts. Mademoiséile Mérian a
rendu cette grenouille fameuse, en lui
attribuant une métamorphose opposée à
celle des grenouilles communes. Elle a
prétendu qu’au lieu de passer par l’état
de tétard pour devenir adulte, la Jackie
perdoit insensiblement ses pattes au bout
d’un certain temps, acquéroit une queue,
et devenoit un véritable poisson. Cette.
métamorphose est plus qu’invraisembla-
ble ; nous n’en parlons ici que pour dési-
guer l'espèce particulière de grenouille à
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LA
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DES GRENOUILLES. 303
laquelle mademoiselle Mérian l'a attri-
buée: L'on conserve au Cabinet du roi,
et l’on trouve dans presque toutes les col-
lections de l'Europe ; plusienrs individus
de cette grenouille ,; qui présentent les
différens degrés de son développement et
de son passage par l’état de tétard, au lieu
de montrer, comme on l’a cru fausse-
ment, les diverses nuances de son chan
gement prétendu en poisson. La forme du
tétard de ia jackie, qui est assez grand,
et qui ressemble plus ou moins à un pois-
son , comme tous les autres tétards , a
pu donner lieu à cette erreur, dont on
n'a parlé que trop souvent. D'ailleurs il
paroît qu'il y a une espèce particulière de
poisson dont la forme extérieure est
assez semblable à celle du tétard de la
Jackie; et que l’on a pu prendre pour le
dernier état de cette grenouille d'Amé-
rique. - |
LA
NE Éd dés
204 HISTOIRE NATURÉLLE
LA GALONNÉE.
Oxtrouve en Amérique cette grenouille;
dont M. Linné a parlé le premier. Son dos
présente quatre lignes relevées et longitu-
dinales ; il est d’ailleurs semé de points
saillans et de taches noires. Les pieds de:
devant ont quatre doigts séparés ; ceux
de derrière en ont cinq réunis par une
membrane ; le second est plus long que
les autres , ct dépourvu de l'espèce d’ongle
arrondi qu'ont plusieurs grenouilles,
Nous regardons comme une variété de
cette espèce, jusqu’à ce qu’on ait recueilli
de nouveaux faits, celle que M. Laurentt
a appelée Brémoushle de FRET" Le corps
de ce dernier animal , qu’on trouve en
effet en Virginie, est d' couleur cen-
drée , tachetée de rouge ; le dos est relevé
par cinq arêtes longitudinales, dont les
intervalles sont d’une RER, pale: le
ventre et les pieds sont Jaunes.
/
DES GRENOUILLES. %o5
»
LA GRENOUILLE ÉCAILLEUSE.
{ €
\
O» doit à M. Wallbaum la description
de cette espèce de grenouiile. Il est d’au-
tant plus intéressant de la connoître,
qu'elle est un exemple de ces conforma-
tions remarquables qui lient de très-près
les divers genres d'animaux. Nous avons
vu, en effet, dans l'Histoire naturelle des
quadrupèdes ovipares, que presque toutes
les espèces de lézards étoient couvertes
d’écailles plus ou moins sensibles, et nous
n'avons trouvé dans les grenouilles, les
crapauds, ni les raines, aucune espèce
qui présentât quelque apparence de ces
mêmes écailles; nous n’avons vu que des
verrues ou des tubercules sur la peau des
quadrupèdes ovipares sans queue. Voici
maintenant une espèce de grenouille
dont une partie du corps est revêtue d’é-
cailles, ainsi que celui des lézards; ét
pendant que , d’un côté, la plupart des
26 |
4
306 HISTOIRE NATURELLE
salamandres, qui toutes ont une quete
comme ces mêmes lézards et appartien-
nent au même genre que ces animaux,
se rapprochent des quadrupèdes ovipares
sans queue, non seulement par leur con-
formation intérieure et par leurs habi-
tudes , mais encore par leur peau dénuée
d’écailles sensibles, nous voyons, d’um
autre côté , la grenouille décrite par
M. Wallbaum établir un grand rapport
entre son genre et celui des lézards par
les écailles qu’elle a sure dos. M. Wall-
baum n’a vu qu’un individu de cette
espèce singulière, qu'ila trouvé dans un
cabinet d'histoire naturelle , et qui y
étoit conservé dans de l’esprit-de-vin. IL
n’a pas su d'où il avoit été apporté. IL
seroit intéressant qu'on pût observer en-
core des individus de cette espèce, com-
parer ses habitudés avec celles des lézards
et des grenouilles , et voir.la liaison qui
se trouve. entre sa manière de vivre et
sa conformation particulière. f
La grenouille écailleuse est à peu près
de la grosseur et de la forme de la gre- |
nouille commune; sa peau est comme
ET à
{
Ce
DES GRENOUILLES. 3o7
phissée sur les côtés et sous la gorge; les,
pieds de devant ont quatre doigts à demi
réunis par une membrane, et les pieds
de derrière cinq doigts entièrement pal-
més ; les ongles sont applatis. Mais ce
qu'il faut sur-tout remarquer, c'est une
bande écailleuse, qui, partant de l'endroit
des reins et s'étendant obliquement de
chaque côté au-dessus des épaules, en-
toure par-devant le dos de l'animal :
cette bande est composée de très-petites
écailles à demi transparentes, présentant
chacune un petit sillon longitudimal,
placées sur quatre rangs , ct se ere
vrant les unes les autres, comme les
ardoises des toits. Il cst évident, par
cette forme et cette position, que ces
pièces sont, de véritables écailles sem-
blables à celles des lézards, et qu’elles ne
peuvent pas être confondues aveè les
verrues ou tubercules que l’on a ob-
servés sur le dos des quadrupèdes ovi-
pares sans queue. M. Wallbaum a vu
aussi sur la patte gauche de derrière
quelques portions gauches garnies de pe-
tes écailles dont la forme étoit d’un
308 HISTOIRE ATOS
quarré long ; et ce naturaliste co) 6
avec raison ie il en auroit trouvé éga-
lement sur la patte droite, si l'animal
n’avoit pas été altéré par l’esprit-de-vin.
. Le dessous du ventre étoit garni de petites |
verrues très-rapprochées. L'individu dé-
crit par M. Wallbaum avoit deux pouces
neuf lignes de longueur depuis le bout
du museau jusqu’à l’anus. Sa couleur
étoit grise , marbrée, tachetée et pointil-
lée en divers endroits de brun et dé mar-
ron plus ou moins foncé; les taches
étoient disposées en lignes tortueuses sur
certaines places, qe à par exemple,
sur le dos. |
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9
DEUXIÈME GENRE.
Quadrupèdes ovipares qui n’ont point
de queue, et qui ont sous chaque
doigt une petite pelote visqueuse.
RAINES.
LA RAINE VERTE
Lov COMMUNE.
Îs est aisé de distinguer des grenouilles
la raine verte , ainsi que toutes les autres
. raines, par des espèces de petites plaques
visqueuses qu’elle a sous ses doigts , et
qui lui servent à s'attacher aux branches
et aux feuilles des arbres. Tout ce que
nous avons dit de l’instinct, de la sou-
plesse , de l’agilité de la grenouille com-
mune , appartient encore davantage à là
310 HISTOIRE NATURELLE _W
raine verte ; et comme sa taille est tou- ë
jours beaucoup plus petite que celle de la M
grenouille commune, elle joint plus de $
gentillesse à toutes les qualités de cette :
dernière. Là couleur du dessus de son
corps est d’un beau verd ; le dessous, où
l'on voit de petits tubercules , est blanc.
Une raie Jaune, légèrement bordée de :
violet, s'étend de chaque côté de la tête |
et du dos, depuis le museau jusqu'aux
pieds de derrière ; et une raie semblable
règne depuis la mâchoire supérieure jus-
qu'aux pieds de devant. La tête est courte,
aussi large que le corps, mais un peu ré-
trécie par-devant ; les mâchoires sont ar- .
roudies , les yeux élevés. Le corps est
court, presque triangulaire, très-élargi
vers la tête, convexe par-dessus, et plat
par-dessous. Les pieds de devant, qui
n’ont que quatre doigts, sont assez courts
et épais ; ceux de derrière, qui en ont
cinq, sont au contraire déliés et très-
jongs : les ongles sont plats et arrondis.
La raine yerte saute avec plus d'agilité
que les grenouilles , parce qu’elle a les
pattes de derrière plus longues en proper
D'EISS REA FINE SC | 3
tion de la grandeur du corps. C'est au mi-
lieu des bois, c’est sur les branches des
arbres qu'elle passe presque toute la belle
saison. Sa peau est si gluante , et ses pe-
lotes visqueuses se collent avec tant de
facilité à tous les corps, Tapie polis
qu'ils soient , que la raine n’a 1 qu'à se
poser sur la branche: la plus unie,
mème sur la surface inférieure des feuilles,
pour s’y attacher de manière à ne pas
tomber. Catesby dit qu’elle a la faculté
de rendre ces pélotes concaves, et de
former par-là un petit vide qui l’attache
plus fortement à la surface qu’elle touche.
Ce même auteur ajoute qu’elles franchis-
sent quelquefois un intervalle de douze
pieds. Ce fait est peut-être exagéré ; mais,
quoi qu'il en soit, les raines sont aussi
MEtlos dans leurs mouvemens que déliées
daus leur forme. RTE |
Lorsque les beaux jours sont venus, on
les voit s’élancer sur les insectes qui sont
à leur portée ; elles les saisissent et les
retiennent avec leur langue, ainsi que les
grenouilles ; et sautant avec vitesse de
rameçau en rameau, elles y représentent
312 HISTOIRE NATURELLE
jusqu’à un certain point les jeux et les |
petits vols des oiseaux ; ‘ces légers habi-
tans des arbres élevés: Toutes les. fois
même qu'aucun préjugé défavorable «
n’existera contre elles ; qu’on examinera
leurs couleurs vives qui se marient avec
le verd des feuillages et l'émail des fleurs;
qu'on remarquera leurs ‘ruses et leurs
embuscades ;. qu’on les suivra des yeux
dans leurs petites chasses ; qu’on les verra
s’élancer à plusieurs pieds de distance, se
tenir avec facilité sur les feuilles dans la
situation la plus renversée , et s’y placer
d’une manière qui paroîtroit merveil- |
leuse ,.si l’on ne connoissoit pas l'organe
qui leur a été donné pour s'attacher aux
corps les plus unis; n’aura-t-on pas
presque autant de plaisir à les observer
qu'à considérer le plumage, les ma-,
nœuvres et le vol de plusieurs espèces
d'oiseaux ?
L'habitation des raines au sommet de
nos arbres est une preuve de plus de
cette analogie et de cette ressemblance
d'habitudes que l’on trouve même entre
Jes classes d'animaux qui paroissent les,
VS LC. 2 | É w ”
"Se: ; 2
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DIE S :R A LIN ESS. 313
plus différentes les unes des autres. La
dragonne , l’iguane , le basilic, le camé-
léon , et d’autres lézards très-grands , ha-
bitent au milieu des bois , et même sur
les arbres; le lézard aïlé s’y élance comme
l'écureuil, avec une facilité et à des
distances qui ont fait prendre ses sauts
pour une espèce de vol. Nous retrouvons
encore sur ces mêmes arbres les raines,
qui cependant sont pour le moins aussi
aquatiques que terrestres, et qui pa-
roissent si fort se rapprocher des poissons ;
et tandis que ces raines , ces habitans si
naturels de l’eau, vivent sur les rameaux
de nos forêts, l’on voit, d’un autre côté,
de grandes légions d'oiseaux presque en-
tièrement dépourvus d’ailes n’avoir que
la mer pour patrie , et, attachés, pour
ainsi dire , à la surface de l'onde, passer
leur vie à la sillonner ou à se plonger
dans les flots.
- IL en est des raines comme des gre-
nouilles , leur entier développement ne
s’eflectue qu'avec lenteur; et de même
qu'elles demeurent long-temps dans leurs
véritables œufs, c'est-à-dire, sous l’enve-
27
$r4 HISTOIRE NATURELLE
loppe qui leur fait porter le nom de ré2 1
tards, elles ne deviennent qu’ après un :
temps assez long en état de perpétuer
leur espèce : ce n’ést qu’au bout de trois
ou quatre ans qu'elles s'accouplent. Jus-
qu'à cette époque , elles ‘sont ‘presque
muettes : les mâles mêmes, qui, danis tant
d'espèces d'animaux, ont la voix plus
forte que les femelles, ne se font point.
entendre , comme si leurs cris’ n’étoient
propres qu'à exprimer des desirs qu’ils me.
ressentent pas encore, et à appeler des
compagnes Vers léschitélles ils ne sont
point encore entraînés. \
C’est ordinairement vers la fin du mois
d'avril que leurs amours commencent :
mais ce n’est pas sur les arbres qu’elles.
en goûtent les plaisirs; on diroit qu’elles
veulent se soustraire à tous les regards,
ct se mettre à l'abri de tous les dangers,
pour s'occuper plus pleinement, sans dis-
traction et sans trouble, de l’objet auquel
elles vont s'unir ; ou bien il semble que
leur première patrie étant l’eau, c’est.
dans cet élément qu’elles reviennent
jouir dans toute son étendue d'üue
IMESTRIEINES. À 315
existence qu'elles y ont reçue, et qu'elles
sont poussées par üne sorte d’instinct à
ne donner le jour à de petits êtres scm-
blables à elles que dans Îles asyles favo-
rables où als trouveront en naissant la
nowriture et la sûreté qui leur ont été
nécessaires à elles-memes dans les pre-
miers mois où elles ont vécu; ou plutôt
encore c'est à l’eau qu’elles retournent
dans le temps de leurs amours, parce
que ce n’est que dans l'eau qu’elles
peuvent s'unir de la manière qui con-
vient le mieux à leur organisation.
Les raines ne vivent dans les bois que
pendant le temps de leurs chasses ; car
c'est aussi au fond des eaux et dans le
mon des lieux marécageux qu’elles se
cachent pour passer le temps de l'hiver
et de leur engourdissement.
- On les trouve donc dans les étangs dès
la fin du mois d'avril, ou au commence-
ment de mai : mais , comme si elles ne
pouvoicnt pas renoncer, même pour un
temps très-court, aux branches qu’elles
ont habitées , peut-être parce qu’elles
ont besoin d'y aller chercher laliment
. & 'OARTÉ h Ab. Le +
3:16 HISTOIRE NATURELLE
qui leur convient le plus lorsqu'elles sont
entièrement développées, elles choisissent
les endroitsimarécageux entourés d’arbres:
c'est là que les mâles gonflant leur gorge,
qui devient brune quand ils sont adultes,
poussent leurs cris rauques et souvent
répétés , avec encore plus de force que la
grenouille commune. À peine l’un d'eux
fait-il entendre son coassement reten-
tissant, que tous les autres mêlent leurs
sons discordans à sa voix; et leurs cla-
meurs sont si bruyantes, qu’on les pren-
droit de loin pour une meute de chiens
qui aboient , et que, dans les: nuits
tranquilles , leurs coassemens réunis sont
quelquefois parvenus jusqu’à plus d’une
lieue , sur-tout lorsque la ré étoit
prête à tomber. |
_ Les raines s’accouplent comme les.gre-
nouilles : on apperçoit le mâle et la fe-
melle descendre souvent au fond de l'eau
pendant leur union , et y demeurer assez
de temps; la femelle paroît agitée de
mouvemens convulsifs , sur-tout lorsque
le moment de la ponte approche; ete
mâle y répond en approchant. plusieurs
: SA
PS TR A NÉE CI el
fois l'extrémité de son corps, de inanière
à féconder plus aisément les œufs à leur
sortie.
Quelquefois les femelles sont délivrées,
en peu d'heures , de tous les œufs qu’elles
doivent pondre; d’autres fois elles ne
s’en débarrassent que dans quarante-huit
heures , et même quelquefois plus de
temps : mais alors il arrive souvent que
le mâle lassé, et peut-être épuisé de
fatigue , perdant son amour avec ses
desirs , abandonne sa femelle, qui ne
pond plus que des œufs stériles.
La couleur des raines varie après leur
accouplement : elle est d’abord rousse,
et devient grisâtie tachetée de roux; elle
est ensuite bleue , et enfin verte.
Ce n’est ordinairement qu'après deux
mois que les Jeunes raines ont la forme
qu’elles doivent conserver toute leur vie :
mais dès qu’elles ont atteint teur dévelop-
pement , et qu’elles peuvent sauter et
bondir avec facilité, elles quittent les
caux ct gagnent les bois.
On fait vivre aisément la raine verte
dans les maisons , en lui fournissant une
27 0
y
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DT A PE FRANS RE Dig is
818 HISTOIRE NATURELLE
température et une nourriture conve: 1
nables. Comme sa couleur vazie très-sou-
vent, suivant l'âge, la saison et le cli-
mat, et comme lorsque l'animal estmort, \
le verd du dessus de son corps se change |
souvent en bleu, nous présumons que
l'on doit regarder comme une variété de
cette raine celle que M. Boddaert a dé-
crite sous le nom de grenouille à deux
couleurs. |
Cette dernière raine faisoit partie de la.
collection de M. Schlosser , et avoit été
_ apportée de Guinée. Ses pieds n’étoient
pas palmés ; ses doigts étoient garnis de
pelotes visqueuses : elle en avoit quatre
aux pieds de devant, et cinq aux pieds
de derrière. La couleur du dessus de son.
corps étoit bleue , et le jaune régnoit sur
tout le dessous. Le museau étoit un peu
- avancé; la tête plus large que le corps,
ct la lèvre supérieure un peu fendue.
On rencontre la raine verte en Europe,
en Afrique et en Amérique. Mais, indé-
pendamment de cette espèce, les pays
étrangers offrent d'autres quadrupèdes
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Re : LDES RAINES. NU
ovipares sans queue, et avec des plaques
_ visqueuses sous les doigts. Nous allons
_ présenter les caractèges particuliers de ces
diverses raines.
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Ox trouve dans l'ile de Lemnos une
raine qu'il est aisé de distinguer d'avec
les autres , parce que sur son corps
arrondi et plane s'élève une bosse bien
sensible. Ses yeux sont saillans ; et les
doigts de ses pieds , garnis de pelotes
gluantes comme celles de la raine com-
mune , sont en même témps réunis par
une membrane. Elle est la proie des.
serpens. Il paroît que cette espèce, qui
appartient à l’ancien continent , se ren-
contre aussi à Surinam ; mais elle y a .
subi l'influence du climat, et y forme
une variété distinguée par les taches que
le dessus de son corps présente.
} Le
à d ; :
ré e- : (]
*
| RARES |R A ENE)S,
LA BRUNE.
mr «
Crrrr raine , que M. Laurenti a le
premier décrite, säns indiquer son pays
natal, mais qui nous paroît devoir ap-
parteuir à l'Europe , est distinguée d'avec
les autres par sa couleur brune , et par
des tubercules en quelque sorte déchi-
quetés qu’elle a sous les pieds.
La raine ou grenouille d’arbre dont
parle Sloane sous le nom de raza arborea
maxina, et qui habite la Jamaïque,
pourroit bien être une variété de la
“ brune; sa couleur est foncée comme celle
_ de la brune. A la vérité, elle est tachetée
de verd , et elle a de chaque côté du cou
une espèce de sac ou de vessie conique ;
mais les différences de cette raine qui vit
en Amérique , avec la brune qui paroît
habiter l'Europe, pourroient être rappor-
tées à l’influence du climat , ou à celle
de la saison des amours, qui , dans
presque tous les animaux , rend plu-
Siçurs parties beaucoup plus apparentes
a
1 "
E LLE habite en Amérique : sa couleur
est d’un blanc de neige ,.avec des taches
d’un blanc moins éclatant; le bas-ventre
présente des bandes d'une couleur cen- :
drée pâle ; l'ouvérture..de. la gueule est
très-grande. Une variété. de ceite espèce ,
au lieu d’avoir le dessus du corps d'un
blanc de neige, l’a d'unccouleur blènÿtre ;
un peu nlatahées
LA FLUTEUSE
e
. à
du \
À Fa
sas d:
Csrrs espèce a le corps d’un blanc
de neige suivant M. Laurenti , de cou-
leur jaune suivant Seba , et tacheté de
rouge. Les pieds de derrière sont palmés,
et le mâle , en coassant , fait enfler deux
vessies qu'il a des déc côtés du cou,
et que l’on a comparées à des flûtes. Shi |
vant Seba , elle coasse mélodieusernent :
mais je crois qu'il ne faut pas avoir
l'oreille très-délicate pour se plaire à la
mélodie de la füteuse. Cette raine se tait
pendant les jours froids et pluvieux , et
son cri annonce le beau temps ; elle est
opposée en cela à la grenouille commune,
dont le coassement est au contraire un
indice de pluie. Mais la sécheresse ne doit
pas agir également sur les animaux dans
deux climats aussi différens que ceux de
l’Europe et de l'Amérique méridionale.
Le mäûle Ge la raine couleur-de-lait ne
34 HISTO
pourroit-il pas a
qu'il n’enfléroit
que dans ri s de ses amours , LÉ dès-
me devroit-elle pas être
“une variété dela couleur-
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| L E corps de cette raine est jaune , avec
une teinte légère de roux, et son dos
est comme circonscrit par une file de
points roux plus ou moins foncés. Seba
dit qu’elle ne diffère de la flûteuse que
par le défaut des vessies de la gorge. Elle
vit à Surinam.
On rencontre au Bresil une raine dont
le corps est d’un jaune tirant sur la cou-
leur de l’or. Son dos est , à la vérité, pa-
« naché de rouge , et on l’a vue d’une mai-
Bereur si grande , qu’on en a tiré le nom
de raine squelette qu'on lui a donné : mais
les raines , ainsi que les grenouilles , sont
sujettes à varier beau , par l’abon-
dance ou le défaut Fr nt même
dans un très-court espace de temps. Nous
pensons donc que la raine squelette , vue
dans d’autres momens que ceux où elle
a été observée, n’auroit is pas
LE I I. s, di 48 « 4
| paru assez maigre
_ différente de l'or .
“une variété
d’ autres cir |
LA ROUGE.
Ox» la trouve en Amérique ; elle a la
tête grosse , l'ouverture de la gueule
grande , et sa couleur est rouge.
M. le comte de Buffon a fait men-
tion , dans l’histoire des perroquets ap-
pelés cricks, d’un petit quadrupède ovi-
- pare sans queue de l'Amérique méridio-
nale , dont se servent les Indiens pour
donner aux plumes des perroquets une
belle couleur rouge ou jaune ; ce qu'ils
appellent tapirer. Is arrachent pour cela
les plumes des jeunes cricks qu'ils ont
enlevés dans leur nid; ils en frottent la
place avec le sang de ce quadrupède ovi-
pare ; les plumes qui renaissent après cette
opération , au lieu d’être vertes , comme
, auparavant , sont jaunes ou rouges. Ce
quadrupède ovipare sans queue vit com-
munément dans les bois. Il y a au Ca-
binet du roi plusieurs individus de cette
LL ‘ot ARE
_ (DES RAINES. 327
a ; £
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ds ANA ee Ge RAR AN à je 1) EE SVT
de Mitore D
L'UDRR LR
d après lesquels il < est aisé 2 voir qu'il e est
du genre des raines , puisqu'il a des pla-
ques visqueuses au bout des doigts ; ce qui
s'accorde fort bien avec l'habitude qu a:
a de. demeurer au ruilicn dés
paroît que la couleur de cette raine tire
sur le rouge ; elle présente sur le dos
deux bandes longitudinales, irrégulières ,
d’un blanc jaunâtre , ôu même couleur
d’or. Il me semble qu’ou doit regarder
cette jolie et petite raine comme une
variété de la rouge, ou peut-être de l’oran-
gée. Combien les grenouilles , les cra-
pauds et les raines ne varient-ils pas,
suivaprt l’âge, le sexe , la saison et l’abon-
dance ou la disette qu’ils éprouvent! La |
raine à tapirer a ; comme la rouge, la »
tête grosse en proportion du corps, et
l'ouverture de la gueule est grande.
Au reste, 1l est bon de remarquer que
nous retrouvons sur les raines de l’Aimé-
rique méridionale les belles couleurs que
la Nature y a accordées aux grenouilles ,
et qu'elle y a prodiguées aussi avec tant
de magnificence aux oiseaux, aux insectes
et aux papillons. G
Quadrupèdes ovipares sans queue, qué
ont le corps ramassé et airondt.
GBA AU: DS:
LE CRAPAUD COMMUN *.
D srvis long-temps l’opinion a flétri
cet animal dégoûtant, dont l’approche
révolte tous les sens. L'espèce d'horreur
avec laquelle. on le découvre, est pro-
duite même par l’image que le souvenir
en retrace; beaucoup de gens ne se le
représentent qu’en éprouvant une sorte
de frémissement , et les personnes qui ont
le tempérament foible et les nerfs déli-
cats, ue peuvent en fixer l’idée sans
* Bufo, en latin; oaë, en anglois.
28
339 HISTOIRE NATUREL
croire sentir dans leurs veines le
glacial que l’on a dit accompagner l’at-
touchement du crapaud : tout en est vi-
lain , jusqu’à son nom, qui est devenu le
signe d’une basse difformité. On s’étonne
toujours lorsqu'on le voit constituer une
espèce constante , d'autant plus répandue
que presque toutes les températures lui
conviennent , et en quelque sorte d’au-
tant plus durable que plusieurs espèces
voisines se réunissent pour former avec
lui une famille nombreuse. On est tenté
de prendre cet animal informe pour un
produit fortuit de l'humidité et de la
pourriture, pour un de ces Jeux bizarres
qui échappent à la Nature ; et on n’ima-
gine pas comment cette mère commune,
qui a réuni si souvent tant de belles pro-
portions à tant de couleurs agréables , et
qui même a donné aux grenouilles et aux
_ froid
raines une sorte de grace, de gentillesse
et de parure , a pu imprimer au crapaud
une forme si hideuse. Et que l’on ne croie
pas que ce soit d’après des conventions
arbitraires qu’on le regarde comme un
des êtres les plus défavorablement traités :
à sis RAR" M > PRE Ed Mu at 4
&- "4 | |
à 4 1
7
LE
L
DES CRAPAUDS. 33r
il paroît vicié dans toutes ses parties. S'il
a des pattes, elles n’élèvent pas son corps
disproportionné au-dessus de la fange
qu'il habite. S'il a des yeux, ce n’est
point, en quelque sorte, pour recevoir
une lumière qu'il fuit. Mangeant des
herbes puantes ou vénéneuses, caché
dans la vase, tapi sous des tas-de pierres,
retiré dans des trous derocher, sale dans
son habitation, dégoûtant par ses habi-
tudes , difforme dans son corps, obscur
dans ses couleurs, infect par son haleine,
ne se soulevant qu'avec peine, ouvrant,
lorsqu'on l’attaque , une gueule hideuse,
n'ayant pour toute puissance qu’une
grande résistance aux coups qui le frap-
peut, que l’inertie de la matière , que
l’opinmiâtreté d’un être stupide , n’em-
ployant d'autre arme qu’une liqueur fé-
tide qu’il lance, que paroît- il avoir de
bon , si ce n’est de chercher, pour ainsi
dire, à se dérober à tous les yeux, en
fuyant la lumière du Jour ?
Cet être ignoble occupe cependant une
assez grande place dans le plan de la Na-
ture : elle l’a répandu avec bien plus de
Ci
(u
î
3% HISTOIRE NATUREL
profusion que beaucoup d'objets chéris.
de sa complaisance maternelle. Il 7.
qu’au physique, comme au moral,
qui est le plus mauvais, est le plus feile
à produire ; et, d'un ati côté, on diroit
que la Nature a voulu, par ce frappant
contraste, relever la beauté de ses autres
ouvrages. Donnons done dans cette his-
toire une place assez étendue à ces êtres :
sur lesquels nous sommes forcés d’arrêter
un moment l'attention : ne cherchons
même pas à ménager la délicatesse; ne
craignons pas de blesser les regards,
tâchons de montrer le crapaud tel qu'il
est.
Son corps, arrondi et ramassé, a plutôt
l'air d’un amas informe et pétri au ha-
zard, que d’un corps organisé , arrangé
avec ordre, et fait sur un modèle. Sa
couleur est ordinairement d’un gris li-
vide , tacheté de brun et de jaunâtre;
quelquefois, au commencement du prin-
temps, elle est d’un rouxsale, qui de-
vient ensuite , tantôt presque noir, tantôt,
-olivâire, et tantôt roussâtre. Il est encore
enlaidi par un grand nombre de verrues
!
2 COR AO RÉ RNTE E à PLANTE Pr
à
S L | > j " Ê #
*Ÿ =
M'RORA SIC OR ACTA UD SM 3330!
ou plutôt de pustules d’un verd noirâtre,
ou d’un rouge clair. Une éminence très-
* alongée , faite en forme de rein, molle et
percée de plusieurs pores très-visibles, est
placée au-dessus de chaque oreille. Le
conduit auditif est fermé par une lame
membraneuse. Une peau épaisse, dure,
et très-diflicile à percer, couvre son dos
applati ; son large ventre paroît toujours
enflé ; ses pieds de devant sont très-peu
alongés, et divisés en quatre doigts, tan-
dis que ceux de derrière ont chacun six
doigts réunis par une membrane *. Au
lieu de se servir de cette large patte pour
sauter avec agilité, il ne l’emploie qu'à
comprimer la vase humide sur laquelle
il -repose ; et au-devant de cette masse,
qu'est-ce qu’on distingue? Une tête un
peu plus grosse que le reste du corps,
comme s’il manquoit quelque chose à sa
difformité ; une grande gueule garnie de
mâchoires raboteuses, mais sans dents ;
des paupières gonflées, et des yeux assez
gros , saillans, et qui révoltent par la co-
* Le doigt intérieur est gros, mais très-court et
peu sensible dans le squelette.
\
334 HISTOIRE NATURELLE
. Ière qui paroît souvent les animer. On est
tout étonné qu'un animal qui ne semble
pétri que d’une vile et froide boue, puisse
sentir l’ardeur de la colère, comme si la
Nature avoit permis ici aux extrêmes de
se mêler, afin de réunir dans un seul être
tout ce qui peut repousser l'intérêt. 1l
s’irrite avec force pour peu qu’on le tou-
che ; il se gonfle, et tâche d'employer
ainsi Sa vaine puissance : 1l résiste long-
temps aux poids avec lesquels on cherche
à l’écraser ; et 1l faut que toutes ses parties
et ses vaisseaux soient bien peu liés entre
eux, puisqu'on a vu des crapauds qui,
percés d’outre en outre avec un pieu,
ont cependant vécu plusieurs Jours, étant
fichés contre terre. |
Tout se ressent de la grossièreté de lat-
mosphère ordinairement répandue au-
tour du crapaud , et de la disproportion
de ses membres ; non seulement il ne
peut point marcher, mais il ne saute qu'à
une très-petite hauteur : lorsqu'il se sent
pressé, il lance contre ceux qu'il pour-
suit, les sucs fétides dont il est imbu ; il
fait jaillir une liqueur limpide que l'on
DES CRAPAUDS. 335 .
dit être son urine, et qui, dans certaines
circonstances, est plus ou moins nuisible.
Il transpire de" tout son corps une humeur
laiteuse , et 1l découle de sa bouche une
bave qui peut infecter les herbes et les
fruits sur lesquels il passe , de manière à
incommoder ceux qui en mangent sans
les laver. Cette bave et cette humeur tai-
‘teuse peuvent être un venin plus où
moins actif, ou un corrosif plus ou moins
fort , suivaut la température, la saison,
et la nourriture des crapauds, l'espèce de
’animal sur lequel il agit , et la nature
de la partie qu'il attaque. La trace du
crapaud peut donc être, dans certaines
circonstances , aussi funeste que son as-
pect est dégoutant. Pourquoi donc laisser
subsister un animal qui souille et la terre
et les eaux, et même le regard ? Mais com-
ment anéantir une espèce aussi féconde
et répandue dans presque toutes les con-
trées ?
Le crapaud habite pour l'ordinaire dans
Îes fossés, sur-tout dans ceux où une eau
fétide croupit depuis long-temps; on le
trouve dans les fumiers , dans les caves,
; LS 4
Re as
RÉ
36
qui le blesse en choisissant de préférence
les endroits ombra
dans ru antres he ss des. forêts k:
où il peut se dérober aisément à la clarté
s, sombres, solitaires, |
Le enfoncant sous les etsous |
cu
les tas de pierres : et combiende fois n’a-
t-on pas été saisi d’une espèce d’h ur,
lorsque , soulevant quelque, gros : aillows
dans des bois humides, on a découvert
‘un crapaud accroupi contre terre, ani-.
mant ses gros yeux, et gonflant sa masse
pustuleuse ? ji
C’est dans ces divers asyles obsour
qu il se tient renfermé pendant tout.
jour, à moins que la pluie ne l'oblige. À
en sortir. L
Il y a des pays où les crapauds sont si
fort répandus, comme auprès de Car-.
thagène et de Porto - Bello en Amérique, |
que nou seulement lorsqu'il pleut ils y!
couvrent les terres humides ‘et maréca-
. geuses, mais encore les rues, les jardins
t les cours, et que les habitans de ces
provinces de Carthagène et de Porto-Bello
ont cru que chaque goutte de pluie étoit
changée en crapaud, Ces animaux pré
DES CR AP AUPS. rx, AOL
sentent même, dans ces contrées du nou-
veau monde, ün volume considérables;
les moins grands ont six pouces de lon- #h,
gueur. Si c’est pen nc
pluie tombe, üls abandonnent presqu
tous leur retraite, et alors ils tee
se toucher sur ja surface de la terre,
qu'on diroit qu'ils ont entièrement enva-
hie. On ne peut sortir sans les fouler aux :
pieds, et on prétend même qu'ils y font
des morsures d'autant plus dangereuses,
_ qu'indépendamment de leur grosseur , ils
Lot dit-on, très-venimeux. Il se pour-
_roit en effet que l’ardeur de ces contrées,
et la nourriture qu'ils y prennent, viciât
encore davantage la nature de leurs hu-
__
2
meurs.
Pendant l'hiver, les crapauds se réu-
nissent plusieurs ensemble, dans les pays
où la température devenant trop froide
pour eux, les force à s’engourdir; ils”
se ramassent dans le même trou, appa-
remment pour augmenter et prolonger
le peu de chaleur qui leur reste encore.
_ C’est dans ce temps qu’on pourroit plus
facilement les trouver, qu'ils ne pour-
24
338 HISTOIRE NATURELLE.
roient fuir, et qu'il faudroit chercher à à.
diminuer Héir nombre.
Lorsque les crapauds sont réveillés de
leur long assoupissement, ils choisissent
la nuit pour errer et chercher leur nour-
riture: ils vivent, comme les grenouilles,
d'insectes, de vers, de scarabées, de
limacons ; mais on dit qu'ils mangent
aussi de la sauge, dont ils aiment l’ombre,
et qu'ils sont sur-tout avides de ciguë,
que l’on a quelquefois appelée le persil du
crapaud.
Lorsque les premiers Jours SP du
printemps sont arrivés , on les entend
vers le coucher du soleil, Jeter un cri
assez doux : apparemment c’est leur cri
d'amour ; et faut-il que des êtres aussi
hideux en éprouvent l’inflüence, et qu'ils
paroissent même le ressentir plus tôt que
les autres quadrupèdes ovipares sans
4
queue ? Mais ne cessons jamais d’etre his-
torien fidèle; ne négligeons rien de ce
qui peut diminuer l'espèce d'horreur avec
laquelle on voit ces animaux; et en
rendant compte de la manière dont ils
s'unissent, n’omettons aucun des soins
ES FE"
‘#
à
DES CRAPAUDS 339
qu'ilsse donnent, et qui paroîtroient sup-
poser en eux des attentions particulières de
et une sorte d'affection pour leurs fe-
melles. TU
C'est en mars ou en avril que Îles cra-
pauds s’accouplent : le plus souvent c’est
dans l’eau que leur union a lieu, ainsi
que celle des grenouilles et des raines.
Mais le mâle saisit sa femelle souvent fort
loin des ruisseaux ou des marais ; il se
place sur son dos, l’embrasse étroite-
ment , la serre avec force : la femelle,
quoique surchargée du poids du mâle,
est obligée quelquefois de le porter à des
distances considérables ; mais ordinaire-
ment elle ne laisse échapper aucun œuf
que lorsqu’elle a rencontré l’eau.
Ils sont accouplés pendant sept ou huit
Jours, et même pendant plus de vingt,
lorsque la saison ou le climat sont froids;
ils coassent tous deux presque sans cesse,
et le mâle fait souvent entendre une sorte
de grognement assez fort , lorsqu'on veut
l’arracher à sa femelle, ou lorsqu'il voit
approcher quelque autre mâle, qu'il sem-
ble regarder avec colère, et qu'il tâche
CRD HUE 9e ML Qu TT
Vie A AT de. Re
34e HISTOIRE CNATUREËLE
de repousser en alongeant ses pattes de” |
derrière. Quelque Hlésairie qu'il éprouve,
il ne la quitte pas: si on l’en sépare par
force , il revient à elle dès qu’on le laisse
libre , et il s'accouple dé nouveau , quoi-
que privé de plusieurs membres , et tout.
couvert de plaies sanglantes. Vers la fin
de l’accouplement, la femelle pond ses
œufs ; le mâle les ramasse quelquefois
avec ses pattes de derrière, et les entraîne
au-dessous de son anus, dontils paroissent
sortir ; il les féconde et les repousse en-
suite. Ces œufs sont renfermés dans une |:
liqueur transparente , visqueuse, où ils
forment comme deux cordons toujours
attachés à l’anus de la femelle. Le mâle
et la femelle montent alors à la surface
dè l’eau pour respirer; au bout d’un quart
d'heure ils s’enfoncent une seconde fois
pour pondré ou féconder de nouveaux
œufs ; et ils paroissent ainsi à la surface
des marais, et disparoissent plusieurs
fois. À chaque nouvelle ponte, les cor-
dons qui renferment les œufs s’alongent
de quelques pouces : il y a ordinairement
neuf ou dix pontes. Lorsque tous les œufs
1 Me ? NUE" © + Ÿ
DES CRAPAUDS. 34
sont sortis et fécondés , ce qui n'arrive
souvent qu'après douze heures, les cor-
dons se détachent ; ils ont Na quelque-
fois plus de quarante pieds de long; les
œufs , dont la couléur est noire , y sont
rangés en deux files, et placés de ima-
nière à eccuper le plus petit espace pos-
sible : on a rencontré de ces œufs à sec
dans le fond de bassins et de fossés dont
l’eau s’étoit évaporée. ;
Les crapauds craignent autant la lu-
mière dans le moment de leurs plaisirs
que dans les autres instans de leur vie :
aussi n'est-ce qu'à la pointe du Jour, et
même souvent pendant la nuit, qu'ils
s'unissent à leurs femelles. Les besoins
du mâle paroissent subsister quelquefois
après que ceux de la femelle ont été sa-
üsfaits , c’est-à-dire après la ponte des
œufs. M. Roesel en a vu rester accouplés
_ pendant plus d’un jour, quoique la fe-
melle ni le mâle ne laissassent rien sortir
de leur corps, et qu’en disséquant la
femelle , il ait vu ses ovaires vides. On
retrouve donc dans cette espèce la force
tyrannique du mâle, qui n’attend pas,
29
342 HISTOIRE NATURELLE tin
pour s'unir de nouveau à sa femelle ?
qu'un besoin mutuel les rassemble- par
la voix d’un amour commun, Mais qui
la contraint à servir à ses Jouissances
Cet \ n
lors même que ses desirs ne sont plus :
partagés ; et cet abus de la force qu'il
peut exercer sur elle, ne paroît-1l pas
exister aussi dans la mamière dont il s’en !
empare, pendant qu'ils sont encore éloi-
snés du seul endroit où ses jouissances
semblent pouvoir être communes à celle.
qu'il s’est soumise ? Il se fait porter par
elle, et commence ses plaisirs, pendant
qu elle ne paroît ressentir encore L la
peine de leur union.
Nous devons cependant convenir ques
dans la ponte , les mâles des crapauds se
donnent quelquefois plus de soins que
ceux des grenouilles, non seulement pour
féconder les œufs, mais encore pour les
faire sortir du corps de leurs femelles,
lorsqu'elles ne peuvent pas se défaire
seules de ce fardeau. On ne peut guère en :
douter d’après les observations de M. De-
mours sur un crapaud terrestre trouvé
par cet académicien dans le Jardin du
eds CAUS
f \
DES CRAPAUDS. 343
roi, surpris , troublé, sans être inter-
rompu dans ses soins, et non seulement
accouplé hors de l’eau, mais encore ai-
dant avec ses pattes de derrière la sortie
des œufs, que la femelle ne pouvoit pas
faciliter par les divers mouvemens qu’elle
exécute lorsqu'elle est dans l’eau ?
Au reste, des œufs abandonnés à terre
ne doivent pas éclore, à moins qu'ils ne
tombent dans quelques endroits assez
obscurs , assez couverts de vase , et assez
pénétrés d'humidité, pour que les petits
crapauds puissent s’y nourrir et s’ y déve-
lopper *.
Les cordons augmentent de volume en
même temps et en même proportion que
les œufs, qui, au bout de dix ou douze
1 M. Laurenti a fait une espèce particulière du
crapaud observé par M. Demours ; il lui a donné
le nom de bufo obstreticans : mais nous ne voyons
rien qui doive faire séparer cet animal du crapaud
commun. |
2 Les œufs des crapauds se développent, quoi-
que la température de l’atmosphère ne soit qu’à
six degrés au-dessus de zéro du thermomètre de
Réaumur.
44 HIS TOIRE RAM RTES Pr
Jours, ont le déubleide: grosseur que lors
de la ponte ; les globules renfermés dans
ces œufs , et qui d’abord sont noirs d'un
côté et blanchâtres de l’autre, se cou-
vrent peu à peu de linéamens ; au éiX-
septième ou dix-huitième jour on ap-
perçoit le petit tétard ; deux ou trois
jours après il se dégage de la matière
visqueuse qui enveloppoit les œufs ; 4l
s’eMorce alors de gagner la surface de
l’eau , mais il retombe bientôt au fond;
au bout de quelques Jours, il a de chaque
côté du cou un organe qui a quelques
rapports avec les ouïes des poissons , qui:
est divisé en cinq ou six appendices fran-
gées , et qui disparoît tout-à-fait le vingt-
troisième ou le vingt-quatrième jour. IL:
semble d’abord ne vivre que de la vase et
des ordures qui nagenñt dans l’eau ; mais
à mesure qu'il devient plus gros, il se
nourrit de plantes aquatiques. Son déve-
loppement se fait de la même manière
que celui des jeunes grenouilles ; et lors-
qu'il est entièrement formé, il sort de:
l’eau , et va à terre chercher les endroits
humides. î
MES" CR AP AUDS. 345
“Il en est des crapauds communs comme.
des autres quadrupèdes ovipares: ils sont
beaucoup plus grands et beaucoup plus
venimeux à mesure qu'ils habitent des
pays plus chauds et plus convenables à
leur nature. Parmi les individus de cette
espèce qui sont conservés au Cabinet du
roi, il y en a un qui a quatre pouces et
demi de longueur, depuis le museau jus-
qu'à l’anus. On en trouve sur la côte d'Or
d’une grosseur si prodigieuse , que lors-
qu'ils sont en repos, on les prendroit
pour des tortues de terre : ils y sont en-
nemis mortels des serpens; Bosman a été.
souvent le témoin des combats que se
livrent ces animaux. Il doit être curieux
de voir le contraste de la lourde masse du
crapaud , qui se gonîle et s’agite pesam-
ment, avec les mouvemens prestes et -
rapides des serpens , lorsqu'irrités tous
les deux, et leurs yeux en feu , l’un ré-
siste par sa force et son inertie aux ef-
forts que son ennemi fait pour l’étouffer
-au milieu des replis-de son corps tor-
tueux , et que tous deux cherchent à se
donner la mort par POUF MIOrSUreS ct
AR A Ji
leur venin fétide , ou leurs liqueurs 6 cor-
rosives,
Ce n’est qu’au bout de quatre ans que
le crapaud est en état de se reproduire.
\ 3
\
“ll
0
Ur
On a prétendu que sa vie ordinaire n'é- »
toit que de quinze ou seize ans : mais sur
quoi l’a-t-on fondé ? avoit-on suivi avec
soin le même crapaud dans ses retraites ‘
écartées ? avoit-on recueilli un assez
grand nombre d'observations ; pour re-
connoître la durée ordinaire ds la vie des
| crapauds, indépendamment de tout acei-
dent et du défaut de nourriture ?
Nous avons au contraire un fait bien
constaté, par lequel il est prouvé qu’un
crapaud a vécu plus de trente-six ans : |
mais la manière dont il a passé sa \ope ms
vie va bien étonner; elle prouve Jusqu'à
quel point la domesticité peut influer sur |
quelque animal que ce soit, et sur-tout,
sur les êtres dont la nature est plus sus-\
ceptible d'altération , et dans lesquels des
ressorts moins compliqués peuvent plus.
aisément , sans se rompre ou se désunir,
} LÉ \
être pliés dans de nouveaux sens. Ce
crapaud a vécu presque toujours dans.
EPST 2 : ' PR
x | Sort
HESICRA PAUMDES, Sy
une maison où il a été, pour ainsi dire,
élevé et apprivoisé. Iln’y avoit pas acquis,
sans doute, cette sorte d'affection que
l'on remarque dans quelques espèces d’a-
nimaux domestiques, et qui étoit trop
incompatible avec son organisation et
ses mœurs ; mais il y étoit devenu fami-
lier. La lumière des bougies avoit été pen-
dant long-temps pour lui le signal du
moment où il alloit recevoir sa nourri-
ture : aussi non seulement 1l la voyoit
sans crainte, mais mêmeul la recherchoit.
Il étoit déja très-gros lorsqu'il futremarqué
pour la première fois ; 1l habitoit sous un
escalier qui étoit devant la porte de la
maison ; il paroissoit tous les soirs au
moment où 1l appercevoit de la lumière,
et levoit les yeux comme s’il eût attendu
qu'on le prît et qu'on le portât sur une
table, où il trouvoit des insectes, des
cloportes , et sur-tout de petits vers qu'il
préféroit peut-être à cause-de leur agita-
tion continuelle ; il fixoit les yeux sur sa
proie ; tout d’un coup il lançoit sa langue
avec rapidité, et les insectes ou les vers
‘y demeuroient attachés, à cause de l'hu-
348 HISTOIRE NATURELLE
meur visqueuse dont l'extrémité de cette.
langue étoit enduite.
Comme on ne lui avoit jamais fait de
mal, il ne s'irritoit point lorsqu'on le
touchoit ; il devint l’objet d’une curio- !
sité générale, et les dames même deman-
dèrent à voir le crapaud familier. 1
Il vécut plus de trente-six ans dans cette
espèce de domesticité ; et 1l auroit vécu
plus de temps peut-être, si un corbeau
apprivoisé comme lui ne l’eût attaqué à
l'entrée de son trou , et ne lui eût crevé.
un œil , malgré tous les efforts qu'on fit.
pour le sauver. Il ne put plus attraper sa .
proie avec la même fâcilité , parce qu'il |
ne pouvoit Juger avec la même justesse
de sa véritable place : aussi périt-il
langueur au bout d’un an.
Les différens faits itelioir vés relativement
à ce crapaud pendant sa domesticité ,
prouvent peut-être qu’on à exagéré la
sorte de méchanceté et les goûts sales de
son espèce. On pourroit dire cependant .
que ce crapaud habitoit l'Angleterre ,.et
par conséquent à une latitude assez éle-
vée pour que toutes ses mauvaises habi
t EUR
DES CR A PA UDS 34
tudes fussent tempérées par le froid. D’ail-
leurs trente-six ans de domesticité, de sû-
reté et d’abondance, peuvent bien chan-
ger les inclinations d’un annual tel que
le crapaud , le naturel des quadrupèdes
ovipares paroissant, pour ainsi dire, plus
flexible que celui des animaux mieux
organisés. Que l’on croie tout au plus
qu'avec moins de dangers à courir, et
une nourriture d’une qualité particu-
lière, l'espèce du crapaud pourroit être
perfectionnée comme tant d’autres es-
pèces. Mais ne faudra-t-il pas toujours
reconnoître dans les individus dont la
Nature seule aura pris soin , les vices de
conformation et OR ES qu’on leur a
attribués ?
Comme l’art de hic peut rendre
presque tout utile, puisqu'il change
quelquefois en médicamens salutaires
les poisons les plus funestes, on s’est:
servi des crapauds en médecine ; on les
y a employés de plusieurs manières ct
contre plusieurs maux.
On trouve plusieurs observations, d’a-
près lesquelles il paroïîtroit , au preinier
30
4
350 HISTOIRE NATURELLE VU
-coup d'œil , qu’ un pes a pu se dé:
velopper in vivre pendant un nombre
prodigieux d'années dans le creux d’un.
arbre ou d’un bloc de pierre, sans aucuné
communication avec l'air extérieur. Mais,
on ne l’a pensé ainsi que parce qu'on,
n’avoit pas bien examiné l’arbre ou la
pierre, avant de trouver le crapaud dans
leurs cavités. Cette opinion ne peut pas.
être admise ; mais cependant on doit re<
garder comme très- sûr qu'un crapaud.
peut vivre très-long-temps , et même jus-
qu'à dix-huit mois, sans prendre aucune
nourriture , en quelque sorte sans respi-
rer, et toujours renfermé dans des boîtes!
scellées exactement. Les expériences de
M. Hérissant le mettent hors de doute ; et,
ceci est une nouvelle confirmation de ce!
que nous avons dit dans notre premier
discours touchant la nature des quadru-
pèdes ovipares.
Voyons maintenant les caractères qui,
distinguent les crapauds différens du.cra*
paud commun, tant en Europe que dans.
des pays étr ameélé: il n’est presque aucune.
latitude où Ja Nature n'ait Ft pronos ces.
Te SP ;
DES 'CRAPAUPDS 35
HERO PAL L Là ï
êtres hideux, dont il semble qu’elle n'a
diversifié les espèces que par de nouvelles
difformités , comme si elle avoit voulu
qu'il ne manquât aucun trait de laideur
\
à ce genre disgracié.
LE VERD.
«
O« trouve auprès de Vienne, dans les
cavités des rochers où dans les fentes
obscures des murailles, un crapaud d’un
blanc livide, dont le dessus du corps est,
marqueté de taches vertes légèrement
ponctuées , entourées d’une ligne noire,
et, le plus souvent, réunies plusieurs en-
semble. Tout son corps est parsemé de
}
1
verrues , excepté le devant dela gueule
et les extrémités des pieds ; elles sont li-
vides sur le ventre , vertes sur les taches
vertes , et rouges sur les intervalles qui
séparent ces taches.
Il paroît que les liqueurs corrosives
que répand ce crapaud , peuvent être
plus nuisibles que celles du crapaud
commun :sa respiration est accompagnée
d’un gonflement de la gueule. Dans la co-
lère, ses yeux étincellent ; et son corps,
enduit d’une humeur visqueuse , répand
%e
Le
à,
tu 1
!
: 1
| 14e) LARGE SRE DRE de MN A ie
… dédiiei. ire,
DES CRAPAUDS. 395:
une odeur fétide , semblable à Celle de la
_morelle des ques (solanum nigrum),
mais beaucoup plus forte. Il tourne tou-
jours en dedans ses deux pieds de devant.
Cemme il habite le même pays que le
crapaud commun, on ne peut décider
que d’après plusieurs observations si les
différences qu’il présente, quant à ses
couleurs , à la disposition de ses Ver rues ,
etc. doivent établir entre cet animal et
le crapaud commun une diversité d’es-
pèce ou une simple variété plus ou moins
constante. Suivant M. Pallas , le crapaud
verd , qu'il nomme ana silibunda , se
trouve en assez grand nombre aux envi-
rons de la mer Caspienne.
=
LE RAYON-VERD.
]
Nous placons à la suite du verd ce
crapaud , qui pourroit bien n’en être
qu’une variété. Il est couleur de chair ;
son caractère distinctif est de présenter
des lignes vertes, disposées en rayons. Il.
a été trouvé en Saxe.
Nous invitons les naturalistes qui ha-
bitent l'Allemagne , à rechercher si l’on.
ne doit pas rapporter au rayon-verd,
comme une variété plus ou moins dis-
tincte, le crapaud trouvé en Saxe, parmi |
des pierres, par M. Schreber, et que
M. Pallas a fait connoître sous le nom de
grenouille changeante.
Ce crapaud est de la grandeur de le
grenouille commune; sa tête est arrondie;
sa bouche sans dents; sa langue épaisse”
et charnue ; les paupières supérieures.
sont à peine sensibles ; le dessus du corps
est parsemé de verrues. Les pieds de de-"
DES CRAPAUDS. 35
vant ont quatre doigts ; ceux de derrière
en ont cinq, réunis par une membrane.
M. Edler , de Lubeck , a découvert que
ce crapaud changelsouvent de couleur,
ainsi que le caméléon et quelques autres
lézards; ce qui établit un nouveau rap-
port entre les divers genres des quadru-
pèdes ovipares. Lorsque ce crapaud est en
mouvement, sa couleur est blanche, par-
semée de taches d’un beau verd, et ses
verrues paroissent Jaunes. Lorsqu'il est en
repos , la couleur verte des taches se
change en un cendré plus ou moins foncé.
Le fond blanc de sa couleur devient aussi
cendré lorsqu'on le touche et qu'on lin-
quiète. Si on l’expose aux rayons du so-
leil dont il fuit la lumière, la beauté de
ses couleurs disparoît , et il ne présente
plus qu’une teinte uniforme et cendrée.
Un crapaud de la même espèce, trouvé
engourdi par M. Schreber, présentoït
entre les taches vertes une couleur de
chair semblable à celle du rayon-verd.
SA A APNEX APTE PERS OPEN MP ASES
SG # pen RATE OMAN: Ÿ
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6: Pas et
* {
356 HISTOIRE NATURELBE
LUE : BR UN 0e
»
ut
C £ crapaud a la peau lisse, sans aucune
verrue , et marquetée de grandes taches
brunes qui se touchent : les plus larges
et les plus foncées sont sur Le dos, au mi-
lieu et le long duquel s'étend une petite
bande plus claire. Les yeux sont remar-
quables en ce que la fente que laisse la
paupière en se contractant , est située
verticalement au lieu de l’être transver-
salement. Sous la plante des pieds de der- :
rière qui sont palmés , on remarque un
faux ongle qui a la dureté de la corne. La
femelle est distinguée du mâle par les
taches qu’elle a sous Le ventre.
Ce crapaud se trouve plus fréquem-
ment dans les marais qu’au milieu des:
terres. Lorsqu'il est en colère , il exhale
«
une odeur fétide semblable à celle de.
l'ail , ou de la poudre à canon qui brüle;
et cette odeur est assez forte pour faire
pleurer, ; \
DES CRAPAUDS 357:
Dans l’accouplement , le mâle paroît
prendre des soins particuliers pour facili-
ter la ponte des œufs de la femelle. Roesel
soupconne qu'il est venimeux; et ÂActius
et Gesner assurent mêfme qu'il peut don-
ner la mort , soit par son souffle empoi-
_ sonné lorsqu'on l’approche de trop près,
soit lorsqu'on mange des herbes impré-
- guées de son venin. Sans doute l’assertion
de Gesner et d’Actius peut être exagérée :
mais il restera toujours aux crapauds , et
sur-tout au crapaud brun, assez de qua-
lités malfaisantes pour justifier l’aversion
qu'ils inspirent.
11 paroît que c’est le crapaud brun que
M. Pallas a nommé ana ridibunda ( gre-
nouille rieude }, qui se trouve en grand
nombre aux environs de la mer Cas-
pienne , et dont le coassement , entendu
de loin, imite un peu le bruit que l’on
fait en riant. |
[AE qe
558 HISTOIRE NATUR
ELLE
LE CALAMITE.
\
C'rsr encore un crapaud d'Europe qui
a beaucoup de ressemblance avec le cra-
paud brun, mais qui en diffère cependant
assez pour constituer une espèce distincte.
Il a le corps un peu étroit. Ses couleurs
sont très-diversifiées : son dos, qui est
olivâtre, présente trois raies longitudi-.
nales , dont celle du milieu est couleur …
de soufre , et les deux des côtés, ondulées
et dentelées, sont d’un rouge clair, mélé.
d'un jaune plus foncé vers les parties in-
férieures ; les côtés du ventre , les quatre”
pattes et le tour de la gueule, sont mar- ;
quetés de plusieurs taches inégales et oli=
vâtres. | -
Voilà la disposition générale des cou=#
leurs de la peau, sur laquelle s'élèvent”
des pustules brunes sur le dos, rouges”
vers les côtés, d’un rouge pâle près des”
oreilles, et d’une couleur de chair écla=s
-Léi NE Or , (2 ds
En | 5
DES CRAPAUDS. 359
tante vers les angles de la bouche, où
elles sont groupées.
L'extrémité des doigts est noirâtre, et
garnied'une peau dure comme dela ne,
qui tient lieu d'ongle à l'animal. Au-des-
sous de la plante des pieds de devant se
trouvent deux espèces d'os ou de faux
ongles, dont le calamite peut se servir
pour s’accrocher : les doigts des pif de
derrière sont séparés.
Le calamite se tient, pendant le jour,
dans les fentes de la terre et dans les ca-
vités des murailles. Au lieu d’être réduit
à ne se mouvoir que par sauts, comme les
autres quadrupèdes ovipares sans queue,
il grimpe, quoiqu’avec peine, et en s’ar-
rétant souvent. À l’aide de ses faux ongles
et de ses doigts séparés, 1lmonte quelque-
fois le long des murs, jusqu’à la hauteur
de quelques pieds, pour gagner sa re-
traite.
On ne trouve pas ordinairement les
calamites seuls dans leurs trous ; ils y
sont rassemblés et ramassés au nombre
de dix ou douze. C’est la nuit qu'ils sortent
de leur asyle , et qu’ils vont chercher leur
360 LS D DR ATUR ET Ée
nourriture. Pour éloigner leurs ennemis ,
ils font suinter au travers de leur peau
une liqueur dont l'odeur , semblable à
celle de la poudre CHA RAM Le est encore
plus forte.
Au mois de) juin , ceux qui ont atteint
l’âge de trois ans, et à peu près leur entier
accroissement , se rassemblent pour s’ac-
coupler sur le bord des marais remplis de
jones, où ils font entendre un coassement
retentissant et singulier. On pourroit pen-
ser que les habitudes particulières de ces
crapauds influent sur la nature de leurs
humeurs, et empêchent qu'ils ne soient |
venimeux; cependant Roesel a présumé
le contraire , parce que, suivant lui, les
cigognes , qui sont fort avides de gre-
nouilles , n’attaquent point les calamites.
12 SEE, LORS
à | L ‘ |
1
DES ECRAPAUDS ‘ 36
Ed
_
LE COULEUR-DE-FEUY*.
gr. | |
M. Laurenti a découvert ce crapaud sur
les bords du Danube. C’est un des plus
petits. Son dos, d’une couleur olivâtre
très-foncée , est tacheté d’un noir sale ;
mais le ventre , la gueule , les pattes et la
plante des pieds, sont d’un blanc bleuâtre,
tacheté d’un beau vermillon , et c’est de
Îà que lui vient son nom. Toute la surface
de son corps est parsemée de petites ver-
rues. Quand il est exposé au soleil, sa
prunelle prend une figure parfaitement
triangulaire , dont le contour est doré.
Cette espèce est très-nombreuse dans les
marais du Danube. Une variété de ce
crapaud a le ventre noir, tacheté et ponc-
tué de blanc. |
On trouve le couleur-de-feu à terre pen-
dant l’automne. Lorsqu'on l’approche et
* Feuer krote , en allemand.
Ovipares, II. 51
362 HISTOIRE NATURELLE
. qu'il est près de l’eau, il s’y élance avec
légéreté, ainsi aus: les gre enouilles ; 5 Mais
s'il mi
cher. Dès qu’on le touche , sa tête &
tracte et se jette en arrière; si on le tour-
mente , il exhale une odeur fétide , cet
répand par l’anus une sorte d'écume. bi
coassement, qu'il fait entendre sans enfler
sa gorge, est une sorte de grognement.
sourd et entrecoupé, qui quelquefois se
prolonge et ressemble un peu, suivant
M. Laurenti, à la voix d’une personne
qui rit. , k
Les œufs, hors du corps de la femelle ;
sont Hapisofs par pelotons , ainsi que ceux
des grenouilles , au lieu d'être rangés par
files, comme les œufs du crapaud com-
mun. Et ce qu’il y a de remarquable dans”
les habitudes de ce petit animal, qui
semble faire , à certains égards, lanuance
entre les crapauds et les grenouilles , c'est,
qu’au lieu de craindre la lumière , il $e
plaît, sur le bord de l’eau, à s’imbiber des
rayons du soleil. Il ne paroît pas, d’après
les expériences de M. Laurenti, que.les*
4 j
in VA
M /@
«
‘
ni ; : Le 4 our 4% : t
DES CRAPAUDS 36
- humeurs du couleur-de-feu aient d'autre
propriété nuisible que celle FAP QUE
certains petits animaux , tels que les lé-
zards gris. qui sont très- senviDless à toute
sorte de venin, ainsi que nous l’avons
déja Fr AE | |
à 4%
x t \
PE PUSTULEUN
Ox trouve dans les Indes ce crapaud,
remarquable par ses doigts garnis detu-
bercules semblables à des épines, et par
les vésicules ou pustules qui le couvrent.
Sa couleur est d'un roux cendré ; elle est
plus claire sur les côtés et sur le ventre,
où elle est tachetée de roux. Il a quatre
doigts séparés aux pieds de devant, et
cinq doigts palmés aux pieds de airière. A
DES CRAPAUDS. 365
+
LE GOITREUX
Sox corps arrondi est d’une couleur
rousse. Son dos est sillonné par trois rides
longitudinales ; son bas - ventre paroît
enflé; et cet animal est sur-tout distingué
par un gonflement considérable à la gorge.
Les deux doigts extérieurs de ses pieds
de devant sont réunis. Il habite dans les
Indes.
4
+
#1
366 HISTOIRE NATURELLE 1
Ki ne
LE B'OSS U.
La tête de ce crapaud est très-petite ,
__‘ obtuse et enfoncée dans la poitrine. Son.
Re corps ridé, mais sans verrues, est très
” convexe. Sa couleur est nébuleuse ; son
dos présente une bande longitudinale un
_ peu pâle et dentelée. Tous ses doigts sont
séparés les uns des autres : il en a x 4 |
aux pieds de devant , et six aux pie
derrière. On le trouve dans les Indes
orientales , ainsi qu’en Afrique. L'indi-
vidu que nous avons décrit a été apRostee
du FHEnsEN au Cabinet du roi. |
LE BOSSU,
3 dl
2LEB5 CANNELE,
«
DES CRAPAUDS 367.
BR PREMIER NS
D: tous les crapauds de l'Amérique mé-
ridionale , l’un des plus remarquables est
le pipa. ke mâle et la femelle sont assez
différens l’un de l’autre, tant par la Brant
deur que par coton: pour qu’on
les regarde, au premier coup d’œil, comme
deux espèces très-distinctes. Aussi, au
lieu de décrire l'espèce en général, croyons-
nous devoir parler séparément a mâle ct
de la femelle.
Le mâle a quatre doigts séparés aux
pieds de devant, et cinq doigts palmés
aux pieds de dérmiete, Chaque doigt des
pieds de devant est fendu à l'extrémité
en quatre petites parties. On a peine à
distinguer le corps d’avec la tête. L’ou-
verture de la gueule est très-grande ; les
yeux, placés au-dessus de la tête, sont
* Cururu, dans l'Amérique méridionale.
A ad Là. Lite: re À
\ pee St
368 HISTOIRE NATURELLE
très-petits et assez distans l’un de l’autre.
_ La tête et le corps sont très-applatis. La
couleur générale en est olivâtre, plus ou
moins claire, et semée de très - petites
taches rousses ou rougeâtres.
La femelle diffère du mâle, en ce qu’elle
est beaucoup plus grande. Elle a égale- 2
ment la tête et le corpsapplatis ; mais la.
tête est triangulaire, et plus large à la
base que la partie antérieure du corps.
Les yeux sont très-petits et très-distans
l'un de l’autre, ainsi que dans le mâle.
Elle a de même cinq doigts palmés aux
pieds de derrière , et quatre doigts divisés
aux pieds de dépéuts mais chacoh de ces
quatre doigts est fendu à l'extrémité en
quatre petites parties plus sensibles que
dans le mâle. Son corps est communé-
ment hérissé par-tout de très-petites ver-
rues. L’'individu femelle qui est conservé
au Cabinet du roi, a cinq pouces quatre
lignes de longueur; depuis le bent du
museau jusqu’ à l'anus.
Ce qui rend sur-tout remarquable ce
grand crapaud de Surinam, c’est la
manière dont les fœtus de cet animal
LL
|
DES CRAPAUDS. 369
croissent , se développent et éclosent. Les
petits du pipa ne sont point conçus sous
la peau du dos de leur mère, ainsi que
Pa pensé mademoiselle de Mérian, à qui.
nous devons les premières observations
sur cet animal; mais, lorsque les œufs
ont été pondus par la femelle et fécon-
dés par le mâle de la même manière
que dans tous les crapauds , le mâle, au
lieu de les disperser , les ramasse avec ses
pattes , les pousse sous son ventre, etles
étend sur le dos de la femelle, où ils se
collent. La liqueur fécondante du mâle
fait enfler la peau et tous les tésumens
du dos de la femelle, qui forment alors
autour des œufs des sortes de cellules.
Les œufs cependant grossissent , et doi-
vent éprouver, par la chaleur du corps de
la mère , un développement plus rapide
en proportion que dans les autres espèces
de crapauds. Les petits éclosent, etsortent :
ensuite de leurs cellules , après avoir passé .
en quelque sorte par l’état de tétard; car
ils ont, dans les premiers temps de leur
développement , une queue qu'ils n’ont
plus quand ils sont prêts à quitter leurs
cellules.
RE RS ANTON EEE sui 67 qe Nue E
370 HISTOIRE NATURELLE
_ Lorsqu'ils ont abandonné le dos de leur
mère , celle-ci, en se frottant contre des.
pierres ou des végétaux , se dépouille des
portions de cellules qui restent encore, et
de sa propre peau , qui tombe alors en
partie pour se renouveler.
Mais la Nature n’a Jamais présenté de.
phénomènes isolés ; l'expression d’ex/raor-
dinaire ou de singulier n’est point absolue,
mais seulement relative à nos connois-
sances , et elle ne désigne en général qu’un
degré plus ou moins grand dans une pro-
priété déja existante ailleurs : aussi la
manière dont les petits du pipa se déve-
loppent, n’est point, à la rigueur, parti-
culière à cette espèce; on en remarque
une assez semblable, même parmi les
quadrupèdes vivipares, puisque les petits
du sarigue ou opossum ne prennent,
pendant quelque temps , leur accroisse-
ment que dans une espèce de poche que
la femelle a sous le ventre.
Au reste, il paroît que la chair de ce
crapaud n’est pas malfaisante ; et, sui-
vant le rapport de mademoiselle de Mé-
rian, les nègres en mangent avec plaisir.
s
. oi
DES CRAPAUDS. - 31
|
LE CORNU.
|!
Cz crapaud, que l'on trouve en Amé- -
rique, est l’un des plus hideux: sa tête est
presque aussi grande que la moitié de
son corps; l’ouverture de sa gueule est
énorme, sa langue épaisse et large; ses
paupières ont la forme d’un côue aigu,
ce qui le fait paroître armé de cornes .
dans lesquelles ses yeux seroient placés
Lorsqu'il est adulte, son aspect est af-
freux ; il a le dos et iles cuisses hérissés
d’épines. Le fond de sa couleur est jau-
nâtre ; des raies brunes sont placées en
long sur le dos, eten travers sur les pattes
et sur les doigts. Une large bande blan-
châtre s'étend depuis la tête jusqu’à l’a-
nus. À l’origine de cette bande, on voit
de chaque côté une petite tache ronde et
noire. Ce vilain animal a quatre doigts
séparés aux pieds de devant, et cinq
. doigts réunis par une membrane aux
L
352 HISTOIRE NATURE LE
pieds de derrière. SHivént Seb, la selle |
diffère du mâle, en ce que csrdoigies sotit
tous séparés les uns des ki ete premier
doigt des quatre pieds étant d’ailleurs
écarté des autres dans la femelle , donne
à ces pieds une ressemblance LAMAEESIE
avec une véritable main , réveille unè
idée de monstruosité, et ajoute à l’hor-
reur avec laquelle on “bi voir cette hi-
‘deuse femelle. Rien en effet ne révolte
-plus que de rencontrer au milieu de la
diflormité quelques traits des objets que
l'on regarde comme les plus parfaits.
M à pp à RER di de ARE à
“È x dE : f
DES CRAPAUDS 373.
LL
L’ A G U A.
Cr grand crapaud , que l’on appelle au
Bresil aguaquaquar, et dont le dessus du
corps est couvert de petites éminences ,
est d’un gris cendré semé de taches rous-
sâtres, presque couleur de feu. Il a quatre
doigts séparés aux pieds de devant, et
cinq doigts palmés aux pieds de derrière.
L'on conserve au Cabinet du roi un in-
dividu de cette espèce, qui a sept pouces
quatre lignes de longueur, depuis le bout
du museau jusqu’à l’anus.
x
A Et | MES VE) à j 4 "a AR LA ex, | !
ù FR (PERSAN ENS Le
374 HISTOIRE NATURELLE
HET
LE MARBRÉ..
Cr animal ressemble un peu à l’agua.
Il a, comme ce dernier, quatre doigts di-
visés aux pieds de devant, et cinq doigts
palmés aux pieds de derrière ; mais il pa-
roît être communément beaucoup plus
“petit. D'ailleurs le dessus du corps est
marbré de rouge et d’un jaune cendré,
et le ventre est jaune, moucheté de noir,
L
PT TRS ARE TA \
de nr LÉ. 5“
« Bu © mc «À a | a
t k
DES CRAPAUDS 37
LE CRIAR D.
L>r criard , que l’on trouve à Surinam,
est un des plus gros crapauds. Sa peau
est mouchetée de livide et de brun, et
parsemée de verrues. Les épaules cou-
vertes de points saillans, de même que le
ventre , sont relevées en bosse , et percées
d’une multitude de petits trous. Il est aisé
de le distinguer du marbré et du pipa
que l'on trouve aussi à Surinam, parce
qu'il a cinq doigts à chaque pied; les
doigts des pieds de devant sont séparés,
et ceux des pieds de derrière à demi pal-
més. Il habite les eaux douces, où il ne
cesse de faire entendre son coassement
désagréable ; c’est ce qui l’a fait appeler Ze
musicien par M. Linné : mais le nom de
criard que lui a donné M. Daubenton, con-
vient bien mieux à un animal dont la
voix rauque et discordante ne peut que:
Ne Te AR ES NUE, AIN TPE
pe ik PAT SCT PANINY
*” Fe PRE EE
ht 6 HISTOIRE N:
troubler les: concerts harmonieux [
silence paisible de la Nature, et q
peut faire entendre qu’un coassement
aussi désagréable pour l'oreille que son
aspect l’est pour les yeux.
=
. | as. >
RE Te
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ER) Satan: + cer
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PR ONE ER 05 CAT PM AS
Ee > D : 4 \dwe”
4 L [A
2
À
APRES BIPÈDES.
e
Nous avons vu le seps et le chalcide se
rapprocher de l’ordre des serpens par
l’alongement de leur corps et la briéveté
de leurs pattes : nous allons maintenant
Jeter les yeux sur un genre de reptiles
_ qui réunit encore de plus près les serpens
et les lézards. Nous ne le comprenons pas
parmi les quadrupèdes ovipares , puisque
le caractère distinctif de ce genre est de
n'avoir que deux pieds : mais nous le
placons entre ces quadrupèdes et les ser-
pens. Les reptiles qui le composent dif-
fèrent des premiers , en ce qu'ils n’ont
que deux pattes au lieu d’en avoir quatre;
et ils sont distingués des seconds par ces
deux pieds qui manquent à tous les ser-
pens. Il seroit d’ailleurs fort aisé de les
confondre avec ces derniers, auxquels ils
ressemblent par l’alongement du corps ,
les proportions de la tête et la forme des
écailles.
”
ÿ 14 RAR À ROIS NON PERTE DT EL OR RER TANT LR TA
ee NOURRI ER OT NON
NL ae DE AA et N
378 HISTOIRE NATURELLE.
L'on a douté pendant long-temp
l'existence de ces animaux ; et en. |
tous ceux que l’on a voulu jusqu’à pré-
sent regarder comme des reptiles bipèdes,
étoient des seps ou des chalcides qui
avoient perdu , par quelque accident ;
leurs pattes de devant ou celles de der-
rière ; la cicatrice étoit sensible ; et ils
présentoient d’ailleurs tous les caractères
des seps ou des chalcides : ou bien c'é-
toient des serpens mâles que l’on avoit
tués dans la saison de leurs amours, lors-
qu’au moment d'aller s'unir à leurs fe-
melles , ils font sortir par leur anus leur
double partie sexuelle, dont les deux
portions s’écartent l’une de l’autre, et,
étant garnies d’aspérités assez semblables
à des écailles , peuvent être prises, au
premier coup d'œil, pour des pattes im-
parfaites. On nous a souvent envoyé de
ces serpens tués peu de temps avant leur
accouplement , et qu’on regardoit comme
des serpens à deux pieds , taudis qu'ils ne
différoient des autres qu’en ce que leurs
parties sexuelles étoient gonflées et à dé
couvert. C’est parmi ces serpens surpris
ta TOUS 7 % ART \ CARE ke : LU Te
® __ DES REPTILES BIPÈDES. 39
dans leurs amours , que nous croyons de-
voir comprendre celui que M. Linné a
placé dans le genre des anguis, etiqu'il
a nommé azguis bipède. |
On doit encore rapporter les prétendus
reptiles bipèdes dont on a fait mention
jusqu'à présent, à des larves plus ou
moins développées de grenouilles, de
raines , de crapauds et même de sala-
mandres , tous ces quadrupèdes ovipares
, ne présentant souvent que deux pattes
dans les premiers temps de leur accrois-
sement. Tel est, par exemple, l'animal
que M. Linné a cru devoir placer non
seulement dans un genre, mais même
dans un ordre particulier, et qu'il a ap-
pelé sirene lacertine. Il avoit été envoyé
de Charles-town , par M. le docteur Gar-
den , à M. Ellis : il avoit été pris à la Ca-
roline, où on doit le trouver assez fré-*
quemment , puisque les habitans du pays
lui ont donné un nom ; ils l'appellent
mud inguana. On le trouve communé-
ment sur le bord des étangs , et dans des
endroits marécageux , parmi les arbres
tombés de vétusté , etc. Nous avons
4
bé, *:
tion que M. Ellis en a données dns el
Transactions philosophiques ; et nous n’a-
vons pas douté un seul moment que so
animal , bien loin de constituer un ordre
Ne ne fût une larve; il a les ca-
ractères généraux d'un animal imparfait,
et d’ailleurs il a les caractères particuliers
que nous avons trouvés dans les sala-
mandres à queue plate. A la vérité, cette
larve avoit trente-un pouces de longueur:
elle étoit par conséquent beaucoup plus
grande qu'aucune larve connue; et c’est
ce qui a empêché M. Linné de la regar-.
der comme un animal non encore déve-
loppé. Mais ne doit-on pas présumer que
mous ne connoissons pas tous les quadru-
pèdes ovipares de l'Amérique septentrio-
male, et qu’on n’a pas encore décou-
vert l’espèce à laquelle appartient cette
grande larve? Peut-être l’animal dans
1equel elle se métamorphose , vit-il dans
Veau de manière à n'être appercu que
très-dificilement. Cette larve, envoyée à
M. Ellis, manquoit de pieds de derrière ;
ceux de deyant n’avoient que quatre
. NE, AREEN , : UN ARE
; (ie.
“
|
* DES REPTILES BIPÈDES. 38x
doigts , ainsi que dans nos salamandres
| ue: les ongles étoient très-petits ;
les os des mâchoires crénelés et sans dents;
il y avoit des espèces de bandes au-dessus
et au-dessous de la queue ; et de chaque
côté du cou étoient trois protubérances
frangées , assez semblables à celles qui
partent également des deux côtés du cou,
dans les salamandres à queue plate. |
Mais si jusqu’à présent les divers ani-
maux que l’on a considérés comme de
! vrais reptiles bipèdes, doivent être rap-
portés à des espèces de quadrupèdes ovi-
pares, ou de serpens , nous, allons don-
ner, dans l’article suivant, la descrip-
tion d’un animal qui n’a que deux pieds,
que l’on doit regarder cependant comme
entièrement développé, et qu'il ne faut
compter , par conséquent , ni parmi les
serpens , ni parmi les quadrupèdes ovi-
pares. Nous traiterons ensuite d’un autre
bipède qui doit être compris dans le
même genre, et que M. Pallas a fait
connoître.
382 HISTOIRE RATURELLE
BIPÉDES
Qui manquent de pattes de derrière.
LE. CA N NET
N ous nommons ainsi un bipède qui n’a .
encore été décrit par aucun naturaliste
et dont aucun voyageur n’a fait mention.
Il a été trouvé au Mexique par M. Vélas-
quès , savant Espagnol , qui l’a remis,
pour nous l'envoyer, à M. Polony , habile
médecin de Saint-Domingue ; et c’est
madame la vicomtesse de Fontanges , 1
commandante de cette île, qui à bien
voulu l’apporter elle-même en France, «
avec un soin que l’on ne se seroit pas
attendu à trouver dans la beauté, pour
+, 7 r | à nn : k
LS . e : L ‘
| >:
DES REPTILES BIPÈDES. 383
un réptile plus Pre à l'effrayer qu'à
ph plaire. |
Ce bipède est entièrement privé de
pattes de derrière. Avec quelque soin°
que nous l’ayons examiné , nous n’avons
appercu dans tout son corps aucune
| cicatrice , aucune marque qui pût faire
soupconner que l'animal eût éprouvé
- quelque accident, et perdu quelqu'un de
ses membres. Il a beaucoup de rapports,
par $a conformation générale, avec le
: lézard que nous avons nommé chalcide ;
- les écailles dont il est revêtu , sont égale-
ment disposées en anneaux: mais il diffère
du chalcide , non seülement en ce qu'il
n’a que deux pattes, mais encore en ce
qu'il a la queue très-courte , au lieu que
ce dernier lézard l’a très-longue, en pro-
portion du corps. Il est tout couvert d’é-
cailles , presque quarrées , et disposées en
demi-anneaux sur le dos, ainsi que sur
le ventre ; ces demi-anneaux se corres-
pondent de manière que les extrémités
des demi-anneaux supérieurs aboutissent
à la ligne qui sépare les demi-anneaux
inférieurs. C’est par cette disposition qu'il
384. HISTOIRE NATURELE
_ anneaux inférieurs , présente, de chaque
dite encore des chalcides , Abu Le À
écailles forment des anneaux entiers au à
tour du corps. La ligne où se réunissent
les demi-anneaux supérieurs et les demi-.
côté et le long du corps, une espèce.
de sillon qui s'étend depuis la tête jusqu'à”
l'anus. La queue , au lieu d’être couverte |
de demi-anneaux, ainsi que le corps, est,
garnie d'ébhoaue entiers, coRaposÉs., de
petites écailles de même forme et de même
grandeur que celles des demi-annerux. .
L'assemblage de ces écailles forme ee
grand nombre de stries longitudinales ;
réunion des anneaux produit aussi M
très-grand nombre de cannelures trans- |
versales ; et c’est de là que nous avot n$ à
tiré le nom de cannelé que nous donnons | L
au bipède du Mexique. Nous avons compté | à
cent cinquante demi-anneaux sur le ven-* :
tre de cet animal, et trente-un anneaux.
sur sa queue , qui est grosse et arron Miel
|
à l’extrémité. La longueur totale de cet
individu est de-huit pouces six lignes
celle de la queue., d’un pouce ; et son“
diamètre , dans sa plus grande grosseur ,
DES REPTILES BIPÈDES. 385
est de quatre lignes. La tête a trois lignes
e longueur ; elle est arrondie par-de-
nt, et on a peine à la distinguer du
Dons. Le dessus en est couvert d’une
grandeécaille ; le museau est garni de trois
écailles plus aa que celles des an-
neaux, et dont les deux extérieures pré-
sentent chacune un très-petit trou, qui
est l'ouverture des narines. La mâchoire
inférieure est aussi bordée d’écailles un
peu plus grandes que celles des anneaux ;
les dents sont très-petites ; les yeux à
peine visibles et sans paupières : Je n'ai
u remarquer aucune apparence de trous
ditifs. Les pattes , qui ont quatre lignes
longueur , sont recouvertes de petites
écailles , semblables à celles du corps,
et disposées en anneaux ; il y a, à chaque
pied, quatre doigts bien séparés, garnis
d’ongles longs et crochus ; et à côté du
doigt extérieur de chaque pied, on apper-
mme le commencement d’un cin-
quième doigt. Nous n’avons pu remar-
quer aucun indice de pattes de derrière ,
ainsi que nous l’avons dit; aucun anneau
du corps ni de la queue n’est interrompu,
33
366 HISTOIRE NATUR!
et rien n'indique que l'animal ait é prouvé
quelque accident , ou recu la plus légère.
blessure. L'ouvéibuté de l'anus s'étend
transversalement ; et sur son bofd supé-
rieur , nous avons compté six tubercul
péscés à leur extrémité , et entièrement :
semblables à ceux que nous avons vus sur
la face intérieure des cuisses de Rs pr
du lézard verd , du gecko, etc.
La à a du bipède cannelé étant aussi
grosse à son extrémité que la tête de
cet animal , il a beaucoup de rapports,
par sa conformation générale , avec les
serpens que M. Linné à nommés amphis=v
bènes, dont les écailles sont par
disposées en anneaux, les yeux très-peu.
visibles , la tête et le bout de la queue.
presque de la même grosseur , et qui.
manquent aussi de trous auditifs. C’est
parmi ce genre d’ amphisbènes qu'il fau-
droit placer le cannelé s ‘1h n’avoit point.
deux pattes ; et c’est particulièrement
avec ce genre qu’il lie l’ordre des quadru-
pèdes ovipares. Comme cet animal a été.
envoyé au Cabinet du roi dans du taña ,.
nous n’ayons pu juger de sa couleur na“,
À \ VA À 1 à)
<h "Lu ILES BIPÈDES. 387
F
mais s NOUS nt PRENRE de “elle
ro à en très-grand nombre
$ Mexique , et quelles sont ses habi-
| tudes mais nous pensons, d’après sa
_ conformation , assez semblable à celle des
_ seps et des chlcides : que son allure et.
sa manière de vivre Frs ressembler
beaucoup à celles de ces derniers lézards.
she vi Dé de bd DE de à ra nl
208 miérone à NAT
SECONDE DIWI
l4
LE SHELTOPUSIK..
Nous donnons ici une notice d'un re 24
tle à deux pattes, dont M. Pallas a parlé à
le premier. Nous lui conservons le nom
de skeltopusik que lui donnent les habi-
tans des contrées qu’il habite, quoiqu'ils
appliquent aussi ce nom à une véritable
espèce de serpent, parce qu'il ne peut
avoir aucune équivoque relativement à
deux animaux d'ordres ou du moins de .
genres différens. On le trouve auprès du
Wolga, dans le désert sablonneux de Na- À
ryR, ainsi qu'aux environs de Zerequm,
| 4
| h ia
3 à
& #
s du Kv Lie. Il demeure de pr éféreuce
ns ès vall J ss otbt agéés, et où l'herbe
croît en abondance. Il se cache parmi les
1 risseaux
ét Fat dès qu’on l'approche,
it la guerre aux petits lézards, et par-
ërement aux lézards gris. Sa tête est
grande , plus épaisse que le corps ; le mu-
seauest obtus ; les bords de la gueule sont |
revêtus écailles un peu plus grandes
que celles qui les touchent ; les mâchoires
garnies de petites dents, et les narines
bien ouvertes. Le sheltopusik a deux pau-
pières mobiles et des ouvertures pour les
. oreilles , semblables à celles des lézards.
| Le dessus dé la tête est couvert de grandes
écailles ; celles qui garnissent le corps et
: la queue, tant dessus que dessous , sont
un peu festonnées et placées les unes au-
dessus des autres, comme les tuiles sur
les toits. De chaque côté du corps s'étend
e espèce de ride ou de sillon longitudi-
ù * à l'extrémité de chacun de ces sillons
et auprès de l’anus, on voit un très- petit
pied, couvert de quatre écailles, et dont
le bout se partage en deux sortes de doigts
un peu aîgus. La queue est beaucoup plus
35
du de est nue
_ de trois Re et sa coule |
que M. Pallas a Ds avec om,
de soin.
L J- | cie pouces. “lignes. %
* Longueur depuis le bout du ei
museau jusqu’à l’anus....... 7 6 Un
Longueur de la queue......... 2 4 15
Longueur de la tête, depuis le
museau jusqu'aux trous au- F d
dufsl La Re Eee NS Fi "6
Circonférence de la tête à sa base » 3 10
Circonférence du corps au-devant dy.
De Pad ot TOR CSA NS » 3 vi
Circonférence de la queue à son ë
SARA LP 6 RAR » 3 k
» 2
ns des pieds.....,...
Lo
CLASSIS PRIMA.
Quadrupedes ovipari Nr
FRA #
GENUS PRIMUM.
EEE S TU DO.
Corpus testé obiectum.
DIVISIO PRIM A.
Pedibus pinni-formibus ; digitis valde
inæqualibus et elongatis.
SPECIES. CHARACTERES.
TEsrupo na AA a aculis plantarum
VULGARIS. solitariis.
TEesTuDo ar 1 testæ superioris vi=
VIRIDI-SQUAMOSA.U xidibus.
j
Ra | Le : L'AE CA pi ui
TEsTupo fNaso en instar COr-
‘NASICORNIS.
nu elevato. Mes
- CARETTA. Squamis disci imbricatis.
nie Testâ coriaceà , lon itudina- |
L'rmaAi.. long
+ 1 liter quinque-angulatä. |
DIVISIO SECUNDA.
Digitis brevioribus et nr
SP ECIES. CHARACTERES.
Testi superiore nigrâ, scu- |
TESTUDO APE UE EE
tellis striatis in medio
LUTARIA.
punctatis. |
TESTUDO Testà superiore plamiusculà
ORBICULARIS.{ et orbiculari. k
LL
Testà superiore planinseulé
et ovatà.
TERRAPEN.
Caudä longitudine testæ su
perioris posticè acutè quin-
que-dentatæ.
TESTUDO
SERPENTINA.
MET
SPECIES.
TESTUDO
SUBRUBRA. |
fonoros
ns: +
A e AW = 24 e e
#* Testà superiore tribus lineis
.. Jongitudinahibus elevatà
A TESTUDO | EU nr
, ” quinque scutellis medi
SCORPIOIDES. 0
| dorsi elongatis, iestà in-
feriore ovatà.
.… fTestâ superiore viridi, flavo
TESTUDO FLAVA.9 à
maculatä.
Testâ superiore plicatili abs-
TESTUDO OLLIS- É
que scutellis.
Testä superiore valde eari-
natà, margimibus latissi-
TESTUDO GRÆCA. 2 Ce is à
| mis , digiis membranä
coopertiss
TE STUD oO Scutellis centro flavis flavo-
._GEOMETRICA.
LÀ
que radiatis.
Scutellis albescentibus ni-
groque fasciatis, in medio-
que dorsi valde elevatis ;
testà inferiore anticè den=
ticulatä.
TESTULO SCABRA\
4
| denticulatä.
L4
nat, scu’ellis subviridik
flavoque lineatis ; testà ie |
feriore ovatà.
TEsTrupo
Test superiore valde carie. |
CARI FA AT A» -
— UN
Sénielle nigro , oi pur=
TEsTupo
| AE subviridi 7
MINIATA.
” gite 4 446 V0
M
T'està superiore anticè emar=
ginatà ; scutellis striatis
in medioque punctatis.
TESTUDO
BREVICAUDATA.
Trscubd
| PUNCTATA.
p
TEsTuDO L
Di sco oss60 panctatoquee
Colore subrufo, testä supe-
riore depressä, scutellis
tenuibus. qu 0 1
M LL
Colore subnigro, scutellis |
crassis valdeque levibus.
SUB RU F A.
TESTUDO
SUBNIGRA.
METHODICA. 305
GENUS SECUNDUM.
LACERTUS.
Corpus absque esta.
DIVISIO PRI MA.
Caudé compressä, pedibus anterioribus
quinque-digitatis. |
SPECIES. - CHARACTERES.
-Pedibus posterioribus qua-
CROCODILUS. { tuor-digitatis palmatisque,
colore viridi luteo.
tuor-dicitatis palmatisque
NIGER. ENT E ds
colore D19rO+
Pedibus osterioribus qua-
CROCODILÜS { % L
tuor-digitatis palmatisque,
maudibulis coarctatis et
elongatis.
Pedibus posterioribus qua=
GAYIAL.
.. ü
| Pedibus posterioribus quin=
Caureveasens, f
que-digitatis palmatisque,
à LA
Las posterioribus quin-
ue : que - digitatis fissisque
squatmis erectis suprèà QUE
dar,
396 “syNop SES il
ie . A F4
SPECIES. MEN, CHARACTERES. <
(Pedibus fissis uarmis s Ua
T UPINAM BIS. : squ 4
mulis circurr dauisi %
Squamis suprà oculos et ab
LACERTUS |
à occipile ad extremitatens
SUPERCILIOSUS- |
| caudæ erectis. 5
LACERTUS CAPITE. Capitis parie superiore ps
BIFURCATUS. bifurcata.
Merbbtans infrà collum ,
LACERTUS. re Lu ET
Re | ” digitorum articulis-penul-
LATE DIGITATUS.N ©. :. . ;
; x Eole à latioribus.
Lacerrus fSuprà humeros binis nigris-
BIMACULATUS. que’ maculis.
{Duabus striis suprà dorsum,
“LACERTUS |} lateribus plicatis ,» caudâ
SU LCATUS. . ‘suprà duplici carinâ angu=
lati. 1 4
So.) jo sd + L- dut ATK
CR 3 ja F je
« û »
\
METHODICA 309
DAMES 9 SECUNDA.
| Caudé D 4 pedibus ana hisser, |
dorso squamis erectis Cristato.
DS
SPECIES CHARACTERES.
PTE Sacco gulari dentato, squa=
IGUANA inis à capite ad extrenu-
_ tatem corporis erectis.
BaAsiLiscus Saca suprà caput ereclo.
r embranâ squamisque
suprà ah erectis.
LACERTUS té
CRISTATUS.
Squamis circà aurium aper-
turas et ab occipite ad me-
CALOTES. dium dorsi erectis; un-
guium parte superiore ni=
" grd. |
Squamis suprà partem ante-
riorem dorsi erectis, OC=
"ge L cipitisque Teversise
% sb:
+ |
Ov'pares, TE. 54
RL ON 1 AVE
D dE à
LA Hu 1 ju” £
TE Le
398 ua SYNOPSIS
DIVISIO TERTIA
Caudé rotundé, pedibus anlerioribts he
que-digilatis, semiannulis squarnosis infrà
cor pus.
SPECIES. CHARACTERES.
LACERTUS Colore. cinereo > squamis
CINEREUS. | majoribus infrà collum.
LACERTUS Le. + viridi, squamis ma.
VIRIDIS. _joribus infrà collum. :
é Lori ‘caudam squamis in
LACERTUS spinas desinentibus annu-
CORDYLUS. losque latos et denticulatos
componen Hibusa 37 ;
LACERTUS
HEXAGONUS*. CaudA sex-angulata. .
AMEIVA. absque-squamis “4j018S | 18
infrà collum.
{i cinereo aie viridi ;
Tribus lineis albis M
LACERTUS LEO. que nigris ab utroque Ja-
tere dorsi.
* Hexagonum à me non visum semiannulos squamosos
anfrà corpus habere præsumo : si hisce annulis caret, post
teguixin in quarta divisione inscribendus erit. ;
{Qué % Hi ïf | :
METHODICA. 399.
SPECIES. CHARACTERES.
À septem usque ad undecim
LACERTUS lineis albescentubus suprà
LEMNISCATUS.) dorsum, femoribus albo
| punclalis.
DIVISIO QUARTA.
Caudé rotundé, pedibus antérioribus quin-
que-digitatis, absque semiannulis squa-
MOSIS ,
ny
SPECIES. CHARACTERES.
Digitis ternis et binis mem-
CHAMÆLEO. k
branà coadunatis.
LACERTUS Quinque lineis subflavis su-
CAUDA-CYANEUS prà dorsum, caudâ cya-
ne.
LACERTUS Squamis acutis, dorso azu-
A LER EUS. reo.
y Colore cineraceo, subrufo
LACERTUS
punctalo ; verrucis suprà
CINERACEUS,
dorsum.
| <: 10h otre calloso, plicà au
Jari.
* Descriptiones auctorum indicant lacertos çaudä-cyaneum,
y
400. PE
Mort A0 ne
Duplici plicâ gulari , : “binis
| verrucis SpInosis circà au-
rium aperturas, à
LACERTUS
PLICATUS.
LE 4h,
Quatuor hneis flavis suprà
A LGIRA.
dorsum.
Tuberculis acutis suprà in.
fràque corpus, caudà an-
STELLIO. d PER TER
puljs squamosis denticu-
latisque circumdatài.
Squamis imbricatis , PARTS
SCINCUS. {
bulo superiore longiore.
Squamis imbricatis, mandi-
MABoOUYA. bulis æqualibus , caudâ
corpore breviore.
Squamis imbricatis, linei-
LACERTUS albescente ab utroque la-
AURATUS, } tere dorsi, caudà corpore
longiore,
Corpore rotundato murica-
TAPAYA. {
toque. . ‘hu
LACERTUS, fSex lineis flavis suprà caput
STRIATUS. et quinque suprà dorsum.
azureum , cineraceum , umbram , plicatumque, à me non
visos, Semiannulis squamosis infrà ventrem carere :-si hos
semiannulos squamosos haberent, in tertia divisione an+
numerandi essent, postque lacertum lemniscatum insçris
bendio
METHODICA (Fr
SPECIES.! CHARACTERES.
Sqaumulis erectis infrà col-
LACERTUS lum, ungulum dorso ni-
MARMORATUS. | gro, caudâ novem-angu-
bre.
Colore xeramphelino flavo
submigroque maculato ,
RoqQuer. membranulâ ab utroque
Jlatere ultimi digitorun
articul.
LAcERTUS re viridi , vesiculà rubrâ
COLLO-RUBE 1 infrà collum.
Colore cinereo fusco varie
. LAGCERTUS gato, vesiculâ granulis sub-
STRUMOSUS. rubris conspersà infrà col-
lum.
TEGUIXIN. Lateribus valde plicatis.
LACERTUS PAT caudæ triangu«
TRIANGULARIS. lat.
Lu. lineis subflavis, sex
LACERTUS que subnigrorum punc-
BI-LINEATUS. torum ordinibus suprà
dorsum. |
Verrucis squamosis infrà
SPUTATOR, ulumum digitorum are
culum.
354
" Ÿ
402 SYNOPSIS. La
;
DIVISTO QUINTANT 0
Squarnis majoribus imbricatis infrà digitos.
SPECIES. CHARACTERES.
*Femorum superficie infe-
riore verrucosâ , caudà
GECKO. squamulis lemniscos cir-
Pé
culares componentibus
tectà.
Femorum superficie infe-
GECKOTUS. | vi
riore absque tubercüulis.
Capitis corporisque superfñ”
LACERTUS cie inferiori planâ, ab,
ÆCAPITE-PLANUS. utroque latere caudæe mem:
branû horizontali.
DIVISIO SENTE
Pedibus ter-digitatis.
SPECIES. CHARACTERES.
SEPS. Squamis imbricatis.
Squamis annulos compo
CHALCIDES. « À
on | nentibus.
t
METHODICA. 403
DIVISIO SÉRLIMS.
Alis FA SRE ECHO EN
SPECIES. CHARACTERES.
. fSaccis trinis elongatisaue
DrAcO. EL dr
infrà colluin.
DIVISIO OCTA VA.
Pedibus anterioribus ter aut quatuor poste-
rioribusque quatuor aut quinque-digitatis.
SPECIES. CHARACTERES.
SAL AMANDRA Caudâ rotundâ, maculis fla-
TERRESTRIS. vis nigroque punctatis.
SAL A M A NDRA Suprà infràque caudam nmiem-
CAUDA-PLANA, branâ verticali.
PUN CT AT A. punctato.
VEN NDRA
QUATUOR-
SALAMANDR gr duplici serie albo
{Dors lineis quatuor flavis.
Ungwbus incurvatis, majo-
SARROUBE. E ribusque squamis anfrà
digitos imbricatis.
Pedibus anterioribus ter-di-
2 ir | ÿ
italis osterioribusque
TER-DIGITATA è n 1€ {
qua tUOF«
[
CLASSIS SE FCUNDA.
Quadrupedes ovipari écaudlati,
GENUS PRIMU M.
R A N A.
Capui corpusque elongata unum au a lie-
zum angulosum.
SPECIES. : CHARACTERES.
Colore viridi, tribus lineis
RANA VULGARIS.< flavis suprà dorsum, EX=
teroribus elevatis.
Colore rufo, maculà nigrâ
RANARUFA. ab utroque latere oculos
inter et pedes anteriores.
. \
Verrucis suprà dorsum, ano
RANA PLUVIALIS.
sublus punctalo.
Colore mgro, punctis ele-
RANA SONANS.4 valis suprà dorsum, plicà
transyersali infrà collumm.
va
1.7 SR Me D AN 2h
? My 1
PS
Li
METHODI C A. " 405
SPECIES. CHARACTÈRES.
RANA La AA
NT ame ateribus marginatis.
RANA Corpore venuloso, pedibus os
RETICULARIS. fissis.
Pedibus anterioribus poste=.
rioribusque palmatis.
RANA PALMATA. {
| Suprà humeros sculo car-
RANA P
noso, quatuor verrucis ad
ŒHUMERIS ARMATA,
anum.
Tuberculis infrà singulos |
RANA BOANS. er i
digitoruin articulos
Capite triangulari, granulis
RANA GEMMATA.
| subrubris suprà dorsum:
Colore subviridi maculato, !
JACKIE, femoribus posticè et obli-
què siriatis. :
Quatuor aut quinque lineis
lougitudinalibus elevatiss
que suprà dorsum,
RANA
LEMN1scAT A.)
No SYNOPSIS "1
CENUS SECUNDUM |
té HY LA.
du: Corpus ue | VETTUCŒ viscosæ Pure
M SPECIES. CHARACTERES.
HyYLaA VIRIDIS
SEU VULGARIS,
flavis margineque violaceïs
à capite ad pedes poste=
riores protensis.
HyLA GIBBosA. Gibbo suprà dorsum.
nf viridi, duabus lineis
Coloré fusco, pedibus infrà |
HyYLA FUusCA. sk 1
VErTuUCOSISe.
Colore albo seu PO Cae =
HYÿLA LACTEA. a | ruleo, abdomine cinereo :
fasciato,
Maculis rubris suprà ab
HYLA TIBIATRIX.
£UITLe
H y L A
AURANTIACA.
dorsi rubro ahquando Va=.
riévall , sæpius ruforum
punciorum serie distincto.
Colore rubro , aliquando.
duabus lineis flavis suprà
HYLA RUBRA.
dorsum,
F flavo ; utroque latere
| METHODICA. 407
GENUS TERTIUM.
BUFO.
Corpus dourerdtiae el rotundatum + |
SPECIES. ! CHARACTERES..
Tuberculo reniformi ab utro:
Buro VULGARI “| que latere ponè auris aper-
türams
à Mn. Maculis viridibus nigro mar-
‘| ginatis PURE
BUFO VIRI sn fu
RADIATUS. Lineis viridibus radiatiss
ONE +
| Cutélehi, maculis maximis
Burc FUSCUS.{ fustis, tuberculo calloso
Imfrà pedes posteriores.
Tribus lineïs flavis aut sub-
rubris longi tudinalibusque
suprà dorsum , tuberculis
caliosis binis infrà pedes
anleriores. -
CALAMITA.
Dorso olivaceo DsRque ma-
Bvuro IGNICOLOR. J
culato,
408. ; SYNOPSIS |
SPECIES. ya CHA RACTEES, id
p Tuberculis spinokis suprë
digitos 3 pustulis suprè
dorsum. *
-BUFO
PUSTUÜLOSUS.
Jugulo prominulo : duobus
Buro } digius ‘exterioribus pedum .
STRUMOSUS. anteriorum , membranâ
Ar ; (
= .çFascià longitudinali pallidà
Buro GrBBosus: 2 et denticulatà suprà dor=
sum gibbosum.
Capite compresso latissimo-
Pr? A. À
que, oculis minimis eb.
valde distantibus, |
À Palpebris supe riornibus im
ORNUTUS. FAR:
Buro c ne modum coni elevatis.
fDorso cinereo et rufo Dhs
AGUA.
r ubroque maculato.
Bic
marmoralo; ventre flavo,
MARMOR res US.
macülis migris.
ME rubro subflavoque-
Dorso fusco maculato, bus
_meris elevatis porosisque, *
Buro CLAMOSUS. . pedibus anterioribus pose | ;
terioribusque eu à
gitntiss
4 [Es
METHODICA. 4%
- REPTILIA BIPEDA.
2 En "
t DIVISId PRIMA.
Pedibus anterioribus.
SPECIES. CHARACTERES.
| Squamis dorsi abdominis-
BtTro que semannulos , squamis
CANALICULATUS. à caudæ annulos imtesr
| ‘componentibus.
-DI VISIO SECUNDA.
Pedibus posterioribus.
SPECIES. 1 GHARAËTEREE
_fSulco longitudinal ab utro-
: que latere dorsi, aperturâ
SHELTOPUSIK. _aunium magnâ , caudæ
à | longitudine corporis lon-
gitudini.saltem æquali,
Qt
Ovipares, TI,
EXPLICATIONS
DE QUELQUES PLANCHE
DES DEUX VOLUMES,
Ne
LA TORTUE FRANCHE:
Lx dessin a été fait d'après une très-jeune tortue;
irès-bien conservée, à laquelle on a supposé une
longueur de six pieds, pour donner une idée de
la grandeur de l'animal adulte, dont la tête est
moins grosec en proportion du corps que dans la
figure, et dont le disque présente communément
une ou deux écailles de plus que celui des très-
jeunes ioriues,
LA TORTUE ROUSSATRE..
La tortue est représentée sans queue, parce que
cette partie n’avoit pas été conservée dans l'indi-
ridu que nous avons fait dessiner.
L'AMÉI VA.
On a représenté à part le dessous de la tête et.
L
= 4 A j Es à ir:
d’une partie du corps, pour montrer le défaut de
ndes écailles au-dessous du cou.
4
PE SPUTATEUX..
On peut voir dans cette planche la figure du lé=
zard envoyé de Saint-Eustache avec le sputateur, et
que nous regardons comme une variété de cette
espèce. + |
LE éECKO:
On a représenté à part le dessous des cuissess
de l’origine de la queue et des pieds, ainsi que la
partie antérieure de la langue., -
L
LA TÊTE-PLATE..
Ona représenté un des pieds de devant du lézard,
dont on à montré aussi la tête de face.
LE SE P"S.
On a dessiné un troncon de seps vu par-dessus,
- pour montrer la disposition des couleurs que pré-
sente Le dos.
L4
Fin du tome second.
’ da:
Les LÉZARDS
| rh. division. Lézards dont la queue est
ronde, qui ont cing doigts aux pieds de devant ÿ
et des bandes érailleuses sous le ventre:
Le Jézard gris, page 5. -
Addition à l’article du lézard gris, + |
Le lézard verd, 19. ‘4
… Le cordyle, 33.
Hell > 36.
:Ÿ L'améiva, 37.
UT Le lion, 42.
L Le galonné, 44.
_ Le Kzard corny, 46. à
é cuer La tête-rouge, 40.
gr
1 Le lézard quetz-paléo , 50.
A
"ro
Quatrième division. Lézards qui ont cinq doigs
aux pieds de devant, sans bandes transvers
sales sous le corps. Si
Le caméléon, 534 k pi TE
La queue-bleue, 79- | \ Lo
L'azuré, 8x.
stellion, 894
Le scinque, 03.
Le mabouya, 96.
Le doré, 105
Le tapaye, 111
Le strié, 174
Le marbré, 115:
Le roquet, 118-
Le rouge-g0rge ; 122.
Le BOireux , 123.
Le téouixin, 126.
Le triangulaire, 127.
La double-raie, 120.
Le sputateur, 130.
Cinquième division. Lézards EE les EM Agé
garnis par-dessous de grandes écailles, pi se.
recouvrent comme les ardoises des toits.
Le gecko, 135.
Le geckotte, 144.
La tête-plate, 150.
Sixième division. Lézards qui n’ont que trois doigts
aux pieds de devant et aux pieds de derrière.
seps, 100,
PS ELA (4 fa -M # nn +4 dd Pr pe
sb 0 DATES
Le chleïde, 172.
| Septième division. Lézards qui ont des mena
branes en forme d'ailes. |
Le dragon, 177.
Huitième division, Lézards qui ont trois ou quatre
doigts aux pieds de devant, et quatre ou cinq
aux pieds de derrière.
La salamandre terrestre, 187.
Addition à larticle de la salamandre ier«
restre, 2006. ., |
La salamandre à queue plate, 214 |
… La ponctuée, 235.
La quatre-raies, 236
Le sarroubé, 237.
La trois-doigts, 241
Des quadrupèdes ovipares qui mont point de
queue, 244
Premier genre. Quadrupèdes ovipares sans queue,
dont la tête et le corps sont alongés , et lun
ou l’autre anguleux. — GRENQUILLESe
La grenouille commune, 26T.
_ La rousse, 282. FA
La pluviale, 289. PAP PT CE
La sounante, 290. A
TABLE. |. "é.
La bordée, 207. #
La réticulaire, 202.
La patte-d'oie, 293.
L’é épaule-armée, 20 4e
La mugissante, 296 , :
La perlée, 300, je Fr
La jackie, 302 | Re ?
La galonnée, 304. he
La grenouille écailleuse, 305.
For ci
Deuxième genre. Ouadrupèdes ovipares qui n°an?
| ô P ‘u
point de queue, et qui ont sous chaque doigt
une peñle pelote visqueuse. — RAINES.
La raine verle ou commune, 30% F
La bossue, 320. ne cr
La brune, 327. |
La couleur-de-lait, 322, il |
La flûteuse , 323, é
L’orangée, 325. |
La rouge, 327.
Troisième genre. Quadrupèdes ovipares sans
queue, qui ont. le corps ramassé et AITON Es À
— CRAPAUDS. RE D
Le crapaud commun, 320.
Le verd, 352.
Le rayon-verd, 354 | 1
ER un 602
RAS
Des
2 dede Ets de
’ à ‘
Le ES 356. SR nl 9
Le calamite ÿ 398p 2 PR PE TREUC MA OU
Le couleur-de-feu, 36€
Le pustuleux, 364147 0e D
Le goîtreux, 365. Lt ETS
te bossu , a gp :
Le pipa, 367, ‘+ 0
Le cornu, 3x. Of TS à
L’agua, 373. 4 +
Le marbré, 374, Æ
Le criard, 375. x À ue
Reptiles bipèdes.. Sté. 3e " LE à
Première dwision. Bipédés. qui name a
‘pattes de derrière.
Le cannelé, 382. # FE
Seconde division, Bipédes qui manquent de pattes
de dépal
_ Le sheliopusik, 388. :
Synopsis mweihodica quadrpedaun cripacbrum ; >.
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