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Full text of "Histoire physiologique des Plantes d'Europe, ou exposition des phénomènes qu'elles presentent dans les diverses periodes de leur développement"

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HISTOIRE PHYSIOLOGIQUE 


PLANTES D'EUROPE. 


IL. 


OUVRAGES DU MÊME AUTEUR : 


Histoire des Conferves d’eau douce. 
. Monographie des Prêles. 
Monographie des Orobanches. , 


Les contrefacteurs et débitants de contrefacons seront poursuivis suivant 
toute la rigueur des lois. 


AT TT 


VALENCE, IMPRIMERIE DE MARC AUREL FRÈRES. 


HISTOIRE PHYSIOLOGIQUE 


DES 


PLANTES D'EUROPE 


ou 


EXPOSITION 


DES PHÉNOMÈNES QU ELLES PRÉSENTENT DANS LES DIVERSES 
PÉRIODES DE LEUR DÉVELOPPEMENT, 


Par J. P. VAUCHER, 


PROFESSEUR A L'ACADÉMIE DE GENÈVE. 


Et ego desidero superari,, satisque decoris fore mihi 
puto, si fandamentum ædificio straverim, 


HALLER , Paær. Hisr. Srire. Hexwer. 


Œome Deuxiènre. 


PARIS, 


LIBRAIRIE DE MARC AUREL FRÈRES, ÉDITEURS, 
RUE SAINT-HONORÉ, 198. 


MÊMES MAISONS DE LIBRAIRIE À VALENCE , NIMES ET TOULOUSE. 


- 


1841. 


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HISTOIRE PHYSIOLOGIQUE 


DES 


PLANTES D'EUROPE. 


PLANTES VASCULAIRES OU COTYLÉES. 


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DICOTYLÉS OU EXOGÈNES. 


PLANTES À DEUX COTYLÉDONS OPPOSÉS ET DONT LA TIGE RENFERME UN AXE MÉDULLAIRE, 
D'OU PARTENT DES RAYONS ÉGALEMENT MÉDULLAIRES, 


Deuxième CLASSE. — CALICIFLORES 


OU PLANTES DONT LES ÉTAMINES ET LES PÉTALES SONT ATTACHÉS AU TORUS QUI RECOUVRE 
PLUS OU MOINS L'INTÉRIEUR DU CALICEs 


Quarante-quatrième famille. — Céfastrinées. 


Les Célastrinces ont quatre ou cinq sépales imbriqués et réunis à 
la base, autant de pétales alternes aux sépales et rarement avortés, 
des étamines alternes aux pièces du calice, à insertion légèrement 
périgyne, des anthères biloculaires, un ovaire libre entouré d’un 
disque plus ou moins charnu et formé de deux à quatre loges, mono- 
spermes ou polyspermes, à ovules droits ou rarement pendants , un 
style souvent peu marqué, un stigmate à deux, trois ou quatre lobes, 
un péricarpe capsulaire, bacciforme, drupacé ou conformé en samare, 
des semences souvent arillées, un albumen nul ou charnu, un em- 
bryon droit, axile et dicotylé. 

Cette famille, dont les limites sont fort incertaines, et qui n’a pas 

IL. I 


SERV 


de caractère bien prononcé, est formée d'arbres ou d’arbrisseaux à 
feuilles alternes ou opposées, ordinairement stipulacées, et à fleurs 
peu apparentes, blanchâtres ou verdâtres. 


On la divise en trois tribus : 1° les Staphyleacées ; 2° les Evonymees ; 
3° les Aquifoliacæes. 


Première tribu. — STAPHYLÉACÉES, 


Les Staphyleacées ont les semences osseuses, tronquées à la cicatrice 
et dépourvues d'arille; leur albumen est nul ou très-mince, leurs 
cotylédons sont épais et leurs feuilles composées. 


PREMIER GENRE. — Slaphylea. 


Le Staphylea a un calice urcéolé à cinq lobes oblongs, concaves 
et colorés, cinq pétales alternes aux divisions du calice et aux cinq 
étamines; un ovaire bilobé ou trilobé, deux ou trois styles quelque- 
fois réunis, une capsule à deux ou trois loges membraneuses, oligo- 
spermes et déhiscentes intérieurement; des semences osseuses et un 
peu globuleuses, 

Les Staphylea forment un genre très-distinct, dont les espèces peu 
nombreuses et divisées artificiellement en deux groupes, les Trifolies 
et les Pennes, sont dispersées en Europe, au Japon, dans les deux : 
Amériques, et présentent d'assez grandes différences dans leurs 
feuilles, leurs grappes droites ou pendantes, et surtout leurs cap- 
sules aplaties ou enflées. Mais, comme la plupart sont encore très- 
peu connues et pourraient bien n'être pas congénères, nous ne 
décrirons ici que le Trifolie du nord de l'Amérique, et le Pinnata 
des bosquets de l'Europe australe, qui, quoique différents pour 
la composition des feuilles, appartiennent évidemment au même 
type: . 

Les Staphylea , et surtout les deux espèces que j'ai désignées, sont 
des arbrisseaux à feuilles opposées, accompagnées deux à deux de 
quatre bractées ailongées, blanchâtres et caduques; leurs folioles sont 
roulées sur leur face supérieure et rapprochées en faisceau ; leurs 
fleurs terminales naissent de boutons foliacés à écailles opposées ; les 
pédicelles sont articulés et les fleurs avortent en grand nombre, 
comme cela était nécessaire pour le développement complet des 
capsules agrandies et renflées. 


= 4 — 


Les capsules, d'une structure bizarre, sont formées de trois car- 
pelles rapprochés et réunis par leur base ; le placenta est un cordon 
qui s'étend dans toute la longueur du carpelle régulièrement chargé 
de cinq ou six graines dont plusieurs avortent, mais dont les autres 
sont arrondies, tronquées à la base, et percées d'un canal par lequel 
les sucs nourriciers arrivent de l'intérieur de la tunique externe jus- 
qu'à l'embryon; la radicule est placée vis-à-vis de l'ombilic, qui est 
un disque très-marqué; mais je ne sais pas la route que suivent les 
cordons pistillaires. 

Les tiges des Staphylea, chargées de lenticelles, se rompent tou- 
jours au sommet. Les deux boutons latéraux prolongent seuls la 
plante, et expliquent ainsi la cause de la dichotomie des branches ; 
lorsque les boutons à fleurs terminent les rameaux, ceux-ci se dessè- 
chent sans s'allonger. 

Je n'ai aperçu aucun mouvement, ni dans les folioles des Staphylea 
qui ne sont pas réellement articulées, ni dans les pétales qui ne se 
referment plus lorsqu'une fois ils se sont entr'ouverts; mais les pé- 
doncules se recourbent, et les fleurs sont pendantes, ainsi que les 
capsules. | 

A la fécondation, les pétales creusés en gouttière découvrent au 
fond de la fleur un beau godet rempli d'humeur miellée ; les anthères, 
primitivement introrses, latérales, s'ouvrent d’abord sur les stigmates 
qui sont de belles têtes papillaires; ensuite elles se réfléchissent en 
arrière et laissent tomber sur les tubulures des pétales, au sommet des- 
quelles elles sont placées, une grande partie de leur pollen jaune, qui 
est recu par l'humeur miellée et les poils qui recouvrent l'ovaire; en 
en sorte que la fécondation s'opère sans doute par les émanations du 
nectaire. 

Les deux Staphylea que je viens de décrire, et surtout le premier 
ou le plus commun, ont les fleurs blanchâtres, agréablement tachées 
de rouge, et font au printemps l’ornement de nos bosquets, autant 
par l'élégance de leurs grappes pendantes, que par la fraîcheur de leur 
feuillage ; ils croissent sans aucun soin, et se retrouvent quelquefois 
abandonnés à la nature au milieu de nos haies et de nos abris. 

Ces deux plantes sont les seuls Staphylées dont les capsules sont 
renflées. Les autres espèces, au nombre de quatre dans le Prodrome, 
sont encore incerlaines et peu connues. 


En = 


Deuxième tribu. — ÉVONYMÉES. 


Les Évonymeées ont les semences arillées et non tronquées, un 
embryon droit et axile, des cotylédons foliacés et des feuilles simples. 
Cette tribu comprend plusieurs genres dont nous ne décrirons que 
deux. 


PREMIER GENRE. -— Evonymus. 


CI 


L'Evonymus a un calice de quatre à six lobes, autant de pétales 
insérés sur un disque glanduleux, et autant d’étamines alternes , im- 
plantées sur les renflements du même disque, un style, une capsule 
de trois à cinq loges anguleuses, à valves septifères, et qui renfer- 
ment une à quatre semences entourées d'une pulpe ou d’un arille, 
un embryon vert, droit, au centre d'un albumen charnu. 

Ce genre est composé d'environ quinze espèces, que De CanozLE 
partage en trois groupes à peu près égaux : 1° celles qui habitent 
l'Europe, à pétales oblongs ou ovales; 2° celles qui croïssent dans 
l'Amérique septentrionale, à pétales orbiculaires; 3° enfin celles du 
Japon ou du Népaul, encore trop peu connues pour être définitive- 
ment classées. 

Les espèces qui appartiennent bien au genre Evonymus ne forment 
réellement qu'un type ; car elles ont la même organisation, mais elles 
peuvent se diviser d’après la forme et la couleur de leurs pétales, 
pourprés dans les espèces américaines, et blanchätres dans les autres. 
Le V’errucosus de l’Autriche semble former une espèce intermédiaire. 

Ces plantes sont toutes des arbrisseaux qui habitent les parties 
tempérées de l'Europe et de l'Amérique, où ils fleurissent au milieu 
du printemps; ils sont dépourvus d’épines, de piquants ainsi que de 
bractées, et leurs stipules ne sont que des rudiments informes et 
avortés ; leurs tiges portent quatre angles ou arêtes plus ou moins 
marquées, correspondant aux quatre pétioles des deux paires de 
feuilles voisines, et sont terminées par un ou trois boutons qui ne 
se rompent jamais; les écailles sont manifestement des rudiments de 
feuilles, beaucoup plus marqués dans l'Europæus que dans la plupart 
des autres. 

Le développement des Evonymus est très-rapide, et par conséquent 
très-court; les boutons s'ouvrent aux premiers mois du printemps, 
et quinze jours après on apercoit déjà le bouton terminal de l’année 


Rue) — 


suivante; la pousse totale est formée de quatre à six feuilles irrégu- 
lièrement opposées et roulées en dedans sur leurs deux bords; les 
pédoncules naissent toujours sur le bois de l'année, dans les aisselles 
inférieures, et jamais dans les autres; ils sont dichotomes, tricho- 
tomes ou grossièrement ombelliformes, et constamment accompagnés 
de bractées très-caduques, et plus ou moins marquées; leurs articula- 
tions servent à les débarrasser promptement de celles de leurs fleurs 
dont les fruits n'ont pas, noué. 

Les tiges des Evonymus ou Fusains sont chargées de lenticelles, qui, 
en général, n'ont rien de bien remarquable, et sont même très-peu 
visibles dans le Latifolius, mais qui, dans le V’errucosus, sont si abon- 
dantes et si proéminentes, qu’elles forment comme une espèce de 
lèpre sur toute l'écorce, laquelle ne s'en débarrasse qu’en vieillissant. 
Les lenticelles, qui ne sont que des taches jaunâtres sur le bois de 
l'année, s'ouvrent ensuite en donnant une matière sèche qui paraît 
être du parenchyme desséché (Voyez Mour, Annales des sciences 
naturelles, 1838.) 

Les feuilles sont penninerves et jettent en se ramifiant de petites 
nervures, qui finissent par aboutir aux extrémités des dentelures, où 
l'on apercoit une petite glande noirâtre, d'où sort une matière excré- 
mentitielle; elles tombent de bonne heure dans les espèces euro- 
péennes, mais dans les autres, elles persistent en général pendant 
l'hiver, et décorent un peu les bosquets à l'époque de l'année ou ils 
sont presque entièrement dépouillés ; les pédoncuiles sont visiblement 
articulés près de la base. 

Les fleurs s'épanouissent au milieu du printemps, etrépandent leurs 
graines en automne; l’estivation du calice est valvaire, et celle des 
pétales imbriquée ; la fleur principale est souvent quinquépartite, 
comme dans la Rue, mais les autres ont presque toujours quatre 
divisions. 

Les pétales restent étalés comme les calices, et le torus charnu qui 
entoure l'ovaire distille, pendant la floraison, une humeur miellée, 
sur laquelle se répand le pollen dont'les globules ouverts envoient 
plus tard au stigmate développé leurs boyaux fécondateurs ; les éta- 
mines sont courtes et articulées sur les renflements du torus; les 
anthères sont naturellement biloculaires, mais leurs deux lobes se 
soudent à la base, et s'ouvrent au sommet par une fente horizontale 
qui répand un pollen jaune; elles ne tardent pas à disparaître avec le 
filet; le stigmate ne se divise et ne présente une surface papillaire 
qu'après la chute des étamines; ensuite et plus tard le calice se réflé 
chit vers la terre, et les pétales se séparent. 


En 

Les fruits des Evonymus européens ont la forme d'un bonnet de 
prêtre, et se teignent en automne d'un pourpre éclatant, qui, au 
moment où les loges s'ouvrent, contraste, avec le beau jaune orangé 
des arilles ; quelques-uns sont lisses, d’autres, comme les américains, 
tuberculés ou verruqueux, d'autres ailés sur les angles. L'Evonymus à 
fruit blanc, variété de l'Europœus , a le fruit d'un rouge pâle, les 
arilles et les semences blanches; le ZLatifolius , qui n’est peut-être 
non plus qu’une variété de l’Europæus, s'en distingue surtout par 
ses capsules ailées et pourprées. Toutes ces variations de forme et de 
couleur contribuent à embellir le spectacle de la nature ; en particu- 
lier, les fruits de l'EuropϾus, dont les valves septicides laissent 
long-temps leurs graines à découvert, produisent un effet charmant 
à la fin de l'automne dans les haies et dans les bois, au moment où 
la verdure a disparu et où la scène de l'année est à peu près terminée. 
Ces fruits, différents à cet égard de la plupart des autres, se refer- 
ment par la sécheresse, et s'ouvrent pleinement par l'humidité. 

A l’époque de la déhiscence, les graines restent adhérentes au som- 
met des cloisons, et dans le Latifolius, dont les feuilles se renver- 
sent, elles sont pendantes sur leur pédicelle ; dans l'intérieur est placé 
un embryon axile, dont la radicule s'étend jusqu’à l'enveloppe, et 
dont les cotylédons sont allongés et un peu arrondis; les vaisseaux 
nourriciers et pistillaires, qui s'apercoivent assez bien lorsqu'on 
enlève l’arille, se dirigent de l’ombilic à la base de la graine dont ils 
percent l'enveloppe pour entrer dans la radicule; les deux embryons, 
qu'on dit avoir apercu quelquefois dans une même graine, apparte- 
naient, je crois, à deux graines différentes, dont les arilles s'étaient 
soudés. 

Ces arilles, qui sont probablement une expansion du cordon funi- 
culaire , ne commencent à se développer qu'après la fécondation ; ils 
ne ferment pas entièrement la graine, même dans l'Europæus et le 
Latifolius, où Yon apercoit un léger vide à leur sommet; dans le 
Verrucosus, is offrent une capsule irrégulièrement ouverte, et jamais, 
selon Ricnarp, on ne les rencontre dans les fleurs à corolle mono- 
pétale. Est-il facile d'assigner la cause de cette exception , et la règle 
est-elle générale ? 

Les Evonymus présentent quelques particularités qui méritent d'être 
consignées : l'Americanus, dans une de ses variétés, produit une tige 
sarmenteuse et même radicante; l'Obovatus , des marais de la Pensyl- 
vanie, a non-seulement une tige radicante , mais encore des anthères 
sessiles et des calices enflés. Cependant, comme son fruit est inconnu, 
cette plante pourrait bien n'être pas congénère des autres espèces ; 
en tout cas elle formerait un type. 


2 @ 

Mais le phénomène le plus remarquable est celui de ces péricarpes 
‘qui pendant la maturation se déjettent avec leurs pédoncules, et 
ensuite mettent à découvert des semences arillées d’un rouge plus ou 
moins orangé, et qui, après avoir achevé de mürir en plein air, se 
détachent de l'axe central auquel elles restent encore unies par une 
lime ou un pédicelle sur lequel elles flottent quelque temps. J'ai 
observé dans le Latifolius et l'Europæus cette disposition qui appar- 
tient sans doute encore à d’autres espèces, et qui est destinée à favo- 
riser la dissémination. 

Les Evonymus diffèrent spécifiquement par la forme de leurs 
feuilles toujours simples, par leur inflorescence et par la structure 
extérieure de leurs fruits ; ils ont été destinés par la nature à former 
des buissons et des massifs, ainsi qu'à garnir les forèts. 

On cultive dans nos jardins l’Americanus et \ Angustifolius qui lui 
ressemble beaucoup et appartient à la même patrie. Le ÆVana du 
Caucase paraît former un type, principalement par la structure de 
ses fruits. 


DEUXIÈME GENRE. — Celastrus. 
d . 

Le Célastre a un calice très-petit à cinq lobes, cinq pétales ongui- 
culés, cinq étamines, un ovaire plongé dans un disque à dix stries, 
un style à deux ou trois stigmates , une capsule à deux ou trois valves 
loculicides, à cloisons complètes ou incomplètes, portant des deux 
côtés de leur base intérieure une semence droite plus ou moins enve- 
loppée d'un grand arille charnu. 

Il y a peu de genres dont le caractère soit établi d'une manière 
moins sûre, soit parce que ses nombreuses espèces fleurissent rare- 
ment et fructifient encore moins dans nos climats, soit parce que les 
organes de la fleur et du fruit varient considérablement. Kunrx pré- 
tend même, dans ses Vova genera americana, v. 4, p.183, que parmi 
les soixante-et-dix espèces qui forment actuellement ce genre, et qui 
appartiennent en très-grand nombre au Cap de Bonne-Espérance, 
mais dont quelques-unes sont dispersées aux Indes orientales et en 
Amérique, le Celastrus scandens est seul un vrai Celastrus, et que les 
autres espèces devraient être transportées ailleurs, ou constituer des 
genres propres; mais il ne faut pas oublier que de légères différences 
dans la fleur ne suffisent pas pour établir des genres, quand la confor- 
mité de l’organisation générale s'y oppose. En attendant, nous parta- 
gerons avec De Cannozze les Celastrus en deux groupes assez égaux 
ét subdivisés l’un et l’autre en deux sous-groupes. 


2" 1e 

Le premier est celui des Celastrus dépourvus d'épines, dont les 
feuilles sont entières ou dentées en scie. 

Le second est celui des Celastrus épineux, dont les feuilles sont 
entières ou dentées en scie, ou même épineuses. 

Les Celastrus présentent dans leur organisation générale plusieurs 
variations dont la première concerne le port : les uns sont des arbris- 
seaux droits de trois à quatre pieds, et les autres, beaucoup moins 
nombreux, ont les tiges couchées ou grimpantes etentortillées autour 
des plantes voisines qu’elles serrent très-étroitement. L'espèce la plus 
remarquable à cet égard est le Scandens, qui croît depuis le Canada 
jusqu’en Virginie, et qui étouffe les arbres de ses nombreux replis. 

La deuxième est relative à leurs épines : quelques-uns sont garnis 
de piquants qui se séparent naturellement de l'écorce; d'autres ont des 
épines proprement dites etmême quelquefois des rameaux spinescents 
et chargés de feuilles, ou bien peut-être, comme les Gleditschia, des 
épines proprement dites qui sortent cà et là du tronc et dont quelques- 
unes donnent des feuilles. J’ai sous les yeux une figure du Pyracantha 
dont les épines paraissent des houppes fasciculées, naissant indiffé- 
remment de toutes les parties du tronc. Ce même Celastrus avec quel- 
ques autres est indiqué comme ayant l'extrémité des feuilles terminée 
en épines. 

La troisième concerne l’inflorescence ordinairement latérale et 
quelquefois terminale : les pédoncules toujours multiflores et arti- 
culés, couvrent souvent les rameaux de leurs jolies petites fleurs 
blanches; d'autrefois ils se disposent au sommet des branches, où ils 
forment des panicules ou des cymes. Les principales espèces que l’on 
rencontre dans les jardins sont le Scandens, dont les fruits rouges à 
trois cornes produisent un effet singulier; le Buxifolius, dont les fleurs 
blanches sont réunies en corymbes axillaires ; le Multiflore, à feuilles 
d'un vert gai, fleurs blanches et nombreuses; le Mitidus, à fleurs aussi 
blanches, mais à feuiiles terminées par un aiguillon crochu ; l'Inte- 
grifolius, à feuilles persistantes, glabres et luisantes, fleurs d'un 
blanc terne, pédoncules grêles et dichotomes, rameaux inermes ou 
épineux. 

La quatrième s'applique aux capsules, qui, à l'époque de la matu- 
rité, sont ordinairement rouges et forment sur les tiges des effets 
agréables. Ces capsules, régulièrement trivalves et triloculaires, sont 
plus ou moins ailées, et s'ouvrent différemment, selon les espèces; 
les graines, recouvertes en tout ou en partie d’arilles colorés, müûris- 


sent souvent en plein air après la déhiscence de leurs valves, comme 
celles des Fusains. 


nt. 

La cinquième concerne les fleurs qui, ordinairement hermaphro- 
dites, sont quelquefois aussi polygames ou dioïques comme dans le 
Scandens. 

Les Celastres forment en conséquence un grand nombre de types, 
dont plusieurs sans doute appartiennent à des localités distinctes : 
ceux du Cap ne se dépouillent de leurs feuilles qu'à l'époque des nou- 
velles pousses; ceux de l'Amérique septentrionale, du détroit de Ma- 
gellan, etc., perdent sans doute leurs feuilles en hiver. Le Cussinoides 
des Canaries a aussi les feuilles persistantes. 

La véritable patrie de ces arbrisseaux, à feuilles ordinairement 
alternes, est sans doute le Cap de Bonne-Espérance, mais l'on en 
trouve plusieurs aux Indes orientales, aux îles Maurice, à la Chine, 
au Japon, au Brésil, au Pérou, au Mexique, à la Jamaïque, au détroit 
de Magellan, dans l'Amérique nord, etc., et jusqu'aux Canaries. 
Tous sont étrangers à l'Europe; mais ils vivent facilement, les uns 
dans nos serres, les autres en plein air. 

Le Burifolius, du groupe des épineux, et qui appartient au Cap, 
est un arbrisseau élégamment couronné par ses panicules blanches et 
deux fois ternées. La fleur a cinq pétales et cinq étamines bilobées et 
introrses , un torus recouvert d'un grand disque mellifère, et un style 
terminé par trois stigmates étalés et papillaires ; les feuilles persistantes 
ont le pétiole contourné du côté de la lumière et le limbe entier et un 
peu buxiforme; les tiges se terminent par des bourgeons qu'on aper- 
çoit aussi aux aisselles supérieures; les inférieures portent un pédon- 
cule transformé en épine. Les autres espèces cultivées, indépendam- 
ment de celles que j'ai déjà citées, sont l’'Oleoides du Cap , à rameaux 
inermes et feuilles persistantes, et l'Édulis de l'Yemen , cultivé pour 
ses feuilles et dont\l'arille ailé est incomplet. La fécondation est immé- 
diate ou médiate. Les anthères introrses se recourbent sur le stigmate 
qu'elles recouvrent de leur pollen, lequel retombe sans doute sur le 
disque nectarifère , et dont les globules vésiculaires se rompent pour 
renvoyer leurs émanations sur les papilles développées de l'organe 
stigmatoide. 

Je ne connais presque rien sur l'organisation végétale ou florale de 
ce genre; je vois seulement que le Pyracantha, le Cassinoides , et sans 
doute aussi un grand nombre d’autres ont leurs tiges terminées par 
un bouton, d'ou il est facile de conclure que leur végétation s’arrête 
en automne et recommence au printemps; leurs feuilles souvent lau- 
rinées, sont plissées sur la nervure principale, et ont des nervures 
penniformes, qui viennent se terminer aux sinuosités placées entre 
les dentelures des feuilles, souvent bordées à leur base. 


=D = 

Mais le point le plus essentiel à éclaircir dans ce genre, concerne 
la fleur. Quelle est l’estivation de son calice et de sa corolle? Les an- 
thères sont-elles extrorses dans les espèces dioïques ou polygames ? 
Comment sont conformés les stigmates, et à quelle époque s’ouvrent- 
ils? Enfin, les étamines et les autres parties de la fleur ont-elles des 
mouvements propres, et la dissémination varie-t-elle selon les espèces ? 
J'ajoute en terminant que plus les Celastrus se soustraient à nos clas- 
sifcations, plus aussi ils doivent présenter de phénomènes particuliers 
ou d’arrangements dans lesquels le but est toujours en rapport avee 
les moyens. 

Les principales différences spécifiques sont tirées du port de la 
plante, de son inflorescence, de ses feuilles, ses épines, ses poils, ses 
capsules, etc. GÆRTNER, qui ne connaissait qu'un petit nombre de 
Celastrus, croyait qu’il était difficile de ne pas réunir ce genre à 
l'Evonymus, et en effet, ces deux genres ont entre eux d'assez grands 
rapports. 


Troisième tribu. — AQUIFOLIACÉES. 


Les Aquifoliacées ont les pétales élargis à la base et quelquefois 
réunis; leurs fruits sont indéhiscents, leur embryon est axile dans un 
albumen charnu, leurs feuilles sont simples, Kocx a placé cette tribu 
dans la troisième sous-classe, c’est-à-dire dans les Corolliflures du 
Prodrome, parce que sa corolle est monopétale hypogyne, et que ses 
étamines sont insérées sur la corolle ; en effet, je n'y ai apercu aucune 
trace de calice nectarifère. 


PREMIER GENRE — Îlex. 


L'Ilex a un calice persistant à quatre ou cinq dents, autant de 
pétales hypogynes libres ou légèrement réunis, et formant une 
corolle en roue, autant d’étamines hypogynes et alternes aux pétales; 
un ovaire quadriloculaire couronné par des stigmates presque sessiles, 
séparés ou réunis, une baie à quatre ou cinq pyrènes oblongs, mo- 
nospermes et ombiliqués au sommet; une semence renversée, et un 
embryon logé au sommet d’un albumen charnu. 

Les Ilex, dont l’on connaît déjà près de quarante espèces, sont 
dispersées sur toutes les parties du globe: on en trouve un en Europe, 
deux ou trois aux îles Baléares et Canaries, plusieurs aux Grandes- 
Indes, au Népaul, à l'ile Maurice; d’autres sont originaires des 


ee el 
contrées chaudes de l'Amérique nord, ou bien des Antilles, du Pérou, 
du Brésil, enfin Auguste Sarnr-HivaiRE a reconnu que l’Herbe du 
Paraguai, dont les indigènes font un si grand usage comme thé, était 
une espèce de ce grand genre ( Mém. du Museum, v. 8, p.351.) 

Ces diverses plantes sont toutes des arbrisseaux ou des arbres 
médiocres, à feuilles alternes, laurinées, épaisses, persistantes, et 
souvent bordées d'épines roides; leurs fleurs sont axillaires, à pédon- 
cules plus ou moins ramifiés, à pétales blancs plus ou moins soudés, à 
baies dures, sphériques et d'un beau rouge. 

L’Ilex aquifolium ou plutôt acutifolium, que je prends ici pour 
l'espèce principale, et que je décris comme exemple, habite nos haies, 
nos bois et le pied des montagnes; son accroissement est lent comme 
celui de la plupart des végétaux à bois dur; ses feuilles, disposées en 
ordre quaternaire et d'abord très-petites, ne tombent que la seconde 
année, et ses fleurs, dépourvues d’enveloppe, ne sont jamais placées 
sur le nouveau buis, mais sur celui de l’année précédente, et quelque- 
fois aussi sur celui des années plus anciennes; elles sont portées sur 
un rameau avorté, et disposées en petits bouquets serrés et globuleux, 
à deux ou trois pédoncules accompagnés de bractées courtes et peu 
marquées ; les fleurs, que la plupart des auteurs représentent comme 
hermaphrodites, sont réellement dioïques par avortement ; certains 
pieds donnent exclusivement des fleurs mâles, tandis que d’autres 
portent constamment des graines. Mais l’on trouve toujours dans les 
premiers des rudiments de pistils, et les secondes ont leurs étamines 
bien conformées. Cette variation dans les sexes estencore bien plus mar- 
quée dans d'autres espèces. Micnaux et Bosc assurent qu’elle est géné- 
rale dansles Z/ex des deux Amériques; mais elle n'a pas lieu certainement 
dans toutes. Le calice et la corolle diffèrent aussi pourlenombredeleurs 
divisions, qui vont de quatre à six, selon les espèces ; dans notre lex, 
la fleur femelle n’a pas toujours cinq pétales et cinq dents au calice, 
et la fleur mâle n'en a guère que quatre; cette remarque s'applique 
plus ou moins aux autres espèces. 

Les fleurs femelles ont les pédoncules simples et moins nombreux 
que les autres, qui tombent promptement par une rupture préparée, 
tandis que les baies persistent pendant l'hiver où elles contrastent 
admirablement par leur couleur écarlate avecle vert foncé des feuilles; 
elles se désarticulent plus tard, mais elles ne s'ouvrent point. 

Les bourgeons de l'Ilex commun et de presque toutes les autres 
espèces, terminent la tige sans rupture ; leurs écailles, comme celles 
des bourgeons axillaires, sont également caduques, et l'on apercoit 
dès la fin de mai le bourgeon terminal de l’année suivante; en sorte 


RTE 
qu'avec des instruments plus parfaits, on verrait le bourgeon forme à 
l'indéfini et alternativement, d'écailles et de vraies feuilles, d’où l’on 
peut conclure que la transformation des feuilles en écailles s'opère 
très-long-temps à l'avance et par une disposition préordonnée. 

Ces feuilles sont plissées ou plutôt repliées en deux, et chacune 
d'elles recoit celle qui doit se développer ensuite, À leur nd EE elles 
sont comme transparentes et point du tout épineuses; leurs nervures 
très-marquées et en partie recouvertes par l'épiderme, sont dirigées 
sur les dents épineuses du contour cartilagineux : cette conformation 
appartient, je crois, à la plupart des Jlex. ÿ 

Les tiges et les branches sont sèches et flexibles ; leur écorce long- 
temps verte est recouverte de lenticelles allongées et d'une forme 
assez irrégulière ; leurs racines sont pivotantes, sans drageons ni rejets ; 
leurs feuilles d'une contexture remarquable, m'ont paru dépourvues 
de glandes corticales à leur surface supérieure, et finement ponctuées 
en us de taches blanchâtres, et peut-être parenchymateuses; elles 
transpirent peu, et supportent ls plus grands froids, en se gelant, il 
est vrai, mais en conservant leur tissu non altéré. 

dou l'année est chaude et humide, on voit souvent l'lex 
redonner des fleurs très-bien conformées, et qui sont alors placées 
sur le bois de l'année. Le bourgeon terminal ne se développe pas. 

Les fleurs, toujours latérales et axillaires, sont dépourvues de 
bractées ; les corolles ont une estivation imbriquée, les anthères sont 
introrses latérales, à lobes un peu divariqués vers la base; le pollen 
est jaune, granulé et long-temps adhérent; le stigmate est un bouclier 
arrondi, épais, glutineux et obscurément divisé en quatre lobes; le 
nectaire est une glande qui entoure l'ovaire et qu’on n'apercoit pas 
distinctement. Cependant l'on remarque très-bien l'humeur necta- 
rifère au fond de la fleur, dont elle recouvre les stigmates, et qui 
sert sans doute à recevoir le pollen. 

La fécondation ne s'opère pas facilement, parce que le pollen n’est 
pas composé, comme dans les Amentacees, de molécules légères et 
transportables ; il est formé, au contraire, d’une matière farineuse, 
qui adhère long-temps aux lobes des anthères introrses ; il faut donc 
supposer que ce pollen est d'abord recu par l'humeur abondante 
d'une belle glande hypogyne, qui porte l'ovaire quadrifide et avorté 
des fleurs mâles, et que ses globules envoient leurs émanations au 
stigmate pelté et papillaire des fleurs femelles, dont les anthéres 
m'ont constamment paru avortées; quoi qu'il en soit, la fécondation 
n'a pas toujours lieu , car le fruit de notre Houx n’est pas très-commun. 

On cultive plusieurs /lex étrangers, tels que le Cassinoïdes, 


RS) ss 

Mryrtifolia, le Prinoides et le V’omitoria ; ce dernier, originaire de la 
Caroline, a des fleurs blanches tétrapétales, des anthères introrses 
latérales, un stigmate en tête et un calice recouvrant après la fécon- 
dation un ovaire globuleux, jaunâtre, entouré à sa base d’une glande 
mellifère. Dans l’Angustifolia, les quatre divisions pétaloïdes sont 
blanches, et les anthères introrses sont recourbées sur le stigmate, 
plongé pendant la fécondation dans l'humeur mellifère d’une glande 
placée au-dessous de l'ovaire. Cet lex est donc hermaphrodite; il en 
est de même du Cassine, qui a la végétation et les fleurs latérales de 
V’Aquifolium. 

Les différences spécifiques des {ex consistent surtout dans l’inflo- 
rescence, la nature et la forme des feuilles minces, épaisses, épineuses 
ou inermes; toutefois il ne faut pas mettre trop d'importance à la 
forme même de ces feuilles, car celles de l’AÆquifolium , ordirairement 
piquantes et irrégulièrement contournées, deviennent planes et non 
épineuses dans les individus plus âgés ; tandis qu’au contraire, elles 
se chargent même de piquants sur leurs surfaces dans une des variétés 
nombreuses que présente cette espèce, et parmi lesquelles on doit, 
selon moi, placer le Balearica, qui n’en diffère que par 5es feuilles 
planes et ses fleurs constamment hermaphrodites. DE Canporre 
observe que l'Opaca de l'Amérique nord porte ses fleurs éparses à la 
base des rameaux de l'année, et jamais sur les autres. Je n'ai apercu 
aucun mouvement dans les feuilles ou les fleurs des //ex, mais j'ai 
remarqué que, dans le V’omitoria, les fleurs sont aussi éparses, pédi- 
cellées et corymbifères sur les tiges de l’année; que les rameaux se 
rompent au sommet, que le stigmate est sessile, que les pétales et le 
torus sont mellifères, et qu'après la fécondation, la baie jaunâtre est 
renfermée par le calice ; en sorte que cette espèce a une organisation 
végétale et florale qui l’éloigne beaucoup de notre espèce commune. 
Il en est sûrement de même de plusieurs Houx étrangers, qui ne doi- 
vent pas non plus être homotypes entre eux. 

Les baies de lex commun sont sphériques, pulpeuses, et contien- 
nent à l'intérieur quatre osselets allongés et appliqués au centre les 
uns contre les autres ; leurs pyrènes germent accompagnés d’une pulpe 
. qui les maintient sans doute dans une humidité favorable; la radicule 
est supère, C'est-à-dire contiguë au stigmate, et l’on peut voir les 
vaisseaux nourriciers se diriger par une arête dorsale jusqu'à la pointe 
du pyrène. Dans les fleurs mâles, on apercçoit, à la place du stigmate; 


quatre corps épais , qui sont sans doute les quatre pyrènes dépourvus 
de stigmate ét d'enveloppe commune. 


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l 


DEUXIÈME GENRE. — Prinos. 


Le Prinos ressemble en tout à l’//ex, mais ses fleurs ont ordinaire: 
ment six divisions et six pyrènes, et sont presque toujours dioïques 
ou polygames. 

Ce genre, composé actuellement d'environ douze espèces, se divise 
artificiellement en trois groupes à peu près égaux : 

1° Celui des fleurs à quatre ou cinq divisions; 

2° Celui des fleurs à six divisions et feuilles caduques; 

3° Celui des fleurs à six divisions et feuilles persistantes. 

Ces plantes sont presque toutes originaires des contrées chaudes de 
l'Amérique septentrionale, des Antilles et en particulier de l'ile de 
Montserrat ; elles recherchent les ombrages des montagnes ou des bois 
humides, et forment des arbrisseaux en général plus petits que les 
Ilex, à feuilles caduques ou persistantes, mais jamais épineuses, à 
fleurs axillaires, nombreuses, petites, blanchätres ou rougeûtres, et 
à baies globuleuses, ordinairement d’un rouge éclatant comme celles 
de l'Ile. 

Les Prinos se cultivent dans nos serres où les espèces les plus com- 
munes sont le Verticillata, le Lanceolata, le Lucida, le Glabra, le 
Prunifoliu, qui se multiplient également de graines et de marcottes. 
Leurs fleurs, souvent odorantes, qui paraissent au commencement de 
l'été, ne manquent pas d'élégance dans le port, et produisent surtout 
un effet agréable en hiver, lorsque leurs baies écarlates relèvent l’éclat 
de leurs feuilles persistantes. 

Les différences spécifiques sont surtout tirées de la forme et de la 
durée des feuilles, de l'inflorescence et de la couleur des fleurs; 
presque tous ces arbrisseaux sont glabres ; cependant on observe une 
poussière sans doute glanduleuse ou résineuse sur la surface inférieure 
des feuilles de l'Ætomaria. 

On ne peut guère douter que l'organisation générale des Prinos 
ne soit celle des Z/ex, et qu'ils ne présentent les mêmes phénomènes, 
soit dans la végétation, soit dans la fécondation. 

Le Coriacea, qui diffère très-peu de l'Æ/omaria, a des feuilles 
épaisses, ovales, lancéolées, persistantes et très-entières, des fleurs 
d'un beau blanc à six divisions profondes et disposées en corymbes 
très-nombreux aux aisselles de l'année précédente; ses anthères sont 
introrses et répandent leur pollen sur le fond de la corolle baignée 
par la liqueur qui distille en abondance de la glande placée au- ee 
de l'ovaire, en sorte qu'il n’y a point de doute que sa fécondation ne 
soit celle des Z/ex. 


ET ETES 
TROISIÈME GENRE. — /Vemopanthes. 


Le Nemopantkhes a les fleurs dioïques ou polygamiques par avorte- 
ment, un calice à peine visible, cinq pétales distincts allongés, 
linéaires et caducs, cinq étamines alternes aux pétales, un ovaire 
hémisphérique recouvert d'un disque visqueux, trois ou quatre stig- 
mates sessiles que l'on apercoit à peine dans la plante mâle. 

Ce genre ne comprend qu’une seule espèce, le Vemopanthes 
Canadensis, qui croît depuis le Ganada jusqu’à la Caroline; ses bour- 
geons terminaux renferment les fleurs de l'année qui sont axillaires et 
solitaires sur des pédoncules entièrement nus. Les feuilles caduques 
sont d'abord roulées inférieurement sur leurs bords; les pétales sont 
valvaires près de la base et imbriqués vers le sommet; les étamines 
sont biloculaires et introrses; le fruit est une baïe à trois ou quatre 
loges et autant de semences. 

Cet arbrisseau a les rameaux divariqués et manque d'élégance dans 
le port : sa tige est continue comme celle des Jlex, et les lenticelles 
sont peu apparentes. Je ne sais pas si les étamines ont des mouvements, 
et si les fleurs femelles en sont entièrement privées. La matière 
visqueuse qui entoure l'ovaire est probablement l'humeur nectarifère, 

Les écailles des bourgeons sont un peu foliacées et tombent tard. 

Le caractère qui distingue ce genre, c'est l'absence à peu près 
totale du calice. Comment la nature l'a-t-elle remplacé ? Est-ce par les 
bourgeons qui renferment les fleurs ? 


Quarante-cinquième famille. — Hramnées. 


Les Rhamnées ont le tube calicinal adhérent presque toujours à 
l'ovaire, et ses lobes en estivation valvaire ; les pétales qui avortent 
quelquefois ressemblent souvent à des écailles concaves, les étamines 
opposées aux pétales , et qui varient entre quatre et cinq, comme les 
sépales, ont leurs anthères biloculaires; l'ovaire, formé de deux à 
quatre loges monospermes, est engagé entièrement dans le calice, et 
adhère jusqu'au milieu ou seulement par sa base qui est un disque 
nectarifère; le style est unique, les stigmates correspondent au 
nombre des loges; le péricarpe, ordinairement indéhiscent, est une 


22216) = 

baie, un drupe, un samare et rarement une capsule ; les semences sont 
droites et dépourvues d'arille, l'albumen est nul ou charnu, l'embryon 
droit et axile, la radicule infère, et les cotylédons planes et plus ou 
moins charnus. 

Les Rhamnees, dont l’on compte actuellement plus de deux cents 
espèces, sont des arbrisseaux ou de petits arbres, à feuilles simples , 
alternes, très-rarement opposées et souvent stipulacées;; leurs fleurs 
sont petites et ordinairement verdâtres ; ils diffèrent des Célastrinees 
par leur calice valvaire, leurs étamines opposées aux pétales, et leur 
ovaire plus ou moins adhérent ; ils renferment plusieurs genres dont 
les espèces ne sont pas toutes bien connues. 

L'inflorescence générale est centripète , mais la particulière est quel- 
quefois centrifuge, et les fruits présentent un grand nombre de modi- 
fications, soit dans leurs soudures, soit dans leurs ovules. 


PREMIER GENRE. — Zizyphus. 


Le Zizyphus a un calice étalé et quinquéfide, coupé quelquefois 
horizontalement par le milieu après la floraison et persistant à sa 
base qui s’unit plus tard avec le fruit; le disque est glanduleux, 
adhérent au calice et chargé de cinq pétales convolutés sous lesquels 
sont placées les étamines ; les styles varient de deux à trois; le péricarpe 
est un drupe ovoïde, renfermant un noyau bivalve, biloculaire, rare- 
ment uniloculaire ou triloculaire; les semences solitaires dans chaque 
loge sont orbiculées et aplaties, sans sillons et presque sans albumen. 

Les Zizyphus ou Jujubiers se divisent artificiellement en deux 
groupes : le premier ou celui des feuilles glabres en dessous, et le 
second ou celui des feuilles soyeuses et cotonneuses en dessous. Ils 
renferment entre eux près de quarante espèces. 

Ces plantes sont des arbrisseaux ou de petits arbres à feuilles 
alternes , répandus principalement dans les climats chauds de l’ancien 
continent, aux Indes orientales et dans les îles adjacentes, au Népaul, 
en Afrique, en Syrie et en Barbarie ; deux seulement sont originaires 
de l'Amérique, et aucun n'appartient primitivement à l'Europe; mais 
la principale espèce ou le Zizyphus vulgaris y a été apportée d'Asie 
du temps d'Auguste, et il est fort probable que le Lotus, actuellement 
acclimaté en Portugal et en Sicile, est venu de la Barbarie, sa véritable 
patrie. 

Ce genre a été séparé du Rhamnus , à cause de son organisation 
générale et de la structure de sa fleur : les espèces principales dont il 
est formé paraissent én effet appartenir à un même type; leurs tiges, 


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a 1/0 — 


qui se rompent de bonne heure au sommet, sont fragiles et plus ou 
moins divariquées ; leurs feuilles alternes , ordinairement obliques à 
la base et marquées de trois à cinq nervüres saillantes, ont à droite et 
à gauche deux faibles stipules inégales, qui se flétrissent et tombent 
promptement, et les fleurs, placées aux aisselles de l'année, où elles 
forment des cymes peu garnis, sont jaunâtres, solitaires, petites; 
ordinairement monoïques, dioïques ou polygames par avortement; 
les cinq pétales capuchonnés conservent dans leur sein, et protégent 
les cinq étamines bilobées et introrses, qui répandent leur pollen jau- 
nâtre sur les deux ou trois stigmates en tête papillaire, et principale- 
ment sur le disque nectarifère, dans lequel elles sont implantées, et 
qui fournit en abondance l'humeur miellée par le concours de laquelle 
s'opère la fécondation ; les anthères des fleurs mâles sortent de bonne 
heure de leur capuchon qui se déjette; la plupart des fleurs tombent 
promptement, et à la maturation il ne reste sur la branche qu'un 
petit nombre de fruits. 

Les fleurs du Zizyphus présentent souvent un caractère physiologi- 
que qui leur est propre ; après l'épanouissement, la partie supérieure 
du calice se coupe horizontalement, et se sépare de manière que le 
fruit reste totalement dégagé d'enveloppe : ce phénomène ne doit pas 
appartenir aux fleurs mâles, qui tombent sans doute après la fécon- 
dation par une rupture préparée. 

La plupart des espèces portent à l’aisselle de leurs feuiiles deux 
épines, qui ne peuvent guère être considérées que comme des stipules 
endurcies, quoiqu'elles ne soient pas toujours placées des deux côtés 
de la feuille; plusieurs espèces ont même une de ces épines droite et 
l’autre recourbée, comme on le voit aussi dans le Paliure ; et jamais 
ces deux stipules spinescentes ne sont entièrement droites. Quelle est 
la raison de cette singulière conformation, et pourquoi n’appartient- 
elle pas à tout le genre? Je l'ignore. Je présume que les espèces qui 
sontainsi armées préservent mieux leurs feuilles et leurs fruits, et que 
celles qui sont inermes ont recu d’autres moyens de défense. 

Au reste ces épines persistantes ne sont pas toujours régulièrement 
placées etne serencontrent pas sur tous les rameaux; Ceux qui sortent 
du vieux bois ou des aisselles des anciennes He sont à peu près 
dépourvus d'épines et portent seulement des fleurs; mais ceux qui 
naissent du haut des tiges, et qui doivent accroître la plante, sont 
fortement armés. 

Les points destinés à donner des fleurs l’année suivante s’apercoi- 
vent sur les tiges comme des renflements d'autant plus marqués qu'ils 
sont plus bas: ils correspondent tous aux anciennes aisselles et ressem- 

II. 2 


AG 

blent à ceux des Zanthoxylum et de quelques autres plantes qui 
repoussent continuellement des mêmes points. De Canpozce a le pre- 
mier remarqué que ces renflements, si visibles surle Zizyphus, donnent 
quelquefois des rameaux stériles qui persistent et servent à étendre la 
plante, mais plus souvent des rameaux florifères qui, après avoir porté 
leurs fruits, se dessèchent et se rompent ensuite à la base, comme de 
“véritables pétioles ; on voit au centre de ces renflements relevés le 
bourgeon de la nouvelle année, et tout autour les bases desséchées 
des anciens bourgeons. Les autres espèces de Zizyphus ont-elles la 
structure végétale de celui que je viens de décrire et comment en 
diffèrent-elles ? 

Les tiges des Zizyphus sont couvertes de lenticelles très-apparentes, 
et leurs sommités se rompent dès l'automne, mais leurs épines per- 
sistent long-temps , ce qui prouve qu’elles ne sont pas des aiguillons 
proprement dits; leurs feuilles sont toujours caduques, et dans les 
pays méridionaux leurs rameaux peuvent donner deux récoltes dans 
l'année. 

Le J'ujubier fleurit long-temps, et sa fleur, petite et jaune, est entié- 
rement remplie par un grand plateau , d'où sortent , à l'époque de la 
fécondation, des goutteleites d'humeur miellée ; le stigmate est ordi- 
nairement bifide. J'ai vu des fleurs à anthères et d'autres à stigmates 
avortés, et j'ai remarqué que les pétales opposés aux étamines ser- 
vaient à protéger les anthères qu’ils enveloppent étroitement. 

Le calice, soudé à sa base, d’abord sur le nectaire, et ensuite sur 
le fruit, mais d’ailleurs entièrement libre, se dessèche ensuite, et 
pendant la maturation, ses lobes tombent gnon par une articulation 
préparée, mais par l'effet d’une rupture plus ou moins régulière, et 
qui tient, comme on le voit, à son organisation primitive, dont il 
n’est pas difficile de comprendre le but. 

Les Zizyphus ont été évidemment destinés à la nourriture des 
hommes et des animaux. Les peuples du midi de l'Europe ne connais- 
sent guère que l'espèce commune, mais ceux de la Palestine et de la 
Syrie font un grand usage du Spina Christi qui fleurit régulièrement 
deux fois l'année ; ceux du nord de l'Afrique possèdent encore le Lotus 
qui , d’après l'opinion de Des Fonraines et les meilleurs témoignages, 
paraît être le vrai Lotus des anciens. Munco-Parcx a trouvé dans 
l'intérieur de ce vaste continent un fruit plus exquis, qui provient 
d'une espèce différente, encore plus recherchée par les indigènes que 
le Lotus qu'ils recueillent cependant avec beaucoup de soin; et enfin 
l'on sait depuis long-temps que les Indiens emploient les fruits du 
Jujuba et de quelques autres espèces pour des confitures et des pâtes 


ETS fees 

stomachiques semblables à celles que fournissent les autres Zizyphus. 

Les fruits méritent d’être examinés, soit pour la marche que suivent 
les cordons pistillaires depuis le sommet jusqu’à la base où est logée 
la radicule, soit aussi pour la manière dont s'opère la germination. 
Le drupe donne-t-il naissance à deux plantes, ou bien l’une des 
semences avorte-t-elle ? Je vois que ces semences portent à la base un 
grand ombilic échancré et une chalaze au sommet, et que le raphé 
qui y arrive depuis l’ombilic, passe dans une rainure creuse, tantôt 
au-dessous, tantôt au-dessus du testa et sous sa première membrane. 


DEUXIÈME GENRE. — Paliurus. 


Le Paliurus a les fleurs du Zizyphus, mais ses styles sont au nombre 
de trois ; son fruit est sec, indéhiscent, orbiculaire, entouré d'une 
aile large et membraneuse, et divisé intérieurement en trois loges, 
qui renferment chacune une semence ovale non sillonnée, et dont 
l’albumen est à peu près nul. . 

Ce genre, autrefois réuni au Rhamnus , avec le Zizyphus, mais qui 
se distingue de l’un et de l’autre par la conformation singulière de son 
fruit et par d’autres caractères, est formé, dans DE Cannozze, de 
trois espèces : l'Aculeatus , du midi de l'Europe, le Virgatus, du Né- 
paul, qui en diffère peu et appartient évidemment au même type, et 
de l'Aubletia, des environs de Cantong, qui doit peut-être se ranger 
parmi les Zizyphus. 

Le Paliurus aculeatus ou Porte-Chapeau, a tout-à-fait le port et l'ap- 
parence extérieure des Zizyphus; mais son fruit, entouré d'une grande 
aile membraneuse, comme articulée à un calice tronqué qui lui sert 
de base, est entièrement sec, et se divise en trois loges; ses fleurs, 
disposées en cymes raccourcis, naissent des jets supérieurs, et tou- 
jours des pousses de l’année; enfin ses nouveaux Jets ne sortent pas 

‘ des anciennes aisselles, comme dans le Zézyphus, mais elles naissent 
uniquement du jeune bois. 

Les tiges, au lieu de se rompre régulièrement au sommet, conser- 
vent souvent leur bourgeon terminal; cependant elles en fournissent 
aussi de latéraux , naissant des aisselles supérieures, et formés comme 
les autres d’écailles petites, dures et un peu épineuses; les feuilles, 
légèrement plissées sur leurs trois nervures , sont recourbées en de- 
dans; les épines, au moment où s'ouvre le bourgeon, sont toutes 
deux droites et couchées sur les feuilles. La fécondation a lieu, comme 
dans les autres Rhamnées, avant que les stigmates soient bien confor- 
més; les anthères biloculaires et introrses se dégagent du capuchon 


LE on — 
raccourci et non prolongéen voûte, et le pollen jaune se répand sur 
les stigmates et sur le nectaire, qui est un grand plateau jaunâtre, fes- 
tonné dans les bords et tout imprégné d'humeur miellée; ensuite les 
filets se déjettent fortement, ainsi que les capuchons; le stigmate est 
une tête papillaire, et la fécondation, comme dans le reste de la 
famille, s'opère par l'humeur qui sort du plateau nectarifère. 

Le Paliure commun est un petit arbrisseau qui supporte mal nos 
gelées, et perd ordinairement en hiver ses rameaux florifères ; mais il 
repousse, soit de sa base, soit des aisselles des rameaux stériles; ses 
feuilles transparentes et finement dentées tombent de bonne heure, 
tandis que ses épines se conservent long-temps, quoiqu'elles ne tien- 
nent guère qu'à l'écorce; elles sont placées des deux côtés des feuilles, 
et non pas du même, comme dans les Zizyphus. 

Cet arbrisseau est employé pour les clôtures, et forme des haies 
peu garnies ; ses fruits secs et un peu cartilagineux doivent être semés 
de bonne heure; ses trois semences germent-elles ensemble, ou une 
seule est-elle féconde? Il est rare qu’il se trouve dans la même grappe 
plus d’une fleur fertile. Le V’irgatus, qui se cultive actuellement en 
Europe, n’a ni le bord de son péricarpe crénelé, ni ses feuilles den- 
telées, quoiqu'il appartienne au même type. 


TROISIÈME GENRE. — lhamnus. 


Le Rhamnus a un calice urcéolé, quadrifide ou quinquéfide, sou- 
vent rompu circulairement après la floraison au-dessus de sa base, 
qui reste adhérente au fruit; des pétales alternes aux lobes du calice, 
et qui avortent quelquefois; des étamines placées devant les pétales, 
et autour du disque; un style de deux à quatre divisions, un péri- 
carpe divisé en autant de parties, et qui, lorsqu'il n’est pas bacci- 
forme, se sépare en loges ouvertes longitudinalement. Les semences, 

ordinairement solitaires et quelquefois géminées dans chaque loge, 
sont oblongues, élargies à la base et marquées sur le dos d’une rainure 
profonde. 

Les Rhumnus sont tous des arbrisseaux ou de petits arbres, à 
rameaux quelquefois épineux au sommet, à feuilles penninerves, per- 
sistantes ou caduques, stipules non épineuses, fleurs hermaphrodites, 
unisexuelles, ou polygamiques, et fruits non mangeables. 

On les divise en trois sections : les Alaternes, les Cervispina et les 
Frangula. La première, qui a les fleurs quinquéfides et pentandriques, 
le fruit bacciforme et régulièrement trisperme, et la cicatricule non 
saillante, a recu son nom de ses feuilles toujours alternes, et compte 


= 9 — 
quatre espèces : l'4laternus, V Hybrida, V'Integrifolia et le Glandu- 
losu , qui se reconnaissent à leurs feuilles persistantes et à leurs fleurs 
ordinairement quinquéfides. 

L’Alaterne commun, qui nous sert ici de type, est un arbrisseau 
ou un petit arbre à feuilles persistantes, comme toutes les espèces de 
la même section, et dont le développement n’est suspendu que par 
l’abaissement de la température. Ses' feuilles, plus ou moins roulées 
dans la préfoliation et accompagnées de deux petites stipules, sont 
coriaces, à nervures pennées et enfoncées ; elles ne tombent qu'à la 
fin du printemps de l’année suivante, au moment où l'arbre com- 
mence à faire de nouvelles pousses. 

Les fleurs, disposées en petites grappes aux aisselles de l'année pré- 
cédente, sont dioïques par avortement; tandis que, dans les autres 
Alaternes , elles sont tantôt hermaphrodites et tantôt polygames; les 
mâles , pédicellées sur un pédoncule commun assez allongé, à inflo- 
rescence centripète, sont dépourvues de corolle comme les femelles, 
et ont cinq étamines à anthères saillantes, latérales, et pollen adhé- 
rent; les femelles, portées sur un pédoncule plus court, ont leurs 
étamines avortées, leur stigmate à trois ou quatre lobes saillants et 
terminés en tête papillaire ; le torus est entièrement baïigné d'humeur 
miellée, et après la fécondation, le calice de la fleur femelle se referme; 
la fleur mâle, au contraire, se désarticule. 

On peut remarquer ici que les pétales manquent, parce que les 
étamines et les pistils sont saillants, et que la plante est dioique. 

L'Hybrida, assez commun dans les jardins, provient, dit-on, de 
l’Alpina , fécondé par l’Alaternus , et le Glandulosa des Canaries porte 
des glandes au-dessous des feuilles. 

La seconde section des Rhamnus est celle des Cervispina, dont les 
fleurs quadrifides ont quatre étamines, et les fruits régulièrement 
quatre loges et quatre semences plus ou moins avortées et une cicatri- 
cule non saillante; elle contient un assez grand nombre d'espèces 
divisées un peu artificiellement en deux groupes : 1° celui à rameaux 
épineux; 2° celui à rameaux non épineux. Le premier ne comprend 
guère que des plantes européennes, que je range sous deux types: 
celui du Cathartica, à tiges droites et fleurs polygames ou dioïques ; 
et celui du Saxatilis, à fleurs dioïques, rameaux spinescents et tiges 
basses ou rampantes au milieu des rochers. 

Le second groupe peut également se partager en deux types : celui 
des espèces alpines , et celui de l'Amérique septentrionale; c'est de ce 
dérnier type que Kocu a formé sa section des vrais Rhamnus. 

Ces plantes habitent principalement le bassin de la Méditerranée 


ou le continent du nord de l'Amérique, et malgré leurs différences 
spécifiques , elles se rapprochent beaucoup pour l'organisation géné- 
rale ; leur caractère le plus variable est précisément le même qui, dans 
d'autres familles, a la plus grande constance. Je veux parler des organes 
de la fécondation, qui avortent en tout ou en partie pour le très- 
grand nombre des espèces, indifféremment hermaphrodites, dioïques, 
polygames, etc. Je n’ai pas examiné les divers phénomènes auxquels 
ces variations donnent lieu ; mais j'observe que, dans les fleurs 
femelles des plantes dioïques, le style et les stigmates sont toujours 
saillants. 

Parmi les Cervispina , les uns, tels que le Cathartica et le Tinctoria, 
se plaisent dans nos haies; les autres, comme le Saxatilis et Y Infec- 
toria , tous les deux dioïques, préfèrent les pentes caillouteuses du 
midi de l'Europe ; l’A{/pina et le Pumila croïssent sur nos montagnes 
élevées, où ils se font remarquer par leur belle verdure. Leurs feuilles 
toujours alternes, quoiqu'elles paraissent quelquefois opposées, sont 
dans l'estivation roulées sur les bords et faiblement protégées par de 
petites stipules qui tombent bientôt. Les tiges se rompent ordinaire- 
ment après la pousse. et les boutons latéraux allongent la plante. 

Les feuilles de la plupart des Cervispina sont caduques, finement 
dentées, crénelées, légèrement cartilagineuses sur les bords, et 
chargées à leur contour de petites glandes plus marquées vers le som- 
met. Quelquefois, comme dans le Cathartica, elles sont simplement 
penainerves, mais d'autrefois leurs nombreuses nervures sont comme 
enfoncées par l'accroissement du parenchyme intermédiaire. J'ai 
remarqué que les feuilles du Cathartica femelle étaient molles et 
velues, ‘andis que celles des individus mâles étaient lisses et brillantes. 

Les fleurs, disposées en fascicules, qui sont de vrais cymes, nais- 
sent sur le bois nouveau, aux aisselles inférieures; on les voit même 
entre les écailles, au bas du bouton; ce qui sert à confirmer que 
celles-ci sont bien des feuilles avortées. 

Les pétales, toujours opposés aux étamines, doivent être en rap- 
port avec la forme de fécondation; ainsi ils sont très-agrandis dans 
les espèces-hermaphrodites, comme le Frangula, dont ils protégent 
les anthères avant la fécondation; au contraire, ils doivent être nuls, 
ou au moins peu saillants, dans les espèces dioïques ou polygames. 
C'est en effet ce que l'expérience confirme, et que j'ai vérifié dans les 
Alaternes, le Saxatilis, le Tinctoria, etc. Si l'Infectoria fait exception 
à cette règle générale, c’est apparemment parce que les écailles ou les 
pétales de ses fleurs mâles sont peu apparentes et ne renferment pas 
les anthères. Dans le Cathartica, les écailles ou les pétales sont courts, 


ten 2 
et dépassés par les anthères introrses, qui peuvent ainsi répandre 
facilement leur pollen sur les stigmates saillants. 

Les fleurs mâles des Cervispina ont des rudiments de pistil, et les 
femelles, des vestiges d'étamines , qui quelquefois même donnent un 
peu de pollen; le nectaire est placé au fond du calice, et la fécondation 
a lieu au moment où les anthères, dégagées des pétales qui les pro- 
tégeaient, s'ouvrent latéralement, en répandani un pollen d’un jaune 
fauve. Les fleurs ne se referment pas. 

L'Erythroxylon, le Saxatilis, et quelques autres espèces spines- 
centes, ont la forme de végétation des Zizyphus, c'est-à-dire que leurs 
feuilles et leurs fleurs repoussent plusieurs fois du même centre; on 
reconnait cette propriété, en remarquant que leurs boutons sont 
allongés et recouverts des écailles des feuilles ou des fleurs de l’année 
précédente. 

Les Frangula, qui forment la dernière section du genre, ont recu 
leur nom de la facilité avec laquelle leurs rameaux se rompent, et 
comptent jusqu’à présent cinq espèces : le Frangula, le Caroliuna, 
le Latifolia, le Sanguinea et le Saxatilis de Kocu, originaire du litto- 
ral de la mer Adriatique. 

Le Frangula, qui se rencontre sur les bords des bois, a des tiges 
rompues au sommet, et dont les boutons sont formés de feuilles 
étroitement plissées sur leur nervure moyenne, recourbées les unes 
contre les autres, et recouvertes d’un duvet roussâtre ; leurs fleurs 
axillaires sont petites, articulées sur leurs pédoncules, et remplacées 
continuellement par des fleurs placées plus haut ; en sorte que, jus- 
qu'en automne, la même tige est chargée de fleurs et de fruits. 

Ces fleurs sont hermaphrodites, et leur torus est une glande nec- 
tarifere, sur les bords de laquelle sont implantées les étamines et la 
corolle ; leurs pétales, comme ceux des Ceanothus, sont formés de 
deux lobes, qui d'abord embrassent l’anthère de tous les côtés, celui 
du stigmate excepté , et qui au moment de la fécondation, s’écartent 
pour laisser partir l’anthère biloculaire; celle-ci s'incline sur le pistil 
tout entouré d'humeur mieliée', et le saupoudre de son pollen blan- 
châtre, dont les émanations arrivent au stigmate; les -fleurs non 
fécondées tombent par la rupture d'une articulation préparée. 

Les feuilles du Frangula sont promptement caduques, et plissées 
de manière que les nervures d’un de leurs côtés correspondent aux 
entre-nervures de l’autre; ces nervures r’atteignent pas jusqu’au con- 
tour de la feuille, et par conséquent ne déterminent point de dente- 
lures ; la feuille est bordée par une nervure circulaire, formée des 
nervures latérales recourbées; c'est là une organisation que je crois 
commune à nos trois espèces européennes. 


No. — 


Les baies du Frangula, d'abord rouges et ensuite noires, sont 
arrondies, biloculaires ou triloculaires, et renferment deux à trois 
semences attachées à un axe central, par où descendent les cordons 
pistillaires, qui arrivent jusqu’à la base inférieure, où ils percent un 
ombilic très-saillant, désigné par Ricmarn sous le nom d'Embryos- 
tége, et formé d'une substance plutôt cornée que ligneuse, dans 
laquelle pénètre la radicule ; les cloisons disparaissent à la maturité, 
et la baie paraît alors uniloculaire. 

Ma principale observation physiologique surles Rhamnus concerne, 
comme je l'ai déjà énoncé plus haut, les pétales, qui, toutes les fois 
que la fleur est hermaphrodite, sont concaves et enveloppent l'an- 
thère ouverte immédiatement sur les stigmates ; mais qui, lorsqu'elle 
est mâle ou femelle, avortent ou se dessèchent , ou se réduisent à une 
petite écaille évanescente ou filiforme, laquelle n’empèche point le 
pollen d'arriver aux stigmates des fleurs voisines. J'ai vérifié ce fait 
sur l’A/pina, ainsi que sur le Saxatilis, et je le vois confirmé par 
Mornis sur l’A{/aterne dioïque, l'Oleoïdes hermaphrodite, ainsi que 
sur le Frangula. I| sera curieux d'examiner, sous ce point de vue, les 
autres espèces du genre, et de remarquer, en particulier, ce qui arrive 
lorsque l’espèce porte des fleurs hermaphrodites et d’autres uni- 
sexuelles. Les premières ont-elles leurs pétales plus grands et mieux 
conformés que les dernières? Je prédis d'avance que la nature ne s’est 
pas trompée. 

Ma seconde remarque est relative à la dissémination : lorsque les 
baies sont desséchées , elles présentent leurs locules ou leurs coques 
dispermes, et plus souvent monospermes , ouvertes par des fentes 
longitudinales, d’où sortent des semences chargées sur le côté exté- 
rieur d'un sillon profond. Kocx observe que ces coques restent quel- 
quefois fermées, mais qu'à l’ordinaire leur déhiscence a lieu, et 
qu'elle varie de forme selon les espèces. 

Ma troisième remarque concerne les espèces spinescentes, qui ont 
souvent deux formes de rameaux : 1° les épineux, qui se dessèchent 
chaque année au sommet, et dont la base feuillée porte des bourgeons 
à ses aisselles et plus haut des fleurs solitaires, pédonculées et d'abord 
enveloppées d’écailles ; 2° les non épineux, dont le sommet est ter- 
miné par un bourgeon destiné à développer ultérieurement la plante, 
et dont les aissellles inférieures sont aussi chargées de bourgeons qui, 
la plupart, donneront naissance à des rameaux épineux , et par consé- 
quent desséchés l'année suivante; c'est par le sommet de la tige et des 
principaux rameaux, que la plante se développe et s’allonge, mais l'on 
comprend que, dans les terrains riches, les rameaux secondaires 
peuvent se terminer en bourgeons et non en épines. 


Ce genre renferme encore divers Rhamnus étrangers, que De Can- 
DOLLE place, soit dans sa dernière section, soit parmi les espèces 
encore mal connues; du nombre de ces dernières est le Theesans de 
la Chine et l'£legans de Kuwtx, dont Adrien BroNGnIaART a formé le 
genre Sageretia, qui compte déjà dix-huit espèces, et se distingue 
par son calice urcéolé et quinquéfide, ainsi que par son disque épais 
en cupule, entourant l'ovaire non adhérent. 


QUATRIÈME GENRE. — (Ceanothus. 


Le Céanothe à un calice quinquéfide campanulé, coupé horizonta- 
lement après la floraison et adhérent au fruit par sa base persistante ; 
cinq pétales plus ou moins concaves et saillants, cinq étamines placées 
devant les pétales, deux ou trois styles réunis jusqu’au milieu, une 
baie sèche ordinairement triloculaire, à coques membraneuses et 
monospermes,' s’ouvrant du côté intérieur et percées à la base; des 
semences ovales et non sillonnées ; quelques espèces sont dépourvues 
de corolle. 

Nous diviserons ce genre en deux grandes sections : 

1° Les Scutia, pétales échancrés, à peu près planes , étamines rac- 
courcies ; 

2° Les Euceanothus, pétales onguiculés, arrondis en voûte, et 
abritant les anthères, 

Les Scutia, dont Commensox, et ensuite BRoN&NIART, ont fait un 
genre, sont des arbrisseaux très-glabres, à feuilles pour l'ordinaire 
très-entières et bistipulées, à épines nulles ou arquées et naïssant des 
aisselles inférieures non florifères, où elles représentent des pédoncules 
avortés; enfin à fleurs axillaires disposées en ombelles ou cymes pauci- 
flores; leurs principales espèces sont l’Indicus, ou le Rhamnus circum- 
scissus de Linné, le Commersoniü, de l'ile Bourbon, le Ferreus , des 
Antilles, et sans doute encore quelques autres. Ils se distinguent des 
Euceanothus par leurs pétales non capuchonnés et leurs étamines rac- 
courcies; ensorte que leur fécondation doit différer, non-seulement 
de celle des Euceanothus | mais de la plupart des genres de la famille. 
Je suppose que les Scutia renferment des espèces polygames ou dioi- 
ques, parce que le pollen de leurs anthères découvertes doit se répan- 
dre facilement au-dehors; mais je ne les ai pas encore vues vivantes. 

Les Euceanothus sont d'élégants arbrisseaux, à grappes tantôt d’un 
blanc pur, tantôt d’un bleu d'azur, comme l Azureus et le Buxifolius ; 
leurs fleurs sont portées sur un pédoncule principal, divisé en pédi- 
celles réums en paquets ombelliformes; ces pédoncules principaux 


ap 

sont autant de rameaux placés aux aisselles supérieures de la tige ou 
des branches, dont les feuilles ont avorté en grande partie; leurs 
pédicelles sont allongés, filiformes, colorés et souvent formés d'une 
substance semblable à celle de la corolle ; les calices sont valvaires et 
régulièrement pentagones; les cinq pétales, capuchonnés et alternes 
aux lobes du calice, renferment chacun une étamine. À l'épanouisse- 
ment, les filets se dégagent, et incontinent les anthères bilobées et 
latérales répandent leur pollen sur les trois stigmates en tête papillaire 
et saillante; il n’y a rien de si joli à voir, dans lAzureus et sans doute 
dans ses congénères, que ces cinq anthères dégagées de leurs cuille- 
rons flottant au-dessus des calices, pour féconder non-seulement leurs 
propres fleurs, mais encore les fleurs voisines qui s'ouvrent à la même 
époque. 

Les Euceanothus, qui me paraissent homotypes, quoiqu'ils diffèrent 
par leur inflorescence plus ou moins étalée, la forme des feuilles et 
leur surface glabre ou velue, ont toujours leurs fleurs terminales, et 
leurs nouvelles pousses placées aux aisselles inférieures; leur végéta- 
tion n’est arrêtée que par le froid, et les feuilles roulées sur les bords 
supérieurs sont protégées par deux petites stipules caduques; les ner- 
vures se terminent au contour par de petites glandes. Une des espèces 
les plus brillantes du genre est l'Americanus, qui dans son climat 
natal, couvre souvent de grandes étendues de terrain; mais il est 
surpassé en élégance pag l' Azureus , dont les fleurs décorent nos serres 
dès l'entrée de l'hiver, et dont les fruits sont recouverts à la matura- 
tion d'une enveloppe noire et résmeuse, qui tombe par plaques, 
avant que les carpelles s'ouvrent du côté intérieur. 

Dans l’Americanus , les trois carpelles sont réunis à un axe central, 
par lequel descendent les cordons pistillaires ; un peu au-delà de leur 
point d'insertion avec les vaisseaux nourriciers, on aperçoit une cavité 
où est logée la radicule infère. BronenrarT a formé son genre Wülle- 
metia de \ Africanus, du Cap de Bonne-Espérance, dont les trois car- 
pelles sont ailés, et dont les anthères décapuchonnées entourent un 
stigmate à trois lobes divariqués; ses fleurs sont blanches, et l'on 
aperçoit au fond de la fleur un nectaire en couronne, qui concourt à la 
fécondation, et pourrait bien appartenir aux autres espèces du genre. 


CINQUIÈME GENRE. — Pomaderris. 
Les Pomaderris ont un calice à tube subhémisphérique, adné à 


l'ovaire et limbe quinquéfide, cinq pétales redressés, plus courts que 
le calice et qui avortent quelquefois; cinq étamines redressées plus 


to 


longues que les pétales; un style trifide et divergent, trois stigmates 
épais, une capsule à trois coques monospermes et percées d’un grand 
trou dont l’opercule est recouvert d’une membrane amincie, qui se 
détruit pour donner issue aux semences droites et placées sur un 
podosperme très-court et bidenté. 

Ce genre, qui a le port et l'organisation des Ceanothus , est actuel- 
lement formé de dix-huit arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande, qui se 
divisent en deux groupes, d'après la présence ou l'absence des pétales; 
leurs feuilles alternes sont souvent cotonneuses sur leurs deux surfaces 
et toujours sur l'inférieure : leurs rameaux sont ordinairement recou- 
verts d'un duvet étoilé, et leurs fleurs nombreuses sont réunies en 
cymes corymbiformes ou en grappes terminales et axillaires sur les 
tiges et les rameaux. 

Les Pomaderris méritent d'être étudiées pour la singulière structure 
de leurs carpelles et pour leur fécondation. Comment s’opère-t-elle et 
n’y a-t-il point à cet égard de différence entre les espèces apétales et 
les autres ? Les premières sont-elles monoïques ou dioïques? L'A4spera, 
qui appartient aux espèces apétales et n’est peut-être que l'Apetala, a 
cinq sépales étalés et cinq étamines dont les anthères oscillantes sont 
rapprochées des trois stigmates épais, papillaires et couverts de pollen; 
le limbe du calice tombe promptement, comme dans les autres espèces. 

Le caractère de ce genre consiste dans un fruit à demi adhérent au 
calice et dont les trois coques séparées, mais non déhiscentes, portent 
à leur base une large ouverture, fermée d’abord par une membrane 
mince, qui est une production de l'endocarpe, et qui se détruit aux 
approches de la dissémination, pour donner issue aux semences. 


SIXIÈME GENRE. — Phylica, 
7 


Le PAylica a le tube calicinal adné à l'ovaire et le limbe libre, les 
pétales capuchonnés, les anthères incluses ovales ou réniformes, bilo- 
culaires ou uniloculaires, un disque à peine distinct, un ovaire infère 
et triloculaire, un style simple, un fruit iñfère tricoque et couronné 
par le calice persistant, des semences portées sur un podosperme 
court et charnu, 

On le divise en deux sections : 

1° Celle des Æricoïdees ; anthères réniformes à loges confluentes, 
uniloculaires et ouvertes en deux valves, stigmate ordinairement tri- 
lobé, feuilles lisses, courtes et acérées, fleurs réunies en têtes sphé- 
riques et serrées. 

2° Celle des Strigosæ ; calice à tube allongé, anthères oblongues ; 


IE Le 


biloculaires et ouvertes longitudinalement, stigmate entier, feuilles 
pubescentes, hérissées ou velues, fleurs en épi ou en tête, presque 
toujours accompagnées de bractées très-longues, velues ou plumeuses. 

Les Phylica, tous originaires du Cap, sont de petits arbrisseaux à 
feuilles non stipulées, éparses, entières, étroites, ordinairement blan- 
châtres et roulées en dessous; les fleurs, disposées dans les aisselles 
supérieures et souvent terminales, sont blanches, rassemblées en 
tête , grappes ou panicules, et souvent couvertes de poils blanchätres 
et de bractées velues ou plumeuses. 

Ce genre, très-distinct de toutesles autres Rhamnées, forme un grand 
type qu'on ne peut confondre avec aucun autre, quoiqu'on en ait 
détaché dernièrement le genre du Trichocephale et celui du Soulan- 
gia, qui ont la même organisation végétale. Les espèces qui le com- 
posent sont si voisines, qu'on ne peut guère douter qu'elles n'aient 
été produites, au moins en partie, par des fécondations adultérines, 
comme cela est arrivé aux Pelargonium, aux Erica , aux Oxalis, et à 
toutes ces plantes qui vivent réunies en grand nombre dans les sables 
ou sur les collines du Cap. 

Les Phylica conservent dans nos serres , où elles croissent en grand 
nombre, les mœurs de leur première patrie; elles fleurissent en général 
pendant l'hiver, et jusqu'au printemps; leurs fruits ne mûrissent 
guère dans nos contrées. 

Elles végètent toute l’année, et ne portent point de boutons; celles 
à fleurs latérales poussent sans cesse du sommet, les autres donnent 
des rameaux de leurs aisselles inférieures, et l'on distingue très-bien 
sur les tiges toutes ces ruptures de pédoncules qui ont donné naissance 
à de nouvelles branches. 

Les feuilles, presque toujours coriaces, ne tombent que la seconde 
année, et se roulent avant leur développement sur leur face infère; 
leurs pétioles , comme dans les Erica, sont appliqués contre la tige, 
et c'est le limbe seul qui s'étale ; les poils blancs et peut-être résineux, 
qui recouvrent les calices, paraissent destinés à protéger contre l'hu- 
midité les fleurs non encore épanouies; cette fonction est encore 
mieux remplie par ces bractées plumeuses si remarquables, qui sont 
le principal caractère de notre seconde section; je ne comprends pas 
encore pourquoi certaines espèces portent des bractées qui manquent 
aux autres; sans doute que cette disposition est liée à la structure 
florale. 

L'inflorescence est à peu près simultanée dars les différentes grap- 
pes ou corymbes de la même fleur , et centripète dans la même grappe 
ou le même capitule ; de manière cependant que les fleurs d’un verti- 


—= 99 — 


cille ne s’'épanouissent pas toutes au même instant. Le calice est val- 
vaire, et reste long-temps ouvert; mais les pétales seulement entr'ou- 
verts cachent des anthères introrses, qui répandent leur pollen sur les 
stigmates. On apercoit distinctement au fond de la fleur, l'humeur 
miellée qui recoit les globules des anthères, pour transmettre leurs 
émanations au stigmate. 

Les Ericoïdées, d'après Adrien BRONGNIART, qui a disposé dans un 
nouvel ordre le genre entier, sont jusqu’à présent au nombre de 
cinq : le Parviflora, Y Ericoïdes , \' Acerosa, le Nitida et le Reflexa ; on 
y ajoutera plus tard les espèces qui pourront leur appartenir. 

Les Strigosæ sont plus nombreuses que les Ericoïdees , et compren- 
nent déjà le Bicolor, le Pinea, le Rosmarinifolia, le V'illosa, Y Horizon- 
talis, le Plumosa, le Squarrosa et le Capitata. 

Les capsules des PAylica sont régulièrement formées de trois car- 
pelles appliqués contre un axe central, et qui s'ouvrent élastiquement 
à l'intérieur ; les cordons pistillaires arrivent au sommet du fruit, et 
se dirigent le long de l'axe, pour atteindre l’ombilic très-renflé qu'on 
remarque à la base de la graine, et sur lequel arrive la radicule. 

La forme la plus remarquable dans ce genre est celle des Strigosæ, 
de notre seconde section, dont les fleurs, placées vers le sommet des 
tiges, sont solitaires et sessiles aux aisselles de bractées allongées, 
recouvertes de poils simples ou plumeux, et accompagnées de deux 
petites bractées latérales; ces grandes braciées, qui ont évidemment 
pour but de protéger les jeunes fleurs, s’étalent à mesure que la flo- 
raison s'avance, et contrastent avec les feuilles pétiolées , dures, rou- 
lées sur les bords et cotonneuses en dessous , qui recouvrent la partie 
inférieure de la tige ; je vois fleurir actuellement le Cylindrica ou le 
Pubescens des jardiniers, à petites fleurs verdâtres et calices étalés, de 
même que l'Horizontalis ou le Plumosa, dont les bractées, placées 
comme une houppe au sommet des tiges , s'étalent horizontalement, 
à mesure que les fleurs se préparent à la fécondation ; lorsque la matu- 
ration s'accomplit, les bractées se resserrent; ensuite elles tombent, 
et les rameaux se prolongent au-delà des fleurs, qui s’inclinent avec 
leurs stipules du côté de la lumière, à l'époque de l'épanouissement. 

La fécondation est intérieure : les anthères, presque sessiles sur les 
parois des calices, sont protégées par les pétales, et quelquefois 
encore parles poils qui ferment l'entrée rétrécie du tube, et répandent 
abondamment leur pollen blanchâtre sur les trois têtes papillaires ou 
réunies en massue du stigmate placé au-dessous, et dont l'ovaire est 
comme plongé dans cette humeur miellée, qui est si nécessaire pour 


le succès de l'opération; les pétales sont alors réduits à de petites 
arêtes. 


— 30  — 


SEPTIÈME GENRE. — Soulangia. 


Le Soulangia a un calice dont le tube campanulé est adné à l'ovaire, 
des pétales capuchonnés, des anthères incluses, réniformes et unilo- 
culaires, un style simple ou trifide, trois stigmates en tête papillaire, 
un disque épigyne, pentagone et charnu, un péricarpe tricoque et 
couronné par une grande aréole. 

Ce genre, qui diffère principalement du Phylica par son disque 
pentagone et ses anthères uniloculaires, est formé actuellement de 
six espèces originaires du Cap, et dont la principale est le Rubra, qui 
a tout le port et toute la végétation des Phylica, parmi lesquelles 
Taunserc l'avait placé. C'est un petit arbrisseau à feuilles alternes, 
lancéolées et consistantes, roulées sur les bords et recouvertes en 
dessous de poils lanugineux; ses fleurs, ramassées en tête au sommet 
des tiges et des rameaux, et séparées par de petites bractées linéaires, 
sont rouges et recouvertes de poils; leur calice, qui s'ouvre pour la 
fécondation, laisse voir cinq écailles pétaloïdes, qui recouvrent au- 
tant d’anthères, dont le pollen tombe immédiatement sur trois stig- 
mates papillaires, imprégnés de l'humeur miellée, qui remplit à cette 
époque le tube du calice. m” 


HUITIÈME GENRE. — Jrichocephale. 


Le Trichocéphale a un tube raccourci, urcéolé, adné à l'ovaire et 
dont le limbe est formé de cinq divisions sétacées et très-allongées, 
des pétales sétacés ou avortés, des anthères réniformes et uniloculaires, 
un disque à peine distinct, un fruit semi-infère à trois coques, des 
semences portées par un podosperme court et charnu. 

Ce genre est aussi formé de sous-arbrisseaux du Cap, à rameaux 
fastigiés et tomenteux; feuilles velues en dessous, stipulées ou non 
stipulées et roulées sur leurs bords; leurs fleurs sont en têtes allongées 
dansle Spicatus, et en têtes aplaties dans le Stipularis, les seules espèces 
jusqu'à présent bien déterminées. Sans doute que ce genre a la fécon- 
dation des Phylica et des Soulangia, mais je ne l'ai pas examiné sous 
ce point de vue. 

Les phénomènes vitaux qui méritent de fixer l’atiention dans la 
famille des Rhamnees , sont d'abord ces pétales capuchonnés opposés 
aux anthères, et qui selon le rôle qu'ils ont à remplir, s’écartent ou 
restent en place, grandissent ou avortent dans les diverses espèces du 
même genre; ensuite ce calice, qui après la fécondation, persiste tout 


NU Ve 

entier ou se coupe horizontalement; enfin cet opercule du Pomaderris, 
recouvert dans la maturation d’un involucre membraneux, qui dispa- 
raît à la dissémination. On peut y ajouter les houppes plumeuses des 
Phylica, et les variations si remarquables dans les sexes des espèces, 
qui en apparence très-rapprochées, sont pourtant les unes hermaphro- 
dites, les autres dioïques, monoïques ou polygames, et indiquent 
ainsi de grandes différences dans le mode de fécondation. 


Quarante-sixième famille. — Térébinthacées. 


Les Terébinthacees ont les fleurs hermaphrodites, polygames ou 
dioïques , un calice de trois à cinq pièces plus ou moins réunies, 
imbriquées dans la préfloraison, et très-rarement adhérentes à l'ovaire; 
les pétales, presque toujours alternes aux divisions du calice, et 
quelquefois avortés, ont une estivation valvaire ou imbriquée; Îles 
étamines, insérées comme les pétales au fond du calice, ou sur le 
disque calicinal, ou enfin sur le torus qui entoure l'ovaire, sont 
égales en nombre et alternes aux pétales, ou doubles des pétales et 
alors régulièrement alternes et opposées; les carpelles distincts et 
quelquefois réunis dans leur jeunesse, avortent souvent en partie et 
deviennent alors solitaires et uniloculaires; ils sont capsulaires ou 
drupacés, et renferment une ou plusieurs semences dépourvues 
d’albumen ; l'embryon est droit, courbé, arqué ou replié; les coty- 
lédons ont es formes variées, et la due est souvent supère. 

Ces plantes sont des be ou des arbrisseaux à feuilles alternes, 
non stipulées, ordinairement composées, à écorce résineuse , balsa- 
mifère ou gommifère, à fleurs petites, différemment disposées et 
souvent paniculées; mais comme elles sont presque toutes étrangères 
et la plupart très-mal connues, elles ne forment point une famille 
dont les genres soient suffisamment liés entre eux, ni pour l'orga- 
nisation générale, ni pour la structure florale. 

Nous les partagerons comme Kocx en deux tribus : celle des 
Anacardiées et celle des Sumachinees, et nous ne mentionnerons 
dans l’une et dans l’autre que les genres européens. 


PARU tes 


Première tribu. — ANACARDIÉES, 


Les Anacardiées ont les cotylédons épais, la radicule incombante 
sur le dos des cotylédons, les semences dépourvues d'albumen et 
suspendues par un funicule naissant du fond de la loge et recourbé 
au sommet; les pétales et les étamines insérées sur le calice ou sur le 
disque staminifère. 


PREMIER GENRE. — Pisiacia. 


Le Pistacia a les fleurs dioïques apétales ; les mâles, placées sur un 
chaton ou une grappe à écailles uniflores, sont formées d’un calice 
quinquéfide, de cinq étamines à anthères tétragones presque sessiles 
et discoïdes à la base; les femelles, réunies en grappes lâches, ont un 
calice trifide ou quadrifide, un ovaire d'une à trois loges, trois 
stigmates un peu épais et glutineux, un drupe sec, ovale, à noix 
légèrement osseuse, ordinairement uniloculaire et monosperme par 
avortement ; les semences non albuminées sont adhérentes au fond 
de la loge; les cotylédons sont épais, charnus et oléagineux ; la radi- 
cule est latérale, supère et couchée sur les cotylédons ; la fleur mâle 
porte un rudiment de pistil, mais la fleur femelle n’a ni pétales, ni 
étamines, ni disque. 

Le Pistacia se divise en deux sections : 

1° Les Térebinthes, à feuilles caduques, aïlées avec impaire ; 

29 Les Lentisques , à feuilles persistantes, ailées sans impaire. 

Ce genre est formé de six ou sept espèces arborescentes, dont la 
patrie est le bassin de la Méditerranée, et dont une seule se retrouve 
au Mexique, et une autre dans la Cochinchine et aux Moluques. Ces 
plantes, qui se plaisent sur les bords des mers, dans les terreins secs 
et exposés au soleil, ont une consistance dure, et des troncs chargés 
de lenticelles très-apparentes; leurs feuilles, qui rougissent souvent 
en automne, sont alternes, non ponctuées et dépourvues de stipules. 

Les Térébinthes diffèrent physiologiquement des Lentisques par 
leurs feuilles caduques, et surtout, ce qui en est souvent la consé- 
quence, par leurs bourgeons terminaux formes de nombreuses 
écailles, opposées deux à deux, et qui existent aussi dans toutes les 
aisselles supérieures; les Lentisques au contraire ne portent point de 
boutons, et leurs pousses, qui se développent sans cesse au sommet 
et aux aisselles, ont les feuilles roulées sur leur face supérieure, 
comme les Térebinthes. 


Saber 

Les fleurs naissent en chatons ou en grappes sur les anciennes 
aisselles, qui en sont chargées tous les ans ; celles du Térébinthe ne se 
développent qu’au printemps, et un peu avant les feuilles; les femelles 
ont un stigmate à lobes épais et visqueux ; les mâles portent quatre ou 
cinq anthères saillantes, quadrangulaires et à peu près sessiles, et à 
l'époque de la fécondation, les lobes des anthères ouvrent leurs deux 
valves, d'où sort un pollen qui se répand en poussière rousse et granu- 
leuse sur le disque nectarifère. Les fleurs du Zentisque se montrent, 
au contraire, dès la fin de l'été, en grappes rouges, solides et sèches; 
mais leurs anthères résineuses restent long-temps sans s'ouvrir, quoi- 
que exposées à l'air libre; le centre des fleurs mâles est une belle 
glande jaune et nectarifère. 

Ces plantes fleurissent de bonne heure à la fin de l'hiver, dans leur 
climat natal, et leurs fruits sont noués dès le mois de mai. On 
aperçoit à la même époque, le bourgeon terminal tout à dans le 
Térebinthe, et le drupe déjà grossi, dont l’intérieur est encore vide, 
mais dont la base offre un podosperme blanchâtre, contourné en 
spirale et renflé à son extrémité qui contient l'embryon. 

Tous les organes des Lentisques me paraissent dépourvus de mou- 
vements; les feuilles n’ont pas leur pétiole renflé, leurs folioles ne 
sont pas articulées ; et les fleurs ne s'ouvrent ni ne se ferment ; le seul 
phénomène qu’ils m'aient présenté, cest celui de leur pollen qui 
s'échappe pour féconder au loin les stigmates des fleurs femelles, que 
les Siciliens fécondent artificiellement en les saupoudrant du pollen 
qu'ils transportent eux-mêmes. ! 

La semence du Pistachier commun est un drupe à chair sèche, 
facilement séparable, et dont le noyau amolli a ses deux valves bien 
marquées ; la graine est suspendue par un funicule qui part de la base, 
et les deux cotylédons très-épais se replient et sont presque soudés ; 
la radicule est supère, et l'on voit de bonne heure la tigelle qui porte 
deux feuilles opposées, dont les folioles sont fortement plissées en 
deux sur leur nervure principale. 

Les Pistachiers sont un des principaux ornements des lieux où ils 
croissent; ils fournissent encore dans les sables brülants de la Syrie, 
de la Barbarie et même de la Méditerranée, un ombrage bienfaisant 
au voyageur fatigué; leurs feuilles épaisses, et qui se nourrissent 
sans doute beaucoup aux dépens de l'atmosphère, supportent les plus 
grandes chaleurs, sans paraître en souffrir. 

Mais ce n'est pas la seule utilité que l'homme retire de ces plantes. 
Le Pistacia vera, qui se greffe sur le Lentisque ou le Térébinthe, et 
qui a été transporté en Italie par Virezrius, donne des amandes 

Il. 3 


— 34 — 


très-agréables au goût. Le Térébinthe , surtout celui de Scio, fournit 
une térébenthine très-estimée. Le Lentisque de la même île donne ce 
mastic dont les Orientaux font tant de cas, et qui, comme la térében- 
thine, découle des tiges par incision; enfin la plupart des espèces, 
surtout le Térébinthe, répandent dans leur climat natal des émanations, 
qui, principalement au coucher du soleil, sont très-pénétrantes. 

Ces diverses plantes, comme la plupart des végétaux cultivés, pré- 
sentent denombreuses variétés; le Lentiscus angustifolia, des environs 
de Marseille, est surtout très-remarquable. 


Seconde tribu. — SUMACHINÉES. 


Les Sumachinées ont les cotylédons foliacés, la radicule pleurorhi- 
zée, l'ovaire unique par avortement, et la semence suspendue. 


PREMIER GENRE. — RAus. 


Le Rhus a les fleurs souvent polygames par avortement, le calice 
petit, persistant, à cinq divisions, cinq pétales ovales et étalés, cinq 
étamines anthérifères, un ovaire à peu près globuleux et uniloculaire, 
trois styles courts ou trois stigmates sessiles , un drupe sec, unilocu- 
laire, à noyau osseux, ordinairement à une, quelquefois à deux ou 
trois semences dépourvues d'albumen et suspendues à un funicule qui 
nait de la base du noyau, des cotylédons foliacés, et une radicule 
qui recouvre la fente des cotylédons. 

Ces plantes, placées par De Canpozze dans la tribu des Sumachi- 
nées , forment un genre très-distinct, qui n’a que des rapports éloignés 
avec les Pistacia, et se compose d’arbrisseaux à feuilles alternes, diffé- 
remment composées, et dont les fleurs sont rarement hermaphrodites. 

On les divise en quatre sections dont les trois premières sont en 
partie européennes. 

1° Les Cotinus; fleurs hermaphrodites, drupe sémicordiforme, 
noyau triangulaire ; 

2° Les Sumacs; fleurs polygames, dioïques ou hermaphrodites, 
drupe ovale et noyau lisse ou strié; 

3° Les Thezera; fleurs dioiques, drupe couronné de trois tuber- 
cules et noyau aplati; 

4° Les Zobadium ; fleurs polygames, portant sous l'ovaire des glandes 
bilobées , alternes aux étamines, trois styles, drupe velu, légèrement 
aplati et noyau lisse. 


\ 


Le. à 2 fn 

Lés Cotinus renferment une seule espèce qui croît dans les exposi- 
tions sèches et découvertes de l'Europe australe, depuis le Portugal 
jusqu’au Caucase. Ses feuilles glauques entières et cartilagineuses sur 
les bords, tombent d'assez bonne heure en automne ; ses tiges et ses 
rameaux se terminent par un gros bouton entouré de petits bourgeons 
latéraux ; le premier fournit les fleurs et les autres les feuilles qu, 
continuent les tiges. 

Mais ce que cette plante offre de plus remarquable, c’est sa panicule 
terminale formée de pédoncules et de pédicelles capillaires, les uns 
mâles et stériles, les autres hermaphrodites. Ceux qui ne fructifient 
pas s'allongent insensiblement, et se chargent de poils rougeâtres et 
glutineux, dont l’ensemble compose des panicules brillantes aussi 
légères qu'élégantes ; elles se brisent irrégulièrement et se détruisent 
à l'époque de la dissémination, où elles sont remplacées par les tiges 
feuillées qui sortent des aisselles inférieures et fleurissent à leur tour 
l’année suivante, De cette manière, la plante reste à peu près à la 
même hauteur. 

Les fleurs hermaphrodites sont petites, jaunâtres, et ont l’estivation 
imbriquée ; les anthères presque sessiles sunt introrses et placées en 
dehors d’un torus nectarifère, qui entoure entièrement l'ovaire sur 
lequel elles répandent leur pollen ; le pistil porte trois styles dont les 
stigmates s’inclinent sur le torus pendant la fécondation, et se relèvent 
ensuite ; le pédoncule est articulé un peu au-dessous de la fleur. La 
fleur stérile porte un calice allongé et quelques rudiments d’étamines 
qui ne tardent pas à tomber, et il ne reste au centre qu’une forme 
de stigmate ailongé, quelquefois divisé à la base, et qui ne tarde pas 
à se couvrir de poils rouges et un peu glutineux. 

Le fruit du Cotinus, qui se détache tard et souvent irrégulièrement 
de son pédicelle, est formé d'une première enveloppe coriace, et 
d'une seconde plutôt cornée qu'osseuse; le style s'insère sur le côté, 
et les cordons pistillaires descendent extérieurement jusqu’à la base, 
où est logée, dans une petite fossette, la radicule repliée sur les 
cotylédons. 


Les lenticelles sont plus marquées sur les vieilles tiges que sur les 
autres. 


Les feuilles de cet arbrisseau, qui fait à la fin de l'été la décoration 
des bosqueis, laissent aux doigts une odeur de citron. 
Les Sumacs, qui forment notre seconde section, comprennent 


environ soixante et dix espèces que nous partageons en trois groupes 
naturels : 


1° Celui à feuilles ailées ; 


— 36 — 

0 Celui à feuilles trifoliolées et foliole moyenne pétiolulée ; 

30 Celui à feuilles trifoliolées et foliole moyenne sessile. 

Le premier groupe, qui forme les Sumacs proprement dits, compte 
vingt-deux espèces, dont plusieurs sans doute sont des variétés ou 
des hybrides; leur véritable patrie est l'Amérique nord , mais on les 
retrouve encore dans l'Amérique méridionale, aux Indes, au Japon 
et au Népaul; une seule, le Coriaria, bien distincte de toutes les 
autres, est originaire de l'Europe australe. Ces arbrisseaux portent, 
dans la base même des pétioles, leurs bourgeons, qu'on n’aperçoit 
qu'après la chute des feuilles, et qui sont alors duvetés contre les 
froids de l'hiver; les fleurs, disposées en panicules presque toujours 
terminales, se détachent successivement du sommet de la tige qui se 
rompt plus tard en laissant sa cicatrice ; au-dessous sont logés les 
bourgeons de l'année suivante, dont les pousses , après avoir fructifié, 
se dessèchent à leur tour, en laissant de nouveaux troncons qui 
subsistent long-temps comme les autres, et par lesquels on pourrait 
facilement connaître l’âge de la plante. 

Les Sumacs de ce groupe ont leurs folioles à dentelures glandu- 
leuses, plissées sur leur nervure principale, et souvent recouvertes 
dans leur jeunesse d'une poussière glauque; elles ne sont ni articulées, 
ni disposées régulièrement p:r paires, et ne tombent qu'avec le pétiole 
commun. 

Les fleurs, qui présentent toutes les variations de sexe, ont l'efflo- 
rescence à peu près simultanée; leurs nombreuses panicules paraissent 
en même temps, et dans chacune des grappes qui composent la 
panicule totale, les fleurs correspondantes s'ouvrent à la fois ; les 
pétales sont en estivation valvaire indupliquée, comme dans les 
Clématites ; les anthères s'ouvrent un peu latéralement du côté inté- 
rieur, et le torus est recouvert d'un disque jaunâtre nectarifère et 
crénelé sur les bords; les fruits, velus et souvent rougeâtres, sont 
réunis en panicules serrées. 

A la fécondation, les anthères, dans les fleurs hermaphrodites du 
Rhus glabrum, s'inclinent sur le jistil, dontles trois stigmates se ter- 
minent par des renflements fortement visqueux qui recoivent et 
absorbent un pollen abondant et jaunâtre, dont une partie retombe 
encore sur la couronne mellifère du torus et les poils qui l'entourent ; 
mais dans les espèces polygames ou dioïques, comme par exemple le 
Coriaria , les étamines des fleurs mâles sont saillantes, et leurs lobes 
membraneux s'ouvrent en deux valves qui répandent promptement 
leur pollen ; les pétales sont roulés en dehors et l’on apercoit au fond 
de la corolle trois stigmates plus ou moins avortés. 


Lo 

Ces plantes se distinguent des autres Aus par leurs tiges cassantes , 
pleines d'une moëlle souvent brunâtre, et par l'abondance de leurs 
sucs laiteux et résineux contenus dans des vaisseaux propres, souvent 
très-visibles. Ces sucs, qu’on recueille quelquefois, ne sont pas exacte- 
ment les mêmes dans les diverses espèces; ils ne sont pas nuisibles dans 
notre Coriaria, dont l'écorce astringente sert à la préparation des 
cuirs, et ne sont pas non plus très-malfaisants dans les espèces commu- 
nément cultivées, comme le Typhinum, le Glabrum, etc., mais ils 
sont plus ou moins dangereux dans le Vernix , le Venenata, qui n'a 
paru hermaphrodite, le Juglandifolia, le Perniciosa et surtout le 
Pumila ; en s’approchant de ces plantes et surtout en les maniant, on 
a les yeux affectés de leurs émanations. 

Les Sumacs de ce groupe sont fortement traçants, et plusieurs cou- 
vrent souvent de grands espaces de leurs rejets ; ils forment dans le 
nord de l'Amérique de petites forêts, et dans nos bosquets d'automne, 
leurs panaches d’un rouge foncé, et surtout les teintes vives de leurs 
feuilles produisent des effets très-agréables. 

Les fruits du Rhus glabrum sont recouverts à leur maturité d’une 
membrane veloutée d’un rougeéclatant, etimprégnésen mème temps 
d’une liqueur acide qui a valu à la plante le nom de Vinaigrier; au- 
dessous de cette membrane, qui se détache aisément, est un drupe 
aplati, de consistance osseuse et qui renferme une petite amande, 
dont l’ombilic est un cordon qui part de la base pour arriver à 
une radicule latérale supère. Geux du Tiphynum, ainsi appelés parce 
que ses rameaux florifères se serrent contre la tige principale de ma- 
nière à former une panicule allongée et étroite, sont également 
hérissés de poils d’un beau rouge qui ne paraissent que tard et tom- 
bent avec le fruit, comme dans la plupart des autres. espèces. Les 
espèces d'Asie que j'omets pourraient bien former d’autres types. 

Le deuxième groupe des Sumacs comprend principalement trois 
espèces, dont deux, le Radicans et le Toxicodendrum de Y Amérique 
nord, ne sont peut-être que des variétés, et dont la dernière de l'ile de 
Cuba est encore peu connue. Ges plantes, qui diffèrent de celles du 
type précédent, tant pour la végétation que pour l'inflorescence 
axillaire et non terminale, forment des arbrisseaux à tige sèche et 
grimpante, et dont les racines, qui jettent de nombreuses radicules, 
donnent souvent naissance à des buissons épais et impénétrables ; 
leurs feuilles lisses et brillantes tombent en automne, après s'être 
revêtues des plus belles teintes rougeâtres; leurs fleurs dioïques, 
petites et vertes, sortent des aisselles inférieures du nouveau bois, et 
leurs pétales se roulent en dehors pour faciliter la fécondation; les 


+ 356. 
anthères jaunes sont introrses latérales, très-bien conformées dans 
les fleurs mâles, comme les trois lobes papillaires et globuleux des 
stigmates dans les femelles; on ne distingue pas très-bien le torus 
nectarifère, qui fournit cependant assez d'humeur miellée pour 
baigner entièrement les stigmates et favoriser ainsi la rupture du 
pollen et l'absorption des boyaux fécondateurs par ses lobes. 

Au moment où le Radicans commence à fleurir, le pollen tombe 
en dehors sur les stigmates papillaires et divariqués ; la plante est 
alors chargée de ses anciens fruits qui forment une grappe de grains 
blancs et sphériques, recouverts d'une pellicule caduque, au-dessous 
de laquelle on trouve une enveloppe cotonneuse; le noyau, lisse et 
très-dur, renferme des cotylédons allongés et assez épais, entre les- 
quels est couchéela radicule. Je n'ai pas reconnu la marche des rayons 
pistillaires. 

Le Rhus radicans a les tiges dépourvues à peu près de ces lenticelles 
si marquées dans le groupe précédent; on en connaît trois variétés : 
le Commun, qui grimpe en jetant de nombreuses radicules; le Voluble, 
qui s'élève beaucoup plus et donne peu de radicules, et enfin celui à. 
petits fruits. Toutes les trois sont si dangereuses , et ont déjà produit 
tant d'accidents par le simple contact, qu’on les éloigne avec soin de 
tous les jardins. 

Le troisième groupe des Sumacs compte près de soixante espèces 
ou variétés, la plupart originaires de l'Afrique et du Cap; une seule 
s'avance jusqu'à Ténériffe; elles diffèrent par leurs feuilles, leurs ra- 
meaux inermes ou épineux et leur inflorescence terminale ou axillaire ; 
quelques-unes sont dioïques, d’autres grimpantes ou vrillées. On les 
cultive très-peu. 

Les Thezera forment deux espèces homotypes, des montagnes de 
la Sicile, à rameaux épineux , feuilles palmées de trois à cinq folioles, 
fleurs dioïques réunies en petites grappes terminales. Les Lobadium 
comprennent aussi deux espèces de l'Amérique nord, queles jardiniers 
avaient long-temps rangées parmi les Myrica. Ce sont le Suaveolens et 
l'Aromaticum, arbrisseaux aromatiques, à feuilles palmées, trifoliolées 
ou trilobées , inflorescence spiciforme, drupe acide et mangeable. 
L'Aromaticum , dont les feuilles ne paraissent qu'après la fécon- 
dation, a les fleurs disposées en petits épis aux aisselles supérieures 
des feuilles de l'année précédente; ces fleurs petites, jaunes, polyga- 
mes, ont des glandes bilobées alternes aux cinq étamines, et trois 
stigmates divergents. Je n'ai vu que la fleur femelle, dont l'ovaire 
devient un drupe monosperme, et qui s'ouvre au soleil pour rece- 
voir sur ses stigmates le pollen de la fleur mâle. Le bourgeon est 
terminal, et la tige s’allonge ainsi chaque année. 


Te 


Une des principales observations que présente ce genre, c'est, 
comme dans les Rhamnces , le rapport qui existe entre la structure de 
la fleur et ses divers modes de fécondation. 


Quarante-septième famille. — Zégumineuses. 


Les Légumineuses ont un calice tubulé à cinq dents à peu près égales 
et plus souvent séparées en deux lèvres, la supérieure ordinairement 
bifide et l'inférieure trifide. 

Les pétales, dont le nombre primitif est celui de cinq, mais qui 
avortent quelquefois en tout ou en partie, s’insèrent au fond du calice 
ou rarement sur le torus, et ont l’estivation imbriquée et presque 
toujours papilionacée dans les genres européens. On peut remarquer 
que le pétale supérieur, ou l’étendard placé entre les deux divisions 
supérieures du calice, est le seul qui ait conservé son état normal. 

Les étamines sont régulièrement en nombre double des pétales, 
rarement triples ou quadruples ou inférieures en nombre; souvent 
elles sont entièrement libres, mais souvent aussi elles se réunissent de 
diverses manières, tantôt en monadelphies, tantôt en diverses polya- 
delphies dont la plus commune est celle de neuf à un, et la plus rare 
de cinq à cinq; les anthères sont biloculaires introrses, quelquefois 
alternes sur deux formes et quelquefois avortées en partie. 

L'ovaire est oblong ou ovale, sessile ou stipité, et presque jamais 
adhérent par sa base ; le style unique et filiforme naît de la suture 
supérieure ; le stigmate est latéral ou terminal. 

Le fruit, qui porte le nom de légume, est bivalve, membraneux, 
coriace, charnu ou drupacé, déhiscent ou indéhiscent, uniloculaire 
ou biloculaire, ou enfin multiloculaire par l'effet des étranglements 
ou des articulations latérales; les semences nombreuses ou solitaires 
par avortement sont placées alternativement des deux côtés de la 
suture supérieure; le funicule est quelquefois un empâtement ou un 
filet court et réfléchi; quelquefois, au contraire, il est dilaté en axile; 
le test est lisse, souvent très-dur et comme pierreux, souvent cartila- 
gineux ou simplement membraneux ; l'endoplèvre prend quelquefois 
l'apparence et l'épaisseur d’un albumen; l’embryon est tantôt droit, 
tantôt pleurorhizé, c’est-à-dire à radicule couchée sur la ligne de sépa- 
_—. des cotylédons , qui sont foliacés, planes, charnus, farineux ou 
oléacés. 


sé” 


NT ee 

Cette famille très-vaste, très-naturellé et répandue sur toute la 
surface du globe, est formée d'un grand nombre de genres euro- 
péens, celui étrangers ou mixtes, que De Cannozze divise en deux 
grands ordres, des Pleurorhizées ou Curvembryées , qui renferme sept 
tribus, et celui des Rectembryees, qui en compte quatre. 

Les Legumineuses , par leur organisation et les phénomènes variés 
qui en résultent, semblent placées dans les premiers rangs des végé- 
taux, et méritent par conséquent une attention particulière. Leur 
embryon est à peu près dépourvu d'albumen, et leur radicule se pré- 
sente sous deux formes, qui indiquentsans doute dans ces plantes une 
structure différente, mais qui ne sont pas assez tranchées pour qu’on 
n'observe pas un grand nombre de passages entre l’une et l’autre; 
leur tigelle est quelquefois très-courte, et alors les cotylédons charnus 
et épaissis donnent à la jeune plante sa première nourriture ; ou bien 
elle s’allonge, et alors les cotylédons sont minces et foliacés, pourvus 
de stomates et couchés sur le sol ; ainsi les cotylédons ont été organisés 
pour la tigelle, et celle-ci pour les cotylédons. On doit ajouter que les 
feuilles primordiales qui succèdent aux cotylédons sont souvent plus 
simples et moins divisées que les autres; néanmoins leurs tiges sont 
toujours articulées ; le collet, ou le point précis qui sépare la radicule 
de la plumule, est souvent marqué par un renflement qui indique la 
limite exacte des deux systèmes; souvent aussi il est peu distinct; 
mais il est rarement placé, quoiqu'on l'ait souvent affirmé, à l’origine 
des cotylédons. ù 

Lorsque les tiges sont volubles, comme celles des Dolichos, des 
Phaseolus, etc., leur base ou partie inférieure est droite et nullement 
contournée; car les filets ligneux ne se tordent que plus haut. Cette 
prédisposition a un but étident : en effet la plante jeune et sortant 
presque de terre n’a pas encore besoin d'appui; d'ailleurs elle ne pour- 
rait pas facilement en trouver. 

Les Légumineuses, dont les tiges sont faibles, allongées et peu 
contournées , se soutiennent par des vrilles qu’on trouve principale- 
ment dans les Wiciées, et qui ne sont que des prolongements de 
pétioles ou de folioles avortées ; les pétioles s’allongent quelquefois 
en de simples languettes, comme dans les Orobus, et alors ils ne se 
contournent point. L'on peut remarquer ici que la nature ne crée 
pas de nouveaux organes, mais qu’elle se sert du même modifié pour 
des usages très-variés. 

Les racines des espèces européennes sont presque toujours fibreuses, 
quelquefois fortement tracantes, ainsi que dans le Robinia pseudo- 
acacia ; quelquefois tubéreuses, comme dans le Lathyrus tuberosus ; 


— Ai — 
souvent elles portent sur leurs fibrilles de petites pelotes qu'on 
aperçoit de très-bonne heure, et qui pourraient bien être autant de 
petites éponges par lesquelles les sucs aqueux arrivent à la plante. 

Les feuilles sont naturellement composées, à folioles articulées , 
avec ou sans impaire, et ordinairement formées d'un grand nombre 
de folioles qui, dans certains genres, se réduisent à cinq, trois ou 
même une s’ule; mais dans ce dernier cas, qui est celui des Genéts, 
par exen.ple, on voit que la feuille est primitivement conformée 
comme une feuille ailée, puisqu'elle reprend quelquefois ses trois 
folioles. Le Lupin fait ici exception par ses feuilles digitées, qu'on ne 
peut guère ramener à la forme générale que par l'avortement du pétiole 
commun. Du reste, toutes ces feuilles sont nettement découpées, et 
ont presque toujours leur contour entier et très-bien circonscrit, 
caractère assez rare et qu'on ne trouve pas dans d’autres familles, par 
exemple dans les Composées, dont les feuilles sont souvent roncinées. 

Ces feuilles sont toujours accompagnées de deux stipules, tantôt 
libres, comme chez les Viciu, mais très-souvent adhérentes, ainsi 
que dans les Ononis et les Trefles, ou enfin soudées dans les Astra- 
gales ; lorsque les feuilles avortent entièrement, comme dans le 
Lathyrus aphaca, les stipules prennent un grand accroissement, et 
ressemblent à de véritables feuilles, d’entre lesquelles sort la vrille; 
quelquefois, au contraire, comme dans le Lathyrus nissolia , Yaccrois- 
sement se porte sur le pétiole qui s’allonge en perdant ses folioles et 
ses vrilles, tandis que les stipules restent très-courtes. 

L'inflorescence est axillaire ou terminale; les fleurs, rarement soli- 
taires, sont disposées en grappes ou en panicules sur des pédoncules 
et des pédiceilles presque toujours articulés, et qui portent quelque- 
fois deux bractéoles à la base ; elles se développent à l'ordinaire de la 
base au sommet, mais la plupart des genres présentent à cet égard 
des particularités , que nous exposerons plus tard en détail. 

Les fleurs, dans les espèces européennes, sont presque toujours 
papilionacées, c’est-à-dire, formées de cinq pétales dont les deux 
inférieurs sont réunis en nacelle, et de dix étamines dont neuf sont 
monadelphes et dont la dernière libre correspond toujours à la suture 
supérieure ; cette conformation bizarre et pourtant symétrique, qui 
ne se retrouve dans aucune autre famille, ne paraît pas primordiale, 
car elle varie de mille manières dans les espèces étrangères, et elle 
semble ainsi nous indiquer qu’elle n’est elle-même qu’une altération 
de la structure primitive, dans laquelle on trouvait un calice à cinq 
pièces égales, une corolle à cinq pétales réguliers, équidistants, à 
estivation quinconciale, dix étamines, les unes opposées, les autres 


po Dee # 
alternes aux sépales , et enfin un pistil central formé de cinq carpelles 
à déhiscence intérieure. Cette dernière disposition ne se retrouve plus 
dans nos Papilionacées européennes, mais elle est moins altérée dans 
les Mimosees que dans les autres tribus, et l’on dit qu'Auguste 
Sarxr-HiLairE a rapporté du Brésil quelques Légumineuses nouvelles 
qui ont cinq carpelles à déhiscence interne ( Voyez son Memoire sur 
la structure primitive des Papilionacees. ) 

Si l'on suit, depuis le moment où l'on peut les apercevoir jusqu’à 
Ja fécondation, les développements des fleurs de nos Légumineuses 
communes, par exemple de nos Pois et des Lathyrus, on remarquera 
( Voy. Guirarp, sur la Formation des organes floraux , Paris, 1835) 
une gousse non encore exactement fermée, dix étamines à peu près 
libres à la base, bisériées et dont les cinq plus grandes sont opposées 
aux sépales, une nacelle à deux pièces et des pétales qui ne prennent 
que tard la forme sous laquelle ils se présentent enfin dans leur 
complet épanouissement. 

Le but de ces déformations , que l’on peut suivre pour ainsi dire 
à l'œil, parait être d'assurer la fécondation ; en-effet, si les fleurs des 
Légumineuses eussent été ouvertes avec leurs étamines et leurs stig- 
mates, non-seulement elles auraient été exposées à toutes les intem- 
péries, mais encore elles se seraient gênées à cause de leur position 
presque toujours latérale ; au contraire, dans l’arrangement qui a 
lieu, les organes sexuels sont parfaitement protégés ; l’étendard 
recouvre et abrite toutes les parties, les anthères s'élèvent à la hauteur 
du stigmate qu’elles entourent, et à moins de circonstances extraordi- 
naires, la fécondation s'opère toujours. On peut remarquer même que 
toutes nos Papilionacées européennes sont hermaphrodites, comme 
devait le faire supposer d'avance leurs organes sexuels toujours enve- 
loppés; en sorte qu'il y a, ici comme ailleurs, un rapport parfait entre 
la structure donnée et les effets produits. 

À l'épanouissement, l’étendard se réfléchit presque toujours par un 
mouvement brusque, qui est dû à l’élasticité de son onglet; lorsque 
cette élasticité est très-marquée, il conserve sa position jusqu’à ce que 
la fécondation soit accomplie, et ensuite il tombe avec les autres 
pétales ; dans certains genres, comme ceux du Lotus, il se rabaïsse la 
nuit, et se relève le jour; dans d’autres, comme le Genét et le 
Spartium , 'élasticité réside principalement dans l'onglet de la carène, 
qui se déjette, au lieu de se redresser; ces mouvements et d’autres du 
même genre sont étroitement liés à l’acte de la fécondation, comme 
on pourra le voir par les détails où nous entrerons plus tard. 

La fécondation s'opère intérieurement dans la plupart des genres, 


= HD = 
mais pourtant avec le concours plus ou moins marqué de l'air environ 
nant; car la nacelle s'entr'ouvre souvent du côté supérieur; quelques 
espèces de Lathyrus, de Vicia, etc., ont même un style qui sort du 
sommet de la carène, lorsque la fécondation est accomplie. 

Les anthères sont introrses et assez variables, ordinairement 
oVäles, oblongues et un peu sagittées, souvent uniformes, mais alter- 
nativement oblongues et arrondies dans le Lupin et plusieurs autres 
genres ; les filets sont régulièrement réunis neuf à neuf, mais quel- 
quefois, comme dans l’Aovea, c’est le fourreau staminifère lui-même 
qui est fendu dans toute sa longueur; quelquefois, au contraire, 
comme dans les Genéts et d’autres genres, les étamines monadelphes 
sont réunies dans toute leur longueur ; ces divers arrangements sont 
sans doute en rapport avec l'accroissement de l'ovaire, qui varie selon 
les genres. 

Le stigmate est aussi multiforme, tantôt terminal, mais souvent 
aussi latéral et accompagné de petites brosses blanchâtres, destinées 
à recueillir et à transmettre ensuite le pollen; en ouvrant les fleurs à 
_ l'époque de la fécondation, on trouve le stigmate papillaire et latéral 

tout couvert du pollen des anthères. 

La nature de ce pollen varie sans doute selon les genres ; en général, 
il est grisâtre, onctueux et recouvert de molécules brillantes; si on 
l'examine de près, on trouve qu'il est ordinairement ovoïde, à trois plis 
dans les espèces indigènes, et souvent ellipsoïde aplati dans les autres. 

Lorsque la fécondation est accomplie , le fruit commence à croître 
et à se débarrasser de la gaîne des étamines ; sans doute que lorsqu'il 
grossit promptement, le filet supérieur est libre, et que, dans le cas 
contraire, la gaîne ne s'ouvre pas, au moins à l'ordinaire; cependant il 
y a ici des différences assez grandes, selon les genres; dans le Pisum, 
par exemple, on voit la gaîre à la base du légume, comme une lame 
lisse et brillante. 

Quoïqu’on ne puisse douter que la structure primitive du fruit ne 
soit celle d’un carpelle plissé en deux et qui porte ses graines sur ses 
deux bords repliés, on doit convenir en même temps que cette 
structure a recu de nombreuses modifications selon les genres; la plus 
remarquable et en même temps la plus constante, est celle d’une 

. seconde suture parallèle à la première, et qui, quoique non séminifère, 
se fend pendant la dissémination, et change ainsi un péricarpe natu- 
rellement univalve, en un péricarpe à deux valves semblables et symé- 
triquement disposées. 

Pour l'ordinaire, le fruit est indéhiscent lorsqu'il ne renferme 
qu'une ou deux graines, comme dans les 7rèfles, les Mélilots , les 


ni —— 


Psoralea, les Onobrychis, etc. ; il l'est encore quelquefois, quand 
même il contient plusieurs graines ; maïs alors il se sépare en articu- 
lations monospermes, comme dans les Bisserula, les Hedysarum , 
les Ornithopus , etc. ; dans plusieurs, il s'ouvre par la suture supé- 
rieure et plus souvent par les deux; il présente alors deux valves 
régulières, planes dans les Robinia, roulées dans les Viciees, et l'on 
observe dans ce dernier cas que chaque valve se roule dans un sens 
différent du dedans au dehors, afin d'expulser plus facilement les 
graines; ces légumes offrent encore de nombreux phénomènes phy- 
siologiques que nous exposerons dans les genres qui les renferment. 

Les graines, ordinairement assez grosses et plus ou moins sphéri- 
ques, permettent souvent de suivre les développements successifs de 
l'embryon ; dans le Pisum, au moment où la fleur est fécondée, il 
n'est pas encore visible, mais bientôt on aperçoit ses lobes sous la 
forme de deux points verts demi-cylindriques, écartés l'un de l'autre 
comme les ailes d'un papillon; au-dessus est une petite tête verte, 
qui communique par des vaisseaux avec l'hilus, et que l’on reconnaît 
pour la radicule; tout cet appareil est alors plongé dans un liquide 
douceâtre et prescue transparent ; mais peu à peu la radicule se rap- 
proche de l'hilus, et se love enfin dans sa cavité; de leur côté, les 
cotylédons absorbent entièrement le liquide transparent. Le Phaseolus 
présente la même organisation, mais son embryon est moins vert, 
plus arrondi et placé d’abord à l'extrémité la plus éloignée de l’Hilus ; 
il s’en rapproche ensuite si bien que la radicule vient exactement 
aboutir au micropyle, qui est un trou à côté de la cicatricule ou 
confondu avec elle ; les vaisseaux nourriciers entrent par l'ouverture 
la plus voisine de la base de la graine, les autres par celle qui est la 
plus rapprochée du sommet; la forme de la radicule dépend de la 
position de l'ombilic, elle est droite, ou plus ou moins recourbée, 
selon que l'ombilic est placé à l'une des extrémités, ou sur le côté de 
la graine. 

L'arrangement même de ces graines dans l’intérieur du légume 
diffère selon les tribus; dans les Papilionacées proprement dites , elles 
sont couchées parallèlement à la suture séminifère, et leur ombilic 
allongé est latéral ; dans ce cas, la radicule est recourbée, et s'étend 
tout le long de la suture, jusqu'à ce qu’elle arrive à la plumule, tou- 
jours placée à l'une des deux extrémités de la graine; c'est ce qu’on 
peut voir, en particulier, dans les Phaseolus, où l'on distingue bien le 
micropyle. Dans les Mimosa, les Cassia, etc., les graines sont perpen- 
diculaires à la suture séminifère, la radicule droite entre directement 
à peu près par le sommet; c'est sur cette direction différente de la 


— 45 — 


radicule qu'est fondée la division des Légumineuses, en Curvembryées 
ou Pleurorhyzées et Rectembryees. 

Les Légumineuses ont des mouvements spontanés de plusieurs 
sortes : le premier est celui de la corolle et surtout de l’étendard pen- 
dant la fécondation ; le second est celui des pédoncules et pédicelles ; 
le troisième est celui des bractées qui s’élèvent ou s'abaissent, et qui, 
dans le Lotus ornithopoides , protégent les fleurs pendant la nuit; et le 
quatrième est celui des pétioles eux-mêmes, si manifestement articulés 
sur les tiges. 

Mais le plus singulier est celui qu'exécutent les folioles des espèces 
de quelques genres ; celles des Trèfles , des Melilotus, des Medicago, 
s'ouvrent le matin et se referment le soir; celles des Robinia chan- 
gent de position selon les heures du jour : le matin, elles sont pen- 
dantes sur leur pétiole commun, ensuite elles deviennent horizon- 
tales, puis se relèvent presque verticalement lorsque le soleil arrive à 
sa plus grande hauteur, enfin insensiblement elles retombent, de 
manière à reprendre le soir la position qu’elles avaient le matin ; celles 
des Cassies, des Acacia et des genres voisins s'appliquent la nuit les 
unes sur les autres en se recouvrant sur les deux côtés du pétiole 
commun, comme les tuiles d’un toit, etc. 

Outre ces mouvements généraux, il en est de propres à certaines 
espèces d’un genre; ainsi le Mimosa pudica et quelques-unes de ses 
congénères referment exactement leurs feuilles à la moindre secousse, 
et l'Hedysarum des Indes a des folioles qui oscillent sans cesse ; tous 
ces phénomènes, que je me contente d'indiquer, sont l'effet d'une 
organisation supérieure, dont la cause seconde plutôt que première 
réside souvent dans ces renflements cornés ou cartilagineux qu'on 
trouve à la base des pétioles et des pétiolules des feuilles de la famille; 
et qui sont d'autant plus marqués que les mouvements de la plante 
elle-même sont plus prononcés; on a même observé ( Bulletin de 
Férussac, 1828, tom. 14), qu'en Ôtant au Mimosa pudica, la partie 
supérieure de son renflement corné, la feuille ou la foliole se redres- 
sait, tandis qu'elle s’abaissait, si la lésion avait eu lieu à la partie 
inférieure et qu’elle se dirigeait du côté entamé, si la portion détruite 
était latérale. Sans doute que toutes les Legumineuses ne présentent 
pas la même sensibilité, mais toutes sont plus ou moins affectées par 
les variations atmosphériques, et obéissent peut-être aux mouvements 
d’un fluide fortement expansible, et qui jusqu’à présent, est resté 
inconnu. 

Jajoute enfin que la plupart des mouvements que nous venons de 
mentionner ne s'exécutent dans leur plénitude que lorsque la plante 


JE ue 
est arrivée à l'âge de puberté, qu’elle va fleurir ou commence à mürir 
ses fruits; tant queles fleurs ne sont pas épanouies, leur pédoncule reste 
à peu près appliqué contre la tige, et les folioles sont à peu près immo- 
biles. Mais c'est en se variant de mille manières, selon le besoin, que 
ces mouvements assurent la fécondation, la maturation, la dissémina- 
tion, et qu'ils diversifient à l'infini le spectacle toujours nouveau de la 
nature. 

Les Légumineuses , dont le nombre s'élève déjà dans le Prodrome à 
trois mille six cent trente-cinq espèces, comprises sous deux cent 
quatre-vingts genres, et qui se sont dès-lors considérablement accrues, 
sont dispersées dans les différentes parties du monde, et souvent selon 
leurs tribus ou même leurs genres; elles habitent de préférence les 
zones équinoxiales, où elles forment.des arbres élevés, des arbris- 
seaux droits ou souvent grimpants, et elles diminuent considérable- 
ment en nombre et en grandeur, à mesure qu’elles s’'approchent des 
pôles, où elles ne forment presque plus que des herbes. Elles sont 
rares sur les hauteurs, dans les terrains salés, dans les marais ou dans 
les eaux, où l'on ne rencontre guère que quelques Mimosces. Il n'en 
existe aucune qui soit parasite ou fausse parasite. 

Leurs principales tribus européennes sont les Lotces et les Viciees ; 
les plus nombreuses parmi les étrangères sont les Mimosees, les Pha- 
séolées, les Cassiées, les Sophorées, etc.; mais les Hédysarces sont 
comme partagées entre les deux continents ; elles se présentent dans 
nos climats sous des formes simples, fraiches, gracieuses ou même 
élégantes, mais c'est dans les contrées que l'homme n’a pas encore 
soumises à la culture, sur les pentes des montagnes, dans les déserts 
et les bois vierges du Nouveau-Monde, qu’elles brillent de tout leur 
éclat et de toute leur magnificence; c'est là que l’on peut contempler, 
dans toute leur beauté native, ces Mimosa, dont rien n’égale la grâce 
et la pompe; ces Phaseolees, qui s'élèvent jusqu'aux plus grands arbres 
d'où elles laissent tomber en festons leurs brillantes grappes; ces 
Cassia , si variés pour le port et pour la fleur; ces magnifiques Cæsal- 
pinia, Poinciana, etc. Nos scènes, beaucoup moins agrandies, ont 
aussi leurs graces et leurs attraits; car la nature n’a privé de ses bien- 
faits aucune des parties de cette terre habitable; nos Cytises, nos 
Genéts et nos Ononis décorent au printemps de leurs fleurs dorées nos 
collines, et surtout celles de la Méditerranée ; les Medicago, mélés aux 
Trèfles, tapissent toutes nos prairies ; les Vicia recouvrent nos haies 
de leur feuillage léger et verdoyant; les Astragales, les Hedysarum et 
les Phara s'élèvent de nos vallées jusqu'aux pentes de nos montagnes. 


tr 


PREMIER ORDRE. — PAPILIONACÉES. 


Les Papilionacées ont une radicule pleurorhizée , des pétales imbri- 
qués ou légèrement valvaires, formant par leur réunion une corolle 
papilionacée ou irrégulière ; de étamines périgynes ou insérées sur 
le calice, des feuilles NES ou ailées, jamais bipennées ou tripennées. 


Première tribu. — SOPHORÉES. 


Les Sophorées ont leurs étamines libres, leur légume continu non 
articulé, leurs cotylédons planes et foliacés, leur germination varia- 
ble, et leurs tiges presque toujours frutescentes. 


PREMIER GENRE. — Sophora. 


Le Sophora a un calice légèrement quinquéfide, campanulé ou un 
peu aminci à la base, des pétales creusés en gouttière et ordinairement 
réunis au sommet, un légume moniliforme aminci et aptère. 

Ce genre, peu distinct de ceux de la même tribu, est formé d’ar- 
bres, d’arbrisseaux ou d'herbes vivaces, tous étrangers et originaires 
des Indes, du Sénégal, de l'Amérique méridionale ou de la Sibérie. 

On le divise en deux sections : 

1° Les Eusophora , à étamines libres; 

> Les Pseudosophora , à étamines diadelphes, qui ne comprend 
guère que |’ Ælopacuroides , herbe vivace de la Sibérie. 

Les Sophora ont les feuilles ailées avec impaire et ordinairement 
dépourvues de stipules ; leurs grappes terminales sont simples ou pani- 
culées, et leurs fleurs blanches, jaunes, bleues, pourprées, etc. On 
en cultive quelques espèces dans les serres, mais on élève en pleine 
terre le Sophora du Japon de notre première section, qui ne fructifie 
qu'après plusieurs années, et dont les fleurs, qui paraissent en juillet, 
fournissent aux abeilles un suc aussi abondant et aussi précieux que 
celui des Orangers. 

Cet arbre a les feuilles composées de onze à treize folioles, et ses 
fleurs d’un bleu sale disposées en panicules lâches et terminales; ses 
étamines sont libres, et ses anthères, uniformes et unilobées, répan- 
dent dans l'intérieur de la carène, leur pollen jaunâtre et adhérent; 
les légumes sont moniliformes et remplis, dans leur jeunesse surtout, 


— 48 — 


d'une pulpe acerbe. On en connaît deux variétés : l’une à rameaux 
pendants, et l'autre à feuilles panachées de jaune. 

Les cotylédons du Sophora sont foliacés, et la première feuille a 
deux ou trois paires de folioles outre la terminale. 


DEUXIÈME GENRE. — Ædwardsia. 


L’Edwardsia a un calice oblique à cinq dents et fendu du côté supé- 
rieur, cinq pétales distincts, connivents en une corolle papilionacée , 
dont la carène est allongée, dix étamines dont les filets caducs sont 
insérés sur un torus cyathiforme à dix angles, un légume moniliforme, 
uniloculaire, bivalve, tétraptère et polysperme. 

Ce genre est formé dans De Canpoze de cinq arbustes antarctiques, 
à feuilles ailées, avec impaire et non stipulées; leurs fleurs dorées et 
axiilaires sont réunies en petites grappes. 

L'espèce la plus répandue est le Grandiflora ou le Tetraptera des 
jardiniers, dont les feuilles portent douze à vingt paires de folioles, et 
doni les fleurs sont un peu pendantes; ses étamines sont promptement 
caduques; son légume est recouvert de poils roux; son calice égale- 
ment velu est élargi en soucoupe; son stigmate punctiforme est recou- 
vert et protégé par la carène pédicellée; ses grandes fleurs paraissent 
avant les feuilles. 

Ce qui caractérise ce genre, c'est le beau nectaire à dix lobes ren- 
flés qui tapisse le torus, et ce qui distingue cette espèce c'est sa carène 
pédicellée. 

On ne peut guère douter que la fécondation ne s'opère ici par l’in- 
tervention de la liqueur miellée, qui recoit le pollen échappé des an- 
thères et retenu dans l'intérieur de la carène allongée qui recouvre le 
stigmate. 


TROISIÈME GENRE. — V’érgilia. 


Le Viroilia a le calice quinquéfide, les pétales à peu près égaux, 
l'étendard non réfléchi, le stigmate imberbe, le légurne oblong, aplati, 
bivalve et polysperme. 

Les Virgiliu, dont De Cannozre énumère sept espèces, sont des 
arbres ou des arbrisseaux non homotypes, la plupart originaires du 
Cap; on en trouve un dans l’Abyssinie et un autre dans l'Amérique 
nord ; leurs feuiiles sont ailées avec impaire, leurs fleurs jaunes, 
pourprées et violettes sont disposées en grappes; leurs étamines tom- 
bent ou persistent, et leurs légumes sont glabres ou rarement velus; 


so AN) Lie 


le Lutea du nord de l'Amérique est un assez grand arbre qui supporte 
bien nos hivers ; son feuillage est d'un beau vert; ses fleurs blanches 
forment des grappes élégantes, et ses boutons, comme ceux du 
Platane , sont renfermés dans la base du pétiole. 

Le Sylvatica du Cap a ses étamines persistantes, et son légume 
aminci aux deux extrémités. 

Les cotylédons sont foliacés, et la première feuille porte une à deux 
folioles, dont la supérieure est quelquefois soudée avec la terminale. 


QUATRIÈME GENRE. — 4nagyris. 


L'Anagyris a un calice quinquéfide légèrement labié ; des ailes plus 
longues que l'étendard et plus courtes que la carène bipétale, un 
légume aplati, polysperme, bivalve et irrégulièrement étranglé. 

L'Anagyris est un genre européen formé de deux espèces homo- 
types, le Fœlida des collines pierreuses du midi, et le Latifolia de 
Ténériffe ; l’un et l’autre sont des arbrisseaux à feuilles trifoliolées, à 
stipules réunies et opposées aux feuilles, à fleurs jaunes et grappes 
courtes. 

Ges deux espèces ne diffèrent guère que par la forme de leurs 
feuilles et celle de leur style ; je ne connais ni leur fécondation, ni leur 
dissémination ; l'espèce commune qui fleurit en hiver, a un stigmate 
papillaire qui s'élève à la hauteur des anthères, et une gousse assez 
allongée, aplatie, pendante et renfermant de deux à huit semences. 

Les cotylédons sont foliacés et pourvus de stigmates ; les premières 
feuilles ont trois folioles palmées, pétiolulées et écartées. 


CINQUIÈME GENRE. — Baplisia. 


Le Baptisia a un calice bilabié, à quatre ou cinq divisions, cinq 
pétales à à peu près égaux, un étendard réfléchi sur les côtés, des éta- 
mines caduques, un légume ventru , pédicellé et Hulaénel 

Ce genre _comprend neuf espèces herbacées, la plupart vivaces et 
toutes originaires de l'Amérique D et surtout de la 
Caroline, où elles forment des touffes fraîches et élégantes dans les 
bois, les bles et sur les bords des ruisseaux ; ete feuilles sont 
ol dans une espèce et trifoliées dans les huit autres; leurs fleurs, 
en grappes latérales ou terminales, sont jaunes, bleues, blanches, etc.; 
leurs feuilles sont sessiles ou pétiolées, lisses ou velues, et leurs 
légumes sont ordinairement subulés au sommet. 

L'espèce la plus remarquable et la plus commune est l’Australis, 


II. 4 


EN es 
qui vit en pleine terre dans nos jardins, et dont les magnifiques grap- 
pes bleues se développent dès le mois de juin; ses filets sont libres, 
et ses anthères d’un beau jaune s'ouvrent un peu avant l'étendard, 
qui ne se referme pas; le stigmate est un point recouvert immédiate- 
ment par le pollen ; la cavité nectarifère entoure l'ovaire. Ces plantes 
noircissent ordinairement dans la dessication , comme les Orobus. 
Leurs cotylédons sont foliacés et pourvus de stomates; les premières 
feuilles sont tritoliolées et sessiles. 


SIXIÈME GENRE. — Chorisema. 


Le Chorisema ae calice semi-quinquéfide et bilabié, la carène ven- 
true plus courte que les ailes, le style court et recourbé, le stigmate 
oblique et obtus, le légume ventru, uniloculaire et polysperme, 
sessile ou presque sessile. 

Ce genre est formé de quatre ou cinq sous-arbrisseaux homotypes, 
de la Nouvelle-Hollande, et qui ne diffèrent que par l'inflorescence, 
la forme des feuilles et la position des bractées. Les deux principales 
espèces sont l’Jlicifolia, à feuilles demi-épineuses, et le Rhombea, à 
feuilles plus ou moins rhomboïdes; ce sont des plantes dures, à tiges 
amincies, comme la plupart de celles de l’Australasie ; leurs fleurs, 
d’un jaune taché de rouge, paraissent chez nous au mois de mars, et 
sont réunies deux ou trois par aisselle. 

L’Ilicifolia étale à la fécondation son étendard d’un jaune de feu 
qui ne se referme point; sa carère s'ouvre aussi, et montre des éta- 
mines libres, terminées par de petites anthères arrondies et jaunâtres, 
qui couvrent de leur pollen le stigmate papillaire à tète légèrement 
courbée. 


SEPTIÈME GENRE. — Podolobium. 


Le Podolobium a un calice quinquéfide, à lèvre supérieure bifide 
et inférieure trifide, une carène aplatie de la longueur des ailes et de 
l’étendard, un ovaire à quatre ovules sur un seul rang, un style 
ascendant, un stigmate simple, un légume pédicellé, un peu ventru 
et lisse en dedans. 

Les Podolobium ont le port et l’organisation végétale des Chorisema, 
auxquels ils seront peut-être un jour réunis. On en compte déjà six 
espèces, séparées en trois groupes d'après leurs feuilles opposées ou 
alternes, inermes ou épineuses; ce sont des arbrisseaux de la Nou- 
velle-Hollande, à tiges minces, dures et souvent grimpantes, à fleurs 
axillaires jaunes et tachées de rouge. 


ASE: TRE 

Le Podolobium trilobatum , qui est l'espèce la plus répandue et qui 
fleurit à la même époque que le Chorisema, a les tiges dures et filifor- 
mes ; les feuilles triangulaires et opposées sont roides , glauques en 
dessous et recouvertes de glandes irrégulières qui ressemblent à un 
parenchyme mis à nu; les lets axillaires, ordinairement ternées et 
toujours enveloppées d écailles roussâtres et caduques, sont abritées 
sous la lèvre supérieure profondément bifide de leur calice. 

L'inflorescence est simultanée sur toute la tige, mais les fleurs de 
la même aisselle s’épanouissent successivement; l'étendard souvent 
tourné du côté de la tige et fortement plissé en deux recouvre long- 
temps les autres pétales, et se fait remarquer par sa teinte d'un pourpre 
foncé; la tige se rompt au sommet et les pédoncules portent deux 
bractées à la base. 

La fécondation, au moins dans nos climats, s’accomplit à l'ouver- 
ture de la carène et l'étendard ne se referme pas lorsqu'une fois il 
s'est ouvert; les filets sont séparés jusque près de la base. 


HUITIÈME GENRE. — Brachysema. 


Le Brachysema a un calice quinquéfide, ventru et un peu inégal ; 
une corolle dont l’étendard est plus court que les ailes, une carène 
comprimée, un ovaire pédicellé et engainé à sa base, un style filiforme 
allongé, un légume ventru et polysperme. 

Ce genre ne comprend que le ZLatifolium et l'Undulatum, sous- 
arbrisseaux rampants ou un peu grimpants, à feuilles entières ou 
mucronées, à grappes de deux ou trois fleurs axillaires ou terminales 
d'un jaune pile ou d'un rouge carmin. 

L'Undulatum à un calice forteeié renflé, un étendard trés-petit, 
dont la fonction est remplie par une carène enflée et recouverte de 
deux grandes ailes; les feuilles sont élargies, ondulées, sèches et 
dures, comme celles des arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande; les 
deux fleurs que portent le pédoncule axillaire sont d’un jaune pâle et 
s'ouvrent à des intervalles très-distants, tandis que l'inflorescence 
générale est simultanée ; la base du calice velu est pédicellée et engai- 
née; la tige se rompt au sommet. 

La fécondation à lieu après que l’étendard épais, velu et fortement 
jeté en arrière, a laissé à l'air libre l'ouverture de la carène; les éta- 
mines sont libres, et la dixième est placée un peu en avant des autres; 
les anthères sont petites, jaunes et bilobées ; le style est recourbé, à 
angle droit vers le sommet; le stigmate est une petite tête papillaire, 
et le godet nectarifère, qui occupe toute la base de la fleur, est formé 
par la carène élargie et les filets recourbés des étamines. 

4 


EE pon — 


On ne peut s'empêcher de croire que l'humeur miellée du godet 
joue ici un grand rôle. 


NEUVIÈME GENRE. — Aolus. 


L’Aotus a un calice quinquéfide, bilabié et dépourvu de bractée; 
des pétales et des étamines caduques, un ovaire disperme, un style 
filiforme, un légume bivalve et des semences dépourvues de stro- 
phioles. 

Ce genre comprend dans le Prodrome deux arbrisseaux de l'Austra- 
lasie, le V’illosa et le Virgata, dont les feuilles sont simples, tubulées, 
roulées sur les bords, et dont les fleurs jaunes sont axillaires. 

Le premier a les feuilles irrégulièrement alternes, roulées sur leurs 
bords supérieurs et recouvertes sur leur face externe de poils allongés 
et tuberculés; les fleurs petites sont axillaires et solitaires sur des 
rameaux qui s'allongent indéfiniment; le calice a ses cinq lobes ouverts 

à peu près égaux; la Fondation est intérieure, le RER est 
tue et papillaire. 


DIXIÈHE GENRE. — Æutaxia. 


L'Eutaxia a un calice à deux lèvres, la supérieure légèrement échan- 
crée et l'inférieure trifide, un étendard élargi, un ovaire disperme, 
un style recourbé, un stigmate en tête, un légume légèrement ventru, 
des semences strophiolées. 

Ce genre ne comprend que le Myrtifolia de la Nouvelle-Hollande, 
petit arbrisseau à feuilles persistantes et opposées, qui se développe 
continuellement du sommet; les fleurs placées aux aisselles des feuilles 
de l’année précédente sont ternées, mais géminées par avortement sur 
le même pédoncule, et enveloppées dans leur première jeunesse de 
bractées linéaires, roussâtres et promptement caduques; la fleur d’un 
rouge mordoré, comme celle du Brachysema et des genres voisins, 
a un étendard arrondi, élargi et ouvert à la fécondation; les ailes, qui 
recouvrent à peu près l'ouverture de la carène, ont des appendices 
très-courts ; les filets sont distincts et inclinés avec leurs anthères uni- 
formes sur l'étendard, de même que le style qu’ils accompagnent, et 
qui est terminé par un stigmate en tête. 

On a réuni à ce genre l'Eutaxia pungens qui a bien la consistance 
dure et sèche du Myrtifolia, mais dont les feuilles sont amincies, 
aplaties et mucronées, et dont les fleurs, placées aux aisselles supé- 
rieures et disposées en petits corymbes, sont toutes déjetées du même 


_— 3 — 
côté et terminent les rameaux avortés. Cette plante à fleurs jaunes a la 
carène tout ouverte, les étamines libres et l’ovaire velu. 


_ ONZIÈME GENRE. — Pullænea. 


Le Pultænea a un calice bibractéolé, quinquéfide, à lobes à peu près 
égaux et divisé en deux lèvres, un style subulé ascendant, un stigmate 
simple, des graines à strophiole carénée. 

Ce genre comprend une quarantaine d’arbrisseaux de la Nouvelle- 
Hollande, à feuilles simples, alternes et roides, stipules intrafoliacées 
et souvent connées; les fleurs jaunes sont disposées ordinairement en 
tête terminale sur les tiges et les rameaux. 

Le Stricta qui orne souvent nos serres, et dont les feuilles mucro- 
nulées sont glabres en dessus, porte au sommet de ses branches et de 
ses ramilles des boutons écaiileux de cinq à six fleurs, qui se dévelop- 
pent chez nous à la fin de l'hiver. 


DOUZIÈME GENRE. — Daviesia. 


Le Daviesia a un calice anguleux, dépourvu de bractées, et dont 
les cinq lobes sont divisés quelquefois en deux lèvres; une carène 
plus courte que l’étendard, un ovaire pédicellé et disperme, un style 
redressé et des étamines souvent non réunies, un légume aplati, 
anguleux et qui s'ouvre élastiquement. 

Ces plantes, dont l'on connaît déjà une douzaine d'espèces, sont 
des arbrisseaux de l'Australasie, à rameaux glabres, épineux ou iner- 
mes, et feuilles simples ou avortées ; les pédicelles axillaires sont 
bractéolés à la base. | 

L'espèce principale est ici le Mimosoïdes ou le Glauca des jardiniers, 
à fleurs jaunes, dont l’étendard porte à sa base des taches brunes, et 
dont les rameaux inermes , à feuilles linéaires, sont chargés aux ais- 
selles de petites grappes solitaires ou géminées et bractéolées; la carène 
ouverte au sommet est un godet allongé, et les étamines sont libres. 


Les Sophorées comprennent dans le Prodrome trente genres, dont 
l’Anagyris est le seul européen; les autres sont originaires des deux 
Amériques, du Cap, des îles Maurice, des Indes; du Kamchatka 
ou de la Sibérie; mais les dix-huit derniers sont presque entièrement 
relégués dans l’Australasie et surtout dans la Nouvelle-Hollande; ils 
diffèrent beaucoup entr'eux par le port; ceux d'Amérique et des 
Indes ont en général les feuilles grandes, ailées avec impaire, les 


NT des 


fleurs réunies en grappes terminales bleues, rouges, blanches et rare- 
ment jaunes; ceux du Cap ont les feuilles trifoliolées ou simples; 
mais les plantes de l’Australasie sont presque toutes des sous-arbris- 
seaux, àtiges dures, feuilles sèches, simples, alternes ou verticillées 
trois à trois et même quatre à quatre, fleurs ordinairement d’un jaune 
foncé taché de rouge, semences nues ou strophiolées. 

Ces plantes de la Nouvelle-Hollande sont à peu près dépourvues de 
tous ces mouvements qui distinguent les autres légumineuses étran- 
gères ou européennes; elles se distinguent par la grandeur de leurs 
ailes, leurs étamines libres et les nectaires qui recouvrent souvent leur 
torus. Le principal objet de recherche me semble être ici la forme de 
fécondation qui doit dériver du nectaire, lequel a sans doute con- 
tribué à l'indépendance des étamines. 


Deuxième tribu. — LOTÉES. 


Les Lotees ont une corolle papilionacée, des étamines monadelphes 
ou diadelphes, un légume continu, uniloculaire ou rarement bilocu- 
laire, des cotylédons planes, foliacés et pourvus de stomates. 


PREMIER SOUS-ORDRE. — GÉNISTÉES. 


Les Geénistées ont le légume uniloculaire, les étamines presque 
toujours monadelphes, les feuilles simples, trifoliolées ou palmées et 
rarement ailées, les tiges souvent frutescentes. 


PREMIER GENRE. — Âovea. 


L'Hovea a un calice dont la lèvre inférieure est trifide et la supé- 
rieure semibifide, large et tronquée, des étamines toutes réunies, ou 
dont la dixième est plus ou moins libre, un légume sessile, arrondi, 
ventru et disperme, des semences strophiolées. 

Les Hovea sont de petits arbrisseaux de l’Australasie, dont les feuilles 
sont simples et aiternes, et dont les fleurs axillaires pourprées ou vio- 
lettes ont des pédoncules raccourcis. 

La seule espèce que je connaisse, d’entre les neuf qui composent 
actuellement ce genre, est le Lanceolata à étendard renversé, carène 
fendue dans toute sa longueur sur le côté supérieur, dix anthères 
réunies à fourreau fendu jusqu’à la base. Cette plante, comme ses 
congénères, se développeindéfiniment au sommet; ses feuilles, d’abord 


RER 
roulées sur leurs bords et recouvertes de poils roussâtres, deviennent 
ensuite mucronées et lisses sur la face supérieure; les fleurs, à calice 
velu et entouré de bractées également velues, sont d'ordinaire gémi- 
nées à chaque aisselle, et se contournent sur leurs pédoncules pour 
rechercher la lumière ; leur fécondation est à peu près extérieure, et 
la carène s’entr'ouvre pour découvrir ses petites anthères et son stig- 
mate simple; l'étendard se renverse par l’élasticité du pied de la carène. 


DEUXIÈME GENRE, — Platylobium. 


Le Platylobium à un calice dont la lèvre supérieure est divisée en 
deux grands lobes arrondis, et dont l’inférieure trifide est raccourcie; 
ses étamines sont légèrement unies à la base, son légume pédicellé est 
un peu aplati, ailé sur le dos et polysperme. 

Ce genre est formé d’arbrisseaux de l'Australasie, dont l'on connaît 
déjà six espèces, parmi lesquelles on distinguele Formosum etle Trian- 
gulare, cultivés dans nos serres. Ces plantes, comme la plupart de 
celles qui habitent les mêmes contrées, ont les tiges dures, les feuilles 
sèches et épaisses ; elles fleurissent aussi au premier printemps, et 
dans l’estivation, les deux lobes de la lèvre supérieure de leur calice 
recouvrent l’étendard plissé en deux et enveloppant les autres parties 
de lafleur. Dans le Triangulare, la carène ouverte en deux pièces laisse 
à découvert les anthères jaunes, qui répandent leur pollen sur la petite 
tête papillaire du stigmate. 


TROISIÈME GENRE. — Possiæa. 


Le Bossiæa a un calice bilabié, dont la lèvre supérieure, un peu 
plus grande que l’autre, est semibifide et obtuse ; ses étamines sont 
ordinairement toutes réunies ; son légume aplati, pédicellé, est poly- 
sperme et épaissi sur les deux bords; ses semencees sont strophiolées. 

Ce genre de la Nouvelle-Hollande est formé d’arbrisseaux dont les 
rameaux sont souvent aplatis, et dont les feuilles, toujours simples et 
alternes, avortent quelquefois; les fleurs jaunes ont leur carène ordi- 
nairement aplatie , pourprée ou brune. 

Il se divise en trois groupes : 

1° Celui à rameaux aplatis ou aphylles ; 

2° Celui à rameaux aplatis et feuillés ; 

3° Celui à rameaux cylindriques et feuillés. 

L'espèce la plus répandue dans nos serres est le Scolopendria, à 
rameaux linéaires, aplatis, aphylles et divisés en ramilles alternes, 


Sin 

également aplaties, et marquées sur les bords d’échancrures d’où 
devaient sortir les feuilles qui ont avorté; de ces échancrures des 
rameaux primaires ou peut-être aussi des rameaux secondaires , sor- 
tent les rameaux florifères , courts et renflés en genou à la base, et 
divisés eux-mêmes en rameaux chargés de fleurs articulées à la base 
et réunies en petits corymbes de dix à douze; les étamines sont 
diadelphes, le stigmate est une tête papillaire recouverte du pollen 
brillant des anthères arrondies, et le légume renfermé d’abord dans 
la carène est bien conforme au caractère du genre. 

C'est un phénomène remarquable que celui de ces rameaux 
aplatis qui se trouvent si fréquemment dans les arbrisseaux de la 
Nouvelle-Hollande. Y a-t-il dans le sol et la constitution atmosphé- 
rique de cette contrée, quelque chose qui puisse favoriser ces sou- 
dures et ces aplatissements ? 


QUATRIÈME GENRE. — Goodia. 


Le Goodia a un calice à deux lèvres à peu près égales, mais dont 
la supérieure est bifide et aiguë, un étendard agrandi et plane, des 
étamines réunies, une carène tronquée à deux onglets, un légume 
pédicellé et aplati, des semences strophiolées. 

Les Goodia sont des sous-arbrisseaux très-rameux de l'Australasie, 
dont le port est celui des Cytises, dont les feuilles sont pétiolées 
et trifoliolées, et dont les fleurs jaunes sont disposées en grappes. 

On en compte déjà quatre espèces, dont la plus répandue est le 
Polysperme ou le Cytisus tomentosus des jardiniers, dont les pédon- 
cules triflores sont opposés aux feuilles, et dont les calices à esti- 
vation valvaire enveloppent la fleur jusqu'à l'épanouissement. Le 
Pubescens qui le suit a également les pédoncules triflores opposés aux 
feuilles, son étendard fortement réfléchi est taché de pourpre à la 
base, et sa nacelle d’un brun pourpré est formée de deux pièces 
recouvertes par les ailes; le troisième ou le Latifolia, qui a le port 
d'une Coronille arborescente, se distingue à ses feuilles glauques et à 
sa foliole terminale pétiolée comme dans les Medicago; ses ailes sont 
petites et disposées en toit pour recouvrir les étamines et la carène 
entr'ouverte; le fourreau des filets est de plus ouvert et renflé à la base 
afin de contenir l'humeur miellée qu'il répand en abondance; enfin le 
dernier est le Retusa des jardiniers, à fleurs pourpres, rapprochées 


en corymbes au sommet des rameaux, et dont l’'étendard est marqué 
d'une tache jaune à la base. 


CINQUIÈME GENRE. — T'empletonia. 


Le Templetonia a un calice à cinq dents dont les inférieures sont 
plus grandes, une carène allongée à peu près égale aux ailes, des éta- 
mines lâchement réunies au sommet, des anthères uniformes et de 
la même hauteur que le stigmate qui est une petite tête papillaire, 
un légume pédicellé, aplati et polysperme, des semences strophiolées. 
_ Ce genre, très-voisin du Goodia, est formé dans le Prodrome de 
deux arbrisseaux de l'Australasie , le Retusa et le Glauca cultivés dans 
nos jardins ; mais le premier a été rangé parmi les Goodia, à cause 
de ses feuilles trifoliolées, cunéiformes et échancrées au sommet. 

Cet arbrisseau a des fleurs tout-à-fait semblables à celles du 
Kennedya, et qui se font remarquer par un beau nectaire placé au 
bas de l’étendard et du côté où s'ouvre le fourreau des étamines ; son 
étendard est fortement jeté en arrière, à l’époque de la fécondation 
qui est directe, car le pollen des anthères recouvre immédiatement 
le stigmate, ce qui n'empêche pas, je pense, que l'humeur miellée, 
qui sort en abondance de la base du fourreau staminifère, n’y joue 
aussi son rôle. 


SIXIÈME GENRE. — Scottea. 


Le Scottea a un calice imbriqué et terminé par cinq dents un peu 
inégales ; un étendard plissé en deux, plus court que les ailes et la 
carène; des étamines toutes réunies; un légume pédicellé, aplati et 
épaissi sur les bords, quatre à cinq semences strophiolées. 

Le Dentata, seule espèce du genre, est un petit arbrisseau à feuilles 
demi-cartilagineuses, triangulaires et irrégulièrement dentées ; sa tige 
est effilée, dure et cylindrique; ses fleurs , d’un jaune verdâtre et 
axillaires sur les ramilles, sont grandes et nombreuses ; leur étendard 
toujours ouvert pendant la fécondation, est de moitié plus court que 
les ailes et la carène, qui enveloppent d’abord étroitement les organes 
sexuels, et qui ensuite s'ouvrent pour mettre à découvert un style et 
un stigmate filiforme ; les dix étamines réunies à la base et séparées 
plus haut, ont des anthères uniformes, allongées, qui fécondent 
immédiatement le stigmate ; le légume est pédicellé et l'humeur 
miellée sort d’une glande placée sur le torus, et qui imprègne toute la 
fleur à l'époque de la fécondation. 


SEPTIÈME GENRE. — Haillia. 


Le Hallia a le calice quinquéfide à divisions à peu pres égales, la 
carène obtuse, les étamines monadelphes à gaine complète et entière; 
le légume aplati, membraneux, bivalve et monosperme. 

Ce genre, assez voisin du Psoralea ou de l'Anthyllis, est formé de 
sept sous-arbrisseaux du Cap qui se reconnaissent à leurs feuilles 
simples et à leurs stipules adnées au pétiole; leurs fleurs sont pour- 
prées, leurs pédicelles axillaires et uniflores. 

L'Imbriqué, que j'ai observé vivant, a les tiges cylindriques et 
striées ; les rameaux velus et les stipules aiguës, membraneuses et 
réfléchies; ses feuilles, à peu près sessiles, sont alternes, bisériées 
et fortement plissées sur leur nervure moyenne; les fleurs, également 
sessiles, sont comme cachées dans les replis des feuilles, ce qui est 
une forme rare parmi les Légumineuses. 

La gaine n'est-elle pas complète et entière, parce que le légume 
n’est pas destiné à grossir et ne contient qu'une semence? Les légumes, 
dans la plupart des genres que nous venons de décrire, ne sont-ils pas 
pédicellés afin de pouvoir plus aisément mürir et développer leurs 
graines ? Les nectaires, qui sont ici très-fréquents et qui dérangent 
et détruisent si souvent le fourreau des étamines, ne jouent-ils pas 
ici un grand rôle dans l’œuvre de la fécondation ? 


HUITIÈME GENRE. — Loddigesia. 


Le Loddigesia a un calice enflé, à cinq dents aiguës et légèrement 
bilabiées, un étendard plus petit que les ailes et la carène, des éta- 
mines réunies à la base et libres au sommet, un ovaire oblong, aplati 
et renfermant de deux à quatre semences. 

Ce genre ne comprend que l'Oxalifolia du Cap, dont les fleurs 
roses sont disposées en petites ombelles, pédonculées au sommet 
des tiges et des rameaux. C'est une herbe vivace dont les feuilles 
pétiolées portent à la base deux stipules longuement subulées, et 
dont les folioles réunies trois à trois, sont cordiformes, mucronées 
au-dessous du sommet, et ont une très-grande ressemblance pour 
leur réunion en voûte avec celles des Oxalis trifoliolees. Cette jolie 
plante a la fécondation extérieure, car sa carène s'ouvre en s’étalant, 
et ses anthères arrondies et bilobées entourent la tête papillaire du 
stigmate placé à peu près à la même hauteur; les rameaux, qui naissent 
en grand nombre à l’aisselle des feuilles déjà tombées, sont tendres, 
allongés et contournés comme les feuilles, en divers sens. 


189 2 
NEUVIÈME GENRE. — (Crotalaria. 


Le Crotalaria a un calice à cinq lobes et légèrement bilabié, un 
étendard grand et cordiforme, une carène amincie et courbée en 
faux , des filaments réunis en une gaîne ordinairement fendue, un 
légume enflé, presque toujours polysperme et pédicellé. 

Ce beau genre contient un grand nombre d'espèces, encore trop 
peu connues pour être disposées dans leur ordre naturel; nous le 
diviserons artificiellement en deux groupes : 

1° Celui à feuilles simples; 

2° Celui à feuilles palmées de trois à sept folioles. 

Les Crotalaria sont répandus dans les régions équinoxiales ou 
intertropicales, mais les Indes orientales sont leur véritable patrie; 
on en trouve aussi quelques espèces dans les contrées chaudes de 
l'Amérique septentrionale, au Népaul et aux environs du Cap; une 
seule est originaire de l'Australasie. 

Ces plantes sont des herbes annuelles ou vivaces, et des sous-arbris- 
seaux ou arbrisseaux qui habitent les bords des fleuves, les pentes 
inférieures des montagnes et les lisières des bois; on en cultive plu- 
sieurs pour la beauté de leur port et l'élégance de leurs grappes flo- 
rales ordinairement jaunes, quelquefois bleues ou pourprées, souvent 
rayées et tachetées. 

Leur caractère essentiel consiste dans un calice à deux lèvres, la 
supérieure bifide et l’inférieure trifide , et dans un légume stipité et 
renflé; l’étendard porte souvent au-dessus de sa base deux bosses 
destinées à tenir en place les ailes, et la carène se recourbe en faux 
pointue. 

La fécondation est intérieure, et la carène, terminée en longue 
pointe légèrement cartilagineuse , retient long-temps le pollen jaunà- 
tre. L’Arborescens, Y Argentea, le Cajanifolia, que j'ai examinés, ont 

«leurs anthères introrses latérales, alternativement arrondies et allon- 
gées, et le premier porte de plus au fond de la fleur un godet rempli 
d'humeur miellée qui appartient sans doute au grand nombre des 
espèces, et que j'ai vu dans le Cajanifolia. 

Le stigmate est une tête papillaire, dont la base est bordée d'une 
couronne de poils, qu’on retrouve encore sur le côté intérieur, et 
l'on peut remarquer de plus que, quoique les étamines soient réunies 
en un seul corps, leur fourreau est fendu dans sa longueur, afin d'of- 
frir une issue plus facile au légume qui renfle promptement. 

Du reste, il n’y a point de doute que les nombreuses espèces de 


LÉO = 

ce genre ne fournissent à ceux qui auront le loisir de les étudier une 
foule de remarques particulières sur leur fécondation, leur nectaire, 
la conformation du style, du légume, et sur les diverses.formes de 
végétation. Je vois, par exemple, que les folicles partent souvent 
d'un même point, et sont ainsi véritablement palmées, que certaines 
espèces, comme le Scandens , sont grimpantes, que d'autres, comme 
le Semperflorens, végètent sans cesse, que le Reflexa a les feuilles 
réfléchies , que l’on retire du Juncea, etc., une filasse qui ressemble à 
celle du Chanvre, et que le Purpurea, du Cap, qui forme sûrement 
un type, a ses folioles plissées en deux, ses stipules appliquées contre 
la tige, et emboitées les unes dans les autres, ses anthères égales et 
introrses, et son étendard légèrement bosselé à la base, 

L'un des principaux objets d'étude consisterait ici à ramener à la 
même forme primitive ces groupes et sous-groupes dans lesquels De 
Caxpoze a divisé les Crotalaria, à rechercher les divers plissements 
des feuilles qui m'ont paru condupliquées, la structure de leurs arti- 
culations et les divers mouvements qui en résultent. Les fleurs ont 
leurs grappes droites, mais quelquefois pendantes, de même que les. 
légumes, et sans doute qu’elles s'ouvrent et se ferment à certaines 
heures du jour. 

Il n'est pas douteux que quelques-uns des Crotalaria décrits par De 
Canpozze ne doivent être considérés comme de simples variétés, que 
d'autres sont des espèces séparées, et que le plus grand nombre ne 
forme des groupes variés selon les climats, comme on le voit, par 
exemple, dans les espèces du Cap; mais c’est aux botanistes voyageurs 
à déterminer ces différents types, afin d'avancer ainsi nos connaissances 
en botanique. 

Les cotylédons des Crotalaria sont grands, étalés et marqués de 
trois nervures, dont les deux latérales manquent quelquefois; leurs 
feuilles primordiales, toujours alternes, naissent un peu au-dessus 
des cotylédons, et sont simples dans les espèces à feuilles simples, 
trifoliolées et pétiolées dans les autres. La radicule est saillante et cou- 
chée sur la fissure, les semences sont penchées le long du légume, et 
portées sur un pédicelle qui s’insère vers le milieu. 


DIXIÈME GENRE. — Aspalathus. 


L'Aspalathus à un calice quinquéfide ou terminé par cinq dents 
égales, un étendard légèrement stipité, une carène fourchue à la base, 
des étamines réunies, une gaîne fendue supérieurement, un légume 
oblong un peu oblique, et un petit nombre de semences. 


= C0 — 

Ce grand genre renferme plusieurs espèces, la plupart mal connues, 
qui sont des sous-arbrisseaux ou des arbrisseaux du Cap; leurs feuilles 
étroites, cylindriques et plus ou moins acuminées paraissent d'abord 
disposées en fascicules ; mais elles sont réellement palmées avec un 
pétiole très-court et quelquefois à peu près nul ; on ne connaît la 
plupart de ces plantes que par les descriptions très-incomplètes de 
TaunserG, et l’on peut conjecturer que, comme elles croissent 
dans le même lieu, elles renferment, sinon des hybrides, du moins 
plusieurs variétés. 

En attendant, on les divise en deux grands groupes : 

1° Celui à fleurs sessiles ou presque sessiles; 

2° Celui à fleurs distinctement pédonculées. 

Les Aspalathus, tels que nous venons de les définir, forment un 
genre homotype et bien circonscrit, qui se distingue par ses feuilles 
fasciculées, linéaires, charnues, souvent mucronées, soyeuses ou 
velues ; leurs fleurs, tantôt axillaires, tantôt terminales, solitaires, 
géminées, ternées, ou réunies en grappes, en épi et en tête, sont 
glabres ou velues, et les calices, comme l’étendard, sont souvent 
recouverts de poils mous ou hispides; les tiges ordinairement lisses et 
cylindriques, mais quelquefois garnies de tubercules ou de renflements 
restes des anciens fascicules, portent de plus des épines qui naïssent 
aux côtés ou au centre des fascicules, et dont les bases sont quelque-. 
fois garnies de boutons ou de bourgeons écailleux. 

Les fleurs des ÆAspalathus sont ordinairement jaunes, rarement 
blanches ou blanchâtres; le fourreau des étamines est fendu, comme 
dans les Crotalaria, pour laisser sortir le légume, qui est glabre, velu 
ou duveté, et terminé par un style rejeté en dehors. Le nectaire est 
une glande à la base antérieure de l'ovaire, et la fécondation s'opère 
à peu près comme dans le Genét, où la nacelle se déjette et laisse à 
découvert les organes sexuels. 

Les feuilles sont quelquefois persistantes et ordinairement chargées 
à leurs aisselles de petites tubérosités, rudiments de jeunes pousses ; 
les rameaux sont droits ou rarement couchés; les fleurs sont char- 
gées de trois bractées, ou portent à leur base une feuille à trois 
folioles, , 

Ces arbrisseaux sont jusqu'à présent fort peu cultivés, parce qu'ils 
manquent en général d'éclat et d'élégance. Je ne connais ni leur 
germination, ni les divers phénomènes physiologiques qu'ils pré- 
sentent, 


ER Go 
ONZIÈME GENRE. — Ülex. 


L'Ulex a un calice à deux lèvres, la supérieure bidentée et l’infe- 
rieure tridentée , des étamines légèrement réunies, un légume ovale, 
enflé, un peu plus long que le calice, et renfermant plusieurs ovules 
qui avortent en grande partie. 

Il comprend cinq espèces de l'Europe occidentale : le Bæticus, le 
Genistoides ou le Boivini, l'Europœus, le Nanus et le Provincialis, qui 
ne diffèrent guère que par le port, et sont très-voisins des Genéts 
striés épineux. Si l'on supposait, par exemple, que le Genista scoparia 
émit des rameaux de toutes ses aiselles, et que ses rameaux en don- 
nassent de plus petits et toujours épineux, on aurait un Ulex. 

Les épines des Ulex sont des rameaux avortés qui croissent conti- 
nuellement aux aisselles des feuilles simples, plus ou moins dures et 
acérées, en sorte que l'ensemble de la plante n’est qu’un buisson 
d'épines de toutes grandeurs. 

Les rameaux épineux, à peu près en ordre senaire, portent à leur 
base des épines secondaires, qui naissent également aux aisselles des 
feuilles et diminuent de grandeur en s’approchant du sommet. 

Tous ces rameaux épineux ne s’allongent point lorsqu'une fois ils 
sont formés, et la plante ne s'accroît que par sa tige et ses divisions 

‘principales, dont le sommet est un bourgeon de feuilles rapprochées 
qui se développent indéfiniment; plus tard, on voit sortir des aisselles 
de ces feuilles des rameaux épineux ou des fleurs. 

Les fleurs solitaires ou géminées naissent aux aisselles des feuilles 
de l'année, vers le sommet des tiges où elles tiennent la place des 
ramilles épineuses ; leur calice coloré, pétaloïde et recouvert d’un 
duvet brunâtre, est formé de deux pièces caduques en estivation 
valvaire, dont l'une enveloppe l’étendard et l'autre la nacelle ; les 
étamines à peu près monadelphes ont leurs anthères alternativement 
plus courtes et plus hastées; le stigmate est une tête papillaire penchée 
en avant; le pédoncule herbacé porte à sa base une stipule membra- 
neuse et trois autres près de la fleur; comme les étamines sont mona- 
delphes, leur base n’est pas nectarifère, 

Les Ulex sont des arbrisseaux dont le plus grand ne s'élève guère 
au-delà de trois ou quatre pieds; leur écorce est dépourvue de lenticelles 
et les stries de leurs jeunes rameaux disparaissent promptement avec 
l'âge, quoique leur port n'ait rien d'élégant ni de gracieux, car ils 
manquent également de fraicheur et de régularité ; cependant la 
multitude de fleurs dorées dont ils se couvrent au printemps, forme 
un assez bel effet qui se reproduit souvent en automne. 


TT 

Ces plantes se plaisent dans les terrains stériles et siliceux, entre Les 
Bruyères et les Genéts, et ils conservent leur nature sauvage et 
épineuse dans les sols riches et même dans les jardins; on s’en sert 
pour les clôtures et pour le feu dans les pays qui manquent de bois, et 
leurs jeunes pousses écrasées sous le maillet sont mangées par le 
bétail. Les Ulex sont un bel exempie de rameaux avortés et toujours 
terminés en pointe aiguë. 

Ces végétaux sont dépourvus de tout mouvement et de toute arti- 
culation sur leurs feuilles et leurs tiges; mais leurs fleurs sont pro- 
tégées en naissant, soit par des bractées ; soit par le calice qui les 
enveloppe entièrement , et qui est lui-même abrité contre le froid par 
son duvet épais et roussâtre. En ouvrant une de ces fleurs de bonne 
heure, j'ai trouvé les pétales presque réguliers et régulièrement 
disposés, de plus, les étamines en grande partie libres; la nacelle se 
dejette comme celle des Genéts, et les anthères sont alors entière- 
ment découvertes ; le stigmate est recourbé en dedans. 

On cultive dans quelques jardins l'Ulex à fleurs doubles, dont le 
fourreau staminifère a disparu, et dont les pétales devenus entière- 
ment libres forment entre eux une corolle à peu près régulière, au 
centre de laquelle sont les anthères transformées en petits pétales. 


DOUZIÈME GENRE. — Spartium. 


Le Spartium a le calice membraneux spathacé, fendu en dessus, 
faiblement labié et marqué de cinq dents, l'étendard arrondi est plissé, 
la nacelle acuminée à pétales distincts et légèrement agglutinés, les 
étamines monadelphes, le style subulé non barbu, le stigmate oblong 
et adné intérieurement au-dessous du sommet du style, le légume 
aplati, polysperme et dépourvu de glande. 

Le Junceum, unique espèce de ce singulier genre, a une organi- 
sation propre ; le calice qui enveloppe d’abord toute la fleur et s'ouvre 
ensuite d'un seul côté, se déjette enfin, et découvre tout l’étendard ; 
les deux pièces de la nacelle sont soudées par un duvet blanc et un peu 
laineux ; les feuilles simples ou rarement trifoliolées sont portées sur 
de belles consoles au-dessous desquelles on apercoit les bourgeons 
des nouvelles pousses; les tiges florales périssent chaque année, et 
sont remplacées par d'autres qui naissent de la partie non encore 
endurcie de la tige et des rameaux. 

Ces tiges et ces rameaux sont simples et remplis d'une moëlle blan- 
châtre, semblable à celle de plusieurs Jones ; les légumes ne s'ouvrent 
que très-tard, et ordinairement au printemps. Les graines s’échappent 


EN — 
avec craquement des sutures, et les valves, d’abord planes, ne tardent 
as à se rouler sur elles-mêmes. 

La nacelle se déjette comme dans les Genéts ; les étamines sont 
d’inégale grandeur, et l’on voit distinctement les dix filets qui com- 
posent la gaine. 

L’efflorescence particulière est centripète, maïs la générale est cen- 
trifuge ; le rameau principal fleurit le premier et les autres ensuite ; 
les sommités se rompent ou se dessèchent. 

Les tiges sont dépourvues de lenticelles , et leur partie inférieure se 
durcit insensiblement en perdant sa substance médallaire, les feuilles, 
quoique simples, ont leur pétiole corné et renflé à la base, comme 
les autres Legumineuses. Je me sais pas quels mouvements elles 
exécutent. 

Ce bel arbrisseau est originaire du midi de l’Europe, et en parti- 
culier de la Provence et de la Ligurie, où il recouvre des collines 
entières, et répand, dans le courant de juin , les parfums les plus 
suaves. Il orne nos jardins et nos bosquets de ses grandes fleurs d’un 
jaune soufré, qui doublent assez souvent; phénomène rare parmi les 
plantes de sa famille, et qui appartient aussi à l'Ulex, comme nous 
l'avons déjà dit. 


TREIZIÈME GENRE. — Genista. 


Le Genët a le calice divisé en deux lèvres, la supérieure bilobée et 
l'inférieure tridentée; l’étendard est oblong et ovale, la carène 
oblongue est droite; les étamines monadelphes, non renfermées dans 
la carène; le légume aplati ou légèrement enflé, polysperme ou rare- 
ment monosperme, est toujours dépourvu de glandes. 

On partage ce genre en quatre groupes naturels, au moins en 
partie : 

1° Les Genéts inermes, à feuilles la plupart trifoliolées ; 

2° Les épineux, à feuilles la plupart trifoliolées ; 

3° Les épineux, à feuilles simples ; 

4° Les inermes, à feuilles simples ; 

Le premier groupe comprend à peu près quatorze espèces sous 
deux types: l'un, qui en renferme treize, est formé d'arbrisseaux ou 
de sous-arbrisseaux dont la véritable patrie est le bassin occidental de 
la Méditerranée, et dont les plus connus sont le Canariensis, remar- 
quable par l'excellente odeur de ses fleurs, et le Candicans qui en est 
très-voisin, et conserve pendant toute l’année ses feuilles molles , 
vertes et blanchâtres en dessous : sa tige se développe sans rupture, 


— 65 — 

et à l'approche du printemps, on remarque aux aisselles supérieures 
des petits boutons d'un beau blanc, ou des paquets de fleurs pro- 
tégées par un épais duvet et qui ne tardent pas à s'épanouir; les 
tiges, d'abord striées, perdent insensiblement leur écorce et leurs 
cannelures ; les folioles plissées en deux se rapprochent parallèlement 
comme celles du Trefle, et ne m'ont pas paru exécuter de grands 
mouvements, quoique leur limbe soit toujours tourné du côté de la 
lumière. 

Le second type de ce premier groupe est le Radiata, à rameaux 
toujours opposés ; ses feuilles, presque sessiles et toujours opposées 
comme les rameaux, ont leurs folioles linéaires, soyeuses et roulées 
en dessus; ses légumes ovales et aplatis sont dispermes, et les rameaux 
légèrement épineux sont terminés par une ombelle de quatre à cinq 
fleurs, ou par deux feuilles ; lorsque le pédoncule avorte, l'articulation 
de la feuille est placée au sommet du pétiole qui s’élargit en écaille 
persistante , et protége les boutons de l’année suivante, comme on 
le voit dans d'autres Genéts, et en particulier dans le Cytisus sessi- 
lifolius. 

La fécondation a lieu avant l'épanouissement; les ailes et la carène 
se déjettent d'une manière très-marquée, le style est persistant et 
endurci, le pollen est jaune et rempli de points brillants. Kocx le 
range parmi les Cytises, en l'associant au Genista Sagittalis, avec 
lequel il me semble avoir peu de rapport. 

Les Genéts du second et du troisième groupe ne diffèrent métho- 
diquement entre eux que par leurs feuilles trifoliolées ou simples 
par avortement, ce qui est un caractère trop variable pour fonder une 
bonne division. Ces plantes, qui contiennent à peu près vingt-quatre 
espèces, partagées presque également entre les deux groupes, habi- 
tent principalement les collines des deux bords de la Méditerranée et 
de ses îles, où elles forment des arbrisseaux ou des sous-arbrisseaux 
ordinairement très-épineux, qui différent surtout par la composition 
de leurs épines ; quelquefois les tiges principales sont seules épineuses ; 
d'autrefois, ce sont encore les rameaux ; il en est d’autres, comme le 
Scorpius , dont les rameaux et les ramilles se terminent par des épines, 
en sorte que toute la plante est hérissée de piquants. Les feuilles sont 
long-temps persistantes, ou facilement caduques, simples ou trifo- 
liolées dans les espèces différentes ou dans les mêmes. Ordinairement 
au milieu de l'hiver, l'arbrisseau ne porte plus de feuilles , et l'on ne 
comprend guère comment il en pourrait reprendre; mais en y regar- 
dant de plus près, on trouve entre les rameaux et les pétioles persis- 
tants des anciennes feuilles des boutons cachés, destinés à donner 


II. 5 


— 66 — 


des feuilles et des fleurs dont l'inflorescence varie beaucoup, mais 
qui sont toujours jaunes à carène déprimée. 

L'espèce la plus commune parmi les Genéts épineux , est le Germa- 
nica, qui, avec l'Anglica et l'Hispanica, forme un véritable type; ces 
Genéts ont les épines ordinairement rameuses, et les fleurs réunies 
en petites grappes terminales; chaque année leurs tiges florales 
périssent et sont remplacées au printemps par de nouveaux rameaux 
qui naissent entre l’épine et la feuille de l’année précédente, dont le 
pétiole est resté adhérent; les jeunes feuilles forment par leur rappro- 
chement un bourgeon renflé, au centre duquel on peut apercevoir 
la grappe florale ; le Germanica se reconnaît incontinent à ses ailes 
courtes et renflées ; l'Anglica a bien aussi le même caractère, mais 
ses rameaux fleuris sont recouverts de feuilles simples, et ses épines, 
placées pius bas, paraissent rarement ramifiées : les trois espèces de 
ce type sont des sous-arbrisseaux très-peu élevés et traçants. 

Je range encore parmi les Genéts du second groupe : 1° l'4/ba 
des jardiniers, à rameaux fortement striés et terminés par des épines 
simples; ses fleurs, d'un beau blanc, sortent les unes après les 
autres des aisselles des feuilles de l’année précédente et sont axillaires 
aux feuilles nouvelles, avec lesquelles elles paraissent; ses légumes 
sont aplatis et sa carène ne m’a pas semblé déjetée ; 2° l Aorrida, petit 
arbrisseau à feuilles trifoliolées et convolutives à fleurs terminales, 
dont le calice est mol et pubescent, et dont les tiges sont terminées 
par des épines simples et fortes, quand elles ne le sont pas par des 
fleurs ; sa reproduction n’a lieu, comme dans les autres, que par des 
bourgeons situés sous les rameaux, et abrités par les stipules élargies 
des feuilles. , 

Le dernier groupe, qui comprend les Genéts inermes à feuilles 
simples, compte plus de trente espèces répandues dans les mêmes 
lieux que les précédentes, et dont quelques-unes habitent l'Europe 
centrale ou la Sibérie. 

J'y distingue principalement trois types : le premier est celui du 
Tinctoria, petit sous-arbrisseau traçant et très-répandu dans les 
terres stériles et argileuses. On le reconnaît à ses tiges lisses et cylin- 
driques, à ses feuilles lancéolées, dures et un peu laurinées, ainsi 
qu'à ses fleurs en grappes serrées, et dont chacune est accompagnée 
d’une bractée foliacée; ses dix étamines, alternativement plus grandes 
et plus petites, sont d’abord séparées jusqu'à la base, et ne se soudent 
que tard, et son stigmate est une petite tête glanduleuse et recourbée. 
Lorsque la fin de l'été est pluvieuse, il refleurit et présente un aspect 
un peu différent ; ses ailes sont alors plus étalées, et sa carène ne se 


ENG EE 
déjette point , ce qui prouve que le phénomène dépend en partie de 
l'état de la saison. Les espèces qui appartiennent au même type sont 
assez nombreuses, on y range le Sericea , le Scariosa | Y'Ovata, le 
Sibirica et le Florida. 

La fécondation du Tinctoria et de la plupart de ses homotypes, est 
toute intérieure; aussitôt que ses anthères, dont cinq sont plus 
allongées et plus chargées de pollen, sont défleuries, la nacelle s'ouvre 
par le haut, et les étamines s'appliquent contre l’étendard, avec le 
stigmate recourbé du côté de la tige; en même temps la nacelle et 
les ailes se déjettent fortement, par un mouvement qui dépend de 
l'organisation de leurs onglets fortement élastiques, ou bien telle- 
ment amincis qu'ils ne peuvent pas maintenir droites les deux pièces 
de la nacelle. Ces fleurs se fécondent aux différentes heures de la 
journée, et les corolles se fléchissent lentement avant de tomber ; 
comme les étamines sont monadelphes, on ne trouve pas de nectaire 
à la base de l'ovaire, et les anthères répandent immédiatement leur 
pollen sur le stigmate, qui est une petite tête papillaire et fortement 
recourbée. 

Le deuxième type est celui du Pilosa, assez répandu sur les pentes 
caillouteuses du Jura et de la France, et qui ne quitte ses anciennes 
feuilles qu'au printemps, où il se charge de fleurs; les tiges, qui se 
rompent ordinairement, poussent quelquefois du sommet; les feuilles 
sont articulées au-dessus d’un pétiole élargi, qui, comme dans les 
autres Genéts , protége les nouvelles pousses ; les fleurs sont solitaires, 
latérales, velues et entourées de jeunes feuilles, et l’on voit manifeste: 
ment la carène retomber par l'amincissement et la faiblesse des onglets 
qui la portent ; c'est au même type qu’il faut associerde Prostrata des 
rochers du Jura et de la Bourgogne, le Procumbens de la Hongrie, 
l'Albida de la Tauride, le Diffusa de l'Autriche, et peut-être quelques 
autres espèces à tiges couchées et fleurs axillaires sortant des mêmes 
boutons que les feuilles. 

Les feuilles de ce second type sont généralement velues, assez 
épaisses et roulées sur leur face supérieure; ceiles du premier sont 
au contraire lisses et non roulées en dessus, mais quelquefois un peu 
roulées en dessous. 

Mon troisième type est celui des Genéts à tige ailée, dont l'espèce 
principale est le Sagittalis , si commun dans les paturages montueux, 
et dont Kocx fait un Cytise ; cette plante, qui est à peine un sous- 
arbrisseau, a une tige très-amincie et sur laquelle sont soudées alter- 
nativement, par leur nervure moyenne, les feuilles dont la partie 
supérieure est libre et articulée; à chaque nouvelle feuille, la tige 


par 

s'étrangle et donne d’autres feuilles et même des rameaux articulés à la 
base ; les tiges florifères portent souvent trois ailes, et les autres ordi- 
nairement deux; celles-ci repoussent par leur base qui se couche sur 
le terrain, et qui, dépouillée de ses ailes membraneuses, se change en 
un vrai rhizome., On voit au printemps sortir de ses articulations infé- 
rieures de nouvelles tiges, conformées comme les précédentes. C'est 
sans doute à ce type que l'on doit rapporter le Triangularis des rochers 
du Bannat, et le Tridentata du Portugal. 

Enfin mon dernier type est celui des Genêts rameux, dont le port 
est assez semblable à ceux de la première section, mais dont les 
feuilles sont toujours simples. Ils habitent les côtes de la Méditerranée, 
le pied de l'Atlas et les Canaries; on les reconnait à leurs rameaux 
cylindriques et striés, à leurs fleurs axillaires et souvent solitaires, 
mais toujours nombreuses le long des rameaux ; tels sont le Purgans, 
le Cinerea de la France, le Ramosissima de l'Atlas, le Y’irgata de 
Madère, le Monosperma, à fleurs blanches, de l'Espagne et de la 
Barbarie, l'Ætnensis , à fleurs jaunes, et surtout le Sphærocarpa , 
charmant arbrisseau des côtes de la Méditerranée, à rameaux coton- 
neux et striés, dont les aisselles portent de petites fleurs d'un jaune 
d’or, et dont le légume arrondi est monosperme par avortement ; les 
rameaux florifères s’allongent en pointe et se détruisent, maïs ils sont 
remplacés par de nouveaux rameaux presque toujours dépourvus 
de feuilles. 

Ce vaste genre, comme on le voit, est entièrement composé d'ar- 
brisseaux ou de sous-arbrisseaux, la plupart originaires de la Médi- 
terranée, et qui recherchent de préférence les lieux arides, les collines 
caillouteuses et découvertes, et jamais les marais ou les sommités des 
montagnes. 

Ils fleurissent dans le cours du printemps, et forment dans le 
Midi une des plus belles scènes de l’année par leurs nombreuses 
fleurs d'un jaune d’or, qui recouvrent pendant plusieurs semaines 
les pentes souvent arides des bords de la mer. Ce spectacle est moins 
brillant et moins agrandi dans nos contrées ; mais il ne disparaît pas 
entièrement , et il n’est personne qui n'ait remarqué sur les lisières 
des bois, et dans les terrains abandonnés, les touffes jaunes du 
Genista Tinctoria, celles plus élégantes du Germanica , ou enfin celles 
bien plus brillantes encore du Sagittalis, à tiges aïlées. 

Le caractère principal des Genëéts est entièrement physiologique ; 
c'est une carène qui, au lieu de renfermer dans son sein les organes 
de la fécondation, se déjette au contraire, et les laisse à découvert, 
un peu après l'émission du pollen; la cause de ce phénomène tient 


EN En 
à la conformation de la carène dont la base est pédicellée et amincie 
en lame élastique; lorsque les ailes se sont dégagées, la carène cède 
à la force qui l’entraîne, et devient pendante; elle persiste dans cet 
état jusqu’à la fin, et comme l’étendard se redresse de son côté, la 
corolle, à cette époque, présente deux lèvres très-étalées : apparence 
à laquelle on distingue les Genéts. 

Ce mouvement appartient également aux ailes qui, comme les 
carènes, sont pédicellées, un peu cornées et élastiques à leur base; 
l’étendard , au contraire, est sessile ; par conséquent, il reste redressé, 
et il remplit souvent les fonctions de la carène, en recevant dans son 
sein les organes fécondateurs qu'il enveloppe entièrement, par exem- 
ple, dans le Ténctoria. 

Quelle est la cause finale de cet arrangement ? C'est ce que j'ignore 
encore. Peut-être le mouvement élastique de la carène sert-il à mieux 
assurer la fécondation en donnant issue au pollen surabondant, qui 
sort alors comme un nuage; peut-être encore, le légume avait-il 
besoin pour mürir de l'influence salutaire de la lumière. | 

Le style est allongé, aminci, recourbé du côté de l’étendard, et 
terminé par une petite tête papillaire ; les cinq anthères principales 
sont allongées et linéaires , les autres, très-courtes et sagittées, ou 
bien elles sont toutes égales et ovales comme dans le Radiatu, etc. 

Le caractère naturel, ou l’organisation propre à ce genre n'est pas 
aussi tranchée que son caractère botanique; cependant on distingue 
les Genéts des Cytises, dont ils se rapprochent d’ailleurs beaucoup, 
par leurs tiges striées et effilées, leur moindre consistance et leurs 
feuilles plus étroites, souvent avortées et réduites à une ou deux, 
comme dans le Canariensis, etc., et plus promptement caduques. Du 
reste, les Cytises n'ont jamais les rameaux épineux, et sont loin de 
présenter, comme les Genéts, un caractère botanique tranché. 

Ceux-ci sont des plantes vivaces par la racine et la partie inférieure 
des tiges, et bisannuelles par les branches; chaque printemps, on 
voit sortir des rameaux de l'année précédente deux sortes de pousses; 
les supérieures , chargées de feuilles et de fleurs, et les inférieures 
feuillées et stériles. Les premières se dessèchent et périssent après avoir 
donné leurs graines; les autres, au contraire , émettent l'année sui- 
vante des rameaux fleuris ou seulement feuillés ; c'est pourquoi l’on 
trouve toujours ces plantes terminées par des tiges mortes : cette 
disposition ; qui ne leur est pas particulière, nuit assez à leur port et 
à leur élégance. 

Les jeunes pousses, avant leur développement, sont logées entre 
la tige et la partie persistante, élargie et endurcie du pétiole qui les 


sp — 

abrite comme un toit; elles sont de plus recouvertes de poils serrés 
et blanchâtres, que l'on retrouve même souvent jusque sur l'éten- 
dard; mais elles manquent du reste de toute enveloppe proprement 
dite. Cette organisation appartient encore à d'autres Légumineuses , 
et en particulier à quelques-unes des sections du Cytise. 

Les racines sont en général pivotantes et fibreuses; mais elles tra- 
cent aussi quelquefois, dans les espèces peu élevées qui deviennent 
ainsi sociales, comme le Pilosa, et celles qui rampent sur le terrain ; 
elles forment même des rhizomes assez étendus dans le Tinctoria , le 
Germanica, et surtout dans le Sagittalis. 

Les tiges de la plupart des Genëts sont fortement striées, et leurs 
arêtes correspondent à autant de faisceaux de fibres; mais comme 
elles se dépouillent promptement de leur première écorce, elles per- 
dent aussi leurs stries, et redeviennent plus tôt ou plus tard pres- 
qu’entièrement cylindriques. 

Je ne connais point la cause qui détermine l'avortement des tiges 
et des rameaux d’un grand nombre d'espèces, tandis que les autres 
conservent constamment leur structure primitive, mais elle doit être 
puissante et agir de très-bonne heure; car les espèces épineuses con- 
servent leurs piquants malgré la culture. 

L'inflorescence est axillaire ou terminale, et ces deux formes, qui 
semblent fort différentes, sont ici très-rapprochées. Si l’on observe, 
par exemple, le Tinctoria , Yon remarquera ses grappes en apparence 
terminales, et au-dessus desquelles se prolonge cependant la tige. I 
en est de même sans doute du Germanica et du Sagittalis, dont les 
fleurs passent pour être disposées en grappes terminales. 

Les boutons axillaires se développent souvent la même année que 
les feuilles, alors on voit sortir plus tard, entre le pétiole de l'an- 
cienne feuille et son rameau, des fleurs solitaires ou en paquets, 
quelquefois même un second rameau placé exactement au-dessous de 
l'ancien. Cette singulière forme de développement n'est pas particu- 
lière au Genét; elle se rencontre encore dans l'Ulex, le Spartium, 
et peut-être même dans d’autres genres de la tribu des Lotees. 

Les feuilles des Genéts portent à leur base deux petites stipules 
persistantes, qui ne se trouvent pas, je crois, dans le Radiata, le 
Germanica, le Sagittalis et d'autres espèces. Ces feuilles, qui varient 
assez pour la forme et la villosité, ont leurs bords entiers et par con- 
séquent leurs nervures à peu près parallèles; elles ne sont pas plissées 
dans le Tinctoria , le Germanica , \e Sagütalis, le Pilosa, et en général 
les espèces unifoliolées; elles sont ‘roulées sur leur bord supérieur 
dans le Radiata comme dans le Spartium; plissées en deux dans la 


gré. 


plupart des Trifoliolees , comme, par exemple, le Canariensis , ce qui 
montre que la nature modifie ses lois selon la convenance des espèces, 
et que les divers types que nous avons établis sont assez naturels. 

Ces feuilles tombent en général en automne, quoique plusieurs 
espèces les conservent une grande partie de l'hiver, et même jusqu'au 
printemps, comme le Canariensis; elles se dessèchent même sans 
tomber dans le Sagittalis, où elles ne sont pas articulées. Plusieurs 
autres, comme le Radiata , le Candicans, etc., ont un pétiole écail- 
leux, épais, persistant, qui ensuite protége le nouveau bourgeon. 

Les fleurs ont souvent leur calice muni de deux petites bractées, et 
leur pédoncule de deux autres qui sont évidemment des rudiments 
de feuilles. Ce pédoncule est articulé à sa base, ou un peu au-dessus. 

Je n'ai remarqué aucune torsion dans les tiges et les pédoncules des 
grappes florales, et je ne crois pas qu'il en existe de bien marquée dans 
les fleurs qui ne me paraissent passe tourner du côté de lalumière; aussi 
les grappes florales sont-elles régulièrement garnies de tous les côtés, 
mais lorsque ces grappes sont serrées, et que leur axe ne s’allonge pas, 
comme dans le Tinctoria, les fleurs, dont l’étendard et la carène sont 
disposés horizontalement, ne pouvant pas s'étendre dans leur position 
naturelle, parce qu’elles sont gênées par les fleurs supérieures, s'in- 
clinent en différents sens, de manière à recouvrir obliquement ou 
transversalement toute la surface de la grappe. 

Les Genéts épineux sont liés aux Genéts inermes par des nuances 
insensibles; ainsi, par exemple, celui des Canaries, que l'on place 
parmi les espèces inermes et trifoliolées, a réellement les rameaux 
demi-épineux, et souvent nus au sommet. On voit évidemment que 
ces rameaux ne sont nus que par défaut de sève ; les feuilles accumu- 
lées au sommet, parce que le rameau ne s'étend plus, tombent elles- 
mêmes avant d’être complètement développées ; les rameaux strié: 
ne m'ont jamais paru tordus. 

Les légumes sont redressés ou diversement inclinés et renfermen 
jusqu’à huit semences; lorsqu'ils sont monospermes, ils restent fer 
més ; mais dans le cas contraire, ils s'ouvrent avec craquement ; leu: 
valves dures, cartilagineuses et ordinairement aplaties, ne se défo 
ment et ne se roulent que tard. 

La dissémination a lieu selon les espèces, depuis la fin de l'é. 
jusqu’en hiver; les graines sont ovales et leur ombilic est souvent 
renflé. Dans la germination, les cotylédons sont assé gros, et les 
feuilles primordiales sont opposées ou alternes, simples ou trifolio- 
lées; elles sont, dit De Cannozze, opposées et simples dans le Sphæ- 
rocarpa, alternes et trifoliolées dans le Candicans. — Les jeunes 
plantes sont ligneuses dès leur naissance. 


AN, Ven 

Ce genre est celui de toutes les Legumineuses, et par conséquent de 
tous les genres connus, qui produit le plus grand nombre d’'Orobun- 
ches. Les plus répandues sont celles du Tüinctoria, du Germanica et 
du Sagittalis. Je n'en ai pas apercu jusqu'à présent sur les grands 
Génets épineux, non plus que sur les trifoliolés. 

Les Genéts, présentent, comme on l'a vu, plusieurs particularités 
physiologiques parmi lesquelles la plus remarquable est pour moi celle 
des onglets élastiques des carènes, réunie à la non-adhérence des 
pièces de la corolle. La même volonté avait ordonné ces deux disposi- 
tions, dont l’une était le complément de l'autre. 


QUATORZIÈME GENRE. — (ylisus. 


Le Cytise a un calice à deux lèvres, la supérieure ordinairement 
entière, l'inférieure légèrement tridentée , un étendard grand et ovale, 
une carène très-obtuse, des étamines monadelphes et enveloppées 
par la carène, un légume plane et non glanduleux. 

On partage ce genre en cinq sections, qui comprennent une tren- 
taine d'espèces : 

1° Les Alburnoides ; calice campanulé, légume non dilaté à la 
suture supérieure , fleurs blanches, une à quatre semences ; 

2° Les Laburnum ; calice campanulé, légume non dilaté à la suture 
supérieure, fleurs jaunes, un grand nombre de semences ; 

3° Les Calycotomes ; calice légèrement labié et tronqué horizon- 
talement , légume épaissi à la suture supérieure ; 

4° Les Tubocytises ; calice tubulé et bilabié au sommet ; 

5° Les Lotoides, calice raccourci, légèrement conique et bilabié, 
corolle presque aussi courte que le calice. 

La première section ne renferme que deux espèces, l'une de 
Ténériffe, l'autre de l'Atlas et du Portugal; toutes les deux ont 
les rameaux cylindriques, striés et effilés, les feuilles clair-semées, 
les fleurs nombreuses, blanches, latérales et fasciculées. Le premier 
ou le Nubigenus, est très-odorant, et se cultive en orangerie; 
l'autre, ou le Candicans, est assez commun dans nos jardins, et se 
fait remarquer, comme le précédent, par la multitude de ses jolies 
fleurs blanches. 

Les Laburnum, qui comptent à peu près dix espèces, peuvent être 
séparés en trois types : le premier, ou celui des Alpes, qui comprend 
deux espèces long-temps confondues, mais pourtant très-distinctes: 
1° le Laburnum , du Jura, et sa variété l'Adami, à feuilles d’un vert 
noir, légumes épaiset bosselés, calices tronqués à la base et échancrés 


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à la lèvre supérieure ; 2° l’Ælpin, à feuilles d’un vert jaunâtre, légumes 
aplatis, calices arrondis à la base, et lèvre supérieure presque entière ; 
ces deux plantes sont de petits arbres, dont rien n’égale l'élégance au 
moment où leurs nombreuses grappes pendent en festons d'or sur 
leur nouveau feuillage; elles offrent de plus le phénomène de leur 
pédoncule qui commence à se retourner dès que la corolle sort du 
calice, afin que l'étendard recouvre toujours la carène dans les grappes 
pendantes ; on peut remarquer encore que les boutons à fleurs sont 
grands, veloutés et latéraux dans le Laburnum, mais petits, nus et 
terminaux dans lAlpin ; cependant, en examinant de plus près celui- 
ci, on voit à l’aisselle de la dernière feuille un bouton fort enfoncé, 
qui pourrait bien être celui qui se développe au sommet ; toutefois la 
conformation des deux espèces est assez différente. 

Le deuxième type des Laburnum est celui du Sessilifolius, petit 
arbrisseau à feuilles lisses, rameaux persistants et fleurs terminales, 
tribractéolées, d'un beau jaune; il a la végétation des Genéts, et cache 
ses boutons sur son pétiole allongé et persistant. 

Le troisième est celui du Vigricans, des pentes méridionales des 
Alpes, dont les tiges se terminent en longues grappes, d'abord pen- 
chées, puis redressées à la floraison; ses calices sont dépourvus de 
bractéoles, et ses folioles obovées sont glabres en dessus. La fécon- 
dation est intérieure, comme cela a lieu dans les carènes allongées en 
pointe, 

Le quatrième est celui des Scoparius, qui croît sur les sables et les 
bords des bois de l'Europe occidentale, et qui a été souvent placé avec 
les Genista et avec les Spartium, parce que sa carène se déjette réelle- 
ment, et que son port est très-différent de celui des autres Cytises ; 
c'est pourquoi Kocx en a formé le genre Sarothamnus , qu’il distingue 
principalement par son style très-allongé et roulé en spirale ; ses fleurs 
sont grandes, nombreuses, pendantes et solitaires à chaque aisselle, 
et ses légumes sont larges et polyspermes. Je crois qu’on peut réunir 
au Scoparius ou au Sarothamnus de Kocu, l’Arboreus de l'Atlas, le 
Patens et le Grandiflorus , tous les deux originaires du Portugal et de 
l'Espagne, qui se distinguent par leurs légumes très-velus, leurs 
rameaux striés et leurs fleurs axillaires et peu nombreuses, pendantes 
sur leurs pédoncules. 

Les Calycotomes , qui ne comptent que deux espèces, le Zanigerus 
et le Spinosus , des bords occidentaux ou des îles de la Méditerranée, 
sont des sous-arbrisseaux qui ont le port et la structure des Genéts 
épineux, et dont les épines sont des rameaux avortés, striés et fort 
durs; leurs fleurs, réunies au nombre de quatre ou cinq, sortent du 


PT 7 0 
vieux bois, ou plutôt de la base des nouveaux rameaux, et leurs 
calices membraneux et tronqués ressemblent à ceux du Spartium ; le 
Lanigerus a le légume velu et bilamellé sur les deux sutures, tandis 
que le Spinosus a les légumes glabres et bilamellés seulement sur la 
suture dorsale. 

Les Tubocytises comprennent environ quatorze espèces, que DE 
Canpozze sépare en trois groupes, d'après leurs fleurs blanches, 
rouges et jaunes ; mais elles ont entre elles tant de rapports, que je 
les renferme toutes sous deux types : celui: à fleurs pourprées, et 
celui à fleurs blanchâtres, jaunâtres ou jaunes à taches orangées, 

Le premier est formé du Purpureus des collines herbeuses et décou- 
vertes de l'Autriche, dont les tiges sont diffuses et couchées, et dont 
les fleurs sortent de la base des rameaux à demi avortés du nouveau 
bois; les bourgeons sont abrités sous les pétioles des anciennes 
feuilles. 

Le second, qui comprend à peu près toutes les autres espèces, 
est formé de sous-arbrisseaux velus, à folioles roulées plutôt que 
condupliquées , et dispersés dans l'Autriche, la Hongrie, le Bannat et 
jusque dans la Tauride ; leurs fleurs sont redressées, leur calice est 
longuement tubulé, leurs anthères ont deux formes et leurs pétales 
persistent après la floraison ; leurs espèces sont tellement rapprochées, 
que les botanistes les confondent presque en une seule, et réunissent 
ainsi le Capitatus , V’'Hirantus , Y Austriacus, le Supinus , V Elongatus , 
l'Albicans, le Leucanthus, le Polytrichus, le Biflorus et le Serotinus , 
auxquels on peut même ajouter le Canescens. 

Les Latoïdes sont de petits sous-arbrisseaux qui fleurissent au prin- 
temps, et ont une consistance à demi ligneuse; leurs fleurs, toujours 
d'un beau jaune, forment de petites têtes en apparence terminales; 
leurs feuilles sont bistipulées, et leurs fleurs toujours accompagnées 
de deux à trois bractéoles ; on en compte quatre, l'Argenteus des côtes 
de la Méditerranée, le Calicinus des pentes du Caucase, et les deux 
derniers de la Galatie; mais ils se ressemblent tellement, qu'ils appar- 
tiennent au même type pour ne pas dire à la même espèce ; le 
Calicinus, qui refleurit en octobre, a tout le port d'un Lotus à feuilles 
persistantes; ses fleurs , ternées ou quaternées au printemps et soli- 
taires en automne, paraissent d'abord terminales; mais elles sont 
ensuite dépassées par les jets qui sortent des aisselles supérieures ; 
l'ovaire est très-velu ; les étamines, plutôt rapprochées que réunies, 
ont leurs anthères uniformes et allongées, leur pollen orangé et le 
stigmate en tête recourbée en avant. Sa fécondation m'a paru être 


cêlle des Genista, etses ailes renflées recouvrent la carène qui s'ouvre 
facilement. 


ne 7 ES 

La patrie des Crtises est le bassin de la Méditerranée, principale- 
ment l'Espagne, le Portugal, le midi de la France, la Barbarie et les 
pentes de l'Atlantique; quelques espèces s'avancent jusqu'aux Alpes, 
etmême jusqu'au centre de l'Europe; d'autres s'étendent vers l'Orient, 
dans la Hongrie, les Carpathes, la Tauride, l'Asie mineure et le Caucase; 
mais aucune n’a encore été trouvée dans le Nouveau-Monde, ni dans 
les zones élevées ou équinoxiales de l'ancien. 

Ces plantes recherchent de préférence, comme les Genéts, les 
collines sèches et découvertes, ou bien les pentes et les sommités des 
montagnes ; quelques-unes se plaisent sur les terrains stériles ou les 
lisières des bois ; mais on ne les trouve, je crois, jamais dans les marais, 
les champs cultivés ou les prairies. Elles forment, au printemps , des 
décorations charmantes et très-diversifiées; qui n’a pas admiré sur 
nos montagnes ou même dans nos bosquets, ces Cytises des Alpes 
couronnés de leurs longues grappes pendantes, tantôt d'un jaune de 
soufre, tantôt d'un jaune taché de pourpre ? Qui n'a pas distingué , 
dans nos jardins, à l'entrée du printemps, ce joli Cytise à feuilles 
sessiles , tout couvert de petites grappes d'un jaune d'or, ou quin'a 
pas cueilli au pied des pentes méridionales des Alpes, ce Nigricans, 
si distingué par l'élégance de ses feuilles et de ses longues grappes 
terminales ? Enfin, quel est le botaniste qui n'a pas entendu parler 
de ce Nubigenus croissant sur la dernière zone du pic de Ténérifte, 
dont il recouvre les pentes désolées de ses grandes fleurs blanches si 
admirablement parfumées ? 

Les autres espèces ne produisent pas sans doute des effets si 
brillants, quoiqu’elles tiennent aussi leur place dans, les scènes de la 
nature; on cultive même dans nos jardins le Purpureus, à grandes 
fleurs pourprées, l'4/bus, à longues grappes blanches, l'Argenteus, au 
feuillage soyeux, et l'Hérsutus, à touffes feuillées et fleurs d’un jaune 
orangé, 

On peut ranger ces arbrisseaux en deux classes; ceux qui ne per- 
dent pas en automne les extrémités de leurs tiges, comme les 4/pins, 
le Sessilifolius, ete., et dont les fleurs renfermées dans des boutons 
paraissent de bonne heure ; et ceux, au contraire, qui poussent chaque 
année de nouveaux rameaux du bas de leur tige, comme le Scoparius , 
le Nigricans , etc. 

La gemmation est variable selon les types : dans les Cytises des 
Alpes, les feuilles et les fleurs sont renfermées dans des boutons 
écrilleux très-apparents et ordinairement veloutés; dans les Tubo- 
cytisus, il n’y a point d’écailles, mais les jeunes feuilles sont couvertes 
d'un duvet épais, et réunies en un bouton arrondi et saillant; dans le 


 —— 

Sessilifolius, et peut-être aussi dans le Purpureus, les nouvelles 
pousses sont entièrement cachées sous le pétiole persistant qui les 
abrite. Les feuilles sont ordinairement dépourvues de stipules, et les 
folioles, plissées sur leur nervure principale, sont appliquées les unes 
contre les autres. 

La corolle est étalée dans les Calycotomes, dont le calice est mem- 
braneux et comme déchiré ; elle est moins libre dans les espèces à 
calice bilabié, et enfin elle est formée de pièces long-temps rappro- 
chées, dans celles dont le calice s'allonge en tube, comme les Tubo- 
crtises, où l’étendard et les ailes sont couchés sur la carène. 

La fécondation est intérieure, et s'opère dans le Tubocytise, le 
Laburnum, le Nigricans, etc., un peu avant la floraison; les anthères, 
manifestement bilobées et alternativement longues et courtes, don- 
nent un pollen rempli de points jaunes et brillants; le stigmate est 
une petite tête papillaire. 

Le nectaire des Cytises, comme celui des Genéts, entoure 
l'ovaire; mais il est peu marqué, et l'étendard une fois ouvert ne se 
referme plus. 

Les légumes diffèrent en forme comme en grandeur : ordinaire- 
ment ils sont aplatis, polyspermes, et s'ouvrent en automne, dans les 
heures chaudes du jour, en faisant entendre un petit craquement; 
mais les Cytises des Alpes entr'ouvrent leurs légumes avant que leurs 
graines aient atteint la maturité, et leurs pédoncules, qui se desse- 
chent sans tomber, peuvent servir à indiquer les pousses des diffé- 
rentes années; dans la plupart des espèces les valves ne se roulent 
que tard. ; 

Les cotylédons ressemblent à ceux des Genéts, maïs les feuilles 
primordiales sont ternées, pédonculées et opposées dans le Scoparius ; 
ternées, pédonculées et alternes, dans les Cytises des Alpes; simples 
dans le Sessilifolius et d'autres espèces ; elles varient sans doute selon 
les types. 

Ces plantes présentent peu de phénomènes physiologiques; leurs 
pétioles et leurs folioles m'ont paru dépourvus de mouvements, quoi- 
qu'ils aient les uns et les autres des articulations très-prononcées, et 
je n'ai rien apercu de plus digne de remarque, que les retournements 
des pédoncules des Cytises des Alpes. Ceux du Wigricans se retour- 
nent-ils, quand la tige se redresse ? 

L'inflorescence générale est simultanée dans la plupart des espèces, 
dont toutes les grappes se développent à peu près à la fois; mais elle est 
centripète dans chaque grappe, et même dans les Cytises des Alpes, 
dont les grappes pendantes s’épanouissent par conséquent de haut en 


LEE 

bas; ce qui prouve que la position renversée du pédoncule n'a pas 
changé la direction de la sève. Enfin , comme les étamines sont mona- 
delphes, et que le nectaire est très-peu marqué, la fécondation doit 


s'opérer directement par le pollen, qui tombe sur le stigmate gluti- 
neux et déjeté en-dehors. 


QUINZIÈME GENRE. — Adenocarpus. 


L'Adenocarpe a le calice légèrement conique et glanduleux, la 
lèvre supérieure bifide, l'inférieure trifide et allongée, la carène 
obtuse, les étamines monadelphes, le légume oblong, aplati et cou- 
vert de glandes pédicellées. 

L’Adenocarpe , qui a été séparé des Cytises , principalement à cause 
de son calice et de son légume glanduleux, compte déjà plusieurs 
espèces homotypes, qui sont des arbrisseaux la plupart originaires de 
l'Espagne et des Canaries. On les distingue surtout à leurs rameaux 
blanchâtres, étalés et même divariqués, à leurs feuilles trifoliolées, 
souvent roulées et recouvertes encore des feuilles nouvelles qui nais- 
sent de l'aisselle des premières; les fleurs jaunes sont disposées en 
grappes terminales; les pédicelles portent à leur base des bractées 
linéaires et très-caduques, que l’on doit distinguer des stipules persis- 
tantes, dont les feuilles sont toujours accompagnées; le Foliolosus de 
nos jardins, qui a beaucoup de rapport avec le Frankenioides, est un 
petit sous-arbrisseau à calice velu et non glanduleux, à lèvre inférieure 
longuement trifide, rameaux entièrement recouverts de feuilles et 
légumes chargés d’abord de quelques glandes. Le Decorticatus de 
Borssrer, de la Sierra nevada, est un arbre de quinze à vingt pieds ; 
dont les fleurs sont disposées en petits cymes, et dont l'écorce se déta- 
che en longs filaments. 

Les Adenocarpes ont sans doute la fécondation des Cytises, puisque 
leurs étamines sont monadelphes, et que par conséquent leur ovaire 
doit être dépourvu de cupule nectarifère. 


SEIZIÈME GENRE. — Ononis. 


L'Ononis a le calice campanulé, à cinq divisions linéaires, l’étendard 
grand et strié, les étamines presque monadelphes, le légume ordi- 
nairement enflé, sessile et oligosperme. 

Ce genre très-nombreux peut se diviser en cinq groupes : 


1° Les Natrix; feuilles simples ou trifoliolées, fleurs axillaires, 
pédonculées et jaunes ; 


ges 

°° Les Natridium ; feuilles simples ou trifoliolées, fleurs pédon- 
culées, pourprées, très-rarement blanches ; 

30 Les Bugranes ; feuilles} simples ou trifoliolées, fleurs sessiles, 


pourprées, rarement blanches ; 
4° Les Bugranoides ; feuilles simples ou trifoliolées, fleurs sessiles, 


aunes; 
5° Les Pterononis ; feuilles, au moins les inférieures, aïlées avec 
impaire. 

Les Matrir comptent vingt-une espèces, toutes originaires du 
bassin de la Méditerranée, et qui ne diffèrent guère que par leurs 
feuilles trifoliolées ou simples au sommet, la forme de leurs stipules, 
leurs pédicelles mutiques ou aristés, et leur surface glabre, velue ou 
même glutineuse. 

On peut y distinguer deux types : 1° celui des espèces vivaces ou 
légèrement frutescentes , à fleurs agrandies, poils glutineux et pédi- 
celles aristés, comme le Vatrix proprement dit, le Viscosa; 2° celui 
des espèces annuelles, rampantes ou peu élevées, qui habitent les 
pelouses sèches et les pentes des collines pierreuses, tandis que les 
autres se plaisent sur les sables maritimes ou les bords des torrents. 

Les Natridium comprennent dix-sept espèces, qui se distinguent 
également en deux types : 1° celui des Frutescentes ou sous-frulescentes, 
dans lesquelles je range d’abord le Fruticosa et le Tridentata , ensuite 
le Rotundifoliu et le Cenisia , à pédoncules ordinairement multiflores ; 
2° celui des espèces annuelles, telles que le Pectinata, le Cherleri, le 
Pendula , ete., qui se reconnaissent à leurs tiges plus faibles et moins 
élevées , ainsi qu'à leurs pédoncules presque constamment uniflores 
et mutiques; du reste, ces deux types, comme ceux des Vatrix , ne 
sont pas séparés très-distinctement. 

Les Bugranes, qui forment notre troisième groupe, se reconnais- 
sént facilement à leurs fleurs à peu près sessiles et presque toujours 
pourprées ; leur principal type, formé d'espèces vivaces et légèrement 
frutescentes , est représenté par l'Ononis arvensis , à fleurs solitaires 
ou géminées, autour duquel viennent se réunir, comme variétés ou 
comme espèces , l'Alissima, à tige inerme, fleurs ramassées en épi 
et style recourbé en dessous après la floraison ; l'Hispida, tout recou- 
vert de poils étalés ; le Procurrens , à rejets rampants, etc. 

Le second type comprend les espèces dont les tiges annuelles sont 
inermes et les fleurs disposées en épis serrés, comme le Wonopkylla, 
l'Alba, le Villosissima et Y Alopecuroides , à feuilles unifoliolées, 
stipules élargies et calices plus grands que la corolle, fleurs supérieures 
souvent apétales. 


ONE 

Le quatrième groupe, ou celui des Bugranoides, beaucoup moins 
nombreux que les précédents, est aussi réuni sous deux types : celui 
des espèces frutescentes, dont les fleurs sont disposées en longues 
grappes, à peu près dépourvues de feuilles, comme l’4rragonensis , le 
Speciosa et le Juncea, et celui des espèces vivaces par leurs racines, 
dont les fleurs sont en tête ou en grappe feuillée, comme le Columnæ, 
le Minutissima, etc. 

Enfin les Pterononis renferment quatre espèces, encore très-peu 
connues , deux de l'Orient et deux de la Péninsule espagnole, qui sont 
des sous-arbrisseaux ou des herbes annuelles. 

Les Ononis forment un genre très-distinct, et dont les espèces se 
reconnaissent au premier coup-d'œil, non-seulement pour leur carac- 
tère générique, mais encore par leur forme de végétation, leurs 
stipules larges et adhérentes, leurs feuilles plus ou moins arrondies, 
fortement dentées et souvent chargées de poils velus ou glutineux. 

On peut les séparer physiologiquement en trois sections : la pre- 
mière, de beaucoup la moins nombreuse, est celle dont les tiges 
subsistent pendant l'hiver et redonnent des bourgeons l'année sui- 
vante ; la seconde est celle dont les racines seules sont chargées de 
bourgeons, et la dernière enfin celle dont les individus périssent chaque 
année. Dans la première, représentée par l’'Ononis fruticosa, les bour- 
geons enveloppés par les gaines desséchées des anciennes feuilles, sont 
formés eux-mêmes par les gaines des nouvelles ; dans la seconde, le 
bourgeon est recouvert d'écailles scarieuses, comme la plupart des 
bourgeons radicaux, et dans la dernière, il n’y a point de bourgeons. 

Les tiges, presque toujours dures et demi-ligneuses, sont souvent 
recouvertes comme le reste de la plante, la corolleexceptée, de deux 
espèces de poils, les uns simples, les autres glanduleux ; elles se rami- 
fient ordinairement depuis la base dans les Bugranes épineux, où elles 
se terminent, ainsi que les rameaux et les ramilles, en épines plus 
ou moins piquantes. 

Ces épines, toujours si uniformes dans leur structure, sont si 
inconstantes d'ailleurs, qu’elles ont donné lieu à un grand nombre 
de variétés; souvent elles manquent entièrement, et alors la plante 
abonde en feuilles trifoliolées et bien développées ; à l'ordinaire, elles 
ne se développent que tard, parce qu’elles terminent les rameaux 
secondaires; mais lorsqu'elles sont multipliées, on les trouve non- 
seulement à l'extrémité des rameaux axillaires, mais encore à leur 
base et à l'extrémité supérieure des ramilles. La plante, alors entière- 
ment épineuse, est chargée de feuilles simples et de fleurs médiocres. 
Je décris ici les diverses apparences de l'Ononis arvensis, et l'on com- 


— 80 — 
prend qu'entre ces deux états extrêmes, il y a plusieurs intermé- 
diaires. 

Les racines sont en général fortes et tracantes ; dans plusieurs 
espèces, comme l'Arvensis, elles forment de vrais rhizomes, se rami- 
fient et s’enfoncent tellement dans le sol qu'il devient très-difficile de 
les extirper. 

Les fleurs sont sessiles ou pédonculées aux aisselles supérieures, et 
c'est sur ce caractère qu'est d'abord fondée la division du genre en 
groupes ; lorsque les aisselles sont rapprochées, et que les fleurs sont 
sessiles, on a un épi; si, au contraire, elles sont pédonculées, on 
a une grappe nue ou feuillée ; enfin , si les pédoncules sont ramifiés, 
c’est une grappe axillaire, et s'ils s'entassent au sommet, c’est une tête 
florale. Or les Ononis , qui sont si constants dans la plupart de leurs 
caractères, varient au contraire beaucoup dans leur forme d’inflo- 
rescence, qui présente toutes les modifications que nous venons 
d'indiquer. 

Les pédoncules des diverses espèces d'Ononis sont pour l'ordinaire 
uniflores, mais quelquefois, comme dans le Rotundifolia et le Fruti- 
cosa , ils sont chargés à leur sommet de deux ou trois fleurs; ils se 
prolongent fréquemment en des arêtes minces et flexibles, au-des- 
sous desquelles sont insérées les fleurs, et qui doivent être, je crois, 
considérées comme la continuation de rameaux axillaires, dont les 
feuilles ont avorté, et qui n’ont conservé que leurs fleurs. Lorsque 
l'arête manque, c’est le prolongement qui est avorté, et lorsque la 
fleur est sessile, c'est le rameau. 

Les fleurs sont insérées sur ces rameaux par des pédicelles d’une 
consistance cornée, et susceptibles par conséquent des mêmes mou- 
vements que les folioles; ces pédicelles restent dressés, lorsque les 
pédoncules sont nuls ou très-courts, et que le légume est paucisperme, 
comme dans les Bugranes et les Bugranoïdes ; au contraire, ils se 
déjettent fortement dans les Matrix et les Natridium, lorsque les 
pédoncules sont allongés et que les légumes renferment plusieurs 
semences. Je ne crois pas qu’on trouve à la fois un Ononis pédonculé 
et ‘paucisperme, tant les moyens sont, ici comme ailleurs, propor- 
tionnés au but. 

Les fleurs des Ononis se montrent, dès le milieu du printemps, dans 
le Fruticosa et les espèces à tiges frutescentes; au commencement de 
l'été, dans celles qui repoussent de leurs racines, et plus tard encore, 
dans les annuelles; elles sont constamment jaunes dans certaines espè- 
ces, rouges ou blanchâtres dans d’autres, et l’on peut, je crois, les 
ranger physiologiquement sous deux classes; la première, ou celle 


= 
dont les pétales, à peu près de la longueur du calice et souvent; plus 
courts, ne s'ouvrent point ou s'ouvrent mal, comme daus le Breviflora 
du groupe des Vatrix et le Pendula de Des Fonraines, qui appartient 
aux Vatridium ; la seconde est au contraire remarquable par l’élé- 
gance et la pureté des formes de sa corolle; son étendard grand, 
ovale et à l'ordinaire strié, se rejette en arrière pour mieux découvrir 
les autres parties de la fleur; sa nacelle, ouverte à la base, se termine 
en pointe aigué et recourbée et les ailes médiocrement enflées proté- 
gent latéralement tout l'appareil; les filets sont réunis et filiformes 
au sommet, enfin le stigmate est une petite tête terminale et 
papillaire. 

La fécondation s'opère toujours dans la nacelle, un peu avant le 
déploiement de l'étendard, et le stigmate reste long-temps enveloppé 
de tout le pollen jaunâtre et brillant des anthères; les organes floraux 
se dessèchent sur la plante, mais le style persiste et se recourbe sou- 
vent ; enfin les fleurs se développent si long-temps, qu'on voit presque 
toujours sur la même tige des légumes mûrs, des fleurs ouvertes et 
d'autres non encore épanouies. 

A l'époque de la dissémination, les lobes ddrts du calice s’étalent 
fortement et le légume ouvre ses valves cartilagineuses et plus ou 
moins allongées. Les graines, ordinairement peu nombreuses, souvent 
ponctuées et irrégulièrement arrondies, sortent sans élasticité d’entre 
les valves , qui ne se roulent que tard ou ne se roulent point du tout. 

Les Ononis ont, à leur naissance, des cotylédons ovales, étalés, 
sessiles et plus ou moins pubescents en dessus ; les feuilles primor- 
diales sont alternes, dentées et portent déjà des stipules adhérentes ; le 
Mitissima n'en a qu’une simple, mais le Vatrix et le Columnæ en ont 
deux ou trois; les autres n’ont pas encore été observés. 

Les stipules, plus ou moins dentées, protégent les feuilles et les 
fleurs non encore développées, et c'est peut-être de tous les organes 
des Ononis, celui qui est le plus variable. Quelquefois, elles recouvrent 
toute la tige, comme dans le V’estita de la Cyrénaïque ; d’autres fois, 
elles forment un fourreau denté au sommet, comme dans le Fruticosa 
et quelques autres ; souvent elles sont dilatées, scarieuses et arrondies 
en cornet; elles ne tombent guère qu'avec les feuilles, et souvent 
mème elles persistent encore quand celles-ci sont déjà ton cas 

Ces feuilles , toujours trifoliolées près de la base, sont quelquefois 
simples par avortement; les folioles, plissées en ddl avant le déve- 
loppement, ont une consistance et une forme de dentelures qui leur 
est propre; elles sont de plus striées de nervures assez saillantes, et 
dirigées aux extrémités des sutures ; quelques espèces encote mal 


II. 6 


Leo. 
connues ont les feuilles inférieures ailées, et semblent ainsi avoir 
conservé la forme primitive. 

Les poils visqueux de plusieurs Ononis donnent une excrétion 
quelquefois très-odorante ; les dentelures des feuilles ne sont pas 
glanduleuses, mais elles se terminent souvent par ces poils visqueux, 
qui remplissent sans doute les fonctions de glandes. 

Les mouvements des Ononis ressemblent un peu à ceux des Trefles 
et surtout des Luzernes : les feuilles se redressent le soir contre la tige, 
et se relèvent le matin; ce mouvement est surtout sensible dans la 
foliole terminale, quand même elle est unique par l'avortement des 
deux autres; car il dépend de l'articulation placée à sa base. Les 
fleurs ont aussi leurs mouvements : non-seulement leurs pédoncules, 
d’abord redressés, s'inclinent pendant la maturation, au moins dans 
les espèces pédicellées, comme le Rotundifolia, mais l'étendard se 
rejette fortement en arrière, et les ailes s’écartent de la carène, tant 
que la fécondation s'opère ; ensuite elles se rapprochent, et comme 
dans les Lathyrus et la plupart des Vicices, les étendards se ferment 
à la fin du jour; enfin les divisions du calice s’étalent pour faciliter la 
rupture du légume et la dissémination des graines. 

Les pédoncules des Ononis, comme ceux des Lathyrus, sont formés 
de deux parties assez distinctes : l'inférieure herbacée, parenchyma- 
teuse et de même consistance que les pétioles et les tiges; la supé- 
rieure , articulée à la première vers la naissance de l'arête, est d'une 
consistance cornée. Lorsqu'il n’y a point d'arête, l'articulation n'est 
pas aussi distincte, mais la partie dure et élastique n’en subsiste pas 
moins. Les autres phénomènes que présente ce genre, sont en pre- 
mier lieu celui des espèces dont les rameaux sont toujours épineux, 
tandis que les autres, quoique très-voisins, sont toujours inermes; 
ensuite celui du Winutissima, dont les premières fleurs sont toujours 
apétales, et celui du Columnæ, qui offre précisément l'apparence 
contraire; dans ces deux cas, les graines sont toujours fécondes, 
parce que les organes sexuels n'avortent jamais. 

Pendant la maturation, les légumes de la plupart des espèces pen- 
dent sur leur pédoncule; dans le Vatrix et surtout le Ramosissima, 
ils sont tellement nombreux qu’ils recouvrent toute la partie supé- 
rieure de la tige. A la dissémination, ces légumes desséchés et 
cartilagineux ouvrent élastiquement leurs deux valves, et répandent 
leurs semences. Mais il y a des légumes qui sont monospermes, 
comme ceux de l’Arvensis, et ceux dont les corolles avortent; or, ces 
légumes ont-ils la même dissémination que les autres ? Leurs calices 
s'étalent-ils, et leurs valves s'ouvrent-elles toujours ? Je sais bien qu'il 


— 83 — 


en est ainsi dans l'Ærvensis, mais j'ignore ce qui a lieu dans les fleurs 
à pétales avortés ; il y a sûrement aussi des remarques à faire sur le 
fourreau des étamines, qui doit varier selon les dimensions et le 
nombre des semences des légumes. 

Ces plantes, qui jouent sans doute un grand rôle dans l’économie 
de la nature, habitent, avec les Genëéts et les Cytises, les collines de 
la Méditerranée, et elles s’'avancent même dans les contrées septen- 
trionales, où les ÜVatrix couvrent de leurs grandes fleurs jaunes les 
lits des torrents, tandis que les Bugranes cpineux bordent les champs 
de leurs fleurs pourprées. Les ia intérieures de la Provence sont 
parées au printemps des brillantes fleurs du Fruticosa, et les pentes 
des Alpes et des Pyrénées présentent alors les charmantes touffes du 
Rotundifolia , qui appartient au même type. 


DIX-SEPTIÈME GENRE. — Ænthyllis. 


Les Anthyllis ont un calice tubulé, légèrement quinquéfide, per- 
sistant et plus ou moins renflé, une corolle à pétales presque égaux, 
des étamines réunies, un légume ovale, à semences solitaires ou 
géminées, quelquefois allongé et polysperme, mais toujours recou- 
vert par la coiffe du calice. 

On les divise en cinq sections : 

1° Les Dorycnioïdes ; légume uniloculaire et monosperme ; 

2° Les Aspalathoïdes ; légume uniloculaire, monosperme ou dis- 
perme, et calice peu enflé; 

3° Les Erinacés ; légume uniloculaire, aplati, lancéolé et renfer- 
mant deux ovules, dort l’un avorte; calice enflé après la floraison ; 

4 Les Vulneraires ; légume ob ee ,; à une ou deux semences; 
calice renflé après la fécondation; fleurs en tête, entourées de bractées; 

5° Les Cornicines ; légume divisé intérieurement par des cloisons 
transversales, calice enflé. 

Les Dorycnioides , ne comprennent que deux espèces : le Gerardi 
du midi de la France, et l'Onobrychioïides des rochers montueux de 
l'Espagne, qui sont homotypes et forment des herbes vivaces à feuilles 
ailées, de cinq à onze folioles, et dont les fleurs roses, en tête termi- 
nale, sont pédonculées et les stipules plus ou moins marquées. 

Les Aspalathoïdes, qui habitent le midi de la France, l'Espagne et 
les îles de la Méditerranée, sont de petits arbrisseaux rameux , inermes 
ou légèrement épineux, et dont les fleurs jaunes sont disposées en 
petites : ‘grappes presque sessiles et rapprochées en épi interrompu. 
On en compte quatre espèces peu distinctes, dont l'Hermannia, la 


ap QE 


plus répandue, a les feuilles persistantes, plissées en deux et presque 
toujours simples par avortement; ses rameaux, à écorce crevassée, 
s'allongent indéfiniment et donnent long-temps des fleurs axillaires, 
qui varient à peu près de quatre à sept, et dont l'étendard paraît 
s'ouvrir et se fermer selon les heures du jour; la nacelle est adhérente 
aux ailes; le calice persistant est légèrement bilabié, la dixième étamine 
est libre, et les anthères, à filets renflés au sommet, comme dans les 
Vulnéraires , entourent entièrement de leur pollen blanchâtre le 
stigmate en tête. Cette plante qui n'offre pas le port général du genre, 
a cependant ses fleurs axillaires réunies en petites ombelles, et tournées 
de différents côtés selon la lumière. 

Les Erinacés ne comprennent que l'£rinus de l'Espagne et de la 
Barbarie, qui a recu son nom de la multitude de ses rameaux épineux 
et presque nus. Les fleurs, d'un pourpre bieuâtre et réunies à peu 
près en tête, sont pédonculées et pourvues de bractées ; ses feuilles 
ovales, oblongues, sont souvent trifoliolées près du sommet; ses 
légumes aplatis, lancéolés et monospermes sont saillants hors du 
calice, et ses rameaux portent à leur base une écaille ovale. 

Les V’ulnéraires comptent à peu près douze espèces, toutes répandues 
dans les îles et sur les deux bords de la Méditerranée , où elles habitent 
principalement les collines caillouteuses et découvertes; on les dis- 
tingue en deux types principaux : les frutescentes et les herbacées, 

Les premières, dont le Barba Jovis est la principale, sont des arbris- 
seaux à feuilles non stipulées, à folioles égales et recouvertes, comme 
les rameaux et les sommités des tiges, de poils soyeux et blanchâtres; 
leurs fleurs, jaunes ou pourprées, sont ordinairement disposées en 
deux têtes portées sur des bractées multifides, ou plutôt sur des 
feuilles transformées pour remplir leur nouvelle destination. 

Je joins à ce type quelques espèces du midi de l'Espagne, et surtout 
le Montana, dont les longs rhizomes articulés s'élèvent au-dessus du 
sol, et qui habite nos montagnes et celles de la Provence; ses fleurs 
pourprées ont l’étendard chargé à sa base de deux taches foncées, 
et ses ailes sont attachées à la carène par deux crochets spathulés. 

Le second type ne comprend que deux espèces : l'Incisa de l'Ar- 
chipel et le Vulneraria proprement dit; cette dernière, répandue 
dans les pâturages secs de presque toute l'Europe, où elle se présente 
sous un grand nombre de variétés, a des feuilles ailées, formées de 
cinq à treize folioles inégales, et dont l'impaire est toujours la plus 
grande; ses fleurs, disposées en deux têtes rapprochées et pourvues 
de bractées multifides, sont jaunes, mais quelquefois aussi blanches 
ou plus ou moins pourprées, principalement dans les lieux élevés et 
sur toutes les pentes granitiques du Simplon et des Alpes. 


Te 

Les V’ulneraires arborescentes se développent indéfiniment, et sont 
par conséquent dépourvues de boutons et même de stipules ; elles 
sont protégées contre l'hiver par leurs feuilles involutives, serrées les 
unes contre les autres, et abondamment couvertes de poils soyeux; 
leurs fleurs, quoique réunies en têtes à peu près sessiles, ne sont pas 
entièrement dépourvues de mouvements, et leur pédicelle se tourne 
toujours vers la lumière, ce qui donne à chaque corolle cette position 
oblique, très-marquée surtout dans le Montana. L’efflorescence est 
centrifuge, et les fleurs, réellement disposées sur un axe court et 
latéral, portent à la base, dans le V’ulneraria , un godet très-marqué; 
les anthères redressées, jaunâtres et très-petites, sont placées sur un 
empâtement qui forme le sommet du filet; le stigmate est une tête 
globuleuse et terminale ; la fécondation a lieu avant l'épanouissement 
dans le V’ulneraria, mais dans le Barba Jovis, la carène s’entrouvre, 
et les anthères non défleuries se montrent un peu en dehors; dans 
toutes les espèces de la section, l'étendard ne se referme pas. 

Le principal phénomène est ici le mouvement très-marqué des pédi- 
celles, qui se disposent toujours sur la tête florale de manière à rece- 
voir la plus grande quantité de lumière; en sorte qu'ils sont tournés 
indifféremment dans tous les sens, comme on peut le voir dans le 
Vulneraria, le Barba Jovis, le Montana, etc.; dans ce dernier, le 
pédicelle est allongé, tandis que dans le V’ulneraria il est à peu près 
sessile. 

La forme du légume varie beaucoup dans les Anthyllis vulnéraires : 
ainsi, dans l'espèce commune, le légume est fortement pédicellé et le 
style est oblique et latéral après la maturation; au contraire, dans le 
Montana, le légume, à peu près sessile, est allongé et terminé par 
un style qui subsiste long-temps; il en est de même du Burba Jovis , 
dont le légume allongé , mais non sessile, renferme, comme le Mon- 
tana, cinq ou six semences, dont le grand nombre avorte. J'ai cru 
voir de plus que la radicule était saillante et recourbée dans le Vulne- 
raria. Le nombre des semences varie aussi dans les diverses sections : 
l'Aspalathi a un style latéral et une seule semence; le Tétraphylle a 
un légume fortement pédicellé et engainé à sa base, un long style 
terminal et un fruit enflé, souvent monosperme par avortement, 
mais souvent aussi articulé, avec un ou deux dissépiments transver- 
saux et renfermant alors deux ou trois semences ; enfin l'Hermannia, 
de la section des Aspalathoïdes, a un légume allongé, tétrasperme et 
légèrement pédicellé. 

Les Cornicines, qui comptent quatre espèces évidemment homo- 
types, sont des herbes annuelles, couchées ou légèrement redressées, 


= 96} 


à feuilles ailées et folioles inégales, à fleurs jaunâtres peu nombreuses, 
sessiles, ou plus souvent pédonculées ; mais ce qui les distingue sur- 
tout, c’est leur légume divisé en cloisons transversales, et renfer- 
mant pour l'ordinaire autant de loges que de semences. L'espèce la 
plus commune est le Tétraphylle, du midi de la France, ainsi appelé 
parce que ses feuilies , quoiqu’à deux paires avec impaire, ont souvent 
une foliole latérale entièrement avortée, tandis que l'impaire est seule 
pleinement développée ; le Cornicina, qui a presque le même port, 
offre une tige qui se bifurque dès la base en deux rameaux, lesquels 
se recourbent pour se développer séparément; les feuilles inférieures 
sont à peu près réduites à la terminale allongée ; les autres avortent 
presque entièrement, mais elles reparaïssent au moins en partie dans 
les feuilles supérieures ; le pédoncule axillaire porte huit à onze fleurs 
blanchâtres et surmontées d’une feuille qui les protége avant le déve- 
loppement ; le calice est enflé et velu ; le légume pédicellé et recourbé 
qu’il renferme entièrement, contient à peu près quatre graines cloi- 
sonnées, et qui tombent séparément ; la fleur, comme toutes ses 
congénères, se tourne du côté de la lumière. 

Les Anthyllis se distinguent par leurs fleurs en tête géminée, leurs 
bractées multifides, leurs légumes courts et presque toujours renfer- 
mées dans un calice enflé, enfin par leurs folioles ordinairement iné- 
gales; ces folioles sont convolutives dans les V’ulneraria , etc., et 
quoique conformées en apparence comme celles des autres légumi- 
neuses, elles sont en général peu susceptibles de mouvement, de 
même que les pédoncules presque sessiles; cependant, comme les 
fleurs se tournent diversement selon la lumière, la tête florale a sou- 
vent une apparence bien différente de celle qu'elle avait à sa naissance, 
et l’on peut remarquer que les folioles, qui forment l'involucre, ne 
sont pas plissées avant leur développement. 

La fécondation s'opère à l’intérieur, et les pétales , quoique forte- 
ment pédicellés, sont tellement serrés par la coiffe du calice, qu'ils 
ne peuvent guère changer de position, en sorte qu'ils ne tombent 
presque jamais. 

Les anthères, à pollen blanchâtre brillant, entourent le stigmate 
globuleux et papillaire; elles sont également remarquables par leur 
petitesse et par le pivot renflé qui les porte. Je n’ai pas apercu de 
glandes nectarifères au fond dela corolle. 

Les feuilles, de plusieurs espèces , offrent des irrégularités qu’on 
ne peut guère expliquer que par des avortements et des soudures; 
ainsi, comme je l'ai déjà dit, dans le Tétraphylle, la première paire 
n'est formée que d’une seule foliole, parce que la correspondante 


De re. 
manque presque toujours ; ainsi, dans cette même espèce, dans le 
Vulneraria commun, et dans plusieurs autres, la feuille terminale est 
beaucoup plus grande que les autres, ce qui semble indiquer une 
soudure ; les feuilles des Y’ulneraria de notre premier type sont pres- 
que les seules qui conservent leur régularité, et encore remarque-t-on 
que leurs feuilles primordiales se terminent par une foliole plus grande 
ue les latérales. 

A la dissémination, le fruit tombe accompagné de son calice enflé, 
qui se dessèche par la chaleur , ou se détruit par l'humidité ; le légume 
reste alors à nu, et ne s'ouvre, je crois, qu’à la germination, au moins 
dans les espèces monospermes; dans le Tétraphylle, le calice enflé se 
dessèche, le pédoncule se rompt, le légume reste libre, toujours 
enveloppé de son calice, et le style se flétrit presque jusqu'à sa base; 
dans le Montana , dont l'ovaire est polysperme, le calice se sème aussi 
avec la gousse, qui à la maturité ne renferme plus qu’une ou deux 
semences. 

La germination n'offre rien de bien remarquable; les folioles pri- 
mordiales sont simples, alternes, très-rapprochées de la base de leurs 
cotylédons ; la troisième offre, outre la foliole principale, qui est 
très-grande, une ou deux folioles latérales très-petites ; les suivantes 
en ont trois Ou quatre. 

Le principal phénomène est ici celui des calices membraneux, pré- 
parés à l'avance pour des légumes qui doivent rester courts, et ren- 
fermer un petit nombre de semences. Pourquoi ont:ils été ainsi 
conformés , et pourquoi sont-ils déjà dilatés quand le légume est loin 
de les presser ? C'est ce qui est difficile à comprendre, lorsqu'on ne 
suppose pas une précrganisation spéciale. On peut, du reste, remar- 
quer qu'il ÿy a beaucoup de variétés à cet égard : certaines espèces, 
comme le Barba Jovis, ont des calices peu ou point renflés; dans 
d’autres, ces calices ne se renflent que pendant la maturation , etc. Si 
l'on disait que le calice se renfle beaucoup, parce que le légume prend 
peu d’accroissement, on établirait une loi qui serait loin d'être géné- 
rale, mais qui indiquerait encore une‘intelligence. 

Je n'ai pas examiné de près la fécondation, mais comme les éta- 
mines sont réunies, et que par conséquent il n’y a point de nectaire 
à leur base, elle doit être immédiate. 

Les Anthyllis, si l'on en excepte au moins le Vulneraria, sont en 
général des plantes peu répandues. Le Barba Jovis borde souvent les 
rochers de la Méditerranée, et il est admis dans nos jardins, bien 
moins à raison de ses fleurs peu apparentes, qu'à cause de ses belles 
feuilles persistantes et soyeuses; mais les grandes touffes du Montana 


ST NE 
et des espèces homotypes, couronnées de fleurs d'un violet magnifi- 
que, produisent un effet bien plus marqué, et quoiquele Fulneraria ne 
soit pas une plante à beaucoup près aussi brillante, cependant, comme 
il annonce le printemps, et qu'il orne les gazons et les prairies sèches 
de ses jolies têtes jaunes, il contribue beaucoup, à cette époque de 
l'année, à la décoration de nos campagnes. 

M. Edmond Bossier a rapporté de son dernier voyage sur les mon- 
tagnes du royaume de Grenade, trois nouvelles espèces d'Anthyllis 
frutescentes ou sous-frutescentes : le Podocephala, le Tejedensis et le 
Ramburei, qu'il place dans la section des Vulnéraires , tout près de 
l'Heterophylla de Des Fonrarnes. Je n'ai pas eu l'occasion de les 
examiner. 


DEUXIÈME SOUS-ORDRE. — TRIFOLIÉES. 


Les Trifoliées ont un légume uniloculaire, des étamines diadelphes, 
des tiges rarement frutescentes et des feuilles ordinairement palmées, 
de trois à cinq folioles ; les feuilles primordiales sont alternes.. 


PREMIER GENRE. -— Medicago. 


Le Medicago a un calice cylindrique à cinq divisions , une carène 
un peu écartée de l'étendard, des étamines diadelphes, un légume 
polysperme de forme variée, mais toujours recourbé en faux, ou 
même tordu en spirale. 

On partage ce genre en trois sections : 

1° Les Hyménocarpes ; légumes légèrement membraneux, arqués 
et aplatis, feuilles de trois ou cinq folioles ; 

2° Les Lupulaires ; légumes réniformes en faux, ou limaçon à bords 
entiers, feuilles trifoliolées ; 

3° Les Spirocarpes ; légumes roulés en limacon fermé au centre, 
bords entiers, ridés ou épineux, feuilles trifoliolées. 

Les Hyménocarpes, ou Medicago , à légume membraneux, forment 
deux types : celui du Circinnata, dont le Nummularia n'est peut-être 
qu'une variété, et celui du Radiata ; tous les deux habitent les côtes 
de la Méditerranée et avancent par l'Égypte jusqu'en Orient. Le 
Circinnata est évidemment un passage des Anthyllis aux Medicago ; 
car ses feuilles sont formées de cinq folioles souvent inégales, plutôt 
roulées sur leurs bords que plissées sur leur nervure moyenne; le 
Radiata, au contraire, n’a jamais que des feuilles à trois folioles, et se 


eu 
reconnaît à son pédoncule uniflore, ou quelquefois biflore, ainsi qu'à 
ses légumes aplatis, réniformes, réticulés et comme rayonnant du 
centre à la circonférence; les semences, dans ces deux types, ne se 
séparent jamais de leur légume, quoiqu'elles soient souvent assez 
nombreuses. 

Le VMummularia présente le phénomène rare de feuilles dont les 
folioles sont irrégulièrement avortées ; tantôt on en trouve cinq symé- 
triquement placées, tantôt il en manque une ou plusieurs; quelque- 
fois il ne reste que la foliole terminale et la feuille paraît simple, 
d'autant plus qu’elle est alors agrandie et dépourvue d'articulation 
apparente, soit à la base soit au sommet. Le légume est disperme, 
d'abord cylindrique et terminé par un style très-allongé; bientôt ce 
style se rompt, le légume se recourbe, et la suture inférieure s'étend 
en aile; enfin il représente un disque aplati, et il s'ouvre dans la germi- 
nation par cette suture inférieure, qui se dédouble pour laisser sortir 
la radicule ou les radicules, quand les semences sont géminées. Tout 
cela se passe à la surface du sol, et l'enveloppe de la semence, je veux 
dire ici le légume aplati, reste long-temps attaché au collet de la 
plante. Les pédicelles sont ordinairement triflores , et pendant la 
maturation, les trois légumes disciformes sont rapprochés et étalés 
horizontalement en forme de bouclier. 

Les Lupulaires, qui composent notre seconde section, comptent 
seize espèces, la plupart originaires du midi de l'Europe et assez diffé- 
rentes dans leur organisation. Je réunis sous trois types, celles qui 
me sont le mieux connues dans les espèces européennes. 

Le premier, dont le Lupulina est la principale et peut-être l'unique 
espèce, si le Rupestris ne doit pas être compté pour une seconde, 
recouvre au printemps de ses belles touffes vertes nos champs et nos 
prairies ; il a le port, ainsi que la végétation bisannuelle de la plupart 
des Spirocarpes , quoique son légume soit très-différent. Les botanistes 
le décrivent comme monosperme et réniforme, maïs il est réellement 
contourné, ainsi qu'on peut en juger par ses nervures arquées, et 
surtout par son style qui forme un demi-tour de spire. Le stigmate est 
une tête papillaire un peu latérale et inclinée du côté de l'étendard, 
contre lequel elle se rejette à la manière des WMedicago. L'inflores- 
cence, soit générale soit particulière, est centripète, comme dans le 
reste du genre; les fleurs sont réunies en petites têtes jaunâtres, et les 
légumes indéhiscents se sèment avec la graine, après avoir flotté 
quelque temps sur leur pédoncule allongé. 

Le deuxième type, dontles espèces sont beaucoup plus nombreuses, 
est celui du Falcata, ou des légumes aplatis, allongés, plus ou moins 


00 = 

recourbés en faux ; les plantes qui le forment ont leurs tiges dures, 
sous-frutescentes et toujours en végétation, au moins dans les pays 
chauds ; car elles périssent chez nous jusqu'à la racine pendant 
l'hiver. L'espèce principale est le Falcata proprement dit à fleurs 
jaunes, originaire des terrains arides et découverts, et qui, par ses 
mélanges avec les espèces voisines et surtout avec le Sativa, donne 
quelquefois des fleurs jaunes ou viclettes, mais pour l'ordinaire 
mélangées de ces deux couleurs, et ordinairement alors stériles. Les 
Falcata diffèrent, soit par le port, soit surtout par le degré de 
contournement du légume, qui n’est qu’arqué dans le Falcata propre- 
ment dit, mais qui forme jusqu’à deux spires dans le Sativa, espèce 
précieuse, originaire d'Espagne ou plutôt de la Médie, et qui, par la 
forme de sa végétation et l'abondance de ses produits, est aujourd'hui 
le fourrage le plus répandu du midi de l'Europe. 

Mon troisième et dernier type est celui du Medicago arborea, 
arbrisseau de l'Italie méridionale, qui n’est sans doute que le Cytise de 
Vireice. Îl se développe continuellement sans former de boutons, et 
les folioles, plissées sur leur nervure principale, sont protégées par un 
duvet blanchâtre et des stipules longues et bifides qui ne se dessèchent 
que tard; ses grappes florales sont d’un beau jaune; ses légumes 
stipités et polyspermes forment un peu plus d’une révolution , et l’on 
voit sortir de presque toutes ses aisselles des rameaux avortés ou 
développés. 

Les Lupulaires de ces trois types ont leurs légumes toujours 
contournés autour d’un centre vide. 

Les Spirocarpes , qui forment notre dernière section, comprennent 
à peu près soixante espèces, dont plusieurs sont sans doute des 
variétés, et qui se ressemblent toutes pour le port, les feuilles et les 
fleurs, mais qui diffèrent considérablement par la forme des fruits ; 
c'est pourquoi on a fondé sur ce dernier organe leurs divisions en 
groupes. SERINGE, dans le Prodrome de De Cannozze, en établit 
trois, d'après les bordures amincies, épaissies ou épineuses des 
légumes ; mais BenrHam, qui a examiné la plupart des espèces 
vivantes, a adopté comme plus naturelles les divisions des légumes en 
nus ou épineux; les premiers Tornatu orbiculaires en toupie, ou 
globuleux ; les seconds Disticha, à épines sur deux rangs ; les troi- 
sièmes ou les Terebellu, en tarière; enfin les Echinata ou hérissonnés. 
Lixwé les avait autrefois toutes réunies en une seule espèce, à laquelle 
il donnait le nom de Polymorpha ; mais, comme la plupart des 
Spirocarpes sont assez constants, et qu'ils diffèrent suffisamment , 
non-seulement par les fruits, mais encore par les feuilles , les stipules, 


TR 2 
le nombre des fleurs et celui des graines, ils doivent être considérés 
comme autant d'espèces distinctes, lorsque , abstraction faite de leurs 
tubercules et de leurs piquants, ils présentent des caractères tranchés. 
Il est curieux de voir la variation presque infinie que la nature s'est 
plu à mettre dans la forme de ces légumes, qui, non-seulement se 
divisent en groupes, mais qui diffèrent par le nombre de leurs spires, 
tantôt lâches, tantôt rapprochées, et souvent chargées de nervures 
rayonnantes ; par leurs épines courtes, longues, droites, crochues, 
parallèles , divergentes, solides, houle. rares, nombreuses, etc. 
Les graines elles-mêmes varient en nombre, en foinié eten c6aNeur à ; 
als sont réniformes, ovales, tronquées, jaunes, rousses, noirâtres, etc. 

Le légume du Medicago echinus, ainsi que celui des légumes 
contournés, est d'abord linéaire et renfermé dans le fourreau des 
étamines; mais dès que la fécondation est terminée , il commence à 
se contourner ; ensuite il se revêt sur les bords extérieurs de ses nom- 
breuses spires de piquants, dont les uns s’abaissent et les autres s’élè- 
vent, et qui forment dans leur ensemble une petite sphère régulière- 
ment hérissonnée. 

Ces plantes sont presque toutes annuelles, et répandent dans le 
cours de l'automne leurs graines, qui germent au printemps ; il faut 
en excepter seulement deux , qui semblent former des types séparés, 
le Marina, à feuilles cotonneuses et tiges demi-frutescentes, que 
Kocx place dans les Lupulaires, à à cause de son légume percé ou vide 
au centre, et le Carstiensis, à pédoncules à peu près ombellifères , des 
plaines montueuses de la Carinthie. 

Le Laciniata a les folioles divisées si irrégulièrement qu’on les croi- 
rait rongées par des insectes ; l’'Orbicularis a les feuilles inférieures 
simples; le Maculata porte des taches noirâtres, qui disparaissent 
insensiblement après la fécondation; enfin les fleurs des diverses 
espèces avortent en grand nombre sur la même tête, où il n'en reste 
souvent qu'une seule, apparemment parce qu'elles ne pouvaient pas 
toutes se développer sur le même point. 

Le principal phénomène du genre est celui du pistil, qui, après la 
fécondation, sort de la carène ouverte au sommet, et par un mouve- 
ment très-brusque se jette contre l'étendard, avec ses étamines char- 
gées d’un pollen jaunâtre, granuleux, mêlé de grains brillants; on 
remarque alors que les anthères sont uniformes, arrondies, et que le 
stigmate, latéral ou terminal, est papillaire , hémisphérique et tourné 
du côté du pavillon, contre lequel il s'applique avec le pollen dont il 
est tout recouvert. Ce mouvement organique du pistil est destiné à 
répandre le pollen sur l'humeur miellée placée au-dessous, comme dans 


LS A = 

les autres diadelphies, et il doit être, je crois, attribué à une lame 
élastique appliquée le long de la suture inférieure, avec laquelle elle 
s'allonge plus ou moins, selon le nombre des spires qu’elle décrit, et 
dont elle se sépare avec le style pendant la maturation, comme on 
peut le voir dans l'espèce cultivée. Il a sans doute pour but de 
favoriser la fécondation, qui s'achève ici en plein air, et à laquelle 
on doit probablement les différentes hybrides que l’on rencontre dans 
ce genre, telles que le V’ersicolor qui provient sans doute du Sativa 
et du Falcata. 

Le mouvement du pistil continue après la fécondation, et le légume 
en s'allongeant se contourne toujours dans le même sens, le plus 
souvent de gauche à droite; la pointe du limacon est d'ordinaire 
tournée en haut dans les espèces à pédicelles épais et fruits légers, 
comme les Falcata, et en bas dans les Spirocarpes et les espèces dont 
les pédicelles se renversent, et dont les fruits sont pesanis. Les pre- 
miers portent, sur des tiges redressées, leur légume qui s'ouvre 
ensuite et laisse tomber ses graines; les autres déposent, sur le terrain 
qu'elles recouvrent, leurs légumes ordinairement détachés des pédi- 
celles, et qui, préservés de l'humidité, restent fermés, mais qui 
lorsqu'ils sont abandonnés à eux-mêmes et exposés à une chaleur 
humide, entr'ouvrent leurs valves, et laissent sortir, par la suture 
non séminifère, qui est toujours extérieure , d'abord leur radicule, 
puis leur plumule avec leurs cotylédons, en sorte que le fruit est enfin 
tout entouré de feuilles naïssantes. Dans les Spirocarpes, ce sont les. 
deux bords de la suture qui font la fonction de la nervure; ils 
s'épanouissent et se chargent plus ou moins, selon les espèces, de 
tubercules et d’épines dont l'usage peut être de défendre les graines 
contre les attaques des animaux. Je remarque en passant que les 
légumes et les capitules de plusieurs Spirocarpes, comme le Minima, 
se sèment souvent sans s'ouvrir, et que la jeune plante sort protégée 
et entourée de leurs petites épines. 

Dans les espèces à légumes recourbés en faux, comme le Falcata, 
le Sativa et surtout le Lupulina , la direction de la courbure, loin 
d'être constante, a lieu tantôt de droite à gauche, tantôt en sens con- 
traire, tantôt de bas en haut ou de haut en bas, selon que le demande 
la maturation. 

Les feuilles de tous les Medicago, quelques Hyménocarpes exceptés, 
sont ailées à trois folioles stipulées et articulées, soit à la base soit au 
sommet du pétiole commun; elles sont condupliquées avant le déve- 
loppement, et s'étendent horizontalement le jour, pour se relever 
aux approches de la nuit; l'impaire prend alors une position verticale, 


1091 —= 


et les deux latérales semblent s'appuyer sur elle. Ce mouvement est 
fort différent dans les Robinia, dont les feuilles sont dressées au 
milieu du jour et pendent le soir. 

Les pédoncules ont une articulation très-marquée, et quelquefois 
deux, comme dans l’Arborea, dont le légume tombe sans s'ouvrir ; 
les fleurs tournent leur étendard du côté de la lumière, comme les 
autres Lécumineuses, et dans le Zupulina, les petites têtes dirigent 
toutes leurs fleurs de ce même côté par la torsion de leurs pédoncules; 
mais lorsque la température est froide et pluvieuse, le légume sort à 
peine de la nacelle, parce que l'action vitale est suspendue; les fleurs, 
toujours pourvues d'une bractée qui persiste quand même il y a avor- 
tement, sont protégées pendant l’estivation par les lobes du calice 
recourbés de diverses manières; mais lorsqu'elles ont été une fois 
ouvertes, elles ne se referment plus ; ; cependant le fourreau anthérifère 
et fendu enveloppe long- temps le jeune légume. 

Les cotylédons épais et saillants sur le sol sont sessiles et insérés 
très-près du collet; la première feuille est solitaire, longuement 
pétiolée, arrondie, dentelée au sommet et toujours accompagnée 
de deux stipules adhérentes ; la seconde feuille a déjà ses trois folioles. 

Les racines sont longues et pivotantes dans la plupart des Zupulaires 
vivaces, et surtout dans les Falcata, .où elles forment souvent de 
véritables rhizomes; celles des espèces bisannuelles ou annuelles, 
comme la plupart des Spirocarpes , sont chargées de ces petits corps 
arfondis et spongieux que l’on rencontre ordinairement dans les 
Legumineuses , où ils servent sans doute à la nutrition. 

Les Falcata, en particulier, sont sujets à trois sortes de maladies; la 
première est un Uredo, d’un brun noir, logé à la face inférieure des 
feuilles; la deuxième est un Rhïzoctone, d'un beau rouge, décrit 
dans la Flore francaise, et qui dévaste souvent les plus belles luzer- 
nières ; la troisième est due à un insecte qui dépose ses œufs dans les 
fleurs non encore épanouies, qu’il déforme et convertit en un corps 
arrondi, tout-à-fait semblable à celui que l’on voit dans le Lotus cor- 
nicule. Enfin les légumes des Spirocarpes sont presque toujours recou- 
verts de ces points noirs, légèrement sphériques, si communs dans 
les plantes qui se décomposent. 

Les Medicago, qui forment dans les Legumineuses un des genres 
les plus tranchés, offrent différents objets de recherches qui ne sont 
pas sans intérêt. Le premier est celui de cette lame élastique dont j'ai 
déjà parlé , et qui détermine le mouvement du pistil contre l'étendard ; 
le second, intimément lié au premier, c'est l’état de cette même lame 
depuis l’époque de la fécondation. Se détruit-elle ou bien, au con- 


ET. 


traire, se conserve-t-elle et s'allonge-t-elle de manière à entrainer avec 
elle le légume lui-même, et à produire ces diverses spires, et ces 
nervures concentriques et réticulées que nous avons remarquées dans 
les légumes des Medicago? Le troisième concerne la direction de 
ces mêmes spires. Sont-elles toujours dans le même sens, et ce sens 
n’est-il pas dérangé par les pédicelles eux-mêmes, qui s'inclinent de 
différents côtés? Ces pédicelles ne donnent-ils pas naissance à des 
légumes sessiles, redressés ou pendants, suivant qu'ils sont nuls, 
redressés, roides, ou amincis et pendants? Et ces derniers n’appar- 
tiennent-ils pas à la nombreuse section des Spirocarpes, dont les 
légumes épais et plusieurs fois contournés sont destinés à se déposer 
tout entiers sur le terrain? N'est-ce pas à cette même section qu'appar- 
tiennent la plupart des pédoncules pauciflores, et ceux des pédoncules 
multiflores qui offrent le plus'grand nombre d'avortements, puis- 
qu’enfin les légumes à un grand nombre de spires se trouvent toujours 
épars un à un sur le terrain? 

Moris, dans sa belle Flore de Sardaigne ( V. 1, p. 453 ), observe 
que les tubercules et les aiguillons varient beaucoup dans la même 
espèce, où ils sont tantôt comme avortés , et tantôt au contraire plus 
ou moins saillants ; les mêmes espèces, dont les bords sont amincis 
lorsque les tubercules ou les aiguillons naissent de la suture, ou 
aplatis parce que les deux côtés de la nervure se sont épaissis, varient 
tellement par les dimensions de leurs tubercules ou deleurs aiguillons 
que quelquefois elles peuvent paraître entièrement lisses; en sorte 
qu’on ne doit faire à peu près aucun usage de ce caractère, non plus 
que de celui du nombre des spires, à moins qu'ils ne soient l’un et 
l’autre accompagnés de solides différences dans l'inflorescence, la 
forme des feuilles, des stipules, etc. 

La patrie des Medicago est exclusivement l'ancien continent, et en 
particulier le bassin de la Méditerranée; quelques-unes s’avancent 
dans l'Afrique , et même jusque dans la Numidie et les états de Maroc; 
d'autres en petit nombre, comme le Zupulina, le Falcata, etc. 
remontent vers le nord ; mais aucun, je crois, ne vit dans les marais, 
sur les bords des eaux, ou sur les sommités des montagnes. Leur 
véritable habitation est l'Europe australe et l'Italie; c’est dans cette 
dernière contrée que l’on rencontre partout, aux bords des chemins, 
sur les pelouses et les collines découvertes, un très-grand nombre de 
Spirocarpes croissant rapprochés pèle-mêle, et se fécondant ainsi réci- 
proquement; ce qui rend ma conjecture plus probable ; c’est que 
tous les jours on en trouve de nouvelles variétés, précisément comme 
au Cap on voit naître chaque année des hybrides d'Oxalis, de Pelar- 
gonium , etc. 


DO. 

Tous les Medicago, au moins dans les pays chauds, fleurissent 
depuis la fin du printemps jusqu'au milieu de l'été, et recouvrent de 
leur feuillage les expositions les plus stériles. J'ai vu aussi aux environs 
de Rome et de Naples des collines tout embellies des fleurs orangées 
du Medicago arborea, et les flancs décharnés du Vésuve revêtus au 
mois de mai des magnifiques tapis du Marina, qu'on retrouve aussi 
sur les bords de la mer. 


DEUXIÈME GENRE. — Jrigonella. 


Le Trigonella a un calice campanulé et quinquéfide, une carène 
très-petite, des ailes et un étendard assez ouverts formant, comme 
une corolle tripétalée, un ovaire droit , un légume polysperme, 
quelquefois disperme ou monosperme. 

On divise ce genre en quatre sections : 

1° Les Grammatocarpes; fleurs en tête ou en ombelle, légumes 
ovales, rayés et à long bec; 

2° Les Fæœnum græcum ; fleurs sessiles, solitaires ou géminées, 
légumes aplatis, rayés, à long bec; 

3° Les Buceras ; fleurs en grappes ombelliformes, pédonculées ou 
sessiles, légumes cylindriques ou plus où moins aplatis, réticulés, 
mucronés et légèrement arqués ; 

4 Les Falcatules ; fleurs en ombelle pédonculée, légumes aplatis, 
mucronés, réticulés et recourbés en faux. 

Les Grammatocarpes , qui ont recu leur nom des nervures saillantes 
de leur légume, étaient rangés autrefois parmi les Melilots, dont ils 
diffèrent surtout par la forme de leur corolle, et celle de leur inflo- 
rescence. On en compte six espèces, toutes annuelles, et la plupart 
originaires du bassin de la Méditerranée, mais dispersées en France, 
en Egypte, en Sicile, etc. Elles n’ont pas toutes le caractère de la 
section, ni même exactement celui du genre, et par conséquent elles 
forment différents types ; ainsi, par exemple, le Cærulea, que Kocn 
place dans les Melilots, et quelques autres ont une carène très- 
marquée ; le Besseriana, qui en est très-voisin, le Maritima, etc., ont 
des légumes dispermes ou même monospermes, dépourvus de ner- 
vurés distinctes; enfin l'Uncinata, si remarquable par ses styles 
persistants , allongés et très-recourbés, qui renferment les épis comme 
dans un grillage, a les légumes velus, monospermes et ciselés, plutôt 
querayés de nervures. La dissémination n’est pas plus constante. Lors- 
que le légume est monosperme, comme dans lUncinata, le Cærulea 
connata et peut-être le Maritma, il tombe sans s'ouvrir; lorsqu'il est 


9 — 


disperme, comme dans le Cærulea et sa variété Prostrata , il s'ouvre 
régulièrement par la suture supérieure, dans les journées humides; 
mais dans le Calliceras de Y'Ibérie, où il renferme jusqu’à huit 
semences, il se sépare par ses nervures longitudinales, et ses valves 
restent soudées. 

Les Fœænum græcum ne comptent que trois espèces, qui appar- 
tiennent évidemment au même type, et n'en forment peut-être 
qu'une; ce sont, comme les Grammatocarpes , des plantes annuelles, 
originaires du midi de l'Europe, et distinguées par leurs fleurs à peu 
près solitaires et sessiles, d'un jaune pâle, dont l'étendard, exacte- 
ment plissé en deux, est appliqué sur les ailes pendant la nuit et une 
grande partie de la matinée. Ce mouvement se répète plusieurs jours, 
et lorsque la fécondation est accomplie, la fleur se dessèche sur 
place, et l'on en voit bientôt sortir ce long légume redressé et arqué 
qui caractérise surtout le Gladiata. La carène est petite et renflée, et 
les anthères recouvrent de leur poussière brillante et jaunâtre, la tête 
recourbée du stigmate velu inférieurement. La fécondation ne manque 
à peu près jamais, parce que la poussière abondante des anthères à 
parois retournées couvre entièrement les papilles stigmatoïdes. 

Les Buceras , qui forment la section la plus nombreuse, se divisent 
en deux groupes:: celui à fleurs pédonculées, étranger à l'Europe, et 
celui à fleurs sessiles, dont la principale espèce est le Monspeliosca , 
qui, avec le Polycerata, habite le midi de la France. 

Ces plantes annuelles, comme les autres Trigonelles, ne diffèrent 
guère que par leurs pédoncules mutiques ou épineux, leurs stipules 
entières ou dentées, leurs fleurs plus ou moins nombreuses, et leurs 
légumes plus ou moins cylindriques et arqués, qui doivent en général 
s'ouvrir par les sutures. Les principaux phénomènes qu'elles pré- 
sentent sont ceux du Spinosa, de la Crète, dont le pédoncule central 
est épineux et stérile, et du Pinnatifida de YEspagne, à stipules et 
folioles pennatifides, comme celles du Medicago laciniata. 

L’'Hamifera, qui appartient au groupe des grappes pédonculées, a 
ses tiges étalées, ses folioles cunéiformes et dentées, et ses fleurs en 
grappes, raccourcies au sommet des pédoncules. Les fleurs, dans la 
maturation, sont déjetées, et leur légume aplati, réticulé et couché 
sur le pédoncule, se termine par un style endurci à pointe fort 
recourbée vers le haut ; à la dissémination et par l'humidité, la suture 
supérieure ou séminifère se fend dans toute sa longueur, et laisse à 
découvert une semence cylindrique, qui en remplit la capacité et s’en 
sépare bientôt. 

Les Falcatules comptent huit espèces, la plupart assez distinctes, et 


ENT"; 2 


dont trois seulement appartiennent à l'Europe ; les autres sont dis- 
persées en Égypte, en Sibérie et jusqu'aux Indes. Parmi les espèces 
indigènes, le Corniculata et l'Ornithopodioides sont annuelles ; l'Hy- 
brida, au contraire , est vivace ; les unes et les autres ont leurs fleurs 
disposées en petites grappes sur un long pédoncule, les gousses com- 
primées, tantôt pendantes, tantôt un peu relevées et toujours 
recourbées en faucille ; les pétales sont rougeâtres dans l'Ornithopo- 
dioides , et jaunes dans les deux autres. Le Platycarpos de la Sibérie a 
ses légumes flottants, aplatis, discoïdes et dispermes; sa radicule 
allongée et cylindrique est couchée en dehors des cotylédons, et fait 
extérieurement une forte saillie. 

Les Trigonelles ne forment pas, comme l’on voit, un genre naturel, 
dont les espèces soient bien liées entre elles; les caractères qui les 
rapprochent ne sont pas seulement tirées de la corolle, dont la 
nacelle est quelquefois aussi grande que les ailes ; mais ils dépendent 
aussi du légume souvent allongé ou recourbé au sommet, et presque 
toujours marqué de nervures fortes, longitudinales et arquées, ou 
du moins réticulées. Les fleurs, généralement jaunes ou jaunûtres, 
sont quelquefois bleues ou roses, et persistent souvent après la fécon- 
dation. 

Les anthères sont petites, uniformes et placées dans la carène à la 
même hauteur que le stigmate, qui est une petite tête papillaire ; mais 
au moment où la fécondation s'opère, l’étendard se relève, les ailes 
s'écartent, et la carène se déjette en laissant les anthères au-dessus 
d'elle; en sorte que la fécondation s'opère, ou du moins se perfec- 
tionne , par l'humeur miellée qui recoit les globules polliniques. 

Les légumes, d'abord très-courts, s’allongent beaucoup, et le style 
s'endurcit souvent en pointe recourbée; mais ce qui caractérise les lé- 
gumes,c est leur consistanceetlesnervures relevées quilesrecouvrentet 
qui sûrement déterminent leur prolongement et leur courbure; quel- 
quefois ils restent fermés, comme dans le Cæruiea , d'autrefois, comme 
dans les Fænum græcum, ils ne s'ouvrent que par leur suture supé- 
rieure, ou comme dans le Spinosa, ils se séparent en deux valves ; mais 
dans le Calliceras, les graines sortent à travers les nervures du légume 
détruit; dans tous ces cas, les valves ne m'ont jamais paru se rouler 
comme celles des J’icia ou des Lathyrus, et quand elles s'ouvrent, 
c'est par l'effet de l'humidité, par exemple dans le Gladiata. 

Les feuilles des Trigonelles, de même que celles des Mélilots, sont 
épaisses et denticulées au sommet ; elles sont aussi, je crois, suscep- 
tibles des mêmes mouvements, c'est-à-dire que la foliole terminale se 
relève le soir, en appuyant les deux autres; mais les fleurs ne me parais- 


II. 7 


Li: gp 
sent pas semblablement conformées dans les diverses espèces , et je ne 
crois pas que les mouvements que j'ai remarqués dans les Fænum 
græcum, appartiennent pleinement aux autres sections. 

La plupart des Trigonelles sont remarquables par la forte odeur de 
leurs feuilles; ce caractère s’observe surtout dans le Corniculata et le 
Cærulea, et il se conserve long-temps dans les herbiers , et c’est sans 
doute la raison pour laquelle les troupeaux mangent mal les Trigo- 
nelles et les Melilots, qui se ressemblent à cet égard. 

Les Trigonelles germent hors de terre, et leur première feuille est 
simple, arrondie et légèrement dentelée ; toutes les autres sont formées 
de trois folioles ; les semences, qui varient de deux à douze et plus, 
sont toruleuses et bossues; leur radicule, au lieu de se coucher sur 
les cotylédons, est au contraire saillante, ou même entièrement 
séparée, et le cordon ombilical est souvent filiforme et allongé. 
GzæriNer dit que, dans le Fænum græcum , les cotylédons sont 
recouverts d'un léger albumen; dans le Media, de la section des 
Falcatules, et très-voisin de l'Aybrida, les graines, au nombre de 
sept à huit dans chaque loge, sont allongées et aplaties; le cordon 
ombilical, plié en deux parce qu'il ne peut pas s'étendre, s’insère dans 
une échancrure au tiers de sa longueur; la radicule s’allonge dans le 
sens du cordon ombilical, et les cotylédens, étroits et renflés au 
sommet, se replient sur elle à peu près comme dans les Hippo- 
crepis. 

Les Trigonelles, comme plantes annuelles, vivent solitaires et dis- 
persées sans être remarquables par leur port ou leurs fleurs. 


“TROISIÈME GENRE. — Pocockia. 


x 


Le Pocockia a un calice campanulé à cinq dents, une carène et 
des ailes plus courtes que l’étendard, un légume membraneux, aplati, 
ailé, en forme de samare, et beaucoup plus allongé que le calice. 

Ce nouveau genre, créé par DE Cannozze, est formé du Melilotus 
cretica de Linné, herbe annuelle de la Crête et de la Barbarie, qui a 
le port et toute l'apparence d'un Melilot, mais qui en diffère principa- 
lement par la conformation de son légume. 

Sa tige est faible et succulente; ses feuilles, longuement pétiôlées, 
ont aussi la troisième foliole fortement pétiolée , et exécutent:tous les 
mouvements de celles des Melilots, etc. ; les stipules recourbées en 
faux sont dentées ; les fleurs jaunes se disposent en grappes dans les 
aisselles supérieures; l'étendard plissé en deux enveloppe toutes les 
autres parties, et s'ouvre très“peu; la fécondation intérieure a lieu 


ET 
avant l'épanouissement, les anthères entourent le stigmate, qui est 
une tête ovale glutineuse plutôt que papillaire; l'ovaire aplati est 
disperme; je ne connais pas son nectaire. 

Les légumes sont pendants, comme les fleurs, sur un pédoncule 
filiforme et articulé à la base ; leur forme est celle d’une membrane 
ovale, aplatie, dans l'intérieur de laquelle on trouve une ou même 
deux graines; on voit au sommet les restes d'un long style, et sur le 
côté les traces de la suture qui unissait primitivement les deux valves, 
el qui s'est ensuite prolongée en aile. Ces légumes ne s'ouvrent jamais, 
et la dissémination se fait par la rupture du pédoncule; les graines 
pédicellées et aplaties ont leur radicule fortement recourbée, et avor- 
tent souvent en tout ou en partie. 

J'ai remarqué de plus que les grappes qui terminent les tiges et les 
rameaux, portent au sommet de leur axe floral une petite tête verte, 
semblable à une massue. 


QUATRIÈME GENRE. — Melilotus. 


Le Mélilot a un calice tubulé à cinq dents, des ailes plus courtes 
que l'étendard, un légume multiforme, monosperme ou oligo- 
sperme, à peine déhiscent et plus long que le calice. 

On range les espèces sous trois sections : 

1° Les Cœlorutis; légumes ridés et caverneux, à rides souvent 
transversales et arquées ; 

2° Les Plagicrutis; légumes à rides transversales et un peu 
arquées ; 

3° Les Cumpylorutis ; légumes recouverts de veines arquées. 

Les Cælorutis comptent jusqu’à vingt-quatre espèces, dont plusieurs 
sont sans doute des variétés, et qui ne diffèrent guère que par le 
port, la forme des folioles et celle des stipules; ils habitent l'Europe 
centrale et orientale, et se distinguent surtout à leurs longues grappes 
de fleurs blanches, jaunes ou jaunâtres, qui paraissent vers le milieu 
de l'été; le Macrorhize, de la Hongrie, et l'Arborea, de Constanti- 
nople, sont les seuls vivaces, les autres sont bisannuels ou annuels. 

Les espèces les plus répandues de la première section sont le Par- 
viflora, à légume monosperme et recourbé, l Officinalis, le Leucantha, 
le Dentata et le Diffusa, dont l'organisation est tout-à-fait semblable, 
et dans lesquels il est difficile de voir autre chose que des variétés à 
peu près constantes ; toutefois le Gracilis est remarquable par ses 
légumes globuleux , à peine ridés et toujours redressés ; l'Officinalis, 
qui est disperme, ouvre son légume pour la dissémination, tandis que 


— 100 — 
le Leucantha se sème avec sa. gousse monosperme, fermée ou en- 
tr'ouverte. 

La seconde section comprend quatre espèces, le Petitpierreana, à 
racines vivaces, et voisin del Arvensis, très-commun dans nos champs, 
où il se sème chaque année, et dont le légume marqué de quelques 
rides arquées et transversales est court, arrondi, monosperme, et se 
répand sans s'ouvrir; les deux autres, aussi annuels, sont l'Elegans, 
de la Corse, à légume monosperme, et le Besseriana ; de la Tauride, 
à rides transversales, renflées et lacuneuses. 

Les Campylorutis comptent seulement deux espèces de la Barbarie, 
et qu’on retrouve dans les îles de la Méditerranée : ce sont le Messa- 
nensis et le Sulcata, à tiges élevées , fleurs jaunes et grappes pauci- 
flores; ils se distinguent par leurs stipules élargies, souvent dentées, 
et surtout par leur légume à peu près globuleux et monosperme, qui 
reste renfermé dans un calice fendu au sommet; on peut y ajouter le 
Baumetti, désigné par De Canporre comme une espèce encore mal 
connue, et que j'ai vu au jardin de Turin; sa tige est grêle, sa fleur 
jaune est très-petite, et ses légumes monospermes ridés et tout-à-fait 
saillants, s'ouvrent en deux valves aplaties, qui mettent à découvert 
une semence à embryon recourbé et allongé en pointe. 

Les Melilots forment un genre très-naturel, dont les espèces, fort 
rapprochées et presque homotypes, s'étendent dans l'Europe cen- 
trale, et jusque dans l'Asie ; aucune ne se trouve dans le Nouveau- 
Monde. 

Leur caractère est bien moins tiré de la fleur que de l’organisation 
générale, qui consiste dans des feuilles épaisses et un peu glauques, 
des fleurs petites, nombreuses, disposées en longues grappes unila- 
térales, des légumes courts, arrondis, souvent penchés, toujours 
paucispermes et chargés extérieurement de bosselures, de rides ou 
de nervures arquées, selon les sections ; les grappes ne sont unilaté- 
rales que par l'effet de la lumière , ou ce qui est la même chose par le 
contournement des pédicelles placés naturellement de tous les côtés 
du pédoncule commun; les fleurs sont déjetées dans toutes les espèces 
dont l'inflorescence est en grappe spiciforme ou allongée, et l'on peut 
remarquer que c’est sous l’étendard fortement incliné que s'ouvre, 
à l'époque de la fécondation, la carène qui montre alors à découvert 
les étamines et le pistil. 

Les légumes ont une structure singulière, qui provient sans doute 
de l’irrégularité de leur croissance ; quand le péricarpe a été arrêté 
dans son développement en largeur, les rides sont longitudinales ; 
quand c'est en longueur, elles deviennent transversales; lorsque le 


— 101 — 

centre s'est plus étendu que les bords, elles prennent une forme 
arquée, et enfin lorsque la croissance a été comprimée dans tous les 
sens, le péricarpe reste tuberculé et caverneux.- La même espèce a 
toujours le même légume, sans doute parce que la force qui préside 
au développement est organique et constante ; du reste, la confor- 
mation de ces légumes ne peut, je crois, déterminer les sections, 
qu'autant qu'elle est accompagnée d’autres caractères ; car j'ai vu le 
légume du Mélilot commun dans des terrains riches perdre à peu près 
toutes ses rides. 

Ces légumes ont régulièrement deux ovules placés l'un à côté de 
l’autre, dans le sens de la longueur, et attachés aux deux-bords de 
la suture; mais il arrive souvent qu’un des deux avorte,. surtout 
dans certaines espèces et que les graines se sèment avec le légume 
exactement fermé; toutefois dans l'Arvensis, et sans doute aussi dans 
quelques autres, le légume s'entrouvre par sa suture supérieure, Ce 
qui dépend sans doute de ce que le pédoncule n’est pas articulé. 

Les cotylédons sont elliptiques et légèrement pétiolés; la première 
feuille est simple, arrondie, presque toujours plus large que longue; 
la seconde est déjà trifoliolée; les semences sont lisses et un peu tri- 
quètres; la radicule est saillante, et l'hilus très-marqué. L’efflorescence 
générale est centrifuge, et la tige principale s’épanouit avant les 
rameaux, mais la particulière est centripète; les fleurs, disposées 
primitivement en grappes régulières , se tournent ensuite d'un même 
côté, d'abord droites, ensuite horizontales; elles s'inclinent enfin, 
et restent pendantes comme les légumes. La fécondation commence 
dans l'intérieur de la nacelle, qui s‘entr'ouvre pour mettre à découvert 
le stigmate et les anthères, lesquelles ne tardent pas à sortir en même 
temps que l'étendard se renverse; le stigmate est une petite tête 
papillaire, entourée d'anthères semblablement conformées. 

Les feuilles ont la structure et les mouvements de celles des Trigo- 
nelles et des Medicago ; les tiges sont élevées, cylindriques, ordi- 
nairement striées, et les grappes non développées ont souvent leurs 
sommités pendantes. Ce qui reste à expliquer ici c'est l'influence du 
nectaire sur la fécondation. 

Les Mélilots ont une saveur un peu vireuse, mais leurs grappes 
fleuries répandent une agréable odeur, et attirent beaucoup les 
abeilles; ils se plaisent dans les terrains frais, le long des rivières et 
sur les bords des champs, où ils se font remarquer par l'élégance de 
leur port, la beauté de leur feuillage et la disposition unilatérale de 
leurs nombreuses fleurs. Sans doute que la disposition latérale de ces 
fleurs, et les mouvements uniformes de leur étendard et de leur 
carène, indiquent un mode uniforme de fécondation. 


=. 408 — 


CINQUIÈME GENRE. — Trifolium. 


Le Trèfle à un calice tubulé, persistant, quinquéfide et non glan- 
duleux, une carène plus grande que les ailes et l’'étendard, des 
étamines diadelphes, un légume petit, presque toujours indéhiscent, 
monosperme ou disperme , et recouvert par le ealice. 

On peut diviser ce genre en sept sections : 

1° Les Zagopus; fleurs sessiles , réunies en épi oblong et dépourvu 
de bractées à la base, calice velu, non renflé à la maturation et ren- 
fermant le légume; 

2° Les Phleastrum ; fleurs en tête légèrement allongée, calice non 
renflé à la maturation; 

3° Les Futriphyllum ; fleurs en tête pédonculée ou sessile et sou- 
vent garnie de bractées, calice velu et non renflé à la maturation ; 

4° Les Trifoliastrum; fleurs en tête globuleuse, pédonculée ou 
sessile, et souvent réfléchies après la fécondation, calice non renflé; 

5° Les Vesicastrum; fleurs en tête serrée, lèvre supérieure du 
calice recouvrant le légume pendant la maturation , feuilles nervées ; 

6° Les Lupinaster; fleurs à pétales coriaces, agrandis, persistants, 
blancs ou roses, divisions du calice subulées et redressées, feuilles 
coriaces et nervées, ovaire stipité ; 

7° Les Chronosemium ; fleurs en tête ovale et pédonculée, pétales 
scarieux, jaunes, réfléchis, persistants et souvent roussâtres après 
la fécondation, légume stipité dans le calice. 

PREMIÈRE SECTION. Les Lagopus, qui, à l'exception du Rubens, 
sont tous annuels, comptent dans le Prodrome à peu près dix-huit 
espèces, dont plusieurs sont encore mal déterminées , et que je sépare 
en trois types : le premier est celui du Rubens, de nos collines et des 
lisières de nos bois, plante également remarquable par ses grands épis 
pourprés, ses larges stipules, ses feuilles lisses, consistantes et den- 
ticulées, ainsi que par les poils qui recouvrent les longues divisions 
de son calice ; le second, formé principalement de l’{ncarnatum, du 
Purpureum et de V Arvense , qui fleurit dans nos champs après la mois- 
son, se distingue à ses épis allongés et velus, dont les divisions calici- 
nales sont droites et très-aiguës; enfin le troisième est celui des espèces 
à épis raccourcis, et plus ou moins globuleux, dont les divisions 
calicinales se recourbent et se roidissent pendant la maturation; 
telles sont le Pleoides, l'Echinatum , le Lappaceum et V Erinaceum , 
dont le calice est aplati et formé de poils à son ouverture. 


Ces plantes, qui appartiennent en grand nombre au midi de l'Eu- 


— 103 — 


rope, ont toutes la corolle monopétale et le légume monosperme. 
B’Incarnatum, dont la fécondation est intérieure, comme dans le 
reste du genre, a ses anthères égales chargées d'un pollen granuleux 
et brillant, un stigmate verdâtre, cylindrique, papillaire et recourbé 
en dedans; ses calices, aplatis vers le‘sommet du tube, se détachent 
pendant la maturation, et se sèment avec la graine, comme aussi, 
je crois, ceux du reste de la section. 

DEUXIÈME SECTION. Les Phleastrum, dont on connaît quatre espèces 
toutes européennes et annuelles, sont de petites plantes à fleurs réunies 
en-tête courte, et enveloppées d’une bractée dilatée; la plus com- 
mune est le Scabrum, qui forme de petits gazons sur nos pelouses, 
et dont les têtes florales sont serrées et un peu allongées. A la fécon- 
dation, il étale son étendard blanc, qui se replie ensuite pour tou- 
jours, et pendant la maturation, son calice monosperme s’aplatit, en 
même temps que ses lobes se roidissent. Les autres espèces, homo- 
types à la précédente, sont le Bocconi et le Tenuifolium, de l'Italie 
et de l'Europe australe; enfin le Striatum de l'Europe moyenne, dont 
le calice strié se renfle à la base, se ferme et s’aplatit au sommet, et 
dont le légume disperme est entièrement découvert, parce que les 
dents du calice s’étalent pendant la maturation. On peut y ajouter, je 
pense, le Saxatile, des Alpes de la Suisse et de l'Italie, plante vivace, 
qui a tout-à-fait le port du Trifolium lagopus arvense, mais dont les 
fleurs, disposées en petites têtes velues et involucrées, ont un calice 
à peu près régulier, qui ne se déforme point, et renferme une seule 
graine nue avec laquelle il se sème. J'ai observé plusieurs pieds du 
Striatum; dont le légume fort saillant hors du calice avait ses deux 
valves à demi ouvertes, avec un prolongement foliacé , et j'ai appris 
que cette déformation avait souvent lieu en automne. 

TROISIÈME SEGTION. Le principal groupe des Eutriphylles est celui 
des Trèfles communs, qui se reconnaissent à leurs racines fibreuses 
et vivaces, à leurs tiges touffues, à leurs feuilles élargies, à leurs 
stipules grandes et membraneuses , et enfin à leurs fleurs presque 
toujours purpurines; sous ce type viennent se ranger l'4/pestre , qui 
a-les fleurs du Pratense et les feuilles consistantes du Rubens ; le Me- 
dium , des forêts de l'Europe, à tiges divariquées et têtes solitaires ; le 
Bracteatum, de Maroc, à têtes solitaires et un peu coniques; le 
Noricum , de la Carinthie, à fleurs jaunâtres , et calices agrandis; le 
Paillidum et le Diffusum, de la Hongrie ; le Pensylvanicum , de Y Amé- 
rique septentrionale, qui a les tiges divariquées du Medium et les têtes 
solitaires ; le Pratense, à capitules géminés; l'Ochroleucum , à feuilles 
molles, têtes nues, jaunâtres et quelques autres encore, comme 


— 104 — 

l'Albidum, etc., qui ne sont guère que des variétés. Ces plantes ont 
presque toutes la corolle monopétale et marcescente, les dents du 
calice allongées et velues, le légume monosperme et adhérent au fond 
du calice exactement fermé et ordinairement aplati à son ouverture 
un peu ciliée et dentée, comme dans l'Ochroleucum. J'ai remarqué 
que, dans le Pratense et le Medium, le légume était operculé et ouvert 
au sommet, et que cet opercule était formé par l'enveloppe du légume 
amincie, et détruite à sa base, où la graine était suffisamment pro- 
tégée par le tube du calice. J'ai vu, dans l'Ochroleucum , ce même 
tube portant sur ses parois intérieures sept ou huit petites lames 
ligneuses, qui faisaient les fonctions de l'enveloppe à peu près éva- 
nouie du légume; ce qu’on peut retrouver plus ou moins dans la 
plupart des espèces monospermes ; et enfin je noteici, d'après les 
auteurs, que le Diffusum a un légume disperme, qui se rompt 
transversalement. 

Le secend groupe de la même section comprend les espèces an- 
nuelles à têtes globuleuses, à tiges diffuses et fleurs souvent blan- 
châtres, dont les dents allongées et velues du calice recouvrent et 
protégent les légumes pendant la maturation. Ce type, dont les prin- 
cipaux représentants sont le Cherlert, le Sphærocephalon, le Globo- 
sum et l'Oliverianum, dispersés sur les bords de la Méditerranée, 
présente quelques phénomènes physiologiques qui lui sont propres ; 
ainsi, dans le G/obosum ou le Libanoticum, de la Syrie et de l'Italie : 
les fleurs supérieures dépourvues de corolle et d'organes sexuels, et 
réduites à des calices à lanières velues, se réfléchissent après la fécon- 
dation; les calices des autres fleurs se déjettent également en s’allon- 
geant sur leurs pédicelles et ceux des fleurs supérieures, dont les 
lanières velues se sont fortement divariquées, forment enfin, par leur 
ensemble, des capitules velus, penchés et arachnoïdes, qui servent 
à protéger la maturation des fleurs inférieures, et à répandre leurs 
graines. L'Oliverianum présente à peu près les mêmes apparences ; 
mais, dans le Cherleri, les capitules enveloppés de deux larges brac- 
tées, et tout recouverts de poils, se rompent à la base. Les graines 
qu'ils renferment se sèment toutes ensemble, enveloppées à leur nais- 
sance par le capitule. 

Le troisième type est formé du Clypeatum, du Stellatum, du Leu- 
canthum , du Reflexum, et peut-être encore d’autres espèces annuelles 
et méditerranéennes, dont le calice a ses lobes réfléchis à la matura- 
tion, et son entrée garnie de poils blanchätres, du milieu desquels 
sortent, par une fente, les légumes ou les graines toujours solitaires. 
Ces plantes ont une contexture lâche et une courte durée; la plus 


— 105 — 
remarquable est le Clypeatum, à stipules foliacées, corolle monopé- 
tale, très-allongée et calice à cinq divisions inégales et étalées après la 
fécondation; le légume monosperme est renfermé dans le tube calici- 
nal, toujours plus coriace. On peut considérer l'Ochroleucum, comme 
un passage du premier groupe au troisième. 

QUATRIÈME SECTION. Les Trifoliasires sont composés principalement 
de deux types; le premier est celui des fleurs en tête, presque toujours 
sessiles et nullement réfléchies après la fécondation; on y range le 
Suffocatum, le Congestum , le Glomeratum, le Parviflorum et le Stric- 
tum, tous annuels et distingués par leurs légumes dispermes, leurs 
petites fleurs blanchâtres, rapprochées en capitule dense et quelquefois 
apétales, comme dans le Suffocatum. Le second comprend les espèces 
vivaces et gazonnantes, à fleurs blanches ou rougeâtres, à légume 
disperme, trisperme ou même tétrasperme ; la principale est le Repens, 
répandu dans toute l'Europe, et auquel on associe le Cespitosum, le 
Montanum , YHybridum, formé, dit-on, des deux précédents, le 
Michelianum, Y Elegans, le Pallescens, VIsthmocarpos, à légume 
étranglé, du Portugal, et quelques autres encore, originaires comme 
les précédents de l'Europe méridionale et centrale. Ces plantes, comme 
on peut le voir dans le Cespitosum et le Repens, ont leurs pédicelles 
d'autant plus longs qu’ils sont placés plus haut; en sorte que ces der- 
niers, en se déjetant, recouvrent entièrement les autres, arrangement 
remarquable et contraire à l’organisation générale des fleurs disposées 
en épi. 

On reconnaît facilement les Trifoliastres de notre second type à 
leurs capitules divisées, pendant tout le cours de la floraison, en deux 
parties distinctes; l'inférieure, à fleurs fécondées et réfléchies, la 
supérieure, à fleurs non fécondées et droites ; les premières ne se 
redressent plus, ni par l'humidité, ni par la sécheresse. 

Le Repens, ainsi que le Cespitosum et la plupart des espèces du 
type, contiennent de deux à quatre graines, dont le légume saillant 
est caché par la corolle, qui subsiste long-temps desséchée; insensi- 
blement ce légume s'articule, en même temps il s'amincit et se fend, 
et les graines, restées à done tombent les unes après les autres. 
Le Michelianum , qui n’est que Fe aun légume stipité, et par 
conséquent saillant ; le Montanum seul a un lésume monosperme qui 
se sème avec sa graine. Le Suffocatum, si ot par ses capitules 
qui s'engagent dans le sable mobile, a les divisions du calice fortement 
réfléchies, et des semences qui sortent nues. 

La Edition est immédiate et intérieure ; le stigmate est une tête 
terminale dans le Repens, et les anthères Le et RE ont leurs 
lobes contournés, 


— 106 — 


ciNQUIÈME SECTION. Les Vesicastrum ou les Frugifera de Koct, 
comptent une douzaine d'espèces, dont une seulement, le Pauperatum 
du Pérou, n'appartient pas à l'Europe, et qui toutes, à l'exception de 
l'Alatum, de la Sicile, sont des plantes annuelles; leur caractère 
général consiste dans un calice d'abord régulier, mais dont la lèvre 
supérieure s'accroît tellement dans la maturation, qu’elle recouvre le 
légume comme une voûte ; mais dans le J’esiculosum et le Spumosum , 
c'est la base entière du calice qui se renfle et devient scarieuse; tandis 
que ses divisions ne subissent aucun changement, et dans le Depaupe- 
ratum , c'est l'étendard qui se renfle après la fécondation. 

Quelques espèces présentent encore des phénomènes qui leur sont: 
propres : dans le Aesupinatum, par exemple, les fleurs extérieures 
sont renversées, C'est-à-dire que leur carène est tournée en dedans, et 
quand on cherche la raison de ce bizarre arrangement, l’on trouve 
que les fleurs intérieures ne s'élèvent avec leur axe, que lorsque les 
extérieures sont fécondées, en sorte que l'ouverture de ces dernières 
est réellement dirigée du côté de la lumière; dans le Subterraneum à. 
tiges couchées, les fleurs fertiles, à peu près quinées sur leurs pédon- 
cules, se déjettent, après avoir été fécondées, et forment, par leur 
réunion, une petite tête arrondie qui, lorsqu'elle a atteint le-sol par 
l'allongement de son pédoncule, pousse de son axe floral des filets, 
qui, en se recourbant, l'entourent en forme de grillage, et se four- 
chent enfin à leur sommet en quatre ou cinq petites-grilles, par les- 
quelles le capitule s’amarre au sol comme une ancre; c’est dans cette 
situation que les semences commencent à germer. J'ai vu des pédon- 
cules recourbés, qui ne pouvaient pas s’enfoncer, parce que la tige, 
en s'allongeant, les avait jetés sur le bord d'un fossé, pousser pour 
atteindre le sol des filets longs de sept à neuf pouces. 

Les graines varient d'une à quatre, selon les espèces, et leur dissé- 
mination ne s'opère pas de la même manière : dans le Subterraneum , 
où elles sont solitaires, elles s'enfoncent naturellement dans le sol, et 
y germent encore entourées de leur calice; dans le Resupinatum ; et 
toutes celles à lèvre supérieure, agrandie, elles s’échappent par la 
lèvre inférieure, restée ouverte au-dessous de la supérieure: qui 
l’abrite; dans le ’esiculorum et le Spumosum, dont les légumes dis-. 
permes, trispermes ou même tétraspermes, s'allongent au-dessus du: 
tube calicinal, les graines, après avoir perdu leur péricarpe, se font. 
jour à travers les nervures longitudinales du calice cartilagineux à 
demi détruit. Il n’est pas douteux que ces arrangements ne recoïvent, 
dans les diverses espèces , des modifications appropriées à leur orga- 
nisation particulière. 


Ms — 
sixième sEcrion. Les Lupinaster forment sept à huit espèces dis- 
persées en Europe, en Asie et même en Amérique, et qui paraissent 
appartenir à différents types; ce sont des plantes à demi ligneuses, à 
feuilles dures et nervées, à fleurs grandes, membraneuses , rouges, 
blanches, jaunes etlégumes stipités, presque toujours polyspermes; trois 
d’entre elles, l Uniflorum, le Gussoni et\ Alpinum, sont européennes ; la 
dernière, quiest la plusrépandue,asesrhizomes profondément enfoncés 
en terre, et se développant toujours du sommet, parce que les fleurs 
sont portées sur des pédoncules latéraux, qui sortent du milieu des 
feuilles desséchées de l’année précédente; les feuilles plissées et char- 
gées sur leur face infère de glandes blanchâtres, ont sans doute les 
mouvements des espèces communes, puisque Parras l'affirme de 
l'Hedysaroides, qui est un Lupinaster de la Sibérie; l'étendard se 
relève pendant la fécondation, et se déjette ensuite, et la carène 
s'entr'ouvre en mettant à découvert la petite tête papillaire et re- 
courbée du stigmate entouré d’anthères étalées en éventail; mais le 
calice ne subit aucun changement dans le cours de la maturation, et 
son légume disperme et un peu bosselé se montre en dehors, et 
s'ouvre sans doute pour répandre ses semences. Le Lupinaster de la 
Sibérie est remarquable par ses feuilles à cinq folioles, renfermées 
dans des stipules membraneuses, et par ses fleurs roses, pédonculées, 
axillaires et réunies en tête nue ; le Megacephalum du Missouri, a ses 
feuilles septénées, les calices plumeux et les légumes à peu près 
tétraspermes. 

SEPTIÈME SECTION. Les Chronosémes, qui forment une section très- 
distincte, comptent environ dix espèces, la plupart originaires de 
l'Europe centrale, et répandues dans nos champs et quelquefois dans 
nos montagnes, où elles se conservent-par leurs racines; elles appar- 
tiennent au même type, et sont tellement semblables, que plusieurs 
ont été considérées comme de simples variétés. On les reconnait facile- 
ment à leurs fleurs jaunes, pédonculées et disposées en tête un peu 
allongée, à leurs feuilles amincies , glaucescentes , denticulées et ailées 
comme celle des Mélilots. Gaupix les partage en deux groupes : celui 
où la foliole terminale est pétiolée , et cetui où elle est sessile ; on peut 
ensuite distinguer les espèces de ces deux groupes, par la forme de leurs 
stipules, et les dimensions de leurs capitules. 

A mesure que les fleurs inférieures sont fécondées, elles se déjettent, 
et prennent une teinte livide; en sorte que le capitule entier paraît 
alors formé de deux parties séparées; l'inférieure brune et foncée, et la 
supérieure d'un beau jaune; en mème temps, l’étendard, d'abord 
plissé en deux et redressé, se penche en voûte concave et repliée sur 


— 108 — 


les bords pour protéger le légume, qui, à l'époque de la dissémination; 
tombe avec le calice et la fleur scarieuse et desséchée. 

La plupart des Chronosemes sont annuels, et leurs légumes mono- 
spermes à style persistant, sont presque toujours pédicellés et saillants; 
toutefois le Filiforme est ordinairement disperme. 

Les Trefles abondent principalement en Italie, en Espagne, dans la 
France méridionale et sur les deux côtes de la Méditerranée; plusieurs 
s’'avancent même jusque dans l'Europe centrale; mais ils deviennent 
toujours plus rares à mesure qu'on arrive à des latitudes plus élevées, : 
et le plus reculé de tous est, je crois, le Polymorphe du détroit de 
Magellan. 

Ils diffèrent peu dans leur végétation ; leurs racines, rhizomatiques 
dans les Lupinastrum, sont presque toujours fibreuses et à peu près 
dépourvues de spongioles ; leurs tiges, redressées ou couchées, sont 
souvent gazonnantes dans les espèces vivaces, telles que le Repens, le 
Cespitosum , etc. ; leurs folioles, ailées dans les Chronosemes, et palmées 
dans les autres, sont souvent tachées vers le centre, et accompagnées 
de stipules membraneuses destinées à recevoir et à protéger les feuilles 
et les fleurs non encore développées. 

L'inflorescence en tête, en grappe ou en épi, est toujours centri- 
pète ; les fleurs, presque toujours monopétales par soudure, ont un 
étendard agrandi, qui recouvre la carène, et les ailes ordinairement 
adhérentes dans une partie de leur longueur ; la corolle se dessèche et 
ne tombe que tard, ou même ne tombe qu'avec les graines, excepté 
toutefois dans les calices étoilés ou renflés, desquels elle se sépare assez 
promptement. 

Les fleurs ne sont jamais unilatérales, comme celles des Mélilots , et 
leurs grappes sont aussi bien garnies du côté éclairé que du côté 
opposé; les fleurs opposées de la double tête du Trifolium pratense 
s'ouvrent en face les unes des autres, et ne se dirigent vers la lumière 
que sur leurs bords. 

Ces fleurs sont protégées de différentes manières dans leur jeunesse; 
plusieurs, comme celles du Pratense, du Medium, de V Ochroleucum , 
du Cherleri, eic., sont alors cachées dans l'intérieur de bractées 
élargies et creusées en godet ; tandis que, dans le Cespitosum, le 
Repens, le Montanum, les Vesicastrum et les Chronosemes, ces 
bractées manquent totalement, ou sont remplacées par d’autres beau- 
coup plus petites qui accompagnent chaque fleur séparée. Les divisions 
du calice ne sont pas moins variables que les bractées : dans le Mon- 
tanum , elles sont à peu près égales ; dans le Repens, les supérieures 
sont plus grandes que les autres ; dans l'Ochroleucum , ce sont les infé- 


— 109 — 


rieures; dans le Pratense, le Medium et les espèces voisines, les divi- 
sions inférieures sont de bonne heure si allongées, qu’elles forment 
comme un grillage autour de la tête florale non encore développée. 
On peut remarquer en passant que les dimensions relatives de ces 
bractées et de ces divisions calicinales sont en rapport avec les besoins 
de la plante. 

Le nectaire des Trèfles est placé à la base de l'ovaire, du côté de 
l'étamine libre et du côté de l’étendard sur lequel s'incline toujours le 
stigmate ; il est rempli d'une humeur miellée plus ou moins abon- 
dante, selon les sections, et quelquefois selon les espèces; mais pour 
savoir à quel point il concourt à la fécondation, il faut observer sous 
ce rapport la structure de la fleur dans ses divers types. 

A l’époque de l'épanouissement, l'étendard se relève ou se déplie, 
comme dans l Ochroleucum et le Montanum , et les anthères répandent 
leur pollen sur le stigmate qui est une petite tête glutineuse, rejetée 
contre l’étendard ; ce mouvement très-apparent dans les grandes 
espèces, est plus incertain dans celles qui, comme le Subterraneum, etc., 
cachent à la lumière leurs petites fleurs. 

Les feuilles des Trèfles, comme celles des genres voisins, relèvent 
leurs folioles le soir et les rabaissent le matin ; ce mouvement n’est 
jamais plus marqué que lorsque la plante est jeune, et il diminue 
insensiblement à mesure qu'elle vieillit; il est évidemment déterminé 
par l’action de la lumière, car toutes les fois que j'ai placé des Trèfles à 
l'obscurité, aux heures mêmes les plus chaudes du jour, j'ai vu leurs 
folioles se fermer, comme je les ai vues s'ouvrir le matin, malgré la 
pluie ou l'humidité de l'air. J'ai voulu, de plus, déterminer jusqu'à 
quel point la chaleur concourait avec la lumière aux mouvements de 
ces feuilles, et tant que je Les ai laissées à la chaleur, avec peu ou point 
de lumière sensible, elles sont restées immobiles, tandis que, lorsque 
je les ai rapprochées de la simple lumière d'une lampe, elles se sont 
étendues horizontalement comme par ressort; j'ai examiné ensuite 
l'articulation elle-même, et j'ai vu les vaisseaux séveux et les trachées 
passant par son centre , enveloppés d’une substance homogène, com- 
pacte, à demi transparente et comme cornée ; c'est là sans doute que 
réside cette force qu'on pourrait appeler musculaire, et c'est à l'im- 
pression que la lumière produit sur cette substance que doivent être 
attribués, je crois, la plupart des mouvements variés des feuilles ; 
car celles qui sont susceptibles de mouvements semblables, ont des 
articulations renflées, comme on peut le voir surtout dans les Mimosa. 

Les formes variées que présentent les nombreuses espèces de Tre- 
Îles dépendent principalement des dimensions de leurs pédoncules : 


— 110 — 


lorsque celui-ci s’allonge insensiblement comme dans les Lagopus, les 
fleurs se présentent sous la forme d'épis nus à la base; mais lorsqu'il 
est raccourci et peu sensible, ces mêmes fleurs deviennent une tête 
simple ou double, ordinairement enveloppée de stipules scarieuses 
et agrandies, qui jouent le rôle de bractées; quelquefois, comme 
dans la section des Trifoliastres, des Chronosemes , etc., ces pédon- 
cules filiformes ne prennent à peu près aucun accroissement dans la 
fécondation et la maturation , en sorte que les fleurs restent toujours 
disposées en têtes plus ou moins cylindriques et serrées ; alors, pour 
que la maturation n’en soit pas dérangée, les fleurs, à mesure qu’elles 
sont fécondées, se déjettent; en sorte que le capitule paraît comme 
coupé en deux parties; l'inférieure; formée de toutes les fleurs fécon- 
dées, et la supérieure, de toutes celles qui ne sont pas encore ouvertes. 
On remarque même, comme je l'ai déjà dit, que les fleurs supérieures 
du Repens et du Cespitosum , ont leurs pédicelles allongés, afin d'être 
plus sûrement déjetées; c'est ainsi que la nature arrive.à son but par 
des moyens que nous aurions eu de la peine à imaginer. : 

Mais c'est surtout dans ses précautions pour assurer la maturation 
des légumes et la dissémination de leurs graines, qu'elle s’est plu à 
développer ici ses nombreuses ressources; elle aurait pu arriver à son 
but d'une manière uniforme, comme dans la plupart des plantes; 
mais elle a préféré l’atteindre autrement. Dans les Lagopus, dont les 
fleurs sont disposées en épi, elle s’est contentée d'allonger les divi- 
sions extérieures du calice, qu'elle a recouvertes de grands poils; 
dans quelques Æutriphylles, elle a réuni les fleurs en tête, et les a 
abritées par les divisions recourbées de ce même calice; dans d'autres, 
au contraire, elle les a étalées en rosette, mais alors elle a fermé 
l'entrée du tube par des poils épais et blanchâtres; dans les Trifolias- 
tres , les dents du calice s'endurcissent quelquefois, tandis que le 
tube se resserre; mais, pour l'ordinaire, les fleurs, après la fécon- 
dation, se déjettent, et le légume reste caché sous les pétales dessé- 
chés ; dans les Vesicastres, les calices se renflent et se fermert 
exactement; et cette dilatation, qui a lieu de diverses manières, se 
produit surtout par le prolongement de la lèvre supérieure; enfin 
dans les Chronosemes , Yétendard , après la fécondation, s’'arrondit 
en voûte, et se couche horizontalement sur les calices, comme une 
lame scarieuse, qui persiste jusqu’à la dissémination. 

Au milieu de ces dispositions générales, plusieurs espèces offrent 
de plus des phénomènes qui leur sont propres ; tels sont le Suffoca- 
tum, le Congestum et le Cherleri, dont les fleurs se sèment sans se 
séparer; tel est le Polymorphum , du détroit de Magellan, dont les 


— ii — 


léeumes s'enfoncent en terre pendant la maturation; le Globosum , de 
la Syrie, dont les fleurs supères et stériles ne donnent que des houppes 
de poils, qui enveloppent et protégent les autres ; tel est le Resupina- 
tum, dont nous avons déjà parlé, et dont les pédicules extérieurs se 
tordent pour que leurs fleurs soient renversées; tels sont le V’esica- 
rium et le Spumosum , dont les calices renflés et réticulés à la base se 
fendent en lanières pour donner issue aux graines; tel est enfin le 
Subterraneum, que j'ai décrit en détail, et dont la dissémination est 
encore plus remarquable que celle des autres, et l’on peut dire, en 
général, que chaque espèce, examinée séparément, offre, dans sa 
maturation et sa dissémination, des arrangements qui ne s'appliquent 
pas entièrement aux autres. 

La germination des Trefles ressemble à celle des Melilotus et des 
Medicago : les cotylédons, charnus et saillants hors du sol, s’écartent 
horizontalement pour donner issue à la plumule, dont la première 
feuille est simple, arrondie et redressée comme un étendard ; les 
graines , presque toujours jaunâtres ou brunâtres, et plus ou moins 
ovoïdes, ont ordinairement leur radicule saillante, et dans les espèces 
monospermes, elles restent renfermées dans leur calice, où elles 
germent mieux que lorsqu'elles ont été semées à nu, comme on peut 
le vérifier dans l’/ncarnatum et le Pratense , etc. 

Les Trefles font une des principales parures de nos campagnes par 
leurs feuilles verdoyantes ou gazonnantes, ainsi que par la variété de 
leurs fleurs ; ils tapissent également les sommets de nos montagnes, 
où its fleurissent pendant tout l'été, et ils forment une des bases les 
plus importantes de la nourriture des troupeaux, qui les recherchent 
de préférence; il n'y a rien de si agréable à la vue que les champs de 
l'Italie méridionale , recouverts au printemps de ces tiges fleuries du 
Trefle incarnat, et de si riche en végétation dans l'Europe tempérée 
que ces touffes purpurines du Pratense. Les autres espèces, sans jeter 
le même éclat, sont loin de mériter notre dédain ou notre indiffé- 
rence, comme on a pu le voir par les détails dans lesquels je suis entré. 


SIXIÈME GENRE. — Dorycnium. 


Les Doryenium ont le calice bilabié, légèrement campanulé et un 
peu renflé sur le côté supérieur, les ailes plus courtes que l’étendard, 
souvent renflées dans le milieu et cohérentes au sommet, une nacelle 
un peu obtuse, un style droit, un stigmate en tête, des étamines 
alternativement dilatées au sommet, un légume presque toujours 
bivalve, renflé et plus long que le calice. 


— 112 — 


Les Dorycnium , circonscrits d'abord par Linxé à un petit nombre 
d'espèces, sont plutôt réunis entr'eux par des caractères artificiels, 
que par une organisation commune ; ce sont des herbes presque tou- 
jours vivaces, ou des sous-arbrisseaux dont les fleurs, souvent blan- 
ches ou rougeûtres, sont réunies en tête, et dont les stipules ont 
ordinairement la forme des feuilles. Je les range sous trois types : 

Le premier , formé des anciens Lotus, comprend principalement 
quatre plantes vivaces ou même sous-frutescentes, à tiges droites, 
touffues, velues ou tomenteuses , feuilles élargies, pédicelles souvent 
laineux, fleurs en tête d'un blanc rose, légumes saillants, cylindri- 
ques, polyspermes et déhiscents ; les deux européennes sont le Rec- 
tum et l'Hirsutum, qui, dans le mois de juin, forment, sur les bords 
de la Méditerranée , des touffes pleines de fraicheur, relevées encore 
par l'éclat de leurs fleurs; les deux autres appartiennent à l'Orient. 

Le deuxième type renferme quatre plantes velues, dont trois an- 
nuelles, originaires de l'Espagne, et qui ont leurs pédoncules 
axillaires et leurs fleurs jaunes, peu nombreuses, disposées en manière 
d’ombelle; je ne les ai pas vues vivantes. 

Enfin le dernier, ou celui des Dorycnium de Linxé, est compris 
sous deux espèces très-rapprochées, le Suffruticosum, à tige dure, 
légèrement frutescente, et l'Herbaceum , à racine vivace ; elles diffè- 
rent des autres par leur consistance; leur légume globuleux et mono- 
sperme dans la première, ovale, allongé et disperme dans l’autre, et 
on les reconnaît à leurs jolies fleurs blanches, tachées de pourpre et 
disposées en ombelles, ainsi qu’à leur involucre régulier, mais très- 
petit. On cultive dans les jardins botaniques une espèce intermédiaire, 
ou plutôt une variété sous le nom d’/ntermedium. 

L'inflorescence des Dorycnium est un verticille d'un ou deux rangs 
souvent terminés par une tige avortée; les fleurs , d'abord redressées, 
s'étalent ensuite horizontalement en forme d'ombelle, et cette dispo- 
sition continue pendant la maturation, où les légumes cylindriques 
sont encore verticillés. 

Les feuilles trifoliolées sont presque toujours sessiles, et leurs 
stipules , tout-à-fait semblables aux folioles, leur donnent une appa- 
rence quinée ; elles sont palmées, et non pas ailées, et leurs mouve- 
ments ne ressemblent pas à ceux des Medicago; elles s'étalent, il est 
vrai, horizontalement pendant le jour ; mais la nuit elles se resserrent 
contre la tige, qui parait alors comme feuillée; lorsque la foliole 
centrale est un peu pétiolée, ce qui arrive quelquefois, elle se relève 
légèrement; les folioles, dans le Su/fruticosum, sont condupliquées. 

Les fleurs ont les ailes enflées, la carène légèrement obtuse, et les 


— 113 — 


anthères égales, à pollen granuleux ; le stigmate est une tête allongée, 
glutineuse et non papillaire ; la fécondation s'opère intérieurement , 
après que l'étendard s'est relevé, et que les ailes se sont légèrement 
écartées ; la corolle persiste long-temps, et le style se dessèche sans 
tomber. 

Les légumes sont cylindriques et ‘généralement polyspermes, 
excepté dansleSuffruticosum, où ils sont monospermes et indéhiscents, 
quoiqu'à deux valves distinctes; dans les autres, les valves se roulent 
de manière à lancer en dehors deux à huit graines sphériques, noires 
et marquées d'une large cicatrice blanche; les pédoncules se rompent 
ensuite irrégulièrement. 

La germination des Dorycnium ressemble à celle des vrais Lotus ; 
la première feuille a un pétiole court, et terminé par trois folioles 
légèrement roulées sur leurs bords, et non pas appliquées, comme 
celles des Trefles, sur leurs nervures moyennes; dans l’Hirsutum , 
elles ne sont ni roulées ni plissées, mais elles sont seulement appli- 
quées les unes contre les autres; c'est pourquoi Kocu a fait de cette 
espèce le genre Bonjeania, qu'il distingue par son calice quinquéfide, 
sesaileslibres , sa carène obtuse, son légume allongé, coriacé et divisé 
intérieurement en cloisonstransversales et papyracées. 

Les Dorycrium sont presque tous des plantes à tiges dures et eff- 
lées, leurs feuilles velues et comme soyeuses dans les deux premiers 
types, sont lisses dans le troisième, et leurs fleurs toujours axillaires, 
sont quelquefois accompagnées de bractées; ils habitent le bassin de 
la Méditerranée, où les espèces à fleurs blanches et roses sont très- 
répandues; les bords des chemins et des prairies sont souvent em- 
bellies par le Rectus ou l’Hirsutus de notre premier type, et l'on voit 
sans cesse les rochers recouverts des buissons du Suffruticosum , si 
remarquable par sa grâce et son élégance. 


SEPTIÈME GENRE. — Lotus. 


Le Lotier a le calice tubulé et quinquéfide, les ailes un peu renflées 
et conniventes par le bord supérieur, la carène terminée en bec, le 
légume cylindrique ou aplati, et jamais ailé, le stigmate tubulé, et 


les cinq étamines supérieures renflées en massue dans le voisinage des 
anthères. 


On le partage en trois sections : 

1° Les Xrokeria ; légume enflé et recourbé ; 

2° Les Lotea ; légume long et aplati, fleurs presque en ombelle; 

3° Les Eulotus ; légume cylindrique et allongé, fleurs en corymbe. 


II, 8 


— 114 — 

Les Xrokeria ne renferment que le Lotus edulis, de l'Europe australe 
et de la Barbarie, à fleurs jaunes -axillaires, solitaires et quelquefois 
géminées, à carène pointue et pourprée au sommet; ses légumes 
épais, courbés, et comme divisés en deux loges par la flexion de la 
suture supérieure, portent dans leur jeunesse deux arêtes longitudi- 
nales, qui s’effacent à la maturité, et qui paraissent semblables aux 
ailes des Tétragonolobes, dont l'Edulis a le port et la durée annuelle ; 
les tiges sont ascendantes, les stipules élargies à la base, et le pétiole 
est chargé de trois folioles palmées; les jeunes gousses sont recher- 
chées pour leur saveur douce, semblable à celle des petits pois. 

Les Lotea se rangent sous deux types : le premier est formé de deux 
espèces annuelles : l'Ornithopodioides, assez répandu dans l'Europe 
australe et le Peregrinus, beaucoup plus rare; ces plantes ont leurs 
tiges velues, molles et diffuses, leurs folioles et leurs stipules à peu 
près ovales, leurs légumes rapprochés en demi-ombelle et recourbés en 
faucille, comme des pieds d'oiseau, et leurs styles persistant en forme 
de griffe; leurs pédoncules, chargés de trois à cinq fleurs unilatérales 
et extérieures, s'abaissent à la fin du jour, en même temps que les 
feuilles se relèvent pour abriter , avec les bractées, la petite ombelle 
pendant la nuit. Ce phénomène, déjà observé par LiNNÉ, se répète 
chaque soir, jusqu'à ce que la fécondation soit accomplie. Une se- 
conde disposition que présente le même Ornithopodioides, est relative 
à la manière dont il se dépouille de sa fleur : le légume, en s'allon- 
geant et en conservant son style endurci, pousse devant lui la nacelle 
et les ailes, qui se détachent ainsi par leur base, en même temps 
que le fourreau des étamines s'ouvre, et laisse sortir un légume 
cylindrique et canaliculé, qui, débarrassé enfin de toute enveloppe, 
représente très-bien, réuni à ceux de la même ombelle unilatérale, 
un petit pied d'oiseau. 

Le second type des Lotea ne renferme que le Tétraphylle , des îles 
Baléares et de la Cyrénaïque, ainsi nommé par Lanwé le fils de l’avor- 
tement d'une de ses deux stipules; mais CAMBEssÉDES , dans sa Flore 
des îles Baléares (Ann. du Musée, v. 14, p. 243), observe que la 
stipule restante nait sur le pétiole, et non sur la tige, comme les 
vraies stipules, et qu’elle est pétiolulée, ainsi que les autres feuilles, 
qui avortent souvent en partie, et sont toujours petites et triangu- 
laires. Cette plante annuelle a les fleurs axillaires , rarement géminées 
et longuement pédonculées , la corolle jaune et l’étendard teint exté- 
rieurement d'un pourpre noir. 

Enfin l’on range encore parmi les Zotea, le Lotus indicus ou la Tri- 
gonella indica de Lané, plante annuelle, à fleurs jaunes, géminées, 


— 115 — 
sessiles, dépourvues de bractées et opposées aux feuilles; les légumes 
aplatis, velus et redressés, sont à peine arqués. 

Les Æulotus se divisent en deux groupes : celui à style denté, et 
celui à style non denté; le premier, que je désigne sous le nom de 
Jacobée, est formé de cinq ou six espèces, originaires de la côte occi- 
dentale de l'Afrique, de Madère, de Ténériffe ou des Acores; on les 
reconnait à leurs tiges demi-frutescentes , ainsi qu’à leurs feuilles de 
forme variée, mais tout-à-fait semblables aux stipules; leurs fleurs, 
d'un jaune soufré, souvent taché d'un pourpre noirâtre, ont les pé- 
tales veloutés, la carène saillante hors des ailes, et souvent percée par 
le style; elles fleurissent presque continuellement dans nos serres, où 
l'on trouve surtout le Lotus jacobea , et où l'on a introduit encore le 
Campylocladus de Ténériffe, à fleurs jaunes, disposées en demi-om- 
belle, style géminé et stigmate en tête capillaire, comme dans le reste 
du type. L'Arenarius, des bords du Tage, qui est annuel, pourrait 
bien ne pas appartenir à ce groupe; mais le Requieni , à cinq pédon- 
cules semi-ombelliformes, a bien tous les caractères du type : des 
stipules articulées, en tout semblables aux folioles, un style géminé 
et une ou deux bractées florales. 

Les Jacobées ont un caractère singulier, et qui indique une origine 
commune, c'est une dent placée sur la partie antérieure du style, et 
qui donne l'idée d'un second style avorté; en effet, on dirait que le 
style était formé primitivement de deux styles soudés à la base, et 
dont le plus petit, celui qui aurait répondu à un second carpelle 
opposé intérieurement au premier, a été tronqué près du sommet, 

Leur fécondation est intérieure, comme celle de la plupart des 
Lotées, et les légumes, légèrement pédicellés, sont entourés à la base 
d'un urcéole nectarifère. 

Les £ulotus du second groupe forment cinq types assez distincts, 
dont quatre sont peu connus; le premier est celui des espèces fru- 
tescentes de Ténériffe, qui paraissent avoir des rapports avec les 
Jacobées, et parmi lesquelles je place le Lotus spectabilis, à feuilles 
pédonculées et arrondies, stipules foliacées et fleurs blanches, dispo- 
sées en ombelle latérale. Cette plante a un calice légèrement bilabié, 
cinq étamines alternes terminées par un renflement glanduleux, un 
légume cylindrique et un stigmate en tête papillaire un peu enfoncée 
dans son milieu; on remarque à l’aisselle des pédoncules une touffe 
de poils blanchâtres, destinés à protéger les nouveaux rameaux, et 
à la base des deux stipules, une articulation qui indique une organi- 
sation semblable à celle des feuilles. 


Le deuxième est celui des espèces annuelles ou vivaces, à feuilles 


203 


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soyeuses, représentées par le Creticus et le Cytisoides , dont les fleurs 
d'un beau‘jaune contrastent agréablement avec la blancheur des 
feuilles ; on peut y ajouter, je crois, le Sericeus , du Missouri, à feuilles 
épaisses, à peu près cunéiformes et velues, dont les stipules, placées à 
peu près sur la tige, ont quelque mouvement sans articulation bien 
marquée, mais dont les feuilles se resserrent contre la tige le soir, 
et s'ouvrent le matin. Je n'ai pas vu les fleurs, qui sont solitaires et 
pédonculées, mais De Cannozze dit qu’elles n'ont qu'une feuille flo- 
rale, ou une bractée, qui ne peut pas les protéger la nuit. 

Le troisième comprend des espèces à tiges annuelles et diffuses, 
fleurs blanches et carène pourprée, comme celle du Dorycnium fru- 
tescent. 

Le quatrième est celui des Corniculés, tantôtannuels et velus comme 
V'Angustissimus, le Diffusus et Y'Hispidus, tantôt vivaces par leurs 
racines, comme le Corniculatus ; ce dernier, qui forme la principale 
espèce du groupe, est tellement influencé par le sol et le climat, qu'il 
se présente sous des apparences qu'on ne peut s'empêcher de consi- 
dérer d’abord comme autant d'espèces : dans les champs arides, toutes 
ses parties s’amincissent et s’effilent; sur les bords de la mer, il prend 
des tiges et des feuilles glauques et épaisses; dans les prairies , le long 
des fossés humides, il s'élève au-delà de trois pieds , et forme alors 
la variété Major, dont Kocu fait une espèce; sur les hautes mon- 
tagnes, ses feuilles et ses tiges sont petites, mais ses corolles sont 
grandes et rougeâtres , etc. Cet exemple doit nous empêcher de dési- 
gner trop facilement comme espèces des plantes qui ne différent pas 
de leurs congénères par une conformation générale. 

Les Lotus, comme les Dorycnium, habitent principalement le bassin 
de la Méditerranée, quoique quelques-uns soient épars dans la Perse, 
l'Arabie, l'Orient, l'Amérique, et jusqu’à la nouvelle Cambrie. Le 
Corniculé, qui est de beaucoup le plus commun, recouvre de ses 
touffes verdoyantes nos champs en friche et nos pâturages, où il fleurit 
une grande partie de l’année. 

Les Lotus ont des tiges cylindriques redressées vu diffuses, mais 
presque jamais tracantes, des feuilles sessiles et des folioles, qui avant 
leur développement , sont plissées en deux et disposées parallèlement ; 
dans le Ciliatus et les espèces voisines, les latérales sont enveloppées 
par la terminale, sans véritable plissement. 

Les folioles, constamment insérées au même point, et articulées à 
la base, se redressent contre la tige à la facon des Dorycnium, et 
accompagnent toujours la fleur qu’elles cachent dans le Lotus arabicus, 
exactement comme dans l'Ornithopodioides, quoique ces deux plantes 


— 117 — 


soient placées, l’une dans les Lotea et l'autre dans les Eulotus, ce qui 
indique que nos sections, de même que nos autres divisions, ne sont 
pas toujours naturelles. Toutefois, dans le Diffusus et les espèces voi- 
sines , les feuilles florales sont trop petites pour abriter les fleurs, et je 
crois que les Jacobées sont dépourvues de bractées qui puissent rem- 
plir cette fonction. 

Les stipules, que quelques auteurs ont considérées comme des 
folioles, varient beaucoup selon les sections, et même selon les 
groupes : dans les Jacobees, elles sont libres, linéaires et articulées à 
la base comme les feuilles, auxquelles elles ressemblent entièrement; 
dans le Corniculatus et les espèces voisines, elles diffèrent assez des 
feuilles, quoiqu'elles conservent une demi-articulation à la base; dans 
l'Ornithopodioides , elles ont à peu près la même forme et sont de plus 
caduques; enfin, dans le Spectabilis , elles ont au contraire une articu- 
lation très-marquée et des mouvements semblables à ceux des feuilles. 
On voit donc qu'ici les stipules sont modifiées selon les besoins de la 
plante. 

Les fleurs, axillaires et toujours tournées du côté de la lumière, 
sont disposées au sommet du pédoncule en une ombelle unilatérale, 
dont les pédicelles sont plus ou moins nombreux, mais qui porte tou- 
jours à sa base trois folioles destinées à l’abriter et à faire la fonction 
d'involucre ; les pétales tombent après la fécondation , et les légumes, 
ordinairement droits et quelquefois recourbés, ont des graines noires 
et sphériques et des valves qui se contournent en sens opposés dans la 
dissémination; les calices ne présentent aucune de ces déviations 
bizarres que nous avons remarquées dans les Trifolium. 

Les Lotiers ont les fleurs qui les font aisément reconnaitre : leurs 
ailes sont renflées, et leur carène pointue et recourbée s'élève au- 
dessus des ailes; l'étendard arrondi est redressé à angle droit; le 
nectaire entoure ja base de l'ovaire, et la carène renferme, pendant 
tout le temps de la fécondation, les anthères dont le pollen est onc- 
tueux et qui sont articulées verticalement sur leur filet et renflées au 
sommet. 

Les fleurs du Lotus corniculatus s'inclinent le soir sur leur pédon- 
cule, de manière à être protégées par l’étendard qui ne se referme 
point; le matin, elles se redressent, et elles continuent ce double 
mouvement jusqu'à ce que la fécondation soit terminée; l'Ornitho- 
podioides, le Peregrinus et V Arabicus, cachent au contraire leurs fleurs 
sous leurs folioles, comme nous l'avons déjà dit; lorsque l'ombelle 
est plus garnie, comme dans le Spectabilis , etc., les pédicelles se con- 
tournent pour mieux exposer leurs fleurs à l'action de la lumière. 


+ 


— 118 — 

Les feuilles primordiales du Lotus sont formées de trois folioles, 
sans apparence de stipules ; et les fleurs jaunes, quelquefois blanches 
ou jaunâtres, verdissent ordinairement à la dessication. 

La fécondation à lieu ici, comme dans les autres papilionacées dia- 
delphes, par l'intervention de l'humeur miellée, qui recoit dans son 
godet le pollen blanchâtre tombé des anthères au fond de la fleur; 
elle est de plus aidée par les renflements duvetés de cinq étamines 
alternes, qui recueillent sur leurs poils le pollen jaunâtre, dont une 
portion sans doute se répand sur la petite tête du stigmate. Ce qu'il 
y aurait ici d'important, ce serait de comparer les mouvements 
qu'exécutent les organes floraux, avec la structure de leurs anthères, 
afin d'en connaître le but, car ils ne sont pas sans doute variés sans 
des motifs qui peuvent très-bien dépendre en partie du temps pen- 
dant lequel s’accomplit la floraison ; ce que j'ai remarqué ici c'est que, 
dans ce grand genre, il n’est à peu près aucune espèce dont la carènene 
soit exactement fermée, et par conséquent ne contienne jusqu’à la fin 

e pollen qui s’accumule principalement à son sommet. 


HUITIÈME GENRE. — Tetragonolobus. 


Les Tétragonolobes ont le calice tubulé et quinquéfide, les ailes 
conniventes et plus courtes que l’étendard, la carène terminée en bec, 
le style fléchi, le stigmate infundibuliforme, terminé plus tard en bec 
crochu et oblique, le légume cylindrique, à quatre ailes foliacées. 

Les Tétragonolobes, réunis autrefois aux Lotus, sont des plañtes 
herbacées , presque toujours annuelles et originaires du bassin de la 
Méditerranée; on n’en connaît encore que quatre espèces, toutes 
homotypes, à folioles pétiolées et non palmées, à stipules sessiles sur 
la tige et non semblables aux folioles; les pédoncules sont axillaires, 
uniflores ou biflores, et constamment munis d’une bractée trifoliolée 
qui varie beaucoup en grandeur. 

Les fleurs sont pourprées et veloutées dans deux espèces, jaunes 
ou jaunâtres dans les”deux autres; celles du Conjugatus, des environs 
de Montpellier, ont de plus un double œil de pourpre clair placé à 
l'extrémité des ailes. 

Ces plantes se distinguent par la forme et la longueur de leur lé- 
gume à quatre ailes, bien marquées dans le Pourpre, de l'Europe 
australe, moins saillantes dans le Biflore, de la Sicile et de la Barbarie, 
plus effacées encore dans le Séliqueux ou le commun, et presque nulles 
dans le Conjugué, de Montpellier; ces ailes ne sont que superficielles; 


et ne correspondent point à des sutures particulières; chaque valve 
en porte deux. 


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Les Tétragonolobes offrent diverses particularités physiologiques ; 
ainsi, par exemple, les feuilles du Siliqueux sont couvertes sur leurs 
deux surfaces de points transparents, qu’on ne voit pas dans les 
autres; les racines du Biflore sont chargées de spongioles; les folioles 
latérales du Siliqueux sont irrégulières, c'est-à-dire partagées par leur 
grande nervure en deux parties, dont la plus étroite est l'intérieure, 
et le calice du Biflore est fendu longitudinalement pour faciliter sans 
doute l'accroissement du légume, 

Lesfleurs des T'étragonolobes sont plus grandes etmoins nombreuses 
que celles des Lotus ; les pédoncules et l'étendard s'inclinent le soir, 
et se redressent le matin; les fleurs s'épanouissent sans se retourner 
vers la lumière , et les feuilles exécutent les mêmes mouvements que 
celles des 7rèfles, des Luzernes , etc. Les folioles sont condupliquées 
et tordues, au moins dans le Séliquosus ; les stipules sont embrassantes, 
élargies, cuédées sur la tige et un peu coriaces à la base; les autHètes 
sont sessiles, à peine Hideliires et presque entièrement plongées 
dans l’empatement du filet ; le stigmate est un globule papillaire, un 
peu languetté et surmonté d’un godet allongé, dont je ne connais pas 
la destination, mais qui me paraît appartenir à toutes les espèces; le 
nectaire est une glande à la base de l'ovaire ; je présume que le stigmate 
canaliculé, ou à peu près bilabié et creux, recoit les émanations que 
lui fournissent les empatements des anthères. 

La fécondation a lieu à l'intérieur, un peu avant l'ouverture de 
l'étendard , le pédoncule est articulé près de la fleur, comme dans les 
Lotus, mais sa fleur est ordinairement solitaire. A la dissémination, 
les siliques s'ouvrent en deux valves, d’abord droites, puis roulées 
en sens contraire, pour faciliter la sortie des semences, dont les unes 
avortent et les autres sont séparées par de fausses cloisons transver- 
sales. 

Les Tétragonolobes sont des plantes rares dans la nature : on ne 
trouve, je crois, le Biflore qu’en Barbarie et aux environs de Palerme, 
la patrie du Conjugue est presque inconnue , le Pourpre n'habite guère 
que la Cyrénaïque et les environs de Nice ; le Si/iqueux , la seule espèce 
vivace, est répandu dans toute l'Europe, quoiqu'il n’abonde nulle 
part. On voit, sur les prairies humides et sur les bords des chemins, 
ses grandes fleurs d’un jaune soufré et non pas orangé, comme dans 
le Biflore, tournant toujours leur étendard du côté du soleil, et le 
Conjugatus a une fleur si brillante qu'il est cultivé dans la plupart de 
nos jardins. 

Les valves des légumes s'ouvrent par la sécheresse et se referment 
par l'humidité ; le fourreau des anthères doit être fendu , pour l’ac- 
croïissement et la sortie du légume. 


— 120 — 
TROISIÈME SOUS-oRDRE. — CLITORIÉES. 


Les Clitorices ont le légume uniloculaire, les étamines ordinaire- 
ment diadelphes, les tiges herbacées ou sous-frutescentes et souvent 
volubles, les feuilles primordiales opposées, à paires semblables. 


PREMIER GENRE. — Psoralea. 


Les Psoralea ont un calice ordinairement glanduleux, tubulé et 
profondément quinquéfide, des étamines diadelphes, dont la supé- 
rieure adhère ordinairement par la base, un légume court, évalve, 
monosperme, souvent terminé par un bec. 

Ce grand genre renferme aujourd'hui plus de soixante espèces, 
distribuées sous quatre groupes un peu artificiels, quoiqu'il soit lui- 
même très-naturel, tant pour la fleur que pour l’organisation générale. 

Le premier est formé d'environ dix-sept espèces ou variétés, toutes 
originaires du Cap, à fleurs faiblement pédonculées dans les aisselles, 
et de plus disposées en tête ou en épi au sommet des rameaux. 

Le deuxième compte dans le Prodrome onze espèces, également 
originaires du Cap, à fleurs longuement pédonculées dans les aisselles, 
et de plus rapprochées en tête ou en épi au sommet des rameaux. 

Le troisième réunit huit espèces disséminées dans l’ancien et le 
nouveau continent, et dont les pédoncules axillaires sont terminés 
en tête ou en épi serré. 

Le quatrième enfin contient dix-huit espèces, dont le grand nombre 
habite l'Amérique nord, et dont les pédoncules axillaires ont leurs 
fleurs en grappe ou en épi lâche. 

Tous ces nombres sont ceux du Prodrome, et ne comprennent pas 
les espèces récemment découvertes. 

Le premier groupe appartient à des plantes peu connues, et dont 
la plus répandue est le Pinnata à pédoncules uniflores et caliculés ; 
ses feuilles ailées, à deux ou trois paires, ont les folioles épaisses , 
étroites et glanduleuses. 

La végétation de cette plante est indéfinie : chaque année les fleurs 
solitaires et d'un bleu violet se montrent dansles aisselles supérieures; 
les feuilles sont protégées à leur naissance par deux bractées lan- 
céolées; les folioles, fortement articulées, sont filiformes, aplaties, 
épaisses, persistantes et marquées de glandes sur leurs deux surfaces 


qui paraissent semblables; les calices se referment, et contiennent 
la semence après la fécondation. 


— 49 — 

Dans l’Aculeata, à fleurs aussi solitaires aux aisselles supérieures, et 
colorées en bleu et en blanc, les feuilles sont trifoliolées, roulées sur 
leurs bords plutôt que plissées, et recouvertes comme les tiges de 
glandes odorantes ; le pédoncule est chargé à sa base de deux bractées 
soudées et amplexicaules, le caïice agrandi reste ouvert, et le légume 
est long-temps renfermé dans le fourreau des anthères. 

Le second groupe renferme des espèces qui n'appartiennent pas au 
même type, et dont la principale, ou le Bracteolata , est un arbrisseau 
à feuilles trifoliolées, sessiles et accompagnées de deux stipules ciliées ; 
sa gaine staminifère est percée à la base de deux ou trois pores par où 
sort l'humeur miellée ; la fécondation est intérieure, et la fleur 
redressée applique le sommet de sa carène contre l'étendard; le stig- 
mate est une petite tête glutineuse. 

Le troisième groupe renferme divers types, dont le plus marqué 
est celui du Palæstina et du Bituminosa, deux espèces européennes à 
peine différentes ; leurs fleurs bleues sont réunies en tête pédonculée ; 
leurs calices pubescents ont les légumes aristés, et la seconde répand 
une forte odeur de bitume, moins sensible dans la première dont le 
calice se renfle à la maturation. 

Le second type de ce même groupe est principalement formé par le 
Mutisii, des environs de Santa-Fé, dont le calice velu est trilobé par 
soudure, et dont l'ovaire est fortement cotonneux au sommet. 

Le dernier groupe comprend aussi divers types, les uns à feuilles 
ailées à plusieurs paires, les autres à feuilles quinées et le grand nom- 
bre à feuilles tritoliolées; la plus connue est peut-être le Welilotoides, 
de l'Amérique nord, dont les fleurs bleues sont réunies trois à trois 
par une bractée promptement caduque; son stigmate en tête, et 
rejeté vers le haut après la fécondation, est plongé dans la poussière 

des anthères ; sa carène est formée de deux pièces distinctes; son 
étendard se relève à la fécondation, et son légume monosperme se 
termine en petite pointe recourbée. 

Les Psoralea , dont les deux premiers groupes sont originaires du 
Cap, sont répandus dans les deux Amériques, les Indes orientales, 
lEgypte, la Palestine, etc.; une seule espèce est indigène dans le 
midi de l'Europe; une autre, le Palæstina, paraît y avoir été trans- 
portée avec les cotons et les laines ; enfin le Dentala se trouve à 
Madère. 

Ces plantes, dont l'organisation est assez semblable, diffèrent beau- 
coup en durée; les unes sont des arbrisseaux proprement dits, les 
autres des sous-arbrisseaux ou même des herbes vivaces; leur consis- 
tance est sèche, dure et demi-coriace; leurs feuilles, d’un vert noir, 


— 122 — 
sont entières sur les bords, et recouvertes de poils blanchâtres ou de 
points noirs et glanduleux, qu'on trouve aussi sur les calices. 

Les pétales, d’un pourpre violet et rarement blancs ou mêlés de ces 
deux couleurs, sont papyracés ; le calice à demi scarieux conserve 
long-temps dans son sein le légume monosperme et souvent terminé 
en pointe aplatie et recourbée, Gærrner observe que cette pointe se 
sépare quelquefois naturellement, mais que le légume lui-même est 
comme incorporé à la semence, dont la radicule saillante est dirigée 
en bas. 

Les pédoncules sont articulés à la base , mais ils restent à pen près 
dans la même position, depuis l'anthèse jusqu’à la dissémination ; les 
feuilles sont ailées, quinées, trifoliolées, palmées ou enfin solitaires 
par avortement; les unes, comme celles du Bracteata , sont réunies et 
par conséquent dépourvues de tout mouvement; les autres paraissent 
plus sensibles, toutes sont condupliquées et ont leurs stipules adhé- 
rentes. 

Pendant la maturation, le calice du Pinnatu s'ouvre en cinq lobes, 
et la graine sort avec son péricarpe desséché, qui ne tarde pas à se 
détruire; au contraire, le péricarpe du Bituminosa devient velu, et à 
la dissémination il forme au sommet une aigrette noire de poils assez 
rudes qui s'étalent, et au moyen de laquelle il sort du calice et se dis- 
perse, comme dans les autres espèces homotypes; dans le Pinnata, 
au contraire, le légume est entouré d'une enveloppe noire et demi- 
glanduleuse, qui s’en détache irrégulièrement, et il est lui-même lisse 
et tout-à-fait semblable à une simple semence; dans l'Aculeata, le 
calice se renfle et s'étale, et le légume reste renfermé dans la gaine car- 
tilagineuse des étamines; dans le Bracteata , l'enveloppe immédiate et 
réticulée n'a paru également séparable; dans le Bituminosa, la base du 
légume m'a paru recouverte d’une enveloppe de même nature que 
celle du Pinnata ; dans le Mutisii, l'ovaire porte à son sommet une 
houppe de poils. 

Il y a donc ici, comme dans d'autres Legumineuses, les Anthyllis 
par exemple, de grandes différences par rapport à la structure du 
fruit, et il ne suffit pas , comme l’a souvent fait GxrTNer , d'en décrire 
un seul pour donner une idée exacte de tous ceux du même genre; 
cette réflexion s'applique à tous les organes floraux, et en particulier 
aux organes sexuels. 

Mais il est impossible de ne pas remarquer les modes ingénieux et 
nouveaux de dissémination qui se trouvent dans ces légumes mono- 
spermes des Psoralea. 

Les autres remarques physiologiques que m'a présentées ce genre, 


— 193 — 


sont principalement relatives aux glandes bitumineuses, verruqueuses 
ou même transparentes, qu’on rencontre dans les diverses espèces de 
Psoralea; plusieurs ont les feuilles supérieures avortées; le Plicata 
d'Égypte conserve ses feuilles toujours plissées; l'Acaulis de l'Ibérie 
occidentale a ses pédoncules radicaux et très-allongés; les corolles du 
Canescens sont chargées de points azurés, et ses racines sont tracantes 
comme celles de l'A{renaria. 

Les cotylédons des Psoralea sont planes, foliacés et portés sur de 
longs pétioles ; leurs feuilles primordiales sont opposées, pétiolées et 
simples dans les espèces à feuilles simples, comme le Corylifolia , 
mais trifoliolées dans les autres. 

Je ne connais pas bien les formes de fécondation des divers groupes. 


DEUXIÈME GENRE. — Jndigofera. 


L'Indigofera a le calice lâche, quinquéfide, à lobes aigus, l'éten- 
dard arrondi et un peu échancré, la carène éperonnée à la base, et 
souvent élastiquement déprimée, les étamines diadelphes, le, style 
filiforme et glabre , le légume polysperme, bivalve, plane, cylindrique 
ou tétragone, rarement ovoide ou globuleux, et alors oligosperme, 
ou même monosperme ; les semences sont tronquées aux deux extré- 
mités et souvent séparées par des étranglements. 

Ce genre, très-caractérisé, comprend déjà près de cent espèces ou 
variétés , divisées artificiellement par DE CawnozLe en cinq groupes : 

1° Celui à feuilles simples, sessiles ou légèrement pétiolées ; 

2° Celui à feuilles pétiolées, foliole terminale articulée, et accom- 
pagnée d’une à trois folioles latérales, ordinairement de deux; 

3° Celui à feuilles impairement ailées, pétioles allongés et paires 
écartées ; 

4° Celui à feuilles impairement ailées, pétioles courts et paires. 
rapprochées ; 

5° Celui à feuilles digitées de trois, cinq ou sept folioles palmées, 
sessiles ou pétiolées. 

Ces divisions prouvent que, dans les /ndigofera , la nature s’est plu 
à varier indéfiniment l'apparence des feuilles originairement organi- 
sées sur le même plan ; elles sont en effet toujours articulées ou ailées, 
mais dans le premier groupe, le pétiole commun est à peu près avorté, 
et la feuille sé trouve réduite à une seule foliole; dans le second, le 
pétiole commun reparaît, mais les folioles latérales sont souvent dis- 
posées sans ordre; dans le troisième, on retrouve la forme ailée avec 
toute sa régularité ; dans le quatrième , le pétiole commun se raccourcit 


— 124 — 


et les paires se rapprochent; enfin dans le dernier, le pétiole dis- 
parait et les paires restent, ou s’il persiste, les paires sortent du 
sommet et formeni des feuilles digitées; ainsi nous voyons se présenter 
dans un seul genre presque toutes les variations que les avortements 
peuvent faire naître dans les feuilles ailées. 

La forme la moins altérée ou plutôt la primitive, est celle du troi- 
sième groupe, et c'est aussi la plus commune, puisqu'elle comprend 
à peu près la moitié des espèces ; elle se partage en deux sous-groupes : 
celui des espèces frutescentes et celui des herbacées, presque toutes 
annuelles. 

Ces plantes sont abondamment répandues dans les contrées inter- 
tropicales des deux continents , principalement dans les Indes orien- 
tales, au Cap, sur les côtes de la Guinée et du Sénégal : quelques-unes 
sont particulières à l'Arabie où à l'Egypte , deux ou trois descendent 
dans la Nouvelle-Hollande, ou remontent jusqu'au Népaul; on en 
trouve une dans l'Amérique nord, mais aucune en Europe. 

Elles peuplent les champs, les bords des bois, les collines et les 
pentes dés montagries, et nuisent souvent aux cultures par leur facilité 
à se reproduire de semences; leurs espèces sont répandues pêle-mêle 
sans distinction de groupe ou de durée; cependant celles à feuilles 
digitées sont plus nombreuses au Cap qu'ailleurs, et c’est à la Nou- 
velle-Hollande que croît la Monophylle à feuille soudée, à peu près 
comme celles des Mimosa du même climat, 

Les Zndigofera ont une conformation qui ne permet pas de les con- 
fondre avec les autres Légumineuses, excepté peut-être avec les Galega; 
leurs feuilles ont à la base deux stipules non adhérentes et souvent 
caduques, qu'on retrouve quelquefois dans chaque foliole, leurs 
pédoncules axillaires sont chargés de grappes plus ou moins garnies 
de fleurs petites, roses, bleues, purpurines, rarement blanches et 
jamais jaunes; leur calice est souvent à demi renflé; leurs tiges sont 
minces et étalées; leur port est plein d'élégance, et l'on peut remar- 
quer qu'ici c'est la feuille qui varie, et la fleur qui est constante; tandis 
que, dans le Psoralea , la fleur et non la feuilie est surtout variable. 

Les Jndigofera se reconnaissent principalement à deux caractères, 
le premier est celui des poils à fausse navette, couchés et bifurqués, 
qu'on remarque en particulier à la face inférieure des feuilles, et qui 
sont communs à toutes les espèces, excepté peut-être au J'uncea ; ces 
poils se retrouvent dans d'autres Légumineuses, les Astrogales, par 
exemple, et sont quelquefois mêlés à d’autres poils simples ou même 
glutineux, qui distinguent certaines espèces. 

Le second caractère des /ndigofera est tiré de leur nacelle, qui 


er PS 2 


porte sur les côtés des crochets ou renflements engagés dans les 
cavités correspondantes des ailes; à la floraison, les ailes s’écartent et 
s'étendent comme un toit sur la carène; ensuite les crochets se 
dégagent, enfin la carène s’entrouvre, et en même temps elle se 
déjette par l'élasticité de ses onglets conformés comme ceux des 
Genéts, et dont le mouvement un peu brusque fait sortir, comme 
par jets, la poussière des anthères; cette forme de fécondation, qui 
appartient également à plusieurs autres Génistées , est immédiate ; car 
le stigmate globuleux et saillant est à l'instant même imprégné de 
pollen, ce qui n'empêche pas que les anthères, mises en liberté, ne 
continuent à répandre leur poussière prolifique, dont une partie sans 
doute tombe dans le nectaire. 

Les gousses ont une forme très-variable, les unes sont droites, les 
autres recourbées en faucille ; celles-ci sont allongées , et renferment 
un assez grand nombre de graines ; celles-là, au contraire, sont très- 
courtes et n'én contiennent qu'une seule ; quelquefois les valves sont 
comme plissées , longitudinalement sur leurs deux côtés , et le légume 
devient alors tétragone ; d’autres fois, elles sont raccourcies , et alors 
le légume est presque sphérique ; les graines, ordinairement aplaties 
aux deux extrémités, forment un parallélipipède ou un cube grossier ; 
ici elles sont contiguës, là elles sont séparées par des cloisons ou demi- 
cloisons, qui donnent au légume une apparence articulée; ces diffé- 
rences, qui sont constantes, caractérisent bien les espèces. 

La germination n’est pas uniforme ; ordinairement les feuilles pri- 
mordiales sont opposées, pétivlées et simples ; la troisième est alterne, 
et se compose de trois folioles; mais quelquefois, comme dans le 
Stricta, les premières feuilles sont déjà alternes, et la seconde a trois 
folioles. Ces observations et un grand nombre de celles qui concernent 
les Légumineuses , appartiennent à DE Cannozre. 

On connaît très-mal jusqu’à présent les habitudes et les phénomènes 
physiologiques propres à ce genre : les espèces de l'Amérique méri- 
dionale, en-decà ou au-delà de la ligne, fleurissent en général à la 
fin de l'été; les Cultivées se sèment à ia fin de l'hiver, et fleurissent 
au bout de quelques mois; les légumes polyspermes s'ouvrent sans 
doute, mais les lomentacés pourraient bien se désarticuler; ceux qui 
ne renferment qu'une ou deux semences ne s'ouvrent pas. 

L'estivation des feuilles est condupliquée, au moins dans l’Australis, 
et non pas roulée, comme dans les Galega; les folioles, qui n'ont pas 
des articulations bien prononcées non plus que les pédoncules, 
restent horizontales au milieu du jour; avec l'impaire un peu relevée, 
au moins dans les espèces trifoliolées ; car, dans les ailées, les mouve- 


— 126 — 

ments pourraient bien différer; dans les Indigofera sous-frutescents, 
comme l’Australis , la végétation n’est jamais terminée par des bou- 
tons ; elle peut être suspendue par la température, mais les tiges et le; 
rameaux se développent indéfiniment sans rupture; il en est de 
même de l’Amæna, sous-arbrisseau du Cap, à feuilles trifoliolées, 
bistipulées et élargies ; ses fleurs, d’un beau pourpre, sont disposées 
en jolies grappes serrées, sur des pédoncules allongés et nus à la base, 
et les crochets ou renflements de la nacelle sont très-bien marqués. 
À la floraison, la nacelle s'ouvre et laisse sortir un stigmate papillaire 
et discoïde , entouré de ses anthères , et après la fécondation, le 
pédicelle se déjette, et le légume velu reste pendant. Le Cytisoides, 
joli arbrisseau dont l'inflorescence est tout-à-fait semblable, se dis- 
tingue par ses fleurs accompagnées chacune d’une bractée caduque, et 
par son légume cylindrique terminé par un style à angle droit et un 
stigmale en tête. 

Les Indigofera sont cultivés dans les deux Indes pour les besoins de 
la teinture : l'on fait usage dans ce but de l’Ani/ de l'Amérique équi- 
noxiale, du Tincioria des deux Indes, et de l'Hirsuta des Indes orien- 
tales, tous trois à feuilles ailées, les deux premiers sous-frutescents, 
et le dernier annuel. Il n’est pas douteux qu’on ne pût employer 
utilement plusieurs autres espèces, et que les habitants des lieux où 
elles craissent ne s’en servent en effet ; en général, les sous-frutes- 
centes durent deux ou trois ans, et donnent des récoltes dès la pre- 
miére année; mais ces précieux produits sont souvent endommagés 
par les intempéries et par les insectes destructeurs. 

Plusieurs Zrdigofera sont admis dans nos jardins, pour leur élé- 
gance, pour leur odeur, ou enfin pour la beauté de leurs fleurs ; on 
distingue dans leur nombre l’Australis de la Nouvelle-Hollande, le 
Machrostachis de la Chine, l'Atropurpurea, le Crtisoides du Cap, et 
le Juncea, remarquable par ses feuilles lisses, réduites à de simples 
pétioles au sommet des tiges. 


TROISIÈME GENRE. — (liloria. 


Le Clitoria a un calice quinquéfide, muni à sa base de deux bractées, 
un étendard agrandi, des étamines diadelphes insérées avec les pétales 
au-dessus d'un renflement près de la base du calice, un style un peu 
dilaté au sommet, un légume linéaire, aplati, droit, bivalve, pointu 
à l'extrémité supérieure, uniloculaire et polysperme, des semences 
souvent séparées par des étranglements cellulaires. 

On le divise en quatre sections : 


2 paf — 

1° Les Ternatea ; calice tubuleux, étendard non éperonné, feuilles 
ailées à deux ou trois paires avec impaire ; 

9° Les Euclitoria ; calice tubuleux, étendard non éperonné, feuilles 
trifoliolées ; 

30 Les Centrosema; calice campanulé et divisé au-delà de la moitié, 
étendard éperonné postérieurement, bractées striées en longueur, 
feuilles trifoliolées ; 

4° Les Glycinopsis ; calice campanulé, à cinq dents, étamines et 
pétales insérés très-près de la base, bractées striées en longueur, 
feuilles trifoliolées. 

La première section comprend dans le Prodrome deux espèces 
communes dans nos serres, l’Heterophylla de l'ile Maurice et le 
Ternatea des Grandes-Indes, si remarquable par ses belles fleurs 
bleues ; 

La deuxième habite principalement la Guyane, et remonte jusqu'en 
Virginie; elle compte six espèces ; 

La troisième réunit trois espèces originaires des Antilles et de 
Cayenne ; 

La quatrième est formée d'une seule espèce de Saint-Domingue, 
encore trés-peu connue. 

Ce beau genre est composé surtout d'herbes vivaces qui fleurissent 
une grande partie de l'année, et s'élèvent beaucoup en s'entortillant 
autour des arbres des contrées intertropicales, dont elles font l’orne- 
ment par leurs fleurs d’un bleu céleste, quelquefois d'un beau rouge, 
rarement blanches et jamais jaunes. Le Mariana et le Virginica de 
l'Amérique septentrionale se plaisent le long des bois, des haies ou 
des petits ruisseaux sur les bords desquels elles produisent un effet 
charmant. 

Le principal phénomène de ce genre c'est le renversement de la 
corolle qui s'opère par la torsion du pédoncule, et qui a pour but 
d'exposer à la lumière la nacelle et les étamines, qui autrement 
seraient cachées et enveloppées par l’étendard qui ne se renverse 
point, mais reste à peu près couché sur la carène dans toute sa 
longueur. 

On ne saurait méconnaître ici deux dispositions naturellement 
indépendantes et tendant au même but, d'un côté la forme et la 
situation de l’étendard, et de l’autre la torsion du pédoncule; c'est 
parce que l’étendard est plus large et plus long qu'à l'ordinaire, que 
le pédoncule se contourne, et c'est parce qu'il est contourné que 
l'étendard ne se renverse pas; s'il y a quelque Clitoria où la torsion 
n'ait pas lieu , c'est que la forme de l’étendard ne l'a pas nécessitée. 


— 125 — 

On peut aussi remarquer, comme propre à ce genre, l'insertion 
des étamines et des pétales au-dessus de la base du calice, et sur les 
bords du torus qui en tapisse le fond , on apercoit une grande abon- 
dance d'humeur miellée ; en effet, le calice se renfle au-dessous de 
l'insertion pour former le suc nectarifère. 

Le style des Clitoria est aminci à la base, et plus ou moins dilaté au 
sommet ; le stigmate est ainsi spatulé dans quelques espèces et barbu 
dans d’autres. 

Les gousses aplaties, allongées et souvent terminées en pointe, 
contiennent des semences réniformes, séparées par des cloisons 
transversales et membraneuses ; les cotylédons sont elliptiques, obtus, 
verts, un peu épais et légèrement pétiolés ; les feuilles primordiales 
éloignées des cie héio nt sont opposées ; ovales ou échancrées à la 
es la tige est droite et allongée, la radicule saillante et courbée, la 
Has d' abord invisible. 

Les différences spécifiques sont tirées ici des fleurs ordinairement 
solitaires et quelquefois géminées, de la longueur des pédoncules, de 
la forme des folioles glabres ou velues, de la couleur de la corolle, etc. 
C'est un phénomène remarquable et unique dans les Legumineuses que 
cet étendard éperonné qui distingue les Clitoria de la section des 
Centrosèmes, et qui n'est sans doute qu'une poche nectarifère. Com- 
ment s'opère ici la fécondation ? Comment est-elle influencée par la 
conformation de la fleur P 

Je ne connais ni le plissement, ni les divers mouvements des feuilles 
des Clitoria; je vois seulement qu’on a réussi à faire doubler les 
corolles du Ternatea, assez commun dans nos serres et très-répandu 
dans les jardins des Indes; cette belle plante, à demi voluble, a les 
feuilles quinées et les fleurs bleues axillaires et solitaires; son pédon- 
cule se tord un peu au-dessus de la base, et son étendard renversé 
représente une grande lèvre inférieure; le calice est coriace et melli- 
fère en dedans, les étamines sont libres au-dessus de la base , et il sort 
du fond de la fleur un filet élargi et cilié au sommet, comme dans les 
Penstemon; mais je ne me suis pas rendu compte de la forme de fécon- 
dation qui s'opère sans doute par l'intervention de l'humeur miellée, 
et qui présente dans la plupart des genres un problème à résoudre; 
car nulle part l’Auteur de la nature n'a déployé autant de richesse de 
moyens, que dans les divers modes de cette fécondation, jusqu’à pré- 
sent si mal observée par la plupart des botanistes. 


QUATRIÈME sOus-oRDRE. — GALÉGÉES: 


Les Galegces ont un légume uniloculaire, des étamines rarement 
monadelphes, des tiges herbacées, frutescentes ou arborescentes, des 
feuilles primordiales, alternes ou opposées, la première simple, et la 
seconde ailée. 


PREMIER GENRE. — Üalea. 


Les Dalea ont un calice quinquéfide et quelquefois glanduleux, 

des ailes et une carène adhérant au tube staminifère, un étendard 
court et libre, des étamines monadelphes, un légume ovale, mono- 
sperme et plus court que le calice. 

Ce genre, autrefois réuni aux Psoralea, dont il a en effet les glandes 
résineuses, mais dont il diffère, comme on peut le voir, par un assez 
grand nombre de caractères, est aujourd'hui formé d’une trentaine 
d’espèces très-voisines , et qui s'étendent du Mexique, leur véritable 
patrie, les unes au midi et les autres au nord de l'Amérique, en 
formant des herbes plus ou moins frutescentes à la base; leurs feuilles 
ailées, à folioles condupliquées avec une impaire sessile, sont ordi- 
nairement glanduleuses, ponctuées et odorantes; leurs stipules sont 
adhérentes ou caduques ; leurs feuilles, en épis pédonculés et opposés 
aux feuilles, sont roses, rouges, bleues, pourprées, quelquefois 
jaunes , d'autrefois teintes de deux couleurs ou roses et jaunes sur 
la même plante; dans le Microphylle, du Pérou, la semence est lenti- 
culaire et la radicule est fléchie. 

Leurs principales différences consistent dans le nombre des folioles, 
la forme des épis, la couleur des fleurs, la nature des surfaces lisses, 
tomenteuses, velues, glanduleuses, etc. Le Lagopus, du Mexique, 
cultivé dans nos jardins, est une plante très-élégante, dont les folioles, 
au nombre de vingt avec impaire, sont recouvertes comme le reste 
de la plante de glandes transparentes et résineuses; les fleurs, dis- 
posées en épi serré au sommet des tiges et des rameaux, sont petites 
et d'un beau violet; les étamines briquetées sont saillantes avant 
l'épanouissement, parce que les ailes et l'étendard sont trop courts 
pour les renfermer; à la dissémination, le calice se détache accom- 
pagné de son légume, qui s'ouvre quoique monosperme. 

Kunrx observe que les étamines sont bien monospermes, mais que 
le tube est fendu pour faciliter l’accroissement du légume. 


IT. 9 


— 130 — 


Micæaux, et ensuite De CanpoLe, ont séparé des Dalea, les Peta- 
lostemon qui leur ressemblent beaucoup par le port, l'inflorescence, 
Ja foliation et les glandes; mais qui en diffèrent surtout par deux 
caractères, celui des cinq étamines et celui des cinq pétales ongui- 
culés et à peu près semblables ; quatre des cinq étamines naissent du 
tube anthérifère , et la dernière s’insère au fond du calice. Ces plantes, 
au nombre de sept et de cinq dans le Prodrome, sont originaires de 
l'Amérique nord, et forment des herbes vivaces très-élégantes et 
cultivées quelquefois dans les jardins. 

Au moment où les anthères des Dalea s'ouvrent, le stigmate n’est 
pas encore formé, et il ne devient papillaire que tard ; mais le pollen 
tombe abondamment sur les poils de l’épi, qui le conservent long- 
temps, et il peut aussi se répandre par les fléurs supérieures qui 
paraissent plus tard. Toutefois il faut examiner de plus près le mode 
de fécondation des Dalea, et constater, dans ses diverses espèces, la 
présence ou l'absence du nectaire. 


DEUXIÈME GENRE. — Glycyrhiza. 


Le Glycyrhiza a le calice nu, tubulé, quinquéfide et bilabié, l’éten- 
dard droit et lancéolé, la carène fourchue à la base ou même bipétalée 
droite et aiguë ; les étamines diadelphes, le style filiforme, le légume 
ovale ou oblong et aplati, bivalve, uniloculaire et renfermant une à 
quatre semences. 

Ce genre, formé de sept à huit espèces éparses dans l’ancien conti- 
nent, et dont une seule, le Lepidota, appartient à l'Amérique nord, 
renferme des herbes vivaces , à racines longues et tracantes, à feuilles 
ailées et foliole terminale, tantôt sessile et tantôt pétiolée; les stipules 
sont lancéolées, souvent marcescentes et manquent entièrement dans 
le Glabra ; les fleurs axillaires sont disposées en grappes ordinaire- 
ment courtes, serrées et presque sessiles; les corolles sont blanchâtres, 
rougeâtres, violettes ou mêlées de ces diverses couleurs. | 

L'organe le plus variable c'est le légume, qui, non-seulement prend 
des formes différentes, mais dont la surface glabre dans une seule 
espèce, est hérissée de poils hispides ou glanduleux dans les autres; 
les folioles condupliquées, et, je crois, dépourvues de mouvement, 
sont criblées de glandes enfoncées et non adhérentes, qu’on voit très- 
bien dans le Glabra et l'Echinata ; les calices portent les mêmes 
glandes, le style est terminal et le stigmate est glutineux plutôt que 
papillaire ; la carène est bipétale dans l'Echinata, les étamines sont 
libres, l'étendard se déplie en se redressant, la carène s’entr'ouvre à 
la fécondation, qui est toujours intérieure. 


— 131 — 


À la dissémination, les légumes de l'Echinata se séparent les uns 
après les autres de l'axe sur lequel ils étaient implantés ; ils s'entr'ou- 
vrent en même temps, d'abord du côté du sommet, en laissant voir 
leurs deux graines détachées qui ne tardent pas à sortir et dont le 
pédicelle est raccourci; l'on voit assez bien les cordons pistillaires 
s'insérer au sommet de la radicule dirigée du côté extérieur ; les coty- 
lédons sont ovales, planes et pétiolés; la première feuille, qui naît 
un peu au-dessus des feuilles séminales, est déjà munie de deux stipules ; 
la seconde a trois folioles. 

L'organe le plus constant est ici la racine, toujours ligneuse et 
fortement traçcante, surtout dans l'Asperrima, des bords du Volga, 
qui donne au printemps un suc gommo-résineux connu sous le nom 
de reglisse; l'on cultive dans le midi de l'Europe le Glabra, qui en est 
originaire, et dont on extrait aussi, de même que de l'4stragale 
glycyrhiza, le même suc gommo-résineux. 


TROISIÈME GENRE. — Galega. 


Le Galega a un calice à cinq dents tubulées et presque égales, une 
corolle à étendard oblong, une carène obtuse, une dixième étamine 
réunie jusqu'au milieu, un style filiforme et glabre, un stigmate 
terminal et ponctiforme, un légume cylindrique bosselé, obliquement 
strié et renfermant plusieurs semences. 

Les Galega, tels que nous venons de les définir, ne comptent plus 
que trois espèces : l'Officinalis , de Y Europe australe et de la Barbarie, 
le Persica, de la Perse, et l'Orientalis , du Caucase et des montagnes 
de l'Orient ; ce sont des herbes vivaces, à tiges droites et striées, à 
feuilles imparipennées, stipules persistantes, semi-sagittées, lancéolées 
ou arrondies; leurs fleurs sont réunies en grappes axillaires et termi- 
nales, tantôt plus grandes et tantôt plus courtes que les feuilles. 

Le caractère de ce genre consiste dans les stries ou nervures 
obliques qu'on remarque sur les légumes, et qu’on retrouve sur les 
feuilles ; on peut y ajouter les divisions subulées du calice et la demi- 
réunion de la dixième étamine; les grappes florales se dessèchent 
après la maturation, mais le bas de la tige reste long-temps vert; les 
légumes bosselés ne s'ouvrent que très-tard, et sont pendants dans 
lOriental ; les feuilles condupliquées dans l’estivation n'ont pas, 
je crois, des mouvements très-marqués ; elles restent horizontales 
toute la journée, mais leurs pétioles se rapprochent un peu pendant 


Ja nuit, et les étendards se rabaissent sur les autres parties de la fleur 
qu'ils protégent. 


— 139 — 

Les fleurs, d'abord droites, deviennent ensuite pendantes, et se re- 
lèvent à angle droit aux approches de l’anthèse ; l'étendard se redresse, 
les ailes s'écartent, et mettent à découvert la carène, qui s’entr'ouvre 
et laisse voir des anthères jaunes et brillantes, dont le pollen sau- 
poudre le stigmate droit et ponctiforme ; les légumes, long-temps 
articulés sur leur pédoncule, s'ouvrent par l'humidité et se referment 
par la sécheresse ; par conséquent leurs valves ne se roulent pas. 

L'Oriental m'a présenté le phénomène d’un ovaire transformé en 
une petite grappe, qu'on voyait sortir du fourreau des étamines 
encore pourvues de leurs anthères. 

Les Galegu sont des plantes consistantes et dont l'odeur est dés- 
agréable aux troupeaux ; mais ils se font remarquer par la fraîcheur de 
leur feuillage et l'élégance de leurs grappes florales bleues, blanches 
ou mêlées de ces deux couleurs; ils fleurissent une grande partie de 
l'année, et l'Orientalis se reconnait à ses calices chargés de glandes 
pétiolées et brunûtres. | 


QUATRIÈME GENRE. — 4morpha. 


L'Amorpha a un calice campanulé, légèrement conique, à cinq 
dents; un étendard convexe sans aile ni carène, un style filiforme, 
droit et glabre, des étamines saillantes réunies à la base, un légume 
aplati, ovale ou courbé en croissant, uniloculaire, monosperme ou 
disperme. 

Ces plantes, dont l’on connaît déjà une dixaine d'espèces toutes 
homotypes, sont des arbrisseaux, sous-arbrisseaux ou même des 
herbes vivaces originaires de l'Amérique nord, et surtout des bords 
du Missouri; leurs feuilles sont stipulées ou ailées avec impaire; 
leurs fleurs sont évidemment papilionacées, quoique les ailes et la 
carène soient avortés, et que cette circonstance ait entraîné peut-être 
la séparation des étamines. 

Leurs différences consistent surtout dans la présence ou l'absence 
des glandes, la forme et la proportion des dents du calice, la surface 
glabre, velue ou cotonneuse des feuilles, la longueur du pétiole et la 
consistance herbacée ou cotonneuse des tiges. 

Les Amorpha frutescents périssent chaque année par le sommet, et 
repoussent des branches nouvelles de leurs aisselles inférieures; les 
fleurs latérales sont réunies en un épi serré, déjà passé en graine à la 
base quand le sommet n’est pas encore épanoui ; les pédicelles courts 
et articulés portent une stipule articulée et promptement caduque ; 
les fleurs sont presque toujours stériles dans nos climats, et les pédon- 


— 133 — 


cules communs ne sont pas articulés ; les bourgeons, placés dans un 
enfoncement un peu au-dessus des aisselles , sont écailleux et recou- 
verts au sommet de poils blanchâtres; les folioles condupliquées 
portent chacune une ou deux stipules linéaires et bisériées. 

Les feuilles, qui s'ouvrent le matin et se ferment le soir, en rap- 
prochant leur limbe du côté supérieur, sont également munies de 
deux stipules plus caduques que celles des folioles; elles se rompent 
un peu au-dessus de leur insertion, et la partie du pétiole qui persiste 
protége le bouton de l'année suivante; quelque temps avant de tom- 
ber, les folioles se retournent, et la surface infère devient alors supère ; 
elles se recouvrent alors de manière à ne former plus qu'un rang au 
moins près de la base. Ce petit phénomène appartient-il à d'autres 
Légumineuses arborescentes ? et n’indique-t-il pas plutôt que chaque 
espèce, ou du moins chaque type, a ses habitudes propres? 

Les Pda del Amorpha fruticosa, du Nana, et sans doute aussi 
celles des autres espèces, dont Porrer excepte le Glabra, sont d'un 
vert sombre et portent des glandes transparentes assez semblables à 
celles des Hypericum, et recouvrant aussi le calice de même que le 
légume ; dans quelques espèces, elles donnent une humeur miellée 
qui a l'odeur de la térébenthine. 

Les étamines sont redressées, ‘et le pistil est recourbé dans la fleur 
non encore développée; au moment où le stigmate qui est bien ter- 
minal paraît au-dehors , les anthères répandent leur poussière d'un 
brun jaune; le nectaire, qu’on n’apercoit pas très-distinctement, est 
une glande verdâtre placée à la base de l'étendard, et qui distille 
abondamment l'humeur miellée ; on découvre encore au fond de la 
fleur deux écailles, qui sont re les rudiments des ailes ou 
de la nacelle. 

Les graines des Amorpha, toujours très-peu nombreuses, sont 
lenticulaires, glabres, légèrement ponctuées, demi-transparentes et 
d'un brun foncé; les cotylédons sont foliacés, opposés et sessiles ; les 
deux feuilles primordiales sont simples, rapprochées et pétiolées. 

Les fleurs paraissent dès le mois de juin et se succèdent jusqu'en 
automne; les épis, qui ont de loin un aspect sombre et noirâtre, sont 
formés dans la plupart des espèces de fleurs d’un beau pourpre violet, 
encore relevé par des anthères d’un jaune d’or; ces teintes, rares 
dans les végétaux, réunies à l'élégance du feuillage, rendent les 
Amorpha très-propres à la décoration des jardins et des bosquets. Le 
Nana a une agréable odeur ; le Ludwigii a les fleurs disposées en épi 
au sommet des tiges, et les légumes cylindriques recouverts de glandes 
verruqueuses. 


— 134 — 
Ma principale observation est-ici cet étendard prolongé en voûte 


remplaçant les ailes ainsi que la carène, et protégeant la fécondation 
qui a lieu en plein air. 


CINQUIÈME GENRE. — Robinia. 


Le Robinia a un calice à cinq dents lancéolées, dont les deux supé- 
rieures sont plus courtes et plus rapprochées, une corolle à étendard 
ample et carène obtuse, des étamines diadelphes et caduques, un 
ovaire de seize à vingt ovules, un style barbu extérieurement, un 
légume aplati et légèrement pédonculé, des valves planes et amincies, 
une suture séminifère, élargie et bordée. 

Ce genre, chargé successivement par divers botanistes d’un grand 
nombre d'espèces qui ne pouvaient pas lui appartenir, a été considé- 
rablement réduit par De Canpozce, qui a borné à quatre celles qui 
doivent actuellement le former. 

La première est le Pseudo-acacia, dont l'on connaît cinq variétés : 
1° l'espèce principale répandue dans toutes nos campagnes; 2° l’/ner- 
mis , dont les épines sont nulles ou oblitérées, et qui est le Spectabilis 
de Dumonr-Courser; 3° le Crispa à épines nulles et feuilles ondulées 
ou frisées; 4° l'Umbraculifera, à épines nulles et rameaux nombreux 
disposés en parasol ; 5° enfin le Tortuosa à rameaux tortueux ; toutes 
ces variétés se conservent et se multiplient de boutures ou de greffes. 

La deuxième est le Dubia , à épines très-courtes, rameaux pétiolés, 
pédoncules et calice un peu glanduleux; il paraît une hybride du 
Pseudo-acacia et du Viscosa; ses fleurs, accompagnées de bractées 
concaves et caduques, comme celles du V’iscosa, sont odorantes, 
d'un blanc rose et plus tardives que celles de la première espèce. 

La troisième est le Viscosa rapporté par Micæaux des contrées 
montueuses de la Géorgie, et qui se distingue à ses ramilles ainsi qu’à 
ses légumes glanduleux et visqueux; ses fleurs inodures , d’un blanc 
rose, sont enveloppées de bractées colorées et promptement caduques. 

La quatrième est l'Hispida, originaire des mêmes lieux, à fleurs 
grandes, inodores et d’un beau rose ; ses pédoncules et ses légumes 
sont recouverts de poils hispides et rougeâtres. Les deux autres espèces, 
qu'on ajoute à ces quatre, sont le Vana et le Rosea de la Géorgie, 
petits sous-abrisseaux que De Canpozcr considère comme des variétés 
de l'Hispida. 

Ce genre, dont j'ai décrit séparément les espèces , parce qu’elles se 
retrouvent presque partout, est formé uniquement d'arbres de 
moyenne grandeur, tous originaires de l'Amérique nord, et qu’on 


— 135 — 
doit réunir en deux types; celui des trois premières espèces et celui de 
la dernière. 

Les Robinia ont tous des feuilles ailées avec impaire, des pétioles 
fortement genouillés, et des pédicelles enflés et articulés; leurs fleurs 
latérales et disposées en grappes pédonculées sont pendantes à la flo- 
raison; leurs boutons sont logés à la base intérieure des pétioles, dans 
écorce même, d'où ils sortent assez tard au printemps, du milieu 
d'une bourre grisâtre, sans aucune trace d'enveloppe écailleuse ; les 
grappes situées aux aisselles des nouvelles feuilles ne paraissent par 
conséquent que tard, dans le mois de mai. 

Les fleurs tombent en grand nombre après la fécondation, en sorte 
que les légumes sont peu nombreux, excepté dans le Pseudo-acacia , 
où ils ne s'ouvrent guères qu'à la fin de l'automne et en hiver. 

Les folioles de toutes les espèces portent à la base deux stipelles 
plus ou moins caduques et très-marquées dans l'Hispida. Ces folioles, 
d'un vert glauque, sont toujours dépourvues de glandes; le Viscosa a 
de plus ses grappes enveloppées de bractées colorées et caduques, 
qu'on ne retrouve pas dans les autres. 

L’estivation ne présente rien de remarquable; l’'étendard enveloppe 
le reste de la corolle qu'il abrite en même temps par sa consistance ; 
il s'ouvre à angle droit et ne se referme pas; ensuite il tombe promp- 
tement avec les étamines et les autres parties de la fleur ; la foliation 
est toujours condupliquée. 

La fécondation s'opère dans l’intérieur de la carène : les anthères 
sont uniformes, petites, légèrement sagittées, et s’entr'ouvrent laté- 
ralement en répandant une poussière blanchâtre et brillante ; le stig- 
mate est une tête glutineuse plutôt que papillaire; le style, toujours 
velu près du sommet, est recouvert de la poussière fécondante; le 
nectaire est une capsule qui entoure la base de l'ovaire et répand 
l'humeur miellée par deux ouvertures latérales ; il concourt donc à la 
fécondation, soit en recevant les globules polliniques, soit en humec- 
tant l’intérieur de la carène et le fourreau. 

Les légumes aplatis et largement bordés sur la suture séminifère, 
s'ouvrent par la sécheresse, et leurs valves se désoudent sans se 
rouler. — Le Pseudo-acacia offre à sa germination une tige filiforme, 
deux cotylédons opposés et légèrement pétiolés, planes, coriaces, 
verts et sans nervure sensible. Les premières feuilles sont alternes et 
pétiolées, l’inférieure est simple, la deuxième est ailée à trois folioles, 
et la troisième à cinq. 

Les racines des Robinia du premier type, sont fortement tracantes, 
et les tiges de toutes les espèces se rompent de bonne heure au 


+ 
— 136 — 

sommet. Quand l'année est assez favorable, les aisselles supérieures 
donnent de nouvelles pousses, mais rarement de nouvelles fleurs, 
excepté dans l'Hispida, qui en présente toutes les automnes; on 
apercoit même fréquemment dans les aisselles du Pseudo-acacia , des 
rudiments de rameaux qui ne se développent pas. 

Les feuilles de tous les Robinia et surtout du Pseudo-acacia, portent 
à la base deux renflements d'abord peu marqués, mais qui grossissent 
insensiblement, deviennent enfin épineux et ne tombent que la 
deuxième ou troisième année. DE Canpozze les regarde comme un 
développement extraordinaire de l'organe qu'il appelle la console ou 
le coussinet, et j'ajoute qu'on ne les voit guère que sur les tiges 
principales du Pseudo-acacia ; du milieu de chacune de leurs paires 
sort au printemps la nouvelle pousse, qui est ainsi à l'abri de la dent 
des animaux. 

Les folioles des Robinia de notre premier type ont des mouvements 
continuels dans les beaux jours du printemps et de l'été ; la nuit, 


elles sont pendantes et rapprochées deux à deux ; insensiblement elles : 


se relèvent, et après avoir été horizontales dans la matinée, elles se 
rapprochent verticalement par paires dans les heures plus chaudes. Ces 
divers mouvements s'exécutent sans doute au moyen des renflements 
du pédicelle, organe remarquable sur lequel les physiologistes, et en 
particulier Du Trocu:r, ont fait des observations très-curieuses. Je 
n'ai pas bien suivi le mouvement de la foliole terminale, qui ne se 
relève pas sans doute la nuit, comme celle des Trefles, et je n’ai pas 
encore vu si une blessure de l'articulation produirait ici un effet 
semblable à celui qui a lieu sur les Medicago, etc. 

Les folioles de l’Hispida, inclinées à leur naissance, se meuvent 
plus lentement que les autres, elles se rabaïssent le soir et restent 
horizontales toute la journée, sans se redresser jamais. 

Les grappes du Robinia pseudo-acacia, d’abord redressées, se 
déjettent bientôt , en sorte que leur pédoncule devient pendant; alors 
les fleurs prennent une position opposée à celles qu’elles avaient 
d’abord, et l'on voit leur étendard, devenu supérieur, protéger comme 
auparavant les autres parties de la corolle; la torsion du pédicelle a 
lieu de droite à gauche ou en sens contraire, selon la convenance. Ce 
mouvement appartient à toutes les espèces du genre , mais comme les 
grappes du J’iscosa et de l'Hispida sont courtes, serrées et embar- 
rassées les unes dans les autres, on y trouve souvent des fleurs qui 
ont été gènées dans leur torsion, et dont par conséquent l’étendard 
s'ouvre de divers côtés. 


Les légumes des diverses espèces s'ouvrent en deux valves qui ne 


— 137 — 
se tordent point, comme dans les Viciées , car elles sont feutrées en 
dedans et de plus bordées d’une aile épaisse sur leur suture supé- 
rieure. 

Les Robinia forment un des principaux ornements de nos tonnelles 
et de nos bosquets, à la fin du printemps et au commencement de 
l'été; leur feuillage, d’un vert léger, est plein de fraicheur et d'élé- 
gance, et leurs grappes blanches, roses ou d'un beau rouge, répandent 
tantôt le plus délicieux parfum, et tantôt produisent les effets les plus 

raCieux. 

Turpin affirme ( Mém. du Museum, p. 1828), dans un mémoire 
sur l'embryon végétal, que le Robinia parasol tire son origine d’une 
de ces excroissances feuillées qu’on trouve quelquefois sur les arbres, 
tels que le Sapin et le Saule, et qui ont de loin l'apparence d'un Gui 
ou d’un Loranthus ; on peut comprendre l'absence de fleurs dans cet 
arbuste, en supposant que l’excroissance ne renfermait aucun germe 
de fleurs. 


SIXIÈME GENRE. — Sesbania. 


Le Sesbania a le calice quinquéfide à lobes presque égaux , l’éten- 
dard plus grand que les autres pétales qu’il enveloppe, la carène 
obtuse et rétrécie à sa base en deux onglets, les étamines diadelphes, 
et le fourreau un peu auriculé inférieurement, le légume allongé, 
mince , aplati ou légèrement cylindrique, étranglé entre les semences, 
mais non pas véritablement articulé. 

Les Sesbania sont des arbrisseaux ou des herbes vivaces bisannuelles 
ou même annuelles, répandues, les unes aux Indes orientales, les 
autres dans l'Amérique équinoxiale, les Antilles, la Guinée et le 
Sénégal ; une seule remonte jusqu'à la Louisiane , etc., une autre est 
originaire de l'Egypte. 

Elles ont le port des Hedysarum et des Galega, et le feuillage de 
quelques Mimosa ; leurs feuilles pourvues de stipules caulinaires ; 
lancéolées et caduques, sont ailées sans impaire; leurs folioles sont 
nombreuses et stipellées ; leurs fleurs jaunes et tachées de pourpre 
sur l'étendard, sont axillaires en ÉÉTPE lâches et pourvues de 
bractéolées. 

L'espèce la plus connue est l'Ægyptiaca, dont voici en abrégé 
l'histoire physiologique : les graines qui n'ont levé que la seconde 
année, ont leurs cotylédons épais, trinerves et grossièrement cordi- 
ovni: la prernière feuille est simple, la détiaième déjà ailée à deux 
paires avec une impaire. Haute d'un pied, la plante a donné deux 


— 138 — 


fleurs axillaires portées sur un pédoncule divisé, et dans les aisselles 
supérieures, cinq fleurs forment entre elles une grappe assez lâche; 
enfin elle est devenue un petit arbrisseau touffu , en grappes axillaires 
de quatre à cinq fleurs jaunes et pédicellées, dont la carène est obtuse 
et le stigmate une tête allongée et visqueuse. 

Le Sesbania Ægyptiaca, comme la plupart des Légumineuses , a ses 
heures de vie et de sommeil; il étend dès le matin ses nombreuses 
paires de folioles, qui restent horizontales la plus grande partie du 
Jour; mais quelque temps avant le coucher du soleil, leur limbe 
s'incline obliquement et finit par prendre une direction verticale ; en 
même temps, les folioles se rapprochent du pétiole commun, et à 
l'entrée de la nuit elles sont exactement couchées des deux côtés les 
unes sur les autres. Ces mouvements appartiennent, je crois, à la 
plupart des espèces du genre, de même qu’à la famille des Mimosa, 
et ils ont encore lieu dans les feuilles fraîchement séparées de leur tige. 

Les pétales s'ouvrent lorsque les feuilles se ferment; l’étendard, 
qui, pendant la première partie de la journée est resté couché sur 
les ailes et la carène, commence le soir à se relever et à prendre la 
position ordinaire aux fleurs de ce genre; en même temps les ailes 
s'écartent et la fécondation s'opère. — C'est le seul exemple que je 
connaisse, parmi les Légumineuses, de ces épanouissements nocturnes 
que l’on retrouve dans les Onotheres, les Mirabilis et quelques autres 
genres. 

La tige est cylindrique, glauque et couverte cà et là, principalement 
sur les pétioles, d’aspérités piquantes, qui appartiennent encore à 
d'autres Sesbania. Les feuilles, disposées en ordre quaternaire, sont 
protégées, à leur naissance, par deux stipules lancéolées, qui tombent 
promptement ; tandis que les stipelles elles-mêmes, quoique irès- 
petites, sont persistantes ; les pédoncules, d’abord faibles et amincis, 
grossissent et se roidissent pendant la maturation pour mieux sup- 
porter le poids des légumes cylindriques, allongés, étranglés et 
recourbés en tête de bélier ; ces légumes s'ouvrent ensuite en deux 
valves, et ne se désarticulent ni dans cette espèce ni dans les autres, 
parce que la suture séminifère est renflée dans toute sa longueur. On 
voit, d'après cette courte description, la variété des phénomènes que 
présenteraient les Légumineuses étrangères, lorsqu'elles seraient étu- 
diées sous le point de vue physiologique. 

La plupart des Sesbania, dont l’on compte actuellement dix-sept 
espèces ou variétés, ont une grande ressemblance de port et d'orga- 
nisation avec celle que nous venons de décrire, mais elles diffèrent 
entre elles par la durée, le nombre et la forme des folioles, dont les 


— 139 — 
paires vont de quatre à dix-huit, et surtout par la forme des légumes ; 
leur surface est presque toujours glabre, si l'on en excepte les aspé- 
rités, dont nous avons déjà parlé. 

Leur germination a présenté à DE Canpore des anomalies assez 
marquées : en général, les cotylédons ont trois nervures, comme dans 
l’Ægyptiaca; mais les premières feuilles, qui en sont séparées par un 
assez grand intervalle, étaient alternes dans l'Ægyptiaca et l Occiden- 
talis ; la première simple, la deuxième ailée à deux paires avec impaire; 
au contraire, elles étaient opposées dans l'Aculeata,et quelques autres. 
Ces deux feuilles, si différentes, avaient leurs stipules soudées de 
chaque côté. 

Je ne suis. pas en état d'assigner les causes de ces différences. 


SEPTIÈME GENRE. — Caragana. 


Le Caragana a un calice court, tubulé, à cinq dents, une carène 
. obtuse, égale à l’étendard et aux ailes, des étamines diadelphes, un 
style glabre, un stigmate terminal et tronqué, un légume sessile , 
polysperme, mucroné, aplati dans sa jeunesse et à peu près cylin- 
drique à la maturité, des semences presque globuleuses. 

Ce genre, qui comprend près de quinze espèces, presque toutes 
originaires de la Sibérie, est formé d'arbrisseaux long-temps confondus 
avec les Robinia ; mais qui en diffèrent beaucoup pour le port, l'inflo- 
rescence et surtout pour l’organisation générale. Ils se rapprocheraient 
plutôt des Astragales par leurs épines, et des Colutea par leur ger- 
mination. 

Ce qui caractérise ces plantes qui me paraissent appartenir au même 
type, ce sont d'abord des stipules adhérentes à la tige et qui s'endur- 
cissent assez pour devenir épineuses à leur extrémité; c'est ensuite un 
pétiole commun plus ou moins allongé, qui persiste presque toujours 
après la chute des folioles, en acquérant quelquefois la même dureté 
que les stipules ; ce sont enfin des pédoncules axillaires, uniflores, 
ordinairement fasciculés et terminés presque toujours par une fleur 
jaune, assez grande, et qui dans le Jubata est d’un blanc rou- 
geûtre. 

La disposition axillaire et fasciculée des pédoncules tient à la forme 
de végétation des Caragana; leurs rameaux, au lieu de s'allonger, 
restent pour l'ordinaire comme avortés, en sorte que les feuilles et 
les fleurs semblent partir du même point; ces rameaux sessiles se 
terminent en automne par un bouton qui donne l'année suivante des 
feuilles et des fleurs, et il résulte de là que les vieilles branches sont 


— 140 — 


chargées sur leurs anciennes aisselles de bourgeons informes composés 
d'écailles , de stipules et de pétioles détruits et accumulés du dedans 
au dehors, pendant plusieurs années. 

Le bouton supérieur, qui est toujours terminal, parce que les tiges 
ne se rompent jamais, est le seul qui contribue à l'allongement de 
la plante; il donne chaque année des jets qui varient en dimensions 
selon les espèces, et ses feuilles poussent ensuite de leurs aisselles des 
boutons, dont les uns avortent et les autres forment de nouveaux 
centres de développement. Cette singulière végétation appartient aux 
Mélèzes, aux Cedres, aux Jujubiers, aux Colutea, etc., et peut-être 
à tous les arbustes dont les fleurs naissent en apparence du vieux 
bois, mais qui sont réellement placées sur la pousse très-peu déve- 
loppée de l’année. 

Les boutons latéraux s’allongent quelquefois, surtout dans le bas 
des tiges, et alors ils donnent naissance aux branches ; maïs cette 
disposition est rare, eten général les Caragana , comme les Colutea , 
ne sont pas des arbrisseaux ramifies. 

Les stipules sont continues aux tiges, et par conséquent elles ne 
tombent jamais qu'en se brisant; mais il n’en est pas de même des 
pétioles communs, qui sont articulés entre les deux stipules, et se 
séparent ordinairement à la fin de l'année; cependant le Spinosa con- 
serve ses pétioles non articulés, qui s'endurcissent en épines; on 
peut même voir sur ces pétioles, et sur ceux des autres espèces, les 
points d'attache des folioles tombées; ils sont rangés par paires sur le 
côté supérieur plutôt que sur le latéral. 

Les feuilles sont toujours imparipennées, et leurs paires varient de 
deux à huit; le pétiole se termine en pointe dure. 

Les fleurs, portées sur des pédoncules allongés souvent pendants 
et articulés, sont grandes, solitaires et réellement axillaires, quoi- 
qu'elles paraissent fasciculées; leur étendard est ordinairement couché 
dans sa longueur sur la nacelle et relevé dans les bords; la fossette 
nectarifère entoure la base de l’ovaire, et les deux pièces de la carène 
sont le plus souvent séparées ; la dixième anthère est entièrement 
libre, et laisse ainsi à l'humeur nectarifère une issue très-facile. 

La fécondation a lieu dans l’intérieur de la nacelle à peu près au 
moment où l’étendard se roule sur lui-même ; les anthères sont uni- 
formes, le pollen orangé et parsemé de points dorés sort de tout le 
côté intérieur à travers les parois qui se fendent plutôt qu'elles ne se 
déchirent ; le style est recourbé en dedans et le stigmate est une petite 
tête papillaire. 

Les mouvements des feuilles m'ont paru à peu près nuls; l’étendard 


Ah — 
ne se referme pas quand une fois il est ouvert; le pédoncule articulé 
se rompt souvent au point de suture. 

Le Chamlagu m'a présenté un phénomène rare dans la famille, celui 
d'un étendard qui se replie fortement en deux, tandis que sa nacelle 
s'ouvre pour donner issue au stigmate, parce que la plante est dioiï- 
que; en effet, je n’ai pas apercu d'étamines dans l'individu qui m’a fourni 
cette observation que je tâcherai de répéter ; ie plissement de l'étendard 
s'opère au moyen d'une forte nervure cartilagineuse, qu’on apercoit 
très-bien sur la face extérieure, et dont le but, comme on le voit, 
n'est pas équivoque. — Comme il n'existe au jardin botanique de 
Genève aucun individu mâle de la même espèce, le Chamlagu femelle 
ne porte point de fruit. 

Les légumes sont polyspermes, et répandent leurs semences de 
bonne heure; les cotylédons sont planes, foliacés et rapprochés du 
sol; les premières feuilles sont à trois ou cinq folioles. 

Les tiges sont dépourvues de lenticelles et sillonnées d'arêtes rele- 
vées. Les diverses espèces de Caragana ont-elles, commele Chamlagu, 
l’étendard plissé en deux dans sa longueur, et celles qui portent ce 
caractère sont-elles aussi dioïques? 

Les Caragana recouvrent les plaines désertes et les bords des lacs 
de la Sibérie, où leurs touffes buissonneuses forment, à l'époque de 
la floraison, les effets les plus gracieux. Transportées depuis long- 
temps dans nos bosquets, ces plantes bravent les hivers et pourraient 
servir en Europe ,;*comme en Sibérie, à former des haies vives. Les 
noms de la plupart de ces espèces sont ceux qu’elles portent dans leur 
patrie. 

L'Halimodendrum, dont DE CANDOLLE a fait un genre à cause de 
son légume enflé, stipité et oligosperme, a toute l’organisation du 
Caragana; il habite les mêmes contrées, et se reconnait à ses feuilles 
argentées et à ses pédoncules chargés de deux ou trois fleurs pour- 
prées. Son étendard est-il plissé en deux? et la plante est-elle dioïque ? 


HUITIÈME GENRE. — Colutea. 


Le Colutea a un calice à cinq dents, un étendard redressé et chargé 
de deux renflements calleux, une carène obtuse et plus petite que 
l'étendard, des’ étamines diadelphes, un stigmate latéral placé au- 
dessous d’un style crochu et barbu, un légume stipité, scarieux et 
renflé en nacelle, des graines nombreuses, un peu échancrées et atta- 
chées à un placenta saillant en dedans. 

Les Colutea, dont l’on distingue quatre espèces appartenant au 


= 1481 = 
mème type, sont des arbrisseaux de l'Europe ou de l'Orient, très- 
répandus dans nos bosquets; leurs feuilles sont ailées avec impaire ; 
leurs folioles, assez élargies et plus ou moins glauques, sont presque 
toujours glabres et échancrées au sommet; leurs pédoncules latéraux 
sont chargés de grappes lâches, de trois à six fleurs jaunes ou rougeà- 
tres; leurs stipules sont adhérentes, et leurs calices sont recouverts de 
poils noirs. | 

À la fécondation, l'étendard se replie fortement en arrière et per- 
siste dans cette position jusqu'à ce qu'il tombe; il est marqué à la base 
d'une tache cordiforme, et il porte deux renflements qui servent à 
maintenir la nacelle. Les anthères uniformes et ovales ont des filets 
séparés de bonne heure, et dont le dixième, toujours détaché, laisse à 
la gousse un libre accroissement; le stigmate est une tête papillaire 
cachée sous un style recourbé en crochet et creusé en dessous d'une 
large gouttière ciliée qui arrête le pollen, jusqu’à ce que ses globules 
aient envoyé leurs émanations aux stigmates visqueux ; l'humeur 
miellée qui distille en abondance à cette époque concourt aussi à la 
fécondation. 

La partie la plus remarquable de la fleur, c'est le légume enflé en 
forme de nacelle; les valves naviculaires sont membraneuses, demi- 
transparentes et ordinairement ovales près du sommet, au point où 
la suture ne porte plus de graines ; il persiste long-temps dans cet état 
sans se détacher du pédoncule; mais les graines s échappent plus tôt 
ou plus tard par l'ouverture qui s'agrandit continuellement. 

Les Colutea se développent sans rupture, mais dans nos climats les 
branches périssent au sommet, en sorte que l’arbuste n’atteint jamais 
une grande hauteur ; il arrive quelquefois, surtout dans l’A4rborescens, 
que les aisselles de l'année donnent de nouvelles pousses qui fleurissent 
en automne. 

Les tiges sont dépourvues de lenticelles et chargées souvent de 
points noirs ou de petites sphéries; l’écorce s'enlève par lanières ; les 
boutons placés aux aisselles et portés sur des consoles très-saillantes 
sont recouverts de quelques écailles; les folioles sont plissées sur leur 
côte moyenne et roulées en queue de scorpion; quand elles sont une 
fois développées, elles restent horizontales pendant toute leur durée. 

Les graines sont grôsses et portées sur un placenta très-renflé; les 
cotylédons sont foliacés et presque sessiles, les feuilles primordiales 
sont simples ou plus souvent ailées avec impaire. 

Ces plantes diffèrent par le nombre et les teintes de leurs fleurs, 
leurs folioles plus ou moins glauques et épaisses, les bosselures de leur 
étendard; elles sont très-rustiques et produisent des effets très-agréa- 


ee 
bles par la multitude des grappes qui recouvrent leur élégant feuillage, 
et qui se succèdent long-temps; l'air renfermé dans leur gousse est 
l'air atmosphérique. 

Le Media est, dit-on, un hybride du Cruenta et de l Arborescens. 

Quel est le but de ce renflement extraordinaire du légume ? Je 
lignore, mais je remarque que pour sa facilité, non-seulement la 
dixième étamine est entièrement libre, mais que les autres sont pres- 
que dessoudées à la base, au moins dans l'Arborescens. 

Toutes les fleurs dont l’étendard porte deux cols auraient-elles les 
ailes libres, si les cols disparaissaient? 


NEUVIÈME GENRE. — Swainsona. 


Le Swainsona a un calice court, évasé, à cinq dents à peu près 
égales, un étendard grand, étalé et chargé à sa base de deux appen- 
dices calleux, des étamines diadelphes, une carène obtuse et un peu 
plus lngue que les ailes, un style barbu sur le côté postérieur et lisse 
sur l'antérieur, un légume enflé. 

Ce genre est formé de trois ou quatre espèces homotypes, qui sont 
des sous-arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande, et dont le port est celui 
du ZLessertia; leurs feuilles sont ailées avec impaire, leurs fleurs en 
grappes allongées, axillaires et quelquefois terminales sont roses, 
pourprées ou écarlates. 

Le Coronillæfolia a les feuilles de dix à douze paires et les folioles 
à peu près sessiles; sa tige est droite et ses fleurs en grappes roses sont 
enveloppées dans la préfloraison par un étendard à deux tâches blan- 
ches, et dont les bords se replient l’un sur l’autre; la carène élargie 
et aplatie renferme dix étamines détachées presque jusqu'à la base, et 
répandent à l'intérieur de la nacelle un pollen orangé, qui recouvre 
un stigmate aplati et chargé de poils du côté postérieur, où il se 
recourbe avec les anthères, parce que l'ouverture Je la carène est 
placée du même côté. L’ Alba , non encore décrit dans le Prodrome , 
a sa carène fortement aplatie et comprimant les anthères, dont le pollen 
jaunâtre se dépose en grandes masses sur le style, barbu jusqu'au 
sommet, et dans la longueur duquel on n’apercoit aucun stigmate 
distinct; le nectaire est une poche dilatée au fond de la corolle, elle 
recoit le pollen des anthères et en renvoie les émanations au stigmate, 
qui n’est peut-être formé que de poils aigrettés. 


2 HAE 


DIXIÈME GENRE. — Sutherlandia. 


Le Sutherlandia a un calice à cinq dents presque égales, un éten- 
dard replié sur les bords et dépourvu d’appendice, une carène oblon- 
gue, des ailes très-courtes, des étamines diadelphes, un stigmate 
terminal, barbu inférieurement dans le sens de la longueur, et 
étendu en largeur au sommet du style. 

Le Frutescens et le Media, qui forment actuellement les deux espèces 
du genre, sont des arbrisseaux originaires du Cap et long-temps 
confondus avec les Colutea , dont ils diffèrent surtout par leurs fleurs 
et leur organisation générale ; le Frutescens est une plante brillante, 
annuelle en pleine terre, et trisannuelle dans nos serres; ses feuilles 
persistantes sont ailées avec impaire ; ses fleurs, d’un beau pourpre, 
sont disposées en grappes axillaires et odelée 

Au moment de la fécondation, l’étendard ne se renverse point 
comme dans le Colutea, mais il s'ouvre faiblement, et sa partie infé- 
rieure reste toujours asnébe sur la carène qui est haute, aplatie et 
plus longue que l'étendard; les anthères sont d'adelphes, égales, 
ovales et introrses ; les ailes petites, couchées, échancrées en croissant 
à la base; le stigmate, qui parait après la fécondation , est une tête 
terminale, et Po voit au-dessous, du côté intérieur, de longs poils 
humides Ardiiols s'attache le Pollen. dont les émanations arrivent 
enfin au stigmate préparé pour les recevoir. 

On comprend pourquoi le Sutherlandia n’a pas, comme le Colutea, 
un étendard à deux cols, qui auraient été inutiles, puisqu'il reste 
couché sur la carène et que les ailes sont très-petites. 

La germination ne diffère pas de celle des Colutea, ses feuilles pri- 
mordiales sont alternes et ailées avec impaire, la première à trois, la 
seconde cinq folioles. 

Le Media diffère de l’Arborescens par la forme de ses feuilles et le 
nombre de ses fleurs. 


ONZLÈME GENRE. — Lesserlia. 


Le Lessertia a un calice semi-quinquéfide, une carène obtuse, des 
étamines diadelphes , un stigmate en tête et un style barbu antérieu- 
rement au-dessous du stigmate, un légume scarieux, indéhiscent, 
aplati ou renflé. 

Ce genre est formé d'herbes ou plus rarement d’arbrisseaux origi- 
naires du Cap; leurs feuilles condupliquées sont ailées avec impaire ; 


— 145 — 
leurs fleurs, pédonculées, à grappes pourprées, ont les pédicelles 
penchés. 

Le V'irgata des jardiniers est un petit arbrisseau, dont lesfleurs, en 
grappes lâches, ont l’étendard réfléchi et rayé de rose. Au moment 
de l’anthèse, la carène s’entr'ouvre et laisse voir des étamines presque 
entièrement libres, à anthères petites et cordiformes, et pollen orangé, 
semé de points brillants; le stigmate est une petite tête d'abord papil- 
laire, ensuite glutineuse, au-dessous de laquelle se développe antérieu- 
rement une frange de poils courts, blanchätres, humides et destinés 
à retenir la poussière fécondante; le Perennans, qui appartient au 
même type, a un calice nu, une nacelle aplatie, fermée, et qui laisse 
voir à son sommet un stigmate glutineux, également entouré d’une 
barbe de poils ; le légume élargi et chargé de quatre à cinq semences 
aplaties, se termine par un style qui se rejette en arrière, 


DOUZIÈME GENRE. — Clanthus. 


Le Clianthus puniceus de la Nouvelle-Zélande, non encore décrit 
dans le Prodrome, est un sous-arbrisseau qui ne doit pas être éloigné 
des Colutea ; ses feuilles sont aïlées avec impaire, et ses fleurs en 
grappes làches, pendantes et axillaires, sont remarquables par leur 
grandeur et leur couleur d'un beau pourpre; le calice bossu et glan- 
duleux intérieurement est petit, campanulé et quinquéfide ; la corolle 
est formée de deux ailes courtesetlancéolées ; l'étendard allongé, plissé 
en deux et prolongé en pointe , renferme un long style velu antérieu- 
rement et terminé par deux stigmates à peu près avortés; la dixième 
étamine est entièrement libre; les neuf autres, réunies à peu près 
jusqu'au tiers de leur hauteur, sont ensuite plus ou moins divariquées, 
et leurs anthères uniformes d’un jaune orangé, répandent leur pollen 
sur la longue rainure formée par les poils du stigmate ; la lèvre infé- 
rieure ou la carène, presqu'aussi allongée que l'étendard, est fortement 
divariquée pour donner passage aux étamines, dont les filets sont 
déjetés ; on aperçoit dans l’espace laissé libre par le fourreau, qui 
n'occupe guère que le tiers de la circonférence, une glande qui distille 
en abondance l'humeur miellée; les semences nombreuses sont ré- 
pandues dans l'ovaire allongé et à peu près cylindrique. 


TREIZIÈME GENRE. — Carmichælia. 
L 
Le Carmichælia a un calice raccourci à cinq lobes obtus et à peu 
près égaux, un étendard médiocre, une carène renflée et relevée en 
Il. 10 


— 146 — 


pointe, des filets non réunis, des anthères petites et rougeñtres ,un 
légume épaissi, polysperme et terminé par un style redressé à stigmate 
en tête. 

Ce genre du Cap, cultivé dans nos serres, ne se compose, je crois, 
que de l’Australis , arbrisseau à rameaux aplatis et marqués d’échan- 
crures, d’où naissent d'autres rameaux également aplatis avec des 
feuilles avortées ; les fleurs jaunes, petites et striées naissent sur des 
pédoncules et pédicelles raccourcis ; les légumes sont petits et ovales. 
Le Carmichælia a beaucoup de rapport pour la végétation avec les 


Bossiæa. 
CINQUIÈME SOUS-ORDRE. — ASTRAGALÉES. 


Les Astragalées ont l'une des deux sutures plus ou moins repliée 
en dedans, de manière à former deux loges ou deux demi-loges ; 
leurs étamines sont diadelphes, leurs tiges herbacées ou sous-frutes- 
centes, leurs feuilles primordiales alternes, et les autres imparipennées. 


PREMIER GENRE. — Phaca. 


Les Phaca ont le calice à cinq dents, les deux supérieures rappro- 
chées, les étamines diadelphes, le style imberbe et le stigmate en 
tête, la suture séminifère plus ou moins renflée, mais jamais prolongée 
suffisamment pour diviser le légume en deux loges. 

Ce genre compte treize à quatorze espèces, dont trois ou quatre 
appartiennent à l'Amérique septentrionale, une au Pérou, une au 
Caucase oriental et une à l'Espagne ; les autres sont dispersées sur 
les pentes et les sommités des Alpes, de la Suisse, de la Laponie et 
même de la Sibérie. Ce sont des herbes vivaces à feuilles ailées avec 
impaire, à grappes pédonculées et axillaires, et racines souvent pro- 
longées en rhizomes. Le Triflore des Cordilières est la seule annuelle. 

Quoique ces plantes soient généralement très-rapprochées , cepen- 
dant quelques-unes sont liées avec les genres voisins : ainsi le Bætica 
a le port et le légume enflé du Sutherlandia ; le Triflora a des rapports 
avec les Ærvum ; V Alpina, avec le Lessertia; Y Astragalina et Y Aus- 
tralis, avec les Astragales par le prolongement de leur suture infé- 
rieure, etc.; de là vient qu'elles forment différents types assez 
tranchés. 

Leurs principales différences sont tirées du nombre des folioles, des 
rapports de grandeur entre les ailes et la corolle, de la forme des 


— 147 — 


légumes plus ou moins enflés et stipités, de la couleur des fleurs 
blanches, jaunâtres, rougeâtres ou violettes, des surfaces glabres, 
velues, cotonneuses, de la forme des stipules, de la grandeur des 
pédoncules comparés avec les feuilles, etc. Kocx y ajoute celle de 
la suture inférieure ordinairement prolongée en dissépiment, mais 
nulle dans l'Æipina et le Frigida. 

Les stipules, toujours adhérentes à la tige, tombent plus ou moins 
promptement selon les espèces; les légumes presque toujours pendants 
et recouverts de poils noirâtres, semblables à ceux des Astragales, 
s'ouvrent pour répandre leurs grainèés. 

Le caractère du genre consiste dans la suture supérieure renflée 
etquelquefois prolongée de manière à former un rudiment de cloison, 
mais jamais une cloison entière; on peut y ajouter deux caractères 
particuliers qui ne s'appliquent pas également à toutes les espèces : 
le premier est celui des légumes enflés; le second et le plus remar- 
quable est celui des pédoncules, qui, pendant la maturité, se re- 
tournent de manière que la suture supérieure regarde la terre, afin 
que la dissémination soit plus facile. Sans doute qu’en considérant de 
plus près cette disposition singulière, on verrait qu’elle se modifie, 
selon les espèces, et que les Phuca dont le légume est retourné, sont 
précisément ceux où il est stipité, c'est-à-dire dégagé du calice; ainsi 
la même volonté, qui a retourné le légume, l’a pourvu en même temps 
d'un pédicelle. 

Les Phaca présentent quelques conformations singulières, dont je 
ne connais pas la cause ; ainsi les ailes de l'Australis sont échancrées 
triangulairement et comme bifides, le Bætica a le légume enflé, etc. 

Les folioles sontexactementappliquées sur leurs nervures moyennes, 
et leurs mouvements peu remarquables ressemblent à ceux des 
Astragales. 

Les anthères de l 4/pina ont le pollen d’un jaune doré, parsemé 
de points brillants ; le nectaire est placé entre l'étamine libre et 
l'ovaire, et l'humeur miellée remonte vers le stigmate; mais je n’ai 
pas observé de près la forme de fécondation. 

Les Phaca ont les tiges redressées, diffuses et couchées sur le 
sol, ou même avortées, et dans ce dernier cas, les fleurs sont sessiles 
ou portées sur des hampes; ces plantes décorent, dans les mois d'été, 
de leurs belles touffes, les plaines élevées et les pentes des montagnes ; 
leurs fleurs sont jaunes, rouges, ou mélangées de ces deux couleurs. 
L'Australis à fleurs jaunâtres porte, au Valais dans la vallée de Bagnes, 
des corolles d’un beau rouge. 

Les deux feuilles primordiales des Phaca Oxytropis et Astragalina , 


— 148 — 
sont tantôt simples, tantôt ternées ou aïlées, ce qui montre, comme 
il était facile de le prévoir, que plus les feuilles sont composées, et plus 
promptement les feuilles primordiales tendent à le devenir. 


DEUXIÈME GENRE. — Oxytropis. 


L'Oxytropis a le calice à cinq dents, la carène terminée en pointe 
droite, les étamines diadelphes, le légume divisé plus ou moins 
complètement en deux loges par la dépression de la suture supérieure 
plus ou moins enfoncée. 

On divise ce genre en quatre groupes, fondés sur le port et non 
pas sur l'organisation intérieure et la structure de la fleur ou des 
légumes, que l’on ne connaît pas encore suffisamment : 

1° Les Oxytropis dépourvus de tiges, dont les stipules adhèrent au 
pétiole, et dont les feuilles sont ailées ; 

2" Ceux qui sont dépourvus de tiges dont les folioles sont ver- 
ticillées ; 

3° Ceux à tiges allongées et frutescentes, pétioles épineux ; 

4° Ceux à tiges allongées et stipules caulinaires. 

Le premier groupe renferme vingt-neuf espèces, dont plusieurs 
sans doute ne sont que des variétés, et dont la véritable patrie est la 
Sibérie. On en trouve une seule au nord de l'Amérique, et cinq en 
Europe : le Montana, le Sordida et Y Uralenis à fleurs rouges ; le Cam- 
pestris et le Fætida à fleurs jaunâtres; ces plantes sont des herbes 
vivaces, dont les rhizomes repoussent chaque printemps, et qui cou- 
vrent de leurs belles touffes et de leurs longues grappes les plaines 
désertes et les pentes des montagnes dont elles font souvent le plus 
bel ornement, comme Parzas l’assure du Grandiflora. 

Le second groupe est propre à la Sibérie, et contient dix espèces 
dépourvues de tige, et dont les folioles, au lieu d'être disposées par 
paires, forment au contraire des verticilles de trois, quatre, cinq et 
jusqu’à huit pièces le long de leur pétiole commun ; elles ont la même 
végétation que celles du premier groupe, et tapissent les bords du 
lac Baical, les pentes des cellines et les plaines sablonneuses, où leurs 
rhizomes s'enfoncent profondément; leurs fleurs sont pourprées, 
blanches, roses, selon les espèces, ou quelquefois dans la même 
espèce, comme le Myriophylle et lOxyphylle. 

Le troisième groupe n’est formé que du Tragacanthoïdes, nouvelle- 
ment découvert dans les monts Altaïques, et qui forme un arbrisseau 
à tiges rameuses, pétiole persistant et fortement épineux ; ses feuilles 
portent cinq ou six paires de folioles sans impaire ; ses calices, recou- 


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verts de poils mous, s’enilent un peu à la maturation ; ses fleurs sont 
grandes et pourprées, sa carène est allongée en bec, ses légumes sont 
renflés et légèrement globuleux. Le dernier groupe renferme dix 
espèces , deux à fleurs jaunâtres et huit à fleurs pourprées; les unes et 
les autres originaires de la Sibérie ou de la Tauride, et dont une seule 
le J'illosa, se trouve aussi en Europe. Ce sont des plantes à tiges 
allongées , à stipules caulinaires non adhérentes au pétiole et racines 
vivaces, à l'exception du Pallasii et du Floribunda ; leurs ailes, ordi- 
nairement entières, sont échancrées dans le Fischert et le Dichoptera, 
et les stipules du J’aginata sont soudées. 

Les Oxrytropis diffèrent surtout des Phaca par leur carène amincie 
en pointe au sommet, et par leur suture supérieure beaucoup plus 
prolongée en dedans; elles se plaisent dans les lieux frais, sur les 
pentes des montagnes, ou les bords sablonneux des rivières ; deux 
espèces seulement, le Lanatha et le Tragacanthoides ont des tiges qui 
bravent les hivers, quelques autres paraissent annuelles ou bis- 
annuelles, mais le grand nombre est composé d'herbes vivaces. 

Les espèces dépourvues detiges ont leurs stipules adnées au pétiole, 
les autres ont des stipules caulinaires qui enveloppent les feuilles dans 
leur jeunesse, et sont même quelquefois vaginantes. Le Tragacan- 
thoides est, je crois, le seul caulescent à stipules pétiolaires. 

Les Oxytropis présentent un petit nombre de particularités physio- 
logiques, indépendamment de celles que nous avons notées en traitant 
des groupes; ainsi le Fætida de nos Alpes a les feuilles légèrement 
roulées sur les bords, et toutes ses parties recouvertes de poils 
visqueux ; le Reflexa du lac Baical, a ses légumes pendants et ouverts 
au sommet comme le Colutea; le Muricata des mèmes lieux est tout 
chargé de tubercules hérissés , et les calices du Squamulosa dela Russie 
asiatique sont revêtus de squamules; mais le principal phénomène 
de ce genre est celui des folioles verticillées de notre second groupe : 
cette singulière organisation s'aperçoit déjà dans d’autres espèces 
dépourvues de tiges et appartenant aussi à la Sibérie, comme le 
Sylvatica, le Longirostra et le Brevirostra, quoiqu'elle soit bien mieux 
marquée dans les autres. 

Les légumes varient beaucoup dans leurs développements progres- 
sifs ; Scaxuur observe que les Phaca, les Oxytropis et les Astragales, 
qui ne forment, à proprement parler, qu’un seul genre naturel, ont tous 
leur ovaire primitivement uniloculaire, et que le prolongement de la 
suture n’a lieu que successivement pendant et après la fécondation. 
J'ajoute que ces légumes sont pendants ou dressés et plus ou moins 
enflés ; que les uns, comme ceux du Pallasiüi, s'ouvrent en deux 


— 150 — 

valves pour répandre leurs semences, que ies autres restent fermés 
ou se séparent en deux loges, par le dédoublement de la suture, 
comme le Pilosa; tandis que dans d’autres, comme le Laponica, le 
Montana, etc., le légume est uniloculaire; mais les Oxytropis sont 
encore trop peu répandus, et ont été jusqu'à présent trop mal 
observés, pour que l'on puisse rien affirmer de précis à cet égard. Je 
me contenterai de dire que lorsqu'on les connaîtra, on verra que leurs 
différents modes de dissémination sont en rapport parfait avec la 
structure des légumes; en attendant, je remarque que, dans ce 
genre et dans celui des Phaca, les deux loges du fruit ne tombent 
pas séparément comme dans plusieurs 4stragales, parce que la cloison 
est incomplète. 

Les Oxytropis montana et Cyanea se rapprochent des Phaca par 
leur légume stipité, et non pas, je crois, contourné; mais ce légume 
fortement renflé ne pouvait rester dans un calice longuement tubulé, 
et c'est pourquoi il en est sorti ; le stipes est ici employé dans un but 
différent que dans le genre précédent. 

Dans l'Oxytropis montana, Y'étendard s’écarte pour la fécondation, 
le stigmate r'est qu’un point et les anthères sont toutes semblables. 

Les Oxytropis doivent présenter des différences dans leur dissé- 
mination , car ils sont quelquefois uniloculaires, et d'autrefois entière- 
ment biloculaires. À 

La radicule des Oxytropis est saïllante et recourbée : les cotylédons 
dans le Montana, le Muricata et le Halleri sont ovales, oblongs, obtus, 
foliacés et presque sessiles. Les feuilles primordiales sont ailées à huit 
folioles, et PazLAs a observé que l'Oxyphylle du groupe des Verticillés 
a les trois premières feuilles simples , les suivantes ternées ou quinées. 


TROISIÈME GENRE. — Astragale. 


L'Astragale à un calice à cinq dents, une carène obtuse, des éta- 
mines diadelphes, un légume biloculaire ou sémibiloculaire, dont la 
cloison est formée par la flexion plus ou moins complète de la suture 
inférieure. 

Ce genre, extrêmement nombreux , et qui compte déjà près de 
deux cent quarante espèces, a été partagé par DE Canpozze en dix- 
huit sections plus ou moins naturelles, sous les quatre séries suivantes : 

1° Les Pourprés ; fleurs rouges ou rougeûtres et stipules non adhé- 
rentes au pétiole; soixante et dix-huit espèces, sous six sections : les 
Hypoglottoides , les Dissitiflores, les Onobrychioïdes , les Sésames , les 
Vesicaires et les Annulaires. 


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° Les Jaunes; fleurs jaunes ou jaunâtres et stipules non adhé- 
rentes; cinquante-six espèces, sous six sections : les Bucerates, les 
Synocreates , les Ciceroides , les Galégiformes , les Alopecuroïdes et 
les Christian. 

+ 3° Les Tragacanthaces ; pétioles épineux ou persistants, stipules 
adhérentes ; quarante espèces , sous deux sections : les Tragacanthes 
et les Chronopodes. 

4° Les Podocreates ; pétioles non endurcis, stipules adhérentes; 
cinquante-huit espèces, sous quatre sections : les Anthylloïdes, les 

Caprini , les Incani et les Radiciflores. 


PREMIÈRE SÉRIE. — Pourprés. 


La plupart des détails qui vont suivre sont tirés des Astragalogies 
de Paczas et DE CANDOLLE. 


Première section. — Hypoglottoïdes. 


Les Hypoglottoïdes, ainsi appelés parce que le légume d'une de 
leurs vingt-trois espèces a quelque rapport de figure avec la Glotte, ne 
composent pas un groupe distinct, mais se rangent au contraire sous 
divers types; ce sont des herbes vivaces, rarement annuelles ou sous- 
frutescentes, répandues principalement dans l'Asie mineure ou l'Eu- 
rope, et qui se plaisent dans les lieux frais ou sur les sables des 
rivières ; ce qu'elles présentent de plus remarquable ce sont des folioles 
bifides dans deux espèces , le Purpureus et le Bifidus , et des stipules 
d'abord réunies, puis divisées dans plusieurs espèces. 


Deuxième section. — Dissitiflores. 


Les Dissitiflores ont les fleurs distantes et les légumes droits ; les 
quinze espèces qui y entrent , et dont une seule habite l'Europe, sont 
principalement dispersées dans la Russie, les monts Altaïques et la 
Sibérie; loin de former un type unique, elles diffèrent à plusieurs 
égards; en général, cependant, elles sont herbacées et vivaces; leur 
légume est court et triquètre; leurs fleurs sont peu nombreuses? 
leurs gousses pendent ou sont redressées, et leur dissémination a 
souvent lieu par la simple séparation des loges ; l'espèce européenne 
ou l'Austriacus a les ailes échancrées. 


Troisième section. — Onobr)chioïdes. 


Les Onobrychioides, qui doivent leur nom à leur ressemblance 
avec les Onobrychis, et se reconnaissent surtout à leur épi linéaire et 
allongé pendant la floraison, se distinguent en deux groupes : celui à 


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légumes recourbés, et celui à légumes droits; les premiers sont étran- 
gers et peu nombreux ; les autres, dispersés en Arménie, en Asie et 
en Amérique, forment tantôt de petits arbustes, tantôt des herbes 
vivaces à longs rhizomes. La seule espèce européenne est l'Onobry- 
chis, dont les belles fleurs rouges, d'abord fasciculées, puis allongées 
en grappes, produisent au printemps un effet charmant sur les pentes 
nues et souvent décharnées des Alpes, de la Suisse et de la France ; 
les pousses latérales de ses rhizomes se conservent très-long-temps, et 
ne donnent chaque année que deux ou trois feuilles, en sorte qu'elles 
sont toutes recouvertes des stipules desséchées des anciennes feuilles. 

Parmi les Onobrychioides à légumes recourbés, je place le Juvenalis, 
plante caulescente, à fleurs pourprées, dont les pédoncules axillaires 
et plus longs que les feuilles, sont chargés d'une dizaine de fleurs 
sessiles et écartées, à étendard un peu plus long que les ailes et la 
carène, et dont les légumes linéaires allongés sont plus ou moins 
recourbés et creusés inférieurement d'un profond sillon, qui les par- 
tage à peu près en deux par leur cloison dédoublée. 


Quatrième section. — Seésames. 


Les Sesames, dont les lécumes sont ordinairement disposés au 
sommet des pédoncules en verticillés étoilés, comme ceux du Reseda 
sesamoides, forment un petit groupe originaire des deux bords de la 
Méditerranée, et composé de huit espèces annuelles , à tiges diffuses 
et fleurs pourprées, presque sessiles et réunies en épi raccourci et 
serré ; ces plantes, presque toujours velues, fleurissent plus tard que 
les autres, et ont des légumes redressés très-variables pour le nombre 
des graines. Le Glaux, principale espèce de la section, a comme le 
Pentagloitis, ses pédoncules terminés par cinq fleurs disposéesen pyra- 
mide et dont le calice, pendant la maturation , déjette ses deux dents 
extérieures, en même temps que le légume tuberculé et monosperme 
dans chaque loge se renfle à la base, et s’allonge au sommet, en se 
- recourbant en dehors. A la dissémination, la cloison se dédouble, et 
chaque loge se sème sans s'ouvrir, comme dans le Pentaglottis, dont 
les légumes sont aussi monospermes. 

Dans les autres Sésames , à légumes polyspermes, les loges s’ou- 
vrent-elles, ou restent-elles fermées ? 


Cinquième section. — Vésicaires. 


Les Vésicaires se distinguent par leurs calices renflés et renfermant 
un légume raccourci qui s'ouvre sur la plante, et y reste long-temps 
attaché ; on en compte quatre espèces, dont une seule, le V’esicularis, 


— 153 — 


se trouve en Europe; les autres, qui ne paraissent pas bien liées 
entr'elles, sont éparses dans la Sibérie ou la Tauride. Les calices du 
Vesicarius, et peut-être aussi les autres, se renflent surtout pendant 
la maturation, pour mieux contenir les légumes. 


Sixième section. — Annulaires. 


Les Annulaires ont leur légume arqué, et habitent surtout l'Égypte; 
quelques espèces vivent dans l’Amérique nord , l'Ibérie, la Tauride et 
une seule, le Cymbæcarpos, en Europe; on les reconnaît non-seule- 
ment à la forme de leur légume, mais encore à leurs fleurs peu nom- 
breuses , et à leurs tiges courtes et annuelles; ils ne forment pas un 
type unique, car quelques-uns présentent des particularités étrangères 
aux autres ; ainsi le Trimorpkhe , de la Libye, a trois sortes de feuilles, 
les inférieures simples, les intermédiaires trifoliolées et les supérieures 
ailées à deux ou trois paires; ainsi l'Annularis, de l'Egypte, a ses 
pédoncules retournés comme les Phaca, etc. Le recourbement du 
légume, qui fait le caractère de la section, et qui a pour but la dissé- 
mination , ne commence guère qu’à l'épanouissement de la fleur , et 
il acquiert son dernier terme après la fécondation; il s'exécute du bas 
en haut par l'allongement de la suture inférieure. 

Pourquoi le légume se recourbe-t:l dans l'Annularis ? Le Juvenalis, 
du port Juvénal, appartiendrait-il à cette section ? 


DEUXIÈME SÉRIE. — Jaunes. 


Septième section. — Bucérates. 


Les Bucerates ne diffèrent guère des Annulaires que par leurs fleurs 
jaunâtres et non pas rouges; car ils sont aussi annuels, et ont souvent 
leurs légumes arqués; on en compte neuf espèces, la plupart origi- 
naires des sables ou des deux bords de la Méditerranée : l'Ægiceras , 
qui ne vit guère que trois mois, a ses légumes fortement arqués en 
dedans ; le Contortuplicatus, qu’on retrouve dans la Sibérie, a un 
légume presque spiral, qui commence à se recourber à la fécondation, 
et le Geniculatus, de la Barbarie, a les pédoncules genouillés et pen- 
dants ; le Bæticus et l Epiglottis sont, avecle Contortuplicatus, les seules 
espèces européennes. 


Huitième section. — Synocreati. 


Les Synocreati, qui comprennent dix espèces, caractérisées par 
leurs stipules libres du pétiole, mais soudées deux à deux, sont des 
herbes vivaces à tiges élevées, folioles grandes et nombreuses, légumes 


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ordinairement allongés et un peu recourbés ; ils habitent l'Orient, 
l’Ibérie ou la Sibérie, à l'exception du Reptans, qui vit au Mexique, 
et se fait remarquer par ses stipules tantôt libres et tantôt soudées ; 
les fleurs du Flagrans sont odorantes, de même que celles de l' Odo- 
ratus ; le Resupinatus a les légumes renversés des Phaca, et le Stipu- 


laceus, ainsi que le Fraxinifolius, portent des stipules agrandies 
comme le G/ycyphyllos. 


Neuvième section. — Cicéroides. 


Les Ciréroïdes, au nombre de dix-neuf, ont les légumes à peu près 
sessiles, les racines vivaces et les épis pédonculés; ils sont dispersés 
en Europe, en Barbarie, en Sibérie et jusque dans l'Amérique septen- 
trionale, où ils forment différents types, dont les principaux sont ceux 
du Glycyphyllos, du Canadensis, etc.; leurs légumes sont droits, 
recourbés, serrés contre la tige, comme dans l’4sper, ou plus souvent 
déjetés. Parras remarque que l'Asper, qu'il appelle Chloranthe, 
(Astrag. n° 34 , t. 25) a des tiges serrées et sous-ligneuses, qui, déta- 
chées par les ouragans, roulent en peloton dans les déserts, en dissé- 
minant leurs graines comme le Crambe orientalis et le Tartarica, le 
Salsola kali, le Gypsophylla paniculata, le Stellaria dichotoma, etc., 
et en général, les plantes à tiges dichotomes, nombreuses et diva- 
riquées. 

Les fleurs des Cicéroides, d'abord redressées, sont horizontales à la 
floraison , et les légumes, après s'être déjetés, se relèvent quelquefois, 
comme dans l'Asper. Les folioles ne sont pas toutes plissées semblable- 
ment, ni affectées de la même manière par les variations atmosphéri- 
ques. Parras, en décrivant l'Uliginosus, des prés humides de la 
Sibérie, parle de quelques-uns des mouvements de ses folioles; dans 
le Glycyphyllos de nos contrées, et peut-être dans les autres, l'axe de 
l'épi ne s’allonge pas dans le cours de la maturation, mais les légumes 
se déjettent et se recouvrent. 


Dixième section. — Galégiformes. 


Les Galegiformes ne renferment que trois ou quatre espèces, 
éparses en Asie et en Amérique; ils diffèrent des Cicéroides par leurs 
légumes stipités , toujours divisés en deux loges qui tombent séparé- 
ment , et ne renferment qu’une ou deux graines. Le Galegiformis, de 
la Sibérie, a ses feuilles recouvertes, à l'époque du développement, 
de petites glandes jaunâtres, très-nombreuses et non adhérentes, que 
j'ai remarquées sur d’autres plantes, et dans des circonstances sem- 


blables. 


Onzième section. — Alopecuroides. 


Les Alopecuroïdes , section très-distincte des Astragales, sont des 
herbes vivaces, originaires de l'Orient, à l'exception du Varbonensis ; 
leurs huit espèces forment un seul type facile à reconnaitre à ses fleurs 
jaunes disposées en épis serrés , laineux, sessiles ou légèrement stipi- 
tés ; leur légume est court, biloculaire et renfermé dans un calice 
renflé, qui ne les abandonne jamais; leurs fleurs, d’un jaune plus ou 
moins foncé, et quelquefois odorantes, n’ont de mouvements que 
cèux qui appartiennent aux ailes et à l'étendard ; leurs folioles très- 
nombreuses , excepté dans l'Obtusifolius, se couchent longitudinale- 
ment sur leur pétiole commun pendant la nuit, et leurs fleurs 
inférieures sont déjà desséchées quand les autres ne sont pas encore 
épanouies. Les Alopecuroides , très-beaux à voir dans leur plein déve- 
loppement, périssent chaque année jusqu’à la racine, qui porte de 
véritables bourgeons, et ne sont jamais touchés par les troupeaux; 
leurs légumes, primitivement polyspermes, ne renferment dans la 
maturation qu’une semence dans chaque loge, et se sèment sans 
s'ouvrir, enveloppés de leur calice ; ensuite ils ouvrent leurs valves, 
et dédoublent leur cloison. 

L'Alopecuroides est commun à la Suisse et à la Sibérie. 


Douzième section. — Christianr. 


Les Christiani doivent leur nom à la principale espèce répandue 
dans la Judée, non loin des quatre autres que l'on rencontre dans 
l'Asie occidentale et l'Égypte ; ils diffèrent principalement des 4lope- 
curoides par leurs stipules pétiolaires , leurs fleurs agglomérées aux 
aisselles et non pas réunies en épi; on peut y distinguer deux types : 
celui des Christiani propremeni dits, formé de trois espèces à légumes 
enflés ou globuleux, et celui des Cotonneux, rélégués en Egypte, 
dont les feuilles ont jusqu’à vingt-cinq paires, et dont les légumes 
acuminés sont ovales ou triquètres, et les pétioles persistants comme 
dans les Tragacanthes. Le Sieversianus est une magnifique plante, qui 
domine toutes celles avec lesquelles elle croît dans les déserts de la 
Sibérie australe, etle Christianus, à corolle jaunâtre, anthères pour- 
prées et style velu et recourbé, fait, selon La Bizrarpière, l'ornement 


des champs de la Syrie et de la Judée. 


TROISIÈME SÉRIE. — Tragacanthacés. 


Treizième section. — Tragacanthes. 


Les Tragacanthes, qui présentent un groupe très-étendu et très- 
distinct, sont de très-petits arbrisseaux, croissant à la manière des 


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Anthyllis où des Ononis vivaces; leur caractère consiste dans des 
feuilles , dont le pétiole stipulacé s’endurcit en forme d’épine, tandis 
que les folioles elles-mêmes tombent plus ou moins promptement; ces 
pétioles, avec leurs stipules, recouvrent presqu'entièrement les parties 
inférieures des tiges, et donnent à la plante un aspect redoutable qui 
la défend contre la dent des troupeaux; peu à peu les stipules et les 
épines les plus âgées finissent par se séparer, et par laisser à nu la 
partie inférieure de la tige, qui devient souvent un rhizome : c’est une 
organisation fort semblable à celle des Caragana. 

Le développement des Tragacanthes s'opère par les aisselles supé- 
rieures, qui donnent chaque année des bourgeons, sortant quelque- 
fois après la floraison du milieu des légumes; les tiges périssent assez 
promptement, et sont remplacées par des rejets latéraux, car ces 
plantes ne s'élèvent jamais à une grande hauteur. 

Les Tragacanthes, qui forment un type unique, diffèrent assez en 
inflorescence : on y voit d’abord des fleurs sessiles et solitaires, 
cachées ordinairement sous les stipules ; ensuite des fleurs agrégées, 
quoique toujours sessiles, puis d'autres à pédoncules très-courts et 
multiflores; enfin des fleurs en tête, en corymbe ou en épi; ces chan- 
gements ont lieu d'une manière si insensible, qu'on peut trouver tous 
les passages depuis les fleurs solitaires et sessiles, jusqu’à celles à épis 
compacts , placés sur de longs pédoncules. 

Il existe encore ici d'autres différences, qui servent à caractériser 
les espèces; tels sont le nombre et la forme des folioles, les calices 
plus ou moins enflés, à légumes toujours paucispermes, les surfaces 
glabres, velues ou soyeuses, les épines courtes, allongées, fortes, 
faibles, quelquefois même remplacées par une foliole déformée. 

Cette section a été divisée par De Cannozze en deux sous-groupes : 
celui des espèces à fleurs sessiles, et celui des espèces à fleurs pédon; 
culées; dans le premier, sont placés les Tragacanthes proprement 
dits, c'est-à-dire ceux à tiges fortement hérissées de piquants; le second 
comprend des espèces plus variées, et dont quelques-unes ont des 
rapports avec les autres sections, ou même avec des genres voisins, 
tels que l'Anthyllis et le Colutea. 

Ces plantes habitent principalement l'Arménie, d’où elles se répan- 
dent dans l'Asie vers le Caucase et la Perse; dans le premier sous- 
groupe, deux espèces seulement appartiennent à l'Europe: le Creticus, 
du mont Ida, qui fournit de la gomme, et le Siculus, des montagnes 
de la Sicile et de la Calabre; le second en renferme trois : le Poterium, 
de la Grenade, dont la foliole impaire se conserve souvent ; l’Arista- 
tus, des Pyrénées et des Alpes, dont la carène petite, recourbée et 


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cachée par les ailes a une fécondation intérieure, et un légume enve- 
loppé par le calice avec lequel il se sème sans s'ouvrir; il contient cinq 
à six graines dans une enveloppe épaisse, où l'on remarque à peine la 
suture des valves et la trace d’une cloison ; enfin le Massiliensis , des 
rochers de Marseille, dont les folioles tombent encore plissées sur 
leur côte moyenne, et dont le pétiole endurci ne conserve 'pas la 
marque de leur point d'attache. 

Quelques espèces de cette petite famille se distinguent par des pro- 
priétés singulières; ainsi le Setiger a ses épines revêtues de poils soyeux 
et fasciculés ; l'Echinus a ses calices laineux et hérissés; le Lagopoïdes 
et le Lagurus ont leurs épis velus, recouverts de bractées membra- 
neuses; le T'umidus a son calice fermé, et dans le F’aginans, etc., les 
folioles sont plus ou moins épineuses. 

Les Tragacanthes sont connus par la gomme qui découle des fentes 
de leur écorce dans les pays où la chaleur est fort grande. Micaaux 
dit qu'il y a, en Perse, un Astragale résineux dont la tige sert de 
flambeau. 


Quatorzième section. — Chronopodes. 


Les Chronopodes ont les pétioles persistants mais inermes, la foliole 
terminale non caduque, les étamines libres ou réunies en une gaine 
très-courte; ils se distinguent nettement de tous les autres, et com- 
prennent deux espèces : 1° le Gibbosus, de la Mésopotamie, à calice 
bossu d'un côté et stipules nulles; 2° l’'{marus , des collines gypseuses 
de la mer Caspienne, à étamines libres. Ce dernier, selon Parzas, 
est un sous-arbrisseau dont les tiges desséchées entourent, comme 
une haie épaisse, les pousses nouvelles, et dont les légumes bilocu- 
laires, qui adhèrent très-long-temps, se séparent en deux loges, et 
produisent, sur le même point, trois ou un plus grand nombre de 
plantes, croissant entrelacées, et formant ainsi un buisson impéné- 
trable. 


QUATRIÈME SÉRIE. — Podocréates. 
Quinzième section. — Anthylloides. 


Les Anthyilloides ont recu leur nom de leur ressemblance avec les 
Anthyllis | et comptent quinze espèces à calices enflés, et fleurs pour- 
prées , jaunes et blanches; ils habitent l'Arménie, l'Asie mineure et 
les deux Sibéries dont ils couvrent les déserts, les sables, les bords 
des rivières et les pentes montueuses; ce sont des herbes vivaces à 
peu près dépourvues de tiges, et dont les fleurs en épi sont portées 
sur des hampes de la longueur des feuilles; leurs calices persistants 


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contiennent des légumes ordinairement paucispermes. La plus remar- 
quable est l'4mmodytes de la Sibérie orientale, qui croît dans les 
sables qu'elle accumule autour d'elle en formant de longs rhizomes ; 
ses rameaux, ses feuilles et ses fleurs sortent des renflements velus des 
anciennes tiges, et ses nombreuses graines enfoncées en terre servent, 
comme ses racines, de nourriture aux rats du désert qui en sont très- 
avides. 


! à Seizième section. — Caprini. 


Les Caprini, ainsi nommés de la ressemblance grossière de leurs 
stipules adhérentes avec le pied d’une chèvre, sont des herbes vivaces 
et quelquefois caulescentes, à fleurs ou sessiles près de la racine, ou 
disposées sur de courts pédoncules; les fleurs assez grandes presque 
toujours jaunes ou jaunâtres, ont un calice non renflé et un légume 
ordinairement paucisperme; ils sont dispersés dans la Sibérie, l'Asie 
mineure, l'Arménie, l'Egypte et la Barbarie, et une seule espèce, 
l'Exscapus , à fleurs soufrées, calice et légume laineux, s’avance jus- 
que dans nos Alpes; on en compte vingt-et-une qui ont entr'elles 
de grands rapports, et dont la plus remarquable est le Longiflorus, 
de la Tartarie, à légumes enflés, pulpeux dans leur jeunesse , et ser- 
vant de nourriture aux rats de la contrée; il embellit ces solitudes de 
ses grandes fleurs jaunes, qui paraissent au printemps, et brillent sur 
un feuillage du vert le plus tendre; ses pédoncules s’allongent après 
la floraison, et ses légumes, d'abord droits, retombent ensuite. 


Dix-septième section. — /acani. 


Les Incani ou Blanchätres, ont les stipules adhérentes à un pétiole 
non persistant, les calices renflés, les fleurs ordinairement pourprées 
à étendard très-allongé, les feuilles blanchätres et les légumes exacte- 
ment biloculaires ; on en compte douze dispersés dans l'Arménie; 
l'Asie mineure et le bassin de la Méditerranée, où ils forment des 
herbes vivaces presque toujours dépourvues de tige, et que l'on peut 
ranger sous deux types : celui à légumes cylindriques et recourbés, et 
celui à légumes courts, enflés, crochus au sommet et plus ou moins 
pendants; ces différents légumes ne se séparent que par loges à un 
petit nombre de semences. 


Dix-huitième section. — Radiciflores. 


Les Radiciflores, dont l'on connaît douze espèces, toutes dé- 
pourvues de tiges, ont les fleurs presque sessiles sur les racines, les 
stipules adhérentes à un pétiole non persistant, et les fleurs blanches 
ou pourprées ; elles habitent en général les contrées froides et circon- 


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polaires de la Sibérie; mais on en trouve quelques-unes dans l'Ar- 
ménie et la Tauride, ou sur les Cordilières du Pérou. On peut les 
réunir sous trois types : 1° celui des Physodes, ou calices renflés ; 
2° celui des Testicules , à légumes laineux et fleurs pourprées ; 3° celui 
des Pygmees ; ces derniers, qui sont les plus nombreux, vivent au 
sommet des Andes, ou sur les confins de la mer Glaciale, où ils 
forment des herbes vivaces ou plutôt des sous-arbrisseaux, repoussant 
des aisselles supérieures, et dont les fleurs, ordinairement rouges, 
mûrissent promptement leurs légumes qui s'ouvrent dans le Pygmeée, 
et restent fermés dans le Physodes. 

Ces plantes offrent divers phénomènes que Parzras s'est plu à dé- 
crire ; ainsi le PAylodes, très-abondant sur les bords du Volga, a des 
légumes indéhiscents dont les graines, au nombre de trois ou quatre, 
lèvent toutes ensemble et entremêlent leurs tiges ; le Testicule, qui 
croît en abondance avec le Longiflore de la section des Caprini, a des 
feuilles vertes tout l'hiver, des calices pendants, chargés de pétales 
desséchés et de légumes qui ne tombent qu'au printemps ; le Rupifragus 
enfonce ses racines inférieures dans les rochers, et laisse à découvert, 
comme le Pygmee, ses rhizomes chargés des anciennes feuilles. 

Le grand et beau genre des Astragales, qui appartient presque 
entièrement à l’ancien continent et surtout à l'Asie, est formé de 
plantes annuelles ou plus souvent bisannuelles, qui habitent de préfé- 
rence les sables et les collines des pays chauds, et d'espèces vivaces, dont 
les sous-ligneuses appartiennent en général à l'Arménie et à l'Orient, 
et les autres, plus nombreuses, sont aussi plus également dispersées 
sur les montagnes, les collines pierreuses, ou les sables des rivières. 

Ces plantes, dont les feuilles sont toujours ailées avec impaire , sont 
souvent recouvertes de poils noirs et un peu rudes; leurs fleurs, ordi- 
nairement disposées en grappes ou en épis pédonculés, sont quel- 
quefois verticillées, sessiles, réunies ou solitaires dans les aisselles ; 
leurs stipules sont adnées, libres, séparées, réunies, persistantes ou 
quelquefois caduques; leurs surfaces sont glabres, velues ou même 
cotonneuses. 

Mais c'est surtout dans la structure des légumes que la nature a 
mis cette infinie variété qui distingue si souvent ses œuvres; non- 
seulement on y rencontre presque toutes ces formes bizarres qu'on 
trouve éparses dans les divers genres des Légumineuses , c'est-à-dire 
qu'ils sont recourbés, cylindriques, aplatis, trigones, etc., mais ils 
sont encore plus ou moins biloculaires, selon que leur suture infé- 
rieure est plus ou moins recourbée à l’intérieur. De ces différences 
organiques et du nombre des graines, résultent les différents modes 


— 160 — 


de dissémination des espèces du genre : lorsque le légume est bilo- 
culaire, la cloison se dédeuble, et chaque loge se sème sans s'ouvrir, 
avec le petit nombre de graïnes qu’elle renferme; lorsqu’au contraire, 
le légume est incomplètement uniloculaire et polysperme, ce qui 
est rare, il s’ouvre naturellement comme les autres gousses; enfin 
lorsque la cloison est imparfaite, et que les graines sont nombreuses, 
il s'ouvre encore par la suture supérieure, qui, étant toujours libre, 
permet aux graines de se répandre. Souvent aussi, quelle que soit sa 
structure, le légume court et paucisperme tombe tout entier, ou se 
rompt sur son pédoncule desséché, ou se sème enveloppé de son 
calice enflé comme dans quelques Trifolium. On comprend que nous 
n'énoncons ici que les faits principaux, parce que nous sommes loin 
de connaître la dissémination de toutes les espèces ; ainsi, par exemple, 
le Glycyphyllos et le Cicer, qui restent constamment fermés par la 
sécheresse, s'ouvrent au contraire par l'humidité, et il en est de même 
sans doute de plusieurs autres et surtout des espèces de la Sibérie, 
dont les légumes ne doivent s'ouvrir qu'à la fonte des neiges. Chaque 
espèce, ou au moins chaque section, aurait besoin d’une physiologie 
particulière, si l'on voulait énumérer tous les phénomènes qu'elle 
présente ; je ne fais ici que mettre sur la voie, en remarquant que 
les légumes coriaces et les graines dures et comme cornées des Astra- 
gales doivent résister facilement à toutes les intempéries. 

Les diverses sections des Astragales, qui ont presque toutes leurs 
représentants en Europe, sont, les unes artificielles, les autres plus ou 
moins naturelles, quelques-unes enfin forment des types très-distincts; 
telles sont, par exemple, les Onobrychioïdes, les Sésames, les Annu- 
laires, les Anthylloides et surtout les ÆAlopecuroïdes et les Traga- 
canthes qui présentent tant de différences caractéristiques. 

Indépendamment de ces grands types, il en existe de beaucoup 
plus resserrés et circonscrits à deux ou souvent même à une seule 
espèce; tels sont, par exemple, l'Amarus, le Gibbosus, le Triphylle, 
et quelques autres, que j'ai mentionnés dans les diverses sections. 

La structure du légume des Astragales semble un peu opposée à 
l'organisation primitive du péricarpe des Papilionacees, et en général 
de tous les péricarpes ; en effet, la suture inférieure , qui représente la 
nervure moyenne, et qui par conséquent ne devait point avoir de 
dissépiment, est au contraire prolongée en dedans, tandis que l’autre, 
la seule séminifère, en est dépourvue. Comment rendre compte de 
cetté structure, si l'on considère le légume comme une feuille repliée, 
et la suture supérieure comme celle dont les bords devaient seuls se 
replier pour porter les graines ? 


— 161 — 


Les fleurs sont, comme on l’a vu plus ou moins nombreuses et plus 
ou moins rapprochées sur leurs pédoncules; lorsqu'elles sont telle- 
ment serrées qu’elles ne pourraient commodément s'épanouir et se 
féconder, et que la grappe ne s’allonge pas, elles se déjettent forte- 
ment les unes après les autres, pour laisser un espace libre à celles qui 
doivent suivre, comme on peut le voir dans le Falcatus; mais pour 
l'ordinaire , dans ce cas, la grappe s’allonge, par exemple, dans 
l'Onobrychioides. 

Les feuilles des Astragales sont toujours enveloppées dans leur 
jeunesse de stipules d'autant plus grandes que la plante est plus 
délicate ; leurs nombreuses folioles, plissées en deux sur la nervure 
moyenne, sont sans doute articulées à la base, mais je ne connais pas 
bien leurs mouvements’, qui doivent varier selon les sections; je vois 
que, dans les Ælopécuroïdes ; elles se couchent sur leur pétiole 
commun, comme dans la plupart des Mimosa. 

Les fleurs doivent également varier dans leurs mouvements selon 
qu’elles sont sessiles ou pédicellées : dans le premier cas, les légumes 
restent droits, et l'étendard est redressé, comme dans le Cicer ; dansle 
second, les fleurs sont promptement pendantes , et l'étendard s’en- 
tr'ouvre sans se déjeter, comme dans le Galegiformis, le Falcatus, etc. 
Si l’on voulait aller plus loin , et rechercher pourquoi, dans les 4stra- 
gales, les fleurs sont tantôt sessiles et tantôt pédicellées, on trouverait 
sans doute que, dans le premier cas, elles sont peu nombreuses, et 
ont un pédoncule commun qui s’allonge insensiblement, comme on 
le remarque dans l'Asper à fleurs sessiles, où le pédoncule s’allonge 
à mesure que l'épanouissement s’avance, et où les fleurs restent 
appliquées contre leur axe, de même que les légumes ; dans cette 
circonstance, les fleurs ne se contournent point, et entourent de tous 
côtés leur axe, sans que la lumière exerce sur elles aucune influence, 
et je crois que cela a également lieu dans la plupart des 4stragales. 

Les cotylédons sont en général foliacés, un peu courbés en faux et 
souvent légèrement soudés à la base; les feuilles primordiales sont 
alternes, longuement pétiolées, à deux, trois ou quatre paires et une 
impaire; le Cicer, le Longiflorus, le Glycyphyllos , Y Alopecuroïides , 
l'Onobrychis, etc., n’ont qu'une paire de folioles primordiales. 

La fécondation a lieu dans l'intérieur de la corolle, un peu avant 
que l'étendard se développe : les anthères, à pollen jaunâtre, orangé 
et parsemé de points brillants, entourent le stigmate recourbé vers 
le haut, et qui forme un crochet ou une tête papillaire ; la dixième 
anthère est toujours libre, et la fossette nectarifère entoure l'ovaire; 
en sorte qu'elle influe nécessairement sur la fécondation. 

dt. 11 


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L'articulation des pédicelles est peu marquée, mais elle existe sans 
doute, car les fleurs non fécondées tombent promptement. Les feuilles 
des Tragacanthes ne sont pas articulées, puisque les pétioles persistent 
OR et enfin s'endurcissent en épines. 

La végétation des Astragales est en rapport avec leur organisation 
prinitive; les bisannuelles germent en automne, et périssent en 
donnant leurs graines l'année suivante; les herbacées vivaces fournis- 
sent des rhizomes quelquefois chargés des débris des anciennes 
feuilles, mais ne se propagent, je crois, jamais par des stolons, 
excepté cependant le Cicer. 

Les Tragacanthes, les Anthylloïdes et quelques autres portent des 
boutons proprement dits à leurs aisselles supérieures. 

Ces plantes embellissent les collines de l'Orient, ainsi que les plaines 
et les montagnes de la Sibérie; on voit leurs diverses espèces recou- 
vrir ces vastes déserts qu’elles changent en immenses jardins, nuancés 
de mille couleurs; et quand cette grande scène a disparu, ce qui 
arrive ordinairement au commencement de l'été, les fruits à peu près 
mûrs et les graines, ainsi que les péricarpes souvent enflés et colorés, 
servent de nourriture aux hommes et plus souvent aux animaux 
rongeurs, principalement aux diverses espèces de rats si multipliés 
dans ces contrées. Les espèces européennes présentent des tableaux 
moins brillants; cependant elles ne sont pas sans mérite : le Glycy- 
phyllos, ainsi que quelques autres, se distinguent par l'élégance et 
la fraicheur de leur feuillage, et j'ai déjà parlé de l Onobrychis étalant 
sur les rochers ses longues grappes incarnates. 

Il est impossible de ne pas remarquer ce fait singulier que ParLas 
mentionne souvent dans son Astragalogie; c’est que, dans les déserts 
de la Sibérie, les loges des légumes tombent sans s'ouvrir, et offrent 
souvent trois Ou quatre graines qui germent ensemble, ei dont les 
rameaux s’entrelacent de manière à se soutenir mutuellement, et à se 
préserver ainsi de la dent des troupeaux; il en est de même de cette 
singulière espèce du Chronopode , dont le rhizome repousse sans cesse 
de son centre, et dont les tiges extérieures, dures et desséchées, 
préservent ainsi les jeunes pousses. 

J'ajoute que les légumes sont pédicellés, lorsqu'ils devaient sortir 
du calice pour mûrir, ou qu'ils devaient se déjeter pendant la matu- 
ration, comme dans le {Galegiformis, etc., et que leurs pédicelles 
ne se contournent pas, comme dans les Phaca , parce qu'ils ne sont 
que très-rarement uniloculaires , polyspermes, à deux valves déhis- 
centes. On ne pourra se rendre un compte satisfaisant des formes 
bizarres que revêtent ici les légumes, et des modifications qui existent 


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dans leur structure intérieure, qu’en les comparant avec la végétation, 
la fécondation et la dissémination propre à chaque espèce; mais alors 
on entre dans une carrière immense, dont l'observateur le plus 
attentif ne peut parcourir qu'une faible'partie. 


QUATRIÈME GENRE. — Disserula. 


Le Bisserula a un calice quinquéfide, une carène obtuse, des éta- 
mines diadelphes, un légume aplati, biloculaire à valves carénées et 
dentées sur le dos, huit à dix semences fortement bosselées. 

Ce genre, dont on ne compte qu'une seule espèce répandue dans 
l'Orient et l'Europe australe, n’a aucun rapport de végétation ou de 
structure avec les Astragales, et forme un vrai type dans les Zéou- 
mineuses. 

Le Bisserula pelecinus est annuel et porte une tige diffuse, pube- 
scente et très-amincie; ses feuilles sont imparipennées, à paires nom- 
breuses, ses pédoncules allongés sont chargés à la base de deux 
bractées scarieuses et au sommet de quatre à cinq fleurs petites et 
bleuûtres. 

Les folioles, plissées en deux dans l’estivation et échancrées trian- 
gulairement au sommet, sont marquées de taches noires et irrégu- 
lières ; les fleurs , qui ressemblent à celles des Ervum, ont un stigmate 
en tête papillaire et un peu incliné du côté de l’étendard; les anthèrés, 
au nombre de cinq, car les autres avortent, répandent sur le stigmate 
leur poussière orangée et brillante ; l'ovaire, d’abord allongé et assez 
renflé, est incliné à sa base et relevé vers le sommet. Il conserve à peu 
près cette position en mürissant, mais il s’aplatit insensiblement sur 
les deux sutures et s’'échancre en même temps sur les bords en autant 
de dentelures qu’il y a de semences de chaque côté de la suture; 
enfin il se dédouble sur les bords et se rompt dans toute la longueur 
des deux sutures, qui sont ici appliquées l’une contre l’autre; en sorte 
qu’à la dissémination, il présente deux rangs de semences sur le 
même plan et quatre valves étroites et allongées. Cette bizarre défor- 
mation qui est, je crois, propre au Bisserula, est bien représentée 
par GÆRTNER ( Planch. 154, fig. 4). Les étamines sont ici diadelphes, 


ét par conséquent le légume porte u un néctaire à la base, mais je n’ai 
pas vu la forme de fécondation 


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Troisième tribu. — HÉDYSARÉES. 


Les Hédysarées ont l'embryon homotrope, la corolle papilionacée, 
les étamines ordinairement monadelphes, ou réunies une à neuf et 
cinq à cinq, le légume divisé en loges, ou articles monospermes, les 
cotylédons planes et convertis par la germination en feuilles pourvues 
de stomates, la carène fléchie brusquement au sommet. 


Première sous-tribu. — CoRONILLÉES. 


Les Coronillees ont les fleurs en ombelle, les légumes cylindriques 
ou aplatis et les feuilles primordiales toujours alternes ; leur petite 
famille est toute européenne. 


PREMIER GENRE, — SCorpiurus. 


Les Scorpiurus ont un calice quinquéfide, une carène à deux onglets, 
des étamines simplement diadelphes dont cinq plus grandes, un 
ovaire sillonné, un légume roulé en spirale et formé de trois à six 
articles monospermes, sillonnés longitudinalement et chargés de 
nervures muriquées ou aiguillonnées. 

Ces plantes annuelles ou bisannuelles, éparses au milieu des champs, 
sur les bords de la Méditerranée, se réunissent sous sept espèces, 
cinq européennes et deux africaines; mais elles sont tellement sem- 
blables entr'elles qu'on pourrait les considérer comme de simples 
variétés, si elles ne se conservaient pas séparément sans altération. 

Les tiges des Scorpiurus sont faibles, tendres et couchées sur le sol; 
les feuilles alternes sur deux rangs et accompagnées de stipules lan- 
céolées sont simples, spatulées, rétrécies en longs pétioles et plissées 
dans l’estivation sur leur nervure moyenne; les fleurs, portées sur de 
longs pédoncules et jaunes dans toutes les espèces, excepté le Purpu- 
reus d'Afrique, sont solitaires, géminées ou même quaternées et 
réunies en ombelle; les légumes, qui varient plus que les autres 
organes, sont roulés sur leur face inférieure, et recouverts de tuber- 
cules, serrés et glanduleux dans le Vermiculatus, émoussés et unila- 
téraux dans le Muricatus, disposés en arêtes piquantes dans le Sulcatus, 
et armés de six à huit pointes un peu crochues dans le Villosus. 

Les fleurs sont petites et l'étendard est plus foncé en couleur que le 


— 165 
reste de la corolle; le pédicelle est articulé près du calice à peu près 
comme dans les Lathyrus, et parmi les dix étamines, cinq alternes ont 
leur filet renflé au sommet. 

Les corolles, d'abord couchées sur le pédoncule, s’étalent en même 
temps que ce pédoncule se relève pour la fécondation, que je n’ai pas 
observée ; mais je suppose que le nectaire doit y jouer un grand rôle, 
puisque lé étamines sont diadelphes, et je soupconne que les renfle- 
ments des cinq étamines alternes sont destinées à recevoir et à conser- 
ver le pollen. 

Les fruits se répandent de bonne heure sur le sol, et se séparent de 
leurs pédicelles sans s’ouvrir ni se rompre ; sans doute que plus tardils 
se divisent en articles; l'embryon est cylindrique dans ce genre, 
comme dans celui de l'Hippocrepis, selon l'observation de GÆRTNER. 

Les feuilles m'ont paru dépourvues de tout mouvement, et je n'ai 
remarqué aucune articulation à leur base , ni aucune trace de soudure 
à leur surface. Est-ce là leur forme primitive ? 

Le légume, formé de plusieurs articulations renfermant chacune 
une graine, se roule sur lui-même par l'allongement de la suture 
supérieure, sans conserver , à ce que je crois, aucune trace de valves; 
il ne s'ouvre pas, mais il se désarticule et les semences sortent souvent 
quand il se détruit. 

Les racines sont fibreuses, les cotylédons linéaires, cylindriques, 
légèrement engainés , souvent calleux à l'extrémité et dépourvus 
sensiblement de nervures; les feuilles primordiales ressemblent aux 
autres, et le spermoderme adhère long-temps à la jeune plantule. 

Les caractères spécifiques tirés du nombre et de la couleur des 
fleurs, ainsi que de la surface des légumes sont très-variables; car J'ai 
vu dans la même plante les légumes chargés d'une à quatre fleurs et 
des gousses plus ou moins hérissées selon l’état de croissance et la 
nature du terrain; j'ai de plus remarqué que, dans le Willosus , les 
fleurs passaient très-promptement du jaune à l'orangé; le Sulcatus et 
le J’illosus sont déjà en pleine fleur au mois de mai; ce qui semble 
indiquer que leurs graines avaient germé en automne. 


DEUXIÈME GENRE. — Coronille, 


Les Coronilles ont un calice campanulé, à cinq dents raccourcies, 
deux supérieures rapprochées et comme réunies, des onglets souvent 
plus grands que le calice, une carène aiguë , des étamines diadelphes, 
dont les cinq filets allongés sont dilatés près du sommet, un légume 
allongé, droit ou arqué, cylindrique ou tétragone et comme ailé, 


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enfin séparé à la maturation en articles oblongs et monospermes, des 
semences ovales et à peu près cylindriques. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Celle des ÆEmerus, dont les onglets sont triples du calice et les 
légumes à peine séparables ; 

2° Celle des Coronillees, dont les onglets sont égaux au calice, et 
dont les légumes sont articulés. 

L'Emerus, qui forme seul la première section, est un arbrisseau 
de l'Europe australe, à tige anguleuse et rompue au sommet; ses 
stipules sont très-petites, et ses pédoncules triflores; ses feuilles, à 
cinq ou sept folioles épaisses, et plissées en deux, sont renfermées 
dans des boutons axillaires, recouverts de quelques écailles et pro- 
tégés par les pétioles persistants des anciennes feuilles; ses fleurs, 
grandes et jaunes, qui sortent avec les premières feuilles, naissent 
de la base des rameaux latéraux demi-avortés , et reparaissent quel- 
quefois en automne sur le bois de l’année; l’étendard ne se referme 
pas, les anthères sont petites, égales et portées sur des filets 
enflés; le stigmate est une tête ovale, droite et probablement gluti- 
neuse. 

Les Coronillees se divisent en deux groupes; celui à fleurs jaunes, 
et celui à fleurs rouges ou blanches. 

Les Coronillees à fleurs jaunes, qui habitent presque toutes les 
bords de la Méditerranée, se rangent sous deux types principaux : 

Le premier est celui du Juncea, de la France méridionale, arbris- 
seau glabre, à écorce fongueuse et tige rompue au sommet; ses 
stipules très-petites sont promptement caduques; ses folioles, dont 
le nombre décroît de sept à un de la base au sommet, sont linéaires 
oblongues,, un peu charnues et roulées sur les bords; ses ombelles, 
de cinq à sept fleurs odorantes, latérales et axillaires, se développent 
presque toute l’année; ses rameaux sont souples, cylindriques et 
presque nus. On peut y joindre peut-être le Squamata, de l'Espagne, 
à légumes furfuracés, écailleux, et l'Eriocarpa de Bossier , de la 
même contrée, mais qui en diffère par ses tiges ligneuses, et ses 
légumes tout recouverts d’une laine papillaire, blanche et crépue. 

Le second est formé de sept ou huit espèces frutescentes ou sous- 
frutescentes, à folioles souvent épaisses et glauques, à stipules ordi- 
nairement ovales , soudées et caduques, à fleurs ombellées d’un jaune 
d'or, odorantes surtout la nuit; les principales sont le Glauca, de 
Ja France méridionale, qui fleurit dans toutes les serres, et dont les 
tiges sont comme articulées à chaque feuille, le Coronata et le Mon- 
lana ; à stipules connées, à légumes tétragones, mais dont la première 


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a des ombelles de cinq à huit fleurs, et la seconde de quinze à vingt; 
le Minima, des montagnes subalpines, dont les petites stipules réunies 
sont opposées aux feuilles; le J’aginalis, à stipules connées, de la 
grandeur des feuilles et légumes chargés de quatre ailes. 

Les Coronilleées à fleurs blanches ou pourprées qui forment notre 
second groupe, sont principalement au nombre de deux : le Cretica, 
de l'Italie, à ombelle de trois à six fleurs, et le Varia, dont les om- 
belles portent près de vingt fleurs; cette dernière est une herbe vivace 
et traçante, dont les fleurs sont d'abord penchées, et qui forme le long 
de nos haies et de nos prairies des touffes pleines de grâce et de frai- 
cheur. 

L'efflorescence de l’Emerus est simultanée, parce que les boutons, 
s'ouvrant à la même époque, les fleurs très-peu nombreuses doivent 
paraître en même temps; mais les Coronillees , dont le développement 
est successif, s'épanouissent une grande partie de l'année; leurs fleurs, 
disposées en ombelles terminales sur des pédoncules nus, axillaires et 
presque toujours tronqués au sommet, s'ouvrent et se redressent 
toutes à la fois, excepté pourtant dans le Juncea, où les fleurs, quoi- 
que unisériées, ne paraissent que les unes après les autres. 

Ces plantes présentent des différences assez considérables dans leur 
organisation. L’Emerus , par exemple, comme le Montana et le Juncea, 
ainsi que les espèces à fleurs blanches ou pourprées, ont les folioles 
condupliquées dans la préfoliation; tandis que la plupart de celles à 
fleurs jaunes n’ont jamais leurs folioles plissées, ce qui dépend sans 
doute de ce que celles-ci sont glauques et fort épaisses. 

Les stipules varient beaucoup dans ce genre; elles sont persistantes 
dans l’/berica à tige herbacée, de la Cappadoce; membraneuses et 
promptement caduques , dans l’'Emerus et le Juncea ; grandes, ovales 
et lancéolées dans la plupart des Coronillees ; jaunes, soudées et oppo- 
sées aux feuilles dans le Montana et le V’aginalis , plantes peu élevées, 
et dontëlles forment pour ainsi dire l'enveloppe extérieure. 

Les folioles de la plupart des Coronillées , le Juncea excepté, s'éta- 
lent le jour et se relèvent le soir, comme celles de l'Emerus ; les 
espèces herbacées se recouvrent à l'entrée de la nuit en se couchant 
sur leur pétiole commun, et s'ouvrent pleinement à la lumière ; les 
fleurs pendantes avant la floraison , se redressent et s'épanouissent 
dans la position horizontale; l’étendard se renverse fortement et ne 
se referme pas. 

La fécondation, qui a lieu ordinairement un peu avant la floraison, 
est toujours intérieure, parce que la carène terminée en pointe ne 
s'ouvre pas, et c'est sans doute la raison pour laquelle l'étendard, 


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une fois déplié ne se rabat plus, et pour laquelle les anthères arrondies 
ne s'ouvrent jamais nettement, mais répandent leur pollen onctueux 
à travers les parois amincies, et à peu près détruites de leurs loges; 
le stigmate est une petite tête glutineuse, rejetée du côté de l’éten- 
dard avec la pointe de la carène; mais dans le Juncea c'est un cône 
tronqué au sommet, et dans le Montana le style est comme articulé 
au légume; ce qui montre que la fécondation n’a pas la même forme 
dans les diverses espèces, et qu’elle dépend sans doute de la subordi- 
nation des anthères à l'humeur miellée du nectaire. 

La première des observations que fournit ce genre est celle de ces 
pédoncules nettement tronqués au sommet, et dont il est difficile de 
ramener l'inflorescence à quelques-unes des plus connues; la seconde 
est celle de ces pédicelles cornés, qui d’abord fortement déjetés, se 
relèvent tous ensemble pour l'épanouissement, et restent ensuite dans 
cette position, parce qu'ils ne pourraient, sans s'embarrasser mutuelle- 
ment, ni se relever, ni se rabaisser; la troisième concerne ces mêmes 
verticilles restés insensibles à l’action de la lumière qui aurait nui à 
leur développement régulier; la quatrième est relative à ces stipules, 
si variables selon les espèces, et dont le but est sans doute de proté- 
ger le premier développement des feuilles et des fleurs qui s’épanouis- 
sent de très-bonne heure; la cmquième s'applique à ces légumes 
articulés, et ainsi toujours saillants hors du calice, dont les graines 
en se semant sontaccompagnées de la portion du légume enveloppant, 
et par conséquent fortement protégées dans leur germination. On 
peut de plus remarquer que la radicule fléchie sort par la base de l'ar- 
ticulation, et la plumule par le sommet et non par les côtés, comme 
dans le cas où l’ouverture est longitudinale; il y a donc ici un rapport 
nécessaire entre l'articulation du légume des Coronillees et la position 
de la radicule ; enfin les pétales de l'£merus ne s’allongent si fortement 
que pour protéger la fécondation, car ses légumes se développent 
avec une telle promptitude, que, sans cette précaution, ils auraient 
entrainé les stigmates hors de la carène avant l’anthèse. 

Les légumes des diverses Coronillées se rompent facilement dans 
leurs articulations; mais ceux de l'Emerus, à semences cylindriques 
et radicule non saillante, ne se séparent que tard, en sorte que les 
semences sortent souvent de l'articulation elle-même qui se détruit. 

Les cotylédons sont cblongs, rétrécis à la base et dépourvus sen- 
siblement de nervure; l'embryon est recourbé, les feuilles primor- 
diales ont successivement une, deux, trois et cinq folioles, et quand 
leur nombre est pair, ce n’est jamais la foliole terminale qui manque. 


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TROISIÈME GENRE. — ÆArthrolobium. 


L'Arthrolobe, qui a recu son nom de son légume articulé, a un 
calice tubulé, dépourvu de bractées et terminé par cinq dents pres- 
que égales, une carène aplatie et très-petite , des étamines diadelphes, 
un légume à peu près cylindrique à articles indéhiscents et tronqués. 

Ce genre, qui est un démembrement des Ornithopus de Lin, 
est formé de quatre espèces annuelles, dont trois habitent les côtes 
de l'Espagne ainsi que de la France, et dont la dernière appartient à 
la Barbarie ; elles ne sont pas homotypes, mais les unes et les autres 
se ressèment dans les champs sablonneux où elles croissent; leurs 
fleurs jaunes sont réunies en petites têtes, et leurs feuilles sont glau- 
ques et glabres ; leurs différences spécifiques consistent dans des 
stipules ou nulles ou petites, et réunies en une seule membrane 
_ bifide opposée aux feuilles; dans la longueur des pédoncules, le nom- 
bre et la nature des folioles; enfin dans la forme du légume exacte- 
ment cylindrique, ou légèrement tétragone, ou bien un peu noueux 
et toujours plus ou moins recourbé. 

Les feuilles inférieures sont simples dans le Durum et le Repandum, 
trifoliolées dans le Scorpioides , et aïlées dans le Bracteatum. Le Scor- 
pioides, que Kocx a placé dans les Coronillées, a de plus sa foliole 
terminale très-grande comparée aux deux autres; en sorte qu'on pour- 
rait croire qu’elle a été soudée aux deux folioles qui manquent. 

Cette dernière espèce, qui me paraît homotype au Durum , a comme 
ses congénères les fleurs réunies en petite ombelle sur un pédoncule 
commun; ses feuilles roulées en cornet portent deux bractéoles blan- 
châtres, et ont leurs articulations très-peu marquées; l'Ebractealum, 
au contraire, est une plante très-délicate, à folioles nombreuses et 
condupliquées, à pédoncule allongé, uniflore ou biflore, à légume 
arqué, très-effilé et légèrement articulé. 

La fécondation est intérieure, les filets sont empâtés au sommet 
dans le Scorpioides et \ Ebracteatum, et les anthères répandent leur 
pollen jaunâtre sur le stigmate ovale et glutineux qu'elles envelop- 
pent. Quel rôle joue ici l'humeur miellée du nectaire, et à quoi sert 
l'empâtement des filets ? 

Les légumes, dans la maturation, se désarticulent et se coudent 
plus ou moins ; les semences se sèment une à une avec la portion du 
légume qui les recouvre. 

Les cotylédons, semblables à ceux des Coronilles, s'élèvent très- 
peu sur le sol, et les premières feuilles naissent immédiatement au- 


= f0 

dessus; celles de l'Ebracteatum sont ailées, à quatre ou cinq paires 
avec une impaire ; dans le Durum, la première feuille est longuement 
pétiolée à trois folioles , et le Scorpioides a la première feuille simple, 
ovale, rétrécie en pétiole et accompagnée de deux petites stipules 
soudées à la base. 

Le principal objet de recherche me paraît être ici l'influence du 
nectaire sur la fécondation; on peut y joindre celui du mouvement 
des feuilles considérées en elles-mêmes, et par rapport à l'abri qu’elles 
fournissent aux fleurs; enfin il faudrait chercher, comme dans les 
Coronilles , le but de la nature dans la diversité de forme, de position 
et de durée qu'elle a donné ici aux Arthrolobes. 

Monis, dans sa Flore de Sardaigne, range peut-être avec raison 
l’Arthrolobe ebracteatum parmi les Ornithopus ; cependant Kocx 


observe que ses légumes sont cylindriques, et non contractés aux. 
articulations. 


QUATRIÈME GENRE. — Ornithopus: 


L'Ornithopus a le calice tubulé, pourvu de bractées et terminé par 
cinq dents inégales, une carène trés-petite, un légume aplati, formé 
de plusieurs articles monospermes, indéhiscents, tronqués des deux 
côtés et à bords parallèles. 

Ce genre a recu son nom de ses légumes disposés en ombelle unila- 
térale, et qui ressemblent assez bien, par leur nombre et leur extré- 
mité crochue, aux pattes inégalement renflées et comme articulées 
des petits oiseaux; le pédoncule, qui porte l'ombelle partielle et exté- 
rieure, est axillaire, assez allongé et terminé par une collerette ailée, 
semblable à celle des Anthyllis, et qui sert après la fécondation à-pro- 
téger les jeunes fleurs. 

Ce genre est formé de deux espèces annuelles : le Compressus et le 
Perpusillus , originaires du midi de la France, et distingués entre eux 
par l’aplatissement du léoume, la couleur des fleurs jaunes ou rou- 
geâtres, la longueur relative des pédoncules et le nombre des folioles 
qui est de quatorze ou quinze paires dans le premier, et seulement 
de huit à neuf dans le second; le Roseusj de l'Espagne, est une 
variété du Perpusillus , selon DE Cawnozze, et une troisième espèce, 
selon Kocx. 

Les ombelles partielles de ces plantes ne portent guère que trois 
ou quatre fleurs, les feuilles sont dépourvues de mouvements, les 
pédoncules se rompent, mais les légumes se désarticulent à peine et 
très-lentement; le filet crochu qui les termine est le style endarci; 
enfin les étamines diadelphes , ont leurs filets alternes dilatés. 


Te 

La radicule est infère, comme dans les Ærthrolobium, la plumüle 
est à peu près nulle, les cotylédons sont foliacés, les feuilles primor- 
diales, alternes et ailées à plusieurs paires; les stipules, qui s’aper- 
coivent de bonne heure, sont petites et adnées au pétiole, et les 
racines sont chargées, au moins dans le Perpusillus, de ces tubercules 
pelotonnés propres aux Légumineuses. 

Il y a peu de plantes aussi faibles et aussi délicates que les Orni- 
thopus, surtout à l'époque de la floraison; leurs feuilles molles et 
velues forment des touffes fraîches et pleines d'élégance, qu'on ren- 


contre sur les bords des chemins et des champs, dans le voisinage de 
la Méditerranée. 


CINQUIÈME GENRE. — ippocrepis. 


Les Hippocrepis ont le calice quinquéfide à lobes égaux, une carène 
à deux pieds, des étamines diadelphes , un style filiforme et aigu, un 
légume échancré extérieurement, recourbé en fer à cheval et formé 
de plusieurs articles monospermes, des semences cylindriques ou 
oblongues, aplaties’et fixées au milieu des sinuosités. 

On divise ce genre en deux groupes : 

1° Les espèces vivaces, dont les légumes ont leurs sinuosités très- 
ouvertes ; 

2° Les espèces annuelles, dont les légumes ont leurs sinuosités 
étroites et profondes. 

Les espèces vivaces, qui me paraissent homotypes, sont au nombre 
de trois : le Balearica, le Glauca, du royaume de Naples, et le 
Comosa; cette dernière, très-commune sur les collines et les exposi- 
tions chaudes, a une racine tracante et rhizomatique, qui végète 
pendant l'hiver, et pousse des radicules de la base de ses stipules, 
ainsi que des rameaux de ses aisselles supérieures; ses folioles sont 
condupliquées, épaisses et dépourvues de mouvement, et ses pétales 
pédicellés, comme ceux du Coronilla emerus | adhèrent à leur base 
par un renflement genouillé; l’étendard est percé de deux trous à sa 
base, et la nacelle porte un surplis assez aminci qui forme à peu près 
une demi-enveloppe. 

Le Balearica est une plante demi-ligneuse , à folioles convolutives; 
ses pétales sont onguiculés comme ceux du Comosa, dont elle diffère 
par ses légumes, qui, au lieu d’être articulés à chaque semence , sont 
au contraire fortement sinués, et par ses fleurs irrégulièrement ver- 
ticillées. Ce dernier caractère dépend sans doute de ce qu’elles sont 
dépourvues de mouvement, et ne s'abaissent ni ne se relèvent, comme 


— 172 — 
celles du Comosa, ce qui aurait été difficile à exécuter dans leur po- 
sition. L 

Les Hippocrepis annuels comptent six espèces, originaires aussi du 
midi de l'Europe; elles sont homotypes et ne différent que par la 
longueur de leurs pédoncules, le nombre de leurs fleurs et les formes 
variées de leurs légumes ; les plus connues sont l Unisiliqua, à fleurs 
sessiles et solitaires, le Multisiliqua , à ombelle unilatérale et légumes 
tellement recourbés qu'ils forment deux tours sur eux-mêmes , et le 
Ciliata, plante très-élégante, dont l’on distingue trois variétés selon 
le nombre des fleurs de l’ombelle. 

Le principal phénomène de ce genre c'est la forme-bizarre du: 
légume, qui non-seulement est articulé, mais encore échancré, à 
chaque articulation, sur la suture supérieure; ses cordons pistillaires. 
suivent tous les contours de cette suture, et chaque graine est atta- 
chée par son milieu au centre de l’échancrure; la radicule, qui cor- 
respond au point d'attache, se dirige d’un des côtés, et les cotylédons, 
qui sont fort effilés, se plient pour arriver à l'autre extrémité; chaque 
graine forme ainsi une courbe étendue dont la radicule est le centre: 
À la dissémination , le légume se désarticule dans sa partie pleine , en 
autant de pièces qu'il y a de graines. Quel est le motif de ce singulier 
arrangement, et de cette articulation préparée à l'avance? C’est ce 
que j'ignore; on voit seulement que la suture supérieure, beaucoup 
plus développée que l'autre, a été obligée de se courber régulière- 
ment, pour que le légume ne füt pas entièrement détruit. 

La déformation du légume ne s'opère que lentement ; tant que dure 
la fécondation et quelque temps après, ce légume paraît semblable 
aux autres, ses deux bords sont parallèles, et ses semences vues par 
transparence sont droites, ovales, allongées; ensuite la partie du 
légume logée entre les graines se renfle insensiblement, et entraîne 
avec elle les deux extrémités recourbées de la graine, avant qu'on 
apercoive encore l'articulation du légume. Dans le Comosa, les valves 
à la dissémination se séparent tout entières, sans se rompre, et les 
graines recourbées tombent nues; l'ombilic est placé ici avec la radi- 
cule, au milieu de la semence, du côté de la suture. 

La fécondation est intérieure et s'opère dans la nacelle allongée 
en gaîne; les anthères, dont cinq plus grandes sont portées sur des 
empâtements blanchâtres , répandent leur pollen onctueux , semé. 
de grains brillants sur le stigmate glutineux plutôt que papillaire, et 
dont le style a souvent son sommet garni de poils qui retiennent la 
poussière fécondante. Il n’est pas douteux que l'humeur nectarifère 
du godet, placé à la base de la gaîne staminifère, au-dessous du 


— 173 — 
stigmate et de la dixième étamine détachée, ne recueille aussi une 
portion du pollen , pour renvoyer ensuite ses émanations au stigmate 
lui-même. 

Les cotylédons sont linéaires et plus courts que ceux du Scorpiurus ; 
la première feuille a une, deux ou plus souvent trois folioles dont 
une terminale; les suivantes sont ailées à deux paires avec impaire ; 
toutes naissent très-près des cotylédons. 

Les Hippocrepis ont le port et les habitudes des Coronilles ram- 
pantes à fleurs jaunes, dont elles diffèrent cependant par leurs feuilles 
moins épaisses, rarement glauques, ainsi que par leurs racines ordi- 
nairement annuelles ; le Comosa de notre premier groupe pare souvent 
de ses gazons élégants nos prés secs et nos collines montueuses; ses 
verticilles de fleurs jaunes se tournent du côté de la lumière, et ses 


pédoncules, qui s'abaissent la nuit , se relèvent le jour pendant toute 
la durée de la floraison. 


SIXIÈME GENRE. — Securigera. 


Le Securigera a un calice court et bilabié, des onglets plus longs 
que le calice, une carène aiguë, des étamines diadelphes, un légume 
plane à sutures proéminentes, coupé par des étranglements qui ne 
se séparent point, et prolongé à la maturité en un long bec. 

Ce genre ne comprend que le Securigera coronilla, réuni autrefois 
aux Coronilles, dont il a le port et l'inflorescence; c’est une herbe 
annuelle, répandue sur les côtes de la Méditerranée depuis l'Espagne 
jusqu'à la Tauride, et dont les nombreuses folioles sont tronquées, 
élargies et acuminées au sommet ; ses fleurs jaunes sont réunies en 
ombelles peu garnies, et portent chacune à leur base une petite 
bractée membrareuse ; le pédoncule, ainsi que dans les Coronilles, est 
tronqué au-dessus de l’ombelle. 

L’efflorescence générale est centripète, mais dans la même ombelle 
toutes les fleurs ne s'épanouissent pas en même temps; deux ou trois 
devancent les autres, et parmi le petit nombre de celles qui restent il 
y a encore des différences ; elles ne pourraient pas fleurir en même 
temps sans se gêner, à cause de la grandeur du légume et de la rapidité 
deson accroissement; c'est là une disposition très-remarquable, com- 
parée surtout avec ce qui a lieu dans les Coronilles. 

Les folioles sont condupliquées, et la feuille est recourbée par la 
flexion de son pétiole contre l'ombelle correspondante qu’elle enve- 
loppe dans sa jeunesse; les stipules sont simples et caduques; les 
folioles dorment la nuit sur le pétiole commun, couchées du côté de 


— 174 — 
la base ; les fleurs, avant leur développement, sont déjetées contre 
leurs pédoncules fortement striés. 

Le stigmate est une petite tête visqueuse plutôt que papillaire; les 
anthères sont aplaties et ovoïdes; les filets alternativement dilatés et 
épaissis au sommet sont distinciement séparés dans le premier âge de 
la fleur ; la fécondation est intérieure, mais il n’est pas douteux que 
l'humeur miellée n’y joue un grand rôle; les légumes fortement 
recourbés en faucille s'ouvrent à la maturité. 

Les cotylédons sont planes et étalés sur le sol; les feuilles primor- 
diales ont cinq folioles, et les pétioles forment à peu près un angle 
droit avec la tige. 

Cette plante se ressème chaque année dans les champs de l'Europe 
australe; son feuillage ne manque ni de fraicheur ni d'élégance ; mais 
ses ombelles, dont les légumes s’accroissent irrégulièrement, lui 
donnent une apparence difforme. 

Les Coronillées méritent comme on le voit l'attention de l’observa- 
teur, soit par leur forme de végétation et d'inflorescence, soit surtout 
par la bizarre structure de leurs légumes et les mouvements variés de 
leurs folioles. Elles n’ont pas encoreété suffisamment étudiées par rap- 
port à leur fécondation ét à la structure de leurs étamines, dont cinq, 
régulièrement plus grandes, ont leurs filets épaissis et comme épâtés 
au sommet. On ne peut guère douter que cette petite famille, presque 
entièrement européenne, n’occupe dans les Papilionacées un rang qui 
lui est propre, et qu’elle doit à son organisation relevée. 


Deuxième sous-tribu. — EURHÉDySARÉES. 


Les Euhedysarees ont les fleurs en grappe et les légumes aplatis. 
PREMIER GENRE. — /desmia. 


L’Adesmia a un calice quinquéfide à divisions à peu près égales, 
une corolle dont l’étendard dans sa jeunesse est plié sur les autres 
pétales, et dont la carène est recourbée et tronquée au sommet, des 
étamines distinctes et rapprochées, un légume aplati et articulé dans 
sa longueur, une suture supérieure droite et épaissie, une inférieure 
sinuée et comme lobée, des articulations monospermes, arrondies 
et séparables. 

Ces plantes, qui appartiennent aux contrées australes de l'Amérique 
méridionale, sont des herbes annuelles ou vivaces, à stipules lan- 


— 175 — 
céolées, feuilles ailées sans impaire, mais terminées par un filet; les 
pédoncules axillaires et uniflores paraissent quelquefois terminés en 
épi par l'avortement des feuilles supérieures. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Celle des Patagonium ; dix étamines, légume formé de quatre 
à huit articulations rudes, ou veloutées et membraneuses, fleurs 
petites et jaunes, feuilles souvent dentées ; 

2° Celle des Chætotriques ; cinq à dix étamines, légume à deux 
articulations, coriaces, lridées et plus ou moins hérissées d’arêtes 
barbues ou plumeuses. 

C'est dans la première que l'on place le Muricuta, plante annuelle 
de la Patagonie, à tige couchée, folioles de cinq à sept paires, rudes 
sur les bords, pédicelles allongés et axillaires, légume à trois ou quatre 
articulations muriquées et saillantes hors du calice; toute la plante 
est couverte de poils glanduleux , et à la dissémination, chaque arti- 
culation s'ouvre par les deux sutures, comme une boîte dont le cou- 
vercle disparait avec la semence, et dont le fond persiste plus long- 

temps. Cette forme singulière de dissémination mérite d’être remarquée 
dans les légumes articulés. 


DEUXIÈME GENRE. — Desmodium. 


Les Desmodium ont un calice à deux bractées et deux lèvres; la supé- 
rieure à deux divisions, l'inférieure à trois, dont la moyenue est 
ordinairement plus prolongée; des étamines diadelphes à filets per- 
sistants, un légume formé de plusieurs articles séparables à à la maturité, 
aplatis, monospermes , membraneux et coriaces ; la carène est obiuse 
et dépassée par les ailes. 

Ce vaste genre comprend à peu près tous les Hedysarum de Linvé, 
à feuilles unifoliolées ou trifoliolées ; les folioles latérales n’ont qu'une 
stipelle, mais les terminales en portent deux; les fleurs, presque tou- 
jours disposées en grappes lâches sont terminales ou axillaires; les 
pédicelles sont solitaires ou ternés, filiformes et uniflores à l’aisselle 
des bractées; les fleurs sont pourprées, rouges, bleues ou blanches, 
et plus petites en général que dans les trois Hedysarum. 

Les Desmodium,. ainsi appelés de la persistance de leurs filets, 
comptent déjà plus de cent trente espèces, la plupart mal connues, 
et que nous divisons d'après De CanporLe en trois sections. 

La première est celle des Eudesmodium à légumes formés d'articles 
coriaces, ovales et tronqués aux deux extrémités. On en compte trois 
espèces, deux des Indes orientales et une de la nouvelle Calédonie, 


— 176 — 
qui ont toutes des feuilles trifoliolées, des fleurs en corymbes om: 
bellifères et des pédoncules axillaires plus courts que les feuilles. 

La deuxième ou les Pleurolobium ont les articles membraneux et 
presque tétragones, la suture supérieure droite, l'inférieure un peu 
concave et enfin déhiscente. On les partage en deux groupes, les 
Pteropoda , à feuilles unifoliolées et pétiole ailé, et les Gyrantia, à 
feuilles trifoliolées et pétiole non ailé; les premiers comprennent 
quatre espèces originaires des Indes, et les autres trois, des mêmes 
contrées, remarquables par les mouvements oscillatoires de leur 
foliole terminale, et des deux petites latérales. 

La troisième ou les Chalarium se distinguent à leurs articles mem- 
braneux, indéhiscents , ovales ou orbiculés, dont le côté supérieur 
est toujours convexe, et dont les deux extrémités sont amincies; 
leurs feuilles sont formées d'une ou trois folioles, leurs grappes sont 
lâches et allongées, leurs pédicelles ternés et pourvus de bractées. 

Les Desmodium habitent les deux Amériques, le Cap de Bonne- 
Espérance, l'Arabie et les îles adjacentes, les Indes orientales, le 
Japon, la Chine et l'Australasie ; aucunes de leurs espèces n'appar- 
tiennent à l'Europe, mais on en cultive plusieurs, soit dans les serres 
soit dans les jardins; parmi ces dernières, une des plus répandues et 
qui peut servir de type à la plupart des espèces de l'Amérique sep- 
tentrionale, c'est le Canadense, herbe vivace à tige élevée, à épis 
rougeâtres, axillaires et latéraux dont les nombreuses fleurs sont 
d'abord enveloppées d’une large stipule. Les autres Desmodium de la 
même contrée diffèrent principalement par la forme de leurs légumes ; 
mais le Pendulum ou Pleureur, du Népaul, à grappes violettes et 
pendantes , est un petit arbrisseau fort distingué par son élégance. 

Ces plantes, d'après les observations de De CannozLE, paraissent 
distribuées par races ; en sorte que celles qui habitent les mêmes con- 
trées ont entr'elles plus de rapports que les autres; on connaît à peine 
jusqu’à présent la plupart d’entre elles, mais elles laissent déjà entrevoir 
la multitude de faits curieux dont elles enrichiront la science, lors- 
qu'elles auront trouvé des observateurs. 

En attendant, nous remarquerons que c'est dans le Gyrans, de la 
section des Pleurolobium et de la division des Gyrantia, que l’on 
trouve ces mouvements oscillatoires si singuliers, et qui ne peuvent 
s'expliquer, je crois, par aucune cause mécanique. $es feuilles sont 
formées de trois folioles, dont la terminale, plus grande que les deux 
latérales, n'a guère qu'un mouvement de baisse et de hausse, par lequel 
elie vient s'appliquer la nuit sur le rameau qui la porte ; mais les deux 
autres tournent presque continuellement et sans correspondance sur 


— 177 — 


leur pétiolule; l’une est souvent en repos, tandis que l'autre se meut, 
et ce mouvement se prolonge même quelques jours sur le rameau 
détaché de la tige, et encore sur la foliole détachée de la feuille. Il est 
à son maximum dans les Mimosa sensitives , lorsque les fleurs se 
développent, et il s'éteint ensuite insensiblement. Quel en est le but ? 
C'est ce que je ne comprends pas bien. Dans les Sensitives, il est 
destiné à défendre la plante contre la dent des animaux ; mais ici je 
ne sais rien voir qu'un bel exemple d’une organisation supérieure, 
par lequel la nature nous montre qu'il n’est pas facile de ramener les 
plantes à la même structure intime, même lorsqu'elles sont congé- 
nères; je pense qu'il est ici question d’un fluide intérieur, dont les 
mouvements si singulièrement diversifiés sont encore inconnus. 

Les autres Gyrantia présentent-ils les mêmes phénomènes, et y en 
a-t:il qui leur ressemblent dans les nombreuses espèces de Desmodium ? 


TROISIÈME GENRE. — Âedysarum. 


L'Hedysarum a un calice quinquéfide à divisions linéaires et à peu 
près égales, un étendard agrandi, des ailes plus courtes que la carène 
obliquement tronquée, des étamines diadelphes, brusquement cou- 
dées au sommet, des légumes aplatis, dont les articulations mono- 
spermes sont arrondies sur les bords. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Les Echinolobium; articulations velues et couvertes d’arêtes 
pointues ou tuberculées ; 

2° Les Leiolobium ; articulations lisses et non aiguillonnées. 

Les Echinolobium, plus nombreux que les autres, se partagent en 
quatre groupes, d'après leurs formes de végétation : 

1° Les Subacaules, qui comptent quatre espèces homotypes origi- 
naires de la Sibérie et des contrées voisines, se distinguent à leurs 
feuilles et leurs légumes soyeux, à leurs fleurs grandes, jaunes ou 
pourprées , à leurs épis serrés et leurs racines rhizomatiques ; 

2° Les Caulescents à divisions du calice subulées, fruits lisses et 
aïguillonnés, dont six sont originaires du bassin occidental de la 
Méditerranée , et les deux autres de l'Asie; ces plantes homotypes 
sont annuelles ou vivaces, et la principale est le Coronarium des prés 
de l'Italie, très-remarquable par son port et l'éclat de ses fleurs; auprès 
d'elles viennent se placer l'Humile et le Spinosissimum du midi de la 
France ; 

3° Les Caulescents à fruits velus , pubescents ou ridés, qui forment 
à peu près cinq espèces ou variétés homotypes, et sont toutes des 

Il. 12 


er — 
herbes vivaces, ordinairement velues, à fleurs souvent grandes et 
pourprées ; leur principale patrie est la Sibérie Altaïque ; 

4° Les Caulescents à divisions du calice raccourcies, articulations 
ridées, pubescentes ou légèrement aigrettées, qui sont aussi homo- 
types et appartiennent également à la Sibérie; on en compte quatre, 
trois herbacées et vivaces dont la plus remarquable est l'Iberica, à 
étamines coudées, et une dernière frutescente, dont les rhizomes 
s'enfoncent profondément dans les sables qu'ils affermissent; ses six 
ou sept premières feuilles sont simples et radicales, les supérieures 
ont cinq à sept paires. 

Les Leiolobium sont moins nombreux et plus dispersés que les 
ÆEchinolobium; on en connaït six dont quatre appartiennent à la 
Sibérie, une au Canada, et l’autre aux contrées alpines. Cette dernière, 
la seule qui doive nous occuper , est une herbe vivace à fleurs rouges, 
tiges droites, feuilles de cinq à neuf paires, et stipules vaginales 
scarieuses ; son stigmate, qui ne sort du fourreau anthérifère qu'après 
la fécondation , est une petite tête aplatie; ses légumes sont pendants 
comme ceux de la plupart des espèces de cette division, dont les arti- 
culations ne deviennent sensibles que pendant la maturation. 

Les Hedysarum , tels que nous venons de les circonscrire, forment 
un genre très-distinct, dont les espèces se reconnaissent facilement à 
leur port et à leur structure, quoiqu'’elles diffèrent par les caractères 
que nous avons assignés, et dont le principal est la forme des légumes 
lisses ou raboteux. 

Ces tubercules et ces aspérités, si communs dans les Hedysarum, 
naissent d'une écorce fongueuse et épaisse qui recouvre ordinaire- 
rement la gousse dans l’état de maturité, et se retrouve aussi sans 
doute dans les Onobrychis , dont la structure est tout-à-fait semblable, 

Je ne connais pas les mouvements de la fleur, à la fécondation. 

Le phénomène le plus remarquable de ce genre, c'est la confor- 
mation des légumes, qui, primitivement organisés comme ceux des 
autres plantes de la même famille, se divisent bientôt en articulations 
très-prononcées, et qui ne renferment chacune qu'une semence ; ils 
se désarticulent à la dissémination, et se sèment ensuite comme ceux 
des Onobrychis, enveloppés de leur coque endurcie, lisse, tuber- 
culée ou même épineuse; en les ouvrant de bonne heure, on y 
trouve quelquefois une seconde semence avortée, et l'on observe que 
celle qui subsiste est attachée à un funicule logé près de la radicule, 
qui forme une assez grande saillie. 

Les feuilles primordiales sont simples, opposées, portées sur de 
longs pétioles, et placées immédiatement au-dessus des cotylédons ; 


= 19 — 
les folioles sont condupliquées et dépourvues, je crois, de tout 
mouvement. 

Ces plantes, la plupart rhizomatiques, vivent à peu près dans les 
mêmes localités que les Astragales, et recouvrent de leur beau 
feuillage et de leurs brillantes fleurs, les déserts, les sables, les collines 
et quelquefois les montagnes de la Sibérie; l'espèce 4/pine vitisolée dans 
nos montagnes, où son port la rapproche beaucoup des Onobrychis, 
et où ellé sert, comme ses congénères, de nourriture aux troupeaux. 

On voit très-bien, dans le Coronarium de l'Italie, la transformation 
successive du légume, depuis la forme lisse et continue, jusqu’à 
l'articulation tuberculée ; le stigmate de l'4/pinum, qui ne sort du 
fourreau qu'après la fécondation, indique nettement le concours de 
l'humeur miellée pour cet acte. Cela at-il lieu dans les autres espèces ? 


QUATRIÈME GENRE. — Onobrychis. 


. L'Onobrychis a le calice quinquéfide, à divisions subulées, et 
presque égales, la corolle papilionacée, la carène tronquée oblique- 
ment, les ailes courtes, les étamines diadelphes, le légume sessile, 
aplati, monosperme, indéhiscent, coriace, hérissé, aigretté ou ailé; 
le côté supérieur épais et droit, l'inférieur convexe et plus mince. 

On le divise en trois sections : 

Les Eubrychis ; légume oblique, ridé ou aiguillonné sur le disque, 
denté ou irrégulièrement aigretté sur le dos; 

Les Hymenobrychis ; légume en faux ou un peu orbiculé, ridé ou 
un peu aiguillonné sur le disque, et dilaté sur le dos en arête mem- 
braneuse , légèrement dentée ; 

Les Dendrobrychis ; légume lisse, sans pointe ni aigrette, tige fru- 
tescente. 

La première section contient environ vingt espèces, la plupart 
européennes, et quelques-unes dispersées dans la Sibérie, au Caucase, 
ou sur les côtes de la Barbarie. 

La principale et la plus répandue est le Sativa, originaire des 
collines sèches et crayeuses de l’Europe, où il est généralement 
cultivé comme fourrage ; autour de cette espèce se rangent le Montana, 
le Conferta, le Procumbens, le Supina, \e Glabra et V Arenaria à fleurs 
roses, qui n'en sont guère que des variétés ; ensuite paraissent les 
espèces à fleurs blanches plus ou moins teintes de rose, plantes pleines 
de grâce et d'élégance, qui tapissent les rochers calcaires des mon- 
tagnes; telles sont le Petræa du Caucase, l'4/ba, le Gracilis et surtout 
le Sazatilis des rochers de la Suisse, du Dauphiné et de la Provence ; 


— 180 — 


enfin je place au troisième rang les espèces à épis pauciflores et à 
légume aigretté, comme le Caput galli et le Crista galli, le premier 
annuel, le second vivace, et tous les deux répandus dans le midi 
de la France. Tous les Eubrychis ont les fleurs accompagnées d'une 
bractée. 

La seconde section, originaire de l'Orient, contient six ou sept 
espèces vivaces à feuilles souvent velues et fleurs jaunâtres, rayées de 
pourpre ; leurs légumes, prolongés en arête membraneuse et à peine 
dentés , sont souvent cotonneux; leur port ressemble à celui des 
Eubrychis, et ils se plaisent également sur les collines crayeuses et 
découvertes. Le Ptolemaica de l'Égypte et des déserts de Suez, est 
remarquable par son fruit disperme, qui prouve que les autres ne sont 
monospermes que par avortement. L'espèce la plus répandue dans nos 
jardins, est le Radiata ou le Buxbaumii, dont l'étendard est marqué 
à la base d’une tache jaune, et dont le légume monosperme est forte- 
ment recourbé en faux. A la dissémination, son pédoncule flottant et 
très-aminci, se rompt à la base, en suite d’une articulation préparée. 

La troisième section, qui forme dans les Onobrychis un type sem- 
blable au Tragacantha, dans les Astragalees, ne renferme que trois 
espèces, deux d'Orient et une d'Espagne encore douteuse, parce 
que son fruit est inconnu ; leurs pédoncules deviennent épineux en 
vieillissant. 

Les Onobrychis, ou plutôt les Eubrychis, seule section qui appar- 
tienne à mon sujet, ne diffèrent guère que par le nombre ou la forme 
des folioles, la longueur relative des ailes de la corolle, enfin par leur 
légume plus ou moins appendiculé et subéreux. 

Ces plantes, qui conservent une partie de leurs feuilles pendant 
l'hiver, végètent dès le premier printemps, et ne tardent pas à déve- 
lopper leurs fleurs, toujours disposées en épis axillaires, pédonculés 
et avortés près du sommet. 

Les feuilles sont dépourvues de mouvements très-marqués ; les 
folioles condupliquées ne s'ouvrent qu'imparfaitement, surtout dans 
leur jeunesse, parce qu'elles sont alors trop serrées; elles gas 
séparément toutes sortes de positions irrégulières. 

Les tiges sont cylindriques et dépourvues de torsion, depuis la base 
jusqu’au sommet, ce qui les différencie beaucoup de celles des Orobus, 
des V’icia, etc.; il en est de même des pédoncules, parce qu'ils ne 
naissent pas à l’aisselle de la feuille, mais extérieurement sur son 
côté; on peut même remarquer que les fleurs ne se tournent ni à 
droite ni à gauche, et que leur étendard est originairement contigu au 
pédicelle ; c'est la raison pour laquelle les divisions du calice sont de 


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bonne heure déjetées du côté opposé, quoiqu'elles fussent sans doute 
d'abord régulièrement disposées. 

La fécondation s'opère dans l'intérieur de la carène, et sans doute 
par l'intervention de l'humeur miellée, puisque les étamines sont 
diadelphes; les filets sont détachés à une assez grande hauteur, les 
anthères sont petites et uniformes, le pollen est jaune et bclanti le 
stigmate n’est guère qu'un point; l'étendard se relève un peu après 

l'émission du pollen, et il ne se referme que lorsque la fécondation 
est accomplie; la fleur s'incline sur son pédicelle à l'entrée de la nuit 
et dans les jours de pluie. Dans le Saxatilis, et peut-être aussi dans 
d’autres espèces, la carène se déjette facilement, à la manière de celle 
des Genéts. 

Les légumes ne s'ouvrent pas, mais leurs graines restent long- 
temps fécondes, parce qu’elles ne sont jamais nues; à la germination, 
on voit la plantule sortir par une rupture irrégulière, étendre sur le 
sol ses cotylédons ovales, épais, légèrement pétiolés et dépourvus de 
nervures; la première feuille, qui naît immédiatement au-dessus des 
cotylédons, est simple et longuement pétiolée, comme dans le Trefle 
commun , la seconde a déjà deux ou trois folioles, la troisième et la 
ième en ont cinq. 

Le légume des Onobrychis est-il primitivement conformé comme 
celui des Hedysarum , c'est-à-dire renferme-t-il primitivement plus de 
deux graines. et d’une articulation ? 


CINQUIÈME GENRE. — Æbenus. 


L'Ebenus a un calice persistant fortement quinquéfide, à divisions 
subulées , et dont le tube se renfle un peu pendant la maturation; 
des ailes très-petites et des étamines monadelphes, un légume légère- 
ment arrondi, monosperme ou disperme. 

Ce genre ne renferme que trois espèces, le Cretica, petit arbrisseau 
de la Crête, le Pinnata des collines de la Barbarie, et le Sibthorpii du 
Parnasse et du mont Atlas, bisannuels comme les précédents. 

Elles se distinguent des Anthyilis par leur port, la petitesse de leurs 
ailes, et leurs divisions calicinales allongées ; leurs feuilles ailées ont 
Vimpaire sessile, leurs stipules sont distinctes du pétiole, leurs épis 
sont denses et leurs fleurs rougeûtres. 

Le Cretica, qui se rencontre souvent dans les serres, a les feuilles 
longuement pétiolées, sèches, satinées, à deux paires de folioles et 
une impaire sessile ; ses stipules réunies sont bifides et opposées aux 
feuilles, ses fleurs sont rapprochées en épi dense, à l'extrémité d’un 


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pédoncule allongé; la carène agrandie se réfléchit vers le haut avec le 
stigmate, et les légumes monospermes sont renfermés dans le tube 
cartilagineux du calice, avec lequel ils pourraient bien se semer au 
moyen des divisions amincies, allongées et velues qui le terminent. 

Je'ne connais pas les deux autres espèces ; l'Ebenus, que nous décri- 
vons, n'est pas employé dans les arts. 


Quatrième tribu. — VICIÉES. 


Les Viciées ont une corolle papilionacée, des étamines diadelphes, 
un légume continu, des cotylédons épais et farineux cachés en terre 
dans la dissémination, et long-temps renfermés dans le spermoderme; 
la radicule est recourbée, les feuilles sont ailées et toujours terminées 
par une arête ou une vrille non articulée, qui est le prolongement du 
pétiole; elles se distinguent de la plupart des Leégumineuses par les 
torsions variées de leurs tiges et de leurs pédoncules. 

Cette tribu , très-naturelle, se lie aux Phaséolées par ses cotylédons 
épais et ses tiges volubles ; mais ses rapports avec les Hédysarées sont 
beaucoup moins marqués. 


PREMIER GENRE. — (cer. 


Le Cicer a un calice plus ou moins bossu, dont les lobes supérieurs, 
qui varient de deux à quatre, sont couchés sur l’étendard, les légumes 
sont enflés et dispermes, les semences bossues et mucronées. 

Les principaux caractères des Cicer sont l'inflorescence et les poils 
glanduleux qui recouvrent leurs feuilles. 

Ce genre comprend deux espèces, l’Arietinum, cultivé depuis très- 
long-temps, et le Sangaricum récemment découvert dans la Sangarie 
et la Perse; l’un et l’autre ont les tiges diffuses et fléchies, les feuilles 
ailées à cinq ou six paires et terminées par une impaire dans l'espèce 
commune, tandis que dans l’autre, les feuilles supérieures sont vrillées, 
comme cela arrive aussi quelquefois dans l’Arietinum. Ces feuillessont 
enveloppées dans leur jeunesse par deux stipules irrégulièrement 
dentées, adhérentes au pétiole, et un peu recourbées sur elles-mêmes; 
leurs folioles sont roulées sur les deux bords, et non pas condupli- 
quées, parce qu'elles n’ont pas de nervure moyenne sensible ; le 
pédoncule, qui ne naît pas exactement à l’aisselle des feuilles , est 
d'abord couché le long de la tige, et ne se dégage qu’à la floraison. 

La fécondation a lieu par le concours de l'humeur miellée , quisort 


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abondamment d’une glande placée au fond du calice, dont la bosse 
est très-marquée dans le Sangaricum ; les étamines sont diadelphes, et 
les anthères sont alternativement plus grandes et plus petites ; le style 
est long, velu à la base et glabre au sommet; le stigmate est petit et 
globuleux. 

La gousse se renfle à la maturation ; le pédoncule, comme celui des 
Ononis , est formé de deux branches, l’une molle et herbacée, l’autre 
dure et cornée, qui porte une seule fleur cachée sous les feuilles par 
l'inflexion du pédicelle qui s’allonge à la dissémination; lorsque la 
gousse ne contient qu’une semence, elle ne s'ouvre pas. 


DEUXIÈME GENRE. — faba. 


La Fève ne diffère du V’icia que par son légume grand et coriace” 
et ses semences oblongues à cicatrice terminale. 

Ce genre ne contient que le Y’ulgaris, originaire de la mer Caspienne, 
et cultivé dans nos champs comme dans nos jardins; ses feuilles, à une 
ou deux paires de folioles épaisses et dépourvues de nervures, sont 
terminées par une languette raccourcie ; ses stipules ovales et sagittées 
portent en-dessous un godet emmiellé, comme celui du Vüicia, et 
ses folioles se redressent contre la tige à l'entrée de la nuit ; l'étendard 
s'ouvre pendant le jour à l'époque de la fécondation; les anthères sont 
alternativement inégales, et le stigmate ovale et glutineux porte à 
là base une manchette de poils humectés par l'humeur miellée du 
nectaire. à 

Les fleurs, d'un blanc taché de noir, couleur rare dans la famille, 
sont unilatérales et disposées indifféremment dans toutes les direc- 
tions , sans aucun rapport avec la lumière ; mais elles se placent tou- 
jours du côté où la tige est le plus dégarnie de feuilles, c’est-à-dire du 
côté où l'air leur offre un plus libre accès, en sorte qu’il y a ici une 
subordination établie entre les feuilles et les fleurs, phénomène qui 
m'a paru appartenir à plusieurs autres plantes de la famille des 
Rhinanthees. 

Les racines secondaires de la Fêve, comme celle du Haricot commun, 
sont disposées quatre à quatre sur la circonférence de leur racine 
pivotante ; les cotylédons sont hypogés. 


TROISIÈME GENRE. — Vicia. 


Le Vicia a le calice tubulé, quinquéfide ou à cinq dents, dont les 
deux supérieures plus courtes, le style filiforme, eourbé à angle 


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droit, velu intérieurement un peu au-dessous du sommet, et quelque- 
fois dans toute sa partie supérieure ; le légume oblong, uniloculaire 
et polysperme, des semences ovales ou linéaires, et un ombilic 
latéral. 

On partage ce genre en deux grands groupes : celui à fleurs pédon- 
culées, et celui à fleurs sessiles. 

Le premier renferme environ cinquante espèces, dont plusieurs 
sont sans doute des variétés, et dont les fleurs, ordinairement pour- 
prées ou bleuâtres, quelquefois jaunes ou tachées, sont disposées en 
épi ou plutôt en grappes sur des pédoncules plus ou moins allongés ; 
ces plantes, dont la patrie est l'Europe australe et en particulier 
l'Italie et les îles adjacentes, mais dont quelques-unes sont éparses 
sur les côtes d'Afrique, en Orient et jusqu'en Amérique, sont ordi- 
nairement des herbes vivaces à touffes brillantes, qui s'élèvent au 
moyen de leurs vrilles autour des buissons et des haies; les plus 
communes dans nos contrées sont le Pisiformis, le Sylvatica et le 
Dumetorum , dont les fleurs forment des épis plus ou moins compacts; 
ensuite viennent les espèces à fleurs unilatérales et roulées en dedans 
avant l'épanouissement , telles que le Cracca, l'Onobrychioides ; le 
Pseudo-cracca , le Consentina , Y Atropurpurea , l'Argentea, le Multi- 
flora, etc.; Elie celles à doale pauciflores, la plupart annuelles 
comme le Disperma , et presque toutes étrangères. 

Le second groupe est formé de types plus distincts, dont le pre- 
mier est celui des espèces biflores comme le Sativa , cultivé dans 
toute l'Europe et connu par ses nombreuses variétés, parmi lesquelles 
je distingue celle à fleurs roses; on y joint le Micrantha, qui n'en 
est peut- être non plus qu’une variété, le Cornigera, \ Intermedia des 
environs d'Agen, le Peregrina, le Pprher 7h de l'Italie, si remar- 
quable par son étendard jaune et violet sur les bords, etc. Le deuxième 
type est celui des espèces à fleurs solitaires et légèrement pédonculées, 
les unes pourprées, comme le Pyrenaica, le Bithynica et le Lathy- 
roides ; les autres jaunes, comme le Lutea , YHybrida et le Spuria, 
dont l'étendard est velu extérieurement. Le troisième est celui des 
multiflores, dont les aisselles portent plus de deux fleurs inclinées ; 
telles sont le Sepium, si commun le long de nos haies , le Tricolor de 
l'Italie, à fleurs élégamment bigarrées, le Pannonica, etc. Le qua- 
trième est celui du ÂVarbonensis, à tige épaisse et tétragone, comme la 
Fève, à laquelle on l’a souvent réunie, quoique ses feuilles soient 
vrillées, et ses fleurs d’un pourpre noir. Enfin, le cinquième est formé 
de l’Amphicarpos, qui croît dans les sables de la France méridionale, 
où il se fait remarquer par des folioles inférieures cordiformes et 


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mucronées, et des supérieures linéaires et tronquées, mais surtout par 
ses légumes inférieurs souterrains, ovales, aplatis et raccourcis, tandis 
que à autres sont linéaires, pra et A Su 

Dans les icia biflores, à pédoncules raccourcis, l’une des fleurs 
est placée un peu extérieurement à l’aisselle, et ue au-delà de 
l’aisselle, entre la tige et la stipule, en sorte que l'épanouissement 
s'opère sans obstacle. 

Dans le Vüicia lutea et les espèces du second type, le pédoncule très- 
raccourci ne sort pas de l’aisselle même de la feuille, mais de son bord 
extérieur, afin que la fleur puisse se tourner en liberté du côté de la 
lumière , et que son légume se déjette facilement; dans le Lathyroides, 
à stipules sagittées et non tachées, les feuilles inférieures ont deux 
paires de folioles , et les autres trois ; dans les espèces pédonculées, 
comme l’'Onobrychioides, le pédoncule est bien axillaire, mais il se 
déjette latéralement pour que les fleurs soient dégagées. 

Les feuilles de ce type et celles des Vicia biflores, avant de se 
développer, sont recourbées sur leurs pétioles, et forment par leur 
ensemble une espèce de toit sous lequel sont abritées les jeunes 
fleurs ; à mesure que celles-ci s'épanouissent, la feuille s'étale et ses 
folioles se déroulent, 

Cette disposition n'appartient pas à toutes les espèces pédonculées ; 
dans le Cracca, par exemple, les feuilles ne forment jamais de voûte, 
et s'étendent long-temps avant que les fleurs paraissent; ce qui sert à 
prouver que chaque espèce a une manière de vivre qui lui est propre. 

Dans les multiflores, comme le Vicia sepium, les fleurs sont nues 
ainsi que dans le hong et leur pédoncule, i inséré à peu près au 
milieu de l’aisselle, est tourné de manière que la petite grappe 
soit toujours ce à angle droit de la tige, et inclinée de telle sorte 
qu’elle se dégage entièrement de la feuille. Ce sont là autant de dispo- 
sitions qui méritent d'être consignées, parce qu'elles montrent 
jusqu'où s'étendent les précautions de la nature pour arriver à 
son but. 

Les J’icia ont un port et une organisation qui les font promptement 
reconnaitre; leurs racines sont fibreuses, leurs tiges faibles et angu- 
leuses sont contournées surtout près de la base ; leurs feuilles vrillées 
ont des folioles presque toujours molles et mucronées; leurs stipules 
sont plus ou moins dentées et sagittées, et leurs légumes plus ou 
moins aplatis. 

Ges plantes, si semblables dans leur forme générale, présentent par 
cela même des passages si nombreux, qu'il est difficile, comme on 
vient de le voir, d'y marquer des types distincts, et même de séparer 


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nettement les espèces des variétés, surtout, par exemple, dans le 
Sativa , où les feuilles se présentent sous plusieurs formes, soit à la 
base soit au sommet ; elles sont liées spécialement aux Ervum par leur 
port, et le Varbonensis, comme nous l'avons déjà dit, a de grands 
rapports avec le Fabu. 

Leurs différences spécifiques consistent principalement dans la 
forme des folioles, des légumes, des graines, des stipules, dans le 
nombre et la Edhlét des fleurs redressées, horizontales ou EE 
dantes, etc. 

rues dite de ces caractères pour ainsi dire externes, il en 
est d'autres qui tiennent à l’organisation plus intime de la plante; tels 
sont, par exemple, ces ombilics ovales ou linéaires, ces nervures 
réticulées qui distinguent les légumes de plusieurs espèces à fleurs 
pédonculées, ces fleurs sessiles ou disposées en grappes pédonculées, 
qui forment nos deux groupes, et enfin ces folioles, qui, dans le grand 
nombre des espèces, sont condupliquées, mais qui dans d’autres, 
comme le Consentina , etc., sont roulées sur leurs bords. 

La foliation n’est pas non plus uniforme; dans certaines espèces, 
surtout celles à fruits sessiles, les folioles plissées en deux, et appli- 
quées les unes contre les autres, forment comme un éventail qui 
abrite les jeunes fleurs, et au centre duquel on aperçoit à peine la 
vrille non encore développée; dans d'autres, comme le Cracca, ces 
folioles, semblablement plissées et placées sur deux rangs, sont roulées 
sur elles-mêmes, ainsi que dans plusieurs Légumineuses. 

Les V’icia à épis unilatéraux, tels que le Cracca, etc., présentent 
dans leur'inflorescence des phénomènes dignes d'être remarqués ; 
leurs fleurs, toujours dépourvues de bractées et unilatérales par 
organisation et non par retournement, sont roulées du côté opposé 
à la tige, et protégées par les feuilles presque toujours disposées en 
éventail, comme dans les espèces non pédonculées; au moment de 
leur développement, ces feuilles se dégagent et le pédoncule se 
contourne fortement pour que la grappe florale soit libre de tout 
contact avec la tige; à mesure que la floraison s'avance, les fleurs 
fécondées se déjettent, la grappe libre s’allonge et se déroule en même 
temps; mais dans les espèces à grappes allongées et non unilatérales 
par organisation, comme le Dumetorum , le Sylvatica, etc., ce n’est 
pas la base du pédoncule qui se contourne, mais c’est au contraire son 
sommet, de manière que les fleurs soient à peu près toutes tournées 
du côté de la lumière ; dans les unes et les autres , les bases des pédon- 
cules sont épaisses et fortement cornées; dans les espèces qui portent 
un petit nombre de fleurs, comme l'Atropurpurea, le pédoncule ne se 


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retourne pas sensiblement, mais c’est le pédicelle qui me paraît seul 
articulé, comme par exemple, dans le Sepium. 

Les fleurs sessiles sont droites dans le Sativa, inclinées dans le 
Sepium et les espèces multiflores ; les autres sont droites ou couchées 
sur leur pédoncule commun. Dans le Cracca et les espèces à épi 
véritablement latéral, les grappes d'abord serrées, se déroulent et 
s'étendent à mesure que la fécondation s’avance, et quoique leurs 
sommités soient fortement recourbées, les fleurs conservent leur 
position naturelle. 

La fécondation s'opère au moment où l’étendard se redresse, et 
dans quelques espèces, comme le Cracca, les organes sexuels sortent 
de la corolle; le pollen est un assemblage de petits globules blan- 
châtres et brillants qui recouvrent le stigmate et la vergette de poils 
blanchâtres dont il est presque toujours accompagné. Après la fécon- 
dation , l’étendard se referme, et dans les multiflores toute la fleur se 
déjette. 

L'organe le plus remarquable des Vicia, c'est le stigmate formé 
d'une tête papillaire au-dessous de laquelle est placée antérieurement 
une houppe horizontale de poils blanchätres ; ces poils, qui ne man- 
quent dans aucune espèce, mais qui quelquefois, comme dans le 
Pisiformis, V'Onobrychioides, etc., s’écartent un peu de la forme 
commune , sont manifestement destinés à fixer plus ou moins long- 
temps auprès du stigmate, le pollen nécessaire à la fécondation ; l'on 
peut même remarquer que, dans quelques espèces, telles que l’4tro- 
purpurea, les organes sexuels sont comme renfermés dans une loge 
ovale; la portion du pollen qui est tombée au fond de la fleur est 
reçue par l'humeur miellée, qui renvoie les émanations fécondantes 
au stigmate toujours placé sur le nectaire. 

Les Vicia exécutent la plupart des mouvements propres aux Légu- 
mineuses : d'abord les fleurs qu'on appelle sessiles, et qui sont tou- 
jours articulées, se retournent sur leur pédoncule, et placent ainsi 
leur étendard en face de la lumière ; ensuite les autres, à l'époque 
de leur épanouissement, se disposent de manière à recevoir les 
influences solaires, et elles se retournent même entièrement dans les 
multiflores, dont on renverse les grappes. 

Les étendards se relèvent le matin et se referment le soir, tant que 
dure Ja floraison; ensuite ils persistent plus ou moins long-temps, et 
dans l'Onobrychioides, où ils se font remarquer par leur grandeur, 
ils enveloppent entièrement la fleur pendant le cours de la maturation. 

Les pédoncules ne sont pas articulés de la même manière que dans 
les Lathyrus, et par conséquent ne se contournent pas semblablement, 


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et quoique les folioles portent à la base le renflement de la famille; je 
ne les ai jamais vues exécuter des mouvements réguliers; ordinaire- 
ment pendant la floraison, elles sont horizontales au milieu du jour, 
et se redressent le matin et le soir; mais les espèces qui forment des 
buissons étendus, telles que le Pisiformis, le Sylvatica, \e Dumetorum, 
etc., sont tellement influencées par la lumière, que leurs tiges, leurs 
pédoncules, leurs pétioles et leurs pétiolules sont dans un état con- 
tinuel de torsion variée dans tous les sens, 

Les stipules toujours adhérentes à la tige diffèrent beaucoup en 
‘forme et en grandeur, et par exemple, dans le Cassubica, elles sont 
entières au sommet et sagittées à la base; mais ce qu’elles présentent 
de plus singulier, c'est un enfoncement ou un godet bleu-noirûtre, 
très-visible surtout dans les feuilles supérieures, et distillant à la fécon- 
dation une humeur miellée; ce nectaire, d'un nouveau genre, très- 
prononcé dans certaines espèces et plus ou moins effacé dans d’autres, 
manque totalement dans l'Onobrychioides à stipules dentées , ainsi que 
dans le Lathyroides ; je l'ai remarqué aussi dans la Fève, comme je l'ai 
déjà dit, mais j'ignore entièrement son usage. 

Les légumes s'ouvrent à la maturité et répandent leurs graines en 
roulant leurs valves l'une à droite et l’autre à gauche; les semences 
qui varient beaucoup en forme et en couleur, et qui, avant la matu- 
rité, sont recouvertes d'un arille uniforme, germent fréquemment 
avant l'hiver; les cotylédons sont charnus et souterrains ; les.feuilles 
primordiales, ordinairement réduites à une écaille embrassante et 
pétiolaire, sont suivies de feuilles à une, deux ou trois paires, avec 
quelques indices de vrilles ; les dernières sont les seules complètes, et 
j'ai souvent remarqué que les premières feuilles, qui ne sont jamais 
chargées de soutenir la plante, n’ont pas non plus des vrilles; les 
stipules paraissent quelquefois dès la première feuille. 

Le phénomène le plus remarquable du genre est celui de ces légu- 
mes souterrains, que l'on trouve sur les racines, ou plutôt sur les 
rameaux enterrés du Viciu amphicarpos , et que l’on remarque égale- 
ment dans une espèce de Lathyrus ; les auteurs disent qu’ils naissent 
d’une fleur où l'on n'observe ni pétales ni étamines ; mais il est plus 
probable que ces fleurs ont été ouvertes trop tard, et qu’en les exa- 
minant plus tôt on y aurait trouvé, comme dans celles du Viola mira- 
bilis et de quelques autres, des anthères déposant leur pollen sur un 
stigmate bien conformé. 

Les J’icia des deux groupes habitent principalement les côtes sep- 
tentrionales de la Méditerranée, où elles fleurissent dès le milieu du 

printemps jusqu’à la fin de l'été, selon les espèces : les unes, comme 


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le Sativa, sont employées à la nourriture des hommes par leurs graines, 
et à celle des animaux par leur feuillage; les autres, en plus grand 
nombre, sont restées dans l’économie de la nature qui les a destinées 
sans doute à divers usages spéciaux, mais qui a aussi voulu les faire 
entrer dans la composition de ces scènes si variées et si changeantes 
qu’elle déploie sans cesse à nos regards. 

Quoique les fleurs des Légumineuses soient presque toujours fécon- 
dées intérieurement et que la dispersion du pollen n'y soit pas facile, 
je vois qu’on annonce ( Bulletin de Férussac, juin 1831) une fécon- 

* dation hybride du Vicia sativa avec le Pisum sativum , ainsi qu'avec la 
Fève commune et\ Ervum lens, probablement que ces trois fécondations 
ont été produites par des moyens artificiels. J'ai remarqué que les 
feuilles vrillées des 7’icia ont un pétiole enroïdi, et par conséquent 
non fléchi, sans doute afin qu’elles puissent plus facilement se fixer 
d’abord sur les corps voisins, et acquérir ainsi pour elles-mêmes un 
appui plus solide ; toutes les feuilles vrillées ont-elles aussi un pétiole 
plus endurci que les autres? 


QUATRIÈME GENRE. — Ærvum. 


L'Ervum a un calice quinquéfide, à divisions linéaires et presque 
égales à la corolle, un style plus ou moins velu, un stigmate glabre , 
un légume oblong de deux à six semences. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Celle des Lentilles, à légumes dispermes, élargis et un peu 
enflés ; 

2° Celle des Ervilia, à légumes allongés et linéaires, de quatre à 
six semences. 

La première section comprend sept à huit espèces, trois étrangères 
et cinq de la Méditerranée, qui se partagent en deux types : 1° celui du 
Lens, dans lequel on place le Vigricans de l'Italie , et le Lenticula de la 
Carinthie, plantes diffuses dont les vrilles, à peu près avortées , ne se 
divisent jamais; 2° celui de l'Hirsutum de nos champs, auquel on 
associe le Vicioides des haies d'Alger; ces deux plantes vrillées ont 
les légumes velus et réticulés. 

Les Ervilia peuvent aussi se diviser en deux types : le premier 
formé surtout de l’Ervilia et du Tétrasperme ; celui-là à folioles nom- 
breuses et stipules lancéolées; celui-ci à folioles de deux ou trois 
paires et stipules semi-sagittées ; le second ne renferme que le 
Monanthos, remarquable par son pédoncule uniflore et ses stipules 


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difformes, l'une entière et l'autre frangée, ou plutôt profondément 
découpée en cinq ou six lobes aigus. 

Les Ervum se distinguent des Vicia, non par des caractères tran- 
chés, mais par leur port et leur conformation générale; leurs tiges 
sont eflilées, leurs folioles amincies, leurs fleurs petites et peu nom- 
breuses, quoique pédonculées ; elles se plaisent parmi nos blés, où 
elles s'accrochent si fortement par leurs vrilles et leurs tiges ramifiées, 
qu'elles renversent enfin les épis au-dessus desquels elles élèvent leurs 
grandes touffes vertes. 

Tous les Ervum sont annuels et croissent le long des haies ou des 
buissons ; leurs tiges anguleuses sont souvent plus minces à la base 
que près du sommet; leurs stipules sont petites et plus ou moins 
dentées; leurs folioles sont involutives, c'est-à-dire roulées sur les 
bords et jamais, je crois, condupliquées. 

Les fleurs, d'un bleu clair et souvent rayées, sont d'abord enve- 
loppées par l’étendard qui se relève à la fécondation et se ferme la 
nuit ; les anthères sont égales, et le stigmate est une tête papillaire, 
barbue en dessous dans la Lentille, barbue de tous les côtés dans 
l'Ervilia , et presque imberbe dans l'Hérsutum ; les pédoncules, d'abord 
très-faibles, grossissent insensiblement, et finissent par se roïdir; les 
légumes, qui avortent souvent et s'ouvrent à la moisson, ont les 
valves noirâtres et demi-roulées ; les graines varient en nombre, en 
forme et en couleur; elles sont grosses et anguleuses dans l'Ervilia. 

Les pédoncules, dépourvus d'articulation à la base, comme les 
Vicia, s'insèrent sur les bords des aisselles , et s'inclinent sur les côtés 
en se roidissant ; les fleurs n’ont pas de bractée ; les folioles se relèvent 
le jour et se rabaissent le soir. 

Kocnx place les Ervum Ervilia parmi les Vicia, et il les distingue 
des Lentilles par un style régulièrement barbu du côté supérieur. 

On retrouve dans les Ærvum ce renflement corné des pédicelles 
qu'on observe principalement dans l'Ononis, le Lathyrus, etc. ; 
je remarque dans ce genre les stipules difformes du Monanthos , et ses 
pédoncules aristés comme ceux de l’Aristatus de la Sicile. 

Les graines qui germent en terre ont la radicule centrifuge ; leurs 
feuilles primordiales, ainsi que celles du Vicia, ne sont que des 
rudiments pétiolaires ; les suivantes portent une ou deux paires de 
folioles sans vrille apparente; les funicules sont élargis et appliqués 
longuement sur la graine. 

Il m'est impossible de ne pas remarquer que les Ervum à tiges 
effilées ont recu la structure dont ils avaient besoin pour ne pas être 
étouffés par les Céréales au milieu desquelles ils étaient appelés à se 


— 191 — 
développer, et que leurs pédicelles cornés et articulés permettent à 


leurs fleurs, toujours très-peu nombreuses, de se tourner facilement 
du côté de la lumière, 


CINQUIÈME GENRE. — Pisum. 


Le Pisum a un calice foliacé à cinq lobes dont les supérieurs sont 
les plus courts, des étamines diadelphes, un étendard ample et réflé- 
chi, un style aplati, caréné du côté inférieur et velu en-dessus de 
l'autre, un légume uniloculaire et un grand nombre de semences à 
peu près globuleuses, à cicatrice arrondie. 

Ce genre diffère beaucoup du Vicia, tant pour le port que pour la 
structure générale ; les plantes qui-le forment ont une organisation 
molle et succulente, des stipules et des feuilles élargies, souventarron- 
dies ou crénelées et d’un vert glauque, des fleurs grandes et variées en 
couleur, des tiges flexibles plus ou moins élevées et soutenues par de 
nombreuses vrilles. 

L'espèce principale, ou le Sativum, dont la patrie est encore incon- 
nue, s’est phée pour ainsi dire à nos caprices , en fournissant presque 
toutes les variétés que nous lui avons demandées; les plus répandues 
sont le Sucré à tige ailée et semences arrondies , désigné sous le nom 
de Petit pois, l'Allongé ou le Goulu à tige élevée, légumes grands, 
aplatis et mangeables; l'Ombellé ou le Pois à bouquet , dont les pédon- 
cules sont ombelliformes, le Carré ou le Clamart, à semences à peu 
près carrées, enfin le Vain à semences ra pprochées et arrondies. 

Ces cinq variétés, qui se subdivisent encore, ont en général leurs 
sous-variétés naines et élevées, hâtives et tardives, qui se conservent 
sans altération dans nos jardins, parce que la fécondation s'opère 
dans l'intérieur de la nacelle ; l'on peut même remarquer que, dans ce 
genre, les variations portent principalement sur les gousses, tandis 
qu'ailleurs , comme dans les Choux, elles affectent au contraire les 
racines et les feuilles. 

Les autres espèces de Pois sont en Europe : 1° l’A4rvense, qu'on 
sème dans les champs sous le nom de Bisaille, et qui n'est probable- 
ment qu'une variété du Commun ; 2° le Maritimum , des bords de la 
mer, à semences petites, arrondies et nombreuses; les autres, disper- 
sées en Amérique, en Egypte ou en Sibérie, sont peu connues et ne 
s'éloignent guère du type primitif; la seule remarquable est le Fulvum, 
del'Asie mineure, à légumé court et fleurs d'un jaune rouge, rayé de 
pourpre. 

Les Pois sont tous des herbes annuelles qui se sèment souvent en 


— 192 — 


automne, et supportent assez bien le froid de nos hivers ; elles se sotit 
même tellement acclimatées, qu’on voit dans le midi , et surtout en 
Italie , l'espèce commune fleurir sur les bords des chemins dès l'en- 
trée du printemps ; LinNé assure que le Maritimum , qui croitsur les 
côtes septentrionales de l'Europe et de l'Amérique, est une herbe 
vivace. 

Les pédoncules et les pétioles des Pois sont dépourvues d’articula- 
tions, mais les pédicelles s'inclinent la nuit et se redressent le jour ; 
les folioles, plissées en deux dans l'espèce commune , et roulées dans 
le Maritime , se redressent le soir, et sont à peu près horizontales pen- 
dant le jour. 

L’étendard s'étale le jour durant la fécondation et se referme la 
nuit , en enveloppant presque toutes les autres parties de la fleur; le 
stigmate est une tête inclinée contre l'étendard et au dessous de 
laquelle sont des poils assez longs, destinés à retenir le pollen brillant 
et orangé. 

Les légumes s'ouvrent, et l'on peut observer très-bien dans les 
jeunes semences la suite des changements qu’éprouvent la radicule 
et les cotylédons ; on voit que le funicule , qui pénètre avec les cor- 
dons pistillaires par la base de la graine, serpente sous l'enveloppe 
extérieure jusqu’à la radicule, dont les cotylédons s'écartent. 

Les Pois ont les cotylédons apogés, les feuilles primordiales alternes 
et plus ou moins avortées; la troisième et la quatrième ont une paire 
de feuilles , des stipules larges et un pétiole assez allongé , mais non 
pas encore vrillé; le style courbé à son sommet se termine par un 
stigmate fortement incliné sur le nectaire, dont l'humeur miellée 
s'élève jusqu'au stigmate, et humecte fortement les poils qui l'en- 
tourent. 

Je remarque que, lorsque dans les Viciees les cotylédons sont 
foliacés et pourvus de stomates , la germination a lieu en plein air ; 
mais que, lorsqu'ils sont charnus, elle est souterraine. Cette observa- 
tion ne s'applique pas aux Phascolees. 


SIXIÈME GENRE. — Lathyrus. 


Le Lathyrus a un calice campanulé, dont les deux lobes supé- 
rieurs sont plus courts que les trois autres, un style aplati, dilaté au 
sommet et velu antérieurement ,. un légume oblong et bivalve, des 
étamines diadelphes, des semences nombreuses, arrondies ou angu- 
leuses. 


— 193 — 


On partage ce genre en deux sections : 

Les Eulathyrus ; étendard non bosselé, folioles opposées ou nulles 
par avortement, pétiole légèrement ailé; 

Les Clymenum; étendard chargé de deux bosselures coniques, 
feuilles inférieures avortées, supérieures à deux ou trois paires, 
pétiole souvent ailé. 

Les Eulathyrus comptent près de cinquante espèces, sous deux 
groupes : 

1° Les vivaces, à pédoncules multiflores ; 

2° Les annuels, à pédoncules d'une à trois fleurs. 

Les vivaces, dont l'on connaît à peu près vingt espèces, sont dis- 
persés principalement dans l'Amérique septentrionale et l'Europe 
occidentale ; ces derniers forment un type unique, dont le caractère 
est d'avoir les feuilles épaisses, à demi cartilagineuses et les fleurs 
presque toujours grandes, portées sur des pédoncules allongés; les 
espèces indigènes sont le Tuberosus , à racines tuberculées, le Latifo- 
lius, le Sylvestris , le Sylvaticus , Y Hétérophytlle, à feuilles d’une à deux 
paires , et enfin le Pratensis, si commun dans nos prés, très-distinct 
de tous les autres par la moindre consistance de toutes ses parties, 
ses vrilles, ordinairement simples, et ses tiges non ailées, camme 
celles du Tuberosus. 

Les annuels se divisent en aphylles, bifoliolés ou multifoliolés ; 
les premiers sont l’4phaca, à fleurs jaunes et solitaires ; le UVissolia, 
à fleurs pourprées et solitaires, et le Speciosus , à fleurs également 
pourprées, mais à tiges aplaties et fortement ailées. Dans l4phaca, 
les feuilles sont avortées , et la vrille seule est restée ; dans le Vissolia, 
le pétiole s'est dilaté en feuille graminiforme, et la vrille a disparu, et 
dans le Speciosus, le pétiole s'est dilaté également en feuille vrillée, 
et ce n'est qu'au sommet quil porte deux feuilles plus ou moins 
avortées. 

Les Lathyrus annuels à deux folioles, la plupart originaires de 
l'Éurope australe, se séparent en cinq types, dont trois ont les pédon- 
cules uniflores : 1° celui des Znapercus à pétales pourprés, presque 
aussi courts que le calice, tels que l’Inconspicuus , le Micranthus , Ve 
Spheæricus et Y Angulatus ; ces trois derniers des champs de la Provence. 
2° Celui des Sétacés, à feuilles et stipules linéaires et fleurs roses, qui 
comprend le Serifolius, de l'Europe australe, et le Leptophyllus, du 
Caucase. 3° Les Cultivés , savoir le Sativus avec ses variétés , le Cicera, 
qui en diffère surtout par ses légumes canaliculés et non ailés, l'An- 
nuus de l'Espagne, à fleurs jaunes et non pas pourprées comme celles 
des deux autres. 4° Les V’elus, plus grands que les précédents, à 

II. 13 


— 194 — 

pédoncules multiflores , fleurs amples et pourprées et légumes velus 
comme l’Hérsutus et son voisin l'Hirtus, le Tingitanus , dela Mauritanie, 
le Grandiflorus, de TItalie, et enfin l’Odoratus, si remarquable par 
son odeur, et dont l’on distingue deux variétés : celle à étendard 
pourpré, de la Sicile, et celle à étendard rose et à ailes blanches, de 
Ceylan. 5° Enfin l'Amphicarpe de la Syrie, qui porte deux sortes de 
légumes, comme le Vicia du même nom, savoir : les inférieurs sou- 
terrains et attachés à la racine ou plutôt au rhizome, et les autres à 
pédorcule uniflore. De CanDozee observe que le Setifolius, qui en 
est assez voisin, enfonce aussi quelquefois en terre ses pédoncules 
inférieurs et ses légumes. 

Les Lathyrus annuels bifoliolés, ont la conformation des vivaces; 
leurs folioles épaisses à nervures parallèles, sont roulées sur ieurs 
deux bords avant le développement; leurs pédicelles, dans les fleurs 
non sessiles, sont articulés et comme cornés ; j'ai remarqué que le 
stigmate de l'Inconspicuus était une lame élargie, arrondie en cuiller : 
et papillaire en-dessus. 

Les Lathyrus annuels, à deux ou trois paires de feuilles, forment 
trois espèces, dont deux indigènes : le Cyrrhosus, des Pyrénées, à vrilles 
très-divisées , et le Bithynicus, du midi de la France, autrefois rangé 
parmi les Vicia ; tous les deux ont la tige tétragone, les stipules 
sagittées et les légumes réticulés ; mais le premier est très-peu connu, 
et le second est au contraire très-répandu. 

Je place entre la première et la seconde section le Magellanicus , 
du détroit de Magellan, herbe vivace à tige ailée, feuilles unijugées, 
vrilles ternées, fleurs axillaires, solitaires et pédonculées, d’un bleu 
céleste; son légume aplati est profondément sillonné sur la suture 
supérieure ; son pédoncule articulé est corné au sommet; son éten- 
dard s'ouvre le jour et se ferme la nuit. 

Les Clymenum, qui forment la deuxième section des Lathyrus, 
appartiennent au même type et sont à peu près tous originaires de 
l'Europe australe; leur principale espèce est le Clymenum lui-même, 
les autres sont l’Alatus, de l'Italie, qui n'en est peut-être qu'une 
variété; l’Articulatus , remarquable par les renflements de ses légumes, 
le Purpureus , de la Grèce, à pédoncules uniflores et fleurs semblables à 
celles de l'Odorant, et enfin l'Ockrus, à fleurs solitaires d'un blanc 
pâle et légume ailé sur la suture dorsale. Toutes ces plantes annuelles 
ont des feuilles inférieures avortées par la dilatation de leur pétiole, 
des tiges tétragones et des fleurs presque toujours pourprées et remar- 
quables par les deux bosses de leur étendard; elles diffèrent surtout 
par la forme de leur légume, le nombre et la couleur de leurs 
semences. 


— 195 — 


Les Lathyrus ne se distinguent que faiblement des Ficia par leurs 
caractères botaniques; mais on les reconnait à leur plus grande 
‘consistance, au petit nombre de leurs folioles, à leurs tiges ailées et 
non grimpantes, et surtout à la grandeur des fleurs, dont l'étendard 
est élargi et ouvert dans toute sa longueur. 

Ils diffèrent entre eux par la forme de l'étendard et celle des feuilles 
inférieures, et ensuite par des caractères secondaires, sur lesquels se 
fondent soit les groupes, soit les types, qui ne sont pas tous égale- 
ment tranches. 

Les racines, toujours fibreuses dans les espèces annuelles, sont 
épaisses et compactes dans les autres, fusiformes dans le Zatifolius, 
tuberculées dans le Tuberosus , et quelquefois, comme dans l’Annuus , 
pourvues de ces petites pelotes qui sont propres à la famille des 
Legumineuses, 

Les tiges presque toujours faibles et anguleuses, souvent ailées ou 
même tétragones , se reconnaissent à leur consistance et à la poussière 
glauque dont elles sont presque toujours recouvertes, les pétioles 
sont plus ou moins dilatés, et les folioles ont leurs nervures parallèles 
et leurs bords entiers. 

Les feuilles , à une ou deux paires de folioles, offrent de beaux 
exemples d'avortement, non-seulement dans les C/ymenum, où les 
inférieures se réduisent à un pétiole dilaté; mais dans l'Æphaca où 
les deux ou trois inférieures sont les seules qui se développent, et 
où les autres se réduisent à une vrille allongée, et dans le Vissolia, 
à un long pétiole dilaté. Cet avortement entraine celui des stipules 
qui manquent souvent et sont toujours très-petites. 

Les vrilles, dont les mouvements sont toujours peu sensibles, ont 
les divisions opposées et renflées à la base comme les folioles, avec 
lesquelles elles ont une commune origine; ces vrilles, d'abord réunies 
en faisceau , s'écartent et s'accrochent, ou bien elles se pelotonnent 
et se dessèchent. On peut remarquer ici que les vrilles sont toujours 
en rapport avec la tige qu’elles ont à soutenir; ainsi celles du Zicia 
sont grandes et amincies, celles des Lathyrus plus petites et plus 
fortes, et celles des Orobus à peu près avortées; elles varient même 
dans les Lathyrus selon les espèces; dans le Setigerus, elles sont 
simples et effilées , et dans le Latifolius, épaisses et ramifiées. 

Les folioles, tantôt opposées et tantôt alternes, surtout dans les 
Clymenum , sont roulées en cornet { convoluta) sur un de leurs bords, 
ou plus rarement roulées sur leurs deux bords (involuta), comme 
dans l'Odoratus , le Tingitanus, le Latifolius et V'Annuus ; quelquefois 
elles sont (ixvoluta-convoluta), c'est-à-dire moyennes entre ces deux 


— 196 — 


formes, comme dans le Sybestris ; je ne les ai jamais vues plissées en 
deux, ce qui dépend sans doute de l’organisation de la foliole, dont 
la nervure moyenne n'est pas très-prononcée; les stipules, qui ne 
sont jamais roulées, excepté dans l'Hirsutus, et peut-être quelques 
autres, se recouvrent mutuellement, et recouvrent ainsi toute la 
jeune plante. On peut ir encore qu'elles ne sont point 
croisées par paires, mais qu'elles s'insèrent au contraire sur la même 
ligne, quoique différemment tournées ; le pétiole est alternativement 
placé des deux côtés, ce qui est un arrangement assez remarquable. 

L’étendard er deee avant l'épanouissement toutes les parties de 
la fleur, et il a recu dans ce but une largeur considérable; dans les 
espèces vivaces, dont le Latifolius est le type, il a une side consis- 
tance et ne se colore pleinement qu'après son développement ; aussi 
ne se referme-t-il point lorsqu'une fois il s’est ouvert. Cette organi- 
sation se remarque, quoiqu’en un moindre degré, dans le Tuberosus, 
l'Heterophyllus, le Tingitanus, le Pratensis, etc., et on la retrouve 
encore dans d'autres tribus de la même famille, par exemple, dans le 
Phaseolus multiflore , etc. ; mais dans les espèces annuelles, l'étendard 
s'ouvre le matin et se referme le soir. 

La partie des pédicelles qui est au-dessus de l'articulation a, dans 
les espèces uniflores, une structure particulière et une consistance 
demi-cartilagineuse; dans les espèces multiflores , le pédoncule articulé 
à sa base est corné dans toute son étendue : cette conformation, 
semblable à celle des pétiolules dans les Papilionacees , est destinée à 
faciliter les mouvements des fleurs avant et après la fécondation ; elles 
s'élèvent ainsi et s’'abaissent selon les alternatives d'ombre et de 
lumière, d'humidité ou de sécheresse, au moins dans la plupart des 
espèces annuelles ; mais les folioles m'ont paru en général dépourvues 
de ces onnénent diurnes, si remarquables dans la plupart des 
Légumineuses ; elles sont épaisses et ont les nervures longitudinales à 
peu près parallèles; les tiges seules se contournent sur elles-mêmes 
avec beaucoup de facilité dans presque toutes les espèces ; mais ces 
mouvements s'exécutent toujours assez lentement, et lorsque la fleur 
a passé; le pédoncule, d'abord flottant et Sbéélanté à toutes les 
influences de la lumière, se roidit sur son articulation, et devient 
CR de porter sans Aéshir tout le poids du tés Toutefois, 
dans les espèces à tiges fortement ailées, comme le *Srlbestris, où le 
contournement est presque impossible, ce sont les articulations qui 
se fléchissent en différents sens, ainsi que les rameaux et les feuilles. 

Les fleurs sont rouges, pourprées ou bleues, rarement blanchätres, 
et toujours jaunes dans le Pratensis,  Annuus,  Aphaca, etc.; l'on 


— 197 — 
remarque de plus quelques espèces dont les ailes sont colorées difte- 
remment de l’étendard; telles sont l'Odoratus et d’autres dont la cou- 
leur change après la fécondation. L’étendard du Latifolius devient 
alors d’un beau rouge, et celui du Sativus d’un bleu verdätre; du 
reste, les teintes ne sont constantes que dans les fleurs jaunes. 

Ce genre présente quelques phénomènes indépendants de ceux que 
nous avons déjà énoncés ; ainsi | 4phaca, dont les tiges sont presque 
toujours simples , et qui est quelquefois biflore , n'émet pas des vrilles 
de toutes ses aisselles, parce qu'une telle profusion aurait été inutile; 
ainsi les légumes souterrains de l’'Amphicarpos donnent des graines 
fertiles , quoique leurs pétales aient avorté, et leurs pédicelles n’ont pas 
d'articulation, parce qu'ils n’en avaient pas besoin ; ainsi les renflements 
coniques des Clymenum, qui ont évidemment pour but de maintenir 
les ailes dans une position fixe le long de la carène, et qu’on apercoit 
même dans le Sativus, l'Odorutus, etc., se trouvent remplacés dans 
le Pratensis par un double rebord destiné au même usage; l 4rgulatus 
a la tige ailée par l'application de ses pétioles dilatés, et ses feuilles 
sont irrégulièrement avortées ; enfin l'Aphaca a, dans la préfoliation, 
ses stipules placées en recouvrement sur deux rangs opposés, et le 
Missolia, qui s'élève très-peu , est entièrement dépourvu de vrilles. 

Les anthères sont petites et égales, le stigmate est une tête arrondie 
et papillaire, un peu recourbée en avant, portée par un style creusé 
en gouttière et bordé de cils qui retiennent long-temps le pollen ; 
c'est ce dernier caractère qui sépare nettementles Lathyrus des Orobus, 
et comme il ne se trouve pas dans le Palustris, nous placons cette 
espèce dans le dernier genre. 

Le nectaire est une fossette à la base de l'ovaire, qui distille 
l'humeur miellée, comme on peut le voir dans | Aphaca, où la fécon- 
dation à lieu un peu avant l'épanouissement, et l’on peut remarquer 
souvent, dans le Latifolius et les espèces vivaces, l'humeur miellée 
remontant le long du style aplati pour humecter les poils destinés à 
retenir le pollen, et concourir ainsi à la fécondation. Le Pratensis a 
le fourreau staminifere fortement ouvert à la base et monadelphe au 
sommet. 

Les légumes ont souvent la suture supérieure creusée en gouttière, 
renflée, appendiculée et comme ailée; souvent aussi ils sent bosselés 
et irrégulièrement articulés; ceux des Clymenum sont velus, plu- 
sieurs autres sont réticulés. 

L'habitation des Lathyrus est le bassin de la Méditerranée, quoi- 
qu'on en trouve quelques espèces en Sibérie, à Ceylan, dans l’'Amé- 
rique nord, et jusqu’au détroit de Magellan. Les lieux où ils se 


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plaisent sont les lisières des bois, le pied des montagnes et les prairies 
élevées; cependant les espèces annuelles se trouvent ordinairement 
au milieu de nos champs, où les unes se ressèment d’elles-mêmes, 
tandis que les autres se reproduisent par les soins des hommes. 

Leur germination est toujours souterraine, et leurs cotylédons ne 
s’amincissent point en feuilles séminales ; les premières feuilles sont 
trilobées et dépourvues de stipules. On voit sortir de leurs aisselles, 
au moins dans le Cicera et le Sativus , des rameaux qui ont eux-mêmes 
leurs premières feuilles trilobées et nues. 

L'Heterophyllus et le Tingitanus font l'ornement de nos jardins par 
la beauté de leurs fleurs, et les diverses variétés de l Odoratus forment 
des touffes charmantes qui répandent une odeur extrêmement suave. 
Ce genre est très-remarquable pour le physiologiste, et les nom- 
breuses modifications de ses organes sont tellement appropriées aux 
besoins des diverses espèces, qu'il n'en est presque aucune dont on 
ne puisse se rendre compte. 


SEPTIÈME GENRE. — Ürobus. 


L'Orobus a un calice campanulé à cinq divisions, dont les deux 
supérieures-plus courtes, des étamines diadelphes, un style aminci, 
linéaire , plane, dilaté et velu au sommet, un légume cylindrique, 
oblong et polysperme, des semences à ombilic linéaire, des feuilles 
dépourvues de vrilles. 

On le partage en trois groupes : 

1° Celui à une paire de folioles ; 

2° Celui à plusieurs paires de folioles très-étroites ; 

3° Celui à plusieurs paires de folioles élargies et plus grandes que 
les stipules. 

Le premier, à peu près étranger à l'Europe, comprend quatre ou 
cinq espèces, la plupart originaires de la Sibérie ou du Caucase, et 
qui se font remarquer par leurs grandes fleurs pourprées ou d’un 
bleu céleste. 

Le deuxième renferme à peu près dix espèces, dispersées dans la 
Sibérie ou Amérique septentrionale, et dont trois ou quatre habitent 
le midi de l'Europe; ce sont, comme les précédentes, des herbes 
vivaces qui diffèrent assez par le nombre de leurs folioles et la forme 
de leurs stipules; leurs fleurs, presque toujours portées sur des 
pédoncules axillaires, sont blanches, bleues, pourprées, etc.; une des 
plus remarquables, c’est l'Atropurpureus de la Barbarie, à fleurs bleues 


peu nombreuses, unilatérales, pendantes et dont l'apparence est celle 
des Vicia. 


— 199 — 


Le troisième, qui renferme les Orobes anciennement connus, 
compte dix-huit espèces ou variétés, appartenant presque toutes à 
l'Italie et au midi de l'Europe ; les plus communes sont le Ÿ’ernus, 
aussi remarquable par ses fleurs que par son feuillage, et qui décore 
nos bois dès l'entrée du printemps ; le Tuberosus, originaire des mêmes 
lieux, où il fleurit plus tard et avec moins d'éclat; le Luteus, qui se 
plaît sur nos montagnes alpines ; le Viger, plus élevé que les autres et 
distingué par ses fleurs nombreuses et ses feuilles multifoliolées ; enfin 
le Palustris, des prés humides, que nous rangeons parmi les Orobus , 
à cause de la forme de son style. 

Les Orobus, dont le véritable caractère est la languette qui termine 
toujours les feuilles, sont des herbes vivaces, à tiges allongées et 
anguleuses, à racines profondes, souvent renflées ou tuberculées ; 
celles du ’ernus forment près du sol une souche chargée de cicatrices 
des anciennes tiges ; celles du Tubéreux sont des renflements toujours 
placés aux divisions des tiges, où la sève s’accumule de préférence, 
et où leur nombre indique l’âge de la plante; il en est de même du 
Niger et du Luteus, dont chaque nouvelle pousse se renfle à la base, 
et dont l’ensemble forme un rhizome grossièrement articulé. 

Il résulte de là que les Orobes doivent avoir un développement très- 
rapide; en effet leurs tubercules, qui contiennent une grande quantité 
de matières nutritives et déjà préparées , fournissent, comme les 
bulbes, une nourriture abondante aux jeunes tiges; aussi toutes les 
espèces du genre sont-elles printanières, et l'on peut même apercevoir, 
dès le commencement de l'automne, sur les racines du ’ernus, et 
sans doute aussi des autres, les bourgeons de l’année suivante, ren- 
fermant en miniature la jeune tige avec ses feuilles et ses rameaux 
recourbés. Le Viger se développe aussitôt que les autres, mais comme 
ses tiges sont plus hautes, ses fleurs paraissent plus tard ; dans toutes 
les espèces , les folioles, roulées en cornet ou roulées sur leurs bords, 
s'appliquent d'abord le long du pétiole commun, où elles restent 
comme collées ; les fleurs sont disposées en grappes peu garnies et 
quelquefois unilatérales, et leur couleur varie du blanc au jaune et 
du bleu au pourpre; mais ces couleurs ne sont pas durables : le jaune 
passe facilement au brun sale, et le pourpre dégénère en bleu livide; 
ces altérations servent souvent à reconnaître au premier abord les 
espèces du genre. 

Les folioles ont leurs nervures à peu près parallèles et recourbées 
sur les bords, où leur ensemble forme une nervure à peu près circu- 
laire; elles sont aussi plus ou moins saupoudrées de cette poussière 
glauque qui appartient également aux Lathyrus, et elles diffèrent 


=200 — 

assez pour leur consistance; celles du V’ernus sont comme papyracées 
et celles du Viger prennent en se desséchant cette teinte noire que 
l'on voit dans les herbiers , et qui appartient à plusieurs plantes. 

Les feuilles ne paraissent pas susceptibles de mouvements bien 
marqués, et leurs pétioles ne sont pas articulés ; les pédicelles, au 
contraire, portent des articulations très-marquées ; les pédoncules, 
renflés à la base, se tordent et se fléchissent en différents sens et se 
roïdissent enfin pendant la maturation; les tiges, presque toujours 
anguleuses, se contournent fortement, et se divariquent dans leurs 
divers entre-nœuds, afin de suppléer à l'immobilité des pétioles et de 
placer toutes les feuilles sous l'influence de la lumière. Ce mouvement 
de torsion a aussi lieu pour les pédoncules, qui, naturellement axil- 
laires, se dégagent ainsi d'entre les feuilles. 

Toutefois on trouve ici, comme ailleurs, des différences assez pro- 
noncées : ainsi le Viger, qui ne me paraît point homotype aux autres 
espèces européennes, a sa tige redressée et ramifée, ses pédoncules 
très-peu contournés, et ses folioles nombreuses, ovales et à peine 
glaucescentes. 

L'émission du pollen s'opère dans la carène toujours allongée en 
pointe; d'abord après l'étendard s'ouvre, et la fécondation se par- 
achève; les filets sont libres dans leur moitié supérieure, et les anthères 
petites et semblables; le style est aminci, velu, aplati du côté anté- 
rieur, et non pas canaliculé comme dans les Lathyrus ; il se courbe 
à angle droit pendant la fécondation, et déjette ensuite son stigmate. 
Du reste les Orobes diffèrent un peu à cet égard; ainsi, par exemple, 
les étamines du Tubereux sont moins ouvertes à la base que les autres, 
son style est un peu élargi et velu comme celui du V’ernus ; le stigmate 
est ovoïde dans le Luteus , globuleux et entouré de poils dans l 4tro- 
Purpureus, recourbé et un peu aplati dans le V’ernus; le nectaire est 
une fossette à la base de l'ovaire, et l'humeur miellée sort en abon- 
dance par deux trous placés du côté supérieur du tube anthérifère, 
au-dessous du stigmate auquel elle renvoie les émanations prolifiques. 

Les légumes sont allongés et aplatis, ordinairement réticulés et 
flottants, mais redressés dans le Viger ; ils s'ouvrent de bonne heure, 
en roulant plus ou moins leurs valves; les semences anguleuses et 
généralement comprimées ont la cicatrice linéaire; la germination est 
à peu près la même que dans les Lathyrus ; les cotylédons sont souter- 
rains, et restent enfermés dans le spermoderme. 

Les Orobes appartiennent au bassin de la Méditerranée, quoique 
quelques-uns habitent l Amérique septentrionale et d’autres la Sibérie 
ou le pied du Caucase; ils se plaisent dans les bois, où ils forment 


— 201 — 


des touffes peu élevées, qui fleurissent de bonne heure, et répandent 
bientôt leurs graines. Le Vernus et le Varius de l'Italie, à corolle 
jaune et étendard rouge ont même été transportés dans nos jardins, 
où leurs grappes promptement décolorées et livides produisent un 
effet désagréable. 

Les Orobes sont des Lathyrus dépourvus de vrilles et d'articulations 
dans leurs feuilles, et dont les mouvements sont tout entiers con- 
centrés dans la torsion et la divarication des tiges et des pédoncules, 
ou les articulations des pédicelles ; leurs tiges fort courtes n'avaient 
pas besoin d’être soutenues par des vrilles ; c’est ainsi que les moyens 
sont en rapport avec le but. 


Cinquième tribu. — PHASÉOLÉES. 


Les Phaséolées ont la corolle papilionacée, les étamines monadel- 
phes ou diadelphes , le légume polysperme, déhiscent, souvent divisé 
par des membranes celluleuses qui séparent les semences, des coty- 
lédons épais, saillant hors de terre, et à peu près dépourvus de 
stomates, une radicule recourbée, des feuilles primordiales toujours 
opposées. 

. Cette tribu est beaucoup plus raturelle que les précédentes. 


PREMIER GENRE. — Æbrus. 


L'Abrus a un calice à quatre lobes, dont le supérieur est seul bien 
marqué; un étendard allongé en pointe, neuf étamines réunies à la 
base en une gaïîne ouverte au sommet, un stigmate obtus, un légume 
oblong, aplati, quatre à six semences arrondies et séparées par des 
demi-cloisons. 

Ce genre ne renferme que le Precatorius, arbrisseau grimpant à 
feuilles ailées sans impaire. Il est originaire des terrains argileux et 
pierreux de l'Inde, et s’est répandu de là en Afrique et même en 
Amérique; ses fleurs forment de belles grappes rouges, etses semences, 
d'une couleur intense, mais variable, sont toujours tachées de noir 
près de l’ombilic. On les emploie comme grains de chapelet, et l'on 
tire de la réglisse des feuilles, et surtout des racines. 

L'Abrus s'élève assez bien de semence dans nos serres; mais il périt 
ordinairement au premier hiver. La dixième étamine manque, mais 
elle n'était pas nécessaire, puisque la gaîne staminifère est ouverte 
par le haut, Il faut supposer ici que l'humeur miellée s'élève du nec- 


— 202 — 


taire jusqu'au sommet ouvert de la gaîne, et recoit les globules polh- 
niques des anthères, dont il renvoie plus tard les émanations. 


DEUXIÈME GENRE. — ÂXennedya. 


Le Kennedya a un calice à deux lèvres, la supérieure bidentée et 
l'inférieure trifide, des étamines diadelphes, un stigmate obtus, un 
légume linéaire et divisé en un grand nombre de cloisons trans- 
versales. 

Les Kennedya sont des arbrisseaux grimpants, originaires de la 
Nouvelle-Hollande, et dont l'on connaît déjà sept espèces, partagées 
en deux groupes : Cats à feuilles trifoliolées, et celui à feuilles unifo- 
liolées. 

On range dans le dernier le Monophylle, à fleurs axillaires, dis- 
posées en grappes rougeûtres et irrégulières, dont la variété Longe- 
racemosa est cultivée dans nos serres, et lon met dans le premier le 
Prostrata , à légumes pubescents, fleurs rouges, pédoncules uniflores 
ou biflores ; le Migricans , à fleurs noirâtres, et qui, de même que 
le Rubicunda, a l'étendard renversé. 

Cette dernière fleurit chaque printemps dans nos serres, et ses 
pétioles, ainsi que ses pétiolules, sont renflés à la base, mais ses pédon- 
cules sont dépourvus d'articulations, et par conséquent de mouve- 
ment, ses folioles duvetées sont plissées sur leur nervure moyenne et 
portent deux stipelles caduques. 

Les fleurs, d'un rouge éclatant, comme dans la plupart des espèces, 
ont un étendard qui enveloppe d'abord toutes les autres parties, et se 
rejette ensuite en arrière, sans jamais se refermer , non plus que dans 
le Monophylle et le Man les étamines sont libres dans une 
grande partie de leur hauteur, et les anthères uniformes entourent le 
stigmate, qui est capitellé et glutineux. La fécondation s'opère au 
sommet renflé de la nacelle, etau moment où elle a lieu, l'humeur 
miellée remplit le fond de la fleur et rompt les globules de pollen. 


TROISIÈME GENRE. — W'isteria. 


Le Wisteria a un calice campanulé, à lèvre supérieure entière, un 
étendard à deux cals latéraux et des étamines diadelphes ; l'ovaire est 
entouré d'un tube nectarifère, le légume est stipité, coriace, unilo- 
culaire, bivalve et un peu bosselé. 

Ce genre comprend deux espèces : le Chinensis et le Frutescens, 
arbrisseaux grimpants, à feuilles ailées avec impaire et sans stipules; 


— 203 — 


le dernier , qui supporte très-bien nos hivers, a ses grappes latérales 
comme toutes les plantes grimpantes dont la végétation est indéfinie ; 
ses fleurs, assez grandes et d’un bleu violet, sont réunies au nombre 
de dix à quinze, et portent chacune à leur base une bractée articulée 
et caduque; les feuilles, dont les folioles sont condupliquées et émi- 
nemment mobiles, ont à la base deux renflements latéraux et un 
bouton à l’aisselle; les tiges s'élèvent dans nos climats au-delà de vingt 
pieds et se tordent fortement dès leur naissance ; lorsque la grappe 
se renverse, les pédicelles se contournent pour que l’étendard occupe 
toujours la partie supérieure de la fleur. 

Les boutons sont découverts et non cachés sous les pétioles, comme 
dans le Robinia; le Sinensis , qui fleurit en avril dans nos serres , a les 
grappes penchées, d'un bleu pâle et d'une odeur suave. 

Les anthères, à la même hauteur que le stigmate en tête papillaire, 
répandent abondamment un pollen onctueux et brillanté ; en même 
temps que le torus donne une grande quantité d'humeur miellée, 
qui sort par l'ouverture que forment à leur base les neuf filets réunis; 
l'ovaire stipité est entouré d'un tube conique à cinq dents, dont je 
ne connais pas l'usage, mais qui ne m'a pas paru nectarifère. 

Après la fécondation, l'ovaire stipité s'allonge hors du calice, encore 
nectarifère à sa base. 


QUATRIÈME GENRE. — Æpios. 


L’Apios a un calice campanulé à quatre dents, une carène recourbée 
en faux et rejetée contre le sommet de l'étendard, un ovaire engainé 
à la base par un tube nectarifère , un légume polysperme, cloisonné, 
et qui pourrait bien être nectarifère. 

Ce genre ne comprend que le Tuberosa , herbe vivace et grimpante, 
à feuilles ailées avec impaire, à grappes axillaires et fleurs odorantes 
d'un pourpre roux; elle habite les haies et les bois montueux, depuis 
la Pensylvanie jusqu’à la Caroline, et fleurit dans nos jardins , où elle 
donne rarement des graines, et se multiplie par ses tubercules. 

Les hractéoles de son calice sont très-caduques, et ses fleurs sont 
disposées en grappes serrées; l'étendard enveloppe d'abord toute la 
corolle, ensuite il s'entr'ouvre, et recoit dans son sein la carène, qui 
forme un tube roulé sur lui-même de dedans en dehors, jusqu'à ce 
qu'il soit percé par le stigmate en tête de clou visqueuse et légèrement 
papillaire; à cette époque, la fécondation est déjà accomplie; les 
anthères, qui accompagnent toujours le stigmate, ont perdu leur 
pollen, qui sans doute a été absorbé par l'humeur du tube nectarifère. 


— 904 = 


Je ne doute pas que les pédicelles ne soient doués du mouvement 


nécessaire pour ramener l'ouverture de chaque fleur sous l'influence 
solaire, 


CINQUIÈME GENRE. — Phaseolus. 


Le Phaseolus a le calice campanulé et bilabié, la lèvre supérieure 
bidentée, et l'inférieure trifide, une carène contournée en spirale 
ou quelquefois simplement recourbée, un ovaire stipité et engainé, 
un légume aplati ou cylindrique, bivalve, polysperme et plus ou moins 
cloisonné, des semences marquées d’une cicatrice ovale oblongue. 

On partage ce genre en deux sections : 

1° Les Euphaseolus , à légume aplati; 

2° Les Strophostyles, à légume arrondi. 

Les Euphaseolus se divisent en cinq groupes; le premier, ou celui 
des Frutescents , comprend deux espèces, le Caracalla et le Tubéreux. 

Le plus connu est le Caracalla, si remarquable par la forte torsion 
de toutes les parties de sa fleur ; la base de son légume est entourée 
d'un nectaire à neuf ou dix divisions allongées, et sa carène, qui se 
sépare aisément en deux pièces, renferme des étamines presque libres 
et un pistil qui obéissent à tous ses mouvements. La fécondation est 
intérieure ; le stigmate est une tête allongée et glanduleuse ; le style 
est fortement barbu au sommet, et les fleurs sont implantées une à 
une sur des renflements globuleux. Cette belle plante, qui supporte 
assez bien nos hivers , fait par ses fleurs odorantes l’ornement des 
murs contre lesquels elle s'applique ; le Tubéreux est moins répandu , 
et se reconnait à ses fleurs jaunes et non pas orangé-lilas, comme 
celles du Caracalla. 

Le deuxième groupe, ou celui des herbacés vivaces , comprend le 
Perennis et le Macrostachyus , deux espèces homotypes de l'Amé- 
rique du Nord, à tiges volubles et fleurs en grappes d’un pourpre 
violet. 

Le troisième est celui des Macropodes ou annuels, à feuilles en- 
tières et pédoncules plus longs que les feuilles ; on en compte à peu 
près douze, tous originaires de l'Amérique méridionale , et la plupart 
décrits par Humsozpr ; le plus remarquable est le Cirrhosus , et le 
plus répandu est le Multiflore, ou Y Haricot à bouquets | dont les coty- 
lédons germent en terre, et dont les fleurs écarlates se succèdent tout 
l'été, mais il est surpassé en éclat par le Formosus, du même type, 
introduit depuis quelque temps dans nos jardins. 

Le quatrième , ou celui des annuels Brachypodes , c’est-à-dire dont 


— 205 — 


les pédoncules sont plus courts que les feuilles, se divise en sauvages 
et en cultivés ; les premiers , dont le plus connu est, je crois, le Luna- 
tus, à légume recourbé en croissant, sont dispersés entre les tropiques, 
tandis que les autres habitent les climats chauds, ou seulement tem- 
pérés. Ils paraissent la plupart homotypes, et diffèrent seulement par 
leurs tiges plus ou moins volubles, la forme des feuilles et des légumes, 
la couleur variée des fleurs et des semences. Ceux qu'on cultive for- 
ment à présent plus de deux cents espèces ou variétés que Savi a 
distribuées en neuf ou dix races, et que l’on peut séparer par leurs 
tiges naines ou ramées, c’est-à-dire droites ou volubles. 

Enfin le cinquième comprend les Hétérophylles, c'est-à-dire les 
Haricots, à feuilles plus ou moins lobées, dont l'on connaît déjà 
quatre espèces étrangères. 

La deuxième section , ou celle des Strophostyles , à légume cylin- 
drique et non pas comprimé, se divise en deux groupes : celui à 
feuilles entières et celui à feuilles lobées ; leurs espèces , moins nom- 
breuses que celles de la première section, sont également dispersées 
dans les Indes et l'Amérique méridionale ; mais la plupart sont 
annuelles. Les plus répandues dans nos jardins botaniques sont le 
Trilobus , à feuilles latérales bilobées et terminales trilobées, le Mungo 
et le Semni-erectus, à feuilles entières. | 

Les Phaseolus des deux sections ontles tiges amincies et grimpantes, 
les feuilles trifoliolées à pétioles souvent canaliculés, et les deux laté- 
rales à lobe extérieur plus agrandi que l’autre; le pétiole commun 
et les pétiolules portent un renflement charnu très-marqué, et les 
feuilles elles-mêmes, dont la contexture est amincie, sont recouvertes 
de poils courts en hamecon, qui leur donnent un toucher rude et 
accrochant. 

Les fleurs naissent aux aisselles, sur des pédoncules non articulés, 
et qui sont autant de rameaux avortés, elles sont ordinairement dis- 
posées deux à deux en grappes plus ou moins fournies, plus longues 
ou plus courtes que les feuilles , selon les différents groupes, et abri- 
tées par deux ou trois bractéoles concaves qui naissent de la base du 
calice ; elles avortent en grand nombre; au moins dans les espèces 
cultivées, et comme leur calice est fort court, elles sont enveloppées 
par un étendard dont la consistance est plus grande que celle des 
autres pétales, et dont les deux bords sont réunis en estivation 
valvaire. 

L'étendard une fois ouvert ne se referme plus, et la fécondation 
s'opère dans l'intérieur de la nacelle qui commence à se contourner au 
moment où les bractées s’écartent; elle se déjette et se roule de droite 


— 206 — 


à gauche, en même temps que les filets capillaires au sommet se pro: 
longent, et que les anthères petites et cordiformes enveloppent le 
stigmate aminci et glutineux; le nectaire est formé de dix corpuscules 
réunis en gaine autour de l'ovaire stipité. 

Les graines ont un arille linéaire qui recouvre leur ombilic, et leurs 
teintes si nombreuses et quelquefois si bizarres ne paraissent pas 
produites par l'influence de la lumière, puisqu'elles sont déjà visibles 
dans la gousse souvent très-épaisse ; elles germent ordinairement hors 
de terre. Cependant elles ne sont pas saillantes dans le Multiflore, ni 
peut-être dans toutes les espèces du même groupe dont la radicule 
prend plus d’accroissement que la tigelle ; les cotylédons sont toujours 
charnus, planes en dessous, convexes en dessus, et visiblement 
sessiles; la tige se prolonge quelquefois jusqu’à un pouce avant de 
donner naissance aux feuilles primordiales, qui sont opposées, 
simples, à nervures pennées et accompagnées chacune d'une stipule, 
les suivantes sont alternes et toujours trifoliolées ; les primordiales, 
comme les autres, sont condupliquées, les cordons pistillaires s’en- 
foncent dans le micropyle, qui répond exactement à la radicule. 

Les feuilles, qui ne sont jamais renfermées dans des boutons, se 
développent successivement comme dans les plantes grimpantes, et 
les tiges s’allongent tant que le permet l'état de la saison. Les pétioles 
et pétiolules n’ont pas des mouvements bien marqués, quoiqu'ils aient 
une articulation allongée et de consistance cornée ; les deux folioles 
latérales se redressent, en formant avec la terminale un angle à peu 
près droit; ce mouvement, qui appartient, je crois, aussi aux Dolichos, 
aux V'igna, etc., ne se retrouve pas dans les Zégumineuses trifoliolées 
de l'Europe; en l'examinant de plus près, on trouve qu'il se modifie 
par l’action solaire, et que la foliole terminale tord même son pétiole 
pour se diriger vers la lumière. 

L'inflorescence est toujours axillaire , mais dans plusieurs espèces les 
pédoncules sont terminés, comme dans les Dolichos, par un renfle- 
ment charnu, d'où partent successivement des pédicelles, chargés 
chacun d'une seule fleur, et dont plusieurs avortent. 

L’entortillement des tiges dépend de la disposition qu'ont les fibres 
ligneuses à se rouler en spirale; on peut constater ce fait sur l'écorce 
même, où ces fibres s'apercoivent souvent, et remarquer aussi que 
le contournement ne commence qu’à une certaine hauteur, au-dessous 
de laquelle les tiges restent droites et assez consistantes ; si l'on 
suppose, en conséquence, que par l'effet de la culture, la tige ne 
s'élève pas au-dessus de sa partie droite, et qu'elle donne naissance 
près de son sommet à des feuilles et à des pédoncules, on aura ces 


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espèces naines, si répandues chez les jardiniers, et qui jettent souvent 
de leurs aisselles des rameaux entortiilés. 

Cette disposition à l'enroulement, qui n'appartient ni aux pédon- 
cules, ni aux pétioles, se retrouve dans la fleur; quelquefois, comme 
dans les espèces frutescentes , elle se manifeste dans toutes les pièces 
de la corolle ; mais, pour l'ordinaire , elle n’affecte que la carène, qui 
dans les Euphaseolus se roule plusieurs fois sur ellemême avec les 
organes sexuels, qui ne font qu'obéir à son influence ; ce contourne- 
ment, qui a lieu dans le même sens que celui des tiges, est sans doute 
produit par les nervures de la nacelle, comme celui des tiges par les 
fibres ligneuses. 

Les diverses espèces de ce vaste genre, qui recoit chaque jour des 
accroissements, sont encore très-peu connues, et mériteraient de faire 
l'objet d’une monographie, où seraient examinés spécialement les 
phéromènes physiologiques qu'il présente en grand nombre. On y 
considérerait ce singulier mouvement des folioles latérales qui se 
redressent , tandis que la terminale reste à peu près immobile; cette 
conformation des étamines, dont les filets, fortement soudés jusqu’à 
Ja hauteur du légume, se séparent ensuite et s’allongent avec la carène, 
pourenvelopper de leurs anthères le stigmate plongé dans leur pollen; 
en particulier, on se demanderait pourquoi le légume, qui, tant que 
la carène l'enveloppait, semblait participer à son mouvement, se 
redresse ensuite dès qu'il est devenu libre. 

J'ai ouvert plusieurs fleurs avant leur épanouissement, afin de 
reconnaître la disposition primitive de leurs organes; j'ai vu que les 
étamines étaient naturellement diadelphes, et qu’il existait un nectaire 
bien conformé à la base de leur ovaire; j'ai remarqué ensuite que cet 
ovaire stipité portait à sa naissance dix glandes allongées, formant par 
leur ensemble un godet, qui devait contenir l'humeur miellée , et je 
me suis demandé si cette humeur très-abondante ne s'infiltrait pas jus- 
qu'au pollen, et jusqu'au stigmate pour opérer la fécondation, et j'ai 
vu l'infiltration. 

En attendant, j'observe que le Cirrhosus, la seule espèce qui soit 
pourvue de vrilles, doit avoir une structure particulière; que le 
Ricardensis , de la division des Macropodes, a un stigmate terminé en 
appendice aigu ; qu’il en est de même de plusieurs autres espèces, qui 
présentent sans doute dans leur conformation des phénomènes propres 
et encore inconnus. 

Puisque les étamines ‘s’allongent à mesure que la carène se con- 
tourne, il faut bien qu'elles aient recu la faculté de s'allonger, et si 
elles ne l'avaient pas recue il n’y aurait point eu de fécondation. 


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SIXIÈME GENRE. — Soja. 


Le Soja a un calice quinquéfide, légèrement labié et accompagné de 
deux bractées, un étendard ovale, stipité et dépourvu de cils, une 
carène oblongue et droite, des étamines diadelphes, un légume 
oblong, membraneux, cloisonné, mais non articulé, deux à cinq 
semences ovales, aplaties. 

Il est formé d’une seule espèce herbacée et annuelle, àtige redressée, 
à feuilles trifoliolées et hispides, comme le reste de la plante; ses fleurs 
violettes et axillaires, tantôt agrégées, tantôt portées sur de courts 
pédoncules, sortent à peine du calice. 

Le Soja habite les Indes et le Japon, où l’on en distingue deux 
variétés : celle à fleurs violettes, et celle à fleurs jaunes et semences 
blanches ; on la cultive communément dans les jardins botaniques. 

Ses étamines ne sont pas aussi nettement diadelphes que celles des 
Phaseolus , et son ovaire n’est pas entouré d'un nectaire engainé. Ses 
tiges sont-elles volubles, et ses feuilles trifoliolées ont-elles les mouve- 
ments de celles des Phaseolus ? 


SEPTIÈME GENRE. — Dolichos. 


Les Dolichos ont le calice campanulé à cinq divisions, dont les deux 
supérieures sont rapprochées ; l’étendard à peu près arrondi, sillonné 
à sa base et chargé de deux à quatre callosités divergentes, les ailes 
oblongues et obtuses, la carène obtuse, non contournée, ni déjetée ; 
le style aplati et barbu vers le sommet, le légume aplati, linéaire, plus 
ou moins étranglé , sans ailes ni nervures; les semences ovales plus ou 
moins aplaties, à cicatrice ovale et petite. 

Les Dolichos se divisent en trois sections : 

1° Les Eudolichos ; légume aplati et terminé par un style court ; : 

2° Les Catiang ; légume cylindrique et feuilles entières ou lobées ; 

3° Les Onguiculaires ; légume à peu près cylindrique, terminé en 
bec aplati, calleux, légèrement onguiculé et concave en dessous. 

Les Dolichos, qui comptent déjà près de cinquante espèces , la plu- 
part mal connues et mal décrites, sont des sous-arbrisseaux et des 
herbes vivaces ou annuelles , presque toujours volubles, et répandues 
dans l'Amérique sud, les Antilles , le Cap, l'Égypte et les Indes; les 
frutescentes habitent surtout les vastes forêts du Nouveau-Monde, 
où elles s'élèvent quelquefois jusqu'à la hauteur des plus grands arbres, 
en formant des arcades élégantes, ornées des plus brillantes fleurs; 


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tels sont, en particulier, le Ligneux, celui de Jaquis ; l’Articule, le 
Bâätard , etc. ; les annuels sont cultivés pour leurs graines qui diffèrent 
peu de celles des Phaseolus. On remarque dans la troisième section le 
Sesquipedalis, dont les légumes très-allongés se rencontrent souvent 
dans les jardins, et l'Unguiculatus , herbe annuelle et voluble qu'on 
cultive dans la Provence, et dont les légumes allongés et réunis trois 
à trois sont recourbés au sommet ; ses fleurs, grandes et variées en 
couleur ont la carène droite et entr'ouverte au sommet à l'époque de 
l'anthèse; son stigmate est une tête papillaire recourbée en avant et 
pourvue d'une glande conique en arrière ; le Brasiliensis, non encore 
décrit dans le Prodrome, et qui appartient aux Catiang , a Yétendard 
ouvert, et les anthères plongées entre deux rangs de poils, au sommet 
du style surmonté d’un stigmate glutineux. 

Le principal objet de recherche est ici le but de ces renflements 
calleux qui paraissent appartenir à toutes les espèces, et les renfle- 
ments charnus placés au sommet des pédoncules, et d’où sortent les 


pédicelles. 


HUITIÈME GENRE. — Vigna. 


Le Vigna a le calice quadritide et la lèvre supérieure entière, 
l'étendard large, réfléchi et chargé à sa base de cals convergents, des 
ailes rhomboïdales, des étamines diadelphes, un ovaire stipité et 
engainé à sa base, un légume cylindrique et recourbé, des semences 
un peu globuleuses et des cotylédons hypogés. 

Il est formé de deux plantes homotypes, grimpantes, annuelles et 
originaires de l'Amérique sud : le Glabra, à fleurs jaunes, réunies 
en tête sur des pédoncules plus longs que les feuilles, et le J’i/losa, 
à fleurs dorées, légumes pendants, recourbés et chargés de cinq à 
six semences noires à cicatrice blanche; ses valves se roulent en sens 
opposé, comme celles des Vicia , et ses fleurs, verticillées au sommet 
des pédoncules, sont souvent portées par un renflement charnu, 
comme dans les Zablab, dont elles ont toute l'organisation. 

Le Villosa a ses folioles latérales disposées verticalement, comme 
celles des Phaseolus ; ses fleurs ont leur étendard fortement réfléchi; 
les anthères petites et libres au-dessus de leur fourreau déposent 
leur pollen blanchâtre sur la vergette de poils que porte le style du 
côté antérieur, et qui est sans doute imprégnée d'humeur miellée ; le 
stigmate est une tête glutineuse, saillante et appendiculée; la gaine 
de l'ovaire est-elle nectarifère ? 


II. 14 


— 210 — 


NEUVIÈME GENRE. — Lablab. 


Le Lablad a un calice tubulé, quadrifide, à lèvre supérieure en- 
tière, un étendard ouvert, canaliculé à sa base et marqué de quatre 
cals parallèles, une carène courbée à angle droit, des étamines diadel- 
phes, dont la dixième est couchée entre les cals de l’étendard, un 
ovaire stipité et engaîné, un style élargi et barbu au-dessous d’un 
stigmate terminal et coudé, un légume aplati en sabre, chargé de 
tubercules sur les sutures et divisé intérieurement en cloisons trans- 
versales, quatre semences ovales, aplaties, dont l'ombilic est bordé 
d’un côté et chargé de l’autre d'une callosité fongueuse. 

Ce genre est formé de trois espèces homotypes, et tellement rap- 
prochées qu’elles n'en forment peut-être qu'une seule, le Fulgaris, 
le Nankininos et le Leucocarpus, originaires des Indes orientales et 
cultivées pour leurs semences dans les contrées intertropicales. 

Ce sont des herbes annuelles, qui se distinguent principalement des 
Phaseolus, dont elles ont la végétation, par leur carène cylindrique un 
peu renflée au sommet mais non contournée; leurs fleurs, presque 
sessiles et pourvues d’une bractée caduque, naissent de trois à cinq 
sur un renflement globuleux et unilatéral, qui est probablement la 
base avortée du pédicelle; elles avortent en partie et s’'épanouissent 
successivement; la dixième étamine est entièrement libre, le style 
est velu vers le sommet, le stigmate est formé de deux lames entre 

lesquelles est une rainure velue et visqueuse ; l’étendard immobile 
est fixé à la base par deux appendices, et la fécondation s'opère sans 
doute, comme dans le Phaseolus, par l'intervention de l'humeur 
miellée sortie des glandes de la gaîne qui enveloppe l'ovaire. 

Le Leucocarpus à fleurs blanches forme d'assez grandes touffes, 
dont les tiges ne s’allongent que dans le voisinage d’un appui; ses 
feuilles, comme celles de ses congénères, portent deux stipules à 
leur base. 


DIXIÈME GENRE. — Cajan. 


Le Cajan a le calice campanulé, quinquéfide à découpures subulées 
et recourbées au sommet, un étendard grand à deux cals , une carène 
droite et obtuse, des étamines diadelphes, un légume oblong, aplati, 
bosselé et bivalve ; des semences nombreuses à peu près sphériques, 
séparées par des cloisons membraneuses. 

Les Cajans, que LinNé avait placés parmi les Cytises, forment deux 


— 211 — 


arbrisseaux : le Flavus, originaire de l'Amérique méridionale , et le 
Bicolor, des Indes; leurs feuilles sont stipellées, leurs grappes 
axillaires , leurs pédicelles géminés ; leurs cotylédons sont conferr&- 
minés selon De Canpoiee, et libres selon Kunrx. 

Le Flavus a les folioles épaisses, cotonneuses et rayées de nervures; 
sa tige se développe indéfiniment sans porter de boutons, et sa fécon- 
dation s'opère sans doute par le concours de l'humeur miellée, puisque 
ses étamines sont diadelphes. 


ONZIÈME GENRE. — Lupin. 


Le Lupin a un calice fortement labié, un étendard réfléchi sur les 
côtés, une carène acuminée, des étamines monadelphes, dix anthères 
alternativement arrondies et oblengues, un stylefiliforme, un stigmate 
terminal, barbu et arrondi, un légume coriace et obliquement bosselé, 
des cotylédons épais qui deviennent foliacés dans la germination. 

On divise ce genre en deux groupes : 

1° Celui à feuilles digitées ; 

2° Celui à feuilles simples. 

Le premier groupe se partage en trois sous-groupes : 1° les annuels; 
2° les vivaces; 3° les frutescents. 

Les Lupinrs annuels comprennent plusieurs espèces, dont quelques- 
unes ne sont peut-être que des variétés, et dont la véritable patrie 
est l'Europe australe ; quelques-unes sont dispersées en Egypte et 
dans les deux Amériques, mais elles appartiennent toutes au même 
type, quoiqu'elles diffèrent par la présence ou l'absence de leurs 
bractées calicinales, par la forme de leurs folioles, par leurs pédi- 
celles alternes ou demi verticillés, et enfin par leurs fleurs jannes, 
blanches, pourprées ou bigarrées de ces deux dernières couleurs. 
L'espèce la plus remarquable de cette division est le Microcarpus, du 
Chili, à fleurs bleuâtres , à peu près sessiles et alternes au sommet 
des tiges ; leur corolle est à demi-avoriée, le fourreau staminifere , 
rompu de très-bonne heure, ne porte guère que cinq anthères, qui 
fécondent un stigmate papillaire, dont le style, appliqué contre 
l'étendard, s’allonge ensuite pour sortir enfin de la corolle raccourcie; 
le légume, couronné par le style toujours recourbé en dedans, est 
monosperme ou disperme et se sème peut-être sans s'ouvrir. 

Les Lupins vivaces, originaires des deux Amériques, et surtout des 
Andes de Quito, paraissent différer par les mêmes caractères que les 
précédents, et ont quelquefois des racines rampantes. 

Les frutescents habitent à peu près tous la côte occidentale de 


— 212 — 


l'Amérique sud, principalement le Pérou et les pentes des Cordilières; 
les uns ont les tiges redressées, les autres sont couchés sur le terrain 
ou entortillés autour des arbres. 

Enfin les Lupins, à feuilles simples annuels ou vivaces, se trouvent 
dans les bois de la Caroline, au Cap ou aux Indes; leurs fleurs 
varient en couleur, et leurs tiges droites ou couchées sont ordinaire- 
ment velues. 

Ce genre est à peu près le plus naturel de tous ceux des Légumi- 
neuses , et se reconnaît sur-le-champ à son organisation générale; 
aussi les différents groupes sous lesquels nous avons rapproché ses 
nombreuses espèces, sont artificiels et sans rapports avec les formes 
de végétation et d’inflorescence, 

Les pétioles articulés à la base portent au sommet cinq à quinze 
folioles entières disposées en verticilles plus ou moins complets, et 
toujours articulées à la base; elles sont condupliquées avant leur 
développement, et se replient sous la même forme aux approches de 
la nuit, en s'inclinant de plus sur leur pétiole commun, qui se rabaïsse 
aussi par un mouvement de genou. 

On peut ramener cette forme à celle des feuilles aïlées, en suppo- 
sant que le pétiole commun , au lieu de s’allonger à son extrémité, a 
complètement avorté, et que les folioles se sont disposées symétri- 
quement des deux côtés, autour du même point; en effet, elles sont 
d'abord rapprochées en éventail, comme celles du Vicia sativa, dont 
le pétiole ne s'étend que plus tard; dans les espèces à feuilles simples, 
les folioles latérales paraissent avortées avec leur pétiole, mais la 
terminale reste chargée de son articulation. 

Les pédoncules sont opposés aux feuilles et quelquefois simplement 
latéraux ; le dernier termine la tige, soit en réalité, soit par avorte- 
ment; les fleurs sont disposées sur les pédoncules, tantôt alternati- 
vement et comme sans ordre, tantôt réunies deux à deux ou trois à 
trois, tantôt enfin demi-verticillées ou même verticillées ; cette der- 
nière sorte d'inflorescence, très-rare dans les Legumineuses , produit 
un effet très-agréable par sa seule régularité; l'œil est comme charmé 
en contemplant ces jolis étages pyramidaux de fleurs, tantôt d'un 
bleu d'azur ou d’un pourpre éclatant, tantôt d’un blanc ou d'un rose 
pur, ou enfin d'un jaune d'or. 

Les fleurs sont sessiles ou stipitées, et toujours chargées à la base 
d’une simple bractée; on en trouve ordinairement sur le calice deux 
autres plus ou moins caduques, de même que la bractée, et remar- 
quables quelquefois par leur grandeur, comme dans le Nubigenus et 
l’Alopécuroides des Andes. 


— 213 — 


La corolle est très-régulièrement conformée; l'étendard, d'abord 
couché, se relève sur les côtés, les ailes s’enflent dans leur milieu, et 
la nacelle, quelquefois ciliée sur les bords et même à la base, se ter- 
mine en pointe relevée; les ailes sont tenues en place par la rainure 
de l’étendard, et la fécondation a lieu dans l'intérieur de la nacelle, 
qui maintient les anthères autour du stigmate, lequel est une tête 
glanduleuse, bordée de cils; la fécondation s'opère sans doute pat 
l'humeur miellée, qui sort de la base de l'ovaire, et pénètre dans 
l'intérieur de la nacelle; mais je n’ai pas vérifié ce fait. 

C'est un caractère constant dans les Lupins, que les deux formes 
d’anthères; les premières qui s'ouvrent sont les sagittées, celles qui 
leur succèdent et se développent ordinairement le même jour, quoi- 
qu'un peu plus tard, sont arrondies ou ovales; le pollen est orangé 
à molécules sphériques et quelquefois brillantées; après la fécondation, 
Ja gaîne se fend par l'accroissement du légume, et le pédicelle se 
désarticule ou s’endurcit. 

A la dissémination, les panneaux s'ouvrent en se roulant, et met- 
tent à découvert des semences toujours peu nombreuses, souvent 
tachées et séparées par des cloisons transversaies, plus ou moins 
épaisses et fongueuses. 

Les fleurs du même verticille, souvent au nombre de six, s’épa- 
nouissent toutes à la fois, en prenant une position horizontale ou 
inclinée, suivant qu’elles sont sessiles ou pédonculées; la carène 
s’entr'ouvre à la base, et l’on voit en même temps sortir de son som- 
met le pollen qui se répand au-dehors; les anthères se fondent sans 
s'ouvrir, comme dans la plupart des Légumineuses, parce que leur 
fécondation est intérieure. 

Les semences sont épaisses, aplaties et tronquées à leur extrémité, 
et les cotylédons, d'abord assez épais, prennent en se développant 
une apparence foliacée; ils sortent de terre à la germination, et les 
feuilies primordiales sont déjà digitées, mais leurs folioles sont peu 
nombreuses. 

Ce genre présente divers phénomènes qui dépendent de son orga- 
nisation primitive; ceux que je signale concernent les mouvements de 
la fleur , qui n’ont jamais lieu que dans le sens vertical, afin que l’épa- 
nouissement et la fécondation ne soient pas gênées, et c’est aussi la 
raison pour laquelle les étendards, au lieu de s’étaler, se replient for- 
tement sur les côtés. Une seconde conséquence de cette singulière 
structure, c'est que les fleurs s'ouvrent toutes à la fois, de quelque 
côté qu’elles soient tournées relativement à la lumière, et qu’elles 
avortent en grand nombre, surtout près du sommet, parce qu'autre- 


— 214 — 


ment leurs légumes, très-gros et très-renflés, n'auraient pu ni mrir 
facilement ni être portés par leurs pédoncules. On peut ajouter que 
l'étendard ne se referme jamais, parce que la carène est protégée par 
les ailes, et que les tiges, les pédoncules et les pétioles ne se contour- 
nent point; le seul mouvement qui soit ici marqué, c’est celui de ces 
folioles qui portent à leur base le renflement corné propre à la famille; 
ce qui me paraît digne d'être surtout noté, c'est le rapport qui existe 
entre la conformation des fleurs et leur position sur la tige. 

Plusieurs espèces de Lupin font l'ornement de nos jardins par la 
beauté de leurs fleurs et la régularité de leur feuillage; on place dans 
leur nombre lé Farius, l Albus, V'Hirsutus, le Perennis, le Luteus, 
le Cruckankii, le Canaliculatus , à pétioles canaliculés, etc.; on pour- 
rait y ajouter les grandes espèces frutescentes, telles que le Multiflorus 
et l'Arborescens , dont les élégantes pyramides s'élèvent avec tant de 
régularité et de magnificence; telles sont principalement ces nom- 
breuses espèces rapportées dernièrement par Douezas de la Californie, 
et qui ont élevé jusqu’à soixante le nombre des espèces de ce beau 
genre. 


DOUZIÈME GENRE. — Ærythryna. 


L'Erythryna à le calice tubulé, tronqué au sommet, lésèrement 
denté où spathacé, l'étendard très-allongé, les ailes et la carène dipé- 
tales et très-courtes, les étamines droites, la dixième tantôt réunie et 
tantôt libre, souvent très-petite ou presque nulle, le légume long, 
bosselé, bivalve et polysperme, les semences ovales et la cicatrice 
latérale. 

On le partage en deux groupes , qui renferment entre eux près de 
quarante espèces : 

1° Les Herbacés ; rameaux annuels, sortant d’une souche sou- 
terraine; 

2° Les Caulescents; tiges frutescentes ou même arborescentes. 

Ces plantes, toutes étrangères, sont principalement répandues 
dans les Antilles, l'Amérique équinoxiale, les côtes d'Afrique et les 
Indes; elles se plaisent sur les lisières des bois, au pied des montagnes, 
au milieu des forêts où elles se font remarquer par leurs belles grappes 
florales d’un rouge éclatant, qui s'étend plus ou moins sur les pédon- 
cules, les tiges et le reste de la plante. 

L'Erythryna laurifolia de Jaquiv, ou le Crus galli, si répandu 
actuellement dans nos jardins, est peut-être l'espèce la plus remar- 
quable de tout le genre; ses fleurs, disposées en longues grappes 


— 215 — 

terminales, retournent leurs pédoncules de manière que l’étendard 
occupe la partie inférieure et la carène la partie supérieure; cette 
carène coriace , allongée et recourbée en sabre, se ferme très-forte- 
ment à la base, mais s'ouvre assez au sommet, pour laisser sortir le 
fourreau anthérifère, qui s'étale en godet du côté inférieur, et porte 
sur son bord dix anthères pédonculées, disposées symétriquement, 
quatre d’un côté et quatre de l’autre; la neuvième au sommet et la 
dernière pendante en dessous ; ces anthères biloculaires s'ouvrent 
toutes sur le stigmate, qui est une tête papillaire, saillante et un peu 
déjetée. 

On voit sur le fourreau un sillon longitudinal très-marqué, par 
lequel l'humeur miellée monte de la base jusqu’au sommet du tube 
qu’elle remplit ; le nectaire est formé de cinq belles glandes à la base 
du fourreau; les ailes sont courtes et comme avortées, le calice est 
un godet tronqué , qui a quelque rapport pour la couleur et la consis- 
tance avec celui du Bignonia radicans ; toute la fleur est d’une sub- 
stance épaisse et de l’écarlate le plus pur. 

Les autres espèces n’ont pas la même structure florale, car dans le 
Corallodendrum , les neuf anthères à filets cylindriques et soudés sont 
placées à différente hauteur, et la dixième est entièrement libre; 
l'étendard très-llongé, qui occupe le sommet de la fleur, se plisse en 
deux pour protéger les étamines, parce que la carène et les ailes sont 
presque entièrement avortés; à la fécondation, les anthères sortent 
de l’étendard et répandent leur pollen verdâtre sur un stigmate gluti- 
neux placé au milieu d'elles; le calice feutré, cylindrique et tronqué, 
est tout rempli d'humeur miellée. 

Ces plantes présentent ainsi différents types qui méritent d'être 
étudiés; dans l’Herbacé , Yhumeur miellée sort d’un renflement bosselé 
qui entoure l'ovaire et imprègne tout l'intérieur de la corolle ; les plus 
cultivés sont le Speciosa, l'Herbacé, le Corallodendrum , le Crista 
galli, etc. On se sert de l Umbrosa et du Felutina pour ombrager les 
jeunes Cacao. 

Ainsi non-seulement l'humeur miellée est l'agent de la fécondation, 
mais les pièces de la corolle des ÆErythryna ont été disposées de 
manière à faciliter son action; les anthères saillantes du Crista galli 
ouvrent leurs lobes pour la dispersion du pollen. 


— 216 — 
Sixième tribu. — MIMOSÉES. 


Les Mimosees ont l'embryon droit comme la radicule, les fleurs 
régulières souvent polygames et rarement hermaphrodites; leurs 
sépales, qui varient de quatre à cinq et sont toujours en estivation 
valvaire, forment souvent par leur réunion un calice à quatre ou cinq 
dents; les pétales, en même nombre et disposés de la même manière, 
sont ordinairement hypogynes et en estivation valvaire, tantôt libres, 
tantôt plus ou moins réunis; les étamines libres ou monadelphes, 
sont insérées sur les pétales qu’elles égalent en nombre, ou dont elles 
sont multiples; la gemmule est à peu près invisible, et le cordon 
ombilical est plus ou moins fléchi ; les cotylédons sont presque tou- 
jours foliacés, et par conséquent saillants sur le terrain ; quelquefois 
cependant , comme dans l'Unguis cati, ils restent cachés dans le sol, 
ce qui indique une végétation différente ; le pollen, selon Mouz, est 
en général arrondi et formé de trois plis. 


PREMIER GENRE. — JWimosa. 


Le Mimosa a les fleurs 'polygames, quatre à cinq pétales réunis en 
une corolle à peu près infundibuliforme, quatre à quinze étamines 
insérées au fond de la corolle ou sur le pédicelle de l'ovaire, un légume 
aplati et formé d’articulations très-variables en nombre; mais toujours 
monospermes, à sutures persistantes. 

On divise ce genre en trois sections : 

1° Les Eumimosa ; légume moniliforme et fleurs roses ; 

2° Les Habbasia; légume très-hispide et formé d’articulations à 
rebords parallèles, fleurs blanches , rameaux et pétioles aiguillonnés ; 

3° Les Bataucaulon ; légume très-glabre, formé d'articulations à 
rebords parallèles, fleurs blanchâtres ou d’un jaune pâle. 

Les Eumimosa se subdivisent en trois groupes : 

1° Célui des Sensitives, à feuilles conjugato-pennees , dont le pétiole 
commun se ramifie en deux branches, qui portent chacune des feuilles 
ailées ; 

2° Celui des Pudiques, à feuilles conjugato où digitato-bipennées , 
dont le pétiole commun se ramifie en plusieurs branches, à feuilles 
ailées ; 

3° Celui des Bipennées, dont les feuilles sont simplement bipennées. 

Ces trois groupes comprennent, dans De Canpozre, un grand 


Se — 
nombre d'espèces, toutes originaires de l'Amérique équinoxiale et des 
Antilles, à l'exception du Geminata, qui se trouve sur les côtes occi- 
dentales de l'Amérique nord, et du Hamata, qui appartient aux 
Indes orientales. Ce sont des sous-arbrisseaux et quelquefois des 
herbes vivaces, dont les tiges sont souvent aiguillonnées, et les fleurs 
presque toujours réunies en tête. 

Les Habbasia, qui appartiennent principalement à l'Amérique 
équinoxiale, mais dont quelques-uns se trouvent en Guinée, sont 
des arbrisseaux ou des arbres à tiges aiguillonnées, qu'on ne cultive 
guère dans nos jardins. 

Les Bataucaulon, jusqu’à présent assez mal déterminés, sont formés 
d'arbrisseaux des Indes orientales, de l'Amérique méridionale, des 
Antilles, surtout de Sainte-Marthe. 

Les Mimosa, extrêmement remarquables par l'élégance de leur 
port, ainsi que par leurs feuilles composées d'une multitude de petites 
folioles arrangées avec une admirable régularité, sont encore décorées 
de fleurs rouges, blanches ou jaurâtres, portées sur de longs pédon- 
cules axillaires, et disposées en petites houppes pleines de grâce ; 
mais ces formes, toutes brillantes qu'elles soient dans nos serres, 
n'approchent pas de l'éclat qu’elles répandent naturellement dans ces 
contrées équinoxiales qui sont leur véritable patrie. 

Les folioles ne sont jamais condupliquées et ne portent pas non 
plus de nervure moyenne, mais elles sont appliquées avant leur déve- 
loppement les unes contre les autres, de bas en haut, tout le long 
de leur pétiole; elles reprennent même cette position toutes les fois 
qu'elles se ferment, c’est-à-dire chaque soir. 

Indépendamment de ces mouvements qui leur sont communs avec 
un grand nombre de Légumineuses ; les Mimosa ont encore la faculté 
de se fermer toutes les fois qu’elles sont touchées et surtout ébranlées 
par quelque corps étranger. Ces mouvements, qui ont été tant de fois 
décrits, mais qui n’en sont pas moins très-remarquables, commencent 
d'abord par les folioles, et s'étendent successivement sur les pétioles 
particuliers et communs, qui se déjettent fortement, et donnent 
ainsi à toute la plante une apparence de mort. Les cotylédons eux- 
mêmes participent plus ou moins à ces mouvements des feuilles. 
Cette sensibilité, qu'on peut appeler exquise, n'appartient pas 
indifféremment à toutes les espèces du genre; mais au contraire, elle 
est à peu près concentrée dans celles du premier groupe , auxquelles 
nous avons donné le nom de Sensitives, et surtout à celle qui est 
cultivée dans tous les jardins sous cette dénomination. Parmi les 
espèces du second, la Pudique surtouta des mouvements très-marqués ; 


— 218 — 
mais celles du troisième, ou les Pipennées , ne paraïssent pas affectées 
par des ébranlements étrangers, quoiqu'elles ouvrent et ferment 
régulièrement leurs feuilles chaque jour. 

La cause immédiate de tous ces mouvements me paraît résider 
dans un disque ou point blanchâtre placé à la base des folioles ; lors- 
qu’on le touche, même très-lésèrement, on remarque dans la foliole 
à laquelle il appartient un ébranlement qui n’a pas lieu lorsqu'on a 
touché de la même manière une autre partie de sa surface, et pour 
remonter plus haut, on peut imaginer qu'il existe dans ces plantes ; 
comme dans les nervures des ailes des insectes ,un fluide très-élastique 
et très-raréfié, dont la présence distend leurs diverses parties, et dont 
l'absence occasionne cet affaissement qui suit la secousse , et qui a lieu. 
naturellement toutes les nuits. Dans la Sensitive, qui appartient à la 
première section, les cotylédons sortant de terre ont déjà la même 
sensibilité que les feuilles. 

Du reste, les Mimosa doivent présenter des variations sans nombre 
dans la forme et la durée de leurs mouvements, qui sont surtout 
déterminés par les rayons lumineux. Je juge qu'il en est ainsi par les 
noms de Pudica, Sensitiva, Viva, Casta, Pudibunda, Dormiens , 
Pälpitans, Somniculosa, etc., donnés à leurs diverses espèces pour 
exprimer sans doute les degrés de leur irritabilité qui se manifeste 
déjà sur les cotylédons. Dans nos climats, pendant les mois d'été, le 
Pudica ouvre ses folioles à trois heures du matin et les ferme à six 
heures du soir; mais ces mouvements, que j'appelle naturels, n'ont 
lieu que sur les folioles, tandis que les pétioles et les rameaux mêmes 
se rapprochent dans les secousses ; les pédoncules et les fleurs restent 
seuls immobiles. 

La fécondation est médiate ou immédiate; les anthères petites, 
introrses et biloculaires répandent leur pollen sur leur proprestigmate, 
qui est une petite tête papillaire, ou sur les stigmates des autres fleurs 
quand elles appartiennent elles-mêmes à des fleurs mâles; car la plupart 
des Mimosa sont polygames. Le nectaire est une glande placée sur le 
torus, et qui entoure l'ovaire. Je n’ai pas encore vu quelle influence 
elle avait sur la fécondation qui doit sans doute s’opérer par son 
humeur; les légumes, ordinairement très-aplatis, sont glabres, 
hispides ou très-hispides, comme dans les Habbasia, et leurs arti- 
culations sont plus ou moins marquées. La feuille primordiale du 
Sensitiva et du Pudica est simplement ailée à trois paires, la seconde a 
déjà un pétiole bifide, dont chaque branche porte deux à trois paires 
de folioles irritables comme les cotylédons; le Rubicaulis, dont la tige 
ressemble à celle du Rubus, a les feuilles primordiales alternativement 
pennées et bipennées. 


— 219 — 


Tous les Mimosa se développent, je crois, indéfiniment sans porter 
ni boutons ni écailles, et ne suspendent leur végétation que par l'abais- 
sement de la température ; leurs stipules pétiolaires tombent chaque 
année comme les feuilles. 

Quelques-unes de ces plantes sont cultivées dans nos serres, où 
elles se font remarquer par leur extrême élégance; mais le grand 
nombre est entièrement inconnu à l'Europe. 


DEUXIÈME GENRE. — Jnga. 


L’Inga a les fleurs polygames, un calice à cinq dents, une corolle 
à cinq divisions, un grand nombre d'étamines saillantes et plus ou 
moins réunies, un légume large et aplati, des semences entourées de 
pulpe ou de farine et rarement d'une simple pellicule, des étamines 
souvent roulées sur leurs filets avant le développement. 

Ce genre, qui comprend déjà plus de cent espèces divisées en 
groupes qui deviendront peut-être un jour autant de genres, est formé 
d’arbrisseaux et d'arbres ordinairement inermes, à feuilles tantôt sim- 
plement ailées, tantôt conjugato-pennées, comme celles des Mimosa, 
tantôt enfin bipennées ; leurs fleurs blanches ou rouges sont réunies 
en épi ou en tête, et leurs fruits, très-souvent pulpeux, sont recherchés 
par les sauvages d'Amérique, qui leur donnent différents noms selon 
les espèces. 

Leurs feuilles, qui -ont sans doute les mouvements diurnes des 
autres Mimosees, ne paraissent pas cependant irritables; leurs fleurs, 
en estivation valvaire, ont des étamines tantôt légèrement mona- 
delphes à la base, tantôt au contraire réunies en une longue colonne 
contournée en spirale avant l'épanouissement ; le pollen est pulvé- 
rulent ou formé de masses granuleuses. 

Ces différences organiques, auxquelles il serait facile d’en ajouter 
plusieurs autres, tirées principalement de la configuration des légumes 
et des diverses enveloppes de la semence, montrent que les /nga pré- 
senteront plusieurs phénomènes aux observateurs qui pourront les 
étudier à loisir : un des plus remarquables est celui des filets roulés en 
spirale, et qui se déroulent pour élever les anthères hors du calice. 

Ces plantes, dont la patrie est l'Amérique méridionale et l’Archipel 
des Antilles, et dont quelques espèces habitent les Indes et les îles 
adjacentes, sont rarement cultivées dans nos serres. 

Une des plus remarquables est le Purpurea, sous-arbrisseau dont les 
étamines, fortement monadelphes et du plus beau pourpre, sont 
flottantes et très-allongées, et dont les fleurs polygames sont réunies 


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en longs épis ; les légumes sont linéaires et presque point recourbés, 
et les feuilles à pétiole non glanduleux ont des folioles de trois à sept 


paires. Je ne sais pas comment s'opère ici la fécondation. Par 
l'humeur miellée ? 


TROISIÈME GENRE. — Üesmanthus. 


Le Desmanthus a des fleurs polygames ; un calice à cinq dents, cinq 
pétales distincts ou réunis, ou nuls, dix étamines fertiles ou rarement 
cinq stériles à filets membraneux ou étroits, un légume continu, 
bivalve et sans pulpe. 

On divise ce genre en trois sections : 

1° Les Neptunia ; légume oblong de quatre à six semences, filaments 
stériles, tout-à-fait pétaloïdes, feuilles irritables au toucher ; 

2 Les Desmanthees ; légume linéaire de dix à quinze semences, 
fleurs neutres souvent apétales et filets stériles très-amincis, feuilles 
non irritables ; 

3° Les Dichrostachys ; légume linéaire, tordu ou courbé en faux, 
filets stériles, minces et allongés, filets fertiles portant au-dessus de 
l'anthère une glande légèrement pédicellée. 

Les Veptunia, dont l'on compte dans le Prodrome six espèces. 
dispersées dans l'Amérique septentrionale, les Indes et le Sénégal, 
sont des plantes très-remarquables par leur végétation ; elles flottent 
sur les eaux stagnantes, où les unes se reproduisent chaque année 
par leurs graines, tandis que les autres, en plus petit nombre, 
repoussent par leurs racines ou leurs drageons ; leurs feuilles irrita- 
bles, comme celles des Sensitives, sont souvent Jugato-pennees , c'est 
à-dire que leur pétiole commun se divise au sommet en deux, trois 
ou quatre branches qui portent des feuilles ailées. Ces plantes, dont 
Jai vu une espèce dans nos serres, doivent avoir les tiges et les 
feuilles singulièrement conformées. 

Les Desmanthées forment cinq espèces dispersées dans les deux 
Indes : le F’irgatus, des Indes orientales, qui fleurit dans nos jardins, 
a les feuilles bipennées à deux ou trois paires, non irritables, et les 
folioles couchées les unes sur les autres avant le développement 
comme pendant leur sommeil; on remarque, entre leur première 
paire, une glande ovale et rougeätre qui distille un suc propre ; les 
fleurs en petits paquets sont portées sur des pédoncules qui sortent 
deux à deux des aisselles supérieures. 

Les Dichrostachys, qui tirent leur nom de la double couleur de 
leurs épis, appartiennent aux Grandes-Indes et surtout au Sénégal ; 


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on en connait cinq espèces qui sont des arbrisseaux ordinairement 
épineux, à feuilles bipennées, et dont les paires inférieures sont 
souvent chargées de glandes; ces plantes sont aussi remarquables par 
leur élégance que par leurs épis bicolores; leurs étamines fertiles sont 
jaunes , les autres blanches et panachées. 


QUATRIEME GENRE. — Æ4Cacia. 


L' Acacia à les fleurs polygames, un calice à quatre ou cinq dents, 
quatre ou cinq pétales, tantôt libres, tantôt réunis, des étamines qui 
varient de vingt à deux cents, un légume continu, bivalve et 
dépourvu de pulpe. 

Ce genre polymorphe, et qui en formera peut-être un jour plu- 
sieurs, se divise actuellement en quatre sections comprenant près de 
trois cents espèces , indépendamment de quelques autres encore mal 
connues. 

1° Les Phyllodines, ou Acacia aphylles , dont les folioles avortent, 
surtout dans la plante adulte, et dont les pétioles sont épaissis et 
dilatés ; 

2° Les Conjugato-pennes , à feuilles bipennées à une seule paire; 

3° Les Spiciflores, à fleurs en épi et feuilles bipennées à plusieurs 
paires ; ; 

4° Les Globiflores , à fleurs en tête globuleuse et feuilles bipennées; 
c'est la section la plus nombreuse. 

Les Phyllodinés ont les fleurs disposées en têtes globuleuses soli- 
taires ou en têtes globuleuses réunies en grappes sur un pédoncule. 
axillaire, ou enfin en épis cylindriques ; leurs stipules sont nulles, 
inermes ou épineuses, et leurs fleurs toujours jaunes et nombreuses ; 
ces plantes, qui habitent toutes la Nouvelle-Hollande, à l'exception 
de trois ou quatre, éparses dans les contrées voisines, présentent une: 
forme fort différente des autres Mimosees; au lieu de ce feuillage 
léger, délicat et finement divisé qui les distingue, on ne trouve ici 
que des feuilles simples, solides , épaisses, cartilagineuses et tout-à-fait 
semblables à celles des Buxus ; cette bizarre apparence ne doit pour- 
tant pas être attribuée à une organisation entièrement différente, 
puisque dans toutes les parties de leurs fleurs, les PAyllodinés res- 
semblent aux Mimosées , mais elle est évidemment produite par l’avor- 
tement des folioles et la dilatation des pétioles; car l’on trouve des 
espèces, comme le Sophora et l'Heterophylla, dont les feuilles sim ples 
à la base redeviennent bipennées vers le sommet. 

Ce qui confirme pleinement cette opinion, c’est que la germination 


— 929 — 
même de ces plantes, dont la feuille primordiale est ailée à quatre 
paires, et dont la suivante a déjà le pétiole bifide et chargé sur cha- 
cune de ses branches de quatre paires de folioles; mais à mesure que 
la plante se développe, on voit ses feuilles prendre d'abord un pétiole 
simplement ailé, et perdre successivement leurs folioles, jusqu'à ce 
qu'enfin elles soient réduites à l’état de feuilles simples. 

C'est là, je crois, le plus bel exemple qu’on puisse citer de ces 
avortements et de ces soudures qui dominent, pour ainsi dire, tout 
le règne végétal; mais qui, pour l'ordinaire , ne se manifestent qu'aux 
yeux du spectateur attentif; la feuille simple des PAyllodinés est pour 
l'ordinaire placée, par exemple dans l'Armata et le Verticillata, sur 
un plan vertical et encore genouillée à sa base, mais cependant privée 
de tout mouvement; elle naït entre deux appendices tantôt inermes, 
tantôt épineux, et qui pourraient bien être des prolongements du 
coussinet, plutôt que de vraies stipules comme semblent le prouver 
quelques espèces de la section suivante, et elle tombe au printemps 
en laissant la cicatrice de son point d'attache; entre cette feuille et la 
tige est placé le pédoncule ou les pédoncules. 

Les fleurs sessiles ou pédonculées, et toujours réunies en tête ou en 
grappes, sont séparées par des bractées allongées et recouvertes avant 
leur développement d'un vernis résineux et jaunâtre; elles naissent 
aux aisselles supérieures des tiges qui s’allongent indéfiniment par 
leurs petits bourgeons, et à la floraison, le pédoncule grandit, le style 
sort de la corolle à estivation valvaire; bientôt après, on voit se 
déployer les étamines dont les filets articulés et moniliformes étaient 
d'abord contournés en spirale irrégulière; ensuite les anthères très- 
petites, mais évidemment biloculaires, répandent leur pollen jaune 
sur les stigmates qui sont à peine visibles, mais qui s’en imprègnent 
d'autant plus facilement, que les filets, d’une extrême finesse, sont 
dans une agitation continuelle. 

Les différences qui existent entre les Phyllodinés sont tirées princi- 
palement de la forme des tiges cylindriques, anguleuses ou ailées, 
des feuilles ou plutôt des phyllodes, presque toujours alternes et 
quelquefois irrégulièrement verticillés, de l’inflorescence, des surfaces 
lisses ou velues, de la présence ou de l'absence des stipules inermes 
ou épineuses, etc. Ces plantes, toutes arborescentes, se rencontrent 
en grand nombre dans nos serres, où elles fleurissent à la fin de 
l'hiver et se font remarquer par la singularité de leur feuillage et l’élé- 
gance de leurs fleurs, d’un jaune soufré , souvent odorantes et qu'on 
multiplie facilement de graines et de boutures. 

La deuxième section des Acacia, ou celle des Conjugato-pennes, 


— 223 — 


comprend des arbrisseaux ou arbres, dispersés dans l’ancien et le 
nouveau continent, et qui par conséquent diffèrent assez pour l’orga- 
nisation générale ; ils ont les formes élégantes des Mimosa ; le Pilosa, 
de la Jamaïque, ainsi que l'Hæœmutoma, de Saint-Domingue, présente 
le phénomène singulier d’épines et de stipules réunies deux à deux à 
la base des pétioles, et prouve ainsi que les épines ne sont pas toujours 
des stipules dégénérées ; ces épines semblent ici devoir être attribuées 
au coussinet prolongé. 

La troisième section, ou celle des Spiciflores , est formée d'espèces 
dispersées comme les précédentes, et dont quelques-unes remontent 
jusqu'en Arabie et en Égypte; toutes croissent dans les zônes inter- 
tropicales, et se distinguent par des caractères tirés surtout des feuilles, 
des glandes, des épines et de l'inflorescence; on en cultive plu- 
sieurs dont le plus remarquable est le Zophanta, de la Nouvelle- 
Hollande, à grappes jaunes, géminées et axillaires. 

La dernière section, ou celle des Globuliferes, la plus riche en 
espèces, se divise et se subdivise en groupes et en sous-groupes, 
d'après la présence ou l'absence des aiguillons sur la tige, les rameaux 
ou même les légumes; elle habite, comme les autres, la zône équi- 
noxiale, mais on en trouve quelques espèces dans la Nouvelle-Hollande, 
au Cap, en Afrique, en Arabie et en Egypte; elles sont la plupart 
aussi distinguées par la beauté de leur feuillage que par l'élégance de 
leurs fleurs, c'est pourquoi on en cultive plusieurs, et en particulier 
le Julibrissim , de l'Orient, arbre médiocre, à fleurs d’un blanc rose, 
avec des étamines rouges, et le Farnesiana , arbrisseau à feuillage 
plein d'élégance et fleurs odorantes d’un beau jaune orangé; tous les 
deux sont acclimatés dans le midi de l'Europe. 

Les Globuliferes ont les fleurs en tête et polygames par avortement, 
la corolle en estivation valvaire , les étamines ordinairement peu nom- 
breuses, les anthères didymes et très-petites, le style allongé et le 
stigmate simple; les espèces épineuses ont souvent leurs épines stipu- 
laires, géminées et accompagnées de vraies stipules; les folioles, tou- 
joursappliquées et couvertes de duvet avant le développement, s’étalent 
le jour et se rapprochent la nuit, mais elles sont peu sensibles à 
l'attouchement, quoiqu'’elles aient leurs pédoncules renflés à la base et 
leurs folioles chargées d’un écusson doré. Les élégants panaches des 
Phyllodines se développent plus en liberté sur des tiges aphylles que 
sur les tiges feuillées. 


— 294 — 
Septième tribu. — GÉOFFRÉES. 


Les Géoffrees ont les pétales périgynes, inégaux, imbriqués dans 
l’estivation, et réunis en une corolle plus ou moins papilionacée , 
leurs étamines sont monadelphes ou diadelphes, leurs cotylédons 
plus ou moins charnus sont quelquefois huileux ; les genres qu’elles 
comprennent n’ont que des rapports éloignés, quoiqu'ils se rappro- 
chent des Papilionacées par leur structure florale, et des Cussiées par 
leur embryon droit. 


PREMIER GENRE. — Arachis. 


L’Arachis a un calice longuement tubuleux, légèrement stipité et 
bilabié au sommet, une corolle renversée, des étamines insérées 
comme les pétales à l'ouverture du tube calicinal, et réunies en deux 
corps, l’un de neuf étamines fertiles, et l'autre d’une seule à peu près 
stérile; l'ovaire stipité est logé au fond du tube calicinal, dont le 
pédoncule, d’abord peu marqué, s’'allonge pendant la maturation; le 
style est filiforme; le légume ovale, coriace, bosselé, veiné et indé- 
hiscent contient une à quatre semences épaisses et oléagineuses , à 
radicule courte et obtuse et cotylédons semi-ellipsoïdes. 

Ce genre, qui devrait être transporté dans les Wiciées ou les Pha- 
séolées , à cause de son organisation générale et malgré son embryon 
droit, est formé d’une plante annuelle originaire de l'Amérique équi- 
noxiale et cultivée actuellement en Asie, en Afrique et même dans 
l'Europe australe à cause de ses graines. L'Arachis s'élève peu sur le 
sol et porte des stipules allongées et adnées au pétiole, des feuilles 
ailées à deux paires sans impaire ni vrilles; les fleurs axillaires sont 
jaunes et réunies cinq à sept, les inférieures souterraines et fertiles, 
les autres aériennes et infertiles. 

Les cotylédons, un peu étalés au-dessus de terre et jamais foliacés, 
sont long-temps chargés des débris du spermoderme, les feuilles pri- 
mordiales presque opposées et semblables à celles qui les suivent sont 
déjà chargées de stipules, et l’on voit à l’aisselle même des cotylédons 
naître les jeunes rameaux qui doivent fournir des fleurs fécondes. 

Le singulier phénomène que présentent les fleurs de l'Arachis, ne 
diffère presque point de celui du Lathyrus et du Wicia amphicarpos. 

Les fleurs infertiles ont un ovaire bien constitué à la base du calice; 
les légumes des fleurs fertiles, d’abord découverts, s'enfoncent ensuite 


— 995 — 
en terre par l'effet de l'accroissement de leur stipe qui sort du 
calice, et en même temps de la courbure de leur pédoncule toujours 
accompagné du calice. Les graines ne seraient pas peut-être moins 
fécondes quand même elles n'auraient pas müri en terre. La stérilité 
des fleurs supérieures doit sans doute dépendre de l'avortement des 
anthères. 

A la maturité, les pédoncules des fleurs fertiles se rompent et les 
légumes restent enfoncés en terre ; lorsqu'ils ne renferment qu'une 
ou deux graines, ils sont ovales et presque globuleux, mais lorsqu'ils 
en contiennent un plus grand nombre, ils prennent la forme allongée 
et cylindrique. 

Le renversement de la corolle est sans doute nécessité par le mode 
de fécondation. 


SECOND GENRE. — Voandzeia. 


Le Voandzeia a les fleurs polygames, les hermaphrodites exté- 
rieures, stériles et bibractéolées, et les femelles à peu près solitaires, 
fertiles et réfléchies sur leurs pédoncules ; les hermaphrodites ont le 
calice campanulé, la corolle papilionacée à ailes horizontales, les 
étamines diadelphes et le style velu et recourbé; les femelles sont 
dépourvues d'étamines et de corolle, et ont un ovaire disperme, un 
style court, un stigmate crochu et une semence dont la radicule est 
couchée entre les cotylédons très-charnus. 

Ce genre ne comprend que le Subterranea, de l'Afrique australe, 
et cultivé dans les jardins du Caire; c'est une herbe rampante à feuilles 
trifoliolées, dont les pédoncules fertiles s'enfoncent dans la terre, et 
dont les légumes indéhiscents et coriaces sont monospermes. Je ne 
l'ai pas vüe vivante, mais je la décris ici pour que ceux qui l’obser- 
veront remarquent son mode de fécondation, qui doit consister à pré- 
senter des étamines saillantes et des stigmates avortés dans les fleurs 
hermaphrodites, et des stigmates à découvert dans les femelles. 


Huitième tribu. — CaASSIÉES. 


Les Cassiées ont un calice et une corolle en estivation imbriquée, 
des pétales périgynes à peu près égaux et quelquefois légèrement 
papilionacés, des étamines distinctes, un légume presque toujours 
sec et bivalve, des cotylédons foliacés ou rarement charnus. 

Elles ne forment point une autre famille, car leurs genres n’ont 

IL. 19 


— 226 — 


que des rapports éloignés, et leurs espèces, encore très-peu connues, 
diffèrent surtout par les feuilles tantôt simples, tantôt ailées avec ou 
sans impaire, tantôt enfin bipennées ou même tripennées. 


PREMIER GENRE. — Gleditschia. 


Le Gleditschia a les feuilles hermaphrodites ou unisexuelles par 
avortement; les sépales égaux réunis en cupule, et variant de trois à 
ing; les pétales, en même nombre que les sépales, avortent quel- 
quefois en partie, ou se réunissent deux à deux en carène; les éta- 
mines opposées aux sépales, avortent aussi quelquefois; le style est 
court et pubescent au sommet ; le stigmate est en bouclier ou en bec; 
le légume stipité et plus ou moins comprimé est tantôt uniloculaire, 
sec et monosperme, tantôt étranglé dans sa longueur par une pulpe 
qui se loge entre les semences, et qui lui donne une apparence multi- 
loculaire. 

Les Gleditschia, dont l'on connaît jusqu'à présent une dizaine 
d'espèces ou variétés, sont originaires, les uns de l'Amérique septen- 
trionale , les autres de la mer Caspienne, de la Chine ou même du 
Bengale, et ils ont entre eux de si grands rapports de foliation , d’in- 
florescence et d'organisation générale, qu'ils appartiennent évidem- 
ment à un type unique, et qu'il suffit d'en décrire une espèce pour 
que les autres soient physiologiquement connues. 

Le Triacanthos, que je prends ici pour exemple, parce qu'il est 
très-répandu , est un grand arbre qui a le port du Pseudo-acacia, et 
le tronc chargé de lenticelles très-distinctes et très-rapprochées; les 
sommités sont rompues dès le mois de juin, et les boutons sont logés 
dans l’intérieur du pétiole des feuilles de l’année. 

Ces boutons, recouverts de petites écailles imbriquées, sont ordinai- 
rement géminés , l'un supérieur plus grand, l’autre inférieur qu’on 
peut considérer comme le bouton supplémentaire, et au-dessous 
duquel sont encore placés d'autres boutons moins apparents et des- 
tinés à se développer selon les circonstances ; les feuilles se présentent 
sous deux formes : les premières ou celles de l’ancien bois ordinaire- 
ment ailées avec impaire, à folioles anguleuses et obscurément dentées, 
et celles du bois de l'année, deux fois ailées avec impaire; entre les 
feuilles simplement ailées de l'ancien bois et les bipennées du nouveau, 
on trouve presque toutes les formes intermédiaires, depuis le cas où 
l’une des folioles est transformée en pennule, jusqu’à celui où toutes 
les folioles sont devenues des pennules. Ce phénomène, qui, comme 
nous l'avons déjà vu , se présente dans quelques Acacia phyllodium , 


— 297 — 
se montre, je crois, dans toutes les espèces du Gleditschia , sous mille 
formes différentes ; il tient à des avortements et à des soudures qui 
ont lieu dans l’intérieur du bourgeon long-temps avant l'époque de 
son développement. 

Cette singularité n’est pas la seule qu'on rencontre dans les Gle- 
ditschia : leurs troncs poussent des bourgeons, qui naissent à peu 
près du même point pendant un grand nombre d'années, développant 
des rosettes de feuilles, produites, comme dans les Melezes, par des 
rameaux régulièrement avortés ; quelquefois ces rameaux se terminent 
par des fleurs, et alors ils cessent de donner des feuilles ; mais ils ne 
naissent pas toujours du même point, et ils forment à la longue un 
renflement étendu et charnu, d’où sortent deux ou un plus grand 
nombre de rameaux, les uns à feuilles fasciculées, les autres terminés 
par un épi floral ; la masse est elle-même recouverte de petites écailles 
desséchées, restes des anciennes pousses. 

Un autre phénomène propre aux Gléditsches , concerne leurs 
épines qui naissent à l’aisselle des feuilles, qu un peu au-dessus, 
selon les espèces, et qui sont formées d’une épine principale, diverse- 
ment subdivisée. Ces singulières productions sont évidemment des 
rameaux avortés, et qui ont cependant conservé leurs branches; car 
j'en ai vu qui portaient des feuilles placées à la base des divisions de 
lépine principale, comme si ces divisions étaient autant de rameaux 
secondaires ; ces épines naissent ou peuvent naître en conséquence 
toutes les années dans le voisinage de l’épine primitive, car elles ne 
sont que le développement de bourgeons que nous avons vus placés 
les uns au-dessus des autres sur les troncs des Gleditsches, et elles 
différent de la plupart de celles que nous connaissons par leur gran- 
deur et leur dureté; d’abord molles et flexibles elles ne tardent pas à 
se roidir, et à devenir aussi acérées que des pointes de fer, en sorte 
qu'elles forment par leur réunion des haies impénétrables, et qu'un 
tronc de Gleditsche hérissé dans toute son étendue de ces redoutables 
défenses, devient absolument inaccessible aux hommes et aux animaux. 

Les fleurs, qui forment des grappes peu apparentes, d'un jaune 
sale, varient beaucoup quant aux organes régénérateurs; les unes 
sont mâles dans toute la grappe et tombent promptement, les autres 
sont femelles ou même hermaphrodites ; les premières ne portent 
aucun rudiment visible de pistil, les autres ont un ovaire unique diffé- 
remment contourné selon les espèces, ou bien, selon DE Canpoire, 
vers le sommet de l'arbre, deux ovaires soudés par leur suture sémi- 
nifère, phénomène remarquable et qui pourrait jeter beaucoup de 
jour sur la structure primitive de la fleur s’il était bien constaté et 


L] 


— 228 — 
convenablement étudié. Le pollen jaunâtre et abondant adhère aux 
parois retournées des anthères, et se disperse assez promptement. 

Les sépales, qui présentent aussi divers avortements dans leur 
nombre, ne diffèrent des pétales que parce qu'ils occupent le rang 
extérieur; les étamines, qui avortent aussi partiellement, sont opposées 
aux sépales , et le nectaire est un godet placé dans le fond du calice, et 
dont l'humeur miellée concourt sans doute à la fécondation. 

Les rameaux sont peu nombreux en raison de tous les avortements 
que nous avons signalés ; quelquefois ils sont formés par l'allongement 
des rameaux florifères de l’ancien bois; quelquefois, au contraire, ils 
naissent entre les bourgeons et l’épine qui les surmonte, et c'est là le 
cas le plus commun; mais je ne les ai jamais vus sortir du bois de 
l’année. On observe à la base de chaque feuille, deux petites stipules 
promptement caduques, qui n'ont pas été, je crois, encore men- 
tionnées par les botanistes. 

Les fleurs paraissent dépourvues de mouvement; les feuilles, au 
contraire, sont horizontales le matin, relevées le jour et pendantes le 
soir, comme celles des Robinia ; elles sont condupliquées dans le bour- 
geon, et chaque foliole est appliquée sur la supérieure; toute la feuille 
un peu roulée est recouverte dans sa jeunesse de glandes résineuses. 

Ces plantes ont une racine ligneuse et pivotante, des cotylédons 
épigés, foliacés et échancrés à la base; leurs deux premières feuilles 
sont alternes ou rapprochées et même opposées, simplement ailées 
de trois à sept paires avec impaire; les suivantes sont alternes, et ne 
diffèrent des autres que par le plus grand nombre de folioles. 

Les légumes varient beaucoup de forme et de grandeur; dans le 
Brachycarpa, de la Virginie, ils sont courts et oblongs ; dans le Mono- 
sperma , des forêts de la Caroline, ils sont aplatis , discoïdes et mono- 
spermes; dans le Sénensis, ils sont allongés et garnis intérieurement 
d'une substance parenchymateuse; enfin dans le Triacanthos, ils sont 
membraneux et desséchés. En hiver, ces derniers se contournent et 
sont emportés par le vent, ou bien leurs deux valves se déchirent 
irrégulièrement, ou se séparent par leurs sutures. Les semences sont 
aplaties, pendantes; à embryon droit et ordinairement séparées de 
bonne heure de leur pédicelle. 

Ces plantes, qui supportent très-bien nos hivers, font un des orne- 
ments de nos jardins pittoresques par l'élégance de leur port et de leur 


feuillage. 


— 229 — 
DEUXIÈME GENRE. — Gymnoclade. 


Le Gymnoclade a les fleurs dioïiques par avortement, le calice 
tubulé et quinquéfide, cinq pétales insérés sur le tube calicinal, des 
étamines non saillantes, un légume pulpeux en dedans. 

Ce genre ne renferme que le Gymnoclade , du Canada, grand arbre 
dont le port est celui de l’Ailante, et dont la patrie est l'Amérique sep- 
tentrionale; ses fleurs femelles , que je n'ai pas encore vues, parce que 
les individus mâles sont plus nombreux en Europe que les autres, ren- 
ferment un ovaire chargé d’un style simple, qui devient ensuite un 
légume cylindrique, divisé en plusieurs loges transversales , pulpeuses 
et monospermes; les fleurs mâles, disposées au sommet des rameaux 
de l’année, en grappes semblables à celles des Marronniers , ont leurs 
filets cotonneux alternativement plus longs et plus courts; elles tom- 
bent bientôt en se désarticulant près du calice, dont le pédicelle 
subsiste encore quelque temps, et dans la floraison, qui a lieu en juin, 
les grappes florales couronnent les tiges. 

Les feuilles du Gymnoclade sont bipennées et longues de deux pieds ; 
les inférieures, selon DE Cannozze, ont leurs pennules unifoliolées, 
tandis que les supérieures comptent jusqu'à six ou huit paires; J'ai 
noté qu'elles étaient quelquefois simplement ailées tant à la base 
qu’au sommet; ce qui serait une nouvelle ressemblance avec les 
Gleditsches. 

Les pétioles communs et particuliers ont les articulations propres 
aux Légumineuses , et exécutent en conséquence divers mouvements, 
que je n’ai pas suffisamment observés, 

En automne, les folioles se séparent de leur pétiolule, qui à son 
tour se détache du pétiole commun , lequel subsiste encore plusieurs 
jours après la désarticulation de tout le reste. Les folioles, plissées sur 
leur côte moyenne sont d'abord fort petites, et s'accroissent succes- 
sivement, ce qui est rare dans les arbres et les plantes à bourgeon. 

Le Gymnoclade, dont le feuillage forme pendant l'été une belle tête 
arrondie, présente pendant l'hiver l'apparence d’un arbre mort, eta 
été en conséquence appelé Chicot parles anciens habitants du Canada. 
Cette dénomination est due à ce que, non-seulement il est très-peu 
ramifié et que son écorce fortement ridée paraît comme desséchée, 
mais surtout à ce que ses boutons, au lieu de terminer les tiges et les 
rameaux , comme ceux des Marronniers et de la plupart des autres ar- 
bres, sont au contraire cachés sous l'écorce et dans l’intérieur même des 
pétioles, comme ceux des 4i/antus et des Rhus. On les apercoit au 


\ — 230 — 


premier printemps comme deux protubérances, l’une à l’aisselle des 
anciennes feuilles, l'autre un peu plus haut. Il ne serait pas impossible 
qu'ils n’eussent quelque ressemblance avecles Gléditsches, et qu'ils ne 
sortissent plusieurs années du même point, mais je ne le crois pas. Je 
n'ai pas vu la fécondation ; je suppose que les filets cotonneux 
des fleurs mâles sont en même temps humectées par l'humeur miellée, 
et contribuent'ainsi d'abord à arrêter le pollen, et ensuite à renvoyer 
ses émanations au stigmate. 


TROISIÈME GENRE. — (Cæsalpinia. 


Le Cæsalpinia a un calice quinquéfide, dont la division inférieure 
est élargie et un peu voûtée, cinq pétales inégaux dont le supérieur 
est le plus court ; dix étamines velues à la base ; des anthères latérales, 
un légume comprimé et Bivalve, des semences aplaties à plumule 
allongée. 

Ce genre est formé d'arbres ou d'arbrisseaux épineux ou dépourvus 
d'épines, originaires de l'Amérique méridionale et des Indes; leurs 
diverses espèces, encore très-peu connues, ont les feuilles bipennées 
sans impaire, les rameaux simples et paniculés, les pédicelles dé- 
pourvus de bractées, les fleurs jaunes ou jaunâtres. 

Je n’en ai vu encore aucune espèce fleurie, mais je les mentionne 
ici à cause des particularités physiologiques qu'offrent quelques-unes 
d'entreelles. Ainsi, par exemple, le Digyna, des Indes orientales , a 
souvent les fleurs digynesetles légumes doubles, le Pluviosa, du Brésil, 
laisse échapper de ses rameaux des gouttes d’eau qui ressemblent 
à une véritable pluie. Le Mimosoides, du Malabar, est irritable 
comme les Mimosa ; le Sappan, le Brasiliensis et plusieurs autres 
donnent une teinture rouge. 


QUATRIÈME GENRE. — Poinciana. 


Le Poinciana a cinq sépales inégaux réunis à la base en une cupule 
assez persistante, l'inférieur creusé en voûte, comme dans le Cæsal- 
pinia ; cinq pétales stipités, le supérieur difforme, dix étamines fertiles 
à filets tres-allongés et velus à la base, un style très-long, un légume 
aplati, bivalve et divisé par des cloisons irrégulières et spongieuses, 
des semences ovales, aplaties, à endoplèvre gélatineux, des cotylédons 
planes et une plumule ovale. 

Ces plantes, dont l'on compte jusqu’à présent quatre espèces, sont 
des arbrisseaux ou des arbres extrêmement élégants, à tige nue ou 


— 231 — 


couverte d'aiguillons, à feuilles bipennées sans impaire, à fleurs dis- 
posées en panicules corymbiformes, à pédicelles allongés et dépourvus 
de bractées. 

La principale est le Pulcherrima, des Antilles, qui fait en été l’or- 
nement de nos serres; ses feuilles sont d’un vert gai, ses fleurs 
odorantes et longuement pédicellées sont jaune-orangé et panachées 
de vert. L’Insignis, de l'Amérique équinoxiale, en diffère surtout 
par ses fleurs orangées, rayées de pourpre et portées sur des pédon. 
cules plus courts. 

Les feuilles qui ont sans doute des mouvements semblables à 
celles des autres Mimosa, portent ordinairement des glandes entre 
leurs dernières paires, les pétales sont frangés dans deux espèces, et 
celui qui est voûté remplit sans doute les fonctions de nectaire. On 
dit que le Pulcherrima est originaire des Grandes-Indes, et qu'il a été 
transporté dans les Antilles et la Barbade où il sert à faire des haies ; 
ses cotylédons sont foliacés et légèrement cordiformes à la base, ses 
feuilles primordiales sont opposées, à cinq paires sans impaire; les 
suivantes sont alternes , deux fois ailées, à une ou deux pennules. 


GINQUIÈME GENRE. — Céralonia. 


Le Ceratonia à les fleurs polygames ou dioïques, un calice quin- 
quéfide et dépourvu de corolle, cinq étamines, un stigmate sessile 
et orbiculé, un légume linéaire, long, indéhiscent, polysperme, 
cloisonné à valves épaisses et pulpeuses intérieurement. 

La seule espèce bien déterminée de ce genre est le Siliqua, arbre 
de moyenne grandeur, à feuilles ailées sans impaire ni vrilles, folioles 
ovales, très-coriaces. On le trouve en Orient et en- Mauritanie, d'où il 
a probablement passé dans l'Europe australe, et les îles de la Méditer- 
ranée; il croît sur les rochers maritimes et donne des fleurs deux 
fois l'année, à la fin de l'hiver et de l'été. Ces fleurs, petites et dis- 
posées en grappes, naissent quelquefois de l’aisselle des feuilles , mais 
ordinairement du vieux bois, comme dans les Gleditschia, etc. On le 
cultive dans le royaume de Valence, où pour assurer sa fécondation 
on secoue la poussière des étamines sur les pistils des fleurs femelles. 

Cette plante, qui se développe continuellement sans rupture, garde 
ses feuilles en hiver; son bois est très-dur, et son écorce chargée de 
lenticelles ; ses folioles qui sont, je crois, dépourvues de mouvements 
ont les renflements de la famille; ses légumes pendants ont les 
semences attachées à des cordons allongés. 

En vertu de sa double floraison, le Ceratonia est chargé en même 


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temps de fleurs et de fruits que les mulets mangent et que les pauvres 
recueillent aussi. Je ne connais pas sa fécondation, qui doit être assez 
remarquable ; sa jeune racine est pivotante , et sa tigelle a les coty- 
lédons foliacés; les premières feuilles sont alternes et pétiolées à une 
paire. 

Les racines des Ceratonia restées trente ans en terre sans donner de 
rejets se conservent encore vivantes, et peuvent donner des branches 
comme celles de l’ Abies pectinata. 

Voyez Bové, Voyage en Égypte (Annales des sciences naturelles, 
année 1834, page 34°). 


SIXIÈME GENRE. — Tamarindus. 


Le Tamarinier a cinq sépales réunis en tube à la base, libres 
et refléchis au sommet, trois sont supérieurs et oblongs, les deux 
autres se soudent en un lobe unique, élargi et souvent bidenté à son 
bord; il a trois pétales alternes aux sépales supérieurs, deux latéraux 
ovales et le moyen capuchonné; neuf ou dix étamines, dont deux ou 
trois plus allongées et monadelphes sont anthérifères , tandis que les 
sept autres sont stériles et très-courtes; le style est subulé, le légume 
pédicellé, aplati et recourbé en sabre; les valves pulpeuses renfer- 
ment, entre l'épisperme et l'endosperme, trois à six semences ovales, 
quadrangulaires et obliquement tronquées près de l'hilus; les cotylé- 
dons sont inégaux à la base. 

Ce genre ne comprend que l’Indica et |’ Occidentalis. Le premier, de 
l'Inde orientale et répandu probablement encore au Sénégal, en 
Egypte et en Arabie ; le second, qui n’est guère qu’une variété ob- 
tenue par la culture, et qui ne diffère du précédent que par ses fruits 
dont la longueur n em pas trois fois la largeur, est cultivé dans les 
Antilles et la plus grande partie de l'Amérique méridionale. 

Le Tamarinier des Indes s'élève dans son pays natal jusqu’à trente 
à quarante pieds, et se divise près du sommet en un grand nombre de 
branches; ses feuilles, protégées à la base par deux stipules connées, 
scarieuses et caduques, sont ailées sans impaire, et portent entre 
vingt-quatre et trente-six folioles opposées, amincies et d’un vert lui- 
sant; les fleurs, que je n’ai pas vues, sont latérales ou terminales, et 
forment des grappes odorantes, dont les pédoncules sont accompagnés 
de deux bractées caduques. 

Le pétiole commun est allongé, fortement genouillé et souvent 
déjeté; les folioles échancrées à la base n’ont pas la tache ou le disque 
des Mimosées, mais elles le remplacent par un pétiole corné, qui se 


— 233 — 


prolonge un peu sur le limbe, et au moyen duquel elles exécutent 
leurs divers mouvements, qui consistent principalement à s'étaler le 
jour et se fermer la nuit, en se couchant sur deux rangs, les unes 
contre les autres. 


SEPTIÈME GENRE. — (Cassia. 


Les Casses ont cinq sépales plus ou moins inégaux et légèrement 
réunis à la base, cinq pétales inégaux, dix étamines libres et inégales, 
trois inférieures plus longues, quatre moyennes, courtes et droites, 
trois supérieures avortées et difformes, des anthères déhiscentes au 
sommet par deux pores, un ovaire stipité et souvent arqué, un légume 
de structure et de forme variées. 

Ce grand et beau genre, qui comprend déjà plus de deux cents 
espèces, se divise dans le Prodrome en huit sections, qui comprennent 
des arbres, des arbrisseaux et des herbes à feuilles ailées sans impaire 
et à pétioles souvent glandulifères. 

La première est celle des Fistula, à légume cylindrique ou aplati, 
indéhiscent, ligneux, divisé en cloisons transversales, nombreuses, 
monospermes etremplies de pulpe; ce sont des arbres à fleurs grandes 
en grappes , à sépales obtus, anthères ovales à deux fentes, semences 
elliptiques et horizontales ; ils habitent la zone intertropicale des deux 
continents et diffèrent par le nombre de leurs folioles, la présence ou 
l'absence des glandes, la forme des grappes et des légumes. L'espèce 
qui a donné son nom à la section est originaire des grandes Indes, et 
se cultive en Amérique pour sa pulpe. 

La deuxième, ou celle des Chamæfistula, est caractérisée par des 
sépales très-obtus, des anthères à deux pores, des légumes cylindri- 
ques à peine déhiscents, à valves membraneuses, loges nombreuses 
garnies d'une petite quantité de pulpe, et renfermant chacune une 
semence elliptique et horizontale; elles sont originaires des zones 
intertropicales des deux continents, et se divisent en deux groupes, 
selon que leurs feuilles portent deux ou un plus grand nombre de 
paires. 

La troisième, ou celle des Herpetiques, se reconnaît à ses pétales 
un peu obtus, ses anthères biporées et ses légumes membraneux, à 
valves déhiscentes, portant sur le dos une aile aiguë et foliacée. On 
nen connaît guère que deux espèces, l’une des Antilles et l’autre de 
Surinam, qui ont sous chaque fleur une bractée très-grande et promp- 
tement caduque; leurs feuilles, dont la première paire est très-rappro- 
chée de la tige, sont entièrement dépourvues de glandes, et leur 


— 234 — 


légume, dont l'apparence est quadrangulaire, renferme un peu de 
pulpe entre les cloisons; on les appelle Herpétiques parce qu’on les 
emploie contre les ulcères et les dartres. 

La quatrième, qui est celle des Senna ou des Sénés, a les sépales 
obtus, les anthères biporées, les légumes membraneux, larges, aplatis, 
à cloisons transversales à peine déhiscentes , à peu près dépourvues de 
pulpe et bosselées par des semences verticales ou aplaties selon la lon- 
gueur des valves. On en distingue à peu près neuf espèces, qui sont 
des herbes vivaces ou de petits arbrisseaux dispersés en Égypte, en 
Arabie ou dans les deux Amériques ; leurs feuilles de quatre à six 
paires sont éminemment purgatives. 

La cinquième, ou celle des Chamæsenna, compte près de cent 
espèces, qu'on reconnaît à leurs sépales obtus, leurs anthères biporées, 
leurs légumes aplatis, déhiscents et divisés en cloisons plus ou moins. 
distinctes et légèrement pulpeuses; leurs semences verticales et com- 
primées dans le sens des valves sont irrégulièrement ovales ou un peu 
quadrangulaires et plus longues que le funicule; on les divise en deux 
groupes : 

1° Les Trigonelloïdes, originaires de la zone intertropicale des 
deux continents, et dont les feuilles portent deux à quatre paires de 
folioles; on en compte huit, tous herbacés ; 

2° Les Colutéoïdes ou les Chamæsenna frutescents, distingués 
surtout par la présence ou l'absence de leurs glandes situées à la base 
du pétiole ou entre les paires des folioles ; elles habitent la Nouvelle- 
Hollande, l'Arabie, l'Égypte, Madère et le nord de l'Amérique; l'espèce 
la plus connue de cette division est le Marilandica, herbe vivace 
acclimatée dans nos jardins. 

La sixième section, ou celle des Baseophyllum, ne comprend qu'une 
espèce originaire du Brésil, et doit son nom à sa première paire de 
folioles contiguë à la tige; elle se reconnaît à ses étamines à peu près 
égales, et dont les anthères à deux fentes sont presque toutes fertiles; 
ses sépales sont obtus, ses légumes aplatis, uniloculaires, déhiscents 
et dépourvus de pulpe. | 

La septième, qui porte le nom d'Absus, tiré de sa principale espèce, 
renferme quelques arbrisseaux ou herbes annuelles de la zone équi- 
noxiale à sépales obtus, étamines presque égales et anthères à deux 
fentes, toutes fertiles ; ses légumes sont aplatis, uniloculaires ou obs- 
curément cloisonnés, et ses semences verticales , planes dans le sens 
des valves, sont attachées à un funicule court, en forme d’écaille; on 
les reconnaît au premier coup-d'œil à leurs deux paires de folioles, 
et à leurs fleurs rougeâtres ou d’un jaune mêlé de rouge. 


— 235 — 

La huitième et dernière est celle des Chamæcrista, ainsi nommée 
d'une de ses espèces, et distinguée par ses sépales acuminés, ses 
anthères biporées, inégales et souvent toutes fertiles; ses légumes 
aplatis sont déhiscents et sans pulpe; ses semences sont verticales et 
aplaties comme les légumes; ces plantes, dont les espèces sont nom- 
breuses, ont leurs pédicelles bractéolés et forment toutes des herbes 
annuelles ou vivaces. 

On les partage en deux groupes : 

1° Les Bauhiniees | de l Amérique sud, de deux à quatre paires de 
folioles ; 

2° Les Mimosoïdes, beaucoup plus nombreuses, de cinq à cin- 
quante paires. 

Le genre des Casses est un des plus naturels de la famille des Légu- 
mineuses , quoique ses sections diffèrent par des caractères très- 
importants; il se distingue de tous ceux qui ont les étamines libres et 
la corolle rosacée, par l'inégalité de ses pétales et de ses étamines, dont 
quelques anthères avortent presque constamment. 

Ses nombreuses espèces, dont les racines sont toujours fibreuses, 
présentent toutes les variétés de grandeur; les Fistula ont en général 
le port des Ceratonia, et du Tamarindus ; les Chameæfistula et les 
Chamæsenna sont des arbrisseaux ou des herbes vivaces, les Chamæ- 
crista et les Senna renferment quelques espèces annuelles, et enfin 
les Herpetiques sont tous les deux annuels. 

Les Casses ont leurs tiges droites et ramifiées, rarement ascendantes 
ou couchées et jamais rampantes; les feuilles, qui ne manquent que 
dans l'4phylle, sont ailées sans impaire ; les folioles sont entières, 
toujours opposées par paires, et d'autant moins variables qu’elles sont 
moins nombreuses; quelquefois ces paires vont en diminuant de 
grandeur depuis la base jusqu’au sommet, comme dans les Chamæ- 
crista, plus souvent c’est le contraire. 

Ordinairement ces folioles, dont le nombre n’a aucun rapport avec 
l'organisation générale, ne naissent qu’à quelque distance de la tige; 
quelquefois cependant la paire inférieure touche la tige, et semble 
faire l'office de ces stipules, dont les Casses manquent rarement, et 
qui se distinguent en caduques et persistantes ; les premières sont 
presque toujours linéaires, les autres cordiformes et celles des Chamæ- 
crista, qui subsistent assez souvent après la chute des feuilles, se 
reconnaissent à leurs nervures saillantes. 

Le pétiole est cylindrique, et son extrémité, souvent tronquée, 
s’allonge en un petit filet, dans les Herpétiques et les Chamæcristes ; 
il porte fréquemment des mamelons glanduleux, à l'ordinaire sessiles 


— 236 — 


et placés tantôt à la base, tantôt contre les folioles d’une ou plusieurs 
paires, et aussi entre les paires elles-mêmes; ces glandes, très-varia- 
bles, sont très-utiles dans la distinction des espèces. 

Les pédoncules sont axillaires, et les pédicelles, ordinairement 
uniflores, forment par leur réunion des grappes qui ont l'apparence 
de corymbes lorsqu'elles sont rapprochées; quelquefois le pédoncule se 
soude à la tige, en sorte que les pédicelles semblent sortir en faisceau 
au-dessus de l’aisselle, par‘exemple dans les’ Chamæcrista ; quelquefois 
les feuilles, dont les aisselles donnent naissance aux pédoncules, sont 
très-petites ou avortent même entièrement, et la grappe devient alors 
terminale et paniculée, comme on peut le voir dans plusieurs Senna, 
surtout dans le Spectabilis; chaque ramification du pédoncule est 
pourvue d'une bractéole; mais les Casses à sépales obtus, c’est-à-dire 
celles des six premières sections, ont les pédicelles privés de bractéoles, 
tandis que dans les autres on en trouve deux, tantôt opposées et 
tantôt alternes sur leur pédicelle ; ces bractéoles sont très-petites dans 
les Apsus, mais plus grandes dans les Chamæcrista. 

Les calices, toujours quinquéfides, ont deux lobes extérieurs et 
trois intérieurs plus grands; lorsque ces lobes sont arrondis, le bouton 
est presque globuleux, mais s'ils s'allongent en pointe, le bouton est 
un cône aminci ; dans l’un et l'autre cas, ils sont dépourvus de ner- 
vures, ou bien les premiers ont des nervures pennées, et les autres des 
nervures parallèles. 

La corolle est formée de cinq pétales alternes aux divisions du 
calice; les supérieurs plus petits, les inférieurs plus grands et quel- 
quefois différemment conformés; les étamines alternativement oppo- 
sées aux pétales et aux lobes du calice sont toujours inégales et 
symétriques ; les trois inférieures grandes, fertiles et redressées à leur 
extrémité; les quatre moyennes ordinairement fertiles, mais plus 
courtes ; les trois supérieures encore plus petites et presque toujours. 
avortées. 

Les filets glabres et subulés se désarticulent assez promptement à 
la base ; les anthères s'ouvrent par deux fentes lorsqu'elles sont toutes 
fertiles, comme on peut le voir dans les Fistula , les Baseophyllum et 
les Absus; mais si quelques-unes avortent, les autres se déforment 
en partie; leurs parois se soudent, et le pollen sort par jets suc- 
cessifs des deux pores qui percent les membranes planes et papyracées 
par lesquelles se terminent ordinairement les loges. 

Toutefois il y a ici des différences selon les espèces; dans les Cha- 
mæcrista , il arrive souvent que, des sept anthères considérées comme 
fertiles , quelques-unes seulement donnent des jets de pollen ; dans 


— 237 — 


le Marilandica, de la section des Chamæsenna, les trois inférieures 
répandent plus que les autres un pollen fin et jaunâtre, et tournent 
seules leur ouverture sur le stigmate; dans le Falcata, de la même 
section, l'anthère inférieure moyenne avorte, etc.; ces diverses 
anthères manquent entièrement de connectif ; leurs deux loges sont 
soudées l’une contre l’autre, et leur soudure ou leur ligne d’ouver- 
ture s’est changée en une soudure d'autant plus large que l'anthère 
est plus déformée. 

Le pistil est presque toujours stipité; l'ovaire, tantôt comprimé et 
tantôt cylindrique, se recourbe durant la fécondation avec son stig- 
mate sur les étamines fertiles; dans la maturation, il prend des posi- 
tions diverses selon les espèces'; le style est souvent velu, comme 
dans le Marilandica ; dans cette même espèce, le stigmate, toujours 
glanduleux, se présente sous la forme d’une gouttelette visqueuse et 
allongée, qui absorbe immédiatement le pollen ; je n'ai pas encore 
aperçu de vrai nectaire dans ce genre, dont la fécondation s'opère 
sans doute immédiatement par le stigmate glanduleux et visqueux. 

Le fruit est un véritable légume, dont les valves plus ou moins 
convexes portent quelquefois sur leur milieu une arête ou une crête 
longitudinale, fortement prononcée dans les Herpeliques ; ces valves, 
membraneuses dans les Chamæfistula , les Herpetiques , les Senna et 
la plupart des Chamæsenna, sont consistantes dans les Apsus, les 
Baseophyllum et les Chamæcrista ; tout-à-fait ligneuses dans les Féstula, 
où elles ne se séparent point, isdis que dans les autres elles s'ouvrent 
plus ou moins, selon leur degré de consistance. 

Les légumes sont uniloculaires dans les Baseophyllum , les Absus et 
quelques Chamæcrista ; divisés en cloisons transversales, incomplètes, 
dans les Chamæcrista et les Chamæsenna , complètes ou non séparables 
dans les Fistula , les Herpétiques et quelques Chamæcrista ; ces derniers 
fournissent une pulpe qu’il ne faut point confondre avec le mésocarpe 
ou la chair des différents fruits, et qui est une substance particulière, 
sécrétée ou par l'endocarpe ou par le placenta et les cordons ombili- 
caux, ou enfin par la surface de la graine; elle abonde surtout dans 
le Fistula, où elie se recueille précieusement pour les usages de la 
médecine ; mais elle devient plus rare à mesure que les cloisons sont 
moins marquées, et manque enfin totalement dans les légumes non 
cloisonnés et déhiscents. 

Dans ces derniers, la graine est toujours verticale, et son plus grand 
diamètre est vertical; dans les autres , elle est horizontale, et son plus 
petit diamètre est vertical; comme ces dernières occupent moïns de 
place en longueur , elles sont beaucoup plus nombreuses ; ainsi on en 


— 938 — 
compte jusqu'à cent quarante dans la gousse du Fistula, et cent vingt 
dans celle du Brasiliana, tandis que les autres ne s'élèvent jamais au- 
delà de vingt et sont souvent au-dessous. Le cordon ombilical varie en 
forme et en longueur, mais il n’est jamais fléchi, comme celui des Mimosa. 

Les graines sont aplaties et ovales dans presque toutes les espèces, 
un peu cordiformes dans les Herpetiques et les Senna ; le spermoderme 
est formé d'un test et d'une membrane interne très-épaisse, que 
GÆRTNER a pris à tort pour un albumen; l'embryon est central et 
droit, la radicule, en forme d’alène dans les fruits sans pulpe, est 
plus ou moins arrondie dans les autres; les cotylédons sont planes et 
se transforment à la germination en feuilles séminales vertes et munies 
de stomates; les feuilles primordiales sont ailées, et ont, selon les 
espèces, une à huit paires. La même forme de germination a lieu dañs 
le Ceratonia. 

Les feuilles des Casses, comme celles de la plupart des ZLégumi- 
neuses, dorment la nuit : dans la plupart des espèces à calice obtus, 
le pétiole s’élève au coucher du soleil ; les folioles, au contraire, 
s'abaissent en se retournant sur elles-mêmes, de manière que, quoique 
pendantes, elles sont appliquées sur leur face supérieure, et devien- 
nent renversées (énvertentia); au contraire, dans les Chamæcrista, 
comme le Victitans, elles se couchent les unes sur les autres, et se 
dirigent toutes vers le sommet du pétiole commun, de manière à être 
imbriquées sur deux rangs, cette dernière disposition est fréquente 
dans les Mimosa , et indique leurs rapports avec les Chamæcrista; les 
fleurs épanouïies restent ouvertes jusqu'à la chute des pétales, qui, 
comme les étamines, m'ont paru dépourvus de tout mouvement; le 
pollen sort élastiquement des anthères par un mécanisme encore 
inconnu, mais qui doit être le même dans toutes les anthères biporées ; 
les légumes , pendants dans les Fistula et les Chamæsenna, sont dressés 
dans les Chamæfistula, les Chamæcrista et les Herpétiques. 

Les fleurs des Casses n’ont pas subi de grandes altérations dans ce 
qui concerne le nombre, la figure et la disposition des sépales et des 
pétales, mais il n’en est pas de même de leurs étamines et de leurs 
légumes, qui, examinés de très-bonne heure, paraissent déjà défor- 
més , quoiqu'on ne puisse apercevoir au fond de la corolle et à la base 
de l'ovaire aucune trace de nectaire; les anthères ont perdu leurs 
loges, et souvent même leur pollen, et le légume ses valves; mais, 
au milieu de toutes ces perturbations, le grand acte de la fécondation 
n'a pas été dérangé : les anthères restées fertiles, ordinairement 
au nombre de trois, ont tourné leur ouverture sur le stigmate, 
qui, de son côté, s'est disposé de manière à recevoir leur pollen; il 


— 239 — 


yaeu donc, ici comme ailleurs, l'influence réciproque de ces deux 
principaux organes, et C'est leur concours au même but qui est, 
jusqu’à présent, un mystère sans explication suffisante, 

La fécondation s'opère-t-elle par l'intervention del'humeur miellée ? 
Je n’ai encore rien vu qui pût autoriser cette disposition ; j'ai 
seulement remarqué, au sommet du stigmate de toutes les Casses que 
jai pu examiner, une gouttelette visqueuse, destinée à recevoir le 
pollen au moment où il s’échappait des anthères biporées, et j'en ai 
conclu ou que ce pollen, qui sortait par jets rapides, avait déjà ces 
globules fécondateurs rompus, ou, ce qui est plus vraisemblable, que 
les gouttelettes des stigmates remplissaient ici les fonctions de l'hu- 
meur miellée; c’est à l'observation seule qu'il appartient de résoudre 
la question. , 

En attendant, j'observe que le très-grand nombre des Casses ne 
fructifie pas dans nos climats, et que les deux espèces qui, jusqu’à 
présent, sont considérées comme fertiles, c'est-à-dire le Falcata EE 
surtout le Marilandica, appartiennent l’une et l’autre à la section des 
Chamæsenna et à la division des Coluteoïdes ; il faut donc considérer 
les Casses cultivées dans nos jardins comme des espèces qui ont perdu, 
de même que la plupart des Oxalis, la faculté de se reproduire par 
la fécondation, parce qu’elles n’ont pas conservé dans notre climat 
les conditions nécessaires à ce grand acte. J'ajoute que le Marilandica, 
et peut-être aussi le Fa/cata, ont un style velu, et que leurs poils 
sont peut-être imprégnés d'humeur miellée et destinés à rompre les 
molécules du pollen. 

Rogrer observe que le Marilundica a une corolle dont l’estivation 
est souvent irrégulière, et qu'il n'existe point non plus de constance 
dans la disposition spirale de ses feuilles; je fais la même remarque 
sur le Corymbosa. 

Les Casses annuelles, ou celles qui ne sont vivaces que par leurs 
racines, s’acclimatent assez facilement dans le midi de l'Europe ; mais 
les autres, qui manquent de boutons écailleux, ne se conservent 
que dans les serres. Toutes les espèces de ce genre sont étrangères à 
l'Europe. 

Elles habitent les bords des rivières, les collines, les lisières des bois, 
l'intérieur des forêts, et s'élèvent assez haut sur les pentes des mon- 
tagnes; mais les espèces communes aux deux hémisphères sont très- 
peu nombreuses. 

La plupart des détails que j'expose ici sont extraits de la monogra- 


phie des Casses, rédigée par CozLapon, sous la direction de l’auteur 
du Prodrome. 


— 240 — 


HUITIÈME GENRE. — PBauhuinia. 


Le Bauhinia a un calice quinquéfide ou fendu latéralement, cinq 
pétales étalés un peu inégaux et dont le supérieur est souvent un peu 
distant des autres, dix étamines toutes fertiles où seulement trois et 
cinq, ou enfin une seule, les neuf autres restant monadelphes et 
stériles; l'ovaire long et pédicellé, le légume uniloculaire, bivalve et 
polysperme, des semences aplaties , ovales, à endoplèvre renflé, un 
embryon droit, une radicule ovale et des cotylédons planes. 

Ce genre, très-naturel pour l'organisation générale, se partage en 
cinq sections, d'après le nombre et la disposition des anthères : 

1° Les Casparia; neuf étamines monadelphes et stériles, ovaire 
stipité ; 

2° Les Pauletia ; dix étamines légèrement réunies à la base, toutes 
fertiles ou alternativement fertiles et stériles, ovaire stipité, tiges 
inermes ou aiguillonnées ; 

3° Les Symphyopodes ; étamines monadelphes à la base, trois fertiles 
et très-longues, les autres avortées ; ovaire dont le stipe adhère au 
tube du calice ; 

4° Les Phanera ; étamines légèrement réunies à la base, trois fer- 
tiles et très-longues, les autres avortées, ovaire à stipe très-court et 
non adhérent, tiges souvent grimpantes et vriliées; 

5° Les Caulotretus ; dix étamines fertiles et libres, ordinairement 
plus courtes que les pétales , calice ventru à cinq dents et légèrement 
bilobé, ovaire sessile, tiges souvent grimpantes et vrillées. 

Ce genre est formé d'à peu près soixante arbrisseaux, dispersés 
dans les deux Indes, et dont quelques-uns appartiennent à Mada- 
gascar, à l'ile Maurice, au Cap et au Sénégal ; leurs tiges sont droites 
et souvent aiguillonnées dans la section des Pauletia, grimpantes et 
vrillées dans les Phanera et les Caulotretus. 

Leurs feuilles, naturellement formées d’une seule paire de folioles, 
et dont le pétiole se prolonge en arête, ont conservé dans plusieurs 
espèces leur organisation primitive; mais , dans d’autres, les folioles 
se sont plus ou moins soudées sur le prolongement du pétiole dont 
l'extrémité seule a pris la forme d’arête ; il est impossible de ne pas 
reconnaître que les choses se sont passées ainsi, en voyant dans ces 
plantes tous les passages entre les folioles libres et soudées, et surtout 
en remarquant quelquefois dans la même espèce des folioles libres et 
d’autres soudées. 

Les fleurs, disposées en grappes terminales ou latérales, sont 


a (0 
blanches, jaunâtres, rougeâtres ou pourprées ; quelquefois elles sont 
solitaires ou ternées et opposées aux feuilles ; leurs pédicelles portent 
une ou deux bractées, et leurs vrilles, comme celles de la Vigne, 
ne sont sans doute dans les deux dernières sections que des pédoncules 
avortés. 

Mais le principal phénomène que présente ce genre, c'est la variation 
presque infinie dans le nombre, la forme et la disposition des éta- 
mines fertiles ; sans doute que ces variations sont en rapport avec 
celles du stigmate, et qu’elles ont pour but principal la facilité de la 
fécondation ; mais je n’ai pas encore vu des Bauhinia en fleur , et par 
conséquent je n'ai à offrir que des conjectures à cet égard; j'observe 
seulement que, dans plusieurs espèces, les étamines et le style sont 
pourvus de poils qui pourraient bien concourir à la fécondation. 

Les cotylédons sont verts et un peu coriaces; les feuilles primor- 
diales , alternes, simples et pétiolées, ont leur limbe à peu près orbi- 
culaire, et les folivles en se soudant perdent leur articulation par- 
ticulière. | 

Ces plantes, destinées à rappeler le nom des frères Baumin, se 
rencontrent fréquemment dans nos serres chaudes, où quelques-unes 
même mürissent leurs graines; elles fourniront, surtout dans leurs 
organes sexuels, un grand nombre d'observations aux botanistes qui 
auront le bonheur de les observer vivantes dans leur climat natal. 

Je lis dans le Bulletin des Sciences naturelles (année 1825, p. 240) 
que, lorsqu'on arrose le Bauhinia divaricata de la section des Caspa- 
ria, les extrémités des aiguillons de sa tige et de ses rameaux donnent 
pendant le jour des gouttelettes consistantes ou liquides, d'une saveur 
sucrée; ce phénomène, au commencement de juin, se répète pendant 
cinq ou six jours de suite. 


NEUVIÈME GENRE. — Cercis. 


Le Cercis a un calice bossu inférieurement et quinquéfide, cinq 
pétales onguiculés, à peu près papilionacés, et dont les latéraux sont 
plus grands, dix étamines inégales et libres, un ovaire légèrement 
Stipité, un légume oblong, mince, aplati, uniloculaire, polysperme, 
àsuture supérieure un peu ailée et inférieure déhiscente, des semences 
ovales, à endoplèvre enflé et représentant l'albumen, un embryon 
droit, une radicule courte, des cotylédons planes et une plumule 
invisible, 

Ce genre est formé du Siliquastrum, de Y Europe australe, et du 
Canadensis, de l'Amérique nord, qui n'ont entre eux que. de légères 

Il. 16 


— 242 — 
différences, et dont les fleurs roses et nombreuses font au printemps 
l'ornement de nos bosquets et de nos jardins. 

Ces fleurs sortent des vieilles branches et quelquefois du tronc, 
comme dans le Ceratonia et les Gléditsches, et sont renfermées en 
assez grand nombre dans des boutons à écailles rougeâtres et promp- 
tement caduques; dans l’estivation, la nacelle enveloppe les ailes, qui 
enveloppent à leur tour l'étendard ; les étamines sont inégales, et les 
cinq plus courtes qui s'ouvrent les dernières ont leurs anthères artis- 
tement placées au-dessus des autres; le stigmate est couvert à la fécon- 
dation d’une matière visqueuse fort abondante, et la gibbosité du 
calice est une fossette nectarifère qui donne une liqueur miellée fort 
abondante. Chaque pédoncule paraît articulé à son insertion, et porte 
de plus une articulation d'un genre particulier à la base du calice. 

Les feuilles naissent sur le bois de l'année précédente, et sont 
d'abord renfermées dans un bouton écailleux, et plissées en deux sur 
leur face supérieure ; avant le développement, elles sont étendues le 
long de leur pétiole entre leurs deux stipules; peu à peu elles se ré- 
fléchissent en dehors par l'action du genou contigu à leur limbe ; 
mais elles restent ensuite à peu près immobiles dans la même position, 
quoique la base de leur pétiole soit manifestement articulée. 

Ces feuilles sont si semblables aux feuilles soudées des Bauhinia, 
que De Canpoze les considère comme formées primitivement de 
deux folioles soudées, et il appuie son observation en faisant remar- 
quer que la feuille primordiale est échancrée au sommet, et se termine 
par deux dents qui semblent correspondre aux extrémités supérieures 
des deux folioles réunies. 

Les points d'attache des fleurs, et par conséquent des siliques qui 
leur succèdent, sont placés exclusivement aux aisselles des anciennes 
feuilles et au point qu’occupait la fleur de l'année précédente. C'est dé 
ce point que naissent sans cesse, comme dans les Wélezes et les Gle- 
ditsches, des rameaux qui ne peuvent pas se développer, mais auprès 
desquels s'accumule chaque année la matière nutritive qui doit servir 
à l'accroissement et au développement des fleurs. 

Les légumes, satinés en dedans, ne tombent qu'après l'hiver, et 
leur pédoncule se rompt plutôt qu'il ne se sépare naturellement ; ils 
s'ouvrent par leur suture inférieure, parce que l’autre est bordée d'une 
nervure longitudinale; les semences se dégagent insensiblement par 
l'effet de la température qui contracte et écarte les panneaux; les pé- 
doncules subsistent long- -temps, et forment sur le tronc des espèces 
d'épines; les sommités des branches se rompent, et les Cercis, en 
conséquence, ne font jamais de grands arbres. 


— 243 — 


Ces plantes perdent leurs feuilles en automne, et renferment leurs 
nouvelles pousses dans des boutons écailleux, qui ne s'ouvrent qu'au 
printemps, et sont réunis dans la même aisselle trois à trois ou quatre 
à quatre , ceux à feuilles près du sommet, les autres plus bas. 


Il n'est pas douteux que la fécondation ne s'opère ici par le concours 
de l'humeur miellée. 


Quarante-huitième famille. — FRosacées. 


Les Rosacées ont un calice régulièrement quinquéfide et persistant, 
libre ou adhérent, cinq pétales insérés sur le calice, des étamines 
nombreuses à filets recourbés et implantés sur le calice, des anthères 
biloculaires, un pollen ovoïde à trois plis, des carpelles uniloculaires 
réunis ou adhérents au tube calicinal ; des styles simples souvent laté- 
raux et terminés par des stigmates de forme variée, un torus urcéolé 
et charnu, des semences solitaires ou géminées dans chaque loge, 
droites ou renversées et presque toujours dépourvues d'albumen, un 
embryon droit et des cotylédons foliacés ou charnus. 

Cette belle famille est composée actuellement de huit tribus, dont 
deux entièrement étrangères, et six autres én grande partie indigènes. 
Les espèces qui y entrent, et qui s'élèvent déjà à près de mille, sont 
des arbres dans les 4mygdalees et les Pomacées, des arbrisseaux dans 
les, Rosces , et des herbes vivaces dans les Dryadées, les Spirées et les 
Sanguisorbees; un très-petit nombre d'espèces, comme le Potentilla 
supina , sont annuelles. 

Les racines sont rameuses et fibreuses dans les espèces arbores- 
centes, et rhizomatiques dans les autres; celles des sous-arbrisseaux 
tracent souvent; celles des Ronces se multiplient par des tiges radi- 
cantes, et celles de quelques Spirées sont tuberculées; les feuilles, 
toujours alternes, à stipules géminées et souvent adhérentes, sont 
simples dans les 4mygdalees et le très-grand nombre des Pomacees, 
diversement composées dans les autres tribus, mais jamais véritable- 
ment alées, c'est-à-dire géniculées sur leurs pétioles ou pétiolules; les 
dentelures des feuilles-et des stipules, les pédoncules et les calices 
sont souvent glanduleux. 

Les Amygdalées , qui forment tous nos fruits à noyau, appartien- 
nent plus particulièrement à l'Asie occidentale; c'est-à-dire à l'Asie 


— 944 — 
mineure et à la Perse, où sont nés et ont été cultivés de temps immé- 
morial les Péchers, les Abricotiers et les Amandiers si dociles à nos 
soins et simultipliés dans nos jardins; mais les Pruniers et les Cerisiers 
paraissent appartenir en grand nombre à l'Europe; du reste, il est im- 
possible dans ces divers genres de séparer les espèces d’avec les variétés, 
et même d’assigner la première origine de ces dernières. 

Il en est de même des Pomacées ou des fruits à pepin, encore plus 
répandus que les fruits à noyau, et dont les espèces principales, celles 
auxquelles nous devons nos Pommes et nos Poires, sont réellement 
indigènes, et croissent dans nos bois. Ces admirables fruits appartien- 
nent presque exclusivement à l'Europe tempérée et centrale, car ils 
réussissent mal dans les autres climats, et ils remplacent avantageu- 
sement pour nous les fruits des tropiques. 

Les autres genres de Pomacées , le Coignassier excepté, ne fournis- 
sent que des fruits de qualité inférieure, il en est de même de ceux 
des autres tribus, qui sont ou entièrement secs comme ceux des 
Spirées et des Sanguisorbées, où bacciformes aïnsi que dans les Rosées ; 
cependant on trouve dans les Dryadees deux genres plus précieux, le 
Fraisier et la Ronce qui fournit la Framboise et d'autres fruits du 
même genre. J'ajoute enfin qu'il n’y a, dans cette grande famille, 
aucune plante nuisible, excepté les Lauriers-Cerises et les Amandes 
ameres: 

La tribu des Rosces ne donne, il est vrai, aucun fruit, mais elle 
remplit un de ces buts secondaires que l'on rencontre souvent dans 
les œuvres du Créateur; de la même manière que la Violette de mars 
répand à l'entrée du printemps un parfum auquel il y a peu d'hommes 
insensibles, ainsi à la fin de la même saison , les collines, les vallées 
et les plaines sont couvertes de Rosiers, dont les nombreuses espèces 
embellissent de leurs magnifiques fleurs la demeure de l'homme; 
aucune plante ne réunit, je crois, au même degré, l'élégance du port, 
la fraicheur du feuillage et l'excellence de l'odeur. 

L'organe le plus variable dans les Rosacées, c'est le fruit ordinaire- 
ment constant dans les autres familles; on peut remarquer, en effet, 
que dans les 4mygdulces 11 est formé en apparence d'un seul carpelle 
monosperme ou disperme et charnu extérieurement, et que dans les 
Pomacées il y a au contraire cinq carpelles ou pepins rangés autour 
d’un axe central, et noyés dans une pulpe qui remplit le tube enflé et 
entièrement dénaturé du calice. Les Rosees ont également leur tube 
calicinal pulpeux, mais leurs carpelles endurcis et osseux sont bien 
séparés les uns des autres; les Sanguisorbées ont un tube calicinal 
dépourvu de pulpe, fermé au sommet et contenant un ou deux ear- 


— 245 — 


pelle: monospermes et indéhiscents; les Spiræacées ont au contraire 
des carpelles secs » Cartilagineux, D elles. libres de toute adhérence 
et contenant sp à quatre semences ; COHE les Dryadées sont con- 
formées d’une manière encore différente ; leurs carpelles toujours in- 
déhiscents, monospermes, rassemblés en tête et terminés par un style 
qui naît un peu au-dessous du sommet, sont pulpeux dans les Rubus , 
secs mais logés sur un réceptacle pulpeux dans les Fraisiers, et entiè- 
rement secs dans le grand nombre des genres. 

La direction des cordons pistillaires varie également; dans les 
Pomacées , les styles descendent par l'axe central jusque près de la 
base du carpelle, en sorte que la radicule est infère; dans les 4myg- 
dalees, les cordons ombilicaux ou nourriciers montent par un canal 
latéral jusqu'au sommet de l’amande où est logée la radicule ; dans les 
Roses, on voit le style entrer par le sommet du carpelle où il se réunit 
aux vaisseaux nourriciers; mais dans les Spiræacees , les Sanguisor- 
bées et les Dryadees, la radicule est supère ou infère selon les genres; 
elle est supère dans les Spirées proprement dites et les Sanguisorbées 
indigènes, ainsi que dans les Rubus , les Dryades, les Potentilles, les. 
Fragaria, les Agrimonia, ou pourtant elle est placée un peu au-dessous 
du sommet, parce que le style est latéral. 

Les principaux phénomènes qui distinguent cette famille sont indi- 
qués dans les genres, auxquels par conséquent je renvoie; il me suf- 
fira d’avertir que l'organe qui distille l'humeur miellée est le torus ou 
le renflement glutineux, qui s'étend du centre jusqu’à l'insertion des 
étamines ou même des:pétales ; qu’on le reconnait à sa consistance et 
à sa teinte jaunâtre ; que les anthères, celles surtout des Rosces et des 
Dryadées, sont aplaties, élargies, un peu glutineuses sur leur disque 
et ouvertes sur leurs deux bords pour l'émission du pollen; que 
dans aucun des genresles semences ne deviennent libres, mais qu’elles 
sont réunies dans les Pomacees et les Rosees, Sont dé ne par leurs. 
propres carpelles, dans les Dryadées et les Spiræacees , ou enfin adhé- 
rentes entre elles par leur pulpe, telles que celles des Rubus, ou par 
leur réceptacle charnu, ainsi que celles des Fraisiers ; les animaux qui 
s'en nourrissent ne détruisent pas par la digestion celles d’entre elles: 
qui sont osseuses. 

Il y a peu de plantes qui offrent moins de mouvements spontanés. 
que les Rosacées ; leurs feuilles, comme je l’ai déjà dit, ne sont pas plus 
articulées que leurs pédoncules, et leurs tiges sont trop solides pour 
s'incliner; les seuls phénomènes de ce genre que j'aie observés, sont 
les mouvements de quelques corolles qui se ferment la nuit, et ceux 
de quelques calices qui se relèvent dans la maturation, tels que ceux 


— 246 — 


de plusieurs Potentilles, Pomees ou Amygdalées. On peut y ajouter 
les carpelles tordus du Spiræa aruncus, les barbes coudées de divers 
Geum, et les poils crochus des calices dans les 4igremoines. 

La famille des Rosacces avait déjà été établie par Tourveronr et par 
Linxé lui-même sous lencm d’/cosandrie ; toutefois, comme élle n'est 
pas fondée sur un caractère unique, elle n’a pas toujours été renfermée 
dans les mêmes limites; une Rosacée est pour nous une plante dont 
les étamines sont implantées sur les bords d’un disque mellifère, qui 
tapisse intérieurement une grande partie d'un calice quinquéfide en 
estivation quinconciale , et dont les pétales sont au nombre de cinq; 
les autres organes floraux sont très-variables. 


Première tribu. — AMYGDALÉES. 


Les Amygdalees ont les carpelles ordinairement solitaires par avor- 
tement, quelquefois géminés ou plus nombreux, le style simple et 
terminal, le fruit drupacé, renfermant un noyau solitaire, deux ovules 
dont l'un avorie souvent, l’albumen nul, l'endoplèvre un peu enflé, 
les cotylédons épais, le cordon ombilical latéral, la semence pen- 
dante, le calice quinquéfide et caduc, les étamines nombreuses, 
libres et presque égales. 

Les Amygdalces sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles 
pétiolées, penninerves et souvent bordées, ainsi que les calices, de 
dents glanduleuses ; leurs stipules sont libres, leurs fleurs blanches 
ou rougeûtres, leurs noyaux peuvent toujours se séparer en deux 
valves, et la chair qui les enveloppe porte constamment la trace d'une 
Aie en deux parties égales. 


PREMIER GENRE, — Amygudalus. 


L'Amygdalus où Y Amandier a un drupe velouté, dont l’endocarpe 
sec ou fibreux se sépare irrégulièrement d’un noyau lisse ou criblé de 
petits trous ; le fruit est tomenteux extérieurement. 

Ce genre ainsi circonscrit ne renferme qu'un petit nombre d’es- 
pèces, qu’on range sous deux groupes : 

1° Celui des Æmandiers à calice cylindrique et légèrement cam- 
panulé ; 

2° Celui des Amandiers à calice campanulé. 

Le premier comprend trois espèces sauvages et originaires de 
l'Orient, qui sont des arbrisseaux à feuilles oblongues, fruit petit et 


— 947 - 


amer ; telles sont l’4rabica de l'Arabie, tres-peu connu en Europe ; 
l'Oriental, à feuilles argentées, des environs d'Alep, et le Vaïin, très- 
répandu dans nos basquets, et dont l’on distingue trois variétés, 
dont l’une, le Georgiaca, a les fleurs polygames. 

Le second est également formé de trois espèces : l'une qui est 
cultivée et présente un grand nombre de variétés; celles-ci à coques 
molles, celles-là à coques dures; les autres sont celui de la Cochin- 
chine, et le Microphylla, des collines arides du Mexique; on peut y 
ajouter le Pedonculé, de la Dahurie. 

L'Amandier commun, que l'on doit considérer comme le type du 

genre, est un arbre indigène du bassin méridional et oriental de la 
Méditerranée; il a passé de là dans la Judée, la Grèce, l'Italie, l'Es- 
pagne, le midi de la France, et enfin dans les diverses contrées de- 
l'Europe tempérée. 
* Il annoncait chez les Juifs le retour du printemps, et il l’indique 
également pour nous; le premier de nos arbres fruitiers, il étale dès le 
mois de mars ses belles fleurs blanches teintes en rose, et qui paraissent 
assez long-temps avant les feuilles ; ce même caractère de précocité se 
retrouve également dans les autres espèces du genre. 

Les fleurs des {mandiers naissent aux aisselles des feuilles de l’année 
précédente , régulièrement deux à deux, l’une à droite, l'autre à 
gauche du bouton foliacé ; cette disposition, qui appartient au grand 
nombre des espèces, varie quelquefois par l'avortement du bouton 
foliacé, ou de l'un des boutons à fleurs ; dans l’Oriental, qui est plus 
grand que le Nain, les boutons à fleurs sont solitaires dans chaque 
aisselle. 

Indépendamment des rameaux fertiles, l4mandier commun porte, 
comme la plupart des arbres fruitiers, des branches stériles ou gour- 
mandes que les jardiniers retranchent, mais qui sont destinées par la 
nature au développement et à la conservation de l'espèce, et donnent 
à leur tour des rameaux fertiles. 

L'Amandier oriental, le Nain et le Commun non cuiîtivé, ont sou- 
vent leurs branches latérales terminées par une épine ; ce phénomène, 
qui n'est pas rare dans les arbres fruitiers, est dû à des causes qu'il 
n'est pas facile de déterminer, mais qui cèdent ordinairement à la 
culture ; lorsque les branches ne s’allongent pas en épine , elles se 
terminent par des boutons à feuilles, qui, dans quelques espèces, 
comme le Vain, se développent avant les fleurs. 

Les feuilles, dont les dentelures doivent être considérées comme 
autant de glandes excrétoires , sont exactement condupliquées , et 
tournent leur ouverture du côté des branches ; leur pétiole, d'abord 


— 248 — 


vertical, se penche ensuite en dehors, et porte souvent des glandes; il 
se tord en automne, et favorise ainsi la chute des feuilles. 

Les fleurs ne se referment pas aux approches de la nuit, et ne s’incli- 
nent pas non plus sur leur pédoncule pendant la pluie ; leur corolle et 
leur calice tombent assez promptement, et leur torus est fortement 
tapissé de cette membrane épaisse et veloutée qui distille l'humeur 
miellée. 

L'ovaire du Nana, un peu après la fécondation, renferme deux 
ovules ; son style est fortement velu, et son stigmate est une tête 
papillaire ; la membrane épaisse, roussâtre et fortement nectarifère du 
torus revêt l'intérieur du tube calicinal, jusqu’au sommet où s'insèrent 
les étamines qui sont fort saillantes. 

Les tiges et les branches sont toujours terminées par une épine ou 
par un bourgeon foliacé, destiné au développement ultérieur, et les 
fleurs ne naissent jamais qu'aux aisselles du bois de l’année précédente. 

Les deux principaux phénomènes que présente ce genre, sont celui 
de l Amandier nain, dont la variété Georgiaca a, comme je l’ai déjà dit, 
les fleurs polygames par avortement, et celui de l'4mandier-Pécher, 
hybride de l'Amandier et du Pécher cultivés, et dont les branches, 
dans les étés chauds, sont souvent chargées de deux espèces de fruits, 
les uns secs comme l’Amande, les autres charnus comme la Peche. 

La culture a obtenu de l’Amandier commun quatre ou cinq variétés 
principales, qui ne se perpétuent sûrement que par les greffes ou les 
boutures, et qui offrent deux particularités, la première relative aux 
coqués tantôt dures et ligneuses, tantôt molles et fibreuses ; la 
seconde, aux fruits eux-mêmes qui sont doux ou amers ; leur amer- 
tume est due à l'acide hydrochlorique ou prussique, et elle peut, 
dans certains cas extrêmes, produire l’'empoisonnement. Mais comment 
arrive-t-il que les amandes développent ou ne développent pas l'acide 
prussique ? C'est ce qui reste à expliquer. 

L'Amandier commun est fort cultivé dans le midi de la France, et 
jusqu’à une assez grande distance de la mer; il fait l'ornement de nos 
bosquets, qui sont également décorés au printemps par les variétés 
du Nana, dont les racines tracent au loin, et qui dans l'Ukraine, sa 
patrie, couvre souvent des plaines étendues. 

Dans l'Amandier, comme dans le Prunier, le funicule parti de la 
base du fruit se dirige le long de l'enveloppe intérieure du noyau, 
et vient s’insérer latéralement près du sommet, où il forme l'hilus 
extérieur; il descend ensuite par l'enveloppe extérieure, jusqu’à 
la base de la graine, où il pénètre par l’hilus intérieur jusqu’à 
l'embryon placé au sommet, et dont la radicule est par conséquent 


— 949 — 
supère. Je suppose que les cordons pistillaires suivent la même route, 
après s'être réunis aux vaisseaux nourriciers à leur entrée par l'ombilic 
extérieur. 

Ma principale observation sur les Amandiers , concerne leurs fleurs, 
qui naissent deux à deux des aisselles des feuilles de l'année précé- 
dente, et se développent ainsi avant les feuilles; ce développement 
précoce est destiné à favoriser la fécondation qui est alors sans doute 
autant indirecte que directe, et qui s'accomplit dans le Georgiaca 
polygame comme dans les autres. On comprend ainsi pourquoi les 
fleurs ne se ferment ni par les pluies, ni à la fin du jour; celles qui se 
développent successivement répandent leur pollen sur celles dont les 
anthères ont été détruites par l'humidité. 


DEUXIÈME GENRE. — Persica. 


Le Persica ou le Pécher, ne diffère de l’Amandier que par son drupe 
charnu, à surface lisse ou velue, et par son noyau dur et fortement 
sillonné de rides très-relevées. 

On en compte deux espèces : 

1° Le Commun, de la Perse, à fruit tomenteux, qui présente deux 
variétés principales, celle où la chair se détache du noyau, et qui 
forme la Péche proprement dite, et celle où la chair reste adhérente, 
et qu'on appelle la Pavie ; 

2° Le Lisse, dont la patrie est inconnue, et le fruit entièrement 
lisse fournit également deux variétés de la même forme que le pré- 
cédent, le Brugnon, dont la chair se détache du noyau, et la Péche 
violette où elle reste adhérente. 

Le Pécher commun est originaire de la Perse, et s’y rencontre encore 
dans son état sauvage; mais il a passé de bonne heure en Grèce, en 
Italie, en Espagne et en France; aujourd'hui il est cultivé dans toute 
l'Europe australe et tempérée ; il a été même introduit dans l'Amérique 
septentrionale, où il est devenu comme indigène, et il n’est pas actuel- 
lement de contrée un peu civilisée dans laquelle on ne le rencontre, 
lorsqu'il en peut supporter la température. 

Il n’y a pas non plus de fruit plus agréable au goût, et dont la chair 
soit plus fondante ; aussi la culture en a-t-elle obtenu des variétés 
trèsnombreuses, longuement énumérées dans les ouvrages d'horti- 
culture, et qui diffèrent soit en grosseur et en coloris, soit en saveur 
et en parfum. Nous les présenterons ici comme des sous-variétés de 
nos quatre races principales. 

Les Péchers fleurissent au commencement du printemps, comme 


— 250 — 


les Abricotiers, un peu avant les Cerisiers et les Pruniers, et un pew 
après les Amandiers ; quoiqu'ils aient besoin de beaucoup de chaleur 
pour mürir leurs fruits, cependant ils supportent bien le froid de nos 
hivers, et se cultivent en plein air; mais les sous-variétés qui donnent 
les fruits les plus beaux et les plus estimés, viennent en espalier, à peu 
près dans toutes les expositions, excepté celle du nord. 

Les fleurs, d’un rose plus ou moins foncé, naissent, comme celles 
des Amandiers, à Vaisselle des feuilles de l'année précédente, à droite 
et à gauche du bouton à feuilles qu’elles précèdent de quelques jours; 
elles sont enveloppées d’écailles caduques, semblables à celles des 
bourgeons, et ne m'ont paru susceptibles d'aucun mouvement; leurs 
pétales, articulés un peu au-dessus de la base, tombent en même temps 
que les étamines. J'ai observé que, dans les fleurs doublées, les pétales 
extérieurs mieux articulés que les autres, tombaient aussi les premiers, 
et que les fleurs elles-mêmes n'avaient pas sensiblement moins d’éta- 
mines que les fleurs simples ; d’où j'ai conclu que, dans ce cas comme 
dans d’autres analogues, il y avait manifestement multiplication de 
pétales. c 

Les fleurs des Péchers en espalier sont tellement nombreuses, 
qu'elles ne peuvent toutes nourrir leurs fruits, lesquels tombent par 
conséquent, même après avoir noué ; c’est pour éviter cet inconvénient 
que les jardiniers donnent de longs préceptes relatifs à la taille des 
branches, et l'art de rendre ainsi les Péchers plus féconds, a été poussé 
très-loin dans le voisinage des grandes villes, et surtout de Paris. 

Les feuilles sont plissées et disposées sur leur pétiole, comme celles 
des Amandiers ; mais elles sont plus délicates, et sujettes, en consé- 
quence, à diverses maladies, dont les plus communes sont la rouille et 
la cloque ; les troncs eux-mêmes , surtout ceux des espaliers, sont 
attaqués par le chancre ou d'autres maladies qui les dépouillent de leur 
gomme et les tuent tôt ou tard. Les tiges se terminent par un bouton 
foliacé, et ne se rompent jamais. 

Les fruits, après la fécondation, sont déjà remplis d’une matière 
blanche, solide, amilacée qui sert évidemment à la nourriture de 
l'embryon; celui-ci, attaché au sommet de l’amande où sa radicule 
communique avec le style, est d'abord très-petit, ensuite il remplit 
de ses deux cotylédons tout le vide laissé par la matière blanche; on 
aperçoit les vaisseaux nourriciers ramper sur le côté de l'enveloppe 
extérieure de l'amande. 

Les Péchers se multiplient facilement de graines et donnent ainsi 
des fruits très-bons ; cependant , pour avoir des variétés plus assurées 
et des fruits encore meilleurs, on greffe le Pécher sur V Amandier à 


IT — 

coque dure et amande douce, ou bien sur l 4mandier-Pécher, surtout 
pour le plein vent. Dans les terrains humides et peu profonds, on 
greffe sur le Prunier, dont les racines tracantes sont plus robustes ; 
enfin on greffe le Pécher en écusson sur le Prunier, depuis la mi-août 
à la mi-septembre, lorsque la sève n’a plus qu'un faible mouvement. 

Les Péchers sont tantôt relégués dans nos champs et nos vignes, 
qu'ils ornent au commencement de l’année de leurs nombreusesfleurs, 
ou étendus en espalier le long de nos murs, où ils perdent leur port 
naturel, mais où ils donnent d'excellents fruits. La variété à fleurs 
doubles forme un arbrisseau charmant, dont les fleurs durent plus 
long-temps que celles du Pécher commun. 

Les fleurs qui, dans le Pécher comme dans l’Amandier , naissent 
avant les feuilles et sur le bois de l’année précédente, contribuent, 
comme je l'ai dit plus haut, à assurer la fécondation. 


TROISIÈME GENRE. — ÆArmeniaca. 


L’Armeniacu ou l Abricotier a un drupe ovale, globuleux, charnu, 
velouté extérieurement et renfermant un noyau obtus d’un côté, aigu 
de l’autre, lisse et non ridé. 

Ce genre se divise commodément en deux groupes : 

1° Celui des espèces cultivées, qui comprend le Commun et le 
Dasycarpe ou l Amandier-Noix , qui ont l'un et l’autre les feuilles irré- 
gulièrement dentées et chargées de poils glanduleux, mais dent le 
premier porte des fleurs sessiles et le second des fleurs pédonculées. 
- 2° Celui des espèces sauvages, qui sont également au nombre de 
deux , le Sibirica et le Brigantiaca, des environs de Briancon, et qui 
se reconnaissent à leurs pétioles non glanduleux, leurs feuilles acu- 
minées et leurs fruits petits et agglomérés ; quelques botanistes placent 
ce dernier parmi les Pruniers. 

La principale espèce est originaire de l'Arménie, et a été rapportée 
en Italie par les Romains, quoiqu'Azzront prétende qu’on la trouve 
sauvage dans les forêts du Montferrat. La culture en a obtenu deux 
variétés principales, celle à feuilles ovales et fruits petite, et celle à 
feuilles cordiformes et gros fruits; l’une et l’autre se divisent en sous- 
variétés, qu’on ne distingue qu'avec peine, et qui diffèrent, par leur 
port, les glandes de leurs feuilles, et surtout par la grosseur et la 
saveur de leurs fruits. 

L'Abricotier commun est un arbre médiocre qui croît en plein vent 
eten’espalier, et ne subsiste guère au-delà de trente à quarante ans; 
son écorce, lisse et fortement brunâtre, porte un grand nombre de 


— 252 — 


lenticelles, qui ne s’aperçoivent guère que sur le bois de la seconde 
année ; ses tiges se rompent de bonne heure, comme celles du Prunier, 
et ses fleurs sortent des brindilles de l'année précédente , disposées à 
droite et à gauche du bourgeon; mais souvent le bouton ne se montre 
pas, ou sèche sans s'ouvrir, et souvent aussi le bourgeon avorte lui- 

À 
même. 

Les fleurs de l’Abricotier commun sont grandes et belles, de même 
que celles du Dasycarpe , qui n’en est sans doute qu’une variété très- 
remarquable, et qui se distingue à son noyau percé par le cordon 
ombilical, Leur calice, d'un rouge brun, conserve ses lobes étalés 
après l'épanouissement et la chute des pétales; le torus, d’un jaune 
orangé, fournit beaucoup de miel; l'ovaire est velu et renferme à la 
fécondation deux ovules, dont l’un avorte plus ou moins prompte- 
ment, 

Les fleurs de toutes les espèces cultivées ou sauvages paraissent 
avant les feuilles, plus tôt ou plus tard; elles sont sessiles ou légère- 
ment pédonculées, et toujours solitaires dans le bouton; les lobes du 
calice se réfléchissent au moment de la fécondation, et sans qu'on 
puisse assigner aucune cause mécanique à ce mouvement. 

Les feuilles sont convolutives et s’enveloppent les unes les autres 
comme un cornet; à leur naissance, elles se distinguent par leur 
transparence , leurs nervures finement réticulées et les glandes rou- 
geâtres des dentelures de leurs pétioles et de leurs stipules; elles 
paraissent un peu après les fleurs dans les boutons latéraux et infé- 
rieurs, mais simultanément dans les autres. Il est facile d’assigner la 
cause finale de cette différence, mais il ne l’est pas également de com- 
prendre pourquoi les feuilles sont ici convolutives, et au contraire 
condupliquées dans l'Amandier et le Pécher. 

Les fleurs sont entièrement dépourvues de mouvement, ainsi que 
les feuilles, dont le pétiole se tord en automne pour faciliter leur 
chute. 

Les fruits, examinés un peu après la fécondation, montrent les 
vaisseaux nourriciers sortant du pédoncule et rampant dans le sarco- 
carpe, pour atteindre le point où les cordons pistillaires entrent dans la 
radicule ; l'intérieur du noyau est alors rempli d’une pulpe gélatineuse, 
où est logé l'embryon, qui paraît un globule ovale et gélatineux; on 
aperçoit sur le côté le rudiment à demi détruit du second ovule, qui 
quelquefois prend plus d’accroissement. 

Les Abricotiers se multiplient facilement de semences, qui donnent 
de bons fruits, lorsqu'elles appartiennent à des variétés estimées; on 
les greffe aussi à œil dormant sur l'Amandier et le Prunier, quelque- 


— 253 — 

fois sur des Abricotiers de semis; on peut également les greffer en 
fente sur ces mêmes arbres, principalement sur le Prunier; mais il 
faut que les sujets proviennent de graines, parce qu'autrement ils 
pousseraient trop facilement des drageons; on taille fréquemment les 
Abricotiers, parce qu'ils sont disposés à se dégarnir par le bas. PaAzLAS 
dit que les fleurs du Sibirica font un effet charmant sur les pentes 
méridionales des montagnes de la Daourie. 

On distingue dans l'Abricotier, comme dans l'Amandier, les 
noyaux doux et les noyaux amers ou pénétrés d'acide hydrochlorique. 

Les fleurs ne se referment pas, mais comme elles se développent 
successivement, celles dont les anthères ont été altérées par l'humidité 
sont fécondées par les autres. 


QUATRIÈME GENRE. — Prunus. 


Le Prunier a un drupe charnu, ovale ou oblong, glabre etrecouvert 
d’une poussière glauque, un noyau aplati , aigu des deux côtés, lisse 
et un peu sillonné sur les bords. 

On en compte neuf à dix espèces, qu’on divise comme les 4brico- 
tiers, en sauvages et cultivés. 

Parmi les premiers, qui sont les plus nombreux, on remarque 1° le 
Spinosa, répandu dans toute l'Europe et même dans l'Amérique sep- 
tentrionale, et dont l'on distingue plusieurs variétés; 2° le Cocomilia, 
des haïes de la Calabre ultérieure, à pédoncules géminés et fruits 
jaunes; 3° le Divarique, du Caucase, à rameaux inermes , pédoncules 
solitaires et feuilles jaunes; 4° l'Acumine, de la Virginie, à feuilles 
lancéolées , fruits géminés, petits, doux et d'un pourpre bleu ; 5° le 
Tomenteux, du Japon, à feuilles cotonneuses en-dessous et fruits 
très-petits; les autres, tels que l'Hyemalis, le Pygmæa, le Nigra, 
appartiennent à l'Amérique septentrionale, ou n’ont pas une origine 
bien connue. 

Les Pruniers cultivés sont au nombre de deux, 1° l’/nsititia, ou 
Prunier à greffe, qu’on rencontre dans les haies de l'Angleterre, de 
YAllemagne et du midi de la France; il est, selon les uns , une variété 
de l'Epineux, et selon les autres, l'espèce sauvage de notre Prunier, 
qui a perdu ses épines par la culture; 2° le Domestica, ou le Prunier 
commun , si répandu dans l'Europe tempérée où il produit tous les 
jours de nouvelles variétés, dont les principales sont le Pyramidalis, 
ou le Pruneautier , à rameaux dressés en pyramide, et le Myrobolana, 
ou Myrobolan, à sépales très-étroits; les autres se distinguent surtout 
par la grosseur, la forme et la couleur de leurs fruits; dans leur 


— 254 — 
nombre, on remarque le Claudiana, ou la Reine- Claude, le Damascena, 
ou le Damas, et l'Armenioides , ou la Mirabelle, qui se reproduisent 
de pepins ; et pourraient, par leurs D. constituer autant 
d'espèces. 

Les Pruniers cultivés sont des es peu élevés, à racines fortement 
traçantes, et qui se multiplient de semences comme de rejetons ; mais 
ces derniers fatiguent la plante de leurs nombreux rejets, en sorte 
qu’on doit préférer les autres. On greffe en écusson, et rarement en 
fente, et l’on obtient presque toujours une grande abondance de 
fruits; malheureusement les fleurs sont souvent attaquées par les 
gelées , les feuilles sont sujettes au blanc ou à la brûlure, et les troncs 
perdent leur gomme. 

Les Pruniers se distinguent des Cerisiers par des caractères physio- 
logiques plutôt que botaniques; leurs tiges se rompent au sommet, et 
se prolongent pas des bourgeons latéraux; leurs boutons naissent à 
droite et à gauche des et ne sont pas solitaires dans les 
aisselles supérieures ; leurs feuilles sont convolutives et non pas con- 
dupliquées; leurs boutons et leurs bourgeons sont aigus, enfin leurs 
fleurs, géminées ou solitaires par avortement, ont les pétales plus 
courts et plus régulièrement terminés. 

Les fleurs des Pruniers sont dépourvues de mouvements, et leurs 
pédoncules sont ordinairement trop courts et trop roides pour s’incli- 
ner par la pluie; leurs feuilles, d'un vert noir, et plus épaisses que 
celles des Cerisiers, sont également immobiles. 

Les fleurs naissent avant les feuilles, pour que la fécondation s opère 
plus facilement, et comme les corolles ne se referment point, les 
anthères sont souvent altérées par l'humidité; mais les fleurs s’épa- 
nouissent successivement, et celles qui paraissent plus tard fécondent 
celles dont les anthères ont été détruites. 

Les Pruniers sauvages ou cultivés ont les fleurs moins éclatantes et 
moins fraiches que les Cerisiers ; toutefois elles produisent beaucoup 
d'effet, parce qu'elles paraissent avant les feuilles, et qu'elles sont 
souvent très-nombreuses; celles de l'Epineux font l'ornement de nos 
haies, par leur couleur d’un blanc pur, et celles du Sativa, d'un gris 
blanchâtre, se font remarquer par leur élégance ; les unes et les autres 
persistent plusieurs jours. 

Le nectaire du Prunus spinosa, et probablement aussi des autres, 
est la lame épaisse et feutrée qui tapisse tout le fond de la corolle. 
Pendant la fécondation , il est parsemé et comme sablé des granules 
demi-transparents du pollen qu'il absorbe, et dont les émanations 
arrivent sans doute àu stigmate , qui persiste long-temps, et qui est 


— 255 — 
également recouvert des granules échappés immédiatement des an- 
thères. 


CINQUIÈME GENRE. — (Cerasus. 


Le Cerisier a un drupe charnu, glabre et dépourvu de poussière 
glauque, un noyau lisse et à peu près globuleux. 

On divise ce genre en deux grandes sections : 

1° Celle des Cératophores , dont les fleurs en ombelle sortent d’un 
bouton écailleux ; 

2° Celle des Lauro-Cerasus, dont les fleurs sont disposées en 
grappes. 

Les Cératophores se partagent en deux groupes, celui des espèces 
sauvages et celui des cultivées; parmi les premières, on ne compte 
guère qu’une seule espèce européenne, le Chamæcerasus , de la Ger- 
manie, petit arbrisseau à feuilles lucides et crénelées, et fruits arrondis 
très-acides et d'un rouge pourpré; les autres espèces, qui appartien- 
nent au Japon, et surtout à l'Amérique nord, à peu près au nombre 
de douze, sont des sous-arbrisseaux rampants, non épineux, à fruit 
petit, noir, jaune, rouge ou même blanc, et ordinairement très- 
acide; les seules qui méritent d’être distinguées sont l’Zncana, du 
Caucase, et le Prostrata, du Liban et de la Crête, à fleurs campanu- 
lées, roses, solitaires, et feuilles naissant plusieurs années de suite à 
l'extrémité du même rameau qu'elles allongent. Ce petit arbuste, qui, 
à l'époque de la floraison, produit un effet charmant, a du reste tous 
les caractères du Cerisier ; ses feuilles crénelées et condupliquées sont 
accompagnées de deux stipules amincies ; ses tiges se prolongent 
continuellement sans rupture, et son tube calicinal, fortement nec- 
tarifère, donne naissance dès sa base à une douzaine de filets àanthères 
et pollen orangé. 

Les Cératophores cultivés forment quatre espèces : 1° celle des Me- 
risiers, qui paraît avoir pour type le Cerasus avium, des forêts de 
l'Europe, à fruit rouge ou noir; 2° celle des Duracina, ou Bigar- 
reaudiers , remarquable par la dureté de leurs fruits, forme de grands 
arbres, peut-être originaires du Pont, peut-être aussi produits par la 
culture; la troisième, celle des Juliana, Guainiers, ou Cerisiers pro- 
prement dits, paraît également avoir une origine étrangère ou être 
née de la culture; la quatrième, celle des Caproniana, ou des Griot- 
tiers, qui forment de petits arbres, est probablement indigène des 
collines de la Suisse occidentale, où le type principal, qui donne de 
petits fruits succulents plutôt que charnus, ne s'élève jamais au-delà 


— 256 — 


de dix pieds; enfin on peut ranger, parmi les espèces cultivées, le 
Semperflorens, ou le Tardif, dont les fleurs ne se montrent que tard, 
et se développent successivement, parce qu’elles sont solitaires aux 
aisselles des nouvelles feuilles. 

La seconde section, à peu près aussi nombreuse en espèces, 
se distingue également en deux groupes : celui à feuilles caduques, et 
celui à feuilles persistantes. 

Dans le premier, on place deux espèces européennes; l’une est le 
Mahaleb , des rochers montueux de l'Europe centrale et méridionale, 
où il ne forme qu'un arbrisseau assez rabougri, tandis qu’il devient 
dans nos bosquets un arbre à fleurs lâchement corymbiformes et fruits 
noirs, odorants comme les feuilles; l'autre est le Padus, des bois de 
l'Europe, à grappes allongées et feuillées, pétales crénelés, d’un beau 
blanc, fruits arrondis et amers; les autres espèces sont dispersées au 
Népaul, au Japon et surtout dans l'Amérique septentrionale; telles 
sont le Serotina, à grappes amincies et floraison tardive; surtout le 
Virginiana, à grappes courtes et redressées, pétales orbiculés et 
fruits rouges ; il s'élève dans son climat natal jusqu’à quatre-vingts ou 
cent pieds. 

Dans le second, ou celui à feuilles persistantes , on distingue éga- 
lement des espèces étrangères et des indigènes; celles-ci sont : 1° le 
Lusilanica, à grappes axillaires, amincies et plus longues que les 
feuilles; 2° le Lauro-Cerasus , de Trapézonte, introduit en Europe 
depuis 1576, et distingué par ses grappes élargies plus courtes que 
les feuilles , l'une et l'autre fleurissent tard, parce que leurs grappes 
sont placées aux aisselles des nouveaux rameaux, et la dernière est 
tellement imprégnée d'acide hydrochlorique, que ses feuilles, et sur- 
tout ses fruits, sont dangereux, même en petite quantité; les six 
espèces étrangères sont très-peu connues. 

Les Cerisiers des deux sections sont des arbres ou des arbrisseaux, 
à tige terminée par des bourgeons , à feuilles condupliquées, dont les 
dentelures inférieures, et souvent même les pétioles, portent des 
glandes qui, dans leur jeunesse, fournissent une humeur visqueuse. 

Les fleurs, dans la première section, ont leurs pédoncules disposés 
en ombelles et renfermés dans des boutons écailleux, qui s'ouvrent 
pour l'ordinaire en même temps que les feuilles; mais dans la seconde, 
les fleurs en corymbe ou en grappe, qui ne sont que des continua- 
tions de rameaux , sortent de boutons mixtes ou feuillés à la base, ou 
bien, comme dans le Semperflorens et les espèces à feuilles persistantes, 
elles sont placées sans enveloppe aux aisselles des nouvelles feuilles, 
et par conséquent elles ne se développent que tard. 


— 257 — 

Les tiges des Cerisiers sont toujours chargées de lenticelles, mais 
leur écorce est organisée différemment, selen les espèces; dans les 
cultivées, elle s’enlève en lanières horizontales de la même manière 
que celle des Pruniers, mais dans les autres, comme le Prostrata et 
ses homotypes, les Padus ou les Cerisiers à feuilles persistantes, 
les écorces paraissent conformées comme celles des autres arbres. 

Les fleurs ne se referment pas en général; toutefois, lorsqu'elles 
sont disposées en ombelle, comme dans la première section, et que 
leurs pédoncules sont allongés, elles s'inclinent fortement et rappro- 
chent légèrement leurs pétales par la pluie; maïs je n'ai apercu de 
mouvement ni dans le pédoncule commun, ni dans les pédicelles des 
fleurs disposées en grappes. 

La fécondation des Cerisiers cultivés de notre première section 
dure plusieurs jours; leurs pétales ne tombent que tard et presque 
tous à la fois. 

Les fleurs des Cerisiers cultivés et sauvages sont ordinairement d'un 
blanc pur, quelquefois lavées de rose, comme dans le Cerasus avium, 
ou même d'un rose foncé, comme dans le Prostrata; leurs pétales 
sont entiers ou quelquefois irrégulièrement crénelés, leur calice est 
creusé en godet nectarifère, et ses divisions sont réfléchies. 

Le fruit, qui mûrit en général assez promptement, surtout dans les 
espèces cultivées, présente un peu après la fécondation un noyau déjà 
rempli par les cotylédons, et dont l'embryon presque invisible est logé 
du côté du style avec lequel sa radicule communique ; on apercoit les 
vaisseaux nourriciers remonter de la base au même point. 

Ce genre présente quelques particularités physiologiques, dont la 
première est celle de ce Semperflorens, obtenu par la culture et dont 
les fleurs, au lieu d'être réunies dans des boutons particuliers, naissent 
au contraire des aisselles de l'année où elles sont quelquefois sessiles ; 
une observation du même genre concerne cette variété Polygyne, 
de la race des Griottiers , connue sous le nom de Cerisier à bouquets, 
et dont les fleurs sortent deux à cinq du même pédoncule. On peut 
observer encore des glandes d’une conformation remarquable, logées 
à la base et sous la face inférieure des feuilles du Lauro-Cerasus, qui, 
par une exception singulière, forme une espèce dangereuse dans ce 
genre ; enfin la culture a réussi à doubler le Merisier comme le Prunier 
Myrobolan. 

Les Cerisiers végètent de bonne heure, mais ils s'arrêtent promp- 
tement, et leur développement finit dès le mois de juin, époque où 
la plupart de leurs fruits mûrissent; dès-lors ils paraissent languir, 
parce que la sève se porte en entier sur les boutons déjà très-bien for- 

IT. Er 


— 258 — 
més; les feuilles sont pendantes, et prennent dès la fin de l'été ces 
belles teintes roses quigaractérisent les espèces de la première section 
et celles à feuilles caduques de la seconde : toutefois, par l'effet de 
leur prompte maturation, ils donnent en abondance des fleurs toutes 
les années. 


Deuxième tribu. — SPIRÆACÉES. 


Les Spiræacees ont leurs carpelles non adhérents au calice, séparés 
ou quelquefois légèrement réunis, verticillés autour d’un axe idéal et 
régulièrement au nombre de cinq; leur forme est celle d'une capsule 
bivalve, ouverte à l'intérieur et terminée par un style; leurs semences 
primitivement géminées ou quaternées varient par avortement entre 
une et trois, et sont placées à la base ou vers le milieu du bord inté- 
rieur; leur albumen est nul, leur embryon droit ou renversé, leurs 
cotylédons sont planes et un peu épais, leur pollen ovoïde est marqué 
de trois sillons avec des papilles; le torus ou la lame appliquée au 
fond de la fleur est bordée par un anneau charnu et quelquefois très- 
peu distinct. 

Ces plantes sont des herbes ou desarbrisseaux épars dansles diverses 
parties du globe, principalement au Népaul, au Chili et au Mexique; 
on en connaît actuellement neuf genres, la plupart très-peu nombreux, 
et dont nous ne mentionnerons que trois, le Xerria, du Japon, le 
Gillenia, de l'Amérique nord, et le Spiræa, beaucoup plus étendu 
que tous les autres, et dont les espèces dispersées dans des localités 
très-différentes ont été distribuées en sections. 


PREMIER GENRE. — Âerria. 


Le Kerria a un calice à cinq lobes dont trois obtus et deux autres 
calleux, légèrement mucronés, des pétales orbiculés et alternes aux 
divisions du calice, vingt étamines insérées sur le calice, cinq à huit 
carpelles, libres, glabres, globuleux, monospermes et surmontés d’un 
style filiforme. 

Ce genre ne comprend que le Japonica ou le Corchorus des jardi- 
niers, petit arbuste du Japon, où il est depuis long-temps cultivé pour 
ses belles fleurs jaunes, qui deviennent en vieillissant d’un blanc sale; 
la culture l’a tellement altéré, qu'il porte constamment chez nous des 
fleurs doublées où l’on n’apercoït plus ni étamines, ni pistils; on le 
reconnait à son écorce lisse, verte et à peu près dépourvue de len- 


— 259 — 
ticelles, à ses rameaux efflés, à ses feuilles ovales, lancéolées, stipu- 
lacées, inégalement dentées ou incisées et plissées sur leurs nervures, 
comme celles du Charme auquel elles ressemblent assez; elles sont 
renfermées dans des boutons solitaires, dont les jets ordinairement 
terminés par des fleurs ont les calices en estivation imbriquée. 

Cet élégant arbrisseau , dont les pétales d’un jaune d'or brillent au 
milieu de feuilles du plus beau vert, ne s'élève qu'à quelques pieds, 
parce que ses tiges se rompent au sommet; il sert à fermer de petits 
enclos, et supporte bien le froid de nos hivers; malheureusement il 
estinodore et perd promptement son éclat, 


DEUXIÈME GENRE. — Spiræa. 


La Spirée a un calice quinquéfide et persistant, dix à cinquante 
étamines, insérées avec les pétales sur le calice recouvert du torus, 
un ou plusieurs carpelles rarement réunis à la base, sessiles ou quel- 
quefois stipités, ainincis ou un peu mucronés, deux à six semences, 
un embryon renversé et des cotylédons assez épais. 

On divise ce genre en six sections : 

La première est celle des Physocarpes, dont le torus s'applique 
entièrement sur le tube calicinal, et dont les ovaires réunis à la base 
deviennent des carpelles vésiculeux; elle renferme l'Ariæfolia, du nord 
de l'Amérique, et l'Opulifolia, arbre médiocre de la même contrée, 
dont l'écorce dépourvue de lenticelles se détache en lames-membra- 
neuses, et dont les tiges se rompent au sommet; ses boutons solitaires 
donnent naissance à des rameaux foliacés, terminés par des fleurs, et 
les feuilles à stipules caduques ont des dentelures glanduleuses , et 
sont plissées sur leurs cinq nervures principales ; le torus est jaune 
et distille abondamment l'humeur miellée; les anthéres s'ouvrent laté- 
ralement; le pollen est blanchâtre, les styles sont allongés, et les stig- 
mates forment des têtes papillaires ; les semences varient d’une à trois 
et l’une d'elles est pendante; les péricarpes renflés s'ouvrent avec cra- 
quement. Les fleurs sont blanches et corymbiformes; les carpelles, qui 
varient de trois à cinq, sont d’un rouge orangé avant la maturation, 
et l'inflorescence est centripète; les pédoncules se rompent à la base, 
et les carpelles s'ouvrent en deux panneaux, quand même les graines 
sont toutes infécondes; l'Ariæfolia est un buisson à panicule divari- 
quée et cinq carpelles velus. 

La seconde section est celle des Chamædryon, à ovaires libres, fleurs 
en corymbe ou en ombelle, et feuilles dentées ou entières; leurs nom- 
breuses espèces sont principalement répandues dans le nord de l'Amé- 


— 260 — 


rique, en Sibérie et au Népaul, où l'on trouve le Bella, arbrisseau 
charmant à fleurs roses, le Thalictroides , le Parviflora, à fleurs d'un 
blanc grisâtre, l'4/pina et enfin le Trilobata des Alpes altaïques, etc. 
Les espèces européennes sont le Chamædrifolia, qui se retrouve en 
Sibérie, et l'Hypericifolia, qui appartient également à l'Amérique; ces 
plantes, qui sont toutes des arbrisseaux, supportent bien nos hivers et 
sont pourvues de boutons écailleux, les uns foliacés , les autres flori- 
fères , quelquefois foliacés et florifères, mais presque toujours termi- 
naux; elles repoussent de leur partie inférieure, parce que leurs tiges 
florales se dessèchent au sommet, et l’on y distingue les branches 
stériles, dontles feuilles sont alternes et distantes, d'avec les fertiles 
toujours latérales et chargées surtout à leur base de feuilles très- 
rapprochées; elles sont fort cultivées dans nos bosquets, dont elles 
forment au printemps un des principaux ornements par leurs nom- 
breuses fleurs d’un beau blanc, qui présentent souvent des guirlandes 
aussi légères qu'élégantes; leurs ovaires sont terminés par des stig- 
mates capitellés, et pour l'ordinaire enfoncés dans une cupule demi- 
sphérique, dont les bords crénelés et fortement glanduleux distillent, 
à l'époque de la fécondation , une grande quantité d'humeur miellée ; 
leurs étamines d'abord recourbées sur le torus se rélèvent ensuite, et 
répandent sur les bords du torus leur pollen blanchâtre dont les éma- 
nations fécondent ensuite les stigmates. 

La troisième est celle des Spiraria , qui ne diffèrent presque des 
Chamædryon que par leurs fleurs en panicules composées et non pas 
en corymbes ou en ombelles. On en compte à peu près neuf espèces 
éparses en différents lieux, et parmi lesquelles je distingue deux types : 
celui du Zævigata, de la Sibérie, et celui du Salicifolia, de la même 
contrée, mais qu’on retrouve encore en Bohême; la première est une 
plante frutescente, à boutons écailleux d'où sortent des feuilles lisses, 
épaisses, très-entières, et des fleurs petites, blanches, à stigmates 
charnus, d'un beau rouge, accompagnés d’anthères très-petités, à 
peu près avortées et baignées par l'humeur nectarifère qui atteint 
même les stigmates plutôt glutineux que papillaires. Le Salicifolia est 
une plante fortement tracante, à feuilles lancéolées et dentées, fleurs 
roses, en grappes paniculées et terminales; ses tiges florales périssent 
chaque année, et celles qui les remplacent sortent de boutons écail- 
leux, comme dans toutes les espèces frutescentes; dans la féconda- 
tion, les filets d'abord repliés sur le torus se dressent à mesure que 
les anthères répandent leur pollen sur l’humeur miellée, qui le tapisse 
et qui imprègne son bord élargi et frangé, en même temps que les 
cinq stigmates à tête visqueuse et penchés en dehors; les espèces 


— 961 — 


étrangères sont principalement répandues dans l'Amérique septen- 
trionale, où elles se font remarquer par leur élégance; on peut citer 
dans leur nombre le Tomentosa, à feuilles et carpelles cotonneux, et 
surtout notre Salicifolia. 

La quatrième est celle des Sorbaria, à cinq ovaires réunis, calice 
tapissé par le torus nectarifère et fleurs paniculées ou thyrsoïdes; elle 
ne comprend que le Sorbifolia, de la Sibérie orientale, qui végète de 
très-bonne heure, et dont les feuilles pinnatiséquées sont pourvues de 
deux grandes bte par lesquelles elles sont protégées avant leur 
développement; ses tiges florales périssent chaque année, et les nou- 
velles pousses sortent de grands boutons écailleux; ses fleurs sont 
d'un blanc un peu terne, mais ses feuilles sont élégamment divisées; 
elle s'épanouit de juin en septembre, et comme les plantes sociales 
elle se conserve sans soins dans nos bosquets. 

La cinquième, ou celle des Aruncus, est formée de l'AÆruncus, dont 
les carpelles au nombre de trois à cinq sont libres et renversés sur le 
calice, et dont le torus détaché au sommet est très-épais sans doute 
dans les fleurs mâles; cette plante, très-distincte des autres Spirees 
par son organisation générale et par ses fleurs dioïques, se trouve 
dans les bois montueux de l'Europe, comme dans le nord de l'Asie et 
de l'Amérique; ses feuilles exstipulées, condupliquées et tripinnati- 
séquées, sont très-grandes et ont un pétiole enflé ou genouillé à la 
base; son rhizome se prolonge inférieurement en renflements iné- 
gaux, à la manière des Filipendules ; ses fleurs blanchâtres, portées 
sur de longues panicules terminales, sont dioïques; les mâles à 
anthères bilobées et stigmates avortés, les femelles à étamines stériles; 
mais les deux sexes sont quelquefois entremêlés dans la même panicule, 
et forment alors des plantes polygames dioiques ; le torus se divise sur 
les bords en crénelures très-marquées, et les pédoncules des fleurs 
femelles se déjettent fortement pendant la maturation; ensuite les 
carpelles s'ouvrent par leur face intérieure et laissent tomber leurs 
semences. 

La sixième et dernière section, ou celle des Ulmaria , se distingue 
des précédentes par l'absence à peu près complète du torus, ainsi que 
par la forme de ses styles réfléchis et renflés au sommet; elle compte 
au moins six espèces, les unes européennes, les autres de la Sibérie, 
du Japon ou de l'Amérique septentrionale; toutes sont vivaces mais 
herbacées, et on les distingue les unes des autres par leurs feuilles ra- 
dicales, palmées ou pinnatiséquées et surtout par leur inflorescence. 

Cetteinflorescence toujours en corymbes, ou peut-être en cymes, a 
ceci de particulier que les fleurs centrales paraissent les premières, et 


— 262 — 
que les autres d'abord inférieures allongent leurs pédoncules, vien- 
nent ensuite successivement se placer au-dessus du corymbe principal, 
et donnent ainsi à l’ensemble du corymbe ou du cyme une forme éta- 
gée , aussi singulière qu'élégante. 

Les feuilles des Ulmaires portent à leur base des stipules pétiolaires; 
les deux espèces, l'U/maria et le Filipendula ont leurs pennules alter- 
nalivement grandes et petites, et ces dernières sont tellement réduites 
que quelques-unes sont à peine visibles, surtout dans le Filipendula ; 
elles sont plissées sur leurs nervures et couchées avant le développe- 
ment le long d'un pétiole commun, à l'extrémité duquel elles se 
relèvent; le lobe terminal, beaucoup plus grand que les autres, est 
divisé en trois, cinq ou sept lobules, selon le nombre des soudures 
qu'on aperçoit assez bien par les inflexions du réseau cortical. 

Les racines forment dans le Filipendula des renflements irréguliers, 
d'autant plus marqués qu'ils sont plus anciens; dans l'Ulmaria, c’est 
une souche ou un rhizome articulé qui marche en avant, et dont la 
pousse annuelle est articulée latéralementsur l'articulation précédente, 
de manière à former une suite de chaïnons, dont le quatrième se dé- 
truit, tandis que le premier n’a pas encore ses radicules ; dans la Lobee, 
chaque souche pousse circulairement des drageons rouges, relevés à 
l'extrémité, et qui jettent de toute leur longueur des radicules enfon- 
cées dans le sol, en sorte que cette souche est un véritable rhizome, 
et l’on ne peut guère douter que les autres U/maires ne présentent des 
apparences à peu près semblables. 

Le calice des Ulmaires est dépourvu de torus, et par conséquent 
denectaire, et c'est pourquoi il s'évanouit à peu près à la maturation; 
il suit de là que les Ulmaires ne sont pas icosandriques périgynes, 
mais plutôt hypogynes, comme on peut le confirmer en effet par l'em- 
pâtement qu'on observe à la base de leurs carpelles; il s'ensuit encore 
que la fécondation ne peut pas s'y opérer par le concours de l'humeur 
miellée, mais qu’elle a lieu directement par les globules polliniques, qui 
se rompent sur les stigmates renflés et peut-être déjà imprégnés de 
cette humeur; les anthères s'ouvrent en effet ici avant la fleur, ce qui 
n'a pas lieu dans les autres sections du genre; on peut aussi remarquer 
que les carpelles se contournent, non pas pour s'ouvrir plus facile- 
ment, puisqu'ils sont constamment monospermes, mais pour laisser 
un espace plus libre aux stigmates, qui fortement capitellés se rejet- 
tent en dehors et ont leurs bords élargis tout recouverts de pollen 
granulé. Dans l’Aruncus , qui est dioïque et dont par conséquent les 
étamines sont très-saillantes , le pollen subtil et à peu près impalpable 
s'échappe en nuages pour arriver sur les bords très-fortement crénelés 


— 263 — 


et néctarifères du torus des fleurs femelles, d’où il parvient enfin aux 
stigmates ; mais dans les autres sections, les anthères bilobées et recour- 
bées répandent sur l'humeur miellée de leur propre torus leur pollen 
à molécules fines et blanchâtres, dont les émanations fécondent les 
stigmates papillaires. 

A la maturation, les carpelles s'ouvrent par leur face intérieure, et 
leurs graines découvertes se détachent et se sèment au moindre vent 
dans les Chamædryon et les Spiruria ; mais les carpelles se déjettent 
et s'ouvrent dans l’Aruncus, où ils ne sont pas toujours monospermes, 
et dans les L/{maria, ils se redressent et se séparent nettément les uns 
des autres au milieu des pluies de l'automne, et enfin ils tombent 
séparément sans s'ouvrir. 

+ La radicule de Spirees est supère, et les graines en conséquence sont 
pendantes vers le milieu de la suture, où les atteint le cordon ombi- 
lical ; les Sorbaria, les Ulmaria et quelquefois les Physocarpes ont les 
feuilles stipulées ; les autres sections sont entièrement dépourvues de 
stipules , et par conséquent n’ont pas la même conformation générale. 

Mais ce qui caractérise surtout les Spirees, et leur donne cette grâce 
et cette élégance qui les distingue , c'est la régularité parfaite de leurs 
nombreuses fleurs d'un blanc ou quelquefois d’un rose pur, réunies 
en corymbes, en cymes, en ombelles ou en grappes différemment con- 
formées et couronnées d'étamines, comme d'autant d'aigrettes ou de 
brillants panaches. 


TROISIÈME GENRE. — Géllenta. 


Le Gillenia a le calice tubulé, resserré au sommet et quinquéfide, 
la corolle a cinq pétales linéaires, lancéolés , un peu inégaux et insérés 
au sommet du tube, dix à quinze étamines à anthères presque sessiles 
et disposées sur trois rangs, cinq carpelles à peu près réunis en une 
capsule à loges dispermes. 

Les Gillenia, autrefois confondus avec les Spirees, dont ils diffèrent 
comme l’on voit à plusieurs égards, comptent deux espèces, le Tri- 
foliata et le Stipulacea , herbes vivaces, originaires des forêts humides 
de l'Amérique septentrionale; leurs racines fibreuses sont prolon- 
gées comme en rayons et quelquefois moniliformes; leur tige haute 
de quelques pieds a les feuilles profondément trilobées ; led fleurs, 

isposées en panicule lâche et peu fournie, sont pnice de cinq 
pétales allongés, d’un blanc rose, qui sortent du calice long-temps 
avant la fécondation, et restent réunis et contournés jusqu’à l'épanouis- 
sement ; les anthères introrses, à trois ou quatre rangs alternatifs, 
répandent en abondance un pollen jaunâtre et brillant. 


— 264 — 

La fécondation a lieu dans l'intérieur du tube calicinal, qui est 
comme fermé par les anthères ; l'humeur miellée, qui remplit presque 
toute la capacité du tube, sort par une glande placée au-dessous de 
l'ovaire; car je n'ai pas remarqué de torus proprement dit, et la fécon- 
dation s'accomplit ainsi par le concours de l'humeur miellée ; les cinq 
carpelles s’écartent et tombent sans s'ouvrir; on peut suivre la route 
des cordons pistillaires qui descendent du sommet pour pénétrer dans 
la radicule infère et saillante ; les sémences géminées et assez allongées 
sont recouvertes d'une enveloppe membraneuse et jaunâtre. 

Les Gillenia appartiennent au même type, et ne diffèrent que par 
la forme de leurs stipules, de leurs feuilles radicales et de leurs pétales 
ciliés ou entiers sur les bords ; le Stipulacea est peu connu, mais le 
Trifoliata, cultivé dans plusieurs jardins, est un modèle de fraîcheur 
et d'élégance, surtout lorsqu'il a crû dans la terre de Bruyere. 

Le principal caractère physiologique du genre consiste dans son 


mode de fécondation intérieure, et dans ses anthères non saïllantes, 
réunies en voûte. 


Troisième tribu. — DBRYADÉES. 


Les Dryadées ont le calice valvaire, ordinairement quinquéfide, 
rarement quadrifide ou multifide et souvent muni de bractées, qu’on 
doit considérer comme autant de stipules plus ou moins avortées ; les 
pétales égaux en nombre aux divisions du calice, les étamines persis- 
tantes, nombreuses ou réduites à cinq et alors opposées aux divisions 
du calice, les carpelles libres et logés sur le torus, les styles insérés 
près du sommet, sillonnés intérieurement et terminés par un stigmate 
oblique; le fruit est un achène sec ou bacciforme, la semence est 
redressée ou inverse, l’albumen est nul, l'embryon droit et les cotylé- 
dons à peu près planes. | 

Cette tribu comprend des arbrisseaux et des herbes , à feuilles ordi- 
nairement bistipulées, souvent ailées, mais non articulées. 


PREMIER GENRE. — Dryas. 


Le Dryas a un calice à huit où neuf divisions, et dont le tube est 
presque hémisphérique, autant de pétales alternes aux divisions du 
calice, un grand nombre d’étamines et de carpelles dont le style s’al- 
longe pendant la maturation en une queue plumeuse. 


Ce genre comprend trois plantes homotypes, l'Octopetala, des 


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montagnes de l'Europe, du Canada et de la Sibérie; l’Integrifolia, du 
Groënland, qui n’en diffère guère que par ses feuilles entières, cordi- 
formes et aiguës ; le Drumondii, du nord de l'Amérique, à pédoncules 
glanduleux, calices laineux, corolles jaunes et agrandies. 

La première est un arbrisseau rampant qui tapisse les rochers sur 
lesquels il végète immédiatement après la retraite des neiges; ses 
racines sont de véritables rhizomes qui s'étendent sans cesse; ses 
feuilles laurinées, crénelées et pétiolées, sont plissées ou roulées en 
dessous avant le développement, et se dessèchent sans tomber; les 
bractées sont soudées, allongées et persistantes. 

Les fleurs sont grandes, blanches et solitaires; les étamines à an- 
thères jaunes sont unisériées ou bisériées; le torus distille abondam- 
ment l'humeur miellée; les styles, d'abord raccourcis et chargés de 
poils couchés, s'allongent par la base et se développent pendant la 
maturation en longues queues, dont les poils contournés de droite 
et de gauche se déroulent par l'humidité ; le stigmate et la partie du 
style qui l’avoisine ne tardent pas à se flétrir; les deux autres espèces 
sont sans doute homotypes. 

Les anthères introrses entourent les petites têtes papillaires des 
stigmates, et répandent immédiatement sur le torus mellifère leur 
pollen, dont les gobules s’attachent aux poils des styles, et renvoient 
ensuite leurs émanations aux stigmates. 

Les arêtes plumeuses des Dryas sont déstinées évidemment à la 
dissémination, comme celles des Anémones, des Geum, etc. 


DEUXIÈME GENRE. -—— (reum. 


Le Geum a un tube calicinal renflé et terminé en limbe quinquéfide, 
cinq bractées extérieures et alternes aux divisions du calice, cinq pé- 
tales, des étamines nombreuses, des carpelles secs et disposés en 
tête, un style articulé et appendiculé, ou barbu après la floraison, 
une semence ascendante, un gynophore cylindrique plus ou moins 
développé. 

: On divise les Geum en quatre sections : 

1° Les Caryophyllastrum; fleurs ascendantes, calices réfléchis, 
styles coudés et genouillés, appendices ordinairement plus courts que 
le style ; 

2° Les Caryophyllata ; fleurs droites ou penchées, calices redres- 


sés, styles coudés et genouillés, appendices ordinairement égaux au 
style ; 


— 966 — 


3° Les Oreogeum ; fleurs et calices droits, styles étalés, velus et non 
genouillés ; 

4° Les Stictogeum; calices campanulés, carpelles ridés et ponctués, 
styles allongés, glabres et non genouillés. Est-ce un genre? 

Les Caryophyllastrum comprennent dix ou douze herbes vivaces, 
la plupart homotypes, et dont les unes, telles que le Canadense et le 
Virginianum , appartiennent à l'Amérique septentrionale, tandis que 
les autres sont dispersées en Europe et en Asie; leurs feuilles stipulées 
sont irrégulièrement pinnatiséquées, et leurs tiges effilées se terminent 
par des fleurs droites, à calices fortement réfléchis, pétales souvent 
jaunes et carpelles nombreux ordinairement velus; l'espèce la plus 
commune est l'Urbanum, qui croît partout sur les bords des chemins 
où il fleurit tout l'été, et dont les autres ne diffèrent que par le port, 
la couleur des pétales, la grandeur et la villosité des carpelles, etc. ; 
mais le plus remarquable est le Coccineum, du Mont-Olympe, en 
Bithynie, cultivé dans un grand nombre de jardins à cause de ses 
fleurs d'un rouge éclatant, dont les carpelles inférieurs sont dépour- 
vus d’articulations, parce qu'ils avortent sans doute. 

Les racines des Caryophyllastrum sont des rhizomes, dont les bour- 
geons s'apercoivent de très-bonne heure à la base de la tige fleurie; 
les styles sont couchés sur le torus qui est nectarifère, et portent des 
stigmates à tête papillaire; les carpelles, velus et indéhiscents, mais 
dont les styles sont souvent très-divariqués, portent les traces évidentes 
de deux valves, entre lesquelles on voit remonter les vaisseaux nour- 
riciers jusqu’à l'insertion du style légérement latéral et détaché assez 
promptement jusqu’au genou; sa partie inférieure s'allonge bientôt 
en se déjetant hors du calice, et la réunion des styles forme ainsi une 
tête à rayons divariqués; la fécondation, dans le Coccineum , et sans 
doute dans les autres, s'opère immédiatement par les poils emmiellés 
du torus et des styles, qui reçoivent le pollen avant que les stigmates 
soient bien conformés, et en renvoient plus tard les émanations. 

Les Caryophyllata comptent environ neuf espèces ou variétés, la 
plupart originaires de l'Europe, et qui me paraissent également homo- 
types ; la principale est le Rivale, des bords des ruisseaux montueux, 
dont le torus, fortement renflé, est creusé au centre pour recevoir 
le stipe; ses feuilles sont conformées de la même manière que dans 
la section précédente, mais ses pétales sont cordiformes, ses calices 
tübulés, ses styles velus et recouverts du pollen jaunâtre des anthères, 
et ses pédoncules, fortement penchés dans la floraison, se relèvent 
ensuite ; les autres espèces sont en général semblablement conformées, 
mais l'Heterocarpum de Boïssrer, de la Sierra Nevada, et qu'Aucaer 


— 267 — 


à aussi observé sur le mont Taurus, mérite une mention particulière, 
parce qu'il conserve un de ses carpelles sessiles au fond du torus, tan- 
dis que les autres, comme dans le Rivale, sont réunis en capitule étoilé 
au sommet du stipe et au-dessus de la fleur. 

Les Oreogeum, qui habitent les montagnes élevées et les climats 
circompolaires, ont un style velu et dépourvu de toute articulation, 
et se distinguent encore par leurs fleurs grandes, droites, solitaires, 
ainsi que par leur calice non réfléchi et leurs pétales jaunes ou jaunà- 
tres ; les deux européens sont le Montanum, à grandes fleurs solitaires, 
etle Reptans, qui lui ressemble beaucoup, mais dont les tiges stériles 
sont rampantes et stolonifères. 

Les Oreogeum sont homotypes et ont leurs rhizomes chargés des 
débris des anciennes feuilles; leurs nouvelles feuilles sont plissées sur 
les deux bords, et leurs tiges se développent indéfiniment; leurs 
hampes latérales, qui sortent d’un bourgeon placé plus bas que les 
feuilles, périssent après avoir donné leurs graines; dans le Repians, 
les coulants, chargés de quelques feuilles avortées, s'étendent assez 
loin, et sortent latéralement de l'intérieur du bourgeon. 

Il n'est pas difficile d'assigner la cause finale de la différente confor- 
mation des pistils, dans les trois sections que nous venons de décrire : 
dans les deux premières, qui vivent dans les plaines ou les lieux peu 
élevés, les styles devaient être pourvus de crochets pour que leurs 
graines fussent facilement transportées par les hommes et les animaux; 
mais dans la dernière, qui habite exclusivement les lieux élevés ou le 
voisinage des pôles, il fallait d'autres moyens de transport, c'est 
pourquoi la partie non velue de son style est promptement remplacée 
par les têtes chevelues qui la distinguent. 

Les Geum, qui forment, comme l’on voit, un genre très-distinct, 
sont toujours des herbes vivaces, à calice bractéolé, feuilles radicales 
pinnatiséquées, à pennules alternativement plus courtes, et dont les 
dentelures sont glanduleuses ; leur caractère botanique consiste dans 
des carpelles monospermes, indéhiscents, et qui, dans les Oreogeum, 
s'allongent en barbes plumeuses, et dans les deux autres sections, en 
barbe genouillée; cette articulation, qui existe avant l'épanouissement, 
consiste dans une forte courbure, à l'extrémité de laquelle est atta- 
chée la partie supérieure du style qui paraît d'une nature différente; 
le tout ressemble à un point de rebroussement d’une courbe mathé- 
matique, et présente à peu près la figure d’un double p, l'un droit et 
l'autre renversé; la partie supérieure se dessèche et se désarticule 
enfin à la base; l'autre, au contraire, s’allonge beaucoup, et s'étale 
au-dessus du calice renversé dans le Rivale, tandis qu’elle se déjette 
fortement dans l'Urbanum , dont le calice petit est réfléchi. 


— 268 — 


L'inflorescence est toujours centrifuge; les fleurs, quelquefois 
grandes et solitaires, forment souvent des panicules lâches de trois à 
quatre fleurs au sommet de la tige ou des rameaux ; l’estivation des 
calices est valvaire, et les cinq bractéolées ne doivent être considérées 
que comme des appendices liés à la conformation générale. Rorper 
suppose que les sépales étant des feuilles transformées, les bractéoles 
sont autant de stipules ; dans ce cas, une des deux stipules avorterait 
toujours. 

Les pétales sont en estivation imbriquée, comme dans la plupart 
des Rosacées, les pédoncules sont droits ou penchés avant la floraison, 
selon les sections, et leur courbure, si prononcée dans les Caryo- 
Phyllata, ne peut guère être attribuée à leur défaut de consistance, 
puisqu'ils sont d'abord dressés; c'est dans ce cas, comme dans plusieurs 
autres, l'effet d'un mécanisme supérieur que nous ne pouvons pas 
expliquer. 

Comme les calices des Caryophyllata ne se retournent pas, et que 
leurs pédoncules se redressent pendant la maturation, les carpelles 
n'auraient pas pu facilement sortir de la fleur et se répandre, si la 
nature n'y avait pourvu par un artifice admirable, et que Ramon» a 
le premier décrit; il consiste dans l'accroissement du stipe, qui, au 
lieu d’être sessile sur le torus, comme dans les autres sections, s'élève 
considérablement au-dessus du calice fermé, et dont les carpelles 
s'étalent et se disséminent ensuite; il y a donc ici deux arrangements 
coordonnés, celui des carpelles sessiles, lorsque les calices sont 
ouverts et réfléchis, et celui des carpelles stipités lorsque les calices 
sont tubuleux et formés. 

A l’époque de la fécondation des Caryophyllastrum et des Caryo- 
phyllata, les fleurs, demi-fermées et fortement penchées, ont leurs 
anthères introrses latérales immédiatement appliquées contre les poils 
humides des styles, qu'elles recouvrent entièrement du pollen, 
qui arrive ensuite sur les stigmates, dont les plus extérieurs se 
recourbent même pour le recevoir plus sûrement ; l'humeur miellée 
abonde en même temps au fond du torus, et suinte même à travers 
les parois du calice, comme on peut le voir, dans le Rivale, le Pyre- 
naicum, l'Urbanum, etc.; mais dans les Oreogeum, les styles velus 
reçoivent immédiatement une partie du pollen, qu'ils conservent assez 
long-temps pour en répandre les émanations sur les stigmates; les 
anthères extérieures s'ouvrent les premières, les autres restent long- 
temps roulées et comme cachées sous leurs filets. 

Les botanistes citent, comme assez constante, une variété mon- 
strueuse dù Geum rivale, dont le calice a six divisions, la corolle 


Has 
douze pétales, et dont le stipe, au lieu de porter les carpelles, donne 
au contraire naissance à une nouvelle fleur conformée comme la précé- 
dente, mais qui ne s'ouvre pas; mais ce qui est peut-être plus remar- 
quable, ce sont les hybrides qui naissent fréquemment du Rivale et 
de l'Urbanum, qui appartient pourtant à deux sections différentes. 
(Voyez le Bulletin de Férussac, juin 1831.) 

Quel est le but de l'articulation des styles dans les deux premières 
sections de ce genre ? Est-ce de rapprocher les stigmates des anthères ? 


TROISIÈME GENRE. — W'aldstenia. 


Le Waldstenia a un calice turbiné, à cinq lobes lancéolés, cinq 
bractéoles alternes aux divisions du calice, cinq pétales repliés à la base, 
un grand nombre d'étamines, deux à quatre carpelles adhérents au 
calice par autant de stipes réunis à la base, un achène légèrement 
ombiliqué au sommet, une semence redressée. 

Le Geoides, seule espèce de ce singulier genre, est une herbe 
vivace des forêts ombragées de la Hongrie, où elle fleurit au 
premier printemps; elle a le port des Potentilles et la conformation 
des Geum ; ses fleurs sont jaunes, ses feuilles radicales irrégulièrement 
divisées, et généralement quinquélobées ; ses tiges florales pédonculées 
au sommet, sont latérales et à peu près nues, ses pédicelles sont 
courts, géminés et inclinés au sommet; son style, rompu quelque 
temps après la fécondation, laisse les carpelles à nu. 

Les principaux phénomènes physiologiques sont ici des pétales 
repliés à la base, et un nectaire abondant en humeur miellée, et dont 
le rebord frangé sépare les étamines d'avec le torus, les anthères sont 
biloculaires , introrses, et selon la loi de la famille, elles se renversent 
en bas avant la fécondation, le pollen tombe donc sur l'humeur 
miellée, et ses globules renvoient leurs émanations aux têtes papillaires 
des stigmates. 

Les feuilles radicales s'élèvent au centre de la tonffe fort au-dessus 
des tiges florales extérieures, qu’elles protégent d’abord et cachent 
ensuite ; la dissémination a déjà lieu au mois de mai pour la désarti- 
culation des stipes carpellaires. 


QUATRIÈME GENRE. — ARubus. 


’ 


Le Rubus a un calice quinquéfide dépourvu de bractéoles et à peu 
près aplati à la base, cinq pétales, des étamines nombreuses et des 


— 270 — 


carpelles réunis en tête sur un torus protubérant et non charnu, un 
style légèrement latéral, des fruits en drupes charnus, une semence 
renversée. 

On le partage en trois groupes d'après la forme des feuilles : 

1° Celui à feuilles ailées ou ternées ; 

2° Celui à feuilles palmées, à trois ou cinq folioles ; 

3° Celui à feuiiles simples, entières ou lobées. 

Les Rubus du premier groupe renferment à peu près vingt-deux 
espèces ou variétés éparses dans diverses contrées de l’ancien conti- 
nent, au Japon, à la Chine, au Cap, à l'île Maurice, aux Indes orien- 
tales, etc., deux habitent le nord de l'Amérique, et une seule, 
l'Zdœus ou le Framboisier, se trouve dans les bois et les contrées 
montueuses de l'Europe, où il donne un fruit très-recherché pour sa 
saveur et son parfum. Ces diverses plantes, dont les feuilles sont 
tantôt lisses, tantôt cotonneuses en dessous, présentent peu d’obser- 
vations physiologiques; l’Australis, de la Nouvelle-Zélande, est mo- 
noïque; l’Apétale, de l'Ile-de-France, est dépourvu de pétales; le 
Macropode, de Botany-Bay, a ses fleurs solitaires aux aisselles et lon- 
guement pédonculées; enfin les tiges de l'Occidental, du Canada, 
sont parfaitement lisses et abondamment recouvertes de poussière 
glauque. 

Les Rubus du second groupe se subdivisent en frutescents, à stipules 
linéaires, et en herbacés, à stipules ordinairement ovales; les premiers, 
beaucoup plus nombreux, comptent actuellement jusqu’à cinquante- 
cinq espèces ou variétés dispersées, comme les autres, dans les deux 
continents, mais dont la plus grande partie habite l'Europe, princi- 
palement l'Allemagne et la Styrie. Ces dernières forment deux types : 
celui du Cæsius , ou de la Ronce bleuâtre, autour de laquelle viennent 
se ranger les espèces ou plutôt les variétés nouvellement décrites, et 
dont les principales sont le Tomentosus, assez répandu dansles terrains 
secs et surtout en Italie, le Corylifolius, commun dans nos haies et nos 
buissons, et l'Hybride, des contrées montueuses et sous-alpines, 
remarquable par ses glandes et ses poils. 

Les Rubus herbacés du même groupe comprennent cinq ou six 
espèces reléguées au nord de notre hémisphère, et dont l'Europe ne 
connait que deux, 1° le Saxatilis, des rochers montueux, où il se 
reproduit de rejets, et dontles drupes peu nombreux tombent séparés ; 
2° l’Arcticus, de la Sibérie , du Canada et de la Laponie, dont les fleurs 
sont solitaires, et dont les fruits ne se séparent pas naturellement de 
leur réceptacle; parmi les autres espèces, on remarque surtout 
l’Acaulis de l'Amérique nord, à tige très-courte et de même uniflore ; 


— 271 — 


ces diverses plantes ont les feuilles amincies et non cotonneuses. 

Les Rubus , à feuilles simples de notre troisième groupe, se divisent 
aussi en frutescents et en herbacés; les premiers à peu près au nombre 
de vingt sont tous étrangers à l'Europe, et comprennent plusieurs 
types; il en est de même des herbacés, beaucoup moins nombreux , 
dont trois ou quatre espèces appartiennent à l'Amérique nord; et 
dont une seule , le Chamæmorus , à racine tracante, est commune aux 
deux continents. 

Les deux principaux ARubus frutescents, à feuilles simples, cultivés 
dans nos jardins sont le Moluccanus, dont les fleurs blanches et cadu- 
ques sont réunies en grappes serrées, et l'Odoratus, de l'Amérique 
septentrionale, qui se multiplie de lui-même dans nos bosquets ; ses 
grandes fleurs terminales ont l'apparence de nos roses simples, et ses 
calices , ainsi que ses pédoncules, donnent une substance aromatique, 
qui sort de l’extrémité de poils glanduleux et rougeûtres ; il n’y a rien 
de si régulier que l’arrangement de ses stigmates en tête de clou, sau- 
poudrés des globules blanchâtres de ses nombreuses étamines, et bai- 
gnés de la liqueur miellée qui sort abondamment d'un torus épais et 
duveté; les stigmates du‘contour sont déjetés et pourraient bien être 
avortés. 

La véritable patrie des Rubus est l'Europe tempérée et l'Amérique 
nord; car c'est dans ces deux pays que se trouvent les espèces les plus 
remarquables pour leurs fleurs et leurs fruits; mais ce qu’il importe 
de noter ici, c'est que les espèces dont l'organisation est le plus rap- 
prochée se trouvent quelquefois dans des localités très-différentes, 
quoique, pour l'ordinaire, les mêmes types soient réunis dans la même 
contrée : par exemple, les frutescents à feuilles palmées, en Europe; 
ceux à feuilles ailées, dans les Indes ou les îles adjacentes, et enfin 
ceux à feuilles simples et tiges ailées, dans le voisinage du pôle nord. 

Les tiges des Rubus , ordinairement anguleuses et bisannuelles, sont 
pleines de moëlle et recouvertes d’aiguillons forts et recourbés; leur 
écorce dépourvue de lenticelles se détache par plaques dans un petit 
nombre d'espèces frutescentes, comme l'Odoratus, qui forme un 
véritable type. : 

Leurs racines sont dures, ligneuses et plus ou moins rhizomatiques ; 
leurs tiges annuelles s’allongent sans se ramifier et sans fleurir; mais 
l'année suivante, on voit sortir de leurs principales aisselles des 
boutons irrégulièrement écailleux, qui se développent en branches 
courtes, et chargées vers leur extrémité de fleurs, soit en grappes, 
soit en panicules rares ou serrées selon les espèces. Lorsque ces tiges 
ont donné leurs fruits, elles périssent ordinairement jusqu’à la racine; 


— 272 — 


toutefois, si l'on retranche à un ARubus les extrémités de ses jeunes 
tiges, les rameaux inférieurs ne tardent pas à se développer et à 
donner même des fruits; l'année suivante, il en fournit par ses 
rameaux supérieurs, et si l'on continuait à retrancher, on aurait des 
tiges vivaces semblables à celles qu’on obtient en faisant doubler les 
fleurs. 

Les tiges de l'année s'allongent tant que le permet la température, 
et les feuilles qui ne sont pas articulées se dessèchent plutôt qu'elles 
ne tombent; souvent ces tiges se recourbent vers la terre où elles 
s’enfoncent; on apercoit alors à leur extrémité un bourrelet épais, 
revêtu de nombreuses écailles, qui se retourne et se développe quel- 
quefois dans l'année même, mais pour l'ordinaire au printemps sui- 
vant; ce singulier phénomène, qui suppose dansles Rubus l'existence 
d'un bouton terminal, se voit dansle Fruticosus, le Cæsius, le Villosus, 
le Laciniatus , \'Hispidus, du Canada, et en général dans les espèces à 
tiges bisannuelles ei feuilles palmées, quitoutes les fois qu’elles peuvent 
s'étendre, forment des buissons impénétrables, comme par éxemple 
à Sainte-Hélène. Lorsqu'une fois les tiges ou les rameaux se sont enra- 
cinés par leur extrémité supérieure, les feuilles se retournent et 
‘appartiennent alors à la nouvelle pousse; j'ai vu de même les tiges 
souples et amincies de l'Occidentalis et surtout du Cæsius pendre le 
long des haies, des murs ou des ruisseaux, et émettre, avant d'at- 
teindre le sol, de longs filets radiciformes de leurs aisselles inférieures ; 
les pétioles allongés et fortement renflés à la base s'étaient tellement 
retournés, qu'ils formaient un angle aigu avec le haut de la tige déjetée; 
souvent aussi, dans le Fruticosus , les tiges, avant d'atteindre le soi, 
s'épaississent à leur extrémité et présentent des boutons accompagnés 
de radicules. à 

Les Rubus herbacés ont au contraire des jets peu étendus, et leurs 
aiselles supérieures donnent dans l'année des rameaux florifères ; si l'on 
coupe les sommités des tiges nouvelles du Framboisier, on détermine 
aussi le développement des boutons axillaires, qui ne murissent guère 
que dans l'Odorant , et celui du Votka dont les fleurs sont terminales. 

L'inflorescence est centrifuge, et la première fleur qui s’'épanouit 
est bien la terminale; mais les autres ne suivent pas un ordre régulier; 
on en trouve au bas de la grappe ou de la panicule qui s’épanouissent 
avant celles du haut, et l'on voit des panicules latérales müûrissant 
leurs fruits avant que la terminale soit défleurie ; en général, les fleurs, 
qui dépendent immédiatement de la tige ou du pédoncule principal, 
se développent les premières ; plusieurs espèces se multiplient par des 
racines traçantes ou des rejets rampants; on peut citer dans les 


A0 

premières le Chamæmorus, dont les racines étendues au loin sous le 
sol produisent des tiges tantôt à fleurs mâles et tantôt à fleurs femelles, 
et dans les secondes le Saxatilis, dont les drageons effilés sont remar- 
quables par leur longueur. 

Les feuilles sont plissées sur leurs nervures et un peu roulées sur 
leurs bords, comme celles des Geum; leurs dentelures sont glandu- 
leuses et le duvet de leur face inférieure est formé de poils ras, épais 
et impénétrables à l’eau; les pétioles et les pétiolules ne sont pas 
articulés ; cependant on remarque à la naissance des pétioles des ren- 
flements cartilagineux et élastiques, au moyen desquels s'exécutent 
les divers mouvements que détermine l’action de la lumière. 

On peut ramener les diverses formes des feuilles dans ce genre, à 
une forme unique ; en effet, si l'on allonge l'extrémité du pétiole 
d'une feuille palmée, on aura une feuille ailée; et en tenant compte 
des soudures et des avortements qui sont si communs dans les folioles 
terminales, on obtiendra des feuilles lobées et enfin des feuilles sim- 
ples ; ce qui fortifie ma supposition , c’est la conformité de structure 
intérieure et extérieure de ces mêmes feuilles. 

Le calice est en estivation valvaire, et les pétales ordinairement 
plissés, ainsi que dans les Papavéracees, sont quelquefois creusés en 
cuiller et étalés, comme dans le Cæsius, l'Idœus, le Saxatilis; d'au- 
tres fois, au contraire, ils sont redressés; les étamines rombreuses ont 
leurs filets très-déliés; les anthères, blanchâtres et introrses, répan- 
dent abondamment leur pollen pulvérulent ou filandreux sur les stig- 
mates placés à la même hauteur, et qui sont tuberculés, hérissés et 
souvent , comme ceux des Rosiers, entourés de cils rayonnants. C'est 
sans doute par ces cils humides que s’opère la fécondation, car 
on trouve au fond de la fleur le torus mellifère proprement dit. J'ai 
souyent apercu sur sa surface des gouttelettes d'humeur miellée, mais 
j'ai vu très-distinctement les stigmates du Fruticosus tout couverts de 
globules polliniques qui se rompaient sur ses bords parce qu'ils 
étaient imprégnés de l'humeur du torus. 

Les carpelles sont monospermes, les fruits sont formés d’un nombre 
très-variable de drupes, depuis le Saxatilis, qui n’en contient que trois, 
jusqu’au Fruticosus, où elles sont multipliées. Les Rubus présentent un 
très-grand nombre de variétés, dont quelques-unes, comme le Tomen- 
tosus et l'Hybridus sont infécondes. Les calices sont-ils étalés toutes les 


fois que le gynophore est raccourci, et fermés ou simplement ouverts 
lorsque cet organe est allongé P 


— 274 — 


CINQUIÈME GENRE. — Dalibarda. 


Le Dalibarda a un calice légèrement tubulé, à cinq ou six divisions 
dentées, cinq pétales et un grand nombre d’étamines caduques, cinq 
à dix ovaires, un style court et terminal. 

Ce genre, très-voisin des Rubus herbacés et surtout du Waldstenia, 
est formé d'herbes vivaces, à feuilles stipulées, ordinairement entières 
et quelquefois divisées; leurs hampes sont uniflores, leur corolle est 
blanche ou jaune; les racines sont stolonifères , et les tiges peu élevées 
sont souvent rampantes. 

Des trois espèces qui le composent, l’une habite les forêts du nord 
de l'Amérique, l'autre le Népaul , et la dernière le détroit de Magellan; 
celle-ci, qui ne paraît pas homotype aux deux autres, a les feuilles 
plusieurs fois triséquées et assez semblables à celles du Geum ; ses 
tiges florales et centrales sont filiformes, nues à la base et divisées au 
sommet ; leurs pédicelles sont uniflores et bractéolés ; leur calice 
légèrement tubulé, a ses lobes réfléchis ; les pétales sont jaunes et 
lancéolés, et les carpelles, géminés ou ternés et sessiles au fond de la 
fleur, sont borcés par les filets caducs qui sortent des bords frangés 
du nectaire ; en sorte que la fécondation s'opère par le concours de 
l'humeur miellée. 

Les Dalibardu, réunis autrefois aux Rubus, en diffèrent par leur 
calice tubulé, leur style terminal et leurs achènes peu nombreux; leur 
semence est pendante, et par conséquent leur radicule est supère. 


SIXIÈME GENRE. — Fragaria. 


Le Fragaria, ou le Fraisier, a un calice tubulé, quinquéfide et 
appendiculé, cinq pétales concaves et arrondis, un grand nombre 
d'étamines, des carpelles secs et adhérents à un torus succulent et 
charnu, un style latéral, une semence suspendue et une radicule 
supère. 

On le divise en deux groupes : 

1° Celui des Fragaria proprement dits, à fleurs blanches et récep- 
tâcle mangeable ; 

2° Celui des Duchenia , à fleurs jaunes et réceptacle non mangeable. 

Les Fragaria se subdivisent en hermaphrodites, à étamines nom- 
breuses et carpelles superficiels, et en dioïques ou hermaphrodites, à 
étamines peu nombreuses et carpelles enfoncés dans la pulpe du 
réceptacle. 


La première subdivision renferme le Fraisier commun, qui a été 
retrouvé dans un seul endroit des Andes, à la hauteur de 1,350 toises ; 
cette plante, si répandue dans toute l'Europe, a donné naissance à un 
grand nombre de variétés, dont les plus remarquables sont, le Calicinal, 
à calice à peu près aussi grand que la corolle; le Collina, dont les 
sépales se redressent après la fécondation; le Semperflorens , des Alpes 
et du Jura, qui fleurit deux fois l'année; l'£fflagellis, qui ne donne 
point de rejets; l'Echinata, à siyles allongés et hérissonnés, et enfin 
le Monophylle, obtenu de semis, et dont les feuilles sont simples et 
non lobées. 

La seconde subdivision est formée de six à sept espèces ou variétés, 
la plupart étrangères, et dont les principales sont celle du Chi, à 
feuilles glauques , coriaces et velues : celle de J’irginie, toujours 
dioique, à fleurs un pen campanulées, réceptacles très-renflés et pen- 
dants ; l'£/atior, dont la patrie est inconnue, et qu'on désigne à l’or- 
dinaire sous le nom de Capronier ; la Majaulee, qui est indigène, et 
qu’on reconnait à ses fleurs hermaphrodites , ses étamines allongées 
et ses calices redressés après la floraison. 

Ces diverses plantes offrent de nombreux exemples d’avortement 
et de soudure dans tous les degrés : tantôt quelques-unes de leurs 
folioles manquent entièrement; tantôt elles disparaissent en moitié, 
en deux tiers, et ne laissent même que des traces. En examinant les 
points de soudure, on trouve que les vaisseaux sont si bien anasto- 
mosés, qu'on ne peut plus reconnaître leur point de jonction; on 
remarque seulement que les nervures, qui partaient de la côte princi- 
pale, se sont effacées lorsque le rapprochement des deux folioles les 
empêchaient de s'étendre. 

Les jardiniers partagent les Fraisiers en sept races : 1° les Ecarlates 
ou Fraisiers de Virginie ; 2° les Noirs, hybrides des Ecarlates comme 
les Ananas ; 3° les Ananas ; 4° les Chilis ; 5° les Hautbois, ou Capro- 
niers ; 6° les Verts, au les Majaulees ; 7° enfin les Communs , ou ceux 
des bois. 

. Les Duchenia ne comprennent que l'Indica, du Népaul, qui s’est 
naturalisé dans nos jardins, où il se multiplie de rejets, comme le 
Fraisier commun; son port est celui du Potentilla repens ; ses stipules 
sont lancéolées ; ses fleurs axillaires sont pédonculées; ses sépales 
extérieurs ou ses bractéoles sont terminés par trois crénelures, mais 
son fruit, qui ressemble d'ailleurs beaucoup à celui de notre Fraise 
commune , a un goût fade et légèrement acerbe. 

. Les Fraisiers sont des herbes dont les rhizomes sont recouverts 
de stipules desséchées ; leurs feuilles, presque toutes radicales, ont 


— 276 — 

des tiges axillaires chargées de quelques feuilles demi-avortées ou de 
rejets cylindriques très-allongés. Ces rejets ou coulants, qui forment 
ici un organe trés-remarquable, sont terminés en apparence par deux 
stipules soudées ; mais l'on voit bientôt sortir de leur aisselle un nou- 
veau filet, qui n’est que la continuation du premier, et se termine 
semblablement par une double stipule ; cette derniere stipule géminée 
donne d'abord naissance à une feuille avortée, puis successivement 
à des feuilles parfaites, c'est-à-dire régulières et pétiolées; en même 
temps, la partie correspondante et inférieure du filet, celle qui est 
voisine du sol, se renfle en un bourrelet d'où sortent les racines, et 
il se forme ainsi naturellement une seconde plante, en tout semblable 
à la première, dont elle est distante d'environ un pied; à peine 
commence-t-elle à végéter qu’elle émet à son tour des coulants, et 
ainsi de suite à l'indéfini , jusqu’à ce que la saison mette fin au déve- 
loppement; il n’y a rien de si joli, et en même temps de si régulier 
que ces rejets qui ressemblent à des enfants entourant leur mère, et 
deviennent à leur tour de nouveaux centres de végétation. 

Les fleurs ne se referment point, et les filets articulés à la base et 
non persistants sont régulièrement placés sur un seul rang, trois 
devant chaque pétale et un seul dans les intervalles ; ces derniers 
sont les premiers qui se penchent sur le pistil, les autres suivent; les 
stigmates sont des godets entourés d’un rebord membraneux et melli- 
fère; les anthères aplaties répandent par leurs bords, comme celles 
des Rosiers et d’autres plantes de la même famille, un pollen jaunâtre 
qui est recu par l'humeur miellée qu'on apercoit au fond de la fleur, 
et par celle qui humecte la face plane et antérieure du connectif 
élargi ; il n’est pas non plus impossible que les stigmates eux-mêmes 
ne soient imprégnés. 

Les carpelles restent adhérents à la pulpe du torus et tombent avec 
elle; on voit, en les examinant, qu'ils sont formés de deux valves 
soudées, dont l'un des bords est enfoncé dans la pulpe. tandis que 
l'autre est saillant ; ce dernier s’est de plus arrondi, et en s'étendant il 
a rejeté en arrière le sommet du carpelle, en sorte que le style, natu- 
rellement terminal, est devenu fortement latéral; c'est au moins 
l'explication ingénieuse que donne De Cannozze de cette configu- 
ration singulière, qui appartient aussi aux Potentilles, et à quelques 
autres genres de la même famille. 

Les trois ou quatre premières feuilles des Fraisiers sont alternes, les 
autres trilobées, mais non pas trifoliolées, parce qu'elles sont sessiles 
et mon pas articulées; les tiges, comine les coulants, sont chargées 
vers leurs nœuds de deux feuilles, d'où partent deux ou trois bran- 


er — 

ches, dont les stipules simples donnent naissance aux vrais pédon- 
cules ; ces plantes, qui ne produisent à l'ordinaire des fleurs qu'une fois 
l'année, deviennent bifères par la suppression des coulants, ou natu- 
rellement, comme dans le Semperflorens des Alpes. 

Les feuilles fortement dentées sont condupliquées avant leur déve- 
loppement, et plissées sur leurs nervures parallèles, excepté dans les 
Ananas ; les poils sont tantôt appliqués et tantôt redressés, quelque- 
fois appliqués dans quelques parties et redressés dans d'autres; les 
çalices sont en estivation valvaire, les pétales sont imbriqués, et les 
pédoncules s'inclinent ou se redressent dans la maturation. 

On ne peut pas s'empêcher de remarquer ici le rapport qui existe 
entre le fruit charnu des Fraïsiers et leur calice, qui reste toujours 
ouvert et étalé, tandis qu’il est fermé dans la plupart des Potentilles, 
qui ont pourtant la même organisation. 


SEPTIÈME GENRE. — Potentille. 


Les Potentilles ont un calice un peu évasé, de quatre à cinq divi- 
sions, autant de bractéoles et de pétales, des carpelles rapprochés en 
tète et surmontés d’un style latéral, un réceptacle persistant, un peu 
renflé et dépourvu de substance charnue, une semence suspendue. 

On les divise en trois sections : 

1° Les Potentillastrum ; pétales obtus, obcordiformes et presque 
toujours jaunes ; 

2° Les Comarum.; pétales rouges et feuilles pinnatiséquées ; 

3° Les Fragariastrum ; pétales rouges ou blancs, obtus ou cordi- 
formes, feuilles palmatiséquées ou pinnatiséquées. 

Les Potentillastrum se divisent en deux groupes : celui à feuilles 
palmées, et celui à feuilles pinnatiséquées. 

Dans le premier, nous placons les espèces à feuilles ternées ou 
quinées ou même septénées, dont De Canoe énumère déjà cin- 
quante, soit indigènes, soit étrangères, et parmi lesquelles je distingue 
Six types. 

Le premier est celui-des Tormentilles, qui forment dans Linné un 
genre distinct à cause de leurs fleurs à quatre pétales, mais qui ont du 
reste l'organisation des Potentilles ; on en compte deux : les Communis, 
qui fleurit tout l'été, et le Vemoralis à tige couchée, rampante et 
même radicante, qui habite les forêts ombragées, et pourrait bien 
n'être qu’une variété de la première. 

Le second est celui des espèces gazonnantes, à tiges couchées ou 
diffuses et feuilles radicales quinées; il est représenté par le Verna, 


qui fleurit au premier printemps, et reparaît souvent en automne; on 
y joint l’Aurea, à fleurs d'un jaune d’or ou safranées, et qui, sous 
plusieurs formes, tapisse presque tous les gazons de nos montagnes; 
le Cinerea, à feuilles blanchâtres et recouvertes de poils étoilés; 
l'Acaulis et le Debilis, l'un et l’autre variétés du Ferna ;  Opaca, fort 
remarquable par ses longs poils et ses calices penchés à la maturation; 
enfin celle de Haller, assez fréquente dans nos Alpes, où elle se 
reconnait à sa tige redressée et à ses folioles bordées de poils soyeux et 
chargées vers le sommet de cinq à sept dents. 

Le troisième est celui des Reptans, qui recouvre dans nos mois d'été 
nos terrains argileux, où il se multiplie de radicules et de rejets 
rampants ; ses pédoncules allongés, solitaires et uniflores portent de 
grandes fleurs dorées, qui se succèdent long-temps, et ses tiges 
amincies et placées au-dessus des murs s’allongent quelquefois, en 
perdant leurs feuilles, jusqu'à six pieds et au-delà, pour atteindre le 
sol ; les autres espèces sont étrangères. 

Le quatrième comprend les Potentilles , à feuilles radicales ternées, 
dont le Vivea, qui croit au sommet de nos Alpes, forme la principale 
espèce; les autres sont le Frigida , à feuilles hérissées, qui se trouve 
dans les mêmes localités ; le Vorvegica, à carpelles très-ridés et racine 
annuelle; le Minima, à tige filiforme presque uniflore, qui vit près 
des neiges éternelles, et le Grandiflora, à pétales veinés presque triples 
du calice; ces plantes, le Vorvegica excepté, ont des racines rhizo- 
matiques recouvertes des débris d'anciennes feuilles, et des tiges 
redressées chargées ordinairement d'un petit nombre de fleurs. 

Le cinquième est celui des espèces à feuilles caulinaires, quinées 
ou septénées et tiges droites assez élevées ; on les désigne ordinaire- 
ment sous le nom de Pentaphyllum, et la principale est l’A#rgentea, 
dont on distingue plusieurs variétés, mais qu'on reconnaît toujours 
à ses feuilles roulées sur les bords et argentées en-dessous; cette 
plante, très-commune au pied des murs et dans les environs des 
villages, a pour homotypes le Recta, l'Intermedia, le Parviflora, 
l'Znclinata et \ Ambigua, dont les trois premières habitent principale- 
ment les plaines chaudes du Valais, et dont les deux autres se trou- 
vent sur les montagnes élevées de la même contrée; la plupart d'entre 
elles sont confondues par les botanistes, mais elles se distinguent 
par des caractères assez constants. 

Enfin le sixième et dernier est formé de deux plantes du Népaul, 
introduites depuis quelques années dans nos jardins, le Vepalensis 
et l'Atrosanguinea, remarquables par leurs grandes fleurs corymbi- 
formes , d'un rouge noir ou pourpré. 


— 279 — 


La première, connue aussi sous la dénomination de Formosa, à 
les divisions de son calice d’un rouge sanguin, recouvertes d'une 
fégère couche de ce torus glanduleux, qui entoure la base des éta- 
mines et retient le pollen jaunâtre, qui sort abondamment par les 
bords des anthères, pour tomber au fond tout emmiellé de la fleur, 
avant que les stigmates soient bien conformés. 

Les Potentilles pinnatiséquées à fleurs jaunes comptent dans le Pro- 
drome trente espèces, la plupart étrangères à l'Europe, et dont les 
indigènes forment quatre ou cinq types très-distincts. 

Le premier et aussi le plus marqué est celui du Fruticosa, qui pré- 
sente comme une aberration dans ce genre, dont les autres espèces 
sont herbacées ; ses tiges frutescentes ont une écorce qui se détache 
chaque année; ses bourgeons axillaires sont formés d'écailles mem- 
braneuses et velues; ses feuilles roulées en dessous sur leurs bords se 
désarticulent en automne au-dessus de leurs pétioles élargis, qui per- 
sistent tout l'hiver, pour protéger les bourgeons; on doit peut-être 
lui associer l’Arbuscula, du Népaul. 

Le second, qui contraste fortement avec le premier, est celui du 
Supina , de l Amérique , de la Sibérie et de l'Europe, la seule qui, avec 
le Norvegicu, soit réellement annuelle ; on la trouve dans les décom- 
bres et les terrains inondés, où elle se ressème, et on la reconnaît d'abord 
à son air étranger, ainsi qu'à ses feuilles ailées de trois à cinq paires; 
sa tige est rampante, ses pédoncules sont axillaires et solitaires , et son 
réceptacle glabre et relevé ne fournit presque point d'humeur miellée. 

Le troisième est celui de l'Anserina , à tige filiforme et fortement 
radicante , feuilles irrégulièrement ailées ou plutôt bipinnatiséquées , 
comme celles de la Spirée ulmaire , et blanchâtres en dessous; ses sti- 
pules caulinaires sont multifides, ses pédoncules solitaires et ses fleurs 
d'un beau jaune ; elle couvre en été. nos chemins comme nos fossés et 
n’a point d'homotypes en Europe. 

Le quatrième est le Multifide , des Alpes du Valais et de la Sibérie, 
dont les feuilles deux fois pinnatiséquées sont dures, cotonneuses en 
dessous et roulées sur les bords, et dont les fleurs jaunes ont les 
semences lisses; elle se rapproche de l’Argentea, et a aussi quelque 
rapport avec l'Ambigua; elle repousse sans cesse de son rhizome, et 
ses grandes stipules scarieuses la protégent contre les froids de l'hiver, 

Enfin le dernier est celui du Pensylvanica, de la Sibérie et de l'Amé- 
rique nord, mais acclimatée aujourd'hui dans plusieurs contrées de 
l'Europe, et qu'on reconnaît à ses feuilles radicales irrégulièrement 
pinnatiséquées et à ses grandes fleurs à corymbes paniculés; elle a des 


rapports avec le Pentaphyllum , par sa tige droite, mais elle en diffère 
par ses feuiles pinnatiséquées. 


— 2850 — 


La deuxième section n’est formée que du Comarum de Linxé, dont 
le port est trés-différent de celui des Potentillastrum, et qui habite 
les marais de l'Europe , où sa racine s'étend en souche ligneuse et tra- 
çante; ses feuilles épaisses et un peu glauques sont pinnatiséquées, à 
dénitélutés glanduleuses, et ses tiges assez élevées se terminent par de 
petites panicules de fleurs agrandies, à calice ferrugineux et bractées 
réfléchies; ses pétales d'un rouge vineux sont caducs et irrégulière- 
ment incisés ; ses styles latéraux sont colorés comme les pétales; ses 
stigmates sont de petits renflements glanduleux, son torus velu distille 
saone l'humeur miellée et ses filets sont peu nombreux, 
quoique placés sur plusieurs rangs ; le calice se referme pour protéger 
ses nombreux carpelles réunis en tête, qui tombent débarrassés de leur 
style et sortent à travers les intervalles de leur calice fermé; le récep- 
tacle devient charnu dans la maturation. 

La dernière section, ou celle des Fragariastrum , se divise, comme 
les Potentillastrum, en deux groupes: celui des feuilles pinnatiséquées, 
et celui des feuilles palmatiséquées; le premier, qui ne se subdivise pas, 
comprend quatre espèces de la Sibérie, à tige droite, quelquefois fru- 
tescentes, et dont une seule, le Rupestris, se retrouve dans les régions 
montueuses et rocailleuses de l'Europe; cette belle plante a une racine 
presque ligneuse, des feuilles radicales, velues comme les tiges, et 
formées de deux ou trois paires de Ro des fleurs à panicules 
terminales, des pétales d'un beau blanc et des semences nombreuses 
et lisses. 

Le second groupe se partage en deux types, dont le premier, à feuilles 
trifoliolées et racine rhizomatique, comprend le Potentilla fragaria et le 
Micranthe dépourvu de stolons à fleurs plus petites; le Fragaria, irès- 
communsur les lisières de nos bois, oùil fleuritdès l'entrée du printemps, 
a tout-à-fait le port de la Fraïse commune, dont ilne se distingue d'abord 
que par ses feuilles soyeuses ; mais son torus fortement nectarifère est 
d'un rouge pâle, ses étamines restent couchées en voûte sur le fond 
de la fleur, ses stigmates inclinés en dehors sont légèrement crochus, 
ses anthères ne s'ouvrent pas par les bords, comme dans les autres 
espèces du genre, mais antérieurement par deux fentes longitudinales. 
Le second type est celui des espèces à feuilles radicales quinées, récep- 
tacle velu et tige corymbifère; il comprend le Caulescens, à feuilles 
velues et soyeuses, qui aime à croître sur les rochers escarpés, ainsi 
que le Petiolulata, à folioles légèrement pétiolulées et un peu gluti- 
neuses ; l'4/ba, à tige filiforme, couchée et pauciflore, le Vitida, des 
montagnes du Dauphiné, à tiges gazonnantes à peu près biflores; le 

Valderia, des Alpes du Piémont, à feuilles tomenteuses et pétales 


Re 
plus courts que le calice; l'Apennina, à feuilles très-brillantes et tiges 
gazonnantes d'une à quatre fleurs ; enfin l'Æ/chemilloïdes, des Pyré- 
nées, à feuilles palmées comme celles des 4/chemilles. Toutes ces 
plantes, et quelques autres étrangères appartiennent au même type; 
et pourraient bien renfermer plusieurs variétés. 

Les Potentilles forment une petite famille dont les limites sont assez 
incertaines ; nous y avons placé les Tormentilles et les Comarum que 
Linné en avait séparés, et nous aurions pu y réunir encore le Sibbal- 
dia, qui n’en diffère guère que par le nombre de ses étamines et la 
petitesse de toutes ses parties. 

Leurs racines sont presque toujours des rhizomes chargés de vieilles 
stipules desséchées, etqui, après s'être plus ou moins divisés au som- 
met, sont remplacés par des rejets sortis de la partie centrale, et qui 
périssent s'ils sont florifères, mais qui continuent à se développer s'ils 
ne portent que des feuilles; ces racines donnent aussi quelquefois 
naissance à des rejets tantôt souterrains et tantôt rampants sur le sol, 
comme on le voit dans l’Anserine ; les feuilles ont une coupe tellement 
semblable qu'on ne peut guère les confondre qu'avec celles des Geum 
ou des Fragaria ; leur organisation intérieure se présente sous deux 
formes, la première et la plus commune est un tissu lâche, mol et vert ; 
l'autre, est un tissu serré, lisse et d'un vert noirâtre; cette dernière, 
fréquente dans les Potentilles à fleurs blanches, se retrouve encore 
dans le Fruticosu, le Comarum , le Tormentilla, c'est celle du Fraisier 
ananas ; les feuilles ont toujours leur pétiole chargé de deux stipules 
de forme variable, souvent soudées, et je crois jamais caduques ; la 
fonction de cet organe consiste à protéger les jeunes feuilles qu'il 
enveloppe ; les lobes de la plupart de ces feuilles sont assez irrégu- 
lhiérement plissés sur la nervure moyenne, et s'appliquent côte à côte 
en se contournant plus ou moins. Je ne connais d'exception à cette 
règle que celle du Fruticosa , dont les lobes roulés en dessous se réu- 
nissent en faisceau, et sont contenus dans une gaine membraneuse; 
Jai aussi noté que le Multifida avait ses lobes roulés sur les bords 
et recouverts de longues stipules lancéolées. 

Les fleurs, souvent portées sur des tiges qui naissent du collet, sont 
Souvent assez nues pour que ces tiges soient de véritables hampes, 
comme on peut le voir dans le Fraisier, et mieux encore dans le Mi- 
cranthe ; d'autres fois, ainsi que dans l’Argentea et les espèces homo- 
types, ces fleurs sont corymbiformes au sommet de vraies tiges; enfin 
dans l'Ansérine , etc. , elles sont solitaires aux aisselles des rejets. 

La couleur de ces fleurs est si constante qu'elle a servi de base aux 
sections ; il en est de même des feuilles, qui ne passent jamais de la 


— 282 — 
forme palmée à la pinnatiséquée et l'inverse, quoiqu’elles varient beau- 
coup dans le nombre de leurs lobes. 

Les calices des Potentilles, comme ceux des Geum et des Fragaria, 
sont bractéolés, et ces appendices si constants sont sans doute destinés 
à fermer plus exactement la fleur ; ils ne tombent pas après la floraison, 
tantôt au contraire ils se rapprochent, ou bien ils prennent une posi- 
tion plus ou moins horizontale, ou enfin ils se refléchissent, comme 
dans le Comarum ; dans l Ansérine, ils sont trifides et paraissent alors. 
de vraies feuilles. 

Les calices sont en estivation valvaire, les pétales souvent obcor- 
diformes recouvrent tout l'intérieur du calice ; quelquefois ils sont 
cunéiformes, ou même assez étroits ou assez courts, pour laisser à 
découvert une partie du calice, comme dans le Caulescens , le Coma- 
rum, eic.; enfin leur onglet est taché dans l'Aurea , le Tormentilla, etc. 

Les pétales s'ouvrent le matin et se ferment la nuit dans le Verna, 
l'Anserina , le Reptans, etc. L'Opaca, selon Wizpexow, ne s'ouvre 
qu’à midi; les autres présentent des mouvements analogues qui dé- 
pendent en grande partie de la lumière; car les fleurs des Potentilles 
ne s'ouvrent ni par la pluie, ni même par un temps couvert; le calice 
ne participe pas à ces mouvements, il reste étalé dans la floraison , puis 
il se referme. 

Le fond du calice est nectarifère, comme dans la plupart des Rosa- 
cées , et la substance qui le tapisse distille abondamment à la floraison 
une liqueur miellée qui disparaît ensuite ; les étamines, ordinairement 
bisériées et disposées comme dans les Fraisiers, portent des anthères 
très-aplaties, souvent mellifères antérieurement , et dépourvues de 
connectif apparent; toutefois il existe, à cet égard, des différences assez. 
marquées; ainsi, par exemple, dans le Supina, les deux lobes sont 
très-distincts et même renflés; dans le Rupestris , l'ouverture est laté- 
rale, mais les parois s’écartent ; dans l’{/baetle Fragaria , les anthères 
s'ouvrent antérieurement par deux fentes longitudinales ; dans l’Atro- 
purpurea, les deux bords s’écartent fortement et le pollen sort en 
abondance; dans le Fruticosa , elies paraissent unilobées et entière- 
ment dépourvues de pollen. Ces formes diverses, et celles que nous 
pourrions encore citer, tiennent sans doute au mode de fécondation 
qu'il faudrait soigneusement observer, en le comparant avec la con- 
formation des stigmates dans les différentes espèces. J'ajoute que 
l'humeur miellée joue ici le même rôle que dans le reste de la famille, 
et que les anthères des Potentilles sont souvent emmiellées antérieu- 
rement. 

Les carpelles, qui ñe renferment qu’un ovule, et dont le style est 


— 983 — 
latéral, varient beaucoup pour la conformation; ils reposent sur un 
réceptacle velu ou même lanugineux, dont les poils concourent sans 
doute à assurer la fécondation. 

Les Potentilles à tige courte et à peu près nue, comme celles à 
hampe, fleurissent au premier printemps; mais les autres paraissent 
plus tard, et l'on observe qu’à la maturation les espèces à tige droite 
et corymbifère ont le calice dressé, tandis que les autres le renversent 
à la même époque ; les stipules sont très-variées. 

A la dissémination, les calices s'ouvrent et les carpelles indéhiscents 
sortent d’entre les poils qui les protégeaient. 

On ne peut guère douter que plusieurs des Potentilles, que nous 
décrivons comme espèces, ne soient des produits du sol ou du climat 
et même des hybrides ; ainsi, si vous réunissez dans le même lieu l’A4r- 
gentea avec le Subacaulis et l Opaca, vous aurez, comme l'expérience 
le confirme { Bulletin de Férussac, 1831 } le Subacaulis argentea, etc. 


HUITIÈME GENRE. — Sibbaldia. 


Le Sibbaldia a un calice bractéolé, cinq pétales, cinq étamines, cinq 
et quelquefois dix carpelles placés sur un réceptacle sec. 

Ce genre, qui ne diffère de la Potentille que par la petitesse de ses 
organes floraux et le nombre quinaire de ses organes sexuels, se par- 
tage en deux groupes : 

1° Celui des Platyphylles, à feuilles élargies, trilobées et tiges cou- 
chées ; 

2° Celui des Leptophrylles, à feuilles amincies, lobes linéaires, trilo- 
bés ou multilobés et tiges redressées. 

Le premier est formé du Procumbens, des montagnes alpines, et du 
Parviflore, de la Cappadoce; le second de Y 4ltaica, de l'Erecta et du 
Polygyne , tous trois originaires de la Sibérie et de la Dahurie. 

Les Sibbaldia sont des sous-arbrisseaux ou des herbes vivaces, peu 
élevées et peu apparentes, à fleurs jaunes et pourprées dans l’Altaica, 
à feuilles lisses , velues ou même quelquefois hérissées ; la seule espèce 
qui appartienne à l'Europe, et qu'on retrouve dans la Sibérie et le 
nord de l'Amérique, est le Procumbens , qui croît sur le sommet des 
hautes montagnes, où il fleurit dès que les neiges disparaissent; c'est 
un sous-arbrisseau rampant, dont les rameaux s’étalent en rosette, 
et dont les racines ou rhizomes sont ramifiés et recouverts des stipules 
desséchées de l'année précédente; ses feuilles sont épaisses, glauques, 
trilobées et comme trifoliolées, et leurs lobes tridentés au sommet 
sont plissés d'abord sur la côte moyenne ; les stipules adnées et adhé- 


— 284 — 
rentes au ‘pétiole sont engainées à la base, et protégent les feuilles. 
recouvertes dans leur jeunesse de poils blanchâtres et soyeux ; les 
fleurs terminales rapprochées, pédicellées et d’un beau jaune, s'ou- 
vrent au soleil et se referment la nuit; elles contiennent cinq à dix 
carpelles brillants, inégalement bosselés au sommet, et renfermant , 
comme les Potentilles, une seule semence à radicule supère. 

Les calices se referment pendant la maturation , et les tiges florales 
périssent après avoir donné leurs graines. WaHLENBERG observe que 
la ;plante de Laponie a les feuilles plus étroites, moins glauques et 
plus fortement tridentées que celle des Alpes de la Suisse. 

La fécondation a lieu un peu après l'épanouissement; les anthères 
introrses répandent leur pollen jaunâtre sur les poils épais et humides 
qui tapissent le torus, et au milieu desquels les stigmates sont plongés; 
en sorte que la fécondation s'opère par le concours de l'humeur 
miellée,. 

Les lobes des feuilles sont plissés sur leur nervure moyenne. 


NEUVIÈME GENRE. — Ægrimonia. 

L'Agrimonia a un calice à cinq lobes, dont le tube , ferméau som- 
met et creusé de petites fossettes, est recouvert extérieurement de. 
poils crochus ou rudes; la corolle est formée de cinq pétales appliqués, 
comme les quinze étamines, contre un anneau glanduleux, qui res- 
serre l'ouverture de la fleur; les deux carpelles ont un style terminal, 
et sont renfermés dans le tube étroit du calice; la radicule est supère. 

Ge genre, très-séparé de tous les autres par la conformation de sa 
fleur, mais rapproché des Geum par sa végétation et la forme de ses 
feuilles, renferme dans le Prodrome neuf espèces disséminées en 
Russie, en Asie et au nord de l'Amérique. L'Eupatoria et \ Odorata. 
sont seuls originaires de l'Europe, mais, comme toutes sont homo- 
types, je me contenterai de décrire l'espèce commune ou l'Eupatoria , 
en indiquant ensuite ses principales différences avec les autres. 

Son rhizome rameux est odorant au printemps; ses feuilles d’un 
vert sombre sont velues, pinnatiséquées, à lobes alternativement grands 
et petits, chargés les uns et les autres de dents glanduleuses et entou- 
rées à la base d’une stipule grande, découpée, sessile et amplexi- 
caule; la tige, qui s'élève à trois pieds , se termine par un long épi de 
petites fleurs jaunes, qui paraissent dès le mois de juin, et se repro- 
duisent souvent en automne sur des épis plus courts et latéraux. 

Le calice est une cavité turbinée, chargée à l'extérieur de dix fos- 
settes, et d'autant d'arêtes creuses en dedans; pendant la matura- 


— 285 — 

tion, il s'endurcit et se transforme en un péricarpe osseux, renfermant 
deux carpelles ou deux semences, dont l’une avorte quelquefois; ce 
singulier péricarpe est recouvert de poils crochus, qui favorisent la 
dissémination, en s’'attachant au corps qui les touchent; ils ne se 
développent que tard, car avant la floraison on n’apercoit autour du 
calice qu'un ou deux rangs de poils souples, légèrement recourbés ; 
le pédicelle, recouvert de poils simples, est entouré à la base d’une 
collerette échancrée et garnie de deux ou trois bractéoles; il se désar- 
ticule à la maturité, mais la collerette et les bractéoles restent adhé- 
rentes à la tige. 

Les étamines, au nombre de quinze, entourent un petit torus 
convexe, velouté et nectarifère; les anthères ont un connectif très- 
élargi, et chargé sur les bords de deux loges renflées, qui s'ouvrent 
principalement vers le sommet; elles sont d’abord penchées sur le 
fond de la fleur, mais à la floraison elles se redressent et s'étalent:; 
lorsque ensuite elles ont répandu leur pollen, leurs filets se replient et 
forment par leur réunion une espèce de grillage, et l'on voit le 
connectif imprégner le pollen de l'humeur miellée dont il est lui-même 
couvert, et plus tard l'humeur miellée se répandre sur tous les organes 
floraux. 

L’efflorescence est centripète, et les pédoncules redressés plus tard 
sont d'abord fortement déjetés; l'estivation du calice est valvaire, la 
corolle est imbriquée et irrégulièrement plissée; chaque fleur s’ouvre 
le matin et se flétrit le soir. 

Dans la maturation, les calices se referment et restent comme cachés 
sous les poils qui les recouvrent; plus tard les fruits se répandent. 

Les autres espèces ou variétés différent de l'Eupatoria par le rap- 
prochement ou l'éloignement de leurs fleurs, la grandeur de leurs 
pétales, la forme du fruit et de ses alvéoles, etc. ; les fleurs du Strié 
sont blanchâtres, celles du ARepens sessiles; le Parviflore, de  Amé- 
rique, a les racines tubéreuses de la Filipendule , etc. 

Les fossettes du péricarpe sont évidemment destinées à favoriser 
la dissémination ; la radicule supère sort par le haut du calice , qu’elle 
perce aisément; on voit sur la semence un raphé qui monte de la base 
au sommet, 

L'articulation du pédicelle présente, au point où elle a lieu, une 
solution de continuité préparée à l'avance, et le pédicelle lui-même 
ne tient à sa base que par une nervure qui se rompt à la dissémination, 


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DIXIÈME GENRE. — Æremonia. 


L'Aremonia a un involucre de dix à douze divisions, un calice 
longuement tubulé, dont le limbe est quinquéfide, et dont l'ouverture 
annulaire, comme dans l'Agrimonia , se ferme après la sortie des 
styles ; ses pétales sont au nombre de cinq, et ses étamines varient de 
cinq à dix ; les carpelles naturellement géminés, comme dans l 4igre- 
moine , deviennent solitaires par avortement, et le fruit est un achène 
mince et membraneux. 

Ce genre n'est formé que par l'Agrimonoides , herbe vivace, que 
l’on trouve dans les prés humides de l'Italie et de la Carniole, et que 
Linné avait placée parmi les Aigremoines, dont elle diffère par son 
involucre, et surtout par son calice, qui, aminci et dépourvu 
d'aiguillons recourbés, ne peut pas s'attacher aux corps qui le tou- 
chent. 

Du reste, l'{remonia a la conformation des Aigremoines ; ses feuilles 
extérieures sont pinnatiséquées, à lobes croissant de la base au sommet; 
ses fleurs jaunâtres sont réunies trois à trois, et plutôt fasciculées 
qu'allongées en épi, et l'on remarque, sous le limbe de son calice, 
cinq petites dents qui alternent avec ses divisions, et qui, dans la 
maturation, s'allongent, s'endurcissent, se redressent, et finissent 
par s'appliquer sur le fruit. 

Il n'est guère douteux que sa forme de fécondation ne soit celle 
de l'digremoine. 


Quatrième tribu. — SANGUISORBÉES. 


Les Sanguisorbees ont souvent les fleurs polygames dioiques ; leur 
calice, de trois à cinq lobes en estivation valvaire, a son tube resserré 
en anneau glanduleux, etrenfermant des carpelles, auxquels il n'adhère 
pas ordinairement; les pétales, qui manquent souvent, sont au nombre 
de quatre, et se réunissent pour former une corolle en roue; les éta- 
mines, presque toujours égales aux lobes du calice, avortent plus ou 
moins; les carpelles, solitaires ou géminés, ont un style terminal ou 
latéral, et un stigmate capitellé, fréquemment barbu ou pénicillé; la 
semence est inverse on dressée. 

Cette tribu est jusqu'à présent mal séparée de celle des Dryadees. 


— 257 — 


PREMIER GENRE. -— Æ/chemilla. 


L'Alchemille a un calice tubulé, légèrement resserré et divisé en 
huit lobes , dont les alternes plus petits peuvent être considérés comme 
autant de bractéoles ; une corolle nulle, une à quatre étamines insérées 
à l'anneau nectarifère, et opposées aux lobes alternes du calice ; un ou 
deux carpelles à style latéral, et qui deviennent, dans la maturation, 
autant de péricarpes endurcis et monospermes. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Les Eualchemilles, à lobes alternes assez apparents, deux, trois 
ou quatre étamines ; | 

2° Les Aphanes , à lobes alternes très-petits, une ou deux étamines. 

La première section est formée d'herbes vivaces, qui comprennent 
jusqu’à présent seize espèces, qu'on divise en trois groupes : 

1° Celui à feuilles lobées ; 

2° Celui à feuilles digitées de cinq à sept folioles, dentées au 
sommet ; 

3° Celui à feuilles digitées de trois à cinq folioles, multifides et 
dentées sur tout leur contour. 

Le premier groupe comprend quatre espèces, dont deux euro- 
péennes, le Vulgaris, des pâturages montueux, et l'Hybride, à 
stipules dentées, qui paraît provenir de la fécondation de la Fulgaire 
par l’Alpine , dont elle a conservé la surface soyeuse , tandis qu’elle a 
retenu de la première les feuilles lobées non divisées jusqu’à la base; 
on peut y ajouter le Fissa, de Gaunin, originaire des montagnes 
élevées, et qui est à son tour moyenne entre le Fulgaris et le Pen- 
taphy lla. 

Le second groupe est formé de deux espèces homotypes, l'4/pina 
et le Sericea, du Caucase, à feuilles soyeuses en dessous, obtuses et 
dentées au sommet dans la première, lancéolées, aiguës et dentées 
depuis le milieu dans la seconde. 

Le troisième est riche en espèces étrangères, répandues principa- 
lement dans les Andes ; maisil n’en renferme qu’une indigène, le Pen- 
taphylla des pâturages alpins, qui émet de son centre des rejets 
chargés à leur extrémité de vrais bourgeons, donnant au printemps de 
nouvelles pousses ; sa racine est un rhizome chargé des débris des 
anciennes feuilles ; ses tiges florales sont latérales ; les divisions exté- 
rieures de son calice avortent souvent, et les feuilles ont un pétiole 
épais pourvu à la base de deux bractées. 

La seconde section comprend les 4phanes, plantes annuelles qui 


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vivent dans les champs pendant la moisson, et dont l’on ne connaît 
encore que deux espèces, l’Arvensis, si commun dans nos cultures ; 
etle Cornucopiæ , des environs de Madrid; elles sont homotypes, leurs 
feuilles sont pétiolées , tripartites et incisées, leurs stipules amplexi- 
caules ; mais les feuilles sont pubescentes dans la première, et héris- 
sées dans la seconde. 

Les Alchemilles, qui forment une sous-tribu moyenne entre les 
Dryadées et les Sanguisorbées, se reconnaissent facilement à leurs 
feuilles palmées ainsi qu’à leurs petites fleurs verdâtres et disposées 
en corymbe; les espèces de la première section sont presque égale- 
ment distribuées sur les montagnes élevées des deux continents, par- 
ticulièrement sur le Caucase, les Andes et les Alpes, où elles se 
reproduisent par leurs racines rhizomatiques et leurs nombreux 
rejets; les autres , au contraire, appartiennent exclusivement à l'Eu- 
rope, et forment de petites herbes qui se ressèment chaque année. 

Les tiges peu élevées sont souvent rampantes; les feuilles plissées 
sur leurs nervures principales ont leurs lobes rapprochés comme les 
côtes d'un éventail, et il n’est guère douteux que celles du premier 
groupe n'aient été d'abord séparées en autant de feuilles qu’elles 
comptent de lobes; les fleurs ont également subi divers avortements, 
soit dans leurs pétales et les bords extérieurs de leur calice, soit dans 
leurs étamines et leurs carpelles. 

Le nectaire des 4/chemilles de notre première section est une glande 
quadrangulaire, qui recouvre le torus, et du centre de laquelle sor- 
tent les styles; les filets sont placés sur ses angles extérieurs; les 
anthères, recourbées sur le torus et singulièrement conformées, se 
disposent d’abord horizontalement, et s'ouvrent ensuite longitudi- 
nalement, en mettant à découvert un pollen noirâtre et adhérent , 
qui recouvre la surface glutineuse et brillante d'un stigmate globu- 
leux, au moins dans le Vulgaris, l Alpina et le Pentaphytlla. 

Le carpelle, logé dans le tube renflé du calice, est terminé par un 
style qui naît à sa base, phénomène qui ne peut être expliqué, comme 
dans les Potentilles, par l'allongement de la suture dorsale, et qui 
entraîne la position infère et non pas supère de la radicule ; à la matu- 
ration , le carpelle se sème avec son calice. 

L'efflorescence est centripète, et les fleurs inférieures répandent 
leurs graines avant queles autres soient épanouies ; leslobes du calice 
se referment après la floraison. 

Les Aphanes ont des stipules foliacées, dont les deux lobes forment 
du côté opposé à la feuille un vase élargi, où sont insérées sur deux 
rangs dix à douze fleurs à calice quadrifide, divisions extérieures 


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trés-petites , et qui se referme à la maturation; l'on y reconnaît une 
semence ovoïde ou lenticulaire, amincie à son extrémité et adhérente. 
Les Archemilles sont enveloppées étroitement par leurs stipules et 
ont les dentelures de leurs feuilles chargées de glandes rougeâtres; 
l'hybride se ressème de graine, et il n’est pas douteux que la féconda- 
tion ne s'opèreici par le concours de l'humeur miellée. 


DEUXIÈME GENRE, 


Sanguisorba. 


Le Sanguisorba a les fleurs hermaphrodites, le calice quadrifide, 
chargé à sa base de deux ou trois écailles scarieuses, la corolle nulle, 
quatre étamines, deux carpelles renfermés dans le tube du calice, un 
style, un stigmate bifide et pénicillé, un ou deux achènes secs, 
indéhiscents et monospermes. 

On divise ce genre en deux groupes : 

1° Celui à étamines égales au calice où plus courtes ; 

2° Celui à étamines saillantes. 

Le premier renferme deux espèces , l'Officinal, des prés humides, 
dont les épis ovales sont d’un pourpre noir, et l’Incarnat, dont la 
patrie est inconnue, et dont les épis globuleux sont d’un rouge 
sanguin. 

Le second en contient quatre, toutes étrangères à l'Europe : le 
Media et le Canadensis, des pâturages humides du Canada, à épis 
rougeûtres et cylindriques, le Mauritanica, des haies d'Alger, distingué 
par ses épis ovales, à fleurs verdâtres, et enfin le Tenuifolia, de la 
Chine et de la Dahurie, à bractées ciliées, folioles lancéolées et fine- 
ment dentées. 

Les Sanguisorba sont homotypes, et ont la même conformation 
générale ; ils ne diffèrent guère que par la forme de leurs épis, 
la longueur de leurs étamines et d’autres caractères moins importants; 
le Mauritanica est la seule espèce qui ne vive pas dans les prés humides. 

Ce sont des herbes vivaces à racines charnues, et dépourvues de 
rejets; leurs feuilles inférieures disposées en rosette, et d’un vert 
glauque, sont irrégulièrement pinnatiséquées, comme celles des Geum ; 
leurs stipules sont foliacées ét engainantes, et les lobes foliacés, plissés 
sur leur nervure moyenne, sont appliqués les uns contre les autres. 

L'efflorescence générale est centrifuge, mais la particulière est cen- 
tripète dans le Tenuifolia ; estivation du calice est en apparence 
valvaire, mais réellement les deux divisions opposées recouvrent les 
deux autres ; les filets sont logés dans des rainures, et leurs anthères 
latérales introrses sont opposées aux divisions du calice, et abritées 

Il. 19 


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par les bords un peu voütés de ses lobes ; le stigmate est un plateau 
pénicillé sur le contour, et à deux divisions assez bien marquées; le 
nectaire est le petit disque quadrangulaire qui ferme le fond du calice; 
le fruit est tétraèdre, à peu près sessile, et les deux carpelles primitifs 
se transforment en deux achènes indéhiscents et monospermes, qui se 
sement enveloppés du tube calicinal; la radicule est supère, et l'on 
aperçoit le raphé des vaisseaux nourriciers dirigé de la base au som- 
met; les calices étalés ne se referment pas dans la maturation, mais 
ils prennent une plus grande consistance, et les achènes tombent 
étroitement enveloppés de leur calice endurci et encore surmonté de 
son limbe. 

Dans le Canadensis, l'épi cylindrique commence à fleurir par le 
haut, et chaque jour, un ou tout au plus deux rangs développent 
leurs fleurs; on voit le matin les anthères du rang supérieur à peu 
près défleuries, et celles du rang inférieur sortant de la corolle, mais 
non encore ouvertes ; le pollen, d'un jaune orangé, recouvre le petit 
plateau quadrangulaire qui distille l'humeur miellée, 

La fécondation s'opère ici comme dans les plantes de la même 
tribu ; on observe, dans l'Offcinalis, le fond mellifère de la fleur ren- 
voyant aux stigmates emmiellés et pénicillés les émanations du pollen. 

Le Sanguisorba auriculé, que De Canoe considère commie une 
variété de l'Officinalis, et qui s'en distingue par ses folioles pourvues 
chacune d'une stipelle foliacée, est polygame selon Scorozi. 


TROISIÈME GENRE. — Poterium. 


Le Poterium a les fleurs monoïques ou polygames, le calice entouré 
de trois écailles à limbe quadrifide et tube resserré au sommet; la 
corolle nulle, vingt à trente étamines, des ovaires géminés surmontés 
d'un style filiforme et d'un stigmate pénicillé, des achènes secs et 
monospermes par avortement, une semence renversée. 

On le divise en deux sections : 

1° Les Leiopoterium, à tube calicinal lisse et un peu baccifère ; 

2° Les Rutidopoterium, à tube calicinal ridé ou tubercule. 

La première est formée de deux espèces frutescentes homotypes : 
le Spinosum, des îles de l’Archipel et de l'Asie occidentale, et le Cau- 
datum, des Canaries; le premier a les tiges amincies chargées de 
rameaux, les uns épineux comme les Genéts, les autres foliacés; les 
fleurs disposées en épis oblongs ont, comme la plupart des Poterium ; 
les mâles à la base , les femelles au sommet, et les hermaphrodites au 
milieu; les mâles ont les anthères flottantes, les femelles ont leurs 


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styles rouges, terminés par des stigmates en pinceau de la même cou- 
leur; le fruit, primitivement disperme, présente à la maturation un 
achène arrondi, légèrement bacciforme et nu; le Caudatum, qui 
diffère peu du Spinosum, a ses rameaux inermes, et ses fleurs dioïques 
unt quelquefois six-divisions et trois styles. 

La seconde section renferme dans le Prodrome cinq espèces, dont 
l'Ancistroides, seule étrangère, habite les rochers de l'Atlas et du 
Liban ; la principale des quatre autres, qui sont homotypes, est le 
Sanguisorba, très-commun dans nos prés secs, dont les fleurs supé- 
rieures sont femelles, et les inférieures hermaphrodites ou plus souvent 
mâles. 

Les Poterium sont des herbes vivaces ou des sous-arbrisseaux ; leurs 
racines pivotantes et rhizomatiques redonnent chaque année des 
pousses latérales; les feuilles ailées en apparence sont dépourvues 
d'articulations ; les folioles sont condupiiquées et appliquées les unes 
contre les autres; leurs bords sont cartilagineux, à dentelures glandu- 
leuses et souvent rougeûtres; on remarque, sur leur face inférieure et 
bleuâtre des glandes résineuses, qui disparaissent un peu après le 
développement. 

Leurs fleurs sont réunies en épis serrés et ovales, qui terminent 
la tige et les principaux rameaux; les quatre lobes du calice sont 
opposés deux à deux , et les extérieurs recouvrent les autres; les fleurs 
du sommet, qui s'épanouissent les premières, sont femelles par avor- 
tement; les autres ont des styles et des stigmates plus ou moins 
déformés , et les inférieures sont entiérement mâles. 

Le nectaire est ici,une glande ou un plateau orbiculaire et renflé, 
mais non pas quadrangülaire, comme celui du Sanguisorba ; il distille 
l'humeur miellée dans la fécondation, qui doit s’opérer par les glo- 
bules du pollen attachés aux stigmates pénicillés et imprégnés dès 
leur naissance, et c'est sans doute la raison pour laquelle les fleurs 
femelles s'épanouissent les premières et les étamines sont fortement 
saillantes. L'Officinalis est hermaphrodite, et c'est aussi pourquoi ses 
filets ne s'élèvent pas au-dessus du calice, qui de son côté ne se 
réfléchit pas ; tandis que le monoïque, dont les lobes calicinaux sont 
fortement déjetés, laisse flotter çà et là ses étamines comme autant 
d’aspersoirs, ce qui produit un effet charmant. 

Les fruits fécondés sont renfermés dans le tube calicinal renflé, et 
dont la surface est devenue rude et chagrinée; la dissémination com- 
mence toujours par le sommet de l’épi, dont l'ensemble présente à 
cette époque une surface toute recouverte par les lobes réfléchis du 
calice, sans aucune trace d'étamines et de pistils; la radicule est 


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supère et saillante ; les cotylédons aplatis remplissent tout l'intérieur 
du fruit. 

On voit très-bien, dans l’Officinalis, la glande mellifere donnant 
son humeur, qui imprègne tout l’intérieur du calice. 


QUATRIÈME GENRE. — (liffortia. 


Le Cliffortia a les fleurs dioïques, le calice urcéolé, à limbe trifide, 
et la corolle nulle; la fleur mâle renferme environ trente étamines, la 
femelle a deux ovaires et autant de styles; les stigmates sont allongés, 
barbus et plumeux; les achènes, solitaires ou géminés et cachés par 
le calice, sont secs, indéhiscents et monospermes ; la semence est 
droite, les cotylédons sont oblongs et foliacés. | 

Ce genre comprend de petits arbrisseaux du Cap, tous dépourvus 
de boutons, et dont les feuilles, quoique variées pour la forme, sont 
toujours trifoliolées, sessiles ou légèrement pétiolées, ctaccompagnées 
de stipules pétiolaires ; les fleurs, très-peu apparentes, sont axillaires 
et à peu près sessiles sur les rameaux. 

Les Cliffortia renferment dans le Prodrome vingt-quatre espèces ou 
variétés très-peu répandues en Europe, qu'on réunit sous cinq groupes, 
et qui sont surtout remarquables par la conformité de leur structure 
végétale, et les apparences variées que donnent à leurs feuilles les 
avortements et les soudures; elles se trouvent rarement dans nos 
jardins, et elles n’y fructifient presque jamais, parce que l’un des deux 
sexes manque à l'ordinaire. 

Le Tridentata est un petit arbrisseau élégant, dont les tiges cylin- 
driques et très-amincies sont recouvertes de petits rameaux, et dont 
les feuilles portent quelquefois une ou deux fleurs sessiles dont les 
calices ont leurs trois lobes renversés, pour mettre à découvert un 
long style barbu, ou plutôt plumeux et coloré en rouge, comme celui 
des Poterium. Je n’ai pas vu la fleur mâle, mais je sais que son calice 
s'étale fortement et ne tarde pas à tomber. 

L'Ilicifolia, dont je ne vois au contraire que la fleur mâle, a les 
feuilles dures, amplexicaules, épineuses, trilobées au sommet et 
chargées aux aisselles supérieures de fleurs jaunes , à calices de trois 
sépales à peine réunis à la base; du fond de ce calice sortent douze 
à quinze étamines flottantes, destinées à féconder les fleurs femelles , 
dont l'individu mâle est entièrement dépourvu. 

Ce genre mieux connu présentera sans doute des observations 
curieuses aux botanistes physiologistes. 


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Cinquième tribu. — ROSÉES. 


Les Rosées ont le tube calicinal étranglé au sommet, et divisé supé- 
rieurement en cinq lobes, un peu tordus dans l’estivation, et souvent 
irrégulièrement pennatifides ; la corolle est pentapétale, les étamines 
sont indéfinies; les carpelles nombreux sont renfermés, dans le tube 
du calice, qui se change insensiblement en baie; ils sont secs, indéhis- 
cents et un peu crustacés; le style latéral sort de l’étranglement du 
calice, et se termine par unstigmate renflé etirrégulièrement papillaire; 
les styles sont libres hors du calice, ou réunis en cylindre; les semences 
solitaires et non albuminées ont un embryon droit, une radicule 
supère et des cotylédons assez planes. 


Rosa. 


La Rose ou le Rosier, unique genre de la tribu, se divise en quatre 
sections : 

1° Les Synstyles, à styles réunis en colonne, stipules adnées ; 

2° Les Chinois, à styles libres, un peu saillants, feuilles persistantes, 
stipules subulées ; 

3° Les Cinnamomes , à styles libres, rarement saillants, sépales 
trés-entiers ; 

4 Les Roses canines, à styles libres, renfermés ou saillants, ovaires 
longuement stipités, stipules dilatées dans les feuilles supérieures des 
rameaux fleuris. 

La première section comprend les Rosiers, dont les pétales sont à 
peu près entiers, les fruits globuleux , les stipules adnées et les feuilles 
persistantes; elle renferme dans le Prodrome neuf espèces, que je 
range sous quatre types principaux : le premier est celui de | Arvensis, 
commun dans nos bois, à sépales presque entiers:et rejets flabellifor- 
mes ; on lui réunit le Sempervirens , de l'Europe australe, qui n’en dif- 
fère guère que par ses feuilles plus coriaces et ses stipules plus aiguës ; 
lun et l’autre ont donné naissance à de nombreuses variétés peu 
cultivées; le deuxième est celui du Stylosa , remarquable par ses styles 
allongés et promptement rompus ; ses aiguillons sont forts et crochus, 
ses sépales pinnatiséquées et ses pétioles tomenteux ; il fournit égale- 
ment plusieurs variétés sauvages plutôt que cultivées; le troisième est 
formé du Moschata, dont la patrie est peu connue ; mais qu’on cultive 
en Orient et en Barbarie pour ses fleurs qui donnent l'essence derose; 


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ses pédoncules latéraux”"sont articulés, ses sépales sont pinnatiséqués ; 
ses styles adhérents avortent en grand nombre; ses anthères souvent 
transformées en ‘pétales ne contiennent qu'une petite quantité de 
pollen, en sorte qu'on ne la multiplie guère que de rejets ou de bou- 
tures ; il fleurit plus tard que les autres, et je n'ai jamais vu ses fruits; 
le quatrième ne renferme non plus que le Multiflore, du Japon et de 
la Chine, remarquable par ses rejets très-allongés, ses stipules pecti- 
nées, ses sépales courts et ses corymbes serrés; elle forme au prin- 
temps, surtout dans le midi de l'Europe, des guirlandes pleines de 
grâce et de fraicheur ; les autres espèces de la section sont celles de 
Brown, originaire du Népaul, et qui n'est peut-être qu'une variété 
de la Moschata , celle d’ Abyssinie très-peu répandue, le Rubifolia, du 
nord de l'Amérique, à fleurs et fruits très-petits, et enfin le Serigera, 
de la même contrée, à fleurs nombreuses, sépales pennatifides et séti- 
gères comme les pédoncules et les fruits. 

La seconde section est formée des Rosiers de la Chine, à styles à 
peine saillants, sépales à peu près entiers et toujours déjetés, fruits 
ovoides ou globuleux, feuilles coriaces et brillantes, stipules subulées 
et tiges redressées. On en compte quinze espèces qu’on divise en trois 
groupes : 1° celui à fruits ovales et pédonculés, 2° celui à fruits glo- 
buleux pédonculés ou non ; 3° celui à fruits globuleux, pédonculés et 
couverts de bractées. 

Le premier groupe compte sept espèces, dont la principale est l'#- 
dica , de la Chine, qui supporte facilement nos hivers et qui se recon- 
naît à ses tiges droites et fortes, à ses étamines fléchies sur le torus, 
ainsi qu'à ses pédoncules épaissis et légèrement articulés; parmi les 
nombreuses variétés auxquelles ellé a donné naissance, je cite seule- 
ment celle de Noisette, dont les feuilles sont élargies, les fleurs lâche- 
ment paniculées, et le Flagrans ou la Rose The, à fleurs roses très- 
grandes et très-odorantes. 

Le second est formé de cinq espèces, toutes originaires de la Chine, 
et dont la plus distinguée est le Banksii, arbrisseau élevé et grimpant, 
à stipules sétacées et caduques, fleurs petites, blanchâtres, corymbi- 
formes et très-élégantes, 

Le troisième compte: trois espèces homotypes, originaires de la 
Chine et remarquables par leurs fleurs à peu près solitaires , dont le 
calice tomenteux ou aiguillonné est entouré de fortes bractées , qui le 
recouvrent dans sa jeunesse, leurs stipules sont sétacées et à peine 
adhérentes; leurs anthères répandent abondamment leur pollen sur 
les fils déliés qui entourent et couronnent les stigmates. 

La troisième section est celle des Roses Cinnamomes, autrement 


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nommées Françaises, Pimprenelles, etc., dont les unes sont indigènes, 
et les autres se trouvent en Orient ou dans l'Amérique nord; on les 
reconnait non-seulement à leurs styles libres et rarement saillants, 
mais encore à leurs sépales ordinairement très-entiers, et à leurs 
aiguillons stipulaires ou géminés. 

_ Les principaux types qu'on y distingue sont : 1° celui à feuilles sim- 
ples, formé du Berberis, de la Perse, à feuilles dentées au sommet et 
pétales jaunes pourprés à la base; ses feuilles ne sont simples que par 
avortement, car on y voit l'articulation qui distingue les feuilles com- 
posées, et l'on peut même remarquer, à la base de sa face inférieure, 
une callosité terminée par deux ou trois aiguillons représentant la 
stipule avortée. 

Le deuxième est celui des Roses a toupie, dont la patrie est incertaine, 
mais qui se reconnaissent à leurs tiges élevées presque inermes, à leurs 
feuilles de cinq à sept folioles d'un beau vert, à leurs grandes fleurs 
d’un pourpre violet et à leurs calices en toupie; il ne renferme non 
plus qu’une seule espèce sous deux variétés, et son port la rapproche 
du Tomentosa et du Fillosa de nos montagnes. 

Le troisième est celui des Roses de France , dont l’unique espèce a 
de grands pétales d'un rouge sanguin, des folioles ovales et un peu 
roides, des calices à peu près globuleux, plus ou moins recouverts de 
poils visqueux; elle a donné naissance à une douzaine de variétés, 
dont la principale est le Microphylle ou la Rose de Rheims, à folioles 
très-petites et tube calicinal dilaté au sommet; ses styles soudés s’élè- 
vent à une certaine hauteur, en sorte qu’elle pourrait bien être rangée 
parmi les Synstyles. | 

Le quatrième est celui del’ Églantier, dont la patrie est inconnue , 
mais qui est caractérisé par ses feuilles amincies, jaunâtres et odo- 
rantes, ainsi que parses fleurstantôt jaunes, tantôt écarlates et souvent 
mélangées des deux couleurs; on y joint la Soufrée, de l'Orient, dont 
les fleurs doublées et d’un jaune de soufre ne s'ouvrent dans nos 
climats que par les fortes chaleurs. 

Le cinquième est celui des Cinnamomes, dont l'espèce la plus connue 
croit sur les bords de nos fleuves, et se fait remarquer par ses rameaux 
cendrés et glauques, ainsi que par ses feuilles pubescentes en dessous, 
et par ses fruits rouges à sépales connivents. On en connaît cinq ou 
six variétés, à feuilles toutes pubescentes. 

Le sixième est celui de la Pimprenelle, qui habite les rochers et les 
buissons de nos montagnes, et s’acclimate très-bien dans nos jardins ; 
elle a produit un très-grand nombre de variétés, qui toutes se recon- 
naissent à leurs tiges très-aiguillonnées, leurs fleurs nombreuses et 


— 296 — 
arrondies, leurs pétales moyens blancs ou roses, enfin à leurs fruits 
globuleux et coriaces. 

Le septième et dernier est celui du Rubrifolia, des montagnes de 
l'Europe, qui dans sa jeunesse est recouvert d'une poussière glauque, 
et dont les fleurs rougeâtres sont disposées en corymbes; ses fruits 
redressés et rouges sont transparents; il est monotype comme les 
précédents, mais il a produit plusieurs variétés. 

Les autres espèces de la même section, que je ne mentionne pas 
parce qu'elles n ‘appartiennent pas à l'Europe, sont le Lucida, à feuilles 
brillantes, le Caroliana, à pétioles tomenteux et sépales très-allongés, 
le Fraxinifolia, à tige stolonifère, et celle du ÆXamischatka, à 
rameaux couverts d'un duvet roussâtre. 

La quatrième et dernière section est celle des Roses des chiens, où 
sont aussi comprises les Felues, les Cent feuilles et ceite multitude de 
variétés qui embellissent nos jardins; leurs espèces, plus nombreuses 
que celles des autres sections, ont leurs sépales ‘pennatifides, très- 
souvent caducs et réfléchis après la floraison; leurs stipules sont 
adnées, adhérentes au pétiole, leurs aiguillons sont épars et non 
stipulaires. 

On la divise en deux groupes : 1° celui des espèces à feuilles gla- 
bres et velues, mais non glanduleuses; 2° celui des espèces à feuilles 
glabres ou velues et plus ou moins élantuleses: 

On partage le premier en deux types, sous treize espèces : 1° 4/pin, 
des Alpes de l'Europe, dont les tiges sont lisses dans leur vieillesse, les 
pédoncules réfléchis après la floraison, les sépales simples et les fruits 
pendants couronnés par un calice connivent; on le subdivise en un 
grand nombre de variétés toutes sauvages, et dont la plus remar- 
quable est le Lagenaria, à fruit allongé en bouteille ; 2° celui du 
Canina , de nos haies et de nos buissons, dont les variétés, encore 
plus multipliées que celles de l’Æ/pina, sont éparses dans toute l'Eu- 
rope,.et se reconnaissent à leurs rameaux flagelliformes, à leurs aiguil- 
lons recourbés en faux, à leurs stipules élargies et finement dentées 
ainsi qu'à leurs sépales fortement pennatifides et leurs fruits redressés 
et coriaces. : 

Le second groupe renferme cinq types principaux : 1° celui du 
Rubiginosu, commun dans les buissons et les haies, et très-distinct 
des autres par ses feuilles épaisses, recouvertes en dessous de glandes 
rubigineuses à odeur de pommes; ses fleurs d’un rose pourpre ont 
des fruits hispides comme les pédoncules, et ses variétés sont très- 
nombreuses; 2° celui du Tomentosa , à feuilles deux fois dentées et 
tomenteuses, fruits ovales , redressés et plus ou moins hispides; on 


Il 


— 297 — 

en connaît cinq variétés non cultivées, et l’on yjoint quelques autres 
espèces, comme le Jillosa, des contrées chaudes de l'Europe, qui en 
diffère principalement par ses fruits pulpeux, très-grands et légèrement 
pendants ; 3° celui de la Rose à cent feuilles, dont la patrie estinconnue, 
mais qui fait le principal ornement de nos jardins par ses belles fleurs 
doubles, ordinairement incarnates; ses folioles sont glanduleuses sur 
les bords comme ses calices, ses pédoncules et ses sépales sont ou- 
verts et non rabattus pendani la floraison; on en compte au moins 
dix-sept variétés, dont les principales sont l'/ncarnata ou la Rose Vil- 
morin , la Mousse dont les pédoncules etles calices sont recouverts de 
poils glanduleux, verdâtres et serrés comme de la mousse; la Petite 
ou la Grande Rose Pompon à folioles planes, calices dilatés au sommet 
et recouverts comme les pédoncules de poils visqueux et glanduleux; 
le Pompon ou la Maine, qui fleurit au premier printemps, et se fait 
remarquer par ses feuilles épaisses et glanduleuses, ainsi que par ses 
nombreuses fleurs disposées en guirlandes; 4° celui de la Rose de 
Damas , rapportée d'Orient par les Croisés, et qu’on distingue par ses 
aiguillons nombreux et dilatés à la base; ses sépales sont réfléchis pen- 
dant la floraison, son tube calicinal est allongé et souvent élargi au 
sommet ; ses calices et ses pédoncules sont chargés de poils hispides 
et glanduleux, et ses fleurs corymbiformes et très-odorantes sont 
roses ou blanches; la plupart de ses variétés sont biféres et connues 
sous le nom de Roses de tous les mois; 5° enfin celui de la Blanche, à 
patrie incertaine, mais qui a produit quelqués variétés cultivées; on 
la reconnait à ses feuilles un peu glauques, à ses aiguillons amincis et 
recourbés, à ses sépales pennatifides et à ses fleurs blanches ou d'un 
rose pâle à peine odorantes. 

Les Rosiers sont des arbrisseaux ou des arbustes à rameaux cylin- 
driques et bourgeons axillaires; leurs tiges, qui ne s'élèvent guère au 
delà de huit à dix pieds, ont des rejets tantôt courts et redressés, 
comme dans le Sempervirens, le Moschata, le Stylosa, etc.; tantôt 
étendus et recourbés, comme dans le Canina, et tantôt tellement 
allongés;comme dansle Multiflore, qu’ils recouvrent de longs espaces; 
quelquefois, ainsi que dans la Rose de Banks, ls deviennent grim- 
pants, ou comme dans le Fraxinifolia, ils se changent en longs sto- 
lons, par lesquels la plante se multiplie et devient sociale. 

Indépendamment des aiguillons proprements dits, on trouve encore 
sur les rameaux supérieurs des Rosiers , sur leurs ramilles , leurs sti- 
pules, etc., des poils rudes, ordinairement rougeâtres et glanduleux , 
qu'on peut considérer comme des passages de l'aiguillon crochu à la 
simple glande, 


— 298 — 

Les feuilles, qui varient beaucoup, comme nous l'avons vu, en 
consistance et en surface, sont persistantes ou caduques, maïs toujours 
condupliquées et renfermées au nombre de trois à neuf dans des sti- 
pules adnées et différemment conformées ; leur contour porte des 
dents très-marquées, souvent chargées de glandes caduques ou de 
houppes glanduleuses et odorantes, comme dans le Rubiginosa ; les 
pédoncules primitivement solitaires deviennent ombelliformes par 
l'avortement des feuilles ou des rameaux ; car les pédoncules latéraux 
du Turbinata portent à la base une bractée ou une stipule qui indique 
l'existence antérieure d'une feuille Les sépales tendent à se ramifier 
en feuilles ailées, et sont quelquefois changés en vraies feuilles ;ils sont 
contournés de droite à gauche ou en sens contraire dans la floraison, 
ils s'étalent ou se renversent, et dans la maturation ils tombent ou 
persistent et se déjettent ou couronnent le fruit, comme dans le 
Lagenaria et les Bengales. 

Le bouton ou l'Alabastrum des Rosiers est dise conique, et 
l'épanouissement a lieu dans la matinée; les roses simples s’étalent aux 
rayons du soleil, et rapprochent le soir leurs pétales recourbés en 
voûte; la floraison dans les fleurs simples dure ordinairement deux 
jours; ellecommence un peu avant que lesanthères s'ouvrent, continue 
lentement toute la journée, etse prolonge même lelendemain; ensuite 
les pétales tombent, mais dans plusieurs espèces, comme dans YEglun- 
teria, par exemple, la fécondation continue après la chute des pétales. 

Les étamines, dont le nombre est très-variable, sont plurisériées 
sur les bords du tube calicinal, et les anthères aplaties répandent leur 
pollen par leurs bords entr'ouverts; quelquefois l’on n’apercçoit pas la 
division des deux lobes sur leur surface; d’autres fois, comme dans le 
Lucida, le Gallica, etc., on remarque très-bien le sillon longitudinal 
qüi les sépare; entre les étamines et le pistil est un plateau relevé dans 
son milieu, et qu'on doit considérer comme le torus qui fournit la 
substance miellée ; j'ai remarqué aussi que, dans certaines espèces, la 
surface antérieure de l’anthère était mellifère, comme dans quelques 
Potentilles. re 

Les stigmates sont relevés au-dessus du calice, qu'ils ferment dans 
les espèces à styles réunis; dans les autres, ils sont plus ou moins 
saillants, mais toujours très-serrés; pour l'ordinaire, ils sont tronqués, 
aplatis, papillaires et presque constamment emmiellés; dans le Brac- 
teata , le Gallica, le Lucida, le Cinnamomea, etc. je les ai vus entourés 
de poils rayonnants et humides , destinés sans doute à fixer les glo- 
bules polliniques, qui, après s'être rompus, les recouvrent de leurs 
boyaux fécondateurs. 


— 299 — 

Les styles, presque toujours velus, communiquent avec les carpelles 
plus ou moins stipités et plongés dans la pulpe du fruit; à mesure que 
la fécondation s'avance , ils se rompent, soit parce que leur fonction 
est accomplie, soit parce que le tube calicinal s'est allongé et étranglé ; 
on voit les vaisseaux nourriciers arriver par le côté, jusque près du 
sommet des carpelles où estinséré le style. 

Le tube calicinal s'épaissit à la maturation, et devient enfin une 
substance charnue, variée en couleur selon les espèces; sa position 
est droite , inclinée ou pendante; les semences sortent naturellement, 
ou sont souvent transportées par les oiseaux; les carpelles osseux 
séjournent quelquefois deux ou trois ans en terreavant de germer,, et 
l'on observe sur la plupart les traces de l'ancienne soudure des valves. 

Les boutons placés aux aisselles des feuilles sont formés d’un assez 
grand nombre d’écailles; ils s'allongent d’assez bonne heure dans les 
espèces qui redonnent des fleurs pendant l'automne, et Baumann 
observe que, par une exception singulière, les Rosiers de Bengale 
venus de graines montrent dès la première année leurs boutons à 
fleurs un peu au-dessus des feuilles primordiales. Comment s'opère la 
germination? la radicule perce-t-elle le sommet osseux du carpelle? ou 
les valves se dessoudent-elles pour mettre à découvert la semence ? 

Les Rosiers commencent à fleurir dès le mois de mai, et dans nos 
climats, c'est le Pompor qui ouvre cette brillante scène; viennent 
ensuite ceux des Alpes, le Pimpinellifolia, le Cinnamomea, Y Eglan- 
teria, \ Arvensis, le Canina, et la nombreuse série des Rosiers cultivés; 
le Centifolia, Y Alba, etc., avec toutes leurs variétés, le Sulphurea, le 
Turbinata et le Damascena. Le Moschata dans nos jardins, et le Rubi- 
ginosa dans nos campagnes ferment ce magnifique tableau. Je ne 
comprends pas dans cette énumération les Rosiers de la Chine et 
surtout l'/ndica, parce qu'ils fleurissent presque toute l'année lors- 
qu'ils ne sont pas atteints par les gelées. 

Ces plantes, qui appartiennent à l'hémisphère nord, se trouvent à 
‘peu près comprises entre le 25° et le 70° degré de latitude; celle que 
Humsoupr a trouvée au Mexique ne s’est maintenue au 10° qu’en s’éle- 
vant à quinze cents toises et plus; il en est peut-être de même de celle 
que Meyen a recueillie dans les bois de la province de San-Fernando. 

La Rose à été regardée de toute antiquité comme la reine des fleurs, 
et de nos jours elle n’a pas encore perdu ce rang que la voix commune 
lui avait déféré, et que les poëtes avaient confirmé; car nulle fleur ne 
réunit à un plus haut degré la beauté du port, la grâce et la fraicheur 
du feuillage, à l'éclat de la corolle et à la suavité de l'odeur; les espèces 
cultivées l'emportent par l'éclat de leurs fleurs et de leur feuillage, 


— 300 — 


mais celles des champs, qui étalent en toute liberté leurs rameaux 
souples et ondoyants, ont des graces natives et une élégance incom- 
parable. Lorsqu'on aperçoit, au milieu de nos campagnes, ces buis- 
sons de roses parés de leurs feuilles nouvellement écloses et de leurs 
guirlandes de fleurs à demi ouvertes, on ne se lasse point de les con- 
templer et de respirer le parfum quis’en exhale; c'est pour mieux user 
de ces jouissances que le Créateur a mises à sa portée, que l'ami de la 
nature a transporté près de lui ces Roses si abondamment répandues 
dans les champs, les haies, les collines et les montagnes, et quiornent 
aujourd'hui les habitations du pauvre, comme les jardins et les bos- 
quets du riche. Malheureusement ce charmant tableau ne dure que 
peu de temps, et subit le sort attaché aux jouissances humaines. 


Sixième tribu. — POMACÉES. 


Les Pomacees ont un calice quinquéfide, campanulé ou ureéolé, 
charnu à la maturité et rempli de carpelles auxquels il adhère, cinq 
pétales insérés à l'ouverture du calice et dont l'éstivation est quin- 
conciale, des étamines plus ou moins nombreuses et récourbées, un 
pollen ovoide à trois plis, un disque épigyne souvent nectarifère et 
recouvrant le sommet d'un ovaire presque toujours quinquéloculaire, 
terminé par cinq styles simples ou soudés et autant de stigmates 
échancrés ou aplatis; le fruit est couronné par lés lobes du calice; 
les carpelles sont cartilagineux ou osseux, bivalves ou indéhiscents, 
monospermes, dispermes, ou même polyspermes dans le Coignassier ; 
les semences sont redressées, le spermoderme est cartilagineux ou 
osseux. 

Les Pomacées sont des arbres et des arbrisseaux inermes ou épi- 
neux; leurs feuilles stipulacées sont éparses, simples ou rarement 
ailées , mais souvent fasciculées sur les ramilles; leurs fleurs, disposées 
en grappes, en corymbes ou en ombelles, sont blanches et Ds 
leurs fruits sont ordinairement nhe 


PREMIER GENRE. — Raphiolepis. 
L 
Le Raphiolepis a un calice dont le limbe infundibuliforme est caduc, 
des étamines filiformes, un ovaire biloculaire surmonté de deux styles, 
un fruit fermé, à disque épaissi et péricarpe papyracé, deux semences 
bossues, dont le test irès-épais est coriace, des semences solitaires dans 
chaque loge. 


— 301 — 


Ce genre contient quatre arbrisseaux, originaires de la Chine et de 
l'Inde, dont les feuilles toujours vertes sont crénelées, coriaces et 
réticulées; leurs grappes terminales sont souvent recouvertes de 
bractées subulées et persistantes; leurs pétales sont blancs et leurs 
filets souvent rougeûtres. 

Le plus connu est l'Indica, dont les anthères sont saillantes ainsi 
que les deux stigmates à tête échancrée ; je n'ai pas apercu au fond du 
calice le nectaire propre à la famille; mais la base de la corolle et les 
filets velus doivent être destinés à retenir l'humeur miellée. 

Les autres espèces qui m'ont paru homotypes se maintiennent en 
pleine terre dans le midi de la France. 


DEUXIÈME GENRE. — (ralægus. 


Le Cratægus a un calice urcéolé à limbe quinquéfide, des pétales 
ouverts et orbiculés, un ovaire de deux à cinq loges et terminé par 
autant de styles glabres ; le fruit est une pomme ovale, fermée par les 
dents du calice où par le renflement du disque, le spermoderme est 
osseux, et les loges ne renferment que deux semences, dont l’une 
avorte souvent. 

On divise ce genre en deux groupes artificiels : 

1° Celui des espèces à feuilles dentées, à peu près entières. 

2° Celui des espèces à feuilles différemment lobées et incisées. 

Le premier, qui comprend treize espèces dont une seule est euro- 
péenne, peut se présenter sous deux types : 

Le premier est celui du Pyracantha ou buisson ardent, dont la prir- 
cipale espèce habite les collines incultes de l'Europe australe, et se 
reconnaît à ses feuilles petites, glabres, crénelées et persistantes, ainsi 
qu’à ses fruits globuleux qui ne tombent que tard et deviennent d'un 
rouge ardent : on lui associe le Crénele, du Népaul, qui est de même 
épineux, et dont la fleur a cinq styles et cinq semences. 

Le second est celui du Crus galli, originaire de l'Amérique septen- 
trionale , à feuilles élargies , cunéiformes, brillantes et lentement cadu- 
ques; il se distingue à ses stipules linéaires, ses fruits digynes et ses 
longues épines, et se cultive dans nos bosquets où il a produit plusieurs 
Variétés; ses homotypes, qui renferment sans doute plusieurs variétés, 
appartiennent principalement au nord de l'Amérique. 

Le second groupe, formé de vingt-trois espèces ou variétés, ne 
présente non plus qu'un seul type européen : celui de l'Oxyacanthe 
ou de l'Aubépin, répandu dans les haies de toute l'Europe, et auquel 
on associe, comme très-voisin, le Monostyle, à stigmates en bouclier, 


— 302 — 

feuilles velues en dessous et fleurs ordinairement monôgynes; on 
range sous ce même type l’Azarolus, des boïs de la France australe et 
de l'Italie, à feuilles très-pubescentes, fruits globuleux et écarlates ; 
l’'Aronia, de l'Orient, peu différent de l'4zarolus ; le Florentin, du 
territoire de Florence, à calice tomenteux et fleurs pentagynes; enfin 
quelques autres espèces dont la patrie est inconnue, ou étrangère, 
ou qui sont de véritables hybrides, par exemple; de l'Oxyacanth: et 
du Monostyle (Voyez Bulletin de Férussac, juin 1831). 

Le genre des Cratægus , si différemment défini par les auteurs, a été 
circonscrit d'abord par Lispcey ( Trans. de la loc. Lin. v. 13, p.93), 
et ensuite par De Carporze, aux plantes dont les pétales sont ouverts 
et orbiculés, dont les ovaires varient de deux à cinq, et dont le fruit à 
semences osseuses est fermé au sommet par les lobes du calice ou par 
l’épaississement du torus. 

Il ne comprend plus que des arbrisseaux presque tous épineux, la 
plupart originaires de l'Amérique nord, et que nous avons divisés en 
deux groupes d'après la forme de leurs feuilles plutôt que d'après des 
caractères essentiels, et dont il serait, je crois, convenable de former 
des types d'autant plus marqués que ‘les nombreuses espèces des 
Cratægus seraient mieux connues. 

S'il est vrai d'affirmer que les différents genres ont des parties 
variables et d’autres constantes, et que celles qui varient dans les uns 
sont constantes dans les autres, on peut dire que dans les Cratægus 
les parties variables sont les styles et les feuilles, et que les autres sont 
les pétales et les fruits. 

. Ces fruits, différents en grosseur, présentent tous au sommet un 
enfoncement qui est l’ancien disque épaissi et aux bords duquel sont 
encore placés les lobes du calice, réfléchis en dedans dans le Pyra- 
canthe, et en dehors dans le Crus galli et YOxyacanthe : en ouvrant 
la pomme du premier, on voit que les cinq styles s’enfoncent dans.le 
disque, où ils se réunissent pour descendre tous ensemble par le centre 
jusqu’à la base ou près de la base des cinq carpelles, qui ont ainsi leur 
radicule infère. Cette organisation est exactement celle du Crus galli 
et de l'Oxyacanthe; excepté toutefois que le premier n'a que deux 
styles, tandis que dans le second on en compte un, deux ou trois, et 
l'on ne peut s'empêcher d'en conclure qu'il existait ici une organisation 
primordiale et symétrique dans laquelle le nombre des styles égalait 
celui des pétales et celui des lobes du calice, mais qu'elle a été détruite 
par des avortements antérieurs qui ont fait disparaître un ou plusieurs 
ovules. | 

Cette inconstance, qu'on remarque dans le nombre des ovules, se 


— 303 — 


retrouve de même dans la forme des feuilles; en mettant à part le 
_Pyracanthe, où elles présentent une plus grande régularité, on trouve 
dans les autres espèces des passages continuels des feuilles simples aux 
divisées; on voit bien que la forme générale est cunéiforme et élargie; 
mais cette forme est sujette à tant de variations de lobes et de fissures, 
que je crois qu'on ne trouverait pas dans l'Oxyacanthe , par exemple, 
deux feuilles semblables. Ces remarques s'appliquent à la surface des 
feuilles qui sont lisses et brillantes, ou velues et cotonneuses, et 
s'étendent même à la formé et à la couleur des fruits. 

Mais la forme de végétation est plus constante; les Cratægus sont 
tous des arbrisseaux à rameaux prolongés en épines plus ou moins 
fortes ; leurs feuilles ont une consistance dure et pour ainsi dire 
laurinée, et leurs fleurs, corymbifères sur les rameaux, sont renfermées 
dans des boutons foliacés ; c’est à ces caractères, combinés avec ceux 
de la fleur et qui forment un port et un ensemble particuliers, que les 
botanistes exercés peuvent reconnaître les espèces de ce genre. 

Les tiges des Cratægus sont toujours dépourvues de boutons ter- 
minaux, et quand elles ont acquis un certain degré de développement, 
elles se rompent au sommet; parmi les rameaux, les uns sont stériles 
et se prolongent en épines; les autres, plus courts, sont terminés par 
des boutons écailleux qui donnent en même temps des feuilles et des 
fleurs. - 

Les épines, tellement propres à ce genre qu’à peine quelques espèces 
en paraissent dépourvues, sont fortes et quelquefois très-acérées ; 
elles ne se dessèchent guère. qu'au sommet, au moins la première 
année, et d'ordinaire elles sont tellement vivaces, surtout près de la 
base, qu'elles donnent naissance à plusieurs boutons sortis sans doute 
d'aisselles avortées ; on remarque souvent à leur origine un renflement 
annulaire qui doit être un dépôt de nourriture. 

Les feuilles, dans leur jeunesse, sont tantôt roulées en cornet sur 
un de leurs bords, comme dans le Pyracanthe, tantôt légèrement 
plissées sur leurs nervures et rapprochées par leurs bords comme dans 
les Oxyacanthes et les Crus galli ; leurs dentelures sont terminées par 
des glandes que l’on retrouve souvent sur les lobes du calice. 

Les stipules qui ont été rarement décrites varient beaucoup dans ce 
genre; elles sont entières et caduques dans les Pyracantha, penna- 
tifides, persistantes et serrées contre la tige dans les Oxyacantha, etc.; 
etdans les mêmes espèces elles ne sont pas plus constantes que les 
feuilles. 

Les fleurs des Cratægus sont toujours disposées en corymbes ; leurs 
pétales blancs et creusés en cuiller sont promptement caducs et ne 


— 304 — 

se referment jamais : les étamines sont nombreuses, les anthéres rou- 
geâtres et biloculaires s'ouvrent du côté intérieur; les fruits, qui 
succèdent aux fleurs et dont j'ai déjà décrit l'organisation intérieure, 
sont de petites pommes qu’on mange lorsqu'elles sont assez grosses, 
comme celles de l'Azarolus, du Crus galli et du Coccinea, mais qui 
servent surtout de nourriture aux oiseaux à la fin de l'automne et 
pendant l'hiver, car elles ne tombent pas naturellement et sont ordi- 
nairement très-nombreuses, comme on peut le voir pour le Pyracantha, 
l'Oxyacantha, le Crus galli, etc. 

Les fleurs ne paraissent qu'au milieu du printemps, parce qu'elles 
ne sont pas renfermées, comme celles des Pruniers ; des Péchers, eic., 
dans des boutons distincts et qu’elles terminent toujours les pousses 
foliacées; elles produisent en général beaucoup d'effet par leur nombre, 
leur régularité et leur vive blancheur: je ne connais, par exemple, rien 
de plus agréable aux yeux que ces magnifiques guirlandes d’Aubepins, 
qui couronnent en si grande abondance dans le mois de mai nos haies 
et les bords de nos bois; cescorymbes de fleurs, presque aussi blanches 
que la neige, avec leurs anthères pourprées et leurs feuilles du vert le 
plus brillant, forment dans cette saison de l'année un tableau magique 
auquel personne ne reste insensible. 

Dans la fécondation, le pollen tombe sur le torus rempli d’une 
humeur miellée, qui, dans le Pyracantha, imprègne fortement les 
poils, soit du fond de la fleur, soit de l'ovaire, et les globules pollini- 
ques qui éclatent promptement, répandent sur les stigmates épatés, 
velus et papillaires leurs boyaux fécondateurs. J'ai remarqué dans 
Y Oxyacantha ces cils humides qui entourent les stigmates de plusieurs 
Rosacées, et sont sans doute destinés à recevoir et à rompre les 
globules. 

Les Cratægus ont des fleurs toujours redressées, et qui ne se refer- 
ment jamais; leurs étamines et leurs anthères restent toujours à la 
même distance des stigmates, et les pédoncules comme les pédicelles 
ne se déjettenit pas. : 

Ces plantesappartiennent presqueexclusivementàl'hémisphèrenord, 
et ont été répandues à peu près également sur les deux continents; 
elles se plaisent sur les collines, au bord des bois et des haies des climats 
tempérés, et leurs semences à test osseux ne lèvent que très-tard. On 
cultive dans nos bosquets les espèces indigènes et plusieurs autres 
étrangères, telles que le Crus galli, le Tanacetifolia, le Cordifolia, etc. 


= 305 — 
TROISIÈME GENRE. — Photinia. 


Le Photinia a un calice à cinq dents, cinq pétales réfléchis, un 
ovaire demi-adhérent velu et biloculaire, deux styles glabres et un 
péricarpe biloculaire, renfermé dans un calice charnu à test cartila- 
gineux. 

Les Photinia, autrefois confondus avec les Cratægus, sont des 
arbres ou des arbrisseaux à feuilles persistantes, coriaces, simples, 
dentées ou trés-entières; leurs fruits, disposés en cymes ou en pani- 
cules terminales, sont petits et lisses, et leurs espèces, dont le Pro- 
drome énumère déjà six, et que THunwsere a le premier faitconnaître, 
sont dispersées au Japon et au Népaul; une seule se trouve dans la 
Californie. 

Le Lævis du Japon, qui fleurit dans nos serres en décembre, est 
un arbrisseau à feuilles laurinées et fleurs corymbiformes; ses stigmates 
sont capitellés , et ses étamines ont les anthères recourbées sur le fond 
de la fleur. Le Serratula est encore plus remarquable par sa grandeur 
et ses bourgeons d'un beau rouge; ses styles sont terminés par des 
stigmates recourbés, et ses étamines sur trois rangs se redressent 
pour la fécondation, comme dans le Lævis ; les poils humides qui 
tapissent le fond de la fleur font la fonction du nectaire; son fruit, 
à l'approche de la maturité, est enveloppé jusqu'aux trois quarts de 
sa hauteur par un calice d’un beau rouge, qui renferme, sous un test 
cartilagineux et velu, une pulpe à demi desséchée ; ses carpelles 
contiennent chacun trois semences ; à la dissémination, les pédicelles 
non articulés se rompent irrégulièrement. 


QUATRIÈME GENRE, — Coteonaster. 


* Le Coteonaster a les feuilles quelquefois polygames, le calice turbiné 
à cinq dents obtuses, les étamines égales en hauteur aux dents du 
calice, les styles glabres, plus courts que les étamines ; les carpelles 
pariétaux et peu nombreux renferment chacun deux ovules. 

Ge genre compte une dizaine d’espèces fort rapprochées; les deux 
européennes, le J’ulgaris et le Tomentosa autrefois confondués, ne 
diffèrent presque l’une de l’autre que par leurs feuilles plus ou moins 
elliptiques, et leurs calices glabres dans le premier et cotonneux dans 
le second ; les autres, la plupart originaires du grand ét du petit 
Népaul, peuvent se diviser par leurs feuilles persistantes ou caduques ; 


II. 20 


— 306 — 
leurs fleurs plus ouvertes forment des corymbes assez élégants et d’un 
blanc pur. 

Ces plantes sont toutes de petits arbrisseaux à peu près inermes, 
et qui croissent entre les rochers montueux, où ils fleurissent au 
premier printemps ; leurs feuilles, entières et condupliquées, sont 
couvertes en dessous d'un duvet dense; les fleurs, en corymbes lâches, 
sont tantôt portées sur des rameaux courts, et tantôt réunies vers le 
sommet des tiges; les fruits des premières sont réfléchis; les autres 
sont droits ou peu inciinés. 

Les fleurs, qui sortent de bonne heure de leurs boutons écailleux 
et à peine foliacés , sont les plus petites de toute la tribu et ne s'ou- 
vrent qu'au milieu du jour; les pistils et les étamines ne s'élèvent 
pas au-dessus de la corolle et de la cavité du torus, qui donne en 
grande abondance l'humeur miellée, et les anthères introrses répan- 
dent leur pollen dans le fond de la fleur; les deux espèces euro- 
péennes m'ont toujours paru hermaphrodites, et leurs fleurs, comme 
leurs feuilles, portent des bractées rougeâtres et promptement ca- 
duques. 

Les fruits rongés et couronnés par les lobes du calice renferment 
trois à cinq carpelles osseux ; le Buxifolia, qui fleurit dans nos serres, 
a ses fleurs étalées, son torus recouvert d'humeur miellée, ses éta- 
mines inclinées sur le fond de la fleur et ses stigmates glutineux. 

L’écorce des Coteonaster, d'abord cotonneuse, devient ensuite 
lisse et chargée de lenticelles très-apparentes ; les fleurs terminales 
sur la tige et les ramilles perdent leurs sommités, et sont remplacées 
par des pousses latérales, florifères et stériles. 


CINQUIÈME GENRE. — Amelanchier. 


L'Amelanchier a un calice quinquéfide, des pétales lancéolés, des 
étamines un peu plus courtes que le calice, un ovaire à dix loges ou 
plutôt à cinq doublées et renfermant chacune un ovule; cinq styles 
légèrement réunis à la base, un fruit mûr qui ne contient plus que 
trois à cinq loges, avec autant de semences à endocarpes cartilagineux. 

Ce genre renferme, dans le Prodrome, cinq espèces homotypes : 
le Vulgaris, des pentes montueuses de l'Europe, le Cretica, du mont 
Ida, et trois autres de l'Amérique nord. 

Le premier, qui fleurit comme les autres au premier printemps, est 
un charmant arbrisseau presque entièrement blanchâtre, et dont la 
tige devient ensuite lisse et chargée de lenticelles ; ses mo sont 
étroits et flottants, et ses filets très-courts ont les ithièies inclinées 


— 307 — 


sur le torus recouvert de poils humides ; les stigmates sont papillaires 
et épaissis en tête de clou. 

Les fruits, couronnés par les lobes allongés du calice, sont d'un 
bleu noirâtre. Le Botryapium et l'Ovalis ont à peu près la même 
conformation. 

Ces arbrisseaux ont les feuilles caduques et plissées sur leur nervure 
moyenne , et ressemblent beaucoup aux Coteonaster. 

L'Amelanchier est \ Aronia de Kocu et d'autres auteurs. 

A la maturation, les loges ont disparu et les graines ont avorté en 
partie. 


SIXIÈME GENRE. — Mespilus. 


Le Mespilus a un calice quinquéfide à lobes foliaces, des pétales à 
peu près orbiculés, un grand disque concave et emmiellé , d'où sor- 
tent deux à cinq styles glabres; le fruit est une pomme turbinée, 
creusée au sommet et renfermant cinq carpelles à endocarpe osseux, 

Ce genre ne comprend que deux espèces homotypes : 1° le Ger- 
manica , des bois de l'Europe, à fleurs solitaires et feuilles entières 
lancéolées ; 2° celui de Smith, dont la patrie est inconnue, à feuilles 
presque trilobées, et fleurs à peu près ternées dans chaque bouton. 

Le Mespilus ou le Néflierest un arbrisseau très-remarquable par son 
fruit; ses feuilles, glanduleuses sur les bords et velues surtout en 
dessous , ont des stipules semblables à deux folioles latérales; les fleurs 
ont leurs sépales prolongés en feuilles, les rameaux florifères péris- 
sent chaque année; la corolle ne se referme pas, les anthères sont 
penchées sur le torus qui distille abondamment l'humeur miellée, et 
les stigmates papillaires sont tournés en dehors. 

Le fruit couronné par les segments endurcis du calice est évasé au 
sommet en forme de patère reste de l’ancien torus,; il contient cinq 
osselets percés vers le haut pour recevoir les cordons pistillaires; 
lorsqu'on les ouvre à la maturité, au moins dans la variété cultivée, 
on trouve que la semence et même le noyau ont disparu. 

La culture a fait disparaitre les épines et a grossi les fruits du Ger- 
manica. Le Smithii ou le Grandiflora , qui est peut-être une hybride, 
se fait remarquer par le grand nombre de ses fleurs. 

On observe constamment dans les Mespilus trois sortes de rameaux, 
ceux qui portent le fruit à leur sommet, ceux quile porteront l’année 
suivante, et qui se terminent par un bouton fortement écailleux; enfin 
les stériles, qui avortent ou sont tronqués au sommet; ces derniers 
ont les feuilles allongées et légèrement plissées. 


4 


— 308 — 


SEPTIÈME GENRE. — Pyrus. 


Le Pyrus a un calice urcéolé et quinquéfide, des pétales arrondis, 
deux ou trois ou plus souvent cinq styles, une pomme fermée à cinq 
loges cartilagineuses, renfermant chacune deux semences à test carti- 
lagineux. 

On partage ce vaste genre en huit sections : 

1° Les Pyrophores ou Poiriers; cinq styles libres, fruits plus ou 
moins turbiné , non ombiliqué ; 

2° Les Malus ou Pommiers ; cinq styles un peu réanis, fruit globu- 
leux, aplati et ombiliqué ; 

3° Les Aria; deux ou trois styles, pommes globuleuses et pédon- 
cules rameux ; 

4° Les Torminaria; deux à cinq styles réunis et giabres, pomme 
sèche et tronquée au sommet ; 

5° Les Erinboles ; cinq styles très-velus à la base, pétales tridentés, 
fruit globuléux et glabre ; 

6° Les Sorbiers ; deux à cinq styles, pomme globuleuse ou turbinée, 
pédoncule rameux. 

7° Les Adenorachis; deux à cinq styles, pétales onguiculés et 
concaves, pédoncules rameux. 

8° Les Chamæmespilus ; deux styles, pomme ovale, pétales redressés 
et connivents. 

Les Pyrophores , dont l'on compte à peu près treize espèces, sont 
des arbres et des arbrisseaux indigènes ou étrangers; les premiers 
peuvent se ranger sous trois classes : les Sauvages ou épineux, les 
Poires ou demi-cultivés , les Cultivés proprement dits; les espèces 
sauvages européennes, qui ont donné naissance aux Poires ou aux 
Poiriers des jardins, sont : 1° le Pyrastre , commun dans les bois et 
distingué par ses feuilles glabres, finement dentées, ainsi que par le 
tube arrondi de son calice; 2° l Achras, beaucoup plus rare, à feuilles 
acuminées, très-entières et laineuses dans leur jeunesse, comme le tube 
allongé de son calice. 

Les autres espèces indigènes sont le Polwylleriana , déjà connu du 
temps de Bavxin, dans les jardins de Polwylliers, et remarquable 
par ses feuilles grossièrement dentées, ainsi que par ses corymbes 
multiflores et ses petits fruits turbinés ; l'4mygdaliformis, du midi de 
la France, à feuilles très-entières, velues en dessous et boutons coton- 
neux comme les jeunes pousses ; le Sabvifolia, trouvé dans le Gatinois 
ét près d'Orléans, qu’on cultive sous le nom de Poirier Sauger, parce 


— 309 — 


que ses fruits donnent du cidre, etenfin le Mivalis, des Alpes de 
l'Autriche, petit arbrisseau à feuilles entières et fleurs terminales 
corymbiformes. Les espèces sauvages étrangères sont le Salicifolia, 
de la Sibérie, à feuilles linéaires blanchâtres; l'Elæagnifolia, des 
forêts du Caucase, qui appartient au même type, ainsi que le Lanata 
du Népaul , et qui tous les trois pourraient être considérés comme des 
Aria, à cause de leurs corymbes composés; celui du Mont Sinaï, 
arbrisseau diffus, très-rameux, à feuilles finement crénelées, fruits 
presque globuleux et corymbiformes; le Vussia, des montagnes du 
Népaul, à feuilles coriaces, lanugineuses dansleur jeunesse , corymbes 
paniculés, laineux et fruits sphériques; enfin le Michauxii, du nord 
de l'Amérique, à feuilles glabres, fruits globuleux et pédoncules gé- 
minés, qui s'endurcissent dans la maturation. Toutes ces espèces, à 
l'exception de la dernière et da Polwylleriana , paraissent homotypes ; 
elles ont toutes, comme le Salicifolia, leurs fruits pierreux, à cinq 
loges dispermes, avortées en tout ou en partie, et leurs pepins sont 
attachés à l’angle interne assez au-dessus de la base. 

Les espèces, ou plutôt les races demi-sauvages, dont l'origine est 
peu connue, mais dont les fruits se cultivent pour faire du Potré, 
sont principalement répandues au nord de la France; elles se distin- 
guent par des noms propres, et l’une des plus estimées est le Sauger, 
dont les sujets servent à greffer les Porriers ordinaires. 

Ces derniers sont dus à des hasards heureux, ou à des fécondations 
naturelles et artificielles; leurs races, qui se multiplient sans cesse, 
sont séparées par des intermédiaires nés du climat ou de la culture., 
et leurs fruits varient tellement en grandeur, en forme, en couleur et 
en goût, qu'on les croirait appartenir à autant d'espèces; les uns, 
comme les Muscats, se recueillent dès le milieu de juillet; les autres, 
comme les Rousselets, mürissent au milieu de l'été; les Bons Chretiens, 
depuis le commencement d'août jusqu’au milieu del’hiver;les Beurres, 
peut-être les plus excellents, pendant toute l'automne ; les Bergamotes 
sont encore plus tardifs, et enfin les Martins secs, les V'iroouleuses, 
les Saints-Germains , les Colmars, les Livres, ou mürissent dans nos 
fruitiers ou se mangent cuits. Ces espèces jardinières s'obtiennent 
quelquefois par de simples semis, mais on ne les conserve qu’en les 
greffant sur le Poirier sauvage , sur celui à feuilles de Suuge ou enfin 
sur les sujets produits par les pepins des espèces cultivées. Lorsqu'on 
demande des arbres moins vigoureux, on greffe sur Coignassier, et 
l'on obtient des sujets qui réussissent mieux et se conservent plus 
long-temps. Ces Poiriers cultivés décorent au printemps nos vergers, 
et les embellissent en automne par les vives couleurs de leurs fruits ét 
surtout de leurs feuilles. 


— 310 — 


Les uns et les autres sont chargés de boutons écailleux, les uns 
foliaces et les autres florifères: on distingue en conséquence plusieurs 
espèces de branches ; les Chiffonnes en général mal conformées, allon- 
gées et assez promptement détruites ; les Gourmandes, ou stériles 
dont le sommet se rompt à l'extrémité, et qui se terminent ordinaire- 
ment par des boutons foliacés; les Fertiles, courtes, latérales et qu'on 
distingue en Brindilles, en Lambourdes et en Bourses chargées à leur 
base de renflements, qui sont autant de dépôts de nourriture; les 
tiges n'ont jamais de rupture. 

Les fleurs ne se ferment pas la nuit , quoiqu’elles s'inclinent un peu 
par la pluie; les styles sortent du milieu d'un torus glanduleux, et 
sont terminés par des stigmates papillaires ; la fécondation a tou- 
jours lieu par le concours de l'humeur miellée ; le fruit renflé au 
sommet et aminci à la base, renferme cinq loges bivalves, intimément 
unies à la chair et contenant chacune deux semences, dont l’une 
avorte constamment; l'embryon est dépourvu d'albumen, et les coty- 
lédons sont terminés à la base par une radicule saillante, infère, laté- 
rale; l’on voit les cordons ombilicaux atteindre cette radicule, dans 
laquelle ils s'insèrert, et l’on remarque tout autour des loges l’enve- 
loppe dure et comme pierreuse, si bien décrite par DunAMEz, et qui 
n'appartient pas à la Pomme. 

La seconde section des Pyrus, ou celle des Malus, se distingue par 
ses pétales planes, ses cinq styles réunis et son fruit ombiliqué; on y 
trouve, comme dans les Pyrastrum , des espèces indigènes et des étran- 
gères; les premières au nombre de deux sont l'Acerra de nos bois et 
de nos champs, souche des Pommiers à cidre, et qu'on reconnaît à 
ses feuilles très-glabres et à ses fruits très-acerbes, et le Walus propre- 
ment dit, d'où sont sortis tous les Pommiers à couteau, et qu’on dis- 
tingue à ses feuilles tomenteuses et à ses fruits plutôt acides qu'acerbes. 

Les principales espèces étrangères sont le Dioique, dont la patrie 
est inconnue, et dont les fleurs solitaires et dioïques par avortement 
ont les pétales linéaires; le Spectabilis, de la Chine, cultivé dans nos 
jardins et remarquable par ses ombelles sessiles, d'un beau rouge et 
ses petits fruits très-bien formés; le Baccata, de la Sibérie, à fleurs 
plus petites, d’un blanc pur, fruits rouges et calice caduc; le Coro- 
naria, du nord de l'Amérique, à fleurs odcrantes d'un rouge pourpre, 
feuilles lisses et élargies ; enfin J'Angustifolia ou le Sempervirens, de la 
même contrée, dont les pédoncules sont disposés en corymbes plutôt 
qu'en ombelles. 

Les Pommiers a cidre sont cultivés dans la Normandie, où leurs 
innombrables variétés se multiplient sans cesse par des semis. On’ dit 


— 311 — 


qu'ils sont venus de la Navarre, et que l'on trouve encore dans ce 
pays le vrai Pommier à cidre, qui s'y propage sans culture, tandis 
qu'ailleurs on le maintient en le greffant sur des sujets fournis par 
ses propres pepins. Es 

Les Pommiers à couteau sont moins nombreux que les Poiriers 
cultivés; leurs principales races, celles qu’on recherche de préférence 
sont les Cabvilles, les Apis, les Courtpendus, et surtout les différentes 
variétés de Reinettes. Quand on veut des arbres très-forts en taille et 
en durée, on greffe sur des sauvageons ou sur des Pommiers à cidre 
venus de semences et non pas de rejets ; les pepins des bons fruits à 
couteau donnent des sujets de troisième grandeur; le Doucin en 
donne de quatrième qui forment les gobelets, les contr'espaliers, et 
les pyramides moyennes; enfin le Paradis est propre aux sujets de 
cinquième grandeur ou aux nains de l'espèce. On voit ainsi que les 
semences sont d'autant plus vigoureuses qu’elles approchent plus de 
l'état de nature, et que le fruit ne gagne en grosseur et en saveur 
qu'aux dépens de la force et de la durée de l'arbre qui le porte; cette 
remarque s'applique également au Poirier. ÿ 

Les Pommiers ont, comme les Poiriers, et en général la plupart 
des arbres, trois espèces de rameaux, ceux qui portent actuellement 
des fruits, ceux qui en donneront l’année suivante, et ceux qui sont 
évidemment stériles et qu’on désigne sous le nom de branches gour- 
mandes ou chiffonnes; mais on n'y trouve pas, comme dans les 
Poiriers, ces renflements ou ees bourses qui assurent à la même 
branche des fruits pour plusieurs années; aussi la plupart de leurs 
variétés ne fructifient-elles en abondance que tous les deux ans; les 
boutons terminent bien ici les branches comme dans les Porriers, 
mais les fleurs paraissent plus tard , parce que les boutons qui les ren- 
ferment donnent aussi des feuilles. 

Les feuilles sont roulées sur leurs deux bords, ou plissées irrégulié- 
rement sur leur nervure moyenne, et comme leur développement est 
très-rapide, on aperçoit dès le mois de juin le bouton qui termine la 
tige. Il existe à Valéry-sur-Somme un Pommier semblable à l'espèce 
commune, mais dont les fleurs dépourvues de pétales et d'étamines, 
sont formées seulement d'un calice à dix divisions disposées sur deux 
rangs alternes et de quatorze styles à stigmate oblique et très-visqueux. 
Ces fleurs, naturellement infertiles par l'avortement des étamines, 
sont fécondées par le pollen d'autres Pommiers, et les fruits se rap- 
portent à ceux des variétés hermaphrodites, qui ont servi à les fécon- 
der; on explique la bizarre conformation de ces fleurs par la soudure 
et l'avortement des deux autres fleurs latérales réunis à la fleur prin- 


— 312 — 
cipale ( Voyez Bulletin de Férussac, 1830; tome 22°, pages 425 
et 426 ). 

La pomme se distingue de la poire parses fruits ombiliqués et sa 
chair homogène. Le Coronaria a plusieurs pepins dans la longueur de 
l'angle interne de chaque loge, mais ordinairement un seul est fécond. 

La floraison des Pommiers, qui succède à celle des Poiriers, pré- 
sente un spectacle très-varié; les fleurs tantôt blanches, tantôt roses, 
sont souvent admirablement nuancées de ces deux couleurs. 

La troisième section ou celle des Aria , à pétales ouverts, fleurs en 
corymbes rameux et fruits globuleux, ne compte que deux espèces 
qui habitent les forêts montueuses de l'Europe: l'4ria commun, très- 
anciennement connu, que l’on distingue en deux variétés, et l/nter- 
media, plus répandu dans les forêts du nord, et qui ne diffère du 
précédent que par ses feuilles lobées et ses fruits mangeables; ces 
deux Aria sont des arbres à feuilles épaisses, très-blanches en dessous, 
à fleurs corymbiformes fastigiées et toujours terminales sur les tiges 
ou les rameaux qui n'ont jamais de rupture; les boutons foliacés 
comme le sommet des pousses sont placés sur le bois de l'année, et 
et un peu au-dessous des corymbes, et les feuilles non plissées sont 
accompagnées des stipules linéaires et promptement caduques. 

Les baies sont rouges à la maturité, vertes dans leur jeunesse, lacu- 
neuses ou formées d’une substance épaisse, entremêlée de cavités 
cylindriques et parenchymateuses; on trouve en dedans deux ou trois 
loges dispermes avec les traces des loges avortées; les lenticelles très- 
marquées se montrent même sur les fruits et paraissent provenir d’une 
substance analogue à celle qui forme le Liege, dans l'Erable , le Chéne 
et d’autres arbres. 

La quatrième section, ou celle des Torminaria, a ses pétales un 
peu onguiculés, et ses styles réunis au nombre de deux.à cinq; la 
seule espèce qui la forme est le Torminalis, des forêts escarpées de 
l'Europe, qu’on reconnaît à ses feuilles cordiformes, lobées, presque 
pennatifides et dépourvues de stipules; les fleurs toujours terminales 
sortent de boutons foliacés et velus; les fruits petits et d'un rouge 
jaune sont portés sur des pédoncules ramifiés et cotonneux, etrenfer- 
ment deux à cinq loges ordinairement dispermes; les pétales sont 
blancs, ouverts, élargis et striés. 

La cinquième section ou celle des Æriolobes, est formée du Trilobata, 
découvert au Liban par LaBiLLARDIÈRE, et qui est caractérisée par ses 
pétales tridentés, ses styles allongés, légèrement réunis, très-velus à 
la base et terminés par cinq stigmates; ses feuilles sont glabres, den- 
tées en scie et palmatilobées; ses fleurs en corymbes ont les pédon- 


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cules non ramifiés, et le fruit globuleux est couronné par les lobes 
tomenteux du calice ; les styles velus indiquent sans doute la féconda- 
tion par l'humeur miellée. 

La sixième est celle des Sorbiers, dont les pétales sont planes et 
ouverts, les fruits globuleux ou turbinés et disposés en corymbes 
rameux ; elle se distingue incontinent à ses feuilles pinnatiséquées , ou 
ailées avec impaire, et à divers autres caractères secondaires; ses 
diverses espèces appartiennent à l'Europe ou à l'Amérique septen- 
trionale. 

Les premières, au nombre de trois, fort anciennement connues, 
sont: 1°le Sorbier proprement dit, qu'on rencontre sauvage ou cultivé, 
et qu'on reconnaît à sa grandeur, à ses feuilles ailées et dentées en 
scie, à ses boutons glabres , acuminés et glutineux ainsi qu'à ses fruits 
assez gros et un peu pyriformes; 2° l'Aucuparia, beaucoup moins 
élevé, dont les boutons sont mollement tomenteux et les fruits globu- 
leux ; 3° le Pinnatifide, à feuilles pinnatiséquées ou légèrement bi- 
pinnatiséquées, cotonneuses en dessous comme les pétioles et les 
pédoncules qui portent des fruits globuleux et écarlates. 

Les espèces américaines sont au nombre de deux : l'4mericana , à 
feuilles très-glabres, et fruits globuleux d’un pourpre roussâtre, et le 
Microcarpa, à petits fruits écarlates et feuilles glabres ailées, à dents 
mucronées et sétacées. 

Toutes ces plantes sont évidemment homotypes; les feuilles dans 
leur premier développement ont les folioles plissées sur leur nervure 
principale, comme les Amelanchiers, et sortent de boutons souvent 
glutineux et velus; tantôt simplement foliacés et tantôt mixtes, au 
sommet des tiges; elles sont appliquées les unes contre les autres, à 
la manière des Légumineuses ; mais elles ne sont par articulées, et par 
conséquent elles n’ont pas de mouvement. Ellesrougissenten automne 
comme celles du reste de la famille. 

Les fleurs toujours blanches sont terminales et corymbiformes. On 
dit que le Sorbier commun n'en porte qu'après un grand nombre 
d'années , tandis que l'Aucuparia est à fruit à sept ou huit ans. Les 
fruits ont leurs loges en partie avortées, et presque envahies par la 
pulpe; on ne trouve ordinairement qu’une semence dans chaque loge, 
et souvent on n'en rencontre dans chaque fruit que deux ou trois, qui 
ne sont pas toujours fécondes. 

La septième est celle des Adenorachis, qu'on reconnaît à leurs pétales 
onguiculés, à limbe cencave, et à leurs fruits globuleux portés surdes 
pédoncules rameux ; on n’en compte que deux espèces, originaires 
du nord de l'Amérique et acclimatées dans nos bosquèts : l’Arbutifolia 


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et le Melanocarpa, qui sont homotypes; mais dont le premier a les 
fruits rouges, les feuilles et les calices cotonneux, tandis que, dans le 
second, les fruits sont noirs et le calice est glabre. Ces plantes tirent le 
nom qu'elles portent dans leur section de leurs feuilles glanduleuses 
supérieurement, le long de leur côte moyenne. 

Enfin la dernière section est celle des Chamæmespilus, à pétales 
redressés et connivents, styles géminés et fruits ovoïdes ; elle ne com- 
prend que le Pyrus Chamæmespilus, petit arbrisseau de nos montagnes 
élevées , où il fleurit à l'entrée de l'été ; ses feuilles, chargées dans leur 
jeunesse d’un duvet caduc, sont glabres, ovales et fortement dentées; 
ses corymbes assez serrés, ou plutôt ses cymes ont l’inflorescence 
centrifuge; ses pétales, plus ou moins rosés, sont petits et peu ouverts; 
ses étamines ne sortent pas de la corolle, et ses anthères, assez nom- 
breuses, s'ouvrent sur les deux stigmates capitellés et papillaires ; les 
poils blanchâtres, qui tapissent l'intérieur du calice et qui recouvrent 
même l'ovaire, retiennent long-temps le pollen, dont les émanations 
fécondent plus tard les stigmates. 

Les diverses sections des Pyrus n’ont pas, comme l’on voit, la même 
conformation, et par conséquent le genre, tel qu’il est exposé dans le 
Prodrome est plutôt artificiel que naturel, et n’a pas été adopté par le 
grand nombre des botanistes. Les Pyrastrum et les Malus ont entre eux 
d'assez grands rapports, quoiqu'il n'existe pour les lier aucune espèce 
intermédiaire; les cinq sections suivantes sont même assez voisines 
des Cratægus et des Mespilus, pour qu’on puisse les entre-greffer; 
tandis qu'on ne pourrait pas, je pense, les greffer sur les Pyrastrum 
etles Malus. 

Mais ces diverses sections se rapprochent davantage pour les phéno- 
mènes vitaux; leurs fleurs ne se referment jamais; leurs feuilles et 
leurs pédoncules sont toujours dépourvus de mouvements, et ne se 
dirigent, je crois, jamais vers la lumière ; enfin leur fécondation s’opère 
toujours par l'humeur miellée, qui distille du torus ou du fond de la 
fleur. 


HUITIÈME GENRE. — Cydonia. 


Le Cydonia, ou le Coignassier, a un calice quinquéfide, des pétales 
légèrement articulés, des étamines redressées, un fruit fermé ou 
ouvert au sommet, et renfermant cinq loges cartilagineuses, à plu- 
sieurs semences, à enveloppe mucilagineuse, et qui sont plutôt 
adhérentes à l'angle interne qu'à la base des loges. 


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On divise ce genre en deux sections : 
1° Les Eucydonia, lobes du calice foliacés, légèrement dentés, 
ei unisériées ; 

2° Les Chænomèles ; lobes du calice courts et entiers, étamines 
bisériées , fruit à ombilic déprimé. 

Ces Eucydonia sont au nombre de trois : 1° le Commun, des haies 
et des lieux pierreux de l'Europe tempérée et méridionale, où il se 
présente sous trois variétés : celle à fruit de Pommier, celle de Portugal, 
à feuilles plus larges, fruits plus grands et plus allongés, et enfin 
l'Oblong , cultivé ou sauvage, à feuilles ovales ou oblongues; 2° le 
Sumboshia , du Népaul, à cyme différent du Commun, à feuilles cordi- 
formes, à fruits amincis à la base et cotonneux comme dans le 
Commun ; 3° celui de la Chine, à feuilles dentées en scie, fleurs d’un 
rose clair, fruit glabre, verdâtre, oviforme et presque sec. L'Indica, 
du Népaul, qui forme une quatrième espèce, n'a pas encore fleuri 
dans nos jardins. 

Les Chænomèles ne renferment que le Japonica, à feuilles cunéifor- 
mes, dentées et glabres comme les calices, fleurs rouges solitaires ou 
réunies deux à trois. 

Les Coignassiers composent réellement une petite sous-tribu , 
séparées des Pomacées par des loges polyspermes et mucilagineuses, 
des fruits à peu près turbinés, qui répandent à la maturation une forte 
odeur qui leur est propre. 

Ils sont tous des arbrisseaux ou de petits arbres; le premier, qui 
paraït originaire de Cydon, dans l’île de Crête, croit aujourd'hui par- 
tout ; le second, qui en diffère trés-peu , a été trouve dernièrement au 
Népaul; et les deux autres appartiennent, comme nous l'avons vu, 
au Japon ou à la Chine. 

Ils forment trois types assez distincts, celui du Commun, celui 
de la Chine, et celui du Chamæmele ; leurs tiges promptement déve- 
loppées sont toujours rompues au sommet; leurs feuilles condupli- 
quées et non pas roulées sur les bords, comme celles des Poiriers ou 
des Pommiers, sont cotonneuses en dessous dans le premier type, mais 
glabres dans les deux autres; leurs stipules, à dents glanduleuses, sont 
caduques dans les trois premières espèces, et persistantes dans celle 
du Japon; elles protégent à leur naissance les feuilles, dont elles ont 
Ja nature et la consistance, comme l'ont aussi les lobes du calice dans 
les Eucydonia. 

Les fleurs sont grandes et solitaires dans la première section; 
géminées et même ternées dans la seconde ; terminales dans les deux 
premières espèces des Eucydonia; et latérales dans les deux autres ; 


— 316 — 


celles du Japonica sont placées dans des boutons séparés, et paraissent 
au printemps un peu avant les feuilles; les autres, qui sortent de bou- 
tons foliacés, sont beaucoup plus tardives, et leurs pétales très- 
consistants et fortement roulés restent long-temps exposés à l'air, 
avant de s'ouvrir, quoique leurs sépales soient déjà écartés. 

Les tiges sont dures, tortueuses plutôt que droites, et recouvertes 
de lenticelles qu’on apercoit même sur la surface du fruit ; les rameaux 
inermes dans les Eucydonia, sont terminés en épines piquantes dans 
les Chænomeles ; les fruits du Sinensis et du Japonica mürissent rare- 
ment dans nos climats; les graines nombreuses et infécondes du 
dernier, adhèrent, comme les autres, à l'angle interne des loges. 

La fécondation a lieu un peu après l'épanouissement, au moins 
dans les Chænomèles ; les anthères nombreuses et bilobées répandent 
leur pollen blanchâtre sur le fond de la fleur, dont le torus comme 
dans la plupart des Pomacées, distille abondamment l'humeur miellée; 
les émanations arrivent ensuite aux stigmates épais, fortement papil- 
laires et irrégulièrement trilobés ; on peut aussi supposer avec raison 
que ces stigmates sont imprégnés de l'humeur miellée. 

Ces plantes ornent, depuis quelque temps, nos bosquets et nos 
jardins ; le Japonica est remarquable par ses fleurs précoces, celui 
de la Chiue par ses fleurs roses et odorantes, enfin le Commun se mêle. 
au printemps à la scène brillante des Lilas, des Cercis, des Cra- 
lægus , etc. 


Quarante-neuvième famille. — Cafycanthées. 


Les Calycanthces ont un calice coloré, un peu charnu, dont le 
tube creusé en godet renferme les ovaires, et dont le limbe est formé 
de lobes inégaux et multisériés; leur corolle est nulle, leurs nom- 
breuses étamines sont multisériées à l'entrée du tube calicinal ; les 
anthères, qui avortent dans les rangs intérieurs, sont extrorses, bilo- 
culaires, adnées et ouvertes longitudinalement ; leur pollen est ovoide 
à trois sillons. 

Les carpelles placés, comme dansle Rosier, sur les paroïs intérieures 
du calice, sont nombreux, uniloculaires, et renferment naturellement 
chacun deux ovules, dont l’un avorte constamment ; les styles sont 
distincts et saillants; les stigmates sont simples, le péricarpe est 


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légèrement corné; la semence est ascendante, l'embryon droit et 
dépourvu d'albumen ; les cotylédons sont roulés sur eux-mêmes , et la 
radicule est infère. 

Cette famille est voisine des fosées par la disposition de ses car- 
pelles dans le calice, et des Grenatees par ses feuilles opposées et ses 
cotylédons roulés ; mais du reste elle en diffère à plusieurs égards. 

Elle est formée de deux genres étrangers, le Calycanthus et le 
Chimonanthus, qui ont de grands rapports pour la structure florale. 


PREMIER GENRE. — Calycanthe. 


Le Calycanthe a un calice imbriqué et coloré, des étamines inégales 
et caduques, dont les douze extérieures sont fertiles. 

Ce genre est formé de trois espèces homotypes, originaires des rives 
ombragées et des montagnes de la Caroline, le Floridus , le Giaucus 
et le Lævigatus, qui diffèrent pär leurs rameaux plus ou moins étalés, 
leurs fleurs plus ou moins odorantes, et leurs feuilles tomenteuses, 
glauques ou vertes en dessous. 

Ce sont des arbrisseaux dépourvus de bourgeons, à feuilles non 
stipulées, entières, opposées par paires appliquées les unes contre 
les autres, recouvertes de glandes et de pois noirâtres, et sortant de 
larges consoles qu'ont laissées sur la tige les feuilles de l'année pré- 
cédente; les tiges elles-mêmes, comme celles des Labiées , portent sur 
leurs quatre angles ces vaisseaux dont la réunion forme les renflements 
que Mirser appelle des brides, et qui sont destinés sans doute à la 
nutrition des feuilles et des rameaux ; les fleurs, solitaires sur chaque 
rameau, Ou, si l'on veut, sur chaque brindrille, ont un calice de quatre 
à cinq rangs d'écailles lancéolées, d'un rouge brun, qui recouvraient 
d'abord les organes reproducteurs ; les filets, de la même nature que 
les lobes du calice, portent à l'extérieur deux larges anthères, qui 
s'ouvrent longitudinalement, et vont en diminuant de la circonférence 
au centre. Les ovaires surmontés d'un style transparent, tout-à-fait 
semblables aux corps adducteurs d'Hepwie, se terminent par des 
stigmates simples et mal conformés, auxquels on doit sans doute 
l'avortement de la graine; on remarque au sommet de toutes les 
anthères de petits corps sphériques blanchâtres assez semblables à 
des stigmates, et qui paraissent destinés à faciliter la fécondation , car 
ils s'inclinent sur les styles précisément à cette époque, et ils sont tout 
couverts de gouttelettes emmiellées; mais ils ne peuvent pas remplir 
leurs fonctions dans l'absence des vrais stigmates. 

La fleur s'ouvre pendant la fécondation, et laisse voir des filets 


— 9318 — 


recourbés sur les pistils; ensuite elle se referme, et.ses diverses parties 
se désarticulentsuccessivement, à mesure quele péricarpe s'accroît; on 
voit très-bien sur sa surface les cicatrices des divers verticilles tombés. 
Wazrxer, dans sa Flore de la Caroline, assure que dans leur climat 
natal les Calycanthes avortent fréquemment; peut-être que ces plantes 
sont dioïques, et que nous ne possédons que des individus mâles. Je 
vois dans le Bon Jardinier qu’on ne multiplie le Floridus et les deux 
autres que de rejets. Micaaux, dans sa Flore d'Amérique, donne le 
nom de Ferax ou de Fertile au Lævigatus , qui n’est peut-être que le 
pied femelle du Floridus. 

Mirsez a observé ( Annales des sciences naturelles, 1828) une tige 
fort âgée de Calycanthe, qui portait sur ses quatre angles , non pas des 
systèmes de vaisseaux , comme c’est le cas ordinaire, mais des cylin- 
dres empâtés dans le parenchyme, et conformés en petit comme la tige 
elle-même avec ses couches concentriques d’écorce, d'aubier, etc., et 
Cozuiss, cité par De Cannozze (Prodrome, vol. 3, p.2) a remarqué 
que, si on enlève les jeunes pousses ou les gemmes foliacés du Caly- 
canthe, on voit paraître en leur place des boutons floraux , et qu’on 
peut obtenir ainsi des fleurs pendant tout l'été. 

Le Colycanthus floridus, plus connu sous le nom de Pompadouria 
est cultivé pour l'excellente odeur de ses fleurs d’un pourpre livide; 
sa tige et sa racine sont fortement camphrées; les autres espèces ne 
possèdent pas ces qualités au même degré. 


SECOND GENRE. — Chimonanthus. 


Le Chimonanthus a les lobes extérieurs du calice semblables à des 
bractées et les intérieurs à des pétales, les étamines à peu près égales 
et persistantes, les cinq extérieures fertiles et réunies par leur base 
pour protéger le fruit dans la maturation. ù 

Ge genre, confondu autrefois avec le Calycanthe, ne comprend 
qu'un arbrisseau connu sous le nom de Præcox, et originaire du 
Japon; quoiqu'il ressemble à plusieurs égards à ce dernier, il mérite 
d'en être séparé par divers caractères ; ses fleurs sont sessiles sur les 
consoles de l'année précédente; ses feuilles, irrégulièrement opposées, 
sont renfermées dans des écailles lisses et visibles de très-bonne 
heure; le sommet des tiges se rompt chaque année, ou se termine par 
un bouton avorté, et la console qui a porté des fleurs donne des feuilles 
l'année suivante ou la même année, comme celle des Saules , lorsque 
la fleur avorte. 


Cet arbrissseau, ainsi que le Calycanthe, produit des rameaux fer- 


— 819 — 


tiles et d’autres stériles ; quelquefois la même tige a ses aiselles alter- 
nativement chargées de boutons à flear et de bourgeons, et les feuilles 
fort allongées portent sur la face supérieureles renflements glanduleux 
des Calycanthus. 

Les boutons à fleurs s’apercoivent dès la fin du printemps, et s’épa- 
nouissent à l'entrée de l'hiver long-temps avant les feuilles; quelquefois 
ils sont géminés sur la même console, et alors ils s'ouvrent successi- 
vement ; la fleur est formée de sépales demi-transparents, les extérieurs 
jaunâtres et les autres rouges ; les étamines ont un filet court et épais, 
terminé par un mamelon nectarifère, et chargé extérieurement d'une 
grande anthère, à deux lobes très-distincts ; au centre sont cinq ou six 
styles, à demi réunis, et chargés d’autant de prolongements globuleux 
qui sont des stigmates mal conformés, et incapables, je crois, de 
servir à la fécondation; cependant DE CaNDOLLE a trouvé une fois 
un fruit de Chimonanthe, qui imiait une calebasse, et LiNpLey repré- 
sente sous la même forme celui de la variété Grandiflora ; mais il est 
très-rare que cet arbrisseau donne des graines, suit à cause de l'époque 
de l’année où il fleurit, soit à cause de la structure mutilée de sa fleur. 

La floraison a lieu, comme dans la plupart des arbrisseaux dioi- 
ques, avant le développement des feuilles, et alors les filets sont conni- 
vents; et les anthères placées sur leur dos ne peuvent porter immé- 
diatement leur pollen blanchâtre sur les stigmates; il tombe ainsi au 
fond de la fleur par les cinq godets, qui forment en s’échancrant les 
cinq pétales, et il est recu par l'humeur miellée , qui distille abon- 
damment des glandes nectarifères, et dont les émanations fécondent 
sans doute les stigmates. 

J'ai vu à Rivoli (août 1837), près de Turin, dans le jardin de 
M. Cora, un fruit de Chimonanthe, qui avait la forme d’une petite 
poire allongée, et terminée par huit à dix appendices foliacés et radiés ; 
la membrane intérieure des carpelles était veloutée et enfermait-deux 
semences allongées et redressées, et quelques autres avortées qui 
naissaient aussi de la base ; ces graines, sur lesquelles on apercevait 
très-bien la marche des vaisseaux nourriciers et pistillaires, avaient 
l'enveloppe extérieure lisse et blanchâtre et l’albumen épais; l’une 
d'elles était vide, mais on voyait dans l'autre la communication du sac 
embryoné avec l'embryon placé au fond: Le Chimonanthe est cultivé 
pour l'excellence de son odeur et la précocité de sa fleur. 


Cinquantième famille. — Grenatées. 


Les Grenatees ont le tube calicinal, turbiné, coriace et terminé par 
cinq à sept lobes en estivation valvaire; leurs pétales varient de cinq 
à sept, et leurs étamines très-nombreuses ont les filets libres, les 
anthères introrses biloculaires et ouvertes dans leur longueur; le style 
est filiforme, le stigmate est une tête papillaire, le fruit grand, sphé- 
rique, couronné et indéhiscent est divisé transversalement en deux 
parties inégales, la supérieure qui renferme de cinq à neuf loges à 
cloisons membraneuses et l'inférieure qui n’en contient que trois ou 
quatre; les placentas de la première sont charnus et vont du centre aux 
parois, ceux de la seconde ne sont que des processus irréguliers, qui 
naissent de la base même du fruit; les semences sont nombreuses et 
entourées d’une pulpe crystalline transparente et dépourvue d’albu- 
men; l'embryon est oblong, la radicule courte et droite; les cotylé- 
dons foliacés sont roulés en spirale; cette famille n’est formée que d'un 
seul genre. 


Pünica, 


Le Punica, dont le caractère générique est celui de la famille, ne 
compte que deux espèces, le Granatum, originaire de la Mauritanie et 
de l'Orient, d'où il a passé dans le midi de l'Europe, et le Vana, des 
Antilles et des environs de Démérari, qu'on peut considérer comme 
une variété du précédent, quoiqu'il s'élève moins et que ses feuilles 
soient linéaires et non pas lancéolées; enfin celui à fleurs blanches et 
celui à fleurs jaunâtres, originaires de la Chine, et qu’on cultive 
comme simples variétés. 

Les Punica sont des arbrisseaux ou de petits arbres, qui forment 
dans leur patrie et dans le midi de la France, des haies naturelles, et 
se font remarquer par leurs feuilles d'un vert lustré, et leurs magnifi- 
ques fleurs qui se succèdent sans interruption pendant tout l'été. 

Les fleurs, qui terminent les rameaux de l’année, sont formées d’un 
caliée épais, feutre et d'un rouge foncé ; de pétales minces, délicats et 
chiffonnés dans l’estivation ; les filets insérés sur toute l'étendue des 
parois calicinales sont flottants et d'un beau rouge; les anthères à 
large connectif s'ouvrent longitudinalement en répandant leur pollen; 
le stigmate est capitellé, pelté, multilobé et papillaire; les cordons 
pistillaires se ramifient indéfiniment pour se distribuer dans les nom- 


— 321 — 
breuses graines d'un péricarpe, dont les divisions ne ressemblent à 
celles d'aucun autre, et qui sont sans doute primitivement régulières. 

Au moment où les lobes épaissis et valvaires du calice s’étalent en 
dehors, les anthères répandent leur pollen ovoide à trois plis; mais 
comme le stigmate placé dans l'intérieur du tube corollaire ne pourrait 
le recevoir, les filets se recourbent fortement, et viennent plonger 
leurs anthères dans le fond de la fleur qui se couvre alors de pollen; 
cette opération dure assez long-temps après que les pétales sont déjà 
tombés, et l’on voit dans cet intervalle l'humeur miellée sortir en 
abondance de la base du calice, et renvoyer les émanations des glo- 
bules fécondateurs au stigmate placé exactement au-dessus. 

Les rameaux stériles sont presque toujours épineux au sommet, au 
moins dans l'espèce sauvage; les feuilles non stipulées tombent de 
bonne heure en contournant leur pétiole; elles sont irrégulièrement 
opposées, quelquefois ternées ou quaternées; on les trouve même 
souvent fasciculées sur les vieilles ramilles ; les tiges amincies sont dé- 
pourvues de lenticelles et leurs aîsselles sont garnies de boutons folia- 
cés , à écailles petites, allongées et rougeâtres. Les feuilles en naïssant 
sont légèrement repliées sur leurs bords, et leur développement 
continue jusqu'à ce que la tige se dessèche au sommet ou s’endurcisse 
en épine ; l'écorce se détache facilement, les fleurs ne naissent que sur 
le bois de l’avant-dernière année ; elles doublent très-facilement, et 
c'est dans cet état qu’elles font l’ornement de nos jardins. 


Cinquante-unième famille. — ÆAisonñrorées. 


Les Rhizophorees ont le tube calicinal adhérent à l’ovaire, et le limbe 
formé de quatre à treize lobes en estivation valvaire, autant de pétales 
insérés entre les divisions du calice; des étamines opposées aux pétales 
et en nombre double ou triple de ces derniers; des filets libres et 
subulés, des anthères ovales, redressées et terminales, un ovaire adné, 
biloculaire, des avules pendants et plus ou moins nombreux ; un fruit 
indéhiscent, couronné par le calice uniloculaire et monosperme ; une 
semence pendante et dépourvue d'albumen, une radicule allongée 
et deux cotylédons planes. 

Ces plantes sont des arbres ou des sous-arbrisseaux qui habitent 
entre les tropiques sur les bords de la mer,et dont les feuilles opposées 

IL. 21 


— 392 — 

sont simples , entières ou dentées, et accompagnées de stipules inter- 

pétiolaires ; leurs pédoncules sont axillaires, plus ou moins allongés, 

dichotomes, biflores et formés d'articles bibractéolés au sommet. 
Gette famille ne se compose que d'un seul genre. 


Rhizophore. 


Le Rhizophore a un limbe calicinal de quatre à treize divisions oblon- 
gues, linéaires et persistantes, des pétales oblongs, biaristés, roulés 
dans leur jeunesse et embrassant chacun deux étamines; un ovaire 
biloculaire et multiovulé, un style bifide au sommet, un fruit cou- 
ronné par le calice, indéhiscent etmonosperme, un embryon renversé 
qui germe dans le fruit. 

On partage ce genre très-naturel en quatre sections artificielles, 
fondées sur le nombre des pétales. 

Première section, quatre pétales : Wangliers proprement dits ou 
de Prvumrer ; 

Deuxième section, cinq pétales : Kandelia; 

Troisième section, huit pétales : Kanilia ; 

Quatrième section, dix à treize pétales : Paletuviers de Durerit- 
Taouars, ou Bruguiera de La Marcx. 

Ce genre comprend jusqu'à présent une dizaine d'espèces, dont les 
unes sont répandues sur les rivages des Antilles et de la Guyane, les 
autres dans l'ile Maurice et les dernières, beaucoup plus nombreuses, 
sur les rivages des Indes orientales et des contrées adjacentes. 

Ces plantes, que je n'ai jamais vues vivantes, présentent divers phé- 
nomènes qui méritent d'être consignés ; les premiers concernent leurs 
rameaux qui se penchent en terre pour s’enraciner, et leurs troncs 
qui jettent souvent de leur partie inférieure de longues radicules 
cylindriques; les autres regardent leur dissémination, qui s'opère par 
leurs fruits pendants, dont la semence se développe intérieurement, 
et émet par le sommet du péricarpe percé, c’est-à-dire par le point le 
plus voisin de la surface de l'eau, une longue radicule renflée en massue, 
qui se fixe d'un côté dans la vase, pousse du côté opposé une tigelle 
imprégnée de sucs résineux, et s'élève jusqu’à la surface de l’eau 
pour développer ensuite ses cotylédons étalés en plein air. 

Cet admirable mécanisme, qui varie un peu selon les espèces, est 
un de ces faits qui ne peuvent s'expliquer que par l'organisation 
primitive du fruit , mais dont le but a attiré de bonne heure l'attention 
des botanistes observateurs. 


Cinquante-deuxième famille. — Onagrariées. 


Les Onagrarices ont le tube calicinal adné à l'ovaire, ou adhérent 
à sa base et prolongé plus haut; le limbe ordinairement formé de 
quatre lobes valvaires; les pétales en même nombre que les lobes; et 
quelquefois nuls, insérés au sommet du tube calicinal et contournés 
dans la préfloraison ; les étamines tantôt égales aux pétales tantôt dou- 
bles ou sous-doubles de leur nombre; les filets libres et amincis, les 
anthères oblongues ou ovales, les globules du pollen aplatis, trian- 
gulaires, papillaires sur les angles et plus ou moins réunis par leur 
viscocité ou par des fils glutineux très-atténués; l'ovaire multiloculaire 
et souvent couronné par une glande en cupule; le style filiforme, le 
stigmate lobé en tête, le fruit capsulaire, bacciforme ou drupacé, à 
deux ou quatre loges; les semences nombreuses ou très-rarement 
solitaires, attachées à l'angle central de chaque loge, et quelquefois 
recouvertes d'un endoplèvre enflé qui ressemble à un albumen ; l’em- 
bryon est droit, la radicule allongée et à peu près cylindrique, les 
cotylédons sont courts. 

Ces plantes sont des herbes ou des arbrisseaux, à feuilles simples, 
alternes ou opposées, entières ou dentées, et toujours penninerves ; 
les fleurs sont axillaires ou terminales en grappes ou en épis; les sti- 
pules sont presque toujours nulles. 


Première tribu. — FUCHSIÉES. 


Les Fuchsiees ont les fruits en baie, le tube du calice allongé et 
resserré au-dessus de l'ovaire; ce sont des arbrisseaux ou rarement des 
arbres à calice rose ou pourpre, pétales violets ou roses. 


Fuchsia. 


Le Fuchsia, seul genre de la tribu, a un tube calicinal, cylindrique, 
quadrilobé et articulé au-dessus de l'ovaire, dont il se sépare après la 
fécondation ; quatre pétales alternes aux lobes du calice et rarement 
avortés, des étamines en nombre double des pétales, un ovaire cou- 
ronné par une glande urcéolée, un style filiforme, un stigmate dont les 
quatre lobes sont plus ou moins soudés, une baie oblongue, ovale ou 
globulèuse, à quatre valves et quatre loges polyspermes. 


— 324 — 

Ce genre, dont le Prodrome énumère déjà vingt-cinq espèces, et 
qui s'accroît tous les jours, appartient presque exclusivement à l’'Amé- 
rique sud, principalement au Chili et au Pérou, où les unes habitent 
les lisières des bois, et les autres l'intérieur des forêts humides et les 
pentes escarpées des montagnes. 

DE Caxpoze les partage en deux sections : 

1° Les Quelusia,. à tube cylindrique ou conique, ovules bisériés, 
feuilles opposées ou verticillées et très-rarement alternes ; 

2° Les Skinnera, à tube ventru, ovules très-petits, disposés sans 
ordre autour d'un placenta central, feuilles alternes. 

Les Quelusia, qui comprennent toutes les espèces du genre, excepté 
les Slinnera excorticata, arbrisseau de la Nouvelle-Hollande, se par- 
tagent en trois groupes : 

1° Les Bréviflores, à tube court, étamines non saillantes; 

2° Les Macrostémonees, à tube court, étamines saillantes ; 

3° Les Longiflores, à tube deux ou trois fois aussi long que le 
limbe, étamines saillantes. 

Les Bréviflores comptent actuellement quatre espèces : le Micro- 
phytlla, le Thymifolia, le Serpyilifolia et le Parvifolia, qui sont, 
comme tous les Fuchsia, des arbrisseaux à feuilles opposées, mais dont 
la fécondation est intérieure, parce que les anthères sont renfermées 
dans le tube du calice; c'est pour cette raison et parce que leurs pétales 
ne sont pas convolutés, que SPacx en a formé le genre Bebrissonia , 
qui, du reste, a tous les caractères des Fuchsia. Le Serpyllifolia est 
un passage entre ces deux genres, il appartient au premier par son 
calice réfléchi , ses pétales horizontaux et dentelés, et au second par 
ses anthères placées à l'entrée du tube et recouvertes d’un pollen 
grisâtre. 

Les Muacrostémonees, dont le Prodrome compte six espèces, mais 
qui sont beaucoup plus nombreuses, forment, je crois, deux types : 
le premier est celui du Coccineu, très-anciennement connu et répandu 
aujourd'hui dans tous les jardins; cette plante, la principale espèce 
du genre, a son calice coriace, d’un rouge foncé; ses pétales violets, 
roulés de droite à gauche et cachés dans l’intérieur du calice, et son 
ovaire couronné par une glande en godet, dont le suc mellifère rem- 
plit l'intérieur du tube; les fleurs , solitaires aux aisselles supérieures 
et portées sur des pédoncules filiformes colorés et pendants, se dés- 
articulent après la fécondation, et laissent à nu une baie petite et 
colorée; les feuilles pétiolées, à nervures rougeâtres et dentelures 
glanduleuses, portent à la base deux petites stipules, qui s’apercoivent 
à peine, et tombent lentement, 


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La tige se rompt au sommet; les feuilles se désarticulent et les 
rameaux florifères se dessèchent après avoir müri leurs fruits ; maïs ils 
sont promptement remplacés par d'autres qui se développent souvent 
dans la même année, et dont l’ensemble forme un arbrisseau touffu 
d'un vert rougeâtre et foncé. Les tiges, toujours amincies et fragiles, 
sont dépourvues de lenticelles et de bourgeons axillaires. 

C'est à ce type qu'on rapporte le Gracilis, à stigmate fusiforme; le 
Decussata, à étamines peu saillantes; le Conica, à fleurs en massue 
allongée; le Globosa, à calice renflé, fleurs d'un pourpre livide, 
feuilles entières et soyeuses en dessous ; le Macrostemma, à stigmate 
quabrilobé et verticilles trifoliés, et d'autres plantes encore, dont plu- 
sieurs ne sont que des variétés du Coccinea. 

Le second type des Macrostemonees est l Arborescens, arbuste élevé, 
à feuilles ternées, et dont l'inflorescence est terminale, paniculée et 
trichotome; ses fleurs roses ont le calice ouvert et régulièrement 
déjeté, et les étamines insérées au fond de la corolle où leurs filets 
renflés forment par leur réunion une cupule nectarifère ; ses anthères 
introrses et peu saillantes fécondent, avec le concours du nectaire, 
le stigmate redressé comme la fleur et formé de quatre lobes soudés. 
C'est le genre Schufia de Sracx. 

La fécondation des Macrostémonees de notre premier type est tout 
extérieure; dès que les étamines et le style ont acquis leur grandeur, 
le stigmate, dont l’on reconnaît toujours les quatre lobes primitifs, se 
couvre alors d'une humeur visqueuse et recoit le pollen blanchâtre et 
légèrement filandreux des anthères, parce que la fleur s’est renversée 
et que le style est toujours plus long que les étamines; les pétales 
entr'ouverts à cette époque laissent une libre communication entre 
le pollen et le stigmate. 

Le troisième groupe des Quelusia, et en même temps le plus riche 
en espèces, est celui des Longiflores, à tube calicinal fort allongé et 
étamines saillantes : les espèces qui le composent sont peu connues, 
et ne me paraissent pas appartenir au même type; ce sont le V’enusta , 
à feuilles verticillées trois à trois, le Serratifolia, dont le nectaire est 
formé de huit glandes conniventes et verdätres, etc. Ces plantes, 
dont les fleurs axillaires et penchées forment souvent des grappes au 
sommet des tiges, ont la fécondation extérieure des Macrostémonees. 

Le Fuchsia excorticata , qui forme seul la seconde section du genre, 
est remarquable par ses pétales presque avortés et son calice ventru, 
légèrement tuberculé au sommet; sa fleur d’un violet un peu livide 
est fortement penchée, et son style, plus long que les étamines, est 
terminé par un stigmate glutineux en tête arrondie; les anthères 


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introrses, dont le connectif forme la face externe laissent, comme les 
Macrostémonées de notre premier type, tomber leur pollen filandreux 
et d'un bleu éclatant sur le stignsate visqueux qu’elles saupoudrent : 
cette singulière plante, dont l'écorce se détache d’elle-même et dont 
les feuilles sont alternes, est originaire de la Nouvelle-Zélande. 

La fécondation des diverses espèces de ce grand genre s'opère par 
l'humeur miellée, qui remplit l'intérieur du tube, et sur laquelle les 
anthères, presque toujours inférieures aux stigmates, déposent leurs 
globules polliniques; c'est le même mode que je décris dans l’'Epilobiun 
parviflorum , dont l'humeur miellée sort aussi abondamment du fond 
de la fleur. Toutefois, dans le Coccinea, l Excorticata et les espèces à 
étamines saillantes, il faut supposer que le stigmate visqueux a été 
imprégné avant sa sortie du tube calicinal, et qu'il peut alors rece- 
voir, et rompre les globules fécondateurs que lui envoient les 
anthères. 

Les Fuchsia des deux sections m’ont paru à peu près dépourvus de 
mouvements spontanés ; leurs calices ne se referment pas, leurs pétales 
roulés sortent à peine du calice, et leurs anthères paraissent tout-à-fait 
indépendantes des stigmates. Le phénomène le plus remarquable est 
ici celui de ces pédoncules courts et redressés lorsque la fécondation 
est intérieure, comme dans les Breviflores ; mais papillaires et allongés, 
lorsqu'elle s ebogire extérieurement, et que les anthères pendantes 
répandent leur pollen sur le stigmate également pendant, mais primi- 
tivement imprégné. 

La plupart des espèces se développent indéfiniment, et sont souvent 
chargées de fleurs et de fruits; ces derniers sont des baies sphériques 
qui renferment à peu près quatre semences, dans une pulpe juteuse, 
et se détachent à la dissémination. 

Les Fuchsia n’ont jamais, comme les OEnothères , des fleurs noc- 
turnes et fugaces, et leur pollen ne m'a paru ni glutineux ni mêlé de 
filandres, au moins très-marqués. 

Sea cn a formé du Lycioides son genre Kierschlegeria, qu'il distingue 
surtout à ses pédicelles axillaires et à ses rameaux épineux, et du 
Fuchsia arborescent son genre Schufia; mais ces divers types d’un 
même genre, dont l’on forme autant de genres, jettent dela confusion 
et de la difficulté dans l'étude de la botanique. 


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Deuxième tribu. — ÉPILOBÉES. 
Épilobe. 


L'Épilobe a un calice à quatre sépales, ordinairement réunis en un 
seul tube tétragone, dont le limbe tombe après la floraison; quatre 
pétales, huit étamines à pollen non visqueuk, une capsule linéaire et 
plus ou moins tétragone à quatre loges, quatre valves intimément 
unies au tube calicinal, et contenant plusieurs semences floconneuses. 

Ce genre se divise en deux sections : 

1° Les Chamænerion, à fleurs irrégulières, filaments dilatés à la base; 
étamines déjetées, pétales ovales et feuilles alternes ; 

2° Les Lysimachion, à fleurs régulières , étamines redressées, pétales 
cordiformes et feuilles inférieures opposées. 

La première section est formée de quatre espèces, deux indigènes 
et deux originaires de la Sibérie. Les premières sont le Spicatum, à 
feuilles longuement lancéolées et pédicelles dépourvus de bractées, et 
le Rosmarinifolium ; à feuilles linéaires, roulées sur les bords, et 
pédicelles adhérents aux bractées ; ces deux plantes, dont les racines 
sont tracantes, forment à la fin de l'été, dans les bois montueux ou sur 
les bords des torrents alpins, des touffes très-étendues et très-élégantes 
de fleurs en longs épis d'un beau rose, à anthères bleuâtres. Kocn 
ajoute, aux deux espèces européennes, le Fleischeri, dont le style est 
de moitié plus court que les étamines, mais qui a la conformation des 
deux autres. 

Les Chamænerion européens diffèrent des Lysimachion par leurs 
fleurs, qui, d'abord régulières, se déforment à l'époque de l’épa- 
nouissement, de manière que les deux pétales inférieurs s'écartent en 
même temps que leur pistil se déjette; ces deux mouvements, qui, 
quoique indépendants, sont ici subordonnés, n'appartiennent pas 
exclusivement aux Chamænerion, car on en retrouve des traces dans 
quelques espèces de Lysimachion, et en particulier dans le Parviflorum 
ou le Molle de la Flore française. Les espèces de Sibérie sont peu 
connues. 

La seconde section, beaucoup plus riche en plantes étrangères et 
indigènes , renferme principalement huit espèces européennes, que je 
réunis sous deux types, plutôt pour l’organisation de la fleur que 
pour le port et la structure générale : le premier est formé de l'Hirsu- 
tum, du Parviflorum et du Montanum , à stigmates quadrilobés et fleurs 


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légèrement irrégulières, comme celles de la première section; le second 
comprend les espèces à stigmate entier, telles que l’Æ/pinum, l Origani- 
folium, Y Alpestre, que HALzLer réunissait au Montanum, le Roseum, le 
Palustre et le Tetragonum, qui diffèrent entre eux par le port, la tige 
cylindrique ou tétragone, la capsule sessile ou pédicellée, les feuilles 
opposées ou alternes et les pétales entiers ou bifides; toutes sont 
vivaces, à racine plus ou moins stolonifère, feuilles dentées et inflo- 
rescence axillaire ; les Lysimachion étrangers ressemblent beaucoup 
aux européens, et à quelgues exceptions près, il est difficile d'y dis- 
tinguer les vraies espèces d'avec les simples variétés. 

Les Æpilobes sont des herbes vivaces, à l'exclusion peut-être du 
Dahuricum, que De Canrozre indique comme annuel; leurs tiges 
périssent chaque année jusqu’à la racine, qui repousse dès l'automne 
de nombreux rejets, comme cela a lieu pour les plantes sociales. Les 
feuilles , qui se dessèchent sans tomber, sont penninerves, presque 
toujours entières dans la première section, et dentées dans la seconde; 
ordinairement opposées dans le bas des tiges et alternes dans le haut; 
quelquefois toutes alternes ou toutes opposées. Cette disposition varie 
souvent dans la même espèce, et il n’est pas rare de voir sur le même 
pied des feuilles opposées et d’autres ternées. 

La forme générale de ces feuilles est la lancéolée , qui s'arrondit ou 
s’allonge selon les espèces et même selon les localités ; leur surface est 
glabre, brillante, veloutée, velue ou même hérissée et cotonneuse. 
Leurs nervures ont souvent une teinte rougeâtre dans la première 
section où ces feuilles sont roulées sur leurs bords inférieurs, tandis 
que , dans la seconde, elles s'appliquent exactement les unes sur les 
autres; en les examinant avec plus d'attention, on trouve que leurs 
nervures penninerves se recourbent avant d'atteindre la circonférence, 
en sorte que les dents renflées et glanduleuses qui la bordent en parais- 
sent indépendantes. On remarque encore de grandes différences dans 
leur parenchyme, qui à la loupe est continu dans le Spicatum et le 
Parviflore, percé de glandes rondes et transparentes dans l'Aérsutum 
et l’Hypericifolium , et enfin criblé de corps amincis et allongés dans le 
Montanum. 

L’efflorescence est centripète; les fleurs s’'épanouissent dès le com- 
mencement de l'été, et continuent à se développer en remontant vers 
le sommet jusqu’au milieu de l'automne; quelquefois elles sont soli- 
taires et axillaires; d'autres fois et pour l'ordinaire, elles se terminent 
en petites panicules plus ou moins feuillées, où comme dans les Cha- 
mænerion, en longues grappes avec ou sans bractées. 

Ces fleurs, qui ne durent qu’un jour, s'ouvrent dans la matinée 


— 329 — 
par un temps couvert comme par un plein soleil, et tombent plus tôt 
ou plus tard selon les espèces. Le nectaire est une cupule abon- 
dante en humeur miellée, et qui, dans les Chamænerion, est entourée 
des bases dilatées des filets, tandis que dans les Lysimachion, elle est 
placée au-dessous de l'insertion des étamines, et bordée au moins dans 
l'Hirsutum , le Montanum , le Parviflorum, etc., de poils blanchâtres, 
destinés à retenir les globules pollinifères. 

Quoique le calice des Epilobes paraisse et soit sans doute la conti- 
nuation de l'enveloppe extérieure de l'ovaire; cependant son limbe 
s'en sépare en même temps que le reste de la fleur, et l'on voit bien 
dans le Montanum , le Parviflorum, etc., l'articulation qui unissait pri- 
mitivement ces deux organes, et qui est moins prononcée dans les Cha- 
mænerion, quoiqu'elle s'y retrouve également. 

L’estivation des calices est valvaire et celle des pétales superincom- 
bante, c'est-à-dire que chaque pétale recouvre d’un côté, tandis qu'il 
est recouvert de l’autre ; on peut remarquer même que ces pétales 
souvent échancrés et même bifides sont un peu contournés dans 
quelques espèces de la seconde section , l'Hirsutum, par exemple, 
tandis qu’ils sont toujours droits et entiers dans la première. 

La capsule sessile ou pédonculée, mais toujours tétragone et soli- 
taire à l’aisselle des feuilles où des bractées, est formée de quatre 
panneaux chargés sur le milieu de leur face interne d'une arête ou 
cloison longitudinale; à l'approche de la maturité, ces panneaux com- 
mencent à diverger par le sommet , et l'on apercoit en même temps à 
leur centre un placenta quadrangulaire à quatre rangs de semences, 
logées très-régulièrement sur les quatre rainures ou les quatre faces 
du placenta; il correspond aux quatre ouvertures des valves, tandis 
que les cloisons sont attenantes aux quatre angles du placenta, 
arrangement que les botanistes appellent loculicide. 

Au moment où les panneaux s'écartent, la graine se che du 
placenta et reste suspendue par son aigrette entre les deux valves 
contigués; il y a peu de spectacles aussi curieux que celui de ces 
graines à aigrettes étalées et disposées les unes au-dessus des autres 
dans un ordre parfait; le vent enlève et dissémine d'abord les supé- 
rieures, plus dégagées que lesautres, et successivement jusqu’à celles 
du fond de la capsule. Hazzer dit , avec peu de vraisemblance, que 
ces graines ont besoin pour être fertiles de conserver leur aigrette;, 
qui au contraire ne doit servir qu’à les transporter au loin. 

Les étamines des Chamænerion sont renflées à la base, rapprochées 
et placées sur un seul rang; celles des Lysimachion libres et sur deux 
range ontleurs anthères biloculaires, introrses, latérales et pleines d'un 


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pollen à molécules à peu près sphériques et liées les unes aux autres: 
par des filets blanchâtres, mais non pas glutineux comme ceux des 
OEnothères. Les Epilobes ont trois formes de fécondation : la première 
est celle des Chamænerion à fleurs difformes, et quelques Lysimachion, 
comme l'Hirsutum, dont les lobes stigmatoïdes sont aplatis et papil- 
laires au centre; la seconde est celle des espèces à fleurs régulières, 
dont le stigmate quadrifide a ses lobes cylindriques et papillaires sur 
toute la surface, comme le Parviflorum, le Roseum, le Montanum , 
l'Aypericifolium ; la dernière enfin est celle des espèces à stigmate en- 
tier, dont la surface extérieure, la même qui était lisse dans les Cha- 
mænerion , est toute papillaire, et recoit médiatement ou immédiate- 
ment l'humeur fécondante, 

La première forme se modifie selon les espèces : dans le Spicatum, 
le stigmate n’ouvre pas ses quatre lobes intérieurement papillaires, 
avant que les anthères n'aient entièrement répandu leur pollen sur un 
beau nectaire, ouvert seulement à cette époque, pour recevoir les 
globules fécondateurs et transmettre leurs émanations ouleurs boyaux 
à l'organe tout préparé à les recevoir; dans l'Hirsutum , au contraire, 
le stigmate développe et roule en dehors ses quatre lobes amincis et 
papillaires seulement en dessus, au moment même ou les étamines 
raccourcies répandent au fond de la fleur leur pollen, qu'il recoit 
ainsi immédiatement, et qui retombe aussi en grande partie au fond 
de la corolle; dans le Montanum, le Roseum , le Parviflorum, etc., les. 
quatre lobes papillaires de tous les côtés sont entourés par les anthères 
dont ils recoivent le pollen, soit avant de s'ouvrir entièrement, soit: 
après qu'ils se sont ouverts; en sorte qu'ils en sont comme imprégnés 
pendant toute la durée de leur existence florale. 

Les choses se passent à peu près de la même manière dans les espèces 
où le stigmate est entier ou plutôt non développé; ainsi, par exemple, 
dans le Palustre, le stigmate est une massue tétragone, recouverte 
long-temps avant l'épanouissement par les globules sphériques libres, 
et non filamenteux du pollen; il en est exactement de même du Te- 
tragone, à stigmate entier et cylindrique, où la fécondation à lieu 
avant l'ouverture de la fleur. 

Après la fécondation, la fleur se referme dans toutes les espèces , 
et les anthères qui conservent encore un peu de pollen se serrent 
contre le stigmate qu’elles féconderaient, s’il n’était pas déjà imprégné; 
mais dans les Chamænerion, le stigmate est tellement déjeté qu'il reste 
souvent hors de la fleur qui se referme; dans cet état, il pourrait être 
fécondé s’il en était besoin par les anthères des fleurs supérieures; 
mais cela n’est pas nécessaire dans les Chamænerion, au moins dans 


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le Rosmarinifolium, car les quatre lobes du stigmate, après s'être re- 
couverts des granules du pollen, se referment exactement, en sorte 
que la fécondation est assurée commé dans le Clarckia élégant. 

Les deux parois des anthères s'ouvrent fortement, les intérieures 
s'appliquent l’une contre l’autre et les extérieures s'étendent sur le 
même plan, sans se rouler en dehors. On peut suivre sur les rainures 
de l’axe central la trace des vaisseaux fécondateurs et nourriciers arri- 
vant à la base de chaque graine; c'est au point opposé, c'est-à-dire au 
sommet qu'est placée la houppe soyeuse qui ressemble tout-à-fait à 
l'aigrette simple des Composees. 

Les Epilobes européens ont les fleurs d’un rose plus ou moins foncé, 
et les espèces étrangères sont teintes des mêmes couleurs, à l’excep- 
tion de quelques-unes à fleurs blanchâtres, et d'une autre originaire 
des rivages de l'Amérique nord, à fleurs jaunes et rayées ; ils paraissent 
au déclin de la saison, en même temps que la Menthes, les Origans , 
les Stachys, les Galeopes ; et le plus grand nombre des Composces , et 
au moment où la plupart des fleurs ont disparu, ils font la parure de 
nos prairies humides , de nos fossés et de nos haies; en sorte que l'on 
peut dire qu'ils ferment, au moins chez nous, le cercle de l'année. 

D'autres espèces croissent sur nos montagnes; les unes grandes et 
élevées, les autres faibles, petites et peu apparentes; telles que l'4/pi- 
num et l'Origanifolium ; mais comme, à l'exception des Chamænerion, 
elles manquent toutes d'éclat ei de parfum, elles ne sont guère recher- 
chées que par les botanistes ou les amis de la nature, qui se plaisent à 
contempler dans leurs moindres détails les moyens variés que son 
Auteur a déployés pour arriver à ses deux grandes fins, la conservation 
de l'individu et celle de l'espèce. 

On peut remarquer que dans les Epilobes , l'ouverture de la capsule 
est liée avec les aigrettes des graines : dès que celles-ci étaient confor- 
mées de manière à se répandre au loin, il fallait qne les capsules s'ou- 
vrissent pleinement. 

Je n'ai aperçu à peu près aucur mouvement organique dansles tiges, 
les feuilles et les pédoncules de la plupart des Æpilobes, le seul que 
j'aie remarqué c’est celui des styles, des stigmates et peut-être aussi 
des pétales, dans les Chamænerion et le premier type des Lysimachium. 

On peut observer que les Æpilobes, dont le pollen est dépourvu de 
filets visqueux, n’ouvrent jamais leurs fleurs le soir, comme cela a lieu 
dans la plupart des OEnothères. 

Le fait principal etauquel se subordonnent presque tous les autres, 
c'est la fécondation opérée par les anthères avec l'intervention de l’hu- 
meur miellée ; on explique facilement par son moyen les stigmates 


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tantôt penchés, tantôt droits, tantôt lobés, tantôt entiers, papillaires 
ou sur leur face interne, ou sur l’externe, et l’on admire sans cesse 
les moyens variés que l’Auteur de la nature a mis en usage pour opérer 
cet acte. On se rend ainsi un compte facile et exact de ces dispositions 
bizarres, qu'affectent entre eux les stigmates etles anthères; c'est ici un. 
problème proposé au botaniste, qui ne peut manquer de le résoudre. 


Troisième tribu. — ONAGRÉES. 


Les Onagrees ont un tube calicinal prolongé au-delà de l'ovaire, et 
dont la partie libre est cylindracée, infundibuliforme, plus ou moins. 
campanulée ou cyathiforme, caduque et articulée au sommet de l’o- 
vaire ; un disque tapissant la gorge du calice en bourrelet annulaire, 
huit étamines unisériées et fertiles, un péricarpe capsulaire ou carcé- 
rulaire, plus ou moins coriace, une radicule très-courte, des cotylé- 
dons quelquefois convolutés, et des fleurs ordinairement jaunes, noc- 
turnes et fugaces. 

On rapporte à cette tribu l'Onagre,\ OEnothere, le Sphærostigma, 
le Lavauxia, le Hartmannia, le Kneïffia, le Xylopleurum, le Gaura 
etle Gauridium, de Sracx. 

J'ai adopté ces genres à cause des différences physiologiques qu'ils 
présentent dans la fécondation et la dissémination. 


PREMIER GENRE. — Onagre. 


L'Onagre a le tube calicinal plus long que l'ovaire, et le limbe divisé 
en quatre segments membranenx, corniculés au-dessous du sommet, 
quatre pétales obcordiformes et veinés, huit étamines à filets plus 
longs que les anthères linéaires, tétragones et versatiles; l'ovaire 
oblong, conique est quadriloculaire , marqué sur les côtés de quatre 
côtes et quatre sillons; les ovu!es horizontaux sont bisériés et sessiles, 
le style est fililorme, le stigmate est formé de quatre lobes allongés, 
la capsule est sessile et couronnée par quatre dents souvent échan- 
crées; ses angles sont alternes avec les cloisons, et son placenta tétra- 
gone et fongueux est chargé d'un grand nombre de graines bisériées ; 
Ja radicule est centripète et les cotylédons ne sont pas convolutés. 

Les Onagres sont des herbes bisannuelles, à feuiiles caulinaires, 
molles et éparses; les radicales grandes, rosulées et pétiolées; les fleurs 
vespertinées et nocturnes sont odorantes, promptement caduques et 
rapprochées en épis feuillés; le tube calicinal, dressé dans la préflo- 


— 333 — 


raison , est pendant après l’anthèse, et les segments membraneux du 
calice se développent souvent irrégulièrement en forme de spathe. 

Ge genre, qui compte déjà douze espèces presque toutes originaires 
de l'Amérique septentrionale, est un démembrement de l'CEnothere 
du Prodrome, et surtout de la section des Onagres. 

La principale espèce de ce genre, réduit aux limites que nous 
venons de lui assigner, estle Biennis, originaire de la Virginie; intro- 
duit en Europe en 1614, et répandu aujourd'hui dans toute son éten- 
due, principalement aux bords des haïes et des torrents; les autres 
espèces, à fleurs toujours jaunes, comme celles du Biennis, sont le 
Corymbosu, du Mexique, à capsule hérissée; l'Elata, de la même 
contrée; le Media, à pétales échancrés et calices pubescents ; le Parvi- 
flora , dont l'ovaire est surmonté de huit dents;le Murieata, à tige 
plus ou moins muriquée, et le Salicifolia, à tige fortement sillonrée, 
et feuilles caulinaires, rétrécies et allongées. 

La fécondation de la plupart de ces plantes a lieu le jour qui précède 
l'épanouissement; les anthères, lâchement appliquées contre les lobes 
toujours glutineux du stigmate, s'ouvrent en même temps que leurs 
parois inférieures se fondent et disparaissent , comme dans les Campa- 
nnles ; tout le pollen recouvre alors la surface externe et visqueuse du 
stigmate, auquel il reste adhérent. 

La fleur, qui doit s'épanouir le soir, se prépare toute la journée à 
son nouvel état, en s'éloignant de la tige, et en se dirigeant du côté 
de la lumière ; en même temps, ses pétales grandissent, ses sépales 
demi-transparents se séparent plus ou moins régulièrement, et l'on 
voit enfin paraître dans tout son éclat une fleur d’un beaë jaune soufré 
qui exhale quelquefois une odeur exquise d'Oranger ; cet état se pro- 
longe toute la nuit, mais ensuite les pétales se fanent et changent 
insensiblement de couleur ; les étamines se déjettent avec leurs an- 
thères vides, et au bout de deux ou trois jours toutes les enveloppes 
florales ont disparu. 

Les Onagres ont un pollen granuléet anguleux, dont les molécules 
agrandies adhèrent entre elles par de longs filets glutineux, qui s’entor- 
tillent autour des lobes stigmatoïdes sur lesquels ils se fixent; et iln’est 
pas douteux que cette conformation du pollen ne soit en rapport avec 
l'épanouissement vespertinal et nocturne des diversesespèces du genre; 
car, s'il en eût été autrement, les stigmates et le pollen auraient été 
détrempés par la rosée et l'humidité de la nuit, et les fleurs seraient 
restées infécondes. 

Les fleurs, qui s’ouvrent le soir, ou pendant la nuit, subissent-elles 
toutes , comme les Onagres et les Cactées , une altération de couleur 


— 334 — 
dans leurs pétales ? ou sont-ce seulement celles dont la corolle a un 
tissu délicat ? 

J'ai souvent placé des Onagres dans l'obscurité, et je les ai vus ouvrir 
d'abord leurs pétales aux mêmes heures que les autres; ensuite devenir 
plus paresseux et enfin ne s'ouvrir ni ne se fermer; leur corolle ne 
tombait point, et ne se décolorait que lentement. 

Le nectaire des Onagres, comme celui de la plupart des Ollnotheses, 
est un disque charnu, placé au sommet de la capsule, et tapissé d’une 
substance épaisse, d'oùsort une humeur miellée qui remplitune partie 
du tube calicinal. 

Les feuilles du Biennis sont articulées; en est-il de même des autres 
espèces du genre? 


DEUXIÈME GENRE. — (Enothere. 


L’OEnothère diffère principalement de l'Onagre par ses ovules ascen- 
dants et imbriqués, par sa capsule cartilagineuse, claviforme et cylin- 
dracée, non sillonnée ni revêtue de côtes, et par ses graines à test dur 
et crustacé. 

Il renferme une vingtaine d'espèces annuelles et multicaules, à tiges 
rameuses et feuilles toutes sinuées et denticulées ; les radicales et cau- 
linaires inférieures rétrécies en pétioles, les supérieures et les florales 
amplexicaules; les fleurs sont axillaires, distantes et d’un jaune plus ou 
moins vif. 

Les diverses espèces de ce genre, presque toutes indigènes de l’A- 
mérique méridionale, sont, comme celles des Onagres, vespertines, 
nocturnes , odorantes, caduques et dressées à la floraison; elles pré- 
sentent en conséquence les mêmes phénomènes de fécondation que 
J'ai déjà indiqués, et que je me contente de rappeler. 

Les principales sont le Longiflora, du Brésil méridional, le Stricta , 
du Chili, et l'Odorata, de la Patagonie. 

On pourrait aussi Cépeidé l'OEnothère , comme une section “É 
l'Onagre. 

Ces deux genres ont la fécondation dise carilest clair que les 
globules fécondateurs s'appliquent sur l’ Ml mé miellée , et que leurs 
émanations pénètrent ensuite dans l'intérieur des stigmates. 


TROISIÈME GENRE. — Sphærosligma. 


Le Sphærostigma, qui est la première section des OEnothères de 
DE Caxpoze, a le stigmate globuleux, le fruit allongé, cylindrique, 


— 339 — 


tétragone, à valves linéaires; les anthères courtes et tronquées à leur 
extrémité supérieure, 

Ce genre est formé de trois espèces, dont les deux premières, le 
Dentata et le Cheiranthifolia, originaires du Chili, ont les capsules 
cylindriques très-étroites et recourbées, et dont la dernière ou l’Æ#lata 
se reconnait à ses rameaux ailés et à ses capsules tétraptères ; le Den- 
tata, qui est vivace, est tantôt caulescent et tantôt dépourvu de tige; 
toutes ont les fleurs jaunes. 

SpACH a formé son genre Megapterium de l'Alata, à cause des 
grandes ailes que porte sa capsule. 

Les Sphærostigma ont les fleurs grandes, diurnes, non éphémères et 
axillaires. 

Je n'ai pas vu leur fécondation, mais je suppose que leurs anthères 
courtes et tronquées s'appliquent immédiatement sur un stigmate glu- 
tineux, et que le pollen n’est lui-même ni glutineux ni mêlé à des 
poils glutineux, puisque la fécondation a lieu pendant le jour. 


QUATRIÈME GENRE. — /avauxia. 


Le Lavauxia a le tube calicinal très-allongé et le limbe à quatre seg- 
ments planes et corniculés au sommet; les pétales obcordiformes, les 
anthères tétragones, versatiles et plus courtes que les filets; l'ovaire 
non stipité, tétraèdre , à quatre côtes et quatre loges, les ovules hori- 
zontaux et bisériés; le style grêle, très-long, le stigmate quadrifide à 
lobes linéaires, la capsule ligneuse, elliptique, rugueuse, subsessile, 
tétraèdre, à quatre dents et quatre côtes épaisses, et chargée de plus au 
sommet de ses quatre angles d'une crête cartilagineuse ; le placentaest 
tétragone, fongueux, et porte des graines horizontales, enveloppées 
d'un arille épais et crustacé; la radicule est centripète et les cotylédons 
sont elliptiques et non convolutés. 

Les Lavauxia sont des herbes vivaces ou annuelles, à feuilles den- 
tées ou pinnatifides ; leurs fleurs grandes, axillaires et odorantes sont 
vespertines, nocturnes et promptement fugaces; le tube calicinal, 
dressé dans la préfloraison, est pendant après l’anthèse; la corolle est 
jaune ou d’un rose pâle. 

On n'en connaît encore que quatre espèces, toutes remarquables 
par la beauté de leurs fleurs, et qu'on divise en deux sections : 

1° Celle à pétales jaunes, trilobés au sommet, segments du calice 
longuement acuminés, et racine annuelle pivotante ; 

2° Celle à pétales blanchâtres et tronqués, segments du calice légé- 
rement acuminés, racines vivaces et rampantes. 


— 336 — 

L'espèce la plus connue de la première section est le Triloba de l'A- 
mérique nord, dont les feuilles inférieures sont pinnatifides à lobe 
terminal, allongé et acuminé; ses étamines sont plus longues que 
les stigmates, et sa capsule luisante est couronnée de quatre dents 
recourbées. 

La seconde section comprend l’Acaulis et le Grandiflora que De 
CanDOLLE considère comme deux variétés, et qui sont l'une et l’autre 
des plantes dépourvues de tige et florifères dès la première année, 
mais qui ensuite deviennent caulescenteset plus ou moins rameuses ; 
les feuilles, rosulées au collet dans les jeunes plantes, le sont ensuite 
au sommet dans les plantes adultes; les primordiales et les supé- 
rieures sont entières; les autres sont lyrées, pinnatifides ou auri- 
culées. 

Ces plantes ont sans doute la fécondation et la dissémination des 
Onagres et des OEnothères, puisque leurs fleurs sont vespertines et 
fugaces, etque leur stigmate est formé de quatre lobes linéaires et 
probablement glutineux. 


CINQUIÈME GENRE. — /lartmannia. 


Le Hartmannia à le tube calicinal quelquefois plus court que l'ovaire 
et le limbe à quatre segments planes, les pétales légèrement ongui- 
culés, les anthères versatiles , l'ovaire court, stipité, subclaviforme, 
tétraèdre à quatre côtes et quatre loges, le style filiforme et le stigmate 
à quatre divisions linéaires; la capsule est claviforme ou ovale, lon- 
guement stipitée, tétraptère ou tétraèdre; le placenta est tétraèdre et 
fongueux, les graines sont petites, nues, nidulantes, à test mem- 
braneux. 

Ce genre artificiel renferme des herbes annuelles ou vivaces, à 
feuilles radicales, rosulées, à fleurs axillaires distantes et dressées 
dans la préfloraison; leur corolle est rose ou blanchätre et moins 
souvent jaunâtre. 

On le divise en deux sections : 

1° Celle à tube calicinal grêle, pétales plus courts que les segments 
du calice; style débordé par les étamines ; 

2° Celle à tube calicinal infundibuliforme, pétales deux fois aussi 
longs que les étamines, style débordant les étamines. 

La principale espèce de la première section est le Rosea, du Mexi- 
que, herbe annuelle à pétales roses, capsule claviforme tronquée, 
à quatre angles marginés, tige courte, redressée et rameaux grêles. 

La seconde section est représentée par le Tétraptère, à pétales 


ET 
allongés, denticulésau sommet et d’un blanc carné; sa capsule tétrap- 
tère et quadridentée a les angles et les côtés hérissés ; sa tige est dressée, 
hérissée et ordinairement très-rameuse; ses feuilles sont ovales, ob- 
tuses à la base et souvent pinnatifides ou sinuées vers le sommet. 

SrAcx dit que les fleurs de ces plantes sont vespertines et noc- 
turnes, mais j'ai vu au contraire celles du Rosea s'ouvrir le matin et 
rester un ou plusieurs jours sans se flétrir; mais je n'ai pas observé 
celles du Tetraptera. 

De FRANCE a remarqué que les capsules du Tetraptera s'ouvraient 
par l'humidité , et se refermaient par la sécheresse; et jai vérifié la 
même anomalie dans celles du Rosea, de l'Hortus Kiow où du Gau- 
roides, de Srac. Cela vient-il de ce que leurs graines à test mem- 
branacé ont besoin d'humidité pour ne pas être endommagées à l'air. 

Le pollen du Rosea m’a paru dépourvu de filets glutineux, et c'est 
pourquoi sans doute ses fleurs s'ouvrent le jour. 


SIXIÈME GENRE. — Kneïffia. 


Le Xneiffia a un tube calicinal cylindrique, plus long que l'ovaire, 
et un limbe à quatre segments planes, corniculés, quatre pétales 
veinés et légèrement onguiculés, des étamines à filets formes et 
anthères linéaires versatiles et courbées après l'anthèse; un ovaire 
court, stipité, tétraèdre à quatre côtes et quatre loges polyspermes ; 
des ovules nidulants et horizontaux, un style filiforme et un stigmate 
à quatre divisions égales; une capsule claviforme obovale, plus ou 
moins stipitée, cartilagineuse, glabre à quatre loges et quatre côtes 
saillantes, des graines ovales à test membranacé. 

Les Aneiffia sont des herbes vivaces et touffues, à tiges simples et 
rameuses vers le haut ; leurs feuilles sont entières ou légèrement den- 
ticulées, les fleurs axillaires et distantes ou plus souvent rapprochées 
en épis feuillés, sont diurnes, non éphémères, presque inodores et 
toujours redressées en préfloraison; la corolle et les étamines sont 
d'un jaune vif. 

On les divise en deux sections : 

1° Celle à tube calicinal, deux ou trois fois plus long que l'ovaire, 
capsule tronquée au sommet, pétales au moins deux fois plus longs 
que les étamines, style débordant les anthères ; 

2° Gelle à tube calicinal, un peu plus long que les segments du 
-limbe, pétales petits, à peine plus longs que les étamines, capsule 
non échancrée, style débordé par les anthères. 

La première section, qui se subdivise en capsules plus courtes ou 

IT, 22 


— 338 — 


plus longues que le stipe, comprend principalement le Glauca, à 
feuilles glabres et glauques, le Fruticosa, à tiges sous-frutescentes à 
la base et fleurs axillaires disposées en longs épis, le Serotina ou le 
Maculata de Sracm, à feuilles maculées en rouge et luisantes en 
dessus; le Fraseri, à fleurs axillaires sur de longs épis, et capsule 
claviforme , presque deux fois aussi longue que le stipe ; l'Hybrida de 
Micuaux, à feuilles pubescentes ou hérissées et presque sessiles et 
pétales agrandis; enfin le Linéaire, à feuilles amincies, velues, soyeuses 
ou cotonneuses. 

La seconde section n'est formée dans SPacx que du Pumila, à 
tiges grêles, raccourcies et fleurs axillaires en épis lâches. 

Ces diverses plantes, qui paraissent la plupart homotypes, et qui 
varient beaucoup dans la forme de leurs feuilles et dans leur port, 
ne présentent pas des espèces bien distinctes et renferment souvent 
plusieurs variétés. La distinction la plus importante que j'ai cru y 
remarquer, c'est celle des stigmates placés tantôt au-dessus, tantôt 
au-dessous des anthères, et qui semblent ainsi indiquer deux formes 
de fécondation ; mais j'avoue que je ne les ai pas examinées sous ce 
point de vue. Du reste, je ne doute pas que, puisque leurs fleurs sont 
diurnes, leur pollen ne soit différent de celui des Onagres et des 
OEnotherses , et qu’il ne soit en particulier dépourvu de filets slanaess 

Leur stigmate doit être quelquefois papillaire. 

Elles appartiennent toutes à la section des OEnotherium du Pro- 
drome. 


SEPTIÈME GENRE. — Àylopleurum. 


Le Xylopleurum a un tube calicinal claviforme, aussi long que 
l'ovaire, et un limbe à quatre segments planes et plus longs que le 
tube; des étamines à filets subulés et anthères versatiles, courbées 
après l'anthèse; un ovaire fusiforme tétraèdre, à quatre côtes et 
quatre loges polyspermes, des ovaires nidulants, à pédicelles très- 
allongés, un style filiforme très-long et un stigmate à quatre lobes 
linéaires; une capsule uniloculaire par l'oblitération des cloisons, 
polysperme, presque ligneuse, à quatre côtes et quadrivalve au som- 
met; un placenta nerviforme et des graines ovales à test membranacé ; 
des cotylédons non convolutés et une radicule supère. 

Ce genre comprend deux espèces, l’une originaire du Mexique, et 
l'autre de la Louisiane. Cette dernière, connue sous le nom de 
Speciosa, et qui fait l'ornement de nos parterres, a une racine vivace 
et rampante, des feuilles radicales lyrées et des caulinaires dentées; 


— 339 — 


des épis terminaux aphylles, làches et penchés avant l’anthèse ; des 
fleurs grandes d'un beau blanc, passant légèrement au rose après la 
fécondation , odorantes, diurnes, non éphémères et penchées avant 
l'épanouissement. Le style et les stigmates sont inclinés sur la corolle, 
et l'on voit à sa base le trou cylindrique par lequel l'humeur miellée 
sort du tube, et renvoie ses émanations au stigmate glutineux tout 
recouvert des filandres des anthères. 

M. Fennar, de Dijon, a observé que, dans cette plante, le tube 
calicinal est tellement serré au sommet de l'ovaire, que le style se 
remplit complètement, et que les sphinx du Tithymale, du Liseron et 
surtout celui de la Vigne, qui y introduisent leur trompe pour sucer 
la liqueur miellée des glandes nectarifères placées à sa base, ne peuvent 
plus la retirer, parce qu'elle s'est gonflée par l'humeur sucrée qu'elle 
a absorbée. 

Les principaux objets de recherche concernent d'abord ici la fécon- 
dation : toutes les OEnothères, à fleurs vespertines et nocturnes, 
ont-elles le stigmate glutineux, et le pollen entremélé de poils filan- 
dreux ? Toutes celles à fleurs diurnes ont-elles le pollen non entre- 
mêlé de ces fils, et le stigmate toujours papillaire ? La fécondation de 
ces dernières s'opère-t-elle constamment après l'épanouissement P 
Dure-t-elle un ou plusieurs jours ? Et a-t-elle toujours lieu de la 
même manière dans les espèces dont les anthères restent droites et 
dans celles où ces dernières se recourbent ? Quel rôle joue le nectaire 
dans les OEnothères ? Est-il semblablement conformé dans les espèces 
à fleurs nocturnes et dans celles à fleurs diurnes? Est-il quelquefois placé 
au sommet du tube? Pourquoi y a:tl, surtout dans les OEnothères noc- 
turnes , deux sortes de pollen, l'un à molécules grosses et anguleuses, et 
l'autre à molécules plus petites et arrondies? Cette distinction se re- 
trouve-1-elle dans les espèces à fleurs diurnes ? Le phénomène le plus 
remarquable de ce genre, c'est la forme de fécondation du Speciosa, 
qui, organisé en apparence comme les Onagres et les OEnotherium, 
avec des anthères filandreuses et un stigmate à quatre lobes visqueux, 
ouvre pourtant ses fleurs pendant plusieurs jours, sans jamais les refer- 
mer. C'est aussi, comme je l'ai noté, la floraison du Fraseri de la pre- 
mière section des Æneiffia. 


HUITIÈME GENRE. — Godetia de Sracx. 
, 
Le Godetia a le tube calicinal cyathiforme ou infundibuliforme, 
barbu en dedans, au-dessus de la base, et le limbe à quatre segments 
concaves, pointus et réfléchis; le disque épaissi en bourrelet annu- 


— 340 — 


laire, les quatre pétales entiers et réticulés au sommet, les étamines 
opposées aux pétales très-courtes, les anthères égales, non versatiles 
et arquées après l’anthèse, l'ovaire à peu près cylindrique, marqué de 
huit sillons et quadriloculaire, les ovules imbriqués et unisériés, le 
style court et le stigmate à quatre lobes ordinairement raccourcis et 
quelquefois allongés et recourbés ; la capsule presque toujours sessile 
octogone ou tétragone, quadridentée au sommet, quadriloculaire, 
quadrivalve et polysperme , le placenta tétragone, les graines cubiques 
ou irrégulièrement anguleuses, unisériées, à test crustacé, la chalaze 
grande et couronnée par un rebord frangé, les cotylédons suborbi- 
culaires, échancrés à la base et la radicule infère ou centripète. 

Ce genre est formé d'herbes annuelles ou rameuses , à feuilles den- 
ticulées et très-entières ; les fleurs axillaires et distantes sont toujours 
dressées avant l'anthèse ; les pétales sont roses ou pourpres. 

On le divise en deux sections : 

1° Celle à ovules à peu près horizontaux et capsule sillonnée, obscuré- 
ment octogone ; 


2° Celle à ovules ascendants et capsule non sillonnée, à quatre angles 
et quatre côtes. 

On range dans la première: 1° le Purpurea de la Californie, à ovaire 
hérissé, style saillant, débordé par les étamines et stigmates très- 
courts et rouges comme le disque; 2° le Decumbens, de la même 
contrée, à tube calicinal trois fois plus court que l'ovaire cotonneux, 
disque jaunâtre, capsule conico-cylindrique, étamines mineures très- 
courtes et stigmates à lobes épais et raccourcis. 

La seconde est formée du Viminea, de la Californie, à tiges touffues 
eteffilées, disque jaunâtre, style court, stigmate pourpre ou jaunâtre 
et capsule pubérule; du Quadrivulnera , de la même contrée, dont 
les pétales portent à la base une tache pourpre, et dont le style 
saillant est terminé par des stigmates suborbiculaires; du Romanzomii, 
également originaire de la Californie, à style très-court et stigmates 
pourprés, non saillants hors du tube; du Tenella, du Chili, à tige 
effilée et feuilles linéaires spathulées; son disque est d'un pourpre 
violet, son style filiforme porte des stigmates de même couleur que 
le disque, et son ovaire incane devient une capsule rectiligne ou un 
peu arquée. Ces quatre plantes ont les étamines au moins trois fois 
plus courtes que les pétales, les anthères des quatre étamines mineures 
presque sessiles, et les lobes des stigmates très-courts ; enfin la capsule 
non stipitée. 

Les deux dernières espèces de cette seconde section sont le Rosea 
alba et le Lindleyana, Yune et l'autre originaires de la Californie, et 


— 341 — 
dont les étamines sont à peine deux fois plus courtes que les pétales; 
les stigmates ont les lobes allongés et la capsule est rétrécie aux 
deux bouts.Le premier se reconnaît à son: tube calicinal cyathiforme 
à ses longs pétales panachés de rose et de blanc et marqués à leur 
base d'une tache couleur de sang; le second aux segments de 
son calice trois ou quatre fois plus longs que le tube, a son disque 
violet, de même que les anthères. Tous les deux ont des stigmates 
blanchâtres et une capsule très-allongée. 

Les Godetia ont tous la floraison diurne; dans le Viminea, les 
stigmates en lames élargies et d'abord conniventes, sont recouverts 
d'un duvet épais qui retient long-temps le pollen; il en est à peu près 
de même des autres espèces, telles que le Decumbens, le Quadrivulnera, 
le Rosea alba, le Romanzowii, le Lindleyana, \e Tenella,l\e Purpurea, etc. 
dont les lobes étalés du stigmate sont lisses en dessous et recouverts 
en dessus d’un duvet papillaire jaunâtre , ou plus souvent pourpré, et 
semblable à celui des Æpilobes à stigmate quadrifide. On observe en 
même temps que le pollen est formé de molécules petites, sphériques 
et discrètes, à filets glutineux, nuls ou du moins peu apparents, et 
que souvent les anthères s'ouvrent comme dans le Quadrimaculata, 
en se recourbant en dehors du sommet à la base. 

Comment s'opère la fécondation dans ces plantes, et a-t-elle lieu 
d’une manière uniforme malgré la différence qu'il y a entre la lon- 
gueur de leurs étamines et même celle de leurs styles ? Quel rôle y 
Joue le nectaire ? Ces plantes, dont la floraison diurne dure plusieurs 
jours, sont fécondées par les globules qui tombent sur les stigmates 
papillaires à lobes réfléchis et imprégnés de l'humeur miellée, qui 
sort en abondance du fond de la fleur. 


NEUVIÈME GENRE. — Poirsduvalia. 


Le Boisduvalia a un calice infundibuliforme, à tube plus long que 
l'ovaire, et limbe à quatre segments presque dressés, un disque mem- 
branacé à quatre lobes, quatre pétales réticulés profondément bilobés 
et presque dressés , huit étamines bisériées, alternativement plus lon- 
gues et plus courtes, des anthères aliongées et versatiles, un ovaire 
légèrement tétragone à quatre côtes et quatre loges qui ne renfer- 
ment qu'un petit nombre d’ovules ascendants et unisériés, un style 
filiforme et un stigmate à quatre lobes obtus et recourbés; une cap- 
sule non stipitée, légèrement octogone, uniloculaire par avortement 
et quadrivalve, un placenta caduc, membraneux, à quatre angles 
marginés, des semences quadrisériées à test crustacé, une radicule 


— 342 — 


infère et des cotylédons presque planes, profondément échancrés à 
la base. 

Ce genre est formé d'herbes annuelles et très-rameuses, à feuilles 
sessiles, opposées à la base et éparses plus haut; les fleurs bractéolées 
et sessiles sont diurnes et toujours dressées avant l’anthèse; la corolle 
est pourpre ou rose, les anthères sont jaunes. 

Le Boïsduvalia ne renferme encore que deux espèces : le Concinna, 
du Chili, et le Densiflora, de la Californie ; la première a les anthères 
insérées à la même hauteur au-dessous de la gorge du calice, les filets 
des étamines alternes plus longs que les autres et débordant les seg- 
ments du calice, comme le style déborde lui-même la corolle; le pla- 
centa à angles marginés, asperme dans sa moitié supérieure. Le Den- 
siflora, au contraire, a ses pétales insérés entre les segments du calice 
et les étamines placées au-dessous des pétales et à peine saillantes hors 
du tube; les anthères sont très-petites et elliptiques, le style raccourci 
est débordé par les segments du calice, et le placenta tétraptère, 
presque aussi large que la capsule, est aptère seulement au sommet. 

Cette dernière, que j'ai vue vivante, a les tiges et les feuilles velues 
et déjetées, les fleurs axillaires , ramassées en petits goupes serrés et 
accumulés au sommet ; le calice est caduc, le stigmate renfermé dans 
l'intérieur du tube corollaire à ses lobes petits, blancs et papillaires; 
des huit anthères à pollen granuleux, les unes sont placées au-dessus, 


les autres au-dessous du stigmate, et la corolle tombe promptement 
avec le style. 


DIXIÈME GENRE. — Clarckia. 


Le Clarckia a la partie libre du tube calicinal infundibuliforme ou 
cyathiforme, et plus courte que l'ovaire, un limbe à quatre segments 
réfléchis, un disque plus ou moins charnu, papillaire ou ponctué, 
quatre pétales longuement onguiculés, entiers ou trilobés, huit éta- 
mines unisériées, dont les quatre opposées aux pétales et toujours 
plus courtes que les autres, ont les anthères plus petites et même 
quelquefois avortées; les quatre alternes plus longues ont leurs an- 
thères contournées après l’anthèse, un ovaire plus ou moins stipité, 
à quatre ou huit côtes et sillons, et à quatre loges polyspermes, un 
placenta tétragone, des graines ascendantes unisériées, un test crustacé, 
des cotylédons entiers ou échancrés à la base, une radicule infère. 

On divise ce genre en deux sections : ; 

1° Celle à pétales trilobés, et à quatre étamines avortées ; 

2° Celle à pétales entiers, et huit étamines fertiles. 


— 343 — 

La première ne comprend que le Pulchella, herbe annuelle de la 
Californie, à tiges amincies, feuilles linéaires alternes et fleurs axillaires. 

La seconde est iétublleiéne formée de trois espèces : l'Elegans, le 
Rhomboidea et le Gauroides , tous les trois sans doute originaires de la 
même contrée. 

L'Elegans est aussi une plante annuelle à rameaux grèles, feuilles 
glabres, glauques, pointues et légèrement dentées; son disque est 
d'un pourpre violet; ses grandes étamines sont presque aussi longues 
que les pétales, et sa capsule étroite est hispide et plus ou moins 
arquée. 

Le Gauroides, très-distinct des deux autres, a ses rameaux allongés, 
rampants et velus, ses fleurs sessiles aux aisselles et plus petites que 
celles de ses congénères ; son style est déjeté, et son stigmate pourpré 
a ses quatre divisions planes et horizontales. 

La fécondation, qui a toujours lieu après l'épanouissement, varie 
selon les espèces ; ; dans l'Elegans , le stigmate, dont les quatre lobes 
sont amincis et étalés, reçoit hetiténent le pollen granuleux 
qu’il retient sur sa surface papillaire, jusqu’à ce que ses quatre lobes 
se réfléchissent exactement, et forment par leur réunion un disque 
aplati et velouté; on voit en même temps le disque tout recouvert 
des globules rouges fécondateurs dont plusieurs, déjà crevés , enfon- 
cent leurs boyaux dans la masse stigmatoïde. 

Dans le Pulchella , les quatre lobes du stigmate se présentent d'abord 
comme entièrement glabres et dépourvus de papilles en dessus et en 
dessous ; mais, à mesure que la fécondation s'avance, la surface supé- 
rieure dé stigmate s’humecte, et se revêt ntblétiee de petites 
papilles très-peu apparentes; mais qui arrêtent et fixent le pollen, 
qu'on voit attaché à la surface supérieure réfléchie, maïs non velue. 
Je n'ai pas suivi la fécondation du Gauroides, qui doit être un peu 
différente, puisque son style est déjeté; mais j'ai vu que les quatre 
lobes de son stigmate pourpré étaient planes et horizontaux, et j'ai 
remarqué de plus que les granules polliniques du Pulchella avaient la 
transparence du verre. Dans le Rhomboidea, les anthères qui s'ouvrent 
par le sommet entourent un stigmate pourpré à quatre lobes papillaires, 
et les poils humides recouvrent la base de la fleur. 

Les capsules des Clarckia ont les valves loculicides ; les fleurs sont 
diurnes et persistent assez long-temps sans se fermer; les stigmates 
sont comme sablés de points brillants, et les filets blanchâtres, que 
j'ai remarqués dans l'Eleguns, sont rares ou manquent peut-être dans 
les deux autres espèces. 


La fécondation, dans les Clarckia, s'opère donc par l'intervention 


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de la liqueur miellée, qui sort en abondance du godet qu'on voit'au 
fond de la fleur, et qui imprègne les étamines, les poils et les stigmates ; 
les anthères, qui s'ouvrent sur ces derniers, les recouvrent de leurs 
globules polliniques, et les boyaux fécondateurs achèvent l’œuvre. 
Le Rhomboidea a ses globules transparents comme le Pulchella. 


ONZIÈME GENRE. — (Gaura. 


Le Gaura a un calice de trois ou quatre pièces réunies en un long 
tube, qui tombe après la floraison, une corolle de trois à quatre 
pétales, des étamines en nombre double des pétales, un ovaire indé- 
hiscent à trois ou quatre loges, qui se changent pendant la maturation 
en une capsule, ou plutôt en une noix uniloculaire tétragone ou rare- 
ment trigone, contenant une à quatre semences nues. 

Ce genre renferme des plantes du Mexique ou de l'Amérique nord, 
qui sont des herbes annuelles, bisannuelles ou vivaces, à tiges simples 
et ramifiées ; leurs feuilles sont assez semblables à celles des Épilobes ; 
leurs fleurs terminales, bractéolées, sessiles et disposées en spirale, 
sont blanches ou roses, rarement jaunes, et passent quelquefois au 
rouge après la fécondation. 

Ce qui caractérise ce genre, ce sont les soudures, les avortements 
et les déviations des organes floraux, qui, formés primitivement d’un 
ovaire quadriloculaire polysperme, d'un stigmate quadrifide, de quatre 
sépales, d'autant de pétales et d'un nombre double d'étamines régu- 
lièrement disposées, s'altèrent et se déforment successivement, depuis 
l'épanouissement jusqu’à la maturation, de manière à présenter des 
calices et des corolles irrégulières et comme bilabiées , des sépales et 
des étamines avortées ou déjetées, et enfin pour capsule une noix 
osseuse, qui reste indéhiscente, et dans laquelle on ne trouve, le plus 
souvent, qu’une seule semence, mais toujours fertile. 

De toutes les espèces du genre, le Biennis est la seule qui se soit 
naturalisée dans nos climats; sa tige, qui s'élève jusqu'à six pieds, 
porte au sommet une multitude de fleurs d'abord fastigiées, ensuite 
allongées en épi contourné en spirale, et se succédant dans toute 
l’arrière-saison ; ses feuilles tombent de bonne heure et ses fleurs à 
sépales valvaires ont un ovaire stipité ou sessile et articulé sur la tige; 
à l'épanouissement , le sépale inférieur se sépare des autres qui for- 
ment entre eux une sorte de lèvre supérieure ; en même temps, les 
pétales se déjettent irrégulièrement ; les huit étamines opposées alter- 
nativement aux pétales et aux lobes du calice sont articulées sur une 
glande qui fournit abondamment l'humeur miellée ; les granules jau- 


— 345 — 

nâtres des anthères introrses, sont les uns prismatiques et à peu près 
trigones ; les autres plus petits et sphériques sont liés aux précédents 
par ces mêmes filets qu'on trouve dans la plupart des Onagrées. Les 
lobes du stigmate sont rapprochés et visqueux, et portent à leur base 
un petit godet quadrifide ou quinquéfide ; la fleur s'ouvre aux appro- 
ches de la nuit, et sa fécondation s'opère par le secours de l'humeur 
miellée. GÆRTNER a remarqué le premier que la capsule, qui tombe 
de bonne heure en laissant sa cicatrice sur la tige, avait ses loges primi- 
tivement dispermes, et portait à sa base un trou destiné au passage 
des vaisseaux nourriciers ; l'irrégularité des semences dans ce genre, 
ainsi que l'enroulement des cotylédons, est la suite de la déformation 
des capsules. 

Les Gaura, dont je n'ai encore examiné que trois espèces, m'ont 
présenté deux types : 1° celui à fleurs déformées, qui s'ouvrent à la 
fin du jour , et se flétrissent le matin en changeant de couleur comme 
le Biennis ; 2° celui à pétales à peu près régulièrement disposés, à 
fleurs diurnes, dont les étamines sont dressées ainsi que les styles; 
au premier appartiennent le Biennis et le Tripétale, et au second le 
Mollis et le Mutabilis, dont Spacu a formé le genre Gauridium. 

Le Biennis, à la fin de la saison, et lorsque sa force de végétation 
a beaucoup diminué, ne donne plus que des pétales et des étamines 
régulièrement disposées ; mais ses fleurs ne sont sans doute plus fertiles. 

Le Gaura biennis fait en automne l'ornement de nos bosquets par 
ses fleurs, qui, à l'époque de l'épanouissement, sont d'un blanc pur. 


Quatrième tribu. — JUSSIÉES. 


Les Jussiées ont le fruit capsulaire à loges polyspermes, le tube 
du calice non prolongé au-delà de l'ovaire et divisé jusqu’à sa base; 
ce sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles alternes ou rarement 
opposées, entières ou dentées. | 


PREMIER GENRE. — Jussiæa. 


Le Jussiæa a un calice de quatre à six divisions valvaires et persis- 
tantes après la maturation, autant de pétales que de divisions calici- 
na!es et un nombre double d'étamines qui tombent de bonne heure 
avec les pétales, l'ovaire est tantôt aplati et tantôt renflé au sommet, 
le style est filiforme, le stigmaie en tête est marqué de quatre à six 
sillons, la capsule couronnée par le calice et formée de quatre à 


— 346 — 
six loges, porte souvent sur sa surface des côtes par lesquelles sortent 
les semences oblongues nues et nombreuses. 

Ce genre, qui peut se partager artificiellement en trois groupes, 
d'après les divisions du calice ou de la corolle, comprend des sous- 
arbrisseaux et plus souvent des herbes qui vivent pour l'ordinaire 
dans les marais, où plusieurs sont rampantes et même flottantes, 
leurs feuilles sont alternes et presque toujours très-entières; leurs 
fleurs axillaires et solitaires ont les pédoncules quelquefois pourvus de 
bractées; leurs corolles sont jaunes et très-rarement blanches. 

Ces plantes, dont l’on compte déjà plus de cinquante espèces, 
habitent de préférence les côtes occidentales de l'Amérique sud jus- 
qu'aux Antilles, quelques-unes sont originaires des Grandes-Indes et 
des îles adjacentes, et d'autres se trouvent dans la Caroline, ou 
remontent plus au nord. 

Les Jussiées sont encore peu connues, et ne se trouvent guère que 
dans les jardins botaniques, parce que leurs fleurs sont petites, sans 
éclat et sans odeur ; cependant il n’est pas douteux qu'elles ne présen- 
tassent des phénomènes dignes d'être observés dans leur fécondation, 
leur dissémination et les divers mouvements de leurs fleurs ; les 
espèces flottantes doivent être conformées différemment des autres, 
et je vois déjà que les racines de quelques-unes sont pourvues de 
vésicules, à la manière des Utriculaires. 

Leur fécondation est intérieure; et lorsque la fleur s'ouvre, les 
anthères couchées sur le stigmate en tête glutineuse ont déjà répandu 
leur pollen jaunâtre, au moins dans l’Acuminata et le Longifolia. 

Une des espèces les plus distinguées de ce grand genre est le: 
Grandiflora , des marais de la Georgie et de la Caroline, actuellement 
naturalisé en Europe, et qui recouvre en grande abondance les bords 
de la Sez près de Montpellier ; les tiges rampantes sous Feau poussent 
sans cesse de nouveaux rejets, qui étalent en touffes flottantes leurs 
feuilles alternes, pétiolées et un peu spathulées; les fleurs d'un jaune 
brillant sont solitaires et pédonculées aux aisselles supérieures; leur 
calice à tube infère a son limbe quinquéfide et réfléchi, et le torus porte 
sur deux rangs dix étamines séparées par des rangées de poils necta- 
rifères ; les anthères sont biloculaires et extrorses , le stigmate est un 
cône aplati à cinq divisions, et ensuite à cinq renflements papillaires, 
et la capsule est formée de cinq loges polyspermes. La fécondation, 
qui doit être indirecte par l’action des poils nectarifères, a lieu avec 
l'épanouissement ; les pétales, qui s'ouvrent le matin, se désarticulent 
le soir ; les pédoncules allongés se déjettent pendant la maturation, et 
la dissémination, que Je n'ai pas vue, peut s’opérer dans l'intérieur de 
l'eau par l'ouverture des côtes. 


— 347 — 


Les espèces de ce genre doivent être étudiées pour la fécondation, 
la maturation et la dissémination. On comprend déjà pourquoi la dissé- 
mination de ces plantes aquatiques a lieu par l'ouverture des côtes 
latérales. 


DEUXIÈME GENRE. — Ludwigia. 


Le Ludwigia a un calice de quatre divisions persistantes ou lente- 
ment caduques, quatre pétales alternes aux lobes du calice, autant 
d’'étamines opposées à ces mêmes lobes; le sommet de l'ovaire ou la 
base du style forme une pyramide tétragone et probablement necta- 
rifère, marquée d'autant de sillons où s’insèrent les filets; le stigmate 
est une tête quadrilobée, la capsule est quadriloculaire, turbinée ou 
allongée et couronnée par la pyramide cornée ; les semences sont 
très-nombreuses, 

Les Ludwigia, dont l'on compte huit espèces, sont des herbes la 
plupart annuelles et rameuses ; leurs feuilles alternes et étroites sont 
presque sessiles et toujours très-entières; leurs fleurs axillaires et 
portées sur de courts pétioles, sont jaunes et pourvues de deux petites 
bractées, 

Elles habitent les Indes et les iles adjacentes, principalement celle 
de Java, où elles se plaisent dans les lieux frais, auprès des ruisseaux 
et sur les bords des marais; elles ne diffèrent presque des Jussiæa que 
par leurs étamines toujours en même nombre que les pétales. 

L'espèce que je vois vivante a, comme le Diffusa, ses fleurs termi- 
nales sur de petits rameaux axillaires, son ovaire est infère, quadrilo- 
culaire, à quatre faces surmontées chacune de la feuille calicinale 
correspondante; ses quatre pétales jaunes et promptement caducs 
alternent avec les sépales, et les quatre étamines ne tardent pas à 
tomber ; le stigmate est épais, globuleux, visqueux et caduc; les 
semences sont très-nombreuses. 

Comment s'opèrent, dans ces plantes, les divers phénomènes vitaux? 
La dissémination a-t-elle lieu comme dans les Jussiees par les côtes du 
péricarpe ? 


, TROISIÈME GENRE. — /snardia. 


L'Isnardia a le tube calicinal court, quadrifide et persistant, quatre 
pétales souvent avortés ou nuls et toujours alternes aux lobes du 
calice, quatre étamines alternes aux pétales, un style filiforme et 
caduc, un stigmate en tête, une capsule tétragone, polysperme, à 
quatre loges et quatre valves loculicides. 


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Ce genre se partage en deux sections : 

1° Les Ludwigiania , ou les Ludwigia de Linné, à pétales tantôt 
grands et tantôt très-petits; 

2° Les Dantia, à pétales nuls. 

La première de ces sections contient huit espèces, six à feuilles al- 
ternes et deux à feuilles opposées; les unes etles autres sontoriginaires. 
de l'Amérique nord, et principalement de la Caroline, où elles crois- 
sent dans les marais ou sur les bords des rivières. 

Ce sont des herbes annuelles et vivaces, à tiges droites ou ram- 
pantes , qui ont entre elles tant de rapports que plusieurs ne forment 
peut-être que des variétés ; celles à feuilles opposées, qui constituent 
un type, sont la plupart tracantes, et jettent de leurs nœuds des radi- 
cules par lesquelles elles s'étendent beaucoup. 

De toutes les espèces de Dantia, le Palustris est le seul commun aux. 
deux continents; il se trouve en Amérique, en Europe, dans la Sibérie 
et la Perse; ses feuilles opposées, rougeâtres et un peu épaisses sont 
à demi-roulées sur leur face supérieure, et se renversent le long de læ 
tige pour protéger le fruit pendant la maturation. 

La fécondation est intérieure, et au moment où le calice s'ouvre, les. 
anthères à deux loges sont inclinées contre le stigmate; bientôt après. 
le style tombe avec les étamines desséchées. 

La capsule de l'Zsnardia palustris ne présente pas quatre loges dis- 
tinctes ; on y remarque seulement une loge centrale et tétragone, dont 
les quatre angles renflés renferment les graines; sans doute qu’à cette 
époque les cloisons ont disparu avec l'axe central. 

La plupart des botanistes regardent cette plante comme annuelle, 
mais comme elle pousse des radicules, soit lorsquelle flotte sur l'eau, 
soit surtout lorsqu'elle rampe sur les bords des marais, on peut sans 
doute la considérer comme vivace; c'est aussi ce que pense Kocx, 
qui ajoute que, lorsqu'elle est submergée, elle se redresse et ne fleurit 
pas; mais que hors de l’eau elle reste couchée et donnealors des fleurs 
et des fruits. Sans doute que la fécondation s'opère encore ici par le 
concours de l'humeur miellée, mais je ne l’ai pas encore vue. 


Cinquième tribu. — CIRCÉES. 


Les Circees ont un calice non tubulé, profondément divisé etcaduc, 
une capsule à peu près globuleuse, deux étamines dont l’une est quel- 
quefois remplacée par un pétale. 


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PREMIER GENRE, — Lopezia. 


La Lopeze a un calice profondément quadrifide, quatre pétalés irré- 
guliers, deux étamines , l’une fertile et anthérifère, l’autre opposée, 
stérile et pétaliforme , une capsule nue, à peu près globuleuse, qua- 
driloculaire, dont les quatre valves loculicides au sommet sont adhé- 
rentes, par leur dissépiment, au placenta central chargé d’un grand 
nombre de semences. 

Les Lopezes , originaires du Mexique, n’ont guère été connues en 
Europe que sur la fin du dernier siècle, quoiqu’elles soient également 
remarquables par la fraîcheur de leur feuillage, l'élégance et la bizarre 
conformation de leurs fleurs, qui ressemblent à un insecte aux ailes 
étendues, dont les pattes se prolongent enavant, tandis que le corps 
se relève en arrière. 

Toutes les espèces de ce singulier genre sont semblablement confor- 
mées, et par conséquent très-peu distinctes. Si l'on en excepte toutefois 
le Miniata, de la Nouvelle-Espagne, sous-arbrisseau caractérisé par 
ses deux glandes pétaloïdes et ses deux oreillettes blanchâtres. 

Le Racemosa, le plus anciennement connu, et que je prends ici 
‘pour type, a les tiges faibles, succulentes et médiocrement ramifiées; 
les feuilles simples ont leurs dentelures glanduleuses; les fleurs soli- 
taires aux aiselles supérieures forment par leur réunion des grappes 
terminales et pourvues de bractées, qui décroissent de la base au som- 
met; toutes les parties de la plante ont une teinte rougeâtre, et les 
pétales sont eux-mêmes d’un beau rouge. 

Les pédoncules filiformes et très-amincis sont ordinairement assez 
allongés; d'abord flexibles, ils s’endurcissent dans la maturation , et 
deviennent flottants ou même déjetés; mais ils ne sont articulés ni à 
la tige niau fruit, et ils ne se rompent que lorsque la capsule a répandu 
ses graines. La plante fleurit une grande partie de l’année, et l’on voit 
long-temps sur le même pied des graines qui se répandent, et des 
corolles qui ne sont pas encore épanouies. 

Les feuilles, relevées sur les bords plutôt que condupliquées, sont 
percées de glandes transparentes, qu’on apercoit facilement à la loupe; 
les sépales sont en estivation valvaire, et les pétales imbriqués sont 
plus où moins recourbés au sommet. On remarque extérieurement, 
sur le filet de l'étamine, le sillon creux qui recoit le style, et à la base 
des pétales supérieurs quelques filets blancs destinés sans doute à fixer 
le pollen, 


Les capsules, d'abord ovoïdes ou pyriformes et redressées, se dé- 


— 350 — 


forment plus ou moins en mûrissant, et ne s'ouvrent guère que jus- 
qu'au tiers dela hauteur; on voit alors que les valves soudées à la base 
sont bien loculicides , et que les cloisons ne se séparent jamais entiè- 
rement de l'axe ou du placenta central, prolongé jusqu’au milieu de 
la capsule; les semences qui sortent par la seule agitation de l'air sont 
fortement chagrinées et marquées à la base de deux raies blanchâtres; 
les cotylédons sont planes, la radicule placée au point d'attache est à 
peu près sphérique. 

Le principal phénomène qu'’offrent les Lopèzes se rapporte à la 
fécondation : à cette époque, on apercoit au point de flexion de leurs 
deux pétales, à l'endroit où :ommence le limbe supérieur, une gout- 
telette sphérique de liqueur miellée, et vis-à-vis l'étamine enveloppée, 
ainsi que le style, d'un capuchon blanchâtre et pétiolé que les bota- 
nistes regardent comme une étamine avortée ; au moment où l'an- 
thère biloculaire et extrorse ouvre ses loges pour répandre son pollen 
bleuâtre et brillant, le capuchon se déjette sur la lèvre inférieure par 
une flexion très-marquée, et le pollen recouvre en abondance les deux 
gouttelettes mellifères qui l'absorbent; ensuite l’anthère flétrie se dé- 
tache du filet; et le style, jusqu'alors informe et comme avorté, s’al- 
longe insensiblement et se termine par un joli stigmate globuleux 
pénicillé et papillaire qui recoit les émanations du pollen transmises 
par l'humeur miellée; car il est impossible de supposericique l’anthère 
ait pu répandre immédiatement son pollen sur un stigmate qui n'exis- 
tait pas encore, et dont le style était placé du côté opposé à l'ouverture 
des anthères ; la fécondation est donc ici évidemment opérée par le 
moyen de l'humeur miellée, car il n’y a dans la grappe aucune fleur 
voisine dont l'anthère pût féconder notre stigmate. On peut remar- 
quer encore à la base de la corolle deux gouttelettes nectarifères sem- 
blables à celles des pétales et qui concourent également à la fécon- 
dation. 

Les Lopezes nous présentent un exemple très-remarquable de 
corolles déformées, mais qui ont remplacé leur régularité primitive 
par une symétrie très-bizarre et à mon sens très-supérieure à la forme 
première ; car, dans ce dernier cas, les diverses parties de la fleur sont 
subordonnées les unes aux autres, le capuchon protége le stigmate et 
la jeune anthère, les deux pétales antérieurs sont chargés d'humeur 
mellifère pour recevoir et rompre les globules du pollen, et les autres 
parties s’étalent fortement pour la facilité de la fécondation; chaque 
fleur est fécondée à peu près dans le jour, et lorsqu'elle a achevé son 
œuvre, tout l'appareil floral se flétrit et tombe. 

Les capsules sont flottantes, comme dans la Circee , mais elles s'ou- 


— 351 — 


vrent , et les semences sont attachées à la base de l'axe central et non 
pas aux parois. 

Je ne connais pas les autres espèces du genre, et je serais très-dési- 
reux de voir jusqu’à quel point leurs fleurs s’écartent du type que je 
viens de décrire, en particulier celles du Miniata et de l'Hirsuta qui 
sont frutescents. Ce n’est pas tout de dire, comme les botanistes, qu'il 
yaici une étamine transformée en pétale, il faut remonter plus haut 
pour saisir le but de cette transformation. 

Il n'y a rien de si frais et de si élégant qu'une Lopèze couronnée de 
ses fleurs et parée en même temps de ses feuilles. 


SECOND GENRE. — Circea. 


La Circée a le calice court et profondément bifide, deux pétales 
cordiformes, deux étamines alternes aux pétales, une capsule hérissée 
de poils crochus , ovale, biloculaire, bivalve et renfermant dans 
chaque loge une semence redressée. 

Les Circées , dont l'on compte deux espèces répandues dans toute 
l'Europe et dans l'Amérique du nord, sont des herbes vivaces et d'une 
organisation tout-à-fait semblable; l’une se plaît dans les lieux ombra- 
gés et humides de nos plaines, et l'autre, plus petite et plus couchée, 
recherche de préférence les pentes herbées et rocailleuses de nos 
Alpes ; elles forment souvent des touffes étendues ; parce que leurs 
racines tracent beaucoup, et elles sont aussi remarquables par la frai- 
cheur de leur feuillage que par l'élégance et la légèreté de leurs fleurs 
disposées en longues grappes et formées d’un calice rouge et réfléchi 
et de pétales d'un blanc pur ou souvent teint en rose. 

Ces deux espèces sont véritablementhomotypes, mais l4/pine a ses 
feuilles lustrées et comme membraneuses, tandis que dansle Lutetiana 
elles sont opaques et pubescentés ; les variétés intermédiaires sont 
nombreuses et se rapprochent surtout de l’4/pine. 

L'efflorescence générale est centrifuge, parce que les aisselles infé- 
rieures donnent souvent de nouveaux jets, mais la particulière est 
centripète et indéfinie, car les fleurs du sommet avortent, et l'on 
peut remarquer que ces fleurs toujours nuessont disposées à peu près 
en ordre quaternaire, tandis que les feuilles sont constamment 
opposées. 

Le calice, qui ressemble tout-à-fait à celui des Onagrariées ; est 
supère et formé d'un tube aminci, fortement divisé en deux lanières 
valvaires, colorées, demi-transparentes et renversées pendant la flo- 
raison ; les pétales, qui présentent la forme de deux lèvres, sont 


— 352 — 

alternes aux divisions du calice et aux étamines à filets latéraux comme 
celles des Véroniques ; le style est simple, le stigmate , d’abord bifide, 
enflé et nu , devient insensiblement papillaire et bilobé; au centre de, 
la fleur est une glande en cupule qui couronne l'ovaire , et qui, à la 
floraison, est couverte d'une grosse goutte d'humeur miellée, laquelle 
sans doute concourt à la fécondation en recevant les globules du 
pollen eten renvoyant leurs émanations au stigmate. 

La fécondation ne s'opère pas dès le matin, car les anthères introrses 
ne répandent pas leur pollen blanchâtre au moment où la fleur s’épa- 
nouit; au contraire ,-elles ne s'ouvrent que lentement et successive- 
ment, et le stigmate de son côté ne développe que tard ses deux lobes 
épaissis et papillaires qui se recouvrent promptement des émanations 
polliniques envoyées par l'humeur miellée. La capsule, qui seule 
ensuite subsiste, est biloculaire, indéhiscente et toute hérissée de 
petits crochets recourbés en dehors et destinés à s'attacher aux corps 
voisins; le pédoncule mince et filiforme, se roïdit et s'incline en même 
temps contre la terre au moyen d'un genou contigu à la tige; c'est 
dans cette situation que la capsule mûrit, elle se relève ensuite un 
peu et se sépare enfin avec son pédoncule par un mouvement assez 
brusque. J'ai remarqué que les premières fleurs inclinaiïent faiblement 
leurs capsules. 

Les deux loges renferment chacune une semence à radicule infère 
et dont les cordons d’un beau blanc remplissent enfin toute la 
cavité d'abord vide; les cordons pistillaires m'ont paru se diriger 
le long du dissépiment jusqu’au point d'attache situé à l'angle infé- 
rieur. 

Le renflement qu’on observe à la base du pédoncule s’apercoiït éga- 
lement à la naissance des rameaux qui peuvent ainsi se fléchir dans 
toutes les directions, lorsqu’au milieu des clairières des bois, ils 
recherchent la lumière dont ils ont besoin; aussi ces rameaux sont-ils 
souvent contournés de la manière la plus bizarre, et les feuilles natu- 
rellément opposées s'inclinent elles-mêmes dans tous les sens. 

Ces plantes font pendant l'été l’un des ornements de nos boïs hu- 
mides et de nos haies ombragées et sauvages, car elles s’approchent 
très-rarement des villes et des lieux trop fréquentés. Il est impossible 
de ne pas remarquer ici que la capsule déhiscente de la Lopeze reste 
constamment lisse, tandis que celle de la Circee, qui ne s'ouvre pas, 
se recouvre insensiblement pendant la dissémination de poils rudes et 
accrochants par lesquels les animaux la transportent. 


— 353 — 
Sixième tribu. — HYDROCARYÉES. 


Les Hydrocaryées ont pour fruit un noyau indéhiscent, dur et 
corné, ordinairement uniloculaire et monosperme à la maturité; 
leur semence est pendante, et leurs cotylédons sont très-inégaux, l’un 
est fort petit, l’autre grand, épais et rempli de fécule. 

Ces plantes forment unetribu, peut-être même une famille, entre 
les Onagratres et les Haloragées ; elles se rapprochent des premières 
par leur style cylindrique, et des secondes par leur semence solitaire 
et pendante. On les réunit jusqu’à présent sous un seul genre, qui ne 
comprend que des herbes flottantes. 


PREMIER GENRE. — Trapa. 


Le Trapaa un calice quadrilobé et adhérent, quatre pétales et quatre 
étamines, un style filiforme un peu épaissi à la base, un stigmate en 
tête, un ovaire biloculaire ; mais uniloculaire par avortement, dur, 
armé de deux à quatre cornes qui naïssent en tout ou en partie de la 
base du calice, unesemence dépourvue d'albumen, dont le petit coty- 
lédon est saillant et le sécond renfermé dans le fruit pendant la 
maturation. 

On divise ce genre en deux groupes : 1°icelui à quatre cornes; 
2° celui à deux cornes ; le premier contient deux espèces, le Commun 
et le Quadricorne ; le second, trois originaires, conime le Quadricorne, 
des Indes orientales, de la Ghine ou de la Cochinchine. 

Ces plantes, remarquables par leur végétation, la structure de leur 
fruit et leur germination, ne paraissent différer sensiblement que 
par la forme du péricarpe et celle des feuilles; elles se multiplient par 
leurs fruits, qui, à la maturité, se détachent des pédoncules et s’en- 
foncent dans la vase oùils se conservent pendant l'hiver pour se repro- 
duire au commencement de l'été; leur germination, d’abord décrite 
par G£RTNER, a ensuite été étudiée par divers botanistes, et derniè- 
rement par De Ganpozre ( Org. végétale, v.2, pl. 55 }, lequel ya 
observé deux cotylédons, le grand, qui reste constamment dans son 
enveloppe et fournit seul la nourriture à la jeune plante , et le petit, 
entraîné assez haut par le prolongement extraordinaire de la partie 
saillante du grand; la racine fortément recourbée du côté du pétit 
cotylédon développe ses radicules sous la vase, ét l'on voit naître 
entre les deux cotylédons des tiges dont les bases sont entourées de 

IL. 23 


— 354 — 
stipules très-étroites qu'on retrouve également plus haut et qui imitent 
des feuilles pennatifides. 

Entre ces stipules, et vers la partie supérieure de la tige, sortent de 
chaque nœud des feuilles proprement dites, alternes, enveloppées les 
unes dans les autres et disposées sur l’eau en rosette bn fournie; les 
inférieures sont presque sessiles; mais les supérieures ont un phssal 
qui s'enfle intérieurement en iaioupéine , et par le moyen duquel 
elles peuvent flotter à la surface de l’eau. 

Les fleurs sont axillaires, petites, peu apparentes et blanchâtres ; je 
n'ai pas encore observé leur forme de fécondation , mais je vois dans 
De Canpoze que le Bispinosa , des Indes orientales, a ‘un nectaire 
cupuliforme crépu, d’où je conclus que la fécondation s'opère par le 
concours de l'humeur miellée. 

Les sépales , au lieu de tomber après la fécondation, s’endurcissent 
et se prolongent latéralement en deux ou quatre cornes, qui consti- 
tuent la principale distinction entre les espèces. 

Lorsque la fleur est fécondée, les pédoncules jusque là peu appa- 
rents s’allongent et finissent par former avec la tige une espèce de 
grappe ou plutôt de corymbe saillant hors de l eau; bientôt après les 
fruits se séparent et la plante disparait, mais elle n'est pas pour cela 
détruite; la partie inférieure périt, il est vrai, chaque année, mais 
l'autre émet de ses divers nœuds des racines qui s’enfoncent dans la 
vase, et donnent au printemps de nouveaux jets, ainsi de suite à l'in- 
défini. 

L'enveloppe du fruit, formée d’une substance très-dure et impéné- 
trable à l'eau , est recouverte d'une pellicule grisätre et résineuse; la 
radicule supère se fait jour à travers un trou rond, placé au sommet, 
fermé d'abord par une peau membraneuse entourée de poils conver- 
gents. Qui ne voit dans cette organisation des feuilles et du fruit des 
moyens admirablement appropriés au but ? 


Cinquante-troisième famille. — ZZaloragées. 


Les Haloragees ont un tube adhérent et dont le limbe est nul ou 
divisé, des pétales insérés au sommet du tube calicinal, alternes à 
ses divisions et quelquefois nuls ou avortés, des étamines tantôt égales 
aux divisions du calice, tantôt doubles de ses lobes, et rarement moins 


— 355 — 

nombreuses, un ovaire ordinairement multiloculaire, un style nul, 
des stigmates papillaires ou pénicillés en même nombre que les loges 
du péricarpe; un fruit composé de plusieurs carpelles indéhiscents, 
membraneux nucéiformes, plus ou moins réunis par le calice et 
toujours monospermes, des semences pendantes, un albumen charnu, 
un embryon droit et central, àradicule supère, cylindrique et allongée, 
des cotylédons raccourcis. 

Ces plantes herbacées ou sous-frutescentes, sont la plupart aqua- 
tiques ; leurs feuilles alternes, opposées ou verticillées ont les fleurs 
axillaires ou disposées en épi terminal, et quelquefois monoïques ou 
dioïques par avortement. 


Première tribu. — CERCODIÉES. 


Les Cercodiées ont un calice à limbe divisé, des pétales et des loges 
égales en nombre aux lobes du calice, des étamines égales à ces 
mêmes lobes, et quelquefois en nombre double. 


PREMIER GENRE. -— Cercodia. 


Le Cercodia a un tube calicinal adné; un ovaire tétraquètre et ter- 
miné par un limbe quadrilobé, quatre pétales, huit étamines, quatre 
stigmates sessiles, un fruit dur, indéhiscent, tétraquètre à quatre 
ailes ; quatre loges et quatre semences. 

Les Cercodia sont de petits arbrisseaux originaires de la Nouvelle- 
Hollande, et dont l’on compte deux espèces homotypes, l'Ærecta et le 
Racemosa ; la première très-répandue dans les jardins botaniques, où 
elle se multiplie d'elle-même, est une plante sans éclat, à tige tétra- 
gone et feuilles pétiolées , ovales, à dentelures glanduleuses; ses fleurs 
pédonculées et disposées à peu près quatre à quatre dans les aisselles 
supérieures, forment vers le sommet de la tige un épi verticillé ; leur 
oyaire tétragone est couronné par un calice persistant ; les étamines au 
nombre de huit, quatre alternes et quatre opposées aux divisions du 
calice ont des filets capillaires et pendants, et des anthères latérales 
membraneuses qui répandent sans se déformer leur pollen granulé 
sur les verticilles inférieurs; les quatre stigmates en languette papil- 
laire, sortent à travers les divisions du calice et se flétrissent prompte- 
ment ; le fruit, qui se renverse dans la fécondation, tandis que le 
calice se referme, est une noix à demi osseuse, tétragone, pyramidale, 
dont les quatre loges soudées avortent souvent en partie; la semence 


— 93006 — 
est ovale et blanche, la radicule supère ; la fécondation, que je n'ai 
pas vue, doit être celle des Myriophylles. 


SECOND GENRE. — Myricphylle. 


Le Myriophylle a les fleurs monoïques rarement hermaphrodites ; 
les mâles ont un calice quadrifide, quatre pétales ovales, caducs et 
alternes aux lobes du calice, quatre, six et plus souvent huit étamines ; 
les femelles ont un calice adhérent à limbe pareïllement quadrifide, 
des pétales nuls par avortement, quatre carpelles légèrement réunis, 
aplatis ou un peu globuleux, osseux, indéhiscents et monospermes, 
des semences pendantes à peu près dépourvues d'albumen, un em- 
bryon cylindrique, des cotylédons allongés , une radicule assez grande 
et supère. 

Ce genre se divise en deux sections : 

1° Les Pentapteris, à fleurs ordinairement monoïques, anthères 
oblongues et feuilles opposées souvent verticillées; on en connaît 
quinze espèces ou variétés qu’on partage en trois groupes artificiels : 
celui à huit étamines, celui à six et celui à quatre ; 

2° Les Ptilophylles, à fleurs hermaphrodites, à quatre étamines et 
anthères arrondies, pétales et style nuls; on n'en compte qu'une 
espèce , à feuilles alternes. 

Les Myriophylles forment un genre très-distinct, dont les espèces 
dispersées dans les deux continents vivent toutes au milieu des eaux, 
et sont tellement rapprochées que plusieurs ne forment sans doute que 
des variétés ; les autres, qui appartiennent au même type, ne diffèrent 
que par le nombre des étamines, la forme des capsules, la disposition 
des fleurs, tantôt nues tantôt accompagnées de bractées; enfin par 
leurs feuilles, qui, dans les aisselles supérieures, sont ou entières ou 
dentées , ou plus ou moins pennatifides. 

Jussieu avait d'abord rangé les Myriophylles parmi les plantes dont 
la place était incertaine; les botanistes modernes les réunissent 
aux ,Haloragees, dans la tribu des Cercodiees, avec lesquelles elles 
conviennent pour la forme de la fleur et du fruit, mais dont elles 
s'éloignent beaucoup quant aux autres caractères, et surtout pour lé 
mode de végétation. Ge n’est pas le seul exemple de plantes très- 
rapprochées à certains égards et très-distantes à d'autres. 

La tige des Myriophylles, comme celle de plusieurs plantes aqua- 
tiques, est formée d’un axe central, d'où partent un grand nom- 
bre de cloisons entre lesquelles sont autant d'espaces vides; de 
distance en distance , cette tige donne des mêmes points de ses nœuds 


= Me 
des feuilles et des radicules partant de l'axe central, dans lequel on 
aperçoit des trachées. 

Je n'ai pas su voir dans ces feuilles, ordinairement quaternées, la 
même symétrie qu'on remarque dans les autres; les intervalies entre 
les feuilles du verticille inférieur ne correspondent pas aux feuilles des 
deux verticilles contigus, et les rameaux eux-mêmes ne naissent pas 
exclusivement aux aisselles des feuilles opposées, comme dans lès 
Galium, par exemple; on peut remarquer de même que, dans les 
Potamogeton et dans les autres herbes aquatiques, les feuilles opposées 
se recouvrent souvent au lieu de se croiser, et qu'au contraire, elles se 
croisent lorsqu'elles sont alternes ; mais elles n'avaient pas besoin 
d'être régulièrement arrangées, comme les plantes terrestres, car elles 
vivent dans l'eau et non pas dans l'air. 

Les feuilles des WMyriophylles , ainsi que leurs lobes, sont creuses à 
l'intérieur, et par conséquent assez légères pour flotter au gré des 
eaux courantes, ou pour se redresser lorsqu'elles ont été inclinées; 
elles ne sont plissées ni sur leur côte principale ni sur leurs lobes, et 
s'appliquent seulement les unes contre les autres ; je n'ai vu, au moins 
dans celles qui sont immergées, ni poils, ni glandes, ni stomates; car 
elles sont conformées pour les fonctions qu'elles ont à remplir. 

Les fleurs terminent les tiges, et sont pour l'ordinaire disposées en 
verticilles nus ou légèrement bractéolés ; quelquefois aussi elles sont 
alternes et accompagnées de feuilles plus ou moins développées ; 
l'épi floral, qui est toujours hors de l'eau à l'époque de la fécondation, 
porte à sa base les fleurs femelles, et à son sommet les fleurs mâles; les 
premières ont un calice à quatre pièces et deux à quatre ovaires cou- 
ronnés par autant de stigmates blanchâtres, papillaires et plumeux; 
ces ovaires deviennent en müûrissant autant de petites noix mono- 
spermes, à embryon légèrement albuminé et radicule supère; il est 
probable que, dans l'acte de la dissémination, et avant la germination, 
les carpelles se séparent mais sans s’ouvrir. 

Les fleurs mâles ont une corolle à quatre pièces, teintes en rose dans 
le Spicatum , et qui, d'abord adhérentes, se séparent par leur base, de 
même que les pétales de la Vigne, et mettent à decouvert des éta- 
mines flottantes, dont les anthères latérales répandent avec abondance 
leur pollen par une fente assez étroite, comme dans les Graminées. 
Les fleurs, au moins dans le Spicatum, ont à leur base trois bractées, 
deux latérales très-petites et une moyenne, grande, arrondie et persis- 
tante; elles portent de plus à leur centre des rudiments d'ovaire, et 


paraissent pédonculées, parce que leur corolle se détache et remonte 
avant de s'ouvrir. 


— 38 — 

A l'approche de la floraison, l'épi s'élève au-dessus de l’eau, et il 
reste redressé pendant qu’elle s'opère; on voit alors les fleurs mâles 
se dégager de leur corolle caduque pour étendre leurs étamines jau- 
nâtres, dont le pollen tombe immédiatement sur les stigmates, et 
recouvre aussi le liquide environnant; le verticille inférieur s'épanouit 
le premier, les autres suivent par ordre jusqu'au sommet, qui se 
termine souvent par une fleur solitaire ; enfin toutes les fleurs mâles 
tombent, et l'épi se replonge dans l’eau. 

C'est un singulier spectacle que celui de tous ces épis si artistement 
conformés, flottant au milieu de grandes touffes de feuilles finement 
découpées, d'un vert noir et lustré, et se replongeant dans l’eau dès 
que la fécondation est terminée. Et lorsqu'on remonte de l'effet à la 
cause, et qu'on se demande comment ces fleurs aériennes se conser- 
vent si parfaitement dans le liquide jusqu'au moment où elles s’épa- 
nouissent, pourquoi elles s'élèvent précisément à cette époque jusqu’à 
Ja surface de l'eau , quelle que soit sa profondeur, pourquoi elles s'en- 
foncent ensuite, quoique leur tige soit devenue plus solide, etc.; on 
est forcé de convenir qu'il y a ici une foule de mouvements que notre 
mécanique commune ne saurait expliquer, et pour lesquels on est 
forcé de recourir à cette force vitale et inconnue, dont on retrouve 
à chaque instant l'action dans les plantes. 

Lorsqu'à la fin de l'été, on visite les eaux courantes ou tranquilles 
qu'habitent les Myriophylles, on voit leurs tiges dépouillées s'étendre 
en longues cordes sur la surface de ces mêmes liquides dont le niveau 
a baissé; on reconnaît alors qué leurs racines de l’année se sont 
détruites, et ont été remplacées par d’autres, et l'on apercoit facile- 
ment au-dessous des nouvelles tiges le point de rupture des anciennes. 

Ces plantes se reproduisentencore de deux autres manières; d’abord 
par boutures naturelles, comme la plupart des plantes aquatiques, 
ensuite à la manière des Ütriculaires, par leurs tiges stériles; on 
remarque en effet, à la fin de l'été, les sommités de ces tiges formant 
un bourgeon serré de feuilles non encore développées, dépourvues 
de stipules et d’écailles, mais fortement enduites d’un vernis résineux ; 
or ce bourgeon, que l’on croirait destiné à prolonger la tige, s’en 
détache au contraire, et développe au printemps, d'un côté des 
feuilles, et de l’autre des racines. 

Les Myriophylles européens appartiennent tous à la section des Pen- 
tapteris, et au groupe des espèces à huit étamines. On en compte 
quatre, deux anciennement connus, le Spicatum et le Verticillatum , 
et deux autres intermédiaires , le Pectinatum et V Alternifolium. Parmi 
les espèces étrangères dépendant du même groupe, on distingue l4m- 


— 359 — 
phibium, de la Nouvelle-Hollande, qui forme un véritable type par 
ses feuilles opposées et entières, ainsi que par ses fleurs axillaires et 
solitaires. 

Les Myriophylles , à six et huit étamines, répandus dans l'Amérique 
septentrionale et les Grandes-Indes, appartiennent tous au type du 
Verticillatum, à l'exception toutefois du Tenellum, de Terre-Neuve, 
si remarquable par sa tige simple, garnie d'écailles ou de feuilles 
entières, alternes et terminées par un épi interrompu de fleurs aussi 
alternes; elle paraît se rapprocher assez du Ptilophyllum de la Nouvelle- 
Orléans, la seule espèce de notre seconde section. 

Je finis en remarquant que les feuilles alternes de nos deux der- 
niers Myriophylles semblent indiquer une organisation différente et 
peut-être aussi une autre manière de vivre; les tiges de toutes les 
espèces de ce genre sont annuelles et périssent en automne et pendant 
l'hiver jusqu'à la base, comme je l'ai déjà remarqué de notre Verti- 
cille. La fécondation, que je n'ai pas observée, doit avoir lieu par le 
concours de l'humeur miellée, comme dans les Potamogeton. 


Deuxième tribu. — CALLITRICHINÉES. 


Les Callitrichinées n'ont ni calice ni corolle au moins apparents; 
leurs étamines ordinairement solitaires sont rarement géminées, leur 
fruit est formé de quatre loges monospermes. 

Cette famille, long-temps flottante dans l'ordre naturel et formée 
d'un seul genre, a été placée par Brown à côté des Myriophrlles, à 
cause de la structure de son fruit et de sa végétation dans les eaux. 


PREMIER GENRE, — Callitriche. 


Le Callitriche a les fleurs polygames hermaphrodites, dioïques, ou 
d'ordinaire monoïques, et toujours accompagnées de deux bractées 
opposées, que les botanistes considèrent comme un calice, ou une 
corolle ; les étamines ont un filet allongé et saillant, une anthère réni- 
forme , s’ouvrant par une fente transversale ; l'ovaire quadriloculaire 
est creusé en sillon des deux côtés, les deux styles s’allongent en 
stigmate filiforme et papillaire, la capsule est aplatie et ses quatre loges 
indéhiscentes sont fortement soudées deux à deux; l’albumen est 
charnu, l'embryon légèrement recourbé, les cotylédons très-courts, 
la radicule longue et supère. 


Les Callitriche sont des plantes aquatiques originaires de l'Europe 


+ 


— 360 — 


et de l'Amérique septentrionale. De Canpozee les réduit à quatre, le 
Verna à fruits sessiles, le Pedonculata à fruits pédonculés, l'Autum- 
nalis à fruits plus grands et fortement ailés enfin le Terrestris, propre 
à l'Amérique et distingué surtout par ses fruits sessiles, larges, courts 
et échancrés; mais ces quatre espèces admettent encore des passages 
nombreux, et quand même elles seraient réellement distinctes, elles 
appartiendraient incontestablement au même type, soit par leur 
conformation générale, soit aussi par leur structure florale, 

Ces plantes flottent sur l’eau pendant la plus grande partie de 
l'année, et y forment des touffes d'un beau vert ; chaque tige est ter- 
minée par une rosule régulière de petites feuilles qui émettent succes- 
sivement de leurs aisselles des fleurs, dont on n’apercoit guère que 
l'étamine allongée et jaunâtre ; à mesure qu’elles sont fécondées, les 
capsules s'enfoncent dans l’eau où leurs graines mürissent, et lorsque 
la floraison est achevée, ou plutôt que lasaison est assez froide pour 
arrêter le développement ultérieur des feuilles, toute la plante dis- 
paraît, comme. on peut le voir à l'entrée de l'hiver. 

Les fleurs, qui ne se développent jamais qu'en plein air, sont 
presque toujours séparées , mais réunies sous la même aiselle; elles 
n'ont qu'une seule enveloppe, formée de deux pièces demi-transpa- 
rentes ; opposées et destinées à protéger les organes sexuels dans leur 
enfance, la fleur mâle porte une anthère que quelques botanistes 
regardent comme biloculaire ; mais que De Canpozze affirme avec 
raison être uniloculaire, et qui s'ouvre horizontalement en deux 
pièces un peu inégales, dont l'une peut être considérée comme le 
couvercle, ainsi qu’on peut le voir après l'émission très-rapide du 
pollen abondant et jaunâtre, qui recouvre immédiatement deux styles 
blanchâtres, filiformes et papillaires au sommet; il n'est guère douteux 
que cette séparation des sexes ne soit l'effet des avortements, et qu’on ne 
rencontre quelquefois des Callitriche à fleurs hermaphrodites, dioïques 
ou polygames; sans doute aussi que les fleurs mâles renferment des 
rudiments d'ovaire, comme les femelles des rudiments d’'étamine ; 
mais. ces fleurs sont si petites et si peu apparentes, qu'il est difficile 
de s'assurer dans tous les détails de leur vraie conformation. 

Les Callitriche ont une forme de végétation propre aux plantes 
aquatiques, et dont les Ranunculus Batrachium m'ont déjà fourni un 
exemple; elles émettent sans cesse de leurs aisselles des radicules qui 
s'enfoncent dans la vase et amarrent la plante; en même temps, les 
parties inférieures de la tige se détruisent, celles qui sont au-dessus et 
hors de l'eau s’allongent sans fin, en sorte que la plante, quoiqueher- 
‘bacée et annuelle en apparence, s'étend et se développe continuel- 


— 361 — 


lement, à moins qu’elle ne soit détruite par quelque circonstance 
étrangère. 

Cela n'empêche pas que les Callitriche ne se multiplient aussi par 
boutures comme les Myriophylles. M. Lavieze a confirmé ( Bulletin 
des sciences ; an. 1825, p. 233), que leurs capsules se détachent conti- 
nuellement, et que les graines accompagnées de leurs carpelles ne 
tardent pas à germer en étalant d’abord leurs deux cotylédons. 

Les feuilles des Callitriche ressemblent extérieurement à celles des 
autres plantes, mais il n’y a aucun doute qu'elles ne soient différem- 
ment conformées, et l’on peut remarquer déjà à leur face inférieure 
des enfoncements, par lesquels sans doute elles aspirent l'eau sur 
laquelle elles reposent, et dans laquelle elles vivent quelquefois; leur 
tige est probablement creuse et cloisonnée , comme celle des Myrio- 
phylles, et leurs feuilles toujours nues et jamais plissées naissent d'abord 
trés-petites, puis grandissent selon les circonstances, et s'allongent 
quelquefois jusqu'à un pouce. 

A la fin de l'automne, les tiges se rompent et s'engagent dans la 
vase, où elles passent l'hiver; elles poussent ensuite des racines au 
printemps. 

Kocn a rangé les Callitriche indigènes sous cinq espèces, qu'il dis- 
tingue principalement par leurs feuilles , la forme de leurs bractées et 
celle de leurs fruits, mais ces espèces sont toutes homotypes; la plus 
remarquable est l'Hamulata, à styles très-longs et divariqués, et à 
bractées recourbées en faux et crochues au sommet. 


Troisième tribu. — HIPPURIDÉES. 


Les Hippuridees ont le limbe calicinal entier et très-petit, une 
corolle nulle, une seule étamine et une capsule osseuse, uniloculaire 
et monosperme. 


Hippuris. 


L’Hippuris a le tube calicinal adné à l'ovaire et terminé par un limbe 
obscurément bifide et très-petit, l'étamine insérée au bord du calice, 
le style filiforme et engagé dans le sillon de l'anthère, la capsule 
osseuse, indéhiscente et couronnée par le limbe du calice, l'albumen 
charnu, l'embryon cylindrique, la radicule plus longue que les coty- 
lédons, qui sont très-peu marqués. 

Ce genre, unique dans la tribu, est formé de trois espèces ou 
variétés : le Communis, qui croît dans les fossés de l'Europe et de 


— 362 — 


l'Amérique septentrionale, le Montana , de YUnalaschka, plus 
délicat dans toutes ses parties , et enfin'le Muritima, des étangs mari- 
times de la Suède, qui parait différer des deux autres par ses feuilles 
obtuses , quaternées à la base et réunies de cinq à sept dans les verti- 
cilles supérieurs, mais qui a du reste une conformation tout-à-fait sem- 
blable. Ces trois plantes sont des herbes vivaces dont le bas des tiges 
se détruit, comme dans les Callitriche, tandis que le haut se déve- 
loppe en émettant sans cesse au fond de l’eau des racines nouvelles. 
Ces tiges simples et qui ont le port des Equisetum sont chargées de 
feuilles verticillées , linéaires, allongées, d'abord redressées, ensuite 
réfléchies ; leur nombre dans chaque nœud varie de huit à douze, sans 
régularité apparente, mais elles diminuent de grandeur de la base au 
sommet. 

Aux aisselles et hors de l'eau sont placées des fleurs sessiles très- 
petites, appliquées contre la tige et formées d'un ovaire monosperme, 
entouré au sommet d'un petit limbe, surmonté d'un long style stig- 
matoïde, velu et papillaire qui s'engaine entre les deux lobes d’une 
anthère élargie et rougeätre; la fécondation est directe, les deux lobes 
de l’anthère s'ouvrent par une fente longitudinale, légèrement laté- 
rale, et répandent immédiatement leur pollen onctueux et jaunâtre sur 
le stigmate qu'elles enveloppent, et qui est peut-être déjà imprégné 
d'humeur miellée. 

C'est entre ces fleurs que HazLer a remarqué des corpuscules 
arrondis et assez gros, qu'il regarde comme des gemmes. 

Les tiges des Hippuris sont cloisonnées comme celles des Myrio- 
phrylles , et s'élèvent beaucoup dans les eaux profondes, mais elles ne 
fleurissent qu’à l'air libre ; on voit alors chaque feuille chargée à sa 
base d’une seule fleur dans son état le plus élémentaire, c'est-à-dire 
formée d'un ovaire monosperme, d'une étamine et d'un stigmate; après 
la fécondation la tige s'enfonce et mürit ses fruits dans l’eau; elle 
continue ensuite à s'allonger au printemps. Kocx dit que l'Hippuris 
dans les eaux courantes prend des feuilles transparentes et allongées. 

La fécondation a lieu au mois de juin, et la capsule osseuse et mo- 
nosperme se détache et se sème de bonne heure. Je ne sais quel rôle 
joue ici l'humeur miellée. 

Quoique l'organisation florale et même Dr des Haloragees soit 
en général très- nes il ne faut pas avec quelques botanistes consi- 
dérer ces plantes comme moins parfaites que les autres, leurs diffe- 
rents organes sont disposés pour les lieux où elles devaient vivre. 


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Cinquante-quatrième famille. — Cératophyllées. 


Les Cératophyilées ont les fleurs monoïques, le calice libre, à dix 
ou douze divisions égales, la corolle nulle ou avortée, la fleur mâle 
formée de douze à vingt étamines, dépourvues de filets , à anthères 
oblongues, biloculaires , garnies au sommet de deux ou trois pointes 
sessiles et réunies au centre du calice; la femelle a l’ovaire libre , ovale 
et uniloculaire, le style filiforme recourbé et oblique, le stigmate 
simple; le fruit est une noix uniloculaire, monosperme, indéhiscente 
et couronnée par le style persistant ; la semence est pendante au som- 
met et dépourvue d'albumen, l'embryon est droit, la radicule supère, 
les cotylédons au nombre de quatre sont verticillés et égaux deux à 
deux, la plumule est très-composée. 

Cette famille a été classée après les Callitrichées et les Hippuridees , 
parce que ses fleurs apétales ont un ovaire uniloculaire, qui donne 
dans la maturation un fruit osseux à semence solitaire et pendante ; 
elle leur ressemble encore par ses feuilles verticillées, ses fleurs axil- 
laires sessiles et sa végétation dans l’eau; toutefois elle en diffère 
beaucoup par sa forme de fécondation, la structure insolite de son 
embryon, ses quatre cotylédons verticillés et sa plumule composée. 


Ceratophyllum. 


Ce genre unique dans la famille est formé de trois espèces, le De- 
mersum, dont le fruit aptère porte trois pointes, le Platyacanthum , 
dont le fruit ailé est également chargé de trois pointes, et le Sub- 
mersum , dont le fruit aptère est nu à peu près; la seconde appartient 
à la Suède et au nord de l'Allemagne, les deux autres sont répandues 
dans toute l'Europe. 

Les Cératophylles ont des tiges solides dont le centre est formé d’un 
axe assez consistant et recouvert probablement d'une couche mince 
de trachées, enveloppée elle-même d'une substance verte assez com- 
pacte et parenchymateuse. Les feuilles, verticillées autour des nœuds, 
sont dichotomes et souvent trifides; leur consistance est demi-cornée, 
elles sont creuses à l'intérieur, divisées en diaphragmes et chargées 
extérieurement de tubercules un peu épineux et à peu près équidis- 
tants; leur consistance molle et flexible dans l’eau devient fragile et 
cassante dans l'air; les terminales sont rapprochées et forment dans 


leur ensemble un cône obtus qui ne ressemble pas mal à une queue 
de chat. 


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Ces plantes, qui croissent dans les eaux tranquilles, s’y ramifient 
souvent à tel point qu'elles en remplissent toute la profondeur ; mais à 
l'approche de l'hiver, leurs tiges se rompent en débris qui sont entraî- 
nés dans la vase ou jetés sur les bords de l'étang; l’on n’apercoit au 
inilieu de ces restes que les extrémités coniques des tiges rompues, 
remarquables par leur beau vert, et destinées sans doute à reproduire 
la plante, à la manière des Utriculaires ou des Myriophylles ; ce qui 
n'empêche pas la multiplication par racines ou par boutures. 

J'ai constaté que la fécondation du Ceratophyllum demersum avait 
toujours lieu dans l'intérieur de l’eau ; les fleurs mâles réunies aux 
aisselles moyennes étaient formées d'un calice ou involucre à plusieurs 
pièces amincies et semblables à des rudiments de feuilles ; au-dedans 
de cette enveloppe étaient logées des étamines sessiles, au nombre 
de sept à seize, et terminées par deux ou trois pointes mousses; les 
anthères étaient des masses demi-consistantes et homogènes en appa- 
rence, sans trace de loges ou de fentes longitudinales ; leur surface 
lisse et brillante était semée de points rougeîtres, irréguliers, et elles. 
répandaient dans le liquide environnant la matière granuleuse dont 
elles étaient remplies; la fleur femelle était un petit gemme, entouré 
d'un calice assez semblable à celui de la fleur mâle et renfermant un 
ovule terminé par un style transparent, aminci et un peu oblique. Je 
n'ai rien vu de plus dans le Submersum. 

Bnoxçenrarr observe, dans son Mémoire sur l'embryon ( Annales 
des sciences naturelles, t. 12), que, par une exception remarquable 
mais non pas unique, l'embryon du Ceératophylle se développe en 
dehors du sac embryonaire. 


Cinquante-cinquième famille. — Zythrariées. 


Les Lythrariées ont un calice libre, à sépales réunis au-delà du 
milieu, un tube quelquefois campanulé et dont les lobes distants ou 
rapprochés sont en estivation valvaire, tandis que les sinus se pro- 
longent fréquemment en dents réfléchies ou en petits appendices 
coniques; les pétales, qui varient en nombre, avortent quelquefois 
et sont souvent caducs, s’insèrent au sommet du tube calicinal et 
entre ses lobes; les étamines, placées sur ce même tube maisau-dessous 
des pétales, sont tantôt égales en nombre à ces mêmes pétales, tantôt 


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inférieures et tantôt supérieures, et dans ce dernier cas elles en sont 
doubles, triples, quadruples, mais toujours équimultiples; les anthères 
sont ovales, biloculaires et introrses; l'ovaire est libre, le style fili- 
forme, le stigmate ordinairement en tête, la capsule membraneuse 
entourée ou enveloppée par le calice est formée de deux à quatre 
carpelles ou de deux à quatre loges dont les cloisons disparaissent 
souvent pendant la maturation; le placenta est central et adhère aux 
parois quand celles-ci subsistent ; dans le cas contraire, il est libre, 
épais, cylindrique et un peu aplati ou légèrement trigone, tétragone, 
etc., etc., toujours chargé à son sommet des cordons pistillaires à 
demi détruits. La capsule se fend longitudinalement ou s'ouvre irré- 
gulièrement par la destruction de ses parois; les semences petites, 
nombreuses et dépourvues d'albumen, ont l'embryon droit, la 
radicule tournée vers l'hilus, les cotylédons planes et foliacés. 

Les Lythrariees sont des herbes ou plus rarement des arbrisseaux à 
rameaux cylindriques, ou souvent tétragones , les feuilles opposées ou 
quelquefois alternes, sont simples , entières, penninerves et constam- 
ment dépourvues de stipules et de glandes; les fleurs axillaires ou ter- 
minales sont disposées en grappes et entremêlées de petites bractées. 

Cet ordre diffère surtout de celui des Onagrariees par son calice 
libre , ou ce qui est la même chose par sa capsulesupère. 


Première tribu. — SALICARIÉES. 


Les Salicarices ont les lobes de leur calice ou écartés ou à peu près 
réunis en estivation valvaire; leurs pétales, qui manquent quelquefois, 
sont alternes aux lobes du calice et insérés au sommet du tube près 
de ses divisions et au-dessus des étamines ; les semences sont nues. 


j PREMIER GENRE. — Suffrenia. 

Le Suffrenia a le calice légèrement campanulé, terminé par quatre 
lobes ovales, aigus, redressés et entre lesquels sont placées extérieu- 
rement autant de petites dentelures; les pétales avortent, les étamines 
sont au nombre de deux, le style est filiforme , le stigmate en tête, la 
capsule oblongue, bivalve, biloculaire dans sa jeunesse et ensuite à 
peu près uniloculaire et polysperme. 

Ce genre est formé du Filiformis découvert par DE SuFrFREN dans 
les rizières de la Lombardie et du Piémont ; c'est une plante annuelle, 
délicate , peu ramifiée et haute de quelques pouces; ses feuilles oppo- 


— 366 — 


sées sont très-entières, et ses fleurs petites, solitaires, jaunâtres sont 
sessiles dans les aisselles. 


DEUXIÈME GENRE. — Peplis. 


Le Peplis a un calice campanulé à six lobes élargis et redressés, 
quialternent avecsix dents réfléchies ; six pétales très-petits et souvent 
avortés, six étamines alternes aux pétales et placées devant les lobes 
redressés du calice , un style à peu près nul, un stigmate arrondi-en 
disque papillaire, une capsule biloculaire et polysperme. 

Les Peplis sont de petites plantes herbacées, rampantes, à feuiles 
entières et à fleurs souvent apétales ; elles se plaisent dans les terrains 
humides ou les petites mares, et leurs habitations sont tellement dis- 
persées, que des quatre espèces qui composent actuellement le genre, 
la première vit en Europe, la seconde en Barbarie, la troisième près 
du Volga et la quatrième dans l'Amérique septentrionale ; mais cette 
dernière n'appartient peut-être pas aux Peplis, à cause de ses deux 
stigmates, de ses deux styles, et de son calice dont les divisions varient 
de quatre à six. 

Les trois autres sont homotypes, et ne diffèrent que par leurs feuilles 
opposées ou alternes, et leurs fleurs solitaires ou géminées dans les 
aisselles supérieures ; l'espèce européenne ou le Portula, que l'on 
considère ordinairement comme annuel, est réellement une plante 
vivace, qui émet continuellement de nouvelles radicules, en sorte que, 
tandis que la tige florifère se détruit après avoir donné ses graines, 
on voit naître au-dessous de jeunes tiges chargées de feuilles articulées 
et nombreuses, qui produisent à leur tour des fleurs. 

Je n'ai pas pu surprendre le Portula au moment où il ouvre son 
calice, par conséquent je n’ai pas pu reconnaître si ses pétales man- 
quent, ou s'ils sont seulement fugaces, mais j'ai bien constaté que 
sa capsule biloculaire s'ouvrait irrégulièrement, et que ses graines 
restaient long-temps à découvert , attachées à un réceptacle central, 
partagé en deux parties par une cloison. 

Les tiges du Portula sont faibles, cylindriques et rougeâtres; les 
feuilles opposées, épaisses et spathulées s'appliquent l’une contre 
l'autre, sans se rouler ni se souder. Lorsque les fossés que tapisse 
cette plante viennent à se remplir d'eau, les tiges s'élèvent beaucoup 
et se ramifient de manière à former des touffes garnies ; mais les fleurs 
ne se développent pas, au moins dans la partie inondée, parce qué 
la fécondation ne peut avoir lieu qu’en plein air. 


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TROISIÈME GENRE. — Ammannia. 


L'Ammannia a un calice campanulé de quatre à sept dents droiteset 
planes, entre lesquelles sont placées d’autres dents plus petites étalées 
en petites cornes ; les pétales, qui manquent quelquefois, sontalternes 
aux grandes dents du calice ; les étamines sont aussi égales à ces mêmes 
dents, ou sont doubles de leur nombre; la capsule est ovale, globu- 
leuse , membraneuse et primitivement quadriloculaire ; les semences 
nombreuses sont attachées à un placenta central et tétragone. 

Ce genre se divise artificiellement en quatre groupes : 

1° Celui des apétales à quatre étamines; 

2° Celui des tétrapétales à quatre étamines et calice à huit dents ; 

3° Celui des pentapétales , à cinq étamines et calice à dix dents ; 

4° Celui de quatre à sept pétales et d’un nombre double d'étamines. 

Ces plantes, dont on connaît déjà une trentaine, sont dispersées 
dans les zones intertropicales des deux continents, principalement 
dans les Indes orientales, le Sénégal, l'Egypte et les Antilles; quelques- 
unes remontent jusque dans la Virginie, l'on en trouve une près de 
Kiow sur les bords du Borysthène, et une autre enfin en Italie près 
de Florence et de Padoue. 

Ge sont des herbes glabres, presque toutes annuelles, qui se plai- 
sentcomme les Peplis et la plupart des Lythrariées dans les terrains 
humides et principalement dans les rizières et les champs inondés , 
où elles croissent et se multiplient abondamment, surtout dans la 
saison des pluies, leurs tiges sont ordinairement tétragones, leurs 
feuilles opposées et très-entières , leurs pédoncules axillaires, opposés 
et bractéolés sont chargés d’une ou plusieurs fleurs petites, sessiles 
ou presque sessiles, toujours disposées en cymes, et par conséquent 
à inflorence centrifuge. On les reconnaît aussi facilement à leur forme 
de végétation, qui ne diffère pas dans le grand nombre des espèces ; 
il n'en est pas de même de la structure florale, qui subit des altéra- 
tions considérables; tantôt en effet les pétales manquent ou sont si 
fugaces qu’on a de la peine à les voir; tantôt ils avortent avec les éta- 
mines d'une manière plus ou moins régulière; les divisions du calice 
sont également inconstantes, soit dans les diverses espèces, soit dans 
la même ; au milieu de toutes ces variations qui se passent pour ainsi 
dire sous les yeux, il est difficile de ne pas chercher une forme pri- 
mitive, dont les autres ne sont que des variations. 

Cette forme paraît être celle d’un calice campanulé, persistant, à 
huit divisions dont quatre moins marquées, d'une corolle à quatre 


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pétales attachés au limbe du calice, de huit étamines insérées à son 
tube; enfin d'une capsule globuleuse à enveloppe très-mince, partagée 
intérieurement en quatre loges réunies à un axe central, des semences 
nues à radicule infère; telle est, je crois, la structure normale à 
laquelle on peut ramener les divers Ammannia par les lois des avor- 
tements, des soudures et des dédoublements si ordinaires dans le 
règne végétal. 

Le Debilis, originaire des Indes orientales, est une plante rameuse, 
haute de quatre à cinq pouces, et qui dans l'espace de quelques 
semaines, comme la plupart de ses congénères, germe, fleurit et 
répand ses semences; sa tige est marquée de deux sillons, ses feuilles 
à peu près sessiles sont appliquées les unes contre les autres avant leur 
développement; les fleurs portées sur de pétits corymbes dichotomes 
et axillaires ont un calice plissé carrément et terminé par huit dents 
dont quatre à peine sensibles ; les quatre pétales d'un bianc rougeâtre 
sont promptement caducs; les étamines en même nombre que les pé- 
tales ont leurs anthères bilobées, introrses, à poilen jaunâtre, le style 
est court, le stigmate forme une tête papillaire; la capsule , à peu près 
globuleuse et dégagée aux deux tiers du calice, est d’un brun luisant 
et vernissé qui la garantit de l'humidité, elle paraît simplement bilo- 
culaire , et l'axe central qui la remplit presque entièrement est chargé 
de semences à peu près orbiculaires, les traces des loges disparaissent 
promptement, et l'on voit bientôt l'enveloppe de la capsule, qui n’est 
jamais soudée au calice, se fendre au sommet en s'amincissant et 
découvrir ainsi avant la maturation ses nombreuses graines encore 
adhérentes au réceptacle, et qui s'en détachent les unes après les 
autres, après avoir mûri en plein air. 

Telle est la description exacte de cette espèce, dont la conformation 
et les habitudes ressemblent sans doute à celles des autres {mmannia, 
quine sont pour la plupart que des variétés produites parle climat, etc. 
Le Diffusa , en particulier, n’en diffère que par une tige moins angu- 
leuse et des cymes axillaires et pédonculés , portant de trois à sept 
fleurs , ordinairement trois. 


QUATRIÈME GENRE. — lythrum. 


Le Lythrum a un calice cylindrique, strié et dont les dents princi- 
pales, qui varient de quatre à six, sont élargies et redressées, tandis 
que les autres plus petites et alternes aux premières sont subulées ou 
quelquefois simplement tuberculées; les pétales, en même nombre 
que les dents principales entre lesquelles ils s’insèrent, sont implantés 


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au sommet du tube; les étamines, qui naissent du milieu ou de la base 
du même tube, varient beaucoup en nombre; le style est filiforme , le 
stigmate est une tête papillaire; la capsule recouverte par le calice est 
biloculaire , oblongue et polysperme, le placenta est épais et central. 

On divise ce genre en trois sections : 

1° Les Ammannivides ; pétales nuls, quatre à six étamines, calice 
légèrement campanulé ; 

2° Les Hyssopifolia ; étamines égales en nombre aux pétales, dou- 
bles ou sous-doubles, fleurs axillaires ; 

3° Les Salicaria ; étamines doubles des pétales, fleurs en épi presque 
verticillé, 

La première section ne comprend que le Vummulariæfolium, de la 
Corse, petite plante glabre, annuelle, à feuilles arrondies, opposées 
et fleurs solitaires dans les aisselles ; elle a le calice campanulé del’ 4#- 
mannia, et la capsule biloculaire du Lythrum ; elle peut appartenir 
plutôt au premier de ces deux genres. 

La seconde section est formée de treize espèces ou variétés dis- 
persées dans l'ancien et le nouveau continent, et surtout dans le midi 
de l'Amérique septentrionale ; quatre seulement appartiennent à l'Eu- 
rope, le Thymifolia, \ Hyssopifolia , dont les étamines sont à peu près 
égales en nombre aux pétales, le Græfferi et le Flexuosum , où elles 
sont doubles de ce même nombre; mais en réalité ces quatre plantes 
dépendent du même type, et se distinguent par leurs tiges àämincies 
et quadrangulaires, leurs feuilles linéaires et leurs petites fleurs axil- 
laires d'un beau rose, qui s’épanouissent le matin et tombent dans le 
cours de la journée; elles ont de plus leurs capsules toujours re- 
dressées, revêtues d’une enveloppe extérieure, qui va en s’amin- 
cissant et finit par se fendre irrégulièrement à la pleine maturation. 

L'Hyssopifolia est annuel, mais le Thymifolia est vivace, quoique 
indiqué comme annuel par la plupart des auteurs ; la première de 
ces plantes se trouve cà et là dans les champs’, où elle vit solitaire et 
fleurit à la fin de l'été; la seconde, qui est sociale et se ramifie beau- 
coup, forme des touffes charmantes et pleines de fraîcheur dans tout 
le midi de la France, et principalement le long du littoral, où elle 


étale dès le milieu du printemps ses six pétales rouges lise inté- 
rieurement comme ceux des Salicaires; son stigmate est une tête 


papillaire et saillante; ses six étamines sortent trois à trois, et son 
ovaire, d'abord très-petit, remplit ensuite le tube calicinal qui ne se 
renfle pas. 

La dernière section ne comprend que deux espèces, la NA 2m 
proprement dite, qui croît dans les terrains humides de presque 


IL. 24 


— 370 — 

toute l'Europe, et le ’irgatum, homotype de la Salicaire, dont il 
paraît ne différer que par ses tiges plus effilées et ses fleurs ternées, 
manifestement pédicellées; ces deux plantes, à tige quadrangulaire 
et racines fortement tracantes, forment par leurs longues grappes 
l’ornement des prairies humides, depuis le milieu de l'été jusqu'au 
commencement de l'automne; leur efflorescence générale est centri- 
pète, mais chaque aisselle est chargée de fleurs disposées en cymes, 
dont l'inflorescence est au contraire centrifuge, en sorte que la pre- 
mière fleur épanouie est celle qui est la plus basse, et en même temps 
la plus voisine de la bractée; enfin les fleurs des rameaux ne se mon- 
trent guère avant que la tige principale soit déjà en partie défleurie, 
et dans leur évolution, elles présentent tous les phénomènes que nous 
venons de décrire, et qui ne se voient pas bien dans les Zythrum de 
la seconde section, dont les fleurs sont quelquefois solitaires et quel- 
quefois réunies deux à deux ou trois à trois dans le même verticille, 

Lorsque les tiges des Salicaires sont tétragones, les feuilles sont 
opposées par paires, mais lorsqu'elles sont hexagones, ce qui arrive 
quelquefois, celles-ci sont ternées; cependant lorsque la plante a crû 
le long des haies ou des abris, ses feuilles ne se croisent plus régulière- 
ment, mais elles tournent leur face supérieure du côté du soleil, de 
manière à se disposer presque toutes ensemble sur un seul et même 
plan; ce mouvement, que j'ai souvent remarqué , a lieu au moyen 
d'une torsion de la tige d'environ 90° par entre-nœud\; il ne se continue 
pas jusqu'au sommet, où les feuilles sont remplacées par des bractées, 
et il n’a pas lieu non plus, je crois, dans les espèces de notre seconde 


section. 
Le calice des Salicaires est toujours terminé par douze dents, dont 


six, en estivation valvaire, se ferment avant et après la fécondation, 
tandis que les six autres restent droites ou étalées; les pétales sont 
d'abord chiffonnés et recourbés dans le calice au fond duquel on aper- 
çoit un plateau glanduleux d'un beau vert, qui remonte en s'incli- 
nant du côté supérieur vers lequel se dirigent toutes les étamines, 
en sorte que la fleur de la Salicaire, qui, au premier coup-d'œil, paraît - 
régulière, est réellement difforme, quant à la conformation de sa base 
et la disposition de ses étamines ; on peut voir, en effet, le tube calicinal 
ouvert du côté supérieur jusqu’au nectaire , et fermé de l’autre par les 
étamines, dont six sont saillantes et six renfermées dans le tube; cette 
structure singulière, et qui indique toute l'importance du nectaire 
dans la fécondation, appartient aussi, comme je l'ai vérifié, aux 
Lythrum de la seconde section, et en particulier à l'Hyssopifolia. 

Une remarque plus curieuse, et qu’il importe de consigner ici» 


— 371 — 

c'est que la Salicuire présente, dans toutes les contrées où je l'ai 
observée, trois espèces de fleurs : les premières ont le stigmate saillant 
hors du tube, dès le moment où elles s'épanouissent, et leurs anthères 
jaunes placées sur deux rangs, les unes hors du tube au-dessous du 
stigmate et plus bas; dans les secondes, le stigmate recourbé sur le 
nectaire est inférieur aux premières étamines, dont les anthères sont 
violettes et saillantes, et supérieur aux secondes, dont les anthères 
sont jaunes et cachées dans le fond du tube ; les troisièmes espèces de 
fleurs ont leurs stigmates arrondis et papillaires au fond de la corolle 
et au-dessus des petites anthères, qui, comme les supérieures, sortent 
souvent du tube; et ce qu'il y a ici de plus remarquable, c’est que la 
même forme appartient invariablement à toutes les fleurs du même 
individu. 

La fécondation, dans les deux derniers cas, est toujours directe, 
parce que le pollen peut toujours retomber sur les stigmates qui en 
sont comme saupoudrés ; dans le premier, le stigmate s'incline contre 
les anthères saillantes, mais il peut aussi être fécondé par le pollen des 
fleurs voisines, et le calice qui se fend à la fin de la floraison, comme 
nous l'avons déjà dit, met encore à découvert le pollen des étamines 
du rang inférieur, et c'est pourquoi les fleurs paraissent toujours 
fertiles. 

Le Thymifolia et l'Hyssopifolia n'ont, comme les Primula, que 
deux sortes de fleurs, celle à stigmate saillant, et celle à stigmate non 
saillant. 

Les fleurs des Salicaires s'ouvrent dès le matin, et la fécondation, 
qui dure un ou deux jours, a lieu après l'épanouissement; il en est, 
je crois, autrement des Hyssopifolia, dont les pétales tombent vers 
la fin du jour, où ils se sont développés. 

Le Lythrum virgatum, voisin du Salicaria, et dont je n'ai vu qu’un 
individu cultivé, a son style raccourci fortement incliné sur le nec- 
taire, et son stigmate placé au-dessous des anthères, dont les filets 
sont recourbés dans le tube durant l’anthèse. Les autres individus de 
la même espèce ont-ils la même forme de fécondation ? 

L'ovaire des Salicaires est petit et ovoide, mais la capsule s’allonge 
ensuite de manière à remplir toute la capacité du tube, qui se fend 
plus ou moins irrégulièrement à la dissémination ; l'humeur miellée 
est si abondante qu’elle remonte par les nervures intérieures du calice, 
toujours humecté pendant l'anthèse. 

La dissémination a lieu régulièrement par le sommet de l'ovaire, au 
moins dans la Salicaire, dont la déhiscence est septicide, selon Auguste 
Saint-Hiraire, mais l'enveloppe de la capsule, constamment recou- 


= 373 — 
verte par le calice, est tellement transparente, qu'elle laisse voir les 
semences plus nombreuses dans les Salicaria que dans les Hyssopifolia. 
Je n'ai pas pu me rendre encore compte de ces trois formes de 
fécondation dans les Salicaires , parce que je n'ai pas observé attenti- 
vement comment s'opérait cet acte important, et le rôle qu'y jouait le 
stigmate; c'est donc là un phénomène à suivre dans tous ses détails; 
toutefois il n'y a point de doute que l'humeur miellée ne joue ici le 
principal rôle, en envoyant au stigmate, s’il est glutineux, les globules 
polliniques, ou dans le cas contraire, leurs émanations ou les boyaux 
fécondateurs. 


CINQUIÈME GENRE. — Cuphea. 


Le Cuphea À un calice tubulé, souvent bossu à la base supérieure 
dilaté à son limbe et formé de six dents redressées et de six autres 
alternes, tantôt prolongées et tantôt très-peu apparentes ; les pétales 
inégaux varient en nombre, ainsi que les étamines, le nectaire est 
une glande épaisse, placée sous l'ovaire; le style est filiforme, le 
stigmate simple ou légèrement bifide ; la capsule membraneuse à une 
ou deux loges est fendue avec lé calice par l'inflexion du placenta; les 
semences sont lenticulaires et non bordées. 

Les Cuphea, dont l’on connaït déjà plus de soixante et dix espèces, 
sont des arbrisseaux ou des herbes vivaces et annuelles, qui appar- 
tiennent surtout au Mexique, au Brésil et au Pérou ; une seule, le 
Viscosissima, remonte jusqu’à la Pensylvanie. 

Les feuilles de ces diverses plantes sont entières, opposées, alternes 
ou verticillées et non stipulées; les pédoncules axillaires ou inter- 
pétiolaires sont uniflores, rarement multiflores et souvent penchés; 
les pétales sont violets, roses, jaunes ou blancs, et les calices, souvent 
colorés en rouge, comme ceux des Salicaires, et presque toujours 
bossus, sont tantôt courts, tantôt longuement tubulés et comme 
éperonnés; c'est principalement sur ces différences que sont fondés 
les cinq groupes dans lesquels DE CANDOLLE partage ce grand genre, 
et dont un seul, celui des Lythroidees, doit nous occuper. 

Il est caractérisé par ses tiges herbacées, son placenta ramifié, ses 
calices bossus, ainsi que par ses onze ou douze étamines, et il compte 
cinq espèces homotypes qui ressemblent aux Salicaires , mais dont les 
fleurs moins régulières présentent plus nettement l'apparence de deux 
lèvres; des six dents principales, qui forment le calice dans le Cuphæa 
viscosissima, que je prends ici pour exemple, deux plus grandes 
forment la lèvre supérieure, conjointement avec deux pétales aussi 


— 373 — 


plus grands que les autres ; les douze étamines sont de même inégale- 

‘ment insérées, quatre plus petites sont disposées sur deux rangs et 
deux supérieures sont velues; le style est crochu, et par conséquent 
le stigmate est recourbé comme dans quelques Salicaires ; la glande 
nectarifère, roulée en crochet, occupe une grande partie de la base du 
calice, et donne en abondance l'humeur miellée, qui se répand dans 
tout l’intérieur du tube. 

La fécondation s'opère dans l’intérieur et à l'entrée du tube garni 
de poils; c’est au milieu de ces poils que les anthères, à filets souvent 
crochus et penchés sur le nectaire, s'ouvrent en répandant leur 
pollen blanchâtre tout autour d'elles et sur le stigmate qui est une 
tête papillaire, aplatie et recourhée. Dans le Procumbens, les deux 
étamines extérieures sont velues au-dessus de leurs anthères, et fer- 
ment par leurs poils toute l'entrée du tube. Dans le Si/enoides , recou- 
vert de poils visqueux, les pétales se terminent par des touffes de poils 
roussâtres, qui enveloppent les anthères, et reçoivent leurs émana- 
tions sur leur duvet fortement imprégné d'humeur miellée; dans 
l'Hybrida, très-voisin du Viscosissima, je trouve deux pétales d'un 
rouge foncé, formant la lèvre supérieure, un style saillant terminé par 
un stigmate en tête papillaire, à peu près huit étamines non barbues, 
penchées sur la lèvre inférieure dépourvue de pétales, et je remarque, 
‘sur le côté supérieur du calice rougeâtre et hérissé de poils, un sillon. 
indiquant sans doute l'ouverture future de la capsule. 

Le phénomène le plus remarquable du genre c’est celui de la dissé- 
mination; un peu avant cette époque, le calice incliné se rompt lon- 
gitudinalement avec la capsule du côté supérieur; bientôt après le 
placenta se détache, comme par ressort, du sommet de la capsule, et 
sort en se redressant du côté opposé, avec toutes les graines qui 
viennent mûrir en plein air, comme celles des 4mmannia. En exami- 
nant de plus près la manière dont s'opère le phénomène, on découvre 
une fente préparée sur le calice, la partie correspondante de la 
capsule, ainsi que sur la membrane intérieure blanche et transparente 
qui la tapisse. Il y a ici deux effets simultanés et indépendants, qui 
concourent au même but, et qui montrent avec évidence une pré- 
disposition particulière : celui qui avait préparé la fente du calice, avait 
aussi donné au placenta son mouvement de ressort. 

Les autres espèces de la même section offrent sans doute la même 
forme de dissémination ; toutefois leur structure florale est loin d’être 
semblable ; ainsi le calice du Procumbens n’a que six dents distinctes 
et qui décroissent par paires de la lèvre supérieure à l'inférieure; le 
nombre et la forme des pétales et das étamines varient également; 


— 374 — 


dans ces aberrations nombreuses, le seul caractère qui paraisse cons- 
tant c’est la conformation bizarre de la capsule. 

La dissémination a lieu successivement; à mesure que les graines 
mürissent, les calices dans la plupart des espèces se recouvrent de poils 
crochus, et dont la viscosité est telle que, non-seulementils retiennent 
les mouches et les insectes qui s’en approchent, mais qu'ils arrêtent les 
graines; lesquelles se répandent souvent avec le calice desséché. Kunrx 
observe que l’on voit distinctement deux filets partir du style et péné- 
trer dans l’axe placentaire, ce qui semble indiquer que le stigmate était 
bifide, et la capsule primitivement biloculaire. 

Ce genre est un de ceux qui peut fournir aux botanistes philo- 
sophes le plus grand nombre de remarques intéressantes, car on y 
voit sans cesse la nature variant son plan pour arriver, par des moyens 
nouveaux et inattendus, à ses deux grands buts: celui de la féconda- 
tion et celui de la dissémination. L’axe épaissi et incliné du Väiscosis- 
sima communique au style par deux conducteurs très-déliés, décrits 
par Auguste Sainr-HicarRe, qui a rapporté du Brésil plusieurs 
Cuphæa nouveaux. 

La fécondation s'opère sans doute ici, comme dans le Zythrum, 
par l'intervention de l'humeur miellée; elle est encore facilitée par les 
poils humides qui recouvrent l'ouverture de la fleur à la base des éta- 
mines d’un grand nombre d'espèces; elle s’y diversifie presque indéfini- 
ment par la position, la forme et la longueur variée des étamines, des 
pétales et même des anthères; c'est un spectacle curieux que celui 
des fleurs épanouies des Cuphea. 

Du reste, nous n'avons traité ici que des Cuphea Lythroides , qui 
forment le troisième groupe du Prodrome, et qui sont caractérisés 
par leurs tiges herbacées, leurs pédicelles interpétiolaires, üniflores 
et non disposés en grappes, leurs calices bossus et non éperonnés; 
leurs pétales allongés et leurs étamines variant de onze à douze; les 
autres sections présenteraient sans doute plusieurs phénomènes, mais 
elles sont, jusqu'à présent au moins, très-peu connues sous le point 


de vue physiologique. 
SIXIÈME GENRE. — Lawsonta. 


Le Lawsonia a un calice persistaant, ouvert et quadrifide, quatre 
pétales onguiculés et alternes aux divisions du calice, huit étamines 
rapprochées par paires et alternes aux pétales, un ovaire sessile, une 
capsule à peine déhiscente ou plutôt une baïe globuleuse, membra- 
neuse et quadriloculaire , des semences nombreuses. 


— 375 — 

Ce genre est formé de l’ Alba, arbrisseau glabre, à feuilles opposées, 
fleurs blanches terminales et corymbiformes; ses rameaux d'abord 
inermes deviennent ensuite épineux. 

Le Lawsonia alba est originaire des Indes , de l'Orient et de l'Asie: 
boréale; c'est le Henneh de l'Orient, employé dans les harems. pour 
teindre en jaune les ongles et les dents. On le cultive pour l'odeur de- 
ses fleurs. 


SEPTIÈME GENRE. — eimia. 


L'Heimia a un calice hémisphérique campanulé, bibractéolé, et 
dont les divisions, qui varient de quatre à six, sont redressées et ont: 
leurs sinus étalés et appendiculés ; les pétales alternent avec les lobes 
du calice, et les étamines à peu près égales sont en nombre double. 
des pétales; les semences sont petites et nues. 

Ce genre est formé de deux sous-arbrisseaux, de l'Amérique sud ,. 
dont le plus répandu est le Salicifolia, à feuilles opposées et articulées. 
à Ja base, à fleurs jaunes et solitaires aux aisselles, et dont le calice, 
à sinus repliés, comme dans les Lythrum, a l'ovaire libre et les pétales 
chiffonnés insérés sur le calice, comme les étamines; le style est très- 
saillant, le stigmate est une tête obtuse et papillaire, le placenta cen- 
tral est recouvert d’une multitude de graines lisses, la capsule s'ouvre 
en quatre valves, qui m'ont paru se diviser en deux, et le calice dans 
la maturation présente une capsule hémisphérique. 

La seconde espèce, ou le Siphilitica, a les feuilles alternes, amincies 
aux deux extrémités et les fleurs de moitié plus petites ; du reste elle 
appartient au même type. 


Deuxième tribu. — LAGERSTRŒMIÉES. 


Les Lagerstræmiées ont les lobes du calice en estivation valvaire, les 
pétales alternes à ces lobes et insérés à leur base, les étamines deux ou 
trois fois aussi nombreuses que les pétales, sont placées plus bas sur 
le tube calicinal; les semences sont dilatées en ailes membraneuses. 

Ces plantes forment des arbres ou des arbrisseaux. 


Lagerstræmia. 


Le Lagerstræmia a un calice à six divisions bibractéolées, six pétales 
onguiculés et insérés entre les divisions du calice, dix-huit à trente 


— 376 — 
étamines, une capsule entourée du calice et renfermant de trois à six 
loges ouvertes , en autant de valves. 

On le divise en trois sections, d’après la forme du calice quelquefois 
nu et quelquefois chargé de sillons ou de plis; enfin d'après le nombre 
de ses étamines égales ou inégales. 

Les Lagerstræmia , dont l'on compte actuellement sept espèces, 
toutes originaires de la Chine et des Indes orientales, où elles vivent 
ordinairement dans les bois montueux et sur les pentes rocailleuses, 
sont peu connus en Europe, où l'on ne cultive guère que l'Ændica, qui 
fait l'ornement des jardins de la Chine et des Indes. 

Cet arbrisseau s'élève de huit à neuf pieds, le long de nos murs où 
il ne fleurit guère qu'aux approches de l'automne; ses feuilles oppo- 
sées, entières et ovales, sont caduques et presque sessiles, ses tiges 
quadrangulaires et dépourvues de lenticelles ont l'écorce lâche et 
feuilletée des Chévrefeuilles, etses boutons, qui terminent les rameaux 
stériles, sont formés d’écailles sèches et légèrement contournées; les 
panicules terminales périssent chaque année, et sont remplacées par 
de nouveaux boutons sortis des aisselles inférieures; le calice est 
formé d’une susbtance coriace et comme feutrée , tapissée intérieure- 
ment d'un torus membraneux sur les bords duquel sont articulés six 
pétales à onglets allongés, d'un beau rouge et à lames chiffonnées. 

Le style plié en deux se redresse avant que les pétales soïent entie- 
rement épanouis; le stigmate est une tête glutineuse; les étamines à 
anthères larges et aplaties sont latérales, et les extérieures alternes aux 
pétales sont grandes et plus nombreuses que les autres; le nectaire est 
un rebord épais et mellifère sur lequel la corolle est implantée, la capsule 
est uniloculaire par avortement; les semences sontnombreuses, apla- 
ties et attachées à la base d’un axe central; la radicule est infere, les 
étamines du rang extérieur ont leurs filets cartilagineux roulés en 
dehors, comme le style après la fécondation; les intérieures, qui me 
paraissent également fertiles, sont plus courtes, et n'ont pas leurs 
filets cartilagineux et recourbés. 

Ce genre est remarquable par les déviations que présentent ses 
diverses espèces; il n’est guère douteux que ses trois sections ne se 
rapportent à autant de formes de fécondation. 

Je n'ai pas encore compris le but des déformations qu'éprouvent 
les étamines dans l’Zndica , la principale espèce du genre. 

La fécondation me paraît s’opérer ici par le concours de l'humeur 
miellée, qui, sortie du rebord épais du nectaire, imprègne tout le 
fond de la corolle, sur laquelle viennent s’enfoncer en se recourbant 
le stigmate et les deux rangs d'étamines qui y déposent leur pollen. 


me, 


Cinquante-sixième famille. — Tamariscinées. 


Les Tamariscinées ont un calice de quatre à cinq sépales réunis, 
persistants, à estivation légèrement imbriquée , une corolle de quatre 
à cinq pétales fortement imbriqués et qui se dessèchent sans tomber; 
des étamines égales aux pétales ou en nombre double, à filets tantôt 
entièrement libres, tantôt légèrement monadelphes; un ovaire libre, 
ovale ou pyramidal et trigone, un style tantôt très-court, tantôt tri- 
gone et plus grand, trois stigmates séparés ou réunis en tête, une 
capsule trigone, trivalve, uniloculaire et polysperme, trois placentas 
attachés à la base ou au milieu inférieur des valves, des semences 
droites ou ascendantes, oblongues ou aplaties et floconneuses au som- 
met, un albumen nul; un embryon droit, une radicule petite et infère, 
des cotylédons planes, convexes et oblongs. 

Les Tamariscinées forment une famille très-distincte , composée 
uniquement d’arbrisseaux rameux et effilés, à feuilles alternes, glau- 
ques et squamiformes, à fleurs roses, qui, réunies en épi allongé ou 
en grappeserrée, portent des pédicelles garnis de bractées; ces plantes, 
voisines des Onagrariées et des Lythrariees, diffèrent des premières 
par leur ovaire libre ainsi que par l’estivation imbriquée de leur calice, 
et des autres par leurs semences pariétales et leurs pétales insérés au 
fond du calice, et de toutes les deux, par leur structure générale et 
leur forme de végétation. 

Cette famille a été l’objet des travaux de plusieurs botanistes, parti- 
culièrement d'Auguste Sarnr-Hiraire et de Desvaux, qui a séparé 
en deux genres les espèces très-voisines dont elle se compose; dès-lors 
EuRENBERG, qui a recueilli dans ses voyages, et particulièrement en 
Egypte, plusieurs Tamariscinées, dont quelques-unes nouvelles, en 
a donné ( Annales des sciences naturelles , août 1827 ), une monogra- 
phie dont nous extrairons les détails les plus importants à notre but. 

Les Tamariscinées habitent l'hémisphère boréal jusqu’à la limite du 
Cap-Vert; mais leur véritable patrie est le littoral oriental de la Médi- 
terranée et le lit des torrents qui s’y jettent : le Gallica, l'Ericoides 
et l'Orientalis s'étendent jusqu’au tropique; le Gallica s'avance au 
nord avec le Gracilis etle Myricaria germanica. 

Le plus répandu est le Gallica, qui s'élève aux Canaries à douze 
cents pieds au-dessus de la mer,.et à trois mille au Sinaï ; aucune 
Tamariscinée ne vit dans une température moyenne au-dessous de six 
degrés, et plusieurs n’en supportent pas une aussi basse. 


— 378 — 


PREMIER GENRE. — Tamariscus. 


Le Tumariscus a un calice de quatre à cinq pièces, quatre à cinq 
pétales, autant d'étamines alternes aux pétales et presque entièrement 
libres, un ovaire très-aminci au sommet, trois stigmates longs , diva- 
riqués, obliques et glanduleux, des semences attachées vers le bas des 
valves, et dont le sommet est terminé par une houpe de poils simples. 

Ce genre ne comprend que des arbrisseaux , dont la végétation est 
tout-à-fait semblable, et que De Cannozze partage en trois groupes, 
celui à cinq pétales et cinq étamines, celui à quatre pétales et quatre. 
étamines, et enfin celui à quatre ou cinq pétales et un nombre double 
d'étamines à peu près libres et non réunies, comme dans le Wyricaria. 

ERRENBERG assigne au Tamariscus deux caractères principaux , une 
glande scutellaire placée sur le disque et des semences non prolongées 
en bec, et il en divise les espèces en trois groupes, d’après le nombre 
des rayons de la glande scutellaire. Les Oligodenies, dont la glande 
est formée de huit dents, et qui répond à peu près aux espèces à cinq 
pétales et cinq étamines ; les Decudenies, à dix dents, qui se subdi- 
visent en capsules enflées ou effilées, comme dans le Gallica, et enfin 
les Polyodénies, qui comprennent quatre espèces, les unes à feuilles 
engainantes, les autres à feuilles amplexicaules. 

De toutes ces plantes, les seules européennes sont le Gallica et l 4- 
fricana répandus sur les deux bords de la Méditerranée, et cultivés 
aussi dans quelques jardins, à cause de l'élégance de leur feuiilage et 
de leurs grappes florales. L’Africana, qui ne diffère presque du Gallica 
que par sa grandeur et ses épis courts et épais, croît plus près de la 
mer, dans les marais d'Aigue-Morte et refleurit en automne, de même. 
que le Gallica ; tous les deux conservent jusqu’en hiver leurs feuilles 
stipulées, et perdent les extrémités de leurs branches, qui se dessè- 
chent au moins dans nos climats ; mais leurs nouveaux boutons sortent 
trois à trois des aisselles inférieures ; leurs épis portés sur des rameaux 
courts qu'ils terminent, ont l'inflorescence générale centripète, comme 
la particulière ; les fleurs d’un bleu rougeâtre et disposées en spirale 
sur leur axe, ont les étamines distinctes, et l'on remarque à la base 
des capsules un nectaire brun et frangé, qui, à l'époque de la floraison, 
donne abondamment l'humeur miellée; les tiges qui ont porté les 
fleurs périssent chaque année, et sont remplacées par d’autres qui 
naissent des aisselles de l’année précédente, mais dont la gemmation 
n'est pas celle des Myricaria. 

La fécondation s'opère un peu avant l'épanouissement ; les étamines 


— 379 — 


dont les filets sont recourbés et différemment repliés ontleursanthères 
comme cachées sous les trois lobes dilatés des stigmates; dans cette 
position, elles répandent une grande quantité de pollen blanchâtre ; 
qu'on voit sortir de leurs’deux faces latérales, qui s'ouvrent et se 
referment comme des boîtes, de manière qu’elles ne paraissent jamais 
défleuries ; le pollen tombe immédiatement sur la glande scutellaire, 
ou recouvre les vrais stigmates papillaires placés à la partie inférieure 
des lobes, en sorte que la fécondation a lieu par le concours de l'hu- 
meur miellee. 

A la maturation, les capsules s'ouvrent en trois valves et laissent 
sortir trois ou quatre graines chargées d’une grande quantité de coton; 
on voit sur la même plante des fleurs non encore ouvertes, et d’autres 
qui ont déjà donné leurs graines. 

Les espèces de ce genre, au nombre de douze ou treize, ont toutes 
les feuilles petites, glaucescentes, serrées et disposées à peu près sans 
ordre sur la tige et les rameaux ; plusieurs d’entre elles se modifient 
d’après le sol et le climat ; ainsi le Gallica a fourni de nombreuses 
variétés , dont les principales sont le Chinensis, le Narbonensis , l’'He- 
terophylla , ’'Indica, le Nilotica et le Mannifera du mont Liban, dont 
le tronc piqué par un Coccus donne un mucilage sucré. 


SECOND GENRE. — JMyricaria. 


Le Myricaria a un calice quinquéfide, cinq pétales, dix étamines 
alternativement plus grandes et réunies jusque vers leur milieu ; le 
style est nul, le stigmate est en tête et les semences attachées à la base 
des placentas valvaires sont terminées par un filet plumeux. 

Ce genre diffère, selon Enrenserc, du Tamarisc, par l’absence 
de glandes nectarifères, la réunion des étamines et le prolongement 
en bec des semences ; il est formé de six espèces dont le Germanica 
est seul indigène, les autres appartiennent surtout à la Sibérie, où ils 
vivent de même sur les bords des lacs et des torrents. 

L'espèce principale qui se retrouve au Caucase pousse chaque année 
de longues branches, la plupart terminées par des épis de fleurs; 
lorsque ces épis ont müûri et répandu leurs graines, les tiges se dessè- 
chent chaque année au sommet, en sorte que la plante, quoique 
remarquable par la fraîcheur de son feuillage et l'élégance de ses épis, 
n'a Jamais dans son développement une forme régulière et agréable 
aux yeux. 

C'est dans la cavité formée entre le rameau de l’année et l’aisselle de 
la feuille desséchée ou même tombée, que paraissent, dès l'entrée de 


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l'automne, les bourgeons qui doivent se développer au printemps, et 
qui, à cette époque, sont tous latéraux et souvent réunis trois à trois 
ou quatre à quatre; le plus grand au centre et les autres sur les côtés; 
ils sont formés d'écailles blanches, transparentes, imbriquées et 
promptement caduques; les plus grands et les plus renflés renferment 
les fleurs, les autres sont stériles ; rien de pareil ne se présente dans le 
Tamarisc commun, et dans la plupart des espèces de ce genre, qui 
conservent toujours leurs feuilles; cependant il ne serait pas impossible 
que celles qui vivent plus au nord ne poussassent aussi des bourgeons, 
ce qui semble indiqué par les bractées caduques que les botanistes 
découvrent quelquefois à la base des épis. 

Les feuilles du Myricaria germunica sont petites, pulpeuses et char- 
gées sur leurs deux faces de glandes blanchâtres; leur base plus ou 
moins engainante se déchire irrégulièrement et sans rupture pro- 
prement dite. 

Les rameaux, qui naissent en grand nombre sur les aisselles du 
bois de l'année, et quelquefois sur celui de l'année précédente, sont 
dépourvus de lenticelles ettoujoursrecouverts d’une poussière glauque 
qui appartient plus ou moins à toutes les espèces de la famille; ils 
végètent fortement toute l’année , mais ils ne résistent pas à un froid 
de sept à huit degrés. Kocx observe que le Myricaria germanica 
porte deux espèces de fleurs, celles qui paraissent au printemps, et 
celles qui sortent plus tard. 

La fécondation des Myricaria est immédiate , et ne présente point 
les apparences que nous avons décrites dans les Tamariscus : les an- 
thères introrses et réunies assez haut par leurs filets, entourent le 
stigmate, qui est un disque fortement glutineux , et sur lequel elles 
versent leur pollen blanchâtre. Je n'ai pas apercu des glandes nectari- 
fères à la base de l'ovaire, quoique le godet formé par la soudure des 
filets renferme l'humeur miellée, qui sans doute contribue à la fécon- 
dation. 

L'inflorescence des Myricaria est centripète, comme celle du Tama- 
riscus, etleurs diverses espèces, qui appartiennent au même type, ont 
sans doute la même forme de végétation; leurs principales différences 
consistent dans la longueur des bractées, celle des capsules sessiles ou 
pédonculées, droites ou penchées. L'Herbacé, de la mer Caspienne, 
diffère surtout du Germanica par la petitesse de toutes ses parties, et 
le Dahurica, de la Sibérie, conserve long-temps les écailles qui ont 
enveloppé ses épis. . 

À la dissémination, les trois valves de la capsule trigone s'entr'ou- 
vrent; en même temps les graines se détachent, et l'aigrette s'étale, 


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pour être plus facilement transportée par les vents; ces graines sont 
implantées à la base des placentas placés au milieu des valves, et qui ne 
sont sans doute que des rudiments de cloisons loculicides; leur aigrette, 
d'abord nue et comme stipitée, est chargée ensuite dans toute sa 
longueur de poils allongés, qui lui donnent quelque ressemblance avec 
un petit arbre, la radicule est infère. 

Les Tamariscinces présentent presque toutes le phénomène singu- 
lier d'une vraie désarticulation dans les tiges. A la fin de l'été, et 
lorsque sa végétation est accomplie , on voit la plupart des rameaux 
du Myricaria commun se séparer naturellement, et montrer au point 
de rupture, l'enfoncement où s’insérait leur base renflée. On peut faire 
la même observation sur le Tamariscus gallica, etc., et le Tamariscus 
articulata tire même son nom spécifique de cette bizarre conforma- 
tion, qui est sans doute plus marquée que dans ses congénères. 


Cinquante-septième famille. — Pélastomacées. 


Les Melastomacees ont un calice de quatre à six sépales, réunis en 
un tube hémisphérique ovale ou oblong, ordinairement adhérent à 
l'ovaire avant la fécondation, par huit à douze nervures longitudinales, 
entre lesquelles s'étendent autant de sillons anthérifères; le torus 
membraneux et plus ou moins coloré tapisse le tube du calice, et les 
pétales en estivation tordue et à bords souvent ciliés sont alternes et 
adnés à ses lobes ; les étamines insérées au tube calicinal sont doubles 
des pétales, ou très-rarement égales à leur nombre, et dans ce der- 
nier cas, elles alternent avec eux; les filets sont fléchis ou pliés avant 
la floraison, et les anthères d’abord penchées et ensuite redressées 
sont oblongues, biloculaires et souvent terminées par un bec percé 
d'un ou deux pores, mais ouvertes longitudinalement par une double 
fente, dans les Charianthées, second ordre de cette grande famille ; 
le pollen est ellipsoïde à six plis, et au-dessous des anthères, l'on 
remarque sur les filets des coudes ou des articulations plus ou moins 
renflées, qui se prolongent quelquefois en appendices nectarifères, 
comme les anthères elles-mêmes. 

L'ovaire est formé d’un nombre indéterminé de carpelles soudés 
entre eux; le style est unique, le stigmate ponctiforme, orbiculé ou 
pelté, mais toujours entier et simple; le péricarpe, à valves loculi- 


— 382 — 
cides, est tantôt sec et libre, tantôt bacciforme et adhérent; les pla- 
centas, en même nombre que les carpelles et opposés aux lobes du 
calice, s'étendent sur les valves ; ils sont scrobiculés dans les péricarpes 
secs, Charnus dans les autres, et quelquefois réunis à la base en une 
columelle centrale; les semences sont nombreuses, exalbuminées et 
souvent nichées dans une substance pulpeuse; les unes tordues en un 
seul tour de spire et cotylédons inégaux, les autres redressées, 
ovoides, anguleuses à embryon à peu près droit et cotylédons égaux. 

Les Melastomacees sont des arbres, des arbrisseaux ou même des 
herbes vivaces et annuelles, à feuilles opposées ou rarement verticil- 
lées, ni stipulées ni ponctuées, simples et ordinairement très-entières ; 
ren nervures saillantes, qui varient entre trois et neuf, partent tou- 
jours de la base, et sont coupées pardes nervures plus minces, transver- 
sales et parallèles; leurs fleurs sont disposées en cymes, en corymbes, en 
panicules terminales, ou même quelquefois en capitulesou en verticilles, 

Ces plantes sont entièrement étrangères à l'Europe et à l'Asie 
boréale ou tempérée; on n’en trouve également aucune dans la Nou- 
velle-Hollande, dans le Chili, au sud du Brésil et dans l'Afrique inter- 
tropicale; mais elles vivent presque toutes sous les tropiques, princi- 
palement en Amérique où l'on en compte déjà plus de sept cents 
dispersées au Brésil, aux Antilles, au Pérou, à la Guiane, dans la 
Colombie, etc. ; l'Inde ou l’Archipel Indien en fournit aussi, de 
même que les îles qui entourent l'Afrique; quatorze seulement, appar- 
tenant au genre Rhexia, ont été réléguées hors de la zone équinoxiale, 
huit aux Etats-Unis, trois à la Chine et autant dans lAustralasie. 

Leurs divers genres, divisés en deux sous-ordres, les Mélastomees, 
à anthères allongées, et les Charianthees , à anthères fendues longitu- 
dinalement, sont presque toujours réunis dans les mêmes contrées, et 
les diverses les, les Antilles, par exemple, ont souvent leurs re 
particulières. 

Cette famille, anciennement très-peu connue, et qui diffère essen- 
tiellement de toutes les autres , par l'estivation de sa corolle et la sin- 
gulière structure de ses étamines, a été enrichie d'abord par Humsozpr 
et BonpranDp, dans leur voyage en Amérique, ensuite par Auguste 
SAiNt-HicaïRE, enfin surtout par Marrius, qui a rapporté du 
Brésil 287 Melustomacecs , dont 205 n'avaient pas encore été décrites. 
Ces divers matériaux ont été mis en ordre en 1825 par Dow, dans sa 
monographie sur cette famille, et en 1829, DE Canporze , dans un 
mémoire spécial et plein d'observations curieuses , a divisé toute la 
famille en 58 genres, formant entre eux 730 espèces; ce nombre, qui 
s'est dès-lors augmenté s'élève aujourd'hui au-delà de 800. 


— 383 — 


Je mentionne ici les Melastomacées parce que, non-seulement on 
en trouve quelques espèces dans nos serres, mais parce que je veux 
indiquer quelques-unes des observations par lesquelles on avancerait 
leur étude physiologique. 


Première tribu. — IRHEXIÉES. 


Les Rhexiees ont des anthères ouvertes au sommet par un seul pore, 
un ovaire libre, ni écailleux, ni sétacé, une capsule sèche, des 
semences cochléiformes, à hilus orbiculaire et basilaire. Toutes les 
espèces de cette tribu , à l'exception d’une seule, sont originaires de 
l'Amérique. 


Heteronoma. 


L'Hétéronoma a un calice tubulé, à quatre lobes triangulaires, aigus 
et persistants, quatre pétales ovales et légèrement mucronés, huit 
anthères alternes, allongées et dont le connectif raccourci à la base se 
prolonge dans les plus petites en deux filets et dans les quatre plus 
longues en un appendice linéaire et bifide au sommet; la capsule 
quadriloculaire est égale au calice, les semences cochléiformes sont 
aplaties, rudes, légèrement ridées et marquées sur le dos de stries 
parallèles. 

Ce genre comprend deux herbes vivaces du Mexique, le Diversifo- 
lium, à feuilles inégales et fleurs roses et le Triplinervium , à feuilles 
égales et fleurs blanches ; l’une et l'autre ont les rameaux tétragones, 
les feuilles pétiolées, glabres, ciliées sur les bords et marquées de 
cinq fortes nervures longitudinales; leurs fleurs sont disposées en petits 
cymes corymbifères et lâches, aux extrémités de la tige et des rameaux. 

La première de ces deux plantes est la seule mentionnée dans le 
Prodrome; la seconde, introduite dans nos serres sous le nom de 
Melastoma mexicana, a été reconnue par l’auteur de ce même Pro- 
drome comme une seconde espèce du genre ; elle en a bien en effet 
les principaux caractères, mais elle s'en éloigne dans ses étamines, 
dont quatre sont simples et se terminent par des anthères unilocu- 
laires, à lobe allongé, festonné sur les bords et ouvert longitudinale- 
ment ; les quatre autres alternes aux premières sont articulées dans 
leur milieu à un filet anthériferé, qui se prolonge à la base en deux 
appendices ; l’'anthère semblable à la première, allongée et festonnée 
s'ouvre dans son milieu , mais ne contient qu’une petite quantité de 


= ie 
pollen blanchâtre, tandis que les quatre premières en ont beaucoup 


plus. À 
Comment se répand le pollen sur le stigmate aminci et pointu ? 


Seconde tribu. — OSBECKIÉES. 


Les Osbeckices ont les anthères ouvertes par un pore au sommet, 
un ovaire tantôt libre et tantôt adné au calice, mais toujours cou- 
ronné au sommet d'écailles ou de poils , les semences cochléaires por- 
tent à la base un hilus orbiculaire. 

Cette tribu comprend des plantes d'Amérique, d'Afrique, d'Asie 
et même quelques-unes de l'Australasie. 


Melastoma. 


Le Melastoma a un calice tubulé, ovale et ordinairement recouvert 
d’écailles, un limbe de quatre à six divisions caduques, des pétales 
égaux aux divisions du calice, des étamines presque toujours en nom- 
bre double des pétales, un connectif pourvu à la base de deux arètes 
ou éperons; le stigmate est un point pruineux, le fruit est une baie 
de quatre à six et ordinairement cinq loges. 

Ce genre, jusqu’à présent fort peu connu, contient déjà dans le 
Prodrome soixante espèces toutes originaires de l'Asie ou de l'Afrique, 
et qui sont des arbrisseaux souvent hispides; leurs feuilles, marquées 
de cinq à sept nervures, sont pétiolées, très-entières ou dentées; leurs 
pédoncules sont axillaires ou terminent les tiges; leurs fleurs sont 
grandes, blanches, roses ou pourprées. Ils habitent principalement les 
pentes des montagnes, et peuvent physiologiquement être distingués 
en frutescents à tige droite, en sarmenteux et en parasites; du reste, 
jusqu’à présent, la plupart de leurs espèces sont très-peu connues. 

La plus belle des espèces est l'£ximium, des Indes. 

La plus répandue est le Cymosum, de la Sierra-Leone, dont les 
fleurs, d'un beau rouge, forment par leur réunion des cymes, au 
sommet des tiges et des rameaux; son calice tubulé se termine par cinq 
angles élargis en lobes écailleux et triangulaires; ses cinq pétales ont 
l'insertion et la caducité de ceux des Lythrum, et ses étamines, en 
nombre double des pétales, sont placées sur le même rang ou un peu 
plus haut; celles qui sont opposées aux pétales ont leurs filets articulés 
à la manière des Sauges; les anthères renflées en nectaire à uné 
des extrémités, et recourbées en tube allongé et porifère de l’autre; 


— 335 — 

les alternes ont leurs filets articulés mais non coudés; à l’épanouisse- 
ment, l'anthère engagée dans les rainures du calice se relève pour 
tourner son ouverture contre le stigmate ponctiforme et papillaire, 
qu'elle recouvre de ses jets d’un pollen blanchâtre; malgré ce mou- 
vement, la fécondation ne s’opérait pas, soit parce que le nectaire 
manquait d'humeur miellée, soit par quelque vice de structure, ou 
plutôt parce que la plante renfermée dans une serre, manquait égale- 
ment et d'air libre et de température appropriée. 

La seconde espèce que je décris a les feuilles et le port du genre, 
des fleurs à cinq pétales caducs et alternes aux divisions du calice, dix 
étamines, dont les stériles sont grisâtres, à deux cornes, tandis que 
les autres sont jaunés et nues; les anthères, dans la préfloraison, sont 
renversées au fond de la HéGr: 

Les anthères unilobées et renflées par intervalles donnent bien l’idée 
d’une feuille plissée, et les valves de l'ovaire ressemblent également à 
des feuilles demi- “plissées. 

Les poils ou les soies qui recouvrent souvent les calices, sont quel- 
quefois très-artistement arrangés, surtout autour des ovaires et des 
capsules. | 

On voit assez, par les descriptions incomplètes de ces deux espèces, 
combien les Melastomees présentent de phénomènes physiologiques. 


Cinquante-huitième famille, — Philadelphées. 


Les Philadelphees ont un calice turbiné, adhérent et terminé par 
quatre à dix lobes, des pétales alternes aux divisions du calice et en 
estivation enveloppante imbricative, vingt à quarante étamines insé- 
rées à la base des lobes du calice et disposées sur un ou deux rangs, 
des styles soudés ou séparés en partie, des stigmates nombreux, une 
capsule à demi adhérente, de quatre à dix loges polyspermes, des 
semences subulées, lisses et enveloppées d'un arille lâche et membra- 
neux, un albumen charnu, des cotylédons ovales ou planes, une 
radicule supère, droite et obtuse. 

Cette famille, composée seulement de deux genres, a été séparée 
de celle des Myrtacees, à cause de ses semences arillées et albumi- 
neuses, de ses styles plus ou moins distincts et de son organisation 
générale, 

Il. 25 


— 986 — 
PREMIER GENRE. — Philadelphus. 


Le Philudelphus a un calice de quatre à cinq divisions, une corolle 
de quatre à cinq pétales, des étamines plus courtes que les pétales, 
quatre à cinq styles plus ou moins séparés, une capsule de quatre à 
cinq loges, des semences scobiformes, dont l'arille oblong est frangé 
à l’une de ses extrémités. 

On distingue ce genre en deux groupes artificiels plutôt que natu- 
rels : , 

1° Celui des espèces à tiges épaisses et fleurs en grappes; 

2° Celui des espèces à tiges effilées et fleurs solitaires ou ternées. 

Le premier renferme cinq espèces, parmi lesquelles se trouve le 
Coronarius, la seule européenne de tout le genre; le second en compte 
six, originaires de l'Amérique boréale, comme les quatre autres du 
premier groupe. Toutes paraissent appartenir à un même type et ne 
diffèrent que par des caractères très-secondaires, tirés principalement 
de la pubescence, de la forme légèrement variée des feuilles, du 
nombre, de la grandeur et de l'odeur des fleurs, de la soudure plus 
ou moins prononcée des styles et des stigmates, etc., en sorte que la 
description physiologique de l'une d'elles peut s'appliquer également 
aux autres. 

Celle que nous prenons ici pour type est notre espèce commune, 
dont la patrie est inconnue, mais qui se trouve dans tous les jardins, 
où elle s'élève à cinq ou six pieds, et dont les feuilles élargies, molles 
et opposées, sont trinerves ou quelquefois quinquénerves et finement 
ponctuées à la surface inférieure. Leur contour cartilagineux est garni 
de dents rares et glanduleuses ; les tiges, dont les sommités se rom- 
pent de bonne heure, sont également dépourvues de stipules et de 
lenticelles, ainsi que de bourgeons; mais les jeunes pousses sont enve- 
loppées par les pétioles dilatés des feuilles, comme on le voit dans les 
Fhus, les Robinia , etc. 

Les rameaux florifères naissent régulièrement des aisselles de l’an- 
née, et après la troisième paire de feuilles, ils se terminent par une 
grappe ou plutôt par un cyme lâche de fleurs opposées deux à deux, 
et dont la base porte une feuille avortée ou amincie en filet, la fleur 
terminale est nue, souvent formée d'enveloppes florales à cinq pièces, 
tandis que les autres n’en ont jamais que quatre. 

Le calice est semi-supère et semi-adhérent; les anthères jaunes et 
quadrangulaires ont un connectif très-marqué ; les styles sont ordi- 
nairement distincts, les stigmates épatés et fortement papillaires; les 


— 387 — 


pétales veinés et un peu coriaces se détachent de bonne heure, mais 
les lobes du calice sont persistants. : 

La capsule dans la maturation est renflée et d’un beau blanc; les 
loges adhèrent à l'axe central où se réunissent les cloisons, et les valves 
loculicides s'ouvrent par le sommet avant la dissémination ; chacune 
d'elles renferme régulièrement deux rangs de semences la plupart 
avortées, et dont le point d'attache est entouré d’une couronne de 
poils blanchâtres, tandis que le reste de l'arille est jaune et d'une 
consistance à demi ligneuse; on aperçoit au centre de ce point d'atta- 
che les vaisseaux conducteurs qui entrent dans une radicule allongée 
et supère; les cotylédons sont larges , aplatis et enveloppés d’un albu- 
men farineux. 

L'efflorescence est centrifuge; et la fleur qui paraît la première est 
terminale, comme dans les vrais cymes; l’estivation du calice est 
valvaire, et celle de la corolle est imbriquée , : convolutive de droite 
à gauche; les feuilles sont appliquées par paires et paraissent dépour- 
vues de tout mouvement ere ainsi que les tiges, les pédoncules 
et les fleurs. 

À la fécondation , les stigmates s sont ce Hs et bien développés ; 
les anthères pivotantes s'ouvrent latéralement, en disposant leurs 
parois sur un plan qui change facilement de position; le nectaire , qui 
tapisse le sommet de l'ovaire, donne alors une grande quantité d’hu- 
meur miellée, qui recoit la portion du pollen tombé au fond de la 
fleur; en sorte que la fécondation s'opère encore ici par le nectaire. 

En examinant la structure des anthères, on ne peut s'empêcher de 
croire que chacune d'elles est formée de deux anthères bilobées, 
appliquées l’une contre l'autre par leur connectif; elles conservent 
jusqu’à la fin leur forme quadrilobée ; car chacune des deux faces 
opposées s'ouvre par des rainures longitudinales, en sorte que l’an- 
thère entière porte quatre loges; il est bien vrai qu’on n’apercoit pas 
que les filets soient formés de deux filets soudés ; mais les styles présen- 
tent tous les degrés de soudure, depuis la base jusqu’au sommet. 

Le Philadelphus fait au printemps la décoration de nos jardins par 
ses belles fleurs blanches et très-odorantes; il double facilement, et 


son écorce qui s'enlève par plaques n’a pas de lenticelles ; les franges 
de l’arille donnent-elles issue à la radicule ? 


SECOND GENRE. — Üecumaria. 


Le Decumaria a un tube campanulé de sept à dix divisions, autant 
de pétales alternes aux lobes du calice, des étamines en adtBil triple 


— 388 — 


des pétales et placées sur un seul rang, deux devant chaque pétale 
et une dans chaque intervalle; le style, très-épais, est dilaté au som- 
met en sept à dix stigmates radiés; la capsule est ovoide, adhérente 
au calice au-delà du milieu, couronnée par le style et formée de sept 
à dix loges ouvertes irrégulièrement le long des nervures saillantes du 
calice; les semences sont nombreuses, oblongues, attachées oblique- 
ment à l’axe central et renfermées, comme celles des Philadelphes, 
dans un arille membraneux. 

Ce genre ne contient que le Barbara, arbrisseau sarmenteux de la 
Caroline inférieure, où il croît dans les terrains humides et maréca- 
geux, en s'attachant aux arbres, comme le Lierre, par les radicules 
qui naissent de ses nombreuses articulations ; ses feuilles sont opposées 
et dentées vers le sommet; ses fleurs en panicules terminales et très- 
serrées sont blanches, odorantes, et donnent en abondance une hu- 
meur miellée, fournie sans doute, comme dans les Philadelphes, par 
la membrane qui tapisse le sommet de l'ovaire. 

Les anthères du Decumaria sont didymes; son style persistant est 
épaissi au sommet; son stigmate globuleux et papillaire est sillonné de 
huit à dix stries; le fruit est une capsule couronnée par les restes du 
calice , terminée par le style grossi, sillonnée de stries longitudinales 
et ouverte à sa partie inférieure par des fentes ; les cloisons sont extré- 
mement minces , le réceptacle est angulaire et filiforme, les semencees 
sont allongées et membraneuses, comme celles des Philadelphes. 

Cette plante mérite d'être examinée plus attentivement sous le point 
de vue physiologique ; elle manque de stipules, de même que les PAi- 
ladelphes ; maïs elle est pourvue de boutons pubescents souvent 
dioïques par avortement. Ses fleurs fructifient peu dans nos jardins. 


Cinquante-neuvième famille. — Fyrtacées. 


Les Myrtacées, qui sont presque toujours hermaphrodites, ont un 
calice de quatre à six sépales réunis en un tube adhérent à la base et 
plus ou moins libre au sommet, des pétales insérés sur le calice, 
alternes à ses divisions.et disposés en estivation quinconciale, des éta- 
mines très-nombreuses à plusieurs rangs, dont les filets adnés au 
calice sont libres ou réunis et toujours recourbés avant la fécondation, 
des anthères petites et ovales, biloculaires et à deux fentes, un style 


— 389 — 


formé de styles réunis et terminé par un stigmate simple en appa- 
rence, des carpelles en même nombre que les sépales, souvent avortés 
en partie et toujours réunis en un ovaire multiloculaire ; le fruit ordi- 
nairement multiloculaire et polysperme varie selon les diverses tribus. 
dans lesquelles se divise la famille ; les semences sont de forme diffé- 
rente, l'embryon est dépourvu d’albumen, les fleurs sont blanches ou 
pourprées, rarement jaunes et jamais bleues. 

Les Myrtacées, qui formaient autrefois une famille très-circonscrite, 
et dont une seule espèce appartenait à l'Europe, sont aujourd'hui 
très-multipliées par les voyages des botanistes, qui en ont décrit un 
grand nombre, originaires surtout de la Nouvelle-Hollande, de l'Amé- 
rique méridionale et du Brésil. 

Elles diffèrent des familles voisines par leur organisation florale et 
végétale, leur port, leurs feuilles percées de points glanduleux, et 
forment des arbrés ou des arbrisseaux à feuilles très-entières et sou- 
vent laurinées; elles ont été réunies sous quatre tribus : 1° les Chameæ- 
lauciées, 2° les Leptospermées , 3° les Myrtées, 4°les Barringtoniees. 


Première tribu. — CHAMÆLAUCIÉES. 


Les Chamælauciées ont cinq pétales et cinq divisions calicinales, des 
étarnines sur un seul rang et presque toujours libres, un fruit sec, 
uniloculaire et polysperme; elles habitent la Nouvelle-Hollande, et 
‘se reconnaissent à leur port élancé, semblable à celui des grands 
Erica, à leurs feuilles petites et opposées, ainsi qu’à leurs fleurs, 
dont les courts pédicelles sont bibractéolés; on n'en compte qu'un 
petit nombre d'espèces à peu près toutes inconnues à l'Europe. 


Seconde tribu. — LEPTOSPERMÉES. 


Les Leptospermées, originaires de la Nouvelle-Hollande et des pays 
voisins, ont un calice de quatre à six lobes et autant de pétales, des 
étamines libres ou réunies, un fruitsec et multiloculaire, des semences 
dépourvues d’arille et d'albumen ; leur inflorescence est tantôt en cyme 
centrifuge, tantôt en épi centripète, et leurs fleurs sont sessiles ou 
logées dans des fossettes, sur des rameaux souvent allongés en feuilles. 

On les divise en deux sous-tribus : 

1° Les Mélaleucées , à étamines polyadelphes ; 
2° Les Euleptospermees | à étamines libres. 


— 390 — 


Première sous-tribu. — MÉLALEUCÉES. 


Les Mélaleucées forment six genres, dont les plus répandus dans 
nos jardins sont le Tristania , le Calothamne et le Melaleuca. 


PREMIER GENRE. — 7Yrislania. 


Le Tristania a un calice turbiné, cinq pétales, cinq phalanges 
d'étamines opposées aux pétales, une capsule biloculaire et poly- 
sperme, enfermée ou à demi saillante, des semences aptères. 

Ce genre contient six ou sept arbrisseaux de l'Australasie, à feuilles 
lancéolées, fleurs pédonculées et corymbiformes ; la plus connue est 
le Neriifolia , à rameaux aplatis et feuilles glauques en dessous; ses 
fleurs jaunes et très-nombreuses sont articulées à la base et cymifor- 
mes; vis-à-vis de chaque pétale sont placées trois à cinq étamines 
réunies par leurs filets et recourbées dans la préfloraison ; les anthères 
sont bilobées et introrses, le stigmate est simple ; lé torus donne en 
abondance l'humeur miellée , et chaque rameau du éyme est chargé 
de trois fleurs pédicellées : une quadrifide et deux quinquéfides. 

Les anthères ont un pollen blanchâtre et adhérent, elles portent 
chacune sur leurs parois roulées, un pore enfoncé et je crois mellifère. 


DEUXIÈME GENRE. — Calothamnus. 


Le Calothamnus a un calice persistant de quatre à cinq divisions, plus 
ou moins profondes , quatre à cinq pétales, quatre à cinq phalanges 
d'étamines opposées à ces mêmes pétales, et dont quelques-unes avor- 
tent ou sont quelquefois soudées ; des anthères insérées à la base, un 
style filiforme, une capsule enveloppée par le calice épaissi, mais tou- 
jours triloculaire et polysperme. 

Les Calothamnus sont des arbrisseaux de la Nouvellé-Hollande, à 
feuilles cylindriques, nombreuses et éparses, à fleurs axillaires, soli- 
taires, pourprées, et dont, après la fécondation, les calices restent 
adhérents et comme enfoncés dans les rameaux, qui s'allongent indé- 
finiment; les enfoncements des calices forment des verticilles sur les 
vieilles tiges, comme dans la plupart des genres de la tribu. 

DE Caxpozze les divise en deux sections, renfermant chacune 
deux: espèces : 1° celle à fleurs quadrifides; 2° celle à fleurs quin- 
quéfides. 


— 391 — 


Le Quadrifida de la première est un arbuste dont les fleurs d'un 
rouge de sang s’étalent en panaches pleins d'élégance ; leur calice est 
épais et scarieux sur les bords, leurs pétales sont courts et prompte- 
ment flétris; chacune des quatré branches d'étamines porte à droite 
et à gauche, près du sommet, des pédicelles emplumés, dont chaque 
barbe est terminée par une petite anthère biloculaire et sessile. 

Il n'y a rien de si joli que ces quatre phalanges flabelliformes, 
recourbées en voûte, pour que les anthères biloculaires et introrses 
répandent immédiatement sur le stigmate sphérique et imprégné leur 
pollen blanchâtre; le style d’abord raccourci s’allonge et se recourbe 
afin que le stigmate recoive plus sûrement les émanations du pollen 
disseminé tout autour de lui par lés anthères placées au-dessous. 


TROISIÈME GENRE. — Melaleuca. 


Le Melaceuca a le tube calicinal hémisphérique et le limbe quir- 
quéfide , cinq pétales et cinq phälanges d'étamines allongées et oppo- 
sées aux pétales, un style filiforme, un stigmate obtus, des anthères 
incombantes, une capsule triloculaire et polysperme renfermée avec 
le calice endurci dans la cavité du rameau, des semences anguleuses, 
dont l'embryon est dépourvu d'albumen. 

Ce beau genre, dont l’on connaît déjà une quarantaine d'espèces , 
appartient aux Indes orientales et à la Nouvelle-Hollande ; les plantes 
qui le forment ont les feuilles alternes opposées ou même verticillées, 
les fleurs blanches, jaunes, pourprées, sessiles ou adnées, en épi ou en 
tête ; leur écorce souvent subéreuse est toujours dépourvue de lenti- 
celles, et leurs feuilles non plissées ne tombent que la seconde année ; 
les rameaux nus se développent indéfiniment, en laissant sur leur 
surface les enfoncements des capsules des diverses années. 

On divise les Melaleuca en deux groupes, celui à feuilles alternes, 
et celui à feuilles opposées. 

Les fleurs, qui, dans nos climats, s’épanouissent de mai en sep- 
tembre, ont un aspect tout-à-fait étranger, et se font surtout remar- 
quer par leurs étamines panachées et vivement colorées; avant le 
développement, les cinq lanières qui en forment la base sont recour- 
bées en berceau sur le torus, et les anthères bilobées pendent sur 
l'ovaire, dont le style est aussi recourbé et dont le stigmate papillaire 
forme une tête mousse ; les pétales sont en estivation imbriquée ; l'ovaire 
est aplati, et lorsqu'on l’arrache du rameau, les glandes et les vaisseaux 
répandent une odeur résineuse, 

La fécondation a lieu un peu avant l'épanouissement; les filets. 


— 392 — 
fortement recourbés sur le stigmate papillaire, répandent prompte- 
ment leur pollen dans le fond de la corolle, sur une glande placée au- 
dessus de l'ovaire, et qui distille l'humeur miellée, dont le stigmate 
est probablement imprégné. 

La capsule est formée de trois carpelles réunis ét enveloppés d'un 
calice tubulé endurci pendant la maturation; les graines anguleuses 
attachées à un axe central restent long-temps dans leurs loges, et ne 
se sèment que la seconde année; je ne connais pas la dissémination, 
mais je vois, au mois de janvier, dans l'Hypericifolia, les capsules 
enfoncées dans le rameau et ouvertes au sommet. 

Les deux espèces les plus répandues dans nos serres sont l'Hype- 
ricifolia et le Pulchella, la première à feuilles opposées , et la seconde 
à feuilles alternes ; dans l'Hypericifolia, les cinq faisceaux d’étamines 
à anthères petites et bilobées entourent un stigmate central et gluti- 
neux, sur lequel les étamines déploient leur pollen avant de se 
redresser; elles sont ensuite dans un mouvement perpétuel, mais leurs 
anthéres sont alors défleuries. Dans le Pulchella, du premier groupe, 
les cinq pétales roses sont creusés en cuiller; et les filets élargis, tout 
recouverts de poils aigrettés, lancent leur pollen dans le fond melli- 
fère de la fleur, et sur le stigmate aigretté et papillaire. 

Les Melaleuca sont cultivés dans tous les jardins, où ils ne deman- 
dent que l'orangerie et un air renouvelé; ils se multiplient de marcottes 
ou même de boutures; leurs fleurs sont plus ou moins odorantes, et 
leurs feuilles froissées donnent un arome agréable. 


Seconde sous-tribu. — EuLEPTOSPERMÉES. 


Les Euleptospermées, ou Leptospermées à étamines libres, comptent 
sept genres, dont les principaux sont l'Eucalyptus, le Metrosideros, le 
Leptospermum et le Bæckea. 


PREMIER GENRE. — Æucalyplus. 


L'Eucalyptus a le tube calicinal persistant, plus ou moins globu- 
leux et terminé par un limbe entier, operculé et ouvert horizontale- 
ment à la base; les pétales sont nuls, les étamines nombreuses; la 
capsule quadriloculaire ou triloculaire par avortement est polysperme. 

Ces plantes, dont l'on compte déjà une centaine d'espèces, la 
moitié à peine connues, sont de grands arbres de Ja Nouvelle- 


— 393 — 


Hollande, à feuilles coriaces très-entières , ordinairement glabres et 
alternes, mais quelquefois variables dans les mêmes espèces et les 
mêmes individus ; les pédoncules courts et axillaires sont disposés en 
ombelles de trois à quinze fleurs, et les opercules sont quelquefois 
doubles, l'un dépendant du calice et l'autre d'une corolle avortée ; 
elles se divisent en espèces à feuilles opposées, et à feuilles alternes, 
et se subdivisent d'après la forme de leur opercule. 

Le Cordata a les feuilles opposées et glauques, comme celles de 
quelques Caprifoliacées ; les fruits pédicellés aux aisselles inférieures 
sont épais, arrondis, tronqués et chargés encore à leur sommet d'an- 
thères desséchées et recourbées. 

Le Piperita , à feuilles alternes, et que je vois fleurir en février, a 
ses feuilles inférieures axillaires et les autres paniculées sur les 
rameaux; l'opercule, plus court que le calice, s'ouvre intérieurement, 
comme celui des Mousses, et met à découvert de nombreuses éta- 
mines d'un blanc de neige, toutes recourbées sur le torus, d'où elles 
s'élèvent successivement, en venant se ranger autour de la circonfé- 
rence avec une régularité admirable ; les anthères arrondies et bilobées 
se fondent plutôt qu’elles ne s'ouvrent, en répandant leur pollen blan- 
châtre et onctueux; le stigmate, qu'on aperçoit d'abord à peine au 
fond emmiellé de la fleur, devient ensuite une tête glutineuse, qui 
recoit les globules ou les émanations polliniques au milieu de l'humeur 
miellée dont le calice est rempli; les fruits sont turbinés et anguleux ; 
l'on y voit par transparence les ovules avant l'épanouissement, 

Les Eucalyptus s'élèvent souvent jusqu’à cent cinquante pieds ; leurs 
fleurs sont quelquefois très-grandes , et les extrémités de leurs tiges 
sont rompues ; ils commencent à s’introduire en Europe, où ils pour- 
raient souvent être cultivés en pleine terre, surtout dans les contrées 
méridionales; mais leur bois est si cassant qu’il ne peut guère servir à 
la construction des maisons et des vaisseaux ; ils fournissent par inci- 
sion une grande quantité de liqueur rouge. 


DEUXIÈME GENRE. — Callistemon. 


Le Callistemon a un tube calicinal hémisphérique et terminé par 
cinq lobes obtus; cinq pétales, des étamines nombreuses à filets libres 
et allongés , des anthères incombantes, un style filiforme, un stig- 
mate en tête, une capsule triloculaire, polysperme et renfermée par 
le tube endurci du calice enfoncé dans le rameau. 

Ce genre diffère du Metrosideros par son calice adné au rameau , 
comme celui du Melaleuca ; il est formé d’une douzaine d'arbrisseaux 


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de la Nouvelle-Hollande, à feuilles allongées , raides et alternes ; on le 
partage en deux groupes, celui à étamines jaunes et celui à étamines 
écarlates. 

Les espèces les plus répandues dans nos jardins sont le Pénifolium 
ou Metrosideros pinifolia, à étamines jaunes, et le Lanceolatum ou 
Metrosideros lanceolata , à étamines écarlates; cette dernière est aussi 
connue sous le nom de Metrosideros citrina ou Lophanta. 


TROISIÈME GENRE. — ]Metrosideros. 


Le Metrosideros a son tube calicinal adhérent, non anguleux et 
terminé par un limbe à six divisions; ses étamines, qui varient de 
vingt à trente, sont libres et très-allongées; son style est filiforme et 
son stigmate simple, sa capsule biloculaire ou plus souventtriloculaire 
a les semences aptères. 

Les Metrosideros, dont le Prodrome n’énumère encore qu’une dou- 
zaine d'espèces, sont dispersées dans la Nouvelle-Hollande, aux Indes 
orientales , à Otaiti, et jusqu’au cap de Bonne-Espérance. Ce sont des 
arbres ou des arbrisseaux, à tiges quelquefois grimpantes et termi- 
nées par des boutons, leurs feuilles opposées ou alternes sont en 
général plus grandes que celles des Melaleuca ; leurs fleurs sont axil- 
laires ou terminales en tête et en épi; ces fleurs jaunes, blanches ou 
rouges ont les fruits pédicellés et non adhérents aux tiges; on en 
cultive quelques espèces, dont les étamines forment de longs panaches 
et dont les graines, comme celles des Melaleuca, ne mürissent que 
la seconde année. 


QUATRIÈME GENRE. — Leplospermum. 


Le Leptospermum a un calice à peu près turbiné, à cinq lobes trian- 
gulaires et valvaires, cinq pétales, vingt à trente étamines libres et 
plus courtes que les pétales, un style filiforme, un stigmate en tête, 
une capsule de trois à cinq loges, des semences oblongues et très- 
petites. 

On le divise en deux sections : 
1° Les Agonis ; fleurs sessiles, en tête globuleuse et capsule trilocu- 
laire ; À 

2° Les Euleptospermum ; fleurs pédicellées et solitaires, capsule à 
trois ou quatre loges. 

Les Leptospermum sont des arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande, à 
fleurs blanches , feuilles alternes très-entières et odorantes par le 


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frottement; leurs tiges, à peu près dépourvues de boutons, se déve- 
loppent indéfiniment; on les cultive en grand nombre dans les jardins, 
où ils se font remarquer par l'élégance et le nombre de leurs fleurs. 

La plus distinguée des espèces de ce genre est le Speciosum, à 
fleurs axillaires et solitaires sur les rameaux; ses nombreuses étamines 
se réunissent en grillages au sommet du tube calicinal ; son style est 
nul, son stigmate capitellé est inséré au fond du torus, quidistille de 
toute sa surface l'humeur miellée; le pollen blanchätre tombe dans 
le godet nectarifère, et ses émanations fécondent le stigmate. Le 
Grandiflorum diffère du Speciosum par son stigmate pelté, porté sur 
un long style, ainsi que par son calice glabre extérieurement ; mais sa 
fécondation s'opère également par l'humeur miellée. 


CINQUIÈME GENRE. — Dæckea. 


Le Bæckea a un calice turbiné, à limbe quinquéfide et persistant, 
cinq pétales, cinq à dix étamines libres et plus courtes que les pétales, 
un style filiforme, un stigmate en tête, une capsule de deux à cinq 
loges polyspermes renfermées dans le calice. | 

Les Bæckea sont des arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande, dont le 
Prodrome énumère déjà seize espèces , et qui se reconnaissent à leurs 
feuilies opposées, glanduleuses sur leur face inférieure, ainsi qu'à 
leurs fleurs petites, blanchâtres, pédicellées et souvent ombelliformes. 

Le V’irgatu, qui est l'espèce la plus répandue, a les étamines glan- 
duleuses au sommet et opposées aux lobes du calice qui les recouvre ; 
ses anthères sont didymes, et se recourbent sur le torus tapissé de 
glandes nombreuses, où elles répandent leur pollen; le stigmate, qui 
n’est d'abord qu’un point, se développe insensiblement pour recevoir 
les émanations polliniques, enfin la capsule, recouverte encore par le 
torus, s'ouvre en deux ou un plus grand nombre de valves, afin de 
répandre ses semences attachées à l'axe central. 


Troisième tribu. — MYRTÉES. 


Les Myrices ont un calice à quatre ou cinq pièces et autant de pé- 
tales, des étamines libres, un fruit charnu et multiloculaire. 

Elles forment des arbres ou des arbrisseaux presque tous originaires 
des tropiques, et dont les feuilles opposées sont entières , opaques ou 
transparentes et bordées d’une nervure parallèle à leur contour; leurs 


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pédoncules sont axillaires, uniflores ou rameux, et disposés en cymes 
trichotomes ou en panicules serrées. 

Leurs principaux genres, sont le Psidium, le Myrte, le Myrcia, 
l'Eugenia, le Jambosa ete Jossinia. 


PREMIER GENRE. — Psidium. 


Le Psidium a un tube calicinal ellipsoïde ou ovale, ordinairement . 
rétréci au sommet, et dont le limbe d'abord entier se divise après la 
floraison en une ou plusieurs pièces, cinq pétales et un grand nombre 
d'étamines libres et insérées sur presque toute la surface entière du 
calice, un style filiforme, un stigmate en tête, un ovaire de cinq à 
vingt loges, dontplusieurs avortent fréquemment et qui sont parta- 
gées en deux par un placenta septiforme et fendu sur les bords, un 
grand nombre d'ovules attachés horizontalement aux bords du pla- 
centa; une baie enveloppée par le calice endurci et couronnée par 
ses lobes, des semences à test osseux et crustacé, éparses dans la pulpe 
du fruit, un embryon en fer à cheval, des cotylédons très-petits, une 
radicule”allongée diversement tournée. 

Les Psidium ou Goyaviers, dont l'on énumère déjà plus de cin- 
quante espèces, sont des arbres ou des arbrisseaux de l'Amérique 
équinoxiale et surtout du Brésil; leurs feuilles opposées sont penni- 
nerves et non ponctuées; leurs pédoncules axillaires portent une à trois 
fleurs blanches et pourvues de deux bractées, et leurs rameaux sont 
tantôt tétragones et tantôt cylindriques. 

Quelques espèces sont originaires des Indes orientales, ou y ont 
été transportées de temps immémorial,et y sont aujourd'hui cultivées. 
Le Pyriferum, originaire des Antilles et du continent américain s’est 
répandu dans les contrées chaudes des deux continents, et jusque 
dans le midi de l'Europe , où il s’est naturalisé, et donne, comme ses 
congénères, des fruits qui ressemblent extérieurement à de petites 
poires ou à des nèfles, et fournissent une pulpe très-agréable et très- 
rafraichissante. 

Les fleurs des Psidium sont assez grandes et odorantes, comme 
tout le reste de la plante; les loges varient beaucoup en nombre, et 
disparaissent souvent à la maturité en tout ou en partie; les graines 
conservent la faculté de germer après avoir été mangées avec le fruit, 
et se disséminent ainsi avec une grande facilité. | 

On distingue les espèces en sauvages et en cultivées; les plus 
répandues parmi ces dernières sont le Pomiferum , le Guincense, le 
Catleianum et surtout le Pyriferum. 


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Celle-ci a les feuilles épaisses, laurinées et articulées à la base; ses 
fleurs, à peu près solitaires dans les aisselles supérieures, ont la gran- 
deur et l'apparence de celles de notre Myrte commun ; mais leur torus 
est chargé d'une multitude d’anthères, et leur ECS en tête aplatie 
et peut-être glutineuse pourrait bien être fécondé immédiatement 
par le pollen, car je n’ai apercu aucun nectaire, sans doute parce que 
la plante est cultivée. 


DEUXIÈME GENRE. — JOSsinida. 


Le Jossinia a un calice dont le tube est plus ou moins globuleux, 
et dont le limbe est quadrifide jusqu'à la base ; quatre pétales et un 
grand nombre d’étamines insérées sur un disque élargi, comme dans 
les Psidium ; le fruit est charnu, polysperme, plus ou moins turbiné 
ou globuleux, et couronné par les lobes du calice. 

Ce genre renferme des arbrisseaux et des herbes des iles Maurice, 
auxquels les habitants donnent le nom de Baïs de Nefles, parce que 
leurs fruits sont mangeables ; il diffère des Eugenia, avec lesquels il 
a été long-temps confondu, par son disque staminifère élargi et par 
son fruit polysperme; il se distingue également des Psidium , des 
Myrtus et des Murcia par son calice et sa corolle à quatre divisions. 

L'espèce que j'ai vue vivante est l'£liptica, dont les fleurs blan- 
châtres en godet forment de jolies grappes terminales; les anthères 
insérées au bord du godet nectarifère sont très-nombreuses; le stig- 
mate est en tête et les fleurs avortent en assez grand nombre. 


TROISIÈME GENRE. — ]Wyrtus. 


Le Myrtus a un tube calicinal à peu près globuleux et terminé en 
limbe quinquéfide, cinq pétales ou très-rarement quatre, des étamines 
libres, une baie à deux ou trois loges couronnée par le limbe du 
calice, des semences nombreuses, dures et recourbées ainsi que l’em- 
bryon, des cotylédons très-courts et une radicule assez grande. 

Ces plantes, dont l’on connaît une cinquantaine d'espèces, toutes 
originaires de l'Amérique méridionale, sont des arbres ou des arbris- 
seaux à feuilles opposées, à pédoncules axillaires et uniflores et fleurs 
bibractéolées. 

On les partage en deux sections : 

1° Les Leucomyrtes; fleurs blanches et semences mûres, irréguliè- 
rement disposées ; 


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2° Les Rhodomyrtes ; fleurs rouges et semences mûres, disposées sur 
deux rangs. 

La première section se divise en deux groupes : 

1° Celui des Wyrtes, à fleurs quadrifides, étamines peu nombreuses ; 

2° Celui des Wyrthes , à fleurs quinquéfides, étamines nombreuses. 

Le premier groupe comprend quatre espèces du détroit de Magel- 
lan ou des Andes du Pérou, qui sont des sous-arbrisseaux rampants 
ou peu élevés, à feuilles petites etcoriaces. Le Nummularius, du détroit 
de Magellan, rampe entre les Mousses, et donne des rejets ainsi que 
des radicules de la plupart de ses aisselles, et le Microphylle, des 
Andes, est très-remarquable, soit par son port, soit par ses jeunes 
feuilles. 

Le second, ou celui des Myrtes proprement dits, est composé de 
onze espèces, éparses dans l'Amérique du sud, et dont une seule éga- 
rée de ses congénères a été jetée par hasard sur les bords de la Médi- 
terranée ; cette espèce est le Myrte commun, célébré de toute antiquité 
par les poètes qui le consacrèrent à la déesse de la beauté, et en firent 
le principal ornement de leurs danses et de leurs festins. Il mérite en 
effet cette distinction, tant par son odeur balsamique et pénétrante, 
que par l'élégance de ses fleurs et de son feuillage, et quand on le 
rencontre aujourd'hui, recouvrant de ses brillantes touffes de fleurs 
les rochers et les collines stériles de la Méditerranée, on ne peut s'em- 
pêcher de le reconnaître pour une des plus belles plantes qui décorent 
nos contrées du midi; aussi a-t:il été transporté de bonne heure dans 
nos jardins, où il s’est prêté sans effort à toutes les formes bizarres 
que l'art a voulu lui donner, mais dont aucune n’est comparable à 
son état de nature. Il compte aujourd’hui un grand nombre de varié- 
tés, que l’on range sous deux classes : 1° celle des Myrtes répandus 
dans la Grèce, l'Archipel ou les îles Baléares, et dont les fruits sont 
plus grands et plus agréables au goût que les autres; 2° celle de ces 
innombrables variétés, que quelques hotanistes considèrent comme 
autant d'espèces, et dont les principales sont le Romain, à feuilles 
ovales et pédoncules allongés; celui de Tarente, à feuilles ovales et 
baies arrondies; l'Ztalica, à feuilles ovales lancéolées et rameaux 
redressés; celui de la Betique, à feuilles ovales lancéolées et très- 
nombreuses; celui du Portugal, à feuilles lancéolées et aiguës; celui 
de la Belgique, à feuilles lancéolées et acuminées; enfin le Mucrone, 
à feuilles lancéolées et acuminées. 

Les tiges du Myrte commun, comme celles des autres espèces, sont 
dépourvues de boutons, et se développent tant qu’elles ne sont pas 
arrêtées par la température; les fleurs, qui naissent solitaires dans les 


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aisselles, se succèdent long-temps et sont toujours placées à une cer- 
taine distance du sommet; le calice est en estivation valvaire; les éta. 
mines très-nombreuses et multisériées ont des anthères bilobées et 
latérales; le style, d'abord plié, se termine par un stigmate lobé, 
enflé et papillaire, qui recoit ou les globules polliniques ou plutôt leurs 
émanations, lorsqu'ils ont été préalablement rompus par l'humeur 
nectarifère ; la baie est formée de trois ou quatre loges, dont les pla- 
centas, qui forment l'axe central, portent des graines pendantes, à 
radicule supère tournée du côté de l'hiius. 

La seconde section des Myrtes ne comprend que le Tomentosa et le 
Spectabilis, des Indes orientales, l’une et l’autre remarquables par 
leurs jolies fleurs rouges. 


QUATRIÈME GENRE. — ÜWyrcia. 


Le Myrcia a un tube à peu près globuleux, terminé par un limbe 
quinquéfide, cinq pétales, un grand nombre d'étamines libres, un 
ovaire à deux ou trois loges renfermant chacune plusieurs ovules, et 
changé à la maturation en baie à une ou deux loges contenant un 
très-petit nombre de semences globuleuses et lisses, à cotylédons 
foliacés, irrégulièrement plissés ou tordus. 

Ces plantes, dont l'on compte aujourd'hui plus de cent quarante 
espèces ou variétés, sont des arbrisseaux ou des arbustes originaires 
des Antilles ou de l'Amérique méridionale, et surtout du Brésil, d'où 
Auguste Sarnr-Hicaire en a rapporté un grand nombre; ils different 
des Myrtes par leur inflorescence et leurs cotylédons. 

Les Myrcia ont les feuilles ordinairement chargées de glandes trans- 
parentes; leurs fleurs ont les pédoncules axillaires ou presque termi- 
naux et toujours paniculés; leurs fruits sont sphériques, ovales ou 
oblonss, et leurs feuilles souvent cordiformes à la base sont portées 
sur des pétioles plus ou moins allongés. 

Ces plantes sont très-peu connues, et n'ont pas encore été intro- 
duites dans nos jardins, l’une des plus remarquables est l’Acris ou le 
Cannelier sauvage ; des Antilles, aussi distingué par l'élégance de son 
port que par le parfum aromatique de ses fleurs. 


CINQUIÈME GENRE. — Æugenia. 
L'Eugenia a un tube calicinal à peu près arrondi et terminé par un 


limbe à quatre divisions profondes, quatre pétales, un grand nombre 
d’étamines libres, un ovaire à deux ou trois loges renfermant chacune 


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plusieurs ovules, ure baie à peu près globuleuse, couronnée par le 
calice et presque toujours uniloculaire à la maturité, des semences 
grosses, solitaires ou géminées, un embryon monocotylé en appa- 
rence, parce que ses deux cotylédons sont entièrement soudés; une 
radicule très-courte , à peine distincte. 

Ce grand et vaste genre, qui comprend déjà plus de deux cents 
espèces, est formé d'arbres et d'arbrisseaux, la plupart originaires du 
Brésil, mais qu'on trouve aussi en assez grand nombre dans les An- 
tilles, la Guiane et quelques contrées de l'Amérique méridionale; les 
feuilles des Eugenia sont souvent chargées de glandes résineuses, qui 
recouvrent aussi les calices et les pétales; leurs fleurs sont ordinaire- 
ment blanches et odorantes, et leurs fruits petits et rougeâtres sont 
quelquefois cultivés, comme par exemple ceux de l'Eugenia Michelü, 
qui porte aux Ailes le nom de Cerisier de ERjéine et ceux de 
l'Eugenia pimenta , appelé vulgairement Toute épice, dont les baies 
servent d'assaisonnement, et dont les feuilles broyées sont très-odo- 
rantes. 

L'inflorescence des Eugenia fournit un bel exemple de toutes les 
variations que peuvent présenter les véritables thyrses, c’est-à-dire 
ceux dont l'inflorescence générale et centripète, et dont les fleurs axil- 
Jaires sont des cymes avortés ou développés outre mesure; c'est sous 
ce point de vue que De Cawnozre divise les Eugenia en cinq groupes, 
que nous nous contenterons d'indiquer. 

L'Eugenia pimenta a les fleurs terminales et axillaires en panicules 
trichotomes, un style recourbé au fond de la fleur et des tiges ter- 
minées par un bouton, une baïe globuleuse et monosperme. SPAcx 
ajoute que ses fleurs sont polygames. L'Australis, qui se cultive en 
pleine terre, a un nectaire en godet, des anthères et un stigmate qui 
sont fetes sur le nectaire avant la fécondation. 


SIXIÈME GENRE. — Jambosa. 


Le Jambosa a le calice turbiné, aminci à la base et terminé par 
quatre lobes arrondis, quatre pétales élargis, concaves et insérés au 
sommet du tube calicinal, des étamines nombreuses, allongées et 
libres, un style filiforme, un stigmate simple, un ovaire à plusieurs 
loges et plusieurs ovules, un fruit à une ou deux semences renfermées 
dans un calice renflé, charnu, bacciforme et ombiliqué au sommet, 
des cotylédons charnus et soudés sur les bords, une radicule à peu 
près cylindrique, cachée dans les cotylédons. 

Les Jambosa, qui comptent à peu près vingt espèces, sont des 


— 401 — 


arbres des Indes et en particulier de Java, des Moluques et des îles 
Maurice; leurs feuilles sont percées de points transparents; leurs 
cymes peu développés sont latéraux, terminaux et toujours plus courts 
que les feuilles; les fleurs sont blanches ou rouges et dépourvues de 
bractées ; leurs fruits de la grosseur de nos prunes sont mangés crus 
et confits; l'espèce cultivée partout entre les tropiques est le Vulgaris, 
arbre à feuilles cartilagineuses sur les bords; ses tiges quadrangulaires 
se terminent par des boutons mal formés ; ses fleurs , épanouïies au 
milieu de l'été, ont un calice à torus épais et glanduleux; les étamines 
sont recourbées avant la fécondation, le fruit est charnu , bacciforme 
et polysperme; c’est une plante parfaitement lisse et pleine d'élégance, 
lorsqu'elle est chargée de ses jolies fleurs blanches qui se succèdent 
long-temps avec leurs longues étamines et leur calice étalé; les diverses 
espèces de ce genre sont difficiles à distinguer, parce qu’elles sont 
cultivées pour leurs fruits, dont la pulpe est douce et aromatique. 


Soixantième famille. — Cucurbilacées. 


Les Cucurbitacées ont les fleurs axillaires, hermaphrodites, monoi- 
ques ou dioïques, un calice à cinq divisions plus ou moins unies entre 
elles et avec le fruit, cinq pétales libres ou plus ou moins soudés, 
insérés sur les bords du torus et très-rarement frangés, cinq étamines 
quelquefois libres, ordinairement triadelphes , rarement triadelphes 
et syngénèses, des anthères biloculaires très-longues et flexueuses , ou 
quelquefois ovales et courtes, un style, des stigmates à trois ou cinq 
lobes épais, veloutés ou même frangés, des carpelles primitivement 
ternés ou quinés et même solitaires peut-être par avortement, 
mais toujours charnus, enveloppés par le calice et le torus et formant 
un fruit auquel on a donné le nom de Courge, et dont le caractère 
consiste à avoir ses cloisons réunies à l’axe central et ses semences pla- 
cées au bord externe des loges; le cordon ombilical est enflé au som- 
met; l'arille d’abord aqueux devient membraneux par la dessication; 
les semences ordinairement aplaties ont leur pointe tournée du côté 
de l'axe central, et sont renflées sur le contour; l'embryon est droitet 
dépourvu d'albumen, les cotylédons foliacés ont les nervures palmées 
et la radicule, comme à l'ordinaire, dirigée sur la cicatrice; enfin les 
granules de pollen ont une forme très-variée, selon les genres et même 
les espèces. 


IL, 26 


— A02 — 
PREMIER GENRE. — Lagenaria. 


Les Lagenaria ont le calice campanulé à divisions plus ou moins 
“élargies et toujours plus courtes que le tube, les pétales obovés et 
insérés vers le sommet du tube calicinal, les étamines triadelphes et 
non syngénèses, un style à peu près nul, trois stigmates épais, bilobés 
et granuleux, un fruit de trois à cinq loges, des semences obovées , 
aplaties et bilobées au sommet, des fleurs monoïques. 

Le Lagenaria , originaire des tropiques et surtout des Indes orien- 
tales, est formé de quatre espèces ou plutôt seulement de deux homo- 
types; la première ou le Vittata, cultivé dans les jardins de lIndeet 
non connu ‘en Europe, se distingue par ses pédoncules nombreux et 
uniflores ainsi que par ses fruits pyriformes à bandes longitudinales 
légèrement velues; la seconde, répandue presque partout et remar- 
quable par:ses nombreuses variétés, se reconnaît à son odeur musquée 
et à ses feuilles glanduleuses à la base et mollement pubescentes; sa 
tige est grimpante, ses vrilles sont divisées en deux ou trois filets, dont 
l'un se développe plus que les autres, et qui souvent s'empelotonnent; 
sa corolle est horizontalement étalée, ses fleurs mâles ont leurs anthères 
réunies en trois masses, deux doubles et une simple, dont les surfaces 
sont rayées de bandes à peu près droites, qui sont autant d’anthères 
uniloculaires à pollen blanchâtre; entre ces bandes, surtout vers le 
sommet, sontlogés des corpuscules pyriformes, grisâtres, demi-trans- 
parents et sans doute glanduleux; les fleurs femelles, beaucoup moins 
nombreuses et régulièrement conformées, sont dépourvues d'étamines 
comme les autres de pistil; leurs stigmates sont renflés, bilobés sans 
beaucoup de symétrie et tout couverts de glandes papillaires à enduit 
visqueux; ils n'ont aucun vestige de ces corpuscules pyriformes, si 
abondants dans les fleurs mâles. 

Le fond des deux fleurs est un bassin mellifère, formé par la dépres- 
sion du torus, et qui fournit en si grande abondance l'humeur miellée, 
qu'elle s'élève entre les étamines, et vient baigner leur sommet; les 
lobes pétaloïdes sont manifestement des feuilles transformées, car ils 
en ont toutes les nervures. 

La fécondation s'opère plus facilement dans les Zagenaria que chez 
les autres Cucurbilaceées, parce que le limbe de leur corolle se dispose 
horizontalement; toutefois, comme les anthères et les pistils restent 
presque engagés dans le tube, il n'est guère douteux qu'elle n'ait lieu 
médiatement par les poils glutineux et humides qui recouvrent la 
partie intérieure des pétales et auxquels s'attache d'abord le pollen, 


— 403 — 


dont les globules se crèvent et renvoient leurs émanations au stig- 
mate; après la fécondation, la corolle se ferme et l'humeur miellée 
sort abondamment du godet pour baigner entièrement le stigmate et 
achever l'imprégnation. Ce mode de fécondation s'applique àla plupart 
des Cucurbitacees. 

Les fleurs, qui naissent aux aisselles des feuilles, sont solitaires ou 
réunies deux à deux ou trois à trois et s’épanouissent successivement ; 
les feuilles sont appliquées avant le développement; les pétales, de 
même que dans les autres Cucurbitacées, sont roulés sur leurs bords, 
et comme engagés les uns dans les autres dans la préfloraison, où leurs 
extrémités forment comme cinq corps séparés. 

Les fruits d'abord droits se renversent et deviennent pendants à la 
maturité; les semences, dont la forme est celle d’un parallélipipède 
tronqué, se conservent mieux et plus long-temps lorsqu'elles müris- 
sent dans le fruit putrescent. 

Les Lagenaria sont tous annuels, et leurs fruits, qui ont naturel- 
lement la forme d'une bouteille, varient beaucoup, comme ceux des 
autres Cucurbitacées, et ils fournissent ainsi diverses monstruosités, 
que les jardiniers conservent avec soin, et multiplient encore par la 
culture. On fait , avec leur enveloppe desséchée, des gourdes ou des 
calebasses, et plusieurs autres ustensiles de ménage très-légers et 
assez solides. 

Le Lagenaria vulgaris , qui fructifie bien en pleine terre dans nos 
climats, est une plante annuelle, qui s'élève à une assez grande hau- 
teur quand ses feulles rencontrent des appuis; les fleurs femelles, dont 
le fruitest souvent étranglé, ne sont point articulées comme les mâles, 
et par conséquent ne tombent pas d’ellesmêmes; elles naissent com- 
munément sur des rameaux séparés, mais une seule est fertile dans 
chaque aisselle, et peut par conséquent grossir sans être embarrassée 
par ses voisines. 


DEUXIÈME GENRE. — Cucumis. 


Le Cucumis a un calice tubulé et campanulé à lobes pointus, des 
pétales à peine soudés entre eux et avec le calice , cinq étamines tria- 
delphes , trois stigmates épais et bifides, un fruit de trois à six loges, 
des semences ovales, aplaties et non bordées, des fleurs jaunes, mo- 
noïques ou hermaphrodites. 

Le Cucumis ou Concombre renferme une vingtaine d'espèces ou 
variétés répandues dans l’ancien et le nouveau continent, mais prin- 
cipalement en Asie et aux Indes orientales; quoiqu'on ne puisse pas 


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assigner aux espèces qui le composent d'autre caractère commun que 
celui des semences non bordées et amincies sur leur contour, on doit 
dire qu’en général leurs fruits sont plus ou moins ellipsoïdes, que 
leurs tiges sont rampantes sur le sol, que leurs vrilles courtes sont à 
peu près sans usage, enfin que leurs fleurs sont disposées en paquets 
aux aisselles supérieures. 

La plupart des Cucumis sont cultivés, surtout dans les pays chauds, 
comme plantes alimentaires et rafraïchissantes; les espèces les plus 
répandues sont le Cucumis sativus, ou le Concombre proprement dit, 
dont l’on connaît plusieurs variétés, fondées principalement sur la 
‘couleur des fruits; le Melon, qu'on distingue en trois races, celle 
des Reticules, celle des Cantaloups et celle de Malthes; le Citrullus, 
qui comprend la Pastèque, à chair ferme, et le Jacé ou Melon d’eau, 
à chair aqueuse et rougeâtre; enfin l'Angurie ou l'Angurine, dont 
l'on confit les petits fruits. 

Cette dernière, qui n’est qu’une variété du Citrullus, se distingue 
par ses feuilles pennatifides, ses fruits rayés de vert et de blanc et 
ses semences d'un rouge clair ; ses vrilles à manche simple, cylindrique 
et non voluble se divisent de très-bonne heure en deux lames aplaties, 
éminemment élastiques, et qui se roulent en peloton sur elles-mêmes, 
quand elles ne trouvent pas d'appui étranger. 

On cultive aussi quelquefois dans les jardins botaniques le Flexzuosus 
ou le Serpent , si remarquable par les contours bizarres de ses fruits 
allongés et cylindriques ; le Prophetarum , de l'Arabie, à fruits petits, 
globuleux, marbrés et hispides et feuilles fortement quinquélobées; 
enfin la Coloquinte, du Japon, et peut-être aussi des côtes orientales 
de la Méditerranée, dont la chair très-amère est un violent purgatif. 

La fécondation de ces diverses espèces a lieu par la dispersion im- 
médiate du pollen des fleurs mâles sur les fleurs femelles, qui étalent 
leurs corolles pour le recevoir; ensuite ces fleurs se ferment, et l'hu- 
meur miellée qui sort abondamment du godet nectarifère, imprègne 
entièrement les stigmates, et opère la rupture des globules remplis de 
boyaux. J'ai remarqué que, dans le Cucumis prophetarum, la corolle 
était recouverte de poils brillants et glanduleux, comme celle des 
autres Cucumis et de la plupart des Cucurbitacees. 

L'hybridité a lieu, selon M. Sacerer (Ann. des sciences nat., tom. 8, 
p. 312), entre les trois races de Melon, mais non pas entre ceux-ci et 
les Cucumis, les Cucurbita, etc. 

Dans le Cucumis sativus, les étamines portent à leur sommet cinq 
à sept bandes recourbées en forme de siphon, et qui sont de vérita- 
bles anthères uniloculaires, à pollen jaune et sphérique ; elles sont 


— 405 — 


surmontées d'autant de têtes frangées et papillaires qui semblent 
destinées à arrêter et à fixer le pollen ; au centre de la fleur femelle, 
est une cupule nectarifère trilobée, sur laquelle tombe en abondance 
ce même pollen, et qui manque entièrement dans la fleur mâle; la 
femelle a ses trois stigmates allongés, ovales et entièrement recouverts. 
de papilles brillantes; son ovaire est chargé de tubercules piquants, et 
les cinq lobes de son calice sont allongés et étoilés, tandis que ceux 
de la fleur mâle sont courts et presque appliqués. J'ai vu l'humeur 
miellée du godet imprégner les stigmates après la fécondation. 

Cette conformation est la même dans le Flexuosus, à calice très-velu 
et fruit tomenteux ; dans le Prophetarum, dont la fleur ressemble tout- 
à-fait à celle de la Bryone dioique; dans les deux variétés du Citrul- 
lus, etc. ; dans toutes ces plantes, les fleurs femelles ont à leur base 
un godet nectarifère qui manque absolument à la fleur mâle, et autour. 
duquel on apercoit souvent des rudiments d'étamines, et même dans. 
le Jacé ou Melon d’eau de vraies étamines; d’un autre côté, la fleur 
mâle porte à son tour des rudiments de pistils souvent assez marqués, 
comme dans le Cucumis Prophetarum , le Citrulle Pasteque , eic., et 
qui s'allongent quelquefois, par exemple dans le Sativus, en têtes. 
frangées, destinées à recueillir et absorber le pollen. 

Le Cucumis dipsaceus, des bords de la mer Rouge, introduit nou- 
vellemént dans nos jardins, a un fruit petit, ovale et tout recouvert de- 
poils rudes, glanduleux à la base et entremêlés de glandes qui sont 
sans doute autant de poils avortés; il en est de même de ses feuilles 
cordiformes et régulièrement crénelées sur les bords; les vrilles, dans 
leur jeunesse, sont courtes, non divisées et terminées par des têtes. 
arrondies ; les fleurs sont axillaires ; les femelles, beaucoup plus grandes 
que les mâles, sont solitaires et à peu près sessiles ; les autres sont pé- 
donculées et géminées. 


TROISIÈME GENRE. — Le Luffa. 


Le Luffa a des fleurs mâles, jaunes et paniculées, un calice hémi- 
sphérique et prolongé en lanières, des pétales libres et qui se rompent 
à la base, cinq étamines non réunies, à anthères très-serpentantes; les 
fleurs femelles sont solitaires, à calice allongé en massue et à lanières 
raccourcies; les stigmates sont réniformes et entourés d'anthères à 
peu prèsavortées ; le fruit est ovale et triloculaire. 

Ce genre est formé de six ou sept espèces démembrées du Cucumis 
ou du Momordica, et dont la plupart habitent les Indes; elles ont 
toutes des étamines libres, des fleurs mâles paniculées et des pétales 


— 406 — 


rompus à la base; mais elles ne se ressemblent pas également à d’autres 
égards ; les unes sont monoïques, les autres dioïques et leur fruit est 
nu ou couronné. 

L'espèce la plus connue est Ait , ou le Cucumis acutan- 
gulus de Linxé, que les Chinois et les Indiens cultivent autour de 
leurs demeures, et qui a fleuri au jardin de Genève; sa tige s'entor- 
tille, et ses feuilles cordiformes et anguleuses ont l'odeur du Stramo- 
nium; ses vrilles sont simples, bifides ou trifides; son fruit est une 
massue relevée de six angles el couronnée par les lobes du calice; il 
s'ouvre au sommet par un opercule caduc, qui donne passage à des 
semences aplaties, arrondies, noires et brillantes à la maturité; la 
même forme de dissémination appartient à l'Ægyptiaca ; la fécondation 
est médiate dans le Luffa fœtida ; les fleurs femelles paraissent, selon 
SERINGE, long-temps avant les mâles de la même aisselle. 


QUATRIÈME GENRE. — Penincasa. 


Le Benincasa à les fleurs polygames, monoïques et solitaires , les 
divisions du calice élargies, ondulées et dentées, les pétales arrondis, 
étalés et frisés, les étamines triadelphes et divariquées, les anthères 
très-bizarrement contournées, les stigmates très-épais et irréguliers, 
les semences légèrement bordées. 

Ce genre est formé du Cerifera, probablement originaire de l'Inde, 
herbe annuelle, musquée et très-velue ; ses feuilles sont cordiformes 
et légèrement quinquéfides ; ses vrilles simples ; ses fruits pendants, 
ovales et d'abord laineux sont ensuite recouverts d’une poussière 
glauque, céreuse et entremêlée de poils nombreux et fragiles. 

Ses pétales jaunes ressemblent à ceux du Lagenaria, et ses semen- 
ces avortent souvent. 


CINQUIÈME GENRE. — Bryonia. 


Le Bryonia a les fleurs monoïques ou dioïques, les pétales à peine 
réunis à la base, le calice à cinq dents, les étamines triadelphes, les 
anthères flexueuses, le style trifide, le fruit ovale globuleux et ordi- 
nairement lisse; les semences peu nombreuses sont ovales, à peine 
aplaties et plus ou moins bordées. 

On divise artificiellement ce genre en trois groupes, fondés seule- 
ment sur la forme des feuilles. 

1° Celui à feuilles anguleuses, trente espèces dans le Prodrome; 

2° Celui à feuilles lobées, dix-sept espèces; . 

3° Celui à feuilles palmées, onze espèces. 


— 407 — 


Ce genre, très-nombreux et très-caractérisé, est dispersé dans: 
Fancien continent principalement au Cap, aux Grandes-Indes, sur la. 
eôte occidentale de l'Afrique, aux Canaries, sur les bords de la Médi- 
terranée ou dans l'intérieur de ses îles; les Antilles et l'Amérique: 
méridionale en fournissent trois espèces et l’Europe deux seule- 
ment. 

Le climat qu’elles recherchent est celui des tropiques où leurs. 
nombreuses espèces végètent et se multiplient en liberté; elles descen- 
dent de là vers le midi, et remontent vers le nord, où leur limite 
est fixée par la Dioique, qui se plaît dans l'Europe tempérée, et la. 
Blanche, à baïes noires, assez commune sur les rivages de la mer- 
Baltique. 

Toutes les Bryones , sans exception, sont des herbes , les unes 
annuelles à racines fibreuses, les autres, en beaucoup plus grand 
nombre, vivaces et se reproduisant chaque année par des racines. 
ordinairement tuberculées; elles habitent au milieu des haïes, autour 
des buissons et des arbustes, où elles élèvent leurs tiges menues et 
succulentes , soutenues par de nombreuses vrilles , ordinairement 
simples et quelquefois bifides; celles qui naissent de racines tuber- 
culées, et dont l’organisation est semblable à nos Bryones européennes, 
montrent de très-bonne heure leurs nouvelles pousses ; les annuelles 
germent plus tôt ou plus tard, selon les circonstances, et changent: 
fréquemment de localité; les premières sont les espèces fixes, les autres. 
sont les vagabondes. 

La racine de la Bryone dioique, que je prends ici pour exemple, est 
un tubercule charnu, irrégulièrement ovale, compact, granuleux ,. 
rayonnant , blanchâtre, imprégné de sucs mêlés à une fécule' saine et 
nourrissante, Du sommet de cet épais rhizome, qui va sans cesse en 
s'élevant , naissent chaque année une ou plusieurs tiges herbacées, 
réduites aux approches de l'automne en filets souples et desséchés. Je 
n'ai pas aperçu , à la base de ces tubercules, des radicules bien mar- 
quées; mais j'ai vu leur sommet hérissé irrégulièrement d'aspérités , 
quisont les bases des anciennes tiges, et par lesquelles ils s'accroissent; 
ils m'ont paru ressembler beaucoup pour la structure à ceux de la 
Fumeterre bulbeuse, mais ils ne sont pas vides à l’intérieur. 

Les premières feuilles sont dépourvues de vrilles, mais les suivantes 
en ont qui grandissent successivement à mesure que la plante s'élève, 
et qui acquièrent leur entier développement dans les aisselles supé- 
rieures ; ces vrilles sont d’abord roulées en spirale, et ne s'allongent 
que lorsqu'elles tendent à s'accrocher; on les voit alors s'étendre 
horizontalement, en haut ou en bas, selon les corps qui les avoisinent, 


— 408 — 


et se contourner de droite à gauche ou de gauche à droite; souvent 
même elles changent de sens une ou deux fois, ce qu'on reconnaît 
facilement au petit intervalle rectiligne qui sépare les deux directions 
opposées. po! 

Ces vrilles sont ordinairement considérées comme des pédoncules 
avortés, et, en effet, on ne peut pas douter qu’elles n'aient cette 
origine, dans la Vigne par exemple, en donnant toutefois au mot 
avortement une signification différente de l'usage ordinaire; car il 
n'est pas ici question d’un organe imparfait, mais, au contraire, d'un 
organe modifié de manière à servir pour son nouvel emploi. Mais les 
vrilles de la Bryone, comme celles des autres Cucurbitacées, ne sont 
pas des pédoncules dégénérés, puisque les pédoncules eux-mêmes 
existent dans toutes les aisselles supérieures ; elles ne peuvent pas non 
plus être considérées comme des stipules allongées en filets, puisque 
les stipules sont géminées et non pas solitaires, et qu'il n'y à aucun 
exemple de stipules placées au-delà du rameau par rapport à la feuille, 
comme cela a lieu dans les vrilles des Bryones ; nous supposons donc 
qu'ici, comme dans le reste des Cucurbitacees, la vrille est un organe 
propre, ou dont il est du moins très-diffcile d’assigner la nature pri- 
mitive. : 

Les vrilles des Bryones sont ordinairement simples, comme dans 
la Dioïque | mais il existe quelques espèces, par exemple, le Laciniosa, 
de Ceylan, où elles sont bifides ; d’autres, comme la Stipulacée, de 
la Cochinchine, où elles sont trifides ; d’autres enfin, comme la 
Pubescente, où elles sont rameuses. On trouve même certaines espèces, 
telles que la Sripulacée et celle de Garcin, de Ceylan, où elles sont 
accompagnées de stipules; mais ces deux dernières plantes méritent 
d'être examinées de nouveau, car leurs stipules pourraient bien n'être 
que des bractées. 

Les feuilles de presque toutes les Bryones ont leur surface hérissée 
d'aspérités et entremêlées de poils plus ou moins ras; on aperçoit 
même deux dents glanduleuses à l'extrémité du pétiole de la Cordi- 
forme, de Ceylan, mais ordinairement les glandes sont placées au 
contour des feuilles, au point précis où aboutissent les principales 
nervures. 

Les feuilles sont anguleusés, plus ou moins cordiformes et arrondies 
à la base, mais toujours tendant à se diviser en cinq lobes souvent 
très-marqués, quelquefois même laciniés ; c'est pourquoi les trois 
groupes de ce grand genre n'’offrent point de différence tranchée; on 
en trouverait peut-être de plus naturelles en divisant, comme le pro- 
pose SERINGE, les Bryones en trois sections : 1° les Oosperma, à graines 


— 109 — 
à peu près arrondies, sans rebord sensible ; 2° les Zonosperma, à 
graines bordées; 3° Les Rostraria, dont les fruits sont en pointe très- 
prononcée, comme le Rostrata et l Africana. Cette dernière section, 
qu'on devrait placer avant les autres, pourrait bien quelque jour 
former un genre. 

Les Bryones sont monoïques ou dioïques, sans que cette différence 
influe sur les autres caractères; ainsi l’4/ba, long-temps confondu 
avec notre Dioique, a les deux sexes réunis sur le même pied; cepen- 
dant ilest probable que les fleurs des espèces dioïques ont leurs corolles 
plus étalées , et leurs organes sexuels plus saillants; mais nous n'avons 
pas vu un assez grand nombre d'espèces vivantes pour confirmer 
entièrement cette opinion, qui s'appuie déjà sur la comparaison du 
Laciniosa monoïque avec notre espèce commune. 

Les fleurs des Zryones sont petites, blanches, jaunes, jaunûtres, 
rayées ou velues à l'intérieur; elles ont la consistance, la souplesse et 
l’estivation des Cucurbitacees ; les mâles tombent de bonne heure, les 
autres plus tard, en se rompant quelquefois un peu au-dessus de 
l'ovaire, qui se termine alors en pointe; ces fleurs sont solitaires ou 
réunies en ombelles et en grappes sessiles ou pédonculées, mais ordi- 
nairement la fleur femelle est solitaire, les autres sont nombreuses et 
pédonculées. | 

Hazzer assure que, dans la Bryone dioïque, les pieds mâles sont 
plus nombreux que les autres, ce que je n'ai pas vérifié; mais j'airemar- 
qué, dans notre ancien jardin botanique, un pied femelle, qui per- 
fectionnait ses graines toutes les années, quoiqu'il fût solitaire dans 
l'intérieur de la ville : est-ce que ce pied femelle donnait des fleurs 
mâles vers ses extrémités, comme cela a quelquefois lieu, d’après 
l'observation de Gawnix , dans sa Flore helvétique ? 

Les anthères, conformées comme dans le très-grand nombre des 
espèces de la famille, sont portées sur trois filets, deux doubles et un 
simple; on aperçoit distinctement dans le Dioique et le Laciniosa 
quatre bandes anthérifères sur les filets doubles et deux sur le simple, 
ce qui prouve que ces bandes ne sont que les lobes écartés et primiti- 
vement réunis des anthères; le pollen est grisâtre, à peu près sphé- 
rique, à trois papilles ; je n’ai pas apercu de cloison intérieure dans 
les bandes, et je n’ai vu dans les fleurs mâles aucun rudiment de pistil, 
pi dans les femelles aucun d’anthère. Le pollen tombe sur les stig- 
mates, qui, comme dans les autres Cucurbitacces , sont le lendemain 
imprégnés de l'humeur miellée nécessaire à la fécondation. 

Les baïes sont naturellement triloculaires, comme l'indique le 
nombre des stigmates, mais elles se réduisent souvent par avortement 


— 410 — 
à deux ou même à une loge renfermant une ou deux graines; leur- 
forme et leur couleur diffèrent beaucoup selon les espèces et même 
selon les variétés ; elles sont arrondies, allongées, anguleuses, mucro- 
nées, noires, rouges, blanches, jaunes, jaune-orangé, unies ou rayées; 
dans tous ces états elles restent petites, parce qu’elles sont nombreuses 
et portées sur des tiges amincies et peu consistantes. 

Les graines elles-mêmes sont ovales, plus ou moins comprimées et 
toujours enveloppées d’un arille glutineux, qui se dessèche dans la 
maturation; leur contour est manifestement bordé ou assez aminci,. 
ce qui n SRE pas des différences correspondantes dans la marche- 
des vaisseaux, car j'ai toujours vu les cordons pistillaires pénétrer par 
le sommet de da graine, et les vaisseaux nourriciers ne se réunir aux 
cordons pistillaires qu'après avoir parcouru tout le contour de la 
graine, depuis la base jusqu’au point opposé. Toutefois je ne puis 
affirmer que toutes les graines des Bryones soient semblablement 
conformées, et GÆrrwer, planche 88, représente celles du Laciniosa 
comme assez différentes de celles de l’4fricana. 

Les baies ont la même structure que dans les autres Cucurbitacees, 
c'est-à-dire qu’elles sont formées d’abord de trois loges réunies par un 
axe central ; mais ouvertes et comme ramifiées du côté extérieur, où 
sont attachées, dans une position ordinairement horizontale, des 
graines à radicule tournée du côté extérieur. DE Canpozee explique 
cette bizarre configuration en supposant que les trois carpelles qui 
formaient primitivement la graine s'étaient retournés et soudés par 
leur dos, disposition opposée à celle de presque tous les péricarpes , 
mais qui distingue la famille des Cucurbitacees. 

La dissémination à lieu par la rupture du pédoncule ; au moment où 
ilse détache, la pulpe sort par le point de rupture, et entraine avec elle 
les graines qu'elle enveloppait; c'est ce qui a lieu, je crois, dans un 
grand nombre de Cucurbitacees. 

Les fleurs des Bryones ne paraissent susceptibles d'aucun mouve- 
ment, ni dans leurs pétales, ni dans leurs organes sexuels; mais les. 
pédoneules se penchent ou se redressent de diverses manières; il en 
est de même des tiges et des pétioles, qui obéissent très-facilement aux 
impressions dela lütatéRe etaux mouvements variés des vrilles, lesquelles. 
sont ici l'organe éminemment sensible; c’est par son moyen que les 
Bryones , naturellement faibles et sans consistance, s'élèvent le long 
de nos haies, et atteignent sous les tropiques le sommet des plus 
grands arbres. 

Ces plantes ne se font remarquer ni par la beauté de leurs formes, 
ni par l'éclat de leurs couleurs; mais elles intéressent l'ami dela nature 


— Aii — 


par la fraîcheur de teur feuillage et l'élégance de leur port ; elles plai- 
sent surtout aux physiologistes par les nombreux phénomènes qu’elles 
présentent, et dont nous n’avons pu donner qu'une légère idée; du 
reste , il est extrêmement probable qu’il y a plusieurs variétés parmi 
les soixante espèces qu'énumère ici le Prodrome. 

Les Bryones sont faites pour vivre sur les arbres et les arbrisseaux ; 
elles ne s’élèveraient pas au-dessus du terrain, et ne donneraient pro- 
bablement ni fleurs ni fruits si elles étaient privées d'appui. 


SEPTIÈME GENRE. — Sicyos. 


Le Sicyos a les fleurs monoïques; les mâles ont un calice à cinq dents 
subulées, une corolle à trois ou plutôt cinq étamines triadelphes ; les 
femelles ont un style trifide, dont chaque extrémité porte un stigmate 
papillaire et assez épais; le fruit monosperme est très-souvent recou- 
vert d'épines ; la semence est ovale et aplatie. 

Les Sicyos sont des herbes annuelles et grimpantes, qui ont tout-à- 
fait le port et l'apparence des Bryones , mais qui en diffèrent essen- 
tiellement par leur fruit sec, aplati et monosperme; elles habitent les 
Jeux Amériques, mais celles qui se trouvent dans le voisinage de 
l'équateur vivent sur des montagnes assez élevées, en sorte qu'on peut 
les considérer toutes comme des plantes qui se plaisent dans des cli- 
mats tempérés. 

On en connaît à peu près dix espèces qui ne me paraissent pas se 
distinguer par des caractères importants, mais le Triquetre, du 
Mexique, forme un type très-marqué par ses fruits inermes, allongés 
et triquêtres , ses semences oblongues, cylindriques et ses vrilles très- 
rameuses. 

La seule espèce répandue en Europe est l’Angulosus, du nord de 
l'Amérique, qui se ressème dans nos jardins ; ses feuilles, d’abord 
trifides, ne prennent que plus haut la forme propre à l’espèce ; la tige 
est frêle, succulente, anguleuse et porte à ses aisselles supérieures 
une vrille divisée en plusieurs bras, accompagnée d’un long pédoncule 
axillaire, chargé d’une grappe de fleurs mâles et de deux autres pédon- 
cules plus petits, l'un terminé par une tête de cinq à six fleurs femelles, 
et l'autre par des rudiments de fleurs avortées : tout cet appareil de 
vrilles et de fleurs ne se trouve que dans les aisselles supérieures; les 
autres n'ont ni fleurs ni vrilles. 

Les vrilles sont divisées au même point en trois ou cinq filets demi- 
transparents, d'une irritabilité extrême , au moins lorsqu'ils sont dé- 
roulés et étendus en pleine vie; il suffit de leur présenter à distance un 


—- 412 — 


léger appui, du côté où a lieu la courbure, pour qu’on les voie d'abord 
s'incliner puis s'étendre lentement sur cet appui qu’ils n’abandonnent 
plus. Quelle est la cause qui produit cet effet si remarquable, et dont 
j'ai été souvent témoin ? Je ne puis en assigner aucune qui soit mé- 
canique. 

Les fruits, presque toujours hérissés , de poils raides, qui blessent 
les pieds nus, tombent sans s’ouvrir, parce qu’ils sont monospermes, 
et la semence à radicule supère est attachée au prolongement du style. 


‘ 


SEPTIÈME GENRE. — latere. 


L'Élatère a les fleurs monoïques; les mâles ont un calice campanulé, 
coloré et légèrement denté, une corolle à peine gamopétale, des fila- 
ments et des anthères réunies ; les femelles ont un calice pétaloïde,, 
hérissé à sa base, à tube plus ou moins allongé, portant à son sommet 
une corolle et quelquefois des étamines infertiles, le style est épais, 
le stigmate est. en tête, la capsule bivalve ou trivalve est coriace, hé- 
rissée, uniloculaire, polysperme et déhiscente élastiquement. 

Les Elatères, très-long-temps confondus avec les Momordiques, 
dont ils diffèrent principalement par leur calice allongé en tube etleur 
fruit uniloculaire , forment aujourd’hui huit espèces, dont six origi- 
naires du Mexique, une des Caraques et une autre de la Virginie. 

Ce sont des plantes annuelles, à fleurs blanches ou jaunes, vrilles. 
ordinairement bifides, feuilles cordiformes, plus où moins angu- 
leuses, hastées ou lobées, et dont aucune, je crois, n’a été encore 
introduite dans nos jardins. 

Elles méritent d'être étudiées physiologiquement pour leur fécon- 
dation, la structure de leurs vrilles et principalement pour leur dissé- 
mination ; leur fruit s'ouvre, dit-on, par la séparation élastique des 
deux ou trois panneaux dont il est formé; mais il n’est pas douteux 
qu'il n’y ait, même à cet égard, des variations dépendantes des. 
espèces. 

L'Élatère , des Caraques, a les fleurs blanches et odorantes. 


HUITIÈME GENRE. — ]Momordica. 


Le Momordica à les fleurs monoïques ou dioïques, à pédoncule fili- 
forme et ordinairement bractéolé; les mâles ont un calice quinquéfide, 
très-légèrement tubulé, une corolle à cinq divisions, des étamines 
triadelphes à anthères réunies; les femelles ont cinq filaments triadel- 


— 413 — 


phes et stériles, un style trifide, un ovaire triloculaire, un fruit souvent 
muriqué et s'ouvrant avec élasticité , des semences aplaties et presque 
toujours réticulées. 

Les Momordiques, dont l'on compte à peu près seize espèces, la 
plupart mal connues, ne sont pas, ainsi que les Bryones ou les Sicyos, 
des plantes à peu près homotypes; elles comprennent au contraire 
quatre ou cinq types, qui, lorsqu'ils seront mieux connus, donneront 
peut-être naissance à autant de genres ; en effet, les Momordica dif- 
fèrent beaucoup entre elles, non pas, il est vrai, par la forme des 
feuilles toujours plus ou moins cordiformes et quinquélobées, mais 
par la plupart des autres organes : les unes sont monoïques, les autres 
dioïques; celle-ci ont une corolle sans tube sensible, celles-là ont le 
tube corollaire très-marqué ; elles sont vrillées, faibles et couchées 
sur le sol, ou grimpantes et même volubles; la bractée elle-même, 
que l’on fait entrer dans le caractère générique, ne setrouve pas dans 
toutes les espèces. 

Il ne reste guère pour distinguer les Momordiques des autres Cucur- 
bitacees que l'élasticité du fruit et la manière dont il répand ses semen- 
ces, mais ce caractère n’a encore été constaté que dans les principales 
espèces, telles que le Balsamina , le Charantia et surtout l'Elatère. Il 
paraît même que, dans les deux premières, les graines sortent par 
l'ouverture plus ou moins irrégulière de la base du péricarpe, tandis 
que, dans la dernière, ce joli phénomène a lieu d’une manière fort 
différente. | 

Cette singulière plante, qui pourrait bien former dans la suite un 
genre propre, et qui porte en effet dans Kocx le nom d'Æcballion 
elaterium, qui fait allusion à sa forme de dissémination, a été réléguée 
au midi de l'Europe, où elle croît dans les terrains abandonnés et au 
milieu des décombres ; elle n’est ni sarmenteuse, ni voluble, ni vrillée, 
mais elle rampe faiblement sur le sol, où elle se distingue par sa cou- 
leur glauque et ses feuilles cordiformes, épaisses, fortement tubercu- 
lées et couvertes de poils rudes, blanchâtres et transparents à la base. 

Son organisation intérieure est semblable à celle des Courges, dont 
elle paraît être comme la miniature ; ses tiges succulentes renferment, 
intérieurement et près du bord, des cylindres à diverses dimensions ; 
sa corolle veinée est d'un jaune soufré; son ovaire, primitivement 
triloculaire, perd promptement ses cloisons, et ne présente à la matu- 
ration qu'une masse pulpéuse, dans laquelle nagent les semences; le 
péricarpe ellipsoïde , long de deux pouces, est alors porté sur un 
pédoncule recourbé, qui tout-à-coup se détache par lé sommet, et 
fait jaillir de la cavité où il était engagé une matière liquide, qui 


— 414 — 


entraine et dissémine toutes les graines, en occasionnant une vive 
cuisson sur les yeux de’ceux qui la recoivent. Si l'on examine ce péri- 
carpe après sa séparation, on remarque qu'il n’a nullement changé 
de forme, mais qu’il ne contient plus qu'un mucilage, où flottent les 
plexus des vaisseaux nourriciers ; ces plexus, très-artistement réticulés, 
s'apercoivent également dans les autres Momordiques. 

En entamant la surface d’un fruit près de sa maturité, j'ai vu ses 
parois se contracter subitement , et ses graines sortir en partie paï 
l'incision; j'ai observé de plus que le pédoncule, à son point d'inser- 
tion avec le fruit, formait une substance cornée, obtusément conique, 
parfaitement lisse et tout-à-fait distincte des fruits. J'imagine donc 
qu’à l’époque de la dissémination , les paroïs du péricarpe se contrac- 
tent fortement et tendent ainsi à resserrer l'espace occupé par les 
graines et le mucilage ; mais comme elles sont trop épaisses pour se 
rompre, elles agissent sur le pédoncule qui part comme un bouchon, 
et entraîne avec lui les graines et la matière liquide. On peut aussi 
supposer avec Auguste Sarnr-Hirarre ( Mémoire sur la structure des 
Résédacees ), que la pulpe, devenue trop abondante pour être conte- 
nue dans l'intérieur du fruit, presse et détache le pédoncule, mais on 
ne saurait guère expliquer la sortie rapide du liquide et des semences, 
que par la contraction élastique des parois du péricarpe. 

Le Momordica Balsamina a des feuilles dont les pétioles sont forte- 
ment contournés, et dont le limbe est divisé en cinq lobes laciniés et 
glabres ; ses vrilles sont simples, ses fleurs mâles portent une bractée 
cordiforme sur le milieu de leur pédoncule; les femelles, dont le 
pédoncule est plus court et la bractée comme avortée, ont un calice 
à cinq divisions étroites, une corolle rudimentaire, un style saillant, 
divisé au sommet en trois branches stigmatoides dont deux paraissent 
bifides, des fruits petits, anguleux, era et qui s'ouvrent latéra- 
lement et irrégulièrement; la corolle de la fleur mâle s'étale fortement, 
et celle de la fleur femelle est à peu près nulle pour la facilité de la 
fécondation. 

Le Charantia , qui me paraît homotype au Balsamina , a de même 
le port d'une Bryone, des tiges amincies et anguleuses, des feuilles à 
sept lobes incisés et recourbés, et des pétioles fortement recourbés ; 
ses vrilles sont simples et pubescentes ; ses pédoncules (est-ce seule- 
ment les mâles ? ) portent près de leur base une bractée amplexicaule ; 
les fleurs mâles comme les femelles sont petites, jaunes et solitaires ; 
les fruits sont pendants, allongés, pointus, renflés dans leur milieu et 
fortement tuberculés. 

Les Momordiques sont des herbes annuelles, comme le très-grand 


— 415 — 


nombre des Cucurbitacees ; elles habitent principalement les Grandes- 
Indes où elles s'emploient souvent, ou comme nourriture, ou comme 
assaisonnement ; on en trouve une espèce au Sénégal, une seconde 
dans l'Amérique sud , et une dernière enfin en Pensylvanie; la patrie 
de l'Aculeata, comme celle du Spicata, est encore inconnue. 

On cultive dans les jardins des amateurs le Balsamina et le Cha- 
rantia l'une et l’autre originaires des Indes, et fort remarquables par 
leurs fruits colorés en rouge orangé, ou sanguin , mais qui ne s'ou- 
vrent ni à la base, comme ceux de l’Elatère, parce que leur pédoncule 
n'est pas articulé, ni au sommet par un opercule, comme celui de 
l'Operculata. Du reste, les espèces de Momordica sont encore peu 
connues et peu étudiées ; j'ai seulement constaté que, dans l’Ælatere , 
la fécondation s'opérait comme dans les Cucurbita : que le pollen, 
d'un jaune orangé et très-abondant, fécondait les styles trifides à 
stigmates bifides des fleurs femelles placées dans le voisinage, et que 
celles-ci, qui ne s'ouvrent qu’un jour, avaient le lendemain leurs 
stigmates profondément imprégnés de l'humeur miellée, sortie abon- 
damment de l’urcéole évasé placé au-dessous. 


NEUVIÈME GENRE. — /richosanthes. 


Le Trichosanthes a les fleurs blanches et monoïques ; les mâles ont 
un calice à cinq lobes qui alternent avec cinq dents placées un peu 
extérieurement, une corolle à cinq divisions ciliées, cinq étamines 
triadelphes et des anthères réunies à loges très-flexueuses; les femelles 
ont un calice à cinq dents , une corolle à cinq divisions laciniées, un 
style trifide, des stigmates oblongs et subulés, un fruit oblong, dont 
le nombre des loges varie selon les espèces. 

La patrie des Trichosanthes est l'Inde orientale, la Cochinchine et 
principalement le pied du mont Salah; c'est dans ces lieux que vivent 
et se multiplient leurs nombreuses espèces, dont une ou deux seule- 
ment habitent les Antilles; elles se reconnaissent très-aisément aux 
belles franges de leurs pétales; car elles ne diffèrent guère à d'autres 
égards des Bryones. 

Ce sont des herbes annuelles ou vivaces par leurs racines tubercu- 
lées et même ligneuses ou sous-frutescentes; presque toutes sont 
grimpantes, et s’attachent par leurs vrilles simples ou bifides, rarement 
rameuses, mais toujours allongées et roulées en spirale. 

Les fleurs mâles sont nombreuses, réunies en grappes ou en om- 
belles et souvent pourvues de bractées; les femelles, au contraire, 
sont ordinairement solitaires, plus ou moins pédonculées et ont une 


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corolle fortement laciniée; les fruits, différemment colorés et rayés, 
varient en dimensions depuis la grosseur d'un pois jusqu'à celle d’un 
œuf; leur pulpe est souvent amère et leurs semences se ne ps 
sans doute de différentes manières. 

Le Trichosanthes anguina , espèce la plus répandue est une herbe 
annuelle, originaire de la Chine; sa tige est faible, pentagone et 
grimpante; ses feuilles sont cordiformes, pétiolées, incisées et par- 
semées de poils rudes; ses vrilles très-marquées sont souvent bifides 
ou trifides; les fleurs mâles sont disposées en ombelles sur un pédon- 
cule rude et allongé, et les femelles, solitaires dans la même aisselle, 
se font remarquer par leur corolle, dont les lobes, frangés et cachés 
dans l'intérieur de la fleur , s’étalent ensuite, et recoivent peut-être 
en se recourbant le pollen des anthères; celles-ci sont appliquées sur 
le contour d’un torus cylindrique et non saïllant, au-dessus du tube 
allongé de la corolle; le fruit oblong et marqué de côtes s'ouvre à la 
maturité; les cinq stigmates sont réunis en cylindre au sommet du 
tube; le premier est solitaire et les quatre autres sont soudés deux à 
deux; la fleur ne m'a paru durer qu’un jour. 


DIXIÈME GENRE. — Cucurbita. 


Le Cucurbita a les fleurs monoïques, la corolle campanulée, jaune, 
fortement unie à un calice , hémisphérique et campanulé dans la fleur 
mâle, claviforme et tronqué horizontalement après la fécondation 
dans la fleur femelle; les étamines, au nombre de cinq, sont triadel- 
phes et syngénésiques; les anthères, recourbées aux extrémités, sont 
droites et parallèles ; les trois stigmates sont épaissis et bilobés, le 
fruit a trois ou cinq loges, les semences aplaties sont ovales et bordées. 

Les Cucurbita, dont les différentes espèces sont encore très-mal 
déterminées, se distinguent des autres Cucurbitacées par un calice 
fortement adhérent, coupé horizontalement dans la fleur femelle, par 
des anthères à lobes droits et parallèles, surtout par des semences 
bordées; c'est le genre qui contient les fruits les plus gros et les plus 
généralement cultivés; mais aussi c'est celui dont le plus grand nombre 
des espèces n'existe point dans l’état sauvage, et qui n’est guère formé 
que de variétés produites par la culture et les fécondations hybrides. 

On peut en conséquence distribuer ces espèces en deux classes ; les 
cultivées ou artificielles, et les sauvages ou naturelles ; les premières 
seraient la Courge commune, avec ses diverses variétés, le Melopepo 
ou Pastisson et Bonnet d’électeur , le Pepon ou le RREMEER la Ver- 
ruqueuse où Barbarine, la Velue furineuse voisine du Pepon, Y Danses 


— 417 — 


ou la Fausse orange , la Musquee et Y'Ovifere ou la Cougourdette; les 
autres comprennent principalement la Très-fétide, Y'Ombellifere , Va 
Multifiore, la Siceraire et celle à Mamelle , toutes originaires de l'Amé- 
rique et des Indes orientales. 

Les espèces artificielles ou cultivées diffèrent beaucoup, même dans 
leurs variétés, pour la grosseur et la forme des fruits; mais elles se 
ressemblent pour la grandeur et la couleur des fleurs, pour le mode 
d'inflorescence, etc.; les fleurs sont presque toujours solitaires, les 
pétioles et les tiges sont creuses, succulentes et parcourues intérieu- 
rement par un grand nombre de tubes longitudinaux. 

Les fleurs femelles renferment souvent des rudiments d’étamines, 
et les mâles montrent à leur centre la place vide du pistil, -en sorte 
qu'on ne peut douter qu'il n’ÿ ait avortement constant de l'un des 
deux sexes, quoiqu'on ne puisse assigner le moment où cet avorte- 
ment s'opère. 

Les limbes des feuilles sont disposés horizontalement, et relevés sur 
leurs bords; ils se flétrissent par l'action du soleil, qui détermine une 
exhalaison surabondante, mais ils reprennent leur fraicheur pendant 
la nuit; les corolles sont en estivation valvaire indupliquée; les pétales 
fortement repliés en dedans sont encore plissés sur eux-mêmes, mais 
ils se maintiennent épanouis et étalés jusqu'à la fin de l'émission du 
pollen, ensuite ils se roulent en dedans, enfin ils tombent par une 
rupture préparée. 

Les espèces naturelles n’appartiennent pas au même type; les unes 
ont les fleurs mäles èn ombelle et les femelles solitaires; les autres ont 
toutes leurs fleurs petites et réunies en corymbe; il en est qui ont les 
fruits ligneux ou dont les feuilles sont découpées; toutes ont été 
abandonnées à la nature, parce qu'elles n’étaient pas faites pour la 
nourriture de l’homme. 

Les vrilles des Cucurbites cultivées sont formées d'un bras ou d’un 
manche raide, divisé au sommet en plusieurs mains; elles sont en 
conséquence beaucoup plus fortes que celles des Bryones, des Sicyos, 
des Lagenaria et de la plupart des Cucurbitacees, dont les fruits, beau- 
coup plus petits, n’ont pas besoin d'être si fortement soutenus. 

Les premières feuilles n’ont ni vrilles ni pédoncules; les suivantes 
commencent à montrer des vrilles imparfaites; ensuite viennent, à 
peu près en même temps, les fleurs mâles et femelles, de manière 
cependant que les dernières, toujours solitaires, occupent rarement 
deux aisselles consécutives; en attendant, la tige s'allonge; les fruits, 
qui acquièrent un poids très-considérable, grossissent presque à vue 
d'œil, et se déposent successivement et sans gène sur le sol ; lorsqu'ils 

Il. 27 


— A1S — 
sont mürs et que la tige est desséchée, on les trouve placés naturelle- 
nent à des distances presque égales sur le terrain, où ils se font 
remarquer par la grosseur et la raideur de leurs pédoncules. 

Ces fruits sont souvent rayés ou verruqueux ; les bandes vertes cor- 
respondent toujours à la portion des valves qui porte les graines, et 
qui par conséquent a une végétation plus active, et les verrues ou les 
boursoufflures indiquent en général des cavités dans les parties inté- 
rieures correspondantes. La patrie du Cucurbita maxrma et de quelques 
autres espèces est inconnue; ce qui indique que ces plantes sont un 
produit de la culture, et en effet leurs fruits renferment trop de graines 
réunies dans le même point et privées de tout moyen de dissémination 
pour qu'on puisse croire qu'ils sont à l'état naturel. 


ONZIÈME GENRE. — ÂMuricarpa palmata. 


On cultive au jardin sous ce nom une Cucurbitacée rampante, à tige 
très-amincie et anguleuse , à feuilles sèches, glabres, palmées, à lobes 
pinratifides, vrilles simples, latérales ; les fleurs monoïques, pédon- 
culées, sont solitaires, jaunes, lisses, grandes; les mâles, avec un 
limbe plus étendu, les femelles, légèrement épanouies; le fruit est 
petit, succulent et probablement tuberculé après la maturation. Les 
corolles sont fortement sillonnées, et les anthères sont conformées, 
comme dans la plupart des Cucurbitacees. 

On devrait, je crois, d’après son port, ses feuilles et ses vrilles, la 
placer parmi les Bryones. 


DOUZIÈME GENRE. — (yclanthera. 


Le Cyclanthera a la tige anguleuse, épaisse et assez consistante, 
les feuilles grandes, élargies, à cinq ou sept lobes lancéolés et irré- 
gulièrement dentés; les vrilles latérales, d'abord simples, puis divi- 
sées, en trois où un plus ‘grand nombre de filets allongés et partant 
à peu près du même point; les fleurs unisexuelles sont placées dans 
la même aisselle, la femelle est solitaire, à fruit petit, glabre, 
allongé en fuseau et recourbé au sommet; les mâles, beaucoup moins 
grandes, forment des grappes pédonculées et jaunâtres; la plante dans 
sa végétation présente une touffe très-étendue et d'un beau vert. 

La fleur femelle m'a paru formée d'un godet, au-dessus duquel 
s'élèye un pédicelle renflé en segment de sphère; c’est ce renflement 
qui forme le stigmate. Après la fécondation, le torus devient mellifère 
comme dans les autres Cucurbitacées ; elle porte le nom spécifique de 


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Pedata, parce que ses tiges fortement cannelées sont chargées à leurs 
articulations supérieures de grandes feuilles , à cinq lobes profondé- 
ment divisés jusqu'à la base , et subdivisés en lanières plus ou moins 
élargies ; chaque aisselle supérieure est pourvue d’une forte vrille, dont 
le manche se subdivise en trois filets aplatis, roulés en tire-bouchon 
et changeant fréquemment de direction; la fleur ou les fleurs femelles, 
car il y en a souvent deux ou trois, sont sessiles, à ovaire aplati et 
recourbé en faux ; le style est à peu près nul; le stigmate est une tête 
papillaire en cône surbaissé et renfermé d'abord dans un calice blan- 
châtre , à cinq lobes et cinq appendices linéaires ; les fleurs mâles por- 
tées sur d'assez longs pédoncules sont réunies cà et là en verticilles 
incomplets, et ont la même conformation extérieure que les femelles; 
mais elles renferment un disque aplati, d'abord exactement plissé en 
deux parties bordées et réunies par des filets rougeâtres, mais qui ensuite 
s'étale en un disque entier, dont tout le bord est recouvert d'une large 
bande, d'où sort par la rupture d'une légère membrane un pollen 
jaune, sphérique, très-abondant et qui va s'implanter sur le cône stig- 
matique de la fleur femelle ; le fruit porte sur sa partie bombée deux 
rangs de semences ; la plante est fortement renflée à ses articulations, 
d'où sortent des rameaux dans tous les sens. 

Je ne connais pas encore la patrie de ce genre ni du précédent. 

Les Cucurbitacées forment une famille qui s'éloigne de toutes les 
autres par des caractères nombreux, et principalement parla structure 
de la fleur et du fruit, aussi ont-elles été étudiées avec soin , d'abord 
par Auguste Sarnr-Hicaire et ensuite par SERINGS. 

Leur germination n’a rien de remarquable; les cotylédons , qui sor- 
tent de terre et s'allongent en feuilles, sont entiers, oblongs et por- 
tenttrois nervures palmées; les racines se présentent sous deux formes, 
ou bien elles sont fibreuses et indiquent alors des plantes annuelles, 
ou bien elles sont tuberculées et annoncent des herbes vivaces ; dans 
ce dernier cas, qui est le moins fréquent et appartient surtout aux 
Bryones , le tubercule acquiert souvent un volume considérable et 
pousse toujours du sommet ; enfin quelques espèces, parmi les Tri- 
chosanthes , etc., sont ligneuses ou sous-ligneuses, et ont par consé- 
quent des racines différentes de celles des autres genres de la famille. 

Les tiges sont molles, creuses, enflées , grimpantes ou du moins 
traînantes ; les feuilles, disposées en quinconce et courbées plutôt 
que plissées avant leur développement , sont cordiformes , lobées, 
palmées et chargées sur leur contour de renflements glanduleux ; leur 
surface est recouverte de poils fragiles, piquants, cloisonnés et remplis 
d'un fluide inodore parfaitement limpide ; on retrouve ces mêmes 


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poils sur les'tiges, les pédoncules, les pétioles et même sur la plupart 
des fruits, où ils disparaissent souvent à la maturité ; quelquefois, 
comme dans le Benincasa , ils laissent transsuder une humeur vis- 
queuse et légèrement odorante; d’autres fois, ainsi que dans la Bryone 
dioïque, ces poils sont en tête et mêlés d'aspérités coniques ; souvent 
encore ils se détachent par la base, et alors la feuille acquiert une 
surface raboteuse et se recouvre de petites taches , comme dans les 
Borraginees. 

Les vrilles ne manquent presque dans aucune espèce, mais elles 
varient beaucoup en forme et en développement ; tantôt elles sont 
simples et raccourcies, surtout aux aisselles inférieures ; tantôt , au 
contraire, elles sont divisées et fort allongées; on en trouve de bifides, 
de trifides , de multifides et d'ombelliformes, et l'on peut remarquer 
que les unes paraissent grossièrement conformées, tandis que les 
autres sont douées d'une sensibilité exquise, comme celles du Sicyos 
angulatus , par exemple. 

M. Huser-BurnanD, dans un Mémoire inédit, lu en 1809 à notre 
Société de physique et d'histoire naturelle, a suivi avec soin les divers 
mouvements des vrilles du Lagenaria, dans les mois de juin et de juil- 
let, et ce qu'il ya observé peut s'appliquer également aux Bryones, aux 
Sicyos, aux Cucurbitées et à la plupart des plantes de la même famille. La 
vrille commence d'abord à s'étendre en ligne droite, en serecourbant 
quelquefois en crochet à l'extrémité, comme dans les Cucurbita; dans 
cette situation, elle oscille plus ou moins, jusqu’à ce qu'elle ait trouvé 
un appui auquel elle se fixe par un tour de spire ; comme elle ne peut 
plus s'étendre, et que pourtant elle continue à s’accroitre, elle s’apla- 
tit et s’endurcit légèrement dans quelques points de sa longueur, où 
il se forme autant de manivelles qui tournent sur elles-mêmes, et 
roulent en spires opposées les deux parties contiguës du filet ; chaque 
tour de la manivelle produit un nouveau tour de spire des deux côtés, 
et la vrille porte quelquefois jusqu’à quatre manivelles, qui indiquent 
autant de changements dans le sens des spires ; la direction primitive 
est indifféremment de droite à gauche, ou de gauche à droite, les 
suivantes alternent avec beaucoup de régularité. 

Quand on veut se rendre compte de la manière dont s’est opéré le 
changement de direction, on voit qu'en formant sa manivelle, le 
filet se retourne sur son axe, et qu’ensuite en reprenant sa première 
situation , il est forcé de se rouler en sens contraire. Quelle est la 
cause qui détermine ces spires, souvent si étendues ? C'est ce qui est 
difficile à déterminer; mais si cette cause est obscure, son but est évi- 
dent : les spires sont destinées à donner à la vrille une force qu'elle 


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n'aurait jamais acquise, si elle était restée droite ; ces changements de- 
direction la fortifient encore, et lui permettent de saisir , dans tous les. 
sens, les corps auxquels elle cherche à se fixer; elle s'allonge et se 
resserre ainsi, selon le besoin. Quelle différence entre ce moyen 
d'attache et ceux qu'emploient les hommes lorsqu'ils veulent assujettir 
les jeunes plantes ! C’est un problème de mécanique à résoudre que de 
déterminer la force qu'acquiert la vrille pourvue de toutes ses mani- 
velles et de toutes ses spires. 

Par rapport à la nature primitive de la vrille, les physiologistes ont 
embrassé des opinions différentes; les uns ont cru qu'elle était d'abord 
une stipule, les autres un pédoncule ou un rameau. Ce qui a rendu 
Ja question plus difficile, c'est qu'ici la vrille est toujours placée sur le 
côté des feuilles et non pas à leur aisselle , tandis que les pédoncules, 
ainsi que les rameaux, se trouvent à l'aisselle même des feuilles, et ne 
sont jamais latéraux, au moins dans les Cucurbitacées. Auguste SainT- 
Hivaire pense que les vrilles sont des stipules avortées; mais outre 
que cette famille ne présente aucun rudiment de stipules dans les 
aisselles inférieures, qui ne portent pas de vrilles, on voit souvent 
naître des rameaux entre la vrille et les pédoncules, et alors il faudrait 
que la stipule dépendit du rameau et non de la feuille, ce dont il 
n'existe aucun exemple. 

Les vrilles des Cucurbitacées sont donc jusqu’à présent des organes. 
propres, ou du moins dont on ne connaît pas encore la première ori- 
gine, mais dont on voit très-clairement la fonction. 

Les fleurs des Cucurbitacées sont toujours axillaires, et doivent être 
considérées comme primitivement hermaphrodites, puisqu'elles ren 
ferment presque toujours des rudiments du sexe avorté; dans le grand 
nombre des espèces, elles sont monoïques, les a à solitaires et 
les mâles en grappes; cependant l’on peut dire qu’elles offrent des 
exemples de presque tous les ärrangements que l'on peut imaginer 
dans la séparation des sexes; et ces arrangements, variables d'espèce 
à espèce, sont constants dans la même. Lorsqu'on trouve sur une 
tige des fleurs hermaphrodites, accompagnées de fleurs mâles, ces 
dernières doivent être considérées comme supplémentaires, car elles 
s'ouvrent long-temps après que les premières hermaphrodites sont 
défleuries , et elles ne fécondent ainsi que les fleurs des aisselles supé- 
rieures. 

Le calice est soudé à la corolle de plusieurs manières, en sorte que 
ces deux organes semblent quelquefois n’en former qu'un seul; mais 
ils se séparent après la floraison, en laissant la marque de leur point 
d'attache, tantôt au sommet d’un tube rétréci, tantôt à la naissance 


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même de l'enveloppe florale. Le pédoncule des fleurs mâles se rompt 
à son milieu, si la fleur est solitaire, ou à l’un des points du pédicelle 
si les fleurs sont disposées en grappes , en ombelles ou en épi; dans la 
fleur femelle, au contraire, le pédoncule grossit et s’endurcit, et il 
ne se sépare qu'au point précis de son insertion avec le fruit. 

La couleur de la corolle sert ici quelquefois à caractériser les 
genres; elle est blanche dans le Lagenaria et le Trichosanthes, blanche 
ou jaune dans les Bryones et le er, rouge ou rose dans les Anguria 
et jaune foncé dans presque toutes les Cueurhees 

Les pétales eux-mêmes ont une consistance particulière : ils sont 
épais et comme feutrés, ordinairement veinés ou rayés et très-souvent 
recouverts de poils humides et articulés ; leur surface n’est ni brillante 
ni même mamelonnée, comme celle de la plupart de nos fleurs; elle 
est au contraire sèche et coriace partout où les poils ne la recouvrent 
pas. Toutefois il ne serait pas impossible qu’on n'y trouvât quelques 
glandes destinées à retenir le pollen. 

La membrane du torus est épaisse, et embrasse étroitement dans 
les fleurs femelles le fruit lui-même, dont elle forme la chair au moins 
en partie ; elle vient ensuite tapisser le fond de la fleur, à laquelle elle 
fournit abondamment l'humeur miellée; dans les fleurs mâles, où elle 
ne peut adhérer à l'ovaire, elle se colle à la surface interne du calice, 
et forme à son centré une cavité remarquable. 

Les étamines, dont le nombre primitif est celui de cinq, ont leurs 
filets libres dans les Luffa, monadelphes dans les Sechium, et triadel- 
phes dans le plus grand nombre; les anthères sont toujours extrorses 
et à deux loges tellement rapprochées, qu'on ne distingue pas toujours 
la mince cloison qui les sépare. Ces anthères, quelquefois simples ou 
peu composées, sont pour l'ordinaire disposées en lignes allongées 
et anfractueuses, et donnent en s'ouvrant une grande quantité de 
pollen, dont les molécules sont sphériques et jaunes, tantôt lisses, 
comme dans les Cucumis, les Elatères, etc., tantôt mamelonnées, 
comme dans la plupart des Cucurbitées , et toujours indépendantes de 
la cloison et des valves. Le connectifest une masse épaisse, qui dépasse 
quelquefois les anthères en se recouvrant de nombreuses papilles, 
comme dans le Zagenaria. 

Les Cucurbitacées sont monoïques, rarement dioïques et plus rare- 
ment hermaphrodites ; les anthères sont extrorses, parce que leur 
pollen doit se répandre au dehors sur les fleurs femelles plus ou moins 
éloignées ; une partie de ce pollen tombe dans l'intérieur de la fleur 
mâle, qui est elle-même nectarifère, c'est-à-dire tapissée de poils 
humides, comme dans la Courge commune, ou de glandes propre- 


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ment dites, comme dans le Cucumis prophetarum. C'est là, en partie, 
qu'éclatent les globules du pollen, dont les émanations parviennent 
ensuite à l'organe femelle; toutefois j'ai vu une portion assez considé- 
rable de ce pollen transporté immédiatement sur les stigmates tout 
humides de la Courge commune, et en partie sur la corolle elle-même, 
et j'ai remarqué de plus que l'humeur miellée, qui sortait en abon- 
dance de la base du godet, imprégnait toute la fleur femelle déjà fer- 
mée; en sorte que l'absorption n'avait lieu qu'après l'anthèse. Il n’est 
pas douteux qu’en observant sous ce point de vue les diverses Cucur- 
bitacées , on n'y trouvät divers arrangements imprévus et opérés dans 
le but de diversifier la fécondation, mais nos moyens sont si impar: 
faits, et la nature a déployé ici tant de richesse, que nous ne pour- 
rions jamais qu'entrevoir les bords de ses voies. 

C'est dans l'organisation de l'ovaire que se trouve, comme je l'ai 
déjà dit, le véritable caractère de la famille; les graines n’y sont point 
attachées à un axe central, mais elles sont eomme suspendues à l'extré- 
mité des faisceaux lamellaires, qui partant de la base du style se divi- 
sent en trois branches ou plexus fibreux, d'où naissent autant de 
cloisons chargées chacune, sur leurs bords externes et bifides, de 
graines disposées sur deux rangs; quelquefois , comme dans le Sicyos, 
tout cet appareil avorte, et il ne reste qu’une seule graine conformée 
comme celles de la famille ; d’autres fois, ainsi que dans la plupart des 
Bryones, chaque branche donne naissance à deux filets, chargés 
chacun d’une seule graine; mais, dans le Cucumis , V'Elatère , le Mo- 
mordica , le Cucurbita et le grand numbre des genres, l'organisation 
primitive se conserve, et le péricarpe porte six rangs de graines ; dans 
tous les cas, on voit manifestement que les graines n'adhérent ni avec 
le fond ni avec l’axe de l’ovaire; mais qu’elles sont placées sur les 
bords externes des cloisons; le sommet du côté de l'axe et la base vers 
les pans du péricarpe. On apercoit, entre les trois lames ovifères, 
trois autres systèmes ou faisceaux de fibres, qui naïssent des parois 
du fruit, et jettent à droite et à gauche des vaisseaux chargés de porter 
aux graines le suc nourricier dont elles ont besoin. 

Les graines des Cucurbitacées sont en général disposées horizonta- 
lement, et aplaties plutôt que renflées; leur enveloppe extérieure 
ou leur arille, a la consistance du carton, et l'intérieure, au contraire, 
est mince et verdâtre; leurs cotylédons sont élargis et dépourvus 
d’albumen; leur radicule est centripète et attenant à la cicatricule ; les 
cordons pistillaires se détachent de bonne heure, mais les autres per- 
sistent; on les voit faire le tour du spermoderme, au lieu de le percer 
incontinent, et former ainsi ce rebord élevé, si remarquable dans la 
plupart des genres de la famille. 


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Les Indes orientales sont la patrie des Cucurbitacées; c'est là que la 
plupart de leurs espèces se cultivent de temps immémorial , et c'est de 
la même contrée que proviennent celles que l’on rencontre dans nos 
jardins d'Europe. 

On en compte aujourd'hui dans le Prodrome soixante et dix 
en Asie, cinquante en Amérique, trente-deux en Afrique et trois seu- 
lement en Europe; un ÆElutère et deux Bryones, la Dioïque et la 
Blanche; vingt-sept espèces ou variétés n’ont pas encore de patrie 
reconnue, 

Ce genre, dont plusieurs espèces n'appartiennent plus à la nature; 
est surtout remarquable par les variétés de forme que présentent les 
fruits, au moins dans les espèces cultivées ; car les autres, comme 
les Sieyos, les Momordiques, les Bryones , etc., ont conservé, dans 
toute son intégrité, là forme primordiale de leur péricarpe. 


Soixante-unième famille. — Passiflorées. 


Les Passiflorces ont cinq à dix sépales, réunis à la base en un tube 
tantôt court, tantôt allongé, et placé sur un ou deux rangs, l'extérieur 
foliacé et l'intérieur souvent pétaloïde et quelquefois avorté; le fond 
de la fleur est formé par un opereulé d'ordinaire garni d'appendices 
colorés, frangés, filamenteux et disposés sur un ou plusieurs rangs ; 
les étamines, au nombre de cinq, sont opposées aux lobes extérieurs 
du calice, et leurs filets forment un long tube monadelphe; les an- 
thères sont primitivement introrses, épaisses ét comme peltées ; le 
torus est pédicellé et cylindrique; l'ovaire libre et ovale; le style, 
court ou même nu, est terminé par trois stigmates épais, légèrement 
bilobés au sommet ; le fruit nu ou entouré par le calice et porté sur le 
prolongement du torus, est uniloculaire, trivalve, tantôt sec et déhis- 
cent, tantôt charnu et indéhiscent; le placenta est allongé et central, 
les semences, placées sur plusieursrangs, sont recouvertes d'un arille 
ample et souvent pulpeux ; l'embryon est droit, la radicule arrondie 
est tournée vers le point d'attache, les cotylédons sont planes et 
foliacés. 

Cette famille compte déjà près de deux cents espèces, la plupart 
originaires de l'Amérique équixoniale, et qui sont des herbes ou des 


— 425 — 


arbustes ordinairement sarmenteux et remarquables par leur structure 
et la beauté de leurs fleurs. 


PREMIER GENRE. — Passiflora. 


Le Passiflora a un tube calicinal très-court, des pétales nuls, cinq 
étamines ou quatre dans une seule espèce, un ovaire pédicellé, des 
tiges ordinairement grimpantes et vrillées. 

On le divise en huit sections, plus ou moins naturelles : 

1° Celle des Astrophées ; calice à cinq lobes, involucre nul, tiges 
arborescentes et dépourvues de vrilles ; 

2° Celle des Polyanthces ; calice à dix lobes, involucre nul ou très- 
petit, pédoncules multiflores, tantôt géminés avec une vrille intermé- 
diaire, tantôt solitaires ; 

3° Celle des Tetrapathœu ; calice à quatre lobes, quatre étamines , 
involucre nul ou très-petit ; 

4° Celle des Cieca ; calice à cinq lobes, involucre nul ou très-petit, 
pédoncules uniflores et vrilles simples, sorties souvent des mêmes ais- 
selles ; 

5° Celle des Decaloba; calice à cinq lobes, involucre nul ou très- 
petit et distant de lafleur, pédicelles uniflores et vrilles simples partant 
des mêmes aisselles que ces fleurs ; 

6° Celle des Grenudilles ; calice de cinq lobes, involucre triphylle, 
un peu au-dessous de la fleur, pédicelles uniflores, vrilles simples, 
partant des mêmes aisselles , folioles entières ou dentées ; 

7° Celle des Tacsonioïdes ; tube du calice légèrement allongé, mais 
beaucoup plus court que le limbe, les autres caractères des Grena- 
dilles ; 

8° Cellé des Dysosmices ; calice à dix lobes, involucre triphylle, divisé 
en lobes sétacés et glanduleux au sommet. | 

Les Passiflures sont des herbes ou des arbrisseaux grimpants et 
très-rarement des arbres; leurs racines, ordinairement fibreuses et 
ramifiées, se renflent quelquefois en tubercules qui émettent conti- 
nuellement de nouveaux rejets, comme dans le Racemosa ; leurs tiges 
minces et dépouvues de boutons s'allongent continuellement, et sont 
presque toujours chargées de feuilles et de fleurs, dans les zones 
torrides où la chaleur et l'humidité favorisent leur développement. 

Les fleurs, aussi remarquables par la singularité de leur siructure 
que par leur éclat, sont bleues, blanches, jaunes, pourpres, etc., 
souvent même peintes de diverses nuances, disposées en zones concen- 
triques. Qu'on se les représente recouvrant ces arbres autour desquels 


— 496 — 
s'entortillent leurs tiges, s'élevant quelquefois jusqu’à quatre-vingts 
pieds, formant par leurs nombreux entrelacements des voûtes et des 
portiques, confondant et mariant de mille manières leurs espèces, et 
l'on w’aura encore qu'une faible idée de ces scènes majestueuses et 
enchantées qu'offrent aux botanistes les forêts de l'Amérique méri- 
dionale, véritable patrie des Passiflores. 

Ce qui distingue surtout ces plantes, ce sont leurs couronnes de 
rayons papillaires et bigarrés , et leurs grosses anthères régulièrement 
renversées et pendantes ; cette conformation, aussi bizarre que nou- 
velle, avait tellement frappé les premiers missionnaires dans les forêts 
des tropiques, qu’ils leur donnèrent le nom de Fleurs de la Passion, 
comme s'ils y voyaient rassemblés les instruments et l'appareil de la 
crucifixion. 

Pour nous, nous n’y trouvons qu’une forme singulière de féconda- 
tion, dans laquelle le style, d'abord redressé, déjette ensuite ses trois 
branches et ses trois stigmates, qui se tournent ainsi contre le fond de 
la fleur , en même temps que les anthères, pivotantes sur le même plan 
horizontal, versent leur pollen à granules gros et sphériques dans la 
fossette du torus , d'où sort abondamment l'humeur miellée. 

Lorsque les anthères ont suffisamment répandu leur pollen sur le 
torus et sur les extrémités floconneuses des cils qui l'entourent, la fleur 
se ferme pour toujours, les stigmates auparavant horizontaux se dé- 
jettent, et sont en même temps enveloppés étroitement par les cils et 
les anthères, en sorte que la fécondation, qui peut-être était alors 
incomplète, car la fleur est diurne, s'achève entièrement. On comprend 
facilement que cette fécondation varie un peu selon les espèces; ainsi, 
par exemple, dans le Quadrangularis , la plus belle peut-être des Pas- 
siflorées, les anthères appliquent contre l'ovaire leurs filets dilatés, en 
inclinant en même temps leur face pollinifère du côté du nectaire, 
et les stigmates se déjettent dans les intervalles. 

La fécondation terminée, les styles articulés à la base se redressent 
insensiblement et redeviennent parallèles; les lobes du calice, d’abord 
fortement réfléchis, se relèvent pour protéger la maturation des 
graines. 

Les franges, qui bordent avec tant de grâce la base de l'ovaire, et 
qui s'agitent si facilement au moindre vent, ne sont pas à proprement 
parler nectarifères, puisque le véritable nectaire est la cavité du torus, 
qui s'étend d'un côté jusqu’au calice, et remonte de l’autre contre le 
pédicelle de l'ovaire; toutefois elles sont humides et floconneuses vers 
leur extrémité, pendant tout le temps de la fécondation, en sorte 
qu'elles pourraient bien aussi contribuer à cet acte si important. 


— 8 = 

. La partie véritablement papillaire du stigmate se distingue très- 
facilement de celle qui n'en est que le support; c'est la substance 
fongueuse, veluutée et comme criblée de pores qu'on remarque à la 
surface supérieure de l'organe, et qui est presque toujours séparée 
de l'autre par une petite rainure. 

L'estivation du calice est valvaire, et les pédoncules axillaires 
sont articulés près de la fleur; ils se rompent promptement , 
lorsque celle-ci avorte; mais toutes les fois qu'elle est fécondée, ils 
s'épaississent et se raidissent, pour soutenir plus sûrement le fruit, 
qui n'atteint guère que les dimensions d'une pomme, et qui est sou- 
vent beaucoup plus petit; il est fort recherché par les animaux, et 
mangé même par les hommes, quoiqu'il ne soit pas toujours sans 
danger; car, par exemple, celui du Cirrhosa empoisonne les cochons 
et les poules, 

Le fruit mûr est une capsule trivalve et uniloculaire, dont les 
semences, par l'avortement des cloisons, sont placées sur deux ou 
plusieurs rangs, le long des sutures valvaires ; ces semences, plus ou 
moins nombreuses, sont pendantes à un ombilic assez long; l'arille est 
souvent pulpeux et mangeable; l'albumen se distingue par les petites 
excavations dont il est percé; la radicule est supère, les cotylédons sont 
élargis et foliacés, et la dissémination à lieu par la rupture des valves. 

Le Gracilis, qui appartient à notre quatrième section, et dont le 
calice quinquéfide est par conséquent dépourvu d'enveloppe a ses 
vrilles simples et naissant à peu près des mêmes points que les pédon- 
cules, ses feuilles bilobées ont leurs pétioles glanduleux, et ses fleurs 
petites et jaunâtres ont leurs anthères fortement déjetées au fond de 
la corolle, où elles fécondent les trois stigmates, dont les styles se 
renversent le long de l'ovaire pour aller à la rencontre du pollen des 
anthères. Cette plante a les vrilles simples, parce qu’elle ne s'élève guère 
au-delà d’un pied, au moins dans nos serres. 

J'examine le fruit d'un Passiflora cærulea ou incarnata, et je 
trouvé qu'il est pédicellé et articulé sur son pédicelle cylindrique, 
sa surface est d’un beau vert, et sa forme est celle d’un gros gland, 
coupé transversalement ; il présente un parenchyme continu et 
bien lié, et au centre un cylindre à peu près vide; au contour 
du cylindre, ou au bord intérieur du parenchyme, sont placés 
trois cordons, ou placentas longitudinaux, qui viennent de la base 
au sommet, et portent chacun deux rangs de semences pédi- 
cellées et arillées : ces placentas sont liés entre eux par un réseau 
lâche, ou par une membrane demi-transparente, qui forme un canal 
triangulaire ; dans un fruit plus avancé, mais qui doit avorter comme 


— 428 — 


le précédent, la surface est devenue d'un jaune orangé; le parenchyme 
n'est plus qu'une moëlle vide, les placentas subsistent avec leur 
réseau et leurs semences avortées. 

L'inflorescence est axillaire et variable, les pédoncules sont uni- 
flures, biflores, triflores, en cymes ou en grappes, et combinés diffé- 
remment avec les vrilles; les feuilles, alternes ou plutôt sur trois ou 
quatre rangs, passent par toutes les formes, depuis l’ovale jusqu’à la 
pédiaire , et portent souvent sur la face inférieure, près des sinus ou 
sur leurs pétioles, des glandes visqueuses, disposées ordinairement 
par paires , souvent sessiles, quelquefois pédonculées ou allongées en 
languettes cirrhiformes. 

Les tiges, les pédoncules et les pétioles sont cylindriques; quelque- 
fois les tiges sont prismatiques, comme dans l’4/ata et le Quadran- 
gularis, ou acquièrent avec l’âge une surface subéreuse; les fleurs, 
d'abord plissées sur leurs lobes; sont tantôt papyracées, tantôt 
coriaces, plus souvent fermes que molles, et persistantes que cadu- 
ques. 

Les vrilles accompagnent toutes les Passiflores , excepté celles de la 
première section qui sont arborescentes; elles varient beaucoup en 
nombre et en forme ; d'ordinaire, elles sont simples, grêles , allongées, 
redressées avant le développement et protégées par les stipules; ensuite 
leur manche ou leur partie inférieure se raidit fortement et se déjette ; 
le reste forme une spirale serrée, conique vers le haut, et souvent 
interrompue par deux ou trois manivelles, comme dans les Cucurbi- 
tacées ; la torsion a lieu indifféremment dans les deux sens, et la vrille, 
qui n'a rencontré aucun appui, ne tarde pas à se dessécher, mais 
jamais elle n’est articulée; lorsqu'elle manque ou qu’elle avorte, cequi 
est rare, elle est remplacée par les pétioles qui remplissent les mêmes 
fonctions. 

Ces vrilles ne sont pas insérées, comme celles des Cucurbitacees, sur 
le côté, mais à l’aisselle même de la feuille, et elles doivent être consi- 
dérées comme des pédoncules avortés, ou pour mieux dire transfor- 
més; car il y a des espèces, telles que le Tinifolia, qui ont des pédon- 
cules solitaires lorsqu'ils sont accompagnés de leurs vrilles, et qui 
deviennent géminés lorsque la vrille manque; il y en a d'autres, comme 
l’Hibiscifolia, où le pédoncule se contourne très-souvent au sommet, 
comme le ferait une vrille, et enfin le Cirrhiflora porte sur le même 
pédoncule la vrille et la fleur. 

Les feuilles de toutes les Passiflorées sont, je crois, dépourvues de 
mouvements; leurs pétioles s’entordentils toujours et les tiges sont- 
elles toutes tordues et dans le même sens ? La fécondation de la fleur 


— 429 — 
dure-t-elle plusieurs jours, et s’'accomplit-elle entièrement à l'air libre? 

Les Passiflores sont, comme je l'ai dit, originaires des contrées équi- 
noxiales de l'Amérique; quelques-unes, comme la Peltée, et la Jaune , 
s'avancent jusque dans la Virginie; d’autres , comme les Astrophées , 
croissent sur les montagnes de la Guiane et du Pérou; le Tétrandre, 
qui forme seul notre troisième section, a été rélégué dans la Nou- 
velle-Zélande; enfin, on trouve une Passiflore dans les Indes orien- 
tales et une dans l’île Maurice; mais toutes sont étrangères à l'Europe. 

Les espèces de la même section sont en général originaires de la 
même contrée; ce qui prouve, ou que le Créateur a primitivement 
réuni celles dont l’organisation était semblable, ou plutôt que, par la 
suite des temps, les espèces se sont fécondées réciproquement et ont 
donné naissance à des hybrides semblables à celles qu’on voit dans les 
genres nombreux, tels que les Oxalis et surtout les Géraniées ; c'est 
ce qu’on peut confirmer, même en Europe, dans les jardins d'Angle- 
terre, d’où sont sorties deux nouvelles espèces de Passiflores, le 
Cæruleo-racemosa, produit par le pollen du Cærulea répandu sur les 
stigmates du Racemosa, et l’Alatocærulea, par celui de l4lata sur 
les stigmates du Cærulea ; on peut en dire autant du Sanguinea, et 
sans doute aussi de plusieurs autres. 

Ces plantes, dont l'on connaît déjà près de cent cinquante espèces, 
sont cultivées en grand nombre dans nos serres, où elles nous don- 
nent une faible image de la brillante végétation des tropiques ; deux 
d’entre elles, la Bleue et lIncarnate, se sont même acclimatées dans 
le midi de l'Europe, où elles tapissent les murs des jardins, et forment 
de charmantes tonnelles ; elles se multiplient facilement de graines, 
de marcottes et même de boutures. 

Leurs tiges sont dépourvues de lenticelles ; leurs fleurs s’ouvrent le 
matin et se ferment le soir pour toujours, et leurs pédoncules se 
réfléchissent souvent pendant la maturation. 


DEUXIÈME GENRE. — (Carica. 


Le Carica est dioïque, monoïque ou polygame ; ses fleurs mâles, 
à peu près dépourvues de calice, ont une corolle quinquéfide, infun- 
dibuliforme et des filets insérés au tube; les fleurs femelles ont un 
calice à cinq dents, une corolle à cinq pétales et cinq stigmates; le 
fruit est une baie polysperme à une loge. 

Ce genre, dont la place n’est pas encore bien déterminée, est 
formé de quatre ou cinq espèces arborescentes, originaires de l'Amé- 
rique méridionale ; la seule qui appartienne aux Grandes-Indes est le 


— 430 — 

Papaya, petit arbre tout couvert, au mois de juin, de fleurs blari- 
ches; la fleur femelle, que j'ai vue, a un calice à cinq dents, une 
corolle à cinq divisions fortement roulées en dehors, un ovaire bacci- 
forme creusé de cinq sillons et cinq beaux stigmates papillaires roulés 
et saillants, comme il convenait à une plante dioïique, Cette espèce 
est cultivée pour ses fruits dans les deux Indes. 

Les Carica sont des arbres à suc laiteux, à feuilles terminales alter- 
nes, digitées ou palmées; les pédoncules axillaires ont les fleurs mâles 
disposées en corymbes et les femelles pauciflores. 


TROISIÈME GENRE. — Disemma. 


Le Disemma a le tube calicinal raccourci et sillonné en dessous, la 
couronne double, l’extérieure formée d’un petit nombre de rangs de 
filets distincts, l'intérieur de paillettes concaves, plissées, membra- 
neuses, entières ou dentées. 

Ce genre, qui a du reste le port et la conformation florale des Pas- 
siflores , est formé de quatre espèces de la Nouvelle-Hollande ou de la 
Nouvelle-Calédonie, qu'on distingue en deux groupes, celui à pétioles 
biglanduleux, et celui à pétioles nus; c’est dans le premier que l'on 
place l’Herbertiana, rangé autrefois dans les Passiflores, et dont il 
diffère par les caractères indiqués; ses feuilles, pubescentes et cordi- 
formes à la base, sont largement trilobées au sommet, et ses pédicelles 
géminés sont uniflores; les fleurs jaunâtres ont leurs filets extérieurs 
aussi jaunâtres, et leurs paillettes intérieures roulces et crénelées au 
sommet ; les uns et les autres sont trempés de l'humeur miellée, qui 
distille en abondance du torus; les filets se déjettent, ainsi que les 
stigmates, et le pollen tombe sur la couronne qui l'absorbe, et ren- 
voie ses émanations au stigmate. 


Soixante-deuxième famille. — Zoasées. 


Les Loasées ont un calice dont le tube adhère à l'ovaire ou le serre 
étroitement, et dont le limbe quinquéfide est persistant ; des pétales 
insérés sur le calice, quelquefois égaux à ses divisions, quelquefois en 
nombre double et alors disposés sur deux rangs, dont l'intérieur est 
souvent réduit à de simples écailles; des étamines multisériées, insé- 


— 431 — 


rées également sur le calice, tantôt libres et tantôt réunies en phalan- 
ges; des anthères ovales, biloculaires à ouverture longitudinale, un 
style formé de trois à sept styles réunis, ou libres au sommet, une 
capsule couronnée par le calice, et formée de trois à sept valves dont 
les bords aplatis ou relevés sont placentifères ; des semences nom- 
breuses dépourvues d'arille, un embryon droit et central dont la 
radicule est dirigée vers l'hilus. 

Cette famille est formée de quatre à cinq genres originaires de 
l'Amérique méridionale, et dont les espèces herbacées, vivaces ou 
annuelles, sont velues et souvent recouvertes de poils piquants, 
comme ceux des Orties ; leurs feuilles opposées ou alternes sont sim- 
ples et non stipulées ; leurs pédicelles axillaires ou terminaux sont 
toujours uniflores; leurs fleurs sont grandes et élégantes. 


PREMIER GENRE. -— /ousa, 


Les Loasa ont cinq pétales concaves et alternes aux divisions du 
calice; cinq écailles pétaloïdes, alternes aux pétales, bilobées ou tri- 
lobées, conniventes et chargées chacune à leur base de deux étamines 
stériles; des étamines opposées aux pétales et réunies en cinq pha- 
Janges de dix à dix-sept anthères redressées et biloculaires; un style 
trifide, une capsule uniloculaire à trois valves, dont les sutures sont 
chargées de semences ovales, nombreuses et réticulées. 

Ce genre, qui renferme déjà une vingtaine d'espèces décrites, et un 
plus grand nombre qui ne sont pas encore publiées, se divise en deux 
sections : 

1° Les Helicteroides ; tube calicinal marqué de raies spirales et 
semences hérissées ; 

:° Les Ortiga; tube calicinal dépourvu de spires, semences légè- 
rement réticulées. 

La principale espèce, que j'ai vue vivante, est le Tricolor, du 
Chili, herbe annuelle et piquante, à feuilles opposées et cordiformes 
à la base, lobées et pinnatifides au sommet ; ses pédoncules sont 
axillaires, ses cinq pétales extérieurs sont jaunes et creusés en cuiller, 
les autres sont formés de cinq écailles rouges, concaves, fortement 
nectarifères et renfermant dans leur intérieur chacun deux étamines à 
anthères avortées et changées en têtes arrondies ; entre ces écailles et 
vis-à-vis les vrais pétales, sont logées autant de phalanges décandres 
d’étamines à anthères bilobées, latérales et remplies de pollen bru- 
nâtre ; elles se rapprochent pour entourer un stigmatesaillant, d’abord 


— 432 — 
informe, mais qui devient ensuite une tête arrondie, papillaire et 
penchée pour recevoir les émanations nectarifères. 

Dans les Ortiga, à feuilles opposées, je place le Bryoniæfolia , qui 
a beaucoup de rapport avec le Tricolor, et dont la tige succulente 
est hérissée, ainsi que les feuilles, de poils brûlants ; son calice a cinq 
divisions épaisses; ses pétales sont jaunes et creusés en cuiller; autour 
de ces pétales, sont cinq nectaires bicolores et tellement plissés sur 
leurs bords qu’ils forment au sommet chacun un trou, par lequel 
pourrait sortir l'humeur miellée ; les anthères sont de deux sortes : 
les premières forment cinq phalanges logées dans les cavités péta- 
loïdes; les autres, au nombre de cinq, sont droites, avortées et 
placées en dedans des cornets nectarifères auxquels elles sont oppo- 
sées; les étamines extérieures se redressent les unes après les autres, 
et viennent placer leurs anthères exactement au-dessus des stigmates, 
qui forment ici une tête papillaire et peut-être trifide; lorsqu'elles ont 
répandu leur pollen, elles se déjettent successivement, jusqu'à ce 
que la fécondation soit terminée; l'humeur miellée monte de la base 
nectarifère des cornets au sommet du torus; la capsule est un corps 
succulent, allongé, un peu ovale et chargé de poils piquants et glan- 
duleux à la base, comme ceux des Orties. 

Le Trilobé est une herbe sans éclat, à feuilles opposées, pétiolées, 
trilobées et trés-piquantes ; ses fleurs solitaires aux aisselles supé- 
rieures , et portées sur des pédoncules recourbés, sont petites, à 
pétales extérieurs blanchâtres et intérieurs jaunâtres , linéaires et lacé- 
rés au sommet; pendant la fécondation, les cinq lobes du calice sont 
renversés; les pétales alternes, blancs et creusés en cuiller, recoivent 
dans leur sein chacun une phalange de dix étamines, qui les unes 
après les autres, à peu près comme celles des Vigelles, sortent de 
leur gaîne, et viennent se redresser exactement au-dessous du stig- 
mate; au même moment, leurs anthères s'ouvrent et leurs parois 
retournées, parallèles, sans connectif, répandent leur pollen verdâtre 
au centre de la fleur et sur les cinq écailles concaves d'un jaune d'or, 
dont le sommet échancré est bordé d’une belle couronne blanche et 
nectarifère ; à la base extérieure de chacune de ces écailles, on aper- 
çoit deux petites écailles appendiculées, qui ressemblent à des organes 
avortés, et au-dedans de ces écailles sont des filets jaunâtres, ou des 
étamines à anthères avortées qui sortent souvent par les échancrures 
des nectaires. Rien ne me paraît plus beau et plus curieux que cette 
forme de fécondation. 

La capsule sémi-infère est recouverte au sommet des poils rudes, 
blancs et parallèles, et en l’'ouvrant, on apercoit des graines arrondies 


— 433 — 


et ombiliquées, attachées aux sutures des valves, ou plutôt à la cloison 
asseg saillante placée entre chaque suture. 

Les autres espèces, la plupart originaires des contrées montueuses 
du Pérou ou du Chili, sont des herbes rameuses, quelquefois grim- 
pantes, volubles ou sarmenteuses ; leurs feuilles opposées ou alternes 
sont dentées, lobées ou différemment incisées, et quelquefois bipin- 
natiséquées ou ternato-quinées; leurs pédoncules uniflores sont axil- 
laires ou opposés aux feuilles, solitaires ou disposés en forme de 
grappes sur les rameaux ; leurs pétales sont jaunes ou d’un rouge pâle. 

C'est un travail intéressant, je crois, que celui qui consistera à 
déterminer la forme primitive des fleurs de ce genre; on y verra que 
la nature s’est plu à y diversifier la fécondation par des avortements, 
des soudures et des développements insolites. 


1 


SECOND GENRE. — Diurrenbachia. 


Le Blumenbachia a le tube calicinal strié en spirale et terminé par 
un limbe quinquéfide et marcescent, cinq pétales aplatis et capuchon- 
nés, cinq écailles alternes aux pétales et renfermant chacune deux 
filets stériles ; un grand nombre d’étamines réunies en cinq faisceaux 
opposés aux pétales, un style terminé par un stigmate obtus, un fruit 
fongueux, s'ouvrant spiralement à la base en dix pièces, dont cinq 
alternes plus amincies correspondant aux cloisons, et cinq autres plus 
épaisses , aux valves; un grand nombre de semences ridées, pourvues 
d'une enveloppe et fixées près de l'axe aux parois des cloisons. 

Ce genre ne comprend encore que le Blumenbachia insignis , de 
l'Amérique méridionale, herbe rameuse , grimpante et recouverte de 
feuilles alternes, pétiolées et pennatiséquées; ses pédoncules axillaires 
sont uniflores et pourvus de bractées, et toutes ses parties sont recou- 
vertes de poils piquants, à la manière des Orties. 

La fleur, d'une grandeur moyenne, a ses calices recouverts de poils 
piquants et de petites glandes blanchâtres; ses pétales capuchonnés, 
et qui protégent d'abord les étamines, sont blancs et étalés en rosule ; 
les cinq écailles intérieures épaisses, concaves, Jaunes et orangées au 
sommet, sont serrées contre les étamines, et portent chacune à leur 
base deux filets jaunes, qui sont peut-être des rudiments d’étamines ; 
les filets très-nombreux et réunis en cinq corps sont terminés par des 
anthères bilobées, qui répandent autour d’elles une grande quantité de 
pollen onctueux, dans lequel est plongée la tête obtuse du stigmate, 
en sorte que la fécondation est directe; la capsule est fortement hé- 


II. 28 


— 434 — 


rissée au sommet, et les écailles distillent extérieurement l'humeur 

miellée. s 
Cette plante a le port et l'organisation des Loasea, surtout du Tri- 

color, mais elle en diffère par la singulière conformation de son calice. 


Soixante-troisième famille, — Turneracées. 


Les Turneracees ont un calice libre, souvent coloré, formé de cinq 
sépales réunis jusqu’à leur milieu en un tube cylindrique ou infundi- 
buliforme, etterminé par des lobes acuminés en estivation imbriquée ; 
cinq pétales en estivation tordue, insérés sur le tube calicinal et 
alternes avec ses lobes, cinq étamines libres, naissant du même tube, 
au-dessous des pétales avec lesquels elles alternent; des anthères bilo- 
culaires et introrses, un ovaire légèrement trigone, des styles tantôt 
simplement ternés, tantôt ternés et profondément bifides, et toujours 
multifides ou flabelliformes au sommet; une capsule trivalve, unilo- 
culaire, ouverte à peu près jusqu’au milieu, et dont les valves portent 
chacune un placenta longitudinal et polysperme ; des semences crus- 
tacées, réticulées et pourvues d'un arille latéral membraneux et très- 
mince; un embryon central, un peu recourbé et spathulé, une 
radicule tournée vers l'ombilic, des cotylédons planes ou légèrement 
convexes. 

Cette famille contient deux genres très-rapprochés, le Turnera et le 
Piriqueta , qui n’en diffère guère que par ses trois styles profondément 
bifides. Ces plantes, originaires des Antilles ou de l'Amérique équi- 
noxiale ;, sont des herbes ou des sous-arbrisseaux recouverts de poils 
non-piquants; leurs feuilles alternes et dépourvues de stipules sont 
simples, dentées, très-rarement pennatifides, et quelquefois chargées 
de deux glandes pétiolaires; leurs fleurs axillaires sont portées sur des 
pédoncules tantôt libres, tantôt adhérents aux pétioles articulés ou 
bibractéolés ; les pétales sont jaunes ou rarement bleuâtres. 


Turnera. 


Le Turnera , qui a trois styles non divisés et terminés par trois stig. 
mates en pinceau, compte une trentaine d'espèces, dont la plus connue 
estle Trioniflora, ainsi appelé à cause de la ressemblance de ses pétales, 
à lames jaunes et onglets pourprés, avec ceux de l'Hibiscus Trionum ; 


— 435 — 

sa racine est vivace, sa tige herbacée est ramifiée dès la naissance, ses 
feuilles alternes, lancéolées et pendantes, portent à la base deux 
glandes épaisses, aplaties et latérales; les fleurs, solitaires dans les 
aisselles supérieures, ont leur pédoncule soudé le long du pétiole, et 
s'ouvrent comme celles de l'Hibiscus Trionum , dont elles diffèrent en- 
tièrement pour la conformation ; non-seulement les pétales sont 
distincts comme les étamines, mais les cinq anthères d’abord introrses 
se retournent aux approches de la fécondation pour répandre leur 
pollen sur les nectaires écailleux et velus placés au fond de la fleur, à 
la base de chaque pétale ; les stigmates, d'un jaune orangé élégamment , 
pénicillés et papillaires, recoivent le polien des anthères, ou peut-être 
aussi les émanations qui s'élèvent des nectaires; les styles se rompent 
au sommet de la capsule , qui est ainsi chargée de trois cicatrices, et 
reste enveloppée des deux folioles ou bractées qui se rencontrent dans 
plusieurs espèces du genre; les trois valves portent des semences sur 
leurs deux bords, et se séparent par leur milieu. 


Soixante-quatrième famille. — Portulacées. 


Les Portulacées ont un calice libre ou légèrement adhérent, ordi- 
nairement formé de deux sépales opposés, quelquefois d’un plus grand 
nombre, réunis à la base ; les pétales , qui avortent rarement, varient 
de trois à six, et sont ou entièrement libres ou légèrement réunis en 
un tube très-court, les étamines toujours libres et fertiles, sont insé- 
rées au fond du calice et quelquefois peut-être sur le torus; les 
anthères sont oscillantes, ovales et biloculaires ; l'ovaire est unilocu- 
laire et très-souvent arrondi; le style est tantôt nul, tantôt filiforme, et 
toujours divisé au sommet en plusieurs stigmates; la capsule s'ouvre 
horizontalement ou en trois valves, ou enfin elle est indéhiscente et 
monosperme ; les semences, dans les capsules déhiscentes , sont nom- 
breuses et attachées à un placenta central; l’'albumen est farineux et 
central, l'embryon périphérique, la radicule cylindrique et allongée 
comme les cotylédons. 

Ces plantes sont succulentes, herbacées ou frutescentes; leurs 
feuilles alternes ou rarement opposées sont entières, non stipulées, et 
ont un pétiole souvent membraneux sur les bords; leurs fleurs, axil- 


— 436 — 


aires ou terminales, ne s'ouvrent souvent que par un ardent soleil, et 
ne tardent pas à se fermer pour toujours. 

Il ya peu de familles où les organes floraux soient plus variables ; 
en général, les étamines dont le nombre est indéterminé, ne sont 
jamais régulièrement opposées au calice , ni en rapport avec ses divi- 
sions ou celles de la corolle, ce qui semble indiquer des avortements , 
soit des urs soit des autres. 

Les Portulacées diffèrent tellement par les organes floraux et la 
forme de leur capsule, qu'il est difficile de les ramener à une structure 
primitive commune; mais elles se rapprochent par leurs feuilles ordi- 
nairement épaisses et articulées , et surtout par la délicatesse de leurs 
pétales caducs et souvent peints des plus brillantes couleurs ; elles pré- 
sentent de nombreux phénomènes physiologiques, dont le premier 
et le plus général concerne leur corolle, qui ordinairement ne s'ouvre 
qu'une fois et pendant les heures les plus chaudes de la journée ; le 
second, qui en dépend, est celui des pédoncules, qui, dans les Clay- 
tonia , les Calandrinia , etc., sont d'abord déjetés, puis se redressent 
pour fleurir, puis retombent , enfin se relèvent et répandent leurs 
graines. Les capsules ont trois formes principales : dans le Portulaca, 
elles s'ouvrent horizontalement et par une suture préparée, qui com- 
prend aussi le calice, et dans le Triantheme le couvercle lui-même est 
monosperme; au contraire, dans le Portulacaria , Y Ullucus, etc., les 
capsules sont indéhiscentes et monospermes; dans le reste de la 
famille , elles sont trivalves, mais tantôt, comme dans les Calandrinia, 
ces valves restent suspendues par le sommet ; ou bien, comme dans 
le Claytonia , elles s'ouvrent élastiquement, et répandent au loin leurs 
semences presque toujours lisses et brillantes, enfin les anthères sont 
extrorses dans les Claytonia, et introrses dans la plupart des genres; 
ce qui indique des formes différentes de fécondation, comme on pou- 
vait déjà le conjecturer par les glandes emmiellées qu'on trouve ou 
qui manquent sur le torus. J'ai indiqué ces diverses apparences dans 
les genres que j'ai décrits, et j'en ai ajouté quelques autres, comme, 
par exemple, celle de la végétation singulière du Claytonia Virgi- 
nica, etc., etc. 

Je pense que les capsules qui s'ouvrent élastiquement appartien- 
nent à des plantes dont les semences doivent se répandre au loin, 
parce qu'elles sont frutescentes ou vivaces. 


7 es 
PREMIER GENRE. — Portulaca. 


Le Portulaca a un calice libre ou légèrement attaché à l’ovaire et 
divisé en deux lobes articulés à la base et caducs; les pétales, qui varient 
de quatre à six, sont égaux, insérés au calice, libres ou seulement 
reunis à la base; les étamines, au nombre de huit à quinze, ont leurs 
filets libres ou adhérents au fond de la corolle; l'ovaire est arrondi, 
le style est remplacé souvent par trois à huit stigmates allongés ou fili- 
formes, ou bien il se divise au sommet en branches, dont le nombre 
varie de trois à six; la capsule est uniloculaire et operculée; les 
semences sont nombreuses et attachées à un placenta central. 

On partage ce genre en trois groupes, qui renferment actuellement 
une trentaine d'espèces ou variétés : 

1° Celui à fleurs jaunes, aisselles nues; 

2° Celui à fleurs jaunes, aisselles ou nœuds velus; 

3° Celui à fleurs pourpres, aisselles velues ou peut-être quelquefois 
nues. 

Dans le premier, qui se distingue par ses feuilles cunéiformes, on: 
place deux espèces annuelles qui ne sont peut-être que des variétés : 
le Parmifoliu, de la Jamaïque, remarquable par la petitesse de ses 
feuilles, et l'Oleracea qui croît sauvage sur nos décombres et nos 
graviers, et se cultive dans nos jardins, comme dans ceux des Indes 
et de l'Amérique, d'où il est, dit-on, originaire. 

Le second groupe présente plusieurs espèces annuelles , encore mal 
connues, presque toutes originaires de l'Amérique méridionale et des 
Antilles, et qui ne paraissent différer que par la forme de leurs feuilles 
toujours succulentes et le nombre de leurs fleurs axillaires ou termi- 
nales et ordinairement enveloppées de poils épais; une seule, origi- 
paire de l'Égypte et des Indes, a les fleurs quadrifides et er As 

Le dernier groupe, caractérisé par ses fleurs pourpres, habite dans 
les mêmes contrées et compte aussi plusieurs espèces annuelles, dont 
les tiges sont diffuses ou couchées et les fleurs ramassées en paquets 
aux aisselles ou au sommet des rameaux; la plus connue est le Pilosa, 
qu'on rencontre souvent dans les jardins, mais la plus remarquable 
est le Grandiflora, à grands pétales pourpres, à huit ou neufstigmates 
ou lanières papillaires, étalées sur de nombreuses anthères,bilobées,, 
pourprées, à filets très-amincis; ses fleurs sont accumulées au som- 
met laineux des tiges, et les feuilles cylindriques, papillaires et réunies 
à peu près trois à trois, sont tournées du côté de la lumière, et char- 
gées à la base de poils laineux. 


— 438 — 


Ce genre, formé de plantes annuelles, faibles, charnues, basses 
ou rampantes, a des feuilles épaisses, très entières, éparses ou légè- 
rement verticillées vers le sommet; les fleurs sessilles, axillaires ou 
terminales, sont protégées avant le développement par des touffes de 
poils; elles sont jaunes ou rouges, et varient pour le nombre des 
pétales , des étamines, des styles et des stigmates ; mais elles présentent 
toujours une organisation semblable et une capsule ouverte horizon- 
talement. 

Le Pourpier oléracé, qui est indigène ou seulement acclimaté, et 
que je prends ici pour type, a les feuilles articulées près de la tige et 
bordées à la base d'une légère collerette, qu’on peut considérer comme 
remplacant les poils qui manquent aux aisselles. 

L'articulation n'est pas destinée à préparer la chute des, feuilles, 
puisque la plante est annuelle, mais elle a pour but de faciliter leurs 
mouvements ; on les voit en effet, en vertu de cette organisation, 
s’étaler dans les heures chaudes du jour et sé resserrer au contraire 
contre la tige, soit dans les temps pluvieux, soit surtout aux appro- 
ches de la nuit. Du reste, jai trouvé aux environs d'Aix en Provence, 
notre Pourpier commun, avec des racines pivotantes, profondément 
enracinées et des tiges garnies des cicatrices de ses anciennes feuilles. 
Serait-il vivace dans les contrées plus méridionales ? 

Les fleurs, sessiles aux aisselles supérieures, sont formées de cinq 
pétales très-amincis et d’un beau jaune; les étamines , au nombre de 
douze environ, entourent l'ovaire surmonté de trois styles allongés et 
recourbés avant l'épanouissement. 

La capsule uniloculaire est entourée d’un calice adhérent, qui la 
resserre pendant la maturation, et s'ouvre ensuite horizontalement 
par une articulation qui correspond exactement à celle du péricarpe ; 
après la dissémination, la partie inférieure de la capsule, qui reste 
attachée à la tige, se distingue nettement de la portion de calice qui 
Ja recouvre ; ces deux enveloppes se dépassent quelquefois légèrement 
au point de rupture, ce qui prouve encore que leurs articulations 
étaient indépendantes et pourtant coordonnées; les semences sont 
petites, noires, brillantes, striées et légèrement contournées. 

Le Pourpier mucrone, à fleurs jaunes et entourées d’une bourre lai- 
neuse, a, comme le Pilosa, ses semences attachées à cinq réceptacles 
ramiliés et filiformes ; mais, avant que la capsule s'ouvre, ces semences 
se détachent par leur pédicelle du réceptacle ramifié, et s'accumulent 
dans le fond du péricarpe, où elles achèvent de mûrir. Ces cinq filets 
ramifiés sont-ils, comme l’assure De Cannozze (Organ. végétale, 


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vol. 2, p. 29, fig. 5o), les restes non encore détruits des cordons pis-- 
tillaires partis de la base du style? 

Les fleurs du Pourpier commun, qui, comme les autres, ne s'ouvrent 
que par un brillant soleil et dans les heures les plus chaudes, accom- 
plissent leur fécondation pendant cet intervalle, et se referment 
ensuite pour toujours; lorsque la température est pluvieuse, la fleur 
ne s'ouvre pas et reste alors inféconde. 

Je vois la fleur du Pourpier ouverte, et j'observe que les paquets 
inférieurs ne sont pas encore défleuris, quand les supérieurs commen- 
cent à s'épanouir; des deux pièces qui forment le calice, l'extérieure 
enveloppe en partie l’autre, à la manière d’un capuchon; les stigmates, 
d'abord recourbés ainsi que les filets, s'étalent en cinq beaux rayons 
d'un jaune d'or, chargés de poils papillaires principalement sur leur 
bord extérieur ; les étamines redressées ouvrent un peu latéralement 
leurs anthères bilobées, dont les parois roulées sur elles-mêmes se 
recouvrent de granules jaunes et sphériques; le torus et la base de 
l'ovaire distillent la liqueur miellée destinée à absorber le pollen tombé 
au fond de la corolle dont la base est tapissée de glandes humides et 
brillantes; ce joli spectacle ne dure que deux ou trois heures, après 
lesquelles les pétales se replient, etle calice se referme si exactement, 
qu'on ne distingue qu’à la grosseur une fleur déjà fécondée d'une 
autre qui ne s’est pas encore ouverte. Cette description s'applique à 
peu près, je crois, à toutes les fleurs des Pourpiers. Quel est le but 
de ces houppes de poils qui se rencontrent dans presque toutes les 
espèces? C’est sans doute de protéger les fleurs avant leur développe- 
ment, comme cela a lieu dans les aisselles des feuilles radicales des 
Plantains. | 

Kocu distingue le Pourpier oleraceé du Cultivé par ses tiges ram- 
pantes, les lobes de son calice faiblement carénés et les articulations 
légèrement velues de ses rameaux. 


DEUXIÈME GENRE. — Æ4nacampseros. 


L'Anacampseros a un calice formé de deux sépales opposés, oblongs 
et faiblement réunis à la base, cinq pétales très-fugaces, quinze à vingt 
étamines libres, insérées avec les pétales à la base du calice, un style 
filiforme et trifide au sommet, une capsule uniloculaire, conique, à 
trois valves souvent divisées longitudinalement par leur milieu, des 
semences nombreuses , ailées et attachées à un placenta central. 

Ce genre est formé actuellement d’une douzaine d'espèces toutes 
originaires du Cap, et qui sont des herbes basses et sous-frutescentes ; 


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leurs feuilles ovales et succulentes sont chargées aux aiselles de poils 
stipulacés et filamenteux ; leurs fleurs en grappes sont accompagnées 
de bractées membraneuses, souvent déchirées au sommet; les pédi- 
celles sont uniflores, et les pétales d'un rose pourpre ou blanchâtre ne 
s'épanouissent que par un ardent soleil, 

Ces plantes, que Linxé avait réuniesaux Pourpiers, s'en distinguent, 
comme l'on voit, par plusieurs caractères organiques , tels que la 
structure de la capsule, la non adhérence des pétales, la présence 
des bractées et la conformation des semences. On en cultive quelques 
espèces, telles que le Telephiastrum , Ÿ Arachnoïdes, etc. , qui parais- 
sent appartenir au même type. 

Le Telephiastrum a les feuilles épaisses, renflées à la base, pointues 
au sommet et réunies en une rosule peu élevée au-dessus du sol; du 
centre de cette rosule, sort une hampe courte et divisée en deux ou 
trois pédicelles, chargés chacun d’une fleur. A la fécondation, le calice 
diphylle s'ouvre, eties pétales s’étalent aux heures chaudes du jour ; 
bientôt après la corolle se referme avec son calice, et les anthères bilo- 
culaires et introrses continuent à répandre leur pollen sur le stigmate 
papillaire qu'elles enveloppent. Je n'ai pas encore vu la dissémination, 
mais j'ai remarqué des graines très-bien conformées dans l'intérieur 
d’une capsule allongée, demi-transparente, 

La plante entière forme un gazon serrésur le terrain, et se multiplie 
sans doute par des rejets, car elle est vivace. 


TROISIÈME GENRE. — 7alinum. 


Le Talinum a un calice caduc à deux sépales opposés et ovales, cinq 
pétales hypogynes ou insérés à la base du calice et quelquefois un peu 
adhérents entre eux , dix à vingt étamines souvent hypogynes et ad- 
nées aux pétales, un style terminé au sommet par trois stigmates 
réunis ou distincts, une capsule trivalve, uniloculaire et polysperme, 
des semences aptères attachées à un placenta central. 

On divise ce genre en trois sections : 

1° Les Phemeranthus ; stigmates fortement réunis; 

2° Les Talinastrum ; style filiforme et stigmates distincts; 

3° Les Talinellum ; style et stigmates épaissis. 

La première section, qui se reconnaît par ses fleurs en cyme dicho- 
tome et corymbiforme, ainsi que par ses feuilles cylindriques, com- 
prend deux herbes vivaces, qui n'appartiennent point au même type, 
le Teretifolium, qui croît sur les rochers exposés au soleil dans la 
Virginie, et se distingue par sa racine fibreuse et ses fleurs pourprées 


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à vingt étamines, et le Vapiforme du Mexique, à racines tubéreuses 
et fleurs blanches, dont les cinq étamines alternent avec les pétales. 

La seconde est formée de cinq espèces, quatre de l'Amérique méri- 
dionale et une dernière de l'Arabie heureuse; leur ovaire est globu- 
leux, leurs feuilles sont planes et assez charnues ; leurs tiges droites, 
épaisses et frutescentes ; leurs fleurs blanches, pourprées ou jaunes 
sont presque toujours articulées au pédicelle. 

La troisième , beaucoup moins connue que les deux autres, et qui 
ne comprend guère que des herbes annuelles, compte quatre espèces 
à fleurs souveni jaunes et étamines nombreuses; peut-être doit-on la 
réunir aux Calandrinia, avec lesquels tous les Talinum ont de très- 
grands rapports. 

Les Talinastrum, dont j'ai sous les yeux deux espèces vivantes, le 
Patens et le Cuneifolium, le premier des Antilles et le second de 
l'Arabie, portent dès la première année des fleurs disposées en panicules 
étalées, et dont les pétales sont promptement caducs ; leur efflores- 
cence est centripète, leurs étamines sont nombreuses; les trois valves 
de leur capsule uniloculaire s’ouvrent par le bas etadhèrentlong-temps 
au sommet; elles restent ensuite suspendues aux lames étroites et fili- 
formes qui les séparent. 

Ces deux plantes ont les feuilles d’un beau vert et d’éléganies pani- 
cules d'un rouge éclatant; le Cuneifolium a la tige frutescente, les 
feuilles obtuses et mucronées, les fleurs violettes à pédoncules infé- 
rieurs triflores; le Patens a les feuilles, les pédoncules et les pédicelles 
articulés, les fleurs rouges à anthères biloculaires et introrses, et la 
capsule surmontée d'un style à trois stigmates filiformes, épais et for- 
tement papillaites. 

Les fleurs de ces plantes , qui ne s'ouvrent qu’aux heures chaudes 
du jour, se referment très-promptement. 

Leurs semences noires, brillantes et ponctuées sont attachées à un 
placenta central, et communiquent avec le style par des vaisseaux 
conducteurs très-apparents; la radicule est infère et contournée 
autour d’un albumen central. 


QUATRIÈME GENRE. — Culandrinia. 


Le Calandrinia a un calice persistant et bilobé, trois à cinq pétales 
hypogynes ou insérés au fond du calice, tantôt libres, tantôt légère- 
ment réunis; une à quinze étamines naissant du torus ou dela base des 
pétales, un style très-court terminé par trois stigmates rapprochés en 
tête; une capsule elliptique, uniloculaire, polysperme et trivalve, des 


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semences attachées à un réceptacle central par des cordons capillaires. 

Ce genre, que DeCannozcer divise en deux groupes artificiels, l’un: 
de dix à quinze, l'autre d'une à neuf étamines, et qui ne diffère en: 
apparence du Talinum que par son calice persistant et le nombre varia- 
ble de ses étamines, compte aujourd'hui quatorze à quinze espèces 
herbacées, annuelles ou vivaces, toutes originaires del’ Amérique méri- 
dionale et distinguées par leurs feuilles épaisses, entières, radicales ou 
alternes; leurs pédoncules sont tantôt uniflores, axillaires ou opposés 
aux feuilles, tantôt disposés en corymbes et en grappes, au sommet des 
tiges ou des hampes, quand les feuilles sont radicales; les fleurs petites 
ou médiocres sont blanches, roses et rouges. 

La plus remarquable de toutes les espèces est le Speciosa, plante 
vivace dont les feuilles sont entières et épaisses, et dont les fleurs sont 
réunies en petits corymbes lâches, au sommet d’une tige à peu près 
nue; les fleurs, d'abord déjetées sur leur pédicelle, et d’un beau 
pourpre, se redressent une à une pour l'épanouissement; lorsqu'elles 
sont étalées , ce qui arrive dès le matin quand le soleilluit, elles pré- 
sentent trois rangs d'étamines à anthères versatiles et dont le filet est 
inséré sur le milieu du connectif. On remarque au fond de la fleur six 
ou sept beaux nectaires qui distillent abondamment l'humeur miellée- 
et qui entourent l'ovaire ovoide et allongé; le style filiforme est ter- 
miné par un stigmate à trois pans papillaires et festonnés sur les bords. 
Après la fécondation, la fleur se ferme au milieu du jour avec ses 
anthères toutes recouvertes de pollen, et qui se serrent contre le- 
stigmate toujours plus papillaire; la même chose a lieu pour les autres 
fleurs dont les pédoncules se déjettent d’abord après la floraison , et 
se redressent pour la dissémination, époque à laquele le calice est 
détruit, et où la capsule à deux valves laisse voir des semences nom- 
breuses, brillantes et fortement pédicellées sur le placenta central et 
allongé. On cultive au jardin des plantes une espèce très-voisine de 
notre Speciosa, qu'on désigne sous le nom de Gillesii, et qui se mul- 
tiplie de bourgeons détachés naturellement et enracinés de même. 

Le Calandrinia compressa est annuel; sa tige est droite , ‘et ses 
feuilles sont carénées et ciliées; son calice est à deux lobes épaissis, 
qui serrent le fruit dans la maturation ; la corolle a cinq pétales un peu 
inégaux, et d'un pourpre foncé. La fécondation a lieu à l'air libre, 
dans l’intérieur de la corolle; les étamines, dont le nombre varie de 
trois à sept, et dont quelques-unes sont avortées , entourent de leurs 
anthères les trois lobes spathulés et divariqués du stigmate pourpré, 
papillaire et légèrement aigretté; les anthères introrses s'ouvrent sur 
le stigmate , en conservant assez long-temps sur les parois leur pollen 


ar AE 

orangé et sphérique, la capsule est formée de trois valves minces et 
cartilagineuses, et les semences noires et brillantes sont attachées une 
à une, comme dans le Portulaca, à des funicules capillaires, qui par- 
tent du fond de la capsule, mais qui sont ordinairement simples comme 
dans le Caulescens. 

Le phénomène le plus remarquable du genre c’est celui des pédon- 
cules d’abord penchés à la maturation et enfin redressés pour la dis- 
sémination. 


CINQUIÈME GENRE. — Portulucaria. 


Le Portulacaria a un calice de deux pièces persistantes et membra- 
neuses, cinq pétales persistants, égaux, obovés et hypogynes, cinq 
étamines insérées sans ordre autour des pétales, des anthères courtes 
et souvent stériles, un ovaire ovale, triquètre, un style nul, trois 
stigmates étalés, tuberculés et glanduleux, un fruit ailé, triquètre, in- 
déhiscent et monosperme. 

Ce genre, très-distinct par son fruit aïlé et monosperme, ne com- 
prend que le Portulacaria Afra , de l'Afrique méridionale, arbrisseau 
de cinq à six pieds, à feuilles opposées, planes et charnues ; ses pédon- 
cules aplatis sont opposés au sommet des tiges, et leurs dentelures 
donnent chacune naissance à trois pédicelles uniflores. 

Cette plante, commune dans les jardins, a des fleurs petites et roses, 
qui ne se développent pleinement que dans les pays chauds , tels que 
l'Italie, l'Espagne, etc. Sans doute que les cinq étamines disposées 
sans ordre, sont le reste de dix étamines symétriques, dont cinq 
étaient alternes et cinq opposées aux pétales, et que les anthères 
n'avortent que rarement dans leur climat natal. 


SIXIÈME GENRE. — (Claytonia. 


Le Claytonia a un calice de deux pièces persistantes et opposées, 
cinq pétales ovales, hypogynes, égaux, onguiculés et légèrement 
réunis à la base, cinq étamines insérées aux onglets des pétales, un 
ovaire sessile, un style terminé par trois branches intérieurement 
stigmatoides, une capsule uniloculaire, trivalve et renfermani trois 
semences sessiles, au sommet desquelles arrivent autant de cordons 
pistillaires, très-visibles avant la fécondation. 

Ce beau genre est déjà formé d'une vingtaine d'espèces, les unes 
originaires de l'Amérique septentrionale, les autres dispersées dans 
les hautes latitudes de la Sibérie, du Kamchatka et de la baie de 
Nootka; toutes sont des herbes glabres, à feuilles légèrement succu- 


— 444 — 


lentes et très-entières, les unes radicales et pétiolées, les autres 
sessiles, opposées, quelquefois même connées; les fleurs blanches ou 
roses forment des grappes terminales. 

Les Cluytonies peuvent, je crois, se distribuer physiologiquement 
en deux sections, les annuelles à racines fibreuses, et les vivaces à 
racines tubéreuses; parmi les premières, on range le Perfoliata , de 
la Virginie, dont les fleurs naissent au-dessus d’une collerette de deux 
feuilles soudées , et lAsinoides, de la Colombie, à feuilles simplement 
opposées et pétales échancrés. Ces deux plantes forment de belles 
touffes vertes, surmontées de fleurs d'un blanc rose, qui se succèdent 
long-temps; leur organisation est très-délicate, et en même temps 
très-météorique; leurs cinq pétales échancrés à la base, comme ceux 
des Alsinées et des Lins, laissent à découvert cinq pores ou cinq 
ouvertures, par lesquelles les émanations de l'humeur miellée com- 
muniquent aux stigmates languettés et papillaires; les anthères sont 
biloculaires. et extrorses, et les trois panneaux de la capsule se déban- 
dent élastiquement, pour lancer au loin leurs graines brillantes; la 
fleur ne s'ouvre qu’à la lumière, et dans le Perfoliata, les derniers 
yerticilles se tournent toujours du côté éclairé. 

La plus connue des espèces de la seconde section est le Virginiana, 
répandu en abondance dans l'Amérique septentrionale, et dont le 
tubercule pousse des racines de sa base, en même temps qu’il donne 
de son sommet un assez grand nombre de feuilles allongées, succu- 
lentes et semblables à celles des Liliacees ; de leur centre, sortent des 
tiges florales pourvues de deux feuilles opposées ou alternes et termi- 
nées par un double rang de fleurs, en grappes latérales, d’abord 
repliées et enveloppées par les feuilles; au moment où ces tiges florales 
sortent de leur tubercule, elles s’enfoncent dans la terre, où elles 
restent cachées pendant leur premier développement, ensuite la fleur 
inférieure s’allonge sur son pédicelle, et successivement les autres, 
jusqu’à ce que la grappe entière soit devenue une panicule étalée dans 
tous les sens. Cette floraison, qui commence chez nous en février, 
s'accomplit dans le courant d'avril; ensuite les tiges se fanent, et la 
plante disparaît jusqu’à l'entrée de l'hiver, où l'on commence à voir 
de nouvelles pousses sortant de la même manière de l’ancien tubercule, 

Les pétales du Y’irginiana, d'un beau blanc rayé de pourpre, s’ou- 
vrent aux rayons du soleil et se ferment la nuit; ils s'ouvrent égale- 
ment à l'ombre quand le soleil luit, mais non pas quand cet astre est 
caché, et les pédoncules se contournent de diverses manières, pour 
que les fleurs soient toutes dirigées du côté le plus éclairé. Lorsqu’elles 
se sont épanouies deux ou trois jours de suite, elles se flétrissent et 


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penchent vers la terre leur calice, dont le plus grand sépale, d’abord 
l'inférieur, recouvre comme un toit et protége ainsi la capsule encore 
jeune; enfin les trois panneaux se séparent avec élasticité ,.et répan- 
dent au loin les semences. 

Telle est la végétation et l'inflorescencedu 'irginiana, et sans doute 
aussi des Claytanies de la seconde section, dont la racine est tuberculée. 
C'est de cette manière qu’elles se préservent des froids hyperboréens, 
et assurent leur propagation. Pourquoi les Claytonies s'ouvrent-el'es 
plusieurs fois, tandis que les Pourpiers ne s'ouvrent qu’une seule ? 
Toutes les Claytonies de la seconde section et quelques-unes de la 
première se distinguent par la fraîcheur et l'élégance de leurs belles 
grappes d'un blanc pur ou veiné de rose. Les fleurs s'ouvrent, je 
crois, tant que leur fécondation n’est pas achevée. 


SEPTIÈME GENRE. — ]Montia. 


Le Montia a un calice persistant à deux et rarement trois sépales, 
une corolle infundibuliforme, dont le tube est fendu jusqu’à la base, 
et dont le limbe quinquéfide a trois divisions plus petites, un ovaire 
_sessile, un style très-court à trois stigmates étalés, velus et réfléchis, 
une capsule uniloculaire à trois valves et trois semences. 

Cette jolie plante, unique dans son genre, et peu différente des 
Claytonia, habite les terrains humides de l’Amérique nord et de 
l'Europe; sa racine fibreuse est annuelle ou bisannuelle; sa tige est 
glabre , tendre, rameuse, divariquée, à peine haute de deux pouces; 
ses feuilles sont opposées, connées et très-entières; ses fleurs axillaires 
et terminales sont solitaires, ternées ou même quaternées; les pédon- 
cules uniflores sont réfléchis et plus courts que les feuilles; la corolle 
est blanche et d’une texture délicate et les trois petits pétales ne s’ou- 
vrent qu'à la lumière du soleil ; elle fleurit des le mois d'avril, et 
répand de bonne heure ses semences noires finement muriquées; on 
en distingue deux variétés, la grande et la petite, qui croissent éga- 
lement sur les bords des ruisseaux et des fontaines; la première 
allonge sa tige dans les eaux, et l’autre reste raccourcie dans les fossés 
desséchés. | 

Cette petite plante présente dans sa fécondation et sa dissémination 
la plupart des phénomènes des Claytonia. 


HUITIÈME GENRE. — 7rianthema. 


Le Trianthèeme a un calice de trois sépales persistants, réunis à la 
base, légèrement colorés en dedans et un peu mucronés au sommet ; 


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les pétales sont nuls, les étamines, qui varient de trois à dix et rare: 
ment au-delà, sont insérées à la base du calice; les anthères sont réni- 
formes, l'ovaire est ovoide, les styles ou les stigmates sont filiformes, 
et varient d'un à trois ; la capsule, circonscisse au-dessus de son milieu, 
a sa valve supérieure creuse et séminifère et ses deux valves unilocu- 
laires ou biloculaires , monospermes ou oligospermes, 

Ces plantes sont des herbes plus ou moins succulentes et quelque- 
fois un peu frutescentes à la base , les feuilles opposées sont très- 
entières, et leur pétiole se dilate en une membrane stipuliforme, 
élargie des deux côtés; les fleurs axillaires et sessiles sont souvent 
fermées. 

Ce genre, si variable par ses caractères floraux, est naturel par sa 
végétation. 

On le divise en deux sections : 

1° Celle des Zayela, à dix ou un plus grand nombre d’étamines ; 

2° Celle des Rocama , à cinq étamines. 

La seule espèce que j'aie vue vivante est le Decandra, de la première 
section, à tige cylindrique et articulée; de chacune deses articulations 
naissent deux rameaux inégaux, à une ou deux fleurs petites et rou- 
geâtres; le calice a cinq sépales, les dix étamines ont les anthères 
introrses et un stigmate filiforme, fécondé immédiatement ; la capsule 
épaisse, charnue et disperme est terminée au sommet par deux lobes 
raccourcis. Je ne connais aucune des habitudes de ce genre. 

Les Trianthemes habitent tous les Indes orientales, l'Arabie ou le 
Cap, excepté le Pentandre, de la seconde section, qu’on trouve aux 
Antilles ou au Mexique. 


SPacx, dans ses Suites à Burron, place parmi les Portulacees, les 
Baselles, qui s'en rapprochent réellement par la végétation et quelques- 
uñs des caractères floraux, mais qui en diffèrent surtout par leur péri- 
carpe indéhiscent, et renfermant un seul ovule sessile. 

Les remarques physiologiques qui concernent cette famille, et que 
je réunis ici sous un seul point de vue, se rapportent 1° à sa corolle; 
2° à ses pédoncules; 3° à l'organisation desa capsule; 4° aux poilsqu'on 
rencontre souvent à ses aisselles; 5° aux articulations de ses feuilles. 

La corolle s'ouvre, tantôt une seule fois, comme dans la plupart des 
Pourpiers, et seulement aux heures chaudes du jour, tantôt, comme 
dans les Claytonia et plusieurs Calandrinia, elle s'étale dès le matin 
en présence ou en l'absence du soleil, et se ferme vers le milieu du 
jour, maïs dans les Calandrinia , elle reste fermée, tandis que dans 
plusieurs Claytonia , elle s'ouvre plusieurs jours de suite. 


— 447 — 


. Dansle Calandrinia speciosa ou Grandiflora, elle se referme avant 
que les anthères aient répandu tout leur pollen, et la fécondation 
continue, parce qu’en se fermantla corolleserre les uns contre les autres 
les anthères et les stigmates; il en est sans doute aussi de même des 
Portuluca et de toutes les espèces de la famille dans lesquelles la corolle 
ne s'ouvre qu'une seule fois; mais dans les Claytonies, la fécondation 
extérieure doit continuer plusieurs jours, ce qui est un fait à vérifier. 

Lorsque la fleur est sessile aux aisselles, comme dans la plupart des 
Portulaca, il est visible qu'elle est dépourvue de tout mouvement; 
mais lorsqu'elle est, au contraire, pédonculée, il en est tout autrement. 
Ainsi nous avons vu les mouvements variés qu'exécutent les pédon- 
cules du Calandrinia speciosa et ceux du Claytonia virginiana, et il n’est 
guère douteux qu'on en trouverait de semblables dans les autres 
espèces pédonculées. 

Les capsules ne me paraissent pas non plus organisées sur la même 
forme, ou du moins, si leur structure primitive est la même, on ne 
peut nier qu'elle n’ait subi des altérations plus ou moins considérables 
selon les genres; ainsi, elle est tantôt circonscisse, comme dans la 
plupart des genres, et tantôt entière et trivalve, comme dans les Calan- 
drinia et les Claytonia ; mais dans ces dernières, elle ne porte que trois 
graines, qui doivent être attachées à sa base, tandis que, dans le 
Calandrinia speciosa, le placenta, qui arrive presque au sommet de la 
capsule, est allongé, et chargé de pédicelles à une seule semence. 

Dans les Portulaca et quelques autres genres, les placentas au nom- 
bre de cinq partent de la base de la capsule, sous la forme de filets 
amincis, et dépourvus, à ce qu'il paraît, de toute communication 
avec les prolongements intérieurs des stigmates, qui ne sont jamais 
qu'au nombre de trois; les capsules, dans ce genre et dans quelques 
autres, sont bien régulièrement circonscisses. | 

Les poils, quelquefois assez épais, qu'on trouve aux aisselles de 
plusieurs Portulaca, me paraissent destinés à protéger les fleurs avant 
leur développement; ceux qu’on rencontre dans les Ænacampseros, 
remplissent probablement les mêmes fonctions; mais ils sont plus 
allongés, parce que les fleurs forment des grappes axillaires. 

: Les jeunes feuilles des Pourpiers , qui se resserrent contre les tiges 
le soir, et s'étalent le jour, protégent peut-être aussi les fleurs avant 
leur développement. 

Enfin j'ai vu que la fécondation s'opérait dans la plupart des Pour- 
piers, comme dans les Cucurbitacces ; que, par exemple, dans le Calan- 
drinia speciosa, les fleurs ouvertes dès le matin répandaient üne portion 
de leur pollen sur le fond légèrement mellifère de la fleur, sans que les 


EE ee 

stigmates, quoique très-bien conformés, le recussent, mais que le 
lendemain, et lorsque les pétales étaient rapprochés par ie calice bila- 
bié, l'humeur miellée sortait en abondance du torus, et imprégnait 
les étamines, le stigmate et tout l'intérieur de la fleur; qu’alors les 
anthères enveloppaient le stigmate, qui se recouvrait tout entier de 
leurs émanations. Dans le Pourpier olérace, qui ne s'ouvre qu’au 
milieu du jour et se referme une heure après, les anthères répandaient 
également leur pollen sur le fond de la fleur étalée, où l’on n’apercevait 
encore que quelques traces d'humeur miellée, mais que le lendemain, 
l'intérieur de la fleur était rempli d’une humeur miellée, qui se répan- 
dait sur les globules nectarifères, lesquels recouvraient les stigmates de 
leurs émanations. 


Soixante-cinquiérme famille, — Paronuyechices. 


Les Paronychiees ont un calice à cinq sépales, très-rarement trois 
ou quatre, tantôt réunis jusqu'au milieu, tantôt libres jusqu'à la base; 
leurs pétales petits et écailleux ressemblent à des étamines stériles, et 
sont égaux en nombre aux sépales avec lesquels ils alternent; les éta- 
mines insérées au tube du calice sont opposées à ses lobes, même dans 
les genres apétales; leurs filets sont distincts et leurs anthères bilocu- 
laires, l'ovaire est libre; les styles qui varient de deux à trois sont 
distincts ou soudés dans une partie de leur longueur; le fruit est sec, 
petit et ordinairement membraneux, tantôt trivalve, tantôt évalve et 
indéhiscent ; les semences sont nombreuses et attachées à un placenta 
central, ou solitaires et suspendues par un funicule allongé partant 
du fond de la capsule ; l'albumen est farineux, l'embryon cylindrique, 
latéral, recourbé ou périphérique, la radicule est dirigée vers l’hilus 
et les cotylédons sont petits. 

Les Paronychiées sont des plantes très-rameuses, herbacées ou sous- 
frutescentes, leurs feuilles opposées, rarement alternes et souvent 
accumulées sur les rameaux ou dans la même aisselle , sont sessiles, 
petites, très-entières, nues ou pourvues de stipules scarieuses ; leurs 
fleurs peu apparentes et d'un blanc verdätre sont sessiles dans les 
aisselles ou diversement disposées en cymes au sommet des tiges; les 
bractées ressemblent aux stipules. 

Cette famille serait placée entre les Portulacees et les Caryophyllées 


— 449 — 

dans un ordre véritablement naturel, mais elle ne peut l'être dans 
une méthode où les Thalamiflores sont séparées des Caliciflores ; elle 
est remarquable par l'avortement habituel des diverses parties de la 
fleur, dans laquelle les pétales manquent entièrement ou se changent 
en nectaires , et où les étamines sont souvent réduites à cinq et même 
à trois; la capsule naturellement trivalve, à placenta central, devient 
à l’ordinaire un péricarpe indéhiscent et monosperme, à graine sus- 
pendue, 


Première tribu. — TÉLÉPHIÉES. 


PREMIER GENRE. — Telephium. 


Le Telephium a un calice persistant à cinq lobes oblongs et conca- 
ves, cinq pétales attachés au fond du calice et de même longueur que 
ses lobes, cinq étamines insérées sur le calice, trois styles recourbés 
et réunis près de la base, une capsule trigone, pyramidale et trilo- 
culaire, des semences nombreuses attachées sur six rangs à un pla- 
centa central, un embryon latéral et recourbé. 

Ce genre, qui est moyen entre les Portulacees et les Paronychiees, 
est formé de trois plantes sous-frutescentes, couchées et ramifiées à 
leur naissance; la première, ou le Laxiflora, qui habite le Cap, se dis- 
tingue par ses pédoncules opposés aux feuilles, trifides au sommet, de 
même que par sa capsule triloculaire presque jusqu'au sommet ; les deux 
autres qui se ressemblent beaucoup sont l’4lternifolium , de la Barba- 
rie, et l'mperati, des deux côtes de la Méditerranée et même de 
l'Orient. 

Ce dernier émet chaque printemps d’une racine ligneuse des fleurs 
blanches, les unes axillaires , les autres plus nomb+euses et réunies au 
sommet, en panicule courte et serrée; ses feuilles éparses, consis- 
tantes, glauques des deux côtés, à rebord entier et membraneux, sont 
articulées sur leur pétiole et terminées par une légère glande; elles se 
rompent, lorsque la tige végète encore, et que la maturation n'est pas 
achevée; dans l’estivation, les pétales se recouvrent irrégulièrement, 
et le calice a deux de ses divisions extérieures ; la fleur qui ne s’épa- 
nouit , je crois, qu’au soleil, et se féconde un peu avant l’épanouisse- 
ment, a ses anthères introrses à pollen blanchâtre abondamment 
répandu sur les stigmates. Après la fécondation, les sépales, un peu 
coriaces et bordés de blanc, se referment exactement, et les pétales, 
ainsi que les étamines, se dessèchent sans tomber; enfin les sépales 


IL. 29 


— 450 — 
s’écartent, la capsule ouvre ses trois valves, et les graines ponctuées se 


détachent deleurs pédicelles. Cette plante fleurit tout l'été, et repousse 
de sa base de nouvelles tiges , à mesure que les anciennes périssent. 


SECOND GENRE. — Corrigicla. 


Le Corrigiolu a un calice persistant et quinquéfide, cinq pétales 
égaux au calice, cinq étamines, un style court terminé par trois stig- 
mates, une capsule monosperme, indéhiscente et recouverte par le 
calice, une semence suspendue par un funicule qui nait du fond de la 
capsule. 

Ce genre ne comprend que le Telephiifolia, del Espagne, etle Littora- 
lis, des rivages et des côtes sablonneuses de l'Europe ; ces deux espèces 
diffèrent surtout par leurs tiges feuillées ou nues près des fleurs; leurs 
feuilles stipulacées sont glauques et blanchâtres sur les bords; leurs 
fleurs petites, blanches et terminales sont disposées en grappes serrées 
et corymbiformes ; leurs sépales sont connivents et bordés de blanc, 
et leur capsule indéhiscente est remarquable par la forme de suspen- 
sion de sa graine à radicule supère et embryon contourné; le Tele- 
phiifolia est vivace et le Litioralis annuel. 


Deuxième tribu. — ILLÉCÉBRÉES. 


Les Jllécébrées ont un calice quinquéfide, cinq pétales souvent 
avortés, deux à cinq étamines insérées au fond du calice, des styles 
libres ou légèrement réunis, une capsule indéhiscente et monosperme, 
une semence suspendue par un long pédicelle, qui part du fond de la 
capsule. 

Les Illecebrées sont annuelles, vivaces ou rarement sous-frutescen- 
tes ; leurs feuilles sont opposées et leurs stipules scarieuses et aiguës. 


PREMIER GENRE. — Âerniaria. 


L'Herniaria a un calice un peu coloré en dedans, cinq écailles ou 
pétales filiformes, alternes aux divisions du calice, très-petits et quel- 
quefois avortés, cinq étamines dont deux ou trois manquent souvent, 
deux styles courts, distincts ou réunis à la base. 

On le divise en deux groupes : 

1° Les Euherniaria; tiges couchées, fleurs agglomérées aux aisselles 
et velues extérieurement ; 


— 451 — 

2° Les Polygonoïdes ; tiges droites dichotomes au sommet, fleurs 
glabres en cymes lâches. 

Les premières, qui comptent dix espèces, dont huit européennes, 
sont des herbes ou des sous-arbrisseaux homotypes, qui s’allongent 
sans cesse etse distinguent à leurs tiges rameuses et à leurs fleurs très- 
petites er accompagnées de bractées. 

Elles ont ceci de remarquable que leurs espèces les plus voisines 
sont deux à deux, glabres et velues, comme par exemple le Cinerea et 
le Firescens ; V'Hirsuta et le Glabra, Y'Incana et l' Alpina ; les carac- 
tères qui les distinguent ne consistent guère que dans la couleur et la 
position des poils couchés ou redressés, dans le nombre des fleurs 
rassemblées dans la même aisselle, dans la grandeur des feuilles et des 
stipules, et enfin dans la consistance herbacée ou ligneuse; le Fruti- 
cosa, de l'Espagne, a seul les fleurs quadrifides, et se sépare des 
autres par sa semence lenticulaire et lisse, et ses quatre étamines fer- 
tiles alternant avec ses quatre pétales squamiformes. 

L'Hirsuta, qui est une des espèces les plus répandues, pousse 
d'une racine d’abord amincie et fibreuse un grand nombre de tiges 
filiformes, qui s'étendent en rayons sur le sol ; les feuilles inférieures 
opposées sortent d'une articulation recouverte de deux bractées sca- 
rieuses et blanchâtres; les supérieures alternes ont leurs aisselles 
chargées de paquets de fleurs placées très-régulièrement dans l’inté- 
rieur d'une stipule concave du côté opposé à la feuille ; les fleurs 
s'ouvrent une à une simultanément dans les différents paquets, et 
montrent des anthères jaunâtres qui s’approchent successivement d’un 
stigmate épaissi; en même temps, on aperçoit l'humeur miellée 
recouvrant le torus. Après la fécondation, les lobes du calice se réunis- 
sent , et la fleur reste fermée en laissant sortir son stigmate desséché; 
la graine tombe enfin enveloppée de son calice redressé et désarticulé. 

Les paires des feuilles se cortournent de manière à se placer tou- 
jours sur le plan du sol, et les fleurs s'épanouissent avec tant de len- 
teur que les unes répandent leurs graines, tandis que les autres ne 
sont pas encore ouvertes. 

Le Glabra ne diffère de l'Hirsuta que par ses feuilles et ses calices 
glabres, et ses fleurs beaucoup plus nombreuses dans le même paquet; 
je l’ai vu en avril pendre en longues touffes sur les bords des routes 
qui traversent les Apennins ; ses anciennes tiges étaient dépouillées 
de feuilles, et donnaient de nouvelles pousses déjà presque fleuries. 

Le Polygonoïdes, l'unique espèce de notre second groupe, est 
originaire de l'Espagne et de la Mauritanie; c'est une herbe vivace à 
feuilles glabres, dont les rameaux sont dichotomes au sommet, 


— 42 — 

DEGAIsNE (Ann. des sciences naturelles, tome 22, année 1837, 
pag. 97, etc.) affirme que le Glabra et l Alpina, ainsi que l'Hirsuta, 
le Cinerea et V'Incana ne formaient qu'une seule espèce, et n'avaient 
de constant qu’une graine toujours noire, tuberculée, brillante et 
suspendue par un funicule parti du fond de la loge. Il remarque de 
plus que les espèces glabres appartiennent aux régions du nord, aux 
Hautes-Alpes et à la Sibérie; que les autres habitent les zones tempé- 
rées, que, si l'on trouve sur les montagnes de l'Espagne et de la 
Mauritanie des individus dépourvus de poils, ils n’en appartiennent 
pas moins à des espèces à tiges droites et rameuses, tandis que les 
autres ont les tiges couchées et rampantes de la race glabre ; toutefois 
jai peine à croire que le Fruticosa, de l'Espagne, ne soit qu'une 
variété des petites espèces annuelles. 

Ces plantes, qui s'étendent avec beaucoup de grâces sur le sol, 
sont fécondées, comme on l’a vu, par le concours de l'humeur 
miellée. 


DEUXIÈME GENRE. — Î/lecebrum. 


L'Illecebrum a un calice à divisions concaves et chargées d’une arète 
aiguë, sa corolle est formée de cinq écailles alternes aux pétales ; ses 
étamines, qui varient de deux à cinq, sont insérées à la base des 
sépales ; son style à peu près nul porte une tête bifide; sa semence 
est solitaire et latérale; son embryon est latéral, légèrement courbé, 
et sa radicule est infére. 

Il ne contient que le Verticillatum, herbe vivace dont les tiges 
étalées sur le sol forment un épais gazon; ses feuilles opposées, petites 
et arrondies sont accompagnées chacune de deux bractées; les fleurs 
réunies dans presque tous les nœuds sont nombreuses, verticillées, 
lustrées et d'un beau blanc, les calices persistants se sèment avec la 
graine : on trouve celte jolie plante dans les lieux humides, où elle 
fleurit à l'entrée de l'été. 


TROISIÈME GENRE. — Æ4nyChia. 


L'Anychia a un calice de cinq divisions conniventes, concaves et 
calleuses au sommet, une corolle nulle, trois à cinq étamines à filets 
distincts, deux stigmates filiformes et légèrement capitellés, une 
capsule indéhiscente, monosperme et entourée du calice. 

Ce genre est formé du Capillacea et du Canadensis, annuels et 
originaires de l'Amérique nord; ce dernier a des tiges nombreuses, 


— 453 — 
légèrement velues et plusieurs fois dichotomes, comme celles des: 
Caryophyllées; ses feuilles sont opposées, ses stipules géminées et 
scarieuses ; ses fleurs solitaires dans les aisselles et fasciculées à l’extré- 
mité des rameaux raccourcis, ont un calice à divisions bicuspidées ; 
la fécondation a lieu avant l'épanouissement; la semence, renfermée 
dans une enveloppe scarieuse dont elle se dégage, est brillante, lenti- 
culaire et échancrée au point d'insertion : c'est le Queria canadensis 
de Linné. Le Capillacea, qui n’en est peut-être qu'une variété, a 
les fleurs plus écartées. 


QUATRIÈME GENRE. — Paronychia. 


Le Paronychia a un calice dont les lobes creusés en cuiller se ter- 
minent en pointe , des pétales ou des écailles linéaires alternes aux 
sépales, cinq étamines, un style, deux stigmates, une capsule mo- 
nosperme indéhiscente ou divisée en cinq valves et toujours recouverte 
par le calice. 

On le divise en deux sections : 

1° Les Chætonychia; sépales égaux, dilatés au sommet et chargés 
d'une écaille sur le dos, fleurs en cymes; 

2° Les Eunychia; sépales égaux, non dilatés au sommet, fleurs 
axillaires et agglomérées. 

La première ne renferme que le Cymosa, herbe annuelle, qui for- 
mera peut-être un jour un genre propre; sa tige droite est divariquée, 
ses feuilles linéaires sont glabres et aristées, ses rameaux se divisent 
au sommet en trois pédoncules chargés chacun d'une petite tête de 
fleurs blanchâtres. 

La seconde comprend à peu près dix-huit espèces ou variétés, dont 
la moitié appartient au bassin de la Méditerranée, et qui sont her- 
bacées ou sous-frutescentes et très-rameuses ; elles paraissent homo- 
types etne diffèrent que par leur inflorescence axillaire ou terminale, 
la forme de leurs feuilles, de leurs stipules et de leurs bractées; les deux 
espèces des Canaries offrent un second type, par leurs tiges droites et 
frutescentes et leurs fleurs en cymes paniculés. 

La fécondation a lieu après l'épanouissement , les pétales ou écailles 
linéaires ne sont ici que des nectaires, qui distillent abondamment 
l'humeur miellée; lesfleurs qui s'ouvrent successivement se referment 
après la fécondation; le cordon ombilical part de la graine qu'il con- 
tourne pour arriver à la radicule supère. 

Les Paronychia ne sont remarquables ni par leur feuillage ni par 
leurs fleurs toujours cachées aux aisselles; mais leurs tiges couchées 


— 454 — 


font sur le sol des ramifications très-élégantes et encore embellies par 
Ja blancheur de leurs stipules. Je ne connais rien de si gracieux que 
l'Argentea en fleur, tapissant à l'entrée de l'automne les bords sablon- 
LUE des routes où il aime à croître. 


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Troisième tribu. — POLYCARPÉES. 


Les Polycarpées ont un calice quinquéfide, cinq pétales qui avor- 
tent quelquefois, une à cinq étamines insérées au fond du calice, une 
capsule uniloculaire et polysperme, des semences attachées à un pla- 
centa central. 


PREMIER GENRE. — Polycarpæu. 


Le Polycarpæa à un calice dont les divisions ne sont ni concaves ni 
mucronées , cinq pétales et autant d’étamines à peu près hypogynes, 
un style filiforme, trois stigmates réunis, une capsule trigone, tri- 
valve et polysperme. 

Ce genre compte une douzaine d'espèces annuelles, vivaces ou 
sous-frutescentes et appartenant toutes à l'ancien continent ; la plupart 
sont dispersées en Egypte ou sur les côtes occidentales de l'Afrique ; 
quatre forment un groupe particulier dans les Canaries, mais aucune 
ne croit en Europe. 

Ces plantes très-rameuses ont des feuilles opposées, qui paraissent 
verticillées à cause des petits rameaux qui se développent à leurs ais- 
selles , leurs stipules sont scarieuses et leurs fleurs blanchâtres sont 
terminales, à cymes corymbiformes. 

Elles se plaisent dans les sables arides ou sur les pentes rocailleuses ; 
les deux espèces que j'ai vues sont le Lutifolia, des rochers de Téné- 
rifte, où il forme un sous-arbrisseau , et le Teneriffæ, de la même île, 
herbe annuelle que l'on trouve le long des haies ; sa tige articulée est 
couchée sur le sol, le calice ouvre à la fécondation ses cinq divisions 
membraneuses sur les bords, la corolle étale ses pétales blanchätres, 
et ses anthères introrses entourent un stigmate papillaire , ensuite le 
calice se referme, et la capsule ouvre plus tard ses trois valves ; je n’ai 
pas apercu d'humeur miellée. 


DEUXIÈME GENRE. — Orlegia. 


L'Ortegia a cinq sépales redressés, une corolle nulle, trois étamines 
fertiles et deux à peu près invisibles, un ovaire terminé par un style 


— 455 — 


à stigmate trifide, une capsule trivalve, des semences nombreuses atta- 
chées à un placenta central , un embryon à peu près droit. 

Ce genre est formé de l'Hispanica, à stigmate capitellé et du Dicho- 
toma, du Piémont, à stigmate trifide ; ces deux plantes homotypes 
sont des herbes vivaces, dont les feuilles opposées portent sur le côté 
deux points noirâtres qui sont autant de petites stipules, les cymes 
sont dichotomes; les fleurs petites et nombreuses sont d'un vert blan- 
châtre. 

L'Ortegia avait d'abord été placé parmi les Curyophyllées, à cause 
de la conformation de sa capsule et de ses tiges dichotomes; c'est un 
passage entre les deux familles. 


TROISIÈME GENRE. — Polycarpon. 


Le Polycarpon a un calice à sépales concaves, membraneux et mu- 
cronés, cinq pétales échancrés, trois à cinq étamines, trois styles 
très-courts, une capsule uniloculaire, trivalve et polysperme. 

On le divise en deux groupes artificiels, celui à fleurs triandres et 
celui à fleurs pentandres. 

Le premier comprend l'Apurense, des bords de l'Apure,etle Tetra- 
phylle, des sables de l'Europe et des Canaries ; le second en contient 
également deux; l’4/sinæfolium, de la Méditerranée, du Cap et de la 
Nouvelle-Hollande, et le Peploides, des sables maritimes de l'Itahe et 
même de la France; ces quatre espèces homotypes, et qui ne sont peut- 
être que des variétés , diffèrent surtout par le nombre de leurs éta- 
mines et la forme de leurs cymes corymbifères; le Tétraphylle, qui 
passe pour annuel poussait à la fin de novembre des tiges nouvelles; ses 
feuilles toujours stipulacées sont souvent sénaires, mais les quatre 
intérieures proviennent des rameaux axillaires ; les fleurs, en pani- 
cules dichotomes, comme celles des Silènes, avortent dans les dicho- 
tomies inférieures et sont solitaires dans les autres ; les calices angu- 
leux se referment après la fécondation, et les pétales, qui s'ouvrent et 
se ferment à des heures déterminées, sont blancs et demi-transparents ; 
les étamines ont leur base glanduleuse, commes celles des 4lsinees, 
auxquelles cette plante avait été d'abord réunie, comme l'Ortegia. 


Quatrième tribu. — SCLÉRANTHÉES. 


Les Scléranthées ont un calice urcéolé, quadrifide ou quinquéfide, 
une corolle nulle, une à dix étamines insérées à l'ouverture du calice, 


— 456 — 
deux styles ou un seul échancré au sommet, un utricule membraneux, 
monosperme, recouvert par le tube endurci du calice, une semence 
suspendue au sommet par un funicule recourbé qui naît de la base de 
l'ovaire. 


Scleranthus. 


Le Scleranthus a un calice persistant et quinquéfide, dix étamines, 
rarement cinq ou moins, un ovaire libre et disperme, un style double, 
une capsule très-amincie, évalve et recouverte, une semence attachée 
à un funicule capillaire. | 

Les Scleranthus comptent six espèces, quatre européennes et deux 
de l’Australasie; ce sont de petites herbes, la plupart annuelles, à 
feuilles opposées et légèrement réunies à la base; leurs tiges amincies 
sont dichotomes, et leurs fleurs sessiles dans les dichotomies supé- 
rieures sont petites et d’un blanc verdâtre. 

Les espèces européennes sont homotypes, et les trois premières ou 
le Perennis, Ÿ Annuus et le Polycarpus paraissent très-rapprochées ; 
mais l'Hirsutus, qui croît sur les cendres volcaniques de l'Etna, 
s'éloigne des autres par ses fleurs en tête , ses calices ohtus et ses éta- 
mines velues. 

Leur efflorescence est centrifuge, comme celle des Caryophyllées ; la 
fleur centrale paraît un peu avant les autres, mais lés différents paquets 
s'épanouissent en même temps , en sorte que la floraison est à peu près 
simultanée ; les étamines souvent avortées en partie ont leurs filets 
dilatés à la base, où ils se réunissent en un godet blanchâtre, glan- 
duleux et rempli d'humeur miellée; les anthères sont introrses et pen- 
chées sur le pistil à la fécondation, qui s'opère sans doute par le 
concours de l'humeur miellée; les styles légèrement contournés se 
terminent par des stigmates en tête papillaire. 

Le péricarpe des Sclerunthus, ou le calice endurci et comme osseux 
à la base, renferme une semence à albumen farineux et entouré d’un 
embryon périphérique; le péricarpe se détache par une articulation 
préparée, et se sème sans s'ouvrir, en rapprochant ses lobes. 

L'Annuus est répandu dans nos champs, où il se reconnaît à ses 
tiges étalées et à ses calices ouverts à la maturité ; le Perennis, qui n’est 
peut-être que bisannuel, se plaît sur les sables et sur les rochers de nos 
montagnes, où il formedes touffes serrées, remarquables par des calices 
à rebord membraneux et fermés dans la maturation. Il porte des pieds 
mâles et d’autres hermaphrodites ; ses dix étamines ont les anthères 
introrses; l'ovaire a deux styles allongés, dont les stigmates ne se 


—- 457 — 
forment guère qu'après l'émission du pollen, et sont fécondés par les 
émanations de l'humeur miellée, que fournit abondamment une belle 
glande jaune placée au fond de la fleur; il en est de même de l'Annuus, 
dont les fleurs hermaphrodites n’ont qu’une étamine très-raccourcie, 
tandis que les mâles ont leurs étamines plus allongées. à 


Cinquième tribu. — QUARIACÉES. 


Les Quériacées ont un calice à cinq divisions, des pétales nuls ou 
avortés , dix étamines insérées au fond du calice, une semence sus- 
pendue à un long funicule. 

Cette famille est composée d’une seule espèce, le Queriaa Hispanica 
herbe annuelle à feuilles nombreuses, opposées, sétacées, connées, 
recourbées au sommet et non stipulées; les fleurs placées aux aisselles 
des rameaux et des feuilles supérieures sont sessiles et solitaires ; les 
étamines inégales avortent souvent en partie; les trois styles sont très” 
amincis, et semblent indiquer, comme danse Minuartia, trois valves 
et plusieurs semences, qui, par suite d'avortements, sé réduisent à 
‘une capsule indéhiscente et monosperme. 


Sixième tribu. — MINUARTIÉES. 


Les Minuartices ont un calice à cinq divisions, cinq pétales très- 
petits ou même nuls, trois à dix étamines insérées au fond du calice, 
trois styles, une capsule uniloculaire et trivalve, plusieurs semences 
attachées à un placenta central. 


PREMIER GENRE. — Minuartia. 


Le Minuartia a un calice de cinq pièces très-entières et à peine 
réunies à la base, cinq pétales très-petits alternes aux sépales, cinq 
étamines opposées aux sépales et plus longues que les pétales, trois 
styles filiformes et des semences peu nombreuses. 

Ce genre est formé de trois plantes annuelles , le Campestris, le Di- 
chotoma etle Montana, qui habitent les champs et les collines décou- 
vertes de l'Espagne méridionale, et qui ne diffèrent guère que par 
leur inflorescence, et par la plus ou moins grande inégalité de leurs 
sépales; leurs feuilles opposées, serrées et sétacées sont très-entières 
et marquées à la base de trois à cinq nervures ; leurs fleurs placées 
dans les dichotomies et les aisselles supérieures sont petites, solitaires, 


— 458 — 


sessiles ou courtement pédonculées, et forment par leur réunion um 
cyme feuillé , dense et dichotome ; leurs pétales bifides sont de vrais 
nectaires, et leurs étamines se réduisent souvent à trois par avor- 
tement. 

Ce genre diffère du Lœflingia par ses sépales très-entiers et du 
Queria parson fruit polysperme. 


SECOND GENRE. — Lœflingia. 


Le Zœflingia a un calice dont les trois divisions extérieures sont 
chargées à la base d’une double arête, cinq pétales très-petits et 
connivents, cinq étamines alternes aux pétales, dont deux avortent 
quelquefois, un style divisé plus ou moins profondément en trois 
branches, des semences nombreuses. 

Ce genre est formé de deux espèces homotypes, l’Hispanica, qui 
habite les bords de la Méditerranée, et le Pentandra, qui se trouveen 
Espagne près de Valence, et qui n’en diffère que par ses cinq étamines 
et ses styles divisés dès la base; l’un et l’autresont des herbes annuelles 
et pubescentes, à tiges visqueuses, et feuilles opposées, non stipulées, 
mais bordées et appendiculées à la base; les fleurs solitaires et sans 
apparence sont sessiles dans les dichotomies des rameaux et dans leurs 
aisselles supérieures. Ces plantes ont une consistance faible et ne s’élè- 
vent qu'à quatre ou cinq pouces. 


Soixante-sixiéme famille. — Crassulacées. 


Les Crassulacées ont un calice de trois à vingt divisions plus ou 
moins profondes, autant de pétales alternes aux divisions du calice, 
tantôt libres, tantôt réunis; des étamines insérées comme les pétales 
au fond du calice, les unes alternes aux pétales, les autres opposées 
plus courtes et plus tardives ; des filets libres et subulés, des anthères 
ovales biloculaires et ouvertes par une double fente, un pollen ellip- 
soïde à trois plis, des carpelles opposés un à un aux pétales, libres ou 
légèrement réunis dans les genres anomaux, terminés sous ces deux 
formes par un style court, et s'ouvrant à l'intérieur, excepté dans le 
Diamorpha et le Penthorum ; des semences attachées sur deux rangs à 
l'angle interne des carpelles, un albumen mince et charnu, un embryon 
droit et une radicule dirigée sur le point d'attache. 


— 459 — 


Les Crassulacces sont des herbes ou des arbrisseaux à feuilles char- 
nues, et dont les fleurs à efflorescence centrifuge, moins déformées 
que la plupart de celles des autres familles, offrent de beaux exemples 
de symétrie primitive : elles sont solitaires dans les dichotomies, ou 
sessiles et unilatérales sur les côtés des cymes. 

On divise toute la famille en Crassulacées vraies ou Crassulees , et 
en Crassulacées anomales , qui comprennent seulement le Diamorpha, 
et le Penthorum, l'un et l'autre étrangers à l'Europe. 

Les Crassulacées , à l'exception du Penthorum , sont toutes remar- 
quables par leur consistance ; leurs racines fibreuses sont quelquefois 
tuberculées, comme on le voit, dans plusieurs Umbilicus, leurs tiges 
poussent très-facilement des racines adventives, et ont leurs feuilles 
différemment disposées ; dans les Crassules , elles sont opposées et 
croisées par paires; dans les Sedum , elles sont ordinairement insérées 
en spires très-distinctes, la première correspondant à la sixième , la 
seconde à la septième. Les exemples de feuilles en apparence verti- 
cillées, que l’on rencontre dans cette famille, peuvent être facilement 
ramenés au cas des feuilles en spirale; mais le Globulea obvallata à ; 
par une exception unique, les feuilles opposées et non croisées. 

Les feuilles des Crassulacées sont simples, épaisses, aplaties, cylin- 
driques ou moyennes entre ces deux formes ; toutefois il existe quel- 
ques genres indiens, comme le Kalanchoë et le Bryophyllum, où elles 
sont généralement pinnatiséquées et même ailées, mais dont les mêmes 
individus offrent souvent des feuilles simples mélangées aux pinnati- 
Séquées, ou même aux ailées; on sait de plus que le Bryophyllum porte, 
sur les crénelures de ses folioles, un point opaque d'où sort une nou- 
velle racine, dans un sol ou seulement dans un air humide. 

Les fleurs des Crassulacées peuvent se diviser en deux séries : les 
jaunes , dont la couleur est constante, et les blanches, roses, rouges 
ou même bleues, qui passent aisément d’une nuance à une autre; leur 
disposition sur la tige varie beaucoup ; elles sont axillaires, sessiles 
ou pédonculées en cymes corymbiformes et souvent latéraux, en 
cymes scorpioides, en ombelles ou en thyrses; dans tous ces cas, 
l’efflorescence est centrifuge ; mais lorsque les fleurs sont disposées en 
grappes, comme dans la plupart des Umbilicus, l'efflorescence est au 
contraire centripète; aucune de ces fleurs n’a jamais doublé dans nos 
jardins. 

Les calices sont à peu près en estivation valvaire, comme on le voit, 
dans le Bryophylle ; mais la coroile est en général tordue ou contour- 
née, C'est-à-dire que chaque pétale recouvre d'un côté, comme il est 
recouvert de l'autre, Ces pétales sont libres ou soudés, selon les genres; 


— 460 — 

les anthères, qui alternent avec les pétales dans les fleurs isostémonées, 
s'insèrent par la base; les carpelles forment un verticille régulier, 
composé d'autant de pièces qu’il y a de pétales, et s’ouvrant toujours 
du côté intérieur, comme les Helleborées , au moins dans les Crassu- 
lacées vraies , caractérisées par l’écaille nectarifère de forme variée, 
qu'on remarque constamment à leur base, Les graines, attachées à 
l'angle interne central, sont en général nombreuses, excepté dans le 
Tillæa où l'on n’en trouve que deux. 

Les Crassulacées comptent dans le Prodrome 272 espèces, divisées 
en dix-neuf genres , dont sept habitent exclusivement le cap de Bonne- 
Espérance, qui ne contient aucune espèce des autres genres; les douze 
autres sont distribuées dans des régions très-diverses : les Antilles et 
les îles de l'Afrique australe n’en renferment aucun; les Canaries et 
l'île de Madère contiennent au contraire plusieurs espèces de Sedum 
et de Sempervivum, qu'on ne retrouve pas ailleurs et qui appartiennent 
exclusivement à l’une des deux localités; l'Arabie, l'Inde et la Chine 
produisent les Xalanchoe et le Bryophyllum ; enfin les Sedum appar- 
tiennent plus particulièrement à l'Europe australe et au bassin de la 
Méditerranée. 

Les principaux phénomènes physiologiques que présente cette 
famille seront énumérés dans les genres auxquels ils appartiennent. 


Première tribu. — CRASSULÉES. 


Les Crassulées ont des 'carpelles entièrement libres, qui s'ouvrent 
à l'angle interne; on les partage en deux sections, les Zsostémonees , 
dont les étamines sont en même nombre que les pétales et les Diplo- 
steéemonees, où elles sont en nombre double; les unes et les autres sont 
polypétales ou gamopétales. 


PREMIER GENRE. — 7/læa. 


Le Tillæa a un calice de trois à quatre divisions, autant de pétales 
oblongs, des écailles nectarifères très-petites ou même avortées et 
trois à quatre carpelles dispermes, étranglés dans leur milieu. 

Les Tillæa sont de petites herbes glabres et annuelles, qui croiïssent 
dans les lieux inondés et exposés au soleil ; leurs feuilles sont opposées, 
et leurs fleurs ordinairement axillaires, petites et blanches; on en 
compte six espèces homotypes et dispersées, l'une en Europe, une 
autre dans l'Amérique nord, une troisième au détroit de Magellan, 


— 461 — 


une quatrième à Baénos-Ayres , une cinquième au Chili et une der- 
nière enfin dans la Nouvelle-Hollande; on n'en a rencontré jusqu’à 
présent aucune espèce en Afrique et en Asie. 

Le seul 7illæa indigène est le Muscosa, à tige rameuse, entrecoupée 
de nœuds très-rapprochés ; les feuilles connées ont chacune dans leurs 
aisselles un petit faisceau d’autres feuilles formées par de nouvelles 
pousses; ses fleurs blanches sont presque sessiles. 

Les autres espèces ont été jusqu à présent mal examinées, et por 
raient bien appartenir en partie aux Bulliarda. 


DEUXIÈME GENRE. — Pulliarda. 


Le Bulliarda a un calice de quatre divisions, quatre étamines, 
quatre écailles linéaires et quatre carpelles polyspermes, univalves, 
uniloculaires. 

Ce genre est formé de deux plantes européennes, qui croissent dans 
les lieux humides et dans les mares, le V’aillantit, de la France, à 
feuilles oblongues et fleurs pédicellées, et l'Aquatica, de l'Allemagne 
et du Nord, à feuilles linéaires et fleurs à peu près sessiles; toutes 
deux sont des herbes annuelles, à tiges dichotomes, chargées de radi- 
cules à leurs nœuds; leurs feuilles sont succulentes, petites et gla- 
bres; leurs fleurs axillaires sont blanches ou lavées de rose; leurs 
nectaires sont pourprés, et leurs capsules un peu réfléchies sont plus 
grandes que le calice. 


TROISIÈME GENRE. — (Crassula. 


Le Crassula a un calice de cinq divisions aplaties et beaucoup plus 
courtes que la corolle, cinq pétales libres et ouverts en étoiles, cinq 
étamines à filets subulés, cinq écailles ovales et courtes, cinq car- 
pelles polyspermes. 

On divise ce genre en onze groupes plus ou moins naturels, et qui 
rénferment déjà près de cent espèces. 

1° Les Latifoliæ; feuilles élargies, planes et lisses, tiges frutes- 
centes ; 

2° Les Subulares ; feuilles subulées et tiges frutescentes ; 

3° Les Squamulosæ ; feuilles linéaires lancéolées, rudes, papillaires 
et écailleuses; 

4° Les Columnares; feuilles élargies et imbriquées autour des 
rameaux , tiges frutescentes ; 

5° Les Perfoliatæ ; feuilles glabres , planes et connées, tiges sous- 
frutescentes; 


— 462 — 

6° Les Petiolares ; feuilles planes, larges, pétiolées, tiges frutes- 
centes ; 

7° Les Delloideæ ; feuilles deltoides et sessiles, tiges sous-frutes- 
centes; 

8° Les Turgoseæ ; feuilles presque toutes radicales , tiges herbacées, 
épis thyrsoïdes ; 

9° Les Rosulares ; feuilles radicales en rosules, hampes à peu près 
nues, fleurs agglomérées; 

10° Les Glomeratæ; feuilles opposées, fleurs agglomerées dans les 
dichotomies, tiges annuelles ; 

11° Les Tillæoideæ ; fleurs quadrifides, plantes herbacées et un peu 
aquatiques. 


1° Les Latifoliæ se divisent en deux types: celui des espèces vérita- 
blement frutescentes, à fleurs roses ou blanches, dont les plus com- 
munes dans nos serres sont l’Arborescens et le Lactea , et celui des 
Telephioides , ainsi appelés de leur ressemblance avec le Sedum Tele- 
phium , et dont les tiges sont légèrement frutescentes ou même herba- 
cées; l'inflorescence de ces plantes est terminale, mais lorsque la 
panicule est tombée, les tiges épaisses et cylindriques donnent de 
nouvelles pousses près du sommet. 

2° Les Subulares, beaucoup moins cultivés que les Latifoliæ, for- 
ment un type assez marqué et distingué par ses feuilles subulées et 
ordinairement recourbées ; par ses fleurs petites, nombreuses , dispo- 
sées le plus souvent en cymes au sommet des tiges, et dont les anthères 
jaunes, rouges ou pourprées contrastent agréablement avec la blan- 
cheur des pétales. 

3° Les Squamulosæ, aussi peu connus que les Subulares, paraissent 
également appartenir à un type unique, et se reconnaissent au pre- 
mier coup-d'œil à leurs tiges ainsi qu'à leurs feuilles recouvertes d'é- 
cailles ou de papilles rudes et tuberculées. 

4° Les Columnares ont des tiges redressées, des feuilles toutes 
planes et imbriquées sur quatre rangs ; leurs fleurs blanches, quel- 
quefois roses ou même jaunes, sont nombreuses, petites et accu- 
mulées en cymes plus ou moins serrés au sommet des tiges; la plus 
commune est le Lycopodioides. 

5° Les Perfoliatæ sont de petites plantes ordinairement couchées, à 
feuilles demi-transparentes, souvent ponctuées et bordées de dents 
papillaires; leurs fleurs blanches forment des cymes plus ou moins 
serrés au sommet des tiges. 

Ce groupe, qui forme parmi les Crassules un type tres-distinct, est 


représenté par le Perfossa , à feuilles épaisses, glauques, penchées 
principalement sur les bords, et tellement soudées deux à deux, 
qu’elles présentent dans leur ensemble une masse compacte; on doit 
remarquer que leurs paires sont correspondantes et non croisées , 
et qu'après la fécondation, elles peuvent se rouler sur leur tige, à 
laquelle elles n’adhèrent plus, et de laquelle on peut les sortir intactes 
avec leur trou central; leurs deux surfaces sont marquées de points 
blanchâtres, qui font sans doute l'office de pores excrétoires et absor- 
bants; on observe de plus des pointillements sur la face inférieure. 

Les fleurs, disposées en panicules et rapprochées en ombellules, 
sont petites , jaunes, étalées, à anthères introrses, à stigmate gluti- 
neux; on voit les glandes jaunâtres sur le torus et non pas à la base 
des carpelles. 

6 Les Petiolares, qui ne diffèrent guère des Perfoliatæ que par 
leurs feuilles pétiolées, doivent être réunis au même type; le Spathu- 
lata, la principale des deux espèces de la section, a les fleurs d’un rose 
incarnat, formant des cymes lâches et long-temps fleuris, et, comme 
la plupart de ses congénères, elle jette de ses tiges étalées, articulées 
et couchées, des radicules qui forment enfin un gazon très-étendu; les 
tiges florales qui se dessèchent au sommet sont sans cesse remplacées 
par d’autres. 

7° Les Deltoideæ sont très-peu connus, et paraissent former un type 
unique, déterminé principalement par la forme bizarre des feuilles; 
leurs tiges très-basses ont les fleurs en cymes corymbiformes. 

8° Les Turgoseæ, qui comprennent le groupe le plus nombreux, 
sont des herbes bisannuelles ou légèrement frutescentes, et distinguées 
par leurs feuilles, la plupart radicales; leurs tiges à peu près nues ont 
leurs fleurs ordinairement blanches, presque sessiles et verticillées au 
sommet des tiges, où elles forment desthyrses plus ou moins arrondis. 

9° Les Rosulares, qui appartiennent au même type, ont les feuilles 
radicales cartilagineuses, et formant une rosette épaisse et étalée, 
d’où partent, comme dans les Saxifrages, de nombreux drageons; 
leurs fleurs blanches ou roses sont fasciculées au sommet des hampes. 

10° Les Glomeratæ sont des herbes annuelles, à tiges courtes et 
dichotomes, à fleurs blanches et solitaires dans les dichotomies infe- 
rieures et ramassées en tête vers le sommet; elles appartiennent au 
même type. 

11° Les Tillæoideæ ne diffèrent des Glomeratæ que par leurs fleurs 
quadrifides et leur habitation dans les terrains inondés; elles sont 


aussi homotypes, mais ils sont encore moins connus que les Glo- 
meralæ. 


— 464 — 

Toutes les Crassules jusqu'à présent bien déterminées sont origi: 
nairés du Cap, où elles se multiplient sans doute continuellement, 
comme les Pelargonium, les Oralis, etc., par des fécondations arti- 
ficielles ; d'abord décrites par THunsere, et ensuite rassemblées en 
groupes par Haworru, elles sont encore mal connues sous lesrapports 
physiologiques, parce qu’on ne cultive dans nos jardins que les espèces 
remarquables par la forme de leur végétation ou par l'éclat de leurs 
fleurs. 

Leur organisation végétale est assez uniforme; elles ont toutes une 
consistance épaisse et charnue, des racines fibreuses, des feuilles 
opposées, entières et créneiées , des fleurs blanches souvent mélan- 
gées de teintes roses ou très-rarement jaunes, et dont les cymes plus 
ou moins lâches terminent les tiges. 

Leurs principales différences sont indiquées par les groupes qui les 
divisent , et elles consistent surtout dans leur port et leur durée, dans 
la forme de leurs feuilles entières ou crénelées, presque toujours ses- 
siles ou même connées; enfin dans la couleur de leurs fleurs et les 
variations de leur inflorescence. 

Elles présentent peu de faits remarquables, à cause de la régularité 
de leurs fleurs; leur végétation continue indéfiniment, à moins qu’elle 
ne soit suspendue par le froid; leurs feuilles ne sont jamais nettement 
articulées, et ne tombent, comme celles des plantes grasses, qu'à des 
époques mal déterminées ; elles m'ont paru généralement dépourvues 
de mouvements , ainsi que les calices, les corolles et les pédoncules. 

Ces plantes fleurissent dans nos serres pendant les mois d'hiver, qui 
correspondent aux mois d'été du Cap, et quelquefois même au prin- 
temps ou en été; plusieurs se multiplient par des racines, qui partent 
surtout des articulations inférieures, d'autres par des graines, et 
toutes, je crois, par de simples boutures qu'on met en terre sous 
couche, après les avoir tenues à l'air pendant deux ou trois jours. Les 
Rosulares, et peut-être quelques Turgoseæ , poussent des drageons 
comme les Saxifrages. 

Les Crassules diffèrent des Sedum par le nombre de leurs étamines, 
la conformation de leur calice à divisions planes, plus courtes que les 
pétales et surtout par leurs feuilles opposées sur les tiges; leurs fleurs 
blanches ou roses sont très-rarement jaunes. 

Les fleurs des Crassules sont un modèle parfait de symétrie; leur 
fécondation , que je n’ai pas encore assez étudiée, est souvent réci- 
proque et s'opère à l'air libre; leurs anthères biloculaires , introrses 
et terminales, se font souvent remarquer par des couleurs qui contras- 
tent avec celles des pétales; le pollen se répand d'abord sur les glandes 


— 465 — 
nectarifères du torus , qui, dans le Lactea, etc. , remplissent le fond de 
la fleur de leur humeur miellée; plus tard et lorsque les anthères sont 
flétries , on voit les capsules d'abord rapprochées s'écarter les unes 
des autres, et les stigmates développer enfin leurs houppes papillaires, 
en sorte que la fécondation est presque toujours réciproque, ou 
s opère par l'intervention de l'humeur miellée. 

Les feuilles des Crassules sont souvent perforées , c'est-à-dire char- 
gées à leur surface inférieure, près des bords et souvent entre les cré- 
nelures , de glandes arrondies, qui déposent à leur sommet une 
matière sèche, bleuâtre et friable ; cette matière recouvre souvent 
aussi la surface même des feuilles, comme dans le Lactea. Je suppose 
qu'elle est alors fournie par les pores mêmes de la plante, et qu’elle est 
destinée à préserver les feuilles du contact de l'humidité, 

Les Crassules font en hiver un des principaux ornements de nos 
serres, par leurs jolies fleurs blanches ou roses, qui ne tombent jamais, 
et se succèdent long-temps ; quelques-unes ont une légère odeur. 


QUATRIÈME GENRE. — ARochea. 


Le Rochea a un calice à cinq lobes, une corolle monopétale hypo- 
cratériforme, à limbe ouvert et quinquéfide, cinq étamines alternes 
aux pétales, cinq carpelles accompagnés d'autant de glandes. 

Ce genre se divise en deux sections, qui comprennent à peu près 
douze espèces, toutes originaires du Cap : 

1° Les Danielia ; tube de la corolle court, à peu près égal au limbe, 
étamines légèrement saillantes ; 

2° Les Franciscea ; tube de la corolle deux à trois fois plus long 
que le limbe, anthères à l'entrée du tube. 

Les Danielia sont des sous-arbrisseaux charnus et peu divisés ; leurs 
feuilles sont épaisses et blanchâtres, leurs fleurs terminales en cymes 
corymbiformes, sont incarnates ou blanches, et à peu près dépour- 
vues de bractées ; la plus connue est le Falcata, à feuilles recourbées 
en faux et fleurs incarnates. 

Les Franciscea sont également des sous-arbrisseaux charnus; mais 
leurs feuilles connées sont planes, cartilagineuses et cilhiées sur les 
bords, et leurs fleurs en cymes ombelliformes ou en tête sont nom- 
breuses et garnies de bractées. 

La principale espèce de cette section est le Coccinea, dont les fleurs 
fasciculées et odorantes sont d’un rouge éclatant, qui contraste avec 
le jaune brillant des anthères; leur calice est court et leur corolle 
tubulée est presque divisée jusqu'à la base; les glandes carpellaires 


II, 30 


— 466 — 
sont allongées et jaunâtres; les stigmates séparés des styles par un 
rebord crénelé, sont cylindriques , épatés et fortement glutineux; 
les étamines, de la même hauteur que les stigmates, ont leurs anthères 
introrses, latérales, et leur pollen jaune long-temps adhérent. 

A la fécondation, le pollen recouvre les stigmates , tout humectes 
par l'humeur cniellée des glandes nectarifères, sur lesquelles ils se 
tournent en se penchant HA a en dehors, et l'on voit les vési- 
cules polliniques se rompre sur les stigmates qui les retiennent; en 
sorte que la fécondation s'opère par l'humeur miellée. 

Les autres espèces qui méritent d'être désignées ici, sont le Versi- 
color, très-voisin du Coccinea, et \ Odoratissima, à feuilles rétrécies, 
et dont les fleurs jaunâtres ont l'odeur de la Tubereuse. 

Les Rochea diffèrent plutôt des Crassules, par le port et l'organisa- 
tion générale, que par des caractères bien marqués; car le Coccinea 
a les pétales distincts jusqu'à la base, quoique rapprochés en haut; 
toutefois je n'ai pas encore vu dans les Crassula, les stigmates visqueux 
du Rochea coccinea. 


CINQUIÈME GENRE. — Xalanchoe. 


Le Kalanchoë a un calice de quatre divisions à peine réunies à la 
base, une corolle hypocratériforme à tube cylindrique et limbe qua- 
drifide, huit étamines adhérentes au tube de la corolle, quatre écailles 
linéaires et quatre carpelles à style filiforme. 

Ce genre trés-distinct est formé de huit à neuf sous-arbrisseaux 
charnus, originaires de la Chine, de l'Égypte, de l'Arabie, de la 
Terre-Ferme et des îles de la mer des Indes; on les reconnaît à leurs 
feuilles ovales , épaisses et dentées ou irrégulièrement pinnatiséquées, 
à leurs fleurs jaunes, orangées, dorées, rougeâtres ou blanchâtres, 
et toujours disposées en cymes paniculés. 

On peut diviser les Xalanchoë en deux groupes : celui à feuilles 
entières, et celui à feuilles pinnatiséquées; le premier renferme sept 
espèces, dont quelques-unes ne sont sans doute que des variétés. 

La principale du second groupe est le Laciniata, à feuilles épaisses, 
fortement pinnatiséquées et tout-à-fait semblables à celles des Bryo- 
phylles ; ses fleurs jaunes forment une panicule lâche; son calice est 
horizontal pendant la floraison ; ses stigmates humides, velus et papil- 
laires, sont immédiatement fécondés par les anthères introrses, 
linéaires et placées sur deux rangs; le fond de la corolle est mellifère; 
car on apercoit cinq filets jaunes nectarifères, appliqués chacun à la 
base des cinq carpelles ; le calice et la corolle sont souvent quinqué- 
fides; il y a alors dix étamines, 


— 467 — 
SIXIÈME GENRE. — Bryophyllum. 


Le Bryophyllum a un calice enflé, quadrilobé et en estivation val- 
vaire, une corolle hypogyne tubulée et terminée par un limbe à quatre 
divisions triangulaires, huit étamines adnées au tube corollaire, quatre 
glandes oblongues à la base des carpelles. 

Ce genre, très-distinct, ne comprend que le Calicinum!, des Molu- 
ques et des îles Maurice, sous-arbrisseau droit, rameux et glabre; 
ses feuilles opposées, épaisses et pétiolées, sont ovales, crénelées ou 
ailées à une ou deux paires avec impaire; les fleurs, qui forment des 
panicules terminales, sont d’un jaune rougeâtre, et le calice ressemble 
tout-à-fait à celui des Silenes enfles. 

Ce que cette plante offre de très-remarquable, ce sont des points 
opaques ou des gemmes latents entre les crénelures des feuilles, et qui 
se développent en autant de bourgeons, par lesquels elle se reproduit 
facilement. 

La fleur m'a souvent paru inféconde, ce qui tient sans doute au 
développement de ses gemmes. 


SEPTIÈME GENRE. — Cotyledon. 


Le Cotylédon a un calice quinquéfide et beaucoup plus court que le 
tube plus ou moins renflé de la corolle, dont le limbe est partagé en 
cinq lobes obtus, réfléchis ou roulés dans la floraison, dix étamines 
ordinairement saillantes, insérées au fond du tube, des écailles nec- 
tarifères, ovales, et des carpelles à styles subulés. 

Les Cotyledons , dont l'on connait aujourd'hui une trentaine, sont 
des arbrisseaux charnus, originaires du Cap, dont les fleurs, lâche- 
ment paniculées, sont pourprées ou orangées, et que l’on partage 
en trois groupes, d'après la situation et la nature de leurs feuilles : 

1° Celui à feuilles opposées; 

2° Celui à feuilles alternes et marcescentes; 

3° Celui à feuilles alternes et persistantes. 

Le premier se distingue par ses feuilles épaisses, souvent farineuses 
sur les bords, et qui grossissent en vieillissant ; il est représenté par 
l'Orbiculata, qu'on peut regarder comme le type du genre; et dont 
les nombreuses variétés forment, dans les mois d'hiver, l'ornement 
de nos serres. Cette magnifique plante, qui s'élève jusqu'à deux pieds, 
a les feuilles glauques et orbiculées ; ses fleurs, en cyme terminal et 
d'un jaune rougeâtre, forment un cylindre renflé, où l'on aperçoit 


— 468 — 


‘très-bien les soudures des cinq pétales; les nectaires placés au tiers 
de la hauteur des carpelles sont de petits bassins évasés, qui distillent 
abondamment l'humeur miellée ; les anthères à moitié saillantes s’ou- 
vrent sur une collerette de poils brillants et sans cesse humectés; les 
carpelles soudés à la base se contournent pendant la maturation, sans 
doute pour faciliter la dissémination. 

Le second groupe, dontle Tuberculosa estle type, a les feuilles cadu- 
ques , ordinairement cylindriques , et laissent sur la tige une cicatrice 
saillaute qui marque l'articulation; les fleurs jaunâtres ou verdâtres, 
pendantes ou redressées , ont leur limbe roulé ou étalé. 

Le Cotyledon Parmenterii, que je place dans le second groupe, à 
côté du Curviflora, a sa tige terminée par une panicule de cinq à six 
fleurs rougeûtres et renversées; les lobes du calice sont raccourcis, 
ceux de la corolle sont roulés en dehors; les étamines ont leurs filets 
soudés, et forment un renflement velu, destiné à fermer le tube 
corollaire pour contenir l'humeur miellée qui sort en abondance de 
cinq écailles nectarifères, placées à la base extérieure des carpelles ; 
les filets des étamines sont terminés par une pointe cartilagineuse, 
recourbée fortement en dehors; les anthères latérales retournent 
leurs parois long-temps chargées de pollen ; les stigmates ne sont pas 
encore formés quand les anthères s'ouvrent, mais la fleur est ren- 
versée. 

Le troisième groupe renferme des espèces peu connues, et dont les 
feuilles sont ovales, spathulées ou rhomboïdes, et les fleurs disposées 
en épis ou panicules. 

J'établis comme un quatrième groupe celui à feuilles radicales en 
rosule, dont la principale espèce est le Cristata, du Cap, à feuilles 
pétiolées, triangulaires , cunéiformes et terminées en tête crénelée 
et ondulée. C’est une plante à souche raçcourcie , succulente et tou- 
jours verte, qui donne perpétuellement de ses aisselles des hampes 
allongées en épi, et dont les fleurs sessiles et cylindriques ont leurs 
pétales soudés dans toute la longueur de leur onglet; le limbe qui se 
réfléchit forme une rosule épaisse et blanche, fermée par cinq stig- 
mates en tête , entourés de dix étamines à anthères introrses. Au fond 
de la fleur, on trouve cinq écailles blanches, amincies et allongées, 
qui distillent une si grande quantité d'humeur miellée, qu'elle remplit 
tout l'intérieur du tube et inonde en même temps les anthères et les 
stigmates, à l'époque de la fécondation. On doit donc regarder cette 
humeur comme absorbant le pollen, pour porter ensuite sur les stig- 
mates ses émanations, et l'on comprendra ainsi le rôle important qu’elle 
joue dans la fécondation. Les fleurs, dans la maturation, restent 


— 469 — 


redressées et constamment fermées ; mais elles m'ont paru ouvertes:,. 
non-seulement le matin, mais encore tout le temps que dure la fécon- 
dation. On voit, d'après De Ganpozee, que le Clavifolia, à fleurs 
de moitié plus grandes, est tout-à-fait homotype au Cristata. 

La principale observation que me présente ce genre concerne sa 
fleur tantôt droite, tantôt renversée à l'époque de la fécondation; ce 
qui doit, par conséquent, entrainer deux dispositions différentes dans 
la longueur relative des étamines et des pistils, et en général aussi dans 
le système floral. 


HUITIÈME GENRE. — Ürmbilicus. 


L'Umbilicus a un calice quinquéfide, une corolle tubulée ou cam- 
panulée, à cinq lobes ovales, aigus et redressés, dix étamines insérées 
au fond de la corolle, cinq écailles velues, cinq carpelles amincis au 
sommet en autant de styles subulés. 

Ce genre est formé de plantes herbacées, annuelles ou vivaces, 
originaires de l'Europe australe ou de l'Orient et remarquables par 
leurs fleurs blanchâtres et jaunâtres disposées en grappe, par leurs 
feuilles rosulées près de la racine ou alternes sur la tige, toujours très- 
entières ou crénelées sur les bords. 

On le divise en quatre sections, qui comprennent ensemble à peu 
près douze espèces : 

1° Les Rosularia ; feuilles radicales en rosules, sépales égaux au 
tube de la corolle ; 

2° Les Mucizonia ; feuilles caulinaires alternes ; 

3° Les Orostachys ; feuilles oblongues, ovales, lancéolées, tiges sim- 
ples, racines non tubéreuses ; 

4° Les Cotyles ; feuilles radicales pétiolées, plus ou moins peltées ou 
capuchonnées, tiges souvent rameuses et racines tubéreuses. 

Les Rosularia sont des herbes vivaces, qui ont le port des Semper- 
vivum , et dont les deux ou trois espèces homotypes habitent la Pales- 
tine ou les contrées adjacentes ; leurs fleurs petites et nombreuses sont 
disposées en grappes simples ou paniculées, sur des tigespresque nues, 
qui périssent chaque année. 

Les Mucizonia sont des herbes annuelles, qui ont le port du Sedum, 
et dont les tiges faibles et diffuses sont recouvertes de feuilles che 
terminées par des grappes plus ou moins garnies; on en connaît deux 
espèces : 1° l’Hispidus, des collines montueuses de l'Espagne et de la 
Barbarie, qui se distingue par ses tiges velues et visqueuses; 2° le 
Sedoides , des Pyrénées, petite plante qui vit près des neiges, et dont 


— 470 — 
les grappes feuillées portent deux ou trois fleurs en cloche à nectaires 
jaunes, linéaires et bifides. 

Les Orostachys forment un type de quatre espèces’ annuelles ou 
plutôt bisannuelles, dont trois appartiennent aux montagnes rocail- 
leuses de la Sibérie, et la dernière se trouve en crête et sur les vieux 
murs de la Galicie; leurs fleurs profondément divisées sont jaunes, 
blanches, rougeàtres ou même pourprées; leurs feuilles radicales dis- 
posées en rosettes sont terminées en pointe quelquefois piquante. 

Les Cotyles, qui ne forment qu’un seul type, comptent quatre 
espèces originaires du midi de l'Europe et des îles de la Méditerranée ; 
elles diffèrent par la forme de leur racine toujours tuberculée et de 
leurs fleurs droites horizontales ou renversées ; le Pendulinus, qu'on 
peut considérer comme l'espèce principale , croît sur les rochers etles 
masures de l'Europe méridionale , ou ses graines quoique non héris- 
sées germent et se fixent; sa racine est un tubercule solide, semblable 
en apparence à ceux des Corydalis, mais qui donne chaque année un 
ou deux tubercules latéraux. Dès le milieu de l’été, le tubercule prin- 
cipal se flétrit avec la hampe, et un peu plus tard on voit sortir, du 
centre des tubercules secondaires, de jeunes feuilles ombiliquées, qui 
se disposent en rosette et s’accroissent lentement pendant le cours de 
l'hiver; elles émettent bientôt une tige centrale, garnie de quelques 
feuilles lobées, et terminée par une longue grappe de fleurs d'abord 
droites, ensuite pendantes, qui s’'épanouissent dès le mois d'avril, et 
disparaissent dès la fin du printemps. Les corolles tubulées sont d’un 
jaune sale; les étamines adhérentes sont terminées par des anthères 
introrses, les stigmates sessiles sont glutineux pendant la fécondation, 
et les nectaires rougeâtres, allongés et aplatis distillent de la base 
l'humeur miellée. L'Horizontal de la même section , qui s'épanouit à 
la même époque, et dont les fleurs sont petites, sessiles et seulement 
horizontales, a ses stigmates en tête et recouverts immédiatement par 
le pollen des anthères, qui s'ouvrent à l'entrée du tube; mais son 
organisation est, je crois, tout-à-fait semblable. 

L'Umbilicus pendulinus ouvre, à l'époque de la dissémination, son 
calice qui se referme ensuite, mais qui reste toujours pendant. 

Je n'ai pas observé exactement la fécondation des diverses espèces 
de cette section ; mais je ne doute pas qu’elle soit en rapport avec la 
disposition droite , horizontale ou pendante de leurs corolles, et je 
vois, en particulier, que dans le Pendulinus , la fleur se renverse à la 
fécondation, pour que l'humeur miellée arrive jusqu'au stigmate. 


— TL — 
NEUVIÈME GENRE. — Æcheveria. 


L'Echeveria a un calice de cinq divisions foliacées et lésèremer 
réunies à la base , cinq pétales soudés à leur origine, droits, épais, un 
peu raides et relevés dans leur milieu, dix étamines plus courtes que 
la corolle , à laquelle elles adhèrent, cinq écailles courtes et obtuses , 
autant de carpelles à styles subulés. 

Ce genre est formé de quatre espèces frutescentes, originaires du 
Mexique, dont les feuilles épaisses très-entières, souvent veloutées et 
toujours dépourvues de nervures, sont rosulées à la base et alternes 
sur la tige; leurs fleurs , disposées en grappes spiciformes ou le long 
des pédicelles d’un cyme terminal, sont sessiles, jaunes ou teintes en 
écarlate, 

La principale espèce est le Coccinea, qui s’'épanouit dans nos serres 
au commencement de février, et dont les fleurs d’une belle écarlate 
safranée, et enveloppées de bractées charnues, ont les carpelles coni- 
ques et rapprochés; les anthères introrses, latérales, ouvrent leurs 
parois, en mettant à découvert leur pollen blanchâtre réuni en quatre 
massules linéaires, au moment où les stigmates en tête d'abord des- 
séchée se recouvrent des gouttelettes d’une humeur épaisse et vis- 
queuse ; les pétales portent à la base une fossette en cuiller, où arrive 
abondamment l'humeur miellée, qui remplit le fond de la corolle, 
dont les bords ne se roulent pas et qui se dessèche sans tomber; la 
fécondation est directe à l'air libre. 

Le Cespitosa, à corymbe jaune, a également fleuri au jardin de 
Genève ; j'y vois encore le Racemosa, à feuilles radicales épaisses, 
hampe latérale élevée, portant des fleurs d'un beau pourpre sanguin, 
et dont la corolle forme un cone épais, aminci, semblable à celui de 
quelques Cotyles. 

On trouve à la base de chaque carpelle une écaille épaisse distil- 
lant l'humeur miellée, qui remplit le fond de la fleur, et l'on voit 
que les stigmates ne sont pas encore formés quand les anthères répan- 
dent sur les glandes nectarifères leur pollen blanchâtre; mais ensuite 
ces mêmes stigmates sont recouverts de gouttelettes visqueuses, qui 
recoivent les émanations polliniques. 


DIXIÈME GENRE. — Sedum. 


Le Sedum a un calice de cinq sépales ovales, ordinairement charnu 
et foliacés, cinq à six pétales étalés, dix étamines, cinq carpelles e 


— 472i— 
cinq écailles ne&arifères , entières ou à peine échancrées; quelquefois 
le nombre des parties de la fleur diminue d’une unité ou augmente de 
plusieurs; mais l’on distingue toujours les Sedum à leur port et à 
leurs écailles entières. 

Ce genre se partage en quatre groupes ; 

1° Celui à feuilles planes et fleurs jaunes; 

2° Celui à feuilles planes et fleurs blanches, rouges ou bleues ; 

3° Celui à feuilles cylindriques et fleurs blanches , rouges ou bleues. 

4° Celui à feuilles cylindriques et fleurs jaunes. 

Le premier groupe se compose de six espèces, qu'on peut réunir 
sous deux types, les 4izoon et les Rhodiola ; le premier en renferme 
trois , de la Sibérie ou du Caucase, qu’on reconnaït à leurs racines 
ramifiées , ainsi qu’à leurs fleurs en cyme serré et terminal; la prin- 
cipale est l4izoon assez commun dans nos jardins, et dont les feuilles 
épaisses et alternes sont fortement dentées; ses fleurs d'un jaune d'or, 
de quatre à six pétales, sont portées sur des cymes trifides et dicho- 
tomes; ses anthères s'ouvrent latéralement et conservent long-temps 
leur pollen sur leurs parois renversées; ses capsules sont étoilées , 
aplaties et fortement sillonnées à la base. 

Le second type du même groupe, qui compte aussi trois espèces, 
deux de l'Asie orientale et une des montagnes de l’Europe, se dis- 
tingue du premier par ses racines épaisses, tubéreuses et odorantes, 
par ses fleurs réunies en corymbes serrés, plutôt qu'en cymes propre- 
ment dits. Le Rhodiola, que je prendsici pour type, a, comme l’4sia- 
ticum , les fleurs ordinairement quadrifides, et presque toujours 
dioïques par avortement; les individus mâles ont des rudiments de 
carpelles et des écailles nectarifères; mais les autres sont presque 
toujours dépourvus d'étamimes et même de pétales; cette plante, ori- 
ginaire des Alpes du Dauphiné, pousse chaque printemps plusieurs 
tiges, les unes simplement feuillées, les autres chargées de fleurs, 
mais qui disparaissent toutes promptement et dont le rhizome donne 
de bonne heure des bourgeons entièrement dépourvus d’enveloppes 
écailleuses. Kocu le décrit sous le nom générique de Rhodiola, que lui 
avait donné Linxé. 

Le second groupe comprend vingt-trois espèces, dont la véritable 
patrie semble être la Sibérie et les environs du Caucase; mais dont 
plusieurs habitent les terrains secs et montueux de l'Europe méridio- 
nale. On peut diviser ces dernières en trois types ; le premier est celui 
du Telephium, plante remarquable par sa tige élevée et ses fleurs 
pourprées en cymes corymbiformes et serrés; son efflorescence est 
presque simultanée ; ses pétales, à peu près en estivation valvaire, 


— 473 — 

étalés à la fécondation et fermés à la maturation, comme ceux de 
l’Anacampseros , sont accompagnés de nectaires jaunes et cylindri- 
ques, dont les gouttelettes mellifères remplissent le vide que laissent 
entre eux les cinq carpelles. On peut réunir à ce type les espèces dont 
les racines sont tuberculées , et dont les jeunes tiges ne s’étalent pas 
en rosette sur le sol; telles sont le ZLatifolium, qui n'est peut-être 
qu'une variété du Telephium, le Telephioides, de la Virginie, etc. 

Le second type est celui del’ Anacampseros, des rochers de la France 
méridionale, de la Savoie et des Alpes, dont les jeunes tiges donnent 
des rosules glauques et serrées, et dont les fleurs blanches ou pour- 
prées sont tachées en dehors de points rouges et résineux; ses nec- 
taires sont cannellés et fortement nectarifères, ce qui indique une 
fécondation indirecte, et son inflorescence est centrifuge. 

Enfin, mon troisième type est formé d'espèces annuelles et quelque. 
fois vivaces, qui jettent en automne des rosules destinées à fleurir au 
printemps. On y range : 1° l'Etoile, des murs de l'Europe australe, 
dont la fécondation a lieu avant l'épanouissement, dont les fleurs roses 
sont unilatérales et dont les cinq capsules sont étoilées; le Cepæa, 
annuel comme le précédent, et dont les variétés sont nombreuses, 
mais dont les tiges sont toujours rameuses et redressées, et dont les 
fleurs souvent verticillées et unilatérales ont leurs pétales aristés, 
blanchâtres et rayés de rouge; le Portulacæfolium, dont les fleurs d’un 
beau blanc sont éparses et sessiles sur des cymes triflores, et qui 
couvre le sol de ses jolies rosules; le Galioides , du Piémont, à fleurs 
blanches, redressées et sessiles aux aisselles supérieures. 

Le troisième groupe compte une vingtaine d'espèces, qu'on peut 
réunir physiologiquement sous trois types; le premier, formé de trois 
plantes annuelles ou vivaces, répandues principalement sur la côte 
de la Barbarie, est remarquable par ses fleurs souvent heptandres, 
d’abord pourprées , ensuite azurées et disposées en cymes bifides, tri- 
fides ou paniculés, comme on le voit dans l'Heptapetalum et le Cæ- 
ruleum ; le second est celui des espèces annuelles, telles que l'Angli- 
cum, le Villosum, \ Atratum, le Cespitosum et le Rubens, qui a sou- 
vent, comme les deux autres, cinq étamines avortées, et se reconnait 
à ses nectaires pédicellés, et à ses feuilles cylindriques demi-transpa- 
rentes et granuleuses. Ses fleurs , disposées à l'extrémité des tiges sur 
des rameaux courts et presque toujours rapprochés trois à trois, se 
tournent du côté intérieur, et sont ainsi unilatérales; sa fécondation 
a lieu au moment même de l'épanouissement ; ses anthères se serrent 
contre les stigmates qui deviennent lentement papillaires, et s’écartent 
beaucoup après la fécondation; ses capsules aplaties sont étalées et 


— 474 — 
horizontales à la maturation, comme dans la plupart des Sedum de Ta 
même forme. 

Le troisième type, dont le Dusyphyllum est le modèle, comprend 
les espèces vivaces, telles que l'Hispanicum, le Corsicum, le Pyrenœum , 
qui se multiplient sans cesse par des rejets imbriqués, et dont les 
feuilles sont charnues, les fleurs blanches et quelquefois aristées ; on 
doit y ajouter le Cruciatum, du Piémont, caractérisé par ses feuilles 
quaternées , et l'4/bum, qui croît sur tous les murs de l'Europe, et 
dont les feuilles sont sessiles , les cymes rameux et les tiges cylindri- 
ques promptement nues. 

Le Dasyphyllum a des tiges filiformes, qui s'allongent en se dé- 
pouiilant des feuilles de l'année. Je l'ai vu en juin porter ses feuilles 
à l'extrémité de longues tiges desséchées et pendantes, et j'ai vérifié 
ensuite que ces tiges nues se rompent , et que les feuilles qui restaient 
attachées à la tige rompue donnaient des racines nouvelles de leurs 
propres aisselles. 

Le dernier groupe, qui comprend les Sedum, à fleurs jaunes et 
feuilles à peu près cylindriques, réunit environ dix-huit espèces pres- 
que toutes européennes, et qu'on peut assez bien ranger sous trois 
types : 1° Celui des espèces vivaces et annuelles par rupture, à tiges 
rameuses et rampantes, à feuilles ovales, adnées et bossues, et fleurs 
sessiles portées sur des cymes trifides; les principales espèces qui le 
représentent sont l’Acre et l'Hexangulare, répandus l’un et l'autre 
dans les terrains rocailleux et découverts de la plus grande partie de 
l'Europe. 2° Celui des espèces vivaces, à racines épaisses et rhizoma- 
tiques, tiges élevées et presque nues, dont les feuilles cylindriques 
sont détachées à la base, et dont les fleurs, qui portent souvent six ou 
sept pétales, sont disposées en longs cymes trifides et souvent réflé- 
chis; les nombreuses espèces qu'on y réunit, et dont les principales 
sont le Reflezum, le Rupestre, \ Altissimum , Y Ochroleucum et Y Ano- 
petalum , à sept pétales redressés, ont toutes la même organisation, 
et ne diffèrent que par de faibles caractères; leur multiplication res- 
semble à celle de l'4/bum, et un peu à celle du Dasyphyllum; car je 
vois les tiges du Reflexum se rompre à la base pour former une nouvelle 
plante; mais j'ignore la cause et le but de la courbure si prononcée 
des feuilles du Reflexum. 3° Celui des espèces que les botanistes regar- 
dentcomme annuelles, mais qui sont peut-être bisannuelles, et dontles 
principales sont le Saxatile et le Repens , à feuilles détachées et de plus 
légèrement appendiculées, à tiges rameuses ou rampantes, mais dé- 
pourvues de rejets, et dont les capsules divergent à la maturation. 

Les Sedum forment un grand genre naturel, dont les espèces dis- 


— 475 — 

persées dans les climats tempérés de l'ancien continent et rarement du 
nouveau, habitent de préférence les rochers découverts et montueux 
de la Méditerranée. On peut les distinguer à la première vue par leurs 
feuilles planes ou cylindriques, ainsi que par la couleur toujours 
constante de leurs pétales ; mais il est plus convenable, dans un genre 
aussi nombreux, d'entremêler ces deux divisions, comme nous l'avons 
fait. 

Les tiges et surtout les feuilles de ces plantes ont une contexture 
lâche, et contiennent en abondance un parachyme aqueux; cepen- 
dant cette conformation, semblable au moins en apparence, n'em- 
pêche pas que ces plantes n'aient des différences très-marquées ; ainsi, 
par exemple, les Sedum à feuilles planes ont en général la tige creuse, 
tandis qu’elle est solide dans les autres; ainsi encore quelques espèces 
ont les feuilles visqueuses, velues ou même hérissées, tandis que les 
autres, en plus grand nombre, les ont lisses ou seulement recouvertes 
de cette substance cireuse et résineuse qui leur donne un coup-d'œil 
glauque ou bleuûtre; enfin les feuilles planes des Selum sont entières, 
dentées ou même sinuées et glanduleuses sur les bords, tandis que 
les cylindriques ne sont jamais divisées. 

Le parenchyme des Sedum n'est pas toujours semblable à lui-même; 
ordinairement il est aqueux et insipide; d'autres fois, comme dans 
l'Acre, il a une saveur brülante, mais il résiste beaucoup mieux que 
celui des autres plantes grasses à l'intempérie de nos hivers ; il brave 
même les froids extrêmes de nos montagnes, tandis que les Cactees, 
les Mesembryanthemum, les Crassules ei les Pourpiers, etc., supportent 
avec peine nos plus faibles gelées; ce qui prouve qu'il y a de grandes 
différences dans cette organisation de plantes grasses qui ont en 
apparence tant de rappoñts. Le seul effet que produit, sur la plupart 
des espèces de ce genre, la rigueur de la saison , c'est de faire rougir 
leurs feuilles. 

Les tiges et les feuilles des Sedum se conservent long-temps sans 
altération , et peuvent même végéter, après avoir séjourné plusieurs 
mois dans les herbiers, phénomène que De Canpoee attribue, je 
crois, avec raison à l'absence totale ou plutôt au petit nombre de 
leurs glandes corticales ou exhalantes. Peut-on expliquer par la même 
cause la conservation des pétales qui gardent si long-temps leur con- 
sistance et leurs couleurs, même dans les herbiers, tandis que ceux 
des Cactées, des Mesembryanthemum et des Pourpiers sont si délicats 
et si peu durables. 

Ces plantes se multiplient souvent par leurs tiges, qui, lorsqu'elles 
sont rampantes et ont des feuilles cylindriques, se rompent irrégu- 


— 476 — 
lièrement en automne et en hiver, et sont ensuite dispersées cà et là 
sur le terrain. 

La rupture a lieu d'ordinaire au point où commence la tige de deux 
ans, en sorte que la portion rompue est formée de la tige dépouillée 
des feuilles de l'année précédente, et de la pousse encore feuillée et 
stérile de l'année actuelle. Aussitôt après la rupture, on voit sortir 
du bas des tiges séparées, ou d'entre leurs feuilles, des radicules 
destinées à amarrer la plante plutôt qu’à la nourrir, et qui dans l'47 
tissimum, comme dans les autres, naissent du milieu des cicatrices. 
Enfin j'ai remarqué que l'Acre, à la fin de l'été, lorsqu'il a répandu ses 
graines, conserve sur ses tiges desséchées des portions encore vertes, 
comme isolées du reste de la tige, et par lesquelles il se multiplie, 
quoiqu'il repousse aussi de sa base. 

Indépendamment de ce mode de reproduction, qu'on pourrait 
appeler par bouture, les Sedum à racines fortes et rameuses, comme 
les Telephium , repoussent chaque année, et dès l'automne, des ger- 
mes et des bourgeons qui remplacent les tiges desséchées de l'année 
précédente ; et les espèces vivaces, mais dont les racines ne forment 
pas des rhizomes, ou les vrais Sedum , développent sur le terrain de 
petites tiges rampantes, d’où naissent des rameaux feuillés, qui per- 
sistent, et d'autres florifères, qui périssent après avoir donné leurs 
graines; les espèces annuelles sont les seules qui ne se reproduisent 
que de semences. 

Les feuilles des Sedum sont articulées, et se séparent souvent de 
très-bonne heure; dans les espèces à feuilles planes, l'articulation a 
lieu comme dans les autres plantes, tandis que dans l’Acre, l'Hexan- 
gulare, le Dasyphyllum, etc., et la plupart des espèces à feuilles 
cylindriques, la base de la feuille s'applique en se prolongeant contre 
la tige, ou bien elle s’en sépare entièrement, excepté par sa partie 
centrale et ligneuse. Quelques espèces portent même à la base de la 
feuille un appendice membraneux, qu’on retrouve encoresur quelques 
Sedum, à feuilles planes, comme le Portulacæfolium. Ge caractère 
physiologique est un de ceux qui séparent le mieux les Sedum des 
Crassules. J'ajoute que quelques-unes de ces feuilles, surtout les apla- 
ties, comme celles du Portulacæfolium, ont les glandes allongées et 
glutineuses des Chrunolobium , une des sections des Sempervivum. 

L'inflorescence régulière des Sedum est un cyme trifide nu ou 
feuillé, plus ou moins ramifié et scorpioïde, chargé à son centre d'une 
fleur sessile, et sur les branches de fleurs unilatérales par retourne- 
ment; cette forme primitive se modifie un peu selon les espèces; quel- 
quefois le cyme est bifide, quadrifide ou devient une ombelle corym- 


— 477 — 
biforme, un fascicule et même une panicule irrégulière ; d'autres fois 
enfin les fleurs sont sessiles sur les dernières aisselles ou presque soli- 
taires au sommet; mais dans tous ces cas la fleur centrale s'épanouit 
la première, quoique les rameaux fleuris aient l'efflorescence centri- 
pète ; les dernières fleurs qui paraissent sont les extrêmes. 

Les feuilles planes des Sedum portent souvent à leur sommet et sur 
la face infère une glande excrétoire très-marquée, comme on peut le 
voir dans l’Anacampseros et le Portulacæfolium; elles s'appliquent deux 
à deux lorsqu'elles naissent opposées ; autrement elles sont imbri- 
quées, ainsi que dans le RAodiola, etc. Celles du Telephium m'ont 
paru cependant légèrement roulées sur leurs bords; maïs toutes celles 
qui sont à peu près cylindriques se rapprochent en bourgeons et 
forment souvent des spires régulières; l'on n'apercoit jamais à leur 
sommet des glandes excrétoires. 

La surface de ces feuilles est marquée de petites taches blanchâtres 
et arrondies, très-visibles à la loupe et qui sont peut-être les points 
par lesquels sort la matière résineuse; on observe de plus, sur la face 
inférieure des feuilles du Populifolium, de petites glandes d'un jaune 
brillant, et sur celles du Te/ephium , des plaques irrégulières, ver- 
dâtres, qui paraissent analogues à celles beaucoup plus marquées du 
Sempervivum stellatum de Madère; on y trouve enfin quelquefois un 
réseau rougeàtre, très-distinct dans le Dasyphyllum , le Rubens, etc. 

Les tiges des Sedum , quoique annuelles, sont dures et fortement 
cicatrisées lorsqu'elles sont assez élevées, comme dans l'Ælbum, le 
WSazxatile et surtout le Reflexum ; elles s'inclinent fortement dans leur 
jeunesse, du côté de la lumière, et ne se redressent qu'aux approches 
de la floraison; ce mouvement est commun aux feuilles qui se con- 
tournent en différents sens, et se déjettent souvent d'un seul côté 
pour recevoir l'influence de la lumière. 

L'époque de la floraison est généralement la fin du printemps, on 
voit alors les vieux murs chargés des fleurs aussi nombreuses que 
brillantes du Sedum album et de Y Acre, les haïes et les champs pierreux 
se décorent de celles de l'Hexangulare et du Reflexum; les masures 
de nos villages se recouvrent de celles du Dasyphyllum ; les routes 
montueuses sont bordées des touffes pourprées et noirâtres de l’A4tra- 
tum, et nos Alpes offrent un peu plus tard aux botanistes des espèces 
plus rares et aussi gracieuses ; mais ce jo spectacle ne dure que peu 
de temps, et ces iveriés btntés ne présentent ensuite que des tiges 
demi-nues et des pétales desséchés entourant les carpelles. 

Les calices sont en estivation valvaire et les corolles en estivation 
tordue; les sépales quelquefois amincis , comme dans l'4/bum, sont 


2 siée Le 

plus souvent, comme dans l’Hexangulare, épais et foliacés ; les pétales 
sont tantôt planes, tantôt, comme dans le Rubens , le Reflexum , etc. 
ils sont creusés en nacelle et rayés dans leur milieu; mais ils ne s'ou- 
vrent jamais qu’une fois, et se dessèchent sans tomber. 

La fécondation est directe dans le Telephium , le Populifolium, le 
Villosum , etc., où les anthères ne s'ouvrent que lorsque les stigmates 
sont déjà formés; mais elle est plus souvent indirecte, parce qu'au 
moment où les anthères latérales introrses répandent leur pollen, les 
stigmates ne sont pas encore développés, ainsi qu’on peut le voir dans 
l'Album, Y Acre, le Saxatile,\ Anopetalum, \ Ochroleucum , \e Cepea, etc., 
dont les carpelles ne montrent que tard, au sommet effilé de leurs 
styles, les petites têtes blanchâtres et papillaires des stigmates, La fé- 
condation peut donc s'opérer, dans ce cas, soit par les émanations de 
l'humeur miellée, qui distille abondamment des glandes écailleuses, 
soit directement par les anthères des fleurs voisines, soit enfin par le 
pollen propre de la fleur, long-temps attaché aux parois roulées des 
anthères ; on remarque souvent, en particulier dans le Reflezum, les 
bases des étamines et des carpelles recouvertes de poils ou de petites 
glandes humides. 

Les carpelles, toujours régulièrement opposés aux pétales, s'ouvrent 
longitudinalement par le bord intérieur, lorsque les graines sont 
mûres et que la chaleur du jour favorise l’écartement de leurs valves. 
Dans le Telephium , le Populifolium,Y Album, etc., ces carpelles restent 
constamment redressés, tandis que dans le Dasyphyllum , ils s'incli- 
nent un peu et s'ouvrent vers le sommet ; souvent ils s'étendent 
horizontalement en cinq rayons sillonnés , élargis et aplatis à leur base 
où ils forment une poche à larges bords, et ils s'ouvrent au sommet 
par l'effet de l'humidité, comme je l'ai vu dans l’Æcre à semences nom- 
breuses et arrondies. C'est sans doute un objet curieux que celui de 
ces formes de dissémination, qui doivent être en rapport avec les 
besoins de la plante, et qui pourraient sans doute aussi servir à la 
distinction des espèces. 

Les phénomènes physiologiques que présente ce genre sont dignes 
d'attention, le premier est celui de ces tiges qui, dans quelques 
espèces, comme l'Æ/bum, le Reflezum, etc. , se plient en deux dans la 
Jeunesse, et ne se redressent qu'à mesure qu'elles approchent de la 
floraison. Ce mouvement ne me paraît pas devoir être attribué à la 
lumière, car la tige recourhée n’y est pas plus exposée que la tige 
droite; il est analogue à celui des tiges fleuries des Asperifoliæ , qui 
ne se déroulent qu'à mesure que leurs fleurs s'épanouissent, et il ne 
peut guère s'expliquer, dans l'état actuel de nos connaissances, que 


— 479 — 

par cette même force vitale qui déroule les épis des Asperifoliæ, Le 
second phénomène est celui de ces extrémités de rameaux qui se tor- 
dent sur eux-mêmes, de manière que leurs fleurs soient toujours uni- 
latérales et pourtant opposées à la lumière, qu’elles ne recoivent direc- 
tement que lorsque leurs cymes s’étalent. La troisième est celui de ces 
carpelles, qui, pendant la maturation, s'étendent horizontalement et 
ensuite s'élargissent à leur base, afin de pouvoir exposer à l'air libre 
leurs graines non encore müres. Le quatrième est celui de ces rup- 
tures naturelles des tiges, qui ont lieu dans plusieurs espèces, et qui 
sont destinées à la multiplication de la plante. Le cinquième est celui 
de ces fleurs, qui, une fois ouvertes, ne sereferment plus, parce qu’elles 
en auraient été empêchées par l'allongement de leurs carpelles. Cette 
dernière remarque s'applique à plusieurs autres genres de la famille, 
en particulier aux Crassules et aux Sempervivum , et elle se combine 
sans doute avec la fécondation; les fleurs qui ne se referment pas 
accomplissent la plupart leur fécondation en un jour. Mais les prin- 
cipaux phénomènes qui méritent d'être étudiés dans tous les détails 
sont : premièrement, celui de ces fécondations, tantôt directes, tantôt 
indirectes, et dans lesquelles l'humeur miellée joue sans doute un rôle 
que je n'ai pas encore étudié ; secondement, celui du mouvement des 
étamines pendant la fécondation, qui doit durer au moins deux jours, 
si les anthères alternes ne s'ouvrent pas à la même époque que les 
autres; troisièmement, celui de ces carpelles, qui, ayant leurs sutures 
intérieures, ne peuvent s'ouvrir que lorsqu'ils se sont inclinés jusqu'à 
décrire un angle droit et devenir horizontaux dans quelques espèces ; 
c'est bien là encore un mouvement vital, et dont l’on ne peut, je crois, 
donner aucune explication physique. 


ONZIÈME GENRE. — Sempervivum. 


Le Sempervivum a un calice de six à vingt divisions, six à vingt 
pétales allongés et aigus, des étamines et des carpelles en nombre 
double des pétales, des écailles nectarifères déchirées ou dentées au 
sommet et placées à la base de chaque carpelle. 

Ce genre se divise en trois sections : 

1° Les Chronobium; fleurs jaunes ou rarement blanches; plantes 
sans rejets ; 

2° Les Joubarbes; fleurs pourprées ou d’un jaune pâle; plantes 
avec rejets ; 

3° Les Monanthes ; fleurs pourprées, feuilles en massue, écailles 
nectarifères plus larges que les pétales; plantes sans rejets. 


— 480 = 


Les Chronobium comptent une vingtaine d'espèces ou variétés, 
presque toutes originaires des Canaries ou de Madère, et qui se par- 
tagent physiologiquement en deux groupes inégaux, les frutescents 
et les herbacés. 

Les frutescents, qui sont les plus nombreux, se présentent sous 
trois ou quatre types. Le premier, dont l’4rboreum est le modéle, 
est formé de plantes dont la tige cylindrique et demi-consistante est 
marquée de cicatrices ou d’attaches d'anciennes feuilles, et porte au 
sommet une rosule étalée de jeunes feuilles épaisses, ciliées et char- 
gées, un peu au-dessous du sommet, d’une glande excrétoire. Ces 
plantes poussent dès l'entrée de l'hiver, du centre de leurs rosules, des 
panicules florales hautes quelquefois d'un pied et terminées en cymes 
plus ou moins réguliers; les principales espèces que je mentionne 
ici sont : l’Arboreum ,  Aizoides, \ Urbicum , etc.; quelques-unes des 
autres sont sans doute des variétés ou des hybrides. 

La végétation n’a lieu qu'à l'extrémité des tiges, qui s'allongent 
sans cesse en perdant leurs feuilles chaque année, jusqu'à ce qu’enfin 
elles fleurissent et se rompent ensuite. J'ai remarqué que les anthères 
de l’Arboreum étaient d'abord gonflées, puis se flétrissaient sans 
donner de pollen; et qu'en général les stigmates ne développaient 
leurs jolies têtes papillaires qu'après la destruction de leurs propres 
anthéres, ce qui prouve que la fécondation, quand elle a lieu, est 
ordinairement indirecte. 

Mon second type, plus voisin du troisième que du premier, est 
celui du Tabulæforme, de Madère, dont les feuilles, long-temps éten- 
dues en larges rosettes horizontales, produisent de leur centre une 
tige longue, faible, feuillée et chargée de petits paquets de fleurs 
jaunâtres, qui diffèrent de celles des autres Chronobium par leurs 
glandes stipitées, globuleuses et visqueuses au sommet; elles sont 
placées une à une devant chaque pétale, et aident sans doute la 
fécondation. 

Mon troisième type est celui des espèces moins élevées, à tiges 
recouvertes de feuilles desséchées, à rosules plus courtes et moins 
étalées; j'y place le Ciliatum , le Glutinosum , le Barbatum , le Cespi- 
tosum et toutes les espèces dont les feuilles ciliées de poils visqueux 
et cartilagineux portent de plus, sur leurs deux surfaces, des taches 
allongées et brunâtres, dont je ne connais pas l’usage; leur inflo- 
rescence est véritablement latérale; car on voit naître, dès la fin de 
l'automne, des aisselles de leurs rosules terminales, des rejets qui 
s'allongent en tige feuillée, chargée, au sommet des petites panicules, 
de fleurs d’un jaune souvent doré. 


— A8Si — 


Les Chronobium du troisième type, comme ceux du précédent, ont 
de grands rapports entre eux, et ont été évidemment multipliés par 
des fécondations hybrides; ils se reproduisent de rejets, comme les 
Joubarbes , et ils forment ainsi des touffes charmantes au printemps, 
où ils fleurissent dans nos serres. On ne les distingue guères qu'à leurs 
feuilles et à leur port, car leurs fleurs sont en apparence très-sem- 
blables, et leurs nombreux carpelles, toujours verticillés autour d'un 
centre vide, se terminent par des styles divergents et des stigmates 
peu apparents, même après la fécondation. Toutefois, leurs écailles 
nectarifères varient assez selon les espèces; quelquefois elles sont 
frangées; d'autres fois, comme dans le Glandulosum , elles sont 
cunéiformes et tronquées, ou bien, ainsi que dans le Calicinum à 
fleurs nombreuses et d'un jaune pâle, elles manquent entièrement. 

Enfin je forme mon quatrième type des espèces à tiges tortueuses 
peu élevées, dont les feuilles épaisses, obovées et velues ont des 
rapports avec celles de quelques Sedum ; mais dont la structure et la 
disposition des carpelles sont celles du Sempervivum. J'en compte deux 
“espèces homotypes, le Tortuosum et le Villosum à fleurs jaunes : le 
premier a un calice velu de huit ou neuf divisions profondes et 
épaisses; autant de pétales jaunes et un double rang d'étamines; à la 
fécondation, les anthères jaunes et ovales du rang supérieur sont 
logées entre les stigmates languettés et à bords papillaires, qui sont 
ainsi fécondés immédiatement; le centre de la fleur est recouvert de 
poils humides qui reçoivent aussi le pollen; les neuf étamines du rang 
inférieur, et par conséquent les plus courtes, fleurissent avant les 
autres, et semblent répandre leur pollen sur les belles glandes bilobées 
etorangées placées à la base des carpelles; la plante se multiplie par 
la rupture naturelle des rameaux défeuillés, comme cela a lieu dans 
plusieurs Sedum. 

Les espèces herbacées de la première section, au nombre de cinq, 
sont la plupart annuelles ou plutôt bisannuelles, et poussent ordinai- 
rement de leurs racines de petites rosules qui Ad nr la seconde 
année ;elles sont peu connues en Europe, et paraissent différer princi- 
palement par leurs tiges simples ou rameuses, leurs feuilles glabres 
ou velues, leur inflorescence en panicule ou en ‘corymbe, et enfin par 
le De de leurs pétales d'un jaune plus ou moins doré. Le Pygmée, 
qui s'élève à peine à un pouce, est à peu près uniflore. 

Les Joubarbes , qui forment notre seconde section, comptent sept 
espèces nues et vivaces, dont cinq se trouvent sur les rochers 
de nos montagnes, et ee habitent l'Asie septentrionale; on les 
divise en deux types, qui diffèrent plus par la couleur de leurs fleurs 


II. 3r 


— 482 — 

que par leur végétation. Le premier, ou celui à fleurs jaunes, est 
formé de l’Hirtum , dela Carinthie, et du Globiferum, des Alpes élevées 
du Valais et de l'Autriche; le second comprend les espèces à fleurs 
pourprées, qui diffèrent entre elles surtout par le nombre de leurs 
pétales et la forme de leurs écailles nectarifères : les feuilles de ces 
plantes sont toujours ciliées, quelquefois velues et même recouvertes 
de poils aranéoïdes. 

Le premier type a ses pétales et les divisions de son calice redressées 
et campanulées, ses carpeiles droits et réunis entre eux sans vide 
intérieur, et enfin ses gemmes ou ses rosules détachées naturellement 
de la plante-mère; tandis que, dans le second, les pétales et les 
divisions du calice sont étalées, les carpelles divergents et disposés 
circulairement autour d'un centre vide et tronqués obliquement au 
sommet; les uns et les autres, le Tectorum excepté, ont les pétales 
réunis à la base. : 

La troisième section est formée d’une seule espèce, le Monanthes , 
des Canaries, petite plante vivace, dont la tige nue porte une ou 
deux fleurs de six à neuf pétales. 

Le beau genre des Sempervivum appartient tout entier à l’ancien 
continent, et parait comme divisé géographiquement en deux 
branches, l'une des Canaries, l'autre des montagnes de l'Europe ou 
de l'Asie septentrionale, 

Il se partage physiologiquement en espèces frutescentes, vivaces 
et annuelles; à ces trois divisions répondent à peu près autant de 
formes végétales : la première , ou celle des espèces frutescentes, ne 
se multiplie que de graines ou de boutures ; les plantes qui la com- 
posent ont des tiges cylindriques, toujours nues et terminées par des 
rosules de feuilles épaisses et étalées ; cette forme très-prononcée se 
modifie dans certaines espèces, dont les tiges peu élevées sont recou- 
vertes de feuilles desséchées, et dont les fleurs axillaires sortent 
comme des rosules d'entre les feuilles supérieures; de là il résulte 
que les tiges des espèces à fleurs terminales doivent se rompre au 
sommet, et au contraire celles à fleurs latérales se développer indé- 
finiment et sans ramification. 

| 2 Sempervivum vivaces, ou les Joubarbes proprement dites, ont 
uñe végétation très-différente; elles poussent de leurs racines une 
rosule de feuilles imbriquées en artichaut, et dont le centre donne 
naissance à une tige ou hampe terminée en cyme réfléchi et paniculé; 
en même temps, on voit sortir de la base et d'entre les feuilles infé- 
rieures, des rosules pédonculées, souvent globuleuses dans leur 
jeunesse et disposées circulairement autour de la grande rosule, 


488 = 


comme des poussins autour de leur mère; ensuite la rosule centrale 
ou florifère périt, et chacune des petites rosules latérales devient une 
rosule centrale et florifère, qui fournit à son tour de nouveaux rejets, 
etc. Cette disposition générale se modifie également selon les espèces; 
ainsi, par exemple , dans le Sedum tectorum de nos masures, les rejets 
sont si multipliés qu’ils s'entassent les uns sur les autres , et ne pré- 
sentent plus aucune régularité de position; dans le Montanum, ils 
sont filiformes et redressés à leur origine, et ne s'épaississent en 
globules qu'à une certaine distance de leur mère; dans le Flagelli- 
forme , de la Sibérie, etc., ils s'étendent en drageons, qui se rompent 
quand la rosule est enracinée, et dans l'Hirtum , de la Carniole ‘ils 
paissent dans les aisselles caulinaires et tombent ensuite d'eux- 
mêmes. 

Enfin les espèces annuelles se reproduisent uniquement de graines, 
quoique leurs feuilles radicales soient souvent rapprochées en rosules. 

Les feuilles, toujours disposées en spirale, sont tellement rappro- 
chées qu’elles ressemblent à des feuilles verticillées; leur forme est la 
spathulée, avec quelques variations peu importantes ; leur surface est 
glauque, glabre, velue et souvent ciliée ; leur consistance est toujours 
considérable, quoique à différents degrés; les espèces frutescentes 
de notre première section portent, comme je l'ai dit, un pore excré- 
toire vers le sommet; tandis que celles de la seconde ont seulement 
des renflements glanduleux épars sur leurs deux faces. 

L'inflorescence générale est centrifuge, mais celle des rameaux est 
centripète; les organes floraux varient beaucoup en nombre; on 
trouve des fleurs à six pétales; d'autres, au contraire, qui en ont Jus- 
qu'à vingt, avec autant de sépales et de carpelles et un nombre dou- 
ble d’étamines; les écailles nectariféres, à peine visibles dans le Mon- 
tanum, sont caronculées dans le Tectorum , tronquées et échancrées 
dans l'Ærachnoideum , pédonculées dans le Tabulæforme, et péta- 
loïdes dans le Monanthes ; mais, quelles que soient leur forme et leur 
grandeur, elles donnent toujours une grande abondance d'humeur 
miellée. 

Les carpelles, aussi nombreux que les pétales auxquels ils sont 
opposés, et chargés à la base d'une écaille nectarifère, n’occupent pas 
toujours le centre de la fleur ou du torus, qui reste ordinairement 
vide ; mais ils sont verticillés tout autour comme ceux des Malvacees, 
et portent des stigmates recourbés en dehors, mais non encore déve- 
loppés lorsque le pollen se répand. 

Dans l'estivation , les pétales recouvrent d’un côté, en même temps 
qu'ils sont recouverts de l’autre, et se contournent de manière à pré- 


œ ON |: 
senter une élégante spirale, dont le centre est le sommet de la fleur, 

La fécondation s'opère après l'épanouissement; on voit alors, dans 
les Joubarbes , les anthères redressées et exactement pivotantes former 
deux rangs distincts; le premier ou celui opposé aux sépales approche, 
avec une admirable régularité, ses anthères qui répandent leur pollen 
jaunâtre sur le centre de la fleur, et s'éloignent bientôt après ; ensuite 
viennent dans le même ordre celles du second rang ou celles opposées 
aux pétales. Au moment de l'émission du pollen, les stigmates n'ont 
pas encore développé leurs papilles blanchâtres et floconneuses , en 
sorte que la poussière fécondante tombe au fond de la fleur, ordinai- 
rement tapissée de poils humides. J'ai noté que dans l’Arachnoideum 
les anthères latérales répandaient leur pollen , tandis que les stigmates 
étaient tournés en dedans, mais que, après cette émission, ces mé- 
mes stigmates se rejetaient en dehors. Il en est à peu près de même 
dans le Montanum , où les stigmates se forment en têtes blanches et 
glutineuses après l'émission du pollen, et au moment où ils se déjet- 
tent en dehors. Dans la dissémination, les carpelles placés horizonta- 
lement s'ouvrent dans toute leur longueur, et les graines sortent par 
l'agitation de l'air; c'est au moins ce que j'ai vu dans l'4rachnoideum 

“et qui ne ressemble pas à la dissémination de la plupart des Sedum. 

Les étamines des Chronobium m'ont paru entièrement dépourvues 
de ces mouvements que nous avons vus dans les Joubarbes. En est-il 
autrement dans leur climat natal, et leur immobilité doit-elle être 
attribuée à ce que leurs graines sont infécondes dans nos serres? J'ai 
observé dans l'Urbicum que les carpelles occupaient le centre de la 
fleur, et que leurs stigmates étaient contigus aux anthères; en sorte 
que celles-ci n'avaient pas besoin de se rapprocher pour la fécondation. 
Cette remarque s'applique plus ou moins au reste de la section. 

Les fleurs ouvertes des Sempervivum ne se referment pas, non plus 
que celles de la plupart de nos Sedum, et pour la même raison, elles 
se dessèchent sans tomber; leurs rosules, toujours régulièrement 
conformées, ne paraissent pas non plus sensibles aux influences de la 
lumière; mais dans nos serres, les rosules étalées des espèces fru- 
tescentes cu des Chronobium, sont fortement inclinées du côté du 
jour. 

Les Sempervivum offrent quelques phénomènes physiologiques qui 
méritent d'être notés; ainsi le Glutinosum, de Madère, a ses tiges et 
ses panicules couvertes d’une viscosité si abondante, qu'elle arrête 
les insectes et surtout les pucerons, et l'4ruchnoideum, des rochers 
des Alpes et des Pyrénées, porte des rejets globuleux enveloppés de 
poils ou de fils amincis, comme ceux des toiles d'araignée et attachés 


— 485 — 

à tous les sommets des feuilles ; le Montanum, presque dépourvu de: 
nectaire, a ses carpelles recouverts de poils glutineux, et les anthères 
du Tectorum se changent quelquefois en carpelles, ou même portent 
du pollen d’un côté et de l’autre des ovules. Les fils de l’A4rachnoideum 
enveloppent les rejets perdant toute la saison froide, et les protégent 
ainsi efficacement contre l'hiver; les feuilles extérieures des rejets du 
Montanum grandissent à la fin de l'été, et ensuite se dessèchent en 
recouvrant tout le rejet dont elles font partie ; enfin le Globiferum de 
Lin, qui,est une plante de Russie et de Suisse, a ses rosettes épa- 
nouies en été, mais fermées par le froid et rouvertes ensuite quand 
elles sont cachées sous les feuilles. 

Le phénomène le plus remarquable que m'ait présenté ce genre, 
c'est celui du Sempervivum tectorum, dont les fleurs avaient leur centre 
chargé de deux espèces .de carpelles, les premiers, qui formaient la 
couronne intérieure, étaient conformés à la manière ordinaire; mais 
les autres en dehors des premiers, moins régulièrement disposés, et à 
stigmates avortés, étaient ouverts du côté intérieur, et montraient 
sur leurs deux bords un rang de semences bien distinctes, pédoncu- 
lées mais non fécondes ; la même plante présentait également des éta- 
mines à tous les degrés de formation, depuis les mieux organisées 
jusqu’à celles dont les deux lobes n'étaient indiqués que par une 
légère dépression, et confirmaient ainsi pleinement la théorie de DE 
Canpozre sur la première origine des carpelles et des étamines. Il 
semble ici que la force par laquelle ces organes sont modifiés et écartés 
de leur forme primitive avait cessé d'exercer pleinement son action. 
Ces aberrations s'observent souvent dans les Sempervivum tectorum, 
qai vivent près de nos demeures, mais on ne les rencontre pas dans 
ceux des Alpes. 

Les faits physiologiques les plus curieux à observer et à généraliser 
ici, sont premièrement les mouvements de ces étamines placées sur 
deux rangs. S'épanouissent-elles par rangs, et dans ces rangs y at-il 
subordination? Les anthères répandent-elles leur pollen sur des stig- 
mates déjà papillaires? Secondement, les mouvements des carpelles 
eux-mêmes : ceux qui, comme le Tectorum, ont à leur centre un 
espace vide, restent-ils redressés à la fécondation? Et ceux qui occu- 
pent le centre et sont réunis entre eux, se recourbent-ils tous en 
dehors pour faciliter la dissémination ? 

Quel rôle joue ici le nectaire ? 

Les Sempervivum des Canaries fleurissent dans nos serres à la fin de 
l'hiver, et annoncent le prochain retour du printemps; ceux d'Europe 
ne se cultivent pas, parce qu’ils ont beaucoup moins d'éclat; toute- 


— 486 — 


fois le Tectorum fait en été l'ornement des vieux murs et des chau- 
miéres sur lesquelles il se plait à croître; les autres espèces décorent 
aussi de leurs fleurs du plus beau pourpre les rochers des Alpes et des 
montagnes, qu'elles habitent à peu près exclusivement. 

Je vois sur les feuilles du Sempervivum globuliforme un OEcidium 
qui les déforme dans leur premier développement, de manière à faire 
disparaitre la forme du globule. 


Seconde tribu. — CRASSULACÉES ANOMALES. 


Les Crassulacées anomales, où qui ont leurs carpelles réunis à la 
base en une capsule à plusieurs loges, forment deux genres : le Dia- 
morpha et le Penthorum appartenant l'un et l’autre à l'Amérique sep- 
tentrionale. Nous ne parlerons que du second. 


Penihorum. 


Le Penthorum a un calice de cinq divisions, cinq pétales, dix éta- 
mines, cinq carpelles dépourvus d’écailles et réunis en une capsule à 
cinq loges et cinq becs, qui présente un pentagone au sommet, et 
s'ouvre en dessous des becs; les semences sont nombreuses, petites, 
attachées à un placenta élargi, et peut-être dépourvues d’albumen. 

Ce genre renferme deux espèces : le Sedoides, des marais de l'Amé- 
rique nord, et le Chinense, de la Chine, qui lui ressemble beaucoup, 
mais qui en diffère par ses semences ovales et cornées. 

La première est une herbe vivace et gazonnante, qui s'élève jusqu'à 
un pied , et dont les tiges rougeâtres, comme celles de l'snardia, sont 
cylindriques à la base, anguleuses au sommet et terminées par des 
cymes trifides de fleurs unilatérales intérieures et plus ou moins rou- 
lées au sommet, les fleurs blanches ou d'un jaune pâle ont leurs 
pétales promptement caducs ; les étamines à filets raccourcis sont 
alternativement opposées aux divisions du calice, ou aux pétales; les 
anthères latérales ont un pollen jaunâtre qui s'attache aux cinq stig- 
mates d'abord arrondis et glutineux, mais qui deviennent ensuite 
autant de becs allongés; le fruit est formé de cinq carpelles élargis, 
divariqués et soudés à la base. A la dissémination, chaque carpelle 
s'ouvre par une rupture transversale, qui s'opère du côté interne 
du carpelle, dont le bec saïllant tombe comme une valve séparée , et 
découvre une très-grande quantité de semences scobiformes, dont 
les pédicelles articulés sur le placenta ou la base du carpelle et réunis 


— 487 — 


en groupes d'un jaune d'or tapissent toute la partie découverte du 
fruit, GÆRTNER dit que ces semences ont la radicule centrifuge. Dans 
le Diamorpha, au contraire, où la suture interne est assez forte, c'est 
l’externe qui s'ouvre longitudinalement. 

Ces plantes sont un exemple d'organisation particulière dans la 
famille des Crassulacees. Le Chinense est-il conformé de la même ma- 
nière que le Sedoïdes , au moins pour la déhiscence de sa capsule ? 

N'est-ce pas une intelligence, qui, en même temps qu'elle a soudé 
les carpelles à l'intérieur, a préparé les sutures de la valve dont la 
déhiscence devait donner issue aux semences ? et n'est-ce pas cette 
même intelligence qui a supprimé ici les écailles nectarifères dont 
l'humeur miellée n'aurait pu se répandre sur le torus? Pour sentir 
toute la beauté de cet arrangement, il faut lavoir sous les yeux et le 
comparer à celui des carpelles des Sedum. 


Soixante-septième famille. — Féicoidées. 


Les Ficoïdees, ont un calice de deux à huit sépales, ordinairement 
de cinq réunis à la base, libres ou adhérents à l'ovaire, égaux ou 
inégaux, en estivation valvaire ou quinconciale, des pétales tantôt 
nuls et remplacés par un calice intérieurement coloré; tantôt nom- 
breux et insérés au calice; des étamines nombreuses, libres et insérées 
également au calice, des anthères oblongues et incombantes, un ovaire 
libre ou adhérent, multiloculaire et terminé par un grand nombre de 
stigmates libres; une capsule nue ou entourée d'un calice adhérent, 
souvent divisée en cinq loges et ouverte à la maturité en cinq valves 
étalées, des semences nombreuses ou rarement solitaires attachées à 
l'angle interne des loges, un embryon recourbé, au moins dans les 
vraies Ficoïdes et placé latéralement sur un albumen farineux. 

Ces plantes sont des herbes vivaces et annuelles, ou des sous-arbris- 
seaux à tiges et rameaux souvent articulés ; leurs feuilles opposées ou 
rarement éparses et toujours dépouvues de stipules, sont charnues, 
entières ou quelquefois divisées, planes, prismatiques ou cylindri- 
ques ; elles ont été étudiées de nos jours par Haworru et le prince de 
Sazm-Dycx. ; 


— 488 — 
FICOÏiDÉES VRAIES, 


Les vraies Ficoïdees, les seules dont il est question, ont des 


pétales multiples des sépales, ou remplacés par un calice coloré inté- 
rieurement. 


PREMIER GENRE. -— ]Mesembryanthemum. 


Le Mesembryanthemum a un calice à lobes inégaux souvent foliacés, 
réunis et adhérents à l'ovaire, des pétales nombreux, linéaires, soudés 
à la base et placés d'ordinaire sur plusieurs rangs, des étamines insé- 
rées au sommet du calice, un ovaire adné au calice, et formé le plus 
souvent de cinq loges, Fu stigmates en même notHbsS que les loges, 
une capsule adhérente au calice persistant et ouverte en étoile au som- 
met, des semences nombreuses, des cotylédons épais et très-obtus. 

Ce beau genre compte actuellement plus de trois cents espèces, 
presque toutes originaires du Cap; sept ou huit seulement habitent la 
Nouvelle-Hollande, et deux ou trois le midi de l'Europe ou les contrées 
adjacentes; telles sont le Crystallinum, qu'on trouve aux environs 
d'Athènes ainsi qu'aux Canaries, le Vodiflorum, des sables maritimes 
des environs de Naples, et le Copticum, de l'Égypte; mais comme le 
DE croît aussi au Cap, et que les deux autres ne diffèrent peut- 
être pas assez de l Apetalum, qui est propre au Cap, il n’est pas im- 
possible que ces trois plantes annuelles ne se soient propagées de 
graines dans nos climats. ; 

DE Canporze, d'après Hawonru, a divisé les Meésembryanthèmes 
en huit sections : 

1° Les Acaulia ; tige nulle ou très-courte , racines vivaces ; 

2° Les Cephalophylla ; feuilles triquètres ou légèrement cylindri- 
ques et rapprochées en tête ; 

3° Les Reptantia ; tiges sous-frutescentes et couchées, rameaux 
anguleux et feuilles connées ; 

4° Les Perfoliata ; tiges frutescentes et redressées, feuilles connées, 
souvent triquètres et recourbées au sommet; 

5° Les Triquetra; tiges sous-frutescentes, feuilles opposées, dis- 
tinctes et souvent triquètres ; 

6° Les Teretiuscula ; tiges sous-frutescentes, feuilles presque tou- 
jours distinctes, cylindriques et non papillaires ; 

7° Les Papillosa ; tiges frutescentes ou annuelles, feuilles presque 
toùjours opposées et distinctes, recouvertes de papilles. 


— 4189 — 


8° Les Planifolia; tiges frutescentes ou herbacées, feuilles planes 
et papillaires. 

Ces diverses sections ont été divisées principalement par le prince 
Sazm Dick en cinquante-quatre groupes, dont plusieurs très-naturels 
doivent être considérés comme de véritables types; les antres sont 
plus ou moins artificiels, parce qu'on n'a pas encore trouvé leur 
caractère distinctif, ou plutôt parce qu'il n'en existe réellement 
aucun. 

1° Les Acaulia en forment quatorze : les Sphæroidea, à feuilles 
très-obtuses, réunies en globules jusqu’au sommet ; les Subquadrifolia, 
à feuilles croisées au nombre de quatre à six, et souvent connées au 
sommet, comme dans les Sphæroidea; les Moniliformia , à souches 
très-courtes et moniliformes; les 4loidea, à feuilles épaissies insensi- 
blement jusqu’au sommet où elles sont triquètres et ‘ont leur angle 
carénal bossu ; les Ringentia, dont les feuilles supérieures triquètres 
ou bossues sont souvent denises ou ciliées; les Rostrata, dont les 
feuilles sont demi-cylindriques, amincies et denticulées au sommet; 
les Linguæformia , dont les feuilles plus ou moins ligulées sont planes 
en-dessus et convexes en-dessous, et dont les stigmates, ainsi que les 
carpelles, varient de huit à dix; les Dolabriformia, dont les feuilles en 
doloire sont croisées et ont leur angle carénal bossu; les Gibbosa, 
dont les feuilles longuement connées sont difformes, l'une courte et 
bossue, l’autre souvent prolongée obliquement; les Calamiformia, 
dont les feuilles à peu près cylindriques sunt vertes et ponctuées, 
dont le calice est quinquéfide et dont les stigmates sont au nombre 
de huit; les Teretifolia , dont les feuilles sont semblablement confor- 
mées, mais dont le calice est quadrifide, et qui ont douze stigmates ; 
les Bellidiflora, à feuilles triquètres, calice quinquéfide, capsule quin- 
quéloculaire, stigmates très-petits et très-nombreux; les Acuta, à 
feuilles demi-cylindriques, subulées, recourbées et triquètres au 
sommet ; enfin les Macrorrhiza , à racines napiformes, feuilles oppo- 
sées, nombreuses, connées et triquètres, calice quinquéfide à deux 
lobes très-prolongés. 

2° Les Cephalophylla, à calice quinquéfide et stigmates qui varient 
de dix à vingt, ne comptent que deux groupes; les Copa dt à à tiges 
couchées, rameuses et presque sarmenteuses, et les Capitata , à tige 
ce à peine rameuse et feuilles entassées au sommet, alternes et 
triquètres. 

3° Les Reptantia en comprennent quatre : les Sarmentosa, à tiges 
couchées, rameaux sarmenteux et radicants; les Humillima, à 
rameaux couchés, très-courts et radicants à leurs genoux; les Rubri- 


— 490 — 


caulia, à rameaux souvent rougeâtres, à peine couchés, et dont les 
ovaires sont chargés de cinq à huit stigmates ; les Acinaciformia, à 
rameaux anguleux et couchés’, dont les feuilles opposées et acinaci- 
formes sont épaisses et triquètres, et dont les stigmates varient de six 
à dix. 

4° Les Perfoliata, qui se partagent également en quatre groupes : 
les Forficata, à feuilles aplaties, triquètres , en ciseaux et dont l'angle 
carénal est prolongé; les Rostellata, à feuilles cylindriques, subulées 
et recourbées; les Uncinuta, à rameaux durs, feuilles connées et 
vaginantes ; les Paniculata, à rameaux durs, feuilles connées, vagi- 
nantes, fleurs paniculées et nombreuses. 

5 Les Triquètres, qui renferment huit groupes :; les Deltoidea ,. à 
feuilles triquètres, épaisses, courtes et muriquées sur leurs angles ; 
les Falcata, à feuilles en faux glauques, souvent ponctuées et fleurs 
agrégées ou solitaires ; les Microphylla, à rameaux petits et couchés, 
feuilles très-petites, connées et triquètres, fleurs solitaires petites et 
rouges; les Scabrida, à feuilles recouvertes de poils rudes, et dont 
les étamines sont rapprochées ou étalées ; les Bracteata. dont les fleurs 
sont accompagnées de deux à quatre bractées larges et embrassant 
le calice ,.et dont les fleurs solitaires et rouges ont les pétales inté- 
rieurs fimbrilliformes; les Conferta, dont les rameaux rapprochés sont 
ascendants et les feuilles serrées, opposées, entières et aigués ; les 
Cymbiformia , à feuilles distinctes, courtes et cymbiformes ; enfin les 
Aurea , à rameaux redressés , feuilles non connées, allongées et glau- 
ques, fleurs solitaires, grandes, étalées au soleil, et stigmates épais, 

6° Les Teretiuscula, qu'on range sous cinq groupes : les Verucu- 
lata, à feuilles rapprochées, connées, cylindriques et recouvertes 
d'une poussière glauque; les Tenuiflora, à rameaux amincis et lâches, 
feuilles opposées, distinctes et fleurs solitaires, pédonculées et 
ouvertes dans la matinée; les Adunca, feuilles subulées, souvent 
recourbées en crochet, fleurs solitaires, petites, rouges, ouvertes le 
matin et fermées le soir; les Haworthiana, à tiges sous-frutescentes 
redressées, feuilles allongées et glauques, fleurs solitaires agrandies ; 
les Spinosa, tige frutescente redressée, rameaux raides , florifères, et 
souvent spinescents après la fécondation. 

7° Les Papillosa formés de onze groupes : les Barbata, à feuilles 
cylindriques distinctes et terminées au sommet par cinq sétules de 
cinq à dix rayons; les Echinata, à feuilles distinctes et plus ou moins 
hispides, comme les ramilles; les Hispida , à tiges sous-frutescentes et 
buissonneuses, rameaux et pédoncules hispides et feuilles distinctes 
simplement papillaires ; les Aspericaulia , à rameaux filiformes, rudes , 


— 491 — 


feuilles distinctes à papilles brillantes et fleurs rouges ou jaunes; les 
Trichotoma, à corymbes trichotomes, calice et stigmate à quatre 
ou cinq divisions; les Spinulifera, à tige souvent renflée à la base et 
chargée des restes spinescents des anciennes feuilles, et fleurs ouvertes 
avant midi; les ÂVoctiflores, à racines épaissies, rameaux allongés, 
feuilles très-caduques, calice quadrifide, quatre stigmates et fleurs 
blanches ouvertes le soir; les Geniculiflora , à fleurs sessiles et soli- 
litaires dans les dichotomies des rameaux, calice quadrifide et quatre 
stigmates; les Splendentia, à tiges rameuses et redressées, feuilles 
plus ou moins brillantes au soleil, fleurs médiocres, blanches et 
ouvertes avant midi; les Juncea , à rameaux amincis et verts, feuilles 
petites, distinctes et laissant par leur chute des cicatrices qui donnent 
aux tiges une apparence articulée; enfin les ]Vodiflores, dont les 
racines sont annuelles, les tiges herbacées, les feuilles cylindriques, 
linéaires et quelquefois alternes, les fleurs axillaires et presque sessiles, 
les pétales très-petits et les stigmates au nombre de quatre ou cinq. 

8° Les Planifolia divisés en six groupes : les Scaposa , annuels, 
acaules , et dont les fleurs solitaires sont portées sur des hampes; les 
Platyphylla, à racines annuelles ou bisannuelles, et feuilles planes 
de forme variée, mais toujours papillaires comme les rameaux; les 
Cordifolia, à tiges sous-frutescentes , feuilles opposées, distinctes et 
cordiformes, calice à cinq lobes dont deux plus grands, quatre stig- 
mates ; les £xpansa à tiges sous-frutescentes, diffuses ou couchées, 
feuilles planes et opposées; les Tripolia , à racines bisannuelles, tiges 
herbacées et lâches, feuilles alternes sur les rameaux, calice quinqué- 
fide et pentagone ; enfin les Helianthoïdes , à racines annuelles, pé- 
doncules axillaires très-allongés, calice anguleux et dont les cinq lobes 
sont très allongés, dix à vingt stigmates quelquefois réunis. 

Les divers groupes que nous venons d'énumérer donnent une idée 
suffisante des nombreuses variations qui existent dans les organes 
de la végétation et de la floraison des Mesembryanthèmes. On y voit 
des espèces annuelles, bisannuelles, vivaces, sous-frutescentes ou 
même frutescentes, des racines fibreuses, napiformes, renflées ou 
tuberculées, des plantes dépourvues de tiges, et dont les pédoncules 
sont de vraies hampes , des tiges redressées plus ou moins rameuses, 
d'autres rampantes, sarmenteuses, et jetant des radicules; les feuilles 
plus ou moins charnues et jamais membraneuses, alternes ou plus 
souvent opposées, sont libres, vaginantes, connées ou quelquefois 
soudées dans toute leur longueur; elles revêtent mille formes bizarres; 
elles sont aplaties, deltoïdes, trigones, bosselées, cylindriques, 
ovoïdes, subulées, prolongées en sabre ou en poignard, souvent 


— 193 — 
nues mais souvent aussi ponctuées , papillaires, hérissées de poils ow 
recouvertes de cette poussière glauque et. résineuse qui est si com- 
mune dans les plantes grasses. On voit qu'elles doivent être plus ou 
moins dépourvues de stomates ou de pores excrétoires, comme il 
convient à des végétaux qui vivent dans les sables, sur les bords de la 
mer et dans des contrées exposées aux ardeurs du soleil. 

La conséquence immédiate de cette organisation c'est qu’elles doi- 
vent être privées de tous ces mouvements vitaux si communs dans nos 
végétaux indigènes; en effet, elles sont non-seulement presque toutes 
dépourvues de pétioles, mais elles paraissent entièrement insensibles 
à l'action solaire ; elles ne se contournent, ni ne s’inclinent à sa pré- 
sence, et leurs deux surfaces sont presque toujours semblables. 

Il en est de même des tiges, des rameaux et des pédoncules que 
je n'ai jamais vus inclinés, et qui restent à peu près droits depuis la 
fécondation jusqu’à la dissémination. On peut remarquer encore que 
toutes les espèces sont dépourvues de stipules, et que les bractées n'ap- 
partiennent guère qu’au groupe des Bracteata dans la section des 
Triquetra. 

La même insensibilité paraît appartenir aux 'calices, dont les folioles, 
qui varient de deux à dix, sont presque toujours informes et inégales 
et dépourvues de mouvements pendant tout le cours de la féconda- 
tion; mais il n’en est pas de même des organes floraux, qui, comme 
ceux des Cactees, sont conformés avec une élégance et une richesse 
de couleurs qui contrastent avec les formes grossières et pour ainsi 
dire ébauchées que nous avons remarquées dans les feuilles et les 
tiges. 

Et d'abord les pétales, d’une structure très-délicate, ont des cou- 
leurs fort variées; les uns sont blancs, jaunes, rouges ou rutilants; les 
autres ont leurs deux surfaces différemment nuancées ; quelquefois 
même ces teintes diffèrent selon l'âge de la plante ou même l'heure du 
Jour, ainsi le ’ersicolor, d'un rouge brillant le matin, est le soir d’un 
blanc argenté. 

Ces pétales sont disposés sur plusieurs rangs, et paraissent s'être 
multipliés outre mesure, comme dans nos fleurs doublées ou mons- 
trueuses; on n'y voit en effet aucune limite tranchée entre les éta- 
mines et la corolle : celle-ci, en s'avançant de la circonférence au 
centre, passe quelquefois dans les diverses pièces qui la composent par 
tous les degrés de grandeur et de forme, depuis l’état de pétale parfait 
jusqu’à celui d'étamine avortée et enfin d'étamine régulièrement 
conformée; ce qui semble prouver que les Mésembryanthèmes ont 
leurs fleurs naturellement doublées ; mais cette monstruosité a un 


— 493 — 


terme qui ne se dépasse jamais, soit dans les plantes sauvages, soit 
dans celles que nous cultivons, car je ne crois pas que dans nos jardins 
il y ait encore aucun exemple de Mésembryanthème dont les anthères 
se soient toutes transformées en pétales. 

Mais le phénomène le plus curieux que présentent ces corolles, c'est 
celui de leurs mouvements : les unes s'ouvrent le matin, les autres 
l'après-midi et les autres enfin le soir; quelques-unes restent ouvertes, 
tandis que la plupart s’ouvrent et se ferment deux ou plusieurs fois et 
toujours, je pense, aux mêmes heures. Comment expliquer de pareilles 
‘ différences dans des fleurs d’ailleurs si semblables? Comment suppo- 
ser que les rayons solaires n'agissent pas de la même manière sur ces 
coroiles d’une structure d’ailleurs si homogène? 

Pour me rendre compte d'une pareille anomalie, je n'ai eu d'autre 
moyen que de la lier à l'acte de la fécondation ; et d'abord les fleurs 
s'ouvrent ici comme dans la plupart des autres plantes, lorsque les 
anthères sont sur le point de répandre leur pollen , et elles se refer- 
ment, comme à l'ordinaire, lorsque la journée a fini, et que tout le 
pollen n’est pas encore répandu ; jusqu'ici il n'y a rien de particulier 
aux Mésembryanthèmes ; mais si quelques espèces épanouissent leurs 
fleurs à des heures différentes de la journée, c'est que leur fécondation 
correspond à ces diverses heures; que, par exemple, leurs anthères 
répandent leur pollen le matin, l'après-midi ou le soir. Il faut même 
supposer que, dans le groupe des ÂVoctiflores, qui appartient à la 
section des Papillosa, le pollen d'une nature résineuse ou glutineuse, 
comme dans les Ænotheres nocturnes, n'est pas altéré par l'influence 
de l'humidité, ou que la structure de la fleur le préserve de toute 
atteinte. J'avoue toutefois que je ne puis rien affirmer à cet égard, et 
que même les rapports qui doivent exister entre les heures où les 
fleurs s'épanouissent et celles où elles sont fécondées sont encore à 
vérifier; mais de pareilles observations sont faciles et pleines d'ailleurs 
d'intérêt. 

Il reste de plus à déterminer comment s'opère la fécondation dans 
les diverses espèces du genre. Je vois que, dans quelques-unes et 
même dans quelques groupes, comme celui des Scabrides de la section 
des Triquetres, les étamines sont souvent réunies ou rapprochées en 
un corps, tandis que, pour l'ordinaire, elles sont étalées; ce qui in- 
dique deux modes de fécondation. Je ne sais pas non plus si cette 
fécondation est toujours immédiate, et si les stigmates sont déjà déve- 
loppés lorsque le pollen se répand , ou bien si la poussière fécondante 


est d’abord déposée sur les pois ou les franges qui bordent souvent 
les bases des pétales. 


— 49% — 

En général cependant, la fécondation s'opère par le secours de 
l'humeur miellée qui sort du fond de la fleur épanouie; les anthères 
flottantes, presque toujours petites et ovales, s'ouvrent longitudina- 
lement du côté intérieur, et répandent leur pollen jaunâtre sur les 
stigmates, qui sont imprégnés et forment d’élégantes étoiles fran- 
gées; dans l'Aureum, par exemple, les anthères ouvertes simulta- 
nément recouvrent de leur pollen les stigmates pourprés et aigrettés ; 
il en est à peu près de même du Linguæforme de la section des 4caulia, 
dont les fleurs s'ouvrent et se ferment plusieurs fois, parce que la 
fécondation ne s'accomplit que lentement. On voit toujours au fond 
de la fleur les globules polliniques recouvrant les stigmates qui recoi- 
vent leurs émanations, et qui sont souvent portés sur de longs styles. 

Les divers groupes dans lesquels se distribue le genre, sont les uns 
naturels, les autres plus ou moins artificiels; ils sont naturels lorsqu'ils 
renferment un caractère applicable à toutes les espèces qui le forment, 
comme par exemple dans les Bracteata, dont les fleurs sont toujours 
entourées de bractées ; les Barbata, dont les feuilles portent toutes à 
leur sommet cinq sétules radiées; les Geniculiflora, dont les fleurs 
sont sessiles dans les dichotomies des rameaux ; les Scaposa, à hampes 
uniflores; les Voctiflora , dont les fleurs ne s'ouvrent que le soir, et 
peut-être dans tous ceux où elles s’épanouissent à des heures déter- 
minées , ainsi que dans les {dunca, les Aurea, etc. 

Les groupes artificiels sont, au contraire, ceux qui se forment de 
deux ou plusieurs caractères peu marqués, ou bien dont les espèces 
sont encore peu connues, comme celui des Trichotoma et plusieurs 
autres. 

Le nombre des espèces comprises dans chaque groupe est très- 
variable : quelques-uns n’en renferment qu'une seule, qui est alors 
un véritable type dans le genre, comme dans les Geniculiflora, les 
Cordifolia, etc.; d'autres fois les diverses espèces qui s'y trouvent 
réunies sont tellement rapprochées, qu'elles peuvent être considérées 
comme de simples variétés, ainsi qu'on le voit dans les Deltoidea , les 
Capitata, etc. Car il en est des Mésembryanthèmes comme des Oxalis, 
des Pelargonium et des autres genres nombreux confinés au Cap, dont 
les hybrides se sont tellement multipliés par des fécondations croi- 
sées, ou dont les variétés se sont si fort accrues, qu'on ne peut plus 
guères les séparer des vraies espèces. C'est la raison pour laquelle quel- 
ques Mésembrranthèmes n'ont point encore de patrie reconnue, et 
d'autres décrits autrefois ne se retrouvent plus aujourd'hui. 

Après la fécondation, les calices se referment exactement et les 
pétales se flétrissent plutôt qu'ils ne tombent; peu à peu les pédoncules 


— 495 — 

se dessèchent et se rompent, entraînant avec eux la capsule fermée, 
qui, sur les rivages du Cap, devient le jouet des vents, et n'ouvre ses 
valves pour répandre ses semences que lorsqu'elle a rencontré un 
sable humide, ou qu'elle a été exposée à une temperature pluvieuse ; 
exemple singulier de dissémination, qui se retrouve assez fréquemment 
dans les vastes plaines de la Sibérie et les sables du désert. Je l'ai décrit 
en détail en parlant de l’Anastatica, ou Rose de Jericho. 

La capsule elle-même adnée au calice, et qui obéit très-prompte- 
ment à l'influence de l'humidité, est épaisse, succulente et terminée 
ordinairement par cinq plaques charnues et horizontales, qui corres- 
pondent à autant de loges; elle s'ouvre à son sommet en cinq rayons 
étendus dans les intervalles des plaques et sur le milieu de chaque 
loge; elle met alors à découvert un grand nombre de graines à peu 
prèsarrondies, à radicule centripète ; entre ces semences, on remarque 
un grand nombre de filets blanchâtres, qui sont autant de pédicelles 
attachés primitivement au placenta. Les auteurs disent que ces pédi- 
celles naissent toujours de l'axe central; toutefois, plusieurs m'ont 
paru adhérer aux parois internes des carpelles, et non pas seulement 
à l'axe central. 

Les Meésembryanthèmes présentent plusieurs phénomènes indépen- 
damment de ceux que j'ai déjà indiqués; quelques-unes de leurs 
espèces, comme l'Acinaciforme, du groupe des Acinaciformia, por- 
tent entre les pétales et les carpelles une belle couronne de poils fran- 
gés, d'un blanc très-pur, et qui sont probablement nectarifères ; 
d'autres en assez grand nombre, comme le Crystallinum, ont leurs 
feuilles recouvertes de. glandes aqueuses, transparentes, et qui tom- 
bent quelquefois d’elles-mêmes en mettant à découvert le parenchyme; 
d'autres, qui appartiennent particulièrement à la section des Acaulia, 
ont leurs feuilles connées jusqu’au sommet, et qui en s'entr'ouvrant 
mettent à découvert d'autres feuilles semblablement conformées, 
Jusqu'à ce qu'enfin elles donnent naissance à des fleurs, dont les pé- 
tales sont réunis en tube lâche; enfin le groupe des Spinosa, de la 
section des Triquètres , est formé de plantes dont les rameaux flori- 
fères s'endurcissent après la fécondation et deviennent épineux. 

Les Mesembryanthèmes croissent et se développent en liberté sur 
les côtes maritimes et les collines sablonneuses du Cap, leur véritable 
patrie. Ce doit être un spectacle enchanteur que celui de leurs nom- 
breuses espèces épanouissant, les unes après les autres, et selon les 
heures du jour, leurs admirables fleurs colorées de mille manières et 
exhalant souvent les plus doux parfums; on ne peut guère en apprécier 
toute la beauté dans nos serres, où elles ne respirent presque jamais 


= 496 — 
un air libre, et où elles ne se développent qu’à travers les vitrages ; 
toutefois elles reprennent souvent leur éclat dans des contrées dont le 
climat est plus rapproché de celui de leur patrie, et j'ai vu à Naples, 
au mois de mai, un seul pied de l'Acinaciforme, tapisser de ses tiges 
sarmenteuses et de ses magnifiques corolles des murs entiers et des 
terrasses de jardin. 


SECOND GENRE. — Jelragonia. 


Le Tetragonia a un calice quadrifide et souvent trifide, à tube 
adhérent et limbe coloré intérieurement, des pétales nuls, des éta- 
mines variables en nombre, un ovaire de trois à huit loges, autant 
de styles très-courts, une noix osseuse, ailée, cornue, indéhiscente 
et formée de trois à huit loges monospermes. 

On le divise en deux sections, comprenant entre elles à peu près 
onze espèces : 

1° Les Tetragonoïdes; fruits ordinairement cornus, étamines fasci- 
culées ou solitaires, fleurs sessiles ou légèrement pédicellées ; 

2° Les Tetragonocarpos; fruits ordinairement ailés, étamines dis- 
posées sur un seul rang à la base des lobes du calice, fleurs longue- 
ment pédicellées. 

Les Tetragonoides comptent trois espèces annuelles ou bisannuelles : 
l'Expansa, du Japon et de la Nouvelle-Hollande, le Crystallina, du 
Pérou, et l'Echinata, du Cap, qui appartiennent au même type, et 
sont cultivés dans nos jardins où ils remplacent les Æpinards. Ce sont 
des plantes à tiges étalées, feuilles succulentes et nor articulées et 
recouvertes de glandes brillantes, utriculaires et plus marquées dans 
le Crystallina que dans les deux autres ; les fleurs sessiles dans les ais- 
selles ont un calice quadrifide, coloré intérieurement en jaune, et qui 
se referme après la floraison ; les étamines placées un peu irrégulière- 
ment entre les lobes du calice sont réunies à peu près quatre à quatre; 
les anthères s'ouvrent latéralement; les stigmates sont allongés et 
papillaires , et l'ovaire est couronné de quatre pointes, excepté tonte- 
fois dans le Crystallina, où il est terminé par un calice quadrifide, 
promptement refermé et où il se détache naturellement des aisselles 
dans lesquelles il est sessile et à peu près solitaire. 

Les Tetragonocarpos renferment sept à huit espèces toutes origi- 
naïires du Cap, et qui sont des sous-arbrisseaux ou des herbes vivaces 
à fleurs axillaires longuement pédonculées, réunies trois à trois ou en 
plus grand nombre sur les rameaux; leurs fruits sont souvent relevés 
de trois ou quatre ailes et divisés intérieurement en quatre loges ; leurs 


— 497 — 
fleurs, ordinairement quadrifides, sont quelquefois trifides, surtout 
les terminales; ces plantes sont beaucoup moins connues que les 
Tétragonoides, et ne se cultivent guère en Europe. 

Les Tetragonia ont à peu près la végétation des Mésembryanthèmes 
à feuilles planes, mais ils en différent beaucoup par la structure de 
leurs fleurs dépourvues de corolle, et dont les étamines sont singuliè- 
rement disposées et les fruits indéhiscents. 

Les feuilles des Tetragonia sont sessiles ou pétiolées, alternes et 
non pas opposées, comme dans la plupart des Mesembryanthèmes ; 
quelques-unes de leurs espèces les plus succulentes, comme le Crys- 
tallina et l'Expansa, exigent beaucoup d’arrosements; tandis que 
presque toutes les autres plantes grasses en demandent très-peu. 
Seraient-elles pourvues de ces stomates, dont la plupart des plantes 
grasses sont à peu près privées ? 

L'inflorescence des Tetragonia est centripète, parce que leurs fleurs 
sont axillaires et que leurs tiges se développent indéfiniment;. leur 
calice coloré en dedans semble indiquer la présence d'une corolle 
extrêmement amincie et collée sur le calice, de la même manière que 
celui-ci est soudé sur l'ovaire. 

Mais la principale particularité de ce singulier genre est la confor- 
mation de sa capsule, dont les carpelles, souvent avortés en partie, 
se soudent les uns sur les autres, et forment une noix indéhiscente à 
valves prolongées irrégulièrement en épines ou en ailes; cette noix se 
désarticule de son pédicelle, et à la germination elle pousse du même 
point autant de plantules qu'elle contient de graines. C’est un phéno- 
mène rare, et qui mérite d'être examiné de plus près , comme celui de 
ces cornes du calice qui portent, dit-on, quelquefois des fleurs dans 
les Tétragonoides. 

Les Tetragonia sont des Mésembryanthèmes déformés par des avor- 
tements et des soudures ; toutefois ces déformations n’empêchent pas 
qu'ils ne se propagent très-bien par des semences, qui, je suppose, ne 
sont jamais très-nombreuses dans leurs péricarpes indéhiscents. On 
peut remarquer ici que l'Auteur de la nature n’a pas voulu que toutes 
ses productions fussent distinguées par l'arrangement régulier de 
leurs organes ou l'élégance de leurs formes; mais toutes sans distinc- 
tion remplissent invariablement la fonction qui leur a été assignée. 

Comment s'opère la fécondation des Tetragonia, qui, à ce qu'il 
paraît, ne manque jamais? 


Ir, 32 


— 498 — 
Soixante-huitiéeme famille. — Cactées. 


Les Cactées ont un calice à plusieurs sépales, réunis souvent à la 
base en un long tube lisse ou écailleux et adné à l'ovaire, des pétales 
bisériés ou multisériés qu'on distingue à peine des sépales intérieurs, 
et qui sont ou réunis en un long tube ou libres et disposés en roue; 
des étamines nombreuses et multisériées qui adhèrent plus ou moins 
aux pétales et sépales intérieurs, et sont terminées par des anthères 
ovales, oscillantes, biloculaires ; un ovaire à peu près ovoïde, charnu, 
uniloculaire et polysperme, un style filiforme , plein ou fistuleux, des 
stigmates nombreux, étalés ou rapprochés, un fruit qui forme une 
baie charnue, quelquefois lisse et couronnée par le calice, quelquefois 
recouverte d'écailles ou de tubercules et ombiliquée au sommet; des 
ovaires attachés à un axe central dans les Rhipsalis, mais pariétaux 
dans les autres genres et placés sur autant de placentas qu'il y a de 
stigmates ; des semences nichées dans une pulpe qui remplit l'ovaire , 
un albumen nul, un embryon recourbé, tordu en spirale ou droit et 
pourvu d'une radicule épaisse, courte et obtuse, des cotylédons ger- 
mant, épais et foliacés dans l'Opuntia, et probablement dans tous les 
genres pourvus de feuilles, très-petits dans les Melocactus , et peut- 
être nuls dans plusieurs espèces aphylles. 

Les Cactees sont des arbrisseaux ou plutôt des plantes vivaces et 
charnues à formes très-variées ; leurs tiges souvent verticales sont ailées, 
tuberculées ou articulées ; mais rarement cylindriques ; les feuilles, 
qui manquent souvent, sont petites, caduques, cylindriques, quel- 
quefois planes et étalées mais toujours glabres et charnues; les ais- 
selles des feuilles sont souvent chargées de fascicules de poils raides 
et piquants, qu’on retrouve sur les angles et les tubercules des genres 
aphylles; les fleurs, qui varient beaucoup en forme et en couleur, 
sont ordinairement solitaires et sessiles au milieu de fascicules velus; 
les unes sont très-petites, les autres très-brillantes; elles s'ouvrent 
souvent le soir et se ferment le matin ou le contraire, et restent 
quelquefois ouvertes plusieurs jours , jusqu’à la fin de la fécondation. 

Toutes les Cactees sont originaires de l'Amérique, et la plupart 
appartiennent à la zone équinoxiale, où l'on mange leurs fruits, après 
les avoir dépouillés de leurs piquants; on les a beaucoup étudiées de 
nos jours; Marrius en a rapporté un grand nombre du Brésil, CouzrEN 
et Karwinsky en ont découvert au Mexique plusieurs espèces nou- 
velles. 


— 499 — 


La belle famille des Cactces appartient toute entière au nouveau 
continent, et particulièrement à la zone intertropicale, dont elle ne 
s'éloigne guère que de quelques degrés; les contrées qu'elle habite de 
préférence sont les Antilles, le Mexique et le Pérou; on n’en trouve 
qu'un petit nombre au Brésil et dans les vastes plaines à l’orient des 
Cordillières. 

C'est sur les rochers arides, les pentes escarpées et les sables des- 
séchés des torrents qu'elles déploient le luxe de leur végétation et de 
leurs brillantes couleurs; qu'on se représente ces plages brûlantes 
toutes recouvertes des fleurs blanches, jaunes, rouges des Mammil- 
laria , des Melocactus , des Echinocactus ; de celles plus éclatantes et 
plus variées des Opuntia et enfin des magnifiques corolles de ces 
Cierges , qui nous charment par leur élégance et leur parfum, et l'on 
aura une faible idée de ces scènes magiques qui, dans ces contrées, 
se succèdent chaque matin et souvent chaque soir. 

L'organisation de ces plantes s'écarte de plusieurs manières des 
formes habituelles, et bouleverse nos idées de structure et de végéta- 
tion communes ; en effetles Cactées ne sont en apparence ni herba- 
cées ni frutescentes, et ne présentent à l'ordinaire ni feuilles ni 
rameaux; elles n'ont ni bourgeons ni stipules, et ne croissent ni ne 
se multiplient à la manière ordinaire ; enfin elles ne se rapprochent 
des végétaux phanérogames que par leurs racines et leurs fleurs. 

La véritable cause de leur déformation doit être attribuée à l'ac- 
cumulation indéfinie de leur parenchyme dans les tiges et les feuilles; 
c'est cette substance abondamment développée, et agissant de diverses 
manières , selon l'espèce donnée, qui raccourcit les tiges des Mammil- 
laria, des Melocactus et des Echinocactus, en même temps qu'elle 
renfle leurs feuilles, qu’elle rend à peu près méconnaissables. C’est 
elle au contraire qui allonge indéfiniment les tiges des Cereus, en sup- 
primant leurs feuilles, et enfin c’est la même cause qui aplatit les tiges 
articulées des Opuntia, et amincit leurs feuilles avortées presque en 
naissant. 

Pour mieux comprendre la vérité de ce que j'avance, on n'a qu'à 
jeterles yeux sur un Pereskia, le seul genre de Cactces qui a conservé 
à peu près la forme primitive ; on y verra des tiges cylindriques sem- 
blables à celles des autres végétaux, et de véritables feuilles portant à 
leur base des stipules épineuses; qu'on suppose à présent un paren- 
chyme assez abondant pour renfler outre mesure et faire avorter les 
feuilles, et l'on n’aura plus qu'un Cereus qui portera sur son tronc des 
épines fasciculées et disposées en spirales, comme l’étaient les feuilles 
dont ces épines indiquent la place. 


— 500 — 

Les racines et les fleurs des Cuctées sont à peu près les seuls organes 
qui n'ont recu aucune altération; les premières sont restées constam- 
ment fibreuses et effilées; les autres ont un calice et une corolle régu- 
lièrement conformés, des anthères biloculaires et des stigmates papil- 
laires, enfin des semences fécondes. 

Nor-seulement les fleurs n’ont subi aucune altération importante, 
mais elles présentent au contraire, sous le même type primitif, un 
grand nombre de formes ou de variations très-remarquables. Je ne 
parle pas seulement de celles qui concernent leurs enveloppes tantôt 
courtes et rosacées, tantôt allongées en tube artistement imbriqué, 
ou de leurs couleurs si pures et si admirablement mélangées ; mais j'ai 
surtout en vue cette irritabilité des étamines, cette sensibilité si 
exquise et pourtant si diversifiée de leurs corolles, dont l'épanouis- 
sement a lieu d'ordinaire à des époques fixes de la journée, et qui se 
plaisent à étaler l'incomparable appareil de leurs étaminessi multipliées 
et si mobiles; tandis que les feuilles et les fruits, au contraire, ne 
présentent souvent aucune variation, et sont tous changés en baies 
semblablement conformées et remplies d'un parenchyme ou d’une 
pulpe abondante. 

Ces transformations des tiges et des feuilles dans la famille des 
Cactées ne s'opèrent pas sous nos yeux, mais elles s'exécutent en 
vertu de lois secrètes, qui agissent sur les semences et déjà dans l’em- 
bryon, et par lesquelles les cotylédons sont presque avortés et la 
plumule , c’est-à-dire la miniature de la plante, est renflée en cylindre 
ou en sphéroïde selon les genres. 

Cette accumulation de parenchyme dans les Cactees, qui est, sans 
doute, la conséquence du petit nombre de stomates dont leur épi- 
derme est percé, influe puissamment sur la nature de leurs stations; 
car toutes les plantes qui transpirent peu s'éloignent des sols humides 
où leurs sucs s'engorgeraient, et recherchent au contraire des expo- 
sitions chaudes et des arrosements très-rares. 

Le parenchyme abondant des Cuctées et leur épiderme presque 
dépourvu d'organes excrétoires font que ces plantes se conservent 
long-temps dans les herbiers, et reprennent très-facilement de bou- 
ture, surtout si elles ont été préalablement desséchées; elles poussent 
aussi des radicules et donnent des rejets de toutes les parties de leur 
surface, en sorte que dans leur climat natal elles doivent s'étendre 
souvent en buissons épais. 

Leur durée est sans doute très-longue, parce que leur développe- 
ment est indéfini, et qu'elles redonnent sans cesse de nouveaux jets, 
même quand cites ont été rompues; mais je note ici, comme une 


— 501 — 


disposition conservatrice de l’Auteur de la nature, l’endurcissement 
de leurs troncs et la disparition de leurs angles, à mesure qu'elles 
s'élèvent et deviennent plus âgées ; quelques-unes acquièrent alors 
une solidité dont il est difficile de se former une idée juste dans nos 
climats. 

On doit aussi observer que la plupart de ces plantes sont soumises 
au moins en Europe, à ce repos annuel qui distingue nos plantes. 
indigènes. À la fin de février, je trouve que la végétation des Cactées 
a été suspendue à peu près tout l'hiver; les Opuntia ne présentent 
point encore de nouveaux jets; les Cereus, les Æchinocactus, etc., 
sont encore en plein repos, et l'on commence seulement à apercevoir 
dans les Mammillaires la rangée des boutons à fleurs qui va remplacer 
l'inférieure , indiquée par de jolies baies rouges prêtes à se séparer; 
cependant on remarque dans plusieurs espèces, ét en particulier 
dans les Opuntia , de nouveaux poils épineux qui sortent principa- 
lement de la base de la touffe des anciens poils persistant en partie. 

Ces plantes qui paraissent avoir une organisation si semblable, ne 
supportent pas également les intempéries; les unes demandent la 
serre chaude, d'autres se contentent de l’orangerie, d'autres enfin, 
qui s'avancent plus vers le nord, comme l'Opuntia maxima, Ÿ Amyclea 
de TEnor et le Vulgaris résistent bien à nos hivers. On voit cette 
dernière tapisser du côté de l'Italie les rochers du Simplon , et même 
les collines du Valais, où elle végète et fleurit en pleine liberté. Tou- 
tefois la plupart des Cactées ont besoin du climat de la patrie, et l'on 
trouve dans nos serres plusieurs espèces qui n'ont pas encore déve- 
loppé leurs fleurs. 

Les seules qui se soient acclimatées jusqu'à présent hors de l'Amé- 
rique sont deux Opuntia , l Amyclea et le Communis. On a aussi cueilli 
en Arabiele Cereus Flabelliformis, et le Rhypsalis cassytha dans lesîles 
de France et de Bourbon. En sont-elles réellement originaires? ou y 
ont-elles été transportées ? C’est ce que j'ignore. 

Les Cactées me paraissent physiologiquement divisées en deux 
groupes, celui des genres à fleurs régulières , et celui à fleurs irrégu- 
lières ; ce dernier, comme nous l'avons déjà vu, doit sa déformation 
au nectaire, qui, sous des formes sans doute variées, occupe le fond 
de la fleur qu'il remplit d'une humeur miellée si abondante, qu’elle 
imprègne les étamines et la corolle elle-même ; en sorte que je ne puis 
guères douter qu'elle ne fasse éclater les globules dont les émanations 
sont nécessaires à la fécondation. Par rapport aux fleurs régulières, 
c'est-à-dire à celles dont le nectaire n'occupe pas une place distincte 
dans l'intérieur de la corolle, je crois que, par une observation atten- 


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tive, on y trouverait des traces de nectaire ou du moins d'humeur 
miellée imprégnant le pollen; mais j'avoueque je ne puis encoré citer 
aucun fait à l'appui de cette opinion, qui n’est encore fondée pour 
moi que sur l'analogie.  @ 

Le phénomène le plus remarquable que m’aient offert les Cactees, 
c'est celui des variations presque infinies qui existent, soit dans la 
durée de leur fécondation, soit dans les heures où elles ouvrent leurs 
fleurs. Celles-ci persistent plusieurs jours, celleslà sont au contraire 
diurnes ou nocturnes. Ces différences si grandes sont sans doute en 
rapport avec la fécondation ; celles qui ne s'ouvrent qu’une fois sont 
immédiatement et totalement fécondées, les unes au soleil, les autres 
de nuit comme le Cereus peruvianus, etc. ; dans les autres, la fécon- 
dation est successive et les anthères ne répandent leur pollen qu’à 
d'assez grands intervalles; ces dernières appartiennent en grand 
nombre aux fleurs régulières, surtout aux Mammillaria , dont je n’ai 
pas assez examiné la fécondation, mais dont j'ai vu les étamines irri- 
tables étendre leurs filets circulairément autour des styles. Sans doute 
qu'il y a des espèces parmi les Mammillaria, Opuntia, etc., qui ouvrent 
plusieurs jours de suite leurs fleurs, qu’elles referment la nuit, parce 
que leur fécondation n’est pas encore terminée; maïs je ne croïs pas 
qu'il existe beaucoup de plantes dont les fleurs s'ouvrent après la 
fécondation. 

L'irritabilité des étamines des Cactées est sans doute relative à la 
fécondation; mais je n’ai encore aucune observation importante sur 
ce sujet, qui appartient pourtant à la haute physiologie, c'est-à-dire 
à cette force vitale que nous avons si souvent mentionnée. Les mo- 
lécules de pollen m'ont paru souvent, comme celles des OEnotheres, 
attachées, au moins dans les Cereus, à des filets allongés et très- 
amincis. | 

Le fruit des Mammillaria et de plusieurs autres genres est une baie 
succulente, qui se détache naturellement et renferme un grand 
nombre de graines qu’elle dépose sur le sol à mesure qu’elle se détruit. 


Première tribu. — OPUNTIACÉES. 


Les Opuntiacees ont les ovules et les semences attachées aux parois 
de la baie. 


PREMIER GENRE. — Mammillaria. 


Le Mammillaria a un tube calicinal adhérent à l'ovaire et formé 
de cinq à six lobes colorés qui couronnent le fruit dans sa jeunesse , 


— 503 — 


cinq à six pétales à peine distincts du calice et réunis en tube avec lui, 
des étamines filiformes placées sur plusieurs rangs, un style aminct 
et terminé par un stigmate de cinq à sept rayons, une baie lisse et 
des semences plongées dans une pulpe. 

Les Mammillaria sont des plantes charnues de forme arrondie et 
quelquefois cylindrique, aphylles, lactescentes, dépourvues d’axe 
ligneux, recouvertes de tubercules mammiformes disposés en spirale 
serrée et terminés par des épines rayonnantes, garnies à la base d'une 
substance tomenteuse et caduque; les fleurs sont sessiles entre les 
mamelons et ordinairement placées en zones horizontales; la baie 
est petite, obovée, plus ou moins allongée, souvent rougeûtre et cou- 
ronnée par le calice qui se détache en vieillissant. 

Ces singulières plantes, qui ne peuvent être appelées qu'impro- 
prement des arbrisseaux, croissent par le développement de leur 
partie centrale et supérieure, qui produit sans cesse de nouveaux 
mamelons; on voit aussi naître à la base ou au sommet du Proli- 
fera, du Parvimamma, etc., des rejets reproducteurs, ou bien, 
comme dans le Vivipara, des sillons prolifères partant du haut des 
tubercules; enfin, si l’on fixe en terre un mamelon détaché, il ne 
tarde pas à en pousser de nouveaux, qui sortent de son centre, et 
ainsi de suite à l'indéfini. 

Souvent aussi les Mammillaires, au heu ‘d'être formées d'une 
seule tige ovale ou cylindrique, se ramifient dès la base, et deviennent 
ainsi multiples; elles se présentent alors sous la forme de gazons 
plus ou moins étalés, et qui, dans le Tenuis, le Vivipara , etc., acquiè- 
rent jusqu'à trois pieds de diamètre. 

Les épines, qui terminent chaque mamelon, varient beaucoup 
selon les espèces ; ordinairement celles du centre sont plus raides et 
plus allongées, et celles de la circonférence plus flexibles, plus 
courtes et plus nombreuses; elles perdent en vieillissant le duvet co- 
tonneux qui entoure presque toujours leur base, et elles tombent 
‘plus tard elles-mêmes en tout ou en partie. 

L'intérieur de la plante est rempli d’un parenchyme assez mol, et 
parcouru par deux sortes de vaisseaux, les communs, qui forment 
comme la carcasse et le corps du végétal, et les propres, qui abou- 
tissent à chaque mamelon; ces derniers sont moins distincts que les 
autres. 

Les fleurs, qui naissent entre les mamelons du milieu d'une houpe 
de poils et quelquefois terminent la plante, varient assez en forme, 
en grandeur et en couleur; elles sont pourprées, rougeâtres, blan- 
châtres , jaunätres et le plus souvent rouges ou jaunes; elles paraissent 


— 004 — 


dans nos climats à la fin de l'hiver, ou au commencement du prin- 
temps, ou même dans le cours de l'été, et s'ouvrent plusieurs jours 
de suite, lorsqu'elles sont exposées à la lumière; elles sont régulière- 
ment conformées et n’ont pas le tube nectarifère des Cereus. 

Ces fleurs sont placées d'ordinaire sur une zone à peu près hori- 
zontale, plus ou moins rapprochée du sommet, et qui s'élève 
chaque année à mesure que la plante s'accroît; en regardant de près, 
on trouve un peu plus bas les traces des baies de l’année précédente; 
ainsi la grandeur de ces espèces dépend beaucoup du moment où on 
les décrit, et celles auxquelles nous assignons un pouce ou deux de 
hauteur pourraient bien acquérir en vieillissant de plus grandes di- 
mensions. 

La portion de la tige qui a déjà fleuri a ses mammelons plus écartés, 
plus lisses, moins laineux et quelquefois desséchés ; l'autre, ou la 
supérieure, présente au contraire une contexture plus serrée et plus 
velue; cette différence est surtout très-marquée dans certaines 
espèces. 

Les fleurs sont des rosettes assez étalées mais sans éclat, et je crois 
aussi sans odeur; le Longiflora, rapporté du Mexique par Couzren, 
avec plusieurs autres espèces du même genre, a les fleurs jaunes sem- 
blables en grandeur à celles du Cereus Jflagelliformis ; ses filets sont 
roulés horizontalement à la base dé l'ovaire, et son stigmate est formé 
de quatre à cinq rayons. 

Quoique les fleurs des Mammillaria soient petites ou médiocres, et 
que leur base soit enfoncée entre les mammelons, leur corolle s'élève 
cependant toujours assez pour s'épanouir au-dessus, de manière que 
ses divers mouvements ne soient pas gênés; c'est là une précaution 
qu'a prise la nature pour que la fécondation puisse facilement s'ac- 
complir. 

A l'époque où elle a lieu, les filets de la plupart des Mammillaria , 
tels que le Zongimamma, le Longiflora , etc., s'étendent horizontale- 
ment et se roulent en spirale, en présentant comme un plexus du 
milieu duquel s'élèvent les anthères; cette disposition se retrouve plus 
ou moins dans toutes les Cuctées; leurs longs filets se recourbent afin 
de se rapproclier des stigmates dont les lobes papillaires sont recou- 
verts du pollen onctueux, blanchâtre et adhérent des anthères à parois 
souvent réfléchies; sans doute que l'humeur miellée joue ici le même 
rôle que dans les autres Cuctées, et en effet, j'ai vu dans le Discolor, 
cette humeur imprégner tout l'intérieur de la fleur à l'époque de la 
fécondation. 


La dissémination a lieu ordinairement à la fin de l'hiver et au mo- 


— 05 — 
ment où les nouvelles fleurs commencent à paraître; les petites baies 
allongées d'un beau rouge se détachent naturellement par la base, et 
en les ouvrant on trouve noyées dans leur pulpe des semences ovoïdes 
d’un noir brillant, et qui portent un bel ombilic latéral. 

Les caractères qui distinguent les divers Mammillaria sont encore 
assez incertains, parce qu'on ne connaît pas bien la suite de leurs 
développements dans leurs différents âges; ceux qu’on regarde comme 
les plus constants, se tirent de la structure de la fleur, du nombre et 
de la forme des épines; mais celui qui m'a paru le plus remarquable 
est fourni par les spires des tubercules, qui tantôt montent de droite 
à gauche et tantôt en sens contraire. 

Nurraz prétend que les Mummillaires sont entièrement dépourvues 
de cotylédons, et que la plante germante ne présente qu’un tubercule 
semblable à celui de la plante mère; c'est un fait que vient de vérifier 
M. Jacques ( Bulletin de Férussac, tome 22, pag. 417), en faisant 
germer au bout de dix-huit jours des graines de Mammillaria pusilla ; 
qui n'ont point présenté de cotylédons, mais qui ont donné des 
radicules de leur partie inférieure, et de leur sommet, débarrassé de 
tégument, des mammelons garnis de poils plumeux, et sortant pour 
ainsi dire les uns des autres; il en a été à peu près de même du Dis- 
color, dont les poils étaient spinescents. 

La patrie des Mammillaires est le Mexique; on les trouve sur les 
rochers où elles se fixent par leurs racines fibreuses, et sur les bords 
de la mer dans les sables, où leurs épines blessent souvent les pieds ; 
de là elles s'étendent d'un côté dans l'Amérique équinoxiale, et de 
l'autre, jusque dans la Louisiane et les bords du Missouri; on en 
connait déjà plus de trente espèces ou variétés, dont la plus grande, 
le Coronaria, s'élève jusqu'à cinq pieds, tandis que les plus petites 
ont à peine deux pouces; les unes et les autres sont bien plus remar- 
quables par la singularité de leurs formes, que par l'élégance de leur 
port ou l'éclat de re fleurs; plusieurs *: ces espèces sont actuelle- 
ment cultivées dans nos ne 

De Canpozce dit qu’on peut ramener l’organisation des Mammil- 
laires à celle des autres plantes, en considérant leurs tubercules comme 
les feuilles barbues des Mésembryanthèmes ; mais cette supposition 
n'explique pas tout ce qu’il ya de remarquable dans leur végétation; 
cependant, en s’allongeant beaucoup, les Mammillaria deviennent 
des Mésembryanthèmes tuberculés, à feuilles alternes et fleurs sessiles. 

Il y a au jardin botanique un ‘ai Mammillaria quadrispina, qui 
s'étend en gazon, et dont les; jeunes pousses à peu près sphériques ont 
à peine deux lignes de diamètre ; ses tubercules ont quatre aiguillons 


— 506 — 


extérieurs, entiers, amincis et cartilagineux, tandis que les autres 
sont mous, blanchätres, horizontaux, ciliés et comme ailés. 

On y trouve encore l'£legans, à tige épaisse, cylindrique et haute 
d'environ un pied; ses tubercules épineux sont recouverts dans leurs 
intervalles de beaux flocons d'un duvet d'un blanc pur, dont je ne 
connais pas l'usage et qui pourraient bien être destinés à protéger les 
fleurs ; enfin j'y ai vu le Mystax et quelques autres espèces non encore. 
décrites dans le Prodrome. 


DEUXIÈME GENRE. — ]Welocactus. 


Les Melocactus ont un calice adhérent et terminé par cinq ou six 
lobes pétaloïdes qui couronnent le jeune fruit, autant de pétales soudés 
au calice par leur base, des étamines filiformes disposées sur plusieurs 
rangs , un style allongé et terminé par cinq stigmates, des semences 
nichées dans la pulpe du fruit, des cotylédons très-petits et une 
grande plumule, une baie lisse et couronnée par le calice et la corolle 
desséchés. | 

Les Melocactus se distinguent à peine des Mammillaria par leurs 
organes fleraux, mais leur tige est formée de deux parties bien tran- 
chées, l'inférieure qui est une masse ovale, cylindrique, aphylle, 
sillonnée de côtes longitudinales et épineuses, à la manière des Cereus, 
et la supérieure appelée le Spadix ou le Cephalium, et qui, comme 
les Mammillaires , èst recouverte de tubercules mammiformes très- 
serrés, entre lesquels naissent les fleurs à hase tomenteuse; on pour- 
rait donc dire que le Melocactus est un Mammillaria greffé sur un 
Cereus, et il ne serait pas impossible qu'il ne fût un hybride de ces 
deux genres. 

Je ne peux pas me faire une idée nette du développement des Melo- 
cactus ; je vois d'après la figure de De Cannozze ( Organog., pl. 48, 
f° 3) que les cotylédons à peine visibles sont surmontés d'une grosse 
plumule ovale, qui, en grandissant, se couvre au sommet de tuber- 
cules épineux; mais je ne sais pas ce qui arrive ensuite; la plumule 
continue-t-elle à grossir, et se sillonne-t-elle à sa surface, tandis que 
les tubercules se multiplient et donnent naïssance au Spadiz ? ou bien 
se flétrit-elle, et les tubercules sont-ils l’origine des côtes quirecouvrent 
ensuite la partie inférieure de la plante, et dont le sommet s'allonge 
en Cephalium ? Cette dernière conjecture me paraît la plus probable, 
et semble confirmée par le Melocactus pyramidal, qui, dans sa jeunesse, 
est entièrement recouvert de fortes épines. 

Ces plantes, comme les Mammillaria , sont dépourvues d'axe 


— 507 — 
ligneux et formées seulement d'une masse parenchymateuse disposée 
en couches, qui augmentent de densité du centre à la circonférence. 
On apercoit des faisceaux ligneux qui serpentent près de la surface, et 
donnent naissance aux épines ; l’organisation du Spadix est différente; 
c'est une masse centrale qui jette de tous côtés des rayons obtus. 

Les fleurs sont petites, jaunes ou rouges et placées, comme celles 
des Mammillaria, à peu près horizontalement sur un seul rang, au- 
dessus duquel les tubercules sont plus serrés et plus cotonneux ; le 
style est épais et les stigmates sont peu distincts. 

Ces plantes, originaires des Antilles et répandues aussi au Brésil, 
sont encore mal connues; l’on en compte sept à huit qui pourraient 
bien renfermer plusieurs variétés ; la seule bien déterminée est le 
Communis, qui fleurit dans nos jardins en juillet et en août, et qui 
mûrit ses graines ; ses fleurs s'épanouissent au-dessus des mamelons, 
comme dans les Mammillaria, et s'ouvrent également plusieurs jours 
de suite. 

Les Melocactus croissent dans les mêmes localités que les Mammil- 
laria, avec lesquels ils ont de très-grands rapports; les principaux 
caractères qui jusqu'ici différencient leurs espèces, sont tirés du nom- 
bre des angles qui varient de dix à cinquante, du nombre de leurs 
épines droites ou rayonnantes, et enfin du spadix dont le sommet est 
creux ou relevé; mais il n’est pas sûr que le nombre des angles soit 
constant dans la même espèce. 

Il serait intéressant , dit De Canpoze, d'observer si le spadix du 
Melocactus est lactescent, comme les Mammillaria , et si sa base a un 
suc simplement aqueux comme celui des Cereus. 

Je ne connais pas la végétation des Melocactus ; je suppose que leur 
base ne développe son spadix qu'après avoir acquis toutes ses dimen- 
tions, et que celui-ci s'accroît ensuite indéfiniment par le sommet. 


TROISIÈME GENRE. — Æchinocactus. 


Les Echinocactus ont les sépales imbriqués, adnés, réunis en un 
tube très-court et changés insensiblement en pétales, les étamines 
nombreuses, le style filiforme et terminé par des stigmates plus ou 
moins rayonnants, la baie chargée des rudiments du calice, et les 
cotylédons nuls, selon quelques auteurs. 

Les Echinocactus ont la conformation globuleuse des Melocactus et 
sont, comme eux, recouverts de côtes longitudinales trés-saillantes ; 
mais ils manquent entièrement de spadix; ils se rapprochent aussi 


— 5085 — 
beaucoup des Cereus, mais ils sont beaucoup moinsallongés, et leur 
calice est à peu près dépourvu de tube. 

Les fleurs, plus petites que celles des Cereus, mais plus grandes. 
que celles des Mammillaria, sont constamment placées à l'extrémité 
supérieure et au point de réunion des arêtes. 

Les Echinocactus habitent la côte occidentale de l'Amérique sud , 
et principalement les rochers et les rivages du Mexique, d'où Manrius 
et ensuite CouzTEen ont rapporté plusieurs espèces qui diffèrent 
principalement par le nombre deleurs côtes, la conformation de leurs 
fleurs et celle de leurs fascicules tuberculés, mais dans lesquelles il 
n'est pas toujours facile de distinguer les vraies espèces des simples 
variétés. 

La plus remarquable est le Cornigerus, ainsi appelé d’un de ses 
nombreux ziguillons, élargi et recourbé inférieurement en corne ; 
elle a, comme la plupart de ses congénères, une forme à peu près 
hémisphérique et des fleurs presque terminales placées sur les côtes 
devant les faisceaux d’aiguillons ; le fruitexactement ovoiïde est couvert 
d'écailles imbriquées , qui sont les limbes des sépales ; les graines très- 
nombreuses et comme nichées dans la pulpe sont réellement adhé- 
rentes aux parois par des cordons grêles; à la germination, la plante 
présente une tigelle épaisse, ellipsoïde et couronnée par deux cotylé- 
dons courts, épais et divergents ; bientôt après, ces cotylédons s’effa- 
cent, et la plantule offre une petite sphère allongée, recouverte 
de quelques tubercules épineux et fixés en terre par une radicule 
conique; au bout de dix-huit mois les côtes n'ont pas encore paru. 

Les Echinocactus varient beaucoup dans la forme et le nombre des. 
côtes, qui probablement dépendent de l'âge de la plante, et qui, selon 
les espèces, sont continues ou sinuées, ou même quelquefois renflées 
dans leur longueur en mammelons tuberculés; leur accroissement , 
qui a lieu avec beaucoup de lenteur, s'opère sans doute par l’allonge- 
ment des côtes à leur sommet, et c’est en vertu de cet allongement 
que les fleurs sont constamment terminales, quoiqu’elles ne naissent 
pas des mêmes points. 

Les principaux caractères spécifiques de ce genre sont tirés de la 
structure florale, du nombre et de la nature des aiguillons. 

Les Echinocactus, comme les Mammillaires , sont dépourvus d'axe 
ligneux. Je vois au jardin (juin 1837) l'Echinocactus Ernesii, dont la 
fleur du plus beau blanc et conformée comme celle du Cereus grandi- 
florus , s'ouvre aussi dans la nuit et se flétrit le soir du même jour; elle 
est alors redressée, et a ses rayons stigmatiques étalés au fond de la 
corolle et entourés d'anthères qui les recouvrent de leur pollen; on 


— 509 — 
remarque au sommet du tube corollaire des étamines à filets courts, 
adhérant aux parois, et dont les anthères se renversent pour répandre 
leur pollen sur les stigmates placés beaucoup plus bas, et sans doute 
aussi d'abord sur la glande mellifère placée au fond de la fleur. 


QUATRIÈME GENRE. — (Cereus. 


Les Cereus ont les sépales très-nombreux imbriqués, adnés, réunis 
en un long tube, les extérieurs courts, verdâtres, les suivants plus 
longs et plus colorés, les intérieurs entièrement pétaloïdes, les éta- 
mines très-nombreuses et insérées le long du tube, le style filiforme 
et divisé au sommet en plusieurs stigmates allongés; le fruit est une 
baie réticulée, tuberculeuse ou écailleuse et chargée de sépales des- 
séchés. 

Les Cierges ont une tige allongée, cylindrique ou plus souvent angu- 
leuse, et dont le centre est un faisceau de fibres ligneuses; leur 
surface est presque toujours chargée d’arêtes piquantes , naissant d'un 
disque tomenteux et réunies en houppes ou en aigrettes placées sur 
le dos des côtes dans les tiges anguleuses. 

Leur accroissement a lieu par le sommet qui est toujours le point 
où les aigrettes sont le plus serrées, et qui va en se développant dans 
le cours de l’année. Il y a ensuite un repos qui correspond sans doute 
en Amérique au moment le plus froid, ou peut-être aussi à la tempé- 
rature la plus sèche; mais bientôt on voit sortir de ce même sommet 
un nouveau cylindre aminci, qui s’épaissit graduellement, de manière 
que les anneaux qui marquent les accroissements annuels finissent 
enfin par disparaître entièrement. 

On possède dans les serres du musée de Paris un Cereus Peruvianus 
qui, dans l'intervalle d'une centaine d'années, s'est élevé à une hauteur 
considérable; dans sa jeunesse il poussait d'environ un pied par année, 
et ses allongements annuels étaient marqués par de forts étrangle- 
ments; à la onzième année, il a donné des rameaux et à la dourième 
on a vu paraitre ses fleurs. 

Les Cierges ont la tige simple ou ramifiée; dans ce dernier cas , ils 
forment des buissons ou de petites forêts épaisses et épineuses, éparses 
sur les rochers ou sur les sables maritimes, et ils s'emploient quelque- 
fois, comme le Sepium de Humsozpr, à former des clôtures; ils s’élè- 
vent jusqu'à quarante pieds et au-delà, et alors leur axe ligneux 
acquiert, surtout près de la base, une dureté et une solidité consi- 
dérables, comme on peut le voir dansle Peruvianus, le Polygonus, etc.; 
en même temps , les angles s’effacent et la tige devient cylindrique. 


— 510 — 


Les Cierges , d'après leur conformation extérieure, ont été divisés 
par De Canpozze en quatre groupes; 

1° Les Céréastres ; tige droite, ni voluble ni radicante ; 

2° Les Serpentins; tige articulée, couchée, radicante ou voluble ; 

3° Les Ailés ; tige droite, frutescente et cylindrique en vieillissant, 
rameaux äilés , ou diptères, très-aplatis, crénelés sur les bords, côte 
centrale ligneuse , feuilles nulles, fleurs naissant des crénelures et du 
sommet tronqué des rameaux ; 

4° Les Opuntiaces ; tiges dont les articulations globuleuses sont hé- 
rissées d'épines divergentes, fleurs tubulées, style saillant et multifide. 

Le premier de ces groupes comprend déjà une quarantaine d'es- 
pèces répandues surtout aux Antilles, et qu’on divise un peu légère- 
ment d'après le nombre de leurs angles; leur grandeur varie depuis 
deux ou trois pouces jusqu’à quarante pieds, et-elles diffèrent princi- 
palement par les dimensions de leurs fleurs, la forme de leurs angles 
et de leurs aiguillons, les uns raides et rayonnants, les autres mous, 
pendants et enveloppés d’un tissu laineux comme d'une barbe, etc. 

Les fleurs des Céréastres, dont le Speciosissimus est jusqu’à présent 
la principale espèce, sont grandes, blanches, rouges, et souvent 
mélangées de vert et de pourpre sur leur face extérieure; les étamines 
très-nombreuses sont ordinairement droites, et les stigmates varient 
de cinq à quinze; ces fleurs naissent le plus souvent vers le sommet 
des tiges, du milieu des houppes épineuses qui recouvrent leurs côtes. 

Ces côtes sont très-variables, non-seulement dans les diverses 
espèces, mais encore dans la même. M. Denizx a fait voir qu'un pied 
du Cereus peruvianus, qui, dans sa jeunesse, n'avait d'abord que six 
côtes en a pris graduellement jusqu’à neuf, etqu'un Tetragonus, qui 
en avait quatre , en a acquis six, en sorte que les espèces désignées 
sous les noms de Pentagonus, Hexagonus et Heptagonus, etc. , pour- 
raient bien ne pas différer entre elles; on voit encore dans la plupart 
des jardins de l'Europe une variété monstrueuse du Cereus peru- 
vianus , qui ne s'élève guère au-dessus d’un pied, et qui au lieu d'offrir 
des côtes verticales régulières, est formé au contraire de tubercules 
isolés ou soudés et mélangés de côtes interrompues. 

Les Cierges serpentaires, qui forment notre second groupe, sont 
couchés sur le sol ou entortillés et pendus le long des rochers; les 
premiers remarquables par le petit nombre de leurs angles et leur 
consistance foliacée poussent très-facilement des racines et portent 
de grandes fleurs blanches qui sortent du milieu d’aiguillons très- 
petits; leur principale espèce est le Triangularis très-anciennement 
connu. 


— 511 — 

La seconde division est celle des espèces volubles ou entortillées, 
dont les rameaux simples, souples et allongés n’ont point la charpente 
dure et ligneuse des Céréastres, et dont les angles nombreux très- 
rapprochés et à peine distincts sont recouverts d’épines molles et 
flexibles; ces espèces, dont les botanistes énumèrent déjà près de 
quinze, émettent facilement des radicules, et poussent aussi des jets 
nombreux qui se forment promptement en buissons épais, impéné- 
trables et servent aussi quelquefois de clôture. 

Le Flagelliformis, la principale de ces espèces, est rempli inté- 
rieurement d’un parenchyme visqueux, parsemé de molécules 
blanchâtres et comme granulées; le centre est un filet cylindrique, 
solide, où rampent les trachées, qui montent aussi longitudinalement 
dans toute l'étendue du parenchyme. 

La fécondation du Flagelliformis est directe, comme celle des autres 
Serpentaires; les filets restent dressés, et les anthères blanchâtres, 
bilobées et latérales , à parois entièrement repliés, arrivent au sommet 
du tube floral en recouvrant de leur pollen granuleux tout le stig- 
mate, qui, à cette époque, est une massue allongée à lobes fermés; 
on aperçoit déjà dans l'intérieur du fruit des graines blanches, re- 
courbées ou roulées sur leurs pédicelles; toutefois, la fleur n’est pas 
régulière, et elle offre du côté opposé aux étamines une cavité 
nectarifere. | 

Le Speciosissimus a une forme de fécondation assez différente ; sa 
fleur très-grande et d'un beau rouge reste ouverte plusieurs jours, et 
comme elle est inclinée à l'horizon, ses longues étamines à filets 
blanchôtres s'étendent sur le côté inférieur, où vient aussi se placer 
le stigmate à cinq ou six lobes étalés et cylindriques ; ensuite la 
glande nectarifère placée à la base supérieure de l'ovaire inonde de sa 
liqueur le pollen onctueux et blanchâtre, dont les globules se rompent 
et répandent ensuite leurs boyaux fécondateurs sur les stigmates ; ce 
spectacle, qui dure plusieurs jours, appartient plus ou moins à tous 
les Cereus ; la fleur se détruit enfin sans se refermer. 

Les Serpentaires , comme les Ceréastres , sont surtout remarquables 
par l'éclat de leurs fleurs ; on cultive non-seulement le Flagelliformis, 
qui se charge tous les printemps d’une grande quantité de fleurs 
d'un beau rouge, mais encore l'E/egans à fleurs odorantes, roses et 
larges de trois pouces; le Speciosissimus , à fleurs écarlates , teintes de 
violet, et le Grandiflorus, à fleurs très-odorantes, d'un blanc pur 
en dedans et jaune doré en dehors. Ces dernières s'ouvrent le soir et 
ne durent que douze heures, tandis que celles du Speciosissimus et du 


Flagelliformis, subsistent plusieurs jours, et s'ouvrent, je crois, aux 
heures chaudes de la matinée, 


== #f9 = 


Toutes ces fleurs, aussi admirables par l'élégance que par la 
richesse de leurs formes, ont les sépales amincis et recouverts avec 
une parfaite régularité; leurs filets d’une extrême délicatesse et sou- 
vent irritables sont terminés par des anthères minces et oscillantes, 
qui, un peu avant l'épanouissement, répandent un pollen glo- 
buleux, souvent blanchâtre, et qui tombe en partie sur les lobes 
encore réunis des stigmates, et en partie dans l'intérieur de la corolle, 
dont le fond est tout rempli d’une humeur miellée, sortant d'un 
gros nectaire conique; les graines sont suspendues à des funicules 
longs, recourbés et souvent soudés entre eux, comme dans le Gran: 
diflorus. 

Les Cereus de la troisième section, ou les Ailés, ont des tiges 
droites qui deviennent cylindriques et frutescentes en vieillissant ; 
leurs rameaux diptères sont aplatis et dentelés, leurs fleurs roses, 
blanches ou teintes de ces deux couleurs naissent sur les dernières 
crénelures des tiges, ou sont terminales comme dans le Tronqué ; les 
unes s'ouvrent le jour, et paraissent inodores, les autres plus parfu- 
mées s’épanouissent à l'entrée de la nuit; on en compte cinq espèces 
qui paraissent appartenir au même type, et dont l’une d'elles,  Ælatus, 
est parasite sur les troncs et les racines des arbres. 

La plus commune est le Phyllanthoides, qui porte dans les jardins 
le nom de Cactus speciosus ; ses fleurs roses ont les filets appliqués 
d'abord sur toute la surface du limbe et ensuite sur la face opposée 
au tube nectarifère ; les anthères biloculaires ont les parois étalées 
et le pollen blanchätre et filandreux imprègne les huit lobes stigma- 
tiques au moment où le tube nectarifère du fond de la corolle est 
entièrement rempli d'humeur miellée; la fleur, qui a beaucoup de 
fraicheur et d'éclat, reste épanouie plusieurs jours. 

Le Truncatus, de la même séction, a la végétation des Opuntia , et 
donne chaque année une et quelquefois deux articulations aplaties qui 
naissent de l'extrémité tronquée de l'articulation précédente. La fleur 
rose écarte ses pétales pour mettre à découvert de nombreuses étami- 
nes, qui, rassemblées en faisceau, recourbent leurs filets, et viennent 
entourer un stigmate dont les lobes réunis en massue sont abrités 
comme sous un toit, par les pétales supérieurs rapprochés en casque; 
la fécondation dure plusieurs jours, sans que la fleur se referme, et 
lesétamines redressées ne m'ont paru susceptibles d'aucun mouvement. 
On trouve au fond de la fleur un nectaire qui fournit abondamment 
l'humeur miellée, et l’on suit de la base au sommet l'axe ligneux, qui 
traverse les articulations et donne naissance aux feuilles et aux 
fleurs. 


— 513 — 


Quelquefois, au contraire, les pétales sont tous déjetés, et l'on 
voit s'élever en colonne, au-dessus du reste de la fleur, le fascicule 
des étamines rapprochées contre lesquelles s'appuie extérieurement le 
stigmate, dont les branches réunies en massue et papillaires en dehors 
sont recouvertes du pollen blanchâtre des anthères. Après la féconda- 
tion, l'humeur miellée remplit le tube corollaire. 

Cette séction, qui forme dans Haworru le genre Æpiphyllum, 
s'accroît tous les jours par de nouvelles découvertes, et je crois aussi 
par des fécondations artificielles. J'ai sous les yeux l'£piphyllum J'effer- 
sonit fort semblable au Phyllanthoides , et dont les longues étamines 
recourbent élégamment leurs filets pour réunir leurs anthères autour 
des stigmates. 

Les Opuntiacés, dont l’on ne connaît jusqu'à présent que trois 
espèces homotypes, sont originaires des Antilles ou du Pérou, et se 
distinguent à leurs rameaux articulés à peu près comme ceux des 
Opuntia , dont ils se rapprochent beaucoup pour le port extérieur; 
les-plus remarquables sont le Serpens et le Nanus, des environs de 
Quito, qui s'aperçoivent à peine à cause de leur petitesse, mais dont 
les poils causent des démangeaisons douloureuses aux hommes et aux 
animaux. 


CINQUIÈME GENRE. — Opuntia. 


Les Opuntia ont des sépales nombreux, foliacés, adnés et dont les 
intérieurs sont pétaliformes et rosacés, des étamines indéfinies et plus 
courtes que les pétales, un style cylindrique rétréci à sa base et quel- 
quefois fistuleux , des stigmates nombreux, droits et épais, une baie 
ovale, ombiliquée, tuberculée et souvent épineuse, un embryon 
à peu près cylindrique et légèrement contourné en spirale, une plu- 
mule aplatie, des cotylédons planes et foliacés pendant la germination. 

Les Opuntia diffèrent des autres Cactées par leur aspect extérieur 
et leur végétation formée d'articles presque toujours aplatis, implantés 
les uns sur les autres, dirigés souvent dans le même sens et quelque- 
fois aussi dans un sens différent; ces articles sont recouverts de 
feuilles sédiformes promptement caduques, et dontles aisselles, garnies 
d'un duvet blanchâtre, portent de plus des arêtes de deux sortes, les 
unes fortes et épineuses , les autres plus nombreuses et plus amincies, 
mais dentelées et entrant facilement dans la peau, où elles occasion- 


nent de fortes cuissons, comme celles du Cereus serpens et du Vanus 
dont nous avons déjà parlé. 


Il, 33 


= Gi — 

Les Opuntia émettent chaque année, au moins dans nos climats, 
une nouvelle articulation qui part du sommet de la précédente ou de 
ses côtés , et qui dans sa jeunesse est toujours garnie de petites feuilles 
cylindriques et pointues; du haut de l'articulation de l'année précé- 
dente ou de ses aigrettes supérieures, naissent chez nous, dans les 
mois du printemps, des fleurs dont les sépales extérieurs sont foliacés, 
et qui donnent souvent des fruits ou baies épaisses, rougeâtres, 
ovales, remplies à l'intérieur d’une pulpe visqueuse et de semences 
assez grosses. 

Les fleurs des Opuntia sont rouges ou jaunes; leurs pétales sont 
d’une texture délicate, comme celle de toutes les Cactées ; leurs éta- 
mines filiformes et plus courtes que celles des autres genres sont faci- 
lement irritables et se déjettent souvent sur les stigmates; je n'ai pas 
encore apercu de nectaire; maïs j'ai remarqué que les fleurs de forme 
rosacée restent ouvertes plusieurs Jours. 

Les articulations disparaissent insensiblement, et la tige d’abord 
aplatie devient en vieillissant cylindrique et ligneuse, surtout près de 
Ja base. 

DE Canvozze divise ce genre en cinq sections : 

1° Les Cylindracæu; tige cylindrique, recouverte de tubercules 


aréolés et convexes ; 

2° Les Divaricatæ ; tige basse et rameaux divergents, articulations 
linéaires et légèrement cylindriques ; 

3° Les Grandispinosæ ; articulations aplaties et un peu ovoides, 
aiguillons de deux formes, les uns très-forts, les autres petits et 
sétacés ; 

4° Les Parvispinosæ ; aïiguillons uniformes semblables à des poils ; 

5° Les Tenuifloræ ; tiges cylindriques dans leur jeunesse , articula- 
tions plates et membraneuses. 

Les Cylindracés dont De CaANDoOLLE n’énumère que trois, mais dont 
CouLrex a augmenté beaucoup le nombre, forment une section très- 
distincte et se reconnaissent à leur tige cylindrique chargée de tuber- 
cules aréolés, qu'on peut comparer au coussinet de quelques plantes, 
et qui se terminent par autant de feuilles caduques, accompagnées 
d’aiguillons fasciculés; la plus ancienne et la plusconnue de ces espèces 
est le Cylindrica placé par Linné au nombre des Cereus à cause de sa 
tige. 

Les Divariques, dont on connaît quatre espèces, ont les épines 
fasciculées et très-fortes; l'une d'entre elles est le Fragilis, originaire 
des bords du Missouri, et remarquable par ses épines composées, 
ainsi que par son fruit aiguillonné. 


— 515 — 

Les Grandispinosæ comptent douze espèces, les unes à fleurs rouges, 
les autres à fleurs jaunes; les premières, recherchées de préférence 
par la cochenille, sont par conséquent cultivées. 

Les Parvispinosæ sont très-nombreux, mais jusqu'à présent mal 
déterminés, parce que leurs aiguillons varient beaucoup selon les 
localités ; elles nourrissent aussi une espèce de cochenille , qui a dis- 
paru de nos serres après y avoir vécu quelques années. C'est à cette 
division qu'appartient d'abord le Ficus Indica et l Amyclæa, trouvé en 
Italie par Tenor, près de l’ancienne Amyclée, et qui n’est peut-être 
pas différent du Maxima ; enfin lé Vulgaris, qui, quoique originaire 
de la Caroline et de la Virginie, s'est acclimaté dans le midi de l'Eu- 
rope et jusque dans le Valais , où il supporte assez bien en se ridant 
les rigueurs de l'hiver. La plus remarquable de ces espèces est le Pul- 
vinaia, dontleshouppes jauhâtres émettent chaque année de nouvelles 
arêtes, qui, par leur réunion, forment des coussinets épais et per- 
sistants. | 

Les Tenuiflora se composent d’une seule espèce originairedu Pérou, 
et qui se reconnait à ses aigrettes formées d'une simple épine. 

Les fasciculés de poils dont sont recouvertes toutes les articulations 
des Opuntia, ét qui ordinairement persistent en développant chaque 
année de nouvelles houppes, doivent être considérés comme autant 
de rameaux avortés, à la manière de ceux des Larix, des Cèdres, etc.; 
car c'est du centre de ces fascicules que sortent les rameaux latéraux 
que l’on observe dans plusieurs espèces du genre. 


SIXIÈME GENRE. — Peréskia. 


Les Pereskia ont des sépales adhérents à l'ovaire , et qui persistent 
souventsur le fruit, une corolle rosacée comme celle des Opuntia, des 
étamines nombreuses plus courtes que les pétales, un style filiforme 
des stigmates réunis en spirale, une baie globuleuse ou ovale et dont 
la pulpe renferme les semences. Un 

Les Pereskia, qui diffèrent des autres Cactées, par leur forme de 
végétation encore plus que par la structure de leurs fleurs, ont une 
véritable tige à rameaux cylindriques, et forment des arbrisseaux ou 
même des arbres à boutons gemmacés; ils croissent par leur extré- 
inité, et jettent aussi des branches latérales; leurs feuilles sont alternes, 
grandes, planes et assez semblables à celles des Pourpiers ; leurs aiguil- 
lons, solitaires ou fasciculés et souvent accompagnés d'une bourre 
laineuse, sont toujours placés aux aisselles des feuilles, qui tombent 
plus tôt ou plus tard, en laissant une profonde cicatrice; les fleurs, 


— 516 — 


terminales sur les rameaux ou sessiles sur la tige par défaut de 
développement, sont grandes, étalées, souvent d’un rouge brillant ou 
d'un jaune de feu; les baies sont tantôt recouvertes par le calice, 
tantôt seulement tuberculées. 

On en compte jusqu’à présent neuf espèces originaires des Antilles, 
de l'Amérique équinoxiale et surtout du Mexique; elles sont peu 
répandues en Europe. 


SEPTIÈME GENRE. — fariota. 


L'Hariota a un calice à tube très-court, lisse, adhérent à l'ovaire, 
un limbe supère, légèrement membraneux et cyathiforme, formé de 
quatre à cinq sépales raccourcis, quatorze à quinze pétales lancéolés 
et plus longs que les étamines soudées à la base des pétales, cinq stig- 
mates épais, redressés et fortement papillaires, l'ovaire est unilocu- 
laire et renferme environ quinze ovales adhérents aux parois. 

Ce genre n'est encore formé que du Salicornioides, petit arbrisseau 
rameux, que De Canpozre avait d'abord placé parmi les Rhipsalis , 
mais qui en diffère par son ovaire uniloculaire et ses ovules pariétaux, 
par ses cinq sépales réunis en un godet presque membraneux, par ses 
fleurs terminales, ses quinze pétales d'un jaune d’or, enfin par ses 
rameaux à articulations distinctes et non pas continues. 

Cette plante, qui fleurit à la fin de l'hiver dans nos serres, et dont 
les articulations sont cylindriques et allongées, reproduit chaque 
année du sommet de ses tiges, tantôt une nouvelle articulation, 
tantôt au contraire une ou rarement deux fleurs, dont les pétales dans 
nos climats ne s'étalent que légèrement, et dont le style porte cinq 
stigmates blancs et papillaires surtout extérieurement; les filets, 
moins élevés que les stigmates et non contournés, se terminent 
par des anthères petites et jaunâtres ; la fécondation a lieu à l’inté- 
rieur de la corolle demi-ouverte ; les anthères, dont les parois se 
retournent et dont le pollen est onctueux et adhérent, sont placées 
au-dessous des stigmates recouverts extérieurement de la poussière 
fécondante. 


Seconde tribu. — RHIPSALIDÉES. 


Les Rhipsalidées ont les ovules et les semences attachées dans la 
baie à un axe central. 


— 517 — 
Rhipsalis. 


Le Rhipsalis a un tube calicinal lisse, adhérent et terminé partrois 
à six lobes acuminés et membraneux, six pétales oblongs, étalés et 
insérés sur le calice, douze à dix-huit étamines attachées à la base des: 
pétales, un style filiforme terminé par trois à six stigmates étalés et 
papillaires sur toute leur surface, une baie transparente, couronnée 
par le calice, et renfermant sur un axe central six à douze semen ces 
dicotylées et dépourvues d'albumen. 

Les Rhipsalis, originaires des Antilles, du Mexique et de l'Amé- 
rique équinoxiale, sont de fausses parasites, qui, dans leur patrie, 
naissent toujours sur l'écorce des arbres, et qui cependant vivent 
solitaires dans nos serres; leurs rameaux aphylles, ordinairement 
pendants et assez semblables à ceux du Gui, sont cylindriques, nus 
ou recouverts de petits poils fasciculés, disposés en quinconce sur la 
tige, où ils indiquent la place qu'auraient dû occuper les feuilles. Les 
fleurs sont latérales, sessiles , petites, blanches ou jaunâtres, à pétales. 
marcescents; les baies sont uniloculaires ou triloculaires, les semences 
s'attachent dans le premier cas à un axe central, et dans le second au 
point de réunion des cloisons. 

Ces plantes forment un genre très-marqué par la structure de la 
fleur et la forme de sa végétation ; on en indique six à sept espèces. 
encore mal connues, parce qu’on ne peut guère les atteindre sur les 
arbres où elles croissent ; la plus répandue et celle qui fournit Je plus 
grand nombre de variétés, estle Cassytha , déjà décrit par GÆRTNER, 
le Fasciculata et le Mesembryanthoides , à rameaux redressés,, leu- 
rissent dans nos jardins. 

Le Funalis, qui fleurit actuellement ( 15 mars 1839) dans nosserres, 
a la tige et les rameaux verts, allongés, exactement cylindriques; à la 
place des feuilles, dont il est entièrement dépourvu; on trouve sur 
sa surface de petites écailles enfoncées, et d’où sortent des boutons 
qui ressemblent à de nouveaux rameaux, mais qui ne sont en effet 
que des fleurs solitaires , sessiles, médiocres et formées d'un calice à 
quatre ou cinq divisions membraneuses, inégales, d'un blane sale.et 
de sept à huit pétales raccourcis et blancs; les étamines de même 
couleur entourent de leurs petites anthères un beau stigmate à quatre 
lobes étalés en roue et recouverts de papilles relevées. On remarque, 
à la base de la fleur , quelques sétules et quelques écailles avortées. 


La tige et les rameaux repoussent du sommet, et chaque jet donne 
une articulation. 


— 518 — 
La germination du Rhipsalis fasciculata ( Bulletin de Férussac, f. 22, 
p- 418) ressemble à celle des Mammillaria, mais sa tigelle carrée et 
chargée sur ses angles de faisceaux de poils, s'élève entre deux arêtes 
qui pourraient bien représenter des cotylédons. 


Soixante-neuvième famille. — Grossulariées. 


Les Grossulariées ont un calice dont le limbe plus ou moins supère 
est formé de quatre à cinq lobes réguliers et colorés, une corolle à 
pétales alternes aux lobes du calice et insérés à son ouverture, mais 
quelquefois avortés, quatre à cinq étamines alternes aux pétales, à 
filets cylindriques ou coniques, des anthères biloculaires et longitudi- 
nalement ouvertes, un ovaire uniloculaire, deux placentas pariétaux 
et opposés, un style unique de deux à quatre divisions , une baie glo- 
buleuse et ombiliquée au sommet, des semences nombreuses à enve. 
loppe gélatineuse et suspendue à de longs podospermes filiformes, un 
albumen blanchâtre, un embryon petit, une radicule obtuse et dirigée 
du côté opposé à l'hilus. 


PREMIER GENRE. — Jüubes. 


Le Ribes , qui forme le seul genre de la famille, se partage en quatre 
sections : 

1° Les Robsonia; calice cylindrique et quadrifide; 

2° Les Grossularia ; calice plus ou moins campanulé, tiges souvent 
aïguillonnées , fleurs en grappes d’une à trois fleurs, feuilles plissées ; 

3° Les Ribesia ; calice campanulé ou cylindrique, grappes d'au 
moins quatre fleurs, feuilles plissées ; 

” 4° Les Symphocalir; calice tubulé, feuilles enveloppées les unes 
dans les autres. 

La première section est formée du Ribes stamineum, arbrisseau à 
rameaux hispides, aiguillons axillaires, pédoncules biflores et velus, 
étamines très-saillantes; il est originaire de la Californie, et se fait 
remarquer par ses feuilles lisses, trilobées, et le beau pourpre de ses 
fleurs, qui lui donne l'apparence d’un Fuchsia. 

Les Grossularia comptent quinze espèces ou variétés, la plupart 
originaires de l'Amérique nord et peu cultivées dans nos jardins, où 
l'on ne connaît guère que le Cynosbati, le Triflorum et le Speciosum. 


— 519 — 

La seule espèce indigène est l'Uva crispa, ou le Groseiller commun, 
qui présente un grand nombre de variétés, les unes relatives à la 
végétation et dépendant des localités, les autres à la grosseur ou à la 
couleur des fruits et provenant de la culture; cette plante, dont la 
feuillaison annonce chez nous le retour du printemps, et dont les 
fleurs épanouies offrent à l'intérieur un joli appareil de poils rayon- 
nants, porte deux sortes de tiges, les unes provenant des jets stériles 
de l’année précédente et reconnaissables à leurs épines tricuspidées eb 
à leur écorce blanche chargée de points noirâtres ; les autres inermes, 
beaucoup plus épaisses et revêtues d'une écorce brunâtre; les pre- 
mières ont leurs aisselles chargées de boutons sessiles, écailleux, 
foliacés, et dans lesquels, dès la fin de février, on aperçoit les fleurs; 
les secondes ont les boutons pédonculés , c'est-à-dire redonnant sans 
cesse du même point des feuilles et des fleurs latérales; cette forme 
de végétation qui appartient, je crois, à tous les Aibes, n'est pas 
rare dans les plantes où les fleurs sont latérales , et où la pousse, par 
conséquent, ne périt pas au sommet; on peut remarquer ici que la 
jeune écorce qui tombe chaque année est dépourvue de lenticelles, 
tandis que la vieille en porte de très-visibles ; que la tige stérile n’a 
point de rupture, et que les boutons pédonculés sont chargés des 
écailles desséchées des anciens boutons ; ceux-ci sont en conséquence 
d'autant plus allongés qu'ils sont placés sur des tiges plus anciennes ; 
le Cynosbati et le Triflorum ont la même structure, et l'intérieur de 
leur corolle est aussi garni de poils rayonnants imprégnés d'humeur 
miellée et insérés sur les styles; leurs fleurs, chargées à la base de 
bractées concaves, appartiennent de même à des grappes lâches et en 
partie avortées. Le Triflorum a les fleurs penchées et le stigmate sail- 
lant au-dessus des anthères dont il recoit le pollen, parce qu'il est 
fortement incliné. 

Mais l’espèce la plus remarquable, celle qui forme un véritable type 
dans la section, c'est le Speciosum des côtes occidentales de l Amérique 
nord, dont les grappes lâches portent à peu près trois fleurs d’un beau 
pourpre qui ont l'apparence des Fuchsia , parce qu'elles sont étroites 
et pendantes ; leurs sépales , leurs pétales et leurs filets redressés sont 
quaternés , au moins dans les individus que j'ai sous les yeux, et leur 
fécondation est toujours extérieure. On voit, au-dehors de leur calice 
fermé, les anthères introrses entourant deux petits stigmates en tête, 
et l’on remarque sur le torus un godet plein d’une humeur miellée 
sortant par les pétales roulés en tube et imprégnant le fond de la fleur 
pour la fécondation. 

Les Ribesia se composent dans De Canpozre de trente-quatre 


— 520 — 

espèces ou variétés, répandues comme les Grossularia dans les contrées 
froides ou tempérées des deux continents, principalement sur les 
côtes occidentales de l'Amérique nord, où l'on vient d'en découvrir 
de nouvelles espèces ( Voy. Bulletin de Férussac, juin 1831), sur les 
Cordilières et dans la Sibérie; les quatre espèces européennes , qui 
paraissent bien distinctes, peuvent être rangées sous deux types, l'un 
à corolle campanulée et tube anthérifère, l'autre à corolle fortement 
évasée, torus élargi et plane, filets courts et anthères didymes; dans 
ce dernier type, l'on ne place que l’AÆ/pinum, petit arbrisseau dioïque, 
à écorce blanchâtre et feuilles brillantes, ciliées sur leurs pétioles; ses 
fleurs mâles, disposées en petite grappe droite, ont leurs anthères 
bien conformées, bilobées et introrses ; mais leur stigmate, quoique 
plus ou moins bilobé, avorte toujours; les femelles , beaucoup moins 
nombreuses , ont leurs anthères plus ou moins avortées, mais leurs 
stigmatés sphériques sont recouverts, après l'épanouissement, d'une 
humeur glutineuse; les fleurs s’étalent horizontalement pour aider la 
fécondation, et les anthères répandent leur pollen, soit sur les stig- 
mates papillaires, soit sur le torus nectarifère de leurs propres fleurs; 
ensuite les sépales se referment étroitement, et restent serrés et flétris 
autour de l'ovaire, Il en est de mème des sépales de la fleur mâle, qui 
s'aplatissent en se fermant et tombent bientôt après avee leurs pédi- 
celles ; l'on peut remarquer ici que les stigmates de lÆ/pinum sont les 
seuls de tousces Ribesiu européens qui, pendant lafécondation, sortent 
de l'intérieur de leurs fleurs. Près de l'A/pinum se range le Diacantha 
de la Sibérie, qui n'en diffère ni par le port ni par le feuillage, mais 
dont les pétales étalés sont très-petits, et dont les fleurs hermaphro- 
dites et jaunâtres ont un torus nectarifère. Ses feuilles portent deux 
ou trois petites épines à leur base. 

Le second type des Ribesia européens est formé de trois espèces : 
1° le Nigrum des forêts de l'Europe et de la Sibérie, distingué par ses 
calices campanulés et tomenteux, et surtout par la forte odeur que 
répandent ses belles glandes dorées et résineuses, placées surtout à la 
face inférieure des feuilles. On le cultive sous le nom de Cassis, et ses 
baies noires sont parsemées de glandes résineuses comme les feuilles. 
Gaunix remarque, d'après WirmerING, que ses pétales se changent 
quelquefois en étamines. 2° Le Rubrum, originaire des forêts de 
l'Europe et cultivé dans tous les jardins, a les grappes pendantes, 
les pétales blanchâtres et ses anthères à lobes arrondis, séparés par 
un large connectif ; 3° le Petræum, des montagnes de l'Europe, qui 
diffère du Rubrum par ses cälices d'un beau pourpre à lobes ciliés et 
par ses grappes plus courtes et faiblement pendantes ; ses feuilles 
s’élargissent et perdent leurs poils dans nos jardins. 


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Dans la plupart des espèces de ce dernier type, telles quéle Petræum, 
le Multiflorum, etc., le fond de la fleur distille abondamment l'hu- 
meur miellée et les grappes sont souvent pendantes, comme par exem- 
ple dans le Multiflore, de la Croatie, remarquable par ses cinq glandes 
vertes, alternes aux étamines et sur lesquelles paraissent implantés les 
pétales petits, élargis et bifides. 

C'est dans ce type, et tout près du Vigrum, que l'on place le San- 
guineum , joli petit arbrisseau du fleuve Colombia, à grappes rouges 
et pendantes, pétales allongés, calice tubulé et ovaire velu. A la fécon- 
dation, ses anthères entourent les stigmates à tête glutineuse, et les 
recouvrent de leur pollen. 

La dernière section des Ribes ne comprend, dans le Prodrome, que 
l'Aureum et le Flavum , tout-à-fait homotypes , des bords du Missouri 
et du Colombia, et remarquables par leurs tiges couvertes de boutons 
écailleux, les inférieurs foliacés, les supérieurs foliacés et florifères ; 
les fleurs , d’un jaune doré et agréablement odorantes , sont réellement 
solitaires aux aisselles, mais paraissent réunies en grappes courtes et 
corymbiformes, et le calice tubulé se termine par cinq lobes évasés, 
du centre desquels sort une corolle tubulée à cinq lobes redressés et 
plus ou moins déchirés, portant à leur base cinq anthères introrses 
qui entourent et recouvrent de leur pollen un stigmate en tête gluti- 
neuse et papillaire; l'humeur miellée sort d'un nectaire placé à la base 
de l'ovaire; la fécondation s'opère ici à l'entrée du tube corollaire 
soudé au calice dans une grande partie de sa longueur, et les feuilles 
trilobées et lisses sont recouvertes de glandes blanchätres. 

Les Ribes ont été disséminés dans les zones tempérées ou froides 
des deux continents, en Europe, en Sibérie, dans les environs du 
Caucase et sur les sommités des Andes; mais leur véritable patrie est 
l'Amérique nord, particulièrement la Californie, le Canada et même 
la baie de Hudson ; c’est de ces contrées que les botanistes rapportent 
tous les jours de nouvelles espèces, qui fleurissent au premier prin- 
temps, comme la plupart des européennes. 

Les Ribes sont de petits arbrisseaux buissonneux, à feuilles simples, 
pétiolées et lobées ; leur inflorescence est en grappes plus ou moins 
garmies, leurs pédicelles sont chargés de trois bractées, l’une basilaire, 
les deux autres plus petites et plus voisines du sommet; leurs fleurs, 
petites, verdâtres ou rougeâtres et quelquefois d'un beau jaune, don- 
nent des baies acidules, sphériques et remplies d’un assez grand 
nombre de semences. 

Les Ribes ont des tiges, dont la première écorce blanchâtre et suu- 
vent percée de petits points noirâtres disparaît dans l’année, et se 


= 599 == 
trouve remplacée par une seconde écorce brunûtre, chargée de len- 
ticelles et qui se renouvelle aussi plus tard. 

Comme les grappes ne sont jamais véritablement terminales, les 
boutons, après avoir donné leurs fleurs, au lieu de se détruire, 
repoussent du même centre de nouveaux boutons chargés, comme 
ceux des Berberis, des anciennes écailles desséchées, et qu'on peut 
remarquer, non-seulement dans les Grossularia , mais encore dans 
les autres sections. 

La végétation des Ribes a lieu du centre à la circonférence, en sorte 
que les tiges extérieures sont les plus anciennes et les autres succes- 
sivement les plus jeunes; ces dernières, qui prennent naissance près 
du collet, soulèvent en grossissant la racine principale, qui meurt 
avec les tiges centrales, en sorte qu’un buisson de Ribes grossularia 
laissé à lui-même se détruit dans le centre, et s'accroît continuelle- 
ment sur le contour; c'est la raison pour laquelle les jardiniers replan- 
tent les Groseillers au moins tous les cinq ans. 

Les Ribes épineux, ou les Grossularia, qui forment dans le genre 
une section trés-distincte, portent au-dessous de leurs feuilles une 
forte épine, tantôt simple, tantôt bifide, ou plus souvent trifide, et 
qui n'est pas, comme dans les Berberis, une feuille transformée, mais 
qui est due à un renflement du tissu cortical inférieur, dont on voit 
deux ou trois côtes se relever près de la feuille; cette épine principale 
ne se désarticule jamais, et ne doit point être confondue avec ces 
épines moins fortes qu’on trouve souvent éparses sur les tiges et les 
rameaux des Ribes américains. 

Les Ribes de notre seconde section, ou les Ribesia, se distinguent 
surtout par les glandes résineuses, jaunâtres et souvent odorantes qui 
recouvrent leur surface, et sont très-marquées dans le Petræum, le 
Resinosum, et une foule d’autres; celles du Vigrum s'attachent non- 
seulement aux feuilles, mais encore aux pétales , aux tiges, aux pédi- 
celles, aux écailles et même aux baies, et deviennent à demi liquides 
par les chaleurs de l'été. 

Les pétales des Ribes sont insérés sur le calice, à peu près à la même 
hauteur que les étamines , avec lesquelles ils alternent constamment, 
et ils forment souvent parleur réunion une petite couronne intérieure, 
très-saillante dans les Symphocalir. La fécondation, quia toujours lieu 
dans les mois du printemps, s'opère un peu après l'épanouissement ; 
les deux stigmates glutineux et souvent assez écartés, sont placés à 
cette époque au-dessus des étamines ou au moins à la même hauteur; 
les anthères, d'une structure variable et un peu bizarre, sont généra- 
lement bilobées, introrses latérales. Au moment où elles répandent 


— 23 — 


leur pollen sphérique sur le stigmate, le fond de la fleur est imprégné 
d'humeur miellée ; ensuite le calice, qui persiste, se resserre en s'apla- 
tissant; les pédicelles des fruits non fécondés se désarticulent, mais 
les grappes elles-mêmes ne tombent jamais , ‘parce que le pédoncule 
est continu; elles sont placées dans les bourgeons aux aisselles des 
premières feuilles, où elles se trouvent solitaires ou réunies; les der- 
nières feuilles du même bourgeon ne portent point de grappes, et le 
petit rameau se termine ordinairement à la fin de l'année par un nou- 
veau bouton; les pédicelles, articulés à la base au point où s'insère la 
bractée, tombent souvent à la maturation. 

Les feuilles sont plissées dans les Grossularia et les Ribesia, et rou- 
Jées les unes sur les autres dans les Symphocaliz ; leur consistance est 
généralement assez grande, et leurs dentelures sont glanduleuses ; 
les premières qui se développent ont leur pétiole plus ou moins 
élargi, et montrent assez bien que les écailles des bourgeons ne sont 
que des pétioles plus dilatés, dont le limbe a disparu. 

L'organe nectarifère varie beaucoup; quelquefois il est peu appa- 
rent, mais à l'ordinaire c'est un plateau épais appliqué sur le fond 
intérieur du calice; dans le Multiflora de la Croatie, il est formé de 
cinq glandes vertes, alternes avec les étamines, et dans presque tous 
les Grossularia de poils rayonnants qui garnissent l’intérieur de la 
fleur; ces variations dans un organe important en indiquent de cor- 
respondantes dans les modes de fécondation, que nous n'avons pas 
encore bien examinés. 

Les baies formées de deux ovaires, et uniloculaires par soudure, 
portent deux placentas pariétaux liés sans doute aux deux stigmates 
et aux deux styles tantôt distincts et tantôt réunis; les graines atta- 
chées à ces deux placentas sont souvent horizontales, et leur cordon 
ombilical, au lieu d'entrer immédiatement dans l'embryon toujours 
voisin du placenta, parcourt au contraire tout le contour de la graine 
à laquelle il ne se soude que tard; l'embryon est très-petit, ainsi que 
les cotylédons, et l’albumen occupe presque toute la capacité de la 
semence. 

Les Aibes sont assez bien divisés physiologiquement en quatre sec- 
tions, ou plutôt quatre grands types; mais leurs différentes espèces 
sont encore trop peu connues pour qu'il soit facile de les ranger en 
sous-types, et de les distinguer d'avec les simples variétés; c'est aussi 
la raison pour laquelle nous avons peu d'observations à présenter sur 
leur compte; nous dirons seulement que ce genre est un de ceux où 
la nature a mis le plus d’uniformité dans le port extérieur, les tiges, 
les feuilles, l'inflorescence, les pédicelles, les bractées et les baies, 


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mais où ses fleurs varient le plus, soit dans leur forme, soit dans leur 
fécondation , soit enfin dans la structure et la position de leur nec- 
taire; toutefois, si l'on en excepte les mouvements des calices, qui 
s'ouvrent dans l'épanouissement pour se refermer ensuite, et ceux 
des pédoncules qui s'inclinent et pendent presque toujours, je n'ai 
remarqué dans ces plantes aucun signe bien prononcé de sensibilité 
vitale. 

J'ajouterai en finissant que l'efflorescence centripète est à peu près 
simultanée dans toutes les grappes; que la fécondation, dans les 
espèces hermaphrodites, commence avec l'épanouissement et dure 
quelques jours; que les formes générales de fécondation sont au 
nombre de deux, celle des fleurs évasées où les étamines libres se 
rapprochent du style, comme dans le Rubrum, le Petræum, et celle à 
fleurs cylindriques où les anthères entourent le pistil sur lequel elles 
répandent leur pollen; les anthères du Rubrum sont très-remar- 
quables par leurs deux lobes globuleux, séparés par un large connec- 
üf; le Gracile a les fleurs renversées, ainsi que les anthères saillantes 
hors du tube, avec ses deux stigmates amincis et son lobe calicinal 
garni de poils visqueux, comme celui de l’Uva crispa. 

Le Speciosum , à fleurs rouges longuement tubulées et renversées, 
a toute la fécondation du Gracile. 

Le phénomène le plus remarquable que présente ce genre, C'est 
celui de ces espèces dioïques dont les fleurs sont si manifestement 
conformées pour la destination qu’elles devaient remplir ; je l’ai décrit 
en détail en parlant du Ribes alpinum; Sracu le mentionne encore 
dans deux autres espèces, le Diacanthum et le Resinosum , que je n'ai 
pas eu encore l'occasion d’examiner; mais j'ai vérifié que |’ A/pinum 
n'est pas toujours dioïque, et qu'il y a des pieds dont les fleurs ont 
des ovaires à stigmates bien conformés et dont les anthères ne sont 
pas dépourvues de pollen. 

La fécondation me paraît toujours s’opérer ici par l'intervention de 
l'humeur miellée, qui sort d'un nectaire placé à la base de l'ovaire ; 
mais les organes floraux ne sont pas conformés de la même manière 
pour recevoir son influence; tantôt, comme dans les Grossularia, les. 
étamines et les pistils sont placés dans l'intérieur de la fleur et entou- 
rés de poils rayonnants; tantôt, comme dans quelques Ribesia, la 
corolle est évasée, ou bien, ainsi que dans les Robsonia, les étamines 
sont saillantes hors d’un calice cylindrique; mais nous ne pouvons 
pas nous arrêter à énumérer ces formes diverses qui varient presque 
selon les espèces, et nous devons seulement constater dans toutes la 
présence d’une humeur miellée, en laissant aux observateurs attentifs 


— 525 — 


le soin de remarquer lès rapports qui existent sans doute ici entre 
l'arrangement des organes sexuels et la fonction qu'ils avaient à 
remplir. 


Soixante-dixième famille. — Saxifragacées. 


Les Saxifragacées ont un calice à cinqsépales plus ou moins réunis, 
et dont le tube plus ou moins adhérent est quelquefois entièrement 
libre; les pétales qui avortent rarement sont caducs ou persistants ; 
les étamines, insérées au calice comme les pétales avec lesquels elles 
alternent, sont quelquefois au nombre de dix, et alors les cinq secon- 
daires sont opposées aux pétales ; les filets sont subulés, les anthères 
ovales et biloculaires, le pollen est ellipsoïde à trois plis avec quelques 
papilles, l’ovaire est ordinairement formé de deux carpelles surmontés 
d'autant de styles persistants, terminés par des stigmates en massue, 
le fruit est une capsule à deux valves dont les bords sont tantôt réflé- 
chis en dedans, tantôt peu ou point repliés, et représentant, selon 
ces différents cas, une capsule biloculaire, semi-biloculaire ou unilo- 
culaire: les valves s'ouvrent de la base au sommet ou du sommet à la 
base ; les placentas, placés sur toute la longueur des sutures, près de 
la base ou versle sommet, portent des semences nombreuses et 
presque horizontales; l'albumen est charnu, l'embryon petit, ainsi que 
la radicule toujours tournée vers l'ombilic; les cotylédons sont courts 
et ovales. | 

Cette famille assez naturelle est formée d’arbres ou d’arbrisseaux 
étrangers ou d'herbes vivaces et annuelles, dont plusieurs appartien- 
nent à l'Europe. 


Première tribu. — ÆESCALLONIÉES. 


Les Escalloniees sont des arbrisseaux ou rarement des arbres, à 
feuilles opposées, coriaces, simples, glabres, à dentelures glandu- 
leuses et dépourvues de stipules; leurs fleurs hermaphrodites sont 
régulières, terminales, solitaires ou disposées en grappes et en pani- 
cules; leur calice adhérent et persistant est divisé en cinq ou six lobes, 
leurs pétales étroits et dépourvus d’onglet sont périgynes, insérés à 
l'ouverture du calice et alternes à ses lobes, les étamines ont les filets 


— 26 — 
distincts, l'ovaire est formé de deux carpelles étroitement unis, le stylé 
est unique et le stigmate bilobé ou capitulé. 

Cette nouvelle tribu, qui ne compte encore qu’un petit nombre de 
genres, est à peu près confinée au Chili, sur les Andes, au Brésil, dans 
la Nouvelle-Hollande et la terre de Magellan ; elle s'approche des Gros- 
sulariées pour la structureflorale, des Ericinees et des Vacciniées pour 
le port. 


Escallonia. 


L'Escallonia a un calice semi-globuleux à cinq lobes linéaires, cinq 
pétales insérés sur le calice, cinq étamines et un stigmate pelté, la 
capsule est une baie à peu près biloculaire, ouverte irrégulièrement 
par des trous placés à sa base ; la cloison incomplète est placentifère 
et roulée sur ses bords près du sommet; les semences très-nombreuses 
sont scrobiculées. 

On divise ce genre en deux groupes, qui renferment déjà trente: 
cinq espèces : 

1° Celui des espèces à fleurs solitaires ; 

2° Celui des espèces à fleurs paniculées. 

On place dans le second, qui est le plus nombreux, le Rubra et le 
Floribunda , assez communs dans nos serres. 

Le premier est un petit arbrisseau à tige et rameaux cylindriques, 
durs, velus et dépourvus de lenticelles; les feuilles éparses et brillantes 
en dessus sont recouvertes en dessous de glandes discoïdes et bordées 
de dentelures glanduleuses; ses fleurs disposées en petits corymbes 
lâches sont pédonculées et ont un calice adné ; ses cinq pétales roses 
et réunis en tube ont l'estivation des Labiees; ses cinq étaminesalternes 
aux pétales ont les anthères introrses à pollen adhérent, et un con- 
nectif cartilagineux appliqué sur toute la surface extérieure; l'ovaire 
est surmonté d'un corps jaune, fongueux et cylindrique, qui distille 
dès son sommet des gouttelettes emmiellées; le stigmate, à la même 
hauteur que les anthères, est une tête verte, aplatie et fortement vis- 
queuse. 

Le second, qui appartient également aux Andes, est remarquable 
par ses beaux corymbes de fleurs blanchâtres; ses feuilles, ses rameaux 
et ses calices sont recouverts de glandes résineuses; ses anthères 
introrses latérales , à parois renversées et toutes recouvertes de pollen 
entourent un stigmate visqueux et épais; l'humeur mellifère distille 
d'un beau nectaire jaune et fongueux qui enveloppe presque tout 
l'ovaire. 


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Ce genre appartient en entier à l'Amérique méridionale, soit équa- 
toriale, soit extratropicale; dans la partie occidentale, les Escallonia, 
qui croissent depuis mille jusqu’à près de deux mille cinq cents toises, 
constituent, d'après HumBozpr, une région végétale particulière ; 
Auguste SaIntT-Hicaire en a rapporté du Brésil plusieurs espèces 
nouvelles, qui appartiennent également aux régions élevées, 


Deuxième tribu. — CUNONIÉES. 


Les Cunoniees sont des arbrisseaux ou des arbres à feuilles opposées 
et stipules interpétiolaires; leurs fleurs ont quatre ou cinq pétales, 
huit ou dix étamines et deux ou trois styles libres ou réunis; leur 
fruit est biloculaire ou triloculaire. 


Cunonia. 


Le Cunonia a un calice de cinq divisions qui se désarticulent à la 
base, autant de pétales obtus, alternes aux lobes du calice, dix éta- 
mines à filets planes, entremèlées d'autant de glandes, un ovaire libre 
et biloculaire, deux styles persistants, deux carpelles concrets s’ou- 
vrant de la base au sommet, et plusieurs semences légèrement aplaties 
et ailées. 

Ce genre est formé de trois espèces, l'une du Cap, l’autre de Java, 
et la dernière de l'île Célèbes. La première est un arbrisseau, dont les 
stipules semblables à celles du Tulipier s'ouvrent pour chaque paire 
de feuilles , et portent sur leur disque intérieur des glandes, d’où sort 
une liqueur blanche qui enduit la feuille ailée et non encore dévelop- 
pée. Il n’y a point d'autre bouton que cette stipule, qui reste fermée 
l'hiver. Les deux autres espèces, qui ont aussi les feuilles ailées, parais- 
sent homotypes. Tous les Cunonia ont les fleurs nombreuses disposées 
en grappe spiciforme ou en panicules. 


Troisième tribu. — BAUÉRÉES. 


Les Bauërees sont des arbrisseaux à feuilles opposées, sessiles, ailées 
et dépourvues de stipules; leurs fleurs polyandres ont six à neuf 


pétales; leur capsule biloculaire s'ouvre au sommet entre les deux 
styles. 


Bauera. 


Le Bauera, le seul genre de la tribu, a un calice persistant de six 
à neuf divisions adnées à l’ovaire par leur base, six à neuf pétales 


— D28 — 


caducs, des étamines nombreuses inserées sur le calice, deux styles 
allongés terminés par des stigmates globuleux, une caps presque 
entièrement libre, biloculaire et un peu enflée, des semences nom- 
breuses placées vers le mileu de la capsule. 

Ce genre renferme quatre espèces de la Nouvelle-Hollande, dont 
trois homotypes, et dont la dernière ou le Capitata a les fleurs réunies 
en tête au sommet des tiges; le Rubioïdes , qui est le plus répandu, a 
la tige redressée, les feuilles opposées, dentées ettrifoliolées, et comme 
verticillées autour des nœuds de la tige; les fleurs, solitaires et pédon- 
culées aux aisselles supérieures, sont rouges, ainsi que dans le reste du 
genre, et ont un calice persistant qui se referme dans la maturation. 

La fécondation est directe; les étamines libres sont dépourvues de 
mouvements , et les styles se recourbent sur les anthères Jjaunâtres, 
qui lancent leur pollen sur les stigmates par les deux pores dont elles 
sont percées au sommet. Je n'ai pas vu l'humeur miellée. 

La tige se développe indéfiniment avec les fleurs; l'on pourrait 
considérer les feuilles comme simples et accompagnées de deux 
bractées de même forme et de même consistance, de même que dans 
les Rubiacees. 


Quatrième tribu: — HYDRANGÉES. 


Les Hydrangees ont les feuilles opposées, simples et dépourvues 
de stipules, les fleurs pentapétales, décandres et disposées en corym- 
bes souvent stériles sur les bords et quelquefois même au centre. 


PREMIER GENRE. — Hydrangea. 


L'Hydrangea a le tube calicinal hémisphérique, marqué de dix 
côtes, adné à l'ovaire et terminé par un limbe à cinq dents persis- 
tanies, deux styles distincts, une capsule biloculaire à valves recour- 
bées en dedans, couronnée par les styles et s’ouvrant par un trou au 
sommet, des semences nombreuses et réticulées. 

On divise ce genre en deux groupes artificiels : 

Celui des espèces américaines, ou Hydrangees vraies ; 

Celui des espèces asiatiques, ou Hortensia. 

Le premier et le moins nombreux comprend dans le Prodrome cinq 
espèces homotypes, dont quatre appartiennent à l'Amérique nord et 
la dernière au Pérou; les plus connues sont l’Arborescens à fleurs 
presque toutes fertiles; le Vivea à feuilles cotonneuses en dessous et 
fleurs stériles sur les bords; enfin le Quercifolia à feuilles élargies; 


— 529 — 
sinuées et fleurs également avortées sur les bords, mais disposées en 
corymbes ou plutôt en cymes ovoïdes et non fastigiés, comme dans 
les deux précédentes. 

Ces plantes, ainsi que toutes celles de notre premier groupe, sont 
des sous-arbrisseaux dont la tige molle et médullaire périt chaque 
année jusque près de la base, et pousse des rejets de ses racines rhi- 
zomatiques; leurs feuilles, comme celles du second groupe, sont 
grandes et opposées ; les tiges chargées de lenticelles portent à leur 
sommet des cymes de fleurs blanches, tout-à-fait semblables à ceux 
du ’iburnum opulus pour la structure générale et le développement 
extraordinaire du rayon. 

La corolle des fleurs fertiles, car celle des autres avorte constam- 
ment, est en estivation valvaire indupliquée, comme dans les Clema- 
lis ; chaque pétale recouvre deux étamines à filets irrégulièrement 
plissés; les anthères sont blanches et bilobées, et le nectaire est une 
belle glande jaunâtre qui entoure l'ovaire. La corolle tombe après 
l'épanouissement, mais le calice persiste. 

Les stigmates sont bilobés, mais si mal conformés qu’on ne peut 
pas y découvrir nettement le véritable siége de l'organe; c'est peut- 
être une rainure qu'on aperçoit dans leur milieu, et qui semble por- 
ter quelques traces de papilles; toutefois il est fort douteux que la 
plupart des Hydrangées proprement dites soient fécondes dans nos 
climats ; car leurs anthères même paraissent à peine s'ouvrir, et ne 
contiennent qu'une petite quantité de pollen blanchâtre. 

Les capsules du Quercifolia se détruisent avant de mürir, mais 
celles des deux autres espèces paraissent mieux conformées; elles 
s'ouvrent horizontalement comme une boite à savonnette, et leur 
couvercle se compose des lobes du calice réunis aux deux styles et 
au sommet de la capsule; le fond est une petite patère évasée où l'on 
apercoit le dissépiment et les traces des deux placentas, mais où l’on 
ne trouve point de véritables semences; c’est pourquoi les jardiniers 
ne multiplient les Hydrangea que de marcottes ou de boutures. 

Les Hydrangées de notre second groupe, dispersées au Népaul, 
dans les forêts de Ceylan, aux Indes orientales, au Japon et à la 
Chine, forment à peu près une quinzaine d'espèces ou de variétés. 
La plus connue est l'Hortensia, cultivé depuis un temps immémorial 
au Japon, comme à la Chine, et introduit actuellement dans tous nos 
jardins; ses fleurs, dont l'ensemble forme une belle tête sphérique 
ordinairement rouge, mais quelquefois bleue, sont toutes infécondes, 
précisément comme celles du 7iburnum opulus flore pleno, ou Boule 
de Neige ; toutefois, au milieu de ces fleurs monstrueuses , on en 


IT, 34 


— 530 — 


remarque cà et là quelques-unes dont les calicesont conservé leur fornre 
primitive, et dont les pétales en estivation valvaire renferment de huit 
à dix étamines à anthères biloculaires et rouges, comme toutes les 
autres parties du corymbe; au milieu de ces anthères, on voit le ru- 
diment d'un ovaire infère à stigmate bilubé et renfermant quelques 
vestiges de graines. Ges fleurs monstrueuses de l’Hortensia durent 
très-long-temps, parce qu'elles ne sont, pour ainsi dire, que des calices 
colorés, et leur éclat est encore relevé par des touffes de belles feuilles 
vertes, épaisses, un peu laurinées et régulièrement opposées. 

L'inflorescence de l'Hortensia est à peu près simultanée, et sa végé- 
tation ressemble tout-à-fait à celle des Hydrangea de notre premier 
groupe; ce sont toujours des tiges peu consistantes, fortement mé- 
dullaires et marquées de lenticelles allongées; le plissement des feuilles 
est involutif dans les deux groupes, c'est-à-dire, que le bord de 
chaque feuille embrasse le bord correspondant de l'autre feuille, et 
est embrassé par l’autre. 

Le principal phénomène que présente ce genre est celui de ces 
fleurs avortées, qui, dans nos climats, ne donnent jamais de graines 
fertiles ; en sorte que la multiplication ne peut avoir lieu que par des 
marcottes ou par des boutures. Il en est à peu près de même des 
espèces cultivées de temps immémorial dans les jardins de la Chine et 
du Japon, et dont les principales sont notre Hortensia, | Azizai de 
Sicsozp, le Japonica du même auteur, l’Ælternifolia et V Involucratu ; 
sans doute qu'il en est autrement des espèces restées sauvages, et 
qu’on trouve dans les montagnes du Népaul ou du Japon, comme 
aussi dans celles de l'Amérique nord, lorsqu'elles n’ont pas encore été 
transportées dans nos jardins ; toutefois je ne vois dans les ouvrages 
botaniques aucune mention des graines des Hydrangea , excepté dans 
GærrNer, qui, dans la fig. 7 de sa planche 30, mentionne et repré- 
sente celles del Arborescens ; mais il n'assure- pas qu’elles soient fertiles, 
et il ne fait aucune mention des fleurs extérieures avortées. 

Quoi qu'il en soit, et que l'échantillon qui a servi à la description 
de GærTNER fût sauvage ou cultivé, il n'en est pas moins certain que 
les fleurs des Zydrangea avortent trés-facilement, surtout dans le 
contour, et que nous n'avons encore trouvé aucun moyen de les 
ramener à leur état naturel. Cette singulière disposition est la cause 
pour laquelle les Hydrangea, si brillantes par leur port et l'éclat de 
leurs fleurs, ne présentent aux obervateurs qu'un petit nombre de 
ces faits curieux qui sont si multipliés dans la plupart des autres 
plantes; on ne connaît ni les divers modes de leur fécondation, ni les 
mouvements de leurs étamines et de leur corolle, ni leur dissémina- 


— 531 — 

tion ; leurs tiges sont presque toujours molles et médullaires, leurs 
feuilles opposées, larges et à peu près immobiles, et leurs fleurs dis- 
posées en cymes au sommet des tiges. Les seules remarques que j'aie 
pu faire, c'est qu'une des espèces du second groupe a les feuilles 
alternes, que l'/nvolucrata du Japon a les feuilles involucrées, et que 
le Virens de la même contrée est souvent grimpant. Au reste, on peut 
trouver dans les Acta natur. curiosor., v. 12, p. 686, un mémoire du 
docteur Sicsoup sur les Hydrangea, soit naturels, soit cultivés au 
Japon et à la Chine. 

J'ai vu dans l'Hydrangea arborescens deux stigmates épaissis et mal 
conformés, dix étamines à anthères demi-avortées, une glande portant 
l'ovaire et entourée d'un godet qui ne renfermait point d'humeur 
miellée ; est-ce l'absence de cette humeur qui rend la fleur infertile P 


SECOND GENRE. — Deutzia. 


Le Deutzia a le tube calicinal adhérent à l'ovaire et le limbe quin- 
quéfide ; les pétales, qui varient de cinq à sept, sont ovales oblongs; 
les dix étamines ont leurs filets dilatés et tricuspidés au sommet, et les 
anthères didymes sont attachées à la pointe moyenne; les styles sont 
filiformes; la capsule globuleuse, tronquée, ombiliquée et couronnée 
par les styles persistants, est composée de trois ou quatre coques, qui 
s'ouvrent à la base par autant de trous, et laissent échapper chacune 
dix à douze semences oblongues, acuminées et aplaties ; l'albumen est 
charnu, la radicule supère est allongée. 

Ce genre est formé uniquement du Scabra, sous-arbrisseau trés- 
rameux du Japon, qui a le port du Styrax, et dont les fleurs d'un beau 
blanc sont réunies en grappes au sommet des rameaux; ses feuilles 
ovales acuminées, sont pétiolées, opposées, dentées et recouvertes 
comme les tiges de poils étoilés. 

La fécondation s'opère par l'humeur miellée; les anthères latérales 
à pollen jaune et parois renversées penchent l'extrémité de leurs filets 
sur les stigmates papillaires et allongés en spathule, et l'on voit sur le 
torus un beau nectaire brun et relevé qui entoure la base du style. 

Cette plante, très-remarquable par sa conformation, n'appartient 
encore directement à aucune des familles connues; elle s'éloigne des 
unes et des autres par ses étamines tricuspidées et surtout par la 
structure de sa capsule perforée ; toutefois, il est difficile de l'éloigner 


des Sazifragacces : Sracn la place parmi les Philadelphus, tout près des 
Hydrangea. 


Cinquième tribu. — SAXIFRAGÉES. 


Les Saxifragees sont des herbes à feuilles ordinairement alternes et 
toujours dépourvues de stipules ; leurs fleurs toutes fertiles et rarement 
solitaires forment des grappes ou des panicules. 


PREMIER GENRE. — Saxifraga. 


Les Saxifrages ont un calice à cinq sépales plus ou moins réunis, 
.cinq pétales entiers et rarement irréguliers, dix étamines dont cinq 
opposées aux pétales, des anthères biloculaires, une capsule libre ou 
adnée au calice, deux carpelles souvent soudés jusqu'au style, des 
semences nombreuses, ridées ou lisses et disposées en plusieurs séries. 

On divise ce genre en neuf sections : 

1° Les Porphyrion; calice droit, allongé, persistant, gamosépale, 
libre ou soudé à l'ovaire, semences anguleuses, lisses ou ridées, 
feuilles opposées très-petites, persistantes et coriaces, fleurs rouges 
et rarement jaunes; 

2° Les Aizoonia ; calice droit, allongé, persistant, gamosépale et 
soudé à l'ovaire, semences ovales, triquètres et ridées, feuilles 
alternes, sessiles, coriaces , glaucescentes, à rebord cartilagineux, 
fleurs blanches, jaunes ou rouges. 

3° Les Dactylites; calice droit, allongé, persistant, gamosépale, 
soudé à l'ovaire, feuilles alternes, planes, herbacées, entières ou 
lobées, jamais ponctuées ni cartilagineuses sur les bords, fleurs 
blanches ou jaunes et rarement pourprées; 

4° Les Bergenia ; calice gamosépale et non soudé, semences angu- 
leuses et lisses, hampe épaisse, fleurs en cymes, pourprées ou blan- 
ches, feuilles coriaces et persistantes ; 

5e Les Micranthes ; calice gamosépale à la base, capsule enflée, 
stigmate presque vost | semences oblongues et lisses, feuilles oblon- 
gues et radicales, fleurs petites, agglomérées en tête ou en panicule. 

6° Les Arabidia; calice légèrement gamosépale, ouvert ou réflé- 
chi et jamais adhérent; pétales longuement onguiculés et quelquefois 
inégaux, semences striées longitudinalement, feuilles alternes, cunéi- 
formes et rosulées ; 

7° Les Hydatica; calice légèrement gamosépale et non adhérent, 
corolle à peine irrégulière, à nervures palmées, semences rudes et 
irrégulièrement sphériques, feuilles coriaces et à peu près cunéi- 
formes ; 


— b33 — 

. 8° Les Micropetalum ; calice légèrement gamosépale et non adhérent, 
semences oblongues, tiges feuillées, fleurs paniculées, feuilles alternes 
ét marcescentes ; 

9° Les Hirculus ; calice légèrement gamosépale et non adhérent, 
semences oblongues, ponctuées ou ridées, tige feuillée et stolonifère, 
feuilles alternes, étroïtes, entières, marcescentes et ciliées sur les 
bords. 

Les Porphyrion sont formés d'espèces évidemment homotypes, 
dont trois, l'Oppositifolia, le Biflora et le Retusa, sont origmaires 
des Alpes et des Pyrénées, et dont la quatrième, l'Escholtzii, se trouve 
au golfe de Saint-Laurent avec la première; elles habitent toutes près 
des neiges éternelles , et forment sur les rochers qu’elles tapissent et 
le long desquels elles pendent, des touffes recouvertes d'élégantes 
fleurs printanières, d'un pourpre bleuâtre; leurs tiges gazonnantes 
et couchées sont recouvertes de petites feuilles épaisses, triquètres, 
glaucescentes et percées au sommet d’un à trois pores excrétoires, 
d’abord recouverts d’une squamule, et ensuite nus; leurs fleurs ter- 
minales et pédonculées, qui varient d'une à cinq, se dessèchent sans 
tomber, de même que les feuilles, et les racines, qui sont de vrais 
rhizomes, redonnent chaque année de nouvelles pousses qu'on recon- 
nait à leurs feuilles serrées et imbriquées sur quatre rangs. 

Les stigmates sont développés avant que toutes lesanthères, rouges 
et introrses, aient répandu leur pollen; les étamines s'approchent suc- 
cessivement du pistil, en même temps que l'humeur miellée recouvre 
le torus; le calice est libre dans l'Oppositifolia et le Biflora, mais 
adhérent dans le Retusa ; les feuilles du_Biflora sont faiblement carti- 
lagineuses, et les semences du Retusa sont lisses et brillantes ; l'Æs- 
choltzii, du golfe Saint-Laurent, qui est une très-petite plante à fleurs 
jaunes et styles divergents, pourrait bien n'être pas homotype aux 

x 3 
espèces européennes. 

Kocx ajoute à nos Porphyrion européens deux espèces secondaires: 
le Rudolphiana et le Kochii, la première très-voisine de l Oppositi- 
folia, et la seconde du Biflora; elles ont, comme toutes les espèces 
du groupe, des tiges vivaces ordinairement couchées, qui se déve- 
loppent constamment par le sommet et conservent long-temps leurs 
vieilles feuilles desséchées; les jeunes portent toutes, comme les autres 
Porphyrion, à leur sommet épaissi, un à trois pores d'abord recou- 
verts d'une écaille crustacée et ensuite nus. 

Les Aizoonia, une des sections les plus nombreuses et les plus tran- 
chées, se partagent en quatre groupes : 

1° Celui à feuilles ligulées, obtuses et cartilagineuses sur les bords; 


— 534 — 

2° Celui à feuilles ligulées, spathulées, ponctuées, cartilagineuses 
etentières sur les bords ; 

3° Celui à feuilles triquètres et obtuses ; 

4° Celui à feuilles triquètres et allongées en pointes piquantes. 

Le premier compte quatre espèces distinctes et quelques autres peu 
connues qui n'en sont peut-être que des variétés ; la première et la plus 
brillante est le Cotyledon, qui habite les flancs abruptes des montagnes 
primitives, et tapisse les rochers du passage méridional du Simplon, 
de ses magnifiques panicules d'un blanc de neige; la seconde est le 
Longifolia, des Pyrénées et des rochers de la Provence, à panicules 
moins étalées et à fleurs blanches , ponctuées de pourpre; la troisième 
est l'4izoon, qui recouvre tous les rochers de nos montagnes de ses 
rosules couronnées de petites panicules de fleurs d'un blanc sale, taché 
de points jaunes et pourpres; enfin la dernière, ou le Mutata, plus rare 
que les précédentes , originaire des Pyrénées et des Alpes, et qui se 
distingue par ses belles panicules pyramidales d'un jaune orangé et 
souvent ponctué. 

Le second ne compte que deux espèces : le Media et l Aretioides , 
tous les deux des Pyrénées, à fleurs paniculées, rouges dans la pre- 
mière et jaunes dans la seconde; comme elles croissent l’une près de 
l'autre, elles ont produit des hybrides qui vivent dans leur voisinage, 
et dont les principales sont l'Ambiguu, le Luteo-purpurea de De Cax- 
DOLLE et le Lapeyrousi de Dox. 

Le troisième est formé de quatre espèces principales et homotypes, 
le Diapensioides , le Cuesia, le Patens et le Valdensis, qui sont de 
petites plantes alpines, gazonnantes, à feuilles épaisses, courtes et 
glaucescentes, fleurs rares, petites et blanches; les autres, qui ne sont 
guère que des variétés, croissent principalement sur les rivages 
arctiques de l'Amérique septentrionale, 

Le dernier comprend aussi trois espèces européennes : le Tenella, 
des Alpes de l'Autriche, le Burseriana et le Fandellii, des pentes méri- 
dionales des Alpes italiennes; les unes et les autres ont les feuilles 
fermes, lisses ou ciliées et percées d'un pore au sommet; leur tige 
souvent glanduleuse porte des fleurs petites, peu nombreuses et blan- 
châtres ; leurs étamines et leurs styles sont saillants et le stigmate du 
Burseriana est disciforme; ce qui indique peut-être un mode parti- 
culier de fécondation; la seule espèce étrangère qui mérite ici d'être 
notée est le Juniperina, du Caucase, à feuilles dures et piquantes, et 
fleurs ramassées en épi globuleux. 

Les Aizoonia ont les feuilles réunies en rosettes plus ou moins 
pédonculées, et qui émettent de leur centre des tiges à peu près nues, 


— 935 — 


presque toujours glanduleuses et chargées de fleurs blanches , quel-: 
‘ quefois jaunes ou rouges et ordinairement tachées ; du bas de ces 
rosules florales qui périssent toutes les années, naissent des stolons ou 
des rejets terminés par des rosules au moyen desquelles la plante: 
s'étend et se multiplie. Gaupix dit que le Mutata ne produit point de 
rosules, et Kocx ajoute que la plante est bisannuelle , ce qui explique 
le fait; du reste tous les autres 4/z0onia sont vivaces, et se distinguent 
à leurs feuilles marquées sur les bords de points enfoncés, fermés par 
une écaille qui tombe plus tôt ou plus tard ; ces feuilles , disposées en 
ordre alterne sur les rosules et sur les tiges, sont ciliées à ia base et 
se dessèchent sans tomber. 

La fécondation doit un peu varier ici selon les groupes, dans 
l’Aizoon , le Cotyledon, le Diapensioides, le Patens, etc., les anthères 
s'approchent successivement du centrede la fleur, et s'ouvrent en répan- 
dant leur pollen sur l'humeur visqueuse qui distille du torus, avant 
que les styles soient écartés et par conséquent que les stigmates soient 
formés ; j'ai vu dans le Patens de Gaunin, qui n’est peut-être qu'une 
variété remarquable du Cæsia, le pollen jaunâtre tapisser le torus 
avant que les styles fussent écartés, et par conséquent que les stig- 
mates fussent développés; mais comme les fleurs ne paraissent pas 
toutes en même temps, la fécondation des Aizoonia pourrait bien 
être quelquefois réciproque. 

Les Dactylites se partagent en trois groupes : 

1° Celui à racine vivace et souvent stolonifère ; 

2° Celui à racine annuelle ou bisannuelle, et pétales souvent 
échancrés ; 

3° Celui à racines bulbifères et feuilles marcescentes. 

Le premier contient à peu près cinquante espèces ou variétés, dis- 
persées sur les montagnes de l'Europe, au Népaul, dans les contrées 
du pôle arctique et même sur les Andes; les principales espèces 
. européennes, dont les autres sont souvent des variétés modifiées par 
le climat sont : r°le Sedoides, à feuilles cartilagineuses et pétales étroits; 
2° le Planifolia, à feuilles molles, serrées et fleurs d’un jaune citron; 
3° l'Androsacea, à tige à peu près dépourvue de feuilles et chargée 
d'une à quatre fleurs; 4° le Seguieri, à tige biflore et pétales jaunes ou 
orangés; 5° le Muscoides ou le Cespitosa, qui présente une multitude 
de variétés et se reconnaît à ses gazons plus ou moins glanduleux, à 
ses petites fleurs d’un blanc jaunâtre ou pourpres, à ses stigmates 
aplatis et à sessemences ovoïdes, irrégulièrement tronquées; 6° l'Exa- 
rata , à nervures fortes et saillantes, fleurs blanches, stigmates larges 
et spathulés ; 7° le Geranioides, des rochers ombragés des Pyrénées, 


— 536 — 
dont l'on compte plusieurs variétés, comme l'/rrigua, à feuilles de: 
Geranium et fleurs du Granulata ; 8° enfin l'Hypnoides aussi poty- 
morphe que le Muscoides, à tige parviflore à peu près nue, feuilles 
herbacées et rameaux stériles souvent chargés de gemmes. 

Le deuxième groupe, remarquable par ses racines annuelles ou bis- 
annuelles, n'est guère formé que de deux espèces : 1° le Petræa, des 
pentes méridionales des Alpes italiennes, à tiges très-rameuses, feuilles 
très-molles et semences noires très-ridées; 2° le Tridactylites, des 
sables et des murs de toute l'Europe et dont les petites fleurs sont d'un 
blanc pur ; on lui associe comme variété ou comme espèce le Contro- 
versa, qui, quoique annuel, croît sur les Alpes du Piémont et sur les 
Pyrénées, où il présente plusieurs variétés. 

Enfin le troisième groupe, assez répandu en Sibérie et sur les rivages 
arctiques, n'offre guèrequ'uneespèceindigène,le Granulata del Europe 
tempérée, qu'on reconnait à ses belles touffes de feuilles épaisses, 
réniformes et visqueuses, à ses corolles blanches, à ses longs styles 
parallèles et à ses stigmates spathulés. On range toutefois sous ce 
même groupe le Bulbifere, des collines arides de l'Europe, à tiges 
chargées de bulbilles dans les aisselles, ainsi que le Cernua de la Sibérie 
et de la Suisse, à pédoncule uniflore ; mais comme cette dernière a 
toujours les styles difformes et imparfaits, et que l’autre n’a point des 
caractères assez contants pour former une espèce, on présume avec 
raison que toutes les deux pourraient bien être de simples variétés 
du Granulata. 

Les Dactylites se reconnaissent promptement à leurs feuilles 
planes, molles, dépourvues depores surles bords et presque toujours 
divisées au sommet en trois ou cinq lobes, assez variables pour que l'on 
trouve dans le même individu des feuilles entières, entremêlées aux 
autres. La propagation, au moins dans les espèces du premier groupe, 
s'opère par des rejets qui s’allongent la première année et fleurissent la 
seconde ; ainsi, par exemple, on voit dans le Muscoides des tiges dessé- 
chées dont la base porte des rejets fleuris, et dans une variété del'Æyp- 
noides des rejets chargés de bulbilles; dans le second groupe, formé de 
plantes annuelles, on n’aperçoit, il est vrai,aucun stolon,maisles graines 
se répandent de très-bonne heure et germent avant l'hiver; et c’est la 
raison pour laquelle le Controversa, quoique vivant auprès des neiges, 
se perpétue depuis des siècles ; cependant dans le dernier groupe et 
aussi dans quelques espèces du premier, la reproduction se fait par des 
bulbilles placées autour des racines et sur les aisselles , en sorte qu’on 
peut dire que les plantes dont il est formé sont annuelles, comme 
celles du second groupe; ces bubilles, dont l'enveloppe est blanche 


— 037 — 


avec des teintes rougeâtres, se composent dans le Granulata , et sans 
doute aussi dans les autres, de petites feuilles verdâtres, appliquées les 
unes contre les autres et toutes prêtes à se développer lorsqu'elles 
seront placées dans des circonstances convenables. 

Les fleurs des Tridactylites sont blanches ou quelquefois jaunâtres, 
tantôt petites, tantôt au contraire très-grandes, comme dans le Gra- 
nulata ; leur ovaire , infère dans les deux premiers groupes, et semi- 
supère dans le troisième, est recouvert d'un torus épais, jaunâtre, où 
j'ai cru apercevoir plusieurs fois dix pores mellifères; les anthères 
s'ouvrent successivement, les calicinales les premières; mais elles ne 
s'inclinent pas d'une manière aussi marquée que dans les autres sec- 
tions; au moment où elles répandent leur pollen souvent jaunâtre, 
les deux styles sont encore appliqués fortement l'un contrelautre, et 
les stigmates ne sont pas développés; mais pendant la maturation, au 
moins dans le Tridactylites et toutes les variétés du Geranioides, la 
partie supérieure de la capsule, la seule qui soit découverte, s'élargit 
fortement et prend une consistance cartilagineuse ; les styles et les 
stigmates se divariquent beaucoup, et l’on voit apparaître la ligne de 
suture qui parcourt toute la largeur du péricarpe, entre les deux 
styles; les valves s'ouvrent ensuite par le sommet, et mettent à décou- 
vert de nombreuses semences multisériées, sur les deux faces placen- 
tifères de la cloison. Il est clair qu'ici les cordons pistillaires descendus 
des stigmates s'étendent sur toute la largeur de la cloison. 

La fécondation est directe, quoique les stigmates ne soient pas encore 
développés lorsque les anthères commencent à répandre leur pollen. 
Dansle Geranioides , que je prends ici pour type, les anthères d'abord 
extrorses ferment ensuite par leur réunion toute l'entrée de la fleur ; 
elles s'ouvrent alors et répandent leur pollen adhérent sur le torus 
glanduleux et mellifère, en même temps que sur les stigmates placés 
au-dessous et qui commencent à se former; la fécondation ne peut 
pas être réciproque, car les calices restent toujours redressés. 

Les Bergenia, très-distincts des autres Saxifrages , et qui feront un 
genre propre dès qu’ils seront plus nombreux, se composent de deux 
espèces, le Crassifolia, de la Sibérie, et le Ligulata, du Népaul, appar- 
tenant au même type, mais cependant très-distinctes ; celle-ci a les 
feuilles transparentes, réticulées et ciliées et les calices frangés; celle- 
là, fort répandue dans nos jardins, où elle se conserve sans culture , 
a les feuilles grandes, ovales, roulées en cornet et sortant d’un rhi- 
zome épais et traçant ; ses fleurs , d’abord renfermées dans des écailles 
qui naissent de la base des feuilles, sont portées sur une hampe fistu- 
leuse qui donne , dès la fin de l'hiver , une panicule serrée d’un beau 


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rouge; le calice est libre, court, renflé et non réfléchi; les étamines 
sont sans mouvement; le pistil est formé de deux ou trois carpelles: 
supères et terminés par des stigmates languetés et triquètres; enfin, 
le torus porte au-dessus de sa base dix godets nectarifères; malgré 
cette organisation florale, qui paraît très-complète, les graines ne 
müûrissent pas, je crois, dans nos climats. 

Les Micranthes, qui me paraissent aussi homotypes, ont les feuilles 
radicales oblongues, repliées en dessous, glanduleuses et réunies en 
une touffe épaisse à racine vivace ; elles sont entièrement inconnues 
à nos Alpes et ne se trouvent guère que dans l'Amérique septentrio- 
nale, la Sibérie et le Népaul; toutefois l’Hieracifolia, du Groenland, 
habite aussi les montagnes de la Hongrie, et le Vivalis, qui lui res- 
semble beaucoup est commun à l'Amérique du nord, aux montagnes 
de la Laponie et de l'Auvergne; les deux principales espèces de la 
section sont le Pensylvanica et \ Hieracifolia qui se multiplie très-bien 
dans nos jardins; la première a ses longues hampes chargées de fleurs 
jaunâtres, à calice réfléchi et infère; ses anthères briquetées s'ouvrent 
plutôt au sommet que latéralement, et les stigmates développés à la 
fécondation sont deux têtes visqueuses; la seconderessemble beaucoup 
à la première pour la structure générale’et le port, mais elle en diffère 
surtout par ses pétales plus larges, légèrement déformés et d’un blanc 
taché de jaune; les filets sont en massue, les anthères briquetées, les 
styles et les stigmates allongés et rapprochés. Toutes les deux ont les 
calices réfléchis, les ovaires à peu près libres et la fécondation directe; 
la glande nectarifère m'a paru peu marquée, et dans la première le: 
calice ne s'évase pas; mais les deux valves de la capsule s'écartent et 
mettent à découvert des graines qui s’échappent les unes après les- 
autres. 

Les Arabidia, très-voisins des Micranthes, forment une petite 
famille dispersée dans l'Amérique nord, la Sibérie ou le Népaul, et 
dont deux espèces, le Clusii et le Stellaris, appartiennent à l'Eu- 
rope; la première, des Pyrénées et des Cévennes, se reconnait à ses 
trois pétales inégaux, plus grands que les deux autres et marqués 
d'une tache orangée; la seconde, répandue sur les bords des ruisseaux 
des Alpes, a les rosules lâches, les hampes latérales et les pétales mar- 
qués chacun de deux taches jaunes et rougeâtres; l'une et l'autre ont 
les feuilles cunéiformes, dentées et disposées en rosules stolonifères ; 
leurs panicules, d'abord protégées par les feuilles recourbées, sont 
pleines de légèreté et d'élégance; leurs pétales sont étoilés, leurs an- 
thères briquetées, comme dans les Wicranthes, leurs stigmates presque 
sessiles et leurs capsules à peu près libres. 


— 539 — 

Le pollen se répand, dans la plupart des Arabidia, avant que les 
stigmates soient formés. 

Les Hydatica, qui diffèrent peu des A4rabidia , se divisent en trois 
types : le premier est celui de l'Erosa, de la Virginie, remarquable 
par sa tige forte et striée, par ses feuilles rétrécies en pétioles et 
comme rongées, enfin par ses fleurs blanches disposées en helles pyra- 
mides; le deuxième est celui du Sarmentosa, du Japon, qui mériterait 
de former une section par ses feuilles arrondies, couvertes en des- 
sous de belles taches jaunâtres, par ses stolons filiformes très-allongés 
et surtout par l'irrégularité de ses fleurs formées de trois pétales pen- 
dants et allongés et de deux autres supérieurs beaucoup plus petits, 
séparés de l'ovaire par une belle glande jaunâtre en croissant ; le 
dernier et le plus nombreux est celui des espèces européennes à filets 
élargis au sommet, poils articulés, feuilles épaisses, cunéiformes, for- 
tement crénelées et toujours réunies en rosules allongées; il est 
représenté par l'Umbrosa et le Cuneifolia, Y Hirsuta ou le Geum, à 
hampes nues, penchées et paniculées, fleurs blanches plus ou moins 
régulières, presque toujours tachées de jaune ou de pourpre, filets en 
massue et anthères orangées ; dans le Cuneïfolia, l'humeur mellifère 
sort par des pores placés à la base des étamines, et la capsule n’est pas 
portée par un corps glanduleux; les Hydatiques se reproduisent de 
rejets, et ont des semences à peu près sphériques et fortement tuber- 
culées; toutes aussi aiment à vivre dans les montagnes alpines, dans 
les bois frais et autour des rochers humides; leurs filets viennent alter- 
nativement et successivement placer au-dessus du stigmate leurs 
anthères, qui s'ouvrent et laissent tomber le pollen sur la belle glande 
mellifère qui forme la base de l'ovaire; lorsque l'opération est achevée, 
les stigmates s’écartent en se formant, et sont alors fécondés par les 
émanations qui s'élèvent de la glande, et dans le Cuneifolia, par celles 
qui proviennent des dix pores à Ja base des étamines. 

Les Micropetalum comptent sept à huit espèces, les unes dispersées 
en Orient, au Népaul, ou sur les côtes occidentales de l'Amérique 
nord, les autres originaires des îles de la Méditerranée et des basses 
montagnes de l'Europe; le type de ces dernières est le Rotundifolia, 
qui se trouve abondamment au pied des montagnes sub-alpines où il 
fleurit tout l'été, et se distingue à ses tiges succulentes, droites, élevées 
et chargées de feuilles cordiformes, larges , arrondies et crénelées ; 
ses fleurs sont élégamment paniculées, ses pétales amincis au sommet 
sont blancs et tachés de points jaunes et rouges ; ses anthères pivo- 
tantes s'inclinent tour à tour sur le pistil, dont le stigmate n'a pas 
encore développé ses houppes papillaires, lorsque le pollen blanchâtre 


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se répand sur la base de l'ovaire toute couverte de pores mellifères : 
ensuite les stigmates se forment et développent leurs longues cornes. 
La même forme de végétation et de structure florale appartient sans 
doute aussi à l'Jederacea, au Cymbalaria, de YOrient, au Russi et au 
Parviflora , deux petites plantes des îles de la Méditerranée, qui sem- 
blent n'être que des miniatures du Rotundifolia ; toutes les espèces de 
la section ont les feuilles molles et caduques comme la tige; elles se 
multiplient par des rejets souterrains, et non par de véritables drageons. 

Les Hirculus forment une vingtaine d'espèces, la plupart originaires 
du Népaul, les autres de la Sibérie ou du Groenland; les européen- 
nes, au nombre de trois, composent autant de types auxquels on peut 
rapporter les étrangères, ou comme espèces ou comme simples 
variétés ; la première est l'Hirculus des marais tourbeux de l'Europe, 
à ovaire supère, racines fibreuses, tige simple et droite, feuilles étroites 
et glanduleuses au sommet, calice réfléchi, fleurs terminales, grandes, 
Jaunes, souvent géminées et tachées de points safranés ; la seconde est 
l'Aizoides, qu'on rencontre sur les sables de tous les torrents Alpins, et 
dont les feuilles linéaires épaisses, glanduleuses au sommet et souvent 
ciliées forment des gazons étalés, et dont les fleurs, d'un jaune orangé 
ou doré, sont souvent tachées de poils safranés; la troisième, qui se 
présente sous le plus grand nombre de formes, est l’Aspera dont la tige 
est un long filet épais, indéfini , rampant , stolonifère et chargé dans 
toute sa longueur de petits rejets globuleux, à feuilles amincies et 
souvent hérissées; ces rejets subsistent assez long-temps, les uns 
stériles, les autres émettant de leur centre une fleur d’un blanc jau- 
nâtre, dont la fécondation s'opère par la glande nectarifère ; car les 
anthères sont défleuries , quand les stigmates se déploient; les rejets. 
florifères se dessèchent lentement. 

Ces plantes, dont la première se reproduit par des rejets souterrains, 
la seconde par des tiges enracinées, et la troisième par de vrais stolons, 
ne sont pas semblablement conformées pour la fleur; l'AÆisoides à , 
comme je l'ai dit, un ovaire semi-supère, et par conséquent un torus 
fortement emmiellé; les deux autres ont des ovaires libres, et sans 
doute des nectaires beaucoup moins marqués, en particulier} Hérculus, 
dont le torus n’est pas glanduleux, porte sur chacun de ses pétales 
deux renflements allongés, glutineux au sommet et par lesquels il se 
distingue de toutes les Saxifrages ; les anthères dont les filets persistent 
long-temps s’approchent successivement des stigmates, qui d’abord 
sont entièrement appliqués l'un contre l’autre, ensuite s'écartent et 
finissent par former des têtes papillaires et fortement divariquées. 

J'ai noté que, dans l’Aspera, les anthères étaient quelquefois rem- 


— 541 — 

placées par des corps verdâtres et transparents, qui sont ou des anthères 
avortées ou de simples renflements du filet, et que, dans l’Æizoides, 
l'humeur mellifére qui suinte du nectaire par des pores très-marqués 
est tout imprégnée de pollen orangé avant le développement des 
stigmates, et que par conséquent sa fécondation ne pouvait avoir lieu 
que par l'humeur miellée. Tous les deux ont au sommet de leurs 
feuilles un pore ouvert. 

Le beau genre des Sazxifrages, dont l'on compte étre plus 
de cent cinquante espèces ou variétés, appartient presque entièrement à 
l’hémisphère boréal; la plus grande partie des plantes quilecomposent 
vit'sur les rochers des montagnes élevées , au milieu des glaces et sur 
les bords des neiges éternelles; les autres descendent de cetteélévation 
pour s'établir dans des lieux plus abrités, auprès des rochers humides, 
ou à l'ombre des forêts élevées; d'autres, comme le Rotundifolia, 
habitent les pentes fraiches des basses montagnes ; d’autres enfin, 
telles que l'Hirculus et l'Aizoides , sont encore plus rapprochées et se 
trouvent dans les marais tourbeux ou sur les sables humides de nos 
vallées; les seules espèces qui se rencontrent près de nos demeures 
sont le Granulata, à racines bulbifères, et le Tridactylites, qui garnit 
tous les printemps nos murs et nos allées de ses jolies petites fleurs 
blanches. 

Ces diverses Sazifrages forment dans nos montagnes, dès l'entrée 
de l'été, mille tableaux aussi diversifiés que gracieux; j'ai déjà parlé de 
ceux que présentent les touffes pourprées et pendantes des Porphy- 
rion, et les brillantes panicules des 4izoonia ; mais je n’ai rien dit de 
ces modestes Tridactylites, dont les tiges vertes sont surmontées de 
jolies petites fleurs blanches, qui recouvrent en si grand nombre les 
coupes verdoyantes de nos montagnes, ni des Arabidia qui, mêlés 
aux Hydatica, décorent de leurs élégantes panicules d’un blanc pur 
taché de pourpre les bords des sources fraîches et des rochers mous- 
seux. Ces spectacles, enchanteurs pour un simple ami de la nature , le 
deviennent bien plus pour les botanistes, qui, s’élevant au-delà de ces 
brillantes formes, remontent à des vues supérieures, qui contemplent 
ici, par exemple, les divers modes de reproduction assignés à ces 
plantes en apparence si semblables, les rosules, les gemmes, les dra- 
geons dont elles sont presque toutes pourvues, qui assistent, pour 
ainsi dire, à leurs diverses formes de fécondation, et qui les voient 
répandre leurs graines d’après des lois si diverses et pourtant si cons- 
tantes. 

Ce genre est tellement distinct par sa végétation et sa structure 
florale, qu’on le reconnaît à la première vue, malgré les caractères tran- 


— 542 — 

chés de ses nombreuses sections; ses racines, quelquefois fibreuses ou 
tuberculées, sont aussi souvent pourvues de drageons, ou de rejets 
souterrains; les feuilles, tantôt lisses et tantôt velues, sont quelquefois 
chargées aux extrémités de leurs crénelures et à leur sommet de pores 
creux, d'où sort de bonne heure une matière glaucescente qui les 
incruste et leur donne l'apparence qui les distingue; ces feuilles, qui 
ne sont jamais articulées, se séparent irrégulièrement dans les espèces 
à tige annuelle, comme le Granulata et le Rotundifolia, tandis 
qu'elles persistent souvent desséchées dans les Porphyrion, les Aizoo- 
nia, les Hirculus, etc. 

L'inflorescence est terminale et paniculée, mais le nombre des fleurs 
varie beaucoup; on n’en trouve qu'une ou deux dans les Porphyrion, 
et plusieurs Tridactylites; au contraire , dans quelques 4izoonia, on 
en compte plusieurs centaines sur la même tige; leur efflorescence est, 
je crois, centripète , car celles qui paraissent les dernières sont les 
supérieures ; mais dans les ramifications des panicules, il règne sans 
doute un ordre particulier qu’il importe d'observer ; les pédoncules, 
comme le haut des tiges, sont souvent chargés de poils glanduleux 
et glutineux. 

L'ovaire, qui est toujours une capsule à deux carpelles opposés et 
plus ou moins réunis, varie beaucoup de position : quelquefois il est 
supère et entièrement libre, d'autres fois il_est libre au sommet et 
adhérent à la base; quelquefois enfin il est infère, c’est-à-dire soudé au 
calice dans toute sa longeur. Ces différences, qui sont extraordinaires, 
dans le même genre, se retrouvent jusque dans les sections des Por- 
phyrion, des Tridactylites et des Hirculus, qui présentent au moins 
deux positions d'ovaire; cette diversité de conformation a beaucoup 
influé sur le nectaire, qui est une membrane épaisse recouvrant tout 
le torus dans les ovaires adhérents, tandis qu'il est formé de glandes 
distinctes dans les ovaires libres. J'ai cru reconnaître aussi que les 
anthères avaient des mouvements beaucoup plus prononcés dans les 

“ovaires libres que dans les autres. 

La fleur, ordinairement penchée sur son pédoncule avant l’épa- 
nouissement, se redresse ensuite et persévère dans cette situation; car 
je ne connais dans les Saxifrages aucune capsule pendante; dans 
l'estivation, deux pétales sont intérieurs, deux extérieurs, et le cin- 
quième est recouvert d'un côté et recouvre de l'autre; pendant la 
fécondation, qui dure plusieurs jours, les anthères s’inclinent les unes 
après les autres vers le centre de la fleur, au moins dans le grand 
nombre des espèces; mais elles reprennent ensuite leur première 
position; les pétales une fois ouverts ne se referment plus, et tombent 


— 543 — 
assez promptement, tandis que le calice et les étamines défleuries 
persistent long-temps. 

Les deux espèces qui vivent sur les points les plus élevés du globe 
sont, je crois, l'Andicola, que Humsoznr a cueilli sur les Cordi- 
lières, à la hauteur de mille sept cents toises, et le Bousingaultir, que 
BousineauLr a observé sur la même chaîne à une élévation de deux 
mille cinq cent quarante toises; la première, qui appartient à la 
section des Dactylites, a les feuilles quinquéfides et les fleurs grandes, 
réunies trois à quatre sur des pédoncules allongés ; tandis que, dans 
la seconde, qui devait fructifier à une plus grande hauteur, les fleurs 
solitaires sont sessiles entre les feuilles et cachées dans l'intérieur du 
calice; du reste, dans l’une et l'autre, les étamines et les pistils 
sont très-courts et non saillants, et de plus les pétales et les calices 
sont glanduleux. 

Les deux carpelles qui forment toujours la capsule des Saxifrages 
sont plus ou moins soudés, et leurs styles, d'abord parallèles, s’écar- 
tent et se roulent plus ou moins pendant la maturation; les capsules 
s'ouvrent au sommet par une fente qui s'étend entre les deux styles, 
et coupe à angle droit la cloison; l'axe se divise à son tour en deux 
branches, qui s'écartent élastiquement et élargissent ainsi l'ouver- 
ture par laquelle sortent des semences nombreuses, petites, variées 
en forme, mais presque toujours ridées , ponctuées ou tuberculées ; 
on peut remarquer qu'à cette époque, l'ouverture de la capsule est 
fortement cartilagineuse, tandis que ses parois sont amincies, en sorte 
que le moindre mouvement de l'air disperse les graines. 

En réfléchissant sur tous les faits que j'ai énoncés dans l'énuméra- 
tion des espèces de ce genre, et en les rapprochant les uns des autres, 
je suis resté convaincu que, dans les Saxifragacées, comme dans la 
plupart des familles que j'ai étudiées , la fécondation s'opère par l'in- 
tervention de l'humeur miellée qui distille ordinairement du torus, 
et imprègne les globules polliniques avant le développement de la 
plupart des stigmates qui reçoivent plus tard les émanations fécon- 
datrices ; ce torus occupe d'ordinaire le fond de la fleur, qui alors 
reste régulière , mais quelquefois, comme dans l'Hirculus , il se place 
sur les pétales, ou comme dans le Sarmentosa , il s'étale en glande 
allongée d’un des côtés du torus; ou bien, ainsi que dans le Crassi- 
folia , il porte au-dessus de sa base dix godets nectarifères ; ou enfin, 
de même que dans le Cuneifolia, son humeur mellifère sort par des 
pores à la base des étamines. Dans ces différents cas, et dans plusieurs 
autres que je pourrais énumérer, la corolle est toujours plus ou moins 
déformée. C'est à ce même torus qu’on doit ces variations si bizarres 


— 544 — 

dans le même genre, de l'ovaire, tantôt supère, tantôt infére ou 
semi-infére; il est supère, lorsque les anthères sont placées de ma- 
nière à répandre commodément leur pollen sur le plateau mellifère ; 
il est infère ou semi-infère, dans le cas contraire; en un mot, sa po- 
sition est toujours en rapport avec le rôle qu'il est appelé à remplir; 
et je ne doute pas qu'en examinant sous ce point de vue une fleur 
épanouie de Sazifrage, on ne se rende facilement compte de la posi- 
tion subordonnée des anthères et du torus. 

C'est aussi, je crois, à l'humeur miellée qu'il faut attribuer ces points 
rougeâtres ou variés de ces deux couleurs, qu’on rencontre sur les 
pétales développés d'un grand nombre de Saxifrages, et qui manquent 
régulièrement dans quelques autres, comme le Granulata, le Tridac- 
tylites, etc. Je soupconne, sans l’affirmer cependant, qu'ils sont 
imprégnés d’une légère couche d'humeur visqueuse, destinée à rece- 
voir les globules polliniques, et à renvoyer leurs émanations aux 
stigmates, et que les espèces dans lesquelles ils manquent sont celles 
où les pétales sont raccourcis, ou qui ne pourraient pas commodé- 
ment recevoir les globules polliniques. 

C’est par ces principes qu’on se rendrait compte des nombreux phé- 
nomènes que présente la floraison des Saxifrages, tels, par exemple, 
que ceux des étamines qui quelquefois s'approchent et s’éloignent des 
stigmates et quelquefois restent immobiles; de ces stigmates, tantôt 
droits, tantôt divariqués, tantôt allongés , tantôt rapprochés en tête; 
de ces pétales droits, campanulés ou étalés ; de ces anthères introrses, 
extrorses , etc.; car il ne faut pas oublier que la fécondation est le 
grand but de la nature. Ce que je dis ici s'applique à la plupart des 
genres de la famille. 


Soixante-onzième famille. — Ombelliféres. 


Les Ombelliféres ont un calice adhérent dont le limbe est formé de 
cinq dents plus ou moins marquées, caduques ou persistantes, cinq 
pétales insérés au sommet du tube calicinal , alternes à ses divisions, 
tantôt entiers, tantôt échancrés ou même bilobés, et alors planes au 
sommet, ou prolongés en appendice aigu, cinq étamines alterres 
aux pétales et repliées avant l'anthèse, des anthères ovales, bilocu- 
Jaires, presque didymes et introrses, un pollen ovoide marqué de trois 


= 5 — 


sillons, un ovaire biloculaire, deux styles simples, persistants et 
élargis à leur base en autant de stylopodes épais, et qui, d'abord courts 
ét parallèles, s'allongent et s'écartent dans la maturation ; deux stig- 
mates en tête, l'ur dirigé vers le centre, l’autre vers la circonférence 
de l’ombelle. 

Le fruit est formé de deux méricarpes appliqués l’un contre l’autre, 
et qui, dans la dissémination, sont souvent suspendus au sommet d’un 
carpophore très-aminci et inséré vers le haut du péricarpe; chaque 
méricarpe a sa surface extérieure plus ou moins convexe désignée sous 
le nom de Dorsale , et l'autre, à peu près plane, appelée Commissurale; 
la première est marquée de cinq arêtes plus ou moins saillantes 
(Juga) et dont la moyenne, ou la Curinale, représente la nervure 
principale du sépale correspondant ; les deux extrêmes sont les Late- 
rales, et les deux autres les Zntermediuaires ; les arêtes primaires, con- 
sidérées dans leur ensemble, sont ainsi au nombre de dix, cinq 
centrales qui représentent les nervures moyennes des sépales, et cinq 
suturales et alternes qui correspondent aux sutures de ces mêmes 
sépales. 

Indépendamment de ces arêtes principales, on trouve dans plusieurs 
fruits d'Ombelliferes d'autres arêtes secondaires, alternes aux précé- 
dentes, et indiquant sans doute les nervures latérales des sépales; 
semblables aux primitives , elles sont tantôt peu marquées, et tantôt 
au contraire ailées ou aigrettées; les unes et les autres sont séparées 
par des sillons ( V’alleculæ), entre lesquels serpentent les bandelettes 
( V'ütæ) où canaux remplis d’une gomme résineuse aromatique, et 
qui varient si fort en nombre, que l'on distingue, sous ce point de 
vue, les fruits des Ombelliferes en Multivittutæ, Paucivittatæ :et 
Bvittate. 

La surface interne des méricarpes est également variable; quelque- 
fois elle est entièrement plane, et alors le méricarpe est Orthosperme ; 
quelquefois elle est enveloppée parles bords ou Campylosperme; enfin 
recourbée de la base au sommet, ou Cælosperme; dans toutes les 
semences, la radicule est primitivement supère, l'embryon très-petit 
estredressé, les cotylédons un peu inégaux accompagnent un grand 
albumen corné, qui remplit tout le reste de la graine. 

Cette famille très-naturelle est aussi très-difficile à distribuer en 
tribus et en genres; elle a été l’objet des travaux de plusieurs bota- 
niste allemands, en particulier de Cranrz et SPRENGEL; Cussen l’a 
examinée sous le rapport des cannelures, Horrmann, sous celui des 
bandelettes, et plus récemment Kocw, dont nous suivrons les travaux 
réunis à ceux de De CanDoLLe, l'a étudiée dans ses diverses formes 


II, 35 


— 346 — 
d'albumen , et a distribué plus physiologiquement les genres dont elle 
‘se compose. 

Nous la diviserons, comme cés derniers, en trois classes ou sous- 
“ordres : 

La première, ou celle des Orthospermes, dont l'albumen est à peu 
près plane intérieurement; elle forme deux tribus, dont les genres 
sont étrangers ou indigènes ; 

La deuxième, ou celle des Campylospermes, dont l'albumen est 
sillonné longitudinalement sur sa face interne; elle compte cinq 
tribus, dont les genres sont la plupart indigènes; 

La troisième, ou celle des Cælospermes, à fruit apiati latéralement 
ou resserré et souvent allongé en bec; elle ne comprend que la tribu 
‘des Coriandrees. 

Nous renvoyons , après l'exposition des genres, nos observations 
générales sur la famille. 


PREMIÈRE CLASSE OU SOUS-ORDRE. — ORTHOSPERMES. 
Première tribu. — HYDROCOTYLÉES. 


‘Les Hydrocotylées, ou Orthospermes, à fleurs parfaitement ombelli- 
fères , ont les semences aplaties. 


PREMIER GENRE. — Hydrocotyle. 


L'Hydrocotyle a le limbe calicinal avorté, les pétales ovales entiers 
ou aigus, le fruit aplati et biscutellé, les méricarpes dépourvus de 
bandelettes, à cinq cannelures filiformes dont les intermédiaires sont 
seules bien marquées; les fleurs blanches forment des ombelles sim- 
ples, sessiles ou pédonculées à involucre peu garni. 

On partage ce genre en deux sections inégales : 

1° Celle des Euhydrocotyles, à tiges herbacées et rampantes ; 

2° Celle des Centella, à tiges frutescentes et redressées. 

Les Euhydrocotyles, dont les nombreuses espèces renferment sans 
doute des variétés, sont dispersés principalement sous les Tropiques, 
aux Indes orientales, au Népaul, dans l'Amérique méridionale, la 
Nouvelle-Zélande et surtout au Cap; ce sont des herbes vivaces, qui 
se plaisent auprès des eaux, dans les lieux ombragés et humides, ou 
bien qui, comme celles du Cap, recherchent les terrains secs et sablon- 
neux, ou enfin qui, comme celles de l'Amérique sud, s'élèvent sur les 
montagnes à des hauteurs considérables ; leurs feuilles sont radicales, 


D En 

peltées, cordiformes ou simplement lobées; leurs fleurs cachées sous 
les feuilles sont peu apparentes et disposées en ombelles plus ou moins 
garnies ; toutes ont une grande ressemblance dans le port et la struc- 
ture générale. 

Les seules européennes sont le Vulgaris, des marais de l'Europe, 
et le Vatans, qui flotte dans les petits ruisseaux, les fossés et les 
marais de la Sicile ou des environs de Naples, et se distingue très-bien 
du premier par ses feuilles réniformes, multilobées et ses ombelles de 
huit à dix fleurs. 

L'espèce commune est une petite plante, qui pousse sans cesse des 
radicules , en forme de crochets ou de pattes, de chaque base de ses 
feuilles pétiolées et peltées à nervures rayonnantes , comme celles du 
Tropæolum; les pédoncules ou les hampes, plus courtes que les pétio- 
les, portent de petites ombelles latérales, pédicellées ou sessiles, et 
formées de trois à quatre fleurs, du milieu desquelles sortent quelque- 
fois des pédicelles chargés aussi de trois à quatre fleurs blanches et peu 
visibles ; les fruits aplatis et scutiformes sont marqués d'arêtes recour- 
bées et parsemés de petits tubercules d'un jaune pourpré, tantôt irré- 
guliers, tantôt disposés sur deux rangs; les styles sont persistants, et 
le carpophore est nul; les anthères sont introrses, et les pétales entiers, 
les styles allongés et les stigmates marqués de bonne heure ; en sorte 
que la fécondation doit être directe, car je n'ai pas apercu de stylo- 
pode. À la dissémination, les deux méricarpes se séparent, car, comme 
la plante vit dans les marais, les semences n'avaient pas besoin de car- 
pophore; cette remarque s'applique, non-seulement à la plupart des 
espèces du genre, mais encore à celles qui vivent sur les bords des 
eaux. 

Les feuilles de l'Hydrocotyle vulgaris sont d'abord enveloppées de 
coiffes parfaitement closes, et se replient-de telle sorte que leur centre 
forme comme le haut d’un bonnet, dont les extrémités sont les bords ; 
peu à peu leurs lobes se développent, et enfin elles sont régulièrement 
crénelées. 

On cultive au jardin d'Avignon un Hydrocotyle étranger, qui se 
multiplie dans l'eau par ses rejets; et dont les feuilles longuement pétio- 
lées sont peltées, épaisses, crénelées sur les bords et chargées d'une 
glande sous chaque crénelure; ses fleurs sont portées par des pédon- 
cules épais, allongés et trifides au sommet, chacun des trois rayons 
porte lui-même deux ou trois verticilles à involucre écailleux, et l’on 
observe de plus, au centre des troisrayons, quelques fleurs solitaires 
et avortées; les fleurs petites, blanches et pédicellées, ont les anthères 
arrondies et un stylopode convexe à deux styles très-petits, qui se 


— 545 — 
terminent ensuite en têtes papillaires et couronnent enfin le fruit, en 
sorte qu'il ne serait pas impossible qu'ici la fécondation s’opérät par 
le concours de l’'humeur-miellée. 


DEUXIÈME GENRE. — Didiscus. 


Le Didiscus a le limbe cahcinal nul, les pétales ovales, entiers et 
d'abord imbriqués, les styles divergents, le fruit aplati semblable 
à celui de la Biscutelle, les méricarpes dépourvus de bandelettes et 
rayés de cinq cannelures filiformes, dont la dorsale est presque ailée. 

Ce genre est formé de deux ou trois espèces de la Nouvelle- 
Hollande, deux à fleurs bleues et une à fleurs blanches ; la première, 
ou le-Cæruleus, est annuelle, et son ombelle simple est formée d'une 
“quarantaine de räyons allongés et colorés; l'involucre a les folioles 
étroites, légèrement réunies à la base et déjetées pendant la floraison ; 
le fruit allongé et à peu près lisse, est couronné par deux styles à 
stylopode nectarifère; après la floraison, les rayons se rapprochent, 
et vorit en se recourbant cacher leurs fruits dans le sein de l'involucre, 
qui se relève et se contracte fortement ; les fleurs de la circonférence 
participent à ce mouvement , mais leurs rayons dépourvus de graines 
fécondes se contournent de diverses manières, sans se réunir aux 
autres. 

Le Corymbosus, à fleurs également bleues, ne diffère presqué du 
‘Cæruleus qué par le plus petit nombre de ses fleurs, et ses folioles 
non réunies à la base ; ses deux stigmates en tête sortent d’un stylo- 
pode en cupule, et ne se développent qu'après que les anthères apla- 
ties et latérales ont répandu leur pollen sur l'humeur miellée, qui 
distille du stylopode; ensuite l'involucre se resserre, et en l'ouvrant 
on trouve les fleurs du contour stériles et très-allongées sur leur pédi- 
celle; les centrales plus courtes sont à demi avortées, car le méricarpe 
intérieur est seul fertile. 

Ces deux plantes sont annuelles, et les mouvements variés de leurs 
ombelles simples, s'exécutent , comme ceux des Daucus, par l'appla- 
tissement des rayons devenus cartilagineux; il y a ici, tant dans les 
involucres que dans les pédicelles, un bel exemple de forces vitales 
dont le but est évident. 


TROISIÈME GENRE. — DBowlesia. 


Le Bowlesia a le limbe calicinal formé de cinq dents, les pétales 
entiers elliptiques et très-courts, le fruit ovale très-resserré près du 


raphé, enflé et presque tétragone sur le dos. 


— 549 — 

Ce genre est formé d'herbes à peu près toutes annuelles et origi- 
maires de la côte occidentale de l'Amérique sud, principalement du: 
Pérou et du Chili; elles sont faibles, rampantes et recouvertes de 
poils mous et étoilés; leurs feuilles opposées sont pétiolées , entières, 
lobées ou dentées; leurs ombelles simples sont axillaires et pauci- 
flores. 

Le Tenera, qu'on trouve souvent dans les jardins botaniques, a 
tout-à-fait le port de notre Hydrocotyle; ses ombelles à pédoncules 
axillaires et très-courts sont formées de trois petites fleurs d'un vert 
jaunâtre; ses articulations portent des stipules scarieuses et blanches, 
qui enveloppent les feuilles plissées en deux et les fleurs ; les ombelles 
sont géminées, ternées ou même quaternées dans chaque aisselle, et 
leur involucre à trois pièces est scarieux comme les stipules; je n’ai 
apercu sur le stylopode aucune trace d'humeur miellée, en sorte qu'il 
ne serait pas impossible que les stigmates capitellés et papillaires 
fussent fécondés immédiatement par les anthères arrondies et jaunà- 
tres ; à la maturation, les deux semences se détachent sans aucune 
trace de carpophore. 


Deuxième tribu. — MUTINÉES. 


Les Mutinees, ou Orthospermes à ombelles imparfaites, ont les fruits 

; sp! P ; 
quadrangulaires , étranglés à la commissure et formés de quatre scu-- 
telles parallèles deux à deux. 


PREMIER GENRE. -— Drusa. 


Le Drusa a un calice dont le limbe est nul, des pétales ovales et: 
entiers, un fruit ovoide à deux méricarpes très-aplatis sur le dos, 
dépourvus de bandelettes et dont les arêtes intermédiaires s'allon- 
gent en ailes sinuées, hérissées de poils piquants et étoilés; le fruit 
est très-aplati. 

L'Oppositifolia, la seule espèce du genre, est une herbe annuelle 
qui croît sur les rochers de Ténériffe , où elle a tout-à-fait le port d'un 
Aparine grimpant ; ses tiges herbacées , quadrangulaires et fort rami- 
fiées portent des feuilles opposées, pétiolées, trilobées, crénelées et 
recouvertes, comme les tiges, de poils étoilés et accrochants; les 
ombelles sont axillaires, pédonculées, nues, uniflores ou biflores; les 
pétales sont blancs et non recourbés; les anthères sont bilobées, les 
deux styles parallèles à têtes papillaires ; la fécondation s'opère par 


— 550 — 
l'humeur miellée qui sort du stylopode, et recoit le pollen avant que 
les stigmates paraissent. 

Les fruits sont hérissés, les pédoncules grandissent pendant la ma- 
turation , et se réfléchissent ensuite fortement; les styles se rompent à 
la base, le fruit à la maturation se sépare en deux méricarpes dépour- 
vus de carpophore, et les vaisseaux nourriciers arrivent à l'embryon 
rampant sous l'enveloppe de la fente commissurale. 

Cette plante, semée au printemps, forme une belle touffe à l'entrée 
de l'été; les premières fleurs donnent leurs graines avant que lés 
autres soient épanouies. 


SECOND GENRE. — Poz04. 


Le Pozoa a le limbe du calice persistant, les pétales entiers et le 
fruit prismatique tétragone et relevé de cinq côtes ; les méricarpes 
canaliculés ont leurs cannelures latérales avortées et la commissure 
très-resserrée. 

Ce genre est formé du Coriacea, herbe vivace des Cordilières, à 
tige dure et cylindrique et feuilles deux ou trois fois pinnatiséquées ; 
ses fleurs blanches et petites sont réunies en ombelle sessile et extra- 
axillaire, de sept à huit fleurs, dont l’involucre est nul; le pédoncule 
principal se ramifie, comme dans l'Hydrocotyle vulgaris, en deux ou 
trois pédicelles chargés à leur tour de trois ou quatre fleurs sessiles, 
et l'ensemble forme une tête serrée de fleurs à pétales recourbés ; les 
anthères sont blanches, bilobées et introrses ; les stigmates aplatis, 
papillaires et glutineux remplacent les stylopodes qui manquent. 

Les deux méricarpes ont chacun un axe intérieur qu'on apercoit 
très-bien en coupant transversalement le fruit; les bandelettes sont 
nulles, les cannelures latérales sont chargées de tubercules blanchätres, 
qui ne grossissent point lorsque le fruit est intérieur, se développent 
d’un côté lorsqu'il est intérieur-extérieur, et de tous les côtés lors- 
qu'ilest porté par un pédicelle; il s'élève alors au-dessus de l'ombelle 
principale , et reste entièrement à découvert. 


Troisième tribu. — SANICULÉES. 


Les Saniculees sont des Orthospermes à ombelle imparfaite, à fruit 
renflé, méricarpes dépourvus de bandelettes et chargés seulement de 
ciuq cannelures égales; les pétales sont redressés et échancrés. 


— 551 — 
PREMIER GENRE. — Pelagnia. 


Le Petagnia a une ombellule de trois fleurs, une centrale herma- 
phrodite et sessile; deux latérales mâles dont les pédicelles sont un 
peu adhérents au calice de la fleur hermaphrodite; le limbe des fleurs 
mâles est à peu près nul; les pétales sont aigus au sommet et les cinq 
étamines sont plus longues que la corolle; la fleur hermaphrodite a 
des étamines caduques, deux styles filiformes et divariqués, le fruit à 
huit nervures est aplati et évidemment monocarpe. 

* Le Saniculæfolia, seule espèce de ce singulier genre, habite les 
bords des petits ruisseaux frais des bois de la Sicile, où l’a découverte 
Gussons; c'est une plante glabre, dont les racines, ou plutôt le rhi- 
zome, ne ressemble pas mal à celui de l4doxa ; la feuille radicale est 
longuement pétiolée, demi-peltée et divisée en cinq lobes trifides ; la 
tige, haute de quelques pouces, porte vers le haut deux feuilles tri- 
fides, à peu près sessiles, et se divise au sommet en deux rameaux 
bifides, accompagnés chacun de deux bractées. Je n'ai pas vu en fleur 
cette plante, dont les méricarpes et le carpophore sont très-peu dis- 
tincts; mais j'observe que ses styles s’allongent et se divariquent. 
beaucoup, pour atteindre le pollen des fleurs mâles. Je ne connais pas. 


le stylopode. 


DEUXIÈME GENRE. — Sanicula. 


La Sanicule a un limbe calicinal foliacé et persistant, des pétales: 
redressés, connivents, échancrés et recourbés dans leur milieu ; le 
fruit est à peu près globuleux; les méricarpes, dépourvus de canne- 
lures et éhargés de bandelettes, sont recouverts de poils crochus et 
n'ont point de carpophore distinct; les fleurs sont hermaphrodites, 
mâles ou femelles. 

Ce genre comprend neuf espèces ou demi-espèces, la plupart homo- 
types et répandues dans les deux Amériques, au Népaul et dans l'île 
de Java; l'Europe n’en renferme qu’une, qu'on retrouve aux alentours 
du Caucase; elle fleurit à la fin du printemps, dans nos bois, qu'elle 
orne de ses petites ombelles blanches et de son feuillage lêtré ; 
sa racine, comme celle des Astrantia, est un rhizome traçant qui 
s'avance sans cesse; à côté du jet déjà développé, il s'en forme un 
nouveau garni de sept à huit feuilles laurinées, glabres et dilatées sur 
leurs pétioles redressés ; à mesure que le rhizome s’allonge d’un côté, 
i! se détruit de l’autre, en sorte qu'au-dessous de la nouvelle pousse, 


— )52 — 


on n'apercoit jamais que les traces de l’antérieure; la tige striée et 
longue de plus d’un pied est revêtue d’une ou deux feuilles palma- 
tiséquées comme les radicales, et terminée par une ombelle générale 
de quatre ou cinq rayons, chargés de petits paquets de fleurs sessiles, 
entourées, comme l'ombelle principale, d’une collerette de quatre à 
cinq folioles; on apercoit aux aisselles des deux feuilles caulinaires, à 
la base de l’ombelle et sur les rayons même, de petites ombelles qui 
se développent plus ou moins selon les circonstances. 

L'inflorescence est centrifuge ; lombellule centrale se développe 
avant les autres, et dans cette ombellule, les fleurs centrales paraissent 
les premières; les fleurs femelles, disposées à peu près sans ordre, sont 
beaucoup moins nombreuses que les autres ; les pétales sont pliés en 
deux parties presque égales, et quoiqu'ils ne s'ouvrent point, ils se 
relèvent sur leurs bords inférieurs pour laisser une libre sortie aux 
étamines; les styles ne sont pas non plus protégés par les pétales, mais 
ils s’étalent et se recourbent long-temps avant que les anthères de la 
même fleur émettent leur pollen; la fleur mâle, comme la femelle; 
a un stylopode creusé en cupule, frangé sur les bords et bilobé, mais 
ne paraissant pas distiller d'humeur miellée; en sorte que la féconda- 
tion ne peut guères s'opérer que par le moyen des styles glutineux, 
qui retiennent le pollen des anthères et en renvoient les émanations 
aux stigmates; mais j'avoue que ce n’est là qu’une supposition,et que 
Je n'ai pas suffisamment examiné ce mode de fécondation. 

Les fruits fertiles, revêtus, comme ceux des Caucalis, de poils rou- 
geâtres, sont recourbés de bonne heure en crochet et recouverts de 
cinq dents, entre lesquelles on aperçoit le stylopode. Dans la dissé- 
mination, les méricarpes dépourvus de carpophore se séparent natu- 
rellement , et se répandent de tous côtés au moyen de leurs pointes 
crochues; enfin la plante disparaît jusqu'au printemps, où elle se 
montre solitaire, parce qu’elle se conserve sans se multiplier par ses 
rhizomes. 


TROISIÈME GENRE. — Hacquetia. 


L'Hacquetia, ou le Dondia de Gaunin, a un limbe calicinal foliacé 
et pérsistant, des pétales redressés et fléchis vers le milieu en lan- 
guette recourbée, un fruit aplati et couronné, des méricarpes con- 
vexes, bosselés et recouverts chacun de cinq cannelures filiformes et 
creuses intérieurement. 

Ce genre ne comprend que l'Epipactis, placé autrefois parmi les 
Astrantia, et qui appartient aux Alpes de l'Autriche; son rhizome 


— 093 — 


cylindrique est couronné d’écailles rougeätres; ses feuilles toutes 
radicales sont ciliées , tripartites , à lobe moyen trifide et latéraux bifi- 
des; la hampe ordinairement solitaire et centrale se termine par une 
ombelle simple, l'involucre est fortement divisé, et les fleurs jaunes 
et serrées sont mâles ou femelles; les premières légèrement pédicel- 
lées , les autres sessiles ; les pétales sont caducs; les styles longs et 
divergents, comme dans les Sanicules, se terminent en stigmates petits 
et capitellés. 

A la fécondation, l’involucre formé de cinq ou six folioles créne- 
lées, s'étale horizontalement ; les étamines, d’abord plissées en deux, 
sortent d'entre les pétales , dont l'extrémité supérieure est amincie et 
recourbée; les anthères oscillent sur leurs filets et s'ouvrent latérale- 
ment; les styles divariqués s’étalent sur tout le disque floral, et le 
calice, après la chute des pétales, étend ses cinq lobes agrandis; les 
fruits, dépourvus de carpophore, ont une forme qui ne rentre exacte- 
ment dans aucun de nos trois sous-ordres. Je ne sais pas comment 
s'opère la fécondation, mais je suppose qu’elle a lieu par l'humeur 
miellée, qui imprégnerait le style comme dans les Sanicules. 


QUATRIÈME GENRE. — Æstrantia. 


L'Astrantia a le fruit marqué de dix côtes plissées et tuberculées, 
le limbe calicinal foliacé, les pétales droits, connivents et fléchis 
dans le milieu en une lanière fortement recourbée; le fruit est un peu 
aplati sur le dos, les méricarpes dépourvus de bandelettes sont mar- 
qués chacun de cinq cannelures principales, relevées et plissées, et 
de cinq autres plus petites, fistuleuses et cachées sous les premières ; 
les méricarpes semi-cylindriques ne portent aucune trace de carpo- 
phore. 

Ce genre renferme six espèces homotypes, les unes originaires de 
nos Alpes et les autres de celles du Caucase; les deux plus connues 
sont le Major, qui habite nos prairies montueuses et dont les feuilles 
radicales ont cinq lobes trifides et dentés, et le Minor, des vallées 
alpines, à feuilles radicales, étroites et digitées. 

Toutes les 4strances sont des herbes vivaces, dont les rhizomes 
rampants émettent chaque année une nouvelle pousse de la base de 
l’ancienne, et perpétuent ainsi la plante sans la rendre sociale; l’om- 
belle est formée de trois ou quatre rayons inégaux, tantôt terminant 
la tige, et tantôt, au contraire, axillaires ; l'involucre général consiste 
en quelques feuilles irrégulières, mais le partiel est composé d'un 


grand nombre de folioles membraneuses, colorées et rangées très- 
symétriquement. 


— 554 — 

Cette dernière enveloppe, d'abord renfermée dans la gaine des 
feuilles, abrite dans son sein, avant leur épanouissement, les fleurs 
toutes portées sur des pédicelles allongés, capillaires et flottants ; 
ensuite elle se resserre et protége le fruit durant la maturation; les 
fleurs ne déroulent pas leurs pétales , qui n'auraient pas assez de place 
pour s’étaler, parce que l'involucelle ne se réfléchit point; les étami- 
nes, d'abord pliées, sortent par les intervalles des pétales, et les 
anthères, d'un brun rougeâtre dans le Major, latérales et introrses 
par retournement, répandent leur pollen sur les stigmates, et peut- 
être aussi sur les styles allongés, divariqués et imprégnés d'humeur 
miellée; le stylopode, toujours caché par les pétales persistants, ne 
m'a pas paru distiller d'humeur miellée. 

L'inflorescence générale est centrifuge, mais la partielle est à peu: 
près simultanée; parmi les ombellules qui composent ordinairement 
l'ombelle, la seule contient moins de fleurs stériles que les autres, 
et dans le Minor, elle est la seule qui renferme des fleurs hermaphro- 
dites. 

La partie la plus remarquable de la fleur c'est le fruit, recouvert 
d'écailles frangées, utriculeuses, chiffonnées, argentées, demi-trans- 
parentes et disposées en lignes parallèles ; il est surmonté de cinq dents. 
subulées, deux attachées à l’un des méricarpes, et trois à l’autre; à la 
dissémination , les méricarpes se séparent naturellement du plateau de 
l'ombelle, dont les involucres restent redressés, quoiqu'ils soient tout- 
à-fait desséchés; les vaisseaux nourriciers montent sous le spermo- 
derme, la radicule est supère, l'embryon échancré au sommet est 
arrondi à la base, et les méricarpes renfermés d'abord dans le bassin- 
de l'involucelle sont ensuite dispersés par les vents. 

Les Astrances ont été destinées à embellir les pâturages montueux 
et alpins de l'Europe et du Caucase ; il n’y a rien de si brillant que ces. 
belles collerettes blanches, roses ou bigarrées de l'Astrantia major, 
qui tapisse, au milieu de l'été, nos prairies élevées. La petite Astrance, 
qui la remplace dans les ils véritablement slpines a moins d'éclat 
sans doute, mais beaucoup plus d'élégance et de grâce; aussi, quand 
on la rencontre pour la première pots avec son Charmant feuillage- 
relevé de fleurs d’un blanc pur et d’une élégance sans égale, on s’ar- 
rête comme involontairement pour la contempler, et l’on ne se lasse: 
pas de la revoir. Sans doute que les :4strances étrangères présentent 
aux botanistes, qui ont le bonheur de les observer vivantes, des 
tableaux non moins agréables et non moins variés. 


— 955 — 


CINQUIÈME GENRE. — Æryngium. 


L'Eryngium a un calice à dents foliacées, des pétales droits, con- 
nivents, échancrés en deux lanières allongées, un fruit obové, recou- 
vert d’écailles ou de tubercules, des méricarpes semi-cylindriques, 
dépourvus de cannelures et de bandelettes. 

Ce genre, qui compte aujourd'hui plus de quatre-vingts espèces, a 
été répandu presque également dans l’ancien et le nouveau continent, 
surtout dans le bassin de la Méditerranée, les plaines de l'Orient, la 
Virginie, le Mexique, l'Amérique et les Andes; on en trouve quel- 
ques espèces dans la Nouvelle-Hollande. 

Les Eryngium se ressemblent tellement, pour la végétation et la 
structure florale, qu'on a vainement tenté de les diviser en sections; 
mais on les a partagés en deux groupes, d’après la forme des feuilles, 
qui, tantôt ont les nervures ramifiées et le limmbe distinct, et tantôt, 
au contraire, les nervures parallèles et le limbe nul ou avorté. Cette 
dernière division, qui renferme à peu près le tiers des espèces , est 
tout-à-fait étrangère à l'Europe, et n'appartient guères qu'à l'Amérique 
méridionale, surtout au Mexique et au Brésil. 

La première, dans laquelle se trouvent toutes les espèces européen- 
nes, à peu près au nombre de dix-sept, se partage en trois groupes, 
selon que ses feuilles radicales ont un limbe bien marqué, mal distinct 
ou nul; mais, pour nous rapprocher davantage de l'ordre physiolo- 
gique, nous réunirons les espèces européennes sous quatre types, 
déterminés principalement par le port et la structure générale ; le 

-premier comprendra les espèces dures et fortement piquantes, telles 
que le Campestre, le Planum, le Maritimum , le Bourgati, Y Amethys- 
tinum , etc.; le second, les espèces également vivaces, à feuillage plus 
mol et plus ramifié, comme le Spinu alba, V Alpinum, qui se rappro- 
chent beaucoup, le Giganteum et l'Olivierianum, de l'Asie occiden- 
tale ; nous formerons notre troisième type des espèces plus petites, 
annuelles ou bisannuelles, la plupart originaires de l'Espagne et du 
Portugal, telles que le Tenue, le Pusillum , Y'Ilicifolium et les autres 
du Mexique, comme le Vasturtifolium, le Subucaule, \e Baldwin, etc.; 
enfin notre dernier type comprendra le Glaciale, petite plante à 
racine épaisse, feuilles radicales longuement pétiolées et dont les ner- 
vures se prolongent en épines raides; elle a été dernièrement trouvée 
par E. Borssier sur les sommités de la Sierra-Nevada. 

Ces plantes sont à peu près sans exception des herbes anuuelles ou 
vivaces; les premières beaucoup moins nombreuses, sont la plupart 


— 596 — 


étrangères; les autres ont des racines fortes dont l'extrémité supé- 
rieure forme de vrais rhizomes ; on peut suivre facilement cette trans- 
formation dans les individus qui croissent sur des terrains sablonneux, 
ou dont le sol se rehausse par des éboulements; j'ai vu ainsi des 
racines d'Éryngium campestre qui, ayant atteint plusieurs pieds, se 
divisaient près du sommet len branches dirigées vers le sol et encore 
chargées des traces d'anciennes feuilles. De La Rocxe a fait avant moi 
la même observation sur l'Eryngium maritimum des sables de la Mé- 
diterranée et sur plusieurs autres espèces du genre, (Voyez sa Mono- 
graphie.) 

Quant aux Eryngium qui croissent sur un sol dont la surface ne 
change pas, leurs tiges, qui périssent toujours à la base et ne repous- 
sent jamais du centre, redonnent sans cesse, au-dessous du point de 
rupture, de nouveaux jets, dont les bases persistantes et endurcies 
deviennent autant de rhizomes indéfiniment ramifiés. 

Les tiges, toujours fermes, dures et entièrement lisses, comme le 
reste de la plante, jettent cà et là quelques rameaux axillaires ; mais 
elles se divisent plus régulièrement au sommet en verticilles ou en 
dichotomies toujours chargées à leur centre d'une fleur pédonculée; 
ces verticilles et surtout ces dichotomies se répètent plusieurs fois, et 
lorsqu'un des deux rameaux a avorté, l’autre termine la tige. Cette 
végétation donne à l’inflorescence des Eryngium une forme arrondie- 
et plus ou moins symétrique, dont toutes les extrémités sont autant 
de petites têtes sessiles. 

On distingue dans ce genre trois espèces de feuilles : les radicales, 
les caulinaires, et les florales; les premières sont ordinairement vagi-- 
nales et longuement pétiolées, les secondes amplexicaules et les der- 
nières sessiles; elles sont presque toujours pinnatiséquées, épaisses, 
glauques, fortement cartilagineuses et épineuses sur les bords, quel- 
quefois simplement ciliées, comme dans l'Alpinum et d'autant plus 
entières qu'elles sont plus voisines du sommet; eette règle souffre 
cependant quelques exceptions, car il y a des Eryngium dont les 
feuilles radicales sont entières et d’autres où elles sont divisées; il y 
en a aussi plusieurs dont les feuilles, semblables à celles du Campestre, 
se recroquevillent en différents sens et forment ainsi des touffes très- 
épineuses. 

Ces feuilles, d'abord molles et plissées, plus ou moins régulière- 
ment sur leur face supérieure , sont protégées avant leur dévelop- 
pement par les gaines dilatées des pétioles ; leurs deux surfaces pres- 
que toujours semblables ont les nervures très-marquées, d’abord 
parallèles, puis pennées ou palmées dans les espèces pourvues de 


— 557 — 
limbe, enfin terminées en dentelures souvent très-épineuses; on n'ob- 
serve dans ces feuilles aucune articulation, aussi ne se séparent-elles 
jamais de la tige. 

L’inflorescence est en ombelle , les verticilles de tous les ordres sont 
formés de folioles distinctes ou réunies à la base , et la collerette pro- 
prement dite a ses folioles entières tricuspidées ou multifides, comme 
dans l’Æ/pinum, et souvent fort épineuses ; l'ombelle, qui porte ici le 
nom de tête ou de capitule, est toujours sessile , et les fleurs ordi- 
nairement plus courtes que la collerette sont séparées par des pail- 
lettes demi-épineuses, simples ou trifides. 

Les capitules sont ovoides et le plus souvent uniformes pendant 
toute leur durée, mais dans le Bourgati, des Pyrénées, et quelques 
autres, ils deviennent coniques et doublent de longueur, et dans 
certaines espèces étrangères, ils acquièrent des dimensions considé- 
rables ; leur couleur, qui est quelquefois d’un bleu d'améthyste très- 
intense, varie dans la même espèce selon la température ; ainsi le 
Dichotomum , d’un bleu foncé au jardin de Paris, est d'un vert glau- 
que dans la Mauritanie, et l{/pinum, qui ne croit guères que sur les 
montagnes élevées, est extrêmement remarquable par la magnifi- 
cence de ses teintes améthystinées. 

L’efflorescence est centrifuge dans l'ensemble, centripète où simul- 
tanée pour chaque capitule ; l'ombellule centrale se développe la pre- 
mière , les centrales secondaires se succèdent ensuite avec beaucoup 
d'ordre ; mais dans le capitule les fleurs inférieures s’'épanouissent en 
générai les premieres ; cette disposition contribue évidemment au 
succès de la fécondation, car les ombellules centrales sont ensuite 
comme enveloppées et effacées par les développements latéraux, et 
dans le capitule même les fleurs inférieures doivent s'épanouir avant 
les autres pour recevoir toute l'influence de la lumière; il va sans 
dire que cette règle générale est modifiée selon la structure végétale 
et florale qui appartient à chaque espèce. 

Le calice des Eryngium est à cinq divisions persistantes ; les pétales 
plissés en deux sont échancrés dans leur milieu ; le fruit est recouvert 
d'écailles rudes et blanchâtres, ou quelquefois de vésicules pleines 
d'un fluide aériforme; le carpophore qui existe réellement reste en- 
gagé entre les deux méricarpes , et les vaisseaux nourriciers rampent, 
comme dans les Astrantia, sous l'enveloppe qui recouvre la face inté- 
rieure des fruits ; on remarque à leur sommet et entre les deux méri- 
carpés un ‘stylopode sensiblement bifide, crénelé sur les bords et 
parsemé souvent de petites glandes blanchätres ; du centre de ce dis- 
que un peu enfoncé , sortent deux styles déjà très-allongés à l'époque 


sg = 
de la fécondation, et terminés par des stigmates souvent très-peu 
distincts, comme dans le Campestre et le Maritimum, mais quelque- 
fois aussi mieux marqués, dans l'{/pinum par exemple. 

La fécondation a lieu ici, comme dans le reste de la famille, par 
l'intervention de l'humeur miellée qui distille du stylopode et reçoit 
Je pollen des anthères; cette humeur imprègne les styles, comme elle 
imprègne ceux des Cynarocephalées, qui sont également lisses et 
humectés; plus tard les stigmates se développent, et sont fécondés 
par les émanations polliniques de ces mêmes styles; car le pollen, au 
moment où il sort des anthères, ne peut pas féconder les stigmates 
qui n'existent pas encore. Cette forme de fécondation, qui appartient 
aux Cynarocephalees et à d'autres tribus de la grande famille des Com- 
posées, se trouve probablement dans tous les Æryngium, et je l'ai 
vérifiée dans le Campestre et l Amethystinum ; j'ai même vu, dans le 
Maritimum et le Planum , les stylopodes à dix crénelures tout sau- 
poudrés de pollen grisätre. 

A la dissémination, les tiges dures et desséchées des Eryngium, 
sont détachées du sol et entraïnées au loin par les vents, au moins 
dans le grand nombre des espèces, telles que le Maritimum. On voit, 
dans ce dernier et dans plusieurs autres, l'A4/pinum, par exemple, 
sortir, dès la fin de l'automne et pendant l'hiver, du milieu des pail- 
lettes écartées et desséchées, les semences couvertes d’écailles blan- 
ches , imbriquées et surmontées encore de leur calice , mais prompte- 
ment séparées en deux méricarpes sans trace de carpophore; dans le 
Planum et quelques autres ; le capitule s'allonge , et les fruits n'étant 
plus retenus s’échappent chargés l'un de deux dents et l'autre de trois; 
le premier a trois sillons, et l'autre deux seulement; l'embryon est 
placé ici comme dans les autres Ombellifères, au sommet d'un albumen 
corné et blanchitre. 

On trouve dans ce genre quelques phénomènes assez remarquables; 
ainsi l'Eryngium Cervantesii a ses tiges couchées et se propage sans 
doute par des rejets; l'Humile ne porte qu'un capitule sessile ; le 
Pusillum a ses paillettes si allongées que chaque fleur paraît comme 
solitaire aux aisselles des feuilles; l'£bracteatum est dépourvu de 
bractées, etc., mais, au milieu de ces variations, qui entraînent 
sans doute des différences de dissémination, la structure générale 
reste toujours la même, et le genre des Eryngium est un des plus 
naturels. 

Ces plantes ne me paraissent susceptibles d'aucun mouvement or- 
ganique, car tout en elles est raide et inarticulé, et leurs pétales ne se 
déploient pas même à la fécondation ; c’est sans doute pour qu'ils puis- 


— 559 — 

sent transmettre librement le pollen au stylopode, qu'on remarque dans 
leur centre une ouverture qui ne s’oblitère qu'après la fécondation. 

Les Eryngium prospèrent surtout sur les plaines desséchées ou sur 
les plages maritimes ; car leurs tiges et leurs feuilles sont coriaces, et 
par conséquent doivent transpirer très-peu ; cependant l'Aquaticum, 
de la Virginie, qui vit sur le bord des eaux , ne doit pas être organisé 
comme les autres. Ils embellissent les lieux qu’ils habitent de leurs 
belles panicules glauques et surtout de leurs capitules azurés, et ils 
plaisent à l'ami de la nature par la régularité et la symétrie de leurs 
formes; ils ne redoutent ni les chaleurs de l'été, ni les froids de 
l'hiver. 


Quatrième tribu. — AMMINÉES. 


Les Amminées sont des Orthospermes à un petit nombre de canne- 
lures étroites; elles ont un fruit comprimé latéralement et souvent 
didyme, des péricarpes à cinq cannelures étroites et égales, mais 
quelquefois ailées, et dont les deux latérales sont marginales, une 


semence cylindrique ou un peu bossue, des ombelles très-régulières 
et composées. 


PREMIER GENRE. — (Cicuta. 


La Ciguë a le limbe calicinal foliacé, les pétales obcordiformes, 
échancrés et à lanières réfléchies, un fruit didyme arrondi et aplati 
sur le côté, des bandelettes solitaires dans chaque sillon et géminées 
sur la face commissurale, un carpophore profondément bifide, une 
semence dont la section transversale est cylindrique. 

Les Ciguës sont des herbes vivaces, glabres , aquatiques et toujours 
vénéneuses ; leur tige est élevée, cylindrique et fistuleuse, leurs feuilles 
d'un vert noirâtre sont tripinnatiséquées, ou seulement ternatisé- 
quées ; leur involucre est nul ou formé d'un petit nombre de folioles, 
mais leur involucelle est polyphylle, leurs fleurs sont blanches et 
leurs styles divariqués. Je ne connais pas leur fécondation. 

Ce genre formé de trois espèces se divise en deux groupes : 

1° Celui de l'espèce européenne, à racines fibreuses ; 

2° Celui des deux espèces de l'Amérique nord, à racines charnues. 

Le Virosa, vit au bord des fossés et des eaux courantes de l'Europe 
et de la Sibérie ; sa racine principale est épaisse, cylindrique et parta- 
gée en cloisons transversales, d'où transsude un suc jaunâtre promp- 
tement léthifère; ses ombelles d'environ quinze rayons sont oppo- 


— 560 — 
sées aux feuilles ou terminales; son fruit arrondi et fortement didyme 
la fait bientôt reconnaitre. 

Des deux espèces américaines, la première, ou le Bulbifera, se 
distingue par ses aisselles et ses rayons bulbiféres, et le Muculata par 
les taches noirâtres qui recouvrent sa tige, comme celle de l Æthusa 
et du Conium, et qui ne sont peut-être que des dépôts de sucs épaissis. 

Le Cicuta virosa, qui vit dans les marais, a ses méricarpes enve- 
loppés d’une écorce fongueuse et non séparables ; en est-il de même 
des deux autres ? Tauscx a observé que la forme des fruits du Cicuta 
ne peut pas facilement se ranger dans aucun de nos trois sous-ordres, 
et quil en est de même de quelques autres genres. 


DEUXIÈME GENRE. — {20 


Le Zizia a un calice légèrement denté, des pétales elliptiques 
allongés en pointe, un fruit aplati sur le côté, arrondi, ovale ou 
légèrement didyme, des méricarpes à cinq éminences filiformes, et 
dontles latérales sont placées sur les bords; les cannelures ont une 
bandelette, et la commissure en a deux, le carpophore est bifide. 

Ce genre est formé de trois herbes vivaces originaires de l'Amérique 
nord; on les reconnaît à leurs tiges redressées et à peu près simples, 
à leurs feuilles une ou deux fois ternatiséquées et dentées ; leur invo- 
lucre est nul ou avorté, leur involucelle n’a qu’un petit nombre de 
folioles, et leurs fleurs sont d’un jaune d'or. 

L'espèce la plus connue est lAurea ou le Smyrnium aureum de Lan, 
dont l'involucelle à trois folioles unilatérales ; cette jolie plante, qui 
fleurit vers la fin du printemps, a ses pétioles membraneux déjetés, 
ses ombelles sessiles ou pédonculées opposées aux feuilles et formées 
de huit à neuf rayons principaux et d'autant de secondaires. J'ai 
remarqué que ces pétales ne s’ouvraient point, et que les étamines sor- 
ties de leurs intervalles répandaient leur pollen, avant qu’on apercût 
les styles s'élever au-dessus du stylopode bifide. Est-ce que les anthères 
féconderaient alors les stigmates déjà développés des fleurs de la cir- 
conférence ? Non, mais la fécondation a lieu ici, comme dans la 
plupart des autres Ombellifères, par l'intervention de l'humeur 
miellée. 


TROISIÈME GENRE. — Æpium. 


L’Apium a le limbe du calice avorté , les pétales entiers et arrondis, 
un stylopode enfoncé, un fruit arrondi, resserré sur le côté et 


— 561 — 


didyme, des bandelettes solitaires au centre mais réunies deux à trois 
sur les bords, une semence bossue en arrière et un carpophore non 
divisé, un involucre et un involucelle nuls. 

Ce genre se divise en deux sections : 

1° Celle des Euapium ; pétales dont la lanière est fortement roulée 
en dedans ; 

2° Celle des Oreosciudium ; pétales denticulés dont la lanière n'est 
que fléchie. 

La première conan l'espèce européenne et la seconde trois on 
quatre plantes homotypes, qui croissent mêlées ensemble dans les 
expositions froides de la Nouvelle-Grenade, et qui pourraient bien 
n'être que des variétés de la première. 

L'Apium graveolens, ou le Céleri, a une racine fusiforme et rameuse 
d'une odeur aromatique et d'une saveur âcre ; ses ombelles latérales 
et presque sessiles sont formées de cinq à six rayons; ses pétales blan- 
châtres sont marqués de deux enfoncements formés par les anthères ; 
ses feuilles brillantes et un peu charnues sont pinnatiséquées à la base 
et trilobées vers le sommet; ses ombelles à rayons inégaux sont char- 
gées souvent d'une seconde ombelle un peu inférieure ; ses styles sont 
courts et fortement divariqués. 

Il croît naturellement le long de la mer auprès des marais et des 
ruisseaux, mais il a été transporté de bonne heure dans les jardins, où 
il a produit plusieurs variétés qui se conservent par la culture, et 
dont les racines arrondies et charnues sont fort recherchées, surtout 
dans le midi de l'Europe. 

Son carpophore m'a paru à peu près nul, car les semences semblent 
seulement appliquées l'une contre l’autre, et tombent séparément au 
moment où les étamines redressées répandent leur pollen blanchâtre ; 
les styles, encore engagés dans le stylopode, ne montrent aucune 
trace de stigmate, en sorte que la fécondation ne peut s’opérer que par 
l'humeur miellée qui imprègne de bonne heure le stylopode, et recoit 
le pollen dont les granules se rompent et renvoient plus tard leurs 
émanations aux stigmates, 


QUATRIÈME GENRE. — Petroselinum. 


Le Petroselinum, ou le Persil, a un calice nul, des pétales arrondis, 
légèrement échancrés, à languette recourbée, un ne petit, coni- 
que et un peu crénelé, ras styles divergents, un fruit ovale et à peu 
près didyme, des dits solitaires dans chaque sillon, mais gémi- 
nées dans lacommissure, un carpophore bifide et une semence bossue. 


IL, 36 


ne ne 


Le Petroselinum renferme quatre ou cinq espèces, dont deux seu- 
lement européennes, le Sativum , des rochers ombragés des îles de la 
Méditerranée, et le Segetum, des champs du Midi et de l'Angleterre. 
Ces deux plantes annuelles sont, comme tous les Petroselinum , des 
herbes glabres et rameuses ; leurs feuilles sont décomposées en lobes 
ee l'involucre est très-peu garni, mais l'involucelle est poly- 
phylle; les Fée blanches, roses ou yerdilines sont uniformes et 
souvent stériles près du centre; les étamines sont plus longues que la 
corolle. 

Le Sativum, cultivé dans tous les jardins, a produit deux variétés 
principales, qui se prapagent de semences, le Crispum, à feuilles frisées, 
etle Latifolium, à racine grossie et agréable au goût, ses ombelles ter- 
minales, de huit à dix rayons comme les ombellules, sont souvent 
penchées avant la floraison, ses pétales verdâtres sont étalés et son 
stylopode est entièrement saupôudré du pollen que répandent les 
anthères , avant que les stigmates svient développés, ce qui a lieu éga- 
lement dans le Segetum. 

Cette dernière plante, qui a les fleurs du Persil et le feuillage des 
Pimpinella, à des feuilles supérieures, dont les folioles appliquées 
contre le pétiole commun sont presque avortées, un involucre à deux 
ou trois lanières très-irrégulières; ses ombelles portent trois ou quatre 

rayons, et ses ombellules toujours fertiles ont les rayons très-inégaux; 

les fleurs sont penchées avant la fécondation, les styles sont courts et 
un peu épais, et les bandelettes sont Glifbrméé sur toute la longueur 
du fruit. 

De Canpozce dit que le Petroselinum a deux bandelettes commis- 
surales, et que l'4pium en est au contraire dépourvu. Gaunix affirme 
et représente le contraire, je crois, avec raison. 


CINQUIÈME GENRE. — Jrinia. 


Le Trinia a un calice dépourvu de limbe et des fleurs ordinairement 
dioïques par avortement; les pétales de la fleur mâle sont allongésen 
languette recourbée, ceux de la fleur femelle sont ovales et légèrement 
languettés; les méricarpes portent chacun cinq cannelures filiformes, 
les extérieures marginales, les sillons sont entièrement dépourvus de 
bandelettes ou n'en ont qu’une seule, mais on en trouve une cachée 
sous chaque cannelure ; le carpophore aplati est divisé depuis la base. 

Les Trinia sont homotypes, bisannuels et répandus les uns sur les 
collines sèches et découvertes de l'Europe, les autres dans la Russie 
méridionale; leurs tiges sont rameuses et anguleuses, leurs feuilles 


— 563 — 


bipinnatiséquées, à segments trois fois ternés et lobes linéaires pâles 
ou glaucescents; on les reconnait à leurs nombreuses ombelles dont 
l'ensemble forme une panicule ou un thyrse; les involucres avortent 
souvent, et les involucelles sont quelquefois caducs; les fleurs blanches 
sont assez souvent prolifères. Le Glabra, non indiqué par DE Can- 
DOLLE, est hermaphrodite, et ses anthères répandent leur pollen avant 
que les stigmates soient formés. 

Dans le Vulgartis, les fleurs femelles ont les étamines avortées et les 
mâles ne portent que des traces d'ovaire; le stylopode des premières 
est très-élargi et très-plane, celui des secondes est plus petit et ne dis- 
tille point d'humeur miellée; les styles sont réfléchis et les stigmates 
sont globuleux et papillaires de très-bonne heure; le pollen des fleurs 
mâles ne paraît pas plus abondant dans ce genre que dans les autres. 

On voit sur les pentes de Salève, où le Y’ulgaris est très-commun, 
les tiges amincies et desséchéés des fleurs mâles entourées de femelles 
en pleine végétation et chargées de fruits, et l’on remarque en même 
temps que les mâles ont leurs étamines allongées et étalées, de même 
que leurs pétales rétrécis et caducs, tandis que les femelles se distin- 
guent par leurs styles allongés, leurs stigmates globuleux et leurs 
pétales très-raccourcis. Cette disposition très-constante, et dont le 
but est évident, ne s’observe jamais sans intérêt. 


SIXIÈME GENRE. — AHelosciadium. 


L'Helosciadium a un calice quelquefois denté, des pétales entiers, 
droits ou fléchis, des styles courts, des fruits ovales ou oblongs, des 
sillons à une Re bandelétte, un carpophore entier et libre, des 
semences cylindrico-convexes. 

On divise ce genre en trois sections, les Mauchartia, les Cyclosper- 
mum et les 7 por y sciadium. 

La première, qui est seule européenne, a un involucre d’une à cinq 
folioles quelquefois avortées, un involucelle de cinq à six, des om- 
belles régulières d’un petit nombre de rayons, toujours opposées aux 
feuilles ou axillaires; les cinq espèces qu’elle comprend vivent dans 
les marais ou sur les bords des eaux courantes où elles se multiplient 
derejets; les unes, comme le Repens, s'allongent en donnant continuel- 
lement des radicules, les autres, comme le Vodiflore, repoussent de 
leurs nœuds; l Znundatum a les Her submergées, multifides et capil- 
laires, mais Le supérieures cunéifurmes , incisées et trifides. 

aus les Mauchartia oùt des tiges molles et fistuleuses, des feuilles 
ailées ou pinnatiséquées, lisses, lustrées et non plissées; leurs fleurs 


= 64 — 
blanches et petites sont tantôt pédonculées, tantôt presque sessiles, 
mais la fécondation s'opère toujours hors de l’eau. 

Dans le Nodiflore , le Repens et sans doute aussi dans les autres, le 
pollen se répand avant que les styles soient élevés au-dessus du sty- 
lopode; jai remarqué que le Nodiflore, placé au milieu des eaux, se 
multipliait tellement par ses radicules et ses rejets, que ses fruits res- 
taient inféconds, tandis qu'ils mürissaient brie la même plante 
-croissait sur les br de l'eau. 

Le carpophore est toujours entier et les deux méricarpes ne se 
séparent pas, maïs ils tombent réunis au pied de la plante; ils doivent 
être enveloppés d'une écorce fongueuse, puisqu'ils sont destinés à 
germer dans l'eau. 


SEPTIÈME GENRE. — Plychotis. 


Le Ptychotis a un calice denté, des pétales obovés, bifides et plissés 
transversalement, un fruit ovale ou oblong, des sillons portant chacun 
une bandelette, un carpophore bifide, une semence cylindrique ou 
convexe. 

Ce genre, extrêmement remarquable par ses pétales plissés trans- 
versalement, se divise en trois sections, d'après la forme des involucres 
et du fruit : 

1° Les Euptychotis ; involucre nul, fruit fortement cannelé, mais 
non muriqué ; 

2° Les Trachyspermum ; involucre à un petit nombre de folioles 
linéaires entières ou trifides, fruit muriqué; 

3° Les Heteroptycha ; involucre nul, fruit hérissé. 

La première section est seule européenne ; les deux autres ont 
leurs espèces éparses en Orient, au Népaul, aux Indes, etc.; toutes 
sont des herbes annuelles ou bisannuelles, à feuilles caulinaires, mul- 
tifides ou capillacées , à involucre variable , maïs involucelle multifide’ 
et à fleurs constamment blanches. 

Les Euptychotis comptent deux espèces : le 7. erticillata ou Y 4m- 
moides de Kocn, de l'Italie et des îles adjacentes, et l'Heterophylla, 
du midi de la France et des bords du lac de Genève, à feuilles radicales 
pinnatiséquées, et segments arrondis ou incisés. 

La première est une herbe annuelle dont l'involucelle a les folioles 
alternativement sétacées et spathulées; ses fleurs à anthères violettes 
ont les pétales relevés sur les bords, et leurs styles, comme je crois 
l'avoir déjà observé du Coptica , s'élèvent peu au-dessus du stylopode ; 
mais l’Heterophylla, ainsi nommé parce que ses feuilles radicales sont 


— 565 — 

simplement pinnatiséquées, est également remarquable par son port 
et sa structure florale; ses ombelles, terminales ou axillaires et pen- 
chées dans leur jeunesse, ont les trois folioles de leur involucelle 
disposées du même côté et redressées avant l’inflorescence; les pétales 
disposés en rosette régulière sont symétriquement bilobés, relevés et 
redressés dans leur milieu; les anthères sont cachées dans des poches 
que les pétales portent des deux côtés de leur base; les styles très- 
raccourcis sont entièrement cachés dans le stylopode pendant l'émis- 
sion du pollen, en sorte que dans l’esiivation chaque fleur forme une 
rosette régulière de cinq pétales sillonnés dans leur milieu, sans appa- 
rence d’étamines et de stigmates; les styles sont persistants et couchés 
sur le stylopode; les fruits striés ont des bandelettes très-amincies, et 
les méricarpes sont suspendus quelque temps par leur sommet avant 
de se séparer ; le carpophore est divisé en deux depuis la base. 


HUITIÈME GENRE. — Falcaria. 


Le Falcaria a un calice denté, des pétales obovés, échancres et 
recourbés, une languette réfléchie, des styles divariqués, un fruit 
oblong et recourbé sur le côté, un carpophore libre et bifide, des 
bandelettes filiformes solitaires dans chaque sillon. 

Ce genre comprend deux espèces indigènes, le Latifolia, de l'Alle- 
magne, et le Rivini, de l'Europe moyenne ou australe et qu'on 
retrouve encore en Orient; cette dernière est une herbe vivace à 
racine épaisse et profonde ; ses feuilles glabres sont pinnatiséquées, et 
ses ombelles, bien garnies et d'abord penchées, sont terminales ou. 
opposées aux feuilles; l'involucre est polyphylle, et l'involucelle à 
peu près unilatéral; le stylopode est recourbé et les styles sont diva- 
riqués ; les fleurs blanches sont les unes hermaphrodites et les autres 
simplement mâles. La fécondation s'opère sans doute par le concours 
de l’humeur miellée. 

Ces plantes, qui ont recu leur nom de la forme un peu recourbée 
de leurs folioles, diffèrent des Sium par leurs pétales recourbés, 
leurs sillons à une seule bandelette et leurs carpophores libres et 
bifides, car elles ne vivent pas dans les eaux. 

Kocx prétend que le Latifolia , ainsi que le Rivini, sont des herbes. 
annuelles. 


NEUVIÈME GENRE. — Sson. 


Le Sison a un calice dont le limbe est nul, des pétales à peu près 
arrondis, recourbés, profondément échancrés et terminés en lan- 


— 566 — 
guette réfléchie, des styles très-courts et qui tombent promptement, 
un fruit ovale, comprimé sur le côté, des sillons chargés chacun 
d'une bandelette courte et arrondie en massue. 

Il ne comprend que l'4momum, herbe bisannuelle, à racine fusi- 
forme, tige droite et très-ramifiée; ses feuilles sont pinnatiséquées, à 
segments lobés et dentés vers le bas, linéaires et multifides vers le 
haut; l'ombelle est formée d'à peu près quatre rayons inégaux et 
allongés, l'ombellule de quatre à cinq beaucoup plus courts. 

L'Amomum se trouve dans les champs secs et calcaires de la plus 
grande partie de l'Europe; ses fruits aromatiques rappellent ceux de 
l4momum cardamomum , et ses tiges chargées d'ombelles blanches 
ont une odeur forte et presque vireuse. 

Les styles, qui tombent promptement, semblent indiquer une 
forme particulière de fécondation. Gaupin dit que le Sison amomum 
a sa face commissurale chargée de deux bandelettes, ce que j'ai vérifié; 
les bandelettes extérieures raccourcies et élargies en massue s’aper- 
coivent tres-bien au-dehors. 


DIXIÈME GENRE. — Æmini. 


L'Ammi a un calice dont le limbe est nul, des pétales obovés, 
échancrés, irrégulièrement bilobés et terminés en languette réfléchie ; 
le fruit ovale oblong est comprimé sur le côté; les méricarpes ont des 
bandelettes solitaires, le carpophore est libre et bifide, la semence 
convexo-cylindrique. 

Les Ammi, dont l’on connait une dixaine d’espèces ou variétés, la 
plupart européennes, sont des herbes annuelles ou bisannuelles, sem- 
blables aux Daucus, avec lesquels ils ont été autrefois confondus ; leurs 
racines sont fusiformes, leurs feuilles pinnatiséquées ou multipartites ; 
leurs ombelles d’un grand nombre de rayons ont ordinairement les 
fleurs extérieures un peu plus grandes que les autres; l’involucre est 
formé de folioles trifides ou pinnatifides, l'involucelle est polyphylle 
et les fleurs sont toujours blanches. se 

Ils diffèrent principalement des Daucus par leur fruit lisse et com- 
primé sur le côté; leurs lobes foliacés, régulièrement dentés, 
linéaires ou aigus, ont la surface lisse, d’un vert noir ou glaucescent 
comme les fruits; la fleur centrale de l'ombellule est sessile dans le 
Glaucifolium ; les styles sont saillants avant la fécondation , mais les 
stigmates ne se forment que tard. Les ombelles du Visnaga se con- 
tractent fortement, comme celles des Daucus , et recoivent dans leur 
sein les graines qui tombent séparées ou réunies, mais jamais sus- 


— 567 — 

pendues; car la suspension aurait été aussi inutile ici que dans les 
Daucus; les pétales sont fortement relevés sur les bords pour donner 
issue aux étamines ; les rayons du Glaucum et peut-être aussi ceux 
de quelques autres espèces sont glutineux, surtout dans leur milieu, 
et deviennent ensuite jaunâtres et comme flétris par l'humeur vis- 
queuse qu ils transsudent. Ils ressemblent ainsi aux tiges du Silene 
armeria et de quelques autres espèces du même genre, qui distillent 
également entre leurs nœuds supérieurs une matière gluante. 

Les quatre principales espèces du genre sont le Maÿjus, le Glauci: 
folium, YIntermedium et le Visnaga , toutes annuelles ou bisan- 
nuelles et unies par de très-grands rapports; le Majus, très-commun 
dans le midi de la France, a les lobes de ses feuilles lancéolés et 
fortement dentés, et comme ses ombelles ne se contractent pas à la 
manière de celles du V’isnaga, ses deux méricarpes restent suspendus 
au sommet du carpophore, ce qui montre que les diverses espèces 
d'Ammi ne sont pas physiologiquement semblables. 

DE Canpozze possède des échantillons du Glaucifolium, dont les 
deux carpelles sont changés en feuilles, et j'ai remarqué, à la base 
des pétales du Majus, une cavité qui pourrait bien être nectarifère 
comme dans les Ptychotis. 


r ONZIÈME GENRE. — /Ægopodium. 


L'Ægopodium a le limbe du calice nul, les pétales obovés, échancrés, 
à languette réfléchie, les stylopodes distincts, coniques et terminés 
par de longs styles fortement réfléchis, un fruit ovale comprimé sur 
le côté, des bandelettes nulles, un carpophore sétacé,. fourchu au 
sommet, une semence convexo:cylindrique. 

L'Ægopodium est une herbe vivace, qui s'élève quelquefois jusqu'à 
trois pieds, ét qui se multiplie de rejets dans nos vergers qu'elle 
recouvre enfin complètement; la première année, ces rejets sortent 
des feuilles radicales stériles ; la deuxième, ils s’enracinent et se déve- 
loppent en feuilles radicales nombreuses; et la troisième, ils donnent 
des tiges florales qui terminent le cercle de la végétation; c'est une 
chose curieuse que de voir un Ægopodium dans sa seconde année, 
avec ses nœuds inférieurs entourés de nombreux rejets blanchâtres, 
dont l'extrémité est une petite tête bordée de renflements radiculés; 
la feuille centrale porte elle-même à sa base un autre renflement, qui 
contient déjà en miniature la plante de l'année suivante protégée par 
les appendices stipulacés des feuilles qui l'entourent. 

Les feuilles inférieures.sont biternées , souvent déformées par avor- 


— 568 — 
tement ou par soudure; les supérieures, toujours moins développées, 
finissent par de simples pétioles dilatés en gaîne; la surface des unes 
et des autres est un vert lustré en dessus et mat en dessous. 

La tige se termine régulièrement par un involucre de trois feuilles 
ternées, du milieu desquelles sortent trois rayons latéraux et-un qua- 
trième central; chacun de ces trois rayons latéraux porte régulière- 
ment deux ombelles, une principale et une secondaire, et les ombelles 
secondaires, qui ne sont pas encore défleuries quand les autres répan- 
dent déjà leurs graines, sont chargées de fleurs stériles, méêlées à 
quelques hermaphrodites; les styles sont déjà allongés à l'époque de 
l'anthèse ; mais les stigmates ne forment que plus tard leur tête arron- 
die, et le PA se répand en abondance sur les stylovodes relevés en 
cône et tout humides d'humeur miellée. 

L'Ægopodium fleurit dès le milieu du printemps, et bientôt après 
ne montre plus que des feuilles radicales; ses ombelles et ses ombel- 
lules de quinze à vingt rayons sont toujours droites et se raidissent 
beaucoup pendant la maturation; les tiges sont sillonnées de fortes 
stries souvent contournées par l'effet de la lumière. 


DOUZIÈME GENRE. — Carum. 


Le Carum a un calice à limbe avorté, des pétales obovés, échancrés 
avec une languette recourbée, un stylopode aplati, des styles réflé- 
chis, un fruit ovale ou oblong et comprimé sur le côté, une commis- 
sure plane à deux bandelettes ; des cannelures à une seule, un carpo- 
phore libre et fourchu au sommet, une semence cylindrico-convexe. 

On le divise en deux sections : 

1° Le Carvi; involucre nul, involucelle ou nul ou oligophylle. 

2° Le Bulbocastanum ; involucre universel et partiel polyphylles. 

Ce genre est formé d'herbes glabres, annuelles et vivaces, à racines 
tuberculées, feuilles pinnatiséquées et multifides, fleurs blanches, 
quelquefois légèrement rougeätres. 

La première section comprend le Carvi, des prés montueux de toute 
l'Europe, et le Rigidulum , des collines de la Ligurie, espèce distincte 
de la première par son port un peu raide et surtout par son involu- 
celle à folioles grandes et linéaires, et non pas nulles, comme dans le 
Carvi. 

La seconde section renferme trois espèces, le Bulbocastanum, à 
racine tuberculée, des prés humides de l'Europe, le J’erticillatum, 
à racine fssicales des prés humides de l'Europe occidentale, depuis 
Ja Corse jusqu'à l'Écosse, et le Divaricatum, de l'Isirie, à nidiélies 
divariquées, fruits distints et lincaires. 


— 969 — 


La première est remarquable par la grosseur de sa racine, qui 
donne sans cesse de nouveaux tubercules enfoncés profondément en 
terre, et dans toutes les trois, comme dans la première section, les 
styles allongés et réfléchis ne‘développent leurs stigmates que lorsque 
les anthères ont répandu leur pollen sur le stylopode à deux lobes 
renflés et visqueux. 


TREIZIÈME GENRE. — PDunium. 


Le Bunium a le limbe du calice avorté, les pétales obovés, échan- 
crés et terminés en languette réfléchie ; le fruit linéaire, oblong et 
comprimé sur le côté; ses cannelures sont obtuses, ses sillons ont 
deux ou trois bandelettes, sa commissure en porte quatre superfi- 
cielles comme les autres; son carpophore est libre et bifide, sa se- 
mence cylindrico-convexe. 

On le divise en trois sections : 

1° Les Chrysium ; involucre et involucelle polphylles, fleurs jaunes 
et verdâtres, styles divergents, bandelettes variables en nombre selon 
les espèces; ils sont moyens entre lés Carum et les Bunium, dont ils 
se distinguent par leurs fleurs toujours jaunes. L 

2° Les Caroides; involucre ordinairement polyphylle, rarement 
nul, fleurs blanches, stylopode aplati, styles divergents; section 
moyenne entre les Carum et la suivante. 

3 Les Conopodium ; involucre nul ou oligophylle, stylopode relevé 
et conique, styles redressés. C'est peut-être un genre propre. 

Les Bunium, qui forment un genre artificiel, comptent une ving- 
taine d'espèces, la plupart étrangères et dispersées dans la Perse, le 
Caucase et la Mauritanie; deux seulement sont originaires des îles et 
des bords de la Méditerranée, et se retrouvent dans l'Europe centrale; 
le Virescens, de notre première section, en Bourgogne, et le Denu- 
datum , de la troisième, dans les prés montueux de l'Occident. 

Les Bunium sont des herbes vivaces à racines ordinairement tubé- 
reuses et globuleuses, comme celles du Carum bulbocastanum ; leurs 
tiges sont cylindriques et amincies près de la base dans les espèces 
tubéreuses, et leurs feuilles sont divisées en un grand nombre de 
segments multifides. M. Edmond Borssrer en a trouvé deux espèces 
nouvelles sur les montagnes de Grenade, le Mivale, voisin du Cory- 
dalinum , etle Thalictrifolium, peu différent du Creticum, tous les 
deux appartenant à notre seconde section. 

Je n'ai pas vu les Bunium vivants, et par conséquent je ne ne puis 
rien affirmer sur leur forme de fécondation; mais je ne doute pas 


— 570 — 

qu'elle ne s'opère par l'intervention de l'humeur miellée, et j'observe 
que, dans les Caroides , dont le stylopode est aplati, les styles diver- 
gent; tandis que dans les Conopodium, dont le stylopode est relevé, 
les styles d'abord redressés, divergent ensuite fortement, en se recour- 
bant autour du fruit pour mieux recevoir les émanations de l'humeur 
miellée, ce qui est surtout très-marqué dans le-Junceum, de l'ile de 
Zante, nouvelle espèce décrite par MM. Manor et Reurer dans leur 
Flore de cette ile, et dont les pétales ont sur le dos une raie glandu- 
leuse. 


QUATORZIÈME GENRE. — (Cryplotænia. 


Le Cryptotænia a un calice dont le limbe est avorté, des pétales 
obovés à peu près entiers et rétrécis en languette recourbée, un fruit 
linéaire, oblong et couronné par un stylopode raccourci, des styles 
non divergents, desginnelures filiformes, dont les deux latérales ne 
sont pas tout-à-fait marginales, un grand nombre de bandelettes. 
recouvertes d'un péricarpe épais, et qui ne deviennent visibles que par 
des sections transversales, une semence convexo- cylindrique, un 
carpophore libre et bifide au sommet. 

Ce genre ne comprend que le Canadense et le Thomasii, des bois 
ombragés de la Calabre ultérieure, l’un et l’autre herbes glabres, 
vivaces, à tige redressée et racine non bulbeuse; leurs feuilles sont 
triséquées, à segments ovales et dentés; leurs ombelles et leurs om- 
bellules n’ont qu’un petit nombre de rayons; leur involucre est nul, 
leur involucelle oligophylle, et leurs fleurs sont blanches. Le Tho- 
masii a ses ombelles disposées en panicule nue et aphylle; ses fruits 
sont ovales, tandis qu’ils sont oblongs dans le Canadense. J'ignore 
pourquoi les bandelettes sont ici recouvertes d’un péricarpe épais, et 
je ne sais rien non plus de la fécondation du Cryptotænia. 


, 


QUINZIÈME GENRE. — Pimpinella. 


Le Pimpinella à le limbe calicinal nul, les pétales obovés, échan- 
crés en languette recourbée, le fruit ovale, le stylopode relevé, les 
styles réfléchis, à stigmates globuleux et persistants, les bandelettes 
nombreuses dans chaque sillon, le stylopode géminé, le carpophore 
libre et bifide, les semences convexes. 

Ce genre se partage en trois sections : 

® Les Tragoselinum; fruits glabres et racines vivaces; 


— 071 — 


2° Les Tragium; fruits velus, racines vivaces ou rarement bisan- 
nuelles ; 

3° Les Anisum; fruits pubérulents, racines annuelles. 

Les Pimpinelles forment un genre assez marqué et dont la plupart 
des espèces habitent l'Europe ; leurs racines sont simples, leurs feuilles 
radicales pinnatiséquées, à segments arrondis et presque toujours 
dentés; les caulinaires sont beaucoup plus divisées, les ombelles et 
ombellules sont fort garnies; les fleurs sont blanches, rarement 
rougeûtres ou Jaunes. | 

Les Tragoselinum peuvent se diviser en deux: groupes : celui des 
espèces étrangères, à fleurs jaunes, et celui des indigènes, à fleurs 
blanches ; ces dernières homotypes renferment principalement le 
Magna et le Saxifraga, qui ont donné l’une et l’autre naissance à de 
nombreuses variétés; la première a toutes ses feuilles pinnatiséquées, 
à lobes arrondis; la seconde, au contraire, a les feuilles caulinaires 
pinnato-multifides et linéaires; ces deux plantes et leurs variétés, dont 
la plus remarquable est celle à fleurs roses, couvrent les bords de nos 
baies, nos pâturages secs et les lisières de nos bois de leurs jolies om- 
belles qui se succèdent long-temps; leurs fleurs, toujours fertiles, sont 
un peu irrégulières sur les bords, et ont leurs pétales relevés sur les 
côtés ; les ombelles, d’abord penchées, se redressent aux approches 
de la fécondation, et tandis que leurs pédoncules restent toujours 
divariqués, ceux des ombellules ou leurs pédicelles se resserrent dans 
la maturation, et le fruit reste couronné par les styles divergents et 
long-temps chargés de leurs stigmates globuleux; la fécondation s’o- 
père par l'humeur miellée, car les anthères répandent leur pollen sur 
le stylopode bifide, renflé et nectarifère, avant que les styles soient 
développés, et par conséquent que les stigmates soient formés, et à 
la dissémination , les méricarpes bombés se séparent par le sommet, 
sans flotter, parce que les branches du carpophore se brisent. 

Les Tragium, plus nombreux que les Tragoselinum, ont à peu près 
le même port et habitent presque exclusivement les iles et les côtes 
de la Méditerranée; les plus répandus sont le Peregrina et le Tragium, 
qu’on distingue des Tragoselinum par leurs fruits, leurs tiges et leurs 
feuilles velues ou blanchâtres. Ces deux plantes, dont la dernière est 
vivace et la seconde bisannuelle, couvrent de leurs ombelles blanches 
les terrains arides et rocailleux, depuis l'Espagne jusqu’à la Tauride, 
et présentent les mêmes variations que nous avons déjà remarquées 
dans les Tragoselinum. 

L'Aromatica, de l'Ibérie et du Caucase oriental, à fruits velus 
comme les autres Tragium , n'ouvre pas ses pétales à la fécondation ; 


578 — 

mais ses étamines se font jour dans. les intervalles, et les anthères: 
s'inclinent pour féconder deux longs stigmates papillaires, et déjà 
tout formés quand les étamines sortent d'entre les pétales; il n’y a 
donc point ici de stylopode nectarifère, car il n’en était pas besoin. 

Les Anisum forment un petit groupe de plantes annuelles, à fruits 
pubérulents et feuilles glabres et arrondies à la base, mais capillacées. 
près du sommet; l'espèce principale est l'Anisum, dont le Cretica 
n'est guère qu'une variété, et qui, originaire de Scio et de l'Egypte, 
se cultive chez nous à cause de l’arome de ses graines; on lui adjoint 
le Dichotoma, des collines de l'Egypte, à rameaux plusieurs fois 
dichotomes et pédoncules opposés aux feuilles. 

L'Anisum est une plante presque entièrement glabre, dont les om- 
belles élégantes et penchées dans leur jeunesse ont beaucoup de rap- 
port avec celles des autres Pimpinella. À l'époque de la fécondation, 
et lorsque les anthères achèvent de répandre leur pollen, les styles 
sont déjà terminés par des stigmates globuleux et bien conformés ;, 
toutefois le pollen tombe d'abord sur le stylopode granulé, où il est 
recu par l'humeur miellée, L'involucre général est nul, mais le partiel 
est formé de quelques folioles capillacées extérieures. 


SEIZIÈME GENRE. — RReuleru. 


Le Reutera a son limbe calicinal avorté, ses pétales entiers, ovales, 
roulés et jaunes, son fruit aplati fortement sur le côté et à peu près. 
didyme; son stylopode est renflé en coussinet, ses styles. courts et 
réfléchis dépassent à peine le stylopode; les méricarpes ont cinq arêtes. 
filiformes, dont les latérales sont marginales; des sillons intérieurs à 
trois bandelettes et des extérieurs à quatre, une commissure à deux 
bandelettes dont l’intérieure est élargie; le carpophore est entier et 
libre, la semence convexe est à peu près plane en avant. 

Le Reutera diffère du Pimpinella par ses pétales jaunes, entiers et 
roulés, par ses styles raccourcis non divergents et par ses fleurs exté- 
rieures non radiées. Il est formé actuellement de deux espèces 
annuelles ou bisannuelles, originaires de la Sierra-Nevada, et que 
Edmond Boissier a dédiées à son ami Reurer; la première a les. 
feuilles radicales pinnatiséquées et les supérieures réduites à une 
simple gaîne; dans la seconde, les feuilles radicales sont bipinnatisé- 
quées, et les autres d’abord tripartites ; l'une et l’autre sont dépour- 
vues d’involucre et d’involucelles, et ont les fleurs très-petites et les 
fruits globuleux didymes; mais, dans le Gracilis, les pédicelles capil- 
laires sont cinq fois aussi longs que le fruit, tandis que dans le Pro- 


nn. 
cumbens ils ont la même longueur ; toutes les deux ont des ombelles 
et des ombellules à un petit nombre de rayons. 

Le Reutera parait un passage entre le Pimpinella et le Bupleurum ; 
il a les fleurs et les feuilles supérieures du premier, ainsi que les fruits 
du second. M. Borssrer suppose qu'on pourra lui réunir un jour, 
quelques-unes des Pimpinella, à fleurs jaunes, qui n’ont pas encore 
été suffisamment examinées. 

Le carpophore est entier dans les Reutera, et les méricarpes se déta- 
chent sans flotter, comme dans les Pimpinella et les Bupleurum. 


DIX-SEPTIÈME GENRE. — Sum. 


Le Sium a un limbe calicinal denté ou nul, des pétales obovés, 
échancrés , à languette recourbée, un stylopode rabaissé sur les bords, 
des styles réfléchis et renflés en tête au sommet, un fruit comprimé 
sur le côté ou légèrement didyme et toujours couronné par le stylo- 
pode ou les styles, des cannelures un peu aplaties, et des bandelettes 
nombreuses, soit dans les sillons, soit dans la commissure, un car- 
pophore dont les branches sont libres ou adhèrent fortement aux 
méricarpes. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Les Sisarum; cannelures latérales placées exactement sur les bords, 
sillons à trois ou quatre bandelettes superficielles, semence cylin- 
drico-convexe ; 

2° Les Berula; cannelures latérales placées un peu au-dessus des 
bords, semence parfaitement cylindrique, péricarpe épais et très- 
adhérent. 

Les Sium, réduits aux limites que nous venons de leur assigner, 
sont des plantes la plupart aquatiques, à feuilles pinnatiséquées, dont 
les segments sont souvent fort divisés, et leurs ombelles terminales et 
bien garnies ont l'involucre presque toujours multifide comme les 
ombellules; les fleurs sont blanches. 

Les Sisarum comprennent cinq ou six espèces, dont deux euro- 
péennes, le Sisurum et le Latifolium ; le premier, qui se cultive dans 
tous les jardins, porte une racine tuberculée et une tige cylindrique 
quelquefois bulbifère; le second, dont la tige articulée et fistuleuse 
s'élève jusqu’à trois pieds, a une racine rampante qui s'allonge du 
sommet à mesure qu'elle se détruit de la base; les ombelles sont pé- 
donculées, grandes, terminales, hémisphériques, et les fleurs régu- 
lières ont un calice à dents inégales. Le premier a le carpophore libre 


et bifide ; mais dans le second ses branches sont adhérentes aux mé- 
ricarpes. 


— 574 — 

Les Berula comptent deux espèces, dont une seule l'Angustifolium 
est européenne et peuple les fosses ou les petits ruisseaux depuis l’Es- 
pagne jusqu'a la Perse ; ses tiges sont droites et fistuleuses, ses feuilles 
ont leurs divisions inégalement rapprochées et la terminale trilobée; 
ses pédoncules sont latéraux et opposés aux feuilles ; ses ombelles sont 
hémisphériques et ses ombellules planes; elle conserve sa verdure tout 
l'hiver, et au printemps les vieilles tiges sont remplacées par les nou- 
velles provenues de stolons, en sorte que la racine est véritablement 
annuelle. 

A la fécondation, les anthères se développent après les stigmates, 
qui sont des têtes glutineuses, le stylopode est tapissé d’une sub- 
stance transparente et percée de mille pores, pour retenir le pollen 
dont elle renvoie les émanations aux stigmates. 

Mais ce que cette plante offre de plus remarquable, c’est son fruit à 
peu près globuleux, enveloppé d'un péricarpe épais, noirâtre, étroi- 
tement uni à la graine avec laquelle il se sème et se conserve dans les 
eaux où elle est appelée à germer; les deux méricarpes tombent ainsi 
sans se séparer, et le fruit ne renferme qu'une semence à peu près 
sphérique; l'autre avorte presque constamment. 

Les feuilles des Sium sont dépourvues de gaînes, comme celles de 
la plupart des plantes aquatiques; elles n’ont pas non plus de plisse- 
ments, et s'appliquent seulement les unes contre les autres; les fleurs 
des Zerula sont remarquables par leurs cannelures latérales placées 
un peu au-dessus des bords. On voit très-bien que les semences sont 
renfermées dans un calice. épais et cortical, dont les cinq dents dé- 
bordent. 

Dans les Sisarum, les styles, long-temps cachés dans le stylopode, 
finissent par s'élever beaucoup après la fécondation, et se terminent 
enfin par des stigmates très-épais et très-divariqués. Kocn observe que 
le Latifolium a les divisions de son carpuphore adnées au méricarpe, 
tandis qu'elles sont libres dans le Sisarum; mais il ne remarque pas 
que le premier est une plante aquatique, comme l’Angustifolium, 
tandis que le Sisarum, originaire de la Chine et du Japon, vit dans 
nos jardins. 


DIX-HUITIÈME GENRE. — Bupleurum. 


Le Bupleurum a un calice dont le limbe est nul, des pétales à peu 
près arrondis, entiers, étroitement roulés et terminés par une lan- 
guette large et tronquée; le fruit comprimé sur le côté ou légèrement 
didyme est couronné par un stylopode aplati; les arêtes sont ailées, 


— 575 — 
aigués ou presque effacées, et les sillons lisses ou granuleux manquent 
quelquefois de bandelettes; la semence est convexo-cylindrique, et le 
carpuphore est libre. : 

Ce genre se partage naturellement en trois groupes qui pourraient 
bien être considérés comme autant de sections : 

1° Les Odontites, ou les espèces annuelles ; 

2° Les Eubupleurum , ou les espèces herbacées vivaces; 

3° Les Tenoria , ou les espèces frutescentes. 

Les Odontites, qui sont des plantes à tiges amincies, à feuilles un 
peu consistantes, d'un vert glauque et jaunâtre, comptent environ dix- 
sept espèces ou variétés, toutes originaires de l'ancien continent, et 
dont la véritable patrie est le midi de l'Europe. On peut les diviser en 
deux sous-groupes très-distincts; le premier, et de beaucoup le plus 
nombreux, est celui des espèces, qui, comme l'Odontites, ont les 
feuilles linéaires et rétrécies en pétioles , et le second, celui des espèces 
telles que le Rotundifolium, dont les feuilles sont arrondies et amplexi- 
caules; les unes et les autres ont un si grand nombre de caractères 
communs, qu'on les a souvent confondues ; cependant elles diffèrent 
par leurs fruits lisses, cannelés ou tuberculés, par le nombre variable 
de leurs bandelettes qui souvent manquent tout-à-fait, par leurs invo- 
lucres et leurs involucelles plus ou moins garnis et allongés ; enfin par 
la disposition de leurs ombelles, simplement terminales ou latérales et 

terminales; ainsi par exemple, dans le Semi-compositum, le Glau- 

cum, eic., on voit sortir, du centre d'ombelles irrégulières, des rayons 
qui portent d'autres ombellules, chargées encore d'ombellules du 
second ordre; les fleurs de ces ombellules se développent successive- 
ment , les pédonculées les premières; tandis que dans le Rotundifolium 
et les espèces à ombelles régulières, les fleurs de la même ombelle sont 
simultanées. 

Les Eubupleurum sont formés d'environ dix-huit espèces ou variétés, 
dont l’organisation a aussi de grands rapports, et que nous divisons 
également en deux sous-groupes : 1° celui des espèces à involucelle 
élargi plus grand que les ombellules ; 2° celui dés espèces à involucelle 
rétréci, plus court que les ombellules; le premier est formé d'espèces 
quise plaisent à croître sur les rochers des Alpes, des Pyrénées, de 
la Sibérie ou même du Népaul; les plus connues parmi les indigènes 
sont le Stellatum, le Longifolium , \e Ranunculoides, toutes homotypes 
et remarquables par leur involucelle d’un jaune ordinairement bronzé, 
à folioles soudées et réunies en soucoupe autour de l'ombellule; le 
second, moins riche en espèces, comprend principalement le Falca- 
tum, si commun dans les haies et les buissons rocailleux de l'Europe 


— 576 — 

moyenne, le Rigidum, du midi de la France, qui se trouve dans les 
mêmes localités que le précédent, et le Graminifolium, à involucelle 
heptaphylle et hampe monophylle. Ces plantes ont des bandelettes 
variables en nombre, mais pour l'ordinaire solitaires ou réunies trois 
à trois dans le même sillon ; elles supportent très-bien toutes lesintem- 
péries, et leurs racines sont des rhizomes ramifiés qui donnent cons- 
tamment des tiges latérales et à peu près nues; leurs pistils sont sail- 
lants avant la floraison, et le stylopode découvert est enduit de grains 
résineux. 

Enfin les Tenoria contiennent neuf espèces ou variétés, les unes 
répandues dans l'Europe australe, les autres sur les côtes de la Bar- 
barie , au pied de l'Atlas, enfin au Cap ; les européennes , au nombre 
de quatre ou cinq, sont représentées par le Fruticosum, de beaucoup 
le plus commun, qui conserve sa verdure tout l'hiver et fleurit pres- 
que continuellement; ses feuilles sont roulées en cornet les unes sur 
les autres , et ses fruits ont une bandelette dans chaque sillon, indé- 
pendamment d'une autre plus petite cachée sous les arêtes, comme 
dans le Pyrenœum et quelques autres. Le plus remarquable de tous les 
Tenoria européens, c'est le Spinosum, de l'Espagne, dont les extré- 
mités des pédoncules et surtout des rameaux deviennent épineuses 
en vieillissant, et le plus extraordinaire, comme le plus important sous 
le point de vue physiologique, c'est le Difforme, du Cap, dont les 
feuilles vernales sont planes, incisées et décomposées comme celles 
du Persil, tandis que les estivales sont la plupart filiformes, angu- 
leuses, fasciculées, tétragones et trifides au sommet. Cette plante, 
qui se développe sans cesse du sommet, donne latéralement des om- 
belles à rayons bifides, trifides et fortement divariqués; les fleurs 
petites et Jaunes ont les anthères flétries avant l'apparition des stigma- 
tes, terminés ensuite en tête papillaire. 

Les Bupleures font, comme l’on voit, un genre très-prononcé, dont 
le caractère est beaucoup moins tiré de la forme des feuilles que de 
celle des involucelles et des ombelles simples ou composées, et dont 
les espèces , dispersées dans les différentes contrées de l'ancien conti- 
nent, ne se rencontrent ni dans les zônes intertropicales ni dans le voi- 
sinage des pôles, ni au milieu des marécages ou sur le bord des eaux. 

Leur division en annuels, herbacés, vivaces et frutescents corres- 
pond assez bien à leurs diverses formes d'organisation; en effet, les 
premiers ont une tige effilée, des feuilles en général amincies, des 
ombelles petites et peu garnies; les seconds, des involucelles très- 
marqués, et les derniers se reconnaissent promptement à leurs di- 
mensions et à leur port. 


— 577 — 


Les uns et les autres ont une consistance qu'on retrouve rarement 
dans les Ombelliféres ; leurs tiges et leurs feuilles sont sèches et pres- 
que toujours recouvertes sur leurs deux surfaces de cette poussière 
glauque et résineuse qui les abrite contre l'humidité ; les involucres, 
qui ont la même consistance que les feuilles, diffèrent beaucoup dans 
leurs dimensions, et sont souvent réguliers et irréguliers dans dla 
même espèce. 

Les fruits varient beaucoup pour la forme, ainsi que pour la struc- 
ture générale; leurs arêtes sont aiguës, obtuses ou effacées; leurs 
bandelettes, qui manquent quelquefois, sont solitaires, géminées ou 
plus souvent ternées dans le même sillon ; les sillons à leur tour sont 
lisses , granulés ou tuberculés, mais toujours le carpophore est libre 
et les semences sont séparées. Selon Tavuscew, le Rotundifolium et le 
Protractum, qui forment un petit groupe, ont le fruit campylosperme, 
tandis qu'il est orthosperme dans les autres. ( Annales des sciences 
naturelles , juillet 1835.) 

Les fleurs jaunes ou d'un brun cuivré ont des pétales petits, entiers, 
roulés sur eux-mêmes, et qui ne recouvrent ni les étamines, ni le 
stylopode protégé uniquement par la matière résineuse dont il est 
pour ainsi dire imprégné; il y a donc ici deux arrangements distincts, 
et qui concourent pourtant au même but, celui de ces pétales rac- 
courcis, qui ne protégent jamais les anthères avant leur développe- 
ment, et celui de cette matière résineuse qui imprègne abondamment 
toutes les parties de la fleur; on peut ajouter que les étamines et les 
anthères se développent rapidement, en sorte que la fécondation de 
la fleur s'opère dans un seul jour; cette observation s’applique aux 
fleurs des Ombelliferes , dont les pétales ne protégent pas les anthères, 
et qui, comme dans le Bupleurum , sont rarement infertiles. La fécon- 
dation s'opère ici, comme dans la plupart des Ombelliferes , par l'hu- 
meur miellée, qui sort en abondance du stylopode, au moment où 
les pétales se déroulent pour dégager les anthères ouvertes latérale- 
ment, et répandant sur le plateau nectarifère une grande quantité de 
pollen jaunâtre ; lorsqu'elles sont enfin défleuries, on voit s'élever 
du stylopode bifide un style, qui développe lentement ses deux bran- 
ches, terminées par autant de stigmates capitellés; le carpophore, 
qui conduit vraisemblablement les vaisseaux nourriciers de la base 
au sommet de l'ovaire et ensuite à l'embryon, est ici formé, comme 
à l'ordinaire, de deux lames élastiques très-étroites, adhérentes à la 
base ét au sommet du fruit. A la dissémination, ces deux james se 
détachent à la base , en sorte que les méricarpes n’adhèrent plus que 
par le haut, ou quelquefois se séparent immédiatement ; ils s’accu- 

II. i 37 


L Se 


mulent-ensuite dans le bassin de l’involucelle, qui recourbe souvent 
ses folioles ,et sont enfin dispersés par les vents. 

Le phénomène le plus remarquable est ici celui de ces feuilles 
simples, dures, entières et souvent terminées par un rebord cartila- 
gineux. DE CANDOLLE suppose que cette apparence est due à l'avor- 
tement du limbe foliacé, et que les feuilles des Bupleurum , telles 
qu’elles se présentent à nos regards, ne sont réellement que des pétioles 
allongés; il cite en exemple ce fameux Bupleurum difforme, du Cap, 
dont les limbes foliacés avortent ou se soudent sous les yeux, comme 
ceux des Acacia de la Nouvelle-Hollande, et il remarque en même 
temps que les nervures des feuilles, dans les Bupleures, sont parallèles 
et non divergentes, et que l’on apercoit de plus dans un grand nom- 
bre de leurs involucres des traces évidentes d’avortement ou même 
de soudure. J'ajoute que le limbe n’avorte pas toujours, mais qu'il se 
soude quelquefois comme les folioles des involucelles de plusieurs 
espèces du même genre, et je remarque de plus que les feuilles 
amplexicaules du Rotundifolium ont des nervures fortement diver- 
gentes et même radiées, ce qui indique des soudures et non pas des 
avortements de limbe. Je fais la même observation sur le Fruticosum , 
qui a unpétiole bien conformé et une nervure moyenne, d’où partent 
régulièrement des nervures parallèles, comme dans les feuilles ordi- 
paires. 

Les deux surfaces des feuilles sont à peu près semblables dans les 
espèces annuelles ou vivaces; mais dans les frutescentes, la face 
supérieure est lustrée , et l'inférieure mate, très-régulièrement réti- 
culée et chagrinée, probablement comme dans le Verium , par l'accu- 
mulation des stomates. 

Les divers organes des Bupleurum , c'est-à-dire les tiges, les pédon- 
cules et les feuilles, sont lisses et dépourvus de poils; ils sont de plus 
dépourvus d'articulations, excepté dans les espèces frutescentes, 
dout les feuilles tombent tous les printemps ; les feuilles cauli- 
naires se redressent contre la tige , et les autres s’étalent sur le sol sans 
se contourner ; les ombelles ne sont pas non plus penchées, mais les 
pédicelles des ombellules se rapprochent dans la maturation. Je vois, 
dans Kocæ, que le Protractum, de l'Allemagne, a ses involucelles 
toujours étalés, tandis que, dans le Rotundifolium , ils sont connivents 
après l’anthèse, ce qui entraîne sans doute quelque différence dans 
la dissémination. 

Ces plantes ne manquent pas d'un certain éclat à l'époque de la 
floraison, surtout lorsqu’elles étalent dans les escarpements des ro- 
chers leurs collerettes bronzées; les frutescentes ornent de leur feuil- 


lage toujours vert nos bosquets d'hiver. 


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Cinquième tribu. -— SÉSELINÉES. 


Les Seselinees ont la section transversale de leur fruit à peu près 
circulaire, les méricarpes marqués chacun de cinq arêtes filiformes 
ou ailées, dont les latérales marginales sont quelquefois plus élargies; 
la semence est convexo-cylindrique et aplatie en avant; le raphé est 
à peu près marginal. 


PREMIER GENRE. — OEnanthus. 


L'OEnanthus a un calice denté, persistant et un peu agrandi après 
la fécondation, des pétales obovés, échancrés, à languette recourbée, 
un stylopode conique, un fruit couronné par de longs styles redressés, 
des arêtes marginales un peu plus élargies que les autres, des sillons 
à bandelettes solitaires , un carpophore peu distinct ou même nul. 

Ce genre se divise en deux groupes : 

1° Celui à racines fasciculées et plus ou moins tuberculées; 

2° Celui à racines fibreuses et fusiformes. 

Le premier est formé d'espèces la plupart européennes , qui habi- 
tent dans les marais et sont glabres dans toutes leurs parties; leurs 
ombelles toujours composées ont l'involucre universel souvent avorté, 
le partiel polyphylle ; leurs fleurs blanches et ordinairement pédicel- 
lées sont difformes et stériles dans le contour, sessiles, régulières et 
fertiles au centre ; les feuilles radicales ont leurs lobes ovales ou cunéi- 
formes ; les caulinaires sont, au contraire, plus finement divisées, 
mais ce caractère est beaucoup moins constant que celui des racines 
tantôt renflées en cylindre, tantôt chargées de tubercules de forme 
variée selon l'espèce, la nature du sol et l’âge de la plante. Les quatre 
principaux OEnanthus européens sont, dans ce groupe, le Pimpi- 
nelloides , à lobes linéaires ; le Fistulosa, commun dans nos marais, 
où il se propage par ses stolons, et dont les tiges sont fistuleuses , les 
fruits turbinés et marqués de fortes côtes ; le Peucedanifolia, à tuber- 
cules ovales, nombreux, sessiles et fruits oblongs, amincis vers la 
base; enfin le Crocata, à tubercules oblongs, fruits cylindriques, 
allongés et striés ; cette dernière espèce , qui renferme un suc safrané 
et très-vénéneux, a les involucres polyphylles et les ombelles bien 
garnies , tandis que les trois autres ont un involucre nul ou mono- 
phylle, et une ombelle de trois à cinq rayons endurcis et épaissis pen- 
dant la maturation. 

Les OEnanthus à racines fibreuses ne comptent que le Phellan- 


— 580 — 
drium , des marais de l'Europe, où il se fait remarquer par sa tige 
élevée, épaisse et fistuleuse, ainsi que par ses ombelles opposées aux 
feuilles, mais plus régulières et plus garnies que celles du Fistulosa et 
du Peucedanifolia ; il donne sans cesse des stolons, et, à la manière 
des plantes aquatiques, il se détruit par le bas, tandis qu'il pousse par 
le haut de nouvelles radicules; ses fruits sont allongés, son carpo- 
phore est nul, et ses méricarpes tombent dans l’eau sans se séparer. 

Ces plantes ont en général des ombelles raides et peu garnies, des 
ombellules serrées et hémisphériques, des calices inégalement dentés, 
des fleurs fertiles presque sessiles et entourées de fleurs stériles, pé- 
donculées et difformes; les tiges souvent stolonifères se raidissent 
pendant la maturation, et dans l'anthèse, les étamines sortent de 
bonne heure d’entre les pétales qui se relèvent fortement sur leurs 
bords ; les styles, à peu près plongés dans le stylopode pendant l'émis- 
sion du pollen, grandissent ensuite comme les dents du calice, et 
restent cependant à peu près parallèles ; à la dissémination, les graines 
privées de carpophore retombent une à une dans l'eau, et ne sont 
jamais dispersées. 

Les CEnanthes vivent en famille dans les marais, qu’ils embellis- 
sent souvent par leur brillant feuillage et leurs ombelles d'un beau 
blanc souvent teint en rose. 

Il serait curieux de constater si les espèces qui n’habitent pas les 
eaux ou les prés humides, ont aussi leur carpophore nul et leurs méri- 
carpes inséparables ; enfin s'il y a quelques différences entre elles et 
les autres pour l'enveloppe du fruit. 


DEUXIÈME GENRE. — /Æthusa. 


L'Æthusa a un limbe calicinal nul, des pétales obovés, échancrés, 
à languette recourbée et plus grands sur les bords qu’au centre, un 
fruit ovale, globuleux , des méricarpes à cinq arêtes relevées, et dont 
les latérales sont placées sur les bords, des bandelettes solitaires dans 
les sillons, géminées et arquées dans la commissure , un carpophore 
bifide. 

Ce genre renferme le Cynapium, dont le Cynapioïdes et VE lata ne 
sont guères que des variétés, car ils ont l'organisation et le port de 
l'espèce principale. | 

Le Cynapium , fort répandu dans nos cultures où il fleurit dès la fin 
de l'été, se reconnaît facilement à ses feuilles finement découpées et 
d'un vert noir, à son involucre nul ou rarement monophylle, surtout 
à son involucelle de trois folioles unilatérales, extérieures et longue. 
ment pendantes. 


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Cette plante vraiment annuelle ne manque pas d'élégance dans le 
port, mais elle a un aspect livide qui indique son caractère vénéneux ; 
ses feuilles d’une odeur désagréable portent à la base des gaines 
étroites. et membraneuses ; ses ombelles médiocres et planes sont ter- 
minales ou opposées aux feuilles, et ses fleurs petites sont légèrement. 
radiées. 

Les pétales, dont les bords élargis se relèvent fortement pour la: 
sortie des étamines, sont marqués de deux enfoncements verdâtres 
où étaient primitivement logées les anthères; on voit clairement que 
la bizarre conformation des pétales, dans les Ombelliferes, avait le 
double but de préserver le stylopode, ainsi que les étamines avant 
leur développement ; et de favoriser ensuite le développement de ces 
dernières. 

Au moment où les anthères répandent leur pollen, les stigmates 
sont déjà saillants et capitellés; néanmoins le stylopode fortement 
mellifère recoit la poussière fécondante; les trois folioles de l'involu- 
celle sont extérieures et longuement pendantes ; si elles avaient été 
placées autrement, elles auraient sans doute embarrassé la féconda- 
tion et la dissémination. 


TROISIÈME GENRE. — fæniculum. 


Le Fæniculum ou Fenouil a un calice bordé et non denté, des pé- 
tales arrondis , entiers et roulés, un fruit à peu près cylindrique, des 
méricarpes à cinq arêtes légèrement aplaties, des bandelettes. soli- 
taires dans les sillons et géminées dans la commissure , une semence- 
à peu près cylindrique. 

Ce genre est formé du Vulgare, très -répandu dans les terrains. 
stériles de l'Europe centrale ou méridionale, et de deux autres espèces 
secondaires, le Dulce, cultivé dans le midi, à tige un peu comprimée 
et ombelles beaucoup moins garnies, et le Piperitum,. des îles de la 
Méditerranée, à lobes foliaces, courts, raides et épais. 

Le Fenouil commun s'élève de cinq à six pieds et se reproduit plu- 
sieurs années de sa racine fusiforme et blanchâtre ; sa tige fortement 
médullaire au centre est recouverte d’un étui demi-ligneux et d’une 
écorce lisse, où l'on remarque des bandes régulières de stomates, 
séparées par des cannelures d’un vert plus pâle; les feuilles deux ou 
trois fois ailées ont leurs lobes capillacés et légèrement sillonnés dans 
le milieu. 

Les pédoncules, qui sortent de gaines peu apparentes, portent 
une grande ombelle multiradiée, et dont les ombellules planes sont 


— 582 — 


peu fournies ; les centrales souvent stériles sont d’abord très-courtes, 
mais se développent successivement à mesure qu’elles trouvent plus 
d'espace: les unes et les autres paraissent dépourvues de tout mouve- 
ment, parce que leurs rayons sont engagés à la base dans une sub- 
stance épaisse et cornée; mais les méricarpes se redressent pour la 
dissémination. 

Les fleurs sont petites, égales , d’un jaune d’or, comme les étamines 
et le stylopode; les pétales sont roulés sans languette sensible, et 
n’abritent par conséquent ni les stylopodes ni les anthères; le pollen 
jaunâtre se répand sur le ‘plateau nectarifère, avant que les styles 
soient développés. On peut observer que, lorsque dans les Ombel- 
lifères les pétales sont jaunes, les anthères ont la même couleur, 
tandis que, s'ils sont blancs ou rougeâtres, les anthères sont indiffé- 
remment blanches ou rougeätres. 

Les graines m'ont paru tomber sans être suspendues à leurs carpo- 
phores, et j'ai bien remarqué les deux bandelettes commissurales que 
Gaunin ne mentionne pas. La fécondation des Fenouils ressemble à 
celle des Bupleures ; les anthères sont également découvertes et pour 
la même raison , mais le stylopode est conique et non pas plane. 

… Le Fenouil a le port très-remarquable et les feuilles d'un beau vert ; 
il couronne avec beaucoup d'éclat les collines arides et découvertes 
du midi. 


QUATRIÈME GENRE. — Âundmannia. 


Le Xundmannia a un calice denté , qui s'agrandit après la féconda- 
tion, des pétales à peu près arrondis, entiers et roulés, un stylopode 
conique, des styles courts et un peu réfléchis, des méricarpes à cinq 
arêtes filiformes, obtuses et égales, des bandelettes nombreuses, soit 
dans les sillons , soit dans la commissure, un carpophore nul. 

Ce genre comprend le Sicula , épars sur les deux côtes occidentales 
de la Méditerranée; c'est une herbe glabre, vivace, à racine fusi- 
forme, feuilles radicales rarement entières, plus souvent bipinnati- 
séquées à la base, ternatiséquées et laciniées vers le sommet; ses om- 
belles sont terminales et assez bien garnies, ses deux involucres sont 
formés de plusieurs folioles filiformes et réfléchies; ses fleurs sont 
jaunes, à pétales roulés et stylopode découvert, comme dansle Fe- 
nouil , avec lequel le Kundmannia a de grands rapports, mais dont il 
se distingue principalement par son calice denté, ses bandelettes 
nombreuses, ses involucres sétacés et ses feuilles différemment con- 
formées. 


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Le Xundmannia n'a point de carpophore et par conséquent ses 
graines tombent séparées ou réunies , mais elles ne sont jamais sus- 


pendues. 
CINQUIÈME GENRE. — Seseli. 


Le Seseli a un calice ordinairement denté, des pétales obovés,. 
échancrés ou entiers et rétrécis en languette réfléchie, un fruit ovale 
ou oblong et couronné par les styles réfléchis, des méricarpes à cinq 
arêtes filiformes ou épaisses et corticales, les latérales toujours mar- 
ginales et quelquefois plus élargies, des bandelettes solitaires ou 
géminées dans les sillons extérieurs, une commissure à deux et rare- 
ment quatre bandelettes, un méricarpe demi-cylindrique. 

On divise ce genre en trois sections : 

1° Les Hippomarathrum; involucre nul, involucelle à folioles. 
réunies presque jusqu'au sommet en cupule dentée ; 

2° Les Hippomuarathroides ; involucre nul ou oligophylle, involu- 
celle à folioles réunies seulement à la base ; 

3° Les Euseseli; involucre nul ou oligophylle, involucelle à 
folioles à peine réunies. 

Les Hippomarathrum renferment deux espèces, l’'Hippomarathrum 
proprement dit, de l'Alsace comme de l'Allemagne, et le Tomentosum; 
des collines de la Dahmatie, qui sont l’un et l’autre des herbes vivaces, 
à tige cylindrique et pétiole dilaté; mais la première a les feuilles 
bipinnatiséquées, et le fruit à peu près glabre, tandis que, dans la. 
seconde , les feuilles sont biternatiséquées , et le fruit est recouvert 
de poils étoilés et cotonneux. L'une et l'autre habitent les rochers 
calcaires, et se font remarquer par leurs ombelles blanches et leurs 
involucelles en soucoupe, comme ceux de quelques Bupleures. 

Les Hippomarathroides comptent à peu près six espèces, toutes 
reléguées dans la Tauride, la Hongrie, le Bannat ou les pentes du 
Caucase elles ont tout-à-fait le port des Hippomarathrum, avec lesquels 
elles habitent les rochers calcaires; leurs racines sont vivaces, leurs 
tiges cylindriques et épaisses, leurs feuilles, différemment divisées 
ont des lanières nombreuses, raides, glaucescentes et souvent; 
linéaires. Enfin leurs ombelles, ordinairement très-garnies, ont pres- 
que toujours les fruits velus ou tomenteux. 

Une des espèces principales est le Rigidum, du Bannat, à tiges 
noueuses , glauques, feuilles trois ou quatre fois pinnatiséquées, dont 
les ombelles sont formées d'environ vingt rayons, d'abord très-serrés, 
ensuite étalés et enfin rapprochés ; ses ombellules à involucelles réunis 


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à la base portent une multitude de fleurs d’un beau blanc, ses pétales 
lacinulés s'écartent pour la fécondation, et ses anthères répandent 
leur pollen sur le stylopode, car les stigmates ne commencent à se 
former qu'après l'émission, mais ensuite ils sont très-divariqués, et 
recouvrent toute l'ombellule; la plante répand, lorsqu'on la coupe, 
une résine liquide, blanchâtre et très-odorante. 

Le Gummiferum , de la Tauride, qui appartient non-seulement à 
la même section mais encore au même type, a ses involucelles réunis 
à la base en un disque étalé, ses fleurs rougeâtres à peu près sessiles 
sur le disque de l'involucelle, et ses étamines longuement saillantes; 
à la dissémination , ses méricarpes se séparent et s'étendent sur l'in- 
volucelle attachés l’un et l’autre à un carpophore très-délié, et qui se 
plie dans tous les sens. 

Les Euseseli, qui composent la plus nombreuse de nos trois sec- 
tions, se partagent en deux groupes, celui à fleurs jaunes et celui à 
fleurs blanches; le premier, encore mal connu, compte trois espèces, 
deux de l'Amérique nord et une dernière de la Transylvanie, à om- 
belles opposées aux feuilles entièrement glabres et penchées dans leur 
jeunesse; le second, ou celui des vrais Seseli européens, est formé 
de dix à douze espèces ou variétés, dont les plus répandues et en 
même temps celles auxquelles se rapportent presque toutes les autres, 
sont l'Elatum , à feuilles bipinnatiséquées des collines de la France 
méridionale; le Montanum , des plaines montueuses de presque toute 
l'Europe, distingué par son feuillage glauque et ses fruits ellipsoïdes; 
le Coloratum annuel ou plutôt bisannuel, à feuilles décomposées et 
redressées , qui se trouve dans les mêmes localités que le Montanum, 
etenfin le Tortuosum, à tige demi-frutescente à la base et très-divari- 
quée; ces plantes se reconnaissent, au premier coup-d’œil, à leurs tiges 
cylindriques plus ou moins striées, à leurs feuilles fortement divisées, 
raides et souvent glauques, enfin à leurs racines fusiformes envelop- 
pées de fibres desséchées des anciennes feuilles. 

Dans la fécondation des Seseli, le pollen , avant le développement 
des stigmates, se répand sur le stylopode bosselé et percé de pores 
mellifères; ensuite les styles commencent à paraître, enfin les stig- 
mates défleuris se déjettent avec les styles sur les deux côtés du fruit 
qu'ils couronnent; il arrive quelquefois , comme dans le Montanum , 
que ces styles, avec les stylopodes convexes et bifides prennent en 
vieillissant de belles teintes pourpres. Une remarque, qui m'a été 
fournie par le Montanum, le Rigidum et le Gummiferum, mais qui ne 
s'applique pas sans doute à toutes les espèces du genre, c'est que le 
fruit est à peu près sessile sur les involucelles, et que par conséquent, 


— 085 — 
il ne saurait être pendant; mais il se partage ensuite en deux méricar- 
pes, et l’on voit sur leur face intérieure la branche correspondante du 
carpophore comme incrustée jusqu'au sommet du fruit. 

Les Seseli des trois sections sont en général des herbes vivaces, à 
tiges raides et dures, feuilles plusieurs fois décomposées , engainées 
et ordinairement glauques ; ils recouvrent les prairies sèches et rocail- 
leuses, où leurs fleurs forment des ombelles ordinairement bien gar- 
nies, à teintes roses, rougeûtres ou plus souvent blanches; leurs 
fruits ovales , lisses, glauques ou velus tombent à la dissémination, 
dans le bassin que forme quelquefois le plateau des involucelles, et 
ensuite ils se dispersent au gré des vents, comme dans les Bupleurum, 
les Astrantia, etc. Ce qui est un mode de, dissémination digne d'être 
observé. 


SIXIÈME GENRE. — Libanotis. 


Le Libanotis, qui ressemble en tout le reste au Seseli, a ses deux 
involucres polyphylles et les lobes de son calice amincis, subulés, 
colorés et caducs. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Les Eriotis ; pétales recouverts de poils courts, blanchâtres et 
fascicules ; 

2° Les Eulibanotis ; pétales glabres. 

Les Æriotis forment deux espèces vivaces, à feuilles bipinnatisé- 
quées; elles sont originaires de la Sibérie et par conséquent étran- 
gères. 

Les Eulibanotis comptent cinq à six espèces, dont une ou deux 

indigènes. La plus répandue est le V’ulgaris, dont les nombreuses 
variétés habitent les forêts élevées et les montagnes; ses tiges sont 
glabres et sillonnées, ses involucres polyphylles sétacés et velus, ses 
méricarpes ovales et velus. 
. Les Libanotis sont en général des plantes élevées; d’un beau port et 
d'un feuillage élégamment découpé; leurs racines vivaces et fusiformes 
sont recouvertes des anciennes feuilles; leurs ombelles terminales et 
hémisphériques sont bien garnies; leurs fleurs, quelquefois un peu 
difformes sur les bords, ont souvent des teintes roses; leurs pétales 
ne m'ont pas paru se relever sur les bords. 

Le Condensata, de la Sibérie, qui est peut-être une variété du Pul- 
garis , est une herbe vivace à tige striée, feuilles ailées et folioles 
demi-verticillées; les fleurs sont blanches, les deux involucres sont 
multifides, caducs et assez irréguliers; les fleurs toutes fertiles ont la 


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fécondation indirecte, car le pollen tombe sur le stylopode violâtre , 
avant le développement des stigmates. 


SEPTIÈME GENRE. — (Cridium. 


Le Cnidium a un calice avorté, des pétales obovés, échancrés, à 
languette recourbée, un fruit à peu près cylindrique, des méricarpes à 
cinq arêtes membraneuses, ailées et dont les extérieures sont margi- 
nales, des bandelettes solitaires dans les sillons, mais géminées dans la 
commissure, une semence demi-cylindrique et un albumen aplati 
d’un côte. 

Ce genre , qui ne diffère du Seseli que par les ailes membraneuses 
deses arêtes, dont les extérieures sont marginales, et par son calice à 
peu près avorté, est formé d'herbes vivaces et rarement sous-frutes- 
centes; ses feuilles pinnatiséquées ou ternatiséquées, ont des involucres 
variables, mais des involucelles toujours polyphylles et des fleurs blan- 
ches ou roses. 

Il comprend, dans De Canpozre, une douzaine d'espèces, trois ou 
quatre indigènes, les autres dispersées dans l'Afrique, le Caucase et 
l'Amérique nord. 

La seule européenne dont l’origine soit bien connue est l’A4pioides, 
à tige rameuse , feuilles deux ou trois fois pinnatiséquées et involu- 
celle sétacé; les autres sont le Monnieri, le Petroselinum, dont la patrie 
est incertaine, et le ’enosum, de l'Allemagne. 


HUITIÈME GENRE. — Trochiscanthes. 


Le Trochiscanthes a un calice denté, des pétales longuement ongui- 
culés et allongés en languette triangulaire, le fruit est un peu aplati 
sur le côté, les méricarpes portent chacun cinq arêtes aiguës, légè- 
rement ailées, les sillons élargis sont chargés chacun de trois ou 
quatre bandelettes , la commissure en a huit sur chaque face, le car- 
pophore est bifide. 

Ce genre est formé du ÂVodiflorus, des forêts montueuses du Dau- 
phiné , de la Haute-Provence , du nord de l'Italie et du Valais. 

C'est une plante de trois à quatre pieds, dont la racine vivace et 
recouverte de fibres desséchées, émet une grande feuille radicale 
plusieurs fois tripinnatiséquée , et dont les rameaux opposés et plus 
souvent ternés se bifurquent , et portent une ombelle latérale ou ter- 
minale, de cinq à huit rayons très-allongés pendant la maturation et 
garnis à leur tour d'ombellules de six à huit fleurs blanches, dont les 
extérieures seules fertiles perdent promptement leur style. 


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Toute la plante répand une odeur aromatique durable, surtout 
la racine que les paysans du Dauphiné vendent sous le nom d'Ange- 
lique de Bohème. 

Le caractère principal du Trochiscanthes consiste dans ses pétales 
onguiculés, qui laissent les étamines à découvert et supposent une 
forme de fécondation assez semblable à celle des Bupleures. 


NEUVIÈME GENRE. — Athamantha. 


L'Athamanthe a un calice denté, des pétales échancrés ou entiers, à 
languette très-courte et recourbée, un fruit aminci vers le sommet, 
à peu près cylindrique et légèrement comprimé sur le côté, des méri- 
carpes à cinq arêtes filiformes , égales et dont les extérieures sont 
marginales, des sillons de deux à trois bandelettes, une semence demi- 
cylindrique, un carpophore divisé. 

Les Athamanthes forment six ou sept espèces, la plupart vivaces et 
originaires du midi de l'Europe, de la Dalmatie, de la Macédoine, de 
la Carinthie, de la Sicile et de l’île de Tenériffe, où elles vivent sur 
les collines découvertes et caillouteuses; elles sont recouvertes de poils 
veloutés et blanchâtres; leurs racines fusiformes sont enveloppées de 
fibres noirâtres et desséchées; leurs feuilles, à gaînes nulles ou peu 
apparentes, sont ou pinnatiséquées ou plus souvent tripinnatiséquées, 
à segments découpés et multifides; leurs ombelles blanches et ordi- 
nairement globuleuses ont des involucres oligophylles , mais des invo- 
lucelles polyphylles. 

L'espèce la plus répandue dans nos climats est le Cretensis, qui 
tapisse de son feuillage élégant, multifide et blanchâtre, les sommités 
de nos montagnes calcaires; elle est bisannuelle et non pas vivace, 
comme sa racine et son habitation élevée pourraient le faire croire ; 
ses fleurs sont légèrement velues en dehors, et son fruit est hérissé 
de poils étoilés. 

Je ne connais ni sa fécondation, ni sa dissémination; je vois seule- 
ment que ses styles sont très-longs et très-divariqués, et que ses sty- 
lopodes jaunâtres sont à peu près globuleux, ce qui indique la même 
fécondation que dans la plupart des Ombelliferes. 

Kocu la décrit comme vivace, mais SPRENGEL, qui l’a cultivée, 
affirme qu'elle est bisannuelle. 


DIXIÈME GENRE, — Ligusticum. 


Le Ligusticum a un calice denté ou nul, des pétales obovés, aigus, 
échancrés , légèrement onguiculés et terminés en languette recour- 


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bée ; le fruit est cylindrique ou un peu comprimé sur le côté; le 
méricarpe porte cinq arêtes égales , aiguës et un peu ailées; les sillons 
et la commissure ont un grand nombre de bandelettes, la semence 
est demi-cylindrique. 

Ce genre se divise en trois groupes : | 

1° Celui à cinq dents calicinales, bien marquées et persistantes; 

2° Celui à cinq dents calicinales, peu marquées et involucre poly- 
phylle ; 

3° Celui à calice nul, involucre nul ou oligophylle. 

Le premier groupe est formé du Scoticum , qu’on trouve sur les. 
bords de la mer en Europe, en Amérique et même en Sibérie; sa 
racine est vivace, sa tige simple, ses feuilles sont biternées et épaisses, 
ses fleurs blanches et quelquefois pourprées en dehors; ses fruits 
oblongs ont une commissure chargée de bandelettes. 

Le second contient six ou sept espèces, les unes originaires du 
Népaul ou du Caucase, les autres de la Carniole, de la Corse ou du 
royaume de Naples ; la seule qui se trouve dans nos contrées est le 
Feruluceum , dont les feuilles glabres sont comme décomposées par la 
multitude de leurs divisions linéaires et cuspidées; ses gaînes sont 
très-marquées, ses ombelles blanches sont terminales et bien garnies, 
ses deux involucres ont les folioles linéaires, membraneuses et sou- 
vent pinnatifides au sommet ; ses pétales sont un peu rétrécis à la 
base, ses méricarpes sont grands et très-convexes ; enfin ses styles 
divergent; elle se trouve au pied des Alpes du Dauphiné et du Pié- 
mont, comme sur le Jura, etc., où elle est bisannuelle. 

Le troisième ne comprend guère que deux espèces indigènes : le 
Pyrenœum , des Pyrénées, à feuilles décomposées, et le Seguieri, qui 
n'en est peut-être qu'une variété, et qu’on trouve sur les montagnes 
calcaires des Apennins, de la Suisse, etc.; ces deux plantes sont 
vivaces, mais la première a les bandelettes plus nombreuses, soit dans 
les sillons, soit dans la commissure. 

Les Ligusticum, qui, à l'exception du Ferulaceum, sont tous des 
herbes vivaces, ont les feuilles ternatiséquées dans le premier groupe, 
et ordinairement décomposées dans les deux autres; leur involucre 
varie, mais leurs involucelles sont polyphylles et leurs fleurs blanches. 
Dans le Ferulaceum , le stylopode, partagé en deux lobes convexes 
et très-bien marqués, distille l'humeur miellée, qui se répand en 
petites gouttelettes sur sa surface, long-temps avant qu'on apercoive 
les stigmates; elle reçoit ainsi le pollen des étamines, dont les filets 
sont allongés et les anthères bilobées ; ensuite paraissent les stigmates 
arrondis, glutineux et portés sur de longs styles. 


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ONZIÈME GENRE. — Sélaus. 


Le Silaus a le calice nul, les pétales obovés, oblongs, amincis, en 
languette recourbée, appendiculés à la base ou sessiles et tronqués; 
le fruit est à peu près cylindrique, les méricarpes portent cinq arêtes 
aiguës, subulées, et dont les extérieures sont marginales ; les ban- 
delettes des sillons sont rapprochées et comme réunies; celles de la 
commissure varient de quatre à six sur chaque face; la semence est 
demi-cylindrique. 

Ce genre contient, selon DE CanDoLLE, trois ou quatre espèces à 
peu près homotypes, et dont la seule bien connue est le Pratensis, 
qui recouvre les prairies humides de l'Europe ; c'est une herbe vivace 
et glabre comme ses congénères; ses feuilles multipartites ont les 
lobes linéaires; son involucre est nul ou oligophylle; ses styles sont 
d'un vert jaunâtre; ses ombelles, dont les rayons extérieurs sont 
assez grands, ne se resserrent pas dans la maturation ; ses fruits, cou- 
ronnés par les styles réfléchis, prennent une teinte violette, qui s'é- 
tend sur le stylopode et quelquefois même sur les tiges ; les anthères 
sortent de dessous les pétales, et répandent leur pollen sur le stylo- 
pode bifide , avant que les stigmates soient formés ; dans la dissémina- 
tion, les deux méricarpes restent assez long-temps suspendus à leur 
carpophore divisé au sommet, et la racine fusiforme est couronnée 
par les fibres des anciennes feuilles. Le Tenuifolius, de Des Fonraines, 
a les feuilles quatre fois pinnatiséquées; les fleurs jaunes très-nom- 
breuses et le stylopode conique tout imprégné d'humeur miellée ; ce 
qu’il m'a présenté de plus remarquable, ce sont des ombellules dont 
les nombreux rayons étaient tous couchés horizontalement. 


DOUZIÈME GENRE. — W'allrothia. 


Le Wallrothia a un calice à dents lancéolées et aiguës, des pétales 

entiers, elliptiques, aigus à la base et au sommet, un fruit à peu près 
cylindrique , des méricarpes à cinq arêtes saillantes, et dont les exté- 
rieures sont marginales ; les sillons ont une seule bandelette. 
_ Ce genre est formé du Tenuifolia, herbe glabre et vivace, placée 
autrefois parmi les Levisticum ou les Meum , et qui ne croit que sur les 
rochers élevés des Pyrénées centrales ; les feuilles radicales sont pétio- 
lées, et ont leurs divisions très-nombreuses et très-amincies ; ses invo- 
lucres sont formés de deux à trois folioles inégales ; mais sesinvolucelles 
en ont cinq à huit lancéolées ou linéaires. 


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Cette plante, dont les fleurs sont blanches, diffère des Meum par 
son calice à cinq dents, et des Ligusticum, par ses pétales très-entiers. 

Ce dernier caractère doit influer sur la fécondation, et rapprocher 
le Wallrothia des Meum, dont les étamines et le stylopode ne sont 
pas recouvertes par les pétales dans la préfloraison. 


TREIZIÈME GENRE. — ]Meum. 


Le Meum a un calice nul, des pétales entiers, elliptiques, aigus à 
la base et au sommet; un fruit à peu près cylindrique, des méricarpes 
à cinq arêtes saillantes et égales , les extérieures marginales ; les sillons 
ont de nombreuses bandelettes, la commissure en a six à huit sur 
chaque face; la semence est demi-cylindrique. 

Les Meum comptent trois espèces : l'4thamanticum et le Mutellina, 
très-répandus sur les pâturages de nos Alpes, et le Pyrenaicum , des 
hautes Pyrénées orientales; ce sont des herbes vivaces, à tiges à peu 
près simples, racines chargées d'anciennes fibres, et feuilles en général 
une ou plusieurs fois pinnatiséquées, avec des segments linéaires 
très-ramifiés et d’un vert noirâtre ; leur involucre est nul ou oligo- 
phylle, mais leur involucelle est polyphylle, à folioles quelquefois 
bifides, et trifides dans le Mutellina ; leurs fleurs sont blanches ou 
pourprées. 

Les Meum sont homotypes, et different par des caractères peu im- 
portants; l’Athamanticum a la tige un peu rameuse et les feuilles 
plusieurs fois décomposées; le Mutellina a les feuilles deux ou trois 
fois pinnatiséquées, et la tige simple à peu près nue; enfin le Pyre- 
naicum a ses feuilles pinnatiséquées, à lobes inférieurs croisés, et une 
tige simple à peu près nue. 

Leurs fruits sont très-aromatiques , et leurs racines répandent une 
odeur agréable qui se conserve long-temps dans les herbiers ; leurs 
ombelles terminales , plus garnies que les autres, s’allongent davan- 
tage dans la maturation ; les styles sont persistants et divariqués , et 
les fleurs centrales de l'4thamanticum avortent souvent en partie. 

A la fécondation, le stylopode du Mutellina est recouvert du pollen 
verdâtre des anthères violettes, avant que les styles soient séparés et 
les stigmates formés; en conséquence, ces stigmates sont fécondés 
par les émanations du stylopode. Cette plante, fort recherchée par 
les troupeaux, tapisse presque tous les gazons des Alpes. 


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QUATORZIÈME GENRE. — Gaya. 


Le Gaya a le calice nul, les pétales obovés, plus ou moins échancrés 
et terminés par une large languette recourbée; le fruit est ovale , lége- 
rement comprimé ; les arêtes sont relevées, un peu ailées, contiguës 
à la base et équidistantes ; les bandelettes manquent entièrement , le 
carpophore est bifide, et la semence demi-cylindrique se sépare aisé- 
ment de son enveloppe. 

Ce genre, dédié par Gaupix à son compatriote Gay , botaniste dis- 
tingué, est formé de deux espèces homotypes réunies autrefois au 
Laserpitium ou au Ligusticum, et dont l'une habite les Alpes et l'autre 
les Pyrénées; leur tige nue est raccourcie, leurs feuilles radicales ont 
le limbe pinnatiséqué plus ou moins avorté; leurs ombelles sont assez 
bien garnies; les involucres sont oligophylles; les fleurs égales sont 
blanches et fertiles ; le Simplex des Alpes a les folioles de l'involucre 
légèrement trifides, et les fruits entièrement glabres; le Pyrenaica 
a l'involucre oligophylle, les fruits rudes, le feuillage raide et glauque. 

Ces deux plantes sont des herbes vivaces, à racines épaisses et char- 
gées de fibres desséchées, elles sont très-remarquables par l'absence 
de bandelette dans leur fruit à peu près utriculé. 


QUINZIÈME GENRE. — Conioselinum. 


Le Conioselinum a un calice nul, des pétales obcordiformes ou 
obovés, à languette recourbée, un fruit convexe ou un peu aplati 
sur le dos, et portant de chaque côté cinq arêtes ailées, dont les mar- 
ginales sont de moitié à peu près plus épaisses; les sillons latéraux ont 
trois bandelettes; les autres seulement deux, et la commissure quatre 
à huit inégales; le carpophore est bifide , la semence plane d’un côté. 

Ce genre ne comprend que le Fischeri, des pâturages montueux de 
la Sibérie, de la Russie, de la Silésie et des monts Sudètes, c’est une 
herbe glabre et bisannuelle , à tiges rameuses et fistuleuses, à feuilles 
bipinnatiséquées, dont les segments sont pinnatifides, oblongs et 
linéaires ; ses ombelles sont terminales et bien garnies ; ses involucres 
sont nuls ou oligophylles ; ses involucelles sont formés de cinq à sept 
feuilles linéaires, égales à l'ombellule; ses fleurs sont blanches. 


SEIZIÈME GENRE. — Crithmum. 


Le Crithmum a un calice nul, des pétales arrondis, entiers et roulés 
avec leur languette, le fruit à peu près cylindrique, et dont l'enveloppe 


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est cellulaire, spongieuse , porte sur chacun de ses côtés cinq arêtes 
élevées, aiguës, un peu ailées, dont les extérieures plus élargies sont 
marginales; la semence demi-cylindrique est revêtue d’un noyau tout 
couvert de nombreuses bandelettes. 

Le Maritimum, seule espèce du genre, est une herbe sous-frutescente, 
glabre et charnue qui croît sur les rochers maritimes de la Méditer- 
ranée, du Pont et de l’Océan, depuis le Portugal jusqu’en Angleterre; 
ses pétioles sont renflés en gaîne, ses feuilles bipinnatiséquées ont 
leurs segments oblongs et linéaires; ses ombelles sont terminales , ses 
fleurs blanches, ses involucres polyphylles et irréguliers. 

Le caractère distinctif du genre consiste dans un fruit à noyau 
cellulaire, chargé de bandelettes; ce fruit sépare le Critimum des 
autres Sesélinées, comme celui de l'Archangelica sépare cette plante 
des autres Angélicées , etil est sûrement en rapport avec les lieux que 
doit habiter le Crithmum. 

Cette plante se cultive quelquefois dans les jardins, au milieu des 
pierres et aux expositions du midi; la variété des Canaries ne diffère 
presque point de l'espèce commune. 

Les touffes arrondies, glauques, élégamment divisées et toujours 
vertes du Crithmum font un des principaux ornements des rochers 
escarpés des côtes de la Méditerranée. 

Les ombellules renferment plusieurs fleurs mâles, et un petit nom- 
bre de femelles, dont les stigmates papillaires et très-allongés sont 
fécondés par les anthères des fleurs voisines, qui répandent leur pollen 
sur le stylopode des fleurs femelles. 


Sixième tribu. — ANGÉLICÉES. 


Les Angélicées sont des Orthospermes tétraptères à un petit 
nombre d’arêtes; leur fruit est aplati sur le dos et entouré d’un rebord 
dilaté et doublementailé à cause d’un placenta central ; les méricarpes 
ont cinq arêtes, trois dorsales filiformes ou ailées, deux latérales élar- 
gies et non marginales ; la semence est légèrement convexe sur le côté 
et un peu aplatie en avant. | 


PREMIER GENRE. — Levisticum. 


Le Levisticum a un calice nul, des pétales recourbés, entiers et 
terminés par une languette courte, des méricarpes aplatis sur le dos et 
marqués de cinq arêtes ailées, dont les extérieures sont de moitié plus 
larges, les sillons ont des bandelettes solitaires , la commissure en a 


— 593 — 


deux à quatre de chaque côté ; le carpophore est fortement bifide, et 
les deux semences, convexes et comme séparées par l'éloignement des 
arêtes latérales, présentent chacune , avec leur enveloppe, un ovale 
allongé, lorsqu'on les coupe latéralement. 

Ce genre ne comprend que l'Officinale assez commun dans les 
contrées montueuses , aux Pyrénées, au midi de la France, dans la 
Ligurie, la Transylvanie, etc.; sa racine est charnue et rameuse; les 
feuilles amples, brillantes et d'un vert noir, ont leur pétiole dilaté en 
gaine membraneuse et leur limbe tripinnatiséqué terminé par des seg- 
ments cunéiforines et différemment incisés ; les involucres sont poly- 
phylles, les ombelles terminales de douze à quinze rayons, les ombel- 
lules sont denses et convexes, les fleurs égales et verdâtres. 

Cette plante aromatique se cultive pour ses feuilles et ses jeunes 
pousses, qui remplacent le Céleri. 

Gaunis dit que ses sillons latéraux portent deux bandelettes. 


DEUXIEME GENRE. — Selinum. 


Le Selinum a un calice nul, des pétales obovés et échancrés, un 
fruit aplati sur le dos et portant deux ailes de chaque côté, des méri- 
carpes à cinq arêtes membraneuses et ailées, les latérales de moitié 
plus élargies, les sillons intérieurs ont une bandelette, les intérieurs 
deux, ainsi que la commissure; le carpophore est profondément bifide, 
et chaque méricarpe dans sa section transversale présente un hepta- 
gone allongé. 

Le Carvifolia, seule espèce indigène de ce genre, est une herbe 
glabre et vivace, à racine épaisse et rameuse, tige anguleuse et forte- 
ment striée ; les feuilles à pétiole peu dilaté sont ordinairement tripin- 
natiséquées, à segments souvent trifides; les ombelles d'environ vingt 
rayons ont leur involucre nul ou oligophylle, et l'involucelle d'environ 
dix folioles linéaires. Les fleurs sont blanches , régulières et rougeà- 
tres en dessous, et les styles très-allongés se couchent sur le fruit pen- 
dant la maturation. 

On trouve cette plante dans les forêts humides et au bord des étangs 
ombragés, où elle fleurit vers le milieu de l'été; ses étamines se déga- 
gent avant que les styles soient visibles, et ses méricarpes flottent sur 
leurs carpophores filiformes et libres depuis la base au sommet. 


TROISIÈME GENRE. — Angelicu. 


L'Angélique a un calice nul, des pétales lancéolés, entiers, acumi- 
nés, droits ou recourbés au sommet, un fruit comprimé sur le dos et 


II. 38 


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chargé sur les côtés de deux ailes séparées, des méricarpes à cinq 
arêtes, trois dorsales filiformes et relevées , deux latérales prolongées 
en ailes beaucoup plus marquées, des sillons à une seule bandelette, 
un fruit dont la section transversale présente deux petites ellipses sé- 
:parées par deux lignes parallèles, un carpophore bipartite et libre. 

Ce genre forme deux sections : 

1° Celle des Euangelicu; pétales allongés, rarement cordiformes, 
deux bandelettes commissurales, ombelles amples et multiradiées ; 

2° Celle des Pseudo-angelica; pétales elliptiques, acuminés ou 
mucronés, quatre bandelettes commissurales, ombelles à rayons très- 
inégaux, ceux du centre courts. 

La première section comprend six espèces, trois européennes et 
+rois américaines, qui paraissent toutes homotypes, et qui sont des 
herbes vivaces, élevées, à racine épaisse, tige feuillée, pétiole extré- 
mement dilaté. 

La seconde renferme deux plantes originaires des Pyrénées : 1° le 
‘Pyrenaica, qu'on retrouve dans les Cévennes-comme dans les Vosges, 
et dont les ombelles de quatre à sept rayons ont l'involucre mono- 
‘phylle et sétacé; 2° le Scabra, à ombelles beaucoup plus garnies, invo- 
lucre d’une à trois folioles caduques ét gaïîne très-grande ; l'un et 
Tautre sont peu élevés. 

Des trois Euangelica européens, le Razoulsii, e Montanu et le 
Sylvestris, les deux premiers vivent dans les montagnes, mais le 
dernier, dont le Montana n’est qu’une variété, et dont le Razoulsii 
diffère surtout par ses pédicelles et ses fruits pubescents, est une 
plante élevée, d'abord toute cachée dans une grande gaïne radicale à 
timbe avorté; ses tiges cylindriques , ordinairement d'un rouge vio- 
lâtre, sont légèrement pubescentes dans Îe haut, et couvertes dans le 
bas d’une poussière glaucescente ; ses feuilles, glabres en dessus et 
bleuâtres en dessous, sont deux ou trois fois ailées, à segments lan- 
céolés ou ovales; ses ombelles hémisphériques, ainsi que ses ombel- 
lules, sont penchées dans leur jeunesse; les folioles de leur involucre 
sont rares et caduques, mais celles des involucelles sont nombreuses 
et persistantes. 

Les fleurs d’un rose tendre, qui paraissent au milieu de l’été, sont 
remarquables par la longueur de leurs étamines; au moment où le 
pollen se répand, le stylopode, où l'on distingue deux lobes concen- 
triques, distille de son contour frangé une humeur abondante, et 
plus tard les styles assez allongés arrondissent leurs stigmates; cette 
forme de fécondation doit appartenir à toutes les espèces du genre. 

Les ailes latérales sont fort écartées après la maturation, et les deux 


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méricarpes ne se touchent qu'au centre; les pétioles et les pétiolules 
portent à leur base un anneau rougeûtre, d'un tissu moins serré, qui 
semble indiquer une espece d'articulation; à la dissémination , les 
deux méricarpes flottent sur les branches du carpophore. 

Cette plante, avec sa belle tige de trois à quatre pieds, ses feuilles 
élégantes d'un vert lustré et ses riches ombelles, fait le principal 
ornement de nos petits ruisseaux, dans le mois d'août où elle règne 
sans rivale; quelques auteurs la regardent comme bisannuelle, mais 
Kocu la décrit comme vivace. 


QUATRIÈME GENRE, — 4rchangelica. 


L’Archangelica a un calice denté, des pétales elliptiques, entiers, 
acuminés et recourbés au sommet, un fruit légèrement aplati sur le 
dos, des arêtes épaisses, carénées, dont les deux latérales sont deux 
fois aussi grandes que les autres; le tégument n'est pas adhérent au 
péricarpe, et par conséquent le noyau est libre, mais il est couvert de 
nombreuses bandelettes; le carpophore est bipartite , et les méricarpes 
dans la maturation ont les bords relevés. 

Ce genre est formé de trois espèces homotypes et vivaces, à feuilles 
pinnatiséquées, cachées avant le développement dans les gaînes des 
pétioles; les ombelles et les ombellules sont très-garnies , l'involucre 
universel est nul, le partiel polyphylle et latéral, les fleurs sont 
blanches ou verdâtres. 

La principale espèce, ou l'Officinalis, habite les ruisseaux du nord 
de l'Europe; les deux autres sont le Littoralis , des rivages du nord, 
dont les involucelles sont de moitié plus courts que les ombellules, et 
le Gmelini, du Kamchatka; je ne connais pas leur fécondation, qui 
doit être celle des Angeliques. 


Septième tribu. — PEUCÉDANÉES. # 


Les Peucédanees sont des orthospermes diptères, à un petit nombre 
de bandelettes; elles ont un fruit aplati sur le dos ou lenticulaire, à 
rebord entier, dilaté, lisse et ailé; les méricarpes ont cinq arêtes fili- 
formes, rarement ailées, et dont les latérales à bord dilaté sont conti- 
guës ou réunies ; le raphé est marginal, ensorte que le fruit est chargé 
d'une seule aile et non pas de deux, comme dans les plantes à raphé 
central, telles que les Angélicees ; la semence est aplatie ou légèrement 
convexe sur le dos. 


YREMIER GENRE. — Üpopanax. 


L'Opopanaz à un calice nul, des pétales arrondis, entiers, roulés 
‘et amincis en languette, un stylopode large et épais, des styles très- 
courts, un fruit à bord dilaté et convexe, trois arêtes dorsales fili- 
formes et très-amincies, trois bandelettes dans chaque sillon et six à 
dix dans la commissure. 

Ce genre ne comprend que l’Opopanax Chironium , herbe vivace à 
racine très-épaisse, qui croît en Grèce et dans un grand nombre de 
contrées de l'Europe australe; sa tige est cylindrique et rude, ses 
feuilles sont bipinnatiséquées à segments irrégulièrement cordiformes 
et crénelés; ses ombelles sont régulières et bien garnies, ses deux 
involucres sont oligophylles et ses fleurs sont jaunes. 

Je ne connais ni sa fécondation, ni sa dissémination. 


DEUXIÈME GENRE. — d'erula. 


Le Ferula a un calice légèrement denté, des pétales entiers, ovales, 
acuminés, en languette droite ou recourbée, un fruit aplati sur le 
dos, cinq arêtes dorsales, filiformes et deux latérales, allongées en 
aile marginale, un grand nombre de bandelettes dorsales et commis- 
surales, une semence aplatie et un carpophore bifide. 

On partage ce genre en deux sections : 

1° Celle des Ferulago; bandelettes dorsales et commissurales 
variant de trente à soixante, involucre universel de quatre à huit 
folioles ; 

2° Celle des Feruluria ; trois bandelettes dorsales et quatre commis- 
surales; involucre universel nul, tige cylindrique. 

Les Férules sont des plantes à racine épaisse , tige élevée et feuilles 
plusieurs fois décomposées, à segments allongés et linéaires ; leurs 
ombelles amples et garnies sont latérales, souvent opposées ou verti- 
cillées, leurs involucres varient selon les sections, mais leurs fleurs 
sont toujours jaunes et leurs tiges sont souvent remplies, comme 
dans le Fenouil , d'une moëlle blanche et légère, où rampent irrégu- 
lièrement quelques fibres. 

La première section comprend à peu près six espèces, toutes ori- 
ginaires de l'Europe australe et orientale , et assez semblables par leur 
tige striée ou anguleuse et leur port; les plus connues sont le Sy/vatica, 
de la Podolie, le Ferulago, du bassin de la Méditerranée, ou le Gal- 
banifera de Kocw, dont l’albumen aplati est tout couvert de bande- 


— 997 — 
Jettes, les dorsales cachées sous le péricarpe et les commissurales. 
superficielles. 

Les Ferularia se divisent en deux groupes; le premier comprend 
des plantes à tige feuillée, et compte environ huit espèces ou variétés, 
éparses en Orient , en Perse et en Sibérie ; trois d’entre elles, le Gre-. 
natensis de Boussrer, le Communis et le Glauca appartiennent à l'Eu- 
rope méridionale; elles diffèrent par leur feuillage vert ou glauque, 
le nombre des bandelettes de leur commissure, leurs tiges sillonnées. 
ou striées, etc., et présentent deux sortes d'ombelles, la centrale- 
hermaphrodite, et les latérales mâles et pédonculées; les unes et les 
autres sont long-temps cachées sous les grandes gaïînes de ia feuille 
inférieure. 

Le second groupe des Ferularia est formé de quelqu espèces de 
la Perse ou de la Sibérie, remarquables par leurs tiges nues, uni- 
quement recouvertes de gaines ventrues et avortées ; elles fournissent 
selon Kewprer l'A45sa fœtida, et la plupart des autres F'erula, surtout 
celles des contrées méridionales , donnent des résines ou des gommes. 
- résines jusqu'à présent très- -peu connues. 

Je ne sais rien de la végétation de ces plantes ni de leur féconda- 
tion, qui, dans les espèces à fleurs hermaphrodites et mâles, doit pré- 
senter des phénomènes particuliers; je vois seulement qu'il y a un. 
grand rapport entre le nombre des bandelettes et la quantité de résine 
recueillie. 


TROISIÈME GENRE. — Peucedanum: 


Le Peucedanum a un calice denté, des-pétales échancrés ou entiers- 
et rétrécis en languette, des arêtes équidistantes , les trois intermé- 
diaires filiformes , les deux latérales moins marquées, rapprochées ou 
confondues, des sillons à une seule bandelette et quelquefois à deux, 
lorsqu'ils sont latéraux, un carpophore bipartite et une semence aplatie 
antérieurement. 

On divise ce genre en cinq sections 

i° Les Eupeucedanum; bord des méricarpes rétréci, deux à quatre 
bandelettes commissurales , einq arêtes dorsales ; les deux extérieures 
plus écartées, involucre universel variable; 

2° Les Thysselinum; bord des méricarpes rétréci, deux bandelettes 
commissurales, involucre universel polyphylle, fleurs blanches; 

3° Les Cervaria ; bord des méricarpes rétréci, deux bandes commis- 
surales superficielles, cinq arêtes dorsales rapprochées, bandelettes 
solitaires dans les sillons ,involucre polyphylle ; 


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4° Les Sylinoides; bord des méricarpes transparent et très-élargi , 
deux ou rarement quatre bandelettes commissurales et superficielles, 
cinq arêtes dorsales, bandelettes solitaires dans les sillons , les deux 
involucres polyphylles ; 

5° Les Angelicoides ; bord des méricarpes dilaté, deux bandelettes 
commissurales superficielles, cinq arêtes dorsales équidistantes, ban- 
delette des sillons solitaire, involucre nul, involucelle polyphylle. 

Les Eupeucedanum se divisent en trois groupes, celui à fleurs jaunes, 
celui à fleurs jaunâtres et celui à fleurs blanches; le premier renferme 
deux espèces remarquables, l'Officinale, de nos prés humides, et l'4u- 
reum des Canaries; le second comprend principalement le Schottii de 
la Podolie ; le troisième groupe renferme également deux espèces, le 
Glaucum, du Népaul, et le Parisiense des environs de Paris et du 
midi de la France ; ce dernier a les involucres et involucelles sétacés; 
ses feuilles trois ou quatre fois tripartites, une commissure à deux 
bandelettes et un stylopode conique. 

Les Thysselinum sont formés de deux espèces à feuilles bipinnati- 
séquées, involucre et involucelle polyphylles ; le Baiculense, qui ha- 
bite les bords du lac Baical, et se retrouve aussi en Hongrie, et le 
Sylvestre , qui se plaît dans les marais de l'Europe, et dont la racine 
très-épaisse est fortement aromatique; ses ombelles sont denses et ses 
fleurs centrales avortent souvent. 

Les Cervuria réunissent trois espèces européennes répandues dans 
les bois ou sur les collines pierreuses; leurs racines sont vivaces et 
épaisses , leurs tiges élevées, cylindriques et striées, leurs feuilles 
tripinnatiséquées et quelquefois bipinnatiséquées ont leurs peétioles 
renflés en gaine, et leurs ombelles terminales et assez garnies ont 
leurs involucres, ainsi que leurs involucelles, plus ou moins réfléchis ; 
l'Oreoselinum, plus commun que les autres, a les fleurs blanches et 
les fruits légèrement orbiculés ; le Glaucum , remarquable par l’excel- 
Jence de son odeur, a les fleurs blanches et les fruits ovales; enfin 
l’Alsaticum , à feuilles souvent tétrapinnatiséquées, a les fleurs jaunà- 
tres ou d'un blanc rougeûtre et les fruits oblongs. A la fécondation de 
ces diverses plantes, le stylopode renflé et criblé de pores nectarifères 
recoit le pollen blanchätre, avant que les stigmates soient développés. 

Les Selinoïides comptent sept à huit espèces éparses au Népaul, 
dans la Sibérie, et aux environs du Caucase; les européennes, au 
nombre de quatre, l’Austriacum, le Montanum , Y Involucratum et le 
Rablense, sont tellement rapprochées, selon Kocn, qu'on peut les 
considérer comme de simples variétés ; leurs feuilles sont trois fois 
pinnatiséquées et fortement engainées; leurs ombelles et ombellules 
sont terminales et bien garnies, et leurs fleurs sont blanches. 


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Les. Angélicoides ne comprennent que le Verticillare, du Piémont 
et de la Suisse orientale, également remarquable par sa tige élevée 
et ses rameaux verticillés près du sommet; ses gaînes renferment des 
ombelles nombreuses, terminales et latérales; son stylopode est élargi, 
ses styles sont caducs et ses fleurs jaunâtres avortent dans les ombelles 
latérales. A la fécondation, les anthères répandent leur pollen lorsque 
les styles commencent à paraître, plus tard, après que les étamines et 
la corolle ont disparu, les styles divariqués et couchés sur le stylopode 
desséché sont terminés par des stigmates. capitellés, papillaires et un: 
peu glutineux, comme on le voit aussi dans les Cervaria. 

Besser observe que les Peucedanum seraient mieux divisés en deux 
sections, celle des Oreoselinum, à pétales obcordiformes, rétrécis à 
la base, et celle des Eupeucedunum, à pétales ovales, élargis à la base, 
entiers ou légèrement échancrés, et en effet, cette différence dans la 
forme de la corolle pourrait en introduire-une correspondante dans. 
la fécondation. 


QUATRIÈME GENRE. — /mperatoria. 


L'Impératoire a le calice nul et les fleurs du Peucedanum ; sa végé-. 
tation le rapproche d’un côté des Peucedanum et de l'autre dès 4nge- 
liques. 

L'Impératoire compte deux espèces européennes , l'Ostruthium et 
V'Angustifolia , qui appartiennent au même type, et se trouvent dans 
les vallées subalpines; leurs racines sont épaisses,tuberculées et presque 
articulées, d’une odeur et d’une saveur très-aromatiques ; leurs tiges 
sont cylindriques et striées ; leurs feuilles, ordinairement ternatisé- 
quées, à segments ovales-ou oblongs et dentés, sont fortement engai- 
nées à la base ; les ombelles sont grandes et composées, les involucres 
à peu près nuls et les involucelles oligophiylles; les fleurs petites, 
blanches et fertiles sont souvent teintes en rose ; lesstyles sont persis- 
tants et fortement divariqués dans la maturation. 

L'Imperatoria caucasica, a troisième espèce du genre, diffère 
surtout des deux autres par son fruit ailé, comme dans les Peuceda- 
num selinoides de notre quatrième section. 

La fécondation de l’Angustifolia a lieu par le concours de l'humeur 
miellée; car quoique les étamines soient très-saillantes, les stigmates 
ñe sortent du stylopode qu'après l'émission du pollen. 


CINQUIÈME GENRE. — Anelhurm. 


L'Anethum a un calice nul, des pétales arrondis, entiers, roulés et 
terminés par une languette courte et tronquée, le fruit un peu com- 


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primé sur le dos est entouré d'un rebord aplati ; les arêtes sont fili- 
formes et équidistantes, les trois intermédiaires finement carénées, les 
autres plus émoussées et marginales, les bandelettes des sillons sont 
solitaires et élargies, celles de la commissure sont géminées, la 
semence un peu convexe est aplatie en avant. 

Ce genre est formé de deux espèces annuelles, glabres et redressées, 
l'Anethum segetum à fruit ovale, des moissons du bassin de la Médi- 
terranée, et le Graveolens, qui n’en diffère que par son fruit elliptique, 
à rebord dilaté, et qu’on trouve, non-seulement dans les moissons du 
midi, mais encore dans celles de l'Egypte et de l'Orient. 

L'Aneth a les feuilles décomposées, à lobes sétacés, les ombelles 
nulles, étalées et les ombellules du centre à peu près avortées; les fleurs 
sont petites, jaunes et régulières, et ses graines se ressèment continuel- 
lement. 

La fécondation de l'Aneth doit ressembler à celle du Fenouil, dont 
le stylopode et les anthères ne sont jamais recouverts par les pétales. 


SIXIÈME GENRE. — Paslinaca. 


Le Pastinaca a un calice nul ou très-légèrement denté, des pétales 
arrondis, entiers , roulés et terminés par une languette large et tron- 
quée , un fruit aplati sur le dos, dilaté et renflé sur les bords, des 
arêtes trés-amincies, les trois intermédiaires équidistantes, les deux 
latérales contigués, des bandelettes linéaires, solitaires dans les sillons, 
géminées ou plus nombreuses dans la commissure, un carpophore 
bipartite et une semence aplatie. 

Le Pastinaca est un genre très-distinct, tant par son port que par 
ses feuilles grandes pinnatiséquées, à segments lobés, incisés ou 
dentés; ses diverses espèces, la plupart annuelles, ont une racine fusi- 
forme, souvent tuberculée , des ombelles d’abord abritées sous de 
grandes gaines, et qui deviennent ensuite terminales, des involucres 
pour l'ordinaire nuls et quelquefois d’une ou deux folioles prompte- 
ment caduques, des fleurs jaunes, régulières ou un peu avortées dans 
le centre. 

Ces plantes habitent les côtes et les îles de la Méditerranée, et s'éten- 
dent dans l'Asie mineure, l'Égypte, le Caucase et jusque dans la 
Sibérie. Autour du Sativa, qui croît dans toute l'Europe et dont l’on 
distingue deux variétés, le Sauvage ele Cultive, viennent se ranger, le 
Latifolia, de la Corse, dont la tige est cylindrique, mais non pas 
striée; le Divaricata de la même contrée, à fruit à peu près orbiculé, 
et bandelettes commissurales, qui varient de quatre à six; et enfin le 


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Lucida, des îles Baléares, à feuilles glabres, raides, crénelées et réti- 
culées en dessous. 

Les rayons des ombelles du Pastinaca commun, et probablement 
aussi les autres, s’allongent en s’écartant pendant la fécondation, et 
redeviennent ensuite parallèles ; les bandelettes latérales sont souvent 
incomplètes, comme celles de quelques autres Ombellifères, qui man- 
quent quelquefois en partie, ou sont au moins interrompues. 

Les pétales sont roulés en demi-cercle, les étamines sont grandes, 
les anthères jaunes et petites, le stylopode est à découvert avant l'épa- 
nouissement, et les styles ne paraissent qu'après la floraison, en sorte 
que la fécondation est toujours opérée par l'humeur miellée ; les stig- 
mates, qui sé forment tard , sont des têtes globuleuses. 

Le Pastinaca commun , qui fleurit dans le courant de l'été, se trouve 
partout le long des haies et des champs incultes, où il produit plus 
d'effet par son port ét son feuillage, que pañses fleurs d’un jaune doré. 

On peut remarquer que, dans cette espèce, les pédicelles au les 
rayons secondaires de l'ombelle s'aplatissent et se serrent les uns sur 
les autres, avec leurs fruits aplatis, comme dans la plupart des Hera- 
cleum, ce qui provient sans doute de la destruction de la substance 
épaisse qui enveloppait primitivementt la base des pédicelles. 


SEPTIÈME GENRE. —— Aeracleum. 


L'Heracleum a un calice denté, des pétales irréguliers et bifides, à 
languette recourbée, un fruit aplati sur le dos et entouré d’un rebord 
dilaté, des arêtes très-amincies, les dorsales équidistantes et les deux 
latérales marginales, des bandelettes plus courtes que le fruit, soli- 
taires dans les quatre sillons et ordinairement géminées de chaque 
côté de la commissure, un carpophore bipartite et une semence 
aplatie. 

Les Heracleum forment un genre très-naturel, soit par la confor- 
mation de la fleur, soit surtout par la végétation et le port; ce sont 
des herbes vivaces ou bisannuelles, à racine fusiforme, tige élevée, 
striée et fistuleuse ; leurs feuilles fortement engainées sont agrandies, 
molles , plus ou moins velues, pinnatiséquées, triséquées ou lobées ; 
leurs ombelles sont multiradiées, leur involucre caduc est ordinaire- 
ment oligophylle, et leur involucelle polyphylle. 

Les Heracleum, au nombre d'environ vingt-huit , sont dispersés 
dans l'hémisphère nord de l'ancien continent, principalement aux 
environs des Alpes, du Caucase, dans les plaines de la Russie et de la 
Sibérie; l'espèce la plus répandue, et qu'on peut regarder comme un 


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protée, à cause de ses nombreuses variétés, est le Sphondylium, qui 
couvre nos prés et nos ruisseaux, en remontant même jusqu'aux Alpes ; 
il se divise généralement en deux formes : celle à feuilles étroites, 
et celle à feuilles élargies; les autres espèces sont le Lon gifolium, à 
fleurs extérieures » régulières et longuement pédicellées ; l'Æ/pinum, à 
commissure à peu près dépourvue de bandelettes et feuilles simple- 
ment cordiformes , lobées ou palmées; enfin l’Angustifolium, à tige 
courte, chargée d'une seule feuille engainée et trilobée; ses fleurs à 
peu près régulières ont la plupart des étamines stériles, et ses méri- 
carpes très-distincts sont terminés par des stigmates bien conformés ; 
c'est peut-être un pied femelle. 

DE CanDozce partage les Heracleum en six sections, fondées prin- 
cipalement sur le nombre des bandelettes, la couleur des pétales 
jaunes ou blancs, et l’irrégularité plus ou moins grande de l'ombelle ; 
mais indépendamment de ce que les espèces orientales ne sont pas 
encore assez bien connues pour être distribuées en sections défini- 
tives, l'expérience nous montre que le nombre et la présence même 
des bandelettes est un caractère assez incertain, et que dans la même 
espèce les fleurs passent, non-seulement du blanc pur au verdâtre, 
mais sont encore plus ou moins déformées sur les bords. 

Les ombelles sont toujours terminales, à dix ou un plus grand 
nombre de rayons inégaux, et pour ladiniae pubescents ; les om- 
bellules sont souvent stériles, au moins en partie, vers le centre; les 
pédicelles, d’abord très-courts, grandissent ensuite, et s’écartent de 
manière que la floraison s’opère sans embarras. Après la fécondation, 
les fruits prennent une direction verticale, et par conséquent parallèle ; 
la fécondation a lieu, comme à l'ordinaire, par l'humeur miellée, 
mais les stigmates se développent de bonne heure. 

L'efflorescence générale est simultanée, toutes les ombellules s’ épa- 
nouissent en même temps, mais dans house l'efflorescence est cen- 
tripète ; au moment où les anthères répandent leur pollen, les styles 
appliqués l'un contre l’autre sont déjà terminés par des stigmates 
papillaires. 

Le principal caractère des Heracleum consiste dans des bandelettes 
élargies, terminées en massue à peu près au milieu de la hauteur du 
fruit; toutefois ces bandelettes n’ont rien de bien constant, car elles 
s'allongent ou s’accourcissent dans la même espèce, ou quelquefois: 
elles deviennent à peu pres invisibles, quoiqu’elles existent réellement; 
ainsi l'Heracleum alpinum, que De Canpoze décrit comme dépourvu 
de bandelettes commissurales, en porte, selon Gaunix, deux souvent 
très-bien marquées; on en trouve également d'autres dans les sillons , 


— 603 — 

qui sont même plus allongées que dans l'espèce commune ; j'ai de plus 
observé que celles du Sphondylium, qu'on représente commeïsolitaires 
dans les sillons, étaient d'abord formées de deux bandelettes qui se 
soudaient ensuite. 

: La principale différence entre les Heracleum et les Pastinaca, qui 
ont d’ailleurs le même port, c'est que dans les premiers les anthères 
blanchâtres sont recouvertes avant l'épanouissement par les pétales 
qui se soulèvent sur les côtés pour leur donner une issue, tandis que 
dans les autres les anthères jaunes sont constamment libres. 

Les fruits des Heracleum flottent à la maturation, suspendus à un 
carpophore qui se divise à son point d'insertion; à la fin de l'automne, 
les bandelettes résineuses sont souvent décolorées et demi-liquides. 

Les ombelles se resserrent dans la maturation, parce que leurs 
rayons, comme ceux des Daucus , sont planes du côté interne, relevés 
et cartilagineux de l’autre; ils ont ainsi rempli deux fonctions, ils se 
sont étalés à la fécondation où ils étaient striés et cylindriques, et non 
pas planes du côté interne. 


Huitième tribu. — TORDYLINÉES. 


Les Tordylinées ont un fruit lenticulaire ou aplati surle dos, épaissi, 
relevé, noduleux ou plissé sur les bords; les cinq arêtes principales 
sont très-amincies ou même effacées; les latérales sont contiguës ou 
même réunies au rebord, la semence est aplatie. 

Cette tribu ne diffère de celle des Peucedanees pour les organes flo- 
raux que par le bord dilaté ou plissé de ses fruits; mais sa végétation 
n'est pas la même. 


PREMIER GENRE. -— Hasselquistia. 


L'Hasselquistia a un calice denté, des pétales obovés, échancrés 
et terminés en languette recourbée, les extérieurs radiés et bifides, 
les fruits du contour sont aplatis à rebord aïlé, ceux du disque ont 
un de leurs méricarpes avorté et l'autre resserré en urcéole hémisphé- 
rique, les bandelettes des sillons sont solitaires, celles de la commis- 
sure géminées et filiformes comme les autres ; le carpophore est bipar- 
tite et la semence aplatie. 

Ge genre renferme deux plantes annuelles, l'Ægyptiaca, de l'Egypte 
et dela Syrie, et le Cordata, de l'Orient; l’un et l'autre ont les fleurs 
blanches et le port des Daucus ; le premier, dont les feuilles sont pin- 
natiséquées, à segments pinnatifides, et dont l'involucre est peu 


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marqué, présente le singulier phénomène de semences géminées à l& 
circonférence, solitaires dans le disque et éntièrement avortées au 
centre; le Cordata, à feuilles simplement triséquées, offre aussi deux 
formes de semences, les extérieures un peu comprimées, les centrales. 
urcéolées et peut-être même solitaires ou avortées; les involucres sont 
amincis et déjetés ; les involucelles unilatéraux ét très-allongés enve- 
loppent l’ombelle dans la préfloraison. 

Ces deux plantes sont couvertes de poils qui s'endurcissent insensi- 
blement dans le Cordata ; leurs ombelles sont fortement radiées , et 
leurs ombellules centrales ne sont pas non plus entièrement régulières; 
les pédoncules se resserrent dans la maturation comme ceux des 
Daucus, et l'on trouve au centre de l'Ægyptiaca un corpuscule 
charnu, couvert de poils blanchâtres, que je n'ai pas aperçu dans le 
Cordata. 

Les Hasselquistia ne manquent pas d'élégance dans le port et dans 
le feuillage ; ils se ressèment au milieu des cultures , comme la plupart 
des Tordylium. 

Dans la fécondation du Cordata, les étamines à filets allongés répan- 
dent immédiatement leur pollen sur le stylopode relevé et couvert 
d'humeur miellée, ensuite les styles grandissent , et ne tardent pas à 
montrer les petites têtes glutineuses de leurs stigmates; les fruits 
m'ont paru à peu près tous sphériques, excepté au centre, où ils sont 
de plus légèrement tuberculés, comme ceux des Tordylium. 


DEUXIÈME GENRE. — Zordylium. 


Le Tordylium a le calice denté, les pétales obovés, échancrés et 
terminés en languette recourbée, les extérieurs radiés et bifides; le 
fruit est aplati sur les dos et entouré d’un rebord épaissi, ridé ou 
tuberculé, les arêtes sont très-peu visibles et les latérales sont souvent 
cachées par le bord épaissi du fruit; les bandelettes des sillons sont 
solitaires ou nombreuses, les autres géminées ou multiples, le carpo- 
phore est bipartite et la semence aplatie. 

Les Tordylium sont des herbes annuelles ou bisannuelles , à feuilles 
pinnatiséquées et segments ovales, incisés ou dentés; l'involucre est 
polyphylle et les fleurs sont blanches. 

On les divise en deux sections : 

1° Les Eutordylium; bandelettes solitaires dans les sillons et dou- 
bles dans la commissure ; 

2° Les Condylocarpes ; ; bandelettes nombreuses, soit dans les sil- 
lons, soit dans la commissure. 


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Les Eutordylium sont formés de deux espèces annuelles, le Syria- 
cum, de l'Orient et de la Grèce, et le Marimum , de l'Europe australe ; 
le premier a le fruit velu, l'involucre et l'involucelle plus grands que 
les feuilles, les deux dents extérieures du calice seules visibles, les 
ombellules sessiles, mais les extérieures portées sur de grands rayons; 
le Maximum tout hérissé de poils rudes a les ombelles opposées aux 
feuilles et les ombellules centrales à peu près sessiles pendant la flo- 
raison; les deux dents extérieures de son calice sont aussi saillantes, 
et ses fruits aplatis se serrent les uns contre les autres pendant la 
maturation. 

Les Condylocarpes renferment trois espèces : l'Hasselquistiæ, de 
l'Orient, dont les bandelettes commissurales sont au nombre de 
quatre, et qui ressemble beaucoup à l'Hasselquistia cordata ; Y'Offici- 
nale, des champs de l'Europe australe, dont les bandelettes commis- 
surales varient de six à huit, et dont les fruits sont bordés de bour- 
relets réguliers, blancs et plissés; enfin l'AÆpulum, de Y'Italie et de la 
Grèce, qui a le même nombre de bandelettes que l'Officinale, mais 
qui est plus petit dans toutes ses parties ; ses ombelles ont cinq rayons 
chargés chacun de sept à huit fleurs, dont les pétales extérieurs sont 
très-grands et profondément bifides ; le stylopode porte sept à huit 
pores mellifères, qui sont tout couverts du pollen des anthères éta- 
lées avant la sortie des styles. 

Le fruit du Tordylium maximum est un disque aplati, dont le 
contour est festonné de tubercules blanchâtres; à la dissémination, 
ce disque se dédouble, et les deux méricarpes se séparent sans être 
suspendus par le carpophore , qui est continu de la base au sommet. 

On aperçoit sur leur face interne deux bandelettes doubles, l’une 
foncée et presque droite, qui entoure le carpophore; l'autre plus 
éloignée, jaune et demi-circulaire ; les autres bandelettes sont moins 
apparentes. ( Voy. Gaupiw, vol. 2, planche 4). 


Neuvième tribu. — SILÉRINÉES. 


+ Les Silerinees ont un fruit lenticulaire aplati sur le dos, cinq arêtes 
primaires, les extérieures marginales, quatre secondaires moins sail- 
lantes ou nulles, toutes filiformes et aptères, une semence aplatie en 
avant. Elles sont un passage entre les Ombellifères à arêtes moins 
nombreuses et plus nombreuses. 


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PREMIER GENRE. — Ârubera. 


Le Xrubera a le calice denté, les pétales obovés, échancrés, en 
languette recourbée ; les trois arêtes intermédiaires relevées, obtuses, 
carénées; les latérales arrondies, le carpophore bifide et les bande- 
lettes nulles. 

Le Leptophylla, unique espèce du genre, se rencontre surtout 
dans les champs et les moissons du bassin méridional et oriental de la 
Méditerranée ; il est annuel, et a les feuilles multifides à segments 
linéaires et raccourcis; ses ombelles non radiées ont quelquefois des 
fleurs mâles; ses involucres ont deux à cinq folioles , et ses fleurs sont 
blanches; c'est le Tordylium peregrinum de Lanxé. 


SECOND GENRE. — (9/er. 


Le Siler a un calice denté, des pétales obovés, échancrés, en lan- 
guette recourbée , des arêtes filiformes, relevées et obtuses, les 
secondaires moins saillantes que les primaires, des sillons à bande- 
lettes solitaires sous les arêtes secondaires. 

Le Trilobum, unique espèce du genre, est une herbe glabre, 
vivace et couronnée des débris de ses anciennes feuilles ; ses pétioles 
engainés et trifides se subdivisent chacun en trois lobes arrondis, 
glauques, laurinés et crénelés; ses ombelles sont amples et multira- 
diées ; ses involucres nuls ou oligophylles et caducs, ses fleurs blan- 
ches. Il habite les montagnes d'Europe et d'Asie; je ne l'ai pas vu 
vivant. 


Dixième tribu. — CUMINÉES. 


Les Cuminees sont des Orthospermes , à plusieurs arêtes réfléchies ; 
leur fruit comprimé latéralement porte, sur chacun de ses méri- 
carpes, cinq arêtes primaires, filiformes et quatre secondaires plus 
relevées ; les unes et les autres aptères; la semence est droite, un 
peu aplatie en avant. 


Cuminum. 
Le Cumin a les dents calicinales, lancéolées, sétacées , inégales et 


persistantes , les pétales oblongs, échancrés en lanières recourbées, 
droits ou étalés, les arêtes primaires légèrement muriquées, les secon- 


— CON — 
daires aiguillonnées, les bandelettes solitaires dans les sillons des 
arêtes secondaires, le carpophore bipartite, la semence convexe sur 
de dos et un peu concave en avant. 

Les Cumins comptent trois espèces homotypes , originaires de l'Ks- 
pagre, de l'Egypte et de la Grèce; ce sont de petites herbes annuelles, 
à feuilles multifides et segments sétacés ; leur involucre est formé de 
deux à quatre folioles simples ou sétacées; leur involucelle est uni- 
latéral à deux ou quatre folioles réfléchies, leurs fleurs sont blanches 
ou roses. 

La principale estle Cyminum, cultivé pour son fruit dont l’enve- 
loppe est aromatique et l’albumen insipide; les ombelles de trois à 
cinq rayons ont des involucelles plus grands que les fruits, couverts 
de poils ras et veloutés ; l'Héspanicum diffère du Cyminum par ses 
ombelles bifides et ses fruits à longs poils sétaces; le Minutum, des 
sommets ombragés de l'ile de Cos, a ses fruits glabres. 

Je ne connais ni leur fécondation ni leur dissémination, 


Onzième tribu. — THAPSIÉES. 


Les Thapsiées, ou Orthospermes à arêtes nombreuses et ailes, ont le 
fruit aplati sur le dos, mais à peu près cylindrique dans sa section 
transversale; des méricarpes dont les cinq arêtes primaires sont quel- 
quefois hérissées de poils sétacés, et doni les latérales recouvrent le 
plan de la commissure; quatre arêtes secondaires, les intérieures fili- 
formes ou ailées, les extérieures toujours ailées, en sorte que le fruit 
est tantôt à een ailes, tantôt à quatre opposées deux à deux; la 
semence est légèrement aplatie ou cylindrico-convexe , et aplatie en 
ayant. 


PREMIER GENRE. — Thapsia. 


Le Thapsia a un fruit denté, des pétales elliptiques, entiers, à 
pointe recourbée ou roulée, des méricarpes à deux arêtes secondaires, 
latérales, membraneuses et ailées, des bandelettes solitaires, sur les 
arêtes secondaires, un carpophore bipartite et une semence aplatie. 

Ces plantes sont des herbes vivaces, à feuilles une ou plusieurs fois 
pinnatiséquées ou même décomposées et pétiole souvent avorté près 
du sommet; les ombelles sont amples, composées, multiradiées; 
les deux involucres sont nuls ou caducs et oligophylles; les fleurs sont 
jaunes. 


— 608 — 

On les divise en deux groupes, celui à involucre nul ou d'une à 
deux folioles, et celui à cinq ou sept folioles. 

Le premier comprend deux espèces homotypes, le Garganica et le 
Villosa, de Espagne et des côtes de la Méditerranée; le second est 
formé du Polygamu, de la Mauritanie, à fleurs centrales mâles. 

Ce genre a été réduit dernièrement à des limites plus étroites par 
Edmond Boissier, qui a placé dans les E/æoselinum , le Thapsia 

faœtida et le Tenuifolia, de Lagasca. . 


SECOND GENRE. — Laserpitium. 


Le Laserpitium a un calice denté, des pétales obovés, échancrés en 
languette recourbée, un fruit aplati sur le dos ou à peu près cylin- 
drique, des arêtes secondaires, dont les quatre latérales sont mem- 
braneuses et ailées , et des bandelettes solitaires entre les arêtes secon- 
daires ; le carpophore est libre et bipartite. 

Ce genre se partage en deux groupes : 

1° Celui à fruits glabres ou chargés d'un léger duvet sur les arêtes 
primaires ; 

2° Celui à fruits dont les arêtes primaires sont recouvertes de poils 
étalés ou hispides. 

Le premier renferme des espèces homotypes éparses sur les colli- 
nes élevées, ou sur les montagnes et vallées alpines; leurs feuilles 
sont ordinairement dures, laurinées, glauques, pinnatiséquées, à 
segments incisés ou dentés, ovales ou lobés, et leurs tiges fermes et 
élevées sont terminées par des ombelles grandes, multiradiées et en- 
tourées d’involucres polyphylles ; les principales espèces européennes 
sont le Siler, le Glabrum ou le Latifolium et Y Aquilegifolium, qui ne 
présentent aucune différence physiologique importante; le Gaudini, 
qui n’en diffère guères que par ses pétales jaunâtres; le Gallicum, du 
midi de la France et du nord de l'Italie, à feuilles brillantes dont les 
segments cunéiformes sont multifides et mucronés; le Peucedanoides , 
dont les segments sont entiers et mucronés; l’Hirsutum , à feuilles 
velues, bipennées, à segments étroits et pinnatifides; les cinq ou six 
autres appartiennent à l'Espagne ou aux îles de la Méditerranée. 

Le second groupe ne comprend que deux espèces : 1°l’Hispidum , 
du Caucase, à feuilles décomposées et recouvertes de poils hispides, 
fruits chargés d'ailes inégales et transparentes; 2°le Prutenicum , à 
racine bisannuelle et fruits conformés à peu près comme dans l'His- 
pidum ; sa tige anguleuse porte près de la base des poils hispides et 
déjetés ; ses ombelles et ses ombellules ontles rayons rudes au toucher; 


— 609 — 


après la fécondation, les rayons se resserrent, les stigmates se divari- 
quent, et les fruits se recouvrent de poils assez rudes. 

Les Laserpitium sont des plantes d'un beau port, dont le feuillage 
élégant et d'un vert glauque est encore relevé par de magnifiques 
ombelles terminales, d'abord renfermées dans des gaines membra- 
neuses; les rayons sont divergents ou disposés de manière à former des 
ombelles planes, et dans l'Hirsutum , ils se serrent fortement, et pro- 
tégent le fruit jusqu’à la dissémination, 

Les tiges florales périssent chaque année, et sont sans cesse rem- 
placées dans les espèces vivaces par de nouveaux jets qui naissent un 
peu au-dessous du jet de l'année ; les racines, qui forment ainsi des 
rhizomes, sont recouvertes de ces fibres desséchées, qui se retrouvent 
dans toutes les espèces vivaces dont les pétioles sont d’une substance 
épaisse et demi-cartilagineuse. 

Les fruits se reconnaissent facilement à leurs quatre aïles, dont le 
but n'est pas équivoque, puisqu'ils se dispersent à la fin de l'automne 
après être restés quelque temps suspendus à leur carpophore. Tauscæ 
observe que leur forme est très-variable, qu’ils sont campylospermes 
dans le Siler et le Deviatum , étroitement canaliculés dans le Latifolium 
et le Gallicum , plano-convexes dans l'Hérsutum et planes dans le Pilo- 
sum et le Prutenicum. 

La fécondation s'opère avec le secours de l'humeur miellée, au 
moins dans le Siler, le Prutenicum et le Glabrum, où le stylopode renflé 
et tuberculeux recoit le pollen des anthères avant que les stigmates 
soient formés ; dans l'Hirsutum, toute l'ombelle est à peu près dé- 
fleurie avant que les stigmates sortent du stylopode. 

Dans le plus grand nombre des espèces du genre, les pédoncules et 
les pédicelles sont empâtés, à la base, d'une substance solide, qui 
se détruit plus ou moins après la fécondation, et permet ainsi à ces 
pédoncules et pédicelles de se rapprocher pour la dissémination. J'ai 
vu ce mouvement dans le Prutenicum, V'Alpinum et surtout l’Hirsu- 
tum ; les rayons eux-mêmes s'allongent quelquefois dans la maturation, 
ainsi,que dans l’Aquilegifolium, et surtout le Gaudinii , à fleurs jau- 
nâtres. 


Deuxième tribu. — MDAUCINÉES. 


Les Daucinées ou Orthospermes à plusieurs arêtes hérissées, ont le 
fruit lenticulaire, aplati ou à peu près cylindrique dans la section 
transversale, les arêtes primaires sont filiformes et hérissées de poils ; 
les latérales sont placées sur le plan commissural comme dans les 

IT. 39 


— 610 — 


Thapsices ; les secondaires ‘plus marquées sont couvertes d'aiguillons 
libres ou réunis en ailes; la seménce est aplatie, ou forme un demi- 
cylindre convexe, un peu aplati en avant. 


PREMIER GENRE. — Arledia. 


L'Artedia a un calice nul, des pétales obovés, échancrés en fan- 
guette recourbée, agrandis et bifides extérieurement, un fruit aplati 
sur le dos, deux arêtes secondaires intérieures et filiformes, deux 
extérieures à ailes membraneuses, lobées et profondément sinuées, 
un carpophore bipartite, une semence aplatie sans bandelette. 

Ce genre ne comprend que le Squamata, annuel et glabre dans 
toutes ses parties, qui se trouve dans les champs de l'Orient et du 
Péloponèse; ses feuilles et ses deux involucres sont divisés en lobes 
linéaires et multifides, ses ombelles composées portent chacune à 
leur centre un pinceau brunûtre et sessile, qui représente la fleur 
pourpre avortée des Daucus ; ses fleurs sont blanches, et ses cotylé- 
dons linéaires allonges. 

L'Artedia est une plante un peu aberrante, dans les tribus des 
Ombellifères, et dont les feuilles ressemblent à celles du MVigella 
damascena, mais dont le port est celui des Daucus ou des Orlaya. À 
la fécondation, les stigmates montrent de bonne heure leurs petites 
têtes papillaires; je crois cependant que le stylopode imprégné de 
bonne heure fait rompre les globules du pollen des anthères. 

Pendant la maturation , les ailes membraneuses du fruit dévelop- 
pent insensiblement leurs lobes arrondis, qui s'étendent en couronne 
sur le contour extérieur de chaque méricarpe; en même temps, les 
rayons aplatis et cartilagineux des ombelles se recourbent en dedans, 
et se réunissent, comme dans les Daucus , au centre des involucres; 
enfin, les deux méricarpes aplatis tombent séparément, parce que les 
carpophores ne se divisent pas, ou ne se divisent qu'au sommet. 

Les rayons, comme dans toutes les Daucinées, se resserrent par la 
sécheresse et se contractent par l'humidité. 


DEUXIÈME GENRE. — Orlaya. 


L'Orlaya a le calice denté, les pétales obovés, échancrés, en lan- 
guette recourbée, les extérieurs plus grands et profondément bifides, 
les arêtes primaires, filiformes et chargées de poils rudes, les secon- 
dairesaiguillonnées, les deux extérieures presque ailées et recouvertes 
de pointes crochues ou étoilées; les bandelettes sont solitaires et 


— 611 — 


contigués aux arêtes secondaires, la semence est aplatie, un peu con- 
vexe postérieurement, le carpophore est bifide au sommet. 

Les Orlaya, confondus autrefois avec les Caucalis, sont des herbes 
annuelles, à feuilles muliifides et lobes linéaires; leur involucre varie, 
mais leur involucelle est toujours polyphylle; leurs fleurs, d’un beau 
blanc et régulièrement radiées, se présentent sous trois formes, selon 
De Canpoize, celles du rayon hermaphrodites , à style raccourci, 
celles du centre mâles sans styles et sans fruits, et enfin celles de l’om- 
belle secondaire femelles pourvues de longs styles et seules fertiles; 
toutefois je n'ai reconnu, dans le Platycarpos, que deux formes de 
fleurs, les mâles à l’intérieur et les hermaphrodites au contour. 

Les Orlaya habitent les champs du bassin de la Méditerranée, et 
en particulier de l'Europe australe; le plus remarquable par la blan- 
cheur et la beauté de son ombelle, est le Grandiflora, dont l'involucre 
est formé de cinq folioles scarieuses , et qui s'avance jusque dans l'Eu- 
rope centrale; vient ensuite le Platycarpos, qui paraît concentré dans 
la région des Oliviers, et qu'on reconnaît à ses pédoncules raides et 
opposés au feuilles, à ses ombelles trifides et ses aiguillons pourprés; 
enfin le Maritimum , plante diffuse et couchée, toute recouverte d'un 
duvet blanchätre, et qui ne s'éloigne guère des bords sablonneux de 
la mer; les deux premières ont le fruit chargé d'aiguillons crochus et 
la dernière d’aiguillons étoilés. 

Ces plantes sont fort communes dans les lieux qu’elles habitent; le 
Grandiflora recouvre souvent des champs entiers où il fleurit avant la 
moisson, et le Platycarpos se rencontre partout au bord des haies et 
des cultures, où il est très-long-tempsen fleur; les uns et les autres 
rapprochent leurs rayons pendant la maturation. 

Dans le Grandiflora, les styles se forment de très-bonne heure; 
mais les stigmates ne deviennent papillaires qu'après l'émission du 
pollen, et sont ainsi fécondés, soit par les fleurs mâles du centre, 
soit surtout par leur propre stylopode renflé et nectarifère; il n'y a 
guère ici de fécond que les fleurs de la citconférence, dont quelques- 
unes même sont infertiles. 

Dans le P/atycarpos , les fleurs hermaphrodites du contour ont les 
styles allongés et les stigmates déjà formés lorsque les anthères répan- 
dent leur pollen ; aussi n’y a-t-il point ici de stylopode nectarifère, 
mais seulement un stylopode sec fortement relevé sur les bords; les 
fleurs mâles du centre ne doivent remplir qu'un rôle secondaire, à 
moins qu'elles n'aient un stylopode bien conformé, ce qu'il faut revoir. 

Les deux principaux objets de recherche sont ici la forme de dissé- 
mination et les mouvements des pédoncules. Les méricarpes tombent- 


ze 8 == 


ils séparément où sont-ils suspendus quelque temps à la branche cor- 
respondante de leur carpophore ? Les pédoncules se rapprochentils 
par l'effet de l'humidité et de leur nature cartilagineuse, comme dans 
les Artedia et les Daucus, en même temps que par la destruction de 
la substance épaisse qui enveloppait peut-être d'abord leur base? 


TROISIÈME GENRE. — Daucus. 


Le Daucus a un calice denté, des pétales obovés; échancrés, en 
languette recourbée, les extérieurs souvent agrandis et profondément 
bifides, un fruit ovale ou oblong et un peu aplati sur le dos, des 
arêtes primaires filiformes et légèrement sétacées, des secondaires 
“égales, saïîllantes, ailées, à double rang d’aiguillons, des bandelettes 
solitaires, placées sous les arêtes secondaires et géminées dans chaque 
‘commissure, une semence un peu aplatie en avant. 

‘On le divise en trois sections : 

i° Les Platyspermum; aiguillons des arêtes secondaires élargis et 
adhérents par la base, involucre nul ou petit et peu divisé; 

‘2° Les Carota ; aiguillons des arêtes secondaires amincis et séparés 
jusqu’à la base, carpophore divisé jusqu'à la base ou du moins jusqu'au 
milieu, rayons à peu près égaux ou diminuant régulièrement du 
contour au centre; 

3° Les Anisactis ; carpophore divisé seulement au sommet, rayons 
très-inégaux. Cette section ne comprend que des plantes étrangères 
dont nous ne parlerons pas. 

Les Platyspermum forment cinq ou six espèces annuelles répandues 
principalement dans le bassin de la Méditerranée, l'Espagne, la Bes- 
sarabie et la Tauride; ce sont des herbes élevées à tige rameuse, 
glabre ou hispide, à feuilles plusieurs fois décomposées et toujours 
plus où moins pinnatiséquées à segments pinnatifides ; elles diffèrènt 
principalement par le nombre et la grandeur de leurs aiguillons , 
tantôt simples, tantôt en tête crochue, et par leur involucre tantôt 
avorté et tantôt formé de folioles petites et peu divisées. 

Les Curota, qui sont la principale section du genre, comptent 
environ quinze espèces, la plupart répandues sur le bassin de la Médi- 
terranée, et dont une ou deux seulement se trouvent dans l'Amérique 
du nord; elles sont annuelles où vivaces, comme les Platyspermum, 
leur tige élevée est ordinairement velue ou même rude au toucher, 
leur racine est toujours fusiforme, et leurs feuilles bipinnatiséquées 
ont les lobes linéaires où multifides, leurs ombelles blanches et termi- 
nales sont multiradiées et un peu déformées sur les bords, et leurs 


— 613 — 
fruits varient beaucoup pour la forme, le nombre, la consistance et 
même la couleur des aiguillons différemment disposés, simples 
crochus ou capitellés; mais ces caractères sont quelquefois si légers 
et si peu constants, qu'il n'a pas été possible jusqu'à présent de dis- 
tinguer nettement ici les espèces des variétés produites par le climat 
ou d’autres circonstances. 

L'espèce type, ou celle à laquelle on peut rapporter presque toutes 
les autres, est le Carota, qui couvre nos champs après la moisson, et 
se présente tantôt avec des involucres très-entiers, tantôt avec des 
fleurs d’un beau rouge ou d'un pourpre foncé, ou enfin, comme dans 
l'espèce cultivée, avec une racine épaisse, jaune, blanche ou rougeñtre; 
ces différences très-remarquables, et que j'aurais pu multiplier, doi- 
vent inspirer des doutes sur la plupart des nombreuses espèces dont 
se compose aujourd'hui la section des Carota, et parmi lesquelles le 
Maritimus ; des bords de la Méditerranée, doit obtenir une place dis- 
tincte. 

Les Anisactis, dont je n'ai pu observer. qu’une espèce, l'Australis 
ou le Berterii, du Chili, a ses méricarpes séparés sans suspension, et 
ses ombelles fortement radiées ont uninvolucre multifide très-agrandi, 
et un involucelle à peu près unilatéral trifide et pendant; lesaiguillons 
de ses fruits sont terminés en petites têtes épineuses, et les poils du 
bas des tiges sont recourbés; ses fleurs avortent en grand nombre, 
et la centrale a ses longs stigmates teints en rouge; j'ai remarqué que 
les rayons de ses ombelles, comme ceux des Daucus carota, étaient 
aplatis et cartilagineux au sommet, où ils se recourbaient, fortement 
pour rapprocher leurs fruits dans la maturation. 

Les ombelles des Curota, des Anisactis, et peut-être aussi celles 
des Platyspermum, se resserrent dans la maturation, parce que les 
rayons extérieurs se replient sur le centre, et enveloppent ainsi les 
autres ; l'ombelle mûrit dans cet état, et ses:méricarpes détachés s'ac- 
eumulent dans l'intérieur de l’involucre même; où elles sont renfer- 
mées, comme dans un bassin; lorsque les rayons sont entièrement 
desséchés, ils reprennent leur première position, en abandonnant 
leurs fruits qui tombent séparés , puisque le carpophore a ses deux 
branches comme incrustées dans les méricarpes; prévoyance remar- 
quable, qui ne donne pas de carpophore bifide à des fruits destinés 
à mûrirenveloppés dans les rayons d'une ombelle qui nouvre son 
involucre que lorsque les méricarpes sont séparés. 

Ces rayons des ombelles et des ombellules des Daucus exécutent 
leurs divers mouvements au moyen d'une organisation qui leur est 
propre; ils sont en effet aplatis sur leur face interne, relevés et carti- 


— 614 — 


lagineux du côté opposé, en sorte qu'à mesure qu'ils se développent 
la surface intérieure s'amincit, tandis que l'autre s'accroît et s'endurecit ; 
mais lorsqu'ils ont perdu toute leur vitalité, c'est-à-dire ici toute leur 
élasticité, et lorsqu'ils sont desséchés, ils reprennent leur première 
position, comme des rayons cylindriques; cette explication doit s’é- 
tendre à toutes les Ombelliféres dont les rayons se rapprochent pen- 
dant la maturation. J'ajoute que, dans les Carota, ces rayons sont 
implantés à leur naissance dans une masse épaisse, convexe etcornée, 
qui les empêche d'exécuter aucun mouvement, mais qui, pendant la 
maturation, disparaît en entier, et rend aux rayons leur liberté de 
mouvement. 

Le second phénomène que présentent quelques Daucus est relatif à 
l'ombellule centrale, dont les fleurs, ordinairement stériles, sont 
souvent teintes du plus beau pourpre; cette singulière dégénération 
s'étend quelquefois à l'ombelle entière, dont les pétales sont alors plus 
petits et plus épais que ceux des autres fleurs de la même espèce. 

Lorsque les tiges des Daucus carota ont été coupées pendant l'été, 
elles redonnent des fleurs qui n’ont presque aucune ressemblance, au 
moins pour le port et l'inflorescence , avec les premières; leurs involu- 
cres sont simples ou plus souvent trifides, et les involucelles toujours 
simples, comme dans la variété Nana; les péiales sont courts, brunà- 
tres et entiers, et les anthères de même couleur avortent ou répandent 
un pollen peu abondant et verdâtre; mais les rayons se rapprochent 
après la floraison, comme auparavant; quelquefois ces tiges coupées 
deviennent prolifères, c'est-à-dire que les rayons de l'ombellule, au 
lieu de se terminer par une simple fleur, donnent une ombelle ter- 
taire, et même une du quatrième ordre; mais ces dernières sont 
toujours successivement plus déformées; les anthères ne sont plus 
pollinifères, les styles et les stigmates manquent entièrement, et sont 
remplacés par deux ou trois folioles, qui indiquent peut-être le com- 
mencement d’une nouvelle omhellule. 

De Canpozze dit que, dans les Daucus, le carpophore est divisé, 
tantôt depuis sa base et tantôt depuis son milieu. Est-ce que les espèces 
dans lesquelles il est divisé depuis sa base, ne sont pas celles dont les 
rayons Cartilagineux se recourbent pour déposer leurs graines dans 
l'involucre ? 

Les feuilles et les fruits du Daucus carota sont glabres dans l'ile de 
Timor, tandis que les feuilles et les fruits du Petroselinum sativum 
sont au contraire velus; la chaleur du climat ne rend donc pas tou- 
Jours les plantes velues. (Voyez Nouv. Ann. du Musée, tom. 3; 
an. 1834, pag. 420. Flore de Timor, par CAMBESSÉDES. ) 


— 615 — 


Dans le Daucus muricatus et le Pulcherrimus, le fruit, selon Tauscn, 
est exactement campylosperme ; il l'est un peu moins dansle Pubescens. 
Les fruits des Daucus ont leurs graines préservées par leurs enveloppes, 
soit contre les injures de l'air, soit contre les attaques des oiseaux ; 
elles s'attachent par leurs piquants à tout ce qui les entoure, et sont 
souvent transportées très-loin. 


SECOND sOUsS-ORDRE. — CAMPYLOSPERMES. 


Les Campylospermes ont l'albumen roulé sur lui-même, ou son 
côté intérieur creusé en sillon longitudinal ou en canal. 


Treizième tribu. — ÆELÆOSÉLINÉES. 


Les Elæosélinees ont le fruit cylindrique, plutôt aplati sur le dos 
que sur les côtés; leurs méricarpes ont les cinq arêtes primaires fili- 
formes; quatre secondaires dont les deux dorsales sont filiformes et 
les deux latérales prolongées en ailes; la semence est roulée. 


PREMIER GENRE. — Ælæoselinum. 


L'Elæoselinum a un calice à peine denté, des pétales obovés, échan- 
crés en languette recourbée , de nombreuses bandelettes sur toutes 
les arêtes, mais plus amincies sous les primaires et quatre dans la 
commissure, un fruit un peu aplati sur le dos et chargé de quatre 
ailes, ou ds deux plus ou moins régulières. 

Ce genre est formé d'espèces vivaces et homotypes, à feuilles-oxdi: 
nairement bipinnatiséquées, à segments sétacés, eunéiformes ou ovales 
et souvent réduites à de simples gaînes près du sommet; leurs tiges 
sont souvent striées, cylindriques et glabres; leurs ombelles et ombel- 
lules sont multiradiées ; leurs involucres souvent polyphylles et sétacés 
et leurs fleurs ordinairement jaunes ; le carpophore est presque tou- 
jours bipartite, et les semences sont roulées surles bords. 

Jene connais pas la fécondation des £læoselinum, mais comme leurs 
anthères ne sont pas recouvertes par les pétales, elle pourrait bien 
ressembler à celle des Panuis et des Bupleures. 

C’est à ce genre que je rapporte le Margotia de Boisster, qui diffère 
de l'Elæoselinum par ses fleurs blanches et agrandies; mais il a ses 
fruits grands et diptères. 

L'Elæoselinum , qui ne compte que deux espèces dans le Prodrome, 
a été augmenté par Edmond Bossier de quatre autres, originaires. 


— 616 — 


du royaume de Grenade, le Millefolium , le Lagascæ , le Fætidum et 
l'Asclepium, qui ont tous la semence roulée sur les bords, et par 
conséquent n'appartiennent pas au Thapsia, dans lequel De Cax- 
DOLLE avait placé la plupart d’entre elles. 


Quatorzième tribu. — CAUCALINÉES. 


Les Caucalinées où Campylospermes à plusieurs arêtes hérissées, 
ont un fruit aplati sur le côté ou légèrement cylindrique, des arêtes 
primaires filiformes, aiguillonnées ou sétulées ; les latérales sur le plan 
commissural, les secondaires plus saillantes et recouvertes d'aiguil- 
lons qui cachent quelquefois les sillons ; la semence est roulée ou 
seulement recourbée sur les bords. 

Cette tribu représente, dans les Campylospermes , les Daucinées des 


Orthospermes. 
PREMIER GENRE. — (Caucalis. 


Le Caucalis a un calice à dents ovales lancéolées, des pétales obo- 
vés, échancrés en languette recourbée ; les extérieurs plus grands et 
plus profondément bifides, des arêtes secondaires chargées d'une 
simple série d'aiguillons profondément bifides, des bandelettes soli- 
taires sous les arêtes secondaires et géminées dans la commissure , un 
carpophore raide et fendu au sommet. 

Ce genre comprend jusqu'à présent quatre espèces homotypes et 
annuelles, une de l'Australasie, uñe de l'Égypte, et deux autres de 
l'Europe moyenne et du bassin de la Méditerranée; la première des 
indigènes est le Daucoides, très-répandu dans les champs ineultes et 
sur les bords des haies, et qui se reconnaît à ses feuilles bipinnatifides 
et incisées , ainsi qu’à ses petites ombellules ordinairement trifides ; la 
seconde est le Leptophylle, du midi de l'Europe, à feuilles à peu près 
semblables, mais recouvertes de poils rudes, renversés sur la tige et 
redressés sur le reste de la plante; l’une et l’autre sont dépourvues 
d'involucre, mais le Daucoides à les fleurs centrales stériles et les ex- 
térieures fertiles, plus grandes et très-irrégulières, tandis que, dans 
le Leptophylle, toutes les fleurs sont à peu près fertiles. 

Les ombelles des Caucalis sont latérales, opposées aux feuilles et 
formées, ainsi que les ombellules, d'un petit nombre de rayons; 
leurs fleurs sont petites, d’un blanc souvent teint en rouge, et l'on 
voit très-bien, dans le Daucoides, les bandelettes des arêtes secon- 
daires et celles de la commissure placées à la base du fer à cheval qui 


00 = 
forme le contour de l'albumen , et qui manquent dans la figure de 
Gaupin ( Flore helvétique, v. 2, planche 4 }. 

Les pétales sont relevés sur les bords pour dégager les étamines ; 
les cinq dents calicinales sont saillantes , les styles épais et les stigmates 
plus ou moins distincts au moment de la fécondation; ils ne se 
recourbent point pendant la maturation , et ne sont point entourés 
à la base d'un stylopode très-marqué; cet organe, au contraire, est 
remplacé, au moins dans le Daucoides, par un simple renflement ou 
rebord nectarifère; toutefois le pollen se répand par les anthères des 
fleurs mâles, avant que les stigmates soient bien conformés ; ce qui 
montre que la fécondation a aussi lieu par le concours de l'humeur 
miellée, au moins dans le Daucoides. 

Dans le Leptophylle, les pétales bifides et à peu près réguliers por- 
tent à leur base un petit enfoncement que je crois mellifère ; les éta- 
tuines à filets courts couvrent de leur pollen le torus raboteux et 
comme hérissé de petites papilles humides sans aucune trace de stig- 
mate; cette apparence continue jusqu'à la maturation, et le fruit 
cylindrique et hérissé de pointes tuberculées ne montre au sommet 
ni style ni stigmate. 

Le Cœrulescens, de la Grenade, décrit par Edmond Boisster , qui 
est très-voisin du Leptosperme , a-t-il la même forme de fécondation ? 

A la dissémination, les méricarpes du Daucoides tombent séparés 
sans avoir été suspendus. 


DEUXIÈME GENRE. — Turgenta. 


Le Turgenia a le calice à cinq dents sétacées ; lés pétales obovés, 
échancrés, en languette recourbée ; les extérieurs plus grands et 
bifides, * fruit resserré sur le côté et presque didyme; les arêtes 
primaires latérales , Muriquées ou aiguillonnées ; les autres primaires 
et secondaires années sur deux ou trois rangs; les bandelettes 
solitaires sous les arêtes secondaires, le carpophore sétacé et bifide, 
la semence recourbée sur les côtés. 

Ce genre comprend trois espèces annuelles, dont les tiges sont 
redressées et un peu rudés au toucher; leurs feuilles, hérissées de 
poils, comme le reste de la plante , sont pinnatiséquées, à segments 
oblongs et dentés ; les ombelles et les ombellules sont peu garnies ; 
les involucres et les involucelles portent trois à cinq folioles ovales, 
concaves, un peu épaisses, à rebords membraneux; les fleurs blanches 
‘où roses sont hermaphrodites au contour, mâles et stériles sur le 


disque. 


— 618 — 
L'espèce la plus répandue est le Latifolia, du bassin de la Médi- 


terranée, dont les fruits portés par deux ou trois rayons et les arêtes 
commissurales sont recouverts de tubercules aigus; la seconde est le 
Multiflore , des champs de la Romélie, dont les ombelles sont formées 
de trois ou quatre rayons, et dont les arêtes commissurales portent de 
véritables aiguillons ; enfin la dernière est l'Heterocarpe, de la Perse et 
de la Mésopotamie, de six à dix rayons, et dont les deux méricarpes 
sont différemment conformés; l'extérieur a les arêtes primaires dor- 
sales , hérissées de trois ou quatre forts aiguillons, les autres peu mar- 
quées ou légèrement dentées; l'intérieur, au contraire, a toutes ses 
arêtes primaires non dentées; les dorsales relevées en côtes et les 
secondaires à peine distinctes; malgré cette singularité organique, 
tous les Turgenia paraissent appartenir au même type. 

Le Latifolia renferme des fleurs mâles et d’autres hermaphrodites ; : 
son stylopode est relevé et nectarifère, et les stigmates ne sortent 
que tard, en sorte que sa fécondation s'opère par l'humeur miellée. 


TROISIÈME GENRE. — T'orilis. 


Le Torilis a les dents calicinales triangulaires , lancéolées, aiguës et 
persistantes ; les pétales obovés, échancrés, à languette réfléchie, les 
extérieurs plus grands et bifides, le fruit resserré sur le côté ; les cinq 
arêtes primaires sont hérissées de poils rudes, les secondaires recou- 
vertes d’aiguillons s'étendent sur les sillons qui n'ont chacun qu'une 
bandelette; le carpophore est sétacé et bifide, la semence est recour- 
bée sur ses bords. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Les Trichocarpees ; fruits à poils très-longs, mous, étalés, celo- 
rés et non crochus ; 

2° Les ÆEutorilis; fruits à aiguillons raides et ordinairement cro- 
chus. 

Les Trichocarpeées ne comprennent que le Trichosperme, de Égypte 
et de la Syrie, herbe annuelle et rameuse, à feuilles rudes et bipinna- 
tiséquées; son ombelle longuement pédonculée est formée de trois à 
six rayons nus; son involucelle, de deux ou trois folioles subulées, et 
ses fruits sont recouverts de longs poils violets et roux. 

Les Eutorilis renferment une douzaine d'espèces ou variétés, qui 
sont des herbes annuelles ou bisannuelles, à poils courts , renversés 
sur les tiges, mais droits sur les rayons ; leurs ombelles sont petites 
et opposées aux feuilles ; leur involucre est formé d’une à cinq folio- 
les, et leur involucelle de cinq à huit lancéolées et ciliées ; les fleurs 


— 619 — 


blanches ou quelquefois rougeâtres sont fertiles au contour et sou- 
vent stériles au centre. 

A l'épanouissement, le Torilis anthriscus a déjà les styles assez 
bien formés, lorsque son stylopode très-relevé recoit le pollen des 
anthères. 

Ces plantes, qui appartiennent à peu près toutes au même type, 
diffèrent par le nombre des rayons de leurs ombelles et ombellules, 
par celui des folioles des involucres, la forme des fruits et des aiguil- 
lons qui les recouvrent, enfin par la composition de leurs feuilles 
régulièrement bipinnatiséquées ou irrégulièrement multifides , à seg- 
ments plus ou moins allongés. Les espèces européennes les plus 
répandues sont : l’Anthriscus, des bords de nos haies, à ombelles lon- 
guement pédonculées et aiguillons recourbés ; l’/nfesta ou l'Helvetica, 
de DE CANDOLLE, très-rapproché de l'Anthriscus, et qui n'en diffère 
peut-être que parce qu'il croît dans les champs après la moisson ; 
enfin, le Vodosa, du bassin de la Méditerranée et de l'Orient, qu'on 
reconnaît tout de suite à ses ombelles presque sessiles et agglomérées, 
qui offrent quelquefois, comme le Turgenia heterocarpa, le singulier 
phénomène de deux méricarpes différents dans le même fruit, l'ex- 
térieur fortement aiguillonné et l'intérieur simplement tuberculé et 
plus ordinairement fertile. La plupart des autres espèces sont disper- 
sées en Afrique, en Syrie, au Népaul et jusqu'au Japon. 

La dissémination de l’Anthriscus et del Infesta, qui appartiennent au 
même type, a lieu à la fin de l'été; dans le premier, les deux méri- 
carpes tombent réunis en se désarticulant de leurs pédicelles, mais 
dans l'Infesta, les deux méricarpes tombent suspendus à un carpo- 
phore très-aminci, qui part du sommet du pédicelle, et n’est attaché 
au méricarpe que par son extrémité supérieure légèrement bifide. 

Les aiguillons du Vodosa sont caducs , tandis qu'ils persistent dans 
l'Anthriscus. 

Le phénomène bizarre des deux’ méricarpes inégaux du /Vodosa 
tient sans doute ici, comme dans le Turgenia heterocarpa, et quelques 
autres Ombelliferes, à l'inégalité des pétales , qui, étant plus grands 
à l'extérieur, fournissent un plus grand développement au méricarpe 
correspondant. Il peut tenir aussi, comme l’observe DE CanDOLLE, 
à ce que dans ce genre, comme dans l’Hasselquistia, les arêtes ou 
côtes carénales diffèrent des suturales. ( Voyez le Discours sur les 
Ombellifères. ) 


— 620 — 
Quinzième tribu. — SCANDICINÉES. 


Les Scandicinées, où Campylospermes allongées, à un petit nombre 
d'arêtes, ont un fruit évidemment aplati ou resserré sur le côté et 
souvent allongé en bec, des méricarpes à cinq arêtes filiformes, 
égales, rarement ailées et quelquefois presque effacées; la semence 
cylindrico-convexe est marquée en avant d'un sillon profond ou bien 
un peu roulée sur les bords. ‘ 


PREMIER GENRE. — Scandit. 


Le Scandiz a un calice nul ou légèrement denté, des pétales obovés, 
tronqués ou échancrés en languette recourbée, un fruit aplati sur le 
côté et surmonté d'un bec très-allongé, des sillons à bandelettes soli- 
taires souvent à peu près effacées, un carpophore ou entier ou légè- 
rement fourchu, une semence cylindrico-convexe profondément sil- 
lonnée en avant. 

Ce genre se divise en deux sections : 

1° Les Pecten; bec aplati sur le dos, carpophore sétacé et entier, 
pétales à peu près égaux; 

29 Les Wylia; bec aplati sur le côté, carpophore bifide au som- 
met, pétales extérieurs plus grands. 

Les Pecten comptent trois espèces annuelles et à peu près homo- 
types, le Pinnatifida, de l'Orient, à involucelle multifide, le Bra- 
chycarpa, des monts Nébrodes en Sicile, à involucelle entier et fruit 
surmonté d'un bec à peine double de la semence ; enfin le Pecten 
veneris, répandu sur les côtes de la Méditerranée, dans l'Europe cen- 
trale et surtout en Orient; il se reconnaît sur-le-champ aux folioles 
incisées de son involucre, ainsi qu’au long bec glabre de son fruit. 

Les Wylia sont représentés par quatre espèces annuelles, dont la 
plus connue est l’Australis, à fruits rudes et folioles de l'involuere 
légèrement dentées au sommet; le Falcata, de la Tauride, et l'4pi- 
culata , de l'Orient, appartiennent au même type; mais le Grandiflora, 
de la Grèce et des contrées voisines, a les folioles de l'involucelle mem- 
braneuses et ciliées , les pétales extérieurs à peu près cordiformes, et 
les fruits, ainsi que la tige et les feuilles, recouverts de poils rudes. 

Le Pinnatifida a Yombelle simple sessile et étroitement enveloppée 
d'un involucre petit et multifide ; ses pétales sont irès-petits et régu- 
liers, et ses anthères rougeâtres répandent leur pollen sur les stigmates. 
à styles parallèles; je n'ai apercu aucune trace de stylopode ou d'hu- 
meur miellée, et je ne sais pas comment s'opère la fécondation. 


me GED — 

Le fruit du Pecten veneris , si remarquable par sa structure, et dont 
le bec, comme dans tout le reste du genre, ne se développe que depuis 
la floraison , est formé d'une enveloppe épaisse et aplatie sur le côté ; 
les méricarpes logés à la base et dans la partie déprimée n'occupent 
guère que le quart de la longueur totale, et sont canaliculés pour 
recevoir un long carpophore, qui se divise à peine au sommet, et se 
réfléchit en dehors dans la dissémination ; la semence qui se dépouille 
aisément de son enveloppe est roulée fortement sur ses deux bords, 
et par conséquent sillonnée dans son milieu; elle s'apiatit ensuite par 
l'humidité, et il sort de son sommet une longue radicule, et deux 
cotylédons étroits et très-allongés; on aperçoit très-bien par transpa- 
rence l'embryon dans l’albumen. 

Dans le Brachycarpa , des monts Nébrodes, qui est dans nos jardins 
une herbe vivace, la dissémination commence par la base et non pas 
par le sommet, comme dans le Pecten; les deux méricarpes se déta- 
chent et s’écartent en dehors; on les voit ensuite suspendus par leur 
sommet à un carpophore très-légèrement divisé ; les deux becs se dé- 
roulent sur leurs bords. 

Les Scandix ont les tiges cylindriques et plus ou moins striées, les 
feuilles pinnatiséquées à segments linéaires et multifides, les ombelles 
et ombellules peu garnies, l'involucre avorté ou monophylle, et l'in- 
volucelle de cinq à sept folioles souvent divisées ; les fleurs ordinaire- 
ment stériles au centre, sont quelquefois légèrement teintes en rose, 
le carpophore est bifide à la base et non pas au sommet, à cause de la 
conformation des semences, et l'embryon remplit la moitié de l’albu- 
men. 

Au moment où le Pecten veneris fleurit, les anthères s'ouvrent 
latéralement et leurs parois se replient; ensuite elles s'inclinent sur les 
stigmates, qui ne sont pas encore développés, et sur le stylopode 
bifide et imprégné, qu’elles recouvrent de leur pollen blanchâtre; on 
voit bientôt s’agrandir l'anneau calicinal d'un rouge violet, qui finit 
par renfermer jusqu'à la dissémination le stylopode , comme dans une 
gaîne ; les rayons de l'ombelle d'abord rapprochés s'écartent pendant 
la maturation. 

Quel est le but de ce bec si prolongé qui caractérise les Scandix? et 
pourquoi estl comprimé sur le dos dans les Pecten et sur le côté dans 
les Wylia? L'on apercoit très-bien, par transparence, dans le fruit, 
la graine proprement dite, distincte du bec qui la termine, et l’on 
peut suivre la trace des cordons pistillaires, jusqu'à l'approche des 
graines où ils se fourchent. 


— 622 — 
DEUXIÈME GENRE. — Æm{hriscus. 


L'Anthriscus a un calice nul, des pétales obovés, tronqués ou 
échancrés en languette recourbée et souvent très-courte, un fruit 
resserré latéralement et surmonté d’un bec plus court que la semence, 
des méricarpes à peu près cylindriques, et dont les arêtes ne sont 
marquées que sur le bec, un carpophore souvent bifide, une semence 
cylindrico-convexe sillonnée en avant. 

Les Anthriscus sont des herbes européennes à tige amincie, feuilles 
molles très-divisées, glanduleuses sur les bords et plus ou moins 
engainées ; leurs ombelles sont terminales ou opposées aux feuilles, 
leurs involucres nuls et leurs involucelles polyphylles, leurs fleurs 
blanches. 

On les partage en deux groupes : 1° celui des vivaces; 2° celui des 
annuels ou bisannuels. | 

Le premier comprend deux types : 1° celui des espèces à collier, ou 
dont le fruit est entouré à la base d’une manchette de poils ou de cils 
très-petits; 2° celui des espèces à fruit nu à la base; dans le premier on 
range le Torquata, des Alpes de la Provence et du Piémont, le Sicula, 
des forêts et des ombrages de la Sicile, et le Vemorosa, de l'Allemagne 
et du Caucase; au second appartiennent le Cicutaria, des Alpes du 
Dauphiné et de la Suisse , et le Sylvestris, qu’on trouve dans toute 
l'Europe jusqu’au Caucase, et qu'on reconnaît à ses ombelles termi- 
nales et à ses rayons glabres. 

Les Anthriscus annuels ou bisannuels renferment trois espèces dis- 
tinctes : 1° le Fumarioides, des montagnes de la Croatie, à ombelles 
terminales, pétales cunéiformes et fruits tuberculés; 2° le Vulgaris, 
de nos cultures, à ombelles opposées aux feuilles, fruit à bec conique 
et recouvert de poils couchés; 3° le Cerefolium ou Cerfeuil, qu'on 
reconnaît à son feuillage, à ses ombelles latérales et sessiles , enfin à 
ses fruits glabres et brillants. 

La fécondation de tous les Anthriseus s'opère par l'humeur miellée, 
qui sort du stylopode, au moment où il est saupoudré par le pollen ; 
les styles et les stigmates paraissent plus tôt ou plus tard selon les 
espèces, et les carpophores diffèrent entre eux selon la conformation 
du bec qui couronne le fruit. 

La plupart des Anthriscus fleurissent de bonne heure, et se font 
remarquer par la fraicheur et l'élégance de leur feuillage; le Sylvestris 
fait alors l'ornement de nos vergers par son port élevé, et ses fleurs 
radiées d’un blanc de lait; il en est de même du Y’ulgaris et du Cere- 
folium qui fleurit la plus grande partie de l'année dans nos jardins. 


— 623 — 

À quoi sert la collerette de poils qui entoure le fruit des Anthriscus 
à collier et qui ne se forme que tard? a-t-elle quelque rapport avec 
la dissémination ? 

Les diverses espèces d'Anthriscus présentent, dans leur épanouisse- 
ment, leur mode de fécondation, la structure de leur bec et leur 
dissémination, des différences assez marquées, qui sont sans doute 
en rapport avec leur conformation, mais qui ne doivent pas être 
consignées dans cet ouvrage. 


TROISIÈME GENRE. — Chærophyllum. 


Le Chærophyllum a un calice nul, des pétales obovés, échancrés, 
à languette recourbée, un fruit dépourvu de bec, aplati latéralement 
ou contracté, des méricarpes à arêtes égales, obtuses, les extérieures 
marginales , des bandelettes solitaires, une commissure profondément 
sillonnée, un carpophore bifide, une semence cylindrico-convexe, 
dont la section transversale est un croiïssant. 

Ce genre se divise en trois sections : 

1° Les Physocaulis ; fruits à peu près cylindriques, un peu amincis 
au sommet, recouverts de poils raides, aplatis et anguleux, arêtes 
obtuses tres-aplaties, styles courts et droits; 

2° Les Brachystylis ; fruits glabres, arêtes distinctes, styles droits 
très-courts, ombelles peu garnies, espèces annuelles ; 

3° Les Euchærophyllum ; fruits glabres , arêtes distinctes, styles plus 
ou moins divergents, espèces vivaces ou bisannuelles. 

Les Physocaulis sont formés du Vodosum, herbe annuelle à tige 
fistuleuse, feuilles triternatiséquées et fruits hispides; on la trouve 
dans toutes les haies de l’Europe tempérée et jusqu’en Tauride; sa 
tige est enflée au-dessous des genoux, son stylopode est conique, ses 
styles à peu près nuls ont les stigmates sessiles, ce qui indique un mode 
propre de fécondation. 

Les Brachystylis ne comptent que deux espèces, l’une de l'Amérique 
septentrionale et l’autre du Népaul. À 

Les Euchærophyllum se partagent en deux groupes, les vivaces et 
les bisannuels ; ces derniers renferment trois espèces européennes; le 
Coloratum, de la Dalmatie, à fleurs jaunes, involucelles glabres et 
colorés ; le Bulbosum, à racine tubéreuse, tige élevée et renflée sur 
les nœuds; enfin le Temulum, à involucelles réfléchis et ciliés, om- 
belles penchées dans leur jeunesse ; les deux derniers paraissent ho- 
motypes, et ont l’un et l’autre leurs tiges tachées de points noirâtres, 
et recouvertes de poils rudes renversés; ils forment pendant l'hiver 


— 0624 — 
des touffes épaisses, qui résistent aux plus grands froids, et ils fleu- 
rissent à la fin du printemps; leur efflorescence est simultanée dans 
les ombellules de la même ombelle; mais elle est centrifuge, soit pour 
chaque ombellule, soit pour l'ensemble, car l'ombelle terminale se 
développe la première. 

Au moment où le Temulum fleurit, les étamines répandent leur 
pollen sur le stylopode tout imprégné; ensuite les styles grandissent 
en s'écartant, et enfin les stigmates développent leurs têtes globu- 
leuses ; il en est de même du Bulbosum. 

Les Euchærophyllum vivaces habitent à peu près tous l'Europe; 
mais ils sont tellement rapprochés que je me contente d'en mentionner 
trois, auxquels on peut, je crois, rapporter les autres ; l'Aureum, des 
montagnes de l'Europe centrale, à fruits dorés; l'Hirsutum, à uge 
fistuleuse et pétales élégamment ciliés; enfin l'4romaticum, del Europe 
centrale, à fruits fortement aromatiques. 

Ces diverses plantes ont les fleurs extérieures hermaphrodites et 
légèrement difformes; les intérieures mâles et avortées au moins en 
partie ; ces dernières ne se développent que tard, et fecondent ainsi 
les extérieures, dont les stigmates se forment lentement; dans l’Au- 
reum, les cinq arêtes sont très-bien marquées, et l’on apercoït très-bien, 
dans la section transversale, les bandelettes solitaires des sillons; les 
méricarpes se séparent de bonne heure, et laissent à découvert le 
carpophore qui est un filet ligneux, bifide au sommet; la racine est 
ligneuse et la pousse de l'année est à côté de l’ancienne. . 

Cette description s'applique à peu près à tous les Chærophyllum , 
dont les fleurs blanches prennent souvent des teintes rougeûtres, 
surtout dans le Roseum, du Caucase, très-voisin de l'Hirsutum. 

Pourquoi les ombelles sont-elles penchées dans certaines espèces ? 
Les taches noirâtres qui recouvrent les tiges du Temulum, et qui indi- 
quent des qualités malfaisantes, sont, je crois, dues à de petits dépôts 
de sucs propres ; qu’on aperçoit lorsqu'on enlève l'épiderme. 


QUATRIÈME GENRE. — ]Molopospermum. 


Le Molopospermum a un calice à cinq dents foliacées, des pétales lan- 
céolés entiers et longuement acuminés, un fruit contracté latéra- 
lement, cinq arêtes membraneuses et aïlées, les deux extérieures 
marginales et de moitié plus courtes, une semence obtusément tétra- 
gone ou anguleuse, l'angle opposé à la commissure creusé d’un sillon 
profond, des bandelettes solitaires, larges et noiïrâtres dans les sillons, 
une commissure très-étroite, dépourvue de bandelette. 


Le Molopospermum cicutarium , ou le Ligusticum peloponesiacum de 
Linné, qui est peut-être la plus belle des Ombelliferes indigènes, 
s'élève jusqu’à six pieds, sur une racine grande, spongieuse, blanche 
et odorante ; ses feuilles, amples et d'un beau vert bleuâtreen dessous 
sont ternatiséquées, à segments lancéolés et pinnatifides, son invo- 
lucre est foliacé, et ses involucelles sont polyphylles; ses fleurs blan- 
ches sont portées sur des pédicelles raccourcis; ses ombelles termi- 
riales sont bien garnies et fertiles, les latérales plus petites sont mâles ; 
le fruit est souvent déformé, les bandelettes avortent fréquemment 
et le carpophore est bifide; cette plante habite les Alpes, tant de la 
France que de la Suisse, du Piémont et de l'Autriche; son plateau 
mellifère consiste en deux corps ovoïdes, terminés par deux styles 
très-saillants, à stigmates papillaires, 

L'Anomalum, seconde espèce du même genre, a la même végéta- 
tion, mais sa tige est velue, et toutes ses parties sont recouvertes de 
poils étoilés un peu raides; ses fleurs sont blanches et ses pétales 
bifides sont marqués à la base d’un renflement qui renfermait l'an- 
thère ; son stylopode est fortement bifide et emmiellé; le fruit est tout 
couvert de poils, et les rayons à l’inflorescence sont serrés entre eux. 


GINQUIÈME GENRE. — ]Wyrrhis. 


Le Myrrhis à un calice nül, des pétales obovés, échancrés én lan- 
guette récourbée, un fruit aplati latéralement, une semence couverte 
d'une double membrañe, dont l’extérieure facilement séparable porte 
cinq arêtes ovales et aiguës, des bandelettes nulles, un carpophore 
bifide au sommet. 

Le Myrrhis odorata est une herbe vivace et velue » Qui a l'odeur de 
l’Anis ; sa racine est fusiforme ; ses feuilles sont ternato-décomposées, 
à segments pinnatifides, son involucre ést nul, mais ses involucelles 
sont polyphylles, lancéolés et ciliés. Le Sulcata, des montagnes de 
l’Arragon , n’en est peut-être qu'une variété remarquable. 

Le Myrrhis a le port et l'apparence d’un Anthriscus ou d'un Chœro- 
Phyllum ; maïs il s’en distingue par son fruit, comme enveloppé d’une 
écorce épaisse et double ; ses ombelles sont médiocres de six à dix 
rayons ; qui s'allongent en vieillissant; ses fleurs petites, blanches et 
un peu irrégulières, sont la plupart stériles; ses feuilles sont souvent 
tachées de blanc; c'est une plante alpine, dont le stylopode est court 
et subulé, et les styles fortement divariqués ; je suppose que ses méri- 
carpes ne se séparent pas, quoique le carpophore soit bifide. 


IT. 40 


— 626 — 
Seizième tribu. — SMYRNÉES. 


Les Smyrnées ou Campylospermes à un petit nombre de bandelettes 
ont un fruit renflé, souvent contracté ou aplati latéralement, cinq 
arêtes dont les extérieures sont marginales, une semence roulée sur 
les côtés ou silionnée intérieurement. 

Ces plantes représentent assez bien les divers genres des Saniculees. 


PREMIER GENRE. — lagæcia. - 


Le Lagæcia a un calice à cinq lobes pectinés, des pétales courts, 
cordiformes et bifides, à lobes aristés, un ovaire biloculaire dont une 
des loges avorte, un fruit ovale, pubescent, couronné par le calice 
et marqué latéralement d’un sillon qui indique la place de l'avorte- 
ment. 

Le Lagæcia cuminoides est annuel, et habite les champs et les 

vignes de l'Asie mineure, de la Grèce et del'Espagne ; sa tige est redres- 
sée ; ses feuilles sont pinnatiséquées à segments aristés; ses ombelles 
sont bien garnies; son involucre se compose de cinq à huit folioles 
pinnatifides et ciliées, comme les feuilles; chaque rayon porte à son 
sommet un involucelle pinnatifide, et une seule fleur, dont les lobes 
du calice sont divisés et ciliés; les pétales verdâtres sont bilobés et 
aristés; les filets très-amincis ont des anthères petites; l'ovaire mono- 
sperme est couronné par un stylopode enflé et divisé en deux lobes 
inégaux ; le style est unique et le stigmate capitellé. 

Cette plante, qui a le port d'une Astrance, a une contexture déli- 
cate et élégante; sa structure florale ne se voit bien qu'à la loupe. 

Je ne connais ni sa fécondation, ni sa dissémination. 


DEUXIÈME GENRE. — Æchinophora. 


L'Echinophora a un calice denté, des pétales obovés, échancrés en 
lanière recourbée, et quelquefois bifides au contour, deux ou rare- 
ment trois styles allongés et filiformes dans la fleur hermaphrodite, 
un fruit ovale à peu près cylindrique, renfermé dans un réceptacle 
creux, cinq arêtes aplaties, ondulées, striées et égales, des sillons à 
bandelette solitaire et recouverte d’une membrane arachnuïde, un 
albumen fortement roulé sur les côtés. 

On divise ce genre en deux sections : 

1° Les Leucophores; fleurs blanches, pétales à peu près égaux, 
lobes foliacés, piquants, cylindriques ou coniques ; 


= 627 — 


> Les Chrysophores ; fleurs jaunes, pétales barbus, dont les exté- 
rieurs sont plus grands, lobes foliacés planes et dentés au sommet. 

La première section contient deux ou trois espèces de l'Orient et 
une indigène des sables de la Méditerranée; la seconde comprend le 
Tenuifolia, du midi de l'Europe et de l'Orient, qui se reconnaît à ses 
feuilles inermes et ses fleurs jaunes. 

Les Æchinophores sont vivaces par leurs racines, et ont les feuilles 
bipinnatipartites, à segments incisés ; les ombelles sont terminales et 
leurs involucres polyphylles ; les fleurs mâles toujours extérieures se 
soudent à la base par leurs pédicelles, après la fécondation, et en- 
tourent ensuite, en forme de réceptacle, la fleur femelle, qui est sessile, 
solitaire, centrale et couronnée par ses longs styles. 

Le Spinosa, de notre première section, a les ombelles latérales au 
sommet des rameaux, l'involucre et l'involucelle polyphylle et épi- 
neux, les fleurs de la circonférence exactement neutres, avec un 
stylopode recouvert d'humeur miellée; celles qui suivent ont un sty- 
lopode plus petit, mais également emmiellé, et de grandes étamines, 
dont les anthères s'étendent sur toute l'ombelle; la fleur centrale est 
la seule femelle, mais ses stigmates ne sont pas encore formés au 
moment où se répand le pollen, qui ne peut tomber que sur les sty- 
lopodes des fleurs mâles; les rayons des ombelles et des ombellules 
sont aplatis, comme dans le Daucus carota, et par conséquent l'om- 
belle se ferme à la maturation par leur rapprochement. 

Le fruit se détache du tube calicinal, qui se sépare en dix lanières, 
au-dessous desquelles on aperçoit très-bien les bandelettes ; il reste 
long-temps reccuvert par l'involucelle endurci , et par les pédicelles 
des fleurs mâles, qui prennent l'apparence d’épines. 

Dans le Tenuifolia, de notre seconde section, qui est une plante 
raide dans toutes ses parties , fortement ramifiée et comme dicho- 
tome au sommet, les ombelles terminales sont formées à peu près de 
trois rayons, et l'ombellule de cinq à neuf fleurs, dont la centrale, 
seule femelle, porte deux stigmates très-divariqués et glutineux au 
sommet; ces stigmates sont fécondés par les stylopodes, qui, après 
avoir absorbé le pollen des fleurs mâles , se rapprochent ensuite de la 
fleur femelle centrale, qu'ils entourent de leur disque glanduleux 
d’un beau jaune, et répandent enfin leurs émanations fécondatrices, 
ou leurs boyaux, sur les deux stigmates admirablement glutineux ; 
les étamines et les pétales tombent promptement, et les stylopodes 
sont long-temps imprégnés d'humeur miellée, 

Les Echinophores ont tout-à-fait le port, le feuillage et les racines 
. rhizomatiques des Eryngium. De Canpozce dit, dans sa Flore fran- 


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caise, que dans le Spinosa, une des deux semences avarte, comme 
dans le Lagæcia; et en effet on ne trouve ici aucune trace de carpo- 
phore. 
Les folioles de l'involucre et de l'involucelle du Tenuifolia sont 
dures, courtes et à peu près égales au nombre des rayons. 


TROISIÈME GENRE. — Cachrys. 


Le Cachrys à un calice denté ou rarement nul, des pétales ovales, 
entiers , fléchis ou roulés au sommet, des stylopodes aplatis, courts et 
à peine visibles dans la maturation; un fruit enflé, presque cylindri- 
que ou didyme dans la section transversale, des méricarpes à cinq 
arêtes épaisses, mais de forme variée selon les sections , une commis- 
sure à peu près égale à la largeur du péricarpe, une semence forte- 
ment roulée sur les côtés, et dont le noyau libre est couvert d'un 
grand nombre de bandelettes, un embryon à cotylédons divergents. 

Ce genre formé d'herbes vivaces, à feuilles décomposées, ombelles 
nombreuses, involucre polyphylle et fleurs jaunes, se divise en trois 
sections : 

1° Les Eucachrys; calice nul, arêtes larges, obtuses et quelquefois 
à peine distinctes, mais entièrement dépourvues de tubercules ou 
d’aiguillons ; 

2° Les Æsgomarathrum ; calice denté, arêtes épaisses , très-obtuses, 
couvrant presque les sillons et ordinairement tuberculées, ridées, 
papillaires ou tomenteuses ; 

3° Les Lophocachrys; calice denté, arêtes amincies , ailées, à dents 
mucronées, sillons libres et découverts. 

Les Eucachrys ne renferment d'autre espèce européenne que le 
Lævigata, des collines du midi de la France, qu'on reconnaît à ses 
fruits globuleux et lisses , ainsi qu’à ses arêtes peu distinctes, et à ses 
involucres dégarnis. 

Les Ægomarathrum en comprennent deux : le L'banotis, de la 
Mauritanie et de la Sicile, à fruits ovales, arêtes peu visibles et in- 
volucres polyphylles, et le Prerochlæna, des mêmes contrées et de 
l'Espagne, à fruits recouverts de tubercules muriqués; les autres 
espèces appartiennent à l'Orient. 

Les Lophocachrys ne comptent que deux espèces : 1° le Cristata, de 
l'Archipel, à tige très-rameuse, fruit fongueux et rude au toucher, 
calice persistant, allongé; 2° le Pungens, des rivages sablonneux de 
la Calabre et de la Sicile, à feuilles légèrement piquantes et fruits plus 
ou moins hérissés. 


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Les Cachrys appartiennent tous à l'ancien continent, et sont ré- 
pandus sur les iles de la Méditerranée, dans l'Asie mineure, la Perse 
et jusqu’en Sibérie; leurs racines profondes et rhizomatiqués, comme 
celles des Eryngium et des Echinophora, portent des tiges dures, 
assez élevées, couronnées par des ombelles jaunes et bien garnies; 
leurs feuilles forment de belles touffes d'un vert lustré. 

Leur principal caractère consiste dans des semences de forme 
variée, mais toujours recouvertes d'une écorce subéreuse, dans l’in- 
térieur de laquelle sont logées un grand nombre de bandelettes ; je 
ne connais pas leur fécondation, mais je crois qu’elle ressemble à celle 
des Bupleurum et des Pastinaca, à pétales jaunes et non échancrés; 
je présume également que leurs semences sont long-temps préservées 
pat: leur enveloppe subéreuse et leurs bandelettes intérieures, et jé 
vois, dans De Cawpoize, que leurs cotylédons sont divergents et 
pétiolés; les deux semerices, rerifermées dans la même énveloppe, sont 
dépourvues de carpophore. 


QUATRIÈME GENRE. — Magydaris. 


Le Magydaris a un calice nal, des pétales cordiformes, à lanière 
recourbée, un fruit ovale et tomenteux, des méricarpes à arêtes tres- 
obtuses ét sillons très-étroits, une semence cotivexe en dehors, 
creusée en dedans et recouverte d'un grand nombre de bandelettés 
très-amincies. 

Ce genre diffère surtout du Cachrys par ses pétales blancs et cordi- 
formes, et sans doute aussi par sa forme de végétation ; il se compose 
de trois espèces vivaces : le Tomentosa, de la Sicile, l'Ambigua', de 
la Mauritanie, et le Panacina, de l'Elpdètié, qui sont Hômôtybes et 
ont à peu près le port de nos Heracleum ; leurs tiges et leurs feuilles 
pinnatiséquées sont tecouvertes de poils tomenteux; leurs ombelles 
et ombellules sont multflores et involucrées; je ne les ai pas vues 
vivantes. 


CINQUIÈME GENRE. — Coniun. 


Le Conium a un calice nul, des pétales cordifornies, légèrement 
échancrés, à languette courte et recourbée; un fruit ovale et recourbé 
sur le côté, des arêtés assez saillantes, crénelées et égales, les exté- 
rieures animales, des sillons à prédire stries ét dépourvus de 
bandelettes , un carpophore bifide au sommiet, une semence renflée- 
sur les bords et creusée en sillon étroit et profond. 


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Les Conium sont des herbes indigènes, annuelles ou-bisannuelles, 
à racines fusiformes, tiges cylindriques et rameuses; on en connaît 
deux espèces, le Maculatum, qui croît sur les masures et dans les cime- 
tières de presque tout l'hémisphère boréal, et le Croaticum , de la 
Croatie, qui n’en est guère qu’une variété, à involucre plus petit. 

Ces plantes ont des tiges élevées et tachées de noir, et des feuilles 
décomposées d’un vert foncé, qui leur donne un aspect livide ; leurs 
ombelles terminales sont médiocres, planes, à rayons inégaux; leur 
involucre est polyphylle, et leur involucelle laiéral oligophylle; leurs 
fleurs blanches, fertiles et à peu près régulières, ont une languette 
assez courte, pour qu'avant l'épanouissement, leur centre soit à dé- 
couvert; cependant les pétales se relèvent sur les bords, et les anthères 
s'inclinent sur les styles saillants et croisés; le stylopode est bifide, 
redressé et conique; mais les stigmates, qui sont de petites têtes 
divariquées, se développent si tard, qu'ils ne peuvent être fécondés 
que par le pollen tombé sur le stylopode. 

Le Conium maculatum | qui fleurit au commencement de l'été, et 
refleurit souvent en automne, ressemble beaucoup au Cerfeuil, dont 
il se distingue facilement par son fruit longitudinalement crénelé et 
dépourvu de bandelettes ; d'ailleurs son feuillage est d’un vert livide, 
et indique assez bien ses qualités vénéneuses. 

A la dissémination, les deux méricarpes tombent séparément, et 
l'on aperçoit, sur la face plane, les traces d’un carpophore qui ne 
se divise qu’au sommet. 


SIXIÈME GENRE. — Arracacha. 


L'Arracacha a un calice nul, des pétales lancéolés ou ovales, entiers, 
à languette recourbée, un stylopode épais et conique, des styles 
d’abord divergents et ensuite réfléchis, un fruit ovale, oblong, sil- 
lonné latéralement, des arêtes égales non crénelées, les extérieures 
marginales, des sillons à plusieurs bandelettes, un albumen demi- 
cylindrique, sillonné sur la commissure. 

Les Arracacha, placés autrefois parmi les Conium, dont ils diffè- 
rent par la forme de leurs pétales, et celle de leurs fruits non crénelés 
appartiennent à l'Amérique méridionale; leurs racines sont épaisses 
et tubéreuses; leurs feuilles une ou deux fois pinratiséquées ont les 
segments incisés et tripartites près de la base; leurs ombelles sont ter- 
minales ou opposées aux feuilles; leur involucre est nul ou mono- 
phylle, et leur involucelle est triphylle, leurs fleurs blanchâtres sont 
polygames, celles du rayon hermaphrodites, celles du disque mâles 
ou imparfaites. 


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Onjen connaît jusqu'à présent deux espèces : 1°l'Æsculenta, de Santa 
Fé de Bogota, à involucre nul et arêtes obtuses; 2° le Moschata, de 
Lospactos, à involucre d'une à trois folioles laciniées et arêtes aiguës ; 
cette dernière a une forte odeur de musc. 

L'Arracacha esculenta a été introduit récemment en Europe, où il 
végète très-bien; mais ses tubercules, dont on fait un grand usage 
en Amérique, ne peuvent se multiplier facilement que dans le midi 
de la France; cette plante, dont je ne connais ni la fécondation nila 
dissémination, perfectionne difficilement ses graines, à cause de ses 
nombreux tubercules. 


SEPTIÈME GENRE. — Pleurospermum. 


Le Pleurospermum a un calice denté, des pétales obovés, entiers, 
planes ou légèrement réfléchis au sommet, un fruit ovale, un peu 
comprimé latéralement, des méricarpes recouverts d'une double mem- 
brane, l'extérieure a cinq arêtes ailées et creuses , l’intérieure a cinq 
arêtes plus petites, placées sous les grandes, des sillons à une ou deux 
bandelettes logées dans la membrane intérieure, une commissure à 
deux bandelettes, un carpophore libre et bipartite, une semence en 
demi-croissant, 

Les Pleurospermum sont des herbes vivaces et glabres, à tiges fistu- 
leuses, feuilles bipinnatiséquées et incisées , involucre foliacéet poly- 
phylle et fleurs florales ; on en compte trois espèces homotypes, deux 
appartiennent à la Sibérie et la dernière ou l’Austriacum est répandue 
dans les Alpes, depuis la Provence jusqu'aux monts Carpathes. Sa 
racine épaisse est couronnée de fibres desséchées; ses feuilles sont 
d'un vert noir, ses ombelles terminales de trente à quarante rayons 
s'allongent beaucoup pendant la maturation; ses ombelles latérales, 
d’abord plus petites , s'élèvent ensuite au-dessus des autres. Quel est 
le but de cet arrangement des pédoncules? 

Ce qui caractérise ce genre, dont je ne connais ni la fécondation 
ni la dissémination, c’est la double enveloppe de son fruit, qui ne- 
paraît pas se séparer en deux méricarpes. 


HUITIÈME GENRE. — Physospermum. 


Le Physospermum a un calice denté, un fruit obové, légèrement 
échancré, à lanière recourbée, un fruit contracté latéralement et 
formé de deux méricarpes distincts, réniformes et globuleux, des 
arêtes amincies, filiformes et égales , dont les extérieures ne sont pas 


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tout-à-fait marginales, des sillons à bandelettes solitaires et élargies, 
une semence roulée et formant un demi-croissant. 

Le Physospermum, qui a reçu son nom du tégument renflé de sa 
semence, est un genre formé de quatre à cinq espèces, la plupart 
européennes et toutes vivaces par leurs racines; leurs feuilles infé- 
rieures sont triternatiséquées, et les supérieures ne forment souvent 
qu'une gaine écailleuse; les involucres et les involucelles sont poly- 
phylles et les fleurs blanches. 

La première et la plus connue des espèces de ce genre est l’Aquile. 
gifolium, des forêts élevées de l'Europe méridionale; la deuxième est 
le Cornubiense, des montagnes de Cornouailles, qui n’en diffère que 
par ses gaînes un peu moins avortées; la troisième est lActeæfolium, 
des forêts humides et montueuses de la Sicile, à tige striée et fleurs 
roses, et la quatrième l’Angelicæfolium , des mêmes lieux, à gaines 
supérieures manifestement feuillées. 

Toutes ces plantes appartiennent évidemment au même type, ainsi 
quele Cicutarium , du Caucase, à ombelles latérales et terminales. 

Je ne les ai pas observées vivantes, et par conséquent je ne connais 
ni leur fécondation, ni leur dissémination. De Canporze observe 
que le tégument n'adhère pas à la graine à l’époque de la maturité, 
et que, par conséquent, le nom de Physosperme, donné à ce genre, 
a été mal choisi. Il ne parait pas que ces plantes aient des méricarpes 
unis par des carpophores. . 


NEUVIÈME GENRE, — S/ryrnIum. 


Le Smyrnium a un calice nul, des pétales lancéolés ou elliptiques, 
entiers, acuminés et recourbés au sommet, un fruit contracté latéra- 
lement, et formé de deux méricarpes séparés, réniformes et globuleux, 
trois arêtes dorsales aiguës et saillantes, deux extérieures marginales 
et comme effacées, des sillons à plusieurs bandelettes, un carpaphore 
bipartite et une semence roulée sur les bords. 

Ce genre est formé d’herbes bisannuelles, glabres et droites, à racines 
charnues et feuilles de forme variée; leurs ombelles sont terminales 
et leurs fleurs jaunes ou d'un jaune verdâtre sont souvent polygames. 

Le plus connu des Smyrnium est \'Olusastrum, des sols humides de 
l'Europe moyenne et australe, et qu’on distingue à ses feuilles cauli- 
naires ternatiséquées et à ses fruits noirs; les autres sont le Rotundi- 
folium, des îles de la Méditerranée, à feuilles caulinaires, amplexi- 
caules; le Perfoliatum, de la même mer, à tige ailée et anguleuse; 


—- 633 — 
V'Apiifolium, qui est sans doute une variété de l'Olusastrum, et V Ægo- 
podioides, qui appartient aux montagnes du Mexique. 

Je n'ai point vu ces plantes vivantes, mais je ne doute guères que 
leur fécondation ne soit celle des Pastinaca, dontelles se rapprochent 
par le port. 

Les espèces européennes, malgré la différence de leurs feuilles, 
me paraissent appartenir au même type. 

Tauscex observe que les Smyrnium ont un albumen véritablement 
campylosperme, comme les Chærophyllum. 


TROISIÈME ORDRE. — COELOSPERMES. 


Cet ordre comprend les Ombelliferes à albumen roulé et recourbé 
de la base au sommet. 


Dix-septième tribu. — CORIANDRÉES. 


Les Coriandrées ont un fruit globuleux ou didyme et formé de 
deux méricarpes globuleux, des arêtes primaires, aplaties, fléchies ou 
formant un sillon peu marqué et des secondaires plus saillantes, 
mais aptères comme les autres, une semence enveloppée ou recourbée 
de la base au sommet, et excavée antérieurement. 


PREMIER GENRE. — Difora. 


Le Bifora a un calice nul, des pétales obovés, échancrés, à lan- 
guette recourbée, les extérieurs ou égaux, ou plus grauds et bifides, 
un fruit didyme, des méricarpes globuleux, ventrus, ridés, granu- 
leux, marqués de cinq stries effacées, dont les deux latérales sont 
demi-circulaires et non marginales, des bandelettes nulles, une com- 
missure percée de deux pores, une semence recourbée de la base au 
sommet, un carpophore bipartite et adné des deux côtés. 

Les Bifora, réunis autrefois aux Coriandres, sont des herbes 
annuelles à tige amincie et irrégulièrement cannelée; leurs feuilles 
tendres et d’un beau vert sont une ou deux fois pinnatiséquées à 
découpures étroites et aiguës ; leurs ombelles, de deux à cinq rayons, 
ont des involucres et des involucelles nuls ou monophylles; leurs 
fleurs sont blanches. 

On n'en connait que deux espèces : le Testiculé, à ombelles de deux 
Ou trois rayons et styles très-courts, et le Radians, de la Tauride, 


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qui appartient au même type et a la même conformation, mais dont 
l’'ombelle a cinq rayons, et dont les styles sont allongés après la fécon- 
dation. 

La première espèce, qui couvre les champs de l’Europe australe, a 
les fleurs extérieures rayonnantes et fertiles, et les intérieures souvent 
stériles par avortement ; ses fleurs d'un:beau blanc, quelquefois légè- 
rement rosé, sont tout-à-fait semblables :à celles du Coriandre ; son 
stylopode, chargé d'humeur miellée, subsiste comme un disque après 
la fécondation ; ses rayons fructifères sont minces, filiformes et 
redressés , les autres se déjettent sans tomber. 

Cette plante, ainsi que sa congénère, fleurit de très-bonne heure et 
répand ses graines à l'époque de la moisson; toutes les deux ont un 
port gracieux et produisent un bel effet par leurs élégantes ombelles 
d'un blanc de neige. 

Je ne connais ni leur fécondation, ni leur dissémination. Quel est 
le but de cette commissure percée de deux pores ? 


SECOND GENRE. — Coriundre. 


Le Coriandre a les dents du calice inégales et persistantes, les 
pétales obovés, échancrés en lanière recourbée, les extérieurs bifides, 
le fruit globuleux à dix côtes , les arêtes primaires flexueuses et apla- 
ties, les secondaires saillantes et carenées , les bandelettes nulles dans 
les sillons, mais géminées dans la commissure, le carpophore semi- 
bifide, libre dans son milieu, mais adné à la base et au sommet, la 
semence excavée antérieurement et recouverte d'une membrane libre. 

Le Coriandre ne comprend qu’une seule espèce, le Sativum cultivé 
dans les jardins et spontané dans les moissons de l'Orient, de la Grèce, 
de l'Italie et de la France méridionale, où il s'est peut-être propagé 
dans la suite des temps. 

Cette plante se distingue à sa tige grêle et annuelle, ainsi qu'à ses. 
feuilles d’un vert brillant, pinnatiséquées à la base, décomposées et 
multifides près du sommet; ses ombelles. pédonculées, à cinq ou six 
rayons, sont les unes terminales et les autres latérales; les involucres 
sont monophylles et les involucelles polyphylles et unilatéraux; les 
pétales extérieurs sont radiés, profondément bifides, à lobes relevés 
presque latéralement et languette avortée; lés fleurs intérieures sont 
égales et presque toujours stériles, et leurs pétales se déroulent à 
peine; les divisions du calice, qui persistent jusqu'à la dissémination, 
sont inégales, et d'autant plus grandes qu’elles sont plus extérieures ; 
les stigmates m'ont paru papillaires, et déjà bien conformés , quand 


— 635 — 


les anthères répandaient leur pollen, et c'est peut-être la raison pour 
laquelle le stylopode est à peu près nul , et peu ou point nectarifère ; 
toutefois j'ai peine à croire que la fécondation, dans cette plante, n'ait 
pas lieu de la même manière que dans le grand nombre des Ombelli- 
fères. S'opère-t-elle par la viscosité des stigmates, qui rompent les glo- 
bules polliniques des anthères ? ou bien ai-je mal observé les faits ? 
c'est ce qu'il faut décider par de nouvelles observations; toutefois, 
je remarque que les styles, d'abord parallèles, sont ensuite fortement 
divariqués sur le stylopode, dont ils recueillent peut-être les émana- 
tions. 

Les semences, pointues au sommet, tombent réunies avec le calice, 
quoique le carpophore soit bifide; mais en les ouvrant, on voit qu’elles 
sont formées de deux méricarpes creux ou recourbés de la base au 
sommet, et qui portent chacun une des branches du carpophore. 

Le Bibertii, nouvelle espèce ou variété du Sutivum , n'en diffère que 
par ses fruits globuleux, entièrement lisses et sur lesquels on aperçoit 
les lignes flexueuses des arêtes primaires; son fruit tombe également 
tout entier, quoique son carpophore se divise. 


Considérations générales sur la famille des Ombelliferes. 


Les Ombellifères, telles que nous venons de les décrire, peuvent 
être considérées comme formant une vraie famille naturelle, ou pour 
mieux dire un vaste genre, dont les diverses espèces ont une organi- 
sation commune, et dont les légères différences qui constituent ici les 
genres formeraient souvent ailleurs de simples espèces. 

Elles comprennent, dans le Prodrome, à peu près mille espèces, 
divisées en cent quarante-huit genres, dont trente sporadiques ont 
leurs espèces éparses en diverses régions, et cent dix-huit endémiques 
sont affectées à une seule; parmi ces derniers, cinquante-huit sont mo- 
notypes ou formés d’une seule espèce. 

De toutes ces Ombelliferes, six cent soixante-trois habitent l'ancien 
monde, et le reste l'Amérique: l'Australasie et les îles éparses du 
grand Océan ; on en trouve soixante-trois au Cap, près de cent trente 
en Orient, en Sibérie et aux Indes, trois cent soixante en Europe, 
répandues surtout dans le bassin de la Méditerranée, qu'on peut 
regarder comme leur véritable patrie; un petit nombre d'entre elles 
appartiennent en même temps à l'Europe et à l'Amérique, ou même à 

eux régions éloignées; les seules exceptions que l'on pourrait citer 
seraient peut-être le Coriandrum sativum, originaire de l'Orient, ainsi 
que du midi de l'Europe, et qui se retrouve sous forme de variété au 


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Mexique; l'Helivsciadium leptophyllum , qui croît dans les deux Ame- 
riques, et peut-être aussi dans l'Australasie; enfin l'Hydrocotyle inter- 
rupla, qui vient en Amérique, en Asie, ainsi que dans l’Austraiasie, et 
l’Asiatica, répandu en Amérique, en Afrique et en Asie, commeil arrive 
assez fréquemment aux plantes aquatiques. Je n'ai pas besoin d’avertir 
que ces diverses énumérations se rapportent à l'époque où à paru le 
Prodrome, et que dès-lors les voyages des botanistes unt augmenté le 
nombre des espèces de cette famille, comme de la plupart des autres. 

Les Ombellifères sont des lierbes annuelles, bisannuelles ou vivaces 
et très-rarement des sous-arbrisseaux ; les unes se plaisent dans les 
eaux courantes ou les marais; les autres dans nos moissons ou nos 
vergers, ou le long de nos haies et de nos cultures; plusieurs habitent 
exclusivement les collines découvertes ou les rochers des basses mon- 
tagnes, ou s'élèvent même jusqu'aux plus hautes sommités; leur 
conformation est en rapport avec ces diverses localités; ainsi celles 
des marais ont les tiges et les pédoncules fistuleux ; celles des champs 
ont un feuillage mol et délicat; celles des pentes montueuses sont 
lisses, fermes et dures ; et enfin celles des sommités, comme les Bu- 
pleures, sont encore plus raides et plus solides, à moins qu'elles ne 
soient recouvertes de puils tomenteux. 

Les bases des ombelles et des ombellules portent des renflements 
blanchitres et cornés , qui doivent être considérés comme des dépôts 
de nourriture; leurs rayons ont des mouvements variés; non-seule- 
ment les extérieurs s’allongent fréquemment de manière à formér des 
ombelles planes, mais souvent ils se rapprochent pendant la matura- 
tion pour s'éloigner ensuite à la dissémination; quelquefois aussi, 
comme dans le Chærophyllum temulum, quelques Pimpinella, Scan- 
dix, etc., les tiges s'inclinent avant la floraison, et se redressent à ia 
fécondation ; elles persistent jusqu’à la fin dans ce dernier état; car je 
ne connais pas d'exemple d'Ombellifère penchée dans la maturation. 

Les pétales en estivation imbriqaée et presque valvaire sont sou- 
vent réunis au sommet par l'échancrure languettée qui les termine, 
et relevés sur les côtés pour livrer passage aux étamines, toutefois, 
comme je l'ai déjà dit, dans les Ombellifères à fleurs jaunes, telles que 
les Bupleurum, les Fæniculum, les Pastinaca, etc., les pétales ne 
recouvrent point le torus, mais sont roulés séparément sur eux-mêmes 
et laissent les étamines à découvert. 

Les feuilles, en apparence une ou plusieurs fois ailées manquent en- 
tièrement de ces articulations qui distinguent les Légumineuses ; aussi 
ne sont-elles pas susceptibles de mouvement; elles ne se relèvent ni 
ne s'abaissent ni ne se retournent, lorsqu'elles sont une fois dévelop- 


ET 2 

pées, et l’on peut remarquer ici le rapport qu'il y a entre l'immobilité 
de ces feuilles et la dilatation de leurs pétioles; elles ne se meuvent 
pas, et par leur structure, elles pourraient très-difficilement se 
mouvoir. 

Mais il ya, dans la fécondation des Ombellifres , différents modes 
particuliers qui me paraissent contrarier plus ou moins celui que je 
viens d'exposer sur la fécondation plus générale par l'intervention de 
l'humeur miellée ; ainsi, dans quelques genres, les stigmates sont déjà 
tout formés lorsque le pollen se répand; dans d'autres, je n'ai pas 
apercu distinctement de stylopode ; ou bien, comme dans le Corian- 
dre, cet organe ne m'a pas paru fournir d'humeur miellée. Il faut 
donc examiner de plus près comment s'opère la fécondation dans ces 
différents cas. Il faut remarquer de plus que, lorsque les étamines ne 
sont pas recouvertes par les pétales, comme dans les Bupleures , les 
Pastinaca, et, en général, les ombelles à fleurs jaunes, la corolle est 
enduite d’un vernis résineux, qui la préserve des effets de l'humi- 
dité; enfin que, lorsque l'ombelle renferme des fleurs mâles an 
polygames mêlées aux hermaphrodites, c'est le pollen de ces pre- 
mières qui se répand de préférence sur le stylopode des fleurs fe- 
melles. 

Les pétales ne m'ont pas paru se refermer après avoir été ouverts, 
excepté pourtant dans l'Anthriscus sylvestris, dont les pétales arrondis, 
au lieu de se relever sur les bords, comme la plupart des autres, 
se recouvrent au contraire mutuellement, et dont les filets, d'abord 
très-courts, grandissent en se déjetant sous les pétales; une fois 
ouverts les pétales tombent plus tôt ou plus tard, et à peu près tous 
ensemble, parce que l’efflorescence, qui est centrifuge d'ombelle à 
ombelle, est à peu près simultanée dans toutes les fleurs de la même 
ombelle; toutefois, il est des genres, tels que les Æryngium, les 4s- 
trances , etc., où les pétales ne tombent que très-tard. 

Les étamines ont plus de mouvements que les pétales; on les voit se 
dérouler rapidement , s'étendre et sauvent s'incliver sur le stylopode 
pour y répandre leur pollen; ensuite elles se détachent du torus par 
une rupture préparée. 

La partie la plus remarquable de la fleur, c'est le fruit qui a été 
minutieusement étudié de nos jours, et dont j'ai donné la structure 
singulière dans l'exposition préliminaire de la famille; j'ajoute ici que 
ces bandelettes, qu'on rencontre dans le grand nombre des genres 
de la famille, sont autant de vaisseaux remplis de cette substance 
gommo-résineuse, à laquelle les fruits des Ombelliféres doivent les 
propriétés qui les distinguent. 


— 638 — 

Il suit naturellement de cette structure que les graines des Ormnbel- 
liféres n'ont pas besoin, pour être présérvées, d’une enveloppe exté- 
rieure, comme la plupart des autres semences; aussi sont-elles ordi- 
nairement nues, et se sèment-elles dans tous les temps, sans craindre les 
injures de l'air; quelques-unes même portent/un si grand nombre de 
bandelettes, qu’elles sont pour ainsi dire renfermées comme dans un 
étui, et celles d'entre elles qui sont destinées à germer sous l'eau, 
sont revêtues extérieurement d'une substance fongueuse plus ou 
moins résineuse, et par conséquent à peu près impénétrable au fluide 
dans lequel elles sont plongées. 

Comme le calice des Ombelliferes est toujours formé de cinq dents, 
auxquelles aboutissent les arêtes, et dont les intervalles répondent 
aux arêtes secondaires ou suturales, il doit suivre que les deux car- 
pelles ou méricarpes n'ont pas le même nombre de dents; en effet, 
l'un en a deux et l’autre trois; mais celui qui en a deux, et qui est 
toujours l'extérieur, est chargé de trois côtes suturales et de trois 
pétales ; tandis que l’autre, ou l’intérieur, a deux côtes suturales et 
deux pétales ; les styles sont aussi toujours disposés dans le plan des 
rayons de l'ombelle, l'un vers le centre, et l'autre perpendiculaire- 
ment à la circonférence. 

Le calice est toujours intimement soudé aux deux carpelles, dont 
il se sépare très-rarement, même à la dissémination; toutefois dans 
l’'Echinophora , il se divise en dix lanières , dont chacune représente 
une moitié de sépale partagé par la nervure dorsale; on peut égale- 
ment remarquer la forme primitive de ce calice dans les fleurs mâles 
de quelques genres dioïques, comme le Trinia, où il est entier sans 
commissure; la principale observation physiologique que je consigne 
ici, c'est la correspondance exacte de la fente du calice avec la com- 
missure ; car les méricarpes devaient rester unis au calice, et pour- 
tant se séparer l’un de l’autre à la dissémination. Qu'’arriverait:il 
lorsque les carpelles seraient au nombre de trois ou quatre? Y aurait-il 
autant de fentes que de carpelles ? 

De Canvozze pense, d'après le nombre quinaire des autres organes 
floraux, que les carpelles des Ombelliferes, comme ceux des Araliacées, 
étaient primitivement au nombre de cinq, et qu'ils ont été réduits à 
deux par suite d’avortement , et il cite en preuve quelques exemples 
d'Ombelliferes, à trois ou quatre styles et autant de carpelles; j'observe 
toutefois que, si l'avortement a eu lieu, il s'est opéré long-temps 
avant que la plante fût visible, car on n'en aperçoit jamais aucune 
trace. | 

Chaque carpelle est monosperme et renferme un embryon très: 


— 639 — 


petit à radicule supère, accompagné d'un albumen de consistance 
cornée, et qui affecte les trois formes principales d'après lesquelles 
nous avons distribué toute la famille en trois classes ; les deux car- 
pelles sont attachés près du sommet, que l’on considère comme leur 
base, à un axe ligneux ou carpophore, qui part de l'extrémité du 
pédicelle et reste quelquefois à peu près entier; quelquefois, au con- 
traire, il se bifurque , ou même se divise jusqu'à sa naïssance ; souvent 
ce même carpophore est libre entre les deux commissures ; souvent, 
au contraire, il est plus ou moins engagé dans le fruit, et il n’est pas 
toujours attaché de la même manière à la graine. Il résulte de ces dif- 
férentes positions des formes variées de dissémination; lorsque le 
carpophore est bipartite et flexible, les graines restent long-temps 
suspendues par son extrémité supérieure, comme dans l'Heracleum, 
où elles flottent au gré des vents; lorsqu'il est seulement bipartite ou 
bifide au sommet, elles se détachent l’une de l’autre sans flotter, et 
enfin lorsqu'il est caché par la membrane péricarpique, comme dans 
les Daucus , les Astrantia , etc., les graines tombent séparées ou même 
réunies, ainsi que dans les Eryngium. J'ai indiqué dars les divers 
genres ces formes variées de dissémination , parce qu'elles sont ordi- 
nairement liées à celles de la végétation. 

La germination des Ombelliféres n’a rien de fort remarquable ; leurs 
cotylédons, qui naissent près du collet et varient souvent de forme 
dans les espèces du même genre, sont en général allongés, quelque- 
fois soudés à la base, d'autres fois, au contraire, pétiolés ; les premières 
feuilles sont déjà plus ou moins divisées, et les semences, au moins 
dans les espèces où elles sont pourvues de bandelettes, se conservent 
pendant deux, trois ou même quatre années. La contexture fibreuse 
et lacuneuse des tiges des pédoncules et des pétioles préserve de même 
la plupart des Ombellifères des atteintes de la gelée, et j'ai vu des tiges 
d'Heracleum, de Pastinaca, de Fæniculum enraidies par le froid et 
remplies intérieurement de glacons, se dégeler insensiblement sans 
éprouver aucune désorganisation, ét en continuant au contraire de 
croître et de fleurir; l'on peut remarquer, dans le cœur de l'hiver, 
au pied de nos haies, les feuilles enraidies de plusieurs Scandicinees 
reprendre leur souplesse et leur vie au moment où la température 
s'adoucit. 


En résumé, les principaux phénomènes qui caractérisent cette 
famille sont : : 
1° Pour la végétation, ces tiges creuses et médullaires qui périssent 
chaque année jusqu’à la base, sans donner de rejets; ces ombelles et 
ces ombellules, renfermées d’abord dans des gaînes admirablement 


— 640 — 
conformées , et dont l'inflorescence ne peut être ramenée à aucune 
autre; ces fruits nus, entourés de bandelettes résineuses qui les pro- 
tégent depuis leur apparition jusqu'à la dissémination. 

2° Pour la floraison, ces ombelles tantôt sphériques, dont les 
rayons d'égale grandeur mettent à découvert toutes les corolles, et 
tantôt planes, dont les rayons s’allongent à mesure qu'ils s'éloignent 
du centre, et ne présentent jamais des formes qui auraient entravé le 
développement successif des fleurs. 

3° Pour la fécondation, ces stylopodes la plupart imprégnés d’hu- 
meur miellée ; ces stigmates développés ou non développés au moment 
où se répand le pollen; ces fleurs jaunes dont les pétales ne recou- 
vrent presque jamais les étamines, et ces fleurs blanches ou rougeûtres 
dont les pétales, par un mouvement vital, se relèvent sur leurs bords 
et dégagent les étamines, qui, à l'instant même, s'inclinent pour 
répandre leur pollen sur le stylopode, ou sur les stigmates, lorsque 
ceux-ci sont déjà formés; ces fruits, qui, lorsqu'ils sont ailés, restent 
suspendus aux deux branches de leur carpophore, pour être ensuite 
transportés par les vents, et qui, lorsqu'ils sont dépourvus d'ailes, 
tantôt se séparent sansflotter, tantôt restent réunis, enveloppés d'une 
écorce subéreuse et s'enfoncent dans les marais où leur structure les 
maintient sans altération, jusqu’au moment où ils germent. 

A ces phénomènes généraux, il faut en joindre d'autres particuliers 
à chaque genre ou du moins à chaque tribu; par exemple , les mou- 
vements des rayons et la dissémination de la plupart des Daucinées, la 
fécondation des Æchinophores , celle des Eryngium, ete. 

Je ne me suis pas encore rendu un compte satisfaisant du but final 
de la présence ou de l’absence des involucres et de leurs formes 
diverses; je vois bien que, dans les Duucinées , ils servent à recueillir, 
müûrir et répandre ensuite les graines; qu’il en est peut-être de même 
dansles Eryngium, les Astrances, les Bupleures, etc., et qu'en général 
ils enveloppent les fleurs dans leur jeunesse; mais pourquoi sont-ils 
unilatéraux où complets, pendants, redressés , ciliés, épineux, mous, 
avortés ou non avortés dans la même espèce ? ce sont là des détails 
dans lesquels la science ne doit jamais entrer. 

Dans l’économie de la nature, ces plantes servent de nourriture à 
une multitude d'insectes et de décoration à un grand nombre de 
scènes champêtres. Qu’y a-t:il de plus gracieux dans nos montagnes, 
que ces Astrances qui en recouvrent toutes les prairies et s'avancent 
jusqu'aux roches alpines, ou dans nos plaines, que ces Ombelliféres 
annuelles, les Orlaya, les Bifora, les Coriandres, les Caucalis , etc., 
qui aiment tant à vivre dans nos blés ? Mais c'est sur les pentes des 


— 641 — 
montagnes que cette famille déploie sa plus grande magnificence, c'est 
là qu'on voit s'élever dans la plus belle symétrie, et ornées de leurs 
grandes gaînes, comme d'autant de fourreaux, ces Angeliques, ces 
Laserpitium, ces Ligusticum, et toutes ces Ombellifères majestueuses, 
qui ressemblent à des rois entourés de leurs humbles sujets. 


Soixante-douzième famille. — Araliacées. 


Les Araliacées ont un calice adhérent, à disque épigyne et limbe 
entier ou denté, cinq à dix pétales alternes aux divisions du calice, 
disposés en estivation valvaire et nuls dans l'4doxa, cinq à dix éta- 
mines insérées au-dessous d'un grand disque épigyne, des anthères 
biloculaires et peltées, un ovaire formé de deux où un plus grand 
nombre de loges monospermes, des styles nombreux, simples, tantôt 
séparés et divergents, tantôt réunis en un seul et rarement nuls ou 
avortés, des stigmates simples, une baie de deux à quinze loges 
monospermes, couronnée par un limbe calicinal entier ou denté, des 
semences anguleuses, redressées , à test crustacé et endoplèvre mem- 
braneux , un embryon pendant, entouré d’un grand albumen charnu, 
une radicule supère, double des cotylédons. 

Gette famille, beaucoup moins naturelle et beaucoup plus circons- 
crite que celle des Ombelliferes , est composée d'arbres, d'arbrisseaux 
ou rarement d'herbes vivaces, qui n’ont point de rapport pour Ja 
végétation , et dont deux ou trois espèces seulement se trouvent en 
Europe; les tiges des espèces frutescentes sunt quelquefois grim- 
pantes ou fixées par dés crampons radiciformes ; les feuilles des unes 
et des autres sont alternes , pétiolées, simples ou diversement com- 
posées, mais toujours dépourvues de stipules, les fleurs axillaires ou 
terminales sont en ombelles, en capitules, en grappes, ou en pani- 
cules. 


PREMIER GENRE. — Aralia 


Les Aralia ont un limbe calicinal très-court, entier ou denté, un 
disque épigyne, cinq pétales libres et étalés, cinq étamines, cinq 
styles plus ou moins divariqués , une baie à cinq loges ordinairement 
tuberculée, des carpelles ou pyrènes membraneux. 


Il, 41 


En 

Les Aralia sont des arbrisseaux et des herbes, originaires de l'Amé- 
rique septentrionale , de la Nouvelle-Espagne, du Japon ou de la 
Chine; leurs feuilles sont composées, leurs fleurs blanches ou verdä- 
tres forment souvent des ombelles paniculées. 

On les divise en inermes et aiguillonnés, 

Le premier groupe, qui comprend à peu près une dizaine d’espèces, 
la plupart encore mal connues, est représenté par le Racemosa, des 
rochers ombragés de toute l'Amérique septentrionale ; c'est une herbe 
vivace, à feuilles plusieurs fois tripartites, dont les segments sont 
assez semblables à ceux du Sureau; les fleurs sont disposées sur des 
rameaux axillaires chargés de rudiments de feuilles, et les pédoncules 
plus ou moins ramifiés se terminent en ombelles simples, de huit à dix 
fleurs, dont les involucres avortent en partie. L'inflorescence générale 
est à peu près simultanée, mais la partielle est centrifuge, et assez 
irrégulière pour que l’on trouve sur la même ombelle des fleurs en 
fruit et d'autres non ouvertes. 

Le calice est à cinq dents, les pétales blanchâtres et caducs sont en 
‘stivation quinconciale et à peu près valvaire; les étamines opposées 
aux pétales sont introrses, et répandent leur pollen blanchätre sur le 
nectaire emmiellé et glanduleux, comme celui des Ombelliferes ; les 
cinq styles développent ensuite leurs stigmates à peu près en tête qui 
couronnent long-temps le fruit, lequel est une baie noire marquée de 
dix côtes ; les semences, peu PRE dans chaque loge, ont leur 
radicule supère. 

L’Aralia spinosa, la principale espèce du second groupe, distéte. 
comme la précédente, de l'Amérique nord, a la tige simple et 
ligneuse, terminée par cinq ou six feuilles décomposées, à pétioles 
fort dilatés; au-dessus s’élève une belle panicule blanchätre, plusieurs 
fois divisée et couronnée d’une multitude d'’ombelles à fleurs avortées 
en grande partie et fruits bacciformes, ovales, à trois loges. Après la 
dissémination, la panicule se rompt irrégulièrement, les feuilles se 
désarticulent, et la plante ne présente plus qu'une tige simple, épi- 
neuse.et marquée des cicatrices des feuilles tombées. Les épines, qui 
tiennent au bois, sont disposées sans aucun ordre, les lenticelles sont 
nombreuses, les plus jeunes allongées et blanchätres. 

Cette plante a fleuri dans nos jardins la cinquième année, et a péri 
‘ensuite avec sa tige sans fournir aucun rejet. Elle ne se développe que 
par le sommet et présente chaque hiver un nouveau bourgeon coni- 
que, recouvert de quelques écailles informes. Cette végétation appar- 
tient-elle à toutes les Aralies épineuses P 

Les feuilles, disposées en ordre quinaire, deux fois ailées du côté 


LR = 

extérieur et trois fois de l'autre, présentent, comme les grandes 
Ombellifères , des traces fréquentes de soudure; les styles, appliqués 
les uns contre les autres, sont au nombre de cinq, quoique la baie 
n'ait que trois loges; les pétales sont entiers, étroits, repliés et promp- 
tement caducs, ainsi que les étamines à anthères introrses avec les- 
quelles ils alternent. On n'apercçoïit aucune trace de nectaire; toutefois 
il n’est pas probable que la fécondation de l'Aralia spinosa soit bien 
différente de celle du Racemosa. 

Ces deux Aralia n'appartiennent pas au même type; les autres 
espèces se rangent-elles sous ces deux formes ? On pourra en juger 
lorsqu'elles seront mieux connues. 

L'Aralia spinosa est un arbrisseau élégant et d'un très-beau port. Il 
se plaît à l'ombre de nos bosquets, dont il fait un des principaux orne- 
ments; ses fruits, souvent très-nombreux , sont recherchés aux appro- 
ches de l'hiver par les oiseaux de passage; son disque épigyne rem- 
place le nectaire. 


DEUXIÈME GENRE. — Ædoxu. 


. L’Adoxa à un calice adné et dont le limbe est divisé en quatre ou 
cinq lobes, des pétales nuls, huit à dix étamines, les unes alternes, 
les autres opposées aux sépales, quatre ou cinq styles épais, distincts 
et surmontant le calice, une baie à quatre loges monospermes, des 
semences entourées d’un rebord membraneux. 

Cette singulière plante, qui habite le bord des haïes de toute l'Eu- 
rope jusqu’à la Russie orientale, forme un genre très-distinct, et a été 
ainsi jetée seule et sans parenté dans le grand jardin de la nature. Les 
premiers botanistes l'avaient réunie aux Saxifragées, à cause de son 
ovaire adné ; mais Jussieu l’a placée parmi les Araliacées , à cause de 
son embryon renversé, de son fruit bacciforme et de ses quatre ou 
cinq styles; Kocx la réunit aux Sambucées. 

Elle forme sur le terrain des touffes d’un beau vert; son rhizome, 
qui se détruit à la base, tandis qu’il s'allonge au sommet, est chargé 
de dents semblables à celles des Dentaires, c'est-à-dire de rudiments 
épaissis de feuilles avortées , mais dont les aisselles donnent des rejets 
par lesquels la plante se gazonne; si l’on examine la pousse de l'année, 
on la trouvera pourvue de quatre à cinq dents écartées, et l'on 
remarquera que ses radicules, placées près du collet, portent à leur 
extrémité des espèces de sucoirs charnus. 

Les hampes ou les tiges sont anguleuses, demi-transparentes ét 
chargées au sommet de deux feuilles opposées , une ou deux fois ter- 


— 644 — 

natiséquées, comme les radicales, et surmontées d'une petite tète 
cubique, verdâtre, de cinq fleurs, quatre latérales et une terminale; 
les unes et les autres ont une enveloppe extérieure, qu'on peut con- 
sidérer comme un calice triphylle, et une intérieure de même nature 
qui fait les fonctions de corolle ; sur les deux bords inférieurs de cha- 
cune de ces divisions sont placées huit ou dix étamines, dont les 
anthères , insérées par leur milieu sur le filet, sont disposées horizon- 
talement, et s'ouvrent au même moment sur toute leur surface supé- 
rieure; la paroi amincie qui les recouvre se fond ou se détruit 
entièrement et fait disparaître leurs deux lobes; le pollen jaunâtre est 
alors renfermé comme dans une boîte qui a perdu son couvercle, et 
lorsqu'il s’est dispersé, on ne voit plus que la petite coupe discoïde 
dans laquelle il était contenu ; les étamines m'ont paru répandre immeé- 
diatement leur pollen sur les cinq petites têtes papillaires du stigmate; 
mais je ne sais pas si ce stigmate est imprégné d'humeur miellée ; les 
étamines ne sont ni alternes ni exactement opposées au calice; ne 
sont-elles pas au nombre de dix par suite de leur dédoublement ? 
(Voyez Annales des sciences naturelles, avril 1836, pag. 65 et suiv.) 
En admettant ce dédoublement , on aurait dans l’Adoxa quatre verti- 
cilles réguliers et alternes; celui du calice, celui de la corolle, celui 
des étamines et celui des carpelles. 

L'eftlorescence est centrifuge; la fleur supérieure paraît la pre- 
miére, et ouvre simultanément toutesses anthères; mais dans les fleurs 
latérales, déformées et allongées, les trois anthères les plus élevées 
répandent d’abord leur poîlen, et les autres successivement par ordre 
de hauteur ; les quatre fleurs latérales ont dix étamines et un calice 
quinquéfide , tandis que la terminale a huit étamines et une corolle 
quadrifide. Cet arrangement, contraire à celui de la Rue et de quelques 
autres fleurs, a sans doute été nécessité par des raisons de symétrie ; 
car les quatre divisions de la fleur supérieure s'insérent très-bien dans 
les vides des quatre fleurs latérales, ce qui n'aurait pas eu lieu si la 
fleur terminale avait été quinquéfide. 

Le centre de la fleur est occupé par un péricarpe infère, qui devient 
une baie à quatre ou cinq loges monospermes ; insendibleée! ces 
loges se détruisent et le péricarpe présente une véritable bre: aux 
approches de la dissémination, le pédondule s'allonge et se penche 
contre terre en se contournant dé diverses manières, et enfin la baie 
verte et consistante tombe entière. 

L'Adoza paraît au premier printemps, et dès la fin de mai elle a 
déjà perdu ses tiges et ses feuilles lustrées; mais ses rejets s'étendent, 
et à la fin de l’hiver ils sont séparés de la plante-mère. 


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TROISIÈME GENRE. — Âledera. 


L'Hedera ou le Lierre a un calice à rebord élevé ou denté, cinq à 
dix pétales non réunis en coiffe, cinq à dix étamines, cinq à dix styles 
connivents ou réunis, une baie de cinq à dix loges. 

Ce genre, actuellement très-nombreux en espèces, principalement 
originaires des forêts et des montagnes de l'Amérique méridionale, 
de Java et du Népaul , se divise en trois groupes : 

1° Celui à feuilles simples, entières ou lobées ; 

2° Celui à feuilles digitées ou palmées ; 

3° Celui à feuilles composées et pennées. 

De toutes ces espèces, la plus répandue et en même temps la seule 
européenne est l'Helix, qu’on peut partager en trois variétés: le 7ul- 
garis, à fruits noirs, qu'on rencontre abondamment sur les troncs 
des arbres, les murs et les rochers; le CArysocarpa, à fruit jaune, du 
nord de l'Inde, et le Canariensis | à fruits rouges et pédicelles écail- 
leux. C'est aussi dans les Canaries que croit le Corymbosa, à tige basse 
et buissonneuse et fleurs corymbiformes; les autres espèces sont 
toutes étrangères. 

Le Lierre commun a besoin d'appui pour s'élever, autrement il 
rampe sur la terre, en jetant cà et là des radicules qui le fixent et lui 
fournissent peut-être quelque nourriture ; mais dès qu'il a rencontré- 
un tronc d'arbre ou un mur, ils’ÿy accroche, en jetant des radicules 
si nombreuses et si rapprochées qu'elles forment comme une vergette 
épaisse dans les fentes des écorces ou des murs.. 

Ces radicules ne sortent pas des lenticelles, qui sont assez rares 
sur le Lierre ; mais-elles sont primitivement disposées en ligne droite 
et serrée, et elles se multiplient ensuite au point de former une masse 
presque continue, qui prend naissance dans la partie ligneuse, où 
l’on aperçoit, en soulevant l'écorce, leurs. germes très-rapprochés, 
qui finissent par recouvrir entièrement les vieilles tiges. Leur sortie 
est surtout déterminée par le contact, et celles qui ne parviennent 
pas à s’accrocher se flétrissent promptement. 

Lorsque le Lierre reste appliqué contre les murs, il s'élève sans 
donner de boutons proprement dits, quoiqu’en suspendant sa vé- 
gétation pendant l'hiver, ses nouvelles feuilles, d'abord très-petites 
comme celles de la plupart des plantes grimpantes, se développent et 
grandissent selon la température, et appliquent leur face inférieure 
contre l'appui, en tordant leur pétiole. Mais, lorsque la plante est arri- 
vée au sommet d'un mur, ou lorsque ses nombreux rameaux ne. 


— 646 — 


trouvent plus à se fixer, ils s'écartent de l'appui et prennent une forme 
arborescente; les feuilles, auparavant trilobées, deviennent entières ; 
les tiges se terminent par des boutons verdâtres, recouverts, surtout 
à la base, d'écailles épaisses, et l'on aperçoit en même temps, aux ais- 
selles voisines , des bourgeons proprement dits, destinés à fournir des 
branches libres et toujours dépourvues de radicules. Il en est de même 
s’il rampe contre un tronc. 

Le Lierre parvenu au sommet d’un mur ne sait plus en descendre, 
et ses pousses supérieures finissent par périr, lorsqu'elles ne peuvent 
pas se développer en rameaux libres : si, au contraire, il rampe sur 
le terrain, il s’allonge et s’'amincit en filet délié, jusqu'à ce qu'il ait 
trouvé l'appui qu'il semble poursuivre. Ces divers phénomènes ne 
peuvent pas, comme on le voit, s'expliquer facilement par des causes 
mécaniques , et ils supposent les uns et les autres une organisation 
supérieure, dont les lois ne sont pas encore à notre portée. 

Le Lierre ne s'attache pas indifféremment à tous les arbres ; il paraît 
au contraire préférer ceux dont l'écorceest fendillée, commele Chéne, 
le Châtaigner , le Saule, etc., et s'éloigner de ceux dont le tronc est 
lisse. Je ne l'ai vu au moins que rarement sur les Cerisiers et les Pru- 
niers , et je ne crois pas non plus qu'on le rencontre sur ceux dont 
l'écorce s’enlève par plaques, comme celle du Platane. Mais dans nos 
climats, bien plus que dans ceux du midi, on ne peut guère rencon- 
trer un chëne qu'on ne voie en même temps le Lierre qui garnit son 
pied ou recouvre son écorce. La floraison n’a lieu qu’en automne, et 
les fruits mürissent pendant l'hiver pour se semer au printemps. 

L'inflorescence est en panicule; les pédoncules, irrégulièrement 
placés et plus ou moins nombreux, se terminent tous par des ombelles 
jaunâtres, légèrementinvolucrées de douze à vingt fleurs dont plusieurs 
avortent ; l’efflorescence générale est centrifuge, mais elle est à peu 
près simultanée pour chaque ombelle; les pétales en estivation val- 
vaire sont promptement caducs ; les anthères introrses, pivotantes sur 
le filet auquel elles sont insérées par leur milieu, et par conséquent 
sans position fixe, répandent leur pollen sur le torus épaissi, qui 
laisse échapper de ses nombreux pores l'humeur mellifère, avant l'ap- 
parition du stigmate en tête plutôt glutineuse que papillaire, en sorte 
que la fécondation a lieu par l'humeur miellée. 

La baie, dont la partie supérieure n’est que le torus ou l'organe 
mellifère endurci , est formée naturellement de cinq loges, dont une 
ou deux disparaissent d'ordinaire pendant la maturation ; les graines 
sont grosses, et leur albumen blanchäâtre se divise profondément en 
lobes semblables à ceux de la Vo’r , et remplis d'une substance jau- 


— 647 — 

nâtre, que GÆRTNER regarde comme des portions de l'enveloppe , mais 
qui est.souvent semblable à celle des semences des Anonacées. L'em- 
bryon est en général fort petit, mais il est très-agrandi dans l'espèce 
que nous décrivons, et la radicule, comme celle de toutes les 4ralia- 
ces , est supère. J'ai cru voir les vaisseaux nourriciers entrer dans la 
graine, au tiers de la hauteur, et pénétrer par le côté jusqu’à la 
radicule. Au printemps l'ombelle se déjette par l'allongement des pé- 
doncules, et la baie détachée de son pédicelle tombe tout entière. 

Les feuilles sont plissées en deux avant le développement, et emboi- 
tées les unes dans les autres sans stipules, et uniquement protégées 
par leur consistance sèche et le duvet blanchâtre qui les recouvre; 
elles subsistent plusieurs années sur les branches stériles, et tombent 
plus tôt sur les autres; leur articulation ne s'apercoit' que tard, et 
leur chute paraît dépendre en grande partie de l'endurcissement de 
la tige; l'écorce se fendille et se détache après la première année, et 
lorsque la pousse s'applique contre un mur ou contre un tronc, on 
voit son extrémité se relever horizontalement et éviter ainsi les frois- 
sements auxquels elle aurait été exposée. Il est évident qu’elle ne croit 
que par l'extrémité, puisqu'en dessous elle est déjà fixée par les radi- 
cules. 

Le Lierre Helix est une plante très-anciennement connue, et célé- 
brée par les poëtes de la Grèce et de Rome; on couronnait. de ses 
feuilles brillantes et toujours vertes le front des vainqueurs dans les 
jeux olympiques, et on l'emploie encore aujourd'hui comme ornement. 
des grottes et des ruines dans les jardins paysagistes. C'est avec le Houx 
et les Sapins, à peu près la seule verdure qui réjouisse nos yeux pen- 
dant le long deuil de la nature. 

Cette plantefournit, dans les payschauds et même dans nos climats, 
une résine qui sort des fentes de l'écorce; son bois léger et cassant est 
criblé de pores ou de conduits longitudinaux, par lesquels s'élève sans 
doute la sève, comme dans les Vignes , avec lesquelles le Lierre a bien 
des rapports. 

Je ne connais point les espèces étrangères, dont la comparaison avec 
la nôtre fournirait sans doute des remarques intéressantes. Je vois 
qu’elles ont presque toutes la tige arborescente et non grimpante, et 
qu’elles se rapprochent beaucoup des 4ralia, dont la fleur diffère bien 
peu de celle des Lierres. 


— 648 — 
Soixante-treizième famille. — Æamamélidées. 


Les Hamamelidees ont un calice dont le tube adhère plus ou moins 
à l'ovaire, et dont le limbe est ou quadrilobé ou étalé et denté. quatre 
) 4 
pétales avortés ou linéaires , insérés au calice et alternes à ses lobes, 
huit étamines, quatre insérées sur les pétaleset dépourvues d’anthères 
4 P ; 
et quatre opposées aux lobes du calice et fertiles; les anthères adhé- 
rentes à la base de filets très-courts sont biloculaires; l'ovaire adné 
par sa base est biloculaire, à loges monospermes et ovules pendants ; 
les styles sont presque toujours géminés, la capsule est biloculaire 
presq J TEL me 
bivalve à valves bifides, l’albumen est corné, l'embryon droit et axile 
2 ? ? 
la radicule supère, les cotylédons sont foliacés, planes ou un peu 
; Y 3 
roulés sur les bords. 
Cette famille, autrefois errante entre les Berbéridees et les Lau- 
rinées , a été établie par Robert Brown; mais sa place est encore 
incertaine. 


Première tribu. — HAMAMÉLÉES. 


Les Hamamélées ont quatre pétales, huit étamines quatre fertiles 
et quatre stériles, des anthères dont chaque loge s'ouvre par une val- 
vule verticale. 


Hamamelis. 


L'Hamamelis a un calice quadrilobé et chargé extérieurement de 
deux à trois écailles, quatre pétales allongés en languette, un ovaire 
libre au sommet et terminé par deux styles, une capsule coriace, à 
demi libre, deux arilles monospermes, s’ouvrant élastiquement au 
sommet en deux valves, des semences oblongues et brillantes, un 
albumen charnu et des cotylédons planes. 

Ce genre est formé de trois arbrisseaux de l'Asie ou de l’Amérique 
nord; leurs feuilles alternes et légèrement pétiolées sont pourvues de 
deux stipules ovales ou cunéiformes; leurs fleurs jaunes sont ramas- 
sées dans les aisselles et pourvues d’un involucre triphylle. 

La plus connue des Hamamelis est le Virginica qui croît dans les 
lieux ombragés et humides; il fleurit, dit Bosc, après la chute de ses 
feuilles, c'est-à-dire au commencement de l'hiver; les fleurs avortent 
d'autant plus fréquemment qu'elles s'épanouissent par une saison plus 


— 649 — L 
rigoureuse , et le même pied qui donne une année des fleurs mäles 
peut fournir l’année suivante des hermaphrodites ou des polygames, 
tellement que toutes les variations de sexe se présentent sur le même 
individu. 

Les deux phénomènes principaux propres à ce genre sont : 1° les 
fleurs qui, dans le même individu , peuvent varier de sexe selon les 
années ; 2° les anthères operculées. PAU 

Je ne connais ni la fécondation ni la dissémination des Hamumelis ; 
mais je vois que le Yirginica renferme deux variétés, l’une à petites 
et l'autre à grandes feuilles. 


Deuxième tribu. — FOTHERGILLÉES. 


Les Fothergillces ont des pétales nuls, quinze à vingt-quatre éta- 
mines fertiles, dont les anthères s'ouvrent par une fente. 


Fothergilla. 


Le Fothergilla a un calice campanulé, tronqué au sommet et ter- 
miné par cinq à sept dents calleuses ; les étamines, au nombre de 
quinze à vingt-cinq, insérées sur le calice, ont leurs filets blancs ren- 
flés en massue; les anthères terminales et recourbées en croissant 
s'ouvrent en fente circulaire; l'ovaire est biloculaire; les styles sont 
géminés et filiformes ; les semences sont solitaires dans chaque loge. 
Cette plante est un arbrisseau cotonneux, à feuilles alternes , bistipu- 
lées, ovales et recouvertes de poils courts et étalés ; les épis terminaux 
paraissent au premier printemps avant les feuilles; les bractées soli- 
taires et caduques sont trifides à la base de l'épi, et à peu près entières 
au sommet; les fleurs odorantes, blanches et sessiles, ont leurs an- 
thères dépourvues de connectif, et chargées d'une petite quantité de 
pollen; les stigmates , qui continuent les styles, sont allongés, papil- 
laires sur toute leur surface et contournés près du sommet. 

Cet arbuste croit naturellement dans la portion humide des grands 
bois de la Caroline; ses capsules sont éminemment élastiques, et lan- 
cent avec bruit leurs semences à une distance de plus d'une toise; on 
remarque au fond de chaque loge un corpuscuüle d'un beau rouge. 

Les feuilles sont renfermées pendant l'hiver dans des boutons, etil 
n'est pas impossible, selon DE Canpozce, que le rang extérieur des 
étamines ne représente des pétales avortés ; les anthères implantées au 
sommet des filets sont manifestement biloculaires et latérales; la forme 
de croissant ne se présente que tard. 


Soixante-quatorzième famille. — Cornées. 


Les Cornées ont un calice de quatre sépales adnés à l’ovaire et sépa- 
rés au sommet, quatre pétales oblongs, insérés vers le haut du tube 
calicinal et en estivation valvaire , quatre étamines alternes aux pétales 
à anthères ovales et biloculaires, un style filiforme, un stigmate simple, 
une baie drupacée, couronnée par le limbe du calice, et renfermant 
un noyau biloculaire, des semences solitaires et pendantes dans cha- 
que loge, un albumen charnu, une radicule supère et des cotylédons 
oblongs. 

Les Cornées sont des arbres, des arbrisseaux et rarement des herbes; 
leurs feuilles, presque toujours opposées, sont entières ou dentées, 
leurs fleurs en têtes, en ombelles ou en corymbes, sont nues ou invo- 
lucrées et rarement dioïques. 


PREMIER GENRE. — (Cornus. 


Le Cornus a un limbe calicinal à dents très-courtes, quatre pétales 
sessiles, une baie rarement triloculaire, une radicule plus courte que 
les cotylédons. 

Ce grand genre se divise en deux groupes plus ou moins naturels : 

1° Celui des Vudiflores ; fleurs corymbiformes ou paniculées et non. 
involucrées; 

2° Celui des /nvolucrees ; fleurs en tête ou en ombelle à involucre 
ordinairement tétraphylle et coloré. 

Le premier groupe se divive en deux types, l’un formé de l'4/ter- 
nifolia, qui croît sur les bords ombragés des-ruisseaux de l'Amérique 
nord, et qui, seul de tous les Cornouillers , a les feuilles alternes; 
l'autre comprend huit espèces à peu près homotypes, qui ont les 
feuilles entières à nervures confluentes, légèrement pubescentes en 
dessous et qui diffèrent principalement par leur inflorescence en 
corymbes paniculés, aplatis ou ombelliformres ; le grand nombre est 
originaire de l'Amérique nord; mais on en trouve deux au Népaul et 
une en Europe, qui porte le nom de Sanguinea, parce que ses rameaux 
prennent, aux approches du printemps, de belles teintes rougeûtres ; 
c'est près de ce dernier qu'on doit placer l’4/ba, le Stricta, le Sericea , 
le Rugosa, à feuilles ridées et corymbes raccourcis , qui sont les uns 
et les autres multipliés dans nos bosquets, où ils ne se distinguent 
guère de l'espèce commune que par les teintes souvent bleuâtres de 


— 651 — 
leurs fruits. Micæaux dit que l’4/ba, à rameaux déjetés, se multiplie 
par des stolons. 

Le second groupe forme trois races fort distinctes : 

1° Celle des Cornouillers arborescents, à fleurs blanches, réunies 
en ombelles courtes et serrées; elle comprend trois espèces très-peu 
connues, et dont l’une est originaire du Népaul, la seconde homo- 
type du Mexique, et la dernière du Japon. 

2° Celle des Cornouillers arborescents , à fleurs jaunes et ombellées, 
qui renferme deux plantes très-distinctes : 1° le Mas, des buissons de 
l'Europe et de l'Asie, qu'on reconnaît sur-le-champ à ses jolies om- 
belles jaunes , qui paraissent avant les feuilles, et à ses fruits rouges 
et allongés; 2° le Florida, des forèts de l'Amérique nord, à invo- 
lucre très-grand, coloré en rose et fleurs petites, d'un jaune verdâtre, 
épanouies après la feuillaison. 

3° Celle des Cornouillers sous-herbacés, dont le tronc rampe sous 
terre, et dont les rameaux simples et herbacés, portent des fleurs en 
ombelle; elle ne comprend non plus que deux espèces : 1° le Cana- 
densis, de l'Amérique , à feuilles supérieures verticilléés et fleurs 
entourées d’un grand involucre; 2° le Suecica, répandu sur la plupart 
des plages septentrionales de notre hémisphère, dont les ombelles 
pédonculées, garnies de grands involucres, ont les fleurs d'un pourpre 
noir, et les drupes rouges bonnes à manger. 

Les Cornouillers n’ont ni stipules, ni bourgeons, ni écailles ; leurs 
feuilles sèches, d’abord plissées sur leurs nervures latérales et 
moyennes se développent tant qu'elles ne sont pas arrêtées par la tem- 
pérature, et les dernières forment au sommet des branches, et par 
leur réunion, des espèces de boutons soyeux, destinés à garantir les 
parties non encore développées. 

Les fleurs s’épanouissent de bonne heure, d'abord les involucrées, 
mieux préservées que les autres, et qui paraissent au premier prin- 
temps. 

Dans les autres, les fleurs terminent les rameaux, mais dans le 
Cornouiller mâle, elles sont placées à l'extrémité des brindilles; les 
unes et les autres sont en grande partie infécondes; le Cornouiller 
mâle , par exemple, ne donne guère par ombelle qu’une seule drupe, 
qui est toujours pendante; dans les espèces étrangères, le cyme est 
quelquefois entièrement stérile, et pour l'ordinaire il n’est garni que 
de deux ou trois fruits différemment conformés et toujours droits; 
toutefois le Sanguinea a ses drupes souvent nombreuses, ce qui pro- 
vient sans doute de ce qu'il croît dans sa terre natale, et de ce que ses 
fruits sont très-petits, 


— 652 — 

Les Cornouillers à fleurs nues s'élèvent peu, parce que leurs pédon- 
cules se dessèchent et se rompent régulièrement à leur point d'inser- 
tion avec les tiges. Ces ruptures ou points de séparation sont long- 
temps visibles à la bifurcation des deux rameaux auxquels la destruction 
du pédoncule a donné naissance, et l’on peut remarquer que les 
arbres à feuilles opposées ont presque toujours une ramification dicho- 
tome; c'est pourquoi le Cornrouiller à feuilles alternes doit différer 
des autres par sa forme d'inflorescence. 

Les Cornouillers, comme la plupart des arbres et arbrisseaux, sont 
formés de deux espèces de branches, les florifères et les stériles; les 
premières se rompent toujours après la dissémination et ne redonnent 
plus que des pousses latérales; les autres se développent au contraire 
jusqu’à ce que leur extrémité soit devenue florifère ; alors les pédon- 
cules périssent à leur tour; on comprend que je ne parle ici que des 
arbres à fleurs véritablement terminales. 

Les rameaux des Cornouillers dépourvus d’involucre sont ordinai- 
rement lisses, renflés à chaque paire de feuilles et marqués de lenti- 
celles nombreuses et blanchâtres; leurs fleurs sont enveloppées par 
les paires des feuilles les plus voisines , qui font ainsi les fonctions 
d'involucre et tombent souvent à la floraison; il en est de même du 
Cornouiller mâle, dont les involucres sont recouverts par les deux der- 
nières paires de feuilles transformées en stipules qui se détachent 
promptement, 

L'estivation de la corolle et même des involucres est à peu près val- 
vaire; les étamines alternes aux pétales sont pliées en deux ; les 
anthères, d’abord introrses sur leurs filets repliés au sommet, devien- 
nent souvent extrorses par retournement; le stigmate est une tête 
imprégnée ordinairement d'un fluide visqueux; et l'ovaire est sur- 
monté d'une belle glande nectarifère, en sorte que la fécondation 
s'opère par le concours de l'humeur miellée et visqueuse. Dans le 
Mâle et le Sanguin, le pollen blanchâtre recouvre en partie la tête 
glutineuse du stigmate, et tombe en partie sur la glande mellifère de 
l'ovaire, de manière que ses émanations ou ses boyaux fécondateurs 
arrivent aux ovules, soit immédiatement par les conduits stigmati- 
ques, soit par l'humeur miellée qui recouvre le fond de la fleur. J'ai 
remarqué que, dans les heures matinales, chaque stigmate était 
chargé d'une gouttelette visqueuse, et que les anthères extrorses 
venaient recourber leur sommet sur ce même stigmate. 

L'inflorescence générale est à peu près simultanée ; celle de chaque 
ombelle est centripète, car les fleurs centrales paraissent un peu après 
les autres, au moins dans le Mäle, dont les extérieures s’écartent pour 
faire place aux autres. 


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La drupe renferme un noyau osseux , à deux loges inégales, dont 
l'une avorte souvent ; la semence est ovoïde, la radicule supère com- 
munique immédiatement avec les cordons pistillaires qui descendent 
du style. 

L'involucre du Cornouiller mäle tombe ou se dessèche prompte- 
ment, mais celui du Florida grandit et se change insensiblement en 
quatre feuilles colorées en un blanc rose, qui ressemblent à des 
pétales. Le Cornouiller mäle est chez nous l’avant-coureur du prin- 
temps. 

Je n'ai apercu aucun mouvement spontané dans les fleurs des 
Cornouillers ; si l’on en excepte au moins celui des étamines, et celui 
des pédicelles des Cornouillers mâles, qui s'inclinent avec leurs fruits. 
Il en est de même de leurs feuilles, qui ne sont pas influencées par le 
soleil, 


SECOND GENRE. — ÆAucuba. 


L'Aucuba a un calice tronqué et irrégulièrement denté, quatre 
pétales ovales, lancéolés, en estivation valvaire; une fleur mâle à 
quatre étamines alternes aux pétales, une femelle à ovaire adné au tube 
calicinal et quadrangulaire au sommet, un stigmate en tête papillaire 
oblique et échancré , un fruit monosperme et une semence à radi- 
cule supère. 

L'Aucubu, originaire du Japon, est un arbrisseau à tige cylindrique 
et épaissie, feuilles glabres, persistantes, opposées et lâchement den- 
tées ; ses fleurs, qui paraissent en avril et qui sont toujours femelles, 
parce que l'individu mâle n'a pas encore paru en Europe, sont enfer- 
mées en hiver dans un bouton qui contient en même temps les nou- 
velles pousses; elles naissent du centre même de la tige sur trois 
pédoncules ramifiés en pédicelles opposés et ombellifères, etelles sont 
séparées par des écailles caduques et blanchâtres ; leur ovaire infère 
est surmonté de quatre pétales opposés deux à deux, petits, épais, 
étalés et d’un noir violet ; leur style est court et leur stigmate globu- 
leux et papillaire est échancré dans son milieu. 

La panicule florale disparaît promptement, parce qu'elle n’est pas 
fécondée , et l'on voit bientôt naître, de droite et de gauche, deux 
tiges stériles renfermées primitivement dans le bouton floraletformées 
de huit à dix feuilles, recourbées en dedans, et fortement marbrées. 

Cette plante, placée autrefois parmi les Rhamnées, et plus tard 
parmi les Loranthacees , a la structure flotale des Cornus , maïs reste 
encore un peu indéterminée parce que son fruit est inconnu. 


— 654 — 


Elle se multiplie très-facilement de bouture, et supporte très-bien 
en plein air les rigueurs de nos plus grands froids ; elle est en même 
temps une preuve vivante de la nécessité d'une fécondation préalable 
pour la multiplication par graines. 

TauwserG, qui le premier l'a fait connaître, dit qu’au Japon ses 
feuilles sontquelquefois vertes et quelquefois marbrées de jaune. Sans 
doute que l'individu transporté en Europe, et qui a donné naissance 

à tous ceux qui s’y trouvent maintenant, avait les feuilles marbrées, 
et que cette altération s’est perpétuée et se perpétuera indéfiniment. 


Soixante-quinzième famille. — Zoranthacées. 


Les Loranthacées ont les fleurs hermaphrodites ou diclines, un 
calice adné dont le limbe est court, entier ou lobé, une corolle de 
quatre à huit pétales libres ou adhérents et toujours en éstivation val- 
vaire, des étamines opposées aux pétales, à filaments adnés ou nuls, 
des anthères saillantes redressées ou sessiles sur les pétales, un ovaire 
ovale ou turbiné, un style filiforme ou nul, un stigmate en tête, une 
baie ombiliquée ou couronnée, uniloculaire et monosperme, un 
tégument membraneux qui enveloppe un albumen charnu, une radi- 
cule supère, tronquée ou épaissie au sommet. 

Cette famille est formée d’arbrisseaux la plupart parasites et qui 
vivent sur des arbres dicotylés, les laiteux exceptés; leurs feuilles op- 
posées sont rarement alternes ou nulles; leurs radicules, selon les 
observations curieuses de Durrocxer, fuient la lumière. 

Elles diffèrent de la plupart des autres parasites, en ce qu'elles sont 
vertes, munies de stomates qui dégagent de l'oxygène; aussi ne recoi- 
vent-elles des végétaux , sur lesquels elles vivent si souvent, qu'une 
sève non élaborée, qu'elles préparent avec leurs propres organes ; 
quelques-unes de leurs espèces sont douées de vraies racines épanouies 
sur l'écorce ou entre l'écorce et le bois du végétal nourricier. On 
remarque qu’elles n'obéissent point à la loi de la perpendicularité. 


PREMIER GENRE. — V'iscum. 


Le Viscum ou le Gui a les fleurs dioïques ou monoïques, un calice 
entier et non bordé, quatre pétales, rarement trois ou cinq, épais, 
triangulaires, en estivation valvaire, réunis à la base dans la fleur 


— 655 — 
mâle, mais libres dans la fleur femelle , des étamines sans filets, dont 
les anthères singulièrement conformées sont appliquées sur les 
pétales, un ovaire adné au calice, un stigmate sessile et obtus, une 
baie moncsperme à la maturité, une semence à demi entourée par 
Yhilus , un albumen charnu, un embryon dicotylé, quelquefois mul- 
tiple. 

Ce genre est formé d’arbrisseaux tous glabres, à l'exception d'un 
seul, et parasites sur les arbres dicotylés, leurs rameaux sont cylin- 
driques, tétragones, aplatis et ordinairement articulés ; leurs feuilles 
sont opposées, rarement alternes, souvent nulles ou réduites à de 
simples écailles; leurs fleurs sont fasciculées ou en épi. 

Ces plantes forment dans le Prodrome environ trente espèces, qu'on 
peut ranger assez commodément sous trois divisions : 

1° Les Guis de l'ancien continent, à fleurs fasciculées ou en om- 
belles ; 

20 Les Guis feuillés du Nouveau-Monde, dont les fleurs forment 
des épis articulés ; 

3° Les Guis sans feuilles, épars dans les deux continents. 

Ces plantes, comme les Zoranthus, habitent presque toutes entre 
les Tropiques; on les trouve dans l'Inde ou dans les” contrées voisines, 
aux îles de la Sonde, aux Antilles, au Brésil, au Mexique, au Pérou 
et au Chili; leurs espèces sont tellement circonscrites que presque 
aucune d'elles n'appartient à deux contrées éloignées. 

Les Guis varient encore par leport, la forme des tiges, des pédon- 
cules, des fleurs, des fruits, etc. ; ces différences qui présentent une 
foule d'observations physiologiques n’entrent pas dans notre plan, et 
seront sans doute plus tard traitées par les botanistes voyageurs et 
observateurs. 

Les deux espèces indigènes sont: 1°le Viscumoxycedri, qui croît sur 
le Juniperus oxycedri, dans le midi de l'Europe, et se retrouve au Cau- 
case, ainsi que dans l’ouest de l'Amérique nord; 2° l’4/bum, très-ditfé- 
rent du premier, parasite de presque tous les arbres dicotylés, mais 
principalement des Poiriers et des Pommiers ; c'est une plante dure, 
cassante, demi-ligneuse, et dont la tige, qui brave toutes les intempé- 
ries, présente, au lieu de moëlle centrale, des rayons médullaires très- 
apparents ; son écorce, épaisse et verte à l'extérieur, est d'un jaune 
verdâtre en dedans ; son épiderme est percé de stomates, ses feuilles 
toujours entières ont leurs deux surfaces exactement semblables, et 
ne sont par conséquent douées d'aucun mouvement; leurs nervures 
sont divergentes, et leur base articulée est creusée en fossette pour 
abriter les rameaux ou les feuilles axillaires non encore développées. 


— 656 — 

La ramification présente une dichotomie continue et articulée ; 
l'extrémité de chaque branche est terminée par une gaîne épaissie et 
étendue, en forme de cuirasse , et d’où sortent trois fleurs articulées, 
deux latérales et une terminale; à droite et à gauche sont placées les 
feuilles alternes aux fleurs latérales , et dont l’aisselle donne naissance 
à un rameau exactement conformé comme celui que je viens de 
décrire ; souvent aussi on voit sortir, du contour de l'articulation qui 
termine le rameau, d'autres pousses semblables aux précédentes. 

Lorsque le développement est complet, on trouve six rameaux au 
lieu de deux, ou deux rameaux et quatre fleurs, ou enfin une autre 
combinaison da nombre six, à moins qu'il n’y ait eu des avortements, 
ce qu'on aperçoit toujours aux places vacantes; ces quatre rameaux 
ou fleurs, qu'on peut appeler surnuméraires, se développent à leur 
tour l’année suivante, en sorte, par exemple, que dans un individu 
femelle , chaque dichotomie supérieure porte régulièrement à chaque 
angle trois baies sessiles et deux jeunes rameaux; les deux dernières 
dichotomies sont chargées de fleurs et de rameaux ; la dernière seule 
donne les feuilles. Telle est la symétrie générale, qui admet sans doute 
des modifications selon les individus et les arbres qui les portent; 
ainsi, par exemple, le Gui du Robinia Pseudo-Acacia est plus garni 
à sa base que celui du Pommier; celui du Pinus sylvestris est très- 
rameux et a des bases plus amincies, etc. 

Le Gui commun fleurit en février eten mars, précisément à l’époque 
où se détachent naturellement les baies de l’année précédente; les 
anthères appliquées sur les pétales en masse ovale et festonnée laissent 
échapper leur pollen, non par des fentes ou des valvules, mais par 
des trous nombreux et distincts ; le stigmate sessile est peu marqué; 
l'on aperçoit seulement, au moment de la fécondation, le sommet de 
l'ovaire légèrement tuberculé et recouvert d’une humeur visqueuse, 
destinée sans doute à absorber les émanations du pollen. L'ovaire, 
d'abord verdâtre, blanchit insensiblement, et prend entin cette forme 
transparente et globuleuse qu'on lui connaît en hiver. Les fleurs s’ou- 
vrent à la lumière, et se referment à l'obscurité; les mâles tombent 
après avoir répandu leur pollen; la fécondation , qui commence avec 
l’anthèse et dure plusieurs jours, est favorisée par la saison , puisqu’à 
l'époque où elle s'opère , les arbres sont encore privés de feuilles, et 
que notre Gui est dioïque. Je n'ai pas examiné l'organe nectarifère, 
mais je ne doute pas qu'on ne le trouve sous l'ovaire. 

La semence du Gui a fixé de bonne heure l'attention des botanistes; 
c'est un corps de forme irrégulière, dont les deux ou trois angles sont 
arrondis au sommet, et qui, lorsqu'il a été transporté sur les arbres 


— 697 — 

par les oiseaux , pousse de chacun de ses angles autant de pédicelles 
en tête de clou, qui se replient sur l'écorce qu'ils ne tardent pas à 
atteindre; alors ces têtes ou ces renflements s'ouvrent comme autant 
de sphincters, et émettent de leur centre une racine dont le suc amollit 
l'écorce, et qui pénètre enfin jusqu'aux couches intérieures, où ellé 
se ramifié comme les autres racines dans la terre; ensuite elle est 
enveloppée avec toutes ses ramifications par les nouvelles couches 
ligneuses, d’où elle tire enfin la sève qui la nourrit, de la même 
manière que la terre alimente la racine des autres plantes. Je ne puis 
décrire cette germination sans admirer les moyens par lesquels elle a 
été obtenue. 

Lorsque la racine est implantée solidement dans l'écorce, ce qui est 
quelquefois l'ouvrage d'un ou deux ans, le pédicelle se relève à son 
tour en se détachant de la substance de la graine, et lorsqu'il a réussi 
à s'en séparer, ce qui n’a pas toujours lieu, il pousse de son sommet 
deux feuilles opposées, qui sont autant de cotylédons, dont les ais- 
selles donnent chacune naissance à un rameau, dont nous avons déjà 
exposé les développements successifs. (Voy. sur toute cette germina- 
tion, la Physique des arbres de Dunamez, vol. 2, pag. 220.) 

Le Gui commun ne m'a paru susceptible d'aucun mouvement 
spontané autre que celui de son embryon ; ses rameaux sont toujours 
écartés sous le même angle, et ses feuilles épaisses ressemblent à des 
rameaux aplatis; il est beaucoup plus répandu au nord qu'au midi de 
l'Europe; car je l'ai à peiné apercu en Italie de Turin à Naples. 

La deuxième espèce de Gui européen, ou l'Oxycedri, appartient 
au groupe des espèces non feuillées , et n’a que peu de rapport pour 
la végétation avec le précédent, mais il ressemble beaucoup au Ca- 
pense et au Magellanicum ; sa tige, qui s'élève à peine de la hauteur 
du doigt, porte, à la place de feuilles , des gaînes qui lui donnent 
l'apparence d'une Salicorne; à l'extrémité de chaque rameau, on 
troùve un segment ovoïde, qui paraît contenir le rudiment de la fleur. 
Gette singulière plante, dont la baie est bleuâtre et oblongue, est 
encore peu connue de la plupart des botanistes, au moins pour sa 
fécondation et sa germination. 


SECOND GENRE. — Loranthus. 


Les Loranthus ont les fleurs presque toujours hermaphrodites;' le 
calice ovale ou rarement turbiné, à limbe court, tronqué ou denté, 
quatre à huit pétales et ordinairement cinq à six distincts où réunis 
et toujours valvaires, des étamines opposées aux pétales et en même 

II. 42 


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nombre que ces derniers, des filets libres ou adhérents à la base des 
pétales, des anthères biloculaires, adnées, droites ou versatiles, un 
style filiforme, un stigmate simple, capitellé ou turbiné, une baie 
ovale, arrondie ou turbinée, uniloculaire, monosperme et souvent 
‘couronnée par le limbe du ealice. 

Les Loranthus , dont on compte déjà près de deux cent quarante 
espèces ou variétés, habitent presque tous les contrées intertropicales 
des deux continents, principalement les Antilles, l'Amérique méri- 
dionale, le Cap, les grandes Indes et les îles adjacentes; ce sont des 
arbrisseaux parasites, comme les Guis, sur les arbres dicotylés, où 
leurs rameaux rampent entre le bois et l'écorce, et pénètrent quelque- 
fois ,plus intérieurement; leurs feuilles sont opposées, alternes, 
entières, souvent épaisses et coriaces ; leurs fleurs en épis, en grappes 
ou panicules varient beaucoup selon les espèces. 

Ce genre est encore très-peu connu à cause des contrées éloignées 
dans lesquelles il est répandu, et surtout parce que ses diverses 
espèces, qui vivent souvent sur des arbres élevés, peuvent rarement 
être reconnues et étudiées à l'époque de l'anthèse. 

Les plantes qui le composent sont loin d'être homotypes, et en 
attendant qu'elles puissent être distribuées dans un ordre plus métho- 
dique, De Canpoze propose de les partager en quatre sections, 
dont il différencie les caractères, et qui sont : 1° les Euloranthus, 
2° les Symphyanthus, 3° les Scurrula , 4° les Notanthères, qui se sub- 
divisent les unes et les autres en différents types, principalement 
d’après la conformation de leurs organes floraux. 

De tous ces Loranthus , le.seul indigène est l'Europæus ; qui appar- 
tient à la première de nos sections, et qu’on trouve sur les Chênes 
Robur et Ilex, ainsi que sur le Chéâtaignier, dans le midi de l’Italie et 
dans l’Autriche; il se distingue de la plupart des autres par ses fleurs 
.dioïques et non hermaphrodites, et il a tout-à-fait le port et la ramifi- 
cation dichotome de notre Gui ; de plus, il est terminé semblable- 
ment par un bouton de quatre écailles opposées deux à deux; ses 
feuilles quelquefois alternes, mais ordinairement opposées, sont pé- 
tiolées et un peu consistantes; du bouton terminal, on voit sortir au 
printemps une grappe d'un petit nombre de fleurs alternes, et quelque. 
fois de pousses foliacées qui servent à élever la tige ; les feuilles tom- 
bent en automne, et les baies assez semblables à cellés du Gui, et 
couronnées par un calice à six petites dents, müûrissént à la même 
époque; elles ne renferment non plus qu'une semence, mais cette 
semence n'a qu'un seul embryon. J'ai vainement tenté, jusqu'à pré- 
sent, dela faire germersur les Chénes et les Châtaigniers de notre climat. 


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Le Loranthus uniflorus, de Saint-Domingue, qui appartient égale- 
ment aux Æuloranthus , et que Mirsez a décrit dans les Ænnales du 
Museum ( vol. 16, p. 455) a toute la germination de notre Gui, mais 
sa graine ne renferme qu'un seul embryon axile et renversé, qui 
émet de son centre une radicule percant l'écorce et se ramifiant dans 
le liber, en même temps que la tigelle s’'épanouit en mamelons sur 
l'écorce ; ensuite les deux cotylédons, épais et dirigés du côté opposé 
ou vers la lumière, s’allongent en feuilles , et alors la germination est 
accomplie. 

Comme les espèces des Loranthus sont beaucoup plus variées que 
celles des Guis, soit pour l'organisation générale, soit pour les formes 
de fécondation et de dissémination, elles doivent offrir aussi un plus 
grand nombre de phénomènes physiologiques. Qu'elle est grande et 
admirable cette nature dans ses différentes œuvres ! elle a varié à l'in- 
fini les espèces, et elle leur a donné à toutes des moyens de se repro- 
duire, selon leur structure et les diverses fonctions qu'elles avaient à 
remplir. 


Soixante-seizième famille. — Caprifoliacées. 


Les Caprifoliacées ont un calice adné de quatre à cinq sépales 
soudés à la base et libres au sommet; autant de pétales alternes aux 
sépales, plus ou moins réunis, quelquefois irréguliers et jamais val- 
vaires ; des étamines alternes aux lobes de la corolle, et adnées à sa 
base, des filaments subulés, des anthères biloculaires, un ovaire 
adhérent au tube calicinal, et triloculaire dans sa jeunesse; un style 
saillant ou nul, trois stigmates distincts ou réunis en tête , une baie 
couronnée par le limbe du calice, quelquefois presque sèche, souvent 
pulpeuse, à une ou plusieurs loges selon les degrés d’avortement, 
. des semences solitaires, géminées ou nombreuses, un albumen charnu, 
un embryon central, une radicule supère et des cotylédons ovales 
oblongs. 

Ces plantes sont des arbrisseaux et rarement des arbres; leurs 
feuilles , presque toujours dépourvues de stipules, sont opposées, 
simples, entières, dentées ou rarement pinnatiséquées, leurs fleurs 
sont axillaires ou terminales et corymbifères. 


— 60 — 


Première tribu. — SAMBUCÉZS. 


Les Sambnucees ont une corulle régulière en roue ou en tube, ou 
formée de cinq pétales réunis seulement à ia base, un style nul et 
trois stigmates sessiles. 


PREMIER GENRE. — Sambucus. 


Le Sambucus a un calice court et quinquéfide, une corolle en roue, 
urcéolée, quinquéfide , à lobes obtus, cinq étamines , une baie à peu 
près arrondie, pulpeuse, uniloculaire et renfermant de trois à cinq 
semences, des funicules oblongs, anguleux , et toujours placés sur 
l'axe de la baie. 

Les Sambucus se partagent en trois groupes : 

1° Ceux à feuilles pinnatiséquées et fleurs corymbiformes; 

2° Ceux à feuilles pinnatiséquées et fleurs paniculées ; 

3° Ceux à feuilles bipinnatiséquées. 

Le premier groupe, qui comprend onze espèces éparses dans l'an- 
cien et le nouveau monde, se partage assez commodément en deux 
types : 1° celui des espèces herbacées, dont l'Ebulus, répandu dans 
toute l’Europe, est la plus connue ; 2° celui des espèces arborescentes, 
représentées par notre ÂVigra, qui appartient encore à la Sibérie : 
entre ces deux types, on trouve plusieurs espèces sous-frutescentes, 
mais qui n’en diffèrent ni par leur végétation, ni par leur structure 
florale. 

Le second groupe est formé de deux espèces homotypes : le Race- 
mosa, si répandu sur les pentes de nos montagnes, et le Pubens, de 
l'Amérique septentrionale, qui n’en est guères qu'une variété à feuilles 
et pétioles pubescents. 

Le troisième groupe ne comprend non plus que deux espèces 
homotypes originaires des Indes orientales, et qui, par conséquent, 
n'entrent pas dans notre sujet. 

Les Sambucus forment un genre très-distinct, et dont les espèces 
sont intimement unies, soit par la structure de leurs fleurs, soit par 
leur organisation générale ; les trois européennes sont très-ancienne- 
ment connues, et ont, comme la plupart des autres, les fleurs blan- 
ches terminales, disposées en grappes ou en cymes fastigiés; les 
feuilles, dans les deux premiers groupes, sont toujours opposées et 
pinnatiséquées avec impaire; leur consistance est assez épaisse, et 


— 661 — 


leurs dentelures sont glanduleuses ; elles portent à la base des stipules 
ou lanières promptement caduques, et qui varient de quatre à six; 
les boutons floraux renflés au sommet des tiges sont formés de six à 
huit écailles foliacées ; les autres sont axillaires, et d'autant plus gros 
qu'ils sont plus voisins du sommet; les uns et les autres paraissent de 
bonne heure en automne, et les folioles, plissées sur leur nervure 
moyenne, sont dressées ensuite les unes contre les autres. 

Les tiges florales se rompent après la dissémination jusqu’à la 
première paire de feuilles, et elles restent alors terminées par deux 
grands boutons opposés ; leur surface est chargée de lenticelles, qui 
se retrouvent dans l'espèce herbacée, et qui prouvent qu'une organi- 
sation semblable entraine des phénomènes semblables, mais qui mon- 
tre également que les lenticelles ne sont pas destinées à donner des 
racines , puisque les tiges du Sambucus ebulus meurent chaque année. 

La corolle est toujours monopétale, à divisions valvaires indupli- 
quées; les filets sont courts, épais, blancs et comme mamelonnés, 
principalement dans l'Ebulus; les anthères sont extrorses, ainsi quedans 
les Cornouillers, ce qui prouve que le nectaire, qui entoure la base de 
l'ovaire, recoit immédiatement le pollen; on voit, en effet, particu- 
lièrement dans l'Ebulus, les trois stigmates, presque entièrement 
cachés au fond de la fleur, entourés de la liqueur miellée, et enduits 
déjà eux-mêmes de la substance visqueuse qui absorbera les émana- 
tions du pollen. 

Les baies, qui müûrissent de bonne heure, renferment trois ou 
quatre semences osseuses, ridées, oblongues et attachées chacune par 
leur sommet à un placenta filiforme, situé dans l’axe du fruit; l’albu- 
men entoure l'embryon, et la radicule est supère. 

L'efflorescence des Sureaux est centrifuge, comme celle de tous les 
cymes; mais l'évolution a lieu avec une telle promptitude, que les 
fleurs du même cyme paraissent se développer simultanément, comme 
celles des différents cymes; les feuilles se désarticulent de bonne 
heure, excepté celles de l'Ebulus , qui restent adhérentes, parce que 
ses tiges sont annuelles. 

Les Sureaur arborescents sont des plantes solitaires, quine donnent 
pas de rejets, mais les herbacés, comme l’Ebulus et le Chinensis, qui 
est monoïque et chargé de lenticelles de même que l’Ebulus, sont des 
plantes sociales, à rejets fort étendus, en particulier dans le Cana- 
densis ; les uns et les autres répandent pendant la floraison une odeur 
propre, qui est très-sensible dans le Vigra ; les feuilles ont également 
une odeur forte, qui est peut-être due à de petites glandes sphériques 


non adhérentes, qui recouvrent leur surface, surtout dans leur jeu+ 
nesse. 


— 662 — 

Ces plantes sont entièrement dépourvues de mouvements dans leurs 
feuilles et leurs fleurs; toutefois j'ai remarqué que, dans l Ebulus, les 
dents du calice se recourbaient sur les stigmates, lorsque les baies 
étaient fécondes et non lorsqu'elles avortaient. 

La culture a obtenu des deux Sureaux indigènes et arborescents 
des folioles incisées, qui forment des variétés constantes ; elle a même 
réussi à doubler les fleurs de l'espèce commune, et je vois sur un 
individu de cette forme des fleurs dont le calice a dix et même treize 
lobes, et la corolle autant de pétales; les stigmates encore plus défor- 
més sont entourés d'une couronne crénelée , qui représente bien un 
verticille avorté. 

Les Sureaux sont remarquables par l'élégance et la symétrie de leurs 
cymes; ils ne redoutent pas les intempéries, et font au printemps la 
parure de nos bosquets. Il n’y a presque aucune chaumière qui ne 
possède dans son voisinage au moins un Sureuu commun, dont les 
feuilles desséchées lui fourniront plus tard des infusions sudorifiques. 


SECOND GENRE. — V'iburnum. 


Le V’iburnum a un calice petit, quinquéfide et persistant, une corolle 
quinquéfide en roue, légèrement campanulée et subulée, cinq éta- 
mines égales, trois stigmates sessiles, une baie ovale, globuleuse, 
monosperme par avortement et couronnée par les dents du calice, 
une semence aplatie. 

Les Viburnum sont des arbrisseaux à feuilles opposées et pétiolées, 
‘dont les fleurs blanches à teintes rarement rougeâtres sont ne 
en corymbes au sommet des tiges. 

On les partage en trois sections : 

1° Les Lentago ; corymbes non radiés, corolle en roue, semences 
ovales. 

2° Les Opulus ; corymbes radiés, semences obcordiformes; 

3° Les Solenotinus ; corymbes non radiés; corolles cylindrico-tubu- 
lées ou coniques. 

Cette dernière section , qui appartient entièrement à l'Asie , et prin- 
cipalement au Népaul, est très-peu connue, et n'entre pas dans notre 
sujet. 

Les Lentago se partagent pour nous en trois types, celui des Tinus, 
celui des Lantana et celui des espèces glabres, moins connues, de 
l'Amérique septentrionale. 

Les Tinus, appelés aussi Lauriers-Tins, sont formés surtout de trois 
espèces, le Tinus, du bassin de la Médivénren co) le Rigidum et le 


— 663 — 

Rugosum, des Canaries, à feuilles ridées et hérissées en dessous; ce 
sont des arbrisseaux dépourvus de bourgeons et de stipules, comme 
toutes les espèces du genre, et dont les jeunes pousses ne sont guère 
protégées que par les cils des pétioles dilatés; leurs tiges, qui végètent 
tout l'hiver, sont quelquefois atteintes par le froid; leurs feuilles 
coriaces, persistantes et cartilagineuses sur les bords, sont appliquées 
par paires avant leur développement ; leurs fleurs, d’un blanc pur ou 
lavé de rose et terminales sur les tiges et les ramilles, sont réunies en 
cymes ombelliformes, irréguliérement involucrés, et les baies d’un 
beau noir violet tombent la seconde année avec le sommet de la tige 
qui les a portées; dans le Rigidum, les tiges florifères se rompent plus 
régulièrement que dans les autres, et leur rupture, au-dessous de 
laquelle est une manchette ou un petit involucre quinquéfide, donne 
naissance à un ou deux pédoncules latéraux, pourtant un petit nom- 
bre de fleurs. 

Les baies sont ovales, entourées à la base de trois écailles, et au 

sommet des cinq dents desséchées du calice; on y observe l'enveloppe 
extérieure violette et demi-succulente recouvrant l'intérieure légère: 
ment papyracée, et au-dessous une substance résineuse, tapissant 
d'un côté l'enveloppe papyracée, et: jetant de l'autre dans l’albumen 
des rayons épais, frangés comme ceux des Anonacees ; cet albumen 
corné et blanchätre sénibtit toute la graine, à l'exception du sommet, 
où l'on apercoit une radicule supère, prolongée en cotylédons étroits 
et peu distincts. 
Les J’iburnum lantana, qui constituent le second type des Lentago, 
comprennent plusieurs espèces, dont les deux principales sont le 
Commun, répandu dans toute l'Europe , etle Zantanoïdes , qui n’en dif- 
fère guère que par la petitesse de sa tige plutôtrampante que redressée; 
ces plantes , qui ont une organisation tout-à-fait différente des Tinus, 
sont entièrement recouvertes, surtout vers leur sommet, de poils 
grisâtres et étoilés qui leur tiennent lieu d'involucre; let feuilles, 
sans stipules ni boutons, sont engagées l'une dans bte et roulées 
sur leur face supérieure ; leurs tiges stériles ne sont arrêtées dans leur 
développement que par l’abaissement de la température, et les autres 
montrent dès l'automne leurs ombelles fortement duvetées, entourées 
encore de feuilles avortées, dont les inférieures tombent après la flo- 
raison ; les feuilles portent elles-mêmes des dentelures glanduleuses, 
et les tiges, qui perdent insensiblement leur duvet, sont couvertes 
de lenticelles, et ont leurs pédicelles articulés comme leurs pédon- 
cules. 

L’effloreseence centrifuge est presque simultanée; les anthères sont 


) 


— 664 — 
ordinairement extrorses, comme dans les Sumbucus, et les stigmates 
sont toujours sessiles au fond de la fleur. Je vois, dans le Laurier-Tin, 
etc., que l'humeur miellée occupe la base de l'ovaire, et que les stig- 
mates eux-mêmes emmiellés sont fécondés par les émanations des glo- 
bules polliniques, ou par les globules eux-mêmes. 

La baie est aplatie, et son enveloppe extérieure devient rouge et. 
succulente; la seconde est osseuse, et la troisième verte et comme 
chagrinée représente sans doute l'enveloppe brune et résineuse des 
Tinus ; embryon est supère, et l'on voit bien les vaisseaux nourriciers 
arriver au sommet par le milieu de l'enveloppe extérieure. 

Les Lantana résistent très-bien par leurs enveloppes veloutées aux 
froids les plus rigoureux; tandis que les Tinus, dans nos climats, ont 
besoin de l’orangerie. 

Le dernier type des Lenlago est entièrement formé d'espèces étran- 
gères, sur lesquelles nous n'avons rien à dire; la plus remarquable de 
ces espèces est le Lentago lui-même, ou le Viburnum à manchette, dont 
les pétioles, fortement appendiculés, forment autour des tiges autant 
de petits involucres. 

La section des Opulus comprend quatre espèces homotypes; l’une 
européenne , les trois autres de l'Amérique nord, à baies douces et 
mangeables; leurs tiges stériles sont terminées par un bouton, qui 
tombe quelquefois avant de s'ouvrir, mais ordinairement elles se rom- 
pent dès la fin du printemps, et présentent l'année suivante deux 
boutons formés de deux feuilles endurcies, coriaces et souvent sou- 
dées, tandis que celles de l’intérieur sont roulées en dedans, à peu 
près comme celles des Lantana ; ces boutons donnent naissance, tantôt 
à des tiges stériles, tantôt à des cymes brillants, qui se déploient dès le 
mois de mai, et sont précédés de deux ou trois paires de feuilles dont 
l’accroissement est très-rapide; leurs pétioles canaliculés sont bordés de 
glandes vertes, emmiellées, et l'on observe à leur base deux à quatre sti- 
phies linéaires; les pédoncules et pédicelles, accompagnés d’une stipule 

lanche et caduque, se désarticulent en partie avant la maturation. 

Les Opulus se font remarquer par leurs fleurs rayonnantes, stériles 
comme celles des Hydrangea, et dont l'ovaire est remplacé par unlong 
style filiforme; cet avortement naturel s'étend par la culture à toutes 
les fleurs, qui forment alors par leur réunion une sphère désignée 
sous le nom de Boule de Neige ou de Rose de Gueldre. 

Les boutons à fleurs placés aux aisselles ou au sommet des tiges 
sont conformés comme les autres, et il n’est pas rare de voir dans la 
même aisselle le bouton à fleur et le bourgeon. 

L'efflorescence générale est simultanée, mais la partielle est centri- 


— 665 — 
fuge; la fécondation a sans doute aussi lieu par l'intervention de 
l'humeur miellée, mais le nectaire qui entoure l'ovaire est peu distinct. 

La baie de l'Opulus est rouge, demi-transparente et monosperme ; 
elle ne se sépare jamais de son pédicelle, qui est pourtant articulé; 
la graine elle-même ovale et aplatie contient à son sommet, comme 
dans une niche, l'embryon à radicule supère, qui communique aux 
vaisseaux nourriciers par une arête relevée. 

Les Viburnum de nos deux sections ont, comme les Cornus et la 
plupart des arbrisseaux à feuilles opposées, une ramification dicho- 
tome, qui n’est entièrement régulière que lorsque les deux boutons 
opposés, qui terminent les tiges après la chute du pédoncule, se 
développent avec la même vigueur ; on voit alors, à l'angle de chaque 
dichotomie, les vestiges du pédoncule avorté, et l’on peut s'assurer 
ainsi de l’âge de la plante, depuis l'époque où elle a porté ses graines ; 
l'irrégularité de position des boutons à fleurs et des boutons à bois 
nuit beaucoup sous ce point de vue à la symétrie des Opulus. 

Les J’iburnum n'ont pas, comme les Sambucus, la même organisation 
végétale ; ils présentent, au contraire, autant de différences dans 
leurs développements que nous y avons rencontré de types, et ils en 
offriraient sans doute davantage s’ils étaient mieux connus ; ainsi, 
pour ne parler que des trois espèces indigènes, les Tinus sont des 
arbrisseaux toujours verts, sans enveloppe quelconque et avec des 
graines singulièrement conformées; les Lantana sont tout recouverts 
de poils cotonneux; les Opulus seuls ont des feuilles lisses, molles et 
caduques, et sont protégés par des boutons à écailles coriaces et 
sûrement résineuses. La plupart des espèces américaines ont une 
végétation différente des nôtres. 

Les V’iburnum forment, lorsqu'ils fleurissent, une des belles déco- 
rations de l’année, surtoutles Lauriers-Tins, des bords de la Médi- 
terranée; les cymes élégantes de l'Opulus et ses feuilles pleines de 
fraicheur embellissent nos bois; les espèces américaines font dans 
leur patrie l’un des principaux ornements de ces ruisseaux où ils sont 
si multipliés. 

Les cymes des Tinus, d'abord resserrés , s’étalent pour faire place 
aux fruits; mais je n'ai pas apercu en général, dans les ’iburnum , des 
mouvements spontanés bien remarquables. 


Seconde tribu. — LONICÉRÉES. 


Les Lonicérées ont une corolle gamosépale, plus ou moins tubulée 
et presque toujours irrégulière; leur style est filiforme et leurs trois 
stigmates sont libres ou réunis, 


— 666 — 


PREMIER GENRE. -— Âiervilla. 


Le Diervilla a un calice tubulé, oblong, chargé à la base de deux 
bractées et terminé en limbe quinquéfide, une corolle infondibuli- 
forme, trifide, étalée et plus allongée que le calice, cinq étamines 
peu saillantes, un stigmate capitellé, une capsule oblongue, aigué, 
uniloculaire et non couronnée , un grand nombre de petites semences. 

Des trois espèces décrites par DE Canpozze, deux originaires du 
Japon sont jusqu’à présent inconnues à l'Europe; la dernière, ou le 
Canadensis, qui habite la plupart des montagnes de l'Amérique nord, 
se rencontre dans presque tous les jardins, où elle se conserve sans 
aucun soin; ses fleurs jaunâtres et printanières reparaissent toujours 
enautomne ; elles sont axillaires ou terminales par avortement et dis- 
posées en petits cymes ordinairement triflores; leur efflorescence gé- 
nérale est centripète, mais la particulière est centrifuge; la corolle 
jaune est ensuite orangée et légèrement bilabiée, la lèvre inférieure 
trifide a son lobe moyen plus épais et nectarifère à la base ; les éta- 
mines égales ont des anthères sagittées et introrses; le style velu 
comme la base des filets s'enfonce d'un côté dans le centre de la cap- 
sule, et se termine de l’autre par un stigmate en tête de clou entière- 
ment papillaire et fermant l'entrée de la corolle non encore épanouie. 

La fécondation a lieu un peu avant la floraison, les anthères répan- 
dent leur pollen sur les papilles toutes dévéloppkes des stigmates , et 
de plus sur une belle glande emmiellée placée au fond de la esrollés 
l'humeur nectarifère remplit le tube corollaire, et arrive jusqu'au 
lobe moyen de la lèvre inférieure, que en est imprégné et acquiert une 
teinte foncée. eue 

Le fruit est une capsule infère, qui m'a paru quadriloculaire ou 
biloculaire , polysperme et couronnée par les cinq lobes étalés du 
calice, mais que De Canoe décrit comme uniloculaire et non cou- 
ronnée ; les graines arrondies sont légèrement pédieellées. 

La ee ben des Diervilla est tout à fait semblable à celle des Lo- 
nicera M aieure non grimpants; leurs tiges sont amincies , recou- 
vertes d'une écorce sèche et fendillée; les boutons, souvent multiples, 
surtout aux aisselles supérieures, sont allongés et formés d'écailles 
peu consistantes ; les tiges florales se rompent assez bas, les aisselles 
de l'année précédente sont chargées de boutons à fleurs. 

Le Diervilla forme un sous-arbrisseau traçant, qui ne manque ni 
de fraîcheur, ni d'élégance; sa déformation, qui est moindre que celle 
des Lonicera , consiste dans un nectaire à la base du pétale inférieur , 
dans un stigmate penché et dans une capsule qui devient uniloculaire. 


= 6670 = 


DEUXIÈME GENRE. — Loniceru. 


Le Lonicera a le calice denté, la corolle tubulée, campanulée ou 
infondibuliforme , à limbe quinquéfide et presque toujours irrégulier, 
le style filiforme , le stigmate 'capitellé, la baïe triloculaire et oligo- 
sperme , les semences crustacées. 

Ce genre est formé d’arbrisseaux souvent grimpants, à feuilles 
entières, opposées et quelquefois connées, les fleurs axillaires sont 
diversement disposées. 

On le divise en deux sections : 

- 1° Les Caprifolium ; baïe solitaire, couronnée par le tube persistant 
du calice et souvent uniloculaire à la maturation, tiges grimpantes, 
fleurs en têtes verticillées ; 

2° Les Xylosteum ; baie géminée, distincte et plus ou moins réunie, 
mais non couronnée par le calice, pédicelles axillaires, biflores et 
bibractéolés au sommet, fleurs petites , arbrisseaux droits ou grim- 
pants , feuilles non connées. 

Les Caprifolium se divisent en labiés et en réguliers; les premiers, 
qui me paraissent homotypes, sont indigènes ou Ja plupart origi- 
naires de l'Amérique nord ; leurs feuilles sont soudées ou libres, per- 
sistantes ou caduques, laurinées ou molles et recouvertes de pous- 
sière glauque et de poils glanduleux; leur inflorescence toujours ter- 
minale forme des verticilles plus ou moins nombreux et plus ou 
moins garnis, et les fleurs jaunes ou rougeâtres sont souvent teintes 
de ces deux couleurs; les espèces les plus répandues sont le Caprifo- 
lium, du midi de l'Europe; l’Etrusca, qui lui ressemble beaucoup et 
qu'on trouve en Italie; le Periclymenum, de nos haies, le Parviflora, 
à filets barbus à la base, l'!mpleza, des Baléares ; enfin le Splendida, 
de la Sierra-Nevada, à fleurs très-odorantes et qui diffère de l’Implexa 
par son épi terminal et ses étamines saillantes. 

Les Caprifolium , à fleurs régulières , sont étrangers à l'Europe et 
confinés en Amérique; des trois espèces qu'ils renferment , une seule, 
le Sempervivens, est naturalisée dans nos jardins, où ellé se fait remar- 
quer par ses fleurs écarlates, renflées au sommet , mais peu odorantes. 

Les tiges de ces divers Caprifolium, qui forment des buissons de 
dix à vingt pieds, sont grêles, ligneuses et entortillées ; leurs feuilles 
plus ou moins glauques sont toujours entières et souvent perfoliées 
près du sommet, on remarque à leur aisselle un bouton horizontal et 
conique, qui les empêche de se redresser, et qui est quelquefois 
accompagné d’un ou deux autres boutons plus petits, cette direction 


668 
singulière des boutons est un des caractères distinctifs de notre genre. 

Les tiges effilées sont recouvertes d'une écorce qui se fendille irré- 
gulièrement, et ne porte point de lenticelles; on n’y apercoit pas non 
plus de rupture; les stériles se développent jusqu'à ce qu’elles soient 
arrêtées par la température; les florifères se dessèchent jusqu’à la pre- 
miéere paire de feuilles, et repoussent plus bas. 

Les tiges de tous les Caprifolium et celles de plusieurs Xylosteum 
sont volubles dans un sens déterminé; mais la torsion ne se manifeste 
pas dans les jeunes pousses dont les fibres restent droites , comme on 
peut eu juger par les feuilles qui ont toujours au sommet leurs paires 
opposées ; c'est seulement lorsqu'ils commencent à s’endurcir qu’on 
voit les rameaux se contourner le long des appuis, maïs les brindilles 
ou les rameaux terminés par des fleurs restent toujours droits. 

Les fleurs des Caprifolium de notre seconde division sont réellement 
irrégulières, car le Sempervivens a son lobe inférieur plus long et plus 
large que les autres; la forme des corolles est un tube recourbé inté- 
rieurement en faucille et partagé en deux lèvres, la supérieure qua- 
drilobée et l'inférieure fortement unilobée; ces divisions sont quin- 
conciales, deux extérieures , celle du bas et l'une des quatre autres, 
deux intérieures et une dernière intérieure-extérieure ; on aperçoit 
au-dessous les soudures des pétales unis. 

Les étamines sont alternes aux divisions de la corolle; lorsque la 
fleur s’ouvre, elles se recourbent vers le haut avec le pistil qui les 
domine, et dont le stigmate est une tête papillaire à deux ou trois 
rayons selon le nombre des loges. On apercoit dans la partie resserrée 
et inférieure du tube un nectaire longitudinal et glanduleux, dont 
on reconnaît même la trace sur la partie extérieure aplatie du tube ; 
il donne une grande abondance d'humeur miellée, et il existe sous 
une autre forme dans la section des Xylosteum ; la corolle s'étale dès le 
matin dans les beaux jours, et l’on voit flotter entre ses deux lèvres 
réfléchies les étamines , dont les anthères allongées et pivotantes ont 
déjà répandu leur pollen; car la fécondation est toujours réellement 
intérieure, puisque, avant de sortir de la corelle , le stigmate rabo- 
teux, visqueux et imbu d'humeur miellée, a déjà recu les émanations 
des globules des anthères dont il est même entouré au sommet capu- 
chonné de la corolle. 

Après la fécondation, qui dure un jour pour chaque fleur, la 
corolle tombe, et bientôt elle est remplacée par une baie primitive- 
ment triloculaire, et traversée par un axe central auquel adhèrent les 
graines; on voit à leur sommet un appendice, où est engagée la 
radicule qui communique par un seul point aux vaisseaux pistillaires 
etnourriciers, mais qui, du reste , est libre et comme flottante, 


M 

La section des Xylosteum comprend pour nous trois groupes plus 
ou moins naturels : 

1° Les Vintooæ ; baies entièrement distinctes et tiges grimpantes; 

2° Les Chamæcerasi; baïes libres ou rapprochées à la base et diver- 
gentes au sommet, tiges droites et buissonneuses, corolles à peine 
bossues ; 

3° Les /sicæ; baies réunies en une seule à deux ombilics, tiges 
droites et buissonneuses. 

Les Nintooæ comptent quatorze espèces, originaires du Népaul, 
de la Cine et des Indes orientales ; la seule européenne est le Canes- 
cens, du bassin de la Méditerranée, à corolle bilabiée et amincie à la 
base; les deux plus répandues, parmi les espèces étrangères, sont le 
Confusa, à corolle d'abord blanche et ensuite dorée, que les Chinois 
appellent l’Arbre d’or et d'argent, et le Sinensis ou le Flexuosa, de 
TaunserG, dont les fleurs Liéhgéel sont rouges en dehors et d un 
blanc jaune en dedans; sa fécondation est intérieure, car les anthères 
à pollen blanchätre entourent le stigmate glutineux au sommet de la 
fleur encore fermée. 

Les Chamæcerasi comptent quatre espèces européennes : le Xylos. 
teum, des haies de toute l'Europe jusqu’au Caucase ; le Pyrenaica, 
des rochers calcaires des Pyrénées orientales ; le Migra, de nos forêts 
sous-alpines, dont les pédoncules avant la floraison sont couchés sur 
les feuilles; et enfin l'Arborea, petit arbre du diamètre d'un pied, 
découvert par Edmond Boissier dans les hautes vallées de la Sierra- 
Nevada, et qui s'élève au-delà de vingt-cinq pieds ; ses corolles sont 
d’un bise rose, et ses baies, sessiles et bien séparées, sont noirâtres ; 
la plus commune des espèces étrangères, qui sont très- peu bin! 
breuses, est le Tatarica, arbrisseau charmant qui décore au printemps 
nos bosquets et nos jardins. 

Les Jsicæ , unis intimément aux Chamæcerasi, dont on ne peut les 
séparer physiologiquement, comptent une dixaine d'espèces, origi- 
naires principalement des contrées froides et montueuses de l'ancien 
continent; telles sont : l'{/pigena, à baies didymes et fleurs d'un 
violet livide; le Cærulea , à baie globuleuse, ombiliquée et fleurs jau- 
nâtres; et l'/berica, à fleurs jaunes terminales et latérales dans les 
aisselles supérieures, dont les baies fortement soudées restent cepen- 
dant distinctes; cette section présente dans ses fruits tous les degrés 
de soudure, depuis l’4/pigena, à baies didymes et comme juxtaposées, 
jusqu'au Cærulea, dont la baie quoique unique porte souvent des 
traces évidentes de deux baies soudées, et conserve intérieurement 
ses deux systèmes de semences, dont j'ai compté jusqu'à dix. 


2 670 — 

Les Xylosteum européens de nos deux dernières sections offrent, 
aux articulations de leurs tiges, deux particularités qui méritent d’être 
notées : la première est celle d'une manchette desséchée, qui naît du 
sommet de l'entre-nœud inférieur ; la seconde est celle d'une ou plutôt 
deux paires de bourgeons écailleux, superposés aux bourgeons déve- 
loppés, qui sortent également d'une gaîne écailleuse; ces bourgeons 
supplémentaires, disposés exactement dans le même plan, et dont la 
première paire se développe quelquefois, donnent aux rameaux cette 
position horizontale qui les caractérise; leur manchette ne m'a 
jamais paru mieux développée que dans le Cærulea, joli arbrisseau de 
nos marais montueux, dont le bois est glauque et les fleurs fortement 
déjetées et non pas relevées sur leurs pédoncules, comme dans la 
plupart des Xylosteum. On peut ajouter que les Xylosteum, dont les 
rameaux stériles s’inclinent souvent à l'horizon, ont leurs diverses 
paires de feuilles placées à peu près sur le même plan, ce qui est dû 
sans doute au contournement des entre-nœuds. 

Les tiges des Xylosteum, au lieu de se développer indéfiniment, 
comme celles des Caprifolium, sont au contraire promptement termi- 
nées par un bouton conique, formé d'écailles sèches, opposées deux 
à deux, et d'où sort un rameau portant, aux aisselles de ses feuilles, 
un pédoncule biflore ou un simple bouton ; lorsque l'aisselle a été 
florifère, ce qui arrive fréquemment, elle ne donne plus-ni fleurs ni 
boutons; mais la tige ou le rameau ne périt pas ; au contraire , ilse 
termine presque toujours par trois boutons, celui du sommet et les 
deux latéraux ; le premier avorte quelquefois dans le Xylosteum , le 
Cærulea , le Tatarica , et les autres sont tantôt dressés, comme dans 
l'Alpigena, tantôt horizontaux, comme dans la plupart des espèces 
de la section; les feuilles sont plus ou moins lancéolées, pétiolées et 
par conséquent facilement caduques, caractère qui distingue cette 
section de la précédente. 

L'organe le plus remarquable des Xylosteum , c’est le nectaire, qui 
est une poche renflée à la base de la corolle, et non pas, comme dans 
les Caprifolium , un sillon ou une bande le long du tube; cette poche 
fournit dans le Vigra , l Alpigena , etc., une humeur miellée si abon- 
dante, qu’elle remonte hors du tube et humecte les lobes de la corolle, 
ainsi que les bases souvent velues des étamines. Je n’ai pas examiné de 
près la fécondation dans les diverses espèces; mais je ne doute pas 
qu'elle n’ait lieu dans l’intérieur de la corolle, par le pollen que répan- 
dent les anthères sur l'humeur miellée, qui imprègne de bonne 
heure le stigmate. | 

L'efflorescence des Lonicera est centripète; dans les Caprifolium, 


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dont les fleurs sont terminales, c'est toujours le verticille inferieur 
qui s'ouvre le premier; dans les Xylosteum, ce sont les deux fleurs 
de l’aisselle inférieure qui paraissent avant les autres; les fleurs de ces 
derniers se redressent sur leurs pédoncules au moment de s'épanouir, 
et l'on peut voir, dans les beaux jours du printemps, tous les rameaux 
fertiles d'un même buisson chargés chacun de leurs quatre fleurs 
diurnes opposées deux à deux; mais dans les Caprifolium, les fleurs 
du même verticille ne s’'épanouissent pas le même jour ; toutefois il ne 
faut pas imaginer qu'il y ait entre ces deux sections une différence 
toujours très-marquée; ainsi le Parviflora, de l'Amérique nord, que 
Ds Canpozce place parmi les Caprifolium, a bien les feuilles soudées, 
les tiges volubles, les fleurs terminales et verticillées, mais ses fleurs 
sont labiées, raccourcies et étalées comme celles des XYylosteum, dont 
elles ont le cornet nectarifère. 

Les baies des Xylosteum, observées assez long-temps avant la ma- 
turité, ne conservent plus de loges, mais contiennent seulement, 
dans une pulpe assez épaisse, deux à cinq semences difformes et dis- 
posées à peu près sans: ordre; l'embryon est court, cylindrique et 
toujours niché au sommet. 

Les Lonicera présentent, dans leurs feuilles et surtout dans leurs 
fleurs, les exemples les plus frappants de ces soudures et de ces avor- 
tements si fort multipliés dans la nature, et qui doivent être princi- 
palement attribués à l'existence du nectaire, auquel l’ordre et la 
symétrie ont toujours été sacrifiés, parce qu’il avait à remplir le 
grand ouvrage de la fécondation. J'ajoute que, lorsque les fleurs des 
Lonicera sont terminales, les tiges sont grimpantes, tandis qu’elles 
restent droites dans les cas contraires; car il n’en pouvait pas être 
autrement, ni pour la fécondation , ni pour la maturation, et je ne 
connais aucun exemple de Eu à tiges grimpantes, dons les fleurs 
soient latérales. 

Je termine en remarquant que les Lonicera et surtout les Caprifo- 
lium sont aussi distingués par leur élégance et la variété de leurs 
couleurs, que par l'excellence de leur odeur ; aussi sont-ils multipliés 
dans nos bosquets et nos jardins, où ils forment au printemps des 
berceaux et des guirlandes pleines dé grâce et de fraîcheur ; les espèces 
étrangères se sont ici associées aux indigènes, pour embellir la 
demeure de l'homme et multiplier ses jouissances. 


TROISIÈME GENRE. — SyMmphoricarpos. 


Le Symphoricarpe a un calice de quatre à cinq dents, une corolle 
infondibuliforme d'autant de lobes à peu près égaux , cinq étamines 
légèrement saillantes , un stigmate demi-globuleux, un ovaire adné, 
quadriloculaire, à loges fertiles uniovulées, une baie couronnée par 
le calice et renfermant deux loges monospermes et deux vides. 

Les Symphoricarpes habitent l'Amérique nord et le Mexique; les 
premières , au nombre de deux , ont les fleurs en grappes, et les trois 
autres les ont solitaires aux aisselles des feuilles; ce sont tous 
des arbrisseaux droits, buissonneux, à rameaux dichotomes et 
nombreux, à feuilles ovales et très-entières, à pédoncules courts, 
uniflores ou multiflores et ordinairement axillaires; leurs fleurs bibrac- 
téolées sont petites, blanches ou roses et presque sessiles. 

Les Symphoricarpes américains, seuls cultivés, portent au sommet 
de leurs branches des boutons, qui donnent naissance à des rameaux 
allongés , chargés à leurs aisselles de petits paquets de fleurs, cachés 
sous les feuilles dans le Vulgaris, mais disposés en grappes terminales 
dans le Racemosa ; cette forme d'inflorescence est moyenne entre celle 
des Xylosteum et des Caprifolium ; car les fleurs petites, évasées, légè- 
rement déformées et d'abord disposées deux à deux dans les aisselles 
supérieures, ne deviennent terminales que par l'avortement des 
feuilles. 

L’estivation de la corolle est imbricative, et son tube renflé infé- 
rieurement porte sur un de ses côtés une bande nectarifère; la fécon- 
dation a lieu avec l'épanouissement; le pollen tombe sur les poils 
humides qui entourent les anthères et garnissent le fond de la corolle; 
en sorte que la tête papillaire et visqueuse du stigmate est entière- 
ment imprégnée des globules polliniques et de leurs boyaux fécon- 
dateurs, 

Les baies du Symphoricarpe commun sont rougeâtres, globuleuses, 
et des quatre loges qu'elles renfermaient d’abord, deux disparaissent 
de bonne heure et les deux autres renferment chacune une semence 
ovale, aplatie, à enveloppe cartilagineuse; celles du Racemosus sont 
au contraire d'un blanc de corail et remplies à l'intérieur d’une pulpe 
granulée de même couleur; on apercoit au centre deux graines 
osseuses, dégagées de toute enveloppe. 

Le Symphoricarpe commun est une plante sans éclat, à feuil'es d’un 
vertsale etfleurs très-peu visibles; l'autre, au contraire, est un arbris- 
seau élégant, d’un feuillage frais et dont les fleurs d’un rose incarnat 


— 673 — 


se succèdent jusqu'en automne, et sont remplacées par des baies de 
corail. 


QUATRIÈME GENRE. — Linnæa. 


Le Linnæa a un calice de cinq divisions lancéolées et caduques, une 
corolle à peu près campanulée et quinquélobée, quatre étamines 
didynames et non saillantes, un stigmate globuleux, une baie légère- 
ment succulente, petite, triloculaire qui selon R. Browx a deux loges 
polyspermes et stériles et une troisième monosperme et fertile. 

Le Linnæa boralis, unique espèce de ce genre, est un petit sous- 
arbrisseau rampant qu'on trouve dans les bois de Sapin du nord de 
l'Europe et de l'Amérique, ainsi que dans la Sibérie; il descend même 
jusque dans les forêts de l'Allemagne, de la Suisse et de la Savoie, où 
il forme des tapis étendus d'un beau vert; ses fleurs, géminées sur 
un pédoncule bifide qui termine de petits rameaux, sont chacune 
pourvues , au-dessous de l'ovaire, de deux bractées qui ressemblent à 
un second calice infère; les feuilles opposées sont dentées; les fleurs, 
d'un blanc teint en rose, sont penchées, et répandent surtout la nuit 
une odeur très- agréable, 

Cette plante, qui a beaucoup de rapport avec les Xylosteum, par 
ses fleurs axillaires et géminées, porte des tiges filiformes, dont les ex- 
trémités jettent des radicules par lesquelles elle se propage, tandis 
qu'en même temps elle est protégée en hiver par de petits boutons. 

Les anthères sont renfermées dans le tube velu de la corolle, beau- 
coup plus grande que le calice ; l'ovaire fortement velu se termine par 
un stigmate renflé, en sorte que je ne doute pas que la fécondation 
n'ait lieu, comme dans les Symphoricarpes, par le concours de l'hu- 


meur miellée. La baie toujours monosperme est renfermée entre deux 
bractées. 


Soixante-dix-septième famille, — Æubiacées. 


Les Rubiacées ont un calice à tube adhérent et limbe variable ; une 
corolle gamasépale , insérée au sommet du tube calicinal et divisée 
ordinairement en quatre ou cinq loges en estivation valvaire ou tor- 
due; des étamines alternes aux pétales , des anthères ovales, bilocu- 


IL, 43 


— 674 — 


laires et introrses, un ovaire soudé au tube calicinal, ordinairemert 
biloculaire ou multiloculaire et couronné par un urcéole charnu,, un 
style unique, deux stigmates souvent distincts, quelquefois plus 
nombreux, séparés et soudés, un fruit capsulaire bacciforme ou 
drupacé à deux ou plusieurs loges, des semences attachées par la base 
ou le sommet dans les loges monospermes et à un placenta central dans 
les polyspermes , un albumen corné ou charnu, un embryon niché au 
milieu de l’albumen, des cotylédons foliacés et une radicule dirigée 
vers l'hilus. 

Cette famille renferme des arbres, des arbrisseaux et des herbes, 
à tiges et rameaux cylindriques ou tétragones; les premiers, tous 
étrangers à l'Europe, sont répandus dans les régions intertropicales, 
où l’on en découvre tousiles jours de nouveaux; les autres habitent 
la plupart au milieu de nous, et c'est pourquoi nous les décrirons en 
détail. | 

Ne peut-on pas dire que les Rubiacées, et en général, les fleurs à 
ovaire infère sont des plantes dans lesquelles les verticilles floraux ont 
été intervertis, et que le verticille calicinal a été suivi du verticille 
carpellaire, puis du verticille corollaire et enfin de l'anthérifère ? 


Première tribu. — GARDÉNIACÉES. 


Les Gardeniacees sont des Rubiacees à fleurs distinctes et non 
réunies en capitules. 


PREMIER GENRE. — Burchellia. 


Le Burchellia a le tube calicinal obové et le limbe prolongé au- 
dessus de l'ovaire profondément quinquéfide, la corolle infondi- 
buliforme à ouverture nue, à lobes courts à estivation imbriquée et 
tordue, cinq étamines dont les filets sont adnés au tube corollaire et 
dont les anthères sont allongées et non saillantes; le stigmate terminé 
en massue est comme formé de deux stigmates soudés, et porte exté- 
rieurement cinq arêtes convexes et autant de rangs de poils collecteurs 
que les anthères ont de loges; la baie, couronnée par le calice, est 
biloculaire, turbinée et un peu globuleuse; les placentas sont adnés 
à la cloison, et les semences anguleuses ont l'embryon axile. 

Ce genre est actuellement formé de deux arbrisseaux du Cap, à 
feuilles ovales et légèrement pétiolées ; leurs stipules interpétiolaires 
sont larges et caduques; les fleurs disposées en tête au sommet des 


— 675 — 
rameaux et sessiles sur un réceptacle velu sont séparées par de légères 
bractéoles , et entourées de la dernière paire de feuilles. 

Le Capensis de nos jardins a, comme le Parviflora, les fleurs d'un 
bel écarlate; ses anthères, introrses et sessiles vers lesommet du tube, 
serrent étroitement les poils collecteurs du stigmate, en sorte que sa 
fécondation ne ressemble pas mal à celle des Campanules ; le nectaire 
est un beau disque à bords glutineux, et la base de la corolle porte 
un anneau de poils au-dessous desquels s'infiltre l'humeur miellée, 


Je ne connais pas la seconde espèce qui paraît homotype à la pre- 
mière. 


SECOND GENRE. — Gardenia. 


Le Gardenia a le tube calicinal souvent marqué de côtes, le limbe 
tubulé et différemment conformé; la corolle infondibuliforme ou 
hypocratériforme a un tube allongé et un limbe en estivation tordue, 
divisé en plusieurs lobes; les anthères, en même nombre que les 
divisions de la corolle, sont linéaires et presque sessiles à l'entrée du 
tube; le stigmate est une massue bifide ou bidentée, à lobes épais et 
redressés; l'ovaire a des dissépiments incomplets; la baie couronnée 
par le calice est charnue et partagée en loges imparfaites comme 
l'ovaire ; les semences sont petites et attachées à des placentas parié- 
taux et charnus, l'embryon.est vague. 

Les Gardenia sont des arbres ou des arbrisseaux, la plupart ori- 
ginaires des Indes orientales ou de la Chine, mais dispersés aussi au 
Cap, sur la côte occidentale de l'Afrique ou dans l'Amérique méri- 
dionale ; leurs feuilles ovales sont opposées ou rarement verticillées, 
leurs fleurs axillaires ou terminales sont souvent solitaires, blanches 
avant l'épanouissement et ensuite jaunâtres. 

Ge genre, composé déjà de près de quarante espèces, est encore 
mal divisé, parce que les plantes qui le forment, et qu'on partage en 
inermes et épineuses, sont peu connues, surtout par rapport au fruit, 
qui est ici le principal caractère ; les arborescentes, telles que l'Arborea 
et le Gummifera perdent leurs feuilles pendant l'hiver, et donnent 
une résine jaune qui transsude des écailles de leurs boutons; quelques- 
unes, sont cultivées dans les jardins de la Chine , à cause de la beauté 
et du parfum de leurs fleurs. , 

Les espèces qu’on rencontre le plus communément dans nos serres 
sont le Verticillata, du Cap, à fleurs grandes et très-odorantes; le 
Latifolia, à feuilles arrondies et fleurs en forme de coupe; le Radicans, 
dont la tige donne des rejets, et enfin le Florida, plus répandu que 


— 676 — 
les autres, et que les jardiniers désignent sous le nom de Jasmin 
du Cap. 

Cette dernière plante, dont les rameaux sont terminés par un bouton 
de deux à quatre écailles , qui renferme des feuilles roulées en dehors 
sans apparence de stipules, est aussi remarquable par son feuillage 
lisse et d’un beau vert, que par ses fleurs simples ou doubles, à odeur 
de vanille; elles sont axillaires et pédonculées, avec un calice à cinq 
côtes, terminé par cinq lobes velus; les pétales, au nombre de cinq, 
et qui dans la floraison se disposent en deux lèvres, sont inégaux, à 
estivation tordue et valvaire indupliquée; les cinq étamines naissent 
du torus, et leurs anthères introrses enveloppent entièrement le stig- 
mate, sur lequel elles répandent, avant l'anthèse, leur pollen grisätre ; 
le style est cylindrique et velu au sommet; le stigmate est une voûte 
cornée, aplatie, légèrement échancrée au milieu et bordée de cils 
blancs, nombreux et destinés à retenir le pollen ; le nectaire doit être 
l'urcéole qui entoure intérieurement la base du calice; la capsule est 
biloculaire, et les semences aplaties sont bisériées sur l'axe central ; la 
végétation suspendue en hiver recommence de bonne heure. 


Deuxième tribu — COFFÉACÉES. 


Les Coffeacées ont le fruit bacciforme, à deux loges, renfermant 
chacune un noyau osseux ou crustacé et ordinairement sillonné ; l'al- 
bumen est corné et l'une des deux semences avorte quelquefois; ces 
plantes sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles opposées et sti- 
pules interpétiolaires, réunies ou distinctes. 


PREMIER GENRE. — Îxora. 


L'Ixora a un limbe calicinal quadridenté, une corolle hypocratéri- 
forme à tube aminci et terminé par un limbe à quatre divisions étalées, 
quatre anthères à peu près sessiles dans l'intérieur du tube, un style 
légèrement saillant et bifide, des stigmates divergents ou roulés , une 
baie drupacée, globuleuse, uniloculaire et couronnée, des pyrènes 
merbraneux, bossus et monospermes, un albumen cartilagineux, un 
embryon dorsal et rvcourbé, une radicule allongée, des cotylédons 
foliacés. 

Ce genre comprend un grand nombre d'arbrisseaux quelquefois 
arborescents, et presque tous originaires des Indes orientales ou des 
îles adjacentes ; leurs feuilles sont opposées, et leurs stipules élargies 


6m 
sé terminent en pointe aiguë ou sétacée; leurs fleurs terminales sont 
disposées en corymbes ordinairement trichotomes, et les feuilles 
presque toujours persistantes sont quelquefois ternées. 

Ces plantes sont distinguées par leurs belles fleurs écarlates, roses 
ou blanches qui parfument nos serres une grande partie de l'été; la 
plus répandue est le Grandiflora, de la Chine, ou le Coccinea des 
jardiniers, superbe arbrisseau à feuilles persistantes et fleurs termi- 
nales, à pédoncules plusieurs fois ternés; sa fécondation, et sans 
doute aussi celle des autres espèces, s'opère par le concours de l'hu- 
meur miellée; on voit, un peu avant l'épanouissement, les deux lobes 
allongés et papillaires du stigmate tout recouverts de cette humeur, 
qui, partie du nectaire placé à la base de l'ovaire, est montée par le 
style jusqu'au sommet de la fleur; les quatre anthères allongées, ses- 
siles et placées au dessous du stigmate , laissent tomber leur pollen 
au fond de la fleur où il est recu par les poils humides, qui tapis- 
sent le bas du tube corollaire; les globules polliniques s'ouvrent alors, 
et renvoient leurs émanations ou leurs boyaux fécondateurs jusqu’au 
stigmate. 

Sans doute que les autres espèces présentent des modifications ‘à 
cette forme de fécondation, qui appartient essentiellement à tout le- 
genre. 


SECOND GENRE. — Coffea, 


Le Coffea a un limbe calicinal de quatre à cinq dents, une corolle- 
tubulée, infondibuliforme, à quatre ou cinq lobes allongés, quatre à 
cinq étamines insérées au sommet ouau milieu du tube, un style bifide,. 
une baie ombiliquée, nue ou couronnée, à deux coques membraneuses. 
et monospermes, une semence convexe au dehors, plane à l'intérieur 
et sillonnée longitudinalement, un embryon droit, unalbumen corné, 
une radicule cylindrique et obtuse, des cotylédons foliacés. 

‘Ce genre comprend environ trente-cinq arbres ou arbrisseaux, ori- 
ginaires des Indes orientales, de l'Arabie, de l'Afrique et de l'Amérique 
équinoxiales, mais ils sont encore si peu connus qu'il est difficile de 
les séparer en sections. 

La principale espèce est l’Arabica, à feuilles persistantes et accom- 
pagnées, comme dans la plupart des autres espèces, des stipules inter- 
pétiolaires ou adnées au pétiole; ses pédoncules axillairés et réunis au 
nombre de quatre à cinq, portent une corolle blanchâtre quinquéfide, 
à laquelle succède une baie qui ressemble beaucoup à une cerise; les 
tiges à rameaux naturellement dichotomes ont une écorce qui s'enlève 


— 678 — 


par lambeaux , et se développent indéfiniment ; les cinq anthères sont 
introrses litéssloué et les stigmates sont Hiforaées et papillaires; je ne 
connais pas encore sa fécondation. 

Les autres espèces de Coffea ont des semences analogues à l’Arabica 
et des feuilles également persistantes; leurs rameaux se terminent aux 
approches de l'hiver par des boutons écailleux. 


Troisième tribu. — SPERMACOCÉES. 


Les Spermacocées ont le stigmate bilamellé, un fruit sec ou légère- 
ment charnu, formé de deux et rarement FA trois ou quatre méri- 
carpes monospermes, adhérents ou libres et indéhiscents, à albumen 
charnu et un peu corné. 

Ces plantes ont toutes les feuilles opposées, les stipules membra- 
neuses à la base et ordinairement sétacées au sommet. 


PREMIER GENRE. — Cephalanthus. 


Le Cephalanthus a le calice pyramidal, terminé par un limbe 
anguleux à quatre dents, la corolle tubulée, amincie et quadrifide, 
les quatre étamines courtes et insérées au sommet du tube, le style 
saillant, le stigmate en tête, un fruit en pyramide renversée comme 
le calice, à deux ou peut-être quatre divisions et autant de loges 
monospermes libres, indéhiscentes et quelquefois vides par avorte- 
ment, des semences oblongues ; portant au sommet un épiphyse 

calleux, un embryon renversé, un albumen légèrement cartilagineux 
et une lie supère. 

Ce genre, encore mal défini, est probablement formé de trois 
arbrisseaux monotypes, originaires de l'Amérique, et dont les rameaux 
cylindriques ont les feuilles opposées ou ternées, et les stipules cour- 
tes, distinctes ou légèrement réunies; les pédoncules, qui naissent 
aux aisselles supérieures ou au sommet des tiges , sont nus et terminés 
en tête globuleuse; les fleurs portées sur un réceptable sphérique et 
velu sont nombreuses, sessiles et d’un blanc grisâtre. 

L'espèce ee. ou l'Occidental, des marais de l'Amérique 
boréale, est un sous-arbrisseau de Rae pieds, à boutons placés 
dd HLR de l’aisselle et d'abord cachés sous l'écorce, à feuilles cadu- 
ques et cartilagineuses sur les bords; les fleurs ont HE calice recou- 
vert d'un vernis rougeâtre et résineux qui les préserve de l'humidité, 
leur corolle est d’abord verte, ainsi que les étamines, qui s’apércoivent 
par transparence avant la floraison. 


16 = 

L'efflorescence générale est centrifuge; mais la partielle est à peu 
près simultanée, car toutes les fleurs du même capitule s'épanouissent 
presque en même temps, en sorte que dans leur grand nombre aucune 
n’est étouffée; la fécondation est intérieure, et au moment même où 
elle a lieu, les anthères, sessiles au sommet du tube, recouvrent de 
leur pollen jaunâtre, le stigmate globuleux et un peu quadrangulaire 
qui est sans doute imprégné d'humeur miellée ; ensuite la corolle 
s'ouvre et le style s'allonge beaucoup au-dessus de la corolle. 

Les botanistes ne sont pas d'accord sur la conformation des péri- 
carpes du Cephalanthus. GxrTNER, qui paraît les avoir examinés soï- 
gneusement, y a reconnu quatre loges indéhiscentes, dont deux 
avortent quelquefois, et dont les deux autres renferment chacune une 
semence couronnée par un épiphyse en forme de fer à cheval; dans 
nos jardins, ces péricarpes sont ordinairement inféconds, en sorte que 
Yon multiplie la plante de marcottes; mais j'ai vu distinctement sur 
le stigmate quatre arêtes longitudinales correspondant à quatre bandes 
stigmatiques sur lesquelles se fixait le pollen. 

Le Cephalanthus occidentalis est un arbrisseau à feuilles jaunâtres 
et fleurs sales, assez promptement ferrugineuses; il donne chaque 
année de ses aisselles dès rameaux qui périssent après avoir développé 
leurs fleurs, et sont de plus chargés d'un grand nombre de lenticelles, 
d'où sort une substance semblable à de la moëlle desséchée; les pé- 
doncules sont quelquefois soudés le long de la tige à une assez grande 
hauteur, et les fleurs séparées par des écailles ont l'estivation imbri- 
quée et non valvaire. 

Elles m'ont paru dépourvues dèémouvements comme le reste de la, 
plante. 


DEUXIÈME GENRE. — Borreria. 


Le Borreria a un calice dont le limbe est terminé-par deux à quatre 
dents, une corolle hypocratériforme ou infondibuliforme et toujours 
quadrilobée, quatre étamines saïllantes ou non saillantes, un stigmate 
bifide ou entier, une capsule couronnée, biloculaire, septicide et dé- 
hiscente au sommet ; les coques monospermes s'ouvrent à la maturité 
par une fente longitudinale. 

Ces plantes, dont l'on compte déjà près de quatre-vingts espèces , 
la plupart inconnues à l'Europe, sont des sous-arbrisseaux ou des 
herbes qui appartiennent presque toutes à l'Amérique méridionale 
et surtout aux Antilles, à la Guiane et au Brésil ; leurs tiges et leurs 
rameaux sont ordinairement tétragones , leurs feuilles opposées pa- 
raissent souvent verticillées par le dévelnprement des rameaux axil- 


— 680 — 
laires, les stipules adhérentes aux pétioles et plus ou moins engainées 
sont bordées de nombreuses franges, les fleurs verticillées aux aiselles 
sont quelquefois terminées en corymbes ou en cymes. 

Ce genre se divise en groupes primaires, fondés sur la forme de 
l'inflorescence, et en groupes secondaires, déterminés principalement 
par le me cu des dents du calice; ses espèces diverses se trouvent 
très-rarement dans nos jardins, parce qu'elles ont un port peu élégant, 
et que leurs fleurs petites, blanches ou bleues, sont toujours sans 
éclat; cependant elles se conserveraient aisément, parce qu’elles sont 
souvent annuelles et qu'elles supportent assez bien les intempéries. 

Celle que j'ai sous les yeux est le Capitellata, ainsi appelé de ses 
fleurs rassemblées en verticille terminal très-serré; ses tiges sont her- 
bacées, tétragones et un peu fistuleuses; les stipules, engainées aux 
pétioles sont bordées de trois à sept dents sétacées, pourvues de six à 
quatorze arêtes; le calice velu à la base a tantôt deux, tantôt trois 
petites dents; la corolle est blanche, trifide ou quadrifide; les éta- 
mines saillantes ont les anthères bilobées et le style bifide est terminé 
par deux stigmates globuleux et papillaires; la fécondation s'opère à 
l'air libre et le fruit est formé de deux méricarpes ou carpelles.com- 
plets et soudés; la radicule est supère et la cloison disparait pendant 
la maturation ; l'Ascendens, qui appartient à la même division par les 
quatre dents de son calice, et dont les fleurs blanches et hypocratéri- 
formes m'ont paru toujours quadrifides, a au contraire la fécondation 
intérieure; son stigmate est globuleux, ses anthères presque sessiles 
et introrses entourent l'ovaireetle tube est exactement fermé pendant 
la floraison par une collerette serrée de poils blancs. Je n'ai pas de 
doute que la fécondation ne s'opère par l'humeur miellée du nectaire, 
et que le stigmate, comme dans le Galium, n’en soit imprégné dans 
le fond de la fleur , où il est déjà tout formé. 

Les Borreria ont tout-à-fait le port des Sr avec lesquels ils 
ont été souvent confondus. 

Leurs verticilles sont formés de deux feuilles connées, opposées et 
qui donnent naissance à leurs aisselles à d’autres feuilles opposées, 
rapprochées des premières avec l'apparence de feuilles verticillées ; 
chacune de ces feuilles est accompagnée de deux stipules sétacées , et 
la réunion de ces stipules forme autour de chaque verticille une 
espèce d'involucre. : | 

La division des Borreria en espèces à deux et à quatre dents calici- 
nales est peu exacte, car le Cupitellata a tantôt deux, tantôt quatre 
dents et plus souvent deux que quatre ; la corolle est aussi plus sou- 
vent trifide que quadrifide. 

Ces plantes n'ont rien d'agréable ni dans le port ni dans la fleur. 


— 681 — 
TROISIÈME GENRE. — Richardsonia. 


Le Richardsonia a un calice dont le tube est globuleux et dont le 
limbe est formé de quatre à sept dents plus ou moins inégales; la 
corolle est infondibuliforme , à tube légèrement conique et limbe de 
trois à cinq lobes en estivation valvaire ; les étamines , en même nom- 
bre que les divisions de la corolle, ont les filets saillants, le style divisé 
au sommet en trois ou quatre branches chargées chacune d’un stig- 
mate en tête; la capsule couronnée par le calice se rompt horizon- 
talement à la base et laisse à découvert trois ou quatre coques indé- 
hiscentes , qui se séparent à la dissémination; la semence en forme de 
bouclier est attachée par le côté à un axe central, l’albumen est charnu 
et comme corné. | 

Ce genre, qui se divise artificiellement d'après le nombre deslobes 
de sun calice, comprend des plantes herbacées, vivaces, rampantes, 
originaires de l Amérique méridionale et principalement du Brésil; la 
plus connue est le Scabru, qui fleurit très-bien dès la première année 
dans nos jardins, et se distingue à ses feuilles épaisses, ovales ou ovales- 
lancéolées, rudes et ciliées sur les bords, les fleurs, petites, blanches 
avec des teintes roses, réunies en têtes planes au sommet des tiges et 
des rameaux, s’'épanouissent successivement du centre à la circonfé- 
rence , de manière que l’efflorescence est centrifuge. La fécondation 
a lieu directement par les anthères introrses, qui répandent leur 
pollen blanchâtre sur les trois stigmates veloutés, extrorses et papil- 
laires d’un beau blanc; la corolle ne tarde pas à se détacher laissant à 
découvert le fruit couronné par les lobes étalés du calice, qui montre 
à son centre l'anneau corollifère. 

Les feuilles sont opposées et liées entre elles par une bride ou 
collerette chargée dans son contour d’arêtes inégales et assez rudes; 
si ces arêtes s'étaient élargies, elles seraient devenues de vraies feuilles, 
dont l'ensemble aurait formé un verticille. Telle est peut-être l'origine 
des feuilles verticillées de nos Rubiacées eurvpéennes; on n’a qu'à sup- 
poser, pour comprendre leur formation, que la bride ou la collerette 
a disparu , et que les arêtes ou les dents se sont élargies en feuilles. 


QUATRIÈME GENRE. — (rusea. 
v 
Le Crusea a un tube calicinal, ovale, didyme, et dont le limbe, 
resserré à la base au-dessus de l'ovaire, est profondément fendu et 
non pas véritablement divisé en quatre lobes linéaires, ondulés, et 


— 682 — 


quatre autres accessoires plus petits ; la corolle est hypocratériforme, 
à long tube, un peu conique au sommet et limbe quadrilobé; le fruit 
est formé de deux coques indéhiscentes, monospermes, qui se sépa- 
rent enfin d'un axe persistant, plane, membraneux et chargé du 
calice. 

Ce genre comprend dans le Prodrome quatre espèces, originaires 
du Mexique, de la Nouvelle-Espagne ou de l'île de Cuba, et qui sont 
des herbes quelquefois sous-frutescentes à la base et toujours redres- 
sées ou ascendantes; les feuilles sont opposées et ovales-lancéolées ; 
les stipules vaginales et terminées par des arêtes ciliées; les fleurs en 
têtes ombelliformes sont terminales, rouges et entourées d’un invo- 
lucre. 

La plus répandue est le Rubra , herbe annuelle, à feuilles marquées 
de fortes nervures, et stipules couronnées de sept ou huit arêtes 
ciliées; les fleurs réunies aux aisselles de la dernière paire de feuilles, 
et par conséquent terminales, ont un calice dont les quatre divisions 
supérieures sont étalées, une corolle à tube long et terminé par quatre 
divisions linéaires et valvaires, quatre étamines insérées entre les 
divisions de la corolle, et dont les anthères saillantes ont un connectif 
élargi, et ne s'ouvrent que sur leur côté aminci; le stigmate, d'abord 
enfoncé au sommet du tube, s'élève ensuite à la hauteur des étamines, 
mais il ne se fend au sommet en deux lobes papillaires intérieurement, 
que lorsque les étamines sont défleuries, c'est-à-dire lorsqu'il a recu les. 
émanations polliniques du nectaire. 


CINQUIÈME GENRE. — Spermacoce. 


Le Spermacoce a un calice dont le limbe porte deux à quatre dents, 
et souvent quelques autres accessoires; la corolle infondibuliforme ou 
hypocratériforme est toujours quadrilobée; le stigmate est bifide ou 
entier, la capsule ordinairement couronnée est biloculaire, à coques 
monospermes séparées de la base au sommet; l’une des deux loges ne 
s'ouvre jamais ; l’autre, au contraire, s'ouvre toujours, les semences 
solitaires sont oblongues, ovales et marquées intérieurement d’un 
sillon longitudinal. 

Ce genre est composé de sous-arbrisseaux ou d'herbes ordinaire- 
ment annuelles, à tiges et rameaux souvent tétragones ; les feuilles. 
sont opposées, et les stipules, engaïînées aux pétioles, ont, comme 
dans les Borreria, les bords frangés ou sétacés ; les fleurs petites, 
blanches ou bleues, sont axillaires, nombreuses, sessiles, verticillées 
ou demi-verticillées, 


— 683 — 


Le Spermacoce compte actuellement environ soixante espèces, dont 
la moitié seulement a ses fruits bien connus, et dont les autres ont 
besoin d’être encore vérifiées; elles ont été classées artificiellement 
d'après leurs localités en quatre groupes : 1° celles de l'Amérique ; 
2° celles de l'Afrique ; 3° celles des îles Maurice et de Madagascar; 
4° celles des Indes orientales. 

De toutes ces espèces, la plus connue est le Tenuior, cultivé depuis 
long-temps dans nos jardins, où il se ressème , et qui, originaire des 
Antilles, s’est propagé d'un côté jusqu'au Pérou, et de l’autre jusqu’à 
la Caroline; les feuilles plus ou moins hérissées ont leur surface infé- 
rieure couverte d’une assez grande quantité de glandes noirâtres, sem- 
blables à celles de l’Anagallis arvensis , et sont bordées à la base de 
petites arêtes stipulacées. 

Une seconde espèce est le Longifolia , à feuilles allongées et stipules 
formées de cinq à sept arêtes ciliées et alternes aux feuilles; les fleurs 
petites, blanches et semblables à celles du Tenutor, sont sessiles sur 
le verticille supérieur, et ont un stigmate en tête papillaire; le tube 
de la corolle est fermé de poils blancs et entouré à sa base d'un nec- 
taire relevé et circulaire. 

Une troisième est l'Hispida, des Indes orientales, à tige légèrement 
tétragone et feuilles opposées, hispides et connées ; ses fleurs axillaires 
et verticillées ont un calice à quatre divisions, quatre étamines à 
anthères introrses, un stigmate en tête papillaire et bifide ; la capsule 
recouverte du calice est osseuse, et renferme deux semences cornées ; 
la corolle blanchâtre, infondibuliforme et assez semblable à celle des 
Aspérules, renferme dans son intérieur quatre étamines à filets très- 
courts et recouverts de poils blancs, qui ferment l'entrée du tube 
corollaire et concourent sans doute à la fécondation ; le style est bifide 
au sommet et le stigmate est double; le fruit est couronné par les 
quatre dents du calice, l'embryon est dorsal et la radicule infère. 

Le caractère le plus remarquable de ce genre, c’est celui de la cap- 
sule formée de deux coques inégales, appliquées l’une contre l'autre ; 
l’une chargée d’une seule dent calicinale et l’autre de trois; cette 
dernière se sème sans s'ouvrir, tandis que l’autre se fend longitudi- 
nalement près de la cloison; le but de ce singulier arrangement est la 
séparation des deux graines, et le moyen employé est aussi court 
qu’ingénieux. La fécondation s'opère encore ici par l'humeur miellée, 


Sous-tribu. — PuüuTorIÉES. 


Les Putorices ont le fruit plus ou moins charnu et non divisé. 


— 684 — 


PREMIER GENRE. — Serissa. 


Le Serissa a le tube allongé, ordinairement quinquéfide et entre- 
mêlé de quelques dentelures, la corolle infondibuliforme, velue 
intérieurement, à limbe quinquéfide ou quadrifide, autant d'étamines 
que de divisions, des anthères linéaires et saillantes, un style non 
saillant et un stigmate bifide. 

Ce genre est formé d'un seul arbrisseau, à rameaux blanchîtres, 
cultivé de temps immémorial dans la Chine et aux Indes; ses feuilles 
opposées, presque sessiles et souvent fasciculées dans les aisselles, 
répandent une mauvaise odeur lorsqu'on les broie; les stipules sou- 
dées aux pétioles sont ciliées et frangées sur les bords; les fleurs, à peu 
près fasciculées, sont petites, d'un blanc de neige et presque toujours 
doublées; l'estivation de la corolle est indupliquée, et les extrémités 
des lobes sont trifides. 

Les feuilles tombent chaque hiver, mais les stipules se dessèchent 
et font partie d'une gaïîne foliacée qui se termine par six arêtes. 


SECOND GENRE. — Puloria. 


Le Putoria a le tube calicinal ovale et terminé par un limbe eourt 
à cinq petites dents, une corolle hypocratériforme, à tube allongé, 
cylindrique et terminé par quatre lobes aigus, des étamines insérées 
au sommet du tube et à peine saillantes, des anthères oblongues et 
linéaires, un stigmate bifide, une baie ombiliquée et biloculaire, une 
semence oblongue, solitaire dans chaque loge. 

Ce genre ne comprend que le Putoria calabriea ou 'Asperula cala- 
brica de Lin, petit arbrisseau qui habite les rochers calcaires de là 
Calabre, de la Sicile, de la Crète, de la Syrie et du pied de l'Atlas 
dont il tapisse les pentes de ses gazons serrés; ses tiges sont carrées 
et noueuses , comme celles des Stellatæ ; ses feuilles, qui donnent une 
forte odeur par le frottement, sont opposées, oblongues, linéaires. 
et obtuses ; ses stipules, solitaires des deux côtés, manquent souvent 
sur les rameaux stériles, ses fleurs sont roses et terminales, et son 
inflorescence est celle des Aspérules auxquelles elle ressemble beau- 
coup par le port. 

A l'époque de la floraison, les divisions de la corolle se roulent en 
dehors, mais la fécondation s'opère toujours par le concours de l’hu- 
meur miellée; le calice se transforme en baie pour envelopper les 
semences. 


— 685 — 
Quatrième tribu. — ANTHOSPERMÉES. 


Les Anthospermées ont les fleurs quelquefois dioïques, la corolle 
en roue, deux styles séparés dès la base et terminés en stigmates 
allongés et hispides; un fruit à deux méricarpes séparables, indéhis- 
cents et monospermes. 


Phyllis. 


Le Phyllis a un limbe calicinal à peu près nul, une corolle à peine 
tubulée, à limbe étalé et quinquéfide, cinq étamines à anthères à peu 
près sessiles, un style peu apparent, deux stigmates, une capsule 
obovée, aplatie et nue au sommet ; la semence est redressée, l'albu- 
men charnu, l'embryon droit et dorsal, la radicule filiforme; les 
cotylédons sont cordiformes et foliacés. 

Le Phryllis nobla, arbrisseau des Canaries, seule espèce de ce 
genre, a de grands rapports avec les Ombellifères ; ses feuilles ovales- 
lancéolées et souvent ternées sont séparées par des stipules, tantôt 
simples, tantôt divisées et sphacélacées au sommet; les fleurs, qui 
naissent des verticilles supérieurs sur des pédoncules deux ou trois 
fois ternés, sont solitaires, pédicellées et pourvues à la base d'un ou 
deux appendices foliacés; leurs pétales, d'abord valvaires et ensuite 
roulés en dehors, alternent avec autant d’étamines à filets pendants; 
les anthères, assez semblables à celles des Plantago, sont redressées 
dans la préfloraison et s’entr'ouvrent sur les bords , en répandant un 
pollen granuleux et jaunâtre; la fécondation est un peu indirecte, car 
les stigmates cylindriques, velus et papillaires de tous les côtés, ne 
sont pas encore entièrement développés quand les anthères membra- 
neuses répandent leur pollen pulvérulent; mais cette même féconda- 
tion est simultanée sur les divers rameaux; la fleur terminale et centrale 
s'épanouit avant les autres, et l'humeur miellée joue ici le même rôle 
qu'ailleurs. 

Pendant la maturation, la corolle tombe avecses stigmates plumeux, 
et l'ovaire devient un fruit dont l'enveloppe crustacée n'est pas autre 
chose que le tube endurci et adhérent du calice; les deux méricarpes 
dont se compose ce fruit sont aplatis en dedans, et se détachent l'un 
de l’autre à la dissémination. Je n'ai pas remarqué la marche des vais- 
seaux nourriciers et des cordons pistillaires, mais je vois, dans 
GzærTxer, que l'embryon est dorsal et la radicule infère, en sorte que 
les cordons pistillaires descendent jusqu’à la base du fruit, 


— 686 — 

Le Phyllis ne s'élève jamais à plus de deux ou trois pieds, au moins 
dans nos jardins; il a la tige verte, les feuilles persistantes et les fleurs 
jaunâtres toujours terminales; ses tiges se dessèchent plus ou moins au 
sommet, mais chaque année la plante repousse de nouveaux jets 


axillaires; les feuilles, avant le développement, sont un peu roulées 
sur leur face inférieure. 


Cinquième tribu. — STELLATÉES. 


Les Siellatées ont les fleurs hermaphrodites et rarement dioïques; 
la corolle valvaire, en roue ou en entonnoir, deux styles plus ou 
moins réunis, des stigmates globuleux, un fruit formé de deux mé- 
ricarpes indéhiscents, monospermes , drupacés ou nucamentacés, des 
semences à peine distinctes du calice et du péricarpe, un albumen 
corné. 

Ces plantes, qui appartiennent presque toutes à l'Europe, sont des 
$ous-arbrisseaux et plus souvent des herbes vivaces ou annuelles, qui 
s'épanouissent au commencement du jour, et dont les anthères 
répandent promptement leur pollen, mais dont les fleurs restent 
long-temps ouvertes avec leurs étamines desséchées. 


PREMIER GENRE. — Sherardia. 


Le Sherardia a un calice dont le limbe est terminé par quatre à six 
dents persistantes, une corolle infondibuliforme à tube cylindrique 
et limbe quadrilobé, quatre étamines, un style bilobé, un fruit sec 
et couronné, dont les méricarpes convexes en dehors et planes en 
dedans se séparent à la maturation. 

Le Sherardia, qui habite les champs de toute l'Europe, est une 
herbe annuelle, qui fleurit depuis le milieu de l'été jusqu’à la fin de 
l'automne, et dont les tiges couchées et quadrangulaires s'étendent 
quelquefois sur le terrain en longs rejets; la corolle, d’un violet 
bleuâtre, est marquée dans la préfloraison de deux sillons en croix, 
qui indiquent les bords de ses lobes; les fleurs, rassemblées au som- 
met des tiges et des rameaux, sont enveloppées d’un verticille de sept 
à huit feuilles plus grandes que celles de la tige; la ccrolle, qui tombe 
sans se refermer, est remplacée par deux méricarpes velus, chargés 
chacun de trois dents qui sont les divisions endurcies du calice. 

A la fécondation, les deux stigmates étalent leurs têtes papillaires, 
en même temps que les anthères saillantes et introrses répandent leur 


— 687 — 


pollen bleuâtre par leurs sillons longitudinaux ; je n'ai pas apercu le 
godet nectarifère si commun dans les plantes de cette tribu. 

Le Sherardia a ses tiges quadrangulaires très-peu renflées aux arti- 
culations et par conséquent faiblement divariquées ; ses rameaux, 
presque tous fertiles, sont terminés comme les tiges par un seul ver- 
ticille floral. Les feuilles, toujours sénaires, se recouvrent avant le 
développement, et ne paraissent ni alternes d'un verticille à l’autre, 
ni correspondantes aux arêtes de la tige; on voit assez distinctement 
les dents du limbe calicinal former par leur réunion un petit godet, 
au centre duquel s’insère le tube très-délié de la corolle. 

Le Sherardiu, dans la saison où l'on n’apercoit presque plus de 
plantes, offre sur nos champs dépouillés de jolies touffes vertes et 
encore relevées par des fleurs, qui, malgré leur petitesse, sont pleines 
de grâce et d'élégance. C'est, je crois, la seule plante de cette famille 
dont le calice soit distinct et terminé par six dents. Je n’y ai apercu 
aucun mouvement spontané. 


DEUXIÈME GENRE. — Asperula. 


L'Asperula a un calice à limbe très-court et formé de quatre dents 
caduques, souvent peu marquées, une corolle infondibuliforme ou 
campanulée, quadrifide ou rarement trifide, deux styles légèrement 
réunis, un fruit didyme non couronné, sec ou à peine charnu, des 
méricarpes indéhiscents, monospermes et facilement séparables. 

Ce genre est composé d'herbes sous-frutescentes, vivaces ou an- 
nuelles, et dont les feuilles qui varient de quatre à six sont souvent 


géminées et opposées au sommet des tiges; ses fleurs sont terminales 
ou axillaires et fasciculées. 


On le divise en trois groupes : 

1° Les Sherardianæ ; annuels, à corolle tubulée etinfondibuliforme ; 

2° Les Cynanchiceæ ; vivaces, à corolle tubulée et infondibuliforme ; 

3° Les Galioideæ ; vivaces, à corolle campanulée. 

Ce premier est formé de trois espèces, dont deux habitent la Perse, 
et une dernière, désignée sous le nom d’Arvensis, est répandue dans 
les champs de toute l'Europe; ses tiges quadrangulaires et ramifiées 
forment des touffes d'un beau vert; ses fleurs, d'un bleu céleste et 
d’une grande élégance, terminales ou quelquefois aussi axillaires, 
sortent du milieu de bractées ciliées de longs poils blancs; ses feuilles, 
assez nombreuses dans chaque verticille, portent à leur face inférieure 
des taches blanches et allongées ; la corolle s'ouvre et se ferme plu- 
sieurs fois, et les anthères introrses sont placées dans l'intérieur du 


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tube à la même hauteur que le stigmate, qu'elles recouvrent de leur 
pollen; le nectaire urcéolé couronne l'ovaire; les fruits arrondis et 
parfaitement lisses sont cachés entre les cils des bractées, d’où ils 
s'échappent séparément, et l’on aperçoit bien les vaisseaux nourriciers 
qui se dirigent de la base jusqu'au point d'insertion des vaisseaux 
pistillaires. 

Le deuxième groupe, ou celui de Cynanchicæ , me paraît renfermer 
au moins deux types européens. 

1° Celui des espèces à feuilles ovales, élargies et quaternées , comme 
le Taurina et le Lævigata, dont les rhizomes d'un beau rouge émet- 
tent une multitude de rejets conformés de la même manière que les 
tiges, et dont les fruits sont lisses, et les fleurs d’un beau blanc. Le 
Taurina , si remarquable par sa fraîcheur et son élégance, a de plus 
les feuilles ciliées, terminées par une glande rougeûtre et les fleurs 
polygames, les unes hermaphrodites, les autres beaucoup plus nom- 
breuses, mâles par avortement, d'où il s'ensuit que ses jolies anthères 
pourprées doivent être saïllantes, comme elles le sont réellement, 
ainsi que le style divisé en deux branches inégales terminées par un 
stigmate papillaire et plus ou moins languette. 

2° Celui des espèces à feuilles filiformes, épaisses, glaucescentes, 
souvent lisses et roulées sur les bords, telles que le Cynanchica et le 
Ténctoria | qui lui ressemble beaucoup, l’Aristata, le Montana, Y Hir- 
suta , l'Hexaphylla, \ Hirta ; ces diverses plantes habitent surtout nos 
plaines stériles, sèches et crayeuses où leurs racines longuement tra- 
cantes forment de vastes gazons; elles se reconnaissent à leurs tiges 
amincies et quadrangulaires, à leurs feuilles peu nombreuses et sou- 
vent géminées au sommet et à leurs fleurs d’un blanc veiné de rose, 
disposées en petites panicules peu garnies; les corolles, en estivation 
valvaire indupliquée, ne se referment que dans un petit nombre d’es- 
pèces; les anthères sont conniventes et introrses à l'entrée du tube; le 
nectaire est bien distinct, et les stigmates placés en dessous des anthères 
sont inégaux en hauteur et portés sur un seul style, au moins dans le 
Cynanchica; la fécondation commence avant l'épanouissement. On 
peut joindre à ce type quelques espèces du midi de l'Europe, recou- 
vertes sur toute leur surface et même sur leur corolle de poils veloutés 
et tomenteux; ce sont le Tomentosa, de l'île Caprée, dont les vraies 
feuilles, c'est-à-dire celles qui portent des rameaux à leurs aisselles, 
sont plus grandes que les autres; le Perdula , des rochers de la Sierra- 
Nevada. | 

Les Galioideæ , ou Asperula à corolle campanulée , n'appartiennent 
pas toutes au même type. On range dans leur nombre l'Odorata, qui 


— 689 — 

tapisse au printemps la plupart des bois de l’Europe, et dont les rhi- 
zomes poussent de tous côtés, comme ceux du Taurina , des rejets 
rougeâtres et verticillés; ses fleurs, disposées en petits corymbes, 
sont blanches, campanulées, à anthères violettes ou blanchâtres ; et 
les méricarpes, concaves d’un côté et convexes de l’autre, ont leur 
embryon recourbé et la radicule dirigée sur l'hilus. On place enfin 
dans le même groupe, mais non pas dans le même type, deux espèces 
qui tiennent le milieu entre les Asperula et les Galium , V Aparine, 
de l'Europe orientale, à tige couchée, et le GAlistéeas des pentes 
caillouteuses de l'Europe moyenne et Lérifignule: ce dernier, qui a 
tout-à-fait le port d'un Galium, est remarquable par ses feuilles 
linéaires, sa corolle campanulée d’un beau blanc et sa fécondation 
intérieure; au contraire, celle de l’Odorata s'opère à l'air libre, et un 
peu après l'épanouissement; les anthères introrses à lobes non retour- 
nés s'inclinent sur les deux stigmates papillaires et légèrement inégaux 
qu'elles recouvrent de leur pollen, et les fruits à poils crochus avor- 
tent souvent en tout ou en partie. 

Les Asperula sont un genre peu naturel, dont les espèces, tantôt 
rapprochées des Sherardia , tantôt mal distinguées des Galium, sont 
dispersées sur les côtes de la Méditerranée, ou plus rarement dans 
l'Asie occidentale jusqu'au Caucase et à la Perse; les unes, comme 
l'Arvensis, vivent dans nos champs, où elles se ressèment tous les 
printemps; les autres fleurissent dans nos bois, telles que le Taurina 
et l'Odorata, ou bien comme le Cynanchica , au milieu de nos plaines 
stériles; mais toutes disparaissent assez promptement, après avoir 
répandu leurs graines ; les Cyranchica plus tard que les autres, parce 
qu'ils ont des feuilles plus dures et plus épaisses. 

La fécondation est extérieure dans les Skerardiana et dans le Tau- 
rina qui est. polygame, mais elle est intérieure dans les Cyranchica, 
dont les étamines sont à peine saillantes, et dont les stigmates globu- 
leux sont placés au-dessous des anthères ; les semences avortent en 
grande partie, comme cela arrive souvent aux plantes gazonnantes 
qui se multiplient beaucoup par des rejets; les deux méricarpes se 
séparent facilement dans la plupart des 4sperula , tandis qu'ils restent 
réunis dans le grand nombre des Galium. 

Ces plantes ne présentent Hresque aucun mouvement spontané 
dans leurs feuilles et leurs fleurs; mais leurs tiges et leurs rameaux 
ont des articulations très-renflées par lesquelles ils se déjettent en dif- 
férents sens selon leurs besoins; l’Aristata et, je crois, quelques 
autres Cynanchica referment leur corolle, parce que leur fécondation 
est intérieure et ne s'accomplit pas probablement en un seul jour; 


IL, 44 


— 690 — 
mais ce sujet doit être revu de plus près, puisque, comme je l'ai 
reconnu plus tard, la fécondation s'opère par l'humeur miellée, qui 
imprègne les stigmates placés à la base de la fleur où ils recoivent les 
émanations des anthères ouvertes au-dessus. 

Les principaux phénomènes physiologiques que j'ai remarqués dans 
les Asperula sont : 1° les cils qui recouvrent les bractées de l'Arvensis, 
du Taurina, etc., et sont destinés à abriter les fleurs avant le dévelop- 
pement, et à protéger ensuite les graines; 2° les feuilles secondaires 
du Tomentosa, qui sont plus petites que-les autres et semblent indi- 
quer ainsi une origine différente; 3° les fleurs polygamiques da 
Taurina; 4° les glandes blanchâtres et allongées recouvrant la surface 
inférieure des feuilles et des bractées dans ce même Taurina, et se 
retrouvant probablement dans d’autres espèces ; 5° la bizarre confor- 
mation des méricarpes mûrs de l'Odorata, dont l’un avorte à peu près 
constamment, et dont l’autre s’allonge tellement par le côté que le 
point d'insertion du style finit par être une cicatrice placée à sa base 
ou tout près de sa base; 6° l'inégalité presque constante des stigmates 
dans les diverses espèces; 7° enfin la durée de la fécondation qui doit 
sans doute’se combiner avec le mouvement des corolles et la longueur 
des organes sexuels, saillants ou non saillants. 

Les méricarpes indéhiscents qui avortent souvent en tout ou en 
partie n'ont pas la même conformation dans les diverses espèces; mais 
tous ont un albumen corné, qui enveloppe les autres parties, une 
substance verte et centrale qui se détruit plus ou moins dans la matu- 
ration, et un embryon à radicule infère et différemment recourbée, 
selon la forme de l'accroissement. 

Un des objets de recherche est l'inégalité des styles. Ces styles ine- 
gaux ont-ils les stigmates formés à la même époque et par conséquent 
fécondés au même moment? Pourquoi quelques fleurs se referment- 
elles, tandis que d’autres restent ouvertes? Il est presque impossible 
que ‘cette différence ne tienne pas au mode de fécondation, et que, 
par exemple, les fleurs qui ne se referment pas ne soient celles où les 
organes sexuels sont saillants, ou celles dont la fécondation s’accomplit 
dans un jour. 

On peut joindre, je pense, aux Asperulu galioides , déjà mention- 
nés plus haut, trois nouvelles espèces découvertes par Bousster, 
dans les montagnes de Grenade ; le Paniculata, à fleurs disposées en 
verticilles sessiles, écartés et pauciflores; l'Æsperrima, à feuilles linéaires 
et crochues et fleurs jaunâtres rassemblées en verticilles terminaux et 
rapprochés ; enfin le Pruinosa, à feuilles et fruits recouverts d'un 
enduit sec et résineux. 


— 691 — 


TROISIÈME GENRE. — Crucianella. 


La Crucianelle a un limbe calicinal avorté, une corolle tubulée et 
infondibuliforme , à quatre ou cinq lobes souvent allongés en appen- 
dice sétacé et recourbé, quatre ou cinq étamines non saillantes, des 
anthères linéaires, un style bilobé au sommet et plus court que le 
tube de la corolle, un fruit non couronné formé de deux méricarpes 
semi-ovales ou oblongs et non séparables ou quelquefois séparables. 

Les Crucianelles, qui sont des herbes annuelles, vivaces ou même 
quelquefois sous-frutescentes à la base, se divisent en trois groupes 
assez naturels. 

1° Celui des fleurs en épi; 

2° Celui des fleurs en tête; 

3° Celui des fleurs fasciculées. 

Le premier et le plus nombreux est formé de six à sept espèces, les 
unes européennes , les autres originaires de l'Asie occidentale ou de 
l'Egypte; les premières sont principalement le Latifolia et l'Angusti- 
folia, du bassin de la Méditerranée, qui ne diffèrent guère que par le 
nombre et les dimensions de leurs feuilles, et qui sont, comme 
presque toutes les Crucianelles, des herbes annuelles et glaucescentes, 
à épis panachés de vert et de blanc, et dont la conformation n'appar- 
tient, je crois, à aucun autre genre de la famille. à 

Ces épis quadrangulaires sont recouverts dans toute leur longueur 
de bractées opposées deux à deux et croisées par paires; à l'aisselle 
de chacune de ces bractées, on trouve une fleur solitaire, protégée 
de droite et de gauche par deux stipules allongées, et dépourvue de 
toute enveloppe du côté de sa tige; pour ramener cette construction 
bizarre à l’état normal, on doit concevoir que la fleur termine le 
rameau sessile, et que les bractées sont les premières feuilles de ce 
rameau; mais cette explication ne rend pas compte de tout ce qu'il y 
a de remarquable dans l'inflorescence des Crucianelles à épi; on y voit 
une fleur entièrement cachée sous son écaille, qui ne s'entrouvre 
qu'au moment où la fécondation doit avoir lieu, et qui, après avoir 
rejeté une corolle devenue inutile, se referme exactement jusqu'à 
l’époque où elle doit répandre son fruit. 

La corulle d’un blanc jaunâtre est quadrifide ou quinquéfide dans 
quelques espèces, comme le Gilanica, de la Perse, et le Suaveolens , 
“de la même contrée, qui forment un véritable type par leurs lobes 
corollaires, dont les arêtes allongées s’étalent par l'humidité et se 
replient par la sécheresse ; les fleurs s'ouvrent le soir et se referment 


— 692 — 


dans la journée, jusqu'à ce que la fécondation soit accomplie; les 
anthères occupent le haut du tube et les deux styles inégaux se déve- 
loppent successivement ; enfin le fruit est couronné par un nectaire 
urcéolé. 

À l'époque de la fécondation, la fleur cachée sous la bractée grandit 
subitement et entr'ouvre enfin sa corolle; celui des stigmates qui a 
recu l'influence du pollen, s'allonge fortement pour faire place à 
l'autre, qui est à son tour fécondé par les anthères j jaunâtres placées 
à l'entrée du tube. Ce joli phénomène s'opère à la fin du jour, au 
moment ou la bractée s'écarte pour laisser sortir la fleur qui reste 
ouverte toute la nuit et se referme vers les dix heures ; la bractée se 
referme enfin pendant la maturation, et s'ouvre de nouveau pour Ja 
dissémination. | 

Les autres Crucianelles du même groupe présentent sans doute des 
phénomènes à peu près semblables; les espèces de la Perse, par exem- 
ple, ont leurs bractées ciliées et non étroitement appliquées contre 
la tige, et le Patula, de l'Espagne, .qui forme un type dans le genre, 
a les fleurs entièrement libres, sessiles sur de petits rameaux , pédon- 
culées aux aisselles des feuilles, ou réunies vers le sommet des tiges ; 
la corolle est quinquéfide, jaunâtre et promptement caduque, et les 
méricarpes renflés et ovoïdes sont marqués de cinq sillons profonds et 
parallèles; en les ouvrant, j'ai trouvé sous l'enveloppe extérieure, 
une seconde enveloppe charnue à cinq côtes correspondantes à celles 
de la première enveloppe , et au centre un embryon à radicule allon- 
gée et cotylédons planes. A la germination du Latifolia et de l'Angus- 
tifolia, on voit sortir d'entre les cotylédons étiolés une petite tige 
verticillée, semblable à une jeune Prele; ses premières feuilles sont 
ordinairement quaternées, et son efflorescence est lentement centri- 
pète; son estivation est valvaire; le tube se recourbe et les quatre lobes 
de la corolle se prolongent en une pointe d'abord repliée en dedans ; 
on distingue assez bien dans ce groupe les vraies feuilles d’avec les 
stipules ; les premières sont géminées, opposées et ordinairement plus 
grandes que les autres, dont les dimensions varient dans le même 
verticille, et dont les aisselles ne donnent jamais de rameaux. 

On peut remarquer encore sur les Crucianelles en ‘épi que leurs 
fruits sont constamment formés de deux méricarpes, dont chacun a 
son propre stigmate, et qui sont aplatis et simplement appliqués l’un 
contre l'autre parallèlement à la tige, en sorte qu’ils se séparent natu- 
rellement dès que la bractée s’entr'ouvre. 

Les Crucianelles en tête, qui forment notre second groupe, ne me 
paraissent pas appartenir à un même type; la seule européenne est le 


ER on 
Maritima, herbe sous-frutescente, glabre et très-ramifiée, qui croît 
sur lessables des bords de la mer, et dont les fleurs jaunâtres en dedans 
et rougeûtres en dehors sont chacune accompagnées de bractées très- 
ouvertes; leurs corolles quinquéfides ne présentent pas les mêmes 
phénomènes que celles du premier groupe, toutefois elles s'ouvrent 
le soir en répandant une odeur agréable. 

L'espèce la plus remarquable est le Stylosa, du Pérou, à fleurs 
rouges, quinquélobées, et entourées de bractées ciliées ; sa féconda- 
tion est intérieure et précède son épanouissement ; les anthères des- 
séchées restent au fond de la fleur, mais le style allongé en massue 
et le stigmate bifide sortent tout couverts de pollen. Le Mucronata a 
de même la fécondation intérieure, et souvent même ses fleurs rou- 
geâtres en dehors et jaunâtres en dedans ne s'ouvrent pas. 

Les Crucianelles fasciculées sont encore moins connues que les 
autres; on en compte trois, toutes originaires de la Russie asiatique; 
le M mu. l'une d'entre elles, se retrouve en Hongrie, et a, 

comme les autres, les fleurs Era TrEs et quinquéfides; mais ses brac- 
tées ovales acuminées sont velues sur les bords. 

Les Crucianelles, originaires de l'hémisphère boréal de l'ancien 
continent, se plaisent dans les expositions australes et principalement 
sur les’ côtes de la Méditerranée et des iles adjacentes; aucune ne 
semble dépasser d’un côté la limite des Oliviers, et de l’autre le 
bassin méridional de la Méditerranée; les espèces annuelles, qui 
appartiennent à peu près toutes à notre premier type,. ont une durée. 
très-courte, car elles naissent au printemps et disparaissent au bout. 
de quelques mois; les autres, au contraire, s'étendent beaucoup 
par leurs racines, et forment des plantes dures, à feuilles étroites et 
roulées, ou lancéolées et souvent hispides. 

Les tiges des Crucianelles de notre premier groupe sont carrées et. 
articulées, sans renflement au moins sensible; leurs épis, tantôt sim- 
ples, tantôt ramifiés, comme dans le Gilanica, sont effilés et très- 
allongés; les rameaux sont fortement divariqués à la base, mais ils 
reprennent ensuite la position redressée, au moins dans les espèces 
du premier groupe qui sont les plus connues. . ( 

Les fruits sont presque toujours lisses et ovales, et le plan qui 
sépare les méricarpes ou celui de la commissure est perpendiculaire 
et non pas parallèle à la tige 

Les deux phénomènes principaux qui distinguent ce genre sont : 
1° celui des stigmates qui s’accroissent et se Sc obde successive- 
ment, comme je l'ai déjà entrevu dans les Asperula cynanchica ; 
2° celui des mouvements des bractées à l'époque de la fécondation ; 


Def; is 

ce dernier, qui me paraît propre aux Cruciunelles en épis, dont les 
fleurs parmi toutes les Stellutæ sont à peu près les seules qui s'ouvrent 
le soir et se ferment le matin, s'explique, je crois, par une de ces 
lois supérieures auxquelles nous ne pouvons encore assigner aucune 
cause. Qu'est-ce qui détermine l’écartement de la bractée, au moment 
même où la fleur s'ouvre et se féconde? et qu'est-ce qui la resserre 
contre la tige à l'instant où le grand acte de la reproduction est accom- 
pli? Ce n’est pas sans doute, comme il est facile de s’en assurer, la 
pression de la corolle. 

En observant de plus près le phénomène ae mouvement de la 
corolle, que j'ai constaté dans toutes les espèces examinées, j'ai cru 
reconnaître qu'il dépendait de l'appendice qui termine les lobes, et 
qui ne paraît jamais manquer entièrement; cet appendice éminemment 
hygrométrique s'étale par l'humidité et se resserre par la sécheresse, 
de manière à rentrer en dedans du tube et à fermer ainsi exactement 
la corolle, ce qu'on peut vérifier en l’humectant ou en la plongeant 
dans l'eau; le but de ce mouvement, qui se répète tant que la fécon- 
dation n’èst pas complètement opérée, est sans doute de favoriser cet 
acte important. 

Toutes les Crucianelles dont les corolles s'ouvrent et se ferment 
ont-elles leurs stigmates logés dans le tube de la corolle et leurs 
anthéres au-dessous ou à la base du limbe? Leur fécondation düre- 
t-elle tout le temps qué ses fleurs s'ouvrent et se ferment? Enfin les 
deux stigmates de la même corolle sont-ils fécondés à deux jours dif- 
férents? C'est ce que je crois vrai, et les exceptions que l’on pourrait 
rencontrer s'expliqueraient REérbt 

Je ne dois pas oublier, parmi les mouvements remarquables, celui 
de ces rameaux qui se divariquent à la base, pour que leurs fleurs ne 
s'approchent pas trop de la tige; ce mouvement est dû sans doute à 
une organisation particulière. 


QUATRIÈME GENRE. — Aubia. 


Les Rubia ou les Garances ont le limbe calicinal à peu près nul, la 
corolle quinquéfide en roue, les étamines raccourcies comme les deux 
styles, le fruit didyme, à peu près globuleux, succulent et bacciforme. 

On les divise en trois groupes : 

1° Celui des non involucrées ; pédoncules axillaires, deux ou trois 
fois dichotomes ou trichotomes, bractées nulles ou non réunies en 
involucre; 

2° Celui des involucrees ; Dédéhbuléé axillaires d’une à trois fleurs, 
quatre bractées réunies en involucre ; 


— 695 — 

3° Celui des Galioïdées ; fleurs tétrandres dépourvues d'involucre 
et disposées en cyme dichotome. 

Le premier se subdivise en trois types : 

1° Celui des espèces herbacées, à feuilles cordiformes et pétiolées, 
qu’on trouve principalement en Sibérie, au Népaul, aux Indes orien- 
tales et au Cap; on en compte quatre ou cinq, qui différent surtout 
par leurs feuilles lisses ou. hérissées, toutes cordiformes, au moins à 
la base, et par leur corolle quadrifide ou quinquéfide. La principale 
est le Cordifolia, de la Sibérie, à tiges carrées, et dont les feuilles 
prolongées en pointe et sans plissement se déjettent d’un côté, et sont 
recouvertes dans leur jeunesse de tubercules rougeâtres qui deviennent 
ensuite des poils accrochants; les baies sont noires ou rougeàtres. 

2° Celui des espèces frutescentes, à feuilles oblongues ou lancéolées 
et légèrement pétiolées; on en connaît deux espèces homotypes : celle 
de Ténériffe et celle des Indes; l’une et l’autre à fleurs jaunes, quin- 
quéfides et tiges fortement aiguillonnées comme les feuilles. 

3° Celui.des espèces européennes, à tiges herbacées et feuilles non 
cordiformes,. sessiles ou légèrement pétiolées. CamBEssÉDÈs, à qui 
nous devons la monographie des îles Baléares, affrme que la plupart 
de ces plantes, qui appartiennent presque toutes au. bassin de la Médi- 
terranée,, telles que l'Angustifolia, le Longifolia, le Peregrina , le 
Lucida, le Bocconi, le Splendens, etc., ne sont pas différentes .du 
Tinctoria, et qu'on. ne peut pas même les considérer comme des 
variétés, puisqu'on.remarque facilement leurs différents passages, et 
que le même Tänctoria, qui perd ses feuilles dans nos climats, les 
conserve dans les contrées plus chaudes (Voy. Ann. du Musee, vol. 14, 
pag. 258). 

Les Rubia involucrés de notre second groupe comprennent une 
vingtaine de plantes vivaces à tiges tétragones, originaires des Antilles 
ou de l'Amérique méridionale, principalement du Pérou; on les dis- 
tingue en trois. sous-groupes, d'après leurs feuilles à une ou trois 
nervures et leurs baies. glabres ou tuberculées; elles sont presque 
toutes inconnues, mais il n’est pas douteux qu'elles ne renferment plu- 
sieurs variétés. J'en dis autant des quatre espèces du Brésil ou du. 
Pérou , appartenant aux Galioidées, et. qui sont considérées par plu- 
sieurs auteurs.comme devant être placées, ainsi que les précédentes, 
parmi.les Galium. 

La Garance, la plus. grande des Rubiacces européennes, a des 
racines ou plutôt des rhizomes  distinctement composés , 1° d'une 
écorce assez épaisse; 2° d'une substance qui représente l’aubier des 
arbres, et qui, au premier printemps, est molle, épaisse et baignée. 


— 696 — 


de sucs; 3° de fibres ligneuses, 4° d’une moëlle fortement teinte en 
rouge, et qui parait être le vrai dépôt de la matière colorante. De ce 

rhizome, qui donne cà et là de nombreux rejets, sortent à chaque arti- 
culation dix bourgeons pointus, à écailles arrondies et opposées , 
quinese développent que lorsqu'ils sont placés assez loin des parties 
mortes des anciennes tiges. 

Ce sont ces bourgeons qui fournissent chaque année de nouvelles 
pousses, car celles de l'année précédente, bien qu’elles ne perdent pas 
leurs feuilles pendant l'hiver, périssent cependant au printemps, au 
moins dans toutes les espèces herbacées, comme le Ténctoria; 
dans les autres, telles que le Fruticosa, elles donnent sans doute des 
rameaux axillaires, au moins la seconde année. 

Ces plantes ont une végétation fort rapide; on les voit dans les pays 
chauds, tels que l'Espagne et l'Italie, couronner les haies et les arbustes 
de leurs tiges indéfiniment ramifiées, qui s’accrochent à tous les corps 
voisins par leurs aiguillons rudes et recourbés; les fleurs, dont elles 
ne tardent pas à se couvrir et que j'ai vues dès le commencement de 
mai, sont toujours jaunâtres, de quatre à six lobes étoilés et pointus, 
et elles produisent un assez joli effet par leur multitude. 

Les fleurs du Aubia tinctoria, qui se referment à l'obscurité, ont 
aussi, comme celles de plusieurs Aubiacées , leurs stigmates globu- 
leux et inégaux; mais elles tombent assez promptement, et ne tardent 
pas à être remplacées par de petites baies, noirâtres dans l'espèce 
‘européenne, et rougeâtres dans les autres. Les feuilles obéissent à la 
lumière en se déjetant d’un côté, au lieu d’un autre; elles se renversent, 
mais ne se désarticulent jamais. 

Les Rubia indigènes et la plupart des espèces étrangères que nous 
connaissons, ont une contexture solide et un peu coriace; ils suppor- 
tent très-bien en conséquence nos diverses intempéries , et je ne les ai 
jamais vus atteints de la gelée; leur efflorescence générale est à peu 
près simultanée, mais la particulière est centrifuge; la fleur qui paraît 
Ja première sur chaque rameau floral est la centrale; l’estivation est 
exactement valvaire; mais chaque lobe de la corolle est terminé en 
pointe recourbée en dedans avant l'épanouissement. 

La fécondation s'opère par l'humeur miellée; les cinq anthères 
introrses répandent leur pollen au fond de la fleur et sur les stigmates 
papillaires dès leur naissance et imprégnés du suc nectarifère sorti de 
l'urcéole. J'ai remarqué que l’une des deux têtes était plus élevée que 
l'autre, mais cette différence est moins grande que dans les Crucia- 
nelles. Les arêtes qui terminent les lobes des pétales dans les Rubia- 
cées ne s’étalent-elles pas, et ne se resserrent-elles pas comme celles 


PTS ST SE 


= po 

des Crucianelles? et les fleurs ne se rouvrent-elles pas parce que la 
fécondation ne s'opère pas en un jour? les deux stigmates sont-ils 
papillaires à la même époque ? Oui, mais ils sont inégaux, parce qu'ils 
ne naissent pas du même méricarpe. 


CINQUIÈME GENRE. — Galium. 


Le Galium a un limbe calicinal à peu près nul, une corolle en 
roue quadrifide ou très-rarement trifide, des étamines et des styles 
courts, un fruit didyme arrondi et quelquefois allongé, composé de 
deux méricarpes secs, indéhiscents et monospermes. 

Ce genre, très-riche en espèces indigènes et étrangères, toutes her- 
bacées et rameuses, se divise naturellement en deux grandes sections 
ou séries! 

1° Les Eugalium., ou Galium vivaces; 

2° Les Aparine , ou Galium annuels; 

Ces deux sections se partagent à leur tour en divers groupes plus ou 
moins naturels , indigènes, étrangers ou mêlés d'espèces européennes 
et exotiques, que nous allons mentionner, en tant qu’elles appartien- 
nent à notre sujet. 

Le premier groupe, en même temps le plus nombreux, est celui 
des Leiogalia , c'est-à-dire des espèces à fruits glabres, dont les feuilles 
varient ordinairement de six à dix dans chaque verticille, et dent les 
fleurs blanches et hermaphrodites sont disposées en cymes finement 
paniculés. 

Le premier des types de ce groupe est celui qui comprend le Syloa- 
ticum , le Sylvestre de Gaunin, le Glaucum etY Aristatum, plantes éle- 
vées , à tiges lisses et cylindriques; feuilles élargies et glaucescentes, 
pédoncules fort ramifiés et capillaires, fleurs nombreuses, petites, 
blanches, un peu campanulées et penchées avant l'épanouissement 
dans la première espèce. 

Le Sylvaticum , le plus commun des quatre, a ses feuilles glauces- 
centes , ses pédicelles capillaires penchés avant la floraison, et l'un de 
ses méricarpes ordinairement avorté ; il habite, avec les trois autres, 
les bords des bois et les pentes caillouteuses des basses montagnes, et 
l'on peut remarquer qu'il n'a pas les articulations enflées et les rameaux 
divariqués, parce qu'il vit sous les ombrages. 

Le second des types européens des Eugalium est celui des Mollugo, 
dont l'espèce principale, qui s'élève jusqu’à trois pieds, est répandue 
presque partout, et se fait remarquer par ses tiges carrées renflées aux 
articulations, ainsi que par ses verticilles étalés; on associe à cette 


— 698 — 


espèce, qui présente comme les autres un grand nombre de variétés, 


cette foule de Galium peu distincts, tels que le Lucidum , \'Insubricum. 


de Gauniw, le Cinereum, le Læve de De Canporve, etc. On y ajoute 
encore le Purnilum , V'Hyrcanicum , Y Helveticum, Y hat à pé- 
dicelles fructifères ce. etc.; ces plantes vivent dans nos plaines, 
le long de nos haies, ou sur nos montagnes, et leurs tiges redonnent 
de la base des bourgeons pour l'année suivante. Elles revivent ainsi 
dès l'automne, et recouvrent souvent pendant l'hiver nos prairies de 
leurs jolies touffes vertes. J'ai remarqué que le Mollugo est à peu près 
l'unique espèce sur laquelle vive l'Orobanche mollugo; apparemment 
que ses épais rhizomes peuvent seuls fournir à la plante parasite les 
sucs dont elle a besoin. 

Le troisième et dernier type européen est celui du Palustre , très- 
commun dans les marais humides, où il vit en société, en allongeant 
de côté et d'autre ses nombreux rejets; cette plante, également remar- 
quable par ses feuilles quaternées, élargies, d'un vert noir , et par ses 
panicules très-garnies et très-étalées dont les fruits lisses s'étendent 
horizontalemert , forme au mois de juin, sur nos prés humides, les 
touffes les plus élégantes; ses pétales valvaires s'ouvrent conime par 
ressort, et sa fécondation est immédiate, parce qu’au moment où ses 
anthères pourprées se renversent pour répandre leur pollen jaunâtre, 
les stigmates d'un beau blanc ont déjà leur tête papillaire; les autres 
espèces homotypes sont le Satureiæ folium, des environs d’Astracan, 
le Trifidum, du nord de l'Europe, et le Tiactorium, de l Amérique 
septentrionale. 


Le second groupe, ou celui des Trichogalia, est formé de plantes. 


à fruits hispides et crochus et à fleurs blanches disposées en cymes 
paniculés ; les espèces ou variétés’qu’il comprend sont la plupart étran- 
gères et dispersées au Népaul et dans.le nord de l'Amérique ; les indi- 
gènes se réduisent à deux types, le premier formé de l'Ellipticum, du 
Boreale et du Rotundifolium, qui croissent en touffes dans les pentes 
boisées de nos montagnes, et qu'on reconnaît à leurs panicules lâches 
et à peu près trichotomes, à leurs feuilles quaternées, ovales et tri- 
nervées, à leurs fruits hérissés ainsi qu’à leurs longs rejets. On doit, je 
crois, y ranger encore le Rubioides , à feuilles élargies et trinervéeset 
fruits souvent hérissés, de même que l'Elegans, du Népaul, dont les 
fleurs longuement pédoneulées se terminent par une ombelle ordi- 
nairement trifide, et dont les. pédoncules articulés à la base, se fléchis- 
sent de différents côtés; le Boreale m'a offert, comme SE rs autres 
Galium, de nombreuses glandes entre la ,tige et les feuilles supé- 
rieures. 


s 


— 699 — 


Le second type des Trichogalia comprend des espèces vivaces, à 
feuilles ordinairement hérissées, comme celles des Aparines , fleurs 
jaunâtres ou rougeâtres disposées en petit nombre sur des cymes 
trèspeu garnis, axillaires ou terminant les tiges; elles habitent en 
général l'Amérique septentrionale, et elles sont représentées en Eu- 
rope par le Græcum , des îles de la Grèce, surtout par le Maritimum , 
petite plante très-rameuse et toute hérissée, dont les fleurs latérales 
et axillaires sont jaunes, pédonculées, uniflores ou biflores; les divi- 
sions de sa petite corolle sont longuement acuminées et marquées à 
la base d'une tache pourprée, peut-être un peu nectarifère ; les fruits, 
hérissés de poils longs et crochus, déjettent leurs pédoncules filifor- 
mes pour aller mürir leurs fruits velus, sous ses feuilles quaternées , 
épaisses et velues ; les styles m'ont paru égaux, quoique l’un des deux 
méricarpes avorte souvent, et les rameaux sont toujours terminés par 
deux feuilles opposées. 

Les Erythrogalia, qui formentun groupe très-distinct, ne compren- 
nent que deux plantes, communes dans le midi de la France, le Pur- 
pureum et le Rubrum, à fleurs pourprées, disposées en panicules très- 
ramifiées au sommet des tiges; la première est élevée et sous-frutes- 
cente, la seconde a une tige faible et herbacée ; toutes les deux ont 
les fleurs météoriques, c'est-à-dire ouvertes le matin et fermées le soir, 
sans doute parce que la fécondation dure plusieurs jours ; les rameaux 
du premier se déjettent ou se renversent pendant la fécondation, et 
se redressent à la maturation ; ses pédoncules sont à peu près uniflores, 
et ses corolles aristées ont les anthères latérales et rapprochées à la 
fécondation, de manière à former par leur ensemble un petit cylindre 
au-dessus des deux stigmates en tête papillaire qui recoivent ainsi 
immédiatement le pollen. On voit au-dessous et autour de l'ovaire un 
nectaire urcéolé qui a sans doute imprégné les stigmates ; après la 
fécondation les styles légèrement inégaux s'allongent beaucoup. 

Les Xanthogalia ou les Galium à fleurs jaunes, paniculées et her- 
maphrodites ne forment non plus qu'un type, dont le représentant 
est le J’erum, si commun dans nos prairies, où il fleurit dès le milieu 
du printemps; ses racines sont épaisses et ligneuses ; ses feuilles étroi- 
tes, roulées et souvent déjetées sont presque toujours réunies huit à 
huit dans chaque werticille , et ses fruits, qui sont de petites baies, 
avortent souvent en entier ou se réduisent à un seul méricarpe. 

Les espèces de ce groupe sont la plupartde simples variétés, comme 
le Minutum, de la Russie; la seule véritablement européenne est l'4re- 
nartum , à tiges couchées et faiblement paniculées, des sables mari- 


4 


times de la France occidentale. Le F’ero-mollugo ou l'Ochroleucum , à 


700 2 


fleurs pales , de l'Allemagne, est un hybride du Werum fécondé par le 
Mollugo. 

. L'inflorescence-en panicule terminale est centripète, mais dans 
dau des petites panicules. dont est formée la panicule générale, 
la fleur qui paraît la première est la terminale ; les autres suivent régus 
lièrement, en sorte qu’on trouve sur le même pied des graines mûres 
et des leurs: à pein'e ouvertes. La floraison a lieu à toutes les heures 
du } jour, et les corolles une fois épanouies ne se referment plus; on 
peut voir sur la même panicule des fleurs dans tous les états de fécon- 
dation. : r 

Ces plantes fleurissent sans étaler leurs panicules, parce que leurs 
tiges et leurs rameaux sont dépourvus de renflements; mais à la 
maturation les pédicelles fructifères se réfractent , pärce que leur base 
a acquis un renflement corné. 

La seconde section, beaucoup moins isnise est fils de 
plantes annuelles ou datigestnis vivaces et d'une ‘conformation à peu 
près semblable. 

Le premier de ces groupes est celui des Gririatesl ainsi nommé à 
cause de ses feuilles:constamment quaternées; les Fr dont il se 
compose appartiennent toutes à un même type, et se distinguent par 
leur inflorescence toujours axillaire, et leurs fleurs jaunâtres à fruits 
glabres ou rarement velus'; la plus connue et celle qui a donné son 
nom au groupe est le Cruciatum , à pédoncules rameux ; herbe vivace 
de nos haies qui donne chaque printemps des rejets de ses anciennes 
tiges ; aüprès d'elle viennent se ranger le Vernum, des pâturages 
montueux, à tiges hispides et pédoncules simples; le Pedemontanum, 
des mêmes lieux , à tiges lisses et pédoncules simples, et encore quel- 
ques autres espèces ou variétés vivaces et annuelles, tout-à-fait sem- 
blables aux précédentes. Ces plantes, dont la végétation est toujours 
précoce, se reconnaissent à leurs feuilles larges, velues, ciliées et 
chargées à leurs aisselles supérieures de petits verticilles, ordinaire- 
ment mâles sur les côtés et hermaphrodites au centre; les fleurs se 
développent de bas en haut, en même temps qu’elles se dégagent des 
feuilles qui les avaient d'abord protégées, et des deux méricarpes dont 
elles sont formées, un seul arrive à la maturité, au moins dans le Cru- 
ciatum ; car dans le Pedemontanum tous les deux sont fertiles. 

Ces feuilles, qui portent une glandeau sommet de leur face infere, 
sont appliquées les unes sur les autres, et forment par leur ensemble 
un épi allongé, ou plutôt une longue er quadrangulaire, dont 
chaque côté répond exactement à une des faces de la tige. Cet arran- 
gement inusité parmi les végétaux, et qu'on ne retrouve pas même 


— T0 — 


dans les autres Galium quaternés, s'explique en supposant que les 
véritables feuilles sont bien disposées en paires croisées, mais que les 
deux autres feuilles, qui complètent le verticille sans porter jamais 
de fleurs à leurs aisselles, étaient primitivement soudées deux à deux 
entre les feuilles qu'elles accompagnaient. Ce qui reste à expliquerici, 
ce sont des‘feuilles formées de deux stipules soudées, et qui sont 
exactement semblables aux feuilles ellesmêmes; et ce qui est peut- 
être encore plus digne de remarque, concerne la maturation des 
graines; lorsqu'un verticille a été fécondé, les fleurs mâles perdent 
leur corolle, et leurs pédicelles restent redressés ; mais les pédicelles 
des fleurs fertiles se déjettent, et cachent leurs fruits sous les feuilles, 
qui se réfléchissent fortement pour mieux abriter le dépôt qui leur est 
confié; on voit alors les tiges florales toutes recouvertes de ces feuilles 
pendantes et appliquées contre les fruits enveloppés des poils de leurs 
pédoncules ; jusqu'à ce que la dissémination soit accomplie, ce qui 
n'a lieu que tard, et quelquefois au printemps. 

Ce Re est surtout très-frappant dans le Craciatum et dans 
l’Articulatum, de l'Égypte, qui n'appartient cependant pas’ à ce type, 
et dont les graines se sèment souvent par la désarticulation des tiges. 

: Le Vernum et le Pedemontanum ont bien aussi leurs pédicelles 
déjetés, mais leurs fruits sont roulés sur les pédoncules, et non pas 
cachés sous les feuilles, ce qui arrive aussi quelquefois au Cruciatum 
lorsqu'il a cru sous les ombrages. : 

Les Leiaparinæ, qui forment le second type des Galium annuels, 

-ont tous l'inflorescence en cymes paniculés ; les fleurs hermaphrodites 
et blanchâtres, les fruits glabres ou granulés; on n'en compte qu'un 
petit nombre, qui me paraissent à peu près homotypes, et dont le 
principal est le Parisiense, sous lequel Gaupin réunit, je crois’, avec 
raison comme variétés l'anglicum , ainsi que le Parvifolium, et aux- 
quels on peut encore, je pense, ajouter le Tenuissimum et le Divari- 
catum , de DE Cannoze. Toutes ces plantes, qui passent si facilement : 
les unes aux autres, et pour lesquelles on ne peut trouver aucun 
caractère spécifique constant, ont leurs verticilles-de quatre-à huit 
feuilles, recouvertes, comme les tiges, de poils crochus et redressés, 
et des fruits lisses ou granuleux placés au sommet des tiges sur des 
pédicelles à peu près droits. Je ne connais aucun phénomène physio- 
logique qui les concerne , excepté celui de l'Anglicum, dont les fleurs 
verdâtres s'ouvrent le matin et se referment dans la soirée, après avoir 
été fécondées. 

Les Euaparinæ, ou les Galium de notre troisième et dernier groupe, 
ont, comme les Leiaparinæ, auxquels ils ressemblent d'ailleurs beau- 


— 702 — 
coup, les tiges quadrangulaires, chargées de quatre à huit feuilles, 
et les fleurs blanches ordinairement hermaphrodites; mais ils en dif: 
fèrent principalement par leur inflorescence axillaire, et secondaire: 
ment par leurs feuilles et leurs fruits souvent chargés d’aiguillons 
recourbés. Je ies partage en deux types. 

Le premier est celui des espèces à fruits didymes, globuleux, dont 
la plus répandue est l’Aparine , des cultures de toute l'Europe et même 
de l'Asie boréale, où il grimpe en s'accrochant par ses aiguillons sur 
les haies qu'il couronne de ses feuilles d’un beau vert et de ses petites 
fleurs blanches. Autour de lui se rangent des espèces plus modestes, 
mais d’une conformation absolument semblable, le Saccharatum, à 
pédoncules réfléchis et fruits verruqueux, semblables à des cristaux 
de sucre candi; le Tricorne, dont les trois pédicelles se recourbent 
comme des cornes ; le Spurium, à pédicelles plus nombreux et à peine 
recourbés; le V’uillantii, qui n’en est sans doute qu'une variété, à 
fruits verruqueux et déjetés, et qui vit au milieu de nos blés, où ilne 
s'élève que de quelques pouces, etc. 

Ces plantes, qui ont toutes une fécondation opérée intérieurement 
par l'humeur miellée, sont remarquables par leurs rameaux presque 
solitaires à chaque verticille, et par les petites glandes qui bordent 
souvent les tiges à la base supérieure de ces verticilles. 

Les Euaparinæ du premier type ont leurs fruits séparés, ordinaire- 
ment accrochants et recouverts dans l'A{parine, peut-être aussi dans 
quelques-uns de ses homotypes, d’une enveloppe un peu coriace, 
qui se détruit à la dissémination, et que traverse le cordon ombilical 
pour arriver jusqu'à la base de la graine ; leur embryon , remarquable 
par la longueur de sa radicule, suit le contour intérieur de la sphère 
creuüse dont la grande partie est occupée par un albumen corné; la 
même organisation a lieu, comme je vois, dans le Sylvaticum ; maïs 
l'enveloppe de ce dernier ne se détache pas à la dissémination. 

Le principal phénomène physiologique de ce groupe, c'est celui du 
Galium tricorne, dont les fleurs présentent à chaque aisselle un pédon- 
cule aplati, divisé en trois pédicelles, deux latéraux chargés d'une 
fleur mâle trifide à trois étamines, et un central à fleur véritablement 
hermaphrodite, et dont les stigmates sont inégaux. Après la féconda- 
tion, les pédicelles des fleurs mâles s'allongent en pointe mousse, 
ceux des fleurs femelles s’élargissent en se couvrant d'aspérités sur leur 
face supérieure, et se recourbant en dessous pour abriter leurs deux 
graines. La même chose, à peu près, a lieu dans le Saccharatum , à 
pédoncule trifide et fleur hermaphrodite entourée de deux mâles, 
mais ses fleurs ont toutes une corolle quadrifide et quatre étamines ; 
après la fécondation, le pédoncule se déjette au sommet. 


PONS 


— 703 — 


Le deuxième type des Euaparinées est celui des espèces dont l'inflo- 
rescence ést latérale, et dont les fruits hispides sont formés de deux 
méricarpes allongés et étroits; la principale est le Galium murale , qui 
croît sur les rochers arides et les murs du midi de l'Europe, et dont 
les feuilles, quinées vers le bas, sont quaternées au milieu et ternées 
vers le sommet; les fleurs axillaires sont jaunâtres, très-petites et 
portées sur des pédicelles courts, hérissés et arqués, surtout après la 
floraison ; le fruit est velu, allongé, hérissé, presque.sessile, déjeté 
vers le bas et dépourvu de dents ou appendices. 

J'y ai remarqué deux sortes de fruits, les uns noirâtres, arrondis 
et pointillés ; les autres recouverts de petits tubercules qui forment 
dans leur ensemble une tête hérissée, et je suppose que les premiers 
sont les seconds dépourvus de leur enveloppe et prêts à se partager en 
deux méricarpes. On place près du Murale le Filiforme , de Ténériffe, 
à fleurs mâles, sessiles et femelles, légèrement pédicellées, et le 7er- 
ticillatum, du midi de l'Europe, à feuilles opposées deux à deux près 
du sommet, à!fruits velus, redressés, rapprochés, mais non défor- 
més, et dont les feuilles sont unilatérales, pour laisser plus de place 
aux fleurs. 

Le troisième et dernier type des Euaparinees est celui des espèces à 
inflorescence axillaire , paniculée , terminale en apparence, et dont les 
tiges, droites ou couchées, sont quadrangulaires et amincies, comme 
dans le Setaceum. 

Les tiges des Galium vivaces, rarement cylindriques et presque 
toujours quadrangulaires, sont très-souvent renflées au-dessus de 
chaque articulation, formée d'une substance blanchâtre et cornée, 
comme celle des pétioles de nos Légumineuses ; cet organe singulier, 
qui se montre ici dans tout son développement, est destiné à opérer 
dans tous les sens la flexion des entre-nœuds des tiges et des rameaux; 
on conçoit en effet que, si les tiges verticillées des Galium avaient été 
dirigées verticalement, les verticilles supérieurs auraient presque 
entièrement dérobé la lumière aux autres; tandis qu’au moyen de ces 
flexions si multipliées et si diverses, chaque partie de la plante reste 
exposée à l'influence vivifiante des rayons du jour. 

La structure de ces verticilles a beaucoup occupé les botanistes, 
qui ont cherché à la ramener à celle des feuilles opposées; DE Cax- 
DOLLE surtout a observé que, comme lès Rubiacées étrangères étaient 
des plantes bistipulées, on pouvait considérer que, dans les verticilles 
des Rubiacees, il n’y avait que deux feuilles principales, et que les 
autres devaient être regardées comme autant de stipules; à l'appui 
de cette idée , il montre, dans les Borreria, et surtout dans les Sper- 


POE 
macocées, différents passages des stipules aux feuilles proprement 
dites, et il fait remarquer, dans divers genres , tels que les Crucia- 
nelles, les Aspérules, etc., quelques espèces où les feuilles opposées 
sont plus grandes que les autres dans le même verticille; j'ajoute que 
l'on peut observer cette même différence dans quelques espèces à 
feuilles quaternées, telles que le Boreale et le Rotundifolium. . 

L’efflorescence est terminale ou axillaire; dans le premier cas, les 
tiges paniculées, une ou plusieurs fois dichotomes et trichotomes, 
étalent presque simultanément leurs fleurs portées sur des pédoncules 
et des pédicelles axillaires ; dans le second, qui est le plus fréquent 
chez les espèces annuelles, les fleurs s'épanouissent de bas en haut, 
et les inférieures répandent déjà leurs graines que les supérieures ne 
sont pas encore écloses. C'est d'après cette différence d’efflorescence, 
que Tauscn ( Annales des sciences naturelles, juillet 1836) a divisé 
les Galium en deux sections, celle des Eugalium, dont les fleurs 
s'épanouissent à peu près toutes à la même époque, et celles des Ru- 
beola, à efflorescence centripète, qui comprend les 4parines et s'étend 
aux J’aillantia, etc. | 

Le limbe calicinal manque entièrement dans tous les Galium , et la 
corolle valvaire esten roue ou un peu campanulée ; à l'époque de la 
fécondation, les anthères introrses ou latérales répandent leur pollen 
sur les stigmates bien conformés mais sessiles au fond de la fleur et 
l'humeur miellée sort d’un urcéole qui rompt les globules polliniques 
lesquels envoient leurs émanations aux stigmates déjà imprégnés. 

Les fruits sont ordinairement enveloppés d'un test assez dur, et 
qui les protége dans leur germination, mais quelquefois, comme dans 
les Aparinces , ce test se détache, au moins en partie avant la dissé- 
mination, et laisse voir la graine avec sa radicule et son embryon 
dorsal et allongé. 

Le phénomène le plus remarquable que m'ait présenté ce genre est 
celui du Cruciatum, dont les petits fruits, placés sur les divers côtés 
des cymes rameux, dirigent leurs pédicelles de manière qu'ils arri- 
vent exactement dans les intervalles qui séparent les quatre feuilles; 
parvenus ainsi avec leurs méricarpes au-dessous de ces mêmes feuilles, 
ils se recourbent dans tousles sens; lorsqu'une fois ces pédicelles sont 
abrités, les feuilles s'appliquent étroitement contre la tige, tandis que 
celles qui accompagnent les pédicelles des fleurs mâles et par consé- 
quent avortées, restent libres et ne s'appliquent jamais. 

Lesespèces de ce grand genre sont tellement rapprochées et en même 
temps tellement variables, que les botanistes ne sont point d'accord 
entre eux sur celles qui forment de véritables espèces ; c'est pourquoi 


— 705 — 

Kocx, dans sa Flore d'Allemagne, a eu recours pour les distinguer à 
un caractère qui a réellement plus de constance que les autres, celui 
de la position des pédoncules et des pédicelles avant, pendant et après 
la fécondation; car ils changent de position dans ces trois circons- 
tances, où ils sont tantôt droits, tantôt inclinés ou réfractés selon 
les espèces. En étendant plus loin cette observation, on peut concevoir 
que ces mouvements si variés sont tous relatifs à la dissémination 
propre à chaque espèce. 


SIXIÈME GENRE. — /’aillantia. 


Le Vaillantia à les fleurs ternées, l'intermédiaire hermaphrodite, 
les deux latérales mâles et soudées dans la maturation à l'hermaphro- 
dite ; le calice persistant est formé de plusieurs dents droites et irré- 
gulières; la corolle en roue est trifide dans les fleurs stériles, et 
quadrifide dans les autres ; les étamines varient de trois à quatre et 
les stigmates sont en tête. , 

Ce genre est formé de deux plantes annuelles , à tiges tétragones et 
feuilles quaternées dans chaque verticille, et se recouvrant de manière 
à former quatre rangs longitudinaux, comme dans le Galium cru- 
cialum. 

La première, ou le Muralis, des murs du midi de l'Europe, et dont 
toutes les parties sont glabres et assez dures, a les feuilles déjetées et 
les fleurs ternées entre chaque aisselle; la centrale, qui est la seule 
fertile, s'incline dans la maturation, et les deux autres conservent 
assez long-temps leurs pédicelles redressés ; après la fécondation, les 
bases des calices se soudent, leurs limbes grandissent et forment les 
trois cornes dont le fruit est couronné. A la dissémination, la graine 
toujours solitaire sort par la base entre les trois cornes qui s’écartent, 
et le péricarpe ouvert reste attaché à la tige. 

La seconde, ou l'Hispida, ainsi appelée des poils rudes dont elle est 
couverte, appartient à l'Italie et à l'Espagne ainsi qu'aux îles Baléares, 
aux Canaries et à la Barbarie; son fruit est recouvert par le prolon- 
gement d'un pédoncule principal, qui, dans la maturation, se renverse 
et s’élargit en forme de bouclier sur les deux méricarpes nichés dans 
son enfoncement, mais pourtant toujours visibles; les fleurs s'ouvrent 
le matin et tombent le soir, et les pédoncules latéraux s’endurcissent 
en cornes pendant la maturation. 

Ces deux plantes ont l'inflorescence centripète du Galium crucia- 
tum ; leurs fruits inférieurs sont mûrs avant que les fleurs du sommet 
soient épanouies. 

IH. 45 


nr ce 

J'ai remarqué que, dans le Muralis comme dans l'Hispida, lesfleurs 
étaient placées entre les aisselles et non pas aux aisselles, et qu'il y en 
avait douze dans chaque verticille supérieur, huit stériles et quatre 
fertiles, dont les fruits mûrs pendaient entre les aisselles des quatre 
feuilles qui remplissent toutes ici les mêmes fonctions; en sorte que 
deux d’entre elles ne peuvent pas être considérées comme des stipules. 

Les fruits sont ici protégés, non-seulement par les feuilles, mais 
encore par les pédoncules et les calices amplifiés, 


SEPTIÈME GENRE, — Callipeltis. 


Le Callipeltis a un limbe calicinal nul, une corolle quadrifide, 
campanulée, à lobes ovales et peu marqués, quatre étamines très- 
courtes, deux styles, un fruit oblong, un peu recourbé et mono- 
sperme par avortement. 

Ce genre n'est formé que du Cucullaria, herbe annuelle très- 
rameuse , glabre, amincie et redressée, qui croît dans les champs de 
l'Asie mineure, de l'Arabie et de la Perse, et se retrouve encore aux 
environs de Madrid; sa tige est quadrangulaire, et ses feuilles sont 
quaternées dans chaque verticille; ses fleurs, qui naissent trois à trois 
dans chaque aisselle, portent à la base une bractée foliacée et consis- 
tante, laquelle pendant la fécondation commence à se plier en deux, 
et finit par envelopper, comme un capuchon, le fruit qui est solitaire, 
hispide au sommet et fort allongé. 


Considerations générales sur les Rubiacées. 


Les phénomènes physiologiques qui concernent cette famille, et 
dont quelques-uns ont déjà été indiqués, sont la disposition des feuilles 
en verticilles formés d’un nombre variable de feuilles, soit dans la 
même espèce, soit surtout dans des espèces différentes; ces verticilles 
dont les diverses pièces sont placées dans le même plan horizontal, 
sont ordinairement considérés comme formés de deux feuilles, entre 
lesquelles sont interposées des bractées ; mais comme ces bractées ne 
diffèrent en rien des vraies feuilles, excepté qu'elles ne portent pas 
des rameaux à leur base, on ne saurait les considérer comme des brac- 
tées ordinaires, d'autant plus qu'elles sont trop nombreuses pour être 
assimilées aux vraies bractées, et qu'elles ne remplissent aucune des 
fonctions auxquelles on reconnait les bractées dans les autres familles ; 
mais le principal phénomène est ici celui de la variation infinie qu'a 
mise la nature dans la conformation des fruits, et surtout dans les 


— 707 — 


changements qu'ils subissent selon les divers genres de cette famille, 
depuis le moment où ils apparaissent, jusqu'à celui où ils sont dissé- 
minés; ils ont été abrités, pendant leur maturation, de plusieurs ma- 
nières aussi nouvelles qu'inattendues, et qui mènent toutes à un but 
unique, celui de la conservation de l'espèce, c'est-à-dire des graines; 
ainsi, pour ne parler que du Callipeltis, ce dernier genre que nous 
venons de décrire, qu’y at-il de plus extraordinaire que de voir ses 
feuilles florales, conformées primitivement comme les autres, s'é- 
paissir et se recourber pour former enfin des capuchons destinés à 
envelopper la graine qu’ils accompagnent dans la dissémination ? On 
trouve ordinairement au centre de chaque fascicule floral, une fleur 
nue; c’est-à-dire dépourvue de capuchon, et qui paraît aussi fertile que 
les autres par lesquelles elle est ordinairement cachée. Tant la nature 
s'est plu, dans cette petite famille, à rendre visible à tous les yeux la 
sublime intelligence du suprême ordonnateur. 


Soixante-dix-huitième famille. — Valérianées. 


Les Z’alcrianées ont le limbe calicinal , tantôt divisé ou seulement 
denté, tantôt d'abord roulé et ensuite développé en une aigrette à 
plusieurs rayons, la corolle infondibuliforme à tube égal, bossu ou 
éperonné et limbe ordinairement quinquéfide mais quelquefois qua- 
drifide; les étamines , au nombre de quatre à une, sont adnées au tube 
de la corolle, mais libres au sommet, et se terminent par des anthères 
ovales et biloculaires; le style est filiforme, les stigmates , qui varient 
de deux à trois, sont quelquefois réunis en un seul, le fruit membra- 
neux, ou légèrement nucamentacé est indéhiscent, uniloculaire ou 
triloculaire, à deux loges avortées; les semences, solitaires dans le fruit 
ou la loge fertile, sont pendantes et dépourvues d’albumen; l'embryon 
est droit, la radicule est supère et les cotylédons sont planes. 

Les f’alériances sont des herbes annuelles ou vivaces et rarement 
sous-frutescentes à la base; leurs racines annuelles sont inodores et 
amincies, mais les vivaces sont des rhizomes qui répandent une très- 
forte odeur; leurs feuilles opposées et dépourvues de stipules diffèrent 
fréquemment dans la même espèce , et les inférieures sont quelquefois 
entières, tandis que les autres sont laciniées; les fleurs sont corymbi- 
formes, souvent hermaphrodites ou quelquefois dioïques par avor- 
tement. 


— 708 — 


PREMIER GENRE. — Patrinia. 


Le Patrinia a un calice tronqué ou légèrement quinquéfide, une 
corolle régulière, non éperonnée et obtusément quinquélobée, quatre 
étamines , rarement cinq, adnées au fond du tube de la corolle et 
alternes à ses quatre lobes inférieurs, un stigmate trigone et en tête, 
une capsule triloculaire et monosperme, couronnée par le limbe du 
calice et presque toujours adhérente à une bractée paléacée. 

Ce genre, actuellement formé de neuf espèces homotypes et ori- 
ginaires de la Sihérie, de la Tartarie chinoise ou du Japon, ne com- 
prend guëre que des herbes vivaces , à fleurs jaunes, corymbiformes 
et feuilles entières à la base mais pinnatifides au sommet. 

La plus connue, ou le Sibirica , s'élève jusqu'à un pied, avec le port 
et la'plupart des caractères des Valérianelles ; sa tige est raide et cylin- 
drique, et ses feuilles opposées sont pinnatifides ; ses fleurs forment 
de très-élégants corymbes, plusieurs fois trichotomes et dont l’efflo- 
rescence générale, comme la particulière, sont centrifuges ; les 
corolles, d’un jaune doré, comme dans toutes les espèces du genre, 
sont quinquéfides, labiatiformes ; en sorte que, dans l'estivation, les 
deux lobes supérieurs recouvrent les trois autres, les anthères, au 
nombre de quatre, sont introrses et répandent intérieurement leur 
pollen dans le tube de la corolle, dont les poils, ainsi que ceux de la 
base des étamines sont imprégnés par l'humeur miellée, qui distille 
d'un petit plateau relevé au centre du torus, et dont les émanations 
fécondent le stigmate. 

Le caractère essentiel du genre est la bractée jaune, ovale et persis- 
tante, sur laquelle se couche et s'attache la capsule pendant la matura- 
tion, et qui remplace ensuite l’aigrette des J’alérianes ; au moment de 
la dissémination , la fleur, d'abord droite et portée sur un pédoncule 
bordé de deux petites bractées, se déjette fortement, en rompant 
son support, et reste suspendue et flottante à un pédoncule très- 
aminci, jusqu'à ce qu'elle ait été emportée par le vent, comme on le 
voit dans un grand nombre d'Ombelliferes, et je crois, aussi dans 
l'Ormeau. 

Les autres espèces ont une organisation à peu près semblable, une 
ou deux ont les fleurs pentandres et leur capsule dépourvue de sup- 
port; les deux loges vides sont parallèles sur le grand côté de la cap- 
sule, et renferment, surtout dans le Scabra, de Bauge, chacune un 
ovule avorté. 


tés 


— 709 — 


DEUXIÈME GENRE. — Ÿalerianelle. 


Les V’alériunelles ont un calice denté et persistant, une corolle régu- 
lière et quinquélobée, trois étamines, un stigmate plus ou moins 
trifide, un ovaire triloculaire, indéhiscent, légèrement membraneux 
et couronné par le limbe calicinal développé et diversement denté, un 
fruit à une ou deux loges vides, et par conséquent à deux ou une 
seule semence. 

Ce genre se partage en quatre sections : 

1° Les Locustæ ; fruit mûr à deux ou trois loges, dont une seule 
fertile, bossue et cellulaire sur le dos, les deux autres distinctes ou 
réunies par la disparition de la cloison , égales à la loge fertile ou plus 
larges qu'elle ; 

20 Les Psilocælæ; fruit triloculaire, légèrement aplati en avant, 
loge fertile, à dos ni celluleux ni renflé, loges stériles, filiformes, beau- 
coup plus étroites que la fertile, souvent éloignées et réniformes ; 

3° Platycælæ ; fruit triloculaire, sillonné en avant, loge fertile, ni 
celluleuse ni bossue sur le dos, loges stériles plus longues que la fertile 
ou égales et contigués ; 

4° Les Selenocælæ; fruit triloculaire fortement sillonné en avant, 
loge fertile ni celluleuse ni bossue sur le dos, loges stériles plus larges 
que la fertile, recourbées dans leur longueur et dont la section trans- 
versale a la forme d’un croissant. 

Ce genre est entièrement formé d'herbes petites et annuelles, à. 
tiges dichotomes et feuilles oblongues ou linéaires, entières ou den- 
tées à la base et pinnatifides au sommet ; les fleurs solitaires ou fasci- 
culées dans les dichotomies et toujours pourvues de bractées , sont. 
petites, bianches ou bleuâtres, rarement roses. 

Les Locustæ, qui composent notre première section, se divisent en 
deux types, dont le premier, à fruit biloculaire à la maturité, n'est 
guère formé que de l'Olitoria, répandu dans tous les champs de l'Eu- 
rope, et cultivé même dans nos jardins, où il se ressème continuelle- 
ment. On le reconnaît à son fruit globuleux, bossu d'un côté et aplati 
de l’autre, ainsi qu’à son calice à peu près avorté et réduit à une, deux 
ou trois dents très-courtes; les fleurs d’un bleu clair ou quelquefois 
blanches, sont disposées en petites têtes corymbiformes et entourées. 
de bractées ciliées ; ses feuilles linéaires sont terminées, comme les 
bractées, par une belle glande tronquée; les deux autres espèces du 
ème type sont le Radiata, de l'Amérique septentrionale , qui n'est 
guère qu’une variété de l'Olitoria et l'Exscapa, du Caucase, plante 


— 710 — 


dépourvue de tige, qui n'appartient probablement pas aux ZLocustæ. 

Le second type des Locustæ est également formé de trois espèces 
homotypes, le Turgida et le Costata, de la Tauride, et le Gibbosa , 
de la Sicile ; leurs fruits, qui se ressemblent beaucoup, sont arrondis, 
glabres, plus ou moins couronnés, bossus et celluleux du côté de la 
loge fertile, aplatis et sillonnés de l’autre. 

Les Psilocælæ se partagent également en deux types; le premier, 
ou celui dont les lobes du calice se prolongent en dents raides, com- 
prend deux espèces : l'Uncinata, de la Tauride, de sept à neuf dents, 
et l'Echinata, du midi de l'Europe, à trois dents, dont une est 
recourbée. 

Dans l’Echinata, la corolle régulière à quatre ou einq divisions, 
autant d'étamines et stigmate trilobé, a son calice déformé et divisé 
dès sa naissance en trois lobes épais , dont l'extérieur est plus grand 
que les deux autres; pendant la maturation et après la chute de la 
corolle, ces trois lobes se resserrent en s'épaississant , et le troisième 
se recourbe en dehors, de manière que l’ensemble des fleurs forme à 
la maturation une tête hérissée; le calice se détache enfin avec son lobe 
en crochet, et en l'ouvrant, on trouve dans la loge fertile une graine 
allongée; mais dans l’'Uncinata, toutes les dents sont recourbées et 
servent sans doute à la dissémination. 

Le second type de la même section est celui des Æriocarpes, ou 
des Valerianelles à fruits hispides, velus ou pubescents et limbe cali- 
cinal redressé, entier ou denté, mais jamais recourbé, il comprend 
cinq espèces originaires du midi de l'Europe ou des îles de la Médi- 
terranée ; la plus remarquable est le Truncata, des îles de la Grèce, à 
calice auriculé, très-entier et obliquement tronqué. 

Les Platycælæ se divisent en trois types : le premier, à limbe 
redressé, entier ou denté, mais jamais recourbé, comprend l'Auri- 
cula, commun dans nos cultures; le Dentata, qui en est très-voisin, à 
tiges plusieurs fois dichotomes et limbe également articulé, mais au 
moins tridenté; le Pumila, à limbe court, inégal, mais également 
tridenté; le Sphærocarpa, de la Sicile, à fruit globuleux, dont une 
des trois dents est plus allongée que les autres; et enfin le Trigono- 
carpa , des environs de Constantinople, à fruits trigones et calice à 
peu près avorté; toutes ces plantes européennes sont au moins homo- 
types, si elles diffèrent spécifiquement. 

Le second, ou celui à calice crochu, est formé du Hamata, à 
fleurs rapprochées en tête et fruit couronné par des dents un peu cro- 
chues; du Coronata , dont le calice est semblablement conformé, mais 
dont les feuilles supérieures sont pinnatifides, et non pas entières ou 


— TAl — 
tripartites, comme dans l'Hamata, enfin du Brachystephana, dont 
le limbe calicinal est formé de cinq divisions un peu inégales.et non 
crochues, et dont les feuilles supérieures tripartites ont leur division 
moyenne irrégulièrement dentée. J'ai remarqué que, dans cette 
espece, qui donne de larges touffes , la floraison marchait du centre 
à la circonférence, et que les tiges intérieures étaient chargées de 
fruits, tandis que les autres donnaient leurs fleurs; que dans le Ha- 
mata, les six divisions du calice sont allongées, cornées et crochues 
au sommet, et que le fruit, recouvert en dehors de poils. duvetés, 
était sillonné sur sa surface antérieure. 

Le troisième type ne comprend qu’une espèce des bords de la Mé- 
diterranée, le Vesicaria, qu'on reconnaît tout de suite à son limbe 
calicinal, renflé en vessie et terminé par six dents courtes et conni- 
ventes; ses fleurs sont réunies trois à trois ou deux à deux par des 
bractées, et pendant la maturation, les six divisions calicinales se 
réfléchissent en dedans., le calice lui-même se renfle en sphère; les 
deux loges de la capsule s'oblitèrent, et la troisième renferme une 
semence aplatie et cornée, engagée dans sa loge comme dans un feutre. 
A la dissémination, le calice ouvert au sommet tombe avec la semence, 

Les Selenocælæ ne comptent non plus que deux espèces, le P/aty- 
loba, à limbe calicinal étalé et bordé de six lobes un peu crochus, 
et le Carinata, à limbe calicinal unidenté; ces deux plantes, qui 
appartiennent au midi de l'Europe, se reconnaissent encore à leurs 
fruits creusés antérieurement en nacelle. 

Les V’alérianelles, confondues autrefois, par Linné , sous la déno- 
mination de ’aleriana Locusta, comme les Medicago, à fruits con- 
tournés, sous celle de Medicago polymorpha, forment un genre 
distinct, dont les nombreuses espèces sont liées entre elles par de si 
grands rapports, qu’on pourrait les considérer toutes. comme dépen- 
dant du même type. 

Ce sont des plantes annuelles ou bisannuelles, qui peuplent les 
champs, les vignes et en général les cultures de l'Europe centrale et 
méridionale, d’où elles s'étendent dans l'Asie occidentale ; elles se 
ressèment la plupart à la fin de l'été, poussent leurs premières feuilles 
en automne, et fleurissent ensuite, les unes au premier printemps, 
les autres un peu plus tard, en formant sur le terrain des touffes d'un 
beau vert. 

On peut facilement les reconnaître à leur port et à leur structure 
générale; leurs tiges anguleuses et plusieurs. fois dichotomes, sont. 
chargées à chaque embranchement de feuilles opposées, entières ou 
irrégulièrement dentées; leurs fleurs, sessiles à chaque dichotomie, 


— 712 — 
se rapprochent tellement dans les dernières ramifications, qu’elles 
finissent par former de petits corymbes ombellifères ou de petites 
têtes de fleurs bleuâtres, qui ne tardent pas à donner leurs fruits; on 
voit, dès l'entrée de l'été, ces tiges annuelles se dessécher et dispa- 
raître enfin entièrement. 

Mais, autant les tiges et les feuilles sont semblables dans les diverses 
espèces du genre, autant, au contraire, les fruits sont variables ; ils 
se composent primitivement, comme on peut en juger sans peine, 
de trois loges monospermes, et par conséquent de trois graines ; maïs 
de ces trois graines, deux avortent régulièrement, et les loges qui les 
renfermaient , tantôt se réunissent en une seule en perdant leur 
cloison, tantôt, au contraire, restent très-distinctes et plus grandes 
que la loge fertile, où quelquefois très-amincies et comme obli- 
térées, ou enfin recourbées et tellement déformées, que leur section 
transversale offre l'apparence d'un croissant. C’est de ces formes 
variées d'avortement, que De Canpoze tire le principal caractère 
des sections du genre, mais il est facile de comprendre qu'elles ne 
sont jamais assez constantes pour qu’on ne puisse craindre de fré- 
quentes déviations ; ainsi, je vois, par exemple, que le Prodome 
réunit dans les Platycælæ, l Auricula et le Dentata, tandis que, selon 
Gaunin, la première a deux loges vides très-marquées, et que dans la 
seconde ces deux loges disparaissent entièrement. 

Le second caractère des sections consiste dans la forme du calice : 
cet organe est ici tellement variable, que tantôt il existe à peine, 
tantôt il est sensiblement et irrégulièrement prolongé, tantôt enfin il 
est terminé par des dents souvent très-distinctes, raides et recourbées 
en crochet dans certaines espèces. Ces modifications multipliées ét qui 
paraissent assez constantes dans les mêmes espèces, ont ceci de parti- 
culier, qu'elles sont toujours plus marquées sur un des côtés de la 
fleur que sur les autres. 

La corolle n’est pas toujours régulière, comme l'indique DE Cax- 
DOLLE. Je l'ai souvent trouvée un peu irrégulière et bossue, c’est- 
à-dire rapprochée de celle des Valérianes et de la plupart des genres 
de la famille; la petite bosse qui indique la place de l’éperon, laisse 
voir, quand on l'observe de près, un léger épaississement et ‘une 
faible teinte jaunâtre; on peut remarquer, de plus, au fond de la 
fleur, les poils qui accompagnent ordinairement l'organe nectarifère, 
et qui sont assez distincts dans le Coronata, Y Hamata, etc. 

Généralement la fleur qui paraît la première est sessile à l'angle de 
la première dichotomie, la seconde à l'angle de la seconde, et ainsi de 
suite, Jusqu'à ce qu'on arrive au point où toutes les dichotomies 


— 713 — 


croisées sont à peu près confondues, et où l'efflorescence paraît 
comme simultanée. Pendant tout le cours de la floraison, les tiges et 
les rameaux s’allongent, et laissent à l'épanouissement un champ plus 
libre, et l'on voit, en y regardant de près, dans plusieurs espèces, le 
Dentata, par exemple, des fleurs mâles mêlées aux hermaphrodites. 

La fécondation, qui a lieu à l'extérieur, m'a paru toujours accom- 
plie en un seul jour; les trois anthères petites et ovales répandent 
leur pollen blanchâtre sur le stigmate papillaire et trifide placé à la 
même hauteur ; ensuite la fleur se détache, et le limbe calicinal s'ac- 
croît. Du reste il n’est pas douteux qu'ici, comme dans le reste de la 
famille, le nectaire du fond de la fleur ne concoure à la fécondation. 
Le fruit, qui ne n'a jamais paru susceptible d'aucun mouvement, 
tombe à la maturation, dépourvu d'aigreite et de paillette, mais 
accompagné de son calice persistant, diversifié selon les espèces. La 
semence ovale ou plus ou moins allongée a une radicule supère, et j'ai 
en effet remarqué, dans l'Olitoria , qui n’a plus de dents calicinales, 
les vaisseaux nourriciers qui se dirigeaient vers le sommet par le milieu 
du côté aplati de la loge séminifère. x 

Cette même espèce présente une monstruosité très-commune, déjà 
indiquée par Pozrreu, et qui consiste en une dégénération dela corolle, 
transformée en une substance épaisse, d'un gris verdâtre et très-dilaté. 
On apercoit souvent, dans le tube moins altéré que le limbe, les 
rudiments des trois étamines ou trois anthères verdâtres et manifeste- 
ment bilobées; quelquefois on voit même le style très-bien conformé, 
avec ses trois stigmates , et à côté de corolles entièrement déformées, 
d'autres plus ou moins altérées; presque toujours les bractées sont 
épaisses, agrandies et recroquevillées. Cette dégénérescence , qui ap- 
partient probablement à la piqûre d’un insecte , est remarquable, en 
ce qu’elle est toujours semblable à elle-même. S'étend-elle aux autres 
espèces du genre ? 

Les Valérianelles ont leurs fleurs souvent polygames, des femelles 
portant des rudiments d'étamines et des mâles à peu près dépourvues 
de pistil, comme on peut le voir dans le Dentata, l'Olitoria , \ Hamata 
et l’Ancinata, et il est facile de comprendre que, s’il en eût été autre- 
ment, les fruits trop accumulés n'auraient pas pu aisément mürir et 
s'étendre. Cette diversité de sexe est sans doute la raison pour laquelle 
ces corolles ne se referment pas, non plus que celles des autres fleurs 
unisexuelles. 

Les principales remarques physiologiques sur ce genre concernent 
l'avortement des semences , et l'accroissement irrégulier des dents du 
calice; ces deux dispositions concourent au même but ; le premier à 


— 714 — 


la diminution des semences, le second à leur dispersion; la nature, 
qui aurait pu atteindre son but en réduisant le fruit à un carpelle 
monosperme, a préféré d'y arriver par l'avortement, elle a dispersé 
les semences par l'accroissement et le recourbement crochu des dents, 
et non pas, comme dans les J’ulerianes , par des aigrettes plumeuses , 
et elle a déployé un luxe très-remarquable dans les variations de forme 
des fruits. 

Kocx, dans sa Flore d'Allemagne, divise les Falérianelles indigènes 
en quatre sections fondées sur le nombre et la forme\des dents; dans la 
première , elles sont courtes, droites ou évanouissantes ; dans la se- 
conde, subulées et recourbées ; dans la troisième, la dent postérieure 
est agrandie; dans la quatrième elles sont sétacées de six à douze, et 
le calice est enfle. 


TROISIÈME GENRE. — Pedia. 


Le Fedia a un calice irrégulièrement quadrilobé, une corolle à tube 
filiforme éperonné et limbe quinquéfide, inégal et labié; deux étamines, 
un stigmate bifide, un fruit indéhiscent, feutré, à trois loges, dont 
deux vides et étroites et une troisième fertile, monosperme et plus 
élargie. 

Ce genre comprend deux herbes annuelles et glabres, à feuilles en- 
tières ou dentées, le Cornucopiæ, du bassin de la Méditerranée, à 
fleurs fasciculées, et le Scorpioides, des environs de Tanger, à fleurs 
disposées latéralement sur les deux rameaux qui forment le cyme: 

Le Cornucopiæ, très-anciennement connu, est un véritable type 
dans la famille des Valérianes ; sa fleur d’un beau rouge a la lèvre 
inférieure marquée d’une tache foncée ettrilobée, les deux étamines 
dressées contre la lèvre supérieure, et les anthères ouvertes sur le 
fond du tube corollaire, c'est-à-dire sur le nectaire ou sur une 
glande verte, qui correspond à une légère bosse extérieure. 

Le pollen, avant le développement des petits stigmates bifides, 
trifides ou même quadrifides, tombe dans le fond de la corolle, 
tapissé de poils très-élégamment ramifiés et sans cesse humectés par 
la glande nectarifère placée au-dessous et dont la liqueur remplit 
l'éperon; il n’est pas non plus improbable que la tache trilobée et 
glutineuse de la lèvre inférieure ne recoive elle-même l'humeur miellée 
et ne fasse éclater les globules polliniques dont les émanations arri- 
veraient ainsi au stigmate ; quoi qu'il en soit, la fécondation ne peut 
avoir lieu autrement, dans la structure donnée des organes femelles. 

L'inflorescence est dichotome, comme dans la plupart des Fale- 


— 715 — 


rianes; les fleurs réunies à peu près quatre à quatre par autant de 
bractées principales ss lépanouissent presque simultanément dans 
chaque paquet ; mais celles du même fascicule paraissent les unes après 
les autres ; le corymbe s'allonge pendant la maturation, les bractées 
A isent, les pédoncules articulés se divisent, dance et se 
D oubent pe en corne d'abondance, en laissant échapper un à 
un les fruits couronnés d’une cupule irrégulièrement découpée. 

On ne peut guères douter que la structure primitive de la fleur des 
Fedia ne soit celle des autres V’aleriunes , quoiqu'’elle en diffère par 
sa corolle et le nombre de ses étamines. 


QUATRIÈME GENRE, — Plectritis. 
CE 

Le Plectritis a un calice à rebord court, droit et très-entier, une 
corolle bilabiée, éperonnée et renflée en bosse antérieurement, trois 
étamines, une capsule cartilagineuse, uniloculaire et dont les deux 
loges avortées s'ouvrent et se dilatent en ailes. 

Cette plante, qui appartient à la côte occidentale de l'Amérique 
nord, et qui fleurit dans nos jardins, est moyenne entre le Fedia et le 
Centhrantus ; sa racine est annuelle, sa tige quadrangulaire est chargée 
de feuilles entières et opposées; sa eorolle rouge et fortement éperon- 
née est bilabiée, comme celle des Fedia; ses trois étamines sont cou- 
chées contre la lèvre supérieure; ses anthères sont grandes, brunes, 
introrses, à pollen verdâtre, sphérique et long-temps adhérent; le 
stigmate est un disque aminci, membraneux, papillaire sur les bords; 
la capsule trigone et allongée ne porte qu'une graine, parce que les 
deux loges avortées sont ouvertes et déroulées ; les fleurs d'un rouge 
rose paraissent d'abord disposées en petits corymbes; mais elles 
s'allongent ensuite en verticilles réguliers, et les fruits tombent en se 
débarrassant des bractées qui les entourent, et en se disséminant sans 
doute au moyen de leurs ailes; dans l'estivation, les deux lobes de la 
lèvre supérieure enveloppent les trois autres, et les deux latéraux 
recouvrent le moyen. 

La fécondation a sûrement lieu par l'intervention de l'humeur 

miellée, qui sort du nectaire renflé en bosse qu'on aperçoit à la base 
de la corolle; le pollen tombe au fond de la fleur, et ses émanations 
‘viennent féconder le stigmate placé au-dessus dés anthères; la fleur 
m'a paru hermaphrodite, ‘mais peut-être que le stigmate avorte quel- 
yuefois ; cette plante est très-remarquable par la singularité de son 
fruit. 


— 716 — 


CINQUIÈME GENRE: — Centranthus. 


Le Centranthus a un calice dont le limbe, d'abord roulé, se déve- 
loppe après la maturation en une aigrette à plusieurs rayons plumeux, 
une corolle à tube allongé, éperonné à la base et terminé par un limbe 


quinquélobé, une étamine, un fruit indéhiscent, monosperme et 
uniloculaire, au moins en apparence. 


Ce genre se divise en deux groupes : 

1° Celui à éperon allongé et fleurs rouges ; 

2° Celui à éperon très-court et fleurs blanches. 

Le premier comprend trois espèces homotypes, et dont les deux 
dernières pourraient n'être que des variétés, le Zongifolius, de 
l'Arménie, à feuilles allongées et fleurs agrandies , l'Ængustifolius , 
de l'Europe australe et montueuse à feuilles linéaires, et enfin le 
Ruber, de la Méditerranée, à feuilles plus élargies. Ces trois plantes 
ont des racines qui s'allongent en rhizomes ligneux entre les fentes 
des rochers, et qui dès le printemps, poussent des rameaux d’un vert 
glauque, terminés par des panicules de fleurs rouges, développées 
sans interruption une grande partie de l’année. 

Le second est formé de deux espèces également européennes, 
mais non homotypes, 1°le Vervosus, des montagnes de la Sardaigne, 
à racines vivaces et feuilles entières, sillonnées de trois à sept nervures 
très-saillantes ; 2° le Calcitrapa, plante annuelle, remarquable par sa 
tige fistuleuse, ses feuilles inférieures fortement pétiolées et les autres 
toujours pinnatiséquées à mesure qu'elles s’approchent du sommet; 
ses fleurs irrégulièrement avortées ont une anthère horizontale, au- 
dessous d’un beau stigmate trifide; l'éperon a presque entièrement 
disparu et la corolle est souvent rose. 

Ces diverses plantes, la dernière exceptée , conservent leurs feuilles 
pendant l'hiver, au moins dans leur climat natal, et repoussent de 
leurs aisselles inférieures des tiges florales qui remplacent celles de 
l'année précédente; dans l’estivation, la division supérieure recouvre 
les autres. 

L'efflorescence est centrifuge, comme dans tous les cymes corym- 
biformes des Y’alerianees ; le fruit est uniloculaire, et son enveloppe 
extérieure, au moins dansle Ruber, parait formée de deux valves 
parallèles, étroitement soudées; la radicule est supère, et les deux 
cotylédons élargis remplissent tout l'intérieur du fruit; on voit, sur 
le milieu du côté plane, la nervure qui conduit les vaisseaux nourri- 
ciers de la base au sommet. 


La fécondation, dans le Ruber, et sans doute aussi dans les autres 
espèces, a lieu par l'humeur miellée, qui remplit l'éperon et l'intérieur 
du tube au moment où la fleur s’'épanouit, et où l'on voit paraître le 
stigmate ponctiforme et l'anthère encore fermée; la dernière ouvre 
ses lobes du côté opposé au stigmate, et répand son pollen dans le 
fond de la fleur par un canal libre à cette époque; les globules fécon- 
dateurs envoient ensuite leurs émanations au stigmate papillaire. 

Les corolles ne se referment pas, parce que les étamines et les stig- 
mates sont saillants, et les divers organes floraux paraissent également 
dépourvus de mouvements spontanés; mais il n’en est pas, de même 
du calice, qui se montre d'abord sous la forme d'une légère saillie 
circulaire, et qui ensuite commence à se renfler, et se déroule enfin 
en une aigrette à rayons emplumés; dès l'instant où cet élégant 
parasol s’est déployé, on voit le fruit se détacher et flotter dans les 
airs, pour déposer enfin, entre les fentes des rochers souvent escarpés 
et inaccessibles , son précieux trésor, et c'est ainsi que se résout, pour 
les Centranthus , le problème de la dissémination. Leurs graines sont 
aigrettées parce qu'elles doivent se semer sur les rochers, qu'elles ne 
pourraient pas atteindre autrement. 


SIXIÈME GENRE. — Ÿ’aleriane. 


La Valeriane a un limbe calicinal d'abord roulé , ensuite développe 
en une aigrette à rayons plumeux, une corolle à tube cylindrique ou 
légèrement conique, quelquefois bossu et terminé en limbe quinqué- 
fide ou rarement trifide, trois étamines, un fruit indéhiscent, mono- 
sperme et uniloculaire, au moins à la maturation. 

Ce genre, qui compte déjà dans le Prodrome près de quatre-vingts 
espèces, vivaces ou sous-frutescentes, éparses dans les deux conti- 
nents et surtout dans l'Amérique, la Russie, la Sibérie, le Népaul, 
a été partagé en trois sections fort inégales, et dont les deux premie- 
res ne renferment que des espèces étrangères, la troisième comprend 
seule des espèces étrangères et des européennes qui peuvent se par- 
tager en deux groupes : 

1° Celui à feuilles entières; 

2° Celui à feuilles tripartites ou pinnatilobées. 

Le premier comprend cinq espèces, qu'on ne peut guères partager 
en types, parce qu'elles ont de nombreux rapports, et qu'en particu- 
lier elles vivent toutes sur les pentes ou les sommités de nos monta- 
gnes ; la première et la plus commune est le Montana, à fleurs en 
corymbe d'abord étalé ‘et ensuite paniculé ; la seconde est le Saxatilis, 


— 718 — 

de nos Alpes, à racine odorante et fleurs en grappes corymbiformes ; 
la troisième est le Supina, des Alpes de la Carinthie, à tige couchée 
et corymbe resserré; la quatrième est le Saliunca, du sommet des 
Alpes occidentales, à fleurs odorantes et réunies en tête; la der- 
nière enfin.est le Celtica, à fleurs disposées en verticilles interrompus 
et racine odorante comme la précédente; les rhizomes de ces 
plantes pénètrent les fentes des rochers; deux d'entr'elles, en par- 
ticulier le Saxatilis et le Celtica, sont dioïques et ont les fleurs femelles 
beaucoup plus petites que les autres; j'ai remarqué la même différence 
de sexe, dans le Montana , le Tripteris, etc., qui sont plutôt, je crois, 
polygames dioïques, parce qu'ils réunissent à des fleurs hermaphro- 
dites d'autres pieds dont les fleurs sont simplement femelles. 

Les J’alerianes de notre second groupe sont de même trop rappro- 
chées pour former des types distincts; il est plus commode de les dis- 
tribuer d’après leur habitation, et jusqu'à un certain point d'après 
leur port; sous ce point de vue, je les partage en trois sortes : 1° Celles 
à tiges élevées et feuilles pinnatipartites, comme le PAu, qui se trouve 
dans tous les jardins, le Sambucina , qui a la même foliation, mais qui 
émet des stolons allongés, enracinés par le sommet et bientôt après 
détruits par la base ; l'Officinalis, des bords de nos ruisseaux, où il 
est quelquefois polygame, et qui se distingue du précédent par son 
absence de rejets. 2° Celles à tiges moyennes et feuilles supérieures 
trifides, qui vivent sur les pentes de nos montagnes, telles que le 
Tripteris, à corymbes étalés ; l'{ntermedia, des Pyrénées, qui lui res- 
semble beaucoup et n’en est peut-être qu'un hybride; le Pyrenaica, à 
tige élevée, corymbes agrandis et feuilles terminales cordiformes; 
l'Elongata , des Alpes de l'Autriche, à fleurs campanulées, souvent 
polygames ét portées sur des panicules allongées, et enfin le Tuberosa, 
de l'Europe australe, à racine tubéreuse tantôt ovale et tantôt oblon- 
gue. 3° Le Dioïque, des prés humides et marécageux de toute l'Europe 
et même de l'Orient, qui fleurit dès le premier printemps, et qu'on 
reconnaît à sa racine horizontale et amincie, ainsi qu’à ses feuilles 
inférieures entières et à son stigmate trifide ; j'ai observé que ses an- 
thères saillantes s'ouvrent toujours en dehors, pour que le pollen 
blanchâtre et adhérent puisse atteindre plus facilement les stigmates 
papillaires des fleurs voisines toujours placés hors du tube. On trou- 
verait sans doute la même disposition dans les autres J’alérianes dioi- 
ques ou même polygames. 

Les V’alérianes européennes ont les fleurs ordinairement blanches 
et disposées en tête, en corymbe ou en panicule; les tiges cylin- 
driques plus ou moins striées et creuses à l'intérieur, les rameaux 


F2 


— 719 — 

dichotomes , couronnés au sommet par un assez grand nombre de 
fleurs petites , régulières en apparence mais réellement déformées ; 
leurs corymbes sont formés de pédoncules opposés, chargés à la base 
de deux bractées dont une seule est florifère ; lorsque ces corymbes 
sont assez serrés pour former une véritable tête, alors les branches 
intérieures avortent en partie, et les autres s'étendent au contraire en 
forme d'involucre; toutefois il y a des différences à cet égarä selon les 
espèces. 

Les feuilles molles et un peu succulentes sont variables, mais tou- 
jours formées sur la même coupe; leurs nervures pennées se terminent 
souvent en renflements glanduleux, et leurs pétioles se soudent de 
manière qu'elles soient d'ordinaire demi-embrassantes ; leur couleur 
est glauque dans le Montana et les espèces voisines, au contraire d'un 
vert noir dans l'Officinalis, etc. 

L’efflorescence générale est centrifuge, comme dans les autres 
Valérianées, car la fleur qui paraît d'abord est sessile à la première 
bifurcation ; ensuite viennent, dans un ordre très-régulier, les fleurs 
centrales des bifurcations secondaires, tertiaires, etc., jusqu'à ce 
qu'enfin on arrive aux fleurs dont les embranchements sont en partie 
avortés, c’est-à-dire aux terminales. 

Ces fleurs sont semblablement conformées, et ont toutes une corolle 
plus ou moins bosselée, à divisions légèrement inégales, trois éta- 
mines, un stigmate trifide ou même entier, comme dans le Saliunca, 
où j'ai également remarqué une capsule à trois loges, dont deux vides 
servaient à indiquer l'organisation primitive du genre. 

Les fleurs ont l'estivation imbriquée ; deux divisions sont supé- 
rieures, une inférieure et les deux autres intermédiaires ; les étamines 
réduites à trois, par avortement, naissent assez inégales à la base des 
trois lobes supérieurs, les deux inférieures qui manquent sont rem- 
placées par la poche nectarifère, et le pollen tombe sur les poils humides 
qui tapissent le fond de la corolle, et aussi sur le stigmate imprégné 
d'humeur miellée, comme le style et l'intérieur de la fleur; les anthères 
s'ouvrent longitudinalement, dès que la fleur s’épanouit, et leurs filets 
se déjettent ensuite hors de la corolle; le pollen est formé de molécules 
sphériques, blanches et brillantes. 

On peut remarquer que les fleurs mâles des espèces dioïques ont 
non-seulement une corolle plus agrandie, mais qu'elles renferment 
encore un nectaire bien plus développé que celui des femelles ; ce qui 
s'explique très-bien dans la supposition que ce nectaire est appelé à 
recevoir les globules polliniques, et à renvoyer leurs émanations ou 
leurs boyaux fécondateurs aux stigmates ; mais lorsque ces fleurs mâles 


— 720 — 


ont rempli la fonction dont elles avaient été chargées, leurs tiges se 
dessèchent promptement, tandis que celles des femelles persistent en 
s’endurcissant jusqu'au moment où elles étalent leurs aigrettes, qui, 
quoiqu'elles existent, ne se développent pas dans les fleurs mâles. 

Ces aigrettes, conformées comme celles des Centranthus et éminem- 
ment hygroscopiques, se roulent par l'humidité, se déroulent et 
s'étalent par la sécheresse; j'ai compté dans celles de l'Officinalis dix 
rayons, dont les barbes étaient des poils simples, allongés et assez 
irrégulièrement placés. 

Kocx, dans sa Flore d'Allemagne, divise les Valerianes indigènes 
en deux groupes : celui à fleurs hermaphrodites, et celui à fleurs 
polygames dioïques. Il place dans le premier l'Officinalis, le Sambu- 
cina et le Phu; je crois qu'il serait plus convenable de séparer les der- 
nières en dioïques et en polygames , et de ranger parmi les dioïques 
le Dioica, le Saxatilis et le Celtica. 

Les fleurs des V’alérianes, ainsi que celles des autres genres de la 
famille, ne se referment plus, lorsqu'une fois elles ont été ouvertes ; 
cette disposition est liée avec l'organisation des parties sexuelles, dans 
lesquelles les étamines et les stigmates sont constamment plusallongés 
que la corolle, qui est si fréquemment dioïque ou au moins polygame. 


Soixante-dix-neuvième famille, — Dipsacées. 


Les Dipsacees ont un tube calicinal , adné étroitement à l'ovaire au 
moins par sa base ou son sommet, un limbe de forme variée et terminé 
souvent en aigrettes plumeuses, une corolle gamopétale, placée au 
sommet du tube calicinal, à quatre ou cinq divisions légèrement iné- 
gales et labiatiformes, quatre étamines insérées au tube de la corolle, 
alternant avec ses lobes et presque toujours libres, des antheres-hilo- 
culaires, un style filiforme, un stigmate simple, longitudinal ou 
capitellé, un fruit indéhiscent, membraneux ou légèrement nuca- 
mentacé, uniloculaire , monosperme, couronné par le limbe du 
calice et souvent recouvert d'un involucelle , une semence pendante à 
albumen charnu, embryon droit et radicule supère; le nectaire est 
une glande placée au fond de la corolle, et qui forme un anneau com- 
plet ou incomplet. 

Les fleurs des Dipsacées sont en tête ou rarement en verticilles, et 


— 721 — 
toujours entourées d'un involucre caliciforme, où l'on distingue à la 
base le tube creusé en fossette et la couronne ou le développement 
du limhe au-dessus des fassettes. 

Les plantes de cette famille sont des sous-arbrisseaux et plus souvent 
des herbes vivaces ou même annuelles; leurs feuilles opposées ou 
très-rarement verticillées varient beaucoup de forme selon les espèces 
ou même selon les individus, et sont toujours dépourvues de stipules, 
ainsi que cela a lieu pour les tiges herbacées à feuilles opposées. 

Elles ont été l’objet d'une monographie imprimée à Genève en 
1820 par John Coucrer, et Liwpcey observe que plusieurs Dipsacees 
présentent le singulier phénomène d’un ovaire infère libre, et dont le 
style et la corolle sont soudés par la base aux lobes du calice. 


Première tribu. — SCABIOSÉES. 


Les Scabiosees ont une corolle à quatre ou cinq divisions plus ou 
moins régulières, autant d'étamines libres et à peu près égales, des 
fleurs agrégées sur un réceptacle commun, entourées d’un involucre 
général, séparées ordinairement par des paillettes, et pourvues cha- 
cune encore en particulier d'un involucelle caliciforme, 


PREMIER GENRE. — Dipsacus. 


Le Dipsacus a un involucre polyphylle, plus long que les paillettes 
foliacées et acuminées du réceptacle, un involucelle tétragone marqué 
de huit sillons, un calice dont le limbe est en cupule ou en disque, 
une corolle quadrifide, quatre étamines et un stigmate longitudinal, 
un fruit couronné par un calice à peu près tétragone et renfermé dans 
l’involucelle. 

Ce genre est formé de plantes bisannuelles, droites, velues ou 
aiguillonnées ; leurs feuilles opposées et souvent connées sont dentées 
ou laciniées ; leurs fleurs disposées en tête terminales, arrondies ou 
allongées sont blanches , jaunâtres ou d'un rose clair. 

Les Dipsacus appartiennent tous à l'hémisphère septentrional de 
l'ancien continent, et sont répartis sur une bande assez large, qui 
s'étend depuis l'extrémité occidentale de l'Europe tempérée ou aus- 
trale jusqu'à la Sibérie et au Népaul; celles qui habitent l'Europe, de 
même que la plupart des autres, peuvent se distribuer en deux types. 

Le premier est celui des espèces à tige aiguillonnées, dont les 
feuilles hérissées et connées ont les capitules enflés et les paillettes 


Il. 46 


= 2m — 


raides et allongées. I est représenté par le Sylrestris répandu le long de 
nos chemins-et de nos décombres; on lui associe comme variétés le 
Lacinié, à feuilles découpées, le Fullonum, à paillettes raïdes et recour. 
bées, plutôt cultivé que sauvage; vn range sous le même type le 
Ferox, de la Corse et de la Sardaigne, à feuilles toutes recouvertes de 
forts piquants, et le Grrelini, de la Sibérie, assez rapproché du type 
suivañt et distingué par ses involucres faibles et réfléchis. 

Le second type est celui du Pilosus, des haies de toute l'Europe, à 
tige faiblement aiguillonnée, feuilles glabres, auriculées à la base et 
capitules globuleux recouverts de paillettes courtes cet flexibles; ses 
homotypes sont le Sérigosus, de la Perse, l'Inermis, du Népaul, l'45s- 
per, des Indes orientales, et peut-être encore quelques autres des 
mêmes contrées, dont l'involucelle est souvent dépourvu de fossettes; 
“et dont le fruit, comme dans l'/nermis , est saupoudré de glandes 
‘résineuses. 

Les Dipsacus se reconnaissent à leur port et à leur plus grande con- 
sistance, ainsi qu'à leurs capitules, leurs bractées et les enveloppes de 
leurs graines ; ils se sèment en automne, germent au printemps, 
croissent lentement l'été, et étalent l'hiver sur le sol leurs belles feuilles 
radicales, disposées en rosette, et d'où sort au printemps une tige 
élevée qui fleurit vers le milieu de l'année. 

Leurs feuilles portent , à la face inférieure et sur les nervures prin- 
cipales, des aiguillons dont la base est un empâtement blanchâtre et 
très-distinct dans le premier type; les paillettes sèches et demi-cartila- 
gineuses de leurs capitules se plient à angle droit, pour loger leur 
fleur, et comme elles sont très-régulièrement imbriquées, l'angle 
ouvert et interne de chacune d'elles est recouvert par les bases dilatées 
des deux paillettes supérieures ; chaque fleur est ainsi nichée dans une 
fossette quadrangulaire, et par conséquent tout-à-fait abritée dans sa 
jeunesse; cet arrangement, qui ne ressemble pas mal à celui d'un 
gâteau d'abeilles , appartient également au Pilosus, quoiqu'il y soit 
moins remarquable. 

A la veille de l'épanouissement, la fleur, qui n'occupait d’abord 
que le fond de l'alvéole, grandit tout-à-coup , et étale son limbe qua- 
drifide, dont la division supérieure plus élargie recouvre les autres ; 
le fond de la corolle est un tube rétréci, mais le vrai nectaire m'a tou- 
jours paru une glande placée à la base du style, au fond même de la 
corolle, qu’elle remplit d'une humeur assez abondante; c'est aussi la 
dernière opinion de Cassini ( Opuscules phytologiques , v.2, p. 2638). 

La corolle repose sur un plateau tétragone et velu, qui, selon l’ana_ 
logie et l'observation attentive des botanistes, est le limbe du vrai 


” 
DS UE 


calice, dont le tube se soude plus bas; le fruit est enveloppé complè 
tement par l'involucelle, qui ne se sépare pas même à la dissémination, 
et dont la forme extérieure est un tétraèdre chargé de deux fossettes 
sur chaque face; le style, qui traverse le plateau ou le limbe du calice, 
se termine par un stigmate aplati et légèrement creusé dans son 
milieu. 

Un peu avant la fécondation, la corolle s'ouvre, les filets pliés 
d'abord en deux se redressent, et leurs anthères prismatiques, rou- 
geâtres dans le premier type, et noires dans le second, ouvrent en 
oscillant leurs loges remplies d'un pollen sphérique, blanchâtre et 
assez gros, que j'ai souvent vu déposé sur les stigmates imprégnés de 
l'humeur miellée du nectaire, et par conséquent disposés, comme ils 
devaient l'être, pour rompre les globules polliniques et en recevoir 
les émanations ou les boyaux fécondateurs. 

Dans le Sylvestris, les stigmates en languette élargie sortent ordi- 
nairement un peu avant les anthères, qui se déplient ensuite ; dans le 
Feroz , j'ai vu les stigmates avortés au fond de la corolle défleurie, et 
dans le Pilosus, des capitules à stigmate saillant, et j'en ai conclu que 
les Dipsacus, comme les Scabieuses , avaient leurs organes sexuels dis- 
posés à l'avortement, et que si l'on n’y trouvait pas des espèces déci- 
dément diviques, on pouvait y voir au moins les différents passages 
des fleurs hermaphrodites aux fleurs dioïques. 

L’efflorescence générale est centrifuge, c’est-à-dire que le capitule 
de la tige principale s’épanouit avant les autres; mais dans chaque ais- 
selle, les fleurs qui paraissent les premières sont placées au-dessous du 
sommet ; ensuite viennent celles de la base, puis les supérieures; celles 
du verticille au-dessus de la base s’épanouissent les dernières ; cette 
singulière succession , variable dans certaines limites, appartient à la 
plupart des Dipsacées , et elle a pour cause finale ou pour but de 
laisser aux fleurs rassemblées en tête serrée l’espace nécessaire pour 
développer leurs organes sexuels ; cette explication s'étend en par- 
ticulier aux Scabieuses. 

La dissémination commence vers la fin de l'été, et continue pendant 
l'automne ; à cette époque, les pédicelles, qui portent les graines et 
leurs enveloppes sillonnées de petites fossettes, se rompent près de 
la base; le calice se détache, et la simple agitation des tiges suffit pour 
chasser au dehors les graines raccourcies avec leurs enveloppes, qui 
glissent facilement entre des paillettes desséchées, scarieuses et émi- 
nemment élastiques ; ensuite les bractées elles-mêmes tombent irrégu- 


lièrement, et la tige entière est brisée par les vents dans le courantde 
l'hiver. 


Les Dipsacus ne m'ont présenté d'autre mouvement organique que 
celui qui précède la fécondation, où tout-à-coup la corolle grandit de 
moitié, et où les étamines, en se dépliant, viennent étaler au-dessus 
des bractées leurs jolies anthères oscillantes et latérales. Il est cepen- 
dant remarquable de voir que notre Sybestris, transformé par une 
culture dont personne ne connaît l'origine en une plante très-carac- 
térisée par ses bractées raides et dentées ainsi-que par la forte consis- 
tance de ses capitules, présente un grand nombre de stigmates avortés, 
mais n'en donne pas moins des graines par lesquelles il se reproduit 
chaque année. 

J'ajoute que les anthères des Dipsacus, comme celles des autres 
Scabiosées, humectées après une longue dessication, laissent sortir de 
leurs angles de petits tubes cylindriques ou des boyaux, qui s’insèrent 
dans l'intérieur des stigmates. 

Ces plantes, i inconnues à nos jardiniers, embellissent Léhesiies nos 
campagnes à une époque où la plus grande partie des fleurs a disparu, 
et dans les lieux où il est abondant, le Pilosus, avec ses feuilles d’un 
Leau vert et ses jolies têtes blanches, recouvre très-agréablement nos 
haies; les feuilles inférieures du Sy/vestris et de ses homotypes for- 
ment par leur réunion de petits abreuvoirs, qui recoivent et conser- 
vent assez long-temps les eaux de pluies; c’est à cette circonstance 
même qu'est dû le mot de Dipsacus ; enfin les fabricants de drap em- 
ploient dans la préparation de leurs étoffes les capitules et les pail- 
lettes raides et recourbées du Dipsacus fullonum , qu'on cultive uni- 
quement pour cet usage. 


DEUXIÈME GENRE. — Cephalaria. 


Le Cephalaria a un involucre polyphylle, imbriqué et plus court 
que les paillettes, un involucelle tétraèdre, rarement aplati, chargé 
de huit fossettes et couronné de quatre à huit dents, un limbe calicinal 
en soucoupe ou en disque, une corolle quadrifide, quatre étamines, 
un stigmate longitudinal, un fruit tétragone , couronné par le limbe 
du calice et renfermé dans l'involucelle. 

Ce genre ne renferme que des herbes non aiguillonnées, à feuilles 
dentées ou pinnatifides , têtes globuleuses et bractées imbriquées. 

On le divise en trois groupes : 

1° Celui des espèces vivaces, à paillettes acuminées et pubescentes; 

2° Celui des espèces annuelles, à paillettes membraneuses et 
aristées ; 

3° Celui des espèces vivaces, à paillettes extérieures, obtuses. . 


— 795 — 


Le premier contient deux espèces homotypes : l'Alpina, de nos 
montagnes, et le Tutarica , des prairies élevées de la Sibérie; l’une 
et l’autre sont des plantes à haute tige et involucelles terminés par 
huit dents aiguës; mais les capitules de la première sont égaux sur 
les bords, tandis que ceux de la seconde sont au contraire radiés. 

Le deuxième est formé de trois espèces homotypes : le Transylva- 
nica , des champs de l'Europe australe, le Joppensis, des environs de 
Joppe, à paillettes soyeuses , qui-n’en est guères qu’une variété, et le 
Syriaca, de l'Orient et du midi de l'Europe, à feuilles lancéolées , et 
dont les involucelles se terminent par huit dents alternativement plus 
grandes et plus courtes, mais non pas égales, comme dans les deux 
autres; ces plantes, à tiges grêles, vivent dans nos moissons et non 
pas dans nos. montagnes. 

Le- troisième comprend deux espèces européennes renfermant ca- 
cune plusieurs variétés; la première estle Centauroides, à fleurs jaunes, 
égales ou légèrement radiées, paillettes d’un jaune blanchâtre et dents 
de Finvolucelle variant de quatre à huit; la seconde est le Leucantha, 
de l'Orient et de l'Europe australe, comme la première, mais dont la 
fleur est blanche, et dont l'involucelle se termine en couronne mem- 
braneuse ; ces deux plantes vivaces, à têtes globuleuses et feuilles. 
pinnatipartites, vivent de préférence dans les contrées montueuses ; 
les trois espèces étrangères appartiennent au Cap, et n’ont pas une 
structure florale bien différente. 

Les Cephalaria se distinguent des Scabieuses par leur involucre à: 
écailles courtes, bractéiformes et protégeant les fleurs avant l'épa- 
nouissement; leur involucelle, qui ne m'a pas paru très-distinct dans. 
le Transylvanica et le Leucantha, est marqué selon Couirer de huit 
fossettes; la couronne très-courte est recouverte par les bords ciliés 
ou dentés du calice non-rayonnant ; le nectaire est toujours recouvert 
de poils , et la fécondation s’opèreici comme dans les autres Dipsacees. 

Le Centauroides est dioïque par avortement; les. fleurs mâles ont 
les étamines bien conformées, mais le stigmate est mutilé au fond de 
la corolle; les femelles ont un pistil très-saillant, à stigmate filiforme 
et visqueux et quatre étamines avortées et transformées en quatre 
petits pétales jaunâtres et non saillants. 


TROISIÈME GENRE. — Ânaulia. 


Le Knautia a un involucre polyphylle, un réceptacle velu et dé- 
pourvu de paillettes, un involucelle serré, aplati, chargé de quatre 
fossettes et terminé par deux dents plus grandes que les autres, un 


LRragi 
limbe calicinal en soucoupe, sans aigrettes ni arêtes, une corolle de 
quatre à cinq divisions et quatre étamines. 

Ce genre, formé d'herbes droites, rameuses et souvent velues, se 
partage en trois sections : 

1° Les ZLychnoides ; involacre cylindrique de six à dix folioles 
redressées , réceptacle étroit, corolles très-irrégulières, fleurs rou- 
geâtres et peu nombreuses; 

2° Les Tricheroides ; involucre étalé de dix à douze folioles, invo- 
lucelle bidenté au sommet, limbe du calice cilié et peu sensible; 
plantes annuelles, fleurs plus ou moins nombreuses, légèrement irré- 
gulières , d’un bleu rose ; 

3° Les Trichera ; involucre étalé et polyphylle, réceptacle dilaté, 
involucelle légèrement tronqué au sommet, limbe du calice de huit à 
dix dents aristées, herbes vivaces, à fleurs légèrement irrégulières, 
d'un pourpre bleuâtre. 

Les Lychnoides ne comprennent que l'Orientalis, herbe annuelle, 
répandue dans les champs de l'Orient, et qui se ressème dans nos 
jardins; ses feuilles sont oblongues, entières ou incisées; son invo- 
lucre est recouvert de glandes pédicellées et noirâtres ; son involucelle 
porte douze à quinze dents très-courtes, et les fleurons du contour 
ont la division intérieure très-courte, les deux latérales opposées, 
l'extérieure allongée et radiée; les fleurons réguliers du centre dé- 
ploient successivement leurs étamines plissées en deux, et dont le 
pollen d’abord orangé prend ensuite une teinte rougeâtre; lorsqu'il 
est tombé en grande partie au fond des corolles, dont le tube est 
rempli de poils humectés par l'humeur miellée, on voit sortir d'abord 
des fleurons intérieurs les deux stigmates en languettes aplaties et. 
élargies, ensuite, et lorsque les anthères ont répandu à peu près tout 
Jeur pollen, les siigmates de la circonférence se développent , et l'on 
voit le nectaire charnu et annulaire adhérer par la partie inférieure de 
sa base postérieure, tout autour de la paroi interne du tube de la 
corolle ( Cassinr, Opuscules phytologiques, v.2, page 268 ). A la dis 
sémination, l’involucre s'étale et les graines sortent. 

Les Trichéroïdes renferment deux espèces: 1° l'Urvillæi , eueillie 
par Dorvizee dans la Bulgarie et les îles de la Grèce , et qu'on recon- 
naît à ses feuilles pinnatifides à la base et linéaires au sommet, ainsi 
qu'à ses involucelles couronnés de huit dents; ses fleurs, au nombre 
de dix à douze dans chaque involucre, sont légèrement irrégulières 
et d'un bleu clair; ses tiges sont divariquées et très-rameuses; 2° l'Hy- 
brida, de Europe australe, à fleurs d’un rose pâle , à capitules mul- 
tiflores, involucelles à deux dents velues et calice de vingt à vingt- 


quatre dents; ses graines aplaties sont remarquablés par un bel ombihé 
blanc et saillant au-dessus du réceptacle. 

Les Trichera sont formés principalement de deux herbes vivaces, 
l'Arvensis et le Sylvatica, la première des champs de l'Europe, et là. 
seconde des bois un peu montueux ; Courrer les réunit avec quelque- 
raison, car il'est difficilé de trouver.des limites certaines entre leurs. 
nombreuses variétés, ni même d'en séparer le Montana, du Caucase, . 
et le Ciliata, des prairies de la Murcie; les unes et les autres. ont la 
tige hispide, les feuilles sessiles ou même connées, velues, entières. 
ou auriculées et pinnatifides; leurs fleurs, ordinairement d'un bleu 
violet, sont radiées, étalées, demi-sphériques et souvent odorantes. 

Le genre du Xnautia, tel que nous venons de le proposer, réunit 
plusieurs espèces placées autrefois parmi les Scabieuses, et dont les 
fruits. sontséparés par des poilé et non par des bractées ; leur invo- 
lucelle comme leur calice est recouvert dé glandes résineuses. 

L'Arvensis de notre dernière section porte deux-espèces dé capi- 
tules, les uns femelles à stigmate saillant, étaminesavortées, lesautres 
à-étamines saillantes-et stigmate caché dans-le tube , et l'on y aperçoit 
tous les passages, depuis la forme véritablement dioique jusqu'à l’her- 
maphrodite. 

La fécondation est celle des Dipsacees: les anthères renferment un 
pollen sphérique, le stigmate est un disque épais, qui sort de la corolle 
tout imprégné d'humeur miellée. On aperçoit sur sa surface visqueuse 
les globules polliniques répandant leurs émanations ou leurs boyaux. 
fécondateurs. 


QUATRIÈME GENRE. — Pterocephalus.. 


Le Piérocéphale a un involucre multiflore, de quatre à huit foliolés 
sur deux rangs, un réceptacle velu ou paléacé, un involucelle denté 
ou aristé, un limbe calicinal, terminé en aigrette à rayons plumeux, 
une corolle quinquéfide, quatre étamines, rarement deux ou trois. 

Ce genre se divise en trois groupes : 

1° Les annuels, à feuilles pinnatifidés au moins vers le sommet ; 

2° Les vivaces ou frutescents , à feuilles laciniées ou dentées ;. 

3° Les vivaces ou frutescents, à feuilles entieres. 

Les espèces du premier groupe sont homotypes, et different prin- 
cipalement par la forme de leur involucelle et de leur calice; on en. 
compte trois, avec des variétés prises autrefois pour autant d'espèces : 
1° le Papposus, des contrées les plus méridionales de l'Europe, dis- 
tingué par son involucelle d’une à trois arêtes. fort allongées et son 


— 728 — 


calice de vingt à vingt-quatre rayons; 2° le Plumosus, de l'Orient et 
des îles de la Grèce, dont l'involucelle est à peu près dépourvu de 
couronne, et dont le calice porte onze à treize rayons; 3° le Palæs- 
tinus, des mêmes contrées, à couronne membraneuse et calice de huit 
à dix rayons ; ces Pterocephales, qui vivent dans les champs et les 
cultures , ont la tige droite, plus ou moins velue, et les feuilles supé- 
rieures toujours pinnatifides. 

Le second groupe renferme trois ou quatre espèces homotypes, 
mal déterminées et originaires du midi de l'Europe ou des îles de la 
Méditerranée; ce sont le Lusitanicus, du Portugal, le Broussonetit, 
des environs de Gibraltar,le Tomentosus, des montagnes de la Crète, 
etenfin le Perennis, du mont Parnasse, qui a ordinairement six à 
neuf rayons plumeux. 

Le dernier, plus distinct que les deux premiers, compte quatre 
espèces, deux de l'Espagne et deux des Canaries; les unes et les autres 
à feuilles entières, recouvertes d'un épais duvet blanchâtre; elles ha- 
bitent de préférence les collines découvertes et les rochers élevés des 
montagnes, et diffèrent principalement par le nombre de leurs rayons, 
qui varient de dix à vingt-quatre. 

Les Ptérocéphales forment un genre propre, dont les espèces très- 
rapprochées et souvent confondues se séparent nettement des Sca- 
bieuses par leur aigrette plumeuse; leurs fleurs peu nombreuses et 
radiées sont ordinairement d'un bleu pâle, et les poils de leurs rayons 
sont tantôt latéraux, comme les barbes d’une plume, tantôt unifor- 
mément répandus sur toute la surface des arêtes. 

Le Plumosus a une corolle blanchâtre, faiblement radiée, à divi- 
sions inégales et labiatiformes, dont l'inférieure élargie recouvre 
d'abord toutes les autres; les poils brunâtres des rayons, couchés les 
uns sur les autres, s'étalent à la dissémination, et présentent alors la 
forme la plus élégante, et en même temps la plus légère; sa couronne 
est nulle, son involucelle est strié de huit sillons relevés et tronqués 
au sommet. Le Palæstinus , variété Multiseta de Visran, à corolle 
rose , radiée, et couronne membraneuse, étale également ses longs 
rayons plumeux, qui recouvrent et protégent la fleur dans son esti- 
vation. À la dissémination, les involucelles, chargés chacun de leur 
graine, se détachent les uns après les autres du réceptacle dont l'in- 
volucre s'est étalé. 

Je ne connais pas la fécondation des Pterocéphales ; maïs je suppose 
qu’elle diffère peu de celle des autres Dipsacées ; je vois seulement, 
dans Cassinr, que leur nectaire est beaucoup moins apparent que 
celui des Xnautia. 


ET pe 

Les Ptérocéphales vivent ordinairement sur les rochers montueux, 
où ils s’attachent par leurs aigrettes plumeuses; ils sont les seuls, dans 
les Dipsacées, dont l'involucelle ne soit pas fovéolé, c’est-à-dire que 
leur fruit n’a pas été allégé, parce qu'il était pourvu d'aigrettes plu- 
meuses. 


CINQUIÈME GENRE. — Scubiosa. 


La Scabieuse a un involucre polyphylle, un réceptacle paléacé, un 
involucelle à peu près cylindrique, un calice dont le limbe aminci à 
la base se termine en cinq arêtes plus ou moins avortées, une corolle 
à quatre ou cinq divisions, quatre étamines. 

On divise ce genre en trois sections : 

1° Les Asterocephalus ; involucelle à base cylindrique et non plissée, 
tube de cinq à huit fossettes, couronne membraneuse, étalée ou 
droite, calice sessile ou stipité, cinq arêtes saillantes, corolle quin- 
quéfide ; 

2° Les V'idua; involucelle à base arrondie-et plissée, tube à fossettes 
souvent effacées; couronne très-petite et fléchie, limbe du calice 
pédicellé , cinq arêtes saillantes ; 

3° Les Succisa ; involucelle à base presque nulle, fossettes étendues 
tout le long du tube, couronne étalée et membraneuse, limbe du 
calice sessile, à cinq rayons avortés en tout ou en partie. 

Les Astérocéphales sont des herbes vivaces ou sous-frutescentes, 
originaires de l'Europe australe, de la Barbarie ou de l'Orient, et qui, 
quoique assez semblables en apparence, diffèrent entre elles par 
leurs feuilles simples ou divisées , la longueur proportionnelle de la 
base de l'involucelle et des fossettes, les dimensions et le nombre des 
rayons de leur corolle, et enfin par les arêtes de leur calice plus ou 
moins développé; leurs principales espèces sont le Cretica, de la 
Sicile et de la Crète, à feuilles linéaires, corolles quinquéfides et 
radiées, couronne obliquement tronquée et calice sessile; le Grami- 
nifolia, du nord de l'Italie, qui se distingue principalement du Cretica 
par la forme de sa corolle et son calice pédonculé ; le Prolifera, de 
la Barbarie, remarquable par ses capitules sessiles dans les dichoto- 
mies, et sa couronne étalée de trente-deux à trente-six rayons; le 
Stellata, des bords de la Méditerranée, à couronne étalée de quarante 
rayons et calice pédonculé dont les arêtes sont épaissies près de la 
base; le Monspeliensis, à feuilles très-divisées, corolle légèrement 
radiée, calice pédonculé et arêtes longuement saillantes; l'Ufranica, 
répandu depuis l'Espagne jusqu'à la Tauride, à feuilles linéaires, 


— 730 — 


corolles radiées, excepté dans la variété Sicula , et couronne finement 
dentée de vingt à vingt-quatre nervures; le Crenata, du midi de 
Italie, à feuilles pinnatifides et dentées, capitules longuement pédon- 
culés ; corolle radiée et crénelée; le Micranthus, à feuilles linéaires, 
involucelle velu à la base, calice sessile et couronne longuement plissée; 
enfin, celui d'Olivier, des environs de Bagdad, la plus petite des Dip- 
sacées , à fleurs blanches et tiges très-amincies; ses capitules ne ren- 
ferment qu'un très-petit nombre de fleurs, et son calice sessile a les 
arêtes très-saillantes. 

Les ’idua comptent deux ou trois espèces annuelles, homotypes, 
très-remarquables par les plissements de leur involucelle à peu près 
toujours dépourvu de couronne; la plus commune est l’Atropurpurea, 
dont la patrie est inconnue, mais qu’on cultive à cause de ses belles 
fleurs radiées d'un pourpre noir; on lui associe le Maritime, du midi 
de l France, qui n’en est peut-être qu'une variété, et dont les fleurs 
d’un rose lilas sont à peine radiées ; le Daucoides , des collines d'Alger, 
à involucre pinnatifide et bractées plus grandes que les fleurs; enfin 
lAmbigua , du midi de l'Italie, à capitules pourprés ou bleuîtres, 
fleurs très-allongées et couronne spongieuse et roulée. 

Les Succisa , qui forment une section très-distincte, habitent, 
comme les autres Scabieuses , le bassin de la Méditerranée, mais deux 
d’entre elles, très-communes dans les zones tempérées, peuvent être 
considérées comme des types très-marqués; la première est le Co/um- 
baria, à fleurs radiées, qui a produit une multitude de variétés sou- 
vent considérées comme autant d'espèces, telles, par exemple, que 
le Lucida, Ÿ Amæna, YOchroleuca, le Pyrenaica, le Gramuntia ,  Ho- 
losericea, et peut-être même le Suaveolens , toutes à feuilles entières à 
la base et pinnatifides au sommet. ê 

Le second de nos types est celui de deux espèces à corolle quadri- 
fide et à peine radiées : 1° le Succisa, des prés humides, plante vivace, 
à racine tronquée, feuilles entières, capitules ovales et pédonculés; 
2° l'Australis, des forêts humides de l'Italie et de l'Autriche, qui se 
reconnait à son port élégant, à son involucelle lagéniforme, et enfin: 
à ses arêtes calicinales avortées. On peut y ajouter le Dichotoma, de 
la Sicile et de la Barbarie, à capitules globuleux, sessiles dans chaque 
dichotomie, et l'Urceolata, des mêmes localités , à involucre soudé, 
capitules longuement pédonculés et corolles à peu pres égales , mais 
ordinairement quinquéfides; c'est de ce dernier type que Kocn à 
formé son genre Succisa. 

Les Scabieuses sont originaires de l'ancien continent et principale- 
ment du bassin de la Méditerranée; les espèces méridionales sont en 


— 731 — 
général annuelles, et se ressèment avant l'automne; les autres ont 
des racines pivotantes et plus ou moins ligneuses; le Succisa, de nos 
bois , a les racines tronquées, c'est-à-dire formées de rhizomes tra- 
cants, qui se détruisent régulièrement par l'extrémité inférieure. 

Les tiges, cylindriques et amincies, ont les feuilles opposées et 
quelquefois même un peu connées; elles ne poussent, Je crois, jamais 
de rejets, et forment ainsi constamment des plantes solitaires ; mais 
les feuilles, qui n'ont à peu près rien de déterminé dans la forme, ont 
donné lieu à une multitude de variétés qui souvent ont été prises pour 
autant d'espèces. 

La ramification des Scabieuses est perpétuellement dichotome; 
chaque aisselle donne ou au moins peut donner naissance à deux 
rameaux opposés, qui avortent souvent en partie, et prennent alors 
l'apparence de rameaux alternes ; les capitules placés dans les dichoto- 
mies sont quelquefois sessiles, comme dans le Prolifere, le Dicho- 
tome, elc., plus souventils sont pédoncules. 

L’efflorescence générale est centrifuge, mais dans chaque capitule les 
fleurs qui paraissent les premières sont placées ordinairement dans le 
verticille moyen, à peu près à égale distance du centre et de la cir- 
conférence ; ensuite viennent les verticilles intermédiaires, et enfin le 
sommet et la base ; la même chose a lieu dans la plupart des Dipsacees, 
par une prédisposition qui a évidemment le but de faciliter la florai- 
son, mais qui varie un peu d'espèce à espèce; ainsi par exemple, dans 
le Graminea, les fleurs de la circonférence paraissent les premières. 

Dans la préfoliation, l’involucre recouvre entièrement le capitule, 
et les fleurs elles-mêmes sont encore protégées par les paillettes ou 
les poils du réceptacle; mais ensuite les fleurs grandissent , et les pail- 
lettes tombent, comme on peut le voir dans le Graminea, par exem- 
ple, etle Columbaria. 

L’estivation est cochléaire, comme dans le reste de la famille, c'est- 
à-dire que la division inférieure toujours plus grande recouvre les 
autres ; la fleur, qui ne se referme jamais, se détache après la fécon- 
dation par une articulation préparée. 

Les quatre étamines sont alternes aux divisions de la corolle, 
lorsque celle-ci est quadrifide, mais, dans le cas contraire, l'insertion 
est un peu irrégulière; les nervures correspondent au milieu des 
lobes, et non à leurs bords, comme dans les Composees. 

Les étamines plissées en deux dans l’estivation se déplient par un 
mouvement spontané, qui a lieu au moment même de la floraison, 
au moins toutes les fois qu’elles ne sont pas avortées, leur forme est 
celle d'un parallélipipède un peu allongé, et leur connectif est peu 


— 732 — 


marqué, ce qui fait qu'elles se tordent facilement en spirale; le stig- 
mate est une tête papillaire, plus ou moins tronquée et souvent 
percée d'un trou central, le nectaire est un renflement placé à la base 
de la corolle, qui est souvent tapissée de poils et toujours plus ou 
moins remplie d'humeur miellée au moment de l'anthèse, 

Dans les espèces à corolle quinquéfide, telles que le Columburia , 
le Graminifolia, etc., le nectaire est unilatéral, et forme un segment 
d'anneau semblable à une lame charnue, adhérente inférieurement 
et correspondant à la nervure moyenne de la plus grande des divisions 
de la corolle; mais dans les espèces à corolle quadrifide, comme le 
Tatarica , le nectaire peu distinct tapisse intérieurement toute la base 
de la corolle, dont il se détache en engainant le style. 

Les molécules du pollen sont sphériques et assez grosses ; lorsqu'on 
l'humecte, on voit ces molécules passer à la forme triangulaire ou tétra- 
gone, et l'on observe en même temps que chaque angle se prolonge 
en un appendice tubuleux ouvert au sommet et d'où sortent les 
boyaux fécondateurs; des phénomènes du même genre et plus remar- 
quables encore ont été observés par plusieurs botanistes, tels que 
Robert Browx et Adolphe Brocnrarr , et l’on peut assez facilement 
les voir dans la fécondation des Orchidées. 

La fécondation s'opère donc comme ailleurs, mais bien plus visi- 
blement par l'humeur miellée, qui tapisse le fond de la fleur et imprè- 
gne le stigmate formé de très-bonne heure;.cette humeur rompt les 
globules polliniques, précisément comme l'eau, mais bien plus 
sûrement que ce liquide, et leurs boyaux féeondateursarrivent bientôt 
au stigmate; j'ai vu, dans les beaux jours d'été, les stigmates tout 
recouverts de ces globules, dont les émanations pénétraient peut-être 
aussi par le trou central, que nous avons remarqué sur le disque de 
plusieurs de ces stigmates. 

. Toutes les Scabieuses des deux dernières sections , que j'ai obser- 
vées, mont paru dioïques ou au moins polygames dioiques; telles 
sont, en particulier, l’'Atropurpurea, le Maritima, le Columbaria, le 
Succisa, l'Australis, etc. Dans les unes et les autres, les capitules 
mâles sont plus étalés et les femelles plus rapprochés et. plus petits; 
les anthères des fleurs mâles sont toujourssaillantes, et celles des fleurs 
femelles constamment renfermées dans le tube corollaire, et par 
conséquent avortées ; le pistil des fleurs femelles est de même élevé 
au-dessus du tube, et par conséquent bien conformé ; au contraire, 
celui desfleurs mâles est raccourci et plus ou moins caché. En exami- 
nant les fruits avant la dissémination, j'y ai vu une radicule supère 
communiquant d’un côté avec les cordons püstillaires, et de l’autre 


— 733 — 
avec les vaisseaux nourriciers; ces derniers montaient depuis la base 
par l'enveloppe interne ou calicinale, bien distincte de l'enveloppe 
extérieure ou de l’involucelle. 

L'ovaire est renfermé, dès sa naissance, dans un organe particulier 
aux Dipsacees , etauquel on a donné le nom d'involucelle; il embrasse 
étroitement l'ovaire dans toute sa longueur, et il le déborde plus ou 
moins par le haut; tantôt il est lisse et immédiatement appliqué, 
comme dans les Asterocephales et les Succisa; tantôt, au contraire, 
il est fortement plissé, comme dans les Vidua ; presque toujours il est 
plus ou moins marqué de ces fossettes que nous avons déjà observées 
dans les autres Dipsacees, et qui, en particulier dans les Succisa, s’é- 
tendent tout le long de l'involucelle, où l'on ne peut plus distinguer 
de base lisse et cylindrique. 

Au-delà de l'ovaire, l'involucelle se prolonge en une couronne 
membraneuse, plus ou moins développée, et marquée de nervures 
saillantes et très-variables en nombre et en étendue; on en compte 
quelquefois cinq ou six, et d'autres fois, elles s'élèvent jusqu’à qua- 
rante; en dedans de cette couronne est placé le vrai calice, dont le 
tube est soudé intimément à l'ovaire, mais dont le limbe plus ou 
moins marqué, sessile ou stipité, forme ordinairement un plateau 
épaissi, bordé de cinq arêtes dont les dimensions sont très-variables ; 
c'est sur ce plateau que repose la corolle. 

Cet organe est conformé assez semblablement dans toutes les Sca- 
bieuses ; cependant il varie en couleurs et en divisions; quelquefois 
la corolle est uniforme dans tout le capitule ; quelquefois au contraire 
elle est radiée, c'est-à-dire beaucoup plus développée au contour qu’au 
centre; l'involucre commun, les poils et les paillettes du réceptacle 
n'ont pas une plus grande constance , en sorte que les vrais caractères 
spécifiques ne peuvent être tirés avec sûreté ni des feuilles, ni des 
involucres , ni de la corolle, ni du réceptacle ; les seuls sur lesquels il 
paraît qu’on puisse compter, au moins dans certaines limites, sont 
fournis par l'involucelle , ses fossettes, sa couronne, ses rayons, et 
de plus par la forme et les arêtes du limbe calicinal. 

Les couronnes membraneuses qui distinguent un grand nombre de 
Scabieuses sont destinées d’abord à protéger le fruit pendant la matu- 
ration ; elles le recouvrent de manière à recevoir la pluie qui aurait 
pu lui nuire , et quand elles sont bien développées, comme dans le 
Stellata, etc., elles forment par leur réunion une tête sphérique très- 
garnie, qui ne laisse aucun accès à l'humidité atmosphérique; à la 
dissémination, la graine avec sa double enveloppe se détache du récep- 
tacle, et à l'aide du vent et de ses ailes légères et membraneuses, elle 
se transporte souvent à de grandes distances. 


7 


J'ai long-temps cherché le but de ces fossettes, creusées si profon- 
dément sur les faces quadrangulaires des involucelles, et j'ai cru enfin 
qu’elles étaient destinées à diminuer le poids des fruits qui sont en 
effet très-légers comparés à leur volume; les fossettes sont de plus 
recouvertes, ainsi que le plateau du calice, d'un grand nombre de 
glandes sessiles ou stipitées, mais toujours résineuses, et dont l'effet 
consiste à préserver encore contre l'humidité atmosphérique la graine 
livrée à elle-même et renfermée dans une enveloppe un peu paren- 
chymateuse; sans doute que les plis argentés et membraneux, qui 
recouvrent les involucelles des F’idua de notre seconde section, sont 
destinés aux mêmes usages. 

L'involucelle qui est plus ou moins lié à la graine peut aisément 
s'en séparer à la maturité; j'ai vu même les plis argentés et scarieux 
du Maritime se détacher naturellement près de la base; mais je ne sais 
point quel rôle jouent les fosseites à la germination, servent-elles à 
introduire l'humidité nécessaire au développement dela radicule près 
de laquelle elles sont placées ? Les involucres protégent les capitules ; 
ils les serrent ou même les enchässent étroitement; on les voit placés 
sur plusieurs rangs passer insensiblement à la forme de paillettes; ils 
ne tombent qu'après la dissémination, qui dure si long-temps que 
certains capitules ont déjà donné leurs graines, tandis que les autres 
n'ont pas encore développé leurs fleurs. 

Cassini, dans ses Opuscules phytologiques (:v. 2, p. 549 ), cite une 
monstruosité de Columbaria très-propre à faire reconnaître la première 
origine des organes floraux; ses corolles étaient herbacées, verdâtres 
et chargées sur chacune de leurs divisions d'une nervure médiane; 
le style était un filet vert, sans apparence de stigmate; les filets des 
étamines étaient épaissis et herbacés; chaque anthère était changée en 
une petite feuille verte, à nervure médiane et pourvue à la base de 
deux petits lobes courbés en dedans; le filet de l’étamine servait de 
pétiole à la feuille, dont les côtés près des bords portaient deux 
taches blanches, qui indiquaient les loges de l'anthère; l'ovaire était 
devenu un bouton formé d’une foule de corpuscules foliacés; cette 
monstruosité, que l'auteur décrit plus au long, montre que le pollen 
est une modification du parenchyme en masses globuleuses ; que les 
parois des anthères sont originairement des feuilles, ainsi que les 
pétales , etc. Mais quelle sagesse a su combiner ces organes foliacés, 
de manière à les transformer en fleurs brillantes, reproduisant par la 
fécondation des individus toujours semblables ? c'est là le mystère. 

Les Dipsacees sont très-voisines des Composées par leur efflores- 
cence, la conformation de leurs corolles et de leurs carpelles; mais 


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elles en diffèrent physiologiquement par leur involucre dépourvu de 
tout mouvement, la forme de leur fécondation, l’uniformité de leurs 
corolles et l'absence de véritables aigrettes. L’Auteur de la nature s'y 
est plu à diversifier la forme de leur calice, tant pour le tube que pour 
le limbe, et l'a pourvu encore d’un involucelle et de fossettes qui man- 
quent totalement dansles Composées proprement dites. C'esten exami- 
nant avec soin les divers organes qui constituent ici la fleur, qu'on est 
enfin parvenu à se former une idée nette de leurs nombreuses trans- 
formations ; les recherches ultérieures consisteraient à examiner le 
rapport qui existe entre les expansions membraneuses des involucelles 
et la forme du fruit; les fruits dans lesquels ces expansions sont le 
plus prononcées sont-ils ceux qui ont la plus grande pesanteur spé- 
cifique, et dans lesquels les alvéoles sont le moins marquées ? Quel 
est l'usage de ces arêtes dans lesquelles se divise le limbe calicinal ? 
Contribuent-elles aussi à la dissémination ? 


Seconde tribu. — MORINÉES. 


Les Morinees ont la corolle bilabiée, des étamines didynames, qui 
quelquefois sont soudées deux à deux, des fleurs verticillées et garnies 
de bractées. 


Morina. 


Le Morina a un involucelle monophylle, tubulé, évasé, denté ou 
épineux sur les bords, mais entièrement dépourvu de fossettes; le 
tube du calice est ovale, le limbe foliacé à deux lobes entiers ou bifides; 
la corolle longuement tubulée a son limbe évasé, à cinq lobes dont 
deux forment la lèvre supérieure. 

Ce beau genre, qui ne comptait dans Linwé que le Persica, est 
aujourd'hui formé de quatre espèces, dont la première est répandue 
dans l’Asie Mineure et jusqu'au mont Parnasse, et dont les trois 
autres, originaires du Népaul, ont été recueillies par Warricn ; toutes 
sont des herbes vivaces qui ont le port des Carduus , et dont les tiges 
sont simples et redressées, les feuilles à dents épineuses sinuées ou 
rarement entières ; les fleurs réunies en nombreux verticilles dans les 
aisselles supérieures sont raccourcies, palmées ou seulement dentées. 

Le Longifolia, que je vois vivant, a la tige élevée et le port des 
Acantkhes, et présente dans toute sa longueur des verticilles de fleurs 
roses et flottantes, qui se succèdent long-temps, parce que dans chaque 


—.7306 — 


verticille elles s'épanouissent successivement ; ses feuilles consistantes 
forment à la base des rosules semblables à celles du Circe oléracé, et 
les florales s'arrondissent à la base en godets qui contiennent les fleurs. 

Les étamines didynames ont leurs filets soudés à la corolle; les deux 
inférieures placées dans l'intérieur du tube sont avortées; les deux 
autres, fort rapprochées au sommet du tube, ont leurs anthères 
remplies d'un pollen granulé, et qui adhère long-temps; le style est 
logé dans la rainure qui les sépare, et s'élève un peu au-dessus; mais 
il se recourbe fortement, et sonstigmate se renverse pour recevoir les 
émanations du pollen qui viennent se fixer sur sa tête glutineuse; le 
nectaire, placé au fond dela corolle, l'imprègne de son humeur miellée, 
qui se répand aussi sur le stigmate, en sorte que la fécondation s'opère 
par son concours. 

On peut voir facilement, lorsque les anthères n’avortent pas, les 
granules du pollen enfoncer leurs boyaux fécondateurs dans l’inté- 
rieur de la tête glutineuse du stigmate ; ces boyaux, qui acquièrent 
alors une grande longueur, apparaissent déjà sur les granules encore 
attachés aux anthères; c'est une remarque de M. Alphonse DE Can- 
DOLLE, que j'ai vérifiée et qui avait déjà été faite sur les Dipsacees. 

Le péricarpe est un utricule renfermé au fond d’un double calice, et 
chargé sur le côté, un peu au-dessous du sommet, d’un style qui s'est 
rompu à la base; il est lâche, indéhiscent et ne renferme qu’une 
semence à radicule supère , qui a très-bien germé dans notre jardin. À 
la dissémination, l'utricule placé au fond de l'involucelle cartilagi- 
neux et desséché sort avec la graine. 

Les étamines fertiles varient en nombre dans ce genre : le Nana en 
a quatre didynames, et le Persica quatre soudées deux à deux; le 
calice extérieur est épineux, infère et persistant; l'autre est supère, 
bilobé et se sépare facilement de la graine. 


FIN DU TOME DEUXIÈME. 


TABLE DES MATIÈRES 


DU DEUXIÈME VOLUME. 


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Ficorpées 
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CACTÉES 2 +. +. 5 TM IAE, 
Opuntiacées 
Mammillaria 
Melocactus. . . . . . « « . . 
Echinocactus. 
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Pereskia . 
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Rhipsalidées . . . . . . . . . 
Rhipsalis. ... ... ..... 
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£scalloniées . . ... .….... . .. 
Escallonia. . . . . .. ME ULE 
Cunontées . . . . 
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Panerées :.... . : à + OA 
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Hydrangées 
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Deutzia . . . .. : 
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Helosciadium . . . . : : 
RIRCROLIS EME + ee eeiir 
Falcaria nn. . 7.1... 4 : 
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Ægopodium : . ...,.... 
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Cryptotænia. ... ..... 
Pimpinella ,......., , 
RéNTerA . 2 5... 2 eee 0 v 
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Bupleurum .,,.......,: 
Séselinées , , 
OEnanthus. . , ,. 4. 
Æthusa . .., ,, 
Fæniculum. . . .. 
Kundmannia. . . ., , . . 


Trochiscanthes 
Athamantha. . .. 
Ligusticum 
Silaus 


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Angélicées. , ... 1..." 592 
Eévisticupn.«:".".".".". "0. 2 592 
EN A see 593 
mnPeNen 2 a AR 593 
Archangelica.- . . .: : . - .. 595 
PEDEEMAR ES. "5 10 PE 595 
Onopanax en. +, qu Ant 596 
Ferulassr2-.r.s + 5,1 2 à, M 596 
Peñcedanum..: . : : - - .'.. 597 
Hibperatoria:é .- : : : 1: 24,4 599 
ARÉRRUMS 1." tonte, Pet 599 
Pastinaca.: rit à : 4 LU 600 
Héracleum. . . . . . . . .. 601 
Tordylinées : . : . ::... 603 
Hasselquistia. . . . . . . .. 603 
Mordylidm, 4,1. #01 604 
MErRECSS on sie Bt 605 
Krubera..-. 15 : à: 3: 606 
MER ee. 0 4 ut mt 606 
Cuminées . . . . . . . . . . 606 
Curminum . ....... . .. 606 
Thapsiées .-. 3.2.0 607 
Phapsiaess.: 4.2 2.4 mt 607 
Laserpitium . . . : . . . .. 608 
Daucinées . : . . ... . . . . 609 
AETEDIA ne anse ton 610 
Offaya. 0. + 0 0 600. MAR 610 
DAUGUS: «. «Li 8,00 40 TE 612 
Campylospermes . . . . . . . 615 
Elæosélinées. . . . . .. . . . 61b 
Elæoselinum. . . . . . : -. 615 
Caucalinées. . . . . . . . .. 616 
Caucase Eh loenei e » 616 
Mufgenla.. :. eu "th 617 
OMIS es mere de causes 618 
Scandicinées . … . . . . . . . 620 
SCandem.. fete ve Neltges 620 
Anthriscus . . . . . . . ….. 622 
Chærophyllum. . . . . . . . 623 
Molopospermum. . . . . . : 624 
Li, UN NAN et 625 
SERRE SR rte 626 
Logæcia.. 1. 2. te 626 
Echinophora. . . . . . . .. 626 


Pages 
Éeys ue 0... oil 628 
Magydaris. . . : : . aultwe 62g 
Codum . 5. 0 if 629 
‘ArTACACRhA : 2 PNR 2 ! 630 
Pleurospermum . . 63x 
Physospermum. . . .. . . . 63x 
Smÿyroium.. .. :. ..,... (PMU 632 
Cœlospermes.. 00. 10008 633 
Coriandrées . . . . . . . . . 633 
Bifôra, 1 OR 633 
Coriandre . . .... . . . . . 634 
Considérations générales sur 
les Ombellifères . . . . . . 635 
ARALIACÉES . : +... ie 64x 
AnAlIa LAN. 0.02 2, COTCIRIR =. 6%4r 
ADR PEN RENE … 643 
Hedera .-. . : . . : yinens 645 
HaMaAMÉLIDÉES. . . . . .,. - 648 
Hamamélées. . . . -. .…. 648 
Hamamelis. . . . . . . MT PE 0: 
Fothergillées . . . . . : 0 649 
Fotherpilla. . . . :.… 10h 649 
GonNÉES.. =..." . NE 650 
Cornus:.....:.5, - the 650 
Ameuba 1... 4! + 100 653 
LORANTHACÉES,. . . . . . . . 65% 
WisEum., r. 2 -. 2 0: 4e 654 
Eofanthus,.…. .... . . . . -ege 657 
CAPRIFOLIACÉES. . . - « « - 659 
Sambucées : . . . . - . . ... 660 
Sambueus .  . . - - 660 
Viburnum.......... 66a 
Æontcérées.. : . + : 1: CA 666 
Diervilla. ..". : 1. L ., ESS 666 
Lonicera... 22 . : . 1 …. 667 
Symphoricarpe. . . - . . . . 672 
Eénæa: . . . : . …. . ORNE 
RUBIACÉES. . . . - .,. 673 
Gardéniacées. . . - . . . . . 674 
Burchellia . . . . . . - . .. 674 
Gardenia. . . .. 675 
Cofféacées . : 2... . . 676 
ora 22. . 656 
Coffea ei. - . UT 677 


— 743 — 


Pages. 
Spermacocées. . . . . . .. * 678 
Cephalanthus . . . . . . .. 678 
ROME .. . .:. +. 000 679 
Richardsonia. , . . . - . - . 681 
ŒauSen . à . … . . + ARE VUGBT 
Spermacoce , . . . : : . - - 682 
MAUNIÉ ES. 1. ee Que 683 
PEUISSA MIT, 0 U.uute 684 
RG 0 OU TU 684 
Anthospermées . . . . . . . . 685 
22 LENS 685 
BRCHRIEPS Le : Plon e 686 
SNerardia : . . . : . . .. 686 
ERA 2. 687 
Crucianella . . . . . .=. . . 691 
2 . : ; 694 
ie LOTO RE 697 
Mailantiar. : . ... JU 70h 
PAMHpEUS. - . . . . 706 


Pages, 

Considérations générales sur 

les Rubiacées . . . . . . . 706 
VALÉRIANÉES. . . . . « + « » 707 
Patrintdis 20: 0. 0-6 708 
Valérianelle . . : . . . . . . 709 
Fediase us Pare PE De 714 
PIéCtTitiss ne 0 EN 715 
Centranthus . . . . . . . . . 716 
Valériane, : 2. 7.0. LR 717 
DIPSACGÉES . 4... 12100 720 
SLADIDSÉES Ne à fe ae Del 725 
MHDSAEUS DL le 2 UN 72t 
Cephalana =." 02 724 
Knautiare tr Lire 725 
Pterocephalus . . . . . . .. 727 
SANTE OR PR ee Tec 729 
Morinées eme eau 73 
MOLMATE Ne Se 4e 735 


FIN DE LA TABLE. 


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